WE be cs RE A cl = : : 7 Ë nee tpm f te paire nee tete, d ae Far #: TRES 2e AE NT be Gt M OF D er pl À coner 4 Pet eme CSATNENTE eat 8 are : : …__ AR 4 De Re PET ST net ARLES - 4: L ‘+ H:.Æ:S T:0.1.R ÆE NATURELLE GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE. I ESPPU'IS"S "0 NS. TOME: S EP&E L'EM'E O N ROLE EL T AUD 'A RER TS, Durant, Imprimeur-Libraire et éditeui rue des Noyers, N° 22; Crez BægnTranp., Libraire, quai des Augustin: N°55: à ' ROUEN, Chez VALLÉE , frères, Libraires, rue Beffroi, N° 22, 4 A S'TR'AIS BOURG, Chez LEevrauzr, frères, Imprimeurs-Libraire: çà LIMOG E, S É Chez “a Pt Libraire. A. MONTPELLIER, Chez VirnAz, Libraire. À M'O NS, Chez Hoyois, Libraire. Et chez les principaux Libraires de l’Europe. ISTOIRE NATURELLE, GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE, RES POISSONS; VRAGE faisant suite à l’Histoire naturelle, générale Lt particulière, composée par Lercrerc pe Burron, et nise dans un nouvel ordre par C. S. SonNiNt, avec es Notes et des Additions. BAR AIC EM SONNINT, EMBRE DE PLUSIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES ET LITTÉRAIRES. TOME SÉBTIÉEÉME, DE L'IMPRIMERIE DE F. DUFART, AN XI. PR] 4) re \n- ‘id rl L Je Ms PO + r 2 "à | A a | s 4 " TA HTOT 2 4 PT nc TA ALTAA ÆMTOT 21 } OT re BA URL 0 ; Let Fr 17» , ; a Ne pa nt 2 1) rt d LEO MONO 4-8 4 | A dr pi À olidnig. oHsaitan otiotei L 2! tHenint. 4: Hu 1), aotrul a4 ie [484 Aug VISU NET 29 vÈ Atrnoë & À 1844 ; subie ELLE on ii ehiab LS ; À : à Puit: b 89b 45 PRRUEZ L 0 LL » LU EM MOTEUR f 4 4 } 4 als & FL. s0ù # f ‘ LE mieu } JATUAVAE et, 219 0e Au ! HAT ET TI AE Si) #. %e # st # er ere 4 M % I T 4 æe hi & ki CFA M OT 8 "HISTOIRE NATURELLE LES) P'OTS S ON S PÉCHE DE LA MORUE. ——— D E tous les poissons que nous avons jus- qu'à présent considérés sous un point de vue d'utilité, il n’en est aucun dont la pêche présente des avantages plus considérables, pour les peuples de l’Europe et de l'Amé- rique septentrionale, que celle de la morue; aussi cette pêche est-elle une de celles aux- quelles on s’est livré avec le plus d’ardeur, et dont on a cherché avec le plus de soin à perfectionner les procédés. La morue, comme on l’a vu dans son histoire naturelle, étant un poisson des mers boréales (1), ne se trouve guère en Europe (1) Il n’est pas encore prouvé que la véritable morue , le gadus morhua de Linnæus , se trouve dans les mers Australes; mais il y a probabilité , d’après les rapports des navigateurs , qu’on y pêche une espèce de gade qui a de grandes analogies avec celui-ci. A 5 6 PECHE avant le ciñquantième dégré de latitude , et en Amérique avant le quarantième; c’est donc dans l’espace compris entre ces paral- lèles et les glaces du pole que les pêcheurs doivent la chercher , et c’est aussi sur les bancs, c’est-à-dire, sur les montagnes sou- marines, peu distantes des côtes, qu’ils se rendent principalement à l’époque du frai pour se la procurer. Quoique les morues ne soient pas fort communes sur les côtes de France, on ne laisse pas que d’y en prendre quelques-unes, soit dans les parcs, soil avec des lignes de fond, soit dans les folles ou autres filets qu'on tend pour prendre toute espèce de poisson en général; ce sont ordinairement de jeunes individus qu’on se procure ainsi accidentellement , et on les confond le plus communément avec les merlans, quoiqu'ils soient de forme un peu différente, et qu'ils aient une chair plus ferme et plus savou- reuse. La pèche des morues au filet n’est pas aussi avantageuse que le pourroient croire ceux qui ne counoissent pas les habitudes de ces poissons. On peut rarement prendre par ce moyen de grosses pièces, même sur les bancs les plus péuplés, attenda qu'elles DE LA MORUE. 7 se tiennent constamment au fond, ou à une trés-petile distance du, fond, et qu'il ne seroit pas facile de manier des. filets assez longs pour les atteindre ; de plus, la'fré- quence de ce mode de pêche éloigne les morues des heux où on le pratique, ainsi qu'on en à fait la malheureuse expérience sur les côtes: de Suède et de Norvège; aussi y a-t-on renoncé par-tout ou presque. par- tout : aujourd’hui on ne prend plus les mo- rues qu'à l’hameçon par les procédés qu'on décrira plus bas. Il convient cependant de dire qu'on se servoit pour cette pêche de filets de vingt brasses de long et d’une brasse de haut, dont les mailles avoïent trois pouces en carré ; on les laissoit tomber jusqu'à soixante - dix brasses et plus. Un bateau monté par six homimes portoit ordinaire- ment dix-huit de ces filets, qu'on tendoit le soir et qu'on levoit le matin; souvent ils étoient emportés par des cétacés ow de grands squales, et les pêcheurs se trouvoient quelquefois, après de pénibles et dange- reux travaux, avoir perdu leur capital et leur tems. Ce n'est que sur les côtes des pays nou- vellement cédés à la France, c’est-à-dire, sur celles de la ci- devant Belgique, que À 4 8 PECHE lon commence à prendre, sous le nom de cabeliau, de grosses morues propres à être salées ou séchées, mais que l’on consomme le plus habituellement fraîches , à raison de la proximité des grandes villes. Celles qui se trouvent un peu plus loin, c’est-à-dire, sur les côtes de Hollande, principalement vers lembouchure de la Meuse, sont les plus estimées. On pêche des morues sur toutes les côles d'Angleterre, d’'Ecosse et d'Irlande, princi- palement sur celles qui sont le plus au nord. On les y mange généralement fraîches, ou on leur donne un demi-sel, propre à les conserver quelques jours de plus, et à faci- liter par conséquent leur transport assez avant dans. l’intérieur des terres. On a remarqué que ce demi-sel raffermissoit leur chair, la rendoit plus savoureuse, et en conséquence les pêcheurs le donnent uni- quement par précaution. Ces morues se prennent à la ligne ordi- naire , à la ligne dormante et dans des parcs, qui ont quelquefois leur embouchure oppo- sée à la marée montante, et qui alors sont terminés par un grand filet en forme de nasse que l’on relève ,avant le retour com- plet de la marée, par le moyen de cordes, DE LA MORU EF. 9 de poulies ou de longs leviers. attachés à un échafaud construit au dessus. Les morues sont également fréquentes sur les côtes de la Prusse, du Danemarck, de la Norvège, de la Suède, de la Russie, de l'Islande et autres îles; on les y prend généralement à l’hamecon, mais aussi quel- quefois avec des filets et autres engins. Cependant c’est principalement sur les bancs appelés Dogger-bank, Wel-bank et Cromer que se fait réellement, en Europe, ce qu'on appelle proprement la pêche de la morue. Le premier de ces bancs, qui a cin- quante lieues de long, est situé dans la mer d'Allemagne, presque à égale distance des côtes d'Angleterre et de Danemarck, et sert de rendez-vous aux pêcheurs de toules les nations, sur-tout à ceux de Hollande et d'Angleterre, qui en sont plus voisins. Là les vaisseaux restent quelquefois six à sept mois de suite, et sont uniquement occupés à prendre des morues et à leur donner les premières préparations conservalrices. C’est dans les lieux où 1l y a soixante ou quatre- vingts brasses d’eau que lon prend le plus de morues et les plus belles, mais aussi la pêche y est plus fatigante que dans ceux 10 PECHE où il n'y a que douze à quatorze brasses d'eau. La distance du Dogger-bank des côtes de la Hoilande n'étant que d’une cinquantaine de lieues, et celle de ses extrémités à l’Angle- terre ct au Danemarck étant encore moim- dre, on peut facilement transporter dans ces pays les morues qui n'ont pas été blessées assez dangereusement , en retirant les hame- çons qui les ont accrochées, pour craindre qu'elles meurent des suites de leurs blessures, À cet effet on construit des barques à vi- viers, c’est-à-dire, de petits vaisseaux pon- tés, dans lesquels on forme dans la cale, à l'arrière du grand mât, une séparation bien calfatée , que l’on subdivise en cases. Celle espèce de soute a communicalion avec la mer d'un côté par des trous , et avec le pont de l’autre par un soupirail qui peut se fer- mer à volonté. On peut voir ia figure de la coupe d'un de ces bateaux, pl. xri du Traité des pêches de Dühamel. | Le poisson se conserve assez long - tems dans cetie sorte de vivier pendant l'hyver et lorsque le tems est beau, mais pendant les chaleurs de l'été, et lorsque le navire est baltu par les vents, il est fort difficile de DE BA MORUE. 11 y garder en vie plus de cinq à six jours. Ou le nourrit avec tous les articles qui ont servi d’'appât pour le prendre, ou avec d’autres du règne animal. Comme depuis plusieurs siècles les peuples maritimes de l'Europe se disputent à qui prendra annuellement le plus de morues sur le Dogger-bank et dans les autres lieux qu'elles fréquentent, elles ont dû, quelle que soit la rapidité de leur croissance et leur fécondité, y diminuer en grosseur et en nombre ; d’ailleurs les registres des villes de Hollande, qui font mention du produit des anciennes pêches, constatent qu’elles étoient bien plus fructueuses autrefois : ainsi il n’y a pas de doute que le prix de la morue salée ou sèche seroit aujourd’hui hors de la portée de la classe qui en consomme le plus, si la découverte de F Amérique n’avoit pas étendu la sphère d'activité des pêcheurs, et non seulement comblé le déficit, mais en- core procuré une augmentation incaicu- lable de produit. | C’est, comme on l’a vu plus haut, depuis le quarantième dégré jusqu'aux glaces du pole que lon trouve des morues sur les côtes de l'Amérique septentrionale. Dans ce long espace on les pêche sur le bas-fond de 19 PÆE’C HE V'Acadie, dans la baie du Canada autour de l’ile de Sable, sur le banc Verd, et sur- tout sur le grand banc de Terre-Neuve. Ce dernier banc, trois fois plus long et six fois plus large que le Dogger-bank, est seul une mine qui, depuis deux siècles, a fourni plus d'argent que celles du Potosi aux peuples industrieux de l’Europe et aux habitans de l'Amérique. Décrire la manière dont on pêche la morue sur ce banc, aujourd'hui le plus fréquenté de l'univers par les pêcheurs, c'est faire connoître ce qui se pralique par -tout. En conséquence on va entrer dans les détails les plus circonstanciés. Les côtes de l'Amérique septentrionale étant, à la même latitude, beaucoup plus froides que celles de l’Europe, l’époque du frai des morues y est beaucoup retardé. Rarement on peut y entreprendre la pêche avant le milieu d'avril ; le plus souvent ce n'est qu'au milieu de mai qu’on commence à pouvoir la pratiquer sur lile de Sable, c'est - à - dire, le banc le plus méridional de cette côte. Mais à cette époque de l'année , ces mers sont encore couvertes de brumes et de glaces , qui en rendent la navigation fort dangereuse; aussi les DE LA MORUE. 13 pêcheurs partent-ils d'Europe de manière à n'arriver sur le grand banc qu’au commen- cement de juin. Les morues, ainsi qu’on l’a dit précé- demment, n’ont point une marche réglée; tantôt elles arrivent plus tôt, tantôt elles arrivent plus tard; une année elles affluent en grande abondance dans un endroit où l’année suivante on n’en trouvera à peine que quelques-unes. En général, comme elles fraient presque en même tems que les harengs et qu’elles se nourrissent à leurs dépens, elles les suivent pour l'ordinaire, et l’on peut attendre une bonne pêche de morues, là où on a vu arriver les harengs en premier et le plus abondamment. On ignore quelle est positivement la cause qui empêche les harengs et les mo- rues de venir chaque année frayer dans les mêmes lieux , attendu que les circons- tances physiques, c’est-à-dire, la hauteur de l’eau et de la nature du fond ne chan- gent pas; mais on peut supposer qu'elle n'est due qu’au hasard, que comme ces poissons vivent toujours en innombrables troupeaux , lorsque quelques individus de la tête nagent machinalement dans une direction , tous les autres les suivent , ef 14 PECHE s’arrétent aü premier endroit qu'ils rencon- trent, et qui est propre à recevoir l'espoir de leur progéniture. On voit journellement un exemple analogue dans les troupeaux de moutons, dont l'individu le plus en avant conduit toujours la marche. Quoi qu'il en soit, c’est généralement en juin, on le répète, que la pêche commence; elle.est dans toute sa force «en juillet, dimi- nue én août, reprend un peu plus d'activité en septembre, el'est assez bonne en octobre, lorsque les brumes et les glaces ne s’y op- posent pas, ce qui est généralement rare. On se deinande peut-être pourquoi, puis- que les morues viennent sur le grand banc pour frayer, il y a une interruption dans la pêche. Comme aucun naturaliste n’a suivi les pêcheurs dans leurs expéditions, on n'a point d'observation posilive qui autorise à répondre à celte question; ce- pendant on peut présumer, par analogie, d'après ce dont on s'est assuré relativement aux aulres poissons , sur-dout au hareng el aux poissons d’eau douce, que les iplus vieilles morues fraient les premières, ordinai- rement avant l'arrivée des pêcheurs, que les moyennes fraient en juin et jaiHet, etque les plus jeunes, celles qui fraent pour la pre- | DE LA MORUE. 15 muère fois, déposent leurs œufs en sep- tembre et en octobre; après quoi touies quittent les bas-fonds pour rentrer dans la profondeur des mers. Ce n’est donc, comme on l’a précédem- ment annoncé , qu'à l'entrée du mois de juin que commence la grande pêche sur les côtes de l'Amérique septentrionale ; le parage le plus avantageux et par consé- quent le plus fréquenté, est par le qua- rantième et le quarante-sixième dégré de latitude. Pour le succès de Ja pêche, en quelque lieu qu’on la fasse ,; il es impor- tant de choisir un bon port; c’est pour- quoi Jes capitaines, qui ont déjà fait un grand nombre de voyages, ont plus d'avan- tages que ceux qui vont pour la prenuère fois sur ce grand banc. S'il arrive aux hollandais de réussir plus fréquemment , c’est qu'ils sont laborieux, patiens , expérimentés plus que les autres peuples, «et qu'ils ne ‘se, découragent pas par Je defaut du succès, mais changent de port jusqu’à ce qu'ils en ‘aient trouvé un qui leur soit avantageux. ‘On regarde comme préférables aux au- dres ‘les fonds de roche pourrie , de co- quillages, de terre grasse, et comme peu 16 PECHE productifs ceux qui sont de sable pur ; ainsi que ceux de rochers doux. Le tems le plus favorable est quand le ciel est couvert et l'air obscur. On a vu, dans ces circonstances, el sur un bas-fond, des matelots ne faire que jeter la ligne et la retirer, c'est-à-dire, prendre chacun cent cinquante et même deux cents mo- rues en vingt-quatre heures. Ainsi, si la pêche continue avec le même succès, une flûte de deux cents tonneaux peu com- pletter une cargaison de trente à trente- cinq milliers de morues en moins de trois mois. | Mais il n’est pas commun de trouver un ciel et un lieu en même tems et constam- ment propices ; aussi est-il rare de faire des pêches de cette abondance. Ordinairement le tems change plusieurs fois dans le cours d’une saison; des vents contraires chassent le navire loin de l'endroit où il vouloit se fixer , ou des vents violens l’empêchent pendant plus ou moins long-tems de mettre les lignes à Ja mer. | La marche la plus régulière, celle qu’on suit ordinairement lorsqu'on arrive de bonne heure et qu’on n’est pas contrarié par les vents, est de commencer à s'établir au port le DE LA MORUE. if le plus sud , puis de s’avancer sradupHe ment vers le nord par l'est jusqu'au mi- lieu du grand banc, d’où on revient vers Je sud lorsque les froitls commencent à'se faire sentir. | Les bätimens qu'on emploie ordinaire- ment pour la morue, sont depuis quarante jusqu'à cent cinquante tonneaux ; mais :cé- pendant on en voit quelquefois de plus pelits et'de plus grands sur le grand banc. Leur forme varie, non seulement suivant les nations, mais même suivant les ports de mer où ils ont été construits; mais tous doivent être forts par leurs membrures, avoir au moins un pont'avec deux grands gaillards , ou deux ponis sans gaillards. Ceux-ci sont préférables, parce que l'éta- blissement de la pêche s’y fait avec beaucoup plus de facilité et bien moins de dépense. Au surplus on fait rarement usage de na- ‘vires construits pete pour ‘une autre destination. L’approvisionnement des vaisseaux qui vont à la pêche de la morue sur le grand banc de Terre-Neuve, varie selon lés ra tions, les ports, leur capacité et les moyens des armateurs; on ne peul en conséquence rien dire de général à cet égard; mais dans Poiss. Tome VII. B 18 PECHE les ports de France on est ordinairement dans l'usage de prendre deux tonneaux et demi de sel pour chaque millier de mo- | rue que la calle peut contenir; des menus | ustensiles de pèche en surabondance, et des | vivres pour neuf mois. Quant au nombre d'hommes, un bâti- ment de quatre-vingt-dix tonneaux en a généralement de dix-huit à dix-neuf; sa- voir, un maître, un pilote, un saleur, douze matelots et trois ou quatre mousses ou apprentis; d’autres plus forts en ont vingt-cinq ou trente et même plus. Les conditions des pêcheurs avec les arma- teurs sont arbitraires ; quelques équipages sont à paye réglée , mais le plus grand nombre sont à la part, c’est-à-dire, inté- ressés dans les bénéfices. Cette part est fixée. par l’acle d'engagement, mais toujours proportionuelle au grade. Le principal instrument dont on se sert pour prendre les morues , est une ligne armée d’un haïm ou hamecon. 11 convient donc d'entrer à son égard dans des détails circonsianciés ; car c'est de sa bonté que résulie souvent le succès de la pêche. Les hamecons doivent étre les uns d’un fer bien liant, les autres d'acier. Ces der- DE LA MORUE. 19 niers sont préférables dans les parages où il n’y a pas de rochers; mais comme ils se cassent trop fréquemment dans ceux où il yen a, on doit s’y servir de ceux de fer. Les uns et les autres sont ordinairement étamés pour les conserver plus long; tems exempts de rouille. Les pêcheurs donnent à leurs hamecçons des courbures différentes, et chacun d’eux prétend qu’il a adopté la meilleure. Il doit y avoir en effet quelques avantages à em- ployer une espèce de hameçon plutôt qu’une autre , mais en général, tel qui est supérieur dans telle circonstance , devient inférieur dans telle autre, c’est-à-dire, que ces engins agissent sur le poisson dans des directions variables, et que dans quelques-unes de ces directions un hamecon très-courbé est avan- tageux, tandis que dans d’autres c’est au contraire un plus droit qui devient préfé- rable. Quoi qu’il en soit, on a fait graver, planche XXVII , de grandeur naturelle et avec leur empile, les deux sortes de hamecçons dont on fait le plus fréquemment usage. L'article le plus important dans le choix des hamecons , est que leur pointe , ainsi que celle du barbillon soient aiguës, et que B 2 =" 20 JRNBIC HE cétté dernière soit bien détachée de la tige. 11 seroit à desirer même que la pointe fût en acier dans les hamecçons en fer; mais l'augmentation dé main-d'œuvre que cette opération occasionne , et le plus haut prix qui en est la suite, s’y opposent. En général les anglais et les hoïlandais emploient des hameçons moins grands que les fiançuis; mais on reproche aux petits de rendre la pêche plus lente, parce que les morueés les avalent , et qu'il faut les ouvrir pour les avoir ; tandis que lorsqu'ils restent accrochés à la gorge on les a bientôt: déta- chés et remis à Peau. On peut fure usage de hameçons à doubles crocs , mais souvent ''les poissons refusent d'y mordre; il en est de même des lignes à doubles hameçons * ‘aussi la ligne simple est-elle la plus communément employée par les habiles pêcheurs. La grosseur des lignes dont on’se sert habituellement est dé six, huit, neuf et quelquefois dix lignes’ de circonférence , et leur longueur de soixante - quinze à quätre= vingt-dix brasses. Les anglais et les hollandais les ont presque toujours moins grosses ; il est en effét important qu’elles soient aussi fines que possible , relativement à la grosseur XX VIT. en QI PRES LETTRES) $ LL € \ HAMECONS. C Voyuara S. LA Lei ui 7" DE LA MORUE. 21 des morues qu'on espère prendre, parce qu’alors elles épouvantent moins le poisson, fatiguent. moins. le pêcheur qui les relève , et lui permettent plus facilement de juger par leur trémoussement, lorsqu'il ÿ a du poisson de pris. Elles doivent être de bon chanvre et pas trop torses , afin d’être plus fortes, plus maniables, et de prendre plus rarement des coques ; c’esk- à - dire, de se tortilier. | On. frappe toujours à quelques pieds du bout de ces lignes un plomb qui a la figure d’une poire ou d’un cylindre, et qui est destinée autant à la faire descendre rapide- ment au fond de l’eau qu’à résister aux efforts. que la dérive. et les courans pour- roient faire pour l'emporter. Ce plomb. doit être proportionné. à la grosseur des lignes , à celle des hamecons et à la profondeur où il doit descendre. Il_est Sn étie dS cinq à.5ix Jivres. il Hal pus Les morues se tr ane dans cartes Heux: et. dans. certains. momens tellement accumuiées au fond dela mer, qu’elles se touchent presque toutes, et que l’on peut espérer d'en accrocher quelques - unes en laissant tomber au milieu d’elles une ligne armée de gros hamecons à double, triple et B 5 22 PE CHE quadruple crochet, ou de plusieurs hame- cons attachés à côté les uns des autres. Cette pêche ne se fait guère que lorsque les morues ne mordent plus aux appâts, et que l’eau est peu profonde, parce qu'elle est très-incertaine et pénible, mais elle est quelquefois fructueuse : on l'appelle péche à la faux. Ordinairement on place au dessous de l'hamecon unsappât de métal ou de drap,, afin que les morues aitirées par son éclat se rassemblent en plus grand nombre aulour de lui , et qu’on puisse plus facilement espé- rer d’en accrocher en retirant brusquement la ligne. | La plupart du tems on ne fait dans cette pêche que blesser les morues, ce qui les éloigne des parages où on la pratique ; aussi les pêcheurs expérimentés pensent-ils qu’elle doit être défendue. Le choix des appâts est dans cette pêche, comme dans toutes celles qui se font avec des hameçons , un objet de première impor- tance ; car quoique la morue , ainsi qu’il a été dit, soit extrêmement vorace, et qu'elle avale souvent , lorsqu'elle est affamée, tout ce qui tombe à la mer, elle ne mord plus, quand elle est rassasiée , qu'aux objets qu'elle aime de préférence. Il en est de DE LA MORUE. 25 même lorsqu'elle a été piquée une première fois, ou seulement lorsqu'elle en a vu en- Jever ou blesser une autre à côté d’elle. À l’arrivée des bâtimens, il suffit quel- quefois de présenter l’hameçon tout nu aux morues, ou un morceau d'étain ou de plomb qui représente grossièrement un poisson, ou un morceau de drap rouge ou blanc, pour qu’elles y mordent et se prennent ; mais en général on apporte de la viande salée alté- rée , comme bœuf, lard , ou des harengs, et des maquereaux hors de vente par leur vétusté pour amorcer d’abord; ensuite on se sert, pour le même objet, du cœur, des _mâchoires, des entrailles et autres parties inutiles des morues mêmes qu'on a prises. Cependant quelque bons que soient ces sortes d’appâts, 1l en est encore d’autres dont les morues sont tout autrement friandes, auxquels seuls elles mordent lorsqu'elles sont rassasiées , tels sont les grondins , les maque- reaux , les harengs, les sardines, les cape- lans , des crustacés et des coquillages ; en conséquence on se sert aussi souvent qu'on le peut de ces objets; mais comme ils sont rares , on se contente quelquefois d'en em- béquer lhamecçon, c’est-à-dire, d’en mettre B 4 24 PAC HE un petit morceau à sa pointe, après qu'il est garni d’issues de morue. Quand, en ouvrant les morues, on trouve dans leur estomac des poissons qui ne sont pas digérés, on s’en sert avec granit succès pour amorcer les hamecons. Enfin, quand on peut se procurer des portions d'oiseaux , de reptiles, et en général de toule substance animale sauguinolente ; on est sûr de faire une pêche abondante. Il y a des bâtimens qui ont de grandes chaloupes uniquement occupées à prendre au filet ou à la ligne des poissons frais pour l'usage de leurs pêcheurs. Lorsque le hareng donne de bonne heure, il est toujours de la sagesse du capitaine de commencer par en faire une grande provision, qu'il conserve à mi-sel, car par leur moyen il est certain que les morues abandonneront tous les fonds voisins pour donner dessus. Il en est de même du capelan, qui afflue également. quelquefois sur les côtes d'Amérique , et dont on peut prendre de grandes quantités à la fois dans les anses où il se réfugie. Uu bâtiment arrivé au lieu de la pêche commence ses opérations par établir son be, c'est-à-dire, par former le long de son DE LA MORUE. 25 bordage une espèce de galerie un peu sail- lante en dehors , sur laquelle on fixe solide- ment de petits tonneaux défoncés en dessus, échancrés du côté qui regarde la mer, et garnis d’un bourrelet de paille, ainsi qu’un éheu, espèce d'abri ou de toit fait de deux montans réunis par des demi-cercles de barriques, et couvert de toile goudronnée. Le tonneau est destiné à empêcher que la partie inférieure du corps des pêcheurs ne soit mouillée par l’eau que les vents ou la manœuvre lancent sur le pont, et qu'ils ne soient pas fatigués ou blessés par l'effet du roulis ou du tangage;et le {heu à mettre leur tête un peu à l’abri de la pluie on des vents froids et brumeux, si fréquens dans les pa- rages du grand banc. Devant chaque petit tonneau est fixé un moñtant de bois échancré à son sommet, et qui sert à appuyer la ligne lorsqu'elle est dans l’eau, et derrière se trouvent différens objets utiles au pêcheur , tels que la ligne où il accroche les morues qu'il vient de prendre , un petit baril où il met les langues après qu'il les a détachées, etc. _ Sur le milieu et aux extrémités du pont sont placés à demeure une table garnie de rebords, c’est l’etale , un petit tonneau des- 26 PECHE tiné à mettre les foies, c’est la foissiére, un autre pour recevoir la fressure , un autre pour les cœurs , enfin un trou qui commu- nique à l’entrepont par où l’habilleur jette son poisson , c’est l’éclarre. Lorsque tout est ainsi disposé, chaque pêcheur , chaudement vêtu, pourvu dun tablier de cuir de vache ou de toile gou- dronnée qui lui monte jusqu’au cou, et qui entoure presque son corps, el de gants où de mitaines de même sorte, se place dans son petit tonneau en dehors duquel il fait pendre le bas de son tablier ; alors il amorce et jette sa ligne. On n'est pas d'accord sur la manière de conduire la ligne lorsau’elle est parvenue au fond. Quelques pêcheurs la laissent traîner par le seul effet de la dérive du bâtiment , dérive qu’on ralentit même le plus possible; d’autres la remuent et la soulèvent fréquem- ment , ou accélèrent son mouvement en se tenant à la voile. Les hollandais suivent cette dernière méthode, et assurent qu’elle em- pêche les morues de flairer lappit , les obligent par la crainte de perdre leur proie de la saisir avec avidité. C’est sans doute cette pratique qui doit être suivie , car elle est parfaitement en cencordance avec le DE LA MORUE. 27 raisonnement et avec ce qu'on observe con- tinuellement dans la pêche à la ligne volante sur les rivières. Les pêcheurs doivent avoir le tact fin pour relever leur ligne aussitôt qu’un poisson a mordu ; mais ce tact s’acquiert facilement par un usage de quelques jours. Il y a en- core à cet égard diverses manières d’agir ; les uns prétendent qu'il faut donner une forte secousse à la ligne pour enfoncer da- vantage l’hamecon dans les chairs; les autres qu'il suffit de la tirer en ligne droite. Il est probable que l’une et l’autre de ces manières est avantageuse dans certains cas, puisque les morues mordent dans toutes les direc- tions possibles , et que comme on n’est pas instruit de la position qu'a prise celle qu’on tient accrochée , c’est le hasard seul qui. décide si on lamènera à bord ou si elle se sauvera. La morue arrivée à fleur d’eau est ordi- nairement tirée à bord par le preneur qui la saisit par les ouïes et l’attache par la tête à l'instrument appelé é/angueur ; mais si elle est trop grosse il se fait aider par son voisin. Il léventre ensuite , et avec ce qu'il trouve dans son estomac, réamorce son hameçon et le remet à l’eau ; ensuite 1l tire la langue # 26 4 11 PE'C HE qu'il met dans son baril,.et jette le corps dans l’espace entouré de planches qui est derrière lui, et qu’on appelle le parc. C’est en comptant les langues mises à part par chaque pêcheur, que l’on sait combien il a pris de,morues dans la journée. Ce compile est de première importance pour tous lorsque l'équipage est intéressé dans les profits, et même dans le cas contraire il se fait encore avec exactitude , parce qu'il est généralement, d'usage qu’on impose à celui qui en a pris le moins, comme punition , de vuider le, parc où sont les têtes , et de les jeier à la mer, pendant que les autres soupent et se reposent. Cette punition, quelque légère qu'elle paroisse , suffit pour engager quelques pêcheurs à se mettre à ouvrage avant les autres, ou à le continuer lorsque leur tour est venu de faire le quart. Une attention que doit avoir chaque pêcheur, et dont loubli peut beaucoup nuire au succès des opérations, c’est de tirer sa ligne de manière à ce qu’elle ne s’em- barrasse pas dans celles de ses voisins; cat souvent elle n’est pas encore arrivée au fond qu’elle est déjà chargée d’un poisson, et que par conséquent la plus grande promp- ütude est de rigueur. L'habitude et la bonne DE LA MORUE. 2q volonté valent mieux dans ce cas que tou les préceptes ; c’est pourquoi on ne par- Jera pas ici des divers usages reçus Sc les pêcheurs, Lorsqu'une moôrüe se trouve prise aux lignes de deux pêcheurs, ce qui arrive quel- quefois, elle est jugée appartenir à celui dont l’hamecçon est plus près de‘Fœæil, parce qu'on présume que l’hamecon qui est par- venu dans la gorge du poisson établit la négligence de l'autre, et qu La est bon de l'en punir. AN Si lhamecon n'est pas entré trop avant dans le sosier , 1l est fort aisé de lôter avec la main par la bouche; mais, lorsqu'il est fort avant, il devient nécessaire de déchirer la membrane de louïe et de le détacher d’une main , tandis qu’on tire la ligne dé Pautre.e ‘106 OS ENNRRS La langue de la morue s’enlève avec un coutéau qui cerne toute la'‘chair intérieure de la mâchoire inférieure. Par cette opé- ralion on obtient une masse dont la langue me fait que la plus’ petite partie, mais qui ne peut être trop grosse, car C est un mor- ceau des plus délicats. | Ici se terminent les opérations des pé- cheurs et commencent celles qui ont pour 30 PECHE but de conserver la morue. Il est plusieurs manières de procéder à ces dernières, mais elles peuvent toutes se rapporter à deux principales, qui se subdivisent chacune en deux autres. On la sale ou on la sèche. Lorsqu'on la sale on suit où le mode de préparation des français, ou celui des hol- Jandais. Lorsqu'on la sèche, on la met à l'air sans la saler , ou on ne l’y met qu'après l'avoir salée. La morue salée s'appelle généralement morue verle. On va successivement décrire les opéra- tions qu’exigent ces quatre manières de pré- parer les morues, et on entrera dans tous les détails nécessaires pour les faire com- prendre, mais en négligeant ceux de ces détails qui n’ont pour objet qu’une main d'œuvre indifférente à son objet ou facile à comprendre. La morue prise, comme on l’a rapporté précédemment, est fichée par la tête à la pointe de l’élaugueur, en est enlevée par un mousse et portée sur l’étal, table soli- dement fixée sur le pont, et dont il a déjà élé parlé. Aux deux bouts de cette table se trouvent deux des personnes habillées comme les pêcheurs et placées comme eux DE LA MORUE, 31 dans un petit tonneau. L’une s'appelle ’ététeur et l'autre l’habilleur. La première saisit d'abord la morue, en place à faux la tête sur le bord de la table, la cerne avec un couteau à deux tranchans, nommé cou- tea à ételir, dont la lame a sept ou huit pouces de long, et trois quarts de pouce de large , la sépare du tronc en cassant l’épine, et la jette dans un parc qui est à sa gauche. C'est celui que vuide tous les soirs le pé- cheur qui a le moins pris de morues dans la journée. Quand la morue est décolée , l’ététeur enlève toutes les entrailles. 11 met à part les foies dans Île tonneau indiqué plus haut sous le nom de foissière, la résure dans un autre, enfin le cœur et la rate dans un troisième; ces derniers pour servir d’appât. La resure, la rave ou la rogue est l'ovaire ou les ovaires de la femelle, qu’on sale à part dans des barils; c’est un excellent appât pour la pêche des sardines. Cette partie pèse d’une à deux livres, selon la grosseur de la morue. L’éléteur, ayant fini son opération, pousse le corps de la morue à l’habilleur qui le saisit de la main gauche et qui tient de la main droite le couteau à habiller, c’est-à- 52 PECHE dire, un couteau dont la lame a environ huit pouces de longueur sur trois de lar- seur , et est carrée par le bout; ses fonctions consistent à l'ouvrir depuis la gorge jusqu’à Yanus, appelé improprement rombril par les pêcheurs; à ôter dans cetie étendue la grosse arête, à laquelle la vessie aérienne reste attachée, ce qu’on nomme dessoler; à faire couler le poisson dans Féclaire d’où 11 tombe dans l’entrepont, et à remettre l’arèté à un mousse qui est près de lui, lequel, avec un couteau simple , en détache la vessie aérienne et la met dans un panier; puis il jette los dans la mer. C’est cette vessie qu’on appelle Za na; la nœul, la noce, la not ou la noue; elle se sale très-soigneusement, car elle est regardée comme un manger aussiet même plus déli= cat que la langue qu’on sale de même, tantôt à part dans des barils, tantôt sous les morues. Nous avons longuement parlé, à l’article de FPesturgeon, de la manière de préparer leur vessie aérienne pour faire de la collé dite de poisson ; il n’y a pas de doute que lon pourroit tirer un grand parti pour le même objet de celle des inorues, d'autant plus que presque toujours on distribue les noues en présent , et que les besoins des arts tienyent DÉ LA MORUE. 55 tiennent toujours la colle de poisson à un prix trés-élevé. Il a été fait à cet égard des tentatives qui ont eu du succès; cependant on ne fait point de cette sorte de colle sur les bancs de T'erre - Neuve, parce que le tems et la place manquent souvent; ce n’est que dans le nord de l’Europe qu’on en con- fectionne pour le commerce ; encore est-ce de très-petites quantités. Au reste; il convient de dire qu'on ne peut point faire de colle avec les nouës salées, mais qu’on peut les garder plu- sieurs jours dans l’eau sans altération; ce qui donne du tems lorsqu'on veut s’en occuper. : Les anglais habillent leurs morues un peu différemment; ils les fendent jusqu’à la queue et ôtent l’arête entière. On les appelle dans le commerce des morues , morues plates, tan- dis que les autres s'appellent morues rondes. Les corps des morues, arrivés dans l’en- trepont, sont ramassés par le saleur qui leur introduit le plus de sel qu’il peut dans le corps, ensuite il les range les unes sur les autres, dans un endroit quelconque, ayant soin que les queues aillent en baissant ; il couvre le premier d’une couche de sel et continue à mettre plusieurs rangs de mo- Poiss. Tome VII. C 54 PECHE rues , suivant que la pêche en fournit. Cette première opération a pour but de les purger de leur eau et de leur sang, et cet effet est ordinairement produit au bout de deux jours. Alors on les sale à demeure, c’est-à-dire, qu’on les change de place et qu’on en forme de nouvelles piles. Ces piles sont ordinairement établies sur des branches de fagots ou sur des perches recouvertes de naïtes , destinées à porter la première couche de sel, qui est fort épaisse, attendu qu’on y met les langues, les nouës et autres issues , après qu’elles ont également dégorgé leur eau et leur sang dans un premier sel. Les autres couches alternent avec les rangs de morues. Quelques saleurs mettent les plus grosses morues en bas et les plus petites en haut; mais celte précaution, qui est fort embar- rassaute, ne paroit pas être d’une grande utilite. Quand au débarquement on a ôté les morues , on crible le sel , et les langues, les nouës et les issues restent sur le crible; on les arrange ensuite dans des barils pour les livrer à la consommation. Cette manière de saler la morue s'appelle saler en grenier. Le soin qu’on apporte à bien remplir DE LA MORUE 35 les conditions qu’exige la morue pour être marchande et de première qualité, sa per- fection et sa conservation dépendent de circonstances qu’il n’est pas toujours en la puissance de l’homme de changer. Ainsi elle est plus molasse et de mauvaise qua- lité au moment du frai; elle est moins blanche et se conserve plus difficilement quand on la prépare pendant les chaleurs ; elle diminue de saveur lorsque le poisson a long-tems exclusivement ou presque exclusivement vécu de méduses, de beroës, dé clios et d’autres animaux gélatineux ou sans consistance. Le choix du sel est aussi un article important. Celui qui est trop récent et celui qui a été fabriqué dans les pays chauds, sont trop âcres, noircissent la chair de la morue et lui donnent un goût amer. Celui qui est blanc n’a pas assez de force. Les français et les hollandais préfèrent le sel de Brouage anciennement fait à tous les autres. Dans tous les cas il faut autant que possible n’empioÿer que des sels bien secs, parce qu'ils absorbent plus rapidement l’hu- midité de la morue, et lui conservent par là la blancheur qui en fait un des premiers mérites aux yeux des consommateurs. C 2 36 PECHE Les sels qui avoient été embarqués pour la pêche, et qui n’ont pas élé employés, sont regardés par la plupart des pêcheurs comme impropres à servir au même objet dans une autre saison. Cette opimion peut être fondée, mais il semble que ces sels n’ont pu s’'allérer autrement dans la calle où ils étoient renfermés qu’en se chargeant de l'odeur et de lhumidité propres à ce lieu. En ce cas leur exposition à l'air, sous un hangard , et quelques remuemens doivent leur rendre toutes leurs bonnes qualités premières. | Quant à celui qu'on tire des piles, comme surabondant, lorsqu'arrivé au port, on les défait pour metlre en magasin les morues qui les forment , il ne pourroit qu’altérer les poissons pour lesquels on l’emploiroit de nouveau , attendu qu'il est surchargé des matières animales dont l'absorption est le but de la salaison. On doit en conséquence l’'employer à un autre usage, ou le jeter. Les pêcheurs préfèrent d'employer le sel à gros grains, et ce par des motifs qui nous sont inconnus ; 1l ne possède certainement que les qualités chimiques de celui à petits grains, mais peut-Ctre favorise-t-1l autour de chaque morue en piles une circulation DE LA MORUE. 37 d'air qui est avantageuse à leur conser- vation. _ L’impossibilité de faire surveiller les opé- rations de la salaison de la môrue en mer, et la nécessité de donner aux marchands et aux consommateurs une garantie de leur bonne qualité d’où dépend leur salubrité, ont engagé tous les souvernemens de lEu- rope à faire des réglemens et à nommer des experts jurés pour examiner et déclarer marchande ou non marchande celle qui est amenée dans un port. C’est à la bonté et à la sévère exécution de ces réglemens que les hollandais doivent sur-tout la per- fection de leurs morues, et par suite la préférence dont elles jouissent dans tous les marchés. Nous allons parler ici seulement de ce qui se pratique dans les ports de France. Lorsqu'un bâtiment revient de la pêche de la morue, le capitaine n’en peut déchar- ser la cargaison qu'après avoir fait sa décla- ration , et avoir été autorisé à appeler un juré trieur pour en faire l’examen, trier les pièces selon leur qualité et faire jeter à la mer celles qui sont altérées au point de compromettre la santé de celui qui les mangeroit. Cet officier , qui tantôt est nommé par le C 3 58 PEIUHE commissaire de la marine, tantôt choisi par la communauté des pêcheurs, se place sur le pont devant une table où on apporte les morues deux par deux. Pour qu'une morue soit répulée mar- chande , il faut qu’elle ait au moins deux pieds de longueur; sil lui manque seule ment un pouce on en comple deux pour une. Le juré trieur les mesure donc et Jette derrière lui, sur le pont, celles qui n'ont pas cetle grandeur. Celles qui Font sont mises deux par deux, ce qui s'appelle une poignée. On ne compte qu'après cette opé- ration ; ainsi on ne porte pas sur les livres ‘un cent de morues, mais un cent de poi- gnées, qui au reste n’est composé que de soixante-six , c'est-à-dire, de cent trente- deux pièces. Dans la plupart des ports de France on établit deux espèces de qualités de morue après celte première , la moyenne et le raguet ou rebut ; dans d’autres on en forme une troisième composée de petites, ou de celles qui sont maigres et plattes. Les usages et les noms varient tant à cet égard qu’il faudroit faire un article séparé pour chaque port, si on vouloit entrer dans tous les détails de ce qui s’y pratique; il est même DE LA MORUE. 3q des lieux où le juré trieur se borne à rejeter les pièces de mauvaise qualité, et le Lout se vend pêle-mêle. | S'il se trouve des poissons du même genre, autres que la morue, comme des merlus, des gades colins, des lingues (gadus molva Tän.), on les met dans les rebuts qui comprennent en outre toules les morues de première ou de seconde taille, qui ont quelques défauts , comme d’avoir une partie de la chair ou de la peau déchirée, les nageoires emportées , celles qui ont été mal ouvertes en les habillant, celles qui ont été viciées par des sels de mauvaise qua- lité, celles qui ont été meurtries , etc. On jette à la mer, comme on l’a dit précédem- ment, toutes celles qui sont trop altérées pour être mangées sans inconvénient , et même celles qui sont trop mal préparées et dont l'introduction dans le commerce nui- roit à la réputation du port. La morue verte de première et de seconde qualité peut se conserver les six mois d’hyver sans altération, lorsqu'on la dépose dans des magasins frais sans être humides ; mais lorsque les chaleurs se font sentir elle commence à se détériorer, et enfin finit par n'être plus bonne qu’à faire des appâts C 4 40 PECHE pour la pêche à la ligne des autres poissons. Celle qu’on envoie dans les parties méridio- nales de l’Europe se conserve encore moins long-tems, et‘il est rare qu'il en arrive à Saint-Domingue qui ne soit en état complet de décomposition; en général elle est d’au- tant meilleure qu’elle est plus nouvelle: c’est principalement dans les pays catholi- ques et pendant le carême, qu'il s'en fait la plus grande consommation. Aujourd'hui elle semble être moins recherchée sur les tables délicates qu’elle l’étoit autrefois. La pêche de la morue à la manière hollan- daise se pratique par quelques pêcheurs français, par les hollandais, les anglais, les danois, les suédois et les américains. Beau- coup de ses procédés sont les mêmes que ceux qui viennent d'être décrits; ainsi il suffira de faire connoiître ceux qui sont différens. Les pêcheurs hollandais jettent derrière eux le poisson qu'ils ont pris; il est ramassé par d’autres personnes qui lui coupent la tête et lui ôtent Ja langue , non pas sur une table, mais en lattachant à un crochet dis- posé à cet eflet à l’arrière du bâtiment. Ensuite , après l’avoir laissé saigner quelque tems, elles lui ouvrent le ventre jusqu’à DE LA MORUEF. 4x Panus, en tirent les entrailles dont une partie sert d’appât , et l’autre se mange par l’équi- page. Les foies se inmettent à part pour en faire de l'huile: ensuite on achève de les fendre jusqu’à la queue ; on enlève la grosse arête presque en totalité, et on coupe les nageoires. Ces opérations faites, on les lave dans de l'eau de mer, on les met égouter pendant quelques instans et on les arrange dans des tonneaux avec du sel, ayant soin de mettre plus de sel dans le ventre qu'ailleurs, comme étant la partie que la décomposition atteint le plus promptement. Les morues restent deux jours dans ce premier sel, après quoi on les verse dans des bailles, on les lave dans leur saumure, on les fait égouter comme la première fois, ét on les replace dans le baril d’où on les a tirées, mettant alternativement un lit de sel et un lit de morue. Comme il est sur-tout important dans cette sorte de préparation que les inorues soient bien pressées les unes contre les autres, on introduit à différentes reprises dans le baril un faux fond sur lequel montent un ou plusieurs hommes, et qui font dessus plu- sieurs sauts. Le baril étant complettement 42 PECHE rempli, on le ferme et on n’y touche plus | jusqu'à la fin de {a pêche. Lorsque le navire est de retour au port, on vuide un certain nombre de barils dans de grandes cuves, et on y lave les morues dans leur saumure, une par une, en les frottant contre les parois et avec un petit balai, sans cependant les écorcher ; ensuite on les trempe successivement dans deux eaux fraîches, on les visite pour ôter, avec un couteau , tout le sang qui peut être resté dans la chair, ou toutes les bavures qui en altérent la belle apparence ; on les lave encore une quatrième fois, enfin on les met égoûter sur des madriers ou des perches qui forment un théâtre élevé de quelques pieds sous un hangard. Il n’est pas indifférent de placer les mo- rues de telle ou telle manière sur ce théâtre ; aussi plie-t-on quelques morues en deux dans le sens de leur largeur, la chair en dedans, pour les arranger en long sur un de ses bords. Sur ce rang on en place lon- gitudinalement une suite d’autres ouvertes dans toute leur largeur, et la queue en bas, de manière qu’elles sont inclinées à peu près de quarante - cinq dégrés, et qu’elles puissent laisser couler leur eau surabon- DE LA MORUE. 