i^W^'^Stm '•€>■ AC- *, s i HARVARD UNIVERSITY LIBRARY OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOÔLOGY GIFT OF THOMAS BARBOUR OcUUuu.^Z /^^^ % ^ .'1 HISTOI NATURELLE DES O'ne Troifième. .0*^ Zoology *^^i\ F-.. HISTOIRE NATURELLE DES SERPENS. Par m. le Comte DE LA CEPEDE, Garde du Cabinet du Roi; des Académies 8t Sociétés Royaîes de Dijon, Lyon, Bordeaux, Touloufe, Metz, Agen , Stockolm , Hefîc^ Hombourg, Hcife-Cairel , Munich, &c. TOME TROISIÈME. A PARIS; HÔTEL DE THOU, RUE DES POITEVINS^ M. DCC. XC '0V5 LE PRIVILEGE DE VACADEMlE aOïALE DES SCIENCES (5 ) AVERTISSEMENT. Personne ne ftp.t plus vivement que moi , combien la mort de M. le Comte .de Biiffon m'a privé d'un puifïant le- cours pour TOuvrage dont je publie aujourd nui le fécond. Volume , & que je n*aurois jamais entrepris s'il ne s'éîoii: engagé à m'éclairer dans la route qu'il m'a voit indiquée lui-même en me char- geant de continuer l'Hiftoire Naturelle. Quelque temps avant cet événement funefte aux Lettres ^ l'un àcs Coopé- rateurs de M. de Bufen , l'éloquent Auteur d'une partie de FHiiloire d^s Oiieaux, & du Dilcours préliminaire de la Colle(?don Académique , a voit été enlevé aux Sciences , & la mort avoic fait évanouir les grandes efpérances qu'avoient conçues les Amateurs de VEiiloice Naturelle , ainii que Teipoir particulier que j'avois fondé ï^m lès con-. jioiiTaaCvS Ôc la bonté de fon caraclerç,* a iij (6) Henreufement pour moi j. Ion dirait cfiie pliîiieurs Naturaliftes de France ou des pays étrangers, & particulièrement ceux qui viennent d'entreprendre de grands Voyages pour Tavancement des Sciences , ont cherché à diminuer les pertes que j'ai faites , en m'envoyanc ou en me promettant un très-grand nombre d'obfervations importantes.' C'efl avec bien de la reconnoilTance que )e les remercie ici & des bienfaits que )'ai déjà reçus , & de ceux que je dois recevoir encore. J'ai fait ufage de quel- ques-unes de ces obfervations dans le Volume que je publie aujourd'hui , Se J'emploierai les autres dans ceux qui k fuivront. M. le Marquis de la Billardrie, rucceileur de M. deBuffon dans la place d'Intendant du Jardin de Sa Majefté^ Se qui fe propofe de ne rien négliger pour Tâvancement de^ Sciences natii- jelîes , tant par l'étendue de fes cot- jeipondances , que par les différens voyages qu'il pourra faire faire dans les pays les plus intérelians pour les Na- niraliftes , a eu aulli la bonté de rm 4:'rometLre kj dilîérentes obkivationj& qui lui arriveront direaement; S qnî pourront être relatives à mon travail,' D'ailleurs M. deBuffon m'avoit remis , dans le temps , les notes , les lettres •&: les divers manufcrits qu'il avoit reçus à différentes époques^ au fujet des ani- maux dont je devois publier Thiftoife: Deux mois avant fa mort , il voulut bien me remettre encore tous les ma- nufcrits & les deiïïns originaux que feu M. Commerfon , très-habile Natura- lïfte, a compofés ou fait exécuter, re- lativement aux diverfes claifes d'ani- maux , pendant fon féiour dans Tlfle de Bourbon , où il avoit été envoyé par le Gouvernement. M. de Buffon a pu- blié la partie de ces manufcrits qui concerne les Quadrupèdes vivipares & les Oiièaux , & je ferai d'autant plus empreifé d'enrichir mon Ouvrage de ceux qui traitent des autres animaux, que les Naturaliiles les attendent depuis long-temps avec impatience. De plus ^ M. le Comte de Buiîbn, fils du Grand- Homme que nous regrettons, & qui, entré avec honneur dans la carrière miiiçaire, fera briller au milieu dus a iv (8) àfme<;; iih nom rendu immôTtel par la gloire des Lettres ^ a bien voulu-, ainiî que fpn oncle, M. le Chevalier de Baiibn", Officier fupcrieur diilinguc par Tes lervices Se connu depuis long- temps par fon goiit pour les Sciences êc les beaux Arts , me communiquer toutes les- notes -qui fe font trouvées dans les papiers de feu M. le Comte de Buifon i & qui pouvoient m'être utiles pour la continuation de THifloire Na- turelle. Mais ce qui efl pour moi Tun des plus gCands encouragemens , ce font les raf^poits que j'ai l'avantage d'avoir avec M. d'Aubenton -, c'ell: Ta- mitié qui me Me avec ce célèbre Natu- ralise , dans les îumitres duquel j'ai trouvé tant de fecours , &c que Je me ■plairois tant à louer , fi je pouvois-^ fans bleilér fa modeâie , répéter très- près de lui, ce que la voix pi. blique fait retentir par-tout où l'on s'intéreire au progrès des Sciences naturelles. Le Monde favant l'a vu avec regret celler, dans le temps, de travaillera THiftoire Karurelle conjointement avec M. de ^uiïba i &, fuipeudre là defcripugii (9) Su Cabinet de Sa Majefté -, aiiflî ni'eni- preile-jc d'annoncer au Public qurl jouira bientôt de ia continuation de cette partie de THiftoire Natui-elle, que M. d'Aubenton le propoie de reprendre au point oi^i de^ circonflances particu-; îieres Tont engagé à rinterrompre, '^^ .li^v 4 0m a t EXTRAIT DES REGISTRES r>E L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. 1^'A CADÉMIE noiïs a chargés de lui faire le rappor: d*un Ouvrage de M. le' Comte de la Cépëdè , qui a pour titre : 'Œfloire Naturelle des Serpens. Cet Ouvrage eft une fuite de celui qu'iV a publié Tannée dernière furies Quadru- pèdes ovipares , &; qui a été approuvé' par TA cadémie. M. le Comte de la Cé- pède y traite de plus de cent foixante- qumze efpècss de Serpens , parmi lei- quellcs , plus de vingt-deux efpèces n'avoient encore été décrites par aucun^ Auteur , & plufieurs autres n'avoient cté que légèrement indiquées par les Voyageurs ou les Naruraliftes. C'efi: principalement, dans la coUedion dii- Cabinet du Roi que M. le Comte de' la Cépède a vu ces efpèces de Serpens , qui n'étoient pas encore connues , on g^ui uç rcçoieat qu'uïiparfaite.meAU ( n 5 . L'Auteur les a diflribuécs en huit genres , avec la plupart des Natura- lises ; il a placé dans le premier , fous la dénomination de Couleuvres , les Serpens qui ont de grandes plaques fous le corps & deux rangées de petites plaques fous la queue. Comme ce genre efl trè^ - nombreux & contient cent trente-fept cfpèces , l'Auteur dit , dans l'article où il traite de la nomenclature des Serpens , qu'il auroit déliré de di- vifer le genre des Couleuvres , d'autant plus qu il auroit voulu féparer les Cou- leuvres venimeufes de celles qui ne le font pas -, celles dont les petits éclofenc dans le ventre de leur mère , de celles qui pondent des œufs. En eifet , dans la partie hiflorique de fon Ouvrage , l'Auteur fépare ces Couleuvres en com- mençant par les vipères d'Europe & les autres vipères des pays étrangers ^ telles que le Céraile> le Naja, l^c. & en paifant enfuite à la Couleuvre à collier 5 & aux autres Couleuvres non- venimeufes d'Europe ou des autres par- ties du globe. Mais , dans fa Table mé- thodique, M, le Comte de la Cépèdç ^ '-été oWîgé de les réunir toutes dans le îTiême genre , n ayant pas pu trouver des caraâières extérieurs tres-fcnfîbles & conilâns pour différencier ces deux civifions. ll^xpofe les tentatives qu'il a faites à ce fujet ^ & indique aux Voya- geurs des obfervations d'après leiquelles on pourroit eipérer de trouver ces ca- rafle res. Dans le fécond genre ^ l'Auteur con> prend les Serpens qui ont une rangée de grandes plaques fous la queue aullî- bien que fous le ventre , & auxquels il confervelenom de Boa ; ce genre pré- fente dix efplxes de Serpens , dont plu- fieurs parviennent à une longueur très- confidérable j 8c parmi lefquelles eil: le Devin dont la longueur eil quelquefois de plus de trente pieds. Le troifîème genre renferme les Ser- pens connus fous le nom de Serpens à fonnettes , parce qu'ils ont au bout de la queue des écailles articulées, fonores ■& mobiles. L'Auteur en compte cinq efpèces. M. le Comte de la Cépèdc a mis dans le quatrième genre , les Serpeas aux- ^iiels on a donné le nom à'^nguis , & qui n'ont fous le corps que de petites écailles. Il donne la defcription de feize cfpèces de ces animaux , parmi lefquels ell V Orvet , petit Serpent très-connu en Europe , & particulièrement dans plu» ileurs Provinces de France. Il place dans le cinquième genre 5 fous le nom d'Amphifbenes , deux ef- pèces de Serpens dont le corps & la queue font entourés d'anneaux écaiK leux. Il m. et dans le fixième , deux autres cfpèces de Serpens dont les côtés du corps font comme pliiTés , Se que l'oa a nommés Cœciles. Il a confèrvé le nom de Langaha à ime efpèce de Serpent qui, ne pouvant être compriie dans aucun des genres précédens , a dû former un feptit-me genre. Le delTous du corps de ce Ser- pent préfente, vers la tête , de grandes, plaques , & ne montre enfaite que des anneaux écailleux j & fa queue , garnie de ces mêmes anneaux à fon origine >, n'eft revêtue que de petites écailles à fonextrémité (14) Enfin, dans le huitième genre, M.i> Comte de la Cépède traite d'un Serpent dont on a donné la defcription fous le nom à'Acrochorde de Java , & qu'il croit être d'un gsnre particulier , d'après M. Horniled qui l'a fait conncître ^ jus- qu'à ce que de nouvelles obfervations aient déterminé fa place dans quel- qu'un des genres précédens. M. de la Cépède ayant vu non-feit- lement plufleurs efpèces de Serpens , mais plufîeurs individus de la même efpèce, a reconnu la difficulté de re- connoître les efpèces en n'employant qu'un très-petit nombre de caradcres , à l'exemple de la plupart des Natura- liiles. Il a vu qu'un grand nombre de ces caractères étoit trcs- variable en rai- fon de l'âge ou du fexe ou d'autres cir- confiances. Il a cherché les caradères extérieurs les plus conll:ans -, ceux qui lui ont paru n'être pas fujetsà varier, font communs à un trop grand nom- bre d'efpèces de Serpens pour ièrvir à diilinguer chaque efpèce en particu* lier -, il ks a combinés avec les carac- tères moins coiiilans employés ]\i£-- 'qn^fci par pluficurs Nomenclateiirs. M en a compofé une Table méthodique , dans laquelle les caractères variables , qui feuls ne pourroienc pas garantir de Terreur , fervent cependant a faire trou- ver l'objet que Ton cherche i cette Table réunit l'avantage de faire reconnoître plus fiirement qu'aucune autre, Tefpècc ci'un Serpent , & prélente les rapports principaux que ks diverfes efpèces ont cntr' elles. Ces caractères , tant con{î:ans que plus ou moins variables , font le nom- bre des grandes & des petites plaques j la proportion de la 'longueur du corps à celle de la queue -, la préfence ou le défaut de dents longues , crochues , creufes , mobiles & connues fous le nom de crochets à venin ; la forme & Tar ran- gement des écaiiies qui couvrent le fom- met de la tête; la. forme de celles qui garniiîent le dos *, les traits particuliers de conformation que les Serpens pei>- vent préfenter , tels que la groifeur àt la tête , la forme de cette partie , la dif- tribution des taches ,. & même leur cou- kur, dernier caradere que i'Auceuç •(i6) Sregarde comme très -variable ; mais qu'il prélente avec les autres; fa com- binaifon avec ces derniers peut quel- quefois fervir à lever des doutes & à diilinguer les efpèces. Les efpèces de Serpens qui ibnt com- prifes dans la Table méthodique de M. le Comte de la Cépède^iont arran- gées fuivant le nombre des plaques ou des écailles qu elles ont fous le ventre ; les cfpèces qui en ont le plus fe trou- vent placées les premières. On peut: connoitre , par ce moyen , avec quelles efpèces on a principalement beioin de comparer celle que Ton veut recou- noître. L'Auteur a joint à Tarticle de chaque cfpece de .Serpent^ une lille très-éten- due des noms qui ont été donnés à cette efpece , & la citation des divers Auteurs qui en ont parlé. Non-ieule- ment il a donné la description de l'ani- mal, mias, autant qu'il Ta pu ^ il a expofe les habitudes. Il a fait ufage des diticrens Ouvrages déjà imprimes , & de notes manulcrites qui lui ont été envoyées par plufieurs Obfervateurs^ (17) tels que MM. de la Borde, le Baron 3é WideriLach , Correfpondant du Cabi- net du Roi à Cayenne , de Badier de la Guadeloupe , de Sept-Fontaines , &c. On trouve pour chaque genre , des articles principaux , oii les caractères génériques des Serpens font expofés plus au long ; & à la têce de tout rOu- vrage, efl un Difcours fur la nature de ces animaux , dans lequel M. le Comte de la Cépède a préfenté ce qui efl commun aux diverfes efpèces de ces reptiles , les traits les plus remar- quables deleur conformation ^ les points les plus intéreflans de leur hiftoire , &: leurs grands rapports avec les autres ordres d animaux. Quarante-cinq efpèces principales ou qui n'a voient pas encore été décrites, font figurées dans cet Ouvrage , qui cil terminé par des articles relatifs à un Iguane cornu & à un autre Lézard à tête rouge, dont les individus onc été envoyés à l'Auteur depuis ia publi- cation de fon Hifloire naturelie des Quadrupèdes ovipares. L'Hiiloire des Serpens j, <^ue M. le ê (i8) ^ Comte de hCépèdc a préièntée à TA* cadémie , & dont nous venons d'expo- fer les principales parties, ell faite ■ avec autant de foin que THiiloire des Quadrupèdes ovipares qua donnée le même Auteur ; les defcriptions y font aufïî exades ; les figures font auflî bon- nes. L'Auteur a fait beaucoup de re- cherches par rapport aux habitudes des Serpens *, il a obîervé par lui-même la ftruélure des écailles fonores & mo- biles qui terminent la queue des Ser- pens à fonnettes, & dont la forme & la difpofition lui ont donné des lumiè- res fur la formation Se Taccroiilement de cet organe fingulier. M. le Comte de la Cépède a auffi reconnu que les prétendues cornes du Cérafte ne font que des éminences écailleufes. Il a dé^ crit le chaperon du Serpent à lunettes êc les côtei qui le ioutiennent. M. le Comte de la Cépède a comparé les mâ- choires des Serpens venimeux avec celles des Serpens qui n'ont point de venin , pour reconnoîtreles difTérencesqui font caufees par l'organe du venin; il a dé- crit ivs h plupart des Serpçus , h dif (19) ppfition & h figure des écailles qui coir- vrent le dos , & des grandes & des petites plaques qui revêtent le delTous de la tête & le deilous du corps & de la queue. 11 a donné le rapport de la longueur totale de la plupart des Ser- pens avec la longueur de leur queue : ces proportions donnent des facilités pour diftinguer les diHérentes efpèces de chaque genre de Serpens. Les caraâères diilinâifs de ces anî- maux font difficiles à exprimer j parce que leurs différences font peu fenlibles & fujettes à beaucoup de variétés -, c'eft ce qui a obligé M. le Comte de la Ce- pède à rapporter dans fa Table mé- thodique , plufieurs caradères diftindifs pour chaque efpèce : ils fe confirment mutuellement, ôc ils fe fupléent les uns aux autres : par ce moyen , on peut clafTer des animaux qui ne fbnc pas encore affez bien connus pour être difiingués par des caractères moins nombreux. Nous penfons que l'Hiftoire Natu- relle des Serpens , par M. le Comte de h Cépède ^ mérite d'être approuvée paj! rAcadémie &c imprimée fous fon prU vilége. Signés j Daubenton, Fouge- ROIJX DE BONDAROY5 & BROUSSONNET, Je certifie le prélent Extrait conforme à fon original & au Jugement de rAca- démie» A Paris, ce zd Mars 1789, Signio TiLLeîi ( 21 ) TABLE DES AR T I C L E S Contenus dans ce Volume. JJiscouRS fur la nature des Ser-^ pens , Pag. I Nomenclature & Table méthodique dçts Serpens , 1 04 Premier genre. Serpens qui ont de gran-- des plaques fous le corps , & deux._ rangées de petites plaques fous iaqueue^'- 155 Couleuvres vipères, La Vipère com-* mune , Ihid^ La Cherfea , 217' L'Afpic, ZZl La Vipère noire , 224 La Melanis , 228 La Schyte , 230 La Vipère d'Egypte i £3^ ï-'Aliiuiodyte ^ i ^3 S Zi TABLE Le Cérafte , 242 Le Naja, ou îe Serpeiat à lunettes des Indes orientales 255 Serpent à lunettes du Pérou , 279 Serpent à lunettes du Bréiil , 281 Le Lébetin , ^ 285 L'hébraïque, 284 Le Chayque, 2S6 Le Ladé , 288 Le Corallin ; 290 L'Atroce , 292 L'Hœmachate,' 294 La Très-blanche ^ 297 La Brafiiienne , 2^g "La. Vipère Fer-de-lance; 301 La Tête-triangulaire, 315 Le Dipfe , 3 ^7 L'Atropos 5 318" Le Léberis , 320 La Tigrée , 321 Couleuvres ovipares. La Couleuvre verte Se jaune ^ ou la Couleuvre commune , 322 La Couleuvre à collier ^ 33^ La LiiTe, 349 La Quatre-raies , 355 J^e Serpent d'Efculapc j ^^y DES ARTICLES. 23 La Violette , 3^7 Le Demi-collier, 3^^ Le Lutrix, 37^ Le Bali, 371 La Couleuvre des Dames, 374 La Jouflue, 37<^ La Blanche, 3^0 Le Typhye, 3^^ Le Régine, 3^4 La Bande-noire -5 3^5 L'Agile, 387 Le Padère ; 3^9 Le Grifon, ^ l^p La Queue-plate ,- 39^ La Blanchâtre y_ 394 La Rude, 39^ Le Trifcale; 397 La Galonnée,' 39^ TAlidre, 401 L'Anguleufe , 4^3 La Couleuvre de Minerve ; 405 La Pétalaire , 407 La Minime , 4^9 La Miliaire, 4II La Rhomboïdale ^ 412 La Pâle , 4^ ^ ï-a Rajréej 4^7 24 TABLE DBS MATIERES. Le Milpole , j.i8 r Le Zvlolure , " 420 ; La Double-raie, * aIZ' La Double-tache , ■ ' 424 Le Boiga , 425 - .1 n 1 1 T ISCOURS i: celles-là (flj Notes mami fentes crrmmuniquécs par iVT. de îa Borde ^ Correfpondaiit da Cabinet du Roi à Cayenne ', 6* par M. k Buron de V/iderfpach , CoTrefpondant du même Cabinet , àf dans le même endroit. tt Noiis iifoTis qu'auprès de Batavia', EtablifTc*' >» ment HoHandois dans îes Indes Orientales , if y >» a desSerpensde cinquante pieds de longueur. »» Ejfnfuri'Hijl. uatuTelle des Serpens,par C/iarles Owen" Londr. 1742 , pag. 15. Voyez à ce fujet, dans cette Ililtorre naturelle^ l'article du D«m. Aiij ^ HîJIoire Naturelle relevées par une arête faillahte , Szc. Toutes ces diverfes fortes d'écailIes font 'différemment combinées dans ies efpèces particulières de Serpens -, ies uns en ont de quatre fortes , les autres de trois , les autres de deux , les autres n'en ont que d'une feule forte-, & c'eft principalement en réunifiant les caradlères tirés de la forme , du nombre & de la pofition de ces écailles , que nous avons pu parvenir à diftinguer non-feulement les genres , mais encore les efpèces de Serpens , ainh Tqu'on pourra le voir dans la Table mé- thodique de ces animaux. Si 5 avant d'examiner les habitudes na- turelles de ces Reptiles , nous voulons jeter un coup-d'œil fur leur organifation interne , & (i nous commençons par con- fidérer leur tête ^ nous trouverons que la boîte ofîeufe en eft à-peu-près conformée comme celle des Quadrupèdes ovipares : cependant la partie de cette boîte qui repréfente Tos occipital , de qui eft faite en forme de triangle dont le fommet efi: tourné vers la queue , ne paroît pas en général avancer autant vers>. le dos que .dans ces Quadrupèdes j elle garantit peu â€S Serpens, y l'origine de la moelle épinière , & voilà pourquoi les Serpens peuvent être atta- qués avec avantage & recevoir aifément la mort par cet endroit mal défendu. Le refte de leur charpente ofleufe pré- fente de grands rapports avec celle de pluiieurs efpèces de poifTons , mais elle ofîre cependant une conformation qui leur eft particulière , & d'après laquelle il eft prefque aufîî aifé de les diftingiier que d'après leur forme extérieure. Elle eft la plus lim.ple de toutes celles des ani- maux qui ont du fang \ elle ne fe divife pas en diverfes branches pour donner naifîance aux pattes , comme dans les Qua- drupèdes-, aux aîles , comme dans les oi féaux , &c. elle n'eft compofée que d'une longue fuite de vertèbres qui s'é- tend jufqu'au bout de la queue. Les apo- phyfes ou émrnences de ces vertèbres font placées , dans la plupart des Serpens, de manière que l'animal puiiîefe tourner dans tous les fens , & même fe replier pluiieurs fois fur lui-même -, & d'ailleurs, dans prefque tous ces Reptiles, ces ver- tèbres font très- mobiles, les unes relati- vement aux autres j l'cxtrcmité poftérieure A iv 8 Hiftoire Naturelle de chacune étant terminée par une forte de globe qui entre dans une cavité de la vertèbre fiiivante j Se y joue librement comme dans une genouillère {a). De chaque côté de ces vertèbres font atta- chées des cotes ordinairement d^autant plus longues , qu'elles font plus près du milieu du corps, &qui, pouvant fe mou- voir en difîérens fens , fe prêtent aux -di- vers mouvemens que le Serpent veut exé- cuter. Vers. Textrémité de la queue , les vertèbres ne préfentent plus que des émi- nences, & font dépourvues de côtes (3). (o) C'eCî particulièrement ainfi dans fe Eoiquira ou grand Serpent â ibnnette. Edw, Tyfoii' Tranfadl^ jihilofjph' n.^ 144. .. (b) J'ai voulu lavoir û le nombre des vertèbres & des côtes des Serpens, a quelque rapport conf- iant avec îes différentes efpèccs de ces animaux. J'ai difiequé pîufieurs individus de diverfes efpé- ces de Serpens, & j'ai remarqué que le nombre .des vertèbres & des côtes augmentoit ou dimi- nuoit dans ies couleuvres, les boa, & les Serpens àfonnettes, avec celui des plaques qui recou- vrent le delTous du corps de ces Reptiles ; de telle ibrte , qu'il y avoit toujours une vertèbre , & par conféquent deux côtes , pour chaque plaque : niais mç3 obiwvatioiîs n'eot pas été affçz muki- des Serpens, 9 Ces vertèbres & ces cotes compofent tonte la partie iolide du corps JesSerpensj. auflî leurs organes intérieurs ne font-iis dé- fendus , dans la partie de leur corps quî touche à terre , que par ies plaques ou grandes écailles qui les revêtent par-deP fous, 8c par une matière graifTcufe con- fîdérable que l'on trouve fjuvent entre la peau de leur ventre & ces mêmes or- fanes. Cette graiifc doit aulîî contribuer entretenir ieitr chaleur intérieure , à préferver leur lang des effets du froid , &: à les louftraire, pendant quelque temps^ à l'engourdiffement auquel ils font iiijets,, dans certaines contrées y à l'approche der Thiver-, elle leur efl d'autant plus utile ,■ que la chaleur naturelle de leur fang eft peu confîdérabic -, ce fluide ne circxile , dans les Serpens y qu'avec lenteur y rela-- tivement à la vîtefîe avec laquelle il coule dans les Quadrupèdes vivipares & dans^ -^' — ■ . . , , , . , . . ^ ^ ^ pliées pour que j^eu regarde îe réfuïtat commit confiant. Voyez dans l'article intitulé , Nomenda^ fure des Serpens^ ce que l'on peut penler du rap- port du nombre de ces plaques avec l'âgée ou l^' fexe des Reptiîes, &c» lo Uijloire Naturelle îes oi féaux. Et comment fer oit-il poufîé avec autant de force dans les Reptiles que dans les oifeaux & les vivipares , puif- que le cœur des Serpens n'eft compofé que dun ventricule ( j) -, & puifque la communication entre le fing qui 7 arrive & le fang qui en fort , peut être indé- pendante des olcillatioils des poumons & de la refpiration , dont la fréquence échauRe &: anime le fang des vivipares Se des oifeaux ? Le jeu du cœur & la circulation ne fe- roient donc point arrêtés , dans les Ser- pens, par un très-long féjour fous Teau, & ces animaux pourroient refter habituel- lement dans cet élément, comme les poif- fons, fi Tair ne leur étoit pas néceffaire, de même qu'aux Quadrupèdes ovipares , poiu: entretenir dans leur fang les qualités nécefîaires à fon mouvement & à la vie , pour dégager ce fluide des principes fura- (a) L'oreiHette du cœur de plufieurs efpècesde Serpens eft conformée de manière à paroître dou- iiie , ainfi que dans un grand nombre de Quadru- pèdes ovipares ; mais aucun de ces Reptiles n'a deux venuicuies. des Serpens. i i tondans qui en engoiirdiroient la iiiajfîe, ou y porter ceux de liquidité qui doivent î'animer [a]» Les Serpens ne peuvent donc vivre daiis Teau ^m-\s venir fouvent à la furface *, & la refpiratîon ieur cft pref- qu'aufîî néceflaire que il leur cœur étoit conformé comme celui de Thomme & 'des Quadrupèdes vivipares , Se que la cir- culation de leur fang ne pût avoir lieu qu'autant que leurs poulmons afpire- roient Tair de ratmofphère. Mais ieur refpiratio'n n'eft pas aufîi fréquente que celle des Quadrupèdes vivipares Se d^s oifeaux-, au lieu de reiïerrer & de dila- ter leurs poulmons par des ofcillations promptes & régulières , ils laident échap- per avec lenteur la portion d'air atmof- phérique qu'ails ont afpirée avec aiTez de rapidité-, & ils peuvent d'autant plus fe paffer de refpirer fréquemment , que leurs poulmons font très-grands encomparaifon du volume de leur corps , ainii que ceux des tortues , des crocodiles , des iaiarhan- dres 5 des grenouilles , &c, & que ^ dans - ■ ■ I. (^a) DifcoursfuT la nature des Quadni^cJes opiparèf» A vj 12, Hijîû ire Naturelle certaines efpèces , telles que celle du Bori quini 3 la longueur de ces vifcères égalant ^-peu-près les trois quarts de celle du corps, ils peuvent afpirer à-la-fois une très-grande quantité d'air (a)» Ils font pourvus de prefqu'autant de vifcères que les animaux les mieux orga.- nifés -, ils ont un œfophage ordinaire- mant très-long Se fufceptible d'une très- grande dilatation , un eftomac , un foie avec fon conduit , une vcficule du fiel , une forte de pancréas y 8c de: longs intes- tins qui , par leurs circuits , leurs divers diamètres, 8c les efpèces de féparations tranfverfales qu'ils contiennent, forment plulieurs portions diflindtes analogues aux inteftins grêles 8c aux gros in- teftins des vivipares , 8c après plu- "iieurs {inuofités , fe terminent par une portion droite , par une forte de redtam , comme dans les Quadrupèdes. Ils ont aufîî deux reins , dont les con- duits n'aboutiflcnt pas à une veille pro* «■M faj OhfcTv. cnatom/q' d'Edw, Tyfon p Tranfa^» des Serpens, rj prement dite, ainli que dans les QuadrL> pèdes vivipares, mais fe déchargent dans un réfervoir commun femblable au cloi^- que des oifeaux , & où fe mêlent de même les exerémens , tant fol ides que liquides* Ce réfervoir commun n'a qu'une feule ouverture à l'extérieur*, il renferme, dans les mâles , les parties qui leur font né^ cefTaires pour perpétuer leur efpèce , 5c qui y demeurent cachées jufqu'au mo- ment de leur accouplement : e'eft aufS dans l'intérieur de ce réfervoir que font placés , dans les femelles, les orifices des deux ovaires; & voilà pourquoi , dans k plupart des Serpens , & excepté cer?« taines circonftances rares , voifines de l'accouplement de ces animaux, on ne peut s'aifurer de leur fexe d'après la feule coniidération de leur conformation exté?* rieure. Prefque toutes les écailles qui recou^ vrent les Serpens , & particulièrement les grandes lames qui font fituées au- defîbus de leur corps ,, font mobiles in- dépendamment les luies des autres *, ils peuvent redreffer chacune de ces lames par un mufcle particulier qiii y aboutit i ï4 Uifioire Naturelle 'dès-îors chacune de ces pièces , en s*éîe- vant & en fe rabaifiant , devient une forte de pied , par le moyen duquel ils trouvent de ia réfiflance , & par confé- qiient, un point d'appui dans ie terrein qu'ils parcourent , & peuvent fe jeter , pour ainfî dire , dans le fens oii ils veu^ lent s'avancer. Mais les Serpens fe meu- vent encore par un moyen plus puiflant ; ils relèvent en arc de cercle , une partie plus ou moins étendue de leur corps *, ils rapprochent les deux extrémités de cet arc 5 qui portent fur la terre , & iorf- qu'elles font près de fe toucher, Tune ou l'autre leur fert de point d'appui pour s^élancer, en aplatiiîant ia partie quiétoit élevée en arc de cercle. Lorfqu'iis veu- lent courir en avant , c'efi: fur l'extré- mité poUérieure de cet arc qu'ils s'ap- puient \ & c'eft au contraire fur la par- tie antérieure , lorfqu'iis veulent aller en arrière. Chaque fois qu'ils répètent c^ttc action , ils font, peur ainli dire, un pas de h. grandeur de la portion de leur corps qu'ils ont courbée , fans compter l'éten- due que peut donner à cet intervalle par- des Serpens. 15 coiini , rélafticité de cette même por- tion de leur corps qu'ils ont pliée ^ & qui les lance avec roideur en fe réta* ijlîfTant. Ces arcs de cercle font plus ou moins élevés , ou plus ou moins multi- pliés dan^ chaque individu , fuivant fou efpèce , fa grandeur , fes proportions y h force , ainfi que le befoin qu il a de courir plus ou moins vite *, & tous ces arcs 5 en fe débandant fucceiîîvement , produifent cette forte de mouvement que l'on a appelle vermJculaire 5 parce que les vers proprement dits , qui font dépour- vus de pieds, ainfi que les Serpens, font également obligés de l'employer pour rhanger de place. • Pendant que les Serpens exécutent ces divers mouvemens, ils portent leur tête d'autant plus élevée au-deffus du terrein 5 qu'ils ont plus de vigueur & qu'ils font animés par des fenfations plus vives : & comme leur tête eft articulée avec l'épine du dos , de manière que la face forme un angle droit avec cette épîne dorfaîe y les Serpens ne pourroîent point fe fervir de leur gueule , ne verroient point de- vant eux , & ne s'avanceroient qu en ta- 1(3 Byîoire Naturelle tonnant dans les momens où ils relèvei:^^ la partie la plus antérieure de leur corps-, s'ils n'en replioient alors rextréraité de mcinière à confervcr à leur tête uiie po-. ûtion horizontale» Quoique toutes 1-es portions du Gorpy des Serpens jouirent d'une grande éiai^ ticité 5 cependant j dans le plus grand nombre d'efpèces , ce rcfîort ne doit pas être également dillribué dans toutes les parties : auiïi la piivpart des Serpens ont- ils plus de facilité pour avancer que pour reculer : crailleurs les écaiiies qui les re- vêtent, & p.irticulièrement les plaques qui garnirent le deiTous dii ventre , fe recouvrent mutuellement Se font cou- chées de devant en arrière les unes au- delTus des autres. Il arrive de- là que , lorfque les vSerpens les redrefient, elles forment , centre le terrein , un obftacle qui arrête leurs mouvemens , s'ils veu- lent aller en arrière ^ tandis qu'au con- traire 5, lorfqu'ils s'avancent , la furface cjii'ils parcourent applique ces pièces les unes contre les autres dans le fens ou elles fe recouvrent naturellement. Quelques efpèces cependant , dont W des Serptns. i 7 corps eft d'une grofleur à-peu-près égale à~ Tes deux extrémités , & qui au lieu de plaques , n'ont que des anneaux circu- iaires , paroiffent jouir de la faculté de fe mouvoir prefqu aufll aifément en ar- rière qu'en avant , ainfi que nous le ver- rions dans la fuite (a) *, mais ces efpcces ne forment qu'une petite partie de l'ordre dont nous traitons. Lorfque certains Serpens , au lieu de Te mouvoir progreflivement pendant un temps plus ou moins confidérable , & par une fuite d'efforts plufieurs fois répétés , ne cherchent qu'à s'élancer tout-d'un- coup d'un endroit à un autre , ou à fe jeter fur une proie par un feul bond , ils fe roulent en fpirale au lieu de former des arcs de cercle fucccflifs -, ils n'élèvent prefque que la tête au-deilus de leur corps ainfi replié 8c contourné -, ils tendent , pour ainfi dire , toutes leurs parties élaf- tiques , & réuniffant par-là toutes les forces particulières qu'ils emploient l'une après l'autre dans leurs courfes ordinaires, alongeant tout-d'un-coup toute leur mafle, (a) ArdçUs dti Serpens Jmp/ùsièues- 1 8 HiJIoire Naturelle & îeurs refîorts fe débandant tous à-îa- foîs , ils fe déroulent & s'élancent vers l'objet quils veulent atteindre , avec la rapidité d'une flèche fortement vibrée , & en franchisant fouvent un efpace de plu (leurs pieds. Les Serpens , qui grimpent fur les ar- bres, s'y retiennent en entourant les tiges Se les rameaux par les'divers contours de ieur corps -, ils en parcourent les bran- ches de la même manière qu'ils s'avancent fur la fur face de la terre *, ils s'élancent d'un arbre à un autre , ou d'un rameau à un rameau , en appuyant contre l'arbre une portion de leur corps , & en la pliant de manière qu'elle faife une forte de reiTort & qu'elle fe débande avec force *, ou bien ils fe fufpendent par la queue, & balançant à pluiieurs reprifes leur corps qu'ils alongent avec effort , ils at- teignent la branche à laquelle ils veulent parvenir , s'y attachent en l'embraffant par plufieurs contours de leur partie an- térieure, fe refferrent alors , fe raccour- cilfent, ramaffent, pour ainfi dire, leur corps , &c retirent à eux leur queue qui" ieur avoit fervi à fe fufpendre. des Serpens. i 9 Les très-grands Serpens remportent en îongiieur fur tous les animaux , en y comprenant même les crocodiles , dont la grandeur eft la plus démefurée , ^ qui ont depuis vingt-cinq jufqu'à trente pieds de long , & en n'en exceptant que les ba- îeines & les autres grands cétacées. A Tautre extrémité cependant de Téchelle qui comprend tous ces Reptiles arrangés par ordre de grandeur , on en voit qui ne font guère plus gros qu'un tuyau de plume, & dont la longueur , quin'efl. que de quelques pouces, furpalîeà peine celle des plus petits Quadrupèdes , tant ovipares que vivipares. L'ordre des Ser- pens eft donc celui ou les plus grandes & les plus petites efpèces diffèrent le plus les unes des autres par la longueur. Mais fi, au lieu de mefurer une feule de leurs dimenfions , on pèfe leur maffe , on trouvera que la quantité de matière que renferment les Serpens les plus gigan- tefques, eft à-peu-près dans le même rapport avec la matière des plus petits Reptiles , que la maiîe des grands éié- phans , des hyppopotamxcs , &c. avec . celle des rats , des mufaraignes , des plus petits Quadrupèdes vivipares. zo Hi/Ioire Naturelle Ne poiirroit-on pas penfer que , dans tous les ordres d'animaux _, la même pro- portion fe trouve entre ia quantité de matière modelée dans îes grandes e.rpè- ces , & celîe qui efl: employée dans les petites ? Mais j dans Tordre des Serpens ^ tous les développemens ont dû le faire en longueur plutôt qu'en groileur *, fans , cela , ces Reptiles , & fur-tout ceux qui vfont énormes , privés de pattes Se de bras 5 auroient à peine exécuté quelques -' mouvemens très-lents : ia viteiîe de leur courfe ne doit-elle pas, en effet, êtve proportionnée à la grandeur de Tare que leur corps peut former pour fe débander enfuite ? Àuroient-ils pu fe plier avec facilité 5 8c chercher fur ia iurface du ter- rein 5 des points d'appui qui remplaçaiient les pieds qui leur manquent ? Ne pou- vant ni atteindre leur proie , ni échap- per à leurs ennemis , n'auroient-ils pas été comme des maffes inertes expofées à tous les dangers & bientât détruites î La matière a donc du être façonnée dans une dimeniion beaucoup plus que dans wnc autre , paur que le produit de ce travail pût fubrider , ëc que l'ordre des Serpens ae fût pas aftéanti , ou du moins des Serpens, 1 1 tr^s-diminué *, & voilà pourquoi la même proportion de maffe fe trouve entre les grands & les petits Reptiles d'un côté , Se les grands & les petits Quadrupèdes de l'autre ; quoique les énormes Serpens .l'emportent beaucoup plus , par leur longueur , fur les plus petits de ceux que l'on connoît , que les éléphans ne uirpaiïent les mufaraignes & les rats , par leur dimenfion la plus étendue. Entre les limites afficjnées par la Na- ture à la longueur des Serpens , c'cft-à- dire , depuis celle de quarante ou même cinquante pieds , jufqu'à celle de quel- ques pouces , on trouve prefque tous les degrés intermédiaires occupés par quel- que elpèce ou quelque variété de ces Reptiles , au moins à compter depuis les plus courts jufqu'à ceux qui ont vingt ou vingt-cinq pieds de longueur. Les ef- pèces fupérieures paroiiîent enfuite com- me ifoiées -, ceci fe trouve conforme à ce que l'on a déjà remarqué dans les Qua- drnpèdes vivipares (à) , & prouve éga- lement que , dans la Nature , les grands faj Voyez les articles de l'éléphant & des autres grands Quadrupèdes, zz HiJIotre Naturelle objets font moins liés que les petits pat des nuances intermédiaires. Mais voilà donc j depuis la petite étendue de quel- ques pouces 5 jufqu'à celle de vingt-cinq pieds , prefque toutes les grandeurs inter- médiaires repréfentées par autant d'ef- pèces , ou du moins de races plus ou moins confiantes ; 8c cela ne fuffiroit-il pas pour montrer la variété qui fe trouve dans Tordra des Serpens ? Il femble , à ia vérité , au premier coup-d'œil , que des efpèces très-multipliées doivent fe refîembler prerqu'eritièrement dans un or- dre d'animaux dont le corps , toujours formé fur le même modèle , ne préfente aucun membre extérieur 8c Taillant qui , par fa forme & le nombre de fes parties , puiffe offrir des différences fcnfibles. Mais fi Ton ajoute à la variété des lon- gueurs des Serpens , celle des couleurs éclatantes dont ils font peints , depuis le blanc Se le rouge le plus vif , jufqu'aii violet le plus foncé , Se même jufqu'au noir -, fi f on obferve que ce grand nom- bre de couleurs font merverlleufement fondues les Unes dans les autres , de ma- nière à ne préfenter que très-rarement la àes Serpens. tj iTïême teinte lorfqu'elles font dfverfe- ment éclairées pvir les rayons du foleil ; fi l'on fe retrace tout-à-la-fois ce nombre de Serpens, dont les uns n'offrent qu'une feule nuance , tandis que les autres bril- lent de pluHeurs couleurs plus ou moins contraftées , enchaînées, pour ainfi dire^ en réieaux , diftribuées en lignes , s'éten- dant en raies , difpofées en bandes , ré- pandues par taches , femées en étoiles , repréfentant quelquefois les figures les plus régulières & fouvent les plus bizar- res -, & fi l'on réunit encore à toutes cq% différences , celles que l'on doit tirer de la pofition , de la grandeur , & de la forme des écailles , ne verra-t-on pas que l'ordre des Serpens eft un des plus variés de ceux qui peuplent & embellillent la furface du globe ? Toutes les efpèces de ces animaux ha- bitent de préférence les contrées, chaudes ou tempérées : on en trouve dans les d^wx mondes , où ils paroifient à-peu- près également répandus en raifon de la chaleur , de Thumidité , & de l'efpace libre {a). Plufieurs de ces efpèces font (aj %i Le mélange de la chaleur & de Phumidité 34 Hijîoire Naturelle communes aux deux contînens -, mais lî paroît qu'en général , ce font les plus grandes qui appartiennent à un plus grand nombre de contrées diôér entes. Ces gran- des efpèces ayant plus de force & des armes plus meurtrières , peuvent exécu- ter leurs mouvemens avec plus de promp- titude, foutenir pendant plus de temps une courfe plus rapide , fe défendrf avec plus d'avantage contre leurs ennemis , chercîier & vaincre plus facilement une proie 5 fe répandre bien plus au loin , fc 9» produit , à Siam, des Serpens d'une monf- j> trueufe longueur ; M n^eft point rare de leur >» vo\r plus de vingt pieds de long, & plus d'un 9» pied & demi de diamètre. »> Bifi. génér- dss V&y- édit- in-i2. voL 34 , p- 383. >» L'humidité jointe au ferment continuel de » !a chafeur, produit, dans toutes fes Ifles Phi- » iippines , des Serpens d'une grandeur extraor- »» oinaire Lesbobas, qui font les plus grands, »» .ont quelquefois trente pieds de longueur. »♦ Jîljl' génér. des Voy- èdit- in-l2. ro/. 39, p. 100 iffu!i>. Comme nous ne voulons pas multiplier les Tiotes fans nécefiité, nous ne citons ici que ces deux pacages , parmi un très-grand nombre que nous pourrions rapporter, & dont plufieurs font répan^ dus dans cet Ouvrage. trouver: des Sirpens. 25 trouver au milieu des eaux avec moinî de crainte , nager avec pi us de conf- tance , lutter contre les flots , voguer avec vîtefTe au milieu des ondes agitées , & traverfer même des bras de mer éten- dus. D'ailleurs ne pourroit-on pas dire que le moule des grandes efpèces eft plus ferme , moins foumis aux influences de la nourriture & du climat ? Les petites efpèces ont pu être aifément altérées dans leurs proportions , dans la forme ou le nombre de leurs écailles , dans la teinte ou la difliribution de leurs couleurs , de manière à ne plus préfenter aucune image de leur origine *, les changemens qu'elles auront éprouvés n'auront point porté uni^ quement fur la fiirface ; ils auront péné- tré , pour ainli dire , dans un intérieur peu Tufceptible de réiiflance : toutes ces variations auront influé fur leurs habi- tudes , & ne pouvant pas oppofer de grandes forces aux accidens de toute ef- pèce , non plus qu'aux vicifïitudes de Tat- mofphcre , leurs mœurs auront changé de plus en plus , & tout aura fi fort varié dans ces petits animaux , que bientôt les diverfes races forties d'une Touche com- Serpens, TomellL B 2 6 Uifîoire Naturelle mune , n'auront pas préfenté afîcz de reflemblanees pour confcituer une même çfpèce. Les grands Scrpens , au contraire „ pciivent h'icn ofîrîr , fous les divers climats, quelques diftérences de cou- leurs ou d'habitudes qui marquent Tin- fluence de la terre & de Tair , à laquelle aucun animal ne peut fe fouftraire -, mais plus indépendans des circonftances de lieux & de temps , plus conftans dans leurs habitudes , plus inaltérables dans îeurs proportions , ils doivent préfenter plus fouvcnt, dans les pays les plus éloi-^ gnés, le nombre & la nature de rapports qui conftituent Tidentité de refpèce. Ce feront quelques-uns de ces grands Ser- pens , nageant à la Çmhct de la mer , fuyant fur les eaux un ennemi trop à crain-. dre pour eux , ou jetés au loin par les vagues agitées , élevant avec fierté leur tcte au-deffus des flots , & fe recourbant avec agilité en replis tortueux , qui auront fut dire, du temps de Pline , ainiî que ie rapporte ce grand Naturaliftc , qu'oft avoit vu des migrations par mer , de dra- gons ou grands Scrpens, partis d'Ethiopie, ^ ayant près de vingt coude es de iow-j des Serpens. xy gueur (a) , &: qui auront donné Ircu aux divers récits fcmbiables de plulîeurs Voya- geurs modernes. Mais il n'en eft pas des Serpens comme des Quadrupèdes vivipares : moins par- faits que ces animaux , moins pourvus de fang , moins doués de chaleur & d'a6fci- vité intérieure , plus rapprochés des in- fe<3:es , des vers , des animaux les moins bien organifés , ils ne craignent point l'humidité lorfqu'elle eft combinée avec la chaleur : elle femble même leur être alors très-favorable -, & voilà pourquoi aucune efpèce de Serpent ne paroît avoir dégénéré en Amérique : on doit penfer, d'après les récits des Voyageurs , qu'elles n'ont rien perdu, dans ces pays nouveaux , de leur grandeur ni de leur force -, & même dans les terres les pius inondées de ce continent , les grands Serpens pré- sentent une longueur peut-être plus con- iîdérable que dans les autres parties du nouveau monde {b)* (a) Pline, Lii'ie huitième. (b) Voyez \%% articles particuliers de cette Hif* toire» 2 8 Hijloire Naturelle Si l'humidité ne nuit pas aux diverfes. cfpèces de Serpens , le défaut de chaleur leur efl funefte -, ce n'eft qu'aux environs des contrées équatoriales qu'on rencon- tre ces énormes Reptiles , Tefîroi des Voyageursf^ & lorfqu'on s'avance vers les régions tempérées , & fur-tout vers les contrées froides , on ne trouve que de. très'petites efpèces de Serpens. L'on peut préfumer que ce n'eft pas la chaleur feule qui leur eft nécefîaire -, nous fommes afiez portés à croire que, fans une certaine abondance de feu éledriquc répandu dans l'atmofphère , tous leurs reiTorts ne peuvent pas être mis en jeu avec avantage, Se qu'ils ne jouiiïent pas par conféquent de toute leur adivité. II femble que les temps orageux , où le fluide électrique de ratmofphère cù. dans cet état de distribution inéçaie qui pro- duit les foudres , animent les Serpens 3.U lieu de les appefantir , ainli qu'ils abat- tent l'homme & les grands quadrupèdes ;i ceft principalement dans les contrées, très-chaudes que la chaleur , plus abon- dante , peut , en fe combinant , produire ime plus grande quantité de fluide élecV des Serpens. 29 trîque *, c*eft en effet, vers ces contrées cquatoriales que le tonnerre gronde le .plus fouvent & avec le plus de force*, & voilà donc deux caufes , Tabondance de la chaleur , & la plus grande quantité de feu éle^rique , qui retiennent les grandes efpèces de Tordre des Serpens aux envi- rons de lequateur & des^ tropiques* On a écrit mille abfurdités fur l'accou- plement des Serpens : la vérité eft que îc mâle & la femelle , dont le corps eft très-flexible , fe replient Tun autour de Tautre , & fe ferrent de fi près , qu'ils paroifient ne former qu'un feul corps à deux têtes. Le mâle fait alors fortir par Ton anus les parties deftinées à féconder fa femelle, & qui font doubles dans les Serpens, ainfi que dans plufieurs quadru- pèdes ovipares , & communéinent cette union intime eft longuement prolon- gée {a). (d) Sans cette durée de îeur accoupiement, iC feroit fouvent infécond ; ils n'ont point, en effet, de véficule Céminale , & il paroît que c 'eft dans cette efpèce de réfervoir que ia liqueur prolifique ^e$ animaux doit fs rairçtnl^ler, pour que , dam Biij 3© Hiftcire Naturelle Tous les Serpens viennent d'un œuf, ainli que ies quadrupèdes ovipares , les oifeaux & ies poiflbns ', mais , dans certaines ef- pèces de ces Reptiles , îes œufs éclofcnt dans le ventre de la mère j & ce font celles wn court efpace de temps, il« puiflent en fournir une quantité fuffilanteà la fécondation : les tefti-- cules où cette liqueur fe prépare, ne peuvent ia laitTer échapper que peu-à-peu ; & d'aifleurs les conduits par où eUe va de ces tefticu^es aux or- ganes (le la générâtian , étant trés-Iongs , très- étroits, & plufieurs fois repliés fur eux-mêmes, dans les Serpens , il n'eft pas furprenant qu'ils aient befoin de demeurer long-temps accouplés pour que la fécondation puiffe s'opérer. li en ett de même des tortues & des autres Quadrupèdes ovipares qui , n'ayant pas non pius de véiicuîe féminaîe, demeurent unis pendant un temps aflez long; & cette union très-proibn'gée eft, en queî- oue forte, forcée dans [es Serpens, par une fuite de îa conformation de la double verge du mâle; eiîe efrg'arnie de petits piquans tournés en arrière, oc qui doivent fervir à l'anima! à retenir ia femelle, & peut-être à l'animer. Au.4-efte-,-l'impreffion d© ces aiguillons ne doit pas être très-forte fur les parties fexueiles de ia femelle, car elles font pref- que toujours cartilagin^ufes. On peut conlulter , à ce fujet , dans les TranlaCtions pbiiofophiques , N.'' 144 , les Obfervations de M. Tyfon, célèbne Anatomifte, dont nous adoptons ici l'opinion. des Serpens. 