f*- M '^9k< -♦ ipj ^^ fî*^ , w ■!-«. A»^ -t'"i^ »*«:*-'-««ri-i-'-:^--S»ffiJ*J»iSlO-.zas;^^**-î?«|:^ HARVARD UNIVERSITY. L.IBRARV OF THE MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY H'\.\^ ^ -^\ LUÎRARV OF LOUIS CABOT, U.C., 1858. GIFT OF HENRY B. BIGELOW. ^^w^\\..\V^- '■. fmAif: HISTOIRE NATURELLE DES QUADRUPÈDES OVIPARES ET DES SERPENS. TOME QUATRIÈME. HISTOIRE NATURELLE DES QUADRUPÈDES OVIPARES ET DES SERPENS , PAR LE Cen LACEPÈDE. TOME Q U A 1" R I È M E. A PARIS, Chez Saugrain, graveur, rue du Cimetière André-des-Arcs , 11° lo. L'AN VII DE LA RÉPUBLIQUE. HISTOIRE NATURELLE DES QUADRUPEDES OVIPARES ET DES SERPENS. COULEUVRES OVIPARES. LA LISSE. V_>ETTE couleuvre a beaucoup de rap- ports, par sa coiiforiiiatloii et par sa gran- deur, avec le serpent à collier; elle est, comme ce dernier reptile , très-commune dans plusieurs contrées de TEurope , et 6 HISTOIRE NATURELLE particulièiemeiit aux environs de Vienne eu Autriche, où elle a été trSfe-bien dé- crite et observée avec soiu par M. Lau- rent. Elle se trouve aussi dans quelques provinces septentrionales de France, et nous en avons vu un individu dans la collection de M. d'Antic : mais comme le commencement de notre arùcle sur la nomencLiture des serpcns étoit déjà im- primé lorsque nous avens su que la lisse n'étoit pas étrangère à nos contrées , nous ne l'avons pas comprise parmi les serpens de France, dont nous avons rapporté les noms dans ce même article reiatifa la nomenclature des reptiles Les habitans de la campagne ont souvent contondu la lisse avec la couleuvre à collier, ou ne Font regardée que comme une variété de cette dernière; et leur opinion a pu être fondée sur ce qîTon les a vnes quelque- fois accouplées ensemble. Elles forment cependant deus différentes espèces , et il est aisé de distin^^uer l'une de l'autre par la forme des écailles qu'elles ont sur le dos. Celles du serpent à collier sont rele- vées par une arête, ainsi qtic nous Fa- DES COULEUVRES. 7 vous dit, au lieu que celles de la cou- leuvre dont il est ici question , sont très- uiîies; et c'est de là que nous avons tiré le nom de lisse que nous avons cru devoir lui donner. Le sommet de la tête de cette couleuvre est garni de neuf grandes écailles très- luisantes et très -polies, disposées sur quatre rangs, comme celles que Ton voit sur la tête de la couleuvre à collier et de la couleuvre verte et jaune. Ses yeux sont couleur de feu , et placés au milieu d'une bande très-brune qui s'étend depuis le coin de la bouche jusqu'aux narines; les écailles qui couvrent les mâclioires, sont bleuâtres. On voit sur le derrière de la tête deux taches assez grandes d'un jaune un. peu foncé ; et depuis cet endroit jusqu'à l'extrémité de la queue , régnent des taches plus petites disposées sur deux rangs, et placées de manière que celles d'une rangée correspondent aux inter- valles qui séparent les taches de l'autre rang. Le fond de la couleur du dos est bleuâtre, mêlé de roux vers les côtés du corps, où l'ou remarque aussi quelques 8 HISTOIRE NATURELLE taches. Les plaques qui revêtent le de» sous du corps et de la queue, sont très polies , très-luisantes , un peu transpa- rentes , blanchâtres , et présentent de,« taches rousses , ordinairement d'autant plus grandes qu'elles sont plus près de l'anus * ; et les jeunes individus ont quel- quefois le dessous du corps et la queue d'un roux très -vif, qui approche du rouge. La lisse paroît aimer les endroits hu- mides ; on la trouve communément dans des vallons ombragés. Il est quelquefois aisé de l'irriter, lorsqu'elle est dans l'état sauvage : mais en la prenant jeune , ou parvient aisément à la rendre très-douce et très-familière ; et on est d'autant uioins fâché de la voir dans les maisons, qu'elle ne répond point de mauvaise odeur sen- sible, au moins dans les contrées un peu froides. Elle n'a point de crochets mobiles ; elle ne contient aucun venin , et M. Lau- rent s'en est assuré en éprouvant les effets Les grandes plaques sont, communément au nombre de cent soixaute-dix-buit , et les paires de petites plaques au nombre de quarante-six. DES COULEUVRES. 9 de sa morsure sur des chiens , des chats et des pigeons. La lisse se trouve non seulement en Europe , mais dans les Indes occidentales et dans les grandes Indes , d^où un indi- vidu de cette espèce a été envoyé pour le Cabinet du roi. M. Laurent regarde , avec raison , comme une variété de cette espèce , une couleuvre dont Seba a donné la figure (tome I , ph 52 , fig- 4) , et qvit en différoit un peu par la couleur rouge du dos , en supposant que cette teinte ne fût pas un effet de Tesprit-de-vin sur l'in- dividu décrit par Seba. Nous aurions regardé aussi comme une couleuvre lisse, le serpent dont Gronovius a parlé ( n. 22 ) , que Seba a fait représenter (tome H , pi. 33 , fig. i) , et qui a de très - grands rapports avec ce reptile , si M. Laurent , qui a observé la lisse vivante , n'avoit dit expressément qu'elle étoit très - différente de ce serpent de Gronovius. * Ce serpent décrit par Gronovius avoit cent soixante-quatorze grandes plaques et soixante paire* de petites. % 10 HISTOIRE NATURELLE M. Cetti a fait mention d'une couleuvre de Sardaigne , appelée pipera di secco , ■vipère de terre. Elle inspire une grande frayeur' aux liabitans de la campagne , quoiqu'elle ne soit pas venimeuse ; elle n'a point de crochets mobiles ; sa lon- gueur est de plus de trente pouces ; le dessous de son corps est noirâtre , et le dessus tacheté de noir , comme le dos de la vipère commune , dit M. Cetti : peut- être ce serpent est-il une variété de la couleuvre lisse. Jbyn ^ ■ J'fj.J'at/ji. y LA QUATRE 3\ArES 2XA COITLEL^VRE B'ESCXXAPE > '■:„., il. t: DES COULEUVRES. ii LA QUATRE-RAIES. JN ous donnons ce nom à une couleuvre envoyée de Provence au Cabinet du roi , et dont le dessus du corps , plus ou moins blanchâtre ou fauve , présente quatre raies foncées qui en parcourent toute la lon- gueur. Les deux raies extérieures se pro- longent jusqu'au dessus des yeux , der- rière lesquels elles forment une espèce de tache noire très-alongée ; elles s^éîendent ensuite jusqu'au-dessus du museau , où elles se réunissent. Le dessus de la tête est recouvert de neuf grandes écailles disposées sur quatre rangs, ainsi que dans la couleuvre à collier et dans la verte et jaune. Les écailles du dos sont relevées par une arête ; celles qui garnissent les côtés du corps , sont unies. L'individu de cette espèce envoyé au Cabinet du roi avoit deux cent dix-huit grandes plaques , et soixante - treize paires de 12 HISTOIRE NATURELLE petites *. Sa longueur totale étoit de trois pieds neuf pouces , et celle de sa queue de huit pouces six lignes. Nous ignorons quelles sont les habi- tudes de la quatre-raies ; mais comme sa conformation ressemble beaucoup à celle de la couleuvre \erte et jaune , et qu'elles habitent le même climat , leurs manières de vivre doivent être très-analogues. * On voyoir , entre l'anus et les grandes plaques , deux paires de petites. DES COULEUVRES. i3 LE SERPENT D'ESCULAPE. Kj e nom a été donné à plusieurs espèces de serpens , tant par les voyageurs que par les naturalistes ; il a été attribué à des serpens d'Europe et à des serpens d'Amé- rique : mais nous ne le conservons à aucune autre espèce qu'à celle qui se trouve aux environs de Rome , et qui paroît être en possession , depuis plus de dix-huit siècles , de cette dénomina- tion de sej'pent d'Esculape , comme si l'in- nocence des habitudes et la douceur de ce reptile l'avoient fait choisir de pré- férence pour le symbole de la divinité bienfaisante , très-souvent désignée, ainsi que nous l'avons dit , par l'emblème du serpent *. Nous ne donnerons donc ce nom de serpent d'Esculape, ni à la cou- leuvre que M. Linné a appelée ainsi , ni * Discours sur la nature des serpens. a 14 HISTOIRE NA TURELLE à plusieurs autres espèces que Seba a nommées de même ; et nous croj'^ons d'au- tant plus que la description que nous allons faire concerne le serpent d'Escu- lape des anciens Romains , que l'individu qui en a été le sujet , a été envoyé des environs de Rome au Cabinet du roi. La tête de ce serpent est assez grosse en proportion du corps ; le dessus en est garni de neuf grandes écailles , disposées sur quatre rangs , comme dans la verte et jaune. Celles qui couvrent le dos sont ovales et relevées par une arête; mais celles qui revêtent les côtés sont unies. La couleur générale du dessus du corps est d'un roux plus ou moins clair ; et l'on voit , de chaque côté du dos , une bande longitudinale obscure et presque noire ,. sur-tout vers le ventre. Les écailles qui touchent les grandes plaques du dessus du corps sont blanches , et la moitié de ces écailles , la plus voisine de ces grandes plaques , est bordée de noir ; ce qui forme , de chaque côté du ventre , une rangée de petits triangles blancbâtres. Nous avons compté cent soixante-quinze DES COULEUVRES. i5 grandes et soixante - quatre paires de petites : les unes et les autres sont blan- châtres , et tachetées d'une couleur fon- cée. La longueur de la queue étoit de neuf pouces trois lignes dans Tindividu qui fait partie de la Collection du roi , et la longueur totale, de trois pieds dix pouces. Ce serpent, qui a de grands rapports, ainsi qu'on peut le voir, avec la cou- leuvre verte et jaune, la couleuvre à col- lier, la lisse et la quatre-raies, est aussi doux, et peut-être même naturellement plus familier, que ces quatre couleuvres. 11 se trouve dans presque toutes les ré- gions chaudes ou tempérées de l'Europe, eu Espagne, en Italie, et particulièrement aux environs de Rome. Non seulement il se laisse caresser par les enfans et manier par des charlatans , qui s'en servent pour s'attribuer, aux veux du peuple, un pou- voir merveilleux sur les animaux les plus funestes, mais il se plaît dans les lieux habités; il s'introduit dans les maisons, même quelquefois il se glisse innocemi ment jusque dans les lits. Ses autres i6 HISTOIRE NATURELLE habitudes doivent ressembler beaucoup à celles de la couleuvre couiniune et de la couleuvre à collier. M. de Faujas de Saint-Foud a eu la bonté de me donner une dépouille de serpent trouvée dans une de ses terres , auprès de Montelimart en Daupliiné : comme elle est très-entière , et qu'il est extrêmement rare d'en avoir d'aussi bien conservées , je l'ai examinée avec soin , et avec d'autant plus d'attention , qu'elle démontre d'une manière incontestable la manière dont se dépouille le serpent au- quel elle a appartenu ; et qu'après avoir comparé les diverses observations recueil- lies au sujet du dépouillement des rep- tiles, on peut croire que tous les serpens se dépouillent à peu près de la même manière. J'ai d'abord chcrelié de quelle espèce étoit le serpent dont cette dé- pouille avoit fait partie. Il étoit évidem- ment du genre des couleuvres. J'aicompté les grandes et les petites plaques ; j'ai trouvé cent soixante-seize grandes pla- ques , et quatre-vingt-neuf paires de pe- tites. La couleuvre verte et jaune ayant DES COULEUVRES. 17 ordinairement deux cent six grandes pla- ques, et la couleuvre à quatre raies en ayant deux cent dix-buit, j'ai cru ne devoir pas leur rapporter le serpent dont j'avois la dépouille sous les yeux, d'au- tant plus que la quatre-raies a deux paires de petites plaques entre les grandes pla- ques et l'anus , et que sur la dépouille on ne Yoit, dans cet endroit, qu'une paire de petites plaques. La lisse et la couleuvre à collier m'ont paru aussi avoir trop peu de rapports de conformation et de gran- deur avec le serpent dont j'exaniinois la dépouille, pour être de la même espèce '*'. Ainsi, parmi les diverses couleuvres ob- servées eu France , ce n'est qu'cà celle d'Esculape que j'ai cru devoir rapporter ce serpent. 11 se rapprocbe en effet beau- coup de cette couleuvre d'Esculajje , par le nombre des grandes et des petites pla- ques, par la forme des écailles qui gar- * Nous avons vu que la couleuvre à collier a orcVinairernent cent soixanie-dix grandes plaq\ies et soixante paires de petlûes, ei que la lisse a quaranie- six paires de petites plaques, el cent soixanle-dis- îmit grandes plaques ou écailles. 18 HISTOIRE NATURELLE iiissent le dos , les côtés du corps , le sommet de ]a tcte et les iiiâclioires, par les proportions des diverses parties , et enfin par la grandeur, la dépouille que M. de Faujas de Saint-Foud m'a procurée, ayant quatre pieds cinq pouces de lon- iîueur totale, et un pied quatre lignes depuis l'anus jusqu'à l'extrémité de la queue. Je u'ai pu juger de la ressemblance ou de la difléreuce des couleurs de ces deux serpens , la dépouille étant trcs- luince, sèche, transparente ^^ et entière- ment décolorée. Quoi qu'il en soit, l'objet intéressant n'est pas de savoir à quel rep- tile a appartenu la dépouille trouvée dans la terre de Saint-Foiul, mais de prouver, par cette dépouille, la manière dont le serpent a dû quitter sa vieille pej^u. Cette dépouille , quoiqu'entière , est tournée à l'envers d'un bout à l'autre ; elle présente le côté qui étoit l'intérieur lorsqu'elle faisoit partie de l'animal. Le reptile a dû commencer de s'en débar- rasser par la tête , n'y ayant pas d'autre ouverture que la gueule par où il ait pu sortir de cette espèce de sac. Lorsque le DES COULEUVRES. ig serpent exécnte cette opération , les écailles qui recouvrent les mâchoires sont les premières qui se retournent en se déta- ciiant du palais et en demeurant toujours très-unies avec les écailles du dessus et du dessous de la tète. Ces dernières se retour- nent ensuite jusqu'aux coins de la gueule , et on pourroit voir alors la tête du ser- pent , depuis le museau jusque derrière les yeux , revêtue d'une peau nouvelle, et faisant eiî'ort pour continuer de se dégager de l'espèce de fourreau dans le- quel elle est encore un peu renfermée. Ce fourreau continue de se retourner comme lin gant , de telle manière que, pendant que la véritable tète de l'animal s'avance dans un sens patir s'en débarrasser , le museau^de la vieille peau, qui est tou- jours bien entière , s'avance , pour ainsi dire, vers la queue, pour que cette vieille peau achève de se retourner. Les yeux se dépouillent comme le reste du corps ; la cornée se détache en entier , ainsi que les paupières de nature écailleuse , qui l'en- toure!) t , et elle conserve sa forme dans la dépouille desséchée , où elle présente , à So HISTOIRE NATURELLE l'extérieur , son côté concave , attendu que cette dépouille n'est que la peau retournée. Les écailles s'enlèvent en entier avec la partie de Tépidernie à laquelle elles étoicnt attachées. Cet épidémie forme une sorte de cadre autour de chaque écaille , ainsi qu'autour de chaque pla- que, grande ou petite. Ce cadre ne suit pas précisément le contour de chaque écaille ou de chaque plaque; mais il (ait le tour de la partie de la plaque ou de l'écaillé qui tcnoit à la peau et qui ne pouvoit pas s'en séparer dans les divers inouvemens de l'animal. Ces dilîérens ca- dres , qui se touchent, forment une sorte de réseau moins transparent que les- écailles , qui paroissent en remplir les intervalles comme autant de facettes et de lames presque diaphanes. Le serpent , en se tournant en dilîérens sens , et eu se frottant contre le terrain qu'il parcourt , ainsi que contre les divers corps qu'il rencontre, achève de se débarrasser de sa vieille peau, qui continue de se retourner. Le museau de cette vieille peau dépasse bientôt l'extrémité de la queue dans le DES COULEUVRES. 2t «eus opposé à celui dans lequel s'avance le serpent , de telle sorte que , pendant que le reptile , revêtu d'une peau et d'é- cailles nouvelles , sort de sou fourreau qui se replie eu arrière , ce fourreau paroît comme un autre reptile qui engloutiroit le serpent , et dans la gueule duquel ou verroit disparoître l'extrémité de sa queue. Vers la fin de l'opération , le serpent et la dépouille , tournés en sens contraire , ne tiennent plus l'un à l'autre que par la dernière écaille du bout de la queue , qui se détache aussi , mais sans se re- tourner \ On verra aisément que cette manière de quitter la vieille peau a beaucoup de rapports avec celle dont se dépouillent les salamandres à queue plate ^. ^ Nous avons déposé au Cabiuet du roi la dé- pouille trouvée dans la lerre de M. de Faujas. ' Article des salamandres à queue plate. 22 HISTOIRE NATURELLE LA VIOLETTE. IN ous donnons ce nom à une espèce de couleuvre dont un individu fait partie de la collection du roi. Ce serpent n'est point Yenimeux ; ses uiâchoires sont garnies d'un double rang de petites dents immo- biles , et ne présentent point de crochets mobiles et creux. 11 a le sommet de la tète garni de neuf grandes écailles placées sur quatre rangs , comme dans la couleuvre verte et jaune ; son dos est revêtu d'é- cailles unies en losange , et d'un violet plus ou moins foncé; et le dessous de son corps est blanchâtre, avec des taches vio- lettes irréguLères, assez grandes et pla- cées alternativement à droite et à gauche. Nous avons compté cent quarante-trois grandes plaques , et vingt -cinq paires de petites. L'individu que nous avons mesuré , avoit deux pouces trois lignes depuis l'anus jusqu'à l'extrémité de la queue , et sa longueur totale étoit d'un pied cinq pouces trois lignes. Tom 4. /*/ 2, . -PiK/ Z2. ^,LA VIOLETTE ^XE DEMI-COULIER. J Pa.guet & DES COULEUVRES. 23 LE DEMI-COLLIER. i_j'oisr conserve au Cabinet du roi un individu decette espèce qui y a été envoyé du Japon sous le nom de kokura. \\ a un pied sept pouces de longueur totale , et quatre pouces dix lignes depuis l'anus jusqu'à rextréniilé de la queue. 11 n'est point venimeux et n'a point de crochets mobiles. Le sommet de sa tête est garni de neuf grandes écailles qui forment quatre rangs: celles du dos sont en losange et relevées par une arête. Nous avons compté cent soixante-dix grandes plaques, et quatre-vingt-cinq paires de petites *. Les couleurs du serpent demi -collier sont trcs-agréables ; on voit sur son dos, dont la couleur générale est brune , de petites bandes transversales blanchâtres * L'individu décrit, par M. Linué avoit tnit soixau(e-quatre gi-andes pluques, et quaU'e-vingl- dcux paires do peliies. 24 HISTOIRE NATURELLE et bordées d'une petite raie plus foncée que le fond ; le dessus de sa tète est blanc , bordé de brun , et présente trois taches brunes et alongées : mais ce qui sert sur-tout à le faire distinguer, ce sont trois taches rondes et blanches placées sur son cou, et qui forment comme un demi-collier. Cette couleuvre se trouve non seulement au Japon, mais encore eu Amérique. DES COULEUVRES. 25 LE L U T R I X. J_JES couleurs de ce serpent sont peu nombreuses , mais forment un assorti- ment aussi agréable et aussi brillant que simple ; le dessus et le dessous de sou corps sont jaunes , et ses nuances ressor- tent d'autant mieux , qu'il a les côtés bleuâtres. Cette couleuvre , que M. Linné a fait connoître , se trouve dans les Indes ; l'in- dividu qu'il a décrit avoit cent trente- quatre grandes plaques , et vingt-sept paires de petites. Nous ignorons quelles sont ses habitudes naturelles ; M, Lin ri é ne l'a pas regardé comme venimeux. 26 HISTOIRE NATURELLE LE B A L L X oUT ce que Ton coiinoît des mœurs de ce beau serpent, auquel nous -conser- Yons , avec M. Daubcnton , la première partie du iioui trop dur et composé ^ball-salan-hoefiit^ qu'il porte dans sou pays Data! , cVst qu'il vit dans les con- trées les plus chaudes de l'Asie , et parfi- cuiicrement dans l'île de Ternate. Les écailles qui revêtent le dessus de sou corps sont en losanges unies , d'un jaune très- pâle , et blanches à leur extréuiilé. Des deux cotés du corps règne une bande longitudinale dont on a comparé la cou- leur au rouge du corail. L'extrémité des écailles qui foruient cette bande, est éga- lement bordée de blanc. Les grandes ])!a- ques qui garnissent le dessous du corps sont blanchâtres ; les deux bouts de cha- cune présentent un point jaune plus ou moins foncé ; et comme les écailles qui Ibrft 4. J'I.S.J'a^ 26. j. XE li ALI . ^.LE :[VL\LPOLE ^/^ LE SIFFLEUR J f^ttt/ljifrcr -j"- DES COULEUVRES. 27 les toncheiu sont blanches et marquées cliaciiiie" d'un point jaunâtre , tout le dessous du coips du serpent présente quatre cordons longitudinaux de points plus ou moins jaunes , qui se marient d'une manière très-agréable avec la blan- cheur du ventre, et servent à distinguer le bail d'avec les autres serpens. Les petites plaques , qui revêtent le dessous de la quene, sont blanches et ont chacune une tache jaune ; ce qui forme deux files de points jaunâtres semblables à ceux que l'on voit sur le ventre. Cette espèce devient assez grande , et l'individu conservé au Cabinet du roi , et sur lequel nous avons fait notre des- cription , avoit six pieds six pouces de longueur. Le bali a ordinairement cent trente- une grandes ])laques sous le corps , et quarante-six paires de petites plaques sous la queue *. * Le sommet de la icte est garni de neuf écailles dispostes sur quatre rangs. 2S HISTOIRE NATURELLE LA COULEUVRE DES DAMES. V o I c I un des plus jolis et des plus doux serpens. Sa petitesse , ses proportions , plus sveltes encore que celles de la plupart des autres espèces , ses luouvemens agiles , quoique modérés , ajoutent au plaisir avec lequel on considère le mélange de ses belles teintes. Il ne présente cependant que deux couleurs , un beau noir et un blanc assez pur ; mais elles sont si agréa- blement contrastées ou réunies , et si ani- mées par le luisant des écailles , que cette parure élégante et simple attire lœil et charme d'autant plus les regards, qu'elle n'éblouit pas comme des couleurs plus •riches et plus éclatantes. Des anneaux noirs traversent le dessus du corps et de la queue , et en interrompent la blan- cheur. Ces bandes transversales s'étendent jusqu'aux plaques blanches qui revêtent le dessous du ventre ; leur largeur dimi- ime à mesure qu'elles sont plus près du DES COULEUVRES. 29 dessous du corps , et la plupart vont se rcuuir sous le ventre à une raie noirâtre et longitudinale qui occupe le milieu des grandes pîaques. Cette raie , ainsi que les bandes transversales, sont irrégulières et quelquefois un peu festonnées ; mais cette irrégularité , bien loin de diminuer Télé- gance de la parure de la couleuvre des dames , en augmente la variété. Le dessus de la petite tcte de ce serpent présente un mélange gracieux de noir et de blanc , où cependant le noir domine. Les yeux sont très-petits , mais animés par la couleur noirâtre qui les entoure. Comme plusieurs autres serpens , celui des dames est très -familier \ il ne s'enfuit pas, et même il n'éprouve aucune crainte lorsqu'on l'approche : bien plus, il semble que , très-sensible à la fraîche nr plus ou moins grande qu'il éprouve quelquefois , quoiqu'il habite des climats très-chauds , il recherche des secours qui l'eu garan- lissent ; et sa petitesse , son peu de force , l'agrément de ses couleurs , la douceur ■ tle ses mouvemens , l'innocence de ses liabitudes , inspirent aux Indiens un tel 3o HISTOIRE NATURELLE iiUérôt pour ce délicat aiiimal, que le sexe ]e plus iiiiiiciic , bien loin ;'en avoir peur, le prend dans ses luaiiis , le soia,ue , le caresse. Les daines de la côte de iMalabar, où il est très-couimun , ainsi que dans la plupart des autres contrées des grandes Indes , chnchent à réchauffer ce petit animal lorsqu'il paroît lauguir et qu'il est exposé à une trop grande fraîcheur , produite par la saisosi des pluies , les orages ou d'autres accidens de l'atmo- sphère; elles le mettent dans leur sein , elles l'y conservent sans crainte et méuie avec plaisir , et le petit serpent , à qui tous ces soins paroisseut plaire , neleur retidant jamiiis que caresse pour caresse, justitic leur goût pour cet aniuial paisible. Elles le tournent et retournent égaleiuent dans le temps des chaleurs, pour en recevoir à leur tour u\\ç sorte de service et être rafraîchies pnv le contact de ses écailles , trop polies pour n'être pas fraîches. Lors- que , dans nos climats tempérés , la beauté veut produire un effet contraire et ré- chauffer ses membres délicats, elle a quel- quefois recours à des animaux plus seu- DES COULEUVRES. 3î sibies , et couinii.méïrieiit plus fiilèlcs , qui , par une suite de leur conlonuatiou plus heureuse , expriuieut avec plus de vivacité un attacbeuicut qu'ils éprouvent avec plus de force : mais lorsqu'elle désire^ comme dans Flude , de diminuer une chaleur incommode par l'attouchement de quelque corps froid , bien loin de se servir d'êtres animés , qui, par leurs ca- resses répétées , ajouteroient au plaisir qu'elle a de tempérer les effets d'une cha- leur excessive , elle ne recherche que des matières brutes et insensibles ; elle n'em- ploie que de petits blocs de marl>re , des boules de crystal ou des plaques métal- liques ; elle ne peut voir qu'avec effroi nos doux et paisibles serpeus , tandis que, dans les contrées équatoriales des grandes Indes, où vivent des serpeus énormes , terribles j^ar leur force ou fu- nestes ]);ir leur poison , la crainte qri'ins- ])irent ces reptiles dangereux n'est jamais produite par les sorpens innocens et foi- bles , tels que la couleuvre des dames *. * Cette dernière espèce a, suivant M. Liiiné, cem dis-lmii grandes plaques et soixante paires de pciitcs. » h HISTOIRE NATURELLE LA JOUFFLUE. ivl, Linné a fait coniioître cette cou- leuvre , qui se trouve dans les grandes Indes. Le dos de ce serpent est roux , et pré- sente des bandes blanches disposées trans- versalement. Sa tête est blanche comme les bandes transversales; mais on voit sur le sommet deux petites taches rousses , et sur le museau une tache triangulaire et de la même couleur. Il a ordinairement cent sept grandes plaques et soixante- douze paires de petites. DES COULEUVRES. 33 LA BLANCHE. On pourroit, au premier coup d'œil, coufûiidre cette couleuvre avec la très- blanche , dont nous avons déjà parler toutes les deux sont ordinairement d'nix très-beau blanc , qui n'est relevé par au- cune tache ; mais , pour peu qu'on les examine avec attention , on voit qu'elles diffèrent beaucoup l'une de l'autre. La blanche n'a que cent soixante-dix grandes plaques et vin4it paires de petites , au lieu que la très - blanche a ordinairement soixante paires de petites et deux cent neuf grandes plaques. Nous avons répété , à la vérité, très-souvent que le nombre des plaques , grandes ou petites , n'étoit presque jamais constant ; mais nous n'a- vons vu, dans aucune espèce de serpent, ce nombre varier de cent soixante - dix à deux cent neuf pour les grandes lames , et eu même temps de vingt à soixante 34 HISTOILIE NATURELLE pour les petites. D'ailleurs la couleuvre blanche n'est pas venimeuse, et ses mâ- choires ne sont pas garnies de crochets mobiles , couune celles de la très-blanche, qui contient un venin très - actif. Ainsi leurs propriétés sont encore plus diffé- rentes que leurs conforma lions ; ces pro- priétés sont uicuie trop dissemblables pour que leurs hahitudes naturelles soient les mêmes; et en outre , c'est en Afrique qu'oïl trouve la très-blanche, et la cou- leuvre blanche habite les grandes Indes Ou a donc été très-fondé à 1rs regardei comme appartenant à deux espèces très distinctes. DES COULEUVRES. 35 LE T Y P H I E. 'Ue serpent se trouve dans les grandes liidcs , et c'est M. Linné qui Ta Fail con- iioître. Suivant ce naturaliste, cette cou- leuvre est bleuâtre et a cent quarante grandes plaques et cinquante -trois paires de petites. L'on conserve au Cabinet du roi uu serpent dont le dessus du corps est d'ua verd très-foncé , et ne présente aucune tache , non plus que le dessus du corps du t3"phie. Comme il a cent quarante-une grandes plaques et cinquante paires de petites , et que par-là il se rapproche beaucoup de cette dernière couleuvre , il se pourroit d'autant plus qu'il fût de la même espèce , que la couleur verte de l'individu de la collection du roi, ou la couleur bleue de celui qu'a décrit Ï\L Lin- né , sont peui-çtre l'elFet de l'esprit-de- Tiii dans lequel les deux serpens ont cié 36 HISTOIRE NATURELLE conservés. Nous croyons donc ne pouvoir mieux placer que dans cet article , la des- cription de cette couleuvre , d'un verd très-foncé , qui fait partie de la collection de sa majesté. Sa longueur totale est d'uu pied sept pouces six lignes, et la longueur de sa quene , de trois pouces dix lignes. Neuf écailles, placées sur quatre rangs, garnissent le sommet de sa tête ; elle n'a point de crochets mobiles; les écailles qui révèlent son dos, sont ovales et relevées par une arête. Le dessous du corps est jaunâtre, et chaque grande plaque pré- sente deux taches noirâtres; ce qui foriue deux espèces de raies longitudinales : la plaque la plus voisine du dessous du mu- seau n'olfre point de tache , et on n'en Toit qu'une sur les deux plaques qui la suivent. Il n'y a sous la queue qu'une rangée de ces taches noirâtres. I DES COULEUVRES. 3/ LE REGINE. V>.'est un serpent des grandes Indes, dont M. Linné a donné la description. Le dessus du corps de cette couleuvre est d'un brun plus ou moins foncé , et le dessous est varié de blanc et de noir. Elle a cent trente-sept grandes plaques et soixantC'dix paires de petites. On sait qu'elle ne contient pas de venin; mais on ignore quelles sont ses habitudes natu- relles. Serjxns, I V. 38 HISTOIRE NATURELLE LA BAN DE- NOIRE. C'est une des couleuvres auxquelles plusieurs naturalistes ont donnéîenom de ser-pent d'Esculape, que nous avons con- servé uniquement à une espèce des envi- rons de Rome. Elle n'est point venimeuse et ne fait aucun mal à ceux qui la ma- nient. On voit entre ses deux yeux une bande noire assez marquée , et placée au- dessus de neuf grandes écailles qui re- " Yéte'.ît le sommet de sa tête, et y sont dis- posées sur quatre rangs , comme dans la couleuvre commune verte et jaune. Le dos est garni d'écaillcs ovales et unies. Le fond de sa couleur est pale , et il présente plusieurs bandes transversales noires , assez larges, et dont quelques unes s'é- tendent sur le ventre et font le tour du corps. La bande -noire a ordinairement cent quatre - vingts grandes plaques et quarante -trois paires de petites. Sa lon- / DES COULEUVRES. 3 LE PADÈRE. JLes couleurs de ce serpent présentent une distribution assez remarquable : It; dessus de son corps est blanc , et sur ce fond éclatant Ton voit plusieurs taches brunes disposées le long du dos, placées par paires , et réunies par une petite ligne. Les côtés du corps oSVent un égal nombre de taches isolées. On trouve cette cou- leuvre dans les grandes Indes , et elle^ îv cent quatre-vingt-dix-huit grandes pla- ques et cinquante-six paires de petites. DES COULEUVRES. 