HARVARD UNIVERSIT Y. LIBRAKRY OF THE MUSEUM 0F COMPARATIVE ZOOLOGY. 1/0 /, / — GIFT OF THEODORE LYMAN OF THE Class of 1855. «4 72. rt SF ENTER ÉD EN » ct LA À BE: ? bd TT LE HIST OIRE ÉÉEEPTTE DES OISEAUX. Tome Dix-feptième. à AE ARRIS; Suivant la copie :#-4.9 DE LIMPRIMERIE ROYALE, M. DCC. LXXX V. ? À or | 5 à L dr &: : x 4 DER à À “ LS 1 % M de à RS ES ë « LEE Ne EN + + Pur eee à : Fi 1 LR y Le \ ? 1 Wa, Tv hi ; we Ë ax) ; ù L # # É > + w Je :çnt 2. x me t + ce à é > j ; É DS FERA Se, £ er » ‘Es © ù à 5% à LEE es à ME ES ER EN y { je 4 + g «A LE ÿ LUS | $ ” # L'REA Er LE TN Fe L f rh EUX CRE. “te 7 AREAS . UT A * 2 d : TL 4 { Lo ‘ Le ! : \ "Cr; , ss, - ‘ PHÉEEIEES < 7 Y FT + à à ES ET) 72% ù + HAN LPE the ce qui cft contenu dans ce Volume. À Le CreNE:. hf es pe: ï 4° OIE .sssvrs... Ce L’Oiesdes terrés Magellaniques. Seconde efpèce, .....1,: 09 L'Oie des Îles Malouines où Falkland. Troifñième. ef- pèce. 5 SITES POSE LOF © | L'Oie de Guinée. Quatrième ef- pèce.., iv rs quais L'Oie. armée. Cinquième ef D rt sr. “112 L'Oie bronyée. Sixième ef. pèce or essosses TT4 L'Oie d'Égypre. Septième ef= Des ee r ee 110 1y EARBRER + L'Oie des Efquimaux. Huitième CPOCUE. EE MR Mb +2 CRT L'Oie rieufe. Neuvième ef PÈRE. . Dre soie +0 be + 2 D L'Oie à crayatte. Dixième ef- Mc. Lo. 122 LE CRAFT, SN L'A'BERN ACTES LES RS L'EÉIDERS ESS Te NN LR CPNARD 3: Se 168 LE CANARD MUSQUÉ.... 237 LE CANARD SIFFLEUR & LE V’INGEONOUGINGEON.. 247 LE SIFFLEUR huppé..... 26$ LE SIFFLEURa becrouge G narines VAE URL à #0 LE SIFFLEUR à bec noir... 268 LE CHIPEAU ou LE R1- CMADENNE, OMR STATS LE SOUCHET ou Le ROUGE. 27$ FABLE y 54 PILET où CANARD à longue Pr 286 LE TADORNE.......+.., 294 LE MIILOUIN.......4.. 310 br Murzou AN. A à ÉDE MP TERODI CL, des TLe LE … fi D LE PETIT MORILLON.... 331 LA MACREUSE. ..... Led. LA DOUBLE MACREUSF.. 347 LA MACREUSE a large bec. 349 LE BEAU CANARD huppé.. 351 LE PETIT CANARD a groffe LA TMENAT ER: CNIL ENS LE CANARD à collier de Terre- | REUVE sens ss esse ss 4 358 Le CANARD brun... ... 361 LE CANARD à tête grife.. 363 LE CANARD a face blanche. 366 y. FABEE Ze Marec G@ 1e MARECA, Canards du Brefil....... 367 LES SARCELLES. ......:. 370 La Sarcelle commune. Première ehpèce. is. 373 La: petite Sarcelle. Seconde el- pèce BU: ai 38% La Sarcelle d'été. Troïlième No mpece.. sise. de 386 La Sarcelle d'Égypte. Quatrième ÉTRRR Lo RL 393 La Sorcelle de Madagafcar. Cin« quième efpèce...... +. 394. La Sarcelle de Coromandel. Sr- xièmue eÎpêce.…. <&f..0 La Sarcelle de Java, Septième NT ner ais 396 La Sarcelle de la Chine. Huitième éfpade : 54, 3,40 ‘5°: AOÏ ABLE #5 LS arcelle foucrourou. Dixième CIPICO LP. 7.401 La S'arcelle foucrourette. Onzième ÉRCE Ter eus - «.. 405 La Sarcelle à queue épineufe, Dou- Hrième tlpèce 3. à... 407 La Sarcelle rouffé à longue queue. Treizième efpèce, ...., 408 La Sarcelle blanche & noire ou la Religieufe. Quatorzième ef- mice nu: Ste iigs: AlO “ La Sarcelle du Mexique. Quin- zième efpèce....+ .. AII La Sarcelle de la Caroline. Seï- »rme Gipnéeé:::7...., 413 La Sarcelle brune & blanche. Dix- feptième efpèce ...... 414 ÆEfpèces qu: ontrapportaux Canards G aux Sarcelles. ....... 416 LES PÉTRELS............429 Le Pétrel cendré. Première ef- pice.…… eee 0 2.90 435 "æ vi RE CD 17 RE: 7 COTE M Le = PA à D ere TABLE Le Pérel blanc & noir où le Damier. Seconde efpèce.… 438 Le Pétrel antarilique où Damier brun. Troifième efpèce... 448 Le Pétrel blanc ou Pétrel de neige. Quatrième efpèce.…. . .. . 451 Le Pétrel bleu. V.f* efpèce.. 454 Le très-grand Pétrel, Quebran- tahue(fos des Efpagnols Sixième FT RE 458 Le Pétrel-puffin. Septième ef- DèGE 3 te «ce Le Fulmar ou Pétrel-puffin gris : blanc de lile Saint Kilda: Huitième efpèce...... 407 Le Pétrel-puffin brun. Neuvième CID. car ir co 468 L'Oifeau de tempête. Drixième tip FINS de a eir n400 Par M. DE BurFon, HISTOIRE HISTO IRE NATURELLE. SODOMIE LEA CYGNE.(a) : + PAR TOUTE SOCIÉTÉ, foit des animaux, foit des hommes, la vrolsnse tft des ty- rans, l1 douce autorité fait les Ro:ïs : le Hion & le tigre fur la terre, l'aigle & le # Voyeyles planches enluminées, ».° 013. a) En Grec, « uuxvos, todv6,; en Tatin, vlorseh Arabe, baskak cinnana. Nota, M. Brilion, dans fes TT inations du cygne, dit, en Hébret , uniches net, fuivant Aldrovarde ; or Aléroyance com Cnce Oijeaux. Tone À V’IL À En, MS se ee og RAR CENTRE CSS RS NOR NT 7 SRE #4 LINE TE A A Au à START ONU S A de DNS rt 4 | @.….sHifloire] Naturelle... vautour dans les airs, ne règnent que la guerre, ne dominent que par l'a: bus de la force & par la cruauté : au lieu que le cygne règne fur les eaux à tous les titres qui fondent un empire de paix, la grandeur, la majefté, la douceur; avec | 3 $ | < : à, * ù CES 7 > LE a + A1 fon premier a cygne :par dire tout Île contraire ; l’Hébreu , Mo tient: #’a aucun mot qui défigne proprement clairement le cygne. Saint Jérome traduit snfchemet, cygnus. Les Septantes traduilent racha, cygnus , & en même temps ran- gent le racha parmi Îles oïfeaux immondes, ce qui prouve que ce n’eft pointie cygne. Sanétes Pagnin trouve le cygne dans faueta; & Rabbi Kimki, commentänt ce mot; qu’il prononce /oeiha , aflure que c’eft une. chauve-fouris. — En Italien, cino, cygro ; à Venife, cefano; dans le Ferrarois, cifaro; en Efpagnol, cifne; en Catalan, fige; en Alle- mand, /é/van; en Saxe & en Suifle, oelb, elofch, elbish, que Frifch fait dériver d'abus ; en Amgloïs, fiwan,, le ‘petit cygnet, le privé tamefwan , Île, fau- vase wild-fwan, elk, &, felon quelques - uns, hnoper; en Suédois, fivan; en Hiyrien, labut;ten Polonois; labec ; aux Philippines & fpécialement à lle de Luçon, tagac. Cyne, Cygne. Belon, Nat. pag. 151, & Por- traits d'Oifeaux, pag. 30, a. — Cygnus , Gefner, Avi. pag. 371.—Jonfton, Avi. pag. 90.— Char- Jeton, Exercir. pag. 103, n.° 10. Onomazt. p: 979 h.° 10. — Mul, Worm. pag. 299. — Profp. Alpin. ds: nes NE | des PER » des forces, du courat ge & volonté de n'en pas abufer, & de ne les employer que pour ka FT ANT : 4 fait combattre & vaincre, fans jamais atta- quer ; Rot païñble ra oïfeaux d’eau, brave les tyrans de l'air :1l attend l'aigle Æ ypt. vol !T ; | pag. do: — Cygnus » cycnas , OÙ0r 5 Seiner , {con. Avi. pag. 81. —Rzaczynski, Hifé Nat. Polon. pag. 275. AuËuar, pag. 377. — Cycnus, Aldrov. Avi. tom. Ill, pag. 1. — Or, Schwen- CRC , Avi. Silefpas. 310. — Anfer cyorus , Klein, Avi. pag. 128, n. 1. — Cygnus fzrus, Wiälughby, Oriris pag. 272 “RAY, Sÿnopf. Avi, pas. 136. n° 4, 2.—=8ibbald. Scor. uflr.-pag. 2, ib. rat, pags Dr. Charlèton, Exercif, pag. 103, n° 10. Onomaxr. pag. 07 15 n° 10. — Miarïol, Danub. ioime V, pag. 98. — Cÿonus man fes Willughby E age 277. Ray, pêge 136, na, 1. — Sibbald. a füpra. — Marfigl: ubi füpra — Anfèr candidus » pedius ; nEQTIS offro luteo , cervice longiori, Barrère. Qrnithol. caf. 1 > Gen. 2; Sp. 5. De Anfes ro/ro femi- cylindrico ; cerärflava; corpore albo, Linnæus, Xauna: c. 2.9 83. Idem, Syf.. Nar. ed. X, Gen: 6, D. 1 — Cyphus { fetus }, Ibid. verf. 1. one MATE Puis LT fchswan, Frifch, rome IF, pi. 152. SE faivase, Edwards, FHhf?. pag. € pl. 150 + Cygne, Albin, tome III, pl. 96.—Leseyene Privé, Salerne, Crnithol. p49.. 404. — Le cygne lauvage ; idem , ibid. page 405. — Anfèr in toio cor- pare albus ; tuberculo in exortu roffti -carnofo nigro; À 1j FA nn _ La «, Cr : 7 J à 24 w À ee din 7% 2 + FX LH 1 en, . p L ve “ à Hi oire Naturelle ufle fes aflauts, en oppofant à: fes armes la réliftance de fes plumes, & les s'le provoquer, fans le craindre; il > ‘à “ NE coups précipités d’une aïle vigoureufe qui lui fert d'égide/ b), & Luventis VIC- toire couronne fes eforts / c.) Au refte, 1l n'a que ce fier ennemi, tous les oïfeaux de guerre le refpectent, & il eft en paix avec toute la Nature ( d ); 1l vit en ami plutot qu'en Rotau milieu des nom- breufes peuplades des orfeaux aquatiques, qui toutes femblent fe ranger fous fa Lot ; remigibus retricibufque candidis, Cygnus , le cygne, Briflon, Ornithol. tom. VI, pag. 288.— Anfer in toto corpore albus ; roftro in exortu luteo ; remigibus reëtri- cibufque candidis, Cygnus ferus, le cygne fauvage. Idem, ibid. pag. 292. (b) Vim fummam in alis habet. "Schwenckfeld, — Scaliger autor lefl [ Exercit. 231, n° 17), fi cigni alà pulfètur aquila, de hac aftum effé. Aldrovande."*? (c) Pugnat cum aquilà vultur, item olor ; € fuperat: olor fæpè. Ariftot. Hifl. animal. ib. IX, cap. 2. — Aquilam invadentem , olores repugnando vincunt ; ipf numquam laceffunt. Idem , ibid. cap. 16. — Oppien dit fa même chofe. (d) Zlic innocui , latè pafcuntur olores, Ovid, Amer, 2, eles. 6. 17 A -- du Cygne. ; iPn'eft que le chef, le premier habi- tant d’üne république tranquille ( e ); où les citoyens n'ont rien à cramdre d'un maître qui ne demande qu'autant qu'il leur accorde, & ne veut que calme & liberté. : | Les grâces de la figure, la beauté de la forme répondent, dans le cygne, à Ia douceur du naturel; ïl plait à tous les yeux, 1 décore, embellit tous les lieux qu'il fréquente ; on l'aime , on Fapplaudit, on ladmire ( f ); nulle efpèce ne le mér {e) Les Anciens croyoient que Îe cigne épargnoit , non-feuiement les oïfeaux, mais même les-poiflons ; ce qu'Héfiode indique , dans fon bouclier d’Hercule, en repréfentant des poiflons nageant tranquillement à côté du cygne. {(f) L’iiérêt, dit M. Baïllon, qui a déterminé l’homme à dompter les animaux, & à apprivoifer des oïfeaux, n’a eu aucune part à fa domefticité du cygne, Sa beauté & lélésance de fa forme, Pont engagé à Papprocher de fon habitation, uni- quement pour lorner. Il a eu, dans tous Îes temps, plus d’écards pour lui que pour les autres. êtres dont il s’eft rendu maître ; il ne Va pas tenu captif ; il Va deftiné à décorer Îles eaux de fes. jardins, & l’a laiflé y jouir de toutes les douceurs de Ja liberté. . . . L’abondance & Îe choix de la À ti @ Hifloire Naturelle rite mieux; La Natureren effet n'a ré: pandu fur aucune autant de ces grâces nobles & douces, qui. nous. rappellent l'idée de fes plus charmans ouvrages : coupe de corps élégante, formes arron- dies, gracieux contours ( g ), blancheur éclatante & pure { 4 ), mouvemens fle- xbles & rellentis, attitudes tantot ant- mecs, tantot laiflées dans un mol. aban- don; tout dans le cygne. refpire la,.vo- & VTT PE PT nourriture ont augmenté le volume du corps du cygne privé; mais {a forme n’en a perdu rien-de: fon élégance ; il a confervé les mêmes grâces & Ia: même fouplefle dans: tous fes mouvemens; fon! port majefiueux eft toujours admiré ; je doute même que tous ces agrémens foient aufff étendus: dans le Lurvage: Note communiquée par Mi. Baillon , Confeillier du koi, fon Bailli de Waben , à Montreuil: fur-mer, que nous avonseu, 7 que nous, aurons encore péufieurs fois occalion de citer.. | | (g) Molior © cybni plumis galatea. Ovid. Métan: 13. " $ (4) Blanc comme un cygne. Ce proverbe eft de toutes Îes nations ; les Grecs l’avoient , æiavs mon Tepos , Suidis. — Galatea , candidior cyenis, dit Vire gile. — Dans la langue des Syriens ,.Îe nom, dy blanc & le nom du cygne étoïent le même, Guilems Paffregtus. Lio, de OrIS _TETHIM PR CPE ven + | lupté ; l'enchantement que.nous font éprouver les grâces & la beaute, tout - nous l'annonce , tout le peint comme l'or- féeau de Famour //4), tout juftifie la fpi- PEL d . ; : 7 | . ; à 5 4 - fituelle & riante mythologie , d'avoir donné ce charmant oïfeau pour père, à la plus belle des mortelles / 4)... À fanoble aifance, à la facilité, la berté de {es mouvemens fur l'eau, on dort iereconnoître, non-feulement comme lé premier des navigateurs aïlés, mais comine de plus beau modele que la Na- ture nous ait offert pour l'art de la na- Vigation { / ). Son cou élevé & fa poi- . (1) Horace attelle. des cygnes au char de Vénus: que Guidon | F Fulgerte fque tenes Cycladas, & Paphon , Junëtis vifit oloribus. Carm. Kb. 155. (k) Hélène , née de Leda & d’un cygne, dont, fuivant Pantiquité, Jupiter avoit pris fa figure :. Euripide, pour pendre la beauté d’Hélène, en faïfant en même temps allufion à fa naiflance, la déiigne. Oref?. ot: Tr; par Pépithète Guua HUxXIOT le. PSY, formé cygne. | | (!) Nulle figure plus fréquente fur les Navires des Anciens, que la figure du cygne ; eHe'paroif- foit à la proue, & les Nautoniers en tiroient un augure favorahle. À 1v KR > Le: 1 x: # Ls v ul 8 Hifloire Naturelle 1 trine relevée & arrondie, femblent, en : effet , figurer la proue du Navire fendant . londe, fon large eftomac en repréfente . a carène ; fon corps penché en avant « pour cing ler, fe redrefle à l'arrière & fe « relève en poupe ; la queue eftun vraïgou- 4 vernail; les pieds font de larges rames, . & fes grandesaïles demi - ouvértesau vent K & doucement enflées, font les voiles qui M pouffent le vaifleau vivant, navne & pr M lote à-la- fois. ; if Fier de fa noblefle, jaloux de fa beauté, M le cygne femble faire parade de tous fes M avantages; 1l a l'air de chercher à re- cueillir des fuffrages, à captiver les re- gards , & ïl les captive en effet, foitque vogant en troupe, on voie de loin, au milieu des grandes eaux, cingler la flotte jaïlée; foit que s’en détachant & s'appro- chant du rivage aux fignaux qui lappel- lent { #1), il vienne fe faire admirer de {m) Le cygne nage avec beaucoup de grâce & rapidement quand il veut ; il vient à ceux qui Pappellent. Salerne, page 405. Nota. M. Salerne dit au même endroit que, quand on veut fare venir Île cygne à foi, on lappelle godard. — Sui- Ce Cygne. A 9 plus près en étalant fes beautés; & dé veloppant fes grâces par mille mouvemens doux , ondulans & fuaves //# ). | . Aux avantages de la Nature , le cyone réunit ceux de la libertés il n 'eft pas du nombre de ces efclaves que nous puif- fions contraindre ou renfermer (0 ) ; Hibre fur nos eaux, il n'y féjourne, ne s'établit qu'en y jouiflant d'afiez d'imdépen- dance pour exclure tout fentiment de fervitude & de Spa C p}; il veut vant M. Frifch, on Jui diras en Sent, le nom de frank, FE ’approche à ce nom. (n) AfpeËu in navigando venuflus; quippè pulchri- tudine [ua contémplantes remoratnr. Aldrovande. (o) Le cygne renfermé-dans une cour eft tou- jours trifte ; le oravier lui bleffe les pieds, ïl fait tous fes éHôrt pour fuir & Senvoler, & il part en effet, fi lon n’a pas Pattention de lui couper les aïles à chaque mue ; j’en ai vu un, dit M. Baïlon, qui a vécu af pendant trois ans ; il étoit inquiet ou fombre, toujours maigre & Hencieux , au point qu ’on n’a jamais entendu fa oix; on le nourrifloit néanmoins larvcement de pain, de fon, d’avoine , d’écrevifles & de poif- fons ; s’eft envolé quand on a ceflé de rogner fes aïles. (P). Le cygne privé aime ja a Hiberté, & ne pent point être renfermé. Sa/erne, À v L'Œlshen * Ve sh 2 | << LS" ES. À nr. DUT 7. er 0 de LEUR À ; : x À % | SORA Te Te : 74 = wi 4 NES" FR | Hi TA Natirelle à fon’ ré: parcourir. les eaux dé arquer au rivage, s'éloigner au large ou venir longeant la rive:, s'abriter fous.les bords fe cacher dansiles j joncs ; s'enfoncer dans les: anfes les plus: écartées |, puis quit- 4 tant @ folitude, revénir 2 la fociété;r8cill jouit du plaïir qu'il paroït prendre r &1W goûter -em s'approchant de lhomme:;,l# pouryu qu'il trouve cn nous fes hotes ah fes amis, & non {es maîtres & {es tyrans4 à _:: Chez nos: ancêtres, trop fimples owk trop fges, pour remplir leurs jardins des M beautés froides de MAPS «CTP place des: 1 beautés vives dé Natüre , les cygheéshl étoient en pofteffion de faire lornement } | de toutes les pièces d'eau [y ); 1s ani moient , égatoient les triftes foflés des cha-# teaux fr 1 » is décorotent la RIIPAEÉ des! L. {g) Ce goût n’avoit pas été Inconnu des Ans ciens; quam finunis Jumptibus, Gelo tyranius ; Agri-ti genti fruxerat piftinam cyguis FREINS à entquétasil cummemorat. Aldrovande.. | Cr} Olim in-Gallià, Analià , Belgio, , apud magnates: in aquis perennibus enutriti ; tangtam “Riu n0DiU fhinartss | genus , fhecie fuà ejufinodi loca magnifica_ fammopere: * gdornantium.. Aldrovande. Fi 4 à du Gyanes é 4 rivières ({s ), & même Le de la capi- file ([), & lon vit lun des plus fn- fibles & des plus aïimables de nos Princes, mettre au nombre de fes plaïfirs,. celut dé peupler de ces beaux_oïfeaux, Îes baf- fins de fes maifons royales (rt): on peut encore jouir aujourd'hui du mène { IPÈGE tacle fur les belles eaux de Chantil! , Où les cygnes font un des ornemens pe ce lièu vraiment délicieux , dans lequel tout refpire le noble goût fe, Le cygne nage fi vite, qu'un.homme marchant. rapidement au rivage, a grande peine à le faivre. Ce que dit Ale: Ft ,qu il nage bien, marche mal & yole médiocre= fs) Suivant Volaiterran ; on n’en nourrifloit _ pas moms de quatre mille fur la Tamife. . Voyez Votaterr. Geopr. * ([) Témoïn le nom ce lie aux Cgnes . donné encore à ce terrein qu'embrafloit {a Seine au- deflous des Invalides. — On voyoit autrefois la Seine ouverte de cygnes , principalement au-deffous de Pariss Salerne. Êe} Innumeros in agro Engolifinenfi , Francifé F eperä in fonte tenario » educatos » Bruierinus tellis eff, . Jonfton. À ÿi F 12 Hifioire Naturelle ment , ne doit s'entendre, quant au vol; | que du cygne abatardi par une domefticité : forcée, car, libre fur nos eaux & fur- : tout fauage , Ha le vol très-haut & très - puiflant 5 ; Héfiode lui donne Fépt thète d’alrivolans (4 2 Homere le range . avec les oïfeaux grands Voyageurs, les grues & les oïes / x ); & Plutarque attri- Bue à deux cygnes, ce que Pindare feint des deux aigles que Jupiter fit partir des deux côtés oppolés du monde , pour en marquer le milieu au pomt où te ren-. contrèrent (y . | _ Lecygne, fupérieur en tout à loie, qui ne vit guère que d'herbages & de graines, fait fe procurer une nourriture plus dé- licate & moins commune / 7 ); il rule (u) Aepsimoras, Scut. Herc. (x) Had. B. . (y) Plutarque , au Traité, pourquot les Oracles ont ceffé. (2) Le cygne vit de graines & de poiflonss fur- tout d’anguilles ; 1 avale auffi des grenouilles, des fangfues , des fimaçons d’eau & ’de Pherbe : ST É digère auffi promptement que le canard, & mange confidérablement. M. Bailion. “Hd Cyene, : ‘#3 fans cefle pour attraper & faïfir du poif- _ fon; d prend mille attitudes différentes pour le fuccès de fa pêche, & tire tout l'avantage poflible de fon adrefie & de fa grande force ; ïl fait éviter fes ennemis ou leur réfifter ; un vieux cygne ne craint pas dans l’eau le chien le plus fort ; fon coup d'arle pourroit cafler la jambe d'un homme, tant il eft prompt & violent; enfin il pa- roit que le cygne ne redoute aucune em- büche , aucun ennemi, parce qu'il a autant de courage que d'adrefle & de force ({ a ). Les cygnes fauvages volent en grandes ( a ) Le cygne, m’écrit le même Gbfervateur , rufe fans cefle pour faïfir les poiffons, qui font fa nourriture de préférence. . .. . Il fait éviter les coups que fes ennemis peuvent lui porter. Si un ojfeau de proie menace les petits, le père & fa mère les défendent avec intrépidité ; ïäls les ran- gent autour d'eux , & l’oifeau raviffeur n’ofe plus _ approcher; fi quelques chiens veulent les affaïllir, ils vont au-devant & les attaquent; au refte, le cygne plonge & fuit, fi la force de fon ennemi -eft fupérieure à Îa réfiftance qu’il peut lui oppoñer ; néanmoins ce n’eft guère que dans lobfcurité de la nuit & pendant le fommeil ,: que les cygnes font quelquefois furpris par les renards & les loups. 14 H ifloire N. SR troupes, & de même les eygnes domef- tiques, marchent & nagent attroupés 3. . teur inftinct focal eft en tout très-forte- ment marqué ( b ). Cet inftnct, le plus doux de la Nature , fuppofe des mœurs innocentes, des habitudes. païhbles ,» &ce naturel délicat & fenfible, qui femble don- ner aux actions produites par ce fenti- ent, Fintention & le prix des qualités 4 (ec .}. Le cygne a de plus, lavan- tage de jouir jufqu'à un âge extrêmement avancé , de fa belle & douce exrftence ( d}; 4 tous les Oblervateurs s'accordent à lur 4 donner une très longue VIe ; quelques- 4 uns même en ont porte la durée jufqu'à trois cens ans : ce qui fans doute eft fort ( 3 ) Gregales Aves sir grus,.olor.. Ariftot. 46. r'11r EfPa L2, Fe) née naturâ mites € pacati. “aus — Nec: probitate DÉS , MOTUNL, prols, fenetturis vacant. Ariftot. — Mirabili vite probitate & innocentià el, « morefque ejus mites admodum placidique. Barthelin. {d) Et fène&tà profper. Ariftot. — Quod ad fenec- tutem facile perveniat,.eamque commod? ferat, teflis Arifloteles. Vuled trecentifimum annum attingefe cr L ditur , quod mili verifimile. non efl. Aldroyande.. | Sd Gym qu F$ erngérés “AIS Wileghby ayant vu une: OI ;pañ preuve certaine , avoit vécit cent ans, n'héfite pas à hobélare déréee exemple; que la vie du cygne peut & doit être Dhs longue , tant parce qu'il eft plus grand, que parce qu'il faut plus dé temps pour fire éclore fes œufs : Fineu- batron/dans Iesorfeaux répondantau temps: de la geftation dans les animaux, &'ayant peut -Ctre quelque rapport au temps de faccrotilement du corps, auquel eft pro- prions landuürée de: 14! vie : “or le eygne'eft plus de’ deux ans à croître, & ceft beaucoup, car, dans les oïfeaux, le- développement entier du corps, elt bien plus prompt que dans les animaux qua- drupèdes. La femelle du cygne couve PAT 2 fix femaines au moins ( € ); elle com- mence à pondre au mois de février : elle met, comme Voie, ün. jour d'inter- Valle entre la ponte de chaque œuf; elle en n produit de cmg à hurt, & comm: né fé] Willughby. r6 Hifloire Naturelle ment fix ou fept (f); ces œufs font blancs & oblongs , ils ont la coque épaïfle & font d'une grofieur confdéra- ble; le nid eft placé, tantot fur un lit d'herbes sèches au rivage { g ), tantot fur un tas de rofeaux abattus, entaflés & même flottans fur l'eau 4). Le cou- ple amoureux fe prodigue les plus douces carefles, & femble chercher dans Île plarir, les nuances de la volupté ; ils y préludent en entrelaçant leurs cous; 1ls refpirent ainf livrefle d’un long embraf- {ement /‘i); ils fe communiquent le feu (f) Ova quinque vel fex parit. Wiughby. Cum domeflicus ef? feptem ut plurimum ova parit. Schwen- ckfefd. M. Salerne dit : « fa ponte eft de deux ou trois œufs, quelquefois il en fait jufqu’à fix. » (sg) Schwenckfeld. (4) Frifch. | (4) Tempore libidinis blandientes inter fe mas & fœmina , altermatim capita cum fuis collis infleétunt, velut amplexandi gratiâ ; nec mora, ubt coierint, mas confèius lefam à fe fœmiuam fugit ; illa zmpatiens fugientem infequitur. INec diutina noxa quin reconcilien- tur ; fœmina tandem maris perfecutionereh&tà , pof! coëtum frequenti caude motu & roftri, aquis fe mergens , puri- fiat. Jonfton, À 2 7 du Cygne. 17 qui les embrafe, & lorfqu'enfin le mâle s'eft pleinement fatisfait, la femelle brüle encore; elle le fuit, lexcite, lenflamme de nouveau, & finit par lé quitter à regret pour aller étemdre le refte de fes feux en fe lavant dans Peau [ 4). Les fruits d'amour fi vives font ten- _drement chéris & foïgnés ; la mere re- cueïlle nuit & jour fes petits fous fes aïles, & le pere fe préfente avec intré- pidité pour les défendre contre tout aflatljant (2); fon courage dans ces mo- mens neft comparable qu'à la füreur , avec laqueile 11 combat un rival qui vient le troubler dans la pofieflion de ERREUR SR PTE SAR (k) D'où vient Popinion de fa prétendue pu- deur, qui, felon Albert, eft telle qu’elle ne vou droit pas manger après ces momens avant que de s'être lavée. Le docteur Bartholin, enchérïffant encore fur cette idée de la pudicité du cygne, aflure que, cherchant à éteindre fes feux, ïl mange des orties, recette qui feroït apparemment auffi bonne pour un docteur que pour un cvone. (1) M. Morin. Différtation fur le chant du cygne, dans les Mémoires de Académie des Infcriptions, tome W, page 214. — Pullos mirè amant & pre us ccriter dimicant, AÎbert, 18 Hifloire Naturelle fa bien-aimée ; dans ces deux circon£- tances, oubliant fa douceur, il devient ficoce8: fe bat avec achametent (m), fouvent un jour entier ne fufät pas pour vider leur duei opiniitre ; le com- bat commence à grands coups d'aïles, {m) La Charente a fon commencement & fources de deux fontaïness l’une nommée cka- rannat , & l’autre ladmirable abyme Louvre , Jef- quelles , rangées & aflociées en un, donnent être & nom à la belie Charente; or {ont-elles on vrai repaire & retraite d’un nombre de cygnes. quaii inhni, qui eft bien l’oifeau fe plus noble, le plus aimable & le plus familier de tous autres pbs de rivières; if eft vrai qu'il ef Feux & fi faut dire colère quand il eft Irrité ; ce qu a été vu en une mañfon joignant ladite louvre : deux cygnes s'étant attaqués l’un à l’autre en telle furie, qu’ils combattirent jufqu'’à l’extrémité de la vie; quoi voyant, quatre autres de leurs compagnons fou-- dain y accoururent , &, comme fi ce fufflent per- fonnes, tâcherent à les féparer & les réduire em concorde & mutuel amour; en bonne-foi, méri- tant mieux le nom de prodice, que nom qu’on lui fut donner. Mais, fi on leur démontre pareille douceur qu’eft Ka leur naturelle , & qu’on les amadoue & applaudife un peu, Lors ils fe mon- rent doux & paifbles, & prennent plaïir à voir la face de lPhomme. Cofinographie du Levant ; pan André Theret; Lyon, 1554, pages 189 & 199. tés étismciiieint > font de Cygne: sn continue Corps-à-corps, & finit ordi- naïrement par la mort d'un des deux; car ls cherchent réciproquement à . Sétoufler en fe ferrant le cou & fe te- _pant par force la tète plongée dans leau /n); ce font vratfemblablement ces combats qui ont fait croire aux Ân- ciens, que Îles cygnes {e dévoroiïent les uns des autres / o ) ; rien neft. moms vrai, mais feulement icr, comme arlleurs, les paflions furieufes namient de la paf- {n) Nous certifions tous ces faits, comme: témoins oculaires. M. Morin, à l'endroit cité. . (fo) Arifiot. lib. 1x, cap. 1. Ælien étoit encore. plus mal informé , lorfqu’il dit que le cygne tue quelquefois fes petits. Au refte, ces faufles idées. tenoient peut-être moins à des faits d’'Hiftoire Naturelle, qu’à des traditions mythologiques : en effet | tous les Cycnus de a fable furent de fort méchans perfonnages; Cyeuus, fils de Mars, fut tué par “Hercule ; parce “qu’il étroit voleur de. mobs chemin ; Cyrous, fils de Neptune, avoit poignardé Phñomène fa mère , 1 fut tué par Achille : enfin le beau Cycrus, ami de Phaëton, & fils d’Arollon comme lui, étoit mhumain & guet 4 LL 20 Hifloire Naturelle _fion la plus douce, & c’eft l'amour qui enfante la guerre / P). En tout autre temps ils n'ont que -des habitudes de paix, tous leurs fenti- mens font diétés par l'amour ; aufli propres que voluptueux , ils font toilette aflique chaque jour; on les voit arranger leur plumage, le nettoyer , le luftrer & pren- dre de l'eau. dans leur bec pour la ré- pandre fur le dos, furdes aïles, avec un foin qui fuppofe Le defir de plaïte, & ne peut être payé que par le plifir d'être aimé. Le feul temps où la femelle néglise fa toilette, eft celur de la couvée ; les foins maternels l’occupent alors toute entière, & à peine donne - t - elle quelques inftans aux befoins de la nature & à fa {ubfñftance. Les petits naïflent fort laids & feule- ment couverts d’un duvet gris OU jau- _nâtre, comme les oïfons; leurs plumes ne pouflent que quelques femaines après, (p) M. Frich prétend que ce font les plus vieux -cygnes qui font les plus méchans & qui troublent les plus jeunes, & que, pour aflurer Ia tran- quillité des couvées, il faut diminuer le nombre de ces vieux mâles. . du Cygne. 21 & font encore de la même couleür; ce ‘vilain plumage change à la première mue, au mois de feptembre; 1ls prennent alors beaucoup de plumes blanches, d’autres plus blondes que griles, fur-tout à la poitrine & fur le dos; ce plumage cha- maré tombe à la feconde mue, & ce n’eft qu'à dix-huit mois & même à deux ans d'âge, que ces oïfeaux ont pris leur belle robe d'un blanc pur & fans tache, ce n'eft auffi que dans ce temps qu'ils font en état de produire. Les jeunes cygnes fuivent leur mère pendant le prenuer été, maisils font forcés dela quitter au mois de novembre; les mâles adultes les chaflent, pour être plus libres auprès des femelles; ces jeunes- oïfeaux, tous exilés de leur famille , fe raflemblent par la néceflité de leur fort commun ; ils fe réuniflent en troupes & ne fe quittent plus que pour s'apparier Ge former eux-mêmes de nouvelles fa- milles. LA | Comme le cygne mange aflez fouvent des herbes de marécages, & principa- lement de lalgue, il s'établit de préfé- rence fur les rivières d'un cours finueux | 22 Hifloire Naturelle & tranquille ; dont les rives. font bieñ fournies d'herbages : les Anciens ont 1 cité le Méandre ( 5 le Mincio: (rs de Strymon ([) 1e Cayftre (tr), fleuves fameux par la multitude des Cygnes dont on les veit couverts { v ); l'ile chérie de Vésus, Paphos , en étoit remplie { & ,} Strabon parles des SC) pue d Erpran (x cs F “ed ) y »yez Théocrit. Ed. + Sr (r) Et qualem infelix eimifit Marta un à paftentem niveos herbof ; flumine cygnos. Virgïil. Geore. D. — Mincins uigenti 9 y cn0s habet undà natantes. | Bap : ë 55 Mantuan. :‘[f} Encore aujoûre Phi Pon: voit PT le Stry= mon -orande quantité de cygnes. Belon , Obferv. PO: 55: a +). Homère parle is cygnes à CR, Hd. . Properce Vappelie X fleuve aux cygnes; © qud eyeriéi vifenda ef} ora Ca) frs. Eleg. 0. Voyez auf Ovid: Métam. 2, 5: (»9 faut y: joindre le PÔ.-.. Amne Padufe, Dant Soméurr rauci- per fre loyuacia Cygnis Virs. Œneid. XI, cnsesesdens es Eridant Tipas, diffugiens nudavit olor. Sil, ie lib. XIVe Krs : ) Scolnaft. in Lycophr. : x) Geogr.: db. 11z. Les Cys yane. 23 &, fuivant Eh Ton en voit de temps- _en- - temps paroître far la mer d'Afrique (4 23 d'où lon peut juger, amf que par d'autré$ indications Ê 2 que l'e£ pèce fe porte jufques dans les régions du Midi ; néanmoins, celles du Nord fem- blent être la vraie patrie du cygne, & #on domicile de choix, puifque cel dins es contrées feptentrionales qu'il niche & multiplie. Dans nos provinces, nous n€ voyons guère de cygnes fauvages qué dans les hivers les plus rigoureux / a ) ):Gelner 4) Hi. CR Ub, x, cap. x - [X) Suivant Fr. Cämel, le cygne fe trouve à Éuçon, où on fe nomme savac { Tran faët. philofoph. muib. 285 ) ; maïs cet auteur ne nous dit pas fi c’eft la race du cygne privé tranfporté , ou l’ef- pèce naturelle & “fauvase, qui fe trouve dans cette capitale des Philippines. . {a) Obfervations de Ms Lottinger, de Quer- oënt » de Piolenc. — Dans les forts hivers i en vient fur le Eôttet. Salerne, page 406. —"En 1709, ‘lesicygnes chañés du Nord par l'excès du froid, parurent en quantité fur Les côtes de ! Bretagne & Ge Normandie. Frifch. —Les grands froids & es tempêtes de cet hiver ont amené fur la côte Beaucoup d’oifeaux de mer, & entr'autres beau- coup de cygnes. Lettre datée de Montaudouin , le 20. Mars 1776. | LS si Hifloire Naturelle dit qu'en Suifle, on s'attend à un rude & iong hiver, quand on voit arriver beau- coup de cygnes fur les lacs. C'eft dans cette même farfon rigoureufe, qu'ils paroïffent fur les côtes de France, d'Angleterre & fur la Tamife, où il eft défendu de les tuer, fous peine d’une grofle amende (à }; plufeurs de nos cygnes domeftiques par- tent alors avec les fauvages, fi l'on n'a pas pris la précaution débarber les grandes plumes de leurs arles. _ Néanmoins quelques - uns nichent & paflent l'été dans les parties feptentrio- nales de l'Allemagne, dans la Prufle /c) & la Pologne /d); &, en fuivant à-peu- près cette latitude, on Îes trouve fur les fleuves près d'Azof & vers Aftra- (ë) British. Zoolos. (e) In receut: habo Pruffie greges numero[æ confident. Klein. — Jn Lacufhibus ducatus legnicenfts nidificant. Schwenckfeld, page 310. (d) Comme le témoigne Rzaezynski de plu- fieurs lacs de Poméranie , de Volhimie & de Pologne , vers la Baitique. Au@uar, 377. can | Mo Oyene NT 2ÿ can ( e),en Sibérie , chez les Jakutes/f), à Séléginskoi (g), & jufqu'au Kamtfchatka _ (h); dans cette même faïfon des nichées, on.les voit en très-grand nombre fur les rivières & les lacs de la Lapponte(i); _älss’y nourriflent d'œufs & de cryfalides d'une efpèce de moucheron (£); dont fouvent la, furface de ces lacs eft cou- verte. Les Lappons les voient arriver | au printemps du côté de la mer d'A _ lemagne ( / ) : une partie s'arrête en (e) Guldenftaed, Difcours fur les produétions de la Ruffe ; Petersbourg, 1776, page 22. (f) Gmelin, dans l’Hiftoire générale des Voya- ges, tome XVIII, page 300. - (g) Idem. Voyage en Sibérie, tome T, page 208. (h) Le cygne eft fi commun à Kamtfchatka, tant ‘dans Phiver que dans lété, qu’il n’y a per fonne qui n’en mange; dans le temps qu’il mue, on le chaîle avec des chiens & on l’affomme avec des maflues; en hiver on le prend fur les rivières. Rrceoinhos: Hifioire du Kamtfthatka , tome LI, page 56. (4) Faun. Suec. (&) Nommé par Linnæus, cuex pipiens, ({Z) Obfervation de Samuel Rheen, Pafteur à Pitha , en Lapponie ; dans Klein, De Avib. errat, page 172. Oifeaux, Tome X F IT, B P -1-4 " 26 Hifloire Naturelle Suède , & fur - tout en Scanie {m): Horrebows prétend qu'ils reftent toute. Fannée en Iflande, & qu'ils habitent la : mer lorfque les eaux douces font gla- : cées (nm); mais, s'il en demeure en effet : quelques-uns , le nombre fuit la lot com- mune de migration, & fuit un hiver que farrivée des glaces du Groënland rend encore plus rigoureux en Iflande qu'en Éapponre. | Ces oïfeaux fe font trouvés en aufi grande quantité dans les parties fepten- trionales de l'Amérique, que dans celles de Europe. Îls peuplent la baie d'Hud- fon, d'où vient le nom de cary-swan’s- On: ÿ- {(m) Limnæus, Fauna Suecica. (n) H ajoute que, «pendant la mue, les cygnes 5 s’avancent dans les terres, & cherchent, en » troupes, les eaux qui font dans les montagnes ; °> c’eft alors que les habitans les pourfuivent & # les attrapent, ou qu’ils les tuent facilement, | > parce qu'ils ne peuvent voler. Leur chair eff ! » bonne, fur-tout {a poitrine des jeunes, qui fait >» un mets délicat; leurs plumes & principalement »» leur duvet, font un article intérefflant du com- merce. » Relation authenitque de l'Iflande , tirée des À Memoires de M. Horrebows. Journal étranger ; avr 1750: FES de C yene. 27 neft, que lon peut traduire porte - nid de cygne ; impolé par le capitaine Button, à cette longue pointe de terre “qui s'avance du nord dans la baïe. Ellis | a trouvé des cygnes jufques fur lle de Marbre , quin'eft qu'un amas de rochers bouleverfés, à l'entour de quelques petits lacs d'eau douce (0 ) ; ces oïfeaux font de mème très nombreux au Canada (p}),' d'où 1l paroït qu'ils vont hiverner en Virginie (g) & à la Louifane.(r); & Ne: 2 * _ {0 Hiftoire générale des Voyages, rome XIF, page 670. 4 (p) Les cygnes & autres grands oïfeaux de riz wière, fourmillent partout, fl ce n’eft au voif- nage des habitations dont ïls n’approchent point. . Hifloire de la nouvelle France, par le P. Charlevoix ; Paris, 1744, tome IIT, page 556. — Aux Illinois, il y a quantité de cygnes. Lettres édifiantes, XL. Recueil, page 310. — Mais pour des cyones qu'ils appelent horhey , 1 y en a principalement vers é Epicinys. Voyage au pays des Hurons,. par Le P, Sagard Théodat; Paris, 1632, page 304. (g) Cygdi hieme in Virginià magnâ in copié funts _ De Laët, Nov. orb. pag. 88. | (r) Les cygnes de la Louifiane font tels qu’en France, avec cette feule différence qu’ils fone Bi æ- ; SE Fe EE FRERE c re | : hs 28 Hifloire Naturelle ces cygnes du Canada & de la Louifiane; comparés à nos cygnes fauvages, n'ont offert aucune différence. Quant aux cygnes à tête noire des ïles Malouines & de quelques côtes de la mer du Sud, dont parlent les Voyageurs (f°), lefpèce en plus gros ; cependant, maloré leur sroffeur & feur _ poids, ils s'élèvent ff haut en Fair, que fouvent on ne les reconnoît qu’à leur cri aïgu : leur chair eft très-bonne à manger, & leur graïfle eft un fpécifique pour les humeurs froides. Les naturels font un grand cas des plumes de cygnes; ils en font les diadèmes de leurs Souverams, & des chapeaux, & en treflent Îles petites plumes comme les Perruquiers font les cheveux, pour fervir de couvertures aux femmes nobies. Les jeunes gens de l’un & de lautre fexe fe font des palatines de fa peau garnie de fon duvet. Le Page du Prafz, Hifloire de la Louifiane, page 113. : ([) Farmi les oïfeaux à pieds palmés, Île cygne tient le premier rang; il ne diffère de ceux d’Eu- rope, que par fon cou d’un noir velouté, qui fait un admirable contrafte avec Ja blancheur du refte de fon corps ; fes pattes font couleur de Chair. Cette efpèce de cygne que nous vimesaux îles Malouines, fe trouve aufi dans Ia rivière de la Plata & au détroit de Magellan, où j’en ai tué un dans Île fond du port Galant. Voyage autour du miende., par M. Bougunville, tome I, in-8.° pages 114 & 315. — Nous vimes, fur le rivage de la mer du Cygne. 29 ef trop mal décrite, pour décider fi elle doit fe rapporter ou non à celle de … notre cygne. OCR Re . Les différences qui fe trouvent entre le cygne fauvage & Île cygne privé, ont fait croire qu'ils formotent deux efpèces : diftinétes & féparées (£); le cygne fau- vageeft plus petit ; fon plumage eft com- munément plus gris que blanc (x); na pas de caroncule fur le bec qui tou- jours eft notr.à la pointe, & qui n'éft jaune que près de la tête; mais, à bien apprécier ces différences, on verra que . Tintenfité de la couleur, de même que 1 caroncule ou bourrelet charnti du front, _ du Sud, quelques cygnes; ces derniers, qui ne font pas f gros que Îles nôtres, font blancs hormis Ja tête , la moitié du cou ‘& les jambes qui font moïres. Voyage de Coréal; Paris, 1722, tome Il, Page 213. | (rt) Willughby, & Ray, 'd’après lui. (u) Nota. Le cygne repréfenté dans nos plans ches enluminées , eft le cygne domefique; un individu fauvage confervé au Cabinet du Roï, eft tout d’un gris blanc univerfel fur tout le plumage, mais plus foncé & prefque brun fur le dos & le fommet de la tête. B iÿ 30 Hifloire Naturelle font moins des caraétères de nature, qüe des indices & des empreintes de domefti- cité; les couleurs du plumage & dubecétant fujettes à varier dans les cygnes comme dans les autres oïfeaux domeftiques, on peut donner pour exemples le cygne privé à bec rouge, dont parle le doc- teur Plott (x); d’ailleurs cette difié- rence , dans la couleur. du plumage ;: n'eft pas auf grande qu'elle le paroît d'abord; nous avons vu que Îes jeunes cygnes . domeftiques narflent & reftent long-temps gris; il paroït que cette cou- leur fubffte plus long-temps encore dans les fauvages , mais qu'enfin ils deviennent | blancs avec l'âge; car Edwards a obfervé que, dans le grand hiver de 1740, om vit aux environs de Londres pluñeurs de: ces cygnes fauvages qui étotent entière= à {x) British. Zoolog. page 149. — Nota. On. doit encore rapporter ICI Ces cVgnes que Redi a vu dans des chafles du Grand - Duc, lefquels avoient les plumes de la tête & du cou marquées à Ja pointe d’une teinte jaune ou orangée «pat ticularité qui lui fert à expliquer Pépithète de purpurei qu’Horace donne quelque part aux Cygnes.. 7 . éd Cygne. Pi DE 0 .. de: le cygne domeftiqüe doit. F donc être régardé comme une race tirée D emcht & originairement de lef- | pêce fauvage. MM. Klein, Frifch & Lin- ‘næus Pont préfumé comme moi, quoi “que Wilughby & Ray prétendent le contraire. | Belon regarde le cygne comme le plus : Srand” des oïfeaux d'eau ( y); ce qui eft aflez vrai, en obfervant néanmoins que le pélican a beaucoup plus d'envergure (x); que le grand albatros à tout au moins autant de corpulence (a), & que Je fammant ou phénicoptère a bien x A de hauteur, eu égard à fes jambes deme- furées (2). Les cygnes, dans Îa race domeftique, font conftamment un peu (y ) vie les Rats de rivière , le cigne eft ne plus grande corpulence , comme des ter- . reftres Pautruche. Nr. des Oifeaux , page 151. (x) Voyez Particle de cet oïlfeau , volume XVT,. Pas I. (a) Voyez, ci-après, l’article de Palbatros. (b) Voyez l'article de cet oifeau, volume XVT, Pas RE *B «x 32 Ei loire À Nr % E plus gros & plus grands que dans. peR pèce fauvage ; ; 1 y en a qui pèfent juf- qu'à vingt-cinq hvres ; la longueur du bec à la queue eft quelquefois de quatre pieds & demi, & lenvergure de huit pieds; au refte , la femelle eft en tout un peu plus pétite que Îe mâle. Le bec, ordinairement long de trois pouces & plus; eft, dans la race domef- tique, furmonté à fi bafe par un tuber- cule charnu, renflé & proéminent, qui donne à la phyfonomie de cet oïfeau une forte d'expreflion ; ce tubercule eft revêtu d’une peau noire, & les côtés de la face, fous les yeux, TR auf cou- verts d'une peau de même couleur, dans les petits cygnes de la race domeltique. ; le bec eft d’une teinte plombée, il de- vient enfuite j jaune ou orangé , avec la pointe noire; dans la race ’huvage, le bec eft entièrement noïr, avec une mem- brane jaune au front ; fa forme paroïît avoir fervi de modèle pour le bec des deux familles les plus nombreufes des otfeaux palmipeèdes, les oïes & Îles ca-. nards; dans tous, le bec eftaplatt, épaté, : dentelé fur les bords, arrondi en pointe (ce), & terminé à fa partie fupé- > par un onglet de fubftance Dans toutes les efpèces de cette nom- Ereufe tribu, il fe trouve au-deflous des . plumes extérieures; un duvet bien fourni, qui garantit le corps de l'oifeau des im- preflions de Peau. Dans le cygne ; ce duvet eft d'une grande finefle , d'une mollefle extrême & d’une blancheur par- fite; on en fait de beaux manchons & des fourrures aufli délicates que chaudes. nage Æ La chair du cygne eft noire & dure, _& ceft moïins comme un bon mets que comme un plat de parade, qu'il étoit fervi dans Les feflins chez les Anciens {d}, & par la même oftentation chez nos Ancêtres (e); quelques perfonnes mont EE (c) Tenet os fine acumine roffrum. Ovid. (d) Voyez Athen. Deipnos. Les Romaïns len- graïfloient comme Voie, après lui avoir crevé les eux ; ou en le renfermant dans une prifon obfeure. Voyez Plutarque , De efu cam. | - (e) Les cygnes font oifeaux ez délices fran- ; *Byv F foire Naturelle néanmoins afluré que la chair des jeines. cygnes étoit aufli bonne que celle ke oies du même âge. A Quoique le cygne foit aflez frère à 51 J a néanmoins les organes de la voix. conformés comme ceux des oïfeaux d'eau * les plus loquaces ; la trachée-artère def- # cendue dans le fternum fait un coude ( f 4 fe relève, s'appuie fur les clavicules, & de-R, par une feconde inflexion, arrive aux pOUMORs, A lentrée & au-deffus de 4 “çoïfes , car l’on a coutume de les nourrir ez douves des châteaux fitués en Peau; Fon na. guère coutume de les manger, finon ez-feftins » publics ou ez maifons des orands Sejgneurs. Belon, Nat. des o’feaix , page 151. — Mofcori tarum duces de epulis hofpitum cygnos apponunt. Aldrovande. * (f) Nota. Selon Willughby, cette particularité | de conformation eft propre au cygne fauvage , & ne fe trouve point la même dans le cygne do- meftique ; ce qui femble fonder ce que nous allons rapporter de Ia différence de leur voix ; mais cela ne fuffiroit peut-être pas pour prouver que leurs efpèces foient différentes : cette diver- fité n’excédant pas la fomme des imprefions, tant intérieures qu’extérieures, que Îa doméfticité & fes habitudes peuvent produire à la longue fur une race aflujettie. PTE c Le à « dé Cygne. | 3 s à bifurestion , fe trouve placé un vrai arinx garni de fon os hyoïde , ouvert dans fa membrane en bec de flûte : au- déffous de ce larynx, le canal fe divife en deux branches, lefquelles après avoir formé chacune un renflement ; s'attachent au poumon ( g); cette. conformation , du moins quant à la potion du larynx, eft commune à beaucoup d’oifeaux d’eau, & même quelques oifeaux-de rivage ont les mêmes plis & inflexions à la trachée- artère , comme nous lavons remarqué dans la grue, & felon toute apparence, c'eft ce qui donne à leur voix ce reten-" tilément bruyant & rauque , ces fons de trompette ou de clairon qu'ils font en- tendre du haut des airs & fur les eaux. Néanmoins la voix habituelle du cygne privé , eft plutot fourde qu'éclatante ; Ceft une forte de ffrideur, parfaitement femblable à ce que le peuple appelle le Jurément du chat ; & que les Anciens avoient bien exprimé par le mot imi- (g) Bartholin. Cygni anatome ejufque cantus. Hafnie : 1680, n.° XXVL. Voyez auffi Aldrovande. *B vj ji | de ; | Hiloire Meurelle RS tatif drenfant (h) : c'eft, à ce quil pe. à roît ; un accent de menace ou de colère; … fon na pas remarqué que amour en « eût de plus doux (i), & ce n'eft point « du tout fur des cygnes prefque muets 3 M comme le font les nôtres dans la domef- » ticité, que les Anciens avoient pu mo- deler ces cygnes ‘harmonieux , qu'ils ont. rendus fi célèbres. Mais il paroît que le cygne fauvage a mieux confervé fes pré-h rogatives, & qu'avec le fentiment de la. pleine liberté, il en a aufli les accens :, Ton diftingue en effet dans fes cris ; ou. | (h) Grus gruit , inque glomis cygni prope Fan Hire Ovid. (i) Obfervations faites à Chantilly, fiivant les | | vues de M. le marquis d’Amezaga, & que M.Grou- | velle , Secrétaire des Commandemens militaires | S. A. S. M.gr le Prince de Condé, a bien voulu prendre foin de rédiger. — « et voix, dans la! 5 faifon des amours , & les accens qui leur! # échappent alors dans Îles momens les plus doux ; , refiemblent plus à un murmure qu’à aucune! »» efpèce de chant. » Voyez dans les Mémoires de! l'Académie des Inferiptions ; tome W, in-4.° Tai Differtation de M. Morin, intitulée: pourquor les| cygnes qui ce autrefois fi bien , chantent aujour= #& hui fe mal, , (pour ranimer les reftes cie de fa belle & fa- “vante antiquité , a bien voulu concourir avec mous à vérifier & à apprécier ce que les Anciens -ont dit du chant du cygne. Deux cygnes fau- vages qui fe font établis d'eux-mêmes fur les ma “gnifiques eaux de Chantilly , femblent s’être ve- * nus offrir exprès à cette intéreffante vérification. M. l'abbé Arnaud eft allé jufqu’à noter leur _ chant, où pour mieux dire leurs cris harmo- EL nieux, & nous en écrit en ces termes : « On re er … peut pas dire exaétement que les cygnes de « Chantilly chantent, ils crient ; mais leurs cris se font véritablement & conffamment modulés ; leur «6 voix r’eft point douce, elle eft au contraire aï-«s -gué , perçante & très-peu agréable; je ne puis %e la mieux comparer qu’au Le d’une clarinette embouchée par quelqu'un à qui cet inftrument «s * ne feroit point familier. Prefque tous les oifeaux «e eanores répondent au chant de FPhomme , & fur- « tout au fon des inftrumens : j’ai joué pendant « Jong-temps du violon auprès de nos cygnes, fur s tous les tons & fur toutes les cordes ; j'ai même « du Hi loire. N atrele des fi bruyans de clairon , maïs tnt les tons aigus & peu dverthés font néan- \ “moins très- éloignés de la tendre mélo= die, & de la variété douce & brillante | du Re de nos oHeaux 6 chanteurs. æ } { ® pris Puniffon de leurs propres accens, fans qu'ils . 5 aient paru y faire attention; mais fi dans le baf- # fin où ils nagent avec Jeurs petits , on vient à. # jeter une oïe, le mâle après avoir poufé des . #» fons fourds ; fond fur loie avec impétuofité, ss & La farfiffant au cou, il lui plonge , à très- fré- 1 s» quentes reprifes, la tête dans l’eau, & la frappe »» en même temps de fes ailes ; ce feroit fait de » Voie f Fon ne venoit à fon fecours : alors les s> ailes étendues , le cou droït & la tête haute, . 5 le cygne vient fe placer vis-à=vis de fa femelle, _» & pouffe un cri auquel Ia femelle répond par # un cri plus bas d’un demi-ton. La voix du mâle- » va du la au ff bémol; celle de Ia femelle du fo/ » dièfe , au la. La première note eft brève & de » paflage , & fait P’effet de {a note que nos Mufi- » ciens appellent /enfible ; de manière qu’elle n’eft s> jamaïs détachée de a feconde, & fe pañle comme . sun coulé : chfervez qu'heureufement pour Fo- # xeille, js ne chantent jamais tous deux à-'a-fois» +2 HP Va; PME Le FF Ada LA Aù refte , les Anciens n€ s'étoient pas contentés de faire du cygne un chantre ii mérverlleux , feul entre tous les êtres qui frémiflent à lafpect de leur deftruétion ; 3] chantoit encore au moment de fon ’agonie, & préludoit par des fons harmo- nieux à fon dernier foupir : c’étoit, di- foient-ils, près d'expirer » & faifant à la vie unadieu trifte & tendre, que le cygne rendoit ces accens fi doux & fi touchans, - & = : = ” ; 7 nf : A : en effet fi; pendant que le mâle entonne le « ne: bémol , Ja femelle faifoit entendre le a ; ou que « de mâle donnâtle da, tandis que {a femelle donne «s le fol dièfe, en réfulteroit la plus âpre & la «s plus infupportable des difionances : ajoutons que 6 ce dialogue eft foumis à un rhythme confiant & réglé, à la mefure à deux temps. Du refte , «s Vinfpe“teur m’a afluré qu'au temps de leurs 4 amours, ces ojfeaux ont un cri encore plus per- 66 çant, mais beaucoup plus agréable. » — Nous ce joindrons ici une obfervation intéreffante , qui ne nous a été communiquée qu'après Pimpreffion des premières pages de cet article. «Il y a une faifon où l’on voit les cygnes fe réunir & former une « forte d’aflociation républicaine ; Pour le bien « .. | à PCR . _H foire Narrelle Se & qui, pareils à ün léger & idee murmure , d'une voix bafle (1), plam- tive & lugubre (mm), formoiïent fon Le D 1 LES CA ART Ce D'ERREURS Re Re +. es es Le À 1 chant fanèbre(n 2 ; on entendoit « ce chant #5 commun; c’eft celie des froids froids. Pour 55 fe maintenir au milieu des eaux, dans le temps » qu'elles fe slacent, ils s’attroupent & ne ceflent » de battre l’eau , de toute Ja largeur de leurs ailes ; # avec un bruit qu’on entend de fort loin, & qui # fe renouvelle avec d'autant plus de force, dans » les momens du jour & de la nuit, que la gelée » prend avec plus d'activité ; leurs efforts xt fe » efficaces, qu’iln’y a pas d'exemple que la troupe # des cygnes ait quitté l’eau dans les plus fongues » gelées, quoiqu’on ait vu quelquefois un cygne » feul & écarté de l’affemblée générale , pris par la glace au milieu des canaux. » Extrait de La Note rédigée, par M. Grouvelle, Secrétaire des Com- . mandemens militaires de S, A. S. M. gr le Prince de Condé. _(L).Parvus cycri canër. Lucret. iib. IV. {m) Olorum morte narratur flebilis cantus. Pin. _ {n) Suivant Pithagore, c’étoit un chant de joie : par lequel cet oifeau fe PHONE e pañler à une meilleure vie, ASS tte da Eye Fetes 4 » br au La de l'aurore, les vents & les … flots étoient calmés (0 )5 on avoit même vu des cygnes expirans en mufque & chantant leurs Bymnes funéraires. (p) Nulle fétion en Hiftoire Naturelle , nulle fable chez les Anciens n’a été His célé- j brée, plus répétée ; plus accréditée ; elle s’étoit emparée de l'imagination vive & fenfble des Grecs; Poëtes (g), Ora- _teurs{ r) ; Philofophes même l'ont adop- … {o) Diluculo ante folis ortum , tamquem in aers wacuo, per id tempus audiendi clariüs ; in maris littor ribus : fente fluëtu. Aldrovande. .(p) Canere folri fant, & precipuè jamjam mori- turi. Volant etiam in pelagus longiès , © jam quidam cùm in mari Africo navigarent , multos canentes yoce flebili, & mori nonnwllos confpexere. Arifitot, Nb. 1x cap. 12. | | (g) Callimaque , Efchile , ‘Théocrite , Euripide, Lucrèce , Ovide, Properce , parlent du chant du cygne, & en tirent des comparaïfons. Cr) Voye Ciceron ; 3 poyer aufñ pus & autres, Nate ES PT Er 7 x: = Sr de SVETSERS s + -pour ER en Pen fl ss. Len leur pardonner leurs fables ; elles étorent at _ mables & touchantes; elles valoïent bien de triftes, d’arides vérités, c’étoient de. _ doux emblèmes pour les ames fenfibles.. Les cygnes , fans doute, ne chantent point Teur mort; maïs toujours , en parlant du _ dernter efoe &. des derniers élans d'un beau génie prêt à S'éteindre, on rappel-. lera avec fentiment cette expreflion tou= chante; c’eft le chant du cygne! ([) Socrate dans Platon, & Ariftote Jui-même se mais d’après Fopinion commune, & fur des rap ports étrangers. Voyez le pañage de fon Hifoire N aturelle cité plus haure = PA VIT. £ 2. L. pag. 42, ini —. A (] N \ v— | TI il ÿ Dj fo \ ” É LE CXGNE ES 4e 18 6 USE 43 du ide les LD D,» CHAQUE GENRE, les efpèces pre- mières ont emporté tous nos éloges, & n'ont laïflé aux efpèces fecondes que le mépris tiré de leur comparaifon. L'ote, # Voyez les planches enluminées , n.° 035; POie fauvage: | (a) En ancien françois, ouë : le mâle, jars; _& le petit, oifon ; en Grec, xir; & en Grec _ moderne, Xw+; en Latin, anfer; en Arabe, oue, uze , avaz, Kaki ; en Italien, oca , papara ; en Ca- talan, Aoca; en Allemand, gans, ganfer , ganferichk, & le jeune, ganfelin; en Flamand, gas, & la femelle goes ; en Suifie, ganff: en ÉTAdn, gafz ; en [lyrien, gan/y, hus; en Efpagnol, ganfo , pato, le mâle, anfar, anfärea ou bivar , & le jeune. patio , hijo de pato; en Angloïis, gofe, gefe ; en Suédoïs , goas; en Danois , gaas ; en Polonois, pes, gafior ; par les Nègres de la côte d’Or, apattas Anfèr. Gefner, Icon. Ari. pag. 73, avec une figure peu exacte. — Frifch, sab. 157, figure. exacte, — Charleton, Æxercir, pag. 103, n.° x1. Onomazt. pag. 98, n° x1. —Rzaczynski, Hip. Nat. Polon. pag. 300. Au®uar. pag. 432. Anftr. domeflicus. Gefner, Avi, pag. 141.— Aldrovañde ri, tom. IL, pag. 99, avec des figures peu. Sr r > PE, a < S En É FF 2 44 Hifloire Naturelle par rapport au cygne , eft dans le même cas que l'âne vis-à-vis du cheval, tous deux ne font pas prilés à leur jufte va- leur, le premier degré de infriorité paroïflant être une vraie dégradation, & rappelant en même temps l'idée d'un exactes, de l’oie, pag: 102; de Poifon, p. 103. Jonfton, Avi, pag. 92, figure empruntée d’Af- drovande. — Willughby, Ornith. pag. 293, figure peu exacte , table 75. — Ray, Synop/: Ari. p. 136, n.%a, 2; & 191, n.° 8. — Schwenckfeld ; 4pr. Silef. pag. 209.— Sloane , Jamaïc. pag. 323, n.° y. — Sibbald. Scof. illuftr. part. IL, Ub. 111, pag. 21. — Anfer domeflicus ruficus. Kiein, Avi, pag. 129, n° 2.— Anas roffro ; fémi cylindrico, corpore infræ cinereo, fubtus pallidiore, collo flriato. Anfer domeflicus. Linnæus , Syf. INar. ed. X, Gen. 61, Sp. 7, Var. 2.— Anas rofro fémi cyündrico , corpore fupra cinereo , fubtus albido , re&ricibus margine albis. Idem, : Tauna Suec, n.° 90. — Anas. Moehrmg, Au. Gen. 61. — Anas anfer 10ftro fémi cylindrico , corpore Jupra cinereo , fubtus palhidiore , collo ffriato. Muller, Zoolog. Danic. n.° 112. — Cygnus fubcinereus fubtus albidus , rofiro refto, latiuftulo. Browne. Nat. Hifi, of Jamaïc. pag. 480.— Anfèr verficolor ; au fèr domef- ticus. Brion, Ornithol. pag. 262.— L’oïe domef. tique , Salerne , Hiff. des Oifeaux , pag. 406,— Oie privé, Belon, Nat. des Oifeaux , pag. 156 , avec une mauvaile figure, pag. 157. — Oie, jars, le même, Portraits d’Oifeaux, pag. 31, a, FAMDIOME ST © gt modèle ms parfait, n offre, ai lieu des attributs réels de Pefpèce fecondaire, que fes contraftes défavantageux avec J'efpèce première : élorgnant donc, pour | ft, la trop noble image du cygne, nous trouverons que lote eft Le Ces phrafes & ces noms fe rapportent à la race domeftique de Voie; les phrales & les noms fuivans appartiennent à fon efpèce fauvage. En Allemand, swilde ganz, grawe ganz, fthnee gaz; en Efpagnol : anis or: en Îtalien oca falvatica ; en Anglois, wild PTE ; greylage; en Suédois, will goas; en Polonois, ger dyika; en Groënlandois ; nerlech; en Huron, ahonque ; en Mexicain , tlalacatl. Oie fauvage, Belon, Nat. des Oifeaux , p. 158. — Anfer ferus. Gefner, Icon. Avi. pag. 72, figure peu exacte. — Aldrovande, Avi. tom. III, p. 147. avec une figure empruntée de Gefner, p. 150; & une autre, pag. 151, qui n’eft pas meilleure. — Jonfton, Avi. pag. 03, avec une figure copiée d'Aldroyande. — Willughby ÆOrn: hole page 274; . avec une mauvaïfe ‘figure , pl. 69. — Ray, Synopfe Avis pag. 136 ; n.° a, 4: —Charleton, Exercir. 42. 102, n. 1. Onomazt. pag. 98, n° 1: — Schwenckfeld, Avr. Silef. pag. 212.— Rzaczynski, Hif. Nat. Polon. pag. 2600, AuËluar. pag. 359. — Sibbaïld. Scor. illufèr. part. Il, Kb. 111, pag. 21. — Marfiol. Danub. tom. V , pag. 100, ävec une figure peu exacte, pl. 48. — Anfer ferus fi lyeftris , Re EN À D URSS 2 LRU SE # à ES ve JSRES SU RCE Lt sa ve 46 Hifloire Naturelle encore, dans le peuple de la bañle-coùr ; un habitant de diftinétion; fa corpu- lence , fon port droit, fa démarche grave, {on plumage net & luftré, & fon naturel foctal qui la rend fufceptible d'un Î fort attachement & d’une longue recon-: pel immanfuetus. Gefner, Avi. pag. 158.— Arifer | ferus fimpliciter. Kieïms Avi. pag. 129, n.° 3. —" Anfer ferus alius, five tertius filveflris. Aldrovande, Avi. tom. III, pag. 155, avec une figure tres. défeétueufe , pag. 153. — Anfer ferus alius five flan- « dricus. Idem , ibid. page 155.— Anfer palufiris W nofler, grey lagg di@us. Ray, Synopf. Avi. p. 138; n° a, 3.— Anfer fiveftris. Frifch, tab. 155, figure exacte. — Tlalacatl , feu anfer montanus. Fer- « nandès, Hifi. nov. Hifp. pag. 34, cap. 98. — Anfer cinereus corpore fubrotundo. Barrère. Oruithol. claf. 7 , Gen. 2, Sp. 3. — Auas rofro fémi cylhindrico , cor- : pore fupra cinereo fubtus pallidiore , collo flriato ; anfer ferus. Linnæus . Syf. nat. ed. X, Gen. 61, Sp. 7, Var. 1.— Anas 1ofro femi cylindrico, corpore fupra cuereo fubtns albido ; reëricibus margine albis. Fauna Suec. n.° 90o.—Oiïe fauvage , 4/bin , tom. I, pag. . 79, avec une figure mal coloriée, p{ 9o. — Salerne, pag. 408.— Anfèr fupernè cinereo fuf- us , Marginibus pennarum dilutioribus , infernè albidus , imo ventre niveo; reêricibus nigricantibus , extertus & apice albo fimbriatis , utrinque extim@ penitus can- did&. Anfer fiveftris. Briflon, Ormthol. tom. Vis pag. 265. 7— PU MOTO: di An -noïflance; enfin fa vigilance très-ancien- nement célébrée, tout concourt à nous -préfentér l’ore comme lun des plus inté- -xeflans &umème des plus utiles de nos oïfeaux d@meftiques ; car, indépendam- ment de la bonne qualité de fa chair & de A graïfle , dont aucun autre oïfeau n'eit plus abondamment pourvu ; Foie nous fournit cette plume délicate fur laquelle à mollefle fe plaît à repoler, & cette autre plume, inftrument de nos penfées, & avec, laquelle nous écrivons ici fon éloge. On peut nourrir Foie à peu de frais; & lélever fans beaucoup de foins (4); élle s'aiccommode à la vie commune des volailles , & fouffre d'être renfermée avec elles dans la mème baffe-cour (c), —. (b) Non magnam curam pofeit ; ob id his oratas Schwenck. _ (ct) « Les bonnes ménagères, fachant bien que la nourriture des oies eft de moult grand pro- « fit, en font grande eftime, pour ce qu’elles «e ne font aucune dépenfe ; &, pour les avoir «e meilleures le font choifir de grande Corpu- 6 Fence & de blanche couleur. » © Belon. 48 Hifloire Naturelle quoique cette manière de vivre-& cette contrainte fur-tout foient peu convena- bles à fa nature; car il faut, pour qu'elle {e developpe en entier & pour former de grands troupeaux does ue leur habitation foit à portée des eaux & des rivages ; environnés de grèves fpacieules & de gazons ou terres vagues fur lef- quelles ces, oïfeaux puiflent paitre 6e s'ébattre en hberté (td), Onleurainterdit « l'entrée des prairies, parce que leur fente - brüle les bonnes herbes, & quils les fauchent jufqu'à terre avec le bec, & c'eft par la mème raïfon qu'on les écarte auffi très-forgneufement des biés verds, & quon ne leur larle les champs libres qu'après la récolte. er Quoique Îles oies purent fe nourrir de gramens & de la plupart des herbes, elles recherchent de préférence le trefle’, . le fenugrec, la vefce , {es chicorées , &.. {ur-tout la laitue, qui eft le plus grand " (d) Anfèr nec fine herbà , nec Jine aquà facile fuf- tinetur. Pallad. | rcpal = _ Me pa . c nie er EN detre jé. be, DE + dé PO. ET régal de petits oifons (e ); on da arra- cher de leur pâturage la jufquiame , la -cigue & les orties (f), dont la piquure fait le plus grand mal aux jeunes oïfeaux. Pline aflüge, peut-être légèrement, que, our fe purger , les oies mangent de la fidérite : La domefticité de l'oie ef moins an- cienne & moins complète que ceile de a poule : 3 celle-cr pond en tout temps, plus en été, moins en hiver; mais les oies ne produifent rien en hiver, & ce n'eft communément qu'au mois de mars qu'elles commencent à pondre; cepen- dant celles qui font bien nourries pon- dent dès le moIs de février, & celles auxquelles on épargne la nourriture , ne font fouvent leur ponte qu'en avril; les blanches , les grifes, les jaunes & les noires fuivent cette règle, LE à 1e Îles blanches paroïflent plus délicates, & De a dE ne (e) Laëuca molliffimun olus libentiffime ab illis ‘appetitur € pulirs ei na efca. Ceterüm picia, trifo- Lum , fenum grecum, & rgreflis intiba ulis conferatur. Columell. {f) Aldrovande , rome III, page 115. Oifeaux. Tome XVII. C ‘+ $o Hifloire Naturelle auw’elles foïent en effet plus difficiles à. élever ; aucune ne fait de nid dans nos Pañles-cours (g), & ne pond ordinaire … ment que tous les deux jours, mais tou- … jours dans le-même lieu ; fi oh enlève leurs œufs, elles font une feconde & une troifième ponte, & même une qua=- : trième dans les RTS Se h } Ge! ee so) Elles s sel fous da paille pour y pondre & mieux cacher leurs œufs; elles ont confervé cette habitude des fauvages, qui vrai- femblablement percent les endroits Îes plus fourrés des joncs & des plantes marécageufes , pour y Ste : &, dans les lieux où on life ces. oies doniefiques prefqu’entièrement libres, elles ra- maflent quelques matériaux, fur lefquels elles dépofent leurs œufs. « Dans Pile Saint-Domim- »» que, dit M. Baïllon, où beaucoup d’habitans } ont des oies privées femblables aux nôtres, elles #1 pondent dans les favanes auprès des ruifeaux - m & canaux; elles compofent leurs aires de quel- #» ques brins d'herbes sèches de paille de maïs » ou de mi; les femelles y font moins fécondes #» qu’en France , leur plus grande ponte eft de fept où huit œufs. » Note communiquée par M. Fuillon. (h}) Non plus quater in anno pariunt, tefle Par- one : Columella ter tantum ait , & id dummodo fœtus non excludant : Et Plnius , [ menda non efl, bis santum parere pult. Aldrovande. | DPUREONES 1 VE _ fans doùte à raïfon de ces pontes fuc: _ ceflives que M. Salerne dit qu'elles ne _ finifflent qu'en juin / 4); mais, fi fon . continue à enlever les œufs, lote s'efforce de continäer à pondre, & enfin elle s'épuife & périt , car le produit de fes pontes , & fur-tout des premieres, eft nombreux; chacune eft au moms de fept S& communément de dix, douze ow. quinze œufs, & même de ferze, furvant Pline /4) ; cela peut être vrar pour FIta- lie ; mais, dans nos provinces intérieures de France, comme en Bourgogne & en Champagne, on a obfervé que les pontes les plus nombreufes nétorent que de douze œufs : Ariftote remarque //) que fouvent les jeunes oïes, comme les pou- Jettes, avant d’avoir eu communication avec le mâle , pondent des œufs clairs & inféconds, & ce fait eft général pour tous les oïfeaux. | Maïs, fi la domefticité de l'oie eft plus (i) Hiftoire des Of. page 407. {Æ) Lib. x, cap. 55. {L) Lib. VI, cap. 12, RRSEE no. Ci $2 Hifloire Naturelle moderne que celle de la poule; elle paroît être plus ancienne que celle du canard, dont les traits originaires ont. MOINS. changé, en forte qu'il % plus de : diftance apparente entre l'oie fauvage & la privée, qu'entre les canards. L’oie domeftique eft beaucoup plus groffe que | la fauvage, elle a les proportions du corps plus étendues & plus fouples, les ailes moins fortes & moins roides, tout a changé de couleur dans fon. plumage ; ; elle ne conferve rien ou prefque rien de fon état primitif, elle paroït même avoir oublié les douceurs de fon ancienne liberté, du moins elle ne cherche point, comme le canard , à la recouvrer; la: fervitude paroït lavoir trop afloiblie ;. elle n'a plus la force de foutenir aflez: fon vol pour pouvoir accompagner ou fuivre fes frères fauvages, qui, fiers de leur puifiance, femblent là dédaigner & même la méconnoitre (m). Cm) Je me fuis informé, dit M. Baillon, à, beaucoup de chafleurs qui tuent des oies fauvages cons les ans, je n’en ai trouvé aucun FL en ak hi #% PO. 53 * Pour qu’ un troupeau d'oies privées profpère & s'augmente par une prompte à multiplication , 1 faut, dit Columelle, que le nombre’ des femelles foit triple de celui des mâles /2) ; Aldrovande en permet fix à chacun (o ph & l'ufage ordi- paire, dans nos provinces, eft de lur en Hnhiée au-délà de douze & même juf- quà vingt : : ces oïfeaux préludent aux actes de l'amour en allant d'abord s'égayer dans l’eau; ils en fortent pour s'unir, & reftent accouplés plus long-temps & plus intimement que la plupart des autres, “dans lefquels l'union du mile & de 1 fémelle n QL qu'une fimple comprefhon , au lieu quicr laccouplement eft bien réel, & fe fait par intromiflion, le mâle Étant tellement pourvu de organe né- xu de privées parmi ces fauvages, ou qui en ait tué de métives. Et fi quelquefois dès oïes pri- vées s’échappent, elles ne deviennent pas libres : elles vont fe mêler dans les marais voilins, parmi d’autres également privées ; elles ne font que changer de maître. Note communiquée par M. Baïlion. * (nm) DÉRe ruff. Gb. rit, cap. 13. {o) Avr. tome IIT, page 112. Ciÿ RER Te ER M SRE TES Vs 7 & $4 Hifloire Naturelle 3 ceflarre à cet acte /p), que les Anciens | avoiïent confacré l’ote au Dieu des jardins. | Au refte, le mâle ne partage que fes. ! plaïlirs avec la femelle, & lurdaifle tous. | les foins de lincubation { 4 ), & quoi- : qu'elle couve conftamment & fi aflidu- : ment, qu'elle en oublie le boire & le : manger , on ne place tout près du nid fi nourriture /r);1eséconomes confeillent | néanmoins de charger une poule des fonctions de mère auprès des jeunes _offons, afin de multiplier ainfi le nombre des couvées, & d'obtenir de l’oie une feconde & même une troifième ponte; on lur larfle cette dernière ponte; elle. çcouve atfément dix à douze œufs, au lie que la poule ne peut couver avec fucces: que cinq de ces mêmes œufs ; mais 1l LNH ait (p) In unfère genitale: evidens cum recens initrs Arïftot. Hift. Animal. fib. 111, cap. ultim. (q) Avium magna pars incubat , quemadmodum de: columbis diximus, fæminæ mare füccedente ; falten. tandiù dum abef} fœmina, Jtbi cibum quérens ; at an- fêres fœmine fèle incubant , atque perpetud infideus: poflquam id agere inflituerint. Idem, ibid, {r) AKiovande, vf L LE POie, # ss feroit curieux de vérifier fi, comme Îe — dit Columelle, la mère oïe, PB avifée que k poule, refuferor de couyer d'au- tres œufs que Îes fiens. Il faut trente jours d’incubation, comme dans la plupart des grandes éfpéces d'ot- j' er (J) 3 pour faire éclore les ms moins, comme le remarque Pline/r}, _que le temps n ait te fort chaud, auquel s il en éclos dès le vingt - cmquième jour. Pendant que l'oie couve, on lui _ donne du grain dans ün vafe, & de l'eau dans un autre à quelque difance de fes _œufs, qu'elle ne quitte que pour aller prendre un peu de nourriture; on à remarqué qu'elle ne pond gure de ux jours de fuite, & qu'il y a toujours au moins vingt-quatre Beures d'intervalle, & quelquefois deux ou trois jours entre l'exclufon de chaque œuf. #6 Le premier aliment que lon donne aux oïfons nouveaux-nés, eft une pîte: de retrait de mouture ou de fon gras ff) Ariftot. Hifl. animal. Lib. pr, cap. €. fe) Lib. x, cap. 59. C iv _$6 Hifloire Naturelle paitri avec des chicorées ou des laitues hachées ; c’eft la recette de Columelle, qui récommande en outre de raflaflier le petit oïfon, avant de le laïfler fuivre {a mère au pâturage, parce qu'autrement ; fi la fan le tourmente, il s’obftine contre les tiges d'herbes ou les petites racines, &, pour les arracher, il s’eflorce au point de fe démettre où fe rompre le cou /4). La pratique commune dans nos cam- pagnes en Bourgogne , eft de nourrir les jeunes oïfons nouvellement éclos avec du cerfeurl haché, huit jours après on y mêle un peu de fon très-peu mouillé, & lon a attention de féparer le père & la mère lorfqu'on donne à manger aux petits, parce quon prétend qu'ils ne leur laifleroïent que peu de chofe ou rien ; on leur donne enfuite de l’avoine, : &, dès qu'ils peuvent fuivre atfément leurs mères, on les mène fur la peloufe auprès de l'eau. (u) Saturetur pullus antequam ducatur in pafcuum ; fi enim fame premitur , cum pervenerit in pafcuum, fru- ticibus aut folidioribus herbis obluétatur ita pertinariter ; ut collum abrumpat. Coluinell. ‘16e | | “2 VOi.. # e $7. 