43 dante. Le premier rang a la chair tournée du côté du ciel, mais tous les autres l’ont tournée du côté du sol pour faciliter encore l'écoulement de l’eau , et empêcher que la chair ne soit frappée par l'air qui la jauniroit. On pose ainsi un grand nombre de rangs de morue, c’est-à-dire, qu'on y empile toules celles qu’on a lavées dans la journée. Trois à quatre jours après on change de place ces piles, on met en bas ce qui éloit en haut afin que la compression produise un dessèchement total. Enfin au bout de huit jours on met la morue dans des barils avec du sel blanc, on la saute ou comprime comme la première fois, et on la conserve dans des magasins jusqu'à ce qu’elle entre dans le commerce. Le poids du sel doit être à celui des poissons, dans ces barils, comme deux est à treize, c’est-à-dire, que sur deux cent soixante livres de morue, il doit y avoir quarante livres de sel. Les pièces qui sont légèrement altérées ou trop petites sont mises au rebut, et les gâtées sont jetées à la mer, comme dans le procédé à la francaise. * Toutes ces opérations se font ordinaire- ment par des femmes; mais elles sont sur- A4 NP EC HE veillées par un agent de l’armateur ou ur » des officiers du bâtiment pêcheur. Ordinairement lautorité publique met une corde et un plomb aux barils qui con- tiennent la morue marchande, afin de cons- tater que ce qu’ils renferment a les conditions requises. 1] y a à cet égard une grande sévérité dans les ports de Hollande ; aussi les marchands ne visitent-ils pas les barils; mais dans les ports de France, d'Angleterre et des autres pays où on est moins sévère, ils font ouvrir au moins une partie de ceux qu'on leur vend avant d'en terminer le marché, pour s'assurer de la qualité de la morue. La consommation de la morue sèche est beaucoup plus étendue que celle de la morue verte, quoique sa qualité soit moins estimée, parce que sa conservalion est plus sûre et plus prolongée. Les peuples, alors à demi-sauvages, du nord de l’Europe sont les premiers que leurs besoins et leur position ont délerminés à s'occuper des moyens de conserver les morues, et il n’y a pas de doule que, con- formément aux indications de la Nature, ils ne les aient fait d’abord simplement sécher à Fair, sans les avoir salées préala- DE LA MORUE. 45 blement ; encore aujourd’hui même qu’ils peuvent facilement tirer de France ou d’Es- pagne des sels propres aux salaisons, ils préfèrent leur ancien mode, sans doute par les motifs qui viennent d’être énoncés. Dire ce que font les islandais à cet égard suffit pour donner une idée de la manière de procéder de tous les peuples du nord, et même des hollandais, des francais et des anglais, qui, à leur imitation, en dessèchent sur le banc de Terre-Neuve. Les islandais vont pêcher la morue qu’ils nomment dorsch dans de très-pelits bateaux montés de trois ou de cinq hommes, et quelquefois d’un seul; ils ne s’éloignent que de quelques lieues de leurs côtes, et re- Viennent tous les jours apporter le produit de leur pèche et chercher des vivres. Dès qu'un de ces bateaux est arrivé, les hommes jettent le poisson sur le rivage et vont se reposer : ce sont leurs femmes qui font toutes les opérations qu’on va décrire. Ces femmes donc coupent la tête aux morues, leur ouvrent le ventre, leur ôtent les entrailles et toute l’épine du dos ou la grosse arête ; elles mettent de côté les foies pour en faire de l'huile ; les ouïes, le cœur, etc. pour en faire des appâts; les nouës et les têtes pour 46 MEME NC EH E faire la soupe à leurs maris, même les arêtes pour entretenir le feu et pour donner à manger à leurs bestiaux. Ce dernier usage paroîlra peut-être un paradoxe à quelques personnes, tant il s'éloigne de ce que nous voyons journellement, mais il n’en est pas moins réel : il est même de fait que cette nourriture augmente la qualité et la quan- tité du lait des vaches qui y sont habituées. Après que toutes ces opéralions sont ter- minées, les islandaises lavent leurs poissons dans l’eau de mer, et l’etendent sur des rochers ou sur des pierres, après avoir transversalement fiche les extremités d’un bâton pointu sur les bords du ventre pour le tenir ouvert; là il sèche à Pair. Lors- qu'il souffle un grand vent du nord, il ue faut que trois ou quaire jours pour ter- miner cette opération, mais ordinairement elle demande un mois; pendant ce tems on retourne chaque jour les morues , et on les met en tas, la peau en l'air, toutes les fois que le tems est humide et menace de pluie. Dans d’autres endroits on suspend les morues à des branches d'arbres, ou à des perches disposées transversalement à deux ou trois pieds de terre et quelquefois plus. ES | Li DE LA MORUE. 47 La morue ainsi préparée s'appelle stock- fich, c’est-à-dire, poisson de bâton, soit parce qu’on emploie un bâton pour létendre, soit parce qu’il faut la battre avec un bâton pour l’attendrir lorsqu'on veut la faire cuire. Mais passons à la préparation des morues sèches par les français, les anglais, les hol- landais et autres peuples qui fréquentent le banc de Terre-Neuve. C’est à terre qu’il faut préparer la morue qu'on destine à être desséchée ; on ne fait donc point la pêche dans le bâtiment qui a fait la traversée, mais dans des bateaux où se mettent trois matelots, qui chaque soir apportent à l’endroit désigné les pro- duits de leur pêche. On peut donc en avoir autant que l’on desire, et embrasser dans ses opérations un espace considérable de mer ; aussi est-il plus avantageux de la faire avec de gros vaisseaux et de forts équi- pages, tandis que pour la pêche de la morue verte les petits sont préférables. Ordinaire- ment un navire quon suppose pouvoir charger six mille quintaux de morue, est pourvu de vingt bateaux pêcheurs du port de quatre à cinq tonneaux , et deux ou quatre plus forts avec lesquels on va à la pêche des capelans et autres poissons propres 48 PECHE aux appâts, lesquels sont presque tous dé-+ montés et arrimés avec leurs agrès dans la cale , sur le sel; on les monte lorsqu'on est arrivé à la destination. Comme il est extrémement important pour la bonne préparation des morues d'avoir sur la côte un lieu favorable à leur dessication, et que les disputes qui auroiïenlk lieu entre les divers équipages seroient fré-« quentes, s’il n’y avoit pas de règles établies pour le choisir, on est convenu que le pr e+ imier capitaine qui arrive prendra le titre de capitaine-amiral de la péche, et jugerak tous les différends : il choisit le poste he lui convient le mieux, et tous ceux qui viennent après lui choisissent également | dans l’ordre de leur arrivée. Autrefois tous les navires, de quelque na-l tion qu’ils fussent, pouvoient faire des éta- blissemens sur toutes les côtes de l'Amé- rique septentrionale voisines du grand banc de Terre-Neuve, et sur les îles qui en dé- pendent ; mais aujourd’hui chaque nation s'est cantonnée par suite de traités; et les français, qui éloient les maîtres de la plus grande partie de ces côtes, sont réduits à ‘île deSt.-Pierre, de Miquelon et à quelques îlots sablonneux qui l'entourent. Ce lieu sufhE DE LA MORUE. 49 suffit bien pour l'établissement des travaux que nécessitent le dessèchement des morues: mais 1] manque du bois et d’autres articles importans. Les côtes couvertes de rochers nus, de grosses pierres brisées, de galets et même de gravier, sont convenables pour former une sécherie ; mais celles dont le sol est de sable fin ou de boue n’y sont point du tout propres. [l est nécessaire de plus qu’elles soient exposées aux vents et le moins pos- sible à l’action directe du soleil, qui noircit prodigieusement les morues et opère même leur décomposition. Quand le bâtiment est rendu à la côte où le capitaine se propose de former son éta- blissement, il le place dans un lieu à l’abri des coups de vents, le désarme entièrement, laffourche par quatre amarres, et ny laisse que le nombre d’hommes nécessaires pour le garder. Autrefois, lorsque le terrain n'ap- partenoit à personne, on étoit obligé chaque année de construire des enceintes, des écha- fauds, des cabanes, de prendre des précau- tons de défense, etc. ; mais actuellement on irouve ces objets tout faits par les habitans du pays, de qui on les loue, et on n’a plus besoin de s’entourer de canons et de soldats. | Poiss. Tome VIT D bo PECHE L’équipage d'un vaisseau qui pêche la morue pour être séchée, a des fonctions plus variées et sur-tout plus fatigantes que celui qui fait celle de la morue verte. Les hommes qui le composent sont toujours divisés en deux classes; les uns travaillent à la mer et les autres sur terre. Ceux qui travaillent à la mer sont les pêcheurs, ordinairement au nombre de trois ou de cinq sur chaque bateau; ils emploient les mêmes lignes, les mêmes hamecçons et les mêmes appâis que ceux qui pêchent la morue de dessus les navires, mais ils sont plus exposés qu'eux à l’eau et aux brumes, attendu qu'ils n’ont point d'abri ; cependant ils sont également bien vêtus, et pourvus de tabliers et même de gants de cuir. On. les approvisionne de vivres, de boissons et d’appâts pour vingt-quatre heures; et der plus , dans les expéditions bien réglées, il y a toujours un bateau qui va de l’un à l’autre pour s'informer s'ils n’ont pas de besoins. Ces pècheurs mettent le poisson qu’ils ont pris dans leur bateau, dont la cale est dis- posée à cet effet en cases profondes, et ne reviennent à l'établissement que lorsque ces cases sont remplies, ou qu'ils n’ont plus de vivres, ou qu'ils ont besoin de repos, ou DE LA MORUE bi enfin lorsque le mauvais tems s'oppose au succès de leur pêche et leur fait craindre du danger, etc. L'échafaud est la principale des construc- tions qui se font à terre : c’est un véritable pont de bois, établi avec des pilotis et des madriers fort rapprochés, qui avance de quelques toises dans la mer. Il est plus ou moins large selon la grandeur du bâtiment auquel il appartient, et plus ou moins long selon la localité où 1l est établi. C’est à son exirémité antérieure que s’amarrent les ba- teaux qui apportent le poisson de leur pêche ; et c’est à son extrémité postérieure qu'est bâti le hangard destiné à mettre à l'abri des injures de l’air ceux qui le pré- parent. Autour de cet hangard s'établissent les cabanes pour les logemens des travailleurs, et pour l’emmagasinement des provisions. Plus loin est l’endroit où l’on doit faire sécher la morue. Lorsque cet endroit n’a pas les qualités prescrites plus haut , c’est- à-dire, lorsqu'il est sablonneux ou boueux,; on est obligé de faire des signaux ou petits murs de pierre sèche, ou d'établir des ran- gées de pieux sur lesquels on place des claies larges de quatre pieds. D 2 52 PECHE Les pêcheurs rendus à lextrémité de l'échafaud l’amarrent et vont se reposer ou manger ; alors ceux de service sur terre, qu’on appelle garçons de grave, entrent dans la chaloupe, piquent les morues par la tête avec un long bâton terminé par une pointe de fer, et les jettent sur l’échafaud, où d’autres garçons les mettent sur un traineau et les conduisent sous le hangard. Là on leur Ôte la langue ; on leur tranche la tête; on les vuide: on les fend dans toute leur longueur ; on leur ôte la grosse arêle, le foie et la résure, et on les met dans un premier sel, positivement comme pour la morue verte. Les tas de morue salée, qu’on appelle pattes , sont de diflérentes grosseurs, mais en général proportionnés en largeur et'en hauteur à la grandeur d’un homme, et en! longueur à la plus ou moins grande abon- dance de la pêche. Quand le poisson ainsi disposé a rendu son sang et son eau, et qu'il a bien pris son sel, ce qui arrive plus ou moins promptement selon qu'il fait chaud ou froid, qu'il est petit ou gros, on le porte sur des civières dans un lieu qu’on nomme le Zavoir, c’est- à-dire, dans une enceinte de pieux que la DE LA MORUE. 53 mer baigne continuellement, mais qu’elle ne surmonte jamais. Là on le lave à grande eau, soit avec des balais de bouleau, soit avec des tampons de laine, soit à la main, après quoi on le retire, et on le met égouter à l'air, en tas hauis de cinq à six pieds et de la forme des meules de foin , où ils sont placés la chair en bas. Les morues sont ordinairement suffisam- ment égoulées au bout de deux ou trois Jours, mais souvent ou l’abondance de la pèche ou le mauvais tems obligent de les laisser dans cette disposition cinq où six jours et plus, et alors on est dans le cas de craindre qu'elles ne noircissent ou que les mouches n'y déposent leurs œufs. Quand elles sont peu endommagées, on parvient à les rétablir en les mettant dans de la nou- velle saumure ; mais lorsqu'elles le sont trop, on les jette à la mer. | Le beau tems venu, on procède au des- sèchement. Pour cela on les étend une à une sur la grave ou sur les vignaux, la chair en haut et fort près l’une de lautre, mais $ans qu’elles se touchent. À l'entrée de la nuit on les retourne; c’est le premier soleil, Le lendemain, vers midi, on tourne ces D 5 b4 PECHE morues la chair en haut, et vers le soir, si le tems continue à être beau, on les ras- semble trois par trois les unes sur les autres la chair en bas; c’est le second soleil. Le jour suivant on les étend de nouveau sé- parément la peau en haut jusqu'a midi, et la chair en haut depuis midi jusqu’au soir, époque où on les réunit par javelles ou paquets de huit morues, la peau en haut. Le quatrième jour on repète ce qu'on a fait le troisième; mais vers le soir on ramasse pour la nuit ces morues en paquets plus considérables qu'on nomime moutons, et ainsi de suite, en continuant d'augmenter chaque soir la grosseur des moutons, jus- qu’au septième Jour lorsqu'il fait beau; mais quand il pleut dans l'intervalle, on les laisse en pile et on attend aue le soleil reparoisse. Lorsque la morue a été ainsi -sept jours enliers exposée à l'air, on la laisse en pile pendant quinze jours consécutifs, ensuite on l’étend de nouveau sur la grave. Cette opération se répèle encore un mois après, et successivement plusieurs fois en retar- dant toujours de dix jours de plus, jusqu’à l'époque de son embarquement; mais on a soin de la couvrir pendant Ja nuit avec des DE LA MORUE. 55 toiles à voiles, et de l’étendre une dernière fois une à une, les jours qui précèdent le moment du départ. Si dans ces opérations subséquentes on trouve des morues qui soient plus humides que les autres ou qui s’altèrent , on les met de côté pour les faire sécher séparé- ment ou pour les jeter; car une seule mo- rue peut gâter toute une pile. Les morues sèches se portent au navire dans des civières et par compte. On les range sur des branchages bien secs dans la calle ou dans l’entrepont, comme on les avoit rangées dans les piles et lorsqu'elles sont à une hauteur , telle qu'il ne reste plus jusqu’au plancher que lespace néces- saire pour qu'un homme puisse y marcher à quatre, on les couvre d’une voile pour, dit-on, les empêcher de s’éventer. Quand le navire est de retour au port d’où il étoit parti, le capitaine fait visiter sa morue par un juré crieur, qui déclare celle qui est marchande, qui met au rebut celle qui a quelque défectuosité, et qui fait jeter celle qui est complettement viciée. Ensuite on la met dans des magasins ou elle est rangée comme dans le vaisseau, et également couverte d’une toile à voile. Il D 4 56 :PECHE faut encore, de plus, pour la morue verte, qué ces magasins ne soient ni trop secs, ni trop humides; trop secs, ils rendent la morue cassante, de manière qu'on ne peut la toucher sans la réduire en fragmens , et en diminuer le poids, au grand dommage de l’armateur ; car on vend rarement au compte cetie sorte de morue; trop hu- mide, elle se noircit et pourrit. On donne dans l’intérieur de la France différens noms à la morue. Il a déjà été dit que la morue salée s’appeloit morue verte ; qu'on distinguoit celle préparée à la manière de France sous le nom de morue ronde , et celle préparée à à manière hol- landaise morue plate ; que chacune de ces sortes se divisoient encore en raison de leur qualité. La morue sèche porte encore un plus grand nombre de noms; celle qui a élé préparée sans sel par les norvégiens et aulres peuples du nord s'appelle stock- Jfisch ; on entend par morue blanche, celle qui a reçu beaucoup de sel et qui a été séchée très-promptement. La noire est celle qui a un peu de sel et qui a éprouvé une pelile altération à sa surface par l'effet d’un dessèchement lent, de l’ardeur du soleil ou d'une abondance de graisse. 11 ne faut pas DE LA MORUE. 57 la confondre avec la morue noire fraiche, qui est une espèce particulière, gadus car- bonarius. Celles qu’on appelle brumée ou charbonnée ne sont que des morues de cette dernière espèce. Quant à la pinnée, elle n’en diffère réellement pas ; mais, comme elle est plus recherchée et qu’on en fait une espèce, il est bon d’en faire une mention parliculière. Lorsqu'on veut faire de la morue pinnee, on étend le poisson, quand il est aux trois quarts sec, sur la grave dans un tems de brouillard, et quand ïl a pris de lhumi- dité, on le met en pile pendant quelques jours ; alors 1l s’échaufle, s’attendrit, et prend une couleur obscure; ensuite on le fait sécher comme les autres ; 1l passe pour être plus délicat. À Nantes on distingue sept sortes de mo- rues sèches ; le poisson gris qui est comme couvert de poivre, c’est celui qui est le plus gras et le plus délicat; cependant il n’est pas estimé à Paris; le pivé, qui est le même que le précédent , devenu rougeâtre dans les magasins; le grand marchand; le moyen marchand; le grand rebut, c’est-à-dire, les grandes morues déchirées ou tachées; le petit rebut et le poisson afltéré, 58 PECHE On a vu précédemment que les pêcheurs de morue, soit verte, soit sèche, meltoient à part le foie et les ovaires des poissons qu'ils prenoient ; mais, pour ne pas interrompre le fil des opérations, on n’a pas indiqué l'usage qu’on en faisoit; le moment d'en parler est arrivé. Chaque soir un mousse porte les foies , qui ont été réunis dans la journée, dans un tonneau défoncé qui est fixé sous le gaillard d'avant. Là ils se décomposent, et il s’en sépare une quantité d'huile plus ou moins considérable, mais qui n’est jamais moindre que la moitié de leur poids. Cette décomposition s'opère plus rapidement en élé qu’en hyver. Lorsque le tonneau est à moitié plein, on enlève avec deux vases de cuivre l'huile qui surnage , et on fait en- suite écouler, par des trous partiqués un peu au dessus du fond , le sang et la lJymphe qui est au dessous. On peut remplir, dans une campagne heureuse, jusqu’à huit barils: de cette huile, qui sert à brüler, à pré- parer des cuirs, et à d’autres usages ana- logues. Elle est meilleure et se vend en conséquence plus cher que l'huile de ba- leine ; en sorte que c’est presque toujours un objet secondaire de quelque impor- DE LA MORUE. 59 tance pour les entrepreneurs de la pêche des morues. Quant à la résure, qu'on nomme aussi rogue, graine, rave, rabe, rève, rébe, et qui, comme on l’a vu plus haut, n’est autre chose que les œufs des morues femelles pris dans leurs ovaires, on la sale particulière- ment dans des tonneaux pour la vendre aux pêcheurs du golfe de Gascogne, et à ceux d'Espagne qui l’emploient pour prolonger le séjour des sardines sur leurs côtes au delà du tems fixé par la Naïture, et les attirer en plus grand nombre dans les lieux où ils ont tendu leurs filets. Cette résure procure quelquefois des bénéfices considé- rables ; mais sa fabrication est cependant plus négligée que celle de l'huile par les pêcheurs français. On doit faire des vœux pour qu'ils s’y livrent avec ardeur, car non seulement la France gagneroit de plus abondantes pêches de sardines , ne se verroit pas privée des capitaux qui servent à l’acheter en Hollande et en Danemarck, et de l'immense quantité de petits poissons littoraux, espoir des années suivautes, que prennent les pêcheurs de sardines pour remplacer cet appât , lorsqu'ils ne peuvent pas s’en procurer suffisamment, ou qu'elle 60 FPECHRHE est hors de prix, comme cela arrive sou- vent. … Lorsqu'on veut manger de la morue verte, il faut la faire dessaler dans lPeau ; et cette eau, lorsqu'elle n’est pas courante, comme c’est l'ordinaire, doit être plusieurs fois changée, car elle contracte une odeur qui se communique au poisson el le rend dé- sagréable au goût. Une morue qui conserve trop de sel est âcre, et celle qui en perd trop est fade. Il y a un milieu à garder qui n’est pas toujours facile à reconnoitre. La morue séchée sans sel (ou stock-fisch) ne se met dans l’eau, après avoir été batiue avec un maillet ou un gros bâton, que pour en faciliter la cuisson; mais celle qui a été séchée à la manière ordinaire demande à y rester presque autant que la verte, attendu qu’elle est plus dure. Pour la faire cuire on la met sur le feu. dans de l’eau fraîche : les uns l’entretiennent à petit bouillon pendant un quart d'heure; d’autres la tiennent plusieurs heures sans la faire bouilbr. On sert la morue sur les tables avec di- verses sauces. La sauce des provençaux est composée avec de l'huile, du poivre, du sel, et un DE LA MORUE. 6» peu d’ail. On broye le tout dans un mortier, et on fait chauffer cette sauce pour la verser peu à peu sur le poisson qu’on tient sur des cendres chaudes. Le plus ordinairement on fait une sauce blanche avec du beurre frais, de la crême, un peu de farine, un filet de vinaigre, et les assaisonnemens ordinaires. Cette sauce étant bien cuite on la verse sur la morue. On peut y ajouter des fines herbes hachées ou une pointe d'ail. Si on veut l’accommoder au gras, on met du bon jus au lieu de beurre et de crême. On la mange aussi en l’incorporant dans des épinards ou de l’oseille hachée, de la purée de pois, etc. . Quelquefois on la fait frire à moilié, et en la sert avec une sauce rousse relevée par des oignons, des anchois, ou autres assaisonnemens. Mais la manière la plus délicate de la ser- vir, c’est de la hacher avec des fines herbes, de la mie de pain, des œufs, et l’assaisonne- ment qu’on juge à propos, et on la met dans un plat sous la tourtière ou dans un four, où elle prend un œil doré et où elle se rissole à la surface. La morue fraîche se mange comme le 62 PECHE brochet, à la sauce, à l'huile ou à la maître d'hôtel. Cette dernière , qu’on mange généralement sous le nom de merluche, est un aliment fort agréable et fort sain, qu'on sert sur les tables les plus délicates; mais la morue salée où séchée passe pour être difficile à digérer et pour donner de läâcreté aux humeurs ; en conséquence les riches la re- poussent toutes les fois qu'ils peuvent la remplacer. C’est donc généralement pour les habitans des campagnes, et pour ceux des villes qui se livrent à de pénibles tra- vaux , qu'elle se pêche et se prépare. On a lieu de s'étonner de la prodigieuse quantité de morues qui ont été prises par les hommes depuis quelques siècles. Dans les tems anciens, comme aujourd'hui, les nations du midi de l’Europe alloient les pêcher sur les côtes de la Norvège et de FIslande. On sait que, dès 1368, la ville - d'Amsterdam avoit des établissemens pour cet objet sur les côtes de Suède. Les hollan- dois ont été long-tems presque exclusive- ment les pourvoyeurs de morues en Europe; malgré les efforts que les espagnols, les français et les anglais ont successivement faits pour leur enlever le commerce des DE LA MORU É. 63 poissons , ils ont toujours pu les donner de meilleure qualité et à un prix inférieur. On voit dans le rapport fait par le ministre Roland à la Convention nationale, dernière pièce authentique de ce genre qui ait été publiée, qu'il étoit parti des ports de France, pendant le premier semestre de 1702, c’est- àa-dire, immédiatement avant la guerre de la révoluion, deux cent deux vaisseaux por- tant ensemble 191,153 tonneaux, pour la pêche de la morue. Ce sont les anglais qui envoient le plus de vaisseaux à la pêche de la morue, et qui en tirent le plus de bénéfice ; mais ils ont des concurrens bien redoutables dans les habitans des Etats - Unis d'Amérique, qui, placés à peu de distance du grand banc, forceront bientôt, par le bas prix auquel ils pourront donner leur poisson, les autres nations à renoncer à une pêche si lointaine et si coûteuse. Les morues américaines ne sont pas en général préparées d’une manière uuiforme ; elles sont à tous égards inférieures à celles des hollandais, des français, des anglais, mais cela ne tient qu'au défaut de réglemens généraux, et déjà quelques villes maritimes , Lelles que Boston, en ont établi. Selon Anderson, c’est en 1536 que les 64 POBNC HE français envoyèrent le premier vaisseau à la pêche de la morue sur le grand banc de T'erre- Neuve; en 1578 il sy en trouva cent cinquante de France, cent d'Espagne, cinquante de Portugal et trente d'Angle- terre. On compte qu'il y a chaque année plus de six mille vaisseaux qui vont faire cette pêche; qu’ils prennent plus de trente - six millions de pièces de poisson, qui, après qu’elles ont élé salées ou séchées, sont dis- persées chez tous les peuples civilisés. On s'aperçoit déjà, dit-on, que le nombre des morues diminue sur ces parages, et il est probable qu’elles y deviendront un jour aussi rares que sur le Doggers-Banck, jadis si peuplé, et qu'il faudra aller les chercher dans la mer Pacifique, sur les côtes est de PAsie, et ouest de l'Amérique, qui corres- pondent au quarantième dégré, c’est-à-dire, au Kamischatka ou à Onälaska, cètes sur lesquelles, ammsi qu’on l'a déjà dit, elles pa- roissent trés-abondantes, et où elles sont peu tourmentées par les nations riveraines. Péche | DE L’EGLEFIN. 65 Péche de l’églefin. Les églefins paroissent sur nos côtes pen- dant presque toute l’année ; mais ce n’est qu'en hyver qu'on pêche les gros : ils sont si communs sur célles d'Angleterre, qu’on lcs vend souvent moins d’un sou pièce. Les petits se prennent fréquemment dans les filets destinés aux autres espèces de poissons, et entr'autres aux harengs ; on n’obtient guère les gros qu'avec des lignes amorcées comme pour la morue, ou avec des crustacés qu’ils aiment beaucoup. C’est ordinairement la ligne de fond, armée d’un grand nombre d’'hamecons, qu'on emploie dans ce cas : on la jette le soir, et souvent, lorsqu'on la relève le malin, on trouve un poisson à chacun des hamecons qui y sont attachés. Les groen- landais font des trous dans la glace, et les prennent à la main lorsqu'ils se inettent les uns contre les autres pour respirer à la surface de l’eau. : Les gros églefins s’apprêtént soit en verd, soit en sec, comme les morues, mais leur chair devient dure et se retire beaucoup dans les opérations qu’on leur fait subir; Poiss. Tome VIL. E 66 PECHE aussi les mel-on toujours au rebut, ce qui fait craindre aux pécheurs de morues d'en prendre trop souvent. Les jeunes s'apprêtent dans les cuisines comme les merlans, ét servent quelquefois d’appâts dans la pêche aux morues. Péche du tacaud. On prend le tacaud dans les parcs, dans les filets, les tramaux, les manches, les verveux qu’on tend à la côte, dans les nasses et bouragues qu’on emploie pour pêcher les crustacés, et aussi à la ligne amorcée de toute espèce d'appâts propres an merlan. C’est sur-tout dans les Tieux rocailleux qu'il faut le chercher. On s’en sert dans la pêche des morues, et on lPapprêle dans les cuisines comme le merlan : il est peu estimé des gourmets. Péche du capclan. On ne fait pas dans le nord de l'Europe une pêche particulière pour le capelan, quoique ce poisson mérite quelque éstime comme aliment; mais il est un objet de grand intérêt pour les pècheurs de morues D.U CA PE'L AN. 67 des côles de l'Amérique septentrionale. Là on ne manque pas d'envoyer journellement des barques à la recherche de ce poisson, attendu que c’est de tous les appâts celui sur lequel les morues mordent le plus vo- lontiers ; on le prend dans lés anses dvec des seines , ‘et en pleiné mer avec dés fileis bétiblables à ceux dont on fait üsase pour les harengs. Ils se trouvent souvéuit dubs ces parages en si gratide quantité, qu'ils cou- vrent la surface de l’eau, et qu’on peut les prendre à la main. Ce ‘poisson est un meilleur apsât lors- qu'il est frais que lorsqu'il ést salé; mais comime on n'est pas toujours certain, quelle que soit son abondance, d'en trouver chaque jour autant qu’on le desireroit, où ést dans Yusage d’en mettre daus une légère sau- mure, d’où on les tire à nresure du besoin lorsqu'on n’en a pas de frais. _ On en sale aussi quelquefois pour apporter en Europe; mais ce n'est que lorsque ja pêche de la morue ne donue pas, et que les pêcheurs ne savent à quoi employer leur tems d’une manière plus fructueuse. E 2 6 A NPEC HE | Péche du colin. On pêche le colin .en grande quantité, pendant presque toute l’année, mais sur- tout en été, soit avec des filets de diverses espèces, .et disposés pour d’autres poissons, soit à la ligne amorcée, de sprat, de peau d’anguille ou d'autre appat. Sur les côtes de France ce n’est guère qu'à Audierne, à l'ile des Saints et autres lieux circonvoisins, qu'on fait une pêche expresse pour. ce poisson. On emploie pour cela de petits bateaux de trois ou quaire tonneaux , dans lesquels se mettent six ou huit hommes, et des lignes analogues à celles qui sont en usage pour la morue, mais plus petites, et amorcées d’une sai- dine ou aulre pelit poisson; on se tient tou- jours à la voile, et on agite continuellement ces lignes, de sorte que. le poisson se prend, pour ainsi dire, en courant. Autant qu'on le peut, on prend les.colins pour êire mangés frais; mais quand la pêche est abondante, on est. obligé de les saler et de les sécher, et l’on y procède exactement comme pour la morue. Cette pêche fait DU MER LIAN Gÿ pour la Bretagne” un produit de cinq à six cents qüuiitaux!, qu’ on envoie à Bor- deaux pour éxporter.. PLes colins blancs $apprètent : én mate- lote ou à la sairce blanche ; ou’en friture: Is sont assez délicats quand ils sont jeunes; mais ; lorsqu'ils devicunent vieux, Jeur chair est duré et: coriacé:! M 26 JE is - Les colins salés ou ects se mangent avec les mêmes sauces 'que la morue: . La ‘pêche : du -gade pollack ‘ou du Heu ne diffère ‘en aucune inañière de célle du colin: strp ol estatyie 008 TUP 3 D Péche fe PE LG DA ERÉ Tobjet de béctiés Saut onutèse sur les côtes, sepientrionales de l'Europe! principalement ‘autour de lPAn-, gleterre , et de la Hollande;..on: y procède: soit à la ligne de fond, soit.avec la drège. ou autres filets. On le trouve pendant toute: l'année. sur, nos côtes; mais la plus grande pêche s’en fait pendant lhyver, époque où il.est le plus gros et le plus gras. Apres le: frai il devient maigre ei sa chair est molle ; E 3 70 A, APE CE cependant, au rapport de Bloch, c’est pen dant l’été qu'on en prend.le plus, Les ligues de fond, dont on se sert pour la pêche du merlan, sont longues. de plus de soixante brasses, el-garnies souvent chacung de- plus de- cent hameçons amorces avec des crustacés, des vers, des petits poissons; et sur-tout des morceaux,de harengs. Un baleau qui, va. à cette pêche, à quelque dis- tance des côtes, sur des fonds de: rochers; où ils sont le plus'abondans et; les meilleurs, jette ordinairement vingt. à trente lignes de celte espèce, qui sont garnies de quatre mille hameçous, et il les laisse au fond pendant deux où trois heures. On prend de cette ma- nière une si grande quantité de merlans sur les côtes d'Angleterre, qu’on ne peui PA les éonsominer frais, quelque bon marché qu'on les vende "et qu’en ‘est obligé’ de les saler ou de les faire séchér : mais alors ils perdent beaucoup dé‘leur bon goût, et il y'a plus que les gens de’mer et les a tuvres qui mangent. , Où assure qu'au printems, époque du- frai et où les merlans se vendent le mieux! à raifon da carème, ils ne mordent que‘ difficilement à l'hamecon, et qu’alors on est D UM:E;R E À N. 71 obligé de tenter leur goût en amorçant avec ‘des foies de cochon frais où salés. On a remarqué. que, quand il gèle un peu, ils mordent plus volontiers aux appâts. La drège est un long filet qu’on traîne au large ayec des bateaux pontés. C’est avec ce filet qu'on fait les plus grandes et les plus industrieuses pêches de POcéan; car on n’en fait pas usage seulement pour le merlan, mais, selon la saison, pour beaucoup d’autres espèces de poissons, telles que les vives, turbots , barbues, soles, limandes, carrelets, lougels, esturgeons , saumons, etc. elc. : Les mailles de la drège doivent avoir neuf pouces de large , excepté celles qu’on suppose ne devoir prendre que des vives, qui n'ont que seize lignes ; mais ces dernières ne sont tolérées que pendant deux mois du printems, à une époque où le frai n’est, pas encore assez gros pour être arrêté par elles. . La tessure des drèges a six pieds de chüte, et est composée le pièces de tremail de quinze à dix-huit brasses de longueur, qu'on ajoute, à.côté -les. unes des autres. Ces pièces réunies forment ordinairement plus de deux cents brasses de longueur, mais - plus ou moins selon la fortune des proprié- E 4 72 PECHE taires, selon le tems qu'il fait et le lieu où on veut travailler. Pour que ce filet puisse résister à leffort qu’on fait pour lé traîner, on le borde tout autour d’une corde, qu’on appelle ralingue, aux angles de laquelle on fait des anses pour y aitacher les cordes de service ; et pour qu'il se soutienne dans une position verti- cale, on attache ‘des lièges à sa ralingue supérieure , et des anneaux de plomb à l'inférieure. Les cordes de service de la drège sont plus ou moins longues, selon la grandeur du filet et la profondeur de l’eau à lendroit où on pêche. Chacune des extrémités de ces cordes est pourvue de deux alonges, qui ont des destinations différentes : une s'attache fortement au bateau de pêché, et l'autre du même côté reste entre les mains des pêcheurs qui lPemploient pour manœuvrer le filet. Des extrémités de l’autre corde l’une porte un tonneau vuide qui sert de bouée; et l’autre une’ voile qui plonge dans Peau et qui sert à diriger cette corde, et par conséquent l'extrémité du filet qui y cér- respond du même côté que le bateau. Une voile positivement disposée de même, mais » , ah Voyrard a, DREGE. DU'MERZL AN. 75 plus grande, est également attachée au ba- teau, qui alors est rasé, c’est-à-dire, ne porte plus de mâts, ni par conséquent de voiles. | - Pour bien sllenase cetté manœuvre . il faut savoir que, dans la pêche à la drège, on a pour but de ramener le filet de fa haute mer sur le rivage, ou du rivage vers la haute mer par le moyen de la marée montante ou descendante, et que ces voiles sont destinées à être poussées par l'eau, qui les enfle positivement comme le vent, mais d’une manière plus uniforme. Chacune de ‘ces voiles a une vergue de sapin , à laquéllé ést attaché un baril vüide pour la soutenir un peu au déssus de la surface de l'eau; ses bords sont garnis- de ralingues avec dés ‘annelets, dans lesquels passe une petite” corde qui sert à la fermer où à lui fairé prendre une courbure con- vénable. Elle ‘est de plus armée à tous ses! quatre angles d’une cordé dont lusage est le même, et qui sert encore à lui donner l& direction qu'on desire. PR La figure donnera une idée précise de ces dispositions. (Voyez planche XX VIIL) ” Lorsque‘les pêcheurs sont arrivés au lieu 74 x PECHE 4 où : ils veulent. jeter, leur. drège, lieu qui doit être autant que possible un fond umi et sur-tout sans, rochers. pointus,.1ls com- mencent par jeter leur bouée, puis leur pelite voile, qu’on. appelle bourset; ensuite ils s’en écartent de manière à embrasser l'espace de la presque totalité de la longueur du filet ;: alors ils abattent leurs mâts et jettent à la mer leur grande voile disposée comme on l'a dit précédemment. Cette der- nière manœuvre n’a pas toujours lieu, parce que quelquefois. la marée. est: assez forte pour diriger le bateau dans le même sens que le. bourset, .et que d’ailleurs on l’aide au-moyen d’une pelite voile lorsque le vent est foible et bou. ; . Quand le tems:est Érvaraile. il a arrive sou-, vent que les, drègeurs mettent leur. filet à l'eau quatre fois en vingt-quatre heures, c'est-à-dire, à toutes les marées. Ils traînent peadant trois heures , relèvent: ensuite , prennent. le poisson, nettoyent.la.tessure, et sar le chamux remettent à Peau. Cette pèche est une des plus, .fatigantes; sur-tout pour.rceux qui la pratiquent pen- dant les tems froids et humides; mais elle produit de grands, bé néfices. On,.ne peut, DU MER L AN. 75 au reste, s’empêcher d'adinirer, en la con- sidérant, jusqu'où va l’industrie de hormmé, qui parvient à faire Lenir au fond de la mer, à viugircinq ou treute brasses , un filet & une grandeur immense dans.une situation vêr- ticale et: à-le.: trainer. toujours: grattant le fond, dans un espace de.deux trois lieues, aussi exactement que s'il agissoit dans une rivière; qui.sur-tout a su employer le cou- rant de la marée pour suppléer avec avan- tage celui da vent, toujours plus irrégulier et plus difficile à manier pour Pobjet qu'il se propose. | … Cette pêche’, toute belle qu'elle-soit, a le défaut d'amener beaucoup:de petits pois- sons, qui, lors même qu’on les rejetle à la mer’, périssent: presque tous. De plus, elle VOTES se les fonds.et détruit-les bancs de vareos où s'élèvent les jeunes poissons. enDans le golie de Gascogne on:prend aussi les merlans dans des filets sédentaires, qu'on y appelle peugues, et qui différent. fort peu de la folle qui a été-décrite dans le vol. 1H-de cette Histoire nalureile des. poissons, p. 229. -. Les cuisiniers apprétent le merlan de plu- sieurs manières ; mais le goûl le plus général demande qu'il:soit frit, euit sur-le:grik et 76 PECHE servi avec uñe sauce blanche, ou cuit entre deux plats à la maître d'hôtel. Sa chair passe pour très-délicate et très-aisée à digérer ; aussi les médecins lordonnent-1ils aux con- valescens et aux éstomacs foibles. Sa pêche est d'autant: plüs ‘avantageuse qu’il se con- serve mieux que Écélioou d’autres espèces de poissons, et qu'on peut par conséquent l'envoyer plus sûrement à des distances con- séPrates de ral, mer. RE de la Lote. 2! 1 est quelques contrées de l'Europe ; prin- cipalement en Allemagné , 6ù les lotes sont si abohdantes qu'on fait pour les prenüre, pendant les nuits du printéms ét de été: avec des seinès et autres grands filets, une pêche spécialé ; mais en France- on ne les pêche presque jamais, pour ainsi dire , que par hasard'avec ces sortes de filets. Comme eHes ne sortent de leurs rétraités que pen- dant latnuit elles entrent souvent dans les vervéux, les nasses et autres engins qu'on tend à demeure dans les rivières ; mais c’est principalement avec des lignes de: fond!, munies de plusieurs hamecçons, et amorcées D EE ANOLIOT E 97 de gros vers ou de petits coquillages de marais, qu'on en prend le plus, et de plus grosses. On s’en procure aussi quelquefois en assez grand; nombre avec des trubles qu’on pro- mène contre le bord des rivières, en même tems qu'on en fouille les inégalités avec un bâton , ou en fourrant la main dans les trous où elles sont cachées; mais ces deux ma- nières de pêcher ne sont pas praticables dans tous les lieux et dans tous les tems : ce n’est guère que pendant les chaleurs de Pété el dans les petites rivières qu’elles peuvent être nuses en usage. : On fait, dans quelques cantons du nord, de la colle de poisson avec les vessie aériennes des lotes, par. des procédés sem- blables à ceux employés dans la fabrication de celle de l’esturgeon ; mais c’est un petit objet. On mange ordinairement la lote frite ou à la sauce blanche ; elle fait aussi un excel lent effet dans les isloies 78 PEC H E Péche du merlus ou merluche. Les merlus sont l’objet d’une pêche con- sidérable qui se fait tantôt à la ligue, tantôt au filet. Ce poisson se trouve sur nos côles pendant presque toute l'année, mais plus abondamment à certaines époques, Lelles qu’à l’arrivée des maquereaux en été et des harengs au cominencerment de 1hÿver. JI forme sur quelques parties de celles d’An- sleterre des baucs si considérables qu’il nest pas rare qu’un bateau monté de six hommes en prennent un millier pendant une seule nuit à la ligne. | Chez nous on les prend également à la ligne amorcée avec des harenys, des sar- nines, des lancons et autres pelits poissons, même ‘des vers, des sèches, eic., positive- ment comme la morue, excepite que Îles bateaux qui portent les pécheurs inarehent toujours; ear si les lignes restoient station naires, on ne prendroit presque rien. Cette pêche se fait ordinairemeut à plu- sieurs lieues en mer sur des ionds qui ont trente brasses d’eau. La meilieuie saison est l'hyver. D CPE FPE UrS: 79 On prend aussi les merlus dans des filets sédentaires, tels que les folles, sui- daux, bourdingues ; courtines, etc. et dans des filets mobiles ; comme les drèges , dragues , etc. | PA ” Le merlus frais est un très-bon manger, et en conséquence les pêcheurs cherchent à en vendre le plus possible das cet état ; Mais lorsque la pèche est abondante, ils sont obligés de sale: où d'en séchéf la plus grande partie. | Les procédés qu'on suit sur nos côtes pour préparer ce poisson ne différent pas sensiblement de ceux employés pour la mo- rue, c’est-à-dire, qu'on lui coupe Ja tête, qu'on lui fend le ventre jusqu’à la queue, qu'on enlève les intestins et la grosse arête, et qu'après lavoir lavé on lui fait jeter son sang et son eau dans une saumure; ensuite lorsqu'il est resté deux fois vingt-quatre heures dans ceile saumure, on l’ôte ou pour le placer dans des tonneaux avec du nouveau sel, ou pour le faire sécher, soit sur le galet en le relournant plusieurs fois par jour, soit suspendu à des perches en le tenant ouvert par le moyen de petits bâtons £ransversaux. “ 80 REICH EF Er etc Cette dessication n’est ordinairement par- faite qu'au bout de huit jours, lors même que le tems est constamment. favorable ; lorsque. le ciel est brumeux ou pluvieux, elle se prolonge plus ou moins. Le merius bien préparé approche un peu de la morue, et se vend souvent pour elle; il n’est cependant jamais mis que dans les rebuts lors du triage des morues qu’on pêche sur le Dogger-bank ou sur le grand banc. Les anglais en font même si peu de cas que presque tout ce qu’ils en prennent est ex- porté en Espagne ou en Portugal. * Le merlus s'apprête dans les cuisines de la même manière que la morue. La QUARANTE- QUARANTE-HUITIÈME GENRE, PAR LACÉPEDE. LS UBLENNIES Lr corps et la queue alongés et compri- més; deux rayons au moins, et quatre rayons au plus à chacune des nageoires jugulaires. PREMIER SOUS-GENR E. Deux nageoires sur le dos; des filamens ou appendices sur la tête. PR EM IÈRE ESPEÉCE. LE BLENNIE LIÈVRE; blennius lepus. — Une appendice non palmée au dessus de chaque œil; une grande tache œiliée sur la première nageoire du dos. SE CON DE: ES RP E CE. LE BLENNIE PHyYcis; blennius phycis. — Une appendice auprés de chaque narine ; un barbilion à la lèvre inférieure. Poiss. Tome VII. F 82 FPS EIETRE SECOND SOUS-GENRE. Une seule nageoire dorsale; des fila- mens ou appendices sur la tête. TROISIÈME ESPÈCE. LE BLENNIE MÉDITERRANÉEN ; blennius : . * f imedilerraneus. — Deux barbillons à la mâ- choire supérieure, et un à linférieure. QUATRIÈME ESPÈCE. LE BLENNIE GATTORUGINE; blennius gattorugina. — Une appendice palmée au- près de chaque œil, et deux appendices semblables auprès de la nuque. Ci N'O'U LÉ M D E SEB EC E LE BLENNIE SOURCILLEUX; dlennius superciliosus., — Une appendice palmée au dessus de chaque oil; la ligne latérale courbe. SR ONÉ MUR LE SP'ELC LE BLENNIE CORNU ; blennius cornutus. — Une appendice non palmée au dessus de chaque œil. SEPTIÉÈÉME ESPÈCE. LE BLENNIE TENTACULÉ; blennius ten“ taculatus. — Une appendice non palmée au DES BLENNIES. 85 dessus de chaque œil ; une tache œillée sur ja nageoire du dos. HUILTIEME E $ P CE LE BLENNIE SUJÉFIEN ; blennius sujefia- nus. — Une très-petite appendice non pal- mée au dessus de chaque œil; la ligne latérale courbe; la nageoire du dos réunie à celle de la queue. NEUVIÈME ESPÈCE. LE BLENNIE FASCÉ; blennius fasciatus. — Deux appendices non palmées entre les yeux; quatre ou cinq bandes transversales. DIXIÈME ESPÉ CE. LE BLENNIE COQUILLADE; blennius coquilladus. — Une appendice cutanée et transversale. O N_ ZI ËÈ M E: ES P'ÈË C E. LE BLENNIE SAUTEUR ; blennius saliens. — Une appendice cartilagineuse et longi- tudinale ; les nageoires pectorales presque aussi longues que le corps proprement dit; deux rayons seulement à chacune des na- geoires jugulaires. DOUZIÈME ESPÈCE. LE BLENNIE PINARU ; blennius pinaru. — F 2 84 HISTOIRE Une appendice filamenteuse el longitudi- nule; trois rayons à chacune des nageoires jugulaires. TROISIÈME SOUS-GENRE. Deux nageoires dorsales; point de bar- billons, ni d’appendices sur la tête. TREIZIÈME ESPÈCE. Le BLENNIE GADOÏDE; blennius gadoides. — Un filament au dessous de lextrémité antérieure de la mâchoire d’en bas; deux rayons seulement à chacune des nageoires jugulaires. QUATORZIÈME ESPÈCE. LE BLENNIE BELUTTE ; blennius mustela. — Point de filament à la mâchoire infe- rieure ; trois rayons à la première nageoire du dos; deux rayons seulement à chacune des nageoires Jugulaires. QUINZIÈME ESPÈCE. LE‘BLENNIE TRIDACTYLE; blennius tridactylus. — Un filament au dessous de Pexlrémilé antérieure de la mâchoire infé- rieure ; trois rayons à chacune des nageoires jug res oi à nn DES BLENNIES. 