ni ( FU dir Dr Le _s . : Ld r LÀ ë rom r - … : +, L à w , LL. L ‘ PI ” Le À \ He, 4 Le. Re x 2 5 HISTOIRE RATOURELLE | MATIÈRES GÉNÉRALES. _ TOME QUINZIÈME J LV 0 | HISTOIRE 892 | NATURELLE Par BUFFON, sr DÉDIÉE AU CITOYEN LACEPEDE, MEMBRE DE L'INSTITUT NATIONAL. MATIERES GÉNÉRALES. TOME QUINZIEME. | est ET ASS Insti ue N RICHMOND. COLLECTION: À LA LIBRAIRIE STÉRÉOTYPE / DE P. DIDOT, L'AÎNÉ, GALERIES DU LOUVRE, N° 3, Et Firmin DIDOT, RUE DE THIONVILLE, N° 116. AN VII —:709. HISTOIRE NATURELLE DES MINÉRAUX. J A DE: E, E jade est une pierre talqueuse, qui néan- moins, dans l’état où nous la connoissons, est plus dense ! et plus dure ? que le quartz * La pesanteur spécifique du jade blanc est de 295c2; celle du jade verd, de 29660; et du jade olivâtre, de 29229; tandis que celle du quartz le fi pr: RM * plus pesant n’est que de 26546, et celle de tous les . : jaspes m'est que de 26 ou 27000. Voyez la Table de M. Brisson. ? M. Pott, dans sa D rende. tome IT, cu 1 [ ES ï LL, TN SE ER » 4 ï FAR 6 HISTOIRE NATURELLE. _et le jaspe, mais qui me paroît n’avoir acquis cette densité et cette grande dureté que par le moyen du feu. Comme le jade est demi- transparent lorsqu'il est aminei, ce caractère l'éloigne moins des quartz que des jaspes, qui tous sont pleinement opaques, etfon ne doit. pas attribuer l’excès de sa densité sut celle du quartz,aux parties métalliques dont on pourroit supposer qu'il seroit imprégné; ” car le jade blanc, auquel le mélange du métal n'a pas donné de couleur, pèse autant que les jades colorés de verd et d’olivâtre , et tous pèsent spécifiquement plus que le quartz; il n y a donc que le mélange du schorl qui au roit pu produire cette augmentation de den- sité: mais, daus cette supposition, le jade auroit acquis par ce mélange du schorl un certain degré de fusibilité , et cependant M. Darcet, qui a fait l'analyse chimique du ditexpressément que Ze jade ne fait point feu contre l'acier; mais je puis assurer qu'ayant fait cette Épreuve sur du jade verd et du jade blanc, Al ma paru que ces pierres étinceloient autant qu'aucune autre pierre vitreuse : il est vrai que, Connoissant leur grande dureté, je me suis servi de limes au leu d’acier pour les choquer ct en tirer des Etincelles. | DES MINÉRAUX.. 3 jade , n’a pas observé cette fusibilite; il dit seulement que lé jade contient du quartz, qu’il prend au feu encore plus de dureté qu’il n’enavoit auparavant, qu’il y change de cou- leur , et que de verd ou verdâtre il devient jaune ou jaunâtre : mais M. Demeste assure que le jade se boursoufle à un feu violent, et qu'il se vitrifie sans, aucun intermède. Ces faits paroissent opposés , et néanmoins peuvent se concilier : il est certain que le jade , quoique très-dur , se durcit encore au feu ; et cette propriété le rapproche déja des serpentines ef autres pierres talqueuses, qui deviennent d'autant plus dures qu’elles sont plus violemment chauffées ; et comme il y a des ardoises et des schistes dont la densité approche assez de celle du jade * , on pourroit imaginer que le fond de la substance de cette pierre est un schiste qui, ayant été pénétre d’une forte quantité de suc quartzeux, a ae— quis cette demi-transparence, et pris autant et plus de dureté que ie quartz même; et si _ Le jade se fond et se vitrifie sans intermède, comme le dit M. Demeste, on pourroit croire “a pesanteur spécifique du schiste qui couvre les bancs d’ardoise, esi de 28276. 8 HISTOIRE NATURELLE aussi qu'il est entré du schorl dans sa compo- sition, et que c’est par ce mélange qu il a acquis sa densité et sa fusibilité. Néanmoins le poli terne, gras et savon- peux de tous les jades, ainsi que leur endur- cissement au feu , indiquent évidemment que leur substance n’est composée que d’une matière talqueuse, dont ces deux qualités sont les principaux caractères; et les deux . autres propriétés par lesquelles on seroit en droit de juger de la nature du jade, c’est-à- dire, sa dureté et sa densité, pourroient bien ne lüi avoir pas été données par la Nature, mais imprimées par le secours de l’art, et principalement par l’action du feu, d'autant que jusqu'ici l'on n’a pas vu des jades dans leurs carrières ni même en masses brutes, et qu'on ne les connoît qu'en morceaux tra- vaillés. D'ailleurs le jade n’est pas, comme les autres produits de la Nature, universelle ment répandu ; je ne sache pas qu’il y en ait en Europe; le jade blanc vient de la Chine, le verd de l’Indostan, et l’olivâtre de l'Ame- rique méridionale : nous ne connoissons que ces trois sortes de jades, qui, quoique pro- duits où travaillés dans des régions si éloi= DES MINÉRAUX. 9 gnées les unes des autres ; ne diffèrent néan- moins que par les couleurs ; 1l s’en trouve de même dans quelques autres contrées des deux Indes *, mais toujours en morceaux isolés et travaillés. Cela seul sufhroit pour nous faire soupçonner que cette matière, telle que nous la connoissons , n’est pas un produit imimédiat de la Nature , et je me persuade que ce n'est qu'après l'avoir ‘tra- vaillée qu’on lui a donné, par le moyen du feu , sa très-sraude dureté; car de toutes les pierres vitreuses le jade est la plus dure, les meilleures limes ne l’entament pas, et l’on prétend qu'on ne peut le travailler qu'avec la poudre de diamant : néanmoins les anciens Aumericains en avoient fait des haches, et sans douteils ne s’étoient pas servis de poudre de diamant pour donner au jade cette forme tranchante et régulière. J'ai vu plusieurs de ces haches de jade olivâtre de différente grandeur; j'en ai vu d’autres morceaux tra- * On nous assure qu'il y a du jade verd à Su- matra, et M. de la Condamine dit qu’on trouve du jade olhivâtre'sur les côtes de la mer du Sud au Pérou, aussi-bien que sur les terres voisines de Ja riviere des Amazones: 10 _: HISTOIRE NATURELLE vaillés en forme de cylindre et percés d'un bout à l’autre, ce qui suppose l’action d’un instrument plus dur que la piérre : or les : Américains n’avoient aucun outil de fer; et ceux de notre acier ne peuvent percer le jade dans l’état où nous le connoissons; on doit donc penser qu’au sortir. de la terre le jade est moins dur que quand il a pefdu toute son humidité par le desséchement à l’air, et que c’est dans cet état humide que les sauvages de l'Amérique l'ont travaillé. On fait dans V'Indostan des tasses ét d'autres vases de jade verd ; à la Chine on sculpte en magots le jade blanc , l’on en fait aussi des manches de sabre, et par-tout ces pierres ouvragées sont à bas prix : il est donc certain qu’on a trouvé les moyens de creuser, figurer et gra- ver le jade avec peu de travail, et sans se ser- vir de poudre de diamant. Le jade verd n’a pas ue de valeur réelle que le jade blanc, et il n’est estimé que par des propriétés imaginaires , comme de préser- ver ou guérir de la pierre, de la gravelle, etc; ce qui lui a fait donner le nom de pierre né- phrétique. I1 seroit difficile de deviner sur quel fondement les Orientaux et les Ameéri- . % L DES MINÉRAUX. | TC gains se sont également, et sans communi- cation , infatués de l’idée des vertus médici- nales de cette pierre : ce préjugé s’est étendu en Europe, et subsiste encore dans la tête de plusieurs personnes ; car on m'a demandé souvent à emprunter quelques unes de ces pierres vertes pour les appliquer , comme amulettes , sur l'estomac et sur Les reins ; on les taille même en petites plaques un peu courbées , pour les rendre plus propres à cet usage. rh \ . Les plus grands morceaux de jade que j'aie vus, n’avoient que neuf ou dix pouces de longueur, et tous, grands et petits, ont éte taillés et figurés. Au reste, nous n'avons aucune connoissance précise sur les matières dont le jade est environné dans le sein de la terre , et nous ignorons quelle peut être la forme qu’il affecte de préférence. Nous ne pouvons donc qu'exhorter les voyageurs éclairés à observer cette pierre dans le lieu de sa formation : ces observations nous fourni- roient plus de lumières que l'analyse chi- mique sur son origine et sa composition. En attendant ce supplément à nos connois- sances, je crois qu'on peut présumer avec i 4 ÉD Ver. 9 NOTICE L 13. HISTOIRE NATURELLE fondement que le jade, tel que nous le cotiz noissons, est autant un produit de l’art que de la Nature; que quand les sauvages l'ont travaillé, percé et figuré, c’étoit une matière tendre, qui n’a acquis sa grande dureté et sa pleine densité que par l’action du feu auquel ils ont exposé leurs haches et les autres mor- ceaux qu'ils avoient percés ou gravés dans leur état de mollesse ou de moindre dureté. J'appuie cette présomption sur plusieurs rai- sons et sur quelques faits. 1°. J'ai vu une petite hache de jade olivâtre , d'environ quatre pouces de longueur sur deux pouces et demi de largeur, et un pouce d'épaisseur à la base, venant des terres voisines de la rivière des Amazones, et cette hache n’avoit pas à beancoup près la dureté des autres haches de jade ; on pouvoit l’entamer au couteau , et, dans cet état, elle n’auroit pu servir à l'usage auquel sa forme de hache démontroit qu’elle étoit destinée : je suis per- suadé qu’il ne lui manquoit que d’avoir été chauffée , et que par la seule action du feu elle seroit devénue aussi dure que les autres morceaux de jade qui ont la même forme; les expériences de M. Darcet confirment DES MINÉRAUX. 13 cette presomption , puisqu'il à reconnu qu'oi augmente encore la dureté du jade en le chauffant. ; 2. Le poli gras et savonneux du jade in- dique que sa substance est imprégnée de mo- lécules talqueuses qui lui donnent cette dou- ceur au toucher, et ceci se confirme par un second rapport entre le jade et les pierres | talqueuses , telles que les serpentines et pierres ollaires, qui toutes sont molles dans leurs carrières , et qui prennent à l'air, et sur-tout au feu, un grand degré de du- rete. a 3°. Comme le jade se fond , suivant M. De- meste , à un feu violent, et que les micas et le talc peuvent s’y fondre de même et sans intermède, je serois porté à croire que cette pierre pourroit n'ètre composée que de quartz mêlé d’une assez grande quantité de mica ou de talc pour devenir fusible, ou que si le seul mélange du talc ne peut produire cette fusi- bilité du jade, on doit encore y supposer une certaine quantité de schorl qui auroit aug: menté sa densité et sa fusibilité. Enfin nous nous rapprocherons de ii de la Nature, autant qu'il est possible , en P) DOUNIA RE ? de : : fit EL 0 Us 2 n? 74 : 14 HISTOIRE NATURELLE. regardant le jade comme une matière mixte, et formant la nuance entre les pierres butte. } zeuses et les pierres micacées ou talqueuses dont nous allons traiter. SERPENTINES C: nom de serpentine vient de la variété des petites taches que ces pierres présentent lorsqu'elles sont polies, et qui sont assez semblables aux taches de la peau d’un ser- pent : la plupart de ces pierres sont pleine- ment opaques ; mais il s'en trouve aussi qui ont naturellement une demi-transparence , ou qui la prennent lorsqu'elles sont amin- cies. Ces serpentines demi-transparentes ont plus de dureté que les autres, et ce sont celles qui approchent le plus du jade par ces deux caractères de demi-transparence et de dureté ; d'ailleurs elles diffèrent des autres serpen- tines, et ressemblent encore au jade olivâtre par leur couleur verdâtre, uniforme , sans taches et sans mélange d'autres couleurs , tandis qu’il y a des taches en grand nombre et de couleurs diverses dans toutes les serpen- _tines opaques. Celles qui sont demi-transpa- rentes, étant plus dures que les autres, re- çgoivent un beau poli, mais toujours un peu ON PEUR e PEU ONE ATARI ANT 1x6 HISTOIRE NATURELLE gras comme celui du jade; elles sont assez rares, et les naturalistes qui ont eu occasion de Les observer , en distinguent deux sortes, toutes deux à demi transparentes lorsqu'elles sont réduites à une petite épaisseur : l’une paroit composée de filamens réunis les uns contre les autres , et présente une cassure fibreuse; on l’a trouvée en Saxe près de Zæœ- blitz, où elle a été nommée pierre néphré- lique, à cause de sa grande ressemblance avec le jade verdätre qui porteaussi ce nom: l’autre se trouve en Suède, et ne présente pas de fibres, mais des grains dans sa cassure. Les serpentines opaques et tachées sont bien plus communes que ces serpentines, demi-transparentes, de couleur uniforme ; presque toutes sont au contraire marquetées ou veinées et variées de couleurs différentes ; elles ont des taches de blanc, de gris, de. noir , de brun, de verd et de rougeûtre: quoique plus tendres que les premières, et même moins dures que le marbre , elles se polissent assez bien ; et comme elles ne font aucune effervescence avec les acides , on les distingue aisément des beaux marbres avec lesquels on pourroit les confondre par la res: DES MINÉRAUX. 17 seimblance des couleurs et par leur poli. D'ailleurs , loin de se calciner au feu comme le marbre, toutes les serpentines s'y dur- cissent et y résistent même plus qu'aucune autre pierre vitreuse ou calcaire; on peut en faire des creusets comme l’on en fait avec la molybdène, qui, quoique moins dure que les serpentines, est, au fond, de la même essence, ainsi que toutes les autres stéatites. « À deux lieues de la ville de Grenade, dit « M. Bowles, se trouve la fameuse carrière « de serpentine, de laquelle on a tiré les « belles colonnes pour les salons de Madrid, «et plusieurs autres morceaux qui ornent le « palais du roi. Cette serpentine prend un « très-beau poli. » Nous ne connoissons point de semblables carrières en France; cependant M. Guettard a observé que les rivières de Cervières et de Guil en Dauphiné entraïnent d'assez gros morceaux de serpentine, et qu’il s’en trouve même dans la vallée de Souliers, ainsi que dans plusieurs autres endroits de cette pro- vince : on en voit de petites colonnes dans l’église des Carmélites à Lyon. En Italie, les plus grands morceaux de ) à DUR UTC NN PAU SE ET LS pi y ? À { LA 18 HISTOIRE NATURELLE serpentine que l'on connoisse, sont deux co- lonnes dans l’église de Saint-LaurentàRome. La pierre appelée gabro par les Florentins est une sorte de serpentine. « IL y a, dit « M. Faujas de Saint-Fond, des-gabros ver- « dâtres ou jaunâtres avec des taches. d’un « verd plus ou moins foncé; d’autres sont « chargés de taches rougeätres demi-transpa- « rentes, sur un fond verdâtre : on remarque > « dans plusieurs sabros des micas de diffé- plu 8 | « rentes couleurs... Tai dans ma collection un « très-beau gabra d'Italie, d’une consistance « dure, d'un poli gras, mais très-éclatant , « mêlé de diverses nuances d’un rouge très- « vif sur un fond noir-verdâtre , dans lequel « on voit de petites lames. de mica traverser. « le verd ». Cette pierre est si commune aux environs de Florence, que l’on s’en sert pour paver les rues , comme pour orner les mai- sons et les églises ; il y en a de très-beaux morceaux dans ceile des Chartreux à trois milles de Florence. En comparant les densités du tale awec \ Q \ e celles des micas et des serpentines , nous ver- rons, 1°. qu'il n'y à que les micas noirs et la serpentine fibreuse dont la pesanteur spéci- DES MINÉRAUX "9 fique soit plus grande que celle du tale! 2°. que tous les autres micas sont un Seu moins denses que le talc ?; 5°. que toutes les serpentines , à l'exception is) fibreuse, sont moins denses que le tale et les micas $. On pourroit donc en inférer que dans la serpen- tine fibreuse et dans le mica noir, les parties micacées sont plus rapprochées et plus intime-- ment unies que dans les autres serpentines et micas, ou plutôt on doit penser qu'il estentré dans leur composition une certaine quantité de’parties de schorl ou de fer qui leur auroit * Pesanteur spécifique du talc de Moscovie, 270175; du mica noir, 29004; de la serpentine demi-transparente fibreuse, 29960. (Table de M. Brisson.) 2 Pesanteur spécifique du tale de Moscovie, 27917; du mica blauc, 27044; du mica Jaune, 26546. ( Tbidem.) ? Pesanteur spécifique de la serpentine d'Italie, ou gabro des Florentins, 24395; de la serpentine opaque tachée de noir et de blanc, 23767; de la serpentine opaque tachée de noir et de gris, 22645 ; de la serpentine opaque veinée de noir et d’ohivätre, 25939; de la serpentine demi-transparente , 25803. (Tbidern.) ru an 20 HISTOIRE NATURELLE. donné ce surplus de densité : je dis de fer À parce que la partie verte de ces serpentines étant réduite en poudre, est attirable à l'ai mant ; ce fer y est donc dans le même état que le sablon magnétique de la Rlisne, et! non pas eu état de chaux. LA Bout A Ne ATOM OMR NEURONES PIERRES OLLAIRES. C ETTE dénomination est ancienne , et pa- roit bien appliquée à ces pierres dont on peut faire des marmites et d'autres vases de cui- sine ; elles ne donnent aucun goût aux co— mestibles que l’on y fait cuire ; elles ne sont _mêélées d'aucun autre métal que de fer , qui, comme l’on sait , n’est pas nuisible à la santé: elles étoient bien connues et employées aux mèmes usages dès le temps de Pline; on peut les reconnoitre, par sa description, pour les mêmes, ou du moins pour sem- blables à celles que l’on tire aujourd’hui du pays des Grisons, et qui portent,le nom de pierres de Côme , parce qu’on les travaille et qu’on en fait commerce dans cette petite ville de l'Italie. La cassure de cette pierre de Côme n’est pas vitreuse , mais écailleuse. Sa subs- tance est semée de particules brillantes de mica ; elle n’a que peu de dureté et se coupe aisément ; on la travaille au ciseau et au tour ; elle est douce au toucher, et'sa surface ? MENU Fe PR NO TI NRRAATET pa d'A OU 4 4 - ï à PTT FA A Y j ; : ( / EX ton HISTOIRE NATURELLE Vu “polie est d’un gris mêlé de noir. Cette pierre se trouve en petits bancs sous des rochers vitreux beaucoup plus durs, en sorte qu’on en exploite les carrières sous terre en suivant ce lit de pierre tendre, comme l’on suivroit une veine de charbon de terre. On tranche à la scie les blocs que l’on en tire, et l’on en fait ensuite de la vaisselle de toutes formes : elle ne casse point au feu, et les bons. éco- nômes la préfèrent à la faïence et à la poterie. Comme toutes les autres pierres ou Lerres , elle s'échaufie et se refroidit plus vite que le cuivre ou le fer; et lorsqu'on lui fait subir l’action d’un feu violent, elle blanchit et se durcit au point de faire feu contre l'acier. Toutes les autres pierres ollaires:ont à peu près les mêmes propriétés, et ne différent de la pierre de Côme que par la variété de lenrs couleurs : 11 y en a dans lesquelles on dis- tingue à la fois du blanc, du noir, duegris, du verd et du jaune; d’autresdans lesquelles les paillettes de mica et les petites lames tal- queuses sont plus nombreuses et plus bril- lantes : mais toutes sont opaques, tendres et douces au toucher: toutes se durcissent à l'air, et encore plus au feu; toutes participent DES MINÉRAUX. 133 de la nature du talc et de l’argille; elles en réunissent les propriétés , et peuvent être regardées Co mine l'une des nuances par les- quelles la Nature passe du dernier degré de la décomposition des micas au premier degré de la composition des argilles et des schistes. . La densité de la pierre de Céme et vd autres pierres ollaites est considerablement plus grande que celle de la plupart des ser- pentines , ét encore plus grande que celle du tale *; ce qui me fait présumer qu'il est en tré el parties métalliques , et particulière. ment du fer, dans leur composition , ainsi que dans la serpentine fibreuse et dans le mica noir, qui sont beaucoup plus pesans que les autres : on en a mêmeracquis la preuve ; Car, après avoir pulvérisé des pierres ollaires, M. Pott et d’autres observatéurs en ont tiré du fer par le moyen de l’aimant : ce fer étoit donc dans son état magnétique lorsqu'il s’est * La pesanteur spécifique de la pierre de Côme est de 28729; celle de la pierre ollaire feuilletée de Suède est de 28537 ; celle du tale de Moscovie n’est que de 27917; celle de la plupart de serpentines est entre 22 et 26000. 24 HISTOIRE NATURELLE. A mélé avec Ia matière de ces pierres , et ce fait nous démontre encore que toutes ces pierres serpentines et ollaires ne sont que de seconde et même: de troisième formation, et qu’elles n’ont été produites que par les détrimens et les exfoliations des talcs et des micas mêlés de particules de fer. | Ces pierres talqueuses se trouvent non seu. lement dans le pays des Grisons, mais dans plusieurs autres endroits de la Suisse, et il est à présumer qu'on en trouveroit dans le voisinage de la plupart des grandes mon- tagunes vitreuses de l’un et de l’autre conti- nent: on en a trouvé non seulement en Italie et en Suisse, mais en France , dans les mon- tagnes de l'Auvergne; il y en a aussi dans quelques provinces de l'Allemagne * , et les relateurs nous assurent qu’on en a rencontré eu Norvége eten Groenland, Ces pierres sont aussi très-communes dans quelques îles de l'Archipel, où il paroît qu’on les emploie * Mylius fat mention d’une semblable pierre ollaire que l’on trouve en Saxe, dans la forêt de Schmied-feld auprès de Sub], qui d abord est molle, mais qui étant mise au feu prend la dureté du verrpe qu de " VAE rs di ne LIN ÉRAUUM Le lon F depuis lone-temps à faire des vases et de la vaisselle. | qi Ré On pourroit se persuader qu’il est né- cessaire d'employer de l'huile pour donner aux pierres ollaires de la dureté et plus de solidité , d’autant que Théophraste et Pline ont assuré ce fait comme une vérité; mais M. Pott a démontré, le premier, que cet endurcissement des pierres ollaires se fai- soit également sans huile et par la seule ac- tion du feu. Cet habile chimiste a fait une longue et savante dissertation sur ces pierres ollaires et sur les stéatites en général ; il dit avec raison qu’elles offrent un grand nombre de variétés : il indique les principaux en- droits où on les trouve, et il observe que c’est pour l’ordinaire vers la surface de la terre qu’on rencontre cette matière, et qu’elle ne se trouve guêre à une grande profondeur. En effet , elle n’est pas de première , mais de seconde, et peut-être de troisième formation ; car la composition des serpentines et des pierres ollaires exige d’abord l’atténuation du mica en lames ou en filets talqueux , et ensuite leur formation suppose le mélange et la réunion de ces parties talqueuses avec. 3 ; ls d 41 10e ri Ki dde sx Lt M Le NE n A _26 HISTOIRE NATURELLE «un ciment ferrugineux, qui a donné la cons sistance et les couleurs à ces piérées. : M Pott, après avoir examiné les proprié- tés de ces pierres, en conclut qu’on doit les rapporter aux argilles, parce qu’elles se dur- cissent au feu; ce qui, selon lui, n'arrive qu'aux seules argilles. Il avoue que ces pierres ne se délaient pas dans l’eau comme l’argille, mais que néanmoins, en les pulvérisant et les lavant, «elles se laissent en quelque sorte « travailler à la roue à potier, et que, réduite « en pâte avec de l’eau; cette pâte se durcit « au feu ». Nous observerons néanmoins que ce n'est pas de l’argille,; mais du mica, qu'e ces pierres tirent leur origine et leurs princi- pales propriétés, et que si elles contiennent de l’argille, ce n’est qu’en petite quantité, et toujours beaucoup moins qu'elles ne con- tiennent de mica ou de talc; seulement on peut passer par degrés des stéatites à l’ardoise, qui _contientau contraire beaucoup plus d’argille que de mica, et qui a plusieurs propriétés communes avec elle. Il est vrai que les ar- doises, et même les argilles molles qui sont mèêlées de talc ou de mica , sont, comme les stéatites , douces et sayonneuses au toucher ; \ | ‘ DESOMENERAU NX T qu'elles se durcissent au feu, et que leurs poudres ne prennent jamais autant de consis- tance que ces matières en avoient auparavant : mais cela prouve seulement le passage de la matière ‘talqueuse à l’argille, comme nous l'avons démontré pour le quartz et le grès ; et il en est de même des autres verres primi- tifs et des matières qui en sont composées, ear toutes les substances vitreuses peuventse réduire avec le temps en terre argilleuse. 12, PO 'VTRRSIAURE II Ms "T RNMMOT SL RUE CT AUL'I I : L 6 Et DURE " "RUE RARULA ATEN ! MOLYBDÈNE. L, molybdène est une concrétion talqueuse, plus légère que les serpentines et pierres ollaires, mais qui, comme elles, prend au feu plus de dureté, et mème de densité *. Sa couleur est noirâtre et semblable à celle du plomb exposé à l'air ; ce qui lui a fait don- ner les noms de p/ombagine et dé mine de plomb : cependant elle n’a rien de commun que la couleur avec ce métal, dont elle ne contient pas un atome ; le fond de sa subs- tance n'est que du mica atténué ou du talc très-fin , dont les parties rapprochées par l’in- termède de l'eau , ne se sont pas réunies d’assez près pour former une matière aussi compacte et aussi dure que celle des serpen- tines , mais qui du reste est de la même essence, et nous présente tous les caractères d’une concrétion talqueuse. * La pesanteur spécifique de la molybdène du duché de Cumberland est de 20891; et lorsqu’elle à subi l'action du feu, sa pesanteur est de 23006. HISTOIRE NATURELLE. 29 «Les chimistes récens ont voulu séparer la plombagine de la amolybdène , et les-distin-— guer , en ce que la molybdène ne contient point de soufre, et que la plombagine au contraire en fournit une quantité sensible. Il est bien vrai que la molybdène ne contient point de soufre : mais.quand même on trou- veroit dans le sein de la terre de la molyb- dène méelée de soufre, ce ne seroit pas une raison de lui ôter son nom pour lui donner celui de plombagine ; car cette dernière dé- nomination n'est fondée que sur un rapport superficiel et qui peut induire en erreur, puisque cette plombagine n’a rien de com- mun que la couleur avec le plomb. J’ai fait venir de gros et beaux morceaux de molyb- dène du duché de Cumberland ; et l'ayant comparée avec la molybdène d'Allemagne , j'ai reconnu que celle d'Angleterre étoit plus pure, plus lésère.et plus douce au toucher* | le prix en est aussi très-différent, celle de Cumberland est dix fois plus chère à volume égal : cependant ni l’une ni l’autre de ces * La pesanteur spécifique de la molybdène d'AI- lemagne est de 22456, tandis que celle de Cumbex- land n’est que de 20B97. ) FE NTM ENTER MRRE 3e HISTOIRE NATURELLE molybdènes, réduites en poudre et mises sut | les charbons ardens , , ne Repanio ie l'odeur | de soufre ; mais ayant mis à la même épreuve les crayons qui sont dans le commerce, et- qui me paroissoient être de la mème subs= tance, ils ont tous exhalé une assez forteodeur | sulfureuse'; et jai été informé que, pour epargner là matière de la molybdèhe, les Anglois en méloïent la poudre avec du soufre avant de lui donner la forme de CR : on a donc pu prendre cette molybdène artifi— . sielle et mêlée de soufre, pour.une matière différente ‘de la vraie molybdène , ‘et lui: donner en conséquence le nom de plomba- gine. M. Scheele, qui a fait un grand nombre d’ expériences sur cette matière ; convient que la plomibagine pure ne contient point de soufre , et dès lors cette plombagine pure est la même que notre molybdène; 1! dit avec CGison qu’elle résisie aux acides, mais que par la sublimation avec le sel ammoniac elle donne des fleurs martiales. Cela me semble indiquer que lefer entre dans sa com- position , et que c’est à ce métal qu'elle doit sa couleur noirâtre. | Au reste, je ne nie pas quil ne se trouve # < DES MINÉRAUX 3r des molybdènes mêlées de pyrites , et qui dès lors exhalent au feu une odeur sulfureuse : mais, malgré la confiance que j'ai aux Ju- mières de mon savant ami M. de Morveau , je ue vois pas ici de raison suffisante pout être de son avis, et regarder la plombhagine comme une matière toute différente de la molybdène. Je donne ici copie de la lettre qu'il m'a écrite à ce sujet *, dans laquelle P* * Je ne doute pas qu'on ne fasse des mélanges avec du soufre pour des crayons, et que ce que l’on _im’avoit autrefois yendu en masse pour de là mo- }ybdène ne fût un de ces mélanges; mais je ne puis plus douter maintenant de ce que j'ai vu dans mes propres expériences sur des morceaux qui tenoient à la roche quartzeuse, comme celui que vous avez tenu venant de Suède, et qui par conséquent ne, peuvent être des compositions artificielles. Or de sept échantillons, tous tenant au rocher, que j'ai éprou- vés , eL qui se trouvent 1c1 dans les cabinets de M. de Chamblanc et de M. de Saint-Mémin, quatre se sont trouvés ètre de la molybdène, et 1rois de Ia plombagine. Il est faile de les confondre à la vue; mais il est tout aussi facile de les distinguer pâr leurs principes constituans » Car 1l n’y a rien de si différent. La molybdène est composte de soufre et 32 HISTOIRE NATURELLE j'avoue que je ne comprends pas pourquoi - cet habile chimiste dit que la molybdène est mêlée de soufre, tandis que M. Scheele assure le contraire, et qu’en effet elle n’en répand pas l’odeur sur les charbons ardens. Je persiste donc à penser que la molyb- dène pure n’est composée qué de particules d’un acide particulier; la plombagine est un com- posé de gaz méphitique et de feu fixe, où phlogis- tique, avec un Cinq cent soixante - seizième de fer. J'ai fait en dernier lieu le foie de soufre avec les quatre molybdènes dont je vous ai parlé; et pour la plombagine, j’avois déja répété, au cours de l’an- née dernière, toutes les expériences de M. Scheele , que Je m’étois fait traduire, et dont la traduction a été imprimée davs le Journal de physique de fé vrier dernier. Ce qui me persuade que cette distinc- tion entre la plombagine et la molybdèue est pré- sentement aussi connue des Anglois que des Suédois et des Allemands, c’est que M. Kirwan, de la «0 ciété royale de Londres, m’écrivit, peu de temps après, que jJ’avois rendu un vrai service aux chi- muistes françois, en publiant ce morceau dans leur langue , parce qu'ils ne paroïssoient pas au courant des travaux des étrangers. (Lettre de M. de Mor- veu à M. de Buffon, datée de PAT A 5 dé cembre 1782.) RES DES MINÉRAUX 33 talqueuses mêléesavecuneargillesavonneuse, et teintes par une dissolution ferrugineuse : cette matière est tendre, et donne sa couleur plombée et luisante à toutes les matières sur lesquelles on la frotte ; elle résiste plus qu'au- cune autre à la violente action du feu ; elle s’y durcit, et l’on en fait de grands creusets pour l’usage des monnoies. J'ai moi-même fait usage de plusieurs de ces creusets, que résistent très-long-temps à l’action du plus grand feu. FR On trouve de la molybdène plus ou moins pure en Angleterre , en Allemagne, en Es- pagne, et je suis persuadé qu’en faisant des recherches en France dans les contrées de granit et de grès, on en pourroit rencontrer, comme l’on y trouve en effet d’autres con- crétions du talc et du mica : cette matière , au prix que la vendent les Anglois, est assez chère pour en faire la recherche, d'autant que l'exportation en est prohibée avant qu’elle ne soit réduite en crayons fins et grossiers, qu'ils ont soin de toujours mélan- ger d’une plus ou moins grande quantité de soufre. PIERRE DE LARD, BT<* :! CRAIE D’ESPAGNE. ù O: a donné ces noms impropres aux pierres dont il est ici question , parce au’ordinaire- ment elles sont blanches comme la craie, et. qu'elles ont un poli graisseux qui leur donne de la ressemblance avec le lard. Nous en connoissons de deux sortes , qui ne nous offrent que de très-lépères diférences': la première est celle qûi porte le nom de pterre | de lard , et dont on fait des magots à la Chine ; et la seconde est celle à laquelle on a donné la dénomination de craie d’ EU - ur mais très-impr oprement, puisqu'elle n’a au- cun autre pero avec la craie que la cou leur et l’usage qu'on en fait en la taillant de même en crayons pour tracer des lignes blanches ; car cette craie d'Espagne et la pierre de lard de Ja Chine sont toutes deux HISTOIRE NATURELLE: 35 dés stéatites ou piérres talqueuses dont la substance est compacte et pleine, sans appa< rence de couches, de lames où de feuillets : elles sont blanches , sans taches et sans cou leurs variées; elles n’ont pas autant de du- _reté qu’en ont les serpentines et les pierres ollaires , quoique leur.densité soit plus grände que celle de ces pierres |. Cette pierre craie d’ Huiiis est d'äntant plus mal nommée, qu'on la trouve en plu- sieurs autres contrées?; on l'appelle en Italie pietra di sartori, pierre des tailleuts d’habits # parce que ces ouvriers s'en servent pour rayer leurs étoffes. Ordinairement elle est blanche : cependant il ÿ en a de la grise, de la rouge, _@e la marbrée, de couleut jaunâtre et ver- 1 La pesanteur spécifique de la ciaie: d’Espagne est de 27902, C'est-à-dire, presque égale à celle du talc. La pesanteur spécifique de la Pire de lard de la Chine est de 25834, c’est-ddire, à peu près égale à celle de la serpentine opaque veinée dé noir et d olivâtre, mais considérablement moindre que celle de la buse des autres serpentines et pierres os laires. ? En Allemagne, dans le mar gra riat de Bareith ; én Suisse, etc: 36 HISTOIRE NATURELLE. dâtre, dans quelques contrées. Cette pierren’a | derapportavecla craie que par sa mollesse ; on. peut l’entamer avec l’ongle dans son état na- turel : mais elle sedurcit au feu comme toutes lesautres pierres talqueuses; elle estdemême . douce au toucher, et ne prend qu'un poli gras. | | | La pierre de lard, dont les Chinois font un si grand nombre de magots, est de la même essence que cette pierre craie d'Espagne : communément elle est blanche ; cependant äl s’en trouve aussi d’autres couleurs, et par- ticulièrement de couleur de rose, ce qui donne à ces figures l'apparence de la chair. Ces pierres de lard, soit de la Chine , soit d'Espagne ou des autres contrées de l'Europe, sont moins dures que les serpentines et les pierres ollaires, et néanmoins on peut les. employer aux mêmes usages , et en faire des vases et de la vaisselle de cuisine qui résiste au feu, s’y durcit et ne s’imbibe pas d’eau ; elles ne diffèrent , en un mot, des pierres ollaires , que parce qu'elles sont plus tendres | et moins colorées. M. Pott, qui a comparé cette pierre de lard de la Chine avec la craie d’Espagne, les pierres ollaires et les QE NT APT DES MINÉRAUX. 37 fines, ditavec raison, « que toutes ces pierres « sont de la même essence. On y apperçoitsou- « vent, quand on les rompt, des particules « brillantes de talc ; l’air n’y cause d’autre « changement que de les durcir un peu da- « vantage : si on Les jette dans l’eau, ils’y «en imbibe un peu avec sifflement; mais « elles ne s’y dissolvent pas comme l’argille… « La poudre de ces pierres forme avec l’eau « une pâte qu’on peut pétrir aisément. Sui- « vant les différens degrés de feu auquel on «les expose, elles se durcissent jusqu’au « point d’étinceler abondamment lorsqu'on « les frappe contre l'acier, et elles prennent « alors un beau poli : elles blanchissent pour « l'ordinaire à un feu découvert, et c'est par « cette blancheur que la terre de la Chine « l'emporte si fort sur les autres espèces ; « mais un feu renfermé la jaunit. L'espèce « jaune de cette terre rougitau contraire, so « rouge devient même vif; il en sort des étin- « celles , et son poli égale presque celui du -« jaspe : cela me fait soupçonner que ces têtes . «excellemment gravées, ces statues et ces «autres monumens des anciens ouvriers , « dont l’art, la durée et la dureté font au— Mat. gén, XV. ; 4 - 1 LE 9e TPE TION A UT Pan e L'ANNES A rn NS PSQ) Re af) LR PATENC PLANS LRU RES 3 HISTOIRE NATURELLE . « jourd’hui l'admiration des nôtres, ne sont «autre chose que des ouvrages faits avec des « terres stéatitiques sur lesquelles on a pu « travailler à souhait, et qui ayant acquis au « feu la dureté des pierres, ont finalement « été embellies de la polissure qui y subsiste «encore. «ŒEn sculptant exactement cétte terre crue, « on en peut faire les plus excellens ouvrages « des statuaires, qui reçoivent ensuite au feu «une parfaite dureté, qui sont susceptibles . «du plus beau poli , et qui résistent à toutes « les causes de destruction. «Mais sur-tout les chimistes peuvent s'en « servir pour faire les fourneaux et les creu— « sets les plus solides, et qui résistent admi- « rablement au feu et à la vitrification. » Tout ce que dit ici M. Pott, s'accorde par- faitementavec ce que j'ai pensé sur la nature et la dureté du jade, qui, par son poli gras et par l’endurcissement qu'il prend au feu, doit être mis au nombre des pierres tal- queuses ; les sauvages de l'Amérique n’au— roient pu percer ni graver le jade s’il eût eu la dureté que nous lui counoissons , et sans doute ils la lui ont donnée par le Of du feu. LA LA CRAIE DE BRIANCON. \ Ÿ Csrre pierre n’est pas plus craie que la craie d’Espagne; c’est également une pierre talqueuse , et presque même un véritable talc : elle n’en diffère qu’en ce que les lames dont elle est composée, sont moins solides que celles du talc, et se divisent plus aisé- ment en parcelles micacées, qui sont un peu plus aigres au toucher que les particules du talc. Cette pierre n’est donc qu’un talc im- parfait, c’est-à-dire, un agrégat de parti- i 72 DES MINÉRAUX. 