1 20 noob font peut-être encore - = communes dans l'efpèce de foie que dans celle des autres oïfeaux domef- tiques. Aldrovande a fait graver deux de ces monftres, l’un a deux corps avec une feule tête, Pautre a deux têtes & qüatre pieds avec un feul corps. L'excès d'embonpoint que loie eft fujette à prendre , & que l'on cherche à lur donner , doit caufer dans fa conftitution des éiétions qui peuvent influer fur la génération ; “'Én général, les animaux très-oras font peu féconds, la graïlie trop abondante change la qualité de la liqueur féminale & même celle du fang; | une oïe très-graile , à qui on coupa la tête , ne. rendit qu'une liqueur blanche, &, ayant été ouverte, on ne lui trouva pas une goutte de Éng rouge (x); le foie fur- tout fe groffit de cet ‘embonpoint d'ob- ftruction d'une manière étonnante : fou- vent une oïe engraïfiée aura le foie plus gros que tous les autres vifoères enfem- (x) Colle&. académiq. part. étrang. tome IF” page 146. Cy LT RE TN SES * ? TA = LE M SR $s8 Elifloire Naturelle ble (y) 5 & ces foies gras , que nos gours.. mands recherchent , étoient aufli du goût: : des Apicius Romains. Pline regarde : comme une queftion imtéreflante de favoir- | à quel citoyen. l'on. doit l'invention de. ce mets, dont 1l fait honneur à un per--. fonnage confulatre (+). Ils nourriflorent- Vote de figues , pour en rendre la chair: plus. exquife (a), & 1ls avoient déjà: trouvé qu'elle s'engraïlloit beaucoup plus. : vite étant renfermée dans un lieu étroit: &- obfcur (4); mais 1l étoit réfervé à: notre gourmandife, plus que barbare .. de clouer les pieds & de crever ou cou-. dre les yeux de ces malheureufes bêtes .. (y) Afpice quèm tumeat magno jecur anfere maÿjus.… Martial. (zx). Nofri fapientiores anfèris jécoris bonitatenr. novere ; fartilibus in magnam amplitudinem crefit exemptum quoque. laëte augetur ; nec fine caufà in quef: tone efl qui primus, tantum bonum invenerit , Scipao:. Metellus vir confularis an M. Seflius eûdem ætate cquess Romanus.. Plin. lib. X, cap. 22, (a). Pinguibus aut ficis paflum jecur anféris alkis- Horace. dans le repas de Nafidienus.. ( ë.}; Columelle... ER Pæ F à S 4 3 à k Le 0 k en Îles gorgeant en même temps de bou-- îettes , & les empêchant de boire pour les étouffer dans leur graïfle (c). Com- _ munément & plus humzinement on fe contente de Îles enfermer pendant un: _ mois, & il ne faut guère qu'un boïffeau … d'avoine pour engralfler une oïé aw‘point- de la rendre très-bonne ; on diftmgue. mème le moment où on peut cefler de: eur donner autant de nourriture , & où elles font aflez grafles, par un figne ex- térieur très-évident ; elles ont alors fous: chaque aïle une pelotte de graïfle très-- apparente; au refte, on a oblervé que: _ les otesélevées au bord de l’eau, coûtent: _ moins à nourrir, pondent de meïlleure: heure, & s'engraïfient plus atfément que: les autres. Cette graïifle de Voie étoit très-eftimée des Anciens comme topique nerval &: comme cofmétique ; ils en. confeïllent: fc) 1: B. Porta, raffinant fur cette cruauté. ofe bien. donner lhorrible recette de rôtir. Poie: toute vive, & de la manger membre à membre,, tandis que Îe cœur palpite encore. Voyez: Aldro-- vande ,. tome. 111, page 133.. | C v; [RON TESTS 6o Hifloire Naturelle l'ufage pour raffermir le fein des femmes nouvellement accouchées, & pour en- : tretenir la netteté & la fraicheur de R peau ; ils ont vanté , comme médi- cament , la graïfie d’ote que l'on pré- paroïit à Comagène avec un mélange d’aromates (4). Aldrovande donne une lifte de recettes, où cette graïfle entre comme fpécifique contre tous les maux de la matrice, & Willughby prétend trouver dans la fiente dote, le remède le plus für de l'iétère. Du refte, la chair de Foie n'eft pas en elle - même très-. faine , elle eft pefante & de difhcile digeftion (e); ce qui nempéchoit pas qu'une oï ou, comme on difoit, une oue (f), ne fût le plat de régal des foupers de nos ancètres (g), & ce neft {d) Lib. XIX, cap. 3. (e } Galen. (f) Suivant M. Salerne , le nom de Ia rue aux Ours à Paris, eft fait par corruption de 7e * aux ouës, quireft fon vrai nom, venu de Ïa quan- tité d’oies expofées chez les rôtifleurs qui peu- ploïent autrefois cette rue, & qui y font encore en nombre. (g) Témoin Poie de M. Patelin, & Voie de la Ft Mt sd D dorer d n “ OAI . Ve MAS Œ TN ñ F É 7 € Y ne 7 & À T7 ; FT va 2 se 28 sr % , ; 4 $ ; $ ! & : x Æ k mr Ê n 4 _ rs LA 4 L » # #. he mn € _: | e [N de iè a $ L ñ + 2 Pr4 ) : e « : | _ que depuis le tranfport de lefpèce du _ dindon de l'Amérique en Europe, que celle de Foie n’a, dans nos bafles-cours, _ Comme dans nos cuifines ; que la feconde place. Hit _ Ce que loie nous donne de plus pré- _ cieux, c'eft fon duvet; on len dépouille plus d’une fois l'année ; dès que les jeunes Oïfons font forts & bien emplumés, & que Îles pennes des aïles commencent à fe croïfer fur la queue, ce qui arrive à fept femaines ou deux mois d'âge, on commence à les plumer fous le ventre, fous les aïles & au cou; c’eft donc fur la fin de mai ou au commencement de Juin qu'on leur enlève leurs premières plumes ; enfuite, cinq à fix femaines après, ceft-à-dire, dans le courant de jutllet, on la leur enlève une feconde fois, & encore au commencement de feptem- bre, pour la trorñième & dernière fois; Saint-Martin , dont parle Schwenckfeld ,auffi-bien que du préfage que le peuple tiroit de Pos du dos de cette oïe, d’un rude hiver fi l'os étoit clair, & d’un hiver mou, s’il paroïfloit taché eu LETRE: Lt SR NS 4 = TT > | Hifloire: Narrelle ls font aflez maigres pendant tout ce: À temps ;. les molécules organiques de la: | nourriture étant en grande partie abfor- bées par la naïflance ou l'accroiflement des nouvelles plumes; mais, dès quon . les larfle fe remplumer de bonne heure en automne , ou même à la fin de l'été. ts prennent bientôt de la chair & enfuite de la praifie, & font déjà très - bons à: manger vers le milieu de l'hiver; on ne plume les mères qu'un mois où cinq {e-- maïnes après qu'elles ont couvé, mais on: peut dépouïiller les mâles & les femelles. qui ne couvent pas, deux ou trois fois: par an. Dans les pays froïds, leur duvet. eft meïlleur & plus fin. Le prix, que les. Romains mettoient à celui qui leur venoit de Germanie , fut plus d’une fois la caufe de la négligence des foldats à garder les. potes de ce pays, car ils s'en alloient. par cohortes entières à la chafle des oïes.. @} (h}): Plumæ è Germamià landatifime… à Fspue um plumæ in libras denarii"quini ………... € inde: ertiminra plerumçue auxilrorum prefeëis à vigils. Fr ad: hæec aucupia dimiffis cohortiôns totis:. Pin. HD: Xe, ap. 22. ; &POie, 4 Aa 64 | Ona ils fur les oies privées, que- 1% grandes pennes des aïles tombent ;, “pour ainfi dire, toutesenfemble & fouvent- en une nuit ; elles paroïffent alors hon- teufes & timides ; elles fuient ceux qui les: approchent; quarante jours fuff{Ent-pour- la poufle des nouvelles pennes , alors elles: ne ceflent de voleter & de les in pen-- dant quelques jours. Quoïaue la marche de Foie paroifle lente, oblique & pefante , on ne laïfie pas: d'en conduire des troupeaux fort loin à: _ petites journées (2). Pline dit que de fon: temps on les amenoït du fond des Gaules: - à Rome, & que dans ces longues marches ,, les plus fatiguées fe mettent aux premiers: rangs ,. comme pour être foutenues &: pouflées par la maffe de la troupe (4) 3; raflemblées encore de plus près pour: pafler la nuit , le bruit le plus léger. les: | fè) On + mênhe,fouten païflant, que Iquefois: douze à quinze lieues loin ,. & même davantage. . Salerne:,. Hifi. des. Oifeaux , page 407.. (£): Mirum à Morinis ufque.Romam pedibus venire-- felf proferuntur. ad* primos. ,.ita ceteri fipatione aaturole propellunt. eos: Plin. Lib, L3. Caps 59e. SE COR Res RES : 6Æ :. iffoire Naturelle à éveïlle, & toutes enfemble crient ; elles, 4 jettent aufli de grands cris lorfqu'on leur 2 L 0 2 k préfente de la nourriture, au lieu qu'on rend le chien muet en lui offrant cet ap- pât; (7) ce qui a fait dire à Coltimelle ; que les oïes étoient les meilleures & les plus füres gardiennes de la ferme, ( rm ) & Végèce n’héfite pas de les donner pour l plus vigilante fentinelle que l’on puifie pofer dans une ville affiégée : (2) Tout le monde fait qu'au Capitole , elles avertirent les Romains de l'aflaut que tentotent les Gaulois, & que ce fut le falut de Rome; auff le Cenfeur fixoit-1il chaque année une fomme pour l'entretien des oïes, tandis que le même jour on fouettoit des chiens dans une place publique , comme pour les punir de leur coupable filence dans “un moment aufli critique. (0) (L) Ælien, Gb. x11, cap. 33. (m) .Anfer ruflicis gratus, quod fûlertiorem curam piéllat quèm cams , nam clangore prodit infidiantem. R. Rufit. Hb. cap. 13. —Ovide décrivant la cabane de Philemon & Baucis, dit : Unicus anfer eraë minime cuflodia ville. | . (n} De Re müälit. 4. 17, cap. 26. (0) EÏ & anferi pervigil cura, Capitolio teflata Fe . = ER À dès: AAA . - À . _À se sc dé À dntots-s césii à Dr A Ut vs idees RMC fiat last > a PR) EN ART > “# AT à oh: > RS re LC SOPPET AS CNET dr Latr d t'as TA À bruyante, c'eft un fon de trompette ou _ de clatron, clangor, qu'elle fait entendre très-fréquemment & de très-loïn ; maïs È elle 4 de plus d’autres accens brefs qu'elle _ répète fouvent ; &, lorfqu'on l'attaque Oo T'effraie, Le cou tendu, le bec béant, elle rend un flement que fon peut comparer à celur de la couleuvre : Les Latins ont cherché à exprimer ce fon par des mots imitatifs » Jérepit ; gratitat , ffridet.(p) | ærOë. PSS de: Li cri el Étoircténervos Pr Soit crainte , foit vigilance , (4) Foie répète à tout moment {es grands cris d'a vertiflement où de réclame ; fouvent toute la troupe répond par une acclama- tiongénérale , & de tous les habitans de la defenfo per id tempus canum filentio proditis rebus: guamobrem cibaria anferum cenfores locant. Eâdem de caufà fupplicia annua canes pendunt inter edem juven- tutis € fummant , vivi in fambucà arbore fixi. Plin. Bb. x, cap. 22. en - (p) Argutos inter nee anfér olores. Vire. PE hinc perdix ; hinc gratitat LImprobus arfe r Aut. Philomel. (qg) Alie verecunde & caute, ut anferes, Arift, He animal, 6, 1, cap. I, | ia 0 66 ë Hifloire Naturelle . bafle-cour, aucun n’eft auffi vociférant ni … plus bruyant. Cette grande loquacité où … vocifération, avoit fait donner chez les Anciens, le nom d’ oïe aux imdifcrets par- leurs, aux méchans écrivains & aux bas délateurs ; comme fa démarche gauche & {on allure de mauvaife grace nous font encore appliquer ce même nom aux gens fots &c niaïs ; (r) maïs, mdépendamment PREND Ale Let des marques de fentiment ; des fignes | d'intelligence que nous lui reconnoïflons, (J°) le courage avec lequel elle défend fa couvée . & {e défend elle-même contre l'orfeau de proie , (r) & certains traits _(r) On connoît le proverbe : franc oifin … comme ulie OLe. (f) C’eft l’oute qui paroît être le fens. {e plus. à fubtil de Voie; Lucrèce femble croire que c’ei Podorat, : Fumanum longè præfentitodorem , Romulidarum arcis fervator candidus an fr. Nat. Rer. lib, 1v4 ft) Grandi alarum robore hoftèm propulf'ät; dejeêturr: | ab anfère falconem fe vidifè teflatur Scaliger, dit. Aldrovande, qui ajoute qu’elle a de grandes &e vieilles querelles avec l'aigle ; mais que, fuiyant : re L4 + .# _ È » x 2 - = LS À 46) PRLO 67 d'attachement, de reconnotflance même très-finguliers , que les Anciens avoient … recueïllis, () démontrent que ce mépris _ feroit très-mal fondé, & nous pouvons _ ajouter à ces traits un exémple de la plus. . grande conftance d'attachement : (x) le à + toute apparence , Pantipathie ne fe porte pas au point que le dit Albert, lorfqu’il prétend qu’une lume d’aigle renfermée dans du duvet d’oie , le: confume & le dévore. Voyez Aldrovande, tome III , page 118. (u) lis ineffe famam amoris. … . . quod'exemplis: comprobatum. « . . . Argis dileétà formé pueri, no- mine Oleni ; Glauces Ptolomeo regi cithara cauentis..… € quofdam vifi adamare : ita comes perpetuo adhæ/fiffe Lacydi philofopho dicitur anfer , ut ufquam ab eo , non ui puolico, non in balneis , non nvëu , non interdiu: digreffus. Plin. Hift. Nat. fib. x, cap. 22. ._{æ) Nous donnons cette note dans le ftyle- maïf du Concierge de Ris , terre appartenante à M. Anïflon Dupéron, où s’eft pañlée fa fcène de- cette amitié fi conftante & f fidèle. « On demande. à Emmanuel, comment Poie à plumage blanc, «e. appelé jacquot , s’eft apprivoilé avec lui? Hfaut 5 favoir d’abord qu’ils étoient deux mâles, ou «< jars, dans la bafie-cour, un gris & un blanc, «c. avec trois.femelles ; c’étoit toujours querelle «s. entre ces deux jars à qui auroit la compagnie «« de ces trois dames; quand l’un ou laure s’en »s. étoitemparé, il fe mettoit à leur tête, & emr «s. EN CSL 1 CS 68 ee foire RES ES fait nous a été communiqué par un hommé auffi véridique qu'éclairé, auquel je“fuis rédevable d'une partie des foins & des : attentions que j'ai éprouvés à Fine 99 péchoit que Pautre n’en approchôt. Celui qui »» s’en étoit rendu le maître dans la nuit, ne »» vouloit pas les Céder fe matin ; enfin les deux »» galans en vinrent à des combats f furieux , » qu'il falloit y courir. Un jour entrautres , » attiré du ford du jardin par leurs cris, je les » trouvai, leurs coups entrelafiés , fe donnant PL des coups d’aïles avec une rapidité & une. » force étonnante ; Îles trois femelles tournôient » autour, comme voulant les féparer, mais inu- » tlement; enfin le jars blanc eut du defous, » fe trouva renverfé, & étoit très-maltraité par » Pautre; je les féparai, heureufement pour le » blanc, qui y auroit perdu la vie. Alors le gris » fe mit à crier, à chanter & à battre les ailes, » en courant rejoindre fes compagnes, en leur * faifant à chacune tour-à-tour un ramage qui » ne finifloit pas, & auquel répondoient les trois * > dames, qui vinrent fe ranger autour de lui, »> Pendant ce temps-là, le pauvre jacquot faifoit » pitié, &, fe retirant triftement, jetoit de loin » des cris de condoléance:: ; il fut plufieurs jours >> à fe rétablir, durant Jefquels j j’eus occafion de » pañer par les cours où 5 fe tenoït ; je le voyois 5 toujours exclus de la fociété, & à chaque fois # que je pañois il me venoit faire des haran- »» ques, fans doute pour me remercier du fecours 4 PO. Can 69 rie om pour limprefion de mes Ou- vrages. Nous avons aufli reçu de Saint- Domingue une relation affez {femblable , … & qui prouve que , dans certaines circond- _ que je lui avois donné dans fa grande affaire, Un jour äl s’approcha fi près de moi, me mar- rep tant d’amitié, que je ne pus m ’empêcher e le careffer en ui pañfant la main le long du cou & du des, à quoi il parut être fi fenfible, qu'il me fuivit jufqu’à Piflue des cours ; le lendemain je repañlai, & il ne manqua pas de courir à moi, je lui fis la même carefle, dont il ne fe raffafoit pas, & cependant, par fes façons , il avoit Pair de vouloir me conduire . du côté de fes chères amies ; je Fy conduifis “en effet ; en arrivant, il commença fa harangue , & Padrefla diredtement aux trois dames, qui me manquêrent pas d’y répondre ; auffi-tôt le conquérant gris fauta fur jacquot, je les faïflaï ‘faire pour un moment, il étoit toujours le plus fort ; enfin je pris le parti de mon jacquot, qui étoit deflous; je le mis deffus, il revint deflous ; je le remis deflus, de maniére qu’ils fe battirent onze minutes, &, par le fecours que je lui portai, il devint vainqueur du gris, & s’empara des trois demoïfelles. Quand Pami jacquot fe vit le maître, il n’ofoit plus quitter fes demoifelles, & par conféquent il ne venoïit plus à moi quand je pañlois, il me donnoit sprnso de loin beaucoup de marques d’ami- EN ee | 70 Hifloire Naturelle ON SORA RE OR a ee _ Les “bn RAD D RES F2 À NE En LEE rs cr PP à FR me ÿ 5 € RE À ENS en. + RE TR TRS " A + RE ; en 5 dE: , À + L ex tances , loïe fe montre capable d’un atta-. _:chement perfonnel , très-vif & très-fort, & même d'une forte d'amitié paflionnée tiés, en criant & battant des aïles, mais ne _ quittoit pas fa proie de peur que l’autre ne s’en emparât ; le temps fe pafla ainfi jufqu’à la cou vañon, qu'i ne me parloit toujours que de loïn ; mais, quand fes femmes fe mirent à cou= ver, H les laiffa & redoubla fon amitié vis-à= vis de moi. Un jour m’ayant fuivi jufqu’à Ia. glacière, tout au haut du parc, qui étoit f’en- _droiït où if falloit le quitter ; pourfuivant ma route pour aller aux bois d’Orangis, à une demi-lieue de 1à, je lenfermaï dans le parc; # ne fe vit pas plutôt féparé de moi, qu’il jeta des cris étranges ; je fuivois cependant mon chemin, & j’étois environ au tiers de ke. route des bois, quamd Ie bruit d’un gros vol me fit tourner la tête , je vis mon jacquot qui s’abattit à quatre pas de moi; il me fuivit dans tout le chemin, partie à pied, partie au vol, me devançant fouvent, & s’arrêtant aux croï- fières des chemins pour voir celui que je voulois prendre ; notre voyage dura aïnfr de- puis dix heures du matin jufqu’à huit heures du foir, fans que mon compagnon eût manqué de me fuivre dans tous les détours du bois, & fans qu’il parût fatigué. Dès-lors À fe mit à me fuivre & à m’accompagner par-tout, au oint d’en devenir importun , ne pouvant aller à aucun endrcit qu’il ne fût fur mes pas, ee : ‘LL ostall 2 À de POie. Ans % ? - a. fait ARE , & périr loin de celui qu’elle a choïi pour Fobiet de lon af ct qu'a venir un jour me trouver dans l’églife ; une autre fois, comme ïl me cherchoit ? dans le village, en pañfant devant [a croifée de M. le Curé, il m'entendit parler dans fa chambre, & trouva la porte de la cour ou- verte; i entre, monte lefcalier, &, en entrant, fait un cri de joie, qui fit grand peur à M. le Curé. Je m’afflige en vous contant de fi beaux traits de mon bon & fidèle ami jacquot , quand _ je penfe que c’eft moi qui ai rompu le pre- mier une fi belle amitié; mais il a fallu m’en féparer par force ; le pauvre jacquot croyoit être libre dans les appartemens les plus hon- nêtes , comme dans le fien, &, après plufieurs accidens de ce genre, on me le nferma, & je me le vis plus; mais fon inquiétude à duré plus d’un an, & ïl en a perdu Îa vie de cha- grin, il eft devenu fec comme un morceau de bois, fuivant ce que lon m'a dit; car je mai pas voulw le voir , & Fon m’a caché fa mort jufqu’à plus de deux mois après qu’il a été défunt. S'il falloit répéter tous les traits d'amitié que ce pauvre jacquot m’a donnés, je ne finirois pas de quatre jours, fans ceffer d'écrire ; il eft mort dans la troïfième année de fon règne d'amitié, il avoit en tout fept ans & _ deux mois. » ‘6 gp Hifloire Naturelle FR Dès le temps de Columelle, on a guoit deux races dans les oïes domeftt= 1 ques : celle des blanches plus ancienne= ment, & celle à plumage varié, plus ré- cemment privée ; & cette. be felon Varron, n'étoit pas aufli féconde que l'ote blanche ; (y) auffi prefcrivent-ils au fer- mier de ne compofer fon troupeau que de ces oïes toutes blanches , parce qu'elles font aufli les plus groffes ; (7) en quoi Belon paroit être entièrement de leur avis; (a) cependant Gefner a écrit à-peu- (y) De Re Ruft. 6. wIIr, cap. 13. (x) Antiqui jubebant ut quèm amplifimi corporis , * €? albi coloris eligantur ; quod genus illud varium , quod. à fero mitigatum : domeflicum faëtum efl, nec tam fecundum fit, nec tam pretiofum. Aldrovande. (a) « L’on trouve de deux fortes d’oies pri- » vées, dont lune, qui eft plus farouche, eff » plus ‘grande & à meilleure couleur, & eft » trouvée plus féconde ; lautre, qui retire à »» Voie fauvage , eft de moindre corpulence & » auf de Fig revenu ; & les ménagères les »» prennent toutes blanches, fuiant celles dont » les oïfons font d’autres couleurs ; car celles qui » ne font conftantes à tenir Îeur ‘couleur, font eftimées de mauvaile raçe. » Belon , Nat, des Oifeaux. près : r. » ” ? près dans ie même temps que lon eroyoit avoir en Allemagne de Bonnes raïfons de préférer la race grife, comme plus _robufte fans être moins féconde; ce qu’Al- _drovande confirme également pour FI- talie. Comme fi la race la plus ancienne- ment domeftique , fe füt à la longue affoï- ble ; &, en effet, 1l ne paroït pas que les oies grifes ow variées fotent aujourd’hur, ni pour la taille , nt pour la fécondité , in- férieures aux oies blanches. Ariftote, en parlant des deux races où efpèces d'oiïes , l'une plus grande, & l'autre plus petite , dont Finftmét eft de vivre en troupes, (à) femble par la dernière, entendre l'ote fauvage : & Pline traite fpécialement de celle-cr, fous le nom de ferus anfer.(c) En eflet, lef- pèce de l'oie eft partagée en deux races ou grandes tribus, dont lune depuis long-temps domeftique , s'eft affetionnée à nos demeures, & a été propagée, mo- x La déPOi. 73 Es (6) Gregales aves [unt grus . . . . anfer minor Ariftot. lib. VIII, cap. 15. | (c) Hift. nat. 6. x, cap. 22. Oifeaux, Tome Y VII, D J 4 Hi Hiflire | Nabrelle be FE difiée par nos foins, & l'autre beaucoëp: plus nombreufe , nous a échappé, & cft reftée libre & Éuvage ; car on ne voit entre loie domeftique & foie fauvage " _ de différences que celles qui doiventré- _ fulter de l’efclavage fous l'homme d’une part, & de l’autre, de la liberté de la Na- ture, (d) L'oie fuvage eft maigre & de taille plus légère que loie domeftique : ce qui s “obferve de même entre plufeurs races privées, par rapport à leur tige fau- vage , comme dans celle du pigeon do- meftique comparée à celle du bizet ; l'oie fauvage a le dos d’un gris-brunâtre > le ventre blanchître, & tout le corps nuë d'un blanc - rouRitre, dont le bout de chaque plume eft frange. Dans l'ote do- meftique , cette couleur rouffâtre a va- rié, elle a pris des nuances de brun ou de blanc, elle à même difparu entièrement dans Ia race blanche, (e) Quelques-unes (d) « S’i y a différence entre l’oie privée & » Îa fauvage, c’eft fi peu, qu’il ne fe peut qua # connoître ; la privée a pris fon origine de la fauvage. » Belon. {e) Color, ut in ayibus domeflicis varius , pel ah PO. le og Gnt coin une huppe fur la tête, (f) mais ces changemens font peu confide- re bles en comparaïfon de ceux que la _ poule , le pigeon & plufeurs autres ef pèces sut fubies en domefticité; auffi loie : les autres oïfeaux d’eau que nous avons. réduits à cet état domeftique , font-ils beaucoup moins éloignés de l'état fau- | vage , & beaucoup moins foumis oucap- | tivés que les oïfeaux gallinacés, qui fem- blent être les citoyens naturels de nos bafles-cours. Et dans les pays où l’on fait _ de grandes éducations d'oies, tout le foin - qu'on leur donne pendant la belle filon # _conffte à les rappeller ou ramener le foir -à a ferme, & à leur offrir des réduits | commodes & tranquilles pour faire leur , nte & leur nichée, ce qui fufht , avec 4 afile & laliment qu'elles y trouvent en : ; hiver , pour les affle@tionner à leur de- a he. | — | | fus ‘ féilices » vel cinerus, vel albus, vel ex fufco “a albo muixtus. IMas plerumque albus ef?. Ray. + (f) Anfer verficolor cirratus. Barrère, Ornérhol. x ur 1, Gen. 2, Sp. 1.— 4nfèr cirratus , varietags Brion, Ori. tom. VE; pag. 75, Di 76 EH: floire Notrelle à te meure & les empêcher de Lorie: ; JL & refte du temps elles vont habiter les eaux, ou elles viennent s'ébattre & fe repofer fur les rivagess & dans une vie auf ap- prochante de la liberté de la Nature, : elles en reprennent prefque tous les avan- tages, force de conftitution , épaifleur & netteté de plumage, vigueur & étendue de vol; ( g) dans quelques contrées même où Ferre moins-civilfé, c'eft-à-drre , moins tyran, laïfle encore les animaux plus libres, ïl y a de ces oies qui, réelle- ment Ruvages pendant tout l'été, nere- deviennent domeftiques que pour ? hiver: ds nous tenons ce fait de M, fe docteur Sanchez, & voici la relation intéreflante qu'il nous en a communiquée. ec Je partis d'Azof, dit ce favant Mé- 2decin ;, dans Pautomne de 1736; me trouvant malade, & de plus craignant 2dètre enlevé par les Tartares Cubans, 3>je réfolus de marcher en cotoyant le sDon, pour coucher chaque nuit dans MATE à + ; mn”. 3 14 ÿ Hs & pa à S'en PME" EI (g) Silveflres anferes volaciffimi ; nec multà mixäsr ia Beloio WEN ed . Sçalia. adperf. Cardan. En TL AR ” & De es villages des Cofaques , fujets à la do-cé . mination de Ruflie. Dès les premiers cè » foirs , je remarquai une grande quantité cé d'otes en l'air, lefquelles s'abattoient cé - & fe rendoïent fur les habitations ; lece “troïfième jour fur-tout, j'en vis ün fice grand nombre au coucher du {oleïl, cé que je m'informat des Cofaques ,ce où je prenoïs ce foir - R quartier , fic . les oïes que je voyois étotent dormeftr-ce . ques, &fielles venoient de loin , comme cc il me fembloitpar leur vol élevé ? ils me cc répondirent, étonnés de mon ignorance, ce que ces oïfeaux venoïent des lacs quice Étoient fort éloïgnés du côté du Nord ,ce _&cque chaque annéeau degel,pendant les cé mois de mars & avril, ïl fortoit de cha-ve que maïlon des villages fix ou fept païresce _ d'oies, qui toutes enfemble prenoïentse » eur vol & difparoïfloient pour né reve-ce _nir qu'au commencement de l'hiver ,ce comme on le compte en Ruflie, c'eft-à-ce dire , à la première neige ; que cesce troupes arrivorent alors augmentéesee quelquefois au centuple , & que fe di-ce vifant , chaque petite bande cherchoïit ,ce avec fa nouvelle progéniture, la marfonce F7 > 78 H ire Nanrelle »où elles avoient vécu saut pt précédent. J’eus conftamment ce fpeéta #cle chaque foir , durant trois CHR l'air étoit rempli d'une infinité d’oies DA on voyoit fe partager en bandes ; les | Îles & les femmes , chacune à la porte : de leurs maïfoins , les regardant , fe di- »>fotent , voilà mes oies, voilà les oiest 5: d’un RP & chacune de ces bandes! > mettoit en effet pied à terre dans la cour! » où elle avoit pafié l'hiver précédent (4). Je ne ceflai de voir ces oïfeaux que Tor s>quejarrivatà Nova-Poluska, où l'hiver étoit déjà aflez fort. 2 Ë C'eft apparemment d'après quelques relations femblables qu'on a imagine ; comme le dit Belon, que les oïes fau= vages qui nous arrivent en hiver , étoient domeftiques dans d’autres contrées : mais. (45 Les habitans font une DU de ces oiesh ‘pendant que leurs plumes font en duvet ; is Jess | coupent en deux & les sèchent ; fe duvet, fameux par fa bonté, eft l’objet d’un grand commerce ; fa viande sèche fe tranfporte en Ukraine , d’où Tes les Cofaques tirent en retour de l’eau-de- -vie de \ grain & quelques habillemens, Extrait de la méw& | relation de M, le do&teur Sanchez. | LT > LE Æ QC PAST EM NEIL T { z 5 + af 74 É cette idée n'eft pas fondée, car Îes oïes ruvages font peut-être de tous les oïfeaux des plus fauvages & Îes plus farouches , & d’ailleurs la faïfon d’hiver où nous Îes voyons, eftle temps même où 1l faudroit fuppoler. qu'elles fuflent domeftiques ARsileuts 2e | À, He. On voit paffer en France des otes fau- .… vages dès la fin d'octobre ou les premiers Jours de novembre (2). L'hiver , qui . Commence alors à s'établir fur les terres du Nord, détermme leur migration ; &, LE IESE ce qui eft afiez remarquable , c’eft que à. Vu: (:) C’eft au mois de novembre, m’écrit M. Hé- . Bert, qu’on voit en Brieles premières oies fauvages, ” & il en pañle dans cette province jufqu’aux fortes gelées, en forte que le pañlage dure à-peu-près deux mois. Les bandes de cesoïes font de dix ou douze , = jufqu’à vingt ou trente, & jamais plus de cin- quante ; elless’abattent dans les plaines enfemen- cées de blés, & y caufent aflez de dommages, pour déterminer les cultivateurs à faire garder leurs champs par des enfans qui, par leurs cris, en font fuir les oïes ; c’eft dans les temps humides qu’elles font plus de dégâts , parce qu’elles arrachent le blé en le pâturant; au leu que pendant la gelée elles ne font qu’en couper la pointe, & laifient le refte de la plante attaché à la terre. | | D 1v < Lx IST SN à Es + De DE A] Li + So Hifoe Naturelle Ton voit dans le même temps des ôïes … domeftiques manifefter par leur mquié- tude & par des vols fréquens & outenus s ce defr de voyager (4); refte évident " Es Ck) « Mon voifin, à Mirande, nourrit un « # troupeau d’oies, qu’il réduit chaque anréeñune » quinzaine, en fe défaïifant d’une partie des vieïlies > & confervant nne‘bartie des jeunes. Voici fa troi- » fième année que je remarqueque, pendant le s» mois d’octobre, ces ofeaux prennent une forte 2 d’inquiétude, que je regarde comme un refte » du defir de voyager ; tous Îles jours, versles » quatre heures du foir , ces oïes prennent leur # volée, pallent par - deffus mes jardins, font le . _» tour de Îa plaine au vol, & ne reviennent à {eur gîte qu’à la nuit; elles fe rappellent par un cri > que j’ai très-bien reconnu pour être le même, «1 que celui que les oies fauvages répétent danseur > pañlage, pour fe raflembler & fe tenir en com- » pagnie. Le‘ moiïs d’octobre a été cette année #» celui où l’herbe des pâturages a repouñié ; indé. » pendamment de cette abondante nourriture, le >; propriétaire de ce troupeau Îeur donne du grain »» tous les foirs dans cette faïfon ; par Ja crainte # qu’il a d’en perdre quelques-unes. L’an pañé » il s’en écara une qui fut retrouvée deux mois => après à plus detrois lieues : pañlé la fin d’octobre, s où les premiers jours de novembre, ces oies re- » prennent leur tranquillité; je conclus de cette # obfervation , que la domefticité [a pius ancienne » ( puifque celle des oies dans ce pays, où il n’en dE POi. j gi nf n& Hbc & par lequel ces Rose quoique depuis long-temps pri- _vés, tiennent encore à leur état Pt “par Les premières habitudes de nature | vol des oïes fauvages eft tone _ très-élevé (7), le mouvement eneft doux naît point de fauvages, doit être de la plushaute «s antiquité, ) n’efface point entièrement ce ca-ws ractère imprimé par la Nature, ce defir inné de « voyager.L’oie domeftique abâtardie , appefantie ; «s tente un voyage, s'exerce tous les jourss êc « quoique abondamment nourrie , & ne man-« quant de rien, je répondrois que s "1 en pañloit de fauvages dans cette faïfon , il s’en débauche- « “roit toujours quelques-unes , & qu’il ne leur «e manque que l’exemple & un peu de courage 4 pour déferter ; ; je répondroïs encore que ; ff on ss faifoit ces mêmes mformations dans les pro- «s vinces où on nourrit beaucoup d’oies, on verroit se qu’il s’en perd chaque année, & que c’eft dans «< Je mois d’oétobre. Je ne fache pourtant pas que «c toutes les oïes que l’on nourrit dans les bafles- 64 cours; donnent ces marques d'inquiétude ; mais ce il faut confidérer que ces oïes font prefque dans « ha captivité enclofes de murs, ne connoïflant.«s point les pâturages , ni la vue de Fhorizon; ce «e font des efclaves en qui s’eft perdue toute idée « de leur ancienne liberté. » Oüftryation comméniquée par M. Hébert. (2) I n’y à que dans les jours de brouillards , D y 82 Hifloire Naturelle ’ Je SEA. US Le & ne s'annonce par aucun bruit, nifilez ment, l'aile, en frappant l'air , ne paroït pas fe déplacer de plus d’un pouce ou. deux de la ligne horizontale ; ce vol fe fait dans un ordre qui fuppofe des combr naïfons, & une efpèce d'intelligence fupé- rieure à celle des autres offeaux , dontles troupes partent & voyagent confufément & fans ordre. Celur qu'obfervent les oïes, femble leur avoir êté tracé par un inftinct géométrique; c’eft à-la-fois l'arrangement le plus commode pour que chacun fuive & garde fon rang, en jouiflant en même . temps d'un vol fibre & ouvert devant for, & la difpoñtion la plus favorable pour fendre l'air avec plus d'avantage & moins de fatigue pour la troupe entière; car elles fe rangent fur deux lignes obliques formant un angle à-peu-près comme un V ; ou fi la bande elt petite, elle ne forme qu'une feule ligne , mais ordinairement chaque troupe eft de quarante ou cin- quante; chacun y garde fa place avec une que les oïes fauvages volent affez près de terre, pour pouvoir les tirer. Oë/érpation communiquée par M, Hébert, id j 4 Oie. 483 | ji à be Le chef qui ef le pointe de l'angle, & fend Pair le premier, va ferepoler au dernier rang lorfqu'i eft _ fatigué ; & tour-à-tour les autres prennent a première place. Pline s'eft plu à décrire ce volordonne & prefque raïfonné("2) ; ee il n eft perfonne, dit-il , qui ne foit à portée de le confidérer , car le paflage ce des oïes ne fe fait pas de nuit, mais ence A jo ur. 33 : Ona même remarqué quelques points de partage où les grandes troupes des oi- {eaux fe divifent, pour de-là fe répandre en diverfes contrées : les Anciens ont indi- .qué le mont Taurus, pour la divihion des troupes d’oies dans toute PAfie mineure .(2)51le mont Stella, maintenant Coffo- D! (im) Liburnicarum more roffrato impetu feruntur., facilius ita findentes aëra , quèm f? re&à fronte in- pellerent, à tergo fenfim dilantate fe cuneo , porrigitur agmen largèque impellenti præbetur are. Colla imponunt præecedentibus; feffos duces ad teroa rectpiuut. Piin. AL. x, cap. 22. (na j: Oppien { Exeutic. 2, } dit qu’au pañlage du mont Taurus, les oies fe précautionnent contre leur naturel jafeur qui les décéleroit aux aigles, en s’obftruant le bec avec un cailiou ; & ie bon Plu- tarque répête ce conte : ir Moral. de Garrulit. D vi 84 Hifloire Naturelle -noffi (en langue Turque, champ des oies); où fe rendent à l'arrière-faïfon de prodi- gieufes troupes de ces oïfeaux , qui de-là femblent partir pour fe difperfer dans toutes les parties de notre Europe (0). PET STALLONE ETS Là + 1 ty Up 2: Plufeurs de ces petites troupes où bandes fecondaires fe réuniflant de nou-. veau, en forment de plus grandes & juf- qu'au nombre de quatre ou cinq cens que nous voyons quelquefois enhiver s'abattre é à dans nos champs où ces oïfeanx caufent de grands dommages ( p), en paturant les blés qu'ils cherchent en grattant jufque deflous la neige ; heureufement les oïes font très-vagabondes , reftent peu en un endroit, & ne reviennent guère dans le même canton; elles pañlent tout le jour fur la terre dans les champs ou les prés, maïs elles vont régulièrement tous les foirs fe rendre fur les eaux des rivières ou des {o) Rzaczynsky, Hifl. pag. 270. (p) In Bataviam , anfères numero/iffimi misrationrs tempore confluunt adeo ut fègetes perlongifima tntervalla brevi tempore devaflent. Aldrov. 4. tom. ITE, pag. 155. RES à 2 = dE ne Ad (ut né s y pañfent la nuit entière, & . n'y arrivent qu ‘après le coucher du foleil; _ ilen furvient même après la nuit fermée , . _ & l'arrivée de chaque nouvelle bande eft célébrée par de grandes acclamations , _ auxquelles les arrivantes répondent de : façon que fur les huit ou neuf heures M3 _ dans la nuit la plus profonde, elles fontun _ { grand bruit & pouflent des clameuts fi multipliées qu'on les crorroit afemblées pas milliers. On pourroit dire que, dans cette be. se 4 oies fauvages font plutôt oïifeaux de plaine qu'oifeaux d'eau, puifqu'elles ne fe rendent à l’eau que la nuit, pour y cher- cher leur füreté ; né des {ont bien différentes & même oppofées à celles des canards qui quittent les eaux où s'y ren- dent les oies, & quine vont pâturer dans les champs que la nuit , & ne reviennent ‘à l'eau que quand les oies la quittent. Au refte, les oïes fauvages , dans leur retour au printemps, nes “arrêtent guère fur nos terres; onnen voit mème qu'un très-petit ones an rs, & Il y a apparence que ces oïfeaux voyageurs ont pour le départ & le retour deux routes différentes, 86 Hifloire Naturelle _ Cette inconftance dans leur féjoûr ; * _ jointe à la finefle de l’ouie de ces oïfeaux, + & à leur défiante circonfpection, font que * leur. chaffz eft difhcile ( g), & rendent . même imuttles la plupart des piéges quon : Let Ce DER CRD, no RE EVE FEh ra La 1 es D à NES ir L ++ Ve M 9 leur tend ; celui qu'on trouve décrit dans Aldrovande , eft peut-être Îe plus für de tous, & le mieux imaginé. ce Quand la gelée , dit-1l, tient les champs fecs, on RE . {g) K eft prefqu’impoñfible , dit M. r'‘bert, de les tirer à l’arrivée, parce qu’elles volent trop haut, & qu’elles ne commencent à s’abaïfler que quand elles font au-deflus des eaux ; j’ai tenté, ajoute-t-il, avec aufli peu de fuccés, de les fur- prendre le matin à l’aube du jour ; je paflois fa nuit entière dans les champs, le bateau étoit préparé dès la veille ; nous nous y embarquames fong- temps avant le jour, & nous hous avancions à la faveur des ténèbres bien avant fur Peau ; & juf- qu'aux derniers rofeaux; néanmoins nous nous: trouvions toujours trop loin de la bande pour tirer, & ces oifeaux trop défians s’élevoient tout en par- tant affez haut, pour ne pañler fur nos têtes que hors de {a portée de nos armes ; toutes ces oies ainfi raflemblées partoient enfemble , & atten- doïent Îe orand jour , à moins qu’on ne les eût inquiétées ; enfuite elles fe féparoïent & s’éloi- gnoïent par bandes, & peut-être dans le même ordre qu’elles s’éteient réunies Le foir précédent. Lit doit De A SAS “+ 2 “choïfitun FOR propre à ésauh Er un a long ce _ filet aflujetti & tendu parles cordes, decc manière qu'il foit prompt & prete à à ce s'abattre, à-peu-près comme les nappesce dé fete alouette , mais fur un efpace ce plus long, qu'on recouvre de pouflière ; ;ce on y place quelques oies privées pour fervir d'appetans ; 1l eff eflentiel de faire ce tous ces préparatifs le foir, & de ne pasee s'approcher enfuite du fit, car, fi lece matin les ores voyoient 1a die ou lece givre abattus, elles en préndroïent dé-ce flance. Elles viennent donc à Îa voix dece ces appelans, & après de longs circuitsce &'plufieurs toursen l'air, elles s’abattent : cc 'oifeleur caché à cmquante pas dans une cc fofle , tire à temps la corde du filet, &cce prend la troupe entière, ou partie fous ce fa nappe. » (r) Nos chafieurs emploient : toutes leurs rufes pour furprendre les oies fauvages; fl la terre eft couverte de neïge, ils fe revêe- tent de chemifes blañches pardeflus leurs {r) Petr. Creféent. dd Aldrovy. pi tom, 111 si peg- 157: ALT, ANT Ven ON US AUS RARES Ÿ Æ 88 Hifloire Naturelle habits; en d’autres temps, ïls s'envez loppent de branches & de feuilles ; de manière à paroître un buïflonu ambulant; ils vont jufqu’à s’afflubler d’une peau de vache , marchant en quadrupèdes, cour bés fur leur fuñl; & fouvent ces ftra- tagèmes ne fufhfent pas pour approcher les oïes, même pendant la nuit. Ils pré- tendent qu'il y en à toujours une qui fait fentinelle le cou tendu & la tête élevée, & qui, au moindre danger, donne à la troupe le fignal d'alarme. Mais, comme elles ne peuvent prendre fubitement l'eflor, & qu'elles courent trois ou quatre pas fur la terre, & bat- tent des aïles pendant quelques mo- mens , avant que de pouvoir s'élever dans lair, le Chafleur a le temps de les tirer. | à + Les oies fauvages ne reftent dans ce pays-ci tout l'hiver, que quand la farfon eft douce, car, dans les hivers rudes, lorfque nos rivières & nos étangs fe gla- cent, elles s'avancent plus au Midi, d'où lon en voit revenir quelques-unes qui . repañient vers la fin de mars pour retour- ner au Nord; elles ne fréquentent done E s { 1 1 = 4 à =. Ps 14 = PE £ 4; ( $ Le DPS EPL SS J : E Let # 12 Fr s. z .u _ r ! PRET NE RS 2 1 CE | ro re Pie NÉS, LE Tr . LA FA s : FRERES TT PÉRINS hi dé VERSO LME." 5) les climats chauds, & même la plupart . des régions tempérées, que dans le temps de leurs pañlages; car nous ne fommes pas informés qu’elles nichent en France (f); quelques-unes feulement nichent en Angleterre , ainfi qu'en Silélie & en Bothnie (r}), d’autres, en plus grand nombre , vont nicher dans quelques can- tons de la grande Pologne & de la Lr- thuanie (4); néanmoins le gros de lef- pèce ne s'établit que plus lon dans le Nord (x), & fans s'arrèter ni fur les {(f) « Si voyions qu’elles feiffent Îeurs petits en ce pays , nous accorderions qu’on pourroit « bien prendre leurs œufs, & les faire couver «e aux oyes privées ou aux poulies, & 1075 les «4 pourroit-on apprivoifer. » Belon. | (t)_Coeunt poff hiereis folfficium ; initio veris pariung ova ad fummum quindecim. Schwenckfeld. (u) In majori Polonià Notes Fluvius propter maxi- : mum numerum anferum ferorum 1b1 commerantium fa mojus. In Lithuanià , Polefié hieme aliqui agrnt ; quin tempore verno ibidem fætificant. Hit. mat. Polon. p: T, 270. (x) Miram in feptentrionalibus multitudinem anfe- um fribit , Olaïs Magnus, cubationis tempore redire à mer!dionaliôrs plugis, Aldrovande, tome III, “page 155. oo Hifloire Naturelle côtes de l'Irlande (y) & de Ecole ; “nt même en tous Îles points de la longue côte de Norwège (7); on voit cesoifeaux fe porter en troupes immenfes jufque vers le Spitzherg (4 ), le Groënland (y) Les oïes fauvages ne viennent en Iflande qu'au printemps... On ne fait fi ces oifeaux y font leurs petits , d’autant plus qu’on remarque qu’ils ne s’arrètent point, & qu'ils continuent leur voyage vers le Nord; ce n’eft à proprement arler qu’un oïffeau de pafage. Relation authentique de l’Iflande , tiré des Mémoires de M. Horrebosws ; Journal étranger , avril 1758. {z) U n’y a en Norwèse que deux efpèces ‘d’oies fauvages ; Îles grifes pañlent lPété dans le diftri& de Nortland. Les Norwéoïens croient qu’elles | viennent pendant l’hiver en France.... On ne fait où ces oies font leur couvée , cependant on a remarqué qu’il y en a qui multiplient fur Ia côte de Riefide en Norwège. Hifloire Naturelle de Normwège , par Ponfoppidan. {a) On trouva un grand oolfe ( Nord-oueft de Pile Baëren, entre le Spitzberg & le Groënlard, ) & au milieu une Île remplie d’oies fauvages & de leurs nids. Heemskerke & Barentz ne doutèrent point que ces oies ne fuflent les mêmes qu’on voit venir tousles ans, en fort grand nombre dans les Provinces-unies , fur-tout au ÆWefingen, dans le Zuiderzée, dans {a Nordhoïlande & fa Frize, PORT PR Ts Le | de l'Ote. Per 761 7 & les terres de la baïe d’ Hudfôn , ; Où eur graïfle & leur fiente ( d), font une reflource pour les malheureux habitans de ces contrées glacées. Il y en a de » fans-qu’on eût Du s’imaginer jufqu’ are où elles faifoient leur ponte. Recueil dès Voyages de la Com- pagnie des Indes; Ainflerdam , 1702 , tome 1, page 35. (Bb) Les oies fauvages arifes arrivent à l’entrée de Pété au Groënland, pour faire fleurs œufs & élever leurs petits. HI y a apparence qu’elles vien- nent des côtes de l’Amérique les plus voifines elles y retournent pour l’hiver. Crantz, dans l’Hifloire générale des Voyages , tome XIX , page 43. | (c) A la fin d'avril, les oies, Îes canards, arri- vent en abondance à la bate d’Hudfon. Hifloire générale des Voyages , page 657. — Sur la rivière Nelfon , on trouve quantité doies, de canards , de cygnes. Ellis, Voyage à la baie d'Hudfdn , tome 1 I, age 50. — Robert Lade place auffi une quantité d’oies fur le fleuve Ruppert , dans la même baie. Voyage du capitaine Robert Lade; Paris, 1744, 1.1, p.355. (d) Ad condiendos cibos loco Butyri , anferum adine utuntur feptentrivnales. Olaüs Magnus. ff. fer. lib. XIX , Cap. 7. « La fente d’oie sèche fert de mèche aux Efquimaux pour mettre dans leurs « lampes en guile de coton; c’eft une pauvre « refource , maïs qui vautencore mieux querien « “du tour, » Ellis, tome II, page 1714 SE Hifloire Naturelle: 2 même des troupes innombrables fur le lacs & les rivières de la Lapponte (e), ainfi que dans les plaines de Mangafea, le long du Jénifca (f), dans plufeurs. autres parties de Îa Sibérie, jufquau Kamtichatka, où elles arrivent au mois de mar, & d'où elles ne partent qu'en. novembre, après avoir fait leur ponte: M. Steller les ayant vu pañler devant Tile de Berg, volant en automne vers left, & au printemps vers loueft(g), préfument qu'elles viennent d'Amérique au Kamtfchatka ; ce qu'il y a de plus certain, c'eft que la plus grande parte de ces oïes du nord-eft de l'Afie, gagne les contrées du midi vers la Perfe( A}, [e) Voyage en Lapponie , dans les Œuvres de Regnard, tomelI, page 180. (f) Gmelin, Voyage en Sibérie ,tomeT, page 218. (g) Hiftoire générale des Voyages, tome XIX, page 272: (h) En Perfe il y a des oies, canards, pluviers, grues , hérons , plongeons , bécafles ; par-tout ; : mais en plus grande quantité dans Îes provinces feptentrionales. Voyage de Chardin ,; Amjlerdan 3711. 2 _ de TOie, PAPE Les! Mes 6 & Je Japon où on ob- ferve leur pañlage de même qu'en Eu- rope ; on affure même qu'au Japon Îa fécurité dont on les fait jouir, leur fait oublier leur défiance naturelle É à TRS Un fait qui femble venir à Fappui du pallage des oies de l'Amérique en Âfe, c'eft que la même efpèce d'oie fauvage, qui f voit en Europe & en Afe, fe trouve aufli à la Louïfiane (7), au Ca- (i) UH y a des oies, des canards, ds cercelles, des hérons, &c. au royaume de Guzaratte , aux: Indes orientales. Voyage de Mandeflo, fuite d’Oléa- rius, tome Il, page 234. H y en a aufi en Turquin. Dampier , Nouveau Voyage autour du monde ; Raen » 1715 » tome ÎII, page 30. (4) On difiingue au Japon deux fortes d’oies fauvages qui ne fe mêlent jamais ;les.unes blanches comme fa neige , avec les extrémités des aïles fort noires ; les autres d’un gris cendré; toutes fi com- munes & fifamilières, qu’elles fe laiffent facilement procher. Quoiqu’eïles faflent beaucoup de dégât Eu les campagnes , if eft défendu fous peine ‘de mort , pour aflurer Île privilége de ceux qui ache- tent le droit. Les payfans font obligés d’entourer leurs champs de filets pour les défendre de leurs ravages. Kæmpfer, tome I, page119. (1) Le Page du Pratz, tome I], page 114. a nada (#2), à la nouvelle Efpagne (2). & fur les côtes occidentales de l'Amé- rique feptentrionale ; nous ignorons fi cette mème efpèce fe trouve également dans toute l'étendue de l'Amérique mé-. ridionale ; nous favons feulement que la race de foie privée, tranfportée d'Eu- rope au Bréfil, pale pour y avoir acquis une chair plus délicate & de meïlleur goût (0); & qu'au contraire elle à dégé- as. à {m) Les oïes & tous les grands oïfeaux de ri- vière font par-tout en abondance au Canada, ex- cepté vers les habitations, dont on neles voitpoint. approcher. Hifloire générale des Voyages, tome XV, page 227. — Il y a chez fes Hurons des oies fau- vages qu’ils appellent ahongue. Voyage au pays des Hurons, par le P. Sagard Théodat, Récollet; Paris, 1632. : (n) Tlalacat{ , anfer montanus eft-, domefhico fimi- Us. ... cum filyefiri noffrati ut omnino idem , ant congener. Fernandès, Hift. avi. Hifp. pag. 34, cap. XCVIII. — Voyez auffi Gemelli Carreri , tom. VI, pag. 212. { o) On prétendavoir remarqué que les canards & les oïes d'Europe tranfportés au Bréfil, y ont acquis un goût plus fin ; au contraire des poules qui, en devenant plus grandes & plus fortes, ont perdu une partie de leur goût. Hifi. générale des Voyages, tome XIV, page 305. _ néré à Saïnt-Domingue , où M. le che- valier Lefebvre Deshayes à fait pluñeurs obfervations fur le naturel de ces oïfeaux en domefticité, & particulièrement fur _ les fignes de joie que donne Foie mâle _ à la naïflance des petits (p),. M. Deshayes pe (p) Quoique Poie fouffs« ici d’être plumée de fon duvet trois fois année , fonefpèce néanmoins eft moins précieufe dans un climat où la fanté défend , en dépit de la molleffe, de dormir fur le duvet, & où la païlle fraîche eft le feul lit où le fommeïl puifie s’abattre ; la chair de Voie n’eft pas non plus aufft bonne à Saïht-Domingue qu’en France ; jamais elle n’eft bien grafle ; elle eft flandreufe, & celle du canard d’Inde _ mérite à tous égards Îa préférence. Ob/fervation communiquée par M. le Chevalier Lefebvre Deshayes. - ‘Les Naturaliftes n’ont pas parlé, ce me fem- ble, des témoïgnages finguliers de joie que le jars ou le mâle donne à fes petits les premières fois qu’il les voit manger ; cet animal démontre fa fatisfaction en Ievant la tête avec dignité, & en trépignant des pieds, de façon à faire croire qu’il danfe. Ces fiones de contentement ne font pas équivoques, puifqu’ils n’ont lieu que dans cette circonftance , & qu’ils font répétés prefque à chaque fois qu’on donne à manger aux oïfons dans leur premier âge. Le père néglige fa propre fubfifiance pour fe livrer à la joie de fon cœur . cette danfe dure quelquefois long-temps ; & quand A Ar PRES PET PRESS EL D NE he PRE RTS r- RTL 4 A wr # F fs sp TERRE ES LE SR hf: ET Pr (DS «g à Re Te GÉRÉE RTS cap: Ver g £ : 3 F ETS ETÉ Le PRE LES ÉIRELE ET. << Dur L ‘ . © Fed ET À LÉ PSS AS. ° 96 & _ Hifloire Naturelle nous OT En de plus qu'on vob: ea Saint-Domingue une oïe de paflage qui. comme en Europe , ft un peu moins | ra que l'efpèce privée ; ce qui fem- _ ble prouver que ces otes voyageufes fe portent fort avant dans les terrés méri= dionales du nouveau monde , comme dans celles de l'ancien continent, où | elles ont pénétré. joue {ous la zone torride (qg), & paroï ent même l'avoir traverfée toute entière. Car on les trouve au Seau Q » au Sté f )» ue quelque difiraäion, comme celles de volailles, qu’il chafle loin de fes petits, la fui fait inter- rompre , il fa reprend avec une nouxeus ardeur. Idem. ( g) Tous les. climats , m'écrit M. Baillon, conviennent à l’oie comme au canard, voyageant de même & pafñlant des régions les plus froides , dans les pays fitués entre îes tropiques. J’en ai vu arriver beaucoup à l’île de Saint-Domingue aux approches de Ia faifon des pluies, & elles ne paroïflent pas fouffrir d’altération fenfible dans des NU auffi oppofées. {r) A la côte du Sénégal, les oïes, Îles cer celles font d’un goût excellent. Voyages de Le- maire aux (les de Canaries ; Paris, 1695, page 117. ([) Mandeflo, fuite d' Oléarius. , dans "de l'Oie, 97: dans les terres du cap de Bonne-efpé- rance (£), & peut-être jufque dans celles du continent auftral ; en effet , nous regar- dons ces ofes , que Les Navigateurs ont rencontrées le long des terres Magella- niques , à la terre de Feu (1), à la nou- EE steel # (+) Le pays € à Ja bas de Saldana\ eft remplé d’autruches, de hérons ; d'Oise, &e. Fous ant du monde , par Gemelli Carrer!; Pants ,1719; 40m Fa page 449. — La taïlle des oies d’eau que fon, Fr») au cap de Bonne-efpérance, eft famême que CY® de: oies -domeftiques que nous connoiflons en Eu- . rope; & à l’égard dela couleur, il n’y a entr’elles d’autie différence , finon que les oies aquatiques ont fur le dos une raye brune mêlée de vert. Toutes : ces diverkes efpèces d’oies font bonnes à manger & très-faines. Ko/be Deftrintion: du Cap ; tome ILE, page 144. ; 181 MENÉS | _{ä) On voit des oies fur le bord des Lagunes ( à Ia baie de Saint-Julien ), aux terres Mapella- niques. Quiroga , dans lHifloire générale des Voyages, tome XIV, page 92.— Waällistrouva des oies au cap Froward , dans le détroit de Magellan. Co//eëtion d'Hawkes , tome 11, page 31. Dans la baie du cap Holländ, mêmes parages. dem , tbid. page 65. — » Dies & canards dans le canal de Noël, À la terre de Feu. Second Foyage de Cook , t. 1, p.43. — Dans ce même canal, une anfe eft nommée l’anfè des otes ; une île , l'ile aux oies. Idem , ibid. p- 20. —Les @les , les canards, les cercelles & d’autres oifeaux fe Oifeaux. Tome XVII, E 98 Hiftoire Naturelle velle Hollande (x:)» &c: comme tenant de très-près à lefpèce de nos oies , puif- . : U 2 1 ne eur ont pas donné d'autre nom. . . 2 2 \ Néanmoins il paroit qu outre lefpèce . commune ; 1 extfte ; d'autres efpèces don Ja defcription. trouven" ""* port D. S ee er fi gran quantité, que nos gens étotent drsmont( 51 degrés jatitude ? gans ces contrées » : t nous allons donner: fud s . , Ü . . PE manger ; Il ÉtOIt affez ordinaire de voir un : as 3 « L . = “st rapporter foixante ou foixante-dix belles - oies , fansavoir tiré un feul coup de fufl; pour ls - tuer il fufifoit de fe fervir de pierres. : Voyage du Commodore Byron, tome:1 de la Colleëtion d’Havkef- à morth, page 65. (x) Les oïes aquatiques (à la nouvelle Hollande méridionale » , font des oies fauvages » les canards : ge de Cost, tome IF 3, fiflans quife perchent. Voyag page 63. — Le capitaine Cook a fait préfent à la nouvelle Zélande de Fsqiee domeftique , dont ila laiffé quelques couples tome IV, page 190. ; ples dans cette fe , dans l’efpé-. rance qu’ils y multiplieroient. Cook , Second Voyages PT, IL. pag . 98 3 1l ra mn ) Lil (lb Ill DTA IQUTE L is | LH LL bi \ il ER OTE. DES TE RRES MAG PLANIQUES: \ ë © Seconde des gr < EN 2 C1 GRANDE ET BELLE dés qui paroït. être, propre & particulière à cette con- trée , a la moitié inférieure du cou, la poitrine &-le haut du dos richement émaillés de feftons noirs für un fond roux; le plumage du ventre eft ouvragé de mêmes feftons fur ün fond blanchître ; la tête & le haut du cou font d'un rouge pourpré ; l'aile porte une grande tache blanche; & la couleur noirâtre du man- teau eft reliée par un reflet de pourpre. Il paroït que ce font ces belles oïes que le Commodore Byron défigne fous le nom d'oies peintes ; & qu'il trouva fur la pointe Sandy , au détroit de Ma- gellan (a). Peut-être auf cette efpèce ” Voyer les planches enfuminées , 7.9 1006. (a) Voyage autour du monde par le Comma- dore Byron. Coleë&ion d'Hawkefworth , tome Is Page 47. ne E 1 NT NE ne EUR £ RÈRS à xoo Hifloire Naturelle eft-elle la même que celle qu'indiqiüe le: capitaine Cook, fous la fimple dénomi- nation de nouvelle efpèce d’oie, & qu'il a rencontré fur ces cotes orientales du détroit de Magellan & de la terre de Feu, qui font entourés par d’immenfes lits flottans de Pafe-pierre ( Bb }. 0 l'Oie TOI LOT E DBES1ILES MALOUINESOu FALKLAND. Troifième efpèce. 6e D E PLUSIEURS efpèces d'oies, dont la chafle , dit M. de Bougaïnville, for-ce moit une partie de nos reflources auxce iles Malouines ; la première ne faite que pâturer; on lui donne impropre-ce ment le nom d'outarde , fes jambes« élevées lu font néceflaires pour fe tirerce des grandes herbes, & fon long cou lice fert bien pour cbferver le danger; face démarche eft légère, ainfi que fon vol ; ce & elle n'a point le cri défagréable dece _ fon efpèce; le plumage du mâle eftec blanc, avec des mélanges de noir &ce de cendré fur le dos & les aïles ; lice femelle eft fauve, & fes aïles font pa-ce rées de couleurs changeantes ; ellece pond ordinatrement fix œufs; leur chair ce faine, nourriflante & de bon goût ,ce devint notre principale nourriture ; ice E ü #02 Hifloire Naturelle »»étoit rare qu'on en manquit : indéper= “damment de celles aqur naïflent für Pile , les vents d’eft en automne en ssamènent des volées ; fans doute de .»quelque.terre-inhabitée, car:les chaf- 3 feurs reconnoïfloient aifément ces nou- »»velles venues, au peu de crainte que >> leur imfpiroit la vue des hommes. Deux où trois autres fortes d’oies ,. que nous _ s2trouvions dans cesmêmesîles,m'étoient _s2pas fi recherchées, parce que, fe nour- ” .srriflant de poïfion, elles en contraétent ‘un.pout bad (ci) "HS Nous n'indiquons cette efpèce fous fa dénomination d'oie des îles Malouines , que parce que c'eft dans ces iles qu’elle (c) « La forme de ces dernières, ajoute M. de » Bougainville , .eft moins élégante que celle de, »» la première efpèce; il y en à même une qui » ne s'élève qu'avec peine au-deflus des eaux; » celle-ci eft criarde ; les couleurs de leur plumage » ne fortent guère du blanc, du noir, du fauve » & du cendré. Toutes ces efpèces , ainfi que les cyones, ont fous leurs plumes un duvet blanc ou oris très - fourni. » Voyage autour du monde ; par M. de Bougainville, in-8.° tome I, pages 115 & 116: L 4 v de VOie, : 103 à été vue e & trouvée ,; pour la: première fois, par nos Navigateurs françois ; car xl paroît que Îles mêmes oies {fe rencon+ trent au canal de Noël , le long de la terre -de Feu, de l'ile. Se g dans, ce même canal, & fur d'autres iles près de a terre des Etats : du moms M. Cook femble renvoyer , à leur fujet, à la def- cription de M. de Bougainville , lorfqu'il “dit : « ces oïes paroïflent très - bien dé- crites fous le nom d'ourardes ; elles ce font plus petites que les oïes privéescc d'Angleterre, mais aufli bonnes ; ellesce ont le bec noir & court, & Iles piedsce jaunes ; le mâle eft tout ue. la femellece niet detHon: & de blanc ou de gris, & elle a une grande tachece blanche es chaque aïle (d); 19 & quel- ques pages auparavant ïl en fait une def- cription plus détaillée en ces termes: € ces oïes nous parurent remarquables par la différence de couleur entre lece (d) Cook , Second Voyage , tome IV, pag 43. E iv 104 Hifloire Naturelle ssmâle & la femelle; le mâle étoit un s»peu moindre qu'une oïe privée ordi- sonaire & parfaitement blanc, excepté s>les pieds qui étorent jaunes, & le bec » qui étoit noir ; la femelle, au contraire, ssétoit noire, avec des barres blanches en travers, une tête grife, quelques »plumes vertes & d'autres blanches. H 3 paroit que cette difiérence cft heureufe, 3 car la femelle étant obligée de conduire sofes petits, fa couleur brune la cache 5» mieux aux faucons & aux autres oïfeaux de proie (e). »> Or ces trois defcriptions paroïflent appartenir à la même efpèce, & ne diffèrent entrelles que par le plus ou le moins de détails. Ces oïes fournt- rent aux équipages du capitaine Cook un rafraichiflement aufli agréable, qu'il le fut aux îles Malouines à nos Fran- çois (f ). {e) Cook, Second Voyage, tome IV, page 31. (f) Sur le côté Eft de Pile ( Schagg ); nous ap- perçumes des oies, & après avoir débarqué avec peine, nous en tuames Eros qui nous procurèrent un bon résal.,.. Comine c’étoit la faifon de la VTT 106 mue (en décembre), la plupart changeoient de- plumes, & ne pouvoient pass’enfuir ; y enavoit une groffe houle , & il nous fut très-diffcile de dé- barquer ; il nous fallut enfuite traverfer des rochers par de fort mauvais chemins, de forte que des. centaines d’oies nous échappèrent, quelques-unes s’envolèrent dans la mer, &: d’autres dans Pile ;, nous en tuames & primescependant foixante- deux. Second Voyage, tome IV, pages 31 & 32. É v 2, 106 Hifloire Naturelle *L'OIE DE GUINÉE.(8) Quatrième efpèce, # STE L: NoM d'Ote-Cygne / x | te HEURE que Willughby donne à cette gran is “né 3% e: * è \ . À 46: ès belle oïe, éft aflez bien appliqué, li l'oie * Voyez les planches enfuminées, n.° 274. (g) Anfer-cygnus Guinenfis. Ray , Synopf. Avi. pag. 138, n° 8.— Anfer Hifpanicus ; aut potiès Guineenfis. Wiughby ; Ornirh. pag. 275. — Klein, Avi. pag. 129 » n° 4. Anfèr Hifpanicus Jeu cy- gnoides. Marfigl. Danub. tom. V7 ;. pag. 104. avec une figure peu exacte ; p/. 50. — Cygnns fub-fufcus , collo longiort , rofiro latiort bazi gibbo. — Brown. Nat. hifl. of Jamaïc. pag. 480. — Anas roftro femi-cylin- drico, bayi gibho ; cygnoïdes auf?rtis. Idem , Syf. sat. ed. X, Gen. 61, Sp. 2. — Derchinefifthegans , oder trompeter. Frifch, tome Il, planche 1453 ; & planche 154, la tête d’une variété à bec & front rouges où jaune-orange. — Oïe d’Efpagne. Afin. tome I , page 70 , avec une figure mal coloriée ; planche 91. — L’oie de Guinée. Salerne , Ornith. pag. 411. — Anfèr füpernè grifeo-fufcus , marginibus pernarum dilutioribus , infernè albnss tuberculo in exortw noffi carnofo luteo-aurantio paleari in gutture pendulo ; temiâ à capite ad dorfum per fummum collum fufca , collo inferiore & peëtore fulvis ; reËricibus grifeo-fufcis. albido funbriatis . . . Anfer Guinecufis. Bron ; Orni- 1hol, tome VI, page 280. AL ru Qit it | to7 du Canada, tout aufli belle au moins, n'avoit pas le même droit à ce nom, & fi d’ailleurs les dénominations compolées - ne devoient pas être bannies de PHif- toire Naturelle, La taille de cette belle oïe de Guinée furpañe celle des autres oies ; fon plumage eft gris-brun fur le dos, gris-blanc au-devant du corps, le tout également nué de gris - roufsitre, avec une teinte brune fur la tète & au- deflus du cou; elle refleimble donc à Voie fauvage par les couleurs du plu- mage; maïs la grandeur de fon corps & le tubercule élevé qu'elle porte fur 1a _bafe du bec, lapprochent un peu du cygne , & cependant elle diffère de Fun & de l'autre par fa gorge enflée & pen- dante en manière de poche ou de petit fanon ; caractère très - apparent, & qui a fait donner à ces otes le nom de jabo- tiéres. L'Afrique & peut-être les autres terres méridionales de l'ancien continent, paroïflent être leur pays natal, &, quor- que Linnæus les ait appelées oies de Si. bérie (h), elles n'en font point org {h) Siberisk gaas. Linnæus, E vj Ch, : RrtÈr Es ' 108 Hifloire Naturelle naires , & ne s'y trouvent pas dans leur état de liberté; elles y ont été appor- tées des climats chauds, & on les y à multiphiées en domefticité , ainfi qu'en Suède & en Allemagne. Frifch raconte qu'ayant plufieurs fois montré à des Ruffes de ces oïes qu'il nourrifloit dans fa bafle - cour, tous , fans héfiter, Îles avoïent nommées oies de Guinée, & non pas oies de Ruffie ni de Sibérie. C'eft pourtant fur la for de cette faufle déno- mination donnée par Éinnæus , que M. Brion, après avoir décrit cette-oïe fous fon. vrai nom d’oie de Guinée, a donne une feconde fois fous celur d’oie de Mofcovie , fans s'être aperçu que fes deux defcriptions font exactement celles du même otfeau (i). (i} « L'or de Moftovie.... elle eft un peu # plus grande que l’oie domeftique .. . Ia tête & >> ie haut du cou font d’un brun plus foncé fur da »» partie fupérieure qu’à inférieure . . .. fur l’ori- » gine du bec , s’élève un tubercule rond & #» charnu...… fous la gorge pend aufii une efpèce » de membrane charnue. « Briffôn, tome V1, page 278. Nota. Joïonez à ces traits ; auxquels f’ofe de Guinée eft parfaitement reconnoïflable, ce. que: F ll Q - P u but due... à 1 noté fs RÉ ART des cer . Fe CRE OX e P'Oie. TO Non - feulement cette oïe des pays : chauds produit en domefticité dans des climats plus froids, mais elle s'allie avec lefpèce commune dans nos contrées ; &, de ce mêlange , 1 réfulte des métis qui prennent de notre oie le bec & les pieds rouges, maïs qui reflemblent à leur père étranger par la tête , le cou & la voix forte, grave , & néanmoins éclatante (#), car le clairon de ces grandes ofes et encore plus retentiflant que celui des. nôtres, avec lefquelles efles ont bren des. caractères communs. La même vigilance paroït leur être naturelle : ce rien, dit M. Frich, ne pouvoit bouger dans la maï{on pendant là nuit ; que ces oïescæ de Guinée n’en avertiflent par un grandec dit Klein, d’après la nomenclature duquel M. Brion paroît avoir établi cette efpèce ; ïil ne re garde cette prétendue oïe de Mofcovie ou: de: Ruffie, que comme une variété de l’eie de Sibérie .. que nous venons de voir n’être pas autre que loie de Guinée : Vidi varietatem in anfère Siberie, magès gutturofo , roftro pedibus nigris , tubere nigro depreffè. Klein, Avi. pag. 129... (CE) Frifch.. 410 Hifloire Naturelle _»cri; le jour elles annonçoïent de même sles hommes & les animaux qui en- -sstrotent dans la bafle - cour, & fouvent » elles les pourfuivoient pour les becque- ter aux jambes. »» Le bec , fuivant la remarque de ce Naturalifte, eft armé fur fes bords de petites dentelures, & la langue eft garnie de papilles aïguéss - le bec eft noir, & le tubercule, qui le furmonte , eft d'un rouge vermeil. ( 7} Cet oïfeau porte la tête haute en mar- chant ; fon beau port & fa grande taille lui donnent un air aflez noble. Suivant M. Frich, la peau du petit fanon ou la poche de la gorge, neft nt molle ni flexible , mais ferme & réliftante , ce qui pourtant femble peu saccorder avec l'ufage que Kolbe nous dit qu'en font. au Cap les matelots & es foldats ( 72 ). {1} Collo decenter elato incedit. Ray. {m) Les oïes fauvages qui ontreçu le nom d'ores jabotières , ont comme leur nom le défigne, cette partie du corps fort grofle. Les foldats & le commun du peuple des Colonies s’en fervent pour. faire des poches à mettre dutabac, qui peuvent contenir environ deux livres. Kolbe, Deftription du Cap, tome III, page 144. . Le ie NE NES KR ANT LP Ù UN rt Le (A et 7 / CCS 1) x «QC. D'TE A à # _=--* EX LÉ QE SSSR 1] [ {R veuve Lœrdieu Je de lPOies xt On m'a envoyé la tête & le coû d'une de ces oies, & l’on y voyoït à la racine de la mandibule inférieure du bec, cette poche ou fanon ; mais , Comme ces par- ties étoient à demi-brülées, nous n'avons pu les décrire Dratement: nous avons feulement reconnu , par cet envoi qu nous a Été adreflée de Dijon, que cette oïe de Guinée fe trouve en France comme en Allemagne, en Suède & en Sibérie. 112 Hifloire Naturelle *L’OIE ARMÉE. (n} Cinquième efpèce. | és ESPÈCE €ft a feule, non- feulement de la famille des oïes, maïs de toute la tribu des oïfeaux palmipèdes qui ait aux aïles des ergots où éperons, tels que ceux dont le kamichi, les jaca- nas, quelques pluviers & quelques van- neaux font armés : caraétère fingulier que la Nature a peu répété, & qui, dans les otes, diftingue celle-cr de toutes les au- tres. On peut la comparer , pour la taille , au canard mufqué; elle à les jambes. hautes & rouges; le bec de la mème * Voyez les planches enluminées ».° 082, fous: la dénomination d’oie d'Egypte , n.° 082;, la femelle. (n) Anfèr Gambenfis. Willughby, Ornithol. pag. 275.— Ray , Synopf. Avi. pag. 138 , n.° 9.— Anfèr Chilenfis.. Kleïn.. Avi. page 129 , n.° 7. Anfer füupernè ebfcure purpureus , infernè albus ; tuberculo in exortu: roffri carnofo rudro ; alis in anteriore parte calcari præditis..…… Anfer Gambenfis. Brion, tome VI, page 283, —- L’oie de Gamba Salerne , Oxrnithol. page 428. PAR POie.. ‘rts couleur ; & furmonté au front d’une petite caroncule ; la queue & les grandes pennes des aïles font noires; leurs grandes couvertures font vertes, les petites font blanches & traverfées d’un ruban noir étroit ; le manteau eft roux, avec des reflets d’un pourpre obfcur; le tour des yeux eft de cette même couleur, qui teint aufli, mais forblement , la tête & le cou; le devant du corps eft finement liferé de petits zigzags gris, fur un fond blanc-jaunitre. Cette oïe eft indiquée dans nos plan- ches enluminées comme venant d'Egypte. M. Brion l'a donnée fous le nom d’oie de Gambies &, en effet, il eft certain u'elle eft naturelle en Afrique, -& quelle fe trouve particulièrement au : Sénégal (0). er à {o) Les oïes fauvages font au Sénéoal d’une couleur fort différente de celle d’Europe ; elles ontles ailes armées d’une fubftancedure , épineufe & pointue, qui a deux pouces & demi de lon- gueur. Hifloire générale des Voyages , tome VIII, page 305. Nota. Cette longueur paroît exagérée. — Une autre note porte que cette oie s’appelle Hit au Sénégal. | | | 114 Hifloire Naturelle a *L'OIE BRONZÉE. Sixième efpèce. Gris ENCORE ICI une grande & belle efpèce d'oie, qui de plus eft remar- quable par une large excroïffance char- nue, en forme de crête au - deflus du bec, & aufli par les reflets dorés, bron- zés & luifans d'acier brunt, dont brille fon manteau fur un fond noir; la tête & la moitié fupérieure du cou font mou- chetés de noir dans du blanc par petites plumes rebrouflées, & comme bouclées fur le derrière du cou; tout le devant du corps eft d'un blanc , teint de grts fur les flancs. Cette oïe paroït moins épaïfle de corps, & a le cou plus grêle que l’ote fauvage commune , quoique fa taille foit au moins aufli grande. Elle nous a été envoyée de la côte de Coro- mandel ; & peut-être l'oie à crête de * Voyez les planches enluminées, n.