48 LE G R I S O N. V>ETTE couleuvre est blanchâtre , et présente des bandes transversales brunes. Elle a deux cent vingt grandes plaques et cinquante paires de petites. Elle se trouve dans les Indes. On conserve au Cabinet du roi une couleuvre qui a de très-grands rapports avec la blanchâtre, mais qui cependant a un trop petit nombre de grandes plaques pour que nous puissions assurer qu'elle soit de la même espèce. Elle n'a en effet que cent quatre-vingt-trois grandes pla- ques ; le dessous de sa queue est couvert de quatre-vingt-sept paires de petites ; sa tète garnie de neuf grandes écailles ; son dos couvert d'écaiîles en losange et unies; sa mâchoire supérieure sans crochets mo- biles; et ses couleurs ressemblent, à celles de la blanchâtre *. * Sa longueiu- totale est d'un pied huit pouces ceuf lignes, et telle de sa queue, de cinq pouces iBeaf ligues. 48 HISTOIRE NATURELLE LA RUDE. Xjes écailles qui revêtent le dos de cette couleuvre sont relevées par une arête , de! manière à être un peu rudes au toucher ; et de là viennent les divers noms qui lui ont été donnés par les naturalistes. Le dessus de sa tête présente une tache noire qui se sépare en deux dans la partie oppo- sée au museau , et le dessus du corps est comme onde de noir et de brun. On la trouve dans les Indes , et elle a ordinaire- ment deux cent vingt-huit grandes pla- ques et quarante-quatre paires de petites. DES cou LEU TRES. 49 LE TRISCALE. JLjes couleurs dont brillent à nos yeux les belles fleurs qui décorent nos parterres ne sont peut-être ni plus vives ni plus variées que celles qui parent la robe d'un grand nombre de serpeus. Voici une de ces couleuvres dont les teintes sont dis- tribuées de la manière la plus agréable. Il paroît qu'elle se trouve dans les Indes orientales et occidentales, et nous allons décrire un individu de cette espèce , con- servé au Cabinet du roi , et qui y a été envoyé d'Amérique. On voit s'étendre sur son dos, dont la couleur est d'un verd de mer, quatre raies rousses qui doivent paroître comme dorées lorsque l'animal est en vie et qu'il est exposé aux rayons du soleil. Les quatre raies se réunissent en trois , ensuite en deux, et enfin forment une seule raie qui se prolonge au-dessus de la queue. Cette couleuvre a un pied 5 5o HISTOIRE NATURELLE quatre pouces sii lignes de longueur to- tale ; sa queue est longue de trois pouces dix lignes ; le sommet de sa tête est cou- vert de neuf grandes écailles , et celles du dos sont ovales et unies; ce qui ajoute à la beauté des couleurs que présente cette couleuvre '*', * Le triscale a ordinairement cent quatre-vingt- quinze grandes plaques, et quatre-vingt-six paires de petites. DES COULEUVRES. 5i LA GALONNÉE. ^ J^A R M I les serpens aussi agréables à voir qu'innoceiis et même familiers, la galon- née doit occuper une place distinguée. Son museau est noirâtre , et au-dessus de sa tête , qui est blanche , on voit une tande noire transversale. Le dessus du corps est noir; mais il présente un très- grand nombre de bandes transversales blanches ,. dont les largeurs sont inégales et combinées avec symétrie: de trois en trois bandes, il y en a une quatre fois aussi large que les deux qui la précèdent, à compter du museau; et de toute cette disposition il résulte un mélange de blanc et de noir d'autant plus agréable , que les écailles du dos étant très-unies, rendent plus vives les couleurs de la galonnée. Ces mêmes écailles du dos sont rhomboïdales. La tête n'est pas plus grosse que le corps ; son sommet est garni de neuf grandes 52 HISTOIRE NATURELLE laines placées sur quatre rangs. La galon- née a deux cent cinquante grandes plaques et trente-cinq paires de petites. Il paroît que cette couleuvre ne parvient qu'à une longueur très-peu considérable , et tout au plus d'un ou deux pieds. Elle liabite en Asie; et comme elle est très- douce , on la voit sans peine dans les maisons, oii elle peut plaire par Tagilité de ses mouvemens , ainsi que par l'assor- timent de ses couleurs , et où elle doit détruire beaucoup d'insectes , toujours très-incominodes dans les pays chauds. DES COULEUVRES. 53 L ' A L I D R E. Voici encore une preuve bien sensible de ce que nous avons dit relativement à l'insuffisance d'un seul caractère pour dis- tinguer les diverses espèces de serpens. L'alidre ressemble, par sa couleur, à. la couleuvre blanche; elle est, comme cette dernière , d'un blanc très-éclatant , pres- que toujours sans tache : mais elle en diffère par le nombre de ses grandes pla- ques, beaucoup moins considérable que le nombre des grandes plaques de la cou- leuvre blanche , et par celui des petites plaques , qui est , au contraire , moins grand dans la blanche que dans l'alidre. Ce dernier serpent se trouve dans les Indes , ainsi que la couleuvre blanche. 54 HISTOIRE NATURELLE L'ANGULEUSE. v-i'est de l'Asie que cette covileuvre a été apportée en Europe. Elle n'est point Teuiuieuse et n'a point de crochets mo- biles. Le dessus de sa tète est couvert de' neuf grandes écailles , disposées sur quatre rangs : celles que l'on voit sur le dos sont ovales, un peu échancrées et relevées par une arête ; mais on ne remarque aucune ligne saillante sur celles qui bordent les cotés. La couleur du dessus du corps est blanchâtre, avec des bandes brunes, noi- râtres dans leurs bords , anguleuses et plus larges vers le milieu de la longueur du corps que vers la queue ou vers la tête. Les grandes plaques présentent des taches quarréesetdisposées alternativement d'un côté et de l'autre ; elles sont communé- ment au nombre de cent dix-sept , et les paires de petites plaques au nombre de soixante-dix. Les individus de cette espèce que l'on a observés , n'avoient guère plus d'un pied de longueur. DESCOULEUVRES. 55 LA COULEUVRE DE MINERVE. J-JE serpent étant pour les anciens Grecs lin des emblèmes de la prudence , avoit été consacré à Minerve, qu'ils regardoicnt comme la déesse de la sagesse. Les Athé- niens avoient gravé son image autour des autels et des statues de cette divinité , qu'ils avoient choisie pour la protectrice de leur ville. Us regardèrent la fuite d'un serpent qui s'échappa de leur citadelle , comme la marque du courroux de la déesse ; et c'est peut-être pour rappeler cette opinion religieuse que M. Linné a donné le nom de serpent de Minerve à la couleuvre dont il est question dans cet article. Nous croyons devoir d'autant plus le lui conserver, qu'un^des souvenirs les plus agréables et les plus touchaus est celui des siècles fameux de la Grèce , oii la belle Nature et la liberté ont produit tant de grands iiommes , et les arts qui \ 56 HISTOIRE NATURELLE les ont immortalisés. Il est heureux qu'un petit objet , revêtu d'un grand nom , puisse quelquefois éveiller de grande* idées , et que la vue d'une simple cou- leuvre puisse retracer quelque image de Tancienne Grèce à ceux qui rencontre- ront ce foible serpent sur les lointains rivages de Tlnde où il habite. La couleuvre de Minerve est d'une cou- leur agréable 5 le dessus de son corps est d'un verd de mer plus ou moins fonce, et le long de son dos règne une bande brune. On voit sur la tète de ce serpent trois autres bandes de la même couleur. 11 a deux cent trente-huit grandes plaques, €t quatre-vingt-dix paires de petites. DES COULEUVRES. Sy LA PETALAIRE*. U N individu de cette espèce fait partie de la collection du roi. 11 a un pied neuf pouces de longueur totale , et sa queue, quatre pouces neuf lignes. Il n'a point de crochets mobiles : neuf grandes écailles couvrent le dessus de sa tête et sont dis- posées sur quatre rangs ; celles que l'on voit sur le dos sont presque ovales et unies. La couleur du dessus du corps est noirâtre , avec des bandes très - irrcgu- lières , transversales et blanches. On re- marque d'autres bandes blanches et trans- versales sur les paires de petites plaques , qui sont d'un gris foncé et au nombre de cent cinq. Il y a deux cent onze grandes plaques blanches et bordées de gris ; ce qui forme sous le ventre de petites bandes transversales. * Apachjcoatl y par les Mejiicains. 53 HISTOIRE NATURELLE Le blanc et le noir, qui composent les couleurs principales de la pétalaire, soni contrastés et nuancés de manière à rendre sa parure très -agréable. Ce serpent es très-doux, et même familier; il s'intro duit sans crainte dans les maisons, ^ passe sa vie sous les toits, et y devieii très-utile en y faisant la guerre aux in sectes et même aux rats , dont il détrui un grand nombre; il se nourrit aussi d petits oiseaux. On le trouve non seule ment en Asie , et particulièrement dan rîle d'Amboine , mais encore en Amé rique , et sur-tout au Mexique , où on 1 nomme apachycoatl. *. * Cette espèce est très-sujette à varier, tant pé la distribution de ses couleurs, que par le nombc de ses plaques. M. Linné a compté sur l'indivicl qu'il a décrit , deux cent douze grandes plaque sous le ventre , et cent deux paires de petites pla ques sous la queue; et nous a\ons vu dans la col lection de M. d'Amie une couleuvre pétalaire qu avoit deux cent seize grandes plaques et cent sij paires de petites. DES COULEUVRES. 69 LA MINIME. vjETTE couleuvre d*Asie a quelquefois le dessus du corps d\iue seule teinte , et d'une covileur tannée ou minime plus ou moins foncée; d'autres fois elle présente sur ce fond des bandes transversales noires: mais un de ses caractères distinctifs est d'avoir chacune des écailles qui revêtent le dessus de son corps, à demi bordée de blanc ; ce qui fait paroître son dos poin- tillé de la uiême couleur. Les côtés de la tête sont d'un blanc très -éclatant , avec des taches noires , et le dessous du corps est d'une teinte plus claire que le dessus, et qnclquefois tacheté de brun. Telles sont les couleurs que présente la luiuime, qui parvient quelquefois à une longueur assez considérable. Un individu de cette espèce , conservé au Cabinet du roi , a trois pieds deux pouces six lignes de lon- gueur totale , et sa queue un pied. Ses 6o HISTOIRE NATURELLE mâchoires ne sont point armées de cro* chets mobiles ; de grandes écailles cou- vrent ses lèvres. Sa tête est alongce , et le sommet en est garni d'autres écailles plus grandes que celles des lèvres , au nombre de neuf, et disposées sur quatre rangs *. • * Cette espèce a, suivant M. Liuné, deux cent dix-sept grandes plaques et cent huit paires de petites ; mais ce nombre est assez souvent moins considérable. DES COULEUVRES. 6r LA MILIAIRE. XjA parure de cette couleuvre est élé- ^ gante. Le dessus et les côtés du corps *. sout bruns ; mais leur couleur sombre est relevée par une tache blanche que pré- sente chaque écaille. Le dessous du corps est blanc comme les taches. On trouve cette couleuvre dans les Indes. Elle a ordinairement cent soixante-deux grandes plaques et cinquante -neuf paires de pe- tites. Cz HISTOIRE NATURELLE LA RHOMBOiDALE. Vj'est dans les Indes que se trouve cette couleuvre. Et qu'on ne soit pas étonné du grand nombre de scrpcns que Ton a observés dans les pays voisins des tro- piques : non seulement ils y éprouvent le degré de chaleur qui paroît convenir le mieux à leur nature , mais les petites espèces y trouvent en abondance les in- sectes dont elles se nourrissent. L'on diroit que c'est précisémeiit dans ces contrées brûlantes , où pullulent des légions in- nombrables d'insectes et de vers , que la Nature a placé le plus grand nombre de serpens , comme si elle avoit voulu y réunir tout ce qui détruit ces vers et ces insectes nuisibles ou incommodes, qui, par leur excessive multiplication , cou- Triroient bientôt ces terres équatoriales, en iuterdiroient l'entrée à l'homme et aux animaux , en dépouiileroicut les arbres, DES COULEUVRES. 63 cil feroient périr les végétaux jusque dans leurs racines , et rendroient ces terres fer- tiles des déserts vStérilts, où, réduits à se dévorer niutueliement , ils ne laisseroicnt bientôt qu^ leurs propres débris. Un grand motif se rquult donc à tous ceux dont ]iou»i avons déjà parlé, pour que les ha- bitans de ces contrées voisines des tro- piques soient bien aises de voir leurs de- meures entourées des serpens qui ne sont pris venimeux. Parmi ces innocentes cou- kiivrcs, la rhoniboïdale est une de celles que Ton doit rencontrer avec le plus de plaisir ; l'assortiment de ses couleurs la rend en effet très-agréable à la vue : le dessus de son corps est d'un bleu plus ou moins clair, et présente des taches noires percées dans leur milieu , ou Ton voit la couleur bleue du fond , et qui a un peu la forme d'une losange. Ces taches noires se marient très-bien avec le bleu qui les fait ressortir. La rhomboïdale a communément cent cinquante -sept grandes plaques et soi- xante-dix paires de petites. 64 HISTOIRE NATURELLE LA PALE. xja couleur de ce serpent est d'un gris pâle avec un grand nombre de points bruns et de taches grises répandues sans ordre ; on voit de chaque côté du corps une ligne noirâtre plus ou moins étendue. En tout , les couleurs de la couleuvre pâle sont très - peu brillantes. Elle n'a point de crochets mobiles. Le dessus de sa tête est recouvert par neuf grandes écailles ; celles du dos sont ovales et unies. Le corps est ordinairement très- menu en comparaison de sa longueur ; et la queue est si déliée, qu'on a peine à compter les petites plaques qui en gar- nissent le dessous. L'individu décrit par M. Linné avoit à peu près un pied et demi de longueur , cent cinquante-cinq grandes plaques et quatre-vingt-seize paires de petites. C'est dans les Indes qu'on trouve Ja couleuvre pâle. DES COULEUVRES. 65 LA RAYEE. V^UATRE raies brunes s'étendent sur le dos de cette couleuvre , se prolongent jusqu'à l'extrémité de la queue, et se détachent d'une manière très-agréable sur le fond de la couleur qui est bleuâtre. Le ventre est blanchâtre et recouvert de cent vsoixaute-neuf grandes plaques.Oii compte quatre-vingt-quatre paires de petites pla- ques sous la queue de ce serpent, qui ne parvient jamais à une longueur considé- rable 5 et qui se trouve eu Asie. 66 HISTOIRE NATURELLE LE M A L P O L E. C« E T T E espèce varie beaucoup , suivant les pays qu'elle habite. ISous allons la dérrire d'après un individu conservé au Cabinet du roi. Le dessus de la tête du mal pôle est couvert de neuf grandes écailles , et le dos est garni ^'écailles ovales et relevées par une arèLe. Il a la langue très -longue et très- déliée ; ce qui doit lui donner beaucoup de facilité pour saisir el retenir les insectes dont il se nour- rit. Ses coiileurs sont très-belles , et distri buées d'une manière très-agréable ; mais comme elles sont aisément altérées par l'esprit-de-viu dans lequel on conserve l'animal, il est très-difficile d'avoir des dessins exacts du malpole , d'après les individus qui font partie des collections d'histoire naturelle. 11 est bleu, et pré- sente un grand nombre de taches noires très-petites , et disposées de manière à for- DES C ou LE U TRES. ^7 mer des raies longitudinales ; au-dessus des deux dernières plaques qui garnissent le sommet de la tête , <à compter du mu- seau , on voit une tache très-blanche , bordée de noir , et placée la moitié sur une de ces deux plaques , et la moitié sur l'autre. Le corps du malpole est très-mince en proportion de sa longueur. Ce serpent jdoit donc pouvoir se tenir avec facilité au pius haut des arbres, s'y entortiller au- our des branches , s'y suspendre et y poursuivre, les petits animaux dont il fait a proie. 11 habite IWsie , et peut - être 'Afrique et l'Amérique *. * Le malpole a ordiuairenaeut cent soixante ïiandes plaques et cent paii'es de petites. La lou- 'ueur totale de l'individu que nous avons décrit, toit d'un pied dix pouces, et celle de sa queue, de iuq pouces six lignes. 68 HISTOIRE NATURELLE LE MOLURE, vv^EST une des grandes couleuvres qu'on ait encore observées : et non seulement le molure se rapproche , par sa longueur , de quelques espèces du genre des boa, dont nous traiterons dans cet ouvrage ; mais il a beaucoup de rapports avec ces grandes et remarquables espèces par sa conformation , et particulièrement par celle de sa tète. Cette partie du corps du molure est très-large par-derrière , moim large vers les yeux , très- alongée , très- arrondie à l'endroit du museau , et pcui être comparée , pour sa forme , à la tête d'un chien , ainsi que Ta été celle de plu sieu;-s boa par un grand noml)re de na- turalistes. Le dessus de cette même partie est garni de neuf grandes écailles, comm« dans la couleuvre verte et jaune. Le mo- lure n'a point de crochets mobiles et n« contient pas de venin ; les écailles qu J"/ ^J'aç. 68, y LE MOLTTliE . ^.LA T)OUlM.E-TlAIE DES COULEUVRES. 69 revêtent son dos sont grandes , ovales et unies. Il n'a ordinairement que deux cent quarante - huit grandes plaques et cin- c[uaute-neiif paires de petites ; mais nous avons compte deux cent cinquante -cinq grandes plaqués et soixante -cinq paires 3e petites au - dessous du corps ou de la jueue d'un individu de cette espèce , con- servé au Cabinet du roi. Cet individu a six pieds de longueur totale , et neuf Douces depuis l'anus jusqu'à l'extrémité le la queue , dont , par conséquent , la ongueur n'est qu'un huitième de celle le l'animal entier. Le molure est d'un roux blanchâtre , ît présente une rangée longitudinale de grandes taches rousses , bordées de brun ; )n voit le long des côtés du corps d'autres aches qui ressemblent plus ou moins à îclles de cette rangée longitudinale. Cette couleuvre se trouve dans les ndes , et sa conformation peut faire pré- umer que ses habitudes ont beaucoup ie rapports avec celles des boa. 70 HISTOIRE îs^ATURELLE LA DOUBLE-RAIE. J-N o u s ignorons dans quel pays on trouve cette couleuvre que nous allons (lécrife d'après un individu qui fait partie de la collection de sa majesté ; mais conîm( cet individu a été envoyé au Cabinet du roi avec un niolure , il se pourroit que la double-raie se trouvât dans les Indes, comme ce dernier serpent. La double-rai< n'a point de crocliets mobiles : le dessu de sa tète présente neul grandes écailles celles que l'on voit sur le dos sont unie: et en losange. Elle a ordinairement deu3 cent cinq grandes plaques et quatre-vingt dis-iicuf pnires de petit* s. S( s couleurs sont très-brillantes , et elh peut être comptée parmi les serpens qu( l'on doit voir avec le plus de plaisir. Deuj hanues longitudinales d'un jaune qui dans l'animal vivant , doit approcher df la couleur de l'or, régnent depuis le def- DES COULEUVRES. 7^ rière de la tête ju.^qu'au - dessus de la queue : le fond sur hqacl elles s^étendent est d'un roux plus ou moins foncé • et comme chaque écaille est bordée de jau'ne toute la partie du dessus du corps qui n'est pas occupée par les deux bandes jaunes, paroît présenter un très-grand nombre de petites raies longitudinales de la même couleur *. * L'individu que nous avons décrit avoit deux pieds un pouce de longueur totale, et sa queue étoit iougue de six pouces six ligues. 72 HISTOIRE NATURELLE LA DOUBLE-TACHE. Les couleurs de cette couleuvre son1 aussi agréables que ses proportions soni légères : le dessus de son corps est roux sur ce fond on voit de petites tachei blanches irrcgulières , bordées de noir assez éloignées Tune de l'autre , dispo sées le long du dos ; et deux taches blan chcs, plus grandes que les autres, pa roissent derrière la tête. Cette dernier partie est un peu conformée comm dans le molure ; le sommet en est garn de neuf grandes écailles ; les mâchoire ne présentent pas de crochets mobiles, € les écailles du dos sont unies et en losang< L'individu que nous avons décrit , et qu a été envoyé au Cabinet du roi avec 1 double-raie et le molure , a deux ceu quatre-vingt-dix-sept graildes plaques c soixante-douze paires de petites. Salon gueur totale est d'un pied huit pouce deux lignes, et celle de la queue, d trois pouces dix lignes. To o/n ^. J*f o ■ J'ai/ y 3 2.LE FIL. y J ■^oi,n(iet BE s COULEUVRES. yS LE B O I G A. v,^ u E Ton se.représente les couleurs les jlus riches et les plus agréablement va- ices dont la Nature ait décoré ses ou- vrages , et l'on n'aura peut-être pas une idée exagérée de la beauté du serpent dont.nous. nous occjipons. Le boiga doit^ en effet, par la richesse de sa parure^ tenir dans son ordre le même rang que roiseau-mouche dans celui des oiseaux : même, éclat , même variété de nuances ,' même, réunion de reflets agréables dans CCS deux animaux , d'ailleurs si différens l'un de l'autre. Les couleurs vives des pierreries et l'éclat brillant de l'or res- plendissent sur les écailles du boiga , ainsi que sur les plumes de l'oiseau- mouche ; et comme si , en embellissant ces deux êtres , la Nature avoit voulu donner à l'art un modèle parfait du plus bel assortiment de couleurs , les teintes Sirp&ns. IV.. 7 74 HISTOIRE NATURELLE les plus brunes, répandues sur Tuu et sur Tantre au milieu des nuances les plus claires, sont ménagées de manière à faire ressortir, par un heureux contraste , les couleurs éclatantes dont ils brillent. La tète du boiga , assez grosse en pro- portion de son corps , est recouverte de neuf grandes écailles disposées sur quatre rangs. Ces neuf plaques , ainsi que les autres écailles qui garnissent le dessus de la tête de ce serpent, sont d'un bleu foncé et coiiime soyeux ; une bande blanche qui règne le long de la mâchoire supérieure, relève cet espace azuré, au milieu duquel on voit briller les yeux du boiga, et qui ressort d'autant plus , qu'une petite bande noire s'étend entre le bleu et la bordure bjaîîche. Tout le dessus du corps, jusqu'à rextrémité de la queue , est également d'un bleu variant par reflets, et présen- tant même, à certaines expositions, le T2rd de î'éraeraude. Sur ce beau fond de saphir règne une espèce de raie ou de chaînette que l'on croiroit dorée par l'art, et qui s'étend jusqu'au bout de la queue; et non seulement cette espèce de riche DES COULEUVRES. 7"^ broderie présente l'éclat métallique de l'or, lorsque ranimai est encore en vie , mais même, lorsqu'il a été conservé pen- dant long-temps dans l'esprit-de-vin , on croiroit que les écailles qui composent cette petite cliaîue, sont autant de feuilles ^d'or appliquées sur la peau du serpent. JTout le dessous du corps et de la tcte est d'un blanc argentin, séparé des couleurs bleues du dos par deux autres petites chaînes dorées qui , de chaque côté , par- courent toute la longueur du corps. Mais onn'auroit encore qu'une idée im- parfaite de la beauté du boiga , si Ton se cprésentoit uniquement cet azur et ce jlanc agréablement contrastés et relevés )ar ces trois broderies dorées ; il faut se ceindre tous les reflets du dessus et du lessous du corps , et les différentes teintes le couleur d'argent , de jaune , de rouge ît de noir, qu'ils produisent. Le bleu et e blanc , au travers desquels il semble ju'on apperçoit ces teintes merveilleu- sement fondues, mêlent encore la dou- ceur de leurs nuances à la vivacité de :es divers reflets, de telle sorte que , lora- 76 HISTOIRE NATURELLE que le boiga se meut, l'on croiroit voir briller au-dessous d'un crystal transpa- rent et quelquefois bleuâtre, une longue chaîne de diamans, d'émeraudes , de to- pazes , de saphirs et de rubis; et il est à remarquer que c'est dans les belles et bru- lantes campagnes de l'Inde, où les crys taux et les pierres dures présentent les •nuances les plus vives , que la Nature s'est plue , pour ainsi dire , à réunir ainsi sur la robe du boiga une image fidèle de CCS riches ornemens. Le boiga est un des serpens les pluj menus relativement à sa longueur : l peine les individus de cette espèce que l'on conserve au Cabinet du roi, et dom la longueur est de plus de trois pieds ont-ils quelques lignes de diamètre; leui queue est presque aussi longue que leui corps, et va toujours en diminuant, de manière à représenter une aiguille très- déliée , quelquefois cependant un peu applatie par-dessus , par-dessous et pai les côtés. Les boigas joignent donc des proportions très-sveltes à la richesse de leur parure : aussi leurs mouvemens sont-* DES COULEUVRES. 77 ils très-agiles , et peuvent-ils , en se re- pliant plusieurs fois sur eux-mêmes , s'é- lancer avec rapidité , s'entortiller aisé- ment autour, de divers corps , monter y ■descendre, se suspendre , et faire briller en un clin d'œil , sur les rameaux des arbres qu'ils habitent , l'azur et l'or de leurs écailles luisantes et unies. I lisse nourrissent de petits oiseaux qu'ils avalent avec assez de facilité , malgré la petitesse de leur corps , et par une suite de la faculté qu'ils ont d'élargir leur gosier , ainsi que leur estomac-. D'ailleurs l'on doit présumer qu'ils ne cherchent, à dévorer leur proie qu'après l'avoir com- primée , ainsi que les grands serpens écra- sent et compriment la leur. Le boiga se tient caché sous les feuilles pour sur- prendre les oiseaux", il les attire , dit-on , par une espèce de sifflement qu'il fait entendre, et qui, imitant apparemment certains sons qui leur sont familiers ou agréables , les trompe et les fait avancer vers le serpent qui les attend pour les dévorer. On a même voulu distinguer par le beau' nom de chant le sifflement 78 HISTOIRE NATURELLE du boiga * ; mais la forme de sa langue- aloDgée et divisée eu deux , ainsi que la conformation des autres organes qui lui servent à rendre des sons , ne peuvent produire qu'un vrai sifflement , au lieu de faire entendre une douce mélodie. Le boiga , non plus que les autres serpens^ prétendus chanteurs, ne mérite donc que îe nom de siffleur. Mais si la Nature n'en a pas fait un des chantres des campagnes , il paroît qu'il réunit un instinct plus marqué que celui de beaucoup d'autres serpens , à des mouvemens plus prompts et à une parure plus magnifique. Dans l'île de Bornéo , les enfans jouent avec lui ; on les voit manier sans crainte ce )oli serpent , l'entortiller autour de leur corps , le porter dans leurs mains inno- centes , et nous rappeler cet emblème ingénieux imaginé par la spirituelle anti- quité , cette image touchante de la can- deur et de la confiance , qu'ils repré- sentoient sous la forme d'un enfant sou- liant à un serpent qui le serrait dans ses * Voyez la Dcscriplioïi du cabinet de Seba. DES COULEUVRES. 70 contours. Mais , dans cette charmante allégorie , le serpent receloit un poison mortel , au lieu que le boiga ne rend que des caresses aux jeunes Indiens , et paroît se plaire beaucoup à être tourne et retourné par leurs mains délicates. Comme c'est un spectacle assez agréable que de voir , dans les vertes forets , des animaux aussi innoceus qu'agiles , faire briller les couleurs les plus vives et s'é- lancer de branche en branche , sans être dangereux ni par leurs morsures ni par leur venin , on doit regretter que l'espèce du boiga ait besoin , pour subsister , d'une chaleur plus forte que celle de nos con- trées , et qu'elle ne se trouve que ver^ l'équateur , tant dans rancîcn que dans le nouveau continent*. * Le boiga a commuucment cent soixante-six grandes plaques, et cent vingt-liuit rangées de pe- tites; mais ce nombre varie trës-souvent, ainsi c[ue dans les autres espèces de serpens. 8o HISTOIRE NATURELLE LA SOMBRE. MUIVANT M. Linné, cette couleuvre a beaucoup de rapports , par sa confor- mation , avec le boiga ; mais ses couleurs sont aussi sombres et aussi monotones que celles dvi boiga sont brillantes et variées. Elle est d'un cendré mêlé de brun, et derrière chaque œil on apperçoit unç tache brune et alougée. Elle a ordinai- rement cent quarante-neuf grandes pla- ques et cent dix-sept paires de petites. DES COULEUVRES. «i LA SATURNINE. ^ JLiA couleur de cette couleuvre est comme nuageuse et mêlée de livide et de cendré; sa tête est couleur de plomb , ses yeux, sont grands , et elle a ordinairement cent quarante - sept grandes plaques et cent vingt paires de petites. Nous ne pouvons rien dire des habi- tudes naturelles de ce serpent ; nous savous seulement qu'il habite dans les Indes. S2 HISTOIRE NATURELLE LA CARENEE. 1_/.ETTE couleuvre ressemble beaucoup à la saturnine par les diverses nuances qu'elle présente. Chacune des écailles qui garnissent le dessus de son corps , est couleur de plomb et bordée de blanc; le dessous de son corps est blanchâtre. Elle liabite dans les Indes , comme la satur- nine : mais un de ses caractères distinctifs est d'avoir le dos relevé en carène ; et de là. "vient le nom que lui a donné M. Linné. Elle a communément cent cinquante-sept grandes plaques et cent quinze paires de petites. DES COULEUVRES. 83 LA DECOLOREE. / Uette couleuvre ressemble beaucoup au boiga par sa conformation , ainsi que la sombre ; mais elle n'a point , non plus ^ue cette dernière , les couleurs éclatantes li la riche parure du boiga. Ses nuances lont cependant agréables ; elle est d*un jleu clair mêlé de cendré , et les écailles jui recouvrent ses mâchoires sont blan- hes. On la trouve dans les Indes , de nême que le boiga et la sombre. Elle a ordinairement cent quarante-sept grandes ilaques et cent trente - deux paires de «etites. 84 HISTOIRE NATURELLE LE P E L I E* Tiff* VX. Lilmé à fait coiinoître cette espèce de couleuvre , dont un individu faisoil partie de la collection de M. le baron de Geer. Elle est brune derrière le sommei de la tête et les yeux , et noire dans h reste du dessus du corps ; le dessous di ventre est verd et bordé de chaque côt« d'une ligne jaune. Ce serpent présent» donc une distribution de couleurs diffé rente de celle que l'on remarque dans 1; plupart des autres couleuvre^, dont le nuances les plus brillantes parent la parti supérieure de leur corps. Le pélie s trouve dans les Indes ; il a ordinairemen cent quatre-vingt-sept grandes plaque et cent trois paires de petites. DES COULEUVRES. 