5 ï auxquelles on doit donner ie nom de vipère , au lieu de celui de vivipare ^ pour les diftinguer des animaux vivipares proprement dits {a). Mk (a) Nous croyons , pour éviter toute difficulté relativement à cette eKpveiïion d'ovipare & à !a pro- priécé qu'elle déùgHe, devoir expofer ici ia dif- férence qu'il y a entre les animaux vivipares pro- prement dits , & les ovi.-)are3 ; différence qui a été très-bien fentie par pkifieurs Naturaliftes. On peut , à la rigueur y regarder tous les animaux comme venant d'un œuf, & dès lors il fembleroic <]u'on ne pourroic diftinguer les vivipares d'avec les ovipares , que par la propriété de mettre au jour des petits tout formés , ou de pondre des ceufs. Mais l'on doit admettre deux fortes d 'œufs; dans la première, le fœtus eft renfermé dans une enveloppe que l'on nomme amnios , avec un peu de liqueur qui peut lui fournir le premier ali- ment ; mais comme cette liqueur n'eft pas fuffi- fante pourle nourrir pendant fon développement, l'œuf eft lié par un cordon ombilical, ou parquel- qu'autre communication avec le corps de la mère, ou quelque corps étranger dont le fœtus tire fa nourriture : cet œuf ne pouvant pas fuffire à l'ac- croiflement , ni même h l'entretien de l'animal, n'elt donc qu'un œuf incomplet ; & tels font ceux dans lefquels font renfermés les fœtus de l'homme & des animaux à mamelles , qui ne peuvent poi t être appelles ovipares , puifqu'ils ne produifdit Biy 52 Hiftoire Naturdh Le nombre des œufs doit varier fuivant les efpeces. Nous ignorons s'il diminue ■■ ^11 »i IIJ1 pas d'œuf parfait , d'œuf proprement dît. Les œufs de la féconde forte font, au contraire, ceux qui contiennent non-feulement un peu de liqueur capable de fubftanter le fœtus dans les premiers momens de fa formation , mais encore toute la nourriture qui lui efi néceflaire jufqu'au moment où il brife ou déchire fes enveloppes pour venir à la lumière. Ces derniers œufs font pondus bien- tôt après avoir été formés , ou s'ils demeurent dans le ventre de la mère , ils n'y tiennent en au- cune manière ; ils en font entièrement indépen- dans , ils n'en reçoivent que delà chaleur, ils font véritablement complets ; ce font des œufs proprement dits , & tels font ceux des oifeaux, des poiflbns , desSerpens & des quadrupèdes qui n'ont point de mamelles. Tous ces animaux doi- rent être appelles ovipares, parce qu'ils viennent d'un véritable œuf; & li dans qi^elques efpèces de l'ordre des poiflbns ou de celui des quadrupèdes fens mamelles, ou de celui des Serpens , les œufs jéclofent dans le rentre même de la mère , d'où les petits fortent tous formés , ces œufs font tou- jours des œufs pa faits & ifolés ; les animaux qui en éclofent doivent être appelles ovipares , & fi on en nomme quelques-uns vipères ou vivipares, pour les diftinguer de ceux qui pondent, & dont l'incubation ne fe fait pas dans le ventre même de la mère, il ne faut point les conlidérer comme des vivipares proprçun^c dits , ce nom n'appar- des Serpens. 3^ e* proportion de la grandeur des anf« maiix , ainfi que dans les oifeaux ^ & de tenant qu'aux animaux dont les œufs font incom- plets & ne contiennent pas toute la nourriture néceflaire au fœtus» On doit donc diftinguer trois manières dont les animaux Viennent au jour ; pre- mièrement, Us peuvent fortir d'une enveloppe à laquelle on peut , fi l'on veut , donner le nom. d'œuf, mais qui ne forme qu'un œuf imparfait & nécelfairement lié avec un corps étranger ou le ventre de la mère Secondement ils peuvent ve- nir d'un œuf complet & ifolé, éclos dans le ventre de la mère* Et troitièmement , ils peuvent fortir d'un œuf aufli ifolé & complet , mais pondu plus ou moins de temps avant d'éclore. Ces deux der- nières manières font les mêmes quant au fond^ elles différent beaucoup de la première, mais elles ne différent l'une de l'autre que par les circonf- tances de l'incubation ; dans la Seconde , la chaleur intérieure du ventre de h mère déve-oppe fe vé- ritable œuf, tandis que dans h troifième, Ja cha- leur extérieure du corps de la mère , ou la chaleur plus étrangère du foleii & de i'atmofphère le fart éclore. Les animaux qui viennent au jour de la •féconde & de la troilième manière font donc éga- fement ovipares; j'ai donc été fondé à donner ce nom, avec la plupart des Naturaliltes, aux tortues, crocodiles, lézards, falamandres , grenouilles, & autres q\iadrupèdes fans mamelles ; & tous les Ser- pens, mêmes les vipères, doivent être aulïï regar-« àé» comme de vrais ovipares j ts^s-différçns éga« B Y 34 UiJIoire Naturelle jEiiéme que le nombre des petits dans les quadrupèdes vivipares. On a jufqu'â pré- fent trop peu obiervé les mœurs des rep- tiles, pour qu'on puifîe rien dire à ce fujet. L'on lait feulement qu'il y a des efpèces de vipères qui dontient le jour à plus de trente vipereaux ; Se l'on fait aufîî que le nombre des œufs , dans cer- taines efpèces de Serpens ovipares des contrées tempérées , va quelquefois juf- qu'à treize. Les œufs , dans quelques efpèces , ne fortent pas Tun après Tautre immédiate- ment : la femelle paroît avoir befoin de fe repofer après la fortie de chaque ceuf. Il eft même des efpèces oii cette fortie eft affez difficile pour être très-douloureufc. Une Couleuvre (à) femelle q^i'un Obfer- » lement , par leur manière de venir au jour, des •vivipares proprement dits. Voyez , à ce fujet ) Ray , Synopjîs methoiica animalium quairufedutn , ^ Sêrpentini ^encris' Lond. j6g'^,foI- 47 ^ foi' 2%^. (a) ** J'obfervai qu*un de ces Serpens femelle, 99 après s'être beaucoup roulé fur les carreaux, » ce qu'il n'avoit pas coutume de faire , y pondit 9> enfin un œuf; je le pris fur-le-champ , je le ^ mis fur uue table , & en le maniant deucementy âts Serpens, 3^ valeur avoit trouvée , pondant fes œufs avec lenteur & beaucoup d'efîorts, & qu'il aida à fe débarraffer de Ton fardeau , paroifToit recevoir ce fecours , non-feu- iement fans peine , mais même avec un plaifir afîez vif *, & en frottant molle- ment le defTus de (a tête contre la main de rObfervateur , elle fembloit vouloir lui rendre de douces carefîes pour fon' bienfait. L'on ignore encore combien de jours s'écoulent dans les diverfes efpèces, entre la ponte des œufs & le moment où le Ser- penteau vient à la lumière. Ce temps doit être très-relatif à la chaleur du cli- mat. n je îui facilitai la ponte de treize œufs. Cette »» ponce dura environ une heure & de.riie, car k •♦ chaque œuf il fe repofoit , & iorfque je ceflbis »» de l'aider , ii lui falloit pfus de temps pour faire *y fortir fon œuf; d'où j'eus !ieu de conclure que M le bon office que je lui rendois ne lui étoit pas j> inutile , & plus encore de ce que , pendant » cette opération , il ne ceffa de frotter douce- » ment mes mains avec fa tête , comme pour les >» chatouiller. ♦> Où fer i^'' iz George SegcruSf Médecin du Roi de J*ologne* Cul/i$' acad' ^aw étrahg-, vol' 3, Bvj 3 5 Hijloire Naturelle tes femelles ne couvent point leurs oeufs celles les abandonnent après ia pon- te*, elles les laiflent quelquefois fur la terre nue, fur-tout dans les contrées très-chau- des -, mais le plus fouvent elles les cou- vrent avec plus ou moins de foin , fiii- vant que Tardeur du foleil & celle de ratmofphère font plus ou moins vives (a) ; nous verrons même que certaines efpèces (û) « Au mois de Juillet dernier, j'apportai de s> îa campagne des grappes d*œufs de Serpens qui » avoient e'té trouvées dans le creux d'un vieux » arbre : les ayant ouverts avec précaution , j'y » trouvai de petits Serpens tout vivans , dont le » cœur avoitdesbattemens fenfibles. Le placenta^ » formé de quantité de vaifleaux, étoit attaché au 9> jaune, ou, pour mieux dire, en étoit un prolon- 5> gement , & alloitfe terminer en forme de petit »> cordon, dans l'ombilic du fœtus, allez prés de 9> la queue. Il eft h remarquer que ces œufs de 99 Serpens n'éclofent qu'au frais & à l'air libre , if & qu'ils fe deflecheroient dans un endroit fermé »» & trop chaud. Il y â apparence que cet animal j> étant naturellement froid , fes œufs n'ont pas 99 befoin d'une grande chaleur pour éclore. %9 Ohfcrvat'ion de Thomas BarthoUn , viférée dans les. jîdt' de Copenhague , en 1673 , ^ rapportée dans la Colledtion acsdémi^ue 5 part- étrangers ^ tom* 4 ; pag. 320. des Serpens. 37 qui habitent les contrées tempérées , I s dépofent dans des endroits remplis de vé* gétiux en putréfadion , & dont h ferment tation produit une chaleur a6trve {a). Si Ton calîe ces œufs avant que les petits loient éclos , on trouve le Serpen* teau rouie en fpirale. Il paroît p^ ndant quelque temps immobile \ mais il le terme de la fortie de Tœuf n étoit pas bien éloi* gné, il ouvre la gueule & afpire à plu- lieurs reprifes Tair de l'atmofpbère -, Tes poumons fe rem-pliiTent , & le jeu alter-- natif des infpirations & des expirations- eft pour lui un nouveau moteur aflez puif- fant pour quil s'agite, fe dérouk & com« mence à ramper, Lorfque les petits Serpens font éclo^ ou qu ils font fortis tout formés du ven- tre de leur mère , ils traînent feuls Jeur frêle exiftence-, ils n'apprennent de leur mère , dont ils font féparés , ni à diftin- guer leur proie , ni à trouver un abriv ils font réduits à leur feul fnftind : auflî w»- {d) Voyez particulièrement rarticîe de la Cou^ ieuYic à collier» - ^5 8 Bifîolre Naturelle doit-il en périr beaucoup avant qu'ils ioient aiïez développés & qu ils aient ac- quis affez d'expérience pour fe garantir des dangers. Et il nous vouions recher- cher quelle peut être la force de cet ïnÇ- ûnù, *, fi nous examinons pour cela les fens dont les Serpens ont été pourvus , jious trouverons que celui de l'ouïe doit être très-obtus dans ces animaux. Non- feulement ils font privés d'une conque extérieure qui ramafîé les rayons fonores , mais ils font encore dépourvus d'une ouverture qui laifîe parvenir librement ces mêmes rayons jufqu'au tympan au- quel ils ne peuvent aboutir qu'au travers d'écailies affez fortes & ferrées Tune con«« tre l'autre. Leur odorat ne doit pas être très-fin , car l'ouverture de leurs narines cft petite & environr^e d'écaillés , mais îeurs yeux , garnis , dans la plupart des efpèces, d'une membrane clignotante qui ies préferve de pluûeurs accidens & des effets d'une lumière prefque toujours trop vive dans les climats qu'ils habitent, font ordinairement brillons & animés , très- mobiles, très-faillans 5 placés de manière à recevoir l'image d'un cfpace «tendu > ■ àes Serpens. 59 tL \x pranelle pouvant aifément Te dilater & fc contrader , admet un grand nom- bre de rayons lumineux , ou arrcte ceux qui nuiroient à ces organes (a). Leur vue doit donc être , & eft en efîet, très- perçante. Leur goût peut d'ailleurs êtrp afTez adif , leur langue étant déliée & fendue de manière à fe coller aifément contre les corps favoureux (^) \ leur tou* (û) Lorfque la pruneîie eft refferrée , elle efj • très-alongée, comme dans les chats, les oifeaux de proie de nuit , &c- & e!b forme iine fenre horizontale dans certaines efpéces , & veriibate .dans d'âutres , quand la tête du Serpent eft ipa- rallèle à Phorizon. ■\^^ (b) Elfe eft ordinairement étroite, mince, dé- liée , & compofée de deux corps iongs & ronds, réunis enfembie dans les deux tiers de leur lon- gueur. Pline a écrit quelle ^toit fendue en trois ; elle peut Ie~ paroître lorfque ie Serpent l'agite vivement, mais elle ne l''eft réellement qu'en deux. Pline, LzV- y/, Chap* 65". Dans la plupart des efpèces, elle eft renfermée prefqu'en entier dans un fourreau , d'où l'animal peut la faire fortir en l'alongeant ; il peut même la darder hors de fa gueule fans remuer fes mâchoires & fans les léparer Tune de l'autre , la mâchoire fupé- rie«re ayant, au-deffous du mufeau , une pe- tite échancrure par cù ia Jangue peut paiTei j^ If 4b lUiJlùïre Naturelle cher même doit être aflez fort'*, îîs ne peuvent pas , à îa vérité , appliquer im- médiatement aux différentes furfaces , îa partie fenfible de ieur corps -, ris ne peu- vent recevoir par le lad: l'imprclîîon d^^ objets qui les environnent, qu'au travers des dures écailles qui les re\^êtent -, ils n*ont p( -int de membres divifés en pîu- iieurs parties , des mains , des pieds y des doigts fépjrés 1 s uns des autres ^ pour embraffer étroitement ces mêmes objets : mais comme ils peuvent formejr facilement pïufieurs replis autour de ceui qu'ils rûfiffent -, qu'ils les touchent^ pout ainfi dire., par une forte de main com- pofée d'autant de parties qu'il y a d'é- cailles dans le deffous de leur corps , & que par-là ils doivent avoir un toucher plus parfait que celui de beaucoup d'ani- maux , & particulièrement des qu^ndru- pèdes ovipares, nous penibns, qu'ils font plus fenfibles que ces derniers, &: qu'ils ■rWMi* par où, en effet, on voit fouvent débortfer les deux pointes de cet organe ^ ïnêm« dans l'état de yepos du Sejpeîtt.c'f •^^•' *••' "^ '"^i • ^^^ des Serpens, 41 ne cèdent en adivité intérieure qu'aux quadrupèdes vivipares Se aux oi féaux. D'ailleurs l'habitude d'exécuter avec fa- cilité des mouvemens agiles Se de s'élan- cer avec rapidité à d'aiî'ez grandes dif- tances , ne doit-elle pas leur faire éprou- ver dans un temps très-court , un grand nombre de fenfations qui remontent ^ pour ainfî dire , les reiîorts de leirr ma* chine , ajoutent à leur chaleur intérieure , augmentent leur fenfibilité , Se par con- féquent leur inftinâ; ? La patience avec laquelle ils favent attendre pendant très- long-temps , dans une immobilité pref- que abfolue , le moment de fe jeter fur leur proie -, la colère qu'ils paroiiient éprouver lorfqu'on les attaque , leur fierté lorlqu'ils fe redreflent vers ceux qui s'oppofent à leur paiîage 5 la hardieffc avec laquelle ils s'élancent même contre les ennemis qui leur font fupérieiurs -, leur fureur lorfqu'ils fe précipitent fur ceux qui les troublent dans leurs combats ou dans leurs amours , leur acharnement lorfqu'ils défendent leur femelle , la vi- vacité du fentiment qui fcmble les ani- mer dans leur union avec elle , ne prott ; 4 a- Hijloire Naturelle vent-iîs pas , en effet , la fiipériorité de leur fenlîbiîité fur celle de tous les ani- maux , excepté les oifeaux & les quadru» pèdes vivipares ? Noh - feulement plu- lieurs efpèces de Serpens vivent tranquil- lement auprès des habitations de l'hom- me, entrent familièrement dans fes de- meures , s Y établifîent même quelque- fois & les délivrent d'animaux nui (îb les , &: particulièrement d'infedres malfai- fans {a) \ mais Ton a vu des Serpens ré- duits à une vraie domefticité , donner à leurs maîtres des fignes d'attachement (fl) « Schouten décrit une efpèce de Serpens >» du Maiabar, que les HoHandois ont nommé »> preneurs de rats ^ parce qu^'ils vivent effedtive- »> ment de rats & de fouris , comme les chats y rt & qu'ils fe nichent dans les toits des maifons : >» loin de nuire aux hommes, ils paflent fur le 9* corps & le vifage de ceux qui dorment , fans f» leur caufer aucune incommodité; ils defcen- »» dent dans fes chambres d'une maifon , comme >» pour les vifiter , & fouvent ils fe placent fur le >» -^lus beau lit. On embarque rarement du bois »> de chauffage fans y jeter quelques-uns de ces î» animaux, pour faire la guerre aux infectes qui >i s'y retirent. »> Hift' géHCT* des t^oy. édit» in-l2« vd' 43 , /?. 346. des Serpens, 4 j rupcneiirs à tous ceux qu'on a remarqués dans plufieurs efpèces d'oifeaux & même de quadrupèdes, & ne le céder, en quel- que forte , pir leur fidélité , qu'à l'ani- mal même qui en eft le fymbole [a). Il en efl des Serpens comme de pîu- /îeurs autres ordres d'animaux : ceux qui font très-grands , font rarement plufieurs enfemble. Il leur faut trop de place pour fe mouvoir , trop d'efpace pour chafi^r ; doués de plus de force & d'armes plus puifiantcs , ils doivent s'inTpirer mutuel- lement plus de crainte : mais ceux qui n€ parviennent pas à une longueur très- confidérable ^ & qui n'excèdent pas fept ou huit pieds de long , habitent fouvent en très-grand nomxbre , non-feulement iur le même rivage ou dans la même fo- rêt , fuivant qu'ils fe nourrirent d^ani- iinaux aquatiques ou de ceux des bois , mais dans le même afyle fouterrain*, c'efl ■x^ans des cavernes profondes qu'on les rencontre quelquefois entafTés , poui;ainii (ji) Voyez particulièrement Tarticle dîè Ta Cou^ ^euvr^ commune. ^^./,. 44 Hijloire Naturelle dire , îes iins contre îes autres , repliés & entrelacés de telle forte , qu'on croi- • roit voir des Serpens à pîufieurs têtes. -Lorfqu'on parvient dans ces antres téné- breux 3 on n'entend d'abord que le petit fcruit qu'ils peuvent faire au milieu des feuilles sèches , ou fur le gravier en fe tournant &: en fe retournant > parce que naturellement paidbles iorfqu''on ne îes attaque point, ils ne cherchent alors qu'à fe cacher davantage, ou continuent fans crainte leurs mouvemens accoutu- més -, mais il on les efîraie ou les irrite par un fejour trop long dans leurs repai- res , on entend autour de foi leurs lîf- flemens aigus *, & fi l'on peut apperce- vorr \qs objets à l'aide de la foible clarté qui parvient dans la caverne , on voit un grand nombre de têtes fe drefîcr au- deffus de pîufieurs corps écailieux , entortillés & preffcs les uns contre les autres , & tous les Serpens f ire briller leurs yeux &: agiter avec vîteffe leur langue déliée^ Telle eft: l'efpèce de fociété dont cçs animaux font fufceptibles ; mars , dé* pourvus de mains éc de pieds , ne pou- vant rien porter qu'avec leur gueule ^ des SerpenSé 4j ik font pliifieurs cnfemble fans que leur uiiion produite jamais aucun ouvrage combiné , fans que leurs efîorts particu- liers tendent à un réfukat commun , fans qu'ils cherchent à rendre leur retraite plus commode -, & peut-être eft-ce par une fuite de ce défaut de concert dans leurs mouvemens , qu'on ne les voit point fe réunir contre les ennemis qui ïçs attaquent , ni chafTer en commun uae proie dont ils viendroient plus aifémcnt à bout par le nombre. Ils éprouvent , pendant l'hiver des latitudes élevées , un engourdifîement plus ou moins profond & plus ou moins long , fuivant la rigueur & la durée du froid : ce ne font guère qiie les petites efp.èces qui tombent dans cette torpeur , parce que les très-grands Serpens vivent dans la Zone torride , où les faifons ne font jarnais allez froides pour diminuer leur mouvement vital au point de les engourdir. Ils fortent de leur fommeil annuel , lorfque les premiers jours chauds du printemps fe font reilentir *, mais ce qui peut paraître fingulicr, c'eftquainfi que 4<5 Hijîoire Naturelle ïes quadrupèdes ovipares , Se prefque touk les animaux quipafîent le temps du froid dans un état de fopeur, ils fe réveillent de leur fommeii d'hiver lorfque la tem^- pérature eft encore m.oins chaude que celle qui n*â pas fuffi , vers la fin de l'au- tomne, pour les tenir en activité. On a obfervé que ces divers animaux fe reti- roientfouvent, pendant l'automne , dans leurs afyles d'hiver & s'y engourdie- fbient à une température égale à celle qui les ranimoit au printemps. D'où vient donc cette différence d'effets de la cha- ieur du printemps & de celle de l'au- tomne ? Pourquoi , vers la fin de l'hi- ver , le même degré de chaleur produit- il un plus haut degré d'aétivité dans les animaux ? C'efl que la chaleur du prin- temps n'eft point leleul agent qui ranime alors Se mette en mouvement les animaux engourdis. Dans cette faifon , non-feule- ment l'atmofphère commence à être pé- nétrée de chaleur -, mais encore elle fe remplit d'une grande quantité de fluide éledtrique qui fe difîîpe avec les orages de l'été -, Se voilà pourquoi on n'entend jamais , pendant Tautomne , un aul^j des Serpens, 47 grand nombre d'orages ni de coups de tonnerre aufîi vfolens , quoique quelque- fois la chaleur de ces deux faifons ioit égale. Ce feu élcdtrique efl un des grands agens dont fe fert la Nature pour animer les êtres vivans ', il n'eft donc pas furpre- nant que lorfqinl abonde dans ratmof- phère, les animaux déjà mus par cette caufc puilfante , n'aient befoin , pour reprendre tous leurs mouvemens , que d'une chaleur égale à celle qui les laif- feroit dans leur état de torpeur , li elle agilîoit feule. La plupart des animaux qui ont affez de chaleur intérieure pour ne pas s'engourdir > & l'homme même , éprouvent cette différence d'adlion de la chaleur du printemps & de celle de l'au-^ tomne^ ils ont, tout égal d'ailleurs, hiQtx plus de forces vitales & d'a(3:ivité inté-^ rfeure dans le commencement du prin- temps , qu'à l'approche de l'hiver , parce qu'ils font également fufceptibles d'être plus ou moins animés par le fluide élec- trique, dontl'adtion eft bien moins fortie dans l'automne qu'au printemps. Quelque temps après que les Serpen$ font forti§ de Içur torpeur , ils fc dépouil* 4 8 Hijîoii'ê Naturelle ient comme les quidrupèdes ovipares , & revêtent une peau nouvelle *, ils fc tiennent de même plus ou moins cachés pendant que cette nouvelle peau n'eft pas encore endurcie (a) *, mais le tempsr de leur dépouillement doit varier fuivant îes efpèces , la température du climat , êc celle de la faifon (a). C'eft même dans (a) L'on trouvera , à l'article de fa Couleuvre d'EfcuIape , i'expolition très-détail.'ée de la ma- nière dont fe fait !e dépouiHement des Serpens. (^è) <» Ayant trouvé, près de Copenhague, une f» grande quantité de Serpens de l'efpèce de ceux >» qu'on nomme Serpens d'EfcuIape, parce qu'ils f» ne font point dangereux & qu'ils n'ont point f> de venin, j'en pris queîques-uns en vie, que » je mis dans un panier, & que je fis porter dans >» mon cabinet. D'abord, pour plus grand* fû- ») reté , je leur arrachai la petite langue déiie'e » qu'ils dardent fans cefi'e, croyant alors , fui- M vant l'opinion vulgaire , qu'ils pouvoient par- là « faire des bleflures mortelles ; mais devenu par M la fuite plus hardi , je leur iaifiai cette partie ?> comme incapable de pouvoir faire le moindre st mal. Les Serpens *i qui j'avois ôté la langue » reftèrent dans le panier , que j'avois rempli »> d'une terre molle & humide, pendant plus îî de trois jours , triftes & fans mouvement , à îî m.oins qu'on ne les agecât; mais ayant recou- les Serpens des Strpens, 4P les Serpens que les Anciens ont prrncr- palement obfervé le dépouillement an»- nuel, & comme leur imagination riante & féconde fe phifoit à tout embellir, ik ont regardé cette opération comme une forte de rajcunillement , comme le figne d'une nouvelle exiftence, comme un dé- pouillement de la vieillefTe , & une ré- paration de tous les effets de Tâge \ ils ont confacré cette- idée par pluiîeurs pro- r* vré îeur première vigueur , ifs parcoururent » bientôt , fans aucune crainte , tous les recoins f> de mon cabijiet , fe retirant toujours, fur le »> foir, dans fe panier. Je m'apperçus, un jour »» qu*un d'eux faifoit les pîus grands efforts pour M- fe fourrer entre ce panier & le mur contre *f Jequel je i'avois piacé ; je le retirai donc uit >» peu , pour obferver dans quelle vue ce Ser- » pent cherchoit ainfi des lieux étroits , & dans >j i'inltant il fe mit en devoir de fe dépouiller de »♦ fa peau, en commençant prés de fa tête ; ie fj^ m'approchai alors, & je l'aidai peu-à-peu à s'en ft débarrafler. Ce travail fini, il fe retira dans fa ■»» boîte pendant quelques jours , & jufqu'à ce »» que fa nouvelle peau écailleufe eût acquis une »» confiftance convenable- >» Obfirv. de. George Stgerus, Ephéménd' des Curieux de la Nature , déc. i jflfl. I. — CoUe&. ac ad' part' étran^. tom. 3 , b. i, Serpens j Tome HL C jo Hifioire Naturelle verbes , 8c Tiippolant que le Serpent re-^ prenoit , chaqiit année , des forces nou- velles avec fâ nouvelle parure , qu il jouifîoit d'une jeunefîe qui s'étendoit au- tant que fa vie , & que cette vie elle- même étoit très-longue , ils fe font dé- terminés d'autant plus aifément à le re- garder comme le fymbole de Téternité , que pluiicurs de leurs idées aflronomi- ques de religieufes fe lioient avec ces idées phyiiques. On ignore , dans le fait , quelle efl: la longueur de la vie des Serpens. On doit croire qu'elle varie fuivant les efpèces , ôc qu elle eft d'autant plus confidérable , qu elles parviennent à de plus grandes dimenfions. Mais on n*a point , à ce fujet, d'obTervations précises Se fuivies.Et com* ment auroit-on pu en avoir ? La confor- mation extérieure de ces Reptiles eft trop iimple & trop peu variée , pour qu'on ait pu s'affiirer d'avoir vu plufieurs fois le même individu dans les bois ou dans les autres endroits où ils vivent en îiberté; & d'ailleurs les grands Serpens ont toujours inlpiré trop de crainte pour leurs furprifes. t» Hifl. généT' d&s F^ya^' édih Çv 5 8 Hijloire Naturelle de contes bizarres & abfurdes (a) , form^ une forte d'atmofphère empeflée autour de prefque tous les grands Reptiles, Toit qu'ils aient du venin , ou qu'ils n'en ioient pas infectés -, & elle ne doit être prefque jamais rapportée à k nature de ce poifon , qui ^ malgré fon adivité , ne répand pas fou vent une odeur fenfible , même lorfqu'il eft mortel. Lorfque les Serpens fe font précipités fur les animaux dont ils fe nourrirent , ils les retiennent en fe roulant plufieurs fois auteur d'eux , & en les ferrant dans îcurs nombreux replis -, ils les dévorent alors 5 & ce qui lert à expliquer com- ïnent ils avalent des volumes très-con(i- dérables, c'efb que leurs deux mâchoires font articulées enfemble de manière à pouvoir fe féparer Tune de l'autre , & s'écarter autant que la peau de la tête peut le permettre : cette peau obéifîant avec facilité aux efforts de i'âiiimal , S>c o' .(d^ Liiez -particufTêreTnerit l'HiftoFre génëraîé ffeiî Voyages , édition /«-la, tom. 53, pag^. 445 & fuiv. des Serpens, 59 les deux os qui forment les deux côtés de ch;îque mâchoire , n'étant réunis vers le mufcau que par des ligamens qui fç prêtent plus ou moins à leur réparation , il n'eft pas furprcnant que la gueule des Serpens devienne une large ouverture par laquelle ils peuvent engloutir des corps très-gros. D'ailleurs comme ils com- mencent par brifer au milieu de ieiurs contours, les os des animaux & les autres fubftances très-dures qu'ils veulent ava- ler-, comme ils s'aident, pour y parvenir plus facilement , des arbres , des grofîes pierres Se de tous les corps très-réhilans qui peuvent être à leur portée -, comme ils les enveloppent dans les mêmes replrs que leurs victimes , & qu'ils s'en iervent comme d'autant de leviers pour les écra- fer , il ell: encore moins étonnant que leurs alimens , étant broyés de manière à céder aux différentes preffions, & étant enduits de leur bave &: d'une liqueur qui les rend plus Toupies & plus gluarts , puilTent entrer en grande maiîe dans leuif gueule très-élargie \ ils ferrent même iou- vent leur proie avec tant de force ëc de promptitude, que non-ieulemcnt il^Ia C vj 6o HiJIoire Naturelle compriment , la brifent & la conca/Tent ; mais la coupent comme le fer le plus tranchant. Les Anciens connoifîoient cette ma- nière d'attaquer qu'emploient prefque tous les Serpens , & fur-tout les très- grandes efpèces. Pline (a) a écrit même que lorfqueces énormes Reptiles avoient avalé quelque grand animal , 6c par exemple une brebis , ils s'efîorçoient de le brifer en fe roulant en pluiieurs fens & en comprimant ainfî avec force ies os & les différentes parties de rani- mai qu'ils avoient dévoré. Leurs alimens étant triturés & préparés , avant de parvenir dans leur eflomac , ïl eft aifé de voir qu'ils doivent être aifé- ment digérés , d'autant plus que leurs iiics digeftifs paroiflent très-abondans , leur véncule du fiel , par exemple , étant •en'général très-grande en proportion des autres parties de leur corps, t La maffe des alimens qu'ils avalent efl quelquefois fi grofle, relativement à l'ou» ia) Pline, Liv' X, Chap» ^^, des Serpens. Ct Vcrtiire de leur gofîer, que , malgré tous leurs efforts , l'écartement de leurs mâ- choires & i'extenfion de leur peau , leur proie ne peut entrer qu'à demi dans leur cftomac. Etendus alors dans leur retraite, ils font obligés d'attendre que la partie qu'ils ont déjà avalée foit digérée , & qu'ils puiffent de nouveau écrafer , broyer, envduire & préparer les portions trop groffes •, & on ne doit pas être étonné qu'ils ne foient cependant pas étouffés par cette maff^e d'alimens qui remplit leur g.offer & y interdit tout paffage à l'air *, leur trachée-artère par oii l'air de ratmofphère parvient à leurs pou- mons (j), s'étend jufqu'au-deffus du four= reau qui enveloppe leur langue ^ elle s'avance dans leur bouche de manière que fon ouverture ne foit pas obffruée par un volume d'alimens fuffifant néan- moins pour remplir toute la capacité du (a) H n*y a point d'épigîotte pour fermer l'ou- verture de la trachée ; cette ouveiture ne confifte communément que dans une fente trés-étroite, & voilà pourquoi les Serpens ne peuvent faire en- tendre que diîs Hfflemens. 6i Uijloire Naturelle gofier -, & l'air ne cq{{q de pénétrer plus ou moins librement dans leurs poumons, jufqu à ce que prefque toutes les por- tions des animaux qu'ils ont faifis i oient ramollies , mêlées avec les fucs digeftifs, triturées, &c. Quelques efforts qu ils faf- fent cependant pour brifer & concaffer îes os , âinli que pour ramollir les chairs & les enduire de leur bave, il y a cer- taines parties , telles , par exemple , que îes plumes des oifeaux, qu'ils ne peuvent point ou prefque point digérer , & qu'ils rejettent prefque toujours. Lorfque leur digeftion eft achevée, ils reprennent une activité d'autant plus grande j que leurs forces ont été plus renouvellées •, & pour peu fur-tout qu'ils reflentent alors de nouveau l'aiguillon de la faim , ils redeviennent très-dangereux pour les animaux plus foibles qu'eux on moins bien armés. Ils préludent prefque toujours aux combats qu'ils livrent, par des (ifflemens plus ou moins forts. Leur langue étant très-déliée & très- fendue , & ces animaux la lançant en dehors, lorf- qu'ils veulent faire entendre quelques ions, leurs cris doivent toujours ctremo- des Strpens. ^3 difiés en fifflemen^i, & il eft à remarquer que ces fifïlemens , plus ou moins aigus , lie paroiffent pas être, comme les cris de pluiieurs quadrupèdes ou le chant de plufieurs oifeaux , une forte de langage qui exprime les fenfations douces auiîi bien que les afted;ions terribles*, ils n'an- noncent , dans les grands Serpens , que le beioin extrême , ou celui de Tamour ou celui de la faim. On diroit qu'aucune afîediion paifible ne les émeut aifez vive- ment pour qu ils la manifeftent par Tor- gane de la voix *, prefque tous les ani- maux de proie , tan»t de l'air que de la terre, les aigles , les vautours , les tigres j les léopards , les panthères, ne font éga- lement entendre leurs cris ou leurs hur- lemens que lorfque leurs chafTes com- mencent ou qu'ils fe livrent des combats à mort pour la libre pofïefîîon de leurs femelles. Jamais on ne les a entendus , comme plufieurs de nos animaux domef^ tiques & la plupart des oifeaux chan- teurs , radoucir , en quelque forte , les fons qu'ils peuvent proférer, & expri- m^er par une fuite d'accens plus ou moins tranquilles , une joie pailibie^ ime jouif«^ ^4 Uifloire Naturelle fance douce , Se poi^r ainli dire , un plaidr innocent-, leur langage ne lignifie jamais que colère & fureur; leurs cla- meurs ne font que des bruits de guerre -, elles n'annoncent que le deiir de faifir une proie & d'immoler un ennemi , ou ne font que Texpreilion terrible de la douleur arguë qu'ils éprouvent , lorfque leur force trompée n'a pu les garantir de blelîures cruelles , ni leur conferver la femelle vers laquelle ils étoient entraînés par une puilîance irréiiftibie. Si les lifflcmens des très-grands Ser- pens étoient entendus de loin , comme les cris des tigres , des aigles , des vautours , &:c. ils ferviroientà garantir de l'approche dangereufe de ces énormes Reptiles ; mais ils font bien moins forts que les rugrlTemens des grands quadrupèdes car- nalîîers Sz des oi féaux de proie. La mafîe feule de ces grands Scrpens , les trahit & les empêche de cacher leur pourfuite ; on s'apperçoit facilement de leur appro- che , dans les endroits qui ne font pas couverts de bois , par le mouvement des hautes herbes qui s'agitent & fe cour- bent fous leur poi»ds *, & on les voit auflî des Serpens. 6f quelquefois deloinjrcplrésfiir eux-mêmes, & préfentint ainfi un cercle affez vaftc Se aiïez élevé {a). Soit qu'ils recherchent naturellement l'humidité , ou que l'expérience leur ait appris que le bord des eaux , dans les contrées torrides , étoit toujours fré- quenté par les animaux dont ils font leur proie , Se qu'ils peuvent y trouver en abondance & fans la peine de la recher- che , l'aliment qu'ils préfèrent , c'efl au- près des marcs , des fontaines , ou des bords des fleuves qu'ils choififTent leur repaire. C'eft là que , fous le foleii ar- dent des contrées équatoriales , & , par exemple , au milieu des déferts fablon» neux de l'Afrique , ils attendent que la chaleur du midi amène au bord des eaux 3 es gazelles , les antilopes , les chevro- tains qui , confumés parla foif, excédés de fatigue , & fouvent de difette , au m'iieu de ces terres defîéchées & dépouil- lées de verdure , viennent leur livrer une proie facile à vaincre. Les tigres Se ■• (û) M. Adanfoii , Voyage au Sénégal* 66 Hijloin Naturelle les autres animaux , moins altérés d'eail que de fang , viennent aufîî fur ces rives , plutôt pour y faiiir leurs victimes j que pour Y étancher leur foif. Attaqués fou- vent par les énormes Serpens , ils les attaquent eux-mêmes. C'eft fur-tout au moment où la chaleur de ces contrées eft rendue plus dévorante par l'approche d'un orage qui fait briller les foudres & entendre fcs affreux roulemens , & où i'aétion du fluide éledlrique répandu dans Tatmofphère , donne , en quelque forte , une nouvelle vie aux Reptiles , que , tourmentés par une faim extrême , ani- més par toute l'ardeur d'un fable brûlant & d'un ciel qui paroît s'allumer, envi- ronnés de feu, & le lançant, pour ainfl dire , eux-mêmes par leurs yeux étince- îans , le Serpent & le tigre fe difputent avec le plus d'acharnement , l'empire de ces bords fi fouvent cnfanglantés. Des ■Voy^igeurs difent avoir vu ce fpedtacle terrible -, ils ont vu un tigre furieux , & dont les rugiiîemens portoient au loin l'épouvante,, faifir avec fes griffes , dé- chirer avec fes dents , faire couler le fang d'un Serpent démefiiré , qui , rou- des Serpens. Cy iant fou corps gigantefque, & fifflant de douleur & de rage , ferroit le tigre dans fes contours multipliés , le couvroit de fon écume rougie , Tétoufîoit fous Ton poids , & faifoit craquer Tes os au milieu de tous Tes rciîorts tendus avec force -, mais les efforts du tigre furent vains , fes armes furent impuiflantes , & il ei^ pira au milieu des replis de l'énorme Reptile qui le tenoit enchaîné. Et que Ton ne foit pas étonné de !a grande puifTance des Serpens s ^ les ani- maux carnafTiers ont tant de force dans leurs mâchoires , quoique la longueur de ces mâchoires n'excède guère un pied , & qu'ils n'agifîVnt que par ce levier uni- que , quels efîets ne doivent pas pro- duire , dans les Sei*pens, un très-grand nombre de leviers compofés des os , des vertèbres Se des côtes , & qui , par l'arti- culation de ces mêmes vertèbres , peu- vent s'appliquer avec facilité aux corps que les Serpens veulent faifir & écrafer ? A la force & à l'adreile les Serpens réuniifcnt un nouvel avantage -, on ne peut leur ôter la vie que difficilement , ainii qu'aux quadrupèdes ovipares , & 68 Hijhire Naturelle ils peuvent j fans e» périr , perdre une portion de leur queue , qui repoufîc prefque toujours lorfqu'elle a été cou- pée (a). Mais ce n'efl pas feulement par des bleflures qu'il eft difficile de les faire mourir , on ne peut y parvenir qu'avec peine par une privation abfoiue de nour- riture, puifquils vivent plufieurs mois fans manger {b) *, Se même il leur refte encore quelque fenfibilité lorfqu'ils ont été privés pendant long-temps 8c prefque entièrement , de Tair qui leur eft né- ceiïaire J30ur refpTrer. Redi a fait des expériences à '"e fiijet -, il a placé des Serpens dans le r tcipient d'une machine pneumatique , 8c après en avoir pompé prefque tout l'air , il les a vus donner encore quelques flgnes de vie au bout de près de vingt-quatre heures (r). Cette (d) Les Anciens ont exagéré cette propriété' des Reptiles : Pline a écrit que lorfqu'on arrachoit les yeux à un jeune Serpent , il s'en formoit de nouveaux. (^) Voyez îes divens articles de cette Hifioire. (c) Boyie a fait aufli des expériences anafogues. «4 Nous renfermâmes une vipère , dit ce ^rand des Serpens, 6^ expérience montre comment ils peuvent parvenir à tout leur accroiilement , jouir » Phyficien , dans un récipient des pîus grands >» entre les petits , & nous fîmes !e vuide avec ■M un grand foin ; la vipère alloit de bas en haut ^» & de haut en bas, comme pour chercher l'air; »> peu de temps après elle jeta par fa bouche un » peu d'écume qui s'attacha aux parois du verre, »» ion corps enfla peu , & le cou encore moins, M pendant que l'on pompoit l'air , & encore un »» peu de temps après; mais enfuite le corps & »» le cou fe gonflèrent prodigieufement , & il » parut fur le dos une efpèce de vefiie. Une n heure & demie après qu'on eut totalement « épuifé l'air du récipient, la vipère donna en- >» core des lignes de vie , mais nous n'en remar» >» quâmes plus depuis. L'enflure s'e'tendoît ju(^ a» qu'au cou , mais elle n'étoit pas fort fenfible à »« la mâchoire inférieure ; le cou, & une grande » partie du golier, étant tenus entre l'œil fit la s» lumière d'une chandelle , paroiflbient aflez tranf» jï parens dans les^ endroits qui n'étoient point f» obfcurcis par les écailles. Les mâchoires demeu- » rèrent fort ouvertes & un peu tordues; l'épir. M glotte & la fente du larynx, qui reftèrent au(5 »« ouvertes, alloient prefque jufqu'à l'extrémité » de la mâchoire inférieure ; la langue fortoit , n pour ainli dire , de deffous Tépiglotte , & s'é- >» tendoit au-delà ; elle étoit noire & paroifloic »» fans vie , le dedans de la bouche étoit aullî ti noirâtre i au bout de vingt-trois heures , ayanit 70 Hijlolre Naturelle de toute leur force, êc même choilir df préférence leur demeure au milieu des marais fangeux, 'dont les exhalailons em- peftées corrompent Tair , le rendent n faiiïe entrer i*aîr dans le récipient, nousobfer- »» vaines que h vipère ferma la bouche ;^ l'ialtant^ >» mais elle la rouvrit bientôt & demeura en cet >» état ; lorfqu'on lui pinçoit ou qu'on lui brûloit »» ia queue, on appercevoit , dans tout le corps, » des mouvemens qui indiquaient un relte de vie, M A ces expériences fur les vipères , j'en joindrai »♦ une faite fur un Serpent ordinaire & fans ve- rt nin , que nous renfermâmes , le 25 Avril , avec I» une jauge, dans un récipient portatif : ayant >» épuifé l'air de ce récipient, & pri« les précau- H tions néceflaires pour que Pair extérieur n*y » pût pas rentrer , nous le portâmes dans un n endroit tranquille & retiré; il y refta depuis les n dix ou onze heures après midi, jufqu'au len- M demain environ les neuf heures du matin, 5c M alors le Serpent me parut mort ; mais ayant »» mis le récipient auprès du feu , à une diftance ï« convenable, l'animal donna des lîgnei de vie 9t & darda même la langue fourchue; je le laiffai fi en cet état , & n'étant revenu !e voir que le 9* lendemain après midi , je le trouvai fans vie M &: ne pus le faire revenir ; fa bouche qui étoit >» fermée la veille , fe trouvoit alors fort ouverte, »> comme û les mâchoires euffent été écartées « avec violence. » CoiliH- académ- partie etran^ des Scrpens. jx ttioîns propre à la rcfpiration , 8c pro- duifent dans ratmofphcre i'eftet d'un commencement de viiide. Quoique de tous ies temps les Serpens ; &: fur-tout les très-grandes efpèces , ainiî que celles qui font venimeufes , aient dû infpirer une frayeur très-vive, leur forme remarquable & leurs habitudes lingulières , ont attiré fur eux affez d'at- tention pour qu*on ait reconnu leurs qualités principales. Il paroît que les Anciens connoifîoient , même dès les temps les plus reculés , toutes les pro-» priétés que nous venons d'expofer. II faut qu'elles aient été obfervées dans ces temps antiques , dont il nous refte à peine quel^ ques monumens imparfaits , & qui ont précédé les (iècles nommés héroïques, où îa plupart des idées religreufes des Egyp* tiens & des Grées , ont commencé à prendre ces formes brillantes qui ont fourni tant d'images à la Poéfîe. Si nous ouvrons , en eflet , les Livres des pre^ miers Poètes dont les Ouvrages font par* venus jufqu'à nous -, il nous confultons les faftes de la Mythologie Grecque *, fî nous réunifions fous un même point de 7i HiJIoire Naturelle vue, les différentes parties de CCS anciennes traditions, où le Serpent eft employé com- me emblème , nous trouverons que les An- ciens lui ont attribué , ainii que nous , une grandeur très-coniidérable , qu'ils fem- bloient regarder comme dépendante du féjour de ce Reptile au milieu des en- droits marécageux Se humides, puîfqu'ils ont fuppofé qu'à la fuite du déluge de Deucalion , le limon de la terre engen- dra un énorme Serpent , qu'Apollon tua par Tes flèches , c'eft-à-dirc , que le foleil fit périr & deiïécha par la chaleur de Tes rayons. Ils lui ont aufîî donné la force, car en parlant du combat d'Acheloiis contre Hercule , ils ont fuppofé que le premier de ces deux demi-Dieux avoit revêtu la forme du Serpent pour vaincre plus aifément fon redoutable adverfaire. C'eft fon agilité & la promptitude de tous fes mouvemens, qui l'ont fait choilir par les Auteurs de la Mythologie Egyptienne & Grecque, pour le fymbole delavîteiïe du temps & de la rapidité avec laquelle les fiècles roulent à la fuite les uns des autres -, & voilà pourquoi ils l'ont donné pour emblème à Saturne , qui défigne ce temps j des Serpens. 75 ce temps *, 8c voilà pourquoi encore , ils i'ont repréfenté fe mordant la queue & formant âinfi un cercle parfait , pour peindre la iuccefîîon infinie des fîècle» de ficelés , pour exprimer cette durée éternelle dont chaque infiant fuit avec tant de vltcile , & dont Tenfemble nx ni commencement ni fin. C'eft âinCi qu'il étoit figuré eji argent dans un des Tem- ples de Memphis , comme l'atteilent les? monumens échappés au ravage de ce même temps dont il étoit le fymbole; & c'efl; encore ainfi qu'il étoit repréfenté- autour de ces tableaux chronologiques ou divers hiéroglyphes retraçoient aux. yeux des Mexicains j de ce premier peu- ple du nouveau monde , fes années , fesL mois , & les divers évènemens qui en rempIifToient le cours (a). Les Anciens ne lui ont-ils pas aufîî attribué Tinflind étendu que les Voya- geurs s'accordent à reconnoître dans cet être remarquable ? Ils ont ennobli , exa- (a) Defcription de la nouvelle Efpagne» Hijhire gcnér. des ï^oyages , édit. in- 12. tom» 48. Serpens, TomellL D 74 H'ifîoire Naturelle girè cet inflinét-, ils Tont décoré du nom d'intelligence , de prévoyance , de divi-l nation [a] \ Se voilà pourquoi , pb-cé autour du miroir de la DéelFe de la pru- dence , il fut confacré à celle de la lanté , ainfi qu'à Efculape , adoré à Epidaure fous la forme d'un Serpent. N'ont-iîs pas reconnu fa longue vie , lorfqu lis ont (fl) Les Habitans d'Aroos vénéroient les Ser- "pens. Les Athéniens difoient, fuivant Hérodote, qu'on avoit vu dans le Tc-mple , un grand Ser- pent gardien & proteéteur de îa citadelle ; & même Jupiter étoit adoré ious la forme d'un Serpent dans plulieurs endroits de la Grèce. Mais , pour avoir une idée plus précife de« opinions des Anciens touchant i'inteiiigence , la vivacité , & les autres qualités des Ser^ens , on peut confulter Plutarque , E^sèbe , Schaw , & ÏVÎ. Sa' ary. Les Egyptiens l'employoient , dans feur langue fymbolique , pour déligner le Ibleil; il repréfentoit auffi , pour ce peuple, le bon gé- nie, la Bonté fuprême & infinie, dont le nom Cneph, lui fut donné , luivant Eusébe ; & les phéniciens *e nommoient de même, A^atho Dai- mon , bon génie- Plutarque» T-aité d'Jjis Ef d'Ojiiis, - — Eusèbe^ Préparation évangéliqne.^ dv' Q,. — Schaw y Obferf;aton$géographiguesfur la Syrie , l'Egypte , Cfc> tom. 1 , chap. 5. — M. Savary, Luttes fur L' Egypttj t9m> 2 j peg' 112. des Serpcns. 