° 037, fous Je nom d’oies de la côte de Coromandel, | à © ddPOis rs Madagafcar x à dont parlent les V oyageurs Rennefort & Flaccourt, fous le nom de raffangue (p), n'eft-elle que le même offeau , que nous croyons aufli recon- noître à tous fes caractèrés dans l'ipecari- apoa desiBréfiliens , dont Marcgrave nous a donné.la defcription & la figure (g); ainfi , cette «efpèce aquatique feroit une de celles que la Nature a rendu com- munes aux deux continens. (p) Raffangue, oïe fauvage de Madagafcar qui a une crête rouge fur latête. Flaccourt , page 165.— Les oïes fauvages qui fe nomment raffangues à Ma- dagafcar , ont une crête rouge fur Ja tête. Relarion de Rennefort ,. dans l’Hifloire générale des Voyages, tome VIII, page 606. Sr (g) Hif. nat. Brafil. pag. 218. — Jonfton , pag. 149. Pifon, pag. 82. — Willughby, pag. 292. — Apeca - apoa. Ray ; pag. 148, n.° 2. — Salerne, pag. 436. *L’OIE D'ÉG] YPTE. OC) | À SSFHTE efpéce. Croce Or eft véifemblblenie celle que Granger , dans fon voyage d'Égypte , appelle l'oie du Nil (7°). Elle “eft moins grande que notre oie fauvages fon plumage eft richement émaillé & agréablement varié ; une large tache dim roux vif fe remarque fur la poitrine; & tout le devant du corps eft orné , fur | *_ Voyez les planches enfuminées, »,° 3709. (r) Anfer Hire parvus. Ray , Synopf. Ari | pag. 138, n° a, 1. — Ganférdes Anglois. Albin, tome Il, page 59, avecune mauvaife figure > planche 93. — Anfèr fupernè , obfcure , infernè , | dilutè rufef= cens, fufco tranfverfièm € undatim ftriatus ; vertice albo, anaculà per oculos dilute caffaneà ; ie ?n_peétore infir- mo caflaneë ; uropygio fplendidè nigro ; ventre fordidè albo ; teétricibus FES füperioribus all HS ; MAjOribus tænié : ” tranfverfà à ngr@ notatis ; redricthus nigris, exterius s fupernè: viridicolore pariantibus. Anfer Æ gyptius, Voie d° Égypte. Briflon, Ornithol. tome VI, page 284. (T2) "Les oïfeaux d'Égypte font Libis ,; Poie du Nil, le chevalier, le courlis à bec recourbé en haux {lavocette : fe héron,, &c. Voyage en "Égyptas par Granger ; Paris, 1745 ». pag. 237... “à je dog dc A CS SE SE SR Re ELA RARES a RE ANT ASS > à + ANS = s + S \ WW NN KA SR AL NN N ù NA SN KR WU k NON y | NES NN N ANNONCE AA À iN L'OIE D'EGYP'FE. + >, © di de l'Oie. ‘149: ün fond gris-blanc, d’une hachure très- fine de petits zigzags d'un cendré teint de roufsitre ; le deflus du dos eft ou- viagé de même , maïs par zigzags plus ferrés, d'où réfulte une teinte de gris- _roufsitre plus foncé : la gorge, les joues & le deflus de la tête font blancs; Îe refte du cou & le tour des yeux font d'un beau roux ou rouge-bar, couleur. qui teint auffi les pennes de Faïle vor fines du corps;'les autres peines font noires; les grandes couvertures font char- gées d'un reflet vert-bronzé fur un fond noir ; & les petites , ainfñ que Îles moyen- nes, font blanches ; un petit ruban noir coupe extrémité de ces dernières. . Cette ore d'Egypte {e porte ou s'égare dans {es excurfons, quelquefois très-loin - de fa terre natale; car celle que repré- {entent nos. planches enluminées, a été _ tuée fur un étang près de Senkis; &, par la dénomination que Ray donne à cette oïe, elle doit aufli quelquefois fe rencontrer en Efpagne ( / ). — {T) Anfèr Hifpanicus parvus. Vid. fup. ri& Hifloire Natürelle D Re PE DE SEA x + Le var At QE g 1} 1" : La . L'OIE DES ESQUIMAUX: ( À rire LT: À t) EC . 4 © Huitième efpèce. | Cia L'ESPÈCE de nos Oïes fau vages , qui vont en {1 grand nombre’ peupler. nôtre: Nord en été , 1} paroît qu'il: y a ‘auffi dans les contrées fepten= trionales du nouveau continent; quelques efpèces d'oies qur leur font propres &e: particulières ; celle dont 1! eft ici quef-! tion fréquente la baïe ‘d'Hudfon & les: pays des Elquimaux ; ‘elle eft un péu“ moindre de taille que Foie fauvage com2? mune;.elle alle bec &les pieds rouges ; é ‘ 12 (t) Blue Winged goofe. Hift. of Bird. tome III, page & planche 152 d'Edwards. — Anas grifea , Jubtus alba, téëtricibus alarum dorfoque poflico cœrulef= centibus. Anfer cœruleftens, Linnæus, Syf. nat, éd. X, Gen. 61, Sp. 10. — Anfèr fupernè obfcurè fufcus ,. péétore concolore ; mfernè albus , fufto adumbratus > capite & collo candidis , vertice rufeftente , collo fupe-- riore nigficante maculato ; uropygio dilutè cinereo-cærulef- cente; re&ricibus obfcurè fufcis , cinereo fimbriaris.” Anfer fylvefiris fret Hudfonis, Brion , Ornithol. | tome VI, page 275. je de POies 149: ARE “PL RER re Gr À 855 35e Hors coms eu . | le” croupion & le deflus des ailes d'un bleu-pâle ; la queue de cette même cou- leur, mais plus obfcure; le ventre blanc nué de brun ; les grandes pennes des aïles & les plus près du dos font noirîtres; le deflus du dos eft brun , ainfi que le bas du cou, dont le deflous eft mou- cheté de brun fur un fond blanc; le fommet de la tète eft d’un roux-brülé (z ). (u) Voyez Ewards , loco citato, : Y20 NA | L’OIE RIE USE. (x) Neuvième efpèce. | ET a donné le nom d'Or rieufe à cette efpèce , qui fe trouve, comme la précédente, dans le nord de l'Amérique , fans nous dire la raïfon de cette dénomination , qui vient apparem- ment de ce que le cri de cette oïe aura paru avoir du rapport avec un éclat de rre ; elle eft de la grofleur de notre oïe fauvage: elle a le bec & les pieds rouges; le front blanc ; tout le plumage au- -deflus du corps, d'un brun plus ou moins foncé, & au - defious d'un blanc parfemé de quelques taches noirätres. L'individu dé- (x) Laughing goofè. Edwards, Hifl. pag. & pl. 1534 — er cineren fronte albé. Linnæus, Fauna Suec. n.° 92. — Anfer Erythropus. Idem, Syf. nat. ed. X, Gen. 61, Sp. 8. {tem ; anfer Canadenis fufèus méculété, Ibid:::Sp. #, Var. 3. — Anfer fupernè albus ; maculis nigris varius; plumulis bazim mandibule füperioris ambientibus albis , re&ricibus grifeo-fuftis, di- dutiore colore fimbriatis. Anfèr feptentrionalis filvefiris.- Brilon, Ormxlol. tome VI, page 269. crit 2x jar Édwa ur envoyé dé la baie il bn eg, dit en avoir vu’.de femblables à Londres dans les | gran s hivers. Linnæus décrit une oïe qui le trouve en Helf Engie C -Faun. Suec. n° 92), & qui femble être la même, d'où il paroît que, ff cette /efpèce m'eft pas précifèment commune aux deux con- tinens ; {es voyages, du moins dans cer- tainés circonftances , la font said dé l'un à l'autre. Oïfeaux. Tome XVII, F 122 Hifloire Naturelle à e x De EX a L'OIE 4 CRA VATTE. (y) : Dixieme efpèce. Us: CRAVATTE blanche pafñlée fur une gorge noire, diftingue aflez cette oïe, qui eft encore une de celles dont Fefpèce paroït propre aux terres du nord du nouveau monde, & qui en eft du * Voyez les planches enluminées, n.° 346, fous le nom d’oe fauvage du Canada. | | (y) The Canada goofe. Edwards, Hifl. of Birds, tome Ill, pag. & pl. 151.— Catesby , Caroïn. tome I, pag. 92 avec une figure exacte de la tête & du cou. — Anfer Canadenfis: W Mughbv. Ornithol, pag. 276. — Ray , Syno pf. Avi. pag. 139, Ro; & pag. 191, n.° 9. Klein, Avi. pag. 129, n.° 6, — Anas Canadenfis Willughbeu. Sloane , Jamaïc. tome [l, pag. 323, n.° VI. — Anas fufta, capite colloque nigro , gulà albä. Anfer Canadenfis. Lmnæus, Syf. nat. ed. X , Gen. 61, Sp. 0. — Anfèr fupernè orifeus , Marginibus pennarum dilutioribus , infernè ci- nereo-albus , imo ventre candido ; capite € collo migris , ad violaceum vergentibus ; genis & gutture albis ; ATOpy 910 reëtricibufque nigricantibus. Anfer Canadenfis filvefris, Briflon, Ornithol, tome VI, page 272. L'oi de Canada, Salerne, Ornitho!. page 412. AN PORN CLIS moins originaire ; elle eft un peu plus grande que notre oïe domeftique , & a le cou & le corps un peu plus déliés & plus longs; le bec & Îles pieds font de couleur plombée & noirître; la tête & le cou font de même, noirs ou noïrîtrés; & c'eft dans ce fond noïr que tranche la cravatte blanche qui lur couvre a gorge Du refte, la tente dominante de on plumage eft un brun-obfcur & quel- _quefois gris. Nous connoïfions cette oïe - en France fous le nom d'oie du Canada s elle s’eft même aflez multipliée en domef- ticité, & on la trouve dans plufeurs de nos provinces; 11 y en avoit ces années dernières plufieurs centames fur le grand canal à Verfarlles, où elles vivorent fami- lièrement avec les cygnes: elles fe tenoïent moins fouvent fur l'eau que fur les ga- ‘zons au berd du canal, & 1l y en a actuel- lement une grande quantité fur les magni- fiques pièces d'eau qui ornent les beaux _ jardins de Chantilly ; on les a de même multipliées en Allemagne & en Anpgle- terre; c'eft une belle efpèce , qu'on pour- roit aufli regarder comme faifant une Fi 124 | Hiflotté Nbivelle nuance entre l'efpèce du cygne $es celle de l'ote. Ces oies à cravatte voyagent : vers le fud en Amérique, car elles paroïflent en hiver à la Caroline (7), & Edwards rap- porté quon les voit dans le printemps pañler en troupes au Canada, pour re- tourner à la baie d'Hudfon , & dans Îles autres parties les plus feptentrionales de l'Amérique. Outre ces dix efpèces d'oïes , nous trouvons, dans les Voyageurs, Findica- tion dé quelques autres qui fe rappor- terotent probablement à quelques-unes des précédentes , fi elles étoïent bien x a & nueux connues; telles font : Les oïes d'Iflande, dont parle An- évns , fous le nom de margées > qui {ont un peu. plus grofles qu'un canard; elles font en fi grand nombre dans cette ile, da on les voit attroupées par milliers: ® L'ote appelée helf inguer , par le même auteur , laquelle vient s'établir à l’efl de Pile, & qui , en arrivant , eff ff - (x) Catesbs, Zn Poe l Om ef l'ip ÿ qu *elle fe ps tuer à is Fe bâton ( a É}: 49 L'oie de Spitzberg, nc nommée pas . les Hollandois , oie rouge ( b) : | 4° La petite oïe /oohe des Ofials ; dont M, de l'Ifle décrit un individu tué au bord de lOby. «6 Ces oies, dit-1, ont les aïles & Le dos d'un bleu-foncéc & luftré; leur eftomac eft rougeâtre, ce & elles ont au fommet de Ia tète unece “as bleue de forme ovale , & unece tache rouge de chaque côté du cou;ce il règne depuis la tête jufqu’à Mb ss mac , une raie argentée de la largeur « d’un tuyau de plume , ce qui fait unce très-bel effet (c). 5.” I fe trouve à Kamtfchatka , se Kracheninnikow , ur ou fix Le (a) Hiftoire Naturelle d’Ifande & de Groën- land, par Anderfon , page 89. (8) Nous vimes ( à Spitzherg ) , une EE d’oies rouges : ces oies ont de longues jambes ; onen voit quantité en Rufñe , en Norwège & en Jut- lande, Recueil des Voyages du Nord ; Rouen 5 1716, tome II, page 110. (c) Voyage de de FPIfle, dans Here JÉNÉ- tale a Voyages, mme XVIII, page 541. F 1j 126 Hifloire Naturelle Ga tas# . Ban d'oies, outre loie fauvage commiüne ; avoir , la gumeniski, l’oie à cou courts Poie grife tachetée, l’oie à cou blanc, la petire oie blanche , Foie étrangère. Ge . Voyageur n’a fait que les nommer, & M. Steller dit feulement que toutes ees oies arrivent à Kamtfchatlka dans le moïs de mat, & s’en retournent dans celut d'octobre (d}. ” | 6.7 L'oie de montagne , du cap de Bonne -efpérance , dont Koïlbe donne une courte defcription, en la diftinguant de l'oie d’eau , qui eft l'ore commune, & de la Jabotiere, qui eft l'oie de Gui- née ( e.). .. (d) Hiftoire de Kamtfchatka, tome II, pag. 5. (e) Le Cap fournit trois fortes d’oies fauvages ; les oies de montagne , les jabotières € les oies d’eau. Ce n’eft pas que toutes ne fe plaïfent extrêmement dans cet élément ; mais elles diffèrent beaucoup, . foit pour la couleur, foit pour la groffeur. L’oie de montagne eft plus grofle que les oïes qu’on élève en Europe , elle a les plumes des ailes, & celles du fommet de Ia tête , d’un vert très-beau & très éclatant : cet oïfeau fe retire le plus fouvent dans les vallées, où ï fe nourrit d'herbes & de plantes. Kolbe ; Deftription du Cap, tome II, PTee 144» A teer ie Hey | - parlerons point. ici de ces Be oies noires des. Moluques - dont: lés pieds font, dit-on, conformés _ comme ceux des perroquets ( f ). Car de femblables difparates ne peuvent être imaginées que par des gens entièrement ignorans en Hiftoire Naturelle. Après ces Notices, il ne nous refte, pour compléter l'expoñtion de la nom- breufe fimiile des oïes, qu'à y joindre les efpèces du cravant , de la hbernache & de Feider , qui leur appartiennent, & font du même ce (f) On voit aux Moluques de ni troupes d’oies noires, dont les pieds reffemblent à ceux des perroquets. Hifloire ere des Voyages, Le tome. VIII , page 371. 128 De J CR OREOSN SABRE DST BU ? AU & © RE: ; danttrn times prmeeentianmani ta EAN D En | °LE CRA GANT. (a) a NOMDECRAVANT, felon Ge neft pas autre que celui de Grau-enr, | # Voyez les Shinthes enluminées , n.° 342. (a) Enltalien, cefon ; en Anglois, Brent goofé; en Flamand, ratgans.— Cane de mer, Belon, Nat. des Oifeaux , page 166. — Cane, au collier SP Icem, Portraits d'Oifèaux , page 34 , a, mauvaife figure. — Anas torguata Bellonit , cane de mer Gailicedi&a. Aldrov. Avi. tome IT, pag. 213. — Brrnicla autoris. idem , ibid. pag. 166. — Anas tor- quata Belioni. Jonfton. Avi. pag. 97. — Bernicla , brenta. Idem , tab. 48. — Brenta. Wilugbby , Ornie thoï- pag. 275. — Ray , Synopf. Avi. pag. 137, n.° a 6. — Brenta. Charleton Exercit. pag. 103 , n.° 3 ; Onomatz. pag. 98, n.° 3. =: Anas brenta. Klein, Avi. pag. 130 , n.° 8. — Die baumgans. Frifch , tom, Il, pl 165. — nas capite colloque nigris. Linnæus, Fauna Suec. n.° O1. — Auas fufca, capite , collo , SA 1 nigris , collari albo. Bernicla, Idem, Syf. nat. ed. X, Gen. 61, Sp. 11. — Oie de Brente. Albin, au II, page 80 , avec une figure mal coloriée, planche 93. — Anfèr cinereo= fufcus , penis grifeo in apice marginatis , capite, colle & peëtore fipremo nigricantibüs » collo ad latera albo variegato. Îmo ventre candido ; reétricibus binis inter- medus cinereo-nigricantibus , lateralibus nigricantibns. Brenta. Brifion , Ornithol. tome VI, page 304. … du Cravant, 129 mand Cañard brun ; la couleur du cravant eft effectivement un gris- brun ou noïrâtre aflez uniforme fur tout le plumage; maïs, par le port & par la figure, cet oïfeau approche plus de loie que du canard ; ï a la tête haute & toutes les proportions de la taille de loie, fous un moindre module, & avec moins d'épaifleur de corps & plus de léoèreté ; e bec eft peu large & aflez court ; la tête eft petite, & le cou eft long & grêle ; ces deux parties, ainfi que. le haut de la poitrine, font d’un brüun-noïrâtre, à l'exception d'une bande blanche fort étroite, qui forme un. demi-collier fous la gorge; caractere fur lequel Belon fe” : fonde , pour trouver dans Artftophane un nom relatif à cet oïfeau ( >). Toutes . (6) « Pour ce que Îles oïfeaux paluftres font : leurs nids contre terre, & font aïfés à nourrir, « les payfans après avoir trouvé fleurs œufs, les « font couver aux poules, & ainfi rendent ces «« oïfeaux privés ; & y en a par ainfi beaucoup « d’efpèces qu’on cognoît, quiferoïentdemeurées « incognues ; & de la fufdite magnière avons eu cognoïffance des canes que décriyons; con- «s feflant ne les avoir vues fauvages, Mais ayant « à À 430 Hifloire Naturelle les pennes des ailes & de la queue , ainfr que les couvertures fupérieures de celles- et, font aufli d'un brun-notrâtre; maïs Îes plumes latérales & toutes celles du deflous de la queue font blanches ; le plumage du corps eft gris-cendré fur le dos, fur les flancs & au-deflus des aïles; mais 11 eft gris-pommelé fous le ventre, où la plupart des plumes font bordées de blanchître, l'iris de læïl eft d'un jaune - brunître ; les pieds & les mem- - branes. qui en réunifient les doigts font noïrâtres, aïñfi que le bec, dans lequel {ont ouvertes de grandes narines, en forte qu'il eft percé à jour. = On à long-tems confondu le cravant avec la bernache, en ne farfant qu'une toujours eu égard de rendre les noms anciens: 2 aux chofes modernes , foudain que les veifmes # porter un collier blanc, comme une cane- # petière, foubeçonnames qu’Arifiophane avoit » entendu d’elles où 11 difoit , nitte periefofmene , _»» que Piriterprète expoñoit , parce qu’on leur # trouve comme une ceinture blanche autour du ”> col, & de vrai étant de couleur tannée, portent: > aëtour du col un collier blanc. # Belon, Nat. dès Oifèaux ; page 166, - sde Giietititti hé sl vou Cravant. 13r feule efpèce de ces deux oïféaux : Wil- ughby (c) avoue qu'il étoit dans l'opi- nionque la bernache & le cravant n’étoient que le mâle & la femelle (4), mais qu'enfuite ik reconnut diftinétement & à plufieurs caraétères, que ces oïfeaux for- moïent réellement deux efpèces difiéren- tes (e). Belon qui indique le cravant par le nom de cane de mer a collier.(f) ;, défigne aïlleurs (g) la bernache fous le nom de cravant (h); & les habitans de: _ … fc) Brantam (le cravant ) ,: à beruicla ( aber mache ), fpecie differre exiflimo ; quamvis Ornithologë as confundant, & unius fpeciei fÿnonima faciant. {d) Nota. M. Frifch , en rendant raïfon du nom de baumgans ; oïe d’arbre, qu’il applique au cravant., dit que c’eft parce qu’il fait fon. nid fur les arbres, à quoi il n’y a nulie apparence ; ÿ y en a bien plus à croire que ce nom eft encore emprunté de la bernache, à qui Fa fable de fa naïffance dans les. boïs pourris , Va fait donner. Voyez. ci-après Particle de cet oïfeau. Le FE (ce) Wilughby, Ornithologie, page 274 (f) Nature des Oïfeaux, page 166. (g) Ibidem ,. page 158. …_(h) Nota. Aldrovañde fe. trompe beaucoup davantage en prenant Voifeau décrit par Gefner . 3 ! - F vj 132 Hifloire Naturelle nos côtes font aufli cette méprife (:); la grande reflemblance dans le plumage &e dans la forme. du corps, qui fe trouve entre le cravant & la bernache, y a donné lieu, néanmoins la bernache a le plumage décidément :noïr ; au lieu que dans lé cravant il eft. plutôt brun-noirâtre que noir ; & indépendamment de cette dif- férence , le cravant fréquente les côtes des pays tempérés, tandis que la berna- che ne paroït que fur les terres les plus {eptentrionales; ce qui fuit pour nous porter à croire que ce font en effet deux “efpèces diftinétes & féparées. fous te nom de pica marina, pour le eravant ou l’oie # collier de Belon ; cette pie de mer de Gefner, eftle guillemot, & cette méprife d’un Naturalifte auffi favant qu’Aldrovande , prouve combien {es defcriptions ;, pour peu qu’elles foient fautives ou confufes , fervent peu en Fuftoire Naturelle, pour donner une idée nette de Pobjet qu’on veut repréfenter. (i) « Le cravantoie nonette, eft très-commun » fur cette côte ( du Croïfic }, où l’on en voit » de grandes troupes ; le peuple appelle £ernache, >» & je le croyois auffi avant d’en avoir vu un. » Note communiquée par M. de. Querhoënt. Te ” du Cravant, 133 “Le cri du cravant efl un fon fourd & creux; que nous avons fouvent entendu, & qu'on peut exprimer par o4an, ouanÿ c'eft une forte d'abotement rauque e cet oïfeau fait entendre fréquemment (#); il a aufli, quand on le pourfuit ou feu- lement lorfqu'on s'en approche, un fif- flement femblable à celui de Foie. Le cravant peut vivre en domefti- cité (2); nous en avons gardé un pendant plufieurs mois; fa nourriture étoit du grain, du fon ou du: pain détrempe ; 1 s'eft conftamment montré d'un naturel timide & fauvage, & s'elt refufé à toute famiharité ; renfermé dans un jardm avec des canards-tadornes, il s'en tenoit tou- _ [k) « Cet oïfeau fait beaucoup debruit , & fait entendre ;, pre‘que continuellement, une « forte de grognement, d’où eft venu dansle pays «e le mot de bournacher, qu’on applique à ceux qui «s grondent toujours. »» /dem , ibid. (l) Un Gentihomme de ces environs ( du Croïfic ), en a confervé un dans fa baffle - cour pendant deux ans ;le premier printempsil fut très- malade au temps de la ponte ; il mourut le fecond, en pondant un œuf, Note communiquée par M. de Querhoënt. ; 134 Hiffoire Naturelle Jours éloigné : il eft même fi craintif, qu'une farcelle avec laquelle il avoit vécu auparavant, le mettoit en fuite. On a remarqué qu'il mangeoit pendant la nuit autant & peut-être plus que pendant le jour ; il aïmoit à fe baigner & il fecouoit fes aïles en fortant de l'eau : cependant eau douce n'eft pas fon élément na- turel (m1); car tous ceux que l’on voit fur nos côtes y abordent.par la mer. Voiciquelques obfervations fur cet oïfeau, qui nous ont, été.communiquées. par M. Baïllon. | | : É 2-1 x x ce Les cravants + ee à guêre connus : A - - Far ssfur nos cotes. de Picardie avant l'hiver de 1740; le vent de nord en. amena s2alors une quantité prodigieuie ; [a mer. en étoit couverte; tous les maraïs étant s>glacés ils fe répandirent dans Îes terres. 2) & firent un très-grand dégât en pâturant les blés qui n'étorent pas couverts de {m) « Encore qu’elles ( ces canes }. foient # oïfeaux aquatiques, fi eft-ce qu’on ne Îes voit +, point s’aimer dedans les étangs d’eau douce, aïns. », qui les y fait entrer par force, elles en fortenr: foudainement, » Belon, Nat, des Oifeaux , pag: 166. ss fn = du Cravänt. +35 neige; ils en dévoroient jufqu'aux raci-cc nes ; les habitans des campagnes que cc ce fléau défoloit, leur déclarèrent unece guerre générale; ils, approchoïent dec très-près pendant les premiers jours ,ce & en tuotent beaucoup à coups dec: pierres & de bâtons, mais on les voyeit,cs pour ain dire, renaître; de nouvellesce troupes fortoient à chaque infiant dece _ la mer & fe jettoient dans les champs ;ce ils détrurfrent le refte des plantes que ce la gelée avoit épargnées..… ce D'autres ont reparu em 1765 y & iesce bords de la mer en “étoïent couverts ;ce Maïs le vent de nord qui les avoitce amenés ayant ceflé, ils ne fe font pascc répandus dans les terres, & lont partis ce: peu de jours apres. ce: Depuis ce temps on en voit tousce les hivers, lorfque Îles vents de nordce foufflent conflimment pendant douzece à quinze jours; il en a paru beaucoupce au commencement de 1776; mais lace terre étant couverte de neige, la plu-ce part font reftés à la mer : les autres quice étorent entrés dans les rivières ou quice s'étorent répandus fur leurs bords, àce 136 Hifoire Naturelle » peu de diftance des côtes, furent forcés # de s'en retourner par les glaces que ces rivières charioïent ou que la marée y »refouloit. Au refte, la chafle qu'on leur »>a donnée les à rendus fauvages, & 1ls » fuient actuellement d'aufli Jorn que tout autre gibier. 2» LL = "ATP Exres les faufles merveïlles que li- gnorance , toujours crédule, a fi long- = # Voyez les planches enluminées , n.° 855. (a) En Anglois, bernacle, fcoth-goofe ;en Écoflois., clakis ou claiks, clak-gufe, claikgees ; aux Orcades, rod- gans ; en Hitland , rodgees : en Hollandoiïs, ratgans; en Allemand , aum-gau[]; en Norwégien, raat gans , goul , gagl ; en Danoïs, ray-gaas, rad-gaas ; en Iflan- dois, hel/ingen ; en Polonoïs ; ges , hacyka dryevna. Nota. Quelquefois on a défiuné la bernache fous. le nom de cravant, & quelques Naturaliftes n’ont pas bien diftingué ces deux oïfeaux, comme on le peut voir ci-deffous. * Oie nonette ou cravant. Belon, Nat. des Oifeaux page 158; & Portraits d’Oifeaux , page 31, ,avec: une mauvaife figure. — Clakis. Gefner, Avi, p. 112. avec de très-mauvaifes figures. —Aldrovande, 4». tom. IIL, pag. 166 , figures empruntées de Gefner. — Baum-ganfz. Gefner , Avi. pag. 112. — Anfer arborum. \dem ; Icon. Avi. pag. 86 , figure aufñft mauvaife que Îles précédentes. — Bernicla vel brante anglorum. Idem, ibid. pag. 135, figure qui n’eft guère meïlleure.— Branta pel vernicla. Idem, Avi. pag. 109 & 805, figure défectueufe. — Afdro- vande , Avi. tom. III, pag. 165, figure copiée de Gefner; pag. 167.— Bränta fèu barnicla & be- 138 Hifloire Narurélle tems mifes À la place des faits fimplés & vraiment admirables de la Nature, ‘une*des plus abfurdes peut-être, & ce- nichia. Jonfton, Avi. pag. 04. — Bernicla five bernacle, Wilughby , Ornith. pag. 274. — Bernicla feu ber- macla. Ray, Synopf. Avi. pag. 137, n.° à , 5.—. Anas montana Spitzbersenfis Frid. Martenfii. Idem , ibid, pag. 139, n.° 11.— Bernacke. Clufius, Exor. auétar. page 9368. — Anfer aiboreuss. Gefieri. Schwenckfeld ; Avi. Silef. pag. 213. — Reaczynski, Anëtuar. Hifl. nat. Polon. pag. 359. — Berniclafèu bernacla , orklakis. Sibbald , Scoc. iluftr. part. I, Bb. 111, pag. 25. — Schotrifthe gans berniela oder brenta. Frifch, tom. Il; pl. 189. — Anas bernicle fafca, capite collo peëtoreque migris , eollari albo. Muller, Zoolog. Danic. n.° 514. — La bernache. Salerne , Ornithol. page 509. — La cane à collier. Idem, pag. . 410. — La petite bernache. Idem ; ibid. — Rorrgans. Klein , Avi. pag. 170, n.° 12. — Anas fufta , capite, colo, peëtoreque nigris , collari albo. Beruicla. Einnæus, Syf. nat. ed. X, Gen. 61, Sp. 11. — Anas capite colloque nigris. Idem , Fauna Suec. n.° 91. Nota. M. Linnæus paroît ne pas diftinguer Ia ber- nache du cravant, & les comprendre tous deux fous ce même numero, auffi-bien que M. Klein, n.° 8, pag. 130. — Anfer füpernè niger ;* margimibus pennarum cinereis , infermè albus , cinereo mixtus ; vertice. € collo nigris ; capite anteriore € gutture albis; tæni& utrnque roftrum inter € oculos , nigricante ; re&ricibus. migris. . … Bernicla , la bernache. Briffon, tom, VI, pag. 300 | de la Bernache. 139 pendant despluscelébrées, eft la prétendue produétion des bernaches & des mactreufes dans certams coquillages appellés conques anatiféres , où fur certains arbres des côtes d'Ecofle & des Orcades, où même dans les bois pourris des vieux navires. Quelques auteurs ont écrit que des fruits, dont la conformation offre d'avance des linéamens d’un volatile, tombés dans la mer sy convertiflent en. oïfeaux. Munfter (4), Saxon le grammairien & Scaliger l'afiurent (c) ; Fulgofe dit même (d), que les arbres qui portent ces fruits, reflemblent à des rar > & qu'au bout de leurs branches fe produifent de petites boules sonflées, offrant l'embryon d'un . canard qui pend par Île bec à la branche, & que lorfqu'il eft mür & formé, äl tombe dans la mer & s'envole. Vincent de Beauvais aïme mieux l'attacher au tronc & à l'écorce dont 11 fuce le fuc, - (b) Géographie univerfelle, /6. II. . (c) Dans fon Commentaire, {ur le premier Livre d’Ariftote : de Plantis. : (4) Lib. I, cap. 6. 140 Hifloire Naturelle jufqu'à ce que déjà grand & tout couvert de plumes, 1l s’en détache. | - L'Eflæus (e), Majolus (f), Oderic (g), Torquemada (»), Chavaffeur (i), évêque Olais (4) & un favant Car- dinal (/), atteflent tous cette étrange éncrations & c'eft pour la rappeler que l'otfeau porte le nom d’an/er arboreus (m), & l’une des iles Orcades où ce prodige s'opère ; celut de pomonia. Cette ridicule opinion n’eft pas encore aflez merverlleufement imaginée pour Cambden (7), Boëtius (o) & Tur- nèbe (p); car, felon eux, c'eft dans les (e) Chron. Scot. (f) Dier. canicular. traët. (g) Voyage en Tartarie, dans Rhamu/to. (h) Hexameron, 2.° Journée. (i) Catalogue de lagloire du Monde, part, XH, confid, 57. - (k) Rer. Sept. 46. XIX, cap. 6 & 7. {l) Jacques Aconenfrs. ( (m) Baum-gans, dans fes fangues du Nord, (n) Defcription des îles Britanniques. « {o) Dans fon Hifhoire d'Écoff. (p) Apud Gefñer. È : de de roches : 141 vieux mâts & autres débris des navires tombés & pourris dans l'eau, que fe for- ment d'abord, comme de petits cham- pignons ou de gros vers, qui peu-à- peu fe couvrant de duvet & de plumes, achèvent leur métamorphofe en fe chan- geant en oïfeau { 4). Pierre Dani (7), . Dentatus (f), Wormius(r), Duchefne _ (4), font les prôneurs de cette merveille abfurde, de laquelle Rondelet , malgré Da Gvoir & fon bon fens paroît être perfuadé, > Enfin chez Cardan (x : Érriidus (y) & Maier qui a écrit un Traité PRES (q) Un grave Doéteur, dans Aldrovande, fui aflure avec ferment , avoir vu & tenu les petites bernaches encore informes & comme elles tom- boient du boïs pourri. ‘{r) Defcription de PEurope , article de Prlande, : ([) Apud Alex. ab Alex. Genial. dier. or, 4, (t) Citant PEpitome des Chroniques d’Écofe, (u) Dans fon Hifloire d’ Angleterre. (x) De vüriet. Rer. lib. VII, cap. 3. | (y) Voyez le Traité de l’origine des brisé ape 31 142 Hifloire Naturelle fur cet oïfeau fans père ni mère (x), ce ne font nt des fruits, ni des vers, maïs des coquilles qui lenfantent; & ce qui eft encore plus étrange que la merveille, c'eft que Maïer a ouvert cent de ces coquilles prétendues anatifères, & n'a pas manqué de trouver dans toutes lem- bryon de FPorfeau tout formé (a). Voilà fans doute bien des erreurs, & même des chimères fur l’origine des bernaches : > (zx) Traëtatus de volucri arbored , abfque patre & matre , in infüulis Orsadum , fornà anferculorum prove- uientes AUt. Mich. Maiero, Archiatro , Comite Imperial, &c. Francojurti, 16:09, in-12. [a) Aurefte, le Comte Maïer a rempli fon Traité de tant d’ibfurdités & de puérilités, qu’il ne faut pas , pour infirmer fon témoignage , d’autres motifs que «ex qu’il fournit lui-même ; il prouve fa poffibilité dé 11 génération prodigieufe des ber- naches, par lexiftence des loups-varoux, & par celle des forciers : H 1a fait dériver d’une influence immédiate des aftres : & fi la fimplicité n’étoit pas fi grande , on pourroit laccufer d’irrévé= rence dans le chapitre qu’ilintitule,cap. r 1. Quèd finis proprius hujus volucris generatiouis fit , «ut referat du- plci fuë , naturâ , vegetabili & animali , Chriflum , Deum & hominem . qui quoque finè patre & matre , ut illa, exifut. Lie ais, comme ces fables ont eu beaucoup de célébrité, & qu'elles ont même été RE Go accréditées par un grand nombre d’Au- teurs (2), nous avons cru devoir ies rapporter, afin de montrer à quel point une erreur fcientifique peut être conta- gieufe , & combien le charme du mer- veilleux peut fafciner les efprits. Ce neft pas que parmi nos anciens Naturaliftes, 1 ne s'en trouve plufeurs qui aient rejeté ces contes; Belon tou- _.(b) Outre ceux que nous avons déjà cités, voyez le Traité de l'origine des Macreufes, par feû M. Graindorve , Docteur de Ia Faculté de Mé- decine de Montpellier ; & mis en lumière par M. Th. Malouin , &c. à Caen, 1680, pete in-12. — Deufingte fafciculus differt. feleétarum , inter quas una de anferibus Scoticis. ... Groningæ, 1664, In-12. — ÆEjufdem diffèrt. de Mandragore pomis , ubi, pag. 35 ; de anferibus Scoticis. Groninge , 1659 ; ën-12. — Hering ( Jo. Erneft.) différt. de ortu avis Britannic<. Nittemberse , 1665 , in-4.° — Robinfon (Tancred). Obfervations, on the macreufe, ard the fcot bernacle. Pl. Tranf. vol, XW, n.° 172, pag. 1036. — Relation concerning bernacles by se Robert Moray. P4l, Tran, n° 137, art. 2 ; Ce 144 Hifloire Naturelle jours judicieux & fenfe, s'en moque.(c}, Clufus (a), Deufingiüs (e), Albert-le- Grand , n'y avoïent pas cru davantage; Bartholin reconnoît que les prétendues conques anatifères ne contiennent qu'un | animal à coquille d’une efpèce particu- lière (f) 3 & par la defcription que Wor- mius (g); Lobel (h) & d'autres font ———————————————— (c) Voyez au chapitre de fon cravant qui eft notre bernache. {d) Exot. auctuar. pag. 368. (e) In tra@t. de anferibus fcot. fwp. cit. : (f) Dansle Traité des macreufes de Graïndorge ; pages 10 & 50. (g) Concha anatifera triquetre ef}, parva, foris ex albe- ceralea ; 3 lucida , levis, compreffa , unciali longitudine & latitudine ; ad perfe@ionem ubi devenit quatuor conflaus valvis, interdum pluribus ; quarum priores due triplè majores poflerioribus , quæ 1is tanguam appendices adhe- rent , tenues valdè circa partem craffiorem , qu algæ adhærent opertæ ; däm aperiuntur offentant er iERLe rudi- merta € peunas fatis diftretas. Wormius in Mufæo, 6. III , cap. 7. (h 1) Conchas pediculo rugofo craffiore à navis annofæ carinâ avul[as habuimus ; fit eæ pufille , foris albidæ , lucide , leves, tenuitatem habent teflæ ovaceæ , fragiles ; bifores muituli modo. Nuct amygdale compreffe pares à. des conchæ \ ' A” à cs à ti gù M: de la Bernachè) 445 des conchæ anatiferæ , ufli-bien que dans les figures qu'en donnent :Aldro- vande 1@& Gefner, toutes fautives & | chargées qu'elles font, il eft aïfé de recon- _noiïtre les coquillages Ippelés pouffe-pieds fur mos côtes; de Bretagne, lefquels par leur adhéñon à une tige commune, &e pat lefpèce de toufle ou. de pinceaux qu'ils épanourflent à leur pointe, auront pu offrir à des tmaginations exceflivement prévenues, les traits d'embryons d'oi- feaux attachés & pendans à des branches, mais qüi certainement n'engendrent pas plus d oifeaux dans la mer du Nord que fur nos côtes. Auffi Æneas Silvius raconte-t-il que fe trouvant en Écofle, & demandant avec empreflement d'être conduit aux lieux où {e faïfoit la merveïlleufe ‘géné- ration des 'bernaches, 1 lur fut répondu que ce n'etoit que plus loin, aux Hébrides ou aûx Orcades qu'il pourroit en être Log PIECE peñdulé navium carrme, quafi fungi pedicelli, cujus “ebtrémum tnférebatur latiuftule conche ‘bai ; quafi tam infunderet avicule Cujus rudimenta à fummé pürte conchæe hiulce confpiciuntur. Lobel, cité par SRE dans fon J'raité dés Remacufes, page 6, Oïfeaux. Tome XVI. G Ed : 146 Hifioire, Naturelle témoins d'où il ajoute agréablement ; qu'il vit bien que le miracle reculoit à me- fure qu'on cherchoit à en approcher (2). Comme les bernaches ne nichent que fort avant dans les terres du Nord, perfonne, pendant long-temps, ne pou- voit dire avoir obfervé leur génération, ni même vu leurs nids; & les Hollandoïs dans une navigation au 80.° degré, furent les premiers qui les trouvèrent (#4); : (i) Apud Aldrov. rom. III 5 pag. 171. 4 . (kj & Du côté d'Occident ( en Groënland},, » étoit un grand détour & plage qui reflembloit » quafiune île, nousy trouvames œufs de barnice »» ( que les Hollandois appeilent rotgenfen }, nous »» les trouvames qui couvoient, & les ayant fait » fuir, elles crioient rot, rot, rot , ( & de-là leur »» a été donné ce nom); & d’une pierre qui fut » jettée ; nous en tuames unc ; laquelle nous » fimescuire, & nous la mangeames avec foixante » œufs que nous avions porté en Îa navire. 55 Ces oïes ou barnicles étoient vraies oies, «> appelées rotganfen , qui viennent tous les ans » en grand nombre autour de Wierengen en: > Hollande, & on n’a fu jufqu’à préfent où elles n” faifoient leurs œufs & nourriffoient leurs petits ss de-là eft adyenu qu’aucuns Auteurs n’ont eu. + crainte d'écrire qu’elles naïffent ez arbres en ss Ecofle ,...[t ne fe faut émerveiller que juiqu’à % -de la Bernache. 147 cependant les bernaches doivent nicher en Norwèpe, s'il eft vrat, conune le dit Pontoppidan, qu'on les y voie pendant tout été (2); elles ne paroïflent qu’en automne & durant l'hiver fur les côtes. des provinces d’'York (#7) & de Lan- caftre en Angleterre (7), où elles fe laïf- fent prendre aux filets, fans rien montrer de la défiance ni de l'aftuce naturelle aux autres otfeaux de leur genre (0); elles fe rendent aufli en Irlande, & par- ticulièrement dans la baïe de longh-foyte, ea préfent Von ait janoré où ces oïfeaux font leurs «e, œufs, vu que perfonne (que l’on fache } n’eft « jamais parvenu au 80. degré, & que ce pays «e n’a jamais été connu, & moïns encore ces oïes ‘6 couvant leurs œufs. « Trois navigations faites par les Hollandois. au Septentrion, par Gerard de Vora; Paris, 1599, pages 112 & 113. (L) Voyez Journal étranger, février 1777. (im ) Lifler , letter 10 M. Ray ; Trarf. phil. n.° 195 ME TI : | (n) Wiüälughby. {[o ) Johnfon , dans Willushby , page 276. Nota. I} dit cela de la petite bernache ; mais voyez ci- deflous ce que nous difons nous-mêmes de cette 4 q \ : prétendue feconde efpèce, tv G | Hifloire Natirelle Fe près à: Londonderi, où on les. voit plonger fans cefle pour couper par LB racine de grands rofeaux , dont la moëlle douce leur fert de nourriture, & rend, à cé qu'on dit , leur chaïr très-bénne (p}. IL eft rare qu ’elles defcendent! jufqu'en France; néanmoins il en a été tué une en. Bourgogne , où des vents orageux Favorent jetée au fort d'un rude hiver (g), La bernache eft certainement de 1a Éte de l'oie, & c’eftavec raifon qu'Al- drovande reprendGefner del avoir rangée parmi les canards; à la vérité, elle a la tulle plus petite & plus légère , le cou plus grêle, le bec plus court & les jambes proportionnellement plus hautes que l'oie; mais elle en a la figure, Îe port & toutes les proportions de la forme; {on plumage eft agréablement coupé par grandes pièces de blanc & de nor; & c'eft pour céla que Belon lur donne le nom de xonnette ou religieufe. Elle a a #:: Nat. Hift. of Ireland , pag. 192. , _{1) Elle fat apportée à Dijon à M. Hébert, qui as À à ni CommUnIq a 1e ce fait, de 172 ms L 149 fice blanche & deux petits: Hraïés noirs de Fœïl aux narmes; un domino noir couvre le cou & vient tomber, en f coupant en rond, fur le haut du dos & de la poitrine ; tout le manteau eft riche- ment ondé de gris & de noir, avec un frangé blanc; & tout le deffous du corps eft d'ün nr blanc moiré. Quelques Auteurs parlent d'une fecende efpèce de bernache, que nous nous con- tenterons d'indiquer ici (r); ils difent qu'elle eft en tout. femblable à fautre, & feulement un peu moins grande; mais cette différence de grandeur eft trop eu confidérable pour en'faire deux efpèces; & nous fommes fur cela de & fr ) Brenthis. Gefn. oi. pag. 100. — Aldros vande, vom. III, pag. 248. — Jonfion, pag. 9o. — Wilughby, Ornihol. pag. 276.— Ray, Synopf. pag. 137 ; n.° a, 7, — Oïe de Canada. Albin, tome 1, pag. 80, pl. 92. — Anas Jipernè obfeure cinereus marginibus pennarum albidis , infernè albus, vertice € collo fuperiore nigricantibus , capite anteriore €? gutture fulvis , collo ferais (C peétore fufèis ; s uropyg10 candido ; reétricibus intermediis HIQTIS utrimque extimis albis.… . . Bernicla minor , la petite bernache, Briflon , tome VI > page 302. G5 à 150. Hi oire Naturelle El ” PRES 2 PRET Fe avis de M. Klein, qui; ayant com} ré ces deux berrièhes. conclut que les Or- à nithologiftes, n'ont ic: deux efpèces que se fu des UpEORS de fimples variétés (f} OR | | CT) Avis pag 130. | nnSSSS © SE = = EX IS PL V':pag.160: SNS NE || NANSS RAP (| we \ AN entire Re te ARS" : NME PE 7” —— de doté de? Ÿ (:; eg LA BEFRNACHE. PAT ; re. . Er rs Ji + L î , à bn Sens % 1% n° DRE LE t + PRE pie * ee ñ ) ü ‘ ‘ me + F : cé < F3 - . V4S de 1 "Eider 151 mr LE ID E R, (a) C EST cet _oïfeau qui donne ce duvet fi doux , fi chaud & fi léger , connu * Voyez les planches enfuminées, n.° 209, fous ia dénomination d’Oie à duvet ou Eider mâle . de Danemarck ; & n.° 208 , V Eider femelle. (a) Par quelques-uns , oje à. duvet ,.canard à duvet; en AHemand, eyder-ente , eider-gans , eider- vogel; en Anglois, cutbert-duck, edder- fowl; en Ecofle , colca ; en Suédois, ad, ada, aed , aeda , eider, oudunge ; en Danois , e{der-anden , edder-gaafen, edder faglen , aer-fugl, aerbolte ; à Drontheïm, aee- fugl, aeflis ; en Ifiande , aedar-fugl , adar , aedder, edder-fugl; en Norwège, edder, edder-fugl ;: à Vüe Féroë , eider , edervogel , & eiderblite où aerblick lorfque le plumage a pris fa couleur blanche ; à Bornholm , aee-boer; en Groënlandoïs, mitrek ou merkit , mevelch, felon Anderfon; & fi femelle, arnaviak ; en Lappon, {KKa. … Canard à duvet, Anderfon ; Hifi. nat. d'Iflande & de Groënland , tome I, page 90 ; &tomeIl, pag. 68. — Anas plumis molliffinus, eider. Wiugbby , Ormi- thol, pag. 277. — Sibbald. Scor: illafir part: 1}, lb. 111 , pag: 21.—Colca , capricolcai Xdèm-, tab. 18. — Muf. Worm:pañ. 30% 310: Anfer plunis moins Hiulughén. Klein ; Avi. pag. 130; IV i : ME % a 7.8 + un TO 2h ’ | EE à ft2 Hifivire Naturelle è fous le nom d'eider = don où duve d'eider , dont on à fait enfuite edre-don, ou paf, corruption aigle-don; fur quot l'on a faufflement imaginé que C’étoit d'une 2 ML. À n° 10. — Bergente. Idem, pag. 169, n.° 9. — Anas Sani: Cutberti ». feu. Farneu/is.. Willughby, Ornithol. pag. 278, avec une figure de Ja femelle ,7 1ab..:76.,— Ray ; Synopf. pag: 141 , n.° 2, 3. — Anis inter anferem £% anatem feram. media. Muf, Befler. pag. 96,,.n.% 6 4- très-mauväi£e. figure de la femelle. —"Anas roro femi-cilyndrico ; ungue ob- Zufoy “cer4 füpernè bifidà ruvofa. Tinhxws, Fauna | Suec: n.® Q4: — Anas roffrd cilyhdrico , cer poflicè bifidä ‘rugofa. Anas mollifina: ‘Idem | Syf. nat: ed. X, Gen. 61; Sp.:r2. — Anas molliffima roflra cylindrico , cer@ poflicè bifidé rugofä. Muller. Zoobe: ! Danic:; n° 1116. — EFider. Hiftorre des îles de | Féroë,. par Luc, Jacobfon Debef", ( Feroareferata) , p. 122, Defcrip. du Sondmoër; par Hans Srroem ; Soroë,r 1762 3 pag. 261. — Hift. Nat. de Norwège ;, pat Erich Poñtoppidan ; vol. M, pag. 132. — Th. Bartholini , afta Medic. Hafniens , Vol. I, p. 90: — Theod.* Thorlacii. Diflert. chorograph: Hiff. Hand. fub præf. aug. Stranck. 1667 , fol. +5. — Hift Nat. de Groënt. par P: Epède, pag. $1. — Pauk Egède. Dit. Groënl. Hafme , 1750. — Relation de (Groënland ;' par L. Dalager } page 19. — Oclamska Refa ; Stokh. 1745, page 193 &| 213. — Hift. nat, del’eider, par Martin Thranne Brunnich €en Danois). Copenhague j 1763. — Grand canard voir Gblen, Edwards, Hifh pag. &. pl: 98: — - de l’Eider. 13 | . efpèce sui que festiroit cette plume délicate & précieufe. L'erder n'eft point un aigle, maïs une cfpèce d’oie des mers du Nord, qui ne parcit point. dans nos contrées, & qui ne defcend guère plus bas que vers les côtes de PÉcofle: L'erder eft à-peu-près gros. comme lote; dans le mâle, les couleurs prin- cipales du plumage font le blanc :& le noir ; &, par une difpoñtion contraire à celle qui s'obferve dans la plupart des oïfeaux, dont généralement les couleurs font Dlus foncees en-deflus qu’en-deflous du cotps; l'erder a le dos blanc .&. le ventre noir, ou d'un brun-noirâtre ; 4e -: : : \ 5 L'ederdon ou plutôt leider. Salerne ,: Ornithol. pag. 415. — Anfèr füperné albus , collo & peëtore füpremo concoloribus, anfernè niger ; medio uTOpy 810 concolore'; Jummo capite: fplendide nigro , tænia lon gi _ tudinalt in occipite candid& ; coll fuperioris parte fupremä dilutè viridi reétricibus nigricantibus , Hérimque exrim@ @lbido terminata (mas). Anfèr fufco rufeféens'; maculis tranfierfis : nigri Hs rarius ; ventre fufco ; capite € collo fiprèmo maculrs longitudinalibus nigricantibus variegatis:;-reëtri- cibus fufeis (fœmina). Ænfer lanuginofus fé eirder Foie à: duvet ou Feïder, Briffün tome: VI . page 294. | G v_ 154 HifloireNaturelle haut de la tête, ainfi que les pennes de la queue & des aïles font de cette même couleuf} à l'exception des plumes {es plus voifines du corps qui font blanches ; on voit au bas de la nuque du cou une large plaque verditre ; & le blane de là poitrine eft lavé d’une temmte briquetée où vineule ; là femelle eft moins grande que le mâle, & tout fon plumage ft uniformément teint de roufsitre & de nôtrâtre; par lignes tranfverfales & on- dulantes , fur üun fond gris-brüûn; dans les deux fexes, on remarque des échan- crures en petites plumes rafes comme du velours , qui s'étendent du front fur les deux côtés du bec , & prefque jufque {ous les narines. | "Le duvet de leider eft très-eftimé; & , fur les lieux même, en Norwège & en Iflande, 11 fe vend très- cher (2): cette plume eft {1 élaftique & f1 Iépere, que deux ou trois livres, en la preflant & a -réduifant en une pelotte à tenir : (b) Hiftoire Naturelle de Norwège ; par Pon= toppidan. Journal étranger; février 1757. dde PEider. x 255 dans Le Ju voñt: fe dilater, jufqu'à phr. &. renfler. Le, couvperpied, d'un T me RS À que. Lo nomme Mayer vif, eft celui que leider s'arrache pour garnir fon nid, & que lon, recueille dans ce: md même; car; outre que l'on fe. fait fcrupule de tuer un oïfeau auf utile (c), le duvet pris fur on, corps mort eft moins bon que celui quife ra- mafle: dans les nids, -foit que , dans. ia faifon -de 1, michée, ce duvet de trouve dans toute fa perfection, foit qu'en effet l'oïfeau ne sarrache que le duvet le plus _ fin &'le plus délicat qui eft celui que couvre leftomac & Ryettie Il faut avotr attention de ne le cher- chér & ranalier dans les nids, qu'après quelques j jours de temps fee & fans pluie ; Cc). Pontop dan dit même, qu'e ’en Norwe ÊgE » ä ef. défendu. pe le tuer pour acrachet le duvet ; » avec d'autant plus de ,raïfôn , ‘ajoute-t-il, “que les plumes de Poifeau mort font grafles., ke fujettes. à fe pourrir & beaucoup moins. légères, se que celles que là femelle s’arrache elle-même «e pour. faire un. lit: à {es petits. ss. Hiloire, Naturelle de Norvège, à l'endroit CHE se dé : : Gv) 156 Hifoire Naturelle flne faut point éhañler auffi brüfquement ées oïfeaux dé leur nid ; ‘parce que da frayeur leur fait cher la sis dont fouvent le duvet eft fouillé (d ); & ; &; pour le purger de cétte ordure, on! “ tend fur. uw crible > cordes terdtiésl ; qui, frappées d’une baguette , larffent tomber tout ce qui ef pefant, & font rejaïllir cette plumé légère. - Les œufs font au nombréfde cinq où fixè(e), d'un vert foncé, &'fort*bons à manger (f), &, lorfquon les ravit:, nn {d) Hifidlre Naturelle de FEider, pér Martin | Thrane Brunnich ;.,art. 41. | (&) « Hrmn’eft pee extraordinaire, dit M. Trot #, d'en trouver davantage & jufqu’à dix & ja » de-là dans un même nid qu’oceupent ‘deux » femelles, qui vivent enfemble de tout ben accord.. « Lettres fur l’Iflande, page 131. (f) Anderfon prétend que, pour en avoir quantité , on fiche dans le nid un Bâton haut d'un pied ; & que Poifeau ne cefle de pondre jufqu’à ce que le tas d’œufs égalant la pointe du bâton , 1 puiïffe s’affeoir deffus” pour fes couver ; mais s’il étoit auf vrar qu’il eft peur vraifemblable que {es Iflandoiïs employaffent ce moyen barbare, is entendroient bien mal leurs intérêts , en faïfant pécr un ojfeau qui doit leur être audi prétieux, RAPPORTS de l'Eider. r$ 7 k femelle” fe plume de noüveau: pour garnir fon nid, & faitune fecondé ponte; mais Moins Hoinbreute que la’ prémière; fi Ton dépouille une feconde ‘fois {on nid, comme elle na plus de duvet à NOR le mâle vient à fon fecours, & fe déplüme Teftomac, & c'eft par cette raïfon que le duvet qu'on trouve dans ce troie ième nid eft plus blanc que éelut qu'on recueille dans le prémier; mais, pour faire cette troifième” récolte; om doit attendre: que. la mère eider aît fait éclore fes petits, Car fi on lür enlevort cette dernière ponte, qui n'eft plus que de deux ou trois œuf, où même d'u feuf elle quitteroït pour jamais la place; au Heu que, fi on la laiflé enfin élever fa famille l'élle reviendta l'année faivante, en ramenant fes petits, quiformeront de nouveaux coupies.. En Norwège & en: Iflande, c'eft une BAPRAISES ta {e pate foïgneufement & puifque Pon remarque en même temps qu ’excédé par cette ponte forcée, il meurt le plus fouvent.. Weyez Anderfen, tome 1 , pige 92: 158 Hifloire Naturelle fe tranfimet par héritage, que celle d'un canton où les eïders te tite d’ habitude faire leurs nids. Il y a tel.endroit où il fe trouvera plufieurs centaines de:ces nids; on jugé par le grand prix du.duvet du profit que cette efpèce de poffeffion peut: rapporter à fon maître ( 8); auff les Iflandoïs font-ils tout ce qu'ils peu- vent pour attirer, les eiders chacun dans leur terrem; &, quand ïls.voient- que ces offeaux commencent à s ‘habituer dans quelques-unes des petites îles où ils ont des troupeaux, ils font bientôt repafler troupeaux & chiens dans le continent, pour laïfler le champ libre aux eiders , & les engager à Sy fixer. (4). Ces Inlu- fatres ont mème formé , par art, & à force de travail, plufeurs petitesiiles., en coupant. 6e. féparant de la grande , divers promontoires ou langues de terre (g) Prendre fur les terres d’un autre un nid d LE eft réputé.voi . d’après la loi Iflandoife. Lettres [ur l’Iflande , par M. Lidblom ; Ê Paris ; 1701 : » in-8.° page 130. {ä) Brunnich, n,° 48. “+de l'Eider. 359 avancées dans la mer 4). C'eft dans ces. retraites de folitude & de tranquillité que les erders aiment à s'établir, - quoi= qu'ils ne refufent pas de nicher près des habitations, pourvu qu ‘on ne donne pas d'inquiétude , & quon en éloigne Les chiens & le bétail. « On peut. mème dit M. Horrebows /#), comme j'en arc été témoin, aller & venir parmi cesce orfeaux tandis qu'ils font fur leurs œufs ,ce fans qu'ils en foient ‘effarouchés, leurte Oter ces œufs fans qu'ils quittent leursce nids, & fans que cette perte les em-ce pêche de renouveller leur ‘trés julqu' à & même du féjour de la terre. ne ARE 2 LD 2 RE DE NB EE ve. PS Ve “ és ù + © pee ee RQ te ST À 4 de pour es ds &. disceles) : Glen RS, pabitrà ,cheria ; par es:Indiensrorientaux , bebe, furvant Aldiotähde: - à Luçon ë balivis ; en Bar- batie , rack (| : nom: Eômiun. à tous: Îles oïfeaux ‘du genre’; “canards "& ‘farcélles®); aux îles .de la Société mora; en Mexicain, mefzcanauhtl. : .: En Nürmandie;. fuivant M. Salerne , le ESA mâles ’appelle “malart la .cane: bourre, & 1e pètit horet fcès noms appartiennent à la race domef tique ;.des Allemands les défignent fous les noms de Miritedéss ; zamente: les Italiens font ceux que nous avons déjà cités, & plus particulièrement par celui de anitra doimeflica ; les dénominations fuivantes: défignent Ja :race : fauvage : ; en Aflemand ,: wild ehdte , mertzsendte , gros-cndre, hag-ent ; fur. ‘ie face de: Confiance, bla[Feut ; &'° fur %é ac Majeur, pièges; en: Siéfien raetfch-endte ; en Italien, anitra - faivatica , cefone; en Polonois, Kaczka- een ‘Les phraäfes & indications furvantes, regardent V'efpèce fauvage ; Anas fera. Aldroyande , Avi. tom. Eli, pag. 202. — Rzaczynski, Hifl. nat. Polon\pag.-269: AuËuar. pag. R5S: = Charléton, Oïifeaux. Tome XVII. H 70 Hifloire Narirelle Ils n'Ÿ tiennent en. ef ‘parle feul befoin d'y dépoer le mi 4 de Teurs amours ; mais c’eft parce befoïn: même, & par ce fentiment: fircher: à tout ce qui refpire, que nous avons fu les pere 888 contrainte ru appro- | cer ires 5h, . 21 Va: 15 Onomazt. pag- 09; n.° 7: — Exercit. pag. 104, n.® 6. Auas fera torguata, miñor: )Schwenckfeld, Avi. Silef. pag. 197:—Anas fylvefhris, Profp. Alpin. Ægypt. VO I, pag. 1994 — Anast fylvefhisrvera Alberti, €? major peuceri."Kiem::14vi.) pag. 19m 1° 9. — Auas fera oblongo & “raffo corporei> Bar rère, Ornithal claf. ,a, Gent 1, Spu12.— Ænas tarquata minor Aldiouands; bofthas major: Ray 5 y- nopf. Avi. pag. 145% M. a fe Bh/chas major Willughby:, Ornithol: pag.:284.--donfion js4vis pag. 97: — Sibbald. .Scor.: illufir. $.:0!, Kb. 211; ag. 21.— Bofthas major, five anas: rotants minOTe Aldrovande, Avi. tom. 111, pag 211: — Anas caude reëtricibus intermediis recurvis, Linnæus; Faune Saecica , n.° 97.— Anas reftricibus intermediis (maris) recdrvatis roftro reéto. Bofihas. Idem: 3 Syf, nats ed: X;, Gen. 61, Sp. 34 — Diewilde ‘enter Frifch tom. IE, pl. 158, le mâle, 159; lafemelles st ieer-< a alitlfe feu anas lunaris. Fernandès ,: Hiff, Avi. nov. Hifp. pag. 46, cap. 152. — Ray ; Sym pag. 152. — Canard fiuvage. Belon , Hifl. nat. des O1f. pag. 160. — Kolbe, Defiription du Cap j tom. II, pag. me — Albin ,; tom. il, pl: 100% le mâle ; & tom: 1, pl 99, la femèle. mp ca Sd Tareid) Ut , KR cher de nous} 6, par FA ion, A leur. famille , les attacher: à nos demeures. - Des: ut enlevés far. es «aux , de nées des rofeaux: 8e des:j ‘jones 8e. don: nés à couverà une mère, étrangère qui, lès adopte ,: ont. d'abord produit, dans nos bafle-cours des individus, fauvages 5 Des vd ir & fans ceffe bérsiovus # — mn. # + sa ngd :fauvage "ordinaire, shidnÿs! PUS pag 4279. Anas PC TE 22 cinereo- fu fo me m € anda-" ri flriata; capite. €. colo. aprem viridi-aureis, vio- lageo: colore varianti bus; tarque. albo ;.peêtore [aturaté caflaneo.; -uropygio. nigro »iridefeente ; maculà. alarine viridi-piolaceû , tænià primum nigrà dein albà utrimque donafa jrcricibus quatuor à intermedis tgro-virefGent tibus » furfum reflexis{mas). Anas. fupernè fufca, re peuharum. rufefcen= tihus, infernè dilutè fulva ;; fufco, maculata gaiture refefcente ; maçula alarum. viridi-violaceà , tænià PTE run migré deiu.albà utrimque donata : re&ricibus albo= réfefcentibuss teñès. obliquis. cinerea «fais infionatie Ciœmima). Anas, fera, Le, canard fauvage. Brifôn, , tome VI, page 318. La nomenclature qui fuit appartient À à Ja race privée. — Auas. Gefner, con. Avi. pag. 73. — Aldrovande:, Avi, tome II, page 174. — KRzac- aynski,,: Hifé nat. .Polou: page 300. — Mochring, Avi. Gen. 61. — Anas cicur. : Gefner ; -Avi P- 06. — 4nas domefica. | Aldrovande , Avis ere ÆUIS 1j 12% Hifloire Naturelle de trouver: leur: féjour de liberté; mais; après avoir goûté! les plaïfrs de l'amour dans d'afyle domeftique , ces. mêmes ‘ot- feaux ; & mieux encore: leurs defcen- dans , font devenus plus déux:; plus trai- tables ,! & ont produit fous nos yeux.des: races privées ; car nous devons obfervers comme chofe : générale , que ce neft qu'après avoir réuff à traiter & condure page 188.— Schwenckfeld, Avi Sief. page 105. — Jonfron , Aui. page 95. — Charleton , Exercire pagé 104, n.° 1: Onomazt. ‘pagé 99,'m° 1, — Prop. Alp. Æpypr. vôl. 1, page 190. —14nas do meflica vulgaris. : Wiughby |; Ornithwl. page 203. — Ray, Syuopf. Avi. page 1315 n.° 1: — Sloane, Jamaïc. page 323, n° 7. — Brown. Nar. hif, of Jamaïc. page 480. — Frifch , pl 177 (le mâle }. — Anas verficolor , caudä brevi ,räcut , fürfum reflexa. Barrère, Ornit. claff. 1, Gen. 4; Sp. 1.-— Anas caude reËtricibus intermediis recurpis. Linnæus , Fauna Suec. n.° 97. — Anas réétricibus intermediis (maris) recurvatis , roftro reëto, Anas domeflica. Idem ; SyJe:. nat. ed. X, Gen. 67, Sp: 94, Var. 1.— Canard, cane. Belon, Nat. des Oifeaux ; page 160 ; & Por- traits d’Oifeaux , page 32 a, mauväïife figuré. — Canard domeflique commun. Salerne , Ornithol. p> 437. — Canard de Madagafear. Albin , tome IIT,planche 09. — Anas verficolor , roffro reëlo ; ré£tricibus quatuor iutèrmediis in mare furfum reflexis. :..:1°%) Anas domeflica. Brion, Ornithol. tome V1, page:308: - PA asdn Canard \\ 173 ne éfpèce, de manière à la faire mul- tiplier en domefticité , que nous pouvons nous flatter de lavoir fubjupué ; autre- ment nous n’aflujettiflons que des :mdi- vidus, &:lefpèce ; confervant fon indé- pendance, ne nous appartient pas. Mais lorfque , malgré le dégoût de la chaîne domeftique , nous voyons naître entre les mâles & les femelles ces fentimens que la Nature à par-tout fondés fur un libre choix; lorfque l'amour à commencé à unir ces couples captifs, alors leur cfclhvage , devenu pour eux auffi doux _ique la ‘douce liberté, leur fait oublier peu-à-peu leurs droits de franchile natu- relle, & les prérogatives de leur état fauvage , & ces lieux des premiers plaï- frs, des premières amours, ces lieux f chers à tout . être, fenfible , deviennent leur demeure de prediletion & leur habitation de choix:5 éducation de:la familie rend: encore cette affection plus profonde , &. la communique en même temps aux petits, qui, s'étant trouvés citoyens par naïfiance d'un féjour adopté par leurs parens, ne cherchent point à én changer; car, ne. pouvant avoir que H ii 174 Hifloire Natürelle peu où point d'idée d'un état différent ni d'un autre féjour , ils s’attachent au eu où is font nés comme à leur patrie, & l'on fait que la terre natale eft chère à ceux même qui lhabitént en efclaves. Néanmoins nous n'avons conquis qu'une petite portion de lefpèce entière, fur- tout dans ces orfeaux auxquels la Nature fembloit avoir afluré un double droit de liberté, en les confiant à-la-fois aux ef- paces libres de l'air & de la mer ; une partie de l'efpèce eft à la vérité devenue captive fous notre main; mais la plus grande portion nous a échappé, nous &chappera: toujours, & refte à la Nature comme témoin de fon indépendance. L'efpèce du canard & celle de l'oie font ainfi partagées en deux grandes tribus ou races diftinétes , dont l'une; depuis long-temps privée , fe propage . dans, nos bafle-cours , en y formant üné dés plus utiles & des plus nombreufes familles de nos volailles ; & l’autre, {ans doute, encore plus étendue , nous fuit conftamment , fe tient fur les eaux, ne fait , pour amf dire, que: pafler &'re: pañer en hiver dans nos contrées, &e À sis du Canar d, MX. 447$ s’enfonce:au printemps dans les régions du Nord, pour y nicher fur les terres les plus éloignées de l'empire de l'homme. -:" C'eft vers-le 15, d'octobre que paroïf- {ent en France les prémuers canards (2); Jeuts bandes d'abord, petites & peu fré- quentes , font fuivies, en novembre, par d’autres plus nombreufes; on reconnoît ces oïfeaux dans leur vol élevé ;; aux lignes inclinées &atix triangles régukers que leur troupe trace.par fa difpolition dans -Lair; &, lorfqu'ils font.tous arrivés des régions du Nord, on lesivoit contt- muecllement voler & fe-porter d'un étang, d'uné rivière à une autre; c'eft alors que les chafleurs en font de nombreufes cap tures, foit à la quête du jour ou à lem- büfcade du doir ; foit aux diflérens pièges &x aux! grands ..filets ; mais toutes ces chafles : fuppofent ; beiucoup de finefle _{b) Nota. Du moins, dans nos provinces fep- tentrionales , ils ne paroiflent que plus tard dans des contrées, du Midi;; à Malte, par exemple, fuivant, que: -nous l'aflure M. le Commandeur Defmazy.; on ne les voir arriver qu’en. .n0= H iv . 176 Hifioïré Naturelle dans les moyens employés pour furpren& ‘dre, attirer où troinper ces oHfeaux, qui “ont: très-défiins. Tamais ils ne fe pofent | qu'après: avoir fait pluficätrs-circonvolu- tions fur le lieu où ils voudroïents’abattre, ‘comme pour l'éxaminer,/le reconnoître!, & s'aflurer s'il ne recèle aucun. ennemb, & lorfque enfin 1ls1sabaiflent ; 'eft tou- Jours avec précautiôn ;tils fléchiflent leur vol, & fe lancent obliquement fur la fur- ‘face deleau, qu'iseffleurent &fiHonnent; enfuite ils nagent au large .& fe tiénnent totjours élorgnés dés rivages; en même temps quelques-uns d’entr'eux veïllent à la füreté publique, & donnent lalarme “dès qu'il'y a‘péril, de forte-que le chaf “Feur fe’ trouve fouvent déçu , & les voit “partir avant qu'il né foit à portée de‘les tirer ; cependant ; lorfqu'il jage le:coup poflible , 1l ne doit pas le précpiterscar le canard fauvage, au départ, s'élevant verticalement {c), ne s'éloïgne pas dans CRD seÛ15! à OIU J'en NS EE ES ; Fiaio" €: 1 Pa SrOI1I0: ‘canards fortant de Peau, s’enlèventincontinent ‘contre mont; pour AM&r vers lei ciel. Belons Na, des Oif. page 168, 91H SY (c) Les Gifeaux de rivièré, Commé!auff fes. | | duCanard, | 177 la mêtiel pitié: qu'un 'oifeau qui. file droit, & on à tout autant de temps, pour-ajufter un canard qui-part à foi- xante pas de diftance, qu'une _perdrix qui partiroit à trente, , C’eft le foir, à la chôte , au bord des eaux: fur lefquelles on les attire, en y plaçant des canards domeftiques femelles (4); que 1e chafeur gîté dans une butte , ou couvert & caché de quelqu'autre ma- mère { e ), les attend & les tire avec (4) Cetté manière Pacirer les canards eft an- cienne, puifqu’Afciat cite l'expérience dans une de fes Epigrammes ; . Altiïis aileËator anas. - es Congereres cernens volitare per aera turmas , Garnit ; in illarum fe recipitque gregem , Incautas donec prætenfa in retia ducat. _ fe) En temps de neige, j’allois à la chaffe aux: canards entièrement couvert dune grande nap de toile blanche , un mafque de papier blanc‘ ne le vifase ; un céban blanc roulé fur le canon de mon fufil : ; ils me faïfloient approcher fans dé. fiance , & le ruban blanc me prolongedit fa lumière de prés d’une demi-heure ; je tirois même au clair de la lune, & jen perdois très-veir' art fa’neige: Mmoire communiqué par M. Hébert. Fr V 178 Hifinire Naturelle avantage ; il eft averti de l'arrivée de tes off>aux par le fifl:ment deleurs ailes /f), & fe hâte de tirer les premiers arrivans 3 La (f} Voici une chalfe dont j'ai été témoin & même acteur; c’étoit dans une campagne entre Laon & Reims, un homme, & l’on juge aifément que ce n’étoit pas le plus opulent du pays, s’étoit établi au milieu d’une prairie , fà enveloppé dans un vieux manteau , fans autre abri qu’une claie de branches de noïfetier, dont il s’étoit fait un abri contre le vent; il attendoit patiemment qu’if pañfât à portée de lui quelque bande de canards fauvages ; ik étoit affis fur une cage d’ozier, par= tagée en trois cales, & remplies de canards: do- meftiques tous mâles ; fon pofie étoit au voifinage d’une rivière qui ferpentoit dans cette prairie, & dans un endroit où fes bords étoient élevés de fept à huit pieds ; H avoit appliqué à un des bords. de cette rivière une cabane de rofeaux en forme de guérite,, percées, de .petites meurtrières qu'on pouvoit ouvrir & É:rmer à volonté pour avoir du jour, & choïtir fa belle pour lâcher un coup. de fufil : appereevoit-il une bande de-canards fauvages en l'air (& il en pafoit fouvent , parce que , dans la faifon où il faifoit cette chale,. on . Les tiroit de tous côtés dansiles marais }, il choït devx ou trois de fes canards domeftiques, qui prenoient leur volée , & aloïent fe rendre à trente pas de fa guérite, où il avoit femé quelques grains d'avoine, que ces canards ne manqueient pas de: ramafer avec avidité, car on les faïloit jeûner ; il y avoit audi quelques femelles attachées aux per- .ndu Canard" 179 Car x dans cette, faïfon , la nuit tombant rümptement, 8 les canards ne tombant, pour ainf dire, qu'avec elle, les momens propices font-brentot-paflés;-fi l'on veut faire une plus grande chafle, on difpofe des filets, dont la-détente vient répondre dans la hutte du chafleur; & dont les HBpes” Bcupare. uni eff plus: où moins grand à fleur-d'eau, peuvent ém- brafler; en fe relevant &.fe croïfant, là troupe entière dès canards fauvages que ‘ches piquées dans un des bords, & couchées à fleur-d’eau , de façon que ces canés ne pouvoient pegagner la rive , & fe trouvoient réduites À fire un çri d'appel aux canards domeftiques, ‘Les fau- yages, apres plufieurs tours en Pair, prenoient Île parti de s’abattre & de fuivre les canards domef- tiques ,. ou s’ils héfitoient trop long-temps, notre homme lâchoit une feconde vciée de canards mâles, & même une troiième, & alors il couroïît de {on obferyatoire à fa guérite, fans être aperçu; tous les bords étant garuis de branches d’arbres .&.de rofeaux ; 1 ouvroit celle de {es meurtrières qui lui convenoit le mieux, obfervoit le moment de faire un bon coup, fans s’expofer à tuer fes appellans, &, comme il tiroit à fleur-d'eau prefque horizontalement , & qu’il vifoit aux têtes, à en tuoit quelquefois cinq ou fix d’un coup de fufi, Æstrait d’un Memoie de M. Héberi. Hv) 180 Hifloirer Naturelle élans té “OR We rés in le But que: la | ee COMORES RE la 2e VS HP mb, 9 ue 2) Non NU: M. MAT de RP fr - Le RS l’idée & le- détail de cette efpècé de | nur dont luiifaifous honneur; & que :noùs ner el =ANAG Aplaiÿr. dans { res, termes, :. } td déra Ke He VAR .« Uné. quant mat canards, fau. 1 VAges. Le” ré SEINS vers dans !nos gere ‘ cages voi él mer quon emploie s# pour À les:attirer dans.les filets efi très-ingénieuless # elle prouve fentiblement le goût de ces Cifeaux »» pour fa foctété ; la VOICE : re » On, choifit dans Jes marais une plage couverte #. d'environ. deux pieds d’eau, qi'on! veñtre- 2 “tient. par le moyen ‘d'une: Kécète digue :1 ns lus. grandes & les plus éloignées des'haies & - “des arbres fong les mélleurs ; on forme fur 16 2: bord, une hutte en terre , bien garnie ‘de olaife #1. dans le fond, & couverte de gazons “appliqués. #» fur un treillis de branchabes ; le tendeur y étarit ». affis, l’extrémité de fa cête excède fe Baut de 5, la butte. is ‘- Ontend dans Peau dès AL& de Ja forike dès nappes aux allouettes, & garnis de deëx fortés ». barres de fer qui les tiennent afujetties fur yafe ;.les cordes de. détente font fées das s> la hutte. Le tendeur attache plufieurs canes en avant des filets, celles qui font de la race des fau- vages & provenues d'œufs de cette efpêce, démi- , ché au printemps ; font Îes meilleures : "es. N 4 Fo Le s JSsduCarard 1 18+ du. chaffeut,.foutienne {à patience ; sr TM mobile. & fouyent -à: moitié gelé. dans £ guérite, il ee à prendéé plus -de ï 5 nrtile te 21-91 r 2:09 Ge : r ä 228 Ci # ti 1 D mâles avec fefquels on a eu foin de les se 6e. apparier, dès le mois d'octobre, font enfermés «6 dans un coin de fa hutte. 4 Le tendeur attentif, fixe PRAAUEA de tous te côtés ;! fe “tout vers ‘ 1e Nofd ; 5 auffitôt qu'il & ipercoit une troupe de canards! fauvages il is prend un de ces mâles, &le jette en Pair j 6 cet oifeau volé furechamp vers les autres & «e les joint; fes femelles ; au- deflus defquelles il « pañe, crient & lappellent ; s’il tarde trop à «s revenir; on'en Fcheun fécnae “foivent dñ « troïfiènre ; Jescris redoublés des femélles les « Tamènent, les fauvages tes fuivent ; & fe: ‘pofent “ avec eux; [a forme! de la! hutte: les’ ‘nquiète u quelquefois, inais ils font raflurés ef tininfant «. parles traftres qu'ils Yoient: nagér avec fécurité « vers les femelles'qui font: entre la Hutte & les 1 filets, ils avancent & les fuivent , le tendeur, « qui fes veille ; faifit: lPmftant favorable , lorf- « -qu'ilsttraverfent /a-forme, il en prénd. quelque- es Hoisiune douzaine: & plus d’un feu; coup: ,; + J'ai toujours remarqué que les canards dreffés «4e ‘à cette chaflé, fe: mettent rarement ‘dans le « eoup ‘des filets ; ls en traverfent emplacement 46. fau vol ;'ils Le connoifient, quoique rien-me- ia 4 xoifle au dehors. se. Tous les. oifeaux,.de marais ; tels que Les fleurs, les fouchets, les farceties ; les mil. s 182 Hifloire Naturelle rhume que de gibier ; maïs ordinairement le plaïir l'amgorte ; & Vefpérance fe renouvelle ; :car ‘le même (for où àl à juré, en foufflant dans fes doigts, de ne Jouins , &c. NE Là à Vappel de canes où #3 ASE les traîtres..… © “ Cette chafe. ne fe fait que pendant la AE. ”) si clair de Ha. ta les inftans.les «plus, favora- » bles font le lever: dé cette planète & une! heure » avant l’aube du jour; elte ne fe pratique uti- » lement que pendant les vents de nord & de » nord-oueft,, parce que le gibier voyage alors » ou eft en mouvement pour ; r fe, rafiembler. .J’ai » vu prendre plus d’une centaine de pièces aux » mêmes filets dans une feule nuit; un homme # foible ou feni:ble au froid ne Pourroit, rétifier n à la rigueur .de celui qu’on reflent à cette » chafle ; il faut. refter immobile ; &. fouvent » mouiHé pendant toute la nuit au mieu des »” Marais, » . J'ai toujours vu les canards fauvages def » cendre ù l'appel des canes. de leur. “efpèce » quelqu’élevés qu’ils foïent dans fair; les traîtres n volent quelquefois avec eux- pendant plus d’un #» quârt d'heure; chacun des tendeurs , au-de us: » -defquels Ja troupe ri lui en envoie-d’autres; » ele ie difrerfe, & chaque bande de traîtres # enaménent un détachement; celuidestendeurs:, » dont les femelles font fauvags; > efi serre MICUX partagé, pr ou Canard à8% ‘plus retourner à fon pofñte placé, 1 fait des projets pour Le lendemain /4). : En Eorraïrie, fur les étangs qui her dent la Sarre ; on prend les canards avec un filet tendu verticalement & femblable à 11 pantière qui fert aux bé- cafles (1); en plufeurs autres endroits. les chafleurs , fur un Hatteau couvert de ramce & de rofeaux, s'approchent len- tement des canards difperfés fur Peau, &, pour les raflembler, ils Tâchent un petit chien; la crainte de l'ennemi fait que les canards f raflemblent , s'attrou- es er _ (h} « En général, la chafle aux canards ef féduifante , mais pénible ; il faut y braver Pin- a tempérie d’une faifon , qui fouvent_ eft déjà « rigoureufe , les pieds dans l’eau , les doigts gelés; ss H fäut fe morfondre le foir dans fa hutte, « ou devancer le jour fur les ruifleaux & les «+ petites rivières. Je me fouviens d’avoir fait gette chafle prefque tous les jours. pendant un «s mois entier ..par un froid exceffif, difant chaque « jour que je n’y retournerois.plus , & pour «s comble, un excellent chien fe nova fous mes ss. yeux, pris dans les glaçons; je parle en vieux 4 chaflèur qui fe rappelle fes proueñes. »» Extrart de l'excellent Mémoire que M. Hébert a. bien voulu écrire pour nous für les canards. | | | _-:{4) M. Lottinger, | =" 184 Hifioire Naturelle pent léntément,, & alors: on -les peht tireriun à un à-mefure qu'ils fe rappro- chent ,..