85 LE FIL. i^E serpent est un de ceux dont le corps est le plus délié : aussi se roule-t-il avec facilité autour des divers arbres , et par- court-il avec vitesse les branches les plus, élevées. On le trouve dans les Indes , tant orientales qu'occidentales , et on l'y voit souvent dans les bois de palmiers , se suspendre aux rameaux en différens sens, s'étendre d'un arbre à l'autre, ou se coller, pour ainsi dire , si intimement contre le tronc qu'il entoure , qu'on l'a comparé aux lianes qui s'attachent ainsi aux arbres et aux arbrisseaux , et qu'un individu de cette espèce a été envoyé au Cabinet (lu roi sous le nom de sejjJent à liane (VAméj'lque. Ses yeux sont gros ; il n'a point de crochets mobiles, et n'est dange- reux en aucune manière ; le dessus de sa tcte , qui est très-grosse , à proportion dût 8- 86 HISTOIRE NATURELLE corps , est garni de neuf grandes écailles, et celles de son dos sont en losange ^ et relevées par une arête. Si la forme de cette couleuvre est svelte et agréable , ses couleurs ne sont pas brillantes ; le dessus de son corps est noir, ou d'un livide plus ou moins fonce , et le dessous blanc ou blanchâtre. Il a ordi- nairement cent soixante - cinq grandes plaques , et cent cinquante-huit paires de petites. L'individu que nous avons décrit , a un pied six lignes de longueur totale, et quatre pouces six lignes depuis Fanus jusqu'à l'extrémité de la queue. M. Laurent a vu une couleuvre qu'il a regardée , avec raison , comme une variété de cette espèce , et qui n'en différoit que par deux raies brunes qui partoient des veux , et s'étendoient sur le dos , où elles devenoientdeux rangées de petites taches obliques. C'est peut-être aussi à la couleuvre h fil, qu'il faut rapporter le serpent de la Caroline figuré dans Catesby ( tome II , pi. 54). Ce reptile est d'une couleur brune , parvient quelquefois à la Ion Loueur de DES COULEUVRES. 87 plusieurs pieds , ressemble beaucoup au fil par sa conformation, a de même le corps très-nienu , et a été comparé à un fouet , à cause de sa forme très-déliée , et de la vitesse de ses mouvemens. 88 HISTOIRE NATURELLE LA CENDREE. yJ N peut se représenter bien aisément les couleurs de cette couleuvre ; elle est grise , avec le ventre blanc , et les écailles de la queue sont bordées d'une couleur qui approche de celle du fer. C'est M. Linné qui l'a fait connoître ; elle habite dans les Indes , et elle a communément deux cents grandes plaques et cent trente-sept paires de petites. DES COULEUVRES. o) LA MUQUEUSE. Cette couleuvre est du grand nombre de celles que M. Linné a fait connoître ; et , suivant ce grand naturaliste , elle se trouve dans les Indes. Sa tête est bleuâtre, et les angles en sont très-marqués. Elle a de grands yeux ; l'on voit de petites raies noires sur les écailles qui couvrent ses mâchoires , et le dessus de son corps présente des raies transversales , placées obliquement , et comme nuageuses. Elle a ordinairement deux cents grandes pla- ques et cent quarante paires de petites. *)0 HISTOIRE NATURELLE LA BLEUATRE. V^ETTE couleuvre a deux cent quinze grandes plaques et cent soixante -dix paires de petites ; c'est une de celles qui en ont le plus grand nombre , et cependant il s'en faut de beaucoup que ce soit une des plus grandes. C'est que la largeur des grandes et des petites plaques varie beau- coup dans les reptiles , non seulement suivant les espèces , mais même suivant l'âge ou le sexe des individus ; et voilà pourquoi deux serpens peuvent avoir le même nombre de grandes et de petites plaques , non seulement sans présenter la même longueur totale , mais uiême sans que la même proportion se trouve entre la longueur du corps et celle de la queue. Le nom de la bleuâtre désigne la cou- leur du dessus de son corps , qui ordinai- rement ne présente pas de tache , et qui est garni d'écaillés unies; sa tête est cou- leur de plomb. C'est des ludcs que cette couleuvre a été apportée. DES COULEUVRES. 91 L'HYDRE. C#'est à m. Pallas que nous devous la description de cette couleuvre , dont les habitudes rapprochent, pour ainsi dh-e, l'ordre des serpens de celui des poissons. L'hydre n'a jamais été vue , en effet , que dans l'eau , suivant le savant natura- liste de Pétersbourg ; et l'on doit présu- mer , d'après cela , qu'elle ne va à terre que très-rarement, ou pendant la nuit pour s'accoupler , pondre ses œufs , ou mettre bas ses petits , et chercher la nour- riture qu'elle ne trouve pas dans les fleuves. C'est aux environs de la mer Caspienne qu'elle a été observée , et elle habite non seulement les rivières qui s'y jettent, mais les eaux mêmes de cette méditerranêe. Elle ne doit pas beaucoup «'éloigner des rivages de cette mer , quel- quefois très - orageuse , non seulement parce qu'elle ne pourroit pas résister aux 92 HISTOIRE NATURELLE efforts d'une violente tempête , mais en- core parce que , ne pouvant pas se passer de respirer assez fréquemment Tair de Tatmosphère , et par conséquent étant presque toujours obligée de nager à la surface de Peau , elle a souvent besoin de se reposer sur les divers endroits élevés au-dessus des flots. Elle parvient ordinairement à la lon- gueur de deux ou trois pieds ; sa tête est petite; elle n'a point de crochets mobiles; sa langue est noire et très-longue , et Firis de ses yeux jaune; le dessus de son corps est d'une couleur olivâtre, mêlée de cendré , et présente quatre rangs lon- gitudinaux de taches noirâtres, disposées en quinconce. On voit aussi sur le der- rière de la tête quatre taches noirâtres , alongées , et dont deux se réunissent , en formant un angle plus ou moins ouvert. Le dessous du corps est tacheté de jau- nâtre et de noirâtre qui domine vers l'anus , et sur -tout au-dessous de la queue. Elle a cent quatre-vingts grandes plaques (sans compter quatre écailles qui garnissent le bord antérieur de l'ajius) et soixaiitc-six paires de petites. DES COULEUVRES. gJ LA CUIRASSÉE. t^ETTE couleuvre, que M. Pallas a dé- crite , a beaucoup de rapports avec la cou- leuvre à collier , non seulement par sa conformation , mais encore par ses habi- tudes. Elle passe souvent un temps très- long dans l'eau ou sur le bord des ri- vières ; mais elle se tient aussi très-sou- vent sur les terres sèches et élevées. C'est sur les bords du Jaïk , fleuve qui sépare la Tartarie du Turkestan , et qui se jetta dans la mer Caspienne , qu'elle a été ob- servée. Elle parvient quelquefois à la lon- gueur de quatre pieds ; elle n'a point de crochets mobiles ; l'iris de ses yeux, paroît brun ; tout le dessus d® son corps est noir ; et le dessous , qui est de la même cou- leur , présente des taches d'un )aune blanchâtre , presque quarrées , placées alternativement à droite et c\ gauche, et en très-petit nombre sous la queue. Le* 94 HISTOIRE NATURELLE grandes plaques qui recouvrent son ventre, sont au nombre de cent quatre- vingt-dix ; leur longueur est assez consi- dérable pour qu'elles embrassent presque les deux tiers de la circonférence du corps : et voilà pourquoi M. Pallas a donné ^ cette couleuvre répithète de scutata, que nous avons cru devoir rem- placer par celle de cuirassée, les grandes plaques formant en effet comme les lames d'une longue cuirasse qui revétiroit le ventre du serpent. La queue présente la forme d'une py- ramide triangulaire très-alongée , et le dessous en est garni ordinairement de cinquante paires de petites plaques. DES COULEUVRES. 9» LA D I O N E *. Il semble que c'est à la déesse de la beauté que M. Pallas a voulu , pour ainsi dire, consacrer cette couleuvre, dout il a le prcuiier publié la description; il lui a donné , en effet , un des noms de cette déesse, et cette dénomination étoitdue, en quelque sorte , à Télégance de la pa- rure de ce serpent , à la légèreté de ses mouvemens , et à la douceur de ses habi- tudes. La couleur du dessus du corps de la dionc est d'un gris très-agréable à la Tuc, dit M. Palias , et qui souvent ap- proche du bleu; elle est relevée par trois raies longitudinales d'un blanc très-écla- tant, que font ressortir des raies brunes placées alternativement entre les raies blanches; et les diverses teintes de ces couleurs doivent être bien assorties , ^^k-ds7:iJan,T[iSii: plusieurs peuples de l'em- pire de Russie. g5 HISTOIRE NATURELLE puisque M. Pallas , en faisant allusion l ses nuances , donne à la dione l'épithètt de très-élégante {elegaiitissi7na).'LG dessou de son corps' est blanchâtre avec de pe- tites raies d'un brun clair, et souvent d( petits points rougeâtres. La dione parvient à la longueur totale de trois pieds , et alors sa queue a com- munément six pouces de longueur. Sor coips est délié; le dessus de sa tête es couvert de grandes écailles; elle ne con- tient aucun venin, et elle est aussi doue et aussi peu dangereuse que ses couleurs sont belles à voir. Elle habite les environ de la mer Caspienne; on la trouve dan les déswts qui environnent cette mer et dont la terre est, pour ainsi dire, impré- gnée de sel. Elle se plaît aussi sur les col- lines arides et salées qui sont près de Tlr- tish *. * La dione a ordinairement depuis cent quatre- vingt-dix jusqu'à deux tout six grandes plaques, ei depuis cinquante-huit jusqu'à soixanie-six paires de peûics. Toni ^ . PlS./'a^.ç^ ^. LE CHAPELET J2. LE C^NCHIUTS y/ -^anniiet S DES COULEUVRES. 97 LE CHAPELET *. iN o N seulement les couleurs du chape- let sont très-agréables à voir et présentent les nuances les plus douces , mais elles offrent encore un arrangement et une symétrie que Ton est tenté de prendre pour un ouvrage de l'art , et qui suffi- roient seuls pour faire reconnoîtrc cette couleuvre. Le dessus de son corps est bleu , et présente trois raies longitudi- nales ; les deux raies des côtés sont blanches ; celle du milieu est noire et chargée de petites taches blanches jiar- faitement ovales, et alternativement mê- lées avec des points blancs. De chaque côté de la tête ou voit trois et quelque- fois quatre taches à peu près de la grau- ■ * 71 ne faut pas confondre ce serpent avec une coulcuvie de la Caroline, il laquelle Catesby a. donné le nom de chapelet ^ et dont nous parlerons clans cet- ouvrage 5 sous le nom de couleupre mou- cketée. 93 HISTOIRE NATURELLE deui* des yeux, et formant une ligue Ion-» gitudinale dont le prolongement passe par Fendroit de ces organes. Le dessus de la tête oflre aussi des taches d'un bleu, clair, bordées de noir, et très-symétri- quement placées. Le dessous du corps est blanc, et à Textrémité de chaque grande plaque on voit un très-petit point noir; ce qui forme deux rangées de points noirs sous le ventre. Telles sont les couleurs de la couleuvre ù. chapelet: son corps est d'ailleurs très-dé- lié; les écailles qui garnissent son dos soni unies et en losange; neuf grandes écaille; couvrent le sommet de sa tête , qui es' grande en proportion du corps , et appla- tie par-dessus , ainsi que par les côtés. L< chapelet n'a point de crochets mobiles r-^ous avons décrit cette espèce , sur la quelle nous n'avons trouvé aucune obser vation dans les naturalistes, d'après ur individu conservé au Cabinet du roi. Ci serpent a cent soixante-six grandes pla ques , cent trois paires de petites , ui pied cinq pouces six lignes de longueui totale , et cinq pouces six lignes depui; l'anus jusqu'à rextrémitc de la queue. DES COULEUVRES. 99 LE CENCHRUS. V^*EST SOUS ce nom que cette couleuvre a été envoyée au Cabinet du roi. Elle se trouve en Asie. Elle n'a point de crochets mobiles ; le dessus de sa tête est couvert de neuf grandes écailles placées sur quatre rangs ; le dos l'est de petites écailles unies et hexagones ; le dessus du corps , marbré de brun et de blanchâtre , présente des bandes transversales irrégulières , étroites et blanchâtres , et le dessous est varié de blanchâtre et de brun. L'individu que nous avons décrit a deux pieds de lon^ gueur totale , trois pouces sept lignes de- puis l'anus jusqu'à l'extrémité de la queue, cent cinquante-trois grandes plaques ec quarantersept paires de petites, 100 HISTOIRE NATURELLE L'ASIATIQUE. Ci'est de l'Asie, et peut-être de Tîle de Ceylan , que l'on a envoyé cette couleuvre au. Cabinet du roi. Des raies dont la cou- leur a été altérée par l'esprit-de-vin dans lequel ou a conservé l'animal, s'étendent le long du dos de ce serpent ; les écailles qui garnissent le dessus de son corps , sout bordées de blanchâtre , rlioniboïdales et unies. Le sommet de sa tête est couvert; de neuf grandes écailles. Il n'a point de crochets mobiles. Sa longueur totale est" d'un pied , et celle de sa queue , de deux, pouces trois lignes. Il a ceut quatre-vingt-. §ept grandes plaques et soixante - seize paires de petites. Il pnroît, par des notes, manuscrites envoyées avec ce reptile ,. qu'il a reçu dans plusieurs contrées d© rinde le nom de malpoloii , qui y a étQ donné à plusieurs espèces de serpeus , et que nous avons conservé , avec M. Dau-. benton , àunecouleuyredoutnous avons, déjà parlé. DES COULEUVRES. lor LA SYMÉTRIQUE. Xje nom de cette couleuvre désigne l'ar- rangement très -régulier de ses couleurs. Le dessus de son corps est brun , et de chaque côté du dos Ton voit une rangée de petites taches noirâtres , qui s'étend jusqu'au tiers de la longueur du corps. Le dessous de la queue est blanc ; le des- sous du ventre est de la même couleur, mais présente des bandes et des demi- bandes transversales et brunes, placées avec beaucoup de symétrie. ' Cette couleuvre n'est pas venimeuse. Elle a neuf grandes écailles sur la tète , et des écailles plus petites , unies et ovales, garnissent son dos*. L'individu que nous avons décrit , et qui fait partie de la col- * La longueur totale de cet individu est d'nn pied cinq pouces six lignes, et celle de la queue , de deux pouces ivois 11 spires'. 102 HISTOIRE NATURELLE lection du roi , a cent quarante - deux grandes plaques et vingt -six paires do petites. On trouve la symétrique dans Tîle de Ceylan. ■ i-w mi»^J DES COULEUVRES. loS LA JAUNE ET BLEUE *. ^'est une très -belle et en même temps très-grande couleuvre de l'île de Java; les habitans de cette île la nomment ou- lar-sawa (serpent des champs de riz ) , ap- paremment parce qu'elle se plaît dans ces champs. Elle y parvient jusqu'à la lon- gueur de ueuf pieds ; mais les individus de cette espèce qui, au lieu d'habiter dans les basses plantations , préfèrent de demeurer dans les bois touflus et sur le» terrains élevés , ont une grandeur bien plus considérable , et leur longueur a été comparée à la hauteur d'un arbre. Lors- que la jaune et bleue a atteint ainsi tout son développement , elle est dangereuse par sa force , quoiqu'elle ne contienne aucun poison ; et non seulement elle se jiourrit d'oiseaux, ou de rats et de souris,^ Ou] ar- San' a y par les habitans de l*ile de 104 HISTOIRE NATURELLE mais des animaux même assez gros iie^ peuvent quelquefois échapper à sa pour- suite, et deviennent sa proie. Sa tête est plate et large ; le somme! en est garni de grandes écailles , et il paroît , par la description qui en a été donnée dans les Mémoires de la société de Batavia , que ces écailles sont au nombre de neuf, et dis-r posées sur quatre rangs , comme dans Iq. vert^ et jaune. Les mâchoires ne sont pas armées de crochets mobiles , mais de deux rangs de dents pointues , recourbées en arrière , et dont les plus grandes sont le plus près du museau. Ce très-grand ser- pent a riris jaune ; le dessus de sa tête est d'un gris mêlé de bleu; Ton voit deux raies d'un bleu foncé commencer derrière les yeux , s'étendre au-dessus du cou,, ei s'y réunir en arc, à un pouce de distanc< de la tête ; une troisième raie de la même couleur règne depuis le museau jusqu'à l'occiput , où elle se divise en deux poui embrasser une tache jaune , chargée d^ quelques points bleus. Le des.sus du corps présente des espèces de compartimens très-agréables ; il paroÎ4 DES COULEUVRES. io5 comme divisé en un très-grand nombre de carreaux , et représente un treillis formé par plusieurs raies qui se croisent. Ces raies sont d'un bleu éclatant , et bor- dées d'un jaune couleur d'or. Le milieu des carreaux est , sur le dos , d'un gris changeant en jaune , en bleu et en verd , suivant la jnanière dont il réfléchit la lumière ; il est d'un gris plus clair sur les côtés du corps ,. ainsi que sur la queue. ,. Dii les carreaux sont plus petits que sur le dos ; et chaque côté du corps présente -uie rangée longitudinale de taches blan- ches , placées aux endroits où les raies bleues se croisent. Il est aisé de voir, d'après cette descrip- ion , que les couleurs qui dominent dans e beau serpent, sont le bleu et le jaune ; t c'est ce qui nous a fait préférer le nom ue noii« avons cru devoir lui donner. i a quelquefois trois cent douze grandes .laques et quatre-vingt-treize paires de. etites. io6 HISTOIRE NATURELLE LA TROIS-RAIES. JN o u s donnons ce nom à une couleuvr«5 d'Afrique , dont le dessus du corps pré- sente en effet trois raies longitudinales: elles partent du museau , et s'étendent jusqu'au-dessus de la queue ; la couleur du fond qu'elles parcourent est d'un roux plus ou moins clair. Neuf grandes écailles garnissent le sommet de la tête; les mâ- choires ne sont pas armées de crochets mobiles , et les écailles du dos sont en losange et unies. Un individu de cette espèce, conservé au Cabinet du roi , a un pied cinq pouces six lignes de lon- gueur totale , deux pouces huit lignes depuis l'anus jusqu'à l'extrémité de la queue , cent soixante-neuf grandes pla-. ques et trente-quatre paires de petites. Jom 4 J ( j.J^aq loG . VI.A TROIS ^KAIES -2. LE DABOIE. :ncu ^11(1 CES COULEUVRES* 107 LE DABOIE. Voici une de ces espèces remarquables de serpent que la superstition a divini- sées. C'est dans le royaume de Juida , sur ies côtes occidentales d'Afrique , où elle est répandue eu très-grand nombre, qu'on lui a érigé des autels; et il semble que ce n'est pas la terreur qui courbe la tête du Nègre devant ce reptile , puisqu'il n'est redoutable ni par sa force , ni par aucune humeur venimeuse. Selon plusieurs voya* geurs , le daboie est remarquable par la vivacité de ses couleurs et par l'éclat de Ses écailles. Le dessus du corps est blan- châtre , et couvert de grandes taches ovales plus ou moins rousses , bordées de Iioir ou de brun , et qui s'étendent sur trois rangs , depuis la tcte jusqu'au-des- sus de la queue. Suivant le voyageur Bos- xnan , le daboie est rayé de blanc , de jaune et de brun ; et suivant Desmarcbais, loS HISTOIKE NATURELLE le clos de ce serpent présente un mélange agréable de blanchâtre qui en fait le fond, et de taches ou de raies jaunes , brunes et ])leues ; ce qui se rapproche beaucoup des teintes indiquées par Bosman et ce qui pourroit bien n'être qu^unc mau- vaise expression d'une distribution et ens. IV. j^ iTO HISTOIRE NATURELLE le daboie est si familier, qu'il se laisse âî- géiueut prendre et manier , et qu'on peut jouer avec lui sans courir aucun danger. On diroit qu'il réserve toute sa force pour le bien de la contrée qui le révère. 11 n'at- taque que les serpens venimeux dont le royaume de Juida est infesté ; il ne détruit que ces reptiles funestes, et les insectes ou les vers qui dévastent les campagnes. C'est sans doute ce service qui Ta rendu cher aux premiers liabitans du pays où ou l'adore ; on n'aura rien négligé pour multiplier ou du moins conserver une espèce aussi précieuse ; on aura attaché la plus grande importance aux soins qu'on aura pris de cet animal utile; on l'aura regardé comme le sauveur de ces contrées si souvent ravagées par des lé- gions d'insectes ou des troupes de reptiles venimeux ; et bientôt la superstition , aidée du temps et de l'ignorance , aura altéré l'ouvrage de la reconnoissance et celui du besoin *. * Ou pourroit croire aussi que quelque événe- raeiii exiraordiuaire aura séduit l'iiuasination des T^tèiïrcs cl eijcl)a:uc leur raison. DES COULEUVRES. m Le culte des animaux qui ont inspiré une vive terreur, n'a été que trop sou- vent sanguinaire; on n'a sacrifié que trop souvent des hommes dans leurs temples: le serpent-dieu des Nègres n'ayant jamais fait éprouver une grande crainte , n'a obtenu que des sacrifices plus doux , mais que ses prêtres ne cessent de commander avec une autorité despotique. L'on n'im- mole point des hommes devant le serpent daboie ; mais on livre à ses ministres les plus belles des jeunes filles du royaume de Juida. Le prétendu dieu , que l'on nomme le sei-pent fétiche , ce qui signifiée l'être conse/uateur, aun temple aussi ma- gnifique que le peut être un bâtiment élevé par l'art grossier des Nègres. Il y re- çoit de riches offrandes ; on lui présente des étoffes de soie, des bijoux, les mets les plus délicats du pays , et même des troupeaux : aussi les prêtres qui le servent jouissent-ils d'un revenu considérable , possèdent-ils des terres immenses , et com- ïnandeut-ils à un grand nombre d'es- claves. Afin q^ue rieu ne manque à leurs plal- 112 HISTOIRE NATURELLE sirs , ils forcent les prêtresses à parcourir, chaque aiiuée , et vers le temps où le maïs commence à verdir, la ville de Juicla et les bourgades voisines. Armées d'une grosse massue, et secondées par les prê- tres, elles assommeroient sans piiié ceux qui oseroient leur résister ; elles forcent les Négresses les plus jolies à les suivre dans le temple ; et le poids de la crédulité superstitieuse pèse si fort sur la tête des Nègres, qu'ils croient qu'elles vont être honorées des approches du serpent pro- tecteur , et que c'est à son amour qu'elles vont être livrées. Ils reçoivent avec res- pect cette faveur signalée et divine. On commence par instruire les jeîihes filles à chanter des hymnes , et à danser eu l'honneur du serpent; et lorsqu'elles sont près du temps où elles doivent être ad- mises aupiès de la prétendue divinité , on les soumet à une cérémonie doulou- reuse et barbare ; car la cruauté naît presque toujours de la superstition. Ou leur imprime sur la peau , dans toutes les parties du corps, et avec des poinçons de fer, des figures de Heurs, d'animaux , DES COULEUVRES. ii3 et sur-tout de serpens. Les prêtresses les consacrent ainsi au service de leur dieu ; et c'est eu vain que leurs malheureuses victimes jettent les cris les plus plaintifs que leur arrache le tourment qu'elles éprouvent: rien n'arrête leur zèle inhu- main. Lorsque la peau de ces infortunées est guérie, elle ressemble, dit-on, à uu satin noir à fleurs, et elle les rend à ja- mais l'objet de la vénération des Nègres. Le moment où le serpent doit recevoir la Négresse favorite, arrive enfin; ou la fait descendre dans un souterrain obscur, pendant que les prêtresses et les autres jeunes filles célèbrent sa destinée par des danses et des chants qu'elles accom- pagnent du bruit de plusieurs instru- rnens retentissans. Lorsque la jeune Né- gresse sort de l'antre sacré , elle reçoit le titre Ae femme du serpent; elle ne devient pas moins la femme du Nègre qui par- vient à lui plaire, mais auquel elle inspire à jamais la soumission la plus aveugle , ainsi que le plus grand respect. Si quelqu'une des femmes du serpent trahit le secret des plaisirs des prêtres 114 HISTOIRE NATURELLE en révélant les mystères du souterrain ^ elle est aussitôt enlevée et mise à mort ; et l'on croit que le grand serpent est venu- lui-même exercer sa vengeance , en l'em- portant pour la faire brûler. Mais arrê- tons-nous ; l'histoire de la superstition n'est point celle de la Nature. Elle est trop liée cependant avec les phénomènes que produit cette Nature puissante et merveil- leuse , pour être tout-à-fait étrangère à l'histoire des animaux qui en ont été l'objet. DES COULEUVRES. ii5 LE SITULE. i-jE Sapent se trouve en Egypte 7 où il a été observé par M. Hasseîquist ; sa couleur est grise , et il présente une bande longitudinale , bordée de noir. Il a com- j munément deux cent trente-six grandes plaques et quarante-cinq paires de petites. ii6 HISTOIRE NATURELLE LE T Y R I E . Xjes terres de TÉgypte, périodiquement arrosées par les eaux d'un grand fleuve^ et échauffées par les rayons d'un soleil très - ardent , présentent aux diverses espèces de serpens , au moins pendant une grande partie de l'année, cette humi- dité chaude , qui convient si bien à la nature de ces reptiles. Nous ne devons donc pas être étonnés qu'on y en ait observé un grand nombre. Parmi ces serpens d'Egypte nous devons compter le tyrie , que M. Hasselquist a fait con- noître ; il a ordinairement deux cent dix grandes plaques et quatre-vingt-trois paires de petites ; il n'est point veni- meux , et le dessus de son corps , qui est blanchâtre , présente trois rangs lon- gitudinaux de taches rhomboïdales et brunes. Il paroît que c'est au tyric qu'il faut DES COULEUVRES. 117 rapporter le serpent que M. Forskael a décrit sous le nom de couleuvre mou- chetée (^coluber guttatus^ , qu'il a vu eu Egypte , et que les Arabes nomment îœ œbên. ii8 HISTOIRE NATURELLE L'ARGUS. V->ETTE couleuvre devient très-grande ^ suivant M. Linné. Elle se trouve en Egypte, GÙ elle a été observée par M. Hasselquist. Ses couleurs sont le noir et le blanc ; la moitié de chaque écaille est blanche ; il y a d'ailleurs sur le dos des bandes blan- ches, placées obliquement ; tout le reste du dessus du corps est noir'. Ce serpent n'étant pas venimeux , selon M.Linné, ne doit pas être confondu avec une couleuvre d'Egypte qui porte aussi le nom à'haje , et qui contient un poison très-actif. La force de ce venin a été recon- nue par M. Forskael ; mais ce naturaliste n*a point donné la description de l'haje dont il a parlé ^. ^ M. Liuué a ccrit que l'baje avolt deux cent s.ept grandes plaques ei cent neuf paires de petites. * Cohiber liaje^ncischerj par les Arabes. DES COULEUVRES. i23 LA MAURE. Jlji.le a été ainsi appelée à cause de ses couleurs , et parce qu'elle se trouve aux environs d'Alger. M. Brander envoya à M. Linné un individu de cette espèce. Le dessus de son corps est brun , avec deux raies longitudinales ; plusieurs bandes transversales et noires s'étendent depuis ces raies jusqu'au-dessous du corps , qui est noir. La maure n'a point de crochets mobiles ; on voit sur la tête neuf grandes écailles , et sur son dos , des écailles plus petites et ovales. Ces écailles du dos sont relevées par une arête dans un individu de cette espèce , qui fait partie de la collection de sa majesté*. * Cette couleuvre a communément cent cinquante-. àsnz grandes plaques et soixanie-six paires de petites» 124 HISTOIRE NATURELLE -r; LE S I B O N. Les Hottentots ont nommé ainsi nu serpent qui se trouve dans le pays qu'ils habitent, ainsi que dans plusieurs autre» contrées d'Afrique. Le dessus du corps de cette couleuvre est d'une couleur brune , mêlée de bleu , et le dessous est blanc , tacheté de brun ; des écailles rhomboïdales garnissent son dos ; saqueuo est courte et menue. Cette couleuvre a ordinairement cent quatre-vingts grandes plaques et quatre-vingt-cinq paires de petites. DES COULEUVRES. I25 LA DHARA*. v-<'est dans la partie de l'Arabie qu'on a noniinée heureuse , c'est dans les fertiles contrées de rYénieu , que se trouve cette couleuvre. Sa tête est couverte de neuf grandes écailles , disposées sur quatre rangs; son museau est arrondi, son corps est menu , et toutes ses proportions pa- roissent aussi sveltes qu'elle est innocente et douce. Elle n'a point de couleurs bril- lantes; mais celles qu'elle présente sont agréables. Le dessus de son corps est d'ua gris un peu cuivré; toutes les écailles sont bordées de blanc , et c'est aussi le blanc qui est la couleur du dessous de son corps, M. Forskael l'a fait connoître. L'in- dividu qu'il avoit observé, n'avoit pas deux pieds de longueur ; mais le voyageur * Dhara , par les Arabes. Ï26 HISTOIRE NATURELLE danois soupçonna que la queue de cet animal avoit été tronquée. Il compta deux cent trente-cinq grandes plaques et qua- rante-huit paires de petites sous le corps de cette couleuvre. DES COULEUVRES. 127 LA SCHOKARI*. v>ETTE couleuvre se trouve dans l'Yé- men , ainsi que la dhara. Elle se plaît dans les bois qui croissent sur les lieux élevés. Sa morsure n'est point dangereuse , et M. Forskael , qui l'a décrite , n'a vu ses mâchoires garnies d'aucun crochet mo- bile. Sou corps est menu. Elle parvient ordinairement à la longueur d'un ou deux pieds , et sa queue n'a guère alors que la longueur de cinq ou six pouces. Sa tête est couverte de neuf grandes écailles , dis- posées sur quatre rangs. Le dessus de son corps est d'un cendré brun , et présente de chaque côté deux raies longitudinales blanches, dont une est bordée de noir. On voit quelquefois sur le milieu du dos des grands individus une espèce de pe- tite raie , composée de très-petites taches ? Schokariy par les Arabes. îa8 HISTOIRE NATURELLE blanches. Le dessous du corps est blan- châtre, mêlé de jaune, et pointillé de brun vers le gosier. La sehokari a cent quatre-vingt-trois grandes plaques et cent quarante-quatre paires de petites. Nous joignons ici la notice de trois couleuvres dont il est fait mention dans l'ouvrage de M. Forskael , à la suite de la sehokari , mais dont la description est trop peu détaillée pour que nous puis- sions décider à quelle espèce elles appar- tiennent. La première se nomme bmtœn ; elle est tachetée de blanc et de noir ; elle a un pied de longueur , et prè« d'un demi- pouce d'épaisseur. Elle est ovipare , et cependant, dit M. Forskael, sa morsure donne la mort dans un instant. La seconde , appelée Jiosleik , est toute rouge : sa longueur est d'un pied. Ell« pond des œufs plus ou amolns gros. Sa morsure ne donne pas la uaort , mais cause une enflure accompagnée de beau- coup de chaleur. Les Arabes ont cru que sou haleine seule pouvoit faire pourrir les chairs sur lesquelles cette vapeur s'é- teudoit. DES COULEUVRES. 