85 QUATRIÈME SOUS-GENRE. Une seule nageoire dorsale; point de barbillons, ni d’appendices sur la tête. SELS ZI ME: 4E:5.P'ÉNC E LE BLENNIE PHoLIs ; blennius pholis. — Les ouvertures des narines tuberculeuses et fraugées; la ligne latérale courbe. DIX-SEPTIÈME ESPÈCE. LE BLENNTE BOSQUIEN ; blennius bos- guianus. — La machoire inférieure plus avancée que la supérieure; l'ouverture de l'auus à une distance à peu près égale de la gorge et de la nageoire caudale; la nageoire de lanus réunie à celle de la queue, et composée environ de dix-huit rayons. DIX-HUITIÈME ESPÈCE. LE BLENNIE OVOVIVIPARE ; blennius ovoviviparus. — Les ouvertures des narines tuberculeuses, mais non frangées; la ligne latérale droite ; la nageoire de l'anus réunie à celle de la queue, et composée de plus de soixante rayons. DIX-NEUVIÈME ESPEÉCE. LE BLENNIE GUNNEL; ülennius gunnellus. F 3 86 HISTOIRE — Le corps très-alongé; les nageoires du dos , de la queue et de l'anus distinctes lune de l’autre; celle du dos très-longue et très basse ; neuf ou dix taches rondes, placées chacune à demi sur la base de la nageoire dorsale, et à demi sur le dos du blennie. VIN GTIÈMÉ!'ESPFPÉCE. LE BLENNIE POINTILLE ; blennius punc- tulatus. — Les nageoires jugulaires presque aussi longues que les pectorales; une grande quantité de points autour des yeux, sur la nuque et sur les opercules. | VINGT=UNIÈME ESPÈCE. LE BLENNIE GARAMIT ; blennius garamit, — Quelques dents placées vers le bout du museau, plus crochues et plus longues que les autres. VINGT-DEUXIÈMEÉ ESPÈCE. LE BLENNIE LUMPÈNE ; blennius lumpe- nus.— Des taches transversales; trois rayons a chaque nageoire jugulaire. à VINGT-TROISIÈME ESPÈCE. LE BLENNIE TORSK; blennius torsk. — Un barbillon à la mâchoire inférieure; les nageoires jugulairés charnues et divisées chacune en quatre lobes, DES BLENNIES. 8 LE BLENNIE LIÈVRE (1)(2), PAR LACÉPEDTE PREMIÈRE ESPÈCE. L'momwr d'état ne considérera pas avec autant d'intérêt les blennies que les gades; il ne les verra pas aussi nombreux , aussi (1) Blennius lepus. Dans plasieurs provinces méri- dionales de France, lebre de mare. Dans quelques contrées d'Italie, mosoro. En Angleterre, butter/fly Jish. Blennius ocellarius. Lin. édit. de Gmel. Blenne lièvre. Daubenton , Encyclop. méthod. — Bonat. pl. de l’Enc. méth, — Bloch , pl. ecxv, fig. r. Lièvre marin vulgaire. Valmont de Bomare, Dict. d’hist. nat. — Mus. Ad. Frid. 2, p. 62. — Cetti , Pise. Sard. p. 112. — Brunn. Pise. massil. p.25 , n° 55. Blennius... macul& magné in pinna dorsi. Artedi, gen. 26 , syn. 44. Blennos. Oppian. hb. 1, fol. 108, 35, ed. Lippu. Blennius. Plin. lib. 32, cap. q. Blennus. Salvian, fol. 218.— Belon , Aquat. p.210. = Gesner (Germ.) fol. 5 ,a; et Aquat, p. 126, 147; Icon. añimal. p. 9. Blènnus Belcnii, melits depictus. Aldrov. lib. 2 EF 0 65 HSM OT RE srands, aussi bons à manger , aussi salubres ; aussi recherchés que ces derniers; faire naître , comme ces mêmes gades, des légions de pécheurs, les attirer aux extrémités de l'Océan, les contraindre à braver les teim- pêtes, les glaces, les brumes, et les chan- ger bientôt en navigateurs intrépides, en oivriers industrieux , en marins habiles et expérimentés : mais le physicien étudiera avec curiosité tous les détails des habitudes des blennies ; il voudra les suivre dans Îles différeus climats qu'ils habitent; il desirera de connoiître toutes les manières dont ils cap.: 28, p. 205. — Willughby, p. 131, tab. H,3, fig. 2. —f Ray, p.72, n° 13. Blennus pinniceps Klein, Miss. pisc. 5,p 31,n°r. Scorpioides. Rondelet, prem. part. liv. 6, chap. 20. Lièvre marin du vulgaire. I. ibid. — Jonston, Pisc. p.79, tab. 19, fig. B. (2) Le lièvre marin , perce- pierre à mouche. En allemand, mrer-papillon, schmetterlingsfisch. En Lan- guedoc , lebre de mare. Blennius radio simplici suprà& oculos , pinn@ dorsali solitariép.#à blennius ocellaris. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 155, sp. 4. Blennius radio simplici suprà oculos , pinn& dorsali subbifidä , anterius uniocellutä.... blennius ocellaris. Bruuuich, AIchthyol. massil. pag. 25, n° 35. SONNINI DES BLENNIES. 8q viennent à la lumière, se développent, croissent , attaquent leur proie ou l’attendent en embuscade, se dérobent à leurs ennemis par la ruse, ou leur échappent par leur agilité. Nous ne décrirons cependant d’une manière étendue que les formes et les mœurs des espèces remarquables par ces mémes mœurs ou par ces mêmes formes ; nous n’engagerons à jeter qu'un coup d'œil sur les autres. Où il n’y a que peu de diifé- reaces à noter, et, ce qui est la même chose, peu de rapports à saisir avec des objets déjà bien observés, il ne faut qu'un petit nombre de considérations pour parvenir à voir clai- reinent le sujet de son examen. Le blennie lèvre est une de ces espèces sur lesquelles nous appellerons pendant peu de tems l'attention des naturalistes. Il se trouve dans la Méditerranée (1); sa longueur ordinaire est de deux décimètres (environ sept pouces). Ses écailles sont très-pelites, enduites d’une humeur visqueuse ; et c’est de cette liqueur gluante, dont sa surface est arrosée , que vient le nom de blennius en (1) Willaghby l’a observé à Venise, Cetti en Sar- daigne , Rondelet en Languedoc, et Brunnich à Mar- seille. SONNINI. 00 HISTOIRE latin , et de blennie ou de blenne en français; qui lui a été donné, ainsi qu'aux autres poissons de son genre, tous plus où moins imprégnés d’une substance oléagineuse, le mot blennos en grec signifiant mucosité. Sa couleur générale est verdàtre, avec des bandes transversales et irrégulières d’une nuance de verd plus voisine de celle de olive; ce verdâtre est, sur plusieurs indi- vidus, remplacé par du bleu, particulière- ment sur le dos. La première nageoire dor- sale est ou bleue comme le dos, ou olivätre avec de petites taches blanches et des points blancs ; et imdépendamment de ces points et de ces petiles gouttes bleues, elle est ornée d’une tache grande, ronde, noire, ou d’un bleu très-foncé , entourée d’un hseré blanc, imitant une prunelle entourée de son iris, représentant vaguement un oeil; et voilà pourquoi le blennie liévre a été appelé œillé; et voila pourquoi aussi il a été nommé poisson papillon (butterfly fish en anglais). Sa tête est grosse ; ses yeux sont saillans; : son iris brille de l'éclat de l'or. L'ouverture de sa bouche est grande; ses mâchoires, toutes les deux également avancées, sont armées d’un seul rang de dents étroiles et DES BLENNIES. ot très-rapprochées. Une appendice s'élève au dessus de chaque œil; la forme de ces ap- pendices, qui ressemblent un peu à deux pelites oreilles redressées, réunie avec la conformation générale du museau, ayant fait trouver par des marins peu difliciles plusieurs rapports entre la tête du lièvre et celle du blennie que nous décrivons, ils ont proclamé ce dernier Zzévre marin, et d’habiles naturalistes ont cru ne devoir pas rejeter cette expression. La langue est large et courte. Il n’y a qu'une pièce à chaque opercule branchial}; l'anus est plus près de la tête que de la nageoire caudale , et la ligne latérale plus voisine du dos que du ventre. On compte sur ce blennie deux nageoires dorsales ; mais ordinairement elles sont si rapprochées l’une de l’autre , que souvent on a cru n’en voir qu'une seule (1) (2). (1) À la première nageoire du dos. . 11 rayons. EL SR OO a NS ALP R AN TERRE dE A chacune des pectorales , . . . . 12 A chacune des jugulaires . . + . . 2 MAQCUe Done Der OUI OR A celle de la queue, quiestarrondie 11 (2) Le foie du blennie lièvre est petit et formé Ge ‘deux lobes jaunâtres ; le canal intestinal est fort long, avec diverses courbures. SONNINI. 92 HISTOIRE Pour ajouter au parallèle entre le poisson dont nous traitons et le vrai lièvre de nos champs, on a dit que sa chair éloit bonne à manger. Elle n’est pas en effet désagréable au goût; mais on y atlache peu de prix. Au reste, c'est à cet animal qu'il faut appli- quer ce que Pline rapporte de la vertu que Von attribuoit de son tems aux cendres des blennies, pour la guérison ou le soulage- ment des maux causés par la présence d’un calcul dans la vessie (1) (2). (1) Chap. déjà cité dans cet article. (2) On voit des blennies lièvres en quantité sur les marchés de Venise, mais ordinairement fort maigres; ce sont des poissons peu estimés. Ils se tiennent près des rivages, entre les rochers et les plantes marines. Rondelet prétendoit qu’ils ue vivoient que de bourbe et d’eau ; mais ils trouvent un aliment plus substantiel dans les crustacés et les vers marins dont ils se nour- rissent habituellement. SONNINI:. DES BLÉNNIES. 93 SE —_—"——…—… … …—"…"—._…"_ "| LE BLENNIE MOULE (1). LE BLENNIR-PHYCES 6). PAR LACÉPÉDE. SNE € ON: D'E" (ES PE C E. C: poisson est un des plus grands blen- nies : il parvient quelquefois jusqu’à la lon- gueur de cinq ou six décimètres ( dix-huit à vingt-deux pouces environ). Une petite (1) Le blennie moule. En Languedoc , simplement moule. Blennius naribus subcristatis , cirro labii inferioris, dorso bipenni.... blennius phycis. Lin. Syst. nat, edit. _ Gmel. gen. 155 , sp. 7. SONNINI. (2) Blennius phycis. Dans quelques provinces méri- dionales de France, z120le. En Espagne , molere, En Italie , phico. Blennius phycis. Lin, édit. de Gmel. Blenne mole. Daubenton, Eucyclop. méthod, — Bonaterre , pl. de l’'Encycl. méthod. Phycis. Artedi , gen. 84, syn. 111. La moule. Rondelet , prem. part. liv. 6, chap. 10, 94 HISTOIRE appendice s'élève au dessus de l'ouverture de chaque narine; et sa mâchoire infé- rieure es! garnie d’un barbilion. Ce dernier filament, ses deux nageoires dorsales et son volume , le font ressembler beaucoup à un gade ; mais la forme de ses nageoires jugulaires, qui ne présentent que deux rayons, le place et le relient parmi les vrais blennies (1). Les couleurs du phycis sont sujettes à varier, suivant les saisons. Dans le prin- tems, il a la tête d’un rouge plus ou moins foncé ; presque toujours son dos est d’un brun plus ou moins noirâtre; ses nageoires peclorales sont rouges, et un cercle noir _enloure son anus (2). ee — — Gesner, Aquat. p. 718. — Willughby, Ichth. p. 205. Tinca marina. Ray, Pise. p.75, et p. 164,1, 8. Lesser hake. Brii. Zool. 3 ,p. 158, n° 11. Lest hake. Ibid. p. 160, n° r2. (1) Du devant du corps, dit Rondelet, ce poisson ressemble à une tanche d’eau douce; du derrière à une sole, à cause que de cette partie il est mince comme plat, à raison aussi que toute cette partie est entourée de pinnes (nageoires). (Hist. des poissons, lib. 6, chap. 10.) SONNINI. (2) Quinze appendices intestinales sont disposées autour du pylore. DES BLENNIES. an On trouve ce blennie dans la Méditer- ranée (1) (2). (1) À la membrane branchiale . . . 7 rayons. A\la-première.dorsale. :;: .. .. 10 Alaisecende ile net," LOUE À chacune des pectorales. . . . 15 À chacune des jagulaires. . . . 2 A CEE DA de te) « ue D À celle de la queue, qui est arrondie 20 (2) Cette espèce vit près des côtes de roches, fraie au milieu des plantes marines, se nourrit de petits poissons et de vers aquatiques , et a la chair ferme et délicate. SONNINI. 06 HISTOIRE A L'ECUL'E N NT'E MÉDITERRANÉEN (i)(), PAR LACÉPÉDE. ER O\ TSS L'EME, E S P CE. Gherax espèce a élé jusqu'à présent com- prise parmi les gades sous le nom de mé- diterranéen ou de monoptère : mais elle n’a que deux rayons à chacune de ses nageoires jugulares, et dès-lors nous avons dû l'ins- crire parmi les blennies. Nous ly avons (1) Blennius mediterraneus. Gadus mediterraneus. Lin. édit. de Gmel. — Mus. Ad. Frid. 2, p. 60. Gade monoptère. Daubenton, Encyel. méthod. — Bonaterre , pl. de l’Encyc!. méthod. (2) Nota, que cette dénomination de blennie médi- terranéen manque de précision , puisque la plupart des poissons de ce genre se trouvent également dans la mer Méditerranée. Gadus maxillä superiore cirris duobus , infrriore unico.... gadus mediterraneus. Lan. Sysl. nat. edit. Gmel. gen. 154, sp. 17. SONNINI. placée DES BLENNIES. 97 placée dans le second sous - genre, parce qu’elle a des barbiilons sur la tête, et que son dos n'est garni que d’une seule nageoire. Elle tire son nom de Ja mer qu’elle ha- bite. Elle vit dans les mêmes eaux salées que le gade capelan, le gade mustelle et le gade merlus, avec lesquels elle a beaucoup de rapports. Indépendamment des deux filamens situés sur sa mâchoire d’en haut, il y en a un attaché à la mâchoire infe- rieure (1). (1) A la nageoire du dos . . . . . D4 rayons. À. chacune des pectorales. . . + 15 À. chacune des jugulaires. . . + 2 À celle de l'anus. 20:14 © 40 44 Poiss, Tome VII. G G$ HISTOIRE —————_———— ro 2 LE BLENNIE GATTORUGINE (1)(2), PAR LACÉPÉDE. Q UiAl DIR MIANMLE,, Ets PiÈ C'E. L: gattorugine habite dans l'océan Ailan- tique et dans la Méditerranée (3). 1l n'a guère plus de deux décimèires de longueur ( sept pouces environ ) : aussi ne se nour- (1} Plennius gattorugina. Dlennius gattorugina. Lin. édit, de Gmelin. Blenne gattorugine. Daubenton , Encyci. méthod. — Bonaterre , pl. de l’Encycl. mêth. — Mus. Adoiph. Frid°r, p.608: 'el®,0Dp:61. Blennius pinnulis duabus ad oculos, pinnä ani ossiculorum 23. Artedi, gen. 26 , syn. 44. Blennius pinnis superciliorum palmatis, etc. Brunn. Pisc. massil. p. 27 , n° 37. Blennius capite cristato ex radio inermi, etc. Gro- novius, Zooph. p. 76, n° 264. — Willughby, Ichth. p.152, tab H,2,fig,2.— Ray, Pise. 72,1n° 14. Gattorugine. Brit. Zool. 5 , p. 168 , n° 2. (2) Le blennie gattorugine. À Marseille , bavarelle. En allemand , seehirsch, dickhals. En suédois, tamjn- kassa. En arabe, koscar. À Venise, gattorugine. Blennius pinnulis superciliorum nuchæque palma- DES BLENNIES. 95 rit-il que de petits vers marins, de petits cruslacés, et de très - Jeunes poissons. Sa chair esl assez agréable au goût. Ses cou- leurs ne déplaisent point. On voit sur sa partie supérieure des raies brunes, avec des taches, dont les unes sont d’une nuance claire, et les autres d’une teinte foncée. Les nageoires soul jaunâtres. Il n’y en a qu’une sur le dos dont les premiers rayons sont aiguillonnés (4), et les derniers très - longs. La tête est petite ; les yeux sont saillans et très-rapprochés du sommet de la tête: l'iis est rougeñire. Deux appendices pai- mées paroissent auprès de l'organe de la vue , et deux autres semblables sur la | tis..... blennius gattorugine. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 155 , sp. 5. Blennius vertice superciliisque ciliatis. Mus. Adolp. Frid. 1, p.68. SONNINL. (5) Gronovius a reçu ce poisson du cap de Bonne- Espérance. SONNINI. (4) 16 rayons non articulés et 14 articulés à la na- geoire dorsale. À chacune des pectorales . . . . . 14 rayons. A chacune des jusulaïres . . . . . 2 Aicelle de l'annee -U 2e. Le) 198 A 'celle de I,quené te. . . 4° 402 G 2 100 H:15S/T0 & RE nuque. Les mâchoires, également avancées l’une et l’autre, sont garnies d’un rang de dents aiguës, déliées, blanches et flexibles. La langue est courte; le palais lisse; l’oper- cule branchial composé d’une seule lame; l'anus assez voisin de la gorge, et la ligne latérale droite, ainsi que rapprochée du dos. leux , our ct NNIE LBLE 2.BAV « : ‘ À US] 3. BLENNIE wopare’. ï 1 F … DES BLENNIES. 101 LE BLENNIE SOURCILLEUX (1) (2) > PAR LaACÉPEDE. CINQ Vi EM É ES PÈC:E Voyez planche XXIX , fig. 1. Les mers de l’Inde sont le séjour habi- tuel de ce blennie. Comme presque tous les poissons des contrées équatoriales, il a ..(1) Blennius superciliosus. Idem. Lan. édit. de Gmel. Blenne sourciller. Daubenton , Encycl. méthod. — Boônaterre , pl. de l'Encycl. méthod. Blennius pinnulis ocularibus brevissimis palma- is etc. Amæn. acad. 1, p. 317. — Gronov. Mus. 2, 0°.172,, tab. .b;, fig. Zooph. p. 75, n° 258.— Bloch, pl erxvi: … Blennius varius , ete. Seba, Mis. 3, tab. 50, fig. 3. Indinnischer gottorugina.Seeligm. Veegel. 8, tab.72. (2) Le blennie sourcilleux , perce-pierre de lInde. En allemand, augen-wimper. Blennius varius capite subacuto : ossiculis ultimis pinnæ dorsalis mollibus, sebas Mus. tom. III, p. go, n° 5, tab. 30, fig..3i "3 102 H:IS T:OTRE des couleurs agréables el vives (1) : un jaune plus ou moins foncé, plus ou moins voisin du brillant de lor, ou de Peclat de l'argent , et relevé par de belles taches rouges , règne sur tout,son corps. Il se nourrit de jeunes crabes et de petits ani- maux à coquille; et dès-lors nous ne de- vons pas être surpris, d’après ce que nous avons déjà indiqué plusieurs fois, que ce sourcilleux présente des nuances riches et bien contrastées. Plusieurs causes se 1éu- nissent pour produire sur ses légumens ces teintes distinguées : la chaleur du climat qu'il habite, abondance de la lumière qui inonde la surface des mers dans lesquelles Blennius ossiculis tribus anterioribus pinnæ: dorsalis reliquis aculeatis mujoribus. Gronowv. loco citato. Blennius pinnulis ocularibus brevissimis palmatis, lineâ laterali curv&. Lin. Amæn. acad. tom. I , p.517. Blennius pinnulis superciliorum palmatis!, line laterali curv&..... blennius superciliosus. Van. sy st. nat. edit. Gmel. gen. 155 , sp. 6. SONNINISS ni (1) À la nageoiïre du dos . .:,°. 44 rayons) À chacune des pectorales. :::: 14 A chacune des jugulaires. : . . 2 À celle dedanus: . 4% 410. 4 28 À celle de la”Qqueue: 84 rs DES BLENNIES. 105 il vit, et la nature de l'aliment qu’il pré- fère, et qui nous a paru être un des prin- cipes de la brillante coloration des poissons. Mais quoique ce blennie, exposé aux rayons du soleil, puisse paroître quelquefois par- semé, pour ainsi dire, de rubis, de dia- mans et de lopazes , il est encore moins remarquable par sa parure que par ses habitudes. Ses petits sortent de l’œuf dans le ventre de la mère, et viennent au jour tout formés. Il n’est pas le seul de son genre dont les œufs éclosent ainsi dans l'intérieur de la femelle. Ce phénomène a été particulièrement observé dans le blen- nie que les naturalistes ont nommé pendant long - tems le vivipare. Nous reviendrons sur ce fait, en traitant, dans un moment, de ce dernier poisson. Considérons néan- moins déjà que le sourcilleux, que sa nmia- niére de venir à la lumière lie, par une habitude peu commune parmi les poissons, avec l’anguille , avec les silures, et peut- être avec le gade lote, a, comme tous ces osseux, le corps très - alongé, recouvert d’écailles très - menues, et enduite d’une mucosité très-abondante. Au reste, sa tête est étroite; ses yeux G 4 104 HT 6 TO ER E sont saillans, ronds, placés sur les côtés, et surmontés chacun d’une appendice palmée et divisée en trois, qui lui a fait donner le nom qu'il porte. L'ouverture de la bouche est grande; la langue courte; le palais lisse; la mâchoire d'en haut aussi avancée que l'inférieure, el hérissée d’un rang extérieur de grosses denis, et de plusieurs rangées de dents intérieures plus petites et très-poin- tues ; l’opercule branchial composé d’une seule lame, ainsi que dans presque tous les blennies ; la ligne latérale courbe ; lanus large comme celui d’un grand nombre de poissons qui se nourrissent d'animaux à têt ou à coquille, et d’ailleurs plus voisin de la gorge que de la nageoire caudale. Tous les rayons de la nageoire du dos sont des aiguillons, excepté les cinq ou six der- niers. DES BLENNIES. 105 LE BLENNIE CORNU (1)(2), LE BLENNIE TENTACULÉ (3) (4), LE BLENNIE SUJÉFIEN (5) (6), er LE BLENNIE FASCÉ.(7) (8), PAR LACÉPEDE. Ge, NOUBNETIOo BSPECEÉS. Le cornu présente une appendice longue, eflilée, non palinée, placée au dessus de (1) Blennius cornutus. Idem. Lin. édit. de Gmclin. | Blenne cornu. Daubenton, Encyclop. méthod. — Bonaterre, pl. de l’Encyc.méth. — Mus. Ad. Frid. 2, p- 61. — Amænit. acad. 1, p. 316. (2) Blennius pinnis ocularibus subulatis, pinnä ani ossiculorum viginti sex. Lin. Amænit. academ. tom. I, p. 3:16. | . Blennius radio simpliei suprà oculos, pinné dorsali SOL GTI ee 01e blennius cornutus. Yan. Syst. nal. edit. Gmel. gen. 155, sp. 3. SONNINI. (5) Blennius tentaculatus. st Blennius tentacularis. Lin. édit. de Gmel. Élennius radio-suprà oculos simplici, pinné dorsali 106 BE KT OX RE chaque œil ; une multitude de tubercules à peine visibles, et disséminés sur le de- vant ainsi que sur les côtés de la tête; une dent plus longue que les autres de chaque côté de la mâchoire inférieure ; une peau visqueuse, parsemée de points ou de petites taches roussâtres : il vit dans les mers de Pinde , et a été décrit, pour la première fois, par l’immortel Linnæus (o). integr& , anticè unioculatä. Brunnich , Pisc. massil. p.26 ; n°36: Blenne nébuleuse. Bonat. pl. de l'Encycl. méth. (4) À Marseille, moulette. SONNINI. (5) Blennius sujefianus. Blennius simus. Lin. édit. de Gmel. — Sujef, Act. Petropol. 1779 ,2, p. 198, tab. 6, fig. 2, 4. (6) Blennius cirro suprà oculos minimo pinné dor- sali posterits caudali annexä , lineä laterali curvé.. blennius simus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 155, sp. 16. 7 SonNini. (7) Plennius fasciatus. Idem. Lin. édit, de Gmel.— Bloch. pl. czxir, fig: x. Blenne perce-pierre. Bonaterre , pl. de l Enc, méth. (5) Le blennie,fascé, perce-pierre rayé. En allemand, bandirte schleimfisch. Blennius pinnulis simplicibus duabus inter oculos ;: pinnä ani radiis novemdecim..... blennius fasciatus. Lin. Syst. nat: edit. Gmel. gen. 155, sp. 14. SONNINI. DES BLENNIES. 407 Le tentaculé, que l’on pêche dans la Mé- diterranée , ressemble beaucoup au cornu ; il est alongé, visqueux, orné d’une appen- dice non palmée au dessus de chaque œil, colorée par points ou par petites taches très-nombreuses. Mais indépendamment que ces points sont d’une couleur très - brune, on voit sur la nageoire dorsale une grande tache ronde qui imite un œil, ou, pour mieux dire, une prunelle entourée de son iris. De plus, le dessous de la tête monire irois ou quatre bandes transversales et blanches ; l'iris est argenté avec des points rouges ; des bandes blanches et brunes s’élendent sur la nageoire üe Fanus; les dents sont très;- peu inégales; et enfin, en passant, sous silence d’autres dissemblances moins faciles à à saisir avec précision , le tentaculé paroît. différer. du cornu par sa taille, ne parvenant guère qu’à une lon- gueur moindre d’un décimètre ( environ I A (a) À la nageoire dorsale du blenrie’ çornu . <:. s +. de +. +. EUR, 09 SS/9rayons À chacune de pectorales® sp «4 00 9125 À chacune des jugulaires:, éco oyit)207 0 À celle. de l'anus 5%. 5 arrainece 3126 A celle de la queue 1 wr NCE œUe) «UN 108 ÉGIBPT O'TR E trois pouces et demi ). Au feste, peut-être; malgré ce que nous venons d'exposer, et l'autorité de plusieurs grands naturalistes , ne faudroit - il regarder le tentaculé que comme une variété du cornu, produite par la différence des eaux de la Méditerranée à celles des mers de l'Inde. Quoi qu'il en soit , c’est Brunnich qui a fait connoiire le tentaculé, en décrivant les poissons des environs de Marseille (1) (2). Le sujéfien a une appendice non palmée au dessus de chaque œil, comme le cornu et le tentaculé ; mais cette appendice est très - petite. Nous lui avons donné le nom de sujéfien , parce que le naturaliste Sujef en a publié la description. Il parvient à la longueur de plus d’un décimètre ( environ trois pouces et demi). Son corps est menu; l'ouverture de sa bouche placée au dessous (1) A la nageoïre du dos du tentaculé 34 rayons. À chacune des pectorales . . . 14 » À chacune des jugulaires A..celNe dElAaNRs 0" = N = Gb A celle de la queue (2) Ichthyol. massil. /0c0 citato: L'on voil rarement ce poisson dans les marchés de Marseille. SONNINI. DES BLENNIES. 109 du museau; chacune de ses mâchoires gar- nie d’une rangée de dents très - courtes, égales et très -serrées ; son opercule bran- chial composé de deux pièces; sa nageoire dorsale précédée d’une petite élévation ou loupe graisseuse, et réunie à celle de la queue, qui est arrondie (1). Les mers de l'Inde, qui sont l’habita- tion ordinaire du cornu, nourrissent aussi le fascé (2). Ce dernier blennie est enduit d’une mucosité très-gluante. Sa partie su- périeure est d’un bleu tirant sur le brun, sa partie inférieure jaunâtre : quatre ou cinq bandes brunes et transversales relé- vent ce fond ; les intervalles, qui séparent ces fasces, sont rayés de brunâtre; d’autres bandes ou des taches brunes paroissent sur plusieurs nageoires; celle de la queue, qui (1) À la nagcoire dorsale du biennie BUICRCN NE RU AG R iS ss +027 rayons À chacune des pectorales.' : . + 25 À chacune des jugulaires. . 14 | 2 Acelé de lPanus. SU... A 0 tir A'cellé de ltaquene. 2.1 ..,15 (2) Bloch l’a reçu du Japon. (Hist. nat. des poissons, _ 17° genre, article du perce-pierre rayé.) SonNini. 110 HIS TOTR'E d’ailleurs est arrondie, montre une couleur grise (1). Deux appendices non palmées s'élèvent entre les yeux ; la tête, brune par dessus et jaunâtre par dessous, est assez petite ; l'ouverture branchiale très - grande; celle de l’anus un peu rapprochée de la gorge, et la ligne latérale peu éloignée du dos. a — —— (1) A la nageoire du dos du fascé . . A chacune dés pectorales . + . .- . A'chacune des jusulaires 57, 2) à: A celle de l'anus. . . . À celle de la queue, qui est arronüie . 29 rayons. 13 2 T9 11 DES BLÉNNIES. 111 00 PR Re > LE BLENNIE COQUILLADE (1) (2), PAR LACÉPÈDE. D'IXURBME ES PE Cu Ox pêche ce poisson dans l'océan d’'Eu- rope , ainsi que dans la Méditerranée. Il n'a pas ordinairement deux décimètres de (1) Blennius coquillad, Blenne coquillade. Daubenton , Encycl. méthod. — Bonaterre, pl. de l’'Encycl. méthod. Blennius galerita. Lin. édit. de Gmel. Blennius cristä capitis transversé, cutace&. Ârteii, gen. 27 , SYn. 44. Coquillade. Rondelct , prem. part. liv. 6, chap. 21. Alauda cristata. Idem. Galerita. 1. ibid. — Aldrov. lib. 1, Cap. 25,p. 114. — Jonston , tab. 17, fig. 5. — Charlet. p. ps Gakrita. Ray, p. 73. Alauda cristata , sive galerita. Gesner, p.17, 20 (Germ.}, fol. 4, a. — Willughby, Ichth. p. 134. Adonis. Belon , Aquat. 219. Crested blenny. Brit. Zool. 5, p. 167. — Sd sondm. 322. Blennus galerita. Ascagne , pl. x1x. Brosme toupée. Id. ibid. ) (2) En Languedoc, coquillade , à cause de sa crête 112 HSE OIRE longueur ( sept pouces environ ). Sur sa tête paroît une appendice cutanée, trans- versale, un peu mobile, et auquel on a donné le nom de créte. Il habite parmi les rachers des rivages. Il échappe facilement à la main de ceux qui veulent le retenir s parce que son corps est délié et très - mu- queux (1). Sa partie supérieure est brune et mouchetée ; sa partie inférieure d'un verd foncé et noirâtre. On a comparé à une émeraude la couleur et léclat de sa vésicule du fiel (2). Sa chair est molle (3). Il vit assez long-tems hors de l’eau, parce qui a quelque ressemblance avec la huppe de l’alouette coquillade. Blennins crist& capitis trensversé cutaceä....... blennius galerita. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 155, sp. I. SONNINI. (1) Mais l’on ne tient aucun compte de ce poisson, à raison de sa petitesse. SONNINI. (2) Le cœur est anguleux , et le foie d’un blanc rougeâtre ; les intestins sont larges et jaunes. SONNINI. (5) A la nageoire du dos . . . . . Go rayons. A chacune des pectorales. . . . 10) À chacune des jugulaires . . . . 2 À cellé de Panne meNe rs. ASE À celle de la Queutte os s «1.06 / que DES BLENNIES. 119 que, dit Rondelet, l'ouverture de ses bran- chies est fort pelite; ce qui s'accorde avec les idées que nous avons exposées, dans notre premier Discours, sur les causes de la mortalité des poissons au milieu de l'air .de l’atmosphère. D'ailleurs on peut se sou- venir que nous avons placé, parmi ceux de ces animaux qui vivent avec plus de faci- lité hors de l’eau, les osseux et les cartila- gineux qui sont pénétrés d’une plus grande quantité de matières huileuses, propres à donner aux membranes la souplesse con- venable. Poiss. Tome VII. H 114 HA SMPO TR E LE BLENNIE SAUTEUR (e FAR LACÉPÉDE. ONZIÈME ES PE C#. N OUS avotis trouvé une description très- détaillée et très - bien faite de ce blennie dans les nianuscrits de Commerson, que Buffon nous a confés dans le tems, en nous invitant à continuer son immortel ouvrage. On n’a encore rien publié relati- vement à ce poisson, que le savant Com- merson avoit cru devoir inscrire dans un genre particulier, et nommer l’altique sau- teur. Mais il nous parut impossible de ne pas le comprendre parmi les blennies, dont il a tous les caractères généraux, et avec lesquels l’habile voyageur qui l'a observé le premier, a trouvé lui-même qu'il offroit les (1) Blennius saliens. 4 Alticus salfatorius, pinn& spurié in capitis vertice ; seu pinnul& longitudinali ponè oculos cartilagine& ; sex allicus desultor, occipite cristato, ore circulari deorsum patulo, Commerson , Manuscrits déjà cités. DES BLENNIES. 115 plus grands rapports. Nous osons même penser que, si Commerson avoit été à por- iée de comparer autant d’espèces de blen- nies que nous, les caractères génériques qu'il auroïit adoptés pour ces osseux auroient élé tels, qu’il auroit renfermé son sauteur dans leur groupe. Nous avons donc rem- placé la dénomination d’allique sauteur par celle de Âlennie sauteur, et réuni, dans le cadre que nous mettons sous les yeux de nos lecteurs, ce que présentent de plus re- marquable les formes et les habitudes de ce poisson. Ce blennie a été découvert auprès des rivages et particulièrement des récifs de la Nouvelle - Bretagne, dans la mer du Sud. Il a été observé en juillet 1768, lors du célèbre voyage de notre confrère Bougain- Ville. Commerson l’y a vu se montrer par centaines. 1l est très-pelit, puisque sa lon- gueur totale n’est ordinairement que de soixante -six müllimètres ( deux pouces et denu environ ), sa plus grande largeur de de cinq millimètres ( deux lignes à peu près ), et sa plus grande hauteur de huit ( un peu plus de trois lignes ). Il s’élance avec agilité, glisse avec vilesse, | H 2 116 HISTOIRE ou, pour mieux dire, et pour me servir de l'expression de Commerson , vole sur la surface des eaux salées ; il préfère les ro- chers les plus exposés à être battus par les vagues agitées; et là, bondissant, sautant, resaulant, allant, revenant avec rapidité, il se dérobe en un clin d'œil à l'ennemi qui se croyoit près de le saisir, et qui ne peut le prendre que très-diflicilement. Il a reçu un instrument très - propre à lui donner cette grande mobilité. Ses na- geoires pectorales ont une surface très-éten- due, relativement à son volume ; elles re- présentent une sorte de disque lorsqu’elles sont déployées; et leur longueur, de douze millimètres ( cinq lignes environ }, fait que, lorsqu'elles sont couchées le long du corps, elles atteignent à très - peu près jusqu’à l'anus. Ce rapport de forme avec des pé- gases, des scorpènes, des trigles, des exo- cets, et d’autres poissons volans , devoit lui en donner aussi un d'habitude avec ces mêmes animaux, et le douer de la facuité de s’élancer avec plus ou moins de force. La couleur du blennie sauteur est d’un brun rayé de noir, qui se change souvent (à DES BLENNIES. 117 en bleu clair rayé ou non rayé, après la moÿt du poisson. On a pu juger aisément, d’après les di- mensions que nous avons rapportées, de la forme très -alongée du sauteur ; mais de plus, il est assez comprimé par les côtés pour ressembler un peu à une lame. La mâchoire supérieure étant plus longue que l’inférieure, l’ouverture de la bouche se trouve placée au dessous du museau. Les yeux sont situés très- près du som- met de la tète, gros, ronds, saillans, bril- lans par leur iris, qui a la couleur et léclat de l'or; et auprès de ces organes, on voit sur l’occiput une crêle ou une appendice ferme, cartilagineuse, non composée de rayons, parsemée de points, longue de quatre millimètres ou environ ( deux lignes à peu près), arrondie dans son contour et élevée non pas transversalement, comme celle de la coquillade, mais longitudinalement. Deux lames composent chaque opercule branchial. La peau du sauteur est enduite d’une mucosité très - onclueuse. Commerson dit qu'on n’apercçoit pas d’au- tre ligne latérale que celle qui indique lin- | H 5 118 HISTOIRE tervalle longitudinal qui règne de chaque côté entre les muscles dorsaux et les mus- cles latéraux (1). (1) 5 rayons au moins à la membrane des branchies, 35 articulés à la nageoire du dos. 15 à chacune des pectorales. 2 mous et filiformes à chacune des jugulaires. 26 à celle de l’anus. 10 à celle de la queue, qui-est lancéolée. DES BLENNIES. a LE BLENNIE PINARU {i1)(2)}, PAR LACÉPÉÈDE. DO U LTEÈNME ESP CE. Ls pinaru ressemble beaucoup au blennie sauteur. Il habite, comme ce dernier poisson, dans les mers voisines de la ligne. Une appen- dice longitudinale s'élève entre ses yeux, de mème qu'entre ceux du sauteur; mais cette sorte de crête est composée de petits fila- mens de couleur noire. De plus, le sauteur, ainsi que le plus grand nombre de blennies, n’a que deux rayons à chacune de ses na- (1) Blennius pinaru. Blennius cristatus, Tan. édit. de Gmelin. Blenne pinaru. Daubenton , Encycl. méthod. — Bonaterre , pl. de l’Encycl. méthod. — Gronov. Mus: 1 , n°75. Pinaru. Ray, Pisc. p. 73. (2) Blennius crist& cetace& longitudinali inter ocu- los. ... blennius cristatus. Lan. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 159, sp. 2. — Artedi , Gen, pisc. additam. n° 6. SONNINI: EH 4 120 HISTOIRE geoires jugulaires ; et le pinaru a ses nageoires jugulaires soutenues par trois rayons (1). La ligne latérale de ce dernier osseux est d’ailleurs courbe vers la tête, et droite dans le reste de sa longueur. On le trouve dans les deux Indes (2). (1) À la membrane branchiale . . . 5 rayons. A:la naseoire du dos 22. 1.2 26 À chacune des pectorales. . . . . 14 A chacune des jugulaires. , . . + 3 TOMATE de anne ot QE RTE A celle de laqueue,quiest arrondie 71 (2) Mais ce n’est que dans les mers méridionales qu’il se trouve aux Indes occidentales. Sonnint. DES BLENNIES. 121 LE BLENNIE GADOIDE (1(2), LE BLENNIE BELETTE (3) (4), er LE BLENNIE TRIDACTYLE (5); PAR LACÉPEDE. 19°, 14 ET 15° ESPÈCES. Crs trois poissons appartiennent au troi- sième sous-genre des blennies : ils ont deux (1) Blennius gadoïdes. — Brunn. Pisc. massil, Ph24, n°934. Gadus albidus. Lin. édit. de Gmel. Gade à deux doigts. Bonaterre, pl. de l’'Enc. méth. (2) À Marseille , moustele. Gadus cirro menti, pinnis ventralibus didactylis elongatis..... gadus albidus. Lin. Syst. nat. edit, Gmel, gen. 155, sp. 19. Gadus dipterygius, cirro menti, pinnis ventralibus didactylis elongatis.... gadus blennoides. Brunnich, Ichthyol. massil. p. 24, n° 34. — Artedi, Gen. pisc. gen. 22. additament. n° 22. SONNINI. (5) Blennius mustela, Blennius mustelaris. Lin. édit. de Gmel. Blennius pinn4 dorsali anteriore triradiatä. Mus. Ad. Frid. 1 , p. 69. 429 AHSA OTIRE nageoires sur le dos; et on ne voit pas de barbillons ni d'appendices sur la partie su- périeure de leur tête. Le gadoïde a été découvert par Brunnich. Ce naturaliste l'a considéré comme tenant le milieu entre les gades et les blennies; et c'est pour désigner cette position dans l’en- semble des êtres vivans, que je lui ai donné le nom de gadoïde. Ïl a été compris parmu les gades par plusieurs célèbres naturalistes: mais la nécessité de former les différens genres d'animaux conformément au plus grand nombre de rapports qu'il nous est possible d’entrevoir, et de les indiquer par des traits précis et faciles à distinguer, nous a forcés d'exiger pour les deux familles des blennies et des gades, des caractères d’après RER EE A RE SEEN DER Blennius pinn4 dorsi anteriore triradiatä, poste- riore 40. Ibid. Blenne belette. Daubenton , Encye. méth. — Bona- terre , pl. de l’Encycl. méthod. (4) Blennius pinn& dorsali anteriore triradiat&.... blennius mustelaris. Lin. Syst. wat. edit. Gmel. gen. 155, sp. 10.— Artedi, Gen. pisc. gen. 22 ,n° 12. additament. SONNI1Ni. (5) Blennius tridactylus. Trifurcated. Pennant , Zool. brit. tom. IIT , p. 106. Gade trident, Bonaterre , pl. de l'Encyc. méth. DÉS BLENNIES 273 lesquels nous avons dû placer le gadoïde parmi les blennies. Ce poisson habite dans la Méditerranée. Il est mou, étroit, légèrement comprimé. Sa longueur, analogue à celle de la plupart des blennies, ne s'étend guère au - delà de deux décimètres (sept pouces). Sa mâchoire inférieure est plus courte que la supérieure, marquée de chaque côté de sept ou huit points ou petits enfoncemens, et garnie, au dessous de son bout antérieur , d’un fila- ment souvent très-long. On voit deux aiguillons sur la nuque; la ligne latérale est droite. L'animal est blanchâtre, avec la tête rougeâtre. Des teintes noires règnent sur le haut de la première nageoire dorsale, sur les bords et plusieurs autres portions de la seconde nageoire du dos, sur une partie de celle de l’anus , et sur celle de la queue (1). (1) À la membrane branchiale du blenmie sadoide.:.# 44514), ie.) 7 rayons À la première nageoïre dorsale . . . 10 AUS Seconde ne MARNE LAURE ANNE À chacune des pectorales : ,.. + + | À chacune des jugulaires. . . . 2 Aicelle de l'annee, SNA 3 A'celle dela queue |... 14 41.126 124 EH PSTEOIRE IF est aïsé de séparer de cette espèce de blennie celle à laquelle nous conservons le om de belette. En effet, ce dernier poisson n a point de filament au dessous du museau, et on ne comple que trois rayons à sa pre- mière nageoire dorsale (2). Il a été décou- vert dans l'Inde. Le tridactyle a été considéré jusqu'à pré- sent comme un gade :1l a sur-tout beaucoup de ressemblance avec le gade mustelle et le cimbre. Il a, de même que ces derniers animaux , la première nageoire dorsale ca- chée presque en entier dans une sorte de sillon longitudinal, et composée de rayons qui tous, excepté un, sont extrêmement courts et difficiles à distinguer les uns des autres. Mais chacune de ses nageoires jugu- laires n’est soutenue que par trois rayons ; et cela seul auroit dù nous engager à le (1) À la première nagcoire dorsale du DIELME DEEE EME EM, or 9 TAN ON A'Hasecondet then. No 2% A chacune des pectorales . . ;: . . x7 À chacune des jugulaires. . . +. . 2 Acelle de Panus "14 . . + « 29 À celle de laqueue . + «+ . . + + 19 DES BLENNIES. 129 rapporter aux blennies plutôt qu'aux gades. Les nageoires jugulaires, ou thoracines, ayant été comparées, aussi bien que les abdominales , aux pieds de derrière des quadrupèdes , les rayons de ces organes de mouvement ont été assimilés à des doigts; et c’est ce qui a déterminé à donner, au blennie que nous examinons, le nom spé- cifique de tridactyle, ou à trois doigts. D'ailleurs, dans cet osseux, les trois rayons de chaque nageoire jugulaire ne sont pas réunis par une membrane à leur extrémité, et celte séparation vers un de leurs bouts es fait paroître encore plus analosues aux doigts des quadrupèdes. La tête du tridactyle est un peu apiatie. Ses mâchoires sont garnies de dents recour- bées : celle d'en bas présente un long barbillon au dessous de son extrémité an- térieure. On voit au dessus de chaque nageoire peclorale une rangée longitudinale de tu- bercules, qui sont, en quelque sorte, le commencement de la ligne latérale. Cette dernière ligne se fléchit très- près de son origine , forme un angle obius, descend ebliquement, et se coude de nouveau pour 26 BR TOI KR EE tendre directement vers la nageoire de la queue (1). ; La couleur de la partie supérieure de l'animal est d’un brun foncé; les plis des lèvres, et les bords de la membrane bran- chiale, sont d’un blanc très-éciatant. Ce blennie habite dans les mers qui en- tourent [a Grande-Bretagne ; le savant au- teur de la Zoologie britannique l’a fait connoître aux naturalistes. (1) À la membrane des branchies du bleñdie tridactyle 17. + 1.14 47,190 5 rayons: Un rayon très-alongé et plusieurs autres rayons très-courts à la première nageoire dorsale. A da seconde. din. late niet ait 4D RaTOBS, A chacune des pectorales. .,. . . 14 À chacune des jugulaires. . . . . 53 A Gel dé DRRHSL EU) «à ete > 3 1120 À Celk'dé'h' quete. .°. 1... "10 DES BLENNIES 124 LE, PH OL I 4 (a). LE BLENNIE PHOLIS (2), PAR LACÉPÉDE. SE IGLÉME £ESPEÉCE. Voyez la planche XXIX, fig. 2. Lies blennies dont il nous reste à traiter forment le quatrième sous-genre de la fa- mille que nous considérons : ils n’ont ni barbillons ni appéndices sur la tête, et leur dos he présente qu’une seule nageoire. (1) Le pholis. En allemand, secgrundel, meerlerche, spitzkopf. En anglais, bulcard, mulgranoc-bulcard, smoth-skan , smooth blenny. À Hambourg, boulerot, En Languedoc, perce-pierre. Blennius line laterali curv& subbifidé... blennius pholis. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 155, sp. 8. SONNINTI. (>) Blennius pholis. Sur plusieurs côtes méridio- males de France, baveuse, Auprès de Livourne, : galeetto. Auprès des rivages de Cornouailles en An- gleterre , mulgranoo , bulcard. Blennius pholis. Lin. édit. de Gmelin. Blenne baveuse. Daubenton, Encyclop. méthod. — 128 HiLSMTOU R LE Le premier de ces poissons dont nous aïlons parler, est le pholis. Cet osseux a l'ouverture de la bouche grande, les lèvres épaisses, la mâchoire supérieure plusavancée que l’'inférieure, et garnie, ainsi que cette dernière, de dents aiguës, fortes et ser- rées (1). Les ouvertures des narines sont placées au bout d’un petit tube frangé. La Bonaterre, planches de l’Encyclop. mélhod. — Mus. AG. Frid. 2 ,p: 62. PBlennius maxillé superiore longiore , capite summo acuminato. Artedi, gen. 27, syn. 45 et 116. Pholis. Arist. lib. 9, cap. 37. — Aldrovand. lib. 1, cap. 25,p. 114 et 116. — Gesner, p. 18 et 714; et ( germ.) fol, 4, a ,et5, a. — Jonston, lib. r , tit. 2, cap. 2, &. 1, tab. 17, n° 4; et tab. 18, fig. 2. — Charl. Onom. 137. — Willughby, Ichthyol. p. 153 et 135, tab. H, 6, fig. 2 et 4. — Ray, p. 73,n% 17 et 74. Perce-pierre. Rondelet, première partie, lib. 6, chapitre 22. Empetrum. Idem , ibidem, Alauda non cristata. 1dem , ibid. Baveuse, Yd. première partie, lib. G, chap. 25. Pholis. Idem, ibid. — Gronov. Mus. 2, n° 195; Zooph. 76, n° 279. — Bloch , pl. 71 , fig. 2. Smooth blenny. Brit. zool. 3 , p. 169, n° 3. (1) L’on pourroit , dit Rondelet, nommer à bon droit ce poisson singe de mer ; car il a une tête de singe , pelite et ronde, SONNINI: Jangue DES BLENNIES. 129 langue est lisse, le palais rude, l'œil srand, l'iris rougeâtre , la ligne latérale courbe, et l'anus plus proche de la gorge que de la gageoire caudale (1) (2). La couleur du pholis est olivâtre, avec de peliltes taches, dont les unes sont blanches St les autres d’une teinte foncée. Ce blennie vit dans l'Océan et dans la Méditerranée. Il sy tient auprès des rivages, souvent vers les embouchures des fleuves: il s’y plaît au nuilieu des algues; il y nage avec agilité ; il dérobe aisément à ses enne- mis son corps enduit d’une humeur ou bave très-abondanie et très-visqueuse, qui lui a fait donner un de ses noms; et quoiqu'il {1) A la membrane des branchies. . 7 rayons, A la nageoire du dos. . . . , , 28. À chacune des pectorales. . . . 14 À chacune des jugulaires. , + «+ 2 A'celle de l'anus... "39 A'eellc de ld'quene. , 147) 76 {2) Tous les rayons des nageoires sont extraordi- nairement épais et forts. La ligne latérale forme une courbure derrière les nageoires pectorales, et l’anus se trouve plus près de la tête que de la queue. Le foie est gros, jaune et partagé en deux lobes inégaux ; l’estomac est oblong; le canal intestinal court et formant deux sinuosités ; la rate rougeâtre, SONNINI. . Poiss. TouE VII. 1 150 HET OTRE n'ait que deux décimètres (environ sept pouces) de longueur, il se débat avec cou- rage contre ceux qui l’attaquent, les mord avec obstination, et défend de touies ses forces une vie qu'il ne perd d’ailleurs que difficilement. Il n'aime pas seulement à se cacher au dessous des plantes marines, mais encore dans la vase; 1l s’y enfonce comme dans un asyle, ou s’y place comme dans une em- buscade. 1l se retire aussi très-souvent dans des trous de rocher, y pénètre fort avant, et de là vient le nom de perce-pierre qu’on a donné à presque tous les blennies, mais qu'on Jui a particulièrement appliqué. Il se nourrit de très-jeunes poissons, de très- petits crabes, ou d'œufs de leurs espèces; il recherche aussi les animaux à coquille et principalement les bivalves, sur lesquels la faim et sa grande hardiesse le portent quel- quefois à se jeter sans précaution à l’instant où il voit leurs battans entr’ouverts : mais il peut devenir la victime de sa témérité , être saisi entre les deux battans refermés avec force sur lui; et c’est ainsi que fut pris, comme dans un piège, un pelit poisson que nous croyons devoir rapporter à l’espèce du blennie pholis, qui fui trouvé dans une DES BLENNIES. 151 huître au moment où l’on en écarta les deux valves, qui devoit y être renfermé depuis long-tems, puisque l’huître avoit été apportée à un très-grand nombre de Heues de la mer, et que découvrit ainsi, il y a plus de viugt ans, dans une sorte d’habita- tion très-extraordinaire, mon compatriote et ion ancien ami Saint-Amans, professeur d'histoire naturelle dans l’école centrale du département de Lot et Garonne, connu depuis long-tems du public par plusieurs ouvrages très-Intéressans, ainsi que par d’utiles et courageux voyages dans les hautes Pyrénées (1) (2). (1) Voyez le Journal de physique, du mois d’oc- tobre 1778. (2) On prend le pholis au filet et à l’hameçon; sa chair est de mauvaise qualité; on s’en sert comme d’appât pour pêcher les autres poissons. Aristote dit que la bave que jette le pholis se répand autour de lui et lui forme comme un lit. ( Histoire des animaux, liv. O9, chap. 57.) Ray et Pennant assurent qu’au moyen des nageoires molles de son ventre , ii peut monter le long des pierres, même à surface unie. Ce poisson a été décrit et figuré deux fois par PRondelet (Hist. des poissons), d’abord sous le nom de perce - pierre , chap. 22 ; ensuite sous celui de baveux , chap. 23. SONNINI T 2 152 H {STORE LE BLENNIE BOSQUIEN (1), PAR LACÉPÉDE. .: DIX-SEPTIÈMEÆE ESPÈCE. , Bosc , lun de nos plus savans et plus zéi3s naturalistes, qui vient de passer plusieurs années dans les Etats-Unis d'Amérique , où il a exercé les fonctions de consul de la république française, a découvert dans la Caroline ce blennie , auquel j'ai cru devoir donner une dénominalion spécifique qui rappelât le nom de cet habile naturaliste. Bosc a bien voulu me communiquer la description et le dessin qu'il avoit faits de ce blennie : l’une m'a servi à faire cet article; j'ai fait graver l’autre avec soin; et je m’em- presse d'autant plus de témoigner ici ma reconnoissance à mon ancien confrère pour (1) Blennius bosquianus. Blennius morsitans. Bosc, manuscrits. Blennius morsitans, capite crist4 null& , corpore alepidoto , viridi fusco, alboque variegato , pinn& anals radiis apice recurvis. Habitat in Carolina. Note communiquée par L. Bosc. DES BLENNIES. 