79 que ce rapport qu’ils n’ont pas déterminé pour la seconde réfraction, et qu’ils croyoient égal au premier, en diffère d’un septième, et n’est que de 5 à 31, ou de 10 à 7 , au lieu de 5 à 3, ou de 10 à 6, en sorte que cette seconde réfraction est d’un FAIRE plus foible que la première. | Dans quelque sens que l’on regarde les objets à travers le crystal d'Islande , ils pa- roîtront toujours doubles, et les images de ces objets sont d'autant plus éloignées l’une de l’autre, que l’épaisseur du crystal est plus grande. Ce dernier effet est le même dans le crystal de roche ; mais le premier effet est différent , car il y a un sens dans le crystal de roche, où la lumière passe sans se parta- ger et ne subit pas une double réfraction * au lieu que, dans le crystal d'Islande, la double * La double réfraction du crystal de roche se fait dans le plan de sa base naturelle, dont les angles sont de soixante degrés : cette réfraction est plus ou moins forte, suivant la différente ouverture des an- gles, pourvu qu’il soit toujours dans le même sens , de ses côtés naturels, et ce sens est celui suivant nr ses faces sont inclinées l’une à l’autre; mais dans le sens opposé à n'ya qu unc seule réfraction. à. HISTOIRE Ne HRÉECR a lieu dans tous les sens. TA de cette HÉErtn UE consiste en ce que les lames "1 qui composent'le crystal d'Islande se croisent verticalement , au lieu que les lames du erys- tal de roche sont toutes posées dans le même sens; et ce qu'on voit encore avec quelque surprise, c'est que cette séparation de la lu- imière qui ne se fait que dans un sens en tra- versant le crystal de roche, et qui s'opère dans tous les’sens en traversant le crystal d'Islande, ne se borne pas dans ce spath, non plus que dans les autres spaths calcairés, et même dans les sypses, à une double ré- fraction, et que souvent, au lieu de deux réfractions , il y en a trois , quatre , &t même un nombre encore plus grand, selon que ces pierres transparentes sont plus ou moins composées de couches de densité diffé- rente ; car tous les liquides transparens et tous les solides qui, comme le verre,ou’le diamant, sont d’une substance simple, ho- mogène , et également dense, ne donnent P À \ . . qu'une seule refraciion ordinairement pro- _portionnelle à leur densité, et qui n’est plus grande que dans les substances inflammables ou combustibles , telles que le diamant DES MINÉRAUX. SE l'esprit-de-vin, les huiles transparentes, etc. Quoique j'aie fait plusieurs expériences sur les propriétés de ce spath d'Islande, je n'ai pu m'assurer du nombre de ces réfrac- tions ; elles m'ont quelquefois paru triples, quadruples , et même sextuples; et M. l’abbé de Rochon, savant physicien, de l’acañémie, qui s’est occupé dé cet objet, m'a assuré que certains crystaux d'Islande formoient non seulement deux , trois ou quatre spectres à la lumière solaire, mais quelquefois huit , dix , et même jusqu’à vingt et au-delà : ces crystaux ou spaths-calcaires sont donc com- posés d'autant de couches de densité différente qu'il y a d'images produites Sr les diverses réfractions. Et ce qui prouve encore que le spath d’Is- lande est composé de couches ou lames d’une densité très-différente, c’est la grande force de séparation ou d’écartement de la lumière, dont on peut juger par l'étendue des images ; l'un des spectres solaires de ce spath a trois pieds de longueur , tandis que l'autre n’en a que deux ; cette différence d’un tiers est.bien considérable en comparaison de celle qui se trouve entre les images produites par les 82 HISTOIRE NATURELLE deux réfractions du crystal de roche , dont la longueur des spectres ne diffère que d'un din seine : on doit donc croire , comme nous l’avons déja dit*, que le crystal de Ÿ Î roche est composé de couches ou lames alter- natives dont la densité n’est pas fort diffé=. rente, puisque leur puissance réfractive ne diffère que d’un dix-neuvième et l’on voit au contraire que le spath d'Islande est com- posé de couches d’une densité très-différente, puisque leur puissance réfractive diffère de près d'un tiers. | Les affections et modifications que Hi lu- mière prend et subit en pénétrant les corps transparens , sont les plus sûrs indices que nous puissions avoir de la structure inté— rieure de ces corps, de l’homogéuéité. plus ou moins grande de leur substance, ainsi que des mélanges dont souvent ils sont composés; etqui, quoique très-réels, ne sout nullement apparens , et ne pourroient même se décou- vrir par aucun autre moyen. Ÿ a-t-il en apparence rien de plus net, de plus unifor- mément composé , de plus régulièrement * Voyez Particle du érystal de roche dans le guatorzième volume-de cette Histoire. DES MINÉRAUX. 83 continu , que le crystal de roche? cependant sa double réfraction nous démontre qu’il est compose de deux matières de différente den- sité, et nous avons déja dit qu’en examinan£ son poli, l’on pouvoit remarquer que cette matière moins dense est en même temps moins dure que l’autre : cependant on ne doit pas regarder ces matières différentes . comme entièrement hétérogènes ou d'une autre essence , car il ne faut qu'une légère différence dans la densité de ces matières pour produire une double réfraction dans la lumière qui les traverse ; par exemple , je conçois que dans la formation du spath d’Is- lande, dont les réfractions diffèrent d'un tiers , l’eau qui suinte par stillation , dé- tache d’abord de la pierre calcaire les molé- cules les plus ténues, et en forme une lame transparente qui produit la première refrac- tion ; après quoi l'eau chargée de particules plus grossières ou moins dissoutes de cette même pierre calcaire , forme une seconde lame qui. s’applique sur la première ; et comme la substance de cette seconde lame est moins compacte que celle de la première, elle produit une seconde réfraction dont les ) 84 HISTOIRE NATURELLE - images sont d'autant plus-foibles et plus ait à _ gnées de celles de la première, que là diffé rence de densité est plus grande dans la ma tière des deux lames, qui, quoique toutes deux formées par une substance calcaire diffèrent néanmoins par la densité, c’est-à= dire, par la ténuité ou la grossièreté de leurs parties constituantes. [lise forme donc, par. lés résidus successifs de la stillation de l’eau, - des lames ou couches alternatives de matière plus ou moins dense ; l’une des couches est, à pour ainsi dire, le dépôt de ce que l’autre contient de plus grossier , et la masse totale … du corps transparent est entièrement compo- sée de ces diverses couches posées alternati-. vement les unes auprès des autres. Et comine ces couches de lames alterna- tives se reconnoissent au moyen de la double. réfraction , non seulement dans les spaths. calcaires et gypseux, mais aussi dans tous les crystaux vitreux, il paroïît que le procède ! le plus général de la Nature pour la compo- sition de ces pierres par lastillation des eaux ; est de former des couches alternatives , dont l’une paroit être le dépôt de ce que l’autre a de plus grossier, en sorte que la densité et læ. DES MINÉRAUX. 85 dureté de la première couche sont plus grandes que celles de la seconde ; toutes les pierres transparentes calcaires ou vitreuses sont ainsi composées de couches alternatives de différente densité, et il n’y a que le dia- maut et les pierres précieuses qui, quoique formées comme les autres par l’intermède de l’eau, ne sont pas composées de lames ou couches alternatives de différente densité , et sont par conséquent homogènes dans toutes- leurs parties. Lorsqu'on fait calciner au feu les spaths et les autres matières calcaires , elles laissent exhaler l'air et l’eau qu’elles contiennent , et perdent plus d’un tiers de leur poids en se convertissant en chaux; lorsqu'on les fait distiller en vaisseaux clos , elles donnent une grande quantité d’eau: cet élément entre donc et réside comme partie constituante dans toutes les substances calcaires et dans la formation secondaire des spaths. Les eaux de stillation, selon qu'elles sont plus ou moins chargées de molecules calcaires, forment des couches plus ou moins denses, dont la force de réfraction est plus ou moins grande ; mais eomme il n’y a, dans les crystaux vitreux, 8. " 96 HISTOIRE NATURELLE: Fe qu’une très-petite quautité d’eau en HR à raison de celle qui réside dans les spaths cal- | caires , la différence. entre leurs réfractions est très-petite , ét celle des spaths est très- grande. | Pour terminer ce que nous ayons à dire sur le spath ou crystal d'Islande, nous de- vons-observer que dans les lieux où 4l se trouve, la surface exposée à l’action de l'air est toujours plus ou moins altérée, et qu'elle est communément brune ou noirâtre: mais cette décomposition ne pénètre pas dans l’in- terieur de la pierre ; on enlève aisément , et même avec l’ongle, la première couche noire au-dessous de laquelle ce spath est d’un blanc transparent. Nous remarquerons aussi que ce crystal devient électrique par le frotte- meut, comime le crystal de roche et comme toutes les autres pierrés transparentes ; ce qui démontre que la vertu électrique peut se. donner également à à toutes les matières trans. parentes , Vitteuses ou calcaires. FELRLES. O N peut regarder les perles comme le pro- duit le plus immédiat de la substance co- quilleuse, c’est-à-dire, de la matière calcaire dans son état primilif; car cette matière cal- caire ayant été formée originairement par le filtre organisé des animaux à coquille , on peut mettre les perles au rang des concrétions calcaires , puisqu'elles sont également pro- duites par une sécrétion particulière d’une substance dont l'essence est la même que celle de la coquille, et qui n’en diffère en effet que par. la texture et l’arrangement des parties constityantes: Les perles , comme les coquilles, se dissolvent dans les acides ; elles peuvent également se réduire en chaux qui bouillonne avec l’eau ; elles ont à très-peu près la même densité, la même dureté, le même o7ienf, que la nacre intérieure et polie des coquilles , à laquelle elles adhèrent sou-. vent. Leur production paroit être acciden- telle : la plupart sont composées de couches 88. HISTOIRE NATURELLE | concentriques autour d’un très-petit noyau À qui leur sert de centre, et qui souvent est d’une substance différente de celle des cou- ches ; cependant il s’en faut bien qu'elles prennent toutes une forme régulière : les plus parfaites sont sphériques ; mais Le plus grand nombre, sur-tout quand elles sont un peu grosses, se présentent en forme un peu applatie d’un côté et plus convexe dé l’autre, ou en ovale assez irrégulier ; il y à même des perles longues, et leur formation, qui dépend en général de l’extravasation du suc coquilleux, dépend souvent d’une cause extérieure , que M. Faujas de Saint-Fond a très-bien observée , et que l’on peut démon- trer aux yeux dans plusieurs coquilles du genre des huitres. Voici la note que ce savant naturaliste a bien voulu me ar se dre sur ce sujet. «Deux sortes d'ennemis attaquent les «coquilles à perles. L’un est un ver à ta- « rière d’une très-petite espèce, qui pénètre « dans la coquille par les bords , en ouvrant «une petite tranchée longitudinale entre «les diverses couches ou lames qui com- « posent la coquille; et cette tranchée, après DES MINÉRA U x. 89 « s'être prolongée à un pouce , et quelquefois «jusqu'à dix-huit lignes de longueur , se « replie surelle-même, et forme une seconde « ligne parallèle qui n’est séparée de la pre- « mière que par une cloison très-mince de «matière coquilleuse. Cette cloison sépare « les deux tranchées dans lesquelles le ver a « fait sa route én allant et revenant , et on «en voitel'entrée et la sortie au bord de la « coquille. On peut insinuer de: longues « épingles dans chacun de ces orifices; et la «position parallèle de ces épingles démontre «que les deux tranchées faites par le ver «sont également parallèles ; il y à seulement «au bout de ces tranchées une petite por=- «tion circulaire qui forme le pli dans lequel «le ver a commence à changer de route pour «retourner vers les bords de la coquille. . «Comme ces petits chemins couverts somt « pratiqués dans la partie la plus voisine du « têt intérieur , il se forme bientôt un épan- «chement du suc nacré qui produit‘ une « protubérance dans cette partie: cette espèce «de saillie peut être réadtdte comme une « perle Jongitudinale adhérente à la nacre; «et lorsque plüsieurs de ces vers travaillent FEAT à ” vri Pa 2 CS Le pee = ne: # = + Se | @e. HISTOIRE A TONE «à côté les uns des autres , et qu ils se Yéu— D: «nissent à peu près au même endroit, ilen “ « résulte une espèce de loupe nacrée avec des ! « protubérances irrégulières. ÎL existe au « Cabinet du roi une de ces loupes de perle : « on y distingue plusieursissues qui ont servi « de passage à ces vers. «Un autre animal beaucoup. plus g gros , et « qui est de la classe des coquillages multi- «valves , attaque avec beaucoup plus de « dommage les coquilles à perles : celui-ci «est une pholade de l'espèce des dates de «mer. Je possède dans mon cabinet une «huître de la côte de Guinée, percée par «ces pholades qui existent encore en nature «dans le talon de la coquille:ces pholades « ont leur charnière formée en bec croisé. | «La pholade perçant quelquefois ]a co- « quille en entier, la matière de la nacre « s’épanche dans l’ouverture , et y forme un «noyau plus où moins arrondi, qui sert à «boucher le trou : quelquefois le noyau est «adhérent, d’autres fois il est. détaché. « J'ai fait pêcher moi-même, au mois « d'octobre 1784, dans le lac Tay, situé à a l'extrémité del Écosse , ua grand nombre 2 ? Re. - DES-MINÉRAUX. gr « de moules d’eau douce , dans lesquelles on «trouve souvent de belles perles ; et en «ouvrant toutes celles qui avoient la coquille « percée, je ne les ai jamais trouvees sans _« peiles,, tandis que celles qui etoient saines «n’en avoient aucune : mais je n'ai jamais «pu trouver des restes de l'animal qui «attaque les moules du lac Tay, pour pou- « voir déterminer àquelleclasseilappartient. « Cette observation qui a éte faite proba- « blement par d’autres que par moi,.a donné «peut-être l’idée à quelques personnes qui «s’occupent de la pèche des perles , de per- « cer lescoquilles pour y produire desiperles; «car j'ai vu au Muséum de Londres des «coquilles avec des perles , percées par un «petit fil de laiton rivé à l'extériéur, qui « pénétroit jusqu’à la nacre dans des-parties « sur lesquelles il s’est formé des perles. » On voit par cette observation de M. Faujas de Saint-Fond , et par une note que M. Broussonnet, professeur à l’école vétérinaire, a bien voulu me donner sur ce sujet * , qu’il * On voit à Londres des coquilles fluvianles àp= portées de la Chine, sur lescruelles on voit des perles de différentes srosseurs ; elles sont formées sur ux + TU ‘ LA | Ms cé HIST OIRE NATURELLE doit se former des perles dans lés coquilles & nacrées lorsqu’elles sont percées par des vers ou coquillages à tarière ; et il se peut qw en à général Ja production des Sera tienne au- tant à cette cause extérieure qu’à la surabon- dance et l’extravasation du suc coquilléux, qui, sans doute, est fort rare dans le corps du coquillage, en sorte que la comparaison des perles aux bézoards des animaux n’a peut- être de rapport qu'à la texture de ces deux substances, el point du tout à la cause de teur TOPRUER AR morceau de fil de cuivre avec lequel on a percé la coquille, et qui est rivé en dehors. On ne trouve ordinairement qu’uu seul morceau de fil de cuivre dans une coquille; on en voit rarement deux dans la même. On racle une petite place de la face 1 interne des coquilles fluviatiles vivantes, en ayant le soin de les ouvrir avec la plus grande attention, pour ne point endommager l’animal : on place sur l'endroit de la nacre qu’on a raclé, un très-petit morceau sphérique de nacre : cette petite boule, grosse comme du plomb à tirer, sert de noyau à la perle. On croit qu’on a fait des expériences à ce sujet en Finlande ; et 1l paroît qu’elles ont été répétées avec succès en Angleterre. (Note communiquée par M. Brous- - sonnet à M. de Buffon, 20 avril 1785.) 14 . à V'DES/MINÉRAUX. 93 _ La couleur des perles varie autant que leur figure ; et dans les perles blanches, qui sont les plus belles de toutes, le reflet appa- rent qu'on appelle l’eaz ou lorient de la perle, ést plus ou moins brillant , et ne luit pas également sur leur surface entière. Et cette belle production , qu’on pourroit : prendre pour un écart de la Nature, est mon. . seulement accidentelle, mais très-particu- lière; car dans la multitude d'espèces d’ani- maux à coquille, on n’en connoît que quatre, les huîtres, les moules, les patelles , et les oreilles de mer, qui produisent des perles, et encore n’y a-t-il. ordinairement que les grands individus qui dans ces espèces nous offrent cette production : on doit même dis- tinguer deux sortes de perles en histoire naturelle, comme on les a séparées dans le commerce, où les perles de moules n’ont aucune valeur en comparaison des perles d'huitres; celles des moules sont communé- ment plus grosses , mais presque toujours dé- fectueuses, sans orient, brunes ou rougeâtres, et de couleurs ternes ou brouillées. Ces moules. habitent les eaux douces , et produisent des perles dans les étangs et les rivières, sous 04 - HISTOIRE NATURELLE tous les climats chauds , tempérés ou froids. Les huîtres, les patelles, et. les oreilles. de mer,au contraire, ne produisent des perles | que dans les climats les plus chauds ; car dans la Méditerranée, qui nourrit de très- grandes huîtres , non plus que dans les autres mers tempérées et froides, ces coquillages ne forment point de perles. La production des perles a donc besoin d’une dose de chaleur. de plus: elles se trouvent très-abondamment dans les mers chaudes du Japon , où cer= taines patelles produisent de très- belles perles. Les oreilles de mer, qui ne se trouvent que dans les mers des climats méridionaux ; en fournissent aussi : mais les huîtres sont l'espèce qui en fournit le plus. On en trouve aux iles Philippines, à celle de Ceylan, et sur-tout dans les îles du golfe Persique. La mer qui baigne les côtes de l'Arabie du côté de Moka, en fournit aussi, et la baie du cap Comorin, dans la presqu'ile occidentale de l'Inde , est l'endroit de la terre le plus fameux pour la recherche et l'abondance des belles perles. Les Orientaux, et les commerçans d'Europe , out établi en | plusieurs endroits de l’Inde des troupes de. Æ 7 | DES MINÉRAUX. 05 pêcheurs, ou pour mieux dire, de petites compagnies de plongeurs, qui, chargés d’une grosse pierre, se laissent aller au fond de la mer pour en détachér les coquillages au ha- sard, et les rapporter à ceux’ qui les payent assez pour leur faire courir le risque de leur vie. Les perles que l’on tire des mers chaudes de l'Asie méridionale, sont les plus belles et les plus précieuses, et probablement les espèces de coquillages qui les produisent, ne se «rouvent que dans ces mers; ou S'ils se trouvent ailleurs dans des climats moins chauds, ils n’ont pas la même faculté, et n'y produisent rien de semblable, et c’est peut-être parce que les vers à tarière qui percent ces coquilles, n’existent pas dans les mers froides où tempérées. On trouve aussi d'assez belles perles dans les mers qui baignent les terres les plus chaudes de l'Amérique méridionale, et sur- tout près des côtes de Californie, du Pérou et de Panama : mais elles sont moins par- faites et moins estimées que les perles orien- tales. Enfin on en a rencontré autour des îles de la mer du Sud; et ce qui a paru digne de remarque , c’est qu'en général les - Lu PRES ja” 96 HISTOIRE NATURELLE. vraies et belles perles ne sont produites que dans les climats chauds , autour des îles ou près des continens , et toujours à une mé-". diocre profondeur ; ce qui semhleroit indi=. quer qu'indépendamment de la chaleur du globe, celle du soleil seroit nécessaire à cette” production, comme à celle de toutes les autres pierres précieuses : mais peut-être ne doit-on l’attribuer qu’à l’existence des vers qui percent les coquilles, dont les espèces ne, se trouvent probablement que dans les mers chaudes, et point du tout dans les régions" froides et tempérées ; il faudroit donc un plus grand nombre d'observations pour pro. noncer sur les causes de cette belle produc=— tion , qui peuvent dépendre de plusieurs accidens , dont les effets n’ont pas été assez soigneusement observés. X _. à La 4 TURQUOISES. El L> nom de ces pierres vient probablement de ce que les premières qu’on a vues en France , ont été apportées de Turquie : ce- pendant ce n’est point en Turquie, mais en. Perse , qu’elles se trouvent abondamment, et en deux endroits distans de quelques lieues l'un de l’autre, mais dans lesquels les tur- quoises ne sont pas de la même qualité. On a nommé furquoises de vieille roche les pre- mières , qui sont d’une belle couleur bleue et plus dures que celles de la nouvelle roche, dont le bleu est pâle ou verdätre. Il s’en trouve de même dans quelques autres con- trées de l'Asie, où elles sont connues depuis plusieurs siècles ; et l’on doit croire que l'Asie n’est pas la seule partie du monde où peuvent se rencontrer ces pierres dans un état plus ou moins parfait. Quelques voya- geurs ont parle des turquoises de la nouvelle Espagne, et nos observateurs en ont reconnu dans les mines de Hongrie. Boèce de Root 9 f SE” PA 4 VONT L P mm 98 HISTOIRE NATURELLE dit aussi qu’il y en a en Bohème et en Silésie, J'ai ‘cru devoir citer tous ces lieux où les turquoises se trouvent colorées par la Nature, afin de les distinguer de celles qui ne pren- nent de la couleur que par l’action du feu : celles-ci sont beaucoup plus communes, et se trouvent même en France; mais elles … n’ont ni-n’acquièrent jamais la belle couleur des premières. Le bleu qu’elles ‘prennent au feu, devient verd ou verdätreavec le temps: ce sont, pour ainsi dire, des pierres artificielles, au-lieu que les turquoises naturelles et qui ont reçû leurs couleurs dans le sein de la tefre, les conservent à jamais, ou du moins très-long-temps , et méritent d’êtremises au rang des belles pierres opaques. TEE Leur origine est bien connue : ce sont les os , les défenses , les dents des animaux ter“ restres et marins, qui se convertissent ent turquoises lorsqu'ils se trouvent à portée dé recevoir, avec le suc pétrifiant , la teinture métallique qui leur donne la couleur ; ét comme le fond de la substance des os est une matière calcaire , on doit les mettre, comme ES Ÿ D k M ul TA Les perles, au nombré des produits de cettèé | méêrne matière. 7 \ fa © DES MINÉRAUX. _o9 Le premier auteur qui ait donné quelques indices sur l’origine des turquoises , est Gui de la Brosse, mon premier et plus ancien prédécesseur au Jardin du roi. Il écrivoit en 1698 ; et en parlant de la licorne minérale, il la uomme /a mère des turquoises. Cette licorne est sans doute la longue défense osseuse et dure du narwal. Ces défenses, ainsi que les dents et les os de plusieurs autres animaux marins remarquables par leur forme, se trouvent en Languedoc, et "ont été soumises dès ce temps à l’action du feu pour leur donner la couleur bleue: car, dans le sein de la terre , elles sont blarches ou jaunâtres , comme la pierre calcaire qui Jes environne, et qui paroît les avoir pétri- fiées. On peut voir dans les Mémoires de l’aca- démie des sciences, année 1715, les obser— vations que M. de Réaumur a faites sur ces turquoises au Languedoc. MM. de l’acadé- mie de Bordeaux ont vérifié, en 1719, les observations de Gui de la Brosse et de Réau- mur; et plusieurs années après , M. Hill en a parlé dans son commentaire sur Théo- phraste, prétendant que les observations de. ‘ x … M. z ro0 HISTOIRE NATURELLE au cet auteur grec ont précédé celles das natu= ralistes françois. Il est vrai que Théophraste, Fc. après avoir parlé des pierres les plus pré- cieuses, ajoute qu'il y en a encore quelques autres, telles que l’ivoire fossile, qui paroit marbré de noir et de blanc, et de saphir foncé : c’est-là évidemment, dit M.'Hill, les points noirs et bleuâtres qui forment la cou- leur des turquoises. Mais Théophraste ne dit pas qu’il faut chauffer cet ivoire fossile, pour que cette couleur noire et bleue se répande, et d’ailleurs il ne fait aucune mention des vraies turquoises qui ne doivent leurs belles couleurs qu'à la Nature. On peut croire que lé cuivre en dissolution se mélant au suc pétrifiant, donne aux os une couleur verte; et si l’alcali s’y trouve combiné, comme il l'est en effet dans la terre calcaire , Le Yerd deviendra bleu : mais le fer dissous par l'acide vitriolique peut aussi donner ces mêmes couleurs. M. Mor- timer , à l’occasion du commentaire de M. Hill sur Théophraste, dit « qu’il ne nie pas « que quelques morceaux d’os ou d'ivoire fos- «sile, comme les appeloit, il y a deux mille « ans , Théophraste , ne puissent répondre | ee DES MINÉRAUX. ror « aux caractères qu’on assigne aux turquoises «de la nouvelle roche; mais il croit-que « celles de la vieille sont de véritables pierres, « ou des mines de cuivre dont la pureté sur- _« passe celle des autres, et qui, plus cons- _« lantes dans leur couleur, résistent à un « feu qui réduiroit les os en chaux. C’est ce « que prouve encore , selon lui , une grande _« turquoise de douze pouces de long, de cinq « de large , et de deux d'épaisseur, qui a été, «montrée à la société royale de Londres: l’un -« des côtés paroît raboteux et inégal, comme «s’il avoit été détaché d’un rocher; l’autre « est parsemé d’élévures et de tubercules qui, « de même que celles de l’hématite botryoïde, « donnent à cette pierrela forme d’une grappe, «et prouvent que le feu en a fondu la subs- « tance ». Je crois, avec M. Mortimer, que le fer a pu colorer les turquoises : mais ce métal ne fait pas le fond de leur substance, comme celle des hématites; et les turquoises de la vieille et de la nouvelle roche, les tur- quoises colorées par la Nature, ou par notre art, ou par le feu des volcans, sont également plus où moins imprégnées et pénétrées d’une teinture métallique, Et comme däns Les subs- / | URELRE tances osseuses , il s’en trouve de différentes textures et d’une plus ou moins grande dureté, que , par exemple, l’ivoire des défenses de l'éléphant, du morse, de l’hippopotame, et même du narwal, sont beaucoup plus dures que les autres os, il doit se trouver et il se trouve en effet des turquoises beaucoup plus dures les unes que les autres. Le degré de pétrihication qu'auront reçu ces os , doit aussi contribuer à leur plus ou moins grandé dureté. La teinture colorante sera même d'autant plus fixe dans ces os, qu'ils seront plus massifs et moins poreux : aussi les plus belles turquoises sont celles qui, par leur dureté, reçoivent un poli vif, et dont la couleur ne s’altère nt me change avec le temps. Les turquoises artificielles, c'est-à-dire, celles auxquelles on donne la couleur par le moyen du feu , sont sujettes à perdre leur beau bleu : elles deviennent vertes à mesure que l’alcali s’exhale ; et quelquefois même elles perdent encore cette couleur verte, et _ deviennent blanches ou jaunâtres, comme elles l’étoient avant d’avoir été chauffées. !, Au reste, on doit présumer qu'il peut se DES. MINÉRAUX. CARRE former "PR turquoises dans tous les lieux où des os plus où moins pétrifiés auront reçu la teinture métallique du fer ou du cuivre. Nous avons au Cabinet du roi une main bien conservée, et qui paroiît être celle d’une femme dont les os sont convertis en: tur- quoise. Cette main a été trouvée à Clamecy en Nivernois , et n’a point subi l’action du feu ; elle est même recouverte de la peau, à l'exception de la dernière. phalange des doigts , des deux phalanges du pouce, des cinq os du metacarpe, et de l’os unciforme, qui sont découverts. Toutes ces parties osseuses sont d’une couleur bleue mêlée d’un verd plus ou moins foncé *, * Voyez la description de cette main par M. Daur benton , dans cette Histoire Naturelle , tome XIV, in-4°, page 3754 + : ER Liséorait est, comme l’on sait, de la même nature que les coquilles ; 1 est produit, ainsi que tous les autres madrépores , astroïtes ;: cerveaux de mer , etc. par le suintement du corps d’une multitude de petits animaux auxquels il sert de loge , et c’est dans ce genre la seule matière qui ait une certaine valeur. On le trouve en assez grande abondance au— tour des iles et le long des côtes, dans presque toutes les parties du monde. L'ile de Corse, qui appartient actuellement à la France ,.est eñvironnée de rochers et de bas-fonds, qui pourroient en fournir une très-g'ande quan- tité, et le gouvernement feroit bien de ne pas négliger cette petite partie de commerce, qui deviendroit très-utile pour cette île. Je crois donc devoir publier ici l’extrait d’un mémoire qui me fut adressé par le ministre en 1779 : ce mémoire, qui contient de bonnes observations, est de M. Fraticelli, vice-consul de Naples en Sardaigne. ww d \ * HISTOIRE NATURELLE. roÿ «IL y a environ douze ans’, dit M. Frati- « celli,queles pècheurs ne fréquentent point « où fort peu les mers de Corse pour y faire « cette pèche ; ils ne pouvoient poiut aller à «la côte avec sûreté pendant la guerre des « Corses, de sorte qu'ils l’avoient presque en- « tièrement abandonnée : c’est seulement en «1771 qu'environ quarante Napolitains ou « Génois la firent ; et attendu les-mauvais « temps qui régnèrent cette ännée, leur pêche « ne fut pas abondante ; et quoique par cette « raison elle ait été médiocre, ils trouvèrent «Cependant les rochers fort riches en corail: &ils Auroient repris leur pêche en 1772, sans « la crainte des bandits qui infestoient l’île. « Ts passèrent donc en Sardaigne ,où depuis « quelques siècles ils font la pêche ainsi que « plusieurs autres nations ; mais ils y ont « fait jusqu’à présent une pêche médiocre , « quoiqu’ils y trouvent toujours autant dé « corail qu’ils en trouvoient il y a vingtans, «parce que si on le pêche d’un côté il naît « d’un autre : au surplus, il est à présumer «qu'il faut bien du temps avant que les « filets qu’on jette une fois, rencontrent de « nouveau le même endroit, quoiqu’on pèche ! 34/27 OURS 4 106 HISTOIRE NATURELLE « sur le même rocher. D'après les. infor= « mations que j'ai prises, et les observa= « tions que j'ai toujours faites, je suis d'avis | « que Le corail éroit en peu d’années,etqu'en « vieillissant il se gâte et devient piqué ; et « que sa tige même tombe; attendu que dans «la pêche on prend plus de celui..appelé «zicadufo (c’est-à-dire, tombé de la,tige), « el terraglio (c’est-à-dire, ramassé par terre er presque pourri), que de toute autrees- « pèce. Comme il y a plusieurs qualités de «corail , de plus estimé est celui qui est le xe plus gros et de plus belle couleur; il-faut « recevoir pour passable celui qui, quoique «gros, commence à être rongé par la vieil- « lesse, et qui par conséquent a déja perdu « de sa couleur : si un pêcheur, pendant « toute la saison de la pèche , prend une cin- « quantaine de livres de corail de cette pre- « mière qualité, on peut dire qu'il a fait une « bonne pêche, attendu qu’on le vend depuis « sept jusqu’à neuf piastres la livre , c’est- «à-dire , depuis trente jusqu'à quarante « francs. De la seconde qualité est celui qui, « quoiqu'il ne soit pas bien gros, est cepen— « dant entier et de belle couleur, sans être f 0 LA DES MINÉRAUX. ro « rongé ; on en pèche peu de cette qualité, « et'on le vend huit à dix francs la livre. De « la troisième qualité est tout celui qui est « tombé de sa tige, et qui ayant perdu sa « couleur est appelé sbianchito ( blanchi ) : « cette espèce est toujours très-rongée ; et. «c'est de cette qualité que les pêcheurs ‘ « prennent communément un quintal, payé, « par les marchands de Livourne , de six « francs à deux livres. La quatrième qualité «est de celui appelé féraglio (tombé de sa «tige depuis très-long-téemps, et presqué « pourri), que l’on doune à très-bas* prix. « D'après ce détail , on voit que le corail se « perd en vieillissant , et dépérit dans la mer « sans aucun profit. « Depuis. la mer de Éénifiéio jusqu’au « golfe de Valimo TES A plusieurs rochers «riches en corail et assez peu éloignés de «terre ; mais aussi de peu déidues ; le « plus considérable est celui appelé /a Secca « di Tizzano ('écueil de Tizzano, éloigné de «terre d'environ trois lieues ) : d’après ce « que les pêcheurs en disent, il en a environ _ «huit de circonference. Ce rocher est fort. « riche en corail, dont la plus grande partie «se trouve de la dernière qualité :-on est «d'avis que cela provient de la trop grande 4 | « étendue du rocher, qui fait qu’il s'écoule À | « plusieurs années avant que l’on rencontre «le même endroit où l’on a pêché les années « précédentes, en sorte que le corail qui est « fort vieux, se gâte, et devient > pour la « plus grande partie, £erraglio , et qu’il en « reste peu de la première qualité. IL y a « aussi un aufe rocher qui est appelé /a Secca «grande, qui se trouve entre la Senara, «petite île entre la Sardaigne et la Corse:on « prétend qu il a onze lieues de circonférence, «et qu’ilest beaucoup plus riche en corail « que celui de Tizzano ; mais il est moins « fréquenté , attendu son grand éloignement « de l'ile, Son corail est aussi beaucoup in- _«férieur à celui du premier rocher : des « milliers de pêcheurs pourroient faire leur « pêche sur ces deux grands rochers sous « marins, et il s’écouleroit bien des siècles « avant de n'y plus trouver de corail. | « Les avantages que lesdits pécheurs pro- « curoient avant l'interdiction de la pêche à « la ville de Bonifacio et à toute l’île, étoient « d’une trés - grande considération ; j CAT, + DES MINÉRAUX. 109 <& quoiqu ils vivent misérablement . ils s'y « pourvoient de toutes les denrées nécessaires, « chacun en profite , et le plus grand avan- « tage est pour le domaine royal, attendu les « droits qu’on en retire pour l'importation « des denrées de l'étranger. «Comme on fait toujours une e pêche mé « diocre en Sardaigne , quoique les pêcheurs « y trouvent les denrées à très-bon marché, « si on venoit à ouvrir la pêche en Corse , ef « que le droit domanial , au moins pour les « premières années , ne fût point augmenté , « ils y viendroient tous, ce qui formeroit un « objet de trois cents pêcheurs environ ; et « par ce commerce on verroit s'enrichir une « très-grande partie de l’île, d'autant qu’à -« présent les denrées y sont en si grande « abondance, que le gouvernement à été obli- _« gé de permettre l'exportation des grains: « alors tout resteroit dans l'ile, et lui procu- « reroit les plus grands avantages. » | Le corail est aussi fort abondant be Cer= tains endroits autour de la Sicile. M. Brydone décrit la manière dont on le pêche, dans les termes suivans : « La pêche du corail, dit:1}; « se fait sur-tout à Trapani: on y a inventé Mat, gén, XV: 10 rio HISTOIR E NATU «une machine quiest très-propre à cet doué # «ce n’est qu’une grande croix de bois an « centre de laquelle on attache une pierre 1 « dure et très-pesante , capable de la faire | « descendre et maintenir au fond ; on place ‘À « des morceaux de petit filet à sie nmem- N'éuhà «bre de la croix, qu’on tient horizontale- « ment en équilibre au inoyen d’une corde, «et qu’on laisse tomber dans l'eau ; dès que «les pêcheurs sentent qu’elles tour btit le «fond , ils lient la corde aux bateaux, ils « rament ensuite sur les couches de corail ; «la grosse pierre détache le corail des ro « chers , et il tombe sur-le-champ dans les « filets. Depuis cette invention, la pèche du « corail est devenue une branche importante « de commerce pour l’ile de Sicile. » : CN à AE e 8 Gels hs DC DT bn +2 my." 4 ' nt « À : L D'PÉDRIFICATIONS ET FOSSILES. À les corps organisés , sur-tout ceux. qui sont solides , tels que les bois et les os, peuvent se pétrifier en recevant dans leurs pores les sucs calcaires où vitreux ; souvent même, à mesure que La substance animale ou végétale se détruit, la matière pierreuse en preud la place, en sorte que, sans changer de forme , ces bois et ces os se trouvent conver- tis en pierre calcaire, en iwarbres, en eail- loux , en agates, etc. L’on reconnoît évidem- ment dans la plupart de ces pétrifications tous les traits de leur ancienne organisation, quoiqu'elles ne conservent aucune partie de leur première substance ; la matière en a été detruite et remplacée successivement par le suc peétrifant auquel Jeur texture, tant ws “HISTOIRE N sorteque la forme dort icisur ji SpA. point d'exister après elle. Cette opération de la Nature est le grand moyen dont elle s est servie , et dont elle se sert encore, pour con-. server à jamais les empreintes des êtres pé- rissables : c’est en effet par ces pétrifications . que nous reconnoissons ses plus anciennes productions , et que nous avons une idée de ces espèces maintenant anéanties, dont l’exis- _tence a précédé celie de tous les êtres actuel- lement vivans ou végétans; ce sont les seuls monumens des premiers âges du monde ; leur forme est une inscription authentique qu'il est aise de lire en la comparant avec les formes des corps organisés du même genre ; et comme on ne leur trouve point d'individus analogues dans la Nature vivante, - on est forcé de rapporter l’existence de ces. espèces actuellement perdues, aux temps où la chaleur du globe étoit plus grande, et sans doute nécessaire à la vie et à la propagation de ces animaux et végétaux 1 ne subsistent plus. LR C'est sur-tout dans les nt Pl etles - poissons , premiers habitans du globe, que s + L : : PRES PA DES MINÉRAUX. r3. l'on peut compter un plus graud nombre d'espèces qui ne subsistent plus ; nous n’en Ed treprendrons pas d'en donner ici l'énuméra- tion, qui, quoique longue, seroit encore ine complète : ce travail sur la vieille Nature exigeroit seul plus de temps qu'il ne m'en reste à vivre,et je ne puis que le recomman- der à la postérité; elle doit rechercher ces anciens titres de noblesse de la Nature, avec d'autant plus de soin qu’on sera plus éloigné du temps de son origine. En les rassemblant et les comparant attentivement, on la verra plus grande et plus forte dans son printemps qu'elle ne l’a été dans les âges subsequens : en suivant ses dégradations , on reconnoîtra les pertes qu'elle a faites, et l’on pourra déterminer encore quelques époques dans la succession des existences qui nous ont pré- cédés. Les pétrifications sont les monumens les .mieux conservés, quoique les plus anciens de ces premiers âges : ceux que l’on connoît sous le nom de fossiles, appartiennent à des temps subséquens; ce sont les parties Les plus solides , les plus dures, et particulièrement Jes dents des animaux, qui se sont conservées 10 qu, HISTOIRE NATURELLE intactes ou peu altérées dans le sein k 14 1 terre. Les dents de requin que l’on connoit sous le nom de glossopètres , celles dhippo= potame, les défenses d’éléphant et autres ossemiens fossiles, sont rarement pétrifiés ; Jeur état est plutôt celui d’une décomposition plus ou moins avancée: l’ivoire de l'éléphant, du morse, de l’hippopotame, du narwal, et tous les os dont en général le fond de la subs- tance est une terre calcaire , reprennent d’a- bordleur première nature, etseconvertissent en une sorte de craie ; ce n’est qu'avec le temps , et souvent par des circonstances lo— cales et particulières, qu’ils sé pétrifient et reçoivent plus de dureté qu'ils n’en avoient naturellement. Les turquoises sont le plus bel exemple que nous puissions donner de ces pétrifications osseuses , qui néanmoins sont incomplètes ; car la substance de l'os w’y est pas entièrement détruite , et pleine— ment remplacée par le suc vitreux ou cal- caire. Aussi trouve-t-on les turquoises, ainsi que les autres os et les dents fossiles des animaux, dans les premières couches de la terre à une petite profondeur , tandis que les coquilles / sb à WE, ue OS 10e. | DES MINÉRAUX. : n5 pétrifiées font souvent partie des derniers bancs au-dessous de nos collines , et que ce n’est de mème qu’à de grandes profondeurs que l’on voit, dans les schistes et les ardoises, des empreintes de poissons, de crustacés et de végétaux, qui semblent nous indiquer que leur existence a précédé, même de fort loin, celle des animaux terrestres : néanmoins leurs ossemens conservés dans le sein de la terre, quoique beaucoup moins anciens que les pétrifications des coquilles et des poissons, : ne laissent pas' de nous présenter des espèces d'animaux quadrupèdes qui ne subsistent plus ; il ne faut, pour s’en convaincre , que comparer les énormes dents à pointes mousses dont j'ai donné la description et la figure *, avec celles de nos plus grands animaux ac- tuellement existans : on sera bientôt forcé d’avouer que l'animal d’une grandeur pro- disieuse auquel ces dents appartenoient, _étoit d'une espèce colossale , bien au-dessus de celle de l'éléphant ; que de même les très- grosses dents quarrées que j'ai Cru pouvoir comparer à celles de l’hippopotame , sont * Voÿez le tome VII de cette Histoire, page 356, planches r et 2. v16 HISTOIRE NA 14 mi encore des débris de corps démesurément g D - gantesques, dont nous n'avons ni le modèle | exact, ni n’aurions pas même l’idée sans ces témoins aussi authentiques qu'irrépro- « chables : ils nous démontrent nonseulement | l'existence passée d'espèces colossales, diffé rentes de toutes les espèces actuellement | subsistantes, mais encore la grandeur gigan- tesque des premiers pères de nos espèces ac- tuelles ; les défenses d’éléphant de huit à dix pieds de longueur, et Les grosses dents d'hip- popotame dont nous avons parle *, prouvent assez que ces espèces majeures étoient an— ciennement trois ou quatre fois plus grandes, et que probablement leur force et leurs autres facultés étoient en proportion de leur vo= lume. En. Ilen est des poissons et coquillages comme des animaux terrestres ; leurs débris nous démontrent l'excès de leur grandeur : existe- t-il en effet aucune espèce comparable à ces grandes volutes pétrificées , dont le diamètre est de plusieurs pieds, et le poids de plusieurs centaines de livres ? Ces coquillages d’une EE rs + a og ut Es c Voyez Époques de la + tome VII de cette Histoire, page 353. ; Fr ” AE, 27 DL Las "| " # |. 