& les tuer fans bruit -avec de fortes -farbacanes, ou bien on°tiré fur la troupe.entière avec un gros!fufif d'abor. dage qui écarte le plomb & en tue ou blefle un bon nombre; mais on ne peut les tirer qu'une fois, ceux qui échappent reconnoïflent le. batteau meurtrier, & ne s'en laflent plus approcher.f# ). Cette chafle ; tres-amufante, s'appelle le badinage. | à On prend aùfli des canards fauvages au moyen d'hamecons amorcés de mou de veau , & attachés à un cerceau flot- ‘tant ; enfin la challe aux canards eft par- tout {/),; une des plus intéreflantes de (Æ) Les canards ont une forte de mémoire qui Teur fait reconnoître le piège d’où üls font une fois échappés. À Nantua, on faifoit fur un dés bords du lac une cabane avec des branches de fapin & de fa neige, & on tâchoit de: fes en faire. ap- procher, en les y chaffant de loin avec deux ba- teaux ; cela réuffiffoit pendant huit ou dix jours, au boùt defquels il étoit impoffibie de les faire: revenir, M. Hébert.‘ x (L) Nota. Navarette fait pratiquer aux Chinois » … ad Canard _ r8$ lintaitié Fa ) & du | commencement de Ybiver. Le # : . Lie pires title “pour Les canards , la. même. cho, ‘dont Pierre Martyÿr donne Pinvention aux Indiens de Cuba, qui, nâgeant & ditête rénférmée dans uñe caler bafle , & feule hors de Peau, vont, dit- 1, fur Jeurs facs prendre par les pieds es oies fauv: ages. (Voyez da defcription de la, Chine, par Navarette, pages. 40 € 42, cité dans lHifloire générale. des Poyages , iome Vi , page 437 )3 mais nous dou- tons qu’au nauveau.monde & à la Chine, cette .chaffe ait été d’un meilleur produit que la recette plaïfante qu ’un, de.nos Journaliftes. nous a don- née de fi bonne-foi dans un certain cabier de la Nature confidérée fous fes différens afpe®ts , où Pauteur enfeignele moyen de prendre une bande entière de camards, qui tous; Pun après Pautre, vien- dront ‘s’enfler. x la même ficelle , au. bout. de laquelle. eft attaché un gland; lequel avalé par le remier de Ra troupe, qui le rend. au fecond, qui ke rend: au” “troifième,. & ainfi de fuite , toujours filant a fcelle tous fucceffivement ge trouvent enflés du bec à fa queue. On peut fe fouvenir auf de quel ton plaifant fe moqua de cetteineptie, unautre Journälifte du temps, auffi ingénieux dans fa malice, que notre con/idérateur de. la Nature eft bon dans fa fimplicité. A fm) On nous décrit 'ainff celle que font les Ni nthantlen: « L'automne eft la faifon de {à grande chäffe aux canards au Kamtfchatka on « wa: dans es endroits couverts de lacs où rem- « &. 186 Hifloire Naturelle De toutes nos provinces, la Picardie eft celle où l'éducation des canards do-. meftiques eft la mieux foignée, & où la chafle des fauvages eft la b Fioueufe , au point même d'être, pour le pays, un objet de revenu confdérable {x}; »: » plis de rivières &/entre-coupés de bois; on » nettoie des avenues à travers’ces bois d’un lac » àTautre ;ontendentre deux des filets foutenus » de hautes perches, qu’on’’peüt 1âcher ah » moyen de cordes dont on retient les bouts; » fur le foir, ces filets étant élevés x 1x hauteur » du vof des canards, ces oïfeaux vienneñit, én # traverfant, s’y jetter en ff grand nombre & #» avec tant de force, qu’ils le rompent quél- # quefois, mais plus fouvent y refient pris en n grande quantité. | ds PL » Ces canards tiennent lieu de baromètre & hp de girouette aux Kamtfchatdales, car ils pré- » tendent que ces oifeaux tournent & volent toujours contre le vent qui doit fouffler,»» Hifloire pénérale des Voyages , tome XTX , page 594. — Abun- dat in Polonià Jingularis multitudo anatum , préfertim fluvie flyr Volhiniæ , ‘etenim ibi duæ aut res fexagente all:Eæe fagopyro , fimul' ab aucupe pauthere involvuntur. Rzaczynski. ECS HEMPER RER .. (ny) Une bonne‘partié dés canards fauvages & autres oïfeaux du même genre, qui fe cet fomment à Paris, v'eft apportée dé la Picardie, La quanuité qu’on :y, en arrête.chaque hiver, aux nisdu Canard: 187 cette chañle s'y fait en grand &c dans des anfes ou petits golfes difpofés naturelle- ment, ou coupés avec art le long de la rive des eaux & dans l'éparfleur des ro- feaux. Mais nulle part cette chafle ne {e fait avec plus d'appareil & d'agrément = deux pañlages , eft étonnante. Cette chaffe com- mence dans le Laonnoiïs, à quelques lieues de Laon : à partir de-là jufqu’à la mer, 1 y a une fuite non interrompue de marais ou de-prairies inondées pendant Fhiver, qui n’a guère moins de trente lieues; lorfque les rivières d’Oïfe & -de. Serre fortent de leur lit, leurs eaux fe réu- niflent , & couvrent tout le pays qui eft entr’elles. La rivière de Somme couvre auffi un pays im- menfe dans fes inondations. La chafle des canards fait donc une branche de commerce en Picardie; on ma afluré qu’elle étoit affermée trente mille ivres , fur le feul étang de Saint-Lambert, près de La Fère ; il eft vrai qu’il a fept ou huit lieues _&e. tour, & peut-être la pèche y eft-elle réunie. y avoit, dans le temps que j’habitois cette province, des barques qui fe louoient depuis dix écus jufqu’à cinquante, fuivant leur poñftion plus ou moins avantageufe ; on m’a encore afluré qu’ avoit telle de ces canardières où les filets far- Lien un objet de trois mille livres. : LÉ érert . En confidérant ces vafies marais de deflus les hauteurs voifines, j'ai vu, qu’on y ménageoit de grandes clairières, en coupant les joncs entre deux 188 Hifloire Naturelle que fur le bel étang d'Arminvilliers en Brie : voict la defcription qui nous en a été communiquée par M. Rey, Secrétaire des commandemens de S. À. M." le duc de Penthièvre. KE PERS ceSur un des côtés de cet étang ; qu'omi- >» bragenf des rofeaux, & que borde un 3 petit boïs, l’eau forme une anfe enfoncée eaux à la faux ou au croiïffant ; ces clairières font de forme à-peu-près triangulaire ,; & c’eft dans les angles que font placés les filets; ce font, comme ii m’a paru, des efpèces de grandes naflés qu’on peut fubmerger en lâchant les contre-poids qui les tiennent à fleur-d’éau ; je fuis du moins certain que les canards s’y noïent, plufieurs fois j'en ai vu des trentaines étendus fur la peloufe, on les faifoit fécher au foleil, pour empêcher, m'a-t-on dit , que leur chair ne: contraät, par Fhumidité de h plume, une oGeur de relan; & ce fut alors que j’appris qi’on noyoit les canards dans les filets; on m’ajouta qu’on fe fervoitde petits chiens roux añlez reffemblans à des renards, pour les raffembler & les faire donner dans ces filets ; les canards s’aflemblent autour du rénard par une forte d’antipathie, femblable à celle qui affemble autour du duc ; du-hibôu & de la chouette cous les oifeaux de pipée ; ces-petits chiens font -dreffés à les conduire: où’on leur a appris Æx- trait du Mémoire für des canards ,‘éommuniguée par M. Hébert. V7 h49 OURS PAT LOIRE COTE TT 0. ie r 2" Pol A pendant toute l'année, plus de:cent ca- s»hards demi-privés, demi-fauvages : 5 0 »»qui tout le jour nageant dans l'étang, ne manquent pas à l’heureaccoutumce * & au coup de filet , d'arriver grand svol en s'abattant far Fanfe;, pour em w filer les canaux où leur À ge Les Aayes en | Ce fiat ces rraîtres, comme le Ca: 9 s Bérdet les appelle , qui, dans'la faifon, fe mêlant fur l'étang aux troupes des s) fauvages, les amènent dans l'anfe, & de- »»là les attirent dans les cornes ;, tandis sque caché dérrière une fuite de claies » de rofeaux, le Canardier va! jetant de- »vant eux le grain pour les amenerjufque s5>{ous l'embouchure du berceau de filets; alors fe montrant par les intervalles des clates,! difpolées: obliquement,, &c »> qui Ie cachent aix canards qui viennent 2 par-derrière j1l eflraié des plusiayancés,, « du Canard. 1 19% qui e.jettent dans le .cul-de-fac, &ce vont-pélerrhèle S'enfoncer dans la nafle ; ce onen prend aïnf juiqu'ä cinquante &ce {oxante : à- la - fois ; 11 eft rare que lesce démi-privés y entrent, ils font faits àce ce jeu, &ils retournent fur l'étang re-ce commencer, la:même manœuvre & €en-c6 gager.une autre éapture (o)..» 0 Dans le paflage d'automne; les canards fauvages fe tiennent au large fur lesgrandes eaux , & très-éloignés des rivages; ls ÿ paflent la: plus grande. partie du jour à fe _repoler ou ;: dormir. ce’ Je-les ai ob- {ervés avec:une lunette d'approche, ditce M: Hébert, fur nos plus grands étangs ee (o) Nota Willughby décrit exaétement a même chafe qui fe fait dans les comtés de Lincôin & de Norfolk en Angléterre, &'où Von prend, dits ;jufqu'à quatre mille canards; ape parement. dahs tout.un hiver; il dit auffi que,, pour les attirer, on fe’ fert du petit chien roux &.de.plus, il faut qu’un grand nombre de canards niche dans ces contrées marécageufes, puifque la plus grande chafle ; fuivant fa narration, fe fait lorfque , les canards étant tombés en mue, des nacelles n’ont qu’à fes: pouflkr devant elles dané les filets tendus fur Îes ose Voyez Willughby, sta Ornithol. page 285. NACFL 1 : Ur « " À 192 Hi ifloire \WNarürelle »> QUI. quelquefois en paroïflent couverts; s»ôn les y voit la tête fous l'aile’ &ifans mouvement , jufqu à ce que tous pren. ssnent leur volée une demi-heure apres Le couchér du foleïl, 55 eNEiS - 52 + En ‘effet, les allures’ des dinde fau végré font plus de: nait que de joursils païfent , voyagènt;! arrivent (8° partent principalement lelfoit & même la nuit ; fa plapart.dé ceux qué Toñwoit en.picin jour, ont été forcés de prendre éflorpar les :chaffeurs du par les offeaux:de proies . Lanuit, le ferment du vol décèle leur palligé, le battemeñt de leuts aïlesv et plus bruyant au moment qu'ils pat* tent (p), & c'eft même à caufe de ce bruit que Varron donne au canard Pé- pithète de quaffagipenna (a). Tant que la faïlon. ge devient/pas ri- goureufes les infeétes âquatiques &-les petits. Serre Les Monnet _ | : . à re (p),«Les canes & autres dues de rivière, # font de corpulence moult, pefante ,! pour quof font Rouit de mer diles en To à ,) "Belon. : - à (a) Varron, as Non. SE font a Cénard:. 193. Bu nf encore: fort enfoncées dans la vafe , les graïnes du jonc, la lentille d’eau &: quelques autres plantes marécageufes i fourniflent abondamment à la pâture des canards; mais, vers la fin de décembre * ou au cominencement de janvier, fi les grandes pièces d’eau: ftagnantes font gla-. cées, ils fe portent fur les rivières encore CAES: & vont enfuite à là rive des bois ramafler les glands, quelquefois même ils {e jettent dans les champs enfemencés de blé, &. lorfque Ja. gelée, continue pendant huit ou dix jours, ils difpa- roïlent pour ne revenir qu'aux dégels dans le mois de février; c’eft alors qu'on. les voit repaffer le foir par les vents de fud, mass 1ls font enmotndre nombre (r); leurs troupes ont apparemment diminué par. toutes les pertes qu'elles ont fouflert pendant fhiver (/). L'inftind focral (r) « La différence eft grande Ds ce qui arrive & ce qui s’en retourne ; ; J'aiété à portée «e d’en faire fa comparaifon en Brie pendant fx. «e ou fept ans; n’en repañfe peut-être pas moi- tié, cependant leur population fe foutient, & cs chaque année il en revienttout autant, » M. Hébert. ([) «H m’eft fouvent venu dans lefprit de … Oifeaux. Tome XVII, I 194 Hifloire Naturelle paroït s'être afloïbli à mefure que leur nombre s'eft réduit; l'attroupement même n'a prefque plus lieu; 1ls paffent difper- {és , furent pendant la nuit, & on ne les trouve le jour que cachés dans les joncs; ils ne s'arrètent qu'autant que le vent contraire les force à {éjourner ; ils fem- L + + LÀ 2 comparer la population des canards fauvages avec celle des freux, corneilles , &c. on feroit tenté de croire qu’il en repañle plus de ceux-ci qu'il n’en arrive, & cela parce qu'ils repañlent en troupes. On n’en tue point ; ils ont très- peu d’ennemis , & prennent les précautions. les plus füres pour leur confervation. Les rt: gueurs de nos hivers ne peuvent rien fur leur tempérament ami du froid ; à la fin, Îa terre devroit en être couverte. ' Cepencant leur .muis titude, toute innombrable qu’elle paroît, eft fixée ; cela prouve, ce me femble, qu’ils ne font point, comme on le croit, favorifés dune plus longue vie que les autres oïfeaux ; & , s’is ne font qu'une couvée par an, de cimq petits, comme j’en fuis bien 2fluré, leur po- pulation ne doit pas être immenfe. Je fuppofe que la cane fauvage ponde quinze à feize œufs & les couve, je les réduits à moi- tié à caufe des accidens, œufs clairs, &c. & je + porte {x multiplication à huit petits par paire: en portant fa deftruction, pendant l’hiver, à & le moitié de ce produit, lefpéce peut, çommg ” Lie da Éanard; . 19g lent dès-lors s'unir par couples (4), & fe hâtent dé gagner les coñtrées de Nord, À er. . + | LA >1, 1 où ils doivent nicher & pañler l'été. 2. Dans cette faifon 1ls couvrent, pour ainf dire, tous les lacs & toutes les rivières de Sibérie (x), de Lapponie (x), en voit, fe foutenir fans que Ïa population en « fouffre. On en tue plus de moitié en Picardie, & par-tout où il y a des canardières, maïstrès- « peu en Brie, très-peu en Brefle, où 11 y a beaucoup d’étangs. Et quand je réduis chaque « couvée, l’une dans Pautre , à huit petits, je «e ne dis point trop peu’; le bufard de marais cs en détruit beaucoup , j’en fuis certain ; & le «e renard , dit-on, fait fi bien aufli de fon côté, « qu’il en furprend toujours quelques - uns. »» - Idem. Ÿ# | = (4) Totà hieme apud nos vagatur ; menfe mattio jam per paria ciicumyolat. Klein. | {u) On trouve dans a plaïne de Manoafea, fur le Jenifca, des bandes innombrables d’oies & de canards de différentes efpèces. Voyage er Sibérie, par Gmelin, tome II, page 56. — Les ali- mens des Tartares barabins font le lait, le poif- _ fon:. . . . le gibier, & fur-tout les canards & les plongeons qui abondent dans ce canton. hd. page 171. Es _ (x) Je ne crois pas qu’il y ait pays au monde plus abondant en canards, cygnes, plongeonss. I 1j 196 Hifioire Naturelle | & fe portent encore plus loin dans le Nord jufqu'au Spitzherg (y) & au Groënland (7). « En Lapponie, dit M. Hæœpgftroem, ces oïfeaux femblent vouloir, finon chafler, du moïns rem- s»placer les hommes; car, dès que les 33 Lappons vont au printemps vers les >» montagnes, les troupes de canards fau- >vages volent vers la mer occidentale, 9» & quand les Lappons redefcendent en >>automne pour habiter la plane, ces cercelles, &c. que la Lapponie. Œuvres de Regnaïd , some I; page 180. ù (y) Dans le Zuid-haren où havre du Sud au Spitzherg, 1 y a plufieurs petites îles qui n’ont pas d’autres noms qu’les des Oifèaux , parce qu’on y prend des œufs de canards & de kirmews. Hif- zoire générale des Voyages, tome [, page 270. (x) Lorfque le mauvais temps, arrivant plutôt’ _ qu’à Vordinaire , les furprend dans çes parages rigoureux , il en périt un grand nombre, « Dans »> l’hiver de 1751, les îles d’alentour de la Mif- 5» fion danoïfe du Groënland, furent tellement » couvertes de canards fauvages ; qu’on les pre- noit avec la maïn, en Îles chaffant fur fa côte. » Crantz, Hifloire du Groënland , dans le fupplément à J'Hifloire générale des Voyages, tome XIX , page 185, one NA +97 éifeaux dés déjà quittée (a ce Plu- fieurs autres Voyageurs rendent le même témoignage (4). ce Je ne crois pas, dit Regnard, qu'il y aît pays au mondece plus abondant en canards, farcelles &ce autres oifeaux d’eau-que & Lapponie ;ce des rivières en font toutes couvertes... ce & au mois de imat leurs nids s’y trou- ce vent en telle abondance, que le défertce en paroit rempli. » Néanmoins ïül refte dans os contrées tempérées quelques couples de ces oïfeaux, que quelques circonftances ont empêché de fuivre le gros. de efpèce, qui nichent dans nos marais; ceneft que fur ces traineurs ifo- lés, qu'on a pu obferver les particularités des amours de ces oïfeaux, & leurs foms pour l'éducation des petits dans Fétat fauvage. ra (a) Defcription de Ia re fuédoife , : per AT. Hagflroem , dans l’Hifloire générale des 4 oyages , Jüpplément, tome XIX , page 491. (6) In fe éptentrionalibus aquis tanta anatum copiæ ut _ferè cunétas aquas coopertic videantur ; rard ab aucu- piôus exturbantur ÿ quia longè major venatione filyarica ft copia, quam aguatica. Olaus magnus. Hift. fept. Hb, XIx, cap. 6. Tu] 198 Hi loire Naturelle Dès les premiers vents doux, vers h fin de février, les mâles commencent à rechercher les femelles, &. quelquefois ls fe les difputent par des combats (c); la pariade dure environ trois femamnes ; le mîle paroït s'occuper du choïx d'un . eu propre à placer le produit de leurs amours 3 il l'indique à la femelle qui la- grée & sen met en _poñeffion; c'eft ordinairement une toufle épaïlle de ; joncs, élevée & rfolée au milieu du maraïs; la femelle perce cette touffe , s'y enfonce & l'arrange en forme de nid en rabattant les brins de joncs qui la gènent; mais quoique la cane fauvage, comme les au- tres oïfeaux aquatiques (d), place de nie INota. Les gens de létang d’Armi nviHiers fous ont dit que quelquefois un mâle en à deux, & les conferve; mais, comme les canards nourtis | fur cet étang font dans un état mitoyen entre Pétat fau vage & la vie domefiique , noûs ne ran- gerons point ce fait parmi ceux qui repréfentent les habitudes vraiment naturelles de l’efpèce. (d) Lacuftres"® aves propè palufiria atque herbida foca , quamobrem ntllo negotio , etiam in 1pfo incubatu , po nt [156 cibum capere, neque omninQ inedi@ laborare, Arif. Lib, vi, cap. 7. M duCanarh : 399 nd k nichée près … eaux, on _ne laïfle pas d'en trouver quelques fi dans. les bruyères aflez éloignées, ou dans les champs fur ces tas de paille que le laboureur y élève en meules, ou même dans les forêts fur des chênes tronqués, & dans de vieux nids abandonnés (e). On trouve ordinairement dans chaque : nid dix à quinze & quelquefois jufquà dix-huit œufs, ils font d'un blanc ver- dâtre, & le moyeu eft rouge (f); on a Gblervé que la ponte des vieïlles femelles eft plus nombreufe & commence sus tot que celle des jeunes. : Chaque fois que la femelle quitte fes. œufs, même pour un petit temps, elle les enveloppe dans le duvet qu'elle s’eft Fi La cane fauvage cf fort rufée , elle ne fait pas toujours fon nid le Jong des eaux , ni même par terre, on eñ trouve très-fouvent au | _ milieu des bruyères, à la diffance d’un quart de lieue de l’eau ; de plus, onenavu pondre dans des nids de pies, de corneiïlles, fur des arbres trèse _ élevés. Salerne, page 428. | *(f) « Les oifeaux de rivière ont le moveu de Yœuf rouge , contraire aux terreftres, qui l'ont « jeune. ») Belor à: Nat, page 5I, Liv _KH ifloire Naturelle a pour en garnir fon jamais elle ne s'y rend au vol, elle fe pofe cent pas plus loin, & pour y arriverélle marche avec défiance ; en obfervant sl n'y a point érmetaiss ; mais lorfqu'une fois elle eft tapie fur {es œufs, l'approche même dun homme ne les lui fait rs quitter. + Le mâle ne Hatoît: pas. RATE: la feu melle dans le fom de ‘là couvée, feule- ment ïl fe tient à peu de Afartéer 1l l'accompagne lorfqu’ elle va chercher fa nourriture , & la défend de la perfécütion des autres mâles; l’incubation dure trente jours; tous les petits naïflent dans la même journée, & dès le lendemain la mère defcend du nid & les appelle à l'eau ; timides ou frileux ; ils héfitent & même quelques-uns fe retirent, néanmoins le plus bardi s'élance après la mère, & bientot les autres le furvent; une fois * fortis du nid, ils n’y rentrent plus, .& quand 1! fe trouve pofé lom de l’eau ou qu'il eft trop élevé, le père (g)& la mère « (g) Suivant M. Hébert. RC +5 201 (#) les prennent à leur bec & :1eÿ tranf- portent l'un après l’autre fur l’eau (2)3 1e foir la mère. Les raîlie & les retire dans les rofeaux où elle les réchaufte fous fes _aïles pendant la nuit; tout le jour ils guettent à la furface de Len fur les herbes, les moucherons & autres menus infectes qui font leur première nourri- ture; onles voit. plonger , nager, & faire mille évolutions fur l'eau avec autant de vitefle que de facilité. | | La Nature en fortifiant d'abord en eux les mufcies néceflaires à Ia natation, femble négliger, pendant quelque temps, 1 formation ou du moins l'accroifiement _ de leurs arles : ces parties reftent près de fix femaines courtes & informes; le jeune canard a déjà pris plus de là moitié de fon accroïfiement , il eft déjà emplumé fous le ventre & le long du dos avant que les pennes des aïles ne commencent + (ñ) Suivant M. Lottinger. _ (i) Ce fait étoit connu de Belon: es canes, dit-1 , ont l’induflrie de faire leurs nids, & d’éclore leurs petits dans les arbres, € les emportent avec leurs becs en l’eau. Nature des Offeaux , page 160. LV 202 Hifloire Naturelle à paroître; & ce n'eft guère qu'à trois - mois qu'il peut seflayer à voler. Dans cet état, on l'appelle hallebran , nom qui paroît venir de l'Allemand, Aa/ber-ente demi-canard (k); & c’eft d'après cette impuiflance de voler que l'on fait aux baïlebrans une petite chafle aufli facile que fruétueufe fur les étangs & des marais qui en font peuplés (2). Ce font appa- _(&) Cette dénomination étoit en ufage dès le temps d’Afdrovande. Æ{labrancos vocitant anatum pullos. Jo. Bruerimus. De re Cibarià , apud Aïdroy. {L) « Voici ce que pratiquoit un Gentilhomme # de ma connoïffancé, à Laon, dans un marais #» appelé le marais de Chivres, entie Laon & Notre- » Dame de. Lieffe. Le fond de ce marais eft de # fablon vitrifiable , qui n’eft jamais fangeux. » Dans les mois de juin & de juillet, il'n’y refte » pas de l’eau plus haut que la ceinture aux en- » droits les plus profonds, & ïl y croît une. » forte de rofeaux qui s’élèvent peu, qui ne » font pas fort ferrés, & qui fervent néanmoms » de retraite aux jeunes hallebrans. Mon Gentil- # homme, vêtu d’une fimple vefte de toile, en- # troit dans ce marais accompagné de fon garde- » chaffe & d’un domefiique ; 1 avoit fait couper »# Îles rofeaux fur de tréslongues bandes larges » de fept à huit pieds, comme des routes dans æ une forét, ou des canaux dans un marais; # de Canard, °203 “remment € auff ces mêmes canards trop. jeunes pour voler, que les Lappons | tuent à coups se bâton Las feurs lacs (m). 2 me VTC Lo — + 3 | ne _fe tenoit le Jong de ces routes pendant que fes « gens battoient e marais ; & , lorfqu’ils tom- «e boient fur quelques bandes dé hallebrans, on « Vavertifoit. Les hallebrans ne font en état de « voler que vers le 15 d’août ; ils fuioient à Ia « nage devant les gens qui commençoïent à en «e tuer quelques-uns chemin faifant; les autres étoient forcés de traverfer les routes qu’on « avoit pratiquées dans les rofeaux ; c’étoit au «e pafage que cet habile chaffeur les fufilloit à «e {on aife ; on lui faïfoit repaffer ceux qui étoient « échappés , autre AÉPHaBe à ; & toujours fruc- « tueufe , d'autant plus que ces hailebrans OÙ «e jeunes canards font un excellent manger. » Extrait du IMémotre communiqué par M. Ébere.: (m) « On ne sonnoît point, dans nos climats tempérés, l’ufage des bâtons pour Ia chaffe ; ici «e (en Lapponie), dans l’abondance extraordi- £e paire du gibier, on fe fert indifféremment de « bâtons ou de fouets. Les oifeaux que noës 4e . primes en plus grand nombre, furent des ca- «6 nards & des plongeons à & nous admiames « . Padreffe de nos Lappons à les tuer ; ils les fui « * _ voient de l’œil, fans paroître occupés d’eux ; 4e ls s’en approchoi ent infentblement, & forf « qu’en étant fort proche, ïls les vovoient nager - @ntre deux eaux, ils leur Jançoient un bâton “4 1v) #04. Hifloire Naturelle La même efpèce de ces canards fat vages qui vilitent nos contrées en hiver ; & qui peuplent en Été les régions du Nord de notre continent, fe trouve dans les régions correfpondantes du nouveau monde (2); leurs migrations & leurs » qui leur écrafoit la tête contre la vafe ou les > pierres , avec une promptitude que nos regards » avoient peine à fuivre; fi les canards prenoient » leur vol avant qu’ils s’en fuffent approchés, d’un coup de fouet ils en abattoient plufieurs. ss Hifloire générale des Voyages, tome XV, page 306, d’après Regnard. | | (n) A Ia Louifrane. les canards fauvages font. plus gros, plus délicats & de meilleur goût que ceux de France ,; maisau refte entièrement fem- blables ; ils font en fi grande quantité, que Von en peut compter mille pour un des nôtres. Le Page Dupratz, Hifloire de la Louifiane, tome II , page 114.-— J'ai reçu cette année de fa Louifiane plufieurs oifeaux femblables à des efpèces du même genre qui fe trouventen France, & dans les différentes parties de l’Europe , & particu- liérement un canard entièrement femblable à notre canard fauvage mâle ; 1 n’y avoit aucune différence dans le plumage , Pindividu paroïfloit feulement avoir été un peu plus grand. Les babitans de la Louifiane ont eux-mêmes reconnu tant de conformité entre ce- canard & celui d'Europe, qu’ils Pont nommé le canard français, 1, L4 , » 5 = du Canard, 20$ voyages de l'automne & du printemps _ paroïlent y être réglés de même & s'exé- cuter dans les’ mêmes temps (0); & lon ne doit pas être furpris que des- orfeaux qui fréquentent le nord de preference, & dont le vol eft fi puiflant, pailent des régions boréales d’un continent à l'autre, Mais nous pouvons douter que les canards À RE ur | vus par les Voyageurs & trouvés en grand Note communiquée par M. le doëteur Mauduit. — Metzanauhtli, feu anas lunaris (altera ) À anatis fpe- cies ef} domeflicæ par , ac eifdem variata soloribus ; vivit apud Mexicanam paludem. Fernand, Hifi, Avi. nov. Hifp. pag. 45 , cap. 152. — Les canards cana- diens font femblables à ceux que nous avons en France. Nouvelle relation de la Gafpefie, par Le P. Leclerc; Paris, 1691, page 485. (0 ) A Ta fin d'avril, les canards arrivent en abondance à-la baie d’Hudfon. Hifloire générale des Voyages , tome XIV, page 657. — Pour peu que le foleïl paroïffe au mois de décembre , &’ que. le-froïd foit tempéré, on tue (la baie d’Hudfon) autant de-perdrix & de fièvres qu’on en defire ; à la fin d'avril, les oïes , les outardes, les cnards &c quantité d’autres oïfeaux y arrivent pour s’y arrêter environ deux mois. Voyage du capitaine a Lade , Ge, Paris, 1744, tome Il; pages 203 7 202, E | — 206. Hifloire Naturelle +6 . nombre dans les terres du Sud (p), ap- partiennent à l'efpèce commune de nos canards, & nous croyons qu'on doit plu- tot Îles rapporter à quelqu'une des efpèces . que nous décrirons ci-après, & qui font - (p) Canards à la côte de Diemen, par le quarante- troïfième degré de latitude. Cook ; Se- cond Voyage , tome 1, page 229.— Canards fau- vages'au cap Frowart, au détroit de Magellan. Wailis, tome IT, Premier Voyage de Cook, page 31. — Dans la baie du cap Holland, même détroit. - idem, page 65. — En grande quantité dans le port Egmont. Byron, tome I du premier Voyage de Cook, page 65. — À Tanna, un étang offroit beaucoup de râles & de canards fauvages. Second Voyage de Cook , iome II] , page 184. —En tra- verfant une petite rivière qui étoit fur notre pañlage (à Otahiti), nous vimes qutlques canards ; dès que nous fumes à l’autre extrêmité, M. Banks tira fur ces oïfeaux & en tua trois d’un coup; cet incident répandit la terreur parmiles Indiens. Premier Voyage de Cook , tome II, Page 327. — Nous tuames ( à la baie Famine , au détroit de Magellan ), un grand nombre d’oifeaux de diffé- rentes efpèces , & particulièrement des oies, des canards, des farcelles, &c. Wallis, tone 11 du remier Voyage de Cook , page 64. — Deux grands lacs d’eau douce ( à Tintan }) offroient une multi- tude de canards ; de farcelles & de pluviers fifleurs. Relation de l'amiral Anfon ; dans l’Hifhoire générale des Voyages , tome II ; page 173, 7. Can | %» 67 :. en efet propres à ces Mn 5 nous devons au moins le préfumer ainf, jufqu' à ce que nous connoïflions plus particuliè- | _ rement l'efpèce de ces canards qui fe trouvent dans lArchipel auftral. Nous favons que ceux auxquels on donne à Saint-Domingue le nom de canards fau- vâges, ne font pas de Fefpèce des nôtres (g), & par quelques indications fur les oïfeaux de la zone torride (r), - Sr F = - £ à . - z P à ë s " € HE g) Ce He on énbeits canards Jauvages à à Saint- Domingue , diffère beaucoup du véritable canard fauvage d'Europe > tant par la groffleur que par le plumage & par le coût ; Îa farcelle_ n’eft pas non plus la même que la farcelle d'Europe. Mémoire communiqué par M. le chevalier Lefebvre - Deshayes. — Les canards fauvages de Cayenne, font les mêmes que ceux connus en Europe fous Je nom de canes de Barbarie ( FaRe mufqué }. Remarques de M. Bajou. (r)« I ya dans ce pays(à la côte de Guinée } deux efpèêces de canards fauvages; depuis le «e temps que jy fuis, je. n’en ai vu que deux «e de la première efpèce.…. ilsne différojentpoint «e en groffeur des autres canards, ni en figure, « mais leur couleur étoit d’un très-beau vert,avec «e le bec & les Bee d’un beau rouge ; ils ç 268" és mé Naturelle noûs ne croyons pas que lefpèce. de | notre canard fauvage y ait pénétré, à moins qu'on n'y ait tranfporté la race domeftique (/). Au refte, quelles que foient les efpèces qui peuplent ces ré- gions du. Midi, elles n'y paroïflent pas foumiles aux voyages & migrations 9) Gone d’une couleur f haute & fi belle, que » je n’aurois point fait difficulté, s’ils euffent été » en vie & à vendre, d’en donner cent francs 7 & davantage … . I y a environ quatre mois » que j’en vis un de la Nec onde efpèce qui avoit # aufli été tué par. quelques-uns de nos gens, » & qui avoit la même figure que les précédens, | »» avec des pattes & un bec jaune, & le corps » moitié vert & moitié gris; ainfi, äi s’en falloit beaucoup qu’if fût auffi joli. « Fos de Bofinan , Lettre XV.° (f) «Les canards privés ne font connus fur a côte de Guinée que depuis quelques années. »» Voyage de Bofinan, écrit en 1705.— On conduifit les Hollandois dans Pappartement des canards ( dans le palais du roi du Tubaon à Java), ils les trouvérent femblables à ceux de Hollande , excepté qu’ils étoient un peu plus gros, & que la plupart étoient blancs; leurs œufs font du double plus gros que ceux de nos plus belles poules. Second Voyage das Hollandois , Hifloire générale des Voyages , tome VIII, page 137+ 7 Canard, , 209: dont. %é ‘auf, dans nos climats, vient de la viciflitude des faïfons (6). ‘Par-tout on à cherché à priver, à s'approprier une efpèce auffi utile que left celle de notre canard (4); & non- _feulement cette efpèce éft devenue com- müne » mais quelques autres efpèces étrangères, & dans l'origine également | fuvages , fe font multiphices en domef- tee & ont donné de nouvelles races (t) Au PA on bâtit - petites maïfons aux canärds, afin qu’ils y aïllent pondre leurs œufs; on les y enferme tous les foirs, & on les ‘aie fortir tous les matins....Le nombre des FE fauvages , des poules-d’eau & des far- " celles eft innombrable ; : ces oifeaux viennent It chercher à manger aux mois de mai, de jum & juillet, &-alors ils ne volent que par couples ; mais depuis octobre jufqu’en mars, vous en verrez de grandes troupes enfemble qui couvrent le pays qui éft bas & marécageux.' Nouveau Voyage autour du monde , liés pe Rveh:, 1715, tom. ee page 30. (u) « I n’y a contrée en notre Europe & Afie ;: & principalement vers les rivages des: « eaux , où Îles payfans n’aient accoutumé de 4 nourrir des canes & des canards. » Belon , Nan des Oif. pag: 160, : © 21 o. Hiflire. ruelle | privées : ; par exemple, celle du. Haiti mufqué, par le double profit de fa plume & de fa chair, & par Ja facilité de fon éducation , eft DORE une des volailles les plus utiles & une des plus réRaTENes | dans le nouveau monde (x). ù Pour élever des canards avec fruit & en former de grandes peuplades qui prof. pérent , il faut, .comme pour les oïes, les établir dans un lieu voïlin des eaux, & où des rives fpacieufes & fibres en. gazons & en grèves leur offrent de quot paîitre, fe repofer & s’cbattre; ce n'eft pas qu'on ne voie fréquemment des ca pards tenfermés & tenus à fec dans | l'enceinte des balie-cours, maïs Ce genre de vie eft contraire à leur nature; ils ne font ordinarrement que dépérr 8 z dégc- nérer dans cette captivité ; leurs plumes fe froiflent &. fe rouillent ; leurs pieds _s’offenfent fur 1 gravier, leur becrfe fêle par des frottemens réttéres, tout eft lézé, bleffé, parce que tout eft contramt, & des Horde anfi nourris, ne pourront (x) Voyez ci-après Particle du Canwd mufqué, du Canard. Se à 1 jamaïs des ni un auifi bon duvet, ni une aufli forte race que ceux qui ee d’une partie de leur liberté & peuvent vivre dans leur élément; ainfñ, lorfque Je lieu ne fournit pas. naturellement quelque courant Où nappe d'eau, l faut y creufer une mare dans laquelle les canards puïflent barboter, nager, fe laver & fe plonger, exercices abfolument néceflaires, à leur vigueur & même à leur fanté. Les anciens qui tr aitorent avec plus d'attention que nous les objets in- téréflans de l'économie rurale & de la vie champêtre, ces Romains qui d'une “main remportoient des trophées, & de l'autre conduifoient la charrue (y) , nous ont ici latflé, comme en bien d autres chofes , des inftructions utiles. Re (x) &: Varron, nous don- nent en détail, & décrivent avec. com- plafahce la difpofition d’une bafle-cour aux canards (zeffotrophium) ; ls y veu- (y) Gaudebat terra vomere laureato © triumphalè Aratore. Plin. (x) Ré rufic. Kb. VIH, cap. 15, 212 Hifloire Naturelle lent de l'eau, des canaux , des rigoles . des gazons, des ombrages, un petit lac avec fa petite île (2); le tout difpofé (a) Mediâ parte defoditur lacus . : . . ora cujus clro paulatim fubfideant , ut tamquam è Lttore deften- datur in aquam . ... . media pars terrena fit, nt Colocafiis , aliifque familiaribus aquæ viridibus eon/e- ratur , quæ 1nopacent apium receptacula . . . . per circuitum unda pura vatet, ut Jinè impedimento , cùm apricitate diei gefliunt aves, mandi velocitate concer- tent . . . . gramine TIpæ vefhiantur . . . + parietum in circuitu effodiantur cubilia quibus nidificent axes, eaque contegantur buxeis aut mirteis fruticibus . . . flatim perpetuus canaliculus humi depre[fus confätuatur , per quem guotidie mixti cum aquà cibi decurrant ; fie. enim pabulatur id genus Avium : . . . martio menfe felluce furculique in aviario [pargendi , quibus nidos fruant . . . . & qui neflotrophium .confütuere voler ÆAyium circa paludes ova colligat , & cohortalibus gallinis füubjiciat , fic enim exclufi atque educati pulli deponunt ingenia filvefria . . . . fed clathris fuperpofitis , Avia- rium retibus coñtegatnr , ne aut avolandi fit poteflas domeflicis Avibus ; aut aquilis vel accipitribus involandi. Je ne puis réfifter au plaïfir de traduire libre- ment ce morceau, fans efpérer d’en rendre toute la grâce. | | . #. Autour d’un lac à rives en pente douce, & + du milieu duquel s'élève une petite île om- » _ bragée de verdure & bordée de rofeaux, s’éten- »» dra l’enceinte, percée dans fon contour de » loges pour nicher: devant ces loges coulera #» une rigole, où chaque jour fera jeté le grain ‘du Canard. ’ 14 T ie rañière fi entendue & fi pittoref- que, : qu un lieu femblable feroit un or- nement pour la _. belle maïfon de campagne. Le | _ Il ne faut pas que Pin a laquelle | on étfablira {es canards foit infectée de fangfues elles font périr les jeunes en s’attachant à leurs pieds, & pour les * détruire on peuplera l'étang de tanches ou d’autres poifons qui en font leur piture (2). Dans toutes les fituations , foit d'une eau LAS ou au “bord d'une deftiné aux canards, nulle pâture ne leur étant « plus agréable que celle qu’ils puifent & qu'ils ce péchent dans Peau ; à vous les verrez s’ébattre, 6e fe ‘jouer , fe devancer les uns les autres à la «e nage ; là vous pourrez élever & voir fe for- «e ‘mer fous vos yeux une-race- plus noble, éclofe « d'œufs dérobés aux nids des fauvages; Pinfinc ce de ces petits prifonniers, farouche d'abord, 4e fe tempère & s’adoucit; mais, pour mieux ce . aflurer vos captifs, & les défendre en même « temps de l’oifeau raviffeur , il convient que tout 4e Pefpace foit enveloppé & couvert d’un filet ou &« d’un treiïllis, » G : (b) Obfervations , de M. Tiburtius , extraites des Mémoires de L'Académie de Stockolm , dans Le Journal de ph 7 que ju 1773" = HER ee ETES DURS SR RS à gt4 Hiftoire Naturelle . eau dorfMante, on doit placer des paniers à nicher couverts en domes, & qui of frent mtérieurement une aire aflez com- mode pour mviter ces oïfeaux à sy placer; la femelle pond de deux en deux jours, & produit dix, douze ou quinze œufs; elle en pondra même jufqu'à trente & quarante fi on les lui enlève, & fi Ton a foin de la nourtir largement; elle eft ardente en amour, & le mâle eft jaloux ; 1 s'approprie ofdinatremént deux ou trois femelles qu'il conduit, protège & féconde : à leur défaut, on la vu rechercher des alliances peu aflorties (c), & la femelle n'eft guère plus réfervée à recevoir des carefles étrangères ( d). (c) « Un canard de ma baffe-cour ayant perdu ss fes canes , fe prit d’une belle pañion pour Îles # poules; il en couvrit plufieurs, j’en fus témoin; » celles qu'il avoit couvertes ne pouvoient pon- # dre, & lon fut obligé de leur faire une efpèce x d'opération céfarienne pour tirer Îes œufs que » l’on mit couver ; mais, foit défaut de foins, foit faute de fécondation , ils ne produifirent rien. » M. de Querhoënt. (d) J'ai vu deux années de fuite une cane commune s’apparier avec le tadorne mâle, & “donner des métis. M, Baillon. © duCanard 215 Le tébios: de l’exclufion des œufs ef. de plus’ de quatre femaines (e)5 ce temps ft fe même lorfque c'eft une poule qui ‘a couvé les œufs; la poule s'attache par ce foin & aérien pour les petits canards | une mère éfrangère, imais qui n'en eft pas moins tendre: on les voit par fa “ollicitude & {es alarmes, lorfque conduits pour la premiere fois au bord de l’eau, ils fentent Îeur élément & sy jettent “pouflés par limpulñion de là Nature, malgré les cris redoublés de leur con- duétrice, qui du rivage les rappelle en- vain, ens fagitant & {e tourmentant comme yne mère défolée (f). a pe nourriture qu'on donne ( e) Nota. H paroît. que Jes Chinois font éclore des œufs de canards, comme ceux des poules, par fa chaleur artificielle , fuivant cette notice de . François Camel: 4nas domeflica ytic Luzonienfious, eujus ova Simæ calore fovent & excludunt. Eranf. PAAOIP"" nomb. 285, art. 3. | (f é Super omnia ef Mons ent OpIS fibdiria gulline , atque excluis ; primô non planè agnofcentis fœtum , mox incertos incubitus follicite CONOCANEIS 3 poftremo lamenta circa flagnum ; mergentibus. fe pullis 4 4 #aturé dnce. Plin. Ib. X; Cap. 56: VE rs, Te Ke Es a LS 7 ke ete 6: | Hifloire Naturelle ASE aux jeunes canards eft Ia graine de os ou de-panis, & bientot on peut. leur jeter de l'orge (g); leur voracité naturellé Âe manifefte prefque en naïflant, jeunes ou adultes ils ne {ont jamais rafafñés; ils avalent tout ,ce. qui fe rencontre (A), comme tout ce qu'on leur -préfente, 1ls déchirent les herbes, ramaflent les grai- nes, gobent les infedtes & pêchent les petits poiflons, le corps. plongé perpen- diculatrement & {a queue feule’ hors. de l'eau; ils fe foutiennent dans cette attitüde forcée plus d’une demi-minute par un battement continuel des pieds. AE Is acquièrent en fix moïs leur grandeur & toutes leurs couleurs ; le mâle fe dif- tingue par une petite boucle de de pl relevée fur le croupion (2); ïl a de plus (g ) Gratiff ma ha: terreffris nm panicum & ; milium , nec non € hordeum : “Fed nbi copia ef}, etiam plans ac vinacea præbeantur., Aquatilibus etiam cibis , ñ fêt facultas, datur cammarus, & rivalis alecuia, vel f quæ funt incrementi parvi finviorum. animalia, Columell. Reivuflic. Tib. VII, Cap. 15. (h) Avis admodum vorax ; quæcumque. cibi occurrit angurgitat. Aldrovande. (2) Suas plumas in HTOpPS oo furre@as, five cirrhas MR 6 - \ Canard, 2t P fa ji lufiiée d üunriche vert d'émeraude dE Paile ornée d'un brillant miroir : le: demi-collier blanc au milieu du ‘cou; Je beau brun pourpré de là poitrine & les couleurs des autres parties du corps font aflorties , nuancées & font en tout un beau plumage, qui eft aflez connu & d'ailleurs fort bien repréfenté dans | nôtre planche enluminée, Cependant nous devons obierver que ces belles couleurs n'ont toute leur vi- vacité que dans les mâles de la race fauvage ; elles font toujours plus ternes &z: moins diftinctes dans les canards do- meftiques, comme leurs formes font auffi Moins élégantes & moins légères ; un œï un peu exercé ne fauroit s'y méprendre. Dans ces chafles où les canards domef- tiques ‘vont chercher les fauvages, & les amènent avec eux fous Île fufil de RARES une condition ordinaire eft de payer au habet. Aldrovande. — « Encore y a plufieurs fortes d’orfeaux de rivière qui refflemblent aux ‘ canes; toutefois n’y en a point à qui les plumes ce de deflus le croupion Een revirées contre- 4 mont, » Belon. Oifeaux. Tome XVIT., K 218 Hifloire Naturelle | canardier un prix convenu pour chaque: | canard privé qu'on aura tué par méprife; maïs 1l eft rare qu'un chafleur exercé s'y trompe, quoique ces canards domeftiques | Soient pris & choïlis de même couleur que les fauvages; car, oùtre que ceux- ci ont toujours les couleurs plus vives; ils ont aufli la plume plus life & plus. ferrée, le cou plus menu, la tête plus. fine, les contours plus nettement pronon- cés; &, dans tous leurs mouvemens, on reconnoïît l'arfance, la force & lair de vie que donne le fentiment de la liberté, 32 À confidérer ce tableau de ma s>guérite, dit ingénieufement M. Hébert, s>je penfois qu'un habile peintre auroit _ ssdefliné les canards fauvages, tandis que soles canards domeftiques me femblorent l'ouvrage de fes élèves. »» Les petits même que l'on fait éclore à [à marfon d'œufs de fauvages, ne font point encore parés de leurs belles couleurs, que déjà on les diftingue à la taille & à l'élégance des formes; & cette différence dans Îles contours {e define non-feulement fur le plumage & la taille, mais elle eft bren plus fenfble encore lorfqu'on fert le . du Canard, ! à 2 1$ _ canard fauvage fur nos tables; fon ef- tomac eft toujours arrondi, tandis qu'ik forme un angle fenhble dans le canard domeftiqie, quoique celui-ci foit fur- chargé de beancoup plus de graïfle que le fauvage, qui na que de la chair aufli fine que fucculente. Les pourvoyeurs le reconnoïf{ient atfément aux pieds, dont les écailles font plus fines, égales & Juftrées , aux membranes plus minces , aux ongles plus aïgus & plus lurfans, & aux jambes plus dékées que dans le canard privés. | Le mâle, non-feulement dans Fefpèce du canard proprement dit, mais dans toutes celles de cette nombreufe famille , & en général dans tous les orfeaux d’eau à bec large & à pieds palmés, eft tou- jours plus grand que la fémelle (4); le contraire fe trouve dans tous les oïfeaux _ de proie, dans lefquels l1 femelle eff _ conftamment plus grande que le mâle. Une autre remarque générale fur la fa- (Æ) Belon a déjà fait cette obfervation, Ier, des Oif. pag. 160 à K 1 | RINÈTE TR: Éaset” 220 Hifloire Naturelle mille entière-des canards & des farcelles _c'eft que Îles mâles font parés des plus belles couleurs, tandis que les femelles n'ont prefque toutes que des robes unies, brunes, grifes ou couleur de terre (2), & cette diférence, bien conftante dans les efpèces fauvages, fe conferve & refte empreinte fur les races domeftiques, au- tant du moins que le permettent les variations & altérations de couleurs qui fe {ont faites par le mélange des deux races fauvages & privées (m). : {l} Edwards a fait cette obfervation, Addit, qu fècond vol. pag. 8, (m) On a obfervé que, dans les troupes de canards fauvages , il s’en trouve plufieurs qui font différens des autres, & qui fe rapprochent des privés par la forme du corps & par les couleurs du plumage ; ces canards métis proviennent de ceux que les habitans des terres voifines des ma- réceges élèvent tous Îles ans en grand nombre, & dont ils laïffent toujours une certaine quantité fur les marais ; leur méthode d’éducation eft auffi fimple que curieufe. ; | « Les femelles, dit M, Baïllon, font mifes à 55 la couvée dans Les maïfons; tous les lieux leur ». conviennent , parce qu’elles font fort attachées » à Feurs œufs; on en donne jufqu’à vingt-cinq > du Canard, … ‘223 En Re. comme tous les des oifeaux. | privés, Les canards ont fubi les influences * à chacune; on en fait auffi couver par dés dindes & des poules ; & on diftribue aux canes Îles jeunes auffitôt qu’ils font éclos. Le lendemain de 1a naiffance, chaque babi- tant fat fa marque aux fiens ; lun coupe ie. premier ongle du pied droit, l’autre le fecond, celuf-ci fait un trou àtel endroit de a peau du pied , &c. chaque habitant conferve fa marque , elle fe perpétue dans fa famille , & elle eft connue des autres habitans du même village. Auffitôt que Ée canetons font marqués, on les porte , avec les mères, dans le marécage ; ils s’y élévent feuls & fans foins; on veille feulement à en écarter les oïfeaux de prois, fur-tout les buzards qui en détruifent beaw- coup. H y a tel habitant qui en met aïmfi fept à huit cens à l’eau chaque année. A la fin de mai & pius tard, les habitans fe réuniflent pour Îles reprendre avec des filets, chacun reconnoît les fens ; des giboyeurs viennent de loin les acheter ; Fon en conférye dans le marais un certain nombre, tant pour fervir, pendant lhiver, à Pappel des fauvages, que pour multiplier l’efpèce au printemps. ui vant : chacun les accoutume à revenir à la mai- fon ; on les y attire en leur jetant de l’orse, qu’ils aiment beaucoup. Plufieurs de ceux - ci deviennent fuyards K 5; s g sé = J' . ? 7 0e Ÿ à “ L 3 2%. Hifloire Naturelle de la domefticité ; les couleurs du plu: mage fe font afoiblies, & quelquefois > pendant les pluies d’oétobre &-de novembre, » & fe mêlent parmi les fauvages qui arrivent » dans cette faïfon; ils s’apparient, & cette union > produit des métis, qu’on reconnoît autant à la » forme qu’au plumage... | » Ces métis ont ordinairement le bec plus >> long, la tête & le cou plus gros que les fau- . »1 vages , mais dans des proportions moindres » qu'aux privés ; ils font ordinairement plus » forts ,; ainfi qu’il arrive lorfqw’on croife les 3) TACES. . : « | | | > Jai vu plufeurs fois des canards parfaite- » ment blancs, pañler avec des troupes de fau- >» vages ; ce font apparemment de ces fuyards. .. >> Ü n’eft cependant pas impoflible que cet =» oïfeau prenne la couleur blanche dans Ie Nord; 3» mais j’en doute, parce qu'il eft voyager ; ïl ‘#» pourroit devenir blanc pendant Phiver, s’il y » refioit toujours ou long-temps. . . mais Il en 3 part tous les ans dès le commencement de lau- 3» tomne, & s’avançant dans les régions tempé- » rées à mefure que Île froid fe fait fentir , #l fuit » la caufe qui fait blanchir les autres; plus » lhiver eft rigoureux , plus les émigrations font ss nombreufes. Nous en avons vu des blancs en s 1765 & 1775, mais ce n'étolt qu'un entre » mille. s» Il eft pofñfible que cette couleur foit Peffet w de la dégénération, comme dans d’autres -oi- | .…. du Canard. 223 mème entièrement effacées où changées ; on en voit de plus ou moms blancs, bruns , ñoirs ou mélangés; d’autres ont pris des ornemens étrangers à l'efpèce | fauvage; telle eft la race qui porte une “huppe (n) : dans une autre race encore plus profondément travaillée, déformée par da domefticité, le bec s'eft tordu " & courbé (0); la conftitution s'eft al- térée & les individus portent toutes Les “marques de la dégénération; ls font feaux & animaux , car j’ai vu plufieurs canards «e blancs impuiflans ; les femelles blanches, plus ce communes que Îles mâles, font ordinairement «s plus petites, plus foibles & quelquefois moins ce fécondes que Îles autres. J’en aï eu deux ftériles 4e dans ma baffe-cour, qui étoient d’une biancheur 6e extrême , & dont les yeux étoient rouges. » (a) Frifch a repréfenté ce canard huppé dans fon fecond volume, planche 178. | (0) Le canard à bec courbé. Briffon, tome VI ; page 311, — Anas domeflica rofiro adunco. Ray , page 150, n.° 2. — Klein, page 133, n.° 17. — Willughby, page 204, — Albin , tome Il, planches 97 & 96; & tome II, planche 00. — Le canard domeflique à bec crochu. Salerne , page 438. — Anas adunca, Linnæus ; Syf. net. Gen. 61, pag. 25. K 1y P.1400 A% DT UTC » ' - ea ri She es? NT AA à CRE met DER » A: < - D: 234 Hiffoire Naturelle | foibles, lourds & fujets à prendre une grafie exceflive; les petits trop délicats, font difhciles à élever (p). M. Frifch, Qui a fait cette obfervation, dit aufli que la race des canards blancs eft conftam- ment plus petite & moins robufte que les autres races, & il ajoute que, dans le mélange des mdividus de difiérentes couleurs, les petits refiemblent générale" _ ment au père par Îles couleurs deda tête, -du dos & de la queue, ce qui arrive de même dans le produit de l'union d'un canard étranger avec une femelle de Pefpèce commune. Quant à l'opinion de Belon fur la diftimétion d'une grande & d'une petite race dans l’efpèce fauvage (9), nous n'en trouvons aucune preuve , & ,' felon toute apparence, cette remarque Rens aEU (p) Frifch, tome IT, planche 179. (q) Voyez Nat. des Orfeaux > pag. 160. — Cette grande race eft encore indiquée, maïs fur- vant toute apparence d’après Belon, dans les phrafes fuivantes : Anas torquata major. Gefner ;, Avi, pag. 114. — Aldrovande , tome 111, page 253. — Jonfion, page 97. — Schwenckfeld ; page 198. — Kleïn y: page TA Barrère ; claf. 15 Ger, 1, Sp. 36 4 | EC ” — = NAMTS DS mes = sa = D. “du > ae e LT e « nes PARTS EE Re 4 ess _ 7 du Canard, Le Le: $ meft fondée que fur quelques différen- ces entre des individus plus ou moms âgés. | À : Ce n'eft pas que Fefpèce fauvage nofire elle-même quelques variètés pur- ‘rement accidentelles, ou qui tiennent peut-être à fon commerce {ur les étan avec les races privées. En eflet, M. Frifch obferve que les fauvages & Îles privés fe mêlent & s'apparient; & M. Hébert a remarqué qu'il Je trouvoit fouvent dans une même couvée de canards nourris près d grands étangs, quelques petits -qui reflemblent aux lauvages, qui en ont l'inftinct farouche, imdépendant, &'qui s'enfutent avec eux dans l'arrière faifon ((r):0r, ce que le mâle fauvage opère - (r) « En dernier lieu, j’en remarquaï deux de cette forte dañs ma cour, nourris parmi «e d’autres du même âge ; j’en avertis les domef- ce tiques , & donnai ordre qu’on eur rognât les «6 . ailes ; on négligea de le faire , & un B M 0 ‘Ms difparurent après deux mois de féjour dans « cette petite cour , où ils ne manquoient de « rien, & d’où ils ne pouvoient appercevoir là «< campagne ni même horizon, « Swure des Nores communiquées par M. Ballon, | K y > : -* mn L 2 Lee + di Le à &- + RE PR: pre Q AE Dr Mt, Le AE : x va Tr LA … : - "e p RTS D Le) È UV 226 Hifloire Naturelle | | ‘ici fur la femelle domeftique , le mâle privé peut l’opérer de même fur la fe- melle fauvage , fuppofé que quelquefois celle-ci cède à fa pourfuite ; & de-là pro- viennent ces différences en grandeur{/) & en couleurs /1), que l’on a remarqué entre quelques individus fauvages/{u). 5e ([) Le petit canard fanvage. Sderne, page 426. — Anas fera fex-decima , feu minor quurta Schwenk- feldi. Ray. — Voyez auf Belon, Pendroit cité précédemment. At (1) Schvartzewilde gans , le canard fauvage noir, dans Frifch, tome 11, planche 193. — Nora. Nous avens vu nous - mêmes fur lPétang d’Ar- mainvilliers, dont tous les canards ont la livrée fiuvage, deux variétés, l’une appelée rouge, dont les flancs font en plumes d’un beau bai-brun ; un autre étoit un mêle qui n’avoit pas le collier, mais en place tout le bas du cou & le plaftron de la poitrine, d’un beau oris. C’eft à de pareils individus qu'il faut rapporter les deux variétés que donne M. Briffon fous les noms de #o/chas anojor gr°fea , & bofthas major neria. Ornithol.r. VI, pagesb326 E 227. 4 ; (u) M; Salerne pale d’un canard fauvage tout blanc , tué en Sologne ; mais la grandeur qu’il lui attribue fat douter que cet oïfeau fût en effct de l’eipèce du canard. « Ce canard étoi » preique tout blanc & blanc comme neige; D ee ARE LUE Hd Canard: “ 227 Tous ; fauvages & privés, font fujets comme les oïes à une müe prefque fu- bite, dans laquelle leurs grandes plumes tombent en peu de jours & fouvent en une feule nuit (x), & non-feulement es oïes & les canards, maïs encore tous les offeaux à pieds palmés & à becs plats, paroïflentètre fujets à cette grande mue(y) ; elle arrive aux mâles après la mais-ce qu’il y avoit en lui de plus frappant, «s c'étoit fa grandeur , qui égaloit celle d’une ss oie de moyenne taille. Salerne, page 428. (x) Suivant M. Baïllon, (y) J'ai fouvent remarqué, avec étonnement, des tadornes , des fiffleurs, des cravans qui fe dépouilloient en deux ou trois jours, où même en une feule nuit, de toutes leurs plumes des aïles. Suite des notes communiquées par M. Baëllon. — « Dans la faïfon d'été, les canards d’inde (canards mufqués), perdent entièrement toutes « leurs plumes ; ils font obligés derefter dansl’eau se & dans les palétuviers , où ils font en rifque « d’être mangés par les couleuvres, les caïmans, çs les quachis & autres animaux de proie. Les «s Indiens vont faire la chafle dans ce temps-là «e dans les endroits où ils favent qu’ils font com- « muns : ils en apportent des canots chargés ; & * J'en ai trouvé cinq ou fix dans une crique qui K vi RS RS RSR ae 0 + D rss Mdr SRE & aux femelles après la nichée; & il paroït qu'elle eft caufée par le grand épuifement des mâles dans leurs amours, & par celur des femelles dans la ponte & t'incubation. ce Je les ai fouvent 6b- 2 férvés dans ce temps de la mue ; dit M. Baïllon , quelques jours aupara- > vant je les avois vu s'agiter beaucoup ; ; 5» & paroître avoir de grandes déman- geaifons : ils fe cachoïent pour perdre leurs plumes ; le Tendemain & ailes jours fuivans, ces oïfeaux étoïent sfombres & honteux ; 1ls paroïflotent sfentir leur foïblefle, n’ofotent étendre leurs aïles, Îors mème qu'on les pour- afuivoit ; & fembloïient en avoir oublié 2 l'ufage. Ce temps de mélancolie duroit environ trente. jours pour les canards, 3» & quarante pour les cravans & les oies ; »>la gaieté renaïioit avec les plumes , alors ts fe Li beaucoup , & s5commençoient à voleter. Plus A » étoient fans une plume à feurs aïles ; j’en at tué un, les autres ont fut dans les mangles. » Mémoire envoyé de Cayenne ; par M. de la Borde, Médecin du Roi dans cette. Colonie, DE np 4 : \ du Canard. 229 | si} jen ai perdu faute d’avoir remar-« qué le temps où ils s'épronvoient àce voler; ils partoient pendant la nuit ;cc je les entendois s'eflayer un momentce auparavant ; jéme gardois de paroître, ce parce que tous auroient pris leur «6 eflor. 1 L'organtfation intérieure dans té Mbèces du canard & de l'oie, offre quelques particularités, la trachée-artère, avant fa bifurcation pour arriver aux poumons, eft dilatée en une forte de vale offeux & cartilagineux qui eft proprement un {e- cond larynx placé au bas de a tra- chée (7), & qui fert peut-être de ma- gañin d'air pour le tems où Foifeau plonge (a), & donme fans doute à fa voix cette rélonnance bruyante & rauque | qui caraétérile fon cri: cauffi les Anciens avoïent-1ls exprimé par un mot particu- lier la voix des canards (2); & le filen- (x) Voyez Hiftoire de PAcadémie , rome IT, page 48 ; & Mémoires 1700 ; page 496. (a) Wilughby , Ornithol. page 8. —Aldrovande, Ari. tome 111, page 190. (b ) Auates tetrinire. Autor Philomel, foire Natürelle cieux Pythagore vouloit qu'on les éloïgnät de l'habitation où fon Sage devoit s'ab- forber dans la méditation (c); mais pour tout homme, philofophe ou non, qui aime à la campagne ce qui en fait le.plus grand charme, c'eft-à-dire, le mouve- ment, la vie & le bruit de la Nature, le chant des oïfeaux, les cris des volarlles variés par le fréquent & bruyant kankan des canards, n'offenfent point l'orerlle & ne font qu'animer, égayer davantage le féjour champêtre; c’eft le clairon, c'eft la trompette parmi les flûtes & les hautbois; c'eft là mufque du régiment ruftique. R Et ce font, comme dans une efpèce bien connue, les femelles qui font le plus de bruit & font les plus loquaces; leur voix eft plus haute, plus forte, plus fuf- ceptible d'inflexions que celle du mâle qui eft monotone, & dont le fon eft toujours enrouë. On a aufli remarqué que la femelle ne gratte point la terre comme la poule, & que néanmoins elle (c) Vide , apud Gefrer. Fa RÉ Z du Canard. 232 gratte és leau peu profonde , pour déchaufler les racines ou pour déterrer les infectes & les coquillages. Il ya dans les deux fexes deux longs cœcum aux inteftins, & l'on a obfervé que la verge du mâle eft tournée en fpirale (d). | Le bec du canard, comme dans le cygne & dans toutes Li efpèces d'oies, eft large, épais, dentelé par les bords, garnt mtérieurement d’une efpèce de palais charnu, rempli d’une langue éparfle & terminée à fa pointe par un onglet corné, de fubftance plus dure que le refte du LEA tous ces orfeaux ont aufli la queue très-courte, les jambes placées. fort en arrière & prefque engagées dans l'abdomen; de cette politron des jambes, réfulte la difhculté de marcher & de garder l'équilibre fur terre, ce qui leur donne des mouvemens mal dirigés, une (4) Dans certains momens, elle paroît aflez Jongue & pendante, ce qui a fait imaginer aux gens de la campagne que foifeau ayant avalé une petite couleuvre , on la lui voit ainfi pendue wive à l'anus. (Sur ce conte populaire , veyez Frifch}, { das chancelante, un air lourd qu'on à te 232 | roi. Nañrelle se prend pour de la fupidité, tandis qu'on reconnoît au contraire, par la facilité de leurs moutemens dans l'eau , la force, la finefle & même la (ubtilité de leur inftinct (e). _ »” (e ) « Nous avions un furet très-privé, & qui, pour fa douceur, étoit careflé de toutes nas > Dames; 1l étoit la plupart du temps fur leurs genoux : un Jour un domeftique entra dans fe filon où nous étions, tenant à Ja main un ca- nard domeftique, qu à lcha fur le parquet; le furet aufi-tôt fe lança après le canard, qui ne l’eut pas plutôt aperçu, qu’il fe coucha de . fon long ; le furet s’acharna fur ui, cher- chant à %e mordre au cou & à fa tête ; à linf- tant le canard s’étendit le plus qu'il put, & contrefit Je mort ; le furet alors fe promena depuis la tête jufqu’ aux pieds du canard, en le fairant, &, n’apercevantaucun figne de vie, il labandonnoit & revenoit vers nous , lorfque le canard, voyant fon ennemi s’éloigner, fe leva doucement fur fes pattes, en cherchant à gagner aux pieds; mais ie furet, furpris de cette rélurrection, accourant de nouveau, ter- rafla le canard, & de même une troifième fois. Plufieurs jours de fuite nous nous fommies fait un jeu de répéter ce petitfpectacle : je ne puis trop vous exprimer Pelpèce d’mtellisgence qu’ on apercevoit dans la conduite du canard ; à peine THÉCRNERE Fer T's RTS X | + du Canard 233 : + La chair du canard eff, dit-on, pefante & échauffante (f)3 cependant on en fait grand -ufage, & l'on fait que Là chair du canard fauvage eft plus fine & de bien meïlleur. goût que celle du canard domeftique. Les: Anciens le favoient comme nous, car l'on trouve dans Apicius jufqu'à quatre différentes manières de laflaonner. Nos Apicius modernes n'ont pas dégénéré, & un pâté de canards d’A- avoit-il étendu fon cou & fa tête fur le parquet, « & fe trouvoit - débarraflé du furet, qu'il « commençoit à traîner la tête de façon à pou- « voir examiner les démarches de fon ennemi, « enfuite 11 levoit la tête doucement & à plu- «e fieurs reprifes, après quoi-il fe remettoit far fes pattes & fuloit de vitefle ; le furet revenoit « à la charge, & le canard recommençoitle même «. manège. » Extrait d’une letire écrite de Coulomiers à par M. Huyier à M. Hébert. (f) Comedi de ipfa & calefecit me : dedi cale. faëo , & incaluit amplis ; & .rursus refrigerato, € calefecit denud. Serapio apud Aldroy, pag. 184. — Curo multi aliment: ; auget fperme & libidinem excitar: Willughby. — M. Salerne après avoir. dit, « on : en fait peu de cas pour les tables, dit deux - nes après, «eur chair eft plus eftimée que celie 26 1 OI. a \ 234 Hifloire Naturelle J miens ; eft un morceau connu de toüs les gourmands du royaume. re La graifle du canard eft employée dans les topiques; on attribue au fang la vertu de réfifter au venin, même à celui de la vipère (g); ce fang étoit la bafe du fa- meux antidote de Mitrhidate (A). On croyoit en effet que les canards dans le Pont, fe nourriffant de toutes les herbes venimeules que produit cette contrée , leur fang devort en contraéter la vertu de repoufler les potfons ; & nous obfer- verons en pañflant, que la dénomination d’anas Ponticus des Anciens, ne défigne pas une efpèce particulière, comme font cru quelques Nomenclateurs, mais l'efpèce même de notre canard fauvage qui fré- (a) Galen. Euporifl. 2, 143. (h) «Les Anciens, penfans que les canes du #» pays de Pont fe repaiflent de venin, ont donné » leur fang contre tous poïfons, & de fait, » Mithridate , qui n’étoit moins médecin que 5» Roï, & duquel nous avons le tant recommandé 5» médicament de fon nom, faïfoit endurcir le » fang des canes , afin qu’il le pût mieux garder * & le détremper en médecine quand il voudrait, » Belon , Nat. des Oifeaux , page 160. ET # | à LCanarÀ ‘23 ÿ quentoit les bords du Pont-Euxin comme _ Îes autres rivages. dE Les Naturaliftes ont cherché à mettre de l'ordre & à établir quelques divifions générales & particulières dans la grande famille des canards. Willughby divile Jeurs nombreufes éfpèces en canards ma- rins où qui n'habitent que la mer, & canards Paviatiles ou qui fréquentent les rivières & les eaux douces; maïs comme la plupart de ces efpèces fe trouvent éga- lement & tour-à-tour fur les eaux douces & fur les eaux falées, & que ces oïfeaux paflent indifféremment desunesauxautres, la divifion de cet Auteur n'eft pas exacte, & devient fautive dans l'application ; d'atlleurs les caraétères qu’il donne aux efpèces ne font pas aflez conftans (;). Nous partagerons donc cette très-nom- breufe famille par ordre de grandeur, en la divifant d'abord en canards & far- (1) Anates vel marine funt vel fluviatiles . . marinis roféra latiora ( præcipuè lamina fuperior , magi [= que refima ; cauda longiuftula , non acuta , digitus pofi- cus amplus , latus, vel membranâ au£tus : Tluviatilbus roftrum acutius € angufhius ; cauda acuta; poflicus dis gitus exiguus. Willughby, Ornithol. pag. 277. >" Le NS NS "SET TE VER + 2: 2 Rs + Eh ae + AA TS RS D: RS SE TS &- à L . 2 | £ Es +87 236 6. S Pc Naturelle" _ celles. ; & comprenant fous LB premi Te dénominationtoutes les efpèces de canards qui, par la grandeur , égalent ou furpañlent " _lefpèce commune ; & fous la fecondes toutes les petites “efpèces de ce même _ genre, dont la grandeur n "excède pas celle de la farcelle ordinaire : & comme Ton a donné à plufeurs de ces efpèces des noms particuliers, nous les adopterons pour rendre les divifions plus {enñbles. : + za De su, AS SE ue Del | F Me (cyrlan JE LE CANARD. : If bn. XVIT. . à PO FI pas 246. A 4 À AAA _ — | th SK LR ——— —sS Em L > . / f ELEC. CELL J& 1 ‘y AE LE. CANARD FEMELLE ou LA CANE, *LE CANARD MUSQUÉ(a) Cr Cavaun eft ainfi nommé, parce qu'il : # Voyez les planches enluminées, r.° 980. . (a) Vulgaïrement canard d'Inde , cane de Guinée ; canard de Barbarie; par les Anglois, guiny-duck, mufcovy-duck , indian-duck ; par les AHemands, en- dianifcher entrach, teurkifch endte; par les Italiens, anatre d’India , anatre di Lybia ; par les françois de Ja Guyane , canard franc ou fimplement canard : il nous femble qu’on doit y rapporter ces canards appelés au Chiy, Patos reales qui ont fous le bec une crête rouge { Frégier, page 74) ; & peut- être auffi l’anas magna regia de Fr. Camel, appelé papan à Luçon. : | : . Groffé cane de Guinée. Belon , Nature des Oi- feaux , page 176 ; & Portraits d’'Oifeaux, page 37, a, mauvaiïfe figure. —— Anas Indica. Gefner, Avi. page 122. — Afdrovande, Avi. tom. III, pag. 192. — Charleton, Exercit. page 104, n.° 2, Onomatz. pag. 99, n.° 2.— Anas Indica aa. Gefner, Avi. pag. 803. — Aldrovande , pag. 192. — Anas Indica Gefüern. Willughby , pag. 295. — Klein, pag. 131, n.° 2.— Barrère, France équinoxiale , pag. 123.— Anas Indica tertia. Aidrovande , pag. 192. — Jonfion, 4ri. pag. 06.— nas Lybica. Idem, ibid. —Lybica Aldroyandi. Idem, ibid.— Zudica prima. A : RE PR ER, ERPRRRRES 2 38 Hifloire Naturelle exhale une affez forte odeur de mufc(2);il Ydem, ibid. — Jndica altera. Idem , ibid. — Anar Lybica Bellonii. Aldrovande, tom. HI, pag. 196. — Willughby , pag. 294. — Lybica alia Aldro- vande, pag. 197. — Lybica. Charleton, Exercir, pag. 104, n.° 3; Onomagt. pag. 99, n.° 3.— Muftovitica. Idem, ibid. n.° 4. — Auas peregrina. Schwenckfeld, Avi. Silef pag. 196. — Auas Cai- rina. Aldrovande, tom. Il, pag. 199. — Jonfton, pag. 06. — Charleton, Exercit. pag: 104; n°8; Onomazt. pag. 99 ,n.° 5. — Willughby, pag. 294. — Anas mofchata. Willughby , Ornirhol. Ibid. — Ray, Synopf. Avi. pag. 150 , n°. 35 & 191, n.° II. — Sloane, Jamaïc. pag. 324, n° 8: — Anas mof* chata Cairina Aldrovandi. Marfiel. Danub. tom. V, tab. 56 & 57. Nota. Ces figures, ainfi que celles données dans Belon , Gefner , Aldrovande, Willugbby & Jonfton, font toutes fautives. — Anas Americana mofchati. Barrère, Ornithol. claf, 1, Gen. 1, Sp. 14.— Anas maxima capite cerê inter= ruptà obduëto. Browne , Nat. hifl. of Jamaïc. p. 480, — Anas facie nud@ papillo[a. Linnæus, Fauna Suec. n.° 98.— Anas mofchata. Idem , Syf. nat. ed. X, Gen. 61; Sp. 13.— Anas fylvefris magnitudine an feris. Marcgrave, Hif. nat. Brafil. pag. 213. — Jonfion, pag. 146. — Willughby, pag. 292. — — Ray, Synopf. pag. 148, n.° 1.— Ipeca- guacu. Pifon, Hi nat. pag. 83. — Willughby, p: 292. — Ray, pag. 149, n.° 3.— Turchifthe ente. Frifch tom. 11, pl. 180.— Cane d'Inde. Salerne, page 433: — Canard fauvage du Bréfil. Idem, page 486: DA Nr 4 Rue. - ben A TPS LR te £ DC HETÉ. FÆT Fe #4 Sr de Canard. 239 ef beaucoup plus grand que notre canard commun ; c'eft même le plus gros de tous les canards connus (c); 1 à deux pieds de longueur de la pointe du bec à l'extrémité de la queue ; tout le plumage -eft d’un noir-brun luftré de vert fur Île dos & coupé d'une large tache blanche fur les couvertures de farle; maïs dans les femelles, furvant Aldrovande, Île devant du cou eft mélangé de quelques plumes blanches, Willughby dit en avoir — Canard de Mofcorie. Albin, tome III, pag. 41, planches 97 & 98.