:rm {'^i Tnf' n Mc§. ^fSC^i aAa'A^':'^' Kn LIBRARY OF 1885- IQ56 HISTOIRE NATURELLE, GENERALE ET PARTICULIÈRE, DES CRUSTACÉS ET DES INSECTES. OuvRAo-E faisant suite aux (Euvres de TiE clerc de BuFFON, et partie du Cours complet d'Histoire naturelle rédigé par C. S. Son N i N i, membre de plasieur» Sociétés savantes. PAR P. A. L A T R E I L L E , II E M B B. E associé de l'Institut national de France , des Sociéfdj Linnéeune de Londres , Philoiuathique , Hi.stoire naturelle de Paris, et de celle des Sciences , Belles Lettres et Arts de Bordeaux. TOME S E P T I È JM E. A PARIS, DE L'IMPRIMERIE DE F. DUFART, AN XII. AVIS. 1-j'É TENDUE considérable de cet Ou- vrage, l'incertitiide qu'elle a fait naître sur le terme auquel il seroiL achevé, ont excité les plaintes d'un grand nombre de personnes intéressées au succès de cette belle entreprise. Voulant , pour notre partie , répondre à leurs désirs , nous avons tâché de nous resserrer au- tant qu'il étoit possible ; mais nous l'avons fait de manière que le cadre soit toujours essentiellement le même, et que cette Histoire ne perde rien de son in- térêt. La nomenclature des espèces , leur synonymie supporteront seules les retran- chemens. Par là même , nous rendrons peut-être un plus grand service à la science , que si nous eussions continué de présenter minutieusement la série effrayante de cette multitude d'êtres , dont après tout il n'y a qu'un petit nombre qui soient propres à piquer la curiosité. Cependant nous ferons en sorte A 5 6 AVIS. que la plupart des espèces indigènes déterminées , celles des exotiques , qui frappent le plus nos regards , trouvent ici leur place. JNous aurons toujours soin de citer les auteurs iconographes qui les auront représentées , afin de suppléer à la brièveté de nos descriptions : par ce moyen , quatre ou cinq volumes nous sulhront pour achever de présenter le tableau de cette intéressante division de la zoologie. Désirant donner une impulsion plus rapide à la confection de la partie qui m'est confiée , j'ai associé à mes travaux un jeune homme plein de lumières , sur- tout dans la connoissance des in- sectes, Desmarets fils, qui a rédigé un grand nouibre d'articles du nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle. Il a bien voulu se charger de Thistoire des Insectes appelés coléoptères , qui com- mencera au huitième volume, et il aura en outre la plus grande part à la conti- nuation de l'Ouvrage. AVIS, 7 Que mes Lecteurs soient bien con- vaincus de celte vérité : que de toutes les parties de l'histoire naturelle, celle des Insectes est la plus considérable et la plus neuve. Elle doit donc être la plus difficile à bien traiter , et les surprises de l'erreur y sont d'autant moins iné- vitables , que le plus grand nombre des objets qu'elle embrasse sortent presque de l'empire de nos sens par leur extrême petitesse. Si , en entreprenant cette histoire , j'avois eu comme dans les autres bran- ches de la science de la nature une méthode générale et facile , je me serois hâté de la suivre ; mon travail m'eût coûté bien moins de peines: mais l'homme instruit , et qui s'est occupé de l'étude des Insectes , n'ignore point qu'il n'en existe pas, Linnaens ici a formé plutôt des familles que des genres , et ses ca- ractères sont d'ailleurs trop vagues pour signaler rigoureusement les objets qu'ils doivent atteindre. GeotFroi, Thomnie qui A 4 s AVIS. a le plus mérilé de l'Cnlomologie , n'a fait l'cipplicalion de sa méthode qu'à un très -petit nombre d'insectes, environ quatorze cents, [^e système de Fabricius ne repose que sur Pexamen des organes de la manducalion, el devient imprati- cable Notre collègue Olivier n'a tra- Yaiilé spécialement que les coléoptères. La méthode qu'il a publiée, il y a quel- ques années, dans l'Encyclopédie métho- dique, a besoin d'être rajeunie. Je me suis donc vu contraint de faire quelques changemens dans la méthode de Lin- nœus , perfectionnée par GeoflVoi et Olivier, et de créer plusieurs nouvelles coupes. 11 est des circonstances^ telle que celle-ci, où l'on est obligé de ])a- roitre systématiser, sans être atteint de cette manie qui nous porte a brouiller ' la nomenclature, afin d'acquérir la ré- putation de créateur d'un nouveau sys- tème , ou de réformateur. Je dois aussi faire observer que l'on peut donner deux méthodes qui diffèrent A V J S. 9 pour Pexposition , sans que Taulcur cesse d'elle ci'aLCord avec lui-iuènie , ou \arie dans ses principes : c'esl lorsqu'on pré- sente une niélhode naturelle et une niétliode arliiicielle. Les hommes qui ont fait quelques pas dans la canière de l'histoire na lu relie savent bien qu'il est impossible de (aire marcher harmonique- nicnt ces deux manières de classer les corps lerreslres. Ainsi , j'ai pu légilime- ment oiFrir une série nalurelle de genres, en dévelop}3anl tous leurs caraclères , et une série ailifjcielle où ces genres ne se suivroient ])as dans le même ordre, et où leurs notes dislinclives seroicnt réduiles à une plus simple expression. Ceux qui ne nous jugcroient que d'après cette discordance apparente , et n'en pénélreroienl pas les motifs, seroient tentés de nous taxer d'incertitude et de vacillation dans notre plan. La vérité , cette verlu favorite de tout bon historien, me commandera toujours le sacriiice de l'amour propre 3 je lui lo AVIS. obéirai impérieusement , quelles que soient les conséquences défavorables que certains esprits puissent en déduire. Je pourrois taire , comme tant d'autres, les inadvertances , les erreurs où j-e serai tombé ; mais j'aime la science avant tout , et je sais d'ailleurs qu'un rayon de lu- mière perceroit tôt ou tard cette feinte obscurité, à ma confusion. Je devois ces explications à mes Lec- teurs , afin de me rendre digne de leur indulgence, et de prévenir le faux juge- ment que peuvent faire naître les imper- fections inévitables de mon travail. HISTOIRE NATURELLE DES CRUSTACÉS ET INSECTES. TROISIÈME GENRE. Sphérome; sphœroma. JN ous avons vu dans les aselles deux an- tennes très-inégales en longueur; un coips alongé et terminé par deux appendices lon- gues , saillantes , cylindriques , composées chacune d'une pièce servant de support à drnix autres qui sont alongées et coniques. Nous avons observé que lesidotées, rappro- chées des aselles sous les rapports des pro- portions relatives de leur corps et de leurs antennes, en étoient distinguées par le défaut de ces appendices. Les sphéromes, dont le nom est pris de la ressemblance de leur corps avec une boule, une masse ronde, sont plus ramassées et plus convexes que les idotées; elles peuvent se contiacter et prendre une forme globuleuse ; ce sont les ai madilies de cette famille; leurs anicnncs diffèrent moins entre elles, pour la longueur, que celles des 12 HISTOIRE aselles et des idotéos ; elles paroissent comme géminées, et les deux de chaque j)aiie sont iijséjées Tune sur l'autre. I^e dessous du deruier segmcjit du corps , dans ces insec- tes, est couvert par deux laujes foliacées, placées parallèlement et dans un seiis longi- tudinal de deux pièces, dont chacune est bi- arliculée.' Ce dernier anneau a de chaque côté, dans les spîiéj-omes, de même que dans les cymothoa , une ap|)endice formée d'une petite pièce et de deux autres d'une forme ellipsoïde, étroite au bout. L'ordre naturel nous indique ainsi le ra})})rochement de ces deux genres; on ne confondra pas les sphé- romcs avec les cymothoa, si l'on fait atten- tion que ces derniers insectes ont leurs an- tennes cacîiées sous une espèce de chaperoa formé par la tête avancée et dépi'imée, et qu'elles sont presque de la même longueur; que le corps des cymorhoa est plus ovale 5 qu'on lui compte cinq anneaux plus étroits et beaucoup plus courts que les autres entre le septième 'et celui qui termine le corps; tandis qu'il n'y en a qu'un au même endioit dans les sphéromes ; enfm les cymothoa ont leurs 2, 3, 4,5, 6 et 7*^ anneaux augmentés, de chaque coté, d'une pièce ou petite saillie, formée par le prolongement des bouts de DES S P H E R O M E S. i5 chaque lame supportant la paire de patles qui lient à chacun de ces segniens, et ces patles sont terminées par une griffe fort grande. Tels sont les caiactères qui isolent les sphéromes des autres genres de cette famille. L'auieur qui a fait coniioître le plus exac- tement l'espèce la plus commune, et pour mieux dire la seule qui soit décrite , est Pallas ; il l'a rangée avec les cloportes : oniscus vola- tator ( Spicil, zoolog. ). Fabricius me paroît eu faire un cyniothoa qu'il nomme assimilis, et il y rapporte le clopoite de LinnEeus qui a la même dénomiuation spécifique; mais il est douteux que cet insecte de Linnéeus soit unsplîérome. La figure de Bastei-, à laquelle il renvoie, ne me paroit pas lui convenir. Fabricius cile encore pour synonymie l'in- secte que ^^^'ly désigne ainsi : asellus marinus^ vulgari brevior et latior; mais je vois déjà dans cette phrase, si courte qu'elle soit, un caractère pris de la largeur du corj)s , com- parée avec celle du cloporte ordinaire , qui ne convient pas à la sphérome com- mune. Ray d'aiJleurs dit que le corps a dix anneaux outre la queue,- or les sphéromes n'en ont que huit, la queue comprise. Bosc déciit ainsi la forme des sphéromes : 14 HISTOIRE « Les spliéromes que Bosc a observées vivantes se rapprochent beaucoup plus des cloportes qu'aucun des genres dont il est question ici. Elles en ont complettement la forme et jouissent, aussi bien qu'eux , de la faculté de se mettre en bouie lorsqu'elles ont Jieu de crain îre quelques dangers. Elles sont extrêmement communes sur les côtes de l'Océan et de la Méditerranée , où peut-être que , par une recherche plus exacte , on en trouveroit un plus grand nombre d'espèces. » La tête des sphéromes est parallélogra- mique; elle est placée dans une excision du premier anneau du corps, et porte de grands yeux réticulés et saillans sur ses ani^les pos^- térieurs. Les antennes sont courtes; ies pre- mières, extérieures, plus coui tes, composées de deux articles , dont le dernier est subdivisé en un grand nonjbre d'auties; les secondes, intéiieuies, plus grajides, oui trois articles , le dernier également subdivisé. » Le corps est couveit de huit anneaux presque tous égaux en largeur, recourbés et terminés en pointe émoussée sur les bords. » La queue est égale en largeur au corps, et en longueur à sa moitié; elle est bombée en dessus, cave en dessous et presque demi- circulaire, k5on angle antérieur est excisé DES SPHEROMES. i5 Ç)Our donner attache à deux laines mobiles, oblongues, piesque enhèrement en recou- vrement l'une sur l'autie, un [)eu concaves en sens contiaire, et de la longueur de la queue. L'inférieure est ordinaiiement dentée à son bord exiérieur. ttousceile queue sont des branchies exîrémetneul minces, dans- parentes, dont B;)sc n'a pu compter le nombre ni apf)reciei' la forme. )) Les pâlies sont au nombre de sept de chaque côié, loutes onguiculéf^s, (outesfort courtes ; mais les premiéies plus que les autres. » On a vu , à l'arlicle des genres asellc et idotée , (|ue les espèces qui les composent ont les biauchies leufermées tians des' boiîes à deux ba'tans ; ici elles son! toujours visibles : cependant il paroîi qie les lani-s laîéiales inléiieures peuvent , par leur iap;)iocbe- ïnent,en couviir momcnlauenjenf une par- tie; mais, si les S[)herom(S sont moms favo- risee> . s.>usc(^ j apport que les geines préci- tes , elles pv-uveu' mieux qu eux gaianîir leurs blanchies, eu se metiauï en boule, operaiion (pi Clles execuLen! , comme on l'a déjà dit , au moindre danger , e! doot les suites sont telles , que l'épuigle dont JBosc i6 H I S T O T R T^ les perçoit, poiii les cooseiver, ii'étoit pas capable de Jes eij^agej- à se (icv elopper. » Cel hcibile ualuialjsie donne, couiir.e ou vient de le vojr, Je t.oni de branchies k ces ieulilels meiiibianeux qui souL situés à Fex- tréniilé posiérieiire et iniéiieiij-e du corps, de mémo que dans Jes aseJles, Jes idoiées et les cloportes; mais il me semble douîeux que ces parties fassent les fonctions de ces orgnues respiratoires. On observe de sem- blables feuillets dans les cloportes, et ces pièces ne sont point pour eux des bjan- ciiies; car ces animaux, plongés dans l'eau, y meurent dans peu de lems; leuis lipomes nest pas la même non plus dans les deux sexes. L(^s cotes rocailleuses sont le séjour ordi- naiiC des sphéromes. « On ne lève guère de pierres, dit Bosc, pendant l'été, dans les enfoncemens où la basse marée a laissé un peu d'eau, sans en renroiitier plusieurs. » A l'exemple de ce naima'isie, je réunirai les cymoihoa a.ç*/mi//5 et serrata de Fabri- cius (i) en une seule espèce que je nommerai (i) Cynwifma serrata. Fab. Svst. (nfom. systein. toni. Il , p. '"iio, n*^ 25. — Cyniothoa assimilis. Tom. «t pars Lil. n" 24, aussi DES S P HE ROM ES. 17 aussi ceDdrée,c//zé'r^o. Cet insecte est cendré ou plombé , quelquefois blaiichâti e , et nu guère que quatre lignes de longueur. Pallas en a donné une description étendue, accom- pagnée d'une figure. Oniscus globator (Spic. zool. fasc. 9, p. 70, tab. 4, fig. 18.). On trouve cette asellote sur les bords de la nier, dans toute l'Europe. 1ns. Tome VIL B î8 HISTOIRE QUATRIÈME GENRE. C Y M o T H o A ; cymothoa. JuiNN^us plaça les espèces de ce genre qu'il connut clans celui des cloportes, oniscus. ILe célèbre historien des insectes des envi- rons de Paris, en créant le genre d'aselle, nous montra le premier qu'il ne falloit pas associer aux cloportes ordinaires des in- sectes, voisins quant aux formes générales, mais vivant constamment dans l'eau. De Géer, Olivier suivirent cette marche. Fa- bricius, à leur exemple, renferma tous les cloportes aquatiques dans un genre qu'il nomma cymothoa , et qui n'étoit au fond que celui d'Olivier (Encyclop. niéthod. ), transformé sous une autre dénomination. S'apercevant que cette coupe avoit encore trop d'extension, il en a resserré les limites dans le supplément de son Entomologie sys- tématique , en formant , à ses dépens , le genre idotée que nous venons d'exposer. L'affînilé qu'ont les sphéjomes avec les cymothoa nous a contraints de présenter le parallèle de leurs caractères, et de les mettre l.ASELI.E (Vv/////WV',,/7v'.v./7;'-:2.1I)OTEE cjihmnrji c/i ,A'.i\>7/.i. 7i.Zii //u'//ic ('// lA'.r.iitrf,' .- .^-t .'i\'iOT¥A\ »/if/v/tf-0.,i'a A'/f if/Vi'.'/e. 'J.1//11' ,/(■ ,'(\! i'ii,'/<;i t//-t>,i;i-/(' .- S.,l'(/ ,/iH'iiv riii' cii tAv.fi'//,' , i/zi'iVfi' 7 ////(■ tf/A:i t//u',i\'H' .- S.il'ir aitciie i>u<' c/t i/i',<;ioii,i , tf/o.vri- (J. (.YMOTIIOA ,ui/i\ \rn- . DES CYMOTHOA. 19 en oppositioa avec ceux des aulres genres des asellotes. Nous ne reviendious pas sur, ce sujet. Aristote a eu connoissance des cymothoa : « Les poissons sont attaqués de poux dans la nier,- mais ceux-ci ne viennent pas du poisson même : c'est la bourbe qui les produit. Ils ressemblent pour Ja forme aux cloportes, à l'exception ({u'ils ont une queue large. Les poux qui habitent la nier sont tous d'un même genre : il s'en forme par- tout, mais particulièrement autour des en- droits creux ». ( Hist. des anim. trad. do Com. , tom. I, pag. 3ii.) Rondelet avoit remarqué ce passage d'ArisLote, et en avoit fait l'application à l'espèce de cj^molhoa la plus commune dans nos mers, celle dont parle probablement l'iiistorien grjec : a Le pou de mer, suivant le naturaliste français, est de la. grosseur d'une grosse fève, de la largeur d'un fouille- merde. Son corps est fait de tables comme la queue de la lan- gouste ou d'une squille. Il a, devant les yeux, des cornes couiles, et de côié et d'autre plusieurs pieds courbes, pointus au bout. Il lient si forf contie les poissons qu'on ne l'en pourroit arracher; il suce comme la sang-sue, ne se retirant point qu'il n'ait B 2 5o HISTOIRE rendu le poisson maigre et tout sec ». (Hist* des poiss. liv. i8, chap. 26. ) Bosc en a observé une espèce dans les mers de l'Amérique septentrionale, et l'a décrite sur le vivant : « La tête, dit-il, est plate, presque ronde, fort large, unie, avec deux grands yeux verdâtres sur sa partie supérieure et latérale. En dessous elle a deux paires d'antennes postérieures placées avant les yeux , et une trompe rétractile, accom- pagnée de deux antennes au milieu. Les antennes sont de chaque côté placées l'une devant l'autre, et composées d'environ cinq articles, dont le premier est très-gros, et les autres vont en diminuant jusqu'à la pointe; ils sont d'une nature j^lulôt cartilagineuse que crusiarée. La trompe , ainsi que les aniennules, sont également cartilagineuses, et ne peuvent se bien voir que sur le vi- vant. Le coips est très-bombé, composé de sept anneaux , dont le prenjier est le jjIus long et le moins laige, et les df^ux derniers les plus étroits. Jls sont presque unis, et terminés obtusément sur leurs bords. En dessous il y a quatorze pattes tiès- cou» les, égales, et attachées de chaque côté, positi- vement sur le bord des anneaux; chacune est composée d'une cuisse épaisse et courbée DES CYMOTHOA. si^ fen S, d'une jambe plus mince, mais qui lui est presque égale en longueur, et qui a à sa base une ou deux articulations peu visibles; enpn d'un ongle très-crochu, très-» aigu, presque aussi long que la jambe. La queue est composée de deux parties : la première, formée par cinq anneaux plus étroits, et moins larges que ceux du corps, par lesquels ils sont en partie recouverts; la dernière , formée par une écaille un peu convexe, parallélogramique, plus large que le corps , et aussi longue que la somme de5 anneaux de la queue : à sa base extérieure est une petite excision qui sert de support à une petite pince, composée d'une articu- lation et de deux doigts égaux ; le tout moins long que la pièce qui lui sert de support. En dessous de la queue il y a deux ran- gées de branchies, que leur peu d'épaisseur et leur transparence n'ont pas permis de compter. » La cymolhoa sur laquelle cette descrip- tion a été faite (l'ichtiole), étoit d'un blanc jaunâtre , de sept ligues ,de long sur deux de large. Elle a été trouvée attachée aux lèvres d'un poisson du genre des perches , auquel elle tenoit avec tant de force , qu'il a fallu employer ua couteau pour l'obtenir B 3 22 HISTOIRE sans la briser». ( Hist. des crustac. faisant suite au Buiîon de Déterville , tom. II , IJag. 209. ) Nous avons examiné soigneusement plu- sieurs individus, sans que nous ayons pu découvrir la trompe observée par Bosc sur Tespèce qu'il a décrite. L'existence d'un tel organe , nous croyons pouvoir le dire , seroit une anomalie dans cette classe. Je présu- merois que les mâchoires forment dans le moment de la succion un avancement qu'il est facile de prendre pour une Irotnpe. Les pattes sont composées de cinq pièces et d'un fort crochet : la première articulation, ou celle qui tient lieu de hanche , est insérée danfj la cavité d'une petite pièce qui borde de chaque côté chacun des anneaux pédi- gères, et l'extrémité par où elle s'emboîte est en forme de tète. Cette articulation est fort longue , appliquée transversalement contre le dessous de l'abdomen, et le reste de la patte se replie en majeure partie sur elle. Pallas dit que les lames inférieures de l'extrémité de l'étibdomen sont destinées à porter les œufs, et que les mâles n'en ont point. Suivant lui, la queue est plus alongée dans les individus de ce sexe. On peut voir, dans cet auteur, des descriptions étendues DES CYMOTHOA. sS de deux espèces : la cyniothoa asile, et la cymothoa œstre. Nicolson , dans son Histoire naturelle de Saint-Domingue, décrit, à ce qu'il me paroît , la première sous le nom de pou de Sarcle, (pag. 345). ESPECE S. * Bords latéraux des anneaux n'étant ni courbés en faulx,ni bi-cpincux. 1. Cymothoa imbriquée; cymothoa imbri-. cata. Fab. Cuisses postérieures carénées. — Dans la nouvelle Zélande. 2. C. asile; cymothoa asilus. Fab. Oniscus asilus. Lin. — Pa'las , Spicil. zool. fasc. 9, p. 71, tab. 4>fi-î- 12. — Plane. Conch. minus notîo appetuL tab. 5 , A. B. C. Corps ovale, rétréci vers la queue; queue en demi-ovale. — Dans les mers d'Europe. Rem. Le dernier anneau de la queue est plus alongé dans les mâles, de manière qu'il se rapproche de l'ovale, tandis qu'il est presque carré dans la femelle. ( Voyez la figure de Plancus.) La cy inotboa ichtiole ,cymo^/zoû5 ichtiola , de Bosc , pourroit bien être un individu femelle de cette espèce j elle se rapproclie aussi beau- coup de la suivante, B /i «4 HISTOIRE 3. C. (ESTRE ,• cymothon œstrum, Fab. Oniscus œstntm. Lin. — Pallas, Spic. zool. fuse. 9, rag. 74, lab. 4, fii». i5. Corps alongé; dernier anneau de la queue large. — Dans les mers d'Europe. * * Bords latéraux des anneaux courbés en faulx ou bi-épincux. 4. C EST FAULX ; cymothoa falcata. Fab. Bords latéraux des anneaux bi-épineux. -— Dans les nieis de la Chine. 5. C. paradoxe; cymoth. paradoxa. Fab. Bords latéraux des anneaux couibés en faulx et terminés en épine. — Dans la mer qui borde la 'J'eire-de-Feu. DES CLOPORTIDES. 23 tf •• ■ . , ., , . , ,j FAMILLE SECONDE. Cloportides; cloportides, vJn remarque de grandes analogies entre les insectes de cette famille et ceux de la précédente, soit pour la forme générale du cojps, pour le nombre des pattes, soit pour plusieurs de leurs habitudes ; mais là nous avons vu distinctement quatre antennes; le plus souvent deux palpes très -sensibles et peu diflPérens de ceux des crevé 1 1 ines ; là nous avons encore observé que le dernier segment de l'abdomen différoit beaucoup des autres en grandeur. Ici nous aperce- vrons bien encore quatre antennes; mais deux d'elles, les intermédiaires, sont si pe- tites, si cachées, que les observateurs les plus exacts ne les avoient pas encore dé- couvertes. Les palpes ou les organes ana- logues semblent perdre leur forme distiuc- tive ou sont même presque nuls; l'anneau qui est au bout de la queue n'est pas beau- coup plus étendu en surface que le commun de ceux qui composent le corps. Toutes les s6 HISTOIRE asellotes sont aquatiques et vivent en ma- jeure partie sur les poissons. Les cloportides, à l'exception des bopyres, sont vagabondes: quelques-unes sont aquatiques, telles que ces derniers, les ligies; mais les autres passent leur jour hors de cet élément, y périssent même lorsqu'on les y met. Nous compo- serons cette famille de quatre genres : ligie, cloporte, armadille et bopyre. I.LIGIE Ocèanunte.-2.Bojn/ri' i/i\i (7if/>7c/f<'J,f^<'/Jie//t')i/7Uht\n,. J\>rtiuif /<• nid/i'.ii .' 5.et b.lTlo7iu'j-hi oiur/t' -y.J'on/t/t'îiw ir^uafi'- O.Annt'anx onfèrwtnM Jjt (t>7/>j tp^'.r.rij.in/J iii (U',i\fi(,i r () J>cii.r tmnetnijc. Du mèyiw, m/.f iti Ji'.fJini.t.-lO.l^oln/.ri'ru' a vi/inum ,(p'0,r.n.~ll. Ujh; . . , l<:',:7i.T ,1] l.l.KilK 0cciT/iririic.-2. ]lojiY7-f t/e.i i-/u-in-fff(',i(l<>nii'//c)tfj-o.r,n, /'// t'/l t/t\i./.(• /Il (7/1 (' ,<■/! t{(\r,f(Vt.<.- 4^- .(rfo/iic/'iJ ci'irfr -y,J'o/i/,/<-/iu' (rr/nfi- v.A/uwmt.v (i/itc/7('/i/;i Jrt (l'/p.i ii,i c/i f/,i,-Jt>.J>i>,/t/,it'/n' (i i>//ici'iiu , i//-i>,i\i7 . -y/ f'/h' Dr ,',;i ii/t/f/i/ic' « tiîe pièce étroite, linéaire, élevée , obtuse , el faisant un peu le crochet à son pxiréniiié ; la lèvre inférieure est esseniiellemeut figurée de même que celle BE§ CLOPORTES. 41 ligies. Elle consiste en deux pièces plates, membraneuses, presque cariées, verticales, parallèles , et contiguës^ ; leur bord supé- rieur offre quelques petits cils eu forme de dentelures , et leur angle latéral fait une saillie en forme de dent , mais moins grande que dans les ligies et sans divisions appa- rentes. J'ai vu plusieurs fois une liqueur vis- queuse, et que l'on pouvoit tirer à quelques lignes de distance , s'échapper de Fextrémité des appendices les plus longues de la queue,- ces appendices sont ainsi des espèces de filières ; elles sont proportionnellement plus longues dans lès mâles que dans les femelles. Il est certain aussi que les valvules qui recouvrent sur deux rangs le dessous de la queue de ces insectes offrent des diiTéjences sexuelles. Dans les mâles , celles qui sont le plus près de la naissance de la queue , ou les premières, sont beaucoup plus longues que dans les femelles, et leur extrémité se prolonge en pointe. *• ïi HISTOIRE ESPÈCE. 1. Cloporte ordinaire; oniscus as€Îlu»\ Lin. Fab. Geoff. Hist. des insectes, tom. II , pi. xxii, fig. i^ Tar. A. — ScbaBff. £iem. cntom. pi. xcii. — De Géer« Ucm. insect. tom. VII, pi. xxxv, fig. 1-8. Cette espèce est chagrinée et d'un cendré obscur en dessus , avec des rangées de pe*- tites taches jaunâtres , dont une le long du dos, et les deux autres latérales; les bords extérieurs des anneaux sont aussi jaunâtres; Les appf^ndices inférieures et intermédiaires de la queue dépassent la pièce supérieure et terminale du corps. On trouve, dans TAppendix qui est à laf fin des Voyages dans la Ru!îsie et l'Asie sepr tentrionale de Pallas, les descriptions de trois espèces de cloportes. Celle qu'il nomme crénelée , crenulatus , est la seule que nous ayons vue. Mon collègue Olivier l'a rap- portée de la Perse ; elle appartient au genre porcellioa» DES PHILOSCIES. 4^ SEPTIÈME GENRE. Philoscie ; philoscîe. Ajes insectes de ce genre se tenant sou^ les mousses , les feuilles tombées dans les lieux ombragés et couverts, je leur ai donné le nom de philoscie , en grec , amateur de Vomhre. Ils doivent naturellement venic après les ligies , s'en rapprochant par le* formes du corps et les habitudes. Les phi- loscies ont leurs antennes de huit pièces ,: comme les cloportes ; mais leur insertion est tout à fait découverte, et de plus leur, queue est mieux formée, les anneaux qui la composent se rétrécissant brusquement^ On les rencontre bien souvent et en grande quantité sur les bords des étangs , dans les lieux humides. On sait que les ligies vivent; habituellement dans Teau. La seule espèce qui me soit connue est Voniscus sylvestris de Fabricius, le cloporte des mousses de Cuvier. Le dessus du corps de cet insecte est d'un cendré brun ou rou- geâtre, parsemé de petits traits et de points 44 P I S T O I R E gris ou jaunâlrcs. Le dessous du corps est blanchàhe ; Jes paUes ont quelques tmits obscurs. Les quaîre pointes de la queue sont à pv'u près de la même lo)igueiir. A. Coquebert a figuré cel iuseote dans la première décade de ses lllusl râlions icono- graphiques des insectes, pi. vi, n** 12. DES PORGELLIONS. 45 HUITIÈME GENRE. Porcellion; porcelUo. V-'ETTE (lénonjiMaHon ayant éfé donnée par plusieurs auteurs aux cloportes, je la fais servir à la dcsisiiaiion de celte coupe que j'ai formée darïs le geure oniscus. Les por- cellions ne s'éloignent des cloportes propre- ment dits, qii'èii ce qu'ils ont uh article de moiirs aux anSehnes; leurs habitudes sont d'ailleurs les mêmes. E S P E CE S; 1. PoRCELiiioN rude; porcelHo scaher. Oniscus asellus. Cuv. — Vai\ Cdu cli)poile ordi- naire. Geoir. Le dessus de sr n corps est constamment chajL^rijié ou graurdeux. La poinle formée par l'extrénjilé du dtMuier anneau est presque de la louîMieur fies appendices inférieures et interKiediaires de la queue. La couleur de celle espèce varie; oa en voit qui sont d'un cendré noirâtre sans taclies ou avec 46 HISTOIRE des taches jaunes; d'autres qui sont jaunâtres, avec le dos parsemé de taches d'un cendré noirâtre et de jaunâtres. Le dessous du corps est toujours d'un blanc jaunâtre. — Cette espèce se trouve plus particulièrement sur les murs. 2. P. liissE; porceîlio îœvis» Var. B du cloporte ordinaire. Geo£F» Le corps est lisse, d'un cendré noirâtre; avec des nuances d'un gris jaunâtre en dessus. Les appendices latérales de la queue sont proportionnellement plus longues que dans l'espèce précédente ; les intermédiaires dé- passent la pointe du dernier anneau. — On le trouve sous les pierres. 3. P. CRÉNELÉ; porceîlio crenulatus, Oniscus crenulatus. Pallas ; Voyages en Russie ^ append. n** 245. Les trois premiers anneaux du corps ont leur bord postérieur épais et crénelé. — Pallas l'a trouvé sur les collines arides, auprès du lac Inderskoï. Olivier l'a rapporté de la Perse. DES ARMADILLES. 47 NEUVIÈME GENRE. Armadille; armadillo: V>ES insectes ont de grands rapports avec les cloportes , les porcelJions , par Ja forme générale de leur corps, par leurs antennes et les organes de la manducation ; mais ils en diffèrent sous quelques considérations. Ils se contractent, prennent une forme globuleuse, mettent ainsi à couvert le dessous de leur corps, ne présentent plus qu'une enveloppe assez dure, et s'échappent même en roulant avec facilité. Leurs anneaux sont à cet effet plus convexes que dans les clopoj tes, et leurs côtés, du moins dans les st^gmens pédigères, ne sont pas courbés en arrière. Les antennes sont posées dans une cavité assez grande, relevée sur ses bords. Le front consiste en une plaque triangulaire et distincte; l'extré- mité postérieure du corps n'a que des ap- pendices très-petites. Les intermédiaires ne paroissent pas. Les deux latérales sont for- mées chacune d'une petite pièce triangulaire, et remplissent le vuide qui est de rliaque côté du dernier anneau , de manière qu'elles 48 HISTOIRE servent ainsi à arrondir celle extrémité pos- térieure du corps. —Les armadilles se trou- vent sous les pierres et ont les mœurs des cloporfes. i. Armadille commun; armadillo uulgaris. Ue cloporte armadille, Geoff. Il est d'un gris de plomb foncé et luisant en dessus , avec le bord des anneaux pâle. — 11 est très-commun. Le cloporte armadille de Linnapus {oniscus annadillo) , édit. xii^ du Systema naturœ y appartient à, notre ^'^nre glomeris ; mais Tinsecte qu'il avoit ainsi désigné dans la premicje édition de cet ouvrage est proba- blement notre armadille commun, insecte répandu psr-lqnt. Scopoli, trompé par les apparences j a cité ce cloportide, comme synonyme u'-une espèce de glomeris , et lui a conservé le même nom. Linnceus ensuite, d'après cet auteur, aura dit que le cloporte armadille avoit plus de quatorze pattes. Il est aisé de voir que les genres oniscus , iulus tiscolopcndrn^ n'ont pas été rigoureusement examinés par le Pline suédois. 2. A. MÉLANGÉ; armadUlo variegatus, Oniscus variegatus. Villers. 1! est plus petit que le précédent, noirâtre, mélangé DES ARMADILLES. 4çi mélangé de gris roussâtre , avec le boid des anneaux blanchâtre en dessus; le dos a une rangée de taches d'un gris jaunâtre ou rous-i sâtre. — 11 se trouve dans les parties méri-j dionales de la France. 3. A. TACHETÉ; armadlllo maculatus: Oniscus maculatus. Fab. 11 est une fois plus grand que l'armadilla commun, de couleur plombée, avec sept rangées longitudinales de points blancs, dont; la plus reculée de chaque côté est maiginale.' — Il se trouve en Italie, dans le midi de la France. Le cloporte gentil , pulchellus , dePanzer^ ( Faune des insect. de T AUera. ) Fasc. g® , fig. 21 , approche beaucoup de cette espèce.' Le cloporte voûté de De Géer se roule en boule de même que les arraadilles; mais ses caractères ne semblent pas s'éloigner de ceux des cloportes. Celle espèce est peut- être Voniscus saxatilis de Cuvier. Jns, Tome VIL D 3a HISTOIRE DIXIÈME GENRE. B o P Y R E ; bopyrus. X ARMi les dénominalions données parles anciens à des poissons qui nous seront tou- jours inconnus, faute de notes indicatives, se trouve ceiJe de bogpyre. Nous ia consa- crerons, en adoucissant sa prononciation par le retrancliement d'une lettre , à un genre de crusfaces que nous croyons avec fonde- ment devoir établir. Les pécheurs des côtes de l'Océan attribuent la naissance des soles {^pLeuronectes sala , Lin. ) , aux clieviettes ou salicoques [palœmon squilla, Lab. ). Fouge- roux de Honda» oy, voulant rechercher les causes dun tel préjugé, se lit apporter de ces chevrettes que l'on croyoit étie sur le point de donner- naissance à de prétendues jeunes soles. Cet académicien vit que ces crustacés avoient une partie d'un des côtés du têt, qui lecouvre leur. corselet , renflée en forme de loupe. Il aperçut bientôt, en sou- levant cette tumeur, un petit animal, ayant en effet la lorme d'une sole, mais bien dif- férent de ce poisson par ses caractères, li le DES B O P Y R E S. 5i décrivit et le figura dans les Mémoires de l'académie des sciences, 1772, pa^. ut), p\.i; mais cette desciiplion est trop iucoinplef.te pour sali^faire le naturaliste. Il falloir exa- miner de nouveau ce crusfacé parasite, afin de remplir la lacune qu'a voit laissée dans son histoire celui qui l'avoit ébauchée. Fa- bricius , le seul auteur qui ait pailé de ce crusJacé après Fougeroux, ne l'a vu qu'im- p.n failement ; il en a fait un monocle { M^ crangorum, Suppl. entomol. syst.\ Comme l'on porte aux n)archés de Paris une grande quanlilé de salicoques, j'ai pensé que j'y trouverois quelques individus propres à me fournir les mêmes observations que ceux sur lesquels Fougeroux avoit fait ses re- cherches. Mon attente n'a pas été trompée, et j'ai trouvé chez les marchands de comes- tibles du Palais -Royal , jjiesque en tout tems , de ces crevettes ayant fexcroissance dont nous avons paiié. 11 ne m'a pas été nécessaire d'avoir recours à un examen très- détaille pour reconnoître que le pe(it ani- mal parasite, caché dans cette loupe, étoit de la famille des aseiloles. Il a sept paires de pattes , avec de peiites lames foliacées sous l'espèce de queue qui termine son corps, caractères que l'on chercheioit en vain sur. 52 HISTOIRE des insectes d'une autre famille. Une espèce d'oscane vit aussi sur la chevrette , mais outre que cet animal parasite est un mol- lusque , il adhère simplement au corps de la chevrette , et ne se cache point sous l'enve- loppe calcaire de son corselet. Le bopyre des chevrettes a environ quatre lignes et demie de long et trois de large, mesuré dans ses plus grands diamètres. La coupe du corps est ovée , ou ovale rétréci et terminé insensiblement en pointe à son extrémité postérieure : un des côtés est plus grand et plus arqué que l'autre, de sorte que la pointe ne répond pas à la ligne du milieu du corps. L'animal est d'une consistance demi-coriace, jaunâtre pâle, fort plat, avec des plis transversaux que produisent les seg- ïiiens , distingués les uns des autres, quoique foîblement, par les saillies de leurs bords. Le contour du corps présente, jusques au commencement de la pointe terminale ou delà queue, sept anneaux de chaque côté, séparés par de très -courtes incisions et un segment plus large , plus droit , qui répond à la tête. Ces segmens, ou plutôt ces cré- nelures, ont leur bord extérieur ou latéral droit, et sont tellement contigus que le con- tour du corps ne paroît pas interrompu ; DESBOPYRES. 53 le premier segment, celui qui vient immé- diatement après la tête, est plus court que les survans. Si on examine la surface inférieure du corps, on voit que ses segmens sont de chaque côté une petite pièce articulée, roulée sur elle-même, une véritable patte, quoique la petitesse et la position de ces organes les rendent inutiles au mouvement; on observe en outre que le contour du corps, jusqu'à la queue, est augmenté d'un rebord, formé par de petits feuillets membraneux, élevés, dirigés dans le sens de la longueur du corps , et dont les extrémités contiguës et opposées sont en recouvrement; ces feuillets sont au nombre de quatre de chaque côté; les deux derniers , ou ceux qui sont près de la queue, sont très -prolongés, et ce prolongement étroit , en forme de lanière , est cilié le long du bord inférieur. Ces appendices prennent naissance immédiatement après les pattes, et leur usage paroît être de garantir exté- rieurement les œufs; car le dessous du corps fait reffet d'une corbeille relativement aux germes de la postérité de l'insecte; les bords de ces feuillets sont noirâtres. Le segment antérieur , ou celui qui répond à la tête, a en dessous deux pièces D 3 54 HISTOIRE membraneuses , i)oir 'très , qui paroîssent être encoie deux feuillets, teiiaut lieu de lèvre supénenre et augmentés encoie cha- cun, en devant» d'une autre pièce mem- braneuse, dont le bord est droit et a un avancement en corne à l'angle extérieur et latéral. 8i nous soulevons cette espèce de lèvre supérieure, nous découvrirons sous chaque feuillet une pièce membraneuse pjesqiie cairée, et tout à fait en dessous un troisième feuillet figuré presque coinme ceux du piemier rang, et qui répondent à la lèvre supérieine. Xics yeux et les antennes sont presque nuls; on n'en voit que de liès-foibles vestiges. La queue, ou rextrémité postérieure et rétrécie du corps, est courte et arrondie au bout; elle a de chaque côté cinq crénelures répondant à autant d'anneaux , outre le segment terminal qui est large, étant peu échancré au milieu. Le dessous de cette queue est garni, de chaque côté , de cinq petites pièces ou feuil- lets transversaux, membraneux, Jaunâtres, et qui sont les analogues des appendices que Ton voit en celte partie du corps, dans les espèces de cette famille, les cloportes prin- cipalement. DES BOPYRES. 55 Toute la surface inférieure du corps , jusques ou par delà la hauteur des bords latéraux, est couverte d'uue quantité innom- brable d'œufs, exlréniement petits, noirs et semblables à de la poussière très-fine; si on enlève ces œufs, on découvre, dans presque tous les individus, un animal dont la forme essentielle est la même que celle du bopyre, mais qui est proportionnellement plus alongé , très-petit, ayant au plus une demi-ligne de long, placé vers f origine de la queue. 11 y a lieu de présumer que ce petit animal, malgré cette énorme disparité de grandeur , est l'individu mâle. Cette espèce de bopyre sera pour moi le bopyre des chevrettes, bopyrus squillarum. Comme on ne le trouve pas sur les crustacés que composent le genre crangon de Fabri- cius , je ne crois pas devoir conserver le nom spécifique que cet auteur lui a donné, monoculus crangorum. D 4 56 HISTOIRE SOUS-CLASSE SECONDE. Mille-pieds; myriapoda, JLi'oRDRE naturel semble nous commander de mettre à la lête des insectes aptères ne subissant pas de métamorphoses , et n'ayant que deux antennes , ceux qui, dans les naturalistes, forment les genres ïule et scolopendre. Que l'on compare les ïules qui se mettent en boule , ou mes gloméris avec les armadilles , et l'on sera frappé de l'iden- tité des rapports. Cette affinité est d'autant plus marquée que l'on n'aperçoit point, du moins d'une manière très-sensible , dans les ïules des auteurs , des ouvertures exté- rieures conduisant l'air dans les trachées , ou des stigmates , comme dans la famille des cloportides. Quelques-uns de ces insectes passent leur vie dans l'eau [jtilus opatus); la forme générale de leur corps , celle sur-tout de leurs pattes qui sont également composées de pièces , diminuant insensible- ment de grosseur, lerininées par un article conique, n'offrant point, comme dans les insectes aptères des sous - classes suivantes , DES MILLE-PIEDS. 67 «ne cuisse et une jambe distinctes , deux petits crochets au bout du tarse, présen- tent encore des traits de ressemblance. Les ïules et les scolopendres constituent donc d'une manière évidente un groupe très-rapproclié de celui dont nous venons d'exposer les caractères. Les scolopendres sont certainement liées avec les ïules, par le moyen de l'insecte que Linn^eus nomme scolopendra coleoptrata , et qui est le type du genre scutigère du professeur Lamarck. Nous avons ainsi parcouru , en suivant une marche naturelle, la série des crustacés et celle des insectes qui ont avec eux la plus grande affinité d'organisation. Les stigmates sont très - apparens dans les scolopendres. Nous touchons donc maintenant , d'une manière évidente , à un autre ordre d'ani- maux : les arachnides du professeur La- marck. Si l'anatomie nous avoit éclairés sur l'organisation de plusieurs de ces animaux , notre méthode auroit une base fixe ; mais elle n'a encore rien dit , et au défaut de ses lumières, nous sommes obligés de nous conduire d'après des renseignemens qui sou- vent peuvent être trompeurs, n'étant fondés que sur des caractères de forme. Les mille-pieds , ainsi nom mes de la grande 58 HISTOIRE quantité de pattes qu'ont ces insectes, ont leur covns formé d'un grand nombre d'an- neaux plus ou moins crustacés ou coriaces, portant cliacun , et presque tous, une ou deux paires de pattes. Leur télé est toujours distincte, pourvue de deux yeux à facettes ou formés de petits grains lassemblés ; de deux anfennes fort courtes, un peu plus grosses vers l'extrémité, et de peu d'article? dans les uns, ass-^z longues, sétacées, et d'un grand nombre de petits articles dans les autres. La bouche offre toujours deux man- dibules et une lèvre inférieure ; mais les iiiâclioires ne sont pas distinctes dans tous. Elles sont ou nulles ou soudées avec la lèvre inférieure , dans les ïules de Linneeus. On ne voit point au corps des mille-pieds ces divisions particulières appelées corselet et abdomen. Ces insectes sont formés d'une suite nombreuse d'articulations égales, et leur corps, par ce moyen, a souvent une forme serpentine. Seulement dans les ïules le pre- mier segment, celui qui vient immédiateiiient après la tète, diffère un peu des autres, et est moins un anneau qu'une petite plaque; il ne porte pas de pattes. Ces organes de mouvement sont très- nombreux, puisque plusieurs de ces insectes en ont d'une à deux DES MILLE-PIEDS. 69 centaines; mais aussi S()nl-ils ordinairement fort courts, de manière que l'insecle paroît glisser lentement sur les corps où il marche. Les njille-pieds ont en naissant la forme générale qu'ils doivent avoir le resie de leui* vie ,• à parler cependant d'une manière ri- goureuse, l'on ne peut pas dire qu'ils ne subissent pas de métamorphoses ; car De Géer a observé que le nombre de leurs an- neaux et de leurs pattes se développoit peu à peu dans les premiers tems de leur vie ; or ce changement peut è( re considéré comme une mélamorpliose réelle; celles des insectes ne sont aussi que les développemens suc- cessifs des pattes pour les uns , des ailes et des pattes pour les autres. Ces organes existent dès la naissance de l'animal et ne paroissent qu'après certaines mues; or, que ce soit des anneaux, des pattes, des ailes, qu'importe? Il n'en est pas moins vrai qu'il s'opère une mutation dans la manière d'être de l'insecte ; voilà donc une métamorphose. Les orthop- tères, la plupart des hémiptères naissent presque aussi tels qu'ils seront un jour; et si l'on veut être conséquent , il faut placer ces ordres d'insectes immédiatement après les arachnides , puisque sous les rapports des métamorphoses, ils sont plus près des 6o HISTOIRE arachnides que les coléoptères, les hyménop- tères, etc. Les habitudes des mille-pieds sont très- rapprochées de celles des cloportides. Ces insectes paroissent en général fuir le grand jour et se tiennent cachés sous les pierres, les écorces d'arbres , et dans les matières végélales qui ont éprouvé une altération sensible. Les uns rongent ces substances vé- gétales ramollies par un effet de leur dé- composition; les autres, tels que les scolo- pendres, sont carnassier^ leur bouche étant armée de deux crochets qui saisissent la proie dont elles veulent faire leur pâture , et lui donnent la mort en distillant dans la plaie qu'ils font une liqueur venimeuse; les arai- gnées ont reçu de la Nature des armes à peu prés semblables. Les mille - pieds ne sauroient d'ailleurs nous inspirer de l'intérêt, si on les envisage du côté de l'industrie. Les femelles se contentent de cacher leurs œufs dans les retraites où ces germes de leur pos- térité peuvent être garantis des dangers qui les menacent. Nous partageons cette sous-classe en deux ordres , les chilognalhes et les syngnathes. Le premier comprend les ïules de Linnœus, et le second ses scolopendres. DES CniLOGNATIIES. 