7j feint que Cadmus & plulîeurs autres hé- ros avoient été métamorphofés en Ser- pens , comme pour déiigner la durceTie leur gloire ^ & que le choifiiîant pour repréfenter les mânes de ce qui leur étort cher , ils l'ont placé p:umi les tom- beaux (a) ? N'ont-iis pas f;iit alludon à Teffroi qu il inipire , Sz principalement au poilon mortel qu'il recèle quelque- fois , lorfqu'ils l'ont donne aux Eumé- nîdes , dont il entoure & hériire la tête-, à l'Envie , dont il perce le cœur -, à la Difcorde , dont il arme les mains un- giuites ? Et cependant, par un certain contrafte d'idées que l'on rencontre pref- que toujours lorfque les objets ont été examinés plufieurs fois & pir divers yeux, n'ont-ils pas vu , dans le Serpent , cette beauté de couleurs & ces proportions déliées que nous y ferons plus d'une fois remarquer? Ne lui ont-ils pas accordé la beauté , puifqu ils ont dit que Jupiter • (a) Voye«, à ce fujet , dans îe 5.' Livre Je PEnéide , ia belle deicription du Serpent qu*Ence vit autour du tombeau de fon père. Dij y 6 Hijloire Naturelle qui , pour plaire à Léda , avoit pris îa forme élégante du cygne , avoit choifî celle du Serpent pour obtenir les faveurs d'une autre Divinité? Toutes ces idées, répandues des contrées de TAlle ancien- nement peuplées {a) y s'étendant parmi { a) Un Roi de Calécut avoit ordonné que celui qui tueroit un Serpent feroit puni aufli rigoureu- lement que s'il avoit tué un homme ; il regardoit îes Serpens comme defcendus du Ciel, comme doués d'une puiffance divine, &, même comme des divinités, puifqu'ils pouvoient donner la morc en uuinftant. Dès les temps les pTu-î reculés , îe Serpent a été auffi regardé par les Indiens , comme le fym- bole de la fagefie \ & leur religion avoit confacré cette idée. Mémoire mamtfcrit dt feù I\L Commerfou , furi'AuTORR.H^-BADHB, Commentaire du Ch^ist^ ou Sh^st^h , le plus ancien des Livres facrés des ha- èitans de l'indeflan £5* de la Prefqu'ljle en-deçà du Gange- il Les Egyptiens peignoient un Serpent , cou- ♦» vert d'écaiiks de diiTdrentes couleurs , roulé »» fur lui-même. Nousfavons, par l'interprétation >» qu'Horus Apollo donne des hiéroglyphes égyp- 1» tiens, que, dans ce fiy'e, les écailles du Ser- >i pent déiignoient les étoiles du ciel. On apprend » encore , par Clément Alexandrin , que ces 5» peuples repréfentoient la marche oblique des w Aftres, par les replis tçirtueux d'un Serpent. des Serpens, 77 îes fociétés à demi -policées de rAméri- que , & parmi les hordes ûuvages de 5» Les Egyptiens, îes Perfes pe'gnoîent un homme 55 nud, entortilié d'un Serpent; fur les contours » du Serpent étoient deflinés les lignes du Zo- » diaque. C'eft ce qu'on voit fur ditférens mo- »» numens antiques, & en particulier fur une re- » préfentation de IVlithras, expliquée par l'Abbé >» Bannier, & fur un tronçon de ftatue trouvé « •> Arles , en 1698. Il n'eft pas douteux qu'on 2 »» voulu repréfenter, par cet emblème, la route 9» du foleil dans les douze fignes , & fon double >♦ mouvement annuel & diurne, qui, en fe com- »> binant , font qu*il femble s'avancer d'un tro- » pique à l'autre par des lignes fpirales. On re- » trouve cet hiéroglyphe jufque chv2 les Mexi- » cains. lis ont leur cycie de 52 ans , rcpréfc-nté » par une roue, cette roue eft environnée d'un »> Serpent quife mord la queue, & par fes nœuds, » marque les quatre divilions du cycle lï » eft évident que les figures des confrellations, » les caractères qui déîîgnent les lignes du Zodia- jj que , & tout ce qu'on peut appeiler ia notation. » aftronomique , font les reftes des anciens hiéro- *' glyphes- Il eft remarquable que les Chinois w appellent les nœuds de la lune , la tête &; la >» queue du ciel , comme les Arabes difent la >» tête & la queue du dragon. Le dragon eft , a chez les Chinois , un animal célefie ; i!s ont >» apparemment confondu ces deux idées Il » eft encore fait mention à^n^VFJda^ d'un grand Diij 78 Hijloire Naturelle TAfrique , accrues p/ir leur éloignemeitt de leur origine , embellies par i imagi- nation 5 altérées par l'ignorance , falfî- fiées par la fnperftition & par la crainte, lui ont attiré les honneurs divins , tant dans l'Amérique , qu'au Royaume de Juida , èc dans d'autres contrées , où il a encore Tes Temples , Tes Frétres , fes victi- mes*, & pour remonter deiaconfîdération d'objets profcines «S^: du fpectacle de la rai- fon humaine égarée , à ia contemplation >» Serpent qui enviionne la terre. Tout cela a »> qutilqu'ana ogie avec !e Serpent, qui, par-tout, »> reprcfente le temps, & avec ie dragon , dont la » tête Stlaquei'.e marquent les nœuds de l'orbite de « la iune, tandis que c^ dragon caufe les éclipfes. >» Mais cette fiiperltition , ce préjugé univerfel >» qui le retrou \'^ en Amérique comme en Aiie, » n*indîque-t-il pas une fource commune < & ne j> p!ace-t-if pas même plus naturellement cette ») îburce au nord . où peut exifter la leuie com- »> munication poffib'e entre i^Alie & l'Amérique, M & d'où les hommes ont pu del'cendie facile- « ment de toutes parts vers le midi , pour habi- >» ter l'Amérique, la Chine, les Indts, &c. ? »» M* Bailly , de i'J(^idémie Frauçol/e , de celle des Sciences , cf de celle des InfcTiptiom» Hifi' de i'jjlr&' iiQïïiU ancienne , p' 515' des Serpens. 79 des vérités facrées didées par la parole di- vfne, fi nous jetons un œrl refpcdueux fur le plus faint des Recueils, ne voyons- nous pas toutes les idées des Anciens fur les propriétés du Serpent , s'accorder avec ceiles qu'en donne TEcrivarn facré, toutes les fois qu'il s'en fert comme de lymbole ? I Grandeur , agilité , vîteiTe de mou- vement, force , armes funeftes, beauté, intelligence , inftrnct fupérieur , tels font donc les traits fous lefquels les Serpens ont été montrés dans tons les temps ; & en cherchant ici à préfenter cet ordre nombreux & remarquable, je n'ai fait que rétablir des ruines , ramafTer des rap- ports épars , en lier l'enfcmble êc expo- fer des réfuîtats généraux que les An- ciens avoient déjà recueillis. C'cft donc la grande image de ces êtres diftingués , déjà peinte par les Anciens , nos maîtres en tant de genres , que je viens d'ellayer de montrer , après avoir tâché de la dé- gager du voile dont l'ignorance , l'ima- gination , & l'amour du merveilleux î'a- voient couverte pendant une longue fuite de (îècles , voile tiflu d'or 8c de foie , Div to Hijîoire Naturelle 8c qui embellifToit peut-être l'image que Ton voyoit au travers , mais qui n'étoit que Touvrage de Thomme , & que ic flambeau de ia vérité devoit con (limer pour néclairer que l'ouvrage de la Nature. des Serpens, 8 i lÉ ■ Il ■■■■■.■ '. a:., , "■ III. NOMENCLATURE E T TABLE MÉTHODIQUE DES SERPENS. Nous VENONS DE VOIR quc mâlgi'C îe grand nombre de reflembLinces que pre- fentent les diverfes efpèces de Serpens , elles diffèrent les unes des autres , non- feulement par la teinte Se la diftribution de leurs couleurs j mais encore par le nombre , la grandeur , la forme & l'ar- rangement de leurs écailles , autant que par leurs habitudes , & particulièrement par la nature de leur habitation , ainfi que de la nourriture qu'elles recherchent. L'ordre des Serpens étant d'ailleurs afîez nombreux , & renfermant plus de cent quarante efpèces (a) , nous avons cru ne m"' '■ ■ ■•■■ '— '— "'■ *■■"■■ "■■* (aj Nous décrivons daps cet Ouvrage , non Dv 8 2 Hijloire Naturelle ' pouvoir en traiter avec clarté, qu'en éta« blilîant dans l'ordre de ces Reptiles > quelques divifîons générales , fondées fur la ditîérence de leur conformation exté- rieure, ainli que fur celle de leurs mœurs. Nous les avons réunis en huit difîérens groupes -, & nous en avons formé huit genres. ~' Le premier efl compofé des Serpens qui ont un feul rang de grandes écailles fous le ventre , Se deux rangs de petites plaques fous la queue. Nous les appel- ions Couleuvres ( en latin coluber^ ) avec la plupart des Naturaiiftcs récens , & par- ticulièrement avec M. Linné : & ce genre comprend la Vipère commune , TAfpic, la Couleuvre proprement dite , la Cou- leuvre à collier , la Quatre-raies , cinq feulement plus de cent qua'^ante , mais même plus de cent foixante Serpens ; cependant, comme pluiîeurs de ces ariimaLiX, au lieu de former plu» de cent loixante efpèces , ainJi que nous 'e pré- fumons, poiirroîU, dans a luite, n'être regardés, d'après de nouvelles obfeivations des Voyageurs eu des Naturaliltt's , que comme ét^ variétés dé- pendantes de l'âge ou du fexe, nous avons cru ne devoif parler ici que de cent quarante efpèces. des Serpens. 8 3 Serpcnstrcs-comnums en France, & qui forment , avec l'Orvet , & peut-être la Couleuvre d'Efculape , les feules efpèces qu'on y ait encore obfervées. Nous plaçons dans le fécond genre , les Serpens qui n'ont qu'un feul rang de grandes plaques, tant au-dcfTousdu corps qu'au-deilous de la queue-, & ce genre prélente les plus grandes efpcccs , aux- quelles nous lailTons le nom générique de Boa j par lequel elles ont été défî- gnées en latin par Pline Se les autres an- ciens Auteurs , 8c en François , ainfî qu'en làtiii , par le plus grand nombre des Naturaliftes & des Voyageurs mo- dernes, 8c qu'on a ainfi nommées, parce qu'on a écrit qu'elles fe nourriiîoient avec plailir du lait des vaches {a). Le troiiième genre ei\ compofé des Serpens qui ont de grandes plaques fous le ventre Se fous la queue , dont l'extré- mité efl terminée par des écailles articu- lées Se mobiles , auxquelles on a donné (aj Aluntur primo bibuli ladis fucco , uude llomen traxere. Pline y Iw» 28 , chap' 14. Dvj 84 Hijîoire Naturelle le nom de fonnettes [a] : nous leur con- fervons le nom générique de Serpent à Jonnette (h). Dans le quatrième genre , Ton trouvera les Serpens qui n'ont au-deilous du corps éc de la queue , que des écailles fembla- bles à celles du dos , nous leur îaifTons îe nom générique d'Anguis. Et c'eft dans ce genre qu'eft placé l'Orvet , Serpent très-commun dans quelques-unes de nos Provinces méridionales. Nous comprenons dans le cinquième genre, ceux qui font entourés par-tout d'anneaux écaiîleux ^ & que les Natu- xaliftes ont déjà appelles Amphijhènes. Nous comptons dans le iixième , les Serpens dont les côtés du corps font plilk's 5 & que Ton a nommés Cœciles { en latin Cœcilia. ) Dans le feptième genre doivent être 'mis ceux dont le defious du corps pré- fente, vers la tête , de grandes plaques , (a.) Voyez la defcription de ces écailles ou fonnettes, dansPaiticIe du 13QJc[uira. (bj En latin Crotaki^ des Serpens. 8j ne montre cnfiiitc que des anneaux écail- !eux, &: dont la queue, garnie de ces mêmes anneaux à ion origine , n'efl re- vêtue que de (impies écailles à Ton extré- mité. Nous les appelions Langaha j avec les naturels du pays ou on les trouve. Et enfin nous plaçons dans le hui- tième , le Serpent qui a ia peau revêtue de petits tubercules , & que nous nom- mons i Acrochcrdc de Java ^ avec M. Hora- fledt 5 qui en a publié la defcription [a). Dans chacun de ces huit genres , dif- férenciés par des lignes extérieurs trcs- conflans & très-faciies à reconnoître , il feroit à délirer que Ton pût former une fous-diviiion, d'après une propriété bien importante dont nous allons parler. Cha- cun de ces genres préienteroit deux grou- pai M. Linné a divifé îes Serpens en fi x gén- ies , auxquels nous avors ajouté celui des Lan- gaha^ que M. Bruyères, de la Société royale de Montpellier , a le premier fait connoître, dans le Journal de Phyliçue, du mois de Février 1784, & celui que M- Hcrnftedt a décrit dans les Mé- moires de l'At'adçmie de Stockolm ^ année J7S7; page 306' 26 Hijloire Naturelle pes fecondaires -, l'on plsceroit dans le pre- mier, les Serpens dont les petits éclofent dans le ventre de leur mère , & auxquels on doit donner le nom de Vipère ^ ôc ron comprendroitdansie fécond , les Serpens proprement dits , Se qui pondent des œufs* Cette dirtribution fî naturelle, ôc fondée fur d'ailez grandes cifîérences in- térieures , ainfi que fur un fait remar- quable 5 dfevroit faire partie de tout ar- rangement méthodique defliné à faire reconnoître l'elpèce Ôc ie nom des divers individus. Mais , pour cela , il faudroit qu'on eût trouvé des caradtères extérieurs conftans ôc faciles à voir , qui diftinguaf- fent les vipères d'avec les Serpens propre- ment dits. Un fort bon Obferva teur , M. delà Bordc^Ccrrefpondant du Cabinet du Roi à Cayenne , a cru remarquer que toutes les elpcces de Serpens dont les petits éclcfcnt d^ms le ventre de leur mère , font venimeules , ôc que , par conféquent , elles ont toutes des crochets ou dents mobiles, iemblables à celles de la Vipère commune d'Europe. Si cette obfcrvation importante, que nous avons vérifiée fur pluiieurs elpèces de Serpens ^es Serpcns, 87 reconnus pour vipères , pouvoit s'appli- quer également à toutes les efpèces de Reptiles qui viennent au jour tout for- més , & il ces dents mobiles ne garnif- foient les mâchoires d'aucun Serpent ovipare , on pourroit regarder ces cro- chets comme des cara6tcres diftinélifs de la fous-divilion des Vipères dans chacun des huit genres des Reptiles. Ce carac- tère eft d'autant plus remarquable , qu'il nous a paru toujours réuni avec une con- formation particulière des mâchoires , que nous croyons devoir faire connoître ici. Dans toutes les efpèces de Couleuvres à crochets que nous avons examinées , nous n'avons trouvé à la mâchoire fupé- rieure qu'un feu! rang de petites dents crochues &c recourbées en arrière -, c'eft à l'extérieur de ce rang qu'elt placé , de chaque côté , un crochet plus ou moins long , creux , percé vers fes deux extré- mités y enveloppé dans une gaine , d'oii l'animal peut le faire fortir *, & auprès de f^ bafe font deux ou trois crochets feinblables, quelquefois cependant plus petits j & deftinés à remplacer le pre» Biier , iorfque quelqu'accident en prive 8 S mUoire Naturelle le Reptile [a). La mâchoire inférieure ne prélente également qu'un feul rang de dents , mais les deux os qui la compo- fent , Tun à droite & Tautrc à gauche , bien loin d'être articulés enfemble au bout du muieau, ne font réunis que par la peau & les mufcies. Ils font touioya's très-écartés Tun de Tautre , & terminés par des dents crochues , moins petites que les autres dents , mais qui ne font ni creufes , ni percées , ni mobiles , comme les vrais crochets placés dans la mâchoire fupérieure , & ne peuvent dif- tiiîer aucun venin. Dans les Couleuvres qui n'ont point de vrais crochets mobiles , toutes les dents font ^ au contraire , prefqu'égales -, les deux os de la mâchoire inférieure ne font pas articulés enfcmble , mais ils font courbés l'un vers Tautre, & ils font rap- prochés au point de paroître fe toucher. La mâchoire fupérieure efl garnie de deux rangs de dents -, l'extérieur eft à la place des crochets mobiles , & Tinté- wmirmmmm^ (oj Article de la Vipère commune. des Serpens, 89 rieur s'étend trcs-avant vers le gofier [a). Cependant , comme l'on devroit defirer un ciradèce plus extérieur, & par con- séquent plus facile à appercevoir , ces crochtts ou dents mobiles pouvant d'ail- leurs être quelquefois confondus avec les dents crochues , mais immobiles , de plufieurs efpèces de Serpens venus d'un œuf éclos hors du ventre de la mère , j'ai obfervé avec foin un grand nombre de Couleuvres , & j'ai remarqué que , dans ce genre , les efpèces dont les mâ- choires étoicnt garnies de crochets , âvoient le fommet de la tête couvert de petites écailles à-peu-près femblables à celles du dos [b] , & que prefque toutes les autres l'avoient revêtu, au contraire. (a) Voyez l'article de îa Vipère commune , relativement au jeu des mâchoires & des os qui les compofent. (b) Quelques Serpens venimeux , & par confe'- quent à crochets , ont quelquefois , entre fes yeux , trois écailles un peu plus grandes que celles du dos ; mais je n'ai vu que fur la tête du Naja , les neuf grandes écailles qui garnilTent celle de la plupart des Couleuvres ovipares & non veni- meufes. çô Hijloire Naturelle d'écailIes plus gr.indfs que celles du deiïiis du corps , d une forme très-diflérente , toujours au nombre de neuf , 8c pLicées fur trois rangs *, le premier & le fccond à compter du mufeau , étant compofés de deux écniies *, le troifième de trois , & îe quatrième de deux.Nousnecrc yons pas néanmoins que Ton doive établir une fous division rigoureufe dans le genre des Couleuvres, & à plus forte raifon dans chaque genre de Serpens , avant que de nouvelles & de nombrcufes ob- fervations aient mis les NaturaJiftes à portée de compléter notre travail à ce fujet j nous croyons devoir nous conten- ter , en attendant , de féparer , dans la partie hifloriquc de chaque genre , les efpèccs reconnues pour de vraies Vipè- res 5 ou que nous considérerons comme telles, à caufe de leur conformation exté- rieure , de leurs crochets mobiles , & de leur venin , d'avec les autres que nous regarderons comme ovipares , jufqu'à ce que les Voyageurs aient éclairci Thiftoire de ces efpèces peu connues Se prefque toutes étrangères. Le genre des Couleuvres étant très- des Serpens, c) i nombreux , Se par conféqiicnt les efpc- ccs qui le compofent ne pouvant pas être rccownucs trè^-aifément, non-feulement nous aurions voulu pouvoir Téparer les Vipères de celles qui pondent *, mais nous aurions defiré pouvoir divifer en- fuîte les Couleuvres ovipares en deux fed:îons difiérentes. Nous avons penfé à faire ce part gc d'aprcs la proportion de la longueur du corps & de celle de la queue , arnfi que d'après la grofTcur ou la forme déliév de cette dernière partie *, m.iis indépendnmment que cette pro- portion 8c cette forme ont été jufqu'à préfcnt trc:-peu indiquées par les NaUi- raiiftes Se les Voypg urs , & que nous n'nuiJons pu , d'après cela , clafler les efpèces que nous n'avons pas vues, commencer l'hiftoire des Cou- leuvres ovipares par celle de la Couleuvre verte & jaune, ainfi que de la Couleuvre à collier , que l'on rencontre en très^ frand nombre en France, &: dont les ha- itiides naturelles peuvent être très-aifé-^ ment obiervées , &c. Dans la Table mé- thodique , au contraire , où nous n'avons dû cherch les grandes écail- ks , ordinairement au nombre de deux ou de trois ^ €juiles réparent de l'anus, Eij joo Hijtcire NaUirclle voit fous la queue des Serpens , ou le nombre des pifs latéraux placés le long de cette partie. La quatrième offre la longueur totale jj des Reptiles , & îa cinquième , la longueur de leur queue. Ces longueurs ne font iou" vent ni les plus grandes ni les plus petites que préfentent les efpèces*, elles ne font qtie les longueurs mefurées iur les indi- vidus que nous avons décrits , & nous n'en avons fait mention dans notre Table méthodique que pour indiquer le rapport de la longueur totale des Reptiles à celle de leur queue {a). La iixième colonne apprend fî les Ser-^ pens ont des crochets venimeux ou non , & laquelle de leurs deux mâchoires efl armée de ces crochets. La feptième déligne le défaut de gran- ti— ^— i— — ' ■ m !■ (à) Nous venons de voir que ce rapport varîoît 4ans pïuûeurs efpèces de Serpens, fuivant l'âge ou ie fexe ; cependant comme il paroît confiant dans le plus grand nombre d'efpèces de Reptiles, ou du moins que fes variations y font renfermées dans des limites très-rapprochées , nous avons cru qu'it pourroit fervir affez fouvent à reconnoître l'elpèce des indÎTidvis que i'oa examineroit. ^ des S^rpms, ï ô i 4^es écailles fur la partie fiipérieiire de îa tête , ou le nombre & l'arrangement de ces grandes pièces , lorfque le deffus de la tête des Serpens en eft garni. Cette exprefîîon abrégée, neuf fur quatre rangs ^ fignifie qu'elles font grandes , confor- mées & placées à-peu-près comme celles qui couvrent une partie de la tête de la ■Couleuvre à collier , de la Couleuvre Verte & jaune, & du plus grand nombre de Couleuvres flins venin. Il eft bon d'ob» ierver que , dans certaines ( fpèces , com- me, par exemple, dans celle du Molure,' îa grande pièce du milieu du troifîème rang , à compter du mnfeau , eft quel- quefois divifée p.^r une future ^ ce qui pourroit faire croire que la XctQ de ces efpèces de Reptiles eft couverte de ûlx grandes pièces. Sur la hiiiricme colonne ell marquée la forme des écailles du dos ; leur figure, en iofmgc , ou ovaie , ou hexagone , peut être variable-, mars nous n avons jamais vu des individus de îa même ef- pèce avoir , les uns , des écailles unies , & les autres , des écailles relevées par une arête. Ï02 Hi/ioire Naturelle La neuvième colonne montre quelques traits remarquables de la conformation des Serpens -, oc enfin la dixième indique leurs couleurs. Nous nous fommes atta- chés beaucoup plus à défignerla difpofi- tion de ces couleurs que leurs nuances *, • ic c'eft aufïî le plus fouvent à cette dif- pofîtion qu'il faut prefque uniquement avoir égard -, quelques nuances font ce- pendant peu fujettes à varier fur Tanimal vivant , 6c même à être altérées par les , divers moyens employés pour la confer- vatron des Reptiles*, nous les avons mar- quées de préférence , dans la Table mé- thodique (a). Au refte , il ne £iut pas .m ■■! ■ ■■■ ■ ■■ ■> ■ ■ ■ ■ -...■■.-,^-^1 .il I ■!■■ ■ , ■ > ■ I ■■■■ Wbi^»*— ^i^MiM— »w^>— ^— i^Mt ^H (/z) On s'appercevra aifément , en lîfant îesdivers articles de cet Ouvrage , qu'il ctoit impoflTible de donner, dans des planches noires, une ide'e de toutes (es couleurs brillantes, & fur-tout des refltts variés dan grand nombre de Serpens. Nous aurions déliré (ubftituer des planches enlumine'es h ces planches noires; mais on ne peut pas faire , dans un i'eul pays , des deflins enluminés & exacts d'animaux (.;ui, habitant prefque toutes les con- trées des deux mondes , ne peuvent être tranfpcrtés vivans qu'en très-petit nombre , & dont les cou- leurs s'altèrent d abord après leur mort. Ce ne fera cju'nprès b^^aucoup de temps qu'on pourra réunit des Serpens, i O ^ perJrc de vue que c'eft uniquement d'a- près la réunion de plufîeurs caradcres que l'on devra prefque toujours fc décider fut refpèce du Serpent que l'on examinera. Les places vuides de la Table métho- dique pourront être remplies avec le temps -, elles préfenteront alors des carac- tères dont nous n*avons p<îs pU parler , à caufe du mauvais état des Serpens que nous avons vus , ou de la trop grahde brièveté des defcriptions des Naturaiiftes* des dcfTms en ccAilcur de tous ies Reptiles connus ^ deffînés en vie & dans leur pays natal , par diffé- rens Voyageurs. Au refte, nous devons prévenir que nos def^ ciiptions indiquent quelquefois une diltribution de couleurs un peu différente de celle que îa gravure préfente, parce que quelques defiins ont été faits d'après des individus dont les couleurs étoientaité* rées, quoique leurs formes^fuiTentbien confervées ; nous avons été bien-aifesque leDeflinateur ne re- préfentât que ce qu'il avoit fous les yeux; mais nous avons fait notre defcription d'après tout ce que nous avons pu recueillir de plus certain rela- tivement aux couleurs de l'animal en vie. Quel- quefois auffi la gravure n'a pu indiquer la véritable forme des écailles, dont on trouve la defcription dans le teste. IV Î04 # ^A^^Ja^^^ E5§' TABLE MÉTHODIQUE. Animaux fans pieds & fans nageoires, ' - ^ S E R P E N S. Premier Genre. Serpens qui ont de grandes plaques fous le corps , & deux rangées de petites plaques fous la queue, COULEUVRES. Colulri. \ \ ESPECES. CARACTERES. IKV ^ — ^irr^-L^^.^.iii I I ■PIB Plaques eu deffmisj Longueur! f!u corps ,&■ paires: totale , ^.Crochets de petites plaqueshongueurdcià venin fcT's la queue. pa queue. Coul. jaune & bleue. Col. Flavo Caruleus. Coul. Double-tache. ICol, Bimaciilctiis. X 12 5>3 297 7'- 9 pieds. I p. 8po. 5 DO. ï«li. Couî. Galonnée. Col. Limnifcatas, Molure. TSÎoliirus, ? quatre relevées che bordée de noir fur le fommet de la tête. par une arête. La langue longue & très-déliéei le corps très-Hienu. Des raies blanches & noires tranfverfales. D'un roux plus eu moins foncé. ( Séba, tniif. i > tab. JJ , fig. 6, ) Tontes les écailles du deffus du corps] couleur de plomb & bordées de blanc; Icj deffous du corps blanchâtre. Le dos relevé en carène. 126 TABLE ESPECES. C A R A C T E R E S. 1 Plaques du cleflous du corps , & paires de petites plaques fous la aucue. Longueur totale , & longueurrie la queue. I p 6 p. 9li. 4 po. 4 li. Crochets à vciiin. C. Rhomboïdale. C Khombeatus. 157 70 0 1 Saurite. Saurita. 121 le tiers de la loiitrueurdu co.ps. 0 C. Verdâtre. C. Subviridis, IS5 744 0 C. Pâle. C. Pcillidus^ 155 96 I pi. 6 po. 0 Lébetin. Lebetinus. 15^ à la mâ- cl-.oire (upéri. 46 Afptc. Afpii. 34 nie de Gronovius' j.;.'"» Gronovii. 155 37 3 pieds. 3 po. 8 li. à la mâ- choire fupéri. 50 Ccnchrus. in 47 2 pieds. 3 po. 7li. 0 C. Schythe, C. Schytui. 31 1 pi. Cpo. I po. 7 1. à la mi- choire fupe'ri. Dîpfe. Dipfas. 135 à la mâ- choire fupe'ji. METHODIQUE, -ii^ SUITE DES CARACTERES. Ecailles du defTus de la tête. neuf fur cjuatre rangs. neuf fur quatre rau^s. fembla- bles i rel- ies du dos. neuf fur quatre raiiL'S. Ecailies du dos. ovaIes<îoint$ bruns & de taches grifcs répandues "ans ordre j une ligne noire de chaque jcôit du corps. I Le corps & la qneue trcs-de'Iiés, l Kuageufe; le deîTous du corps parfemé de points roux ou noirs. ovales&re-j levées par' Trois ran^e'es longitudinales de tache, ùrnt arête, 'rounes borde'es de noir. Blanche i des raies & des taches noires. ; Le deiTus du corps marbré de bianchître hexagones ^ "^ ^'"" '■> ^*s bandes tranfverfales &: unies, étroites , iirégulières & blanchâtres. Noire ; le defTous du corps frés-blanc. La léte a un peu la for.-ne d'un cœur. , Les écailles bleaâfreï & bordées de blan- châtre i les grandes plaques blanrhes ; une ovales, faje bleuître & longitudinale au den'oas de la queue. ^ Laqueaelongae&dL-liée. ,28 TABLE ESPECES. CARACTERES. | Plaques du deffous lu corps, & paires ie petites plaques bus la queue. Longueur totale , & longueur de ia queue. Crochets à venin. 0 C. Maure. C. Ma uni s. I5i 66 C, Noire. C. Niger. I5i 2 pi. 9 H. 2 po. 4li. à la mâ- choire fupéri. V-- 1 Siitale. 1 Sirtalii. .50 114 z pieds. 3 po. 9 H 0 Tête -triangulaire. C. Capite • triangu- latus. 150 i à la mâ- choire fupe'ri. 64 Cobel. Cohella. 150 54 ip. 4po. 9 l!gn. 3 po. 10 il. 0 Tripîe-rang. C. Teiordînatus. IJO i pi. I- !■. 4 po. 0 5- t Cherfea. ^ Cherfea, I 50 à la mâ- choire fupéri. 34. C. Sombre. C. Suhfufcus. 149 117 0 33.B^C(le GronovJHS. ^j.»* Gronovii. I49 63 MÉTHODIQUE. 129 SUITE DES CARACTERES. Ecailles du delTus de la tÊie. neuf fur quatre trois fui- deux fembla- iJles à cel- les du dos. neuf fur quatre rangs. neuf fur quatre rangs. fembla- Wes à cel- les du dos Ecailles du dos. ovales&re- levées par une arête. ovaîes&re- levées par une arête. relevées par une arête. en lofange & unies. Couleur & Traits particuliers de la conformation extérieure. Brune; deux raies longitudinales; des bandes tranfverfales Se noires depuis les raies jufqu'au-deflbus du corps i le ventre noir. Noire ; quelquefois des taches d'un noir plus foncé, & difpofées comme celles de la vipère commune. Brune ; trois raies longitudinales d'un vert changeant en bleu. Verdâtre; <1es taches dé diverfes figures fur la tête , & réunies far le corps en bande irréguîicre & longitudinale ; les grandes plaques d'une couleur foncée & bordée^ de blanchâtre. La tête prefque triangulaire; le corps tab. 35 , fig, ^.) Des taches noires formant une bande lon- gitudinale & dentelée. Une petite éminence mobile & deux tu- bercules fur le mufeau. Foncée; une rangée de petites taches noires de chaque côté du dos , auprès de la tète ; des bandes & àcs demi-bandes tranf- verfales & placées fyméiriquement fur le ventre. Le deflTus du corps brun ; la tête noire ; le defTous du corps varié de blanchâtre & d'une couleur très-foncée, par taches tranf- verfales & redangulaircs. Bleuâtre. Livide; des bandes tranfverfales brunesj des rangs de points bruns ; des taches pref- que carrées & placées fymétriqnement fous le corps; une raie longitudinale & couleur de feu fur la queue. tovales&re- levées par une arête. Bleue ou verte , tachetée de noir; une rangée de points noirs de chaque côté du corps; quelquefois Hne raie longitudinale fur le dos. Quelquefois quatre grandes plaques et> tre l'anus & les premières paires de petites. Le ^efTus du corps brun» le deffotts va- rié de blanc & ar une arête. Blanchâtre ; quatre rangs longitudinaux de taches rouffes , vonHes & blanches dans leur centre ; des taches noires fur la tête. La tête a un peu la forme d'un cœur. Bleue ;des bandes tranfverfales blanches & partaiîées en deux fur les côtés ; une pe- tite bande tranfverfale briAie fur chaque grande plaque. La tête petite à proportion du corps. Brune ; le deffous du corps d'une cou- leur pâle. I 136 TABLE CARACTERES. ESPECES. C. Camufe. C. Simus, Alidre. ■Alidras. C. Veite ?c bleue. C, Viridicaruleiis. C. Tachetée. C. Maculatits. C. des Dames. C. Domicellarum. C. d'Egypte. G. Anguleufe. C. Angulatus. Léberis. Leherîs, C. Joufflue. C. Buccatus. Argus. 4rgus. Plaques du deiïbus} Longueur du corps, & paires totale , & Crochets de petites plaques fous la queue m. 46 121 58 tio 119 70 118 60 ITS 22 IÏ7 70 IIO 7^ longueurde à venin. la queue. | 2 pieds. - 6 pouc. 2 pieds. 5 po. 4 li I pied. à la mâ- choire fupéri. à la mâ- choire fupéri. ««•«■«i MÉTHODIQUE. 137 SUIT£ DES CARACTERES. Ecailles du deflTus de la tête. îrandes. neuf fur quatre rangs. neuf fur quatre ran^s. Ecailles du dos. hexsgones & relevées par une arête. tres-petitts ov. un peu éch.&iele. par une ar. mv Couleur Se Traits particuliers de la conformation extérieure. Une petite bande noire & courbée entre les yeux; une croix blanche, avec an point noir au milieu fur le fommct de la tête j le defTus du corps varié de noir & de blanc; des bandes tranfverfales blanches i le deffous du corps noir. La tête arrondie , releve'e en bofTe , & le mufeau très-court. D'un blanc éclatant. Miri^iâhiâMa D'un bleu foncé; le deffous du corps d'un vert pâle. Blanchâtre; de grandes taches en lofange ou irréguliéres , rouffâtres 6c bordées de noir ou rie brun; le ventre blanchâtre & quelquefois tacheté. Btanche; des bandes tranfverfales , irré- gulières & noires; une raie noirâtre , irré- <ïuliète & longitudinale fous le ventre. D'un bîane livide; des taches rouffes. Le deviière de la tête relevé par deux bo.Tes. Blanchâtre ; des bandes brunes , noirâ- tres vers leuîs bords, anguleufes ê< ttès-lar ges vers le milieu de la longueur du corps. Des raies tranfverfales, étroites & noi- res; la tête blanche, avec deux tachesrouf fes fur le fomntiet ^ ^ une tache triangulaire fur le mufeau. RoufTe ; des bandes tranfverfales & blan- ches. Une tache blanche fur chaque écaille;plu- fieurs rangs de tache» blanches, rondes, bor- dées de rouge , & rouges dans leur centre. Le derrière de la tête relevé pardeuxboffes. Ï38 •»■— Wi TABLE SECOND GENRE. Serpens qui ont de grandes plaques fous le corps & fotis la queue. BOA. E S F E C E S. CARACTERES. | Plaques du deffous Longueur dM corps , & du totale , & deiVous de la jlongueurde queue. 'la queue > Crochets à venin. 0 Broderie. 290 3 po.6 li. 128 7 pouces. Ophrie. B. Ophrias. 281 64 Enydre. B. Enydris. 270 ■ ^IS Cenchris. B. Ccnchria. 265 57 B. Rativore. B. Marina. 254 2 pi. 'î po. 4 po. 2 li. 0 ^î Schytale. B. Schytale. as© 70 I METHODIQUE. 139 SUITE DES CARACTERES. Ecailles du dos. Couleur & Traits particulfers de Ja conformation extérieure. Ecailles du ricffus de la létc. ■ jH , Une chaîne de taches irrcgulières en for. femblabiies ; rhomboï- me de broderie, le long du dos, & (ur-tout I celles du] dales & fur la tête. dos. unies. La tête large parderricre ; le n-tifeau aloBgé. Tembla blés à cel- les du;dos rhomboï- dales & unies. Brune. D'un gris varié d'un gris plus clair. Les dents de la mâchoire intérieure très D'un jaune clair; des taches blanchâ- tres & grifes dans leur centre. Blanchâtre ou d'un vert de mer; cinq rangées longitudinales de taches roufTes , dont plufiears font chargées de taches blanchâtres. La tête large parderricre ; le mufeau aloiigé ; de grandes écailles fur les lèvres. D'un gris mêlé de vert; des taches noires & arrondies le longdu dos; d'autres taches noires vers leurs bords , blanches dans leur centre &difpoféesdes deux côtés du corps; des points noirs formant des taches alon- gées fur le ventre. i4o TABLE ESPECES. M&l CARACTERES. Plaques du deffoust Longueur, du coips , & du 'totale , & Crochets deffous de la j longueur de ■ à venin q,ueue. lia queue. I a Devin, B. Divinatrix, B. Muer. B. Muta, Bojobî. B. Bojobi, Hipnalc. 3. HipnaJe. Groin. B Porcaria, 246 Î4 34 203 77 179 120 150 40 quelquefois plus de 30 pieds. ordinal rem. le 9e. de la longuturdu corps. 2 pi. I IpO 7 PO- 1 pi iipo. 3po. 2 pieds 8 po. à la ma' choire fupéri. METHODIQUE. 141 '^Mta SUITE DES CARACTERES Ecailles du delTus de la tête fembla- bles à cel- lesdu dos. fembla- nles à cel- les du dos. fembla- bles à cel- les du dos. femËla- ^les à cel- és du dos. Ecailles du dos. hexaç:ones & unie». rhomboï- dales & unies. rhomboï- dales & unies. Couleur & Traits particuliers de la conformation extérieure. De grandes taches ovales ( cuvent e'clian crées à chaque bout & en demi-cercle, bor- dées d'une couleur Foncée , & entoure'es d'autres petites taches. Le nmfeau alongé & terminé par i^ie grande écaille prefque verticale; la tête élargie pardeniére ; lefrontélevéi unfil ion longitudinal fur la tête. Des taches noires ; rhonibc-dales & réu- nies les unes aux autres. L'extrémité de la queue garnie pardef- fous de quatre rangs de petites écailles. Verte ou orangée ; des taches irréguliè- res, éloignées lune de l'autre, blanches ou jaunâtres , & bordées de rouge. La tête large parderricre ; le mufeau alongé i les lèvres garnies d'écaillés grandes & fillonnées. Jaunâtre ; des taches blanchâtres bor- dées d'un brun prefque noir. Les lèvres garnies d'écaillés très-grandes & iïllonnéesi Cendrée; des taches noires dirpofées ré? gulièrement; des bandes tranfverfales jau- nes vers la queue. Le mufeau terminé par une grande écaille relevée- Ï42 ^ TABLE ^ TROISIEME GENRE. Serptns qui ont le ventre couvert de grandes plaques y Sf la queue terminée par une grande pièce ecailleufe., ou par de grandes pièces articulées Us unes dans les autres y mobiles & bruyantes. SERPENS A SONNETTE. Crotali. |[ ESPECES. CARACTERES. 1 Plaques du deflToas du corps , & du delTous de la queue. Longueur totale , & longueur de la queue. Crochets à venin. Boiquira. Crot. Boiquira. 182 4 f i. 'o li. 4po à la mâ- choiie fupéri. à la tirâ- choire fupéri. ^7 Duriflus. Crot. Durijfus. 172 I pj.5 po.6I. rpo.^li. 21 Dryinas. Crot. Dryinas. I6s 30 à la ma choire fupéri. Millet. Crot. Miliarius. I3i Ip.3p.t0l. à la mâ- choire fupéri. 3i I po. loli Serp. àfonn.Pifcivor. Crot. Vifcivorus. j pieds. à la mâ- choire fupéri. METHODIQUE. 14^ I SUITE DES CARACTERES. Ecailles du deffus de la tête. fix fur tiois rangs. lix far trois ranifs. deux grandes. neuf fur quatre rangs. Ecailles du dos. ovales&ie- levées par une arête ovales&re- levées par une arête. ovales&re- ievêes par une arête. oralesêcre- leve'es par une arête. Couleur & Traits particuliers de la conformation extérieure. D'un gris jaunâtre une rangée longitu- dinale de taches noires bordées de blanc. Variée de blanc & de jaune; des taches rhomboïdales , noires & blanches dans leur centre. Blanchâtre; des taches d'un jaune plus ou moins clair. Grife ; trois rangs loDgitudinaux de ta ches noires ; celles de la rangée du milieu rouges dans leur centre, & féparées l'une de l'autre par une tache rouge. Brune ; le ventre & les côtés du cou noirs , avec des bandes tranfverfales jau« nés & irrégulicres. La queue terminée par une pointe lon- gue & dure. • f44 £<§: TABLE rihrakiMnrAMa .J^i. •*<*- 'JUé.. !§^ QUATRIEME GENRE. Ssfpens dont le deffous du corps & de la queue ejt garni dUcailles femblabUs a celles du dos. A N G U I S. Mgues. «h ESPECES. Rouleau. An, Çylindrica. Rouge. An. Rubra. Lombric. An. Lumbricaîis. " H I j ■■. ■' Long-nez, An, Nafuta, Queue-lancéolée. An, Laticauda. An. Cornu. ' An. Cornuta. Miguel. MifTue' . 'm mtmmimtm CARACTERES Rangs d'écaillés fous le corps £c fous la queue. 24.0 î3 240 II 230 Longueur' totale , & Crochets longueur de à venin laqueue. | 2 pi. 6 po 1 pouc. I pi. grandes. très -unies & très- petites. Les diverfes écailles blanches bordées dt roux, des bandes tranfverf-les d'une cou- leur foncée, & dontplufieu.s feréuniiTent. Lfs écailles rouges *: bordées de blanc ;| d^s bandes tranlverCales noiiâtres au-deffiisl 8c au de;Tous du co;ps. î.e defFus & le deiïous du corps d'un! blanc livide. ' La bouche au-deflTous du mufeau & t.ès petite , ainfi que l'anuj, ■leuf fur, I quatre { I r D'un noir vi-rdâ'rej une tache jaune fur U mufeau; deux bandes obliques de 'a même couleur lurlaque.ie, levenff jauii ■. La bouche audefibu"^ du muH au qw ii trcs-aioiigé ; la queue termin;'-c par ur.e pointe dure. I Pâle ; des ban 'es tranfvrrfale's b:tincs. 1 La qu.'ue très-compi imce par les côtés , 4c terminée en pointe. Deux f'entsqiii percent la lèvre fupérieu'- ireSi ont j'appai-en-ededcux pentes cornes. ran'r"!. i Sl \ jaune; un- cm t;0!<. raies longitudinale- unies. ^ brunes ; des bandes tranfv erlales très ét.ci ■ tes & de \j même couleur. 1^6 T A B L t ESPECES. Trait. Sagitta. Çplubrin. f An. Coluhrijia, Réfcau. An. Reticulata. CARACTERES. Ruigs d'ecaiUes [ Longueur I fuus le corps, &' totale , &j Crochets langs d'e'caiiies ] longueur de à venin fous la queue, la queue. I 6 Peiiitade. Meleagris. 0:v;t. Orvet. An. JauneSc brun. A71. Flavofiifca. Eryjc. E'-yx. Pîatuie. Platura. 23 iSo 18 177 37 135 13s 223 ii6 136 3 pieds. I pi. 6po. 127 I pi- «Spo I p. I p. 611. la longueur delà queue, un peu plus grande que celle du- corps. I pi. 6 po 1 pouc. les mi choira, fans dents. M E T H O D I Q U E. 147 lum.'i'ia ■ j" .' SUITE DES CA R A CT E R E^S. Ecailles du delTus Je la lêtc. Ecailles du dos. .i grandes. neuf fur quatre rangs. i' hexagones &: unies. Couleur & Traits partfc>ulîers''de Ja conformation extérieure. Les e'cailles qui recouvrent le ventre font un peu plus larges que celles qui gar- nllfent le dos. Variée de brun & d'une couleur pâle. Les e'cailles brunes & blanches dans leur centre. Verd5tre ; plufieurs rangées- longitudi- nales de points noirs ou bruns. Les écailles du defTas du corps rouiïes & borde'es de blanchâtre ; quatre raies longi- tudinales , brunes on no.resi le ventre d'un brun trcs-foncé; lai gorge marbrée de Wajuc, de noir êc de jaunâtre. arrondies & unies. D'un vert mêle' de brun; plufieursran- gêes longitudinales de points jaunes j le ventre jaune. D'un roux cendré; trois raies noires & longitudinales. La mâchoire fupérieuie un peu plus avancée que l'inférieure. : ■ ■■ '. — . -'•T-' ^ ar.ondies , trcs-peti- Noire; le defTous du corps blanc; la tes, & pia-jquïue variée de blanc & de noir céesà côté! La queue comprimée par les côtés, & un les uneî peu arrondie à fcn extrémité des autres.! G z 14? TABLE ■IkBMM ,-^.wfl~ j^\U Jiâjùc. ■^ ^^ CINQUIEME GENRE. ^effens dont le corps & la queue font entoures d'anneaux ccailleux. [A M P H I S B E N E S. Amphijhœnœ., 1 I mmmmm C A Fv A C T E R E S. ESPECES. Anneaux du corp5, I & anr.eaux de la Elanchec. Amphisb. Alba, Amphisb. Enfumé. Amp hisb.Fuîîginofa, i queue. 223 16 20O 30 Longueur j totale , &!Crociiets lo!)g;aeurde à venin la queue. - I pi.5po.9' r po . 6 Vu l p. ip.ôl. 6 li. METHODIQUE. 145 ^MMMM iÉMIÉÉlH -SUITE DES CARACTERES. Ecailles j du defliis Ecailles de 'a tête. fix Tur trois rangs. fîx fur trois ranjs. du dos. Couleur & Traits particuliers de la conformation extérieure. Blanche. Huit tubercules près de l'anufi. Noirâtre , varie'e de blanc. ! j Huit tubercules près de l'anus. mmmmm mm fimmmmmmitiÊÊm \ I G J ^50 .7 '1 rT A-B-LE :§» SIXIEME GENRE. Ser^cîis dont les côtés du corps prefenUnt une rangée longitudinale de plis. C (S C I L E S. Cœciliœ. ■ yge^CtA' n"»t» : ■a;»ig««t» »i..-««***.--*iiJ«s*i.**«.. ««MP ■^ € A-R A C T E R £-S. ■c c' 15 "B f^ T ^ Plis (ies côtés du | Lcngueurl ^>; 15 £ «^ i:» 3. fcorps, & plis des totale , & Crochets .... .. ., [côtés de la queue.. longueur de à venin j jla queue, j Cœc. Vir^ucux ,i ;:!r, . --- .- Cac. Giutinofa. METHODIQUE, i^i SUITE DES CARACTERES. Ecailles du deiTus de la lête. Ecailles du clos. •mm»*» Couleur & Traits particuliers de la conformation extérieure^ Brune i une raie blanchâtre fur les côîte. La mâchoire fupérieure garnie de deux! petits barbillons i la queue uè»-couric. 'I I "I ■■!! '•f^ G 4 I5i TABLE •a-*- :^^^,0 xKirii- =:^. SEPTIEME GENRE. ^erpens dont le deffbus du corps , pré/entant vers la tête de g: andes plaques , mordre vers V anus des an- neaux e'caill uxy & dont l' extrémité de la queue ejl garni: pardi Jous de très-petite^ écailles, L A N G A H A. Langaha. ESPECES. * -^e A R A C T E R E S. ■■\ t L-angaha deMadagal. Langaha. Mada^. Grancies plaques,] Longueur & Ênneaux écail- toiaie", & longucurfit la queue. 2 pi. 8 po Crochetfl à venin à la mâ- choire fuiH-ri. fT" iÀ^A ^! HUITIEME GENRE. Serpens qui ont le corps 6* la queue garnis de petits tubercules. A C R O C H O R D E S. AcrochordL ESPECES. > crocho de de Java Acrochordus Javan. \m "1"' CARACTERES. Try Longueur totale , & lonGTiiearde il queue, 8 pi. 3 po. \ ( pcuc. Crochets à venin METHODIQUE 153 » ^" ^* »■ *» ^iVi«»-- ^ X^* n ij ., - — - — ^~-* SUITE DES CARÀC TE R E S. Ecailles t du deflusi Ecailles de i du dos. la «été. ' fepi fur : rhotnboi- deux I da^rs. rangs. I ) ■ I ■■ Couleur & Traits partîcul ers de la conformation extéiiei-re. Les éc^ill^s lougtitres , chargées à leur bafe d'un petit cercle gris & d'un point iaîine. ■Mb SUITE DES CARACTERES. I Ecailles j idu deilus^ Ecailles de du dos. la tête. petites &; en grand •nomb're. Couleur & Traits particuliers de la conformation extéiieure. Noire \ le deffous do corps Llanchâtre 9 les cotés blanchâtres , tachetés de noir. La queue très-menue àproportiondu corps. G .^ikS.^i ^0 iilu. S^â^^ AVIS AU RELIEUR.. L'ÉtOGE du Comte de Buffon ne- faifant pas partie de cette Hiftoire Na-- îurelle des Serpens , doit être placé^ Avanf le titre d^ 1 ^ ■ I II » • ■•* <4 i . '.i ■: r »«?• *<' • J ««.'jr.. T.^m .J2l T/.I./ur t ^6 Hijloire Naturelle donnent la mort iorrqii'ils fe mêlent avec îe Tang. Il ne faut pas croire cependant que îe plus grand nombre de ces Reptiles 1 I I I 11,1. I Viper or adder , eu Anglois- La Vipère, M- d'Jubenton, HiJ}' natur. des Scf-^ feus , Encyclopédie méthodique' Colwber Beius, Li/in£us , Syjlema natur^t j amphi- lia StrpenteS' Coluber Berus. — Vipera Fraiicifci Redi. — - Viperamofis j charas. — Lamently Spécimen Medi- cum» Vieuude , 1768 , fol. 97 & feq. Viptra , Ray i Synopfts Quadrupedum & Serpenùni geiieris. Londr. 1693 , p' 285. Vipera , Gefner- de Serpet:tum natura. fol. 71. Col. Berus , IVulf , Ichthyologia cum amphihiis re- gui Bonijfxi. Vip2r oradder, EJfay Tonwards à naturel- Hijlory êf Serpents by Charles Owen. London ^ I742,jp. 51^ pi' I. Viper, Zoologie Britannique , vol. "^ , p- 1$ > P^' A* i?.° 12. Vipera ang'ica, fufca dorfo lineâ undatâ nigri-« eaiite confpicuâ. Pcf/V. mu f. fol. 17, n-^ 103. Vipère, M' VaUnout de Bomare. Vipera vera Indiae oiieiîiaiis. Seha , viufe- 2 j tahla 8 , 6-g' 4' Nous croyons devoir prévenir ici, relativement . à îa nomenciature des divêrfes efpèces de Serpeiis doiit r.c! •-•s allons traiter , que plulieurs noms dont îes Modernes le lervent pour les déligrïer , onte'té également employés par les Anciens j tels font ies âcs Serpens. ijj foïent venimeux-, Ton doit préfiuner que; tout ciu plus, le tiers des diverles eipèces de Serpens , renferme un poifon très- adrf. Ce font ces efpèces redoutabli^s qu'il importe le plus de connoître ^ pour les éviter-, aufîi commencerons-nous , en traitant de chaque genre de Serpens , par donner i'hiftoire de ceux qui, pour ainii dire 5^ recèlent la mort, & dont l'approche efl; d'autant plus dangereufe , que leurs armes empoiionnéeSj prefque toujours enveloppées dans une lorte de fourreau qui les dérobe aux regards, ne peuvent faire naître aucune méfiance ni infpirer aucune précaution. >■ I ■ ■ I I .