129 La troisième , nom.vnéQ hannaTch œsuœd , est toute noire , ovipare , et de la lon- gueur d'un pied ou environ. Sa morsure n'est pas dangereuse, mais produit un peu d'enflure. Ou arrête par des ligatures la propagation du venin ; on suce la plaie ; on emploie diverses plantes comme spécifiques , et les Arabes racontent gra- vement que ce serpent entre quelquefois par un côté dans le corps des chameaux, qu.'il en sort par l'autre côté , et que le chameau en meurt si on ne brûle pas la blessure avec un fer rouge. Nous invitons les voyageurs qui iront en Arabie , non seulement à décrire ces trois couleuvres, mais même à rechercher l'origine des contes d'Arabes auxquels elles ont donné lieu ; car il y a bien peu de fables qui n'aient pour fondement quel- que vérité. i39 HISTOIRE NATURELLE LA ROUGE-GORGE. vJn peut reconnoître aisément cette cou- leuvre , qui se trouve en Egypte : elle est toute noire , excepté la gorge , qui est couleur de sang. Elle a communément cent quatre-vingt-quinze grandes plaques et cent deux paires de petites. M. HasseU sjuist Ta observée. DES COULEUVRES. i3i L'AZUREE. WN trouve cette couleuvre aux environs du cap Verd. Son nom indique sa cou- leur ; elle est d'un très -beau bleu , quel- quefois foncé sur le dos , très - clair et presque blanchâtre sous le ventre et sous la queue. Elle n'a point de crochets mo- biles. Le sommet de sa tête est garni de neuf grandes écailles , disposées sur quatre rangs , et celles que l'on voit sur le dos sont ovales et unies. Un individu de cette espèce, conservé au Cabinet du roi a deuxpieds de longueur totale, cinq pouces trois lignes depuis l'anus jusqu'à l'extré- mité de la queue , cent soixante -onze grandes plaques et soixante-quatre paires de petites. i32 HISTOIRE NATURELLE LA N A S I Q U E. JN o u s donnons ce nom à une couleuvre dont le museau est en effet très-alougé , et qu'il est très-facile de distinguer par-là des serpeus de son genre connus jusqu'à présent. Elle a le devant de la tête très* alongé , très-étroit , très-applati par-des»- sus et par-dessous , ainsi que des den côtés , et terminé eu pointe de manière à représenter une petite pyramide à quatre faces , dont les arêtes seroient très-mar- quées. Le dessus de la tête est rccouvejt de neuf grandes écailles , placées sur quatre rangs. La mâchoire inférieure est arrondie , plus large et plus courte que la supérieure. Les yeux sont gros , ronds , et placés sur les côtés de la tète, et Ton Toit à l'exlréraité du museau un petit prolongement écailleux , un peu relevé , et composé d'une seule pièce qui paroît comme plissée. C'est apparemment de ce DES COULEUVRES. i33 prolongement que Catesby a voulu par- ler , lorsqu'il a dit que le serpent dont il est ici question , avoit le nez retroussé ; et c'est peut-être en faisant allusion à Pair singulier que cette conformation donne h te reptile , que M. Linné l'a désigné par le noai de mycteiisans , qui signifie /tzo- queur. Les deux mâchoires sont garnies de fortes dents , qui ne distillent aucun poi- «ou , suivant Gronovius ; Catesby dit aussi que la nasique n'est point dangereuse , et nous n'avons trouvé de crochets mobiles dans aucun des individus de cette espèce que nous avons examinés. Cependant nous devons prévenir que M. Linné a écrit qu'elle étoit venimeuse. Le dessous de la tête lest blanchâtre, et toutes les autres (J)arties de ce serpent présentent commu- mément une couleur verdâtre, relevée par 'quatre raies blanchâtres , qui s'étendent de chaque côté du corps , presque jusqu'à l'extrémité de la queue , etpar deux autres raies longitudinales placées sur le ventre*. * 11 paroît que hx distribution des couleurs de la Hasirpc varie assez souvenu 12 N î34 HISTOIRE NATURELLE Les écailles du dos sont rhomboïdales et unies ; ordinairement la queue n'est pas aussi longue que la moitié du corps , qui est très-mince en proportion de sa longueur. L'individu que nous avons décrit , et qui est conservé au Cabinet du roi , n'avoit , en quelques endroits de son corps , que cinq ou six ligues de diamètre , et cependant il avoit quatre pieds neuf pouces de longueur *. Nous avons compté cent soixante-treize grandes plaques sous son corps , et cent cinquante- sept paires de petites plaques sous sa queue. Ou a écrit que /malgré sa petitesse, la nasique se uourrissoit de rats : mais quoique son gosier et son estomac puissent s'étendre aisément , ainsi que ceux des autres serpens , nous avons peine à croire qu'elle puisse dévorer des rats ^ même les plus petits ; elle doit vivre de scarabées ou d'autres insectes , dont on a dit en eil'et qu'elle faisoit sa proie ; et elle les saisit avec d'autant plus de facilité , que, *L a queue éioit longue d'un pied onze pouces. DES COULEUVRES. i35 5iiivant Catesby , elle passe sa vie sur les arbres , cachée sous les feuilles et entor- tillée autour des rameaux , qu'elle peut parcourir avec rapidité. Elle n'attaque point rhomme , et on la trouve dans l'île de Ceylan , en Guinée , ainsi que dans la Caroline , et plusieurs autres contrées chaudes du nouveau monde. i36 P[ISTOIRE NATURELLE LA GROSSE-TETE. IN ou s dounons ce nom à une couleuvre d'Amérique qui , en effet , a la tète beau- coup plus grosse que la partie antérieure du corps. Elle n'a point de crochets mobiles ; neuf grandes écailles , disposées sur quatre rangs , couvrent le souimet de sa tête , et celles qui garnissent sou dos sont ovales et unies. Un individu de cette espèce , conservé au Cabinet du roi , a deux pieds cinq pouces six lignes de longueur totale , et six pouces trois lignes depuis l'anus jus- qu'à l'extrémité de la queue , qui se ter- mine par une pointe très-déliée. Nous avons compté cent quatre-vingt- treize grandes plaques etsoixa;ite-dix-sept paires de petites. Le dessus du corps de la grosse-tèle est d'une couleur foncée , relevée par des bandes transversales et irrégulières d'une Jonv.^ ■ ^ LA GROSSE -TETE 2 LA COURES SE . J JT-^auçfUtt S- DES COULEUVRES. 187 couleur plus claire; mais l'individu que nous avons décrit étoit tro}3 altéré par Tcsprit-de-vin , dans lequel il avoit été conservé , pour que nous puissions rien dire de plus relativement aux couleurs de cette espèce. 19 ï38 HISTOIRE NATURELLE h A COURESSE. v-i*E ST de la Martinique que cette cou-» leuvre a été envoyée au Cabinet du roi, par feu M. de Chanvalon. Ses couleurs sont belles : le dessus de son corps est verdâtre , et présente deux rangées Ion-, gitudinaies de petites taches blanches et alongées; le dessous et les côtés du corps, sont blanchâtres. Cette couleuvre n'a point de crochets mobiles. Le sommet de sa tête est garni de grandes écailles , et le dos Test d'é- cailles ovales et unies. I^'individu que nous avons décrit , avoit deux pieds dix pouces sept lignes de longueur totale , neuf pouces sept lignes depuis l'anus jusqu'à l'extrémité de la queue , cent quatre- vingt -cinq grandes plaques , et peut cinq paires de petites. La couresse est aussi timide que ^ex^ DES COULEUVRES. iS^ dangereuse ; elle se cache ordinairement lorsqu'elle apperçoit quelqu'un , ou s'en- fuit avec tant de précipitation , que c'est delà que vient son nom de couressefOn coureresse. I40 HISTOIRE NATURELLE LA MOUCHETÉE. i_-«'EST un trcs-beau serpent, et dont lés habitudes diffèrent beaucoup de celles de la nasique , du boiga , et d'autres couleuvres qui se tiennent sur les arbres : il passe sa vie dans des trous souterrains, où il trouve apparemment , avec plus de facilité qu'ailleurs , les vers et les insectes dont il se nourrit. C'est dans la Caroline qu'il a été observé par MM. Catesby et Garden ; et lorsque , dans les mois de septembre et d'octobre , on fait dans cette contrée la récolte des patates , on le trouve souvent dans des cavités auprès des racines de ces plantes, qui peut-être servent de nourriture à sa petite proie. Son corps est cependant très-menu en propotion de sa longueur , et il est en tout conformé de manière à pouvoir par- courir les rameaux des arbres les plus élevés avec autant de rapidité que la plu- DES COULEUVRES. 141 part des couleuvres qui vivent dans les forêts et sur les plus hautes branches: tant il est vrai que les habitudes des animaux sont le résultat, non seulement de leur conformation , uiais de plusieurs circons- tances qu'il est souvent très-ditiicile de deviner. I.e dessus du corps de la mouchetée est d'un gris livide , et présente de grandes taches d'un rouge très-vif, arrangées lon- gitudinalement ; on voit de chaque côté un rang de taches jaunes, qui correspon- dent aux intervalles des taches rouges, et souvent une bande longitudinale noire. Le dessous du corps présente des taches noires , quarrées , et placées alternative- ment à droite et à gauche. Cette espèce n'est pas venimeuse ; elle a ordinairement deux cent vingt - sept grandes plaques et soixante paires de petites. ' 142 HISTOIRE NATURELLE LA CAMUSE, jyi. le docteur Garden a fait coimoître cette espèce , qu'il a observée dans la Caroline , et dont il a envoyé un individu à M. Linné. Elle a la tête arrondie , relevée en bosse , et le museau court ; ce qui Ta fait nommer par M. Linné , coluher simus ( couleuvre camuse ). On voit , entre les yeux de ce serpent , une petite bande noire et courbée; surlesommet de satêteparoît •une croix blanche , marquée au milieu d'un point noir ; le dessus du corps est varié de noir et de blanc, avec des bandes transversales de cette dernière couleur et le dessous du corps est noir. Cette espèce a cent vingt-quatre grandes plaijues et quarante-six paires de petites. DES COULEUVRES. 143 LA STRIÉE. IN ous ne connoissons cette couleuvre que par ce qu'en a dit M. Linné ; le nom qu'elle porte lui a été donné à cause des diverses stries que présente son dos et qui doivent être produites par la forme des écailles , relevées vraisemblablement par une arête longitudinale. Ce serpent lie parvient point à une grandeur consi- dérable ; le dessus de son corps est brun, et le dessous d'une couleur pâle ; sa tête est couverte d'écaillés lisses. On le trouve à la Caroline , et c'est M. le docteur Garden qui a envoyé à M. Linné des individus de cette espèce*. Il se pourroit qu'on dû t regarder comme une couleuvre striée , un serpent de la Caroline figuré dans Catesby ( tome II , planche 46 ) : ce serpent a , eu effet , lej * La striée a cent vingt-six grandes placpes es qiiaraute-cicq paires de pelites. 144 HISTOIBE NATURELLE écailles du dos relevées par une arête, lo sommet de sa tête garni de neuf grande» écailles lisses , le dessus de sou corps brun ; et le dessous d'un rouge de cuivre , altéré par Tesprlt-de-vin ou par quelque autre cause , peut aisément devenir , après la niort de l'aniuial , la couleur pale indi- quée par M. f.inné pour le dessous du «orps de la striée. Ce serpent figuré dans Catesby se tient souveut dans Teau , et suivant ce naturaliste , doit se nourrir dt poissons; il dévore aussi les oiseaux et lej autres petits animaux dont il peut s( rendre maître. Sa hardiesse est aussi grande que ses mouvemens sont agiles il entre dans les basses-cours , y mange h jeune volaille , et y suce les œufs : maii il n'est point venimeux. DES COULEUVRES. 145 LA PONCTUEE. tLiETTE couleuvre présente ordinaire- ment trois couleurs : le dessus [de son. corps est d'un gris cendré , le dessous jaune , et , sous le ventre , on voit neuf petites taches ou points noirs , disposés sur trois rangs de trois points chacun. Cette espèce habite la Caroline , où. elle a été observée par M. le docteur Garden. La ponctuée a cent trente-six grandes plaques et quarante-trois paires de petites. Sirpens, IV» i3 146 HISTOIRE NATURELLE LE B L U E T. twi'EST en Amérique qu'on trouve ce serpent , dont les couleurs présentent un assortiment agréable, et ,pour ainsi dire, élégant. Le dessus de son corps est blanc , et les écailles qui garnissent Je dos de cette couleuvre , sont ovales et presque mi-parties de blanc et de bleu ; le sommet de la tête est bleuâtre ; la queue , très- déliée, sur-tout vers son extrémité , d'une couleur bleue , plus foncée que celle du corps , et sans aucune tache *. * Le bluet a ceni soixante-cinq grandes plaques et vingt-quatre paires de petites. DES COULEUVRES- 147 LE VAMPUM. X EL est le nom que ce serpent porto dans la Caroline et dans la Virginie , suivant Catesby , et il a été donné à .cette couleuvre , à cause du rapport que les nuances et la disposition de ses cou- leurs ont avec une monnoie des Indiens, inommée wampuin. Cette monnoie est composée de petites coquilles taillées d'une manière régulière , et enfilées avec ua cordon bleu et blanc. Le dessus du corps du serpent est d'un bleu plus ou moins foncé , et quelquefois presque noir sur le dos , avec des bandes blanches transver- sales, et partagées eu deux sur les côtés; le dessous du corps est d'un bleu plus ^luir , avec une petite bande transver- iale brune sur chaque grande plaque ; 3t de toute cette disposition de couleurs l résulte des espèces de taches , dont la orme approche de celle des coquilles 148 HISTOIRE NATURELLE taillées qui servent de monnoie aux în- dieus. Le vampum parvient jusqu'à cinq pieds de longueur ; il n'est point venimeux , niais vorace , et il dévore tous les petits' animaux , trop foibles pour lui résister. Sa tête est petite , en proportion de son corps ; elle est couverte de neuf grandes écailles , et celles du dos sont ovales et relevées par une arête *. * Le vampum a cent vingt-huit grandes plaques et soixante-sept paires de petites. Un jeune individu de cette espèce, conservé au Cabinet du roi, a un pied dix pouces de longueur totale, et sa queue es.1 longue de six pouces. DES COULEUVRES. 14^ LE C O B E L. Vjette couleuvre se trouve en très- grand nombre en Amérique. Elle est d'un gris cendré , et présente un grand nombre de petites raies blanches , et placées obli- quement relativement à Tépine du dos. Quelquefois elle présente aussi des bandes transversales et blanchâtres. Le dessous du corps est blanc ; le ventre traversé par un grand nombre de bandes noirâtres, et inégales , quanta leur largeur; et Ton voit derrière chaque œil une tache d'une couleur un peu livide , et placée oblique-» ment comme les petites raies du dos. Le sommet de la tête est couvert de neuf grandes écailles disposées sur quatre rangs, et cette couleuvre a cent cinquante grandes plaques et cinquante - quatre paires de petites. Un individu de cette espèce , que nous avons décrit , avoit un pied quatre pouces neuf lignes de lon- gueur totale , et sa queue étoit longue de trois pouces dix lignes. If; i5o HISTOIRE NATURELLE LA TÈTE-NOIRE. Ce serpenta, en effet, la tête noire 5 et le dessus du corps brun ; il présente quelquefois des taches blanchâtres , et placées transversalement. Le dessus du. corps est varié de blanchâtre, et d'une couleur très-foncée , par taches , dont la plupart sont placées transversalement et ont la forme d'un parallélogramme. Les écailles qui couvrent la tête , sont grandes au nombre de neuf, et dispo- sées sur quatre rangs. Celles qui gar- nissent le dos , sont ovales et unies. La tête-noire se trouve en Amérique, et elle a ordinairement * cent quarante grandes plaques et soixante-deux paires de petites: * Un individu de cette espèce, conservé au Ca* binet du roi , a deux pieds un pouce sept lignes de longueur totale, et quatre pouces six lignes depuis l'anus jusqu'à rextrémité de la queue. DES COULEUVRES. i5r L'ANNELEE. i^ETTE couleuvre babite la Caroline^ ainsi que Saint-Domingue, d'où un indi- vidu de cette espèce a été envoyé au Ca- binet du roi. Ces noms de diverses par- ties de TAmérique voisines des tropiques retracent toujours l'image de terres fé- condes , qu'une humidité abondante et les rayons vivifians du soleil couvrent sans cesse de nouvelles productions, bien, plus précieuses! et moins funestes que les métaux trop recherchés qu'elles cachent dans leur sein. L'art de l'homme ne doit, pour ainsi dire , dans ces terres fertiles , que modérer les forces de la Nature. Ce qui appartient à ces climats favorisés , attirera donc toujours l'attention ; nous n'avons pas besoin de chercher à l'en- vironner d'ornemens étrangers , pour faire désirer de le connoître ; et les personnes même qui n'auront pas résolu de suivre l'histoire naturelle jusque dans ses petitâ i52 HISTOIRE NATURELLE rameaux , seront toujours bien aises d'ob- server , en quelque sorte , de près tous les objets que Ton rencontre dans ces belles et lointaines contrées. L'annelée est d'un blanc ordinairement assez éclatant , et présente des bandes transversales noires , ou presque noires, qui s'étendent sur le ventre , et forment des anneaux autour du corps ; mais la partie supérieure et la partie inférieure de ces anneaux ne se correspondent pas exac- tement. Quelquefois une petite bande longitudinale , d'une couleur très-foncée^ règne le long du dos ; le cou est blanc ; le dessus de la tcte , presque noir , et garni, de neuf grandes écailles; et le dos est couvert d'écaillés unies et en losange. Un individu de cette espèce, qui fait partie de la collection du roi , a sept pouces quatre lignes de longueur totale , et un pouce cinq lignes depuis Tanus jusqu'à l'extrémité de la queue. L'annelée n'a point de crochets mo- biles *. * Elle a le plus souvent ccut soixante-quatre grandes plaques et quarante-trois paires de petite? DES COULEUVRES. i53 L'AURORE. J_i ES couleurs de cette couleuvre peuvent la faire distinguer de loin : une bande longitudinale d'un beau jaune règne au- dessus de son corps , et paroît d'autant plus vive , que le fond de la couleur du dos est d'un gris pâle, et que souvent chaque écaille comprise dans la bande est bordée d'orangé ; le dessus de la tête est jaune, avec des points rouges; et c'est ce mélange d'orangé , de rouge et de jaune , qui a fait donner à la couleuvre aurore le nom qu'elle porte. Ce serpent se trouve en Amérique , et a cent soixante- dix-neuf grandes plaques et trente-sept paires de petites. ï54 HISTOIRE NATURELLE LE DARD. i Cette couleuvre a beaucoup de rap- ports, suivant M. Linné, avec la rayée. Elle est d'un gris cendré , avec une bande noirâtre, dont les bords sont d'un noir foncé , et qui s'étend au - dessus du dos, depuis le museau jusqu'à l'extrémité de la queue ; une bande semblable , mais plus étroite , règne de chaque côté du corps, dont le dessous est blanchâtre. Ce serpent a été vu à Surinam*. Il est boa d'observer que ce nom de dard (/aculusy a été donné à plusieurs serpens tant de l'ancien que du nouveau monde , à cause de la faculté qu'ils ont de s'élancer, pour ainsi dire , avec la rapidité d'une flèche. * Le dard a ceut soixante-trois grandes plaques et sûixante-dix-sept paires de petite*. DES COULEUVRES. i55 LA LAPHIATI. J- EL est le nom que l'on a donné, dans rAmérique méridionale , à cette cou- leuvre du Brésil , dont les couleurs sont rès-belles , suivant Seba. M. Linné , qui 'a décrite , lui en attribue de moins bril- antes ; mais peut-être les nuances de Tin- lividu qu'il a observé , avoient-elies été iltérées. Selon ce naturaliste , la laphiati :st grise, avec des bandes transversales )lanches , qui se divisent en deux de cha- pe côté. Si les quatre extrémités de ces )andes se réunissent avec celles des bandes voisines, la distribution de couleurs in- liquée par M. Linné sera à peu près emblable à celle dont parle Seba; mais e dernier auteur suppose du roux à la )lace du gris, et du jaunâtre à la place u blanc. Le sommet de la tête de la lapLiati est >lanc.Cettecouleuvreacentquatre-vingt- uatre grandes plaques et soixante paires e petites. i56 HISTOIRE NATURELLE LA NOIRE ET FAUVE. J-i E uom de cette couleuvre désigne ses couleurs : son corps est entouré en effet de bandes transversales noires , ordinai- rement au nornbre de vingt-deux , et d'au- tant de bandes fauves , bordées de blanc et tachetées de brun , placées alternati- vement. Le museau et la partie supé- rieure de la tête sont quelquefois noi- râtres. La queue de ce serpent est très- courte , et n'a guère de longueur que le douzième de la longueur du corps. On trouve la noire et fauve à la Caroline, où elle a été observée par M. Garden. Elle a deux cent dix -huit grandes plaques et trente-une paires de petites *. * Le sommet de sa tête est garni de neuf grandes écailles , son dos l'est d'écaillés hexagones et unies, Uue noire et fauve, conservée au Cabinet du roi, a un pied onze pouces de longueur totale, et sa tjueuc est longue de deux pouces. DES COULEUVRES. 167 LA CHAINE. V- E T T E couleuvre ressemble beaucoup J par sa conformation , au boiga : elle en a les proportions légères , mais elle n'eu présente pas les couleurs brillantes ; celles qu'elle offre sont cependant très-agréables. Le dessus de son corps est d'un bleu fon- cé sans aucune tache , et le dessous , d'uu Tcrd pâle. Ce serpent ne parvient pas ordinaire- ment à une longueur considérable : sa longueur totale est communément de deux pieds , et celle de sa queue , de six pouces. Il a le sommet de la tête garni de grandes écailles , le dos couvert d'écaillés ovales et unies , cent dix-neuf grandes plaques et cent dix paires de petites. Ou trouve la verte et bleue en Amé- rique. M. Linné l'a placée parmi les cou-^ leuvres qui n'ont pas de venin. i64 HISTOIRE NATURELLE LA NEBULEUSE. Xj E s couleurs de cette couleuvre ne sont pas très- agréables , et c'est une de celles que Ton doit voir avec le moins de plai- sir. Elle a le dessus du corps nué de brun et de cendré , le dessous varié de brun et de blanc. C'est donc le brun qui domine dans les couleurs qu'elle présente , sans qu'aucune distribution symétrique , ou qu'aucun contraste de nuances , com- pense l'eflet des teintes obscures que l'on voit sur ce serpent. La nébuleuse habite l'Amérique , et elle a ordinairement cent quatre-vingt- cinq grandes plaques et quatre-vingt-une paires de petites. Elle n'est point venimeuse, suivant M. Linné ; mais il arrive quelquefois que lorsqu'on passe trop près d'elle, et qu'om l'excite ou l'effraie , elle se dresse , s'en- tortille autour des jambes, et les serrer assez fortement. DES COULEUVRES. i65 LE SAURITE. X^B serpent a beaucoup de rapports avec les lézards gris et les lézards verds, non seulement par les nuances de ses cou- leurs , mais encore par son agilité ; et voilà pourquoi il a été nommé saurite , qui vient du mot grec croLv^os ( lézard ), Son corps est très-délié ; ses proportions sont agréables , et on dojt le rencontrer avec d'autant plus de plaisir, qu'étant très-actif, il réjouit la vue par la rapi- dité et la fréquence de ses tnouvemens. Le saurite est d'un brun foncé , avec trois raies longitudinales blanches ou vertes , qui s'étendent depuis la tête jus- qu'au-dessus de la queue. Il a le ventre blanc, cent cinquante-six grandesplaques et cent vingt-une paires de petites. On le trouve dans la Caroline ; il n'est point venimeux. i66 HISTOIRE NATURELLE LE LIEN. Cette espèce de serpent est très-répan- due dans la Caroline et dans la Virginie , où elle a été observée par MM. Catesby et Suiith. Elle a le dessus du corps d'un noir très -foncé et très - éclatant ; le des- sous d'une couleur bronzée ou bleuâtre , quelquefois la gorge blanche et les yeux étincelans. Cette couleuvre parvient à la longueur de six ou sept pieds. Elle n'est point venimeuse , mais très-forte , se dé- fend av ec obstination lorsqu'on l'attaque, saute même contre ceux qui l'irritent, s'entortille autour de leur corps ou de leurs jambes , et les mord avec acharne- ment ; mais sa morsure n'est point dan- gereuse. Elle dévore des animaux assez gros , tels que des écureuils ; elle avale même quelquefois les petites grenouilles tout entières ; et comme elles sont très- ^ivaces , on l'a yue en rejeter en vie. Elle DES COULEUVRES. 167 se bat avec avantage contre d'autres es- pèces de serpens assez grands , et particu- lièrement contre les serpens à sonnettes, auxquels elle donne la mort en se pliant eu spirale autour de leur corps , se con- tractant avec force et les serrant jusqu'à les étouffer. La couleuvre lien fait aussi la guerre aux rats et aux souris , dont elle paroît se nourrir avec beaucoup d'avidité , et qu'elle poursuit avec une très - grande vitesse jusque sur les toits des maisons et des granges. Elle est par-là très- utile aux habltans de la Caroline et de la Virginie; «lie sert même plus que les chats à déli- vrer leurs demeures des petits animaux destructeurs qui les dévasteroient , parce que sa foriue très-alongée et sa souplesse lui permettent de pénétrer dans les petits trous qui servent d'asyle aux souris ou aux rats : aussi plusieurs Américains cher- chent-ils à conserver et même à multi- plier cette espèce *. * Le lien a cent qua're-vingi-six grandes plaques Cl quatre-vingi-deux paires de peiitcs. î68 HISTOIRE NATURELLE LE SIRTALE. JVl. Kalni a observé dans le Canada cette espèce de couleuvre,dont les couleurs, sans être très-brillantes , sont assez agréables, et ressemblent beaucoup à celles du sau- rite. Elle a le dessus du corps brun , avec trois raies longitudinales d'un verd chan- geant en bleu. Le dos paroît légèrement strié , suivant M. Linné; ce qui suppose que les écailles qui le couvrent sont rele- vées par une arête. Le sirtale a cent cinquante grandes plaques et cent quatorze paires de pe- tites. DES COULEUVRES. 169 LA BLANCHE ET BRUNE. Lbinet du roi , et qui a trois pieds onze bouces de longueur totale, et dix pouces depuis l'anus jusqu'à Textrémité de la jueue. Î02 HISTOIRE NATURELLE LA COULEUVRE A ZONES. V-/E serpent est blanc par -dessus et par- dessous , avec des bandes transversales plus ou moins larges , d'une couleur très- foncée , qui , connue autant de zones , le ceignent et font le tour de son corps. On voit dans les intervalles blancs quel- ques écailles tachetées de roussâtre à leui extrémité ; et toutes celles qui garuissen1| les lèvres ou le dessus de la tète, son1[ blanchâtres, et bordées de roux ou dt brun *. La couleuvre à zones a beaucoup df rapports avec Tanuelée et avec la noire * Une couleuvre à zones, qui fliit partie de h. collection du roi, a neuf grandes écailles suc h somœet de la tête, des écailles rhomboidales e unies sur le dos, un pied de longueur totale, ui pouce six lignes depuis l*anus jusqu'à rexirémit^f de la queue , cent soixante-cinq grandes plaqué*. et trenie-cinq paires de petites. f DES COULEUVRES. i(j3 et fauve ; mais, indépeiidainmeut d'autres différences , elle est séparée de la pre- mière par la disposition de ses couleurs , et de la seconde par le nombre de ses plaques. Elle n'est pas venimeuse. 394 HISTOIRE NATURELLE LA ROUSSE. V^ ETTE couleuvre a le dessus du corps d'uu roux plus ou moins foncé , et le dessous blanchâtre. C'est de la couleur de son dos que vient le nom que nous avons cru devoir lui donner. Elle n'est point venimeuse ; mais nous ignorons quelles sont ses habitudes naturelles. Nous avons décrit cette espèce d'après un individu conservé au Cabinet du roi, et qui a un pied cinq pouces quatre ligne» de longueur totale, et trois pouces de- puis l'anus jusqu'à l'extrémité de la queue. La rousse a neuf grandes écailles sur la partie supérieure de la tète , le dos couvert d'écaillés rhojnboïdales et unies , deux cent vingt-quatre grandes plaques et soixante-huit paires de petites. Nous ne savons pas quel est le pays où on la trouve. DES COULEUVRES. 195 LA LARGE-TETE. JM ous nommons ainsi cette couleuvre parce que sa tête, un peu applatie par- dessus et par-dessous , est très -large à proportion du corps. C'est M. Dombey qui Ta apportée de l'Amérique méridio- nale au Cabinet du roi. La couleur du dessus du corps de ce serpent est blan- châtre , avec de grandes taches irrégu- lières d'une couleur très-foncée , et qui se réunissent en plusieurs endroits le long du dos , et sur-tout vers la tête , ainsi que vers la queue. Le dessous du corps est également blanchâtre , mais avec des taches plus petites , plus éloignées l'une de l'autre , et disposées longitudinalement de chaque côté du ventre. Le museau de cette couleuvre est ter- miné , comme celui de plusieurs vipères venimeuses, par une grande écaille rele- vée , presque verticale, pointue par le 196 HISTOIRE NATURELLE haut et échaucrée par le bas ; cependant elle n'a point de crochets mobiles, et le sommet de sa tête est garni de neuf grandes écailles : celles qui revêtent le dos sont ovales , unies , et un peu sépa- rées Tune de l'autre vers la tète , comme sur le naja. (^ L'individu que nous avons décrit a voit quatre pieds neuf pouces de longueur totale , sept pouces depuis l'anus jusqu'à l'extrémité de la queue, deux cent dix- huit grandes plaques et cinquante- deux paires de petites. Avant de passer au genre des hoa ^ il ïious resteroit à parler de quinze cou- leuvres dont Gronovius a fait mention ; mais comme il n'est entré dans presque aucun détail relativement à ces re[)tiles , et que nous ne les avons pas vus, nous avons cru ne devoir pas en traiter dans des articles particuliers , et ne pouvoir même rien décider relativement à l'iden- tité ou à la différence de leurs espèces avec celles que nous avons décrites. Nous nous sommes contentés de les placer à leur rang dans notre table méthodique , DES COULEUVRES. 197 en y rapportant le petit nombre de carac- tères indiqués par Gronovius, en ren- voyant aux planches qu'il a citées, en désignant uniquement ces couleuvres par le numéro des articles de Gronovius où il en est question , et en ne leur donnant aucun nom jusqu'à ce qu'elles soient ïnicux connues. 17 s E C O N D G E N R E. S E R P E N S Qui ont de grandes plaques sous le corps et sous la queue» BOA. LE DEVIN*. -LS| o u s avons considéré ù la tête du genre des couleuvres les diverses espèces de vipères, ces animaux funestes et d'au- tant plus dangereux que , distillant sans * Le dei^in , au Mexique ; xaxathua , xo.lxal- Jiua (l'empereur), dans le même pa_ys; iama- cuilla huilia , dans d'au 1res contrées de l'Amé- rique ; caçadora , ou couleiicre chasseuse, aux cuvirons de l'Orcnoque ; juriicucu , daus le Brésil; hoigiiacu j giloja o\x jihoya ^ ci la reine des sei' 1 !Io?7V 4. . J^IjO . JPCU/ JçS ■ \ ^ ^^Ê ^^^ J^^^ i^^^^^feL ^-^^^^^^ : ^S W- ^^^^^^^. w[^^ ^^^P^M[^^^ ^^^^^^Ê m^ ^^^^^^^^^^^Êr ^à ^^^m^ 1 ^^gl ^L fm n j. T. F, DEVIN . 2 l'hipnai.e . J } ■^auauf'h J HISTOIRE NATURELLE. 