133 cette bienveillante communication, que, peu de tems avant son relour en Europe, il m'a fait remettre tous les dessins et toutes les descriptions dont il s’étoit occupé dans l'Amérique septentrionale relativement aux quadrupèdes ovipares, aux serpens et aux poissons, en m'invitant à les publier dans l'Histoire naturelle dont cet article fait partie. J'aurai une grande satisfaction à pla- “cer dans mon ouvrage les résultats des ob- servalions d’un naturaliste aussi éciairé et aussi exact que Bosc. Le blennie qu’il a décrit ressemble beau- coup au pholis dont nous venons de parler; mais il en diffère par plusieurs traits de sa conformation, et notamment par la pro- portion de ses mâchoires, dont l’inférieure est la plus longue, pendant que la supérieure du pholis est Ja plus avancée. D'ailleurs Vanus du pholis est plus près de la gorge que de la nageoire caudale, et celui du bosquien est à une distance à peu près égale de ces deux portions du corps de l’animal (1). {1) À la nagcoire du dos. . . . . 30 rayons. À chacune des pectorales. . . . 12 À. chacune des jugulaires. . . . . 2 A celle delamus. . . 1.1. Ua À celle dela QUEUE, + » + + » + 12 1 3 154 HISTOIRE La tête du bosquien est en quelque sorte triangulaire; le front blanchâtre et un peu aplati; l'œil petit; l'iris jaune ; chaque mà- choire garnie de dents menues, très-nom- breuses et très-recourbées:; la membrane branchiale étendue et peu cachée par l’oper- cule; le corps comprimé, dénué en appa- rence d’écailles, gluant, d’une couleur verte foncée, variée de blanc, et relevée par des bandes brunes, cependant peu marquées. Les nageoires sont d’une teinte obscure, et tachetées de brun. Les onze premiers rayons de celle du dos sont plus courts et plus émoussés que les autres. Ceux qui sou- tennent la nageoire de l’anus se recourbent en arricre à leur extrémité : cette nageoire de l’anus et la dorsale touchent celle de la queue, qui est arrondie. Le bosquien a près d’un décimètre (trois pouces et demi environ) de longueur totale; sa hauteur est de vingt-sept millimètres (un pouce), et sa largeur de neuf (quatre lignes environ). Cette espèce, suivant Bosc, est très-com- mune dans la baie de Charlestown. Lors- qu'on veut la saisir, elle se défend en mor- dant son ennemi, comme la murène anguille, avec laquelle elle a beaucoup de ressem- DES BLENNIES. 195 blance ; et c’est cette manière de chercher à sauver sa vie, que Bosc a indiquée par le nom distinctif de morsitans qu’il lui a donné dans sa description latine, et que j'ai dü, malgré sa modestie, changer en une déno- mination dictée par lestime pour l’obser- vateur de ce blennie. T 4 156 HISTOIRE LE BLENNIE VIVIPARE (1): LE BLENNIE OVOVIVIPARE (2), PAR LACÉPÉDE. DIX-HUITIÈME ESPÉCE: Voyez lu planche XXX, fig. 3 Ds tous les poissonis dont les petits éclosent dans le ventre de la femelle, viennent tout formés à la lumière, et ont fait donner à leur mère le nom de vivipare, le blennie (1) Le blennie vivipare. En allemand , aalmutter, aalquab ,aalput. Fin danois, aale-quabbe , aale-kona, aale-moder, aal-frau. En suédois , tanglake, alkusa. En norvégien, brun-og, mork-pletet, tano-brosme, steen-brosme. En hollandais, pilatus-visje. En anglais, guffer , ue A Harderwick, magaal, quabaal. En Frise , magge Enchelophs corpore lituris Mantes pinn& dorsi ad caudam sinuatä. Gronovius , locis infrà cilatis. Blennius ore tentaculis duobus.... blennius vivi- parus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel.: gen: 155, sp. 11. Blennius imberbis , pinn& àänali caudalique unîtis DES BLENNIES. ir que nous allons décrire est l’espèce dans laquelle ce phénomène remarquable à pu être observé avec plus de soin et connu avec plus d'exactitude. Voilà pourquoi on lui a donné le nom distinctif de sivipare, que nous n'avons pas cru cependant devoir aurantiis... blennius viviparus. Mull. Zoolog. dan. tom. IE, p. 22, fig. tab. 57. . Blennius pinné dorsali, caudali analique unitis, naribus tubulosis... blennius viviparus. Lin. Fauu. suec. edit. Retziti, n° 45. SONNINI. (2) Blennius ovoviviparus. Blennius viviparus. Lin. édition de Gmelin. Blenne vivipare. Daubenton , Encyclop. méthod.— Bonaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. — Faun. suec. 317. — Müll. Prodrom. z0ol. danic. p- 45, n° 558 ; et Zool. dan. tom. LVITI. — Mus. Ad. Frid. 1 , p. 69. | Tanglake. Act. Stockh. 1748, p. 52, tab. 2. — Gronov. Mus. 1,p.65, n° 145 ; Zooph. p. 77, n° 265. — Act. Upsal. 1742, p.87. — Bloch, pl. Lxxu. Blennius capite dorsoque fusco flaveseente lituris nigris, pinné ani flavä. Artedi, syn. 45. Tertia mustelarum species vivipara et marina. Schonev. p. 49 , 5o. Mustela marina viviparina.Ydem, tab. 4, fig. 2. — Jonst. Pise. p. 1, tab. 46, fig. 8. Mustela vivipara Schoneveldii. Willughby, Icth. p- 122. — Ray, p. 69. Viviparous blenny. Brit. Zoolog. 3 , p. 172, n°5; tab. 10. : 158 HISTOIRE lui conserver sans modification, de peur d'induire plusieurs de nos lecteurs en erreur, et que nous avons remplacé par celui d’ovo- vivipare, afin d'indiquer que s’il n’éclot pas hors du ventre de la mère, s’il en sort tout formé, et déjà doué de presque tous ses attributs, il vient néanmoins d’un œuf, come tous les poissons, et n’est pas véri- tablement vivipare, dans le sens où l'on emploie ce mot lorsqu'on parle de l’homme, des quadrupédes à mamelles et des cétacés. Voilà pourquoi aussi nous allons entrer dans quelques détails relativement à la manière de venir au jour, du blennie dont nous écrivons l’histoire, non seulement pour bien exposer tout ce qui peut concerner cet animal curieux, mais encore pour Jeter un nouveau jour sur les différens modes de re- production de la classe entière des poissons. Mais auparavant montrons les traits dis- tinctifs et les formes principales de ce blennie (1). (1) A la membrane des branchies. . 7 rayons. A chacune des nageoires pectorales. 20 À chacune des jugulaires . . :'. a A celle du dos, de la queue et de l’anus , considérées comme ne formant qu’une seule nageoire . 148 DES BLENNIES. 1% L'ouverture de sa bouche est petite, ainsi que sa tête; les mâchoires, dont la supé- rieure est plus avancée que l’inférieure, sont garnies de petites dents, et recouvertes par des lèvres épaisses ; la langue est courte et lisse comme le palais; deux os petits eb rudes sont placés auprès du gosier; les ori- fices des narines paroissent chacun au bout d’un petit tube non frangé; le ventre est court; l'ouverture de l'anus très-grande; la ligne latérale droite (1); la nageoire de l’anus composée de plus de soixante rayons, et réunie à celle de la queue; et souvent cette dernière se confond aussi avec: ceile du dos. Les écailles qui revêtent l’ovovivipare sont très-petites, ovales, blanches ou jau- nâtres, et bordées de noir ; du jaune règne sur la gorge et sur la nageoire de l'anus ; la nageoire du dos est jaunâire, avec dix ou douze taches noires (2). (1) Elle est à peine visible, et elle s’étend sur le milieu du corps. SONNINI. (2) Les parties intérieures du blennie vivipare diffèrent sensiblement de celles des autres poissons. 11 a l’estomac, ainsi que la vésicule du fiel, minces et transparens; le canal intestinal placé en travers; Les deux lobes du foie peu alongés; la rate aussi longue 140 HISTOIRE La chair de ce blennie est peu agréable au goût : aussi est-il très-peu recherché par les pécheurs, quoiqu'il parvienne jusqu’à la longueur de cinq décimètres (un pied et demi environ). il est en effet extrêmement imprégné de matières visqueuses ; son corps est glissant comme celui des murènes; et ces substances oléagineuses, dont il est pé- nétré à l’intérieur ainsi qu'à l'extérieur, sont si abondantes qu’il montre, beaucoup plus qu’un grand nombre d’autres osseux , cette qualité phosphorique que lon a re- marquée dans les différentes portions des poissons morts et déjà altérés (1). Ses arêtes luisent dans l'obscurité, tant qu’elles ne sont pas entièrement desséchées; et par une suite de cetle même liqueur huileuse et phosphorescente, lorsqu'on fait cuire son squelette, il devient verdâtre (2). que la capacité du ventre; le fiel clair; les reins dégagés et d’un pouce de longueur. Bloch a compté cent vertèbres à l’épine du dos ; mais il n’a aperçu ni côles, ni vésicule aérienne. SONNINI. (1) Discours sur la nature des poissons. (2) On pêche le blennie vivipare à lhameçon et au filet, « Sa chair , dit Bloch, est grasse , blanche et sans beaucoup d’arêtes. Comme on n’en fait pas grand càs , ilu’y a que les gens du peuple qui la mangent, DES BLENNIES. 143 F'ovovivipare se nourrit principalement de jeunes crabes. Il habite dans locéan Atlantique septentrional, et principalemerñt auprès des côtes européennes (1). Vers l’équinoxe du printems, les œufs commencent à se développer dans les ovaires de la femelle. On peut les voir alors ramas- sés en pelolons, mais encore extrêmement peluts, et d’une couleur blanchâtre. Au mois de mai ils ont acquis un accroissement sensible, et présentent une couleur rouge. Lorsqu'ils sont parvenus à la grosseur d’un grain de moutarde, ils s’amollissent , s’éten- dent , s’alongent ; et déjà l’on peut remar- quer à leur bout supérieur deux points noirâires qui indiquent la tête du fœtus, ét ce sont les rudimens de ses yeux. Cette partie de lembryon se dégage la première de la membrane ramollie qui compose l'œuf; bientôt le ventre sort aussi de l'enveloppe, Certainement le préjugé contribue beaucoup à faire mépriser ce poisson, parce que, dans la cuisson, ses arêtes deviennent vertes comme il arrive à l’orphie ». ( Histoire naturelle des poissons , article de la Lote vivipare. ) SoNNini. (1) Cette espèce se trouve aussi dans la mer Bal- tique , et elle est commune dans le golfe de Bothnie, SONNINIL. 142 ÉTSATOITR E revêtu d’une autre membrane blanche et assez transparente pour qu’on puisse aperce- voir les intestins au travers de ce tégument; enfin la queue, semblable à un fil délié et tortueux, n’est plus contenue dans l'œuf, dont le petit poisson se trouve dès-lors en- tièérement débarrassé. Cependant lovaire s’étend pour se prêter au développement des fœtus ; il est, à l'époque que nous retraçons, rempli d’une liqueur épaisse , blanchâtre, un peu san- suinolente, insipide, et dont la substance présente des fibres nombreuses, disposées autour des fœtus comme un léger duvet, et propres à les empêcher de se froisser mutuellement. On a prétendu qu’'indépendamment de ces fibres, on pouvoit reconnoître dans Vovaire des filamens particuliers qui, sem- blables à des cordons ombilicaux, partoient des tuniques de cet organe, s’étendoient jusqu'aux Îoœtus , et entroient dans leur corps pour y porter vraisemblablement , a-t-on dit, la nourriture nécessaire. On n'entend pas comment des embryons qui ont vécu pendant un ou deux mois entiè- rement renfermés dans un œuf, et sans aucune cominunicalion immédiate avec le DES BLENNIES. 143 corps de leur mère, sont soumis tout d’un coup, lors de la seconde période de leur accroissement, à une manière passive d’être nourris, et à un mode de circulation du sang , qui n'ont encore élé observés que dans les animaux à mamelles. Mais d'ail- leurs les observations sur lesquelles on a voulu établir l'existence de ces conduits comparés à des cordons ombilicaux, n’ont pas été convenablement confirmées. Au reste , il suffiroit que les fœtus dont nous parlons eussent été, pendant les premiers mois de leur vie, contenus dans un véri- table œuf, et libres de toute attache immé- diate au corps de la femelle, pour que la grande différence , que nous avons indiquée entre les véritables vivipares et ceux qui ne le sont pas (1), subsistât toujours entre ces mémes vivipares ou animaux à ma- melles, et ceux des poissons qui paroissent le moins ovipares, et pour que la dénomi- nation d’ovovivipare ne cessât pas de con- venir au blennie que nous décrivons. Ft cependant ce qui achève de prouver que ces filamens prétendus nourriciers ont une destination bien différente de celle Re" ten NA SN ORNE PEAR (1} Discours sur la nature des poissons. 14. HISTOIRE qu'on leur a attribuée, c’est qu'à mesure que les foétus.grossissent, la liqueur qui les environne s'épuise peu à peu, et d’épaisse et de présque coagulée qu’elle étoit, de- vient limpide et du moins très - pen vis- qüeuse ; ses parties les plus grossières| ayant été employées à alimenter les em- 6 pos bryons. Lorsque le tems de la sortie de ces petits animaux approche, leur queue, qui d’abord avoit paru sinueuse , se redresse, et leur sert à se mouvoir en différens sens, comme pour chercher une issue hors de l'ovaire. Si dans cet état ils sont retirés de cet or- _gane, ils ne périssent pas à l'instant, quoi- que venus trop Lôt à la lumière ; mais ils ne vivent que quelques heures : ils se tordent comme de petites murènes, sautillent, et remuent plusieurs fois leurs mâchoires et iout leur appareil branchial avant d’expirer. On a vu quelquefois dans la même fe- melle jusqu'à trois cents embryons, dont la plupart avoient plus de vingt-cinq muil- limétres de longueur (1) (onZe lignes à peu prés ). (1) Consultez particulièrement l’ouvrage de Scho« neveld , cité si souvent dans cette Histoire, Il DES BLENNIES. 140 Ii s'écoule souvent un tems très - long entre le moment où les œufs commencent à pouvoir être distingués dans le corps de la mère , et celui où les petits sortent de l'ovaire pour venir au jour. Après la nais- sance de ces derniers, cet organe devient flasque , se retire comme une vessie vuide - dir ; et les mâles ne différent alors des femelles que par leur taille, qui est moins grande , et par leur couleur, qui est plus vive ou plus foncée. Nous ne terminerons pas cet article sans faire remarquer que, pendant que la plu- part des poissons pélagiens s’approchent des rivages de la mer dans la saison où ils ont besoin de déposer leurs œufs, les blennies dont nous nous occupons , et qui n’ont point d'œufs à pondre, quittent ces mêmes rivages lorsque leurs fœtus sont déjà un peu développés, et se retirent dans l'Océan à de grandes distances des terres, pour y trouver apparemment un asyle plus, sûi contre les pêcheurs et les grands animaux marins qui à celte époque fréquentent les côtes de l'Océan, et à la poursuite desquels les femelles, chargées du poids de leur pro- Poiss. Tome VIL. K 146 HISTOIRE séniture, pourroient plus diflicilement se soustraire (1). Je n’ai pas besoin d’ajouter que les œufs de ces blennies éclosant dans le ventre de la mère, et par conséquent devant être fé- condés dans son intérieur, il y a un accou- plement plus ou moins prolongé et plus ou moins intime entre le mâle et la femelle de cetle espèce, comme entre ceux des squales, des syngnathes, etc. mm (1) Voyez le même ouvrage de Schoneveld. DES BLEÉNNIES. 147 PEL UNNEL LE BLENNIE GUNNEL (2), PAR LACÉPÉEÉDE. DIX-NEUVIÈME ESPÈCE. Lr gunnel est remarquable par sa forme comprimée ainsi que très-alongée, et par la disposition de ses couleurs. Il est d’un nn.) (1) Le gunnel. En quelques lieux de la France, papillon de mer. En allemand, butterfisch. À Heili- geland , nunogen. En Norwège, guulagtig, snor- dolk. En Laponie, séasosh. Eu Suède, smorkussa. En Islande, skeria steinbitr, spreitfish. Au Groenland, kEurksaunak. En Danemarck , tangbrosme, Pholis maculis annulatis ad pinnam dorsalem, pinnis ventralibus obsoletis. Gronovius, lucis infrà cilabtis. Blennius pinné dorsali ocellis decem nioris...... blennius gunnellus. Linn. Syst. natur. edit. Gmel, gen. 155 , Sp. 9. Blennius maculis circiter decem nigris, limbo albo, utrinque ad pinnam dorsalem. Artedi, Gen, pisc, gen, 22, sp. D. SONN1ANI. K 2 148 Hi FSAT. O TI R:E gris jaunâtre, et souvent d’un olivâtre foncé dans sa partie supérieure ; sa partie infé- rieure est blanche , ainsi que son iris; la nageoire dorsale et celle de la queue sont jaunes ; les pectorales présentent une belle couleur orangée, qui paroît aussi sur la nageoire de l'anus , et qui y est relevée vers la base par des taches très-brunes. Mais ce qui frappe sur-tout dans la distribution des nuances du gunnel, c’est que, le long de la nageoire dorsale, on voit de chaque côté neuf ou dix et quelquefois douze taches (2) Blennius gunnellus. Gunnel, d’où vient gun- nellus, signifie en anglais, plat bord, et désigne la forme très-alongée et très-comprimée du blennie dont il est question dans cet article. Sur quelques côtes d'Angleterre, butler fish. Dans quelques contrées de l'Europe, liparis. Blennius gunnellus. Lin. édit. de Gmelin. Blenne gunnel. Daubenton , Encyclop. méthod. — Bonaterre, planches de l'Encyclopédie méthodique. — Mus. Ad. Frid. 1, p. 69. — Faun. suce. 3518. — Bloch, pl. zxv, fig. 1. Blennius maculis circiter decem nigris , etc. Artedi, gen, 27, syn. 45. — Gronov. Mus. 1, n° 77; Zooph. pag. 78, n° 267. — Wiilughby, Ichthyol. p. 115, tab. G, 8; fig. 3. — Ray. Pisc. p.144, n°1. Guncllus. Seb. Mus. 5, p. 91, tab. 80, fig. 6. — Brit. Zoo]. 5 , p.171, n° 4, tab. 10. DES BLENNIES. 149 rondes ou ovales , placées à demi sur la base de la nageoire, et à demi sur le dos proprement dit, d’un beau noir, ou d’une autre teinte trés-foncée, et entourées, sur plusieurs individus, d’un cercle blanc ou blanchâtre , qui les fait ressembler à une prunelle environnée d’un iris. La tête est petite, ainsi que les na- geoires jugulaires (1). Des dents aiguës gar- nissent les mâchoires, dont l'inférieure est la plus avancée. La ligne latérale est droite; Panus plus éloigné de la nageoire caudale que de la gorge. Par sa forme générale, la petitesse de ses écailles , la viscosité de l'humeur qui arrose sa surface, la figure de ses nageoires pectorales, le peu de hauteur ainsi que la Jongueur de celle de son dos, et enfin Îa vitesse de sa natalion, le gunnel a beau- coup de rapports avec la murène anguille : mais il n'a pas une chair aussi agréable (1) À la nageoire dorsale. . . . . 88 rayons. À chacune des bectarales. à - «110 À chacune des jugulaires . . . + 2 Areslle, déliausess titre Eté ie A celle de la queue , qui est un peu aTTONdIR. ile ie Lee à laits et RS 150 HISTOIRE au goût que celle de ce dernier animal. II vit dans l’océan d'Europe (1); il s’y nourrit d'œufs de poisson, et de vers ou d'insectes marins ; et il est souvent dévoré par les cartilagineux et les osseux un peu grands, ainsi que par les ciseaux d’eau. Nous croyons, avec le professeur Gme- lin, devoir regarder, comme une variété de l'espèce du gunnel , un blennie qui a été décrit par Othon Fabricius dans la Faune du Groenland (2), et qui ne paroît différer d’une manière très-marquée et très -cons- (1) On le trouve fréquemment dans ‘la mer du nord et dans la Baltique , aux environs de Ham- bourg et de Lubeck. Il se tient près des rivages au milieu des plantes marines, et on le prend dans les filets tendus pour la pêche des autres poissons; car on ne cherche pas à se procurer celui-ci dont la chair est dure et généralement méprisée, même par les gens les plus pauvres; l’on ne s’en sert que pour appat. Le gunnel est aussi glissant que l’anguille, et comme en même tems sa nageoire dorsale est très- piquante, il est difficile de le tenir dans la main sans se blesser. Son foie partagé en deux lobes cst d’an rouge pâle; le canal intestinal est mince, court, large, et il fait plusieurs sinuosités. SONNini. (2) Blennius pinn& dorsali ocellis decem nigris.., / DES BLENNIES. 151 tante de l’objet de cet article que par sa longueur, qui n’est que de deux décimètres -( sept pouces environ ), pendant que celle du gunnel ordinaire est de trois ou quatre décimètres ( dix pouces et demi à qna- torze pouces à peu près), par le nombre des rayons de ses nageoires ( 1}, etpar la couleur des taches œillées et roydes ou ovales de la nageoire du dos, dont com- munément cinq sont noires, ef cinq sont blanchâtres ou d’un blanc éclatant. blennius gunnellus. Othon Fabricius, Faun. Groenl. pe 149, n° 108. Blennius corpore ferè lineari fulvo, pinnä dorsali ocellis quinque nigris , totidemque albis conjunctis... blennius punctatus. Lin. Syst. natur. edit. Gimel. gen. 155, sp. 9, var. &. PSoNNInI. (1) Ala membrane des branchies du gunnel, décrit par Othon Fabrigus + .'. . . 7 layons. À la napéoire dore.” 71" <,0"50 À chacune des pedoräles . 34142 17 A chacune des jugulaires . . + . 4 Arscelletde ass at 4.30 À celle de la gene: . : +. e :10 7 & 152 HISTOIRE LE BLENNIE POINTILLÉ (95 PAR LACÉPÈDE. Ni VON NB LIN ER ESP E CE. La description de ce blegnie n’a encore été publiée par aucun auteur. Nous avons vu, dans la collection du museum national d'histoire naturelle, un individu de cette espece. La tête est assez grande, et toute parse- mée, par dessus et par les côtés, de petites impressions, de pores ou de points qui s'étendent jusques sur les opercules, et nous ont suggéré le nom spécifique de ce blenme. L'ouverture de la bouche est élroiie ; les lèvres sont épaisses; les dents aiguës et serrées ; les yeux ronds ét très- gros; les écailles très-facilement visibles; les nageoires peclorales ovales et très-grandes ; les jugulaires composées chacune de deux rayons nious, Ou filamens, presque aussi longs que les peciorales. La ligne latérale — (1) Blennius punctulatus. DES BLENNIES. 153 se courbe au dessus de ces mêmes pecto- rales , descend comme pour les environ- ner, et tend ensuite directement vers la queue. La nageoire du dos, qui commence à la nuque, et va toucher la nageoiïre cau- dale, est basse; les rayons en sont garnis de petits filamens, et tous à peu prés de la même longueur, excepté les huit der- niers, dont six sont plus longs et deux plus courts que les autres. La nageoire de l'anus est séparée de’la caudale , qui est arron- die (1). Un grand nombre de petites taches irrégulières et nuageuses sont répandues sur le pointillé. em (1) À la nageoire du dos +. + . . 47 rayons. À chacune des pectorales: . . . . 17 A chacune des jugulaires + . . . 2 Aeelle de l'anus. . M. . . . 29 À celle de la queue. # . : . . . 113 154 HISTOIRE ne L'ÉSGHAR A MP {A}, BE EL AMP. E, N E(2 LE BLENNIE GARAMIT (5), LE BLENNIE LUMPÈNE (4), Er LE BLENNIE TORSK (5), PAR LACÉPÈDE. 21e, our. EnMoS8. ES PE CES. Li garamit a été placé parmi les gades : mais 1] a élé regardé par Forskœæl, qui la (1) Garamit ou garmuth ; nom arabe que ce poisson porte à Alexandrie; cette dernière dénomi- nation garmulh où karmuth est appliquée par les habitans du Caire et de la hante Egypte à une espèce de silure. Par les grecs modernes , £alaria et kaliakouda. Gadus an blennius? an potius novus nomine sala- riæ : dorso monopterygio, cirrhis nullis. Forskoel ;, Faun. Ægyptiaco-Arabica, pag. 22, n° 5. SONNINI. DES BLENNIES. 155 découvert, comme devant tenir le milieu entre les gades et les blennies; et les ca- ractères qu'il présente nous ont forcés à le comprendre parmi ces derniers poissons. (2) Lumpene. En danois, tang-brosme. En groen- landais, éejarnak. Blennius corpore areolis dorsalibus fuscis........ blennius lumpenus. Linn. Syst. natur. edit Gmel. gen. 159 , sp. 12. Blennius corpore teretiusculo flavicante , areolis dorsalibus fuscis... blennius lumpenus. Oth. Fabric. Faun. Groenland. p. 151, n° 109. SoNNINI. (5) Blennius garamit. Gadus salarias. Forsk. Faun. arab. Gadus garamit. I. ibid. Gade garamit, Bonaterre , planches de P'Encyclop. méthodique. (4) Blennius lumpenus. — Idem. Lin. edition de Gmelin. Variété du blenne vivipare. Daubenton , Encyclop. méthodique. Blenne lumpène. Bonat: pl. de l'Encycl. méthod. — Müller , Prodrom. Zool. dan. p. 9. Blennius cirris sub gula pinniformibus quasi bifi- dis, etc. Artedi, syn. 4p. Tangbrosme. Sirom. sondm. 1, p. 315, n° 4. — Ot. Fabrice. Faun. Groenl. p. 151, n° 100. (5) Blennius torsk. Strom. sondm. 1, p. 272 — Penñant , Zool. brit. 5, p. 205, n° 69. Gade torsk. Bonat, pl. de l'Encycel. méth. 156 HISTOIRE Ses dents sont inégales; on en voit de pla- cées vers le bout du museau , qui sont beaucoup plus longues que les autres, et qui, par leur forme, ont quelque resseiu- blance avec les crochets des quadrupèdes carnassiers. Îl présente diverses Leintes dis- posées en taches nuageuses ; la nageoire dorsale règne depuis la nuque jusqu’à la nageoire caudale, La ligne latérale est à peine visible, et assez voisine du dos. Ce blennie est long de trois ou quatre déci- mètres ( dix pouces et demi ou quatorze pouces environ ). [l se trouve dans les eaux de la mer Rouge (1) (2). C’est dans celles de l’océan d'Europe qu'habite le lunmpène. Il préfère les fonds d'argile ou de sable, s’y cache parmi les fucus des rivages, et y dépose ses œufs vers (1) À la membrane branchiale du DATA ARMOR, de de 6 ray ons. À la nageoire dorsale. . + ,'. . 36 À chacune des pectorales. ,...1, 14 Achacune des juseulgires ,.4:. "6 ,2 Ancelede l'anus Nil, 104 6 Arcellédédla;-quéenelihes. Ait de TR (2) Forskæl dil que ce poisson se trouve dans Ja mer d’Alcxandrie et dans celle de PArchipel du Le- vant. ( Voyez l'ouvrage cité, p.25.) | Sonnini. DES BLENNIES. 154 le commencement de l’élé. Ses écailles sont petites, rondes, forlement attachées. Sa couleur est jaunâtre sur la tête, blanchâtre avec des taches brunes sur le dos et les côtés, jaune et souvent tachetée sur la queue, blanche sur le ventre. Ses nageoires jugulaires , par leur forme et par leur position , ressemblent à des barbillons: elles comprennent chacune trois rayons ou fila- mens, dont le dernier est le plus alongé (1). Le torsk préfère les mers qui arrosent le Groenland, ou celles qui bordent l Europe septentrionale. Il présente un barbillon, et ce filament est au dessous de l’extrémité antérieure de la mâchoire d'en bas. Ses nageoires jugulaires sont charnues, et divi- sées en quatre appendices. Le ventre est gros et blanc; la lête brune ; les côtés de l'animal sont jaunâtres; les nageoires du dos , de la queue et de l’anns, liserées de blanc. Ce blennie parvient à la longueur de six ou sept décimêtres ( vingt-un pouces Ps (1) A la nageoire dorsale du lampène. 63 rayons. À chacune des péctorales . . . . 15 A chacune des jugulaires. . . . 5 A'celle de l’Aus: & + : 2 66-47 À. celle de Miqueue.. +, . . . 16 158 HASTO TRE à vingt-quatre pouces et demi environ ), et à la largeur d'environ un décimètre et demi ( six pouces à peu près ) (1) (2). (1) A la membrane branchiale du torsk. 5 rayons. Ala nageoire/duidos.!}. lie -: A6 A chacune des pectorales. . . . . 8 A celle de Lange tit... 1 (2) Ce blennie vit avec le gunnel, avec lequel il a plusieurs rapports, près des côtes du Groenland; mais il y est plus rare et il se plaît dans les fonds de sable ou d’argile. Dans les tems calmes on le voit en repos sur le ford , comme l’anguille, avec apparence d’un serpent ; mais lorsque la mer est agitée, il se cache dans les plantes marines. SONNiN1. DES OLIGOPODES. 4:59 rm ————_—_—— or, QUARANTE-NEUVIÈME GENRE. PAR LACÉPEDE. LES OMEIGOPOD'ES. Uxr seule nageoire dorsale; cette nageoire du dos commençant au dessus de la tête; et s'étendant jusqu’à la nageoire caudale, ou à peu près; un seul rayon à chaque nageoire jugulaire. ESPÉCE. L'oritcoPopE VÉLIFÈRE ; o/igopodus veli- ferus. — La nageoire du dos très-élevée ; celle de la queue fourchue. 160 HEST.OIRE L'OLIGOPODE VÉLIFÈRE (à), PAR LACÉPÉDE. Voyez planche XXX , figure 1. | BA position des nageoires inférieures ne permet pas de séparer les oligopodes des jugulaires, avec lesquels ils ont d’ailleurs un grand nombre de rapports. Nous avons donc été obligés de les élcigner des cory- phènes , qui sont de vrais poissons thora- cins, dans le genre desquels on les a placés jusqu’à présent, et auxquels ils ressemblent en effet beaucoup ; mais dont ils diffèrent cependant par plusieurs traits remarquables. On peut les considérer comme formant une des nuances les plus faciles à distinguer, parmi toutes celles qui lient les jugulaires aux thoracins, et particulièrement ies blen- nies aux coryphènes; mais on n'en est pas me ge me (1) Olygopodus veliferus. Coryphæna Nifora. L n. edit. de Gmel. — Pallas, Spicil. zool. 8, p. 19 , tab. 5, fig. r. Coryphène éventail. Daubenton , Encyclop. méthod. — Bonaterre , planches de l’Encyel, méthod. moins ? k fl xxx LA on A0 db »SJeve Le B tant Ce 1. OLIGOPODE vedfere . 2.BOSSU. = r. : . 2 “, Pr de" ré PO RRE Ÿ 9 js 7” Dan à A ; . g ‘ \ $ Ô je à | L ï : f ” A À \ i J - ! L | ’ ï ï ‘ à , ja ‘ L Ÿ à L ï S ‘ À { ‘ Fe r 4 x : \ 1 à . i . s k . ï \ ‘ su 5 in: . | 3 > , î fe Û Î d Eee co F ‘ ) | | k e ‘ Le — 4 ÿ ; < : ST LA à t ï Q « : È = J - N ; * L : Le 3 : û # .h r: 1 À ” à à | se A , . Ll ï i h 7. * > n i ot ; «2 DES OLIGOPODES. 161 moins forcé de les inscrire à la suite des blennies , sur les tables méthodiques par le moyen desquelles on cherche à présenter quelques linéamens de l’ordre naturelle des êtres animés. _ Parmi, ces oligopodes , que nous avons ainsi nommés pour désigner la petitesse de leurs nageoires thoracines, et qui, par ce caractère seul, se rapprocheroient beau- coup des blennies, on ne connoït encore que l’espèce à laquelle nous croyons de- { voir conserver le nom spécifique de séli- fêre (1). C’est au grand naturaliste Pallas que l’on en doit la première description. On lui avoit apporté de la mer des Indes liadividu sur lequel cette première description a été faite. La forme générale du vélifère est singulière et frappante. Son corps, très-alongé, très- bas et comprimé, est en quelque sorte distingué difficilement au milieu de deux (1) À la membrane des branchies. . 7 rayons. Aceile dudos 40e Loi el 265 À chacune des pectorales . . . . 14 À chacune des jugulaires . . . . 1 A celle de: l'anus.) 1212). nb Aicelle de li queug se ".r. te Las Poiss. Tome VIL. “L 162 HISTOIRE immenses nageoires, placées June sur so dos et l’autre au dessous de sa partie infé- rieure, et qui, déployant une très-grande surface , mériient d'autant plus le nom d’éventaii ou de voile, qu’elles s'étendent, la première depuis le front, et la seconde depuis les ouvertures branchiales jusqu’à la nageoire de la queue, et que d’ailleurs elles s'élèvent ou s'abaissent de manière que la ligne, que l’on peut tirer du point le plus haut de la nageoire dorsale au point le plus bas de la nageoire de anus, surpasse la lonsueur totale du poisson. Chacune de ces deux surfaces laiérales ressemble ainsi à une sorte de losange irréguhère, et curviligne dans la plus grande partie de son contour. Et c'est à cause de ces deux voiles supé- rieure et inférieure, que l’on a mal à propos comparées à des rames ou à des ailes, que plusieurs naturalistes ont voulu attribuer à l'oligopode vélifère la faculté de s’élancer et de se soutenir pendant quelques momens hors de l'eau, comme plusieurs. pégases, scorpènes, trigles et exocets, auxquels on a’ donné le nom de poissons volans. Maïs, si l’on rappelle les principes que nous avons exposés concernant la natation et le vol des poissons, on verra que les nageoires du dos DES OLIGOPODES. 165 et de l'anus sont placées de maniére à ne pouvoir ajouter très-sensiblement à la vitesse du poisson qui nage, où à la force de celui qui vole, qu'’autant que l'animal nageroit sur un de ses côlés, comme les pleuronectes, ou voleroit renversé sur sa droite ou sur sa gauche ; supposilion que l’on ne peut pas admettre dans un osseux conformé comme le vélifère. Les grandes nageoires dorsale et anale de cet oligopode lui servent donc prin- cipalement, au moins le plus souvent, à tourner avec plus de facilité, à fendre l’eau avec moins d'obstacles, particulièrement, en montant ainsi qu'en descendant, à se balancer avec plus d’aisance, et à se servir de quelques courans latéraux avec plus d'avantages; et de plus il peut , en étendant vers le bas sa nageoire de l'anus, et en pliant celle du dos, faire descendre son centre de gravité au dessous de son centre de figure, se lester, pour ainsi dire, par cette manœuvre, et accroître sa stabilité. Au reste, le grand déploiement de ces deux nageoires de l'anus et du dos ajoute à la parure que le vélifère peut présenier ; il place en effet au dessus et au dessous de ses côtés, qui sont d'un gris argenté, une surface très -étendue, toute parsemée de 2 164 HA SOTO IR E taches blanches ou blanchâtres, que la cou- leur brune du fond fait très-bien ressortir. La tête est couverte de petites écailles ; la mâchoire inférieure relevée, et garnie de deux rangées de dents ; on n’en compte qu'un rang à la machoire supérieure. Les deux premiers rayons de la nageoire du dos sont très-courts, à trois faces, et osseux. Le premier de la nageoire de l'anus est aussi très- court et osseux; le second est également osseux, mais il est assez long. On voit de chaque côté du corps et de la queue plusieurs rangées longitudinales d’écailles grandes, minces, légèrement striées, échan- crées à leur sommet , et relevées à leur base par une sorte de petite pointe qui se loge dans l’échancrure de lécaille supérieure. Le corps proprement dit est très - court ; l'anus est très-près de la gorge ; et voilà pourquoi la nageoire anale peut montrer la très-grande longueur que nous venons de remarquer. DES KURTES. 2:65 mn om CINQUANTIÈME GENRE. PAR LACÉPEDE. DU SUR UE EE Lr corps très-comprimé, et caréné par dessus ainsi que par dessous; le dos élevé. LE KURTÉ BLOCHIEN ; £urtus blochianus: — Deux rayons à la membrane des bran- chies. | nas 166 4 H E SYILO'I R E # een Pr met. L'B BiOS SU U) LE KURTE BLOCHIEN (), PAR LACÉPEDE Cr poisson lie les jugulaires àvec les tho- racins par la grande compression latérale de son corps, qui ressemble beaucoup à celui des 2ées et des chélodons.:Cette -con- formation lui donne aussi une grande ana- logie avec les stromatées ; et c’est pour ces différentes raisons que nous lavons placé à la fin de la colonne des jugulaires, comme nous avons mis les stromalées à la queue de celle des apodes. Le savant ichthyologiste Bloch nous a fait connoître cet animal, qu'il a inscrit dans un genre particulier, et (1) Ze bossu. En allemand, hkochrücken. SONNINI. (2) Æurtus blochianus. Bloch, pl. cLxix. Æurtus indicus. Lan. édit. de Gmelin. Le bossu. Bonaterre , planches de l'Encycl. méth, D'PA URUU EE T'AS. 167 auquel nous avons cru devoir donner le uom de ce célèbre naturaliste. | Le blochien a le corps très-étroit et très- haut ; et de plus une élévation considérable qui paroît sur le dos, et qui ressemble à une bosse, lui a fait attribuer par le zoolo- giste de Berlin la dénomination générique de kurtus, qui signifie bossu. Sa'tète est grande ; son museau obtus; la mâchoire inférieure un peu recourbée vers le haut, plus avancée que la supérieure, et garnie , ainsi que cette dernière , de plusieurs rangées de très-petites dents ; la langue courte et cartlagineuse ; le palais lisse ; l’'œu gros; l'ouverture branchiale étendue ; l’oper- cule membraneux ; l'anus assez proche de la gorge; la higne latéfale droite, et la na- geoire de la queue fourchue (1). Il vit dans la mer des fudes; il sy nourrit (1) 2 rayons à la membrane des branchies. 1 rayon non articulé, et 16 rayons articulés à la nageoire du dos. 15 rayons à chacune des pectorales. 1 rayon non articulé, et 5 rayons articulés à cha- cune des jugulaires. 2 rayons non articulés , et 50 rayons articulés à celle de l'anus. 13 rayons à celle de la queue. L 4 108 HISTOIRE de crabes, ainsi que d’animaux à coquille ; et dès-lors il est peu surprenant qu’il brille de couleurs très-éclatantes. Sa parure est magnifique. Ses écailles res- semblent à des lames d'argent ; l'iris est en partie blanc et en partie bieu ; des taches dorées ornent le dos; quatre taches noires sont placées auprès de la nageoiïre dorsale ; les pectorales et les jugulaires réfléchissent la couleur de l'or, et sont bordées de rouge; les autres nageoires offrent une teinte d’un bleu céleste, que relève un liseré d’un jaune blanchätre (1). (1) L’individu de cette espèce, que Bloch a exa- miué , avoit dix pouces de long, y compris la nageoire de la queue, et un peu plus de quatre pouces de large. Sonxini. DES LEPIDOPES. 169 SECONDE SOUS-CLASSE. PO I S'SIQGN SA ,0 SRE U X, PAR VE À CÉP Ê DE: Les parties solides de l’intérieur du COrps , osseuses. PREMIÈRE ADI VESEON: Poissons qui ont un opercule.ebt une mem- brane des branchies. DIX-NEUVIÈMÉ ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ie. TROISIEME ORDRE DE LA PREMIÈRE DIVISION DES OSSEUX. Poissons thoracins , ou qui ont des nageoires inférieures placées sous la: poitrine et au dessous des pectorales. 150 HISTOIRE CINQUANTE -UNIÈME GENRE. PAR LACÉPÉÈDE. LES LÉPIDOPES. Lx corps très-alongé et comprimé en forme de lame; un seul rayon aux. nageoires thoracines et à celle de l'anus. ESPÈCE. 7 LE LÉPIDOPE GOUANIEN ; lepidopus gouanianus. — La mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure. DES LEPIDOPES. 171 LE LÉPIDOPE GOUANIEN ae PAR LACÉPÈDE. IB KR mière fois par mon de da Je professeur Gouan, de Montpellier, qui la séparée, avec beaucoup de raison, de tous les genres de poissons adoptés jusqu’à pré- sent. Lie nom distinctif que j'ai cru devoir lui donner témoigne le service que Gouan a rendu aux naturalistes en faisant connoître ce curieux antmal. . Get osseux vit dans la Méditerranée. b. a: de-itrés-sands rapports avec plusieurs apodes, particulièrement avec les leptures et-les trichiuires. Mais c’est le seul poisson dans. lequel. on n'ait observé qu’un seul rayon à la nagcoire de l’anus, ni à chacune des nageoires inférieures que nous nommons thoracines pou r toutes les espèces de l’ordre que nous -examinons, parce qu'elles sont (1) Lepidopus gouantanus. Gouan, Histoire des poissons, p. 185. _ Lépidope jarretière. Bonaterre slam fe PEncycl. méthodique. 172 CHÉRESTIE OT R E situées sur le thorax. Ces nageoires anale et thoracines du gouanien ont d’ailleurs une forme remarquable : elles ressemblent à une écaille alongée, arrondie dans un bout, et pointue dans l’autre; et c’est de là que vient le nom générique de Zépidope ( lepidopus ), pieds où nageoires inférieures en forme d’écailles , ou écailleux. La tête du gouanien est plus grosse que le corps, et comprimée latéralement; le inuseau pointu; la nuque terminée par une arête ; chaque mâchoire garnie de plusieurs rangs de dents nombreuses et inégales ; l’œil voilé par une membrane, comme dans plu- sieurs apodes et jugulaires ; l’opercule d’une seule pièce; louverture branchiale grande et en croissant (1); l'anus situé vers le mi- lieu de la Tongueur totale; la ligne latéralé peu apparente ; la nageoire du dos très-basse et très- DiBfee: mais séparée de celle dé la queue , qui ‘est Jlancéolée ; chaque! écaille presque imperceptibles la: ne peseree d’'an dE argenté. R (1} A-la membrane des-branchies . «7 rayons. À Ja mageoireuda doses. eu 53 À chacunedes nageoires inférieutes ACTES où ‘thoracines SOUS VUS I A'celle de Fanuesr tu. 741 104 DES!HIATULES. a73 CINQUANTE-DEUXIÈME GENRE. PAR LACÉPÉDE. PE SELTI A TULES. Porxr de nageoire de l'anus. HS Pr HG LA HIATULE GARDÉNIENNE; Aiatula gar- deniana. — Des dents crochues aux mâ- choires, et des dents arrondies au palais. 174 HISTOIRE LA HIATULE GARDÉNIENNE (1)(2), PAR LACÉPEÉÈÉD:E. Ox a compris jusqu’à présent dans le genre des labres le poisson décrit dans cet article : mais les principes réguliers de classification, auxquels nous croyons devoir nous confor- mer, s'opposent à ce que nous laissions, parmi des osseux qui ont ne nageoire de Vanus plus ou moins étendue, une espèce qui en est.enlièrement dénuée. Nous avons donc placé la gardénienne dans un genre particulier; et comme, dans chaque ordre, nous commencons toujours par trailer des 3 poissons qui ont le plus petit nombre de (1) Hiatula gardeniana. Labrus hiatula. Lan. edit, de Gmelin. Labre hiatule. Daubenton, Encyclop. méihod, — Bonaterre , planches de l’Encyclop. méthod. (>) Labrus pinni anali nullé... labrus hiatula. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 166 , sp. 12. Labrus caudä integrä, pinn& anali null&... labrus hiatula. Lin. Gen. pisc. gen. 27, n° 48, additam. SONNINI. DES HIATULES 156 nageoires, nous avons cru devoir écrire le nom des hiatules presque en tête de la co- lonne des thoracins : elles auroient même formé le premier genre de cette colonne, si les lépidopes n’avoient pas une nageoire de l’anus extrêmement petite, réduite à un seul rayon, pour ne pas dire à une seule écaille ; si de plus ils ne présentoient pas des nageoires thoracines également d'un seul rayon, et si d’ailleurs ils ne se rappro- choient pas de très-près, par leur corps très-alongé et par leurs formes très-déliées, de la plupart des osseux apodes ou jugu- laires. Le nom distinctif de gardénienne indique que c'est au docteur Garden qu'est due la découverte de cette espèce, qu'il a vue dans la Caroline. On soupçonnera aisément qu’elie doit offrir beaucoup de traits communs avec les labres, parmi lesquels Linnæus et d’autres célèbres naturalistes l’ont comptée. Elle a en effet, comme plusieurs de ces labres, les lèvres extensibles, et les rayons simples de la nageoire dorsale garnis, du côté de la queue, d’un filament alongé. Les dents qui hérissent les mâchoires sont crochues ; celles qui revêtent le palais sont arrondies, de manière à représenter une 6 OROTBNTIOIR E portion de sphère. La nageoire du dos est noire dans sa partie postérieure; l’opercule pointillé sur ses bords ; la couleur générale de l'animal variée par six ou sept bandes transversales et noires; la ligne latérale droite; la nageoire de la queue rectiligne (1). glba ions et out ie : ue rires 0e (1) 5 rayons à la membrane des branchies. 17 rayons simples ou aiguillons, et 11 rayons articulés à la nagcoire du dos. 16 rayons à chacune des nageoires pectorales. 1 rayon simple et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 21 rayons à la nageoire de la queue. CINQUANTE- DES CEPOLES. 77 ——————— —— ——————_——— gr CINQUANTE-TROISIÈME GENRE. PAR. LACÉPÈDE. HE S CE, P:Ô0 L ES. Ur nageoire de l'anus; plus d’un rayon à chaque nageoire thoracine; le corps et la queue très-alongés et comprimés en forme de lame; le ventre à peu près de la longueur de la tête, les écailles très- petlies. PREMIER SOUS-GENRE. Point de rayons simples ou aiguillons aux nageoires. PREMIÉRE ESPÈCE. LE CÉPOLE TÆNIA; cepola tænia. — Le museau très- arrondi; la nageoire de la queue pointue. SECONDE ESPÈCE. LE CÉPOLE SERPENTIFORME : cepola ser- pentiformis. — Le museau pointu. Poiss. TomME VIL, M #58 HISTOIRE SECOND SOUS-GENRE. Des rayons simples ou aiguillons aux nageoires. . TROISIÈME ESPÈCE. Lx CcÉPOLE TRACHYPTÈRE; cepola tra- chyptera.— Les nageoires rudes; la ligne latérale formée par une série d’écailles plus grandes que les autres. RES 4 ANS Ta : Tu ré SLxx x. | | 7.7 De Seve del, 1.LE RUBAN. 2.LE BOULEROT. JDE. J020;: DES CEPOLES. :7%9 ——— ee LE RUBAN (G) md LE CÉPOLE TÆNIA (G). PAR LACÉPÈDE. PREMIÈRE ESPÈCE. Voyez planche XXXI, fig. 1. P RESQUE tous les noms donnés à ce pois- son désignent la forme remarquable quil présente : ces mots ruban, bandelette, flamme, lame, épée, montrent en quelque ER RS BU AU A AO (:) Le ruban , le ruban tænia. En allemand, band- Jisch. A Gênes, cavagiro » treggia. Cepala pinnä caudæ attenuaté , capite obtusis- simo...,. cepola tænia. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 156, sp. 1. SONNINI. (2) Cepola tænia. Dans plusieurs provinces méri- dionales de France , spase ou épée , flamme , cavagiro, freggia, vitta. Cepola tænia. Lin. édit, de Gmelin. Cepola ténia. Daubenton, Encyclop. méthod. — Bloch , pl. crxx. Tainia. Aristot. lib. 2, cap. 15, — Oppian , lib. :r, p- 5. — Athen. lib. 7 , p. 325, M 2 80 HIS T O FE RE sorte à l’instant son corps trés-alongé, très- aplati par les côtés, très-souple, très-mobile, se roulant avec facilité autour d’un cylindre, Tlambo.Rondelet, première partie ,liv. 11, ch. 16. Seconde espèce de tænia. IA. ibid. chap. 157. Tænia. Gesner, p.958 , et ( germ.) fol. 56, a; Icon. anim. p. 404. Tœnia Rondeletii, et tænia altera Rondeletii. Aldr. lib. 5, cap. 50, p. 569 et 370. — Jonst. p. 25, tab. 6, fig. 1 et 2. — Charlet. Onom. p. 126. Tænia prima Rondeletii. Ray, p. 39. Tœnia ichthyopolis romanis cepole dicta. Willugb. Ichthyol. p. 116. _ Tœnia altera Rondeletii. Id. ibid. p. 118. Ruban de mer. Valmont de Bomare , Dictionnaire d'histoire naturelle. F'lambeau. 14. ibid. Enchelyopus totus pallidè rubens in imo ventre albescens , etc. Klein, Miss. pisc. 14, p. 57, n° 10. Nota. Nous croyons devoir prévenir nos lecteurs que lorsque nous citons, dans les différens articles de cette Histoire, les ouvrages dans lesquels les auteurs qui nous ont précédés ont traité des mêmes poissons que nous, et les dessins qu’ils nous ont donnés de ces animaux, nous n’entendons garantir en rien l'exactitude de leurs descriptions , ni celle des figures qu'ils ont publiées; notre but est seulement d’indiquer que leurs planches ou leurs observations se rapportent à telle ou telle des espèces dont nous nous sommes occupés. D'HSCEP'OTIES. 