13 + ot \ { d , ÿ LE Ms L] À DES MINÉRAUX. ny L) grandeur démesurée n'existent plus que dans le sein de la terre , et encore n’y existent-ils qu’en représentation ; la substance de l’ani- _ mal a été détruite, et la forme de la coquille s’est conservée au moyen de la pétrification. Ces exemples suffisent pour nous donner une idée des forces de la jeune Nature ; animée d'un feu plus vif que celui de notre tempé- - rature actuelle , ses productions avoient plus de vie, leur développement étoit plus rapide, et leur extension plus grande: mais à mesure que la terre s’est refroidie , la Nature vivante s’est raccourcie dans ses dimensions ; et non seulement les individus des espèces subsis- tantes se sont rapetissés, mais les premières espèces que la grande chaleur avoit pro- duites , ne pouvant plus se maintenir, ont péri pour jamais. Et combien n’en périra-t-il pas d’autres dans la succession des temps, à mesure que ces trésors de feu diminueront par la déperdition de cette chaleur du globe qui sert de base à notre chaleur vitale, et sans laquelle tout être vivant devient cadavre, ét toute substance organisée se réduit en matière brute! Si nous considérons en particulier cette l'esprit plus qu Dot ie par le SD à. digieux qu'on est forcé de supposer pour la succession des innombrables générations qui nous sont attestées par leurs débris et leur destruction. Les pétrifications qui ont con- servé la forme des productions du vieil Océan, ne font pas des unités sur des millions de ces mêmes corps marins qui ont été réduits en poudre, et dont les détrimens accumulés par le mouvement des eaux, ont forme la masse entière de nos collines calcaires, sans comp- ter encore toutes les petites masses pétrifées ou mineralisées qui se trouvent dans les glaises et dans la terre limoneuse : sera-t-il jamais possible de reconnoître la! durée du temps employé à ces grandes constructions , et de celui qui s’est écoulé depuis la pétrifi- cation de ces échantillons de l’ancienne Na- ture? On ne peut qu’en assigner des limites assez indéterminées entre l’époque de l’occu- pation des eaux et celle de leur retraite ; époques dont j'ai sans doute trop resserré la durée pour pouvoir y placer la suite'de tous LA DES MINÉRAUX rry les événemens qui paroissent exiger un plus grand emprunt de temps, et qui me sollici- toient d'admettre plusieurs milliers d'années de plus entre les limites de ces deux époques. L'un de ces plus grands événemens est l’a- _ baissement des mers, qui, du sommet de nos montagnes, se sont peu à peu déprimées au niveau de nos plus basses terres. L’une des principales causes de cette dépression des eaux est, comme nous l'avons dit, l’affaisse- ment successif des boursouflures caverneuses formées par le feu primitif dans les premières couches du globe, dont l'eau aura percé les voûtes et occupé le vide ; mais une seconde cause peut-être plus efficace, quoique moins apparente, et que je dois rappeler ici comme dépendante de la formation des corps marins, c'est la consommation réelle de l’immense quantité d’eau qui est entrée et qui chaque jour entre encore dans la composition de ces corps pierreux. On peut démontrer ceite “présence de l’eau dans toutes les matières calcaires; elle y réside en si grande quantité, qu elle en constitue souvent plus d’un quart de la masse ; et cette eau, incessamment absorbée par les générations successives des La vie ST Tor het: ; genre, s’est conservée ds nee Sp a en. _ sorte que toutes nos montagnes et collines cal= à caires sont réellement composées de plus d’un … quart d’eau. Ainsi le volume.apparent de cet élément, c'est-à-dire, la hauteur deseaux, à * diminué en proportion du quart de la masse ; de toutes les montagnes calcaires, puisque . la quantité réelle de l’eau a souffert ce déchet . par son incorporation dans toute matière co- 4 quilleuse au moment de sa formation ; et ; plus les coquillages et autres corps marins : du même genre se multiplieront, plus la quantité de l’eau diminuera, et plus les mers … s’abaisseront. Ces corps de substance cout 1 leuse et calcaire sont en effet l’intermède et. le grand moyen que la Nature emploie pour 1 convertir le liquide en solide : l’air et l’eau. que ces corps ont absorbés dans leur forma- tion et leur accroissement, y sont incarcéreés et résidans à jamais ; le feu seul peut les de- gager en réduisant la pierre en chaux, de sorte que pour rendre à la mer toute l’eau qu’elle a perdue par la production des subs= . tances coquilleuses , il faudroit supposer un . incendie général, un second état d’incandes- / f EN | Ts ANSE re “Sens CEULe ae, c . ; : DES MINÉRAUX. 12€ . cence du globe , dans lequel toute la matière calcaire laisseroit exhäler cet air fixe et cette eau qui font une si grande partie de sa subs- _ tance. + La quantité réelle de l’eau des mers a donc diminué à mesure que les animaux à co- quilles se sont multipliés, etson volume appar rent , déja réduit par cette première cause, a dû nécessairement se déprimer aussi par l’affaissement des cavernes, qui recevant les eaux dans leur profondeur en ont successi- vement diminué la hauteur, et cette dépres- sion des mers augmentera de siècle en siècle, tant que là terre éprouvera des secousses et des affaissemens intérieurs, et à mesure aussi qu'il se formera de nouvelle matière calcaire par la multiplication de ces animaux marins revêtus de matière coquilleuse: leur nombre est si grand , leur pullulation si prompte, Si abondante, et leurs dépouilles si volumi- neuses, qu’elles nous préparent au fond de la mer de nouveaux continens, surmontés de collines calcaires , que les eaux laisseront à découvert pour la postérité, comme elles nous ont laissé ceux que nous habitons. Toute la matière calcaire ayant été primi- 11 T22 “HISTOIRE SAFRAN quantité : toutes les matières vitreuses a nt | contraire , qui ont êté produites par le feu , A. n en contiennent point du tout, et néanmoins | c’est par l’intermède de l’eau que s opèrent | également les concrétions secondaires et les pétrifications vitreuses et calcaires ; les co quilles, les oursins, les bois, convertis en. cailloux, en agates, nedoiventcechangement qu'à l’infiltration d’une eau chargée du suc vitreux , lequel prend la place de leur pre- mière substance à mesure qu'elle se détruit. - Ces pétrifications vitreuses , quoiqu'assez communes , le sont cependant beaucoup. moius que les petrifications calcaires; mais souvent elles sont plus parfaites, et pré= sentent encore plus exactement la forme tant extérieure qu'intérieure des corps telle” qu’elle étoit avant la pétrification : cette ma- tière vitreuse, plus dure que la calcaire, résiste mieux aux chocs, aux frottemens des autres corps, ainsi qu’à l’action des sels de la terre, et à toutes les causes qui peuvent altérer, briser et réduire en poudre les pétrifications calcaires. DES MINÉRAUX. 123 Une troisième sorte de pétrification qui se fait de même par le moyen de l’eau, et qu’on peut regarder comme une minéralisation se présente assez souvent dans les-bois devenus pyriteux, e£ sur les coquilles recouvertes et quelquefois pénétrées de l’eau chargée des parties ferrugineuses qui contenoient les py- rites : ces particules métalliquès prennent peu à peu la place de la substance du bois . _ qui se détruit ; et sans en altérer la forme, elles le changent en mines de fer ou de cuivre. Les poissons dans les ardoises, les coquilles, et particulièrement les cornes d’ammon dans les pglaises , sont souvent recouverts d’un enduit pyriteux qui présente les plus belles couleurs ; c’est à la décomposition des pyrites conteuues dans les argsilles et les schistes, qu’on doit rapporter cette sorte de minéralisation qui s’opère de la même ma- nière et par les mêmes moyens que la pétri- fication calcaire ou vitreuse. Lorsque l’eau chargée de ces particules calcaires , vitreuses ou métalliques, ne les a pas réduites en molécul:s assez ténues pour pénétrer dans l’intérieur des corps organises, elles ne peuvent que s'attacher à leur surface et lc envelopper d’une incrustation SN 0 moins épaisse ; les eaux qui découlent des | montagnes et collines calcaires , forment , M | pour la plupart, des incrustations dans leurs tuyaux de conduite, et autour: des racines d'arbres et autres corps: qui résident sans mouvement dans l'étendue de leur cours, et souvent ces corpsincrustés ne sont pas pétrE fiés : il faut, pour opérer la pétrification , now seulement plus de temps, mais plus d’atté- nuation dans la matière dont les molécules ne peuvent entrer dans l'intérieur des corps et se substituer à leur première substance, que quand elles sont dissontes et réduites à la plus grande ténuité. Par exemple, ces belles pierres nouvellement découvertes, et aux- quelles on a donné le nom impropre de marbres opalins, sont plutôt des incrusta= tions ou des concrétions que des pétrifica- tions , puisqu'on y voit des fragmens de Burgos et de moules de Magellan avec leurs couleurs : ces coquilles n’étoient donc pas dissoutes lorsqu'elles sont entrées dans ces marbres ; elles n'étoient que brisées en petites … parcelles qui se sont mêlées avec la poudre … calcaire dont ils sont composes. ._ DES MINÉRAUX. 125 _ Lesuc vitreux , c'est-à-dire, l’eau chargée _ de particules vitreuses, forme rarement des incrustations, même sur les matières qui lui sont analogues; l’émail quartzeux qui revêt certains blocs de grès, est un exemple de ces incrustations : mais d'ordinaire les mo-— lécules du suc vitreux sont assez atténuées, assez dissoutes, pour pénétrer l’intérieur des corps, et prendre la place de leur substance à mesure qu’elle se détruit ; c’est-là le vrai caractère qui distingue la pétrification, tant de l’incrustation, qui n’est qu’un revêtement, que de la concrétion, qui n’est qu’une agré- gation de parties plus ou moins fines ou gros- _ siêres. Les matières calcaires et métalliques forment au contraire beaucoup plus de con- crétions et d’incrustations que de pétrifica- tions ou minéralisations , parce que l’eau les détache en moins de temps et les transporte en plus grosses parties. que celles de la ma- tière vitreuse, qu’elle ne peut attaquer et dis- soudre que par une action lenteet constante, attendu que cette matière, par sa dureté, lux résiste plus que les substances calcaires ou métalliques. 104 Il y a peu d'eaux qui soient absolument 11 pures; la aie sont M Pop certain quantité de parties calcaires, gypseuses , Vi treuses ou métalliques; et quand ces parti= cules ne sont encore que réduites en poudre palpable , elles tombent en sédiment au fond de l’eau, et ne peuvent former que des con— crétions ou des incrustations grossières ; elles ne pénètrent les autres corps qu'autant qu’elles sont assez aiténuées pour être reçues dans leurs pores, eten cetétat d'atténuation, elles n’altèrent ni la limpidité ni même la légéreté de l’eau qui les contient et qui ne leur sert que de véhicule: néanmoins ce sont souvent ces eaux si pures en apparence dans lesquelles se forment en moins de temps les pétrifications les plus solides ; on a exemple de crabes et d’autres corps pétrifiés en moins de quelques mois dans certaines eaux, et par- ticulièrement en Sicile , près des côtes de Mes- sine ; on cite aussi les bois’ convertis en | cailloux dans certaines rivières , et je suis _ persuadé qu’on pourroit, par notre art,imi- ter la Nature , et pétrifier les corps avec de l'eau convenablement chargée de matière pierreuse ; et cet art, s’il étoit porté à sa perfection, seroit plus précieux-pour la pos- iérité que l’art des embaumemens. | M Re USM DES MINÉRAUX. 127 Mais c’est plutôt dans lessein de la terre que dans la mer , et sur-tout dans les couches de matière calcaire , que s'opère la pétrifica- tion de ces crabes et autres crustacés, dont quelques uns, et notamment les oursins, se trouvent souvent pétrifies en cailloux , ou plutôt en pierres à fusil placées entre les bancs, de pierte tendre et de craie. On trouve aussi des poissons pétrifiés dans les matières cal- caires : nous en avons deux au Cabinet du roi, dont le premier paroïit être un saumon _ d'environ deux pieds et demi de longueur, et le second , une truite de quinze à seize pouces , très-bien conservés ; les écailles, les arêtes, et toutes les parties solides de leur corps, sont pleinement petrifiées en matière calcaire. Mais c'est sur-tout dans les schistes, et particulièrement dans les ardoises,que l’on trouve des poissons bien conservés, ils y sont plutôt minéralisés que pétrifiés ; et en géné- ral ces poissons dont la Nature a conservé les corps , sont plus souvent dans un état de desséchement que de pétrification. Ces espèces de reliques des animaux de la terre sont bien plus rares que celles des habitans de la mer, et il n’y a d’ailleurs que Île os et les cornes ,ou A les és de cerf de renne, etc. qui se trouvent quelquefo dans un état APRES de pétrification com- mencée : souvent même la forme de ces osses mens ne conserve pas sés vraies dimensions; ils sont gonflés par Finterposition de la subs- à tance étrangère qui s’est insinuée dans leur texture, sans que l’ancienne substance fût détruite; c’est plutôt une incrustation inté— rieure qu'une véritable pétrification. L’on peut voir et reconnoître aisément ce gonfle- ment de volume dans les fémurs et autres os fossiles d’éléphant qui sont au Cabinet du roi : leur dimension en longueur n’est pas proportionuelle à celles de la largeur et de l'épaisseur. "4 Je le répète, c’est à regret que je quitte ces objets intéressans , ces précieux monu— mens de la vieille Nature , que ma propre vieillesse ne me laisse pas le temps d’exami- mer assez pour en tirer les conséquences que j'entrevois, mais qui n'étant fondées que sur : des apperçus, ne doivent pas trouver place: dans cet ouvrage, où je me suis fait une loi de ne présenter que des vérités appuyées sur re = DR SE RE.) S = nr : CE RTS TUE, ho M À \$ ; : x W f af ra r? us ÉÈN 0 EULOISS % es "ig _ \ Br | $ OU DES MINÉRAUX. 129 ‘ des faits. D’autres viendron#après moi, qui pourront supputer le temps nécessaire au plus grand abaissement des mers et à la di- minution des eaux par la multiplication des coquillages, des madrépores, et de tous les corps pierreux qu’elles ne cessent de pro- duire ; ils balanceront les pertes et les gams de ce globe dont la chaleur propre s’exhale incessamment , mais qui reçoit en compen-— sation tout le feu qui réside dans les détri- mens des corps organisés ; ils en concluront que si la chaleur du globe étoit toujours la même ; et les générations d'animaux et de Végélaux toujours aussi nombreuses , aussi promptes, la quantité de l’élément du feu augmenteroit sans cesse, gt qu'enfin, au lieu de finir par le froid et la glace, le globe pour- roitpérir par le feu. Ils compareront le temps qu’il a fallu pour que les détrimens combus= tibles des animaux et végétaux aient été accumulés dans les premiers âges, au point d'entretenir pendant des siècles le feu des volcans ; ils compareront , dis-je , ce temps avec celui qui seroit nécessaire pour qu'à Force de multiplications des corps organisés, les premières couches de la terre fussent ! | mais ils Verrône en même e temps que la c leur du globe diminuant sans cesse , cetl fin n’est point à craindre , et que la dimi: nution des eaux, jointe à la multiplication des corps organisés, ne pourra que retarder | de tie. milliers d'années l’envahisse- ment du globe entier par les glaces, et la mort de la Nature par lefroid. FA 1 | PIERRES VITREUSES, MELANGÉES DE MATIÈRES CALCAIRES. À pRÈSs les stalactites et concrétions pure- ment calcaires, nous devons présenter celles qui sont mélangées de matières vitreuses et de substances calcaires, et nous observe- rons d’abord que la plupart des matières vitreuses de seconde formation ne sont pas absolument pures : les unes , et c’est le plus grand nombre, doivent leur couleur à des vapeurs métalliques ; dans plusieurs autres, le métal , et le fer en particulier , est entré comme partie massive et constituante, et leur a donné non seulement la couleur, mais une densité plus grande que celle d’aucun verre primitif, et qu’on ne peut attribuer qu'au métal ; enfin d'autres sont mélangées de parties calcaires en plus ou moius grande ant là géolite > le pierres à fusil, in PIS caires et de mätiére vitreuse, souvent gée de parties métalliques ; et cha une pierres a des propriétés particulières, F lesquelles on doit les a les unes d A: autres — TAN " POMO'LITE. \ Lss anciens n’ont fait aucune mention de cette pierre, et les naturalistes modernes l'ont confondue avec les spaths , auxquels la zéolite ressemble en effet par quelques ca- _ ractères apparens. M. Cronstedt est le pre- mier qui l'en ait distinguée, et qui nous ait fait connoître quelques unes de ses pro- _ priétés particulières. MM. Swab , Bucquet, Bergman, et quelques autres, ont ensuite essayé d’en faire l'analyse par la chimie : mais de tous les naturalistes et chimistes récens, M. Pelletier est celui qui a travaillé sur cet objet avec le plus de succès. Cette pierre se trouve en grande quantité dans l’île de Féroé, et c’est de là qu’elle s’est d’abord répandue en Allemagne et en France: c’est cette même zéolite de Féroé que M. Pelletier a choisie de préférence pour faire ses expériences , après l’avoir distinguée d’une autxe pierre à laquelle on a donné le mou de zéolife veloulée , et qui n’est pas | 12 L] vVitreuse ou Re, et de faite ai | caire : ét comme la quantité de la matière | vitreuse y est plus grande que celle de la substance calcaire; cette pierre ne fait pas d’abord effervescence avec les acides ; mais elle ne leur oppose qu’une foible résistance, . # car les acides vitrioliques et nitreux l’en-. 1 tament et la dissolvent en assez peu detemps. La dissolution se présente en consistance de . gelée, et ce caractère qu’on avoit donné comme spécial et particulier à la zéolite, est néanmoins commun à toutes les pierres qui \ sont mélangées de parties vitreuses et cal. caires ; car leur dissolution est toujours plus ou moins gélatineuse, et celle de la zéolite. est presque solide et tremblotante , comme la gelée de corne de cerf. La zéolite de Féroé entre d'elle-même en fusion , comme toutes les autres matières | mélangées de parties vitreuses et calcaires, et le verre qui en résulte est transparent et d'un beau blanc; ce qui prouve qu'ellene contient point de parties métalliques, qui ne DES MINÉRAUX. 135 manqueroient pas de donner de la couleur à ce verre , dont la transparence démontre aussi que la matière vitreuse est dans cette zéolite en bien plus grande quantité que la substance calcaire ; car le verre seroit nua- geux où même opaque, si, cette substance calcaire y étoit en quantité égale ou plus srande que la matière vitreuse. La zéolite d'Islande contient, selon M. Bergman, qua- rante-huit centièmes de silex , vingt-deux d’argille, et douze à quatorze de matière calcaire. L’argille et le silex de M. Bergman étant des matières vitreuses , il y auroit dans cette zéolite d'Islande beaucoup moins de parties calcaires et plus de parties vitreuses que dans la zéolite de Féroé. Ce chimiste ajoute que ces nombres quarante -huit, vinot - deux et quatorze, additionnés en= semble , et ajoutés à ce qu’il y a d’eau, donnent un total qui excède le nombre de cent. Cet excédant , dit-il , provient de ce que la chaux entre dans les zéolites sans air fixe, dont elle s’imprègne ensuite par la pré- cipitation. D’autres zéolites contiennent les mêmes matières, mais dans des proportions différentes. Nous devons observer , au reste, Er Lo À 4 F ns vi MAS que ce n’est “x avec la zéolite: la à he Blanche” à et la plus pure, telle que celle de Ééroé, c que l'on peut obtenir un verre blanc et transpa= rent : toutes les autres zéolites donnent un émail coloré spongieux et friable, qui ne devient consistant et dur qu’en continuant le feu, et même l’augmentant après la fusion. M. Pott a observé que la zéolite fournissoit une assez grande quantité d’eau ; ce qui prouve encore le mélange de la matière cal= caire, qui, comme l’on sait, donne toujotrs de l'eau quand on la traite au feu. M. Berg- man a fait la mème observation, et ce savant chimiste en conclut avec raison que cette pierre n'a pas été produite par le feu, comme certains minéralogistes l’ont prétendu , parce | qu'on ne l’a jusqu'ici trouvée que dans les terrains volcanisés. M. Faujas de Saint-Fond, qui connoit mieux que personne les matières produites par le feu des volcans, loin d'y comprendre la zéolite, dit au contraire expressément que toutes les zéolites con- tenues dans les laves ont été saisies par ces verres en fusion, qu'elles existoient anparéa vant telles que nous les y voyons, etqu € Les n'y sont que plus ou moius altérees. parle #7: sg -_ w. 4 CN TT ad sait hi « DES MINÉRAUX 13 Feu, qui néanmoins n "éloit pas assez violent pour les fondre. of La zéolite de Féroé est communément blanche, et quelquefois rougeàtre lorsqu'elle est couverte et mélangée de parties ferrusi- neuses' réduites en rouille. Cétte zéolite blanche est plus dure que lé spath ; et cepen- dant elle ne V’est pas assez pour étinceler sous le choc de l’acier : elle est ordinairement crystallisée en rayons divergens , et paroit être la plus pure de toutes les pierres decette sorte ; car il s’en trouve d’autres en plus gros volume et plus grande quantité, qui ne sont pas crystallisées régulièrement, et dont les formes sont très-différentes, globuleuses, cylindriques, coniques, lisses ou mamelon-— nées; mais presque toutes ont le caractère commun de présenter dans leur'texture des rayons qui tendent du centre à la circonfé- rence. Je dis presque toutes, parce que j'ai vu entre les mains de M. Faujas de Saint- Fond une zéolite crystallisée en cube, qui paroît être composée de filets ou de petites lames parallèles. Ce savant et infatigable observateur a trouvé cette zéolite. cubique à l'ile de Stafia, daus la grotte de Fingal. On = 12 # 1938 sait que cette ile , ainsi que toutes les autres îles Hebrides, au nord de l'Écosse j sont, comme l'Islande, présque entièrement cou— vertes de produits volcaniques; et c’est sur= tout dans l’ile de Mull que les zéolites sont en plus grande abondance ; et comme jusqu'ici on n’a rencontré ces pierres que dans: les terrains volcanisés *, on paroissoit fonde à les regarder comme des produits du feu. Ilen a ramasse plusieurs autres dans les terrains volcanises qu'il a parcourus; et dans tous les échantillons qu’il m’en a montrés, on peut reconnoitre clairement que cette pierre. na pas élé produite par le feu , et qu’elle a seu- lement été saisie par les laves en fusion dans lesquelles elle est incorporée , comme les agates , cornalines, calcédoines , et même les spaths calcaires qui s’y trouvent , tels que la Nature les avoit produits avant d’avoir été : saisis par le basalte ou la lave qui les recèle. * On trouve des zéolites à l’île de Féroé, à celle de Staffa, en Islande, en Sicile autour de l’Etna, à Rochemore, dans les volcans éteints du Vivarais, : et on en à aussi rencontré dans l’île de Bourbon. MAUPBIS L'AZU LI \ { 1 L Es naturalistes récens ont mis le lapis Jazuli au nombre des zéolites, quoiqu'il en diffère beaucoup plus qu’il ne leur ressemble: mais lorsqu'on se persuade, d'après le triste et stérile travail des nomenclateurs, que l'histoire naturelle consiste à faire des classes et des genres, on ne se contente pas de mettre ensemble les choses de même genre , et l'on y réunit souvent très-mal-à-propos d’autres choses qui n’ont que quelques petits rap ports, el souvent des caractères essentiels très-différens , et même opposés à ceux du genre sous lequel on veut les comprendre. Quelques chimistes ont défini Le lapis , zéo- lite bleue mêlée d’argent , tandis que cette pierre n'est point une zéolite, et qu'ilest très-douteux qu’on puisse en tirer de l’ar- gent : d'autres ont assuré qu’on en tiroit de l'or , ce qui est tout aussi douteux, etc. Le lapis ne se boursouîle pas, comme la zéolite , lorsqu'il entre en fusion; sa subs- ET HISTOIRE NATURELLE j tance et sa texture sont toutes différentes. Le lapis n’est point disposé, comme la zéo— lite, par rayons du centre à Ja: circonfé- rence ; il présente un grain serré aussi fin que celui du jaspe ; et on Le regarderoitavec raison comme un jaspe, s’il en avoit la dureté et s’il prenoit un aussi beau poli: néanmoins il est plus dur que la zéolite. IL n’est mêlé ni d’or ni d'argent, mais de par- ties pyriteuses qui se présentent comme des poiuts, des taches ou des veines de couleur d’or. Le fond de la pierre est d’un beau bleu, souvent taché de blanc : quelquefois cette couleur bleue tire sur le violet, Les taches blanches sont des parties calcaires, et offrent quelquefois la texture et le luisant du gypse: ces parties blanches, choquées contre l’acier, ne donnent point d'étincelles , tandis que le reste de la pierre fait feu comme le jaspe. Le seul rapport que cette pierre lapis ait avec la zéolite , est qu’elles sont toutes deux composées de parties vitreuses et de parties calcaires ; car en plongeant le lapis dans les acides, on voit que quelques unes de ses parties y font effervescence comme Les zeo- lites. : se - \ a DES MINÉRAU X. T4r L'opinion des naturalistes modernes étoit que le bleu du lapis provenoit du cuivre: mais le célèbre chimiste Margraff, ayant choisi les parties bleues , et en ayant séparé les blanches et Les pyriteuses couleur d’or, a reconnu que les parties bleues ne conte- noient pas un atome de cuivre, et que c’éloit au fer qu'on devoit attribuer leur couleur. Ïla en même temps observé que les taches blanches sont de la même nature que les pierres gypseuses. : Le lapis étant composé de parties bleues qui sont vitreuses , et de parties blanches qui sont sypseuses, c'est-à-dire , calcaires impregnées d'acide vitriolique , il se fond sans addition à un feu violent. Le verre qui en résulte est blanchâtre oujaunâtre , et l’on y voit encore, apres la vitrification de la masse entière, quelques parties de la matière bleue qui ne se sont pas vitrifiées ; et ces par- ties bleues séparées des blanches , n’entrent point en fusion sans fondant : elles ne perdent pas même leur couleur au feu ordi- naire dé calcination ; et c’est ce qui distingue Je vrai lapis de la pierre arménienne et de la ‘pierre d'azur, dont le bleu s’évanouit au feu, T4 HISTOIRE N ATURELLE Fa tandis qu’il dérietèe inhérents et fixe dans | de lapis lazuli. _ Le lapis résiste aussi à l’impression déé élémens humides, et ne se décolore point à l'air. On en fait des cachets dont la gravure est très-durable. Lorsqu'on lui fait subir l’âction d’un feu même assez violent, sa cou- leur bleue, au lieu de diminuer ou de s’éva® RP , paroîit au contraire acquérir plus “éclat. | C’est avec les parties bleues du lapis que se fait l’outremer : le meilleur est celui dont la couleur bleue est la plus intense. La ma- nière de le préparer a été indiquée par Boèce de Boot, et par plusieurs autres auteurs. Je ne sache pas qu’on ait encore rencontré du . 1 n » £ » , CE vrai lapis en Europe; il nous arrive de l'Asie en morceaux informes. On le trouve en Tar- iarie, dans le pays des Calmoucks et au Thibet. On ena aussi rencontré dans et es endroits au Perou et au Chili. Et par rapport à la qualité du lapis , on peut eu distinguer de deux sortes, l’une dont le fond est d’un bleu pur, et l’autre d'un bleu violet et pourpré. Ce lapis est plus rare que l'autre ; et M. Dufay, de l'académie des DES MINÉRAUX. r43 sciences, ayant fait des expériences sur tous deux ,a reconnu, après les avoir exposés aux rayons du soleil, qu’ils en conservoient la lumière, et que les plus bleus la recevoient en plus gran quantité et la conservoient plus long-temps que les autres , mais que les parties blanches et les taches et veines pyri- teuses ne recevoient ni ne rendoient aucune lumière. Au reste, cette propriété du lapis lui est commune avec plusieurs autres pierres qui sont également phosphoriques. Lt + PIERRES A FUSIL.. esperant F f » à 4 t F 1 y L d ee! 227, N À +," N : M! { : À - 4 ë k 4 À À \ \ L ES pierres à fusil sont des agates impar= faites, dont la substance n’est pas purement vitreuse , mais toujours mélangée d'une pe- tite quantité de matière calcaire : aussi se . forment-elles dans les délits horizoutaux des craies et des tufs calcaires, par le suintement des eaux chargées des molécules de grès, qui se trouvent souvent mêlées avec la matière crétacée ; ce sont des stalactites ou concré- tions produites par la sécrétion des parties vitreuses mêlées dans la craie : l’eau jes dis- sout et les depose entre les joints et dans les cavités de cette terre calcaire; elles s’y réu- nissent par leur affinité, et prennent une figure arrondie, tuberculeuse ou plate, selon la forme des cavités qu’elles remplissent. La plupart de ces pierres sont solides et pleines jusqu’au centre : mais il s’en trouve aussi qui sont creuses, et qui contiennent dans leux cavité de la craie semblable à celle qui LA ES 12 | - ; \ &: : } L2 » 2 4 ’ HISTOIRE NATURELLE. r45 les environne et les recouvre à l'extérieur. Quoique la densité des pierres à fusil ap- proche de celle des agatés * , elles n'ont pas la même dureté ; eiles sout, comme les grès, toujours imbibées d’eau dans leur carrière, et elles acquièrent de même plus de dureté par le desséchement à l’air. Aussi les ouvriers qui les taillent, u'attendent pas qu'elles se soient desséchées; ils les prennent au sortir de la carrière, et les trouvent d’autant-moins dures qu’elles sont plus humides. Leur cou- leur est alors d’un brun plusou moins foncé, qui s’éclaircit et devient gris ou jaunatre à. mesure qu'elles se dessèchent. Ces pierres}, quoique moins pures que les agates, étin- cellent mieux contre l'acier, parce qu’etant moins dures, il s’en detache par le choc une plus grande quantité de particules. Elles sont communément. d'uneicouleur de corne jaunatre après leur entier dessechement: mais il yen a aussi de grises, de brunes , ‘et même de rouseàtres : elles ont presque toutes une * La pesanteur spécifique de la plupart des agates excède 26000; celle de la pierre à fusil bloucle est de 25y4t ; et celle de la pierré à fusil norratre, de 25017. Ÿ Ma £; gén: XV, à 13 ù 4 12 » ne" 146 HISTOIRE NATURELLE A à | La 4 ce Ÿ +. x8 TANT jo 14/7 | # 0 A demi-transparence lorsqu'elles sont mincess : mais au-dessus d’une ligne ou d’une ligne et ‘demie d'épaisseur, la transparence ne subsiste plus, etelles paroissent entièrement opaques. Ces pierres se forment, comme les cailloux, ‘par couches additionneiles de la circonfé- rence au centre : mais leur substance est à ‘peu près la même dans toutes les couches dont elles sont composées; on en trouve seu- Jement quelques unes où l’on distingue des -zones de couleur un peu différente du reste, et d’autres qui contiennent quelques couches évidemment mélangées de matière calcaire. Celles qui sont creuses ne produisent pas, comme les cailloux creux, des crystaux dans leur cavité intérieure : le suc vitreux n’est pas'assez dissous dans ces pierres , ni assez pur , pour pouvoir se crystalliser. Elles ne sont, dans la réalité, composées que de petits “grains très-fins du grès , dont les poudres'se sont mélées avec celles de la craie, et qui s’en sont ensuite séparées par une simple sécrétion et sans dissolution , en sorte que ces : grains ne peuvent ni former dés crystaux ni même des agates dures etcompactes, mais . de simples concrétions qui ne diflèrent des ee DES MINÉRAUX. r47 grès que par la finesse du grain encore plus atténué dans les pierres à fusil que dans les Le grès les plus fins et les plus durs. | Néanmoins ces grès durs font feu comme la pierre à fusil, et sont à très-peu près de la mème densité * ; et comime elle est, ainsi que le grès, pes pesante et moins dure dans sa Carrière qu'après son desséchement , elle me paroiît, à tous égards , faire la nuance dans les concretions quartzeuses eutre les agates et les grès. Les pierres à fusil sont les dernières stalactites du quartz , et les grès sont les premières concrétions de ses détri- mens ; ce sont deux substances de même essence, et qui ne différent que par le plus ou moins d'atténuation de leurs parties cons- tituantes. Les grains du quartz sont encore entiers dans le grès; 1ls sont en partie dis- sous dans les pierres à fusil; ils le sont encore plus dans les agates ; et enfin ils le sont complétement dans les crystaux. Nous avons dit que les grès sont souvent * Le grès dur, nommé grisard, pèse spécifique- ment 24028, et le grès luisant de Fontainebleau pèse 26616; ce qui approche assez de la pesanteur spécifique, 2581” , de la pierre à fusil. LR A AR HU @ x y A FN "teY re ; NE DD P IDE 143 HISTOIRE NATURELLE À mélangés de matière calcaire* : il en est dé " même des pierres à fusil, et elles sont rare- ment assez pures pour être susceptibles d’un beau poli ; leur demi-transparence est tou- jours nuageuse; leurs couleurs ne sont ni vives, ni variées, n1 nettement tranchées comme dans les agates, les jaspes et les cail= loux, que nous devons distinguer des pierres à fusil , parce que leur structure n’est pas la mème , el que leur origine est différente. Les cailloux sont, comme le crystal et les agates, des produits iminédiats du quartz ou des autres matières vitreuses ; ce sont des stalac- tites qui ne diffèrent les unes des autres que par le plus ou moins de pureté, mais dans lesquelles le suc. vitreux est dissous , au lieu que les pierres à fusil ne sont que des agré- gats de particules quartzeuses, produits par une sécrétion qui s’opère dans les matières calçaires ; et les grains quartzeux qui com-— posent ces pierres, ne sont pas assez dissous pour former une substance qui puisse prendre la même dureté et recevoir le même poli que les vrais cailloux , qui, quoiqu'opaques, ont. * Voyez l’article du grès dans le neuvième vos lume de cette Histoire. _#e 1 1 » 41 "a, es # J LA n* a L DES MINERAUX. ‘149 plus d'éclat et de sécheresse ; car ils ne sont point humides dans leur carrière , et ils n’ac- quièrent ni pesanteur, ni dureté, ni seche- resse à l'air, parce qu’ils ne sont pas imbibés d’eau comme les pierres à fusil et les grès. On peut donc , tant par l'observation que par l’analogie , suivre tous les passages et saisir les nuauces entre le grès, la pierre à fusil et l’agate. Par exemple, les pierres à fusil qu’on trouve à Vaugirard près Paris, sont presque des agates; elles nese présentent pas en petits blocs irréguliers et tuberculeux, mais elles sont en lits continus ; leur forme est applatie, leur couleurest d’un gris brun, et elles prennent un assez beau poli. M. Guet- tard, savant naturaliste, de l’académie, a comparé ces pierres à fusil de Vaugirard avec celles de Bougival , qui sont dispersées dans la craie; et il a bien saisi leurs différences quoiqu'elles aient été produites de même dans des matières calcaires, et qu’elles pré- sentent également des impressions de co- quilles. En général, Les pierres à fusil se trouvent toujours dans les craies, les tufs, et quel- quefois entre les bancs solides des pierres ; 15 rbo HISTOIRE. NATURELLE : ñ ait calcaires, au lieu que les vrais saillie ne # se trouvent que dans les sables , les argilles, les schistes, et autres détrimens des matières vitreuses. Aussi les cailloux sont-ils purement T * vitreux, et Les pierres à fusil sont toutes mé- langées d’une plus ou moins grande quantité de matière calcaire. Il y en a même dont on peut faire de la chaux ,. quoiqu’elles étin- cellent contre l'acier. W Au reste, les pierres à fusil ne se trouvent que rarement dans les bancs de pierres cal- caires dures , mais presque toujours dans les craies et les tufs, qui ne sont que les détri- mens ou les poudres des premières matières coquilleuses déposées par les eaux , et sou- vent mêlées d’une certaine en Toe, de poudre de quartz Fe de grès. On trouve de ces pierres à fusil dans plu u— sieurs provinces de France : mais les meil- leures se tirent près de Saint - Aisuan eu Berry. On en fait un assez grand commerce; et l’on prétend qu'après avoir épuisé la car- rière de ces pierres, il s’en reproduit de nouvelles. Il seroit facile de vérifier ce fait, qui me paroit probable , s’il ne supposoit pas un très-srand nombre d'années pour la TERRE 2 TRS re ! ” Frs ‘ 2e : _— L7 tr A ”2 3 U { 4! = M y , * * - \ A 1 DES MINÉRAUX. 16€ seconde production de ces pierres , qu’il seroit bon de comparer avec celles de la pre- mière formation. On en treuve de même dans plusieurs autres contrées de l'Europe , et notamment dans les pays du Nord. On en connoit aussi en Âsie | etrdañns le nouveau continent comme dans l’ancien. La plupart des galets que la mer jette sur le rivage, sont de la même nature que les pierres à fusil, et l’on en voit dans quelques anses des amas "énormes. Ces galets sont polis, arrondis et applatis par le frottement, au lieu que les pierrès à fusil qui n’ont point été roulées, conservent leur forme primitive sans alté- ration, tant qu’elles demeurent enfouies dans le lieu de leur formation. \ Mais lorsque les pierres à fusil sont long- temps exposées à l'air, leur surface com- mence par blanchir, et ensuite elle se ra- mollit , se décompose-par l’action de l’acide aérien , et se réduit enfin en terre argilleuse ; et l’on ne doit pas confondre cette écorce blanchätre des pierres à fusil, produite par Pimpression de l'air, avec la couche de craie dont elles sont enveloppées au sortir de la £erre : ce sont, comme Von voit , deux ma- { “5 HISTOIRE NATURELLE A tières très-différentes ; car la pierre à Pnsil ne commence à se décomposer par l’action : | des élémens humides , que quand l'eau des : pluies a lavé sa surface et emporté cette couche de craie dont elle etoit enduite. | Les cailloux les plus durs se décomposent à l’air comme les pierresà fusil : leur surface, après avoir blanchi, tombe en poussière: avec le temps, et découvre une seconde couche sur laquelle l’acide aérien agit comme sur la première, en sorte que peu-à-peu toute la substance du caillou se ramollit et se con- vertit eu terre argilleuse. Le même change- ment s'opère dans toutes les matières vi- treuses ; car le quartz , le grès, les jaspes ,: les granits, les laves des volcans et nos verres factices seconvertissent, comme lescailloux, en terre argilleuse par la longue impressiom des élémens humides dont l’acide aërien est le principal agent. On peut observer les de- grés de cette décomposition , en comparant des cailloux de même sorte et pris dans le même lieu; on verra que, dans les uns, la couche de la surface décom posée n’a qu'un quart ou un tiers de ligne d’ épaisseur, etque, dans d’autres , la décompte pénètre à ET, W 1 N . DES MINÉRAUX. 