199 cesse le venin le plus subtil , ils masquent leur approche , déguisent leurs attaques , se replient en cercle, se cachent, pour ainsi dire, en eux-mêmes, comme pour dérober leur présence à leurs victimes , s'élancent sur elles par des sauts aussi rapides qu'inattendus , ne parviennent à les vaincre que par leurs poisons mortels, et n'emploient que cette arme traîtresse qui pénètre comme un trait invisible , et dont la valeur ni la puissance ne peuvent se garantir. Nous allons parler mainte- nant d'un genre plus noble ; nous allons traiter des boa , des plus grands et des plus forts des sCrpens , de ceux qui , ne contenant aucun venin , n'attaquent que par besoin , ne combattent qu'avec au- dace, ne domtent que par leur puissance, et contre lesquels on peut opposer les armes aux armes , le courage au courage , ■pens , ainsi que jauca acanga , au Brésil ; la manda (qui veut dire roi des serpens)f à Java ; inanihalla et polonga , à Ceylan ; giaiende j ge- rende, gorende ; j^edagoso et cohra de veado y parles Portugais; serpent impérial j déponCjàxnib plusieurs contrées. soo HISTOIRE NATURELLE la force à la force, sans craindre de rece- voir , par une piqûre insensible , une mort aussi cruelle qu'imprévue. Parmi ces premières espèces, parmi ce genre distingué dans Tordre des serpens, le devin occupe la première place. La Nature l'en a fait roi par la supériorité des dons qu'elle lui a prodigues ; elle lui a accordé la beauté , la grandeur , l'agi- lité , la force, l'industrie; elle lui a en quelque sorte tout donné, hors ce funeste poison départi à certaines espèces de ser- pens , presque toujours aux plus petites, et qui a fait regarder l'ordre entier de ces animaux comme des objets d'une grande terreur. Le devin est donc parmi les serpens couame l'éléphant ou le lion parmi les quadrupèdes : il surpasse les animaux de son ordre par sa grandeur comme le pre- mier , et par sa force comme le second, îl parvient communément à la longueur de plus de vingt pieds ; et , en réunissant les témoignages des voyageurs , il paroît que c'est à cette espèce qu'il faut rappor- ter les individus de quarautc ou cinquante D E s B O A. 20I pieds de long, qui habitent, suivant ces mcines voA^ageurs, les déserts brûlaus où l'iionime ne pénètre qu'avec peine. C'est aussi à cette espèce qu'apparte- noit ce serpent énorme dont Pline a parlé , et qui arrêta , pour ainsi dire , Tannée romaine auprès des côtes septentrionales de l'Afrique. Sans doute il y a de l'exagé- Tation dans la longueur attribuée à ce monstrueux animal ; sans doute il n'a- Toit point cent vingt pieds de long, comme le rapporte le naturaliste romain : mais Pline ajoute que la dépouille de ce serpent demeura long -temps suspendue dans un temple de Rome, à une époque assez peu éloignée de celle où il écrivoit ; et à moins de renoncer à tous les témoi- gnages de l'histoire , on est obligé d'ad- mettre l'existence d'un énorme serpent , qui, pressé par la faim , se jetoit sur les soldats romains lorsqu'ils s'écartoient de leur camp , et qu'on ne put mettre à mort qu'en employant contre lui un corps de troTipes , et en l'écrasant sous les mêmes machines militaires qui servoient à ces vainqueurs du monde à renverser les 202 HISTOIRE NATURELLE iiiLirs eiiuemis. C'étoit auprès des plaines sablonneuses d'Afrique qu'eut lieu ce combat remarquable. Le serpent devin se trouve aussi dans cette partie du monde; et comme c'est le plus grand des serpens , c'est un individu de son espèce qui doit avoir lutté contre les armées romaines. Ce mot de Rome antique désigne tou- jours la puissance et la victoire;c'estdonc la plus grande preuve que l'on puisse rap- porter en faveur de la force du serpent dont nous écrivons lliistoire, que d^'ex- poser les moyens employés par les con- quérans de la terre pour le soumettre et lui donner la mort. Le devin est remarquable par la forme de sa tète , qui annonce , pour ainsi dire , îa supériorité de sa force , et que l'on a comparée , avec assez de raison , à celle des cluens de chasse appelés chiens cou- chans. Le sommet eu est élargi , le front élevé et divisé par un sillon longitudinal ; les orbites sont saillantes , et les yeux très-gros ; le museau est alongé et ter- miné par une grande écaille blanchâtre , tachetée de jaune , placée presque verti-i r D E S B O A. 2oS calcinent , et écliaiicrce par le bas pour llaisser passer la laugue; l'ouverture de la igueule très-grande. Les dents sont très- jiougues * ; mais le devin n'a point de cro- * Cleyerus rapporte que, cherchant à avoir le squelette d'uu de ces grauds serpens , ses domes- tiques eu firent cuire les chairs dans de l'eau où l'on avoit mis ce la chaux vive. Un d'eux voulant nelioycr la télé du serpent, dont la cuisson avoit détaché les chairs, se hlessa au doigt contre les grosses dents de l'animal. Cet accident fut suivi d'une enflure aACC inflammation dans la partie af- fectée, d'une fièvre continue et de délire, qui ne cesslreut qu'après qu'on eut employé les remèdes convenables, et particulièrement une composition appelée lapis serpendniis j et que les Jésuites fai- soieut alors dans l'Inde. Toute uéslcule et toute chair avoient été emportées par la chaux vive, observe l'auteur. Par conséquent, on ne doit attri- buer à aucune sorte de \enin les accidens dont il parle ^ et ce fait ne peut pas détruire les observa- dons plusieurs fois l'épétées, qui prouvent que le devin n'est point venimeux : d'ailleurs nous venons de voir que sa gueule ne renferme point de cro-» chets mobiles , ainsi que nous nous en sommes as- surés nous-mcmes. 2^34 HISTOIRE NATURELLE chets mobiles : quarante-quatre grandes écailles couvrent ordinairement la lèvre supérieure j et cinquante-trois la lèvre inférieure. La queue est très-courte en. proportion du corps , qui est ordinaire- ment îieuf fois aussi long que cette par- tie ; mais elle est très-dure et très-forte *. i Ce serpent énorme est d'ailleurs aussi distingué par la beauté des écailles qui le couvrent et la vivacité des couleurs dont il est peint , que par sa longueur prodigieuse. Les nuances de ces couleurs s'ciTacent bientôt lorsqu'il est mort ; elles disparoisscnt plus ou moins , suivant la manière dont il est conservé , et le degré d'altération qu'il peut subir. Il n'est pas surprenant, d'après cela, qu'elles aieni été décrites si diversement par les au- * Le sommet de la tête du devin est couven d'écaillcs hexagones, petites, unies et semblables ' celles du dos ; deux rangées longitudinales de grande; écailles s'étendent de chaque cCté des grandes pla- ciues, qui sont moins longues que dans la plupan des couleuvres, et dont ou compte deux cent qua- rante-six sous le corps et cinquante-quatre sous h qiieue. D E s B O A. io5 teurs , et qu'il ait été représenté dans des plane lies , de manière que les différens individus de cette espèce aient paru for- mer jusqu'à neuf espèces différentes. Mais il y a plus ; les couleurs du serpent devin varient beaucoup , suivant le climat qu'il habite , et apparemment suivant l'âge , le sexe , etc. Aussi croyons-nous très-inu- tile de décrire dans les plus petits détails celles dont il est paré ; nous pensons de- voir nous contenter de dire qu'il a com- munément sur la tête une grande tache d'une couleur noire ou rousse très-foncée , qui représente une sorte de croix dont la traverse est quelquefois supprimée. Tout le dessus de son dos est parsemé de belles et grandes taches ovales, qui ont ordinai- rement deux ou trois pouces de longueur, qui sont très-souvent échancrées à chaque bout en forme de demi-cercle , et autour desquelles l'on voit d'autres taches plus petites de différentes formes ; toutes sont - placées avec autant de symétrie, et la plupart sont si distinguées du fond par des bordures sombres qui , en imitant des ombres j les détachent et les fout 18 2o6 HISTOIRE NATURELLE ressortir, que lorsqu'on voit la dépouille d'uu de ces serpcns, ou croit moins avoir sous les yeux un ouvrage de la Nature qu'une production de l'art compassée avec le plus de soin. Toutes ces belles taches , tant celles qui " sont ovales que les taches plus petites qui les environnent, présentent les couleurs les plus agréablement mariées et quel- quefois les plus vives. Les taches ovales sont ordinairement d'un fauve doré, quel- quefois noires ou rouges et bordées de blanc; et tes autres, d'un châtain plu* ou moins clair , ou d'un rouge trcs-vif . semé de points noirs ou roux , offreni souvent , d'espace en espace , ces marques brillantes que l'on voit resplendir sur la queue du paon ou sur les ailes des beaux papillons, et qu'on a nommées des jeux , parce qu'elles sont composées d'un point entouré d'un cercle plus clair ou plus obscur. Le dessous du corps du devin est d'un cendré jaunâtre , marbré ou tacheté de Eioir, Ou a assez rarement l'animal entier D E s B O A. 20' dans les collections d'histoire naturelle ; mais il n'est guère aucun cabinet où la peau de ce serpent , séparée des plaques du dessous de son corps , ne soit étendue en forme de larges bandes. On leur a donné divers noms , suivant la grandeur des individus , les pays d'où on les a reçus , les variétés dp leurs couleurs , et les difiérences qui peuvent se trouver dans les petites taches placées autour des taches ovales. Mais quelles que soient ces variétés d'âge , de sexe ou de pays , c'est tou- jours au serpent devin qu'il faudra rap- porter ces belles peaux ; et jusqu'à pré- sent on ne connoît point d'autre serpent que ce dernier qui soit doué d'une taille très - considérable , et qui ait en même temps sur le dos des taches ovales sem- blables à celles que nous venons d'indi- quer. Lorsque l'on considère la taille déme- surée du serpent devin , l'on ne doit pas être étonné de la force prodigieuse dont il jouit. Indépendamment de la roideur de ses muscles , il est aisé de concevoir com- ment un animal qui a quelquefois trente 2o8 HISTOIRE NATURELLE pieds de long , peut, avec facilité, étouf- fer et écraser de très-gros animaux dans les replis uiultipliés de sou corps, dont tous les points agissent, et dont tous les contours saisissent la proie, s'appliquent intiuieuient à sa surface, et eu suivent toutes les irrégularités. Cette grande puissance , cette force redoutable , sa longueur gigantesque , l'éclat de ses écailles , la beauté de ses couleurs , ont inspiré une sorte d'admi- ration mêlée d'effroi à plusieurs peuples encore peu éloignés de l'état sauvage ; et comme tout ce qui produit la terreur et l'aduiiration, tout ce qui paroît avoir uue grande supériorité sur les autres êtres, est bien près de faire naître dans des tctcs peu éclairées l'idée d'un agent surnatu- rel , ce n'est qu'avec une crainte reli- gieuse que les anciens h abi tans du Mexique ont vu le serpent devin. Soit qu'ils aient pensé qu'une masse considérable, exéeur tant des mouvemens aussi rapides , ne pou voit être mue que par un souille di- vin , ou qu'ils n'aient regardé ce s^erpent que, comme un ministre de la toutçr DES BOA. 20) palssance céleste, il est devenu l'objet de leur culte. Us Tout suruoiumé eitipereur , pour désigner la prééuiiucuce de ses qua- lités. Objet de leur adoration , il a dû être celui de leur attention particulière; aucun de ses luouvemens ne leur a, pour ainsi dire , échappé; aucune de ses actions ne pouvoitleur être indifférente : ils n'ont écouté qu'avec un fréiuissenient religieux les sifFiemens longs et aigus qu'il fait en- tendre ; ils ont cru que ces siffleuiens , que ces signes des diverses airections d'un être qu'ils ne voyoient que comme uier- "veilleux et divin , dévoient être liés avec leur destinée. Le hasard a fait que ces siffleiueus ont été souvent beaucoup plus forts ou plus fréquens dans les temps qui ont précédé les grandes teiupètes , les ma- ladies pestilentielles, les guerres cruelles ou les autres calamités publiques. D'ail- leurs les grands m.aux physiques sont souvent précédés par une chaleur vio- lente , une sécheresse extrême , un état particulier de l'atmosphère , une électri- cité abondante dans l'air , qui doivent agiter les serpcns et leur faire pousser des is 2IO HISTOIRE NATURELLE sifïlemens plus forts qu'à rorcîinaire : aussi les Mexicains n'ont regardé ceux du ser- pent devin que comme Tanuonce de» plus grands malheurs , et ce n'est qu'avec consternation qu'ils les ont entendus. Mais ce n'est pas seulement un culte doux et pacifique qu'il a obtenu chez le» plus anciens habitans du nouveau inonde ; son image y a été vénérée , non seule- ment au milieu des nuages d'encens mais même de Ilots de sang humain, versé pour honorer le dieu auquel ils l'avoient consacré, et qu'ils avoient fait cruel *. Nous ne rappelons qu'en frémissant lo nombre immense de victimes humaines que la hache sanglante d'un fanatisme aveugle et barbare a immolées sur les * La divinité suprême des Mexicains, nonuncc vltzilipuztli, étoit représentée tenant dans sa main droite un serpent, par lequel nous devons croire, d'après tout ce que nous venons de dire, qu'ils vouloient désigner l'espèce du serpent devin. Les Temples et les autels de cette divinité, à laquelle ils faisoicnt des sacrifices barbares , ofFroient rini-i-c du serpent. D E s B O A. 211 autels de la divinité qu'il avoit inventée; nous ne pensons qu'avec horreur aux monceaux de têtes et de tristes ossemens trouvés par les Européens autour des temples où le serpent sembloit partager les hommages de la crainte ; et tant il faut de temps, dans tous les pays , pour que la raison brille de tout son éclat , la superstition , qui a, pour ainsi dire, divi- nisé le devin, n'a pas seulement régné en Amérique ; aussi grand , aussi puis- sant , aussi redoutable dans les contrées ardentes de l'Afrique , il y a inspiré la même terreur , y a paru aussi merveil- leux , y a été également regardé par des esprits encore trop peu élevés au-dessus de la brute , comme le souverain dispen- sateur des biens et des miaux. On l'y a également adoré ; on en à fait un dieu sur les côtes brûlantes du Mozambique, comme auprès du lac de Mexico, et il paroît même que le Japonois s'est pros- terné devant lui. Mais si l'opinion religieuse ne Ta pas fait régner sur l'homme dans toutes les contrées équatoriales , tant de l'ancien 212 HISTOIRE NATURELLE que du nouveau contiiieut , il n'eu est presque aucune où il n'ait exerce sur les animaux Tempire de sa force. II habite en cflet presque tous les pays où il a trouvé assez de chaleur pour ne rieiii perdre de son activité , assez de proie pour se nourrir, et assez d'espace pour n'être pas trop souvent tourmenté par ses ennemis; il vit dans les Indes oiieu- talcs et dans les grandes îles de l'Asie , ainsi que dans les parties de l'Amérique voisines des deux tropiques : il paroît même qu'autrefois il habitoit à des lati-^ tudcs plus éloignées de la ligne , et qu'il vivoit dans le Pont , lorsque cette contrée, plus remplie de bois, de marais , et moins peuplée , lui préseutoit une surface plus libre ou plus aualogue à ses habitudes et à ses appétits. Les relations des anciens doivent donner une bien grande idée de l'haleine empestée qui s'exhaloit de sa gueule, puisque Métrodore a écrit que l'immense serpent qu'il a placé dans celte contrée du Pont , et qui de voit être le devin, avoit le pouvoir d'attirer dans sa gueule béante les oiseaux qui voloicufc D E s B O A. 2i3 au-dessus de sa tête , même à une assez grande hauteur. Ce pouvoir n'a consisté isans doute que dans la corruption de l'iia- leine du serpent , qui , viciant Tair à une très-petite distance , et Timprégnant de miasmes putrides et délétères , a pu , dans certaines circonstances , étourdir des oi- seaux, leur ôter leurs forces , les plonger dans une sorte d'asphyxie, et les con- traindre à tomber dans la gueule énorme ouverte pour les recevoir. IMais quel- qu'exagéré que soit le fait rapporté par I\l€trodore, il prouve la grandeur du ser- pent auquel il l'a attribué , et confirme notre conjecture au sujet de Tidentité de soji espèce avec celle du devin. D'un autre côté , peu de temps avant celui où Pline a écrit , et sous l'empire de Claude , on tua auprès de Pionie , suivant ce naturaliste , un très-grand serpent du genre des boa, dans le ventre duquel on trouva le corps entier d'un petit enfant, t qui pouvoit bien être de l'espèce du devin. J'ai souvent ouï dire aussi à plu- sieurs habitans des provinces méridio- liales de France , que dans quelques par- SI4 HISTOIRE NATURELLE ties de ces provinces, moins peuplées, plus couvertes de bois , plus entrecou- pées par des collines, d'un accès plus difficile , et présentant plus de cavernes et d'anfractuositcs , on avoit vu des ser- peus d'une longueur très-considérable, qu'on auroit dû peut-être rapporter à l'espèce ou du moins au genre du devin*: * Sthwcnckfeld ilit, clans son Histoire des rep- iiles de la Silésie , cju'ini lioiiime digne de /bi lui avoit assuré qu'on irouvoit dans cette province des sei'pcus longs de huit coudées et de la grosseur du bras : il les appelle hoa , natrix domcstica , serpens palustris , serpens aquaùlis , angnis hoa, draco serpens, II est dit dans les Mémoires des Curieux de la Nature , pour l'année l6o2, que peu de temps auparavant on avoit pris, auprès de liausanne en Suisse, un si grand serpent, que sa circonrérence égaloit celle de deux cuisses très' grosses. La relation ajoutoit que ce serpent cioil monstrueux, et qu'il avoit des oreilles ; et il est à remarquer que , dans presque tous les recils vagues et peu circonstanciés que l'ou a faits concernant les énormes serpens des piovinccs méridionales de France , on leur a toujours supposé des oreilles, guoiqu'aucuuc espèce de serpent n'iùt même d^ou-f Terture apparente pour Torgane do l'oiùe. ! I) E s B O A. Si5 I Mais c'est sur-tout dans les déserts bru- fans de l'Afrique , qu'exerçajit une domi- ^lation moins troublée , il parvient à une ^ongucur plus considérable. On frémit lorsqu'on lit, dans les relations des voya- geurs qui ont pénétré dans l'intérieur de -ctte partie du monde , la manière dont 1 énorme serpent devin s'avance au milieu ics herbes hautes et des broussailles, ayant quelquefois plus de dix-huit pouces de jiamètre , et semblable à une longue et grosse poutre qu'on remueroit avec vi- tesse. On apperçoit de loin , par le mou- V ement des plantes qui s'inclinent sous son passage , l'espèce de sillon que tracent ks diverses ondulations de son corps ; m voit fuir devant lui les troupeaux de gazelles et d'autres animaux dont il fait sa oroie ; et le seul parti qui reste c\ prendre lans ces solitudes immenses pour se ga- rantir de sa dent meurtrière et *de sa Force funeste , est de mettre le feu aux licrbes déjà à demi brûlées par l'ardeur du soleil. Le fer ne suffit pas contre ce dangereux serpent, lorsqu'il est parvenu ^i toute sa longueur , et sur-tout lorsqu'il 2i6 HISTOIUE NATURELLE . est irrité par la faim. L'on ne peut éviter la mort qu'en couvrant un pays immense de flammes qui se propagent avec vitesse au milieu de végétaux presque entière- ment desséchés, en excitant ainsi un vaste incendie, et en élevant, pour ainsi dire, un rempart de feu contre la poursuite de cet énorme animal. Il ne peut être, en effet , arrête , ni par les fleuves qu'il: rencontre , ni par les bras de mer dont il fréquente souvent les bords ; car il nage i avec facilité , même au milieu des ondes agitées : et c'est en vain , d'un autre coté. qu'on voudroit clierclier un abri sur de grands arbres ; il se roule avec prompti- tude jusqu'à l'extrémité des cimes lej plus hautes : aussi vit-il souvent danf les forêts. Enveloppant les tiges dans leJ divers replis de son corps , il se fixe sui ^ les arbres à différentes hauteurs , et j| demeure souvent long-temps en embus- ' cade , attendant patiemment le passagt de sa proie. Lorsque , pour l'atteindre ou pour sauter sur un arbre voisin , il a une trop grande distance à franchir , il entortille sa queue autour d'une branche. D E s B O A. 217 et suspendant sou corps alongc à cette espèce d'anneau , se balançant , et tout d'un coup s'élançant avec force , il se jette comme un trait sur sa victime , ou coutro l'arbre auquel il veut s'atlaclier. ïl se retire aussi quelquefois dans les cavernes des montagnes, et dans d'autres antres profonds où il a moins à craindre les attaques des ennemis , et où il cherche un asylc contre les tenipératures froides ,' les pluies trop abondantes , et les autres accidens de l'atmosphère qui lui sont contraires. 11 est connu sous le nom trivial de grande, couleuvre , sur les rivages noyés de la Guiane : il y parvient communément à la grandeur de trente pieds , et même ,' dans certains endroits , à celle de qua- rante. Comme le nom qu'il y porte y est donné à presque tous les serpens qui joignent une grande force aune longueur considérable , et qui en même temp» n'ont point de venin , et sont dépourvus des crochets mobiles qu'on remarque dans les vipères, on est assez embarrassé pour distinguer parmi les divers faits rapportés Se'-^cns, IV. JQ 2i8 HISTOIRE NATURELLE par les voyageurs , toucliaiit les serpeiis, ceux qui conviennent au devin. Il paroît bien constaté cependant qu'il y jouit d'une force assez grande , pour qu'un seul coup de sa queue renverse un animal assez gros , et mêuie riionime le plus Tigoureux. Il y attaque le gibier le plus difficile à vaincre; on l'y a vu avaler des chèvres et étouffer des couguars, ces repré- sentans du tigre dans le nouveau monde. Il dévore quelquefois , dans les Indes orien- tales , des animaux encore plus considé- rables , ou mieux défendus , tels que des porc-épics , des cerfs et des taureaux ; et ce fait effrayant étoit déjà connu des anciens. Lorsqu'il apperçoit un ennemi dange- reux, ce n'est point avec ses dents qu'il commence un combat qui alors seroit trop désavantageux pour lui ; mais il se précipite avec tant de rapidité sur sa malheureuse victime, l'enveloppe dans tant de contours, la serre avec tant de force, fait craquer ses os avec tant de violence, que, ne pouvant ni s'échapper, ni user de ses armes , et réduite à pousser D E s B O A. 219 de vains mais d'affreux liurleinens , elle est bientôt étouffée sous les efforts mul- tipliés du monstrueux reptile. r Si le volume de l'animal expiré est trop considérable pour que le devin puisse Î 'avaler, malgré la grande ouverture de a gueule , la facilité qu'il a de l'agran- dir, et l'extension dont presque tout son :orps est susceptible , il continue rie pres- ;cr sa proie mise à mort ; il en écrase les )arties les plus compactes; et, lorsqu'il le peut point les briser avec facilité, il 'entraîne en se roulant avec clic auprès l'un gros arbre , dont il rcnferuie le ronc dans ses replis ; il place sa proie Mitre l'arbre et son corps; il les envi- onne l'un et l'autre de ses nœuds vigou- eux ; et, se servant de la tige noueuse onime d'une sorte de levier, il redouble ies efforts , et parvient bientôt à com- MÏmer en tout sens, et à moudre , pour linsi dire, le corps de l'animal qu'il a inmolé. Lorsqu'il a donné ainsi à sa proie toute a souplesse qui lui est nécessaire , il 'alonge en continuant de la presser, et J 220 HISTOIRE NATURELLE diminue d'autaut sa grosseur; il Timbib de sa salive ou d'une sorte d'humeur analogue qu'il répand en abondance ; il pétrit , pour ainsi dire, à l'aide de ses Teplis , cette masse devenue informe, ce corps qui n'est plus qu'un composé con- fus de chairs ramollies et d'os concassés; c'est alors qu'il l'avale, en la prenant par la tête, en l'attirant à lui, et en l'enUaî- ïiaut dans son centre par de fortes aspi- rations plusieurs fois répétées. Mais, mal- gré cette préparation, sa proie est quel- quefois si volumineuse, qu'il ne peut l'en gloutir qu'à demi : il faut qu'il ait digéré au moins en partie la portion qu'il a déjà fait entrer dans sou corps, pour pouvoir y faire. pénétrer l'autre; et l'on a souvent vu le serpent devin , la gueule horrible- ment ouverte et remplie d'une proie à demi dévorée, étendu à terre, et dans ame sorte d'inertie qui accompagne pres- que toujours sa digestion, Lorsqu'en effet il a assouvi son appétit violent, et rempli son ventre de la nour- j-iture nécessaire à l'entretien de sa grande masse, il perd, pour un temps, sou agi* D E s B O A. ,221 llté et sa force; il est plongé dans une pspèce de sommeil; il gît sans mouve- ment, comme un lourd fardeau, le corps brodigieusement enflé ; et cet engourdis'- (jement , qui dure quelquefois cinq ou six ours , doit être assez profond ; car, mal- gré tout ce qu'il faut retrancher des di- vers récits touchant ce serpent, il paroît que, dans différens pays, particulière- Kicnt aux environs de Tisthme de Panama en Amérique , des voyageurs , rencontrant le devin à demi caché sous l'herbe épaisse )des forêts qu'ils traversoient , ont plu- sieurs fois marché sur lui dans le temps où sa digestion le tenoit dans une espèce |de torpeur. Ils se sont même reposés , a-t-on écrit , sur son corps gisant à terre , et qu'ils prenoient, à cause des feuillages dont il étoit couvert , pour un tronc d'arbre renversé , sans faire faire aucun mouvement au serpent, assoupi par les^ ;alimens qu'il avoit avalés, ou peut-être engourdi par la fraîcheur de la saison. Ce n'est que lorsqu'allumant du feu trop près de rénorme animal, ils lui ont re- doimç par cette chaleur assez d'actif 13 222 HISTOIRE NATURELLE \'ité pour qu'il recommençât ù se mou- voir, qu'ils se sont apperçus de la pré- sence du grand reptile, qui les a glacés d'effroi, et loin duquel ils se sont préci- pités. Ce long état de torpeur a fait croire à quelques voyageurs que le serpent devin avaloit quelquefois des animaux d'un volume si considérable, qu'il étoit étouffé en les dévorant; et c'est ce temps d'en- gourdissement que choisissent les lîabi- taiis des pays qu'il fréquente, pour lui faire la guerre et lui donner la mort: car, quoique le devin ne contienne au- cun poison, il a besoin de tant consom- mer, que son voisinage est dangereux pour l'homme, et sur-tout pour la plu- part des animaux domestiques et utiles. Les liabitans de l'Inde , les Nègres de l'A- frique, les sauvages du nouveau monde, se réunissent plusieurs autoiu' de l'habi- tation du serpent devin. Ils attendent le" moment où il a dévoré sa proie , et hâtent même quelquefois cet instant en atta- chant auprès de Fantre du serpent quel- que gros animal qu'ils sacrifieat, et sur D E s B O A. 223 lequel le devin ne manque pas de s'élan- ber. Lorsqu'il est repu, il tombe dans cet affaissement et cette insensibilité dont inous venons de parler ; et c'est alors qu'ils se jettent sur lui , et lui donnent la linort sans crainte comme sans danger, lîs osent, armés d*un simple lacs, s'ap- procher de lui et Tétrangler, ou ils l'as- somment à coups de branches d'arbre *. * Nous croyons qu'on verra ici avec plaisir le récit de la manière dont , suivant Diodore de Sicile, en prit eu Egypte, et sous un Ptoléraée, un ser- pent énorme , qui, il cause de sa grandeur, ne peut être rapporté qu'à l'espèce du devin. « Plusieurs chasseurs , encourages par la muni- n ficence de Ptoléuiée, l'ésolui-ent de lui amener h « Alexandrie un des plus grands serpens. Cet « énorme reptile , long de trente coudées , vivoit a. sur le bord des eaux : il y deraeuroit immobile, f couché à terre, et son corps replié en cercle ; «r mais lorsqu'il voyoit quelque animal approcher du « rivage qu'il habitoit, il se jeioit sur lui avec im- « pétuosité, le saisissoit avec sa gueule, ou l'euve- « loppoit dans les replis de sa queue. Les chasseurs « Tayantappercu de loin , imaginèrent qu*ils pour- * ruient aisément le prendre dans des lacs et l'eu- 224 HISTOIRE NATURELLE Le désir de se délivrer d'un animal des- tructeur n'est pas le seul motif qu'on ait pour en faire la chasse. Les babitaus de l'île de Java, les Nègres de la côte d'Or K lourer (le chaînes. Ils s'avvinccrent avec courage j w mais lorsqu'ils furent plus près de ce serpent « démesuré, l'éclat de ses yeux étincelans , son dois « hérissé d'écaillés, le bruit qu'il faisoit en s'agi'^ K tant, sa gueule ouverte et armée de dents longues ;« et crocliues , son regard terrible et féroce, les « glacèrent d'effroi : ils osèrent cependant s'avancer €< pas à pas, et jeier de forts liens sur sa queue; « mais à peine ces liens eurent-ils touché le mons- K irueux animal, que, se reiourjianl avec vivacité, « et faisant entendre des sifUemens aigus, il dévora « le chasseur qui se trouva le plus près de lui , en « tua un second d'un coup de sa queue, et mit les « autres en fuite. Ces derniers ne voulant cepeu(kint « pas l'énoncer à la récompense qui les aitendoit, « et imaginant un nouveau moyeu , firent faire ui; .