6^ » ■ . I I II -il ORDRE PREMIER. C II I L o G N A T H E s ; cJulognatha. J-j'oRGAisiisATioN delà bouche présenfe ici ce caractère particulier : que les mâchoires sont nulles ou soudées avec la lèvre infé- rieure j c'est de là que dérive le nom de cet ordre; il est composé de deux mots grecs, lèvre , mâchoires. On ne voit ainsi au dessous des mandibules qu'une pièce transversale , fermant la bouche, assez compliquée, et dont on prendra mieux connoissance par la figure que nous en avons donnée dans le second volume de cette histoire, que par une description. Les palpes n'existent pas, ou sont remplacés par de petites appendices en forme de tubercules, que l'on voit au bord supérieur de la lèvre inférieure. Les segmens du corps conservent encore ici une consistance presque calcaire ; ou du moins la matière qui les compose se rapproche plus de celle du têt des crustacés que de celle de Fenveloppe des insectes des sous-classes suivantes. Ces segmens forment un tout enlier sans interruption, ce qui distingue les chilognathes des insectes de l'ordre qui suc- cède , où les anneaux sont formés de deux 62 HISTOIRE plaques, l'une supérieure, l'autre inférieure, réunies de chaque côté par une membrane. Les antennes, dans tous les chilognathes, sont fort courtes, de sept articles, et un peu renflées ou en massue à leur extrémité; leurs pattes sont toujours attachées en général par deux paires à chaque anneau; autres carac- tères qui peuvent, dans le plus grand nombre des circonstances, aider encore à ne pas confondre ces insectes avec ceux de l'ordre des syngnathes. Les chilognathes nous présentent quatre divisions très-naturelles; i^' on en voit qui ressemblent, au premier coup-d'œil, aux armadilles, par leur forme peu alongée, convexe en dessus , plate ou concave en dessous, et par leur faculté de se mettre en boule : ce sont nos gloméris ; 2° il y en a qui ont une forme très-alongée, cylindrique, ou l'air de petits seipens : nous les nomme- rons ÏLile-, 3" on en trouve qui ont bien une forme alongée et étroite comme les précé- dens , mais dont les anneaux ont presque une forme cubique : leur anus n'a point d'appendices , voilà les polydèmes; une qua- trième coupe enfin nous montrera des chi- lognathes alongés , déprimés , mais très-mous, et ayant des appendices en forme de pin- ceau à l'anus j ce sont mes poUyxèues. DES GLOMERIS. 63 PREMIER GENRE, G li o M É R I s ; glomeris. J_j E mot de glomeris signifie peloton. Les insectes auxquels je l'applique contractent en effet leur corps en rapprochant les deux extréniilés l'une de Tautie eu dessous, pour prendre la forme d'une boule; cette habi- tude tient aux mêiues causes que celle des armadilles; les glomeris garanlissont par ce moyen, à l'approche du danger, les parties foibles de leur corps et deviennent piopres, dans ces élals de conliaction , à roider prompteinent sur les surfaces où ils se trouvent. Les glomeris ressemblent aussi beaucoup aux arniadilles sous les rappoiîs de foi'me; mais ils s en éloignent par l'organisaiion de la bouche, par leurs antennes, le nombre de leuis pattes , qui est au delà de quatorze, la présence d'une petite plaque siiuee iui- niediatenient après la tète , et enfin |,ar le défaut d'une (jueue formée de plusieurs anneaux dilf^rens des au Ut s. ]Soiis devons la foiniation de ce genre qu'où avoit cQulbiidu avec les ïules, au I r>4 HISTOIRE professeur Cuvier, qui l'avoit nommé ar-, madille ( Journ. d'hist. natur. tome II , pag. 27 ). Cet illustre anatomiste nous a lui - même tracé la série que nous avons suivie. « Nous sommes, dit-il, descendus par dégrés des écrevisses aux squilles, de celles-ci aux aselles, puis aux cloportes, aux armadilles et aux ïules. Tous ces genres doivent se rapporter à une seule classe na- turelle ». Le nombre des pattes varie dans les gloméris depuis trente -deux jusqu'à qua- rante-quatre. Les ïules à corps ovale d'Olivier ( En-- cyclopédie méthodique ) répondent à nos gloméris. Il décrit les espèces suivantes. ESPECES. 1. GiiOMÉRis OVALE," glomens ovalisl Julus ovatus. liin, Fab. — Oniscus , n^ 995- Gron; Zoopli. tab. 17, fig. 4 et 5. — Marcgrav. Biasil. lib. 4, cap. 8 , p. i55. Ses pattes sont au nombre de vingt pairesJ lie corps est d'un jaune obscur , de douze anneaux, et long d'environ un pouce. — Il se trouve dans l'Océan , en Europe , et peut-être en Amérique. DES GLOMERIS. 65 2. G. TESTACÉ ; glomeris testaceus. Iule testacé. Encycl. mctliod. Les pattes sont au nombre de vingt-deux paires, verdàlres; le corps est long d'envi- ron un pouce et demi, teslacé - pâle dans ranimai mort. — 11 se trouve à Madagas- car, dans les lieux ombragés et humides. 3 . G. PLOMBÉ ,• gloîneris plumbeus. Iule plombé. Encycl. niéthod. Ses pattes sont au nombre de dix - sept paires ; tout le corps est d'une couleur plombée claire , avec le bord des anneaux et l'extrémité postérieure plus pâles. — On le trouve au midi de la France , dans les lieux couverts et humides. 4. G. PUSTULE ,• glomeris piistuîatus. Iule pustule. Encycl. méth, — Oniscus pustulatus, Fab. — Panz. Faiin ins. germ. fas. 9 , fig. 22. Il a seize paires de pattes , suivant Cu- vier,* dix -sept, suivant d'autres. Le corps est noir , avec quatre points rouges sur chaque anneau. L'individu décrit par Fa- bricius n'en avoit que deux sur le second et suivans. — 11 habite le midi de la France, de l'Allemagne, et les contrées chaudes de l'Europe. 1ns. Tome VIL E €6 HISTOIRE 5. G. MARGiNÉ ; glomeiis marginatuSi Iule marginé. Encycl. mélliod. 11 ressemble au précédent par le nombre de pattes. Il est noir, avec le bord posté- rieur latéral des anneaux rouge. — Il se trouve aux environs de Fréjus , sous les pierres. 6. G. BORDÉ ; glomeris limbatus. Iule bordé. Encyclop. méthod. — Oniscus zonalus, Paiiz. Faun. ins. germ. fasc. 9 , fig. 25. Son corps est d'un noir plombé, avec le bord des anneaux légèrement blanchâtre. — Il se trouve aux environs de Paris, sur le bord des eaux. 7. G. MARBRÉ; glomeris marmoratus. Iule marbré. Encycl. mctli. Son corps est d'un noir plombé , mé- langé de jaune. — Il se trouve aux envi- rons de Paris , sous les pierres , dans les lieux ûais. DES IULES. ^f DEUXIÈME GENRE. Iule; julus. On distinguera ces insectes de ceux des autres genres de cet ordre , à leur forme longue , cylindrique , serpenlifornie. Leur corps est composé d'une suite considérable d'anneaux courts , d'une substance dure , un peu calcaire et généralement unie. La quantité de ces anneaux varie suivant les espèces , ou même suivant les sexes : à Texceptiou de quelques-uns des extrêmes, ils sont égaux et portent chacun en dessous deux paires de pattes. La tête des iules est de la largeur du corps , plate en dessous , convexe et airondie en dessus postérieure- ment, un peu plus étroite et presque carrée ensuite , à prendre des yeux. Le bord an- térieur , ou la partie qui répond à la lèvre supérieure , est échancré au milieu. Les yeux se perdent dans la surface de la tête; ils sont ovales, plans, et formés de petits grains de figure irrégulièrement hexagonale. Tout près de leur côté interne sont insérées les deux antennes, qui ne sont guère plus E 2, f58 HISTOIRE longues que la tête , assez grosses , de sept articles , dont le premier très - court , les quatre suivans presque coniques ou cylin- driques , et amincis insensiblement à leur base; le cinquième et sixième un peu plus gros, coniques; on aperçoit au bout de ce- lui-ci l'extrémité pointue du septième qui est fort petit. La bouche consiste en deux fortes man- dibules et en une pièce assez grande, crus- tacée , couvrant transversalement le dessous de la tète, et pouvant être appelée lèvre inférieure. Les mandibules ont des rapports avec celles des cloportes et une structure toute particulière , dont on ne trouve plus d'exemple dès qu'on est sorti de cette sous- classe. Elles sont composées d'une tige écailleuse à l'extrémité de laquelle est un arlicle également écailleux , et surmonté d'une pièce où sont implantées transver- salement de petites parties cornées, tran- chantes , qui sont autant de dents. Le dos de chaque mandibule est en outre emboîté dans une espèce de capsule écailleuse , grande , articulée à sa base , anguleuse et comme foimée de deux plans échaucrés à leur extrémité. DES IULES. 69 La lèvre inférieure est divisée par plu- sieurs sutures ou lignes enfoncées; on voit au milieu de sa base une pièce dont Jes bords sont anguleux , et au dessus de laquelle s'élèvent parallèlement deux pièces étroites, en carré long, conligucs à leur bord in- terne , et dont l'extrémité est obtuse et rebordée. Ces parties peuvent être j)rises pour la lèvre inférieure proprement dite. De chaque côté, à partir de la base com- mune, s'élève, dans le sens des précédentes , une pièce écailleuse de la même ligure que les dents du milieu , mais plus grande , élargie et arrondie au côté extérieur et au sommet , et ayant , vers l'angle interne de ce bout, deux petits tubercules répondant aux palpes. La lèvre inférieure ressemble à un feuillet membraneux. Telles sont les ob- servations que m'a fourni l'examen de cette pièce considérée dans un ïule exotique. J'ai aperçu quelques légères différences à la lèvre inférieure de fïule commun , le ter- restre. Les deux pièces latérales et exté- rieures , les représentations des mâchoires sont dilatées à leur base et eu dedans. Ces dilatations se touchent, et au dessus d'elles sont les deux pièces du milieu , avec une E 5 70 HISTOIRE petite partie triangulaire, dans leur entre- deux, à leur base. Les deux premiers anneaux du corps ne forment évidemment pas le cercle entier; ils sont ouverts inférieurement; aussi les deux premières paires de pattes ont-elles un sup- port membraneux et particulier, qui remplit l'intervalle laissé par les anneaux. La pre- mière paiie de pattes, la seconde même, semblent être appliquées sous la bouche. Le premier anneau est sur-tout plus ouvert, en forme de plaque, une fois plus long que chacun des autres; c'est une sorte de corse- let; le troisième anneau est encore un peu ouvert et n'a qu'une seule paire de pattes, supportée de même. La géminalion des pattes ne commence qu'au cinquième segment : ainsi en supposant que le premier, ou la plaque qui remplace le corselet , n'ait pas de pattes, la première paire de ces organes du mou- vement répondra au second , la troisième au quatrième , et les quatrième et cinquième paires au cinquième. Cette gémination con- tinuera ensuite, sans interruption, dans les femelles; mais les mâles n'ont qu'une seule paire au septième segment , les organes sexuels situés en cette partie occupant la place de la seconde paire. D E s I U L E s. 71 La détermination des espèces d'ïules ayant ëlé fondée sur la quantité numérique des pattes, il doit y avoir eu de l'erreur dans les caractères spécifiques; car tous les auteurs ont généralement cru que chaque anneau avoit deux paires de pattes. Les deux der- niei's en sont absolument privés; le pénul- tième s'avance en pointe au milieu de son bord postérieur, et reçoit en partie le der- nier segment, formé de deux valves, arron- dies au côté interne, appliquées l'une contre l'autre, et qui s'ouvrent pour laisser passer les excrémens et les œufs. Les pattes sont fort petites et disposées sur deux séries, partant d'une ligne commune qui règne le long du milieu de la longueur inférieure du corps ,• elles sont arquées eu dehors, et composées de six petits articles et d'une pointe conique et cornée. Mais , quoique ces insectes aient une quantité considérable de pattes, ils marchent néanmoins lentement et semblent glisser sur la terre. Ils font agir leurs pat les l'une après l'autre , régulièrement et successivement ; chaque rangée forme une espèce d'ondu- lation. En même tems ils remuent leurs antennes, comme s'ils vouloient reconnoître les corps qui sont devant eux. Dans le repos, E 4 72 HISTOIRE les ïules ont le corps roulé en cercle ou en spirale, la tête étant au milieu; on croiroit que ce sont de petits serpens. On rencontre ces petits animaux sous les pierres , dans les trous des vieilles souches , sous les écorces des arbres. Ils aiment en général les lieux frais et couverts. J'en con- nois une espèce , du midi de la France , qui se tient au grand jour, et en grande quantité, dans des terrains calcaires. Ces insectes sont rongeurs ; les matières végétales doivent leur fournir leur nourriture habituelle. De Géer a vu cependant un ïule ronger une larve de mouche et la manger en partie. On aperçoit, de chaque côté du corps; une ligne de points obscurs , enfoncés et au nombre de deux par chaque anneau : ce sont les premières apparences des stigmates. J'ai ouvert plusieurs femelles, et je leur ai trouvé les ovaiies remplis d'un assez grand nombre d'oeufs blancs et assez gros. De Géer a observé que les petits n'avoient en naissant que trois paires de pattes, atta- chées chacune aux trois premiers anneaux; le nombre de ces anneaux n'est mcme alors que de sept ou de huit; leurs antennes n'ont que quatre articulations apparentes ; mais dans quatre jours de tems , il leur pousse DES IULES. 75 quatre anlres paires de pattes et quelques anneaux de plus. Les antennes ont acquis deux articles de plus. De Géer n'a pas aperçu de traces de dépouilles auprès de ces insectes; mais il n'est pas probable que ces cliangemens puissent avoir lieu sans que ces insectes ne muent. Les ïules éprouvent donc une sorte de niéfauior[)îiose , puisque le nombre de leurs organes du mouvement et de leurs anneaux croit avec l'âge. Ce genre offre peu d'espèces connues. La difficulté de biea compter le nombre de letn-s pattes doit influer sur leur détermination. ESPECES. 1. IULE terrestre; julus terrestris: Geoff. Fab. Son corps est cendré , annf^lé de brun clair; son anus n'a point de pointe saillante. Ce dernier caractère est celui qui fait le mieux distinguer cette espèce de la suivante; car il y a de l'incertitude sur le nombre des pattes; j'en ai compté soixante-quatre paires, dont les six antérieures simples ou point géminées, dans un individu femelle ; soixante-quaLorze paires et dont les six antérieures simples. 74 HISTOIRE dans un individu plus âgé. Un autre indi- vidu, mais d'un sexe dilTérenl , m'a offert soixante-huit paires environ , dont quatre simples. II paroît toujours constant que cette espèce a près d'un sixième de moins de pattes que la suivante. Elle est commune dans toute l'Europe. 2. I. DES sABi^TLs; julus salfulosiis.IÀn. F. ScLaslF. Elcm. entom. tab. 75. — Geoff. Insect. tom. II , planche xxii , fig. 5. — De Géer, Méin. ius. tom. VII, pi. XXXVI , fig. 9-10. Cette espèce est une fois plus grande que la précédente, d'un brun cendré foncé ou noiiâtre, avec le bord postérieur des anneaux plus clair, et deux lignes rapprochées au milieu du dos et dans sa longueur, rous- sâtres. On voit à son anus une pointe aiguë et très -saillante, formée par l'avancement du milieu du bord postérieur du segment qui précède. Plusieurs auteurs lui donnent deux cent quarante pattes : j'en ai compté environ quaire-vingt-quatre paires. La saillie de l'anus, bien exprimée par la ligure de De Géer, m'a forcé de rappoiter ici l'espèce qu'il avoit donnée pour la précédente. La ligure de SclicPfïer convient fort bien à cette espèce. Les descriptions que Linnasus a D E s I U L E s. 75 publiées de celle-ci et de la précédente, si Ton excepte les différences numériques des pattes , ne présentent pas de caractères suffi- sans pour les distinguer. 3. I. DES arbres; julus arhorum. Cette espèce, qui se trouve sous les écorces des arbres et qui n'a pas été décrite, est fort petite , d'un biun clair , annelé de brun foncé ou de noirâtre; son anus a une saillie arrondie à son extrémité. Je n'ai pas compté le nombre de ses pattes. Cette espèce se trouve dans toute la France. Le midi de la France offre deux autres espèces , semblables pour la couleur à Fïule terrestre , mais beaucoup plus grandes , dont l'une a une saillie à l'anus, et dont l'autre n'en a point. Je n'ai pas encore suf- fisamment étudié ces espèces pour pouvoir en donner des cai actères comparatifs. C'est probablement à une des deux qu'il faut rap- porter celle que Fabricius nomme malangée , parius , et dont il désigne les traits de la manière suivante : a Soixante-dix-huit paires de pattes; anneaux du corips noirs à leur base , blancs à leur extrémité. » — Elle est de rilalie. 7G HISTOIRE 4- I. BOURREAU ; jiilus carnifex. Fab. Son dernier segment a une pointe sail- lante,- il a la tète, la queue, les pattes et une ligne le long du dos, d'un rouge de sang. Ses pattes sont au nombre de quatre-vingt- quatorze. 5. T. indien; /z^/f/5 indus. Lin. Fab. Son dernier segment a une saillie; le corps est brun , avec cent dix paires de pattes rousses. — Il se trouve aux Indes. 6. ï,BB.vi fig- 16. — Scolopendre, à vingt-huit pattes. Geoff. DES SCUTIGERES. 89 Elle a quatorze paires de pattes. Soa corps est d'un jauue loussàtie , avec trois lignes d'un noir bleuâtre, le long du dos, et des fascies de la même couleur sur les cuisses. — Elle se trouve en Fiance et dans d'autres pa^s de l'Europe, mais ra- rement. 2. S. LONGicoRNE ,* scutigera longicornis. Scolopendra longicornis. Fab. Elle a quinze paires de pattes. Le corps est d'un brun foncé en dessus , avec une ligne dorsale roussâtre , et jaunâtre en des- sous. Les pattes sont fasciées de brun pâle et de bleu. — Elle se trouve à Tran- quebar. 9Ô HISTOIRE SIXIÈME GENRE. Scolopendre; scolopendra. Xjes scolopendres ont le corps linéaire, long , déprimé ; leurs antennes sont séîacées, composées d'un grand nombre d'articles ; leur tête est plate; leurs yeux sont com- posés de petits grains rapprochés les uns des autres; leurs pattes sont courtes et finis- sent en pointe conique ; les deux posté- rieures sont plus longues ; les autres sont égales. Ces insectes ont beaucoup de rapport avec les ïules par la forme et la longueur du corps. Ils s'en éloignent particulièrement par les deux crochets qui accompagnent leur lèvre ; ils n'ont d'ailleurs qu'une paire de pattes à chaque anneau ; les ïules en ont deux et point de crochets à la bouche. Les scutigères ont les antennes et la bouche des scolopendres; mais les anneaux de leur corps ont chacun deux paires de pattes. Les sco- lopendres varient beaucoup en grandeur ; les plus grandes de celles qu'on trouve en Europe n'ont guère plus de deux pouces; DES SCOLOPENDRES. 91 celles de l'Inde ont jusqu'à huit pouces. Elles sont connues sous le nom de mille - pieds ^ de scolopendres terrestres ,• quelques auteurs les ont aussi appelées mal-faisantes , parce qu'elles pincent assez fort avec leurs cro- chets. Elles vivent dans la terre , dans le vieux bois pourri, sous les pierres et dans d'autres lieux humides; elles se nourrissent de vers de terre et d'insectes vivans. Les scolopendres sont réputées venimeuses , parce que quand on les prend, elles écartent leurs crochets , avec lesquels elles tâchent; de mordre , et que dans l'endioit qu'elles ont mordu il survient une enflure assez douloureuse. Mais , au rapport des voya- geurs , la douleur que cause la morsure des grandes scolopendres des Indes , quoique beaucoup plus violente que celle que pro- duit la piquure du scorpion , n'est cependant pas mortelle. Leeuwenhoek, qui a examiné les crochets de ces insectes , a trouvé près de leur pointe une ouverture qui commu- nique à une cavité qui s'étend jusqu'à l'ex- trémité des crochets , et il croit que c'est par là que sort la liqueur acre que la sco- lopendre introduit dans la plaie , où elle cause la douleur vive qu'on ressent après la morsure. J'ai vu aussi cette ouverture-- 9» HISTOIRE c'est un rapport qu'ont ces insectes avec les araignées. Les scolopendres sont très-vives et cou- rent avec beaucoup d'agilité. AVeiss (Dict. d'iiist. nat. de Val mont de Boniare. ) com- pare la marche de la scolopendre fourchue , ou la plus commune, à celle de l'escargot, et suppose que le mécanisme de leurs niou- vemens s'exécute à peu près de même; il y a 5 suivant lui , cette différence que la Scolopendre , au lieu de marcher , fait mou- voir successivement un grand nombre de pattes. Les unes agissent suiyant le plan de position , et les autres sont relevées ; celles-ci posent bientôt à terre , tandis que les der- nières de chaque division se relèvent. Tous ces divers mouvemens qui suivent le corps, depuis la tête jusqu'à son extrémité posté- rieure, produisent des espèces d'ondulations. L'insecte varie ses mouvemens et leur force selon le besoin; chaque patte, appuyant sur le plan où il marche, transporte , ainsi que le font les muscles de l'escargot, le corps à la même distance qu'il agit. Ou ignore comment ces insectes se reproduisent; il m'a paru que les organes de la génération étoient situés à l'extrémité de leur corps. On sait que les scolopendres muent et quittent leur peau à DES SCOLOPENDRES. 93 peu près de la même manière que les clo- portes. Les paj's étrangers en fournissent plu- sieurs espèces. Quelques-unes répandent une lumière phosphorique. ESPECES. 1. SCOLOPENDRE FOURCHUE,* solopendrcu furficata. Lin. l^'ab. Scolopendre à trente pattes. GeofF, Hisl. des insect. tom. II , pi. xxn , fig. 5. Elle est rousse et a quinze paires de pattes. Cette espèce est la plus commune de toutes celles d'Europe. 2. s. géant; scolopendra gigantea. Lin. F. Browne , Jamaïc. lab. 42 , fig. 4* Elle a dix-sept paires de pattes et se trouve en Amérique. 3. s. mordante; scolopendra morsitans. Lin. Fab. Ellfe a vingt paires de pattes, dont les pos- térieures sont épineuses. (Voyez la figure de De Géer, tom. VII, pi. XLiii , n" i.) Elle est exotique. On n'a pas encore bien exa- miné si les scolopendres des deux Indes , qu'on réunit sous une même dénomination spécifique, à raison de la parité de leur 94 HISTOIRE nombre de pattes, ne forment réellement qu'une seule espèce. 4« S. ferrugineuse; scolopendraferruginea. Lin. Fab. De Gécr ,Mêm. insect. tom. VII, pi. xliii, fîg. 6. Elle est roussâtre, avec les pattes jaunes, au nombre de vingt-deux paires. — Elle se trouve en Afrique. 5. S. DORSALE ; scolopendra dorsalis. Fab. Elle est brune, avec une ligne dorsale roussâtre et trente paires de pattes. — Elle est de Tranquebar. 6. S. PORTE-BOUCLIER ; scolopendra cly- peata. Fab. Le corps est brun , chagriné , avec la tête comme couverte d'une espèce de bouclier arrondi. Les pattes sont au nombre de trente paires. — Celte espèce est de Tranquebar, et appartient peut-être au genre polydéme. 7. S. électrique; scolopendra electrica. Lin. Fab. De Géer , Insect. lotn. VII, pi. xxxv, fig. 17. — Scolopendre à cent quarante pattes. Geoff. Son corps est très-délié , filiforme et fauve ; il â soixante-dix paires de pattes. Il est quel- DES SCOLOPENDRES. 96 quefois lumineux dans la nuit. — Elle est commune dans toute l'Europe. 8. S. piiospuoRiQUE ; scolopendra phos- phorea. Lin. Fab. Elle a soixante-seize paires de pattes et se trouve en Asie. Elle répand une lumière pliosphorique semblable à celle du ver lui- sant. g. S. occidentale; scolopendra occidentalis. Lin. Fab. Elle a cent vingt-trois paires de pattes, et habite l'Amérique. 10. S. DE GABRIEL ,* scolopcndra Gabrielis. Lin. Fab. Elle a de grands rapports avec le scolo- pendre électrique; mais elle est quatre fois plus grande, et ses pattes sont au nombre de deux cent quatre-vingt-seize. — Elle se trouve en Italie. Il est douteux que la scolopendre marine deLinnseus soit de ce genre; peut-être même n'est-ce pas un insecte. 96 HISTOIRE SOUS-CLASSE TROISIÈME. A CE RE s; acera. U N recoïinoît facilement les insectes de celte sous-classe à ces deux caractères : tête confondue avec le corselet; point d'antennes: c'est cette absence d'anlennes qui m'a fait désigner cette division sous le nom diacères , ou sans cornes. Les crustacés nous ont offert un exemple du premier de ces caractères,' le têt du plus grand nombre de ces ani- maux recouvrant, sans qu'il y ait de sépa- ration , leur tête et la partie nommée le cor- selet, ou la poitrine. Dans les insectes, [es scorpions, les araignées, les mites, et géné- ralement tous les acères, n'ont pas non plus de tête distincte; mais cette partie est iden- tifiée avec le corselet. La place est seulement indiquée par la silualion des organes de la manducation et par les 3 eux. Les acères font une partie essentielle de la classe des arachnides du professeur La- marck. Nous avons dit ailleurs que ce célèbre naturaliste composoit cette classe de tous les insectes qui ne passent point par ces divers états D E 5 A C E R E s. 9^ étals appelés métamorphoses ; nous avons en même tems exposé les motifs qui nous em- pêchent de distinguer classiquement, si je puis m'exprimer ainsi, ces insectes de ceux qui ne naissent pas avec des formes cons- tantes; mais, quoique je ne sois point à cet égard de l'avis de l'illustre "naturaliste que je viens de citer, je n'en suis pas moins de son sentiment quant à la place qu'il assigne aux arachnides dans la série naturelle des êtres. Nos dissidences ne sont au fond que nominales : je n'admets pour base des classes zoologiques que les organes essentiels de la vitalité. Le professeur Laraarck étend plus loin ces fondemens, et dès lors il peut nom- mer classe ce que je ne considère que comme sous - classe , ou une division majeure de classe. Ainsi il est démontré que ce n'est ici qu'une dispute de mots. Les coupes sont déterminées, ainsi que leurs places natu- relles : voilà le vrai point essentiel. Qu'im- porte au fond que ces coupes aient telle ou telle qualification (1)? (1) Comme il n'est pas facile de juger , au premier coup-d'œil , si un insecte est ou n'est pas sujet à des métamorphoses , nous donnerons ici des caï'aclères secondaires avec lesq^uels on pourra y suppléer. Les Ins. Tome VIL G 98 HISTOIRE Les acères ont le corps formé de deux parties , dont l'une , antérieure , porte les organes de la vue, de la manducation , du toucher et du mouvement ; l'autre posté- rieure , renfermant les organes de la res- piration et de la digestion ; la première partie sera toujours le corselet, et la se- conde l'abdomen; les scorpions', les araignées ont ces deux parties bien distinctes ; mais, dès qu'on arrive aux acères , connus com- munément sous les noms de mites , de tiques, etc., les acarua de Linnaeus, ces deux parties se confondent, et le corps n'offre plus qu'une masse sans apparence d'anneaux; la poitrine n'est indiquée que par l'insertion des pattes. Ces cornes articulées, mobiles, appelées antennes , et qui caractérisent les crustacés et les insectes des autres sous-classes, man- araclinides n'ont jamais d'élytres , d'ailes, ni de rurli- mens de ces parties -, les màcLoires , la lèvre infé- rieure , ou les pièces qui les remplacent , n'ont pas un centre commun et musculaire d'insertion , comme dans les insectes ailés ; les arachnides n'ont souvent que des yeux lisses, isolés ou groupés; les uns ont la tête confondue avec le corselet , et le plus souvent huit pattes; les autres ont une tête distincte et qua- torze pattes au moins, ou six seulement, et dont chaque paire est attaché à un segment particulier. DES ACERES. ot^ quent ici. On remarque à la vérité, à la partie antérieure du corps des acérés, deux filets articulés 5 mais, comme ces organes, sont insérés sur 1er. mâchoires , on ne peut pas les nommer antennes ; ce sont des palpes. Jamais désignation ne fut plus juste, et si l'on ignore encore l'usage des antennes, , l'on ne peut pas dire qu'il en soit de même par rapport aux palpes de la plupart des acérés ; il est assez évident , à en juger sur-tout d'après les scorpions, les araignées,' que ces parties sont les organes du tou- cher. N'est-ce même pas un phénomène vraiment curieux que de voir les organes de la génération d'un des sexes, situés dans les palpes, comme aux araignées? Ces filets mobiles, articulés, sont ordinairement fili- formes, ou terminés par un renflement, de cinq pièces , et dirigés en avant ; dans les uns, les scorpions, ils font l'office de bras,' et se terminent , pour que tout réponde à cette idée , par une espèce de main et deux doigts; dans d'autres, ils pourroient presque servir de pieds, tant ils sont grands, comme dans les mygales. Plusieurs acaridies se servent de ces organes comme d'une espèce de crochet, de harpon , pour se fixer aux corps ou lesi G a loo HISTOIRE attirer à soi. Les ixodes y trouvent une^ espèce de gaîiie dont la destination est de renfermer les organes de la manducation. Xie plus grand nombre des insectes à mâ- choires nous présente quatre ou même six palpes ; mais ici nous n'en verrons que deux. Considérons maintenant quels sont ■les organes avec lesquels les acérés prennent leur nourriture ; quoique la Nature ait donné deux mandibules à la plus grande partie des acérés, il est cependant reconnu que ces animaux sont vraiment suceurs, ou qu'ils ne broient point leurs alimens, mais qu'ils ne font qu'en extraire les sucs nour- riciers. Ces mandibules ont" ici certaines formes que l'on voudroit inutilement retrouver dans les crustacés et les insectes des autres sous-classes. Ainsi celles des scorpions, par exemjjle , ressemblent à l'espèce de main qui termine les bras des crabes, des écre- visses ; les mandibules des faucheurs sont outre cela bi-articulées; celles des araignées sont terminées chacune par un fort crochet mobile , et qui s'engraine souvent entre deux rangées de petites dentelures de chaque mandibule. C^s organes ont encore une position qui leur est particulière ; au lieu DES ACERES. loi d'être placés dans une clireclion transver- sale, ils avancent parallèlement clans le sens de la longueur du corps , sont conti- gus l'un à l'autre et occupent l'espace qui est ordinairement rempli par la lèvre su- périeure. Les deux mâchoires sont souvent courtes et arrondies, mais quelquefois aussi elles se prolongent et prennent la forme de soies; la lèvre inférieure est immobile dans le grand nombre ; elle est quelquefois de deux pièces; quelquefois aussi elle ressemble à un dard ; immédiatement au dessus de son sommet se voit, dans les arachnides, un mamelon ou sorte de langue. Il semble que la présence ou l'absence des mandibules soient deux bons carac- tères , pour couper en deux les acères. Je m'en suis en effet servi, puisque mes ché- lodontes ont ces organes, et que mes solé- nostomes en sont dépourvus. Mais en par- tant de cette base , l'on rompt en un point l'ordre naturel ; ainsi les pycnogonons se trouvent éloignés , comme n'ayant pas de mandibules, des nymphons qui en ont, et cependant ces deux genres doivent être l'un à côté de l'autre. Je pense donc, ainsi que je l'ai fait postérieurement à la publi- cation de mon troisième volume de cette G 5 303 HISTOIRE histoire, que l'on doit, avant tout, com- mencer par isoler les pycnogonides. La forme de leur bouche en donne le moyen. Les autres acérés ont deux mâchoires et une lèvre inférieure, ou des parties qui en tiennent lieu, quelles que soient leurs figures. Dans les pycnogonides les mâchoires et la lèvre inférieure sont converties en un lube simple , ou qui n'a pas de divisions. Leur corps est d'ailleurs comme noueux ou ar- ticulé j autre caractère qui les recule du grand nombre d'acères. Nous pouvons maintenant passer à la considération fondée sur la présence ou l'absence des mandi- bules , et tout se trouve lié ; ainsi les chélodontes , placés en tête , nous présen- teront d'abord les acères les plus intéres- sans , les scorpions , les mj^gales , les arai- gnées, les faucheurs, etc. Les solénostomes, qui viennent après, nous montreront la majeure partie de ces animalcules parasites, si incommodes, les mites; les pycnogonides enfin , formeront la dernière classe. Tel est l'ordre que nous suivrons dans la suite ; ici nous nous conformerons à la marche que nous avons tracée précédemment. La peau supérieure du corselet , son es- pèce de têt, est ordinairement d'une cousis- D E s A C E R E s. io3 tance plus ferme que l'enveloppe de l'abdo- ruen coriace. La coupe de ce corselet est presque carrée dans les uns, en demi-cercle eu même en forme de rein dans d'autres, le plus souvent ovale ou arrondie , avec l'ex- trémité antérieure tronquée ou obtuse. Elle s'étend beaucoup plus en largeur qu'en hauteur. Les yeux sont ordinairement petits , lisses ^ au nombre de six, de huit, dans la famille des scorpions et dans celle des arachnides; de quatre ou deux, et souvent peu visibles, dans les familles qui succèdent. Ils sont situés à la partie supérieure et antérieure du cor- selet, et leur position respective, dans ceux qui en ont six et huit, forme des figures qui présentent d'excellens caractères pour séparer ces insectes en divers groupes. Les yeux même diffèrent souvent alors en gros- seur, et ils sont quelquefois placés sur une petite élévation, autres moyens que le mé- thodiste sait encore employer concurrem- ment avec les autres caractères. L'abdomen tient au corselet par un seul point, comme dans la famille des arachnides, les phrynes , ou s'applique à cette partie par toute sa largeur, comme dans les autres acères. Sa forme est ovale, oblongue, ou G 4 104 HISTOIRE presque cylindrique : il est très-aplati daii^ quelques-uns, les phrynes, les pinces, etc., mais il est le plus souvent assez épais, sou- vent même renflé. Sa peau est assez ferme et annelée dans les scorpion ides,- mais dans le grand nombre elle est assez molle, et n'offre point d'anneaux distincts. Quelques arachnides ont sur cette partie des tuber- cules , des épines remarquables. Les in- sectes de cette famille sont presque les seuls dans cette sous-classe qui récréent nos yeux par la diversité et l'agréable symétrie de leurs teintes. Les araignées filandières et tendeuses nous offrent des dessins dont la beauté et Téclat sont propres à détruire ou à affoiblir du moins l'aversion que ce genre d'animaux nous inspire ; dans les autres acérés le coloris est en général assez monotone. Les trombi- dions, quelques hydrachnes , sont les seuls que l'on en puisse excepter. Le corselet est le point central du mou- vement; l'abdomen est le vaisseau principal qui renferme les organes de la vie ; c'est là qu'est situé le vaisseau dorsal dont le mou- vement est très-sensible dans quelques acérés, j'araignée domestique à longues pattes de Geoffroi notamment ; il semble même ici jeter quelques rameaux de part et d'autre D E s A C E R E s. io5 et clans sa longueur; c'est sous l'abdomen , à sa base, ou sur ses côtés, que sont placés les ouvertures des trachées ou les stigmates, dont le nombre varie de deux à liuit ; c'est là aussi que la Nature a mis les organes de la génération des femelles , et ceux de plu- sieurs mâles ; l'intérieur de l'abdomen, outre les intestins, renferme encore dans les acérés qui doivent filer, comme les arachnides, les vaisseaux sécrétoires de la soie. De petits mamelons, ou filières situées autour de l'anus, indiquent quels sont ces insectes tisserands ou fileurs. Les pattes sont au nombre de huit, très- rarement de six. Elles se font souvent remarquer par leur longueur excessive, et sont composées d'une hanche, qui est tou- jours de deux pièces , d'une cuisse , d'une jambe et d'un tarse ,• dans les arachnides , les faucheurs, cette jambe offre deux arti- culations; le tarse en a trois dans les scor- pions, deux dans les arachnides, un grand nombre dans les faucheurs. Des acaridies, des tiques ont ce tarse court, conique, ter- miné par une pièce qui paroît vésiculeuse, souvent mobile, une sorte de pelote. L'ex- trémité de ce tarse est ordinairement munie de deux crochets simples, ou dentelés comme io6 HISTOIRE lïu peigne, dans la plupart des arachnides : il y en a un troisième dans plusieurs acères de cette famille. Les galéodes , les phrynes , les lliély- phones ont deux pattes qiii paroissent avoir une distinction différente des autres; ce sont les pattes antérieures ,• leur longueur , la ténuité particulière de leurs tarses , dont Textrémité est simple ou n'a pas de crochets, me les font considérer comme des organes lentaculaires , des pattes qui semblent être des seconds palpes. L'abdomen est terminé dans les scorpions par une queue mobile , formée de six noeuds distincts, et dont le dernier Unit en pointe aiguë, servant d'aiguillon, et percé afin de donner passage à la liqueur empoisonnée que Fanimal distille dans la plaie. Les thé- ]3'phones ont aussi une queue ; mais c'est un simple iilet sélacé , composé d'un grand nombre de petits articles. Nous verrons , aux articles scorpion et galéode , qu'on remarque sous les cuisses de leurs pattes postérieures des appendices par- ticulières. Celles des scorpions ressemblent à des sortes de peignes, et sont effectivement connues sous cette dénomination. Tous les acères connus sont carnassiers ; D E s A C E R E s. 107 les uns sont vagabonds , et les autres séden- taires. Les premiers courent ou sautent après leur proie ; quelques-uns la saisissent avec d'autant plus de facilité que la Nature leur a donné des bras ou des pinces ,• les seconds tendent des pièges dans lesquels ils sur- prennent les insectes dont ils font leur nour- riture; les autres se cramponnent à des ani- maux souvent beaucoup plus gros qu'eux, soit dans la classe des insectes , soit dans les classes supérieures , celle même des qua- drupèdes, et les sucent continuellement; ce sont des parasites. Les uns, et c'est le plus grand nombre , vivent hors de l'eau ; les autres habitent cet élément ; mais parmi ces derniers on ne rencontre que de petites espèces. La manière dont se reproduisent les araignées , les faucheurs , a été observée ; mais on est , à cet égard , dans l'ignorance , par rapport aux autres acères. Ces insectes, les arachnides sur-tout, nous font voir une industrie admirable dans la manière dont elles cherchent à garantir les germes de leur postérité, et une tendresse maternelle dont on voit peu d'exemples ailleurs. Des arai- gnées , des scorpions portent leurs petits vivans sur le dos. io8 HISTOIRE Les acèjes doivent fixer les regards dé l'observateur , non seulement à raison des considérations que nous venons d'exposer, mais encore parce que plusieurs de ces petits animaux paroissent exercer une actioa dans quelques maladies cutanées de l'homme et des animaux. Des savans même pensent que ces insectes peuvent jouer un rôle dans une maladie bien autrement affligeante pour l'humanité , la peste. Je partage la sous - classe des acères en deux ordres. Le premier est composé de ceux qui ont des mandibules ; ce sont les chélodontes (dents en pince) chelodonta. Le second ordre comprendra les acères qui n'en ont pas , et dont la bouche forme une espèce de tuyau , les solénostomes , solenostoma. DES CHELODONTES. 109 ORDRE PREMIER. Chelodontes ; chelodonta: V^ET ordie est formé des familles suivantes: les scorpionides , arachnides , phalangieus , pycnogonides et acaridies. Les quatre pre- mières composent une section ayant pour caractères : abdomen séparé du corselet , ou confondu avec lui , mais paroissant aimeléJ Ces insectes ont toujours huit pattes. iio HISTOIRE SECTION PREMIÈRE, FAMILLE F^ ScoRPioNiDEs; scorpionides: Xjeurs palpes imitent des espèces de bras, et sont terminés ordinairement par un article renflé ayant deux doigts, dont l'un mobile; ou par un ou deux crochets ,• leurs mandi- bules ont aussi deux pinces dans le plus grand nombre. Ces insectes ont souvent six à huit yeux, rarement deux. Leur corselet est ou carré ou en forme de rein ; leur abdomen est annelé , terminé dans quelques-uns par une queue articulée ; plusieurs ont leurs pattes antérieures tentaculaires. Ces animaux sont réputés venimeux , et plusieurs le sont réellement. î . S C ()llI»ION AfruiWt . 2 ■ >i\>7i ior.fi'Ief tpiuferfir7\ ^.TIIFLYPUONE .V tpraie . ] . se OÎU'ION Afriawi . ^..THELYl'IIONE .V fu-tie . DES SCORPIONS. 3ii PREMIER GENRE. Scorpion,- scorpio. v;es insectes ont le corps alongé , six a liuit yeux , dont deux plus gros vers le milieu du corselet, et les autres en petits grains sur les côtés ,• le corselet joint à l'abdomen ; l'abdomen à anneaux distincts , et terminé par une queue formée de six nœuds, dont le dernier prolongé en dessus en pointe , servant d'aiguillon ; huit pattes , et deux lames dentelées , en forme de peignes sous le ventre. Leur bouche consiste en deux mandibules ayant deux tenailles , en deux mâchoires très-couites et arrondies, en une lèvre inférieure de deux pièces, et qui sont elles-mêmes bifides. Les scorpions sont propres aux pays chauds des deux mondes; on n'en trouve point dans le nord , ni même dans les climats tempérés. Ils varient beaucoup pour la grandeur ; ceux d'Europe n'ont guère plus d'un pouce de long, tandis que l'Ahique en offre qui ont jusqu'à cinq pouces. On croit qu'ils sont très - venimeux , et que la piquuie qu'ils 112 HISTOIRE font avec leur aiguillon donne souvent la mort, en introduisant dans la plaie une liqueur empoisonnée; mais avant de parler des effets que produit cette liqueur, exami- nons la parlie qui la confient. L'abdomen des scorpions est terminé par une queue articulée, plus ou moins longue, souvent beaucoup plus que le corps, com- posée de six articles ou de six nœuds, dont les cinq premiers sont presque cylindriques , et dont le dernier, souvent ovale, finit par un aiguillon assez long, un peu arqué, très- pointu , à l'extiémité duquel sont deux petits trous par où sort la liqueur venimeuse ren- fermée dans cet article. Cette queue est mo- bile en tout sens; le scorpion la porte or- dinairement relevée au dessus de son corps, et courbée en arc vers sa tête; dans cette position la pointe de l'aiguillon est toujours prête à piquer. On auroit tort de croire que tous les scor- pions soient venimeux pour nous; ceux de la Toscane ne le sont pas; les paysans de cette contrée les touchent et se laissent piquer par eux, sans en ressentir aucune incommodité; mais les essais de Rédi et de Maupertuis prouvent cependant qu'ils le ' sont quelquefois pour de petits animaux. Ces DES SCORPIONS. ii5 Ces auteurs , qui ont fcàt plusieurs expé- riences sur l'effet du venin des scorpions de Tunis et des environs de Montpellier , ont vu de jeunes pigeons mourir dans des con- vulsions et des vertiges , cinq heures après avoir été piqués, et d'autres qui n'ont donné aucun signe de douleur des blessures qu'ils avoient reçues. Rédi attribue cette différence à l'épuisement du scorpion, qui, selon lui, semble avoir besoin de reprendre des forces pour empoisonner une seconde fois ; ce dont il a eu la preuve dans une nouvelle expé- rience qu'il a faite, après avoir laissé reposer le scorpion pendant une nuit, Maupertuis fit piquer plusieurs chiens et des poulets par des scorpions du Languedoc; mais de tous ces animaux , il ne mourut qu'un seul chien qui avoit reçu, à la partie du ventre dépourvue de poils, trois ou quatre coups d'aiguillon d'un scorpion qu'on avoit iri'ité; tous les autres chiens, même les poulets , malgré la fureur et les coups multipliés des scorpions récemment pris à la campagne, n'en souffrirent aucunement. Concluons que, si leur piquure est quelque- fois mortelle pour certains animaux , elle ne l'est cependant que rarement. L'auteur de cette dernière expérience dit qu'une Jns, Tome VIL H ïi4 HISTOIRE heure après que le chien fut piqué , il de- vint très-enflé et chancelant; il rendit tout ce qu'il avoit dans l'estomac et dans les in- testins, et continua pendant trois heures de vomir de tenis en tems une espèce de bave visqueuse; son ventre, qui étoit fort tendu, dimuiuoit après chaque vomissement, et ensuite s'enfloit de nouveau ; les alternatives d'enflures et de vomissemens durèrent en- viron trois heures , au bout desquelles le chien eut des convulsions; il mordit la terre, se traîna sur les pattes de devant, et mourut enfin cinq heuies après avoir été piqué. Lorsqu'on sera l:)lessé par ces insectes ,' l'on pourra dans tous les cas employer des sudorifiques, ou la plupart des remèdes qu'on a prescrits contre la morsure des serpens venimeux; Ihuile d'olive, et sans qu'il soit nécessaire dy faire mourir des scorpions , peut suffire : des cataplasmes de bouillon blanc produiront encore un effet salutaire. On est dans l'opinion que le scorpion , étant renfermé dans un cercle de charbons allu- més, se pique lui-même et se tue quand il sent la chaleur; ce conte a été réfuté par Maupertuis, qui a tenté cette expérience: mais ce qu'il y a de certain , c'est que ces insectes sont très-cruels. Ils tuent et dévorent DES SCORPIONS. ii5 quelquefois leurs petits en naissant , et ne s'épargnent pas entre eux; Maupertuis eu ayant renfermé ensemble environ une cen- taine, au bout de peu de jours il n'en trouva plus que quatorze qui avoient dévoré les autres. Les mouches, les cloportes et d'autres insectes sont leur nourriture ordinaire, mais ils paroissent aimer les araignées par dessus tout; ils les attaquent, et se jettent sur elle» avec fureur. On voit souvent un petit scor- pion attaquer et tuer une araignée beaucoup plus grosse que lui : il commence par la saisir avec ses palpes , ensuite il la blesse avec son aiguillon qu'il recourbe par dessus sa tête et la tue; il ne la quitte point qu'il ne l'ait entièrement mangée. Les scorpions produisent leurs petits vi vans; Rédi a fixé le nombre de ces petits entre vingt-six et quarante ; mais ceux dont parle Maupertuis sont plus féconds. 