181 frappant l'eau avec vivacité, s’agitant avec vitesse, s’échappant comme l'éclair, faisant: briller avec la rapidité de la flamme les teintes rouges qu’anime l’éclat argentin d’un grad nombre de ses écailles, disparoissant et reparoissant au milieu des eaux comme un feu léger , on cédant à tous les mouve- mens des flots, de la même manière que les flammes ou banderoles qui voltigent sur les sommets des mâts les plus élevés, obéissent à tous les courans de l’atmosphère. Les on- dulations, par lesquelles ce cépole exécute ct manifeste ses divers mouvemens, sont d'autant plus sensibles, qu'il parvient à une longueur très-considérable, relativement à sa hauteur, et sur-tout à sa largeur : 1l n’est large que d’un très-petit nombre de lignes, et il a souvent plus d’un mètre (environ trois pieds) de longueur. Le rouge dont il respiendit colore toutes ses nageoires. Cette teinte se marie d’ailleurs à l'argent dont 1l est, pour ainsi dire, revêtu, tantôt par des nuances insensiblement fondues les unes dans les autres, tantôt par des taches très- vives ; et remarquons que la nourriture ordinaire de ce poisson si richement décoré consiste en crabes et en animaux à coquille. Sa tête est un peu large; son museau M 53 182 HISTOIRE arrondi ; sa mâchoire supérieure garnie d’une rangée et sa mâchoire inférieure de deux rangées de dents aiguës et peu serrées les unes contre les autres; la langue petite, large et rude; l’espace qui sépare les yeux très -étroit ; l’ouverture branchiale assez grande ; l’opercule composé d’une seule lame, et la place qui est entre cet opercule et le museau percée de plusieurs pores ; Ïa ligne latérale droite ; la nageoire dorsale très-longue, de même que celle de l'anus; et la caudale pointue (1) (2). Le corps du tænia est si comprimé et par conséquent si étroit, ses tégumens sont si minces, et toutes ses parties si pénétrées d’une substance oléagineuse et visqueuse, que lorsqu'on le regarde contre le jour, 1l (1) À la membrane des branchics . 6 rayons. À la nageoire du dos . . . . . 66 À chacune des pectorales. . . . 15 À chacune des thoracines . . . 6 Acelle dé lannes à: . 1.1. 1060 A\celle de Haiquene ,. 2". )40 (2) La cavité du ventre est tapissée d’une peau blanche et brillante ; l’estomac est petit ; le canal intestinal a deux courbures; le foie est mince et étroit. Bloch a compté soixante-quatorze vertèbres à l’épine du dos. SONNINI DESACÉPOLIES a paroît très -transparent, et qu’on aperçoit très-facilement une grande portion de son intérieur. Cette conformation et cette abon- dance d’une matière huileuse n’annoncent pas une saveur très-agréable dans les muscles de ce cépole; et en effet on le recherche peu. Il habite dans la Méditerranée, et y préfère, dit-on, le voisinage des côtes va- seuses (1). _(1) On se sert du ruban pour appt dans différentes pêches ; on le prend à la ligne amorcée avec un ver ou un morceau de crabe. SONNINI. 184 HISTOIRE LÉ CÉPOLE SERPENT (Tr) LE CÉPOLE SERPENTIFORME (1), PAR LACÉPÉDE. S-F-6-0-N-D-E--H-6-P.H.C-.E. Le tænia a le museau arrondi ; le serpen- tiforme l’a pointu. La nageoire caudale du tænia est pointue; il paroît que celle du serpentiforme est fourchue. On à donc eu raison de ne pas les rapporter à la même espèce. On a comparé le second de ces cépoles à un serpent; on l’a appelé serpené de mer, serpent rouge, serpent rougedtre ; eb (1) Le cépole serpent. À Marseille , roudgeole. Cepola pinné caudæ attenuaté ; maxillis acutis..…. cepola rubescens. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 156, sp. 2. — Artedi , Gen. pisc. nov. gen. n° 2. Nota , que Gmelin doute que ce soit une espèce distincte de la précédente. SONNINI. (>) Cepola serpentiformis. Cepola rubescens. Lin. édit. de Gmelin. Cépole serpent de mer. Daubenton , Encyc. méth.— DB CŒE'P'O TUE S. 185 voilà pourquoi nous lui avons donné le nom distinctif de serpentiforme. Sa couleur est d’un rouge plus ou moins pâle, avec des bandes transversales, nombreuses, étroites, irréguliéres, et un peu tortueuses. L'iris est comme argenté; les dents sont aiguës; la nageoire du dos et celle de l'anus très- longues et assez basses (1). Le serpentiforme vit dans la Méditerranée, de même que le tænia. Bonaterre , pl. de l'Encycl. méthod.— Mus. Adolph, Frid. 2, p. 63. Ophidium macrophthalmum. System. nat. X,171, p. 259. — Braun. Pise. massil. p.28 , n° 39. T'œnia serpens rubescens dicta. Artedi , syn. 115. Serpens marinus rubescens. Gesner ( Germ.), fol. 47, 0. Autre serpent rouge. Rondelet , première partie, Liv. 14, chap. 8. Murus alter, sive serpens pubescens Rondeletui. Aldrov. lib. 3, cap. 28, p. 367. Tæœniæ potiñs species censenda. Willughby, Ichth, pag. 118. (1) À la nageoire dorsale. . . . . 69 rayons. À chacune des pectorales. . . . 15 À chacune.des thoratines. + . :::.6 Acelle de Fans ans" ses À celle de la quene . , . . . + 12 186 ES T'O'LR EF LE CÉPOLE RAPE (1) LE CÉPOLE TRACHYPTÈRE (1), PAR, LVACÉPÉDE TR OT STE NE SPL CE. C’rsr dans le golfe Adriatique, et par conséquent dans le grand bassin de la Mé- diterranée, que l'on a vu le trachyptère. Il préfére donc les mêmes eaux que les deux autres cépoles dont nous venons de parler. Ses nageoires présentent des aiguillons ou rayons simples, et sont rudes au toucher. Sa ligne latérale est droite, et tracée, pour ainsi dire, par une rangée d’écailles que l’on peut distinguer facilement des autres. (1) Le cépole rape, le rape , le sabre , la faux. Cepola capite declivi, maxillé utrâque fornicaté, pinnis aculeatis serratis scabris... cepola trachyptera. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 156, sp. 3. — Artedi À Gen. pisc. nov. gen. n° 5, species adhuc dubiæ. SONNINI. (2) Cepola trachyptera. Idem. Lin. édit. de Gmelin. DES TÆNIOIDES. 187 CINQUANTE-QUATRIÈME GENRE. PAR LACÉPÈDE. LES TÆNIOIDES. Ur nageoire de l’anus ; les nageoires pec- torales en forme de disque, et composées d’un grand nombre de rayons; le corps et la queue très-alongés et comprimés en forme de lame ; le ventre à peu près de la longueur de la tête; les écailles très- petites: les yeux à peine visibles; point de nageoire caudale. ESPÉCE. LE TÆNIOÏIDE HERMANNIEN ; fœnioides Hermanni. — Trois ou quatre barbillons auprès de l'ouverture de la bouche. 188$ 2 HES TO LR Æ LE TÆNIOIDE HERMANNIEN (1}, PAR LACÉPEDE. Cz poisson, que nous avons di inscrire dans un genre particulier, n’a encore été décrit dans aucun ouvrage d'histoire natu- relle. Nous lui donnons un nom générique qui désigne sa forme très-alongée, sem- blable à celle d’un ruban ou d’une bande- role , et très-voisine de celle des cépoles qui ont été appelés {ænia. Nous le distinguons par l’épithète d'hermannien, pour donner au savant Hermann de Strasbourg une nou- velle preuve de lestime des naturalistes, et de leur reconnoissance envers un pro- fesseur habile qui concourt chaque jour au progrès des sciences et particulièrement de lichthyologie. Ce tænioïde, dont les habitudes doivent ressembler beaucoup à celles des cépoles, puisqu'il se rapproche de ces osseux par le (1) T'œnioides Hermannii. DES TÆNIOIDES. 18 plus grand nombre de points de sa confor- mation, et qui doit sur-tout partager leur agilité, leur vitesse, leurs ondulations, leurs évolutions rapides, en diffère cependant par plusieurs traits remar quables. Premièrement, ses yeux sônt si petits; qu'on ne peut les distinguer qu'avec beau- coup de peine, et qu'après les avoir cher- chés souvent pendant long-tems, on ne les aperçoit que comme deux petits points noirs; ce qui lui donne un rapport assez important avec les cécilies. Secondement , il ’a point de nageoire caudale ; et sa queue se termine, comme celle des trichiures, par une pointe très- déliée, près de l'extrémité de laquelle on voit encore s'étendre la longue et très-basse nageoire dorsale , qui part très-près de la tête, et tire son origine de la partie du dos correspondante à l’anus. F Troisièmement, la nageoire anale est très- courte. Nous devons ajouter que la tête de l’her- mannien est comime taillée à facettes, dont la figure que nous avons fait graver montre la forme, les dimensions et la place. La peau de l'animal, dénuée d’écailles facilement visibles, 190 HISTOIRE laisse reconnoître la position des principaux muscles latéraux ; on voit des points noirs sur les pectorales, ainsi que sur la nageoire de l’anus, et des raies blanchâtres sur la tête ; les barbillons, situés auprès de l’ou- verture de la bouche, sont très - courts et un peu inégaux en longueur. DES GOBILES. 191 CINQUANTE -CINQUIÈME GENRE. PAR LACÉPÈDE. L'E Su GO Br ES. Lrs deux nageoires thoracines réunies lune à l'autre; deux nageoires dorsales. PREMIER SOUS-GENRE. Des nageoires pectorales attachées im- médiatement au corps de lanimal. PB'RE MIRE 5.2 GC. E. LE GoBiE PECTINIROSTRE; gobius pecti- nirostris. — Vingt-six rayons à la seconde nageoire du dos; douze aux thoracines ; présque Loutes les dents de la mâchoire infé- rieure placées horisontalement. se” co" DE “s"sp'n Cr LE GOBIE BODDAERT; gobius boddaert.— Vingt-cinq rayons à la seconde nageoire du dos ; trente-quatre aux thoracines; les rayons de la première nageoire du dos filamenteux ; le troisième de çette nageoire dorsale très- long. 192 HESITOIRE TROISIÈME ESPÉ C EF: LE GOBIE LANCÉOLÉ; gobius lanceolatus. — Dix-huit rayons à la seconde nageoire du dos; onze aux thoracines; la queue très- longue et terminée par une nageoire dont BR forme ressemble à celle d’un fer de lance. QU ATRIÉME: ES P.ÉÈ CE. LE GoBIE APHYE; gobius aphya.— Dix- sept rayons à la seconde nageoire du dos; douze aux thoracines; les yeux très-rap- prochés l’un de l’autre ; des. bandes brunes sur les nageoires du dos et de l’anus. CTNOULENME PSPECT LE GOBIE PAGANEL; gobius paganellus. — Dix-sept rayons à la seconde nageoire du dos; douze aux thoracines; la première dorsale bordée de jaune; la seconde et l’anale pourprées à leur base. ST, -XAI GE ME + Er SP, ËE.C:E, LE GOBIE ENSANGLANTÉ; gobius cruen- tatus. — Seize rayons à la seconde nageoire du dos ; douze aux thoracines; les rayons des nageoires du dos plus élevés que la mem- brane; la bouche, la gorge, les opercules et les nageoires tachetés de rouge. SEPTIÈME DES GOBIES. 199 SE PTIÉÈME ESPÉECE. LE GOBIE NOIR-BRUN ; gobius nigro- fuscus.— Seize rayons à la seconde nageoire dorsale; douze aux thoracines; le corps et la queue bruns; les nageoires noires. HUITIÈME ESPÈCE. LE GOBIE BOULEROT ; gobius boulerot, — Quatorze rayons à la seconde nageoire dor- sale; dix à chacune des thoracines ; un grand nombre de taches brunes et blanches. NEUVIÉME ESPÈCE. Le cogie Bosc; gobius bosc. — Quatorze rayons à la seconde nageoire du dos; huit à chacune des thoracines; les quatre premiers rayons de la première dorsale terminés par un filament: le corps et la queue gris et pointillés de brun; sept bandes transversales d’une couleur blanchâtre. DIX TEME ES PEÉCE LE GOBIE ARABIQUE; gobius arabicus. — Quatorze rayons à la seconde nageoire du dos ; douze aux thoracines ; les cinq der- niers rayons de la première dorsale deux fois plus élevés que la membrane, et ter- minés par un filament rouge, Poiss. Tome VIL N 194 EE ST OI R E ONZIÈME ESPÈCE. LE COBIE J0Z0; gobius j0z0. — Quatorze rayons à la seconde nageoiïre du dos; douze aux thoracines; les rayons de la première dorsale plus élevés que la membrane, et terminés par un filament ; les thoracines bleues. D 'OUU Z'I'É NE ES PE CE. LE GoBrE BLEU ; gobius cæœruleus.— Douze rayons à la seconde nageoire du dos et aux thoracines ; le dernier rayon de la seconde nageoire du dos deux fois plus long que les autres ; le corps bleu; la nageoïre de la queue rouge et bordée de noir. TREIZIÈME ESPÈCE. LE COBIE PLUMIER ; gobius plumier. — Douze rayons à la seconde nageoire du dos , six à chacune des thoracines; la nià- choire supérieure plus avancée que l’infé- rieure ; point de tache œiliée sur la première dorsale. QUATORZIÈME ESPÈCE. LE GOBIE ÉLÉOTRE; gobius eleotris. — Onze rayons à la seconde nageoire du dos ;. douze aux thoracines; dix à celle de l’auus ; DÉS! G OBIHS. 195 les deux nageoires dorsales de la même hauteur ; la couleur blanchâire. QUINZIÈME ESPÈCE. LE GOBIE NÉBULEUX ; gobius nebulosus. — Onze rayons à la seconde nageoiré du dos ; douze aux thoracines; le second rayon de la première nageoire du dos terminé par un filament noir deux fois plus élevé que la membrane. SEIZIÈME ESPÈCE. LE GcoBIE AWAOU ; gobius awaou.— Onze rayons à la seconde nageoire dorsale; six à chacune des thoracines; la mâchoire supé- rieure plus avancée; une tache œillée sur la première nageoire du dos. DIX-SEPTIÈME ESPÈCE. LE coBte Noir; gobius niger. Onze rayons à la seconde nageoire du dos ; dix aux tho- racines ; six rayons à la première dorsale; le dernier de ces rayons éloigné des autres; la couleur noire. DIX-HUITIÈME ESPÈCE, LE GOBIE LAGOCEPHALE ; gobius lagoce- phalus. — Onze rayons à la seconde nageoire du dos, quatre à chacune des thoracines ; la N 2 196 HISTOIRE mâchoire supérieure très-arrondie par de- vant; les lèvres épaisses. DIX-NEUVIÈME ESPÈCE. LE GOBIE MENU; gobius minutus. — Onze rayons à la seconde nageoire du dos ; la couleur blanchâtre ; des taches brunes; les rayons des nageoires du dos et de l'anus rayés de brun. VIN G TT E M FES E CE. LE GOBIE CYPRINOÏDE; gobius cyprinoïdes. — Dix rayons à la seconde nageoire du dos; douze aux thoracines ;'une crêle triangulaire et noirâtre placée longitudinalement sur la nuque. SECOND SOUS-GENRE. Chacune des nageoires pectorales atta- chée à une prolongation charnue. VINGT-UNIÈME ESPÈCE. LE GOBIE SCHLOSSER; gobius schlosser. — ‘freize rayons à la seconde nageoire du dos ; douze aux thoracines ; les yeux très- saillans, et placés sur le sommet de la tête. DES GOBIES 497 L'EUPEFG NE). Re LE GOBIE PECTINIROSTRE (2), PAR LACÉPÉÈDE. PREMIÈRE ESPÈCE. Lzrs gobies n’attirent pas l'attention de l'observateur par la grandeur de leurs di- mensions, le nombre de leurs armes, la singularité de leurs habitudes ; mais le juste appréciateur des êtres n’accorde-t-il son intérêt qu'aux signes du pouvoir , aux attri- buts de la force, aux résultats en quelque (1) Le peigne, le gobie peigne. À la Chine, £aj-je. Gobius dentibus maxillæ inferioris horizontalibus.. gobius pectinirostris. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 159 , sp. 6.— Artedi, Gen. pisc. gen. 23, n° 19. additament. SONNINI. (2) Gobius pectinirostris. Idem. Lan. édit. de Gmelin. Gobie peigne. Daubenton, Encycl. méth. — Bona- terre , pl. de l’Enc. méth. — Lagerstr. Chin. 29, fol. 3. Apocryptes chinensis. Osbeck, It. 150. N 3 198 HISTOIRE sorte bizarres d’une organisation moins con- forme aux lois générales établies par la Naiure? Ah! qu'au moins dans la recherche de ces lois, nous échappions aux funestes effets des passions aveugles! Ne pesons pas les familles des animaux dans la balance inexacte que les préjugés nous présentent sans cesse pour les individus de Pespèce humaine. Lors- que nous pouvons nous soustraire avec faci- lité à l'influence trompeuse de ces préjugés si nombreux , déguisés avec tant d'art , si habiles à profiter de notre foiblesse, ne négligeons pas une victoire qui peut nous conduire à des succès plus utiles, à une émancipation moins imparfaite; et ne con- sultons dans la distribution des rangs, parmi les sujets de notre étude, que les véritables droits de ces objets à notre examen, ainsi qu’à notre méditation. S1 les gobies n’ont pas recu pour attaquer; les formes et les facultés qui font naître la terreur , ils peuvent emplover les manèges multiphés de la ruse et toutes Îles ressources d'un instinct assez étendu; s'ils n’ont pas, pour se défendre, des armes dangereuses, ils savent disparoître devant leurs ennemis et se cacher dans des asyles sûrs; si leurs forines ne sont pas très -extraordinaires, D'ES GOBIES. 199 elles offrent un rapport très-marqué avec celles des cycloptères, et indiquent par con- séquent un nouveau point de contact entre les poissons osseux et les cartilagineux ; si leurs couleurs ne sonL pas très-riches, leurs nuances sont agréables, souvent très-variées, quelquefois même brillantes; s'ils ne pré- sentent pas des phénomènes remarquables, ils fournissent des membranes qui, réduites en pâle, ou pour mieux dire, en colle, peu- vent servir dans plusieurs arts utiles; si leur chair n’a pas une saveur exquise, elle’ est une nourriture saine, et, peu recherchée par le riche, elle peut fréquemment devenir l'aliment du pauvre; et enfin si les individus de cette famille ont un petit volume, ils sont en très-grand noinbre, et l'imagination qui les rassemble, les voit former un vaste ensemble. Mais ce ne sont pas seulement les indi- vidus qui sont nombreux dans cette tribu ; on compte déjà dans ce genre beaucoup de variétés et même d'espèces. Et comme nous allons faire connoître plusieurs gobies dont aucun naturaliste n’a encore entretenu le public, nous avons eu plus d'un motif pour ordonner avec soin lexposition des formes et des mœurs de cette fanuile. Nous avons N 4 200 HSM O:I R E commencé par en séparer tous les poissons qu'on avoit placés parmi les vrais gobies, mais qui w’ont pas les caractères distinctifs propres à ces derniers animaux; et nous n'avons conservé, dans le genre que nous allons décrire, que les osseux dont les na- geoires thoracines, réunies à peu près comme celles des cycloptères , forment une sorte de disque, ou d’évenlail déployé , ou d’en- tonnoir évasé, et qui en même tems ont leur dos garni de deux nageoires plus ou moins étendues. Une considération atten- tive des détails de la forme de ces nageoires dorsales et thoracines nous a aussi servi, au moins le plus souvent, à faire recon- noître les espèces : pour rendre la recherche de ces espèces plus faciles, nous les avons rangées, aulant que nous l'avons pu, d’après le nombre des rayons de la seconde nageoire dorsale, dans laquelle nous avons remarqué des differences spécifiques plus notables que dans la première ; et lorsque le nombre des rayons de cette seconde nageoire dorsale a élé égal dans deux ou trois espèces, nous les avons inscrites sur notre tableau d'après la quantité des rayons qui composent leurs nageoires thoracines. Mais avant de nous occuper de cette détermination de la place DES GOBIES. 201 des diverses espèces de sobies, nous les avons fait entrer dans lun ou dans l’autre de deux sous - genres, suivant que leurs nageoires pectorales sont attachées immé- diatement au corps, ou que ces instrumens de natation tiennent à des prolongations charnues. Le pectinirostre est, dans le premier sous- genre, l'espèce dont la seconde nageoire dorsale est soutenue par le plus grand nombre de rayons : on y en compte virgl- six (1). Maïs ce qui sufbroit pour faire dis- tinguer avec facilité ce gobie, et lui a fait donner le nom qu'il porte, c’est que presque toutes les dents qui garnissent sa mâchoire inférieure sont couchées de manière à être presque horisontales, et à donner au museau de l’animal un peu de ressemblance avec un peigne demi- circulaire. Ce poisson vit dans les eaux de la Chine. (1) A la membrane des branchies . 5 rayons. À la première nageoire du dos . 5 Ala/seeonde: tal ch eltiemirer "526 À chacune des pectorales . . . . 19 Aux ÉhoracInes As ee Les ave Aicelle de \lanmssht,e.. +5 sue t1e6 À celle de la queue. . . . . . 203 HISTOIRE LE GOBIE BODDAERT (1)(2), PAR LACÉPÉDE. SECONDE ESPÈCE. O« a dédié au naturaliste Boddaert cette espèce de gobie , comme un monument de reconnoissance, vivant et bien plus durable que tous ceux que la main de l’homme peut élever. Ce poisson osseux a été pêché dans les mers de l'Inde. Il parvient à peine à la longueur de deux décimètres ( sept pouces environ). Il est d’un brun bleuâtre par dessus et d’un blanc rougeâtre par des- (1) Gobius boddaert. Gobius Boddaerti. Lin. édit. de Gmel. — Pallas, Gobie boddaert. Bonaterre, pl. de PEncyc. méth. (2) Gobius pinnæ dorsalis anterioribus radis cirrhi- Jormibus, tertio longissimo... gobius Boddaerti. Tan. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 159, sp. 6. Gobius maculatus, pinnæ dorsalis anterioris radiis quinque cirriformibus , gradatim longioribus....... gobius Boddaerti. Artedi, Gen. piss. gen. 25, sp. 20. additament. SONNINI DES GOBIES. 203 sous. Des taches brunes et blanches sont répandues sur la tête; la membrane bran- chiale et Ïa nageoïire de la queue présentent une teinte blanche mélée de bleu; sept taches brunes placées au dessus de sept autres taches également brunes, mais pointillées de blanc, paroissent de chaque côté du dos; un cercle noir entoure louverture de Fanus; quelques taches couleur de neige marquent la ligne latérale , le long de laquelle on peut d’ailleurs apercevoir de trés-pelites papilles; la première nageoire du dos (1) est par- semée de points blancs, et cinq ou six Lbgnes blanches s'étendent en iravers entre les rayons de la seconde. Indépendamment des couleurs dont nous venons d'indiquer la distribution, le bod- daert est remarquable par la longueur des filamens qui terminent les rayons de sa premicre nageoire dorsale, et particulière- ment de celui que l’on voit à l’extrémité {1) A la première nagcoire du dos. D rayous. Atfalséconden 240 AN 08 À chacune des pectorales . . . 21 Auk-tiroracines nt el ae "ut ser ae Avcelle de Fanus 212 ais Acelle de lafqueue 1:40 tre 204 HISTOIRE du troisième rayon. De plus, sa chair est grasse, son museau très - obtus; ses lèvres sont épaisses; ses yeux un peu ovales et peu saillans; et au delà de l’anus on dis- tngue une pelite appendice charnue et co- nique, que l’on a mal à propos appelée petit-pied, pedunculus, pédoncule, et sur l'usage duquel nous aurons plusieurs occa- sions de revenir. DES GOBIES. 20) s LA LANCETTE () LE GOBIE LANCÉOLÉ (2), PAR LACÉPEDE. MR OISLENE ES PECE Cr poisson est très-alongé : la nageoire pla cée à l'extrémité de sa queue est aussi très- longue; elle est de plus très -haute, et façconnée de manière à imiter un fer de (1) La lancette. En allemand, lanzett grundel, straalstaart grundel. Gobius caud& longissim& acuminatä.... gobius danceolatus. Lin. Syst. nat. ed. Gmol. gen. 159, sp. 26. Gobius pinné caudali lanceolat&.... gobius lan- ceolatus. Artedi, Gen. pisc. gen. 25 , sp. 17. additam. Gobius syrmathophorus. Index M. Gron. 50. SONNINI. (>) Gobius lanceolatus. Idem. Lin. édit. de Gmelin. — Bloch , pl. xxxvin, fig. 1 et 6. —Gron. Zooph, p.82, n° 257, tab. 4, fig. 4. Gobius oceanicus. Pailas , Spicil. zool. 8, p. 4. Gobie lanceite, Bonaterre , pl. de PEncyc. méth. 206 EE SETOT R E lance, ce qui a fait donner à l’animal le nom que nous lui avons conservé. Le doc- teur Bloch en a publié une figure d’après un dessin exécuté dans le tems sous les yeux de Plumier; et la collection de pein- tures sur vélin, que renferme le museum national d'histoire naturelle, présente aussi une image de ce même gobie, peinte égale- ment par les soins du même voyageur. On trouve le lancéolé dans les fleuves et les petites rivières de la Martinique. Sa chair est agréable, et il est couvert de petites écailles arrondies. La mâchoire su- périeure est un peu plus avancée que l'in- férieure. Deux lames composent l’opercule. L’'anus est beaucoup plus près de la gorge que de la nageoire caudale. Les rayons de la première nageoire du dos s'élèvent plus baut que la membrane qui les réunit (1). Les pectorales et celle de la queue sont (1) A la membrane des branchies. . 5 rayons. A la première nageoire du dos . . 6 A TA ÉCEMMME ER nl. 0 D ANA en À chacune des nageoires pectorales 16 ATUAURORLEINES LUE Ds Lol UN UOTE A'celle 0e Mans fs tee eue 10 À celle UE Ia QUEUE: 2 ASS An DIE: G 0 BEL EIS. 207 d’un jaune plus ou moins mêlé de verd, et bordées de bleu ou de violet; on voit , de chaque côté de la tête, une place bleuâtre et dont les bords sont rouges; une tache brune est placée à droite et à gauche près de lendroit où les deux nageoires dorsales se touchent , et la couleur générale de l'animal est d’un jaune pâle par dessus, et d’un gris blanc par dessous. 208 HISTOIRE LA NY E A1 ). LE: GOBTEL RP HYE (0, PAR, LCA CODE DE. DU AiT'ROT EE M ES) P.É.CE. Lis eaux douces du Nil, et les eaux salées de la Méditerranée, dans laquelle se jette ce grand fleuve , nourrissent le gobie (1) L’aphye. En grec moderne, kobidia. En turc, kaja baluk. En arabe , bukruscA. Gobius fasciis etiam pinnarum fuscis..... sobius aphya. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 159, sp. 4. Gobius uncialis , pinnä dorsi secundé ossiculorum septemdecim. Artedi , Gen. pisc. gen. 26. SONNINI. (a) Gobius aphya, marsio. Sur plusieurs côtes de la mer Adriatique, pignoletti , marsione. Dans plu- sieurs provinces méridionales de France, /oche de mer. Gobius aphya. Lin. édit. de Gmel. Gobie loche de mer. Daubenton , Encyc. méthod.— Bonaterre , pl. de lEncycl. méthod. Gobius aphya etmarsio dictus. Art. sen. 29, syn. 47. Kobites. Arist. lib.G, cap. 15. aphye , DES GOBIES 209. aphye , dont presque tous les naturalistes anciens et modernes ont parlé, et dont Aristote a fuit mention. Il n’a cependant frappé les yeux ni par ses dimensions, ni par ses couleurs : les premières ne sont pas très -grandes, puisqu'il parvient à peine à la longueur d’un décimètre ( trois pouces et demi environ ); et les secondes ne sont ni brillantes, ni très- variées. Des bandes brunes s'étendent sur ses nageoires dorsales et de l'anus; sa teinte générale est d’ail- leurs blanchätre , avec quelques pelites taches noires. Ses yeux sont très-rappro- chés l’un de l’autre. Il a été nommé loche Aphya kobitis. Athen. lib. 7, p. 254, 285. Aplia cobitis. Aldrov. lib. 2,cap. 29, p.211. Morsio Venetorum. \. ibid. cap. 58 , p. 213. Aphye de gouion. Rondelet, première partie, lv. 7, chap. 2, édition de Lyon, 1558. Aphua cobites. Willughby, p. 207. Apua cobites. Belon. Apua cobitis. Gesner , p. 67, et (Germ.) fol. 1 ,a. Morsio. 14. (Germ.) fol. 1, b. — Jonston, Ub.1, tit. 3,cap.1,a17. Apua gobites, gobionaria. Charlet. p. 143. Gobionariu. Gaz. Aristot. — Ray , p. 76. Aphie. Valmont de Bomare , Dict. d’hist. nat. Loche de mer. NW. ibid. * Poiss. Tome VII. O 210 HISTOIRE de mer, parce qu'il a de grands rapports avec le cobite appelé /oche de rivière, et dont nous nous entretiendrons dans la suite de cet ouvrage (1) (2). (1) A la première nageoire du dos. 6 rayons. la seconde RU MN RME ire À chacune des pectorales. . . . 18 Aux théracineg {4er ail. id tra A'eclle de laaus tu di dti À celle de laïquene : + «4... , 29 (>) « Les aphyes, dit Rondelet, ressemblent aux petits poissons d’eau douce que Îles rh appellent doches; toutesfois elles sont différentes : car nos loches de mer ont, comme les goujons , le corps rond, et non aplati, les loches d’eau douce aplati et longuet ». (Hist. des poissons, liv. 7 , chap. 2, p. 176.) SONNINI. DES GOBIES. 211 L'ONU A NE LG) LE GOBIE PAGANEL (), LE GOBIE ENSANGLANTÉ (5)(4), ET LE GOBIE NOIR -BRUN (5) (6), PAR LACÉPEDE. PSG) ET 7 ESPÈCES. Lz gobie paganel a été aussi nommé gou- Jon ou gobie de mer, parce qu'il vit au milieu des rochers de la Méditerranée. Il (1) Le paganel, de paganello, nom que ce poisson porte à Venise. En grec moderne, gobios. En Pro- vence , gobio. Gobius pinn4 caudali dorsalique secund& basi pur- purascente , priori line4 lute& terminali.... gobius paganellus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 159, sp. 2. Gobius corpore fusco nebuloso , pinn& dorsali antic& apice luteä , ano cirrato... gobius paganellus. Brunn. Jchth. massil. p. 29, n° 40. SONNINI. (2) Gobiuspaganellus, kôthous, kéthounas, kaylinai, Dans plusieurs contrées de l’Italie , paganello. Gobius paganellus. Lin. édit. de Gmelin. O z 219 FH TIBOO TIR EF parvient quelquefois à la longueur de vingt- cinq centimètres (neuf pouces environ). Son corps est peu comprimé. Sa couleur géné- rale est d’un blanc plus ou moins mêlé de Gobius lincä lute& transversé, elc. Artedi , gen. 29, syn. 46. Boulerot, ou gouion de mer. Rondelet , première partie, liv. G, chap. 16, édition de Lyon, 1556. Gobius albus. Belon.— Gesner , p. 303. Gobius marinus maxinmus flavescens. 1d. (Germ.}) fol: 0,6! Paganellus, id est, gobius major et subflavus. Idem, pag: 597- Gobius marinus Rondeletii. Aldrovand. lib. :, Cap. :0 , p. 96. Paganellus , seu gobius major ex Gesnero. Ydem, ibid. p. 95. Gobius secundus, paganellus Fenetorum. Willughb. P- 207. — Ray , p. 75. Gobius paganellus. Hasselquist , It. 526. Gobie goujon de mer. Daubenton , Encycl. méth. — Bonaterre, pl. de l’Encycl. méthod. Paganello. V almont de Bomare, Dictionnaire d’his- toire naturelle. (5) Gobius cruentatus. Idem. Lin. édit. de Gmelin. — Brunn. Pise. massil. p. 350, n° 42. Gobie pustuleux. Bonaterre , pl. de PEncyc. méth. (4) Gobius orerubro-pustulato , pinnarum dorsaliurn radiis ultràä membranam eminentibus...... gobius cruentatus, Lan. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 159,sp. 10. SONNINIL. / DPFS), GOBIES. 215 jaune , ce qui la fait appeler goujon blanc, et au milieu des nuances duquel on dis- tingue aussi quelquefois des teintes vertes ; et voilà pourquoi le nom grec de chloros, verd, d'un verd jaune, lui a été donné par plusieurs auteurs anciens. Il a de plus des petites taches noires : sa première nageoire dorsale est d’ailleurs bordée d’un jaune vif; la seconde et celle de l'anus sont pourprées à leur base. La nageoire de sa queue est presque rectiligne. Il a de petites dents, Î& bouche grande, l'estomac assez volumineux, le pylore garni d’appendices: et selon Aris- tote, il se nourrit d'algues ou de débris de ces plantes marines. Sa chair est maigre et un peu friable. C’est près des rivages qu'il va déposer ses œufs, comme dans lendroi où il trouve l’eau la plus tiède, suivant l'expression de Rondelet, Paliment le plus abondant , et l'abri le plus sûr contre les (5) Gobius nigro-fuscus. Gobius bicolor. Län. édit. de Gmel. — Brann. Pise; massil. p. 30 ,n° 41. Gobie ; goujon petit deuil. Bonaterre , planches de V'Encycl. méthod. (6) Gobius fuscus , pinnis omnibus nigris... gobius &icolor. Lan. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 159, sp. 9. | SONNINI O 3 214 HT SMOIR E grands poissons. Ces œufs sont plats et fa- ciles à écraser (1) (2). L’ensanglanté est pêché dans la Méditer- (1) A la première nageoire du dos. 6 rayons. Allassccpnde 1 71e Mr TU À chacune des pectorales . . . 17 Anx thoraGines, 16 6e MR. 12 Aicelle deilanus 2 ki Liadei du 7 «4 10 M icCHerde da quete st ee, 90 (2) Ce petit poisson est un de ceux que je prenois le plus fréquemment à la ligne sur les rochers soli- taires de quelques îles de lArchipel grec. Voici la description minutieuse d’un individu long de deux pouces dix lignes, telle que je la retrouve dans les journaux de mes voyages. Dimensions. Longueur de la tête, 8 lign. La pre- mière nagcoire du dos a 6 lignes de hauteur et 3 de largeur à sa base; la seconde, 5 2 lig. de hauteur et 9 de largeur ; la nageoire de la queue ,6 lig. de lon- gueur sur Îles côtés; l’anale, 5 lig. de hauteur, et 7 de largeur; les nagcoires du ventre, 6lig. de hauteur, et 2 ; de largeur ; enfin celles des ouïes, 6 + lg. de hau- teur, et 3 delargeur. La hauteur du corps est de 5 lig. et la largeur du ventre de 3. La distance du bout des mächoires aux yeux est de 2 + Hg.; à la première na- geoire du dos, de 10 lignes ; aux nageoires ventrales, de 8 ; à l’anus de 15; distance de la première nageoire du dos à la seconde , 5 lignes ; de celle-ci à la nageoire de la queue, 5 + lig. , et de l’anale à celle de la queue, 6 lignes. Aucun auteur n’a donné une description plus exacte du paganel que Willughby ( Hist. pisc. lib. 4 , cap. 10, DES: GOBIES. 21h ranée, comme le paganel, auquel il res- semble beaucoup : mais les rayons de ses deux nageoires dorsales sont plus élevés que les membranes. D'ailleurs sa bouche, ses opercules, sa gorge, et plusieurs de ses nageoires présentent des taches d’un rouge couleur de sang, qui le font paroître pus- tuleux. Sa couleur générale est d’un blanc pâle, avec des bandes transversales brunes; on trouve quelques bandelettes noires sur la nageoire de la queue, qui est arrondie; les thoracines sont bleuâtres. Ce poisson a élé très-bien décrit par le naturaliste Brun- nich (1). p- 207, avec une bonne figure , tab, 12, n°4); je ne la répéterai point. Il me suffira seulement de remar- quer, 1° que la nageoire dé la queue est légèrement évidée dans son milieu , les rayons du centre ayant sn ligne de moins en longueur que les latéraux ; ° que les rayons des deux nageoires du dos et de hate dépassent la membrane qui les unit de la moitié de leur longueur. SONNINI. (1) À la membrane branchiale . . 5 rayons. A la première nageoire du dos . 6 Aa seconde ts uen EG À chacune des pectorales. . . . 19 Auxithoragines.": 114 RM SINErS A'cellé de Vanps Ver) 00e À ‘celle de la queue....14.04125 O 4 216 HISTOIRE Le nom du noir-brun indique ses cou- leurs distinctives. Il n’offre que deux teintes principales ; il est brun, et toutes ses na- geoires sont noires. Ses formes ressemblent beaucoup à celles de l’ensanglanté, et par conséquent à celles du paganel. Il habite les mêmes mers que ces deux gobies; et c'est au savant cité dans la phrase précé- dente que l’on en doit la connoissance. Il n'a guère qu'un décimètre (trois pouces et demi environ) de longueur (1). (1) A la première nageoire du dos . 6 rayons. Alasspconde ee de 2) LuarG À chacune des pectorales. . . . 19 Aux HhOTACIRES | 2 À URSS A Celle de l’Annss 24: MARNE À celle de la quene . . . . . : 17 D'AS/GOBIESN » ae PPNVBQUDCEÉROT A LE GOBIE BOULEROT (2); PAR LACÉPÉDE. H'UITIEME ES P EC E. Voyez la planche XXXI, fig. 2. Le boulerot a été nommé gobie ou goujon noir, parce que sur son dos de couleur cendrée ou blanchâtre s'étendent des bandes transversales très-brunes, et que d’ailleurs (1) Le boulerot, nom de ce poisson en Languedoc. En grec, tragos et gobios melas. En grec moderne , kouviou. En latin, gobius niger. En allemand, £uhling, schwarzer-gob , meer-gob. En danois, kutting,schmeer- butting. En hollandais , sovecken. À Rome, zolero et MLISSOTrL. Gobius è nigricante varius, pinn4 dorsi secund& ossiculorum quatuordecim. Lin. Mus. Ad. Fr. 1,p. 74. Gobius pinn4 dorsali secundä radiis quatuorde- ÉETR a à 0, gobius niger. Lin. Syst. nat. edit. Gimel. gen. 199 ;, Sp. 1. SONNINI. (2) Gobius boulerot , boulereau, Dans plusieurs con- 218 HESTOIRE il est parsemé de taches dont quelques-unes trées de l'Italie, go, goget , zolero. En Angleterre, sea-gudseon , rock-fish. — Tragos. Gobie boulereau. Daubenton , Encycl. méthod. — Bonaterre , pl. de l’'Encycel. méthod. Gobius nigvr. Tan. édit. de Gmelin. — Mus. Adolp. Frid. 1,p.74;et 2, p.64. — Müll. Prodrom. zoolog. danic. p. 44 , n° 364. Gobius è nigricante varius , etc. Artedi , gen. 28 ; syn. 46. - Kôbios. AÂristot. lib. 2 , cap. 17 ; lib. 6 , cap. 13; lib. 8, cap. 2, 13, 19: et lib. 9, cap. 2, 57. — Ælian, lib. 2, cap. 50. — Athen. lib. 7, c. 39. — Oppian, hb. 1 ,p.7,; et lib. 2, p. 46. Gobio. Plin. lib. 9, cap. 57. — Columell. lib. 8, cap. 17. — Juvenal. Satyr. 11, 4. Gobio marinus. Salvian. fol. 214 , b. Gobio marinus niger. Belon , Aquat. p. 233. — Gesner, p. 393, 395, 469 , et (Germ.) fol. 6 , b. Boulerot noir. Rondelet, première partie, lib. 6, chap. 17. — Aldrovand. lib. 1, cap. 20, p. 97. — Willughby , p. 206. Gobius marinus niger. Ray, p. 76. Gobius , vel gobio niger. Schonev. p. 36. Gobius , gobio , et cobio marinus. Charlet. 135. Apocryptes cantonensis. Osbeck , It. 151. — Bloch, pl. xxxvun, fig. 1, 2, 5. Eleotris capiteplagioplateo, maxillis æqualibus, etc. Gronov. Mus. 2 , p.17, n° 170 ; Zooph. p. 82, n° 280, Gobio branchiarum operculis et ventre flavicantibus. Klein, Miss. pisc. D , p.27 , n° 1. Gobius. Seba , Mus. 5, tab. 20, DES GOBIES. 19 sont blanches ou jaunes, mais dont le plus grand nombre est ordinairement d’un noir plus ou moins foncé. On voit des teintes Jjaunâtres sur la partie inférieure et sur ses opercules. Sa longueur est communément de deux décimètres (sept pouces environ). Ses deux mâchoires, aussi avancées l’une que l’autre, sont armées chacune de deux rangs de petites dents; sa langue est un peu mobile ; ses écailles sont dures. Ses nageoires thoracines (1), colorées et réunies de ma- nière à présenter à certains yeux une res- semblance vague avec une sorte de barbe noire , lui ont fait donner le nom de bouc, en grec éragos. Derrière l'anus paroît une petite appendice analogue à celle que nous avons remarquée ou que nous remarquerons dans un grand nombre d’espèces de gobies. Sa nageoire caudale est arrondie, et quel- quefois cet instrument de natation et toutes les autres nageoires sont bleus (2). (1) A la première nagecire du dos . 6 rayons. A Secondeiihs-,tiile RALENTIT TER À chacune des pectorales. . . . 18 À chacune des thoracines. . + . 10 À: celle de lames: à «410108 re À célle:deldilquenel) 9 sie: 14 (2) Suivant les observations du ds Bléck, 220 HE SNTIOTR LE Le boulerot se trouve non seulement dans l'estomac du boulerot est court et oblong ; le canal intestinal a deux sinuosités; le foie est grand, en forme de cœur et divisé en deux lobes; la rate est épaisse , longue et pointue en haut et en bas; la vési- cule aérienne , qui est placée le long du dos , est large vers l’estomac et étroite en bas; la laite et lovaire sont doubles et placés des deux côtés de la vésicule d'air; les reins sont longs ct situés sur le derrière vers l’épine du dos. ( Hist. nat. des poissons, gen. 23, article du boulereau ou bouxllerot. ) Voici la description que j'ai faite en Grèce d’un boulerot, à l’instant où je le tirai de l’eau. C’étoit un mâle; il avoit sept pouces de longueur totale, et un pouce deux lignes de hauteur, prise en ligne droite de la base de la première nageoire du dos à celle du ventre. Les autres dimensions sont : longueur de la tête, 21 lignes; hauteur de la première nageoire du dos, 9; lignes, et la largeur à sa base, 1 pouce ; hauteur de la seconde nageoire du dos , 9+ lignes , et sa lar- geur , 19 lignes ; longueur de la nageoire de la queue, 1 pouce ; hauteur de l’anale, 7 lignes , ef sa largeur , 1 pouce ; hauteur de la nageoiïire du ventre à sa partie postérieure, 11 lignes, et en devant, 3 = lignes; lon- gueur des nageoires des ouïes, 14 lignes, et leur lar- geur à la base, 8 lignes. Distance du bout des mâ- choires à la première nageoire du dos, 2 pouces : ligne; à celle du ventre, 1 pouce 10 lignes ; à l’anus, 5 ; lignes; aux yeux, 6 lignes. Distance de la pre- mière nagcoire du dos à Ja seconde, 4 lignes; de la DES GOBIES. 22% océan Atlantique boréal, mais encore dans UC TOC TIC seconde nageoire du dos à celle de la queue , 8 lignes; enfin de celle-ci à l’anale, 1 pouce. La tête est large, aplatie en dessus et renflée sur les côtés; les mächoires sont larges et arrondies à leur bout ; l’inférieure est un peu moins longue que la supérieure ; elles sont intérienrement armées d’un rang de petites dents aiguës, légèrement recourbées en arrière, bien séparées les unes des autres, pius longues sur le devant que sur les côtés des mâchoires et en haut qu’en bas; derrière ce rang de dents, il y en a une infinité de plus petites et de très-fines qui occupent toute la largeur de la mâchoire; l’on en voit encore d’autres fort aiguës dans l’intérieur de la gorge. Ce n’est donc pas seulement une double rangée de dents qui garnit les mâchoires du boulerot , ainsi que Willughby, d’autres naturalistes, et Lacé- pède lui-même l’ont prétendu. Les lèvres sont trés-épaisses; la bouche est grande, relativement à la grosseur du corps, et la langue est large , épaisse, assez grande ct arrondie à son bout, Les yeux, petits et placés à l’extrémité supérieure des côtés de la tête, regardent en haut. Depuis les yeux jusqu'à l’ouverture des ouïes, l’on remarque une rainure profonde et large , et depuis l’origine de la première nageoire du dos jusques vers le bout de la mâchoire supérieure , une ligne droite enfoncée. A leur insertion avec la tête, le dos et le ventre sont larges , mais ils diminuent sensiblement jusqu’à la queue. Le corps est arrondi , alongé et couvert de petites écailles très-serrées, qui ne l’empêchent pas & 229 HESTO)IRE plusieurs mers de l'Asie (1). Vers le tems du d’être mou et glissant; l’anus est placé au milieu de la longueur du corps. Les rayons des nageoires sont aussi très-mous et flexibles; celle de la queue est longue et arrondie. Jai trouvé quinze rayons à ia seconde nageoire du dos , treize à l’anale, dix-huit aux nageoires des ouïes, dix à celle du ventre et quatorze à celle de la queue. Dans la première nageoire du dos , le second rayon est le plus long, et Le dernier le plus court; celui-ci est plus éloigné du pénultième que les autres nele sont entreeux,etégalement éloignédel’extrémité de la membrane qui les unit. Les rayons de la seconde nagcoire du dos ont une longueur à peu près égale et la même que celle du second rayon de la première nageoire. À Ja nageoire anale , le premier rayon est le plus court; les autres ont une longueur presque uniforme. Les nageoires des ouïes sont larges, arron- dies à leur extrémité et formées par une membrane épaisse et glissante. La nageoire du ventre est circu- laire, et quand on l’étend elle prend la forme de la coquille connue sous le nom de /epas ou patelle, dont la circonférence antérieure seroit beaucoup moins élevée que la postérieure; quand elle est dans l’état de repos et collée sur le ventre , elle représente assez bien un peigne ou coquille de Saint-Jacques. Je nai point aperçu de ligne latérale. ( Sur la tête un arc jaune et large, dont la convexité regarde le bout des mâchoires, passe derrière les yeux. Le dessus de la tête, ainsi que la moitié anté- rieure du dos et des côtés da corps, sont d’un noiïrâtre DES GOBIES,. 293 frai, il se rapproche des rivages et des em- bouchures des fleuves. Il vit aussi dans les nuancé de gris; les côtés de la tête sont variés de gris , de brun et de jaunâtre ; la lèvre supérieure, noirâtre sur ses côtés , a de petits points jaunes sur le fond: gris de son milieu ; l’inférieure est entièrement grise et pointillée de fauve clair. Le reste des côtés du corps est brun jaunâtre avec des ombres d’un olivâtre foncé, lesquelles forment des bandes trans- versales ; le dessous de la têle est blanchâtre et poin- tillé de jaune clair ; le ventre est blanc, Les yeux sont bruns avec quelques taches rouges et d’autres dorées. Les nageoires du dos sont comme marbrées de gris, de brun, de rougeâtre , de jaune et de violet léger; mais toutes ces couleurs ont fort peu de vivacité. La moitié de la nageoire de la queue est grise et variée de rouge vif et d’un peu de brun; le reste est jaunâtre avec des raies transversales à festons de violet foible. Les nageoires anale et ventrale sont grises ; la première rayée transversalement, les autres variées de jaune pâle ; celles des ouïes sont d’un jaune plus foncé à leur extrémité que vers leur base, et pointillées de blanc. SONNINI. (1) J’ai vu ces poissons fort communs dans la mer de l’Archipel du Levant ; j'en prenois fréquemment à la ligne entre les rochers des îles ; j'ai trouvé leurs intestins remplis pour l'ordinaire de débris de très- petits poissons , d'insectes aquatiques et de vase. Le boulerot fraie aux mois de mai et de juin; il dépose ses œufs sur Les pierres. SONNINI: \ 224% HTISTT O L.R FE étangs vaseux qui reçoivent l’eau salée de la mer; et lorsqu'on l’y pêche, il n’est pas rare de le trouver, dans le filet, couvert d'une boue noire qui n’a pas peu contribué à lui faire appliquer le nom de goujon noir. Sa chair n’est pas désagréable au goût : ce- pendant Juvénal et Martial nous apprennent que sous les premiers empereurs de Rome, et dans le tems du plus grand luxe de cette capitale du monde, il ne paroissoit guère sur la table du riche et de l’homme somp- tueux (1). : (1) On compare avec assez de justesse le goût de la chair du boulerot à celui de la perche. SONNINI. LE DES : GO BE E:S. 225 tm a — LE: G'OBAHE B'O:5/C'R PAR LACÉPÈDE. NEO NN Mr EE) SO GE. Mo confrère Bosc a bien voulu me com- muniquer la descriplion de ce poisson, qu'il a vu dans la baie de Charlestown. de l’Ainé- rique septentrionale. Ce gobie a la Lête plus large que le corps; les deux mâchoires également'avancées; les dents très-pelites; les yeux proéminens; les orifices des narines saiHlans ; lopercule bran- chial terminé en angle, et lés quatre pre- miers rayons de la première nageoire dor- sale prolongés chacun par un filament délié. Il paroît sans écailles. Sa couleur, géné- rale est grise et pointillée de brun. Sept bandes transversales irrégulières, et d’une nuance plus pâle que le gris dont nous venons de parler, règnent sur les côtés, (1) Gobius bosc. Gobius alepidoptus , corpore nudo, griseo, fasciis septem pallidis. Bosc, manuscrit déjà cité. Poiss. Tome VII. P 226 HISTOIRE et s'étendent sur les nageoires du dos, qui d’ailleurs sont brunes, comme les autres nageoires (1). On ne distingue pas de ligne latérale. Le gobie bosc ne paroît parvenir qu'a de très-petites dimensions : l’individu décrit par mon savant confrère avoit cinquante-quatre millimètres (environ deux pouces) de long, et treize millimètres (un peu plus de six lignes) de large. On ne mange point de ce gobie. G) À la première nageoïre dorsale. . 7 rayons. Anh secoddetitn oi sn OUEN À chacune des pectorales . . . . . 18 IUT EROLACLRES Se ke 4 LI no Rae ra ot A'celle de l'anus. 4/15 T0 À celle de la queue, qui est lancéolée 16 DES GOBIES. 227 LE GOUJON ARABE () ASS O2. CE LE GOBIE ARABIQUE (5), E TOP ES GSO:B FE EE: 077 O0 : (4), PAR LACÉPÉÈDE. a 1OT ENT LIFE SP EC ES. PE RSC Las: Fonsrez a découvert larabique dans la contrée de l'Asie indiquée par cette. épi- (1) Le goujon arabe. En arabe, £oschar eddjin , nom que porte également, sur les côtes de l’ Yemen, le blenne gattorugine. Gobius cute mollissimé, squamulis adnatis , pinnis dorsi primis radiis quinque, posterioribus eminentibus, filiformibus..... gobius anguillaris, Forskœl , Faun. Ægypt. Arabic. p. 25, n° 5. — Artedi, Gen. pisc. gen. 22, n° 195. additament. Gobius pinnæ dorsalis primæ radiis quinque poste- rioribus filo rubro ferminatis membran& duplè.lon- giore. «.. gobius arabicus. Lin. Syst, nat. edit. Gmel. gen. 199, Sp. Ale SONNINI. P 2 228 CLS ONTREÉEG thète. Les cinq premiers rayons de la pre- mière nageoire du dos de ce gobie sont deux fois plus longs que la membrane de (2) Jozo ,.nom sous lequel ce poissoniest connu à Rome. Quelquefois en français, goujon blanc. Gobius ossiculis pinnæ dorsalis primæ præaltis seti- formibus..... gobius àlbescens.'Gronov. locis infrà citatis. | _!Gobius radiis dorsalibus eminentibus ‘setaceis.... gobius jo70. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 159, sp. 9. SONNINI.) (3) Gobius arabicus. Idem. Lin. édit. de Gmelin. — Forsk. Faun. Arab. p.23, 05 Gobie , goujon arabe. Bonaterre, pl. de l'Enc. méth. (4) Gobius j030, gobius albescens, gobius flavescens. Gobius jozo. Lin. édit. de Gmelin. Gobie goujon blanc. Daubenton, Encycl. méth. — Bonaterre ; pl de ’Encyc. méth. — Mus. Ad. Frid. 2, p.69. — Müll. Prodrom. zool. Danic.p. 44 , n° 365. Gobius.... ossiculis pinnæ dorsalis suprà membra- nam assurgentibus. Artedi, gen. 29, syn. 47. Æobios leykos. Arist. lib..9, cap. 37. + Kobios leykoteros. Athen. lib. 7, p. 309. Boulerot blanc. Roudelet , première partie , liv. 6, chap. 18. ( La figure est extrèmement défectueuse. ) Goujon blanc. I. ibid. Gobius albus. Gesner, Aquat. p. 396: et (Germ.) {01.6 , à. Gobius albus Rondeletii. Aldrov.lib. r, cap. 20, p.05. Gobius tertius, jozo Romæ , Salviani , fortè gobius DESIGOBIES. 23q cette nageoire n’est haute. Il n’est que de lailongueur du petit: doigt de la nain; mais sa parure est:très-agréable.: T/extrémité des rayons : dont nous! venons.de: parler ‘est roage : la couleur générale:de l'animal est d’un brun verdâtré, relevé'et diversifié par un grand nombre de ‘points bleus et de taches violettes » dont plusieurs::se réunis- sent les unes aux autres ; et qui-paroissent principalenrent sur-toutes les nageoires: On devine! aisément: léffet doûuxset: gracieux que produit: ée mélange de rouge,.de verd, de bleu et: de'violet:, d'autant mieux fon- dus des. uns: dans les autres, : que plusieurs reflets enrnultiplient-les nuances (1). La albus Rondeletis. Wahbs, Ichthyol. p.207, .N 12, n4; Ray, p 7704 n°2 À . Jozo. Salvian, fol. dé a. “ad Iconem. Gobius albescens. iGronov. Mus. 2 ,p. 25, n° 176 ; Zooph. p.87 cd Ge. Bloch ; pl. cn fig. 5. ! Gobio radis: irlanlériore! dorsi pinfa ; ‘sûprà mem- ‘branas connectentes altins assargentibus. Klein , Miss. sé bo pd47 db oi je. à __(1) A la première nageoire dorsale pe ts À la seconde . . . . . . . . . 14 * A'chacune des péctorales | [sec 716 Aux thoralbines. URSS AP RS Aéellésde Panusi sn: o1ex any 33 1 A: celle ‘de la queue : . 4 + . 17 P:5 230 HISTOIRE peau de l’arabique est molle, et recouverte de petites écailles fortement attachées. La nageoire de’ sa queue est pointue. Nous plaçons dans cet article ce que nous avons à dire du jozo, parce qu’il a beau- coup: de. rapporis avec .le gobie dont nous venons-de! parler. Presque tous les rayons de sa première -nageoire dorsale sont plus élevés que là membrane.:Sa tête est com- primée, ses deux mâchoires sontiégalemerit avancées ; sa- ligne latérale s'étend, sans s'élever ni s’abaisser, à une-distance à peu près égale de son dos et ’de; son ventre. Cette ligne est d’ailleurs noïrâtre. L'animal est en général blanc ou blanchâtre , avec du brun dans sa partie supérieure; ses -na- coires thoracines sont bleues (1). On le é. ouve non seulement dans là Méditérr anéé, mais dans l'océan Atlantique boréal (ol y vit auprés des Hans. de l'Europe, y dépose .ses œufs dans les endroits dont: le fond est sablonneux'; et quoique sa longueur ordinaire ne soit que de deux décimètres (1) La ligne latérale. est noirâtre ; la prunelle de l'œil noire, et l'iris blanc. _SONNINI. ‘(2) Il nest pas rare dans la:mer Baltique. 4: LSONNINI. DES GO BI E:S. 231 {sept pouces environ ); il se nourrit, dit- on, de crabes et de poissons, à la vérité très - jeunes, et très - pelits. Sa chair, peu agréable au goût , ne l’expose pas à être très - recherché par les pêcheurs ; mais il est fréquemment la proie de grands pois- sons ,-et notamment de: plusieurs: gades (1). * (1) Ala première naggoire dorsale.: rAtla,geconile.… ns 26e éersite te A chacune, des pector les. NS Aux thoracines at à pe dpt A celle de l'anus sp pp born A celle dé a queue 2 71.7. Ç P 4 , 6 rayons: | … 16 re ps ‘16 222 HTSTDOIRES TT un. remises © J 13 LE GOBIE BLÉD. ue CrAR LaGEPÈDE PE Ye 4 13 n+ ra Lo dr CN Me SR , ÿ è ; {Fi MS 1 soi Dash sie int: cars EE LR Re MA ee Eee. see — D me — msn vu nr m0 RE en 00e +00 0008 Éune E espéce-est: encore: inmcomiue des naturalistés : elle ‘a ‘été: décritépar ‘Com- merson. Sa couleur est rérharquable : : elle est d’un bleu trés-beau, un peu plus clair sur la partie inférieure de l'animal que sur la supérieure; cel azur règne sur toutes les parties du poisson ; excepté sur la nageoire de la queue, qui est rouge, avec une bor- dure noire; et comme ce gobie a tout au plus un décimètre ou à peu près de lon- gueur ( trois pouces et den environ ), on croiroit, lorsqu'il nage au nulieu d'une eau calme , limpide, et très - éclairée par les rayons du soleil, voir flotter un canon de saphir terminé par une escarboucle. Il habite dans la mer qui baigne l'Afrique (1) Gobius cæruleus. Gobio cæruleus ; caudé rubr& , nigro circumscripéä. Commerson |, Manuscrits déjà cités. D Æ S iG'O B I ES. 253 orientale , à l’embouchure des fleuves de l'ile de la Réunion, où la pelitesse de ses dimensions; [que nous: venons d'indiquer: fait que les nègres même dédaignent de s’en nourrir,ret: ne s’en servent: que comme d'appäi pour non de BhE Hi pois- sons. de. SC AE re de not veu : de à Le bleu a le museau obEEE la Hichot inférieure garmie: de‘ denisoligües té moins menues que celles de la supérieures clés yéax ronds ;'saillans ,: et:plus léloïignés: Pan de lantre ques !surc, beducouip ‘d'autre go Dies ; la ‘première mageoire du‘dosstriangii: aire, etivornposées der rayons lqui'sé pro: longent: par: des ‘filamens au dessus ‘dec la membrane; la ‘sevonde nagéoire ‘dorsaléter: pinée ‘par un ‘rayon deux fois plus long ‘que Iles autres: l'anus une ditance presque égate de-kr-gorse-ct dela nageoïre-caudalr, tie MEE roi (1 1) 3.6 TeS"e caillès “pet tes fi CRE 19 Dirt 4 RAS AS OO Strudes.: me 0, HIVZXI9 1 3 of ù S AGI9 € À LA cé de la membrane dès Biérchies : 4e sv rayons: à®: PS A. la pr emière dorsale Ris | 913 1) PRE EV TU: GUiSCIS ET UE 18 93V: À la seconde, InouoRIB "6 Soloetse 1 (one EN pan de: ee Pl A MTL re " AUDI GOT CJTIOTURIL 298 séÂux thotipiues Mo Ar ‘a GONE AAS2 DEEP BE COE) «A er leo RE CE a FE D VC ITR 4 VE "a 4 1217 EL, 23% HT SUR OT R € : meme + | LE'GOBIE PLUMIER (1)(2), PAR LACÉPEDE. À. TREIZIÈME ES PE C F: Liz docteur Bloch a décrit ce gobie d’après des peintures sur vélin dues aux soins du voyageur Plumier. Le :museum d'histoire naturelle possède des peintures analogues, dues. également au zèle. éclairé de ce: der- nier naturaliste. Nous avons ‘irouvé parmi ces peinturés du museum l’image du poisson nommé , avec raison , gobie plumuer. Cet änimal, qui habite dans les Antilles, est alongé, mais charnu, très-fécond, d’une Est Co Lo plumier. Gobius Plumieri. Lin, edit. ee Gmelir- — Bloch, pl. CLxxVIu , fig. 3. Gobie SRE Bonaterre.rf de PEnc. méth. (2) Le père Plumier donne à ce poisson Te nom de sucet, vraisemblariément sous la fausse opinion que l'animal peut $ attacher à différentes substances avec ses nageoires ventrales. pi Gobius maxillä Superidre prominente s... gobius À ag Lin. Syst. nat. edil, Gmel gen. 159 > SP- 21e DISDNNINT. DES GOBIES. 25) saveur agréable, et susceptible de recevoir promptement la cuisson convenable. Les écailles dont il est revêtu sont petites, et peintes de très - riches couleurs. Sa partie supérieure brille d’un jaune foncé ou de l'éclat de l'or; ses côtés sont d’un jaune clair ; sa partie inférieure est blanche ; et toutes les nageoires (1) sont d’un beau jaune ; relèvé très-souvént par une bor- dure noire sur celles de la queue et de la poitrine. Quelques autres nuances font quelquefois ressortir sur diverses parties du corps les teintes que nous venons d’in- diquer. à te it La tête est grande ; he a de lèvres charnu : louverture branchiakle étendue; lopercule composé d'une seule lame ; : la mâchoire supérieure beaucoup plus avan- cée que l'inférieure ; la ligne latéräle droite; la nageoire caudale. arrondie , et l'anus situé vers le milieu de. la longueur du corps. 4: jeÿ 8 asie (1) À la première SRE du dos” 35 «6 rayons A Jä-sécomde— .atogo) 99. Ah «521 ,msbl À chacune des pectorales. . 0.7 22 À chacune des thoracinies. 0% 5% 6 À celle de l’anus :S SSD À celle de la queue. "1". TT 74 256 HISTOIRE me LE GOBIE ÉLÉOTRE 6) @), E T LE. GOBIE, NÉBULEUX OI0E 7 PAR 'LACÉPÉÈDE Li à 13 ftus io) d4f EB «25, LE SP È CIE S,. SÉLS eaux + Fe Chine, RD EnE Téléc. re, dont. la couleur générale est blanchâtre; (1) Gobius eleotris. | Jdem. Vin. édit. de Gmelin. ? Gobie évité Dadberitôn ; Encyc. mêth. — Bona- téreipl Me FEntycs:méth. Lagerstr. Chin.: 281 ° : Gobrus Chinensis. Osbeck ,'It. 260.93 3{59190 .Trachinus. . ce Dis. ventralibus coadunatis, AÂAmæn, zead. LP: Sin. pe HP _ Gobius albestens, pinnis Dh isque dorsalibus aliitu- “dine’ æqualibus: Gronov. Zooph. 276. SU eSe Gobius} pinhé anali radiis :névem. dr eleotris. Lan. Syst. nat. edit, Gmel. gen. 110,:sp. 3. Artedi , Gen-pise: gen. 23, n°-6. SEEN (3) Gobius nebulosus. 3 Idem. Lan. ve de Gmelin. — Forkol!, F'aun. Arab. p.24, n° og 25b'snn0: Gobie rs AE 1e pli de! cl Encyoi Est (4) En arabe, Lout eddjinn. | a: Gobius \squamnis .asperis ; SHARE MER Le pinncæ D ES GO BTE!S. 237 la seconde nagéoire du dos aussi élevée que la première, et celle de la queue arrondie; Le.corps'est couvert d’écailles “larges ; ar- rondies et lisses ; et l’on voit une: tathé violette sur le dos, auprès des opercules (1). Le nébuleux a été découvert en Arabie par le danois F'orskoel (2). A peine sa lon- gueur égale-t-elle un décimètre ( environ trois pouces et denu ). Ses écailles sont grandes , rudes, et en losanges. La nageaire de la queue:est arrondie; et voici la dis- dorsalis primæ radio secundo filo lonso RLSPO , ane gobius nebnlasus. Forskœl ;, Faun. POP Arab. PF 24/0 6. Gobius pinnæ dorsalis primæ radio secundo flo membrané dupld longiore nigro Lerminato.... cobius nebulosus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 159 , sp. 12. e— . Gen: nie gent. 235, n° 14. additament. SONNINI. (1) À la membrane ‘des branchies de Félétbrér..". POLE ‘ s J rayons. A Ja première nageoïre du dos .« 6 Alstondet out, Pi Am PURE À chacnne des pectorales . . . . 20 Aux) thoratinest. 12: [rogfl, 55406 À celle dell’anus #0 5 + 953250 À celle de la queue. . + «+ + . 19 (2) C’est à Dsjidda , sur les bords de la mer A. ; que Forskoœæl a observé cette espèce. Sonnini. 258 EI SEIO I RE tribution des couleurs dont ce gobie est peint (1). Sa ‘partie inférieure est d’un blanc sans tache ; la supérieure est blanchâtre, avec des taches brunes, irrégulières et comme nuageuses , que l’on voit aussi sur la base des nageoires pectorales ;: lesquelles sont d’ailleurs d'un verd de mer, et sur les dorsales, ainsi que sur la nageoire de la queue. Cette dernière , les dorsales et l’anale sont transparentes ; l’anale est, de plus, bordée de noir , les thoracines présentent une teinte brunâtre ; et un filament noir et très-long termine le second rayon de la première nageoire du dos (2). {1) À la membrane branchiale du nébaleux is te ep AY ENS: À la première nageoire du dos . 6 A. la seconde: se) tnt TU LT À chacune des pectorales. . . ._.18 À URUPLORACINÉS Es 0 de mur ones eu SU MT Afcelle delanus "08. 5 Nr rs A'celléterla queue... HAT Z (2) La prunelle de l’œil est bleuâtre , et l'iris de couleur blanchätre. SONNINI. DES :G O'BILIEiS: 2:30 are bee cu a LE GOBIE AWAOU (i)(2), PAR LA CÉ P È D'E. ME TL Z LE M PE. EF S P C\E: C’zsr dans les ruisseaux d’eau douce qui arrosent la fameuse île de Taïti, au milieu du grand océan Equinoxial (3), que l’on a découvert ce gobie. Mon confrère l’habile ichthyologiste Broussonnet Va vu dans la collection du célèbre Banks, et en a publié une belle figure et une très-bonne des- cription. Cet awaou a le corps comprimé et alongé; des écailles ciliées ou frangées; (1) Gobius arwaou. Broussonnet , Ichthyol. dec. 1 , n° 2, tab. 2. Gobius ocellaris, Tan. édit. de Gmelin. Gobie awaou. Bonaterre, pl. de l'Eucyc. méth. (2) Par les insulaires de Taïti, awaou, selon le docteur Solander. Gobius maxillä superiore longiore, pinn& dorsali primé ocellatä sexradiatä..... gobius ocellaris. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 159 , sp. 22. — Artedi, Gen. pisc. gen. 25 , n° 11. additament. SONNINI. (5) Nous employons avec empressement les déno- miralions de l’excellente et nouvelle nomenclature hydrographique , présentée le 22 floréal an 7, à l’Ins- titnt de France , par mon savant et respectable confrère Fleurieu. 240 CHI: SATCO I R E la tête pelite et un peu creusée en gout- lière. par dessus ; Ja mâchoire d'en haut plus avancée que l’inférieure , et hérisée de denis inégales ;: la mâchoire - d'en bas garnie de dents plus petites; plusieurs au- tres dents menues, aiguës et pressées dans le fond de la gucule an dessus et au dessous du gosier; la ligne latérale droite ; et l'anus situé vers le milieu de la longueur de l’ani- mal, et suivi d’une A en conique. Nous n'avons plus qu’à faire sors les cou- leurs de ce gobie. | Son ventre est d’un verd. de mer ; fee teintes obscures et nuageuses, noires et oli- vâtres sont répandues sur son dos; une nuance verdâtre distingue les nageoires de la queue et de l’anus; des bandes de la même couleur et d’autres bandes brunes se montrent quelquefois sur leurs rayons et sur ceux de la séconde nageoire du dos CE q ti ——« # (1) A la membrane des branchies ... 5 rayons. j Aile première nagcoire dudos. … - 6 Afa/secoade.du dos... 12.73. Ft Aichacune desipectarales &,5:54 1010. 210 ; À chacune des thoracines. . .: . 6. A celle de anus. ts etre conf Alt À celle.de la queue, qui est très- AO pie ira atedire ce d'owrta2 taf ui DES GOBIES. 241 les pectorales et les thoracines sont noi- râtres; et au milieu de toutes ces teintes sombres on remarque aisément une tache noire , assez grande, œillée, et placée près du bord postérieur de la première dor- sale (1). | (1) On trouve l’awaou dans les ruisseaux d’eau douce de l’île de Taïti. SONNINL. Poiss. Tome VIi. Q 242 ED SE QI RE DEC LB. NOIR (ide PAR DACÉLERNE DIX-SEPTIÉÈÉME ESPÉC'E, Cr sobie, dont nous avons vu la descrip- tion dans les manuscrits de Commerson , que Buffon nous a remis il y a plus de douze ans, est à peu près de la taille d’un srand nombre de poissons de son genre. Sa longueur n’égale pas deux décimètres (sept pouces environ), et sa largeur est de trois ou quatre centimètres (treize à dix-huit lignes environ). Il présente sur toutes les parties de son corps une couleur noire, que quelques reflets bleuâtres ou verdâtres ne font paroître que plus foncée, et qui ne s’éclaircit un peu et ne tend vers une teinte blanchâtre, ou plutôt livide, que sur une portion de son ventre. Les écailles qui le revêtent sont très-petites, mais relevées par une arêle longitudinale ; sa tête paroit (1) Gobius niger. Gobio totus niger,radiis pinnæ dorsi prioris sex, posteriore remotissimo , villo notabili ad anum. Ma- auscrils de Commerson, déjà cités. DES: GOBIES. 243 comme gonflée des deux côtés. Sa mâchoire supérieure, susceptible de mouvemens d’ex- tension et de contraction, dépasse et em- brasse l’inférieure : on les croiroit tontes les deux garnies de petits grains plutôt que de véritables dents. La langue est courte, et attachée dans presque tout son contour. L'intervalle qui sépare les yeux lun de. l'autre est à peine égal au diamètre de l’un de ces organes. Commerson a remarqué avec altenlion deux tubercules placés à la base de la membrane branchiale , et qu’on ne pouvoit voir qu'en soulevant l’opercule. Il à vu aussi au dela de l'ouverture de l'anus, laquelle est à une distance presque égale de la gorge et de la nageoire de ja queue, une appendice semblable à celle que nous avons indiquée en décrivant plusieurs autres gobies, et qu’il a comparée à un bar- billon ou petit filament (1). (1) A la membrane des branchies . 4 rayons. A la première nageoire du dos. . 6 AilSecondene ee ANUS NET À chacune des pectorales . . . . 15 Aux thoracinesrets ete ne 1 LUE À celle de l'anus 15. L' AURE À celle de la queue ,qui est un peu SETONUIE | 2 Rial | Here VAR Q 2 244 HE SODOTITRE Le gobie noir habite dans la portion du srand Océan, nommée, par notre confrère Fleurieu, grand golfe des Indes (1). H sy tient à l'embouchure des petites rivières qui se déchargent dans la mer : il préfère celles dont le fond est vaseux. Sa chair est d’une saveur très - agréable, et d’ailleurs d’une qualité si saine, qu’on ne balance pas à la donner pour nourriture aux conva- lescens et aux malades que l’on ne réduit pas à une diète rigoureuse. timing LE ee DE ES (1) Nouvelle nomenclature hydrographique , déjà citée. DES GOBIES 245 a —— SIL Re D ES Le 2 mg a OUR LA TÈTE.DE.LIÈVRE (D. LE GOBIE LAGOCÉPIHALE bave LE GOBIE MENU Gj)(), mr LE GOBIE CYPRINOIDE (56), PA RIILEA CÉIPEID'E. 4 LOS M TOUYE. E 208 ESPÈCES. Le lagocéphale , où bas lièvre , tire'son nom de la forme de sa tête et de ses lèvres. or (1) Gobius pinné a USA , acetabuli- Jormi ; e duobus pedunculis, de radiis valdè ramosis composité. Koœlreuter , ‘nov. Comment. Petropol. Gobius maxillä superiore hemisphericä linquä Tincâque laterali nullas 2. gobius lagocephalus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 159, sp: z7.— Artedn, Gen. pisc. gen. 25 ,n° g: additament. SONNiNI. (>) Gobius lagocephalus.. | Pallas , Spicil. zool. 8 , p.14, tab 2, fig. 6 et y a: Kælreuter , nov. Comm. Petrop.9 , p, 428, fig. 3 et 4. Gobius lagocephalus. Lin. édit. de Gmelin. ) Gobie tête de lièvre, Bonaterre , pl. de lEnc. méth. ps Q 3 346 HISTOIRE Cette partie de son corps est courte, épaisse, et dénuée de petites écailles. On voit à la mâchoire inférieure quelques dents cro- chues plus grandes que les autres. La mâ- choire supérieure est demi-circulaire , épaisse et recouverte par une lèvre double, très- avancée , très-charnue, et fendue en deux comme celle du lèvre : la lèvre d'en bas présente une échancrure semblable. Le pa- lais est hérissé de dents menues et très-ser- rées; les yeux, très - rapprochés l’un de (5) Gobius minutus. : Pallas:, Spicil. zoolog. 6, p. 4. . Gobius minutus. Tin. édit. de Gmelin. (4) Gobius albioans fer rLgin eo - ps PR , radis cos et caudalibus ferrugineo obsolete striatis. gobius minutus. Lin. Syst. nat. edit. Gimel. gen. 80 : SP. 13. — Artedi , Gen. pisc. gen. 25, n° 7. addilament. SONKIN (5) Gobius cyprinoides. Edém. Tan. édit. de Gmelin. — Pallas res zool. 8, p.17, tab. 1; fig. 5. Gobie cyprinoïde. Bonaterre , pl. de l Encyc. méth. (6) Gobius squamis magnis subciliatis vestilus, pinñ4 caudæ rotundätä : radiis membran& fusco - tes- sellaté. nexis...: gobius eyprinoides. Lin: Syst. nat. édit. Gmel. gen. 159, sp. 18. — Artedi,, Gen. pisc. gen. 25, n° 8. additament. SONNINI DES 'GOBIES. 247 autre, sotit recouverts par une continua- tion de lépiderme. On voit une appendice alongée et arrondie au delà de Vanus ; qui est autsi loin de la gorge que'de la nageoire de: la: queue; cette dernière est arrondie : Fou ne distingue pas de ligne latérale; et la couleur générale de ce gobie , lequél.est ordi- nairement dela lonsueur d’un ‘doigt ; est composée! de: gris; de-bru et:de noir (1). “Le menu, qui: ressemble beauceup à laphye ; a° la tête un ‘peudéprimée; sa langue est grande; ses deux nageoirés dors sales sont un peu éloignées l’une de l’autre; sa hageoire caûdale est rectilighe; ét ses teintes, aussi peu brillantes que‘celles du lagocéphalé , consistent dans une couleur générale blanchâire, dans des taches couleur dé: fer disséminéesisur s4 partie supérieure , Fr « < € , n À. CE » » DM ENENDRIH RSR) JU PR 7 E “ {1) A la membrane des branchies du lagocéphale. mme berervers cc: 5] FaÿOnS ir À. la première : nageoire du dos 7-6 MA COHAdE hic ee R ni À À chacunedes peetoralemse. 423 ni ‘Aychaëune des tharaçines. … … … . 14 À. celle de Lanus ». L > à 2 choose il À cellgzde la quene « à .ceuwns't.6h22 Q 4 Le 248 ER ESTONIE R E « et dans de petites raies de la même nuance; ou à peu près, répandues sur les nie: de la queue et du dos (1). On trouve dans les eaux de l'ile Ars boine le cyprinoïde, que l'on a-ainsi nommé à cause du rapport extérieur:que ses écailles grandes et un peu frangées lui: donnent avec les cyprins, quoiqu'il ressemble peut-être beaucoup plus aux spares. Le professeur Pallas en a publié le premier une très-bohne description. La partie supérieure-de ce cy= prinoïde est grise, et l’inférieure blanchâtre. Ses dimensions sont à peu près semblables à celles du menu. Il a la tête un peu plus large que le. corps ,: et recouverte ; d’une peau traversée par plusieurs lignes très-dé- liées qui forment une sorté de réseau; on voit entre les deux yeux: une:crête noirâtre, triangu!aire et longitudinale > que l’on pren- droit pour une première nageoire dorsale très- basse ; au delà de lanuson aperçoit aisément une appendice alongée ‘arrondie (1) A la première rageoire du dos du! menu sein 6 INA 2 Grrayons. À R'secondeirs Se es re À celle:dei l'anus... choose fra DES IGOBIE:S. / 24 par le bout, et que l'animal peut coucher à volonté dans une fossette (1). (1) A la première nageoire du dos .« 6 rayons. À la seconde £ «1 à s à . «ÿ À ro À chacune des pectorales. . « . 18 Aux:thoracinés .….............,,12 À celle de l'anus, 1 rayon simple et 9 articulés A eelle de la queue, quiestarrondie 15 rayons. 250 CÉLSYP)ON R E 2. GOBIE } HEOPSER () (As PAR LACEPÈDE v re DR ESPÈCE. C’rsr au célébre Pallas que l’on doit la description de cette espèce, dont un indi- vidu lui avoit été envoyé par le savant Schlosser, avec des notes relatives aux habi- tudes de ce poisson; et le nom de ce gobie rappelle les services rendus aux sciences naturelles par l’ami de Millustre Palias. Ce poisson est ordinairement long de deux (1) Gobius Schlosseri. Cabos. Pallas , Spicil. zoolog. 8 , p. 3, tab. 1, fig. r, 2, 5, 4. Gobius barbarus. Lan. Gobius Schlosseri. Lin. édit. de Gmelin. Gobie schlosser. Daubenton, Encycl. méthod. — Bonaterre , pl. de l’Encycl. méthod. (2) Gobius pinnis pectoralibus flabello insistentibus , pinnä dorsali priore radiis duodecim , posteriore tre- decim.... sobius barbarus. Tan. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 159, sp. 7. — Artedi, gen. 25, n° 22. additam. species adhuce dubic. SONNINL. DESIGOBIES. 25X ou trois décimètres (sept à onze .pouces). Sa tête est couverte d’un grand nombre d'écailles, alongée, et cependant plus large que le corps. Les lèvres sont épaisses, char- nues, et hérissées à l’intérieur de petites aspérités : la supérieure est double. Les dents sont grandes, inégales, recourhées, aiguës, et distribuées irrégulièrement. Les yeux présentent une position remar- quable : ils sont irès-rapprochés lun de l'autre, situés au dessus du sommet de la tête, et contenus dans des orbites très-rele- vées, mais disposées de telle sorte que les coruées sont tournées, l’une vers la droite et l’autre vers la gauche. | Les écailles qui revêtent le corps et la queue sont assez grandes, rondes et un peu molles. On ne distingue pas facilement les lignes latérales. La couleur générale de l'animal est d’un brun noirâtre sur le dos, et d’une teinte plus claire sur le ventre (à). (1) A la membrane des branchies .' 3 rayons. À la première nageoire du dos . 8 A:la seconde mem see ee L'Re aS À chacune des pectorales. . . . 16 Aux thoracinés. 27," "+ + Te V'célle de l'anus us END, Nha LU hs A celle dela /quèue.0r 7 1e. 39. 25e HISTOIRE Les nageoires pectorales du schlosser sont, comme l’mdiquent les caractères du second sous-genre, attachées à des prolon- gations charnues, que l’on a comparées à des bras, et qui servent à l'animal, non Seulement à remuer ces nageoires par le moyen d’un levier plus long, à les agiter dès-lors avec plus de force et de vitesse, à Yager avec plus de rapidité au milieu des eaux fangeuses qu’il habite, mais encore à se traîner un peu sur la vase des rivages, contre laquelle il appuie suecessivement ses deux extrémités antérieures, en présentant très en petit, et cependant avec quelque ressemblance, les mouvemens auxquels les phoques et les lamantins ont recours pour parcourir lentement les côtes maritimes. C’est par le moyen de ces sortes de bras que le schlosser, pouvant ou se glisser sur des rivages fangeux , ou: s’enfoncer dans l’eau bourbeuse, échappe avec plus de faci- lité à ses ennemis, et poursuit avec plus d'avantage les foibles habitans des eaux, et particulièrement les cancres, dont il aime à faire sa proie. Cette espèce doit être féconde et agréable : au goût, auprès des côtes de la Chine, où on la pêche, ainsi que dans d’autres contrées | DES GOBIES. 253 orientales, puisqu'elle sert à la nourriture des chinois qui habitent à une distance plus ou moins grande des rivages; et voilà pour- quoi elle a été nommée par les hollandais des grandes Indes poisson chinois (chineesche visch), 254 ET SOP'OPT À E CINQUANTE -SIXIÈME GENRE. PAR LACÉPÉDE. LES 60 19 1 D:F;5: Lxrs deux nageoires thoracines réunies l’une à l’autre; une seule nageoiïire dor- sale ; la tête petite; les opercules attachés dans une grande partie de leur contour. PREMIÉRE ESPÈCE. LE GOBI0IDE ANGUILLIFORME ; gobioïdes anguilliformis. — Cinquante-deux rayons à la nageoire du dos; toutes les nageoires rouges. S ECO NID EE SP EC IE LE GOBIOÏDE SMYRNÉEN ; gobioïdes smyrnensis. — Quarante-trois rayons à la nageoire du dos; le bord des mâchoires composé d’une lame osseuse et dénuée de dents. ET ROSE ME, ES .P'EIC.E. LE GOBIOÏDE BROUSSONNET ; gobioëdes Broussonnetiüi. — Vingt-irois rayons à la DES GOBIOIDES. 255 nageoire du dos; le corps et la queue très- alongés et comprimés; des dents aux mâ- choires; les nageoires du dos et de l'anus irès-rapprochées de la caudale, qui est pointue. QUATRIÈEME ESPÈCE. LE GoBIOÏDE QUEUE NoiRE; gobioïdes melanurus. — La queue noire. 256 HIT OTRE ne LE @O0BIOIDE ANGUILLIFORME (i1)(2), PAR LACÉPÉÈDE. PREMIÈRE ESPÈCE. Cr. dans les contrées orientales, et notamment dans l’archipel de l'Inde, à la Chine, ou dans les îles du grand Océan équatorial, que l’on trouve le plus grand nombre de gobies. Les mêmes parties du globe sont aussi celles dans lesquelles on a observé le plus grand nombre de gobioïdes. L’anguilliforme a été vu particulièrement dans les eaux de la Chine. Comme tous les autres gobioïdes, il res- semble beaucoup aux poissons auxquels nous donnons exclusivement le nom de (1) Gobioides anguilliformis. Gobius anguillaris. Lin. édit, de Gmelin. Goujon anguillard. Daubenton , Encycl. méthod. — Bonaterre , pl. de l’Encycl. méthod. (2) Gobius pinn& dorsali unicé , caud& rubr4..... gobius anguillaris. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 159, sp. 8. — ÂArtedi , Gen. pisc. gen. 25 , n° 25. additam., species dubiæ, . SONNINI pe à goûte 3 DES:GOBIOIDES. 25 gobie; et voilà pourquoi nous avons cru devoir distinguer par la dénomination de gobioide, qui signilie er forme de gobie:\ là genre dont il fait partie, et qui a été con- fondu pendant long-tems dahs celui des cobies proprement dits. IL diffère néanmoins de ces derniers, de même que tous les osseux de son genre, en ce qu'il n’a ‘qu’une seule hageoire dorsale, pendant que les gobies en présentent deux. Il a d'ailleurs, ainsi que son nom l'indique, de grands rapporis avec la murène anguille par là longueur de la nageoire du‘ dos et de cellé ide l'anus , qui s'étendent presque jusqu’àcelle dé Ja queue; par la petitesse des nageoires pectorales, qui de pius sont arrondies, et sur-tout par la viscosité de sa peau , qui, étant imprégnée d’une matière huileuse trés-abondante, est à demi-transparente. La mâchoire inférieure de languilliforme est garme de petites dents, comme la supé- rieure, et loutes ses nageoires sont d’une couleur rouge assez vive (1). (1) À la nagcoiïre dorsale . ‘..:. 52 rayons. À chacune des pectorales : 14) 20% #1 Aux thôraGines.. 2420888 90h Spa À celle:de-lanus. ame" abat À cellede.la queue ...##%e#p.08, #bra Poiss. Tome VII. R 298 HISTOIRE pee een mie ann en ne on ae ne LE GOBIOIDE SMYRNÉEN (à), PAR LACÉPÈDE. SECONDE ES PÉÈC E. Cr poisson a la. tête grosse et parsemée de pores très-sensibles ; dès-iors sa peau doit être arrosée d’une humeur visqueuse assez abondante. Üne lame osseuse, placée le long de chaque mâchoire, tient lieu de véritables dents : on n’a du moins observé aucune dent proprement dite dans la bouche de ce gobioïde. Les nageoires pectorales sont très-larges, et les portions de celle du dos sont d’autant plus élevées qu’elles sont plus voisines de celle de la queue (2). (1) Gobius smyrnensis. Nov. Comment. Petropol. 9, tab. 9, fig. 5.. Goujon smyrnéen. Bonaterre, pl. de l'Enc. méth. (2) À la membrane des branchies «+ 7 rayons, À la nageoire du dos . . . . . 43 À chacune des pectorales. . . + 3 À cell&\de l'ange 422 1,704, 8458 À celle :de la queue. . .. + . 12 DES GOBIOIDES. 280 LE GOBIOIDE BROUSSONNET CE PAR LACÉPÈDE. TROISIÈME ESPÈCE. N ous dédions cette espèce de: gobioïde à notre savant confrère Broussonnet : et nous cherchons ainsi à lui exprimer notre recon- noissance pour les services qu’il a rendus à l'histoire naturelle, el pour ceux qu'il rend chaque jour à cette belle science dans PA- frique septentrionale, et particulièrement dans les états de Maroc, qu'il parcourt avec un zèle bien digne d’éloges. Ce gobioide, qui n'est pas encore connu des naluralistes, a les mâchoires garnies de trés-peiiles dents. Ses nageoires thoracines sont assez longues, et reunies de manière à former une sorte d’entonnoir profond; les peclorales sont petites et arrondies ; la dor- sale et ceile de l'anus s'étendent jusqu'à celle de la queue, qui a la forme d’un fer de lance : elles soul assez hautes, et cepen- (1) Gobioides Broussonnetii. R 2 260 HISTOIRE dant lextrémité des rayons qui les com- posent dépasse la membrane qu'ils sou- tiennent (1). ; Le corps est extrêmement alongé, très- bas, très-comprimé; et la peau qui le recouvre est assez transparente pour laisser distinguer le hombre et la position des prin- cipaux muscles. Un individu de cette belle espèce faisoit partie de la collection que la Hollande a donnée à la nation française. {1) A la nageoire du dos à 2741: USE Orévyons: À chacune desnageoiresthoracines 7 À chacune des pectorales. , .:. 17 ‘Acelle de l’änus. : NE Vout sic Aïcelle dela'quene:r:4rs sr Ma6 DES GOBIOIDES. 261 LE GOBIOIDE Q U E UE N:0 I RE (1) (), PAR LACÉPÉDE. O U\ AT RIT E M EE SIP DC E C’est à Broussonnet que nous devons la connoissance de ce gobioïde, qu'il a décrit sous le nom de gobie à queue noire, dont la queue est en effet d’une couleur noire plus ou moins foncée, mais que nous séparons des gobies proprement dits, parce qu'il n’a qu’une nageoire sur le dos. (1) Gobioidus melanurus. Broussonnet, Ichth. déc. r. «Gobius melanuros. Lin. édit. de Gmelin. (2) Gobius pinn& dorsali unicé, caudé nigrä....…. gobius melanuros. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 159, sp. 12. — Artedi , Gen. pisc. gen. 25, n° 27. additam. species dubiæ. SONNINI: R3 262 HISTOIRE CINQUANTE-SEPTIÈME GENRE. PAR LACÉPÉÈDE. LES GOBIOMORES. Lss deux nageoires thoracines non réu- nies l’une à l’autre ; deux nageoires dor- sales ; la tête petite; les yeux rapprochés ; les opercules attachés dans une grande partie de leur contour. PREMIER SOUS-GENRE. Les nageoires pectorales attachées im- médiatement au corps de l’animal. PREMIÉRE ESPÈCE. LE GOBIOMORE GRONOVIEN; gobiomorus Gronovi. — "Trente rayons à la seconde na- geoire du dos; dix aux thoracines; celle de la queue ur chue. S ECO N DE ES PÉCE. LE GOBIOMORE TAIBOA; gobiomorus . taiboa. — Vingt rayons à la seconde na- DES GOBIOMORES. 265 geoire du dos; douze aux thoracines ; six à la première dorsale ; celle de la queue ar- ronde. TROISIÈME ESPÈCE. LE GOBIOMORE DORMEUR ; gobiomorus dormitor. — Onze rayons à la seconde na- geoire du dos; huit à chacune des pecto- rales, ainsi qu’à celle de l’anus; la nageoire de la queue très-arrondie. SECOND SOUS-GENR E. Chacune des nageoires pectorales atta- chée à une prolongation charnue. QUATRIÈME ESPÈCE. LE GOBIOMORE K@LREUTER ; g0biomorus Koœælreuteri. — Treize rayons à la seconde nageoire du dos; douze aux thoracines. R 4 « 26% CN AUS O!IR Ë LE GOBIOMORE CGR: O Nav LI EE Noise) (e), PAR LACÉPÉDE. PRE MAR EE SP À CE. Lzs gobiomores ont été confondus jusqu’à présent avec les gobies , et par conséquent (1) Gobiomorus Gronovii. Gobius Gronovii. Lin. édit. de Gmelin. — Gronov. Zooph. p. 82 , n° 278. Cesteus argenteus , etc. Klein , Miss. pisc. 5 pes unf5;: Mugil americanus. Ray, Pise. p. 85, n° 9. HHarder. Marcg. Brasil. lib, 4 , cap. 6, p. 153. 2? (2) Gobius corpore latissimo maculoso : pinnis ven- tralibus intrinsecis abdomine ligalis maximis : caudé bifurcatä. Gronov. Zooph. p. 82, n° 278. Cesteus argenteus , griseis lineis intertextis, oculis ellipticis, pinnis albicantibus , pinnä dorsali maximd. Klein, Miss. pisc. 5 , p.24, n° 3. Gobius pinné ventral bipartité , dorsali priori decem- ridiatä , caudä bifurc&... gobius Gronovii. Fin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 159 ,sp. 25.— Artedi, Gen. pisc. gen. 25, n° 25. additam. species dubiæ. Soxxini. DES GOBIOMORES. : 265 avec les gobioïdes. Je les en ai séparés pour répandre plus de clarté dans la répartition des espèces thoracines, pour me conformer davantage aux véritables principes que l’on doit suivre dans toute distribution métho- diqüe des animaux, et afin de rapprocher davantage l’ordre dans lequel nous présen- tons les poissons que nous avons examinés, de celui que la Nature leur a imposé. Les gobiomores sont en effet séparés des gobies et des gobioïdes par la position de leurs nageoires inférieures ou thoracines, qui ne sont pas réunies, mais très-distinctes et plus ou moins éloignées l’une de lautre. Ils s’'écartent d’ailleurs des gobioïdes par le nombre de leurs nageoires dorsales : ils en présentent deux, et les gobioïdes n’en ont qu’une. | | Ils sont cependant très-voisins des gobies, avec lesquels ils ont de grandes :ressem- blances ; et c’est celte sorte d’aflinité ou de parenté que j'ai désignée par le nom géne- rique de gobiomore, voisin où allié des go- Lies, que je leur ai donné. J'ai cru devoir établir deux sous-genres dans le genre des gobiomores, d’après Îles mêmes raisons et les mêmes caractères que 266 HISTOIRE dans le genre des gobies. J’ai placé dans le premier de ces deux sous-genres les gobio- mores dont les nageoires pectorales tiennent immédiatement au corps proprement dit de l'animal , et j'ai inscrit dans le second ceux dont les nageoires pectorales sont attachées à des prolongations charnues. Dans le premier sous-genre se présente d'abord le gobiomore gronovien (1). Ce poisson , dont on doit la connoissance à Gronou, habite au milieu de la zone tor- ride, dans les mers qui baignent le nou- veau continent. Il a quelques rapports avec un scombre. Ses écailles sont très-petites ; mais, excepté celles du dos, qui sont noires, elles présentent une couleur d'argent assez éclatante. Des taches noires sont répandues sur les côtés de l’animal. La tête, au lieu d’être garnie d’écailles semblables à celles du dos, est recouverte de grandes lames écailleuses. Les yeux sont grands et moins (1) A la membrane des branchies . 5 rayons. À la première nagcoire du dos . 10 Aa 'seebnde it} JUPE UT UE) So À chacune des nageoires pectorales 24 Aux thoracimes . . » +5 «: 1, FO DES GOBIOMORES. 267 rapprochés que sur la plupart des gobies ou des gobioïdes. L'ouverture de la bouche est petite. Des dents égales garnissent le palais et les deux mâchoires. La langue est lisse, menue et arrondie. La ligue latérale suit la courbure du dos. L’anus est situé vers le milieu de la longueur totale du poisson. Les nageoires thoracines sont très-grandes, et celle de la queue est fourchue. 263 HISTOIRE. mn 2 mn LE: DA R O AC (h) LE GOBIOMORE TAIBOA (2). PAR LACÉPEDE. SE CO ND E' ES RP ÉLC\E. C'esr auprès du rivage hospitalier de la plus célèbre des îles Fortunées qui élèvent leurs collines ombragées et fertiles au nulieu des flots agités de l'immense Océan équato- rial; c’est auprès des bords enchanteurs de la belle île d'O-Taïti, que l’on a découvert EEE (1) Taiboa ou faipoa, nom que les naturels de Taiti donnent à ce poisson. Gobius sirigatus. Broussonnet , loco infrà citato. Gobius pinné ventrali bipartité, dorsali primé sex- radiatä...... gobius strigatus Lan. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 159, sp. 235. — Artedi, Gen. pisc. gen. 23, n° 18. additament. SON NINI. (2) Gobiomorus taiboa. Broussonnet, Ichth. dec. tr, n°"r tab Gobius strigatus. Lin. édit. de Gmelin. Goujon taiboa. Bonaterre , pl. de P'Encycl. méth. DES GOBIOMORES. 269 le taiboa, lun des poissons les plus sveltes dans leurs proportions, les plus agiles dans leurs mouvemens, les plus agréables par la douceur de leurs teintes ; les plus richement parés par la variété de leurs nuances, parmi tous ceux quiicomposent la famille des go- biomores et les genres qui l'avoisinent. Nous en devons la première description à Broussonnet, qui en a vu des individus dans la collection du célèbre pe de la société de Londres. Le corps du taiboa est comprimé et très- alongé ; les écailles qui le recouvrent sont presque carrées et un peu crénelées. La tête est comprimée, et cependant plus large que le corps. La mâchoire inférieure n’est pas tout à fait aussi avancée que la supérieure; les dents qui garnissent l’une el l'autre sont inégales. La langue est lisse, ainsi que le palais; le gosier hérissé de dents aigués, menues et recourbées en arrière; la pre- mière nageoire du dos, composée de rayons très-longs ainsi que très-élevés , et la nageoire de la queue large et arrondie (1). F I (1) À la membrane des branchies . 6 rayons. A la première nageoaire dorsale . 6 À la seconde nageoire du des . . 20 270 HŒS®'OTRE Jetons les yeux maintenant sur les cou- leurs vives ou gracieuses que présente le taiboa. Son dos est d’un verd tirant sur le bleu, et sa partie inférieure blanchätre ; sa tête montre une belle couleur jaune plus ou moins mêlée de verd; et ces nuances sont relevées par des raies et des points que l’on voit sur la tête, par d’autres raies d'un brun plus ou moins foncé qui règnent auprès des nageoires pectorales, et par des taches rougeatres situées de chaque côté du corps ou de la queue. De plus, les nageoires du dos, de lanus et de la queue, offrent un verd mêlé de quelques teintes de rouge ou de jaune, et qui fait très-bien ressortir des raies rouges droïtes ou courbées qui les parcourent, ainsi que plusieurs rayons qui les soutien- nent, et dont la couleur est également d’un rouge vif et agréable. À chacune des pectorales . . . 20 Aux thdraciness) 115 Le .'imites es A celleide l’anméss. dise 2e 10 Ariceble de laignene 2... #42 DES GOBIOMORES. on — LE 5D:0 RM E Uk: LE GOBIOMORE DORMEUR (1), PAR LACÉPÉDE. TROISIÈME ESPÈCE. Lis naturalistes n'ont encore publié aucune description de ce gobiomore, qui vit dans les eaux douces, et particulièrement dans les marais de l'Amérique méridionale : nous en devons la connoissance à Plumier; et nous en avons trouvé une figure dans les des- sins de ce savant voyageur. La mâchoire inférieure de ce poisson est plus avancée que la supérieure ; la nageoire de la queue est très-arrondie : le nombre des rayons de ses nageoires empêche d’ailleurs de les con- fondre avec les autres gobiomores. Ou l'a nommé le dormeur, sans doute à cause du peu de vivacité ou du peu de fréquence de ses mouvemens. (1) Gobiomorus dormitor. Cephalus palustris. Dessins et manuscrits de Plu- mier , déposés à la bibliothèque nationale. Asellus palustris. Id. ibid, ae, HISTOIRE LE GOBIOMORE KO. D. RAID TER M) (0); PAR LACÉP ED; OU AT dMRUIE M E É1Se6P; Ra: E, Lux nom de cette espéce est un pa Ne de gratitude envers un savant très-distingué, le naturaliste Koœæiïreuler, qui vit mainte- nant dans ce pays de Bade , auquel les vertus touchantes de ceux qui le souvernent ; ét leur zèle très - éclairé pour le progrès des connoissances, ainsi que pour laccroisse- ment du bonheur de leurs semblables, ont donné un éclat bien doux aux veux. des amis de l'humanité. (1) Gobiomorus K'ælreutereri. NA A TS nov. Comm. Petropol. 8, p. 421. Gobius Kœlreuteri. TAn. édit. de Ginelin. Goujon kælreuter. Bonaterre , pl. de PEncyc. Et (2) Gobius pinné ventrali bipartitä , dorsali primé undecimradiatä.... gobius kœlreuteri. Yan. Syst. nat. tés, rappelle à son ame satisfaite le charme des espaces franchis, des fatigues supportées ; des obstacles écartés, des périls surmontés, des plages découvertes, des vents enchaînés, des tempêtes domptées ! Combien de fois ma-t-elle pas ému, dans le silence d’une retraite champêtre, le lecteur paisible, mais sensible, que le besoin heureux de sins- truire, ou l'envie de répandre les plaisirs variés de l'occupation de l’esprit sur la mo= aotonie de la solitude, sur le calme du repos, sur l'ennui du désœuvrement, atla- chent, pour ainsi dire, et par une sorte d’enchantement irrésistible, sur les pas des hardis voyageurs! Que de douces et de vives jouissances ! Et pourquoi laisser échapper un seul des moyens de les reproduire, de jes multiplier , de les étendre, d'en embellir ‘étude de la science que nous cultivons? Poiss. Tous VIL Y. 958 HISTOIRE Cette bonite dont le nom est si connu, est cependant encore assez mal connue elle- même : heureusement Commerson, qui l’a observée en habile naturaliste dans ses formes et dans ses habitudes, nous a laissé dans ses manuscrits de quoi completter l'image de ce scombre. L'ensemble formé par le corps et la queue de l'animal, musculeux, épais et pesant, finit par derrière en cône. Le dessus de la tête, le dos, les nageoires supérieures, sont d’un bleu noirâtre ; les côtés sont bleus; la partie inférieure est d’un blanc argentin : quatre raies longitudinales un peu larges et d’un brun noirâtre, s'étendent de chaque côté au dessous de la ligne latérale, et sur ce fond que nous venons d'indiquer comme argenté , et que Commerson a vu cependant brunâtre dans quelques individus; les na- geoires thoracines sout brunes ; celle de l'anus est argentée ; l’intérieur de la gueule est noirätre; et ce qui est assez remarquable, c’est que linis, le dessous de la tête, et même la langue , paroissent , suivant Commeison, revêtus de l'éclat de l'or. Parlons maintenant des formes de la bonite. La tête, ayant un peu celle d’un cône, DES SCOMBRES. 539 est d’ailleurs lisse et dénuée d’écailles pro- prement dites. Un simple rang de dents très-petites garnit la mâchoire supérieure, qui n’est point extensible, et l’inférieure qui est plus avancée que ceile d’en haut. [/ou- verture de la bouche a la grandeur néces- saire pour que la bonite puisse avaler faci- lement un exocet. La langue est petite, étroite, courte, maigre, demi-cartilagineuse, relevée dans ses bords ; la voûte du palais très-lisse ; l’orifice de chaque narine voisin de l'œil, unique et fait en forme de ligne longue, très-étroite et verticale; l'œil très-srand, ovale , peu convexe, sans voile; l’opercule branchial composé de deux lames arrondies par derrière, dénuées de pelites écailles, et dont la postérieure embrasse celle de devant. Des dents arrangées comme celles d’un peigne garnissent l’intérieur des arcs osseux qui soutiennent les branchies ; elles sont trés-longues dans les arcs antérieurs. Les écailles qui recouvrent le corps et la queue sont petites, presque pentagones, et fortement attachées les unes au dessus des autres. Chacune des nageoires pectorales, dont on 540 HTS PO LR E la longueur est à peine égale à la moitié de l’espace compris entre leur base et lou- verture de lanus, peut être reçue dans une cavité gravée, pour ainsi dire, sur la poitrine de l’amimal, et dont la forme ainsi que la grandeur sont semblables à à celles de la nascoire. On voit une fossette analogue propre à recevoir chacune des thoracines au dessous desquelles on peut reconnoître l’existence d’un cartilage caché par la peau (1). La nageoire de l'anus est la plus petite de toutes. La première du dos, faite en forme de faux, et composée uniquement de rayons non articulés, peut être couchée à la volonté de la bonite, et, pour ainsi dire , entiè- rement cachée dans un sillon longitudinal ; la seconde dorsale, placée presque au dessus (1) 7 rayons à la membrane branchiale. 15 rayons non articulés à la première nageoire du dos. 12 rayons à la seconde dorsale. 1 où 2 aiguillons , et 26 ou 27 rayons articulés à chacune des pectorales. 1 aiguillon et 5 rayons arliculés à chacune des thoracines. 2 rayons à celle de l’anus. GN dd © rayons à celle de la queue. DES SCOMBRES. 