« rets composé de cordes très-grosses , et propor- «t tionné h. la grandeur de l'animal : ils le placèrent >o auprès de la caverne du serpent, et ayant bien « observé le temps de sa sortie et de sa rcnir^^Cj m ils profitèrent de celui où l'énorme reptile étoif w ^lé chercher sa proie , pour boucher avec de* D E s E O A. 225 '«t plusieurs autres peuples mangent sa icliair, qui est pour eux un mets agréable ; !dans d'autres pays, sa peau sert de pa- jure; les liabitans du Mexique se revc- itoient de sa belle dépouille ; et dans ces « pierres l'entrée de son repaire. Lorsque le ser- •t pent revint, ils se montrèrent tous à la fois avec « plusieurs hommes armés d'arcs et de frondes, «t plusieurs autres à cheval, et d'autres qui faisoient " résonner à grand bruit des trompettes et d'autres •c instrumens retentissans. Ce serpent, se voyant « entouré de cette multitude, se redressoit et jetoit « l'efFroi, par ses horribles sifflemens , parmi ceux •« qui l'environnoient : mais effrayé lui-même par « les dards qu'on lui lançoit, la vue des chevaux , « le grand nombre de chiens qui aboyoient, et le « bruit aigu des trompettes, il se précipita vers «t l'entrée ordinaire de sa caverne; la trouvant fer- « mée, et toujours troublé de plus en plus par le « bruit des trompettes, des chiens et des chasseurs, « il se jeta dans le rets , où il fit entendre des siffle- « niens de rage ; mais tous ses efforts furent vains, « et sa force cédant à tous les coups dont on l'as- « saillit, et à toutes les chaînes dont on le lia, ou a le conduisit à Alexandrie , ou une longue dicta « appaisa sa férocité. » 226 HISTOIllE NATURELLE temps antiques où des monstres de tonte espèce ravageoient des contrées de l'an- cien continent, que l'art de l'homme commençoit à peine d'arracher à la Na- ture, combien de héros portèrent la peaa de grands serpens qu'ils avoient mis à mort, et qui étoicnt vraisemblablement de l'espèce ou du genre du devin , comme des marques de leur valeur et des trophées de leur victoire ! C'est lorsque la saison des pluies est passée dans les contrées équatoriales, que le devin se dépouille de sa peau altérée par la disette qu'il éprouve quelquefois ^ ou par l'action de l'atmosphère , par le frottement de divers corps , et par toute* les autres causes extérieures qui peuvent la dénaturer. Le plus souvent il se tient caché pendant que sa nouvelle peau n'est pas encore endurcie , et qu'il n'opposeroit à la poursuite de ses ennemis qu'un corps; foible et dépourvu de son armure. Il doit demeurer alors renfermé ou dans le plus épais des forêts , ou dans les antres pro- fonds qui lui servent de retraite. Nous pensons , au reste , qu'ordinairement il ne DES BOA. 227 rengourdit complètement daus aucune saison de Tannée. Une se trouve, en effet, que daus les contrées très-voisines des tropiques, où la saison des pluies n'amène Jamais une température assez froide pour suspendre ses mouvemens vitaux ; et Lomme cette saison des pluies varie beau- coup dans les différentes contrées équa- oriales de Tancien et du nouveau contî- icnt , et qu'elle dépend de la hauteur des iLontagnes, de leur situation, des vents , le la position des lieux , en-dccà ou au- ielà de la ligne , etc. , le temps du renou- /cUement de la peau et des forces du icrpent doit varier quelquefois de plu- iicurs mois et même d'une demi-année. \îais c'est toujours lorsque le soleil du :)riutemps redonne l'activité à la Nature, ^ue le serpent devin , rajeuni , pour ainsi ilire , plus fort , plus agile , plus ardent }ue jamais , revêtu d'une peau nouvelle , ort des retraites cachées où il a dépouillé a vieillesse , et s'avance Tœil eu feu sur nie terre embrasée des nouveaux rayons l'un soleil plus actif. Il agite sa grande basse eu ondes sinueuses au milieu des £23 HISTOIRE NATURELLE bois parés d'une verdure plus fraîclie ; faisant entendre au loin son sifflement d'amour , redressant avec fierté sa tête, impatient de la nouvelle flamme qu'il éprouve , s'élançant avec impétuosité , il appelle, pour ainsi dire, sa compagne, à laquelle il s*unit par des liens si étroits, que leurs deux corps ne paroissent plus en former qu'un seul. La fureur avec laquelle le devin se jette alors sur ceux qui l'approchent et le troublent dans se^ plaisirs , ou le courage avec lequel il demeure uni à sa femelle malgré la pour- suite de ses ennemis et les blessures qu'i peut recevoir , paroissent être les effet; d'une union aussi vivement sentie qu'ell( est ardemment recherchée : point de cous tance cependant dans leur affection ; lors que leurs désirs sont satisfaits, le mâle e la femelle se séparent ; bientôt ils ne su connoissent plus , et la femelle va seule au bout d'un temps , dont on ignore lî' durée , déposer ses œufs sur le sable oi tous des feuillages. C'est ici l'exemple le plus frappant d'unn grande différence entre la grosseur àii DES BOA. 229 Toenf et la grandeur à laquelle parvient ranimai qui en sort. Les œufs du devin n'ont , en effet , que deux ou trois pouces dans leur plus grand diamètre. Toute la matière dans laquelle le fœtus est ren- fermé n'est donc que de quelques pouces cubes; et cependant le serpent, lorsqu'il a atteint tout son développement , ne contient-il pas quarante ou cinquante pieds cubes de matière. Ces œufs ne sont point couvés par la femelle ; la chaleur de Fatmosplière les fait seule éclore ; ou tout au plus dans certaines contrées comme celles , par exemple , où l'humidité domine trop sur a chaleur , la femelle a le soin de pondre 1 lans quelques endroits plus abrités , et où ies substances fermentativ es et ramassées ^lugmentent , par la chaleur qu'elles pro- luisent , l'effet de celle de l'atmosphère. Dn ignore combien de jours les œufs lemeurent exposés à cette chaleur, avant jue les petits serpens éclosent. La grande différence qu'il y a entre la )etitesse du serpent contenu dans sou uf j et la grandeur démesuré» du serpent, J2.Q 23o HISTOIRE NATURELLE adulte , doit faire présumer que ce n'es qu'au bout d'uu temps très-long que 1 devin est entièrement développé; et n'est ce pas une preuve que ce serpent vit ui -assez grand nombre d'années? Le nombr de ces années doit en eltct être d'autan plus considérable , que le devin est ausj vivace que la plupart des autres serpen; Ses différentes parties jouissent de que. ques mouvcmens vitaux , même aprè qu'elles ont été entièrement séparées d reste du corps. On a vu , par exemple la tête d'un devin coupée dans le momen où le serpent mordoit avec fureur , con linuer de mordre pendant quelques inj tans , et serrer même alors avec plus d force la proie qu'il avoit saisie , les deu: mâchoires se rapprochant par un effet d la contraction que les muscles éprou voient encore. Lorsque cette contractioi eut entièrement cessé , on eut de la peiii à desserrer les mâchoires , tant les partie de la tête étoieut devenues roides ; c qui fit croire qu'elle conservoit quelqn action , lorsque cependant il ne lui cj veste plus aucune. DES BOA. 25r L'HIPNALE. h, j EST un assez beau serpent , qui , ainsi ne le devin , appartient au genre des oa, et a de grandes plaques sous la lieue , ainsi que sous le corps , mais qui li est bien inférieur par sa longueur et arsa force. On le trouve dans le royaume e Siam. Le plus grand nombre des indi- idus de cette espèce qui ont été conser- cs dans les cabinets , u'avoient guère u'un pouce et demi de circonférence, et eux ou trois pieds de longueur ; et telle* toient à peu près les dimensions de ceux ni sont décrits dans Seba *. Ce serpent st d'un blanc jaunâtre , tirant plus ou. uoins sur le roux ; le dessous du corps st d'une couleur plus claire , et Seba dit [u'on y remarque des taches noirâtres z * Un hipnale qui fait partie de la collection du oi , a un pied onze pouces de longueur totale, es \à queue est longue de trois pouces. 232 HISTOIRE NATURELLE mais nous n'en avons vu aucun vestige sur riudividu qui est conservé dans l'es- prit-dc-vin au Cabinet du roi. Le dos esti parsemé de taches blancbàtres, bordées»* d'un brun presque noir. Malgré leur irré- gularité , ces taches sont répandues suri le corps de Thipuale de manière à le va- rier de couleurs agréables à la vue , et à. représenter assez bien une riche étoffe brodée. Suivant Seba , la femelle ne difiere^ du mâle que par sa tête , qui est plus large. L'un et l'autre Tout assez grande , sans>4 que cependant elle paroisse dispropor- tionnée. Le tour de la gueule présente une sorte de bordure remarquable que l'on- observe dans plusieurs boa , mais qui est ordiuairementplus sensible dans l'hipnale à proportion de sa grandeur ; elle est com- posée de grandes écailles très -courbées , concaves à l'extérieur, et qui, étant ainsi comme creusées , forment une sorte de petit canal qui borde les deux mâchoires^ On a mis ce serpent au nombre des cérastes ou serpens cornus : il leur ressemble en effet par ses proportions ; mais les céraste» > ont deux rangées de petites plaques sous la j , D E s B O A. s33 gueue , et d'ailleurs il n'a aucuMe appa- f'cuce de cornes. Il se nourrit de chenilles, d'araignées , et d'autres petits insectes ; et |3oniuie il est très-agréable par ses cou- leurs , sans être dangereux , on doit le voir avec plaisir venir dans les environs des habitations, les délivrer d'une ver- mine toujours trop abondante dans les pays très-chauds. 11 a ordinairement cent soixante-dix-neuf grandes plaques sous le corps , et cent vingt sous la queue. Les ccailles qui recouvrent sa tête sont sem- blables à celles du dos ; mais le dessus du museau présente quatorze écailles un peu plus grandes. 39 234 HISTOIRE NATURELLE LE BOJOBI. \^TJoiQUE le boiobi n'égale point le serpent devin par sa force, sa grandeur ni la magnificence de sa parure , quoiqu'il cède en tout à ce roi des serpens , il n'eu occupe pas moins une place distinguée parmi ces animaux , et peut-être le pre- mier rang lui apparti endroit si l'espèce du devin ctoit détruite. La longueur à laquelle il peut parvenir est assez consi- dérable , et il ne faut pas en fixer les limites d'après celles que présentent les individus de cette espèce conservés dans les cabinets *. 11 doit être bien plus grand lorsqu'il a acquis tout son développement; et s'il faut s'en rapporter à ce qu'on a écrit de ce boa , sa longueur ue doit pas être * L'individu que nous avons décrit, et qui fait partie de la collection de sa majesté, a deux pieds' onze pouces de longueur totale , et à peu près sept pouces depuis i'auus jusqu'à l'extrémité de la queue. 7om ^ JPljiI'qq 234 ^.IjE bojobi . DES BOA. 235 ijrès-inférieure à celle du serpent devin. i|.'ou a dit qu'il se jetoit sur des cliieiis et 'autres gros animaux , et qu'il les dévo- oit * ; et à moins qu'on ne lui ait attri- ué des faits qui appartiennent au devin , e bojobi doit avoir une longueur et une orce considérables pour pouvoir mettre mort et avaler des chiens et d'autres imaux assez gros. Ce serpent, qui ne se trouve que dans les contrées équatoriales , habite égale- nent l'ancien et le nouveau monde ; mais I offre , dans les grandes Indes et en Amé- ique, le signe de la différence du climat lans les diverses nuances qu'il présente , jaoique d'ailleurs le bojobi de l'Amé- ique et celui des Indes se ressemblent >ar la place des taches , la proportion du ;orps , la forme de la tête , des dents , les écailles , par tout ce qui peut consti- uer l'identité d'espèce. Le bojobi du Bre- iil est d'un beau verd de mer plus ou * M. Linné paroît avoir adopté cette opinion en donnant au iDojobi l'épiiliète de caiiina , de même qu'il â donné celle de marina ù un boa qui se nourrit de rats. 236 HISTOIRE NATURELLE moins foucé , qui s'étend depuis le som- met de la tête jusqu'à l'extrémité de lai queue , et sur lequel sont placées , d'es- pace en espace , des taches blanches irré- gulières , dont quelques unes approchen un peu d'une losange , et qui sont toute assez clair-scmées et distribuées avec assez d'élégance pour former sur le corps du , bojobi un des plus beaux assortiincns de couleurs. Ses écailles sont d'ailleurs ex- trêmement polies et luisantes*; elles réflé- chissent si vivement la lumière , qu'on lui a donné, ainsi qu'au serpent devin, le nom indien de tleoa , qui veut dire ser- pent de feu : aussi , lorsque le bojobi brille aux rayons du soleil , et qu'il étale sa croupe resplendissante d'un beau verd et d'un blanc éclatant , on croiroit voir une longue chaîne d'émeraudes, au milieu de laquelle on auroit distribué des dia- mans ; et ces nuances sont relevées par la couleur jaune du dessous de son ventre, «jui , à certains aspects , encadre , pour ^insi dire , dans de l'or, le verd et le blanc cns. I Y . ^ ^^ ê54 histoire naturelle que nous avons décrit , et qui est conservé au Cabinet du roi , a quatre pieds dix lignes de long , en y comprenant la queue, qui a quatre pouces , et qui , dans cette espèce , ainsi que dans les autres serpciis à sonnette déjà connus , est très-courte à proportion du corps. Sa tête applatie est couverte, auprès du museau , de six écailles plus grandes que leurs voisines, et disposées sur trois rangs transversaux , chacun de deux écailles. Les yeux paroissent étincelaus , et lui- sent même dans les ténèbres , comme ceux de plusieurs autres reptiles , en laissant échapper la lumière dont ils ont été pénétrés pendant le jour ; et ils soûl garnis d'une membrane clignotante, sui- vant le savant anatomiste Tyson , qui * donné une description très-étendue, tan des parties extérieures que des partie! intérieures du boiquira. La gueule présente une grande ouver- ture ; et le contour en est de quatr< uale, étoient longs de six pieds. Suivant Caiesby. les plus grands serpens à sonneiie ont prbs de ueu pieds de longueur. DES SERPENS A SONNETTE. 255 pouces dans rindivicîu de la collection du roi. La langue est noire , déliée , parta- gée en deux , renfermée en partie dans june gaine, et presque toujours l'animal rétend et l'agite avec vitesse. Les deux os qui forment les deux côtés de la mâchoire inférieure ne sont pas réunis par-devant, mais séparés par un intervalle assez consi- dérable , que le serpent peut agrandir lorsqu'il étend la peau de sa bouche pour avaler une proie volumineuse. Chacun de ces os est garni de plusieurs dents cro- chues , tournées en arrière, d'autant plus grandes qu'elles sont plus près du museau, et qui , par une suite de cette disposition , ne peuvent point lâcher la proie qu'elles ont saisie , et la retiennent dans la gueule du boiquira , pendant qu'il l'infecte du venin qui tombe de sa mâchoire supé- rieure. C'est , eu effet , sous la peau qui recouvre cette mâchoire , et de chaque côté , que nous avons vu les vésicules où le poison se ramasse. Lorsque le serpent comprime ces vésicules, le venin se porte à la base de deux crochets très-longs et trèsapparens , attachés au-devant de la 256] HISTOIRE NATURELLE mâchoire supérieure ; ce« crochets , enve- loppes eu partie dans une espèce dej gaine , d'où ils sortent lorsque raniniall les redresse , sont creux dans presque toutej leur lonj^ueur ; le venin y pénètre par ua trou dont ils sont percés à leur base , au- dessous de la gaine , et en sort par une fente longitudinale que Ton voit vers leur pointe*. Cette fente a plus d'une ligne de longueur dans l'individu conservé au Cabinet du roi , et hs crochets sont longs de six lignes. Indcpendamineut de ces crochets , qui paroissent appartenir à toutes les espèces de serpens venimeux , et que nous avons vus , en effet , dans les vipères , les cérastes , les naja , etc. , la mâchoire supérieure est garnie d'autres dents plus petites et plus voisines du gosier vers lequel elles sont tournées , et qui servent, ainsi que celles de la mâchoire * Lorsqu'on presse la racine de ces crochets, il coule abondammeut de leur exlrémité une malière \crte , qui est le venin. Ce venin donne une cou- leur verte au linge sur lequel on le répand; et plus on lessive ce linge, et plus il devient verd. DES SERPENS A SONNETTE. 267 inférieure, à retenir la victime que les crochets percent et imbibent de venin. Les écailles du dos sont ovales et rele- Tées dans le milieu par une arête qui s'étend dans le sens de leur plus grand diamètre. On a écrit qu'elles sont arti- culées si librement , que l'animal , lors- qu'il est en colère , peut les redresser ; mais le mouvement qu'il leur donne doit être peu considérable , puisque nous nous sommes assurés qu'elles tiennent à la peau dans presque toute leur longueur et toute leur larc;eur *. Le dessous du corps, ainsi que le dessous de la queue, sont revêtus d'un seul rang de grandes plaques comme dans le genre des boa ; * Cliacune de ces plaques est mue par un inuscle particulier, dont nue exiréiniîé s'attache au bord supérieur de la plaque inférieure, et l'autre à peu prf's au milieu de la face interne de la plaque su- périeure. D*ailleurs chaque plaque lient, par ses deux bouts, à l'extrémité des côtes, et cette exlré- mité est un ferme point d'appui sur lequel porte la plaque, et qui sert à l'animal à élever ou u. aJoaisser cette plaque avec force, par le moyen diï muscle dont nous venons de parler. 22 258 HISTOIRE NATURELLE nous en avons compté yingt-sept sous la queue, et cent quatre-vingt-deux sous' le ventre de Tindividu qui fait partie de la collection du roi. M. Linné en a compté cent soixante-sept sous le corps , et vingt- trois sous la queue de celui qu'il a décrit '. La couleur du dos est d'un gris mêlé de jaunâtre , et sur ce fond on voit s'étendre une rangée longitudinale de | taches noires , bordées de blanc ^. Sa queue est terminée , comme dans presque tous les serpens de son genre , par un assemblage d'écaillés sonores qui s'emboîtent les unes dans les autres, et que nous croyons d'autant plus devoir décrire ici en détail , que la considération ' ^ Tyson en a trouvé cent soixante-huit sous le ,' corps et dix-neuf soiis la queue du boiquira qu'il a décrit. ^ Le docteur Tyson a très-bien fait connoître deux petites glandes qui s'ouvrent dans le rectum du boiquira auprès de l'anus, et qui contiennent | une liqueur un peu épaisse et d'une odeur forte et très-désugréable. DES SERPENS A SONNETTE. 25^ kttentive de leur forme et de leur position peut nous éclairer relativement à leur production ainsi qu'à leur accroissement. Cette sonnette du boiquira est composée de plusieurs pièces , dont le nombre varie îjdepuis un jusqu'à trente et même au-delà*. Toutes ces pièces sont entièrement sembla- bles les unes aux autres , non seulement par leur forme , mais souvent par leur grandeur; elles sont toutes d'une matière cassante , élastique , demi-transparente , Et de la mênfe nature que celle des écailles. La pièce la plus voisine du corps , et qui le touche immédiatement , forme , comme toutes les autres , une sorte de pyramide à quatre faces , dont deux faces opposées sont beaucoup plus larges (Jue les deux autres ; on peut la regarder comme une espèce de petit étui terminé en pointe, et qui enveloppe les dernières vertèbres de la queue. Elle est moulée sur ces dernières * Pour bien entendre ce que nous allons dire, on pourra jeter les yeux sur la planche oii nous avons fait représenter une sonnette , sa coupe lon- gitudinale, et une des pièces qui la composent vue Fi'parénient. 26o HISTOIRE NATURELLE vertèbres, dont elle n'est j-éparée que par une 'ueuibranc très-milice, et auxquelles elle est appliquée de manière qu'elle suit toutes les inégalités de leurs élévations. Elle présente trois bourlets circulaires qui répondent à trois de ces élévations; leur surface est raboteuse comme celle de ces cminenccs sur lesquelles ils se sont moulés; ils sont creux., ainsi que le reste de la pièce : le premier bourlet, c'est-à-dire, le plus proche de l'ouverture de la pièce, a le plus grand diamètre ; et le plus petit diamètre est celui du troisième bourlet. Toutes les pièces de la sonnelte sont emboîtées l'une dans l'autre , de manière que les deux tiers de chaque pièce sont renfermés dans la pièce qui la suit , à commencer du côté du corps. Des trois bourlets que présente chaque pièce, deux sont cachés par la pièce suivante ; le premier bourlet est le seul qui paroisse. La pièce située au bout de la sojiuette opposé au corps est la seule dont les trois bourlets soient visibles, et qui mon- tre sa vraie forme en son entier ; et la DES SERPENS A SONNETTE. 2G1 sonwette u'est composée, à rextérieur, que de cette pièce, et des premiers bour- iets de toutes les autres. Les deux derniers bourlets de chaque pièce, qui ne peuvent pas être vus, sont placés sous les deux premiers de la pièce suivante. Ils en occupent le creux ; ils retiennent cette pièce, et l'empêchent de se séparer du reste de la sonnette : mais , comme leur diamètre est moins grand que celui des premiers bourlets de la pièce suivante , chaque pièce joue libre- ment autour de celle qu'elle enveloppe, et qui la retient. Aucune pièce, excepté la plus voisine du corps , n'est liée avec la peau de l'animal , ne tient au corps du serpent par aucun muscle , par aucun, nerf , par aucun vaisseau * , ne peut rece- voir par conséquent ni accroissement ni nourriture , et n'est qu'une enveloppe extérieure qui se remue lorsque l'animal agite l'extrémité de sa queue , mais qui 66 meut uniquement, comme se mouvroit * On a écrit le contraire ; mais nous nous sommes assurés de la conformation c|ue nous décrivons ici. 263 HISTOIRE NATURELLE tout corps étranger qu'on auroit attaché à la queue du serpent *. Cette conformation de la sonnette sem- ble très- extraordinaire au premier coup d'œil ; cependant elle cessera de le pa- roître , si Pou veut en déduire avec nous la manière dont la sonnette a dû être j produite. j Les diflcrentes pièces qui la compo- sent , n'ont été formées que successive-! ment : lorsque chacune de ces pièces a pris son accroissement , elle teuoit à la peau de la queue ; elle n'auroit pas pu recevoir sans cela la matière nécessaire à son développement, et d'ailleurs on voit * La sonnette du boiqiiira est placée de manière que ses cotés les plus larges^ sont verticaleuneut lorsque le serpent est sur sou ventre: elle ne touche pas immédiatement aux grandes plaques qui gar- nissent le dessous de la queue ; mais entre ces grandes plaques et le bord de la première pièce, on voit une rangée de petites écailles semblables à celles du dos. La sonnette de l'individu conservé au Cabinet du roi a neuf ligues de hauteur , un pouce jieuf ligues de longueur, et est composée de six pièces. I DES SERPENS A SONNETTE. ^63 3uvent , sur les bords des pièces qui ne lennent pas itnniédiatement au corps du crpeut , des restes de la peau de la queue , laquelle elles étoient attachées. Quand une pièce est formée , il se pro- uit au-dessous une nouvelle pièce entiè- ement semblable à Fancienne , et qui end à la détacher de l'extrémité de la ueue. L'ancienne pièce ne se sépare pas ependant tout-à-:fait du corps du serpent ; lie est seulement repoussée en arrière : lie laisse ent^e jsçjn bord et la peau de ;a queue , un intervalle occupé par le Jlnemier bourlet de la nouvelle pièce ; I tnais elle enveloppe toujours le second ;t le troisième bourlet de cette nouvelle j pièce , et elle joue librement autour de ces : oourlets qui la retiennent. |; Lorsqu'il se forme une troisième pièce , jèlle se produit au-dessous de la seconde, le la mcme manière que la seconde au- [lessous de la première ; elle détache éga- ement de l'extrémité de la queue la icconde pièce qu'elle fait reculer , mais u*elle retient par ses bourlets. Si les dernières vertèbres de la queue 1 264 HISTOIRE NATURELLE n'ont pas grossi pendant que la sonnette s'est formée , chaque pièce qui s'est moulée sur ces vertèbres , a le même diamètre , et la sonnette paroît d'une égale largeur jusqu'à la pièce qui la termine ; si , au contraire , les vertèbres ont pris de l'ac- croissement pendant la formation de la sonnette, les bourlets delà nouTcllc pièce sont plus grands que ceux de la pièce plus ancienne, et le diamètre de la sonnette j diminue vers la pointe. Dans les divers serpens à sonnette qui sont conservés au Cabinet du roi , la sonnette est d'un égal i diamètre vers sa pointe et à son origine; ' uiais, dans plusieurs sonnettes détachées du corps du serpent , et qui font aussi partie de la collection de sa majesté , nous avons vu les pièces diminuer de grandeur vers l'extrémité de la sonnette. Il est évident , d'après ce que nous venons de dire , qu'il ne peut se former qu'une pièce à chaque mue particulière que le serpent éprouve vers l'extrémité de sa queue. Le nombre des pièces est donc égal à celui de ces mues particu- lières : mais , comme l'on ignore si la DES SERPENS A SONNETTE. 265 mue particulière arrive dans le même temps que la mue générale du corps et de la queue , si elle a lieu une fois ou plusieurs fois par an , le nombre des pièces non seulement ne prouve rien pour la ressemblance ou la différence des es- pèces , mais ne peut rien indiquer relati- vement à Page du serpent , ainsi qu'on Ta écrit. Une nourriture plus abondante et une température plus ou moins chaude peuvent d'ailleurs augmenter ou dimi- nuer le nombre des mues dans la même année ; et voilà pourquoi , dans certains individus , la sonnette est par-tout d'uu égal diamètre , parce que , pendant le temps de sa production , les dernières vertèbres n'ont pas grossi d'une manière sensible , tandis que , dans d'autres indi- vidus , les uiues ont été assez éloignées pour que les vertèbres aient eu le temps de croître entre la formation d'une pièce et celle d'une autre. Il pourroit donc se faire que la sonnette d'un individu qui , daus différentes années , auroit éprouvé des accidens très-différens , fût d'un égal diamètre dans quelques-unes de ses por- 25 266 HISTOIRE NATURELLE tions , et allât en diminuant dans d'au- tres. D'un antre côté, on verroit de vieux serpens avoir des sonne ttesxl'une longueur prodigieuse,et presque égales à la longueur du corps , si les pièces qui les composent ne se desscclioient pas promptemeait ; mais , comme elles ne tirent aucune nour- riture de l'animal et ne sont abreuvées par aucun suc , elles deviennent très-- fragiles , se brisent et se séparent souvent | par Teflet d'un frottement assez peu con- I sidérable. Voilà pourquoi le nombre des pièces n'indique jamais le nombre de toutes les mues particulières que l'animal peut avoir éprouvées à l'extrémité de sa queue. Si même , dans la mue générale des serpcns à sonnette , qui doit s'opérer de la même manière que celle des cou- leuvres , et pendant laquelle la vieille peau de l'animal doit se retourner en entier comme un gant, et ainsi que nous l'avons vu ; si , dans cette mue générale , le dépouillement s'étend jusqu'aux der- nières vertèbres de la queue et emporte la première pièce de la sonnette , toutes les autres pièces doivent être avec elle* DES SERPENS A SONNETTE. 267 séparées du corps du reptile ; et dès-lors les sonnettes ne seroieut jamais coin- posées que de pièces toutes produites dans l'intervalle d'une mue générale à la mue générale suivante. Toutes les parties des sonnettes étant très-sèches , posées les unes au-dessus des autres , et ayant assez de jeu pour se iTOtter mutuellement lorsqu'elles sont secouées , il n'est pas surprenant qu'elles jproduisent un bruit assez sensible ; nous 'avons éprouvé , avec plusieurs sonnettes à peu près de la grandeur de celle dont iious venons de rapporter les dimensions, que ce bruit , qui ressemble à celui du parchemin qu'on froisse, peut être en- tendu à plus de soixante pieds de dis- tance. Il seroit bien à désirer qu'on pût l'entendre de plus loin encore , afin que rapproche du boiquira , étant moins ira- .prévuc , fût aussi moins dangereuse. Ce serpent est , en eifet , d'autant plus à craindre, que ses mouvemens sont sou- vent très-rapides; en un clin d'œil , il se replie en cercle , s'appuie sur sa queue , 'se précipite comme un ressort qui se 268 HISTOIRE NATURELLE débande, tombe sur sa proie, la blesse, et se retire pour échapper à la vengeance de son ennemi : aussi les Mexicains le dé- signent-ils par le nom ^ecacoatl , qui sigiiilie le vent. Ce funeste reptile habite presque toutes les contrées du nouveau inonde , depuis la terre de Magellan jusqu'au lac Cham- plain , vers le quarante-cinquième degré de latitude septentrionale. Il régnoit , pour ainsi dire , au uiilieu de ces vastes con- trées , où presque aucun animal n'osoit en faire sa proie , et où les anciens Amé- ricains, retenus par une crainte supersti- tieuse, redoutoient de lui donner la mort; mais , encouragés par l'exemple des Eu- ropéens , ils ont bientôt cherche à se délivrer de cette espèce terrible. Chaque jour les arts et les travaux purifiant et fertilisant de plus en plus ces terres nouvelles , ont diminué le nombre des serpens à sonnette , et Tespace sur le- quel ces reptiles exerçoient leur funeste domination , se rétrécit à mesure que Tempire de l'homme s'étend par la cul- ture. DES SERPENS A SONNETTE. 269 Le boiquira se nourrit de vers*, de gre- nouilles , et luênie de lièvres : il fait aussi sa proie d'oiseaux et d'écureuils ; car il monte avec facilité sur les arbres , et s'y çlance avec vivacité de branche en bran- che , ainsi que sur les pointes de rochers 'qu'il habite , et ce n'est que dans la plaine qu'il court avec difficulté , et qu'il est plus aisé d'éviter sa poursuite. Son haleine empestée , qui trouble quel- quefois les petits animaux dont il veut se saisir , peut aussi empêcher qu'ils ne lui échappent. Les Indiens racontent qu'on voit souvent le serpent à sonnette entor- tillé alentour d'un arbre , lançant des regards terribles contre un écureuil , qui, après avoir manifesté sa frayeur par ses cris et son agitation, tombe au pied de 1 arbre , où il est dévoré. M. Vosmaè'r , qui a fait à la Haye des expériences sur les effets de la morsure d'un boiquira qu'il avoit en vie, dit que les oiseaux et les * M. Tyson a trouvé un grand nombre de vers ou genre ries lombrics, dans l'estomac et dans les inicsiins d'un boiquira. On en trouve aussi quel- quefois dans ceux de la vipère commune. 24 Ê70 HISTOIRE NATURELLE souris qu'on lui jctoit dans la cage où il étoit reii fermé, témoi^noient nue grande terreur ; qu'ils cherclioicnt d'abord à se tapir dans un coin , et qu'ils couroient ensuite, comme saisis de douleurs mor- telles, à la rencontre de leur ennemi, qui ne cessoit de sonner de sa queue: mais cet cHet d'une vapeur niépbitique et puante a été exagéré et dénaturé au point de devenir merveilleux. On a dit ; que le boiquira avoit , pour ainsi dire,, la faculté d'enchanter l'animal qu'il vou- loit dévorer ; que , par la puissance de son' « regard , il le contraignoit de s'approcher peu à peu et à se précipiter dans sa gueule; ; que l'homme ne pou voit résister à la force magique de ses yeux étincelans , et que, plein de trouble , il se présentoit à la dent envenimée du boiquira , au lieu de chercher à l'éviter. Pour peu que les ser- pens à sonnette eussent été plus connus , et qu'on se fut occupé de leur histoire , on auroit bientôt , sans doute, ajouté à ces faits merveilleux de nouveaux faits plus merveilleux encore. Et combien de fables u'auioit - on i)as substituées au DES SERPENS A SONNETTE. 271 jsimple effet d'une haleine fétide , qui Wiêine n'a jamais été ni aussi fréquent ni aussi fort que certains naturalistes l'ont pensé ! L'on doit présumer avec Kalm , ijue le plus souvent lorsqu'on aura vu jun oiseau, ou un écureuil , ou tout autre animal , se précipiter , pour ainsi dire , lu haut d'un arbre dans la gueule du serpent à sonnette , il aura été déjà mordu par le serpent ; qu'il se sera enfui sur l'arbre; qu'il aura exprimé par ses cris et son agitation l'action violente du poison laissé dans son sang par la dent du rep- ile; que ses forces se seront insensible- tuent affoiblies ; qu'il se sera laissé aller :1e branche en branche , et qu'il sera tombé enfin auprès du serpent, dont les veux enflammés et le regard avide au- lont suivi tous ses mouvemens, et qui se sera de nouveau élancé sur lui lors- qu'il l'aura vu presque sans vie. Plusieurs observations rapportées par les voya- geurs , et particulièrement un fait rap- porté par Kalm , paroissent le prouver. On a écrit que la pluie augmcntoitla fureur du boiquira; mais il faut que ce 272 HISTOIRE NATURELLE soit une pluie d'orage , car il ne craint point d'aller à Teau. C'est lorsque le ton- nerre gronde qu'il est le plus redoutable: on frémit lorsqu'on pense à l'état affreux et aux angoisses mortelles qu'éprouve celui qui , poursuivi par un orage ter- rible, au milieu des ténèbres épaisses qu lui dérobent sa route , cherche un asyh sous quelque roche avancée , contre le.' flots d'eau qui tombent des nues, apper- çoit au milieu de l'obscurité les yeus étincelans du serpent à sonnette , et le découvre à la clarté des éclairs , agitanl sa queue et faisant entendre son sifllemenj funeste. Un animal qui ne paroît né que poui détruire, devroit-il donc aussi sentir le» feux de l'amour ? Mais la même chaleuj qui anime tout son être , qui exalte sou venin , qui ajoute à ses forces m'curtrières , doit rendre aussi plus vif le sentiment qui le porte à se reproduire. Il ne pond qu'un assez petit nombre d'œufs ; mais, comme il vit plusieurs années, l'espèce n'en est que trop multi- pliée. DES SERPENS A SONNETTE. 273 Pendant Tliiver des contrées un peu éloignées de la ligne , les boiquira se retirent en grand nombre dans des ca- l^crncs, où ils sont presque engourdis et dépourvus de force. C'est alors que les pègres et les Indiens osent pénétrer dans |eurs repaires pour les détruire , et même t'en nourrir ; car , malgré le dégoût et 'iiorreur que ces reptiles inspirent , ils :n mangent, dit-on , la chair , et elle ne es incommode pas , pourvu que le ser- pent ne se soit pas mordu lui-même, ^^oilà pourquoi,, a-t-on ajouté, il faut uer promptement le boiquira , lorsqu'on /eut le manger; il faut lui donner la mort uant qu'il ne s'irrite , parce qu'alors il ie mordroit de rage. Mais comment con- Mlier cette assertion avec le témoignage le ceux qui prétendent qu'on peut man- der impunément les animaux que sa mor- urc fait périr , de même que les sauvages e nourrissent, sans aucun inconvénient, lu gibier qu'ils ont tué avec leurs flèches empoisonnées ? Cette dernière opinion )aroît d'autant plus vraisemblable , que e boiquira sembleroit devoir se donner 274 HISTOIRE NATURELLE la mort lui-mèuie , si la chair des ani- iTiaux percés par ses crochets deveiioit venimeuse par nue suite de sa morsure. Les Nègres saisissent le boiquira auprès de la tête , et il ne lui reste pas assez de vigueur , dans le tenips du froid , pour se défendre ou pour leur échapper. Il de- vient aussi la proie de couleuvres assez fortes , qui doivent le saisir de manière à n'en être pas mordues ' ; et Ton doit supposer la même adresse dans les cochons marrons, qui, suivant Kalm , se nour- rissent, sans inconvénient, du boiquira, dressent leurs soies des qu'ils peuvent le sentir , se jettent sur lui avec avidité , et sont garantis , dans certaines parties de leur corps , du danger de sa morsure , par la rudesse de leur poil , la dureté de leur peau et l'épaisseur de leur graisse . 