11 a trouvé dans le corps des femelles qu'il a ouvertes, depuis vingt-sept jusqu'à soixante-cinq petits comme enfilés ou suspendus à un long fil, et renfermés chacun séparénaent dans une membrane très-mince. On distingue les fe- melles des mâles par la grosseur de leur corps, mais on ne reconnoît point encore les parties sexuelles de ces insectes, et oa H 2 ii6 HISTOIRE lie sait pas comment se fait leur accoiicbe- nient; il doit être bien singulier, et n'a sûre- ment pas lieu sans de grandes précautions d'après la guerre cruelle qu'ils se font entre eux. Je soupçonne que les organes sexuels sont situés dans l'entre -deux des peignes ou de ces lames peclinées, mobiles, dont on ignore l'usage, et qui sont situées, une de cliaque côté, à la base inférieure du ventre. Le nombre des dents de ces peignes varie , et a servi à déterminer les espèces ; les femelles portent quelquefois leurs petits sur leurs corps. Nous avons fait tous nos efforts pour débrouiller la synonymie assez erronée de ce génie. ESPECES. 1. Scorpion d'Europjs ; scorpio europœus. L'espèce que Linn^eus et de Géer ont nommée ainsi, l'un dans la 12^ édition de son Systema naturœ , et l'autre dans ses Mé- moires , n'est certainement pas le scorpion ordinaire du midi de l'Europe, celui d'Al- drovande , de Ray , le même que Scopoli (Entoniol. carniolica, u" 1122.) a vu dans le DES SCORPIONS. 117 midi de la Cainiole, et que Roesel a bien figuré (toni. 111, tab. 66, fig. 1 et 2. ),- car Linnasus donne dix-huit dents à ses peignes, et notre scorpion n'en a que neuf. On pour- 1 oit croire qu'il énonce le nombre total des dents de ces appendices, ce qui feroit très- bien dix-lmit ; mais il dit que la queue de cet insecte a une pointe sous l'aiguillon : cauda sub aculeo mucronata est. Or, nous n'avons point de scorpions en Europe qui ait une pointe sous l'aiguillon, comme l'offie spécialement la queue du scorpion d'Amé- rique. Aussi Gronovius, Gazoph. n° gSi , observe-t-il avec raison qu'il n'a pas aperçu cette poinle au scorpion d'Europe. De Géer, s'atlachant aux caractères de Liniiceus , a pris pour cette espèce un scorpion qui ne se trouve qu'en Amérique; son erreur est d'au- tant plus excusable que Linnaeus l'avoit encore trompé en citant, Muséum ludovicœ ulricœ , pag. 4'i() , une figure de Seba qui représente un scorpion d'Amérique, et en y disant que le scorpion d'Europe se trouve dans cette partie du globe. Fabricius a presque totalement copié LionEeus, et il a rapporté au scorpion d'Europe l'espèce que de Géer a prise pour telle. La figure qu'on cite de Sulzer, à en juger par l'édition que Rœmer H 3 ïi8 HISTOIRE a publiée de cet ouvrage et la seule que j'aie ^ convieiil au scorpion de De Géer , mais point à celui d'Europe (tab. 3o , fig. 7.). Rœmer le donne, il est vrai, pour le scorpion d'Amé- rique ,• mais il se trompe, ce dont il se con- vaincra aisément en comparant celte figure avec celle de cette espèce, publiée par Hoesel, et qui fait autorité. Herbst , dans sa belle iconographie des scorpions, embarrassé sans doute par celte synonymie, paroît l'avoir mise à l'écart, en donnant le scorpion d'Europe sous le nom de scorpion d'Allemagne {scoj'pio germanicus , iab. 3, fig. 2), et en évitant les discussions que ce sujet faisoit naître. De Gcer a cependant connu le scorpion ordinaire; il le nomme Jlavicaucle. Ces observations critiques nous ont mis à portée de rectifier la synonymie de cette espèce , qui nous intéresse d'autant plus qu'elle est indigène , et que Rédi , Mauper- luis ont fait sur elle de précieuses obser- vations. Le scorpion d'Europe a neuf dents à cliaque peigne. Sa couleur est d'un brun foncé, avec les pattes et le dernier anneau de la queue d'un brun jaunâtre clair. Les mains sont larges, presque en cœur, angu- DES SCORPIONS. 119 leuses; l'article qui les précède , ou le carpe, est fortement unidenté au côté interne; les yeux sont au nombre de six. Cette espèce se trouve communément au midi de l'Europe, à commencer vers le 44® de latitude. Elle pénètre jusques dans les maisons. Le scorpion carpathique de Linnaeus est probablement là même espèce; le nombre des dents des peignes n'aura pas été bien compté , ou il est à présumer que Tindividii examiné étoit jeune. C'est cette variété que Schaeiïer a représentée dans ses Elémens, pi. cxiii. La figure grossie de ses peignes ne fait voir que sept dentelures à chaque. Seroit-ce encore cette variété dont parleroit Gronovius, Gazoph. n° 948? Seba a figuré le scorpion d'Europe , tom. I, pi. Lxx, n°' () et 10. Le scorpion italique d'Herbst , tab. 5 , fig. j , n'est qu'une variété de cette espèce, plus grande et entièrement d'un brun noirâtre, ou peut-être une variété du maure, à raison du nombre treize des dents des peignes. 2. S. MAURE ,• scorpio maurus. Lin. Fab. Linnseus n'a donné qu'une phrase spéci- fique de cet insecte, et cette phrase convien- H 4 120 H I s T O I 11 E droit presque au scorpion ordinaire. Ce scorpion maure pourroit bien être le t^'pe primitif du nôtre, et celui-ci n'en seroit qu'une variété , modifiée par le climat. Ses peignes ont souvent une dent de moins que l'espèce d'Europe; ses mains sont moins angu- leuses. Le corps est plus grand , ayant vingt- deux lignes de long, et presque entièrement d'un brun foncé ; mais le caractère qui sépare davantage celte espèce de la précédente est que l'ailiculation , dite le carjje , n'a pas de dent. ( Voyez la figure qu'en a donnée De Géer , Mém. insect. tom. VIT, ])1. xl, , fig. ] ; celle d'Herbst, tab. 6, fig. zj,; et celle de Seba , tom. I , pi. lxx, fig. 6.) Rédi parle de trois sortes de scorpions ; de celui d'Italie et de deux autres qu'il avoit reçus d'Afrique, l'un d'Egj^pte et l'autre de Tunis. Ce dernier me paroît être notie scorpion roussâtre , Yoccitanus d'Amoreux , et le tunelanus d'Herbst. Son scorpion d'E- gypte a des rapports avec le scorpion maure ou avec celui de l'article suivant. 5. S. africain; scorpio nfer. Lin. Fab. Seba, tom. T, pi. lxx , fig. i -4- — Roescl, loni. III, tab. 65. — Herbst, tab. i. De Géer appelle cette espèce scorpion des Indes. C'est la plus grande de toutes : elle a DES SCORPIONS. i2f de trois à quatre pouces de long. Son corps est noirâtre ; les yeux sont au nombre de huit, et ses peignes ont chacun treize dents. Les mains ou serres sont grandes, presque en cœur et chagrinées ; la queue est à peu près de la longueur du corps avec l'aiguillon simple. Seba en a représenté quatre individus ; il dit les deux premiers du Brésil , mais c'est à tort. Le n° i a une double queue: le mu- séum national d'histoire naturelle possède en effet un scorpion remarquable par cette étonnante monstruosité. 11 varie pour la grandeur, la teinte et les aspérités. Je léunirai donc à cetle espèce le scorpion de Ceilan d'ilerbst , tab. 5 , fig. 1 (i), celui du Cap, même planche, fig. 2 et 3. Ces deux variétés sont plus claires et tirent sur le roussâtre. "Wulfen, dans ses descriptions de quelques insectes du Cap, (i) Gronovius décrit , Gazopli. i , n" 947, un scor- pion très-semblable à l'africain , avec lequel même il le compare; mais les peignes ont cbacun dix-sept dents -, sa couleur est marron clair ; sa longueur est de six pouces. Il y a lieu de soupçonner que ce n'est qu'une variété du scorpion africain parvenue au maximum de sa croissance. 132 HISTOIRE avoit figuré la dernière variété. Herbst ne le ci(e pas. Celte espèce se trouve en Afrique et aux grandes Indes. 4 S. LONGiM ANE ;5cc»r/7/o longimanus. Herbst, tab. 2. Cette espèce, décrite el figurée par Herbst, se trouve, suivant lui, en Afrique. Elle a de l'affînilé avec la précédente; mais elle en diffère par les proportions relalives des bras qui ont leurs parties moins épaisses, mais beaucoup plus alongées, plus anguleuses et plus épineuses. Ses mandibules sont fauves; les peignes ont chacun quatorze dents; le dernier anneau de la queue est simple (i). 5. S. roussatre; scorpio occitanus, Amor. (Journ.de pbys. juill. 178g.) Scorpio tunelanus. Redi ; Heibst , tab. 3 , fig. 5. — • MouiFct. Insect. llieat. p. 2o4- Cette espèce est le scorpion de Souvi- (i) Près de cetle espèce doit être placée celle que Herbst \\omm.e junceus, tab. 4> fig- 2. Elle est très- jpetite, brune ; ses bras et sa queue ont plusieurs arêtes grenues -, les mains ont des lignes élevées; leurs doigts sont très-longs et n'ont pas de fortes dentelures comme dans le longimane. Chaque peigne a six dents. Cette espèce se trouve au Brésil. Voyez plus bas. DES SCORPIONS. laS giiargues , avec un desquels Maupertuis a fait différentes expériences. Il a deux pouces de long; il est d^un brun jaunâtre; ses yeux sont au nombre de huit ; ses mains sont assez petites, ovales, avec les doigts longs; les peignes ont chacun environ vingt-huit dents; la queue est un peu plus longue que le corps, a des arêtes graveleuses, et se termine par un anneau simple. Il se trouve dans le ci-devant Languedoc, en Espagne et en Barbarie, etc. Ceux du Portugal sont plus gros que les nôtres. Le scorpion figuré par Herbst sous le nom d'az/5/ra//5 , tab. 4, fig. 1, n'est, je le soup- çonne, que le scorpion roîissàlre parvenu à une plus grande taille, et dont les peignes, les aspérités sont plus dév^eloppés. Herbst dit que ses peignes ont chacun trente-cinq dénis; il le place en Afrique, contrée où se trouve en effet principalement le scorpion rous- sâtre. Linna3us n'a pas donné de description de son scorpion austral. Il se borne à une phrase spécifique , d'où il résulte que celtcî espèce a trente- deux dents aux peignes et que les mains sont lisses. Il se trouve, dit-il, en Afrique, et peut-être en Amérique. Je pense, d'après cela, avec Herbst que cette espèce est le scorpion austral de Linnasus. 124 H I S T O 1 R E Celle que De Géer prend pour telle est, sui- vant lui , de l'Aménque , et le dernier anneau de sa queue a une dent sous Taiguillon : je crois dès-lors que ce n'est pas l'es|)èce de Linnapus. Fabricius suit à cet épnrd J3cGéer. Le scorpion hottenlot de l'enlomologiste de Kiell nous est inconnu. Il doit être ])lacé dans le voisinage des espèces précédentes , de celle-ci sur-tout. Son corps est brun ou noirâtre, chagriné; ses mains sont lisses; la queue a des arêtes garnies d'aspérités. Les peignes ont vingt-deux dents; les pattes sont plus pâles que le corps. Ce scorpion se trouve à Sierra Leona , en Afrique. Celui que Herbst prend pour tel est une autre espèce , qui habite l'Amé- nque ,* son scorpion austral s'en rapproche davantage. 6. S. DE l'Austr AL.AS1E ; scorpio lustra- lasiœ. Fab. Herbst , tab. 6, fig. i. Cette espèce est voisine de celle d'Europe. Elle est à peu près de la même taille, brune en dessus, aplatie. Le dernier anneau de la queue , le dessous du corps et les pattes sont plus pâles; les mains sont unies; les peignes ont six dents. Flerbst ne lui donne que six DES SCORPIONS. i25 yeux; j'ai dciiis ma collection un scorpion rapporté aussi des îles de la mer du Sud et qui ressemble beaucoup k celui que ce natu- raliste figure sous le nom de scorpion d'^as- tralaslc. Mais le derniej- anneau de sa queue a une dent sous Taiguillon, et les peignes ont au moins chacun douze dents. 7. S. fauve; scorpio teslaceus. De Géer. De Géer, Mém. insect. tom. VIT, pi, xli , fig 11. — Seba , loin. I , tab. 70, fig. 5. — Scorpio griseus. Fab. Son corps est d'un jaune fauve ; il a huit yeux; de vingt-deux à vingt-huit dents à chaque peigne ; les serres sont oblongues, avec les doigts filiformes; la queue est plus longue que le corps , et son dernier an- neau est simple. Cette espèce a de grands rapports avec la roussâtre; mais elle est beaucoup plus grêle , et moins chagrinée ; sa queue est proportionnellement plus alongée ; sa lon- gueur étant double de celle du corps ; les nœuds , l'avant-dernier sur-tout , n'offrent que de foibles arêtes, tandis que la queue du scorpion roussâtre en a de très-fortes et de très - dentées ; les doigts des serres sont plus courts que ceux de celui - ci ; ils ne sont que de la longueur du corps et des 126 HISTOIRE mains : eufîa cette espèce est particulière à l'Amérique méridionale , et le scorpion rousbâtre est de l'ancien continent. S. S. FLEXIBLE ; scorpio JLinceus, Herbst. tab. 2 , fig. 2. Herbst a décrit cette espèce, et il la dit du Ijiésil. Elle a des rapports avec celle qu'il nomme longitnane\ et plus encore avec celle qu'il donne pour le scorpion liottenlot de Fabricius, tab. 3, fig. 4, et dont nous avons parlé. Ce scorpion est long de près de deux pouces et demi , cylindrique , d'un brun grisâtre ; le corselet , la queue , les bras ont des lignes élevées, grenues ou finement denticulées; le bord antérieur du corselet est échancré ; les yeux sont au nombre de huit ; les peignes ont chacun seize dents j les doigts sont très -longs et filiformes. Le dernier anneau n'a pas de dent sous l'ai- guillon ; c'est par ce caractère qu'il s'éloigne de l'espèce suivante; car d'ailleurs elle n'en difFéreroit pas essentiellement , d'autant plus que ces scorpions sont propres à l'Amé- lique méridionale. g. S. LONGUE QUEUE ; soorpio longicauda. Scorpion d'Europe. De Géer , Mém. ins. tom. VII j DES SCORPIONS. 127 pl. XLi , fig. 5. — Scorpio europœus? Lin. — Scorpio hotlenlota. lîerbst , tab. 3 , fig. 4* — Rœmcr, Gcsner. inscct. tab. 3o , fig. 7. Il est d'un brun très - foncé , presque noir, long d'un peu plus de deux pouces; il a huit yeux,- dix -huit denfs à chaque peigne ; ses serres sont alongees , avec des arêtes; les doigts sont courts et filiformes; la queue est plus longue que le corps , armée d'un fort aiguillon , avec une dent ou pointe en dessous. — IjC naturaliste Leblond l'a apporté de Cajenne. 10. S. grêle; scorpio gracills. Scorpion austral. De Géer, Mém. ins. tora. VII; pl, XM , fig 5r. De Geer dit qu'il est brun , avec les pattes rousses ; qu'il a huit jeux , trente dénis aux peignes ; que ses serres sont aJongées, rousses, avec les doigis filifortnes; que sa qijeue est plus longue que le corps, et que l'aiguillon a une pointe à sa l)ase. Il donne Mois pouces quatre lignes de lon- gueur à 1 individu femelle qu'il a vu; les niàles sont plus petiîs. — De Géer fixe la patrie de ce scorpion en Amérique. 11. S. PONCTUÉ ; scorpio punctatas. De Géer. De Géer, Méin. ins. tom. VII , pl. xli, fî^. 1. 128 HISTOIRE II a environ un pouce et demi de lon^; il est d lin bi un roussâtre ou jaunàlie , pondue de brun obscur ,• il a liuit yeux ; seize dents à chaque peigne ; ses serres sont alongées , avec les doigls filiformes ; l'ai- guillon a une pointe à sa base ; la queue est de la longueur du corps. — Celte es- pèce se trouve aux Anlilks. Maugé en avoit rapporté plusieurs individus. 12. S. AMÉRICAIN" ; scorpio americanus. Lin. Fab. Roeseî. Tns. tom. III , tab. 66 , fig. 5. — Scorpion tachelé. De Gécr, Mém.ins. tom. Vil, pi. XLijfiij. 9 et I o. — HeiTiit , lab. 6 , fig. 5. Ce scorpion est grêle , fort alongé , jau- nâtre , moucheté de brun ,• il a huit yeux ; dix -huit dents aux peignes; les bras sont longs et menus; les doigts sont filiformes; la longueur de la queue est triple de celle du corps, et l'aiguillon a une pointe en dessous. — Il se trouve en Amérique. Le scorpion denté , scorpio dentaius , d'Herbst , est voisin du précédent. Il est d'un brun jaunâtre et très-menu ; sa queue et ses serres sont très-longues , filifi:)rmes ; l'aiguillon a une pointe à sa base. Herbst ne parle pas des peignes dans sa description laline. DES SCORPIONS. 129 iatîne. — Cette espèce se trouve à Sierra LeoDa en Afrique. l3. S. MUCRONÉ; scorpio mucronatus. Fab. Il ressemble au scorpion américain ; mais il est moins grèîe, et ses bras et sa queue sont proportionnellement moins alongés; il est d'un brun jaunâtre foncé , tacheté ou mélangé de noir ; sa queue est d'environ une demi -fois plus longue que le corps ; elle a des lignes élevées ,• son aiguillon a une petite pointe ; ses peignes ont vingt dents. — 11 se trouve aux Indes orientales. Riclie l'en avoit rapporté. Je ne coniiois pas le scorpion que Fa- bricius nomme tamulus. Il est des mêmes contrées ; sa piquure produit presque les mêmes accidens que ceux de la morsure des serpens ; les sueurs les dissipent. Les scoipions cimicoïde , cancroïde et acaroïde de Fabricius , appartiennent au genre pince. 1ns. ToMii VIL i3o HISTOIRE DEUXIEME GENPvE. T H É li Y P H o N E ,• theljplionus. Gronovius avoit confondu ce genre avec celui des scorpions; Linnœus avec celui des faucheurs , et Fabricius avec celui des tarentules. Mais les ihélypbones , diffèrent des premiers par leurs pattes antérieures qui sont tentaculaires , l'absence de ces appen- dices appelées peignes , et par la forme de leur queue qui n'est qu'un simple filet com- posé d'un grand nombre de petits articles et sans aiguillon ; cette queue les éloigne des tarentules ou plutôt des plirynes ; enfin ils ont des espèces de bras et plus de deux yeux , ce qui ne permet pas de les réunir avec les phalangium ou faucheurs. Ces insecles font évidemment le passage des scorpions aux phrynes. Ils ont le corps cylindrique des premiers, une queue même; mais ils tiennent plus au second par les autres caractères de forme; ainsi leurs pattes antérieures sont beaucoup plus longues que les autres , menues , avancées, avec les tarses composés d'un grand nombre d'articles. Leur DES THELYPHONES. i3i abdomen est ovale- alongé et ne lit'nt pas au corselet par toute sa largeur. Ils ont huit yeux , deux mandibules écaille use^s , avec deux serres au bout , et uue lèvre intérieure de deux pièces fortement uni-dentées à leur extrémité, ou deux mâchoires connivenfes; leurs yeux sont partagés en trois gioupes, comme dans les scorpions ; mais les deux yeux qui forment le groupe du dos sont placés tout près de l'extrémité du bord anté- rieur du corselet , et les deux groupes laté- raux ont chacun leurs trois yeux disposés eu triangle. Les tarses antérieurs ont huit articles , dont le dernier est mutique ,• les autres en ont quatre , et deux crochets simples à l'extrémité, du dernier. On re- marque dans l'intervalle des pattes posté- rieures , à leur naissance , uue pièce trian-: , gulaire, semblable à celle qui supporte les peignes des scorpions. Le mot de thélyphone signifie en grec qui tue , et paroit avoir été donné aux scorpions par quelques auteurs. Nous ne connoissons qu'une seule espèce de ce genre. Pallas et Herbst l'ont plus particulièrement décrite; mais ils ne nous ont point donné de paiti- cularités sur les mœurs de ces insectes. Le Journal de physique, juin 1777, nous I a i33 HISTOIRE offre aussi une notice sur ce ihélyphoner on y dit que cet insecte vient de la Marti- nique, où on le nomme vinaigrier^ parce qiâ'il répand une odeur acide. On l'y trouve sous les pierres humides. J'avois d'abord cru que l'on s'étoit trompé sur la patrie de cet insecte ; mais je me suis convaincu depuis qu'il se trouvoit dans l'Amérique méri- dionale, à Cayenne , aux Antilles, quoiqu'il paroisse qu'il y soit rare. Nous nommerons l'espèce la plus connue , thélypJione à queue , thelyphonus caudatus ,• c'est le phalangium caudatum de Linnapus ; la tarentula caudata de Linnœus. Seba la figurée, tom. I, pi, lxx, fig. 7 et 8. — Pallas Ta décrit. Spicil. zool , fasc. ix, lab. 3, fig. i et 1. Voyez aussi la monographie des fau- cheurs par X-lerbst, lab. 5, fig. 2. y.y.f.23^^. ^TTîTfvTTT TïïXTry. l.PIimT^E Luit K fi' . •2 .VVS,<\. Cii/uTiUifi', ùv.f-ifro.f.ac. //. zxi. . / 7 f. J33 V ,/;.,.,- ,/,-/, -ÏÏ^T^TTr I.IMIIIYNE Irai ri le . DES P H R Y N E S. i35 TROISIEME GENRE. P H R Y N E ; phrynus. i^ usa jiomnié ce genre tarentule. Nous n'avons pas adopté cette dénomination pour deux motifs; le premier est que notre collègue Olivier avoit depuis long-lems indiqué ce genre sous le nom de phryne ; le second est que le mot de tarentule suppose que la fameuse araignée de ce nom a été l'objet spécial de ce genre, ce qui est faux. Browne avoit employé, il est vrai, le nom de tarentule dans le sens de Tentomologiste de Kiell ; mais, comme cela ne détruit pas la force du second motif qui nous a portés à ne pas recevoir ce nom comme générique, nous laisserons toujours subsister celui de phryne d'Olivier. 11 paroit que cette déno- mination avoit été donnée par les giecs à une espèce de grenouille ou de crapaud. Les plirj^nes sont distingués des scorpions et des thélypliones , en ce que leur corps n'est pas terminé par une queue, qu'il est ovale-oblong et déprimé, et que leur bouche offre une pièce en forme de dard; leur cor- selet d'ailleurs est large, et son bord pos- I 3 i54 HISTOIRE térieur est échancré vers le milieu. 11 a la figure d'un rein ou presque celle d'un crois- sant : leurs bras ou leurs palpes sont sou- vent très-grands et fort épineux; ils ne sont pas terminés par une main munie de deux doigts , mais par une ou deux pointes fortes ou un crochet. Leurs mandibules sont à peu près faites comme celles des scorpions, des thélypbones ; mais une de leurs serres est déjà beaucoup plus courte que l'autre, ce qui prouve que ces insectes se rapprochent davantage des araignées. Leurs j^eux sont au nombre de huit, dont deux sur un tu- bercule, près du milieu du bord antérieur du corselet, et trois autres de chaque côté, groupés et formant un triangle. La paire de pattes antérieures est très -longue, fort menue et filiforme, sans crochets au bout,* les trois autres paires ont leurs tarses courts , de quatre articles et deux crochets à leur extrémité ; celles de la seconde et de la troisième paire sont presque égales et un peu plus longues que la dernière. I/abdomen est ovale , a des anneaux distincts et est fixé au coiseîet par une petite portion de son diamètre transversal. Les phrynes repré- sentent ici, en quelque sorte, les araignées crabes de la famille suivante. DES P H R Y N E S. i35 Ces insectes se trouvent dans l'Amérique méridionale. Nous ne savons rien de leur manière de vivre. J'ai seulement appris de feu Maugé, aide naturaliste du muséum national d'histoire naturelle, qui avoit pris plusieurs individus du pbryne rénifornie dans son vo3^age aux Antilles, avec le capi- taine Baudin , que les nègres redoutoient beaucoup cet insecte. J'avois d'abord soupçonné (nouv. Diction." d'hist. nat.), que l'insecte nhamdiu 2 de Pison étoit un pliryne ; mais, comme les palpes sont courts et menus dans la figure, semblables en un mot à ceux des araignées, comme les pattes sont fort longues, et que Pison dit que cet insecte a les habitudes des araignées, je pense aujourd'hui que c'en est une, et qu'elle est voisine de Taraignée ve- natoria de Linnœus, si même ce n'est pas elle; tous les phrynes connus sont d'une couleur brune foncée. I 4 156 HISTOIRE ESPECES. 1. Phryne LUNULE ;/7//rK/z«5 lunatus: Tarentula lunata. Fab. — Seba, tom. IV, pi. xcix, fig. l5. — Phalan^um lunatum. Pall. Spicil. zool. fasc. 9 , tab. 5 , fig. 5-6. — Phaiangium lunatum. Hcrbst , tab. 3. Cette espèce est très-distincte par la lon- gueur de ses bras qui est triple de celle du corps , et en ce que leur troisième article et le quatrième, Textrémité de celui-ci exceptée, n'ont pas d'épines remarquables} ces articles sont fort longs. 2. P. réniforme; phrjnus reniformis. Phaiangium réniforme. Liii. — Tarentula reni- formis. Fab. — Phaiangium réniforme. Pall. Spicil. zool. fasc. 9 , tab. 3, fig. 3 et 4» — Phaiangium réni- forme. Herbst , tab. 5, fig. i. Ses bras sont très-épineux au côté interne; les troisième et quatrième articles sont alon- gés; le cinquième ou celui qui répond à la main a quatre épines. 5. P. PALMÉ; phrynus palmatus. Phaiangium palmatum. Herbst , tab. 4» fig- 2. Cette espèce pourroit bien n'être qu'une variété du jeune âge de la précédente. Les D E s P H R Y N E s. iSy, 3^, 4®, 5« articles de ses palpes paroisseiit être plus courts et plus larges, le // sur- tout. 4. P. moyen; phrynus médius. Phalangium médium. Herbst , tab. 4 s ^g* '• Ce phrj ne est très-voisin du n° i , et n'eu diffère que parce que ses bras sont propor- tionnellement plus courts, qu'ils sont garnis d'épines. La manière dont ils se terminent est presque la même; le cinquième article, celui qui répond à la main, n'a qu'une épine dorsale. i58 HISTOIRE p. — — . i-i -** QUATRIÈME GENRE. Pince; chelifer. X* RISC H avoit désigné l'espèce la plus coniniune de ce genre sous la dénominatioa de scorpion-araignée. Linuccus, après en avoir d'abord fait une mite, l'a mise ensuite avec les faucheurs {phalangium). Geoffroi en a fait avec raison un nouveau genre ;, De Géer l'a suivi, et a seulement substitué au mot de pince , que lui avoit donné Geofïroi , celui de faux-scorpion. Enfin llliger et Walc- kenaer ont appelé ce genre obisium. Telles sont les variations nominales qu'ont éprouvées ces insectes; ou les eût évitées en exami- nant avec un peu d'attention les caractères de ces petits animaux, et en respectant la dénomination que leur avoit donnée un des premiers entomologistes qui aient existé, Geoffîoi. Les faucheurs et les mites n'ont pas leurs palpes en forme de bias et terminés par «ne main didaclyle ; les scorpions ont une queue et des appendices en forme de peigne; voilà des moyens de séparer les pinces de DES PINCES. i39 tes insectes. L'abdomen des pinces est in- timement uni au corselet par toute sa lar- geur j leurs pattes antérieures ressemblent aux autres , et ne sont pas tenlaculaires ; ainsi plus déraison pour les confondre avec les théîypliones et les plirynes qui sont de la même famille, a La pince, dit Geoffroi, est ainsi appelée à cause de la forme de ses antennes qui représentent à leur extré- mité une espèce de pince fourchue, sem- blable aux pinces des crabes et des écrevisses, que l'on connoit en latin sous le nom de chelœ. C'est aussi de là que ce genre est nommé en latin chelifer , comme qui diroit porte-pince ». Ce célèbre naturaliste s'est mépris à l'égard des antennes : les pinces , comme tous les autres acérés, n'en ont pas. Les parties prises pour telles sont des palpes, élant insérées chacune sur une petite pièce terminée en pointe, qui tient lieu de mâchoire et même de lèvre inférieure ; ces deux pièces s'ap- pliquent l'une contre l'autre au côté interne, et forment la bouche. Ces insectes ont deux mandibules placées de même que celles des scorpions, et ont à peu près la même figure. 140 HISTOIRE Lé corps (les pinces est plus ou moins ovale, aplati, et disrinclement annelé. Les 3^eux sont ordinairement au nombre de deux, un de chaque côté de la partie an- térieure du corselet. J'ai dit ordinairement, parce que je crois en avoir aperçu quatre dans une espèce,* ce sont des points lisses et brillans. Les palpes sont formés de quatre pièces, dont la première est fort courte et arrondie, les deux suivantes alongées, et la dernière en forme de main, terminée par deux doigts connivens, dont l'intérieur est mobile. Les pattes sont composées d'une hanche de deux articles, d'une cuisse, d'une jambe , d'un article chaque, et d'un tarse alongé, cylindriqne , au bout duquel est une très- petite pièce servant de support à deux petits Crochets, un peu rejetés en arrière. Plusieurs de ces insectes habitent les maisons et s'y tiennent entre les vieux papiers, dans les vieux meubles, les fentes des murs. Ils s'y nourrissent d'insectes connus sous le nom de poux de bois {psoqiie pul- sateur), de substances animales desséchées, quelquefois aussi de mouches sur lesquelles ils vivent parasitement;les autres se cachent D E s P I N C E s. 141 sous les pierres , les écorces des arbres , et longent les cadavres des autres insectes, etc. Ce genre est peu nombreux en espèces. La pince rouge de Geolïroi doit en être séparée, ses palpes n'étant pas figurés en forme de bras , sa bouche n'offrant j^as de mandibules , et son corps n'étant pas annelé. ( Voyez le genre bdelle. ) Ces insectes sont très-pelits, ont les allures clés cjabes, ayant comme eux une marche latérale et rétrogiade. Roesel a fait des ob- servations sur la pince cancroïde. Les fe- melles pondiient chez lui (!e pelils œufs d'un blanc un peu verdàtre, dont elles formèrent un petit tas. ESPECES. 1. Pince cancroide; chelifer cancroïdes. Le scorpion araignée. Gtoff. — Phalangium can- croïdes. Lin. — Faux scorpion d'Europe De Géer, loni. VII, pi, XIX, fî;^'. 14 — Koesel. lus. loin. JIT, tab. 64* — Schîeff I-lt-m. eiiluin. lab. 58. — Scorpio cancroïdes. Fab. — Obisie cancroide. Walcken. Son corps est d'un brun rougeâlre, ovale; les bras sont au moins deux fois plus longs 143 HISTOIRE que le corps et leurs ailiculations sont alon- gées. C'est l'espèce la plus commune, celle des maisons. 2. P. cimicoide; cheUfer cimicoides , Scorpio cimicoïdes. Fab. — Ohisie cimicoïde. Walckw Son corps est ovale arrondi; ses bras ne sont pas deux fois aussi longs que le corps, et leurs articulations sont courtes et arron- dies. — Elle se trouve sous les écorces des arbres. 3. P. acaroide; clielifer acaroïdes. CheUfer americanus. De Géer , tom. VII , pi, XLii , fîg. 1-2. — Phalangium acaro'ides. Lin. — Scorpio acaroïdes. Fab. Elle est alongée , presque cylindrique ; jaunâtre, avec le corselet et les serres, ou les bras d'une couleur brune-marron. Ces serres ne sont pas deux fois aussi longues que le corps; l'article qui précède immédiate- ment la main a un petit avancement deufi- forme. — Elle se trouve en Amérique. 4. p. TROMBiDioiDE ,* chelifer trombidioïdes. Elle est alongée, d'un brun rougeâtre; ses mandibules sont très-saillantes; elle a quatre yeux ; ses bras ne sont pas deux fois plus; DES PINCES. 143 longs que Je corps ; mais leurs articulations sont menues; la seconde est très -longue, cylindrique; tandis que celle qui suit ou le carpe est très-courte, conique; la main est ovale et alongée, terminée par deux doigts longs et pointus. J'ai tiouvé cette espèce sous des pierres, aux envij'ons de Paris. Je crois l'avoir vue représentée dans un ouvrage allemand, dont j'ai oublié le nom. 144 HISTOIRE FAMILLE SECONDE. Arachnides; arachnides. l_i ES insectes de cette famille ont un carac- tère qui les sépare de tous ceux qui nous sont connus. L'extrémité de leur abdomen offre dans les deux sexes plusieurs mame- lons servant de filières. Les arachnides ne sont pas les seuls insectes auxquels la Nature ait donné des vaisseaux propres à sécréter une matière soyeuse; les chenilles et un grand nombre de larves partagent avec elles celte propriété ; mais ici les filières sont situées à la bouche; les arachnides seules les ont à l'anus. Voilà d'abord une considération frap- pante qui signale exclusivement ces insectes. Poussons plus loin notre examen. A l'exception des phrynes et des thély- pliones, les arachnides sont les seuls acères dont le corselet soit séparé de l'abdomen par un étranglement marqué; mais cette sépa- ration est bien plus prononcée dans cette famille, puisque l'abdomen n'est fixé au corselet que par un point; les phrynes, les thélypliones ont d'ailleurs leuis palpes en forme DES ARACHNIDES. 145 forme de bras ; leurs mandibules sont entiè- rement erai lieuses et armées de deux serres, tandis que celles des arachnides sont cornées et leiiuiiiées chacune i)ar un seul crochet, qui est tiès-mobile, percé d'un trou à son exîrémilé, et qui se couche dans l'inaction sur Jeur face inférieure. Là, les mâchoires sont presque nulles ou ne sont formées que par les bases, légèiement avancées, des pal- pes 5 ici ce sont des parlies très-disliuctes par leur saillie et leur étendue; dans les scorpio- nides la lèvre inférieure offre le plus souvent des divisions ; ici c'est une pièce entièi e , carrée , conique, triangulaire ou semi-circu- laiie. Les scorj)ionides ont leur abdomen distinctement annelé; celui des arachnides ne présente, dans le grand nombre, qu'une enveIo|)pe sans plis et sans anneaux apparens. Les tarses des arachnides n'ont jamais plus de deux articles , et les deux crochets qiu sont au bout du dernier ont en dessous, à l'exception de quelques espèces de mygales, de petites dents parallèles, qui les font res- sembler à de pe!its râteaux ou de petits peignes. Leur corselet n'esl pas figuré en tra- pèze ou en carré, ou en croissant, comme les scorpionides,- sa forme est ordinairement celle d'un ovoide tronqué ou très-obtus en 1ns. Tome VIL K 146 HISTOIRE devant. On y voit, de même que dans les giauJs genres de la famille précédente, huit ou six yeux lisses ; les situations respectives de ces yeux sont très - variées , la manière dont les arachnides se placent dans les pièges qu'elles tendent ou dans les lieux où elles se cachent pour se tenir à l'alïût , étant très- diversifiée. Après les abeilles , les guêpes , il n'est pas d'insectes dont l'industrie soit aussi éton- nante que celle des araignées; il n'en est même pas , sans exception , dont les mœurs puissent récréer par une variété aussi pi- quante , et dont l'observation se présente avec autant de facilité et puisse si long-tems se soutenir. « Mais oublierai-je de vous men- tionner , vous que les naturalistes ont si peu ou si mal observées , que les poëLes n'ont point chanté , dont le nom seul insphe un injuste dégoût, dont le seul souvenir fait pâlir la beauté, ô industrieuses araignées! Quels prodiges ne m'offrez-vous pas dans les embûches que vous tendez à vos ennemis , et dau6 le soin de voire propre conservation! Non jamais je ne nie lasserai d'admirer vos réseaux de soie coutoui-nés en cercles si régu- liers, étendus en lapis, suspendus en dra- peaux, courbés en dômes, prolongés en longs DES ARACHNIDES. iZf tuyaux ; ces feuilles, ces fleurs que vous alta- chez ensemble , que vous ployez avec tant d'art et de tant de manières dilFërentes; ces fils innombrables dont vous couvrez la terre et les plantes dans les derniers jours d'au- tonme; ceux que vous fixez jusqu'au sommet des arbres les plus élevés; ceux qui voltigent dans les airs et auxquels vous vous suspen- dez pour vous transporter aux terres loin- taines ; ces galeries souterraines tapissées d'une soie si blanche , dont la porte s'ouvre si facilement et se referme si exactement à votre volonté ; enfin ces globes argentés par le moyen desquels vous respirez l'air et voyagez, naïades heureuses , au sein même des eaux. Puissé-je trouver assez de tems, assez de loisir, pour faire connoître les formes , les couleurs si variées , les mœurs et les habitudes si étonnantes du peuple nombreux que vous formez , depuis la gigan- tesque aviculaire, redoutable, dit-on, aux oiseaux mêmes, qu'enfante la zone torride, jusqu'au petit et foible individu , brillant d'or et d'azur, que foule aux pieds l'habitant des rives de la Seine , et dont la fourmi fait sa proie! » ( Walckenaër, Faun. par. tom. I, piéface, pag. 70.) On verra, par les détails que nous allons K 2 148 HISTOIRE exposer aux articles mygale et araignée , que ce tableau est aussi fidèle qu'il est bril- lant. L'auteur qui l'a tracé avec autant d'élégance nous prépare une histoire de ces insectes : témoin de ses recherches innom- brables, de sa constante assiduité à l'obser- vation , je peux assurer d'avance qu'aucune partie de Tentomologie n'aura été traitée avec plus de soin, avec plus de critique. Les vrais amis des lettres savent aussi que .Walckenaër a le rare talent de présenter ses observations avec le coloris qui fait chérir l'histoire naturelle; si quelqu'un est propje à détruire ou à diminuer du moins notre aversion contre les araignées , c'est sans doute cet aimable naturaliste. 7)e jVi'f ,/e/. 1 . MY G AI. E . Iviai/aire . 2 . Ail AI(;n Éh; r/,//r'i' . 5.A11A1GN KK Lrn'/i/a/i' J.BJi.icme ./-' ' '/.LUI. t y. /. // /4 /A /',■ .i>i>f ./,■/■ 1 . MYG ALF . Uinil.un- . :2.A11.\IGNÉe 7f,//r',' . 3 .Ail AIGN Kl'. Lui'/ifii/i' J.lil.ia/tc •!■ D E s M Y G A L E s. 149 CINQUIÈME GENRE. Mygale; mygale. Xj'opinion la plus généralement reçue est que l'animal nommé mygale par les grecs, Aristote notamment , est le petit quadru- pède connu sous la dénomination de musa- raigne. Ce seul motif commandoit de ne pas appliquer le mot de mygale à, un genre d'insectes ; mais il en existoit encore un autre : c'est que le professeur Cuvier l'avoifc employé pour désigner un genre de qua- drupèdes. Mais le mal est presque sans re- mède ; nous avons nous-mêmes souscrit avec une confiance trop aveugle à la fausse appli- cation que le naturaliste "Walckenaer a faite de ce nom grec. Nous aurions dû , à l'article mygale du nouveau Dictionnaire d'histoire naturelle, nous élever contre cet abus, et désigner d'une autre manière les insectes dont nous allons traiter. Laissons là cette discussion , et présentons Thistoire de nos mygales, telle à peu près que nous l'avons donnée à l'article précité. Dorthes, dans un bon Mémoire sur l'arai- gnée aviculaire de Linn£eus , sur l'araignée K 3 i5o HISTOIRE maçonne de Montpellier , inséré clans les actes de la société linnéenue de Londres , avoit aperçu , le premier, l'oiganisation par- ticulière de leur bouche , et en avoit pris occasion de faire observer l'éloignement des caractères qu'elle fournit de ceux que Fabri- cius assigne aux araignées. Dans un Mémoiie sur les araignées mineuses, que j'ai publié il y a quelques années , et sans avoir connois- sance du travail de Dorthes , puisqu'il avoit été adressé à une société de savans étrangers, et qu'il n'étoit pas encore imprimé , je re-. marquai aussi des différences entre les palpes, les mandibules , la situation des .yeux de ces araignées , et les mêmes parties considérées dans les autres espèces de ce genre. "VValcke- naer, s'occupant d'une histoire générale de ces insectes avec un zèle et une assiduité qui promettent tout pour la science , a revu , confirmé ces observations ; et a , d'après ces bases , proposé l'établissement du genre mygale , qui comprend ainsi l'araignée avi- culaire , deux ou trois espèces qui lui sont analogues , et les araignées mineuses d'Olivier. Les mygales ont de grands rapports ; q lant à leur forme , avec les araignées tapis- sières des auteurs j corselet grand, abdomen DES MYGALES. i5i ovale, et pourvu de filières sailiatites ; des pattes moins alongées que dans les fi'an- dières , les tendeuses , mais beaucoup {)lus grosses et plus robustes , en un mot, plus propres à la course, et retenant avec plus de force les petits animaux dont ces insectes se saisissent pour leur nourriture; des yeux ayant des différences de grandeur assez remarquables , tout nous atteste ces dégrés d'affinité : ils ne sont pas néanmoins tels qu'il faille réunir les mygales aux araignées. La petitesse de la lèvre inférieure , la grandeur des palpes, et leur insertion sur l'extrémité des mâchoires; la forme de ces mâchoires, qui ressemblent , au premier coup - d'oeil , à des hanches ,• les yeux placés , le plus souvent , sur un tubercule , groupés et re- présentant une croix de St. -André ; l'avan- cement et la courbure très - marqués des mandibules , la direction parallèle de leurs crochets, la simplicité de ceux des tarses, caractérisent sans équivoque les mygales. Ce genre peut, d'après les espèces connues jusqu'à ce jour, se partager en deux coupes naturelles : les mygales à brosses et les nij'^gales mineuses. Les premières ont leuis palpes et leurs tarses terminés par une brosse épaisse de poils ; leurs mandibules n'ont: i53 HISTOIRE point, immédiatement au dessus de la nais- sance des giifFes ou des ciocliels qui les terminent , un rai eau de dents écailleuses et disposées parallèlement. Les secondes n'ont pas les brosses des précédentes ; mais leurs mandibules nous offrent ce peigne ou ce râteau , comme l'on voudra , dont nous venons de parler. La première coupe nous fait voir ces monstrueuses araignées qui peuvent occuper un espace circulaire de sept à huit pouces de diamètre, qui peuvent saisir de petits oiseaux ; ces araignées si re- doutées aux Antilles , à Cayenne , dans la Guiane , les araignées - crabes à ce qu'il paroît. C'est d'elles que nous allons d'abord parler. Le mygale aviculaii'e, mygale aviculariaj aronea avicularia. Lin. Fab., varie pour la grandeur et la couleur ; les individus les plus grands ont environ deux pouces de longueur, depuis le bord antérieur du cor- selet jusqu'à l'extrémité de l'abdomen; on en trouve qui n'ont que seize lignes de longueur; la couleur change du brun foncé presque noirâtre , au brun tirant sur le roussâtre, ou d'un brun minime; tout le corps est velu, particulièrement les jeunes individus ; le corselet est grand , ovale , DES M Y G A L E S. i55 tronqué poslériemement, dépiimé, mar- qué vers le milieu d'une petite cavité transversale , et ayant tout autour clés en- foncemens disposés en rayons ; l'abdomen est ovale et a des filières longues , cylin- driques, tii-arliculées; les pattes ont des poils plus longs, et en dessus quelques raies longitudinales plus claires; celles de la pre- mieie et de la dernière paire sont plus longues; les jointures sont en dessous d'un rouge pâle ; les deux derniers articles ont inféiieurement une brosse, formée par des poils très -courts et très - pi essés ; celle de l'article tei minai est arrondie au bout , et cache deux crochets ])etils et n'ayant qu'une ou deux dents pjesque impercep- tibles en dessous ; Linnaeus n'en avoit vu qu'un. Les poils qui bordent intérieure- ment les mâchoires , ceux qui sont à la base des griffes des mandibules sont' rou- geâtres ; ces griffes sont fortes , coniques et très - noires ; leur extrémité a évidem- ment une petite ouverture longitudinale et latérale près de son extrémité. Le mâle de cette espèce a ses palpes terminées par un bouton écailleux, replié en dessous, et finissant en un crochet long , arqué et Irès-pointu. i54 HISTOIRE Plusieurs auteurs ont représenté cette espèce; Clusius , Pison , Seba, Mérian , Roesel , De Géer , etc. ; la meilleure de toutes ces figures est celle de Roesel ( t. V, j)]. 