153 deux ou trois lignes : cela dépend du temps plus ou moins long pendant lequel le caillou a été exposé à l’action de l’air , et ce temps n’est pas fort reculé; car, en moins de deux. ou trois siècles, cette décomposition peut s’opérer ; nous en avons l’exemple dans les laves des volcans, qui se convertissent en terre encore plus promptement que les cail- loux et les pierres à fusil. Et ce qui prouve que l’air agit autant et plus que l’eau dans cette décomposition des matières vitreuses , c’est que, dans tous les cailloux isolés et jon- chés sur la terre, la partie exposée à l’airest. la seule qui se décompose, taudis que celle qui touche à la terre, sans même y adhérer, conserve sa dureté , Sa couleur, et même son poli : ce n’est donc que par l’action presque immédiate de l'acide aérien , que les matières vitreuses se décomposent et prennent la forme de terres, Autre preuve que cet acide est le seul et le premier qui, dès le com- mencement , ait agi sur la matière du globe _vitrifié : l’eau dissout les matières vitreuses sans les décomposer , puisque les crystaux de roche , les agates et autres stalactites quartzeuses , conservent la dureté et toutes au Den que REA anim “.p ri aérien, leur enlève la plupart de ces pro ri tés , et change ces verres de nature solides et secs en une terre molle et ductile. 204 ol AMEL by ATEN" RP À PIERRE MEULIÈRE. & Lss pierres que les anciens employoient pour. moudre les grains, étoient d’une nature toute différente de celle de la pierre meulière dont il est ici question. Aristote , qui em-— brassoit par son genie les srands et les petits objets ,; avoit reconnu que les pierres mo- laires dont on se servoit en Grèce, étoient d’une matière fondue par le feu , et qu’elles différoient de toutes les autres pierres pro- duites par l’'intermède de l’eau. Ces pierres molaires étoient en effet des basaltes et autres laves solides de volcan, dont on choisissoit les masses qui offroient le plus grand nombre de trous ou petités cavités, et qui avoient et même temps assez de dureté pour ne pas s’é= craser ou s’égrener par le frottement continu de la meule supérieure contre l’inférieure : on tiroit ces basaltes de quelques îles de l’Ar- chipel , et particulièrement de celle de Ny- caro ; al s’en trouvoit aussi en Ionie : les Loscans ont dans la suite employé au même +56 HISTOIRE. NA TURELLE usage le basalte de 77 olsiniur , aujourd’ hui ; Bolsena. + Mais la pierre meulière dont nous fous : | # À servons aujourd'hui, est d'une origine et d'une nature toute différente de celle des ba- saltes ou des laves : elle n’a point été formée . par le feu , mais produite par l'eau; et il me paroit qu’on doit la mettre au nombre des concrélions ou agrégations vitreuses pro- duites par l’infiltration des eaux, et qu'elle | n’est composée que delames de pierre à fusil, incorporées dans un ciment mélangé de par- ties calcaires et vitreuses. Lorsque ces deux matières , délayées par l’eau , se sont mêlées dans le même lieu , les parties vitreuses les moins impures ;se seront séparées des autres pour former les lames de ces pierres à fusil , et elles auront en mène temps laissé de petits intervalles ou cavités entre elles, parce que la matière calcaire, faute d’affinité, ne pouvoit s'unir intimement avec ces corps. vitreux ; et en effet, les pierres meulières dans lesquelles la matière calcaire est la plus » -abondante, sont les plus trouées, et cellesau ” contraire où cette mêine matière ne s$ "est, trouvée qu'en petite quantité , et dans lés-, DES MINÉRAUX. 157 quelles la substance M étoit pure ou très-peu mélangée , m'ont aussi que peu ou ‘point de trous, et ne#fôrment , pour ainsi dire , qu'une grande pierre à fusil continue, et semblable aux agates imparfaites qui 8e ‘trouvent: quelquefois disposées par lits hori- Zontaux d’une assez orande étendue ; et ces “pierrés dont la masse est pleine et sans trous ,. me peuvent être employées pour moudre les grains , parce quil faut des vides dans le plein de-la imasse pour que le frottement s'exerce avec force , et que le grain puisse tre divisé et moulu, et non pas simplement écrasé ou écache : aussi rejetle-t-on , dans le choix de ces pierres, celles qui sont sans ca- vités , et l’on ne taille en meules que celles qui présentent des trous ; plus ils sont mul- tipliés, mieux la pierre convient à l'usage auquel on la destine. | Ces pierres meulières ne se trouvent pas en grandes couches, comme les bancs de pierres calcaires , ni même en lits aussi éten- dus que ceux des pierres à plâtre; elles ne se présentent qu'en petits amas, et forment des masses de quelques toises de diamètre sur dix ou tout au plus vingt pieds d'épaisseur; 14 —— +58 HISTOIRE NATUR GRR au: et l’on a obse dans tous les lieux sel trouvent ces ins que jenc amas ou monceaugporte immédiatement sur la glaise, et qu 1l est surmonté de plusieurs | À couches d'un sable qui permet à l'eau de s’in- É filtrer et de déposer sur la glaise les sucs vi= 4 1 treux et calcaires dont elle s’est chargée en les traversant. Ces pierres ne sont donc que de seconde et même de troisième formation ; 1 car elles ne sont composées que des parti- cules vitreuses et calcaires que l’eau détache f des couches supérieures de sables et graviers, en Les traversant par une longue et lente stile à lation dans toute leur épaisseur ; ;ces sucs | pierreux , déposés sur la glaise qu’ils ne peu- ! vent pénétrer , se solidifient à mesure que l’eaû s’écoule ou s’exhale, et ils forment une masse concrète en lits horizontaux sur la | glaise : ces lits sont séparés , comme dans les j pierres calcaires de dernière formation , par une espèce de bousin ou pierre imparfaite, ; tendre et pulvérulente ; et les lits de bonne pierre meulière ont depuis un jusqu’à iroiel pieds d'épaisseur ; souvent il ny en a quel à quatre ou cinq bancs les uns sur les autres, 4 toujours séparés par un Lit de bousin, et l’on # TA RSS A LR. 4 / oi : ù LL : 1e? * ‘ DES MINÉRAUX. 159 ne connoit en France que la carrière de la Ferté-sous-Jouarre dans laquelle les lits de pierre meulière soient en plus grand nombre. Mais par-tout ces petites carrières sont cir— conscrites , isolées, sans appendice ni conti- nuité avec les pierres ou terres adjacentes ; ce sont des amas particuliers qui ne se sont faits que dans certains endroits où des sables vi- treux, mêlés de terres calcaires ou limo- neuses, ont été accumulés et déposés immé- diatement sur la glaise qui a retenu les stillations de l’eau chargée de ces molécules pierreuses : aussi ces carrières de pierre meu- lière sont-elles.assez rares et ne sont jamais fort étendues , quoiqu’on trouve en une infi- nité d’endroits des morceaux et des petits blocs de ces mêmes pierres dispersés dans les ‘ sables qui APE sur la plaise. Au reste, il n’y a dans la pierre meu- lière qu’une assez petite quantité de matière calcaire , car cette pierre ne fait point effer- vescence avec les acides : ainsi la substance vitreuse recouvre et défend la matière cal- taire, quineéanmoins existe dans cette pierre, et qu'on en peut tirer par le lavage, comme Fa fait M. Geoffroy. Cette pierre n’est qu'un r60 HISTOIRE NA sine agrégat de pierres à fusil réunies par un ciment plus vitreux que calcaire ;' les petites cavités qui s’y trouvent, proviennent non seulement des intervalles que ce ciment laisse | entre Les pierres à fusil, mais aussi des trous dont ces pierres sont elles-mêmes percées, En général, la plupart des pierres à fusil : presentent des cavités, tant à leur surface que dans l’intérieur de leur masse, et ces cavités sont ordinairement remplies de craie, et c’est de cette même craie mêlée avec le suc vitreux qu’est composé le ciment qui réu- nit les pierres à fusil dans la pierre meu- lière. | Ces pierres meulières ne se trouvent pas dansles montagnes et collines calcaires; elles ne portent point d'impressions de coquilles ; leur structure ne présente qu’un amas de stalactites lamelleuses de pierres à fusil, de congélations fistuleuses des molécules de grès et d’autres sables vitreux , et l’on pour- roit comparer leur formation à celle des tufs calcaires, auxquels cette pierre meulière res- semble assez par sa texture : mais elle en diffère essentiellement par sa substance. Ce n'est pas qu'il n’y ait aussi d’autres pierres És LOT NA 1 NV DES MINÉRAUX. x6r dont on se sert faute de celle-ci pour moudre les grains. «La pierre de la carrière de Saint- « Julien , diocèse de Saint-Pons en Langue- « doc, qui fournit les meules de moulin à la « plus grande partie de cette province, con- _«siste, dit M. de Gensanne, en un banc de « pierre calcaire parsemé d’un silex très-dur, « de l'épaisseur de quinze ou vingt pouces, « et tout au plus de deux pieds : il se trouve «à la profondeur de quinze pieds dans la « terre , et est recouvert par un autre banc « de roche calcaire simple qui a toute cette « épaisseur, en sorte que, pour extraire les « meules, on est obligé de couper et deblayer «ce banc supérieur qui est très-dur, ce qui «coûte un travail fort dispendieux ». On voit par cette indication , que ces pierres calcaires parsemées de pierres à fusil, dont on se sert en Languedoc pour moudre les grains, ne sont pas aussi bonnes et doivent s’égreuer plus aisément que les vraies pierres meulières, dans lesquelles il n’y -a qu’une petite quantité de matière calcaire intime ment mêlée avec le suc vitreux, et qui reu- nit les pierres à fusil dont la substance de cette pierre est presque entièrement Com posee. de SPATHS FLUORS. l C: EST le nom que M. Maregraff à donne à ces spaths; et comme ils sont composés de matière calcaire et de parties sulfureuses où pyriteuses, nous les mettons à la suite des matières qui sont composées de substances calcaires mélangées avec d’autres substances : on auroit dû conserver à ces spaths le nom de fuors, pour éviter la confusion qui résulte de la multiplicité des dénominations; car on les a appelés spalhs pesans, spaths vitreux , spaths phosphoriques , et l'on a souvent ap— pliqué les propriétés des spaths pesans à ces spaths fluors, quoique leur origine et leur essence soient très-différentes. Marcoraff lui mêine comprend sous la dénomination de spaths fusibles, ces spaths fluors qui ne sont point fusibles. «Ïl y a, dit-il, des spaths fusibles com- « posés de lames groupées ensemble d’une « manière singulière ; ces lames n'ont au- « cune transparence, et leur couleur tire sur K ! et dE PT and PA dat te l ni Wire d'a tee { - HISTOIRE NATURELLE 1:63 æle blanc de lait: d'autres affectent une « figure cubique ; ils sont plus ou moins « transparens , et diversement colorés ; où «les connoît sous les noms de fluors , de « fausses.améthystes, de fausses émeraudes , «de fausses lopazes , dé fausses hyacin- «a ihes , etc... Ils se trouvent ordinairement . « dans les filons des mines ,.et servent de: « malrice aux minéraux qu'ils renferment ; « ils sont outre cela un peu plus durs que les « spaths phosphoriques , c’est-à-dire, que « les spaths d’un blanc de lait. — Les spaths « fusibles vitreux , c'est-à-dire, ceux qui. « affectent une figure cubique, soumis au feu «jusqu'à l'incandescence , jettent des étin- « celles dans l'obscurité ; mais leur Ineur est « fort foible , après quoi ils se divisent par . « petits Relais: ex spa the fusibles phospho- « riques, soumis à [4 même chaleur, jettent « une lumière très-vive et très-foncée ; en- « suite ils se brisent en plusieurs morceaux « qu'ou a beaucoup plus de peine à réduire « en poudre que les éclats des spaths fusibles « vitreux». Les vrais spaths fluors sont donc désignés ici comme spafhs fusibles et spaths gitreux , quoiqu'ils ne soient ni fusibles 3 / | ! eg IST OIR 1} ni vitreux ; et quoi que cet habile cherie | | semble les distinguer des spaths qu’il ap pelle péosphoriques, les différences ne sont pas assez marquées pour qu'on ne puisse les confondre, et il est à croire que ce qu’il ap- pelle spath fusible vitreux, et spatk fusible phosphorique , se rapporte également aux spaths fluors, qui ne diffèrent les uns des autres que par le plus ou moins de pureté: -eten effet, deux de nos plus savans chimistes, MM: Sage et Demeste, ont dit expressément que les spaths vitreux , fusibles ou phospho- riques, ne sont qu’une seule et même chose; 1 or ces spaths fluors, loin d'être fusibles, sont très-réfractaires au feu : mais il est vrai qu’ils ont Ja propriété d’être, commele borax, des fondans très-actifs; et c’est probablement à cause de cette propriété fondante qu’on Jeur a donné le nom de spaths fusibles ; mais on ne voit pas pourquoi ils sont dénommés spaths vitreux fusibles , puisque de tous les spaths il n’y a que le seul feld-spath qui soit … en effet vitreux et fusible. k Quelques habiles chimistes ont confondu ces spaths fluors avec les spaths pesans, quoique ces deux substances soient très-dif- CS - Mn Re + — te DU LERRNTER ta: à + | DES MINÉRAUX. 165 férentes par leur essence, et qu’elles ne se ressemblent que par de légères propriétés : les spaths fluors réduits en poudre prennent, par le feu, de la phosphorescence comme les spaths pesäns ; mais ce caractère est équi- voque, puisque les coquilles et autres ma-— tières calcaires réduites en poudre, prennent, comme les spaths pesans et les spaths fluors, de la phosphorescence par l’action du feu; et si, nous comparons toutes les autres pro- priétés des spaths pesans avec celles des spaths fluors, nous verrons que leur essence n'est pas la même, et que leur origine est bien différente. ne Les spaths pesans sont d’un tiers plus denses que les spaths fluors *, et cette seule propriété essentielle démontre déja que leurs substances sont très-différentes : M. Romé de l'Isle fait mention de quatre principales \ * La pesanteur 'spécifique du spath pesant, dit. pierre de Bologne, est de 44409; celle du spath pesant octaèdre, de 44712; tandis que celle du spath fluor d'Auvergne n’est que de 30y43; celle du spath fluor cubique violet , 3r757; celle du : spath fluor cubique blanc, 31555. (Tables de M. . Brisson.) ‘œaire, et Les spaths tluors en contiennent em) assez grande quautité, puisqu'ilsse dissolvent sortes de spas fluors , dont les chuteutr: [FR | texture et la forme de crystallisation diffèrent beaucoup ; mais tous sont à peu près d’ un tiers plus légers que les spaths pesans, qui d'ailleurs n’ont , comme les pierres pré— | cieuses , qu’une simple refraction , et sont 4 \ \ , A Ê CE par conséquent homogènes. c'est-à-dire épa= lement denses dans toutes leurs parties; tan< dis que les spaths fluors au contraire offrent, comme tous les autres crys'aux vitreux ow calcaires , une double réfraction , et sont composés de différentes substances, ou du moins de couches alternatives de différente densité. À Les spaths fluors sont dissolubles par les acides, même à froid, quoique d’abord il n'y ait que peu ou point d’effervescence , au lieu que Les spaths pesans résistent constainment àleur action, soit à froid, soit à chaud : ils * contieunent donc point de matière cal- en entier par l'action des acides. 5 Vi Ces spaths fluors sont plus durs que les spaths calcaires , mais pas assez pour étin— celer sous Le briquet, si ce n’est dans certains | | DES MINÉRAU %. 167 points où ils sont mélés de quartz, et c’est par-là qu'on les distingue aisément du feld- spath , qui, de tous les spaths , est le seul étincelant sous le choc de l'acier : mais ces _spaths fluors diffèrent encore essentiellement du feld-spath par leur densité, qui est consi- _ dérablement plus grande*, et par leur résis- tance au feu, auquelils sout trèc-refractaires, au lieu que le feld-spath y est tres-fusible; et d’ailleurs, quoiqu’on les ait dénomimessparks vitreux , parce que leur cassure ressemble à celle du verre, 1l est certain que leur subs- tance est différente de celle du feld-spath ef de tous les autres verres prunitifs; car l’un de nos plus habiles mineralogsistes, M. Mon- met, a reconnu par l'experience que ces spaths fluors sont priucipalemeut composés de soufre et de terre calcaire. M. de Morveau ‘a vérifié les expériences de M. Monnet, qui consistent à dépouiller ces spaths de leur soufre. Leur terre dessoufrée présente les pro- prietés essentielles de la matière calcaire ; car elle se réduit en chaux et fait efferyes- * La pesanteur spécifique des spaths fluors est, comme lon vient de le voir, de 30 à 5roco:; et celle du feld-spath n’est que de 25 à 26000. me dut pe de : ai 168 HISTOIRE NATUREL % __ cence avec les acides : il n’est donc pas nécess … saire de supposer dans ces spaths fluors, comme l'ont fait M. Bergman et plusieurs chimistes après lui, une terre de nature : particulière , différente de toutes les térres connues, puisqu'ils ne sont réellement com- posés que de terre calcaire mêlée de soufre, M. Scheele avoit fait, avant M. Monnet, des ‘expériences sur les spaths fluors blancs et colorés, et il remarque avec raison que ces spaths diffèrent essentiellement de la pierre de Bologne ou spath pesant , ainsi que ‘de l’albätre et des pierres séléniteuses, qui sant phosphoriques lorsqu'elles ont été calcinées sur les charbous : cet habile chimiste avoit en même temps cru reconnoître que ces spaths fluors sont composés d'une terre cal- caire combinée , dit-il, avec un acide qui leur est propre et qu’il ne désigne pas; il ajoute seulement que l’alun et le fer semblent n'être qu'accidentels à leur composition. Ainsi M. Mounuet est le premier qui ait reconnu le soufre, c'est-à-dire, l'acide vitrio- lique uni à la substance du feu, dans ces spaths fluors. M. le docteur Deneste, que nous avons D'UDES MINÉRAUX : 169 souvent eu occasion de citer avec éloge, a recueilli avec discernement et avec son atten- tion ordinaire les principaux faits qui ont rapport à ces spaths, et je ne peux mieux termiuer cet article qu’en les rapportant ici d’après lui. « La Nature , dit-il, nous offre « les spaths phosphoriques en masses plus ou « moins considérables , tantôt informes et « tantôt crystallisées : ils sont plus ou moins « transparëns , pleins de fentes ou félures ; et « leurs couleurs sont si variées, qu’on les V4 En « désigne ordinairement par le nom de la « pierre précieuse colorée dont ils imitent la « nuance... J'ai vu beaucoup de ces spaths « informes près des alunières, entre Civita- « Vecchia et la Tolfa; ils y servent de gangue « à quelques filons de la mine de plomb sul- « fureuse, connue sous le nom de ga/ène; « on les trouve fréquemment mêlés avec le « quartz en Auvergne et dans les Vosges, et «avec le spath calcaire dans les mines du « comté de Derby en Angleterre. « Quoique ces spaths phosphoriques, et « sur-tout ceux en masses informes , soient « ordinairement fendillés, cela n'empêche « pas qu'ils ne soient susceptibles d’un fort 19 DR EN OR 179 HISTOIRE NATURELLE « _« « « « beau poli ; on en rencontre même des pièces assez considérables pour en pouvoir faire de petites tables, des urnes, et. autres vases désignés sous les noms de prime d’émeraude, de prime d'améthyste, etc. M. ROimé de l'Isle a nomme albdtres vitreux ceux de ces spaths qui, formés par dépôt comme les albätres calcaires , sont aussi nuancés par Zones ou rubans de differentes couleurs, ainsi qu’on en voit dans l’albätre oriental. Ces albâtres vitreux se trouvent en abondance dans certaines provinces d'Angleterre, et sur-tout dans le comté de Derby : ils sont panaches ou rubanés des plus vives couleurs , et sur-tout de diffé rentes teintes d'améthystes sur un fond blanc ; mais ils sont toujours étonnés , ef comme formés de pièces de rapport dont on voit les joints, ce qui est un effet de leur crystallisation rapide et confuse. J'en ai vu à Paris de très-belles pièces qui avoient été apportées par M. Jacob Forster. On rencontre aussi quelquefois de ce même spath en stalactites coniques , et même em stalagmites ondulées: mais il est beaucoup plus ordinaire de le trouver crystallisé en # , DES MINÉRAUX. 17 « groupes plus ou moins considérables , et « dont les cubes out quelquefois plus d'un « pied de largeur sur huit à dix pouces de « hauteur ; ces cubes, tantôt entiers, tantôt « tronqués aux angles ou dans leurs bords, « varient beaucoup moins dans leur forme « que les rhombes du spath calcaire : en ré- « compense, leur couleur est plus variée que « celle des autres spaths; ils sont rarement « d’un blanc mat : mais lorsqu'ils ne sont .« pas diaphanes ou couleur d’aigue-marine, « ils sont jaunes, ou rougeâtres, ou violets, « ou pourpre, ou rose, ou verds, et quelque- « fois du plus beau bleu. » IL me reste seulement à observer que la terre calcaire etant la base de ces spaths fluors , j'ai cru devoir les rapporter aux pierres mélangées de matiere calcaire, tan dis que la pierre de Bologne et les autres spaths'pesans, tirant leur origine de la terre vésetale et ne contenant point de matière calcaire , doivent être mis au nombre des produits de la terre limoneuse, comme nous tâcherons de le prouver dans la suite de cet ouvrage, | STALACTITE s* A Nr f DE LA TERRE VÉGÉTALE. L, terre végétale, presque entièrement com- posée des détrimens et du résidu des corps organisés , retient et conserve une grande partie des élémens actifs dont ils étoient ani- més ; les molécules organiques qui consti- ‘fuoient la vie des animaux et des végétaux , s'y trouvent en liberté , et prêtes à être sai- sies ou pompées pour former de nouveaux êtres : le feu, cet élément sacré qui n’a été départi qu'à la Nature vivante dont il anime les ressorts, ce feu qui maintenoit l’équi- libre et la force de toute organisation, se re- trouve encore dans les débris des êtres désor- ganisés, dont la mort ne détruit que la forme et laisse subsister la matière , contre laquelle se brisent ses efforts ; car cette même matière organique , réduite en poudre , n’en est que plus propre à prendre d’autres formes, à se prêter à des combinaisons nouvelles , et à AE " a | HISTOIRE NATURELLE, 73: rentrer dans l'ordre vivant des êtres orga- nises. ; Et toute matière combustible proyenant originairement de ces mêmes corps organi- sés , la terre végétale et limoneuse est le magasin général de tout ce qui peut s'en- flammer ou brûler : mais dans le nombre de ces matières combustibles, il y en a quelques unes, telles que les pyrites, où le feu s'ac- cumule et se fixe en si grande quantité, . qu’on peut les regarder comme des corps igués, dont la chaleur et le feu se manifestent dès qu'ils se décomposent. Ces pyrites ou. pierres de feu sont de vraies stalactites de la terre limoneuse ; et quoique mêlées de fer, k le fond de leur substance est le feu fixé par l'intermède de l'acide: elles sont en immense quantité, et toutes produites par la terre vé- sétale dès qu’elle est imprégnée de sels vitrio=. liques ; on les voit , pour ainsi dire, se for- mer dans les délits et les fentes de l’argille, où la terre limoneuse amenée et déposée par la stillation des eaux , et en même temps arrosée par l'acide de l’argille, produit ces stalactites pyriteuses dans lesquelles le feu , l'acide et le fer, contenus dans cette terre 15 * LA « À 1 . ñ , L : 574 HISTOIRE NATURELLÉ limoneuse, se réunissent par une si forte attraction , que ces pyrites prennent plus de n dureté’ que toutes les autres matières. ter— restres, à l'exception de diamant et de quel- ques pierres précieuses qui sont encore plus dures que ces pyrites. Nous verrons bientôt que le diamant et les pierres précieuses sont, comme les pyrites, des produits de cette même terre végétale , dont la substance en général est plus ignee que terreuse. En comparant les diamans aux pyrites , nous leur trouverons des rapports auxquels on n’a pas fait attention :le diamant ,comme la pyrite, renferme une graude quanLité de feu ; il est combustible , et dés-lors il ne peut provenir que d'une matière d’essence combustible ; et comme la terre végétale est le magasin général qui seul contient toutes les matières inflammables ou combustibles, | ” , M L on doit penser qu'il en tire son origine et même sa substance, Le diamant ne laisse aucun résidu sensible après. sa combustion; c'est donc, comme le soufre , un corps encore plus igné que la pyrite, mais daus lequel nous verrons-que la matière du feu est fixée par un intermède plus puissant que ous les acides, L DES MINÉRAUX. r75 La force“d'affinité qui réunit les parties constituantes de tous les corps solides , est bien plus grande dans le diamant que dans ‘la pyrite, puisqu'il est beaucoup plus dur ; mais, dans l’un et dans l’autre , cette force d'attraction a, pour ainsi dire, sa sphère par- ticulière , et s'exerce avec tant de puissance, qu'elle ne produit que des masses isolées qui ne tiennent point aux matières environ nantes , et qui toutes sont régulièrement. figurées. Les diamans, comme les pyrites, se trouvent dans la terre limoneuse; ils y sont. toujours en très-petit volume, et ordinai- rement sans adhérence des uns aux autres, tandis que les matières uniquement formées par l’integmède de l'eau ne se présentent guère en masses isolées : eten effet, 1l n'appar- tient qu’au feu de se former une sphère par- ticulière d'attraction dans laquelle 11 n’admet les autres élémens qu'autant qu’ils lui con- viennent ; le diamant et la pyrite sont des corps de feu dans lesquels l'air, la terre et l’eau, ne sont entrés qu’en quantité suffisante pour retenir et fixer ce premier élément. Il se trouve des diamans noirs presque opaques , qui n'ont aucune Valeur, et qu’on x76- HIS TOIRE NATURELLE prendroit, au premier coup d'œil, pour des pyrites martiales octaèdres ou cubiques ; et ces diamans noirs forment peut-être 14 | nuance entre les pyrites et les pierres pré cieuses qui sont également des produits de la terre limoneuse : aucune de ces pierres pré— cieuses n’est attachée aux rochers, tandis que les crystaux vitreux ou calcaires, formés par l’intermède de l’eau , sont implantés dans les masses qui les produisent, parce que cet élément, qui n’est que passif, ne peut se former, comme le feu , des sphères parti- culières d'attraction. L’eau ne sert en effet que de véhicule aux parties vitreuses ou cal- caires, qui se rassemblent par leur affinité, et ne forment un corps solide que quand cette même eau en est séparée et enlevée par le dessechement ; et la preuve que les pyrites n'ont admis que très-peu ou point du tout d’eau dans leur composition , c’est qu’elles en sont avides au point que l'humidité les décompose , et rompt les liens du feu fixé. qu'elles renferment. Au reste , il est à croire que dans ces pyrites qui s’effleurissent à l’air, la quantité de l’acide étant proportiannelle- ment trop grande, l'humidité de l'air est 41 DES MINÉRAUX. 177 assez puissamment attirée par cet acide pour attaquer et pénétrer la substance de la pyrite, tanidis que dans les marcassites ou pyriles arsenicales, qui contiennent moins d'acide et sans doute plus de feu que les autres py- rites, l'humidité de l’air ne fait aucun effet sensible : elle en fait encore moins sur le diamant, que rien ne peut dissoudre, décom- poser ou ternir, et que le feu seul peut dé- truire en mettant en liberté celui que sa substance contient en si grande quantité, qu’elle brûle en entier sans laisser de résidu. L'origine des vraies pierres précieuses , c'est-à-dire , des rubis, topazes et saphirs d'Orient, est la mème que celle des diamans : ces pierres se forment et se trouvent de même dans la terre limoneuse; elles y sont égale ment en petites masses isolées; le feu qu’elles renferment est seulement en moindre quan- tite; car elles sont moins dures et en même temps moins combustibles que le diamant, et leur puissance réfractive est aussi de moi- tié moins grande : ces trois caractères, ainsk - que leur grande densité, démontrent assez qu'elles sont d’une essence différente des crystaux vitreux ou calcaires, et qu'elles | } ME US dpi 198 HISTOIRE NATURELLE proviennent, comine le diamant, des extraits Les plus purs de la terre vegetale. bi Dans le soufre et les pyrites , la substance du feu est fixee par l'acide vitriolique ; ; on pourroit donc penser que, dans le diamant et les pierres precieuses, le feu se trouve fixé de mème par cet acide le plus puissant de tous : mais M. Achard a , comme nous l'avons dit*, tiré de la terre alcaline un . produit semblable à celui des rubis qu’il avoit soumis à l'analyse chimique , et cette experience prouve que la terre alcaline peut produire des corps assez semblables à cette pierre precieuse ; or l’ou sait que la terre vé- getale et limoneuse est plus alcaline qu’au-" cune autre terre, puisqu'elle n’est principa- lement composée que des debris des animaux et des vegetaux. Je pense donc que c'est par, Yalcali que le feu se fixe dans le dia- mant et le rubis, comme c’est par l’a- cide qu'il se fixe dans la pyrite; et même V’alcal: étant plus analogue que l'acide à la substance du feu, doit le saisir avec plus de force, le retenir en plus grande quantité, * Voyez l'hecte du crystal de roche dans le qualorzieme volume de cette Histoire, / L'HOMME ETES ‘k SEE 1 Û * * | sé DES MINÉRAUX. 179 et s’accumuler en petites masses sous un moindre volume ; ce qui, dans la formation de ces pierres, produit la densité , la dureté, la transparence , Fhomogénéité et la combus- tibilité. é: Mais avant de nous occuper de ces brillans produits de la terre végétale, et qui n’en sont que les extraits ultérieurs ,nous devons con- siderer les concrétions plus grossières ef moins épurées de cette même terre réduite en limon , duquel les bols et plusieurs autres substances terreuses ou pierreuses tirent leur origine et leur essence. O*+ pourra toujours distinguer aisément les bols et terres bolaires des argilles pures, et même des terres glaiseuses, par des pro- : prietés évidentes : les bols et terres bolaires se gonflent très-sensiblement dans l’eau, tan— - dis que les aroilles s’imbibent sans gonfle- ment apparent; ils se boursouflent et aug= : mentent de volume au feu, l’argille au con— traire fait retraite et diminue dans toutes : ses dimensions ; les bols enfin se fondent et se convertissent en verre au même degré de feu qui ne fait que cuireet durcir les argilles. Ce sont-là les différences essentielles qui dis- tinguent les terres limoneuses des terres ar- gilleuses : leurs autres caractères pourroient: être équivoques ; car les bols se pétrissent dans l’eau comme les argilles , ils sont de même composés de molecules spongieuses ; , leur cassure et leur grain, lorsqu'ils sont. _desséchés, sont aussi les mêmes; leur ducti-. lité est à peu près égale; et tout ceci doit HISTOIRE NATURELLE. #8 s'entendre des bols comparés aux argilles pures et fines : les glaises ou argilles gros- sières ne peuvent être confondues avec les bols, dont le grain est toujours très-fin. Mais ces ressémblances des argilles avec les bols n’empêchent pas que leur origine et leur na= ture, ne soient réellement et essentiellement différentes ; les argilles , les glaises , les schistes , les ardoises , ne sont que les détri- menus des matières vitreuses décomposées , ef plus ou. moins humides ou desséchées; au lieu que les bols sont les produits ultérieurs de la destruction des animaux et des végé- taux, dont la substance désorganisée fait le fond de la terre végétale, qui peu à peu se convertit en limon dont les parties Les plus atténuées et les plus ductiles forment les - “bols. | ._ Comme cette terre végétale et limoneuse- couvre la surface entière du globe, les bols sont assez communs dans toutes les parties du monde; ils sont tous de la même essence, et ne diffèrent que par les couleurs ou la finesse du grain. Le bol blanc paroïit être le plus pur de tous; on peut mettre au nombre de ces bols blancs la terre de FPa/za, dont on Mat, gén XN-. 16 182 HISTOIRE NATURÉDLE … _ fait au Mogol des vases très-minces et très | Jégers : il y a même en Europe delces bols blancs assez chargés de particules organiques ‘et nutritives pour en faire du pain en les mélant avec de la farine; enfin l’on peut mettre au nombre de ces bols blancs plu- sieurs sortes de terres qui nous sont indi- quées sous différeus noms , la plupart an- cieus, et que souvent on confond dés unes avec les autres. ji Le bol rouge tire sa couleur du fer er rouille dont il est pe ou moins mélqngé L c’est avec ce bol qu’on prépare la terre si= gillée , si fameuse chez les anciens , et de laquelle onifaisoit grand usage dans la méde- cine. Cette.terre sigillée nous vient aujour- d’hui des pays orientaux, en pastilles ou en pains convexes d'un côté et applatis de l'autre , avec l'empreinte d’un cachet que chaque souverain du lieu où il se trouve au- jourd’hui de ces sortes de terres, y fait appo- ser moyennant un tribut; ce qui leur a fait donner le nom de zerres scellées ou sigillées : on leur a aussi donné les noms de zerre de Lemnos, terre bénile de Saint-Paul, terre de Malle, terre de Constantinople. On peut r 4 “ » as w DES: MINER AUX. 183 * voir dans les anciens historiens avec quelles cérémonies superstitieuses on tiroit ces bols de leurs minières du temps d'Homère, d'Hé- rodote, de Dioscoride et de Galien ; on peut voir dans les observations de Belon les dif- férences de ces terres sigillées , et ce qui se pratiquoit de son temps pour les extraire et les travailler. La terre de Guatimala , dont on fait des vases en Amérique , est aussi un bol rou- geâtre ; 1l est assez commun dans plusieurs contrées de ce continent, dont les anciens ha- ‘ bitans avoient fait des poteries de toutes sortes : les Espagnols ont donné à cette terre cuite le nom de bozcaro. Il en est de même du bol d'Arménie et de la terre étrusque, dont on a fait anciennement de beaux ou- vrages en Italie. On trouve aussi de ces bols plus ou moins colorés de rouge en Alle- magne; 1l y en a même en France, qu’on pourroit peut-être également travailler. Ces bols blancs, rouges et jaunes, sont les plus communs: mais il y a aussi des bols verdâtres , tels que la terre de Vérone, qui paroissent avoir reçu du cuivre cette teinture verte; il s’en trouve de cette même DT MR PO STE SE TUNER PAPER A. OO à do re "hi NN KA OR PA Lo 1 * x me 184 HISTOIRE NATURELLE. | couleur en Allemagne , dans le margraviat de Bareith | * La terre de bi Pa , Si célébre diealtes anciens peuples du Levant par ses proprié- tés et vértus médicinales , n’étoit, comme nous venons de l'indiquer , qu'un/bol d'un _xouge assez foncé et d’un grain très-fin , et Von peut croire qu’ils l’épuroient encore, et le travailloient avant d'en faire usage: le bol qu'on nous envoie sous la dénomination de bol d'Arménie, ressemble assez à cette terre de Lemnos. Il se trouve aussi en Perse des bols blancs et gris, et l’on en fait des vases pour rafraichir les liqueurs qu'ils con- tiennent. Enfin les voyägeurs ont aussi reconnu des bols de différentes couleurs à Madagascar, et je suis persuadé que par-tout où la terre limoneuse se trouve accumulée et : en repos pendant plusieurs siècles, ses par- ties les plus fines forment, en se rassemblant, des bols dont les couleurs ne sont dues qu’au fer dissous dans cette terre, et c'est, à mon avis , de la concrétion endurcie de ces bols que se forment les matières pierreuses dont nous allons parler. ÿ£ ,. et les voyageurs en ont ren- contrée de toutes couleurs en Perse ét en Tur- quie. SPATHS PESAN 1 Es pyrites, les spaths pesans, les diamans et les pierres précieuses, sont tous des corps ignés qui tirent leur origine de la terre vé- getale ct limoneuse, c’est-à-dire, du détri- ment des corps oïrganisés , lesquels seuls contiennent la substance du feu en assez grande quantité pour être combustibles ou phosphoriques. L'ordre de densité ou de pe- santeur spécitique dans les matières terrestres, commence par les métaux et descend immé- diatement aux pyrites qui sont encore métal- liques, et des pyrites passe aux spaths pesans et aux pierres précieuses *. Dans les marcas- * L’étain, qui est le plus léger des métaux, pèse spécifiquement 729t4 ; le mispickel, ou pyrite arse- nicale, qui est la plus pesante des pyriles, pèse 65225 ; la pyrite ou marcassite de Dauphiné, dont on fait des bijoux, des colliers, etc. pèse 49539; la marcassile cubique, 45016; la pyrite globuleuse marliale de Picardie pèse 41006; et la pyriie 15 sites et pyrites, la sübétanté du feu est unie aux acides, et a pour base une terre metal lique ; dans Les spaths pesans, cette substance du feu est en mème temps unie à l'acide et à l’alcali, et a pour base une terre bolaire ou limoneuse. La présence de l’alcali combiné avec les principes du soufre se manifeste par l'odeur qu’exhalent ces spaths pesans-lors—, qu'on les soumet à l’action du feu ; enfin le diamant et les pierres précieuses sont les. extraits les plus purside la terre limoneuse, qui leur sert de base, et de laquelle ces pierres tirent leur phosphorescence et leur combus- tibilite. Il ne me paroît pas nécessaire de supposer, coimime l’ont fait nos chimistes récens, une martale cubique de Bourgogne ne pèse que 3g000. La pierre de Bologne, qui est le plus dense des spaths pesans, pèse 44400 ; le spath pesant blanc, 44300 ; et le spath pesant trouvé en Bourgogne à Thôtes près de Semur , ne pèse que 42687. Le rubis d'Orient, la plus dense des pierres pré cieuses, pèse 42838 ; et le diamant, quoique la plus dure, est en même temps la plus lésère de toutes les pierres précieuses, et ne pèse que 332v2. Voyez les Tables de M. Brisson. 4 NES DEN) PAT ; P DES MINERAUX. 187 terre particulière plus pesante que les autres terres, pour définir la nature des spaths pe- sans : ce n'est point expliquer leur essence ni leur formation , c’est Les supposer données et toutes faites; c’est dire simplement et fort _imutilement que ces spaths sont plus pesans que les autres spaths, parce que leur terre. est plus pesante que les autres terres ; c’est éluder et reculer la question, au liew de la résoudre ; car ue doit-on pas demander pourquoi cette terre est plus pesante, puisque, de l’aveu de ces chimistes, elle ne contient point de parties métalliques? ils seront donc toujours obligés de rechercher avec nous quelles peuvent être les combinaisons des élé- mens qui rendent ces spaths plus pesans que toutes les autres pierres. Or, pour se bien conduire dans une re- cherche de cette espèce, et arriver à un ré- sultat conséquent et plausible, il faut d’abord examiner les propriétés absolues et relatives decette matière pierreuse plus pesante qu’au- cune autre pierre; il faut tächer de recon— noître si cette matière est simple ou compo- sée; car en la supposaut mêlée de parties métalliques, sa pesanteur ne seroit au’un effet nécessaire de ce mélénge# mais de quelque manière qu'on ait traité ‘ces spaths pesans, on n’en a pas Liré un seul atome de métal ; dès-lors leur grande densité ne pro- vient pas de la mixtion d'aucune matière métallique : on a seulement reconnu que Îes spaths pesans ne sont ni vitreux, ni cal- caires, ni gypseux ; et comme, après les matières vitreuses , calcaires et métalliques, 1l n’existe dans la Nature qu’une quatrième matière, qui est la terre limoneuse, on peut déja présumer que la substance de ces spaths pesans est formée de cette dernière terre , puisqu'ils diffèrent trop des autres terres et pierres pour en provenir ui leur appartenir. Les spaths pesans , quoique fusibles à un feu violent, ne doivent pas être confondus avec le feld-spath , non plus qu'avec les spaths auxquels on a donné les dénomina- tions impropres despaths vitreux ou fusibles, c’est-à-dire , avec les spaths fluors qui se trouvent assez souvent dans les mines métal- liques : les spaths pesaus et les fluors n’étin- cellent pas sous le briquet comme le feld- spath ; mais ils différent entre eux, tant par la dureté que par la densité : la pesanteur | DES MINÉRAUX. 