— Anas veïficolor capite papil- lofo. Le canard mufqué. Brifion, Ornithol, tom. VI, pag. 313. (Bb) Anglice the Mufcovy-duck dicitur, nor gquod à Mofcovià huc tranflata fit, fed quod fatis valr- _dum odoïem mufci fpiret. Ray. — «Le canard d’Inde eft propre à ce pays (la Louifiane ); 1 yades « deux côtés de la tête, des chairs rouges plus 6e vives que celles du dindon; la chair des jeunes « eft très - délicate & d’un très-bon goût, mais celle des vieux, & fur-tout des mâles, fent le ss mufc; ils font aufi privés que ceux d'Europe. »» Le Page du Prat; , Hifloire naturelle de la Louifiane, tome II , page 114. a“ (c) Maxima in genere anatum . » ÿ - Rays « “4 LM , L … 2 , D. < be à à 4 Lan] 2 d° + > PASE 3 * ® # prés : . ae : RATES. n L | me" > . AT \ ER. 240 Hifloire Naturelle à vu d'entièrement blanches (d); cependant: la vérité eft, comme l’avoit dit Belon, que . quelquefois le mâleeft, comme la femelle, entièrement blanc, ou plus ou moins varié de blanc (e); & ice changement des couleurs en blanc, eft aflez ordinaire dans les races devenues domeftiques: mas le caraétère qui diftingue celle du canard mufqué, eft une large plaque en peau nue, rouge & {emée de papilles , “laquelle couvre les joues, s'étend jufqu'en arrière des yeux, & s'enfle fur la racine du bec en une caroncule rouge que Belon compare à une cerife; derrière la tête du mâle pend un bouquet de plumes en forme de huppe que la femelle n’a pas (f); elle eft aufli un peu moins grande que le . {d) Vidi aliquandd fæminam niveam , pag. 294. (e) « Tantôt le mâle eft blanc, tantôt Ia fe- 5» melle blanche, tantôt tous deux font noirs, » tantôt de divérfes couleurs ; par quoi l’on ne »» peut écrire bonnement de leur couleur, fnon » en tant qu’ils font femblables à une cane, maïs » font plus communément noirs & mêlés de diverfes couleurs..s Beloni Nature des Oifeaux , page 176. | k (f) Aldroyande, male, wile & n'a ie re Hibdrulé fur le bec, : - Tous deux font bas de jambes & ont les pieds épais, les ongles gros & celui _ du doïgt imtérieur crochu; les bords de Ta mandibule fupérieure du bec font | gatnis d'une forte dentelure , & un. onglet tranchant & recourbé en arme la pointe, Ce gros canard à la voix grave & fi Bale, qu'à peine {e fait-1 entendre, à moins quil ne foit en colère; Scaliger S'eft trompé en difant qu'il étoit muet. II marche lentement & péfamment, ce qui n'empêche pas que dans l'état fauvage il ne fe perche fur les arbres (g); fa chair eft bonne & même fort eftimée en Amérique, où l'on élève grand nombre de ces canards, & c'eft de-là que vient en France leur nom de canard d’Inde ; néanmoins nous ne favons pas d'où cette efpèce nous eft venue; elle eft étrangère au nord de l'Europe, comme à nos con- trées (A }, & ce n'eft que par une méprife (g) Marcgrave. (h) In prediis magnatum culta ; nullibi Suecie Jpon- ganea. Fauna Suec. Oifeaux. Tome XII, L RILA A mel ind: _. Fr EUR MP PANTIRS Et à ‘ L - .: 42 Hifloire Naturelle 7 de mots contre laquelle Ray fembloit | “s'être infcrit d'avance (?), que le tra- ‘duéteur d’Albinanommé cet orfeau canard de Mofcovie. Nous favons feulement que ces gros canards parurent pouf la première fois en France du temps de Belon, qui es appela canes de Guinée ; & en même temps Aldrovande dit qu'on en apportoit du Caire en Italie; & tout confidéré, 1l paroït par ce qu'en dit Marcgrave, que l'efpèce fe trouve au Brefil dans Fétat fauvage; car on ne peut s'empêcher de . reconnoïître ce gros Canard dans fon anas fylveffris magnitudine anferis (k), aufli-bien que dans lypeca-guacu de Pifon; mais, pour l'ipecati-apoa de ces | deux Auteurs, on ne peut douter, par : la feule infpection des figures, que ce ne foit une efpèce différente que M. Briflon .… (:) Vid, Juprà, not. (b) pag. 163. (k) Anas [ylvefiris magnitadine anferis. . . . tota nigra , exceptis principus alarum quæ alba; nigredini tamen viride tranfplendet; crifla in capite nigris plumis conflars & maffa carnofa corrugata , rubra , fupra roffr füperioris exortum, Cutis quoque rubra circa oculos. Marcorave, | duCanard. 243 _ æ'auroït pas dû rapporter à celle-ci (2). _ Suivant Pifon, ce gros canard s’engraïfle également bien en domefticité dans La bafle-cour , ou en liberté fur les rivières, & il eft encore recommandable par fa grande fécondité ; la femelle produit des œufs en grand nombre, & peut couvert dans prefque tous les temps de lan- née (m); le mâle eft très-ardent en amour, & 1l fe diftingue entre les oï- {eaux de fon genre parle grand appareïl de fes organes pour la génération (n); toutes les femelles lui conviennent, 1l ne dédaïgne pas celles des éfpèces inférieu- res; 1] s'apparie avecla cane commune, & de cette union proviennent des métis (1) Vogez ce que nous avons dit de l’ipecati-apoa, fous Particle de loie bronzée. (m) « Si ce n’étoit qu’il eft de grande dépenfe, . Von en efeveroit beaucoup plus qu’on nefait: « car leur baïllant à manger autant qu’il appar- « tient, ils ponnent beaucoup d’œufs, & en brief « temps ont grande quantité de petits. » Belon. (n) « L’on s’émerveillera d’entendre .que tel oïfeau ait fi grand membre cénital, qu’il eft de « la groffeur d’un oros doiet & one de quatre « à cinq, & rouge comme fang. » {dem Li AS Se PERS TE UE EPS NO OS RES DR nd de ee 244 Hifloire Naturelle u'on prétend être inféconds, peut-être : pie autre raïfon que celle d’un préjugé (0). On nous parle aufli d'un accouplement dé ce canard mufqué avec l'oie (p); maïs cette union eft apparemment fort rare, au lieu que l'autre à lieu journellement dans les bafle-cours de nos Colons de Cayenne & de Saint-Domingue (q), où < (o) M. de a Nux rapporte qu’on n’a jamais vu éclore , à l’île Bourbon, aucun canard ( d’une “efpèce quelconque ) d’un œuf de fa cane née de l’accouplement d’un canard barboteux avec un canard d’Inde ou de Manilles. Hifloire de lAca- démie des Sciences, année 1760, page 17; Frifch le témoigne de même. | (p) « M. de Tily, habitant au quartier de » Nippes, très-bon Obfervateur & très-digne de 1 foi, m'a afluré avoir vu chez M. Giraut, ha- »» bitant à VAcul-des-favanes, des individus qui * » provenoient de cette copulation , & qui parti- > cipent des deux efpèces; mais il n’a pu me » dire fi ces métis ont produit entr’eux, ou bien . avec les oies ou les canards. » Note envoyée de Saint-Domingue par M. Lefebvre Deshayes. ‘ {q) « On voit à Sant-Domingue des canards +» dont le plumage eft tout blanc, à Pexception » de fa tête, qui eft d’un trèsbeau rouge. Les Efpagnols ÿ en ont porté de mufqués, & c’ef a Cara 7 4j ées aéffhrt vivent & fe mültiplient _corime les autres en domefticité; leurs œufs font tout-à- fait ronds, ceux des plus jeunes femelles font verditres, & cette couleur pâlit dans les pontes fui- vantes (r). L'odeur de mufc que ces oifeaux répandent provient, felon Barrère, d'une humeur jaunître filtrée dans les SE glanduleux du croüpion {f'). Dans l’état fauvage , & tels qu on lés trouve dans les favanes noyées de 14 Guyane, ts nichent fur des troncs d'arbres pourris , @c la mère, dès que les petits font éclos, les prend lun après l'autre avec le bec é&r les jette à l'eau (rc). T1 ja feule efpèce qu’on élève, autant pour leur « groffleur que pour la beauté de Ieur plumage ; «e is font plufieurs pontes par an, & FPon obférve « que les canetons, qui viennent de Paccouple- « ment de ces canards étrangers avec Îles canes « de Pile, n’en font point d’autres. »» Oviedo , Gb. WF, tap. 9, Etc. Voyez Hifhoire générale des Voyages , tome XII, page 228 ; la même chofe en fubftance dans Charlevoix, tome I, page 28 ; Hif- toire de Saint-Domingue. (r) Willughby. {[) France équinoxiale , page 123. {1) Ce fait m'a été confirmé par des Sauvages, ui èe pe Rasa ” | Hifloir (4 Na atiir re Évssen 4 | À | 4 «tt Pa rar paroît que les crocodiles-caïimans en font une grande deftruétion, car on ne voit guère de familles de ces jeunes canards de plus de cinq à fix, quoique les œufs foient en beaucoup plus grand nombre; ls mangent dans les favanes la praine d'un gramen qu'on appelle ri; Jauvage, . volant le matim fur ces immenfes praï-. ries inondées & le foir redefcendant vers Ja mer; ils paflent les heures deda-plus grande chaleur du jour perchés fur des arbres touffus; ils font farouches & défianss üs ne fe lafient guère approcher, & {ont auffi difhiciles à tirer que la plupart | des autres oïfeaux d'eau (z ). qui font à portée de vérifier de pareilles obferva- tions. M. de la Borde. à (au) Extrait du Journal du Voyäge de M. de: Ja Borde, dans l’intérieur des terres de la Guyane ; j. dans le Journal de Phyfique du mois ‘de- juin RTIANS te Nr * À KG NOR RARES \ RSR NN T ‘ # OR Z Dé Jeue Del. , f - Je LL ours JA à F ce’ IL A CANE MUS QUE E LE LE Pet 80 vo Sent à ns FO AAiEanad: 7 243 * LE CANARD SIFFLE UR nn LE VPINGEON ou GINGEON, (a) | ÙU x: voix claire & fifflante que lon # Voyez les planches enluminées, n.°.825. (a) Nota, On a rapporté au canard fifleur, Île nom grec de Isvinÿ, qui vraifemblablement ap- partient à un canard à tête roufe ; mais qu’à ce titre, lon peut rapporter aufli-bien au millouin. _ Jon appelle Poifeau penelops Toamxéasyvor ; collum . phænicer coloris ; fuivant Tzetzès, ces oïfeaux avoient porté au rivage Pénélope, encore enfant, jetée dans la mer par la barbarie de fon père Icare: le penelops eft donc certainement un oïfeau d’eau. Pline dit plus expreflément , penelops ex anferino genere ,; Hb. X, cap. 22. Mais, comme la grahde affinité des deux genres de l’oie & du canard peut les faire aïfément confondre, & qu’il faut trouver au penelops un cou, phænicei coloris, ce qui ne fe rencontre pas parmi les oïes, rien n’empêche de chercher cet oifeau parmiles efpèces de canards; mais de décider fi c’eft en effet le canard fifeur plutôt que le millouin, c’eft ce que le peu d'indication , laiflé fi-deffus par les ÀÂn- ciens, ne paroît pas rendre poñlible. — En quel- ques - unes de nos provinces, le canard fifeur s'appelle oïgnard ; en bañle Picardie, oione; en | Liv L 248 Hifloire Naturelle peut comparer au fon aigu d’un fifre (4), A . us baffle Bretagne, penru , ce qui veut dire tête rouge ; fur la côte du Croific, on lappelle moreton , nom appliqué aïlleurs au millouin ; en Catalan, pialla ; vers Strasbourg, fChmey & pfeif-ente; en Siléfie ; pfeif-endtlin ; en Suédois, wri-and; en Anglois, 3YhIM ; Wigeon , COMMON Wigeon , #hewer. | . Penelops. Gefner, Avi. pag. 108.— Penelops Avis. Aldrovande, Avi. tome [IE , pag 217, avec de mauvaifes figures, pages 219 & 220. — Penelope Aldrovandi. Wlughby, Ornithol. pag. 288. — Ray, Synopf. pag. 146, n.° a, 3.— Anas fiflularis. Gefner, Avi. pag. 121.— Aldrovande, pag. 234.— Jonfton, pag. 98. — Rzaczynski, Auêucr. pag. 356.— Klein, Ari. pag. 132, n.° 7. — Bofthas, als anas fiflalaris. Charleton , Æxercit. pag. 106, n.° 2. Cnomatz. pag. 100, n.° 2. — Anas fera undecimä feu canora. Schwenckfeld, Avi. Silef. pag. 202. — Ahas clangofa. Barrère, Ornitho!, claf. 1, Gen. 1, £r. 7. — Penelope. Linnæus, Syf. nat. ed. X, Gen. 61, Sp. 24.— Idem, Fauna Suec. n.° 105. — Canard vingeon brun. Salerne, Ornithol. pag. 432. — Cane de mer. Albin ; tom. II, planche 99.— Anas fupernè cinereo albo € nigricante tranfverfim ffriata , infernè alba; capite & colle fupertoris parte füpremä caflaneis : nigricante maculatis ; yertice dilutè fulro ; gutture € coll: inferioris parte fiprema fuligi- nofis ; maculà alarum vividi aureû , tæntâ fplendidè nigrâ fupernè € infernè donata ; reétricibus binis intermedits cinereo-fufèis , lateralibus grifeis , candicante marginatis (mas), — Anas fupernè grifeo-fufea ; margintbus pen: varum fufefcentibus , fernè alba ; capite & collo Ju» | - du Canard. 349 diftingue ce canard de tous les autres ; dont la voix eft enrouée & prefque croaf- fante; comme il fiffle en volant & très- fréquemment , 1 fe fait entendre fouvent _& reconnoître de loin; 1 prend ordinaï- rement fon vol le {oir & même la nuit; a l'air plus gai que les autres canards; 1l eff très-agile & toujours en mouvement; fa taïlle eft au-deflous de celle du canard commun & à peu-près pareïlle à celle du fouchet; fon bec fort court, n'eft pas plus gros que celur du garrot; il eft bleu & la pointe en eft noire; le plumage fur Le haut du cou & Î2 tête eft d’un éau roux; le fommet de la tête eft premo rufefcentibus nigricante maculatis ; reétricibus cine- reo-fuftis, albo exterius & capite marginatis (fœmina),. Anas fiflularis. Le canard fileur. Briflon , tome VE. PSE AU He: : (4) Pfeifcente à fono acutiore quem fiflule modo emitht. Gefner , apud. Aldrovande , tom. EII, pag. 234. — Nôta. M. Salerne femble croire que ce fiflement eft produit par le battement desaïles, & nous verrons ci-deflous-le-voyageur Dampier : dans le même préjugé ; mais ils fe trompent, c’eft une véritable voix, un filet rendu; comme toux autre cri, par la glotte. rs Ly 2$© Hiftoire Naturelle | blanchitre; le dos eft Iiféré & vermiculé finement de petites lignes noïrâtres en zigzags fur un fond blanc; les premières _ couvertures forment fur l'arle une grande tache blanche, & les furvantes un petit mirot dun vert-bronze; le deflous du corps éft blanc, maïs les deux côtés de la poitrine & les épaules font d'un beau roux-pourpré; furvant M. Barllon, les femelles, font un peu plus petites que les mâles, & demeurent toujoursgrifes (c), ne prenant pas en vietHtflant, comme les femelles des fouchets, les couleurs de leurs mâles. Cet Obfervateur aufli exact qu'attentif, & en même temstrès-judicieux, nous a plus appris de faits. fur les oi- feaux d'eau que tous les Naturalrftes. qui en ont écrit; 1l a reconnu par des obfer- vations bien fuivies, que le canard fit- fleur, le canard à longue queue qu'il appelle penard, le chipeau & le fouchet naïflent gris & confervent cette couleur jufqu'au mois de février ; en forte que 1 Le (c) Femina cmereo nebulofa , excepto peëtore vem treque albo; maculà alarum nullä. Fauna Suec. au Canard. 2$1 dans ce premier temps lon ne diftingue pas les mâles des femelles; mais au com- _mencement de mars leurs plumes fe colo- rent; & la Nature leur donne les puif- _fances & les agrémens qui conviennent à la faifon des amours; elle les dépouille enfuite de cette parure vers la fin de juillet; les mâles ne confervent rien ou prefque _ sien de leurs belles couleurs ; des plumes griles & fombres fuccèdent à celles qui es embellifloient; leur voix même fe perd ainfi que celle des femelles, & tous femblent être condamnés au filence comme à l'indifférence pendant fix mois de année. LE - C'eft dans ce trifte état que ces oï- feaux partent au mois de novembre pour leur long voyage, & on en prend beau- coup à ce premier pañlage ; il n'eft guère poflible de diftinguer alors les vieux des jeunes, fur-tout dans les pezards ou canards à longue queue ; le revêtement de la robe grife étant encore plus total dans cette efpèce que dans les autres. Lorfque tous ces oïfeaux retournent dans le Nord vers la fin de février ow le commencement de mars, ïls font parés LE. vi 252. Hifloire Naturelle de tre Del couleurs , & font fans cle entendre leur voix, leur. fflet ou leurs cris ; les vieux fe déjà appariés, & il nc refte dans nos marais que quelques fouchets, dont on peut obferver la ponte & la couvée. + Les canards fiffleurs volent & nagent toujours par bandes (d); il en pafle chaque hiver quelques troupes dans la plupart de nos provinces, même dans celles qui font éloïgnées de la mer, comme en Lorraine (e), en Brie (f); mais ts pat. fent en plus grand nombre fur les côtes, & notamment fur celles de Picardie. ec Les vents de nord & de nord-eft ; {d J Gregatim volant. Schwenckfeld. Turmatin confident. Klein. (e) Obfervations de M. Lottinger. (f) Quoique je n’aie jamais tué, m même eonnu en Brie cette forte de canard, je fuis affuré qu'il y paroît aux deux pañlages; en ayant vu de fort près fur le Bañfin de Porangerie du Palaïs- royal à Paris, je me rappellaï que j’avois vu fur- nos grands étangs, mais de loin, des canards: à tête rouge & à front blanc , qui nécefairémiett éroient Les mêmes. Obféryatious de M. Hébert, du Canard, 253 dit M. Baïllon, nous amènent Îles canards ce fiffleurs en grandes troupes; le peuplece en Picardie les connoît fous le nomce d'oignes ; ils fe répandent dans nos ma-ce ras; une partie y pañle l'hiver, l'autrece va bles loin vers le midi. ce Ces oifeaux voient très-bien pendantce B nuit, à moins que Pobfcurite ne foitce totale ; ils cherchent fa même pâturece que les canards fauvages, & mangent ce comine eux les graines de joncs &ce d’autres herbes, les imfeétes, les cruf-ce_ tacées, les grenouilles & es vermifleaux. ce Plus le vent eft rude, plus on voit de ces canards errer; ts fe tiennent bience à la mer & à l'embouchure des rivièresce malgré le gros temps, & ont très-durs 6e au froid. ce Ïls partent réoulièrement vers la fince de mars, par les vents de fud; aucunsce ne reftent 1cr; je penfe qu'ils fe portentce dans le Nord, n'ayant jamais vu nt leursce œufs nt leurs nids:je puis pourtantee obferver que cet oïfeau naît gris, &ce qu'il n'y a avant la mue, auçune difié-ce rence quant au plumage, erffre les mâles ce & les baba: Car - fouvent dans leses 254 Hifloire Naturelle »> premiers jours de l’arrivée de ces of sfeaux, j'en aï trouvé de jeunes encore >> prefque tout gris, & qui n'étoient qu'à >» demi-couverts des plumes diftinétives de leur fexe. Ne »» Le canard fiffleur, ajoute M. Baïllon, »»s’accoutume aïfément à la domefticité; s211 mange volontiers de l'orge, du-pain, 3 & s'engraïfle fort aimf nourri; 11 lui faut beaucoup d'eau; il y fait fans cefle >> mille caracoles , de nuit comme de jour; ”j'en ai eu plufeurs fois dans ma cour: #ils m'ont toujours plu à caufe de leur gaieté. 72 | L'efpèce du canard fiffleur fe trouve en Amérique comme en Europe; nous en avons reçu plufeurs individus de la Louïfiane , fous le nom de canard jenfen (g) {g) Voyez les planches enluminées ; n.° 955, Nota. Nous obferverons néanmoins plufieurs traits de différences entre ce canard jenfen de la Loui- fiane , tel qu’il eft ici repréfenté , & notre canard fifleur ; foit que ces différences puiflent &-doi- vent s'expliquer par celles des climats ; foit qu'il fe foit iciMeliffé quelqu’erreur dans les dé- honLNations. | du Canard. 255 & de canard gris (h); il femble aufi qu'on doive le reconnoître fous le nom de wigeon , que lui donnent les Anglois, & fous ceux de vingeon où gingeon de nos habitans de Samt-Domingue & de Cayenne. Et ce qui femble prouver que (h) Yaï reçu de la Louifiane un canard que les François, fixés dans ce pays, y nomment ce- rard gris; celui - ci répond au canard d'Europe, que M. Brifion a nommé Île canard fiffleur, & qu’on connoît en queues provinces de France fous fe nom d’oignard : entre le canard gris de la Eouifiane & le canard fiMleur d'Europe, il y à quelques léoères différences ; elles ne me paroïffent pas affez confidérables pour qu’on ne connoïfle pas la même efpèce dans ces deux oïfeaux ; Île canard gris eft un peu plus grand ; ä a le long du cou, de chaque côté, une raie verdâtre, que m'a pas le canard fifleur d'Europe; d’ailleurs le plumage eft je même à quelques traits, quelques nuances. près, qui peut-être varient d'individus à individus ; mais la forme du bec, fa couleur, la couleur des pieds , la forme de la queue, qui ef pointue , FPhabitude de tout le corps, & la beau- eoup plus grande partie du plumage , font fem- : bfables dans te canard gris de a Louifiane, & dans le canard fifleur d'Europe. Je me crois très-bien fondé à n’en faire qu’une feule & même efpèce. Extrait des notes communiquées par M. le doëteur Mauwduit. 256 Hifloire Naturelle ces oïfeaux des climats chauds font en. effet les mêmes que les canards fiffleurs du Nord, c’eft qu'on les a reconnus dans. les latitudes intermédiaires (:). D'ailleurs ils ont les mêmes habitudes naturelles (#), avec les feules différences que celle des climats doit y mettre; néanmoms nous ne prononçons pas encore fur l'identité de lefpèce du canard fiffleur & du vin- geon des Antilles. Nos doutes à ce fujét & fur plufeurs autres faits, ferotent éclair- cis, fi la guerre, entr'autres pertes quelle a fait efluyer à l'Hrftoire Naturelle, ne fi) « Les canards fiffans ne font pas tout-à- » ‘fait Î gros que nos canards ordinaires ; mais üls # n’en diffèrent point, foit pour la-couleur, foit » pour la figure ; lorfqu’ils volent, ils font une » efpèce de fiflement avec leurs aïles, qui eft aflez agréable ; ïls fe perchent fur les arbres. » Dampier, dans fon Voyage à la baie de Campèche, some I11, pag. 282. (Æ) Noëa. Il faut en excepter celle que 1e P. Dutertre attribue aux vingeons des Antilles, de quitter les rivières & fés étangs, pour venit de nuit fouir les patates dans les jardins ; « d’où » eftvenu, ditil, dans nosîles, le mot de vigeorr- » ner, pour dire déraciner fes patates avec les doiats. » Tome II, page 277. | FA 4 4 Er. ME | 2$7 ñoûs avoit enlevé. une faite de deffins . coloriés des oïfeaux de Saint-Domingue, faite dans cette île avec le plus grand foin par M. le chevalier Lefebvre Des- hayes, correfpondant du Cabinet du Roï; heureufement les Mémoires de cet Obfer- vateur, aufli ingénieux que laborieux ; nous font parvenus en duplicata ; & nous ne pouvons mieux faire que d'en donner ici lextrait, en attendant qu'on puifle favoir précifément fi cet oïfeau eft en effet le même que notre canard fiffleur. «Le gingeon que lon connoît à la Martinique fous lé nom de vingeon ,ce dit M. le chevalier Deshayes, et une ce efpèce particulière de canard, qui n'ace pas le goût des voyages de long COUrS ce comme le canard fauvage , & qui bornéce ordinairement fes courfes à pafler d’unce étang où d'un marécage à un autre ,ce ou bien à aller dévafter quelque pièce ce de riz, quand il en a découvert à portéece dé à réfidence. Ce canard 2 pour inf» tinct particulier dé fe percher quelque-ce fois fur les arbres; mais autant quece Jai pu loblferver, cela n'arrive quece durant les grandes pluies, & quand lecs 258 Hifloire Naturelle lieu où 1l avoit coutume de fe retirer » pendant le jour , eft tellement couvert d'eau, quil ne paroït aucune plante aquatique pour le cacher & le mettre à l'abri, ou bien lorfque l'extrême > chaleur le force à chercher la fraicheur s dans l'épaifleur des feuillages. | »» On roi tenté de prendre le vin- »geon pour un oïfeau de nuit, car ïl meft rare de le voir le jour ; mais aufli- 2t0t que le foleïl eft couché, ïl fort des ssglayeuls & des rofeaux pour gagner bords découverts des étangs, où ïl 3» barbote & pâture comme le refte des s»canards; on auroit de la peine à dire à quoi 1l s'occupe pendant le jour; x #eft trop difhcile de lobferver fans être vu de lui; mais 1l eft à préfumer que quoique caché parmi les rofeaux , il ne »pafle pas fon temps à dormir: on en » peut juger par les gingeons privés, qui ne paroïflent chercher à dormir pen- dant le jour que comme les autres »volailles , lorfqu'ils font entièrement 2 lEPUS. Là > Les gingeons volent par bandes s»comme les canards, même pendant la © du Canard. 25e faïfon des amours; cet inftinét qui lesce tient attroupés paroït infpiré par lace crainte; & l'on dit qu'en eflet ils ontce toujours, comme les oïes, quelqu'uncs d'eux en vedette, tandis que le reftece de la troupe eft occupé à chercher face nourriture : fi cette fentinelle aperçoitce quelque chofe, elle en donne aufli-tôtce avis à la bande par un cri particulier, ce qui tient de la cadence ou plutot duce “chevrotement; à l'inftant tous les gin-ce geons mettent fin à leur babil, fe rap-cc prochent, dreflent la tête, prètentce l'œil & l'oreille; fi le bruit cefle, chacunce fe remet à la pâture; mais fi le fignalce redouble & annonce un véritable dan-ce ger, l'alarme eft donnée par un cri aïguce & perçant, & tous les gmgeons partentce en futvant le donneur d'avis, qui prendce le premier fa volée. ce _ Le gmgeon eft babillard; lorfqu'une ce bande de ces oïfeaux paït ou barbotte, ce on entend un petit gazouïllement con-ce tinuel qui imite aflez le rire fuivi, maïsce contraint, qu'une perfonne feroït en-ce tendre à balle voix; ce babrl les décèlece & guide le chafleur; de même quandes (HS SN 24 COS LT ERRES RS ER 260 Hi foire Rue ces oïffeaux volent, 1 ÿ à toujours - CE quelqu’ un de la Hnde qui fiffle, & dès » qu'ils fe font abattus fur l'eau, leur babil > recommence. > La ponte des gingeons a lieu en jan nvier; & en mars on trouve des petits »gingeonnaux ; leurs nids n'ont rien » de remarquable, finon qu’ils contien- nent grand nombre d'œufs. Les Nègres » font fort adroits À découvrir ces nids; y» & les œufs donnés à des poules cou- > veufes éclofent très-bien; par ce moyen »»Fon fe procure des girigeons privés; »»mais on auroit toutes les peines du »»mOonde à apprivoiler des gingeonnaux >> pris quelques } jours après leur naïflance ; ils ont déjà gagné l'humeur fauvage & 3 farouche de leurs père & mère, au leu » qu'il femble que les poules qui couvent des œufs de gingeons, tranfmettent à »»leurs petits une partie de leur humeur s»foctale & familière ; les petits gingeon- s>naux Ont plus d'agilité & de vivacité 32 Que les canetons; tls naïflent couverts # d’un duvet brun, & leur accroïflement ft aflez prompt ; fix femaïnes fufh{ent 3> pour leur faire acquérir toute leur grof: … du Canard 261 eur, & dès-lors les plumes de leursce aïles commencent à croître (/). c« - . Ainh avec très-peu de foins on peutce fe procurer des gingeons domeftiques ; ce mais, s'il faut s'en rapporter à prefque ce tous ceux qui en ont élevés, on nec doit guère efpérer qu'ils multrphientce entr eux dans l'état de domefticité; ce-ce pendant jai connoïflance de quelques ce gingeons privés qui ont pondu, couvéce- & fait éclore. | ce I feroit extrêmement précieux d’ob-« tenir une race domeftique de cesc oïfeaux, parce que leur chair eft ex-ce cellente & fur-tout celle de ceux qu'onc (1) « On ne fauroit croire jufqu’où Îes oin- geons fauvages pouflent lamour paternel: 6e M. le Gardeur, ci - devant Membre de a « Chambre d'Agriculture de Saint-Domingue, & «e qui joint à un efprit très-orné beaucoup de « connoïfflances en Hiftoire Naturelle , m’a affuré « en avoir vu fondre à coups de bec & avec Île « plus grand acharnement , fur un Nègre qui « cherchoit à enlever leur couvée ; ïls Pembar- « rafloient au point de retarder la prife des petits, ce qui cependant fuyoïent & fe cachoïent autant « qu’il leur étoit poflible. » Suite da Mémoire de M. le Chevalier Lefebvre Deshaies. 262 Hifloire Naturelle ÊTr. privés ; elle n'a pont Je goût de 3» marécage que lon peut reprocher aux fauvages ; & une raïfon de plus de defirer de réduire en domefticité cette efpèce, neft lintérèt qu'il y auroit à la détruire ou laffoiblir du moins dans état fau- | vase , car fouvent les gingeons viennent _sdévafter nos cultures, & les pièces de ssr1z femées près des étangs échappent s>rarement à leurs ravages; auffi eft-ce 2» que les chafleurs vont les attendre le foir au clair de 1a lune; on leur tend aufli des lacets & des hameçons _ssamorcés de vers de terre. F 32 Les gingeons fe nourriflent non-feu- : lement de riz, mais de tous les autres s>grains qu'on donne à la volaille, tels »>que le maïs & les différentes efpèces 2 de mil du pays; 1ls païfient aufli l'herbe, ils pêchent les petits poiflons, les écre- 1 vifies, les petits crabes. | > Leur cri eft un véritable fifflet, qu'on peut imiter avec la bouche au point »> d'attirer leurs bandes quand elles paf- »»fent. Les chafleurs ne manquent pas de 25 exercer à contrefure ce fifflet, qui 3»parcourt rapidement tous les tons de = du Canard, 263 Toctave du grave à Faïgu, en appuyant fur la dernière note & en la prolon-ce FAIM 2. RÉ RSE Du refte; on peut remarquer quecc % gingeon porte en marchant la queue « bañle & tournée contre terre , comme lace pintade; mais qu'en entrant dans l’eauce 11 1 redrefle; on doit obferver auflice qu'il a le dos plus élevé & plus arquéce que le canard; que {es jambes fontc beaucoup plus longues à proportion; ce qu'il a l'œil plus vif, la démarche plusce ferme; qu'il fe tient mieux & porte face tête haute comme foie; caraétères qui, ce jommts à l'habitude de fe percher furcc les arbres (rm), le feront toujours dif-ce tinguer : de plus, cet oïfeau n'a pasc chez nous le plumage aufli fourni, àce {m) Nota. C’eft apparemment à cette efpèce qu’il faut rapporter le nom de canard branchu , qui fe lit dans plufieurs relations, « On diftingue au Canada jufqu’à vingt-deux efpèces de canards, «e dont les plus beaux & les meilleurs fe nom- ment cañards branchus , parce qu’ils fe perchent « fur les branches des arbres; leur plumage eft « d’une variété fort brillante. » Hifloir ueraie desoée Voyages, tome XV, page 227 264 Fi foi oire Naturelle HA CU | si CES, 1 £ beaucoup près que Les res Les pays froids. + Fe "a art re Loin que les gingeons, x és nos < Da »cours, continue M. Deshayes, aient à >cherché à s’accoupler avec le canard »-d Inde ou avec le canard. commun: £f s>comme ceux-ci ont fait entr'eux’, ils fe s»montrent au contraire Îles ennemis > déclarés de toute la volaille, & font » ligue enfemble lor{qu'il s'agit d’ attaquer »ples canards & les oies; ïls parviennent »» toujours à les chafler & à {e rendre >» maîtres de: l'objet de la querelle, c'eft- æà-dire du gram quon leur jette, ou de la mare où ïls veulent barboter ; > & il faut avouer que le caraétère du >> gingeon eft méchant. & querelleur ; maïs s>conune fa force n'égale pas fon.ant-. 2»mofité, düt-l troubler la paix de la »>bafle-cour, on n'en doit pas moins s5fouhaiter de. parvenir à propager en 2 domefticité cette efpèce de eañard. Con Périeure en bête à toutes les’ autres. Z : 7 /— - - LE CANARD SIFFLEUR »72/ K. NE" + us « < LEE 70 fpns u FR AU © à > A LS RER “ TA CR DRE D ra ; A à ent | À “ 1.12 « si Pù FERA "4 MNT | NA A PTS PR CR PRES ©. AYANT : RE ET Sd) / L : k + + t « C4 x af: x o es 277% Li : nt ” Sr | 2 À. 1 Tom. XV2Z. 1) Up, 1 MATRA WA U] ne ) ji, à fl l DIN 2 + CA CT LA A) (49 LO ggsour "1 1e " } } f 1 M KR veuve lerchieu Le UR Jemelle à € 4 4 D LE PEE , CANARD k Là Cr ne : ; Le A «* DT EP re _ F2 Canard. ; 7 | C. Cananrp fifleur Ho une rs ? & ïl eft de la taille de notre canard fauvage ; 1l a toute la tête coïffée de belles fumes roufles, délrées & foyeufes, re- F fur le front & le fommet de Îa tête en une touffe chevelue, qui pourroit avoir fervt de modèle à la coiffure en # Voyez les planches enluminées , n.® 028. (a) M. Salerne rapporte à cette efpèce le nom de moreton où molleton, que nous avons rapporté au mio & celui de rouge, qui appartient au fouchet ; 1 Rome, Capo rofo : magpiore en Allemand, RP LS , rott-kopf, rott-hals, comme Île PHARE — Anas capite rufo major. Ray, Synopf. Avi. p.140, n.° 2. — Cape roffo maggiore. Wiluehby , Ornithol. pag. 270. — Anas crlere Boefemhs. Marfol. Danub. tom. V , pag: 110, tab. 53. — Klein, Avi. P-135;, 06. — Anas érychrocephalos. R zaczynski, Auc- tuar. P. 357. — Erythrocephalos fecundus. Schwenck- feld, Avi. Silef. pag. 201.— Grand canard à tête rouille. Salerne, pag. 414. — Canard huppé où more- ton. Idem, p. 419. — Anas criflata , fupernè cineree vinocea ; infernè nigra; capite & gutture rufis ; criflà dilutiès rufà ; collo & uropygio nigris ; pennis fcapula- ribus aureolis bimis lunulatis albis £ lomitis ; re&ricibus cinereis. . . . Anas fijlularis criflata, Le canard fiffleur huppé. Briffn , tome VI, page 398. Oifeaux. Tome XVIL. M ve à Rs I Eee NE SE A SR ENS Se D Dur à G2 ? 4 # = ; TL TSX TN Ê= - L t * h = 4 PR 266 Hifloire Naturelle ‘cheveux dont nos Dames avoïerit wB moment adopté la mode, fous le nom de hériffon; les joues, la gorge & Île tour du cou font roux comme la têtes le refte du cou, la poitrine & le deflous du corps {ont d’un noir ou noirâtre qui, fur le ventre, eft légèrement ondé ou nué de gris; 1l y a du blanc aux flancs & aux épaules; & le dos et d'un gris- brun; le bec & Firis de l'œïl font d’un rouge de vermillon. | Cette efpèce quoique moins commune que celle du canard fiffleur fans huppe, a êté vue dans nos climats par plufeurts Oblervateurs. | *LE SIFFLEUR A BEC ROUGE & NARINES JAUNES. {a) A rrarremmEnT que cette dénomination de fiffleur eft fondée dans cette efpèce!, comme dans les précédentes , fur le fiffle- “qq gr ” * Voyez les planches enluminées, ».° 826, fous Ja dénomination de Canard fiffleur de Cayenne. (a) Red-bill'd whifiling duck. Edwards, t. IV, pag. 194. — Anas autumnalis. Linnæus, Syfk nat. ed. X, Gen. 61; Sp. 33.— lfemble qu’on-peut F%, 7” ns ‘de y tint de la voix où des ailes : oi qu'il en foit , nous‘adoptons, pour la diftinguer , . dénominätion de fiffleur au bec rouge , : qu'Edwards lui à donnée en yÿ ajoutant les marines jaunes, pour le féparer+du précédent qui a aufli le bec rouge. Ce fifleur eft d’une taille élevée , mais pas plus grofle que celle de la morelle; fans être paré de couleurs vives & plier. c'eft dans fon genre un fort bel oïfeau: un brun-marron étendu fur le dos y eft nué de roux-ardent où orange -foncé ; le bas du cou porte la mème tente qui fe fond dans du gris fur la poitrine; les couvertures de faïle lavées de rouflitre fur les épaules , prennent enfuite un cen- dré-clair, puis un blanc pur; fes pennes {ont dun brun-norrätre, & les plus grandes portent du blanc dans leur miliéu dl V rapporter Vanas fera mento chmabarino de Marf gi. tom. V, pag. 108; & de’ Klein, pag. 135; - n° 25.— Auas faperé caflanea , infernè HIQTICANS ; capite Juperivre & collo dilute caflancis ; occipitio & uropygio nigricantibns ; genis , putture & peëore grifeis; reftricibus alarm fuperioribus mediis fufco- -rufefcentibus, majoribus albidis ; re@ricibus nigris. Auas fiflularis Ame- ricana. Le canard äffleur d'Amérique. Briflon, tom. VI, pag. 400. HS x M 5j >. +68 Hifioire Naturelle du côte extérieur; le ventre & la ‘queue font noirs; la tète eft coïflée d’une calotte rouflätre qui fe prolonge par un long trait notrâtre {ur le haut du cou; tout 74 le tour de la face & la gorge font en plumes griles. | Cette efpèce fe trouve dans F'Amé- rique feptentrionale , fuivant M. Briflon ; néanmoins nous l'avons reçue de Cayenne. ES VER OUI PE LE QT A4 BEC NOIR./{a) Nov: ADOPTONS encore ici la dénotnina- tion d'Édwards, parce que l'indication de climat, donnée dans nos planches enlu- * Voyez les planches enfuminées , n.° 804, fous la dénomination de Canard fiffleur de Saint: Domingue, (a) Opano ; à la Guyane. — Black-bill'd whift- Eng duck. Edwards , tome IV , pl. 199. — Anas fera major fiflularis arboribus infideus. Barrère, France équinoxiale , page 123. — Anas fiflularis arboribus in- fidens. Sloane, Jamaïc. pag. 324. — Ray, Synopfi page 192, n° 12.— Anas fub-fufca major ; roffre Ë7 vertice nigricantibus , alis variegatis. Browne, page 480. — Anas arborea. Linnæus, Syfl nat. edit. X., Gen. 61, Sp. 38.— Anas fupernè fufca ,‘marginibus pennarum rufeftentibus , inferuè alba, nigro maculata j 7 LR Crriardi. 4 269 ts . l'Ouvrage de M. Briflons ne peuvent fervir à diftinguer cette ef- | pèce, non plus que là précédente; puifqu’il _.paroît que toutes deux fe trouvent éga- lement dans l'Amérique feptentrionale & aux Antilles. Les jambes & le cou, dans ces deux efpèces, paroïflent propor- tionneliement plus alongés que dans les autres canards; celui-ci a le bec noir ou noïrâtre; fon plumage fur un fond brun, eft nué d'ondes rouflâtres ; le cou eft moucheté de petits traits blancs ; le front & les côtés de la tête, derrière les yeux, font teints de roux; & les plumes noires du fommet de la tête fe portent en arrière en forme de huppe. Suivant Hans Sloane, ce canard, qui fe voit fréquemment à la Jamaïque, fe perche, & fait entendre un Glaieute Barrère dit qu'ileft de paflage à la Guyane; qu'il pâture dans les favanes, & qu'il eft excellent à manger. pertice € uropygio mgricantibus ; genis , gutture € colle inferiore candidis peëtore rufefcente ; colio inferiore € peéore maculis nigris variegatis .….. Anas fiféularis Jamais. cenfis. Le canard fifleur de la Jamaïque. Dé ; Ornithol. tome VI, page 403. 1} 270 Hifloire Naturelle VaubEICHIPE AU ou LE RIDENNE./a) L. CANARD, appelé Chipeau, n'eft pas fi grand que notre canard fauvage ; ïl a la tête finement mouchetée & comme * Voyez les planches enluminées, n.0 058. {a ) S’appelle ridelle ou ridenne , en Picardie ; er Anglois, gadwal où gray ; en Aflemand , fcAnarr ou f£hnerr-endre , fchuatter-endte , &-par quelques- uns /erner. "7 _ Anas ftrepera. Gefner, Avi. pag. 121. Icon. Fo, pag. 78.— Aldrovande, Avi. tom. III, pag. 224. — Linnæus, Sy. nat. ed. X, Gen. 61, Sp. 18. — Schwenckfeld, Avi. Silef. pag. 202. — Klein, Avi. pag. 132, n.° 6.— Anas platyrinchos 1of?ro nipro € plano. Aldrovande, tom. HIT, pag. 230. — Jonf- ton, Avi. pag. 97..— Ray, Synopf. Avi. pag. 145, n° a, 2:— Gadwal , or gray. Willughby , Ornith:1. pag. 287. — Anas macula alarum rufa nigra alba. Lin- næus, Fauna Suec. n.° 101. — Le canard à large bec & à ailes bigarrées, connu en Normandie fous le nom de chipeau.- Salernes Ornithol. pag. 430. — Anas fupernè fufca , lineis candicantibus varia , in- fernè alba, grifeo maculata ; capite. & collo- fupremo füpernè fufois, maculis rufefcentibus variegatis , infernè albo rufeftentibus , fufco maculatis ; uropygio nigro , imo ventre candicante € grifeo-fufco tranfver/im & undatira onmnts 27 Piquetée de brun-noir & de blanc, la teinte noïrâtre dominant fur le haut de la tête & le deflus du cou; la poitrine eft _ richement feftonnée ou écaïllée ; & le dos & les flancs font tous vermiculés de ces deux couleurs; fur l'aile font trois taches ou bandes, l'une blanche, l’autre notre, & la troïfiènre d’un beau marron-rou- geâtre. M. Baïllon a obfervé que de tous les canards, le chipeau eft celur qui conferve. le plus long-temps les belles couleurs de fon plumage, mais qu'enfin __ H prend comme les autres, une robe _ grife après la fafon des amours; là voix de ce canard reflemble fort à celle du canard fauvagé; elle n’eft nt plus rauque nt plus bruiante, quoique Gefner femble- vouloir le diftinguer & le caraétérifer. ffriato ; macula alarum fplendidè nigra , t@niä fupernè rufà ; infernè albâ donata ; re&ricihus [ex utrimque ex- timis grifeis.; candicante exteriùs € apice marginatis , guibufdam fulvo diluto notatis (mas.) Anas fupernè fufca , marginibus pensiarum albo rufefcentibus , infernè &tba, grifeo maculata; macula alarum [plendidè nigra 3 tent fupernè rufà , infernè albä donata ; reétricibus [ex wtrinque extimis grifeis , candicante exterisx €. apice Marginatis , quibu fdani fulyo diluto notatis [fœmima }'... Strepera, le Chipeau: Briffôn ; tome VE, page 339: | 2 Dit 272 Hifioire Naturelle par le nom d’anas ffrepera (b); & que ce nom aît été adopté par les Ornitho- logrftes. | Ne Le chipeau eft auffi habile à plonger qu'à nager, 1l évite le coup de fufl en s'enfonçant dans l'eau ; il paroïît craintif & vole peu durant le jour; 11 fe tient tapi dans les joncs, & ne cherche fa nourriture que de grand matin ou le foir ; & même fort avant dans la nuit : on l'en- tend alors voler en compagnie des fif- fleurs, & comme eux il fe prend à lap- pel des canards privés. ce Les canards >» chipeaux, que nous appelons ridennes, » dit M. Baïllon, arrivent fur nos côtes sde Picardie au mois de novembre , 3» par les vents de nord-eft, & lorfque ces vents fe foutiennent pendant quel- >> ques jours , ils ne font que palier & ne s»féjournent pas. Dès la fin de février, aux premiers vents de fud , on les voit rrepañler retournant vers le Nord. >> Le mâle eft toujours plus gros & plus >> beau que la femelle : 1l a , comme les 4 4 (b) Strepera, à vocis fhepitu graviore. Gefner , apud Aldrovand, tom. ET ; pag. 234. FE À Es. sd 273 É hi & fiflleurs 7 lece deflous de la queue noïre, & dans les cc femelles cette partie du plumage eftce “i toujours de couleur grife. | 2. ce. Elles fe reflemblent même beaucoup ce dans toutes ces efpèces ; néanmoins unce peu d'ufage les fait diftinguer. Les fe-cc melles chipeaux deviennent fort roues ce en vieïlliflant, | 6 _ Lebecde cet oïfeaueft noir ; fes piedscc font d’un jaune fale d'argile , avec lesce membranes noires , ainfi que le defluscc des jointures de chaque article desc doigts; le mâle a vingt pouces du becce à la queue, & dix-neuf pouces jufqu'auce bout des ongles ; fon vol eft dé*trentecc pouces. La femelle ne difière que d'en-cc viron quinze lignes dans toutes fes di-ce menfons. | ce Je nourris dans ma cour, depuis plu-ce fieurs mois, continue M. Baïllon , deuxcc chipeaux mâle & femelle, xls né veulent ce pas manger de grain & ne vivent que de ce fon & de pain détrempé: J'ai eu de même ce des canards fauvages qui ont refufé le ce grain ; jen ar eu d'autres qui ont vécuce d'orge dès les premiers jours de leur« M v 232 1IEMDIE ae: © nés; ceu x quéviennent d > M marais ir : #bités du Nord, n’ont pas dû connoîtr pi orge & le blé; & il n'eft pas étoi in: = Fee _»qu'ils refufent , fur-tout dans les pre | »miefs temps de Cu détention, une nour: * »2riture qu'ils n'ont jamais connue; ceux au contraire qui naïflent en pays culti- : nvés font menés la nuit dans les champs 22 par les pères & mères, lorfqu'ils ne font 2encore que hallebrans; 1ls y mangent du gran & le connoïflent très-bien lor£ >> qu'on leur en offre dans la bafle-cour : au lieu que les autres s’y lafient fou- vent mourtr de faim, quoiqu'ils aient » devant eux d'autres volailles qui ra- »»maffant le grain leur on tures. 3 de cette nourriture. 52 et p r 4 C2 A ne at Ée LEA PSE et M Av. PE 5 mpñ PAS PPT ER AS e , | £ ' y ‘"rA, , : LE Li Hay. Lh. Rouss ll Jeu De Seve dl. LE CHIPEAU ou RIDENNE femeli 3 V2 fi PAST S VAE “26 rie «dt 2 Ps Lie Do TT 5 te St nl "NT te Vin 2, LC SR LT 2 EL «Ÿ ec POP TARN TPE DT NE DR PRES LME VU LS ÉMIS IR L'URSS EU LE ES QE Te: : POULE LS 2 ÉST RS re 3 4 * 4 Fr #2 E 4 EA+Y es à : EE S : CRISE AT. he Re *#LE sou c HET, Mhou EE ROUGE (a) 66 Soucuer eft remarquable par fon: grand & large bec épaté, arrondi & di- laté par le bout, en manière de cuiller. * Voyez les planches enluminées , m° 071 ; é.n.° 972 fa femelle. PE Le | (a) En Picardie, rouge , rouge à la cuillière ; en Angloïs, fchoveler; en Allemand, breit- [thnabel, fchall-endtle , [chiltent , fehild-entle , & par quelques- uns:faefchenmul; en Siléfien ; loeffel endtle ; en Ca- talan , collier. | re Anas latirofira major. Gefner , Avi. pag. 120. …— Idem, Icon Avi. pag. 80, mauvaife figure de Ia. tête. — Aldrovande. ; Avi. tom. III ; pag. 227. _— Anas latiroffra, Schwenckfeld ; Avi. Sikef. pag. 205.—Klein, Avi pag. 122, n.° 10 ; & 134. M.° 20.— Latirofira five clipeata. Frifch , pl 161 . (le mûle})5 latiroftra tertia fufèa , pl. 163 (Ia fe- melle. }— nas platyrinchos erytropos. Aldrovande., Avi. tom. HE, pag. 230 (Ia femelle.) Willughby. Ornithol. pag. 283.— Jonfion ; pag. 07. — Anas: platyrinchos pedibus luteis. Aldrovande , pag. 220 (Ja femelle.) — Jonfton, pag c7.— Willughby . page 284. — Ray, Synopf. Avi. pag. 144, n.° 13. + Alterum genus platyrinchi anatis. Gefner ; Avi pag, 119,— Aldrovande, tom, LL, pag. 124. — = M v} > he, “276 Hiflüire. Naturelle ce qui luïa fait donner les dénominations. de canard cuillier, canard fpatule, & le furnom de platyrinchos , par lequel 1l eft “ _ v Anas platyrinchos altera , five clypeata germanis diéta. Willughby, Ornithol. pag. 283. — Ray, Synopf. Avi. pag. 143, n.° a, 9. — Anas fthellaria , clangula fa- éricu, Rzaczynski, Auëuar, pag. 356. — Auas roftro latiori , clypeato , pedibus rubris. Barrère, Ornithol. claf. 1, Gen. 1, Sp. 6.— Anas virefcens , feu ca- pite virefcente. Marfigl. Danub. tom. V , pag. 120, tab. 58. — Klein, Avi. pag.A35, n.° 28. — Phafia- nus marinus. Charl. Exercit. pag. 104, n.° 8. — Anas Tofiri extremo dilatato rotundatoqne , ungue incurvo. Lin- næus, Famna Suecic. n.° 102.— Anas clypeata. Idem, Syft. nat. Gen. 61, Sp. 16.— Anas macula alarum purpurea utrimgne nigra albaque , peëtore rufefcente. idem ,-Fauna Suec. n.° 103 (Ia femelle). — Anes platyrinchos. Idem , Syf. nat. Gen. 61 ; Sp. 17 (Ha femelle). — The fchopeler. Brit. Zoolog. pag. 165.— The blue winged fchoveler Catesby ; Caro. tom. I, pag. 06. — The barbary fthoveler, or anas platyrinchos. Schaw. Travels, pag. 254.— Pélican d'Allemagne. Albin , tome I, planches 97 & 98. — Le canard à large Bec où le fouchet. Salerne:, Ornithol. pag. 421. — Le canard à large bec & à pieds jaunes. Idem ,; pag. 425.— Anas fupernè nigro-viri- defcens , infernè caflanea ; capite € collo riridi-aureis , violaceo colore variantibus ; peëtore fupremo albo , ma- culis lunulatis nigricantibus vario ; te&ricibus alarum fa- perioribus cinereo-cæruleis ; macula alarum viridi-aureæ , cupri puri colore variante , tœnt@ candid@ Juperiès do- hata; reëricibus oËo mtermedis in medio fuftis ; @d RULES CRU ER | Aer > - du Canard. - 277 déf igné & diftingué chez les Ornitholo- iftes parmi les nombreufes efpèces de pe genre ; left un peu moins grand que le canard fauvage ; {6n plumage eft riche en couleurs, & 1l femble mériter Fépi- thète de rrès-beau que Ray lui donne ; la tête & la moitié fupérieure du cou, one d'un beau vert; les couvertures de larle près de l'épaule, font d’un bleu-tendre, les furvantes font blanches, & les der- nières forment fur larie un miroir vert- bronzé ; les mêmes couleurs fe marquent, mais plus foiblement, fur l'aile de la fe- melle , qui, du refte , n'a que des couleurs nr d'un gris- La & roufsitre , marllé & feftonné de noirître; la poitrine & le bas du cou du mâle font blancs, & tout le deflous du corps eft d'un beau roux, cependant il s'en trouve quelque- fois à ventre blanc /4). M. Baïllon nous PE D SR GR SE EE me maroines candicantibus (mas. ) — Anas fupernè fufta marginibus pennarum rufefeentibus ; infernè fulya , fufce | bn : macula alarum viridi-aurea , cupri purt coloré variante , tœmiâ candida fuperiüs donata ; reétricibus oëto intermedris in medio fufèis ad margines candican- tibus {fœmina). Anas clypeata. Le Souchet. Brif fon ; Ornithol. tome VI, page 329. (b) Varktés dans Briffon. —… rh . e : à | RES ‘12 | aflure que les vieux fouchets, af que: les vieux chipeaux confervent quelquefois: leurs belles couleurs , & qu'il leur vient des plumes colorées en même temps que! les orifes, dont ils fe couvrent chaque | année après la faïfon des amours ; & ik remarque, avec raïon, que cette fingu- larité dans les fouchets & les chipeaux a pu tromper & faire multiplier, par Îles Nomenclateurs, 1e nombre des efpèces de ces orfeaux ; 1l dit auflr que de tres- vieilles femelles qu'il a vues , avoient comme le mâle des couleurs fur les:arles, mais que, durant leur première année d'âge , ces femelles font toutes grifes ; du. refte , feur tête demeure toujours de cette couleur. Nous devons encore placer 1ct les bonnes obfervations qu'il a bien voulu nous communiquer fur le fouchet.en par- ticuler. | RE ce La forme du bec de ee bel oïfeau.; » dit M. Baïlion, mdique fa manière de svivre; fes deux larges mandibules ont les bords garnis d’une efpèce de dente- _#lure ou de frange qui ne larflant échapper . s»que la boue, retient les vermileaux & wles menus infeétes & cruflacées qu'if # 35 £ cherche: dr 4 HE au bord desce eaux; il n'a pas d'autre nourriture (c). pain & de chevrettes; dorment prefque tout le jour & fe tiennent tapis contre » les bordures des buis; le foir, ils trottent > beaucoup & fe baïgnent plufeurs fois » pendant la nuit. Il eft fâcheux qu'un »aufli bel oïfeau n'ait pas la gaieté de la »farcelle ou du tadorne, & ne puifle devenir un habitant de nos bafe- 22 COUTS. | EN E >> Les fouchets arrivent dans nos can- 22 tons vers le mois de février ; ils {e répan- > dent dans les marais & une partie y »couve tous les ans; je préfume que les >autres gagnent le Midi, parce que ces 2>oï{eaux deviennent rares icr après les 3 premiers vents de nord qui foufflent 3>en mars. Ceux qui font nés dans ie pays en partent vers le mois de feptembre; 311 eft très-rare d'en voir pendant l'hiver , 3 fur quoi je juge qu'ils craignent & fuient le froid (d). 55 Ilsnichent 1ci dans les mêmes endroits {d) Nota. Is ne laiffent pas de fe porter en e Canard "1 que les Grcelles d'été; ils cho flent ,ce comme elles, de groffes touffes de j joncs ee dans des lieux peu praticables & s'yce | arrangent de même un nid; la femelle ce y dépofe dix à douze Gif Alu roux & cé peu pâle; elle les couve pendantc vingt-huit à trente jours, fuivant cecc que mont dit les chafleurs ; mais jece crorrois volontiers que l'incubation nece doit être que de vingt-quatre à vingt-ce cinq jours, vu que ces oïfeaux tiennent ce le milieu entre les canards & les farcelles, ce quant à la taille. | G ce Les petits naïflent couverts d'unce duvet: gris taché, comme les canards, ce & font d’une laïdeur extrême ; leurce bec eft alors prefque auffi large que lece corps, & fon poids paroît les fatiguer ; ce ils fe tiennent prefque toujours appuyéce contre la poitrine ; ils courent & nagent € dès qu ‘ils font nés; le père & la mèrece les mènent & paroïflent eur être fortce attachés ; ils veïllent fans cefle fur l'or-ce été affez au Nord, puifque fuivant M. Linnæus » on en voit en Scanie & en Gotland. Fuura SuCCICA, 287 Hiffoire Naturelle | nfeau de proie; au moindre danger la 2 famille fe tapit fous Fherbe, & les père 3 & mère fe précipitent dans l'eau & Sy 9 plongent. >> Les jeunes fouchets deviennent d'a » bord gris comme les femelles; la pre xmière mue leur donne leurs belles 7 plumes, mais elles ne font bien éclatantes , qu'à la feconde.ss | Quant à la couleur. du bec ; les Obfer- vateurs ne font pas Pascord à Ray dit qu'il eft tout nbir : Gefner, dans Aldro- vande (e), aflure que la Lie fupérieure eft jaune; Aldrovande dit qu'il eft brun (f}; tout cela prouve que la couleur du bec varie fuivant l'âge ou par d'autres circonf- | tances. Schwenckfeld compare le battement re alles du fouchet à un choc de crotales & M. Hébert, en voulant nous exprimer le cri de cet oifeau, nous a dit quil ne . pouvoit mieux le comparer qu'au: craque ment d'une crecelle à main, tournée par petites fecoufles : il fe peut que Schwen- +6 du Canard, RCE. 2 tkfeld ait pris la voix pour le bruit du _ vol. Au refte, le fouchet eft le meïlleur _ & le plus délicat des canards; il prend beaucoup de graïfle en hiver; {à chair “eft tendre & fucculente; on dit qu'elle eft toujours rouge (g), quoique bien cuite; & que ceft par cette raïon que le canard fouchet porte le nom de rouge, notamment en Picardie ; où lon tue beaucoup de ces orfeaux dans cette longue fuite de marais qui s'étendent depuis les environs de Soïflons jufqu’à la mer. = M. Brifion donne, d'après les Ornitho- logiftes, une variété du fouchet, dont toute la différence confifte en ce que le ventre eft blanc, au lieu d’être roux- marron (A). Rt (g) M. Hébert. (h) Anas clypeata ventre candidiore. Briflon ; Or- rithol, tom. VI, pag. 337.— Anas mufcaria, Gefner , Avi, pag. 118; & Icon. pag. 78. — Aldrovande, tome 111 page 223.— Jonfton, pag. 97. — Klein, pag. 132, n.° 9. — Willughby, pag. 287.—Ray, pag. 146.—Frifch, tome II, tab. 162. Anas fera decima-feptima. Schwenckfeld , page205.—Barrère, claf. 1, Gen. 1, Sp. $0.— Mugg-ent ; mus-endtle k fliegen-endtie , par les Allemands, Le canard. à mouches, Salerne,. page 4304. | ue 284 Hifloire Naturelle L’yacapatlahoac de Fernandez, canard. que ce Naturalifle caraétérife par fon bec fingulièrement épaté, & par les trois couleurs qui tranchent fur fon aïle , nous paroït devoir être rapporté à l'efpèce du fouchet ( i) , à laquelle nous rapporterons aufli le rempatlahoac du même auteur, dont M. Briflon a fait {on canard fauvage du Mexique (Kk), quoïqu'à la reflem- blance des traits caractériftiques (2), à la dénomination d'avis latiroftra que lui donne Nieremberg (m), & au foin que prend Fernandez d'avertir que plufeurs donnent à l’yacapatlahoac ce même nom de rempatlahoac; 1l eût pu reconnoître qu'il ne s'agifloit 1c1 que d'un feul & (1) Yacapatlahoac, anatis fere fpecies , longo ac lato roffro , præcipuè juxta extremum . . . alæ partim albæ, partim virides [plendentes & fufte ,..anatem regiam Hifpañi vocant : nec defunt qui tempatlahoac 10- care malint, Fernand. page 42 , cap. 136. — Le fou- chet du Mexique. Briflon, rome WI, page 337. (k) Ornithologie, tome WI, page 327. (L) Tempatlahoac , feu avis latiroflri :. . anatis feræ genus... alæ initio cyaneæ ; mox candidæ Ë tandem piridi micantes [plendore , © earum extrema altero la- tere fulva. Fernand. page 30 , cap. 78. (m) Page 217. Willugbbw, page 299. Ray ,pag. 176. PET. . a » < sd Canard TA 285$ ap | __ même ad : 5 nous nous croyons d'au- tant plus fondés à le juger aïnf, que les ob- fervations de M. le docteur Mindrit ne nous laïflent aucun doute fur l'exiftence de l'efpèce du fouchet en Amérique; « les in- _ dividus de cette efpèce, dit-il, font fujetses en Europe à ne fe pas reflembler parfaite-ce ment dans le plumage : ; quelques-unsce ont dans leur robe un mélange de plumes ce grifes qui ne {e trouve pas dans lesce autres; j'ai remarque dans fept ou huitcc fouchets à Envoyés de la Louifane, lesce mêmes variétés dans le plumage qu'once peut obferver dans un pareil nombrece de ces oïfeaux tués au hafard en Eu-ce rope; & cela prouve que le fouchetce d'Europe & celui d'Amérique ne fontcs abfolument qu'une feule 8 même ef-6e pièce. » (7) _ {n) Note communiquée par M. le doéteur Mauduit, 286 Hifloire Naturelle * LE PILE T ou CANARD ALONGUE QUEUE. (a) Le CANARD à longue queue, conntl.en Picardie fous les noms de piler & de pen- nard , eft encore un excellent gibier & un * Voyez les planches enluminées , r.° 954. (a) Pilet,.en Picardie ; par quelques-uns, cogne de mer; à Rome, coda lancea; en Catalan, cu: larch; en ANlemand, fafan-ente , meer-ent , fèe-vogel, & en quelques-endroits , /pitz-/chwantz ; en Siéfie, fpies endte ; en Suédois, al, aler, ahl-fogel; en Anglois, fea-pheafant, cracker, & par les oïfeleurs de Londres , gaddel ; à Ia Jamaïque , swhitebellied duck ; en Mexicain , tyitzihoa. | Anas caudacuta. Gefner , Avi. pag. 121.— AÏ- drovande, Avi. tome III, pag. 234, — Jonfion, Avi. pag. 98.— Willughby. Oruirhol. pag. 280. — Ray, Synopf. pag. 147, n.° a, 15.— Charleton, Exercit. pag. 106, n.° 10. Onomazt. pag. 99, n,° 10. — Rzaczynski, Æ&uar. pag. 355. — Frifch, vol, IL, pl. 160. — Schwenckfeld , Avi Silef. pag. 200. —Klein, Ari. pag. 183 n.° 15.— Anas fera ma- rina. Gefner , Ari. pag. 120; € quedam marina. Icon. Avi. pag. 75.— Anas fesvogel diéfa. Aldro- vande, tom. II, pag. 229,—.A4nas caudà cunei- formi acutà. Linnæus, Fauna Suec. n° 96.— Anas acuta, Idem, Syff. nat, ed. X , Gen, GI, Sp. 25. du Canard, 287 très-beloïfeau; fans avoir l'éclat des cou- Teurs du fouchet, fon plumage efttrès-jolr, c'eft un gris-tendre, ondé de petits traits noirs qu'on diroit tracés à la plume; les grandes couvertures des aïles {ont par : larges rates, noir de jayet & blanc de neige; il a fur les côtés du cou deux: — Anas cinerea , caudà duabus pennis nigris congiffi- mis definità. Barrère , Oruithol. claf. 1, Gen, 1, Sp. 8,— Tytzihoa. Fernandez, Hifi. axe, nov, Hifp. pag. 35, Cap. 104. —Ray , Synopf. pag. 175. — Phafan de mer. Albin, tome H, planches 04 . & 9%. —Le canard à queue porutue, Salerne , page 426 & page 432 ; le canard à queue fourchue, Anas fupernè fufco & cinereo tranfverfim & undatim friata ; infernè alba ; capite & coilo fupremo fufeis , marginibus pennarum in vertice grifèo-rufefcentibus , oc- cipitio cupri puri colore variante ; tœnt@ longitudinal in collo fuperiore nigrâ ; are@ candidà utrimque donata ; macülé alaryum capri purt colcre tin&a , tænià fuperrrè fulvà, infernè primüm nigrâ , dein dilutè fulvà donata ; reltricibus binis intermedus longiffimis nigris (mas ». Anus fupernè nigricante € rufefcente varia , infernè candicans , grifeo € grifeo-fufto maculata ; maculà -alarum ad cupri purt colerem vergente , -tænià fuperiè fulva, infernè primüm nigricante , dein alb& donata :; re&ricibus quatuor intermedus longiortbus, nigricantibus, rufeftente tranfverfim flriatis (foœmina ). >. — Anas donpicauda , le canard à longue queue. Briflon , tom, VI, pag. 369: 4 | ee Lcd À T3 DIET TELE ATEE TS, PTA LE off: L d Een ra ro V7 CONS FINE: JP 4 Rs. Tr DT VS A dr D RIT IT | PISE RTE. : * far GE: QUE Ath. OS a RARES Le cs “ins MORE NT ETLA Ra (Pen : VA Let RTS * + { dis DR 288 Hifloire Naturelle bandes blanches femblables à des ru ans, qui le font aïfément reconnoître, même d'aflez loin; la taille & les proportions du corps font plus alongées & plus fveltes que dans aucune autre efpèce de canards fon cou eft fingulièrement long &très- -menu; la tête eft petite & de couleurde marron ; la queue eft noire & blanche & fe termine par deux filets étroits, qu'on pourroit comparer à ceux de lhrron- delle ; il ne la porte point horizontale- ment, mais à demi retroufiée; fa chair eft en tout préférable à celle du canard fauvage , elle eft moins noire ; & la cuifle ordinairement dure & tendineufe dans le canard, eft aufli tendre que laïle dans le pilet. ie ce On voit, nous dit M. Hébert, le »»pilet en Brie aux deux pañlages ; ïl {e ntient fur Îles grands étangs ; fon cri »»sentend.d'aflez loin Ai zouëé zouë. La » première fyllable eft un filement aigu, 22 & la feconde un murmure moins fonore > & plus grave. PNR > Le pilet, ajoute cet excellent Obfer- »vateur , femble faire 1a nuance des ca- 22 nards aux farcelles , & s'approcher par 3 plufieurs Zom.XVA , auù EX à KART EN À AN Ÿ ANSE NE HS \ ANNEE A AN ; ù NN PLAN pag. 288. E ZFaron Seul LE CANARD # ongUeE queue, Où LE, PILET . nplufeurs rapports de ces dernières; la s»diftribution de fes couleurs eft analo- sgue à celle des couleurs de Ia farcelle; ‘il en aaufli le bec, car le bec de la far- ncelle n’eft point précifément le bec du . s2canard. 35: _ La femelle diffère du mâle autant que 12 cane fauvage diffère du canard; elle a comme le mâle la queue longue & poin- tue , fans cela on pourroit la confondre avec la cane fauvage ; maïs ce caractère de la longue queue fufit pour faire dif- tinguer ce canard de tous les autres, qui généralement l'ont très-courte. C'eft à raifon de ces deux filets qui prolongent la queue du pilet, que les Allemands fur ont donné, aflez improprement , le nom de canard- fibn (phafan-ente ), & Îles Anglois, celui de phaïfan de mer ( fea- * phafan ) 3 la dénomination de Hinter- and, qu'on lui donne dans ie Nord, fem- ble prouver que ce canard ne craint pas les plus grands froids; & en effet Lin- næus dit qu'on le voit en Suède au plus fort de l'hiver /b). Il paroït que l'efpèce PPT T2 ÉMRUUR 0 tel 0 US CT ee (b) Habitat in borealibus Suecie provinciis , hicme fmcenfifim ad nos accedit, Fauna Suec. Oifeaux. Tome XVII. N Lo du Canard. .. 284: Sr - PAS Le: 2930 Hifloire Naturelle eft commune aux deux continens : on Ïæ reconnoît dans le syiczihoa du Mexique de Fernandez, & M. le docteur Mau- duit en a reçu de la Louiïfiane un individu \ fous le nom de canard paille-en-queue, d'où l'on peut conclure que quoique ha- Bitant naturel du Nord, il fe porte juf- que dans les climats chauds. EE * LE CANARD 4 LONGUE QUEUE DE TERRE-NEUVE. (a) tn Cananrp, très-différent du précé= dent par le plumage, n'a de rapport avec lui que par les deux longs brins qui de mème lui dépaflent la queue. * Voyez les planches enluminées , n° 1008 , fous le nom de Canard de Miclon. è (a) Long-talled duck from new-foun land. Edwards, Glan, pag. 146, pl, 280, — Anas füpernè fplendidè migra, infernè nigricans ; capite anterius € ad latera collique lateribus griféo-vinaceis , macula ovatà nigr@ utrimque notatis ; capite pofleriore , collo fupernè €? in- fernè, pennis fcapularibus & imo ventre candidis ; rec- tricibus binis intermediis longiffimis nigris . .,. Anas longicauda ex infulà Terræ-nove , le canard à longue queue de Terre-neuve, Briflon, Ornirho!. tome VI ; page 382. . .v du Canard, : 297% _ La figure coloriée que donne Edwards de cet oïfeau, préfente des teintes bru- nes fur les parties du plumage où le ca- nard noînmé de Miclon, dans nos plan- ches enluminées, a du- noir ; néanmoins on reconnoiît ces deux oifeaux pour être de la même efpèce aux deux. longs brins qui dépañlent leur queue, ainfi qu'à ia belle diftribution de couleurs; le blanc couvre la tête & le cou jufqu'au haut de la poitrine & du dos; il y a feulement une bande d’un fauve-orangé qui defcend depuis les yeux le long des deux côtés du cou : le ventre, aufli-bien que deux faif- ceaux de plumes longues & étroites, cou- chées entre le dos & larle, font du même blanc que la tête & le cou; le refte du plumage et noir aufli-bien que le bec ; les pteds font d'un rouge-norrâtre, & on remarque un petit bord de membrane qui _ règne extérieurement le long du doigt intérieur , & au-deflous du petit doigt de derrière ; la longueur des deux brins de l1 queue de ce canard augmente fa dï- menfon totale; maïs à peine dans fa grof- leur égale-t-1l le canard commun. | Edwards foupçonne, avec toute appa- rence de raïon, que fon canard à longue N ij F 292 Hifloire Naturelle queue de la baie d’Hudfon (b) ,eft la fe- melle de celut-ci ; la taille, la figure & même le plumage font à peu-près les mê- mes ; feulement le dos de celui-ci eft moins varié de blanc & de nor, &e tout le plumage eft plus brun. Cet individu qui nous paroït être Ia fes melle, avoit été pris à la bare d'Hudfon, & l’autre tué à Terre-neuve ; & comme Îa même efpèce fe reconnoït dans le ha- velda des Iflandois & de Wormius (c),: il paroït que cette efpèce elt, comme plufieurs autres de ce genre, habitante des terres les plus reculées du Nord; elle. fe retrouve à la pointe nord-eft de l’Afie!, car on la reconnoïît dans le fawki des Kamtchadales, qu'ils appellent auffi kian- (Bb) Long-tailed duck from Hudfon’s bay. Edwards, kiflor. pag. & pl. 156. (c) Anas Îflandica, protenfà caudà , havelda ipfis diéta. Muf. Worm pag. 302. — Anas caudacuta Tflan- dica havelda ipfis diéta, Wormi, Willughby, Orné- thol. pag. 290. — Anas caudacutu, hareldæ Wormis femilis JE non eadem. Ray. Synopf. Avi. pag. 148, n.® {4 — Anas lflandica , havelda ipfis di&fa. Chaïi- leton , Exercit. pag. 104, n.° 8; Onomazgt. pag. 99, n.® 8.— Z nas caude cunei-formi forcipata. Linnæus, Faune Suec. n° 95. — Anas hyemalis. idem. Syfe, “du Canard 293 gitch ou aangitch, c'eft-à-dire, Diacre, parce qu'ils trouvent que ce rh chante comme un Dracre Rufle /d) ; d'où 1 pa- roît qu'un Diacre Rufi le chante comme un Canard. nat. ed. X, Gen. 61, Sp. 26. — Anas fupernè ni- gricans , peltore concolore , infernè alba; occipitio cine= T0 ; genis candidis; pennis feapularibus fpadiceis, uro- pygio aibo , tœnià longitudinaë nigrà notato ; reéricibus binis intermediis longiffimis nigris... Anas longicauda Jflandica ; le canard à longue queue d'Iflande. Brifion, Ornithol. tom. VI, pag. 379. (d) Hiftoire générale des Voyages, rome XIX, dre pages.273 & 355. ot 7 CR | 4 Ca ) + >: CSA Fr REA œ Fe - + # < fz ” 4% R SR DT a 2% ‘ re ia LÈN! Fi + y5 ES N ii 294 Hifloire Naturelle * LE TADORNE. (a) INSS: NOUS CROYONS fondés à eroire. que le chenalopex ou vulpanfer (ote-re- nard}) des Anciens , eft le même orfeau * Voyez les planches enluminées, n° 53. _ (a) En Grec, xmaréo:£; en Latin , vulpan/ër & anas ffrepera ; en AHemand , bero-enten & fuchs- gans, noms qui tépondent à celui de pu/panfer ; en Angflois , sheldrake , burrough-ducX , bergander ; en Suédois , jugoas ; fur nos côtes de Picardie, derclan. £ & Portraits d'Oifeaux , page 36, b; mauvaife figure. — Vülpanfer. Gefner, Avi. pag. 161. — Aldrovande, Ari. tom. III, page 159.— Klein, Avi. pag. 130, n.° 0. — Vulpanfèr , chenalopex. Charleton, Exercit. ag. 103, n.° 2.— Idem ; Onomazt. page 08 , Tadorne , Belon, Nature des Oifeaux , pag. 1725 n.° 2: Vulpanfér, feu chenalopez quibufdam. Jonfion Avi. page 94. — Anas maritima, Gefner ; Avi. page 803. Idem , con. Avi. page 134 , affez bonne figure de la tête & du cou. — Arras maritima rou- deletii. Jonfion , Avi. pag. 06.— Anas indicaquarta , five anas maritima. Aldrovande , Ari. tome III, page 196, figure de la tête empruntée de Gefner, — Tadorne gallis diéta. Idem , ibid. page 236 , avec une très-mauvaife figure, — Tadorne. Jonfton, #12, age 98.— Tadorna Bellonii ,‘ vulpanfer quibufüam. Willughby, Oruirhol, page 278.— Tadorna Belloni, 2 du Canard. : 29$ que le tadorne. Belon a héfité & même varié fur lapplication de ces noms; dans fes obfervations il les rapporte au harle, & dans fon fivre de la Nature des Oi- feaux , ïl les applique au cravant; néan- moins on peut aïfément reconnoitre par un de ces attributs de nature , plus décilifs que toutes les conjeétures d'é- Ray, Synopf. Avi. page 140, n.° a, 1. — Sibbald, : Scot. illufir. part. II, lib. 111, avec une figure peu exacte , pl. 21. — Marfigl. Danub. tome V , page 106 , avec une figure très-mauvaife , tab. 54. — Anas tadorna Bellonti ; vulpanfèr quorumdam. Rzac- zynski, Auëtuar. Hifi. nat. Polon. page 433.— Anas longiroffra quarta. Schwenckfeld, Avi. Silef. page 208. — Anas albo variegata, peëtoris lateribus ferrugineis , abdomine longitudinaliter cinereo maculata. Linnæus ;, Fauna Suec. n.° 93.— Anas roffro fimo , fronte com- preffà, corpore albo variegato. Tadorna. Idem, Syfl nat. ed. X, Gen. 61, Sp. 3. — Shie/drake. Britih. Zoolog. page 154. — Die krachente. Frifch, tom. If, pl. 166. — Le tadorne. Salerne, Ornithol. page 412. — Morillon. Albin, tome I, page 81 , avec une figure fautive , planche 94. — Anas candida tuber- culo in exortu rofire carnofd ; capite & colo fupremo nigro-viridefcentibus ; corpore anteriore latä fafcià ruf@ cinéto ; peëore E ventre mediis nigro variegatis ; ma-- culà alarum viridi aureë ; cupri puri colore variante ; rec- tricibus candidis , duodecim intermediis apice nigris, Ta: derna: Briflon. Ormthol. tome VI, page 344. iv 296 Hifloire Naturelle rudition, que cés noms appartiennent ex= clufivement à l’oifeau dont ileftict quef- tion ; le tadorne étant le feul auquel on puïffe trouver, avec le renard, un-rap- port unique & fingulier , qui eft de fe giter comme lui dans un terrier. C’eft fans doute par cette habitude naturelle, qu'on a d'abord déligné le tadorne en lui don- nant la dénomination de renard-oie ; & non-feulement cet oifeau fe gîte comme le renard , mais il niche & fait fa couvée dans des trous qu'il difpute & enlève or- dinairement aux lapins. lien attribue de plus au vu/pan/er; linftinét de venir , comme la perdrix, sofirir & fe livrer fous les pas du chaf- feur pour fauver fes petits; & c’étoit Fo- pinion de toute l'antiquité, putfque les Égyptiens qui avorent mis cet oïfeau au nombre des antmaux facrés Le figuroient dans les hyérogliphes, pour fignifer la tendrefie généreule d'une mère/4); & en efiet l'on verra par nos obfervations le tadorne offrir précilément ces mêmes traits d'amour & de dévouement maternel. (b) Vid. Pieri, in Orum, Lib, XX, du Canard, = 297 Les débainations données à cet oi- fau dans les langues du Nord, fucsh- gans ou plutot fucsh-ente en Allemand (canard-renard ); en Anglo-Saxon, berg= ander (canard-montagnard); en Anglois s Eurroug-duks (canard- “pi ) (c),n'attef- tent pas moins que fon ancien nom, l'ha- Pitude fingulière de demeurer Due de terriers pendant tout le. temps de la nt- chée. Ces derniers noms caractérifent mê- me plus exactement que celut de yulpan- fer le tadorne, en le réuniffhant à la fa- mille des canards, à laquelle en effet :l appartient & non pas à ceile des oxes; il'eft à la vérité un peu plus grand que Île nya commun , & 1l a les jambes un peu plus hautes ; maïs du refte fa figure, fon port & fa conformation font femblabl es, & 1l ne difière du canard que par for | se qui eft plus relevé, & par les cou- leurs de fon plumage, qui font plus vives, plus belles, & qui, vues de loin, ont le plus grand éclat; ce beau plumage eft coupé par grandes mafles de trois cou- Dre D D re SE PTE TEA Ne RE LE ET NE Le me ir M > ne Éns (c). Suivant Willughhy, quèd à in. foranunibus ca . niculorum nidificer. Ny° 298 Hifloire Naturelle leurs , le blanc, le noir & jaune-canelle ; a tête & le cou jufqu'à la moitié de fa longueur, font d’un noir luftré de vert; le bas du cou eft entouré d’un collier blanc, au-deflous eft une large zone de jaune-canelle qui couvre la poitrine & forme une bandelette fur le dos; cette même couleur teint le bas-ventre ; au- deflous de Faile, de chaque coté du dos, règne une bande notre dans un fond blanc, les grandes & les moyennes pennes de Tatle font noires, les petites ont le même fond de couleur, maïs elles font lurfantes & luftrées de vert : les trois pennesvor- fines du corps ont leur bord extérieur d'un jaune- canelle & l'intérieur blanc ; les grandes couvertures font noires & les pe- tites font blanches. La femelle eft fenfi=. blement plus petite que le mâle, auquel du refte elle reflemble mème par les cou- leurs ; on remarque feulement que les re- flets verditres de la tête & des aïles font moins apparens que dans Îe mâle. Le duvet de ces offeaux eft très-fin & très-doux fd) ; les pieds & leurs mem- (d) Plume mollifime , utin eider, Linnæus, Faure Suec. du Canard. 