341 de celle de anus, est à peine plus avancée et plus grande que cette dernière. La na- geoire de la queue paroît trés-forte et repré- sente un croissant dont les deux cornes sont égales et très-écartées. Entre cette nageoire et la seconde du dos, on voit huit petites nageoires; on n’en trouve que sept au dessous de la queue : mais il faut observer que, dans quelques individus, le dernier lobe de la seconde: dorsale , et celui de la nageoire de l’anus, ont pu être conformés de manière à ressembler beau- coup à une petite nageoire; et voilà pour- quoi on a cru devoir compter neuf petites nageoires au dessus et huit au dessous de la queue de la bonite. Les deux côtés de celte même queue présentent une appendice cartilagineuse , un peu diaphane, élevée en carène, et suivie de deux stries longitudinales qui tendent à se rapprocher vers la nageoire caudale. La ligne latérale, à peine sensible dans son origine, fléchie ensuite plus d’une fois, devient droite et s’'avance vers l'extrémité de la queue. La bonite a presque toujours plus de six décimètres (environ vingt-un pouces }ade longueur : elle se nourrit quelquefois de D 342 HITS DORE plantes marines et d'animaux à coquille ; dout Commerson a trouvé des fragmens dans l’intérieur de plusieurs individus de cette espèce qu'il a disséqués ; le plus sou- vent néanmoins elle préfère des exocets ou des triures. On la rencontre dans le grand Océan , aussi bien que dans l’océan Atlan- tique ; mais on ne la voit communément que dans les environs de la zone torride : elle y est la victime de plusieurs grands animaux marins; elle y périt aussi très- fréquemment dans les rets des navigateurs, qui trouvent le goût de sa chair d'autant plus agréable, que, lorsqu'ils prennent ce scombre , ils ont été communément privés depuis plusieurs jours de nourriture fraîche ; et, poisson misérable, pour employer l’ex- pression de Commerson, elle porte dans ses entrailles des ennemis très-nombreux; ses intestins sont remplis de petits fænia et d’ascarides ; jusques sous sa plèvre et sous son péritoine sont logés des vers cucur- bitins , très - blancs, très- petits et très- mous; et son estomac renferme d’autres animaux sans vertèbres, que Commerson a cru devoir comprendre dans le genre des sangsues. Avant de terminer cet article, nous DES SCOMBRES. 343 croyons utile de bien faire connoître quel- ques-unes des principales différences qui séparent la bouite du thazard, avec lequel on pourroit la confondre. Premièrement, la bonite a sur le ventre des raies noirâtres et longitudinales qui manquent sur le tha- zard. Deuxièmement, son corps est plus épais et moins arrondi. Troisièmement, elle u’a pas, comme le thazard, une tache bleue sous chaque œil. Quatrièmement, elle est couverte, sur tout le corps et la queue, d’écailles placées les unes au dessus des autres : le thazard n’en montre d’analogues que sur le dos et quelques autres parties de sa surface. Cinquièmement , sa membrane branchiale est soutenue par sept rayons; celle du thazard n’en comprend que six. Sixièmement, le nombre des rayons est dif- férent dans les pectorales ainsi que dans la première dorsale de la bonite, et dans les pec- torales ainsi que dans la première dorsale du thazard. Septièmement, le cartilage situé au dessous des thoracines est caché par la peau dans le thazard ; il est à découvert dans la bouite. Huitièmement, la queue est plus profondément échancrée dans la bonite que dans le thazard. Neuvièmement, la ligne latérale diffère dans ces deux scombres, et Y 4 544 HLSMOErRE ÿar le lieu de son origine, et par ses sinuos sités. Dixiémement enfin, la couleur de la chair du thazard est jaunâtre. Que lon considère avec Commerson qu'aucun de ces caractères ne dépend ni de l'âge ni du sexe, et l’on sera convaincu, avec ce naluraliste, que la bonite est une espèce de scombre trés-différente de celle du thazard, décrite pour la première fois par ce savant voyageur. DES SCOMBRES. 345 LADA L U N'GUA GUY LÉ SCOMBRE SARDE OÙ ALATUNGEX "(), BP ARE JE uA CLÉ BSDAA SEFTIÈME ESPÈCE. Ce scombre, dont les naturalistes doivent la première description au savant Ceiti, (1) C’est alalurga et non alatunga qu’il faut écrire le nom de ce poisson , parce que c’est ainsi que les sardes l’appellent. A Malte, accola par les habitans, et thon blanc par les français. Scomber pinnis pectoralibus longissimis, pinnulis caudæ utrinque sepéem...... scomber alatunga. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 170 , sp. 14. — Artedi , Gen. pisc. gen. 25, n° 22. additament. species adhuc dubiæ. SONNINI. (2) Scomber alatunga. Idem. Tin. édit. de Gmelin. — Cetti, Pisc. e anf. di Sard. p. 198. Scombre alatunga. Bonaterre , pl. de l’Encyc. métk. 546 HISTOIRE: auteur de l’Histoire des poissons et des amphibies de la Sardaigne, vit dans la Méditerranée comme le thon. On l'y voit, de même que ce dernier poisson, paroître régulièrement à certaines époques ; et cette espèce se montre également en troupes nombreuses et bruyantes. Sa chair est blanche et agréable au goût. L’aïatunga a d’ailleurs beaucoup de rapports dans sa conformation avec le thon; mais il ne par- vient ordinairement qu’au poids de sept ou huit kilogrammes (quatorze ou seize livres). Il n’a que sept pelites nageoires au dessus et au dessous de la queue ; et ses nageoires pectorales sont si alongées, qu’elles attei- gnent jusqu'à la seconde nageoire dorsale. Au reste, 1l est aisé de voir que presque tous ses traits, et particulièrement le der- nier, le séparent de la bonite et du thazard, aussi bien que du thon; et la longueur de ses pectorales ne peut le faire confondre Scomber sarda. Sur plusicurs côtes de France, bonite , germon. Dans plusieurs ports méridionaux de France , boniton. En Espagne, bize. En Angleterre , scale breast. En Allemague, brust schuppe. Bize. Rondelet , part. 1, lib. 8, chap. 1x. Scomber sarda. Bloch, pl. cecxxxiv. DES SCOMBRES. 547 dans aucune circonstance avec le germon, puisque le germon a huit ou neuf petites nageoires au dessus ainsi qu’au dessous de la queue, pendant que l’alatunga n’en a que sept au dessous et au dessus de cette même parlie. Îl est figuré dans les peintures sur vélin que l’on possède au museum d'histoire naturelle , et qui ont été faites d’après les dessins de Plumier , sous le nom de thon de l'Océan ( thynnus oceanicus }, vulgairement germon. Sa mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure, et sa ligne latérale tor- tueuse. Le scombre sarde habite non seulement dans la Méditerranée ; mais encore dans l'Océan. On le pêche à la hauteur de France et à celle d’Espagne, mais très-souvent à la distance de plusieurs lieues des côtes. On le prend non seulement au filet, mais encore à l’hamecçon. Il est d’une voracité excessive. Son poids s'élève jusqu’à cinq ou six kilogrammes ( dix ou douze livres). Sa chair est blanche et grasse. Il a la langue lisse ; mais on peut voir, de chaque côté du palais, un os long, étroit et garni de dents peiites et pointues. Son anus est deux fois plus près de la caudale que de la tète. 348 Fe HISIMOTRE La couleur générale du poisson varie entre le bleu et largenté. La première nageoire du dos est noirâtre ; les autres nageoires sont d’un gris mêlé quelquefois avec des teintes jaunes (1) (2). : (1) 6 rayons à la membrane branchiale du scombre sarde. 16 rayons à chaque pectorale. 2: rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos. 15 rayons à la seconde. x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à chaque thoracine. 14 rayons à la nageoiïre de l’anus. 20 rayons à la caudale. (2) I’alalunga se pèche fréquemment au printeme près des côtes de Maite. Il ne devient pas aussi gros que le thon ordinaire , maïs sa chair est plus blanche et plus délicate. L'on en fait beaucoup de cas dans les bonnes maisons de Malte , et j’y en ai mangé souvent dans les mois de mai et de juin. SONNINS. DES SCOMBRES: 549 LE SCOMBRE CHINOIS (1), PAR LACEPÈDE. -HUITIÈME ESPÈCE Ces scombre n’a encore été décrit par au- cun naturaliste européen. Nous en avons trouvé une image très-bien peinte dans le recueil chinois dont nous avons déjà parlé plusieurs fois : il est d’un violet argenté dans sa partie supérieure, et rougeâtre dans sa partie inférieure. Sept petites nageoires sont placées entre la caudale et la seconde du dos : on en voit sept autres au dessous de la queue. Les pectorales sont courtes ; la cau- dale est très-échancrée. La ligne latérale est saillante, sinueuse dans tout son cours: et indépendamiment de son ondulation géné- rale, elle descend assez bas après avoir dépassé les pectorales , et se relève un peu ensuite. On n’aperçoit pas de raies longitu- dinales sur ies cotés de l’animal. {r) Scomber sinensis. 550 HISTOIRE LE MAQUEREAU (). LE SCOMBRE MAQUEREAU (2), PAR LACÉPÉDE. NE UV PE ME: E SP É CE. Voyez la planche XX XIII, fig. 1. Lorsque nous avons voulu parcourir, pour ainsi dire, toutes les mers habitées par les lésions nombreuses et rapides de thons, (1) Le maquereau. En danois, geier , quand il est petit; makrel , quand il est d’une grandeur moyenne; stockaal, quand il est fort gros. En hollandais, makrill, makrell. En turc, kolios-baluck. En grec moderne, Holios. En Guinée , warapon. Au Japon , suba. Scomber pinnulis quinque...... scomber scomber, Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 170 , sp. 1. Scomber pinnulis utrinque quinque : Spiné ani ; cor- pore argenteo , suprà e cæruleo flammeo..... scomber scomber.... Brunnich, Ichthyol. massil. p.68 , n° 84. SONNINI1. (2) Scomber scombrus. Sur plusieurs côtes méridio- nales de France, auriol, verrat. En Suède et en Dane- 4 To ar a De Jeve del. 1. LE MAQU EREAU . 9.LE MAQUEREAU #47. DES SCOMBRES. 351 de germons, de thazards, de bonites, et des autres scombres que nous venons d’exami- ner, nous n'avons eu besoin de nous élever, par la force de la pensée, qu’au dessus des oo marck, makrill. En Allemagne, makrel. En Angleterre, macarel. À Rome, macarello. À Venise , scombro. À Naples , lacerto. En Espagne, cavallo. Dans quelques contrées européennes, Lorreau. Scomber scomber. Lin. édit. de Gmelin. Scombre maquereau. Daubenton , Encyc. mêth. — Bonaterre, planches de l’Encyclop. méthod. Maquereau. Duhamel , Traité des pêches, part. 2, sect. 7 , chap. 1, pl1, fig. 1. — Bloch, pl. iv. Scomber pinnulis quinque. Faun. suec. 339. — Müll. Prodrom. zool. Danic. p. 47 , n° 395. Scomber pinnulis quinque in extremo dorso, spin& brevi ad anum. Artedi, gen. 30, sp. 68 , syn. 48. O sktombros. Arist. lib. 6 ,cap. 19 ; lib. 6 , cap. 12. — JÉlian. lib.14, cap. 1, p. 798. — Athen. lib. 3, p- 121. — Oppian. Halieut. lib. 1, fol. 108 et 109; et hb. 3. _ Scomber. Ovid. Halieut. v. 94. Scomber. Coilumell. bb. 8, cap. 17. Scomber. Plin. lib. 9, cap. 15; lib. 31, cap. 8; et lib. 52, cap. 11. Maquereau. Rondelet , part. 1, liv. 8, chap. 7. Scombrus. Id. ibid. Scomber. Gesner , 841, 1012; et (Germ.) fol. 57. Scombrus. Id. — Schonev. p. 66. — Aldiov. lib. 2, cap. 55, p. 270.— Jonston, lib. 1, tit. 5, cap. dd 352 H£ESTOTR FE portions de l'Océan qu’environnent les zones torride et tempérée. Pour connoître main- tenant, observer et comparer tous les cli- mats sous lesquels la Nature a placé le: scombre maquereau, nous devons porter nos regards bien plus loin encore. Que notre vue s’étende jusqu’au pole du globe, jusqu’à celui autour duquel scintillent les deux ourses. Quel spectacle nouveau , majes- tueux , terrible va paroître à nos yeux! Des rivages couverls de frimas amoncelés et de glaces éternelles unissent, sans les distin- guer , une terre qui disparoit sous des couches épaisses de neiges endurcies, à une mer immobile, froide, gelée, solide dans sa surface, et surchargée au loin d'énormes glaçons entassés en montagnes sinueuses, ou éleves en pics sourcilleux. Sur cet Océan punct. 6; p.92, tab. 21, fig. 9, 11. PEAU AEUSNDT pag. 181. Mackrell. Ray, p. 58. Scomber, scombrus. Charlet. p. 147. — Wotton, lib. 8, cap. 188 , p. 166, b. — Salvian. fol," 230,"e, DAT , 242. Pelamis corpore castigato, eëc. Klein , Miss. pisc. b, p.12,n° 5, tab. 4, fig. 1. — Gronov. Mus. 1, p. de n° 81; et Zooph. P- 95 , n° 504. — Brit. Zoolog. points endurcei DES SCOMBRES. 353 endurci par le froid, chaque année ne voit régner qu’un seul jour; et pendant ce jour unique, dont la durée s'étend au delà de six mois, le soleil, peu exhaussé au dessus de la surface des mers, mais parvissant tourner sans cesse autour de l’axe du monde; élevant ou abaissant perpétuellement ses orbes, mais enchaînant toujours ses circon- volutions ; commençant, toutes les fois qu'il répond au même méridien, un nouveau tour de son immense spirale; ne lançant que des rayons presque horisontaux et facile- ment réfléchis par les plans verticaux des éminences de glace ; illuminant de sa clarté mille fois répétée les sommets de ces monts en quelque sorte crisiallins ; resplendissant sur leurs mnombrables faces, et ne péné- trant qu’à peine dans les cavités qui les séparent , rend plus sensible par le contraste frappant d’une lumière éclatante et des ombres épaisses, cet étonnant assemblage de sommités escarpées et de profondes an- fractuosités. Cependant la même année voit succéder une nuit presque égale à ce jour. Une clarté nouvelle en dissipe les trop noires ténèbres : les ondes congelées renvoient, dispersent et multiplient dans l’atmosphère la lueur Poiss. Tome VII. Z JA HISTOIRE argentée de la lune, qui a pris la place du soleil ; et la lumière boréale étalant, au plus haut des airs, des feux variés que n’efface ou ne ternit plus l'éclat radieux de l’astre du jour, répand au loin ses gerbes, ses faisceaux, ses flots enflammés, ses tour- billons rapides, et, dans une sorte de ren- versement remarquable, montre dans un ciel sans nuages toute l'agitation du mouve- ment, pendant que la mer présente toute l'inertie du repos. Une teinte extraordinaire paroît et dans l'air, et sur les eaux, et sur de lointains rivages; un demi-jour, pour ainsi dire , mystérieux et magique, règne sur un vaste espace immobile et glacé. Quelle solitude profonde! tout se tait dans ce désert horrible. À peine, du moins, quelques échos funèbres et sourds répètent- ils foiblement et dans le fond de létendue les gémissemens rauques et sauvages des oiseaux d’eau égarés dans la nuit, affoiblis par le froid, tourmentés par la faim. Ce théâtre du néant se resserre tout d’un coup; des brumes épaisses se reposent sur l'Océan, et la vue est arrêtée par de lugubres ténè- bres. Cependant la scène va changer encore. Une tempête d’un nouveau genre se pré- pare. Une agitation intestine commence : DES SCOMBRES. 555 un mouvement violent vient de très-loin, se communique avec vilesse de proche .en proche , s'accroît en s'étendant , soulève avec force les eaux des mers contre les voûtes qui les compriment ; un craquement affreux se fait entendre; c’est l’épouvantable tonnerre de ces lieux, funestes; les efforts des ondes eee and Une. ; les monts de glace se séparent, et, flottant sur l'Océan qui les repousse, errent; se choquent , s’en- tr’ouvrent , s’écroulent en ruines, où se dispersent en débris. Far C'est dans le sein même de cet Océan polaire, dont la surface vient de nous pré- senter l’effrayante image de la destruction et du chaos, que vivent, au moins pendant une saison assez longue, les troupes innom- brables de scombres que nous allons dé- crire. Les diverses cohortes que forment leurs réunions renferment dans ces mers arctiques . d'autant plus d'individus, que, moins grands que les thons et d’autres pois- sons de leur genre, n’atteignant guère qu’à une longueur de sept décimètres (vingt-six pouces environ), et doués par conséquent d'une force moins considérable, ils: sont moins excités à se livrer les uns aux autres des combats meurtriers, Et ce n'est pas Z 2 556 HISTOIRE seulement dans ces régions hyperboréennes que leurs légions comprennent des milliers d'individus. On les trouve également et même plus nombreuses dans presque toutes les mers chaudes ou tempérées des quatre parties âu monde, dans le grand Océan, auprès du pole antarctique, dans l'Atlantique, dans ja Méditerranée, où leurs rassemblemens sont d'autant plus étendus, et leurs agrégations d'autant plus durables, qu'ils paroissent obéir avec plus de constance que plusieurs autres poissons aux diverses causes qui di- rigent ou modifient les mouyemens des habitans des eaux. Les évolutions de ces trié marines sont rapides, et leur natation est très-prompte, comme celle de presque tous les autres scombres. | La grande vitesse qu’elles présentent lors- qu’elles se transportent d’une plage vers une autre, n’a pas peu contribué à l'opinion adoptée presque universellement jusqu’à nos jours, au sujet de leurs changemens pério- diques d'habitation. On a cru presque géné- ralement, d’après des relations de pêcheurs rapportées par Anderson dans son Histoire paturelle de lislande, que le maquereau DES SCOMBRES. 557 étoit soumis à dés migrations régulières ; on a pensé que les individus de cette espèce, qui passoient l’hyver dans un asyle plus ou moins sûr auprès des glaces polaires, voya- geoient pendant le printems ou l'été jusques dans la Méditerranée. Tirant de fausses conséquences de faits mal vus et mal com- parés, on a supposé la plus grande précision et pour les tems et pour les lieux, dans l'exécution de ce iransport successif et pé- riodique de myriades de maquereaux depuis le cercle polaire jusqu'aux environs du tro- pique. On a indiqué l’ordre de leur voyage; on a tracé leur route sur les cartes; et voici comment la plupart des naturalistes, qui se sont occupés de ces animaux, les ont fait s’'avancer de la zone glaciale vers la zone torride , et revenir ensuite auprès du pole, à leur habitation d’'hyver. On a dit que, vers le printems, la grande armée des maquereaux côtoie l'Islande, le Hittland, lEcosse et l'Irlande. Parvenue auprès de cette dernière île, elle se divise en deux colonnes : l’une passe devant l’Es- pagne et le Portugal, pour se rendre dans la Méditerranée, où il paroît qu’on croyoit qu’elle terminoit ses migrations ; l'autre pa- roissoit, vers le mois de mai, auprès des SE 358 ÉTASIPMOTRCE rivages de F'rance et d'Angleterre, s’enfon- eoit dans la Manche, se montroit en juin dévant la Hoilande et la Frise, et arrivoit- en juillet vers les côtes de Jutland. C’étoit dans cette dernière portion de Focéan Atlan- tique boréal que cette dernière colonne. se séparoit pour former deux grandes troupes voyageuses : la première se jetoit dans Îa Baltique, d’où on n’avoit pas beaucoup songé à la faire sortir; la seconde, moins déviée du grand cercle tracé pour la natation de lVespèce , voguoit devant la Norvège, et retournoit, jusques daus les profondeurs ou près des rivages des mers polaires, chercher contre les rigueurs de l’hyver un abri qui lui étoit connu. Bloch et Noël ont très-bien prouvé qu’une route décrite avec tant de soin ne devoit cependant pas être considérée comme réel- lement parcourue; qu’elle étoit inconciliable avec des observations sûres, précises, rigou- reuses et très-multiphiées, avec les époques auxquelles les maquereaux se montrent sur les divers rivages de l’Europe, avec les dimensions que présentent ces scombres auprès de ces mêmes rivages, avec les rap- ports qui lient quelques traits de la confor- mation de ces animaux à la température DES SCOMBRES. 359 qu'ils éprouvent, à la nourriture qu’ils trou- vent, à la qualité de l’eau dans laquelle ils sont plongés. | On doit être convaincu, ainsi que nous Vavons annoncé dans le Discours sur la nature des poissons, que les maquereaux (et nous en dirons autant, dans la suite de cet ouvrage, des harenss et des autres osseux que l’on a considérés comme contraints de faire périodiquement des voyages de long cours ), que les maquereaux, dis-je, passent l'hyver dans des fonds de la mer plus ou moins éloignés des côtes dont ils s’'approchent vers le printems; qu'au commencement de la belle saison ils s’avancent vers le rivage qui leur convient le mieux, se montrent souvent, comme les thons, à la surface de la mer, parcourent des chemins plus ou moins directs, ou plus ou moins sinueux ; mais ne suivent point le cercle périodique auquel on a voulu les attacher, ne mon- trent point ce concert régulier qu'on leur a attribué, n’obéissent pas à cet ordre de lieux et de tems auquel on les a dits assujettis. On n’avoit que des idées vagues sur la manière dont les maquereaux étoient ren- fermés dans leur asyle soumarin pendant Z & 560 HISTOIRE la saison la plus rigoureuse, et particulière“ ment auprès des contrées polaires. Nous allons remplacer ces conjectures par des notions précises. Nous devons cette connois- sance certaine à l’observation suivante qui m'a été communiquée par mon respectable collègue, le brave et habile marin, le séna- teur et vice-amira]l Pléville-le-Peley. Le fait qu’il a remarqué est d’autant plus curieux, qu'il peut jeter un grand jour sur l’engour- dissement que les poissons peuvent éprouver pendant le froid, et dont nous avons parlé dans notre premier discours. Ce général nous apprend , dans une note manuscrite qu'il a bien voulu me remettre, qu'il a vérifié avec soin les faits qu’elle contient , le long des côtes du Groenland , dans la baie d'Hud- son , auprès des rivages de T'erre-Neuve, à l'époque où les mers commencent à y être navigables , c’est-à-dire, vers le tiers du printems. On voit dans ces contrées boréales, nous écrit le vice-amiral Pléville, des enfon- cemens de la mer dans les terres, nommés barachouas , et tellement coupés par de pe- tites pointes qui se croisent que, dans tous les tems, les eaux y sont aussi calmes que dans le plus petit bassin. La profondeur de ces asyles diminue à raison de la proxi- DES SCOMBRES. 361 mité du rivage, et le fond en est générale- ment de vase molle et de plantes marines. C’est dans ce fond vaseux que les maque- reaux cherchent à se cacher pendant lhy- ver, et qu'ils enfoncent leur tête et la partie antérieure de leur corps jusqu’à la longueur d'un décimètre (trois pouces et demi) ou environ, tenant leurs queues élevées verti- calement au dessus du limon. On en trouve des milliers enterrés ainsi à demi dans chaque barachoua, hérissant, pour ainsi dire , de leurs queues redressées le fond de ces bassins, au point que des marins, les apercevant pour la première fois auprès de la côte, ont craint d'approcher du rivage dans leur chaloupe, de peur de la briser contre une sorte particulière de banc ou d’écueil. Pléville ne doute pas que la sur- face des eaux de ces barachouas ne soif gelée pendañt l’hyver, et que l'épaisseur de cette croûte de glace , ainsi que celle de la couche de neige qui s’amoncelle au dessus, ne tempèrent beaucoup les effets de la rigueur de la saison sur les maquereaux enfouis à demi au dessous de cette double couverture, et ne contribuent à conserver la vie de ces animaux. Ce n’est que vers juillet que ces poissons reprennent une 362 - 2H TS TOËÈRE partie de leur activité, sortent de leurs trous, s’'élancent dans les flots, et parcourent les grands rivages. Il semble même que la stupeur où lengourdissement dans lequel ils doivent avoir été plongés pendant les très-grands froids, ne se dissipe que par dé- grés : leurs sens paroissent très-affoiblis pen- dant une vingtaine de jours; leur vue est alors si débile qu’on les croit aveugles, et qu’on les prend facilement au filet. Après ce tems de foiblesse, on est souvent forcé de renoncer à cette dernière manière de les pêcher; les maquereaux, recouvrant entière- ment l'usage de leurs yeux , ne peuvent plus en quelque sorte ètre pris qu’à l’hamecçon : mais, comme ils sont encore très-maigres , et qu'ils se ressentent beaucoup de la longue diète qu'ils ont éprouvée, ils sont très- avides d’appâts, et on en fait une pêche trés-abondante. C’est à peu près à la même époque qu’on recherche ces poissons sur un grand nombre de côtes plus ou moins tempérées de l'Eu- rope occidentale. Ceux qui paroissent sur les rivages de France sont communément parvenus à leur point de perfection en flo- réal et praïrial ( avril et mai }; ils portent lé nom de cherillés, et sont moins estimés DES SCOMBRES. 363 en thermidor et fructidor ( août et sep- tembre ), lorsqu'ils ont jelé leur laite ou leurs œufs. | C’est parmi les rochers que les femelles aiment à déposer leurs œufs; et comme chacun de ces individus en renferme plu- sieurs centaines de mille, il n’est pas sur- prenant que les maquereaux forment des légions très-nombreuses. Lorsqu'on en prend une trop grande quantité pour la consom- mation des pays voisins du lieu de la pêche, on prépare ceux que l’on veut conserver long - tems et envoyer à de grandes dis- : tances, en les vuidant, ‘et en les mettant dans du sel, et en les entassant ensuite, comme des harengs, dans des barils. La chair des maquereaux étant grasse et fondante , les anciens l’exprimoient , pour ainsi dire, de manière à former une sorte de substance liquide ou de préparation par- ticuliére , à laquelle on donnoit le nom de garum. Pline dit (1) combien ce garum étoit recherché non seulement comme un assai- sonnement agréable de plusieurs mets, mais encore comme un remède efficace contre a (Q) Hist. mundi , lib. 31, cap. 5. 304 HISTOIRE plusieurs maladies. On obtenoit du garum; dans le tems de Belon et dans plusieurs endroits voisins des côtes de la Méditerra- née, en se servant des intestins des maque- reaux; et on en faisoit une grande consom- mation à Constantinople ainsi qu'a Rome, où ceux qui en vendoient étoient nommés piscigaroles. C'est par une suite de cette nature de leur chair grasse et huileuse que les ma- quereaux sont comptés parmi les poissons qui jouissent le plus de la faculté de ré- pandre de la lumière dans les ténèbres (1). Ils luisent dans lobscurité , lors même qu'ils sont tirés hors de l’eau depuis très- peu de tems ; et on lit dans les Transac- tions philosoph. de Londres, année 1666, pag. 116, qu’un cuisinier , en remuant de l'eau dans laquelle il avoit fait cuire quel- ques - uns de ces scombres, vit que ces poissons rayonnoient vivement, et que l’eau devenoit très-lumineuse. On apercevoit une lueur phosphorique par-tout où on laissoit tomber des gouttes de cette eau, après l'avoir agitée. Des enfans s'amusèrent à (1) Voyez la partie du Discours préliminaire rela- tive à la phosphorescence des poissons. DES SCOMBRES. 365 transporter de ces gouttes qui ressembloient à autant de petits disques lumineux. On observa encore le lendemain, que, lors- qu'on imprimoit à l’eau un mouvement circulaire rapide , elle jetoit une lumiére comparable à la clarté de la lune : cette lumière égaloit l’éclat de la flamme, lorsque la vitesse du mouvement de l’eau étoit très- accélérée, et des jets lumineux très-brillane sortoient alors du gosier et de plusieurs autres parties des maquereaux. Mais, avant de terminer cet article, mon- trons avec précision les formes du poisson dont nous venons d'indiquer les principales habitudes. En général, le maquereau a la tête alon- gée, l'ouverture de la bouche assez grande, la langue lisse, pointue, et un peu libre dans ses mouvemens ; le palais garni dans son contour de dents petites, aiguës, et semblables à celles dont les deux mâchoires sont hérissées; la mâchoire inférieure un peu plus longue que la supérieure, Ja nuque large ; l’ouverture des branchies étendue , un opercule comiposé de trois pièces ; le tronc comprimé ; la ligne latérale voisine du dos, dont elle suit la courbure ; Fanus plus rapproché de la tête que de la queue; 366. LISE. O0) E R°E les nageoires petites, et celle de la queue fourchue (1). T'elles sont les formes principales du scombre dont nous écrivons lhistoire : ses couleurs ne sont pas tout à fait aussi cons- tantes. y Le plus fréquemment, lorsqu'on voit ce poisson nager entre deux eaux, et présenter au travers de la couche fluide qui ie vernit, pour ainsi dire, toutes les nuances qu'il peut devoir à la rapidité de ses mouvemens et à la prompte et entière circulation des liquides qu’il recèle, il paroît d’une couleur de soufre, ou plutôt on le croiroit plus ou moins doré sur le dos : mais, lorsqu'il est hors de l’eau, sa partie supérieure n'offre qu'une couleur noirâtre ondulée de bleu; de grandes taches transversales , et d’une nuance bleuâtre sujette à varier, s'étendent de chaque côté du corps et de la queue, dont la partie inférieure est argentée, ainsi que l'iris et les opercules des ‘branchies : (1) A la première nageoire dorsale . 12 rayons.! A la séconde tr ii) Pre tan TAN À chacune des pectorales. . . . . 20 À chacune des thoracines ... . . 6 A'celEME Tamuss dt SRE À tele/de M'gueue’ 4 0 So DES SCOMBRES. 567 presque toutes les nageoires sont grises ou blanchâtres. | Plusieurs individus ne présentent pas de grandes taches latérales : ils forment une variété à laquelle on a donné le nom de marchais dans plusieurs pêcheries fran- çaises , et qui est communément moins estimée pour la table que les maquereaux ordinaires. | Au reste, toutes ces couleurs ou nuances sont produites où modifiées par des écailles petites, minces et molles. Ajoutons que les vertèbres des scombres que nous décrivons sont grandes, et au nombre de. trente ou trente-une, et que Ton compte dans chacun des côtés de l’épine dorsale onze ou douze côtes attachées aux vertèbres par des cartilages. *. On peut voir par les détails dans lesquels nous venons d'entrer, que ni les formes ni les armes des maquereaux ne les rendent pas plus dangereux, que leur taille, pour les autres habitans des mers. Cependant, ‘comme leurs appétits sont très-violens, et que leur nombre leur inspire peut - être une sorte de confiance, ils sont voraces et même hardis : ils attaquent souvent des poissons plus gros et plus forts qu'eux ; et - 368 HISTOIRE on les a même vus quelquefois se jeter avec une audace aveugle sur des pêcheurs qui vouloient les saisir, ou qui se baignoient dans les eaux de la mer. Mais , s’ils cherchent à faire beaucoup de victimes, ils sont perpétuellement entourés de nombreux ennemis. Les grands habi- tans des mers les dévorent; et des poissons en apparence assez foibles, tels que les murènes et les murénophis, les combaîitent avec avantage. Nous ne pouvons donc écrire presque aucune page de cette Histoire sans parler d'attaques et de défenses , de proie et de dévastateurs, d'actions et de réactions redoutables, d'armes, de sang, de carnage et de mort. Triste et horrible condition de tant de milliers d'espèces condamnées à ne subsister que par la destruction , à ne vivre que pour être immolées ou prévenir leurs tyrans, à n’exister qu'au milieu des angoisses du foible, des agitations du plus fort, des embarras de la fuite, des fatigues de la recherche, du trouble des combats, de la douleur des blessures, des inquiétudes de la victoire, des tourmens de la défaite ! Combien tous ces affreux malheurs se se- roient sur - tout accumulés sur la foible espèce humaine, si la sensibilité éclairée par DES SCOMBRES. 369 par fintelligence , et l'intelligence animée par la sensibilité, n’avoient pas, par un heureux accord, fait naître la société, la civilisation, la science, la vertu ! Et com- bien ils pèseront encore sur sa tête infor- tuée, jusqu'au moment où la lumiére du génie, plus généralement répandue, éclai- rera un plus grand nombre d'hommes sur leurs véritables intérêts , et dissipera les illusions de leurs passions aveugles et fu- nestes ! L C'est au maquereau que nous croyons devoir rapporter le scombre qu’Aristote , Athénée , Aldrovande , Gesner et Wil- lughby ont désigné par le nom de colias (1), que l’on pêche près des côtes de la Sar- daigne , qui est souvent plus petit que le maquereau, qui en diffère quelquefois par (x) Scomber colias. Lin. édit. de Gmelin. Kolias. Aristot. Hist. anim. V, 9; VIII, 15, et IX , 2. — Athenœus, Deipnosoph. IIT, 116, 120; VII , 321. Colias. Aldrov. Pisc. p. 274. — Gesn. Aquat. p. 256. — Willughby, Ichth. p. 182. Lacertus. Klein, Miss. pisc. 5 , p. 122. Scomber lwtè viridis et azureus, Cetti, Pesce e anf, di Sard. p. 196. Poiss. Tome VIL A. a ea 590 HISTOIRE les nuances qu'il offre, puisque , suivant le naturaliste Cetti, il présente un verd gai mêlé à de lazur, mais qui d’ailleurs a les plus grands rapports avec le poisson que nous venons de décrire. Le professeur Gmelin lui-même, en linscrivant à la suite du maquereau , demande sil ne faut pas le considérer comme ce dernier scombre encore jeune. Au reste, quelques auteurs, et particu- lièrement Rondelet (1), ont appliqué cette dénominalion de colias à d’autres scombres que l’on nomme coguoils auprès de Mar- seille, qui habitent dans la Méditerranée, qui s’y plaisent sur-tout, dans le voisinage des côtes d’Espagne, qui sont plus grands et plus épais que le maquereau ordinaire, et que néanmoins Rondelet regarde comme n'étant qu'une variété de ce dernier pois- son, avec lequel on le confond en effet très-souvent. Peut - être est-ce plulôt aux coguoils qu'aux maquereaux verds et bleus de Cetti, qu'il faut rapporter les passages des anciens naturalistes, et principalement celui d’Athé- née que nous venons de citer. (1) Rondelet, première partie, lib. 8, chap. 8. DES SCOMBRES. 3 Quoi qu'il en soit, les coguoils ont la chair plus gluante et moins agréable que le maquereau ordinaire. Ils sont couverts d’écailles petites et tendres : une partie de leur tête est si transparente, qu’on distin- gue , Comme au travers d’un verre , les nerfs qui du cerveau aboutissent aux deux organes de la vue. Rondelet ajoute que, vers le printems, ils jettent du sang aussi resplen- dissant que la liqueur de la pourpre. Ce fait nous rappelle un phénomène analogue , qui nous a élé attesté par un voyageur digne d'estime , et sur lequel nous croyons utile d'appeler lattention des observaleurs. Charvet nra instruit, par deux letires, datées de Serrières, dans le Vivarais, l’une le 19 vindémiaire ( octobre ), l’autre le 16 brumaire ( novembre )} de l'an IV de la république française , qu’en 1776 il étoit occupé dans l’île de la Guadeloupe, ‘non seulement à faire une collection de dessins coloriés de plantes, qu'il destinoit pour lé jardin et le cabinet d'histoire nàturelle de Paris , et qui furent entièrement détruits par le fameux ouragan de seplembre de celte même année 1776, mais encore à terminer avec beaucoup de-soïin des des- A a 2 372 EESTI ON BR EF sins de différentes espèces de poissons pour M. Baïbotteau, habitant du Port - Louis, connu par un ouvrage intéressant sur les fourmis , et correspondant de Duhamel, qui publia plusieurs de ces dessins ichthyolo- giques dans le Traité général des pêches. Les liaisons de Charvet avec les caraïbes, chez lesquels il trouvoit de l’ombrage et du repos lorsqu'il étoit faügué de parcourir les rochers et les profondeurs des anses, lui procurèrent, de la part des insulaires, des poissons assez rares. Ces caraïbes le diri- gérent, dans une de ses courses, vers une partie des rivages de l'ile, sauvage, pitto- resque et mélancolique, appelée Porte d'en- fer. Ce fut auprès de cette côte qu’il trouva un poisson dont 1l m'a envoyé un dessin colorié. Cet animal avoit l'air si famulier et si peu eflrayé des mouvemens de Charvet, qui se baignoit, que cet artiste fut tenté de le saisir. À peine le tenoit-il, qu'une fente placée sur le dos du poisson s’entr'ouvrit, et qu'il en sortit une liqueur d’un pourpre vif, assez abondante pour teindre l’eau environnante, en troubler la transparence, et donner à l'animal la facilité de s’échap- per, au moment où l’étonnement de Char- vet .l’'empécha de retenir le poisson qu'il DES SCOMBRES. 373 avoit dans les maius. Cet artiste cependant prit de nouveau le poisson , qui répandit une seconde fois sa liqueur; mais ce fluide étoit bien moins coloré et bien moins abon- dant qu’au premier jet, et cessa de couler, quoique lanimal continuât d'ouvrir et de fermer la fente dorsale, comme pour obéir à une grande irritation. Le poisson , rendu à la liberté, ne parut pas très-affoibli. Un second individu de la même espèce, placé promptement sur une feuille de papier, la teignit de la même manière qu’une eau fortement colorée avec de la laque; néan- moins, aprés trois Jours, la tache rouge éloit devenue jaune. Des affaires impré- vues, une maladie grave, les suites funestes du terrible ouragan de septembre 1776, et l'obligation soudaine de repartir pour l'Eu- rope , empéchérent Charvet de dessiner et même de décrire, pendant qu'il étoit en- core à la Guadeloupe, le poisson à liqueur pourprée : mais sa mémoire , fortement frappée des traits, de lallure et de la pro- priélé de cet animal, lui a donné la facilité de faire en France une description et un dessin colorié de ce poisson, qu'il a eu la bonté de me faire parvenir. Aa 3 374 HISTOIRE Les individus vus par ce voyageur avoient un peu plus de deux décimètres de lon- gueur ( sept pouces environ ). Leurs na- geoires pectorales étoient assez grandes. La nageoire dorsale étoit composée de deux porlions longitudinales , charnues à leur base, terminées dans le haut par des fila- mens qui les faisoient paroître frangées, eb appliquées l’une contre Fautre de manière à ne former qu’un seul tout, lorsque l’ani- mal vouloit tenir fermée la fente propre à laisser échapper la liqueur rouge ou vio- lette. Cette fente, située à l’origine et au milieu de ces deux portions longitudinales de la nageoire dorsale, ne paroissoit pas s'étendre vers la queue aussi loin que cette même nageoire; mais le fluide coloré, en sortant par cette ouverture, suivoit toute la longueur de la nageoire du dos, et obéissoit à ses ondulations. La peau étoif visqueuse, couverte d’écailles petites et fortément adhérentes. La couleur d'un gris blanc plus ou moins clair faisoit ressortir un grand nombre de petits points jaunes, bleus, bruns, ou d’autres nuances. E/ensemble des formes de ces poissons, et les teintes qu’ils présentoient, étoient agréables à la vue. Ils se nourrissoient de petits mol- DES SCOMBRES. 375 / lusques et de vers marins, qu’ils cherchoient avec beaucoup de soin parmi les pierres du fond de l’eau, sans se détourner ni discon- Unuer leurs petites manœuvres avant l’ins- tant où on vouloit les saisir: et la contraction qu'ils éprouvoient, lorsqu'ils faisoient jaillir leur liqueur pourprée, étoit apparente dans toute la longueur de leur corps, mais prin- cipalement vers l'insertion des nageoires pectorales. Ces teintüriers de la Guadeloupe, car c'est ainsi que les nomme Charvet, cher- chent un asyle lorsque la tempête com- mence à bouleverser les flots : sans cette précaution, ils résisteroient d'autant moins aux agilations de la mer et aux secousses des vagues impétueuses qui les briseroient contre les rochers, que leurs écailles sont fort tendres, leurs muscles très-délicats, et leurs tégumens de nature à se rider bientôt aprés leur mort. Ces faits ne suffisent pas pour déterminer l'espèce ni le genre, ni même l’ordre de ces poissons. Plusieurs motifs doivent donc en- sager les naturalistes, qui parcourent les rivages de la Guadeloupe, à chercher des individus de l'espèce observée par Charvet, à reconnoiître leur conformation, à exa- Aa 4 376 HISTOIRE miner leurs habitudes , à constater leurs propriétés (1). (1) Je rapporterai ici un précis des observations des principaux voyageurs au sujet des maquereaux. Quelque abrégé que soit ce tableau , il ne peut man- quer d’intéresser; c’est le fruit de mes recherches; aucun auteur ne l’a encore présenté. En commençant par le nord de notre globe, M. Fabricius nous apprend que les maquereaux sont abondans sur les côtes de la Norvège. (Voyage en Norvège, Introduct. pag. 41.) Le même auteur ajoute que les maquercaux y pourroient être plus utiles, si les habitans du nord n’avoient pas de l’aver- sion pour les poissons, parce qu’ils surprennent et dévorent les matelots qui nagent ou qui se baignent. Ce fait est confirmé par Pontoppidan (Hist.de Norvège); 1l raconte qu'un matelot, se baignant dans le port de Larcule en Norvège, vit disparoître tout à coup un de ses compagnons, ét quelques minutes après le retrouva mort , le corps déchiré et couvert d’une grande quantité de maquereaux acharnés sur son cadavre. M. Danz, facteur de la cour de Prusse, a rapporté au docteur Bloch , que , pendant son séjour en Norvège, on avoit pêché deux malheureux dans le corps desquels on avoit trouvé des maquereaux. (Bloch, Histoire naturelle des poissons, genre 42, article du maquereau.) Anderson avoit dit que les maquereanx côtoyoient Plslande ( Voyage en Islande) ; mais Horrebows, Voyageur dans la même île, et critique un peu DES SCOMBRES. 377 austère d’Anderson, assure que celui-ci a été trompé, et que le maquereau est absolument inconnu aux islandais , et de fait et de nom. (Nouvelle descrip- tion de l'Islande, traduction française , tome I, page 301.) Les habitans des îles Sorlingues on de Scilly, prennent dans la saison une grande quantité de maquereaux. {Description de Scilly , par Guillaume Borlase. ) Sur les côtes de la Crimée, l’on prend des quantités considérables de maquereaux , que l’on sale dans des tonneaux pour n'être mangés qu’au bout d’une année, comme étant l’époque à laquelle, selon les peuples de ces contrées, ils ont un goût parfait. ( Pallas, Nouveau voyage an midi de la Russie, traduct. franç. tom. II, pag. 408.) Le maquereau est un des poissons les plus recher- chés et les plus communs de la mer de Constan- tinople. La pêche la plus usitée aux environs de la capitale de l'empire ottoman, consiste à élever dans les endroits que l’on sait être fréquentés par Îles poissons à demeure on par ceux de passage , un écha- faud en forme d’X, sur le sommet duquel un homme se place pour observer ie moment où le filet, tendu au pied , est plein de poissons: au signal qu’il fait, le filet est tiré et le poisson se trouve pris. (Olivier, Voyage dans l’empire ottoman, etc. tome I, in-4°, page 77.) En Dalmatie la pêche la plus riche, principalement sur les côtes de Primorie , est celle des maquereaux et des sardines. Les pêcheurs de ce pays prétendent 578 HISTOIRE avoir observé que les grands éssaims de ces deux espèces de poissons viennent du nmulieu du golfe, et se répandent alors par le canal de Primorie pour chercher leur pâture ; ils disent encore que la nour- riture que ces poissons aiment le plus sont différentes espèces d’orties marines, nommées dans le langage des pêcheurs klobuci , ou chapeaux, qui, chassées par les vents, nagent vers le rivage. Les sardines et les maquereaux les poursuivent, parce qu'ils en sont fort friands , comme de toutes les espèces d'animaux gélatineux , dont on trouve souvent une grande va- rièlé dans les filets, mais qu’on ne peut pas observer, puisque hors de l’eau ils se décomposent ct tombent en déliquescence. Ces poissons de passage aiment en- core à se nourrir d’un insecte appelé morska buha, ou puce de mer, qui ressemble à l’oniscus asellus de Linnæus , et dont on voit nager des essaims dans les eaux : il en est de même d’une espèce de scolopendre, longue d’un pouce et demi , et connue des pêcheurs sous le nom générique de glistine , ou vers, el de quelques - uns sous le nom particulier de géistine stonoghe, ou de vers à cent pieds. Ces pauvres insectes répandent, de nuit et dans l’eau tranquille, une lumière blanche fort vive ; qui cause leur perte. Pendant les nuits obscures de l'été, M. l’abbé Fortis en a vu sou- vent se promener dans les bas-fonds. ( Voyage en Dalmatie , tome II, pag. 173.) Suivant l'observation de Dampier , les maquereanx d’Espagne ont la même figure et la même couleur que les nôtres; mais ils sont beaucoup plus gros, puisqu'ils ont trois pieds ou trois pieds et demi de long , et neuf ou dix pouces de circonférence, On estime en général DESYSCOMBRES %4 ce poisson, et il passe pour être excellent. (Voyage autour du monde , tome TITI, pag. 519.) L'une des choses qui contribuent à rendre riche et florissante la ville de Carthagène , le meilleur port de toute l'Espagne, est la pêche des maquereaux que Von fait vers une île vis-à-vis du port. ( Voyage de Marseille à Lima , par le sieur D. pag. 49.) Si l’on rentre dans la mer Atlantique, l’on retrouve les maquereaux en aussi grande abondance. Au mois d'avril, le célèbre naturaliste Adanson, dans une relâche à Sainte - Croix , l’une des Acçores, vit ces poissons en si grande quantité, qu’il sembloit que tous ceux de la mer voisine s’y étoient rendus. On n’avoit qu’à jeter la ligne , l’on étoit sûr d’en retirer un maquerean, souvent même sans le secours de Vamorce. Mais le maquereau des Canaries n’est pas tout à fait le même que celui dn Nord. « Il est moins large, dit Adanson, et plus petit, quoique fort alongé: sa peau est d’un bleu foncé sur le dos, argentée sous le ventre, et agréablement marbrée. Sa chair est blanche et ferme, un peu sèche à la vérité; mais quoique inférieure au maquereau d'Europe, elle re laisse pas d’être d’un bon goût ». (Voyage au Sénégal , pag. 6 et 7.) À la suite des mauvais tems, l’on voit quelquefois dans la baie du cap de Bonne-Espérance de grands bancs de maquereaux.(Barrow, Voyage dans la partie méridionale de PAfrique , traduct. française, tom. T, pag. Do.) Vieillot, que j'ai cité plusieurs fois dans l’histoire des oiseaux , n’a appris qu’à la nouvelle Angleterre, 380 TS POLR À sur la côte d'Halifax , l’on prend une multitude de maquereaux d’une belle grandeur ; ces poissons y sont si communs au mois de septembre , qu’on les vend à très-bas prix; l’on en a ordinairement un de deux pieds de long pour trois sous de notre monnoie, Enfin les maquereaux sont également répandus dans les mers Australes. On en pêche une quantité incroyable à la côte de la nouvelle Zélande; ils sont plus gros que ceux des côtes de France , mais très- bons ( Nouveau voyage à la mer du Sud, par Marion, pag. 167 ); et les habitans d’une des îles récemment découvertes dans cette même mer Australe, par l’equi- page de l’'Endeavour , l’un des vaisseaux de l’ex- pédition du capitaine Cook, prennent beaucoup de poissons, dont la plus grande partie est de l’espèce du maquereau. ( Voyage de Parkinson autour da monde , tome I de la traduction française, pag. 170.) SONNINI. DES SCOMBRES. 381 a — ES = TR LE SCOMBRE JAPONAIS (1) (2), PAR LACÉPÉDE. DT KTEÈM:E" Ets P'EICUR Cx scombre n’est peut-être qu’une variété du maquereau, ainsi que l’a soupçonné le professeur Gmelin. Nous ne Ven séparons que pour nous conformer à l’opinion de plusieurs naturalistes, en annonçant aux voyageurs notre doute à cet égard, et en les invitant à le résoudre par des obser- vations. Ce poisson vit dans la mer du Japon. Sa longueur n’est quelquefois que de deux (1) Scomber japonicus. Idem. Lin. édit. de Gmelin. Scomber cærulescens | pinnulis quinque spuriis. Houttuyn, Act. Haarl. 