11 et 12 ) ; il donne plusieurs détails qui font counoitre les yeux, les parties de la bouche et les organes de la génération des mâles de cette espèce. On croiroit que mademoiselle Mérian a représenté un in- dividu du même sexe , à en juger par la figure du boulon terminé en crochet, qui est au bout des palpes; mais les extrémités des pattes y sont figurées de même; ce qui rend la chose douteuse. Plusieurs des autres figures citées par Linneeus, Olivier, doivent probablement se rapporter à la même es- pèce ; mais il est impossible de dire les- quelles , [)arce que l'espèce suivante , avec la différence remarquable des organes sexuels des mâles , lui lessemble parfaitement , et qu'on l'a confondue avec elle. Nous n'avons pas encore de notions cer- taines sur les mœurs de cette mygale; que Pison ait ];arlé de cette espèce ou de la suivante, il n'en est pas moins vrai que, suivant loi, cet insecte fait son nid dans les creux des arbres des lieux humides; qu'elle file , quoique rarement , une toile DES MYGALES. i55 spacieuse, dont la disposition diffère néan- moins de celle des aiaignées tendenses. Mademoiselle Mérian nous dit avoir trouvé plusieurs individus de cette mygale , sur l'arbre nommé guajave , y faisant leur do- micile et se tenant à l'affût dans le cocoii que foi'me , pour se changer en chrysa- lide , une chenille du même arbre ; elle assure formellement que cette mj^gale ne file point de cocons longs , comme quel- ques vojageurs ont voulu , suivant elle , nous le faire accroire. La plupart des autres témoignages que nous pourrions alléguer ici, ne nous semblent pas d'une grande au- torité, soit parce qu'ils ne sont pas ex pîsu, soit parce qu'il est difficile de savoir à quelle sorte d'araignéesil faut les appliquer. L'auteur de l'Histoire naturelle de la France équi- noxiale place l'habitation de la mygale avicu- laire, ou celle de l'espèce suivante, dans les fentes des rochers. Au rapport du capitaine Stedman , cet insecte est appelé à la Guiane araignée de buisson , et sa toile , y est-il dit, de peu d'étendue, mais forte. La mygale aviculaire est pourvue de deux longues filières; ainsi point de doute qu'elle ne puisse filer 5 mais, lorsqu'on examine la forme des crochets de ses tarses , lorsqu'on i56 HISTOIRE les voit si petits et presque sans dentelnres et si difïérens ainsi de ceux des araignées industrieuses , on seroit tenté de refuser à cette mj'gale les talens qu'ont les araignées, et de supposer que sa foice lui sufiit. Elle vit , suivant mademoiselle Mérian , de fourmis , qui échappent difficilement à sa vigilance et à ses poursuites; elle tâche de surprendre dans leurs nids de petits oiseaux, dont elle suce le sang avec avidité. Ce chan- gement de nourriture est un peu différent, mais n'importe. Les fourmis se vengent quelquefois des maux qu'elles éprouvent de la part de cet ennemi , et tombent sur lui en si grande quantiié qu'il est hors d'état de se défendre , et finit par être dévoré. On met en général la mj^gale aviculaiie au nombre des animaux venimeux. La partie du corps qu'elle a piquée s'engourdit, devient livide et noire , s'enfle considéra- blement ; le mal augmente quelquefois à un tel point, qu'il est, suivant Pison , in- curable. Quoiqu'il y ait sans doute ici de l'exagération, nous ne doutons pas que la piquure de cet insecte ne j)uisse produiie des effets à peu près semblables à ceux qui résultent de la piquure de certains scor- DES MYGALES. iSj pions; les remèdes doivent être les mêmes. Pisoii dit qu'il faut scaiilier et cicatriser la plaie , mais que le meilleur des lemèdes consisie dans la préparation du cancre qu'il nomme aratu. Les anciens ont singulière- ment vanté les vertus antidolales des cj'abes. On devroit faire à cet égard des expé- riences, pour savoir jusqu'à quel point cette opinion est fondée. Les poils de celle mygale font aussi , dit-on , sur la peau la même impression que ceux de quelques chenilles. «Un matin, comme je me levois, un des voyageurs espagnols fit une exclamation , en voyant sur mes liabillemens , depuis les pieds jusques vers les épaules , une trace brune , occasionnée par le passage d'une de ces araignées-crabes , et d'une liqueur cicre et causiique, qui distille sans cesse de sa bouche et de ses pat les. Heureusement elle éloit passée innocemment pendant que je dormois profondément , et s'étoit con- tentée de me laisser ce billet de visite ». ( Lescaîier , noies sur la tiaduclion fran- çaise du Voyage du capitaine Stedman , tom. tll, pag. 240. ) Artaud qui, suivant la judicieuse remarque de Fauteur de la Zoologie universelle, lout eu se plaignant des notions insuffisantes de i58 HISTOIRE Labat et du père Diiteilre sur l'araignée- crabe ou la mygale aviculaire, donne lui- même à cet égard des observations obscures et tiès-incompleUes, dit que cet animal habite des Heux humides; qu'il tue et suce de gros insectes, des kakerlaques ou des blattes , et souvent ses semblables ; mais qu'il succombe à son tour sous les coups que lui porte une sorte de taon (un sphex proba- blement), en lui piquant le ventre. Le seul attouchement de cette mygale fait éprouver, suivant lui, des démangeaisons urticaires. L'observateur lui a fait piquer des poulets, et ils en sont morts; on a prétendu que sa morsure pouvoit ïnïve périr des chevaux et même des bœufs, mais cela est exagéré. Al thaud place les parties de la génération à l'anus; c'est une erreur grossière. La mj^gale aviculaire se dépile avec l'âge, au rapport de Pison, et la peau de sou ventre est d'un rouge incarnat pâle. Elle a la vie très-dure, et, gardée dans une boîLe, elle a passé quelques mois saus manger : les femelles portent leurs œuls sous le ventre. Dutertre rapporte que des curieux forment des cure-dents avec les crochets des man- dibules, à raison de leur dureté, de leur poli et de leur luisant , et qu'ils les enchâssent DES MYGALES. i5ç> en or. — Cette mygale se trouve à CeLyenne et dans les Antilles, à Saint-Domingue. Nous nommerons noire seconde espèce de mygale à brosse , mjgale de Leblondy mygale Blondii. Plusieurs espèces d'arai- gnées portent le nom des hommes qui ont illustré l'histoire naturelle. J'ai cru pouvoir donner aussi à cette mygale le nom d'un zélé voyageur naturaliste qui a parcouru avec une ardeur incroyable une grande partie de l'Amérique méridionale, Leblond. Il a trouvé cette espèce à Cayenne. II me paroit, par deux ou trois individus que j'ai vus, qu'elle est encore plus grande que la précédente. La longueur de son corps est de deux pouces et demi; d'ailleurs il ne diffère presque en rien pour la forme et les couleurs de celui de l'aviculaire ; et il faut absolument avoir vu le mâle pour être con- vaincu que ce sont deux espèces différentes. Ici les organes sexuels consistent dans une pièce cornée, avancée, presque cylindrique , ayant une cavité en dessus près de l'extré- mité, et terminée un peu et obliquement en pointe. Les deux yeux du milieu dans cette es- pèce, comme dans la précédente, sont plus apparens, ronds et rebordes tout autour. iGo HISTOIRE Leblond a tué avec une épée l'individu d'après lequel j'ai décrit celte mygale. Une troisième espèce, et toujours de la même division , est la mygale fasciée , myp^ale fasciata. Celle-ci est figurée dans Seba, tom. I, pi. Lxvii, Çi^. 7. Elle est de la taille de l'aviculaire, mais bien distincte par une bande grise, large, qui occupe le milieu de la longueur de l'abdomen. — Seba la dit de Ceilan. Telle est l'histoire des mygales à brosses. Entretenons- nous maintenant des mygales mineuses, de celles qui n'en ont pas, mais qui ont au dessus de la naissance des cro- chets des mandibules, une suite de dents parallèles en forme de peigne ou de râleau^ Ces mygales vivent dans les terriers qu'elles se sont creusés, et dont elles ont consolidé les parois extérieures avec une loile légère, pour empêcher Fébouleraent. Parmi elles, on en distingue trois espèces : ime première observée par Browne -» une seconde par l'abbé Sauvages, et la troisième par Rossi. Elles pratiquent, comme les précédentes, une galerie souterraine, mais elles la fortifient avec beaucoup d'art et en ferment l'entrée par le moyen d'un opercule. L'espèce que Sauvages a observée dans le DES MYGALES. iGi le midi de Ja France, choisit ordinairement pour faire son uid un endroit où il ne se rencontre aucune herbe, un terrain en pente ou à pic, pour que l'eau de la pluie ne puisse pas s'y arrêter, et une terre forte, exempte de rochers et de j)etiles pierres. Elle y creuse un bo3'^au d'un ou de deux pieds de pro- fondeur, du même diamètre par-tout, et assez large pour qu'elle puisse s'y mouvoir en liberté. Elle le tapisse d'une toile adhé- rente à la terre, soit pour éviter les ébou- îeniens ou pour avoir de la prise , afin de regrimper plus facilement; soit peut-être encore pour sentir du fond de son trou ce qui se passe à l'entrée. Mais où. l'industrie de cette espèce brille particulièrement, c'est dans la fermeture qu'elle construit à l'entrée de son terrier, auquel elle sert de porte et de couvert ur^e; cette porte est formée de plusieurs couches de terre déti^empées et liées eohe elles par des fils, bon coufour est rxnid , le dessus qui est à fleur de tene est plat el raboleux; le dessous convexe et uni est recouvert d'une toile, dont les fils sont tr-ès- forts et le tissu très-serré. Ces fils, prolongés d'un côté du trou , y attachent fortement la porte , et forment une espèce de penture, au moyen Jns. Tome VII. L iG2 HISTOIRE de laquelle elle souvre et se ferme. Cette penlure ou charnière est toujours fixée au bord le plus élevé de Tentrée , afin que la porte retombe et se ferme par sa propie pesanteur. L'eiitiée forme par son évase- ment une espèce de feuillure contre laquelle la porte vient battre , et n'a que le jeu né- cessaire pour y entrer et s*y appliquer exac- tement. L'extéiieur de ce nid , qui ne diffère pas du terrain qui l'environne, fait la sûreté de l'insecte qui l'habite ; mais si la mygale sait tromper l'oeil de l'observateur par son industrie, elle sait aussi défendre sa propriété quand elle est attaquée; retirée dans son habitation, aucun bruit ne l'inquiète, elle reste tranquille tant qu'on ne touche point à sa porte; dès qu'elle y sent le moindre mouvement, elle quitte le fond de sa retraite et accourt à l'entrée. Là, le corps renversé , accrochée par les pattes, d'un côté aux parois de l'ouverture, de l'autre à la toile qui tapisse le dessous de l'opercule, elle le tire fortement à elle; si on essaie de la sou- lever, elle opère une rési'^tance assez forle, pour produire un mouvement alternatif de pulsion et répulsion ; enfin obligée de céder, elle se précipite au fond de son terrier. Si on la fait sortir de son fort, on ne trouve D E s M Y G A L E s. i65 plus en elle le courage qu'elle a fait voir; il disparoit au giand jour, et si elle fait quelques pas, ce n'est qu'en chancelant; on la croiroit daus un élément étiauger. Aussi quelques efforts qu'ait faits Sauvages pour conserver ces insectes vivans, il n'a pu y parvenir. Ces nids ne servent pas seulement à loger les mygales, ils servent encore aux femelles pour y déposer leurs œufs, ilossi, qui a vu le nid d'une espèce qui se trouve en Corse et qui diffère peu de celui observé par Sauvages, quoique l'insecte qui le construit ne soit pas de la même espèce , a trouvé dans le nid sa nombreuse postérité. Mais ce qu'il a observé de plus remarquable, c'est que, si on détruit l'opercule qui en forme l'entrée, la mygale le reconstruit, et qu'un peu plus d'un jour suffit pour ce travail ; la différence qu'il y a de cet opercule au premier, c'est qu'il n'est plus mobile. Alors comment l'insecte peut-il sortir de son nid et y rentrer? C'est ce que Rossi ne dit pas. Des trois espèces connues pour construire des nids tels que celui que nous venons de décrire , l'une habite fAuiéiique mériciio- Iiale, l'autre se trouve eu Corse et d.ms l'île L 2 164 HISTOIRE de Candie , où on a découvert des nids sem- blables ; la troisième dans le midi de la France , aux environs de Montpellier. C'est là que Sauvages a trouvé l'araignée qu'il a nommée maçonne. Rossi , qui a cru que celle qu'il avoit eue de Corse ne pouvoit être que celle dont avoit parlé le naturaliste français , lui a donné le nom de sauvage; mais ces deux mygales diffèrent trop pour les con- fondre, comme on le verra par la description que nous en donnerons. Olivier a aussi trouvé, aux îles d'Hières et à Saint-Tropez , des nids de mygales vuides dont la porte étoit ouverte. Ces nids diffèrent de ceux qu'a vus Sauvages, en ce qu'ils sont construits dans un terrain hori- sontal et paroissent appartenir à une espèce autre que celles observées par Sauvages et Rossi. Mygale maçonne; mygale cœmentaria. Mémoires de la soc. d'hist. nat. de Paris, an 7, pi. vi,fig. I, A. Elle est brune, luisante; les palpes sont hérissés de piquans ; au dessus de chaque mandibule sont au moins cinq dents étroites, alongées, presque égales, dont les deux plus éloignées plus courtes ; le corselet a un l.MYGALK nitictunu' .-2.il'ej:i7J- 3. t/crrAi . iiu t/ivjff.i i/(',i iiiii^/e.i,i/^r<>,fj'Ti',i.-4J>ovf(hm i/e ,ie,i fin\red if/v^\a . 6.,i\'/i /i(V /-(■/■///('.- b.J'on ///'yout J'if/i \iii.i ,/(\f ifri//i\i,{f/i'.i\ifi\i.-4J>onfJ'tf/i ,A' .i,',i ////.n;' //v'.'vv 6.,i\>7i 717 i/ /-f/v/H'.- b. l'on /u,/ i'/77'(v/-/. MYGAIAL ,/t- .i',if(i',i,/(: (>..'■(',' l/l'TI.V ,77t>ir.<-7j.- il . i{i-7lfj illl ,iV/i;i . DES MYGALES. i65 enfoncement transversal et postérieur ; sa carène, ses bords sont d'un brun plus clair; Fabdomen est obscur en dessus , moins foncé sur les côtés et en dessous , couvert d'un duvet court ; les pattes et la poitrine sont d'un brun plus clair que le reste du corps. — On la trouve dans le midi de la France, aux environs de Montpellier. M. DE Sauvages; mygale Saupagesii. Araiiea Sauvageùi. Rossi. — Mémoires de la soc, d'iiist. nut. de Paris, an 7, p. I25, pi. vi , fig. 2, A. Cette araignée, d'un quart plus grande que la précédente, en diffère en ce qu'elle a les palpes plus épineux, et que la rangée des dents de l'extrémité de chaque mandibule n'a que quatre pointes aux plus courtes et inégales; le corps est d'un brun clair; l'ab- domen est duveté, brun foncé, plus clair en dessous et sur les côtés; l'anus a deux mamelons alongés, de l'extrémité desquels, suivant Rossi , sortent quatre fils séparés; les pattes sont de la couleur du corps, un peu velues , à poils noirs. On la trouve en Corse, Je remarqua dans Mouffet la figure d'une araignée qu'il avoit reçue de l'île de Candie , et que je crois devoir rapporter à ce genre. Elle est, suivant lui, d'un cendré brun ou L 5 i66 HISTOIRE noirâtre , glabre, avec les jambes velues; sa bouche est armée de deux ciochets, avec lesquels elle pique. Elle vit, à la façon des araignées, de mouches, de petits lépidop- tères, qu'elle saisit dans la toile qu'elle cons- truit pour cela; elle porte ses œufs sous son ventre; les petits y éclosent, s'attachent à leur mère, jusqu'à ce que devenus adultes ils lui donnent la mort. Ces araignées se creusent un trou, de la grandeur de leur corps , qui varie par la grandeur et la teinte. Elles habitent une galerie en terre, de la profondeur de deux pieds, et en bouchent l'ouverture avec de la paille. Cette araignée pourroit bien être de la division que nous indiquerons en finissant cet article. M. NiDULAiRE ; aranea nidulans. Fab. Cette espèce est assez grande , très-noire ; elle a les yeux placés sur deux lignes paral- lèles, mais les deux du milieu sont un peu plus distans que dans les autres espèces; le corselet est assez grand , avec une impression en forme de croissant aU milieu ; l'abdomen est ovale, renflé d'un noir moins luisant que le corselet ; les pattes sont presque d'égale longueur. On la trouve à la Jamaïque, aux Antilles et dans les îles de l'Amérique méri- dionale. DES MYGALES. 167 Browiie dit que la piqnure de cet insecte cause une douleur très-vive pendant plu- sieurs heures , accompagnée même quel- quefois de la fièvre et du déliie ; mais on est bientôt soulagé , soit par les sudorifiques ordinaires, soit par les liqueurs spirilueuses , telles que le tafia , le rhum , ainsi que le pratir quent les nègres qui en sont souvent mordus. Ils s'endorment, suent un peu et se tiouvent entièrement remis à leur réveil. Selon Badier , retirée de son nid , cette mygale pai oît lan- guissante et comme engourdie. Il l'a tenue long-tems dans sa main sans en avoir jamais été mordu. Ce genre est susceptible d'une troisième division que nous n'avions pas formée dans notre premier travail , n'ayant pas eu occa- sion d'observer les raj'gales de cette nouvelle coupe. Ici le tubercule des yeux est peu distinct, ou presque nul. Les tarses n'ont pas de pelottes à leur extrémité , de même que ceux des mygales mineuses; mais leurs cro- chets sont dentelés en forme de dents de peigne , comme ceux des araignées propre- ment dites. J'en connois deux espèces ; l'une de la Nouvelle Hollande , et l'autre de Gi- braltar où elle a été trouvée par Durand, à la généreuse amitié duquel je dois plusieurs L 4 i68 HISTOIRE rares et curieux insectes d'Espagne et de Baj'baiie, contrées qu'il a parcourues avec les yeux d'un observai eur aussi zélé qu'ins- truit. 11 s'occupe de la rédaction d'un voyage que les naturalistes et les géographes accueil- leront sans doute avec plaisir. J'ai établi , depuis l'impression du troisième volume de cette Histoire , un nouveau genre d'arachnides, qui doit venir immédiatement après celui des mygales. Je l'appelle atype , atypus (laid de figuie). Les caractères sont : lèvre très-petite , presque cachée par l'inser- tion des mâchoires; palpes insérés sur les côtés extérieurs des mâchoires , près de leur base; yeux groupés, placés respectivement comme dans les mygales. Ce genre fait évi- demment le passage de ces derniers arach- nides aux araignées tapissières; la le vie des atypes ressemble à celle des mygales; mais les palpes ne sont plus insérés à l'extrémité des mâchoires; les yeux imitent par leur en- semble la même figure ; mais ils ne sont pas situés sur un tubercule bien distinct. Le corselet desatypes est presque carré , et semble même être plus large postérieurement. La seule espèce de ce genre qui nous soit connue est très-rare. Sulzer l'a figurée le premier; Rœmer l'a redonnée ( Geaer. insect. lab. 2o;> DES MYGALES. 169 ifîg. 2. ). Il soupçonne que c'est l'araignée aquatique ; mais cependant comme ce n'est qu'un doute, il nomme celte araignée, sou- terraine, subterranea. Telle est aussi la déno- mination que nous lui conserverons : l'atype souterraine a été trouvée aux environs de Paris, dans la forêt de Montmorenci, par notie ami Bosc. A^^alckenaer décrira avant peu cet insecte dans son Prodrome des araignées. i-jo HISTOIRE SEPTIEME GENRE. Araignée; aranea, J_iES mygales ont leurs palpes insérés à rextréniité supérieure des mâchoires et leur lèvre inférieure très -petite, cachée par la naissance de ces mâchoires. Les araignées ont des caractères opposés : leurs palpes partent de la base des mâchoires, au côté extérieur; leur lèvre inférieure , quoique souvent petite, s'élève cependant assez enire les organes précédons pour qu'elle soit très- apparente et facile à découvrir. Elles ont d'ailleurs , comme les mygales , deux palpes filiformes , alongés , de cinq articles chacun , dont le dernier renflé et contient les organes de la génération dans les mâles; leur bouche est munie de deux mandibules et de deux mâchoires ; les mandibules sont épaisses , contiguës longitudinalement à leur base , avancées et composées de deux pièces , dont la dernière est en forme de crochet très- aigu, écailleux , percé d'un trou à son extré- mité, se mouvant de haut en bas, et s'appli- quant, dans le repos, contre la première DES ARAIGNEES. 171 pièce, le plus souvent cuire deux rangées de dents; ces crochets rentrent un peu en dedans, caractère qui distingue les araignées des mygales, où ces parties s'avancent paral- lèlement. Leur tèle est totalement confon- due avec le corselet qui porte toujours six ou huit yeux ; l'abdomen est renflé, souvent orbiculaire, quelquefois ovale, et séparé du corselet par un étranglement très-marqué. Son anus est accompagné de mamelons ser- vant de filières. Les anciens ne voyoient aucune différence essentielle entre les faucheurs et les arai- gnées , et rapportoient à ces dernières tous les insectes que nous cohnoissons aujour- d'hui sous le nom de faucheurs ; ils donnoient simplement à ceux-ci le nom d'araignée à longues pattes , aranea longipes. Ce rap- prochement étoit un peu fondé ; car tous ces insectes ont beaucoup de rapports entre eux par leur forme ,• néanmoins les faucheurs diffèrent essentiellement des araignées par le nombre des y eus. qui n'est que de deux, et en ce qu'ils ont en outre la tête, le corselet et l'abdomen entièrement unis ensemble , en sorte que leur corps ne paroît être com- posé que d'une seule pièce , tandis que dans les araignées l'abdomen , comme nous ^a^'on3 172 HISTOIRE déjà dit plus haut, est séparé du corselet par un étranglement très- prononcé. Il n'est peut-être pas d'insectes qui mérite plus que les araignées d'attirer l'attention du naturaliste philosophe, par leur forme, leur industrie, leurs travaux et leurs manoeuvres; aussi presque tous les auteurs qui ont écrit sur la divine science de la Nature , ont-ils consigné dans leurs ouvrages quelques obser- vations sur ces animaux. Parmi les anciens, Arislote ,• chez les modernes , Mouflet , Aldrovande , Lister , Albin , Clerck , De Géer, Scopoli, Walckenaer, ont préparé les élémeus de leur histoire. Les araignées ressemblent', quant à leur genre de vie , à beaucoup d'autres ani- maux , qui ne doivent comme elles leur existence qu'aux fruits de leurs rapines 5 mais elles en diffèrent singulièrement par la manièie dont elles parviennent à leur iin. Les ruses qu'emploient les autres ani- maux pour se procurer des vivres, n'ont d'autre but que celui de marquer l'arme irrésistible de la force , la supériorité que la Nature leur donne sur d'autres êtres , afin de les surprendre avec plus d'avan- tage ; ces ruses , ces finesses ne supposent que de la patience , ou un simple exercice DES ARAIGNEES. 175 des organes du mouvement , dirigé avec plus ou moins d'adresse ; on ne voit point sortir de toutes ces combinaisons quelques productions remarqual^les. Il n'en est pas de même de l'araignée ; l'industrie est sou caractère distinctif ; son corps mal défendu, sa force n'ayant rien d'étonnant , il étoit nécessaire que son génie inventif, ses ruses la missent à couvert, et lui fournissent des moyens d'existence; et comme la Nature a été son maître , qu'elle lui a donné des leçons particulières , ses ressources , ses travaux ti cet égard doivent d'autant mieux nous intéresser. Comment en effet ne pas admirer la manière délicate et ingénieuse avec laquelle l'araignée de nos jardins suspend verticalement le filet à l'aide du- quel elle s'empare des insectes dont elle fait sa nourriture ? comment ne pas être saisi d'étonnement en voyant la régularité de ce grand nombre de cercles concentriques réunis par une infinité de rayons, et qu'un habile géomètre n'eût pas mieux formés? Comment enfin concevoir que les points d'attache de cette toile, si éloignés les uns des autres , aient pu étie fixés à une aussi grande distance par un insecte qui paroît aussi petit et aussi lourd? L'espèce qui ha- 174 HISTOIRE bite dans nos greniers et nos apparlemens négligés, mérite également d'attirer l'admi- ralion de l'observateur. Celle - ci donne à sa toile un tissu plus serré , plus épais, qui ne laisse pas apercevoir les mailles , et la dispose horisontalement et non verti- calement. !Nous avons vu que les mygales surpassent encore ces araignées par leur industrie; qui pourroit croire que de tels animaux fussent capables de former une espèce de porte , de l'attacher par le moyen d'une cliaruière , et de fermer ou d'ouvrir ainsi à volonté l'entrée de leur terrier? Ces animaux généralement redoutés à cause de l'idée du danger que l'on attache à leur morsure, ou même à leur attouche- ment, méritent d'être connus tant à raison de leurs formes que pour leur industrie et leur manière de se propager. Ils diffèrent de presque tous les autres insectes , en ce qu'ils n'ont point d'antennes ; mais ces parties sont remplacées par les palpes qui ressemblent à de petites pattes,- les palpes des mâles ont le dernier article en massue et renferment les organes de la génération; ils paroissent moins longs que ceux de la femelle; ils se terminent dans tous 'par un crochet dentelé, et sont toujours dirigés en DES ARAIGNEES. 176 avant; l'araignée les remue en, marchant comme si elle vouloit s'en servir pour tâter les objets sur lesquels elle marche. Les mandibules nommées par quelques RUieuvs pinces , tenailles^ serres, gfiff^^ , sont courtes , grosses , coniques , tron- quées et terminées par un ongle mobile , courbé, très-aigu , appliqué dans l'inaction sur la portion inférieure de la mandibule, souvent entre des dents qui servent aux araignées à retenir leur proie ; on croit qu'elles la sucent avec les mâchoires qui sont placées en dessous; mais on observera que ces parties n'ayant pas ou que très- peu de mouvement , et par conséquent point de jeu, ne peuvent pas produire un effet aussi prompt que les mâchoires des autres insectes. Il faut bien néanmoins que leur action , celle de la lèvre , soient assez fortes pour exprimer les sucs nourriciers des corps dont ces animaux fout leur proie, et quoiqu'on n'aperçoive point d'oesophage, il doit nécessairement en exister un. On pourroit soupçonner , et telle a été mon opinion , que les matières alimentaires en- filent la petite ouverture située au bout des griifes , et que de là elles descendent dans l'estomac ; l'exemple que nous fournit 17^ HISTOIRE le fourmilion peut auloiiser celte idée ; nous ne prononcerons cependant pas à cet égard, d'autant plus que nous avons vu au dessous des mandibules une partie un peu relevée, une espèce de palais ou de langue ; que les mâchoires , notamment dans les araignées loups, sont hérissées de poils, dont quelques-uns semblent être des dents , et que cet appareil paroît dénoter une sorte de mastication et de déglutition. Les yeux, au nombre de huit, sont placés sur la partie antérieure du corselet; ils sont lisses , brillans , durs , immobiles , et sont rangés diversement suivant les différentes espèces ; leur disposition vaiie très - peu dans les araignées , qui ont à peu près la même manière de vivie ; aussi , comme nous le verrons bientôt , s'est -on servi de cette diversité dans la disposition des 3'eux, pour partager les araignées en familles ; quelques espèces , notamment celle des caves , n'ont que six yeux. Quelques au- teurs ont prétendu qu'il en exisloit tou- jours huit , et que la diminution du nombre de ces organes étoit due à la réunion en im des deux yeux de chaque côté ; mais , quoique l'on trouve des araignées où les deux yeux de chaque côté soient en elfet contigus , DES ARAIGNEES. 17^ contigus, et paroisseut n'en forniei- qu'un, l'on ne doit pas eii conclure que l'aiaignéê des caves et quelques autres soient dans ce cas , puisque la cornée de ses yeux pié- tendus doubles est simple comme celle des autres, et que des scorpions n'oni aussi réellement que six j^eux , quoique le plus grand nombre en ait huit. Le corselet est ordinairement convexe,"' et relevé un peu dans son milieu , ovale obtus ou tronqué eu devant , lis-^e ou velu , selon les espèces , mais moins chargé de poils que l'abdomen ; il est couvert dune peau crustacée. L'abdomen ne tient au corselet que pac un filet très-mince ; il est toujouis plus petit dans les mâles que dans les femelles. La figui'e varie; il est ovale, globuleux, tiiau'- gulaire , armé dans quelques-uns d épines longues et fortes. Jl est couvert d'une peau fine, molle, plus ou moins cotonneuse ou velue ; ferme , coriacée dans les tendeuses épineuses. On voit à la partie antérieure et inféiieure de l'abdomen , au milieu, et dans les femelles seulement, une fente qui carac- térise leur sexe ; c'est aussi là que sont placés de chaque côlé les organes de la respiration; on les distingue ordinairement à deiix points 1ns. Tome VIL M 178 HISTOIRE plus pâles, souvent jaunâtres ou blanchâtres et ayant une petile fente transversale. L'anus dans les deux sexes est situé à l'extrémité de l'abdomen ; il est accompagné de quatre petits mamelons , qui sont les pièces d'où les araignées tirent leurs fils avec lesquels elles construisent leurs toiles ; ces mamelons portent le nom àe filières. Les pattes , au nombre de huit , partent toutes de la poitrine; elles sont composées de sept articulations. Les deux premières sont très-courtes et forment la hanche; la troisième sert de cuisse ; les deux suivantes composent la jambe ; et les deux dernières le tarse qui est terminé par deux crochets , dentelés en forme de peigne en dessous , servant à l'araignée à se tenir sur sa toile , et un autre au milieu plus bas et simple : on voit même quelquefois , de chaque côté de celui-ci , deux petites épines coniques. Les araignées sont très-carnassières , et ne vivent que de rapines ; elles font une guerre continuelle à presque tous les autres insectes, tout ce qu'elles peuvent attraper leur sert indifféremment de nourriture ; quelques- unes se contentent de sucer seulement les infectes pris dans leurs filets , mais d'autres les dévorent totalement , eu sorte qu'il n'en DES ARAIGNEES. 179 reste aucun vestige. Comme ordinairement elles restent au milieu de leur toile , dès qu'une mouche tombe dans le piège, elles en sont averties par les mouvemens que fait celle-ci pour se débarrasser, et l'araignée se rend aussitôt dans l'endroit où se trouve l'insecte imprudent : quand la mouche est grande , elle l'enveloppe d'une couche assez épaisse de soie qu'elle tire de ses filières, ensuite elle l'emporte dans son trou pour la sucer ou la dévorer à son aise ; mais si la mouche est petite , eUe l'emporte sans l'en- velopper. Si au contraire l'insecte qui est tombé dans sa toile est plus gros qu'elle , et qu'elle craigne de ne pas pouvoir en venir à bout, elle l'aide à se débarrasser et à se dégager en rompant les fils qui l'arrêtent. Leur cruauté va bien plus loin , elles se dévorent les unes les autres lorsqu'elles en ont l'occasion , ce qui arrive rarement , car elles n'habitent ensemble que les premiers jours de leur vie ; une fois séparées , chacune vit isolée dans sa toile , et ne la quitte pas à moins que ce ne soit pour aller s'établir ailleurs. Les araignées vagabondes , qui courent ça et là pour chercher leur nourri- ture , se rencontrent plus souvent, mais rarement elles se combattent, car presque M a ï8o HISTOIRE toujours la plus foible prend la fuite avant même que l'autre ait pu l'apercevoir; lors- qu'il arrivé qu'elles s'attaquent , le combat ne finit que par la mort de l'une qui est dévorée ou sucée aussitôt par l'autre. Les araignées sont généralement répandues , et on en trouve par-tout : celles des pays chauds sont plus grosses que celles des pays tempérés. Les mâles et les femelles vivent sépa- rément ; les premiers ne s'approchent des femelles que dans le tems où le besoin de propager leur espèce se fait senfir; cejjen- dant dans quelques petites espèces les deux sexes habitent la même toile seulement , le mâle se tient à l'écart de la femelle, crainte d'en être dévoiée , ce qui arrive fort souvent. Si une araignée tombe dans la toile d'une autre , il s élève aussitôt entre elles un combat à mort ; loi sque les deux combat- tantes sont de foice égale , elles se blessent réciproquement et toutes les deux meurent de leurs blessures ; on a renjarqué que la propriétaire de la toile étoit toujours l'agres- seur, et que l'étrangère se tenoit simplement sur la défensive; mais, lorsque la première est la plus foible, elle fuit et cède sa toile à son ennemie, qui profite alors de son tra- vail et y établit son nouveau domicile. DES ARAIGNEES. iSi Quelques observations de Geoffroi tendent à prouver que la Nature n'a accordé à chaque araignée qu^une quantité de matière à soie , propre à construire six ou sept toiles pendant sa vie, et que lorsque cette quantité est employée, il faut qu'elles meurent ou qu'elles s'approprient la toile d'une autre; pour cela elles vont attaquer de jeunes araignées, par conséquent moins fortes, efc qui sont obligées de leur céder et d'aller construire une autre habitation. La structure extérieure des organes propres à former leur toile est très - cu- rieuse et très - singulière ,• elle consiste en quatre mamelons que l'on nomme filières et qui sont placés près de l'anus, ainsi que nous l'avons dit précédemment; chacun de ces mamelons est arrondi et percé d'une multitude de petits trous ; c'est par ces ou- vertures que sort une quantité prodigieuse de fils si lins et si déliés , que plusieurs cen- taines de ces fils n'en forment qu'un seul très -délié; entre ces quatre mamelons on en découvre deux autres plus petits, que quelques auteurs ojnt soupçonnés être les organes extérieurs de la respiration de ces insectes ; les espèces qui vivent dans l'eau favorisent ce soupçon; car, pour respirer, M 3 î82 HISTOIRE elles mettent seulement la partie posté- rieure de leur corps à la suiface de l'eau. La forme que reçoivent les toiles des araignées varie selon les espèces ; celles des jardins construisent leurs toiles perpendi- culairement et d'un travail extrêmement lâche et délicat; celles qui vivent dans les maisons, au contraire, posent leurs toiles horisontalement et leur donnent un tissu très - serré ; quelques espèces vivent dans les trous, tapissent seulement l'intérieur de leur habitation, et tendent quelques fils à l'extérieur ; les araignées aquatiques for- ment un entonnoir qu'elles attachent aux plantes; enfin d'autres espèces ne filent pas du tout , quoiqu'elles possèdent tous les organes propres à cet usage. Toutes les araignées, pour construire leur toile , commencent de la même manière ; elles font d'abord sortir de leurs filières une goutte de liqueur propre à former de la soie ; elles l'appliquent contre un corps solide , dont elles s'éloignent ensuite en filant ; à mesure qu'elles marchent , cette liqueur, qui est d'abord molle, prend alors de la consistance, s'épaissit et forme un fil; elles en collent le bout opposé à quelque autre corps solide ; arrivées à ce point , DES ARxVIGNEES. i85 chaque espèce suit une autre marche pour terminer sa toile; celle des maisons revient sur le premier fil pour en coller un second à côté de l'endroit d'où elle est partie; re- tourne sur ses pas pour en faire autant à l'autre bout , et continue cette manœuvre jusqu'à ce qu'elle en ait posé une assez grande quantité dans cette direction; après quoi elle en place dans un sens contraire. Il ne faut pas croire, ainsi que De Géer l'a observé , que les araignées puissent dar- der comme un trait la matière soyeuse, au sortir des filières. Outre que cette ma- tière est trop molle pour acquérir en un instant cette consistance, cette roideur qui lui seroient nécessaires si cette supposition avoit lieu , les filières n'ont pas des mus- cles propres à l'éjaculer et à la lancer à quelque distance. l/araignée des jardins qui fait une toile perpendiculaire et à rayons, dont tous les fils viennent aboutir à un centre commun, s'y prend d'une autre manière; supposons que cette araignée veuille établir son filet entre deux branches ou deux arbres séparés par un ruisseau qu'elle ne peut franchir. Dans un tems calme, placée au bout de quelque branche, elle s'y tient ferme sur ses pattes M 4 jH histoire de devant , et avec ses pattes poslérieure^ elle tire de ses mamelons un fil assez long qu'elle laisse flotter en l'air; ce fil très- îégei est poussé par le moindre vent vers nn corps solide conhe lequel il se colle de suite à l'aide du gluten naturel dont il est enduit ; pour s'assurer si ce fil est fixé , l'araignée Je tire à elle de tems en tems , et lorsqu'elle en est certaine par la résis- tance qu'elle éprouve, elle le bande et le colle à l'endroit où elle se trouve. Ce pre- niiei- fil lui sert de pont de communication pour placer les autres; elle lui donne de la solidité; ensuite elle en file d'autres perpen- diculaires et obliques, qu'elle attache à dif- férentes branches , et dont fous les bouts viennent aboutir à un centre commun ; quand ce travail est achevé, elle en file d'autres qu'elle colle dessus les premiers ; elle les écarte les uns des autres, et les place circulairemerit autour du centre. On prétend que ses seconds fils sont d'une na- ture diflerente de celle des premiers ; la toile achevée , l'araignée construit souvent à l'une des extrémités supérieures, entre deux feuilles rapprochées , une petite loge qui lui sert de retraite ; elle s'y tient ordinai- rement toule la journée, et n'en sort quQ le matin et le soir. DES ARAIGNEES. i85 Les araignées qu'on nomme Jilandières , attachent sur les arbres , dans les buissons , au coin des murs, dans les greniers , des lîls dont la réunion n'a pas de figuie déterminée et qui leur servent également à attraper leur proie. Les araignées vagabondes courent après le^ insectes qui leur servent ordinairement de nourriture, ou, comme des brigands, se tiennent à l'entrée d'un trou , d'une fente de mur, et s'élancent sur le petit animal qui a le malheur de passer près de l'antre; l'araignée phalange, la plus commune, celle dont l'abdomen a des chevrons blancs sur un fond noir , dès qu'elle aperçoit une mouche à peu de distance d'elle , sur les murs , où elle a coutume de se tenir, s'avance doucement, et saute sur sa proie; vous cjoiriez voir les manœuvres rusées d'un chat qui veut surprendre une souris. Nous ne pouvons point entrer dans d'autres détails sur l'industrie de ces insectes. L'élude des espèces les fera conuoître. L'accouplement de ces insectes ne se fait pas sans de grandes précautions de la part du mâle, qui a tout à craindre de la femelle, d'autant plus qu'il est foicé de faire les avances. Nous allons décrire la manière dont i86 HISTOIRE se fait cet accouplement clans les araignées tendeuses, parce que ce sont celles que l'on a le plus souvent observées. Dans la saison des amours, qui ordinairement est l'automne, la femelle se lient tranquillement au milieu de la toile , la tête en bas et le venlre en haut ; le mâle rôde autour de la toile et ensuite se hasarde à monter dessus; mais il a soin auparavant d'attacher un fil afin de s'en servir pour se sauver si la femelle n'est pas disposée à le recevoir. Dès q u'il est monté, il marche lentement sur la toile, s'approche peu à peu de la femelle; si elle reste tran- quille , il la tâte avec une de ses pattes anté- rieures et recule promptement; peu à peu il se rapproche, la tâte de nouveau, et alors la femelle, si elle est disposée à le bien ac- cueillir , fait quelques légers mouvemens pour le tâtonner à son tour. Pendant ces attouchemens qui paroissent être le prélude de l'accouplement , les palpes du mâle s'en- tr'ouvreut à leur extrémité; les boutons qui renferment les organes de la génération de- viennent humides, et la partie sexuelle de la femelle s'ouvre aussi un peu. Alors, le mâle enhardi , porte avec vivacité un de ces palpes dans cette ouverture et ensuite se retire : un moment après il revient et y DES ARAIGNEES. 187 porte son autre palpe ; il touche plusieurs fois de suite sa femelle de la même manière, en se servant alternativement de ces deux organes. Audebert a observé que, dans une des espèces que l'on trouve communément dans les maisons, un seul accouplement suffît pour que tous les œufs que la femelle pond'en plusieurs fois soient fécondés. Toutes les araignées sont ovipares et pondent un grand nombre d'œufs. Les fileuses et celles qui ne font pas de toile les enveloppent d'une épaisse couche de soie blanche en forme de coque. Les unes les placent sur un arbre ou sur une muraille. Quelques espèces portent les leurs enveloppés dans une coque ronde , très-serrée , et on les voit souvent traîner celte coque après elles, au moyen d'un fil qui la tient attachée à leur derrière. Le cocon de l'araignée à bandes est remarquable par sa forme qui ressemble à celle d'un ballon, grisâtre, avec des bandes noires longitudinales, dont Textrémité est tronquée et fermée exactement par un plan uni et soyeux. On en trouve quelqjiefois dans les maisons qui sont comme de petits globes suspendus par un fil. Les œufs de plusieurs espèces éclosent quinze ou vingt jours après avoir été pondus ; d'autres pas- 188 HISTOIRE sent Thyver et n'éclosent qu'au prinfemsv Quelques jours avant que la petite araignée en sorte, la pellicule qui l'enveloppe et qui est (rès-niince, laisse voir toutes les parties de Tinsecte. Dès que les petites araignées des espèces qui doivent construire des toiles, sont sorties de l'œuf, elles se mettent à fiier. Dans toutes les espèces de ce genre nombreux, les mères ont beaucoup d'attachement pour leurs pe- tits. Les araignées loups femelles déchirent la coque de l'oeuf qui renferme leurs petits, pour leur donner plus de facilité d'en sortir au moment où ils éclosent; ces petits mon- tent aussitôt sur le dos de leur mère, qui les porte avec elle, et lorsqu'elle trouve un insecte, elle le partage entre eux. Toutes les petites araignées vivent, pour ainsi dire, en société jusqu'à la première mue ; enauite elles se séparent et deviennent mutuellement ennemies. Elles croissent beaucoup dans leur première jeunesse , et en augmentant de volume elles changent de peau. La durée de leur vie est plus ou moins longue. Les araignées qui détruisent un si grand nombre d'insectes ont aussi de nombreux ennemis. Presque tous les oiseaux insectivores nourrissent leurs petits avec des araignées. DES ARAIGNEES. 