18) spécifique de ces spaths fluors n’est que de 30 à 51 mille , tandis que celle des spaths pesans est de 44 à 45 mille. | Là substance des spaths pesans est une terrealcaline; etcomme ellen’est pas calcaire, elie ne peut être que limoneuse et bolaire : de plus, cette substance pesante a autant et peut-être plus d’affinité que l’alcali même avec l'acide vitriolique ; car les seules ma- tières inflammables ont plus d’affinité que ‘cette terre avec cet acide. ! On trouve assez souvent ces spaths pesans sous une forme crystallisée ; on reconnoit alors aisément que leur texture est lamel- leuse : mais ils se présentent aussi en crys- tallisation confuse , et méme en masses -informes. Ils ne font point partie des roches vitreuses et calcaires , ils n'en tirent pas leur origine; on les trouve toujours à la super- ficie de la terre végétale, ou à une assez petite profondeur , souvent en petits morceaux 1s0- lés, et quelquefois en petites veines comme les pyrites. | _ En faisant caiciner ces spaths pesans , on n'obtient ni de la chaux ni du plâtre; ils acquièrent seulement la propriété de luire r99 dans les ténèbres, et Mt la calcid atibi ils exhalent une forte odeur de foie de soufre preuve évidente que leur substance contient de l’alcali uni au feu fixe du soufre ; ils dif- fèrent en cela des pyrites, dans lesquelles le feu fixe n’est point uni à l'alcali, mais à l'acide. L’essence des spaths pesans est donc une terre aléaline très-fortemeut chargée de la substance-du feu; et comme la terre for- mée du détriment des animaux et végétaux est celle qui contient l’alcali et la substance du feu en plus grande quantité, on doit en- core en inférer que ces spaths tirent leur origine de la terre limoneuse ou bolaire, dont les parties les plus fines, entrainées par la stillation des eaux , auront formecette sorte de stalactite qui aura pris de la consis- tance et de la densité par la réunion de ces mêmes parties rapprochées de plus près que dans les stalactites vitreuses ou calcaires. La texture des spaths pesans est lamelleuse comme celle des pierres précieuses; ils ne font de même aucune effervescence avec les acides : ils se présentent rarement en crystal- lisations isolées: ce sont ordinairement des groupes de crystaux très-étroitement umise DES MINÉRAUX. 19€ ét assez irrégulièrement, les uns avec les autres. : | Le spath auquel on a donné la dénomina- tion de spatk perlé, parce qu’il est luisant et d’un blanc de perle , a été mis mal-à-pro- pos au nombre des spaths pesans par quelques naturalistes récens; car ce n’est qu'un spath calcaire qui diffère des spaths pesans par toutes ses propriétés : il fait effervescence avec les acides ; la densité de ce spath perlé est à peu près égale à celle des autres spaths calcaires * , et d’un tiers au-dessous de celle des spaths pesans; de plus sa forme de crys- tallisation est semblable à celle du spath calcaire ; 1l se convertit de même en chaux: il n’est donc pas douteux que ce spath prié ne doive être séparé des spaths da etréuni aux autres spaths calcaires. Les spaths pesans sont plus souvent opaques que transparens; et comme je soup- * La pesanteur spécifique du spath calcaire rhom- boïidal , dit crystal d'Islande, est de 27151 H celle du spath perlé , de 28378 ; tandis que la pesanteur spécifique du spath pesant octaèdre est dé 44712, et celle du spath pesant, dit pierre de Bologne, est de 44700. Voyez Les Tables de M. Brisson. ts HISTOIRE NATURELLE çonnois, par leurs autres räpports avec lés ts précieuses , qu’ils ne devoient offrir qu’une simple réfraction, j'ai prié M. l'abbé | Rochon d’en faire l'expérience ,'et il a en effet reconnu que ces spaths n’ont point de double réfraction ; leur essence est donc ho- mogène et simple comme celle du diamant et des pierres précieuses qui n’offrent aussi qu'une simple réfraction : les spaths pesans leur ressemblent par cette propriété qui leur est commune et qui n'appartient à aucuñe autre pierre transparente ; ils en approcheut ô ; ÿ aussi par leur densité; qui néanmoins est eucore, un peu plus grande que celle du rubis : mais avec cette homogénéité et cette grande densité, les spaths pesans n’ont pas à beaucoup près autant de dureté que les pierres précieuses. Les spaths pesans opaques ou transparens A " ? : sont ordinairement d'un blanc mat ; cepen- dant il s’en trouve quelques uns qui ont des teintes d’un ronge ou d’un jaune léger , et d’autres qui sont verdâtres où bleuätres: ces différentes couleurs proviennent , comme dans les autres pierres colorées , des vapeurs ou dissolutions métalliques, qui, dans. de. CH sh À D | DES MINÉRAUX. 193 certains lieux , ont pénétré la terre limo-, neuse et teint les stalactites qu’elle produit. Le spath pesant le plus anciennement connu est la pierre de Bologne ; elle se pré- sente souvent en forme globuleuse, et quel- quefois applatie ou alongée comme un cylindre : son tissu lamelleux la rend cha- toyante à sa surface ; dans cet état on ne peut guère la distinguer des autres pierres feuilletées que par sa forte pesanteur. Le comte Marsigli et Mentzelius ont fait sur cette pierre de bonnes observations, et ils ont indiqué, les premiers, la manière de la pré- parer pour en faire des phosphores qui con- servent la lumière et la rendent au-dehors pendant plusieurs heures. Tous les spaths pesans ont la même pro- priété, et cette phosphorescence les approche encore des diamans et des pierres précieuses, qui reçoivent , conservent et rendent dans les ténébres la Ilumière du soleil, et même celle du jour, dont une partie paroît se fixer pour un petit temps dans leur substance , et , les rend phosphoriques pendant plusieurs heures. Les pierres précieuses et les spaths pesans 17 “94 HISTOIRE NATURELLE ont donc tant de rapports et de propriétés | communes , qu’on ne peut guère douter que le fond de leur essence ne soit de la même nature; la densité, la simple réfraction ou l’homogénéité, la phosphorescence, leur for- mation et leur gisement dans la terre limo- neuse , sont des caractères et des circons- tances qui semblent démontrer leur origine commune, et les séparer en même temps de toutes les matières vitreuses , calcaires et: métalliques. Li: & A TE Tee s / PIERRES PRÉCIEUSES. È ) Lis caractères par lesquels on doit distin- guer les vraies pierres précieuses de toutes les autres pierres transparentes, sont la den- site, la dureté, l’infusibilité, l’homogénéité et la combustibilité.; elles n’ont qu'une simple réfraction, tandis que toutes lesautres, sans aucune exception , ont au moins une double réfraction, et quelquefois une triple, quadruple , etc. Ces pierres précieuses sont en très-petit nombre; elles sont spécifique- ment plus pesantes , plus homogènes et beau- coup plus düres que tous Les erystaux et les -spaths ; leur réfraction simple démontre qu elles ne sont composées que d’une seule substance d'égale densité dans toutes ses par- iies ,au lieu que les crystaux et tous lesautres extraits des verres primitifs et des matières calcaires, pures ou mélangées , ayant une double réfraction , sont évidemment compo- sés de lames ou couches alternatives de dif- férente densité : nous avons donc exclu du 196 HISTOIRE NATURELLE nombre des pierres précieuses les améthystes, les topazes de Saxe et du Bresil, les éme- raudes et péridots, qu’on a jusqu'ici regardés comme tels, parce que l’on ignoroit la dif- férence de leur origine et de leurs propriétés. Nous avons démontré que toutes ces pierres ne sont que des crystaux et des produits des verres primitifs, dont elles conservent les propriétés essentielles: les vraies pierres pré- cieuses, telles que le diamant , le rubis , la topaze et le saphir d'Orient, n'ayant qu'une seule réfraction , sont évidemment homo- gènes dans toutes leurs parties , et en mème temps elles sont beaucoup plus dures et plus denses que toutes ces pierres qui tirent leur origine des matières vitreuses. On savoit que le diamant est de toutes les” matières transparentes celle dont la réfrac- tion est la plus forte, et M. l'abbé Rochon, que j'ai déja eu occasion de citer avec éloge, a observé qu'il en est de même des rubis, de la topaze et du saphir d'Orient ; ces pierres, quoique plus denses que le diamant , sont néanmoins épalement homogènes , puis- qu’elles ne donnent qu'une simple réfrac- tion, D’après ces caractères qu'on n’avoit pas / MANN AU AT } VA ” RD ac Y \ | DES MINÉRAUX. 197 saisis, quoique très-essentiels , et meltant pour un moment le diamant à part, nous nous croyons fondés à réduire les vraies pierres précieuses aux variétés suivantes ; sa- voir, lerzbis proprement dit ,le rzbis balais, le rubis spinelle, la vermeille, la iopaze , le saphir et le girasol: ces pierres sont les seules qui n’offrent qu'une simple réfraction. Le balais n’est qu’un rubis d’un rouge plus clair, et le spinelle un rubis d’un rouge plus UM. foncé ; la vermeille n’est aussi qu'un rubis , : dont le rouge est mêlé d’orangé, et le girasol un saphir dont la transparence est nébu- leuse , et la couleur bleue teinte d’'unenuance de rouge : ainsi les rubis, topazes et saphirs n'ayant qu'une simple réfraction, et étant en même temps d’une densité beaucoup plus grande que les extraits des verres primitifs, on doit les séparer des matières transparentes vitreuses , et leur donner une tout autre origine. PR Et quoique Le grenat et l’hyacinthe appro- chent des pierres précieuses par leur densité, nous n'avons pas cru devoir les admettre dans leur nombre, parce que ces pierres sont fusibles, et qu’elles ont une double réfrac- 171 A Lu PEN CN 1 NA FAR Fo 198 HISTOIRE NATURELLE tion assez sensible pour démontrer que leur substance n’est point homogène , et qu’elles sont composées de deux matières d’une den- sité différente ; leur substance paroit aussi être mêlée de parties métalliques. On pourra me dire que les rubis, topazes, saphirs , et même les diamans colorés, ne sont teints , comme le grenat et l’hyacinthe, que par les parties métalliques qui sont entrées dans leur composition ; mais nous avons déja démontré #que ces molécules métalliques qui colorent les crystaux et antres pierres transparentes , sont en si petite quantité,que la densité de ces pierres n’en est point augmentée. II en est de même des diamans de couleur, leur densité est la même que celle des diamans blancs ; et ce qui prouve que, daus les hya- cinthes et les orenats, les parties hétéro- gènes et métalliques sont en bien plus grande quantité que dans ces pierres précieuses, c'est qu’ils donnent une double refraction : ces pierres sont donc réellement composées de deux matières de densité différente, et elles auront reçu nou seulement leur teinture - comme les autres pierres de couleur, mais aussi leur densilé et leur double réfraction J Ge * WW, ju Ji CCR del DES MINÉRAUX. 19g par le mélange d'une orande quantité de particules métalliques. Nos pierres précieuses blanches ou colorées n’ont, au contraire, qu'une seule réfraction ; preuve évidente que la couleur n’altère pas sensiblement la sim- plicité de leur essence. La substance de ces pierres est homogène dans toutes ses parties; elle n'est pas composée de couches alterna- tives de matière plus ou moins dense, comme celle des autres pierres transparentes , qui toutes donnent une double réfraction. La densitéde l’hyacinthe, quoique moindre que celle du grenat, surpasse encore la den- site du diamant ; on pourroit donc mettre l’hyacinthe au rang des pierres précieuses, si sa réfraction étoit simple et aussi forte que celle de ces pierres; mais elle est double et foible , et d’ailleurs sa couleur n’est pas franche : ainsi ces imperfections indiquent assez que son essence n’est pas pure. On doit observer aussi que l’hyacinthe ne brille qu’à sa surface et par la reflexion de la lumière, tandis que les vraies pierres précieuses brillent encore plus par la réfraction inté- rieure que par le reflet extérieur de la lu- . muière. En général, dès que les pierres sont Mes ELLE 14 nuageuses et même hate ab leurs reflets de couleurs ne sont pas purs, et l'intensité de leur lumière réfléchie ou réfractée est tou- jours foible, parce qu'elle est plutôt Ph sée que rassemblée. On peut donc assurer que le premier ca— ractère des vraies pierres précieuses est la simplicité de leur essence ou l’homogénéité de leur substance, qui se démontre par leur réfraction toujours simple, et que les deux autres caractères qu’on doit réunir au pre- mier , sont leur densité et leur dureté beau- coup plus grandes que celles d'aucun des verres ou matières vitreuses produites par la Nature : on ne peut donc pas soutenir que ces pierres précieuses tirent leur origine, comme lés crystaux, de la décomposition de ces verres primitifs, ni qu'elles en soient des extraits ; et certainement elles proviennent encore moins de la décomposition des spaths calcaires , dont la densité est à peu près la même que celle des verres primitifs *, èt qui * Les pesanteurs spécifiques du qua tes ‘sont de 26546 ; du feld-spath , 26466 ; du muca blanc, _27044; etia pesauteur spécifique du spath calcaire {crystal d'Islande), est de 2715r ; et celle du spath perlé, de 28376. (Tables de M, Brisson.) SRE pre DES MINÉRAUX. 2or d'ailleurs'se réduisent en chaux, au lieu de se fondre on de brûler. Ces pierres précieuses ne peuvent de même provenir de la décom- position des spaths fluors, dont la pesanteur spécifique est à peu près égale à celle des schorls *, et je ne vois dans la Nature que les spaths pesans dont la densité puisse se comparer à celle des pierres précieuses: la plus dense de toutes est le rubis d'Orient, dout la pesanteur spécifique est de 42833 ; et celle du spath pesant appelé pierre de Bo- logne , est de 44409 ; celle du spath pesant octaèdreest de 44712: on doit donc croire que les pierres précieuses ont quelque rapport d’origine avec ces spaths pesans, d’autant mieux qu'elles s’imbibent de lumière et qu’elles la conservent.pendant quelque temps comme les spaths pesans. Mais ce qui dé- montre, invinciblement que ni les verres * La pesanteur spécifique du spath phosphorique cubique blanc, est de 31555; celle du spath phos- phorique cubique violet , de Sinon ; du spath phos- phorique d'Auvergne, de 30943; et la pesanteur spécifique du schorl crystallisé, est de 30526; du schorl violet de Re de 32956. (Tables de NI. ji primitifs, ni les substances ie ni les spaths fluors , ni même les spaths pesans ; n'ont produit les pierres précieuses ; Cest que toutes ces matières se trouvent à peu prés également dans toutes les régions du globe , tandis que les diamans et les pierres précieuses ne se rencontrent que dans les cli- mats les plus chauds ; preuve certaine que de quelque matière qu’elles tirent leur origine, cet excès de chaleur est nécessaire à leur pro- duction. | Mais la chaleur réelle de chaque climat est composée de la chaleur propre du globe et de l'accession de la chaleur envoyée parle solex ; l'une et l’autre sont plus grandes entre les tropiques que dans les zones tempérées et froides : la chaleur propre du globe y est plus forte , parce que le globe étant plus épais à l'équateur qu'aux poles , cette partie de la terre a conservé plus de chaleur, puis- que la déperdition de cette chaleur propre du globe s’est faite , comme celle de tous les autres corps chauds, en raison inverse de leur épaisseur. D'autre part, la chaleur qui arrive du soleil avec la lumière, est, comme l’on sait, considérablement plus grande sous « \ \ Ê Î _ DES MINÉRAUX. 203 cette zone torride que dans tous les autres climats ; et c’est de la somme de ces deux chaleurs toujours réunies qu'est composée la chaleur locale de chaque région. Les terres sous l'équateur jusqu'aux deux tropiques , souffrent , par ces deux causes , un excès de chaleur qui influe non seulement sur la na- ture des animaux, des végétaux et de tous les êtres organisés , mais agit même sur les matières brutes , particulièrement sur la terre végétale, qui est la couche la plus exté- rieure du globe : aussi les diamans , rubis, topazes et saphirs, ne se trouvent qu'à la sur- face ou à de très-petites profondeurs dans le terrain de ces climats très-chauds : il ne s’enx - rencontre dans aucune autre reésion de la terre. Le seul exemple contraire à cette ex clusion générale est le. saphir du Puy en Vélay, qui est spécifiquement aussi et même un peu plus pesant que le saphir d'Orient*, et qui prend, dit-on, un aussi beau poli ; mais j'ignore s’il n’a de même qu’une simple - X La pesanteur spécifique du saphir d'Orient bleu , est de 39941; du saphir d'Orient blanc, de 399 r ; et la pesanteur spécifique du saphir du Puy, est de 40769. (Tables de M. Brisson.) ou HISTOIRE NATURELLE È réfraction , et par conséquent si l’on doié l'admettre au rang des vraies pierres pré< cieuses, dont la plus brillante propriété est de réfracter puissamment la lumière et d'en offrir les couleurs dans toute leur intensité; la double réfraction décolore les objets, et di- minue par conséquent plus ou moins cette intensité dans les couleurs, et dès lors toutes les matières transparentes qui donnent une double réfraction , ne peuvent avoir autant d'éclat que les pierres précieuses dont la subs« tance ainsi que la réfraction sont simples. Car il faut distinguer dans la lumière réa fractée par les corps transparens ; deux effets différens, celui de la réfraction et celui de la’ dispersion de cette même lumière : ces deux effets ne suivent pas la mème loi, et pa- roissent même être en raison inverse l’un à l'autre; car la plus petite réfraction se trouve accompagnée de la plus grande dispersion, . tandis que la plus grande réfraction ne donne que la plus petite dispersion: Le jeu des cou leurs qui provient de cette dispersion de la lumière, est plus varié'dans les sas, verres: de plomb ou d’antimoine , que dans le dia- mant ; mais ces couleurs des s//as n’ont que a PCR A à . * "a, à ! | DES MINÉRAU X. 205 très-peu d'intensité en comparaison de celles qui sont produites par la réfraction du dia- mant: La puissance réfractive est beaucoup plus grande dans le diamant que dans aucun autre corps transparent : avec des prismes dont l’angle est de 20 degrés, la réfraction du verre blanc est d'environ 10°; celle du flint-glass, de 11-; celle du crystal de roche n’est tout au plus que de 10; celle du spath d'Islande, d'environ 117; celle du péridot, de 11; tandis que la réfraction du saphir d'O- rient est entre 14 et 15, et que celle du dia- mant est au moins de 30. M. l’abbé Rochon, qui a fait ces observations, présume que la réfraction du rubis et de la topaze d'Orient est aussi entre 14 et 15, comme celle du sa- phir ; mais il me semble que ces deux pre- mières pierres ayant plus d'éclat que la der- “nière , on peut penser qu’elles ont aussi une réfraction plus forte et un peu moins éloignée de celle du diamant : cette grande force de réfraction produit la vivacité, ou ; pour mieux dire, la forte intensité des couleurs dans le spectre du diamant , et c’est précisé- ment parce que ces couleurs conservent toule 16 À AA db HISTOIRE ni NA PURÉE. leurintensité queleur dispersion estmoind “ | À ‘ Le fait confirme ici la théorie , car il est aisé ‘de s'assurer que la dispersion de la lumière est bien plus petite dans le diamant que dans aucune autre matière transparente. Le diamant, les pierres précieuses et toutes les substances inflammables ont plus de puis- sance réfractive que les autres corps transpa- rens, parce qu'elles ont plus d’affinité avec la lumière ; et par la même raison il y à. moins de dispersion daus leur réfraction, puisque leur plus grande affinité avec la lu imiere doit en réunir les rayons de plus près. Le verre d’antimoine peut ici nous servir d’exemple; sa réfraction n’est que d'environ , landis que sa dispersion est encore plus graude que celle du sfras où d’aucune autre ‘matière connue, en sorte qu’on pourroit égaler et peut-être surpasser'ie diamant pour le jeu des couleurs avec le verre d'anti=" moine :: mais ces couleurs ne séroient que des bluettes encore plus foibles que celles du stras où verre de plomb; et d’ailleurs ce verre d’antimoine est trop tendre pour pou- voir conserver long-temps son poli. Cette homogenéité dans la substance du < ” « = \ DES MINÉRAUX. 207 diamant et des pierres précieuses, qui nous est démontrée par leur réfraction toujours simple, cette grande densité que nous leur connoissons par la comparaison de leurs poids spécifiques, enfin leur très-grande du- reté qui nous est également démontrée par leur résistance au frottement de la lime, sont des propriétés essentielles qui nous présentent des caractères tirés de la Nature, et qui sont bien plus certains que tous ceux par lesquels on a voulu désigner et distinguer ces pierres: ils nous indiquent leur essence, et nous de- montrenten même temps qu'elles ne peuvent provenir des matières vitreuses, calcaires ou metalliques , et qu'il ne reste que la terre végétale ou limoneuse dont le diamant et les vraies pierres précieuses aient pu tirer leur origine. Cette présomption très-bien fondée acquerra le titre de vérité lorsqu'on réfléchira sur deux faits généraux également certains : le premier, que ces pierres ne se trouvent que dans les climats les plus chauds, et que cet excès de chaleur est par conséquent nécessaire à leur formation ; le second, qu'on ne les rencontre qu'à la surface ou dans la première couche de la terre et dans al” HISTOIRE NATURELLE le sable FEA rivières, où iles, ne sont qu de 4 petites masses isolées , ét souvent recouvertes d’une terre limoneuse ou bolaire, maïs ja mais attachées aux rochers , comme le sont les crystaux des autres pierres vitreuses où calcaires. | 1# D'autres faits particuliers viendront à l’ap- pui de ces faits généraux , ‘et l’on né pourra guère se refuser à croire que les diamans et autres pierres précieuses ne soient en effet des produits de la terre limoneuse , qui, conservant plus qu'aucune autre matière la substance du feu des corps organisées dont elle recueille les détrimens, doit produire et produit, réellement par-tout des concrétions combustibles et phosphoriques, telles que les pyrites, les spaths pesans, et peut par conse- quent former des diamans également phos- phoriques et combustibles dans les lieux où le feu fixe contenu dans cette terre est encore aidé par la plus grande chaleur du globe et du soleil. Pour répondre d'avance aux objections qu'on pourroit faire contre cette opinion,nous çonviendrons volontiers que ces saphirs trou+ vés au Puy en Vélay, dont la densité est DES MINÉRAUX. 200 égale à celle du saphir d'Orient , semblent prouver. qu'il se rencontre au moins quel- qu’une des pierres que j'appelle précieuses , dans les climats tempérés ; mais ne devons- nous pas en même temps observer que quand il y a eu des volcans dans cette région tem- pérée, le terrain peut en être pendant long- temps aussi chaud que celui des régions du Midi? Le Vélay en particulier est un terrain volcanisé , et je ne suis pas éloigné de penser | qu'il peut se former dans ces terrains , par leur excès de chaleur, des pierres précieuses de la même qualité que celles qui se forment par le même excès de chaleur dans les cli- mats voisins de l’équateur , pourvu néan- moins que cet excès de chaleur dans les ter- rains volcanisés soit constant, ou du moins assez durable et assez uniformément soutenu pour donner le temps nécessaire à la forma tion de ces pierres. En général, leur du- reté nous indique que leur formation exige beaucoup de temps; et les terres voleanisées : ne conservant pas leur excès de chaleur pendant plusieurs siècles, il ne doit pas s'y former des diamans , qui de toutes les pierres sont les plus dures, taudis qu’il peut s’y 18 LS Aa ao HISTOIRE NATURELLE former des pierres transparentes moins dures. Ce n'est donc que dans le cas très-particulier ; où la terre végétale conserveroit cet excès de chaleur pendant une longue suite de temps, qu’elle pourroit produire ces stalactites pré- cieuses dans un climat tempéré ou froid, ef ce cas est infiniment rare, et ne s’est jusqu'ici présenté qu'avec le saphir du Puy. On pourra me faire une autre objection : d'après votre système , me dira-t-on , toutes les parties du globe ont joui de la même cha- leur dont jouissent aujourd’hui les regions voisines de l'équateur; il a donc dû se for- mer des diamaus et autres pierres précieuses dans toutes les regions de la terre, et lon devroit y trouver quelques unes de ces an- ciennes pierres , qui par leur essence résistent aux injures de tous les élémens ; néanmoins on n'a nulle part, de temps immémorial , ni vu ni rencontré un seul diamant dans au- cune des contrées froides ou tempérées. Je réponds en convenant qu'il a dû se former en effet des diamans dans toutes les régions du globe lorsqu'elles jouissoient de la chaleur nécessaire à cette production ; mais comme ls ne se trouvent que dans la première M 4 | LA DES MINÉRAUX. 21c couche de la terre et jamais à de grandes profondeurs , il est plus que probable que les diamans et les autres pierres précieuses ont élé successivement recueillis par les hommes , de la même manière qu'ils ont recueilli les pépites d’or et d'argent, et mème les blocs de cuivre primitif, lesquels ne se trouvent plus dans les pays habités, parce que toutes ces matières. brillantes ou utiles ont été recherchées ou consommées par les anciens habitans de ces imèmes con- trees. Mais ces MIRE et Îles doutes qu'elles pourroient faire naître, doivent également disparoitre à la vue des faits et des raisons qui démontrent que les diamans, les rubis, topazes etsaphirs, ne se trouvent qu’entreles tropiques, dans la première et la plus chaude couche de la terre , et que ces mèmes-pierres étant d’une densité plus grande et d’une es- sence plus simple que toutes lesautres pierres transparentes vitreuses ou calcaires, où ne peut leur donner d'autre origine , d'autre matrice, que la terre limoneuse, qui, TaSSeN = blant les débris des autres matières, et n’é- tant principalement composée que du débri- ment des êtres organisés, a pu seule former des corps pleins de feu , tels que les pyrites, les spaths pesans , les diamans et autres con- crétions phosphoriques, brillantes et pré- cieuses ; et ce qui vient victorieusement à l'appui de cette vérité, c’est le fait bien avéré du phosphorisme et de la combustion du diamant. Toute matière combustible ne provient que des corps organisés ou de leurs détrimens, et dès lors le diamant, qui s’im- bibe de lumière , et qu’on a été forcé de mettre au nombre des substances combus- ‘ tibles , ne peut provenir que de la terre vé- gétale, qui seule contient les débris combus- tibles des corps orgauisés. J'avoue que la terre végétale et limo- neuse est encore plus impure et moins simple que les matières vitreuses , calcaires et métalliques; j’avoue qu’elle est le recep- tacle général et commun des poussières de‘ l'air, de l’égout des eaux , et de tous les dés trimens des métaux et des autres matières dont nous faisons usage : mais le fond prin-. cipal qui constitue son essence , n’est ni métallique , ni vitreux, ni calcaire; 1l est plutôt igné; c'est le résidu , ce sont Les y s ’ *' ” d ) DES MINÉRAUX. 213 détrimens des animaux et des végétaux dont sa substance est spécialement composée elle contient donc plus de feu fixe qu'aucune autre matière. Les bitumes, les huiles, les graisses, toutes Les parties des animaux et des végétaux qui se sont converties en tourbe, en charbon , en limon, sont combustibles, parce qu'elles proviennent des corps orga= nisés. Le diamant, qui de même est combus- tible, ne peut donc provenir que de cette même terre végétale d'abord animée de son propre feu , et ensuite aidée d’un surplus de chaleur qui n'existe actuellement que dans les terres de la zone torride. Les diamans, le rubis, la topaze et le saphir sont les seules vraies pierres pré- cieuses, puisque leur substance est parfai- tement homogène, et qu'elles sont en mème temps plus dures et plus denses que toutes les autres pierres transparentes : elles seules, par toutes ces qualités réunies, méritent cette dénomination, Elles ne peuvent prove- nir des matières vitreuses, et encore moins des substances calcaires ou métalliques; d’où l'on doit conclure par exclusion et indépen- sas à se, puisque ne ) n' ont ke hr les Hroduirén| UD NA MIE Si) EI # > U AAC” &: ou ® À k à 120$ # LUE 2 | Ÿ: ' ë Fe per ta th nr À a ) or Ù \. = » W ? | re LEE > " 1 V + 4 Rt43-Ct 1, L RCE 5 A w * | A RE Ke) UHR dé 4 FRE CO ET TUE ÿ ‘ ( Ms. À À À à iéuret 0T RUE UE À OT AL ARE À À - { ? FAT à Fe 4 n + Hd A 4 ! pre à . à ef a à 4 4 ch * « 1 UE * ï , CERVIR \ } - > * 4 1 HN à 1 i k A Vi x 4 Ÿ y ; 1 * | + Q X « 9 4 Li ” Ç ! - “. à + 4 ; ?. \ \ De { « + À , 4 Le } . , x 4 ÿ t% ; p! L4 t L \ DIAMANT. + J'a: cru‘pouvoir avancer et même assurer ; quelque temps avant qu'on en eût fait lé preuve * , que le diamant étoit une substance combustible : ma présomption étoit fondée sur ce qu'il n'y à que les matières inflam- mables qui donnent une réfraction plus forte que les autres relativement à leur densité respective. La réfraction de l’eau, du verre et des autres matières transparentes solides ou liquides, est toujours, et dans toutes, proportionnelle à leur densité; tandis que dans le diamant, les huiles, l’esprit-de-vin, et les autres substances solides ou liquides qui sout inflammables ou combustibles , la réfraction est toujours beaucoup plus grande relativement à leur densité, Mon opinion au sujet de la nature du diamant , quoique fondée sur une analogie aussi démonstra- * Tome IV de cette Histoire, article de La Lu mière, de la chaleur et du feu, DER CL : 4) 216 HISTOIRE NATUREBLE tive, a été contredite jusqu'à ce que l’on ait | vu le diamant brüler et se consumer en en+ - tier au foyer du miroir ardent. La main n’a donc fait ici que confirmer ce que la vue de l'esprit avoit apperçu, et ceux qui ne croient que ce qu’ils voient, seront dorénavant con- vaincus qu’on peut deviner les faits par l'a nalogie , et que le diamant, comime toutes les autres matières transparentes solides ou liquides; dont la refraction est, relativement à leur densité, plus grande qu'elle ne doit être, sont réellement des substances inflam- mables ou combustibles. d En considérant ces rapports de la réfrac- tion et de la densité, nous verrons que la réfraction de l'air, qui de toutes est la moindre, nelaisse pas que d’être trop grande relativement à la densité de cet élément , et cetexcès ne peut provenir que de la quantité de matière combustible qui s’y trouve mêlée, et à laquelle on a donné dans ces derniers temps la dénomination d’air inftarmmmable : c’est en effet cette portion de substance in- flammable mêlée dans l'air de l’atmosphére, qui lui donne cette réfraction plus forte rela- tivement à sa densité. C’est aussi. cet air in- LS DÉS MINÉRAUX. 217 Hammable qui produit souvent dans l’atmo- sphère des phénomènes de feu. On peut em— ployer cet air inflammable pour rendre nos . feux plus actifs ; et quoiqu'il ne réside qu’en très-petite quantité dans l’air atmosphérique, cette petite quantité sufhit pour que la réfrac- tion en soit plus grande qu’elle ne le seroit si l'atmosphère étoit privée de cette portion de matière combustible. On a d’abord cru que le diamant exposé à l’action d’un feu violent se dissipoit et se volatilisoit sans souffrir une combustion réelle : mais des expériences bien faites et très-multipliées ont démontré que cé n’est pas en se dispersant ou se volatilisant , mais en brülant comme toute autre matière in— flammable, que le diamant se détruit au feu libre et animé par le contact de l’air*. * J’ai composé en 1770 Île premier volume de nes supplémens. Comme je ne m'occupois pas alors de l’histoire naturelle des pierres, et que je n’avois pas fait de recherches historiques sur cet objet, j'ignorois que , dès le temps de Boyÿle, on avoit fait en Angleterre des expériences sur la combustion du diamant, et qu’ensuite on les avoit répétées avec ‘succès en Jialie et en Allemagne : mais MM. Mac- Mat, gén, XVe 19 ET HISTOIRE NAME On n’a pas fait sur le rubis, Ja tépasei b le saphir, autant d'épreuves que sur les dia _mans. Ces pierres doivent être moins'com- bustibles , puisque leur réfraction est moins forte que celle du diamant, quoique rela= tivement à leur densité cette réfraction soit plus grande, Comme dans les autres corps in: : flammables ou combustibles : et en effet, on a brülé le rubis au foyer du miroir ardent; on ne peut guère douter que la topaze et le saphir, quisont de la même essence, ne soient également combustibles. Ces pierres pré qner , Darcet, et quelques autres savans chimistes, qui doutoient encore du fait, s’en sont convaincus. MM. de Lavoisier, Cadet et Mitouard, ont donné sur ce sujet un très-bon Mémoire en 1772 , dans lequel on verra que des diamans de toutes couleurs, is dans un vaisseau parfaitement clos, ne souffrent aucune perte ni diminution de poids, ni par consé- quent aucun effet de la combustion , quoique le vaisseau qui les renferme fut exposé à Paction du feu le plus violent *. Ainsi le diamant ne se décom- pose ni ne se volatilise en vaisseaux clos, et il faut } Paction de l'air libre pour opérer sa combustion, | * Mémoire de MM. Lavoisier et Cadet, Académie. des Séiences, année 1772, LME. + mu Cx } 1 àf. = ! (DES MINÉRAUX. 219 . tieuses sont, comme les diamans, des pro duits de la terre limoneuse, puisqu'elles ne se trouvent , comme le diamant , que dans les climats chauds, et qu’attendu leur grande densité et leur dureté elles ne peuvent pro- venir des matières vitreuses, calcaires et mé- talliques ; que de plus elles n’ont de même “qu'une simple réfraction trop-forte relative- ment à leur densité, et qu'il faut seulement leur appliquer un feu encore plus violent qu’au diamant pour opérer leur combustion;, car leur force réfractive n’étant que de 15, tandis que celle du diamant est de 50, et leur densité étant plus grande d'environ un septième que celle du diamant, elles doivent contenir proportionnellement moins de par- ties combustibles , et résister plus lons- temps et plus puissamment à l’action du feu , et brûler moins complétement que le diamant, qui ne laisse aucun AE après sa ‘combustion. On sentira la justesse de ces raisonnemens, en se souvenant que la puissance réfractive des corps transparens devient d'autant plus grande qu'ils ont plus d’affinité avec.la Iu- äuière; et l'on ne doit pas douter que ces corps ne contractent cette Sen forte affinité par la plus grande quantité de feu qu ils contiennent ; car le feu fixe agit sur le feu libre de la lumière, et rend la réfraction des substances combustibles d'autant plus forte. qu’il réside en plus grande quantilé sud ces mêmes substances. ; On trouve les diamans dans les Mate les plus chaudes de l’un et l’autre continent; ils sont ésalement combustibles. Les uns et les autres n’offrent qu'une simple et très- forte réfraction : cependant la densité et la dureté du diamant d'Orient surpassent un peu celles du diamant d'Amérique *. Sa ré- fraction paroît aussi plus forte et son éclat plus vif; il se crystallise en octaèdre , et * La pesanteur spécifique du diamant blane oriental octatdre, est de 35212; celle du diamant . oriental couleur de rose, de 35310 ; et la pesanteur À spécifique du diamant dodécaèdre du Bresil, mest- que de 34444. (Tables de M. Brisson.) Cette estimation ne s'accorde pas avec celle que M. Ellicot a donnée dans les Transactions philo sophiques ; année 174b, n° 176. La pesanteur spéx cifique du diamant d'Orient est, selon lui, 35r7; et celle du diamant du Bresil, de 5515 ; diète DES MINÉRAUX. -o2Ë celui du Bresil en dodécaëdre : ces différences doivent en produire dans leur éclat ; et je suis persuadé qu’un œil bien exercé pour- roit les distinguer. M. Dufay, savant physicien , de l'académie des sciences , et mon très-digne prédécesseur au Jardin du roi, ayant faitun grand nombre d'expériences sur des diamans de toutes cou- leurs, a reconnu que tous n’avoient qu'une simple réfraction à peu près égale; il a vu que leurs couleurs, quoique produites par une matière métallique , n’étoient pas fixes, mais volatiles, parce que ces couleurs dispa- roissent en faisant chauffer fortement ces diamans colorés dans une pâte de porcelaine. Il s’est aussi assuré sur un grand nombre de em si petite, qu'on pouvoit la regarder comme nulle : mais connoissant l’exactilude de M. Brisson, et la précision avec laquelle il fait ses expériences, je crois que nous devons nous en tenir à sa détermi- nauon. Cependant on doit croire qu’il y a, tant en Orient qu'au Bresil, des diamans spécifiquement plus pesans les uns que les autres, et que probable ment M. Ellicot aura comparé le poids spécifique : ’ | : ë d'un des plus pesans du Bresil avec un des moins pesans d'Orient. 39 223 HISTOIRE NATURELLE diamans, que les uns conservoient plus long= temps et rendoient plus vivement que les autres la lumière dont ils $imbibent , lors— qu'on les expose aux rayons du soleil ou même à la lumière du jour. Ces faits sont certains : mais je me rappelle que m’ayant communiqué ses observations, il m'assura positivement que les diamans naturels qu'on appelle pointes naïvesou natives, et qui n’ont pas été taillés, sont tous crystallisés en cubes. Je n'imagine pas comment il a pu se trom- per sur cela, car personne n’a peut-être manié autant de diamans taillés ou bruts: il avoit emprunté les diamans de Ia cou- ronne et ceux de nos princes pour ses expé— riences; et d'aprés cette assertion de M. Dufay, je doute encore que les diamans de l’ancien continent soient tous octaèdres, et ceux du Bresil tous dodécaëdres. Cette différence de forme n’est probablement pas la seule, et semble nous indiquer assez qu'il peut se trouver dans les diamans d’autres formes de crystallisation, dont M. Dufay assuroit que la cubique étoit la plus commune. M. Dau- benton, de l'académie des sciences, et garde du Cabinet du roi, a bien voulu me coms DES MINÉRAUX. 