-c .» I «I II ■— — — a noms de bems, prejîer , afpic , hoa , paiera^ cœcilia , miliarh , trifcalis , dipfas , dryinns , elops , elaps y m^ lurus , fchytaie , &c. Mafs les Anciens ont fi peu caradérile les diffère itts eipèces auxquelles i!s onc attribué ct-s noms, qu'il eft prefqu'impoflibie de les reconnottre ; tout ce que j'ai ciu découvrir j par une comparaifon attentive des expreffions des Anciens . avec les dëlcjiptrons des Serpens qux ont été bien obfervéF, c'elt que les Anciens n'ont pastouH)urs appiqué ces noms à des efpèces dit- tinétes, & qu'ils les ont fouvent employés pour de iimpies vaiiété- d'ag- ou de fexe , api^artenantes ti des efj èces communes en Europe; & particu-î lièrement en Grèce. t j §■ Hijloirc Naturelle Parmi ces eipèces, dont le venin eft; plus ou moins funefte , une des plus an- ciennement Se des mieux connues , eft la Vipère commune. Elle eft, en efîet , très- multipliée en Europe -, elle habite autour de nous , elle infefte nos bois , & fou- vent nos demeures '-, auiîi a-t-elle infpiré, depuis long-tem.ps, une grande crainte*, ê-c cependant avec quelle attention n'a- t-elle pas été obfervée ? Objet d'impor- tantes recherches êc de travaux multiplies d'un grand nombre de Savans , combien de fois n'a-t-elle pas été décrite, difTé- qwée & foumife à diverfes épreuves ? Nous avons donc cru devoir commencer i'hiiloire de tous les Serpens par celle de la Vipère commune ^ fa conforma- tion , tant intérieure qu'extérieure 5 fes propriétés , fes habitudes naturelles ayant été. très-étudiées 5 Se pouvant, par confé- quent, êtrepréfentées avec clartés répan- dront une grande lumière fur tous les objets que nous leur comparerons , Se dont on pourra connoître plufieurs par- ties , encore voilées pour nous , par cela feul qu'on verra un gr.nid nombre de leurs rapports avec^ un premier objet: Lien connu & vivement éclairée des Sapens, 1 5 ^. La Vipère commune efl; aiiffi petite , aiifîi foible , aufîî innocente en appa- rence , que fon venin eft dangereux. Pa- roifTant avoir reçu la plus petite part d^s propriétés brillantes que nous avons re- connues en général dans Tordre des Ser- pens , n'a/ant ni couleurs agréables, ni proportions très-déliées, ni mouvemens agiles, elle feroit prefque ignorée , fans le poifon funefte qu elle diftille. Sa lon- gueur totale eft communément de deux pieds j celle de la queue , de trois ou quatre , pouces , & ordinairement cette partie Hu corps eft plus longue Se plus grofTe dans îe mâle que dans la femelle y là couleur eft d'un gris cendré, & le long de fon dos, depuis la tcte jufqu'à IVxtré- mité de la queue , s'étend une forte de chaîne compofée de taches noirâtres de forme irrégulière ^ & qui , en fe réunif- fant en plulieurs endroits les unes aux autres , repréfentent fort bien une bande dentelée & fituée en zig-zag. On voit auiîi, de chaque côté du corps, une ran- gée de petites taches noirâtres , dont cha- cune.correfpond à Tangle rentrant de la. làaud:û en zig-zag.. I ^o Hijîozré Naturelle Toutes les écailles du delîus du corps fontrelevées au milieu par une petite arête, excepté îa dernière rangée de chaque coté , où les écailles font unies & un peu plus grandes que les autres. Le deiibus du corps eO: grrnï de grandes plaques cou- leur d'acier & d'une teinte plus ou moins foncée ^ ainfi que les deux rangs de pe- tites plaques qui font an-deiîbus de la queue (^2). Quelquefois, dans la Vipère commune, de même que dans an très grand nombre d autres efpèces de Serpens , les grancfes pièces qui recouvrent le ventre & le dcT- (bus de la queue f oat , ainfî que les :Hitras (a) Nous avoTis compté , fur îe pîus gnrad ftomb e d'individus qu€ nous avons examinés^ 14^ grand-s plaques $c 39 rangées de petites. t« Depuis fe commencement du cou jufqu'iaa 99 commencement de fa queue, ii y a autant de »4 orandeb écail'CS qu'if y a de vertèbres ; 6c w comme chaque vertèbre a, de chiique côté , M une QoVi , chaque écaille rencontre , par les r) deux bouts , la pointe de toutes les deuK, 6c 9-» leur fert comme de défenfe & de foutien- »> Ménioiu pour fcwir à l'kifi. natur. £es animauX' Dtf*. des Serpens, i 6 1 écailles , pins pâles ou plus blanches dans la partie qui effc cachée par la pla- que ou récaille voifine , que dans la partie découverte , & le défaut de lu- mière paroît nuire à Li vivacité des couleurs lur les écailles des Scrpens , comme fur les pétales des fleurs *, mais on ne remarque communément cette "nuance pins foible de la partie cachée, ;que fur les Scrpens en vie ou fur ceux qui ont été de(féch«s. li arrive le plus fouvent , au contraire , que , fur les Ser- pens confervés dans Vefprit-de-vin , îa .partie des grandes plaques ou des autres • écailles , qui eft toujours découverte , ■'eft d'une nuance plus blanchâtre, comme plus cxpofée à Tadion de Ttfprit ardent qui altère toutes les couleurs. Le deiïus du mufeau êc Tentre-deux des yeux font noirâtres ', 8c fur le fom- met de la tête , deux taches alongées , placées obliquement, fe réuniiTent par un bout & fous un angle 'aigu. La tcte va en diminuant de largeur du coté du mufeau , où elle fe termine en s'arrondifTant ) & les bords des mâ- fe-ho:re5 font revêtus d'écailles plus grandes 1.6 1 Hifwire Naturelle que celles du dos, tachetées de blan* ,châtre &: de noirâtre , & formant ira rebord ailez Taillant {a). (fl^ Nous avons cru qu'on verroit avec d'au- *tant plus de pîailîr ici une courte expolition des :^rincipales parties intérieures de la vipère , que fo conformation interne ^ix très-lemblable à celle 'du plus grand nombre de Serpens dont nous trai- terons dans cet Ouvrage, & qui par-là feronc • connus à l'intérieur auffi-bien qu'à l'extérieur- Nous n'avons pu mieux faire que de rapporte» 3es propres paroles de M- Charas, qui a diflequé avec foin la vipère commune, & dont nous avons ■■■vérifié les obfervations que l'on trouvera ici» *4 Le mufeau eft compofé d'un os en partie car- n tilac^ineux , garni aux environs de quelques ?» bouts de mufcles qui viennent de plus loin , n qui font auflTi accompagnés de quelques petites- « veines & de quelques petites artères. Cet os ■>» eft encore couvert de la peau écailleufe, re- >» îrcuffée ^ çomnie v.ous r'svons dit , dans fes >5 extrémités. Il y a deux conduits dans fes deux » côtés, qui forment les narines, lefquelles ont >» chacune une ouverture petite & ronde , à droite » & à gauche fur le devant, & leur nerf propre, j» qui vient depuis la partie antérieure du cer- M veau jufqu'h leurorilice, & qui leur commu- M nique l'odorat. . c Cet os cartilagineux a tout •>» autour divers angles , & eft articulé par de » forts ligamens au-dedans & autour de \<à partie des Serpens, t6j Le nombre des dents varie fiiivant les individus-, il eft fouvent de vingt- mmmmhMm n creufe & antérieure du crâne, ce qui n'em- »> pêche pas qu'il ne foit un peu flexible dans M cette articulation. ,, »> Le crâne le trouve creufé dans fa partie an- »i térieure , & repréfente une forme de cœur 99 lorfqu'on en fépare l'os du mufeau. H a deux »> pointes avancées qui embraflent en partie cet »• os là; il eft entouré, en fa partie fupérieure, >} d'un petit bord avancé en forme de corniche; fi il eft échancré aux deux côtés où font (itués ^i les yeux , & y forme leurs oibites , dont la t» partie poftérieure e(t étendue en pointe qui >9 répond à celle de devant. Tout le crâne , en M toutes fes parties, eft d'une fubftance fort com- *» paéte & fort dure ; il y a trois futures princi- >» pales dans fa partie iupérieure ; l'une qu'on « peut nommer fagittale, qui divife de long ei¥ i9 îongia partie du deffus des deux yeux ; l'au- « tre, qui fe peut nommer coronale , qui divife 'j> le crâne en travers derrière les deux orbites; »♦ Se la troifième , qui le fépare encore en travers »» près du commencement de l'épine. Dans la 5> fuperficie de la partie fupérieur© du crâne , on ff remarque la forme d'un cœur bien repréfente, M (itué dans fon milieu , qui a fa bafe près de la 9* future que j'ai nommée coronale , & qui perte j» fa pointe vers la partie poftérieure du crâne j. >» qui eft féparée par la troifième future. Il y a >3 aufli une autre grande future tout autour des i64 Uîfioire Naturelle huit dans la mâchoire fiipéneure , ^ de vingt - qudtre -dans Tinférieure ^ maïs « parties îatéraîes inférieures du crâne,par ïaqutsTfe î) ï! fe peut dÏYifer en deux corps, l'un fupérieur^ a & '/autre inférieur : ce dernier eft fait en forme «) de dos renyerle , allant de long en îong, creuie 9) au dedans , & repréfentant !a forme d'un foc y* qui a comme des aileroris à fes côte's, & dont »> la pointe avance au delTôus de l'entre -deux 9j des yeux ; fa partie poircrieure descend juf- 9> qu'au fond du paia-s, où eHe a, dans fon def- s> fous, une pointe defcendant en fo mt de *r.on- »> ticuie renverfé. Toutes les futures du crâne 9i font fî bien unies dans leur joniSion , & fi for- s> tenlent annexées , qu'il eit tort difficile de les ■ »> diftinguer , & encortr r^lu? d'en féparer ies par- n ties fans les caiTer , à moii s tjue de f^ire bouillir •99 îe crâne dans que-que liqueur. -' >» La fubftance du cerveau' de la ■iip'ére eft n divift e en cinq corps principaux , dont les deux » premiets ^ont ronJs & longuets, chacun de la j» grandeur & de la forme d'un grain de femence » de chicorée ; ils font fitués de long en loi^ • >» entre lesdevx yeux, &: c'eft de ces corps que j» partent les nerfs de l'odorat; les trois autres n l'ont dans la partie moyenne du crâne /ôçaù- « deflbuî de cette forme de cœur dont nous » avons parlé; chacun de ces corps approche de 99 la grofièur d'un grain de femence de milium. >» folis , & repréfente à peu-près la forme d'une w poire j donc la pointe eu tournée vej's ia paitie des Serpens, i 6 f toutes I» corps avec ce dernier, quoiqu'elle ait fa place »» fe'parée dans la partie poftérieure du crâne ; »> elle eft d'une fubftance un peu plus blanche >»•& un peu plus moUe que les corps donc »» nous venons de parler , & de la grolîeuc »>..d'un petit grain de froment ; elle produit un »i corps de la même fubftance, qui s'étend en n iong , & paCant en droite ligne au travers de- ■»j toutes les vertèbres de l'épine du dos, vient "•> aboutir à l'extrémité de la queue. Les corps du, •> cerveau de la vipère font couverts d'une tuni- •> que afiez épaifîe, & qui leur eft allez adhérente^ «5 qu'on peut nommer dure-mèrej elle tift de cou- 9 leur noire, d'où ii eft arrivé que quelques Au- 9 teurs-,. qui n'avoieiit pas pris la peiae de re^ar- t der fous la tunique,, ont dit que le cerveau" de r la vipère écoit de coiaieur noii-e. Sous cette dure- '» mère, cbaque corpj du cerveau, féparément, $ aescore une petite membrane qui l'enveloppe ^ qu'on peut nommer pieinère. On remarque de pe^çj mçwfîiçes ^^e çês. torps, &même daa4 i66 Hijloire Naturelle 8c quelquefois trois ou quatre dents lon-- ^ues d'environ trois iigues , blanches ,, 9* le corps de îa moëlïe fpinale , qui pourroient »» pafler pour des ventricuies ; & je ne duULe pai ») que, li le fujet étoit un peu p'us.g os /.on n'y- M pût remarquer Hi plupart des parties conii* » dérables qui le Toient dans les animaux plu» n grands. ' »» A chaque cote' fupérieur du milieu de ce cœur ?» que l'on voit au-delius du crâne, ii y a un petite fi os plat qui a environ une ligne & demie de' » long, qui lui eft fo:tement articulé, lequel, lui-^' »- vant & adhérant ^au même côté du crân-:= jufqu'tV ** fa partie poftërieure, vient s'articuler de nou-* »> veau ;i un autre os plat plus long & plus fort,' t* Se y forme comme un coude : ce dernier os' n- defcend en bas & vient s'articuler fortement au' f> bout interne de !a mâchoire inférieure, au mi-' w lieu de laquelle articulation la mâchoire fupé- ») rieure vient aboutir & s'y articule , mais non ». pas ti fortement, parce qu'elle a d'autres arir- »» 'cuîatîons dont l'inférieure eft dépourvue. Ces >» os, qui' font comme des clavicules, fervent & »» de foutien aux mâchoires , & à les ouvrir & rel- M- ferrer, & ils y font aidés par les nerfs &:par les f9 mufcle^ dont la nature les a pourvus. " Il y a auffi, h chaque bout avancé dePorbite, M un petit 03 plat, ayant environ deux lignes & »» 'demie de long, qui eft fortem.ent articulé & i> conjoiritementavec la fa'cine de ladenfcanisej des Scrpcns, i Gj (Tiaphancs , crochues & trcs-nigucs*, on ies a appellécs les dents canines de la M îequeï, par fon autre bout,eft aulTi fortement »» articulé au milieu de la mâchoire fupérieure, f« tant pour la ibutenir que pour la faire avancer >) enfemble avec la grofle dent iorfqu'elle fe re-' ?» lève pour mordre. La mâchoire fupérieure eft !> divifée en deux fur le devant, & efî féparée » par l'os cartilagineux du mufeau , où fes deux »» bouts font articulés de chaque coté. Ces deux »» mâchoires font beaucoup plus internes que celles » de delTous, & ies groffes dents font ûtuées hors « de leur rang & à leur côté , en tendant en ï» dehors, & leur fervent comme de défenlesj elles »> font compofées chacune d'un feul os, qui a en- *» viron dix lignes de long. j, >» La mâchoire de deflbus eftauffi divifée en deux: *ï ces mâchoires font annexées pardevant Pune à » l'autre, par un mufcle qui les ouvre ou les ref- »» ferre au gré de l'anitnal, & n'ont d'autre articu- .»> ïation que celle que nous avons dit de leur bout .» interne avec la clavicule qui defcend du crâne» »> & avec le bout interne des mâchoires fupérieu;^ « res. Chacune de ces mâchoires eft compofée de » deux os articulés enfemble vers le milieu de la .»» mâchoire; celui de devant embrafle deflus & M deflbus celui de derrière , & fe peut ployer en. 9t dehors en cet endroit lorfque la vipère veut mor- » dre , & il eft tant foit peu recourbé en-dedans » vers fon extrémité ; c'eft fur cet os feul que le^ « dents de deifous font fichées» 1^8 Hijhire Naturelle vipère , à caiife d'une reilembiance im- parfaite qu'elles ont avec les dents ca- >» Les nerfs principaux de îa tête de h vipère 9^ font, en premier lieu, ceux dont nous avons »> parlé; favoir, ceux de l'odorat, ceux des yeux *» & de Fouie. Il y a , outre ceux-là , ceux du goût, 9f celui qu'on peut appelfer la fixième paire er- »> rante , qui fe diftribiie après dans toutes les par- M ties vitales 3c naturelles, & ceux- qui, fortantda »> la moelle fpinale , font portés par toute l'habi- M tude du corps. H y a aufli plulieurs nerfs qui » partent de la partie inférieure du cerveau , & rf qui pafl'entau travers du crâne ; mais, àcaufe de ff leur délicatelTe , il eft très-difficile de ks fuivre >» Jufqu'à leur infertion. 99 11 y a encore un nerf confidérabîe qui fort «» du crâne derrière celui de l'ouïe :, qui laifîe danu 99 i'entre-deux une petite apophyfe au crâne , & 99 qui, defcendantie long de la clavicule, faitfon » cours fur la mâchoire inférieure , S: s'insère dans >» fon milieu, puis i! pourfuit au-dedans jufqu'à w fon extrémité , & fe diftribue dans toutes les dents •» q i y font fichées. » La tête a auflî lies veines & fes artères, qui, 99 venant du foie & du cœur , s'y diftribuent en »> une inlinité de rameaux, dont toutes fes parties f» font arrofées. Elle eft auiïi garnie de plufieurs r> mufcles aux cotés & au-dellbus du crâne , & w aux environs des clavicules & des mâchoires M fupérieures & inférieures , qui fervent non- nîiies des Serpens. i ^^ nines de plufieurs Quadrupèdes. Ces dents , longues ôc crochues , font très- M feulement h remplir les creux du crâne & à cou- »' vrir les os qui y font articulés, mais à donner le »» mouvement de toutes les parties qui en onc '» befoin ; à quoi aufTr les nerfs contribuent de leur »» part. » Le grand nombre des os qui refrent au corp* w de (a vipère , aorés ceux de la tête , ne confifte »» qu'en vertèbres & en côtes. Les vertèbres corn- >» mencent à fa partie poftérieure du crâne, à fa- » quelle la première eft articulée; les autres font »> arrangées de fuite, fortement articulées l'une à » l'autre, & continuent jufqu'à l'extrémité de h *i queue. Chaque vipère, tant maie que femelle > » a cent quarante-cinq vertèbres depuis ia fin de »» la tête jufqu'au commencement ce fa queue* w & deux cent^quatre-vingt-dix côtes , qui eft le n nombre double des vertèbres , à chacune def- »> quelles il y a deux côtes articulées, une de cha- ty que côté, qui funt plcyées & qui embraflent les »» parties vitales & les naturelles de la vipèr© » & dont chaque pointe vient fe rendre à un »» des bouts de la grande écaille de defibus le ven- •» tre, qui eCt propre à toutes les deux; en forte » qu'il y a autant de grondes écailles fous le ventre, •» depuis la fin de la tête jufqu'au commencem.ent >> de la queue, qu'il y a de vertèbres afTorties de '» leurs deux côtes. Outre cela, il y a vinat-cinff •• vertèbres depuis le haut de la queue fufqu'à » Ion extrémité , & ces vertèbres n'ont plus d# Serpens^ TomcIIL H Ijo Uijloire Naturelle mobiles , ainfi que celles des autres Ser- pens vipères *, Tanimal ies peut incliner mm H côtes, mais elles ont, en leur place, de petite* w apophyfes qui diminuent en grandeur, de même f». que les vertèbres, en tendant vers le bout delà M queue. »» Les vertèbres ont une apophyfe épineufe en 9i leur partie fupérieure , qui va de long en long , & J9 qui a près d'une ligne de haut; elles en ont au-- f> defibusune autre pointue, qui eft courbée vers a> le côté de la queue , & qui eit de même hauteur f» que la fupérieure ; elles ont aufïi des apophyfe$ >» tranfverfes aux deux côtés, auxquelles les côtej 9» font articulées ; elles font crcufts dans leur mi- »> lieu, & reçoivent le corps de la moelle qui part 9i du derrière de la tête, qui fournit autant de »> paires de nerfs qu'il y a de vertèbres, & qui coni- V tinue jufqu'à l'extrémité de la queue. f» H y a quatre grands mufclesbien forts & bien f» longs, qui prennent leur origine du derrière de f» la tête, & qui defcendentdeux de chaque côté H des apophyfes épineufes, l'un joignant l'épine, •» & l'autre au côté & un peu au-deflbus du pre- j> mier , qu'il accompai^ne deiong enlongjufqù'au f$ bout de la queue, il y a aufîi deux grands muf- $.^ cfes de pareille longueur qui font attachés à la f* partie intérieure des vertèbres, & qui îesaccom- » pagnent d'un bout à l'autre, de même que les fupérieurs. Nous remarquons auffi de chaque eôîé, autant de mufcles intercoliaux qu'il y a y «? 1 ^ des Serpens. 171 ou redrdler à volonté : communément ■elles font couchées en arrière le long « de vertèbres, fervant au même ufage que ceur M des autres animaux, qui féparent les côtes depuis M la racine jufqu'à leur pointe; tous ces mufcies M font aufli accompagnas de veines & d'artères, de w même que les plus grands. »> La trache'e-artère eft fttuée au-deflfus & tout fe r» ïong de la langue, & lui fert comme de couver- M ture par fa partie ante'rieuie; elle a fon corn- »» mencement à l'entrée de la gueule , où elle pré- M fente un trou ovale relevé en haut, &: ayant »» comme un petit bec en fa partie inférieure. Elle >» eft compofée, à l'entrée de plufieurs anneaux »» cartilagineux joints les uns aux autres, qui con- >» tinuent environ la longueur d'un faon pouce, »» & qui fe jettent dans le côté droit de la vipère, f» 011 ils rencontrent le poumon ; & depuis cet »î endroit-là, on ne voit plus que les demi-an- »> neaux renverfés, lefquels étant joints des deux »» cJtés à des membranes qui dépendent du pou- »» mon & qui lui font annexées pardeifous d'un » bout à l'autre, étant aidés du môme poumon, H fervent à la refpiration , & continuent leur rang »> & leur connexion julques vers la quatrième par- »♦ tie du foie, qui lui eft foumis, aulîibien que fe ï» cœur. La trachée-artère a en tout huit ou neuf f» pouces de long, & à l'endroit où fes demi-an- »> neaux fmiflent, elle o'unit avec une membrane w quiattire & reçoit l'air jufqu'aucommencyne*it Hij tji Hijîoire Naturelle de la mâchoire , Se alors leur pointe ne paroît point -, mais, lorfque Li vipère veut I» des inteftins, où elie forme comme un cul-de- f» fac en rond. »» Le pournon étstnt joint à ia trachée-artère, & JH faifant avec elle un même corps, elt , par con- M féquent, fitué, comme elle, au côté droit; ifs 99 commencent là où finilTent les anneaux entiers »» de la trachée-artère. Le poumon eft fait en forme 99 de rets, il n'a aucuns lobes, il eft d'une couleur 5> rouge, fort claire & fort vive, d'une fubftance »> allez mince, allez tranfparente , & un peu ru- »« aueule ; il eit attaché par des membranes à la >» partie fupérieure des anneaux imparfaits , il a »> fept ou huit pouces de long & un petit travers 99 de doigt de large; il eft tout femé de veines & w d'artères. »» Le cœur & le foie font aufiî fitués au côté 99 droit de la vipère ; & au-devant du cœur il y a, ?> à environ le tiers d'un travers de doigt , un petic >» corps charnu & un peu plat, de la grofieur d'un S9 petit pois, ^^ui eft rempli d'eau ; ce petit corps 99 eft fituéau-deffous du poumon, de môme que ?> le cœur & le foie , & eft i'ulpendu par les mêmes w m.embran2S qui les Soutiennent; on peut le pren- ?» dre pour une efpèce de fagouè* ou de tymus , & il 99 peut avoir les mêmes ufages. ï» Le cœur eft fitué environ quatre pu cinq pou- »» ces au-deflous ducoommencemet du poumon; ^ il eft de ia grolTçur d'une féverole ou d'une pe^ des SerpenS. 173 mordre ; eîle les relève & les enfonce dans ia plaie en même-temps qu'elle f^ r<^pand fon venin. M titefève, iï eft îonguet , charnu, & enTÎronné »» de fon péricarde , qui eit compofé d'une tunique »» aflez épaifie ; il a deux ventricules , Pun du côté rj droit, & l'autre du -côté gauche; il a aufii deux » ouvertures. Le fang qui vient de la veine-cave » entre dans le ventricule droit, & fe jetant dans w le gauche, en fort par l'artère-aorte, qui fe di- 9? vife d'abord en deux gros rameaux , dont l'un »♦ monte yers les parties fupérieures, & l'autre > ») paflant au-deflbus de l'œfophage & prenant fon M chemin en biais, fe divife dans la fuite en plu- »» fleurs rameaux, qui fe répandent & font per^ »• tés à toutes les parties, jufqu'au bout de ia » queue- •» Le foie eft un corps charnu , de couleur M rouge-brun , fitué demi- pouce au-deflbus du 9i cœur, & foutenu des mêmes membranes; fa 9> longueur &fa.2rofleuf font aflez inégales, mais >j les plus grands foies ont jufqu'à cinq &lix pou* M ces de long , & un demi-pouce de large- Le foie o eft compofé de deux grands lobes ,dont le droit » defcend un bon pouce plus bas que le gauche. 3> Ces deux lobes font arroies de la veine-cave , qui f» fembîe les fvparer de long en long en deux corps, « & même elle le fait danslf^ur moitié inf^'rieure> »» coulant dans leur entre-deux, «Se leur fervant » pour les joindre en un même corps. La moitié ii iij Ij4 Hijîoire Naturelle Auprès de la baie de ces gro^Tes dents , 8c hors de leurs alvéoles , on ♦> fupérieure du foie eft continue, & ne fe peut *> diviler fans la couper. Le tronc de ia veine-cave »» fe divife en deux rameaux en fa partie fupé- w rieure^ dont le principal & le plus gros aboutit » au cœur, & l'autre pafle fous ie poulmon , & »> de-Ià aux parties fupérieures ; la même veine- »> cave, dans fa partie inférieure, fe divife en plu- »> fleurs rameaux qui defcendent dans toutes ies »» parties du deiïbus. sï La vipère eft dépourvue de diaphragme , n^y »> ayant aucune tunique tranfverfaie quifépare les t> parties vitales d^avec les naturelles ; on pourroit » néanmoins dire que cette tunique déliée qui dé- >* pend de la trachée-artère & du poulmon, à qui » defcend vers les inteftins & y forme comme ♦> un cul-de-fac , en fait, en quelque forte, la w fondtion. La veffîe du fiel eft fituée un travers de doigt au* »9 delious du foie & à coté du fond de l'eftomac, M & elle penche fur le côté gauche ; elle eit pref- « que de la forme & de ia groiTeur d^une petite f> fève couchée furfon plat. Le fiel eftd\inecou- 91 leur fort verte, fon goût eft très-amer & trés- 5> acre 5 fa confiftance approche de celle d'un fyrop, 9* peu cuit. Je n'ai trouvé, dans la veflie du fiel,. M qu'une ilTue dans un petit vaifleau , qui, fortant «du côté interne de fa partie fupérieure, eft re- 99 courbé dès fon origine, & defcendant & adhé- w rant, même dans fon commencement j à la paX' dt^s Scrpens. 175 voit , d.ins des enfoncemcns de la gencive, un certain nombre de petites ♦» tîe interne de cette veflie , fe (îivife après eti » deux rameaux , dont le piincipal & le plus droit, I» paiuint par ce corps que les Anciens ont pris M pour la rate, fe jette dans l'inteftin qui le reçoit > »» & l'autre moindre , en rebrouflant chemin , »> femble remonter contre le foie; mais fe divifant »> en plufieurs petits rameaux, on ne faaroit plus I» le difcerner ni le fuivre. Ce n'eft pas en ce lieu M que je veux combattre le fentiment des Ancien^ «» fur la qualité vénéneufe qu'ils ont attribuée au » fiel; je renvoie cela k un autre lieu, où je ta- » cherai de foutenir la qualité baïfamique de ce »» fuc, en faifant voir qu'il eft exempt de toute »♦ forte de venin. Le pancréas, que tous les Au- »> leurs ont nommé rate , eft litué près & tant foie »> peu au-deflbus du fiel . & au côté droit de ia vi-« >» père ; il eft de ia grofîeur d'un boni pois , da n fubftance charnue en apparence, mais en effeC >» glanduleufe; fa lituation, qui eft tout joignant » le fond de l'eftomac, & vers l'entrée des intef- >» tins, conlidérée avec fa fubftance glanduleufe , M me fiiit croire que c'eft plutôt un pancréas M qu'une rate ; j'en iaiffe néanmoins la décifioiî M à ceux qui voudront prendre la peine de l'exa-- w miner. »♦ L'œfaphage prend fon commencement au j» fond du gofier , fa fituation eft au côté gauche , •i & fon chemin eft tout droit au côté du poumon H iv ty6 TJîJloîre Naturêtle 'dents crochues , inégales en longiietir 1 conformées comme les dents canines. »» & du foie, jufqu^à fon union avec l'orifice de »> l'eftomac. Elie eft compofée d'une ieuîejnem- »> brane, fort moîie & fort aifée à s'étendre, & » qui même peut être enfiée del a grofieur de y> deux doigts; c'eft elle qui reçoit îa première tout ai ïes animaux queia vipère a tués avec fts groîTes a dents , & qu'elle a avalés tout entiers , étant pro- ?> pre 3 cela , tant par fa large capacité , que par fa ft» îongueur, qui ^it d'un bon pied- a L'eftomac qui la fuit, eft comme coufu à fon #j fond , & fembîe ne faire qu'un même corps ?5 avec elle; il elt toutefois beaucoup plus épais, »j & compofé de deux fortes tuniques l'une dans •• i'autfe, & adhérente l'une à l'autre. L'épaifleur #9 de iQ& tuniques fait qu'on ne peut l'enfler de (a #) même groffeur de l'œfophage , car il ne peut #> guère eJtcéder la groiTeur d'un pouce; il a trois •I à quatre pouces de long , fon orifice eft affez w large, de même que fon milieu, mais fon fond w va en étrécifiiint, & eft d'ordinaire fort étroi-' 95 tement fermé, & ne s'ouvre que pour rejeter «# fes excrémens dans les inteftins. Sa tunique in- a» terne eft pleine de rugofités lorfqu'il eft vuide, *> & on y trouve fort fouvent plufieurs petits vers •» de la longueur & de la groifeur de petites épin- « gles. L'eftomac eft fitué du côcé gauche, comme »> l'œfophage , mais fon fond eft tourné vers le mir tt lieu du corps p pour fe vuider dans le premier w înteftin* des Serpens. 177 "& qui paror/Tent deftinées h remplacer ces dernières lorfque la vipère les perd iMMIa V La longueur & la capacité de l'cefophage, 8c »» la largeur dé Pentiée de l'eftomac , font fort s» accommodés au naturel «je la vipère , laquelle 9i n'envoie rien de mâché à fon eftomac, mais »> avale, pour fa nourriture j des animaux tout en- 5» tiers , quelquefois plus gros, & quelquefois plus »? petits ; & lorfqu'ils fe rencontrent plus longs M que ia profondeur de Peftomac , le refte de- >5 meure dans l'œfophage, en attendant que l'ef- ?> tomac ait tiré & envoyé h tout 'e corps le fuc n ri-es parties dévorées qu'il pouvoit contenir, >j après quoi il reçoit celles qui refîoient encore yf dans l'cefophage; mais il faut un grand temps » pour tout cela j à caufe que Teftomac ne fe *i ferme point , & qu'il ne fauroit ramafîer aucune ?> chaleur conlidérable pour faire une prompte >» digeftion- >i Les irteftins des vipères font fitu^s au milieu 9) du corps, fous l'épine du dos, & immédiate- s> ment après le fond de l'eftomac. J'en ai remar- »> que feulement trois, dont le premier & le plus »> étroit de tous , peut être appelié ouodcnum ; le 9> fécond, qui eft plus large & qui eft rempli de » plufieuis ùnuofités , peut être nommé .oloir^dc ff le troifième & dernier , redium ; iequel auiîî eft » fort large Ik fort droit, & lequel a fon ouverture 7> au-deiTousdcprés du comm^encement de La queue, v par où ies exçrémens forcent. Ces inteftins ojat PIv 1 7 s Hijlolre Naturelle pa'r quelque accident. On en a trouvé r> à îeurs côtés Tes tefticules avec îeurs vaîffeaux, ?» tant des maies que des femelles, S: les deux » corps de la matrice des dernière?, dont nous 9» parlerons après cette feâion ; ils ont awfH les rt reins avec leurs vaifieaux qui en partent, & « qui font accompagnés de leurs veines & de leurs r> artères, de même que tous les vaifleaux qui ler- n vent.à la génération; & les inteftins n'en font T) pas r.uiîî dépourvus, »>Les reins font fitués au-defîbus des tefticules; « ils font compofés de pîufieurs corps gtanduleux y j» contigus & rangés de long en long , les uns » après !es autres; ils ont d'ordinaire deux pouces 9' & demi de long, & deux lignes & demie de >ï large fur leur rondeur, qui eft un peu apla- ■r> tie ; ils fout de couleur rouge pâle : le droit eft » toujours iitué plus haut que le gauche dans l'un ?» & l'autre fexe; ils ont auffi leurs uretères, par r> où ils déchargent les férofités, près de Textrémité >' de l'inteftin- >» Tous les inteftins, les tefîîcuîe^ & les reins 9f font couverts de grailfe fort blanche & fort ?» molle , laquelle , étant fondue , demeure ert ?» forme d'huile; on voit auffi quelquefois, en >» certaines vipères j quelque peu de graifie auprès »> du cœur , du poumon & du foie , ^ fur-tout » près du fiel, & près de cette partie que les uns >» prennent pour rate , & les autres pour pancréas- >»» Toutes ces parties font enveloppées d'une tunî- » que foite 6t fermen-.ent attachée aux extrémités- des Serpens. i 79 depuis deux jiifqii'à huit(^). L'on peut préfumer que le nombre de ces dents de remplacement eft limité , & que lori^ que la vipère a réparé plulieurs fois la perte de Tes crochets , elle ne peut plus les remplacer -, elle demeure privée des « des côtes , qui pourroît pafTer pour épipîoorr, >■> Cl on y joignait la graifle ; mais comme la vipère» >» qui elt une efpèce de Serpent, ne peut piîfler >j que parmi les animaux imparfaits , je ne détsr- »> minerai pas le nom de cette tunique, h. [aquelîe >» ceux qui feront plus éclairés que moi donneront w le nom qui leur femblera le plus raifonnabie. »> Mémoires pom firvlr à i'Hifi&ire Naturelle des ajihnaux y, VoU 3 , pag' 611 & fu'w. ( a^ a Lorsqu'on les examine attentivement M avec une ioupe, on voit qu'elles tiennent, par « leur bafe , h une efpèce de tiflÀi membraneux f» très fin & très-mou. Ces petites dents vont er» >5 diminuant de groSeur, à mefure qu'tîîes s'é- ») loignent des afvéoles des dents canines; ctlles fy qui font le p'us près de ces àivéoies^ font auîiî r) les mieux formées & ks plus dures; ie5 autres >» plus petites, plus tendres , moins bien forméas , j» & comme muqueuCeSy particulièrement à leur « bafe ; elles paroifient , en, effet, devoir leur for- ?> mation à une matière blanchâtre & gélatineirfe» yy Ouvrage de M' l'Abbé Fontana , fur les pd'fons.. if pcrticuluremeiit far celai de la yipère^ Florence, lySj^ yjl' l, j?- 6- H vi 1 8 0 Hijloire 'Naturelle 'dents canines pendant le refte de fa vie -, & peut-être qu alors on en feroit Tnordii fans éprouver l'adlion de (on venin , qu elle ne pourroit plus faire pénétrer dans la bleiiure. Ce défaut ab- iblu de crochets, auquel la vipère feroit Sujette , devroit être une raifon de plus de chercher des caractères extérieurs , autres que les dents canines, pour dif- jtinguer les vipères d'avec les Serpens >)vipares. Ges dents canines de la vipère font 'creufes, elles renferment une double "cavité & comme un double tube, dont ï'un eft contenu dans la partie convexe ■de la dent , & Tautre dans la partie con- cave. Le premier de ces deux conduits s ouvre à l'extérieur par deux petits ^rous, dont Tun eil: fitué à la bafe de la dent , & l'autre vers fa pointe -, & le Tecond n'cft ouvert que vers la bafe, où il rec-^it les vaiileaux & les nerfs qui ^attachent la dent à la mâchoire [a). {a') Voyez, à cefujetjPOuvrage déjà cité dfÊ^ $kl, l'Abbé Fcmana, vol, J ? p. S. des Serpens. i 8 î Ces mêmes dents canines font ren- fermées jufqu'aiix deux tiers de leur longueur , dans une efpèce de gaine compofée de fibres très-fortes & d\in tifîu cellulaire -, cette gaine ou \j ♦ - J eft toujours ouverte vers la po ^^f* e la dent *, elle s'y termine par une^.^èce d'ourlet, fouvent dentelé, & formé par un repli de deux membranes qui la compofent. Le poifon de la vipère eft contenu dans une véficule placée de chaque côté de la tête, au-deffous du mufcle de la mâchoire fupérieure -, le m-ouve- ment du mufcle preffant cette véiicuîe^ en fait fortir le venin , qui arrive par un conduit à la bafe de la dent , tra- verfe la gaine qui l'enveloppe , entre dans la cavité de cette dent par le trou litué près de la bafe , en fort par celui qui eft auprès de la pointe , & pénètre dans la bleffure. Ce poifon eft la feule humeur malfaifante que renferme la vi- père , & c'eft envain qu'on a prétendu que l'efpèce de bave , qui couvre fes mâchoires lorfqu'elle eft en fureur , eft îui venin plus ou moins dangereux 5 î s 2 HlJIoire Naturelle l'expérience a démontré le contr^iire (^); Le (lie empoifonné , renfermé Jans les véficiiles de chaque côté de la tête ,. eih une liqueur jaune dont la nature n'efl ni alkaiine ni acide , comme on Vi écrit en divers temps-, elle ne produit pas non plus les efrets d'un cauffcique , aîn/i qu'on Ta penfé *, & il paroît qu elle ne contient aucun Tel proprement dit, puifaue y lorfqu'elle fe defiéche , elle ne préiente pas un commencement de cryl- tallîfation y comme les Tels dont l'eau Hu'abondante s'évapore, mais fe gerce, fe retire 5 fe fend, fe divife en très-pe- tites portions, de manière à repréfenter, par toutes fes fentes très- déliées & très- muitipliées , une efpèce de réfeau que Ton a comparé à une toile d'araignée ib). Quelque fubtîl que foit le poifon de îa vipère, il paroît qu'il nVt point d'efîet fiir les animaux qui n'ont pas de lang ^ il paroît auiîi qu'il ne peut pas donner Ja miort aux vipères elles-mêmes , & à (û) M' l'Ahbi Fonîana, Ouprave déjà cité^ des Serpens. 1S5 régird des animaux à fang chaud , la morfarc de la vipère leur eft d'autant moins funcfte que leur groffeur eft plus conddérable , de telle forte qu'on peut préfumer qu'il n'efl pas toujours mortel pour l'homme ni pour les grands qua- drupèdes ou oileaux. L'expérience a prouvé aufïï qu'il cft d'autant plus dan- gereux qu'il a été diilillé en plus grande quantité dms les plaies par des mor— iures répétées» Le poifon de la vipère eft donc funefte en raifon de fi quan- tité , de la chaleur du fang & de la pe- titelle de l'animal qui eft mordu *, ne Cioït-ï\ pas auffi être plus ou moins mortel , fuivant la chaleur de la faifon,, la température du climat & l'état de ia- vipère , plus moins irritée , pkis ou moins anin'iée , plus ou moins prefTée par la faim, &c. ? Et voilà pourquoi Pline avoit peut-être raifon de dire que la vipère , ainfi que les autres Serpens^ venimeux , ne renferm^oit point de poi- fon pendant le temps de fon engour- diiTement [a). Au refte , M. l'Abbé "p^ (a) Plinz , tîv<. 8» 1 s 4 Hijîoire Nature lie Fontana , Tun des meilleurs Phyficîens & Naturaliftes de TEurope , penfe que ie venin de la vipère tue en détruifant l'irritabilité des nerfs , de même que plnfieurs autres poifons tirés du règne animal ou du règne végétai (iz)*, & il a auffi fait voir que cette liqueur jaune & vénéneufe étoit un poifon très-dan- gereux îorfqu'elle étoit prife intérieure- ment, & que Rédi 5 ainii que d'autres Obfervateuis , n'ont écrit ie contraire ..que parce qu'on avoit avalé de ce poifon en trop petite quantité pour qu'il pût être très- nuiiibîe { b). On a fait depuis long - temps beau^ coup de recherches relativement aux moyen's de prévenir les fuites funefles de ia morfure des vipères ^ mais M. TAbbé Fontana, que nous venons de citer , s^eft occupé de cet important objet plus qu'aucun autre Phyfîcien : perfoime n'a «u, plus que lui, la patience & ie cou- rage nécclTaircs pour une longue fuite ■HP^niwil faj Traité des Poifons, FioreiiçQf i^Sli (hj Ibid^ fo/. 2, j)' 308* des Serpens. i S 5 id'expcrîeiiccs j il en a fait plus de fvx. mille -, il a efîayé Tefîet des drverfcs fubftances indiquées avant iui comme des remèdes plus ou moins aflurés cou-, tre le venin de la vipcre-, il a trouvé, en comparant un trcs-grand iiombre de faits , que , par exemple , Talkali volatil , appliqué extérieurement ou pris inté- rieurement 5 étoit fans effet contre ce poifon. Il en eft de même, fuivant ce Savant , de l'acide vitriolique , de Ta- ci Je nitreux , de Tacide marin , de Ta- cide phofphorique, deracidefpathique, des aikalis cauftiques ou non caufliques , tant minéraux que végétaux , du Tel marin & des autres iels neutres. Les huiles. Se particulièrement celle de té- rébenthine 5 lui ont paru de quelque utilité contre les accidens produits par la morfure des vipères , & il a penfé que la meilleure manière d'employer ce remède ^ étoit de tremper , pendant long-temps , la partie mordue dans cette huile de térébenthine extrêmement chaude. Le célèbre Phyiicien de Florence penfe aiifîî qu'il eft avantageux de tenir cette même partie mordue dans de l'eau. I 8 6 HlJIoire Naturelle foit pure , foit mêlée avec de Teâii de chaux , foit chargée de fei commun , ou d'autîes fubftances falines-, la douleur diminue , ainfi que Tinflammation , 6c la couleur de la partie bleflée eft moins altérée & moins livide. Les vomillcmens produits par Témétique , peuvent au(îî n'être pas inutiles *, mais le traitement que M. TAbbé Fontana avoit regirdé comme le plus allure contre les effets du venin de la vipère, conlifboit à cou- per la partie mordue peu de fécondes, ou du moins peu de minutes après Tac- cîdent 5 fuivant la grcfleur des animaux blefTés , les plus petits étant les plus fufceptibles de raâ:ion du poifon. Bien plus, cet Obfervateur ayant trouvé que les nerfs ne peuvent pas communiquer le venin , que ce poifon ne fe répand que par le fing , & que les bleilures envenimées , mais fuperficîelles de la peau , ne font pas dangereufes , il avoit penfé qu'il fuftîfoit d'empêcher la cir- culation du fang dans la partie mordue, & qu'il n'étoJt pas même néceilaire de la fufpendre dans les plus petits vaif- feaux , pour arrêter les eftets du poifon. des Serpens. i G y \Jn cnnd nombre crcxpérrcncesTavorent conduit a croire quiine ligature mile à la partie blefîée prévenoit la maladie interne & générale qui donne la mort à l'animal -, que dès que le venin avoit agi fur le fmg , dans les parties mor- dues par la vipère , il ceiroit d'être nui- fîble 5 comme s'il fe décompofoit en produifant un mal local -, Se qu'au bout d*un temps déterminé , il ne pouvoit plus faire naître de maladie interne. A la vérité , le mal IocaI étoit très-grand , & paroiiToit quelquefois tendre à la gangrène -, & , comme il étoit d'autant plus violent que la ligature étoit plus lerr^e & plus long-temps appliquée, il étoit important de connoître avec quel- que prccilion le degré de tenfion de îa ligature &: le temps de fon application , nécefîinrcs pour qu'elle pût produire tout fon eàet. Au rede , M. TAbbé Fontana , en remarquant , avec raifon y qu'un mauvais traitement peut changer la piqûre en une plaie confidérable qui dégénère en gangrène , afiuroit en même-temps que le venin de la vipère n'eft pas aufli dangereux qu on Ta pcafd 18 8 Hiftoîre Naturelle liorfqu on a été mordu par ce' Serpent J €>n ne doit pas défefpérer -de la vie , quand bien même on ne feroit aucun remède , & la frayeur extrême qu inf- pire l'accident , eft fouvcnt une grande caufe de Tes fuites funefles (a). Pour faire connoître avec plus d'exac- titude le réfultatqïiecePhyficicn cro/oit devoir tirer lui-même de fes belles Se très-nombreufes expériences , nous avons cru devoir rapporter fes propres paroles dans la note fuivante (b) , d après laquelle (a) a Une fimpîe morfure de vipère n'eft pa$ « mortelle natureHement , quand même if y au- »> roit eu deux ou trois vipères, la maladie feroit »> plus grave , mais elle ne feroit probablement 9f pas mortelle; quand une vipère auroit mordu j» un homme fix ou fept fois, quand elle auroit »» diftillé dans les morfures tout le venin de fes s> vélicules, on ne doit pàs défefpérer.»» Ouvrage déjà cité ^ pqI' i , p' 45. (3) " Le dernier réfukat de tant d'expériences M fur l'ufage de la ligature, contre la morfure de » la vipère , ne préfente ni cette certitude , m fi cette généralité auxquelles on fe feroit attendu f> dans le commencement. Ce n'eft pas que îa ii- » gature foit à rejeter comme abfoKiment inutilej des Serpens, i 8 j on verra auffl que M. TAbbé Fontana reconnoîf , ainfi que nous y l'influence »♦ puifque nous Pavons trouvée un remède affuré »» pour les pigeons &; pour les cochons d'Inde i r> elle peut -onc l'être pour d'autres animaux, & »» peut-être feroit- elle utile pour tous,ii l'on con- I» noiflbit mieux les circonftances dans lefquelîes j» il faut la pratiquer. Il paroît, en général, qu'on >i ne doit rien attendre des fcarifications plus ou n moins grandes, plus ou moins fimplesjpuifqu'ori >» a vu mourir, avec cette opération , les animaux >» mêmes qui auroient été le plus facilement guéris >» avec les feules ligatures. »» Je n'ofe pas décider de quelle utilité elfe pour- n roit être dans l'homme , parce que je n'ai poine M d'expériences directes. Mais comme je fuis d'avis il que la morfure de la vipère n'eft pas naturelïa* ti ment meurtrière pour l'homme, la ligature, dans « ce cas , ne pourroit faire autre chofe que dimi-- >» nuer la maladie; peut-être une ligature très-îé- ^» gère pourroit-elîe fuffire ; peut-être pourroit-on r> i'ôter peu de temps après ; mais il faut des expé- ?» riences pour nous mettre en état de prononcer s ff & les expériences fur les hommes font très» V rares. >» Je dois encore avertir qu'une partie de me» M eîcpériences fur le venin de la vipère, ont été f» faites dans la plus rude faifon , en hiver. II eft j» naturel de concevoir que les vipères dont je m© 1/ fuis fcrvi , ne pouvoient Itre dans toute Ieu| î 9 o Hljîoire Naturelle des faifons & de diverfes autres caufes locales ou accidentelies fur la force du venin des Serpens , & qu'il croit que plufieurs circonftances particulières ont pu altérer les réfuitats de ces différentes expériences. Mais enfin , dans un Supplément im- primé à la fin de Ton fécond volume , M. TAbbé Fontana annonce , d'après »> vigueur; qu'elles dévoient mordre les animaux j» avec moins de force, &;que n'étant pas nourries •» depuis plufieurs mois, leur venin di-voit être en >» moindre quantité- J n'ai aucune peine h croira »» que, dans une autre faifon plus favorable, comme. *f dans l'été, dans un climat plus chaud, les effets fi dufient être, en quelque forte , difFérens , &, If en général, plus grands- » Je puis encore avoir été trompé par ceux qui- ♦» me fourniflbient les vipères. J'étois en ufag« > »♦ dans le commencement , de rendre les vipères >» mômes dont je m'étois fervi pour faire mordre »» les animaux, & que je n'avoispasbefuin de tuen »> J'ai tout iieu de croire qu'on m'a vendu , pour la »» féconde fais, les vipères que j'avois déjà em- »♦ p-loyées; mais, dès que je me fuis aperçu de ♦» cela, je me fuis déterminé à tuer toutes les v> ** pères , après m'en être fervi dans mes expé- V riences. j» Ouvrage déjà cité , ygl, i ^ pag- 59 ^ fuiv* des Serpens. 1*9 i de 1101^01165 épreuves, que la pierre à cautère détruit la vertu iiialfiifante du venin de la vipère, avec laquelle on la mêle -, que tout concourt à la faire re- garder comme le véritable & feul fpé- cifique contre ce poifon , &: qu'il TufEt de rappliquer iur la plaie , après l'a- voir agrandie par des incifions conve- nables {a). Quelquefois cependant le remède ii'eft pas apporté à tems , ou ne fe mêle pas avec le venin. On ne peut pas tou- jours faire pénétrer la pierre à cautère dans tous les endroits dans lefqaels le poifon eft parvenu. Les trous que font îes dents de la vipère font très-petits & fouvent invifibles -, ils s'étendent dans la peau en différentes directions & à dïvQiÇQs profondeurs , fuivant plufieurs circonf- tances très-variables. L'inflammnion & l'enflure qui furviennent, augmentent encore la diincuité de découvrir ces directions', en forte que les incidons fe font prefque au hafird. D'ailleurs le Ça) Ibid. volume fecoad y page 313. 1^2 Hifloire Naturelle renin s'introduit quelquefois tout-d'uiv- coup & en grande quantité dans rani- mai , par le moyen de quelques vaif- feaux que la dent pénètre j Se la morfurc de la vipère peut donner la mort la plus prompte, fi les dents percent un gros vaiiTeau veineux , de manière que le poîfon foit porté vers le cœur très- rapidement & en abondance. L'animai mordu éprouve alors une forte d'injec- tion artificielle du venin , êc le mal peut être incurable. On ne peut donc pas, fuivant M. Fontana , regarder la pierre à cautère comme un remède tou- jours affuré contre les effets de la mor- jTure des vipères : mais on ne doit pas douter de Tes bons effets , 8c même on peut dire qu'elle eft le véritable fpéci- fique contre le poifon de ces Serpens, Tels font les réfultats des expériences îes plus intéreiïantes qu'on ait encore faites fur les effets , ainfi que fur la na- ture du venin que la vipère diflille par le moyen de fes dents mobiles & cro- chues. Achevons maintenant de décrire cet animal funefèe. jEile a les yeux très-vifs ôc garnis de paupières , 1^2 Hiftoire Naturelle venin s'introduit quelquefois tout-d'uii- coup & en grande, quantité dans l'ani- mal , par le moyen de quelques vail^ féaux que la dent pénètre j & la morfure de la vipère peut donner la mort la plus prompte, fi les dents percent un gros vaiiTeau veineux , de manière que le poifon foit porté vers le cœur très- rapidement & en abondance. Uanimal mordu éprouve alors une forte d'injec- tion artificielle du venin , & le mal peut être incurable. On ne peut donc pas, fuivant M. Fontana , regarder la pierre à cautère comme un remède tou- jours affuré contre les effets de la mor- fure des vipères : mais on ne doit pas douter de fes bons effets , & même on peut dire qu'elle efl le véritable fpéci- fîque contre le poifon de ces Serpens, Tels font les réfultats des expériences îes plus intérefîantes qu'on ait encore faites fur les effets , ainfi que fur la na- ture du venin que la vipère diflille par le moyen de fes dents mobiles & cro- chues. Achevons maintenant de décrire cet animal funefbe. Elle a les yeux très-vifs & garnis de paupières , des Serpent. 