189 et quelques insecles en alimentent aussi leurs petits; plusieurs espèces de guêpes les enlè- vent du milieu de leur toile pour les |)orter à leurs larves. La plus légère blessure que reçoit une araignée la mel hors de combat, et elle meut t peu de lenis après l'avoir leçue. Homberg a observé que les araignées domestiques sont sujettes à une maladie qui les fuit paroifre hideuses. Leur corps se couvre d'écaillés hérissées les unes sui' les autres, et parmi lesquell(-s il se trouve des espèces de mites. L'auteur que nous venons de citer dit ne l'avoir observé que dans celles qui se trouvent dans le joyaume de Naples. Cette maladie arjive très - rarement aux araignées des pays froids. Il n'y a encore rien de certain sur le danger que courent les personnes qui sont mordues p^ar des araignées; des auteujs rap- portent que difieientes personnes sont mortes après en avoir été ujoidues; d'autres disent avoir été pincées par des araignées , et assu- rent n'avou' jamais ressenti d'autre incom- modité de leur biessL4re que celle qu'occa- sionnent les cousins et quelques autres insectes dont les piquures pjoduisent sur la peau une petite enflure et de légères démangeaisons. De Géer pense que la mor- igo HISTOIRE sure des araignées d'Europe n'est redou- table qu'aux mouches et autres iusecles. Ce- pendant des faits cités par Olivier prouvent que cette morsure peut être suivie d'acci- dens plus ou moins fâcheux. Dans la partie méridionale de la Provence , une jeune pay- sanne assise se sentit piquée à la cuisse droite ; en se relevant elle vit tomber une très-grosse araignée que la pression de la main avoit tuée. Elle l'écrasa à l'instant sur la blessure, et n'éprouva qu'une petite enflure autour de l'endroit piqué et de légères crampes dans la cuisse et dans la jambe , que le tems et une boisson sudorifique dissipèrent. Un fermier d'une des îles d'Hières, âgé de plus de soixante années , fut mordu par une grosse araignée, en ramassant une gerbe de blé. Cette morsure n'occasionna qu'une légère inflammation , auquel cet homme fit peu d'attention ; mais bientôt l'inflammation aug- menta considérablement et se termina quel- que tems après par la gangrène et la mort De ces difïërens faits on peut conclure qu'il est possible que, dans certaines circonstances, la morsure des araignées soit dangereuse. Les suites plus ou moins graves qui en résultent dépendent aussi de la disposition où se trouve la personne mordue. DES ARAIGNEES. T91 A l'égard de la niorsui-e prétendue mor- telle de la tarentule , qui se trouve assez communément dans la partie la plus méri- dionale de la Fiance et en Ilalie, dont tant d'auteurs ont fait mention, et sur laquelle Baglivi a spécialement écrit, on est bien revenu de la frayeur qu'elle inspiioit de son tems , et l'on ne croit plus qu'elle soit la cause de la maladie qu'on lui attribuoit; selon cet auteur la morsure des trois variétés de tarentules qu'il a déciites occasionnoit des maladies dont les symptômes étoient Irés-difFérens. Ceux qui sui voient la mor- sure de la tarenlule uvée étoient très- eiïrayans, et prenoient quelquefois, selon lui, tous les caractères d'une fièvre maligne- souvent le malade mouroit de cette maladie ou, si les symptômes se calmoient, il ton,- boit dans une mélancolie d'un geme parti- culier et de laquelle la musique seule pou- voit le guérir : mais on sait aujourd'hui que la tarentule n'a jamais occasionné celte maladie qui étoit simulée. Les habitans de la Corse redoutent singulièrement la nior- suie de l'araignée marmignatto. La meilleure preuve que Ton pourroit donner que du moins toutes les araignées prises intérieurement ne sont pas dauge- 1^2 HISTOIRE reuses, c'est que les oiseaux mangent une grande quantité de ces insectes sans en être incommodés : il arrive aussi quelquefois aux hommes d'avaler de petites araignées en mangeant des fruits, sans qu'ils éprouvent aucun accident; plusieurs personnes en ont avalé pour prouver quelles ne sont pas venimeuses, et n'en ont jamais été mconi- niodées. Cependant il est certain que l'extré- mité des mandibules de ces insectes est percée d'un trou, et que la moindre blessure qu'ils font aux mouches et aux autres m- secles , les font moui ir sur le champ. Je pense donc que l'on doit se méfier de la piquure des grosses espèces; et que pour écarter la crédulité il ne faut pas être im- prudent. Au moyen de la filature, on est parvenu à tirer partie de la soie que filent les arai- gnées, et à en faire des bas et des gants aussi forts que ceux que l'on fabrique avec la soie ordinaire. Voici les procédés que Lebon a suivis pour mettre cette soie en état d être filée • il a profité de fcbservation que les na- turalistes avoient faite , que quelques espèces filoient deux espèces de soie , l'une très-foible qui leur sert à tendre leurs toiles pour at- traper les insectes, et l'autre beaucoup plus DES ARAIGNEES. i^5 forte avec laquelle elles forment une espèce de cocon pour renferajer leurs œufs; il prit donc treize onces de ces cocons, qui lui donnèrent quatre onces de cire propre à être travaillée. Il fît battre légèrement ces cocons avec la main et un petit bâton , afin d'en chasser la poussière , et ensuite il les lava plusieurs fois dans l'eau tiède ; après ils furent mis dans une eau de savon, dans laquelle on avoit fait dissoudre de la potasse mtratée et de la gomme arabique ; le tout bouillit à petit feu pendant deux ou trois heures , et les cocons , après cette opération , furent lavés dans l'eau tiède jusqu'à ce qu'ils eussent rendu l'eau savonneuse dont ils étoient imprégnés. On les laissa sécher ; on les ramolHt un peu avec les doigts pour les faire carder plus facilement. Cette soie cardée fut filée au fuseau avec beaucoup de facilité et donna un fil de soie plus fort que la soie ordinaire. Avant de passer aux principales méthodes des modernes relatives aux araignées , disons un mot de ce que les anciens ont écrit sur le même sujet. Aristote (i) distingue diffé- (i) Nous prenons ces détails dans les notes de Camus, trad. fjranç. de l'Hist. des anim. d'Aiistote. Jns. Tome VU. . N ,ç^4 HISTOIRE renies espèces d'araignées : les unes sont phaUir^es , dautres sont nommées loups ^ et ici se Irouve l'araignée des prés ; d'autres enfui , au nombie de trois , n'ont pas de nom , et sont raraclérisées par la manière dont elles omdis.ent leur toile, et dont elles guelient 'eir proie. L'aiaiguee vit habituellement de mouches qu'elle prend dans ses filets ; elle attaque quelquefois de plus grands animaux , de petits lézards même, bi elle chasse, ce n'est que pour se nourrir ; car elle ne prépare point sa nourriture comme les abeilles , et n'emmagasine pas comnje le fait la fourmi. Elle suce sa proie, et a des dents outre son dard pour piquer; elle peut vivre long-tems. Les petites araignées sont à peine formées qu'elles sautent et qu'elles filent. Des trois espèces d'araignées dont le travail a été décrit par Arislote , la première, pour former sa toile , commence à tendre de tous côtés des fils aux points où la toile doit se terminer; elle se place au milieu pour faire le guet , et se choisit un autre endroit pour son nid et le dépôt du butin. La pioie cst- elle dans ses filets , elle la fie, l'enveloppe et s'y transporte. C'est la femelle qui chasse et qui travaille; le mâle partage son butin. DES ARAIGNEES. igS Les deux autres espèces d'arai^i>,nées ourdis- sent une toile serrée ; l'une est grosse , a les jambes longues et se suspend à Vexiiémité de son fil , afin d'attendre sa proie ; l'autre se tient en haut, à une petile fenêtre qu'elle s'est préparée dans sa toile. Ces insectes se reproduisent par la voie ordinaire de la génération. Le mâle est plus petit que la femelle; il monte sur elle, et celle-ci fait l'intromission. Aristote le dit en parlant des phalanges et de fout ce qui est du même génie ,• il observe une variété dans les phalanges qui font des toiles : la femelle tire un des fils tendus ; le mâle après elle en fait autant, et ces manèges ayant été répétés plusieurs fois , les deux sexes s'ap- piochent et s'unissent par leurs pattes pos- térieures. Aristote donne le nom de vers aux œufs qrt-e les araignées produisent; ces vers sont à peu près ronds; la mpie les couve, et au bout de trois jours on distingua leurs membres. Toutes les araignées déposent leurs œufs dans une toile plus o\i moins serrée; celle de l'araignée des prés est moitié pen- dante et moitié appliquée contre son corpsi Telles sont les counoissances que nous a laissées sur ces animaux le père de l'histoire naturelle, le grand Aristote. PJine et la N a iç)6 HISTOIRE plupart des auteurs anciens qui ont écrit après lui , n'ont fait que traveslir ce qu'il nous avoit appris , et ont défiguré ces premiers éléniens de l'histoire des araignées, en y joignant une nomenclature qu'il est impos- sible de débrouiller. C'est sur-tout du mot de phalange que l'on a étrangement abusé. On n'en avoit d'aboi d distingué particulièrement que deux espèces : la psylle ou puce , ainsi nommée de ce qu'elle saule {aranea scenica) , et l'autre plus grande, noire, dont les pattes anté- rieures sont grandes, et qui marche len- tement. Pline compte plusieurs phalanges, i° celle qui est semblable à une fourmi , mais qui est beaucoup plus grande; 2- celle que les grecs nomment loup , ou phalange des champs, suivant Nicander; 3° la phalange lameuse, lanugi?îosus;/i° le rhagion ; 5« l'as- térion ; b'^ la phalange bleue; 7^ la phalange myrmécion ; 8« les phalanges tétragna- thiennes ou à quatre mâchoires, dont il y a deux sortes. 11 parle d'une phalange dont la morsure est très-dangereuse , qui se trouve parmi les légumes au tems de la moisson ; d'une autre qui habite les arbres en Perse, et qu'on nomme cranocolaptes. Pline assure DES ARAIGNEES. J97 formellement que les phalanges , sans excep- tion, sont des araignées dont la morsure est venimeuse , quoique Arislote n'en indiquât que deux de mal-faisan tes , et quoique Pline reconnoisse lui-même que l'Italie n'a pas de ces phalanges. Aetius , médecin né en Mésopotamie, et qui écrivit quelques siècles après, mentionne six espèces de phalanges : rhagion , myr- niécion , lycus ou loup , cranocolapte , sclé- rocéphale et scolécie. La plupart des grosses araignées , les mygales particulièrement , sont mises par plusieurs voyageurs au nombre des pha- langes. Laissons derrière nous cette longue suite de siècles, dont l'histoire ne nous présente que des guerres , des déchiremens politiques , et les tristes effets de l'ignorance, pour ar- river au rétablissement de l'empire des lettres. Moufïét, Aldrovande nous laissent quelques observations. Lister paroît, et cet homme de génie, ce profond scrutateur des secrets de la Nature , établit les bases d'une bonne méthode, et décrit, avec une exacti- tude étonnante , trente-quatre espèces d'aiai- gnées proprement dites , observées en An- gleterre. Les travaux de Clerck , de De Géer N 3 iç)8 HISTOIRE ont enrichi cette partie de l'histoire natu- relle d'un grand nombre de découvertes, et de la connoissance de plusieurs espèces nouvelles; mais leurs méthodes sont au fond celle de Lister. Olivier a présenté , dans TEucyclopédie méthodique, un extrait bien rédigé de tout ce qu'on avoit écrit jusqu'à cette époque sur ces insectes. La distribution méthodique qu'il en donne est celle de De Géer perfectionnée. Nous allons la faire counoître, afin qu'on ait par là une idée des divisions des arachnides antérieures à celles que j'ai données, et à celles de Walckenaer. Olivier divise la totalité des araignées en huit grandes familles qu'il nomme et carac- térise ainsi : PREMIÈRE FAMILLE. Araignées tendeuses, à toiles circulaires et régulières, en réseau vertical 3 longueur respective des pattes; premières, secondes, quatrièmes et troisièmes; yeux, quatre au milieu en carié, deux de chaque côté sur une ligne, écartés des précédens: o o o O 0000 Les araignées de cette famille que quelques auteurs ont nommées araignées de jardins^ DES ARAIGNEES. 199 s'acconplenl vers la fin de l'é'é ou au coin- lîîpncejneiit de rautonine , eaveloppeiil leui'S œufs dans une coque de soie, ei les placent le long d'un mur ou d'un arbre. Les j)eli!es araignées éclosent le printenis suivant, et la mère meurt ordinairement avant i'iiyver , ou reste engourdie pendant cette saison dans les Ij-ous ou sous l'ecorce des arbres. SECONDE FAMILLE. A. FJLANDiBREs, à toilcs irrégulières et sans figuies déterminées; longueur respect tive des pattes ; premières, quatrièmes, se- condes et troisièmes; yeux , quatre au milieu en carré, deux de chaque côté, sur une ligne oblique , très - rapprochés l'un de l'autre : o o o o o o o o Ces araignées pondent dans la même saison que celles de la famille précédente, enve- loppent de même leurs oeufs, et al tachent leur cocon assez près de leur nid. On les trouve dans les jardins et dans les greniers. On soupçonne qu'elles vivent plus d'une année , car on en trouve de très - grosses au commencement du printems; alors ces insectes passeroient la saison rigoureuse en- gourdis dans quelques trous. N 4 200 HISTOIRE TROISIÈME FAMILLE. A. Tapissières, à toile horisontale , régu- lière, d'un tissu serré; longueur respective des pattes; quatrièmes, premières, secondes et troisièmes j yeux , quatre au milieu en carré inégal , deux de chaque côté sur une ligne oblique , séparés et un peu en arrière : o o o o o o o o Les araignées de cette famille construisent leur toile dans les angles des murs des lieux habités; elles se tiennent cachées dans la loge qu'elles font auprès de cette toile; et dès qu'une mouche ou un autre insecte se trouve pris , elles accourent aussitôt pour s'en saisir et l'emporter dans cette loge. L'accouplement se fait en été ; la femelle enveloppe ses œufs dans une coque et la place près de son habitation. Au reste cette famille est peu différente des deux précé- dentes. QUATRIÈME FAMILLE. A. Loups, vagabondes , ne filant point, mais attrapant leur proie à la course ; pattes grosses ; longueur respective; quatrièmes, premières, secondes et troisièmes; yeux, quatre gros en carré à la partie supérieure de la tête, DES ARAIGNEES. 201 quatre en ligne transversale à la partie an- térieure : o o o 0000 Les araignées loups ne filent point de toile; elles attrapent les insectes à la course, les dévorent presque entièrement et ne les sucent point. Elles s'accouplent vers le mi- lieu de l'été. Les femelles pondent à la fin de cette saison un très-grand nombre d'œufs qu'elles renferment dans une coque ; cette coque est attachée à leur deriière ; elles la traînent par-tout sans jamais l'abandonner. Lorsque les œufs sont éclos , la mère déchire la coque ; les petites araignées en sortent et se placent sur son dos ; elles ne se dispersent qu'après la première mue. CINQUIÈME FAMILLE. A. Phalanges , vagabondes , ne filant point de toile, mais sautant sur leur proie, toujours attachées par un fil ; pattes assez grosses , de longueur presque égale entre elles,- yeux, eu ligne parabolique. o o o o o o o o On trouve ces araignées sur les murailles 202 HISTOIRE exposées au soleil , où elles courent avec beaucoup de vivacité et dans tous les sens; dès qu'elles aperçoivent leur proie, elles s'élancent sur elle , étant toujours tenues par un fil qui est collé à la muraille. Elles s'accouplent dans le courant de l'été. La femelle pond peu de tems après un petit nombre d'œufs qu'elle enveloppe dans une coque, et qu'elle attache contre le tronc d'un arbre ou contre une muraille. SIXIÈME FAMILLE. A. CRABES, ne filant point de toile , mais attendant leur proie cachées sous des fleurs ou des feuilles; les quatre pattes antérieures beaucoup plus longues que les autres ; yeux en lunule, ou sur deux lignes transversales, dont l'antérieure est plus ou moins courbée: o o o o <5 o o ° Ces araignées ne marchent jamais droit en avant , mais de côté; elles attrapent hardi- ment leur proie à la course , et s'élancent sur elle ; elles se tiennent sur les troncs d'ar- bres et sur les feuilles, à l'affût; elles sont soutenues par un fil lorsqu'elles s'élancent sur les insectes, ainsi que nous l'avons vu dans la famille précédente ; elles enve- DES ARAIGNEES. 2o3 ]oppent leurs œufs clans une coque de soie qu'elles {>Iacent dans une feuille dont elles plient les bords ; elles ne s'éloignent ja- mais de ce précieux dépôt. SEPTIEME FAMTLLE. A. AQUATIQUES, se foruiaut une loge hémisphérique , arrêtée et fixée au milieu des eaux ; yeux presque sur deux lignes parallèles © o o o ' longueur respective des pattes premières , quatrièmes , secondes et troisièmes. On ne connoît encore qu'une seule espèce dans cette famille ; elle fait la chasse aux insectes aquatiques et les attrape à la nage ; elle passe l'hyver en- fermée dans sa loge. HUITIEME FAMILLE. A. MINEUSES. Nid cylindrique , creusé dans la terre , tapissé d'une légère toile et fermé par un opercule qui s'ouvre par un des côtés ; longueur respective des pattes qui toutes sont très-courtes , quatrièmes , premières , secondes et troisièmes ,• yeux : 00 00 o o o o Les araignées de cette famille ne filent i2o4 HISTOIRE point de toile ix)ur attiaper leur proie; elles font un nid dans la terre; ce nid est fermé par une espèce de petite porte ronde qui tient au nid par un de ses côtés comme par une charnière. Olivier n'avoit pas in- diqué la disposition des yeux, n'ayant vu aucun individu de cette famille. Walckenaer ( Faune parisienne , t. II , pag. 187 ) divise les araignées en dix -huit familles dont nous allons exposer les ca- ractères. Nous ne figurerons pas ici les groupes formés par les yeux; on consultera à cet égard le paiallèle de ces familles d'araignées et des nôtres , que nous avons donné dans le troisième volume de cette histoire , page 60. PREMIERE FAMILLE. Orbiformes; orbiculariœ. Lèvre plus large que haute , arrondie ,• mâchoires larges, courtes, arrondies, écar- tées , plus étroites à leur insertion ; toile sur un seul plan , en spirale , croisée par des rayons concentriques. Ohs. Elles agglutinent ensemble leurs œufs , les entourent d'un cocon de soie, qu'elles attachent ou suspendent à un coi'ps quclconq^ue , et l'abandonnexit ensuite. DES ARAIGNEES. ' 2o5 DEUXIEME FAMILLE. Sfiraliformes; spiraliculariœ. Lèvre inférieure large, arrondie, plus large que haute; mâchoires très-alongées, cylindriques , un peu renflées à leur extré- mité et à leur insertion ; toile sur uq seul plan , en spirale , croisée par des rayons concentriques. TROISIEME FAMILLE. Retiformes; retiariœ. lièvre inférieure triangulaire, aussi haute que large ; mâchoires alongées , étroites , cylindriques, couchées sur la lèvre, rappro- chées à leur extrémité ; toile formée par des fils tendus irrégulièrement sur plusieurs plans difïérens. Obs. Elles enveloppent leurs oeufs dans un cocon , ou les recouvrent de soie; elles demeurent ensuite dessus, et soignent encore leurs petits lorsjj^u'ils sont éclos. QUATRIEME FAMILLE. Filiformes; filatoriœ. Lèvre inférieure grande , triangulaire ," aussi haute que large; mâchoires alongées, cylindriques , recouvrant la lèvre ; toile 2o6 HISTOIRE composée de fils lâches et écartés, tendus sur plusieurs plans différens. Obs. Elles n'enveloppent pas lenrs œufs dans un cocon serré et ne les recovivrent pas de soie, mais elles les agc'ulincnt ensemble en une masse ronde ^ et les portent aVf-c elles entre leurs mandibules. CINQUIEME FAMILLE. N A p I F o P. M E s ; iextorlœ. Lèvre large , arrondie à son extrémité ; mâchoires droites , aIoi)gt:es , s'élargi^sant un peu vers leur extrémité,- loiie grande, en tissu serré, sur un seul plan horisonfal, surmontée d'une autre toile formt^'e par des fils tendus en tons sens , et sur plusieurs plans diftérens. Obs. Elles réunissent en quelque sorfe , dans leurs toiles, celles des rétifornies et des tapiformns . et forment le passage d'une famille à l'autre, non seu- lement par le caractère de leui bouche , mai^ encore par leurs mœurs. Elles enveloppent leurs œufs clans tin tissu très-mince et peu stiré : ces œufs ne sont pas agglutinés ensemble. Elles suspendant leur cocon, ne font point de retraites cylindrujupy cl .<-e tiernent toujours sous leurs toiles en nappes , dans une position renversée, leurs pattes antérieures alongées : leur grandeur surpasse celle des précédentes, et leurs cou- leurs sont claires et variées. DES ARAIGNEES. 207 SIXIEME FAMILLE. Tapiformes; pestiarlœ. Lèvre carrée , aussi haute que large ; mâchoires fortes , écartées , plus longues que larges; toile horisontale, très-serrée, à la partie supérieure de laquelle se trouve toujours une retraite cyliDclrique d'uu tissu serré. Obs. La longueur respective des pattes varie; mais la première et quatrième paires sont toujours les plus longues, la secoude ensuite; la troisième est la plus courte. SEPTIEME FAMILLE. CxiMÉRiFORMES ; cameradcB. Lèvre en carré alongé; mâchoires droif^es; alougées , écartées subitement , dilatées à leur extrémité ; toile senée renfeimant l'araiguée daus son intérieur. Ohs. La plupart des camcriformeeo!ive des yeux est effectivement telie que je l'ai repré- sentée, tom. 111, p. 53 de cette Histoire; mais comme les mandibules tombent brus- quement , elle appartient à la division * * des 222 HISTOIRE premières araignées tapissières, octoculées^ tisserands , à pattes moyennes, ou la petite famille suivante. 4. OCTOCULÉES TISSERANDS A PATTES MOYENNES. Division * ( celluliformes de "W^alck. ) Les araignées de cette division et celles de la troisième (***) composent la famille des celluliformes de AValckeuaer. Ici la ligne transversale et supérieure des yeux forme une courbe dont la convexité regarde le devant de la tête; c'est l'opposé dans la troi- sième division. i3. A. melanogastre; aranea melano- gaster. Cette espèce est de la grandeur de la sati- née ou même plus forte; son corselet, ses patles sont d'un brun foncé ; ses mandibules sont noirâtres ; fabdomen est d'un noir soyeux. Je l'ai trouvée sous des pierres, dans le département de la Corrèze. Elle ressemble à l'araignée lucifuge de Walckenaer. Division ** (majeure partie des araignées camériformes de \Valck. ). 8. A. atroce; aranea atrox. De Géer. Lister , p. 68, fig. 22. — De Géer, Mém. inscct, tom. VU, pi. XIV, fig. 24, DES ARAIGNEES. 223 Elle est brune , avec le corselet très-bombé en devant ; l'abdomen a une grande tache quadrangulaire , noire , bordée de ja une paille. Suivant Walckenaer, la première paire de pattes est la plus longue, ensuite la qua- trième, la seconde après; la troisième est la plus courte. Elle tapisse, dit-il, les murs des caves,' des jardins, d'une toile blanclie sous laquelle elle se tient , et dont elle se sert pour attrapée sa proie. Elle passe l'iiyver dans les fentes des murailles ; elle erre souvent dans les maisons : elle a les mandibules très-fortes. 9. A. AMARANTHE ; arauea amarantha, ^Valck. (1). Ses mandibules sont noires ; son abdomen est ovale, plus renflé en devant, de couleur d'amaranthe. I^es longueurs respectives des pattes sont les mêmes que dans la précédente. (i) Walckenaer , à la phrase spécifique de cette espèce et à celles des trois suivantes , ne disant point si les mandibules forment une saillie antérieure ou si elles tombent brusquement, je ne suis pas sûr de la place qu'elles doivent occuper dans ma méthode. Par les pattes elles se rapprochent de l'araignée atroce j mais leur manière de nidifier est semblable à celle de l'araignée satinée , et c'est peut-être à cette division 524 HISTOIRE On la trouvée dans les feuilles des arbres ^ aux enviions de Paris. 10, A. alôme; aranea a/oma. AValck. Albin , pi. X , fîg. 48. Elle n'esl peut-être qu'une variété de la précédente : elle en a la forme et la gran- deur : sou abdomen est d'un verd sale. 11. A. errante; aranea erratica. Walc. Albin , pi. XVII , fig. 82. Son abdomen est aussi d'un verd sale ; mais il a, dans son milieu, une tache oblon- gue, noire , terminée en pointe à l'anus. 13. A. EPTMELAs; aranea epimelas. "VValck. Son abdomen est o%"ale , alongé et noir. Les longueurs respectives des pattes sont les mêmes que dans les précédentes. Division *** (Celluliformes de Walckenaer). 13. A. NOCTURNE ; aranea noctuma. Lin. Walck. Elle est noire , avec l'abdomen ovale, •Wi^— «^"•"■^ ' ' ■■lli«l II -«wiM^ I II .1 ■■ 1 ■ I ■■ qu'il fauJroit rapporter les espèces inconnues pour jnoi. Au surplus, je pense maintenant que ce caractère, pris de la manière dont tombent les mandibules, ne doit être considéré que spécifiquement. L'araignée atroce et l'araignée satinée peuvent cire réunies eu »ne seule division , comme l'a fait Walckenaer. alongé , BES ARAIGNEES. 225 alongé , marqué de deux taches blanches sur le milieu du dos, et dont leur base est entourée d'une lunule blanche anguleuse. — Walckenaer l'a trouvée, dans les bois, renfermée dans des feuilles qu'elle avoit rapprochées. Linnœus observe qu'elle ne sort que la nuit. 10. A. lucifuge; aranea lucifuga, Walck. Scliasff. Icon. insect. ratisb. pi. ci , fig. 7. — aranea nigrita? Fab. Son abdomen est ovale , alongé , d'un brun de souris velouté et luisant. -— Elle se trouve dans les caves , derrière les pierres. 14- A. lapidicole; aranea lapidicola. "Walck. Son abdomen est ovale ; les pattes sont rougeâtres. — Elle se trouve sous les pierres. i5. A. reluisante; aranea relucens, Aranea fulgens. Walck, Son abdomen est ovale, alongé, mélangé de bleu , de rouge et de verd , avec des reflets métalliques , et marqué d'une raie transversale au milieu, et d'un arc k sa partie postérieure, jaunes. — On rencontre Ins. ToMF. VIL P 226 HISTOIRE cette espèce courant à terre avec une grande vitesse, dans les chemins, paiticulièrenient au midi de la France , où elle est un peu plus grande. L'abdomen a quelquefois quatre points dorés entre la raie et l'aie dont nous avons parlé (i). Division **** ( section 2 des tapiformes de Walckenaer. ) 16. A. LABYRINTHIQUE ,' aranea labyrin- thica. Lin. Fab. Lister. Aran. pag. 60 , fig. 18. — Clerck, Aran. 79 , tab. 2 , fig. 8. — Schîeff. Icon. ins. pi. xix , fig. 8- Son abdomen est ovale, d'un gris foncé, avec une suite de lignes blanches en accent circonflexe, longitudinale; elle est remar- quable par la longueur de deux de ses filières. Cette espèce est très - commune vers la fin de l'été et en automne, dans les haies, sur les bords des chemins , au pied des arbres ,• elle construit une toile grande , formant une sorte de chausse ou de trémie (1) On placera, dans cette division, l'araignée îiccentuée de Walckenaer. Son abdomen est ovale, d'un jaune pâle, avec deux accens circonjQexcs sur le dos. DES ARAIGNEES. 227 évasée; c'est dans son extrémité qu'elle se retire. Walckenaer a observé que sa quatrième paire de pattes étoit plus longue que la première dans les femelles. 5. OCTOCULÉES TISSERANDS A PATTES LONGUES. (Section 1 des tapiformes de W. ) 17. A. domestique; aranea domestica» Lin. Fab. liister, Aran. p. ^9, fig. 17. — Clerck , Aran. p. 76, pi. II, fig. g. — De Géer, Mém. insect. tom. VII, pi. XV, fig, II. Son abdomen est ovale , noirâtre , avec deux lignes longitudinales et dorsales de taches brunes , dont les antérieures plus grandes. Cette espèce est la plus commune de nos maisons , celle qui construit aux angles des murs, des corniches, de grandes toiles hori- sontales, au fond desquelles est une retraite où elle se tient, soit pour guetter sa proie, soit pour se dérober au danger. Cette arai- gnée acquiert quelquefois une taille consi- dérable ; elle est principalement l'objet de notre aversion , de celle du sexe sur- tout. J'ai vu le célèbre astronome Lalande avaler de suite quatre gros individus de cette espèce. P 2 228 HISTOIRE 18. A. PRIVÉE ; aranea c'wilis. ^\ alck.* Son abdomen est ovale , d'un rouge très-paie, irrégulièrement tacheté de noir. Elle vit dans les maisons, où elle fait une toile semblable à celle de la précédente, mais plus petite. ly. A. agreste; aranea agrestis. "Walck. Son abdomen est ovale, brun, avec une grande tache carrée à sa partie supérieure, et des hiaugies rangés longitudinaleuient jusquà l'anus. ^^^alckenaer a pris le mâle et la femelle de cette espèce dans les vignes; elle y fait une toile très - grande et accompagnée de la retraite cylindrique qui est propre aux toiles des araignées de cette division. 2.0. A. veloutée; aranea murina. Walck. Son abdomen est d'un beau noir, sans taches. Walckenaer a pris cette espèce, deux fois seulement, dans une étable à vache. Les aiaignées de celte division ont les deux paiies extrêmes de pattes presque égales entre elles dans les femelles. IL Araignées filandiêres. Division *(les rétiformes de AValckeuaer. ) -{- Corselet très-petit ; abdomen globuleux , renflé à DES ARAIGNEES. 229 5a partie supérieure ; œufs toujours renfermés dans un tissu de noie très-serré. ^ . Abdomen tubercule. 21. A. aphane; aranea aphana. Walck. Son abdomen est ovale , quadri- tubercule en d(^ssus. Elle est de la grosseur d'une télé d'épingle. Waickf^naer a trouvé celle espèce dans le gazon d'un jardin à Paris. B. Abdomen non tubercule. 22. A. sisiPHE ; aranea sisiphia. Walck. Lister , p. 55 , fîg. i4- — Frisch , Insect. tom. XI , pi. xvni. Son abdomen est ovoïde, très- renflé à sa parfie supérieure, varié de blanc, de rouge et de noir, avec des lignes blanches se croi- sant eu étoile sur l'élévation dorsale. Le mâle est plus petit. Son corselet et ses pâlies sont rouges, et son abdomen est noir. Cette espèce fait dans les bois , sous les saillies des corniches, une toile assez grande, pour peu qu'on y touche , elle se laisse tomber de suite à terre. Son nid, d'après W^alckenaer, est composé de feuilles sèches, et offre souvent des petils éclats de plâtras et d'autres corps j c'est là qu'elle se tient P 3 îiDo HISTOIRE cachée. Elle s'accouple vers la fin de mai et au commencement de juin. Elle fait deux ou trois pontes, et les cocons de ses œufs sont ronds, rougeâtres et d'un tissu serré. L'araignée l'ouvre avec ses mandibules pour faire sortir les petits qui sont éclos ou sur le point de Têtre. 23. A. crypticole; aranea crypticola, "Walckenaer. Son abdomen est globuleux, d'un rouge pâle , avec des lignes noirâtres. — Elle est commune dans les caves. 24. A. TRiANGULiFÈRE ; aranea trianguUfera. AValckenaer. Son . abdomen est globuleux , rougeâtre , avec une suite de triangles jaunes disposés Sur une ligne dans le milieu du dos, et deux bandes en zig-zag , de la même cou- leur, une de chaque côté. — Elle se trouve dans les maisons, et acquiert une grosseur assez remarquable pour une espèce de cette division. 2.S. A. découpée; aranea nervosa. Walck. Lister , Aran. p. 5 1 , fig. i5. — Albin , £.71. Son abdomen est globuleux, a deux bandes d'un brun rougeâtre entourant le dos, et coupées par des traits blancs, parallèles. DES ARAIGNEES. 201 Sa couleur varie j celle du mâle est ver- dâtre. La femelle, suivant Walckenaer, fait uii nid où elle amasse des provisions l^our ses petits qui éclosent en juillet. On la rencoulre plus communément sur les branches de chêne. Son cocon est d'un verd sale,- elle le retient toujours entre ses pattes, sans qu'on puisse le lui faire abandonner; les espèces de cette division témoignent le même attachement pour leur postérité ; il paroît que cette espèce est l'araignée à ner- vures d'Olivier. 26. A PEINTE j aranea picta. Walck. Son abdomen est globuleux , avec une bande longitudinale dorsale d'un rouge vif; se terminant en pointe à l'anus , et bordée d'un jaune vif. Elle vit entre les ronces et les bords bqisés des ruisseaux et des petites rivières. Son cocon, qu'elle fait en septembre, est d'une couleur plombée. 27. A. crénelée; aranea denticulata. "V\^alck. Son abdomen est globuleux , d'un gris noirâtre, avec une bande longitudinale, dentée, d'un gris rougeâtje, et de petites lignes noirâtres, transverses. V 4 232 HISTOIRE 28. A. TEiN"TE ,• aranea tincta. Walck, Son abdomen est globuleux, avec un demi-cercle noir sur le dos , et le bout blanc, tacheté de rouge. 29. A. GENTILLE ; aranea pulchella, Walck. Son abdomen est globuleux, jaune, avec une raie longitudinale rouge et festonnée dans le milieu. Cette espèce n'a pas plus d'une ligue de long. Elle pond en juillet; son cocon est très-rond, et d'un blanc tiès-vif. 3o. A. CAROLINE ; aranea carolina. Walck. Son abdomen est globuleux, jaune, avec un cercle rouge. Cette espèce, très -petite, mais très -dis- tincte et très-jolie, vit dans les bois et porte le nom du fils de "Walckenaer qui la lui découvrit n'ayant encore que trois ans. Ce monument de la tendresse paternelle est bien légitime ! 01. A. jolie; aranea lepida. Walck. Albin , pi. XX , fig. 99, Son abdomen est globuleux , jaune, en- touré d'une bande rouge, découpée en zig- zag sur le dos. DES ARAIGNEES. 253 Sa. A. gracieuse; aranea venusta. "Walck. Son abdomen est globuleux , avec un ovale rouge, carmin, et découpé en zig-zag sur les bords. Walckenaer croit qu'elle n'est qu'une variété de la précédente, à laquelle elle ressemble par la grandeur et la forme. 33. A. BIENFAISANTE,- aianea benigna. "W^alckenaer. Lister, Aran. p. 55, Cg. i5. Son abdomen est ovale, arrondi, un peu déprimé, noir, avec des poils courts, fer- rugineux sur le dos , et une figure en carré , noire, proche le corselet. On voit que cette espèce commence à s'éloigner des précédentes , à raison de la forme de l'abdomen. Le mâle est très- différent de la femelle; son abdomen di- minue en grosseur pour acquérir en lon- gueur; il est noir, sans taches; les pattes sont rougeâtres. Cette espèce est très -commune, et fait dans l'intérieur aes feuilles , à l'extrémité des plantes, des rameaux, entre les grappes de raisins , une toile de plusieurs fils tendus irrégulièrement ; elle s'accouple vers la fia 254 HISTOIRE de mai, et fait ensuite trois pontes diffé- rentes dans le courant de l'été. Le cocon est lenticulaire, d'un blanc très-éclatant et d'un tissu serré. 34 A. obscure; aranea obscura. Walck. Son abdomen est ovale, rond, un peu dépriâiié, noir ,• les pattes sont noires. — Elle se trouve sous les pierres , les champignons. Son cocon est rond et très-blanc. 55. A. notée; aranea notata {aranea sigiiata. "Walckenaer. ) Son abdomen est ovale, rond, un peu déprimé, brun, avec quatre traits jaunes placés sur le haut, le bas et les côtés. Walckenaer n'a pas vu la toile de celte espèce et de la précédente. 56. A. ponctuée; aranea punctata. "Walck. Son abdomen est globuleux , brun, ponc- tué de jaune , entouré par une bande jaune eu zig-zag, avec des lignes noires, trans- verses à la partie postérieure. 57. A. orticole; aranea urtica. W^alck. Son abdomen est ovale-globuleux , avec des taches blanches tout autour, dont deux plus marquées vers le corselet , et trois DES ARAIGNEES. 265 chevrons rouges , obscurs à la partie posté- rieure. 38. A. mouchetée; aranea i3 guttata, Rossi. Fab. Elle est noire, avec l'abdomen rond, marqué de treize petites taches d'un rouge de sang. — Elle se trouve dans les champs, en Toscane et dans d'autres parties de l'Italie ; elle prend des criquets dans sa toile , et passe pour être très-venimeuse. On pourra rapporter à cette division les espèces suivantes de Fabricius. 1°. Araignée cachée; aranea latens. Elle est noire , avec l'abdomen cendré , ayant sur le dos une ligne très -noire, in- terrompue.— On la trouve en Angleterre, faisant sa toile sur la surface supérieure des feuilles. 2°. A. MARQUÉE ; aranea signala» Elle est verdâtre, avec les côtés du corse- let et deux lignes sur l'abdomen , noirs. •— Dans les forêts de Kiell. 3<^. A. A ligne-rouge; aranea mactans. Elle est petite , noirâtre , avec l'abdomen très-noir, marqué d'une ligne dorsale d'un 236 HISTOIRE ronge écarîate. — Elle se trouve eu Amé- rique. 4". A. globuleuse; aranea globosa. Elle est noire 5 avec rabclonien globuleux, rouge sur les côlés, et ayant au milieu du dos une bande blanche inf eirompue. — Elle se trouve dans les bois de Kiell. -j — f- abdomen arrondi , ou en ovale a longé ; œufs recouverts seulement de soie lâche ou peu serrée. 39. A. biponctuée; aranea blpunctata. JÀn, Araignée à points cuncaueii. De Géer , Mém. ins. tom. VII, pi. XV, fîg. I . Son abdomen est sphérique, d'un brun noirâtre luisant , bordé en devant de gris , et marqué de deux , de quatre et même de six points enfoncés. L'araignée que Linnœus nomme quadri- punctata, ainsi que Fabricius, est probable- ment la même. Walckenaer a employé le dernier nom spécifique pour désigner l'espèce ci-dessus; maisil valoit mieux, ce me semble, retenir la dénomination plus certaine, celle de biponctuée. -Ces araignées, dit De Géer, se tiennent dans les chambres , et ordinairement dans les fentes des fenêtres qu'elles remplissent de leurs toiles; mais elles 11e filent point dq DES ARAIGNEES. 2S7 toiles régulières. Elles tendent simplement des lils dans les angles des fenêtres et dans les coins des murs , confusément et sans ordre, de manière que les fils se croisent et ne foi ment que des toiles lâches et diffuses. Quand quelque insecte vient d'être pris dans leur toile, elles ne l'attaquent pas d'abord à force ouverte , mais elles tachent première- ment de l'arrêter plus fortement, en iilant de nouveaux iîls autour et aux enviions du captif , pour l'empêcher de se débaI•ra^ser de la toile par ses mouvemens , et elles tirant ces fils de leurs mamelons avec Ittns pattes postérieures ; après s'en être assure de cette manière, elles commencent tout de bon à l'attaquer et à le tuer par des mot suies réitérées. Après quoi elles l'entraiiient dans la fente de la fenêtre où elles font leur demeure. Ses œufs, suivant Walckenaer, sont d'un rouge pâle, légèrement agglutinés ensemble et recouverts seulement d'un peu de soie. 40. A. RAYÉE ; aranea lineata. Walck. Clerck , Aran. pi. m, tab. lo. Son abdomen est alongé, jaune, avec des points noirs très-marqués sur les côtés, et une bande noire , longitudinale , sous le ventre." 238 HISTOIRE L'abdomen varie du jaune au blanc. Le mâle a cette partie du corps et les pattes plus alongées; Tonglet de ses mandibules est très-long et n'est courbé qu'à son extré- mité; on ne voit point aux mandibules de sillon , bordé de dentelures , pour le rece- voir; près de leur naissance est, au côté interne , une petite épine courbe. Cette espèce fait sa toile sur les plantes peu élevées, telles que la mille-feuille ; mais elle s'enferme dans les feuilles des arbres, afin d'y pondre ses œufs. 41. A. COURONNÉE ; aranea redimita. Lin. De Géer. Scliseff. Insect. ratisb. pi. i,xiv, fig. 8. — De Géer, Mém. ins. tom. VII , pi. xiv, fig. 4- Son abdomen est ovale, alongé, jaune, avec des poinis noirs sur les côtés, et le dos entouré d'un cercle rouge ; une raie longi- tudinale noire, sous le ventre; on voit aussi quelquefois une ligue rouge dans le milieu du cercle dorsal; c'est cette variété qu'a figurée Clerck ( Aran. pi. m , tab. 9.) Lister a aussi connu cette espèce, et c'est celle qu'il décrit, pag. 5i,tit. 11. « Cette araignée fait sa demeure dans une feuille d'arbre, qu'elle plie au moyen des DES ARAIGNEES. 239 fils (le soie qui en retiennent les bords rap- prochés, et dont elle tapisse la cixvilé inlc- rieure d'une couche de soie , y laissant à l'un de ses bords une ouverture ; et s'il arrive qu'une mouche passe près de cette ouver- ture, l'araignée en sort proQiptement, se saisit de la mouche, l'enveloppe d'un peu de soie et se met à la sucer. » Le nid d'œufs qu'on trouve auprès d'elle est en forme de coque ronde, faite de soie blanche. Elle a tant d'aflection pour celte coque et les œufs qu'elle renferme , qu'elle ne les abandonne jamais , aimant mieux de se faire tuer sur la place que de quitter la coque, en sorte que, quand on se saisit de son nid d'œufs , elle se laisse en- traîner avec lui , et quand on la chasse hors de la feuille , elle se saisit du sac à œufs avec ses tenailles et s'enfuit avec lui , tant elle paroît avoir de l'attachement pour sa pro- géniture. Elle sait, par instinct, que les petits qui naîtront de ces œufs auront besoin de son ministère pour pouvoir sortir du nid, ce qu'ils ne peuvent faire sans l'aide de la. mère , qui doit faire une ouverture à la coque , en écartant et brisant les fils de soie dont elle est composée, pour donner sortie aux jeunes araignées, à quoi elle ne 240 HISTOIRE manque jamais, quand les œufs commencent à éclore. 11 est aisé de se convaincie que les petits sont incapables de percer la coque de soie , en la gardant séparément et éloignée de la mère, puisqu'alors ils n'en sortent jamais , mais y périssent tous. » Les œufs sont très -petits , d'un jaune pâle et de figure sphérique; j'en ai compté cent huit dans un seul nid, en sorte que cette araignée est très - féconde , et c'est vers la fin d'août qu'ils commencent à éclore , prenant alois une figure alongée , et les petites araignées commençant en même tems à paroitre au travers de leurs cocpies ou de leurs pellicules minces nou- vellement nées, et foutes leurs parlies sont très-velues, mais enflées et coomje engour- dies , et leurs pattes , proportion gardée , sont considérablement plus couites que celles de la mère ; mais tout change après la première mue, comme nous l'avons dit en parlant des araignées en général ». De Géer. 4i2. A. OVALE ; aranea ovata. Waick. Son abdomen est ovale, alongé , jaune, ponctué de noir latéralement , avec un ovale d'un rouge carmin sur le dos , et une ligne noire sous le ventre. AValckenaer DES ARAIGNEES. 241 Walckenaer y rapporte l'araignée à baude rouge de Geoff. toni. JI , pag. 648. Albia et Clerrk l'ont aussi connue ,• Je premier la représente pi. xxiv , fig. 116 , et le second pi. m, tab. 8. Cette araignée n'est probablement qu'une variété de la précédente. 43. A. verte; aranea piridissima. "Walck. Elle a le corselet et les pattes rouges ; son abdomen est ovale, alongé, verd, avec des bandes transversales plus obscujes. ^^\^alckenaer pense qu'on doit la placer avec les celluliformes. — Elle se trouve sur les feuilles. Division ** ( Filiformes de Walckenaer ).' 44- A. PHALANGISTE,' ttranea phalangioïdes. Fourcroi. IJaraignée domestique à longues pattes. GeofF. Hist. des insect. — Aranea Plucliii. Scop. Son corselet et ses pattes sont d'un brun jaunâtre pâle ou livide ; les pattes sont très- longues, très - fines et tombent faci- lement ', son abdomen est long et très- mou. Cette araignée fait des toiles lâches et irrégulières dans les endroits inhabités des 1ns, Tome VII. Q ^42 HISTOIRE maisons, aux angles des murs, aux pla- fonds. Si on la touche légèrement , on la voit se balancer à la façon de quelques tipules. Elle agglutine ses œufs pour en for- mer une masse ronde, qu'elle porte entre ses mandibules. Division *** ( Les napiformes de W^alck. ) 45. A. triangulaire; aranea triangularis. Clerck. Walck. 'Araignée renversée sauvage. De Géer , Mém. ins. lom. VII, pi. XIV, fig. i3. — Clerck, Ai-an. pi. m, tab. 2. Cette espèce se trouve en quantité pen- dant tout l'été , plus particulièrement en septembre , sur les buissons , les pins , les sapins , entre les genêts , où elle fait une toile horisonlale, soutenue par des fils ver- ticaux et obliques , arrangés confusément ; elle n'est pas fort grande , son ventre n'étant guère que de la grosseur d'un petit pois. Son corselet est d'un brun un peu rous- sâtre , avec une ligne noire longitudinale au milieu du dos, bifide en devant, et une autre également noire, de chaque côté; les yeux sont placés sur cinq taches noires, li'abdomen est sphérique, ovale, tout brun DES ARAIGNEES. 245 ou presque noir en dessous, orné en dessus de taches et de bandes brunes et blanches ; le niiHeu du dos offre une large bande brune découpée et marqtjée de petites taches blanches ; les côlésde l'abdomen sont bJancs, avec des taches irré^ulières biunes. Les pattes et les palpes sont d'un gjis un peu verdàtre , sans taches, avec des points noirs. Les deux pattes antérieures sont les plus longues , les secondes , les dernières et celles de la troisième paire ensuite. Le mâle ressemble si peu à la femelle; qu'on ne le croiroit pas de la même espèce si on ne le trouvoit avec elle. Son corselet est à peu près coloré de même^ mais l'ab- domen, qui est d'abord beaucoup plus petit, est ovale , alongé , d'un brun obscur , n'ayant de chaque côté qu'une double raie découpé© d'un blanc sale. Les pattes sont piopor- tionnellement plus longues que celles de la femelle, et plus brunes. Les palpes sont terminés par un gros bouton brun ,• les deux mandibules sont fort longues , et leurs on- glets sont presque aussi longs. Lorsqu'on presse le bouton des palpes avec quelque instrument , on le voit se séparer en deux espèces de coquilles , d'où sortent plusieurs pièces. 