299 branes font de couleur de chaïr ; le bec _eft rouge, mais l'onglet de ce bec & les narines {ont noires ; fa forme eft, comme nous lavons dit , fime ou camufe , fa partie fupérieure étant très-arquée , près de la tête , creufée en arc concave fur les narines, & fe relevant horizon- talement au bout en cuillère arron- die, bordée d’une ramure aflez pro- fonde & demi-circulaire ; la trachée pré- fente un double renflement à fa bifur- cation fe). Pline fait l'éloge de la chair du tadorne, & dit que les anciens Bretons ne con- noïfloient pas de meïlleur gibier ff). Athénée donne à fes œufs le fecond rang pour la bonté après ceux du paon; il ya toute apparence que les Grecs élevoient des tadornes , purfqu'Ariftote ob{erve {g) que, dans le nombre de feurs œufs, x sen trouve de clairs; nous n'avons pas eu occalion de goûter de la chair, n1 des œufs de ces oïfeaux. | (e) Willughby. — (f) Suaviores epulas, olim , vulpanfere non noverat Britannia. Pim. Lib. X, cap. xx1I1. (g) Lib. IL, eap. 1. N vi 300 Hiftoire Naturelle IT paroït que les tadornes fe trouvéht dans les climats frords comme dans les pays tempérés , & qu's fe font portés juf- qu'aux terres auftrales /A); cependant Tefpèce ne s'eft pas également répandue fur toutes les côtes de nos régions gs dut trionales /3). Quoiqu'on ait donné aux tadornes. le nom de canard de mer /#), & qu’en eflet ils habitent de préférence fur les bords de la mer, on ne laïfle pas d'en rencon- tirer quelques-uns fur des rivières //) où des lacs même affez élotgnés dans les terres (m) ; mais Le gros, de lefpèce ne quitte pas les cotes; chaque printemps 1l en aborde quelques troupes fur celles de et (?) A Ia côte de Diemen, par 43 deorés de Jatitude , j'ai compté en oïfeaux de mer, “des ca- mar ds , dès: farcelles, des tadornes. Cook , Second Voyage , tame 1, page 229. (à) Habitantem reperimus in füla Gosse. Fauna Suec. (&) Anas mariima. Gefner. (4) Primo vere in fluviis filuta glacie apparet. Schwenckfeld. (m7) M. Salerne parle d’un couple de tadornes vus fur un étang en Sologne, Hifhoire des Oifeaux , Page 414, du Canari. _ 3901 Picardie , & c'eft-à qu'un de nos meil- eurs Correfpondans, M. Baïllon , a fuivi les habitudes naturelles de ces oïfeaux, fur lefquels 11 à fait les obfervations fur- vantes, que nous nous faïfons un plaifir de publier 1cr. | ce Le printemps, dit M. Baïllon , nous amène Îles tadornes, mais toujours ence petit nombre: dès qu'ils font arrivés ils ce fe répandent dans les plames de fables ce dont les terres voifines de la mer fontce ici couvertes; on voit chaque couple ce errer dans les garennes qui y font ré-ce pandues , & y chercher un logementce parmi ceux des lapins ; 1l y a vratfembla- ce blement beaucoup de choix dans cettece efpèce de demeure, car ils entrent dansce une centaine avant den trouver unece ” qui leur convienne. On a remarqué qu'ilsce. ne sattachent qu'aux terriers qui ontce au plus une toife & demie de profon-« deur, qui font percés contre des à-dosce ou monticules & en montant, & dontce l'entrée , expofte au midi, peut êtrece aperçue du haut de quelque dune fort ce élorgnée, ce Les lapins cèdent la place à ces nou-ce F AN A TA OS CUT ÉONE 2 L E & « S ù ÿ Mae 302 Hifloire Naturelle veaux hôtes, & n’y rentrent plus. 2 Les tadornes ne font aucun nid dans ces trous ; la femelle pond fes premiers œufs far le fable nu, & lorfqu'elle eft à 3la fin de fa ponte , qui eft de dix à 3 douze pour les jeunes , & pour les vieil- 2les de douze à quatorze, elle les enve- #loppe d’un duvet blanc fort épais dont »elle fe dépouille. 3% Pendant tout le temps de l'incubation 1 qui eft de trente jours, le mâle refte »aflidüment fur la dune , A ne s’en éloi- »gne que pour aller deux à trois fois le _ssjour chercher fa nourriture à la mer ; 3le matin & le foir la femelle quitte fes œufs pour le même befoin , alors le 3>mâle entre dans le terrier, fur-tout le 3»matin , & lor{que la femelle revient, 1} #retourne fur fa dune. »> Dès qu'on aperçoit au printemps u un s>tadorne ainfi en vedette , on eft afluré 35den trouver le nid: ; 1l fuffit pour cela 3 d'attendre lheure où ïl va au terrier; » fi cependant 1l sen aperçoit, 1l s'envole du coté oppofe , & va attendre la fe- s)melle à la mer; en revenant ils volent #long-temps au-deflus de la garenne, + à À HE Card AA 204 jufqu'à ce que ceux qui les inquiètent fe ce foient retirés. ce Dès le Jendemain du jour que la cou-ce vée eft éclofe, le père & la mère con-ce duifent les petits à la mer, & s'arran- « gent de manière qu'ils y arrivent ordi-ce naïrement lorfqu'elle eft dans fon plein :« cette attention procure aux petits l'a-ce vantage d'être plus tôt à l'eau, & dece ce moment 1ls ne paroïffent plus à terre. « Il eft difücile de concevoir: comment cc ces oïfeaux peuvent, dès les premiersce jours de leur naïflance, fe tenir dans « un élément dont les vagues en tuent es fouvent des vieux de toutes les efpèces. ce Si quelque chafleur rencontre la cou-ce vée dans ce voyage , le père & la mèrece s'envolent ; celle-cr affecte de culbuterce & de tomber à cent pas, elle fe traînece fur le ventre en frappant la terre de fescs arles, & par cette rule attire vers ellece Je chafleur ; les petits demeurent 1m-ce mobiles jufqu'au retour de leurs con-« ducteurs , & on peut fi lon tombes deflus, les prendre tous fans qu'aucunce fafle un pas pour fuir. & ee ep ne” SA: d VV EE RE IS cu = < < HA " Er n : ÿ 54 re 304 Hifioire Narirelle »> J'ar été témoin oculaire de toùs ces faits ; j'ai déniché plufeurs fois & vu » dénicher des œufs de tadornes ; pour »cet effet on creufe dans le fable en fui- » vant le conduit du terrier jufqu'au bout ; »20n y trouve la mère fur fes œufs, on les emporte dans une srofle ctofle de laine , couverts du duvet qui les enve- »loppe , & on les met fous une cane; » cÎle élève ces petits étrangers avec beau- »2coup de fom, pourvu qu'on ait eu Fat- s>tention de ne lui laïfler aueun de fes » œufs. Les petits tadornes ont en naïf » fant le dos blanc & noir, avec le ven- ntre très-blanc, & ces deux couleurs bien nettes les rendent très-jolis; mais bien- »2t0t ils perdent cette première livrée & >> deviennent gris ; alors le bec & les pieds >:font bleus ; vers le mois de feptembre »»1ls commencent à prendre leurs belles > plumes , maïs ce n'eft qu'à la feconde année que leurs couleurs ont totit leur > éclat. >» J'ai lieu de croïre que le mâle n'eft » parfaitement adulte & propre à la gé- s>nération que dans cette feconde an- TRS à Mob L. du Canard. 30$ née //n) ear ce neft qu'alors que pa-ce roît le tubercule rouge -fanguin quice orne leur bec dans la farfon des amours, & qui pañlé cette faïfon s’oblitère ; orce cette efpèce de produétion nouvelle , ce paroît avoir un rapport certain avecce les parties de la génération. ce Le tadorne fauvage vit de vers dece mer, de grenades, où fauterelles quice s'y trouvent à millions , & fans doutecs aufli du frai des poiflons & des petitsce coquillages qui fe détachent & s'élèvent ce du fond avec les écumes qui furnagent ; 6e la forme relevée de fon bec lus donnec beaucoup d'avantage pour recuerliir cesce diverfes fubftances , en écumant , pour « ainfi dire, la furface de l'eau, beaucoup ce {n) « La vie affez longue du tadorne, paroît confirmer le fait de fa croïffance tardive ; Phiverse dernier , il m’en eft mort un âgé de onze ans ;6 & il auroit vécu plus long-temps , mais ïl étoitse devenu très-méchant, s’étoit rendu le maître des toute la baffe-cour ; excepté un canard mufqué« plus fort que lui, avec lequel il fe battoit fans cefle ; on crut conferver le plus foible en le ren-c fermant ; mais il mourut peu de temps après ,«e lutôt d’ennui de fa prifon que de vieilleñle, « Note de M. Ballon. 306 : Hifloire- Naturelle »» plus légèrement que ne peut faire Île > canard. FES 9% Les jeunes tadornes élevés par une s»cane s'accoutument aïfément à la do- s»mefticité & vivent dans les bafle-cours 3 comme les canards; on les nourrit avec »» de la mie de pam & du grain. On ne »> voit jamais les tadornes fauvages raflem- »blés en troupes, comme les canards , soles farcelles, les fiffleurs : le mâle & la 55 femelie feulement ne fe quittent point; »20n les aperçoit toujours enfemble , foit s> dans la mer , foit fur les fables; tls 5 favent fe fufhire à eux-mêmes, & fem- : 92 blent en s'appartant contracter un nœud »»indifloluble ; le mâle au refte fe montre 9 fort jaloux (0); mais, malgré l'ardeur (o) «La domefticité qui adoucit les mœurs , #en même temps les corrompt ; j’ai vu dans ma »baffe - cour un tadorne mâle s’accoupler deux années de fuite avec une cane blonde , & ce- »»pendant faire toujours à fa femelle les mêmes scarefes ; il avoit alors cinq ans. Ce mélange a »produit des métis qui n’avoient du tadorne que nle cri, fe bec & les pieds ; les couleurs ont été sscelles du canard ; il n’y avoit de différence que #fous la queue qui a confervé la teinte jaune. J'ai gardé pendant trois ans une femelle de ces métis , du Canard. 307 de ces oïfeaux en amour , je n'ai ja-ce maïs pu obtenir une couvée d'aucune ce femelle, une feule à pondu quelquesce œufs au hafard, ils étoient inféconds ;ce leur couléur ordinaire eft une temtecc très-lésère de blond fans aucune tache , ce ts font de la grofleur de ceux desce canes , mais plus rond. ce Le tadorne eft fujet à une maladiece fmgulière; éclat de fes plumes fe ter-ce nit , elles deviennent files & huïleules, ce & loifeau meurt après avoir langurce péndant près d'un mois. Curieux dece connoïtre la caufe du mal, j'en at ou-cc vert plufeurs, je leur aï trouvé le fangcc difloûs & les principaux vifcères em-ce barraflés d’une eau roufle, vifqueufece & fétide ; j'attribue cette maladie auce défaut de fel marin , que je crois né-ce ceflaire à ces oïfeaux , au moins de temps ce en temps, pour divifer par fes pointesce la partie rouge de leur fang, & entre-ce tenir fon unron avec la lymphe, ence difloivant les eaux ou humeurs vif-ce ele n’a jamais voulu écouter ni les canards nics les tadurnes. » Note de M. Baillon, 308 Hifloire Naturelle » queufes que les graines dont ils vivent 2 dans les cours, amaflent dans leurs in- teftins, 4 18 Ces obfervations détaillées de M. Baïl- lon ; ne nous laïflent que fort peu de chofe à ajouter à lhiftoire de ces oi- feaux, dont nous avons fait nourrir un couple fous nos yeux; ils ne nous ont pas paru d'un naturel fauvage ; ils fe larflorent prendre aïfément; on les tenoït dansun jardin où on {eur donnoit la liberté pen- dant le jour, & lorfqu'on les prenoït & quon les tenoit à la mam, ïls ne far- forent prefque pas d’eflorts pour s’échap- per ; ls mangeoïent du pain, du fon, du blé & même des feuilles de plantes & d’ar- brifleaux ; leur cri ordinaire eft aflez femblable à celur du canard, maïs 1 eft moins étendu & beaucoup moins fré- quent, car on ne Îles entendoit crier quë fort rarement ; ils ont encore un fecond cri plus foible quoiqu'aigu , uute, uute, qu'ils font éntendre lorfquon les fat brufquement, & qui ne paroïît être que lexpreflion de la crainte; 1ls fe baïgnent fort fouvént , fur-tout dans Îles temps Dm. XVI. | à FL | Ep PL. X17: 27.308. il } AA ANAL: ETUI jt . ke ‘ “Jeu Mug) RUN e0 a EL " \\ RSR \ + NE > N° STI ns ll | HN NASA : | \ \| 1j] |}! À \ NA = it qu 1 HE \ ÿ ON à ù Aie (LI À > }} ( 1) ) j))} 77 / // / L A L 7) LL) 12 CL LL == Z TT eZ LE TADORNE. vai le EE 5 57 4 + LA ? ‘ee du Canard. 309 doux & à l'approche de la pluie; ils magent en fe berçant fur l'eau, & lorf- qu'ils abordent à terre, ils fe dreflent fur leurs pieds, battent des aïles & fe fe- couent comme les canards; 1ls arrangent aufli très-fouvent leur plumage avec le bec ; ainf les tadornes qui reflemblent beaucoup aux canards par ‘la forme du corps, leur reflemblent aufli par les ha- bitudes naturelles, feulement 1ls ont plus de légèreté dans les mouvemens , & _ montrent plus de gaieté & de vivacité ; ils ont encore fur tous les canards, même les plus beaux , un privilége de Nature qui n'appartient qu'à cette efpèce; c'eft de conferver conftimment & en toute fafon les belles couleurs de leur plumage: comme ïls ne font pas difhcikes à priver, que leur beau plumage fe remarque de loin & fait un très-bel effet fur les pièces . d'eau, 1l feroit à defrer que l’on püt ob- tenir une race domeftique de ces otfeaux; mais leur naturel & leur tempérament femblent les fixer fur la mer & les éloigner des eaux douces ; ce ne pourroit donc être que dans les terreins très-voifins des 310 Hifloire Naturelle eaux falées, qu'on pourroit tenter avec efpérance de fuccès leur multiplication en domefticité, | *LE MILOUIN. (a) 2. Muzrouin eft ce canard que Belon défigne fous le nom de Cane à tête rouffe 5 il a en effet la tête & une partie du cou . # Voyez les planches enluminées, 1.° 803. (a) En Brie, moreton; en Bourgogne, rougeot$ en Catalan, buixof, dans le Bolonoïs , co{o roffo ; en Allemand, rot-hals, rotent , mittelent, wilde- grawe-endt, braun koepfichte endte ; en Siléfien , ëraux endte ; en Anglois, pochard ; red-headed ‘widgeon , commom grey 11dgeon. : Cane à tête ruuffe. Belon , Nat. des Oifeaux , page 173.— Albin, tome IT, planche 08,—— Jonf ton ; Avi. pag. 08.— Anas fera fufta vel media. Gefner, Avi. pag. 116; & Icon. Avi. pag. 76. — Klein, Avi. pag 132, n.° 5.— Anas fera fufca vel mediæ magnitudinis. Aldrovande , Au. tom. IN, pag..201.— Anas ‘fera-fufca Gefueri | Aldrovandi. Willughby , Omit. pag. 238. — Ray, Synopf. Avi. pag. 143, n.° a, 10,— Anas fuféa. Jonfton, Awi. page 97.— Marfiol. Danub. tom. V', page 122, pl. 59.— Anas fica , quibufdam media. Charleton , Exercit, page 105 , n.° 9. Onomazt. page 09 , duCanard. : 31x d’un brun-roux ou marron ; cette cou- eur coupée en rond au bas du cou, eft fuivie par du noir ou brun-noirâtre, qui fe coupe de même en rond fur la poitrine & le haut du dos; l'aile eft d’un gris teint de noiïrâtre & fans miroir; mais le dos -& les flancs font joliment ouvragés d'un Kiéré très-fin, qui court tran{verfalement par petits zigzags noirs dans un fond gris- de-perle. Selon Schwenckfeld , la tête n.° 9.— Anas fera oËtava feu erythrocephalos primus. Schwenckfeld , Avi. Silef. page 201. Anas mediæ Sewenckfeidi. Rzaczynski , Æuétuar. page 357. — Anas fera capite fubrufo minor. Wiughby , page 282 (paroît être la femelle ). — Penelops primus, Ornithologi. Aldrovande ; tome IIL, page 218. — Penelope. Joñfton, Avi. page 98. Charleton, Exercit. page 106 , n.° 3. Onomazt. page 100, n,° Q.— Anas cinerea verticc & colo ferrugineis. Barrère, Ornithol, caf. 1, Gen. 1; Sp. 9. — Arias alis cinereis immaculatis , uropygio nigro, Linnæus, Fauna Suec. n° 107. — Anas ferina. Idem, Syf, nat. ed. X , Gen. 61, Sp. 27. — Le canard bran. Salerne , Orajthol. page 422. — Anas fupernè cineree- albo & fufto, infernè cinereo-albo & grifeo tranfverfim € undatim ffriata ; capite & collo caflaners ; corpore anteris fuliginofo ; imo ventre dorfo concolore ; re&rici- - bus cinereo-fufcis ... Penelope. Le millouin. Brifons tome VI, page 384 | | 312 Hiffoure Naturelle de la femelle n’eft pas roufle comme celle du mâle , & n’a que quelques taches rouf- fitres. | Le milloun eft de la grandeur du tadorne , maïs fataïlle eft plus lourde ; fa forme trop ronde lui donne un air pe- fant ; 1l marche avec peine & de mau- vaile grâce, & 11 eft obligé de battre de temps en temps des aïles pour conferver l'équilibre fur terre. | on cri reflemble plus au fiflement grave d'un gros ferpent, qu'à la voix d'un oïfeau; fon bec large & creux eft très -propre à fouiller dans la vafe , comme font les fouchets & les morillons, pour y trouver des vers & pour pècher des petits porflons & des cruftacées. Deux de ces oïfeaux mâles que M. Baïllon a nourris l'hiver dans une bafle-cour, {e tenoïent prefque toujours dans l’eau, ls étoient forts & courageux fur cet élément & ne sy laifloient pas approcher par les autres canards, 1ls les écartoïent à coups de bec; mais ceux-c1 en revanche les battorent lorfqu'ils étorent à terre; & toute la défenfe du millouin étoit alors de fuir vers leau. Quorqu'ils fuflent privés e Ca ET EM | PTS & Pa devenus: familiers, onne pu les conferver long-temps , parce qu'ils e peuvent marcher fans fe blefer les ms 4e le fable des allées d’un j jer din les incommode autant que le pavé d'une cour , & quelque foin que prit M. Baïllon de ces deux mullouïns, ils ne vécurent que fix femaines dans leur captivité, - ge Je crois, dit ce bon Obfervateur, que ces oïfeaux appartiennent au Nord: les miens reftoient dans Veau pendant la nuit, même lorfqu’il geloit beaucoup: ÿce ils s'y agitoient aflez pour empêcher « qu'elle ne fe plaçät autour d'eux. ce. Du refte, ajoute-t-1l, les millouinsee ainfi que les morillons & les garrots, ce mangent beaucoup & digèrent auf ce promptement que le canard; 1lsnevécu-ce rent dabord qe de pain mouillé ,c enfuite ds le mangeoient fec, mais ils necc Pavaloïent ainfi qu'avec peine, & étoientce obligés de boire à chaque inftant ; je n'atce pu les accoutumer à manger du graïn;ce les morilons feuls paroïlient aimer lac {emence du jonc de maraïs. 15 M. Hébert, qui en chafleur atcgtif & même ingénieux, a fu trouver à la Oifeaux, Tome XVII, O 1 « d à a LRO de te NON RER CS DC ab À AE Ne : CA * RAR T HO POST SE RER Re De + RE. RAA re EE RSR 7 * riaua > 1 314 Hifloire Naturelle chafie d'autres plaifirs que celui de tuer: a fait fur ces oïfeaux , comme fur beau- coup d'autres, des obfervations intérefe fantes. «C'eft, dit-il, lefpèce du mil- 52 louin, qui, après celle du canard fauvage; 322Mma paru la plus nombreufe dans les 5contrées où j'ai chaflé. Il nous arrive nen Brie, à la fin d'oétobre, par troupes sde vingt à quarante; äl a le vol plus prapide que le canard, & le bruit que 2 fait fon aïe eft tout difiérent; la troupe. forme en laïr un peloton ferré, fans 3» former des triangles comme Îes canards 2 fauvages; à leur arrivée ils font inquiets, >>1ls s'abattent fur les grands étangs, link sotant d'après ls en partent, en font plu- »2 fieurs fois le tour au vol, fe pofent une 3 feconde fois pour aufli peu de temps, »difparoiflent , reviennent une heure ssaprès, & ne fe fixent pas davantage. 2» Quand j'en ai tué, c'a toujours èté par zhafard avec de très-gros plomb, & 2lorfqu'ils faifoient leurs différens tours ren l'air, ils étoient tous remarquables par une grofle tête roufle, qui leur & »valu Île nom de rougeor dans notre ts Bourgogne, | | _ duCanard, 3r$ _Gn ne les approche pas facilementce fur les grands étangs, ils ne tombentce point fur les petites rivières par lagelée, ce ni à la chûte fur les petits étangs (),ce & ce n'eft que dans les canardières dece Picardie que lon peut en tuer beau-ce coup ; néanmoins ils ne laïflent pas d'ètrece aflez communs en Bourgogne , & on ence- voit à Dijon aux boutiques des rotif-ce feurs pendant prefque tout l'hiver. Jencc ai tué un en Brie au mois de juillet, parce (b) « Comme on ne tue que rarement de ces oifeaux en Brie , il m’a été impoflible d’en réunirce plufieurs pour les comparer ; mais je fuis fort« porté à croire qu’on confond fous la même dé-« nomination de moreton , morillon , fc. deux efpècesce & même trois ; le millouin ,n.° 803 des planches enluminées , le chipeau, n.° 958 & le canard fif-se fleur , no 825. Ces trois efpèces ont beaucoup decc rapport ; leur plumage gris plus ou moins rem-se bruni , ondé de traits noirs, femblables à desc traits de plume, feur donne un air de famille ;6e Hs voyagent enfemble. Connoît-on bier Îles mâlesce & les femeliles dans chacune de ces efpèces ! 4e Suite de la note de M. Hébert, qui nous fait voir qu’en Brie, & peut-être en plutieurs autres en- droits, les noms de morillon , moreton , font mal ap- pliqués & donnés vulgairement au millouin, au chipeau , ou encore à d’autres canards. 0j " = ce | Hiflité. Narurlle une très-grande c chaleur ; 1l me par > fur les bords d’un étang au milieu c ES 3) boss, dans un endroit fort folitaire : s. d » Étoit accompagné d’un autre, ce qui me » feroit croire qu'ils étoient apparés fe. » que quelques couples del efpèce couvent. en France dans les grands marais. TS Nous ajouterons que cette même efpèce s s'eft portée bien au-delà de nos contrées, car il nous eft arrivé de la Louiliane un milloun tout femblable à celui de France; & de plus, on reconnoît le même oïfeau dans le guapacheanauhrli de Fernandez Co) que M. Briflon, par cette raïon a'nommé nillouin du Mexique (d). Quant à la variété dans l'efpèce du miliouin de France, donnée par ce dérnier Ornithologifte 24. fous l'indication de millouin noir , nous ne pouvons que nous en tenir à ce qu'il en dit (e); cette variété du millouin ne nous étant pas connue. | CRE È RE TER ETES En RTE See ii Li SRE RSS SE ui: Nos (c) Anatis feræe genns, capite > Collo ,'peëtore &c ventre fulvo . :. Alis cum dorfo è fufco fulyoque tranfe verfis tæniis variis.., Fernand, cap. 104 ; pag. 52. {d) Ornithologie tome. VI, page 390. (e) Ornithol. page 289.— Anas fera fufce alias Aldrovande, 4p2 tome JI , page 221: | ÿ 2/4 4 f L é É z = se PT ae. 624 D AE. 28 k : NT LT - ï : 7 Se PP. # LA nee: SP LE 7e "} 4. Fed gr CMIILOUINAN. D BEL OREAU ; ae nous Boat ‘connoïflance à M. Baillon , eft de la taille ‘du milloum, & fes couleurs ; quoique différentes, font difpofées de même : par ce double rapport nous avons cru pou- “voir ut donner le nom de #illouinan. Ïl a la tête & le cou recouverts d'un grand domino noir à reflets yert-cuivreux , coupé en rond fur la poitrine & le baut du dos; le manteau eft joliment OuUvVrAgÉ d'une petite hachure noirâtre, courant légèrement dans un fond gris-de-perle ; deux pièces du même ouvrage, mais plus ferré, couvrent les épaules; Fe croupion eft travaillé de même; le ventre & leftomac font du plus beau blanc; on peut remarquer fur le milieu du cou l'empreinte obfcure d’un collier roux; le bec du mrilouinan eft moins long & plus "e que celui du millouin. . -L'individu que nous décrivons . a Qté F Payer les’planches enluminées, . 1002. G x] + 318 Hifloire Naturelle tué fur la côte de Picardie; & depuis, ün autre tout-à-fait femblable , finon qu'il eft un peu plus petit, nous eft venu de la outfiane. Ce n’eft pas, comme on fa déjà vu, l2 feule efpèce de la famille du canard qui fe trouve commune aux deux continens ; néanmoins ce millouinan, qui m’avoit pas encore été remarqué nt décrit, me paroît fans doute que rarement fux nos cotes, CRELS | RUE CAR. R O: Fm TL; GARROT eft un petit canard dont le plumage eft noir & bianc, & la tête remarquable par deux mouches blanches # Voyez les planches enluminées , n.° 862. (a) En Lorraïne , canard de Hongrie ; en AÏ- face, canard pie; par les Italiens, gwatrr'occhi; en Anglois, oolden-eye ; en Allemand , Kobel-ente’, ftraus- endie; & aux environs de Strasbourg, weiffer dritt- vogel; par quelques-uns , klnger; en Suédois, Knipa ; & dans la province de Skone , dopping, Clangula. Gefner | vi. page 119.— Idem, con. Avi. page 79, une mauvaife figure de la tête. — Jonfion, Ævi. page 07. — Linnæus , Sy{. nat. ed. X, Gen. 61, Sp. 20. — Anas clangula. Aldre- du Canard. ‘319 ‘pofées aux coins du bec, qui de loin “emblent ètre deux yeux placés à côté des deux autres, dans la coiffe noïre luftrée de vert qui lut couvre la tête & le haut du cou; & c'eft de: que les Italiens iut ont doriné le nom de quatr'occhi ; les Anglois lenomment golden-eye, œil d'or, à raïon de la couleur. jaune - dorée de l'iris de fes yeux, la queue & le dos font noirs, ainfi que Îes grandes pennes } _vande, 4vi. tome III, page 224. —Kleïn, Art, page 133, n° 12.—.4ias platyrinchos. Aldro- vande, Avi. tome [Il, page 224:— Anas platy- finchos inas Aldrovandi. Wiliughby, Ornirhol. pagé 282.— Ray, Synopf. page 142, n.° a, 8. —Kiéins page 135; n.° 27.— Marfiol. Danub. tome V, page 114, tab. £S.— Anas fera fèxta feu crifrata, _Schwenckfeld, 4. Silef. page 200.— Rzaczynski, AuËtiur. page 357. — Peut plongeon. Albin, tome, page 83, planche 06.— Le éanard aux yeux d'of, Salerne ; Ornithol, page 420.— Anas nigro alboque ‘ garlegata ; capite nigro-viridr ; [inu oris alba macula. Linnæus, Fauña Suecica, n.° 100.— Anas fupeinè nig'a ; infernè alba , capite & collo fupremo nistis ; violaceo € viridi-aureo colore variantibus ; macula urri que rofftum inter & oculum , collo infimo , teéricibas alarum fuperioribus mediis & remigibus interimediis car: didis; retricibus nigricantibus... Clangula. Le gaïrot. Brion ; Ornithol, tome VI, page 415. | IV D ARTS 0 EN OS en ET SE £ « LA DEN Cu (2 . - . Tr L'innt “+ ENT. VS ue TE Da. ! es BAT MS Che 2h © RSR - SR A SN SN NN ee CR fers sr Min à 4 ; vi EL \ - + = < 320 Hifloire Naturelle à de Taïle, dont la plupart des couvertutes #ont blanches; le bas du cou avec tout le devant du corps eft d’un beau blancs les pieds font très-courts & des mem- branes qui en réuniflent les doigts s'éten- dent jufqu'au bout des ongles & y font adhérentes. 5 | La femelle eft un peu plus petite que le mâle, & en difière entièrement par les couleurs qui, comme on Fobferve généralement dans toute la grande famille du canard, font plus ternes, plus pâles dans les femelles; celle-ci les a grifes ou brunâtres où le mâle les à notres, &c gris- blanches où 11 les à d'un beau blanc; elle n'a ni le reflet vert à la tête, n1 la tache blanche au com du bec (4). | _ Le vol du garrot quoïqu'aflez bas, eft très-roide & fait fiffler l'air (c); 1 ne crie pas en partant, & ne paroit pas Être fi défant que les autres canards. On voit de petites troupes de garrots fur nos étangs pendant tout l'hiver, mais 1is difpa- (à) Aldrovande. (c) Clangula ab alarum clangore , que firmifimæ € non fine foro in volatu moventur, Idem. ARRET ; * SAME rar OR 1. roiflent au sPREterips: & Bis doûte Vocf nicher dans le Nord; du moins Linnzus, dans | une courte notice du Fauna Suecica , dit que ce canard fe voit l'été en Suède, & que dans cette faïfon, qui eft celle de là nichée, ï Le tient das des creux “d'arbres. M. Baïllon qui a fr de tenir de ques garrots en domefticité, vient de nous communiquer les obfervations fui- -vantes,. F ce Ces oïfeaux, dit-1, ont maïgri confi- - dérablement en peu de temps, & n'ôntce pas tardé à fe blefler fous les pieds, ce lorfque je les aï faifié marcher en liberté; ce ils reftorent la plupart du temps çcoient contre leurs grilles, vers les autres # oifeaux qui les approchoïent; j'étois »»parvenu, avec beaucoup de peine, à leur apprendre à manger du pain, maïs »1ils ont conftamment refufe toute efpèce. »>de grams. »- Le pgarrot, ajoute cet attentif Obfèr- »vateur, a de commun avec le millouimn 2: & le morilion, de ne marcher que d'une »»manière pernée & difhcile, avec eftort, x & ce femble avec douleur; cependant 13 ces oïfeaux viennent de temps en temps #à terre, maïs pour sy tenir tranquiles 31 & en repos, debouts ou couchés fur Îa s2grève, & pour y éprouver un plaihr + qui leur eft particulier. Les oïfeaux de nterre reflentent de temps en temps 2rle beform de fe baïgner, foit pour purger 2 leur plumage de la pouflière qui Fa +2 pénétré , foit pour donner au corps une 31 datation qui en facilite les mouvemens, 3& ils annoncent par leur gaieté en > quittant l'eau, la fertfation agréable qu'ils » éprouvent; dans les oïfeaux aquatiques , au contraire, dans ceux fur-tout qui | du Canard, #4 523 tefteñt un long temps dans l'eau, lesce plumes humeëtées & pénétrées à lac longue ; dorinent infenfiblement pañlage ce à l'eau, dont quelques filets doiventce gagner jufqu'à la peau; alors ces oïffeaux ce ont befoin d'un bain d'air qui defsèchece &' contracte leurs membres trop dilatésce par humidité ; ils viennent en effetec au rivage prendre ce bain fec dont ilsce ont befoin, & la gaieté qui règne alorses dans leurs yeux & un balancement lentce de la tête, font connoitre Îa fenfitionce agréable qu'ils éprouvent ; maïs cece befoin fatisfait, & en tout autre temps, ce les garrots, & comme eux, les miflouimnsee & les morillons, ne viennent pas volon-ce tiers à terre, & fur-tout évitent d'yce marcher, ce qui paroit leur caufer unece extrème fatigue; en effet, accoutumésce à fémouvoir dans l'eau par petits élans ,ce dont limpulfñion dépend d'un mouve- es ment vif & brufque des pieds, 1lsce apportent cette habitude à terre, &es n'y vont que par bonds, en frappantce fi-fortement le foi de leurs larges preds, cs que leur’ marche fait le même bruitce qu'un claquement de mains; ils s'ardent ce PA v} 324 : Hifloire Naturelle de leurs aïles pour garder Téai 3>qu'ils perdent à tout moment, & fon les prefle, ils s'élancent en jetant leurs” »»piedsen arrière &tombent fur l'eftomac; nieurs pieds d’ailleurs fe déchirent & {e > fendent en peu de temps par le frotte- »»ment fur le gravier ; il paroît donc que _»cesefpèces, uniquement nées pour l'eau, 3» ne pourront jamais augmenter le nombre s5des Colontes que nous en avons:tirées pour peupler nos bafles-cours. 13. “SE MORILLON. (4) | ni Fe Morizion eft un jolt petit canard; qui pour toutes couleurs n'offre, lorfqu’on le voit en repos, qu'un large bec bleu, _ * Voyez les planches enluminées, r.° 100, (a) En Brie, Le jacobin ; fur la Somme , du temps de Belon, coté; en Allemand , /Cheel-ent., fchilt-ent, skel-endt , lepel-ganz ;'em Anglois, fpoon: bill d duck ; en Suédois , brunnacke. Morillon. Belon , Nat. des Oïfeaux , page 165 3; & Portraits d’oifeaux , page 33, b, mauvaife figure. :— Glancium. Gefner , Avi. page 108. — Aldre- vande , Avi. tome III, page 218.— Glancius. Jonfion ; ZA». page 97.— Charlton , Exercit. page 106, n.° 4. — Onomazt. page 109, n.° 4. — Glaucium Beilonii, Wiughby , Ormthol. page 287. — Ray , Synopf. Avi. page 144.— Anas platyrin- chos. Gefner , Avi. page 118.-— Aldrovande , tome IH, page 223. — Auas platyrinchos Gefüeri. Muf. Worm. page 301. — Charleton ; Exercir. page 104, n.° 7. Onomazt. page 99 ,n.° 7.— Anatis platyrinchos fpecies. Gefner, Icon. page 79.— Anas platyrinchos minor alter , few anas fulisula alia. Aïdro- vande , tome IIL , page 227.— Anas fera fufca. minor. Willughby, Ornithol. page 281.— Ray, Sy« nopf. Avi. page 143, n.° 11 (peut être la femelle). — Anas fera capite [ub-rufo major: Willughby , page 282.— Ray, page 144, n.° 12, Anas glaucia 326 Hifloire Naturelle un grand domino noir, un manfeau de même couleur, & du blanc fur l'eftomac ;, le ventre & le haut des épaules; ce blanc eft net & pur, & tout le noir eft luifant & relevé de beaux reflets pourprés & d'un rouge-verdifre; les plumes du derïière de la tête fe redreflent en per- nache; fouvent le bas du domrro noïr fur là pottrine eft ondé de blanc; & dans cette efpèce, amf que dans les autres du fera. Barrère, Ornithol. cl. 1, Geñ. 1, Sp. 10. — Apas oculorunt iridibus flavis ; capite grifèo ; coilari cbo. Linnæus, Fauna Suec. n° 104 —.Glaucicu. Idem, Syf: nat. ed: X ,; Gen. 67, Sp. 23. — Reiger ente. Friich ; tome IF, pl: 171. — Le morillun. Sa- lerne, Ornithol, page 423.—Le canard fauvage à sète rouffâtre. Idem , ibid. page 424.— Ans criflata , füupernè fufèo-nigricars + violaceo adumbrata 2 lnfernè alba, in peëtvre & imo ventre fufto vartegata ; capite € coko fupremo f[plendidè nigricantibus ; ad violaceum versentibes ; collo infimo fufco-rufefcente ; tœni4 tranf- pers4 in alis candida ; rebiricibus fufëo uigricartibus | &d violaceum versentitsis (mas). + | Anas fupernè fplendidè fufèa pun&tulis gnifeis «f- perfa , infernè alba , in peëtore & 1mo ventre fufèo varie- gata ; capite € colo fuftis , nigricante paris ; uropygio fufco-nigricante , viridi adumbrato ; tœni@ tranfisrs4 in alis candidä ; re&ricibus fufco-nigricantiors ad y T04@- ecum vergentibus (fœmina) ... Glaucium, Le morillon. Briffèn, tome VI, page 4064 mr Corot 389 Canard, ae couleurs font Get à cer- |taînes variations, qui ne font nullement fpécifiques & qui Là «> 5 reine qu'à Tindividu (6). Lorique le moriHon vole, fon de paroît rayée de blanc: cet effet eft produit par fept plumes qui font en partie de.cette couleur (c); 11 a le dedans des pieds & des jambes rougeâtre & le dehors noir; fa langue eft fort charnue & fi renflée à a racine, qu'il femble y en avoir deux; dans les vifcères 11 n'y a point de véficule du fiel (d). Belon regarde Le mortion _ comme Îe glaucium des Grecs, n ayant, dit-1, rrouvé onc oifèau qui eût l'œil de co JE veronne : & en eflet, le glaucium dans Athénée eft ainfi nommé de a couleur glauque ou vert-d'eau de fes yeux. (è) In hac € in aliis aratibus colores variant in di- verfis individuis. Ray. {c) « H feroit totalement noir par- deffus Ie dos & aelles, n’eftoit que quand on les lui étend ,« Von voit fept plumes en chaque cofté ) qui fase font l’aelle toute Éigarée, ainfi comme à la pre 56 mais au refte toute Paelle , comme aufii ia queue ,6e eft noire, qui reffemblent proprement à cellec d’un cormorant. « Belon, Nat. page 165. {d) Belon, Nat. page 165. ‘ 328 Hifloire Naturelle $ + Le morillon fréquente les étangs & | les rivières (e), & néanmoins fe trouve À auffi fur la mer (f);5 il plonge aflez profondément (#), & fait fa pâture de petits poïflions, de cruftacés & coquil- lages , où de graines d'herbes aquatt- ques (4), fur-tout de celle du jonc: commun ; il eft moins défiant, moins prêt à partir que le canard fauvage; on peut approcher à la portée du fufil fur les étangs, où mieux encore fur les rivières quand il gèle ; & lorfqu'il a pris {on eflor, 1l ne fait pas de longues traver- fées (i). % | M. Baïllon nous à communique {es (2e) «Cet oïfeau de rivière, dit Belon ; com= mun és rivières & étangs de toutes contrées ; » & dans fes obfervations, page 161, ïl dit avoir trouvé le morillon, avec plufieurs autres efpèces aquatiques ; fur Île fac qui eft au-deflus d’An- tioche, (f) Habitat in maritimis frequens. Fauna Suecica. {g) « Sachant faire le plongeon, ïl fe peut con- tenir deflous Veau moult long efpace de temps, ss Belon. (h) Idem, {:) ©Obfervations de M. Hébert, ass PT _ebfervations fur cette efpèce en domef- en peu de temps, qu'ils entroïent dansce la cuifine & dans les appartemens; once les entendoiît avant de les voir, à caufece du bruit qu'ils faffotent à chaque pas;ce. en plaquant leurs larges pieds par terrece & fur les parquets; on ne les voyoitce jamais fatre de pas inutiles, ce qui prouve, ce comme je l'ai dit, que l’efpèce ne marchece que par befom & forcément ; & en effetée ils s’écorchoïent les pieds fur le pavé;ce néanmoins ils ne maïgrifloient que fortce peu, & ls auroïent pu vivre long-cc temps f1 les autres oïfeaux de a bafe- 66 cour les avoient moïns tourmentés, €e 1 me fais” drdeuré joute M: sr quelques individus; conftitue une efpèce wparticulière, j'ai reconnu qu'elle eftun -»des ornemens de tous les mâles. (#} . 2» De plus, les jeunes font dans le s»premier temps d'un gris-enfumé ; cette livrée refte jufqu'après la mue, & ils s»nont toute leur belle ET d'un à “noir brillant qu'à la deuxième année; ssce neft que dans le même temps que le bec devient bleu; les femelles font toujours moins noires & n'ont jamais de huppes. »9 ( k£) J’en ai tué qui avoient fur Je fommet de Ja tête quelques plumes plus Tongues & plus larges que lès autres, ce qui formoit comme une efpèce de huppe peu apparente ; j’en ai tué d’autres qui. n’en avolent aucun veiige. Note communiqué ‘ par M. Hébert. ne plus de trente morillons , pouf to ; . sf la huppe, qui eft très-appärente à Zonz.X TITI, PE XF, PA: K x PE UNE cl ns ‘ it AN NE \ il De eve LE MORILLON,. eÉ- A4 2 AU € rh "n LE + duCanard. 33 = + (LE PE TIT MORILL ON. (a) Anis ce que nous venons de dire de la diverfité que lon remarque fouvent dans le plumage des morillons, nous (a) ML to les Suédois; en Anpglois, tuffted duck; en Allemand , y#ollenten , & par quelques-uns, sufpen; à Veniie, capo negro. — Petit plongeon , efpèce * de canard. Beïon, Nar. page 175. — Siraufz endt. Gefner, Avi. page 107. — Fuligula. Idem , Icon. Avi. page 8o.:—Jonfton , Avi. page 98. — Anas _ fuligula (à fuliginee tottus corporis colore). Gefner , Avi. page 120. — Aldrovande, Avi. tome HI, page 227.— Arias cirrhata. Gener , Avi. page 120. — Aldrovande, tome IIT , page 229. — Jonfton , page 08.— Anas criflata. Ray ; Synopf. page 142, MT & , 7. — Anas platyrinchos minor prior. Aldro- vande , page 228. — ÆAias fukgnla prima Gefneri , Aldorandi. WMughby , Ornithol. pag. 280. — Kfein, Avi. page 133 ; n.° 11.— Rzaczynski, Auëuar. pages 356 & 293. — Querquedala criflata fèu colym- bis Belloni. Aldrovande , tome III , page 210. — Jonfton, page 97.— Charicton , Exercit. page 107, n.° 2. Onomazt. page IO1, n° 2.-— Anas eriflà dependente; corpore nigio ; ventre maculäque ala- rum albis. Linnæus, Fauna Suecic, n.° 99.--— Fuli- gula. Idem , Syf. nar. ed. X ; Gen. 61 ; Sp. 39. — Canard à tête noire. Aïbim , tome L , planche 05. — Le peyit canard à large bec. Salorne, page 419 “332 Hifloire Naturelle. | ”_ ferions fort tentés de rapporter aüxmmêmes caufes accidentelles, la différence de gran- deur fur laquelle’ on s'éft fondé Dour : faire du petit morïllon une efpèce par ticulière & féparée de celle du Morillon ; cette différence en effet eft fi petite, qu'à {a rigueur on pourroit la regarder comme nulle (4}, où du moins la rapporter à celles que l'âge :& les divers temps d’ac- croiffement mettent néceflarrement ‘entre des mdividus d’une même efpèce. Néan- moins la plupart des Ornithologiftes ont indiqué ce petit morïllon comme d'une efpèce différente de l'autre, & ne pou- vant les contredire par des faits poñtifs, “— Anas criflate ; fupernè fufco-nigricans , punétulis. di- latioribus afperfa , infernè albo argentea ; capite & colo fupremo faturatè violaceis ; collo infimo E* ino ventre fufeo-nigricantibus ; urop-'gia faturatè fufta, viridi obf- curo adumbrato ; tœmià t'an/verfà in .alis candida ; rec. ériCLbUS, frlendidè fufois...Glaucitm minus. Le petit morilion. Briffon, tome VI, page 411. (b) Le morillon... du bout du bec à celui de Ia queue, quatorze pouces neuf dignes ; au bouit,des ongles quinze pouces. | | ; Le petit morillon...du bout du bec à celui de la queue, douze pouces fix lignes ; au bout des ongies quatorze pouces dix lignes, Briffon, :n du Canard, 333 nous confignons feulement ici nos doutes que nous ne croyons pas mal fondés, Belon même, que les autres ont fuivi, -& qui eft le premier auteur de cette diftmétion d’efpèces, femble nous fournir une preuve contre fa propre opinion; car après avoir dit de fon petir plongeon, qur eft notre petit morillon, que c’e/£ un Joli oiféau bien trouffé, rond & rac- courci, avec yeux fL jaulnes € luifans. qu'ils font plus claers qu’airin poli. & qu'a- vec le plumage femblable à celur du moril- lon, 1l a de même la ligne blanche par le travers de l'aile; 1l ajoute ce fi eft-ce qu'il s'en faut beaucoup qu'il foit vrar morillon, ce car 1l a la huppe.derrière la tète comme ce le bièvre & le pélican, & toutefois lece - morillon n'en & pot (c}). »» Or Belon fe trompe ici, & ce caractère de la huppe eftune ratfon de plus de rapporter l’oifeau dont 1l s'agit au vrai morillon, qui a en gfiet une huppe (4). FRERE EEE ETS TERRE SERRE EEE {c) Nature des Oïfeaux , page 175. (d) Nota, Belon dit de plus qu’on nomme fox etit plongeon cotée ; nom que nous nous fommes gru en droit de rapporter au morillon. Il conjec- 334 Hifloire Naturelle, &c. = M. Briflon donne encore une variété dans cette efpèce, fous le nom de perit morillon rayé (e); maïs ce n'eft certaine- ment qu'une variété d'âge. ture auffi que. c’eft le co/ymbis ou colymbides des Anciens ; maïs nous avons rapporté ce dernier , avec plus de vraïfemblance, au caflagneux. (e) Briflon, tome 1, page 416. Cet Ornitho- logifte y rapporte la fuligula diéta Gefhnero ; ftaup duck de Willughby , page 279; & de Ray, page 42; H° 4, 6. 1 à far à 35 + #8 | + er, : * 3 3 Lr . RENE 7 reg. “LA MACREUSE,. (a) O: A PRÉTENDU que les Macreufes naïf- foient comme les bernaches, dans des . coquilles ou dans du bois pourri (2) ; nous avons fufifamment réfuté ces fables, dont ici, comme ailleurs, l'Hiftoire Naturelle ne fe trouve que trop fouvent infectée ; les macreufes pondent, nichent & naïflent comme les autres otfeaux; elles habitent Dan nmreenmmrne me C 46 * Voyez les planches enluminées , #.° 978 (a) Les Anglois de Îa province d’Yorck, ’ap- pellent fcoter. — Anas niger ; eboracenfibus fcoter, Wilugbby, Ornithol, page 280. — Anas niger mis nor. Ray ; Synopf. Avi. page 141, n.° a, 5. _ — Anas tota nigra , bazi rofiri gibbâ. Anas nigra. Lin- næus, Syf. nat. ed. X , Gen. 61, Sp. 6, — Le petit canard noir. Salerne, Ornithol. page 417.— La perite macreufe. Idem , page 418.— Anas füpernè fplendidè nigra , infernè mgricans ; tuberculo in exort roféri carnofo rubro , lihe@ flavd divifo ; capite & col nigris , vielacce faturato colore variantibus ; reëtricibas nigricantibus, Anas nigra, La macreufe. Briffon, Orni- thol. tome VI, page 420. (b}) Voyez le traité de l’origine des macreufes , par feù M. Graindorse , de la Faculté de Mont - pellier ; Caen ; 1680 ; & notre article de Îa éertache, 4 #36 Hifloire Naturelle de préférence-les terres & les îles les plus feptentrionales, d’où elles defcendent : en grand nombre le long des côtes de TÉcofle & de l'Angleterre, & arrivent fur les nôtres en hiver, pour y fournir un aflez trifte gibier, néanmoins attendu, avec empreffement par nos folitaires, qui, privés de tout ufage de chair & réduits au poiflon, fe font permis celle de ces_ oïfeaux, dans l'opinion qu'ils ont le fang froid comme les poiflons, quoïqu'en effet leur fang foit chaud & tout aufli chaud que celui des autres oïfeaux d'eau; maïs 1 eft vrai que la chair noire, sèche & dure de la macreufe eft plutot un aliment de mortification qu'un bon mets. Le plumage de la macreufe eft noir; fa taille eft à peu-près celle du canard commun, maïs elle eft plus ramaflée & plus courte, Ray obferve que l'extrémité de là partie fupérieure du bec n’eft pas terminée par un onglet corné, comme dans toutes les efpèces de ce genre; dans le mâle, la bafe de cette partie, près de a tête, eft confidérablement gonflée & prélente deux tubercules de couleur jaune; Îes paupières font de cette même couleur; les doigts kr. 2 0 dela Macreufés 337 les: doigts, font très-longs & Ta langue RUE np SES Be de | t”4 + } s ETES : ? €ft fort grande; la trachée n'a pas de labyrinthe (c),. & les cæcums, font très- courts en comparaïlon de ceux des autres ANS Mid 2 one M. Ballon, cet Obfervateur intelligent & laborieux, que j'ai eu fi fouvent oc- cafñon de citer au fujet des oifeaux d'eau , _ Ma envoyé les obfervations fuivantes. ..& Les vents du nord & du nord-oueft amènent le long de nos côtes de Picardie, ce depuis le mois de novembre jufqu'ence mars, des troupes prodigieufes de ma-ce creufes; la mer en eft, pour aïnñ dire,ce couverte : on les voit voleter fans ceflece de place en place, & par milliers ;ce paroîïtre fur l'eau & difparoitre à chaque ce _inflants dès qu'une macreufe plonge ,cc toute là bande limite & reparoit quel- ce ques inftans après; lorfque les ventsce font fud & fud-eft elles s'éloignent decs nos côtes, & ces premiers vents, auce mois de mars, les font difparoïtre entiè- ce tement. M di #8 | (c) Willughby ; Oruithol. page 280. Oifeaux, Tome XV IL, P > La nourriture favorite des macreufes; eft une efpèce de coquillage bivalve 5 life & blanchître , large de quatre lignés 2: & long de dix ou environ, dont les 22 hauts-fonds de la mer fe trouventjonchés » dans beaucoup d’endroits; il y en a des 3 bancs aflez étendus & que la mer dé- “couvre fur fes bords au reflux. Lorfque 2rles pêcheurs remarquent que, furvant 3» leur terme, les macreufes plongent aux s>Vaimeaux (c'eft le nom qu'on donne ici à ces coquillages), ïls tendent leurs 2) filets horizontalement, mais fort lâches, s>au-deflus de ces coquillages & à deux pieds au plus du fable; peu d'heures s>après, la mer entrant dans fon plein, couvre ces filets de beaucoup d'eau, & les macreufes fuivant le reflux à deux s>ou trois cents pas du bord, là première #»7qui aperçoit les coquillages plonge, ptoutes les autres là fuivent & rencan- s>trant le filet qui eft entre ellés & lappit, selles s'empètrent dans ces maïlles flot- 32 tantes, ou fi quelques-unes plus défiantes, »s'en écartent & pañlent deflous, bientôt selles s'y enlacent comme les autres en sivoulant remontér après s'être repués; 358 Mifhire Naturelle LS À 4 CLS 9 dar dela Macrafé 339 toütes s’y. noyent, & lorfque la merce eft retirée les pêcheurs vont lés détacher ce du filet où elles font fufpendues par la ce tête, les ailes ou les pieds. ce : Jai vu pluleurs fois de cette pêche :c un filet de cinquante toifes de longueur ,cc _ fur une toife & demie de large en prendce quelquefois vingt ou trente douzaines ce dans une feule marée ; mais en revanche « on tendra fouvent fes filets. vingt foisce fans en prendre une fenle; & ïil arrivece de temps en temps qu'ils font emportés ce ou déchirés par des marfouins ou desc sfurgeons. UT D Je n'ai jamais vi aucune macreufe ce voler aïlleurs qu au-deffus de la mer, &cc j'ai toujours remarqué. que leur. vol. eftce bas & mou, & de peu d'étendue; ellesce ne FR cont prefque pas, & fouventc« leurs pieds trempent dans l’eau en vo- ce lant. Il eft probable que les macreufes ce font aufli fécondes que. les canards ,ce car le nombre qui en arrive tous lesce ans eft prodigieux ; &, malgré la quan-ce tité que l'on en prend , fl ne paroît pasce diminuer. 3 Ayant demande à M. Baïllon ce qu’ 340 Hifloire Naturelle penfoit fur la diftinction du mâle & de la femelle dans cette efpèce, & fur ces macreufes à plumage gris , appelées grifettes , que quelques-uns difent être les femelles ; voici ce qu'il m'a ré- pondu. 54% cc La grifette eft certainement une ma= »creufe , elle en a parfaitement la figure; on voit toujours ces grifettes de com- 3 pagnie avec les autres macreules ; elles »{e nourriflent des mêmes coquillages , les avalent entiers, & les digèrent de 32même. On les prend aux mêmes filets ; » & elles volent aufli mal & de la même manière , particulière à ces oïfeaux qui ont les os des aïles plus tournés en ar- “rière que les canards , & les cavités dans lefquelles s’'emboîïtent les deux fé- s»mutrs très-près l’une de l'autre ; con- a formation qui, leur donnant une plus >» grande facilité pour nager, les rend en s»même temps très-inhabiles à marcher; .s & certainement aucune efpèce de ca- s»nards n'a les cuifles placées de cette ssmanière; enfin le goût de la chair eft le mème, 2. J'ai ouvert trois de ces grifettes cet CORRE RSR ARE RS ONE DIESEL DT ( ea red - 341 cé, + & ha 1e {ont vues fe-ce | melles. Ha 7: Favoue franchement que je n'ai pasce aflez cherché à diftinguer les mâles des ce femelles macreufes; j'en aï empaïllé grand ce nombre, je choïfflois les plus noïres &ce des plus grofles, toutes fe font trouvéesce mâles, excepté les grifettes ; je croiscs | cependant que les femelles font unce peu plus petites & moins noires, Où duce moïns qu'elles n'ont pas ce mat de ve-ce Jours qui rend le noir du plumage desce mûles fi profond. » Il nous paroït qu'on peut REP de cet expolé , que les femelles macreufes étant un peu moïns noires & plus grifes que les mâles, ces grilettes ou macreules plus grifes que noires, & qui ne ont pas en aflez grand nombre pour repré- enter toutes les femelles cn lefpèce, ii) | 342 Hi foire Naturelle | ne font en effet que les plis jeunes fe: mrelles qui n'acquiérent qu'avec le temps tout le noir de leur plumage. Après cette première réponfe, M. Bail- fon nous a encore envoyé les notes fur- vantes ;quitoutes font intéreflantes. ec J'ai neu, dit-il, cette année 1781, pendant 2 plufieurs mois dans ma cour , une ma- 1 creufe notre; je la nourriflois de mouillé & de coquillages ; ele oi » devenue très - familière. > J'avois cru jufqu'alors que les ma- » creufes ne pouvoïent pas marcher , que s»feur conformation les privoit de cette 5) faculté ; j'en étois d'autant plus perfuadé, #>que j'avois ramafié pluñeurs fois fur le » bord de la mer, pendant la tempête, » des macreufes, des pingouins & des ma- 32 Careux tous vivans , qui ne pouvoient 2 fe trainer qu à l'arde de leurs aïles; maïs » ces oïfeaux avoient fans doute été beau s»coup battus par les vagues ; cette cir= »»conftance , à laquelle j je n'avois pas fait p>attention , m'avoit confirmé dans mon »erreur; je lai reconnue en remarquant que la macreufe marche bien 8& même mois lentergent que le millouin; elle dela Maurel 343 4e-Palance de même à chaque pas, ence tenant. le corpsprefque droit, & frap-ce _pant la-terre.de chaque pied alterna-ce ‘ tivement . & avec, force.: fa marche eftce -ente; fi on la poufle elle tombe, parce ce que les efforts qu'elle {e donne lui font cc perdre l'équilibre; elle eft infatigablece dans. l'eau, elle court fur les vaguesce Comme le pétrel, & aufli légèrement ;ce mais elle. ne peut profiter à terre de lac célérité de fes mouvemens ; la mienne ce m'a paru y être hors de la place quece Ta Nature a aflignée à chaque être, 6e En eflet , elle y avoit l'air fortce gauche, chaque mouvement lui don-« noit dans tout le corps des fecoufleses fitigantes; elle‘ne marchoiït, que parcs néceflité ; elle fe tenoit couchée ou de-ce bout droite comme un pieu, le becce polé: fur leflomac; elle m'a toujoursce paru mélancolique, je ne l'ai pas vuecs une feule fois {e baigner avec gaieté ,c comme les autres oïfeaux d'eau, dontc ma cour eft remplie ; elle n'entroit dansce le bac qui y eft à fleur de terre, quece pour y manger le pain que je lur jetors ; ce lorfqu'elle y avoit bu & mangé, elle ref-ce P iv 6. À # r- + 344 Hifloire Naturelle _ wtoit immobile : quelquefois elle plon? 2 geoit au fond pour ramafler les miettes » qui s'y précipitoient; fi quelque oïfeau »»fe mettoit dans l'eau & lapprochoït ,; nelle tentoit de le chafler à coups de » bec, s'il réfiftoit ou s'il fe défendoit en. 2» l'attaquant , elle plongeoit, & après >avoir fait deux ou trois fois le tour du “fond du bac pour fuir, elle s’élançoit s2hors de Teau en faifant uné efpèce de nfifflement fort doux & clair , femblable au premier ton d'une flûte traverfière ; 2oc'eft le feul cri que je lur at connu, elle Ie répétoit toutes les fois qu'on 3 l'approchoit. Lg 2> Curieux de favoir fi cet oïfeau peut 2 demeurer long-temps fous l'eau, je y vai retenu de force, elle fe donnoït des s2efforts confidérables après deux ou trois minutes, & paroïfloit fouftrir beau- coup ; elle revenoït au-deflus de Peau aufh vite que du fige; je crois qu'elle »peut y demeurer plus long-temps, parce »qu'elle defcend fouvent à plus de trente > pieds de profondeur dans la mer, pour »> ramafler les coquiilages bivalves & ob- »longs, dont elle fe nourrit. | “dela Macreufe. 34$ _ Ce coquillage blanchâtre ; large deu quatre à cinq lignes, & long de prèse d'un pouce, éft là nourriture princi-cc -pale de cette efpèce ; elle ne s'imufes -pas comme Îa pie de mer , à l'ouvrir ,ce 12 forme de fon bec ne lui en donnex -pas le moyen comme celur de cet oï-ce feau; elle lavale entier & le digère en peu d'heures; j'en donnois quelquefoisc vingt & plus à une macreule , elle encc prenoit jufqu'à ce que fon œfophagec -en fût rempli jufqu'au bec ; alors. fesec & tendre de fes pieds pi bleflée fans » cefle par les graviers qui y pénétroïent; des calus fe font formés fous chaque »jointure des articles, ils fe {ont enfuite xufés au pont que les nerfs étoient dé- 3 couverts ; elle n’ofoit plus ni marcher, 3ntaller dans l eau, chaque pas augmentoit + fes plaies ; je dar mife dans mon jardin 5 fur l'herbe; fous une cage, elle ne vou- » loït pas y manger; elle eft morte dans ma cour te de temps aprés. 23. PS HS ?1. XYZ. pag: 340 1/1 (} LE * [ACÇRI A è ED br Æ Le PEL = Ar — 2" 27 2£ ve. Be = 2" # + ad 3 12 ET A En VOA TA OR AT PA + JP tree fe Ph ein À ’ + + ont à T4 nt no CN - * LA DOUBLE MACRE USE. (a). P ARMI le grand nombre. des Macreufes qui viennent en hiver fur nos côtes de Picardie , l'on en remarque quelques-unes de “beaucoup plus grofies que les autres, * Voyez les planches enluminées , n.° 056. (a) En Suédois fivaerta ; en Anglois , great ; black, duck.. Anas nigra , rofèro nigro ‘rabie E ltéa, Aldrovande,, Avi, tome IIL ; page 234.— Anas niger Aldrovandi. WiHughby , OruithoL page 278. — Ray. Synopf. Avi. page 141,n.° a, 4. — Klein, Avi. page 133, n,° 12.— Rzaczynski, Auëuar, page 357. —-Anas nigra Jonfion, Avi. page 98. — Anas corpore obfcuro ; macul@ ponè oculos lineâque alarum albä. Linnæus, Fauna Suec. n.° 106. — Ana mipricans , macul& ponè oculos lineêque alarum albis. Anas fufca. Idem , Syff. nat. ed. X, Gen. 61, Sp. 5. — Die nérdifÈhe {chwarts ente. Frifch, tome IF, 3 pl. 165, fupplément. — Le canard noir. Salerne,, Ornithol. page 417.— Anas migra ; tuberculo in exorta 20ffri carnofo nigro ; capite € coilo füpremo nigro viref= certibus ; CReUT ponè oculos € tŒ&nià longitudinali ie alis candidis, reëricibus nigris. ( mas). Anas Jufèa ; a macul& ponè oculos & œniÀ longitudinali in als Can= didis; reftricibus fufêis ( fœæmina ). Anas nigra major, a D La grande macreufe. Briffon, Oxnithol. tome VE, page 423. ï P v; 348 Hi ifloire Naturelle ‘qu'on appelle macreufes doubles > _oùtre cette différence de taille, elles ont une tache blanche à côté de ? œil & une bande blanche dans Faïle, tandis que le plu- mage des autres eft entièrement noir; ces caractères fufhfent pour qu'on doive re- garder ces grandes macreufes comme formant une feconde efpèce qui paroït ètre beaucoup moïns nombreule que la première, mais qui du refte lui reflemble par la conformation & par les habitudes naturelles. Ray a obfervé dans l’eftomac & les mteftins de ces grandes macreules, des fragméns de coquillage, le même appa- remment que celur dont M. Baïllon dit que la macreufe fait. fa nourriture de préférence. _ À LR g- à PE 2 12% Pal Ta 2, à » k _ -? dela Macreufe. | ° 1 1 - e L A 6 DS 7 “id +4 ICI 7 (ARR j L pr TNT PER à Cole it A PPS" 7 OR gé. ” é À GR TT Es als | ! A 1 L ha EU ME | AEXESART CÉETLN =, 71 é ir, 49 , L LT ER PTIT ER 17 ; L F se e as L 42 . Pré (L#LA MACREUSÉ.. His TER | CE PRET : - xs t: £;, PTS A (kA.4 FE à VAT ir= rod [a Vi RO RU RÉ RIT A Gun Née id son) Peu | 1 f / 1) CALE LAON PAT OT TS _ repréfenté dans nos planches enlaninées, fous là dénomination dé canard du Nord, appelé /e marchand ; qui cértamement eft de la famille dés macreufes, & que 51 14 DATE : 1 HIS Te + VS ET rs peut-être, à comparer les individus’, nous jugerions ne faife qu'une avec là "pré- ” | HIT RUE fie 2 LA Sd 5: éédente. Quoi qu'il en foit, celle-cr eft bien caractérifée par la largeur de ‘fon .# Voyez les planches enlumihées; 7.2 909$, fous Je nom de Canard du Nord, appelé le! Marchand. ::: 4 _ (a) Great black duck from hudfon's bay. Edwards, Hift. planche 155. — Anfer maximus niger, the whilk dus. Ray} Synopf. Avi. page 138, n.° a, 2.— Anas nigra , vertice nachâque albis maculà nigrä roflri ponè nares. Anas per/picillata. Linnæus, Sy/L. nat. ed: X;, Gen. 61, Sp./22.— Anas nigra; macul@ atrimque in exortu rofiré quadratê nigrä; macula In ver+ tice ; alter@ infernè occipitium triangularibus candidis : zeëtricibus fupernè nigris , fubtùs cinereo fufèis.. . Anas nigra major freti Hudfôhis La grande macreufe de la baie d’Hudfon. Briffon , tome VI, page 428. 350 Hifloire Naturelle, &c. bec aplati, épaté, bordé d’un trait orangé; qui, entourant les yeux, femble figurer des. lunettes (2). Cette grofle macreufe aborde en hiver en Angleterre; elle: S'abat fur les prairies dont elle paît l'herbe (c) : & M. Edwards penfe la reconnoître dans une des figures du petit recueïl d’oifeaux , publié à Amfterdam en 1679, par Nicolas Vifcher, où elle eft dénommée turma anfer, nom qui ferhble avo rapport à fa grofleur qui : furpañle celle du canard commun, & en même temps. -indiquer que ces oïfeaux paroïffent attroupés ; & comme ils fe trou- vent à la baie d'Hudfon, les Hollandoiïs pouvoient-les avoir obfervés au détroit de Davis ; où fe faifoient alors leurs grandes pêches de la baleines 12 Den RS ont mato Qt (8) Ahas:perfhicillata. Linnæuss … SR fe Eat ObE Asign tt | * LE BEAU CANARD HUPPÉ. () L: RICHE plumage de ce beau Canard; “paroït être une parure recherchée, üne _ robe defète que fa coiffure élépante aflortit & rendplus brillante; une pièce d’un beau roux moucheté de petits pinceaux blancs ; couvre le bas du cou & Ia poitrine, & fe coupe net fur les épaules par un trait * Voyez Xés planches enluminées ; 4» 980, beau Canard huppé de la Louifiane; -& h.°,:981;, la RÉ RS ce TS | 2 - (a) The fummer duck. Catesby , Carol. tome I, page 07.— Edwards ; Hif. page & pl 105. — Yflattzonyayauhqui feu Avis varit capitis. Fermander, page 28 ;/ cap. 63.— Ray; Synopf., page :176, — Avis non confiflens. Nieremberg , page -215. — Willughby, Ornithol, page 299.— Añas criflatæ Americana. Kieïn ;. 4pi. page 1345.n.° 21, — Amen rican wood duck. Browne ,' Nat. hf. of Jamaïc. page 481.— Anüs criflé depeñdente duplics ,\viridis cœruleo alboque varia. Sponfa. Limnæus:; Syfe nat, ed. X, Gen. 61, Sp. 37. — Anas criflata ; fupernè obfture fufca , viridi-aureo. colore varians ; anfernè alba ; vertice viridi-aureo ; capite ad latera € cullo Juperiore fplendidè violaceis ; Uneâ fupra oculos candidä ; ‘orifià ex viridi-aureo ; albo €. violaceo variegat& ; peétore safioneo-pinaceo , maculis albis pario; lateribus alba €4 352 Hifloire Naturelle de_ blanc; doublé d'un trait de noir; l'aile eft recouverte de plumes d’un brun qui fe fond en noir à riches reflets d’acier brunt; & celles des flancs, très-finement Alférées' & vermiculées de petites lignes noirâtres fur un fond eris , font joliment rubanées'à la pointe de noir & de blanc, dont les-traits fe déployent alternative- iment, & femblent varier fuivant le mou- veméñt de loifeau; le deflous du corps eft gris-blanc de perle; un pétit touf de cou--blanc-remonte en-mentonnière fous de bec &. jette une échancrure fous l'œil, fur lequel un autre grand traït de même couleur pafle en manière d’un Iong fourci; le deflus de Ta tête eft releve d'une {uperbe aigrette de longues plumes blan- ches, vertes & violettes ; pendantes em arrière Cornme une chevelure, én pen- nigro itranfverfim flriatis; maculé alarum viridi-aureé , cæruleo €7 yiolaceo:colore variantes tœniâ éaudidé in- fernè donata ; re&tnicibus-binis intermediis obfcurè piridie -aureis ÿ tribus utrimique proximis exterius concoloribus ( mas). je : Anas criflata , in toto; corpore fufca (fœmina). Anas æfliva. Le.canard d'été, Briffon , Ornithok tome VE, page 35. | ROETE (At A € RE | AMG ttard 148 faches féparés par de plus petits penna- . ches blancs; le front & les joues brillent . d'unduftre de bronze; l'iris de Fœil ef _ rouge; le bec de même avec une tache noire au-deflus, & l'onglet de la même ‘couleur; fa bafe eft comme ourlée d'un rebord charnu de couleur jaune. Ce beau canard eft moins grand que Îe canard commun, &c fa femelle eft aufli fimplement vêtue qu'il eft pompeufement paré ; elle eft prefque toute brune, ayant néanmoins , dit Edwards, quelque chofe de l’aigrette du mâle. Cet Obiervateur _ ajoute que l’on a apporté vivans plufieurs de’ces beaux canards de la Caroline en Angleterre , maïs fans nous apprendre s'ils fe font propagés ; ïls aiment à fe percher fur les plus. hauts arbres, d'où vient que plufeurs Voyageurs les indt- quent fous le nom de canards branchus (b). Par celui de canards d'été, que leur donne : Catefby, on-peut ‘juger qu'ils ne féjour- nent que pendant l'été en Virginie & à (b) «Les plus beaux oïfeaux que j'aie vus” dans ce pays (‘au Port-royal de PAcadie) , fonte Jes canards branchus qu’on appelle ainfi ; parceu 3 j4 Hifloire. Naturelle à la Caroline (c);1effeétivement ils y!nt< chent, & placent leurs nids dahs les trous que les pics ont faits aux grands :" #qu’ils perehent ; rien n’eft plus beau ni mieux mélangé que la diverfité infinie des vives cou- æleurs qui compofent leur plumage 5’ mais j’en nétois encore moins. furpris que de Îles voir per- »chés fur un fapim ;iun hêtre, un chêne, & de »les voir faire fleurs petits dans un creux de quel- #quun de ces arbres, qu'ils y élèvent jufqu’à #ce qu'ils foient aflez forts pour dénicher ; & e- lon leur naturel, aller avec leurs père & mère nchercher à vivre dans les eaux. Is font bien »différens des communs qu’ils appellent roirs, & “qui le font prefque effectivement fans être ‘va- nriés comme les nôtres; les branchus\ontle corps »plus fin & font. auf plus délicats à manger. Voyage au Port-royal de l’Acadie, par M. Dierville ; Rouen, 1708 ,; pagé 112. —« On en voit une nefpèce que nous appelons canards branchus ; qu #fe juchent fur les arbres , & dont le plumage . meft très-beau par la diverfité agréable des cou- leurs qui le compofent. » Nouvelle reiation de Va Gafpéfie ; par le P.. Leclerc ; Paris, 1691 ; page 485. (c) Nota. Suivant Île Page Dupratz, on ‘les voit toute l’année à Îa Louïfiane. « Les canards »branchus font un peu plus gros que nos cer- “celles; leur plumage eft tout-à-fait beau, & fi schangeant , que la peinture ne pourroit limiter ; »ils ont fur la tête une belle houpe des couleurs ples plus vives, & leurs yeux rouges paroifient 4 SZ FA. f -- , du beau Canard huppé. 355$ arbres voifins des eaux, particulièrement aux cypres; | les vieux portent les petits du nid dans leau, fur leur dos, & ceux- ci au moindre danger s y attachent avec le bec (d). Er moment x | enflammés. ‘Les naturels ornent leurs calumetsce eu pipes de la peau de leur cou ; leur chair efte très-bonne, cependant quandielle eft trop graffece elle fent lhuile. Cette efpèce de canard n’efts point pañagère , on en trouve én toute faïfonc & elle fe “perche > Ce que ne font point lesc autres; c’eft de-là qu’on Îles nomme brancus, Le Page Dupratz, tome II, page 1141 (4) Catesby , page 97. 356 Hifloire Naturelle + LE PETIT CANARD 4 GROSSE TÊTE. (a). C: rerir CANARD, qui eft de taille moyenne entre le canard commun & Îa farcelle, à toute là tête coiffée d’une touffe de longs effilés agréablement teints de pourpre avec reflets de vert & de bleu; cette toufle épañfle groflit beaucoup fa tête, & c'eft de-là que Catefby a nommé tête de buffle (bufflels head duck) cé petit canard qui fréquente les eaux douces à la Caroline; 1l a derrière l'œ1rl une large tache blanche ; les aïles & le dos font marqués de taches longitudinales noires (a) Buffel’s headed duck. Catesby, Caron. tomel, page OS. — Anas munor capite purpureo. Klein , Avi. page 1343 n.° 19.— Anas bucephala. Linnæus , Syfl. nat, edit. X', Gen. 67% Sp. 19. — Anas fu- pernè nigra , infernè alba capite viridi-aureo , cærules & violaceo colore variante ; genis, vollo , pennis [capa- laribus & fafciâ fupra alas longitudinali candidis ; rec- zricibus grifeës {mas ). Anas in toto corpore fufca Cfœm.) Anas hyberna. Le çanard d’hiver. Briffon, tome VI, page 349. des Canards, 357 & blanches alternativement ; la queue eft grife; le bec plombé & les jambes font rouges, : La femelle eft toute brune avec l tête ünie & fans touffe. Ce canard ne paroît à la Garifiaé que l'hiver: ce n’eft pas une raïfon pour le . nommer, comme a fait M. Briflon, canard d'hiver; parce que comme 1 exifté né- ceflairement aïlleurs pendant l'été; ceux qui pourtoient l'obferver dans ces con- trées, auroïent tout autant de raïfon de T appeler canard d’étés NS de Se ES TZ © we Da De EE AE NAT SRE CSC FA \ 358 Hifloire Naturelle (*LE CANARD 4 COLLIER. DE TERRE-NEUVE. (4) 4e CANARD de taïlle petite, courte & arrondie, & d'un plumage obfcur;, ne lafle pas d'être un des plus jolis orfeaux. de {on genre : indépendamment des traits blancs qui coupent le brun de fa robe, fa face femble être un mafque à Tong nez noir & joues blanches; & ce noir du nez fe prolonge jufqu'au fommet de la tête, & s'y réunit à deux grands fourcils roux * Voyez les planches enluminées , n.° 798 5 & n.° 799 fa femelle. x (a) Canard brun & tacheté: Edwards , page & planche 99.— Anas hiflrionica. Linnæus , Sy, nat. ed. X, Gen. 61, Sp. 30. — Anas fufco-nigrie cans ; capète fuperiore & collo nigris; maculâ utrimque roftrum inter & oculum , alterâ ponè oculum , & 1œni4 longitudinali ad coll: latera candidis ; torgue in medio albo , ad margines fplendidè nigro ; tœniâ tranfierfà ad exortum alarum concolore; peËore cinereo-cæruleféente ; lateribus rufis ; uropygio nigro-cæruleftente , reétricibus fufcis... Anas torquata ex infulà Terre-novæe. Le canard à collier de Terre-neuve. Brifon, tome VI, page 302. é” Sites Canaris: - 359 éu d'un rouge-bai très-vif; le domino hoir ; dont Te cou eft couvert; eft bordé & coupé au bas par un petit ruban blanc, qui apparemment a offert à l'imagination des pêcheurs de Terre-neuve, Fidée d’un cordon de néblefe, puifqu'ils appellent ce canard he lord ou le fetoneur (b)5 deux autres bandelettes blanches’ liférées de noir, font placées dé chaque côté de la poitrine qui eft gris-de-fer ; le ventre ef gris-brun; les flanc {ont d'un roux-vif, & l'aile offre un miroir bleu-pourpré ou couleur d'acier brunt ; on.voit encore tiné mouche blanche derrière Voreiïlle, & une petite ligne blanché 1 AERRAtAR IE je le côté du cou. . LIRE La femelle na . rien. de. ea Cdbié parure, fon vêtement eft d'un gris-brun notritre fur la tête & le’ nianteau; d’un gris-blanc {ur le devant, du cou & la poitrine; & d'un blanc pur à leftoimac & au ventre; leur groffeut eft à peu-près celle du nine & ïs ont le bec fort “court & petit pour leur taïlle. On reconnoît Fefpèce de ce canard D ( b) Edwards, 360 Hifloire Naturelle dans: l'anas pidla.capite pulchrè fafciata de Steller, ou.canard des, montagnes du Kamtfchatka (c), & dans. Fanas hiftrio- nica de Linoæus > qui paroït en Jflande, fuivant le témoignage de M. Brunnich (d), &.:qu'on retrouve non-feulement dans le notd-eft de lAfie , mais même fur le: lac Baïleal.. felon la relation. de M. Georgi , quoïque Krachenninikow aït regardé cette efpèce .comme., 0 4 & PARU E au Kamtfchatica ( e). | Ce ) os Pifiore générale des | Voyages , 10e XIX , page 273. | | (d) Orrithologie boréale. Pref. (e) H dit qu’en automne on trouve Îles fe- melles dans les rivières, mais qu’on n’y voit point de mâles ; il. ajoute que ces Oïfeaux font fort fupides , & qu’on les prend aifément dans les eaux claïres; car lorfqu’ils voient un homme au lieu de $’envoler , ils plongent , & on les tue au fond de Peau à coups! de perche. mt de FARMER tome.Il , «Page 59: | 115 -à Pr « ry LE ve E Ce: H: “ a ‘ | ge + à | h > v œ < Fr 4 . ” : : À de. ts 3 6i PAR LA À !, r 3 2 À ne % ". + Fr 7/8 3 4 Hi, CANARD BRUN. | a une trop grande différence de taille, la reflemblance prefque entière de plumage | nous eut fait rapporter cette éfpèce à celle de la farcelle brune & blanche où canard brun & blanc de la baie d’Hudfon d'Edwards (4): mais celui-ci n'a exactement que la taille de la farcelle; & le canard brun eft de grofleur moyenne entre le canard fauvage & le garrot. Au refte , il eft probable que l'individu re- préfenté dans la planche , n’eft que la fe- inelle de cetterefpèce ; car elle porte la fee obfcure propre dans tout le genre des canards au {exe feminin. Un fond brun- noirâtre fur Le dos, & brun -rouf- sâtre nuëé de gris“blanc au cou & à Ia poitrine ; le ventre blanc avec une tache blanche fut Vale, & une large mouche te) de même couleur entre l'œil & le bec, = a — # Voyez les planches enlumimées , n.