15 j paupières , ainfi que ceux des Quadru- pèdes ovipares -, & , comme fi elle feri- toit ia puiiïance redoutable du venin qu'elle recèle , Ton regard paroît hardi -, les yeux brillent , fur-tout lorfqu on Tir- rite -, &: alors non- feulement elle les anime , mais , ouvrant fa gueule , elle darde fa langue, qui eft communément grife, fendue en deux , & compofée de deux petits cylindres charnus adhérens Tun à l'autre jufques vers les deux tiers de leur longueur -, Tcinimal l'agite avec tant de vîteife , qu'elle étincelle , pour- ainfi dire , & que la lumière qu'elle ré- fléchit la fait paroître comme une forte de petit pho'phore. On a regardé pen- dant long-temps cette langue comme une forte de dard dont ia vipère fe fer- voit pour percer fa proie s on a cru que c'étoit à l'extrémité de cette langue que réfidoit fon venin , & on Ta comparée à une flèche empoifL)nnée. Cette erreur eft fondée fur ce que , toutes les f«is que la vipère veut mordre , elle tire fa langue & la darde avec rapidité. Cet or- gane eft enveloppé, d'un bouta l'autre dans une d''^hcQ de fourreau qui ne cou** Serpens, Tome IIL l 1^4 HiJIoire Naturelle tient aucun poifon [a] ', ce n*eft qu âvec les crochets que ia vipère donne la mort, & fa langue ne lui fert qu'à retenir les infedes dont elle fe nourrit quelquefois. Non -feulement la vipère a fes deux mâchoires articulées de telle forte qu elle peut beaucoup les écarter Tune de l'au- tre, ainfi que nous l'avons dit (b) *, mais encore les deux côtés de chaque mâchoire font attachés enfemble de manière qu'elle peut les mouvoir indépendamment l'un de l'autre , beaucoup plus librement peut-être que la plupart des autres Rep- ;tiles -, &: cette faculté lui fert à avaler fes 'alimens avec plus de facilité : tandis que ïes dents d'un côté font immobiles & en- foncées dans la proie qu'elle a faifie , les dents de l'autre côté s'avancent , accro- chent cette miêm^e proie , la tirent vers le gofier , l'aduiétillent , s'arrêtent à leur tour, & celles du côté oppofé fe portent alors en avant pour attirer aufli la proie (a) Voyez, fur h forme <5e h langue Jes Ser- per.s , ie Difcours fur la nature de ces Reptiles, (b') Difcours fur la natun des Serpsns* d^s Serpens. r 9 j Se refter enfiiite immobiles. C'efl par ce jeu, plu fleurs fois répété, & par ce mou- vement alternatif des deux cotés de Ces mâchoires , que la vipère parvient à ava- ler des animaux quelquefois afTez confî- dérabies , qui , à la vérité , font pendant long-temps prefque tout entiers dans Ton cefophage ou dans Ton eftomac , mais qui 5 dilious infendblement par les fucs digeftifs 5 fe réfolvent en une pâte liquide , tandis que leurs parties trop groffières font rejetées par l'animal {a)* (fl) <« Nous avons remarqué cela depuis peu M dans une grande partie du corps du lézard w qu'une vipère a vomi douze jours après avoir »» été prile , où nous avons vu qu'à la tête & n aux jambes de devant , & à la partie du corps >» qui les touchoit & qui avoft pu être placée »> comm.odément dans i'eftomac de la vipère , if >} ne reftoit guère que les os ; mais qu'une bonne » partie du tronc, avec les jambes de derrière » & toute la queue, étoient prefque en même >» état que fi la vipère les eût avalées ce jour-là , r> comme on le verra dans la figure que j'en ai 5» fait graver ; mais on fut furpris , entr'autres >» chofes, de voir que les parties qui n'avoient >» pu entrer dans l'efiomac , & qui avoient refté »> dans l'œfophage , fe fufient confervées fi long- }y temps fans foulfrir aucune altération dans /a ï5)<5 Hljîoire Naturelle Non-feuîement , en effet ^ la vipère fe nourrit de petits inTedres , qu'elle retient par le moyen de la langue, ainfi qu'un grand nombre d'autres Scrpens & plu- iieurs quadrupèdes ovipares*, non-feule- ment elle dévore des infedies plus gros , des buprefles , des cantharides, & même ceux qui fouvent font très-^dangereux , tels que les fcorpions {a) , mais elle fait fa proie de petits lézards, de jeunes gre- nouilles , & quelquefois de petits rats , de petites taupes , Se d'affez gros cr»? pauds , dont Todeur ne la rebute pas, & dont l'efpèce de venin ne paroît pas lui nuire. Elle peut palier un très -long-temps fans manger , & l'on a même écrit qu'elle pouvoit vivre un an & plus fans rien prendre*, ce fait eft peut-être exagéré, mais du moins il eft fur qu'elle vit plu- }» peau, bien que celles du deffbus euflent de îa »» lividité , qui etuit en apparence un effet du ï» venin de la morfure. « Defcript'wn anatomlqve de îa vtpère , par M* Charas. Mem- pour fervir à i'/iip toire naturelle des animaux , par MM. de l'Académie Royale des Sciences , vol- 3 , r« 60^. (a) Jrifiote^liv. 8> càap^ 29, de hiftor. animrf. ï des SérpenÉ^ 197 iienrs mois privée de toute notirritiirc* M. Pcnnant en a gardé plufîeurs renfer- mées dans une boîte , pendant plus de fîx mois , fans qu'on leur donnât aucUn aliment , 8c cependant fans qu'elles pâ- ruffent rien perdre de leur vivacité. H femble même que , pendant cette longue diette, non- feulement leurs- fonctions vi- tales ne font ni arrêtées ni fufpendues j' mais même qu'elles n'éprouvent pas une faim très-preflante , puifqu'on a vu des vipères renfermées pendant plufîeurs jours avec des fouris ou des lézards ^ tuer ces animaux fans chercher à s'en nourrir (a): Les vipères communes ne fuient pas les animaux de leur efpèce-, il par oît même que, dans certaines faifons de Tannée, elles fe recherchent mutuellement. Lors- que les grands froids font arrivés , on les trouve ordinairement fous des tas de pierres ou dans des trous de vieux murs, réunies pluiieurs enfemble & entortillées les unes autour des autres. Elles ne fe (a) DefcTrptlon anatomiqiit dz la pipère , pcf M» CharaSy à rend.' oit déjà cité. liij rpS Hijîoire Naturelle craignent pas , parce que leur venin n*efl point dangereux pour elles-mêmes, aind que nous Tavons vu -, & Ton peut préfu- mer qu'elles fe rapprochent ainfi les unes des autres pour ajoutera leur chaleur na- turelle 5 contrebalancer les eiîets du froid , 8c reculer le temps qu'elles pafTent dans l'engourdiffement & dans une diette abiolue. Pour peu que leur peau extérieure s'al- tère , les flics deflrnés à l'entretenir ct^" fent de s'y porter , & commencent à en former une nouvelle au-dellous, & voilà pourquoi , dins quelque temps qu'on prenne des vipères , on les trouve pref- que toujours revêtues d*une double peau,, de l'ancienne , qui eft plus ou moins altérée , & d'une nouvelle , placée au* defTous & plus ou moins formée. Elles quittent leur vieille peau dans les beaux jours du printemps , & ne confervent plus que la nouvelle , dont les couleurs font alors bien plus vives que celles de l'ancienne. Souvent cette peau nouvelle^ altérée par les divers accidens que les vi- pères éprouvent pendant les chaleurs , fe deflèche, fe fépare du corps de l'animil èes Serpens. 199 dès la. fin de raiitomne , eft remplacée par la peau qui s'eft formée pendant Tété -, &5 dans la même année , la vipère fe dépouille deux fois. Les vipères communes ne parviennent à leur entier accroilfement qu'au bout de fîx ou fept ans -, mais , après deux ou trois ans , elles font déjà en état de fc reproduire -, c'ell au retour du beau temps , &: communément au mois de Mai, que le maie & la femelle fe recherchent. La femelle porte Tes petits trois ou quatre mois , & fi , lorlqu'elie a mis bas , le temps des grandes chaleurs n'cft pas en- core pafTé , elle s'accouple de nouveau & produit deux fois dans la même année. Les Anciens , trop amis du m^erveil- leux , ont écrit que , lors de l'accouple- ment , le mâle faifoit entrer fa tête dans la gueule de la femelle -, que c'étoit aind qu'il la fécondoit *, que la femelle , bien loin de lui rendre carefle pour carefTe , lui coupoit la tête dans le moment même où elle devenoit mère °, que les jeunes Serpens , éclos dans le ventre de la vi- père , déchiroient Tes flancs pour en for- tir, que par-là ils vengeoient , pourainû I iv 2 00 HiJIoire Naturelle dire, la mort de leur père, 8cc. (a) Nous n'avons pas befoiii de réfuter ces opi- nions extra ordrnaires", îes vipères com- mun.^s viennent au jour 8c s'accouplent comme les autres vipères (/>)•, mais les (a) " Vipera mas capud inferit in os, quod f» iilaabrodit voluptatisdulcedine..-. Eadem tertiâ V dieintrk uterum catidos excludit : de in de fin- 9> guios ,ringu!i8diebus parit, vigintiferè numéro. »» Itaque csteri tsrditatis impatientes , perrum- » puntlatera occisâ parente. » Pline, liv. lo. {k'j a Le mâle a deux tefiicules qui font de « forme îongue , arrondie, & un peu aplatie dans 5J fa longueur ; \h vont auffi un peu en pointe 5» vers ies deux bouts ; leur couleur eft blanche ?> & leur lubfrance glanduieufe; leur longueur eft 3» inégale , car le droit a plus d'un pouce ' Du milieu de chacun de ces tefticules de fa »» partie interne , on voit ibrtir un petit corps » long a menu , afiez t'oiide , & même un peu r> plvis bianc que !a fubfiance des tefticuies , qui » defcend & oui leur eit attaché tout le iong >» julqu'"a leur bout inférieur ; on peut l'appeller n épidi:.yme. On voit au bout de chacun , le >» commencement d'un petit vaifTeau variqueux , » qu'on peut nommer Ipermatique, h caule de »> fa fonction, qui elt un peu aplati, de couieur >» fort blanche & aflez iuifante, ^ qui eft d'or- >» dinaire rempli de lemence en forme d'un fuc fi laiteux. Ce vaifieau e(t aflez délicat, & il eft r» rep-.ié dans tout fon cours en forme de plu- >» fleurs S jointes enfembîe d'une façon fort agréa- ïî ble à voir ; de là il defcend entre i'inteltm & >ï le rein , duquel ii fuit l'uretère jufqu'au trou » du dernier inteftin , par où fortent les excré- V mens. Il elt aufli accompagné de veines & d'ar- >î téres d-'un bout à 1 autre , de même que les >j tefticules , & il cexTe d'être anfractueux un peu « avant que d'arriver à i'ouveiture de l'inteftin. j» Chacun de ces deux vaifleaux ipermatiques j> vient fe rendre à fon propre réfervoir de le- » mence, dont il y en a deux qu'on peut nom- ?> mer paraitates , qui font comme des glandes ?» blanches, chacune de la longueur, de ia grof- »i feur & de la forme d'un grain de femence de » char^ion bénit. Ces glandes font fituées de long Iv ZQZ Hifloire Naturelle des ^ccîdens bizarres , ou des obferva- îions exagérées , pour des loix générales 7 9^ en long au-deffous & entre les deux parties 99 naturelles ; eiies font toujours remplies d'un 91 fuc laiteux «Si tout femblable à celui des vaif- >» féaux fpermatiques que nous venons de décrire; »» & pour fournir à l'éjaculacion , lors du coït, elles »> tranfmettent la femence qu'elles conciennent >» dans les canaux éjaculatoires des deux parties ?) naturelles qui leur font voilines. >» Je puis dire lîi-deflus que ceux qui ont pris ces >j deux rétervoirsde femence pour d'autr-es tefti- M cuîes , fe font bien trompés dans l'opinion 99 qu'ils avoient qu*y ayant deux parties naturelles, 9* îly devoitauffî avoir, pour chacun, deux tefîi- î» cules : mais leur fubltance étant tout-à-fait difFé- >ï rente des véritables tefticules oue nous avons^^ 9t décrits, & leur fon^ion étant de recevoir tc >» non de former , nous ne les connoifîbns que- 5» pour parafâtes , qui reçoivent peu-à-peu la fe- rt mence que les tefticules leur envoient, qu'ils »» réfervent & qu'ils tiennent toute prête pour >» Je temps du coït , ^i pour faire , dans un mo- 3» ment & à propos , ce que les vaifleaux fper- >♦ matiques ne fauroient exécuter fitôt ni fi bien „] « à caufe de leur longueur & de leur entortiile- « ment. >» Le mâle a deux parties naturelles toutes pa« 9i reiiîes , qui, étant attachées, font chacune de- >» la longueur de la queue de l'animal ; leur naif- » fance vient de i'estrémité de la queue, fous. des Serpens, 205- & d'ailleurs il fcmbie qu'ils avoient quel- que plailir à croire que la naiiiance d'une j' laquelle elles fontfituées de fongen îong, ï'une »> près de l'autre, eiles vont en groffiflant , de >» même que la queue , au commencement de î) laquelle eiles finiflent , & elles ont leur iflue >î auprès & à côté l'une de l'autre, & tout joi-» >» gnant l'ouverture de i'inteftin , qui fait en quel- y> que forte leur féparation. y» Chacune de ces parties eft compofe'e de deux " corps longs £: caverneux , fiîués enfemble Pun » contre l'autre^ & qui fe joignent Vers leur fom- ?> mité en un même corps, qui fe trouve envi- »> ronné de fon prépuce , & qui a fes mufcles >» ére(fteurs ^ conformément à ceux de plulîeurs » animaux. Ces parties font remplies par-dedans ?» de pluiieurs aiguillons fort blancs, fort durs, fort *) pointus & piquans, qui y font plantés ^ & qui » ont leur pointe diverfement tournée ,. dont la ff grandeur & la groîfeur fe rapportent àPendroit de >» la partie naturelle où ils font litués,. en forte qu& j» comme la foramité efi plus grande & plus grofle >. if fes aiguillons le font auffi, & ils ne s'avancent >» & n-e paroilîent que lorfque le prépuce qui les a? couvre sVoaiïïe, qui eft iorfq^ue l'animal fe dif- ?> pofe pour le coït. >i Ces parties naturelles font d'ordinaire cachées-j: ->-> & elles ne s'enflent & ne fortent que pour le >» -eoït, fi ce n'eft qu'ayant pris l'animal, on ieï yi falfe fortir par force en les predant ; car alors^ « oa les vcit foitir toutes deux également^ ch^ a 04 Hijioire Naturelle génération d'animaux aiifîi redoutés que la vipère , ne pouvoit avoir lieu que par M cune environ de la groîTeur d'un novau de ?> datte & des deux tiers de fa longueur , & feur >9 fommité fe trouve toute couverte & toute en- 9j vironnée de ces aiguillons , comme la peau » d'un hérifibn, & cjs aiguilions le retirent & fe 5> cachent fous le prépuce, lorfqu'on celle de les 9j pielfer. » L'iiïue de ces deux parties eft environnée j> d'un mufcle bien fort & bien épais , auquel la » peau eft fortement attachée, en ftrte qu'il eft 7> fort diffiiiîe de l'en féparer; le même mufcle n fert aufTi à ouvrir & à reflerrer l'rnteftin. fi La vipère femelle a deux tefticuîes ,deméme )> que le mâle , ils font toutefois plus longs & plus ji srcs , mais de la même form.e* Ils font fitués >,» aux côtés ce proche du fond des deux corps de j> la matrice, &; le droit eft plus haut que legau- » che de même qu'aux mâles; leur fubftance ?) & leur couleur font aufïï fort femblabies : le yy droit a environ un pouce & demi de long & 93 deux lignes & demie de large , le j^auche a » que'que chofe de ir.oins ; ils ont leur épididyme 3> & leurs vaiiTeaux Ipermatiques , qui portent fa »> femence da' s les deux corps de la matrice, & ?> qui font bien plus courts que ceux des mâles. j> Je dirai néanmoins que ces tefticuîes ne paroif- 5> fent pas toujours tels en toutes les femelles , » fur-tout en celles qui font amaigries , ou par » maladie , ou pour avoir été long-temps gardées. des Serpins. 205 i'e^çtinâiion de la génération précédente. Les œufs de la vipère commune font j» car leurs tefiicules s*accourciflent , fe retrécîf- >» fent & fe deflechent , de même qu'en celles jj qui ont leurs œufs déjà grands ; ayant remarqué 7) qu'en ce'.les-cî, les tefticules font fort raccour- >i cis & fort defiechés , & même qu'ils font def. >» cendus plus bas , quoique le droit fe trouve » toujours plus haut que le gauche. >) La matrice commence par un corps affe* »> épais 5 qui eft compofé de deux fortes tuni- »> qucs, &qui, étant fitué au-defiTusde l'inteltin, » a , au même lieu, fon orifice, qui eft large & » qui fe dilate aifément , pour recevoir tout-à-la- j) fois 5 par une même ouverture, les deux par- j) ties naturelles du ma!e dans ie coït. Ce corps » eft environ de la grandeur de i'ongîe d'un doigt ?5 médiocre , & ilfe divife, fort près de fon com- >» mencement, en deux petites poches ouvertes )■> au fond, & que la Nature a formées pouriece- >j voir & pour embralTèr les deux membres du ?> mâle dans le coïc- Leur tunique intérieure eft » pleine de rugofités & eft fort dure, de même « que celle de tout le corps dont nous avons 99 parlé,... » La matrice commence par ces deux petites >» poches, à fe divjfer en deux corps qui mon- #j tent , chacun '-'e leur côté , le long des reins,' ?r & entr^eûx &: les inteftins , jufq es vers 'e fond » de l'eftomac , où ils font fufpcndus par des liga- f"i' mens qui viennent d'auprès du foie , étant aufîj 2q6 Hijioire Naturelle diftribués en deux paquets -, celui qui eiï à droite efl: communément le plus con- fidérable *, & chacun de ces paquets eft renfermé dans une membrane qui fert comme d'ovaire -, le nombre de ces œufs varie beaucoup , fuivant les individus ,/ depuis douze ou treize jufqu'à vingt ou vingt-cinq , & Ton a comparé leur grof- feur à celle des œufs de merle. Le vipereau eft replié da>is Tœuf -, il Y prend de la nourriture par une efpèce d'arrière- faix attaché à fon nombril , & dont il n'eft pas encore délivré lorfqu'il ?î foutenusj d'efpace en efpace , par divers petits 9» iigamens qui viennent de l'e'pine du dos. Ces 7> deux corps font compolés de deux tuniques >» molîes, minces & tranfparentes; qui font l'une «..dans l'autre; ieur commencement eft au foni ?)' de ces deux petites poc'nes qui embrafient Jes ?j deux mem'b es du mâîe, dont ils reçoivent la y? femence, chacun de leur côté, pour en former ?» des œufs , & enfuite des vipereaux , par fa « joniliori de leur propre femence que les tefti- 7» cules y envoient. Ces deux corps de matrice •n font fort aifcs h fe diiater , pour contenir uit ?i grand nombre de vipereaux ^HiTqu'à leur per- >» fedtion» yt Mémoires pour ftrvir à l'hijlolre natur^ éks animaux , v%l. 3 , pa». 630 ô' fuiv* ' des Serpent. 207 a percé fa coque , ainfî que la tunique qui renferme les œufs , & qu'il eft venu à la îumière. Il entraîne avec lui cet ar- rière-faix , & ce n'efl: que par les foins de la vipère-mère qu'il en eft débarrafîé. On a prétendu que les vipereaux n'étoient abandonnés par leur mère que iorfqu'ils étoient parvenus à une gran» deur un peu confidérable , & qu'ils avoient acquis ailez de force pour fe défendre. L'on ne s'eft pas contenté d'un fait aufîî extraordinaire dans Thif» toire des Serpens *, on a ajouté que ^ lorfqu'ils étoient efîrayés , ils alloient chercher un afyle dans .l'endroit même ou leur mère receloit fon a*rme empoi- fonnéejque, fans craindre fes crochets^ venimeux , ils entroient dans fa bouche ,. fe réfugroient jufqucs dans fon ventre, qui s'étendoit & fe gonfioit pour les recevoir , & que lorfque le danger étoit paffé, ils refîortoient par la gueule de leur mère. Nous n'avons pas befoin de réfuter ce. conte ridicule, & s'il a jamais puparoître fondé fur quelqu'obfervation, il l'on a jamais vu des vipereaux effrayés. fe précipiter dans la gueule d'une vipcxe^ 2c8 BiJIoire Naturelle ils y auront été engloutis comme une proie 5 & non pas reçus comme dans un endroit de Tiireté*, Fon aura eu feu- lement une preuve de plus de la voracité des vipères , qui , en efîet , fe nomTÎiTent fouvent de petits lézards , de petites couleuvres -, & quelquefois même des vipereaux auxquels elles viennent de donner le jour. Mais quelles habitudes peuvent être plus éloignées de feipèce de tendreiîe & des foins maternels qu'on a voulu leur atti'ibuer? La vipère commune fe trouve dans prefque toutes les contrées de rancien continent', on la rencontre aux grandes Indes , où elle ne préfente que de légères variétés*, & non-feulement elle habite dans toutes les contrées chaudes de l'ancien monde, mais elle y fup- porte allez faciiem.ent les températures les plus froides , puifqu'eile cfi: affez commune en Suède , où fa morfure efi prefqu*.uiflî dangereufe que dans les autres p lys de l'Europe. Elle habite auffî la Riiiïïe Se pluiieurs contrées de la Sibérie -, elle s'y efl: même d'autant plus multipliée , qiî^ , pendant long- I des Serpens, 209 tems, îa fuperftition a empêché qu'on ne cherchât à Vy détruire (a). Et comme les qualités vénéneu(es s'accroiflent oU s'affoibliiTent à mefure que la chaleur augmente ou diminue, on peut croire que les humeurs de la vipère font bien propres à acquérir cette efpèce d'exalta- tion qui produit Tes propiétés funeftes , puifque Ta morfure eft dangereufe même dans les centrées très - feptentrionales. C'eft peut-ctre à cette caufe qu'il faut rapporter l'activité de fes fucs , que la Médecine a fouvent employés avec fuccès--, peu d'animaux fournirent même des remèdes aufîî vantés , contre autant d'elpèces de maladies : les Modernes en (û) " On porte un refped finguïier aux vipères ?» en Ruffie & en Sibérie , & on les épargne for- » gneufement , parce qu'on croit que , û on fait î> du mal à cette efpèce de Reptiles, ils fe ven- >» geroni d'une manière terribie. On raconte , à >? ce fujet , bien des aventures où Pon ne voit ?» qu'une fuperftition ridicule ; il y a cependant j> aujourd'hui des gens qui en ont fecouéîe joug, 7» & j*ai vu, dit M- Gmelin , un foldat qui tua 11 quinze vipères en un jour. »> Hifi. génér, des Foyagis, éd. in-i2j tom» 71 ^p. 265. 2 I o HiJIoire Naturelle font autant d^ufage que les Anciens ^Hs fe fervent de toutes les parties de Ton corps, excepté de celles de la tête qui peuvent être imprégnées de poifon *, ils emploient Ton cœur , Ton foie , fa graille*, on a cru cette graifie utile dans les maladies de la peau pour eflacer les rides , pour embellir le teint*, 8c de tous ies avantages que Von retire des pré- parations de la vipère , ce ne fcroit peut-être pas celui que la claiïe la plus aimable de nos Ledteurs eftimeroit le moins. Au refte , comme des effets op- pofés dépendent fouvent de la même caufe 5 lorfqu^elie agit dans les circonf- tances di£érentes, il ne feroit pas fur- prenant que les mêmes fucs adiifs qui proGuifent , dans les véiicuîes de la tête de la vipère , le venin qui la fait redouter , donnaffent au fang 8c aux humeurs de ceux qui s'en nourriffcnt y afîcz de force pour expulfer les poifons dont ils ont été infeâ:és, ainii que l'on prétend qu'on Ta éprouvé plufieurs fois. On ignore quel degré de tem.pérature îes vipères communes peuvent fupporter fans s'engourdir^ mais , tout égal d'aii- des Serpcns. m leurs , elles doivent tomber dans une torpeur pins grande que plulieurs efpèces de Serpens , ces derniers fe renfermant , pendant Thiver , dans des trous fouter- reins , & cherchant , dans ces afyles cachés , une température plus douce , tandis que les vipères ne fe mettent com- munément à Tabri que fous des tas de pierres & dans des trous de murailles ^ où le froid peut pénétrer plus aifément. Quelque chaleur qu'elles éprouvent, elles rampent toujours lentement -, elles ne fe jettent communément que fur les petits animaux dont elles font leur nour- riture -, elles n'attaquent point Thomme ni les gros animaux -, mais cependant lorfquon les bleffe, ou feulement lorf- qu'on les agace & qu'on les irrite , elles deviennent furieufcs & font alors des morfures aiîez profondes. Leurs ver- tèbres font articulées de manière qu'elles ne peuvent pas fe relever & s'entortiller dans tous les fens aufli aifément que la plupart des Serpens , quoiqu'elles ren- verfent & retournent facilement leur tête» Cette conformation les rend plus aifées à prendre, les uns les faifîilent au cou à / 2 12 HiJIcire Naturelle l'aide d'une branche fourchue , & ies en- lèvent enfuite par la queue pour les faire tomber Ins un Lk, dans lequei ils les emportent-, d'autres appuient l'extrémité d'un bâtcn fur la tête de la vipère , & la ferrent fortement au cou avec la main j l'animal fait des efforts inutiles pour fe. défendre , & tandis qu'il tient ù gueule béante, on lui coupe facilement, avec des ci féaux , fes dents venimeufes *, ou bien , comme fes dents font recour- bées êc tournées vers le gqfier , on les fait tomber avec une lame de canif que l'on paiïe entre ces crochets 8c les mâ- choires , en allant vers le mufeau : l'ani- mal eft alors hors d'état de nuire , & on peut le manier impunément. Il y a même des chafleurs de vipères aifez hardis pour les faifîr brufquement au cou , ou pour les prendre rapidement par la queue j de quelque force que jouifle l'animal , il ne peut pas fe redreiîer 8c fe replier aiïez pour blefîer la main avec laquelle on le tient fufpendu. L'on ignore qu'elle efi: la durée de la vie des vipères -, mais comme ces ani- siaiix u ont acquis leur entier aocroiife- des Serpens. 215 ment qu*a.prcs fix ou fept ans , on doit conjecturer qu ils vivent , en général , d'autant plus de tems , que leur vie eft, pour ainfi dire, très-tenace, &quilsrérir- tent aux blefîures & aux coups beaucoup plus peut-être quun grand nombre d'autres Serpens. Flufieurs parties de leur corps , tant intérieures qu'exté- rieures , fe meuvent , en effet , & , pour ainli dire, exercent encore leurs fonc^ tiens lorfqu'elles font féparées de l'ani^ mal. Le cœur des vipères palpite long- temps après avoir éré arraché , & les niuf^ des de leurs mâchoires ont encore la faculté d'ouvrir la gueule & de la re- fermer lorfque cependant la tête ne tient plus au corps depuis quelque |tems {a). On prétend même que ces (a") a L'on Toit que les efprits demeuren-tea- »> core piulieurs heures dans la tête & dans toutes ?» les parties du tronc , après qu'il a été écorché , ?ï vidé de toutes ï^s entrailles, & coupé en plu- >» lieurs morceaux; ce qui fait que le mouvement j» &fe fîéchifiement y continuent fort long-temps. >» que la tête eft en état de mordre , & que fa M morfure eft aufïi dangereuie que lorfque la î» vipère étoit tome entière ; & que fc cœur 114 Hi/loire Naturelk inufcles peuvent exercer cette faculté avec aflez de force pour exprimer ie venin de la vipère, ferrer fortement la main de ceux qui manient la tête , faire pénétrer jufqu à leur fang le poifon de ranimai-, & , comme lorfquon coupe la tête de la vipère pour les employer en Médecine, on la jette ordinairen*?nt dans le feu , on afîure que plufieurs per- fcnnes ont été mordues par cette tête, perdue dans les cendres, même quel- ques heures après fa réparation du tronc, gc quelles ont éprouvé des accidens très-graves {a). -n jnême , quand iï eft arraché du corps & fëparé n des autres entrailles , conterve fon battement >î pendant quelques heures, j» Defcription anato- jniqut de la vipèrz , à l'endroit déjà cité. (il) Plulîeurs perfonnes , maniant imprudem-" înent des vipères, tant communes que d'autrei €fpèces , deiVéchées ou confervées dans {'eiprit- de-vin, fe font blefiees à leurs crochets, encore remplis de venin , très-fong-temps & même plu- fieurs années après la mort de l'animal ; le venin , difious par le fang forti de la bleflure , s'eft échappé par le trou de la dent , a pénétré dans la plaie & a donne la mort- Le venin des Serpens. 2 i j Il efl: d'ailleurs afTez difficile d'étouffer îa vipère commune -, quoiqu'elle n'aille pas naturellement dans l'eau, dlc peut y vivre quelques heures fans périr -, lors mêaie qu'on la plonge dans de refprit- de-vin , elle y vit trois ou quatre heures Se peut-être davantage , Se non-feule- ment Ton mouvement vital n'efl pas alors tout - à - fait fufpendu , mais elle doit jouir encore de la plus grande partie de fes facultés, puifqu on a vu des vipères que Ton avoit renfermées dans un vafe plein d'efprit-de-vin , sy attaquer les »> de la vipère , dit M. PAbbé Fontana, " ie conferve pendant des années dans la " caviié de fa dent , fans perdre de fa couleur ni '♦ de fa tranfparence ; fi on met alors dans de y l'eau tiède cette dent , il fe diflbut très-promp- ?' tement Ce. fe trouve encore en état de tuer fes j> animaux ; car d'ailleurs fe venin de fa vipère >» féché & mis enpoudre , conferve, pendant pfu- »» fleurs mois , fon adivité , ainfi que je l'ai w éprouvé plulieurs fois d'après Rédi ; il fuflîc »♦ qu'il foit porté, comme à l'ordinaire, dans fe î» fang, par quelque bfeflure; mais if ne faut ce- »♦ pendant pas qu'il ait été gardé trop fong-temps : « je l'ai vu fouvent fans effet au bout de dix *> moiî. w M' L'Abbé Fontana ,voU i , p. 52. 2 1 6 Hljloire Naturelle unes les autres ^ s'y mordre, trois ou quatre heures après y avoir été piongées. Mais, malgré cette force avec laquelle elles réiiftent , pendant plus ou moins de temps , aux effets à^s fluides dans lefquels on les enfonce , ainfî qu'aux blefîures & aux amputations , il paroît que le tabac & Thuile efTentielie de cette plante leur donnent la mort, ain(i qu'à plufieurs autres Serpens. L'huile du laurier-cerife leur eft auiïi très-fu- nefte , lors même qu'on ne fait que l'appliquer fur leurs mufcîes , mis à dé- couvert par des bleffures [a). (ji) M* VAhbé Fontanuf vol, 2 , f . 33 a* LA VIPERE des Serpcns, i i 7 .-« » , ,— — — ^— ■— ■■!■ ». t ,^» Il ■■ I I I *»■ ■■-,.. ■■■■^■^P^ LA VIPÈRE CHERSEA (^). v>E Serpent a d'afîez grandi rapports avec la vipère commune' , que nous venons de décrire : il habite également l'Europe j mais il paroît qu'on le trouve principalement dans les contrées fepten- trronalcs -, il y eft répandu jufqu'ea Suéde , où il eft même trcs-venimeux.' Zvl. Wulf Ta obfervé en Pruffe. Cette vipère a communément au-dcfîous du corps cent cinquante pLiques très-longues, & trente-quatre paires de petites plaques au-deifous de la queue. Les écailles dont ion dos eft garni, font relevées par une (tf) iEfping , ttt Suède- Coluber Cherfea. Lui- amphib' Serpent- ASt' StQckh' 1749 j/. 246, Tab. 6- Alpis colore ferrugineo. JLdr. Serp. 197. C« Cherfea. Wulf , Jcht/iyologla cum amphlhiU regni Borufflci. Coluber Cherfea. Laarenti , Sfecimm Medicuin :, F- 91- Serpensj Tome III, K V % 1 8 Hijloire Naturelle ■petite arête longitudinale-, fa couleur efè d'un gris d'acier : on voit une tache noire en forme de-cœur fur le iommet de fa tête , qui efi: blanchâtre , Se fur fou dos règne une baride formée par une fuite de taches noires & rondes qui fe touchent en plufieurs endroits du corps, ^ile fe tieiit ordinairement dans les lieux garni? 4e broffiilles ou d'arbres toufîus^ pn la redoute beaucoup aux environs d'Upfal. M. Linné ayant rencontré , dans un de fes voyages ^ en diyerfcs parties de la Suède ^^ une femme qui venoit d'être mordue par une Cherfea, lui fit prendre de l'huile d'olive à la dofe prefcrite co;itre la morlure de la vipère noire j mais ce remède fut inutile. Se la femme mourut. On trouvera dans ia note fuivaqte (a) , les diveries autres (a) « La vipère jEfping eft très-venimeufe, 8ç jM Si l'huiie ne foffic pas pour en arrêter l'etfet; les fl » racines du raongcs , du mogori , du polygala ^ »» feneka , guériroient fans douce en ce cas; m«t.is >j elles font extrêmement rares en Europe, & iï s» faut des remèdes faciies & peu chers dans l,es p campagnes, où ces accidecs arrivent toujours» des Serpens. 219 r*emèdes auxquels on a eu recours eu yt Un Payfan fut mordu par un 7Î^^ping, au petit n doigt du pied gauche ; fix heures après, le »> pied , \a jambe & la cuiiVe etoienc rou;;es & »> enflés, le pouls petit & istermittent ; le ma- f> lade fep'aignoit de mai de tcte , de tranchées, >» de mai-aile dans ie bas-ventre, de lallkude, »> d'oppreffion ; il pleuroit Ibuvent & navoit »> point d'appétit; ces iimptôrRes prouvoientque >> le poi on etoit déjà répandu dans toute iamafle n du lang. « On avoit éprouvé plufieurs fois que le fuc »» des feuilles du frêne étoit un fpécihque certain »» contre la morfure de ia couleuvre Bérus, mais -»» on ignoroit s'il réufiiroit contre celle de i'^- »» ping ; comme on n'avoit aucun remède' pî\as j» afluré que l'on pût employer à temps, on mit »> dans un mortier une p'jignée de feuilles de »» frêne, tendres & coupées menu; on y verfa >♦ un verre de vin de France^ «n €n exprima le »> fuc à travers un linge , & le malade en but » un verre de demi heure en demi heure ; on, >» appliqua de plus, lur le pied mordu , un cata- »ï plafme de feuiilcs écrafées f^e la même plante ; 99 vers jix heures du loir on lui lit bo;rr une talfe f> d'huiie chaude. » Il dormit aflez bien pendant ia nuit , & fe »» trouva beaucoup mi'rux le lendemain ; la cuiffe »» n'étoit plus enflée , mais la jambe & le pied »» l'étoient encore un peu. Le malade dit qu'iine w fentoit plus qu'une légère oppreiïion ik de la K ij 2 20 Hiftoirc Naturdk Suède, contre îe venin de la Cherfea, que l'on v nomme jSJping. 99 foibîefle • ïe pouîs étoit plus fort & plus égaî. »> On lui coiil'eiila de continuer le fuc de frêne 82 9» l'huiîe; comme ii fe trouvoit mieux, if fe né- 3> gligea , Se fes fimptômes qui revinrent tous, ï> furent difiip es de nouveau par le même remède» 3> Dans cette eipéce de rechute, il parut fur ies -jj membres enflés des raies bleuâtres ; le douIs 5> écoit foibie 6c prefque tremblant : on fit pren- s> dre de plus , le foir , au malade , une petite 5» cuillerée de thériaque; il fua beaucoup dans îa 3» nuit, les raies bleues , îa rougeur & îa plus ?♦ grande partie de l'enflure i'e diilipèrent; le pouls » devint égal & plus fort , Papp\:tit revint. Les 3» mêmes remèdes furent continués , & ne \àif- >' sèrent au pied qu'un peu de roideur avec un »> peu de lenùbi'ité au petit doigt bleffé ; l'une j» & l'autre ne durèrent que deux jours , & on 5> ceCa les remèdes. f» Le malade étoit jeune 1 mais il avoit beaucoup »» d'àceté dans le fang ; il elt vraifemblable que » le fuc de feuilles de frêne feul l'auroit guéri ; »> mais, comme on n'étoit pas certain de fon effi- »» cacité, on y ajoura ia thériaque & l'huile , qui 5» du m.oins ne pouvoient pas nuire. >» Lars Mon- tin, yfédecin. Mémoires abrèges de l'Académie de Stoc- fc':o!m- Co'kcîicu académique y partie étrangère ^ tom.*Xl, pqg. 300 6* 301. «3? I / Tarn. m. PI ■ n. na<^ . 2 21 <.T, EuM.Jh- Sevf ///ii/j i^f/. 1.LASPIC.4.LA LISSE./;^. 5^q Biinm des Serpcns. 2 i I L'A S P I C (fl). V^'est en France, & particiilicrement dans nos Provinces Icptentrionaies , qu'on trouve ce Serpent. Plufieurs grands Naturaliftes ont écrit qu'il n'étoit point venimeux, mais les crochets mo- biles, creux &: perces, dont nous avons. vu fa mâchoire lupérieure garnie , nous ont fait préférer Topinion de M. Linné, qui îe regarde comme contenant un poi- fon très - dangereux. Nous le plaçons donc à la fuite de la Cherfea , avec laquelle il a de fi grands rapports de conformation , qu'il pourroit bien n'en être qu'une variété , ainli que l'a foup- çonné aufli M. Linné -, mais il paroît qu'il efl conftammentplus grand que cette (fl) L^Afpic , M. d'AnlciiîQii , Encyclopédie mi* t-hodiguC' Cokiber Afpis , Linih amphih. Serp. An Vipera macnlata ? Launnti , Spécimen Medi^ Mm. Viîu. 1768., p. 102. K iij tzi Hifloin Naturelle vipère : rindividu qui eft confervé au Cibinet du Roi, a trois pieds de îong depuis le bout du mufeau juiqu'à Tex- îrémité' de la queue , dont la longueur eft de trois pouces huit lignes. Nous avons compté cent cinquante-cinq gran- des plaques fous le corps , & trcnte- fept paires de petites plaques fous la queue. Ce nombre n'eft pcis le même dans tous les individus , & TAfpic , dont on trouve la defcription dans le Sylléme de la Nature de M. Linné , avoit cent quarante-lix grandes plaques , & qua- rante-hx pairo-s de petites. La mâclioire fupéricirfe de TAfpic eft armée de crochets, aiolique nous venons de le dire j l'es écailles qui revêtent le deflus de 1-a tête font femblabies à celles du dos 5 ovales & relevées dans le mi- lieu par une arête. On voit s'étendre- fur le defTus du corps , trois rangées longitudinales de taches rouiles , bor- dées de noir , ce qui fait paroître la peau de TAfpic tigrée , & a fait donner à ce Reptile , dans plufieurs Cabinets». le nom de Serpent iigré. Les trois rangées, de taches fe réunifient fur la qiieue» des Serpens, zi% âe manière h repréfentcr une bande di(^ pnfée en zig-z.igj & par-là les couleurs de l'Afprc ont quelque rapport avec celles de la vipère commune , à laquelle il reflemblc aufîî par les teintes du defîous de Ton cofps , marbré de foncé & de jaunâtre. Il paroît que les Anciens n'ont point connu rAfpic de nos contrées , car il ne i?.i\t pas le confondre avec une eP pèce de vipère dont iious parlerons fous le nom de Vipère d'Egypte , que les Anciens nommoient aufli Afprc , & que la mort d'une grande Reine a ren- due fameufe. Afin même d'empêcher qu'on ne prît le Serpent dont il eft ici queftion , pour celui d'Egypte , nous R''aurions pas donné à ce Reptile des Provincesfeptentrionales,lenomd'Afpic,. attribué par les Anciens à une vipère venimeufe des environs d'Alexandrie , fi tous les Ob fer dateurs ne s'étoient accordés à le nommer ainfi. fë^^ijfê K VI 2 24 HlJIolre Naturelle ^ggggJBîAJMjia^feMBtJJJAi.aWhkMiJXi^JjLl'-Bd»^ LA VIPERE NOIRE (a). Voici encore une efpèce de Serpent venimeux , aiTez nombreufe dans plu- :fieurs contrées de l'Europe , & qui a beaucoup de rapports avec notre vipère commune-, il efl: aifé cependant de l'en distinguer , même au premier coup-d'œil , à caufe de fa couleur , qui eîï prefque toujours noire , ou du moins très-foncée, avec des points blancs fur les écailles «■«:•■«"«••" (d) La Dipfade , M- d'Juhenton , Encydopédit méthodiguc- Coluber Prefter, Linn.ampJnh. Serp. Vipera Anglica nigricans , Petii^er* muf. 17 j iiP 104' Faun. fuec' 287. Co'.ubtr vipera Anpçlorum , Laurenti j Spécimen Medicum , ;?• 98 , ta'^nl' 4 , fig. 1. Ccl. Prelterj Ji^ulf, Ichthyohgia cum amphibiis regiii B 'TU [fui' ^C. Prefter, Zool'-gie Britannique , vol. 3 , Reptiles» Col. Prc-fter, Voyage de M- P allas , Tradu&ion françoifey vol. ijfag'gÇ' des Serpens. i2f qui bordent les mâchoires. Quelquefois on apperçoit fur ce fond noir , des taches phis obfcures encore, à-peu-près de la même forme Se difpofée dans le même ordre que celles de la vipère commune -, Se voilà pourquoi les N itu- raliftes ont penfé que la vipère noire n'en efl peut-être qu'une variété plus ou moins confiante 'a). Quoi qu'il en foit, c'efl: de toutes les vipères, une de celles qu'on doit voir avec ie plus de peine , puifqu'elle réunit une coujcur lugubre aux traits finidres de leur con- formation 5 Se qu'elle porte , pour ainfi dire , les livrées de la mort , dent elle efl: ie miniftre. Le defliis de Ci tête n'efl: pas entière- ment €ouvert d'écaiiles fembiables à celles du dos , ainfi que le defîus de la tête de la vipère commune -, mais on re- marque entre les deux yeux, trois écailles un peu plus grandes , placées fur deux rangs, dont le plus proche du mufeau ne contient qu'une pièce *, Se , par ce (a) Zoologie Bntdvni qui , voU : , p- 26. ^ Kv a 2 (> Hijloire Naturelle trait , la vipère noire fe rapproche des*' couleuvres ovipares , plus que les autres^ vipères dont nous venons de parler. Les écailles du dos. font ovales & relevées par. une arête. Un des indi- vidus que nous avons obfervés , & qur eft conTervé au. Cabinet du Roi, a deux^ pîeds neuf lignes de longueur totale , & deux pouces quatre lignes depuis ranusjurqu'àlextrémité delà queue*, nousi avons compté cent quarante-fept grandes^ plaques au-deffous du corps , & vingt- huit paires des petites plaques. au-deiTous de la queue. Un autre individu que nous avons VU5.& que Ton difoit ap- porté de la Louiiiane , avoit cent qua- rante-cinq grandes plaques & trente-deux paires de petites *, celui que M. Linné' a décrit avoit cent cinquante-deux de ces grandes lames , & trente-dciîx paires > de petites plaques ,. Se ces lames font quelquefois h iuifuites , que leur éclat reiTemble allez à celui de l'acier. On fe fert de la vipère noire-, dans les Pharmacies d'Angleterre ^ au lieu de îa vijpère commune. Elle eft en allez, grand noifibxe dans les bois qui bordeaî des Serpens. 227 l'Oka , rivière de l'Empire de Ruffie ,' qui Te jette dans le VolgA-, elle y eft très-venimeiife & y préfente quelques taches jaunes fur le cou & fur la queue (a). On la trouve aufïï en Allemagne, & par- ticulièrement dans les montagnes de Schnccberg -, M. Laurent , qui l'y i obfervée , ne la croit pas trcs-dange- reufe (b) *, mais , comme il n'a fait des- expériences fur les effets de famorfure," que dans les premiers jours de No- vembre, & par conféquent au commen- cement de Thiver , qui diminue prefque toujours ra» aqua mulla potata, caftoreum , caflia & artemi- i> liae fuccus cum aquâ. Danda etiam in potu ;» theriaca , eadem quoque p^ags imponenda. ?» Utenclum & emplaftris attradtoriis : p.ofteàverè 5» catapiafmata ; quse ad nomas five ulcéra fer- 99 pentia conducunt , imponendR. Jëtius. ti Curatio autem eorum eft curatio communis : ?» & eft ejus proprium dare in potu caftoreum , ?» & cinnamomurn , & radicem centaureae, de ?» quocumque iftorum fuerit, &c. cum vino. Et ?» confert eis radix ariftolochise, & propriéc longè ?» juvamentum maximum. Et limiliter radix afiea- ;» lir, & fuccus ejus propriè , & radix genrianae. ?» Et conferunt eis ex emplaftris mel decodtum Se ?» exiîccatum , &; tritum : & radjces granatorum : ?» &fimiliter centaures, & femen fini & lactucae, « & femen harmel , & volubilis, & ruta fylvsf- w tris : & conférant eis emplaftra appropria^ f> ulceribus putridis» M yi/Wc€/ine- 24c Hi/loire Naturelle ventre j de cent quarante-deux grarndes pLiques 5 & fous ia queue , de trente- deux paires de petites -, le dellus de fa tête eft garni de petites écailies ovales , unies Se prelque femblables à celles du dos. La queue efl très-courte , à pro- portion du corps , qui n'a ordinairement qu'un demi-pied de long. L'Ammodyte fe nourrit fouvent de ïézards Se d'autres animaux auili gros que iui , mais qu'il peut avaler avec facilité , à caufe de Textenfion dont fon corps cfl fufceptible. Il paroît que c'efl à cette efpèce , au développement de laquelle un climat très- chaud peut être très-néceflaire, qu'il faut rapporter les Serpens cornus de ia Cote- d'Or , dont a parlé Bofman , quoique ces derniers foient beaucoup plus grands que l'Ammodyte d'Elciavonie. Ce Voyageur vit , au Fort HoHandois d'Axim . la dé- pouille d'un individu de cette efpèce de Serpens cornus -, ce Reptile étoit de ia grelieur du bras , long de cinq pieds , & rayé ou tacheté de noir , de brun , de blanc & de jaune, d'une manière très- agréable à l'œil. Suivant Bofman , ces Serpens ^ /^ des Serpens, 241 Serpens ont pour arme ofîenlîvc, une fort petite corne , ou plutôt une dent qui fort de la mâchoire Tupérieure , au- près du nez ', elle cfl blanche, dure 5c très-pointue. Il arrive fouvent aux Nè- gres , qui vont nuds pieds dans les champs , . de marcher impunément fur ces animaux , car CCS Reptiles avalent leur proie avec tant d'avidité , & tombent enluite dans un fommeil (i profond , qu'il faut un bruit afîez fort, ik même un mouvement allez grand pour les réveiller (à). ■ >■ i»l«'. «Ji^in ><|i IMWtiWimp^WMwtawyliaia^ {aj Bofinan, p, 27g, Serpens , Tome UL 1^1 Hiftoirc Naturelle LE CERASTE (a). On' a donné ce nom à un Serpent venimeux d'Ar.ihie , d'Atrique , «S: par- ticuUcrement d'Egypte , qui a été en- voyé ;ui Cabinet du Roi Tous le nom de Vipère cornue ; il efl très -remar- quable Il des Serpens, 143 pûrcmmcjit cette conformation qui , jointe à fa qiiaiité vénéneufe , & peut" être à fcs habitudes naturelles , l'auront fart obferver avec attentfon par les premiers Egyptien? , & les auront dé- terminés à faire placer de préférence fon im^ge parmi leurs diverfes figures hiéroglyphiques. On le trouve gravé fur les monumens de la plus haute antiquité , que le temps laifTe encore fub/ifter fur cette fameufe terre d'E- gypte. On le voit repréfenté fur les X)béiifques , fur les colonnes des Temples , aux pieds des Stitues , fur les murs des Palais , & jufques fur les Momies (a)* Un double intérêt anime donc la eu- riofité , relativement au Cérafte *, une connoiffance exacte de fes propriétés & de fes mœurs , non -feulement doit être recherchée par le Naturalifte, mais fcr- vîroit peut-être à découvrir en partie (a) Deux très-grandes pierres apportées d'Afe- y.tndrie k Londres, placées dans la cour du Mu- feura , & qui paroiflent avoir fait partie d'une grande corniche d*un magnifique palais, préfentent plufieurs figures de Céraftes très -bien gravée^* Lz'.tn di AI. ElUt, Ttauf ph.'M an, 1766. LiJ ^44 HiJIoire Naturelle le Tens de cette Langue rcligieufe 8c politique , qui nous tranrmettroit les antiques événemens & les antiques ®pi- iiions des célèbres & belles contrées de rOrient. Si l'on ne peut pas encore expofer toutes les habitudes naturelles du Cérafte , faifons donc connoître exadlcment fa forme , Se décrivons -le avec Toin d'après les individus que nous avons examinés. Les opinions des Naturaliftes , anciens & modernes , ont fort varié fur k nature ainfi que fur le nombre des cornes qui diilinguent le Cérafle^ les uns ont dit qu'il en avoit deux, d'autres quatre, ^ d'autres huit , qu'ils ont com- parées aux efpèces de petites cornes , ou pour mieux dire , aux tentacules des limaçons & d'autres animaux de la clafTe des vers (a). Quelques Auteurs les ont regardées comme des dents attachées à la mâchoire fupérieure j quelques autres ^Qnt: écrit que le Cérafte n'avoit point •de cornes , que celles qu'on avoit vues iur la tcte de quelques individus , ■ XW» tW-i' ■■ {aj Piins &* Soîifh des Serpens. 