02 244 HISTOIRE «Un mâle et une femelle de cette espèce 5 dit De Géer, que j'avois enfermés ensemble dans un poudrier, me firent voir leur ac- couplement. La femelle s'y étoit filé une petite toile horisontale, telle tjue celle qu'elle fait sur les arbres, et s y tenoit cramponnée en dessous, ayant le ventre en haut , comme à l'ordinaire. Le mâle s'approchoit ensuite tout doucement par devant et sans marquer de frayeur , en marchant également dans une position renversée sur le dessous de la toile. 11 se plaçoit d'abord , mais toujours renversé , sur la femelle , de façon que le dessus de son corselet venoit s'appuyer sur le dessous de celui de la femelle , qui restoit constamment dans une parfaite tranquillité, sans remuer ni bras , ni jambes ; ils se trouvoient alois comme réciproquement entrelacés de leurs pattes. Ce fut alors que le mâle commença à travailler avec ses deux bras et les boutons qui les terminent; je vis distinctement qu'il appliquoit un de ces boutons sur la partie du sexe de sa femelle, et que le bouton s'ouvrit comme par ressort, laissant paj oilre plusieurs parlies très-composées , dont quelques-unes étoient comme enflées, mais (jue leur petitesse m'em- çêcha de bien démêler. Tout ce que je pus DES ARAIGNEES. 245 voir, et même assez distinctement, c'est qu'une de ces parties, qui me sembloit être placée tout proche de celle qui a la figure d'un court tuyau goudronné , et dont j'ai parlé plus haut, fut inlroduite dans l'ou- verture de la partie sexuelle de la femelle, et qu'alors le mâle se tenoit fort coi pendant une minute ou deux , ensuite de quoi il retiroit cette même partie, et dans l'instant toutes les pièces rentrèrent dans le bouton; mais bientôt après il recommença le même jeu , tantôt avec l'un des boutons et tantôt avec l'autre, et cela à tant de reprises, qu'enfin je me lassois d'y regarder. Il est certain que dans cette action une certaine partie du bouton fut introduite dans l'ou- verture de la femelle , car en voulant la retirer, j'observai qu'il fut obligé de faire nn petit effort. La partie rentrante se trouve placée près de la base du bouton , à sa jonction avec la tige du bras ; car ce fut par cet endroit que le bouton se trouvoit joint à la partie de la femelle , comme je l'ai vu clairement. Pendant que la jonction duroit, il donna un petit mouvement de vibration à son ventre , et à chaque fois qu'il retiroit le bouton , il ne manquoit jamais de le porter entre les griffes de ses 0 3 246 HISTOIRE tenailles et de le presser doucement à quel- ques reprises; après quoi il recommençoit encore à s'accoupler sur de nouveaux fiais. Il éfoit surprenant de voir pendant tout ce jeu la tranquillité de la femelle , qui laissoit tout faire à son mâle sans se donner le moindre mouvement , ni sans marquer la moindre impatience, quoiqu'il la heurtoit souvent assez rudement avec ses bras; elle paroît donc bien pacifique , et quand le mâle se trouvoit las, il s'éloignoit tranquillement de sa femelle , sans que celle-ci fît le moindre mouvement pour le poursuivre , restant toujours dans un parfait repos. » Tout près de cette femelle il s'en trouva «ne autre dans le même poudrier, à laquelle îe mâle fit aussi visite pour s'accoupler avec elle , ce qu'il exécuta de même et à plusieurs reprises. Il passa ensuite encore à la première femelle et recommença à la caresser de nouveau ; il se rendit ainsi de l'une à l'autre plusieurs fois de suite , dans le tems de trois heures que je l'observai sans interruption ; il paroît donc qu'un seul mâle est capable de féconder plus d'une femelle, et il est incroyable combien il est ardent à réitérer l'action amoureuse. Les mâles de cette espèce sont bien heureux d'oser caresser leurs DES ARAIGNEES. 247 femelles débonnaires sans risque de perdre la vie, au lieu que ceux de plusieurs autres espèces sont alors dans de continuelles alarmes d'être dévorés par leurs femelles, quoique pour lors ils ne leur fassent visite que dans un dessein très-pacifique et très- aniiable. » On trouve ces mâles placés auprès des femelles et dans la même toile , quoique toujours à l'écart , vers un des coins , au mois de septembre. Cette araignée donne à sa toile une grande étendue , selon que les branches où elle l'élablit sont plus ou moins écartées. Elle Ja consolide et l'amplifie en jetant de tous côtés un grand nombre de fils allant et se croisant en divers sens , ce qui fait que le plan supérieur de cette toile , ces fils étant arrêtés, au lieu de paroître concave, devient convexe. L'animal se suspend sous le dessous de cette toile , portant le ventre en haut , et se trouvant dans une position renversée, il y sait courir avec beaucoup de vitesse , dans une telle attitude ; mais quand il est à l'affût de sa proie , il en occupe le centre. La mouche qui a le malheur de tomber dans le piège , y est facilement arrêtée par Q 4 yi8 HISTOIRE Jes fils. L'araignée court sus et la perce avec? ses lenailles, au travers de la loile, qu'elle déchire ensuile en cet endroit pour faire passer la mouche; elle ne l'enveloppe point de soie; celte précaution n'est pas néces- saire; la mouche meurt au bout de quelques minules , par l'effet de ses blessures, et l'arai- gnée la suce fort à son aise , restant toujours suspendue contre le dessous de la toile. Lors- qu'on met ensemble dans un vaisseau quel- ques araignées de cette espèce, elles s'entrer tuent sai}s miséricoide. 46. A. montagnarde; aranea moniana', Clerck. "Walk. Araignée renversée domestique. De Géer, Mém. ins. — Clerck , Aran. pi. m , lab. 1. Cette filandière est brune. Son abdomen est ovale, avec des mouchelnres d'un blanc jaunâtre aux côtés, et les pattes tachetées de noir. Elle file une toile liorisontale , suspendue et entourée par un grand nombie de fils perpendiculaires et obliques, arrangés sans ordre, dans les coins des murailles et des fenêtres ; elle s'y tient dans une position ren- versée et y court avec vitesse. Le mâle diiïêre beaucoup de la femelle. DES ARAIGNEES. 249 Division * '* *. 47- A. thoracique; aranea thoracica. Cette espèce est petite, jaunâlre, pale,'' finement (achetée de noiiâire; son corselet est très -bombé, d'où je Fai nommée tho~ raciquc. Walckenaer m'a dit qu'il n'a voit pu lui découviir d'onglets aux mandibules. Elle vit dans les maisons , et porte ses œufs sous son ventre. Je ne l'ai point vue ailleurs qu'à Paris, où même elle est rare. m. Araignées tendeuses. Division *. (Les spiraliformes de Wal- ckenaer. ) 48. A. étendue; aranea extensa. Lin. F. Lister, Aran. p. 5o, fîg. 5. — Albin, pi. xxv, fig. 122 et 124. — SclifelF. Icon. ins. ratish. pi. XLix , fin. 7 - 8 , et pi. cxiii , fig. Cj. — Ij' araignée à ventre cylindrique et pactes de devant étendues, Geoff. Hist. des ins. — Araignée pattes étendues. De Géer, Mém. ins. Elle varie beaucoup par les couleurs. Son abdomen est alongé , cylindrique, d'un noir argenté ou d'un brun grisâtre eu dessus , noir et bordé par deux lignes jaunes argen- tées en dessous ; ses pattes sont longues , minces et vertes. Le mâle a sur la partie antérieure des mandibules une épine poin- tue, dont la femelle est dépourvue. Cette espèce est remarquable par l'attitude? 25o HISTOIRE qu'elle prend lorsqu'elle est en repos. Ses deux paires de pattes antérieures sont éten- dues alors en avant, sur une ligne droite et très-proche les unes des autres; les deux pattes postérieures ont une direction pa- reille, mais du côté opposé; les seules pattes de la troisième paire sont perpendiculaires au corps. Elle construit, dit "Walckenaer, sur le bord des eaux, dans les bois, les lieux hu- mides , une toile grande , verticale. Suivant Lister, elle enveloppe ses oeufs dans un cocon de soie d'un verd bleuâtre, qu'elle recouvre d'une soie plus lâche et d'une couleur plus sombre ; elle l'attache ensuite aux joncs et aux autres plantes aquatiques. Division **. (Les orbiformes de ^Walckenaer.) Subdivision -{-• — abdomen ayant en dessus , à sa partie anté" rieur e , deux tubercules charnus , très-prononcés. 4g. A. ANGULAIRE ,* aranea angulata. Lin. Fab. Walck. De Géer , Mém. insect. tom. VII, pi. xii , fîg. 2. Son abdomen est ovale , alongé , brun dans la femelle, noir dans le mâle, avec deux tubercules élevés, coniques à sa partie antérieure, et deux bandes anguleuses qui DES ARAIGNEES. 25i partent cle ces tubercules et vont se réunir près de l'anus. Walckenaer en cite plusieurs variétés. L'abdomen de la première est d'un bistre clair, sans taches. Celui de Ja seconde est d'un bislre foncé , noirâlie et sans taches. Clerrk. représente cette variété (Aran.pl. i, tab. 1, fig. 'i.). Celui de la troisième est de la même couleur, mais il a une tache d'un jaune vif à sa partie supéiieure. Clerck figure celte variété (pi. i, tab. i, n° i.). Ces variétés ne sont que des différences d'âge, ou sont dues à des accidens. Celte araignée fait, dans les bois, une toile grande et verticale , acquiert une taille pres- que égale à celle de la diadème, et ne se construit pas de nid. Son oviducte fait une saillie remarquable avant la ponte ,* son cocon consiste en une cinquantaine d'oeufs jau- nâtres , agglutinés ensemble et recouverts de soie. L'araignée le cache sous les feuilles. 5o. A. bicorne; aranea ^/cor/z «5. "VValck. Le fond de l'abdomen de celle-ci est verd, et les deux bandes que nous avons vues dans la précédente sont noires, foncées; elles partent également de deux tubercules et se rendent à l'anus. 252 HISTOIRE Ij'abdomen est quelquefois jaunâtre. Elle est petite. "Walckenaer l'a trouvée en novembre sur la mousse d'un arbre. N'est-ce pas une jeune variété de la précédente? 5j. a. bossue; aranea gibbosa. "WalckJ Son abdomen est ovale, alongé, et a deux tubercules élevés et coniques à sa partie antérieure; ses côtés sont verds; son milieu est rouge et divisé par une large bande d'un noir vif, et longitudinale. Walckenaer a trouvé cette espèce, aa printems, dans un potager. 52. A. croisée; aranea cruciata. "W^alck. Son abdomen est ovale , alongé , avec deux tubercules bruns et antérieurs, et une croix d'un jaune rougeàtre , formée par quatre triangles opposés à leur base, et occupant presque tout le dessus du dos. Elle est petite. 55. A. bituberculée; aranea bitiiberculata, "Walckenaer. Son abdomen est ovale , large , fauve , avec deux tubercules pointus, mais peu élevés; sa partie antérieure, dit Walckenaer, est séparée de la postérieure par une raie élevée, anguleuse, transverse entre les tubercules, DES ARAIGNEES. 255 plus foncée , déprimée, avec des lâches jaunes proche le corselet. Elle fait sa toile dans l'herbe (i). 54. A. dromadaire; aranea dromadaria. Walckenaer. La différence essentielle qu'il y a entre cette espèce et la précédente, c'est que dans celle-ci ou la bi-tuberculée, la partie posté- rieure de l'abdomen est sans tache et d'un fauve jaunâtre; tandis qu'elle est, dans la dromadaire, d'un fauve rougeâtre avec deux (1) Près de cette espèce doit être placée l'araiî^tiée tuberculée de De Géer, qu'il caractérise ain.si : ventre d'un brun obscur , mèié de noir et de blanc , et à deux tubercules ou mamelons sur le dos. (Mém. ins t. VII, p. 226, pi. xni , fig. I et 2.). Ce naturaliste trouva, pendant l'iiyver , de petits nids de soie, remplis d'œufs , suspendus à la cliarpente d'un grenier à four et dan'5 d'autres lieux semblables. Ces cdcons sont formés d'une soie d'un blanc sale et fixés aux corps sur lesquels on les trouve par un fil lun^, délié et composé lui-même de plusieurs autres réunis ; au point d'attache, ces fils s'épanouissent et composent un cône. Le nid est couvert d'une bourse de soie lâcbe ; il a la forme d'un oeuf de poule; ses parois sont très- minces et laissent vuir les œufs qu'ils enveloppent. Ces œufs sont au nombre de neuf à douze, Irès-pelils, spUériç[ueS; et de couleur d'agathe ou ^ris-bruu luisant. 254 HISTOIRE lignes festonnées Jatérales et d'autres lignes transversales, d'un jaune clair. liem. L'araignée oculée , oculata , de Walckenaer , est de cette division. Son abdomen est irrégulicr, avec cinq tubercules dorsaux , deux en devant, trois posté- rieurs. — — Abdomen n'ayant pas , en devant et à sa partie postérieure , de tubercule s prononcés. bS. A. mellittagre; aranea mellittagria: Walckenaer. Clerck, Aran. pi. i , tab. 6. Son ventre est ovale, alongé, avec trois légères bosses peu apparentes à sa partie antérieure, jaune, réticulé de brun, avec une bande très-large, jaune, festonnée sur, le dos. — Elle se trouve dans les bois. 56. A. MYAGRIE ; arane.a myagria. "Walck. Clerck , Aran. pi. i , tab. 5. Son abdomen est ovale, alongé, avec deux émiuences latérales peu ou point maïquées; fauve, avec une ligne jaune, longitudinale, au milieu du dos , bornée par des taches Au commencement de mai, les petites araignées sor- tirent de ces œufs et percèrent leur coque ; elles res- tèrent quelques jours fort tranquilles et sans presque se mouvoir-, mais ensuite elles se mirent à marcher avec beaucoup de vivacité, et filèrent sans ordre plun sieurs fils de soie , sur lesc^ucls elles se promenoient. ly. LXJV. 1. ARAIGNEE DIADEME, i7i ./<:r.rii.i.-2.Zii mt'nn' t'y/ .l'/i //<• .u\i /n/\ie.i tre.i-tp'o.f.'/ ; 4i,ii,h, .'Vv l'ioc/wh'.- 4. Ahr/ii/t/'u/i'.' Et (/i'i'it/it //// (•(>/■/>,! t/c ce/ft' Ar,ri,t\n.i,4r, />. M,in,/(>/.'itvi tr'c-i-,i\v,'i'ti,\ ,1 , h/u'/i-j ,■ f'J'. f'Cfi/ion lû'.i i'Vifinii'.i J\;iUi'/,i //<• /a fmw/h' . J^,' .irîv ./TT , ^ .r.7!.J!,t,i/u-.'' l.AKATGNET, DIADEME, <7i J,:,\n,.i.-2.la tiu'//u- ,vi J.v.ow;,' . Et ,f,'i',i/i,' i/i/ (-l'/y,! ,/c ic/fe Anii,f/nu' /7i;i-i//i',>,nJ^ii,/>. Miiru/i/'ri/f.i ; <\ <\ i\i/r{.-,r.-,i. ii','/t ir/',/i>//i('/; /n'j-(f/v,ivi^ nt <■// i/iv.<' . i\TC ifel 1 . G AT.EODE Ara/u'irnie , '2 . IM YMVIHW Oro.r.a/'i'Je . ?).riU' iff .l'i'J ilhl/l.r.<7c- . 4 . Un (le ,iej fuilrci ^ ///v.'./v , 3.(;AT.E()l)EJ/v//-'.'rV./<'. 3 l'/it- ifi' .<\\< j:t,tiii/i/'i(/i\',i!r(>,'\>7t' . 4-1'/! t/c ^//•<',''.'Y . D E s G A L E O D E s. Zo% SEPTIÈME GENRE. Gal É o D E ; galeodes, V/LiviER a décrit ce genre, en 1791 , dans rEnnyclopédie métliodique,- par une scjite des prévenlions que les savans étrangers ont eues long-tenis contre cet ouvrage, on a publié, six ans après, ce genre comme iné- dit, sous le nom de solpuga. Fabricius, eu adoptant cette deinière dénomination , a montré une partialité d'autant plus con- damnable , que les travaux d'Olivier lui étoient plus connus. La justice nous com- mande de rejeter les solpuges et de conserver les galéodes. Nous avons assigné aux insectes de ce genre les caractères suivans : mandibules très- grandes, avancées, ajant deux fortes tenailles; lèvre inférieure (1) avancée, su- bulée; palpes longs, et réunis avec les pre- mières p'altes à leur base. Mais ces premières patl;e^ ne sont -elles (i) Celte lèvre inférieure consiste en une petit© languette , avec deux soies ou deux filets au bout. Va 5o8 PI I S T O 1 R E pas aussi des palpes? Voilà une question que l'on pourioit d'autant mieux me faire, que ces prétendues pieniières pattes ne diiîèrent absolument point, si ce n'est qu'elles sont plus petites, des vrais palpes, et qu'elles paroissent destinées aux mêmes fondions. Mais si nous avons recours à l'analogie, si nous jetons les yeux sur des organes sem- blables qui se voient dans les phrynes, les thélyphones, nous ne pourrons refuser le nom de pattes à ces parties. Dans les phrynes , les thélyphones , ces organes sont également tentaculaires; mais leur situation, la forme respective de leurs articles indiquent tou- jours le t3'pe primitif de pattes. Pallas a, le premier, décrit avec beau- coup de détail l'espèce la plus commune: le galéode aranéoïde. C'est dans ses Spici- lèges de zoologie , fascicule 9 , et dans la Monographie des solpuges d'Herbst, que se trouve le développement des caractères de ces insectes. Le voyage en Grèce de Sonnini peut encore oJBfrir des connoissances sur cet objet, et sur-tout de bonnes ligures dessinées par Maréchal, peintre du muséum d'histoire naturelle de Paris. Olivier, qui a rapporté plusieurs espèces du Levant, nous donnera sans doute un jour des observations qui DES G A L E O D E S. 309 compléteront l'histoire de ces singuliers animaux. Les galéodes ont le corps oblong, recou- vert en général d'une peau d'une foible con- sistance, ou légèrement écailleuse, brune ou jaunâtie, souvent hérissée de poils longs, et dont quelques-uns de ceux des mandi- bules paroissent très -distinctement tubu- laires ; la partie antérieure présente deux mandibules énormes, d'une forme à peu près conique, contiguës tout le long de leur coté interne, et terminées en pointe; chaque man- dibule est armée, à son extrémité, de deux serres écailleuses, verticales, croisées l'une sur l'autre, doutées intérieurement, et finis- sant en pointe crochue. Dans quelques es- pèces , plutôt peut-être des individus de difïërens sexes, on remarque une petite ap- pendice écailleuse, brune , presque filiforme , dessus chaque mandibule, et contre la par- tie postérieure de laquelle elle est rejetée. Celle appendice part de la base de l'enlre- deux des tenailles ,• on ignore son usage. Les palpes sont très-grands dans ce genre ; ils surpassent les pattes en grosseur, et sont plus longs que les deux ou trois paires an- térieures; ils sont avancés, filifoimes, de cin'j articles, dont le dernier est très-courL, et V 3 5io HISTOIRE forme nn petit bouton. On a dit qu'il étoil: pouivu d un pelil ongle dans l'un des sexes. Je crois que c'est plutôt une induction d'a- nalogie qu'un fait bien constalé. Les mâ- choires de ces insectes sont fumées, ainsi que dans plusieurs aiacbnides, par la di- latation de Ja base des palpes. Nous avons examiné les parties de la bouche avec assez d'attention , et nous n avons rien aperçu qui nous inliquât un conduit servant de passage à un venin. Le corselet est d'une forme presque trian- gulaire; la partie la plus large est en devant; au milieu du bord antérieur est une petite élévation qui a de chaque côté un œil lisse et placé obliquement; l'abdomen est ovale ou oblong, couvert d'une peau molle, et qui n'a probablement pas d'anneaux réels, mais de simples plis. Les patles sont presque filiformes , assez alongées , mais pas autant que celles des faucheurs ; celles de la dernière paire sont les plus grandes; celles de la troisième en- suite, et successivement; les deux premières doivent sur-tout fixer nos regards; elles ne diffèrent des palpes , comme nous l'avons dit, qu'en ce qu'elles sont plus petites; elles wsont également muliques et articulées de DES G A L E O D E S. 3iï même; leur première articulation, celle de leur base , est étroitement unie aux mâ- choires , qui ne sont elles - mêmes que le premier article des palpes dilaté ; l'inter- valle qui sépare les mâchoires se prolonge, du moins en partie, entrô^Jes deux bases des deux premières pattes, tandis que les autres organes du mouvement sont réunis à leur naissance ; le tarse qui termine ces autres pattes est composé de quatre pièces, dont la premièie fort longue, et la dernière armée de deux longs croche! s, remarquables en ce qu'ils sont composés chacun d'une tige moins dure , velue ; et d'une peliîe dent écailleuse , crochue , implantée au bout. Sous le dessous des .hanches des pattes postérieures, est une suite de petites appen- dices d'une subslance très- mince et demi- transparente , qui représentent en quelque sorte un petit demi - entonnoir pédicule; ces appendices nous offrent une preuve de l'analogie qu'ont ces insectes avec les scor- pions. Les galéodes sont propres aux pays chauds de l'ancien continent, tandis que les phrynes habitent spécialement les contrées équato- riales du nouveau. Les habilans de la Russie méridionale , ceux du Levant , redoutent 3i2 HISTOIRE singulièrement les galéodes , et croient que leur morsure est mortelle , ou du moins très-dangereuse. Ces animaux courent très- vîte. On n'a point d'ailleurs d'instructions sur leur manière de vivre ; ellos n'auront peut - être pas échappé à un de ces zélés zoologistes , qui a étudie au péril de sa vie , et avec des fatigues incroyables, les insectes de l'Egypte et des pays adjacens , M. Sa- vigni. Quelques passages de Pline nous font soup- çonner que les galéodes étoient connues de son tems (i) ; mais l'espèce qu'on avoit pu observer devoil être l'aranéoïde qui se trouve dans le Levant, et non une espèce du Ben- gale, ainsi qu'on le voit dans Herbst. Les distinctions spécifiques qu'on a don- nées sont presque toutes fondées sur la direction des pinces des niandibules, et sur la forme de l'abdomen; mais a-t-on pu bien en juger d'après des individus dont le corps mou a dû naturellement se déformer , ou d'après des figuies inexactes? Fabricius fait l'énuméralion de trois espèces (i) On en trouve une espèce assez giande en Espa- gne ; il est probable cj[ue l'Italie méridionale l'offie également. DES GALEODES. 3i3 de galéodes, sous le nom de so/puge; il appelle la première fatale ( fatalis ); ses \j)inces sont horisontales;sou abdon;en tsi dépiinié, (rè;:- velu. — Elle se trouve au Bengale. L'insecte qu'Herbst figure sous ce nom , tab. 1 , lig. 1 , ne me paroît pas dilléror essentiellement de l'espèce suivante. La se- conde solpuge de Fabricius est la plus con- nue, celle que Pallas a décrite; les pinces, suivant l'illustre entomologiste de Kiell , sont verticales, et l'abdomen est cylindracé et presque nu. Herbst l'a représentée, t. i, fig. 2," Seba aussi, t. IV, pi. xcix, fig. i4. Cette espèce est pour nous le galeode ara- néoïde, galéodes araneoïdes. La troisième espèce de solpuge de Fabri- cius est la chélicorne, chelicornis. Ses pinces sont verticales , se ti gères ; son abdomen est lancéolé et très-velu. Olivier i'avoit nommée galeode sétijère. \ 5i4 HISTOIRE HUITIÈME GENRE. Faucheur ; phalangium. JLiES faucheurs sont très-remarquables par îa longueur de leurs organes du niouve- menL Les premiers naturalistes qui ont écrit sur ces insectes les ont nommés araignées à longues pattes , ou araignées Binocles; mais les faucheurs diffèrent des araignées , soit par les parties de la bouche , soit encore par la forme du corps. On les rencontre par-tout. Ils se prennent dans les campagnes, sur les plantes ; on les trouv^e aussi dans les înaisons, sur les murailles enduites de plâtre, où ils aiment à s'accrocher . Leur corps est ovoïde ou arrondi, souvent déprimé , rebordé, renfermé sous une peau foiblement coriace; sa partie antérieure offre les organes de la manducation , qui consis- tent : 1*^ en deux mandibules avancées et appliquées parallèlement l'une contre l'autre, coudées, formées de deux articles, dont le dernier est terminé par deux doigts ou deux serres , dont l'extérieur est mobile ; 2.° en deux palpes distincts, filiformes, lon^s, de DES FAUCHEURS. 3i5 cinq articles; 5° en une pelile pièce triangu- laire et un peu cuspidée à la pointe, située au dessus des mâchoires , au milieu de l'in- tervalle qui les sépare ; 4° en deux mâchoires courtes, arrondies , menibraueuses et dila- tables, transverses ; ô"^ en quatie periies pièces semblables à des mâchoires, disposées sur deux rangs , dont les deux premiéies resseml)lent beaucoup ajix mâchoires pro- prement di!es, et dont les deux dernières ont chacune la forme d'une languette, et sont coniques, couchées obliquement en de sous des précédentes. Sous ces dernières appen- dices est une petite pièce plate, cairée, arrondie et échancrée au boid supérieur, a3^ant un support; en dessous est la pièce répondant à la lèvre inférieure. Leur cor- selet, dont le contour est anguleux, et qui a environ un tiers et demi de la longueur du corps, n'est séparé de l'abdomen que par une ligne transversale; il est pourvu de deux stigmates situés, im de chaque côfé, au des- sous de la uaissance des deux pattes anté- rieures, et porte un tubercule sur lequel sont deux yeux. Leur abdomen est recou- vert d'une peau d'une seule pièce , formant plusieurs plis qui en marquent les anneaux; de même que le corselet , il a un stigmates 5i6 HISTOIRE de chaque côté , près l'origine des pattes postéiieures : ces stigmates sont cachés par les hanches. Les pattes, au nombre de huit, sont très- longues et très-déliées , cylindriques , com- posées de la hanche , de la cuisse , de la jambe formée de deux articles, et, du tarse; la longueur de ce tarse égale au moins celle de la jambe et de la cuisse prises ensemble', et il est composé d'un grand nombre d'articles, dont le premier est très-long, et le dernier muni d'un petit crochet qui paroit simple et arqué. Tous les naturalistes qui ont écrit sur les faucheurs , à l'exception de Lister , n'ont point connu les organes sexuels de ces insec- tes ; tous ont regardé , comme une espèce distincte , le faucheur cornu (i) , que des observations répétées m'ont fait connoître jiour le mâle du faucheur des murailles. (Pliai, opilio. Lin.) Les parties sexuelles dans ces insectes ont une forme singulière, sur- tout celles des mâles , et dans les deux sexes leur position (j) GeoCFroi cependant paroît avoir bien connu les deux sexes. 11 figure le mâle , tom. II , pi. xx , fig. 6, B, o; et la femelle ,/). DES FAUCHEURS. 317 est bizarre. La partie du mâle est une espèce de dard alongé, composé de deux pièces, dont Ja première , qui forme la base, est courte, grosse , d'une consistance molle; elle sert d'étui à la seconde, qui est un peu plus longue, plus étroite, presque écailleuse , terminée dans le faucheur cornu par une pièce triangulaire, membraneuse, crochue au côté interne , avec une petite pointe sétacée, noire et arquée, qui part de l'angle supérieur de cette pièce; hors de l'action, cette partie est cachée dans une gaine située immédiatement au dessous de la bouche. La partie sexuelle de la femelle est placée comme celle du màie-, on y découvie un tuyau membraneux , comprimé , très-flexi- ble , qui sert d'oviducte. En pressant une petite éminence appelée lèvre, qui se trouve entre les deux dernières pattes , à la base de l'abdomen , on fait sortir ces parties dans les deux sexes. Les faucheurs ne filent point, comme quelques auteurs l'ont prétendu ; plusieurs espèces ont une odeur tiès-forte de feuilles de noyer, et tous sont carnassiers. Ils se nourrissent de petits insectes qu'ils saisissent avec leurs mandibules; ils les percent avec les crochets dont elles sont armées, et les 5i8 HISTOIRE sucent. Ils se livrent aussi entre enx Jes combats à mort, et s'enlre-dévorent, à ce que l'on assure. Les longues pattes dont la Nature les a pourvus , leur servent, non seulement à marcher avec beaucoup de facilité , mais encoie à échapper à la poursuite de leurs ennemis et à les avertir de leur présence. Dans le repos, posé sur une muraille ou sur le tronc d'un arbre , le faucheur étend cir- culairemeut ses pattes autour de son corps. Comme elles occupent un espace assez con- sidérable, si un animal touche à une de ses parties, le faucheur se met aussitôt sur ses pattes, qui forment autant d'arcades, sous lesquelles l'animal passe, s'il est petit; cette ruse ne lui réussit-elle pas, il saule à terre et s'éloigne promptement. Souvent aussi il s'échappe des mains de l'observateur, mais en laissant ordinairement entre les doigts qui l'ont saisi une ou plusieurs de ses pattes, qui conservent encoie du mouvement pen- dant des heuies enlières, en se pliant et se dépliant alternativement. Ce phénomène a lieu, parce que chaque patte est un tuyau creux, qui contient, dans toute la longueur de sa cavité , une espèce de hlet tendineux très-délié , sur lequel l'air agit , quand la DES FAUCHEURS. Sig patte est détachée du tronc. Le célèbie na- turaliste Geoflloi , qui a trouvé un faucheur ayant une des pattes de ia troisième paire beaucoup plus courte que les autres, pré- sume que celle palte avoit lemplacé celle que l'insecte avoit perchie , ainsi que cela arrive aux crabes et aux ecie visses qui per- dent les leurs. Mais celte conjecluie ne me paroît pas assez fondée, atlenda que les fau- cheurs ont une vie tiès courte. On ne trouve ordinairement au printems que de petits f au clieiu^s qui proviennent des œufs déposés l'autojune |)récédent. Ce n'est guère que vers la fin de l'été qu ils ont pris tout leur accroissement, et c'est alors qu'ils s'accouplent. L'accouplement n'a pas lieu cjuelqueiois , sur-tout dans l'espèce la plus commune aux environs de Paiis, le faucheur des murailles , sans un combat entre les mâles , et sans un peu de résistance de la part des feiueljes. Quand celle-ci se jend aux désirs du mâle, ce dejuier se place de Dianière que sa partie anteriein^ee^t contiguë à celle de la femelle , face contie fire; il saisit les mandibules avec ses pinces ; le plan inférieur des deux corps est sur une même li.i»,ne; aiois l'organe du mâle atteint celui de la femelle , et l'accouplement a lieu ; il 320 HISTOIRE dure trois ou quatre secondes; après l'accou- plement , la femelle dépose dans la terre , à une certaine distance de sa surface , des œufs de la grosseur d'un grain de sable , de couleur blanche , entassés les uns auprès des autres. Quoique ces insectes soient très - voisins des araignées, ils ne vivent cependant point, comme elles , pendant plusieurs années ; presque tous périssent à la fin de l'automne. Un de leurs ennemis , et qui se fixe sur leur corps pour les sucer, est une espèce de mite (voyez lepte); cet insecte ne tient quelquefois au faucheur que par son bec ; je reste de son corps semble suspendu en l'air. Un gordius , semblable à celui qu'on trouve souvent dans l'intérieur des saute- relles, et dont on forme aujourd'hui un genre sous le nom àe Jiliaire , trouvé dans l'abdo- men du faucheur cornu , peut faire croire que ces insectes sont sujets à nourrir de ces vers. Celui qui a été observé étoit très-lisse, lui peu transparent , rempli d'une matièie laiteuse; il avoit environ sept pouces quatre lignes de longueur, et deux dixièmes de ligne de largeur. On connoît douze à quatorze espèces de ces insectes, qui se trouvent presque toutes eu DES FAUCHEURS. Sai' 9n Europe. Voyez ma Monographie et celle 17 ■ • • d'Heibst. ESPECES. 1. Faucheur des murailles; phaîangium opilio ( fetn.) phaîangium cornutum ( mâle) Lin. Fab. liistcr , Aran. pag. 94, fig- 55. — Le faucheur. Gcoff. Hisl. des insect. tom. II , pi. xx , fig 6. — De Gécr, Mém. ins. tom. Vil, lab. 10, fig. i , la femelle j ibid. fig. 12, le niâie. — Herbst, Monog. «les opilio. tab. I , fig. I, 2. la femelle j ibid fig. 5 , le mâle. Le mâle ( phaîangium cornutum ) a le dessus du corps d'un giis roussâtre, un peu plus foncé au milieu; les mandibules, les anlennuleset le dessous du coi ps blaucliàtres, les pâlies grisâlres ; les mandibules s'élèvent en pointe. La femelle a tout le dessus du corps d'un brun grisâlre , marqué de iiaits obscurs , et de queL(Ues poinis blancfjâhes ; le dessous est d'un bianc gris, avec quelques uiances obscures vers les côiés de l'abdomen ; les mandibules et les antennules sout grisàfjes, tachetées de brun ; les yeux sont places de chaque côté sur un tubercule lissp. — On le trouve dans presque toute l'Europe, dans i/zs. Tome VIL X 522 HISTOIRE les champs, le plus ordinairement sur les murailles et sur le tronc des arbres. 5. F. A QUATRE DENTS ; pJialangium qua~ dridentatum. Cuv. Fab. Il a le corps arrondi, très-plat, d'un gris cendré, quelquefois jaunâtre en dessous; une pointe conique sur le milieu du bord an- térieur du corselet; un tubercule oculifère, presque lisse ; deux rangs de tubercules sur l'abdomen ; quatre pointes dont les latérales plus petites postérieurement; les hanches et les cuisses épineuses. — On le trouve à Paris, à Bordeaux, à Brîves, sous les pierres. Je Tavois d'abord décrit sous le nom de fau" cheur épineux. 3. F. DES MOUSSES ; phalangium muscorum: Il a le corps ovale, d'un cendré Jaunâtre, tacheté d'obscur en dessus, pâle eu dessous; un tubercule oculifère, dentelé; une bande dorsale, longiludinale, noirâtre; les cuisses anguleuses. — Je l'ai trouvé dans le midi de la France. 4. F. A crÛtb; phalangium cris fatum. Oliv.' 11 est de la grandeur du précédent; son corps est ovale, obscur en dessus, cendré DES FAUCHEURS- 52^ en dessous; la partie antérieure du corselet est épineuse, et on y remarque un avance- ment tranchant, écliancré, recevant un tu- bercule oculilère. Les pattes , d'un gris obscur, offrent quelques pointes tiès-courtes sur les cuisses. — Il se trouve dans les champs aux environs de Paris. 5. F. PORC-ÉPic; phalangium histrix. Son corps est ovale dans les mâles, ar- rondi , déprimé dans les femelles , cendré en dessus et d'un blanc jaunâtre en dessous; Les bords du corselet sont épineux, et les épines sont disposées en layons veis le milieu du bord antérieur qui est avancé, et offre un tubercule oculifère et lisse. Une tache noirâtre, carrée, se remarque sur le dos de la femelle seulement. Les pattes sont pâles avec quelques petits piquans sur les cuisses. — J'ai trouvé cette es[)èce dans les champs, aux environs de Brives. Elle égale les prér cédentes en grandeur. 6. F. BiMACULÉ; phalangium bimaculatunid Fab. Herbst , Monogr. des opil. tab. 5, fig. 5 et 4. Il est presque globuleux, d'un noir mat et d'une grandeur moitié moindre que celle B24 HISTOIRE des précéderjs. Les mandibules sont un peu coiimes, les pulpes luisans, avec Je pcnul-^ tièîiie ailicie courbe; Je tubercule oculilèie est l'^èrement dentelé. On voit une tache bJrtn( lie , oblonuue de chaque côté de la base de l'abdomen , et une petite ligne mar- ginide pins bas. l^es hanches sont crénelées latéralenjtnf ; Jes taises noirâtres, avec le prenjier article fort long, contourné. — On le leucontre sous les pierres aux environs de Paiis et aiJl'urs. 7. F. MANTELÉ; phalangium palliatum. Phatnngiuni niorio ? Fab. Son corps est ovale, un peu déprimé, d'un blanc jaunâlre, notammeni à la base de Fabdomen. Une grande bande en carré long, d'un noir mat , occupe tout Je dos. Les palpes sont courts, pâles,- le tubercule oculifère est granulé; les pattes sont longues, les cuisses et les jambes anguleuses, légèiement armées de piquans; les trois paires antérieures ont une petite pointe sur les hanches. — J'ai trouvé cette espèce vers le milieu du mois d'août, au sommet du Puy-Mari, une des montagnes les plus élevées de la chaîne du Cantal. DES FAUCHEURS. 525 8. F. ANNELÉ; phalangiiun annulatum. Oliv. Phalnngiumbiculorl Fab. Il est aiiondi, d'un noir mat en dessus, pâle en dessous, glabre, lisse. Les palpes sont blancs; les serres noires à leur pointe; le tubercule oculifère lisse; les pattes sont menues, cylindriques,, très-longur's , noires, avec un anneau blanc au bout des cuisses •et des j.tnibes , et les tarses noirâtres à ar- ticles très-nombreux. — Il habite les Alpes et les Pyrénées. Bosc en possède une espèce dans son cabinet. g. F. rond; phalangium rotundum. Lister , Alan, p. p^S , fig. 3^1. — Heibst , Monogr. des opilio. tab. lo ; la femelle. Son corps est rond, presque globuleux, roussâfre en dessus, pâle jaunâtre, et nuancé souvent de rouge en dessous. Le tubercule oculifère est lisse; les pattes sont longues, déliées, cylindriques, glabres, noires ou noi- râtres, avec l'extiémité des cuisses et des articles de la jambe , blanche. — Je l'ai trouvé dans les lieux couverts à Brives, et aussi très -communément dans la foret de Saint-Germain-en-Laye. X 3 326 HISTOIRE lo. F. d'Helwig; phalangium Heîwigii. Herbst , Monogr. des opil. tab. i , fig. 4- Il est 1res - noir , ovale , avec le corselet tubercule, dilaté et lobé latéralement; l'ab- domen uni , et la première ailiculalion des mandibules épineuse. — Il se trouve en Allemagne. 11. F. HisriDE; phalangium hispidum» Heibst 5 Monogr. des opil. tab. 3 , fîg. 2. Il est d'un brun grisâtre obscur, avec trois pointes ou épines à la partie antérieure et supérieure du corps , un grand nombre d'autres épines disposées en lignes transver- sales sur l'abdomen, et les pattes hérissées de poils. ( Voyez le phalangium horridum de Panzer). — Il se trouve en AUenjague. 12. F. UNI - ipiNEUX ; phalangium mono- canta. Herbst . Monogr. des opil. tab. 2 , fig. i. ÏI est d'un jaunâtre roussâtre obscur, et porte sur son dos une forte épine. — Il se trouve aux Indes orientales. Je ne conuois pas les autres espèces de Fabricius et d'Herbst. DES TROGULES. 527 NEUVIÈME GENRE. T R o G u L E ; trogulus, JL AR ce mot on a désigné un coqueliiclion. Les insectes de ce. genre ont en elïet les parties de leur bouche situées dans un en- foncement , que recouvre le prolongement antérieur de l'enveloppe du corps. Ce ca- ractère sépare très - bien les trogules des autres phalangiens. Leur corps est en outre fort aplati , dur ; leurs yeux sont écartés l'un de l'autre et peu sensibles; leurs pattes sont proportionnellement plus courtes que celles des faucheurs, et leurs tarses n'ont pas au delà de six articles. — On trouve ces insectes sous les pierres. La seule espèce connue a été décrite par Scopoli sous le nom à'acarus nepiformis, par Linnœus et Fabricius sous celui de phalan^ gium carinatum. Le corps de cet insecte est ellipsoïde , d'un cendré terreux , chagriné , long d'en- viron quatre lignes; l'avancement antéiieur formant le coqueluclion est triangulaire,- les X4 328 HISTOIRE palpes sont fort petits ; on ne distingue pas d'anneaux à sa partie inférieure; ses tarses sont de quatre articles, dont le premier un peu renflé à son extrémité , avec Tangle extérieur prolongé en forme d'épine. Je nommerai cette espèce trogule népi- forme ( trogulus nepiformis ). Elle est sous la dénomination de faucheur à bec , dans ma Monographie des insectes de ce genre. La trogule népiforme se trouve en Fiance, particulièrement dans la partie méridionale. D E s C I R O N s. 3^9 DIXIÈME GENRE. C I R o N ,• siro. JLja longueur et la saillie des mandibules, l'isolement des yeux éloignent ce genre des autres de la même famille. La seule espèce qui me soit connue se trouve sous les pierres , au bas des arbres, et ressemble, au premier aspect , à la pince de GeofFroi , n" i ; le scorpion cancroïde de Fabricius. Cet insecte n'a guère plus d'une ligne de longueur ; son corps est ovale et rougeâtre. Je le nommerai ciron rougeâtre ( siro ra- bens ). Je ne crois pas qu'il ait été décrit. Je l'ai trouvé deux ou trois fois dans le Limousin. 35o HISTOIRE FAMILLE QUATRIÈME. Pycnogonides; pycnogonides. XJES insectes de cette famille avoient été mis par Linnaeus avec les faucheurs, pha- langium. Brunnicli a formé le genre pjcno- gonunij avec l'espèce que le naturaliste pré- cédent avoit nommée faucheur des /baleines. Fabricius a établi un autre genre à côté de celui - ci, savoir celui de nymplion , et ii a pris pour type le pycnogonuin grossipes d'Othon Fabricius , auteur de l'excellent ouvrage ayant pour titre Faune du Groen- land. Ces deux genres font partie de l'ordre des ryngotes, du système de Fentomologiste de Kiell. Ces insectes manquent dans toutes nos collections; je ne puis donc rien statuer sur la formation de ces coupes , faute d'exa- men. Si les pycnogonons n'ont pas de man- dibules, ils ne doivent plus rester dans cet ordre*; il faudra les placer avec les solé- lîostomes. Les pycnogonides se tiennent sur les bords de la mer, parmi les varecs, les conferveS;, DES PYCNOGONIDES. 53i s'y nourrissent de petits animaux marins , maichent très-lentement et s'accrochent par leurs ongles aux corjjs qu'ils rencontrent. Le nymplion grossipède porte en octobre ses œuts renfermés dans un sac ou ovaire très-mince , et fortement collé aux fausses pattes qui sont siluées au devant. Ces œufs sont beaucoup plus grands et plus distincts eu décembre, et c'est alors qu'ils éclosent» 332 HISTOIRE ONZIÈME GENRE. Pycnogonon; pyonogonum, Jabricius assigne pour caractère à ce genre d'avoir un suçoir tubuleux, conique, sans soie, et deux palpes insérés à sa base. On n'en connoît qu'une espèce ; le pyc- nogonon des baleines , phalangium halœ- narum , Lin. On peut voir sa figure dans Bruunich, Ins. lab. i, fig. 17; dans Baster, Opus. subs. 2, tab. 3; 146, tab. 13, fig. 5. Fabricius cite encore Peunaut, Zool. brit. 4> tab. 18, fig. 7. Le corps des pycnogonons est plus court, plus large que celui des iiymphons , et les f)attes sont aussi moins longues. — Le pycnogonon des baleines se trouve dans rOcéan. DES NYMPHONS. 533 DOUZIÈME GENRE. N Y M P H o N ; nymphon. Ses caractères essentiels sont, suivant Fa- bricius : un suçoii- tubuleux, cylindrique, obtus; quatre palpes insérés à sa base; les supérieurs en pince. Le corps de ces insectes est très-étroit, linéaire, de cinq à six articles, dont chacun, à l'exception du premier, porte une paire de pattes ; ces pattes sont très - longues , d'environ huit articles. Fabricius eu indique deux espèces; i° le nyuiption grossipède , nymphon ^rossipes , qui s'insinue, suivani Lti, entre les valves des coquilles des moules, et épuise 1 animal à force de le sucer. Son corps est glabie; 2° le nymjjhon héiissé , nymphon hirlnm. Son coips est hérissé de poils ou d'aspérités, ce qui distingue celle espèce de la précé- dente. — On trouve ces insectes dans les mers Arctiques. Nous renvoyons à Mulîer et à Othon Fabricius, pour d'autres détails. 