223 muniquer les recherches ingénieuses qu’il a faites sur la structure du diamant ; il a re- connu que les huit faces triangulaires du diamant octaèdre brut sont partagées par des arêtes, en sorte que ces faces triangulaires A sont convexes à leur surface*. Ce savant * On appercoit, sur chacune des huit faces du - diamant brut, trois lignes qui sont renflées comme de petites veines, et qui s’étendent chacune depuis” l'un des angles du triangle jusqu’au milieu des côtés opposés, ce qui forme six petits triangles dans le . grand, en sorie qu’il y à quarante-huit comparti- menus sur la surface entière du diamant brut, que 2 LA 2 SUN Sr à à = Pon peut réduire à vingt-quatre, parce que les com parimens qui sont de chaque côté des arêtes du : diamant brut, ne sont pas séparés l’un de l’autre par une pareille aréte, mais simplement par une veine : ces veines sont les Jointures de l’extrémité des lames dont le diamant est composé. Le diamant est en’ effet formé de lames qui se séparent et s’exfolient par l’action du feu. Le fil du diamant est Je sens dans lequel il faut le frotter pour le polir: si on le frottoït à contre-sens, les . à N : James, qui sont superposées les unes sur les autres, comme les feuillets d’un livre, se replieroient où s’égrenerolent, parce qu’elles ne seroient pas. frot= o 24 HISTOIRE RATURELE à Re naturaliste a aussi observé que la prhéieièté k géométrique de la figure ne se trouve pas plus dans l’octaèdre du diamant que dans les autres crystallisations, et qu'il y a plus de diamans irréguliers que de régulièrement tées dans le sens qu’elles sont couchées les unes sut les autres. : Pour polir le dique, il ne suffit pas de suivre le sens des lames superposées les unes sur les autres, en les frottant du haut en bas; mais il faut encore suivre la direction des fibres dont ces mêmes lames sont composées : la direction de ces fibres est paral- lèle à la base de chaque triangle, en sorte que lorsqu'on veut polir à la fois deux triangles des quarante-huit dont nous avons parlé, et suivre en même temps le fil du diamant, il faut diriger le frottement en deux sens contraires, et toujours pa= rallèlement à la base de chaque triangles Chaque lame est pliée en deux parties égales pour former une arête de l’octaèdre; et par leur super- position des unes sur les autres, ces lames ne peuvent recevoir le poli que dans le sens où le: frottement se fait de haut en bas du triangle, Cest-à- dire, en passant successivement d’une lame plus courte à une lame plus longue, (Note communi= quée par M. Daubenton.) À DES MINÉRAU X. 225 octaèdres , et que non seulement la figure extérieure de la plupart des” diamans est sujette à varier , mais qu'il y a aussi des diamans dont la‘structure intérieure est irrégulière *, ù Les caractères que l’on voudroit tirer des formes de la crystallisation , seront done toujours équivoques, fautifs, et nous devons nous en tenir à ceux de la densité, de la dureté, de l’homogenéité, de la fusibilité et de la combustibilité, qui sont non seulement les vrais caractères, mais même les proprié- tés essentielles de toute substance , sans né-— gliger néanmoins les qualités accidentelles , comme celles de se crystalliser plus ordi- * Lorsque cette irrégularité est grande, les dia= mantaires ne peuvent suivre aucune règle pour les polir, et c’est ce qu’ils appellent diamans de na ture, qu'ils ne font qu’user et échauffer sans les polir, parce que les lames étant irrégulièrement superposées les unes sur les autres, elles ne pré- sentent aucun sens continu dans lequel on puisse les frotter.— On ne peut juger les diamans que lorsque leurs surfaces sont naturellement brillantes, ou lors+ qu'on les a polis par l’art. (Suite de la note coms muntquée par M, Daubenton.) t 226 HISTOIRE NATURELLE ù nairement sous telle ou telle forme , : de s’imbiber de la lumière , de perdre ou d’'ac+ quérir la couleur par l’action du feu , etc. Le diamant , quoique moins dense que le rubis, la topaze et le saphir*, est néan- moins plus dur; il agit aussi plus puissam- | ment sur la lumière, qu’il reçoit, réfracte et réfléchit beaucoup plus fortement : exposé à la lumière du soleil ou du jour, il s’imbibe de cette lumière et la conserve pendant quel- que temps ; 11 devient aussi lumineux lors- qu’on le chauffe ou qu’on le frotte contre toute autre matière ; il acquiert plus de vertu électrique par le frottement que les autres pierres transparentes : mais chacune de ces propriétés ou qualités varie du plus au moins dans les diamans comme dans toutes les autres productions de la Nature, dont aucune qualité particulière n’est abso- * La pesanteur spécifique du rubis d'Orient est de 42833; celle de la vermeille est de 42299; celle de la 1opaze d'Orient, de 40106; celle du saphir d'Orient blen , de 39941 ; du saphir blanc, 3992 LÉ et la pesanteur spécifique du diamant oriental west que de 35212 L ds" Lai ( J DES MINÉRAUX. 229 Iue. Il y a des diamans , des rubis, etc. plus durs les uns que les autres; il s’en trouve de plus ou moins phosphoriques , de plus ou moins électriques ; et quoique le diamant soit la pierre la plus parfaite de toutes, il ne laisse pas d’être sujet , comme les autres , à un grand nombre d’imperfections et même de defauts. | La première de ces imperfections est la couleur; car, quoiqu’à cause de la rareté on fasse ças des diamans colorés , ils ont tous moins de feu , de durete , et devroient être d’un moindre prix que les blancs, dont l’eau est pure et vive !. Ceux néanmoins qui ont une couleur décidée de rose, d’orangé, de jaune , de verdet de bleu , réfléchissent ces couleurs avec plus de vivacité que n’en ont les rubis balais , vermeilles, topazes et sa- ‘phirs, et sont toujours d'un plus grand prix que ces pierres ? : mais ceux dont les couleurs 1 Les diamans de couleur sont un peu moins durs que les blancs.( Note communiquée par M. Hoppé.) ? Les diamans s’imprègnent de toutes les cou- leurs qui brillent dans les autres pierres précieuses (excepté la violette ou la pourpre): mais ces cou- . leurs. sont loujours Lrès-claires, c'est-à-dire qu'un x TANT MATE Là 228 HISTOIRE NATURELLE sont brouillées , brunes ou noirâtres ,û ‘ont | : -que peu de valeur, Ces diamans de couleur | obscure sont sans comparaison plus com diamant rouge est couleur de rose , etc. ; il n’y a que le jaune dont les diamans se chargent assez forte- ment pour égaler quelquefois et même surpasser une topaze d'Orient. R gs. C'est la couleur bleue dont le diamant se charge le plus après la jaune. En général , les diamans co lorés purement sont extrêmement rares ; la couleur qu’ils prennent le plus communément, est un jaune sale, enfumé ou roussâtre, et alors ils diminuent beaucoup de leur valeur ; mais lorsque les couleurs sont franches et nettes, leur prix augmente du double , du triple ; et souvent même du quadruple. Le bleu pur est la couleur la plus rare à rencon- trer dans un diamant, car les diamans bleus ont presque Loujours un ton d'acier : le roi en possède un de cette couleur d’un volume très-considérable. Cette pierre est regardée par les amateurs comme une des productions les plus étonnantes et les plus | parfaites de la Nature. Les diarmans rouges, ou plutôt rose, ont rarement de la vivacité et du jeu; ils ont ordinairement un ton savonneux. Les verds sont les plus recherchés des diamans de couleur, parce qu’ils joignent à la RE < DES MINÉRAUX. 2239 Mmuns que les autres ; il y en a même de noirs *, eb presque opaques , qui ressem- blent, au premier coup d'œil, à la pyrite _martiale. Tous ces diamans n’ont de valeur dat que par la singularité. - Des défauts encore très-communs dans és diamans blancs et colorés, sont les glaces et les points rougeätres, bruns et noirs : les glaces proviennent d’un manque de conti- nuitée et d'un vide entre les lames dont le diamant est composé; et les points, de quel- que couleur qu'ils soient, sont des particules _ de matière hétérogène qui sont méêlées dans sa substance. IL est difficile de juger des dé« fauts et encore moins de la beauté des diamans bruts, même après les avoir dé- croûtés. Les Orientaux les examinent à la rareté et au mérite de la couleur la vivacité et le jeu, que n’ont pas toujours les autres diamans co= lorés. IL y a des diamans très-blancs et très-purs, qui n’ont cependant pas plus de jeu qu’un crystal de roche : ceux-là viennent ordinairement du Bresil. \ CMote communiquée par M. Hoppe.) * M. Dutens dit avoir vu un diamant noir dans ka collection du prince de Lichtensiein , à Vienne. 20 230 HISTOIRE NATURELLE lumière d’une Me et prétendent qu’ ’on en juge mieux qu'à celle du jour. La belle eau des diamans consiste dans la netteté de . leur transparence , et dans la vivacité de la lumière blanche qu’ils renvoient à l’œil ; et dans les diamans bruts on ne peut connoître cette eau et ce reflet que sur ceux dont les faces extérieures ont été polies par la Nature; et comme ces diamans à faces poliés sont fort rares, il faut en général avoir recours à Yart et les polir pour pouvoir en juger. Lorsque leur eau et leur reflet ne sont pas d’un blanc éclatant et pur, et qu’on y ap- perçoit une nuance de gris ou de bleuâtre , c’est une imperfection , qui seule diminue prodigieusement la valeur du diamant, quand même il n’auroit pas d’autres défauts. Les Orientaux prétendent encore que ce n’est qu'à l'ombre d’un arbre touffu qu’on peut juger de l’eau des diamans. Enfin ce n’est pas toujours par le volume ou le poids qu’on doit estimer les diamans : 1l est vrai que les gros sont, sans comparaison, plus rares et bien plus précieux que les petits; mais dans tous la proportion des dimensions fait plus que Le volume, et ils soné d'autant plus = À j k° Ed DES MINÉRAUX. 23r chers qu'ils ont plus de hauteur, de fond ou d'épaisseur, relativement a leurs autres dimensions. | | | Pline nous apprend que le diamant étoit si rare autréfüis, que son prix excessif ne permettoit qu'aux rois les plus puissans d'en avoir: 1l dit que les anciens se persuadoient qu'il ne s’en trouvoit qu’en Ethiopie, mais que de son temps l’on en tiroit de l'Inde , de l'Arabie , de la Macédoine et de l’île de Chypre; néanmoins je dois observer que les habitans de l'ile de Chypre, de la Macédoine, de l'Arabie, et même de l'Éthiopie, ne les trouvoient pas dans leur pays, et que ce rapport de Pline ne doit s'entendre que du commerce que ces peuples faisoient dans les Indes orientales, d’où ils tiroient les diamans que l’on portoit ensuite en Italie. On doit aussi modifier et même se refuser à croire ce que le naturaliste romain nous dit des vertus sympathiques et antipathiques des diamans , de leur dissolution dans le sang de bouc, et de la propriété qu'ils ont de détruire l’action de l’aimant sur le fer. On employoit autrefois Les diamans bruts et tels qu'ils sortoient de la terre : ce n’est. 232 que dans le quinzième eièete qu on a trouvé en Europe l’art de les tailler; et l’on ne ( connoissoit encore alors que ceux qui nous venoient des Indes orientales. « En 1678, dit «un illustre voyageur, il prévoit dans le « royaume de Golconde vingt mines de dia- « mans ouvertes, et quiuze dans celui de « Visapour. Ïls sont très-abondans dans ces « deux royaumes : mais les princes qui y «rèonent ne permettent d'ouvrir qu'un « certain nombre de mines, et sé réservent « tous les diamans d’un certain poids; c'est « pour cela qu’ils sont rares, et qu'on em « voit très-peu de gros. Il y a aussi des dia- « mans dans beaucoup d’autres lieux de « l'Inde , et particulièrement dans le royaume « de Pégu; mais le roi se contente des autres « pierres précieuses et de diverses produc- « tions utiles que fournit son pays, et ne « souffre pas qu’on fasse aucune recherche « pour y trouver de nouveaux trésors, dans « la crainte d’exciter la cupidité de quelque” « puissance voisine. Dans les royaumes de « Golconde et de Visapour, les diamans se « trouvent ordinairement épars dans la terre, « à une médiocre profondeur, au pied deg LS L L ‘DES MINÉRAUX. 233 « hautes montasnes, formées en partie par . «différens lits de roc vif, blanc et très-dur; « mais cependant, dans cerlaines mines qui « dépendent de Golconde, on est obligé de « creuser en quelques lieux à la profondeur « de quarante où cinquante brasses, au tra- « vers du rocher, et d’une sorte de pierre « minérale assez semblable à certaines mines «de fer, jusqu’à ce qu’on soit parvenu à « une couche de terre dans laquelle se trou- « vent les diamans. Cette terre est rouge, « comme celle de la plupart des autres mines « de diamans; il y en a cependant quelques «unes dont la terre est jaune ou orangée, «et celle de la seule mine de Worthor est « noire ». Ce sont là les principaux faits que l’on peut recueillir du Memoire qui fut pré- senté, sur la fin du siècle dernier, à la société royale de Londres, par le grand maréchal d'Angleterre, touchant les mines de diamans de l'Inde, qu’il dit avoir vues et examinées. De tous les autres voyageurs , Tavernier est presque le seul qui nous aitindiqué d’une manière un peu précise les différens lieux où se trouvent les diamans dans l’ancien con tinent ; 1l donne aussi le nom de z7ines de 20 ns 532 HISTOIRE NATURELLE diamans aux endroits dont on les tire, ef tous ceux qui ont écrit après lui ont adopté 4 gette expression, tandis que, par leurs propres descriptions, il est évident que nom seulement les diamans ne se trouvent pas en mines comme les métaux, mais que même ils ne sont jamaisattachés aux rochers comme le sont les crystaux. On en trouve, à la vé- rité, dans les fentes plus ou moins étroites Lo de quelques rochers, et quelquefois à d'assez grandes profondeurs, lorsque ces fentes sont remplies de terre limoneuse, dans laquelle le diamant se trouve isolé, et n’a pas d'autre matrice que cette même terre. Ceux que l’on trouve à cinq journées de Golconde, età huit ou neuf de Visapour , sont dans des veines de cette terre entre les rochers ; et comme ces veines sont souvent obliques ou tortueuses , les ouvriers sont obliges de casser le rocher, . : afin de suivre la veine dont ils tirent la terre avec un instrument crochu , et c’est en dé- layant à l’eau cette terre qu'ils en séparent les diamans. On en trouve aussi daris la pre- mière#couche de la terre de ces mêmeslieux, à très-peu de profondeur , et c’est même dans cette couche de terre limoneuse qu'on ren ee L 3 MA SAR " , A À RON ES MIN É RAR: 10 225 contre les diamans les plus nets et les plus blancs ; ceux que l’on tire des fentes des rochers, ont souvent des glaces qui ne sont pas des défauts de nature , mais des félures qui proviennent des chocs que les ouvriers, avec leurs outils defer, donnentaux diamans en les recherchant dans ces fentes de rocher. Tavernier cite quelques autres endroits où Von trouve des diamans : « L'un est situé à « sept journées de Golconde, en tirant droit «au levant, dans une petite plaine voisine « des montagnes, et près d’un gros bourg, « sur la rivière qui en découle. On-rencontre « d'autant plus de diamans qu’on approche « de plus près de la montagne, et néanmoins «on n’y en trouve plus aucun dès qu'on « monte trop haut. Les diamans se trouvent « en ce lieu presque à la surface de la terre». Il dit aussi que le lieu où l’on a le plus ancien nement trouvé des diamans, est au royaume de Bengale, auprès du bourg de Soonelpour, situé sur la rivière de Gouil, et que c’est dans le limon et les sables de cette rivière que l’on recueille ces pierres précieuses ; ou ‘me fouille ce sable qu’à la profondeur de denx pieds, et néanmoins c’est de cette rivière que us SN: 2% HISTOIRE NATURES viennent les diamans de la ‘plus belle aus NA ils sont assez petits, et il est rare qu’on y en trouve d’un grand volume. Il a observé qu’en général les diamans colorés tirent leur tein- ture du sol qui les produit. | \) Dans un autre lieu du royaume de Gol- conde, on a trouvé des diamans en grande quantité; mais comme ils étoient tous roux, bruns ou noirs, la recherche en a été négli- gée et même défendue. On trouve encore de beaux diamans dans le limon d’une rivière de l’île de Bornéo; ils ont le même éclat que ceux de la rivière de Gouil, ou des autres qu'on tire de la terre au Bengale et à Gol- conde. On comptoit en 1678 vingt-trois mines, c’est-à-dire, vingt-trois lieux différens d'où l’on tire des diamans au seul royaume de Golconde ; et dans tous, la terre où ils se trouvent est jaunâtre ou rougeâtre comme notre terre limoneuse : les diamans y sont isolés , et très- rarement groupés deux où trois ensemble; ils n’ont point de gangue ou matrice particulière, et sont seulement en- vironnés de cette terre. Il en est de même dans tous Les autres lieux où l’on tire des Jde ? 1 DES MINÉRAUX. 237 diamans , au Malabar, à Visapour, au Ben- gale , etc. : c’est toujours dans les sables des rivières ou dans la première couche du ter- rain, ainsi que dans les fentes des rochers remplies de terre limoneuse, que gisent les diamans , tous isolés, et jamais attachés , comme les crystaux , à la surface du rocher; quelquefois ces veines de terre limoneuse qui É remplissent les fentes des rochers, descendent à une profondeur de plusieurs toises, comme nous le voyons dans nos rochers calcaires ou même dans ceux de grès, et dans les glaises dont la surface extérieure est couverte de terre vésétale. On suit donc ces veines per- pendiculaires de terre limoneuse qui pro- duisent des diamans, jusqu’à cette profon- deur ; et l’on a observé que dès qu’on trouve l'eau, il n’y a plus de diamans, parce que la veine de terre limoneuse sé termine à celte profondeur. On ne connoissoit, jusqu ’au commencé- ment de ce siècle, que les diamans qui nous venoient des presqu’iles ou des îles de l'Inde orientale; Golconde, Visapour , Bengale, Pésu , Siam , Malabar, Ceylan et Bornéo, étoient les’ seules contrées qui en fourniss \ 230 HISTOIRE NATURELI E ne * : solent : Mais, en 1728, on en à trOUVÉ dans Ÿ an © le sable de deux rivières au Bresil ; ils y sont en si grande quantité, que le gouvernement de Portugal fait garder soignéusement les avenues de ces lieux, pour qu'on ne puisse y recueillir de diamans qu’autant que le commerce peut en faire débiter sans diminue tion de prix. Il est plus que probable que s si l’on Étee des recherches dans les climats les plus chauds de l'Afrique, on y trouveroit des diamans comme il s’en trouve dans les climats les plus chauds de l’Aste et de l'Amérique : quel- ques relateurs assurent qu’il s’eu trouve en Arabie , et même à la Chine: mais ces faits me semblent très-douteux, et n’ont éte con- firmés par aucun de nos voyageurs récens. Les diamaus bruts, quoique ‘bien lavés, n’ont que très-peu d'éclat ,etils n'en prennent que par le poli, qu’on ne peut leur donner qu'en employant. une matière aussi dure, c'est-à-dire, de la poudre de diamant; toute autre substance ue fait sur ces pierres aucune impression seusible, et l’art de les tailler est aussi moderne qu'il étoit difficile : il y a même des diamans qui, quoique de la même : Ai Re: : M A "DES MINÉRAUX. 239 essence que les autres , ne peuvent être polis et taillés que très-difficilement; on leur donne le nom de diamans de nature; leur texture par lames courbes fait qu’ils ne présentent aucun sens dans lequel on piste les he régulièrement. { f . 4 vi LM 4 LE (RUBIS sr VERMEILLE. Qvo TIQUE la densité du rubis soit de près. d’un sixième plus grande que celle du dia- mant, et quil résiste plus fortement et plus long-temps à l’action du feu , sa dureté et son, homogénéité ne sont pas , à beaucoup près, égales à celles de cette pierre unique en son genre et la plus parfaite de toutes. Le rubis. contient moins de feu fixe que le diamant ; il est moins combustible, et sa substance, quoique simple, puisqu'il ne donne qu’une seule réfraction , est néanmoins tissue de parties plus terreuses et moins ignées qué celles du diamant. Nous avons dit que les couleurs étoient une $sorte d’imperfection, dans l'essence des pierres transparentes, et même dans celle des diamans : le rubis, dont. le rouge est très-intense, a donc cette imper- | fection au plus haut degré; et l’on pourroit. croire que les parties métalliques qui se sont. uniformément distribuées dans sa substance, lui ont donné non seulement cette forte cou- G HISTOIRE NATURELLE. 24e Jeur, mais encore ce grand excès de densité sur celle du diamant , et que ces parties mé- talliques n'étant point inflammables ni.par- faitement homogènes avec la matière trans= parente qui fait le fond .de la substance du rubis , elles l’ont rendu plus pesant, et en même temps moins combustible et moins dur que le diamant. Mais l’analyse chimique a démontré que le rubis ne contient point de parties métalliques fixes en quantité sensible; elles ne pourroient en effet manquer de se présenter en particules massives si elles pro- duisoient cet excès de densité : il me semble donc que ce n’est point au mélange des par- ties métalliques. qu'on doit attribuer cette forte densité du rubis, et qu'elle peut pro- venir, comme celle des spaths pesans,, de la seule réunion plus intime des molécules de la terre bolaire. ou limoneuse. A ET (L'ordre de dureté, dans Les pierres. pré cieuses, ne suit pas celui de densité; le dia- mant , quoique moins dense, est beaucoup plus dur que le rubis, la topaze et le saphir, dont la dureté paroît être à très-peu près la même. La formede CLIS tallisation de ces trois pierres est aussi la même; mais la densité du. _ } VE 24; e | " 2 HISTOIRE NATURELLE. pans rubis surpasse encore celle de la topaze ef Li: _ du saphir *. * Je ne parle ici que du vrai rubis; car 4 ya. deux autres pierres transparentes, l’une d'un rouge foncé, et l’autre d’un rouge clair, aux: » quelles on a donné les noms de rubis spinelle et de rubis balais, mais dont la densité, la dureté et la forme de crystallisation sont dif- L férentes de celles du vrai rubis. Voici ce que m'écrit à ce sujet M. Brisson , de l’académie : des sciences, auquel nous sommes redevables de la connoissance des pesanteurs specifiques : de tous les minéraux : «Le rubis balais pa- : re -«roît n'être autre chose qu’une variété du « rubis dé ex ph Les pesanteurs de ces deux hi, « pierres sont à peu près semblables ; celle : «du rubis balais est un peu moindre qué « celle du spinelle, sans doute pärce que sa : «couleur est moins foncée : de plus, ces | « deux piertes crystallisent précisément de « la même manière ; leurs crystaux sont des « octaèdres réguliers, composés de deux py- « ramides à quatre faces triangulaires équi- * La pesanteur spécifique du rubis d'Orient e: de 42833 ; celle de la topaze d'Orient, de 40106; célle du saphir d'Orient, dé 59941. CRC de: - M. Brisson.) : î \ d” DES MINÉRAUX. 243 . latérales , opposées l’une à l’autre par leur _« base. Le rubis d'Orient diffère beaucoup de « ces pierres, non seulement par sa pesanteur, « mais encore par sa forme ; ses crystaux « sont formés de deux PARUS hexaëdres « fort alongées , opposées l’une à l’autre par « leur base, et dont les six faces de chacune « sont des triangles isocèles. Voici les pesan- « teurs spécifiques de ces trois pierres : rubis « d'Orient , 42853 ; rubis spinelle, 37600 ; ru- « bis balais, 36458 ». C’estaussi le sentiment d'un de nos plus grands connoisseurs en pierres précieuses *. L’essence du rubis spi- nelle et du rubis balais paroît donc être la même, à la couleur près; leut texture est semblable; et quoique je les aie compris dans * Voici ce que M. Hoppé m'a fait l'honneur de m'écrire à ce sujet: « Je prendrai, monsieur le comte, la liberté de « vous Observer que le rubis spinelle est d’une na- « ture entièrement différente du rubis d'Orient; ils « sont, comme vous le savez, crystallisés différem- « ment, et le premier est infiniment moins dur « que le second. Dans le rubis d'Orient , comme « dans le saphir et la topaze de la même contrée, æ la couleur est étrangère et infilérée, au Leu 244 HISTOIRE NATUREL | ma table méthodique * * comme des variétés À | du rubis d'Orient, on doit les regarder comme des pierres dont la texture est différente. Le rouge du rubis d'Orient est très-intense _et d’un feu très-vif; Vincarnat, le ponceau et le pourpre y sont souvent mélés, et le rouge foncé s’y trouve quelquefois teint par nuances de ces deux ou trois couleurs ; et lorsque le rouge est mèlé d'orangé, on lui donne le nom de vermeille. Dans les obser- vations que M. Hoppé a eu la bonté de me communiquer ; il regarde la vermeille et le rubis balais comme des variétés du rubis, spinelle. Cependant la vermeille dont jeparle étant à très-peu près de la même pesanteur spécifique que Le rubis d'Orient, on ne peut « « qu'elle est partie constituante de la matière dans le rubis spinelle. Le rubis spinelle, loin d’être d’un « rouge pourpre, Cest-à-dire, mêlé de bleu, est Les « « « La au contraire d'un rouge très-chargé de jaune ou écarlate, couleur que n’a jamais le rubis d'Orient, dont le rouge n’approche que très-rarement du ponceau, mais qui, d'un autre côté, prend assez fortement le bleu pour devenir entièrement violet, ce qui forme alors l'améthyste d'Orient. » * Voyez tome XIV de cette Histoire , page 2694 _ 15 La DRE 7 x Do DÉS MINÉRAUX. 245 guère douter qu’elle ne soit de la même essence *. . Le diamant , le rubis, la vermeille, la topaze, le saphir et le sirasol, sont Les seules pierres précieuses du premier rang; on peut y ajouter les rubis spinelle et balais , qui en diffèrent par la texture et par la densité. Toutes ces pierres, et ces pierres seules avec les spaths pesans, n’ont qu’une seule réfrac- tion ; toutes les autres substances transpa- * Ayant communiqué cette réflexion à M. Hoppé, voici ce qu'il a eu la bonté de me répondre à ce sujer par sa lettre du 6 décembre de cette année 1785: « Je suis enchanté de voir que mes senfimens sur « la nature de la pierre d’ Orient etdu rubis spinelle « aient obtenu votre approbajzon ; et si voire avis « diffère du mien au sujet de la »vermeille, c’est « faute de m'être expliqué assez exactement dans « ma lettre du 2 mai:#85, et d’avoir su que c’est « au rubis d'Orient ponceau que vous donnez le nom « de vermeille. Je n’entends sous cette dénomina- « tion que le grenat ponceau de Bohème (quiest, « selon les amateurs, la vermeiïlle par excellence), « et le rubis spinelle écarlate taillé en cabochon , « que l’on qualifie alors, faussement à la vérité, « de vermeille d'Orient, De cette manière, mon- 2 NE F 246 HISTOIRE NATURELLE a rentes, de quelque. nature qu'elles soient, sont certainement moins homogènes, puis- que toutes donnent des doubles réfractions. Mais on pourroit réduire dans le réel ces. huit espèces nominales à trois; savoir, le diamant , la pierre d'Orient et le rubis spi nelle: carnous verrons que l'essence du rubis d'Orient , de la vermeille, de la topaze, du saphir et du girasol, est la même, et que ces pierres ne différent que par des qualités exté- rieures. : « sieur le comte, j'ai la scie de vous trouver, « pour le fond, entièrement d’accord avec moi, et « cela doit nécessairementflatter mon amour-propre. « J'aurai l'honneur de vous observer encore que « la plupart des joailliers s’obstinent aussi à appeler « vermeille le grenat rouge jaune de Ceylan, et « le Aiacinto-guarnacino des Lialiens, lorsqu'ils « sont pareillement taillés en cabochon ; mais ces « deux pierres ne peuvent point enirer en Comparal= « son pour la beauté avec la vermeille d'Orient, » Je n’ajouterai qu’un mot à cette note instructive de M. Hoppé; c’est qu'il sera toujours aisé de dis- tünguer la véritable vermeille d'Orient de toutes ces autres pierres auxquelles on donne son nom, par sa plus grande pesanteur spécifique, qui est presque égale à celle du rubis d'Orient Ÿ DES MINÉRAUX. 24 Ces pierres précieuses -ne se trouvent que dans les régions les plus chaudes des deux continens ; en Asie, dans les îles et presqu'iles des Indes orientales; en Afrique, à Madagas- car ; et en Ainérique , dans les terres du Bresil. ÿ) | Les voyageurs conviennent unanimement que les rubis d’un volume considérable, et particulièrement les rubis balais, se trouvent dans les terres et les rivières du royaume de Pégu , de Camboie, de Visapour, de Gol- conde, de Siam, de Laor, ainsi que dans quelques autres contrées des Indes méridio- nales ; et quoiqu’ils ne citent en Afrique que les pierres précieuses de Madagascar, 1l est plus que probable qu’il en existe, ainsi que des diamans, dans le continent de cette par= tie du monde, puisqu'on a trouve des dia— mans em Amérique, au Bresil , où la terre est moins chaude que dans les parties équa- _toriales de l'Afrique. : Au reste, les pierres cennues sous le nom de rubis au Bresil, ne sont, comme nous l'avons dit, que des crystaux vitreux pro- duits par le schorl; il en est de même des topazes , émeraudes et saphirs de cette cen- 548 HISTOIRE NATURELLE trée : nous devons encore observer que les | Asiatiques donnent le même nom aux rubis, 4 aux topazes et aux saphirs d'Orient, qu'ils « appellent rzbis rouges, rubis jaunes et rubis bleus, sans les distinguer par aucune autre dénomination particulière ; ce qui vient à l'appui de ce que nous avons dit au sujet de l’essence de ces trois pierres, qui est en effet ? la même. | | Ces pierres, ainsi que les diamans , sont produites par la terre limoneuse dans les seuls climats chauds , et je regarde comme plus que suspect le fait rapporté par Taver- nier, sur des rubis trouvés en Bohème dans l’intérieur des cailloux creux : ces rubis n’é- toient sans doute que des grenats ou des crys- taux de schorl, teints d’un rouge assez vif pour ressembler par leur couleur aux rubis ; il en est probablement de ces prétendus rubis trouves en Bohème ,comme de ceux de Perse, qui ne sont aussi que des crystaux tendres et très-différens des vrais rubis. Au reste, ce n’est pas sans raisons sufi- santes que nous avons mis la vermeille aw nombre des vrais rubis, puisqu'elle n’en dif- fère que par la teinte orangée de son rouge, CA LA DES MINÉRAU X. 249 Que sa dureté et sa densité sont les mêmes que celles du rubis d'Orient *, et qu’elle n’a aussi qu'une seule réfraction : cependant plusieurs naturalistes ont mis ensemble la _vermeille avec lhyacinthe et le grenat; mais “nous croyons être fondés à la séparer de ces deux pierres vitreuses, non seulement par sa densité et par sa dureté plus grandes, mais æncore parce qu'elle résiste au feu comme le rubis , au lieu que l’hyacinthe et le grenat s’y fondent. | Le rubis spinelle et le rubis balais doivent aussi être mis au nombre des pierres pré- cieuses , quoique leur densité soit moindre que celle du vrai rubis; on Les trouve les uns et les autres dans les mêmes lieux , toujours isolés et jamais attachés aux rochers : ainsi . l’on ne peut regarder ces pierres comme des crystaux vitreux , d'autant qu’elles n’ont, comme le diamant et le vrai rubis , qu’une simple réfraction ; elles ont seulement moins de densité, et ressemblent à cet égard au diamant , dont la pesanteur spécifique est . * La pesanteur spécifique de la vermeille est de 42299; celle du rubis d'Orient, de UE (Tables de M, Brisson.) © p6o HISTOIRE NATU moindre que celle de ces cinq | pierres pré cieuses du premier rang, et même au-des-" sous de celle du rubis spinelle et du rubis balais. Le diamant et les pierres précieuses que nous venons d'indiquer , sont composés de lames très-minces, appliquées les unes. il sur les autres plus ou moins régulièrement, À et c’est encore un caractère qui distingue ces pierres des crystaux dont la texture n’est ja- ” mais lamelleuse. | One Nous avons déja observé que des trois cou-. leurs rouge, jaune et bleue, dont sont teintes » les pierres précieuses , le rouge est la plus fixe : aussi le rubis spinelle, qui est d’un rouge. profond , ne perd pas plus sa couleur au feu | que le vrai rubis, tandis qu'un moindre de- . gré de chaleur fait disparoître le jaune des ” topazes , et sur-tout le bleu des saphirs. ; Les rubis balais se trouvent quelquefois en assez gros volume ; j'en ai vu trois en 1742 « dans le garde-meuble du roi, qui étoient . d'une forme quadrangulaire , et qui avoient ! près d’un pouce en quarré sur sept à huit lignes d'épaisseur. Robert de Berquen en cite « un qui étoit encore plus gros. Ces rubis,” quoique très-transparens , n’out point de À À f ÿ . DES MINÉRAUX. Br figure déterminée : cependant leur crystalli- sation est assez régulière ; ils sont, comme le diamant, crystallisés en octaëdre : mais soit qu'ils se présentent en gros ou en petit volume , il est aisé de reconnoître qu’ils ont été frottés fortement et long-temps dans les sables des torrens et des rivières où on les trouve; car ils sont presque toujours en masses assez irrégulières, avec les angles émoussés et les arêtes arrondies. ‘ k 2 > "1 Ha e “4 Ed SAPHIR ET orrasoR 7" — Ci 2 + ' F3) L( J E mets ensemble ces trois pierres;que j’au- rois même pu réunir au rubis et à la ver- meille , leur essence , comme je l’âi'dit, | étant la même, et parce qu’elles ne diffèrent entre elles que par les couleurs : celles-ci, comme le diamant; le rubis et la vermeille, n'offrent qu’une simple réfraction ; leur subs- tance est donc également homogène, leur dureté et leur densité sont presque égales !; d’ailleurs il s’en trouve quisontmoitié topaze et moitié saphir, et d’autres qui sont tout-à- fait blanches, en sorte que la couleur jaune ou bleue n’est qu’une teinture accidentelle qui ne produit aucun changement dans leur essence *. Ces parties colorantes , jaunes et 1 La pesanteur spécifique de la topaze orientale est de 40106; celle du saphir oriental, de 3994r; &; celle du girasol, de 40ec0o. (Tables de M. Brisson.) & On prétend même qu’en choisissant dans les c A. te. Va D UA / 4 L L AZ ds , - à ° dE / . * AY # vai * HISTOIRE NATURELLE. 253 bleues , Sott Si (énues , si volatiles , , qu'ofi peut les faire disparoîlre en chauffant les to- pages et les saphirs, dont ces couleurs n’aug- mentient pas sensiblement la densité : car le saphir blanc pèse spécifiquement à très-peu. peu autant que le saphir bleu; le rubis est, à la vérité, d'environ un vingtième plus dense que la topaze !, le saphir et le girasol. La force de réfraction du rubis est aussi ur peu plus grande que celle de ces trois pierres?, et l'on croit assez généralement qu'il est saphirs ceux qui n’ont qu’une teinte assez légère de bleu, et en les faisant chauffer assez pour faire éva- notur cette couleur, ils prennent un éclat as vif en devenant parfaitement blancs, et que dans cet état ce sont les pierres qui approchent le plus du diamant : cependant il est toujours aisé de les dis= tivouer par leur force de réfraction, qui n’approche pos de celle du diamant. STE : La pesanteur spécifique du saphir blanc oriental est de 3991r; celle du rubis, de 42283. (Tables de M: Bruisson:) 2 M. l'abbé Rochon a reconnu due la réfraction du rubis d'Orient est 208 : celle de la Lopazë d'Orient, 199; celle du gl 108; et celle du pirasol, 197: . Mat. LË XV : \ + 29 | 254 HISTOIRE NATURI aussi plus dur: cependant un amateur très attentif et très-instyuit, que nous ayons déja eu occasion de citer, et qui a bien voulu me communiquer ses observations, croit être . fondé à penser que, dans ces pierres, la diffé rence de dureté ne vient que de l'intensité plus ou moins grande de leur couleur* ; moius elles sont colorées, plus elles sont dures, en sorte que celles qui sont tout-à-fait blanches sont les plus dures de toutes : je dis tout-à-fait blanches ; car indépendamment * Les rubis, le saphir, la topaze, etc. ne sont que là même matière différemment colorée. L’on croit assez généralement que le rubis est plus dur que le saphir, et que ce dernier l’est plus que la topaze; mais Cest une erreur : Ces trois pierres ont à peu près la même dureté, qui n’est modifiée que parle plus ou moins d’intensité de la couleur, et ce sont ‘4 toujours les pierres les moins imprégnées de mas tière colorante qui sont les plus dures, de manière qu’une topaze claire a plus de dureté qu’un rubis foncé ; cela a été constamment observé par les bons lapidaires , etils ont trouvé très-rarement des RE tions à cette règle. | I] arrive quelquefois que la pierre est absolument priée de couleur, étant entièrement blanche, et DESMINÉRAUX. 255 du diamant, dont il n’est point ici question, il se trouve en effet des rubis, topazes et saphirs entièrement blancs, et d’autres en partie blancs, tandis que le reste est coloré de rouge, de jaune ou de bleu. Comme ces pierres, ainsi que le diamant, ne sont formées que des parties les plus pures et les plus fines de la terre limoneuse , il est à présumer que leurs couleurs ne proviennent . que du fer que cette terre contient en disso— lution , et sous autant de formes qu’elles c’est alors qu’elle a le plus grand degré de dureté; ce qui s’accorde parfaitement avec ce que Je viens de dire. Cette pierre imcolorée “hole saphir Blanc : mais cette dénomination n’est pas exacte: car elle n’est pas plus saphir blanc que rubis blanc ou topaze blanche, Je crois que cette fausse déno- mination ne vient que de la propriété qu’a le saphir légèrement teint, de perdre entièrement sa couleur au feu, et que l’on confond les pierres naturelle ment blanches avec celles qui. ne le deviennent qu’artificiellement, | C’est de la couleur bleue que la matière de ces pierres se charge le plus fortement ; il y a des sa- phirs si foncés, qu’ils en “sat presque noirse (Note communiquée par M, Foppé.) pe de chere diFersates ; FR TE. est la plus fixe au feu; car la topaze et le ‘ , , ” A à ni ù : saphir s’y décolorent , tandis que le rubis conserve sa couleur rouge, ou ne la perd qu'à un feu assez violent pour le brûler. Ces pierres précieuses rouges , jaunes, bleues , et même blanches, ou méléesde ces. couleurs, sont donc de la même essence, et ne diffèrent que par cette apparence exté- Tieure : on en a vu.qui, dans un assez petit morceau, présentoient distinctement le rou ge du rubis, le jaune de la topaze et le bleu du saphir. Mais au reste, ces pierres n’offrent leur couleur dans toute sa beauté que par petits espaces ou dans une partie de leur étendue, et cette couleur est souvent très- inésale ou brouillée dans le reste de leur | masse: c'est ce qui fait la rareté et le très-haut prix des rubis , topazes et saphirs d’une cer- taine grosseur lorsqu'ils sont parfaits, c'est- a-dire, d'une belle couleur veloutée, uni- forme , d’une transparence nette, d’un éclat également vif par-tout, et sans aucun dé- faut,aucune imperfection dans leur texture; car ces pierres, ainsi que toutes les autres substances transparentes et crystallisées, sont , à Li °rE f Me 4 à [l } k | | DES MINÉRAUX. 259 - sujettes aux glaces, aux points, aux ver- geltes ou filets, et à tous les défauts qui peuvent résulter du manque d’umiformité dans leur structure, et de la dissolution im “parfaiteou du mélange mal assorti des ete métalliques qui les colarent *. La topaze d'Orient est d’un jaune vif cous leur d’or , ou d’un jaune plus pâle et citrin : dans quelques unes, et ce sont les plus belles, * Les pierres d'Orient sont singulièrement su- jettes à être calcédoineuses , glaceuses et inégales de couleur. Ce sont particulièrement ces trois grands défauts qui rendent les pierres orientales d’une rareté si désespérante pour les amateurs. Le rouge, le bleu et le jaune, sont les trois cou- leurs les plus dominantes et les plus universellement connues dans ces pierres : ce sont justement les trois couleurs mères, c’est-à-dire, celles dont les différentes combinaisons entre elles produisent toutes les autres. Excepté le bleu et le jaune, toutes les autres couleurs et nuançes n’offrent la pierre d'Orient que sous un très-petit volume. En général, toute pierre d'Orient quelconque, rigou- reusement parfaite, du poids de 36 à 40 grains, est une chose très-extraordinaire. (N Ole ne ger 70 Hoppé.) 