24 f n'étoient point naturelles , miis Tôii- vrage des Arabes , qui plaçoient avec art des ergots fur le crâne dit Rep-, ïilç , pour le rendre extraordinaire ôc le faire vendre plus cher. Il fe peut que* l'on ait quelquefois attaché , à de vrais» Cérafles, de petites cornes artificielles; if fe peut auflî que ces Serpens j ayant été fort recherchés, on ait vendu pour àç$ Cérafles des Reptiles d'une autre efpèce qui leur auront à-peu-près reiîemblé par la couleur, & auxquels ont aura appir^ que de faulîes cornes. Mais le vrai Ser-. pent-Cérafte a réellement au-deilus- de chaque œrl , un petit corps pointu ôc alongé , auquel le nom de corne me paroit mieux convenir qu'aucun autre.; M. Linné a donné (a) le nom de dents; molles à ces petits corps placés au-deiluî des yeux du Serpent que nous décri- vons •, mais ce nom de dent ne nous paroît pouvoir appartenir qu'à ce qui: tient aux mâchoires inférieures ou fupé- rieures' des animaux , êc après avoir examiné les cornes du Céraile , en avoir (aj Syftema natwrz?,^ editio 13. IT * * * L iij ^4^ Hijloire Naturelle coupé une en plufieurs parties , & erl avoir fu vi la prolongation jufqu'à la tête , nous nous Tommes affurés que hiQii loin de tenir à la mâchoire fupé- rieure , ces cornes ne font attachées à aucun os *, auiïi font-elles mobiles à la volonté de l'animal. Chacune de ces cornes eft placée précifément au - defîlis de Tœil , & comme implantée parmi les petites écailles qui forment la partie fupé- rieure de l'orbite -, fa racine eft en- tourée d'écaillés phis petites que celles du dos , & elle repréfente une petite pyramide carrée dont chaque face feroit iillonnée par une rainure longitudinale & très-fenfible {a). Elle eft compofée de couches placées au - deiius les unes des autres, & qui fe recouvrent entiè- rement. Nous avons enlevé facilement fa) Béîon a comparé îa forme de ces éminences à ceile d'un grain d'orge , & c'eft apparemment avec une graine dont fe nourriflent queTques ef- pèces d'oifeaux, quia fait penfer que !e Cérafte fe cachoit fous des feuiiies & ne laillbit paroître j que fes cornes, qui fervoient d'appât pour IcSkJ petits oifeaux qu'il devoroitv. Voy^i Pline 0* SoUu*-* des Serpens, 247 h couche extérieure , qui s*en eft féparée en forme d'épiderme , en préfentant tou- jours quatre côtés & quatre rainures , ainfi que la couche inférieure, que nous avons mife par-là à couvert. Cette ma- nière de s'exfolier eft fembiable à celle des écailles 5 dont Tépiderme ou la couche fiipéricure Te fépare également avec fa-- cilité après quelqu'altération. Aufîi re- gardons-nous la matière de ces. cornes comme de même nature que celle des écailles-, & ce qui le confirme, c'ed que nous avons vu ces petites éminences tenir à la peau de la même manière que les écailles y font attachées. Au refte , ces cornes mobiles font un peu- courbées , & avoient à-peu-près deux lignes de longueur dans les individus que nous avons décrits, La tête des Céraftes eft aplatie , le mufeafii gros & court, l'iris des yeux d'un vert jaunâtre, & la prunelle, lorfqu'elle eft contractée , forme une fente perpen- diculaire à la longueur du corps -, le der- rière de la tête eft rétréci & moins larpe que la partie du corps à laquelle elle- tient ; le defliis en eft g-arni d'ccailles^ T • L IV 248 HiJIoire Naturelle égales en grandeur à celles du dos , (M même quelquefois plus petites que ces dernières , qui font ovales & relevées par une arête fiillante. Nous avons compté, fur deux îndr- yidus de cette efpèce , cent quarante- fept grandes plaques fous le ventre , & foixante - trois petites plaques fous la queue. Suivant M. Linné , un Serpent de la même efpèce avoit cent cinquante grandes plaques & vingt-cinq paires de petites. Kaifelquift a compté fur Un autre individu cinquante paires de pe- tites plaques , & cent cinquante grandes. Voilà donc une nouvelle preuvt- de ce que nous avons dit touchant la varia- tion du grand nombre des graiîdes & des petites plaques dans la même efpèce de Serpent*, mais comme il ne faut né- gliger aucun caraétère dans un ordre chée , fans aucune nourriture; il y avoit leule- î> ment au fond de la bouteille , un peu de fable- »■ iip, d^ns lequel elles fe louvoient -, iorlX],ueJe- Lvj, 2. ^ 2 Hijtoire Naturelle Bélon afiiire que ies petits Céraftefi cclofent dans ie ventre de leur mère, .ainfi que ceux de notre vipère com« iiiune {û.) s i-i^a-is nous croyons devoir citer un fait qui paroît contredire cette afTertion, & que Gefner rapporte dans fon Livre de . la nature des Serpens , d'après un de Tes Correfpondans qui en avoit été témoin à Venife {h). Un Noble Vénitien conferva pendant quel- que temps , & auprès du feu , trois Serpens qu'on lui avoil apportés du pays où Ton trouve les Céraftes *, l'un femelle , & trois fois plus grand que les autres, avoit trois pieds de long^ prefque la groileur du bras , la tête com.primée & large de deux doigts y riris noir , les écailles du dos cendrées &: noirâtres dans leur partie fupérieure , la queue un peu roufle & terminée en T> {es vis, elles venoient de changer cfe peau, & » paroiflbient aufii vigoureufes & auffi vives que ?"> li elles avoient été prifes tout nouvellement. *» Schaw. J-^oyage dans -plufieun Proviiicei delà Barbarie ùf du Levant^ tome i , chap' 5- fa) Voyez Bélon & Ray , à l'endroit déjà cité^ (bj Gcfncr,fol.Q,B. des Serpens, 255 pointe , Se une corne de fubftance écaiiletife au - defliis de chaque œil. Gefner le regarda comme de i'cfpcce des Céraftcs, dont il nous paroît , en efîet , avoir eu les principaux carac- tères •, il pondit dans le iable quatre ou cinq œufs à-peu-près de la grof- feur de ceux de pigeon. Les rapports de conformation, de qualité vénéneufe Se d'habitudes qui lient le Cérafte avec la vipère commune , ain(i qu'avec un grand nombre d'autres vipères dont la manière de venir au jour ell bien con- nue , nous feroient adopter de préférence l'opinion fondée fnr Tautorité de Bélon^ qui a beaucoup voyagé dans le pays habité par les Cérafles , mais comme ilpourroit fe faire que les deux manières de venir à la lumière fuilent réunies dans quel- ques efpèces de Serpens,, ainfi qu'elles le font dans quelques efpèces de qua- drupèdes ovipares , & qu'il feroit bon de bien déterminer ii tous les animaux armés de crochets venimeux , éclofent dans le ventre de leur mère , & même font les feuls qui ne pondent pas, nous invitons les Voyageurs qui pourront If 4 Hijîoire Naturel k obferver fans danger îcs Céraftes , ^~ s'aiïurer de la manière dont naifîent leurs petits. Hérodote a parlé de Serpens confli- crés parles habitansdeThebes à Jupiter , ou pour mieux dire , à la Divinité Egyp- tienne qui répondoit au Jupiter des- Grecs • on les enterroit , après leur mort, dans le Temple de ce Dieu : &, fuivant le Père de rHiftoire,.ils avoient deux cornes, mais ne faifoient aucun mal à perfonne. Si Hérodote n'a point été trompé , on devroit les regarder conjme d'une efpèce différente de celle du Cérafbe^ mais il eft a(îez vraifem- blable qu'on Ta voit mieux informé de la conformation que des qualités de ces Serpens, qu ils étoient venimeux comme le Gérafbe , quiis appartenoient à la même efpèce , & que la force de leur poifon, qui avoit dû paroître aux An- ciens donner la mort prefqu'aufïî promp- tement que la foudre du Maître des Dieux , avoit peut-être été un motif de plus pour les confacrer à la Divinité que Ton croyoit lancer le tDjmerre.. i I Ttmi. m. ^ L . ^lï ■ ^^aff . 26. j LE NAJA ou SERPENTALUNETTES.2.L'lLEMACHATE^y svy des Serpens, Zff iii.m.wuLM,■ ' ■ ..... (a) Cobra de Cabelo ou de Capello^.^ar ks Por* Le Serpent à Lunettes , M. d'Juhenton , Encyclo- pédie méthodique. Coluber Naja, L'uui-amphib'^ Serpent. Naja, Kempfer. Ammntatnm cxoticarum fafclcitlus^ ^,obfin>. 9,;?. c,6^' Naja-Lutefcens , ig'jy Launntl y Spécimen Me-» dicunu Naja Siamenfis, 2CO, }hid> Naja Maculata, 201 , Ib'uh Sèba. tome i ,///. 44, fig- I- Tom. 2, pi- ^9 > fig' ï- b'Xypi 905.%- i',pi' 94îi'g- 1; ^ p^' n^h- 1^- z)6 Hijîoire Naîufdle Ton , on le contemple avec une forta de plailir , on l'admire -, & , pendant que le brillant de Tes écailles , ainfi que la vivacité des couleurs dont elles font parées, attachent les regards, la forme îingulière du R.eptile attire Tattention : on a même cru voir fur fa tête une reiîcmblance trolTière avec les traits de l'homme *, & voiià donc Timage la plus noble qui a pu paroître légèrement em- preinte fur la face d'un Reptile veni- meux. Ce contrafte a du plaire à l'ima- gination des Orientaux , toujours amis de ^^extraordinaire j il a peut-être féduit les premiers Voyageurs qui ont vu le Serpent à lunettes , & ils ont peut-être éprouvé une forte de fatisfad:ion à re- trouver quelques traits de la figure hu- maine fur un être aulîî malfailant , de même que les anciens Poètes fe font Serpens indicus Coronatus , Ray, Synopjïs Ser- piBtini generis ^ p. 330. Le Serpent k lunettes, Serpent couronne'. Diêt' d^Hifîoire naturci/e, par M. Valmont de Bomare. Vipera indica Vittata gefticularia. Cetal' maf. ind' Vipera Pileata. des Serpens, 1J7 prcique tous accordés à donner ces mêmes traits augiiftes aux monftres ter- ribles & fabuleux , enfans de leur génie, & non de ia Nature. Mais fur quoi peut être fondée cette 'légère apparence ? Sur une raie d'une couleur différente de celle du corps de l'animai , & qui eft placée fwr le cou du Serpent à lunettes, s'y replie en avant des deux côtés , & fe termine par deux efpèces de crochets tournés en dehors. Ces crochets colorés font quel- quefois prolongés de manière à former un cercle -, faifant retlortir la couleur du fond qu'ils renferment, ils reffem- bicnt imparfaitement à deux yeux, au- dellus defquris la ligne recourbée , femblable aux traits proiîiers , aux premières ébauches des leunes Deiîma- teurs , repréfente vaguement un nez s Se ce qui a ajouté à ces légères ref- femblances , c'eft qu'elles fe montrent fur ia partie antérieure du tronc ou fur le cou du Serpent , & que cette partie antérieure eft tellement élargie & aplatie , proportionnellement au refte du corps j qu'elle paroît être la tête 2j 8 Bijîolre Naturelle Je ranimai. L'on croit de îoin voir leg )^cux des Serpens au milieu de ces crochets de couleurs vives dont nous venons de parler^ quoique cependant ia véritable tête où font réellement les yeux & les narines j Toit placée au-^ devant de cette extenfion fîngulière du cou. La ligne recourbée & terminée par deux crochets , refîemble afiez à des lunettes, & c'eft ce qui a fait donner depuis au Serpent Naja , le nom de Serpent de lunettes , que nous lui con-^ fervons ïcï» Mais pour mieux diftin- guer le Reptile dont nous traitons dans cet article , & qui habite les grandes ïndes , d'avec les Serpens à lunettes d'Amérique , dont il fera queftion dans l'article luivant , nous avons cru devoir réunir au nom très-connu de Serpent à lunettes , celui de Nija , dont fe fervent les naturels du pays où on le rencontre, &i qui a été adopté par plu- fieurs Auteurs ,, & particulièrement par M. Linné. On a écrit qu'il y avoit lui affez grand nombre d'efpèces de Serpens^^ à des Serpens. î 5 9 lunettes : des Naturalises en ont compté jufqu'à fîx *, mais , en examinant de près les différences fur lefquelles ils fe iont fondés , il nous a paru qu'on ne devoit en compter que deux ou trois *, le Serpent à lunettes ou le Naja , dont il efl ici queflion^ le Serpent à lunettes du Pérou 5 & celui du Bréfil , qui peut - être même ne diffère que très- légèrement de celui du Pérou. Toutes les variétés que nous rapportons au Naja ne font que des fuites de la diverfité à!2.gQ , de fexe ou de climat ; & , par exemple, on a repréfenté dans Séba(^ ) , deux petits Serpens à lunettes des Indes orientales , qui ne me paroiiîent que de jeunes Naja de 1 efpèce ordinaire; ils ne différoient des Naja adultes que pir i'cxteniion du cou, qui étoit peu fenfible ^ ce qui fi'annonçoit qu'un âge peu avancé , & par la teinte ou la diftribution de leurs couleurs*, Tun» étoit d'un cendré jaunâtre , cerclé de bandes tranfverfales pourpres ,. & ar- mm fuj Séta,tom^.2,pL ^,fig. Z > ^ î^' 91 y Jg- Sf- z6o Hijtoire Nature Ile rangées de manière que, de quatre eii quatre j il y en avoit une plus Luge que les autres (a) j le fécond avoit des couleurs moins difti notes , & peut- être avoit été pris dans un temps voifin de celui de fa mue. Les Naja adultes paroifîent d'un jaune plus ou moins rotix , ou plus ou moins cendré , fuivant l'âge , la fâifon , & la force de l'individu. Ils n'ont pas pîufieurs bandes tranfverfales pourpres, mais au-defîus de la partie renflée de leur cou , on voit un collier alîez large Se d'un Lrun fombre qui difparoît quelquefois prefque en entier fur les Naja coufervés dans iefpnt-de- yîn. Cette belle couleiîr jaune qui brille fur le dos du Serpent a lunettes , jféclaircit fous le ventre , où elle devient blanchâtre, mêlée Quelquefois d'une teinte de rouge -, les raies qui forment fur fon cou un croilîant dont les deux pointes fe replient en -dehors faj M. Laurent a cru en devoir faire une eibèce difiincte fous ie noni de Naja à bandes ( Naja fiifciâta. des Scrpens, 16 1 ^ on crochets, de manière à imiter des lunettes, font blanchâtres , bordées Ûes deux cotés d'une couleur foncée. Quelquefois ces nuances s'altèrent après la mort de l'animal , ce qui a donne lieu à bien des flniffes defcriptions . Le fommet de la tête eft couvert par neuf plaques ou grandes écailles , dirpofées iur quatre rangs , deux- au premier , du coté du muleau , deux au fécond , trois au troiiième , &: deux au quatrième {a). Les yeux font vifs 3c pleins de feu j les écailles font ovales, plates & très-alongées , elles ne tiennent à la peau que par une portion de leur contour , .& il paroît que le Serpent peut les redrefl'er d une manière très-fenlible j elles ne fe touchent pas au-defîus de la partie élargie du cou, elles y forment dçs rangs longitudinaux un peu féparés (a) Voilà un nouvel exemple de ce que nous ivons dit à l'articfe de la ivJomenclature des Ser- pens; tous ceux qui ont des dents crochues, grandes & mobi'es, & qui font venimeux, n'ont pas ie deiVus de la tête garni d'écaiiies fembiables à celles du dos. t^z lîifioire Naturelle les uns des autres, & laifîent voir \x peau nue , qui eft d'un jaune blan- châtre -, comme cette peau efî: moins brillante que les écailles qui , étant grandes &> plates , réfléchiiïent vivement la lumière, ces écailles paroifTent fou- vent comme autant de facettes ref^ plendiflantes difpofées avec ordre , & qui' préfentent une couleur d'or très- éclatante, fur -tout lorfqu elles font, .éclairées par les rayons du foleiL L'extenfion dont nous venons de parler eft formée par les côtes , qui , à l'endroit de cet élargilTement , font plus longues que dans les autres parties du corps du Serpent , & ne fô courbent d'une manière fenfible qu'à une plus grande diftance de l'épine du dos j mais d'ailleurs le Naja peut gonfler & étendre à voloûté une mem- brane aflez lâche qui couvre ces côtes, Bc que Kempfer a comparée à des ef- pèces d'ailes. C'eft fur-tout îorfqu'il eft irrité, qu'il l'enfle & augmente ie vo- lume -, & lorfqu'alors ï\ fe redrefTe en tenant toujours horizontalement fa tête, qui eft placée au-devant de cette exteii"? des Serpens, i6y fion membraneufe , on drroit qu'il eft coiffé d'une forte de chaperon que Ton a même comparé à un^ couronne , & voilà pourquoi on a donné à ce dan- gereux , mais cependant trcs-bel ani- mal, le nom de Serpent à chaperon y ainli que celui de Serpent couronné. La femelle {a) eft diltinguée aifément du mâle , parce qu'elie n'a pas fur le cou la raie contournée & difpofée en croiffant , dont les pointes fe terminent en crochets tournés en dehors , & d'après laquelle on a donné à Tefpèce le nom de Serpent à lunettes ^ mais elle a de chaque côté du cou , comme le mâle , une extenfion membraneufe foutenue par de longues côtes-, elle peut égale- ment en étendre le volume j elle brille des mêmes couleurs dorées , Se elle a porté également le nom de Serpent à couronne (Jb). Les Naja ont ordinairement trois ou (a) Séha, tonu 2 , /?/• 90, fig. 2,6* pi, 97, fig' 2- (aj Laurent a fait de la femelle du Naja une efpèce diftinvTte qu'il a nommée Is^aja non Naj(^ 264 Hifioïre Naturelle quatre pieds de longueur totale*, celle de rindividu que nous avons décrit , & qui eft au Cabinet du Roi , eft dç quatre pieds quatre pouces (ix lignes ; Textenfion membraneure de fon cou a plus de trois pouces de largeur. Il a cent quatre-vingt-fept grandes plaques fous le corps , & cinquante-huit paires de petites plaques lousla queue, qui n'eft longue que de fept pouces dix îignes. Celui que M. Linné a décrit avoit cent quatre-vingt-treize grandes plaques , & loixante paires de petites. Le Naja eft féroce , &: pour peu qu'on diffère de prendre l'antidote de fon venin , fa morfure eft mortelle : Ton expire dans des convulfions , ou la partie irfordue contracte une gangrène qu'il eft prefqu'impofîible de guérir j auiîi de tous les Serpens , eft-ce celui que les Indiens , qui vont nuds-picds , redoutent le plus. Lorfque ce terrible Reptile veut fe jeter fur quelqu'un, il ïe redreile avec fierté, fait briller des yeux étincelans, étend fes membranes en figne de colère , ouvre la gueule , S: s'éij-mce avec rapidité en montrant la pointe des Serpens, 16 ^ îa pointe acérée de Tes crochets venî^ meux. Mais , malgré Tes armes funeftcs, les Jongleurs Indiens font parvenus à le dompter de manière à le faire fervir de fpeClacle à un peuple crédule, de • même que d'autres Charlatans de l'Egypte moderne , à l'exemple de Charlatans plus anciens de l'antique Egypte , des Pfylles de Cyrène, & des Ophiogènes de Chypre , manient fans crainte , tourmentent impunémeni; de grands Serpens, peut-être même venimeux , les ferrent fortement auprès du cou , évitent par-ià leur morfure , déchirent avec leurs dents & dévorent tout vivans ces énormes Reptiles, qui, fîfïlant de rage & fe repliant autour de leur corps, font de vains eftorts pour leur échap- per (a). (û) Lettre de M. Savary fur l'Egypte, vol. i, page 62. Voyez aufli le paffage fuivant de Shaw, tom. 2, chap» 5. « On m'a afîuré qu'il y avoit plus de quarante M miUe perfonnes au grand Caire & dans les Villages M des environs, qui ne mangeoient autre chofe que »> des Lézards ou des Serpens. Cette façon fingu- »> lière de Te nourrir leur vaut, entr'autreSj le Serjfcnsj Tome IIL M z66 Hijîoire Naturelle Ces Indiens , qui ont pu réduire les Naja & fe garantir de leur morfure , courent de Ville en Ville pour mon- ^ trer leurs Terpens à lunettes, qu'ils for- cent, difent-ils, à danfer. Le Jongleur 1 prend dans fa main une racine dont il prétend que la vertu le préferve de la morfure venimeufe du Serpent , & tirant l'animai du vafe dans lequel il le tient ordinairement renfermé , il l'irrite en lui préfentant un bâton , ou feulement le poing *, le Naja fe drelfant aulïi-tôt contre la main qui Tattaque , s*ap- puyant fur fci queue, élevant fon corps, enflant fon cou , ouvrant fa gueule, alongeant fa langue fourchue, s'agitant »«■ y» privilège & l'honneur infigne de marcher im- it médiatement auprès des tapilTeries brodées de A) foie noire , qu'on fi.brique tous fes ans au 9% granif Caire pour le Kaaha de la Mecquz , & qu'on « va prendre au Château pour les promener en » proctllion avec giande pompe & cé.émonie, n dans les rues de h Ville. Lorfque ces procef- » lions le font, il y a toujours un grand nombre » ce ces gens qui i'accompagnent en chantant & fi en danlant , & faifant par intervalles rcMés, 99 toutes fortes de contorfions & de gefticulations 1} fimatiques. » des Serpens. %éj avec vivacité , îx\{\x\\. briller Tes yeux & entendre Ton fifflcment, commence une forte de combat contre Ton Maître , qui , entonnant alors une chanfon , lui oppofe Ton poing tantôt à droite & tantôt à gauche j l'animal , ies yeux toujours fixés fur la main qui le menace, en fuit tous les mouvemens , balance fa tête & fon corps fur fa queue qui demeure immobile & offre ainfî l'image d'une forte de danfe. Le Naja peut foutenir cet exercice pendant un demi- quart d'heure ^ mais au moment que rindien s'apperçoit que ^ fatigué par fes mouvemens & par fa iituation verticale , le Serpent eft près de prendre la fuite , il interrompt fon chant, le Naja cefTe fa danfe , s'étend à terre , & fon Maître le remet dans fon vafe. Kempfer dit que lorfqu'un In^iQw veut dompter un Naja & l'accoutumer à ce manège , il renverfe le vafe dans lequel il l'a tenu renfermé , va à la Couleuvre avec un bâton , l'arrête dans fa fuite , & la provoque à un combat qu'elle commence fouvent la première j dans l'inftant où elle veut s'élancer fur: M ij 2 (î 3 Hijloiré Naturelle lui pour îe mordre , il lui préfente le vafe & le lui oppofe comme un bouclier, contre lequel elle bleffe Tes narines, & qui la force à rejaillir en arrière •, il continue cette lutte pen- dant un quart-d'heure ou demi-heure, iuivant que l'éducation de l'animal eft plus ou moins avancée *, la Couleuvre , trompée dans Tes attaques, & bleflée contre le vafe , cqÇ[c: de s'élancer , mais préfentant toujours fes dents & enflant toujours Ton cou , elle ne détourne pas fes yeux ardens du bouclier qui lui nuit ; ïe Maître , qui a grand foin de ne pas trop la fatiguer par cet exercice , de peur que, devenant trop timide, elle ne fe refufe en faite au combat , l'ac- coutume infendblement à fe dreifer contre le vafe , & même contre le poing tout nu, à en fuivre tous les mouve- mens avec fa tête fuperbement gonflée, niais fans jamais ofer fe jeter fur fa main , de peur de le blefTer *, accom- pagnant d'une chanfon îe mouvement de fon bras , Se par conféquent celui (du Reptile qui l'imite , il donne à ce cpmbat l'apparence d'une danfe , & il \ des Serpefîs, i.6^ tn çfkdonc de ce Serpent funefle comme de prefque tous les êtres dangereux qui répandent la terreur, la crainte feule peut les dompter. Mais il ne faut pas croire que les Indiens foient aiTez rafîurés par les effets de cette crainte ^ pour ne pas chercher à déiarmer, pour ainfî dire, le Reptile contre lequel ils doivent lutter, Kempfer rapporte qu'ils ont grand foin , chaque jour ou tous les deux jours, d'épuifer îe venin du Naja , qui fe forme dans des véiicules placées auprès de la mâchoire fupérieure , & fe répand en- fuite par les dents canines -, pour cela ils irritent la Couleuvre & la forcent à mordre plufieurs fois un morceau d'étoffe ou queîqu'autre corps mou , & à rimbiber de fori poifon. Pour Texciter davantage à exprimer fon venin, ils ont quelquefois aflez d'adreffe & de courage pour lui preffer la tête fans en être mordus, & la mettre par -là dans une forte de rage qui lui fait ferrer avec plus de force & pénétrer dune plus grande quantité de poifon , le morceau d'étoffe ou le corps mo\x qu on lui pré- Aï iij 270 Hijîoirc Naturelle fente enfuite. Après avoir privé la Cou- îeiivre de Ton venin, ils veillent avec beaucoup d'attention à ce qu'elle ne prenne aucune nourriture ^ & ils em- pêchent fur-tout qu'elle ne mange de 'riierbe fraîche , de nouveaux alimens îui rendant bientôt de nouveaux fucs vénéneux & mortels. Kempfer prétend que Ton a un remède afTuré contre îa morfure veni- meufe de ce Serpent , dans la plante que Ton nomme mungo ainfî quophiorriia, qui croît abondamment dcins les contrées chaudes de Tlnde , êc que Ton a employée non-feulement contre la morfure de pluiieurs Reptiles^ ainii que des fcorpions , mais même contre celle des chiens enragés. Uon difoit 5 Suivant le même Kempfer, que l'on avoit découvert fes vertus antr- vénéneufes en en voyant manger à des Mangouftes ou Ichneumons mordus par des Naja , & que c'étoit ce qui avoit fait appliquer à ce végétal le nom de mungo , donné auili par les Portugais aux Mangouftes. Ces quadrupèdes font, en ef^et, ennemis mortels du Serpent des Serpens, 271 à îu nettes , qu'ils attaquent toujours avec ach.ïrncment , & auquel ils donnent aifément la mort fans la re- cevoir ^ leur manière de faifir le Naja les garantiiîlint apparemment de fes dents envenimées. Non- feulement les Naja fervent à amufer les ioilirs des Indiens -, ils ont encore été un objet de vénération pour plufîeurs habituis des belles contrées orientales , & particulièrement de la côte de Malabar. La crainte d'expirer fous leur dent empoifonnée , &: le defîr de les écarter des habitations ^ avoient fait imaginer de leur apporter jufques auprès de leurs repaires , les alimens qui paroifToient leur convenir le mieux -^^les Temples facrés étoient ornés de leurs images , & ii ces Reptiles pénétroicnt dans les demeures des habi-», tans 5 ou il on les rencontroit fous ie^ pas ^ bien loin de fe défendre con-; tr'eux & de chercher à leur donnei; la mort , on leur adrefioit des prières , on leur ofîroit des préfens , on fupplioit les Bramines de leur faire de pieufes exhortations , on fe profternoit ^ on Miv 27 2 Hifioire Naturelle tâchoit de îcs fléchir par des reipecfls, tant la terreur & lignorance peuvent çLfcurcir le flambeau de la raifon [a). (a) Une autre efpèce que les Indiens nomment » iVa//c Pambou <^ c'eft-à-dire , bonne Couleuvre, *. a reçu des Portugais le nom de Cohra captl , ?> parce qu'elle a la têce environnée d'une peau » farge qui forme une efpèce de chapeau. Son 5> corps eft émaiilé de couleurs très-vives qui en 31 rendent la vue auffi agréable que fes bieflures >» font oangereufes ; cependant elles ne font mor- >» telles que pour ceux qui négligent d'y remé- >ï dier. Les diverfes repréfentations de ces crueîs j> animaux font Je plus bel ornement des Fa- 9i godes ; on leur adrefie des prières & des offrandes. »ï Un Malabare, qui trouve une Couleuvre dans fa 5» maifon , la fupplie d'abord de fortir ; li fes prières ?> font fans effet, il s'efforce de l'attirer dehors en 5» lui préfentant du lait , ou queîqu'autre aliment; 9y s'obfiine-t-elie à demeurer? On appelle les Bra- 9i mines, qui lui préfentent éloquemment les a motifs dont elle doit être touchée, tels que le jî refpedt du Malabare & -es adorations qu^il a j> rendues à toute i'efpèce- Pendant le féjour que » Dellon fit à Cananor^ un Secrétaire du Prince- 3y Gouverneur fut mordu par un de ces Serpens j» à chapeau qui étoît de ia groffeur du bras , ce w d'environ huit pieds de longueur; il négligea j> d'abord les remèdes ordinaires , & ceux qui « Paccompagnoient fe contentèrent de le ramener V à U Viiie; où le Serpent fut apporté auffi daii* des Serpens, 273 On a prétendu que l'on trouvoît dans ie corps des Naja & auprès de leur il un vafe bien couvert- Le Prince, touché d» >j cet accident, fit appeller aufiîtôt îes liramines, " qui repréfentèrent à l'animal combien la vie y> d'un Officier li fidèle étoic importante à l'Etat^- j» aux prières on joignit 'es menaces ; on lui àé>- 5' claraque, fi lem?.!ade périflbit, elle feroit brûlée j» vive élans le m^me bûcher; mais elle fut ine- y> xorabie, & le Secrétaire mourut de la force du " poifon. Le Prince fut extrêmement fenfibfe a rt cette perte ; cependant , ayant fait réflexion que " le mort pouvoit être coupable de quelque' >•» faute fecrète qui lui avoit peut-être attiré le' î> courroux des Dieux , il fit porter hors du Palais »» le vafe où la Couleuvre étoit renfermée, avec » ordre de lui rendre la liberté, après lui avoir y» fait beaucoup d'excufes& quantité de profondes » révérences. î> Une piété bizarre engage un grand nombre n de Malabares à porter du lait & divers alimens yi dans les forêts ou fur les chemins, pour la ^ub- y> fiftance de ces ridicules Divinités. Quelques îi Voyageurs , ne pouvant donner d'explication 7» plus raifonnabie à cet aveuglement, ont jugé^ ?^ qu'anciennement la vue des Malabares avoit- 9» peut-être été de leur ôter l'envie de venir cher-- » cher leur nourriture dans les maiLons j en- ieu « fourniifant de quoi fe nourrir au miiieu' dô> j> champs & des bois. >» La loi que les Idolâtres s'impofent., de ne- »• tuer- aucuns Couleuvre 5 eft peu refpeclée de-s> I4v 2 74 Hijîoire Naturelle tête, une pierre que l'on a nommée pierre de Serpent , pierre de Serpent à chaperon , pierre de Cobra j Set. & qu'on a regardée comme un remède afîuré , non-leulem.ent contre le poifon de ces mêmes Serpens à lunettes , mais même contre les effets de la morfure de tous les animaux venimeux. On pourra voir •dans la note fuivante { a) , com.bien 3> Chrétiens & des Mahométans : tous îes étran- » gers , qui s'arrêtent au Malabar ^ font main- ?j bafle fur ces odieux Reptiles ; & c'elt rend're »> fans doute un important fervice aux habitans >î natureîs. Il n'y a point de jour où l'on ne fût 9i en danger d'être mortel'ement bk'fi'é , jufques s» dans les lits, û l'on négligeoit de vifiter toutes *) les parties de îa maifon qu'on habite. « Defcrip- ïion du Malabar. Hijl' des Voy. éd'u. in-l2, voL 43, pag' 34a ty fuiv' (a) Nous allons rapporter ^ à ce fujet , une partie des obfervatio?ns du célèbre Rédi. i< Parmi >i les produirions des Indes, dit ce Phylicien, w auxquelles l'opinion publique attribue des pro- 9> priétés mervei'leufes, fur la foi des Voyageurs, 5> il y a certaines pierres qui fe trouvent, dit-on , j» dans la tête d'un Serpent des Indes extrême- 9? ment venimeux. On prétend que ces pierres »> font très-bonnes contre tous les venins : cette 5) opinion s'eft fortifiée par Pautorité de plufieurs » Savansqui Pont adoptée, & l'on annonce deux des Serpens, 275 peu on doit compter fur la bonté de ce »» épreuves de ces pierres , faites à Rome avec » beaucoup de fuccès; Pune , par M. Carlo Ma- 9» gnini, fur un homme ; oc i'autre, par le Père >' Kirker, fur un chien. Je connois ces pierres »» depuis plufieurs années, j'en ai qUeîques-unes >' chez moi, & je me fuis convaincu, par des » expériences réitérées , & dont je vais rendre >» compte , qu'eiies n'ont point la vertu qu'on » leur attribue contre les venins. ♦> Sur b. (in de l'hiver de l'an 1662 , trois Reli- » gieux de l'Ordre de Saint-François, nouvelle- " ment arrivé des Indes orientales ,. vinrent à la >' Cour de Tofcane , qui étoit alors à Pile, & »» firent voir au Grand-[5uc Ferdinand II, plusieurs » curioiitcs qu'ils avoient apportées de ce pays; » ils vantèrent fur-tout certaines pierres qui , >■> comme celles dont on parle aujourd'hui, fe >' trouvoient , difofent-i»3 , dans la tête d'un » Serpent décrit par Garcias da Orto, & nommé >» par les Portugi^is , Cohra de 'cahelos , Serpent à M chaperon j ils alTuroient que, dans tout l'Ir.- y> doltan , dans les deux vaftes Péninfules de l'Inde, »> & particulièrement dans le Royaume de Quam f\', » en appliquoit ces pierres comme un antidote »» éprouvé fur les morfures des vipères, des afpics, » des céraftes, & de tous les animaux venimeux, j> & même fur les blefllires faites par des flèches »> ou autres armes empoifonnées : ils ajoutoienc -)•> que la fympathie de ces pierres avec le venin " étoit telle , qu'elles s'attachoient fortement :-i la >j bieflurcj comme de petites ventoufes, & ne s'en M V ; Z'jG Hijtoire Naturelle çemède, qui na jamais été trouvé dan? a» féparoient qu'après avoir attiré tout le venin, 3» qu'alors eiles tomboient d'elies-mêmes, îaifîant w l'animal tout-à-fait guéri ; que , pour îes nétoyer, 9i il falloit les plonger dans du lait frais, & les y » laifler jufqu'à ce qu'elles eufient rejeté tout le! -?^ venin dont elles s'étoient imbibées^ ce qui don- ^». Koit au lait une teinîure d'un jaune verdâtre. 35 Ces Religieux offrirent de •confirmer f^ur récit a> par i'expsrience ,. & tijndis qu'on cherchoit oour 5v cela des vipères, M., Vincenzio Sandrini, urx S-» des plus habiles Artiftes de la Pharmacie du 3» Grand- Duc , ayant, examiné ces pierres, fe fou- >» vint qu'il en confervoit depuis long-temps de *♦ femblables, ils les fit voir à ces Religieux, qui. f». convitirent qu'elles étoient de même nature que 5» les leurs, ^. qu'elles dev'.oient avoir les mêmes 3> vertus. iy La couleur de ces pierres eft un noir femr 5» bîablc' à celui de îa pierre de touche ; elles font oi lilTes & luftrées comme lï eiles étoient vernies ; ;»» quelques-unes ont une tache grife fur un côté pi feulem^ent , d'autres l'ont fur les deux côtés ; il ■» y en a qui font toutes noires & fans aucune ^•» tacîie, & d'autres enlin,^ qui ant au milieu un 5» peu de blanc faîe, & tout autour une teinte- 9* bleuâtre; la plupart font d'une forme lenticu- >» laire : il y en a cependant qui font cbiongues : ?r parmi les premières, les plus grandes que j'ai ..*» vues font larges comme une de ces pièces de M monncie , appellées grojfi , & les plus petites ' ;*h n'ont pas tout-à-fait la grandeur d'un quatirlni^ f î^' des Serpens, 277 le corps à\\n Naja , & n'eft qu'une ») Mais quelle que foit fa différence de leur volume, >^ elles varient peu entr'elles pour le poids, cac ?■» ordinairement les plus grandes ne pèfent guèra « au-nelà d'un denier & dix-huit grains, & les « pluspetiteslbntdu poidsd'un denier &:lix grains* j» J'en ai cependant vu & ertayé une qui peloit ui\ y> quart d'once & lix grains. >» Rédi. entre en- fuite dans les détails des expériences qu'il a faites pour prouver le peu d'effet des pierres di Serpent contre l'aclion des divers poifons , Se il ajoute plus bas : « Pour moi, je crois, comme je viens de le M dire, que ces pierres font artificielles, & moa » opinion eft appuyée du témoignage de p'ufieurs jî Sav:ïi;s qui ont demeuré long-temps dans les » Indes, au-deçà & au-delà du Gange, & qui » affirment que c'e(t une compofition faite pac » certains Solitaires Indiens qu'on nomme Jogues, >j qui vont les vendre à. Diu , à Goa, à Salfette> & fi qui en font commerce dans toute la côte de ^ Malabar, dans celles du Golfe de Bengale, de j» Siam , de la Cochinchine, & dans les principales « Iles de POcéan oriental. Un Jéluite, dans cer- M talnes relations^ parle de quelqu'autres pierres j) de Serpens qui font vertes-. » Je n'en ai jamais vu ni éprouvé de vertes , >•) mais il leurs propriétés font , comme il le >» dit, les mêmes que celles des pierres artificiel- » les, je crois être bien fondé à douter de fe »> vertu des unes & des autres, & à mettre ces. » Jogues au rang des Charlatans, car ils vont dans-; ». ks- Villes comaierçantes des liides, portant, au-- tyd Hijloire Naturelle produdron artificielle apportée deilnde, ou imitée en Europe. 9» tour de leurs bras, des Serpens à chaperon aux- » queîs ils ont loin d'arracher auparavant toutes n les dents (comme l'aiTure Gardas da Orto) & ?> d*ôter tout le venin. Je n'ai pas de peine à » croire qu'avec ces précautions ^ ils s'en fafient 9> mordre inapunément , & encore moins qu'ils 99 perfuadent au peuple que c'eft à ces pierres »» appliquéesfur leurs biefîures , qu'ils doivent leur »> guérifon- » On objectera peut- être comme une preuve de « la fympathie de cette pierre avec le venin, ia 9) vertu qu'elle a de s'attacher fortement aux blef- ?> fures empoifonnées; mais elles s'attachtrntaufli w fortement aux plaies où il n'y a point de venin , & n à toutes les parties du corps quiiont humectées de »» fang ou de quelqu'autre liqueur, par iamême 5> raifonque s'y attachent later^e figillée & toute 9f autre forte de bol. « Rédi, obfervations fm diverfis chofcs naturelles , &c. Colle&ion académique , partie étrangère^ tom, IV ^ pag- 541 , 5^2 6* 554. Au refte, fe fentiment de Rédi a été confiijné par M. i'Abbé Foniana. Voyeifon Ouvrage [ut Us Foifoasy poU 2,p' 6^. -S. des Serpens. ijc^ *■ .— . — • LE SERPENT A LUNETTES DU PÉROU. Nous NE coNNOissoNS Ce Serpent que pour en avoir vu la figure & la def- cription dans Séba {a)\ quelque rap- port qu'il ait avec le Naja des Indes orientales , nous avons cru devoir l'en léparer, parce qu'il n'a pas autour du cou ces membranes rufceptibles d'être gonflées 5 cette extenfîon ccniidérable qui diflingue le Serpent à lunettes de l'ancien continent -, & l'on ne peut pas dire que l'individu repréfenté dans Séba eût été pris dans un âge trop peu avancé pour avoir autour du cou cette extenfion membraneufe, puifqu il étoît auflî grand que pluficurs Naja garnis de ces membranes , que l'on a com- parées à une couronœ ou à un chaperon. Ce Serpent à lunettes du Pérou ref- (a) Séba, tonu 2,j)L 85, fg^ l. 2 8 o HiJIoire Naturelle iemble d'ailleurs Ï3eaiicoup au Naja des grandes Indes -, il a la tête garnie de grandes écailles, une bande tranfverfale d'un gris obfcur , qui lui forme un collier , le defliis du corps roux , varié de blanc Se de gris , & le deilous, d'une couleur plus claire. Peut-être faut-il rapporter à cette efpcce un petit Serpent à lunettes de la Nouvelle - Efpagne, qui eft également figuré & décrit dans Séba (a) , & qui n'a pas autour du cou d'extenilon membraneufe. Ce Reptile a de grandes écuUes fur la tête, un collier noirâtre , êz le corps jaunâtre , entouré de petites bandes brunes. faj Séùa^. tom. 2,^/. 97 , fig- 4, J des Serpens» 281 LE SERPENT A LUNETTES DU BRÉSIL (j). Nous SÉPARONS ce Serpent du précé- dent 5 à caufe d'une petite extenfion mem- braneufe que l'on voit des deux côtés de Ton cou *, & il diffère d'ailleurs du Naja par la figure fingulière d^ffinéQ fur cette même partie Tufceptible de gonflement. Cette marque, d'un blanc afTez éclatant, ne repréfente pas une paire de lunettes, aulTi exadement que dans le Naja & le Serpent précédent, mais elle reflemble plutôt à un cœur allez profondément découpé -, fa pointe eft tournée vers la queue , & elle efl chargée , de chaque côté , de deux taches noires , dont la plus grande cil: îa plus près de la tête. La couleur du (a) Séba , tom- 2 , pi. Sç , fig- 4. Naja Bralilienfis. 199- Laureutij Specimsti Bîdicuin, zS z Hijîolre Nntu rt Vie dos eft d'un roux clair , avec quelques bandes tranfverfales brunes -, celle du ventre efl: plus blanchâtre. Nous ne favons rien des habitudes naturelles de €e Serpent. des Serpens. 2 S 3 LE LEBETIN (û). Ce Serpent eft venimeux & a , par conféquent , Ti mâchoire fupérieure armée de crochets mobiles. C'eft M. Linné qui en a parlé le premier -, ce grand Naturalifte Ta décrit dans rOtivrage où il a fait connoître les richeffes renfermées dans le Muféiim du Prince Adolphe. Cette Couleuvre habite les contrées orientales -, la couleur de fon dos efl comme nuageufe , & le defTous de Ton corps eft parfemé de points roux , fuivant M. Linné , & noirs fuivant M. Forskaî. Elle a cent cinquante-cinq grandes plaques, fous 1? corps , & quarante-ûx paires de petites plaques fous la queue. fa) KSç'M^ par les Grecs modernes. Le Lébetin , M. d'Aabenton , Encyclopédie métho* diqm- Coî. Lebetinus, Linn. amphih. Serpent- col- 201, Goi. Lebetinus. Defcriptlones ammalium Pétri Fotskal» z84 Hijîûirc Naturelk L'HÉBRAÏQUE (a). C>E Sep.pent venimeux, & dont, par conféqiient, la mâchoire fupérieure eft garnie de crochets creux & mobiles , fe trouve en Aiie, & particulièrement au Japon , fuivant Séba. La couleur du deiliîs du corps eft ordinairement d'un roufsâtre plus ou moins mêlé de cendré , c'eft liir ce fond que Ton voit , de- puis la tête julqu'à i'extrémaité de la queue , des taches d'un jaune clair , bordées de rouge-brun , difpofées de manière à repréfenter des caractères hébraïques-, & c'eft d^-Di que vient à ce- Serpent le liom que nous lui donnons ici, d'après M. d'Aubenton. Quelquefois on remarque une petite bande cendrée (a) L'Hébraïque , M. d'Anheiitou , Rncydopédie fnèthoâiquc. Col. Severus , Liiin. ampbib. Serp. Ceraftes Severus, Laumiù , Spécimen Medicum ^ 167. Vipère du Japon, Scba^ muf. 2, pi, 5^, fig. 4. des Serpens. 28/ entre les )'eux & près des narines. Les grandes plaques , qui revêtent le deiTous du ventre , ibnt d'un jaune très-clair , avec des: taches noirâtres le long des côtés du corps , &: ordinairement au nombre de cent Ibixante-dixj il 7 a fous la queue quarante-deux paires de petites plaques. 2^ (S HiJIoire Naturelle LE CHAYQUE (a). C'est dans l'Asie que Ton trouve ce Serpent venimeux , auquel nous con- fervons le nom de Chayque , que iui a donné M. d'Aubenton , & qui eft une abbréviatîon de Cha'^ quarôna ^ nom impoTé à ce Reptile par les Portugais. Deux bandes jaunes ou blanchâtres s'étendent au-deflus de fon corps depuis le fommet de la tête, jufqu'à Textrémité de la queue-, &, de chaque côté du cou. Ton voit neuf taches rondes & noirâ- tres , difpofécs comme les cvents à(t% lamproies j le delffAis du corps eft re- couvert de plaques bleuâtres dont (a) Le Chayque , M- d'Jnbeutcn , Encyclopédie méthodique. Colub. Stolatus , Liniu amphib' Serp&nU Muf Àiolph. frid' tabu. 21, fig' i. Coluber Stolatus. 208, Laurenù , Spécimen Me- iicum- Séba , muf. voL 2 j ^/« 9 j ^/j. I , le mâie ; & fg'2. , h. femelle. des Scrpms. 287 chaque extrémité préfente quelquefois un point noir. La femelle efl diftinguée du mâle , en ce qu'elle n'a pas , comme ce dernier , neuf taches noirâtres de chaque côté du cou. Le Chayque a ordinairement cent quarante-trois grandes plaques , & foixante - feize paires de petites. 28 8 Hiftoire Naturelle LE LACTE (d). Ce Serpent ne préfente que deux couleurs, le blanc & le noir -, iiiciis elles font placées avec tant de fymmétrie , & cependant diilribuées , pour .ifnfi dire, avec tant de goût , & contraftées avec tant d'agrément , qu'elles pour- roient fervir de modèle pour la parure îa plus élégante , & qu'une jeune beauté en demi - deuil , verroit avec plaiiir , fur les ajuRemens , une image de leurs nuances & de leur diipoii- tron. La couleur de cette Couleuvre efl: d'un blanc ce lait , relevé par des taches d'un noir très-foncé , arrangées deux à deux -, & au contraire , \.\ tête efl d'un noir très-obfcur, qui rend plus (a) Le Ladîé , M' d'Auhenton , Encyclopédie me- tkodiguC' Cokil"». L^6teuSj LiiiH' ampfiib. Serpent, JSluf Ad. fr. ï , p- 28 , taôu. 18 , f i» Ceraftes LadteuSj 173 > L&ursntiy Spécimen Me dicuni. éclatante des Serpens, 289 écLtmte une petite bande blanche étendue fur ce fond trcs-foncé , depuis le mufeau jufques vers le cou. Mais, fous ces couleurs féduifuites, efl caché un venin très-actif, & le La6lé eft armé de crochets qui drftillent un poifoit mortel. Ce Serpent , qui fe trouve dans les Indes , a deux cens trois plaques au-deffous du corps , & trente -deux paires de petites plaques au - deiîous de la queue. Pendant qu'on imprimait cet arcrcle^ nous avons reçu un indi- ,vrdu de cette efpèce*, il avoit lui pied '&: demi de longueur totale, les écailles qui recouvroient fon dos étoient hexa- gones & relevées par une arête -, le fommet de la tête étoit garni de neuf grandes lames , difpofées fur quatre rangs , comme dans le Naja -, & voilà dor c encore un exemple de cet arran- gement Se de ce nombre de grandes écailles , fur la tête d'un Serpent ve^ niioeux.^ Serpens, Tome III, 1% 2 90 Hiftoire Naturelle LE CORALLIN (a). Il NE FAUT PAS Confondre cette Cou- leuvre avec le Serpent Corail , qui ap- partient à un genre différent , & qui préfente la couleur éclatante du corail rouge, dont on fait ufage dans les Arts. Le Coraliin n offre aucune couleur qui approche du rouge : tout le delfus de fon corps eO: d'un vert de mer, re- levé par trois raies étroites & roufles, qui s'étendent depuis la tête jufqu à l'extrémité de la queue-, le deiîous eft blanchâtre & pointillé de blanc -, ce Serpent n'a été nommé Coraliin , par M. Linné, qu'à caafe de la drfporition des écailles qui garnirent fon dos , &. qui font placées l'une au-deilus de l'autre , de manière à repréfenter un peu les (a) Le Coraîlin , M. i'Auhmton , Encyclopédie méthodique* C. Corallinus , Linn. amphip. SerpcnU Séh^ wuf, 2 5 tatu. l'] j fiS' ^ * des Serpens. z 9 t petites pièces articulées des branches du corail blanc , que l'on a appelle articulf^ La forme de ces écailles ajoute d'ailleurs à ce rapport -, elles font arrondies vers la tête , & pointues du côté de la queue ; &: comme elles font difpofées fur fcize rangs longitudinaux & un peu féparés les uns des autres , elles n'en relFemblent que davantage à un corail articulé, dont on verroit icize tiges déliées s'étendre le long du dos du Reptile. Les écailles qui revêtent les deux cotés du corps, font rhomboïdaleSjfe touchent, & font arrangées comme celles des Cou- leuvres que nous avons dè])i décrites. On compte ordinairement cent quatre- vingt-treize grandes plaques, & quatre- vingt-deux paires de petites. Le Corallin efl; venimeux, & fe trouve dans les grandes Indes j il a quelquefois plu5 de trois pieds de longueur. ^^^ Nij Z9* Hijioire Naturelle L'ATROCE (a). Nous CONSERVONS CQ noiii à lin Serpent venimeux des grandes Indes , êc particulièrement de Tlflede Ceyian. Sa tête eft aplatie pardefîus , ainfi que par îes côtés , & très-large en proportion de îa grofleur du corps -, elle eft blanchâtre $c couverte de petites écailles fembîables à celles du dos, comme la tête de la vipère commune *, de on voit au-defTus de chaque œil , comme dans cette même vipère d'Europe , une écaille un peu grande Se bombée. Les crochets mobiles & attachés à la mâchoire fupérieure , font très - grands. Des é^illes petites , ovales 8c relevées par une arête, garniiîent le dos j dont la (aj L'Atroce , M. d'JukntCH , Ecydopédit mé^ ikodique- C' Atrox. Linn, amphîL Serp. Amœn. acad- l , ;;. 