354 HISTOIRE m^' I ■■■■ ■ I ■ I II '7||"'ii ' '- ' ' ' ' '"^" — " ■ I ■ Il II ■■■1 SECTION SECONDE. FAMILLE CINQUIÈME. AcARiDiEs; acarldiœ. v^ E T T E famille et les deux qui vont suivre répondent au genre acarus de Linnaeus et de GeofFroi , ou sont formées des insectes appelées mites , cirons , tiques. Leur carac- tère distinctif, parmi les acèies, est d'avoir le corps formé d'une masse qui n'offre aucune distinction de corselet et d'anneaux. Les acaridies ont des mandibules; les hydrac- nelles n'en ont pas, et leur bouche est un simple suçoir ; leurs pattes sont natatoires. Les tiques sont semblables aux hydracnelles quant aux organes de la manducafion; mais elles vivent hors de l'eau. Nous allons pré- senter ici les observations de De Géer sur les première et troisième familles, ces ob- servations étant les plus complettes. Les mites sont des insectes très -petits dont on ne peut distinguer les différentes parties qu'à l'aide d'un microscope. On les rencontre presque par -tout, et leur exa-j DES ACARIDIES. S35 ïïien offre beaucoup d'intérêt sous plusieurs rapports. Leur tête est petite, pointue en devant, et presque toujours de figure conique; elle est garnie d'une courte trompe , de deux yeux placés vers les côtés ^ et de deux bras articulés près de la tête, qui ressemblent à de petites pattes. Elle est attachée immé- diatement au corps et confondue avec le corselet, de sorte que ces deux parties ne font qu'une même masse, ce qui distingue les mites des araignées qui ont toujours un corselet bien marqué; quelques mites ce- pendant ont une espèce de corselet , mais il est toujours moins distinctement séparé du ventre que dans les araignées ; elles ont à la tête une trompe , ou . un aiguillon très-délié, à l'aide duquel elles sucent leur nourriture. Cette trompe ou cet aiguillon varie en figure et en accompagnemens dans les différentes espèces. Dans quelques-unes les 3^eux sont assez distincts ; dans d'autres ils sont presque imperceptibles. La figure des deux petits bras qui tiennent à la tête offre aussi quelques différences : dans diverses espèces ils sont longs, divisés en articles mobiles comme de petites pattes; dans d'autres au contraue , ils sont courts 536 HISTOIRE et n'excèdent guèie la longueur de la tête. IjPs miles se servent de leurs bras pour tâter et fixer les matières dont elles se noiirrisseat. Elies ont huit jDattes. Ces pattes sont ordi- naiieoient longues, divisées en plusieurs articulations et terminées par des crochets. Elles ont leur attache en dessous du corps, le long de chaque côlé où elles sont placées par paires. Plusieurs espèces de miies ont le bout des pieds garni d'une petite vessie aplatie que l'mserte peut entier ou con- tracter plus ou moins, et qu'il lixe eu mar- chant suj' le plan de position. Cette vessie est orflinaiiemeni garnie de petites crochets presque imperceptibles à cause de leur ex- trême ténuité. Semblables sous ce rapport aux araignées, les mites n'ont point d antennes , car les deux petits bras articules, étant près de leur tête, ne sont point des antennes et ont une analogie complette avec les bras des arai- gnées qui manquent aussi d'antennes. On voit cependant, suivant De Geer , sur la tête de quelques espèces de mites, deux longs filets en forme de poils, qui peut-être sont des antennes. Leur corps est ordinairement gros et ova le , plus DES ACARIDIES. ZZj plus ou moins alougé et quelquefois presque arrondi,- daus d'aulres il est aplati; dans d'autres au contraire , il est lisse, et l'on n'y remarque aucuns poils sensibles. Les mites n'ont point de filières en foinie de mame- lons au derrièie, de même que les araignées; et cependant il en est quelques espèces, mais en petit nombre , qui filent. Toutes les mites sont ovipares : les fe- melles pondent des œufs après avoir eu la compagnie du mâle; elles sont d'une fécon- dité extrême. Il est à remarquer que les jeunes mites qui éclosent de ces œufs n'ont à leur naissance que six pattes; ce sont pour lors celles de la troisième paire qui leur manquent et qui poussent lorsqu'elles ont mué ou changé de peau : plusieius mites marchent toujours lentement; d'aulres au contraire courent avec une grande vitesse. On les rencontre dispersées presque par- tout, et quoique fort petites, elles font sou- vent plus de mal que tous les autres insectes, car on a prétendu qu'elles sont la cause de plusieurs des maladies épidéniiques qui affli- gent les hommes ou les animaux. Si la dys- senterie, la petite vérole, et peut-être même celle qui occasionne le plus de ravages, la peste, ne Irur doivent point être attribuées, 1ns, Tome VIL Y S58 HISTOIRE du moins est-il constant que la gale est favo- risée par les mites, puisqu'elles fourmillent dans les plaies et les ulcères causées par ce mal. On en trouve en Amérique une espèce assez grande et extrêmement féconde ; elle habite les bois , et s'iutroduisant dans la peau des hommes et des bêtes, elle y cause des ulcères très - dangereux , qui niême pour- roient occasionner la mort , si ces insectes s'y étoient attachés en quantité. D'autres mites se tiennent sur les bêtes à quatre pieds, comme la tique des chiens, ricinus , et sur les oiseaux, dont elles sucent incessamment la peau à la façon des poux ; plusieurs espèces même se cramponnent sur le corps de différens insectes plus grands, comme des scarabées , abeilles , fourmis , mouches et même des limaçons de jardin ; et elles vivent des sucs qu'elles pompent de la peau de ces animaux à l'aide de leur suçoir. D'autres habitent les feuilles des arbres et des plantes, et aussi le dessous de récorce des vieux troncs d'arbres ; d'autres se trouvent dans la farine , sur le fromage, sur le lard et la viande sèche, comme aussi sur les vieilles confitures sèches , où elles multiplient prodigieusement. De Géer dé- clare avoir remarqué , à l'aide d'une loupe , DES ACARIDIES. 559 des milliers de petites mites blanches qui fourmilioient sur de vieilles bri^uoles con- fites. Il est donc essentiel de ne point faire usage de vieilles confitures sèches sans les avoir attentivement examinées à la loupe, de peur d'avaler ces pelits insectes vjui pourroient occasionner des maux d'estomac ou d'autres incommodités. Enfin on ea trouve encore d'autres dans les tonneaux ou futailles où fon j^arde de la bierre qui commence à s'aigrir; aussi croit-on que ce sontellesqui occasionnent la dyssenterie chez ceux qui boivent d'une telle bierre. Toutes ces sortes de mites sont encore connues sous le nom de cirons , acarus. Plusieurs mites demeurent dans et sur la terre ; d'autres vivent dans les eaux des lacs et des marais. Ces dernières, très- remar- quables en ce qu'elles attachent leurs œufs aux corps et aux pattes de diiféiens autres insectes aquatiques plus grands, comme les ditiques, les punaises d'eau et autres, et que ces œufs grandissent de jour en jour sur ces mêmes insectes , ce qui est une marque certaine qu'ils en tirent leur nourriture jus- qu'au moment où les petits éclosent ; ces dernières , disons-nous , font un objet par- ticulier de nos recherches et de nos obser- Y a 340 HISTOIRE valions, etc. On trouve encore des oeufs a peu j)rès semblables, et qui pour l'ordinaire sont d'un rouge de sang sur le corj s de plusieurs insectes lerreslres , comme des demoiselles, des mouches, des cousins, des tipules, etc.... et d'où sorlent de petites mites qui continuent à sucer ces mêmes insectes. 11 est difficile de trouver des caractères assez généraux et assez l)ien déterminés pour diviser les miles en différentes familles; il seroit néanmoins nécessaire de les distinguer à cause du giand nombre de leurs espèces, lia figure de leurs pattes offre bien quelque d.iference, puisque dans certaines espèces elles sont presque toutes de longueur et de grosseur égales ; au lieu que dans d'autres telles paires de pâlies soni plus longues ou plus grc)s^e.>> que telles autres ; mais les limi.'es de ces *diBérences élant peu distinctes , il est difficile de les employer à divis'^^r ces insectes en taniilles ; et pour ce qui concerne les auties parties, elh-s son! trop petites et hop variées pour pou\oir ofïi ii- des caraclèies geneiaux. Nous suivrons donc leurs diifé- rentes espèces selon qi'/elles se rencontrent, et les classerons en fannlles ou en sections, selon les lieux où elles se rencontrent oidi- DES ACARIDTES. 541 nairement et les différentes matières dont elles font leur noiirritnre. Celles que l'on trouve sur les vivres ou provisions de bouche; celles qui altacjuent les hommes, ou se fixent siu- les aniniruix quadrupèdes ,* celles qui s'atfaclient aux oiseaux; celles qui vivent sur les autres in- sectes; celles qui se plaisent sur les arbres et les plantes ; celles qui sont vagabondes et errent par-lout sans se fixer à quelque objet délerminé, formeront autant de fa- milles ou sections ; celles enfin qui vivent dans les eaux dt s lacs et marais, et que nous nommons à cet effet aquatiques , feront un objet spécial de descriptions et de re- marques (1). 1". Les mites qui se trouvent sur les vivres ou provisions de bouche sont les plus com- munes de toutes; nous les appellerons do- mestiques , parce qu'on les trouve sur les différentes provisions qu'on garde dans les maisons ; elles fourmillent sur le vieux fro- mage ; elles abondent sur la viande sèche ou fumée des garde-mangers , sur les oiseaux et les insectes desséchés des cabinets des (i) Nous donnerons l'extrait des observations de De Géer sur ces mites , en traitant des bydracimes» y 3 343 HISTOIRE ualuralistes , sur le vieux pain , les confi- tures sèches gardées depuis trop long-leiiis, et se multiplient extrêmement sur toutes ces denrées; elles sont si petites qu'à peine elles égalent la grosseuj* d'un grain de sable fin; aussi échappenl-elles par leur ténuité à la vue simple , et a-t-on besoin d'un bon mi- croscope pour les observer. Leeuwenhoeck nous fournit plusieurs observations intéres- sanles sur ces insectes, et particulièrement sur leur génération. Ces mites sont très- agiles et courent avec beaucoup de vitesse. A l'aide d'une loupe , on voit d'abord qu'elles sont toutes velues, ou garnies de beaucoup de poils, mais c'est au microscope que l'on doit examiner leur •véritable figure ,• leur couleur est d'un blanc sale un peu rembruni , et leur peau est très-luisante. On remarque sur le corps de presque toutes ces mites deux taches cir- culaires brunes , produites par des parties internes qui paroissent à travers la trans- parence de leur peau. Leur corps est ovale, gros , un peu rétréci au milieu , ayant là de chaque côté comme un enfoncement ; la peau qui couvre tout le corj)S est lisse , très- tendue , et ne forme aucuns plis ni rides; sa partie antérieure est terminée en cône DES ACARIDIES. 343 ou en espèce de museau assez pointu, qui est la tête de l'animal , laquelle est confondue avec le corps même dont elle fait le pro- longement ,• la mite peut la courber en. dessous et lui donner plusieurs autres in- flexions. Elle a en devant une petite partie pointue, divisée longitudinalement en deux pièces, que la mite peut écarter et rapprocher l'une de l'autre ; ces pièces ont de petites pointes en forme de dentelures : ce sont sans doute les instrumens avec lesquels elle ronge ses alimens.Leur tête est encore garnie aux côtés de deux autres parties alougées et mobiles, terminées en pointes et hérissées de poils ,* ce sont sans doute les bras de l'insecte. Les huit pattes sont assez longues et égales; la mite les tient toujours courbées vers le plan de position ; celles des deux premières paires, qui ont leur direction vers la tête, sont beaucoup plus grosses que celles des deux paires postérieures, qui sont dirigées vers le derrière ; elles sont terminées par une petite partie ovale , transparente et enflée comme une petite vessie à long cou, ayant en devant une espèce de petite fente ou de séparation ; la mite peut donner à cette vessie toutes sortes d'inflexions , et sou- 544 HISTOIRE vent, la mettant dans une position perpendi- culaire à la patte, elle lui fait former un angle droit avec celte patte ; elle peut encore enfler et contracter cette espèce d'empale- ment, qui, quand il est posé sur le ])lan ou la mite marche , s'élargit et se gonfle,- mais lorsque la patte se trouve levée, et qu'elle ne touche point à ce plan , la vessie dispa- roit presque entièrement. Leeuwenhoeck ayant dit positivement que les mites de cette espèce ont à chaque patte deux petits crochets ou oncles courbés, et qu'il avoit vu une de ces mites saisir , avec l'un de ces crochets , un des poils d'une autre mite et la soulever en l'air. De Géer s'est appliqué à chercher ces mêmes cro- chets, et dit aussi les avoir découverts, quoi- qu'avec assez de peine. La mite peut plier en deux la petite vessie dont nous avons parlé , et cela suivant sa longueur ou dans sa direction ; en dessous de chacune de ces moitiés, De Géer a découvert un petit cro- chet, mais qui ne se montre que diflîcile- ment , parce qu'il est caché sous la vessie ; ces crochets, très -difficiles à apercevoir, ont été par lui indubitablement reconnus à l'aide de certain mouvement que la mite donnoit à sa patte j c'est au moyen de ces crochets DES ACARIDIES. 545 que Ja mite se (ixe sur les objets où elle marche. Toutes les femelles de ces mites, qui sont toujours plus grandes que les niâKs , sont garnies au derrière d'une petite paitie cy- lindrique et creuse en dedans , comme un petit tuyau , qui donne peut - être passage aux œufs qu'elles pondent, puisqu'on ne la trouve jamais sur les mâles; l'on distingue aisément ceux-ci des femelles lorsqu'on les voit accouplées , étant alors unis par le derrière ; en dessous de ce petit tuyau on remarque une petite éminence , où peut- être se trouve l'ouverture de l'anus. Ces mites vues au microscope paroissent toutes hérissées de poils longs et nombreux, et ces poils ont en quelque manière la figure de longs piquans courbés, qui ont des deux côtés un grand nombre de barbes en forme de poils très-courts, de sorte qu'ils ressem- blent aux poils des chenilles velues. Par une singularité très-remarquable , ces poils de la mite sont mobiles , et elle peut les mouvoir de côté et d'autre; d'où il suit que chaque poil tient ou communique à un muscle qui lui donne le mouvement; enfin quelques - uns de ces poils , semblables en quelque façon aux piquans du porc -épie, 346 HISTOIRE paroissent être placés sur le corps en ordre régulier; il s'en trouve toujours deux d'é- gale longueur sur le dessus de la tête, qui figurent deux petites antennes, et au der- rière deux autres poils placés régulièrement Y an à côté de l'autre; l'on n'aperçoit point de barbes sur les poils des pattes, lesquels sont encore plus fius que ceux du corps. Les femelles, après l'accouplement, pon- dent des œufs ovales, transparens et d'une petitesse extrême. Leeuwenhoeck prétend qu'ils ont de petites taches sur leur surface, et Blanckaert dit y avoir vu des traits qui se croisent comme un réseau. Huit jours après que ces œufs ont été pondus , il en sort, au rapport de LeeuAvenlioeck, de très- petites mites, lesquelles naissent uniquement avec six pattes. De Géer a fait la même observation sur plusieurs jeunes mites de cette espèce nouvellement écloses , et qui n'avoient encore que la grandeur des œuls mêmes ; elles n'avoient constamment , selon cet auteur , que six pattes , et c'étoit tou- jours celles de la troisième paire qui leur manquoient, mais celles-ci poussent ensuite quand la mite avance en âge. Cette singu- larité est digne d'attention , et il seroit in- finiment curieux aussi d'observer à quel DES ACARIDIES. 347 âge orclioairement ces deux nouvelles pattes leur viennent. Les mites pondent et multiplient non seulement en été , mais encore en liyver ; elles sont même assez agiles en cette saison, pourvu que le froid ne soit pas trop vif; mais comme elles ont l'avantage de n'être exposées, dans les maisons où elles vivent, qu'à un froid modelé , elles se propagent à leur aise malgré cette saison, ce que ne font point d'autres insectes qui passent l'hyver en plein air. 2°. Les mites qui attaquent les hommes et les quadrupèdes , sont d'abord de petits insectes bien connus des naturalistes , et les- quels se trouvent dans les ulcères produits par la gale sur les mains et les autres parties du corps humain (1), et sont même l'unique cause de celte aiï'reuse maladie. « Cette mile, dit Linnasus, habite sous la peau hu- maine , où elle cause la gale ; elle y produit une petite vésicule, d'où elle ne s'éloigne guère ; après avoir suivi les rides de la peau , elle se repose et excite une démangaison. Celui qui y est accoutumé peut aisément la (i) Mite de la gale. De Géer. — Acarus exulcerans. Lin. 348 H I S T O I R E voir à l'œil sinipJe en dessous de la peau ou de l'épiderme, et il est facile de l'ôler avec la pointe d'une épingle; quand on la place sur Tongle, elle ne se remue piesqiie point d abord, mais en l'échauffant par l'haleine,' elle se met à courir sur l'ongle avec vitesse; elle est très-petite , à ppïne de la grandeur d'une lente, de forme arrondie, et sa lête n'est presque pas visible ; la bouche et les pafles sont rousses ou juunâfres; le ventre esl ovale , de couleur aqueuse , garni sur le dos d'une double ligne courbée , ou de deux lignes courbes, brunes». Les miles qui séjournent dans les plaies galeuses sont tiès-peliles et n'excèdent pas la grandeur d'un grain de sable ordinaire. Leur coips , qui est de couleur blanche et et transpajente, est de figure arrondie et presque circulaire , et sa surface est rabo- teuse, ayaut connne des inégalités et par-ci par-là quelques poils, mais en petite quan- tité ; la léte est en f^rme de museau court, cylindrique, arrondi au bout, et armé de quelques poils leurs p.uties et leur- véritable consiiuclion ne peuvent guère être démê- lées à cause de ieui- exliènre ténuité. Les huit paU'-'S de cette nn'te, qui ont une légère ternie de roux ou de jaunâtre, DES ACARIDIES. 349 feont en général assez courtes; les quatre poslérieures le sont encore plus que les aulres , en sorte qu'on n'en aperçoit qu'à peine une partie quanti on regarde l'insecte en dessus; el elles sont placées à une cer- taine distance de celles de la seconde paire. Ces quatre pâlies antérieures sont aussi assez courtes, mais grosses et de figure conique; elles paroissent être divisées en quelques articulations, ayant des poils dont quelques- uns sont assez longs : ce qui les rend sur-tout remarquables, c'est qu'elles sont garnies au bout d'une longue partie déliée , droite et cylindrique, en forme de tuyau, terminée par une petite boule , en forme de vessie arrondie, que la mite pose et appuie sur le plan où elle niarclie. Cette partie déliée et filiforme , que l'on doit regarder comme le pied ou le tarse , parce qu'elle en fait les fonc- tions, est mobile sur le reste de la patte avec laquelle elle fait des angles difïérens , selon le jiiouvenient que la mite lui donne. Les quatre pattes postérieures sont aussi ternii- nées par une partie déliée et aîongée , de couleur brune. Chacune de ces pal les pos- térieiu'esa un poil très-long, et qui surpasse de fjeaucoup en longueur tous îes autres poils qui se trouvent sur cette mile. 35o HISTOIRE Les mifes , que j'api>ellerai mites de la farine^ n'ont aucune conformité avec celles dites domestiques. Jilles clifFèrent aussi des mites qui vivent ordinairement dans Ja fa- rine. Celles dont je parle ici sont très-petites, et même «plus que celles de la gale , ayant le corps blanc, mais la tête et les pattes uu peu roussâtres; leur corps n'est point arrondi, mais ovale et alongé, et la tête qui s'avance en forme de museau est grosse et conique, se terminant en pointe mousse ; les huit pattes, celles sur-tout des deux premières paires , sont grosses. Leur volume diminue peu à peu , et elles se terminent en pointe mousse; Ton ne remarque point à leur extré- mité cette petite partie , en forme de vessie, transparente , que Ton voit à celles des miles de la gale et des domestiques. Au reste, elles sont divisées en articulations et garnies de poils , dont il y en a un qui surpasse les autres en longueur. La tête et le corps ont aussi des poils , dont ceux du derrière sont très- longs : ces mites marchent assez vite et aiment à s'enfoncer dans la farine. Comme elles «ont imperceptibles à la vue, il doit eu entrer infiniment dans le pain que l'oa mange, sur-tout dans celui fait de vieille farine. DES ACARIDIES. 35i Il est une autre espèce de mites ( mite ricinoïde ) , rangée de même dans ]a seconde famille ; elle est connue sous le nom de ricinus. Ces mites, appelées ordinairement tiques , sont de la grandeur d'une graine de navet ,• elles se trouvent très-souvent sur les chiens, et particulièrement sur ceux de chasse qui les gagnent dans les bois où ces insectes font leur demeure; elles s'attachent fortement par la trompe à la peau de l'ani- mal, qu'elles percentavec cette même trompe pour en tirer le sang dont elles sont très- avides, et elles y tiennent souvent si fort qu'on ne peut les en arracher sans les blesser. Les auteurs qui ont parlé de ces mites pré- tendent qu'à force de sucer le sang, leur ventre enfle et augmente si considérable- ment qu'il égale la grosseur d'une lentille. Quelquefois aussi elles s'attachent à la peau des hommes en la perçant et y introduisant presque toute la tête, et à force de la sucer elles y produisent des taches rouges ,• on les trouve souvent aussi sur les boeufs. Ces mites sont entièrement lases , n'ayant que quelques poils très-courts sur \es pattes et les bras ; elles sont d'un noir un peu violet quand elles se sont bien gorgées de sang; mais les pattes , les bras et la trompe sont de couleur brune. 352 HISTOIRE Leur corps est couvert d'une peau dure et comme coriace, el n'est proprement qu'un gros ventre de figure ovale , convexe et renflée, en foi me de boule alongée, le tout sans distinclion de corselet et d'une même pièce; on remarque cependant en devant et en dessus, tout près de la tête, une petite plaque an^ndie, écailleuse, brune et lui- sante, qui a l'air d'un corselet, et que les auteurs appellent une tache , qui est arron- die ou ovale et brune. La télé de cette espèce de mite est séparée du coips par un étranglement ou une inci- sion ; elle est mobile, en sorte que l'insecte peut la coui'ber en dessous, ce qu'il fait sou- vent en marchant. Elle se prolonge en de- vant en une trompe écailleuse, roide et très- remarquable, accompagnée de chaque côté d'une partie alougée en forme de masse aplalie, placée parallèlement avec la trompe et attachée à la tête f)ai- un petit article arrondi : ces deux parties, qui sont de la même longueur que la trompe, répondent aux bras des autres espèces de mites; et comme elles sont mobiles , elles peuvent s'écarter plus ou moins de la trompe. Cette trompe , qui est de la forme d'un stilet cylindrique, un peu poiulu au bout et DES ACARIDIES. 555 el beaucoup plus long que la tête , est garnie le long de chaque côté , mais un peu eu dessous 5 de deux rangs de dentelures en forme de dents de scie assez grandes, dirigées par leurs pointes en arrière ou vers la iéte, et très-visibles à l'aide d'un bon microscope. C'est par l'elTet de ces dentelures que la mite , qui a introduit sa trompe dans la peau de l'animal, y tient si fortement et se laisse si difficilement arracher de la plaie, parce que ces pointes par leur direction résistent à la sortie de la trompe. Cette mite est garnie de huit pattes très- mobiles, assez longues, divisées chacune en six articles, et attachées au devant du corps, ou en dessous de la plaque du corselet, proche les unes des autres ; elles sont toutes à peu près de longueur égale , et la mite les tient toujours courbées en avant ou du côté de la tête. Il est à remarquer qu'elles sont terminées par une petite pièce circulaiie, aplatie et transparente , semblable à une petite vessie membraneuse et très-flexible, et attachée au pied par un court filet cylin- drique et mobile, auquel la mite donne toute sorte de direction et d'inflexion en la posant sur le plan où elle marche. La vessie qui termine les deux pattes ajatérieures est du 1ns, Tome y IL Z S54 HISTOIRE double plus grande que les autres et de figure presque triangulaire; en dessous de cette vessie sont attachés deux crochets assez longs qui la débordent de chaque côté, et qui sont plus grands que dans aucune autre mite. Si elle rapproche les deux crochets l'un de l'autre , la niembiane alors se plie toujours en deux , parce que ces crochets y sont intimement unis et comme incorpores. On trouve en été, sur les bœuts, les mou- tons et les chiens, des mites anciennement connues sous le nom de reduvius ( mite lé- duve); elles sont les plus grandes de leur genre, mais elles ne le sont pas également. Il en est de deux couleurs dilFerenles^ les unes, et ce sont les plus grandes, ont le corps d'un gris ardoisé , el sont plus grosses que les punaises des hls; celui des autres est d'un rouge pâle tirant sui- le jaune; les unes et les autres ont les pattes noues; et sur le devant du coips en dessus, tout près de la tête, on remarque une assez grande tache noire ou plaque circulaire écailleuse, d'un noir luisant, qui figure un petit corselet. Ces deux sortes de mites se ressemblent par- f -itement : les grises se trouvent ordiuaire- meul sur les boeufs et les chiens , et les rouges sur les moutons. DES ACARIDIES. 355 Le corps de ces miles est ovale , mais aplati en dessus comme en dessons , et le ventre se rétrécit un peu de cliaque côté vers le milieu de son étendue , ayant ea dessus trois incisions longitudinales en forme de lides concaves, et deux en dessons vers les côtés. Encore en dessous, et à quelque distance de son extrémité qui est arrondie,' paroît une grande cavité dans la peau, où se trouve un petit point ou tubercule, qui viaisemblablement est l'anus ; et entre ses deux pattes postérieures il y a une petite éminence. On aperçoit encore de chaque côté du ventre un point en forme de très- petite plaque concave, ronde, au milieu de laquelle se trouve un petit tubercule qui paroit être un stigmate, ou une ouverture de la respiration. La peau qui couvre le ventre, tant en dessus qu'en dessous, est épaisse et coriace, mais la plaque arrondie, noire, du devant du corps, est écailleuse et un peu chagrinée. Ou n'aperçoit de poils ni sur le ventre, ni sur cette plaque noire. La tête, qui est séparée de cette plaque écailleuse par une incision , est mobile et petite, aj^ant en devant une longue pointe écailleuse, arrondie au bout,quiest la trompe avec laquelle la mite s'attache à la peau dq Z 3 S56 PI I S T O I R E l'animal quadrupède en s'y enfonçant. Cette trompe est garnie de dentelures dont les pointes sont dirigées en arrière, et qui par conséquent la retiennent fortement dans la peau où elle s'est introduite. Elle est accom- pagnée de chaque côté , et à demi - cou- verte, d'une pièce aplatie et alongée, large au milieu et arrondie au bout, garnie de quelques poils courts , et unie à la tête par un article arrondi sur lequel elle se meut. Ces deux pièces, qui sont noires et écail- leuses comme la tête, répondent aux bras des autres espèces de mites. Les pattes, dont les deux antérieures et les deux postérieures sont plus longues que les quatre intermédiaires, sont divisées en six articles, dont le premier, qui tient au corps, est immobile et comme incorporé dans la peau. Elles sont attachées au devant du corps , un peu en dessous des deux côtés , tout près les unes des autres, et sont ter- minées par une petite membrane arrondie, transparente , qui est armée de deux crochets , et unie à une espèce de filet cyhndrique, court et mobile. Ces pattes , qui sont garnies de plusieurs petits poils, sont noires et écaii- leuses comme la tête, ayant à chaque arti- culation un anneau d'un blanc sale, et la DES ACARIDIES. 367 vessie ou membrane qui termine les deux antérieures est triangulaire. Lorsque la mite lève les pattes, elle plie en même tenis cette membrane en deux; mais, dès qu'elle pose les j)ieds sur le plan de position, la membrane se déploie. Ces mites marchent ou plutôt se traînent avec pesanteur et lentement; mais elles ont beaucoup de facilité pour s'attacher avec leurs pattes à tous les objets qu'elles ren- contrent, même au verre le plus péîi. De Géer a fait sur ces mites une obser- vation des plus curieuses : c'est qu'en dessous du ventre de plusieurs d'entre elles, se trouve attachée une autre mite toute noire et lui- sante , et beaucoup plus petite, n'ayant guère que la grandeur d'une graine de navet, et qui leur embrasse le ventre avec ses pattes, se tenant là dans un profond repos. Cette petite mite est ovale et aplatie en dessus comme en dessous, couverte d'une peau écailleuse et chagrinée ; son corps est bordé des deux côtés et par derrière d'une marge relevée, transparente d'un brun clair. Les huit pattes sont fort longues, et les deux antérieures , beaucoup plus grosses que les autres, sont aussi plus longues, de même que les deux postérieures,* elles sont toutes Z 3 558 HISTOIRE terminées par une petite vessie ou membrane accompagnée de crochets comme dans la grande mile. La tête est semblable à celle de cette dernière , ayant sur le devant une trompe assez grosse, garnie de dentelures, et accompagnée des deux côtés de petits bras larges , aplatis et mobiles, qui couvrent la trompe entièrement quand elle est dans Finaction, mais qui s'écarfent vers les côtés quand la mite veut faire usage de sa trompe. Cette ftompe et les bras sont plus courts et plus gros que ceux de la grande mite, pro- poit ion gardée, et les bras sont attachés à la tête par une articulation mobile. De Géer a observé que cette petite mite se tient cons- tamment attachée au ventre de la grande dans une position renversée, exactement entre les deux pattes postérieures et jamais plus haut ni plus bas, la tête se trouvant toujours placée dans l'endroit où se voit une petite partie relevée, et la trompe de cette petite mite étant enfoucée dans une éminence à laquelle se trouve une ouver- ture; alors ses bras en masse sont considé- rablement écartés vers les côtés et appliqués sur la peau de la grande mite. Elle garde cette position plusieurs jours de suite, et reste ainsi immobile et en repos, tandis que DES ACAPxIDIES. 35^ la grande mite se promèue ainsi par -tout chargée de la petite qui ne l'abandonne pas. De Géer, examinant pourquoi et dans quelle intention cette petite mite écailleuse se tient ainsi attachée à la grande, écartant l'opinion par laquelle on la considéreroit comme une ennemie occupée k sucer cette dernière, pense qu'il y a tout lieu de croire que l'union intime de ces mites est un vrai accouplement, semblable en quelque sorte à celui des araignées , dont la femelle a éga- lement la partie du sexe placée en dessous du ventre; qu'ainsi la petite mite, qui d'ail- leurs ressemble, quant à la conformation des principales parlies, à la grande, en est le mâle, à l'insîar des araignées dont le mâle est de même beaucoup plus petit que sa femelle. Ainsi , dans la supposition très- probable que l'union de ces mites soit leur véritable accouplement, il faut regarder la partie relevée du ventre de la grande mite ou de la femelle, et qui est toujours placée à la hauteur des pattes postérieures, pour celle qui caractérise son sexe, puisque c'est cette éminence que le mâle recherche pour s'y accrocher en y introduisant sa trompe,' et appliquant en même tems ses deux bras horisontalement sur le ventre. Cet accou- Z 4 36o HISTOIRE plenient , qui a beaucoup de ressemblance avec celui des araignées, est très-singulier, et peut être regardé comme une opération très-difficile à démêler; et peut-être daus ce cas ce sont les bras qui contribuent dans ces mites à la fécondation, de même que dans les araignées. On trouve dans l'Amérique , tant septen- trionale que méridionale, mais plus parti- culièrement encore dans les provinces du midi, une quantité de mites assez grandes (mite pique, acarus americanus , Lin.) qui habitent les bois et les forêts, et qui y sont le fléau des hommes et des bête s. Kalm etUlloa, auteurs modernes, qui en ont donné les relations les plus circonstan- ciées, diffèrent dans leur description. Suivant le premier , ces mites sont de grandeurs très-différentes, les unes étant si petites qu'elles sont presque imperceptibles, et les autres, qui ont eu occasion de se gorger de sang en suçant les hommes ou les ani- maux , étant grandes comme le bout du doigt. Cette mite, que les liabitans de Pcn- sylvanie et de la nouvelle Jersey appellent Ijou des bois, est d'un rouge foncé et luisant, avec une tache arrondie , très -blanche , en- viron au milieu du dos ou un peu plus DES ACARIDIES. SGi proche de la tête que du derrière. Quand elle a eu occasion de se remplir de beau- coup de sang, sa peau, se dilatant considé- rablement, devient de la longueur de cinq ou six lignes, de quatre de largeur, et aussi de près de quatre de grosseur. Dans cet état elle n'est point rouge, mais grise, avec quel- ques points rougeâtres. Les huit pattes et les deux bras sont roux ou d'un jaune un peu roussâtre , et conservent cette couleur malgré l'état de gonflement de cet insecte. Ces mites américaines se trouvent pendant tout l'été dans les bois, sur les buissons et les plantes, mais plus particulièrement sur les feuilles sèches; elles y sont en telle abondance que, dès qu'on s'avise de s'asseoir par terre ou sur quelque tronc d'arbre abattu , on en a bientôt les habits et même le corps tout couverts. Elles grimpent d'abord , quoique lentement, sur les habits, cherchant quel- qu'endroit nu du corps, pour s'y fixer en introduisant leur trompe dans la peau. Ceux qui marchent pieds nus dans les bois en ont bientôt les jaml^es et les pieds couverts. Elles ne s'attachent pas seulement aux hommes , mais aussi aux animaux , comme aux chevaux et aux bètes à cornes, dont elles sucent le sang, eu se fixant sur leur 362 HISTOIRE corps en si graud nombre qu'elles les font souvent périr. On ne les rencontre jamais dans les champs cultivés, les plaines ou les prairies, mais seulement dans les lieux où croissent des arbres. Ces miles percent si subtilement la peau, que les personnes atta- quées ne sentent pas d'abord leur piquure, et ne s'en aperçoivent que quand elles se sont introduites si avant dans la chair que la moitié de leur corps s'y trouve engagée. Alors on commence par sentir une forte démangeaison , puis une douleur assez vive à l'endroit attaqué, où s'élève une enflure assez forte , de la grosseur d'un pois gris ou même plus grande. L'on ne parvient alors que très -difficilement à s'en débarrasser, car en voulant retirer la mite , elle se rompt plutôt que de lâcher prise , de façon que la tête et la trompe restent ordinairement dans la plaie, ce qui y produit bientôt une inflam- mation , ensuite une suppuration , occa- sionne une démangeaison insupportable , et enfin rend souvent la plaie profonde et très- dangereuse. Il est donc nécessaire, pour réussir à ôter la mite toute entière , de scari- fier la chair tout autour de l'endroit où elle s'est logée, ou bien de se servir d'une petite pince , ainsi que Kalm dit l'avoir fait avec DES ACARIDIES. 363 succès ; mais elle se tient si fortement cram:- ponnée qu'on risque souvent d'enlever dans cette opération une portion de la peau. Cet auteur raconte avoir vu des chevaux dont le dessous du ventre et les autres parties du corps étoient si couverts de ces mites , qu'à peine pouvoit-on introduire entre elles la pointe d'un couteau , et elles s'étoient si profondément enfoncées dans les chairs , que l'animal, continuellement sucé, torturé et aff'oibli, mourut dans de grandes douleurs. lie même auteur a observé enfin que ces mites, après qu'elles se sont bien rassasiées de sang, tombent d'elles-mêmes de l'en- droit où elles s'éloient fixées; et ayant pris deux de celles qui s'étoient ainsi détachées, il les a enfermées dans une boite le 12 avril; les ayant ensuite examinées le 18 mai, il a trouvé que chaque mile avoit pondu un gros tas d'oeufs ronds, bruns, luisans et si petits qu'il lui fut impossible de les compter exactement ; mais il a jugé que dans chaque monceau il pouvoit bien y en avoir près de mille ; et cependant les mites continuèrent encore d'en pondre davantajc^e. 11 a enfin remarqué que l'endroit d'où sortoit cette prodigieuse quantité d'oeufs étoit précisé- 354 HISTOIRE ment cette petite tache blanche que la mite a sui" le dos , au bout du corselet. Suivant cette observation, si elle est juste, les mites, par une singularité très-remarquable , pon- droient leurs œufs par le dos ; enfin, de tous ces œufs sortirent ensuite autant de petites mites qui furent trouvées mortes dans la boîte vers la fin de Tannée. Suivant Ulloa , second auteur moderne précité , cette mite est nommée nigua à Cartliagène, et pique au Pérou. Elle pond, selon lui , ses œufs d'une façon toute diffé- rente; il dit qu'elle se fabrique, sous la peau qu'elle vient de percer , un nid d'une tu- nique blanche et déliée, qui a la figure d'une perle plate, et dans laquelle elle dépose ses œufs; il ajoute qu'à mesure qu'elle en pond davantage, la petite porte s'élargit jusqu'à ce qu'elle soit parvenue à avoir une ligne et demie ou deux lignes de diamètre, ce qui arrive au bout de quatre ou cinq jours, et qu'ensuite elle crève d'elle - même , et ré- pand une infinité de germes Semblables à des lentes , d'où il se forme autant de ni- guas. De Géer est porté à croire qu'UlIoa a pj is la mite même considérablement ren- flée et agrandie par l'abondance du sang DES AGARIDIES. 365 qu'elle avoit sucé, pour la perle plate ou le nid dont il parle , et il semble accorder plus de coufiance à l'observation de Kalra. Par tout ce que les auteurs nous trans- mettent sur ces mites, on aperçoit qu'elles ont beaucoup de conformité avec celles qui en Europe s'attachent aux chiens et aux moutons, et dont nous avons parlé. Il est une autre espèce de ces insectes assez rare, trouvée par le docteur Sparr- man au cap de Bonne - Espérance sur le rhinocéros ( mite du rhinocéros ) , dont elle suce le sang; elle est la plus grande de toutes les mites connues; son corps est circulaire; sa couleur est d'un brun de marron , mais en dessous le corps est orné de plusieurs taches plus ou moins grandes , d'un jaune fauve , avec un grand nombre de points bruns ; les plus grandes de ces taches sont au milieu du dos , et le boid postérieur du corps est marqué d'une suite de dix taches rondes, de même arrangées en derni-cercle; les huit pattes sont longues , assez grosses , du même brun obscur que le corps , et ressemblent presque à celles des araignées. Leur tête , qui tient à une petite plaque en forme de corselet semblable à celle de la mite pique, porte ea devant une longue S66 HISTOIRE trompe, cylindrique, arrondie par le bout et courbée en dessous , qu'elle enfonce dans la peau du rhinocéros pour en sucer le sang; cette trompe est accompagnée de deux petits bras cylindriques , arrondis au bout et de même longueur qu'elle; sous le ventre, à quelque distance du derrière, se trouve un point élevé en forme de stigmate , qui sans doute est l'anus , et entre les pattes de la troisième paire un tubercule de même que sur les autres mites. Le même auteur, qui a pris plusieurs de ces mites sur le corps de trois rhinocéros nouvellement tués, où elles se tenoient ordinairement aux environs des parties naturelles de l'animal, parce que la peau y est plus mince et plus aisée à percer que par-tout 'ailleurs, prétend que, quand elles sont gorgées de sang, leur corps s'enfle prodigieusement et devient quatre fois plus gros qu'auparavant. Le même docteur Sparrman a pris encore au cap de Bonne-Espérance , sur une tortue terrestre , une autre mite de la grandeur d'un petit pois ; elle se trouve sur les arbres et les buissons, d'où elle gagne, quand elle en trouve occasion , le corps des hommes et des animaux, où elle s'attache fortement à l'aide de sa trompe pour sucer leur sang DES ACARIDIES. 367 de la même manière que le^ autres miles ; ]a tête de cette mite est bien sépaiée du corselet ; Tuue et l'autre sont d'un jfiune pâle un peu blanchâtre ; sur la téie sont deux points noirs qui représenteut les yeux; le corselet est piesque circulaire et bieu dis- tingué du ventre par une incision , ayant en dessus deux raies ondées, longitudinales, noires , et une raie semblable de chaque côté qui en est bordé ; entie ces deinièies raies et celles du milieu, on voit de chaque côlé une petite tache uoi«e, et le fond jaune de cette partie est parsemé de point.-s noiis; le ventre est entièrement de couleur rousse, tant en dessus qu'eu dessous, ayant plusieurs rides et enfoucemens dans la peau ; et les huit pattes sont d'un b; un obscur. On trouve encore au Cap d'autres miles ( mite des buissons ) beaucoup plus petites que cette dernière, et n'ayant à peine que la moitié de sa graudeur. Elles sont entièie- nient d'un brun marron, fjncé et luisant, mais elles sont d'ailleurs de même figure ; elles s'attachent aussi à la peau des ani- maux pour sucer leur sang; et elles res- semblent beaucoup à celles qu'on trouve en Europe sur les bœufs et sur les njoulons. 5°. Une troisième famille de mites se com- 208 HISTOIRE pose de celles qui vivent sur les oiseaux (mite des petits oiseaux ). On trouve quelquefois au mois de mars sur la mésange commune , entre les plumes du cou et de la tête , un grand nombre de mites extrêmement pe- tites , et qui ne se font remarquer à l'œil simple que par leur couleur blanche mêlée d'un peu de brun. Elles semblent être com- posées de trois parties ; la tête , le corselet et le venl:re, mais dont cependant les sépa- rations sont foiblement marquées, en sorte que ces trois parties sont confondues en- semble. La tête est en forme de museau conique , recourbé en dessous, et le ventre, qui est moins gros que le corselet, dont il n'est séparé que par une incision légère , est ovale , et a quatre tubérosités irrégu- lières au derrière ; cette partie est; garnie de quatre poils très-longs , placés deux à deux et horisontalement , outre plusieurs autres poils dispersés sur le corps , lequel est alongé, aplati et beaucoup plus long que large. La transparence de la peau de la mite permet de voir, dans son intérieur, des matières brunes , qui probablement sont ses alimens. Les huit pattes, qui sont garnies de poils et qui ont leur attache aux deux bords du corselet , n'y sont point placées à distance égale ^ DES ACARIDIES. 