259 HISTOIRE NATUREL cette couleur viveet netteest en même temps moelleuse et comme satinée, ce qui donne encore plus de lustre à la Pierre. Celles qui manquent de couleur et qui sont entièrement blanches, ne laissent pas de briller d'un éclat assez vif: cependant on ne peut guère les. confondre avec les diamans ; car elles n° EL 74 ont ni la dureté , ni la force de réfraction, ni le beau feu. Il en est de même des saphirs blancs ; et lorsqu’à cet égard on veut imiter la Nature , on fait aisément, au moyen du feu, évanouir le jaune des topazes, et en- core plus aisément le bleu des saphirs, parce que des trois couleurs, rouge , jauneet bleue, celte dernière est la plus volatile : aussi la plupart des saphirs blancs répandus dans le cominerce ne sont originairement que des saphirs d’un bleu très-pâle, que l’en a fait chauffer pour leur enlever cette foible cou- Jeur. \ Les contrées de l'Inde où les topazes et Les saphirs se trouvent en plus grande quantité, sont l’ile de Ceylan, et les royaumes de Pégu, de Siam et de Golconde ; les voya- geurs en ont aussi rencontré à Madagascar , et je ne doute pas, comine je l'ai dit, qu'on 1 4 TES DÉS nd * DES MINÉRAU X. 259 n'en trouvât de mème dans les terres du con- tinent de l'Afrique, qui sont celles de l’'uni- vers où la chaleur est la plus grande et la plus constante, On en a aussi rencontré dans les sables de quelques rivières de l'Amérique méridionale. Les topazes d'Orient ne sont jamais d’un jaune foncé; mais il y a des saphirs de toutes les teintes de bleu, depuis l’indigo jusqu'au bleu pâle : les saphirs d’un bleu céleste sont plus estimés que ceux dont le bleu est plus foncé ou plus clair ; et lorsque ce bleu se trouve mêlé de violet ou de pourpre, ce qui est assez rare, les lapidaires donnent à ce saphir le nom d’'amnéfhyste orientale. Toutes ces pierres bleues ont une couleur suave , et sont plus ou moins resplendissantes au grand jour; maïs elles perdent cette splendeur et paroissent assez obscures aux lumières. J'ai déja dit, et je crois devoir répéter, que . les rubis, topazes et saphirs ne sont pas, comme les crystanx, attachés aux parois des fentes des rochers vitreux : c’est dans les sables desrivières et dansles terrains adjacens qu'on les rencontre sous la forme de petits sailoux ; ei ce n'est que dans les régions les 260 HI STOIRE SNA TURELLE À plus chaudes de l'Asie, de l'Afrique et de l | V'Amérique, qu'ils peuvent se former etse forment en effet. Il n’y a que les saphirs | trouvés dans le Vélay qui fassent exception à à ce fait général, en supposant qu'ils n aient, 1 comme les vrais saphirs , qu’une simple ré- w fraction : ce qu’il faudroit vérifier ; car du w zeste il paroît , par leur densité et leur du- xeté, qu'ils sont de la même nature is le f saphir d'Orient. . Un défaut très-commun dans les Pau , À est le nuage ou l'apparence laiteuse qui ter- nit leur couleur et diminue leur transpa- rence ; çe sont ces saphirs laiteux auxquels : on a donné le nom de girasols, lorsque le bleu est teint d'un peu de rouge : mais, quoique les couieurs ne soient pas franches dans le girasol , et que sa transparence ne soit pas nette, il a néanmoins de très- beaux reflets, sur-tout à la lumière du soleil, et il n’a, comme le saphir, qu'une simple réfraction. Le girasol n’est pas une pierre vitreuse , mais une pierre supérieure à tous ‘les extraits du quartz et du schorl: il est en effet spécifiquement aussi pesant que le sa- phir et la topaze. Ainsi l’on se tromperoitst 4 DES MINÉRAUX 26 l'on prenoit le girasol pour une sorte de calcédoine , à cause de la ressemblance de ces deux pierres par leur transparence lài- ieuse et leur couleur bleuâtre ; ce sont cer- tainement deux substances très-différentes : Ja calcédoine n’est qu’une sorte d'agate, et le girasol est un saphir , ou plutôt une pierre qui fait la nuance entre le saphir et Le rubis; son origine et son essence sont absolument _ différentes de celles de la calcédoine. Je crois devoir insister sur ce point, parce que la plupart des naturalistes ont réuni le girasol et la calcédoine sur la seule ressemblance de leur couleur bleuâtre et de leur transparence nuageuse. Âu reste, les [italiens ont donne à cette pierre le nom de gzrasol * , parce qu’à mesure qu’on la tourne , sur-tout à l'aspect du soleil , elle en réfléchit fortement la lu- mière ; et comme elle présente à l’œil des reflets rougeâtres et bleus, nous sommes fondés à croire que sa substance participe de celle du saphir et du rubis , d'autant qu’elle est de la même dureté et à peu près dela même densité que ces deux pierres pré- cienses. | # Girasole, tournesol , ou soleil qui tourne, ‘Si Le bleu qui colore le par se rs ll 4 mêlé en juste proportion avec le jaune de la LA topaze, il pourroit en résulter un verd d’é- meraude : mais il faut que cetie combinaison soit très-rare dans la Nature, car on ne con- mnoît point d’émeraudes qui soient de Ja même dureté et de la même essence que les rubis, topazes, saphirs et girasols d'Orient; et s'il en existe, on ne peut pas les con- fondre avec aucune des émeraudes dont nous avons parlé, qui toutes sont beaucoup moins denses et moins dures que ces pierres d'O- rient, et qui de plus donnent toutes une double réfraction. On n'avoit jusqu'ici regardé Ve diamans, rubis , topazes et saphirs, que comme des crystaux plus parfaits que le crystal de roche; on leur donnoit la même origine : mais leur combustibilité, leur grande dureté , leur forte densité et leur réfraction simple, dé- montrent que leur essence est absolument différente de celle de tous les crystaux vi- treux ou calcaires ; et toutes les analogies nous indiquent que ces pierres précieuses, ainsi que les pyrites et les spaths pesans, ont été produites par la terre limoneuse ; c’est fl 2 La ns 19 ; rs de P7'4u Det Li \ | Ÿ / \ Pr Ad ñ 4 DES MINÉRAUX. 263 par la grande quantité du feu contenu dans les détrimens des corps organisés dont cette terre est composée , que se forment toutes ces pierres qu'on doit resarder comme des corps igues qui n'ont pu tirer leur feu ou les principes de leur combustibilité que du magasin général des substances combustibles, c’est-à-dire , de la terre produite par les dé- irimens de tous les animaux et de tous les végétaux, dont le feu qui les animoit réside encore en partie dans leurs débris. Æ, CA! * Lis métaux , tels que nous les connois- sons et que nous en usons, sont autant l’ou- _vrage de notre art que lé produit de la Nature; tout ce que nous voyons sous la forme de plomb, d'étain, de fer, et même de cuivre ; ne ressemble point du tout aux mines dont Fa | sh 4 | *; te St 1 dat CONCRÉTIONS, MÉTALLIOMENTE hous avons tire ces métaux : leurs minérais | sont des espèces de pyrites; ils sont tous conmt- posés de parties métalliques minéralisées ; | c’est-à-dire , altérées par le mélange intime de la substance du feu fixée par les acides. La pyrite jaune n'est qu'un minérai du cuivre ; la pyrite martiale, un minérai de fer ; la galène du plomb et les crystaux de l’étain ne sont aussi que des minérais pyri- teux. 51 l’on recherche quelles peuvent être. les puissances actives capables d’altérer" la substance des métaux et de changer leur. Y ot ] ” LAN a IJNTLURN “) JU 2 HISTOIRE NATURELLE. 265 forme au point de les rendre méconnois- sables en les minéralisant , on se persuadera >. , F . 0 de , M quiln y a que les sels qui puissent opérer cet effet, parce qu'il n’y a que les sels qu# soient solubles dans l’eau , et qui puissent _ pénétrer avec elleles substances métalliques ; car on ne doit pas confondre ici le métal cal- ciné par le feu avec le métal minéralisé, c'est-à-dire, la chaux des métaux produite par le feu primitif , avec le minérai formé postérieurement par l’intermède de l’eau : mais , à Fexception de ces chaux métalliques produites par le feu primitif, toutes lès autres formes sous lesquelles se présentent les mé- taux minéralisés , proviennent de l’action des sels et du concours des élémens humides. Or nous ayons vu qu'il n’y a que trois sels simples dans la Nature, le premier formé par l'acide , le second par l’alcali, et le troi- sième par l’arsenic : toutes les autres subs- tances salines sont plus ou moins imprégnées ou mélées de ces trois sels simples ; nous pouvons donc , sans craindre de nous trom- per, rapPorter à ces trois sels, ou à leurs combinaisons , toutes les différentes minéra- lisations des matières métalliques. L'arsenie 23 » + f estautant un sel qu'un métal; re soufre n° est que la substance du feu saisie par l’acide vitrios lique : ainsi, quand nous disons qu'une ma M ‘ tière métallique est minéralisée parlesoufre ou par l'arsenic , cela signifie seulement qu'elle a été altérée par l’un ou l’autre de ces . sels simples ; et si l’on dit qu’elle a‘été miné= ralisée par tous deux, c'est parce que l’ar- senic et le soufre ont tous deux agi sur lé métal. Un seul des deux suffit souvent pour la minéralisation des métaux pa» et même pour celle de l'argent : il n’y a que Y'or qui exige la réunion de l'alcali et du soufre , ou de l'acide nitreux et de l'acide marin, pour se dissoudre ; et cette dissolution de l’or n’est pas encore une minéralisation ;, mais une simple division de ses parties en atomes si petits, qu'ils se tiennent suspendus dans ces dissolvans , et sans que leur essence en soit altérée, puisque l’or reparoît sous sa forme de métal pur, dès pos on le fait préci- piter. Il me paroit äuhe que toutes les matières métalliques qui se présentent ne 7 lorme minéralisée , sont de seconde formation , puisqu'elles ont été altérées par laction des | DES MINÉRAUX. 26% sels et des élémens humides ; le feu, qui a le premier agi sur leur substance , n’a pu que. les sublimer , les fondre ou les calciner , et même il faut pour leur calcination ou réduc- tion en chaux, le concours de l'air : l'or, qu'aucun sel se peut minéraliser ,, et que le feu ne peut calciner, se présente toujours dans son état métallique, parce que ne pouvant ètre réduit en chaux, ni la fusion , ni la su- biimaton, n’altèrent sa substance; elle de- - meure pure, ou simplement alliée des autres substances métalliques qui se sont fondues, ou sublimées avec: ce métal : or des six mé-— taux il y en a trois, l'or, l'argent et le cuivre, qui se présentent assez souvent dans leur état métallique, et les trois autres, le plomb, l'étain et le fer, ne se trouvent nulle part dans cet état; ils sont toujours caloinés où _minéralisés, On doit soigneusement distinguer la mi- uéralisation du mélange simple : le mélange n’est qu’une interposition de parties hétéro- gènes et passives, et dont le seul effet est d'augmenter le volume ou la masse, au lieu que la minéralisation est non seulement une Atéreosttion de partit ré mais ‘4 substances actives capables d'opérer une alté- ration de la matière métallique. Par exemple, l'or se trouve mèlé avec tous les autres mé- … taux sans être minéralisé, et les métaux en général: peuvent se trouver mêlés avec des matières vitreuses ou calcaires sans être alté- rés. Le melange n’est qu’ une mixtion , au lieu que la mineralisation est une altération, une décomposition , en un mot un change- ment de forme dans la substance même du métal, et ce changement ne peut s’opérer 1 que par des substances actives , c'est-à-dire, par les sels et le soufre qu'on ne doit pas séparer des sels , puisque l'acide vitriolique fait le fond de sa sübstance. | Comme nous nous sommes suffisamment expliqués, dans les articles où il est question des métaux, sur l’origine et la formation des pyrites et des minérais métalliques, 1l ne nous reste à examiner que les concrétions qui proviennent du mélange ou de la décom- position de ces minérais : les unes de ces coucrétions , et c’est le plus grand nombre, sont produites par l’intermède de l’eau, el r) 10 LPS LR. CL LS ROUES MIN ÉR AUX: 269 quelques autres par l’action du feu des vol- cans. Nous les présenterons successivement , en commençant par les concrétions ferrugi- neuses , afin de suivre l’ordre dans lequel mous ayons présenté les métaux. | X “ L: x ras A CONCRÉTIONS DU FER. ROUILLE DE FER ET OCRE, A L, rouille de fer et l’ocre sont les plus sim- ples etles premières décompositions du ferpar | l'impression des élémens humides ; les eaux chargées de parties ferrugineuses réduites en rouille, laissent déposer cette matière en sé- diment dans les cavités de la terre, où elle prend plus ou moins de consistance , sans jamais acquérir -un grand degré de dureté : elle y conserve aussi sa couleur plus ou moins jaune, qui ne s’altère ni ne change que parune seconde décomposition , soit par l’im- pression des élémens humides ou par celle du feu. Les ocres brunes auxquelles on donne le nom de ferre d'ombre, et l'ocre légère et noire dont on se sert à la Chine pour écrire et dessiner, sont des décompositions ultérieures de la rouille du fer très-atténuées, et dénuées de presque toutes ses qualités métalliques. On peut néanmoins leur rendre la vertu | ; f HISTOIRE NATURELLE, 271 maguétique en leur ae subir l’action du feu. | Toutes les ocres brunes, noires, jaunes ou rouges, fines ou grossières , légères ou pe- santes, et plus où moins concrètes, sont ai- sees à diviser et à réduire en poudre. On en conuoît plusieurs espèces, tant pour la cou leur que pour la consistance; M. Romeé de Lisle les a toutes observées et très-bienindi- quées. Âu reste, nous ne séparerons pas des ocres les mines de fer limoneuses ou terreuses qui ne sont pas en grains; car ces mines ne sont en effet que des ocres ou rouilles de fer plus ou moins mêlées de terre limoneuse, et je dois me dispenser de parler ici des mines _ de fer en grains, dont j'ai expliqué la forma- tion à l’article de la terre végétale et du fer *. + Tomes X et XII de cette Histoire naturelle. \ Où peut regarder la terre d'ombre comme une terre bitumineuse à à laquelle le fer a. donné une forte teinture de brun : elle est plus lésère que l’ocre , et devient blanche au “ feu, au lieu que l’ocre y prend ordinaire-! ment une couleur rougeàtre ; et c'est proba-, blement parce que cette.terre d'ombre ne ‘contient pas, à beaucoup près, une aussi grande quantité de fer : il paroît même que ce métal ne lui a donné que la couleur, qui. quelquelois est d’un brun clair, et d'autres fois d’un brun presque noir. Cette dernière porte dans le commerce le nom de ferre de. Cologne, parce qu'elle se trouve en assez grande quantité aux environs de cette vike; mais il y en a aussi dans d’autres pro- vinces de l'Allemagne, et M. Monnet * en % Mémoires de l'académie des sciences, année | 4768, pages 047 €t 40 RAF OLA ut PEAR) rate \ [A , : qe , A. | a decouvert en France qui paroit ètre de la même nature, et pourroit serviraux peintres comme la terre de Cologne, dont ils font grand usage. } HISTOIRE NATURELLE. 273 l4 / L4 ! 0. 16 y a deux sortes d'émerils, lun attirable 4 à. et l’autre insensible à l'aimant. Le premier. est un quartz ou un jaspe mêle de particules. ferrugineuses et magnétiques : l’émeril rouge * de Corse et l’émeril gris, qui sont attirables î à l'aimant, peuvent être mis au nombre des : mines primordiales formées par Le feu pri. mitif, La seconde sorte d’émeril , ‘et c’est 14% plus commune, n’est point attirable à l'ai à mant , quoiqu’elle contienne peut-être plus de fer que la première; le fond de sa subs- tance est une matière quartzeuse de seconde : formation ; il a tous les caractèrés d’un grès dur, mêlé d’une quantité de fer qui en aug-. mente encore la dureté : mais ce métal étoit en dissolution et avoit perdu sa veriu ma gnétique lorsqu'il s’estincorporéaveclegrès, u puisque cet emeril n’est point attirable à « l'aimant ; la matière quartzeuse , au con $ traire, n’étoit pas dissoute, et se présente M dans cette pierre d’émeril, comme dans les” æ T- + A DS A 1. t | Mn | HISTOIRE NATURELLE. 255 autres grès, en grains plus ou moins fins, _ mais toujours anguleux, tranchans, et très- rudes au toucher. Le fer est ici le ciment de nature qui les réunit, les pénètre, et donne à cette pierre plus de dureté qu'aux autres grès ; et cette quantité de fer n’est pas consi< dérable, car de toutes les mines ou matières ferrugineuses l’émeril est celle qui rend le ‘moins de métal. Comme sa substance est quartzeuse, il est très-réfractaire au feu, et ne peut se fondre qu’en y ajoutant une grande quantité de matière calcaire, et Jui faisant Subir l’action d’un feu très-violent et long- temps soutenu. Le produit en métal est si petit, qu’on a rejeté l’émeril du nombre des mines donton peut faire usage dans ies forges : imais son excessive dureté le rend plus cher et plus précieux que toutes les autres ma- tières ferrusineuses ; on s’en sert pour en tamer et polir le verre, le fer et les autres LA métaux. ; L’émeril est communément d’un brun plus onmoins foncé ; mais, comme nous venons de le dire , 1l y en a du gris et du plus ou moins rougeätre. Celui de l’île de Corse est le plus rouge , et quelques minéralosistes l'ont mis an nombre des iaspes, | N7 AG Ÿ à, enaiten grande quantité dans les iles AI sey et de Guerneseÿ : il se présente en masses" solides d’un gris obscur. On en trouve aussi” en Angleterre, en Suëde , en Pologne, en. Espagne, en Perse, aux Indes orientales, et. en Amérique, particulièrement au Pérou. Bowles et quelques autres naturalistes .as= surent que, dans les émerils d’ Espagne et du Pérou , il y en a qui contiennent une quan+, tité assez considérable d’or, d'argent et de. cuivre ; mais je ne suis pas informé si l’on a, jamais travaillé cette matière pour en tirer avec profit ces métaux. | DOC LE R' AN, f ( L, plus pesante des concrétions du fet produites par l’intermède de l’eau, est le volfran ; sa pesanteur provient de l’arsenic qui s’y trouve mêlé, et surpasse de beau- coup celle de toutes les ocres ,'et même celle des pyrites ferrugineuses et des marcassites. arsenicales. La pyrite arsenicale qui en ap- proche le plus par la densité est le mispic- - kel, qui contient aussi plus d’arsenie que de fer. Au reste, le volfran est aussi dur que dense; c’est un schoïl mêlé d’arsenic et d’une assez grande quantité de fer ; et ce qui prouve que ce fer a été décompose par l’eau , et que le volfran a été formé par l’intermède de ce même élément, c’est qu’il n’est point atti- … rable à l’aimant. Il se trouve en masses so- lides d’un noir luisant; sa texture est lamel- leuse , et sa substance très-compacte. Cepen- dant il y a des volfrans plus ou moins denses et plus ou moins durs les uns que les autres ; etje pense, avec M. Romé de Lisle , qu'otù 24 . ‘ 4» Fe # y Au re " Lin PF geätre, et qu il diffère du ATEN noir par sa 1 densité, c'est-à-dire , par la quantité de fer 1 ou d’arsenic qu'il contient*. * La pesanteur spécifique L volfran noir est _ de 7r195 3 celle du mispickel ou pyrite arsenicale, de 6223 ; celle du zungstein blanc d’Altenberg, de 58025; celle du tungstein de Suède , de 49088; ét celle du volfran doux, de Ne (Tables de M: Brisson.) Sd LAN AONE , l L { PU j TEA ANR À 3 DAT FC CR. "4 ra DR RIT ES ET æ KL ! Dour CASSITES. | Nov s avons déja parlé de la formation des pyrites martiales l; mais nous n’ayons pas indique les différentes et nombreuses concreé- tions qui proviennent de leur décomposition. Ces pyrites contiennent une plus ou moins grande quantité de fer, et qui fait souvent un quart, un tiers et quelquefois prés d’une moitié de leur masse : le surplus de leur substance est ; comme nous l’avons dit?, la matière du feu fixé par l'acide vitriolique ; et plus elles contiennent defer, plus elles sont dures et plus elles résistent à l’action des élé- mens qui peuvent les décomposer. Nos obser- 1 Tome XI de ceue Histoire, article pyrie martiale. ; | 2 {bidem: + 28 HISTOIRE NATURELLE vateurs en minéralogie prétendents être assu- rés ja quand la décomposition de ces py- rites s’opère par la voie humide, c’est-à-dire, par l’action de l’air et de l’eau , cette altéra- tion commence par le centre de la masse pyriteuse , au lien que si c'est par le feu qu’elles se décomposent , les parties exté- | rieures de la pyrite sont les premières alté- rées , et celles du centre les dernières. Quoi qu’il en soit, les pyrites exposées à l’air per- dent bientôt leur dureté et même leur consis- tance : elles ne sont point attirables à l’ai- mant dans leur état primitif, non plus que dans celui de décomposition ; preuve évidente que, dès leur première formation, le fer qui leur sert de base étoit lui-même décompose, et dans un état de rouille ou de chaux pro- duite par l’impression des élémens humides. Les pyrites martiales doivent donc être re. gardées comme les premières et les plus an ciennes concrétions solides du fer, form par l'intermède de l’eau. Les pyrites quise présentent sous une forme cubique et à faces planes, contiennent plus de fer et résistent plus à l’action des élémens humides que les pyrites globuleuses, parce x DES MINÉRAUX. 26r que ces dernières sont composées de moins de fer et des principes du soufre en plus grande quantité que les premières. Toutes ces pyrites , en se décomposant, donnent naissance à plusieurs mines de fer de der- nière formation , et produisent les enduits - brillans et pyriteux des coquilles des pois- sons et des bois enfouis dans la terre. Lorsque les pyrites martiales sont mêlées d’arsenic en quantité sensible, on leur donne le nom de zzarcassites. En général, les mar—. cassites, comme les pyrites, ne contiennent le fer que dans son état de rouille ou de décom- posHion par l humidité qui a détruit sa pro— priété magnétique : souvent ces pyrites arse- nicales sont méêlées de différens métaux ; et parmi ces marcassites mélangées de différens métaux, on remarque celles qui sont couleur d’or, que l’on trouve en Italie et au tap Verd. Dans les marcassites qui contiennent au- tant ou plus de cuivre que de fer, on peut “ distinguer la marcassite vitrée de Cramer, qui, quoiqu’assez abondante en cuivre, est méanmoins très-dificile à fondre; et àl’écard | 2% EPA En à # ARE x des marcassites | pl x + Voy ez tome xiv de ceue boite 1 La < ac gl 2 ‘ L L] è \ . s LA D Fr * MINE DE Fi Ra: * IPYRITIFORME. Crrrs concrétion ferrugineuse est indi= quée par nos nomenclateurs sous la denomi- hation de rire brune hépatique, parce qu’or- dinairement elle est d’un brun rougeätre ou couleur de foie; mais ce caractère étant pu- rement accidentel, équivoque , et commun à d’autres mines de fer, il na paru qu’on de- voit désigner celle-ci par une dénomination qui la distingue de toutes les aûtres : je l’ap-- pelle zzine de fer pyritiforme, parce qu’elle se présente toujours sous la forme de pyrite, et que sa substance n’est en effet qu’une py- rite qui s’est décomposée saus changer de figure. Ces mines se présentent toutes en pe- titles masses plus ou moins concrètes, et qui conservent encore la forme des pyrites qui néanmoins ont perdu leur solidité, leur du= reté, leur pesanteur, et qui se sont, pour e ferrugineuse. | FA Èa +! À 284 HISTOIRE NATUR ET ainsi dire, désorganisées et réduites en terre. L Dans ces mines pyritiformes, comme dans 4 les mines spathiques, la concrétion ferrugi- 1 neuse se présente sous les formes primitives des pyrites et du spath calcaire; cependant la formation de ces deux mines est très-diffé- rente : la dernière s'opère par une infiltra- tion du fer dissous , qui peu à peu prend 2 la place du spath, au lieu que la mine pyri- ! tiforme ne reçoit aucune nouvelle matière, et conserve seulement la même quantité de fer qu’elle contenoit dans son état depyrite; aussi ces mines pyritiformes sont-elles. en général bien moins riches en métal que les mines spathiques. | La forme la plus ordinaire de ces concre- tions pyritiformes est en cubes isolés ou groupés, c’est-à-dire, la même que celle des pyrites qui ont subi ce changement par la déperdition de l'acide et du feu fixe qu'elles contenoient. Les pyrites arrondies où ap platies étant aussi sujettes à cette déperdi- tion par l'impression des élémens humides, peuvent former de même des concrétions ferrugineuses qu'on doit mettre au nombre, p f AC»: 1e * DES MINÉRAUX. de,ces mines pyritiformes : ni les unes ni les autres ne sont attirables à l’aimant, et aucune w’est assez dure pour faire feu contre ar - l'acier. F 4 SPA THTO L ’ ! UN, N : ÿ ï Ar tb # x _ Core matière ferrugineuse qui se trouve souvent en grandes masses, et qui est très ‘riche en métal, n’est encore qu’une combi- naison du fer décompose par l’eau; car cette mine spathique n’est point attirable à l’ai- mant. Le fond primitif de sa substance étoit un spath calcaire que Le fer dissous a pénétré sans eu changer la forme ni même la texture apparente. Cette matière appelée zzine de fer spathique, parce qu’elle conserve la forme du spath calcaire, se présente, comme cespath, en crystaux de forme rhomboïdale ; elle est ordinairement blanche ou grisâtre, un peu luisante , assez douce au toucher, et ses crys- taux paroissent composés de petites lames toutes semblables à celles du spath calcaire : elle n’a guère plus de durété que ce mème : spath ; on peut ésalement les rayer ou les Re LT di ti Ar NN AR LEPRE TERRES 4H A LE 4 ) !, ) HISTOIRE NATURELLE. 227 èntamer au CANTINE et ils n’étincellent nf _ l’un ni l’autre sous le choc de l’acier: Le fer dissous par l’eau en une rouille très-fine, s’est d'abord insinué dans la matière calcaire , et peu à peu a pris sa place en s’y substituant sans changer la figure des espaces ;, de la même manière que l’on voit les parties dissoutes du fer , du cuivre, des pyrites, etc. s’insis nuer dans le bois et le convertir en subsa tance métallique sans déranger la forme de son organisation. Ces mines de fer spathiques exposées au feu deviennent noires, et elles décrépitent lorsqu’elles sont réduites en poudre : exposées à l'air, elles conservent leur couleur blanche si elles sont pures et sans autre mélange que la matière calcaire ; car celles qui sont mé- . Aces de pyrites, perdent peu à peu leur blan- cheur, et deviennent jaunes où brunes par l'impression des élémens humides ; et comme le fond de leur essence est une rouille de fer, elles reprennent peu à peu cette forme pri- mitive, et se changent en ocres avec le temps. La plupart de ces mines spathiques sont en masses informes, et ne présentent la crys- tallisation spathique qu’à la surface ou à leur cassure : les unes sont aussi compactes que 1 la pierre calcaire ; d’autres sont cellulaires, | et toutes ont conservé dans leur intérieur la forme rhomboïdale des spaths calcaires : mais comme quelques uns de ces spaths affectent une figure lenticulaire, on a aussi trouvé des minesspathiquessous cette forme; et M. Romé de Lisle observe avec raison na là mine de fer en crête de coq qui se rencontre dans les minières de Baisory , a pour base le spath lenticulaire appelé spat perlé + dont elle a pris la forme orbiculaire en crystaux grôu- pés par la base, et séparés les uns des autres en écailles plus ou moins inclinées. LA , HÉMATITE 6) » 2} Ox a donné ce nom à certaines concrétions ferrugineuses dont la couleur est d'un rouge de sang plus ou moins foncé :; elles pro= viennent de la décomposition des mines spa- thiques et pyritiformes , et aussi de toutes les autres mines de fer décomposées par l’im- pression des élémens humides : les particules ferrugineuses de ces mines, dissountes et en- traîinées par la stillation des eaux , se dé- posent en forme de stalactites dans les fentes et” cavités des terres au-dessus desquelles gisent les mines de fer en rouille ou en grains. Ces hématites sont de vraies stalac- tiles ferrugineuses, qui, comme les autres stalactites, se presentent sous toutes sortes de formes ; elles n’ont que peu de dureté, et. ne sont point attirables à l’armant. Aprés les concrétions ferrugineuses pro duites par l’intermède de l’eau, et qui ne sont point attirables à l’aimant, nous expo serons celles qui ont conservé cette propriété Mat, gén. XV, Lg 22 sion des élémens humides. » - va” 7 « ; t LA 7 À Ps 42 49.7 a j ‘ l# i sis 22 en } « Ca « : y ? T3 1 H ?' - v L d'o\ # i 152 K L 24 : h. È ie Va, Set Os 4) sa? Frs) be : aanghe 1% par e feu jxbe den erdue par l'impres- À 4 ‘ 4 ie) L CRUE A % 1:14 ) ge Hi! le AT ON SEA à 4 TUE R 50 euig “y . ù ; 4 RUE ‘ AŸ #4 CURE CHA t4 du 35. | pays v ÿ( ‘ Re r s/ D pu x Ç . , CON Ze À VA } SET ai # A x y lux fr fE4 é | } \ 7 À [a 4 L] y \ H 14 F Li d à à Le PR id J'OTFETEr Se is 8900 15 ; LUE ’ a EU SE FR 119 49) GIE Cr, BUT + al y À A A so A D Le L pe fs 091103 290 UV ET 19 \ ° » , Or s Ga ‘ » D E9 re } [AIS 2 9 RATE à, si à: due ru ; a de “ e Yu mg ven s AN 113 [SÉ eE R S Sy “tr LA 6134 à " \ À À OS Dm EEE PAR 0 # DURE + SES PUTE RAT ATEN RON TA : f ss É Ÿ a À # PAR 1112149091 ss ECTS A8 D *@ + * 4 r » ir Jrioc (08 aix DUR f r LA L JET O9 r LA v ‘ t 4 . AE a il TILES 1 F2 jÉi0e pp €. OI # # D * # des \ L F2 MINE DE F ER SPÉCULAIRE. Dr. matière contient du sablon mayné- tique ; car, quoiqu’elle soit formée par l’in- termède de l’eau, et qu’elle n’ait pas été pro- duite par le feu primitif, elle ne laisse pas d’être attirable à l’aimant. Sa couleur. est grise, et les lames dont elle est composée sont quelquefois aussi luisantes que l'acier poli: elle est en même temps très-fragile, et se rapproche, par cette propriété, des mines de fer mélées de mica , qui sont aussi très- - friables, et dont les lames sont séulement plus minces et plus petites que celles de cette mine spéculaire. MINES DE FER. : CRYSTALLISÉES PAR LE FEU. Tovs les métaux tenus long-temps eñ fusion et en repos forment à leur surface des crystaux opaques; la fonte de fer retenue dans le creuset, sous la flamme du fourneaü, en produit de plus ou moins appareus, dont la grandeur et la forme ont été très-bien in- diquées par M. de Grignon *; il est même le premier qui ait fait cette remarque im- portante : les chimistes ont ensuite recher- che si les autres métaux pouvoient, Comme le fer, se crystalliser par la longue action du feu ; leurs tentatives ont eu tout le succès qu'on pouvoit en altendre; ils ont reconnu que non seulement tous les mélaux, mais même les demi-metaux et les autres subs-— tances métalliques qui donnent des ré- * Mémoires de physique, pages 7r et 89% _ HISTOIRE NATURELLE. 293 gules *, forment également des crystaux, lorsqu'on leur applique convenablement Île degré de feu constant et continu qui est né- cessaire à cette opération. Les crystaux de la fonte de fer produits par le feu agissent très- puissamment sur l'aiguille aimantée, comme toute autre ma- * Le bisinuth est des demi-métaux celui qui se crystallise le plus aisément au feu. « En répétant les « expériences de M. abbé Mongez, m’écrit M. de Morveau, J’ai vu quelque chose qu’il n’a pas dit, « et qui me paroît fait pour donner les idées les « plus lumineuses sur la formation des crystaux A < métalliques; c’est en traitant le bismuth, qui donne « de grandes facilités par sa grande fusibilité, Que « l’on verse tout uniment du bismuth en fusion sur « une assielte de terre, on voit insensiblement pa « roître des quarrés à la surface; quand il yena . « un certain nombre, qu’on incline Îe vaisseau pour « faire couler ce qui reste fluide , on a de beaux « cubes isolés. C’est amsi que j’ai obtenu ceux que 8 AA ESS sh k DE res je joins icl. J'ai pensé que vous ne serlez pas fiché d’en voir un échantillon : 1l n?ÿ a pas de GS 6) description qui puisse en dire autant qu’un coup « d'œil sur l’objet mème. » ( Note communiquée par M. de Morveau, en octobre 1582.) ; 25 ‘294 HISTOIRE: NATURELLE. tière ferrugineuse qui a subi l’action du fes les mines primordiales de fer qui ont été for- mées dès le temps de l’incandescence du globe par le feu primitif, sont non seulement atti- rables à l’aimant, mais souvent parsemées de ces crystaux que la Nature a produits avant notre art,et auxquels on n'avoit pas fait assez d'attention pour reconnoître que c'étoit une production du feu : mais on a vu depuis ces crystaux dans la plupart des mines de première formation, et même dans quelques autres de formation plus récente, et dans la composition desquelles sont entrés les fragmens, et par conséquent les crystaux des mines primitives. SABLON MAGNÉTIQUE. Nous avons déja parlé de ce sablon fer- rugineux et magnétique qui accompagne la platine, et qui se trouve en abondance, non seulement dans les terrains volcanisés, mais même dans plusieurs autres lieux où d’an- ciens incendies ont produit du mâchéfer, dont ces sablons ne sont que les particules désunies ; c’est du fer brülé autant qu’il peut l'être, et qui de toutes ses propriétés métal- liques n’a conservé qu’un magnétisme pres- que égal à celui de l’aimant. Ce fer entière- ment décomposé par le feu ne souffre plus d'autre décomposition: il peut séjourner pendant des siècles dans le sein de la terre, ou demeurer exposé aux injures de l’air sans s’altérer, ni s’amollir, ni se réduire en rouille : 11 ne peut donc produire aucune stalactite, aucune concrétion ; mais il entre assez souvent dans la composition des mines secondaires et des géodes, qui, quoique formées par l’intermède de l’eau, ne laissent ” pas d’être attirables à l’aimant, et ce n’est HE Pr sk Pa 596 HISTOIRE NATURELLE qu'en raison de la quantité de ce sablon | magnétique qu’elles jouissent de cette pro- priété qui ne leur appartient point en propre; mais une petite dose de ce sablon magne- tique , mélée ou interposée dans quelques unes des coucrétions dont nous venons de parler, et qui ne sont point du tout atti- rables à l'aimant, suffit pour leur donner l'apparence du magnétisme, de la même mauière qu’une très-petite quantité de fer mêlée par la fusion à une masse d’or ou de tout autre métal, sufñit pour que cet alliage soit sensible à l’action de l’aimant. Ce sablon magnétique n’est ordinairement qu'une poudre composée de paillettes aussi minces que celles du mica : cependant il se présente quelquefois en massés assez com pactes , sous la forme d'une mine de fer noi- râtre, qu'on peut regarder comme un ai- mant de seconde formation; car le sablon ferrugineux dont elle est composée, jouit, non seulement de Ja propriété passive d'être attirable à l'aimant, mais encore de la faculté active d'attirer le fer *; et ce même sablon, * Voyez, dans le volume suivant, les articles de l'aimant, : 4 FT VAR LS AO ENT re vhs Ve W ” ME > 4 ‘ p. - PEN DESTMINÉRAUX. TT 207 lorsqu'il se trouve mêlé avec la terre dont les géodés sont composées , les rend atti- rables à l’aimant, tandis que d’autres géodes sont absolument insensibles à son action. Il en est de même de certains granils et autres matières vitreuses de seconde formation, telles que les serpentines ; piérres ollaires , elc. , dans lesquelles ce sablon magnétique est entre comme partie constituante ;:et les a rendues plus ou moins sensibles à l’action de l’aimant. DR L OR n’est pas susceptible d’altération dans Île sein de la terre, et ne peut-être mineéra- lisé que quand, par le concours de circons- tances très-rares, il à été dissous, et ensuite précipité : on ne doit donc-pas être surpris que l’or se présente toujours sous sa. forme métallique, soit dans ses mines primor- diales , soit dans celles qui sont de formation secondaire; seulement nous devons observer que, dans les premières, il se montre assez souyent en crystaux, comme ayant subi pen- dant un long temps et dans un parfait repos l'action du feu primitif qui le tenoit en fu- sion, au lieu que, dans ses mines de seconde formation , il n’a nulle forme régulière; ce sont des paillettes, des filets contournés et souvent capillaires, des grains plus ou moins arrondis, des pépites plus ou moins pures, dans lesquelles le caractère de la crystallisa- iion primitive est entièrement effacé, parce gue toutes ne sont composées que des dé- à" ee anal eh ‘ È E N 1") HISTOIRE NATURELLE. 299 trimens de l'or primordial sublimé, fondu, ét quelquefois crystallisé par le feu primitif, et que ces masèes primordiales et'ces crys- taux ayant élé frottés, roulés et: entraînés par lés eaux; n’ont pu conserver leur pre ière figure : ce ne sont en effét que: des particules d’or détachées des: mines primi- tives, et qui‘se sont téüuniés par leur affinité, sous la forme que leur présentoient les petites _cavités où l’éaules déposoit. Aussi ne trouve- t-on Vor crystallisé et l'or derpremière for- mation que dans lés fentes du quartziet des autres ‘roches vitreuses , tandis que l'or en pépites, en grains, en paillettes et en'filèts, se présente ‘dans les oñtagnes à : couches schisteuses’ arsillenses où caleairés, et même dans’ les térres | limoneuses: "On, peut-donc dire qu'ilim'y a point d’antres concrétions de l'or que ces mines de seconde formation: däns° lesquelles ‘1 n’est nirminéralisé, mi logistes soient'bien fondésàregarder.comme iminéralisé l'or qui se trouve dans Les pyrites; car il n'y‘est-qu'interposé ondisséminé:iien poudre ämpalpablé, sans être ältéré. Le foie de soufre; -àila svérité, peut minéraliser Les | # Î ad foie de RE LS ces A de. l'or d’abord dissous. dans Le: sein de la terre, 3°. ce: mème or’ précipité de sa dissolutions trois circonstances. dont la réunion.est sirare, qu'on we doit pas la compter, dans, le nowbre des effets ordinaires de la Nature: et.la preuve 4 que l’or n’est qu'interposé , et non, minéra- lisé, dans ces substances: auxquelles. on à donné le nom de pyrites aurifères, £'est.que sa substance .m'ést. point :altérée,,puisqu'en broyanti;ces pÿrites aurifères.; on, retire, par le lavagté-ou;par la fonte ; ‘£4b or daus son état'inetallique:.;:;:, Én 4 tbe _ Tous les métaux, qui. peuvent ;se Se en chaux par l'action du feu, ont. été calcinés par le feu, primitif : l’or.eu l’ arsent,sont.les £31i seuls quiont-résisté à cette action s'et.dans, les minesprimordiales de, ces denxnétanx > on n'a jamaisrrencontré de :chaux: d'or, ni d'argent. C'esbpar-cette raison quelles con- crétions: secondaires etles:mMminéralisations de’ ces‘ deux métaux: sont aussi ‘rares: que celles des autres sont fréquentesi:-et l’or'dans sés'inines prinordiales étantufoujours plus ou moins allié d'argent, sa srystallisation -daii Lt AE MOTS *} DES- MINÉ ÉRAUX: 3of est aussi plus ou moins parfaite, selon son dégré de pureté, de sorte que l'or Le moins allié d'argent par la nature doit s'être crys- tallisé le plus régulièrement ; et cette crys- tallisation de l’or primitif est en forme oc- taèdre régulière , et absolument pareille à celle que prend l’or épuré par notre art, en se crystallisant, lorsqu’on le tient assez long- temps en fusion pour le laisser se solidifier _ lentement et se crystalliser à sa surface... UN } CONCRÉTIONS DE L'ARGENT. b y s* L'ircrnr étant moins inaltérable que l'or, et pouvant êtré attaqué par certains Sels dans le sein de la terre, se présente assez souvent sous des formes minéralisées : l’ar- sent de première formation a été fondu ou sublimé, et même crystallisé comme l'or, par le feu primitif. Ces crystaux de l'or et de. l'argent primordial sont également opaques, purement métalliques, et presque toujours groupés les uns sur les autres ; ceux de l’ar- gent s'étendent en ramifications sous la forme de feuilles, ou se surmontent comme des végélations et prennent la figure d’arbris- seaux : on les trouve incorporés dans le quartz, ou interposés dans les fentes et ca- vités de la roche quartzeuse ; et c’est des débris et des détrimens de ces premières mines que sont formées toutes celles où ce métal se montre pur ou minéralisé. Il se trouve pur dans les mines de seconde for- mation , lorsqu’ayant été divisé et détaché êe ON LEUR f | Set” HISTOIRE NATURELLE. 