587, A'." 35. Muf' Jdol. fr. I, p. 33 , tabu. 22 , fig. i- Dipfas indica. 196. Laurcnti Spécimen Medlcum* Séb> Muf, I , tahu, 43 , fig. 5. des Serpens. 293 Couleur efl cendrée & variée par dts taches blanchâtres. La queue eft très- menue , & fa longueur n'eft ordinal* rement que le cinquième de celle du corps. L'individu décrit par M. Linné avoit un pied de longueur totale , cent quatre-vingt-feize grandes plaques fous le ventre, Zc foixante-neuf paires de petites plaques fous k queue. N ïi] 2 94 Uifloire Naturelle L'HyEMACHATE. On trouve dans Séba [a) ^ deux figures de ce Serpent venimeux, que nous ailoas décrire d'après un individu conlervé au Cabinet du Roi , & que Ton a nommé Hœmachate , à cuiie du rouge qui domine dans fes couleurs. Le defious de la tête eft garni de neuf grandes ccailles difporées iur quatre rangs, comme dans le Naja {b)\ le (a) Seèa, muf. 2-, tàbuU ^>^ * fi^- '^ ^ 3« (à. L^inipreffion de ce volume étoit déjà avancée, îorfqu'on nousâ envoyé un HaLmachate , aflez biea comervé pour que rous puifliom bien reconnoître tous fes caradéres^ Ce n'eit que d'après cet indi- vidu que nous nous l'ommes alFurés que ce Ser- pent n'avoit pas le delTus de la tête couvert d''écailfes iembi.ib'es à celles du dos, comme fa plupart des Reptiles venimeux , mais garni de HQvï grandes écai'les dX,»olées fur quatre rangs ; êc voil 1 pourquoi nousavonsdit , dans Tarticle qui traite de 'a nomenclature des Serpens (page 67), que le Kaja étoit le feul Serpent venimeux fur la tête duquel nous eufiions vu neuf grandes écailles sinli dJfpof^es. Nous avons donc une raifon de- des Serpens, 295 premier Se le fécond rangs font com- pofés de deux pièces ; le troifîème Teft: de trois , le quatrième de deux \ 3c voilà une nouvelle exception dans la forme , la grandeur & l'arrangement des écailles qui revêtent le defîus de la tête des Reptiles venimeux , & qui ordinairement pré Tentent , à très-peu- près , la même difpoiition , la même forme , & la même grandeur que celles du dos. La mâchoire iupérieure effc armée de deux crochets creux, mobiles, & renfermés dans une forte de gaine. Les écailles du defîus du corps font unies & en lofange -, la couleur générale du dos efta dans rHoem''içhate vivant « d un rouge plus ou moins éclatant , relevé par des taches blanches , dont plus d*inviter les Naturalises à rechercher des caractères extérieurs très-fenfibles &: conftans , d'après lefquels on puiffe , dans la fuite, féparer les Serpf^ns venimeux de ceux qui ne le font pas; & Pon doit maintenant voir évidemment com- bien il étoit néceilaire d'employer plufieurs carac- tères pour compofer notre Table méthodique des Serpens^ de manière qu'on pût aifément recon-' naître les diverfes efpèces de ces Reptiles» ^ Niv 2 9^ Hijïoire Naturelle la dirpofîtion varie fuivant les indivicîns, Se qui le font paroître comme jafpé. Ce rouge devient une couleur fombre plus ou moiiis foncée , fur les individus confervés dans Tefprit-du - vin , qui altère de même la teinte du dedous du corps 5 dont la couleur cft jaunâtre qui a pafîé plufieurs années h la Guad loupe , m'a montré deux, Serpens de i'efpèce de la > ipére Fer-de- lanoe, & qu'il croyait de Cayeixne ou de la Do- minique, 302 Hijîoire Naturelle du Roi, & que nous allons décrire ^jjp aufîî les Voyageurs Tont-iis appelle ,. juiquà préfent. Vipère jaune de la Martinique. Nous n'avons pas cru devoir employer cette dénomination , parce que la couleur de cette efpèce n'eft pas confiante , & que la moitié à-peu-près des individus qui la compofent, pré-- fentent une couleur différente de la jaune. Nous avons préféré de tirer Ton nom de la conformation particulière oc très-con^lante de fa tête. La vipère Fer-de-lance a cette partie plus groile que le corps , & remar- quablepar un efpace prefque triangulaire, dont les trois angles font occupés par ïe mufeau & les deux yeux. Cet efpace, relevé par fes bords antérieurs» repréfente un fer de lance large à fa h:x(Q 3c un peu arrondi à Ton lommet* Les trous des narines font très-près du bout du mufeau v les yeux font Êros , ovales , & placés obliquement* lOrfque le Fer-de-lance a acquis une certaine groileur , on remarque de chaque coté de fa tête, entre fes narines Se ies yeux ^ luie ouverture qui eH des Serpcns, 503 très-fenfîbîe dans ics individus confervés au Cabinet du Roi , & que Ton a regardée comme les trous auditifs de ce Ser- pent {a). Chacun de ces trous eft, en efîet 5 Textrémité d'un petit canal qui pafîe au-defîous de Tœil , & qui nous a paru aboutir à Torgane de l'ouïe. Comme nous n'avons examiné que des Fers-de-lance confervés depuis long- temps dans Tefprit-de-vin , nous n avons pu nous aiïurer de ce fait*, qu'il feroit d'autant plus intérefliint de vérifier, que l'on n'a encore obfervé, darr^ aucune autre efpèce de Serpent , des ouver- rures ext-érieures pour les oreilles. S'il étoit bien conltaté , on ne pourroit pius douter que le Serpent Fer-de- lance n'eût des ouvertures extérieures pour l'organe de l'ouïe, de même que les lézards ^ avec cette difîérence cependant que, dans ces derniers ani- maux , ces ouvertures font fituées derrière les yeux^. ainfl que dans lea- (a) Mémoire fur la Vipère jaune de îa Mar- tinique, publié dans /es ISouyeUes delà Ré^ubliy»: 504 Hijloire Naturelle oifeaux & les quadrupèdes " vivipares , au lieu que le Fer-de-lance les auroit entre les yeux & le mufeaii. De chaque côté de la mâchoire fupérieure , on apperçoit un 8c quelque- fois deux ou même trois crochets , dont ranimai fe fert pour faire les bleiïures "dans lefquelies il répand Ton venin. Ces crochets , d'une fubftance très-dure, de la forme d*un hameçon, &: communément de la groideur d'une forte alêne, font mobiles , creux depuis leur racine jufqu'à leur bord convexe , qui préfente une petite fente , êc revê- tus d'une membrane qui fe retire & les laiiîe paroître lorfque l'animal ouvre la gueule & les redreiîe pour s'en fervir. Leur racme eft couverte par un petit lac d'une membrane très-forte qui renferme le venin de l'animal, & qui, fuivant l'Auteur d'un Mémoire que nous venons de citer, peut contenir une demi- cuillerée à café de liqueur. Au refte , ce fac ne nous a pas paru le vrai réfervoir du poifon , que nous avons 'cru voir dans des véficules placées de chaque côté à ^extrémité des mâchoires, comme dans des Serpens, 305 la vipcre commune d'Europe , Sr qui , par un conduit particulier, parvicndroit à la cavité de la dent , pour fortir par la fente iituée dans la partie con- vexe de ce crochet (a). Le venin de la vipère Fer-de-îance e[ï prefque aufïï liquide que de l'eau , &: jaunâtre comme de l'huile d'olive qui commence à s'altérer. La douleur qu'excite ce venin dans les perfonnes bleffées par la vipère , eft femhlable à celle qui provient d'une chaleur brû- lante -, elle efl: d'ailleurs accompagnée d'un grand accablement. Mais ce poifon, qui n'a ni goût ni odeur , ne paroit agir que lorfqu'il efl un peu abondant ou qii'îl fe mêle avec le lang , puifqu'on a quelquefois fucé impunément les plaies produites le plus récemment par la morfure du Fer-de-Iance -, & il eft ailé de voir, en comparant ces faits avec ^m-mtm*^ (a) Comme nous n'avons été h même de dilTéquer que des vipères Fer-de-Iance confervées depuis kng-tems dans i'efpric-de-vin , & dont les parties molles ainfi que les humeurs étoient très-altéréeSj Hous ne pouvons rien affurer à ce fujet. >- ^o6 Hijloire Naturelle ceux qne nous avons rapportés à Tartide de la vipère commune d'Europe , que les organes relatifs au venin , la nature de ce fuc funefte , & îa forme des dents , font à-peu-près les mêmes dans îa vipère Européenne êc dans celle de la Martinique. La langue eft très-étroite , très-alon- gée 5 & fe meut avec beaucoup de vîtefîe *, les écailles du dos font ovales & relevées par une arête 5 la couleur génénile du corps efl jaune dans certains individus, grisâtre dans d'autres (j)', 8c ce qui prouve qu'on ne peut pas re- garder les individus jaunes & les indi- vidus gris comme formant deux efpèces diftinâes, ni même deux variétés conf- iantes , c'efl qu'on trouve fouvent dans la même portée , autant de vipereaux gris que de vipereaux jaunes. ( b ). Nous avons vu dans la collection de M. Badier , très-bon Obfervateur , que nous venons de citer dans une note de cet article , une variété du Fer-de-lance 5 (n) Roc/iefort , à ["anhoit déjà cité. ^Â} Mémoire déjà cité. de Serpens. 307 qin , au -lieu de préfenter îa couleur jaune avoit le dos marbré de plulieurs couleurs plus ou moins livides ou plus ou moins brunes , & étoit d'ailleurs diftinguée par une tache très - brune placée en long derrière les yeux & de chaque côté de la tête. Le Fer -de -lance a communément deux cent vingt -huit grandes plaques Z < d'Aul^enton, Encycîo^édU mùhQdiqut, Tvn ■ ///. /y. PT. paç. ?>ah i.LA\T-RTE^/^ JAUNE cm Ùt COULEU\TlE C0M>;UXE 3.EA CPXTLEUVRE A COELIER ./^^// .3J.f- des Serpens, 325 ■ de Serpens venimeux -, miîs nous avons vu ces efpcces terribles braver les ri- gueurs des climats (eptcntrionaux , fe répandre dans notre Europe , infefter nos contrées j pénétrer jufqu'auprcs de nos demeures. Environnés, pour ainii dire, de ces minières de la mort, nous n'avons , en quelque forte , confidéré qu'avec eiîroi , la lurface de la terre ; enveloppée dans un voîle de deuil , la Nature nous a paru multiplier , fur notre globe 5 les caufes de de{l:rud:ion , au- lieu d'y répandre les germes de la fé- condité : cette feule penfée a changé pour nous la face de tous les objets. Notre imagination trom.pée a empoi- fonné d'avance nos jouiiîances les plus pures -, la plus belle des faifons , celle où tout icmble fe ranimer pour s'aimer & fe reproduire , n^'auroit plus été pour nous que le moment du réveil d'un en- nemi terrible armé contre nos jours : la. verdure la plus fraîche , les fleurs les plus richei-aent colorées , étalées avec magnificence par une main bienfaifante Se confervatrice , dans la campagne la plus riante 3 n'auroient été à nos yeux Ovj 324 Hijioire Naturelle qiùiii tapis perfrde étendu par le génie de Li définition , liir les affreux re- paires de Serpens venimeux -, Se les rayons vivifians du foleil le plus pur ne nous auroient paru inonder Tatmof- phère que pour donner plus de force aux traits empoifonnés de funelles Rep- tiles. Hâtons- nous de prévenir ces effets: faifons fuccédcr à ces tableaux lugubres ,, des images gracieufes ^ que la Nature reprenne ^ pour ainiî dire, à nos yeux, fon éclat & fa pureté. Les Couleuvres que nous avons à décrire, ne nous pré- fenteront ni venin mortel , ni armes fn- iieiles -, elles ne nous montreront que des mouvemens' agréables , des propor- tions légères, des couleurs douces ou brillantes *, à mefure que nous nous, familiariferons avec elles, nous aimerons à les rencontrer dans nos bois , dans nos champs , dans nos jardins -, non-feu- îement elles ne troubleront pas la paix de nos demeures champêtres , ni la pu- reté de nos jours les plus fereins , mais elles augmenteront nos plaiiirs en ré- jouilîant nos yeux par la beauté de leurs nuances & la vivacité de leurs des Serpens, 5 2 j évolutions : nous les verrons avec inté- rêt allier leurs mouvemens à ceux de divers animaux qui peuplent nos cam- pagnes 5 Te retrouver fur les arbres ju(^ qu'au milieu des jeux des oileaux, & fervir à animer , dans toutes Tes parties y k va fie Se magnihque théâtre de ia> Nature printanière. Commençons donc par celles que Ton' rencontre en grand nombre dans les- contrées que nous habitons. Parmi ces Serpens , le plus fouvent très-doux, & même quelquefois familiers, nous devons, compter la Verte & Jaune, ou la Cou- leuvre commune. Ce Serpent , dont M. d'Aubenton a: parlé le premier , efl très-commun dans* plufieurs Provin-ces de France, & fur- tout dans les méridionales-, il en peuple les bois , les diverfes endroits retirés 80 humides -, il paroît confiné dans les pays> tempérés de l'ancien continent *, on ne. l'a point encore trouvé dans les. contrées- très-chaudes de Ta ncien monde , non plus- qu'en Amérique -, & il ne doit point ha- biter dans le nord , puifque le célèbre Naturaîifte Suédois n'en a point fait 5 2 (S' Hijîoire Naturelle mention. Il eO: aiilîî innocent que îa vipère cft dangereufe : Paré de couleurs plus vives que ce Reptile funefte , doué d'une grandeur plus confidérable , plus fvelte dans Tes proportions , plus agile dans Tes mouveniens , plus doux dans fes habitudes , n'ayant aucun venin à répandre , il devroit être vu avec autant de plaiiir que îa vipère avec effroi. Il n'a pas , comme les vipères , des dents crochues & mobiles -, il ne vient pas au jour tout formé , & ce n'eft que quelque tenips après la ponte , que les petits éclolcnt. Malgré toutes ces ai^- femblances , qui le diftinguent des vi- pères , le grand nombre de rapports extérieurs qui Ten rapprochent ,' ont fait croire pendant long-temps qu'il étoit venimeux. Cette faulfe idée a fait tourmenter cette innocente Couleuvre *, on Ta pourfuivie comme un animal dangereux, & il n'eft encore que peu de gens qui puilient la toucher fans crainte , & même la regarder fans répugnance. Cependant cet animai , aufîî doux qu'agréable à la vue , peut çtre aifément diftingué de tous les autres Serpens , des Serpcns, 327 ^ particulicrcment des dangcreufcs vipères , par les belles couleurs dont il efl revctu. La diftribution de ces diverfes couleurs eft afîez confiante, & , pour com- mencer par celles de la tête , dont le defTus eft un peu aplati , les yeux font bordés d'écaillés jaunes & prefque couleur. d'or, qui ajoutent à leur vivacité. Les mâ- choires, dont ie contour eft arrondi,^ font garnies de grandes écailles d\m jaune plus ou moins pâle , au nombre de dix-fept fur la mâchoire fupérieure , & de vinnt fur l'inférieure (a)- Le deiTus du corps 5 depuis le bout du mufeau juf- qu'à Textrémité de la queue , eft noir ou d'une couleur verdâtre très-foncée, fur laquelle on voit s'étendre d'un bout à l'autre , un grand nombre de raies compofé^s de petites taches jaunâtres de fa) Il y a communémeiu treize dents de chaque côté au rang extérieur de ia mâchoire fupérieure & de !a mâchoire inférieure; il y en a ordinaire-^ ment dix de chaque côté au rang intérieur des deux mâchoires; ainli fa Verte & Jaune a, ie plus fouvent, quatre-vingt-douze dents crochueS;^ mais immobiles) blanches à tranfparentea» 3 2 8 Hi/loire Naturelle diverfes figures, ies unes alongées, ïes autres en lofanges, &c. êc un peu plus grandes vers ies côtés que vers le milieu du dos. Le ventre eft d'une couleur jaunâtre -, chacune des grandes plaques qui le couvrent , préiente un point noir à Tes deux bouts, & y eft bordée d'une très-petite ligne noire, ce qui produit, de chaque côté du defTous du Corps , une rangée très-fymmétrique de points oc de petites lignes noirâtres , placés alternativement. Cette jolie Couleuvre paCrvient ordi- nairement à la longueur de trois ou quatre pieds , & alors elle a deux ou trois pouces de circonférence dans l'en- droit le plus gros du corps. On compte communément deux cent lix gr^îndes plaques fous Ton ventre , Se cent fept paires de petites plaques fous fa queue, dont la longueur eft égale , le plus fou- vent , au quart de la longueur totale de l'animal. Elle devient mêm.e beaucoup plus grande lorfqu'elle parvient à un âge avancé , & elle peut d'autant plus ailé- ment échapper aux divers accidens aux- des Serpens. j 2 5> quels elle efl expofée , 8c par confé- quent atteindre à Ton entier dévelop- pement , que , non-feulement elle peut recevoir des bleffures coniidérables ians en périr , mais même vivre un très- longtemps, ainfî que les autres Reptiles, fans prendre aucune nourriture {a). D'ailleurs la Couleuvre verte & jaune ■fe tient prefque toujours cachée, comme il les mauvais traitemens qu'elle a h fouvent reçus , Tavoient rendue timide*, elle cherche à fuir iorfqu'on la dé- couvre , & non - feulement on peut la fiifîr fans redouter un poifon dont elle n'eil jamais infectée , mais même fins fa) On en a yu paffer pîufieura mois fans manger. Un de mes amis m'a écrit qu'il avoit vu une jeune Couleuvre (vraifemblablement de Pefpèce dont il s'agit dans cet article ) , trouvée dans une vigne par des payfans, & attachée au bout d'un trés-iong échalas , y être encore en vie au bout de huit jours, quoiqu'elle n'eût pris aucunaliment. Lettre de M. l'Abbé Carrière , Curé de Roquefort 3 près d'^gen. C'eft avec bien duplaifir que Je paie ici un tribut de tendrefle & de reconnoiflance à ce Pafteur , au iTi éclairé que vertueux, & qui ^ dans letemps.^ voulut bien le charger d'élever ma jeuneire. / 3 3 0 Hijloire Naturelle éprouver d'autre réfiftance que quelques efforts qu'elle fait pour s'échapper. Bien plus 3 elle devient docile lorrqu'elle eft prife -, elle fubit une forte de do- iiiefticité *, elle obéit aux divers mou- vemens qu'on veut lui faire fuivre ; on voit fouvent des enfans prendre deux Serpens de cette efpèce , les attacher par la queue & les contraindre aifément à ramper ^ ainfi attelés , du côté où ils veulent les conduire. Eiie fe laifle entortiller autour àcs bras ou du cou 5 rouler en divers contours de fpirale , tourner & retourner en dïï^ férens fens , fufpendre en différentes pofitions, fans donner aucun ligne de mécontentement -, elle paroît mêm.e avoir du plaifir à jouer ainfî avec ics maîtres , & comme fa douceur & fou défiUit de venin ne font pas aufïï hÏQW reconnus qu'ils devroicnt Tétre pour îa tranquillité de ceux qui habitent la campagne , des Charlatans fe fervent encore de ce Serpent pour amufer & pour tromper le peuple , qui leur croit le pouvoir particulier de fe faire obéir au moindre gefte par un animal qu'il des Serptns, 3 3 I ne peut quelquefois regarder qu'en tremblant. Il y a cependant certains momens y &: même certaines failons de Tannée , où la Couleuvre verte & jaune , fans être dangereufe , montre ce defir de fe défendre ou de fauver ce qui lui eft cher 5 11 naturel à tous les animaux \ on a vu quelquefois ce Serpent , furpris par l'afped: iTubit de quelqu\in , au moment où il s'avançoit pour traverfer une route , ou que, preilé par la faim , il fe jetoit fur une proie, fe redrefîer avec fierté , & faire entendre fon fif- flement de colère. Mais dans ce moment même , qu'auroit-on eu à craindre d'un animai fans venin , dont tout le pouvoir n'auroit pu venir que de l'imagination frappée de celui qu'il auroit attaqué, & dont la force &: les dents même ne font dangereufes que .pour de petits lézards & d'autres foibles animaux qui iui fervent de nourriture? D^ns tous les endroits où le froid eft rigoureux , la Couleuvre commune s'enfonce , dès la fin de l'Automne ^ dans des trous fouterrains ou dans 5 5 2 Hijîoire Naturelle d'autres creux , où elle s'engourdit plus ou moins complètement pendant l'hiver. Lorfque les beaux jours du printemps paroifTent , ce Reptile fort de fa torpeur 6c fe dépouille comme les autres Ser- pens. Revêtu enfuite d'une peau nou- velle, pénétré d'une chaleur plus vive, & ayant réparé toutes les pertes qu'il avoit éprouvées par le froid & la diète , il va chercher fa compagne & faire entendre , au milieu de l'herbe fraîche, fon fifïlement amoureux. Leur ardeur paroît très-vive -, on les a vus fouvent s'élancer contre ceux qui étoient venus troubler leurs amours dans la retraite qu'ils avoient choiiie. Cette aftedlion du mâle & de la femelle , ne doit pas étonner dans un animal capable d'é- prouver , pour les perfonnes qui prennent foin de lui lorfqu'il eft réduit à une forte de domefticité , un attachement très-fort, & qu'on a voulu même com- parer à celui des animaux auxquels nous accordons le plus d'inftindl -, & c'eft peut-être à l'efpèce de la Couleuvre verte Se jaune qu'il faut rapporter le fait fuivant, attelle par un Naturalise Jes Serpens, 533 trcs-digne de foi {a). Cet Obfervateiir •à- vu une Couleuvre, qu'il a appellée le Serpent ordinaire de France , tellement afîe6tronnée à la maîtreffe qui la nour- rifîoit, que ce Serpent fe gliïîoit fouvent ie long de fes bras comme pour la carefîer , fe ca choit fous fes vêtemens ou alîoit fe repofer fur Ton fein. Sen- sible à la voix de celle qu'il paroifîoit chérir , il alloit à elle, lorrqu'elle l'ap- pelloitj il la fuivoit avec confiance*, il reconnoiiïoit jufqu'à fa manière de rire, H fe tournoit vers elle lorrqu'elle mar- choit 5 comme pour attendre Ton ordre. Ce même Naturalise a vu un jour k maîtrefîe de ce doux & familier Ser- pent, le jeter dans Tenu pendant qu'elle îiiivoit dans un bateau le courant d'une grande rivière', le fidèle animal, toujours attentif à la voix de fa maitrefTe chérie, nageoit en fuivant le bateau qui la- portoit j mais la marée étant remontée dans le fleuve , & les vagues contrariant» ies efforts du Serpent , déjà laUé par (a) Dictionnaire d'Hift. natur. par M* Valmont âe Bomare j article du Servent familicix 3 3 4 Hijîoire Naturelle ceux qu il avoit faits pour ne pas quitter ie bateau de fa maîtrefle , le malheureux «inimal fut bientôt fubmergé. Peut-être faut-il rapporter auffi à îa Couleuvre verte & jaune , un Serpent de Sardâigne que M. Cetti a fait con- noître , & que Ton nomme Colubro uccelîatorc , parce quil grimpe fur îes arbres pour y chercher ies œufs & même ies petits oifeaux , dont il fe nourrit. Ce Reptile eft très-commun en Sardâigne -, fi longueur eft ordinai- rement de quarante pouces, Se ia plus grande grofîeur de deux. La couleur de fon dos efl noire , variée de jaune , & le jaune eft auffi la couleur du de/Tous de fon corps. Il a deux cent dix-neuf grandes plaques , & cent deux paires de petites. Il n'efi; point veni-^ meux [a). (a) Ilifioire Naturelle des Amphibies 6* dçs PoiJJonfi ie la Sardâigne , far jyî. François Cetti». ■ des Scrpens, 3 3 j LA COULEUVRE A COLLIER {a). Cj'est encore dans nos contrées que fe trouve n très-grand nombre ce Serpent, aufîî doux, auiîi innocent, auiïî familier q'.ie Li Couleuvre verte & jaune. Ses habitudes ne. diffèrent (a) En Sardaignc , Coîubro nero- Serpe nero. Carbon. Carbor.azzo. - Anguille de haie. Le Serpenta collier, M. d'Auhiiton , Eacydù- jpidii méthodique. , Coluber^^atrix , 230 , Linn. amph'ih. Rept. It. goîL 146. ^ . Ray ^ Synopfis anlm. 334, Naîrix torquata. Groiww. muf. 2 . p. 63, iV.® 27. Natrix longifîma , 145. Natrix vulgaris, 149, J^aiirentl , Sptc'umn Medicnm» S'él>ay muf. 1 , pi. 4> fi^. l, 1 6* 3; pi. 10, k' Il 2 6" 3. Hydrus , leu Natrix, the Water Snake. Scotia. 5 3 6 Tlljhlre Natureih pas, à beaucoup d'égards, de celles de cette Couleuvre. Il paroît cependant qu'il fe plaît davantage dans les. lieux humides, ainfi qu'au milieu des eaux^ Se c'efl ce qui lui a fait donner , par plufieurs Naturalises , îe nom de Serpent d'eau y de Sepent nageur j ^'Anguille de haies ^ 8cc. (a). Il parvient quelquefois à la longueur de trois ou quatre pieds*, fa tête eft un peu aplatie, comme celle de la Couleuvre commune*, îe fommet eft recouvert par neuf grandes écailles difpofées lur quatre rangs, dont îe premier & le fécond , à compter du mufeau j font compofés de deux jîîuftrata feu prodromus Hift. naturalis. Autore Roberto Sihhaldo , Edimbnrgi^iôS^. ' Natrix torquata , Gefnsr, de Ser^cntum natura j fol' 63. Serpens domefticus nigricans carbonarius, Jd, fol. 64. Rirged Snake , Zoologu Britannique , vol. ^ ,p. 32 , p[. 25. N.° 13. ■Natrix, Wulf^ Ichthyologia cum amphibiis regni Borrjjfici. (a) Ce nom , d* Anguilles de haies , a été au Si donné, dans plufieurs Provinces, à ia Couleuvre v-srte & jaune* pièces j des Serpens, j 3 7 pièces", le trorfîème l'cfl de trois, 8c la quatrième de deux. Cette difpofitioii la diftingue de la vipère commune , auffi-bien que la forme de Ton mufeau, qui efl: arrondi , au-lieu d'être terminé par une écaille prefque verticale, comme dans cette même vipère. Sa gueule eft très-ouverte *, les deux mâchoires pré- fentent, au lieu de crochets mobiles, un double rang de dents , mais im- mobiles ^ afîez petites & tournées verg le goiler -, dix-fept écailles revêtent , à l'extérieur, chacune de ces mâchoires, & celles qui recouvrent la mâchoire fupérieure , font blanchâtres & marquées de cinq ou fîx petites raies d'une couleur très-foncée. On voit fur le cou deux taches d\m jaune pâle ou blanchâtre , qui forment comme un demi-collier , d'où efl venu le nom que nous confervons à ce Serpent , ôc ces deux taches , trcs-fcmblables , font d'autant plus fenfibles qu'elles font placées au-devant de deux autres trian- gulaires & très-foncées. Le dos eft recouvert d'écailIes ovales relevées par une arête , & plus grandes Serpens ^ Tome. IIL P. jjS Hijloire Naturelle que celles qui garniflent les côtés, ^ qui font unies. Tout le deffus du corps cil d'un gris plus ou moins foncé ^ marqueté, de chaque côté, de taches noires irrégulières & plus ou moins grandes , qui aboutirent aux plaques du ventre \ & au milieu des deux rangées formées par ces taches , s'étendent ,' depuis la tête jufqu'à la queue, deux autres rangées longitudinales de taches plus petites & moins fendbles. Le deffous du ventre cft varié de noir , jde blanc & de bleuâtre , mais de manière que les taches noires augmentent en nombre & en grandeur, à mefure qu'elles font plus près de la queue, eu les plaques font prefqu' entièrement noires. Il y a communément cent foixante-dix grandes plaques fous le ventre, & cinquante r trois paires de petites plaques fous la queue ( a ). La Couleuvre à collier ne renfermant aucun venin (3), on la manie fans ^oj Nous avons compté foixance paires de petite? Iliaques dans quelques individus. (i?J Laurenti^ Spmnwi Mtdkumj p. 183. des Scrpens, 539 .Ranger *, elle ne fait aucun effort pour mordre *, elle Te défend leulcment en agitant rapidement fa queue , & elle i^e refufe pas plus que la Couleuvre commune , de jouer avec les enfans. On la nourrit dans les maifons , oii .-elle s'accoutume , iî bien à ceux qui la foignent, qu'au moindre figne , elle :S*entortille autour de leurs doigts , de leurs bras, de leur cou, & les prefle dnollement comme pour leur témoigner .une forte de tendrefîe Se de reconnoif- 'iance. Elle s'approche avec douceiur de. la bouche de ceux qui la careflentj elle fuce leur falive & aime à fe cacher fous leurs vêtemerîs , comme pour ^'approcher davantage de ceux qui ia chérifTent. En Sardaigne, les jeunes fem- mes élèvent les Couleuvres à collier ayee ÎDeaucoup d'empreiîement , leur donnent à manger elles-mêmes , prennent le foin de leur mettre dans la gueule la nourriture qu'elles leur ont préparée; èc les habitans de la campagne les re- gardent comme des animaux du meil- ieur augure, les laiiTent entrer libre- ment dans leurs maifons , & croient p ij 3 40 Hijloire Naturelle avoir chafîé la fortune elle-même, s'ils avoient fait fuir ces innocentes petites fcêtes {a). Il arrive cependant quelquefois que lorlque la Couleuvre à collier eft de- venue très-forte , & qu'au-lieu d'avoir été élevée en domeflicité, elle a vécu dans les champs & dans Tétat fauvage, elle perd un peu de fa douceur, & que fi on Tirrite en Tarrachant , par exemple, à fes jouTilances, elle anime fes yeux , agite fa langue , fe redreiTe avec vivacité , fait claquer fes mâchoires , & ferre fortement avec fes dents, la main qui cherche à la failîr ( b ). La Couleuvre à collier dépofe fes (a) Hifîo'.re rmturelk des Amphibies 6* des PoiJJoni de la Sardaigne , par M. François Cetti. (b) Lettre de M. de Sept- Fontaines , Procureur- Syndic de la NobleJJè en f Affemhlée du Département de Calais , Montreuil &• Ardres. Nous aurons plufieurs fois occafion de citer, dans cet Ouvrage , cet Ama- teur très-éclairé de ï'Hiftoire Naturelle , qui la cultive avec fuccès , & à qui nous devons parti- culièrement des obfervations très-intéreflantes & très-bien faites , fur ia Couleuvre à collier & fur l'Orv^. des Serpéns, 34I tciifs dans des trous cxpofés au midr, fur le bord des eaux croupiiîantcs , ou plus communément fur des cou- ches de fumier. Ces œufs , qui font gros à-peu-près comme des œufs de pies, font collés enlcmble par une matière gluante en forme de grappe; elle a par-là un nouveau rapport avec îes poilîons & certains quadrupèdes ovipares ^ tels que les crapauds , les grenouilles , &c. dent les œufs font de même collés enfemble & réunis de diverfes manières. Les œufs de la Couleuvre à collier, dépofés d.^ns des fumiers , ont donné * lieu à une fable à laquelle on a cru pendant long-temps*, on a prétendu qu'ils avoient été pondus par des coqs , & comme on en a vu fortir des petits Serpenteaux, on a ajouté que les œufs de coq renfermoient toujours un Ser- pent, que le coq ne les couvoit point, mais que lorfqu'ils étoient placés dans un endroit chaud ^ comme parmi des végétaux en putréfadtion, ils produi- ioient toujours des Serpens. On aflure qu il efl aifé de didinguer P iij 542 Hïjîoire Naturelle îes œufs qui ont été fécondés , d'avec Ce\x^ qui ne le font pas , & qu'on appelle des œufs clairs, en les mettant fur l'eau v les œufs clairs font les feuls qui furna-! gent. La coque eft compofée d'une mem- brane mince , mais compaéle 8c d'un tîfîu ferré. Le petit Serpent y eft roulé fur iui-même au milieu d'une matière' qui refîemble a du blanc d'œuf de pouîe*, on y remarque un placenta*, êc le cordon ombilical eft attaché au ventre un peu au-defliis de l'anus. La> chaleur feule de yatmofphère, 8c celle des matières végétales pourries, font éclorc CCS œufs. Peut-être dans des con-* trées plus voilines de k Zone Torride que celles où ils ont été obfervés, i'ardeur du foleil fuffiroit pour faire fortir les petits Serpens de leur coque. Nous avons vu , en eftet, dans THif- toire des Quadrupèdes ovipares , les crocodiles dépofer leurs œufs fur le fa- ble dans les contrées brûlantes de l'A- frique -, mais fur les plages plus humides^ & moins chaudes de l'Amérique méri- dionale 5 ils les placent au milieu: d-'un? des Serpens. 343 Us de matières végétales, dont la fer-* meiitation favorife raccroifîement du fœtus 8c la fortie de l'œuf. Ces œufs de Couleuvre à collier font ordinairement au nombre de dix-huit ou vingt (a); auiïi refpèce du Serpent à collier feroit-elle beaucoup plus nom-* Jbreufe qu'elle nereft, s'il ne devenoit pas la proie de plufieurs ennemis même très-foibles 3- dans le temps qu'il eft encore jeune & fans force pour fq dé- fendre *, les pies , les méfangues , les moineaux le dévorent, & les grenouilles mêmes s'en nourrirent lorfqu'elles peu- vent le faifir fur Je bord des marais' qu'elles habitent { b ), Il rampe fur la terre avec une très- grande vîtefTe-, il nage auffi, mais avec plus de difficulté qu'on n€ l'a cru ( c)* /'aj Quelquefois ce nôtnbre n'eft que de qua-" tiorze ou quinze : Gefner a écrit qu'on fui apporta^ "vers ia fin du mois de Juin , une femelle d^ ï'efpèce dont il eft queftion dans cet article y & que, deux jours après, elfe pondit quartorze iteufs. {èj Lettre ééjà citée de M- de Sept-'F9ntaiaes- (c) « L'ëpiihétê de natrix ou fiagehr , donnée 3 44 Hi/îoire Naturelle Pendant que Tété règne, il vit foiivent dans les endroits humides , ainfi que nous l'avons dit , mais on le trouve quelquefois dans les buifîons', d'autres fois il fe place fur les branches fèches Se élevées des chênes, des faules, des érables , fur les faillies des vieux bâti- mens , fur tous les endroits expofés au midi , & où le foleil donne avec le plus de force ; il s'y replie en divers contours ou s'y alonge avec une forte de volupté-, toujours cherchant les rayons de l'aftre de la lumière, toujours pa- roiiîant fe pénétrer avec délices de fa chaleur bienfaîD.nte (a). Mais, lorfque la fin de l'automne arrive, il fe rap- proche des lieux les moins froids, il vient auprès des maifons & fe retire enfin dans des trous fouterrains à quinze ou vingt pouces de profondeur , fou- vent au pied des haies, & prefque t> au Serpent à collier , ne lui appartient pas plus fi qu'aux autres animaux de fon ordre ; il nage j> effectivement, mais dans les occafions forcées ^ ti & par une lutte pénible qui bientôt l'épuife 5t ff le noie >> Lettre de M' de S^pt-Foataimi' faj Ibid^ des Serpens, 345 toujours dans un endroit élevé aii-deffns des pins fortes inondations-, quelque- fois il s'empare d'un trou de belette ou de mulot, d'un conduit creufé par une taupe {a)^ d'un terrier abandonné par un lapin , & il pafTe dans l'en- gourdifîement îa faifon du grand froid (b), Loriqu'il eft adulte, l'ouverture de fa gueule, fon goiier & fon edo- mac peuvent être très-diiatés , ainii que ceux des autres Serpens , & il fe nourrit alors non-feulement d'herbes, de four- mis , & d'autres infedes , mais même de lézards, de grenouilles & de petites fouris -, il dévore auffi quelquefois les jeunes oifeaux , qu'il fiirprend dans leurs nids au milieu des buiifons, des haies, des branches de jeunes arbres,, fur lefquels il grimpe avec facilité (c)^ (a) Lettre de M. de. Sept-Fontaims. (b) « J'ai vu différentes fois des Serpens à Coî- f> lier trou\'és pendant- les mois de Janviery de- >j Février ou de Mars; ils ne pouvoienc mouvoir 95 qui; la tête & IVxtrémiié de la queue, le refte: f» du corps étoit loide & dans une inertie ai:> « folue. 51 lbid> (cj Ibid^ f^6 HiJ^oirer Naturelle' Non-feuîement il fe furpend aux n^- meaux par le moyen des divers repfo de fon corps , mais il s'accroche avec fa tête -, & comme elle eft plus grofle que fon cou, il la place fouvent entre les deux branches d'une tige fourchue , pour qu'arrêtée par fa faillie , elle lui ferve comme d'une efpèce de crochet & de point d'appui. Son odeur- eft quelquefois affez fen-- fîble, fur-tout pour les chiens & les^ autres animaux, dont l'odorat eft très- fin (^).. IL aime beaucoup le lait*, les gens de la campagne prétendent qu'il- entre dans les laiteries, & qu'il va boire celui qu'on; y con ferve. On affure même qu'on l'a trouvé quelquefois re- plié autour des jambes des vaches^ fu« çant leurs mamelles avec avidité, & leS' cpuilant de lait au point d'en- faire couler du. fang {b),- Pline a rapporté, ce fait, qu'à la vérité il attribuoit à^ une aulr^ efpèce de Serpent que celle (fl) LtttTt de M' de Sept- Fon îai/ieii (èij Gefiierj à l'endrou déjà ùté:.^ des Scrpensk' 347 ïîontil eflici qiieftion. On a prétendu aiifîî que 1g Serpent à collier entroit quel- quefois par la bouche dans le corps de ceux qui dormoient étendus fur i'herbc fraîche, & quon l'en faifoit fortir en profitant de ce même goût pour le lait, & en l'attirant par la vapeur du lait bouiUi que Ton appro- choit de la bouche ou de l'anus de celui dans le corps duquel il s'étoit glrfîé {a). La Couleuvre à collier fe troilve^ dans prefque toutes les contrées de l'Europe , & il paroît qu'elle peut fup- porter les climats très-froids-, puifqu'elle (a) Von peut voir particulièrement, à ce fujetj dans les Mémoires des Curieux de îa Nature, une oblervation très-détaillée du Dodteur Fromman^, ÎVTédecin de Franconie , & d'après laquelle en pourroit penfer que , dans certaines circonftances, il feroit difficile de faire fortir ie Serpent par U bouche , fans rifquer de faire étouffer celui qui l'auroit avalé. Mémoire des Curieux de la Nature , dtcade i ,ohfcrv' 190. Voyez auffiGefner, ri Pendroit déjà cité; Taberna Montanus , Livre i jTragus, Otaus Magnus, Grégoire Horftius (Epift. medr, fed:- 6. ) & même Hyppocrate, ie père de ia^ Médecine» 548 Hijloire Naturelle "vit en Ecofîe {a) & eii: Suède {h). Oa a employé fa chair en Méde- cine {c). M. Cetti ( J) a. fait mention d'im Serpent de Sardaigne qu'on y nomme le Nageur ou Vipère d'eau; la couleur de ce Reptile eft cendrée &: variée par des taches blanches & noires -, il n'a point de venin, & fa longueur :ordinaire eft de deux pieds. Peut-être appartient-il à Tefpèce de la Couleuvre à collier , qui auroit fubi , d'une ma- nière plus ou moins marquée , l'influence du climat de la Sardaigne, plus chaud que celui de nos contrées. (a) Sibbald, h Pendroit dejh cité». (b) Fauna Suecica. (cj Matthiole. (d) Hiftoire Naturelle des Amphilks & des PoiJJànS dt la tSardaigtte ypar M' François Cetû* Q^'^^ des Serpens. 54?» LA LIS SE (a). C^ETTE CouiELTVRE a beaucoiip de rap- ports, par fa conformation & par £a grandeur, avec Je Serpent à collier*, elle eft, comme ce dernier reptiie , très-commune dans pîufieurs contrées de l'Europe 5 Se particulièrement aux environs de Vienne en Autriche , oii elle a été très-bien décrite & obfervée avec foin par M. Laurent. Elle fe trouve aufîî dans quelques provinces feptcn.- trionales de France, & nous en avons vu un individu dans la coliedion de M.. û'Antic , mais comme le commen- cement de notre article dir l'a nomen- clature des Serpens étoit déjà imprimé, iorfque nous avons Tu que la LifTe n'étoit pas étrangère à nos contrées, nous ne l'avons pas comprife parmi. les Serpens de France , dont nous avons rapporté f^aj Coron eiîa Auftriaca, 178 , Lanrcnti, Specimm- Mcdkmn. taè' 5 j fe- !• C Cette figure e/t txès^ exacte* ) Jf6 iJiJloïre 'Naturelle' les noms dans ce même article relatif à la nomenclature des reptiles. Les habitans de la campagne ont fouvent confondu la Liffe avec la Couleuvre à collier, ou- ne i'onf regardée que comme une variété de cette dernière; & leur opinion a pu" être fondée fur ce qu*on les a vues quelquefois accou- plées enfemble. Elles forment cepen- dant deux différentes erpè<:es, & il eft aifé de diftinguer Tune de l'autre par îà forme des écailles quelles ont fur le dos. Celles du Serpent à collier font relevées par une arête, ainfi que BOUS Tavons dit ^ au-lieu que celles de îâ Couleuvre, dont il eft ici queftion,. font très=unies -, & c'eft de-là que nous avons tiré le nom de ZiJJe que nous- avons cru devoir lui donner. Le fommet de la tête dé cette Coti- îeuvre eft garni de neuf grandes écailles- très-luifantes & très-polies, difpofëes fur quatre^ ï^v\gs , comme celles que Ton- voit fur la tête de la Couleuvre à collier êc de la Couleuvre verte & jaune. Ses yeux font couleur de feu , & pla- s& au> milieu d une bande tris-brune des Serpens. yft qui s*ctend depuis le coin de îa bou-^* ehe jiifqii'aux narines-, les écailles qui couvrent les mâchoires font bleuâtres v on voit fur le derrière de la tête deux- taches aiîez grandes d'un jaune un peii^ foncé y & depuis cet endrait jufqu'à^ l'extrémité de la queue, régnent des^ taches plus petites difpofées fur deux' rangs, & placées de manière que celles- d'une rangée correfpondent aux inter- valles qui réparent les taches de l'autre' rang. Le fond de la couleur du dos^ cft bleuâtre , mêlé de roux vers les €Ôtés du corps oii l'on remarque aufïï- quelques taches. Les plaques qui revê- tent le deflous du corps 8c de la queue, font très-polies, très-luifinteSs' un peU' tran^fparentes , blanchâtres , & préfentent des taches rouffes, ordr°- nairement d'autant plus grandes qu'el-' îes font plus près de l'anus ( û ) -, &: les jeunes individus ont quelquefois le deiTous du corps & la queue d'un- ('aj Les grandes plaques font communément au-' sombre de cent Ibixante-dix-huit, & les paires^ de petitçs plaques, au nombre de quarante-iix* 5 5 2 Hijloire Naturelle .roux trcs-vif qui approche du rouge; La Liile paraît aimer îes endroits humides j on la trouve communémen-t dans des vallons ombragés. Il eft quel- quefois aifé de Tirriter , lorlqu elle eft dans l'état f^iuvage -, mais en la pre- nant jeune, on parvient aifément à la rendre très-douce Se trcs- familière^ êc on eft d'autant moins fiché de la voir dans les mailons, qu'elle ne ré- pand point de mauvaile odeur fenfible, au moins dans les contrées un peu froides. Elle n'a point de crochets mobiles ', elle ne contient aucun ve- nin 5 & M. Laurent s'en ell; affuré en éprouvant les eiiers de fi morfure, fur des chiens > des chats 8c des pi- geons (a), La LifTe Te trouve non- feulement en Europe , mais dans les Lides occi- dentales Se dans les grandes Indes , d'où un individu de cette efpcce a été envoyé pour le Cabinet du Roio M. Laurent regarde , avec raifon , (a) LauT&iiîi ^ Spidoisn Medicum , /»■ i8.6. des Serpens, 353 comme une variété de cette cfpccc , une Couleuvre dont Séba a donné la. figure ( vol. I, pi. 52, fig. 4 ), êc qui en difîéroit un peu par la couleur rouge du dos , en Tupporiint que cette teinte ne fût pas un effet de refprit-de-vin fur l'individu décrit par Séba. Nous aurions regardé aufîî comme une couleuvre Lifîe , le Ser- pent dont Gronovius a parlé (n. 22) (a), que Séba a fait repréfenter (vol. 2, pi. 33, fig. I ), & qui a de très-grands rapports avec ce reptile, fi M. Laurent, qui a obfervé la Liiîe vivante , n'avoit dit expreffément qu'elle étoit très-différente de ce Serpent de Gronovius. M. Cetti a fait mention d'une Cou- leuvre de Sardaigne , appellée vipera di SeccOj vipère de terre. Elle infpire une grande frayeur aux habitans de la campagne , quoiqu'elle ne foit pas yenimeufej elle n'a point de crochets faj Ce Serpent, décrit par Gronovius, avoit cent foixante-quatorîegrandesp{a<:iuesj&; foixante paires ic petites. 3^4 Hijîoire Naturelle mobiles •, fa longueur eft de plus de- trente pouces •, le defîous de fon corps' eft noirâtre , & le defîus tacheté de noir 5 comme îe dos de la vipère commune, dit M. Cetti {^): peut-être éé Serpent eit-il une variété de la. Couleuvre Lille.- m I I I m ■iiii ■ M 1 1 I I I faj HiflGlreNaturtlk de la S&fJa'i^nt, far M, Franpii^ €itù. Tain . m. PI ■ m.pcic/.3. 7'jr lÙ'I'i- 3 Cette dépouille , quoiqu'entière , eft" " tournée à l*envers cf un bout à Tautre -, elle préfente le côté qui étoit rintérieur ■. lorfqu'elle faifoit partie de l'animal. Le ^ Reptile a dû commencer de s'en dé- barrailer par la tête , n'y ayant pas d'autre ouverture que la gueule par où il ait pu fortir de cette elpèce de fac. Lorfque le Serpent exécute cettQ opération , les écailles qui recouvrent les mâchoires font les premières qui fe retournent en fe détachant du palais ôc en demeurant toujours très-unies avec les écailles du defîus de du deiTcus de la tête. Ces dernières fe retournent enfuite jufqu'aux coins de la gueule , & on pourroit voir alors la tête du Serpent , depuis le mufeau jufques derrière les y-eux, revêtue d'une peau nouvelle , & taifant effort pour continuer de fe dégager de l'efpèce de fourreau dans lequel elle eft encore un peu renfermée. Ce fourreau continue de fe retourner comme un gant , de telle manière que , pendant que la véritable tête de l'animal s'avance dans un fens pour s'en d^îbarrafTer , le mufeau de 1^ Qij 5^4 JJiJîolre Naturelle vieille peau, qui eft toujours bien entière^ s'avance, pour ainfi dire , vers la queue, pour que cette vieille peau achève de fe retourner. Les yeux Te dépouillent comme le refte du corps , la cornée fe détache en entier , ainfi que les pau- pières de nature écailleufe , qui l'en- tourent, & elle conferve la forme dans la dépouille defîéchée , où elle préfente , à l'extérieur. Ton côté concave, attendu que cette dépouille n'efl que la peau retournée. Les écailles s'enlèvent en entier avec la partie de l'épiderme à laquelle elles étoient attachées. Cet épidémie forme une forte de cadre autour de chaque écaille , ainii qu'autour de chaque plaque , grande ou petite,' Ce cadre ne fuit pas précilément le contour de chaque écaille ou de chaque plaque , mais il fait le tour de la partie de la plaque ou de l'écaillé qui tenoit à la peau & qui ne pouvoit pas s'en féparer dans les divers mouvcmens de l'animal. Ces difîérens cadres , qui fe touchent , forment une forte de réfeaii moins tranfparent que les écailles, qui paroiflent en reiaiplir les intervalles i des Serpens. 365 tomme autant de facettes & cîe lames prefque diaphanes. Le Serpent, en fe tournant en diflérens Tens , &: en fe frottant contre le terrein qu'il parcourt, ainù que contre les divers corps qu'il rencontre , achève de fe débarrailer de (.\ vieille peau, qui continue de fe retourner. Le mufeau de cette vieille peau dépaffe bientôt l'extrémité de la queue dans le fens oppofé à celui dans lequel s'avance le Serpent , de telle forte que , pendant que le Reptile , rev3tu dune peau & d'écaillés nouvelles, fort de fon fourreau qui fe replie en arrière , ce fourreau paroît comme un autre Reptile qui engloutiroit le Serpent, & dans la gueule duquel on vérroit ai^^ paroitre l'extrémité de fa queue. Vers îa fin de l'opération, le Serpent & la dépouille , tournés en fens contraire , ne tiennent plus l'un à l'autre que par la dernière écaille du bout de la queue, qui fe détache auffi, mars fans fe re- tourner ( a ). On verra aifément que (a) Nous avons dépofë au Cabinet du Roi , ïâ èép.ouiiie trouvée dans la une de M. de Faujas, ^66 ITiJîoue Naturelle cette manière de quitter la vieilîe peau ; a beaucoup de rapports avec celle dont fe dépouillent les Salamandres à queue plate ( a ). (a) Ankk des Saiamandns à qa^ue plaies Pi. VIII. paj . 