1 Vovez l'article de la couleui>re lien. * Le bi)'Cjuiia esi irès-vivace, ainsi que les autres serpens. M. Tyson rapporte que celui qu'il disséqua vécut quflcjues jours après cjue sa peau eut été dé- chirée , Cl qu'on li;i eut arraché la plupart de ses viscères. Pendant ce temps ses poumons, qui, vers le devaat du corps , éioient composés de pentes DES SERPENS A SONNETTE. 275 Lorsque le printemps est arrivé dans les pays élevés eu latitude et liahités par lesboiquira, que les ucigcs sout fondues et que Tair est réchauffé , ils sortent pen- dant le jour de leurs retraites , pour aller s'exposer aux rayons du soleil. Ils rentrent pciidant la nuit dans leurs asyles , et ce u'cst que lorsque les gelées ont entière- ment cessé qu'ils abandonnent leurs ca- vernes , se répandent dans les campagnes et pénètrent quelquefois dans les maisons. Ou ose observer le temps où ces animaux Tiennent se chauffer au soleil , pour les attaquer et en tuer uii grand nombre à la fois. Pendant Tété , ils habitent au milieu des montagnes élevées , composées de pierres calcaires , incultes et couvertes de bois , telles que^ celles qui sont voisines de la grande chute d'eau de Niagara. Ils cellules, comme ceux des grenouilles, se lermi- Boient par une grande vessie transparente et forte, et avoient près de trois pieds de longueur, ne se dilatèrent et ne se contractèrent point alternaiive- nient, mais demeurèrent enflés et remplis d'aic lusc^u'au moment où l'animal expira. S76 HISTOIRE NATURELLE y clioisissent oïdinaireinciit les exposi- tions les plus chaudes et les plus l'avo râbles à leurs chasses ; ils prêtèrent le côt( iiicridional d'une uion tajine , et le bore d'une fontaine ou d'un ruisseau habite par des grenouilles, et où viennent boir( les petits animaux dont ils font leur proï^ Ils aiment aussi à se mettre de temps ei temps à l'abri sous un vieux arbre reii- ( versé ; et voilà pourquoi, suivant Kalm les Américains qui voyagent dans les fo- rêts infestées de serpcns à sonnette , ju franchissent point les troncs d'arbres cou elles ù terre , qui obstruent quclquefoi,' le passage : ils aiment mieux en faire h tour ; et s'ils sont obligés de les traverser ils sautent sur le tronc du plus loin qu'ili peuvent , et s'élancent ensuite au-delà. Le boiquira nage avec la plus grandi agilité •, il sillonne la surface des eau? avec la vitesse d'une flèche. Malheur t ceux qui naviguent sur de petits bâtimeii! auprès des plages qu'il fréquente ! Ils s'é- lancent sur les ponts peu élevés ; et quel état affreux que celui 011 tout espoir df fuir est interdit, où la moindre morsure DES SERPENS A SOÎ^NETTE. 277 Ûe l'ennemi que l'on doit combattre , donne la mort la plus prompte , où il faut vaincre eu uu instant , ou périr dans des tourmeus horribles ! Le premier effet du poison est une Dnflure générale ; bientôt la bouche ^'enflamme et ne peut plus contenir la angue, devenue trop gonflée; une soif icvorante consume ; et si Ton cherche à 'étancher, on ne fait que redoubler les ourmens de son agonie. Les crachats sont Misanglantés; les chairs qui environnent a plaie se corrompent et se dissolvent en 30urriture; et sur-tout si c'est pendant 'ardeur de la canicule , on meurt quel- juefois dans cinq ou dix minutes , sui- vant la partie où ou a été mordu. On a ''crit que les Américains se servoient , •outre la morsure du boiquira, d'un em- }lâtre composé avec la tète même du sér- ient écrasé. On a prétendu aussi qu'il ait les lieux où croît le dictàme de Virgi- lie , et l'on a essayé de se servir de ce iictame comme d'un remède contre son euin * ; mais il paroît que le véritable * On lit diias les Transactions philosophiques , 2''k 278 HISTOIRE NATURELLE antidote , que les Amériraius ne vouloîent pas découvrir, et dont le secret leur a été arraché par M. Teinnint , médecin écos- sois , est le polignle de Virginie , sénéka ou sénéga ( polygania senega). Cependant il arrive quelquefois que ceux qui ont le bonheur de guérir , ressentent périodi- quement , pendant une ou deux années, des douleurs très- vives, accompagnées d'enflure ; quelques uns même portent toute leur vie des marques de leur cruel accident, et restent jaunes ou tachetés» d'autres couleurs. t Le capitaine Hall fit, dans la Caroline^ plusieurs expériences touchant les eflets de la morsure du boiquira sur divers ani- maux. H fit attacher à un piquet un ser-^ peut à sonnette , long d'environ quatri^ année i665, qu'en Virginie, en 165?, au mois d^ juillet, on aratha au bout d'une longue baguelie des feuilles de clictaine que l'on avoit uu peu l)foy.'es,et qu'on les approch;i du museau d'un' serpenta sonnette, qui se tourna et s'agiia viveuieut, comme pour les évi'er, mais qui mourut avant une demi-heure, et parut u'cxpirer tjue par l'effet de l'odeur de ces ieuillts. DES SEUPENS A SONNETTE. 279 pieds ; trois chiens en furent morrlus : le pieinier uiourut en quinze secondes ; le second , mordu peu de temps après , périt au bout de deux heures dans des convul- sions ; le troisième , mordu après une demi-heure , n^ofiVit d'ell'ets visibles du Tenin qu'au bout de trois heures. Quatre jours après , un chien mourut en une demi-minute, et un autre ensuite en quatre minutes ; un chat fut trouvé mort le lendemain de rexpérience. On laissa écouler tiois jours ; une grenouille mordue mourut en deux uiinutes , et un poulet de trois mois , dans trois mi- nutes. Quelque temps après , on mit au- piès du boiquira un serpent blanc , sain et vigoureux ; ils se mordirent l'un l'autre: le serpent à sonnette répandit même quel- ques gouttes de sang; il ne donna cepen- dant aucun signe de maladie, et le ser- pent blanc mourut en moins de huit mi- nutes. On agita assez le boiquira pour le forcer à se mordre lui-même , et ïl mou- rut en douze minutes. Ainsi ce furieux, reptile peut tourner contre lui ses aruies dangereuses , et venger ses victimes» 28o HISTOIRE NATURELLE Tranquilles habitans de nos contrées tempérées, que nous sommes plus heu- reux , loin de ces plages où la chaleur et riiumidité régnent avec tant de force! Nous ne voyons point un serpent infecter Teau, au milieu de laquelle il nage avec facilite j les arbres, dont il parcourt les rameaux avec vitesse ; la terre, dont il peuple les cavernes; les bois solitaires, où il exerce le même empire que le tigre dans ses déserts brùlans , et dont l'obscurité livre plus sûrement sa proie à sa morsure. Ne regrettons pas les beautés naturelles de ces climats plus chauds que le nôtre leurs arbres plus touflùs , leurs feuillages plus agréables, leurs fleurs plus suaves ^ plus belles : ces fleurs, ces feuillages, ces arbres , cachent la demeure du serpent à sonnette. DES SERPENS A SONNETTE. 28c LE MILLET. L long-temps , dans les deux sens , avec une égale facilité ; qu'ils âYbient des yteux î\ chaque exti-émilé du corps , pour disoeriiei' leur route en avant et en arrière ; qu'ils y avoient même une tète complète; qu'on s'èxpcisbil;- aux mêmes dangers , en. les saisissant par l'un ou l'autre bout ; qu'ils étoicnt très à craindre pour les petits animausdont ils se nourrissoient , parce que jamais le- sommeil ne les empcchoit de s'apperce- voir du voisinage de leur proie ; que pendant qu'uuetétedormoit , l'autre veil- loit , etc. Mais c'est assez rapporter les opinions que l'on ne doit pas craindre de voir se répandre , et que par conséquent on n'a pas besoiu de combattre. Nous ! D E S A N G U I S. 291 devons même convenir que la confor- ma ti on des anguls' est "îîne des plus pro- pres à faire naître ces erreurs: leur queue est , eu effet , très-grosse en comparaison du corps , et son extrémité arrondie ressemble d'autant plus à une tête , même lorsqu'on la considère à une petite dis- tance , que les diverses taches qui varient ordinairement sa couleur , sont disposées de manière à représenter des yeux , des narines et une bouche. D'ailleurs les yeux des anguis étant très-petits , on a de la 3eine à les distinguer à l'endroit où ils sout réellement , et on peut plus faci- ement être trompé par leur apparence, î'est cette petitesse des yeux des anguis jui les a fait nommer serpeus aveugles 3ar plusieurs voyageurs : mais cette déno- iiination , qui , à la rigueur , ne con- fient à aucun serpent , ne doit pas être lu moins appliquée aux anguis , ni aux unpliisbènes ou serpeus à anneaux ; nous e l'emploierons que pour désigner les limensions encore plus petites des yeux les serpeus que M. Linné a nommés cœ^ ilia , et que nous nommons d'après lui :Ceciîes, 292 HISTOIHE NATURELLE iripi^-«Mfei«lMMi^MnM»i L'ORVET*. V^E serpcn t est très-conmiun en beau- coup de pays : il se trouve dans presque toutes les contrées de Paneien continent, depuis la Suède jusqu'au cap de Bonne- Espérance. 11 ressemble beaucoup à un quadrupède ovipare dont nous avons déjà indiqué les rapports avec les anguis , et auquel nous avons conservé le nom de seps; il n'en did'ere même en quelque sorte à l'extérieur , que parce qu'il n'a pas les qviatre petites pattes dont le seps est pourvu : aussi ses habitudes sont- elles d'autant plus analogues à celles de ce lézard , que le seps ayant les pattes extrêmement courtes, rampe plutôt qu'il ne marche , et s'avance par un mécanisme * Couleuvre coinmune ^ eu Picardie et dans plu- sieurs autres provinces de France; serpent de verre } ançoye. lorrv ^ . J^^j^ Jh^. '2, g 2 . j- JjGRVET. ^ .LE ROUGE . J f^tiumirt J'. D E s A N G U I s. 2g3 assez semblable à celui que les auguis emploient pour changer de place. La partie supérieure de la tête est cou- verte de neuf écailles disposées sur quatre rangs , mais difleremment que sur la plu- part des couleuvres : le premier rang pré- sente une écaille, le second deux , et les deux autres en offrent chacun trois. Les écailles qui garnissent le dessus et le dessous de son corps , sont très-petites , plates , hexagones , brillantes , bordées d'une couleur blanchâtre , et rousses dans leur milieu ; ce qui produit un grand nombre de très - petites taches sur tout le corps de l'animal. Deux taches plus grandes paroissent Tune au - dessus du museau, et l'autre sur le derrière de la tête , et il en part deux raies longitudi- nales , brunes ou noires , qui s'étendent jusqu'à la queue , ainsi que deux autres raies d'un brun châtain qui partent des yeux. Le ventre est d'un brun très-foncé , et la gorge marbrée de blanc , de noir et de jaunâtre. Toutes ces couleurs peuvent varier suivant le pays , et peut-être sui- vant l'âge et le sexe. jMais ce qui peu t servir 2â 294 HISTOIRE NATURELLE beaucoup à distinguer l'orvet d'avec plu-t sieuis autres ariguis , c'est la longueur de sa queue, qui égale et même surpasse quel- •quefois celle de sou corps ; l'ouverture de sa gueule s'étend jusqu'au-delà des yeux ; les deux os de la mâchoire inférieure ne sont pas séparés l'un de l'autre comme dans un grand nombre de serpeus ; et eu * cela l'orvet ressemble encore au seps et aux autres lézards. Ses dents sont courtes, menues , crochues , et tournées vers le gosier. La langue est comme échancrée en croissant. Ou a écrit que ses yeux étoient si petits, qu'on avoit peine à les distiu- , guer: cependant, quoiqu'ils soient moins grands à proportion que ceux de beaucoup d'autres serpens , ils sont très-visibles , et d'ailleurs noirs et très-brillans *. Il ne parvient guère à plus de trois pieds de longueur. On a prétendu que sa morsures * Les écailles qui recouvrent ses lèvres ne sont pas plus grandes que telles qui revêtent son dos; aucunes de celles qui garnissent le dessous de son corps , ne sont plus grandes que leurs voisines. Il en a ordinairement cent trente-cinq rangs sous le corps, et autant sous la queue. D E. s A N G U I S. 2y5 ctoit très-dangerciise ' : mais il n'a point de crochets mobiles , et d'après cela seul on auroit dû supposer qu'il u'avoit point de venin ; d'ailleurs les expériences de M. Laurent l'ont mis hors de doute ^. De quelque manière qu'on irrite cet aniinal , il ne mord point, mais se contracte avec force , et se roidit , dit M. Laurent , au. point d'avoir alors l'inflexibilité du bois. Ce naturaliste fut obligé d'ouvrir par force la bouche d'un orvet , et d'y intro- duire la peau d'un chien , que les dents de l'animal trop courtes et trop menues ne purent percer. De petits oiseaux em- ployés à la même expérience , et blessés par le reptile , ne donnèrent aucun signe de venin. La chair nue d'un pigeon fut (aussi mise sous les dents dei'orvet , qui la tint serrée pendant long-temps , et la pénétra de la liqueur qui étoit dans sa ' Schwenckfeld , anus son Histoire des reptiles de la Sihîsie y a écrit que dans celte province on regartloit l*Ofvet comme venimeux. * Les auteurs de la Zoologie hrilannique disent qu'en Angleterre l'orvet n'est point regardé comme dangereux. 29^ HISTOIRE NATUJIELLE bouche ; le pigeon fut bientôt guéri de sa blessure , sans donner aucun iudiee de poison. Lorsque la crainte ou la colère con- traignent l'orvet à tendre ainsi tous ses muscles et ù roidir son corps , il n'est pas snrprenant qu'on puisse aisément, en le frappant avec un bâton ou même une simple baguette, le diviser et le casser , pour ainsi dire , en plusieurs petites par- ties : sa fragilité tient à cet état de roideur et de contraction, ainsi que l'a pensé M. Laurent, qui a très-bien observé cet ani- jnal ; et elle est d'autant moins surpre- nante , que ses vertèbres sont très-cas- santes par leur nature , comme celles de presque tous les petits serpens et des petits lézards , et que ses muscles sont compo- sés de fibres qui peuvent aisément se sépa-B rer. C'est cette propriété de l'orvet qui l'a^ fait appeler par M. Linné , aîi guis fragile , et qulTa fait nommer par d'autres auteurs, serpent de verre. On vie;Ht de voir que l'orvet se trouve en Suède : il habite aussi l'Ecosse ; et , d'après cela , il paroît qu'il ne craint pas D E s A N G U I s. 297 le froid autant que la plupart des serpens, quoiqu'il soit en assez graud nombre dans la plupart des contrées tempérées et même chaudes de TEurope. U a pour ennemis ceux des autres serpens , et particulière- iTient les cigognes , qui en font leur proie (Pautant plus aisément , qu'il ne peut leur opposer ni venin , ni force, ni même un volume considérable. Il s'accouple comme les autres reptiles ; le mâle et la femelle s'entortillent l'un autour de l'autre , se serrent étroitement par plusieurs contours et pendant un temps assez long. On a vu des orvets de- meurer ainsi réunis pendant plus d'une heure. Les petits serpens de cette espèce n'éclosent pas hors du ventre de leur mère , comme la plupart des couleuvres non venimeuses ; mais ils viennent au jour tout formés. Un très-bon observa- teur"^ ayant ouvert deux femelles , trouva dix serpens dans une , qui étoit longue de treize pouces , et sept dans l'autre , qui n'avoit qu'un pied de longueur. Ces petits * M, de Sep t-Fon laines.' 298 HISTOIRE NATURELLE serpens étoieiit parfaitement formés ; ils jie différoient de leur mère que par leui grandeur, et par leurs couleurs, qui étoiem plus foibles : les plus grands avoient vingt- une lignes , et les plus petits , dix-huit lignes de longueur. Le temps de la portée des orvets est au moins d'un mois , el M. de Sept-Fontaines , que nous vcnonj de citer, s'en est assuré en gardant che2 lui une femelle qui ne mit bas qu'un moi? après avoir été prise. Elle ne parut pas grossir pendant sa captivité. C'est ordinairement après les premierj jours de juillet que l'orvet paroît revêtu d'une peau nouvelle dans les provinces septentrionales de France. Son dépouil- lement s'opère comme celui des couleu- vres; il quitte sa vieille peau d'autant plus facilement, qu'il trouve à sa portée plus de corps contre lesquels il peut se frotter : il arrive seulement quelquefois que la "vieille peau ne se retourne que jusqu'à l'anus , et qu'alors la queue sort de l'en- veloppe desséchée qui la recouvroit , comme une lame d'épée sort de son four- reau. S| D E s A N G U I s. 299 L'^orvet se nourrit de vers , de scara- jées , de grenouilles, de petits rats, et nêine de crapauds ; il les avale le plus cuvent sans lés mâcher : aussi arrive-t-il [uelquefois que de petits vers viennent usqu'à son estomac , pleins encore de ie , et sans avoir reçu aucune blessure. de Sept- Fontaines a trouvé dans le orps d'un jeune orvet un lombric ou ver e terre long de six pouces, et de la gros- eur d'un tuyau de plume : le ver étoit ncore en vie , et s'enfuit en rampant. Malgré leur avidité naturelle, les orvets euvent demeurer un très-grand nombre e jours sans manger , ainsi que les autres erpens , et M. Desfontaines en a eu chez ui qui se sont laissé mourir au bout de (lus de cinquante jours, plutôt que de oucher à la nourriture qu'on àvoit mise uprès d'eux, et qu'ils aurolent dévorée vec précipitation s'ils avoient été eu berté. L'orvet habite ordinairement sous terre ans des trous qu'il creuse ou qu'il agran- it avec son museau : mais , comme il a esoiii de respirer l'air extérieur , il quitte 3oo HISTOIRE NATURELLE . souvent sa retraite ; l'hiver même il perce quelquefois la neige qui couvre les cam- pagnes , et élève son museau au-dessus de sa surface , la température assez douce des trous souterrains qu'il choisit pour asyle rcmpcchant ordinairement de s'eu- gourdir complètement pendant le froid. Lorsque ses chaleurs sont revenues ,y passe une grande partie du jour hors de sa retraite; mais le plus souvent il s'en éloigne peu , et se tient toujours à portée de s'y mettre en sûreté. Il se dresse fréquemment sur sa queue, qu'il roule en spirale , et qui lui sert d< point d'appui , et il demeure quelquefoii long-temps dans cette situation. Ses mou Ycmens sont rapides, mais moins qu( ceux de la couleuvre à collier. 11 ne répan( pas conrmunément d'odeur désagréable* * Personne n'a mieux étudié les habitudes d l'orvet que M. de Sepi-Foutaines , à qui nous de vons la connojssance de lu plupart des détails qu nous venons de rapporter. D E s A N G U I s. 3oE L ' E R Y X *. C;e t anguis a beaucoup de rapports avec Torvet , dout il n'est peut-être qu'une variété. Il a le dessus du corps d\ni roux cendré , avec trois raies noires très-étroites qui s'étendent depuis le derrière de la tête jusqu'à rcxtrémité de la queue. Ses yeux sont à peine visibles. Il a la mâchoire su- périeure un peu plus avancée que Tinfé- j-ieure. Ses dents sont assez longues rela- tivement à sa grandevu-, égales et un peu courbées vers le gosier. Ses écailles sont arrondies , un peu convexes , luisantes et unies. Sa queue est un peu plus longue que le reste du corps. Il a cent vingt - six rangs d'écaillés au - dessous du corps , et cent trente-six au-dessous de la queue. On le trouve en Europe , particulièrement en Angleterre , et il habite aussi plusieurs contrées de TAmérique. . * ^herdeen , duus plusieurs encîroiis de l'An- gleterre , parce qu'où le trouve daus l'Aberdeeu- sliire, 36 3o2 HISTOIRE NATURELLE LA PEINTADE. iN ous conservons ce nom à un anguîs- qui se trouve dans les Indes. Il a cent soixante -cinq rangs d'écaillés sous le corps, trente-deux sous la queue, et le dessus du corps verdâtre, avec plusieurs rangées longitudinales de points noirs ou j bruns. II nous semble qu'on doit regarder comme une variété de cette espèce , uu anguis que M. Pallas a observé sur les ; bords de la mer Caspienne , et qui a à peu près la longueur d'un pied ; la gros- seur du petit doigt ; cent soixante - dix- rangs d'écaillés sous le corps ; trente- deux rangs sous la queue ; la tête grise ■ tachetée de noir ; le corps noir , pointillé de gris sur le dos , et de blanchâtre sur les côtés ; la queue longue de deux pouces, «t variée de blanc» D E s A N G U I s. 3o: LE ROULEAU. i->ET anguis se trouve dans les deux contiaeus. 11 est très-commun en Amé- rique , ainsi que dans les grandes Indes ; mais c'est toujours dans les pays chauds qu'on le rencontre. Sa tête , un peu con- vexe par-dessus , et concave eu-dessous , est à peine distinguée du reste du corps par trois écailles plus grandes que les autres qui la couvrent. Ses dents sont assez nombreuses ; et comme elles sont toutes égales et qu'il n'a pas de crochets mobiles , l'on doit présumer qu'il n'est point venimeux. Le corps et la queue sont garnis par-dessus et par-dessous d'écailies blanches, bordées de roux'", et tout le corps est varié par des bandes transver- sales , qui, eu formant des anneaux de couleur, gardent leur parallélisme ou se * Le rouleau a deux ceut quarante rangs d'écaillés sous le corps, et treize rangs sous la queue. 3o4 HISTOIRE NATURELLE réunissent avec plus ou moins de régula- rité. L'on ue sait pas précisément à quelle grandeur peut parvenir le serpent rou- leau ; mais, d'après les divers individus qui ont été décrits par les naturalistes , et ceux qui sont conservés au Cabinet du roi, nous présumons qu'elle n'est jamais très-considérable , que le diamètre de cet anguis n'est ordinairement que d'un demi-pouce, et que sa longueur n'excède guère deux ou trois pieds*. Il se nourrit de vers, d'insectes, et sur - tout de fourmis ; et voilà tout c© que l'on connoît des habitudes de ce ser- pent. * Sa queue est très-courie en proportion du corps, dont la longueur est le plus souvent trente fois plus considérable que celle de la queue. D E s A N G U I s. 3o5 LE COLUBRIN. iVL. Hasselquist a fait connoître cet an- guis que Ton trouve en Egypte. Ce ser- pent a le corps varié d'une manière très- agréable , de brun et d'une couleur pâle. On a compté cent quatre-vingts rangs d'écaillés sous sou corps , et dix-huit sous 'sa queue. 20 3o6 HISTOIRE NATURELLE LE TRAIT. Vi ET anguis habite eu Egypte , ainsi que le colubrin , et c'est aussi M. Hasselquist qui l'a fait couuoître. Ce serpeut a cent quatre - vingt - six rangs d'écaillés sous le corps , et vingt-trois sous la queue ; celles qui garnissent son ventre , sont un peu plus larges que celles qui recouvrent son dos. D E s A N G U I s. 3o7 LE CORNU. Vj E T anguis a beaucoup de rapports avec la couleuvre céraste ; il a , comme ce dernier reptile, deux espèces de cornes sur la tète : mais nous avons vu que dans le céraste ces éminences tiennent à la peau et sont de nature écailleuse , au lieu que dans le cornu ce sont deux dents qui percent la lèvre supérieure et ressemblent à deux petites cornes. On trouve cet anguis eu Egypte , où il a été observé par M. Hasselquist , et où vit aussi le céraste. Le cornu a deux cents rangs d'écaillés sous le ventre, et quinze sous la queue. 3o8 HISTOIRE NATURELLE LE MIGUEL. -L EL est le nom que l'on donne à cet anguis dans le Paraguay et dans plusieurs autres contrées de TAmérique méridio- nale. Les écailles qui le couvrent sont brillantes et unies. Le dessus de son corps est jaune , et présente une et quelquefois trois raies longitudinales brunes , avec des bandes transversales très - étroites et de la même couleur. Le miguel a deux cents rangs d'écaillés sous le ventre , et douze sous la queue. On voit neuf grandes écailles sur la partie supérieure de sa tète, j Un individu de cette espèce , conservé au Cabinet du roi , a un pied de longueur totale , et sa queue est longue de trois lignes. D E s A N G U I s. 3o9 LE RESEAU. Vje T aiiguis a les écailles qui garnissent le dessus de son corps , brunes et blanches dans leur centre; ce qui le fait paroître comme couvert d'un réseau brun. On le trouve en Amérique. Il a cent soixante- dix-sept rangs d'écaillcs sous le ventre , et trente-sept sous la queue. Le dessus de sa tête est revêtu de grandes écailles. 3io HISTOIRE NATURELLE LE JAUNE ET BRUN. l^E T anguis se trouve en grand nombre i dans les bois de la Caroline et de la Vir- | ginie , où il a été observé par MM. Catesby et Garden , et oii ou ne le regarde pas I comme dangereux. Il paroît moins sen- sible au froid que les autres serpens des mêmes pays , puisqu'il se montre beau- coup plus tôt au printemps. Il est, pour ainsi dire, aussi fragile que l'orvet; les fibres qui composent ses muscles peuvent se séparer très-aisément : pour peu qu'on, le frappe , il se partage, comme l'orvet, en plusieurs portions , et il a été appelé serpent de perre , de même que ce reptile. Sa longueur n'excède guère dix - huit pouces , et sa queue est trois fois aussi longue que son corps. Son ventre est ^aune , et paroît comme réuni au reste du corps par une suture. Le dos est d'un verdmêlé de brun, avec un grand nombre D E s A N G U I s. 3iî de très -petites taches jaunes , arrangées très-régulièrenieiit. La description de M. Linné semble indiquer que les écailles qui garnissent le dessus du corps , sont relevées par une arête. La langue est écliancrée par le bout, à peu près comme celle de Torvet. Le jaune et brun a cent Tingt-sept rangs d'écaillés sous le corps, et deux cent vingt-trois sous la queue. 3i2 HISTOIRE NATURELLE .LA QUEUE-LANCEOLEE. i_>ET anguis diffère de ceux que nous Yeuons de décrire , par la foruie de sa queue, qui est couipriuiée par les côtés : cette partie se termine d'ailleurs en pointe; elle est , ainsi que le dos , d'une couleur pâle, avec des bandes transversales brunes, et cinquante rangs d'écallles en garnissent le dessous. Ou compte deux cents rangs d'écaillés sous le corps. La queue-lancéo- lée se trouve à Surinam. Il se pourroit qa'ou dût rapporter à cette espèce le ser- pent à queue applatie, vu par M. Banks près des côtes de la nouvelle Hollande, de la nouvelle Guinée et de la Chine, nageant et plongeant avec facilité pen- dant les temps calmes , et décrit par M. Vosmaër *. * Ou peut consulter à ce sujet l'article du serpent à large cjueue daus le Dictionnaire d'hisiolre na- iurdk pur M. Yaluiuut de Bomare. D E s A N G U I s. 3i3 LE ROUGE'. f Vjet anguis a été envoyé de Cayennc au Cabinet du roi par M. de la Borde. Les écailles du dos sont d'un beau rouge ; ce qui lui a fait donner le nom de serpent de corail par les babitans de la Guiane : mais nous n'avons pas cru devoir lui con- server cette dénomination , de peur qu'on ne le confondît avec la couleuvre le coral- îlii dont nous avons parlé. Le dessous de son corps est d'un rouge plus clair. Toutes SCS écailles sont hexagones et bordées de blanc , et il est d'ailleurs distiugué des autres anguis par des bandes transver- sales noirâtres qui s'étendent non seule- ment sur le dessus , mais encore sur le iidcssous du corps. Lorsque ce serpent est en vie , ses couleurs sont très-éclatantes : mais autant son aspect est agréable, autant il faut fuir son approche; sa morsure est venimeuse et très - dangereuse j suivant 27 3i4 HISTOIRE NATURELLE M. de la Borde. Il porte le nom de pipèi^e à la Guiaric ; et ce qui prouve que ce nom doit lui appartenir, c'est que l'on a reçu au Cabinet du roi, avec l'individu que nous décrivons, deux serpenteaux de la même espèce , sortis tout formés du ventre de leur mère. Le rouge a, ainsi que d'autres anguis , la rangée du milieu du dessus du corps | et de la queue composée d'écaillés un peu plus grandes que leurs voisines. Nous avons compté dans cette rangée deux cent quarante pièces au-dessous du corps , et douze seulement au-dessous de la queue , qui est très-courte '. Il paroît que c'est le même animal que celui dont le P. Gumilla a parlé sous le nom de se?-peî2t coiut dans son Histoire naturelle de l'Oreiioque , et pour lequel nous renvoyons à la note suivante ^. ï L'inrlividu envoyé au Cabinet du roi avoit u» pied six pouces de longueur totale, et. sa queue étoit; longue de six ligues. * Je ne puis passer sous silence le serpent coralf qu'où nomme ainsi à cause de sa couleur incarnate, et cjui est cutremclée de taches noires , grises , t D E s A N G U I s. 3i5 I îauclies et jaunes. Ce serj)ent supporte également uus les climats; ce qui n'empêche pas que ses cou- leurs ne se ressentent de leur variété : mais son. vcniu conserve toujours la même force, et il nj Lii a point, si l'on en excepte la couleuvre ma~ caurel , dont la morsure soit plus dangereuse. Parlons maintenant des remèdes qu'on a trouvés contre la morsure de ces reptiles On peut se servir de la feuille de tabac , c|ui est un remède efficace contre la morsure des couleuvres , quelle qu'en soit l'espèce. Il suffit d'en mâcher une cer- taine quantité , d'en avaler une partie , et d*appli- quer l'autre sur la plaie pendant trois ou quatre jours, pour n'avoir rien à craindre. J'en ai fait Tessai plusieurs fois sur des malades et même sur des couleuvres : après les avoir étourdies d'un coup de bâton, je leur ai saisi la tête avec une petite fourche, et leur ayant fait ouvrir la bouche en la pressant, j'ai mis dedans du tabac mâché; et aussi- tôt elles ont été saisies d'un tremblement général , qui n'a fini qu'avec leur vie, la couleuvre étant restée froide et roide comme un bâton. Un troisième remède'dont on peut se servir, c'est la pierre orientale^. Elle n'est autre chose qu'un morceau de corne de cerf qu'on fait calciner jusqu'à ce qu'il ait pris la couleur du charbon; il s'attache de lui-même à la plaie, et attire tout le venin qui 3i6 HISTOIRE NATURELLE est dedans : mais il en faut quelquefois plus de six nioiceaux, et le plus sûr est de mâcher du labac en iiiêine temps. Lorsque l'*endroit le permet, on applique sur la plaie quatre ventouses sèches , dont la premièrf dispose les chairs, la seconde attire une liquem ;*aune , la troisième une pareille liqueur teinte d« sang , et la cjuairième le sang tout pur, après rpoi il ne reste pins de venin dans la plaie. Voici un cinquième remède dont on a éprouva l'clFet. Il consiste en une bonne quantité d'eau-de vie, dans laquelle on a délayé de la poudre à ca- non , et à la troisième dose le venin perd toute son activité. (^Histoire naîiiTelle de P Oreiioque ^ tra- duction françoise j L3-0D, lySS; tome III, page 89 et suivantes.) I) E s A N G U I S> 3i7 LE LONG-NEZ. 0 ' E s T M. Weigel , naturaliste allemand ^ qui a fait coiinoîtie cette espèce d'auguis^ remarquable par Talongcment de son mu- seau. Ce prolongement est très-sensible , la lèvre de dessous étant beaucoup moins avancée que la supérieure, contre le bord inférieur de laquelle elle s'applique , et la bouche étant par-là un peu située au- dessous du museau. La longueur totale de riudividvi décrit par M. Weigel étoit à peu près d'un pied; une pointe dure tcrminoit la queue. La couleur du dessus du corps de cet anguis étoit d'un noir plus ou moins tirant sur le verdâtre ; ou T03^oit une tache jaune sur le bout du museau , et à Textrémité de la queue , sur laquelle on remarquoit deux bandes obliques de la même couleur , qui étoit aussi celle du ventre, ets'étendoitmême^ 37 3i8 HISTOIRE NATURELLE dans certains endroits , sur les côtés du corps. Ce serpent avoit deux cent dix-huit rangs d'écaillés sous le corps , et douze sous la queue. 