369 égale ; celles de la troisième paire sont très- éloignécs de celles de la seconde. Les pattes des deux piemières paires, qui sont beaucoup pins grosses qtie les autres , ont leur attache tout près de Ja tète et très-près les unes des autres; mais celles de la tioisième et de la quatrième paires , également rapprochées , sont situées près de l'origine du venlre; les quatre pattes aiilérieures paroissent élre di- visées eu six articles, sans conj()ter celui qui les unit au corps. Le second de ces articles est garni, au colé extéiieur, d'une espèce de crochet recourbé en arrière; le qualriènie, d'une pointe roide perpendiculaire dioife ; et enfin le cinquième, d'une appendice co- nique, point ne, assez grande; c'est sans doute au moyen de ces pointes et de ce crochet que la mite se lient fixée aux plumes de Fuiseau ,• le sixième et dernier article est long et délié, et se termine de même que dans les quatre pattes postérieures ,• ces pattes finissent sans pointe et par un petit ernpàtc- ment en foinje de vessie transparente, que la mite gonOe et conliacle à volonté quand elle s'appuie sur le plan de position , et qui sans doute a des crochets comme dans la mite domestique. Parmi ces mites, De Géer dit eu avoir trouvé une de la même espèce et Ins. Tome VJL A a 570 HISTOIRE de la même figure , mais moitié plus petite et à qui manquoient les deux pattes de la troisième paire ; en sorte qu'elle n'en avoit en tout que six ; observation qui vient à l'appui de celle que le même auteur avoit faite au sujet des mites domestiques, qu'elles naissent pourvues uniquement de trois paires de paltes , et que la quatrième leur vient ensuite à mesure qu'elles avancent en âge. Cette jeune mite de la mésange ne portoit aussi au derrière que deux longs poils, au lieu que les vieilles en ont toujours quatre. Pour trouver en quantité ces mites qui marchent assez vite, il faut les chercher sur l'oiseau mort depuis deux ou trois jours , parce qu'alors abandonnant le corps de l'oiseau , de même que les poux abandonnent le corps mort de l'homme et des animaux , elles ne manquent point de grimper sur les plumes. Une autre espèce de mites ( mite des moineaux , acarus passerinus , \jm.)f qui n'est pas plus grande qu'un point, mais qui est d'une figure tout à fait extraordinaire , et telle qu'on n'en voit dans aucun autre in- secte , se trouve sur les moineaux et les pinsons , et se tient accrochée à leurs plumes. Leur couleur est d'un blanc sale tiiant un peu sur le brun ; elles ont sur le corps et DES ACARIDIES. Syi les pattes plusieurs poils, dont quelques-uns sont très - longs et roides. La tête de ces mites singulières est de figure conique , mais arrondie au bout et confondue avec le corps sans qu'on apeiçoive de séparation entre eux. Le devant du corps est presque trian- gulaire, foiinant comme un angle de chaque côté vers le derrière ; mais la moitié posté- rieure, qui est moins large, est conique ou en forme de pain de sucie , ayant à la pointe une articulation garnie de deux petites par- ties cylindriques et un peu courbées. Au milieu de la partie postérieure du corps on voit une tache ovale brune ; les pattes des deux premières paires sont assez grosses , divisées eu articulations et terminées par une petite vessie transparente, attachée à une espèce de pédicule délié , mobile , long , et uni au dernier article de la pal te; on remarque à cet article deux grosses pointes qui aident peut-être l'insecte à se tenir fixé aux plumes de l'oiseau. Les pattes de la qua- trième paire sont assez semblables aux pre- mières et ont aussi au bout des vessies , mais qui ne sont pas accompagnées de pointes.. Quand la mite pose les vessies de toutes ses pattes sur le plan de position , elles s'apla- tissent en s'élargissant ; mais les deux pattps Aa a 572 HISTOIRE de la troisième paire , les parties du corps qui rendent cetle mite si extraordinaire , sont monstrueuses par leur longueur et sur- tout par leur grosseur, n'ayant aucune pro- porlion avec les autres patles, ni avec le coi|)s, auquel elles sont attachées dans l'en- droit où leur première moitié forme l'angle. Elles sont divisées en quelques articles, dont le premier sur -tout , qui est la cuisse , est d'une grosseur énorme ,• le second l'égale en largeur ; mais les articles suivans dimi- nuent peu à peu. Celui qui précède inmié- diatement le dernier est courbé en dedans, et l'extrémité de la patte n'est pas lei minée par une vessie , mais par deux ongles ou crochets dont l'un est court et l'autre long. Ces deux grandes pattes, quoique mobiles, le sont cependant moins que les autres, la mite ne paroissant les remuer qu'avec peine et ne s'en servant guère en maichant ; elles traînent alors comme des queues sur le plan de position , quoique d'ailleurs l'insecte courre avec assez d'agilité. Jl paroît que c'est principalement avec ces deux grosses pattes et au moyen de deux crochets dont elles sont terminées, que la mite se tient fixée aux plumes de l'oiseau , et que c'est leur unique usage. DES A CARI DIE S. SyS Une autre mile ( mile de la poule), plus grande que les précédentes, et par consé- quent très- visible à l'œil simple, se trouve en grand nombre sur les poules. Elle est de figure ovale, a3^ant vers le milieu du corps une inflexion ou un enfoncement qui le divise en deux portions. Le corps, les pattes, les bras sont de couleur grisâtre ; mais le corps est bordé , tant en dessus qu'en dessous, d'une large marge violette, foncée, et en dessus on voit encore des taches de la même couleur. Les deux petits bras de la tête sont courbés en dessous , divisés en articulations , et ont de la ressemblance avec de petites pattes ; dans leur entre- deux se trouve une longue pointe conique , qui est la trompe. Les huit pattes sont transparentes, longues, assez grosses et articulées ; mais les deux antérieures sont plus longues que les autres, et la mite, en marchant, les remue comme des antennes; chaque patte est terminée par un petit filet très -délié et transparent, au bout duquel est une petite vessie claire et flexible, que la mite pose, en marchant, sur le plan de position , et qui est armée en des- sous de deux petits crochets extrêmement fins. Ces mites sont rases ou n'ont que quel- ques poils très -courts sur le corps et les Aa3 574 HISTOIRE pattes. Elles sont très-vives et marchent avec beaucoup d'agilité. 4°. Parmi les mites qui vivent sur d'autres in&ectes, on en distingue particulièrement une espèce (mite des bourdons , acariis coleop- tratoînm, Lin.), qui est environ de la gran- deur d'une graine de pavot, et quis'atlache particulièrement , et en très-grand nombie, au corps des bourdons, des scarabées fouille- merdes, des boucliers fossoyeurs et d'autres insectes. Elles se tiennent ordinairement autour du cou des bourdons et en dessous du corps, entre les pattes des scarfibées et des boucliers; souvent même on les voit par- courir le corps de ces insectes avec une extrême vitesse. Ces mites , bien connues de plusieurs naturalistes , sont d'un bi un clair et jaunâtre, ayant sur le dos, vers le der- rière, une grande tache triangulaire, plus brune que le reste. Leur corps est ovale et arrondi par derrière; il est couvert d'une peau dure, écailleuse et luisante, et divisé transversalement en deux portions , dont l'antérieure est de la même couleur que la tache triangulaire de l'autre portion. Leur tête est petite et munie d'une trompe co- nique. De Géer rapporte avoir vu , au microscope, la mite pousser de tems en DES ACARIDIES. SyS tems, avec beaucoup de vitesse, deux parties déliées, ayant de petites dentelures vers leur extrémité, et avec lesquelles elle suçoit sans doute le corps du bourdon sur lequel elle se trouvoit placée. Les huit pattes sont lon- gues et hérissées de poils ,• les deux anté- rieures sont beaucoup plus longues que les autres : la mite les élève souvent et les porte comme des antennes , leur donnant toute sorte de mouvement en tâtant avec elles les objets qu'elle rencontre en marchant ; les deux pattes postérieures sont un peu plus courtes que les antérieures ; et celles des deux paires intermédiaires le sont encore davan- tage. Chaque patte se termine par une petite boule, ovale, membraneuse et flexible, en forme de petite vessie, que la mite peut gonfler et contracter , et qu'elle fixe en marchant sur le plan de position; ces vessies sont sans doute, ainsi que dans les autres mites, armées de crochets. Au devant du corps, vers les côtés de la tête, sont deux espèces de petits bras mobiles, divisés en articulations et semblables à ceux des arai- gnées. De Géer n'est point du sentiment de quelques auteurs qui regardent ces espèces de petits bras comme des antennes. Réaumur semble douter si ces miles ou ces poux, Aa 4 SyG H i S T O I R E comme il les appelle , tirent leur nourriture du corps, même du bourdon, et il ci oit plulôl qu'elles ne cherchent qu'à nettoyer, pour ainsi dire, les parties du bouidon da la liqueur miellée dont elles sont souvent mouillées; c'est-à-dire, qu'elles aiment cette liqueur et qu'elles s'en nouriissent ; mais De Géer affirme qu'elles sucent le bourdoa même, et ce qui vient à l'appui de cette opinion, c'est que les miles de celte même espèce se tiennent encore en grand noml)re sur le corps écailîeux des scarabées, où assu- rément elles ne rencontrent point de liqueur miellée; ainsi elles s'y attachent et y de- meurent sans doute pour tirer, au mojen de leur trompe, leur nourriture de la peau même des §carabées. On trouve aussi quelquefois des mouches communes des appartemeus dont le cou, le dos et le dessous des ailes sont tout couverts de très-petites mites {acarus muscarum , Lin.) semblables à de très-pelits points. Leur couleur est rougeâtre,* leur corps est ovale, un peu alongé et arrondi au derrière; leur tête est munie d'une petite trojiipe déliée, au devant de laquelle on voit deux poils assez longs. Les pattes des deux premières paires , qui sont assez grosses , sont divisées DES ACARIDIES. 577 en quatre ai licles, mais celles de la troisième jjaire sont beaucoup plus courtes , et les deux postérieures sont au contraire très- longues, et déliées ou filitoimes; eulin elles sont toutes garnies de poils assez longs; elles se tiennent sur les mouches dans un profond repos; mais, dès qu'on les touche, elles se mettent à courir avec beaucoup de vitesse. De Géer rapporte avoir trouvé un grand nombre de nrites ( mile à écailles) attachées sous le corps d'une pi-naise très-aplatie , qui vil sur l'agaric du bouleau. Elles sont ex- trêmement petites, et semblables aux plus petits points qu'on puisse faire avec la plume, en sorte qu'il faut un bon micros- cope pour les reconnoifre. Elles sont d'un rouge pâle; leur coips est ovale et un peu aplati. La tète, qui est très-bien distinguée du corps par un étranglement, a en devant et vers les côtés quatre petites parties poin- tues, coiubées en dedans, qui ressemblent beaucoup à des dents, et que la rfiite remue; mais ce qui rend cette petite mite remar- quable, ce sont des parties aplaties, blan- ches , dont le corps et les pattes sont toutes hérissées, et que De Géer compare aux écailles qu'on voit sur les ailes des cousins : SyS HISTOIRE ces écailles sont grandes en proporlion du Yolume des pattes; la plupart sont aplaties^ mais il y en a qui ressemblent à des poils; quelques-unes sont pédiculées ; du nombre de celles-ci, il y en a six de plus remar- quables par leur grandeur , dont deux proche de la tête , deux vers le milieu du corps et les deux autres vers sa partie pos- térieure ; les huit pattes sont à peu près de la même grandeur. Les faucheurs nourrissent une autre es- pèce de mite rouge, qui se lient fortement attachée à leur corps. Elle est ovale, comme enflée; sa partie antérieure représente une sorte de tête, ayant de chaque côté un point noir, les yeux probablement , et au devant de cette apparence de tête une trompe avancée, conique, avec laquelle la mite se fixe à la peau du faucheur; cette trompe est accompagnée de deux petits bras mobiles (des palpes), semblables à de petites pattes. La peau du corps est (^dinairement bien tendue; mais ranimai la fronce quelquefois; elle offre plusieurs poils mousses; les bras et les pattes en ont aussi, et qui sont également arrondis au bout; mais ceux-ci sont barbus. Cet in- secte n'a que six pattes , et nea acquiert DES ACARIDIES. 579 pas davantage , quoique De Géer pense le contraire. Ces pattes sont égales , dtliées et d'un rouge plus pâle que le corps. Le corps et les pattes de plusieurs mouches offrent de petites botdes alongées , pas plus grandes que des graines de pavot , et d'un rouge de sang très - vif. Ces corps sont de petites mites ovales ou oblongues, arrondies aux deux bouts; l'extrémité antérieure est presque aussi grosse que l'opposée. La trompe avec laquelle l'animal se tient au corps de la mouche est placée sous le corps, et très- courle; à la partie poslérieure, en dessous, est une tache ronde ou jamiâtre, l'anus sans doute ; les pattes sont au nombre de six, garnies de poils, et si courtes, qu'elles ne peuvent atteindre le plan de position lorsque l'insecte est renversé. Cette mite rend par fois inégale sa peau , qui d'ordinaire est lisse et tendue. Sur les libellules sont d'autres mites, plus petites qu'un grain de pavot, parfaitement sphériques, lisses, d'un rouge vif, et lui- santes ; leur dos offre dans un enfoncement une petite élévation, fendue au milieu, et semblable à une espèce de stigmate. La trompe est courte, avancée, avec deux ren- fleaiens. De Géer ne leur a compté que 58o HISTOIRE quatre pal les; mais il en a vu six (lan^ d'ail très individus plus âgés. A peine ces miles se donnent-elles le plus léger mouve- ment; qu'on les mette sur le côté, sur le dos, leur position reste toujours la même. Elles meurent avec l'animal sur lequel elles vivent. L'espèce la pins commune des cousins est sucée par une mite ronde, rouge, qui n'est pas plus grande qu'un très - petit grain de sable, et qui est hexapode. Le devant du corps de cette mite est comme coupé carré- ment, et offre un avancement en forme de petite tète, renflé de chaque côté, avec une petite pointe au bout; c'est sa trompe; l'in- secte meut, alonge, raccourcit à volonté cet instrument; de chaque côlé est une petite pièce déliée, les palpes piobablement. Sur le dessus du devant du corps sont deux points noirs, les yeux, à ce que l'on peut croire. Les six pattes sout assez longues , légèrement teinles de rouge, velues, tiansparentes. De Géer sou})çonne qu'il en pousse deux autres. Les pucerons, malgré leur petitesse, sont néanmoins sujets à être attaqués par une mite, moins grande que le plus petit grain de sable, en forme de boule alongée, d'un rouge très-vif; sou corps a une petite saillie DES ACARIDIES. 58i en devant, et de chaque côté de celte es- pèce (le têle se voient deux (uberoules noi- râtres, Irès-rapprochés l'iui de raiitre, qui ont Taii' d'être des j'eux ; la trompe est presque toujours inclinée, et De Géer n'a pu bien l'observer. L'insecte n'avoit que six pattes, dont les antérieures étoient un peu plus longues et plus grosses à leur extrémité qu'ailleurs, tandis que les autres finissent en pointe déliée. La mite marche assez vite. De Géer Tavoit trouvée sur le puceron de la campanule. Mais une des mites les plus singulières est celle que l'illustre Réaumur suédois nomme végétative , qu'il a observée sur le staphylin ruPipède et la lepture rouge de Liuuaeus , et dont Frisch avoit déjà parlé. De Géer remarque que ce staphylin avoit en dessous et vers les côtés du cojps de petites masses ovales, dont il paroissoit extrêmement tour- menté , et qui l'empéchoient de maîcher. La loupe lui fit découvrir que ces petites niasses étoient des ii:secles plein de vie, du genre des miles. Ces miles, pas plu>< grandes qu'un point, teiioient 9U Cf»rps du staphylin par un long filet, une espèce de pédirule, qui partoit de leur denière. L'asse.nblage de ces miles forme ces petites masses. Le 582 HISTOIRE pédicule par lequel la mite est fixée au sta- phylin se dilate au point où il s'implante , et y forme une espèce de pied ; ce filet pré- sente l'idée d'un cordon ombilical. Son autre extrémité se dilate aussi en entonnoir ou en un empâtement conique,* quelquefois ces filets offrent un renflement dans leur lon- gueur, un peu au dessus de leur base. Ce qu'il y a encore de plus extraordinaire , c'est que ces mites ne sont pas unies séparément au corps du staphylin, par leur espèce de queue ; mais qu'elles sont attachées à la file les unes des autres, et forment ainsi une petite chaîne. De Géer ne doute pas que le suc nourricier ne coule dans ces petits tuyaux," ce qui étonnera davantage, est que ces mites se sucent les unes les autres; on peut les comparer ù des fœtus communi- quant ensemble par autant de cordons om- bilicaux. On ne voit point d'exemple , parmi les animaux, d'une semblable manière de se nourrir. Ces mites cependant, en s'accrochant avec leurs pattes antérieures et faisant quelques efforts , viennent à bout de détacher le pé- dicule de leur corps par le point où il y prend naissance , et s'en débarrasser totale- ment. Libres , elles se mettent à marcher. DES ACARIDIES. 385 Ces insectes sont ovales, pointus vers la têle, d'un brun roux; leur corps en dessus est convexe , recouvert d'une écaille unie , luisante , qui déborde un peu tout autour, et assez dure pour résister à dillérentes im- pressions ; le dessous est aplati ; ses huit pattes sont courtes, garnies de petits poils, et terminées par une petite vessie; les deux antérieures sont un peu plus grandes , et l'on voit entre elles deux petits bras courts que rinsecte remue en marchant , et dans leur en!re-deux une petite partie conique, la trompe. De Géer a vu une lepture rouge qui étoit tellement couverte de ces mites, qu'elle en étoit difforme et qu'elle pouvoit à peine se remuer; l'ayant mise dans un poudrier, ces mites l'abandonnèrent peu à peu et périrent. De Géer en plongea quelques-unes dans de l'esprit de vin; celte liqueur ne les empêcha pas d'y vivre assez long - tems. On trouve quelquefois sur les ditiques , les punaises d'eau , des petits œufs rouges qui se nourris- sent de même par un conduit ou un pédicule. 5^. La cinquième famille des mites nous pré- sente les espèces qui habitent les végétaux. La première espèce est la mile lileuse , Xacarus telarius de Linnaeusj on la trouve 58i HISTOIRE en très-grande qiiaulilé , au mois d'août, sous les feuilles de pinceurs végélaux, sur celles particulièrement du tilleul ; elle nuit beau- coup aux piaules que l'on cultive dans les sejres. Ces mites sont à peine visibles, de figure ovale, alougée, d'un blanc verdàtre ou jau- nâtre, avec les pattes blanches et tl'auspa- j entes ; les deux extrémités de leur corps se terminent en cône; les deux palpes sont tellement appliqués sur la partie antérieure, qu'il est difficile de démêler leur vérilable figure; le coips a des poils, ainsi que les pattes, qui sont à peu près d'une grandeur égale ; les quatre postérieures sont j^lacees à une grande distance des auties. De Géer a cru observer que toutes les pâlies avoient à leur extrémité une vessie llexible. Ces miles vivent en grande socicié et sucent les feuilles avec leur tionjpe; elles tapissent d'une sorte de soie fort mince la surface inférieure de ces feuilles , et l( s {\mt périr ; De Géer n'a [)U voir l'animal filer. II n'est pas du sentiment de Geoffroi , qui atlribuoit à ces mites ces flocons so} eux que l'on voit voltiger vers la fin de l'autcjnine, et qu'on nomme fils de In vierge; ces flocons sont trop grands pour être leur ouviage; et DES ACARIDIES. 385 et De Géer y a observé en outre de petites araignées, dont il y en avoit quelques-unes qui devidoient de nouveaux lîls, tout en voltigeant. De Géer a trouvé en îiyver, à Utrecht, il y a plusieurs années, sous l'écorce un peu détachée d'un tronc de vieux poirier, sur des branches et sur de petits morceaux de bois qui avoient séjourné long-tems sur le ter- rain, de très- petites mites, un peu plus grandes que la mite domestique blanche , d'un brun de marron foncé et luisant, res- semblant à de petites araignées, ayant une espèce de corselet distingué du ventre et portant les pattes ; leur corps semble offiir trois divisions ; la tête , le corselet et l'ab- domen; la tête est séparée du corselet par une légère incision; elie^est conique, poin- tue, et a toujours en dessus deux pièces en forme de soies ou de poils, un peu courbées Tune vers l'autre; le corselet est transversal; l'abdomen fait la plus grosse partie du corps de la mite, et ressemble à une boule ovale, presque arrondie. L<'insecle est recouvert d'une peau assez dure, presque écailleuse, et garnie de petits poils courts et très-fins. Les huit pattes sont d'un brun plus clair, assez longues , parsemées de plusieurs poils ^ 1ns. Tome VXL Bb 586 HISTOIRE dont quelques-uns beaucoup plus longs; une clés articulations inférieures , celle qui ré- pond à la cuisse , est bien plus grosse ; le dernier article, celui qui termine le tarse, est tiès-mobile, et a au bout trois ongles ou trois crocliels reraaiquables. Les bras ou les palpes sont ordinairement cachés sous la tête , et on ne les aperçoit qu'avec peine; ils sont très-courts, aiticulés, garnis de poils, et un peu courbés; l'insecte s'en sert peut-être pour saisir les maticies qui lui servent de nourriture , et les porter à sa bouche. De Géer n'a pu découvrir si les bras avoient un crochet au bout. Ce naturaliste a vu encore, sous les lichens dont les branches de poirier étoient cou- vertes, d'autres miles semblables, mais d'un beau rouge j il les regarde comme de jeunes individus. Ces mites sont fort tranquilles en hyver; mais lorsque le tems est doux et que le soleil brille, elles sortent de leur retraite, et se promènent, quoique très-lentement, sur les corps qui leur servoient d'abri. Sous i'écorce des arbres, sous les lichens , De Géer a observé, en hyver et en été, une mite ( mite à rebords ), qui a la même forme et la même couleur que la précé-? DES ACARIDIES. 687 dente , mais dont le corps est ovale , plus aplati, et distingué par un rebord déprimé, qui forme, de chaque côté en devant, une pointe angulaire ; les bords du ventre ont une rainure ou un repli tout à l'entour. 6**. La sixième famille comprend les mites vagabondes. La mile faucheur a le volume d'un pou ordinaire, mais elle a de très-longues pattes ; ce qui lui donne des rapports avec les faucheurs. Sa couleur est d'un rouge tirant sur le brun ; son dos a une longue tache longitudinale, orangée et ondée sur les côtés,- le corps est ovale, un peu aplati en dessus , ridé , couvert d'un petit duvet qui le rend velouté, et a, de cliaque côté, une éminence en forme de renflement; le derrière est arrondi ; les pattes de la der- nièie paire sont très - longues et déliées ; viennent ensuite pour la longueur , dans une série décroissante , la première paire, la troisième et la seconde ; celles de la pre- mière paire sont plus grosses. Chaque patte est de six articles ; le dernier a deux petits crochets unis à une petite tige qui lui sert comme de manche. De chaque côté de la tête on remarque une petite éminence noire, qui est appa- remment un oeil , et en devant un petit Bb 2 588 HISTOIRE mamelon immobile , garni de longs poils noirs ; au dessous de la tête sont les deux palpes qui sont formés de quatre articles , dont les trois premiers renflés, et dont le dernier se termine en pointe fixe, et a une appendice alongée , terminée en boule ; sa trompe est conique, mobile et terminée par une petite toufFe de poils. Cette mite court très -vite, et De Géer ne Fa rencontrée qu'une fois. La seconde espèce de mite vagabonde est très-connue des gens de la campagne , parce qu'on la trouve fréquemment sur l'herbe, dans les jardins et les prés, et que sa cou- leur, d'un beau rouge écarlate , velouté, la rend très-remarquable. Des personnes même sont dans l'opinion que c'est un poison pour les vaches qui l'ont avalée. Cette mite ressemble au premier coup- d'œil à une autre espèce qui vient dans l'eau ,* mais elle diffère essentiellement de celle-ci, ne pouvant vivre dans cet élément. Son corps est plus long que large, aplati eu dessus , ovale-carré , un peu rétréci vers le milieu de ses côtés et arrondi postérieure- ment. Sa peau est couverte d'un duvet sem- blable à du velours couleur de feu , et offre des plis, des rides, et divers enfoncemens, DES ACARIDIES. 389 ce qui la rend chiffonnée. La tête est co- nique en devant , difficile à distinguer ; elle a , de chaque côLé , un petit corps cylin- drique, avec un petit bouton noir au bout; ce sont des yeux pédicules. Les bras sont au devant delà lête , assez longs, semblables à ceux des araignées; ils sont courbés eu dessous , articulés , et ont au bout une partie écailleuse , noirâtre , eu forme d'ongle , avec une appendice alongée et arrondie au bout, en dessous , à quelque distance de Fextré-, mité. L'insecte remue ces bras. Les pattes sont au nombre de huit, et presque de la même grandeur; les deux antérieures seules paroissent être un peu plus longues; il y a une grande distance entre les deux paires de devant et les deux paires postérieures. Ces organes sont composés de six pièces , avec deux crochets fins, mobiles, à ce qu'il a paru à De Géer, et'rétractiles. Entre les deux pattes posiéiieures est une petite partie ovale, relevée, avec une fente au milieu, du moins à ce que l'on croit apercevoir. Les poils qui couvrent le corps ressemblent à de petits cylindres arrondis au bout, et pa- roissent eux-mêmes velus; ceux des pattes ressemblent à des barbes ou à de petites plumes. Telles sont les observations de De Géer. B b 3 Sgo HISTOIRE Quoique je n'aie pu examiner ces insectes si incommodes, et même si dangereux pour ]es liabitaus des tiopiques, les chiques, j'ai tout lieu de penser qu'ils appartiennent au genre acarus de Linn^us. Ces petits ani- maux sont très - communs aux Antilles et dans l'Amérique méridionale. Ils sont d'une petitesse extrême, ce qui leur donne plus de facilité poiu' s'introduire dans la chair sans être aperçus. Ils s'attachent d'ordinaire aux pieds, s'insiuuant sous les oncles des doigts; produisent dans la partie où ils sont ime démangeaison assez légère, à laquelle succède une iiillammation, un ulcère malin ensuite, et quelquefois la gangrène. Il faut donc se hâter de tirer de la plaie ces pa- rasites. Les nègres ont à cet égard une grande dextérité. La place où est la chique est tiès- reconnoissable à la noirceur de i'insecle qui paroît à travers la peau sous laquelle elle est logée. On faisoit sortir la chique de la même manière que l'on extrait de la chair tin petit corps qui y seroit entré , c'est-à- dire, qu'on met à découvert l'animal avec la pointe d'une épingle ou un corps menu et pointu. La chique, qui d'abord n'est pas plus grosse qu'un ciron , devient en peu de tems de la grosseur d'un pois, et produit DES AC ARIDIES. 391 uu grand nombre de petits qui se nichent dans la plaie autour d'elle. Il faut donc prendre garde de ne pas laisser d'œufs ni de petits de cet insecte dans la cliair, de peur que ces œufs n'y éclosent, et que les petits n'y multiplient. Les personnes qui vont pieds nus, ou qui sont négligenles, en sont particulièrement incommodées. Les singes, les chiens et les chats y sont aussi exposés. Les indiens attri- buent au roucou la propriété de chasser ces pernicieux insectes. Ils emploient aussi à cet effet du tabac broyé , des herbes amères. Oïl fait passer la démangeaison excitée par les chiques, en arrosant les parties du corps où elles se sont nichées, avec du jus de citron ou du vinaigre. Les personnes qui ont des ulcères proveuus de ces chiques, s'ap- pellent dans le pays, au rapport de quelques voyageurs , malingres. On appjéhende da- vantage les ulcères qui sont ronds , parce qu'il faut absolument couper la chair pour détruire le mal. Marcgrave dit que les portugais nomment cette chique bicho , et les brasiliens tunga. Ils se servent contre elle d'huile d'amandes d'acajou, extraite avant que le fruit eu soit Bb 4 392 HISTOIRE mur. Cet insecte acquiert, suivant lui, au bout de deux ou trois jours, la grandeur dont il est susceptible, et il est facile de la tirer de la chair lorsqu'il est arrivé à ce point. Marcgrave suppose que la chique est enfermée dans une petite coque transpa- rente et ronde ; il recommande également qu'on ait soin de la faire sortir de la chair toute entière , et sans qu'elle laisse d'ceufs. L'insecte dont parle Marcgrave est peut- être la puce pénétrante de Linnaeus. Du nombre de ces animaux parasites est encore Viatebuca. Le petit insecte connu des chas- seurs , sous le nom de louvette, est encore un acarus {ricinus). Il arrive souvent, même parmi nous, que des personnes qui se pro- mènent quelque tems , en automne , dans les parties négligées des jardins où croissent différentes plantes , des graminées sur-tout,, éprouvent aux jambes des démangaisons assez vives. Cette incommodité est produite par les mêmes causes ; une mite extrême- ment petite , rouge , qui n'a que six })attes , s'est introduite dans la chair. L^n zélé na- turaliste, qui s'occupe dans ce moment d'un beau travail sur les coquilles fossiles de Grignon , a eu occasion d'étudier ce petit DES ACARIDIES. 593 animal, et l'a soumis à mon examen. Il se place ordiuaiiement à la racine des poils des jambes , et on l'en extrait vivant, avec ua peu d'adresse. Cet insecte est encore plus commun dans le midi , et j'en ai été quelquefois aussi tour- menté que si j'avois eu la gale. Il se trouve aussi en Angleterre ,• Shaw l'a décrit et figuré dans ses Mélanges d'histoire naturelle, tom. II , pi. X LU 5 il le désigne sous la dénomination de mite d'automne ( acarus autumnalls ). Je dois rapporter ici un autre fait de cette nature , dont j'ai été le témoin. Parmi les belles richesses zoologiques arrivées depuis peu au muséum d'histoire naturelle de Paris, et venant de la nouvelle Plollande , étoient trois petits quadrupèdes vivans , du genre des phascolomes du professeur GeofFroi. Un de ces individus est mort peu de tems après son arrivée, soit de fatigue, soit par Teffet d'une maladie cutanée qu'avoit produite une quantité prodigieuse des petites mites dont l'animal étoit couvert. Les personnes qui ont préparé sa dépouille n'ont pas tardé à voir leurs mains et leurs bras couverts de petits boulons irritans, occasionnés par rintroduc- 594 HISTOIRE tioii de ces mites dans la peau, et ce n'es£ qu'au bout de plusieurs jours, qu'elles n'ont plus rien ressenli. Ces miles sont presque invisibles à la vue sim[)le , ayant à peine un vingtième de ligne dans leur plus grand diamètre. Examinées au microscope , ces mites m'ont paru être de diverses giandeurs; les plus petites, et probablement les plus jeunes, avoient beau- coup de rapports avec la mite de la gale de De Géer ; les autres , ou les individus les plus grands , avec la mile des moineaux, acarus passerinus , Lin. Leur corps est pres- que rond, d'un blanc un peu transparent, avec quelques jointures de leurs pattes d'un brun rongeât re; la partie antérieure du corps forme un petit museau conique ; les deux paires de pattes antérieures sont courtes , grosses, égales et coniques; la troisième paiie est écartée des précédentes , rejetée en ar- rière; ces pattes-ci sont très-grosses, parti- ticulièrenient c\ leur base, et ont des poils, '^ dont quelques-uns fort longs; les dernières pattes, ou celles de la quatrième paire, sont petites , cachées presque par les précédentes et dirigées dans le même sens; l'extrémité postérieure du corps m'a paru arrondie, et DES A CARI DIE S. SgS avoir quatre petites appendices ou pointes mobiles , ayant au bout une iongue soie ; les deux appendices du jnilieu étoient plus petites. Je place cette mite dans le genre sarcopte. Voilà ce que l'histoire des insectes des familles acaridies et des tiques nous ofFie de plus digne de notre attention. Passons à la nomenclature des principales espèces. 396 HISTOIRE TREIZIÈME GENRE. TnoMBiDioNj trombidium. J-JES entomologistes qui ont précédé Fa- bricius n'ont pas distingué ces insectes des mites {acarus). De Géer seulement en a fait une division particulière , la famille des mites vagabondes. Fabricius place les trom- bidions dans son ordre des unogates , et leur donne pour caractères ; deux palpes re- courbés, très-pointus; lèvre inférieure con- cave , recevant les mâchoires ; antennes sé- tacées. Ce dernier caractère est faux , les trombidions , ainsi que tous les acérés , n'ayant pas d'antennes. L'entomologiste de Kiel avoit mieux vu dans ses premiers ouvrages {an- tennœ quantum video nullœ). Il jange dans ce genre les hydrachues de Muller, dont nous formons une famille, à raison de leurs pattes natatoires et de leur manière de vivre. Nous avons donné dans les généralités de la famille des acaiidies la description de l'espèce de Irombidion la plus commune ^7J'sq6. I.TIIOAIBIDIOISÎ Colorant, tr-'e.i- ipwjx -2. ^/-3.MITE J)irmeàfiipa\ ûe.i'^t/7Uf,rj-ie -4 .IXOl^E Eèifin'c fr'ej-mnpfifie , Vu ai i/ed-jiU.-6 .Le me/ne, m (/ej-J-tniJ; aje ma/e.-b. J\i frimive. Fort (f/osàie ; a.ti.pafpeJ deriumt Je (^trùie ; i, j^içov\ J.F.xûetnUe (f'uji Je dej tarjcj, (jrroui ;a.pe/ofe ; hJ>,c7'oc/iefJ. t^.S.VllCOPTE ])c la qa/e , frèj -^^tp'OJ-A . ./Y, .XVI. c /. 7. /. r>QO. l.Tll().MJ{Il)I01^ Colorant, fn\i- ^fnKurl -2 . et -'^ .m\Ù. J) o/ih'.< liane , ti\'0-^uwJii\(Vi iA\i\ivuo; ii.lc nia/c.-b. J'a ft'ovwe Fort (f/iUivn- ; ,1 ,,i , p,i/i>(\t .Wr/'d/it lA' (/ai/zc / />, ,riici'Tr. y Fxi/c/nitc i/'u.'i ,/c (fi'.i Ar/\n'j. if/o,i\y( ; d.iH'foh' ^ /',i>,c/\'c/n'.'.' DES TROMBIDIONS. 597 le trombidion saline, trombidium holoseri- ceum ; acariis holosoriceus , Lin; la tique rouge satinée terrestre, de GeotFioi; la mite satinée terrestre, de De Géer, tom. VII, pi. VIII, fig. 12 -i3. On reçoit de Surinam, et de quelques autres parties de l'Amérique méridionale , un trombidion beaucoup plus grand, le trombidion colorant, trombidium tinctorium , Fab. ; acariis tinctorius , Lin.; acarus ara- neoïdes , Pall. Spicil. zool. fasc. 9, tab. 3, fig. 1 1. Cette espèce est aussi d'un beau rouge écarlate, couverte d'un duvet épais et soyeux, avec les jambes antérieures plus pâles, sui- vant Linnaeus. On s'en sert pour teindre en rouge. On rangera dans le même genre la mite faucheuse de De Géer, dont nous avons parlé dans l'historique de la famille. Ce trom- bidion est figuré dans cet auteur, tom., VII, pi. VIII, fig. 7 et 8. Nous nommerons cette espèce trombidion faucheur , ( trombidium, phalangioïdes . ) On pourra aussi rapporter provisoirement à ce genre les mites suivantes de Linnaeus et de Fabricius. 39S HISTOIRE 1". Trombidion mouvant j acarus mota-^. torius. Lin. II est blanchâtre ou jaunâtre, avec les pattes antérieures fort longues, et que l'in- secte remue comme des antennes. — Il se trouve sur les champignons. 2°. T. tisserand; acarus telarius. Lin. Le tisserand d^ automne. GeofF. — La mite fileusCt De Géer , Mém. ins. tom. VII , pi. vu , iîg. 20 - 23. Il est verdâtre ou jaunâtre, avec un point brun de chaque côté de l'abdomen. Nous en avons parlé dans les généralités de la famille. 3°. T. DES BAIES ; acarus baccarum. Lin. Le corps est renflé, uni, rouge, avec un point obscur et d'où pai tent quelques poils de chaque côté. — 11 se trouvç dans les graines de groseiller. 4°. T. DES rochers; acarus rupestris. Lin. Son corps est brun, avec une ligne blanche ou rouge ou mi-partie de ces deux couleurs. — Il se trouve en Europe, sur les pierres et les rochers. Cette espèce est voisine du trombidion faucheur. DES TROMBIDIONS. 599 5^, T. DU saule; acarus salicinus. Lii}. Il est rouge, avec une petite baude lon- gitudinale brune et bifurquée en devant. Il court très -vile. Nous pourrions étendre considérablement cette nomenclature ,• mais sans grands avan- tages pour l'étude des espèces, puisqu'elles n'ont été que très-peu et souvent mal ob- servées. Des genres Eylaïs , gamase , mite et ORiBATfi. ( Genres XIV — XVll). Il nous semble inutile, d'après les motifs que nous allons exposer, de traiter pfirticu- lièrement les genres ci-dessus. L'impossibilité où nous sommes de rapporter les différentes espèces de miles aquatiques ou d'hydrachoes décrites par Muller aux trois genres que nous y avons formés, eylaïs , limnochare, Hydrachne, nous obligea présenter encore ici piovisoirement ce dernier genre de Muller, tel qu'il l'a lui-même donné; ainsi les eylaïs s'y trouveront sous leurs dénomi- nations piimilives. Le genre gamase a pour type la mite des coléoptères de GeofFroi , acarus coleoptra-- 400 HISTOIRE torum , Lin. Fab. Nous avons donné la cles- cripîion de cet insecle dans la généralité de sa famiJle, en rapportant les observations de De Géer qui nomme cet insecte : 7nite des bourdons ^ foni. Vif, pi. vi, fig. i5. Nous ne connoissons pas d'autres espèces du même genre. Le genre des mites proprement dites est dans le même cas. Les deux espèces prin- cipales, dont il est formé, sont : i'^ la mite domestique, de De Géer, tom. VII, pi. v, fig. 1, 2, 3 et 4 ; le ciron du fromage de Geofîioi , acarus siro , Lin. ; 2° la mite de la farine, de De Géer, tom. VII, pi. v, fig. i5. Nous avons aussi fait connoître les insectes du genre oribate , eu décrivant la mite de l'écorce des arbres, de De Géer, tom. Vil, pi. VIII , fig. 1 , et qui est Vacants genicu- lalus de Lionaeus , et la tique noire et lisse de Geoffroi. 11 taut placer également dans cette coupe la mite à rebord, de De Géer, ou la tique noire, à ventte anguleux eu devant, de Geoffroi , X acarus coleoptratus de Liniiceus. La mite aquatique à ailerons, de De Géer, tom. VII, pi. XI, fig, 1, y entrera aussi. ORDRE DES SOLENOSTOMES. 401 ORDRE SECOND. SoLÉNosTOMESj solenostoma. IjEs acères de cet ordre n'ont point dé mandibules , et Jeur bouche ne cousisie que dans un simple tube, servant de suçoir, d'où vient le mot de soléno.stome , bouche en tuyau. Les autres caractères et les habi- tudes sont d'ailleurs ici les mêmes que dans les acaridies. Fin du septième Volume: Ins, Tome VIL Ce TABLE Des matières contenues dans ce septième Volume. J^ris. Page 5 Troisième genre. Sphérome, 1 1 Quatrième genre. Cymothoa. i8 1. Cymothoa imbriquée. 25 2. ■ asile. ibid 3. œstre. 24 4. en f aulx. ibid 5. — — paradoxe ibid Familla seconde. Cloportidest 25 Cinijuièmi- genre. Ligie. 27 1. ï^igie italique. 01 2. océanique. ibid Sixiètna genre. Cloporte. 53 1. Cloporte orJiiiaire. 4^ Septième g-nre Philoscie. 4^ Jlaitième genre. PorceUwn» 4^ 1. PorcMion rude. ibid INeui^ième gen^-e. Armadille. 47 I. Armadi Lie commun. 4° 2. mélangé. 4" 3. tacheté. 49 Dixième genre. Bohyre. 5o Sous-classe seconde. Mille-pieds. 56 Ordre premier. Chilognathes, oi T A B L E, 4o5 JPremier genre. Gloméris, (j* I. Gloméris ovale. 2. . testacé. \ 5. plombé. 4' ■" pustule. 5. marffiné. o 6. bordé. 7* — ■ — marbré. Deuxième genre. Iule. 1. Iule terrestre. 2. • des sables. 3. ■ des arbres, 4* • bourreau, O. • indien. 6. — — - brun. 7' très-grand. Troisième genre. Polydême X. Polydême aplati, 2. déprimé. 3. — — à stigmates. 4* tridenté. Quatrième genre. Pollyxéng, g. Ordre second. Syngnathes. 05 Cinquième genre. Scutigère, g5 I. Scutigère aranéoïde. 2' longicorne. Sixième genre. Scolopendre, 64 ibid 65 ïbid m ibid ibid 67 75 74 75 76 ibid ibid ibid 77 79 ibid 80 80 Ce 2 88 9» % 4o4 T A B L E; I. Scolopendre fourchue. Ç)5 a. géant. ibid 3. mordante. il>»i /J. ferrugineuse. 94 5. c/orsa/e. iï>id 6. porte-bouclier, iWd n, électrique. *Dia 8. • phosphorique. 9^ q. occidentale. iï»d iio. c?c Gabriel. ibid Sous-classe troisième. Acères. 9^ Ordre premier. Chélodontes. 109 Section première. Famille première. Scorpionides. iio Premier genre. Scorpion. m 1. Scorpion d'Europe. ibid 2. maure. 119 3. africain. I20 '/. longimane. 122 5. roussâtre. ibid 6. c?e l' Australasie. 124 f7. fauve. Ï25 8. flexible. 126 Q. longue-queue,, ibid 10. • grêle, 127 [II. ponctué. ibid Il 2, — — américain, 128 i3^ —,— . mucroné^, 129 T A B L K. 4o5 "Deuxième genre. Thélyphone, i5o Troisième genre. Phryne, 3 55 1. Phryne lunule. l56 2. réniforme. ibid 5. palmé. ibid 4. moyen. 137 Quatrième genre. Pince. i58 I. Pince cancroïde. \/\X 2. cimicoïde, 1^2, 3. acaroïde. ibid 4. trombidioïde. ibid Famille seconde. Arachnides. l44 Cinquième genre. Mygale. i49 Mygale aviculaire, iSa — ■ — de Leblond, i5g maçonne. 164 c/e Sauvages. j65 nidulaire. l56 Septième genre. Araignée. 170 Familles des araignées d'après Olii^ier. 198 Première famille. Araignées tendeuses. ibid Seconde famille. Araignées fllandières. 19g Troisième famille. Araignées tapissières, 200 Quatrième famille. Araignées loups. ibid Cinquième fam.ille. Araignées phalanges, Q.01 Sixième famille. Araignées crabes. 202 Septième famille. Araignées aquatiques. 2o5 Ce 3 4oG TABLE. H uilième famille. Araignées mineuses. 2o5 Familles des araignées diaprés TJ^alckenaer. 204, 2^ I einière famille. Orhif ormes. ibid Deuxième famille. Spiraliformes, 2o5 Troisième famille. Rétiformes. ibid (Quatrième famille. Filiformes. ibiJ Cinquième famille. Napiformes. 206 Sixième famille. Tapiformes. 207 Septième famille. Camérifurmes. ibid H ni ci è me famille. Cellulif ormes, 208 'Neuvième famille. Tubiformes. ibid Dixième famille. Claustraliformes. 209 Onzième famille. Grottiformes. ibid Douzième famille.. Cordiformes. ibid Treizième famille. Nayades. 210 Quatorzième famille. Coureuses, 2ii Quinzième famille. Chasseuses, ibid Seizième famille. Voyageuses. . 212 Dix-septième famille. Sauteuses. ibid Dix-huitième famille. Chercheuses. 2i5 I. Araignées tapissières, i. Araignée érylhrine, 2i5 2. sénoculée. 216 3. des caves. . 217 4- aquatique, ibid 5. satinée. 2iS 6. corticale, 220 y, — — nourrice,. 23 X TABLE. 407 7. bis. ( i5.) A. màlanogastre. 222 8. atroce. ibid 9. amarantJie. 223 lo. atome . 224 1 1. errante. ibitl 12. épimelas. ibid 12 bis. A. nocturne» ibid i3 lucifuge. 225 14. lapidicole. ibid i5. rt'luisante. ibid \Q. labyrinthique» 226 17. domestique. 227 18. privée. 228 ig. agreste. ibid II. Araignées filandières. ibid 20. veloutée. ibid m. aphane. 229 11. sisiphe. ibid 23. — — ctypticole. 23o 24- triangulifère. ibid 25. découpée. ibid 26. peinte. 23 II l'j. crénelée. ibid 28. teinte. 232 29. Araignée gentille. ibid 3o. Caroline^ ibid 3i. /o/îV. ibid Ce 4 4o8 TABLE. 32- Araignée gracieuse, 255 53- bienfaisante. ïh\dL 34- obacure. 234 55. notée. ibii 56 ponctuée. ibid 37. orticole. ibid 58. mouchetée. 235 59. biponctuêe» 236 40. raxée. 2.5j 41 • ■ couronnée, 238 42. ovale. 240 45. l'erse. 241 44- phalangiste, ibid 45. triangulaire. 242 46. montagnarde. 248 III. Araignées tendeuseSt 249 47 thoracique. ibid '48. — — étendue» ibid '49. — — angulaire, 25o 5o. bicorne. 261 5i. bossue. 252 52. croisée. ibid 53. bituhercuîéei ibid 54* dromadaire, 253 65* mellittagre, 254 56. — — * myagrie. ibid 67. — diadème, ^55 TABLE. 409 58. Araignée alsine. aSG 59. quadrille. ibid 60. scalaire. 25? ibid 259 260 ibid 261 ibid ibid 262 ibid ibid 265 ibid 264 ibid 265 ibid 266 ibid 79. fasciée. 269 80. soyeuse. 270 81. pâle. ^ji 82. înamelonnée. . 273 85. fastueuse, ibid 84. ■ ■ - variable. ibid 6i. • apoclise. 62. ombraticoîe. 65. cratère. 64. agalène. 65. myabore. 66. triguttée. 67. drypte. 68. acalyphe. 69 céropège. 70. adiante. 71- diodie. 72. tubuleuse. 75. calophylle. 74- inclinée. 75. antriade. 76. • cucurbitine. 77. 78. de Ménard. 4io TABLE. 84 ^'s. A. à brosses. 273 pillipède. 274 pluniipècîe. an5 militaire, ibid épineuse. 276 fourchue^ ibid cancre. ibid 85 86 87 88 89. 92 95 94 Araignée armée. 276 à quatre épines, t.^'J voûtée. ibid arquée. ibid V. (i) Araignées crabes ou latérigrades^ 278 95. émeraudine. ibid 96 ornée. 279 97. ro.v(?. ibid 98. hétérophthalme. 280 — oblongue, ibid 99 100 lOÏ 102 io5 104 io5 argentée. 281 rhombifère». ibid tigrée. ibid cespiticole, 282 flamboyante. ibid chasseuse. ibid 106 paresseuse, fi83 107. bilinée. ibid (i) Le N° V doit être IV, et ainsi de suite. TABLE. 4ii 108. u^rai'^née tronquée. a85 yig. arrondie. 284 110. échancrée. ibid 1 1 1 . floricole. ibid 112. violette. 285 li5 citron, ibid Ii5 bis. A. calycine, 286 11 4« crêtée. ibid II 5. enfumée. ibid II 6- omheUicole» 287 117. diane. ibid 11 8. mignarde. ibid 119. arlequine. ibid 120 jardinières^ 288 121. rurale. ibid 122. dorée. 289 ,VI. Araignées loups, ibid 123. tarentule. ibid 124. allodrôme, 292 125. agrétyque. 293 126. vorace. ibid 127. ao-f/e. ibid 128. à sac. . 294 J29. — — prompte. ibiJ l5o. corsaire. ibid i3i. lugubre, 298 i52. ■— — admirable, 296 412 TABLE. !a33. araignée bordée. a.qy 354. frangée. ibid tVII. araignées sauteusesi ibid î55. ronge. ibid l56. tardigrade» ' 298 137. Jardinière. ibid l58. chevronnée. 299 359. psylle. ibid 340. — — entourée. ibid 'i4i' virgulée. ibid 142. pubescente, Soo '145* lettrée. ibid 3 44* triponctuêe. ibid '345. noire. ibid 346. chalyheyenne. 3oï 147* cuivrée. ibid 348. nidicole. ibid '3 49. frontale. ^ ibid i3 5o. lunulée. ibid :35i. bicolor, 3o2 IsSa. rusée. ibid 355. des mousses. ibid 3!j4« sanguinolente. ibid 13 55. fourmi. 5o4 356. festonnée. ibid 357. aplatie. ibid Famille troisième, Phalangiens, 3o6 TABLE. 4i5 Septième genre. Galéode. 5q_ Huitième genre. Faucheur, 5j/ 1. Faucheur des murailles, 32 f ?.. à quatre dents. 52a 5. des mousses, i[jjj[ 4. à crête. jjjij^ 5. porc-épic. 525 6. himaculé. îbid 7. mantelé. 52^ 8. annelé. 525 9. rorac?. jbid 10. d'Helwig. 52(5 Jii. hispide. ibiJ 12. uni -épineux. jjjjj Neuvième genre. Trogule, g-fr Dixième genre. Ciron. 2-_ Famille quatrième. Pycnogonides. 55(j Onzième genre. Pycnogonon. 35^ Douzième genre. Nymphon. 555 /Secfwn seconde. Famille cinquième. Acaridies. 354 Treizième genre. Trombidion. 3gS X>es â'enres fj/ais , gamase , mite et oribate. 399 Orû?re second. Solénostomes. aq^ Fia de la Table. À ^'' 1s^4m «^^ i® A'^. A m'^r^!^!