° 1007. (a) Voye ci-après, parmi les farcelles , Ia dix-feptième efpèce. Oifeaux. Toine X WI. Q 362 Hifioire Naturelle font tous les traits de fon plümage , & c'eft peut-être celui que l’on trouve in- diqué dans Rzaczynski , par cette courte : notice, Lithuana polefia alit innumeras : anates inter quas funt nigricantes (b): il ajoute que ces canards noirâtres font connus des Rufles fous le nom de wAle. (b) Hift. nat. Polon. page 269. Le L. Novs PRÉFÉRONS cette dénomination : donnée par Edwards, à celle de canard de la baie d’Hudfon ; fous laquelle M: Brion indique cet oïfeau; premiè- rement , parce qu'il y a plufieurs autres Cahards à la bare d'Hudfon ; feconde- ment, parce qu'une dénomination tirée d'un caractère propre de lefpèce eft tou- jours préférable pour la défigner à une indication de pays, qui ne peut que très- rarement étre excluñve. Ce canard à tête grile } eft coïfié aflez fingulièrement d’une (a) Grey headed duck. Edwards | Hifl page & planche 156.— Anas fpeétabilis. Linnæus , Syfl, nat, ed, X, Gen. 61, Sp. 4. — Anas fufto-nigri- cans ; fupernè ad purpurafcentem colorem inclinans ; capite fuperiore dilutè cinereo cæruleftente ; triplici in fronte ; duplici [ub gutture , tœniâ & oculorum ambitu nigris ; Rens pallidè vieftentibus ; gutture , colo , pec= tore , maculà in als , alter in utroque uropygti latere candidis , reétricibus faturatè fufcis... Anas freti Hud- fonts. Le canard de a baie d’Hudfon. Brffon , some VI, page 365. k Q5 °m 364 Hifloire Naturelle Calotte cendrée-bleuâtre ; tombante et pièce carrée fur le haut du con, & fé- parée par üne ‘double ligne de points noirs , femblables à. des guillemets, de. deux plaques d'un vert-tendre qui cou- vrent les joues; le tout eft coupé de cinq mouftaches noires , dont trois s'avancent en pointé {ur le haut du bec, &'les deux autres s'étendent enarrière fous fes angles la gorge , la poitrine & le cou font blancs; le dos eft d'un brun-norrâtre avec reflet pourpré; les grandes pennes de l'aile font brunes ; les couvertures en font d'un pourpre ou violet- foncé , luifant, & chaque plume eft terminée par un point blanc, dont la fuite forme une ligne tranf- verfhle; dy a de plus une grande tache blanche fur les petites! couvertures de l'aile, & une autre de forme ronde de chaque coté de la queue ; lé ventre eft noir : le bec eft rouge, & fa partie fupe- rieure .eft féparée en deux bourreléts , fuivant l'expreflion d'Edwards ; 4-peu- près à des fèves. C'eft , ajonte-t-1l, 1a partie la plus remarquable de la conforma- tion de ce canard, dont la taïlle furpañle al Le. :i à act if iientic en, x TEE qui, dans leur renflement, reflemblent, _. L 1 nee HE. 36 $ selle :du co. domeftique : : néanmoins nous devons : remarquer que la femelle du, _ canard\à collier de Terre-neuve ; planche enlummée, n.° 799 , a beaucoup de rap- port avec ce Canard à tête grife d'Ed- wards: la principale différence conffte en ce que les tentes du dos font plus foires dans la planche de ce Naturalfte, & que da joue y cf peinte de verdätres 119 366 Hifloire Naturelle “ vai vas URLE CANARD A\ FACE BLANCHE, | Nous DÉSIGNONS ce Canard par le ca- ractère de fa face blanche , parce que cette indication peut le, faire xeconnoître _au premier coup-d’œil; en‘eflet ;.ce qui frappe d'abord en le voyant, eft {on tour de face tout en blanc, relevé fur la tête d'un voile noir, qui, embraflant le de- vant & le haut du cou, retombe en ar- rière ; latle & la queue font noirûtres ; le refte“du plumage eft richement cha- marré d'ondes & de feftons.denowitre , de roufsitre & de roux ; dont la teinte plus forte fur le dos, va jufqu'au rouge- briquete fur la poitrine & le bas du cou. Ce canard, qui fe trouve au Maragnon, eft de plus grande taille & de plus grofle corpulence que notre canard fauvage. nm # Vayez es planches enluminées , n.° 808 , fous Je nom de Canard du Maragnon. | . du Canard. 367 LE MAREC(a) & LE MARÉCA (b) _CANARDS DU BRESIL. M ARÉCA ef, fuivant Plon. le nom générique des canards au Brefñl , & Marcgrave donne ce nom à deux efpèces - (a) Moreca anatis Sylvefiris [pècies. Marcgrave , Hif. nat. Brafil. page 214. — Jonfion, page 146. Ilathera duck. Catesby , tome I , page 03.— Anas Bahamenfis. Klein, Avi. page 134, n.° 18. — Lin- næus, Sy/ nat. ed. X , Gen. 61, Sp. 14. — Anas Sylveftris Bra/ilienfis mareca di&a prima Marcgravii. W i- Iughby, Ornithol. pag. 292.—Ray , Synopf. pag. 149; n° 4.— Le mareca. Salerne , p. 436. — Anas fupérnë fufco-rufefcens; infernè grifeo-rufeftens ;nigricante punétu- lata ; macuià utrimque in exorturofht triungulari auranti ; capite fuperiore grifeo-rufeftente ; genis , gutture & collo inferiore candidis; maculà alarum viridi , tœniâ fupernè flavicante , infernè primum nigrâ , dein latiftul@ flavi- cante donata ; reétricibus grifeis-... Anas Bahamenfis, Le canard de Bahama. Briffon , Ornithol. tome VI, page 355. F * {b) Mareca, alia fpecies. Marcgrave, page 214. —Jonfion, page 147. — Anas Brafilienfis ; mareca dita tertio Marcgravit. Willughby ; Ornithol, page 293. — Ray, Synopf. Ari. page 149, n.° 5. — Autre Q iv. 368 à H floire Naturelle ù & « À v “SAW ER 0 CENTER E | È se 3. Le À et ENT | s qui ne paroïflent pas fort éloignées l'une de l'autre, & que par cette raifon nous donnons-enfemble , en les. diftimguant “néanmoins fous les noms de marec & maréca. La première eft, dit ce Natura- Ifte, un canard de petite taille qui a le bec brun, avec une tache rouge ou oran- gée à chaque coin; la gorge & les joues blanches, là queue grife, Paile parce d'un miroir vert avec un bord noir. Catesby, qui a décrit le même oïfeau à Bahama, dit que ce miroir de l'aile eft bordé de jaune ; maïs 1] y a d'autant moins de raifon de défigner,cette efpèce fous le nom de canard de Bahama, comme a fait M. Brif- fon, que Catesby remarque expreflément Qu'il. y paroït très-rarement, n'y ayant jamais vu que l'individu qu'il décrit (c). . Le maréca;, feconde efpècé de Marcgrave, { mareca. Salèrne, page 437. — Anas füpernè faturatè fufca ; infernè obfcurè grifea , ad aureum colorem ver- gens ; macul@ utrimque roffrum inter € oculum rotund4 albo-flaveftente ; gutture albicante ; macul@ alarum viridi- cœruleà , tœnmi@ nigrâ infernè donata ; reëricibus ni- grise. . Anas Brafilienfis. Le canard du Bréfil ;, Briflon, tome VL, page 360. Ce) Carolin. tome 1, page 93, sie Craie 3 pe 9 eft de la même taille que l'autre, &ilale bec & la queue noirs; un miroir luifant de vert & de bleu fur ? hd, dans un fond brun; une tache d'un blanc-jaunûtre, pla- cée, comme dans l’autre, entre l'angle du bé & l'œils les pieds d’un vermillon ; qui mème après la cuiflon, teint les doigts en beau rouge, La chair de ce dernier, ajoute-t- rl, eft un peu amère ; celle du premier ef excellente, néanmoins les Sau- vages la mangent rarement, craïgnant, difent-1ls, qu en fe nourriflant de la chair d'un animal qui leur paroït lourd, ils ne deviennent eux-mêmes plus sppefantis êc moins évers à la courle (d). (4) Hs ont des canards (au Brefil) dent île ne mangent pas, de peur de devenir tardifs & pefans comme ces oïfeaux, ce qui feroit caufe, difent-ils ; qu is feroïient facilement vaincus paï léufs ennemis. Cette même raïon les empêche de -manger de quelqu’animal que ce foit qui marche où qui nage pefamment. Poyag de Fran- gois Coréal aux Indes occidentales ; Faris ; 1722 3 iome 1, page 178. péter ve H 1e Natirelle ÎLES SARCELLES. rt La rc FORME que la Nartisa. 4, le ira à nuan- cée, variée, multiplie dans les oifeaux d can. eft celle du canard : après le grand nombre des-efpèces de ce genre dont nous venons de faire l'énumération , il fe préfenté un genre fubalterne, prefque auf nombreux que celui des canards ; & qui ne femble fait que pour les repré {enter & les reproduire à nos yeux fous un plus petit module; ce genre fecon- daire eft celur des farcel les, qu'on ne peut mieux défigner en géi lnéral, qu'en difant que ce font des canards bien_plus petits que les autres; mais qui, du refte leur reflemblent, non-leulement par les habi tudes tue par la conformation, & par toutes les proportions relatives de la forme (a), mais encore par Fordonnance (a) «La farcelle, dit Belon, feroït en tout »femblable À un canard, fille n’etoit plus pe- ptite, & qui fe fizure un canard de petite cor- pulence , aura image de la farcelie. » :S Srcelihe) L RE fur ge, & même par la grande diffé rence des couleurs qui fe trouvent entre: les mâles & les femelles. : _ On fervoit {ouvent des farcelles à la tible des Romains (8); elles étoient aflez _eftimées pour qu’on prit la peine de les multiplier en. les élevant en domefti- cité (c), comme les canards; nous réuf- firions fans doute à les élever de même; mais les Anciens donnoïent apparemment plus de foins à leur bafle-cour, & en général beaucoup plus d'attention que nous à Tléconomie rurale & à l'agri- cuiture. Nous allons donnés La defcription des efpèces différentes de farcelles, dont quel- ques-unes, comme certains canards, fe (b) «Elle étoit en grande effime ez banquets des Romains ; & n’eft pas moins renommée exc cuifines françoïfes , tellement: qu’une farcellec fera bien fouvent auffi chérement vendue comme une grande oye ou un chapon ; la raifon eft quecc chacun cognoift qu’elle eit bien délicate. » Belon. (ce) Nam claufe pafcuntur, Anates, cire tend Bofthides, Phalerides , fimilefque polucras que flag £7 paludes rimantur. Colum. De re rufi. Qv LA APRES ER ES On. Ni ER DR) ON LM de. LRO D 372 Hiffoire Naturelle font portées sÉpRmeErots des conti: neEDE AL) 0) SES RES NE. * : : fx. 1 “ ( d) ‘Sarcelles » dans les campagnes au Chily.. * Frézier, page 74: — A la côte de Diemen. Cook. Second Voyage, tome 1, page 229. —— Dans la baie. du cap Holland , au détroit de Mageïian, Wallis, some II du premier Voyage de Cow, page. 6%» — Dans le port Egmont, en grande 5: tt Ed slt 6 pe coinmodore dass Le Ibid ” 2 | | +,: L 7 | 2 3 Æ: | ‘des Sarcelles. 373 KLA SARCELLE COMMUNE. (a) . Première efpèce. | SA FIGURE eft celle d’un petit canard, & fa groffeur celle d’une perdrix; le Citdee du pee avec des Re moins Briantés (#7) Voyez les planches enluminées , n.° 946 (le mâle). (a } En Grec, Bôcras 3 & chez les Grecs mo- dernes, pappi, dénomination générique ,;appliquée à toutes les efpèces du genre des canards («les Grecs n’ont didtions en leur Yüloaire, pour dif-«s tinguer les oifeaux de rivières, fiproprement.quew nous faïfons ;.car ils nomment indifféremment Îesss farcelles & morlché dix ne de canard, qu'ilss appellent pappi. » Obfervations de Belon, Z». 1), En Italien , fartella , cercedula ; cerceyole , Eds $ en Efpagnol , cerceta ; en Allemand, murentlein ; mittel-entle , fcheckicht-endtlin , fpreuglicht-endte.; ,en bas Allemand, crak: kafona ; & dans quelques. en- droits, comme aux environs de Strasbourg , kernells, felon Géfuer:: ; en Rufle, rchirka ; à Madagafcar » firire ; dans quelques unes de nos provinces > £arr fotte, fuivant Belon; en d’autres, Aa/äran:;, dans POrléanois | la Champagne , la Lormine » aTca® getie ; dans le Milanois & dans notre province de Picardie; gareaney. | |! . ES Fe COTES e 2 \ ‘ | RUES : 374 Hifloire Naturelle | que celur du canard, n’en eft pas moins riche en reflets agréables, tes feroit guére pofhible de rendre par une defcrip= Sarcelle,. Belon, JNat. des Oifeaux , page 175. — S'arcelle > cercelle , cercerelle , alebrande ; garfotte. Idem; Portrait d'Oifeaux , page 37, b, mauvaïle figure.,— Boftas. Gefner, Avi. page 104. — Ker- nell, feu querguedula varia. Idem, ibid. page 107. — Anas mediocris. Idem , ïbid. page 117 ÿ la fe- melle, — Klein, Av. page 131, n.° 4. Quer- guedula varia, Cefher, Icon. An, page 77.— Rzac- &ynski, Auëlucr. hifl, nat. Polon. page 46.— Boftas Bellouü. Aidrovande , Avi. tome III, page 208 ; avec les figures prifes de Belon, page 548. — Quer- quedula prima. Idem , ibid. page 204 , avec une trésmauvaife figure , page 549.— Anas kernel circa argent ratum di&a. Idem ; 1bid. page 210. — Jonfion, Avi. page 97. — Phafèas forte Gefhero: Willughy, Crnithol. page 289 (il paroît qu’il s’agit de la femelle): Ray, Synopf. Avi. page 137, n°a,4, e— Querquedula prima Aildrovandi. Wiuebby, Or- nithol. page 291. — Ray ; Synopf. Avi. page 148, n.° 8.— Querquedula varia Gefheri, prima Aldrovandr. Klein, 4vi.p.132,n.°8, — Querquedula, kernell circa areentoratum diéta. Charleton, Exercit. p.107, n.° 33 & Onomazt. pag. 101, n° 3, Écrras à Croxw, pafco ; pafcui avidif me indulget. Idem, page 100 ; on voit que Charleton dérive le nom grec de la farcelle (bofcas) d’une racine qui fignifie manger avec avidité ; mais cette étimologie ne devoit pas lu être plus propre qu’au canard, vu qu’il eft teut au moins auf vorace. Suivant M, Frifch, le nom ses. S arcelles. CA. TS tion; 2. devant | du corps. préfente. un beau plaftron tu de noir fur gris, & et de Mirale, je, ente Où PE le à fignifie canard 1 rampant , & paroît en effet con- venir à un petit canard à jambes baffes , &: qui va fe oliffant & fe pouffant fous les rofeaux : &! dans Pherbe: des rivages. Quant au nom françois arcelle il paroît clairement qu’il eft dérivé du latin quer- guedula. — Anas fera decima-quinta ; feu minor tertia. A Schwenckfeld , Avi. Silef. page 204. — Anas fera guinta , feu édid (a femelle y, Idem , page 199. — Anas maculàalarum viridi > line albä fupra vculos, Linnæus , Fauna. Suecic, n° 108.— Idem , Syf. nat. ed. X, Gen. 61, Sp. 28. — Frifch, tome I{, planches 74 & 75 ( mâle & femelle y. — 2 fisrbelles Salerne, Ornithol. page 433. — La farcelle à tête noirâtre. Idem , page 435: — Anas fupernè fufca ; marginibus pennarumn gr feo- rufeféentibus , infernè alba, ad latera nigricante trahfpér fine ffriata ; capite > collo Jüpremo fufco-rufefcentibus ; lineolis longitudinalibss albis varlis; vertice É? occipitio fufto-nigricentibns , lineolis longirudinalibus albis varus ; vertice & occipitio fufco- migricantibus ; tœni@ fupra oculos candidà ; peëtore rufef= cente , fufco eleganrer variegato: maculà alarum viridi- aureû , tœn:@ al füpernè € imfernè donata ; re@ticis bus grifeo-fufcis, exteriùs albido marginatis (mas), .. His fupernè fufca , marginibus pennarum gr! feo-rufef- centibus , peétore fapremo c concoiore , infernè alba ; capite € collo rufeftentibus ; maculis fuftis variegatis ; ma- cul@ alarum nigricante , viridi aureo PRE TAN , tœniê alba inferius donard ; reëricibus quatuor wir mque ex- timis orifeo-fufèis , exteriès albido marginatis (œ mina ). Querquedula. Briffon, Ornithol. tome VI, page 427 _— _ 376 Hifloire Naturelle comme maïllé par petits carrés tronqués renfermés dans de plus grands, tous dif pofés avec tant de netteté & d'élégance; qu'il en réfulte l'effet le plus piquant; les côtés du cou & les joues jufque fous les yeux, font ouvragés de petits traits de blanc, vérmiculés {ur un fond roux; le deflus de la têté eft noir, ami que la gorge; mais un long trait blanc prenant fur l'œil va tomber au-deflous de la nuque; des plumes fongues & tarllées en pointe , couvrent les épaules & retombent fur l'aile en rubans blancs & noirs, les cou- vertures qui tapiflent les aïles: font ornées d'un petit miroir vert ; les flancs & le croupion préfentent des hachures de gris- noirâtre fur gris-blanc ;. &: {ont mou- chetées aufli agréablement que le refte ROUES 6 EN AN ANA ARS La parure de 1a femelle eft bien plus fimple ; vètue:par-tout de gris &.de gris- brun, à ‘peine remarque-t-on quelques ombres d'ondes où de feftons fur fa robe ; 1 n'y a point de noir fur la gorge (4), . (b) Fémina magis decolor ; gulà nigrä caret. Faura Suecica. — YŸ a telle différence du mâie à la ie- de CE 151 377 | Comme LE le mâle, & en général dy a tant de différence entre les deux fexes dans les farcelles, comme dans les canards, que les chafleurs peu expérimentés les méconnoïffent , & leur ont donné les noms impropres de tiers , racanettes , mercanetres ; en forte que les Naturaliftes doivent ici, comme ailleurs, prendre garde aux faufles dénominations, pour ne pas multiplier les efpèc=s fur la fule dif rence des couleurs qui {a trouvent dans ces oifeaux; il feroit même très-utile, pour prévenir erreur, que fon eût foim de. repréfenter la femelle & le mâle avec _ Teurs vraies couleurs, comme nous l'avons fait dans quelques-unes de nos planches _enluminées, Le mâle au temps de + de fait Chtéhdre un cri femblable à celui du râle; néanmoins la femelle ne fait guère fon nid dans nos provinces (c), & prefque melle de farcelle , que celle qu’on trouve ez canes & canards...Le plus fouvent les femelles font grifes autour du cou, & jaunâtres par-deffous Je ventre ; brunes deflus le dos, les ailes & le croupion. Belon, Nat. page 175- à {c} M.. Salerne dit n’avoir jamais vu fon nid dans fa partie de lOrléanois où il a oblervé, 378 Hifloire Naturelle tous ces oïfeaux nous quittent avant le 15 ou 20 d'avril (d); ïls volent par bandes dans le temps de leurs voyages, mais fans garder, comme les canards, d'ordre régulier; ils prennent leur eflor de deflus l'eau & s’envolent avec beau- coup de légèreté; 1ls ne fe plongent pas fouvent, & trouvent à la furface de l'eau & vers {es bords, la nourriture qui leur convient; les mouches & les graines des plantes aquatiques font les alimens qu'ils choiïfifient de préférence. Gefner a trouvé dans leur eftomac de petites pierres mêlées avec cette pâture ; & M. Frifch , qui a nourri quelques couples de ces oïfeaux pris jeunes, nous donne les détails furvans fur leur manière de vivre dans cette efpèce de domefticité commencée. « Je pré- s:fentat d'abord à ces farcelles, dit-11, wdifiérentes graines, fans qu'elles tou- aschaflent à aucunes; maïs à peine eus-je ” : 2 fait pofer à coté de leur vafe d’eau un namsone 20 2,080 ere ve A2 or D RAR AR CIE ARE CE AE Dre ene QE (d) Nota. Commela farcelle re paroît guère que fhiver, Schwenckïeld en dérive fon nom ; Querquedula, quoniam querquero , id ef} frigido & hye- mali Lanpere, MOiMé Apparek VERS dé Salle 379 rurent toutes ; chacune à chaque bequée ce aHoit à l'eau, & dans peu elles en appor-ce tèrent aflez dans leurs becs, pour quece le millet füt tout mouillé. Néanmoinsce cette petite graine n'étoit pas encorece affez trempée à leur gré, & je vis mesce farcellés fe mettre à porter le milletce aufli-bien que l’eau, fur le fol de F'enclosce qui étoit d'argile > SZ lorfque la terrecc fut amollie & trempce, elles commen- ce cérent à barboter , & 1ïl fe fit par-luce un creux afl2z profond , dans lequel elles ce mangeoient leur millet mêle de terre; jece les mis dans une chambre & elles por-ce torent de même, quoique plus imutile-ce ment , le millet & l'eau fur le plancher ;ce je les conduïfis dans l'herbe, & ïl mece parut qu'elles ne faifoient que la fouiller ce en y cherchant des graines fans en man-cec er les feuilles, non plus que les versce de terre; elles pourfuivorent les mouches ce & les happotent à la manière des ca-ce nards ; lorfque je tardoïs de leur donnerce la nourriture accoutumée, elles la de-ce mandoïent par un petit crienroué guo4k, ce répété chaque demi-minute; le for, elles ce 380 ip 2 Etes gitoient 4 es coins 3 & “méhe! le jour , lorfqu'on les approchoit telles: He fourroicnt dans les trous les: plus. étroits, Elles vééurent ainfi jufqu'à Vap= » proche de l'hiver ; maïs le frotd rigole 2reux Étant Venu, elles moururent on à — AR | à-la-fois, SES : É ri “à Le DL À 1: À " 1 re à rare LE FE Ed 07: TC d 3 : 5.744 : - — ve > % cel, ORSAE CT 0772 XT17Z, PL XVI. pag. 38e. ELA NN nn NÉS SANTE NURSNN \ be NS NX \ N NA \ un NS A \ te AUS ASS \ TU + ” À, \ ÊS W\ À . \ \N LKR AR) NN N K NA AN NS \ à | ù K AN À QU \ K N utiles : DL TLN A KO L LA SARCELLE me. LE apnrd bas) Mn: 4) st * € F : “ # ; : ‘ ka 4 a ba: 1 à AS dE PL XVI. par. 880 Le RE — #, #7 Le LL TA 1 !, 7, Y Xe at ALAN uit ANT AAA SES NRA A AAA \ WA \ à l \ ANA \ \ \ À L 2 PIC LT if ANA M \ Cf 2 NN QI \ COS A NN \ eLe del. Aa 7 "WE / Roussel Rx LA SARCELLE femelle. Le : des der 3 38 [h * LA] PE: TITE SARCELLE. («) Ligonxs ,5 Seconde efpèce. Co , SARELtE eft un peu. plus petite que la première, & elle en diffère encore par | les. couleurs de la tête qui eft Lie # Poyex | les planches cnluminées , n° 047. {a) On lui donne fa plupart des noms de 14 farcelle commune ; les füuivans paroïflent lui être particuliers : en Allemand , troeffel, krieg-enten , Kruk entle, graw-entlin; & a rs brunn-kæpficht . endthn ;-en ‘Suifle » mourentle, ,foreritle , foeke ; en Polonois.. cyranka ; en Suédois, aerta; en Hollan dois, taling ; dans notre Bourgogne par les chaf- rie racanette ; en Mexicain; Pepatzca. Phafcas. Gefner, Avi. page 104. — Paféhas, fu | Querquedula minor. Aldrovande , Avi. tome III, page 207. — Révgredule Gefner, Avi, page 105; & Icon. Avi. page 77, figure inexacte. = Querque= dula fecunda. Aidrovande , Avi. tome III, page 209, | avec une figure trés-mau vale page 550.-— Quer- quedula fècunda Aldrovandi.… Willug: onby ; Qrésäol, page 200. Tr RAY; Synopf. Avi. page 147, n° a, 6; & 192,.n.° 44. — Siloane, Jamaic. Page 3243 n.° 10. — Querquedula , dis boftas minor. Char- leton, Æxercir. page 106, n.9 14. Qhariage, page 100; n.°-14. — Querquedula major. Jonfton, n.° 1, p.096. m— Anes fera decima-tertia; fèu minor Dinde Schwencke MR PART EL le 382 Hifloire Naturelle & rayce d'un large trait de vert bordé de blanc, qui s'étend des yeux à l’occiput; le refte du plumage elt aflez reflemblant à celui de la farcelle commune, excepté que la poitrine n'eft point aufli riche- ment émaillée , mais feulement mou- Fe PR te Rae be. “Cette petite farcelle niche fur nos étangs, & refte dans le pays toute l'année ;-elle cache fon nid parmi les grands joncs, & le conftruit de leurs brins, de leur moëlle & de quantité de plumes; ce nid fait avec \ feld, Avi. Silef. page 203. — Klein ; Avi. p. 122; n.° 8.— Anas fera fexdecima ; fèu minor quarta. Schwenckfeld , Avi. Silef: page 204 (a femelle). — Ray, Syropf. page 148 ; n.° 9: — Auas quer- quedula Franciw. Klein, Avi. page 133; n.° 14. — Anas querquedula fècunda Aldrovandi. dem , p.136, n° 31.— Querquedula fecunda Aldroandi | Bofthis Columelle. Rzaczynski, AuËtuar, page 416. — Quer. quedula Varroni , Bofèas Commelino. Idem , Hif. page 293.— Querquedula f[ylveftris minor. Idem ;, _Auëtuar. page 416.— Anas grifea, alis tœnià ex cæ/io € viridi cinétis. Barrère, Ornithol. claf. 1, Gen. 7, Sp. 12.— Anas maculà alarum viridi , lineë alb@ fupra infraque oculos. Crecca. Linnæus , Syfi. nat. ed. X, Gen. 61, Sp. 29.— Idem, Fauna Suec. n.° 109. — Pepatzca, [eu anas fplendens. Fernandez, page 32; cap. 88,— Cercelle. Albin, tome I, page 86, avec” 4 DE DA DONC LESETE \L RME, CAT Cd LT. Mr . Cr “ VRPIE ,J te TS 74 ° CRT + ' NE : : des Sarcelles. 383 beaucoup de foin eft aflez grand & polé fur l'eau, de manière qu’il haufle & baïfle avec elle; la ponte, qui fe fait dans le mois d'avril, eft de dix & jufqu'à douze œufs de la grofleur de ceux du pigeon; ils font d’un blanc-fale , avec de petites taches couleur de noïrfette; les femelles feules s'occupent dü foin de la couvée; les mâles femblent les quitter & fe réunir pour vivre enfemble pendant ce temps; ‘maïs en automne ils retournent à leur famille : on voit fur les étangs ces farcelles _ . une mauvalfe figure ; & une autre aufli fautive de la femelle , tome IL, planche 102 , fous le nom de cercelle de Trance. — Frifeh , tome IL, pl. 76. — La petite farcelle. Salerne ; page 434. — Anas fupernè albido & nigricante tranfverfim & undatim friata , infernè alba ; vertice caflaneo-fufco , pennis ru- féfente marginatis ; tœnià füpra oculos allso-rufefcente , infra oculos candidà ; fafciâ ponè oculos viridi - aureë : genis € collo caflaneis; gutture fufco ; petïore maculis migris vario; maculà alarum nigrâ & viridt-aurea , tœnià dilutè fulva fuperiès donata , reë&tricibus fufüis , ælbido marginatis (mas). Anas fupernè fuféa, pennis rufcfcente maculatis & marginatis ; infernè rufefcens ; macula alarum uigra € viridi aurea , tœnta alba fapernè € infernè donata; reétrictbus grifeo-fufcis , exterius ru- fefiente maculatis E& ulbido marginatis (fœmina). Quer- quedula minor. Brion , Ornithol. tome VI , pag. 4364 L — par compagnies 4 dx à db: qui R = ment la famille; &, dans l'hiver, elles rabattent fur: les rivières & les bonté chaudes; elles y vivent de creflon & de _cerfeuil fuvage: ; fur les étangs, elles man- _ gent les graines de } jone & attra : de petits poiflons, : ‘40 Elles ont le vol très- prompt ; 2. © eftune efpèce de fifflement, vouire, vouire qui fe fait entendre fur les eaux dès LA mois de mars. M. Hébert nous aflure que : cette petite farcelle eft aufli commune en Brie que l'autre y eft rare, & que lon en tue grande quantité dans cette province ; fuivant Rzaczynskr on en fait la chaffe en Pologne, au moyen de filets tendus d’un arbre à l'autre, des bandes de ces farcelles donnent dans ces filets : Jorfqu'elles fe lèvent de deflus Les Ctangs à la brune, Ray, par le nom qu'il donne à notre petit e farcelle (the common real), paroît n'avoir pas connu la farcelle commune : Belon, au contraire, n'a connu que cette dernière : & quoiqu 1 lui ait attribué indif- tinétement les deux noms grecs de bofcas & phafcas, le fecond paroit défigner fpéciaiement des té | ,8 $ f écialement Ja petite farcelle ; car on . Ît dans Athénée, que la phafcas eft plus grande que le petit co/ymbis , qui elt le _grèbe caftagneux : or cette mefure de grandeur convient parfaitement À notre petite farcelle. Au refte, fon efpèce à communiqué d’un monde à l'autre par le Nord; car il eft aïfé de la reconnoître ” dans le pepatzca de Fernandez; & plu- fieurs individus que nous avons recus de la Louifiane, n’ont offert aucune différence d'avec ceux den nos contrées. @ifeaux. Tome XVII. . R à NE ES RP D 386 Hifloire Naturelle LA SARCELLE D'ÉTÉ.(a) Troifième efpèce. Novs N'EUSSIONS fait qu'une feule & même efpèce de cette farcelle & de la précédente fi Ray, qui paroïît les avoir (a) En Anglois, fummer teal ; en Écoflois A ateal; en Allemand , birckiloen, graw-endtlin ; dans notre province de Picardie, criguard où criquet , fi pourtant ce nom n'appartient pas à la petite farcelle. Auas circia. Gefner, Avi. pag. 106. — Aldro- vande , tome III, page 209.— Jonfton, Avr. page 97.— Charleton , Ouomazt. pagè 107, n.° x. Exercit. page 107, n.° 1.—Sibbald. Scor. ilufir. part. IL, Mb. III, page 20.— Anas circia , feu guerquedula fufca. Gefner , Icon. Avi. page 77. — Circia Gefneri. Klein , Avi. page 132, n.° 8. — Anas circia Gefneri. Willuohby , Ornithol. P: 291. — Ray, Syropf. Avi. page 148, n.° 7. — Querque- dula fufca. Rzaczynski , Auëluar. page 416. — Anas teflaceo-nebulofa , fuperciliis albidis , rofiro pedibufque cinereis. Fauna Suecica, n° III. — Anas maculé alarum vari@, lineâ alb& fupra oculos , roffro pedibufque . cinereis. Circia. Idem, Syf. nat. edit. X, Gen, 61 à Sp. 42e — Anas fupernè cinereo-fufca , maTetNibUS pen- narum. candicantibus , tnfernè albo-rufefcens , in imo ventre grifeo maculata ; tœniä fupra oculos candidé ; F'HERST. z $ des Sarcelles. 387 vues toutes deux (2), ne les eùt pas fépa- rées (c); 1 difiingue pofitivement la petite farcelle & la farcelle d'été; nous ne pouvons donc que le fuivre dans fa defcription, & copier la notice qu'il en donne. Cette farcelle d'été, dit-il, eft encore un peu moins grofle que la petite fircélle, & c'eft de tous Îles oïfeaux de genis € gutture caflaneis ; collo inferiore € peëtore ru- fefcentibus, pennis. fufco marginatis ; maculä alarum nigra € viridi aurea , tœnia alba fupernè & infernè do- nata; retricibus , cénéreo-fufcis \{ mas). Anas fupernè cinereo-fufca , marginibus pennarüm rufefcentibus ; i= fernè albo-rufefcens , in imo ventre grifeo maculata ; tœnia fupra oculos candida j genis & gutture albido va- riecatis; macula alarum viridi aurea ,stænia albu infernè donata ; reëtricibus cinereo-fuftis. (foœmina). Querque- _dula æfliva. Briflon , Ornithol. tome VI, page 445. (b) M. Kleïn n’y regarde pas de fi près : Aæ omnes , dit-il, fant anates nunime , vulod querquedule , quas in fuas, fpecies diflribuere fupervacaneum foret ; funt varietates. AI. page 132, Mais cela paroît dit trop léoèrement , & left certain du moins, que J’efpèce de Ja petite farcelle eft bien diftincte de celle de Ia farcelle commune. (c) Minima, dit-1, 1 anatino genere exceptæ _fequente (a farcelle d'été); &-celle dont il parle ici fous le nom de minima , eft certanement notre petite farcelle, comme la defcription qu’il en fait ‘nous en à convaincus. ( : Ri 3 88 Hipoire- Ml cette grande famille des farcelles & canards; ns: ‘exception, le plus petit; elle a le bec noir; tout le manteau cendré-brun. avecde bout des plumes blancs fur de dos; il y a. fur l'aile une bande large d'un - doïot, cette bande eft noire avec des reflets. d'un vert-d'émeraude & bordée de blanc; tout le dévant du corps eft d'un blanc lavé de jaunûtre, tacheté de notr à fa poitrine & au bas-ventre; là ‘quèue eft pointue ; les pieds font bleuâtres & leurs membranes noires. M. Baïllon m'a envoyé quelques notes fur une /urcelle d'été, par lefquelles il mé paroït qu'il entend par cette déno- munation. la, petite farcelle .de article précédent, & non pas la farcelle dété décrite par Ray. Quot qu'il en foit, nous ne pouvons que rapporter Ici Lshiai- cations & {es obfervations qui font intéref- fantes. ec Nous nommons ici (à Montreuïl-fur- »>mer) la farcelle d'été, criquard ou cri- s>quet, dit M; Baïllon; cet oïfeau eft bien 2) fait & a beaucoup de grâces; {a foimeteft »plus arrondie que celle de là farcelle 32 commune ; cÎle eft aufli mieux parce; _ - des: Sarcelles, 389 fes couleurs font plus variées & mieuxce: tranchées ; .elle conferve quélquefoisce dés petites: plumes bleues, qu'on, nece: voit que quand lésaïles font ouvertes.ce Peu d'oifeaux d'eau: font d’une garetéce auf vive que cette farcelle ; elle eftce prefque toujours en mouvement ; fece bäigne fans cefle ; & s'apprivoe.avecce beaucoup de facilité ; huit jours fuf-ce fifent pour lhabituer à la domefticité ;ce jen ai eu pendant plufieurs années dansce ma cour , & j'en conferye encore deuxce qüi font très-familières. in 2203 Ces jolies farcelles joignent à toutesce leurs qualités une douceur extrême. Jece ne les ar jamais vuesfe battre enfemblece ni avec d’autres oïfeaux; elles ne fe dé-ce fendent même pas lorfqw'elles font at-ce taquées; aufli délicates que douces, lece moindre accident les blefie ; lagitationce que leur donne la pourfuite d’un chience fufht pour les faire mourir; lorfqu’ellesce ne peuvent fuir par le fecours de leursce ailes, elles reftent étendues fur la placece comme épuiflées & expirantes ; Îeurce nourriture eft du pain, de Forge , duce blé, du fon ; elles prennent auffi desce R ii 390 Hifloire Naturelle | »mouches , des vers de terre , des 1: »maçons.& d'autres infeétes. ; >» Elles arrivent dans nos marais voï- »fins de la mer, vers les premiers jours de mars; je crois que le vent de fud 3 les amène, elles ne fe tiennent pas attrou- > pées comme les autres farcelles & comme les canards fifleurs ; on les voit errer de Ptous côtés & s'apparier peu detemps après leur arrivée; elles cherchent ati >»moiïs d'avril, dans des endroits fingeux 9 & peu acceflibles, de groffes touffes de #joncs où d'herbes fort ferrées & un pew élevées au-deflus du niveau du maraïs ; elles s'y fourrent en écartant les brins 2 qui les pènent, & à force de s’y remuer selles y pratiquent un petit emplacement sde quatre à cinq'pouces de diamètre , s>dont elles tapiflent le fond avec des ssherbes sèches; le haut en eft bien cou- s»vert par l’épaifleur des joncs, & len- . sstrée eft malquée par les brins qui s'y nrabattent ; cette entrée eft le plus fou- nvent vers le midi; dans ce nid, la fe- :»melle dépofe de dix à quatorze œufs >» d’un blanc un peu fale, & prefque auffi 28105 que les premiers œufs des jeunes des Sarcelles. 395 poules. Jai vérifié le temps de lincuba-ce ._ tion, il eft, comme dans les poules ,ce de vingt-un à vingt-trois jours. ce. … Les petits naïflent couverts de du-ce vet, comme les petits canards, ïls fontce fort alertes , & dès les premiers joursce après leur ñaïflance le père & la mèrec _ les conduifent à l’eau; 1ls cherchent lesce _ vermifleaux fous l'herbe & dans la vale ; cc . fi quelque oïfeau de proïe pañle , la mère ce Jette un petit cri, toute Îa famille fecc tapit & refte immobile jufqu à ce qu'unec autre cri lut rende fon afivité. ce Les premières plumes dont les jeunesce criquards fe garniflent {ont grifes, comme ce celles des femelles ; il eft alors fortce dificile de diftinguer les fexes, & mêmece cette difhculté dure jufqu'à l'approche de la faïfon des amours ; car ïl eft unce fait particulier à cet oïfeau, que j'ai étéce à portée de vérifier plufeurs fois &ce que je crois devoir rapporter ‘ici : jece me procure ordinarrement de ces far-çe celles dès le commencement de mars;ce alors les mâles font ornés de leurs belles ce plumes; Îe temps de la mue arrive, tlscc deviennent auffi gris que leurs femelles , ce R iv : PARLER EE SE AA Re ME 392 Hifloire Naturelle 29 & reftent dans cet état jufqu'au mois de 2 janvier ; dans l'efpace d’un mois, à cette >€poque , leurs plumes prennent une #autre teinte : j'ai encore admiré ce chan- 2 gement cette année ; le mâle que j'arelt 32 préfentement auffi beau qu'il peut l'être; je lai vu auffi gris que la femelle. H sfemble que La Nature n'ait voulu le >> parer que pour la faïfon des amours. 22 Cet otfeau n'eft pas des pays feptenz s2trionaux ; 1l eft fenfñble au froid; ceux : 1»que j'ai eu allotent toujours coucher au »poulailler , & fe tenoient au foleil ou 3>auprès du feu de la curline ; ds font »»tous morts d'accident, la plupart des 32coups de bec que les orfeaux plus forts qu'eux leur donnoïent. Néanmoins jai lieu de croire que naturellement ïls ne J»vivent-pas long-temps , vu que leur s>crotilance entière eft prife en deux 22MOIÏS OU ENVIrON. 3 4 PRES ou de di / + Lu * LA SARCELLE D'ÉGTP TE. | Quatrième efpèce. Vas Gé date eft à péu-près de a grofieur de notre farcelle commune (pres ‘rnièré efpèce); mais elle à lé bec un peu plus grand & plus large; la tête, Le cou & la poitrme font d'un brun-roux ardent & foncé; tout le manteau eft noir; il y a un trait de blanc dans l’arle ; l'eftomac ef blanc & le ventre eft du même bruün- roux Er - la poitrme. : | La femelle, dans cette cie, Sorre à ‘peu-près les mêmes couleurs que le mâle, feulement elles font moins fortes &moins nettement tranchées ; le blanc de Tef- -tomac eff brouïllé d'ondes brunes, & les ‘couleurs de la tête & de la poitrine font ‘plutot brunes que roufles; on nous à afluré que cette farcelle Le trouvoit en. Égypte. A — # Pare les ee enfuminées n,° 1006 R v 304 Hifloire “Naturelle LA “LA SÉARCELEE" DE MADAGASCAR Cinquième efpèce. Ces SARCELLE eft à peu-près de la taïlle de notre petite faréelle (/feconde efpèce); mais elle a la tête & le bec. plus petits; le caractère qui la diftingue le mieux eft une large tache vert-pâle ou vert-d'eau, placée derrière loreille, & encadrée dans du noir qui couvre le derrière de la tête & du cou; la face & la gorge font blanches; le bas du cou, jufque fur la poitrine, eft joliment ou- vragé de petits liférés bruns dans du roux & du blanc; cette dernière couleur eft celle du devant du corps; le dos & la queue. font teints & luftrés de vert fur fond noir ou noiïrâtre. Cette farcelle nous a été envoyée de Madagafcar. % Voyez les planches enluminées, 7.° 770, fous 1: dénomination de Sarcelle mâle de Madagaftar. . des Sarcelles: 356$ *LA SARCELLE DE CORCMANDHEL. Sixième efpêce. L:; numéros 049 G 950 de nos plan- | ches enluminées, reprélentent le mâle & la femelle de ces jolies farcelles , qui nous ont été envoyées de la cote de Coromandel ; elles font plus petites au moins d'un quart que nos farcelles com- _ munes (première efpèce). Leur plumage eft compoié de blanc & de brun-noïrître; _e blanc règne fur le devant du corps; il eft pur dans le mâle, & mêlé de gris dans a femelle; le brun-notrâtre forme une calotte Ar la tête , colore tout Île manteau, & fe marque fur le cou du mâle par taches & mouchetures, & par petites ondes tranfverfales au bas de celui de la femelle; de plus, faille du mâle brille, fur fa teinte noïrâtre, d’un reflet vert & rougeître. _Voyæ les planches enluminées, ».° 949; le mâle : & n.° 050, la femelle, R vi) DAS 396 Hifloire Naturelle ” LA SARCEILE DEJAVA | Septième efpèce. F: PLUMAGE de cette Sarcelle, fur le devant du corps, le haut du dos & fur le cou, eft richement ouvragé de feftons noirs & blancs; le manteau eft brun; la gorge eft blanche: la tête eft coifiée d’un beau violet-pourpré, avec un reflet vert aux plumes de l'occiput, lefquelles avan- cent fur la nuque, & femblent s’en déta- cher en forme de pennaches; la teinte violette reprend au bas de cette cette petite toufie, & forme une. large tache fur les côtés du cou; elle en marque une femblable, accompagnée de deux taches blanches; fur les plumes de l'aïle les plus voïfines du corps. Cette farcelle qui nous eft venue de l'ile de Java, eft de la taille de la farcèlle commune (‘première efpèce ). Poyez les planches enluminées , r.° 930. tds ET PS TRE SE 1 Ts à ? *L4 SARCELLE DE LA CHINE. 6) L PÈRE efpèce, Cr BELLE SARCELLE ef tr ès-remarqua: ble par là richefle & 1a fingularité de fon | plumage ; il eft peint des plus. VIVES. COU- #J à * Voyez les planches enluminées , n.°° 8os , fous la dénomination de Suarcelle mâle de la Chine; & n.° 806 , fa femelle. (a) Kimnodfui. Kærmpfer ; Hifi. nat. du Japon, tome l, page 112, avee une figure , planche x, faite far un deffin Japonois , par conféquent très- imparfaite, — Cercelle de la Chine. Edwards , tome IF, page & planche 102, belle figure. — Qrerquedula zrica. Aldrovande , Ari. tome HI, page 209. — Anas Sinenfis. Klein, Avi. page 136, n.° 34, — Anas criflà dependente , dorfo pofhico utrimgue penné recürpatà ; comprefsà , elevatä , Anas Galericulata. Linnæus, Syf. nat. edit. X, Gen. 61, Sp.:26 — Anas crflata, fuperne obfcurè fufta , cæruleo & giridi colore varians , inferuè alba; vertice € erifla vi= ridibus , crifla tænia purpurea utrimque notata ; pers candidis ; collo fi upremo Tubro-aurantio , peëioré vinaceo ; lateribus albo € nigro tran fyer 2 m friatis; macula ales rum cæruleo- pireféente, tœnia alba inferi,s donata; tes mnigibuss binis tnteriss fpadiceis , verfus apicem nigra Énbrats, furfum reflexis ; re&ricibus fufcis, pri cofore variantibus.- Querquedula Sinenfis. Brion ; Gr- véto, tome VI, page 450. 399 Hijioire [Naturelle leurs, & relevé fur la tête par un magni- fiquepennache vert & pourpre, quis'étend jufqu'au-delà de la nuque; le cou & les côtés de la face font garnis de plumes étroites & pointues, d’un rouge-orangé; la gorge eft blanche, ainfi que le deflus des yeux; la poitrine eft d’un roux-pourpré ou vineux, les flancs font agréablement ouvragés de petits lférés noirs, & Îles. pennes des aïles éléoamment bordées de traits blancs : ajoutez à toutes ces beautés une fingularité remarquable, ce font deux plumes, une de chaque coté, entre celles de l'arle les plus près du corps, qui, du côté extérieur de leur tige, portent des Barbes d'une longueur extraordinaire , d'un beau roux-orangé, liféré de blanc & de noir fur le bord, & qui forment comme deux éventarls ou deux larges aïles de papillon relevées au-deflus du dos; ces deux plumes fingulières diftinguent fufifamment cette farcelle de toutes les autres,indépendamment de labelleaïgrette qu'elle porte ordinairement flottante fur fa tête, & qu'elle peut relever; les belles _ couleurs de ces oïfeaux ont frappé les yeux des Chinois: ls les ont reprélentés des Sarcelles. 399 ur leurs porcelaines & fur leurs plus beaux Pepe ; La femelle qu'ils y repréfentent aufli, y paroït toujours toute brune, & c'eft en effét fa couleur, avec quelque mélange de blanc, comme on peut le voir o luminées : au 2.° 806 de nos blanches enluminées; tous deux ont également le bec & les pieds rouges. Cette belle farcelle fe trouve au Japon comme à la Chine, car on la reconnoit dans loifeau kémnodfui , de la beaute duquel Kæœmpfer parle avec adnura- tion (4), &-Aldrovande raconte que Îles i (b) H y a (au Japon }), une efpèce de canard, dont je ne faurois m'empêcher de parler, à caufe de {a beauté particulière du mâle , appelé kim- nodfui ; elle eft fi exquife , que lorfqu’on me Peut fait voir peint en couleur , je ne pouvois pas croire qu’on l’eût repréfenté fidèlement , jufqu’à ce que je vis moi-même cet oïlfeau, qui eft fort commun. Ses plumes forment une nuance des plus belles couleurs que l’on puifle imaginer ; maïs Île rouge domine aütour du cou & de la gorge ; 1 a la tête couronnée d’une aïigrette ma- gnifique ; fa queue qui s’éleve obliquement , & les aïles qui font placées fur le dos d’une ma- nière fingulière , offrent à l’œïl un objet aufft cu- rieux qu’il eft extraordinaire. Hifl, Nat, du Japon ; SUR SUR à Si AR RE 7: SERRES RE SR “End du pas qui, de fon temps; vinrent à Rome, apportèrent, ee _ raretés de leur pays des Fee de cet Lz ten ( c). RUE ETS | D LE tome 1, page 112.—La même chofe dans VHif £oire générale des Voyages, tome X , page 669. = (c) Aldrovande, Ari. tome III sspage 209. £ a: k e € t ee. x + : : # “, } : n \ : + s : 4 : _ Con. XVIL. Romane PLXIX pag. goo. | | D hi va N EN) no rs AN 17 PNA LA SARCELLE DE LA CHINE: ETS es | LÉ ee 3 4 #2 CP es } : Li tan 1 ÉÔË * LA SARCELLE DE FÉROÉ. (a) | Neuvième efpèce. Ca SARCELLE qui eft un peu moins grande que notre farcelle commune (pre- mnière efpèce) , a tout le plumage dun gris-blanc uniforme fur le devant du corps, du cou & de la tête, feulement 1 eft lége- _ tement taché de noirître derrière Îles yeux, aïnf que fur là gorge & aux côtés de la poitrine; tout le manteau, avec le. defilus de la tête & du cou, eft dun noirâtré-mat & fans reflets; ce font-1à des feules & triftes couleurs de cet ot- Voye les planches enluminées, n.° 999. Sar-. celle de l’ile Féroe. (4) Oedel, à Pile Féroé , fuivant M. Briflon. — Anas_ fupernè fufo-nigricans infernè alba , tœnia longitudinali nigricante in vertice ; capite ad latera di- lute griféo , oculorum ambitu candido ; occipite & collo füperiore mgricante €? albido varüs; gutture & collo im- feriôre fufco maculatis ; 3 macula alarum fufco- rufefcente 3 : reétricibus quinque utrimque extimis grifeis exterius ab bido marginatis. Querquedula F erroenfé s. Brifon; Or- aithol, tome VI, page 466, { 402 Hifloire Naturelle feau- du Nord, & qui fe trouve à ile Féroé. Toutes les efpèces précédentes de far: celles font de l’ancien continent, celles dont nous allons parler appartiennent au nouveau; & quoique les mèmes efpèces des offeaux aquatiques fotent fouvent com- munes aux deux mondes , néanmoins chacune de ces efpèces de farcelles paroît propre & particulière à un Continent ou à l'autre ; & à l'exception de notre grande & de notre petite farcelle (première & feconde efpèce), aucune autre ne paroït {e trouver dans tous deux. | ut ‘des Sarcelles. | 403 * L 4 SARCELLE SOUCROURO U. (a). | Dixième efpèce. | P OUR défigner cette Sarcelle ; nous adoptons le nom de /oucrourou qu'on lui donne à Cayenne , où l'efpèce en eft commune ; elle eft à peu-près de la taïlle de notre farcelle (première efpèce); le mâle a le dos richement feftonné & ondé; * Voyez les planches enfuminées , n.° 066 ; Sarcelle mâle de Cayenne, dite le Soucrourou. (a) Querquedula minot. varia,- Soukourourou. Bar: rère, France équinoxiale, page 14%. — White faced teal. Catesby , Carolin. tome I, page 100. — Anas fubfufca minor , remigibus extimis cæruleis , mediis albis , maximis fubvireftentibus , fafcia alba in fronte. Brown. Naf. hf}. of Jamaïc. page 481. — Anas quer- quedula Americana variegata. Kleïn, Avi. page 134, n.° 24.— Anas fupernè fufca, grifeo tranfverfim € undatim ffriata , inferuè rufefcens , fufco maculata ; capite € collo fupremo violaceis, viridi colore varian- abus; pennis bazim rofirs ambientibus & vertice ni- gris ; tænià utrimque tranfversà roftrum inter & oculum candidà ; tetricibus alarum fuperioribus cœruleis ; ma- cul@ alarum viridi, tent albà fuperiùs donata ; re&ri- cibus fufcis (mas). Anas in toto corpore fufca (fœ- mina ). Querquedula Americana. Briffon , Ornithol, tome VI, page 452. 404 FH ifloire Naturelle : le cou, la poitrine & tout le. devant du corps font mouchetés de noirâtre fur un fond brun-roufsitre ; au haut de l'aile eff | une belle plaque ie bleu-clair , au- deflous de laquelle eft un trait blanc, & enfuite un nuroir vert; ïl y a suffi un large trait de blanc fur les joues; le deflus de la tête eft norrâtre avec des reflets verts & pourprés, la femelle eft toute brune. Ces oifeaux fe trouvent aüfff à la Cabo line, & vraifemblablement en beaucoup d'autres endroits de l'Amérique : : leur chair , au rapport de Barrère , eft délicate & de ‘bon goût; 1? - des” Sarcelles, 405$ * LA SARCELLE SOUCROURETTE. (4) Onzième efpèce. - (lise la Sarcelle de Cayenne, repré- fentée ».° 403, de nos planches enlumi- nées, foit de moindre taille que celle que M. Briflon donne, d'après Catefby, fous le nom de ASTÉ de Virginie; la grande reflemblance dans les couleurs du plumage , nous fait regarder ces deux oïfeaux. comme de là même elpèce; & nous fommes: encore fort portés à Îles | rapprocher de celle de Ia farcelle fou- crourou de Cayenne, dont nous venons * Woyez les planches enluminées , 7.° 403 3 Sarcelle de Cayenne. | (a ) Blue winged teal. Catesby, Carofrt. tome I, ‘page & pl. 09! — Ands quacula. Kkeïin , 6. | page 134, n° 29.— Anas füpernè grifèo-fufca, infernè grifea; teétricibus alarum faperioribus cœruleis ; macula Cri viridi, tæniâ albà fuperiùs donata ; rec- tricibus fufcis (mas). Anas in toto corpore fufca (foœ- mina). Querguedula Viroiniana, Bron, Ornithoi. tome VI, page 455. 406 Hifloire Naturelle de parler; c'eft par cette raïfon que noûs lui avons donné un nom qui indique ce rapport : en eflet, la foucrourette a fur l'épaule Ia plaque bleue avec la zone blanche au-deflous, & enfuite le miroir vert, tout comme le foucrourou; le refte du corps & la tête font couverts de taches d'un gris-brun ondé de-gr1s blanc, dont la figure de Catefby ne rend pasle mélange, ne préfentant que du brun étendu trop uniformément, ce qui conviendroit à la femelle, qui, felon lur, eft toute brune; 1] ajoute que ces farcelles viennent en grand nombre à la Caroline au mois d'août, & y demeurent jufqu'au milieu d’oétobre, tempsauquel l’on ramafle, dans les champs, le riz dont elles font avides; & il ajoute qu'en Virginie, où il n'y a point de riz, elles mangent une efpèce d'avoine fauvage qui croît dans les marécages; qu'enfin elles s'engratflent extrêmement par l'une & l'autre de ces nourritures, qui donnent à leur chair un goût exquis. SNS ET SURT Miet Doit NET des Sarcelles, 407 *LA SARÇCELLE #4 © U EU E É PIN E US E) Douzième efpèce. 6 EsPÈcE de Sarcelle , naturelle à la Guyane, fe diftingue de toutes les autres par les plumes de fa queue qui font longues, & terminées par un petit filet roïde comme une-épine, & formé par la pointe de la cote, prolongée d’une ligne ou deux au-delà des barbes de ces plumes qui font d'un brun-noirître; le plumage du corps eft aflez monotone, n'étant compofé que d'ondes ou taches N noïrâtres, plus foncées au-deflus du corps, : plus claires en deflous , & feftonnées de gris-blanc dans un fond gris roufsitre ou jaunâtre ; le haut de la tète eft noirître, & deux traits de la même couleur , fé- ‘parés par deux traîts blancs , paflent, un à la hauteur de l'œil, l'autre plus bas fur la joue; les pennes de l'aile font éga- ement noirâtres. Cette farcelle n'a guère que onze ou doùze pouces de longueur. Voyez les planches enluminées , #.° 967, la Sarcelle à queue épineufe de Cayenne, La ml hé 408 Hifoire Naturelle | *LA SARCELIE ROUSSE "oies QUEUE. (a). | Treizième efpèce. L® ELLE-C1 eft un peu plus grande que la précédente , & en difière beaucoup par : les couleurs ; mais elle s'en rapproche par le caractère de la queue longue & de fes pennes terminées en pointe, fans cepen- dant avoir le brin effilé aufli nettement prononcé: ainf, fans prétendre réunit ces deux efpèces, nous croyons néan- * Voyez les planches enluminées ;: 1.2: 968:, {ous la dénomination de Sarcelle de la Guadeloupe. (a) Chilcanautitli ; feu anas chilli colore.r Fer- nandez, Hifi. Avi. noy. Hifp. page 071, Cap 245 — Ray, Synopf: Avi. page. 177. — Colcanauhtli [eu à anas coturnicum Mexicanarum colore. Fernandez , ibid,” page 49; Cap. 175 (‘probablement la femelle }. Ray ,Synopf.. Avi, page 176.— Anas Jupernè rufa , mediis peñnarum nigricantibus , infernè grifèb-fufca, albido‘mixta ; capite anteriore fuliginofd ; imo! ventre dilutè rufo, grifeo-fufco maculato ; maculé alarum can- didà ; re&ricious nigricantibus , fcapis aterrimis Pres ditis. Querquedula Dominicenfis. Briflon , Ormthol, tome VI, page 472. | | moins PRE des Mlles ii 409 | moïns.les devoir rapprocher. Celle-ci a le deflus de la tête, la face & la queue noirâtres ; l'aïle eft de la même couleur, . avec quelques reflets bleus & verts, &: porte une tache blanche; le cou eft d’un roux-marron; les flancs font teints de cette même couleur , & le deflus du corps . “en eft ondé fur du noïrâtre, | Cette farcelle nous a été envoyée de la Guadeloupe ; M. Briflon l'a reçue de Samt-Domingue , & il lur rapporte, avee toute apparence de raïon , le chilca- nauhtli, farcelle de la nouvelle Efpasne de Fernandez, qui femble défigner la femelle de cette efpèce par le nom de colcanauhi li | | Oifaux. Tome XFIL S «ro Hi oire Narurelle | AL ASS ARC ENBIL ER BLANCHE ET NOIRE ou ZA RELIGIEUSE. (a) Quatorzième efpèce. U,: ROBE BLANCHE, Ut bandeau blanc avec coïffe & manteau noirs, ont fait donner le furnom de religieufe à cette farcelle de la Louïfiane, dont la taille eft À pcu-près celle de notre farcelle /‘pre- mière efpèce ); le noir defa tête eft ré- * Woyez les planches enluminées, n.° 948, Sarcelle de Ja Louifiane , dite La Religieufe. (a) Petit canard noir & blanc. Edwards, tome II, page & planche 100.— Anas parva'ex nigro & albe variegata. — Klein, Avi. page 136, n.° 23, — Anas alba , dorfo remigioufque nigris , capitescæralefcente ; occipite albo. Albeola. Linnæus, SyfE nat. ed. X, Gen. 61, Sp. 15.— Anas alba ; eapite & collo fu- premo viridi-aureis ; violaceo colore in fummo capite , genis € gutture variantibus , occipite candida ; dor/® fplendidi nigro ; uropygio canereo-albo ; re&ricibus eine-. reis, tribus utrimque externis exteriùs albo MArgINALIS, Querquedula Ludoviciana. Brion, Ornithol. tome VI, page 401. lei Sarcelles. D 2 L levé d’un “fre de vert & de pourpre ; & le bandeau blanc l'entoure par-der- rière depuis les yeux. 6e Les pêcheurs e Terre-neuve, dit Edwards, appellent ce cet oïfeau l’éfprit , je ne fais par quelle «c. rafon, fice n’eft qu'étant très-vif plon- ce geur ; il peut reparoître linftant après cc, avoir plongé , à une très-srande dif- ce, tance ; faculté qui a pa réveïiler dans ce. PO nation du vulgaire, les idées ce fantaftiques fur les apparitions des ce gi s 22 LA SARCELLE DU MEXIQUE. (a) Quinzième efpece. : He donne à cette Sarcelle un nom mexicain ( metzcanauhtli kr qu'il dit fi pur oifeau de Dur & qui vient (a) Toliecoloëli, feu metzxcanauhtli, id ef Avis lu naïis. Fernandez , Hiff Avi. nov. Hifp. page 36, cap. 105 (mas ).— Ray , Synopf. Avi. page 175. — Toltecoloëtli, feu Avis Jiertrix junceti. Fernandez, ibid. Cap. 100. — Anas alba, nigro punëulata 3 ca= pite fulyo , nigricante & viridi st, VATIESA10 ; M= culà rollrum tte © oculos candida ; te&ricibus alarumn S 1) 412 Hifloire Naturelle dé ce que la chafle s'en fait la’ nuit au clair de la lune; c'eft, dit-il, une des plus belles éfbèces de ce genre: prefque, | tout fon plumage eft blanc pointillé de” nor, fur-tout à la poitrine ; les aïles offrent un mélange de bleu, de vert, de fauve, de noir & de blanc, la tête eft d’un brun-notritre , avec dei reflets de couleurs changeantes ; la queue bleue en- deffous, notrâtre en deflus, eft terminée de blanc; i y aune tache noire entre les yeux & le bec qui eft noir en-deflous & bleu dans fa partie fupérieure. La femelle, comme dans toutes les e£ pèces de ce genre, difière du mâle par {es couleurs qui font moins nettes & moins vives ; & l'épithète que lut donne Fernandez ( Avis flertrix junceti), femble dire quelle fait abattre & couper les joncs, pour en former ou y pofer fon nid. füperioribus & caudæ inferioribus cœruleis ; maculà ala- run piridi, tæni@ füpernè alba, imfernè fulva donata ; retricibus nigricantibus > exterins albicante marginatis {mas ). Anas fupernè nigra , marginibus pennarum ful- veftentibus € candidis , infernè a1à, nigro mixta ; Mma= cula alarum viridi ; reËricibus nigrlcantibas:; ; exteriis al« bicante marginatis (fœmina). Querquedula Masunæ Brion, Omithol. tome VI, page 458. des Sarcelles, AE À LASARCELLE DE LA CAROLINE.(a) 7 Seizième efpéce, GE SaARCELLE fe trouvé à Caroline, vers embouchure des rivières à à mer, où l'eau commence à étre falée: le mâle a le plumage coupé dé noir & de blanc comme une pre; & la femelle, que Catefby décrit plus en détail, a la poitrine & le ventre d'un gris- clair ; tout ie deflus du corps & les ailes font d’un brun fonce ; ; il ya une tache blanche de. chaque coté de 1a tête derrière l'œil, & (a) Little browne duck. Catesby, Carolin. tomel, . page & pl. 98, figure de Ja femelle, ne TRUE ex albo & fufto varia. Klein, Avi. page 134, n.° 22. — Anas fufco-cinerea ; STE aurima He 2) Aunas ruflica. Linnæus , Syf. at, ed. X , Gen. 61, Sp. 21.— Anas ex albo Ë nigro varia (mas ! Anas füpernè faturatè fufca , infernè dilurè grifea ; maculà ponè oculos € maculà alarum candidis ; reétricibus fa- turatè fufcis Çfœmina ) Querquedula Carolinenfrs, Buifion, Ornithol, tome VI, page 464. 1j à 414 Hifloire Naturelle ‘une autre au bas de l'aile. Il eft clair que c'eft d'après cette livrée de la femelle ; que Catefby a donné le nom de petit canard brun à cette farcelle, qu'il eût mieux fait d'appeller /arcelle-pie ou far- | celle noire & blanche : nous lur latffons la dénomination de /arcelle de La Caroliney parce que nous n'avons pas connoïflance que cette efpèce fe trouve en d'autres contrées, | | LA SARCELLE BRUNE ET BLANCHE. (4) Dix- feptième efpèce. a C>- orsEeAU,qu Edwards donne fous le nom de canard brun G blanc, doit néanmoins être rangé dans la famille des farcelles, puifqu'il eft à peu-près de le, (a) Little brown and white duck. Edwards, Hifi. of Birds. tome IL, page & pl. 157.— Anas prifeas”| auribus albis, remigibus primoribus nigricantibus. Anas ? minuta. Linnæus ; Syf. nat. ed. X ; Gen. 61, | Sp. 31,— Ans fupernè obfeurè fufta , infernè alba “des Sarcelles. 415 taille & de la figure de notre farcelle { première efpèce À; ; maïs la couleur du plumage eft différente , elle eft toute d’un brun-noirâtre. fur la tête ; le cou & les pennes de aile ; le brun-foncé s'écrit jufqu'au blanchâtre fur le devant du corps, qui de plus eft rayé tranfverfale- ment de hgnes brünes ; 1l y a une tache blanche fur les côtés de la tête, & une femblable au coin du bec. Cette farcelle ne craint pas la plus grande rigueur dw froid, puifquelle eft du nombre des chars qui habitent le fond de la baie d'Hud{on [6 ). | dilutè rule féente EranÎVesfe m firiata; pennis bafim mar dibule fuperioris ambientibus ; ©’ macul ad aures can- didis; fummo peëtore & uropygto fufto-rufefcentibus’; imo ventre rufefcente & fufeo tranfverfim friato ; reêri- cibus. fufco rufefcentibus.. Querquedula freti Hudfonis. Buifion, Ormthol, tome VI, page 460. (b) On compte Îes farcelies au nombre des oifeaux qu’on voit pafler au printemps à Ja baie d’Hudfon ; pour aller faire leurs petits dans le Nord, Hifloire générale des Voyages , tone XF + page 267. MI6G Eifloire Naturelle à ÉS EC Qui ont rapport aux CAN ARDS aux SARCE LLES. ÂA ns la defcription & lhiftoire des efpèces bien reconnues & bienidiftinctes, dans le genre nombreux des cañardsuë& des farceiles, 1} nous refte. à indiquer celles que femblent défigner les notices fuivantés, afin de mettre les Oblervateurs & les Voyageurs à portée, en complétant ces notices, de reconnoitre à laquelle des efpèces ci-devant décrites, elles peuvent fe rapporter, ou fi elles en font en efet différentes, & fi elles peuvent indiquer des efpèces nouvelles. v: I. Nous devons d'abord faire mention de ces canards nommés vulgairement quatre ailes , dont xl eft parlé dans a ce Colleétion académique en ces termes : »2vers 1680, parurent dans ie Bouionoïs, une efpèce de canards qui ont les aïles 2stournces différemment des autres, Îes grolies plumes sécartant du corps & des Canards. 417 {e jetant au-dehors, cela donne Heu aucc peuple de croire & de dire, qu'ils ont«c quatre aïles. 19 (Colleë, acad. part. ee tom. Ï, pag. 304). Nous croyons que c Caractère pouvoit n'être qu Haine par la fimple comparaifon du paffge précédent avec le fuivant. « M. labbé Nollet à vu en Italie une troupe d GA parmi iefquelles 11 y en avoit _pluñeurs ce qui fembloient avoir quatre alles; mais ce cette apparence qui n'avoit pas leuce quand lotfeau voloit, étoit caulée parce 1e renverfement de l'aïleron ou dernière ce portion de laïle qui tenoit les grandes ce plumes relevées, au lieu de ies coucher ce le long du corps; ces oies étorent venues ce d'une même couvée avec d'autres quice portotent leurs aïles à l'ordinaire, amfice que la mère, mais le père avoit les aïle-«c rons rephiés. »» Hifloire de l’Académie , 1750; page 7. A Aïnii ces canards, comme ces aïes à quatre ailes, ne doivent pas être confidérés comme des efpèces particulières , maïs -comme des variétés très-accidentelles, & mêmeindividuelles, qui peuvent fetrouver dans toute efpèce d'orfeaux. 1 v 418 Hifloie Naturelle IT. Le canard ou plutôt la très-petite farcelle qu'indique Rzaczynski dans le pañlage Or : Lithuana polefia alir anates innumeras , inter quas 54e [Unt.. in cavis arborum natæ , molem flurni non excedentes, (Hifi. pag. 269). Si cet auteur eft exact au fujet de la taille fingulière- ment petite qu'il donne à cette efpèce, nous avouons quelle ne nous eft pas connue. ; _ IIL Le canard de Barbarie à tête blan= che, du docteur Shaw (2), qui n'eft point le même que le canard mufqué, & qui doit plutot {e rapporter aux farcelles , puifqu'il n’eft, dit-1l, que de Ia aille du vanneau ; il a le bec large, épais & bleu, la tète toute blanche & le corps couleur de feu. | IV. L'anas plaryrinchos du même docteur Shaw, qu'il appelle mal-à-bropos pélican de Barbarie , purfque rien n'eft plus éloigné d'un pélican qu'un canard; celui-ci d’ailleurs eft auffi petit que le précédent ; ïl a les pieds rougés, le bec (a) Tome I, page 329, ‘des Canards. 41g plat, large, noir & dentelé; la poitrine, le ventre & la tête de couleur de feu; le dos eft plus foncé, & 1l y a trois taches, une bleue, une blanche & une verte fur Païle. 1 « | L V. L'efpèce que le même Noya eur donné également fous la mauvaife déno- | mination de pélican de Barbarie à petit bec. « Celui-ci, dit-il, eft un peu plus gros que le précédent; il a le cou rou-ce geître & la tête ornée d’une petitece touffe de plumes tanées; fon ventre eftcc tout blanc, & fon dos biparté de quan-ce tité de raies blanches & noires; lesce plumes de la queue font pointues, 47 les aïles font chacune marquées de deux ce taches contigués , l'une noïre & lautrece blanche; l'extrémité du bec eft noire ,ce & les pieds font d'un bleu plus fonegée que ceux du vanneau (b).»s Cette ef- pèce nous paroit très-voiline de la précé- dente. VI. Le turpan ou rourpan , canard de Sibérie, trouvé par M.Gmelin aux environs (5) Voyage en Barbarie, par le docteur Shaw; La Haye 1743, tome I, page 329. S v) 420 Hifloire Naturelle de Selengensk, & dont 1! donne üne notice trop courte pour qu'on puïlle le reconnoître (c); cependant 1l paroït que . ce même canard tourpan fe retrouve à Kamt{chatka, 8 que même 1l eft commun à Ochotsk, où l'on en fait, à l'embou- chure même de la rivière Ochotska, une rande chañfle en bateaux, que décrit Krachennimikow (d). Nous obferverons au fujet de ce Voyageur, qu'il dit'avoir rencontré onze elpèces de canards ou farcelles au Karrfchatka, däns lefquelles (c)j Aux environs de Selengensk nous trou- vames un petit lac , dont les bords étoient cou- verts de cygnes, d’oies , de tourpans & de bécaf. figes ; je ne puis exprimer la fatisfaétion que nous caufa la vue de ces oïifeaux; leur chant, infpiré par la Nature , avoit autant d’agrément que l’imi- tation qu’on voudroit en faire fur des infirumens:, : feroit choquante & défagréable ; les fons d’un tourpan reffemblent beaucoup à ceux d’un haut- bois , & dans ce concert d’oifeaux ils faifoïent à peu-prês loffice de la baffle ; cet oïfeau eft une efpèce de canard ; fon plumage eft rouge de re- nard , excepté la queue & les ailes qui ont beau- coup de noir. Gmelin, Voyage en Sibérie, tomeI, page 218. La même chofe, d’après fui, dans PHif ioue générale des Voyages, tome XW, page 186. (4, Hifioire ce Kamtfchatka, rome II , page 59, ‘des Canards. 421 noûs n'avons reconnu que le tourpan & le canard à longue queue de Terre-neuve; les neuf zutres fe nomment, felon lu, felofni, tchirki, krohali, col , lutkis tcherneri , pulonoft , fuafi & canard mon- ragnard. Les quatre premiers, dit-il. 5 ballet fhiver dans les environs rs 2 {ources, les autres arrivent au printemps 1 s'en reteurnent em automne conime: Les oies (e).59 On peut croire que plufeurs de ces efpèces fe reconnoîtroïent dans celles que nous avons décrites, fi lObfer- vateur avoit pris foin de nous en dire autre chofe que leurs noms. - 2: VIT, Le petit me des Phil Fe appelé à Luçon faloyazir , & qui n'étant pas, fuivant l'expreflion de Camel, plus gros que le poing (f), doit être regardé comme une efpèce de farcelle. VIII. Le Woures-feique ou l’oifeau cognée de Madagafcar, éfpèce de canard. aitié nommé par. ces infulatres., ce dit François Cauche, parce qu'il a fur lece fe) Idem, ibid, (f) Traë. de Avis Philipp. à Fr. Camel ; Tran- fe&. philof. n° 285 ; art. 3. 422% Hifloire Naturelle ssfront üne excroïfflance de chaïr noire; ronde, & qui va fe recourbant un peu 2 fur le bec, à la manière de leurs cognées. 2» Au rekes ajoute ce Voyageur, cette efpèce a la groffeur de nos oïfons , & lece plumage de nos canards (g).» Nous ajouterons qu'il fe pourroit que ce n em fût qu'une variété (A). IX. Les deux efpèces de canards & les deux de farceiles que M. de Bougainville a vues aux iles Malouines ou Falkland ; & dont 11 dit que les premiers ne différent _ pas beaucoup: de ceux dé nos contrées en ajoutant néanmoins qu'on en tua quel qués-uns de tout noirs, & d'autres tout Blancs. Quant aux deux farcelles, lune eft, dit-il, de la taille du canard, & à (g) Voyage à M dette > par François Cauche; Paris , 1651, page 120. (h) Nota. Flacourt nomme trois ou quatre ef: pèces de farcelles ou fire , qu’il dit fe trouver dans cette même île de Madagafcar ; taie, fon cri femble articuler ce nom; elle à les alles , le bec & les pieds noirs ; Aalive, a le bec & les pieds rouges; hach, a le plumage gris avec les ailes rayées de vert & de bianc ; M eft une efpèce d’halive, mais plus Pete. Voyage de F y page 165. F = Vdes Canards. 423 le bec bleu; l'autre éft beaucoup plus petite, & l'on en vit de ces dernières qui avoient {es plumes du ventre ceintes d’inr carnat. Durefte, ces orfeaux font en grande abondance dans ces îles, & du metlleur goût (2). HOT AB X. Ces canards du détroit de Magellan, qui, fuivant quelques Voyageurs, conf- trurfent Îeurs nids d'une façon toute particulière, d'un limon pétri & énduit avec la plus grande propreté; fi pourtant cette relation eft auffi vraie, quà plu- fieurs traits elle nous paroïît fufpeéte & peu füre (#). (1) Voyage autour du Monde , par M. de Bougainville , in-8.° rome I, page 116. (k) Les canards (du détroit de Magellan), font aflez différens des nôtres & beaucoup moins bons ; ïls font en grand nombre & ont leur canton particulier dans lie fur des rochers élevés, hors de {a portée du moufquet., De ma vie je n’aï vu tant d'art & d’induftrie dans des animaux privés de raïfon , fur-tout dans fa manière d’arranger feurs nids ; ils font tellement difpofés fur les hauteurs, que le plus grand Géomèêtre ne pourroïit difiri- buer Îe terrem de manière à y en placer un de plus ; tous Îes cantons font divifés par petits fen- tiers , larges feulement autant qu’il eft nécefflatre 424 Hifloire Naturelle XI Le canard peinr de la nouvelle Zélande , aimfi nommé dans le fecond Voyage du capitaine Cook, & décrit dans les termes fuivans: cc Il eft de la taille n du canard mufqué, & les couleurs de fon >plumage font agréablement variées; le ssmäle & Îa femelle portent une tache 2» blanche fur chaque aïle; la femelle eft 32 blanche à {a tête & au cou, maïs toutes les autres plumes, aimfi que celles de a poûr qu’un oifeau puifle y marcher; le terrein où font les nids éft dreflé comme fi on l’eûüt nivelé à main-d’homme ; les nids font de terre pétrie & paroiflent tous jetés dans le même moule ; les canards apportent de l’eau dans leur bec , avéc laquelle ils forment un mortier d’argile qu’ils fa- gonnent en rond aufli-bien qu’avec un compas ; le fond eft large d’un pied, l’ouverture de huit - pouces, & Ia hauteur pareïlle; if n’y en a pasun différent de l’autre dans la forme ni dans fes pro- ortions ; ces nids leur fervent plus d’une année ; is y pondent leurs œufs que le foleil fait éclore, à ce que je crois. Nous ne pumes trouver fur toute la place , un feul brin d’herbe , de paille, de fétu, de plumes ou de fiente d’oïfeau ; tout eft propre & net, auffi-bien dans les nids que dans les fentiers, comme fi on venoit de Ie laver & balayer. Hifloire des navigations aux terres Auf- #rales » tome I, Page 24%: : des Canards. 421$ tête & du cou du mâle font brunes &ce . variées. (/) 9 TE. on | ht _XIL, Le canard fifflant à bec mou ; autrement appelé canard: gris-bleu de la nouvelle Zélande, rernarquable en ce que le bec eft d'une fubftance molle & comme caïtilagineufe , de manière qu'il ne peut guère fe nourrir qéen ramaflant, & pour ainfi dire fuçant les vers que le flot laïfle fur là grève (rm). | _XITE. Le canard à crête rouge, encore de la nouvelle Zélande, maïs dont Fefpèce n'y eft pas commune, & qui n'a été trouvée que fur la rivière, au fond de ia baie Dusky :ce canard qui n'eft qu'un peu plus gros que a farcelle, eft d'un gris-noir très-latfant au-deflus du dos & _ d'une coufeur de fuie grisâtre-foncéé au ventre ; le bec & les pieds font couleur de plomb; l'iris de l'œil eft dorée, & la une crête rouge fur la tête (7). XIV. Enfin, Fernandez donne dix efpèces comme étant du genre du canard, (!) Second Voyage de Cook, rome L, page 208. (2) Idem, ibid. page 163. 416 HifoireNaturelle dont nous ne pouvons que rejeter ici ef notes les noms Mexicains (0), & les : (0) Xalcuani ; feu \Avis arenam deglutiens, — Anatis fere fpecies domeflicé. paul munor, roftro mediccriter | lato, plumis tifernè corpus tegentibus , albis ÿ circa | PeËtus tamen © fupernam in partem fulris, fe ca- didis difcurrentibus ttaufver/fim ; alis caudûque virentz, candido ; uigro ac fufto colore-variantibus defuper., fubter verd albis atque. cinereis : circa. Caput viridi ab cecipitio ad oculos difcurrente tent ; reliquo verô:capite ex albo pergente in colorem cineréum, pullo, nigrefcente , permixto : cruribus proportione reliqui eorporis parvis , pull coloris; advena ef? lac. Cap. 121, pag: 30. = Vacatexothi fe Avis roffro CYaneo.