30% par le frottement des eaux, les particules métalliques eutraînées par leur mouvement se déposent et se réunissent en paillettes, en filets ou en petites masses informes ; toutes produites par l'agrégation de ces particules réunies par la force de leur affinité : on ren- contre même de l'argent crystallisé dans quelques unes de ces dernières mines ; -ce qi doit arriver toutes les fois que l’eau n'aura pas divisé les crystaux primitifs, et les aura seulement déplacés et transportés des roches primordiales formées par le feu, et les aura déposés dans les couches de terre produites par le sédiment des eaux. Ainsi l'argent vierge ou pur, formé par le feu dans les mines primitives, se retrouve encore pur dans celles de dernière formation , toutes les fois que, dans son transport, ce métal n’a pas été saisi par les sels de la terre qui peuvent l’altérer ; et même il arrive souvent que ces dernières mines, dont la plupart ne sont formées que du métal réduit en poudre très-fine, sont d’un argent plus pur qu'il ne l’étoit dans ses premieres mines, parce que l’eau, en le divisant et le réduisant en très- petites particules, en a séparé les parties de NA" æ 4 h AR 24. LU à ; f AU Ga TN F î ! {l tn j ; ee NAN AUD Rue. 34 HISTOIRE NATURELL térogènes dont il pouvoit être mêlé. Les pé- pites et coucrétions de l'argent dans cet état ne sont donc que du métal pur ou presque pur, et qui n'a subi d'autre altération que celle de la division et du transport par les eaux. : #h RE : Mais lorsque ces particules d'argent pur rencontrent dans le sein de la terre les prin- + cipes des sels et les vapeurs du soufre , elles s’altèrent et subissent des changemens divers et très-apparens. Le premier de ces change- mens d'état , et qui tient de plus près à lar- gent en état métallique , se présente dans la mine vitrée qui est de couleur grise, dans laquelle le métal a perdu sa rigidité, sa dureté, et qui peut se plier et se couper comme le plomb : dans cette mine, la substance métal- lique s'est altérée et amollie sans perdre sa forme extérieure ; car elle offre les mêmes do en r PTE TR à 1 plomb, de cuivre, ou d’autres matières hés crystaux, aussi régulièrement figurés que ceux des mines primordiales ; et même l'on voitsouvent, dans cette mine grise ettendre, des crystaux de l'argent primitif qui sont en partie durs et intacts, et en partie tenures et minéralisés , et cela démontre «4 DES MINÉRAUX. 305 l’origine immédiate de cette sorte de mine, qui, de toutes celles de seconde formation, est la plus voisine des mines primitives. L’on ne peut donc guère douter que cette mine vitrée ne provienne le plus souvent d’un ar- gent primitif qui aura été pénétré par des vapeurs sulfureuses : maiselle peut aussi être produite par l'argent pur de dernière for- mation , lorsqu'il reçoit l'impression de ces mêmes vapeurs qui s’exhalent des feux sou- terrains ; et généralement tout argent vierge de première ou de dernière formation doit subir les mêmes altérations, parce que, dans : le premier comme dans le dernier état, le métal est à peu près du même degré de pureté. | - Une seconde forme de minéralisation aussi connue que la première, est la mine d'argent cornée , qui ressemble par sa demi-transpa- rence , sa mollesse et sa fusibilite, à la /vre cornée que nos chimistes obtiennent de l’ar- gent dissous par l’acide marin ; ce qui leur a fait présumer, peut-être avec fondement , que cette mine cornéeprovenoit d'un argent natif pénétré des vapeurs de cet acide : mais comme cette mine cornée accompagne assez 26 36 HISTOIRE NATURELLE. | souvent l'argent primordial dans la éctdl quartzeuse et dans son état primitif , lequel a précédé l’action et même la formation de l'acide marin , il me semble que l'acide aérien, qui seul existoit alors, a dû produire cette altération dans les premières mines, et que ce ne peut être que sur celles de der- nière formation que l'acide marin a pu opé- rer le même effet. Quoi qu'il en soit, cette mine d'argent cornée se rapproche de la mine vitrée par plusieurs rapports, et toutes deux tirent immediatement leur origine de l’ar- gent pur et natif de première et de dernière formation *. C’est à cette mine cornée que l’on a rapporté la matière molle, légère, blanche ou grise, que M. Schreiberg a trouvée aux mines de Sainte-Marie, dont parle M. Monnet, et qui étoit fort riche en argent : mais cette matière ne contient point de soufre comme la mine d'argent cornée; et celte différence suffit pour qu'on doive les distinguer l'une de l'autre. ie Voyez ce que j'ai dit de ces deux mines d’argent vitrée et cornée dans le douzième volume de cette Histoire, pages 282 et 264. À ! | FT AE DES MINERAUX. 307 ‘La troisième et la plus belle minéralisation de l’argent, est la mine en crystaux trans- parens et d’un rouge de rubis. Ces beaux crystaux ont quelquefois plusieurs lignes de longueur , et tous ne sont pas également iransparens; il y ena même qui sont presque opaques et d'un rouge obscur; ils sont ordi- nairement groupés les uns sur les autres, et souvent 1ls sont mêlés de crystaux gris qui sont entièrement opaques. De la décomposition de cette mine et des deux précédentes se forment d’autres mines, dont l’une des plus remarquables est la mine d'argent noire. M. Lehmann a observé que cette mine d’argent-noire paroissoit devoir sa formation à la décomposition de mines d’ar- gent plus riches, telles que la mine d'argent rouge ou la mine d'argent vitrée. Il ajoute « que cette mine noire est assezcommune au « Hartz, en Hongrie, en Saxe, etc. , etqu’à « Freyberg on la trouvoit jointe à de la mine «d'argent rouge et à de la mine d’argent « vitrée ». Et nous pouvons ajouter qu’elle est très-commune au Pérou et au Mexique, où les Espagnols lui donnent le nom de negrillo. Cette mine noire est de dernière Hu: A FR "Me 308 HISTOIRE BE in formation, puisqu'elle provient de la décomi position des autres : aussi se trouve-t-elle. encore souvent accompagnée d'argent en … filets, qui n’est formé Ini-même que de l’a- . gregation des petiles particules détachées des mines primitives de ce métal par le mouve- ment et la stillation des eaux. * * Au reste, les concrétions les plus com- munes de l'argent sont celles où ce métal, | réduit en poudre, se trouve interposé, et comme incorporé dans différentes terres ef , pierres calcaires ou vitreuses. Ces concrétions se présentent souvent en masses très-consi- dérables , et plus ou moins pesantes dans le rapport de la quantité de l'argent en poudre qu'elles contiennent, et quelquefois gette quantité fait plus de moitié de leur masse; elles sont formées par l’intermède de l’eau qui a charié et déposé ces particules d'argent avec des terres calcaires ou vitreuses, qui; s'étant ensuite resserrées, consolidées et dur- cies par le desséchement, ont formé ces con- crétions aussi riches que faciles à réduire en métal. Et au sujet de la tata de l'argent mi- péralisé en métal pur, nous croyons devoir DES MINÉRAUX. 30 _ ajouter à ce que nous en avons dit*, l'extrait d’une lettre de M. Polony , médecin du roi au cap François, qui, pendant un assez long séjour au Mexique, a suivi les opérations de ce travail. Ce savant observateur y rend compte des procédés actuellement en usage au Mexique. « On réduit, dit-il, en poudre «impalpable , le minérai d'argent dont on « forme une pâte liquide en l’humectant suc- * / DES MINÉRAUX. 333 « dionale.….. L'or et la platine se trouvent « confondus et mêlés dans les terres déposées . « par les eaux, sans aucune marque qui « puisse faire distinguer une mine formée « sur les lieux... Lorsqu'on a obtenu par le « lavage l'or et la platine de la terre dans « laquelle ces métaux sont mêlés, on les Sé-' « pare grain par grain avec la lame d’un cou- _«teau ou autrement, sur une planche bien « lisse ; et s’il rèste dans la platine, après « l'avoir ainsi séparée, quelques légères pail. « lettes d’or dont le travail emporteroit trop « de temps, on les amalgame avec du vit- « argent, à l’aide des mains, et ensuite d'une « masse ou pilon de bois , dans une espèce « d’augse de bois dur, comme le gaïac, et on « parvient de cette manière, quoiqu'assez «imparfaitement , à les unir au mercure, « dont on les dégage après par le moyen du _« feu. «On ne nie pas qu’il n’y ait quelques mi- « neurs qui fassent cet amalgame dans des « mortiers avec leurs pilons de fer ou de « cuivre ; mais il ne seroit pas vraisemblable « d'attribuer à cette manipulation l’applatis- « sement de quelques grains de platine, puis+ 1334 HISTOIRE NATURELLE «qu’un grain de ce métal, time RE EES à 4 « applatir, ne pourroit jamais l'être étant. À «joint à dix mille autres qui ne le sont pas ù « et que d’ailleurs on trouve dans cette ma «tière, telle qu’on la retire de la terre, des. « grains applatis mêlés avec des grains d'or*, «qu'on distingue très-bien à la simple vue, «et qui n’y seroient sûrement pas si elle « avoit été soumise à l’'amalgame. « C’est ce mème amalgame mal rassemblé + l « qui laisse quelquefois après lui des gouttes. «de vif-argent qu'on a cru devoir exister « dans la platine; c’est une erreur dont on * Dans la grande quantité de platine que M. Dombey a rapportée du Pérou, et dont il a remis uve partie au Cabinet du roi, il s’est trouvé un de ces grains de platine applatis, de trois lignes de lon- gueur sur deux lignes de largeur, et cela confirme x ce que dit à ce sujet M. le Blond. C’est le plus, grand grain de platine que j’aie vu. M. Dombey m’a assuré qu’il en connoiïssoit un de trois onces pesant, qui éloit entre les mains de don Antonio- Joseph Areche, visiteur général du Pérou, et qui a été envoyé à la société royale de Biscaye. Ce gros graiu est de la même figure que les petits, et tous. garoissent avoir éLé fondus par le feu des volcans. : Y À À \: 110 DES MINÉRAUX. 335 « doit d'autant mieux se désabuser, qu’ex- « cepté les mines de Gzanca-uelica au Pérou, « on n'a pu découvrir jusqu’à présentaucune « mine de mercure ou de cinabre dans toute « l'Amérique espagnole * , nonobstant les « grandes récompenses promises par le sou-_ « vernement. « C'est aux deux cours des monnoies de « Saënte-Foi et de Popayan que se porte tout « l'or du Choco pour y être monnoyé; là se « fait un second triage de la platine qui pour- « roit être restée avec l’or : les oMiciers royaux « la gardent; et quand il y en a une certaine « quantité, ils vont, avec des témoins, la « jeter dans la rivière de Bogota, qui passe à « deux lieues de Sainte-Foi, et dans celle de « Caouca, à une lieue de Popayan. Il paroié & qu'aujourd'hui ils l’envoient en Espagne. « On trouve toujours la platine mêlée avec «l'or, dans la proportion d’une, deux, trois, « quatre onces, et davantage , par livre d’or. « Les grains de ces deux matières ont à peu * Je dois observer qu’il se trouve des mines de mercure au Chili, et en quelques autres contrées de Amérique méridionale. Voyez ci-devant l’ar cle Concrétions du mercure. « près la. même Pop et la même 1e grosseur! « ce qui est très-digne d’être remarqué. « Si la proportion de la platine avec l'or : «est plus considérable , alors on travaille « peu la mine, ou même on l’abandonne, $ « parce que la quantité de ces deux métaux” « ensemble étant à peu près la même que. . « celle d’une autre mine où l’on ne tireroit. «que de l'or pur, il s’ensuit que quand la. « proportion de la platine est trop considé- « rable, celle de l’or, décroissant en même « raison, n'offre plus les mêmes avantages « pour pouvoir la travailler avec profit ; e£. « c’est pour cela qu’on la laisse. Il ne seroit « pas moins intéressant de s'assurer si cette « substance ne se rencontreroit pas seule et « sans mélange d’or dans des mines os Jui « seroient propres. « La platine, ainsi que l’or qui r accom— « pague, se trouve de toute grosseur, de- « puis celle d’une fine poussière jusqu’à celle « d’un pois, et l’on ne rencontre pas de plus. « gros morceaux de platine, ou du moinsils « doivent être bien rares; car, quelque peine. « que je me sois donnée, je n’ai pu m'en « procurer aucun, et je n’en ai vu qu'un seul. UT DES MINÉRAUX. 37 « à peu près de la grosseur d’un œuf de pi- « geon *. J'ai vu des morceaux d’or qui m'ont ‘« paru fondus naturellement, beaucoup plus « considérables. « Il est vraisemblable que comme l'or a « ses mines propres, la platine peut avoit « aussi les siennes, d’où elle a été détachée _« par une force quelconque , et entraînée par «les eaux dans les mines de transport où « on la trouve ; mais ces mines propres , où « sont-elles ? C’est ce qu’on n’a pas encore « pris la peine d'examiner. «.....Puisque l'or et la platinese trouvent, a dans leurs mines de trausport, à peu près « de mème grosseur, 1l sembleroit que ces « deux métaux doivent avoir aussi à peu près «une même source, et peut-être les mêmes « moyens de métallisation : ils diffèrent ce- « pendant essentiellement en couleur 1 en « malléabilité et en poids. Ne pourroit-on * Ce morceau est le même dont nous avons parlé ci-devant , d'après M. Dombey, page 334, dans ja note; car M. le Blond dit, comme M. Dombhey, « que ce morceau fut remis à don Âreche, iutendant « du Pérou, pour en faire présent à la société royale = de Biscaye , qui doit actuellement le posséder, » 39 338 HISTOIRE NATURELLE «pas présumer , d'après les scories de fer qui « accompagnent toujours plus ou moins las « platine, qu’elle n’est elle-même qu’une | « modification de ce métal par le feu , d’une « façon jusqu'ici inconnue, qui la prive « de la couleur, de la malléabilité et de la « pesanteur spécifique de l’or°? .... M. Berg= « man a été sûrement mal informé quand il « dit que la force magnétique du fer dans «la platine vient vraisemblablement de la «trituration qu’on lui fait éprouver dans la. « meule de fer paie séparer l'or par l’ amal= « game, et que c'est au moins de là que: « vient le mercure qui s'y trouve; qu’il ar" «rive peu de platine en Europe qui n’ait… « passé par cette meule*. Cette meule dont. « parle M. Bergman n'existe pas ; au moins, « n’en ai-je jamais entendu parler. Quantau « mercure , il a raison , et cette substance « se trouve assez souvent dans la platine.» Je dois joindre à ces observations de M. le Blond quelques réflexions. Je ne pense pas que le fer seul puisse se convertir en platine, comme il paroit le présumer. J'ai déja die que la platine étoit composée d’or dénaturé par l’arsenic , et de fer réduit en sablon ma * Journal de physique, 1778, page 327. «€ _ DES MINÉRAUX. 339 gnétique par l’excessive violence du feu, et j'ai fait faire quelques essais pour vérifier ma présomption. M. l'abbé Rochon a bien voulu se charger de ce travail, et j'ai aussi prié M. de Morveau de faire les mêmes expériences. L'or fondu avec l’arsenic devient blanc, cas- sant et grenu; il perd sa couleur, et prend en même temps beaucoup plus de dureté. Cet or altéré par l’arsenic, fondu une se- conde fois ayec le sablon ferrugineux et magnétique qui se trouve mêlé avec la pla- tne naturelle, forme un alliage qui approche beaucoup de la platine, tant par la couleur que par la densité. M. l’abbé Rochon m'a déja remis le produit de nos deux premiers essais , et j'espère que nous parviendrons à faire de la platine artificielle par le procédé suivant, dont seulement il faudra peut-être varier les doses et les degrés de feu. Faites fondre un gros d’or Le plus pur avec six gros d’arsenic ; laissez refroidir le bouton ; pulvérisez cet or fondu avec l’arsenic dansun mortier d'agate; mêlez cette poudre d’or avec trois gros du sablon magnétique qui se trouve mêlé à la platine naturelle ; et comme la fu- sion de ce mélange exige un feu très-violent, 340 HISTOIRE NATUREL et qu'il faut que le sablon ferrugineux sin corpore intimement avec l'or, vous ajoute, rez à ces matières une bonne quantité de à nitre, qui produira assez d’air inflammable à pour rendre la fusion parfaite , et vous obtiendrez par cette opération un produit. 4 très-semblable à la platine naturelle. Il est, ke certainement plus possible de faire de la pla=. 4 tine artificielle que de convertir la platine | en or; car, quelques efforts qu'aient faits nos $ chine pour en séparer ce métal précieux, ils n’ont pu réussir , et de mème ils n’ont pu en séparer absolument le fer qu’elle con- tient; car la platine la plus épurée, qui pa- roit ne pas être attirable à l’aimant, contient néanmoins dans son intérieur des particules de sablon magnétique , puisqu’en la rédui- sant en poudre, on y retrouve ces particules ferrugineuses qu'on peut en retirer avec l’ai- mant, | Au reste, je ne sais pas encore si nous pourrons retirer l’or de ces boutons de platine artificielle, qui me paroissent avoir toutes : les propriétés de la platine naturelle ; seule- ment il me paroît que, quand l’or a été déna- | ture par l’arsenic, et intimement mêlé ayec DES MINÉRAUX. 34r Je sablon ferrugineux et magnétique, iln'ya guère moyen de lui rendre sa ductilité et sa première nature, et que par conséquent il sera toujours très-difficile de tirer de la pla- tine tout l’or qu'elle contient, quoique la présence de ce métal dans la platine nous soit démontrée par son poids spécifique , comme la présence du fer l’est aussi par son magné- tisme. Fe 29 ur PRODUITS VOLCANIQUES.. \ N ous avons parlé, en plusieurs endroits de cet ouvrage*, des basaltes et des différentes laves produites par le feu des volcans : mais nous n’avons pas fait mention des différentes substances qu’on est assez surpris de trouver dans l’intérieur de ces masses vitrifiées par la violence du feu ; ce sont des cailloux, des agates, des hyacinthes, des chrysolites, des gre= nats, etc. qui tous ont conserve leur forme, et souvent leur couleur. Quelques observateurs ont pensé que ces pierres renfermées dans les laves, même,les plus dures, ne pouvoient être que des stalactites de ces mêmes laves qui s’étoient formées dans leurs petites cavités intérieures longtemps après leur refroidisse-. ment, en sorte qu'elles en tiroient immédia- tement leur origine et leur substance : mais ces pierres , bien examinées et comparées, ont été reconnues pour de vrais cailloux, * Voyez tome III de cette Histoire, page 285; et tome XI, pages 78, Gr , 07 et 96. | HISTOIRE NATURELLE 343 crystaux, agates, hyacinthes, chrysolites et grenats, qui tous étoient formés précédem- ment, et qui ont seulement été saisis par la lave en fusion lorsqu'elle rouloit sur la sur- face de la terre , ou qu’elle couloit dans les fentes des rochers hérissés de ces crystaux; elle les a, pour ainsi dire , ramassés en pas- sant, et ils se sont trouvés enveloppés plutôt qu'interposés dans la substance de ces laves, dès le temps qu’elles étoient en fusion. M. Faujas de Saint-Fond nous a donné une bonne description très-détaillée des chryso- lites qu'il a trouvées dans les basaltes et laves _ des anciens volcans du Vivarais. Il ne s’est pas trompé sur leur nature, et les a recon- nues pour de vraies chrysolites, dont les unes, dit-1l, «sont d’un verd clair tirant « sur le jaune, couleur de la véritable chry- « solyte , quelques unes d’un jaune de to- «paze , certaines d’une couleur noire lui- « sante comme le schorl, de sorte que dans « l'instant on croit y reconnoître cette subs- « tance ; mais en prenant au soleil le vrai « jour de ces grains noirs, et en les exami- « nant dans tous les sens, on s’apperçoit que « cette couleur n’est qu’un verd noirâtre qui | 344 HISTOIRE NATUREL « produit cette teinte sombre et fénctè ». Æ d effet, cette substance vitreuse n’est point du schorl, mais du crystal de roche teintcomme tous Les autres crystaux et chrysolites vertes. Î ou jaunâtres, lesquelles, , étant très- réfrac- taires au feu, n’ont point été altérées par À Ja chaleur de la lave en fusion, tandis que les | grenats et les schorls, qui sont fusibles, onÉ ‘ souvent été dénaturés par cette même cha- leur. Ces schorls ont perdu par l’action du feu volcanique, non seulement leur cou-— leur, mais une portion considérable de leur substance ; les grenats en particulier qui ont éte vohea ti LéEs sont blancs, et ne pèsent SpE= cifiquement que 24684, tandis que le grenat dans son état naturel pèse 41888. Le feu des laves en fusion peut donc altérer et‘peut- être fondre les schorls, les grenats et les feld- spaths ; mais les crystaux quartzeux , de quelque couleur qu'ils soient, résistent à ce degré de feu, et ce sont ces crystaux colo- rés et trouvés dans les basaltes et les laves , auxquels on a donné les noms de c#rysolites, d’améthystes, de topazes et d’Lyacinthes ee volcans. 1 P: | ra. ? M DAS A LT.E:5, DES L'AVES BT DES LAITIERS VOLCANIQUES. Coins M. Faujas de Saint-Fond est, de tous les naturalistes, celui qui a observéavec le plus d'attention et de discernement les différens produits volcaniques , nous ne pou vons mieux faire que de donner ici par extrait les principaux résultats de ses observations. « Le basalte, dit-il, se présente sous la forme «d’une pierre plus eu moins noire, dure, « compacte, pesante , attirable à l’aimant, « susceptible de recevoir le poli, fusible par « elle-même sans addition, donnant plus ou « moins d’étincelles avec le briquet, et ne « faisant aucune effervescence avec les acides. « Il y a des basaltes de forme résulière en 34 HISTOIRE NATURELLE « prismes, depuis le triangle jusqu’à l’octo- à «gone, qui forment des colonnes articulées « forme irrégulière ; on en voit de grandes. « masses en tables, en murs plus ou moins <«inclinés , en rochers plus ou moins poin= «tus et quelquefois, isolés , en remparts «escarpés, et en blocs ou fragmens raboteux «et irréguliers. Les basaltes à cinq, six et « sept faces , se trouvent plus communément. « que ceux à trois, quatre ou huit faces : ils. « sont tous de forme prismatique, et‘la gran- « deur de ces prismes varie prodigieusement; « car il y en a qui n’ont que quatre à cinq «lignes de diamètre sur un pouce et demi « ou deux pouces de longueur , tandis que « d’autres ont plusieurs pouces de diamètre « sur une longueur de plusieurs pieds. « La couleur des basaltes est communé= «ment noire; mais il y en a d'un noir « d’ébène, d’autres d’un noir bleuätre, et « d’autres plutôt gris que noirs, d’autres ver- « dâtres, d’autres rougeâtres ou d’un jaune « d’ocre. Les différens degrés d’altération de « la matière ferrugineuse qu’ils contiennent, a leur donnent ces différentes couleurs; mais | TA ES Ur A » DES MINÉRAUX. 34 «en général , lorsqu'ils sont décomposés, « leur poudre est d'un gris blanchâtre. «Il y a de grandes masses de basalte en « tables ou lits horizontaux. Ces tables soné « de différentes épaisseurs : les unes ont plu- « sieurs pieds, et d’autres seulement quel- «ques pouces d’épais; il y en a même « d’assez minces pour qu’on puisse s’en sers « vir à couvrir les maisons. C'est des tables « les plus épaisses que les Égyptiens ,et, aprés «eux, tes Romains, ont fait des statues « dans lesquelles on remarque particulière- « ment celles du basalte verdätre. | « Les laves diffèrent des basaltes par plu- « sieurs caractères, et particulièrement em « ce qu’elles n’ont pas la forme prismatique, «et on doit les distinguer en laves com- « pactes et en laves poreuses. La plupart _ «contiennent des matières étrangères, telles «que des quartz, des crystaux de feld-spath, « de schorl, de mica, ainsi que des zéolites, « des granits, des chrysolites, dont quel- «ques unes sont, comme les basaltes, sus- « ceptibles de poli. Elles contiennent aussé « du grès, du tripoli, des -pierres à rasoir, « des marbres et autres matières calcaires. ÿ 348 HISTOIRE NATURELLE «Le granit qui se trouve dans les lav TD « poreuses , a subi quelquefois une si violente” «action du feu, qu'il se trouve converti en. | «un émail blanc. «Il y a des basaltes et des laves qui sont « évidemment changés en terre argilleuse , « dans laquelle il se trouve quelquefois des. « chrysolites qui ont perdu leur brillant et. «leur dureté , et qui commencent elles- « mêmes à se convertir en argille. | «On trouve de même dans les laves, des. « grenats décolorés et qui commencent à se « décomposer, quoiqu’ils aient encore la cas- « sure vitreuse, et qu'ils aient conservé leur. « forme ; d’autres sont très-friables et appro= « chent de l’argille blanche. | « Les hyacinthes accompagnent sonvent « les grenats dans ces mêmes laves , et quel- « quefois on y rencontre des geodes de calcé-. « doine qui contiennent de l’eau, et d'autres À « agates ou calcédoines sans eau , des silex 1 « ou pierres à fusil, et des jaspes de diverses « couleurs : enfin on a rencontré dans les. « laves d'Expailly, près du Puyen Vélay , : « des saphirs qui semblent être de la même « nature que les saphirs d'Orient. On trouve : DES MINÉRAUX. 349 « aussi dans les laves, du fer crystallisé en « octaèdre, du fer en mine spéculaire, en « hématite, etc. « Il y a des laves poreuses qui sont si « légères, qu’elles se soutiennent sur l’eau, et « d’autres qui , quoique poreuses, sont fort « pesantes : la lave plus légère que l’eau est « assez rare. » Après les basaltes et les laves , se pré- sentent les laitiers des volcans : ce sont des verres ou des espèces d’émaux qui peuvent être imités par l’art ; car en tenant les laves à un feu capable de les fondre, on en obtient bientôt un verre noir , luisant et tranchant dans sa cassure ; on vient même, dit M. Fau- jas, de tirer parti, en France, du basalte, en le convertissant en verre. L'on a établi dans les environs de Montpellier une verrerie où l'on fait avec ce basalte fondu de très-bonnes ‘bouteilles. Nous avons déja dit qu’on appelle pierre de gallinace , au Pérou, le laitier noir des volcans ; ce nom est tire de celui de l'oiseau gallinazo, dont le plumage est d’un beau noir : on trouve de ce laitier ou verre noir, uon seulement dans les volcans des Cordil 90 k 17 À HTÉMONÉ NATURELÉE lières en Amérique, mais en Europe dans ceux de Lipari, de Vulcano, de même qu’ att Vésuve et en eq où il est en grines abondance. | Le laitier blanc de volcans est bien plus” rare que le noir. M. Faujas en a seulement” trouvé quelques morceaux dans le volcan. éteint du Couerou en Vivarais, et en dernier lieu à Staffa, l’uné des îles Hébrides : et” d’autres observateurs en ont rencontre dans. les matières volcaniques en Allemagne près de Saxenhausen , aussi-bien qu’en Islande et” dans les îles Féroé. Ce verre blanc est trans= parent, et le noir le devient lorsqu'il est ré— duit à une petite épaisseur ; et quand lesélé= mens humides ont agi pendant long-temps sur ces verres, ils s’irisent comme nos verres factices, ce qui les rend chatoyans. M. de Troïl dit qu'indépendamment du verre noir (fausse agate d'Islande), on trouve aussi en Islande des verres blancs et transparens, et d'autres d’un assez beau bleu, qui sont les plus rares de tous. Il ajoute qu’il y eu a qui ressemblent, par leur couleur verdâtre et par leur pâte grossière, à noire verre à bouteilles. DES MINÉRAUX. 35t Ces laitiers des volcans , et sur-tout le lai- lier noir, sont compactes, homogènes , et assez durs pour donner des étincelles avec l'acier : on peut les tailler et leur donner un beau poli , et l’on en fait d'excellentes pierres de touche en les dégrossissant , sans léur donner le dernier poli * Lorsque les laves et les basaltes sont ré- duits en débris et remaniés par le feu du vol- can , ils forment , avec les nouvelles laves , des blocs qu’on peut appeler poudingues volcaniques : il y en a de plus ou moins durs; _ et si les fragmens qui composent ces pou- . dingues , sont de forme irrégulière, on peut les appeler des hbrèchesvolcaniques. M. Faujas a observé que l’éplise cathédrale du Puy en Vélay a été construite d’une pierre dont le found est une brèche volcanique noire rue un ciment jaunâtre. Les unes de ces brèches volcaniques ont été formées par la seule action du feu sur les anciennes laves; d’autres ont été produites . par l’intermède de l’eau , et dans deséruptions que M. Faujas appelle éruptions boueuses ou * Cette matière a été indiquée par Pline sous Je nom de lapis Zydius. 352 HISTOIRE NATURELLE . agueuses : elles sont souvent mélangées de plusieurs matières très-différentes , de jaspe rouge, de schorl noir, de granit rose et gris, de pierre à fusil, de spath et pierre calcaire, \ 1 et même de substances végétales réduites en. : uue sorte de charbon. Toutes ces matières volcaniques, basaltes, . laves et laitiers , étant en grande partie d’une“ essence vitreuse, se décomposent par l’im- | pression des élémens humides, et même par. la seule action de l'acide aérien. Les matières” autrefois volcaniques , maintenant argil- leuses , dit M. Ferber, molles comme de la cire , ou endurcies et pierreuses , sont blan-. ches pour la plupart; mais on en trouve aussi de rouges , de grises-cendrées, de bleuâtres et de noires : on rencontre des laves argilleuses dans presque tous les volcans, agissans et éteints, et cette altération des laves peut s’opérer de plusieurs manières. Il y a de ces laves altérées par l’acide sulfureux du feu des volcans , qui sont presque aussi rouges que le zzinium ; il y en a d’autres d'un rouge päle, d’un rouge pourpre, de. jaunes, de brunes , de grises, de ver- dâtres , etc. ñ _ ag APTE Er PS: te La AT ne = gien .% ÿ' DES MINÉRAUX. 353 M. Faujas divise les produits volcaniques altérés : 14110 En laves compactes ou poreuses qui ont perdu simplement leur nee en conservant leurs parties constituantes, à l’exception du phlogistique du fer qui a disparu ; Et en laves amollies et décolorées par les acides, qui ont formé, en se combinant avee les diverses matières qui constituent ces mêmes laves, différens produits salins ou minéraux, dont l’origine nous seroit incon— nue si nous n'avions pas la facilité de suivre la Nature dans cette opération. | Il en décrit plusieurs variétés de l’une et l’autre sorte : 1l présente, dans la première de ces deux divisions, des basaltes et des laves qui ayant conservé leur forme, leur nature et leur dureté sur une de leurs faces , sont entièrement décomposés sur l’autre, et con- vertis en une substance terreuse , molle, au point de se laisser aisément entamer , et l’on peut suivre cette décomposition jusqu’à l'entière conversion du basalte en terre ar- gilleuse. ' _ Il y a des basaltes devenus argilleux qui sont d'un gris plus ou moins foncé ; d’autres 30 ; 354 HISTOIRE N. er d’une teinte jaunâtre et comme rouillés ; d’autres dont la surface est convertie en ar= gille blanche, grise , jaunâtré , violette, rouge. Plusieurs de ces basaltes décomposés contiennent des prismes de schorl qui ne sont point altérés; ce qui prouve que les schorls résistent bien plus que les basalies les plus durs aux causées qui produisent leur décomposition. Ce savant naturaliste a aussi reconnu des laves décomposées en unearsille verte, savon- neuse, et qui exhaloit une forte odeur ter- reuse ; et enfin il a vu de ces laves qui ren- fermoient de la chrysolite et du schorl qui n’étoit pas décomposé, tandis que la chryso- lite étoit, comme la lave, réduite en argille, ce qui semble prouver que le quartz résiste moins que le schorl à la décomposition. Dans la seconde division, c’est-à-dire, dans les laves amollies et décolorées par les acides, qui ont formé différens produits salins ou minéraux, M. Faujas présente aussi plusieurs variétés dans lesquelles il se trouve du sel alumineux , lorsque l’acide vitriolique s’unit à la terre argilleuse ; ce même acide produit le gypse avec la terre calcaire, le vitriol verd jo Ü DES MINÉRAUX. 355 avec la chaux de fer, et Le soufre avec la ma- _ tière du feu. | Les variétés de cette sorte , citées par M. Faujas , Sont : 1°. Un basalte d’un rouge violet, ayantla, cassure de la pierre calcaire la plus dure, quoique ce basalte soit une véritable lave et _ d’une nature très-différente de toute matière calcaire : 2°. Une lave d’un blanc nuancé de rouge ; 3°. Une lave dont une partie est changée en une pierre blanche tendre, tandis que l'autre partie, qui est dure et d’un rouge foncé, a conservé toute sa chaux ferrugi- : neuse changée en colcotar ; a 4°, Une lave décomposée, comme la précé-. dente, avec une enveloppe de gypse blanc et demi-transparent ; | 5°. Une lave poreuse d’un blanc jaunâtre _avec des grains de sélénite. La terre argilleuse qui forme cette lave, se trouve convertie en véritable alun natif ; l’acide vitriolique uni à la terre argilleuse produit , comme nous venons de le dire, le sel alumineux et le vé- ritable alun natif ; lorsqu'il s’unit à la base du fer, il forme le vitriol verd : en s’unissant #1 OA mi Mages 356 HISTOIRE NATOÉŸÈLE" donc daus de certaines circonstances à la ter | ferrugineuse des laves , il pourra produire ce k | _vitriol, pourvu qu’il soit affoibli par les va peurs aqueuses ; et cette combinaison est assez rare, et ne se trouve que dans les lieux où il y a des sources bouillantes. On en voit. sur les parois de la grotte de l’ile de Vulcano, où il y a une mare d’eau bouillante , sulfu- reuse et salée. On trouve aussi du sel marin en grumeaux adhérens à de la lave altérée ou à du sable vomi par les volcans: ce sel marin ne se pré- sente pas sous forme cubique , parce qu'il n’a pas eu le temps de se crystalliser dans l’eau marine rejetée par les volcans. Il se trouve de même de l’alcali fixe blanc dans les cavités de quelques layes nouvelles ; et comme on trouve encore du sel ammoniac dans les volcans , cela prouve que l’alcali volatils’ y trouve aussi, sans parler du soufre, qui, comme l’on sait , est le premier des pro- duits volcaniques, et qui n’est que la matière du feu saisie par l'acide vitriolique. RATE le soufre s’unit dans les vol-. cans à la matière arsenicale , et alors de jaune il devient d’un rouge vif et brillant : mais x DES MINÉRAUX. 359 £omme nous l'avons dit*, le soufre se pro- duit aussi par la voie humide; on en à plu- sieurs preuves , et les beaux crystaux qu’on a trouvés dans la soufrière de Conilla , à quatre lieues de Cadix, et qui étoient ren-— fermés dans des géodes de spath calcaire, ne laissent aucun doute à ce sujet. Il en existe d’ailleurs de pareils dans divers autres lieux, tantôt unis à la sélénite gypseuse , tantôt à l'aroille , ou renfermés dans des cailloux ; nous savons même qu’on a trouvé, il y a six Lt ) X FO À Ah Ÿ" +, je. . " ou sept ans, du soufre bien crystallisé et formé par la voie humide dans l’ancien ésout du faubourg Saint-Antoine ; ces crystaux de soufre étoient adhérens à des matières Vé- gétales et animales, telles que des cordages et des cuirs. * Voyez, tome XI de cette Histoire, l’article _ du soufre. 7e ET : RUN TR a à PIERRE DE Touc CHE. dé L A pierre de touche, sur AIRES on frotte les metaux pour les reconnoitre à la couleur ï de la trace qu’ils laissent à sa surface, est. un basalte plus dur que. l'or , l'argent , lew cuivre , et dont la superficie, quoique lisse en apparence, est néanmoins hérissée et assez rude pour les entamer et retenir les parti- cules métalliques que le frottement a déta- chées. Le quartz et le jaspe, quoique plus. durs que ce basalte, et par conséquent beau- coup plus durs que ces métaux, ne nous offrent pas le même effet, parce que la sur— face de ces verres primiufs, étant plus lisse que celle du basalte , laisse glisser le métal sans l’entamer et sans en recevoir la trace. Les acides peuvent enlever cette impression métallique , parce que le basalte ou pierre de touche sur lesquels on frotte le métal, sont d’une substance vitreuse qui résiste à l'action des acides, auxquels les métaux ne résistent pas, HISTOIRE NATURELLE. 359 Îl paroît que le basalte dont on se sert comme pierre de touche, est la pierre de Lydie des anciens: les Égyptiens etles autres peuples du Levantconnoissoient assez ces bä- _saltes pour les employer à plusieurs ouvrages, et l’on trouve encoreaujourd’hui des figureset des morceaux de ce basalte, pierre de Lydie, dont la texture est feuilletée et la couleur brune ou noire. Au reste, il ne faut pas con- fondre ce basalte, vraie pierre de touche, avec la pierre décrite par M. Pott, à laquelle il donne ce même nom; car cette pierre de M. Pott n’est pas uu basalte , mais uw schiste dur, mélangé d’un sable fin de grès : seulement on doit dire qu'il y a plus d’une sorte de pierre dont on se sert pour toucher les métaux; et en effet, il suffit pour l’usage _ qu'on en fait, que ces pierres soient plus . _ dures que le métal, et que leur surface ne soit pas assez polie pour le laisser glisser sans l’entamer. Fin du tone quinzième Des articles contenus ue ce volume. ; Histoire naturelle des minéraux: Jane , page Be Serpentines, 15. Pierres ollaires, 2re. Molybdène , 28. ’ Pierre de lard, et craie d'Espagne, “ Craie de inde, 39. Amiante et asbéstl 41. Cuir et liége de montagne, 53. Pierres et concrétions vitreuses mélangées d'ars .… + sille ; 5g. Ampélite, 62. Smects, ou argille à à foulon, 65. Pierre à rasoir, 67. Pierres à aiguiser, 69. Stalactites calcaires, mr. Du spath appelé crystal d'Islande, 76. Perles, 67. Turquoises , 97: A | : k s 1 | 414 RVæABLE 36t . Corail, rod. Pétrifications et fossiles, rrr. ‘ Pierres vitreuses, mélangées de matières cal- caires, 131. Zéolite, 133, Lapis jte 139. | Pierres à fusil, 144. * Pierre meulière , T5E | | Spaths fluors”, 162. Stalactites de la terre végétale, 192. Bols, 180. Spaths pesans, 185. + Pierres précieuses, 195. Diamant, 215. | Rubis et vermeille, 240. ik Topaze, saphir et girasol, 242. Concrétions métalliques, 264. Concrétions du fer. Rouille de fer et es 270. Terre d'ombre, 272. Émeril, 2 md. Volfran, 277 Pyrites et marcässites, 279. Mine de fer pyritiforme, 283, Mine de fer spathique, 286. Hématite , 289. Mine de fee spéculaire, 29r. | Mines de fer erystallisées par le feu, nr] Mat. gén. XVe Re # 362 TABLE Sablon magnétique, 295 ar Concrétions de l'or, 298 ,: #49 Concrétions de l’a argent, KT NIET" * Concrétions du cuivre, 3tr. rte PARTS Pierre arménienne, 315. Concrétions de l’étain, 318. Concrétions du plomb, 320: Concréitons du mercure, 323 Concrétions de l’antimoine, 3264 Concrétions du bismuth, 32& Concrétions du zinc, 329. Concrétions de la platine, 33ra Produits volcaniques , 342. Des basaltes , des layes, et des lañtiers roles _ niques, 345. Pierre de touche, 358: ‘ è É. î DE L'IMPRIMERIE DE PLASSAN: . “4987 4 272 3 9088 00769 6651