11 avoit été apporté de Surinam. D E s A ISr G U I s. SîQ LA PLATURE. Ce serpent a beaucoup de ressemblance avec la queue-lancéolée : il a , comme ce dernier anguis , la queue comprimée et applatie par les côtés ; mais celle de la queue - lancéolée se termine en pointe , au lieu que la queue de la plature a son extrémité arrondie. M. Linné a fait con- noître cette espèce de serpent , dont un. individu faisoit partie de la collection de M. Ziervogel , apothicaire à Copenhague. La tête de la plature est alongée ; ses mâchoires sont sans dents. Cet anguis a un pied et demi de longueur totale , et deux pouces depuis l'anus jusqu'à l'extré- mité de la queue. Le dessus de son corps est noir , le dessous blanc , et la queue variée de blanc et de noir. Les écailles qui recouvrent ce serpent sont arrondies, ne se recouvrent pas les unes les autres , et sont si petites , qu'on ne peut pas les compter. 320 HISTOIRE NATURELLE LE LOMBRIC*. U N des caractères auxquels on fait le pins d'attention lorsqu'on examine lelonibric, c'est la jiroportion générale de son corps , moins gros vers la tête qu'à l'extrémité opposée , de telle sorte que si on ne con- sidéroit pas la position des écailles de cet anguis , on seroit tenté de prendre le bout de sa queue pour sa tête, d'autant plus que cette dernière partie n'est pas plus grosse que l'extrémité du corps à laquelle elle tient , et que les yeux ne sont que de petits points très-peu sensibles , et recou- verts par une membrane, ainsi que ceux des amphisbènes. Le museau du lombric est très-arrondi et percé de deux petits trous presque invisibles, qui tiennent lieu de narines à l'animal ; mais il ne pré- sente d'ailleurs aucune ouverture pour * ^mlios , dans l'île de Chjprej s-erpent d'o- reille j dans l'Inde. T. 1//1 ^ 7V j^ .7\r(/ 020 ■ ^LE JLOMBRIC . 2. SERPENT MON STRl^EUX à ^/.^ 'rè/e^. S p no au et J- D E s A N G U I s. 32t a gueule : ce n'est qu'au - dessous du inuseau , et à une petite distance de cette extrémité , qu'on apperçoit une petite bouche dont les lèvres n'ont que deus: ligues de tour dans le plus grand mdivida les lombrics conservés au Cabiuet du roi. La mâchoire inférieure, plus courte que celle de dessus , s'applique si exactement contre cette mâchoire supérieure , qu il faut beaucoup d'attention pour recou- aoître la place de la bouche lorsqu'elle est feraiée. Nous n'avons pu voir des dent» dans aucun des lombrics que nous avons examinés * ; mais nous avons remarqué ians tous une petite langue appliquée et comme collée contre la mâchoire supé* rieure. Le corps entier du lombric est presque cylindrique, excepté à l'endroit de la tète qui est un peu applati par-dessus et par- dessous. Ce serpent est entièrement re- couvert de très-petites écailles, très-unies et très-luisantes , placées les unes au-des- * Le lombric étoit regardé, à la Jamaïque, comme venimeux ; mais Brown elli qu'il n'a jamais pu cousiaier l'existence du veain de ce repule. 322 HISTOIRE NATURELLE sus des autres comme les ardoises sur les toits , toutes de mémo forme et de même grandeur, tant sur le ventre que sur la queue et sur le dos , et présentant par- tout une couleur uniforme d'un blanc 'livide , de telle sorte que le dessous du €orps n'est distingué du dessus ni par la forme , ni par la position , ni par la cou- leur des écailles. Le museau est couvert par-dessus de trois écailles un peu plus grandes que celles du dos , et placées à côté l'une de l'autre, et trois écailles sem- blables en revêtent le dessous au-devant de l'ouverture de la bouche. L'anus est situé très-près de l'extrémité du corps , dont il n'est éloigné que d'une ligne et demie dans un des ind).vidus que nous avons décrits. Cette ouverture , faite en foriiie de fente très-étroite , n'avoit , dans cet individu , qu'une demi-ligne de longueur , et ne pouvoit être appercue que lorsqu'on plioit le corps de l'animal du côté opposé à celui où étoit l'anus. La très-courte queue du lombric est termi-* née par une écaille pointue et dure ; la 2nauière dont nous l'çivons vue repliée DES A N G U I S. 3^3 ians plusieurs anguis de cette espèce, et a force avec laquelle elle étoit roidie, linsi que le reste du corps , prouvent la •acilité avec laquelle le lombric peut se tourner et se plier en différens sens. Nous ignorons jusqu'à quelle grandeur es lombrics peuvent parvenir. Le plus rand de ceux que nous avons vus, avoit uit pouces onze lignés de longueur , et deux lignes de diamètre dans Tendroit le plus gros du corps. Il avoit été apporté de l'île de Chypre sous le nom d'anilios. Mais ce n'est pas seulement dans cette lie qu'il habite ; on le trouve aussi aux grandes Indes , d'où on a envoyé au Ca- 3inet du roi un très -petit serpent long de quatre pouces neuf lignes , et n'ayant pas une ligne de diamètre , mais qui d'ail- leurs est entièrement semblable au lom- bric, et qui évidemment est un jeune animal de la même espèce. 11 est arrivé sous le nom de sefjienl d'oi'eille : nous ne savons pas ce qui peut avoir donné lieu à cette dénomination. La conformation du lombric , la grande facilité qu'il a de se replier plusieurs fois 224 HISTOIRE NATURELLE.- sur lui-même, et celle avec laquelle il peut s'insinuer clans les plus petites cavi- tés , doivent donner à sa manièrqde vivre beaucoup de ressemblance avec celle de Torvct, dont il se rapproche à beaucoup d'égards , ainsi qu'avec celle de plusieurj^ vers proprement dits , que l'espèce du | lombric lie, pour ainsi dire, à l'ordre des ' serpens par de nouveaux rapports , et par- ticulièrement par la petitesse de son anus, " ainsi que par la position de sa bouche. CINQUIÈME GENRE. S E R P E N S Dont le corps et la queue sont entourés d'anneaux écai/lcux\ AMPHISBÈNES. L'ENFUMÉ*. lr.est très-facile de distinguer les am- 3liisbènes de tous les serpeus dont uous avons déjà parlé: non seulement ils n'ont Tpoint de plaques sous le corps ni sous la queue , mais les écailles qui les revêtent sont presque quarrées , plus ou moins * Ibijara, par les Brasiliens; Zo^Z/jr ,- cega , cohre vega , et cobra de las calecas , par les Por- ugais. Scrptns, IV. il S 326 HISTOIRE NATURELLE régulières , disposées transversalement , et réunies Tune à côté de l'autre, de ma- nière à former des anneaux entiers qui environnent Tanimal. Le dessus et le des- sous du corps et de la queue se ressemblent si fort dans les ampliisbènes , que , lors- que leur tête et leur anus sont cachés , Ton ne peut savoir s'ils sont dans leur position naturelle ou renversés sur le dos; on pourroit même dire que , sans la posi- i tion de leur tête et celle de leur colonne vertébrale , plus voisine du dessus que du dessous du corps , ils trouveroient un point d'appui aussi avantageux dans la portion supérieure de ces anneaux que dans l'inférieure , et qu'ils pourroient éga- lement s'avancer en rampant sur leur dos et sur leur ventre. Mais s'ils sont pri- vés de cette double manière de marcher par la situation de leur tête et par celle de leur colonne vertébrale , cette forme d'anneaux également construits au-des- sus et au-dessous de leur corps leur donne une grande facilité pour se retour- ner , se replier en différens sens comme les vers, et exécuter divers mouvemen* DES AMPHISBÊNES. 2ij interdits aux autres serpens. Trouvant cPailleurs dans ces anneaux la même résistance , soit qu'ils avancent ou qu'ils reculent , ils peuvent ramper presque avec une égale vitesse en avant et en arrière ; et de là vient le nom de double- marcheur ou à^ amphishène qui leur a été donné. Ayant la queue très-grosse et ter- minée par un bout arrondi, portant sou- vent en arrière cette extrémité grosse et obtuse, et lui faisant faire des mouve- mens que la tête seule exécute commu- nément dans beaucoup d'autres reptiles, il n'est pas surprenant que leur manière de se mouvoir ait donné lieu à une erreur semblable à celle que les anguis ont fait naître : on a cru qu'ils avoientdeux tètes, non pas placées à côté l'une de l'autre , comme dans certains serpens monstrueux, niais la première à une extrémité du corps , et la seconde à l'autre. On ne s'est pas même contenté d'admettre cette con- formation extraordinaire ; on a imaginé des fables absurdes que nous n'avons pas besoin de réfuter. On a cru et écrit très- iérieuseuient que lorsqu'on coupe un 323 HISTOIRE NATURELLE ampliisbène en deux par le milieu du corps, les deux têtes se cherchent luu- tuellement ; que lorsqu'elles se sont ren- conlrées, elles se rejoignent par les extré- mités qui ont été coupées, le sang ser- vant de glu pour les réunir ; que si ou les coupe en trois morceaux , chaque tête cherche le coté qui lui appartient , et que lorsqu'elle s'y est attachée , le serpent se trouve dans le même état qu'avant d'à- ( voir été divisé ; que le moyen de tuer un I amphisijène est de couper h s deux têtes avec une petite partie du corps, et de les sus])endre à uii arbre avec un cordeau; que mênif cette manière n'est pas très- ^ . sure ; que lorsque hs oiseaux de proie ne Jes mangent point , et que le cordeau se pourrit, l'amphisbène, desséché par le soliil , tombe à terre ; qu'à la première i pluiv qui survient , il renaît par le secours de l'htimidiié qui le pénètre; que, pai une !-uite de cette propiiéié, ce serpent réduit en poudre est le meiiieur spécifique pour réunir et souder les os cassés, etc. Coîul'ien d'idées ridicules le défaut de lu- mières et le besoin du merveilleux n'ont- ils pas fait adopter ! DES AMPHISBÈNES. 32^ L'espèce de ces aiiipliisbèiies la plus anciennement connue est celle de Ten- fumé. Le nom de ce serpent lui vient de sa couleur , qui est en effet très-foncée, î presque noire , et variée de blanc. II par- iaient communément à la longueur d'uu ■pied ou deux; mais sa queue n'excède presque jamais celle de douze ou quinze lignes*. Ses yeux sont non seulement très-petits , mais encore recouverts et comme voilés par une membrane : c'est cette conformation singulière qui lui a fait donner , ainsi qu'aux anguis , le nom de serpent aveugle , et qui établit un nou- veau rapport entre ce reptile et les mu- rènes , les congres, et les anguilles, qui d'ailleurs ressemblent , à beaucoup d'é- gards , aux serpens , et que l'on a quel- quefois même appelées serpens d'eau. L'enfumé habite les Indes orientales , particulièrement l'île de Ceylan : on le rencontre aussi en Amérique. On ignore «ne grande partie de ses habitudes ; mai* l'on sait qu'il se nourrit de vers de terre , * On compte orflinairemeiU deux^. cents anneaux çur le corps de l'enfuméj et U'^2alc sur sa queue. a'i. 33o HISTOIRE NATURELLE> de mollasses , de divers insectes , de clo- portes , de scolopendres , etc. 11 fait anssi- la guerre aux fourmis , dont il paroît qu'il aime beaucoup à se nourrir. Bien loin de chercher à détruire ou diminuer son espèce, on devroit donc tâcher de la multiplier dans les contrées torrides , si souvent dévastées par des légions innom- brables de fourmis , qui s'avancant en colonnes pressées , et couvrant un grand espace , laissent par-tout des traces fu- nestes que Ton pren droit pour celles de la flamme dévorante. L'enfumé fait aisé- ment sa proie de ces fourmis ainsi que des vers , des larves d'insectes , et de tous les petits animaux qui se cachent sous terre , la faculté qu'il a de reculer ou d'avancer sans se blesser lui donnant, ainsi que sa conformation générale , une très - grande facilité pour pénétrer dans les retraites souterraines des vers , des fourmis et des insectes. Il peut d'ailleurs fouiller la terre plus profondément que plusieurs autres serpens , sa peau étant très-dure, et ses muscles très-vigoureux. Quelques voyageurs ont écrit qu'il éloit DES AMPHISBÈNES. 33i: venimeux ; uovis avons trouvé cependant que ses mâchoires n'étoieut garnies d'au- cun crochet mobile. On voit au-dessus de son anus huit petits tubercules percés à leur extrémité , et qui communiquent avec autant de petites glandes ; ce qui lui donne un nouveau rapport avec le bipède cannelé ^ , ainsi qu'avec plusieurs espèces de lézards ^. * Voyez l'article du hipède cannelé y à la suiie de l'Hisioire naturelle des quadrupèdes ovipares, * L'enfumé a le dessus de la tête garni de six grandes écailles placées sur trois rangs. 332 HISTOIRE NATURELLE. LE BLANCHE T. VJF.T anipliisl-ène difïèie principalement de celui que nous venons de déciire par le nombre de ses anneaux et par sa cou- leur: il est blanc, et souvent sans aucune taclie. f.e dessus de sa téic est couvert , ainsi que celle de renfuiné , par six grandes écailles disposées sur trois rangs , dont chacun est compo^^é de deux pièces. On cojupie eommunéinent deux cent vingt-trois anneaux autour de son corps , et seize autour de sa queue. On voit au- dessus cl< l\ uverlure de Tanus huit tu- bercules semblables à ceux que présente l'en fumé , mais moins élevés et inoins grands. Un blanf liet conservé au Cabinet du roi a un pied cinq pouces neuf lignes de longueur totale, et sa queue n*est lon- gue que d'un pouce six lignes. Nous n'a- vons pas vu de crochets mobiles dans les blauchets que nous avons examinés. 70 /;i . a ■ JVjo An/ 5 ^>2 . . %1 j 1 V f 1 ' '^^^^^BBSi^' 1 1 » 2 bxa:nchi:t . X.IBTARÎ1 . J j~->(iiiqiicT c-^ SIXIÈME GENRE. SERPENS jDoiit les côtés du corps présentent une rangée longitudinale de plis. C Œ C I L E S. L M B I A R E. Xj A forme de ce serpent est cylindrique; im individu de cette espèce , décrit par M. Linné , avoit un pied de longueur , et éloit épais d'un poiîce. L'ilnare paroît n'être couvert d'aucune écaille; on re- niai que cependant sur son dos , de petits points un peu sailians dont la nature pourroit approcher de celle des écailles. Le museau est un peu arrondi ; la ma-» 334 HISTOIRE NATURELLE choire supérieure , plus avaiicée que Tin- férieure , est garnie auprès des narines de deux, petits barbillons ou tentacules très-courts et à peine sensibles ; ce qui donne à Tibiare un rapport de plus avec- plusieurs espèces de poissons. Ses yeux 1 sont très-petits , et recouverts par une membrane , comme ceux de quelques autres serpens , et de plusieurs poissons. de mer ou d'eau douce. Sa peau est plissée de chaque côté du corps , et y forme communément cent trente - cinq rides ou plis assez sensibles. Sa queue est très-courte ; elle présente des rides annu- laires comme le corps des vers de terre appelés lombrics. On le trouve en Amé- rique. Il est à désirer que les voyageurs observent ses habitudes naturelles. D E s C Œ C I L E s. 335 LE VISQUEUX. JETTE espèce de cœcile habite les Indes* Elle a les yeux encore plus petits que ribiare, et ses côtés présentent un plus grand nombre de plis : on en compte trois cent quarante le long du corps , et dix le long de la queue. Sa couleur est brune , avec une petite raie blanchâtre sur le* côtés. SEPTIEME GENRE. S E II P E N S Dont le dessous du c^rps présente de grandes plaques , sur lesquelles on voit ensuite des anneuu.r écailleux , et dont l'extrémité de la queue est garrie par-dessous de très-petites écailles. L A N G A H A. LANGAHA DE MADAGASCAR. JVl. Brugnière , de la société royale tic ■Montpellier , a publié le premier la des- cription de ce serpent qu'il a observé dans rîle de Madagascar. Cette espèce réunit trois caraclèrciT remarquables i Tuu , de» ToTU ^ J"/ jù\7' diverses espèces de ser- lôy. pens III, 122 et suiv. Chair des tortues fran- Carapace des tortues, I, ches femelles , 1 , l3l. io5 et suiv. Chalcide (lézard) , Il , Carénée (coulcuvre)5lV, 172. 3it Chaleur (la) est néces.- DES MA saîre aux crocodiles , I, 295. Çl]aleur(clifFéreace de la) sur lesserpens, m, 8r . Chapelet (couleuvre), IV, 97. CLasse du crocodile , I , 296. Chatoyante (couleuvre), IV, "^180. Cbayque ( description du) , III, 291. Chersea (vipère), III, 282. Cigognes (les) sont en- nemies des serpens , IV, 160. Classes, I, 86. Coassement des gre- nouilles, II, 260. Cobel (couleuvre) , IV, 149. Cœciles (caractères dis- tinctirscles),IV,333. Cœur (le) des quadru- pèdes ovipares n'a qu'un seul ventricule, 1,64; II, 256. T I È R E S. 371 Coffre (tortue), I, 162. Collier (couleuvre à), 111,336. Colubriu (serpent), IV, 3o5. Colubro uccellatore y (couleuvre) , III, 334. Conformation des ser- pens, III, 44 et sui- vantes. Coniinens, III , 61. Contrées équatorjales où on rencontre ces énor- mes reptiles, l'effroi des voyageurs , IIX , 66. Coquillages , I, i6r. Corallin (serpent) , III, 294. Cordyle (lézard) , II , 33. Cornu (crapaud), II, 371. — (l'auguis) , IV, 307. Cornus , sei*pens de ia côte d'Or, III, 252. Coromandel. Grandeur d'une tortue grecque 372 T A apportée de Coroman- dtl , I , 21iO. Cotes. La plupart des siilaraandres , les gre- nouilles, les crapauds et les raines^ sont dé- pourvues de côtes , I, 62. Couguar , I, 298. Couleur de la chair des tortues franches , I , 141. — -de lait (raine), II, 322. — • de feu (crapaud), II, 36i. Couleurs, III, 129. Courage, 1 , 294. BLE Couresse ( couleuvre ) , IV, i38. Courte-queue (tortue) , I, 237. Crapaud commun, II, 329. Créie-écailleuse, I, 334 et suiv. Criard (crapaud) , Il , 375. Crocodile , 1 , 252 et sui\autes. — noir , 1 , 304. Crocodilea 3 excrémens du stellion, II, 91, 92. Crystaux , IV, 76. Cuirassée (couleuvre) , IV, 93. D D A B O I E ( serpent ) , Décolorée (couleuvre) , IV, 107. IV, 83. Daiiics (couleuvre des) , Demi-cOilier(couleuvre), IV, 28. IV, 23. Dard ( serpent), IV, Dentelée (tortue ),Ij 154. 23l. DES MATIÈRES. 878 Dents. Forine el noiiibre Dioiie (couleuvre) IV de deuls de la dra- 95, gone, 1,319. I)i;>e (serpent), III, ' — du deviu, IV\ 2o3. ojq. ~ crocluies , mobiles et Di que. Le milieu de la à venin de la vipère carapace des tortues commune, III, 202. s*ap] elle disque, I, Dépouille d'un serpent, 107. Iv, ïo. ' Di\ isKin des couleuvres, Dépouillement des cjua- III, 122, 128. drupèdes ovipares , I , Division des lézards , I, 80 et suiv, 248 et suiv. — (temps du) de la vi- Domesticité, 1,94, i85, père comn une , III, 2i5; 111,78. ■220. Domesiique^couleuvre), Développement des tor- JV, 120. tues,l, 144. Don;iua:eurs (les quatre — des serpeiis, III, 67, grands), 1 , 268. 58. Doré (lézard), II, Io5. Devin (serpent), IV, Double-raie (lézard), II, 198. 129. Dbara (couleuvre), IV, — (couleuvre), IV, 70. 125. Doub!e-tache (couleu- Digestion. Dans la plu- ^'C')» ^^1 7^- part dts serpeus , la Dragon (lézard), II, digestion est très- 177. longue, m, 90, çji. Dragonne, I, 3i6. 52 374 TABLE Dryinas (serpent), IV, Dnrissus (serpem) , IV, 283. 284. Durée de la vie, I", 96. Eaux. Les grauds'scr- Eîeclrique (feu), III, peus attendent'- leur 82. proie sur le bord des Emblème de la candeur eaux, III, 99- et de la confiance. Écaille-verte (tortue) , I, imaginé par les an- 154. ciens, IV, y8. Ecailles des tortues, I, Enfumé (1*), IV, 325. 107 j III, 43, 127 et Engourdissement, III, suivantes. 81. Écrivains sacrés (le ser- Ennemis du crocodile, peut employé comme I, 298. symbole par les) , III, Eny dre , IV, 249. 106 et suiv. Epaule - armée ( gre- Égypte (vipère d') , III, nouille) , II, 294. 246. Eryx (serpent),IV,3ûT. Égyptiens. Opinions des Eschyle,!, 236. Egyptiens relative- Esculape, couleuvre, IV, mentaux serpens, m, i3. io3 et suiv. Espadons , ennemis des Elasticité des diverses tortues franches, 1, portions du corps des l36. serpens, 111, 53. Espccest Nombre des DESMATIÈRES. 375 espèces de serpens , Etangs , I, 186. III, 42 et suiv. Eteruilé, 111 , 84. Fécondité, I, 90. Folle, sorte de filet, I, Fer-à-clieval (sei-pent) , i35. IV, T76. Force (très-grande) des Fer-de-Iance (vipère) , tortues franches, I, III, J04. 189. Fil (le), serpent, IV, — desserpens, III, lor. 85. Formes, I, 83. Fluide électrique, III, Fouette-queue (lézard), 65, 66. I, 3i2. Flûteuse (raine), II, Froid, I, 78. 3^3. GalÉote (lézard), Geckote, II, 144. I, Syr. Genres (les huit) de ser- Galonné (lézard), II, pens,III, 114. 44. Géométrique (tortue), Qalonnée (grenouille) , I, 224. II, 304. Glandes, III, 91. — (couleuvre), III, 5t. Glotte, I, iSy. Gavial, I, 3o6» Goitreux (lézard), II, Gazelles (les), 111,99. 128. Gecko, II, i35. — (crapaud), II, 365- 376 T ^ R L E Goût (le) des serpens , Grenouille commune, m, 75. ii,25i. Graisse, III, 47. — ccai!!eiise, II. 3o5. Grandeur des IJzards, Grrnouil'es, 1 , 71. I, 246. Griïon (lézard), II, 82. — des serpeuE, Ilî, 56, — (serpent), IV, 48. 57. Groin ^ serpent ) , IV, Grecque ( ^orii^c ) , I , 244. 206. Grouovins, IV, y, Tc»7* Grecs (opinions ('es) sur Grosse-lêie ^couleuvre), les serpens, III , 104. IV, iJ6. H Habitudes des qua- Hexagone (lézard) , II, di-uptdes ovipares, 1 , 36. 85, 245 et suiv. Hipnale, IV, 23r. Haemacba'e , III, 298. Hoazin, faisan ennemi Haje, IV, T22. des serpens, IV, 160. Haunarch acsudcd , IV, Hoscik, IV, i2'6. 129. Huile de loi-lue,I, l33, Hébraïque (couleuvre) , 160. 111,28,. «umidiié, I, 66; III, Hécate (tortue) , 1 , 220, 65. 237. Hjdre , IV, 91. DES MATIÈRES. ^77 I Jackie, II, 3o2, Imagination , 1 , 84. Jaune (tortue) , 1 , 197. Indiens , III , 108 , en — et bleue (couleuvre), note. IV, io3. — et brun (Tanguis), IV, 3io. Ibiare, IV, 333. Ibibe, IV, 178. Ibiboca , IV, 184. Ibis (les), ennemis des serpens, IV, 160. Iguane , 1 , 343. Insectes , I , i85 , 2i5 ; IV, 62. Instinct des serpens, III, 74- Intelligence , III, 89. Joufflue, IV, 3a, Jupiter (serpens consa- crés h) , III , 264. Lacté, III, 292,. Langaha , IV , 336. Langue des serpens, III, 75. — de la vipère , III , 216. Laphiati, IV, x55. Large-doigt, I, 339. — tête, IV, 195. Léberis, III, 321. Lcbetiu , III , 288. Légèreté spécifique des tortues franches , I , i38. Lézard de Seba , II , i58. — bleu d'Edwards , I , 375. '^— cornu, II, 46. -—gris, 11,5. S-2 378 TABLE liczard quetz-paléo, II, Longueur des reDtlles , 5o. III , iSz. — verd, II, 19. Luueltes (le serpent à). Lézards , 1 , 245. ou le naja, 111,264. Lieu(serpent),IV, 166. du Pérou, IH , Lion (lézard) , II , 42. 285. Lisse (couleuvre), IV, du Brésil, -III , 5. 287. Lombric (le), IV, 820. Luih (tortue) , I, 172, Long-nez fie), IV, 817. Luirix (serpent) , IV, Longueur des crocodiles, 25. 1 , 283. M M A B O U Y A , II , 96. Mâchoires(longueur des) Machine animale, I, de la vipère, III, 217. 78. Malpole (serpent), IV, Mâchoire des tortues , 66. I, 106, 1 58. Marbré (lézard), II, ■— (la) inférieure du Ii5. crocodile est seule mo- — (crapaud) , II , 374. Me , I, 266. Marmotte, I, 77. Mâchoires (longueur des) Mati;a-es brutes (durée du crocodile, 1,254. des),^, 98. t des serpeus , HI , Maure (couleuvre) , IV, 92. 123. DES MATIÈRES. 879 Mélanis (couleuvre), III, Monstruosités, I, 249; 240. IV, 346. Mexicaine (couleuvre) , Mouchetée (couleuvre) , IV, 160. IV, 140. Mexicains , III, io5. ]\Iud ivguana. Grande Migration des tortues larve, II, Syç. franches, I, 148. Muet (serpent), IV, Miguel (serp.),IV, 3o8. 25o. Miliaire (couleuvre). Mugissante (grenouille), IV, 61. II, 296. Millei(serpent),IV,28i. Mugissement des croco- Miniuie (couleuvre), diles, I, 291. IV, 59. Multiplication des lor- Minerve (couleuvre de), tues franches, I, 146. IV, 55. Muqueuse (couleuvre) , Molle (tortue), I, 200. IV, ^9. Molure (couleuvre), IV, Musc, I, Soi. 68. Musique, I, 178. N Nageur (serpent), III, Nébuleuse (couleuvi-e) , 346. IV, 164. Nasicorne, I, 164. Noirâtre (tortue), 1,243. Nasique (couleuvre),IV, Noire (vipère), III, 289. i32. — et fauve (couleuvre) , Nature, I, 99 et suiv. iV, i56. 38o TABLE Noins. En Msioire na- jcis se ressemblent ^ lurelle, lorsque les I, t68. noms sont les mêmes, Nourriture, III, go. on n'es U|ue trop porté Nuances, I, d^, à croire que les ob- o Odeur, I, çS, î6o. dabolquira, IV, 271. Odoi-ai, 111,74. Orangée (raine), II, Œu . Tous les serpens 32,5. viennent d'un œuf, Ordre (T) des serpens m, 68. est tr s - nombreux , Œu^s, I, 91 et suiv., III, ii3. 126 et suiv.,204, 217, Orfraie, I, 235. 35i ; If, i3; 111, Orvet ( serpent) , IV, 69 ei 222; IV, 229. 292. — du crocodile, I, 277 Ouïe des serpens, III ^ et suiv. 74. Ongles de la tortue, T, Ovipare. Propriété que 209. cette expression dë- Opl.rie (r),IV, 248. signe, IIL 68 en note. Orages Jes I paroissent Ovivore (couleuvre}, IV, augmenter l'activité 175, DES MATIÈRES. 38i P P A D È R E (couleuvre) , Piscivore (le) , IV, 286. IV, 42. Planches, III, 184 en Pâle (couleuvre) , IV, notCi 64. Plastron des tortues, I, Parties sexuelles d'une 107. \ couleuvre ibiboca mâle, Plature (la), IV, Sig. IV, I}j5. Plissé (lézard) , II, 84. Patie-d'oie (grenouille) , Poids des tortues, I, II , 298. 109. Pattes des lézards, I, Poissons, I, 148. 246. Ponctuée (salamandre) , Peau des quadrupèdes II , 2J5. ovipares, I, 84. — (couleuvre), IV, 145J Peintade (la), IV, 3o2. Ponte, I, 126, 277. Pclie (le), IV, 84. Porte-crête (lézard), I, Perlée (grenouille) , II, 365. 3oo. Pouce des lézards , I, Pétalaire (couleuvre), 246. IV, 57. Poumons des serpens, Pétole (couleuvre), IV, III, 49. iJ^y* Proie, III, 92 et suiv. Pétrification de croco- Prunelle des serpens , dile, I, 296. III, 75. . Phalanges des doigts des Psylles, III, 261. lézards, I, 246. Pustuleux (crapaud), li^ Pipa ( crapaud ) , II , 864. 2^7' Pyramide, I,3o3. 38î TABLE Q i Quadrupèdes ovipares , I , 42 et suivauies. — - — qui n'ont pas de queue, II, 2.44 et suiv. Qualités dans les ser- pens, m , io3. Quatre-raics ( salanaan- dre), II, 236. Quatre-raies fcouleuvre), IV, II. Que;z-paléo ( lézard ), II, 5o. Queue des lézards, I 246- — bleue , II , 7g. — lancéolée , IV, 3i2. — plaie 5 I V, 44. R Haboteuse (tortue) , I, 22g. jRaie (peau de) dessé- chée , et décorée du nom. de basilic , I , 36r. Haine verte, II, 809. liativore (le), IV, 23g. Rayée (couleuvre) , IV, 65. Bayon verd (crapaud), II, 354. Eefkts du boiga, IV, j 75. Régine (couleuvre), IV, 37. Remèdes contre la mor-| sure des vipères, III J 207 el suiv. Reptile, III, 41, 42. Requin , I, i36. Réseau (le) , IV, 3og. Respiration , I , 64 III, 48. DES MATIÈRES. 383 Èéticulaire (gi-eiiouille), Rougeâtre (lorLue), I, II , 292. 194* — (couleuvre), IV, 190. Rouge-gorge (lézard), Retraiie, I, 87. II , I2z. Rhomboïdale (couleu- — (couleuvre), IV, i3o. vre), IV, 62. Rouleau (le), IV, 3o3. Ronde (loriue) , I, iTS. Roussâtre (tortue), I , RonHenient (sorte de) 241. attribué aux tortues Rousse (la) , IV^ 194. ' fraucties, I, iSy. Rubanc'e (la), IV, i58. Roquet, II, 118. Rude (couleuvre), IV, Rouge (raine), II , 327. 48. — (vipère), IV, 3i3. S Salamandre ter- Scbjiale (le), IV, 247. restre,II, 187. Scbyihe (couleuvre), -^ à queue plate , II , III , 245. 211. Scorpion (tortue), I, Salamandres, I, 25o. 195. — terrestres , II , 187. Sciuque', II , g3. Sang, I, 77; m, 47. Sens, II, 257 5 m, 74. Sarr oubé , II , 237. Sensations , 1 , 94. Saturnine, IV^, 81. Sensibilité, 111,77. Saurite (le), IV, i65. Seps (le), II, 160. Sauriiin , 1, 369. Serpent (pierre de), III, Schokari, IV3 127. 280. 384 TABLE Serpent à queue appla- Sirtale , IV, i68. tie, IV, 3i2. Siiule, IV, ii5. ' — monstrueux à deux Société ,1, 87; III, 80» têtes , IV, 343. Sombre, IV, 80. Serpens, III, 40. Sommeil, III, 8r. — à sonnette, IV, 262. Sonnette, IV, aSg. Serpenteaux, ITI , yS. Sourcilleux, 1,333, Sex-pentine (tortue), I, Sputaieur, II, i3o. iq3. Siellion , II , 89. Shehopusik, II, 388. Strié (lézard), II, ii^i Sibon, IV, 12,4. Striée (couleuvre) , IV, Sifïlemens des serpens , 143. m, 95, 96. Subsistance, I, 86. Sillonné (lézard), I, Suisse (couleuvre), IVj 342. 182. Sipède, IV, 162. Symétrique (couleuvre)» Sirène laceriine. Voyez IV, loi, Bîudinguanaj II, 379. T Tabac (le) en poudre Tapaye , II, m, est presque toujours Tapirer, II, 327. mortel pour le lézard Téguixin , II , 126. gris, II, II. Terrapène (tortue), I, Table méthodique, III, 191. i36. Terre. Lorsque le cro- Tachetée (couleuvre), codile est à terre, il IVj 186. est plus embarrassé D E s M A ^ans ses mouvemens, 1,288. Têtards , II, 269 et suiv. Tête. La tortue peut vi- vre quelque temps aprës avoîi- eu la tête coupée, I, 186^ m , 53. — fourchue, I, SSy. — noire, IV, i5o. — plate ,11, i5o. — rouge (lézard) , II', 48. — triangulaire, III, Slj. Tigrée (couleuvre), III, 322. Tigres, III, 100. Tortue à boîte, I, 247. — franche, I, 114. — grecque , T , 206. Tortues, 1 , 102. — (les pieds des) ma- rines ressemblent à ties nageoires, I , ïio. -—= terrestres, I, 21g. T I È 11 E S. 365 Toucher des serpeus , III , 75. Trachée artère des ser- pens, III, y5. Trait (le) , IV, 3o6. Traits (divers) des ser- pens, III , m. Très-blanche ( couleu- vre) , III , 3oi. Triangle ( couleuvre ) , IV, 188. Triangulaire ( lézard ) , II, 127. Triple-rang , IV, 189. Triscale, IV, 49. Trois-doigts ( salaman- dre), II, 241. Trois-raies , IV, 106. Troupes de crocodiles, I, 293. Tubercules de l'iguane , du lézard , etc. 1 , 349 ; 11,8; IV, 332. Tupinambis , 1 , 326. Tjphie, IV, 35. Tyrie, IV, 116. 38ô TABLE. 92, Va M P u M , IV, 147. serpens , IIÏ , 85. Variété des serpens, III, Vieillesse des serpens , 59 ,60. III , 87. Varre, ou harpon, 1, 134. Violette (couleuvre), IV, Venin , 1 , 98. — des serpens , III , 196 et suiv. Verdâire (^couleuvre ) , IV, 173. Vermillon (tortue), I, 284. — (crapaud) , II , 352* Verte (couleuvre), IV, 172. — et bleue (couleuvre), IV, 164. 22r. P^ipera di secco y IV, 10. Vipère, HT, 196. — d'eau, III, 846. — commune, III, 196 et suiv. Vipères , III , 68. — communes (les) peu- vent passer plusieurs jours sans manger , III , 219. — et jaune (couleuvre) , Viscères des serpens j III, 023. m, 49. Vertèbres, I, 63. Visqueux, TV, 335. Vessie , I, 63, 108. Umbre, II, 83. Vessies aériennes ,1,187. Voracité, I, 290. — à air, II , 261. Vue (la) des serpens est Vie. Durée de la vie des très-percanle, III, 75, Zone torride, I, 74. Zones (couleuvre à), IVj l<;2.