20,2, p.331 ,n° 18. Scombre du Japon. Bonaterre , pl. de l’Enc. méth. (2) Scomber cærulescens , pinnulis quinque spu- riis.... scomber japonicus. Lan. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 170, SP. 12. — Artedi, Gen. pisc. nov. gen. 25, n° 27. additament. species adhuc dubiæ. SONNINI 882 PAS 00 FE RE décimètres ( sept pouces environ ); ses mà- choires sont hérissées de petites dents ; sa couleur générale est d’un bleu clair ; sa iête brille de la couleur de largent ; ses écailles sont très-pelites, et l’on a comparé l'ensemble de sa conformation à celle du hareng (1). Houituyn l’a fait connoître. (1) A chacune des deux nageoires dorsdiésA CL SHIRTS 6" ravans: À chacune des pectorales. . . . 18 À chacune des thoracines. . . . : 6 A ceHe) del anus. ia A UE NTI A celle de:la queue 4, 42 20 DES SCOMBRES. 383 Un LE SCOMBRE DORÉ (i)(2), PAR LACÉPEUT ONZIÈME ESPÈCE. Le nom de ce poisson annonce la riche parure que la Nature lui a accordée, et la couleur éclatante dont il est revêtu. Il est en effet resplendissant d’or sur une trés- grande partie de sa surface, et particuliè- rement sur son dos. Peut-être n'est-il qu’une variété du maquereau. Le professeur Gmelin a témoigné de l'incertitude au sujet de les- pèce de ce scombre, aussi bien qu’à l'égard de celle du japonais. Le doré s'éloigne cependant du maquereau beaucoup plus que ce japonais, non seulement par ses (1) Scomber aureus. Idem. Houttuyan , Act. Haarl. 20 , 2, p.551, n° 19; Scomber auratus. Lin. édit. de Gmelin. Scombre doré. Bonaterre, pl. de l'Encycl. méth. (2) Scomber aureus, pinnulis spurtis quinque...., scomber auratus, Lin. Syst. nat.edit. Gmel. gen, 170, sp. 13. — Artedi, Gen. pisc. nov. gen. 25, n° 27. additament. species adhuc dubic. SONNINI. 584 HA SIT ON R:E nuances, mais encore par quelques détails de sa conformation, et notamment par le nombre des rayons de ses nageoires. Quoi qu’il en soit, on trouve le doré dans les mers voisines du Japon, ainsi qu’on y voit le scombre précédent ; et il à été égale- ment découvert par Houttuyn. Il n’a au dessus et au dessous de la queue que cinq petites nageoires comme le japo- nais et le maquereau; et on ne compte que six rayons à sa nageoire de l’anus (1). Nous avons trouvé dans un des manus- crits de Plumuer , déposés à la bibliothèque nationale , la figure d’un scombre nommé, par ce naturaliste, érés-pelit scombre d’4mé- rique (scomber minimus americanus ), et qui tient, à beaucoup d’égards, le milieu entre le doré et le maquereau. Des raies ondulent en divers sens sur le dos de ce poisson. Il n’a que cinq petites nageoires au dessus et au dessous de la queue, onze rayons à la première dorsale, neuf à la seconde, et cinq à la nageoire de l'anus. (1) À la première nageoire dorsale. .: 9 rayons. À chacune des pectorales. . . . . 18 A'chacune des thoracmes .,: .:.,, 6 À celle l'anus) a" de ART EG LE DES SCOMBRES. 585 LE SCOMBRE ALBACORE (TS PAR LACÉPÉDE. DOUZIÈME ESPÈCE. Lx nom d'a/bacore ow d’albicore a été donné, ainsi que ceux de germon, de thazard, et de Conite ou pélamide, à plu- sieurs espèces de scombres; ce qui n’a pas jeté peu de confusion dans l'histoire de ces animaux. Nous lappliquons exclusivement, pour éviler toute équivoque, à un poisson de la famille dont nous traitons, et dont Sloane a fait mention dans son Histoire de Ja Jamaïque. Ce scombre , qui habite us le bassin des Antilles, est couvert de petites écailles. L'individu décrit par Sloane avoit seize décimètres ( quatre pieds dix pouces) de longueur, et un mètre (trois pieds ) de cir- (1) Scomber albacorus. Sloane , Hist. nat. of Jamaïc. vol. IT, p.11. Scombre albacore. Bonaterre , pl. de l’'Enc. méth. Scomber albacares. Id. ibid. Poiss. Tome VIT. BP 986 HEISTOTRE conférence à l’endroit le plus gros du corps: Ses mâchoires , longues de deux décimètres (sept pouces), ou environ, étoient garnies chacune d’une rangée de dents courtes et aiguës. On pouvoit voir, au dessus des oper- cules , deux arêtes cachées en partie sous une peau luisanie. On comptioit, au dessus et au dessous de la queue, plusieurs petites nageoires séparées l’une de l’autre par un intervalle de cinq centiniètres ( vingt-deux lignes ) ou à peu. près. La nageoire de l'anus se terminoit en poiute, et avoit trente-deux centimètres (près d’un pied) de long et huit centimètres (trois pouces) de haut, Celle de la queue étoit en croissant. Les deux saillies latérales et longitudinales de la queue avoient plus de deux centimètres ( neuf lignes) d’élévation. Plusieurs parties de Ia surface de lanimal. étoient blanches, les autres d’une couleur foncée. DES SCOMBEROIDES. 587 SOIXANTE-UNIÈME GENRE. PAR LACÉPÉDE. LES SCOMBÉROIDES. D: petites nageoires au dessus et ou des- sous de la queue ; une seule nageoire dorsale ; plusieurs aiguiilons au devant de la nageoire du dos. PREMIÉRE. ES PÉÈ C EF. LE SCOMBÉROÏDE NOEL : scomberoïdes Noelüi, — Dix petites nageoires au dessus et quatorze au dessous de la queue ; sept aiguillons recourbés au devant de la nageoire du dos. s! BC ON;:-DE, Æ SR É,C,F. LE SCOMBÉROÏDE COMMERSONNIEN ; sCOm- Geroides commersonnianus. — Douze petiles nageoires au dessus et au dessous de la queue; six aiguillons au devant de la na- geoire du dos. TROISIÈME ESPÈCE. LE SCOMBÉROÏDE SAUTEUR ; scomberoïdes saltator. — Sept petites nageoires au dessus et huit au dessous de la queue ; quatre aiguil- Jons au devant de la nageoire du dos. Bb 2 385 HISTOIRE LE SCOMBÉROIDE NOEL (1), PAR LACÉPÉÈDE. PREMIÉR.E. ES PÉ CE, À vucuxr des espèces que nous avons cru devoir comprendre dans le genre dont nous allons nous occuper , n’est encore connue des naturalistes (2). Nous avons donné à la famille qu'elles composent le nom de scormberoide , pour désigner les rapports qui la lient avec les scombres. Elle tient, à quelques égards, le milieu entre ces scom- bres , auxquels elle ressemble par les petites nageoires qu’elle montre au dessus et au dessous de la queue, et entre les gasté- rosiées , dont elle se rapproche par la série d'aiguillons qui tiennent lieu d’une première nagseoire dorsale. Nous nommons scombéroïde noël la pre- mière des trois espèces que nous avons inscrites dans ce genre, pour donner une marque solenmelle de reconnoissance et d'estime à Noël, de Rouen, qui mérite si (1) Scomberoïdes Noelii. (2) Le scombre sauteur, troisième espèce des scom- béroïdes de Lacépède, a été décrit par le docteur Bloch. Sonnini. DES SCOMBEROIDES. 58q bien chaque jour les remercimens des na- turalistes par ses travaux , et dont les obser- valions exactes ont enrichi tant de pages de l’histoire que nous écrivons. Nous lavons décrite d'après un individu desséché et bien conservé, qui faisoit partie de la collection cédée à la France par la Hollande, et envoyée. au museum d'his- ioire naturelle. | Ce poisson avoit dix petites nageoires au dessus de la queue, et quatorze au dessous de cette même partie. Sépt aiguillons re- courbés en arrière, et placés longitudinale- ment au delà de la nuque, tenoient lieu de première nageoire du dos; deux aiguillons paroiïssoient au devant de Ià nageoire de l'anus. Six taches ou petites bandes trans- versales s’étendoient de chaque côté de l'animal, et lui donnoïent, ainsi que l’en- semble de si conformation, beaucoup de ressemblance avec le maquereau. La na- geoire de la queue étoit fourchue (1). (1) À la nageoire dorsale . . . . . Q rayons. À chacuné des pectorales . . . . 18 | 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés à cha- cune des thoracines. cl À ‘la nageoire de l'anus . ", "2 56 A'céllé dé’ la queue. "P#} Fois 300 HISTOIRE LE SCOMBÉROIDE COMMERSONNIEN (), PAR LACÉPÉDE. SECONDE ESPÈCE. C E scombéroïde, que nous avons décrit d’après Commerson, est un poisson d'un grand volume. Sa, hauteur et son épais- seur, assez grandes relativement à sa lon- gueur , doivent lui donner un poids consi- dérable. On voit, à la place d’une première nageoire dorsale , six aigsuillons recourbés, pointus et très-sépares l’un de l'autre. On compte douze peliies nageoires au dessus et au. dessous de la queue (2). La nageoire (1) Scomberoides commer SOnniAnus. Scomber pinnulis dorsi et ani duoëecim cireiter vix distinctis , spinis in anteriore dorso sex discretis, ponè anum duabus ; — vel maculis orbicularibus suprà lineam lateralem utrinque sex ad octo , cæruleis, Commerson, manuscrits déjà cités. (2) Ce nombre douze est: expressément indiqué dans la description manuscrite de Comanerson , à DES SCOMBEROIDES. 3qt eaudale est très -fourchue. Deux aiguillons très - distincts sont placés au devant de la nageoire de l'anus; chaque opercule est composé de deux pièces. Les deux mâchoires sont garnies de dents égales et aiguës : lin- férieure est plus avancée que la supérieure. De chaque côté du dos paroissent des taches d’une nuance très - foncée, rondes, ordinairement au nombre de huit, et iné- gales en surface ; la plus grande est le plus souvent située au dessous de la nageoire dorsale, et le diamètre des autres est d’autaut plus petit qu’elles sont plus rapprochées de Ja tête ou de la queue. Les nageoires pec- torales ne sont guère plus étendues que les thoracines. On trouve le commersounien dans la mer voisine du fort Dauphin de lile de Madagascar. laguelle nous avons dû conformer notre texte , plutôt qu’au dessin que ce naturaliste a laissé dans ses papiers, et d’après lequel on attribueroit au scombéroïde que nous faisons connoître , dix petites nageoires supé- rieures , et treize petites nageoires inférieures. Bb 4 5q2 HISTOIRE LE SA VAR RL) LE SCOMBÉROIDE. SAUTEUR (2); PAR: LACÉPÈÉDE. TROSIÈME ESPÈCE. N ous avons trouvé dans les manuscrits de Plumier , que l’on conserve dans la bibliothèque nationale , un dessin de ce poisson. Ce naturaliste le nommoit petite pélamide ou petite bonite, vulgairement le sauteur. Nous avons conservé au scombé- roïde que nous décrivons ce nom distinctif ou spécifique de sauteur, parce qu’il indique la faculté de s’élancer au dessus de la sur- (1) Le sauteur. En anglais, jumper. En allemand, springer. Le sauteur. Bloch , Histoire naturelle des poissons, genre 42, fig. pl. CCCxxxv. SONNINI. (>) Scomberoïdes saltator. Pelamis minima, vulgd sauteur. ( Plumier , manus- crits déposés à la Bibliothèque nationale. ) DES SCOMBEROIDES. 303 face des eaux, et par conséquent une partie intéressante de ses habitudes. Cet animal a sept petites nageoires au dessus de la queue, et huit autres nageoires analogues sont placées au dessous. La der- nière de ces petites nageoires, tant des su périeures que des inférieures, est très- “longue et faite en forme de faux. La ligne latérale est un peu ondulée dans tout son cours : elle descend d’ailleurs vers le ventre, lorsqu'elle est parvenue à peu près au dessus desnageoires pectorales. Deux aiguillons réunis par une membrane sont situés au devant de la nageoire de l'anus. Deux lames composent chaque opercule. La mâchoire inférieure s’avance au delà de la supérieure. On compte neuf rayons à la nageoire du dos et à chacune des pecto- rales (1). Cette nageoire dorsale et celle de l'anus sont conformées de manière à repré- senter une faux. Au lieu d’une prennère nageoire du dos, on voit quatre aiguillons forts et recourbés qui ne sont pas réunis par une membrane commune de manière à composer une véritable nageoire, mais qui, QU ue M RE en hi EN NO ASS (1) À chacune des thoracines. . . . 7 rayons. A la nageoire de Janus . . . . . 13 295 …: (HISTOIRE étant garnis chacun d’une petite membrané triangulaire qui les retient et les empêche d'être inclinés vers la tête, donnent à l’ani- mal un nouveau rapport avec les scombr es proprement dits (1). (1) Le sauteur se trouve abondamment dans la mer des Antilles; sa chair est aussi bonne que celle du maquereau. Lorsqu'il se sent pris dans les filets, il s'efforce de s'échapper en sautant , d’où lui est venn le nom de sauteur. HORS Eu DES C'ARA NX. 308 SOIXANTE-DEUXIÈME GENRE. PAR LACÉPÈDE. EblS CAR AIN N Divx nageoires dorsales ; point de petites nageoires au dessus ni au dessous de la queue ; les côtés de la queue relevés longitudinalement en carène, ou une pe= tite nageoïire composée de Fr aiguillons et d’une membrane au devant de la na- gcoire de l'anus. PREMIER SOUS-GENRE. Point d’aiguillon isolé entre les deux nageoires dorsales. PREMÉHÈRE,: ESPÈCE. LECARANX TRACHURE; caranx trachurts. — "l'rente-quatre rayons à la seconde na- geoire du dos; trente rayons à la nageoire de l'anus; la ligne latérale garnie de pe- tites plaques dont chacune est armée d’un aiguillon. 506 HISTOIRE SECONDE ESPÈCE. LE CARANX AMIE; caranx amid: — Trente-quatre rayons à la seconde nageoire du dos ; le dernier rayon de celle nageoire irès-long: vingt-quatre rayons à la nageoire de l'anus. TROISIÈME ESPÈCE. LE CARANX QUEUE-JAUNE ; caranx chry= surus. — Vingt-six rayous à la seconde nageoire dorsale ; trente rayons à celle de Panus; de très- petites dents ou point de dents aux mâchoires. QUATRIÈME ESPÈCE. LE CARANX GLAUQUE ; caranx glaucus. — Vingt-six rayons à la seconde nageoire dor- sale; le second rayon de cette nageoire très- Jong ; vingt-cinq rayons à la nageoire de Panus. | | CIN QULFÉMEHSPÉCE. LE CARANX BLANC: caranx albus. — Vingt-cinq rayons à la seconde nageoire du dos ; vingt rayons à celle de l'anus; la queue non carénée latéralement; la couleur gé- nérale blanche; les côtés de la queue et la nagcoire caudale jaunes. DÉS CARANX. 37 SIXIÈME ESPÈCE LE CARANX QUEUE-ROUGE: caranx ery- thrurus. — Vingt-deux rayons à la seconde nageoire du dos ; quarante rayons à celle de Fanus; une tache noire sur la partie posté-" rieure de chaque opercule. SERPTIÈME ESPÈCE. LE CARANX FILAMENTEUX; caranx fila- mentosus. — Vingt-deux rayons à la seconde nageoire du dos ; dix-huit à celle de l'anus: des filamens à la seconde nageoire du dos et à celle de l'anus. HUITIÈME ESPÈCE. LE cARANX DAUBENTON ; caranx Dau- bentonii. — Vingt-deux rayons à la seconde nageoire du dos ; quatorze à celle de l'anus; les deux mâchoires également avancées; la ligne latérale rude, tortueuse et dorée. NEUVIÈME ESPÈCE. LECARANX TRÉS-BEAU ; Caranx Speclosus. Vingt rayons à la seconde nagcoire dorsale ; dix-sept rayons à celle de lanus; un grand nombre de bandes transversales et noires sur un fond couleur d'or. 368 HAS TOURE DIXIÈME E8 PE CE. LE CARANX FASCÉ; caranx fascialus. —< Trente rayons à la seconde dorsale ; dix- neuf à la nageoire de l'anus; plüumieurs bandes transversales , étroites, irrégulières , divisées souvent en deux, et d’une couleur brune. ONZIÈME ESPÈCE. LE CARANX CHLORIS ; caranx chloris. — Vingt-neuf rayons à la seconde nageoire du dos; vingt-huit à celle de lanus; le corps élevé; l'ouverture de la bouche petite; Ja mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure ; la couleur générale d’un jaune verdâtre. DOUZSIÈME ESPÈCE. Lr cCARANX CRUMENOPHTHALME; Caranx crumenophthalmus. — Vingt-huit rayons à la seconde dorsale; vingt-sept à la nageoire de Panus ; une membrane placée verticale- ment de chaque côté de loil et en forme de paupière; la couleur générale d’un bleu argenté. DRE LZMÉÈMENE SPE CE. LE cARANX PLUMIER ; caranx Plumieri. — Vingt-quatre rayons à la seconde na- DES CARANX. 59% geoire du dos; vingt à celle de lanus: les écailles qui recouvrent le corps et la queue grandes et lisses; celles qui garnissent la ligne latérale plus larges et armées chacune d’un piquant tourné vers la caudale; plu- sieurs nageoires jaunes ou couleur d’or. | QUATORZIÈME ÉSPÈCE. LE CARANX KLEIN; caranx Kleinii. — Vingt-trois rayons à la seconde dorsale : vingt-un à la nageoire de l'anus; la mâ- choire inférieure plus avancée que la supé- rieure ; la partie postérieure de la ligne latérale garnie de lames très-larges et armées chacune d’un piquant tourné vers la cau- dale; la couleur générale d’un brun mêlé de violet et d’argenté. SECOND SOUS-GENRE. : Un ou plusieurs aiguillons isolés entre les deux nageoires dorsäles. Q'ÙU L'N2 I È ME ES PL CE. LE CARANX CARANGUE; Caranx CAarangua. — Trois aiguillons garnis chacun d’une pe- tite membrane, et places entre les deux nageoires dorsales; les pectorales alongées jusqu'à la seconde nageoire du dos. 400 HISTOIRE SEIZIÈME ESPÈCE. LE CARANX FERDAU; caranx ferdau. — Vingt-neuf rayons à la seconde nageoire dorsale; vingt-quaire à celle de l'anus; la couleur générale argentée ; des taches dorées; cinq bandes transversales brunes ; un seul aisuillon isolé entre les deux nageoires du dos. DIX-SEPTIÈME ESPÈCE. LE cARANX GÆZ7; caranx gæzz.— Vingt- huit rayons à la seconde nageoire dorsale ; vingt-cinq à celle de l’anus ; une membrane luisante sur celle de la nuque; la couleur générale bleuâtre ; des taches dorées ; un seul aiguillon isolé entre les deux nageoires dorsales. DIX-HUITIÈME ESPÈCE. LE CARANX SANSUN ; CGrQGnX SANSUN. — Vingt-deux rayons à la seconde nageoire du dos; seize à celle de l’anus; les carènes latérales de la queue très-relevées ; la cou- leur générale argentée, éclatante et sans tache; un seul aiguillon isolé entre les deux nageoires du dos. DIX-NEUVIÈME ESPÈCE. LE cARANX KoORAB; caranx Korab. — Vingt rayons à la seconde nageoire dorsale ; dix-sept DES CAR AN x. 401 dix-sept à la nageoire de l'anus : la couleur générale argentée ; le dos bleuâtre : un seul aiguillon isolé entre les deux nageoires du dos. VINGTIÉME ESPÈCE. LE CARANX ROUGE: caranx ruber. — Vingt-huit rayons à la seconde nageoire du dos; vingt-six à celle de l’anus ; les pec- torales alongées jusqu’au dela du commen- cement de l’anale ; les deux mâchoires éga- lement avancées ; deux orifices à chaque marine ; la partie de la ligne latérale, la plus voisine de la caudale, garnie de lames larges et armées chacune d’un piquant tourné en arrière ; la couleur générale rouge; un seul aiguillon isolé eutre les deux nageoires du dos. 1. Tome VII :1AO'c 402 HIS 'TOTRE LE MAQUEREAU BATARD (1) LE CARANX TRACHURE (»), PAR LACEÉPEDE. PREMIÈRE ESPÈCE. Voyez la planche XX XIII, fig. 2. Lis caranx sont irès-voisins des scombres; ils leur ressemblent par beaucoup de traits: a (1) Le maquereau bétard, En Danemarck, steikker, En Norvège, prir. En Suède, horsmakrill. En Hol- lande, marsbancker. À Venise, saurou. À Gènes , sou. A Malte, savrella. En Turquie, staurit-baluk. Par les grecs modernes , séauridia. Au Japon, ara. Au Brésil, curoata pinima par les naturels, et boënto par les por- tugais. À Marseille , szvereou, macareo. Scomber line laterali squamis latis pinnatä. Lin. Amænit. acad. tom. IV, p. 240. Scomber spin& dorsali recumbente , line& lateral loricatä..... scomber trachurus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 170, sp. 6. Scomber pinnulis unitis , spiné dorsali recumbente , line& laterali loricatä..... scomber trachurus, Brunn. Ichthyol. massil. p. 70 , n° 87. SONNINI. D ES; C{A!R;A N X: 403 ils présentent presque loutes leurs habi- (>) Caranx trachurus. Dans plusieurs provinces méridionales de France, saurel, sieurel, sicurel. Sur plusieurs rivages de France, gascon, gasranet. Sur plusieurs côtes voisines de l’embonchure de Ja Ga- ronne et de celle de la Charente, chicharou. Dans plusieurs provinces de France, maquereau bâtard. Anx environs de Rome, sauro. Dans la Ligurie, pesce di Spagnra, paramia , strombolo. Eu Angleterre, scad , horse mackrell. En Allemagne, müseken. Dans quelques contrées du Nord , stocker. Scomber trachurus. Lin. édition de Gmelin. Scombre giscon. Daubernton , Encycl. méthod. — 5 Bonaterre , pl. de l'Encyc. méth. — Bloch, pl. zvr. Sieurel, ou sicurel. Valmont de Bomare, Dict. d’hist. nat. — Mus. Ad. Frid. 1 ,p. 89; et 2, p. go. — Hasselquist, It. 563 et 407 , n° 84. — Müll. Prodrom. zoo!. Danic. p. 47, n° 597. — Amæn.acad. 4, p. 249. Scomber line& laterali acuminat4 , etc. Artedi, gen. 51, syu. Ho. T'rachouros. Athen. lib.7 , p. 326. — Oppian , Hal. lib. 1, p. 5. — Galen. class. 2, fol. 30 , 6. Saurus. P. Joy. c. 19 ; p. 86. — Salvian. fol. 79, a, b. ad iconem. Lacertus , sive trachurus. Belon. L'certorum genus, quodtrachurum Græcivocant, etc. Gesner , p. 467 et 552. T'rachurus, aut lacertus privatim. Idem. (Germ.) fol. 56 , b. | S'eurel. Rondelet , prem. part. liv. 8, chap. 6. Trachurus. Schonev. p.75.—Aldrov. lib. 2, cap. ba, Ce 2 40% HSM OU RE tudes : ils ont été confondus avec ces osseux par le plus grand nombre des naturalistes ; et il est cependant très-aisé de les distin- guer des poissons dont nous venons de nous occuper. Tous les scombres ont en effet de petites nageoires au dessus et au dessous de la queue : les caranx en sont entièrement privés. Nous leur avons conservé le nom de caranx, qui leur a été donné par Com- merson, et qui vient du mot grec {ara, lequel signifie téte. Ce voyageur les a nom- més ainsi à cause de l'espèce de proémi- nence que présente leur tête, de la force de cette partie, de l'éclat dont elle brille, et d’ailleurs pour annoncer la sorte de puis- sance et de domination que plusieurs osseux p. 268. — Jonston, lib. r ,tit. 5 ,c. 3, art. 1, punc.ÿ, tab. 21, fig. 8. — Charlet. p. 143. Trachurus., Willaghby, p. 290 , tab. S, 12,8 ,22. — Ray , p.92 ,n° 8. Scomber lineû laterali....... omnino loricaté , etc, Gronov. Mus. 1, p. 54, n° Go; et Zooph. p. 94, n° 308. è Ara.Kæmpfer, Jap. t , tab. 11, fig. 5. — Marcgrav. Brasil. p. 150. — Pis. Ind. p. 51. — Brit. Zoolog. 3, p.025, 095; Scomber.... line laterali..., loricaté , ete. Act, Elelvet. IV, p. 264, n° 196. D £Ë S$ C'A'REA! NI X. 405 de ce genre exercent sur un grand nombre de poissons qui fréquentent les rivages (1). Parmi ces animaux voraces el dangereux pour ceux des habitans de la mer qui sont trop jeunes ou mal armés, on doit sur-tout remarquer le trachure. Sa dénomination, qui signifie queue aiguillonnée, vient du grand nombre de piquans dont sa ligne laté- rale est hérissée sur sa queue, aussi bien que sur son corps : chacun de ces dards est recourbé en arrière, et attaché à une petite plaque écailleuse , que l’on a comparée, pour la forme, à une sorte de bouclier; et la série longitudinale de ces plaques recouvre et indique la ligne latérale. Lorsque l’animal agite vivement sa queue, et en frappe violemment sa proie, non seu- lement il peut l’étourdir, lassommer, l’écra- ser sous ses coups redoublés, mais encore la blesser avec ses pointes latérales, la de- chirer profondément, lui faire perdre tout son sang. D'ailleurs ce caranx parvient à une grandeur assez considérable, quoiqu'il ne présente jamais une longueur égale à (1) La ressemblance de ce poisson avec le maque- reau lui a fait donner généralement en france là dénomination de maquereau bätard, Sonxninx C'c'a 406 HISTOIRE celle du thon : il n’est pas rare de le voir long d'un mèire (trois pieds environ) (1). On le trouve dans l'océan Atlantique; dans le grand Océan où mer Pacifique, dans la Méditerranée (2) : par-tout il s’avance par grandes troupes, lorsqu'il s'approche des rivages pour déposer ses œufs ou sa liqueur fécondante. Sa chair est bonne à manger, quoique moins tendre et moins agréable (1) Dans les environs de Kiel, dit Bloch, ce poisson ne devient pas plus long que la main. En Angleterre il à environ un pied, et deux dans la Méditerranée. (Histoire naturelle des poissons , genre 42 , article du maquereau bâtard.) SONNINI. (2) Tous Îes anciens naturalistes ont fait mention du maquereau bâtard, et presque tous les voyageurs modernes en ont parlé. Kæimpfer l’a vu au Japon, et Marcgrave dans les mers du Brésil, où on le pêche fréquemment. Comme il fraie en même tems que les maquereaux, on le prend avec ces derniers au filet et à l’hameçon. On pêche une grande quautité de petits poissons de cette espèce sur les rivages de la Ligurie, et «les habitans, dit Belon , re voulants perdre locca- sion du gaing , les font frire , puis les salent , dont ils emplissent des panniers d’éclisse, pour user en caresme, qu’ils envovent en Loinbardie, Milan et Lode : mais ils nomment tels poissons les argentins, les voyants de couleur si brunie , qu’ils en resplendissent en couleur d'argent». ( De la nature et diversité des poissons , pag. 181.) SONNINTI DE St CO REA NC. du que celle du maquereau (1). Da tems de Belon, les habitans de Constantinople re- cherchoient beaucoup le garum fait avec les intestins de ce poisson. Les écailles qui couvrent le trachure sont petiles , rondes et molles. Sa couleur géné- rale est argentée. Un bleu verdâtre règne sur sa partie supérieure. L’iris brille d’un blanc rougeätre. Une tache noire est placée sur chaque opercule. Les nageoires sont blanches (2); et une teinte noire distingue les premiers rayons de la seconde dorsale. La caudale est en croissant; l’ensemble de l’animal comprimé; la tête grande; la mâchoire inférieure recourbée vers le haut, plus longue que la supérieure, et garnie, (1) Galien prétend qu’elle est de difficile digestion; on ne l'estime pas beaucoup en Italie, tandis que dans le nord elle passe pour un mets délicat. On appelle ce poisson en Angleterre, mère des anchois, à cause de son bon goût. La plus grande partie des maqucreaux se sale comme les harengs. SONNINI. (2) A la première nageoire du dos. 8 rayons. Anlatseconde 20e "2 ie 0 ONE A chacune des pectorales . . . 20 À chacune des thoracines. + . . 6 À 'etcllerde bonus eus 7e at 00 À, celle de la queue . . . . «+ . , 20 408 HTVSTOERE ainsi que cette dernière, de dents aiguës ; le palais rude; la langue lisse; chaque oper- cule composé de deux lames ; et la nageoire de l’anus précédée d’une petite nageoire composée de deux rayons et d’une mem- brane (1). (1) Suivant les observations du docteur Bloch, le foie du maquereau bâtard est petit et partagé en deux lobes de grandeur inégale; la rate est noire et oblongue; l'estomac triangulaire ; le canal intestinal deux fois sinueux , avec douze à treize appendices ; enfin la vési cule aérienne placée le long du dos. Sonxini. DES CAR ANIX. 404 LA ME Es (ah: LA QUEUE AMLNE (9) LE CARANX AMIE 6), ET LE CARANX QUEUE-JAUNE (4), Pi Li GORE BE 9 | EiT..2% .ÆE.S P-h.0C:E.S8. Lr nombre des rayons que présentent les nageoires du caranx amie peut servir à le (1) Scomber pinnæ dorsalis posterioris radio ultime dongiore... scomber amia. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 170 , Sp. 9. SOoNNINI. (2) La queue jaune. Par les anglais de la Caroline, yellow-tail. Scomber pinnulis luteis, ore edentulo.... scomber ehrysurus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 170 , sp. 6. — Artedi, Gen. pisc. sen 25 , n° r1. additament. SONNINI. (3) Craie amia. : Scomber amia. Lin. édit. de Gmelin. Scomber dorso dipterygio, ossiculo ultimo pinnæ dorsalis sccundæ prælongso. Artedi ; gen. 31, syn. 51° 410 HiiSTORRE un, ; distinguer des autres poissons de ce genre, indépendamment des caractères particuliers à celle espèce que nous venons d'exposer dans le tableau des caranx (5). Scombre amie. Daubenton, Eucyclop. méthod. — — Bonaterre , planches de l’Encycl. méthod. Nota. 11 est utile d'observer que les passages des auteurs et les figures des dessinateurs, rapportés par Artedi, et d’après lui par Daubenton,à leur scombre amie , sont relatifs, non pas à ce poisson , mais au caranx glauque ou au centronote ]yzan , ainsi que nous l’indiquerons en détail dans la synonymie des articles dans lesquels nous traiterons du glauque et du lyzan. Cette fausse application faite par Artedi a trompé aussi le professeur Bonaterre , qui a fait graver , pour son scombre amie, une figure que Salvian a publiée pour un poisson nommé amnia, mais qui cependant ne peut appartenir qu’à un centronote lyzan. (4) Caranx chrysurus. Scomber chrysurus. Lin. édit. de Gmelin. Yellow-tail ( queue jaune ). Garden. Scombre queue jaune. VDaubenton , Encyc. méth:— Bonaterre , pl. de l'Encycl. méthod. (5) À la première nageoire du dos duCairant amie {et SNS US I TAYORS Alla seconde 2.4 121219 anne) À chacune des pectorales . . + + 20 À chacune des thoraciñes . . . 6 A.celle de Panüsi. A. rendiinre dlu24 DES CARAN X. 411 La queue-jaune habite dans la Caroline; elle y a été observée par Garden. Son nom vient de la couleur de sa queue, qui est d’un jaune plus où moins doré, ainsi que quelques - unes de ses nageoires. Ses dents sout très-peliles , très-difficiles à voir. On a méine écrit que ses màchoires étoient en- tiérement dénués de dents. Une pelite na- geoire à deux rayons est placée au devant de celle de l'anus (1). (1) À la première nagcoire dorsale du caranx queue jaune. . . . 9 rayons. Ar laiseconde "4" 21,0 leon À chacune des pectorales . . . . 19 À chacune des thoracines. . . «+ 6 Acelle de-lanus--.-#n.2 50 À celle de la queue. . . . . . 22 4192 HISTOÏRE L'h DER BSTO() LE CARANX GLAUQUE (2), PAR LACÉPÉDE OUATRIEME ESPÈCE. Cr poisson, qu'Osbeck a vu dans l’océan Atlantique, auprès de l’île de l’Ascension, a été observé par Commerson dans le grand Océan, vers les rivages de Madagascar , et (1) Derbio , nom que porte ce poisson sur les côtes méridionales de la France. Scomber spinä dorsali recumbente.....…. scomber glaucus. Lin. Syst. nat. edit. Gmel. gen. 170 ; Sp: B. SONNINI:. (2) Caranx glaucus. Sur les côtes de la Ligurie, leccia. En esclavon , polanda. En grec, glaukos. Dans plusieurs provinces méridionales de France , derbio , biche , cabrole , damo. Scomber glaucus. Lin. édit. de Gmelin. Scomber glauque. Daubenton , Encyc. méthod. — Bonaterre , pl. de ’Encyc. méthod. Scomber dorso dipterygio, ossiculo secundo pinnæ \ DE S CAR A NX. 4 particulièrement dans les environs du fort Dauphin élevé dans cette dernière île. Il habite aussi dans la Méditerranée, où il étoit très-connu du tems de Pline, et même de celui d’Aristote, qui avoit entendu dire que ce caranx se tenoit caché dans les pro- fondeurs de la mer pendant les très-grandes chaleurs de l'été (1). La couleur générale de cet osseux est d’un bleu clair mêlé d’une teinte verdâlre ; quelquefois cependant elle paroît d’un bleu foncé et semblable à celui que présente la mer agitée par un vent im- _pétueux. La partie inférieure de l’animal est blanche. On voit souvent une tache noire à l’origine de la seconde nageoire dorsale et à celle de la nageoire de l’anus; dorsalis altissimo. Artedi , gen. 52, syn. 51. — Mus. Ad. Frid. 2, p.89. Scomber Ascensionis, Osbeck , It. 296. Derbio. Rondelet, prem. part. liv. 8 , chap. 15. Glaucus. Plin. lib. 9, cap. 16, Caranx line4 laterali inermi , maculisque signatä quatuor nigris, anterioribus duabus majoribus, Com- merson , Manuscrits déjà cités. | Glaucus (derbio). Valmont de Bomare, Dict. d'hist. nat. (1) On le prend assez souvent aux environs de l'ile de Malte, SONNINI. 414 HISTOIRE et quatre autres laches noires, dont les deux pretnières sont les plus graudes, sont aussi placées ordinairement sur chaque ligne la- térale. Le second rayon de la seconde nageoire du dos est très-haut, et le premier aiguillon de la première nageoire dorsale est tourné, incliné, et même couché vers la tête. Une pelile nageoire à deux rayons précède celle de l'anus (1) (2). La chair du glauque est blanche, grasse, et communément de bon goût. (1) À la nageoire du dos . . . . . 7 rayons. Alaïsecondente ) LV UC EG À chacune des pectorales. . . . 20 À chacune des thoracines. . . +. 5 À celle do dlanus/'..;104 ur, 25 À celle de la queue , qui est très- fourchue 4 LL LE 000 (2) L’estomac est ample, avec une seule appendice; la vésicule du fiel tient au canal intestinal ; la rate est petite. SONNINI. DES CARE Nr X: 415 LÉ DJEDABA HN), LE QUEUE-ROUGE (2). LENCARANX, BEANOC (6); gr LE CARANX QUEUE-ROUGE (4), PAR LACÉPÉDE. bep dr 6° "Es BE c'es EL, A mer Rouge nourrit le caranx blanc ; que Forskœl a décrit le premier, et dont la couleur générale blanche ou argentée est relevée par le jaune qui règne sur les côtés (1) Dsjedaba , nom arabe de ce poisson à Dsjidda, port de la mer Rouge, où Forskoœæl l’a observé, nom que ce naturaliste lui a conservé. À Lohia, sufnok. À Suez , bajad. Scomber albus, lateribus et caudæ pinné flavis..., scomber dsjedaba. Forskœl , Faun. Ægvpt. Arab. p. 56, n° 75.— Artedi, Gen. pisc. gen. 25, n° 16. additament. SONNINI. (2) Scorber operculis posticè macula nigra..... 410 HISTOL RE de l’animal et sur la nageoire caudale. Un rang de petites dents garnit chaque mâ- choire. Chaque ligne latérale est revêtue, vers la queue, de petites pièces écailleuses. Les écailles proprement dites, qui recou- vrent le caranx, sont fortement attachées. La première nageoire du dos forme un triangle équilatéral (5). scomber hippos. Lin. Syst. nat. ed. Gmel. gen. 170, Sp. 7: Scomber pinnulis unitis ; operculis posticè macula nigra.... scomber hippos. Artedi, Gen. pisc. gen. 25, n° 10. additament. SONNINI. (3) Caranx albus. Scomber albus. Lin, édit. de Gmelin. — Forskæl, Faun. Arab. p. 56, n° 55. = Scombre sufnok. Bonaterre, pl. de l'Encyc. méth. (4) Caranx erythrurus. Scomber hippos. Lin. édit. de Gmelin. Scombre queue-rouge. Daubenton, Encycl. méth. — Bonaterre , pl. de l’Encycl. méthod. (5) À la membrane des branchies du Caranx blanc een at 8 rayons. À la première nageoire dorsale . 8 Aa seconde this. ut et À chacune des pectorales .:* «|: 22 A chacune des thoracines. . . . 5 Arcelle de l'anus! V4" Len ile Lao À celle de R'queue .: 4 x). 412 ae On DE AICAIREA NX Gaÿ On voit une petite nageoire composée de deux rayons au devant de l’anus du blanc, aussi bien qu’au devant de l'anus du caranx queue-rouge. Ce dernier a été observé dans la Caroline par Garden , et à l’île de Taïti par Forster. Il montre une tache noire sur chacun de ses opercules. Sa seconde na- geoire du dos’est rouge, comme celle de La queue ; les thoracines et l’anale sont jaunes. La partie postérieure de chaque ligne laté- rale est comme hérissée de petites pointes. Les deux de devant sont, dans chaque mâchoire, plus grandes que les autres (1). (1) À la première nagcoire ‘dorsale du caranx queue-rouge ::.:1:! . : 7 rayons. À.-la seconde sise slaves eat 22 A chacune des pectorales. + . + 22 À chacune des thoracines. . … . 6 Aeelleute l'anus 0: et 0 2040 A celle de la queue . - . . : 30 Pois, TN VE lpuo.l shs10%}d 415 H EST'OLIRE EE PPPNEL A MT ENNCIPE 0 LE CARANX FILAMENTEUX (1), PUR OL ANCE PE TT E; SE PTIÈME ES PE OC E. C'rsr au célèbre anglais Mungo Park que l’on doit la description de ce caranx, que l’on trouve en Asie, auprès des rivages de Sumatra. Le nom de jilamenteux, que Mungo Park lui a donné, vient des filamens qui garnissent la seconde nageoire dorsale, ainsi que celle de l’anus. La couleur géné- rale de ce poisson est argentée, et son dos est bleuâtre ; ses écailles sont petites, mais foriement attachées. Le museau est arrondi; l'œil grand ; l'iris jaune; chaque mâchoire hérissée de dents courtes et serrées ; chaque opercule formé de trois lames dénuées (1) Caranx filamentosus. Scomber filamentosus. Mungo Park, Transact. de la société linnéenne de Loudres , vol, HI. DES CARAN X. 414 d’écailles semblables à celles du dos : la nageoire caudale fourchue ; la petite na- geoire qui précède celle de Janus, compo- sée de deux rayons, dont l’antérieur est le moins grand. Les pectorales sont en forme de faux ; la première du dos peut étre reçue dans une fosselte longitudinale (1). a (x) À la membrane des branchies, © : 7 rayons. À la première nageoire du dos . . 6 rayons aiguillonnés, À la seconde nageoïire du dos. . . 22 rayons, À chacune des pectorales. . . . . 19 A chacune des thoracines,. . . . 5 A’cee de lanuss © se eee 11p0 A'celle de la queue 4. Se 0.23 420 {HISTOIRE cer LoBéu D'LA HEIB EL REE ON: LE CARANX, DAUBENTON \(1}, PAR LACÉPÉDE. HU I T Ie UM: : ES: PrbxCuiE; Nous consacrons à la mémoire’de notre illustré ami: Daubenton , ce beau caranx représente d'après Plumier dans les pein- tures sur vélin du museum d’histone na- turelle. be | Ce caranx a ses deux nageoires dorsales itrès-rapprochees : la première est triangu- laire et soutenue par six rayons aiguillonnés; la seconde est très-alongée et un peu en forme de faux (2). Deux aiguillons sont (1) Caranx Daubentonii. Trachurus argento-cæruleus , aureis maculis nota- tus. Manuscrits de Plumier. (2) 5 rayons aiguillonnés et 19 rayons articulés à la seconde nageoïre du dos. 1 rayon aïguillonné et 15 rayons articulés à celle de l’anus. La nageoire de la queue est fourchue. D Æ $ :C A R:A N X. 421 placés au devant de la nageoire de l'anus. Les deux mächoires sont également avan- cées. On voit , à chaque opercule branchial, au moins trois pièces, dont les deux der- nières sont découpées en pointe du côté de la queue. La ligne latérale est tortueuse, rude et dorée. Des taches couleur ‘d’or sont répandues sur les nageoires. La partie supé- rieure du corps est bleue, et linférieure argentée. 422 HIS TOLRE 7, DRE RE CI RP RE 2 SRE 7 SR 7 À L 4, H LV ai LE CARANX TRÈS-BEAU (32); PAR LACÉPÉDE. NEUVIÈME ESPÈCE. Cr poisson mérite son nom. Ses écailles; petites et foiblement attachées, brillent de l'éclat de l’or sur le dos, et de celui de (1) Lerim, nom que ce poisson porte ep Arabie, et que Forskoœl lui a conservé. Scomber pallidè aureus ; fasciis verticis obliquis ; corporis septem nigris, alternis.... scomber rim spe- ciosus. Forskoœl , Faun. Ægypt. Arab. p.54, sp. 70.— Artedi, Gen. pisc. gen. 25, n° 13. additament. SONNINI, (2) Caranx speciosus. Seomber speciosus. Lin. édit. de Gmel. Lomé Faun. Arab. p. 54, n° 70. Scombre rim. Bonaterre , pl. de l’Encyc. méth. Caranx fasciis transversis nicris alternatim angus- tioribus , caudæ apicibus atratis. Commerson , Manus- crils déjà cités. D'ES CAR AN X. . 433 l'argent sur sa partie inférieure. Ces deux riches nuances sont variées par des bandes transversales, ordinairement au nombre de sept, d’un beau noir, et dont chacune est communément suivie d’une .autre bande également d’un beau noir et iransversale, mais beaucoup plus étroite. Les nageoires du dos sont bleues et les autres jaunes. Trois lames composent chaque opercule. Les nageoires pectorales , beaucoup plus longues que ies thoracines, sont en forme de faux. Celle de la queue est fourchue. Forskœl a vu ce caranx dans la mer Rouge. Commerson, qui l'a observé dans la partie du grand Océan qui baigne lile de France et la côte orientale d'Afrique , rapporte, dans ses manuscrits, que les deux individus de cette espèce qu'il a examinés n’avoient pas plus de six ou sepl pouces ( deux décimètres) de longueur ; que Îles deux pointes de la nageoire caudale étoient trés-noires ; que les deux mâchoires étoient à peu près également avancées, et qu'on ne sentoit aucune dent le long de ces mâchoires. Indépendamment de ces particularités, dont les deux dernières ont été aussi mdi- quées par Forskoœæl, Commerson dit que D d 4 44 . HE ÉS/TOAMR BE ,rete la membrane branchiale étoit soutenue par sept rayons; que Ja partie concave de l'arc osseux de la première branckie étoit dentée en forme de peigne; que la partie analogue des autres trois arcs ne présentoit que deux rangs de tubercules assez courts ; et que la ligue latérale étoit, vers la queue, hérissée de petits aiguillons , et bordée, pour ainsi dire, d’écuilles plus grandes que celles du dos (1). (x) A la première nageoiïre dorsale 7 rayons aiguillonnés. À la seconde nageoire dorsale . . 21 rayons. À chacune des pectorales. . . : 22 À chacune des thoracines. . . . 5 ou 6 À celle de l’anus, qui est pré- cédée d’une petite nageoire à S'rayonsirir. 00004 559 SE A celle de:lg quene als cridret srean Fin du septième Folume. TA DL EL Des matières contenues dans ce septième Volume. Pe5s de la morue. Page 5 Pécle de l’églefin. 65 Péche du tacaud. 66 Péche du capelan. idem Péche du colin. 68 Péche du merlan. 69 Péche de la lote. 76 Péche du merlus. 78 Quarante-huitième genre. Les blennies, par Lacépède. 87 Le blennie lièvre , première espèce , par le même. 87 —— moule, Le blennie phycis, seconde espèce, par le méme. 93 —— méditerranéen ; troisième espèce , par le même. 96 —— galtorugine , quatrième espèce, par le méme. 98 —— sourcilleux, cinquième espèce , pl. XXIX , par le même. 10L —— cornu, le blennie tentaculé , le blennie sujéfien, et le blennie fascé , 6°, 7°, 8° et q° espèces, par le le méme. 105 —— coquillade, dixième espèce , par le méme. 111 —— sauteur, onzième espèce , par le méme. 114 —— pinaru , douzième espèce , par le même. 119 —— gadoide, le blennie belette, et le blennie tridac- tyle, 15°, 14° éé 15° espèces , par le même. 121, 426 LATBTENE Le pholis. Le blennie pholis , 16° espèce, pl. XKIX, par Lacépède. 127 - Q e et « Le blennie bosquien, dix - septième espèce, par le mnéire. 132 vivipare. Le blennie ovovivipare , dix-huitième espèce, pl. XXX , par le méme. 136 Le gunnel, Le blennie gunnel, dix-neuvième espèce, par le même. 147 Le blennie pointillé , vingtième espèce, par le même. | 152 Le gararmit, le lumpène. Le blennie garamit, le blennie lumpène, et le blennie torsk, 21°, 22° ef 25° espèces, par le même. 154 Quarante - neuvième genre. Les oligopodes, par le méme. 159 L'oligopode vélifère, pt. XXX , par le méme. 160 Cirquantième genre. Les kurtes , par le méme. 165 Æ£e bossu. Le kurte blochien , par le méme. 166 Seconde sous-classe. Poissons osseux, par le même. 169 " OR / » fe Cinquante-unième genre. Les lépidopes , par le méme. n 70 £Le lépidope gouanien , par le méme. 171 Cinquante-deuxième genre. Les hiatules , par le même. Î 173 La. hiatule svardénienne , par le méme. 174 ÆCinquante-troisième genre. Les cépoles , par le même. 177 _ Leruban. Le cépole tænia , première espèce, pl. XX KT, par le méme. 179 Le cépole serpent. Le cépole serpentiforme ; seconde espèce, par le même. 184 rape. Le cépole trachyptère , troisième espèce, par le même. | 106 TABLE. 427 Cinquante- quatrième genre. Les iæœnioides, par Lacépède. 187 Le tœnioide hermannien , par le méme. 188 Cinquante-cinquième genre. Les gobies, par le même. | 191 Le peigne. Le gobie pectinirostre, première espèce , par le méme. 197 Le gobie boddaert , seconde espèce , par le méme. 202 La lancette. Le gobie lancéolé , troisième espèce , par le méme. 205 L'aphye. Le gobie aphye, quatrième espèce, par le méme. 208 Le paganel. Le gobie paganel, le gobie ensanglanté, et le gobie noir-brun, 5°, 6° et 7° espèces, par le méme. 211 Le boulerot. Le gobie boulerot, huitième espèce , pt XXXI, par le même. NOTA Le gobie bosc , neuvième espèce , par le même. 225 Le goujon arabe, le jozo. Le gobie arabique , le gobie jozo, dixième et onzième espèces, pl. XX XI, par de méme. 227 Le gobie bleu , douzième espèce , par le méme. 232 —— plumier, treizième espèce , par le méme. 254 —— éléotre, et le gobie nébuleux, quatorzième eë quinzième espèces , par le méme. 236 —— awaou , seizième espèce , par le même. 259 —— noir, dix-septième espèce , par le même. 242 La téte de lièvre. Le gobie lagocéphale, le gobie menu, et le gobie cyprinoïde , 18°, 19° et 20° espèces, par le même. 245 Le gobie schlosser, vinst-unième genre, par le même. 250 428 TABME. Cinquante-sixième genre. Les gobioides , par Lacépède. 254 Le gobioide anguilliforme, première espèce ; par le même. | 256 smyrnéen, seconde espèce , par le méme. 258 ——— broussonnel ; troisième espèce , par le méme. 259 —— queue HU quatrième espèce, par le méme. | 261 Cinquante - septième re Les gobiomores , par le méme. 262 . ° 1 \ Le gobiomore gronovien ; première espèce, par le méme. | 264 Le taiboa. Le gobiomore taiboa, seconde espèce, par le méme. 268 Le dormeur. Le sobiomore dormeur , troisième espèce, par le même. | / 271 Le gobiomore hælreuter, quatrième espèce, par le méme. 272% Cinquante - huitième genre. Les vobiomoroides , par le même. 275 Le gobiomoroide pison, par le méme. 276 Cinquante - neuvième genre. Les dE TA nb , par Le méme. 79 Le testar. Le sobiésoce testar ,. par le méme. 280 Soixantième genre. Les scombres, par le même. 265 Le scombre commerson, première espèce, par le même. 267 Le guare. Le scombre guare , seconde espèce, par le méme. 292 Lethon. Lescombre thon, troisième espèce, pl. XX XI, par le même. 204 TXATBITTS 429 Lo * ; Ju RAA Le germon. Le scombre germon , quatrième espèce, -par Lacépède. : 519 Le thazard. Le scombre Ho » cinérèième espèce , par le méme. LL rue: \f-525 Le. NES Ze scombre bontite, sixième espèce ; pt XXXIT, par de méme. 3% SUR 335 L’'alälunga. Le scombre sarde ou alatunga, septième espèce , par lé méme. | 345 Le scombre chinois, huitième espèce, par le même. 344 Le maquereau. Le scombre maquereau, neuvième espèce , planche XX XIIT, par le même. 350 Le scombre japonais, dixième espèce, par le méme. 38: —— doré, onzième espèce , par le même. 593 —-— albacore , douzième espèce, par le même. 385 Soixante-urième genre. Les scombéroides ,par le méme. 387 Le scombéroide noël, première espèce, par le même. 568 —— commersonnien , seconde espèce, par le même. 390 Le sauteur. Le scombéroïde sauteur , troisième espèce, par le même. . 392 Soixante - deuxième genre. Les caranx, par le même. 505 Le maquereau bâtard. Le caranx trachure , première espèce, pl XX XIII, par le méme. 402 L'amie, la queue jaune. Le caranx amie , et le caranx queue-jaune , deuxième et troisième espèces, par le méme. 409 Le derbio. Le caranx glauque, quatrième espèce ,par le méme. 412 430 TA BLE: Le djedaba , le queue-rouge. Le caranx blanc, et le caranx queue-ronge , cinquième el sixième espèces, par Lacépède, 415 Le filamenteux. Le caranx filamenteux , septième espèce, par le même. | 418 Le daubenton. Le caranx daubenton , huitième espèce, par le même. 420 Le rim. Le caranx très-beau , neuvième espèce, par le même. 422 Fin de la Table. et NUE EN M, ! Un ne " to A Te | a ré M CALE ab ri Eu! LUE: A La ? AA) » d 14 NN © PLAN T0 ï AU | Nee ul | ï ; ; Nas 1} LATE LABS Ni RON à PAL ON PA TA ù A TERRE vor 2 - : Wa L L NAUQU TC DEA EL IE NE R Pat | eu j Rens \ LLaUIT E ut TARN Wei ? Lies oi PNA Cr: A TT RU HOUS LS DA TARN N Wu l \ \ CANA LEARN ALU 14 LENS LE TN la A Qi A di NBUU ! à KA" " Ÿ 4 Ur 0 NM 1 : x As DEA PEUR un ETC RL ACL AN,