36} i.LA VIOLETTE .a.EE \)V.yU:-QO\AAYA\./Huj.MiS des Serpens. $6j LA VIOLETTE. rvous DONNONS cs nom à iii-^ cfpècé de Couleuvre dont un individu hii partie de la colle6lion du Roi. Ce Serpent n'eft point venimeux, fes mâ- choires font garnies d'un double rang de petites dents immobiles, & ne pré- fentent point de crochets mobiles 8c creux. Il a le fom.met de la tête garni de neuf grandes écailles placées fur quatre rangs , comme dans la Couleuvre verte Se jaune *, (on dos efl revêtu d'écaillés unies en lofange , & d'uni violet plus ou moins foncé *, & îe deffous de fon corps eft blanchâtre , avec des taches violettes irrégulières, afTez grandes 8c placées alternativement à droite 8c à gauche. Nous avons compté cent qua-* rante-trois grandes plaques , & vingt-cinq paires de petites. L'individu, que nous avons mefuré, avoit deux pouces trois ii-f gnes depuis Tanus jufqu'à l'extrémité de h queue , & fa longueur totale étoit d'uit pied cinq pouces trois lignes. Qiv, 3 (î 8 Hijloire Naturelle LE DEMI-COLLIER {£). t ij'oN coNSEP-VE au CiiBinct du Roî ; un individu de cette efpèce qui y a été envoyé du Japon fous le nom de Kokura. Il a un pied fept pouces de îongueur tctaie , & quatre pouces dix lignes depuis Tanus jufqu'à rextrémité de ia queue. Il n'eft point venimeux ^ n'a point de crochets mobiles» Le Ibmmet de fa t3te elt garni de neuf grandes écailles qui forment quatre rangs : celles du dos font en iofange & relevées par une arête. Nous avons compté cent foixante^dix grandes plaques , & quatre» yingt-cinq paires de petites (^). Les couleurs du Serpent Demi-collier font très-agréables j on voit fur fon (a) Le Collier. M* d'Juhenton , Encyclopédie mé-* ikodiqui' Co!- Monilis. L'inn, Amphib. Serpent- (h) L'individu décrit par M. Linné avoit cent foixante-quatre grandes piaqueSj & quatre-viûgl'? ^gu:^ paires cie petites des Serpens, 3^5 icîos, dont la couleur générale eft brune, de petites bandes tranfverfales blan- châtres Se bordées d'une petite raie plus foncée que le fond -, le deiïus de ù tête efl blanc , bordé de brun , êc pré fente trois taches brunes & alongéesv mais ce qui fert fur-tout à le faire diftinguer , ce font trois taches rondes^ &: blanches placées fur fon cou , 8c qui forment comme un demi-collier. Cette Couleuvre Ce trouve non-feulement au Japon ^ mais encore en Amérique {a), »■■■■—' ■ 'j I ■' »■ fij M. Linné y à Vetiiroit cité- V^y *^ 37© Hifïoire Naturelle LE LUTRIX (a). Les couleurs de ce Serpent font peu «ombreiifes , mais forment un afîortiment aufîî agréable Se aiiffi brillant que iimple*, ïe deiîîis & le defîous de fon corps font jaunes , ôc fes nuances refTortent d'autant mieux , qu'il a les côtés bleuâtres. Cette Couleuvre , que M. Linné a fait connoître^, fe trouve dans les Indes-, l'individu qu'il â déc-rît avoit cent trente- quatre grandes plaques , & vingt- fepf paires de petites. Nous ignorons quelles font les habitudes naturelles -, M. Linné ne Ta pas regardé comn:ke venimeux. (a) Le Lutrix. M. d'Mhenten^ 'Eaeychpé^it mé- shoitqut. Cq\* Lutrix. LiitH' am^hib- Sêrpsnu \ Tom . JTT. PI -UC. pa I III iimnj LE B A L I {ay XouT ce que l'on connoît des mosiirs de ce beau Serpent ^ auquel nous con- fervonSjavec M. d'Aubenton,la première partie du nom , trop dur & compofé ( Bali-Salan-Boekit ) qu'il porte dans Ton pays natal , c'eft qu'il vit dans ies con- trées les plus chaudes de TA/îe, & particulièrement dans Tlile de Ternate» Les écailles qui revêtent ie delTus d# ion corps font en lo fanges unies , d'un jaune très-pâle , & blanches à leur c:xtrémité. Des deux cotés du corps rcgne une bande longitudinale dont 011 a comparé la couleur au rouge du timmmmwti^i^i (a) Le Bail. M. d'Auhenîou^ Encyclopédie mé-' thodlqm. Coiuber plicatiiis. Linm amphih* Serp, Muf. Ad. fr. 1 , p. 23. Séèa , Muf. i , tah. §'] , j%. 5- Ceraftes piicauljs. itî y Lwrinti , Spécimen Mf- ilcuiih 3 7 2 HiJIolre Naturelle corail (a). L'extrémité des écailles qui forment cette bande, efî: également bordée de blanc. Les grandes plaques qui gar- nirent îe defîous du corps font blan* châtres : ies deux bouts de chacune préfentent un point jaune plus ou moins foncé. Et com^me les écailles qui les touchent font blanches & marquées chacune d'un point jaunâtre, tout le defîbus du corps du Serpent prélente quatre cordons longitudinaux de points plus ou moins jaunes , qui fe marient d'une manière très-agréable avec li blancheur du ventre , 8c fervent à dil^ tinguer le Bali d'avec les autres Serpens.. Les petites plaques , qui revêtent le deiTous de la queue, font blanches & ont chacune une tache jaune , ce qui forme deux files de pamts Jaunâtres feiiiblables à ceux que l'on voit fur ie ventre. Cette efpèce devient aflez grande;. &: l'individu confervé au Cabinet du RqÎ j & fur lequel nous avons fait (aj Séba, à l'eudioit déjà Qiiét des Serpens. 373 notre defcription , avoit fix pieds fix pouces de longueur. Le Bail a ordinairement ctnt trente- une grandes plaques fous le corps, &c quarante-fix paires de petites plaques fous la queue {a). (a) Le fommet de îa tête eft garni de neuf ^cailles difpofées fur quatre rangs* ' 3 74 Hifloire Naturelle - ■ - LA COULEUVRE DES DAMES {a). Voïci un des plus jolis & des plus doux Serpens \ fa petiteiîe , fcs pro- portions plus rveltes encore que celles de la plupart dts autres efpèces , fcs •mouvemens agiles^ quoique modérés, ajoutent au piaifir avec lequel on con- iîdère le mélange de les belles teintes, îl ne préfente cependant que deux couleurs, un beau noir & un blanc afîez pur -, mais elles font ii agréablement contraftées ou réunies, & fî animées par le luilant des écailles , que cette parure élégante & fimple attire Toeil & charme d'autant plus les regards , qu'elle a éblouit pas , comme des couleurs plus (a) Le Serpent des Dames- M- i'Aubmton , Encyclopédie mét/iodi^ua' CoIuberDomicella, 178, Lf/?//. am^kib, Ser/enteS' Sébop muf 2. tab, 54, fi^^ i. des Serpens. 375 Hches & plus éclatantes. Des anneaux noirs traverfent le defTus du corps & de la queue, & en interrompent la blancheur. Ces bandes traniverfales s'étendent jufqu'aux plaques blanches qui revêtent le deflbus du ventre -, leur largeur diminue à mefure qu'elles font plus près du deffous du corps, & la plupart vont fe réunir Tous le ventre à une raie noirâtre & longitudinale qui occupe le milieu des grandes plaques. Cette raie , ainfi que les bandes tranCverfales, font irrégulières & quel- quefois un peu feftonnéesj mais cette irrégularité , bien loin de diminuer l'élégance de la parure de la Couleuvre des Dames , en augmente le varieie. jLe defTus de la petite tète de ce Serpent préfente un mélange gracieux de noir & de blanc, où cependantle noir domine; les yeux font très-petits , mais animés par la couleur noirâtre qui les fentoure. Comme plufîeurs autres Serpens , celui des Dames eft très-familier*, il ne s'enfuit pas , & même il n'éprouve aucune crainte lorfqu'on l'approche j bien plus ^ ■j7^ Hljloire Naturelle H femble que , très-fenfible à h fraîcheur plus ou moins grande qu'ii éprouve quelquefois , quoiqu'il habite des climats très-chauds , il recherche des fecours qui Ten garantirent -, & fa petiteiTe, Ton peu de force, Tagrément de Tes couleurs , la douceur de Tes niouvemens, Tinnocence de Tes habitudes, infpirenf aux Indiens un tel intérêt pour ce délicat animal, que le fexe le plus timide , bien loin d'en avoir peur , îe prend dans Tes mains, le foigne, le cirefie. Les Dames de la côte de Malabar, oii il eft très-commun, ainft que dans la plupart des autres contrées des grandes Indes, cherchent à réchauffer ce petit animal lorfqu'il paroît languir & quil eft expofé à une trop grande fraîcheur, produite par la faifon des pluies , les orages ou d'autres accidens de l'atmofphère. Elles le mettent dans îeur fein, elles l'y confervent fans crainte & même avec plaifir, & le petit Serpent, à qui tous ces foins paroifîent plaire , ne leur rendant jamais que carelTe pour careile , juftifie leur goût pour cet animal paifible. Eile§ ie des Serpens. jjy tournent Se retournent également dans le temps des chaleurs, pour en rece- voir 5 à leur tour, une forte de fervicc & être rafraîchies par le contadt de fes écailles , trop polies pour n'ctre pas fraîches {a). Lorfque , dans nos climats tempérés , la beauté veut produire un effet contraire , & réchauffer fes membres délicats , elle a quelquefois recours à des animaux plus fenfîbles , & communé- îiient plus fidèles , qui, par une fuite de leur conformation plus heureufe , expriment avec plus de vivacité un attachement qu'ils éprouvent avec plus de force -, mais lorfqu'elle délire , comme dans l'Inde, de diminuer une chaleur incommode , par Tattouchement de quelque corps froid, bien loin de fe fervir d'êtres animés qui , par leurs carefTes répétées , ajouteroient au pîaifir qu'elle a de tempérer les effets d'une chaleur excefîîve, elle ne recherche que des matières brcites & infenfibies -, elle n'emploie que de petits blocs de marbre. (&) Sàba , à rendrgit déjà cité. 378 Nifioin Naturelle des bouîes de cryftal ou d^s pîaques métalliques j elle ne peut" voir qu'avec effroi nos doux & paifibles Serpens-, tandis que dans les contrées équato- riâles des grandes Indes , où vivent des Serpens énormes , terribles par leur force ou funeftes par leur poifon, la crainte qiunfpircnt ces Reptiles dan- gereux 5 n'eft jamais produite par les Serpens innocens & foibles, tels que la Couleuvre des Dames {a). (a) Cette dernière efpèce a, fuivant M. Linné, cent dis-huit graades plaques & Coixsnte pairQ§ des Serpens* 379 MBB LA JOUFLUE r^;. M,. Linné a fait connoître cgHq Couleuvre , qui fe trouve dans les grandes Indes. Le dos de ce Serpent eft roux & préfente des bandes blanches dif- pofées tranfverfalement. Sa tête eft blan- che comme les bandes tranfverfales , mais on voit fur le fommet deux petites taches roufles, & fur le mufeau, une tache triangulaire & de la même cou- ieur. Il a ordinairement cent fept grandes plaques & foixante - douze paires de; petites. mfmmÊmmmÊmÊmmmmÊ^mmmmmÊÊmmmtmmÊÊmmmmÊÊimimmmmÊÊmmifmmimm fa) Le Triangle. M". d'Aulcnton , Entydopédit mét/itidique- Col. Buccatus. Linri' amphib' Serp. 3 8 o mjloire Naturelle LA BLANCHE (à). On pourroit, au premier coup-d'œii, confondre cette Couleuvre avec la Trcs-BIanche , dont nous avons déjà parlé : toutes les deux font ordinairement d un très-beau blanc , qui n eft relevé par aucune tache *, mais , pour peu qu'on les examine avec attention , on voit quelles diffèrent beaucoup Tune de Tautre. La Blanche n'a que cent foixante- dix grandes plaques &: vingt paires de petites, au-iieu que la Très-Blanche a ordinairement foixante paires de petites & deux cent neuf grandes plaques. Nous avons répété, à la vérité, très-fouvent, que le nombre des plaques, grandes ou petites 5 nétoit prefque jamais confiant, mais nous n'avons vu , dans aucune efpèce de Serpent , ce nombre varier de (a) Le Blanc M* d^Âubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Albus. Linn. amfhïb' Serpent' des Serpens, jSr ^ cent foixante-dix à deux cent iteiif pour \qs grandes Limes ^ & en même-temps de vingt à foixante pour les petites; D'ailleurs la Couleuvre blanche n'efl pas venimeufe , & Tes mâchoires ne iont pas garnies de crochets mobiles,^ comme celles de la Très-Blanche, qui contient un venin très-aCtif. Ainiî, leurs propriétés font encore plus dif- férentes que leurs conformations-, cqs propriétés font même trop difîemblables pour que leurs habitudes naturelles foient les mêmes -, & en outre , c'eft en Afrique qu'on trouve la Très-i Blanche, & la Couleuvre blanche habite les grandes Indes. On a donc été très- fondé à les regarder comme appartenant à deux cfpèces très-diilincleSj ^^ yt 3S2 Hijloire Naturelle LE T Y PHI E {a). Ce Serpent fe trouve dans îes grandes ïndes. Se c'eft M. Linné qui Ta fait connoître. Suivant ce Naturalifte , cette Couleuvre eft bleuâtre & a cent quarante j^andes plaques & cinquante-trois paires de petites. L'on conferve au Cabinet du Rof; un Serpent dont le deilus du corps efi d'un vert très-foncé & ne préfente aucune tache , non plus que le deilus du corps du Typhie. Comme il a cent quarante- Une grandes plaques & cinquante paires de petites, & que par-îà il fe rapproche beaucoup de cette dernière Couleuvre, il fe pourroit d'autant plus qu'il fût de la même efpèce , que la couleur verte de l'individu de la colle(5fcion du Roi, ou la couleur bleue de ceîuî qu'a décrit M. Linné , font peut-être {a) Le Typhîe. M- d'Auhenton , Encyclopédie méthodquc Col. Typhius. Linn» amphib. Serpent> des Serpms. 383 î'efîet de refprit-dc-vin dans lequel les deux Serpens ont été confervés. Nous croyons donc ne pouvoir mieux placer que dans cet article , la defcription de cette Couleuvre , d'un vert très-foncé 5 qui fait partie de la colleélron de Sa, Majefté. Sa longueur totale eft d'un pied fept pouces fix lignes -, & la lon- gueur de fa queue de trois pouces dix lignes. Neuf écailles placées fur quatre rangs 5 garnillent le fommet de fa tête; elle n'a point de crochets mobiles -, les écailles qui revêtent fon dos font ovales & relevées par une arête. Le deiïous du corps eft jaunâtre, èL chaque grande plaque préfente deux taches noirâtres , ce qui forme deux efpèces de raies longitudÎBalesvla plaque la plus voifine du defîous dm mufeau , n'offre point de tache, & on n'en voit qu'une fur les deux plaques qui la fuivent. Il n'y a fous la queue qu'une rangée de ç^ taches noirâtres. 384 Hijloire Naturelle LE REGINE (a). C'est un Serpent des grandes Indes; dont M. Linné a donné la defcription. Le deffiis du corps de cette Couleuvre eft d'un brun plus ou moins foncé , 8c le deflbus eft varié de blanc & de noir. Elle a cent trente-fept grandes plaques èc foixante-dix paires de petites. On fait qu'elle ne contient pas de venin , mais on ignore quelles font Tes hat)îtudcs naturelles. (a) Le Régine. M. d'Jubenton , Encyclopédie tnéthodigue* Col. Reginae. Llnn» amphib, Serp. Muf. Ai* fr- p' 24 , taùu» 15 , jîg' 5. LA BANDE-NOIRE. des Serpcns. 385 LA BANDE -NOIRE (d). K^'i-ST une dts Couleuvres auxquelles plufieurs Naturalises ont donné le nom de Serpent d'Efiulape ^ que nous avons confervé uniquement à une efpèce deà environs de Rome„ Eiie n'efc point venimeufe & ne fait aucun mal à ceux qui la manient. On voit entre fes deux yeux, une bande noire affez marquée , & placée au-de(îus de neuf grandes écailles qui revêtent le fommet de fi tête & 7 font difpofées liir quatre rangs , fa) La Bande-noire. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. ^fculapii. Li/;/;. amphib- Serpent, Miif. Jd. fr. I , tab. il ^ fig- 2. Gronou- muf- 2, p. 59. M" 18- Natrix iElculapii , 151 » JLaurentl , Speclmeh Mcdkiim. Séba<, muf. 1 , ta\' 18 ^ flg* 4. Col. yEfculapii. H/)?, //.i///', ^^ Chili, par M. l'Ahhé Moliim, traduite de l'Italien en François, par M. Gnn'elj Serpcns, Tome ///, R 38^ HlJIoire Naturelle comme dans la Couleuvre commune verte 8c jaune. Le dos eft garni d'écaillés ovales «Se unies*, îe fond de fa couleur eft pâle , 8c il préfente pluiieurs bandes tranfverfales noires, allez larges, 8c dont quelques-unes s'étendent fur le ventre 8c font le tour du corps. La Bande-noire a ordinairement cent quatre-vingt grandes plaques & quarante-trois paires de petites , fa longueur totale eft de dix- huit pouces ^ & celle de fi queue , de trois. On trouve ce Serpent dans les Indes , &, fuivant M. TAbbé Molina , il eft très-commun dans le Chili , où il n'a quelquefois que cent foixantc- feize grandes plaques 8c quarante-deux paires de petites , 8c où il parvient à la longueur de trois pieds {a). V • ' ■ ' Il I m (aj Voyez l'endroit déjà cité. -S^i^ des Serpens. 387 I L' A GILE (a). On n'a qu'a jeter les yeux fur cette Couîeuvre , dont le corps eft très-menif relativement à fa longueur, pour voir qu elle doit mériter le nom d'Agile g fes proportions très-déliées, annoncent, en effet, la vîtefle & la légèreté de Tes mouvemens. Uindividu que nous avons décrit , & qui fait partie de la collection de Sa Majefté , a un pied huit pouces de longueur depuis le bout du nmfeaa jufqu'à Textrémité de la queue , qu£ eft longue de quatre pouces trois lignes» Sa tête eft couverte de neuf grandes écailles difpofées fur quatre rangs. Ses mâchoires ne font point armées de fa), L'Agile- M, d'Aubenton , Encyclopédie méà thodique. Col, Agilis. Linu. amphlb. Serpent* Amftn. muf. priiic. p' 585 , N.° 3g. Muf. Ai, fr- I ^ p, 27 , tab, 21 , flg. 1. Ceraftes Agilis^ 171, Laurenti ^ Specimm Mm imm. .388 Hiflolre Naturelle crochets mobiles. Les yeux font gros^ & d\ui œil à l'autre s'étend une petite fcande brune d'autant plus aifée à dif- tinguer , que le reite du deffus de k tête efl d'un blanc affez éclatant. Le^ «cailles qui revêtent le dos de cette Couleuvre, font en îofange & unies. Tout le defTus du corps préfente des bandes tranfverfales irrégulières , alterr Hâtivement blanches & brunes, & le delTous du corps eft blanchâtre {a). Suivant M. Laurent, les bandes brunes que l'on voit fur le dos de la Couleuvre 'Agile , font pointillées de noir. Ce Serpent doit fe nourrir principa- lement de chenilles , car c'efc fous le nom de Mangeur de chenilles , qu'il a été envoyé au Cabinet du Roi, On le trouve dans Tlfle de Ceylan. (a) Nous avons compté dans un individu , cent foixante-quatorze grandes plaques & foixante paires de petites; mais ordinairement l'Agile n'^ que cinquante paires de petites plaques , &: a cent l|uatre-vingt- quatre grande^ plaques ou lamts. ics Serpens, 385 mgjiiaiiiiiMii LE PADERE (a). Les couleurs de ce Serpent préfentent une diflributron affez renaarquable ; le deiîiis de Ton corps eft blanc ^ & fur ce fond éclatant l'on voit plu(ieurs taches brunes difporécs le îong du dos , placées par paires , & réunies par une petite ligne. Les côtés du corps offrent un égal nombre de taches ifolées. On trouve cette Couleuvre dans les grandes Indes, & elle a cent quatre-vingt-dix-huit grandes plaques & cmquante-fîx paires de petites* (a) Le Padère. M, d'Jnbenton , EncyçlopéiU TtlH thodique.. Coi. Padera. Liiuu amfhïb' Serp* Muf. Ad. fr. 2 , p. ^^* ^\jK^ f<^ Riiî 5 9 o Hifloire Naturelle immmtmmmmtÊÊBÊi LE G R I S O N (û). Cette Couleuvre eft blanche , maïs fon dos préfente des bandes tranfverfales xoufsâtres, ce qui, à une petite diftance, doit ia faire paroître d'un gris plus ou moins foncé -, aufîi avons - nous adopté le nom de Grifon , qui lui a été donné par M. d'Aubenton. On voit fur les côtés de ce Serpent, deux points d\in blanc de neige : il a cent quatre-vingt- huit grandes plaques & foixante-dix paires de petites , & n'a encore été obfervé aue dans les Indes. (a) Le Grifon , M, d'Aubenton j Encyclopédie tnèihodlque' Col. Canus , Lum- amphlh' Serpent, Muf> dd' fr. l,p' 31 , îab, il , fig- !• des Serpens, 59Ï LA QUEUE-PLATE Ça). Il est très-aisé de diiflinguer cette Couîcuvre d'avec ies autres Serpens du même genre , que Ton a obfervés jufqu'à préfent. Sa queue, au-iieu d'être ronde, comme celle de la plupart des autres Couleuvres , eft comprimée par les côtés, & tellement aplatie , fur-tout vers Ton extrémité, que Ton pourroit la comparer à une lame verticale -, & le bout de ceitQ queue fi comprimée, ed terminé par deux grandes écailles arrondies 8c appliquées Tune contre l'autre dans le fens de l'aplatifîement. Lorfque la Couleuvre fe meut, fa queue ne touche à terre que par une efpèce de tranchant occupé par les paires de (a) Le Serpent Large-queue. M. d'Aubtiiton , Encyclopédie métkodigue* Col. Laticaudatus. L//m. amphik. Serp. hluf. A à. fr- l , p. 31 , tai. ^^ "^ fig- ^' Laticauda Icutata. 2^1 , Laurenti , Specimai Me- dlcum. Riv 3 5^ Uijloin Naturelle petites plaques , qui font très-pê« îenfibles & ne diflèrent guère en grandeur dt?> écailles du dos. Cette conformation doit faire préfumer que la Couleuvre le fert peu de fi queue pour ramper , & cette partie paroît lui être bien plus utile pour frapper à droite ou cl gauche , ou pour fe diriger en nageant & agir fur Teau comme par une efpèce d'aviron. On pourroit donc croire que ce Serpent vit beaucoup plus au milieu des eaux que dans les endroits fecs *, mars l'on ne connoit point fes habitudes naturelles, & l'on fait feulement qu'il fe trouve dans les grandes Indes. Il a quarante-deux paires de petites plaques , placées fur Tefpcce de tranchant que préfente fi queue , ainf que nous venons de le dire*, & deux cent vingt- iix grandes plaques garnirent le deiîous de fon ventre. Sa tête efl: couverte de neuf grandes écailles 5 difpofées fur quatre rangs. Nous avons cru appercevoir deux crochets mobiles à la mâchoire fupérieure , & dès-lors nous aurions placé la Queue-plate parmi les Couleuvres yénéneufes ; mais l'individu, que nous àes Serpens. 393 avons décrit , n'étoit pas aflez bien confervé dans toutes Tes parties , pour que nous n'ayons pas préféré de fuivre Topinion de M. Linné, qui a très- bien connu la Couleuvre dont il s'agit dans cet article. Nous îaifTcrons donc la Queue-plate parmi les Couleuvres qu£ n'ont pas de venin , jufqu'à ce que de nouvelles obfervations aient confirmé nos doutes relativement à la forme de Tes dents & à la nature de Tes humeurs. Les écailles du dos de îa Queue-pïate font rhomboïdales 8c unies *, le delTous du corps efi; prefque blanc , le defîus eft d'un cendré bleuâtre & préfente de larges bandes , d'une couleur très- foncée ^ qui s'étendent juTques fur le ventre Se font le tour du corps. L'individu que nous avons décrit avoit deux pieds de longueur totale , & fa queue étoit longue de deux pouces jieuf lignes. %^ '^^ ^ Ry 394 Hijîoire NaturelU LA BLANCHATRE (aj. Cette Couleuvue eft blanchâtre , 8c préfente des bandes tranfverfales brunes. Elle a deux cent vingt grandes plaques & cinquante paires de petites : elle fe trouve dins les Indes. On conferve au Cabinet du Roi , une Couleuvre qui a de très-grands rapports avec ia Blanchâtre ^ mais qui cependant a un trop petit nombre de grandes plaques pour que nous puifîîons aiïiirer qu'elle foit de la même efpèce , elle n'a, en effet, que cent quatre- vingt-trois grandes plaques*, le deilous de fa queue eft couvert de quatre- vingt-fcpt paires de petites , la tête garnie de neuf grandes écailles , ion dos couvert d'écaillés en iofange Ôc (a) Le Bîanchâtie. M- d'Juhtuton , EîtcychjiédU •mèthd'ique. Col. Candidus, L'inn. amphib. Serp. Mvf Ad. fi' i, p. 33 ' 'û^- 7 7 h' ^» . des Serpens. 395 unies 5 fa mâchoire fupérieure fans crochets mobiles , & fes couleurs ref- femblent à celles de la Blanchâtre {a). (a) Sa longueur totale eft d'un pied huit pouces neuf lignes, & ceile de fa queue, de cinq pouces neuf lignes. Evj ,35)5 Hljloire Naturelle LA RUDE (a). Les écailles , qui revêtent le dos de cette Couleuvre, font relevées par un€ arête , de manière à être un peu rudes au toucher , & de-là viennent les divers noms qui lui ont été donnés par îes Naturalises. Le defîus de fa tête préfente une tache noire qui fe fépare en deux dans la partie oppofée air mufeau *, & le deiTus du corps eft comme onde de noir & de brun. On la trouve dans les Indes, & elle a ordr- Baircment deux cent vingt-huit grandes plaques & quarante - quatre paires de petites. (a) L'Apre. M. d'jlubtimn j Eiicydo^édU mé^ thodique- Coi. S:aber. Linn» amphib' Serp&nu Muf M' />. i , p. g6 , taè. IQ , f^-I, tè.^ '^SjK/P iis Serpins. 357 LE TRIS CALE (a), jLes couleurs dont brillent à nos yeux les belles fleurs qui décorent nos parterres, ne font peut-être ni plus vives ni plus variées que celles qurparentLi robe d'un grand nombre de vSerpens : voici une de ces Couleuvres dont les teintes font diftribuécs de la manière la plus agréable. Il paroît qu'elle fe trouve dans les Indes orientales oc ©ccidentales , &: nous allons décrire un individu de cette efpèce confervé au Cabinet diï Roi 5 & qui y a été envoyé d'Amérique. On voit s'étendre .fiu" fon dos, dont \x couleur e(l d'un vert de mer y quatre raies rouiîes qui doivent paroître comme dorées lorsque l'animal eft en vie , & qu^ii eH: expofé aux rayons du foleil. Les quatre raies le réuniflent en trois,, enfuite en deux, & enfin forment une (a) Le Tiilcale. M- d'Jukni&u y EHcyc méthodique. Col. Tiifcalis. L/««'> emphiè> S^^^ 3 9 8 HiJIoire Naturelle feule raie qui fe prolonge aii-defîus de la queue. Cette Couleuvre a un pied quatre pouces iix lignes de longueur totale 3 fa queue eft longue de trois pouces dix lignes-, le fommet de 'fa tête eft couvert de neuf grandes écailles •> 8c celles du dos font ovales & unies , ce qui ajoute à la beauté des couleurs que préfente cette Couleuvre ( a ). ■^€^* ^ (a) Le Trifcaie a ordinairementî cent quatre- vingt-quinze grandes plaques, & quatre-vingt-fix paires de petites. des Serpens. 399 LA GALONNEE (a). Parmi les Serpens auflî agréables à Voir qu'innocens Se même familiers j, la Galonnée doit occuper une place diftinguée. Son mufeau eft noirâtre, & au-defîus de fa tête qui eft blan- che, on voit une bande noire tranf- veriale. Le defîus du corps eft noir , mais il préfente un très-grand nombre de bandes tranfverfales blanches, dont les largeurs font inégales & combinées avec fymmétrie : de trois en trois bandes ^ il y en a une quatre fois auilî large que îes deux qui la précèdent, à compter du mufeau, & de toute cette difpofi- (aj Le Lemnifque. M. d'Jnknton^ Eiicyelopéâce méthodique. Col. Lemnifcatus. Linn. amphib- Serpent, AnKtmt. Surinam' grill. I. Muf- Ad. fr. 1 , p. 34 , fab. 14 > fig' I. Natrix Lemnifcata. Laurtuti^ Spécimen Me^icum* Séba^muf, I , tab. 10 , fig' uitïmây Ô" 2, tah. 76^ k' 3- 400 HifiOiré Naturelle tîon, il refaite un mélange de bîanc & de noir d'autant plus agréable, que les écailles du dos étant très-unies , rendent plus vives ies couleurs de la Galonnée. Ces mêmes écailles du dos font rhomboïdales , la tête n'eft pas plus groffe que le corps -, Ton fommet eft garni de neuf grandes lames pla- cées fur quatre rangs. La Galonnée a deux cent cinquante grandes plaques. Se trente-cinq paires de petites. Il paroît que cçtte Couleuvre ne parvient qu'à une longueur très -peu coniidérable, Se tout au plus d'un ou deux pieds. Elle habite en Ane , & comme elle eft très-douce on la voit fans peine dans les maifons où elle peut plaire par l'agilité de fes mou- vemens, ainfî que par Taflortiment do fes couleurs, & où elle doit détruire beaucoup d'infedes toujours très-incom- modes dans les pays chauds. àes Serpms, 401 L'ALIDRE (d). Voici encore une preuve bren fenfi- ble de ce que nous avons dit relative- ment à i'infuffirance d'un feul caractère , pour diftinguer les diverfcs efpèces de Scrpens. L'Alidre refîemble , par ia couleur, à la Couleuvre blanche*, elle eft, comme cette dernière , d'un blanc trcs-éclatant , prefque toujours fans ta- elle-, mais elle en ditlère par le n.:/''^-bre de Tes grandes plaques beaucoup moins conhdérable que le nombre des gran- des plaques de la Couleuvre blanche, & par celui des petites plaques qui (a) L'Alidre. M. d'Auhentoa , Encydopédk mê* thodique* Col. Alidras. Linn. amphib. Serp. Paires de petites plaques. > 58 de TAIydre, Grandes plaques. 121 170 I 20 «LelaBIar^h^. 40 2 Hijlûire Naturelle eft au contraire plus grand dans ïa blan- che que d^ns l'Alidre. Ce dernier Serpent fe trouve dans les Indes , ainii que la Couleuvre blanche. des Serpens. 403 L'ANGULEUSE {d). C'est de TAfie que cette Couîeuvre a été apportée en Europe. Elie n'eft point venimeufe & n'a point de cro- chets mobiles. Le deffiis de la tête eft couvert de neuf grandes écailles dif- po(ées fur quatre rangs -, celles que l'on voit fur le dos font ovales, un peu échancrées & relevées par une arête-, mais on ne remarque aucune ligne {aillante fur celles qui bordent les côtés. La couleur du deilus du corps eft blanchâtre 5 avec des bande brunes noirâtres dans leurs bords, anguleufes & plus larges vers le milieu de la îongueur du corps que vers la queue ou vers la tête. Les grandes plaques préfentent dQs taches quarrées & diï" (a) L'Anguîeux. M, d'Juoenton , Encycïopdéiê méthodique. Col. Angulatns. Lituu amphih. Serp. yimanit. amphib' Gilltnb. p. 533 j iVi° 7* Séba , muf' 2 , ^ab,']^, pg. i . 404 Hifioire Naturelle pofécs aîtecnativenient d'un coii Se de l'autre-, elles font communément au nombre de cent dix-fept-, & les paires de petites plaques au nombre de foixan- te-dix. Les individus de cette efpècej que Ton a obfervés, n'avoient guère plus d'un pied de longueur. des Serpens. 405 «■amBBHHaaBnaHopB LA COULEUVRE DE MINERVE [a). Le Serpent étant pour les anciens Grecs un des emblèmes de la prudence, avoit été confacré à Minerve, quiis regardoient comme la dt^iiQ de la fagefTe. Les Athéniens avoient gravç fon image autour des autels & des ftatues de cette divinité quiis avoient choiiie pour la protedtrice de leur ville '■y ils regardèrent la fuite d'un Serpent, qui s'échappa de leur citadelle, comme la marque du courroux de la déelîe -, & c'eft peut-être pour rappeller cette opinion reiigieuie, que M. Linné A donné le nom de Serpent de Minerve à la Couleuvre dont il eft queftion (a) Le Serpent de Minerve» AI. d'Aubi^tOM, encyclopédie, méthodique. Coi. Minervae L//;/7. amphib. Serpent^ hîuf. Ad. fr. l, p' 3(5. 40 ô Hijloïre Naturelle dans cet article. Nous cro/ons devoir d'autant plus le lui conferver , qu'un des fouvenirs les plus agréables & les plus touchans eft celui des (iècles fa- meux de la Grèce , où la belle Na- ture & la liberté ont produit tant de grands hommes, & les arts qui les ont immortalifés. Il ejfl heureux qu'un petit objet, revêtu d'un grand nom, puiiîe quelquefois éveiller de grandes idées j & que la vue d'une fimple Couleuvre, puiiîe retracer quelque image de l'an- cienne Grèce , à ceux qui rencontre- ront ce foible Serpent fur les lointains rivages de l'Inde où il habite. La Couleuvre de Minerve eft d'une couleur agréable -, le defîus de fon corps eft d'un vert de mer plus ou moins foncé , & le long de fon dos règne une bande brune. On voit, fur îa tête de ce Serpent, trois autres ban» des de la même couleur -, il a deux cent trente- huit grandes plaques, & quatre; vingt-dix paires de petites. des Serpens. 407 LA PÉTALAIRE (a). Un individu de cette efpèce fait par- tie de la colledioii du Roi -, il a un pied neuf pouces de longueur totale, & fa queue 5 quatre pouces neuf lignes : il n'a point de crochets mobiles. Neuf grandes écailles couvrent le defîus de fa tête & font difpofées fur quatre rangs -, celles que l'on voit fur le dos (ont prefque ovales & unies. La couleur du deffus du corps eft noirâtre , avec des bandes très-irrégulières tranfverfales & blanches. On remarque d'autres ban- des blanches & tranfverfales fur les paires de petites plaques , qui font d'un gris foncé , & au nombre de cent cinq. Il y a deux cent onze grandes (aj ApachycoatI, p(7r les Mexicains' Le Pétalaire. M- d'Aubsnton , EncycU méthodique^ Col- Peialarius. Linri' amphib' Serp» Muf. Ad. fr. I , /». 35 , tab. 9 , fig- 2- CeraftesMexicanus. i^ô^Laumiti, Spcc* Medicumé Siba^ muf- 2 > tab- 10 t fig» I» l^'ierember^. liv- 12 j chap, 45, Jonfion , pag, a8« 40 8 Hijioire Naturetle plaques blanches 8c bordées de gris, ce qui forme lous le ventre, de petites bandes traiirverfaies. Le blanc & le noir, qui compofent les couleurs principales de la Pétalaire , font contraftés & nuancés de manière à rendre fa parure très-agréable. Ce Serpent eft très-doux, & même fami- lier -, il s'introduit fans crainte dans îes maifons , y pafTe fa vie fous les toits, & Y devient très-utile , en y fâifant la guerre aux infedtes & même aux rats, dont il détruit un grand nombre j il fe nourrit aulîî de petits oifeaux. On le trouve non-feulement en Afîe, & particulièrement dans Tifle d'Am- boine , mais encore en Amérrcjue , & fur-tout au Mexiqne où on le nommo Apachy coati [a). ^Êm^tmt m I ■»■■ ■■ ■ I II ■■ ■— — 1^— — i*— ^— ■ I —■■■■■■ ^ (a) Cette efpèce eft très-fujette à varier, tant par la diftribution de les couleurs , que par fe nombre de fçs plaques. M. Linné a compté fur l'individu qu'il a décrit, deux cent douze grandes plaques fous le ventre , & cent deux paires de petites plaques fous ia queue ; ce nous avons vu dans (a colleâion de M. d^Antic, une Couleuvre Pétalaire qui avoit deux cent feize grandes plaques & cent iix paires de petites. LA MINIME, diS Serpcns, 409 LA MINIME {a). CI efl très-difîîcile d'avoir des dciîeins exacts du Maipole , d'après les individus Cjui font partie des coiiedtfons d'Hifloire NatureH'e. Il cd bieu, & préfente un grand nombre de taches noires très- petites, Se dilpofées'de manière à former des raies longitudinales -, au-defi'us des deux dernières plaques qui garnident le fommet de la tcte à compter du muieau, on voit une tache très-blanche, bordée de noir , & placée la moitié lur une de ces deux plaques, & ia moitié fur l'autre. Le corps du Maipole eCi très-mince en proportion de fa longueur. Ce Serpent doit donc pouvoir Te tenir avec facilité au plus iîaut des arbres, s'y entortiller autour des bran- ches , s'y fuipendre &■ y pourfuivre les petits animaux dont il fait fa proie. li habite l'Afie, & peut-être l'Afrique & l'Amérique (a). (a) Le Maîpole a ordinairement cent foixante grandes plaques & cent paire-s de petites. La lon- gueur totale de l'individu que nous avors décrit, étoit d'un pied dix pouces , & celle de fa queue de cina pouces û* lignes. •v» - C • 4^0 Hijîoire Naturelle tssssst^ÊsetsBam LE MO LU RE (a). C'EST une des grandes Couleuvres qu'on ait encore obfervées , & non-feulement le Molure fe rapproche, par fa lon- gueur , de quelques efpèces du genre des Boa j dont nous traiterons dans cet Ouvrage , mais il a beaucoup de rap- ports avec ces grandes & remarqua- bles efpèces par fa conformrition , & particulièrement par celle de fa icte. Cette partie du corps du Molure efl très-large parderrière , moins large vers les yeux, très-alongée, très-arrondie à l'en- droit du mufeau , & peut être comparée, pour fa forme , à la tête d'un chien , ainfi que Ta été celle de pluheurs Boa, par un grand nombre de Naturaliftes. Le defîiis de cette même partie eft garni de neuf grandes écailles, comme dans la Couleuvre verte & jaune. Le Mo- îure n'a point de crochets mobiles & fa) Le Molure* M. d'Juhenton , Encyciofédis W^éthodique. Col. Molurus. Linn. amphiè' Serpent' Tom HT. Pl.X/pa^.4^0 i.l.E MOLURE. 2 LADOUBLK-RAÎE./^^. 4-22. * des Serpens, 421 ne contient pas de venin-, les écailles qui revêtent Ton dos, font grandes, ovales Se unies. Il n'a ordinairement que deux cent quarante-huit grandes plaques 8c cinquante-neuf paires de petites -, mais nous avons compté deux cent cinquante-cinq grandes plaques & foixante-cinq paires de petites, au-def- fous du corps ou de la queue d'un individu de cette efpèce , conlervé aa Cabinet du Roi. Cet individu a fix pieds de longueur totale 8c neuf pouces depuis Tanus jufqu'à l'extrémité de la queue j dont, par conféquent, la lon- gueur n'eft qu'un huitième de celle de l'animal entier. Le Molure efb d'un roux blanchâtre, & préfente une rangée longitudinale de grandes taches rouiîes bordées de brun -, on voit le long des côtés du corps, d'autres taches qui redemblent plus ou moins à celles de cette ran^ gée longitudinale. Cette Couleuvre fe trouve dans les Indes , 8c fa conformation peut faire préfumer que fes habitudes ont beau- coup de rapports avec celles des Boa» 4 2 2 Uifloire Naturelle LA DOUBLE-RAIE. NoLTS IGNORONS dius qucl pays on trouve cette Couleuvre que nous allons décrire d'après un individu qui fait partie de la colleClron de Sa Majellé, mais comme cet individu a été envoyé au Cabinet du Roi avec un Moiiire, il fe pourroit que la Double-Raie Te trouvât dans les Indes , comme ce dernier Ser- pent. La Double-Raie n'a point de crochets mobiles -, le deiîus de fa tête préfente neuf grandes écailles -, celles que l'on voit lur le dos font unies 8c en lofan.ge : elle a ordinairem.ent deux cent cinq grandes plaques & quatre- vingt-dix-neuf paires de petites. Ses couleurs font très-briiiairtcs , Se elle peut être comptée parmi les Sei*- pens que l'on doit voir avec le plus de plaihr. Deux bandes longitudinales, d'un jaune qui , dans l'animal vivant^ doit approcher de la couleur de l'or, régnent depuis le derrière de ia tcte des Serpens. 425 jiifqu'aïKieiïus de la queue; le fond iur lequel elles s'étendent, eft d'un roux plus ou moins foncé-, & comme cha- que écaille eft bordée de jaune, toute la partie du delîus du corps qui n'eft pas occupée par les deux bandes jaunes, paroît préfenter un très-grand nombre de petites raies longitudinales de la même couleur (^2). (n) L*individu que nous avons décrit avoit deux pieds un pouce de longueur totale, &,fa queue étoit longue de fix pouces lix lignes. 4^4 Hijloire Naturelle LA DOUBLE-TACHE. Les couleurs Je cette Couleuvre font aufîî agréabies que Tes proportions font légères-, le dcilus de Ton corps eft roux -, fur ce fond on voit de petites taches blanches irrégulières, bordées de noir , aiîez éloignées Tune de l'autre, difpo- fées le long du dos -, Se deux taches blanches j plus grandes que les autres, paroifîent derrière la tête. Cette der- nière partie eft un peu conformée, comme dans le Molure-, îefommeten eft garni de neuf grandes écailles-, les mâ- choires ne préfentent pas de crochets mobiles. Se les écailles du dos font unies Se en lofange. L'individu que Jious avens décrit, & qui a été envoyé au Cabinet du Roi avec la Double- Raie & le Molure, a deux cent quatre- vingt- dix-fept grandes plaques , Se {oi- xante-douze paires de petites-, la lon- gueur totale eft d'un pied huit pouces deux lignes. Se celle de la queue, de trois pouces dix lignes. é% Tlmi ./II. PrXT.j,u.;.^ /)'• ..fei'c Je/. • Veuve TarJdt-u J\ 1. LE B0IGA.2.LE FIL . /^^/.//T/'j/y.^. des Serpens. 42 J LE BOIGA (a). ÇuE l'on se représente les coiiîeurs îes plus riches & les plus agréablement variées dont la Nature ait décoré Tes ouvrages, & Ton n'aura peut-être pas une idée exagérée de la beauté du Ser- pent dont nous nous occupons. Le Boiga doit, en effet, par la richeffe de la parure, tenir, dans Ton ordre, le même rang que roifeaii- mouche dans celui des oifeaux : même éclat, même variété de nuances , même réu- nion de reflets agréables dans ces deux (a) Le Boiga. JVf. d'Auhtntoa ^ Encyclopédie méthodique. Coluber Ahatulla. 313» Linn, amphib. Serp. Grou. muf. 2. , p' 61 , A'.° 24. Séba, muf 2, taè- 6^, fig- ^ y tab. ^2 , fg. I. BradL natur. t. g , fig 2. Natrix Ahaetulla. 161, Laumiti , Spécimen Me* dicum. ■ Ahaetulîa. Muf Petiver. Serpens indious, graciîis , viriJis; Ahaetulîa ZeyionenlibuS' Ray Syiip^fs, p. 331. 42 5 Hijloire Naturelle animaux, d'ailleurs (i drfîérens l'un de Tautre. Les couleurs vives des pierre- ries & l'éclat brillant de Tor refplen- diflent fur les écailles du Boiga, ainii que fur les plumes de roifeau-mouche^ & comme ^y en embelliflant ces deux êtres, la Nature avoit voulu donner à Tart un modèle parfait du plus bel aiîortiment de couleurs, les teintes les plus brunes, répandues fur l'un & fur l'autre , au milieu des nuances les plus claires , font ménagées de manière à faire relFortir, par un heureux contrafte, ks couleurs éclatantes dont ils brillent. La tête du Boiga, aiîez groil'e en proportion de fon corps , eft recouverte de neuf grandes écailles difpofées fur quatre rangs. Ces neuf plaques , ainii que les autres écailles qui garnirent le defîus de la tête de ce Serpent , iont d'un bleu foncé & comme foyeux -, wnQ bande blanche qui régnent le long de la mâchoire fupérieure , relève cette efpace azuré, au milieu duquel on voit briller les yeux du Boiga, & qui reiTort d'autant plus , qu'une petite bande noire s'étend entre le bleu & la des Scrpens. 41 y bordure blanche. Tout le deffus du corps jufqu'à l'extrémité de la queue, eft également d'un bleu variant par reflets, & préfentant même à certaines expoiitions, le vert de rémeraudc. Sur ce beau fond de faphir règne une ef- pèce de raie ou de chaînette que l'on croiroit dorée par Tart, Se qui s'étend jufqu'au bout de la queues & non-feu- ment cette efpèce de riche broderie préfente l'éclat métallique de l'or , loif- que l'animal eft encore en vie , mais même lorfqu'il a été confervé pendant long-temps dans refprit-de-vin , on croiroit que les écailles, qui compoTent cette petite chaîne, lont autant de feuilles d'or appliquées fur la peau du Serpent. Tout le defîous du corps & de la tête^ eft d'un blanc argenti», féparé des couleurs bleues du dos par deux autres petites chaînes dorées qur^ de chaque côté, parcourent toute la longueur du corps. Mais l'on n'auroit encore qu'une idée imparfaite de la beauté du Boiga, fî l'on fe repréfentoit uniquement cet azur 3c ce blanc agréablement contraftés 428 Hijioire Naturelle 8z relevés par ces trois broderies dorées ^ il faut fe peindre tous les reflets du deiîus & du defîous du corps , & les différentes teintes de couleur d'argent , de jaune j de rouge 8c de noir , qu'ils produifent. Le bleu Se le blanc , au travers defquels il femble qu'on apperçoit ces teintes merveilleufement fondues , mêlent encore la douceur de leurs nuances' à la vivacité de ces divers reflets , de telle forte que , lorfque le Boiga fe meut , Ton croiroit voir briller au-deffous d'un cryfl:al tranfparent 8c quelquefois bleuâtre, une longue chaîne de diamans, d'omeraudes , de topazes, de faphirs 8c de rubis. Et il eft à remar- quer que c'efl: dans les belles 8c brûlantes campagnes de l'Inde ,011 les cryflraux & les pierres dures préfentent les nuances les plus vives , que la Nature s'eil plue, pour ain^ dire, à réunir ainu fur la robe du Boiga , une image Adèle de ces riches ornemens. Le Boiga efl: un des Serpeas les plus menus , relativement à fa longueur -, à peine les individus de cette efpèce que l'on conferve au Cabinet du Roi , 8c des Scrpens, 429 dont la longueur efl de plus cîe trois pieds, ont-ils quelques lignes de dramètrej leur queue efl: prefque aufli longue que îeur corps. Se va toujours en diminuant, de minière à reprcfenter une aiguille très-déliée, quelquefois cependant un peu aplatie par-deiïïïs , par-dcffous & par les cotés. Les Boiga joignent donc des proportions très-fveltes à la richelFe de leur p.irure -, auiîi leurs moavemens font-ils très-agiles, & peuvent-ils, en le repliant plufieurs fois fur eux-mêmes, s'élancer avec rapidité , s'entortiller aifément autour de divers corps, monter, defcendre , fe fufpendre , & faire briller en un clin-d œil , fur les rameaux des arbres qu'ils habitent, l'azur Se l'or de leurs éc.iiUes lurlantes & U!iies. Ils fe nourrilîent de petits oifeaux qu'ils avalent avec aiTez de facilité , malgré la petiteir^ de leur corps , & par une fuite de la ficulté qi'iis ont d'élargir leur goder ._, ain(i que leur eftomac. D'ailleurs l'on doit préfumer 'qu'ils ne cherchent à dévorer leur proie qu'après l'avoir comprimée , aind que les grands Serpens écralent & compri- 43 9 Tlij^oire Naturelle ' ment la leur. Le Borga fe tient caché ions ies feuiiies pour furprendre les oî féaux -, il ies attire, dit-on, par une efpèce de fifflement qu'il fait entendre , & qui , imitant apparemment certains foHs qui leur font familiers ou agréables, les trompe & les f<îit avancer vers le Serpent qui les attend pour les dévorer. On a même voulu diflinguer^ par îe beau n&m de chant ^ le iifïlem.ent du Boiga {a); mais la forme de fa langue alongée & divifée en deux, ain(j que la conformation des autres orgines qui lui fervent à rendre des fons, ne peuvent produire qu'un vrai fifflement, au lieu de faire entendre une douce mélodie. Le Boiga , non plus que les autres Serpens prétendus chanteurs , ne mérite donc que le nom de iifïleur. Mais fi la Nature n^en a pas fait un des chantres des Ccim.pagnes , il paroît qu'il réunit un inflincl: plus marqué que celui de beaucoup d'autres Serpens, à des mou- vemens plus prompts &: à une parure (a) Voyez la defcription du Cabinet de Séba« des Scrpens, 431 pins marnîhque. Dans i'Iflc de Bornéo, les entans jouent avec kir, on les "voit manier l^ms crainte ce joli Serpent , l'entortiller autour de leur corps , le porter dans leurs mains innocentes, & nous rappeller cet emblème ingénieux imaginé par la rpirituelle Antiquité , cette image touchante de îa candeur & delà confiance, qu'ils reprcfentoient fous la forme d'un enfant fouriant à un Serpent qui le ferroit dans fcs con- tours. Maisj dius cette charmante al- légorie, le Serpent receloit un poifon mortel , au lieu que le Boiga ne rend que des carelles aux jeunes Indiens , & paroît fe plaire beaucoup à êtr^c tourné & retourné par leurs mains délicates. Comme c'efc un fpeccacle affez agréable que de voir , dans les vertes forets , des anim.aux auÏÏI innocens qu'agiles , faire briller les couleurs les plus vives & s^élancer de branche en branche , fans être dangereux ni par leurs morfures ni par leur venin , on doit regretter que l'efpèce du Boiga ait bcfoin , pour fubfifter, d'une chaleur plus forte que 43 2 HiJIoire Naturelle celle de nos contrées , 8c qu'elle ne fe trouve que vers l'équateur , tant dans l'ancien que dans le nouveau con- tinent {a)» (a) Le Boiga a communén'ent cent foixante-fix grandes plaques, & d t vingt ■ huit rangées de petites i tîiiiis ce numbie v?rît- trcs louvent, ainô ^ue dans les autres elpèces de Serpens. ê>y LA SOMBRE. m i^ s i