— Anatis penè domeflice conflat magiitudine ; roffro coloris fupernè Cyanel, infernè vero ex albo rubefcentis | pennarum füuperni c-rporis colori faivus eff, infernè verd ex argenteo nigricat fuperné vero parte ale nigre. Cap. 7o > pag. 29 RS x — Yrtaltzoyayauhqui (altera : différent de Vytac- Zonyayauñqui de la page 28). Genus ef? anatis fer parvæque cujus roflrum ef? cœruleum , & JuXta extremus albà quâdam diflin&um maculé, pedes etiam vergunt in cœrulesm ; © reliquum corpus albo fulvoque variat colvre.. Cap. 156, pag. 45. — Colcanauhiliciouht. Anas Sylveftris ef? fufca majori ex parte fupernè , & aliquantifber candens ënfern à perd alba, & partim fufea prœter alas, quæ infernè prorsûs candidæ funt. Caput ef f'aperiori parte H10TIm2 atque Cinereum , fed in atrurmn præcipuè colorer inclinans inferior verd magis in cinereum. Cap. 64; pag. 28. _— lcail a. Anati ul S ylveRri Ætapa Cats, ju tejla aquañnia, Ana ul VIPERTE { es Canards, 427 af ons 3 la plupart incomplètes ; juiqu'è ce que de nouvelles obfervations 4 {quam recentiores… Querquedulam yocant ; -no{lri. ver d cercetan) femilis omnind effet , nife roftrum haberet duplô lat'us ; colorem candentem € fulvum ; admotainque manum irrito protints inocoque lancinaret mor/u. _. © Tonyayauqui feu Avis capitis varii (mas). Anas fera eff circa lacus agens vitam , ac magnitudine domefficæ penè par :roffro lato, cyaneo fupernè ins tantèm maculs interflindte , altera in extremi rofiri exertà quâdam , tenuique , quà mordet, particul@; infernè verû ex cyaneo nigrefcente; cruribus brevibus, ac cœrulers ; pallido tamen colore interdum imperfo ; capite & collo crafis ; juxta latera. pareñino colore , aliquando tamei Higriore vertics : pe@us nigrum efh:-ventris ac corporis latera candefèentia , etfi caudam linez nigse tran fverfr 2m decurrentes condecorent : dorfunr fafti@ nigrâ fulvef= cente latà digitos tres, ac in extremum. fque caudæ procedente inf ignitur ; demum alæ nigro, fulvo, candido , atque cinereo promifcuè tingumtur colore. Tidigena Avis _efl. Cap. 108, pag. 36. — Nepapantotoil. Anas fera , frequens Mexicanæ paludi, roftro 1n acutum quadantenus definente, cœteræ autem fimlis, nifé quod nullum ef} genus coleris illas ornari folitum , guod huic [ol non contifigat , fitque ei fpeftando ornamento atque pulchritudini ; unée fornta efl nomen. Cap. 127, pag. 40. — Opipixcan. Anas fera, rofro fubrubro, cruribus vero ac pedious fulvo ac candenti variatis colore ; . 2. corpore cinereo € nigro. Cap. 247, pag: aa Anas Peruina, quam pelut noŸro jam 428 Hifloire Naturelle, &c. ou l'infpection des objets viennent {ervir à les compléter & à les faire recon- noïtre. | rotam orbi, hon curavimüs defcribendam. Cap. 16; Pag- 47: — Concanathth. Genus anatis ma one » ir noffratæ Filis , quam où éam rem non curayinus de: ngendenè, Cap. 66, L 429 LESPÉTRELS. D; TOUS LES OISEAUX qui- Rs - es hautes mers, les pétrels font les plus marins, du moins ils paroïflent être les plus étrangers à {à terre, les plus hardis à {€ porter au loin, à s'écarter & même s'égarer fur le vale sed ;s car ts fe livrent avec autant de confiance que d’au- dace au mouvement des flots, à l'agi- tation des vents & paroïflent braver Îles orages. Quelque loin que les Navigateurs {e foient portés, quelqu’ avant qui ils aient pénétré, foit du côté des poles, foit _ dans les autres zones, ïls ont trouve ces oifeaux qui fembloient les attendre & même les devancer fur les parages pi plus lointains & les plus orageux; par- tout ils les ont vus fe jouer avec fécu- rité, & même avec gaieté fur cet élément terrible dans fa fureur , & devant lequel Thomme le plus intrépide eft forcé de pâltr ; comme fi la Nature lattendoit à pour lui faire avouer combien Finftinét & les forces qu'elle a départis aux tres 0 HN Nan qui nous font inférieurs, ne laïflent pas. d’être au-deflus des puiïffances combinées de notre raïfon & de notre art. Pourvus de longues aïles, munis de pieds palmés, les pétrels ajoutent à laï- : fance & à la légèreté du vol, à la facilité | de nager, la fingulière faculté de courir | & de marcher fur l'eau, en effleurant. : es ondes par le mouvement d'un tranf- port rapide , dans lequel le corps eft horizontalement foutenu & balancé par les ailes, & où les pieds frappent alter- nativement & précipitamment la furface de l'eau; c'eft de cette marche fur l'eau que vient le nom pétrel; 11 eft formé de péter , prerre, ou de petrill, pierrot, ou petit-pierre,que les matelots anglois ont im- polé à ces oïfeaux , en les voyant courir fur l'eau comme lApotre Saint Pierre y marchoit. bte Les efpèces de pétrels font nombreu- fes; ls ont tous les aïles grandes & fortes; cependant ils ne s'élèvent pas à une grande hauteur , & communément 1ls rafent leau dans leur vol; 1ls ont trois ” doigts unis par une membrane ; les deux doigts latéraux portent un rebord à leur des Pétrels. 431 partie extérieure ; le quatrième doigt n'eft qu'un petit éperon qui fert immédirate- ment du 13108 fans articulation ni pha- ange (a). - Le bc comme celur de Falbatros , eft articulé & paroït formé de: quatre pièces, dont deux, comme des morceaux fur-ajoutés , nt les extrémités des mandrbules ; 11 y a de plus le long de la mandibule fupérieure, près de la tête, deux petits tuyaux ou rouleaux couchés, dans lefquels font percées les narines; par fa conformation totale, ce bec fem- bleroit être celui d’un oïfeau de proie; car xl .eft épais ; tranchant & crochu à fon extrémité ; au refte, cette figure du bec n'eft pas entièrement uniforme dans tous les pétrels, 1l y a même aflez de différence pour qu'on puñffe en tirer un carackère qui établit une divifion dans la famille de ces oïfeaux; en effet, dans plufñeurs efpèces , la feule pointe de la mandibule fupérieure eft recourbée en (a) Wilughby appelle cet éperon ou ergot, un perit doiot de derrière, n ’ayant pas l’idée d’une pointe fortante immédiatement du talon, 432 Hiflowe Naturelle croc: la pointe de Finférieure , au con= traire , eft creufée en gouttière & comme tronquée en manière de cuiller, & ces efpèces font celles des pétrels fimple- ment dits. Dans les autres, les pointes de chaque mandibule font aïguës, recourbées , & font enfemble le crochet; cette difié- rence de caraétère a été obfervée par M. Brion, & il nous paroïît qu'on ne doit pas la rejeter ou Fomettre,comme le veut M. Forfter fb); & nous nous en fervirons pour établir dans la famille des pétrels, la feconde divifion fous laquelle nous rangerons les efpèces que nous appel- lerons pétrels-puffins. | Tous ces orfeaux, foit pétrels, foit pufüns, paroïflent avoir un même inftinct & des habitudes communes pour faire leurs nichées ; ils n'habitent la terre que dans ce temps qui eft aflez court, & comme s'ils fentoient combien ce féjour leur eft étranger, ris fe cachent ou plutôt ils s'enfout{lent dans des trous fous les D (8) Voyez les Obfervations de M. Forfter, page 154. rochers des Pérrels. 433 rochers au bord dela mer; ils fontentendre du fond de ces trous leur voix défagréable, que l'on prendroit le plus fouvent pour le croaflement d'un reptile (c); leur ponte n'eft pas nombreulfe ; ils nourriflent & engratflent leurs petits en leur dégorgeant dans le bec la fubftance À demir-digérée | & déjà réduite en huïle, des porflons dont ils font leur principale & peut-être leur unique nourriture; mais une particularité dont 1l eft très-bon que les dénicheurs de ces orfeaux foient avertis, c'eft que quand on les attaque, la peur ou lefporr . de fe défendre leur fait rendre l'huile. dont ils ont l'eftomac remplir; tls la lancent (c) Les pétrels ( procellariæ”) s’enfoncent par mif- liers dans des trous fous terre; ils y nourrifient leurs petits & s’y retirent toutes les nuits. Forfkr, Obferrations, page 191.—Les bois (à la nouvelle Zéande) retentiflotent du bruit des pétrels cachés dans des trous fous terre, qui croafloient comme des grenouilles, ou qui crioient comme des poules. I femble que tous Îes pétrels ont coutume de Aare leurs nids dans des trous fouterrains; car nous en avons vu de l’efpèce bleue ou argent, placés de {a même manière à [a baie Dusky. Forfler ; Secon 1 Voyage de Cook , tome IT, paget 10. — Voyez ci-après la defcription des efpèces. k Oifeaux. Tome XVIL, TE 434 Hifloire Naturelle au vifage & aux yeux du chafleur ;* & comme leurs nids font le plus fouvent fitués fur des côtes efcarpées , dans des fentes de rochers à une grande hauteur, Fignorance de ce fait a coûté la vie à quelques Obfervateurs (4). M. Forfter remarque que Linnæus a peu connu les pétrels, puifquil n’en compte que fix efpèces ; tandis que, par fa propre obfervation , M. Forfter en a reconnu douze nouvelles efpeces dans les feules mers du Sud (e); mais nous def- rerions que ce favant Navigateur nous eût ‘ (d) Les Gazettes de Londres du mois de juin 1761, rapportent le malheur arrivé à M: Campbel, qui allant prendre um nid de pétrel fur un rocher efcarpé, reçut dans les yeux l’huïle que l’oifeau ui lança, cha prife & fe tua en tombant des ro- chers. Voyez Edwards, Préface de la troifième partie des Glanures , page 4.— La plus petite efpèce de pétrels, qui eft Po/fean de tempête, à également cette habi- tude. « Charles Smith, dans fon ivre de Pétat » ancien & moderne de Ia province de Kerry en »» Irlande , en défignant le petit pétrel , dit que » Jorfqu’on le prend, ïl jette par le bec la quan- cité d’une petite cuillerée d’huile. » Idem , ibid. (e) Voyez les obfervations de M. Forfier ; page 154r 1 VILA ÉTÉ | é DAS: à 4 +? s x . L | _ des Pétrels, … 435$ donné les defcriptions de toütes ces ef- pèces; & nous ne pouvons, en atten- dant, que préfenter ce que nous en favons d'ailleurs. | | , à - * LE PÉTREL CENDRÉ, (a) Première efpèce. : 2 PÉrrez habite dans les mers du Nord; Clufius le compare, pour la gran- deur, à une poule moyenne; M. Roland{on Martin, Obfervateur fuédois (2), le dit : * Voyez les planches enluminées, n.° 59, fous Ha dénomination de Pétrel de l’île de Saint-Kilda. (a) Haff-hert , aux îles Féroé ; hav-hefl , dans . Pontoppidan , fcepferd, par les Allemands. — Pri- cellaire du Nord ou cendrée, Colle&ion académique, partie étrangère , tome XI , page 55. — Haff-hert. Clufius, Exotic. auétuar. page 368. — Niérembers, page 237.— Haff-hert, hoc ef} equus marinus. Wit- lughby ; Ornithol. page 306.— Jonfton , Ai. page 129. — Procellaria fupernè cimerea , infernè alba ; cavite © collo concoloribus ; reËtrictbus duodecim inter- mediis cinereo-albis ; utrimque extimâ candidà . . . Pro= cellaria cinerea , le Pétrel cendré. Briffon , tome VI, pas" 743: À 4 (b) Dans la Collection académique , citée çi- deffus. Ti ÿ 436. Hi Lifloire na bsemtens = dela groffeur d’une corneiïlle, & le prémier de ces auteurs lur trouve dans le port. &: dans la figure quelque chofe du faucon; D fon bec fortement articulé & très-crochu, eft en effet un bec de proie; le croc d: la partie fupérieure & la gouttière tronquée qui termine finférieure, font d’une couleur Jjaunître, & le refte du bec avec les deux tuyaux des narines font noirâtres dans Findividu mort que nous décrivons: maïs on aflure que le bec cft rouge par-tout an que les pieds dans l'oiféau vivant (oc); 1e plumage dusorps eft d'un blanc-cendré; le manteau eft d'un cendré-bleu, & les pennes de l'aile font d’un bleu plus foncé & prefque noir; les plumes font très- ferrées, très-fournies & garnies en-deflous d'un duvet épais & fin, dont la peau du corps eft par-tout revètue. Les Obfervateurs s'accordent à donner le nom de haff-hert ou hav-heft, cheval de mer à cet oïfeau; & c'eft, feloh Pon- toppidan, « parce quil ent un fon »femblable au henniflement du cheval, s & que le bruit qu'il fait en nageañt, (c) Colledion académique , citée ci-deflus. . S + è - à RE 7, approche du trot de ce quadruüpède (d):19 mais il n’eft pas aïfé de concevoir comment un oïfeau qui nage fait le bruit d’un cheval qui trotte; & neft-ce pas plutot à caufe _ de la courfe du pétrel fur l'eau, qu'on luf aura donné cette dénomination? le même auteur ajoute que ces oïfeaux ne manquent pas de fuivre les bateaux qui vont à la pêche des chiens de mer, pour attendre que les pêcheurs jettent les entraïlles de ces animaux; 1! dit qu'ils s'acharnent aufli fur les baleines mortes ou blefiées dès qu’elles furnagent; que les pêcheurs tuent ces pétrels un à un à coups de bâtons, fans que le refte de la troupe défémpare: c'eft d’après cet acharnement que M. Ro- Jandfon Martin, leur applique le nom de mallemucke ; mais, comme nous Favons dit, ce nom appartient à un goëland. On trouve ces pétrels eendrés depuis Je forxante-deuxième degré de latitude _ nord, juique vers le quatre-vingtième ; = ils volent entre les glaces de ces parages; & lorfqu'on les voit fuir de la plerne- (4) Hifioire Naturelle de Norwège ; par Por toppidan. Journal étranger , féprier 3757. E jé ve L_ 438 Hifloire Narwrelle mer pour chercher un abri, c'eft, comme dans loifeau de tempête ou petit pétrel (e), un ndice pour les Navigateurs que l'orage eft prochain. RE Un *LE PÉTREL BLANC & NOIR OU LE D'AMIER.(a) … Seconde efpèce. F PLUMAGE de ce pétrel marqué-de blanc & de noir, coupé fymétriquément &c en manière d'échiquier, l'a fait appeler darnier par tous nos Navigateurs; c'eft dans le mème fens que les Éfpagnols font nommé pardelas ; & les Portugais pintado, PE {(e) Voyez ci-après Particle de FOïfeau de tempête. * Voyez les planches enluminées, n.° 964. (a) Damier. Feuillée , Journal d’obfervations., page 211. — Le damier. Salerne, page 384.— Le pierrot tacheté. Edwards , planche 90.— Procellaria albo fuféoque varia ; procellaria capenfis. Linnæus , Syfi. nat. ed. X, Gen. 64, Sp. 3. — Plautus alba- dos {Purius minor , à nigro € albo varius. Klein, Avi. page 148, n° 14:— Nota, Klein confond malà- s des Pévrels. 439 nom adopté aufli par les Anglois, mais __ qui pouvant faire équivoque avec celu£ de là pintade, ne doït point être admis Ier, outre que celur de damier exprime _& défigne mieux la diftribution du blanc _& du noir par taches nettes & tranchées dans le plumage de cet oïfeau; il eft à peu-près de a groffeur d'un pigeon commun, & comme dans {on vol ïl en a l'air & le port, ayant le cou court, la tête ronde, quatorze où quinze pouces de longueur, & feulement trente-deux ou trente-trois d'envergure, les Navigateurs ont fouvent appelé pigeon de mer. _ , Le damier a le bec & les pieds noirs; _ Le dorgt extérieur eft compo de quatre _ articulations, celur du milieu de trois, & l'intérieur de deux feulement, & à la place du petit doigt, eft un ergot pointu, dur, propos fous ce numéro les planches 89 & 9Q d’Edwards, dont la première eft un puffin, & Iæ feconde le damier. — Procellaria fupernè maculs ni- gricantibus varia ; capite , gutture & collo fuperiore ni- gricantibus; reêtricibus lateralibus in exortu candidis in extremitate moricantibus . .. Procellaria nævia .. .Le pétreltacheté, appelé vulgairement damier. Briffon - Ornitho!, tome IV ; page 146. T 1 440 Hifloire Naturelle long d'une ligne & demie, & dont Îa pointe {e dirige en-dedans; le bec porte au-deflus les deux petits tuyaux ou rou- eaux dans lefquels font percées les narines; la pointe de la mandibule fupérieure eft courbée, celle de Finférieure eft taillée en gouttière & comme tronquée; & ce caractère place le damier dans la fanille des pétrels , & le fépare de celle des pufhins : la le deflus de la tête noir, les grandes plumes des ailes de Ia même couleur , avec des taches blanches ; la queue eft frangée de blanc & de noir, & lor'qu'elle eft développée elle reffemble, dit Frezier, à une écharpe de deuil; {on ventre eft blanc, & le manteau eft régulrè- rement comparti par taches de blanc & de noir. Cette defcription fe rapporte parfaitement à celle que Dampier a faite du pintado (b). Au refte, le mâle & (B) Les pintados font admirablement bien mou- chetés de blanc & de noir ; ils ont la tête prefque noire, de même que le bout des ailes & de a queue; mais, dans ce noir des aïles, il y a des taches Lianches qui paroïfient être de la grandeur d’un demi-écu quand ils volent, & c’eft alors qu’on . _ des Pétrelss 441 fa femelle ne difièrent pas fenfblement -. lun de l'autre par le plumage nt par la- POHeU Ce Li Le damier, ainfi que pluñeurs autres pétrels, eft habitant né des mers antarétr- ques, & fi Dampier le regarde comme appartenant à lazone tempérée auftrale (c), cet que ce Voyageur ne pénétroit pas affez avant dans les mers froides de cette région, pour y fuivre le damier, car il + = voit mieux leurs taches; les ailes font auffi bor- dées tout autour d’un petit fil noir qui s’éclaircit’ peu-à-peu ; & approche d’un prisobfcur vers le’ dos de loifeau ; le bord intérieur des aïles & le dos même, depuis Ja tête jufqu’au bout de Ia: queue, font émaillés d’un nombre infini de jolies: taches rondes, blanches & noires, de la grandeur d’un fou marqué; le ventre, les cuifles, les côtés & le deflous des ailes font d’un gris clair. Dampier, tome IV, page 84. — {c) Nous vimes des pintados depuis que nous füumes à deux cents lieues ou environ de la côte du Brefil, jufqu’à ce que nous nous trouvames à peu-près à Ja même difiance de la nouvelle Hol- lande. Le pintado eft un oïfeau du pays méridio- nal & de la partie tempérée de cette zone ; du moins je n’en ai jamais guère vu dans Le Nord du trentième degré de fatitude méridionale. Dampier, soime 1V7, page 84. | Le FE v 442 Hifloire Naturelle l'eût trouvé jufqu'aux plus hautes latitudes: Le capitaine Cook nous aflure que ces pétrels, ainft que les pétrels bleus , fré- quentent chaque portion de l’océan auftral dans les latitudes les plus élevées (d). Les merlleurs Obfervateurs conviennent même qu'il eft très-rare d'en rencontrer avant d'avoir pañlé le tropique (ec), & il paroïît en effet par plufeurs relatrons (f), ere ee 2 ENT (d) Cook. Second Voyage, tome I, page 284. (e) Le damier eft habitant des zones froides & tempérées de lhémifphère auftral, & fi quelques couples de ces oïfeaux, fuivent les Vaiffeaux au- delà du tropique , ïls y reftent peu. de temps ÿ auf voit-on rarement enfemble le damier-& le paille-en-queue. Ob/férvations communiquées par M. le vicomte de Querhoënt.— Le 4 octebre, par vinet- cinq degrés vingt - neuf minutes de latitude auf tale, un grand nombre de. petits pétrels. ordi maires, d’un brun de fuie & qui avoient le crou- pion blanc /procellaria pelagica) volèrent autour de mous ; fair étoit froid & vif ; le lendemain , lesal. batros & les pintades f procellaria capeufis ), pa- rurent pour la première fois. Cook, Second Voyage, tome I, page 46. (f) Les jours furvans , on vit ces mêmes oïfeaux en plus grand nombre, qui ne nous quittèrent que bien loin au defà du Cap ; les unsétoient noirs fur le dos & bianes fous ke ventre , ayant le deflus UN des Pétrels. 7 443 que les prernières plages où l’on commence à trouver ces oïfeaux en nombre, font dans les mers voilines du cap de Poe efpérance; on les rencontre aufli vers les côtes de l'Amérique à la latitude corref pondante (). L’Amiral Anfon les chercha desaïles bigarré de ces deux couleurs, à peu-près comme un échiquier, & c’eft pour cela fans doute que nos François les ont furnommés damier ; ils font un peu plus gros qu’un pigeon ; à y en a d’autres encore plus a grands que les premiers, noï-- râtres par-deffus & tout blancs par- deffous, ex- cepté l’extrémité de leurs aïles qui paroît d’un noir velouté , que les Portugais appellent mangas de velado. Premier Voyage de “Siam , par le P. Tachard. — Dampier fe trouva fous un méridien éloigné. furvant fon calcul , de douze cents lieues à lorient de celui du cap { de Bonne-efpérance ). Rien ne lui parut fort remarquable dans cette route, ex- cepté qu'il s’étoit vu accompagné , pendant le _ chemin, par quantité d’oifeaux ;-fur-tout par des. pintades. Hifloire générale des Voyages > 10me XI PRET (g) En allant de Rio-Janeïro ; jufqu’ au je 0 def: iré , & vers les trente cinq ou trente-fixième. de: rés de latitude fud , nous commençames à vor un grand nombre d’oifeaux voltiger autour de nous ; il y en avoit de très-oros., dont quelques-- uns avoient le plumage noir, d’autres blanc ; nous difiinguames plufieurs compagnies de pintades. = vi 444 Hifloire Naturelle inutilement à l'ile de Juan Fernandez ; néanmoins 1l y remarqua plufieurs de leurs trous, & 1l jugea que les chiens fauvages qui font répandus dans cette île, les en avotent chaflès ou les avotent détruits (#) : mais peut-Ctre dans une-autre faïfon y eût-1l rencontré ces oïfeaux, fuppofé que celle où il les chercha, ne fût pas celle de la nichée; car, comme nous Favons dit, il paroît qu'ils n'habitent la terre que dans ce temps, & qu'ils pañlent leur vie en leine mer, fe repofant fur leau lorf- qu'elle eft calme, & y féjournant même quand les flots font émus, car on les voit cés oifeaux tachetés de blanc & de noir , paroïf foient un peu plus gros que des pigeons. Voyage du capitaine Byron ; tome 1.** du premier Voyage de : Cook , page 10.— Dans cette latitude ( de qua: rante-troïs decréstrente minutes, côtes du Brefif), & dans celle du Cap-blanc, qui eft de quarante- fix degrés, on vit quantité de baleines & de nou-: veaux oifeaux femblables à des pigeons, d’un plu. mage régulièrement mêlé de blanc & de noir, ce qui leur a fait donner , par les François, le nom de damier , & celui de pardela, par les Efpagnols. Frezier, dans l’Hifloire générale des Voyages. (h) Voyage de PAmiral Anfon, rome II, per- me Î.'e, page 45. RE LE Eh ET AE - de No: £. os WE AD; = Es des Pétrels, 445 fe poler dans Fintervalle qui fépare deux lames d'eau, y refter les aïles ouvertés &c {fe relever avec le vent. D'après ces habitudes d’un mouvement prelque continuel, leur fommeïl ne peut qu'être fort interrompu; aufli les entend- on voler autour des Vaïfleaux à toutes les heures de la nuit (i); fouvent on les voit {e raflembler 1e foir fous la poupe, nageant avec aïfance , s'approchant du navire avec un aïr familier, & faifant entendre en même temps leur voix aïgre & enrouée, dont la finale a quelque chofe du cri du goëland (&k). ge Dans leur vol, ils effleurent la furface de l'eau, & y mouïllent de temps en temps leurs pieds qu'ils tiennent pendans, Il paroiït qu'ils vivent du frat de poifion qui flotte fur la mer (/); néanmoins on voit le damier s'acharner, avec fa foule (i) Obfervation de M. le vicomte de Querhoënt, (4) Ce fait & les fuivans, font tirés des Mé- moires communiqués par le même Obfervateuk. (2° Dans l’eftomac de ceux que j’ai ouverts , je n’ai jamais trouvé de poiflon, mais un muci- lage blanc & épais, que je crois être du” de poifion. 446 Hifloire Naturelle a SM ET 1 des autres oïfeaux de mer, fur les cadavres des baleines (#7) ; on le prend à hamecon avec un morceau de char (7); quel- quefois aufli 1 s'embarrafle les aïles dans EE les Tignes qu’on laïfle flotter à l'arrière du Vaifleau; lorfqu’il eft pris & qu'on le met à terre où fur le pont du Navire, d ne fait que fauter fans pouvoir marcher ni prendre fon eflor au vol, & ïl en eft de même de Îa plupart de ces oïfeaux marins, qui fans cefle volent & nagent au large; ils ne favent pas marcher fur un terre folide, & 1l leur eft également mpoffible de s'élever pour reprendre leur vol; on remarque même que-{ur l'eau ils atten- dent, pour s'en féparer, linftant où l lime & le vent les {oulèvent & les lancent: (m) Dampier, tome: 17 > page 7 8. (nu) Lettres édifiantes, XVe Recueil, page 341... Approchant de l’île Sainte-Hélène , à deux cents fieues de la terre de Natal ;. quantité d’oifeanx vinrent fur le bord de notre navire ; nousen primes à foifon avec des morceaux de chair, defquels nous- eouvrions des Hameeons ; ils font gros comme un pigéon, les plumes-noires & blanches en carreatw comme un échiquier , ce qui fut eaufe que nous les nommames damiers ; la queue large & le pied comme le canard. Woyag à». e à Madagaftar ; par Freu- çois Cauche ; Paris , 1661 , page 137. RC 07 fl U 1H HA A A Oro Uk gér LE PETREL Lane et How ,on LE DAMIFR: LE as. is . 4 = va dE LADA + momit 4 piste Mc y D DORÉ NE > AP Lu de Alt RE” “des Pétrels. ” 447 Quoique les damiers paroïflent ordi- _natrement en troupes (0), au milreu des vaftes mers qu'ils habitent, & qu'une forte d'inftinét focral femble les tenir rafiemblés; on aflure qu'un attachement plus particulier & très-marqué, tient unis le mâle & Ia femelle , qu'à peine lun fe pole fur l'eau, que l’autre auflitot vient Ty jomdre; quils s'invitent récproque- ment à partager la nourriture que le hafard leur fait-rencontrer ; qu'enfin f l’un des deux eft tué, la troupe entière donne à la vérité des fignes de regret en s’abattant & demeurant quelques inftans autour du mort, mais que celur qui furvit donne des marques évidentes de tendrefle & de douleur ; 11 bequète le corps de fon com- pagnon comme pour eflayer de le ranimer, & 1l refte encore triftement & long-temps auprès du cadavre après que la troupe entière s'eft éloignée (p). D EE CS £ {0 ) Tous les pintades en général vont par troupes, & ils balayent prefque l’eau en volant, : Dampier, tome IV, page 84. _ (p) Suite des obfervations faites par M. le vi- comte de Querhoënt, dans fes navigations, & qu’il a eu la bonté de nous communiquer. 448 Hifloire Naturelle LE PÉTREL ANTARCTIQUE | où DAMIER BRUN. Troifième efpéce. C: Pérrer reffemble au Damier, À l'exception de la couleur de fon plumage ;. dont Îles taches, au lieu d'être noïres, font brunes fur le fond blanc, La déno- mination de pétrel antarétique que lui donne Ie capitaine Cook, femble lui cor+ venir parfaitement, parce quon ne Île rencontre que fous les hautes latitudes auftrales (4); & lorfque pluñeurs autres efpèces de pétrels, communes dans les . latitudes inférieures, & en particulier (g) Par foïxante-deux degrés dix minutes ; latitude fud; & cent foïxante-douze degrés de Ion- gitude ; nous vimes la première île de glace , & mous aperçumes en même temps un pétrel aritarc- tique , quelques albatros grifes , des pintades & des pétrels bleus. Cook. Second Voyage, tome II , page 141:— À foixante-fix degrés, M. Cook vit quelques pétrels antarétiques en Fair. — Par foi- Xante—ept desrés huit minutes nous reçumes, dit-il “des Pétrels, : 449 celle du damier noir, ne RER AS plus (r). = Voici ce que nous lifons dans le fecond | voyage de ce grand Navigateur, fur cette | nouvelleefpèce de pétrels. ce Par foixante- fept degrés quinze minutes latitude fud ,ce | nous aperçumes plufieurs baleines j jouant ce autour des îles de glace; deux jours cc auparavant nous avions remarqué plu-ce fieurs troupes de pirrades (f) brunes & ce blanches, que je nommai pérrels antare-ci tiques, parce qu ‘ls paroïfloient indigènes ce à cette région; ils font à tous égards dece la forme des pintades ( damiers), dontce ils ne diffèrent que par la couleur; lace tête & l'avant du corps de ceux-cr fontce bruns, & larrière du dos, la queue &ce les extrémités des aïles font de couleurce blanche (r); » & dans un autre endroit, 1l dit : «c tandis qu'on ramafloit de la glace, nous primes deux petrels antaritiques, ce & en les examinant nous perliftames àce la vifite d’un petit nombre de pétrels MR TIR «ré Idem ; tome 11, page 148. (r) Idem, ibid. rome F1, page 120. ( {) H appelle pintade le damier. 450 Hifloire Naturelle les croire de La famille des pétrels; 1ls font à peu-près de la grandeur d'un »28r0$ pigeon; les plumes de la tête, du 2 dos & une partie du côté fupérieur des parles font d'un brun-léger ; le ventre & » le deflous des aïles font blancs; les plumes > de la queue font blanches aufli, maïs” 2» brunes à [a pointe. Je remarquai que ces oHeaux avoient plus de plumes que ceux que nous avions vus, tant la » Nature a pris foin de les vêtir fuivant »le climat qu'ils habitent; nous n'avons trouvé ces pétrels que parmi les gla- ces, (4 )22 Néanmoins ces pétrels fi fréquens entre les îles de glace flottantes, difparoïflent ainfi que tous les autres oïfeaux quand on approche de cétte glace fixe, dont la formidable couche s'étend déjà bien loin dans les régions polaires du continent auftral ; c'eft ce que nous apprend ce grand Navigateur, le premier & le dernier peut-être des mortels qui ait ofé affronter les confins de cette barrière de glace, _ (1) Cook. Second Voyage ; tome I, page 120. (u) Idem, rome II, page 150. Mes Pétrels. * ‘4iga que pofe Ientement la Nature à mefure que notre globe fe refroidit. « Depuis notre arrivée au milieu des glaces, dit-ïl, 6c aucun pétrel antarétique ne frappa gp ce -nOS LE {x)n LE PÉTREL BLANC ou PÉTREL DE NEIGE: Quatrième efpèce. C: Pérrez eft bien défi ign£ par la déno- mination de petrel de néive , non-feule- ment à caufe de la blancheur de fon plumage, maïs parce qu'on Île rencontre toujours dans le voifinage des glaces, & .qu'ileneff, pour ainfi dire, le trifte avant- coureur dans les mers. auftrales ; avant d'avoir vu de près ces oïfeaux, M. Cook - ne les défigna d'abord que fous le nom d'oifeuu blancs (y); mais enfuite 1] {es (x) Ibidem, tome I, page 142. à y) A midi, par cinquante- un degrés cinquante minutes latitude fud, & vingt-un degrés longitude eft, nous aperçumes quelques oifeaux. bancs » À 452 Hifloire Naturelle reconnüt à la conformation de leur bec pour être du genre des pétrels; leur grof- {eur eft celle d’un pigeon; le bec eft d’un noir-bleuâtre; les pieds font bleus:(7), & 11 paroït que le plumage eft entière- ment blanc. E 6e Quand nous approchions d’une large traînée de glace folide, dit M. Forfter, » favant & laborieux compagnon de F'il- » luftre Cook, nous obfervions à l'horizon une réflexton blanche, qu'on appelle, »> fur les Vaïfleaux du Groënland,, le cligno- niernent de la glace (a); de forte qu'à apparition de ce phénomène nous »étions fürs de rencontrer les glaces à s peu de Heues; & c’étoit alors aufli que eu-près de Ja groffeur des pigeons, qui avoient Le bec & les pieds noirâtres ; je n’en avois encore point vus de pareils, & je ne les connoïfluis, pas ÿ je les crois de la clafle des pétreis, & indigènes de ces mers froides. Nous paflames entre deux Îles de glace qui étoient à peu de difiance lune de Pautre, Cook. Second Voyage. tome 1, page 92. (x) Idem, ibid. page 110. (a) Obfervations faites dans Phémifphèreaufiral, à la fuite du fecond Voyage de Cook, tome F, page 64. des Pétrelss © 453 nous apercevions communément des vo-ce ces de pétrels blancs de la grofleur desce pigeons , que nous avons appelés pétrels ce de neige, & qui font les avant-coureursce de la glace.» CE | . Ces pétrels blancs, mêlés aux pétrels antarctiques, paroïfloient avoir conftam- ment accompagné ces courageux Nav:- gateurs dans toutes leurs traverfées & dans leurs routes crotfées au milieu des îles de glace (4), & jufqu'au voilinage de lim- . menfe glacière de ce pole. Le vol de ces oïfeaux fur les flots, & le mouvement de quelques cétacés dans cette onde glaciale (c) font les derniers & les feuls objets qui répandent un refte de vie fur 11 fcène de la Nature expirante dans ces affreux parages. €) Caok. Second Foyage, tome I, page 320, (c) Idem, ibid. page 94. HN » LC] ASS Hifloire Naturelle mp _. æ à LE PÉTREL BLEU. Cinquième efpèce. L:Pérner bleu, ainfi nommé parce qu'il à le plumage pris-bleu (4), aufli- bien que le bec & les pieds{(e), ne fe rencontre non plus que dans les mers auftrales, depuis les vmgt-huit ou trente degrés & au-delà, dans toutes les latitu- des , en allant vers le pôle (f). M. Cook fut accompagne depuis le cap de Bonne- efpérance jufqu'au quarante-unième degré par des troupes de ces pétrels bleus & par des troupes de damiers (g), que la grofle mer & les vents femblorent ne rendre que plus nombreufes {2 ) ; enfuite drevit les pétrels bleus par les cinquante- cinquième & jufqu'au cinquante-huitrème degré (i), & fans doute 1ls fe trouvent (4) Cook. Second Voyage, tome I, page 88. (fe) Idem, 1bid. page 104. {f) Idem, ibid | (g) Qu’il appelle péntades. Procellaria capenfis. (h) Idem, tome I, page 88. (:) Ibidem, page 108, D. nus EUVNVIELU.UUS DTA TEt Lu , - des Pétrels. 455$ _dertième gi. les points intermédiaires de ces latitudes auftrales. 4 Ce qu'on remarque comme chofe parti culière dans ces pétrels bleus, c'eft la grande largeur de leur bec & la forte épaifleur de leur langue (4); 1ls font un peu moins grands que les pétrels blancs (/). Dans la teñate de gris-bleu qui couvre tout le defflus‘du corps, on voït une bande plus foncée, coupant en travers les aïles & le bas du dos; le bout de la queue eft aufli de cette même teinte bleu-foncé ou noirître ; le ventre & le deflous des aïles font d’un blanc-bleuâtre (1); leur plumage eft épais & fourni. «e Les pétrels bleus qu'on voit dans cette mer immenfe cc _ {entre l'Amérique & la nouvelle Zé-ce lande), dit M. Forfter, ne font pasce moins à l'abr: du frord que iles pinguims; ce deux priés au lieu d'une fortent dece _ (#) Page 104. (1) Le pétrel bleu eft à pEu-prés de fa groffeur d’un petit pigeon. Idem, pie {m) Cook. Second Voyage ; tome 1, page 104 456 Hifloire Naturelle #>chaque racine, elles font pofées l’une ssfur l'autre & forment une couverture s>très-chaude : comme ïls font continuel- lement en l'air, leurs ailes font très- fortes & très-longues. Nous en avons pstrouvé entre la nouvelle Zélande & F A- »»mérique à plus de fept cents lieues de nterre, efpace qu'il leur {eroît impoflible 3 de traverfer, {1 leurs os &' leurs mufcles » n'étoient pas d'une fermeté prodigieufe, 2 & s'ils nétotent point aidés par de lon- >gues ailes. > Ces oïfeaux navigateurs , continue 2 M. Forfter , vivent peut-être un temps »»confidérable fans alimens.....Notre s>expérience démontre & confirme à n quelques égards cette fuppoñition ; lorf- » que nous bleffions quelques-uns de ces spétrels , ïls jetoient à Fmflant une grande quantité d'alimens vifqueux , » digérés depuis peu , que Îles autres ava- lotent fur-le-champ avec une avidité > qui indiquoit un long jeûne. If eft pro- »bable qu'il y a dans. ces mers gla- ciales plufieurs efpèces de mollufca qui 2:montent à la furface de l'eau dans un 2 beau des P étrels: AL TS beau temps, & qui fervent de nour-ce riture à ces oïfeaux. (n ) » | Le même Obfervateur retrouva ces el en très-grand nombre & raflem- blés pour nicher à la nouvelle Zélande ; «les uns voloient, d'autres étotent au milieu des bois dans des trous en terre ,ce fous des racines d'arbres, dans les cre-ce vafles des rochers où on ne pouvoit lesce prendre, & où fans doute ils font leursce petits; le bruit qu'ils fatfoient reflem-ce bloit au croaflement des grenouilles ;ce aucun ne fe montroit pendant le jour ,ce maïs 1ls volotent beaucoup pendant 1. nuit {o). » 7 Ces pétrels bleus étoient de l'efpèce à Jarge bec que nous venons de décrire ; mais M. Cook femble en indiquer une autre dans le paflage fuivant : «Nous tuames des pétrels ; plufieurs étotent dece : l'efpèce bleue, maïs ils n'avotent pas unce large bec, comme ceux dont j'ai parléce plus haut, & les extrémités de leur queue ce (x) Forfter, dans Cook. Second Voyage, tome I, page 107. (0) Idem, page 176. Oiféaux. Tome XVII. V ù 458 Hifloire Naturelle s2étorent teintes de blancs, au lieu d’un 3 bleu-foncé. Nos Naturaliftes difputoïent s>pour favoir fi cette forme de bec & s»cette nuance de couleur , diftinguoient s>{eulement le mâle de D femelle. /p). 22 Il n'eft pas probable qu'il y ait une telle 2 différence de conformation dans le bec »entre le mâle & la femelle d’une même xefpèce ; & 1l paroït que lon doit ad- mettre 1ct deux efpèces de pétrel bleu, 2 la première à large bec, & la feconde 32 à bec étroit , avec la pointe de la qe 3» blanche.» LE TRÉS-GRAND PÉTREL QuesrAnTAnvEssos des Efpagnols. Sixième efpèce. UEBRANTAHUESSOS veut dire br:- | fer d'os, & cette dénomination elft fans : doute relative à la force du bec de ce : grand oïfeau, que l'on dit approcher en (p) Nous étions par cinquante-huit degrés de ati. tude fud, /dem, ibid. page 1e8, 4 des Pétrels. 459 _groffeur dé Falbatros (4). Nous ne Favons pas vu; mais M. Forfter, Naturalifte auf favant qu'exact, indique fa grandeur & le range fous le genre des pétrels (r)3 dans un autre endroit ïl dit: « nous trouvames à Îa terre des Etats, desce pétrels gris ( f°), de la tarlle des albatrosce & de lefpèce que les Efpagnols nomment ce québrantahueffos ou brifeurs d'os (+). »> Les matelots de l'équipage appelotïent cet oïfeau mère carey , ils le mangeoïent & le trouvoïent aflez bon { u). Un trait de naturel qui l'aflimile encore aux pétrels, ceft de ne guère paroïtre près des Vaif- feaux qu'à l'approche du gros temps ; ceci eft rapporté dans l'Hiftoire générale des Voyages ; on y a joint au fujet de cet orfeau quelques détails de defcription, mais qui nous paroïlent trop peu fürs (q) Cook. Second Voyage , tome IV, page 73e (r) Forfier. Obfervation, page 184. (f) Aïleurs il dit ëruns. Second Voyage, tome IV, page 73. : (t) Dans la relation du fecond Voyage de Cook, tome IV, p. 57. (u) Cook. Second Voyage, tome IF, page 73. | Vi 460 Hifloire Naturelle pour les adopter , & que nous nous cons tentons de rapporter en note ( x). (x) Les Pilotes de Ia mer du Sud, ont obfervé depuis long-temps, que lorfque le vent de nord doit fouffler, on voit un ou deux jours auparavant, voltiger fur la côte & autour des Vaïifleaux, une efpèce d’oïfeaux de mer qu’ils nomment quebrans tahueffos (c’eft-à-dire, brifeurs d'os), & qui ne paroiïf- fent guère dans un autre temps; on les voit s’abafler & fe foutenir fur les lames , fans s’éloigner du navire, jufqu’à ce que Îe temps foit calme. II eft aflez étrange qu’à l’exception de ce temps, ils ne fe montrent ni fur l’eau, ni fur la terre, & qu'on ne fache point quelles font les retraites d’où ïls accourent fi ponctuellement, Iorfqu’un inftinét naturel leur fait fentir que le temps doit changer. Cet oïfeau eft un peu plus grand que le canard ; il a le cou gros, court & un peu courbe; la tête grofle, le bec large & peu long, la queue petite, le dos élevé, les ailes grandes , fes jambes petites; les uns ont le plumage blanchâtre, tacheté de brun-obfcur ; d’autres ont tout le jabot, fa partié intérieure des aïles, la partie inférieure du cou & toute la tête, d’une parfaite blancheur; mais le dos & Îa partie fupérieure des aïles & du cou, d’un brun tirant fur le noir : aufii les diftingue-t-on par le nom de /omos prietes (dos noirâtre ); ils pañlent pour les plus fürs avant-coureurs du gros temps. Hifloire générale des Voyages, tome XIII, page 498. dés Pétrels. 461 * LE PÉTREL PUFFIN. (a) Septième efpèce L> CARACTERE de la branche des Puffins, dans la famille des pétrels, eft, comme nous l'avons dit, dans le bec, dont là mandibule inférieure à la pointe crochue & recourbée en bas, ainfi que la fupérieure ; conformation fans doute très-peu avantageufe à l'oifeau; & qui, dans l’ufage de fon bec & dans l'action de faïñir, prète très- peu de force” & d'appui à la mandibule fupérieure fur _ cette partie futante de la mandibule in- * Voyez les planches enluminées, n.0 062, fous Je nom de Puffin. * | (a) Manks pufin ou puffin of the ifle of man , par les Angloïis. — Pufinus. Jonfton, Avi. p. 98, — Puffinus anglorum. Willughby , Ornirhol. pag. 251, Rav , Synopf. pag. 134, n.° a, 4. — Sibbald. Scos, illufèr. part. I, lb. 111, pag. 20. — Sear-water , id ef? aque fuperficiem radens. WiMughby , pag. 252. — Ray, pag. 133; n.° à , 2.— Sterna medica , dorf fufto , ventre , uropygto & fronte albidis. — White- faced shear-water. Brown, Jamaïc. pag. 482. — Larus Ppiger cunicularis. Klein ; Avi. page 139, n° 18. — Diomedea Avis. Gefner, Avi. page 381. — Avis V üi 462 Hifioire Naturelle férieure. Du refte , les deux narines forit percées en forme de petits tuyaux comme dans tous les pétrels ; & la conformation des pieds avec F'ergot au talon, ainf que toute l’habitude du corps, eft la-même. Ce pétrel-puflin a quinze pouces de lon- gueur totale ; 1l a la poitrine & le ventre blancs ; une teinte de gris jetée fur tout le deflus du corps, aflez claire fur la tète , & qui devient plus foncée & bieuître fur le dos: ce gris-bleu devient tout-à-fait norrâtre fur les atles & la queue , de manière cependant que chaque plume paroït frangée ou feflonnée d'une teinte plus claire. diomedea. Aldrovande ; A:i. tome III, page 57. — Jonfton ; page 92. — Willughby, page 257: Charléton , Exercit. page 100 , n.° 2. Onomazgt. page 94, n.° 2.— L'oifèau de Diomède. Salerne , page 398.— Le pufin. Idem ; page 399.— The puffin of the ifle of man. Edwards, Glan. page 3, planche 359, fig. 2.— Puffinus fupernè faturatè cine- reo-fufèus infernè albus; reëtricibus lateralibus exteriüs fufcis, anteriüs caudidis... Pufinus...Le puñfhin.,. Briffon, tome VI, page 131.— Nota. Nous rappor- terons ici le pufiin cendré de M. Briffon frb1d. page 134 /, qui ne diffère guère du précédent qu'en ce qu’il a la queué blanche, des Pérrels, 463 Ces oifeaux appartiennent à nos mers > & paroïflent avoir leur rendez-vous aux îles Sorlingues , maïs plus particulière- ment encore à Filet ou écueïl à la pointe fud de File de Man, appelée par les Anglois the calf of man ; ls y arrivent en foule au printemps, & commencent par faire la guerre aux lapins qui en {ont les feuls habitans ; ils les chafient de leurs trous pour s'y nicher; leur ponte eft de deux œufs dont l'un, dit-on, refte ordinairement infécond ; mais Willughby aflure pofñtivement qu'ils ne pondent qu'un feul œuf. Dès que le petit eft éclos, la mère le quitte de grand matin pour ne revenir que de for, & c'eft pendant 4 nuit qu'elle e nourrit, en le gorgeant par intervalles, de la fubftance du potfon qu'elle pêche tout le jour à la mer; l'a- liment à demi-digéré dans fon eftomac, fe convertit en une forte d'huile qu'elle donne à fon petit ; cette nourriture le rend extrèmement gras; & dans ce temps quel- ques chafleurs vont eabaner fur la petite île, où 1ls font grande & facile capture de ces jeunes orfeaux en les prenant dans leurs terriers ; mails ce gibier, pour de- Vw 464 Hiftoire Naturelle venir mangeable , à befoin d'être mis dans le fel, afin de tempérer en partie le mauvais goût de fa graïfle exceflive. Willughby , dont nous venons d'em- prunter ces faits, ajoute que comme les chafleurs ont coutume de couper un pied à chacun de ces oïfeaux , pour faire à la fin compte total de leurs prifes , le peuple s’eft perfuadé R-deflus qu'ils naïf- foient avec un feul pied. {#) Klein prétend que le nom de puffin ou pupin eft formé d'après le cri de l'orfeau: 1l remarque que cette efpèce a fes temps d'apparition & de difparition; ce qui doit être en eftet pour des orfeaux qui ne furgiffent guère fur aucune terre que pour 4e befoin d'y nicher., & qui du refte fe portent en mer, tantot vers une plage : & tantôt vers une autre , toujours à la fuite des colonnes des petits poiflons voyageurs, ou des amas de leurs œufs, dont ils fe nourriflent également. Au refte , quoique les obfervations que nous venons de rapporter atent toutes été faites dans la mer du Nord, il paroït (ë) Willughby ; page 252. - _ des Pétrels, 46$ que l'efpèce de.ce pétrel-pufhin n'eft pas uniquement attachée au climat de notre pôle, mais qu'elle eft commune à toutes les mers, car on peut la reconnoitre dans le frifeur d’eau ( shear-water ) de la Jamaique de Brown /c), & dans l'artenna d'Aldrovande ; en forte qu'il paroït fréquenter également les difé- rentes plages de l'océan, & même fe por- ter fur la méditerranée, & jufqu'au golfe Adriatique & aux iles Tremiti , autrefois nommées £/es de Diomède. Tout ce qu AI- drovande dit, tant fur la figure que fur les habitudes naturelles de fon artenna , convient à notre pétrel-pufäin (d); 1 affure que le cri de ces oïfeaux reflem- ble, à s'y tromper, aux vagiflemens d’un enfant nouveau-né (e); enfin ä croit . (c) Voyez la nomenclature fous cet article. :{d) Voyez Aldrovande, De ave Diomedeä. Avi. tome III, page 57 € féquent. (e) I raconte qu’un duc d’Urbin ; étant alé coucher par plaïfir fur ces îles , fe crut pendant toute Ja nuit environné de petits enfans, & n’en put revenir que lorfqu’au jour on lui apporta de ces pleureurs qu’il vit être revêtus, non de mail- lots, mais de plumes, | V v 466 Hifloire Naturelle les reconnoïtre pour ces oifeaux de Dio meède (f); fameux dans l'antiquité par une fable touchante ; c’étoient des Grecs , qui avec leur vaillant chef , pourfuivis par la colère des Dieux, s’étorent trouvés fur ces iles métamorphofés en oïfeaux, & qui gardant encore quelque chofe d'humain & un fouvenir de leur an< cienne patrie , accouroïent au rivage lorfque les Grecs venotent y débarquer , & femblotent, par des accens plaintifs ;. vouloir exprimer leurs regrets: or cette intéreflante mythologie , dont les fitions trop blâmees par les efprits froids , ré- (f) Nota. Ovide dit, en parlant de ces oifeaux. de Diomède, | Si volucrum que fit dubiarum forma requiris, Ut non cyguorum, fic albis proxima cygnis. Ce qui ne va pas trop à un pétrel; mais ici la poëñe & la mythologie font trop mêlées, pour qu’on doive æfpérer d’y retrouver exactement la Nature. Nous remarquerons de plus, que M. Linnæus ne fait pas un emploi heureux de fon érudition, en don- nant le nom de Diomedea à Valbatros, puifque: ce grand oiïfeau, qui ne fe trouve que dans.les mers auftrales & orientales , fut néceflairement inconnu des Grecs ; &.ne peut par conféquent pas être leur oifeau de Dioméde, des Pétrels. 467 pandoïent au gré des ames fenfibles tant de grâce, de vie & de charme dans la Nature , femble en effet tenir ici à un point d'Hiftoire Naturelle , & avoir été imaginée d’après la voix gémiflante que ces oïfeaux font entendre, LE FULMAR ou PÉTREL-PUFFIN GRIS-BLANC DE L'ILE SAINT-KzIIDA. Huitième efpèce. Furmanr eft le nom que cet oïfeaur porte à l'île faint Kilda : il nous paroît qu'on peut le regarder comme étant d'une efpèce très-voifine de 1a précé- dente ; elles ne diffèrent entr'elles qu’en ce que ce pétrel fulmar à le plumage d'un gris-blanc fur le deflus du corps, au- lieu que autre l'a d'un gris-bleuâtre. ce Le fulmar, dit Ie doéteur Martin (g), prend fa nourriture fur le dos desc baleines vivantes ; fon éperon lui fertce . (g) Voyage à Sant-K ida ; tmprimé à Londre #1 1098 , page 55. | V vi Se AR le Mt cree fur leûr 22 pEAU gliflante , fans quoi ïl couroïît »rifque d'être emporté par le venttou _wjours violent dans ces mers orageufes..…. 4 #f lon veut faïfir ou même toucher le petit fulmar dans fon nid, il jette par "4 1e bec une quantité d’ huile, & lalance >> au de de celur qui Es — % 3 PRE LE P£: TREL-PUFFIN BRUN. & Neuvième efpèce. * | Epwa RDS; qui a décrit cet oïfeau fous le nom de grand. pétrel noir, re- marque néanmoins que la couleur uni- forme de fon plumage eft plutôt un brun- noirâtre, qu'un noir décidé; 1l les com- pare pour la grandeur, au corbeau, & (4) Martin, dans pate Préface de la 15 e partie des Glanures , page 4. (i) The great black peteril. Edwards , D 89: — Pufinus in toto corpore fuféo-nigricans ; reëricibus eoncoloribus . .. Puffinus capitis Bonæ-fpei. Le puffn du cap de Bonne- -efpérance. Briffon. Ornithol. tome VI, page 137. = RSS SSSR A \ù \ \ A \ NOT AE SEEN à AN SUN NAS \ \ À = : « \ * Ne RARE | ASS à NS ANS RIRES ARTE “ NAN LUN « RL A RE LL || NE ANT SN LR ASS \ \ \\ RUN PAL Fr” S < ñ ” VAN 4 ZA Rou. selt d Cap" Dee dl 3 Æ , if 27° LE FUIL.MAR ou PETREL-PUFFIN de [fe MX LA . È ï dt … ne, des Pétrels. 469 décrit très-bien laggonformation de bec, qui caractérifant ce pétrel , place en même temps cette efpèce parmi les pétrels- puffins ; «les narines, dit-il, femblent avoir té alongées en deux tubes jointsce enfemble, qui fortant du devant de lace tête, s’'avancent environ au tiers de lacs longueur du bec , dont les pointes toutes ce deux recourbéesen crocen bas, femblent ce être deux pièces ajoutées & foudées. » Edwards donne cette efpèce comme na- turelle aux mers voifines du cap de Bonne- efpérance , mais c'eft une fimple con- jecture qui n'eft peut-être pas aflez fondée. | * LOISEAU DE TEMPÉTE.(É} Dirième efpèce. UOIQUE ce nom puifle convenir plus eu moins à tous les pétrels, c'eft à celui-ci # Voyez les planches enluminées, n.° 993, le Pétrel ou Oifèau de tempête. Ck) Pinfon de mer ou de tempête. Catesby , Append. page 14.— Petit pierror (petteril). Edwards, 470 Hifioire Naturelle qu'il paroît avoir dé donné de préfe- rence & fpécialement par tous les Navi- gateurs. Ce pétrel eft le dernier du genre en ordre de grandeur ; ïl n'eft pas plus gros qu'un pinfon , & ceft de-là que vient le nom de f/rom-finck (1) , que lui donne Catefby ; c’eft le plus petit de tous les oïfeaux palmipèdes, & on peut tome If, planche 90.— Stromfnck. Clufius, Exotic. auËtuar, page 368.— Nieremberg , page 237. Wiällughby, Ormthol. page 306.—Jonfton, Avi. pag. 129.— Procellaria fuecis fromvae sfogel. Timnæus;, Fauna Suecic. n.° 249.— Moehring. Ari. Gen, 72: — Procellaria nigra , uropygio albo. Procellaria pela- gica. Forfter, Obfervat. page 184.— Plautus muni- mus , procellarius. Kieïin ; Æyi. page 148 , n.° 12. — Plantus albatros fpurius minimus. Idem , ibid, n.° 14.— Petit oifeau appelé rotje. Anderfon, Hif zoire d’Iflande & de Groënland , tome II, page 54. — Pétrel des Anglois. Albin, tome III, planche 92. — Nota. Qu’outre que la planche eft fort mal colo- riée , l’éperon eff figuré d’une manière très-fautive & comme fortant d’un petit doigt ou orteil qui n’exifte pas. — Le pégrel où Oifeau de tempête ; pet- zeril des Anglois : pinfon de mer de Catesby. Salerne , Ornithol. page 383. — Proccllaria fupernè nigricans , infernè cinereo-fufca, teëtricibus caudæ fuperioribus can- didis ; nigricante terminatis , reftricibus nigricantibus , tribus utrimque extimuis in exortu albidis . .. Procellarie. Le pétrel. Briffon, tome VI, page 140, (L) Pinfon de tempête, des Pétrels. | ÀATY être furpris qu'un auffi petit offeau s'ex- pofe dans les hautes mers à toute dif- tance de terre; ül femble , à la vérité; conferver dans fon audace le fentiment de fa foiblefle , car ïl eft des premiers à chercher un abri contre là tempête pro- chaine ; il femble la preflentir par des eflets de nature fenfibles pour Finftinét; quoique nuls pour nos fens, & fes mou- vemens & fon approche flannoncent toujours aux Navigateurs. Lorfqu’en effet on voit, dans un temps calme, arriver une troupe de ces petits pétrels à l'arrière du Vaïfleau, voler en même temps dans le fillage & paroître chercher un abri fous la poupe, les ma- telots fe hâtent de ferrer les manœu- vres (m), & fe préparent à l'orage, qui ne manque pas de fe former quelques heures après fn) ; ainf , l'apparition de (im) Catervatim hœc f° narigantibus appropinquent ; deponenda efle fubitd vela, intelligentes norunt. Clufius;, Auëtuar. pag. 368. | (n) Plus de fix heures avant la tempête, if en a le preflentiment & fe réfugie près des Vaifleaux qu’il trouve en mer. M. Linnæus ; dans les: Mémoires de l'Académie de Stockholm Colefianr 472 Hifioire Naturelle ces oïfeaux en mer, eft à-la-fois un figné d'alarme & de falut ; & il femble que ce foït pour porter cet avertiflement falu- taire que la Nature les a envoyés fur toutes les mers; car l'efpèce de cetoïfeau de tempête paroït être univerfellement répandue: ce on la trouve, dit M. Forfter, également dans les mers du Nord & mms académique, partie étrangère, tome XI, page 54. — Le 14 maï, entre lîle de Corfe & celle de Monte Chriflo , nous vimes derrière le Vaiffeau une troupe. de pétrels, connus fous le nom d’oifeaux de tempête. Lorfque ces oïifeaux arrivèrent près de nous, if étoit trois heures du foir; le temps étoit beau, le vent au fud-eft, prefque calme; maïs à fept heures le vent pañfa au fud-oueft avec beaucoup de violence, le ciel fe couvrt & devint orageux, a nuit fut très-obfeure & des éclairs redoublés en. augmentoient l’horreur, la mer s’enfla prodisieufe- ment, & nous fumes enfin obligés de refter toute a nuit fous nos baffes voiles. Extrait du Journal d'u Navigateur. — H paroît que c’eft quelque efpèce de pétrel, & fpécialement celle-ci que lon trouve défignée chez plufieurs Navigateurs, fous le nom d’alcion, comme accompagnant les Nautoniers ; fuïvant les Vaifleaux, & bien différent, ainfi que Von peut juger, du vrai alcion des Anciens, dont nous avons parlé à l'article du martin-pêcheur. Voyez l'hifloire de ce dexnier oifeau , volume WII de 8 Ouvrage, _ des Pétrels. 473 dans celles du Sud , & prefque furce toutes les latitudes (o ). »» Plufeurs marins nous ont afluré avoir rencontré ces oïfeaux dans toutes les routes de leurs navigations (p) ; ils n'en font pas pour celagplus faciles à prendre, & même ils ont échappé long-temps à la recherche des Obfervateurs, parce que , lorf LV parvient à les tuer , on les pérd prefque toujours dans le flot du fillage , au milieu duquel leur petit corps eft englouti (4). | (o}) Obfervations, page 184. (p ) Ces oifeaux volent de tous côtés fur Pocéan atlantique, & on les voit fur les côtes de PAmé- rique aufi-bien°que fur celles de PEurope, à plu- fieurs centaines de lieues de terre; les gens de mer dès qu’ils les apperçoïvent, croïent généralement que c’eft un pronoftic de tempête. Cateshy , Hifloire Naturelle de la Caroline. Append. page 14. — J'ai vu _ une grande quantité de ces oïifeaux enfemble au milieu des plus larges & des plus feptentrionales parties de a mer d'Allemagne, où ils doivent être à plus de cent milles d'Angleterre loin de la terre. Edwards. (q) Un de ces oïfeaux, dit M. Linnæus, avoit été tiré au vol & manqué, le bruit ne leffraya point ; ayant aperçu la bourre ïl fe jeta deflus , croyant que c’étoit un aliment & on le prit avec les mains. 474 Hifloire Nüturelle Cet oïfeau de tempête vole avec uns fingulière vitefle, au moyen de fes lon- gues arles, qu font affez femblables à celles de lhirondelle (r); & ïl fait trouver des points de repos au milieu des flots tumultucux & des vagues bondiflantes; on le voit fe mettre à ceuvert dans le creux profond que forment entr'eiles deux hautes lames de la mer agitée, &e sy tenir quelques inftans, quoiqueïla vague y roule avec une extrême rapi- dité. Dans ces fillons mobrles de flots, ïl court comme falouette dans les fillons des champs, & ce n'eft pas par le vol qu'il fe foutient & fe meut , mais par une courfe , dans laquelle , balancé fur {es aïles, 1l effleure & frappe de fes pieds avec une extrême vitefle la furface de l'eau ff). QE en meme D LÉ pu nn D Ut {r) « Au moyen de ces longues ailes, if s’élève »# en un inftant à perte de vue, ou s’éloigne au 5 large, au point qu’on ne peut plus l’apercevoir; s» mais cette même étendue d’aïles fi favorable en » temps ferein, fait, quand le vent eft violent, » qu’il en devient le jouet & fouvent la victime; » fentant donc derrière ui fair chargé, il cherche » un air plus libre, & devance, par fa rapidité, la tempête qui le fuit de près. » Salerne, page 384. (J) Pegafum dixeris , figuidem fuper ipfos flu&us des Pétrels. 475$ La couleur du plamage de cet oïfean eft d’un brun-notrâtre ou d’un noïr en- fumé, avec des reflets pourprés fur le devant du cou & fur les couvertures des ailes, & d’autres reflets bleuîtres fur leurs grandes pendes; le croupion eft blanc; la pointe de fes aïles pliées & croïfées dépañle la queue; fes pieds font aflez hauts; il a comme tous les pétrels, un éperon à la place du doigt poftérieur : & par la conformation de fon bec, dont les deux mandibules ont li pointe re- courbée en bas, 1l appartient à {a fa- mille des pétrels-puffins. T'paroïît qu'il y a variété dans cette efpèce ; ie petit pétrel de Kamtfchatka a la pointe des ares blanches 4); celui incredibili pedum velocitate tranfèuriere, ac nimbi infle® - ferri , non finè admiratione videas. Clufius. Quoique leurs pieds foient formés pour nager, ils le font auf pour courir; & c’eft lPufage qu’ils en font le plus fouvent ; car on les voit très-fréquem- ment courir avec vîtelle fur la furface des vagues dans leur plus grande agitation. Cateshy. (t) Les procellaria où vifeaux qui préfagent les tempêtes , font environ de la grofleur d’une‘hiron- delle ; ils font tous noirs à exception desailes, dont les pointes font blanches. Æifloire de Kamtfthatka, toms Il, page 49. ace Hifloir e Naturelle | des mers d'Italie, fur la defcription duquel M. Salerne. s'étend & qu'il fépare en . même temps de notre oïfeau de tem- pète (u) , a, fuivant cet Ornithologifte, des couleurs bleues, violettes & pourprées; maïs nous penfons que ces couleurs ne font autre chofe que des reflets dont le fond fombre de fon plumage eft lufiré; & quant auxmouchetures blanches où blan - chätres aux couvertures de l'aile, dont Linnæus fait mention dans fa defcription du petit pétrel de Suède, qui eft le même (u) « U n’eft pas, dit-il, plus grand que le ss pinfon de mer; fa tête eft prefque entièrement s> bleue, ainfi que le jabot. & les côtés, avec des » reflets de violet & de noir; le deflus de fon cou » eft vert & pourpre, changeant comme celui du » pigeon; Île fommet des ailes & le croupion font , » mouchetés de blanc, tout Îe refte eft noir; # a le regard très-vif & bien afluré. Cet oïfeau » paroît étranger à la terre, du moins perfonne »> ne peut dire lavoir vu fur les côtes ; fa préfence » eft un préfage certain de tempête prochaine, »» quoique le ciel, Pair & fa mer ne paroïffent > pas l’annoncer & foient calmes & fereins, alors #»1l ne, vole pas un à un , mais tous ceux qui » font à vue d’un Vaifleau ( & ils le voient de kÿn) fe réuniflent. » Salerne, Ornithol. page 384 24. XXL pag 476! 2. tree N des Petrels. 477 que le nôtre ; cette légère différence ne . tient fans doute qu'à âge. Nous rapporterons à ce petit pétrel le rotje de Groënland & de Spitzberg, dont parlent nos Navigateurs hollandoiïs; car quoique leurs notices préfentent des traits mal afortis, 1l en refte d’aflez ca- ractérifés pour qu'on puïfle juger de la reflemblance de ce rotje avec notre oïfeau . de tempête. « Le rorje , felon ces Voya- _geurs, a le bec erochu..,. 1l n'a quece trois doigts, lefquels fe tiennent parce une membrane .,.. left prefque noirce par-tout le corps, excepté qu'il a lece ventre blanc; on en trouve auffi quel-ce ques-uns qui ont les aïles tachetées dece noir & de blanc, +. du refte il ref- ce femble fort à une hirondelle, / x ) »» mn (x) Is crient roftet, tet, tet, tet, tet, d’abord fort haut en baïffant enfuite Le ton par degrés ; peut. être que ce cri leur a fait donner le nom de rotjes : is font plus de bruit qu'aucun autre oïfeau, parce que leur cri eft plus aïgu & plus perçant; ils font leurs nids avec de la mouffe, la plupart dans les fentes des rochers, & quelques-uns fur les mon- | taghes où nous tuames une grande quantité de leurs petits avec des bâtons; ïls fe repaiflent de certains vers oris qui reflemblent à des crabes... Li 478 Hifioire Naturelle Anderfen dit que rojer veut dire perit rat ; & que &« cet oïfeau a en eflet la s»couleur noire , la petitefle & le cri d'un rat. » II paroït que ces oïfeaux n'abordent aux terres de Spitzherg & de Groënland , que pour y faire leurs petits ; ils placent leurs nids à la manière de tous les pétrels, dans des creux étroits & profonds, fous les débris des rocs écroulés, fur les côtes & tout près de la mer; dès que Îles petits font en état de fortir du nid, les père & mère par- tent avec eux & fe glflent du fond de leurs trous jufqu'à la mer, & ils ne re- viennent plus à terre {y ). Quant au petit petrel plongeur de MM. Cook & Forfter (4), nous le rap= Le ils mangent auffi des chevrettes rouges & des langouftins. Nous tuames quelques-uns de ces oi- feaux, pour la première fois fur la place, le 29 mai; mais dans la fuite nous en primes plufieurs à Spitzhergen. Ces oifeaux font fort bons à manger, & les meilleurs après ceux que l’on appelle frand copers runers ( coureurs de rivage); ils font charnus & gras. Recueil des Voyages du Nord; Rouen , 1716, tome II, page 93. É (>) Hit. Nat. d’Iflande & de Groënland, tome 11, page 54. | {[z) Dans le canal de la Reine-Charlotte (à Ia des Petrels. 479 porterions auffi à notre oïfeau de tem- pète fi ces Voyageurs n'indiquotent pas par cette épithète que ce petit pétrel a une habitude que nous ne eonnotflons pas à notre oïfeau de tempête , qui eft celle de plonger. Enfin nous croyons devoir rapporter; non pas à lotfeau de tempête, mais à la famille des pétrels en général , les efpèces indiquées dans les notices fuivantes. nouvelle Zélande”, nous vimes de grandes troupes de petits pétrels plongeons f procellaria tridaë&ila }, voltiger ou s’afleoir fur fa furface de Ia mer, ou nager fous l’eau à une diftance affez confidérable avec une agilité étonnante; ils paroïfloient exacte- ment les mêmes que ceux que nous avions vus, cherchant Ia terre de M. Kerguelen , par quarante- huit degrés de latitude. Cook. Second Voyage , tome I, page 217. — Par cinquante-fix degrés quarante- fix minutes latitude auftrale , le temps devint beau, & nous aperçumes de petits plongeons , comme nous les appelions , de la clafle des pérrels; je n’en avois jamais vu à fi grande diftance des côtes; ceux-ci avoient probablement été amenés fi loin par quelques bancs de poiflons; en effet, il devoit y avoir de ces bancs autour de nous, puifque nous étions environnés d’un grand nombre de pétrels bleus ; d’albatros & d’autres oïifeaux qu’on voit communément dans le grand océan. Tous ou pref- que tous, nous quittèrent avant la nuit. Zdem , tome 11, page 157. «! ' a. à hole or JUS Lu 1,3 LES ANS 480 Hifloire Naturelle I. Le pétrel que les matelots du capi- taine Carteret appeloient poulet de l& mère Carey , & qui femble, dit-il, fe pro- 2»mener fur l'eau, & dont nous vimes »plufeurs depuis notre débouquement » du détroit { de Magellan ), le long de la cote du Chily. fa) » Ce pétrel eft vrarfemblablement l'un de ceux que nous avons décrits, & peut ètre lequebran- tahueffos , appelé mère Carey par les matelots de Cook; un mot fur la gran- deur de cet oïfeau eût décidé la queftion. II. Les oifeaux diables, du P. Labat, dont on ne peut guère aufli déterminer l'efpèce , malgré tout ce qu'en dit ce pro- lixe conteur de Voyages; vorct fon récit que nous abrègerons beaucoup. 6e Les 52 dianbles ou déablotins commencent , (a) Voyage de Carteret. Calle&. d'Hawkefworth, tome T, page 203. — C’eft vraïfemblablement auf : Je même dont Wafer a parlé en ces termes. « Les ss oïfeaux oris ( de l’île de Juan Fernandès), font s>5 à peu-près de {a groffeur d’un petit poulet, & » font des trous en terre comme les lapins; ils s’y logent la nuit & le jour; ds vont à la pêche. » Voyage de Wafer, à la fuite de ceux de Dampier , tome IV, page 303. dit-il , ‘des nur. À 48 dit-il, N paro F4 à: x Guadeloupe & «a à Saint-Domingue, vers la fin du moisce. de feptembre; on des. trouve alors deux ce à deux dans chaque trou ; ils s_difpa-ce roiflent en novembre , reparoïent dece nouveau en mars, & alors on trouvece la mère dans fon trou avec deux petits ce qui font couverts d'un duvet épais &ce jaune , & font des pelotons de graille ;ce on leur donne alors le nom de cofrons.ce Is font en état de voler, & partent versce la fin de mar; durant ce mois on en faitce de très-grandes captures, & les Nëègresce ne vivent d'autre chofe.... La grandece montagne de la foufrière à laGuadeloupe, ce eft toute percée comme une garenne, ce. des trous que creufent ces diabies; maïs ce comme ils fe placent dans les endroïtsce les plus efcarpés, leur chafle eft très-ce érileufe..… Toute la nuit que nousc pallames à la foufrière, nous entendimes ce le grand bruit qu'ils fafoient en fortantce & rentrant, cria inf comme pours ‘entr 0 ce peler & {e répondre les uns les autres. À force de nous aïder, en nous a avec des lianes, aufli-bren que nosce chiens, nous parvinmes enfin aux lredxce Das Torne XVII. X 482 Hifloire Naturelle Re Ye ge: : : TER 2 #ùr > peuplés dé ces oïfeaux ;-en trois Poe nos quatre Nègres avoient tiré de leu trous cent trente-huit diables & mot »dix-fept....C'eft un mets délicièux » qu'un jeune diable mangé au fortir de »la broche... L'oïfeau diable adulte eft. »à peu-près de la groffeur d’une poule à fleur : &eft ainfi qu'on appelle aux îles les jeunes poules qui doivent pondre > bientot; fon plumage eft noir ; ïl a les ailes longues & fortes ; les jambes aflez »»courtes ; les doïgts garnis de fortes & 22 longues griffes ; le bec dur & fort courbe, 22 pointu, long d'un bon pouce & démiï; »1ila de grands yeux à fleur de tête qui 5 lui fervent admirablement bien pendant 35la nuit, mais qui lui font tellement mu- > tiles pendant le jour, qu'il ne peut fup- 2»porter la lumière ni difcerner les ob- jets : de forte que quand xl eft furpris par ie jour hors de fa retraite, 1l heurté 2contre tout ce qu'il rencontre, & enfin s»tombe à terre...aufli ne va-t-il à la mer que la nuit. / b ) » Ce que le P. Dutertre dit de loiféau (3) Labat, rome I1, pages 408 € für. 1h; - 2 1,5À ‘des Pétrels TT. 483 diable ne fert pas plus à le faire recon- noître ; 11 n'en parle que fur le rap- port des chafleurs /c) ; & tout ce quon peut inférer des habitudes naturelles de cet oïfeau, c'eft que ce doit être un pétrel. \ IL L’alma de maeffro des Efpagnols, qui paroît être un pétrel, & que l'on pourroit même rapporter au damier , fi la notice où nous le trouvons défigné, étoit un peu plus précife, & ne coin- mençoit pas par une erreur , en appli- quant le nom de pardelas, qui conftam- ment appartient au damier , à deux pé- trels, l’un gris, l’autre noir , auxquels 1l ne: convient pas / d).. ee mm _ Ce) Voyez Hift. Nat. des Antilles, £. ZI, p. 257. (d) On voit dans cette traverfée ( du Pérou au Chili), à une fort grande diftance de Ia côte, des oïfeaux que cette propriété rend fort fingu- liers; ils fe nomment pardelas ; leur groffleur eft à peu-près celle d’un pigeon ; ils ont le corps long, le cou fort court, la queue proportionnée, les aïles longues & minces. On en diftingue deux efpèces , FPune grife, d’où leur vient feur nom; Pautre noire : leur différence ne confifte que dans la couleur ; on voit auf, mais à moins de diftance en mer, un autre oïfeau que les Efpagnols nomment a/ma de maefiro , blanc & noir ; la queue longue , & moins commun que les pardelas ; il ne paroît guère que dans le gros temps, & c’eft de-L qu’il ire fon nom. Traverfée des 484 Hifloire Naturelle, &c. ! IV. Le majagué des Brafliens (e), que Pifon décrit comme ïl fuit; «il eft, dit- il, de la taille de loïe , maïs fon bec à »pointe crochue lur fert à faire capture | “de poïflons ; il a la tête arrondie, l'œil »brillant; fon cou fe courbe avec grâce comme celur du cygne; les plumes du 2 devant de cette partie font jaunâtres 3, “le refte du plumage eft d'un brun-. > notrâtre, Cet oïfeau nage & plonge avec wcélérité, & fe dérobe ainfi facilement aux embüches; on Îe voit en mer vers l'embouchure des fleuves. »» Cette dernière circonftance, fi elle étoit conftante, feroit douter que cet oïfeau füt du nombre des pétrels, qui tous affectent de s'élot- gner des côtes & de fe porter en haute mer. frégates a Veles & Ta Rofa, de Callao à Juan Fernandès ; Hifloire générale des Voyages , tome XIII , page 497. (e) Majagné. Pifon , Hifi nat. pag. 83 , avec une figure qui ne deffine point le caractère du bee, d’après lequel on pourroit juger fi c’eft véritablement un pétrel. — Majague Bra/lienfium Pifoni. Wilugbbt, Ornithol, page 252.— Ray, Synopf. Ari. page 133, n.° 3.— Puffinus fufco nigri- cans , collo infertore flavo , re&ricibus fufco nigricantibus. Le puñin du Brefl. Briffôn , tome VI , page 138. FIN du XVII, Volume.