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NATURELLE DES SERPENS. TOME SECOND: ROCCO ! S T O IR E NATURELLE D'AREPR PERS Par M. LE oise DE LA CÉPÈDE, GARDE du Cabinet du Roi : 5 ice die & Sociétés Royales de Dijon, Lyon, Bordeaux, Touloufe, Metz, Agen, Stockolm, Hefle-Hombourg, Hefle-Cafel, Munich, &c. TOMESECON D. 4 PARIS: DE THOU, RUE DES POITEVINS, re mb HOTEL == M DCC. LXXXIX. ù Sous 1E PRIVILECE DE L_ ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES db }} Hi A eu 43 YHrod ob " = = mena a 2 nr on nt: (as ki ANR ‘ 3e" ETS TT i + { ÉLOGE DU COMTE DE BUFFON. J: PRÉPAROIS ce nouveau volume entrepris pour com- pléter l'Hifloire naturelle, publiée avec tant de fuccès par le grand homme qui faifoit un des plus beaux ornemens de la France, lorfquil a terminé fa glorieufe carrière. Toutes les contrées éclairées par la lumière des fciences , après avoir retenti pendant fa vie des applaudiffemens donnés à fes triomphes , ont répété plus haut encore après fa mort, les accens de l'adnuration, auxquels fe font mêlés ceux des regrets; & la poftérité a commencé, pour ainfi dire, de couronner fa ftatue. Au milieu de tous les hommages rendus à fa mémoire, que ne puis-je faire entendre une voix éloquente qui redife fon éloge dans le fanétuaire même confacré par fon génie à la fcience quil chérifloit ! és Lorfque Platon quitta fa dépouille mortelle pour s'élever à l'immortalité , fes difcipies en pleurs fe raflem- blèrent fur le promontoire fameux (2), voifin de la célèbre Athènes , où ils avoient fr fouvent entendu cette voix impofante & enchanterefle ; ils répétèrent leurs tendres (Ça) Le Promontoire de Sunium, Il ef décrit & repréfenté dans le Voyage dujeune ; Anacharfs. Tome II. a PU nes cena ven PO Ga een plaintes fur ce même rocher antique contre lequel venoient fe bnifer les flots de la mer agitée, & où leur maitre affis comme le maître des dieux fur le fommet du Mont Olympe, leur avoit fi fouvent dévoilé les fecrets de la fcience & ceux-dela vertu. :Îls confacrèrent ce Mont à leur père chéri; üs en frent, pour ainf dire, un lieu faint : & pour charmer Âeur peine , diminuer leur perte, & fe retracer avec plus de force les vérités fublimes qu'il leur avoit mon- trées , ils chantèrent un hymne funèbre, &peignirent dans leurs chants triftes & lugubres & fon génie & leur douleur. Que ne pouvons-nous aufr, nous tous qui confacrés à l'étude de l'Hifloire naturelle, avons recu les leçons, avons entendu la voix du Platon moderne, chanter en fon honneur un hymne funéraire ! Raflemblés des divers points du globe où chacun de nous a confervé cet amour de la nature qu'il favoit infpirer fi vivement à fes difciples, que ne pouvons-nous pénétrer tous enfemble Jufqu'au milieu des plus anciens monumens élevés par cette nature puiflante, porter nos pas vers ces Monts fourcilieux dont les cimes toujours. couvertes de neiges & de frimats, dominent fur les nuées & femblent réunir le ciel avec la terre! C'efl fur ces mafles énormes, fur ces blocs immenfes de granits, que les fiècles ont attaqués envain & qui feuls . paroiffent avoir réfifté aux combats des élémens , & àtoutes es révolutions éprouvées par le globe de la terre, c'eft fur D 'ESNUNFIEOUN. à ces tables refpeétées par le temps que nous irions graver le nom de Buflon : ceft à ces antiques témoins des anti- ques bouleverfemens de notre planète, que nous irions confier le fouvenir de nos regrets & de notre admiration : tout autre monument feroit trop périflable pour une aufli Jongue renommée. | Élevons- -nous du moins par la penfée au-deflus de ces rocs efcarpés» avançons fur le bord des profonds abîmes qui les entourent, & parvenons jufqu'au fommet de ces monts entaffés fur d'autres monts, La nuitrègne encore; au. cun nuage ne nous dérobe le frmament; l'atmofphère 1a plus purelaiffe refplendir lesétoiles à nos yeux ; nous voyons ces aftres fixes briller des feux qui leur font propres, & les aftres errans nous renvoyer une douce lumière; ravis d'ad- miration , plongés dans une méditation profonde, nous croyons voir le génie de la nature dans la contemplation de l’univers (a); tout notis rappelle ces vives images pro- diguées par Buffon avec tant de magnificence, ce tableau mobile des.cieux , que dans fa noble audace, il a tracé avec tant de grandeur (4), & debout fur les lieux les plus élevés du globe , nous entonnons un hymne en fon honneur. a: PA TE APP RAT 6 Pa A VA mn à D D A L'ONU (a) Voyez la planche qui fert de frontifpice à la Théorie de la terre de M. de Buffon (2) Tatrodu&ion à PHifloire des Minéreur, par M: de Buffor. ai] ie # ÉL'O'CE Nous te faluons , 6 Buffon , peintre fublime de ce fpeétacte augufle ; toi dont le génie hardi , non content de parcourir Pimmenfité des cieux, & de chercher les limites de l’efpace Ë a vouls remonter jufques a celles du temps (æ). Tu as demandé à la matière par quelle force pénetrante ces aftres immobiles , ces pivots embrafés de l'univers , brélent ‘des feux dont ils refplendiffent. Tu as demandé aux fiècles, par quel moteur puiflant, ces autres aftres errans qui brillent d’une lumière etrangère , & circulent en efélaves foumis autour des foleils qui Les maitrifent, furent places fur la route celefle qui leur à été preférite, 6 reçurent le mouvement dont ils paroïffent animés, “Nous te faluons, 6 chantre immortel des cieux; que le firmament femé d’étoiles, que toutes les clartés répandues dans l’efpace , que tout ce magnifique cortège de la nuit rappelle à jamais ta gloire ! Cependant Ies premiers feux du jour dorent 1 Orient ; l'aftre de la lumière fe montre dans toute fa majefté; il rougit les cimes ifolées qui s'élancent dans les airs, & éuncelle, pour ainf dire , contre les immenfes glaciers qui imvefliflent les Monts. Une vapeur épaifle remplit encore le fond des vallées, & dérobe les collines à nos yeux. Une vafle mer paroît avoir envahi le globe; quel- 4 (a) Article de la formation des Planètes; première & fèconde Vues de la Nature, &e- pa M. de Buffou- MDNE ABS U\F IF ON: $ ques pics couverts de glaces refplendiffantes fe montrent feulement au-deflus de cette mer immenfe dont les flots légers, agités par le vent, roulent en grands volumes, s'élèvent en tourbillons, & menacent de furmonter Îles roches les plus hautes. Nous croyons voir avec Buflon, la terre encore couverte par les eaux de l'Océan, & recevant au milieu des ondes, fa forme, fes inégalités, fes montagnes, fes vallées; & notre hymne continue. : Nous te faluons , 6 Buffon , toi dont le génie après avoir parcouru l’immenfité de lefpace 6 du temps ; a plané au- deffus de notre globe & de fes âges (a). Tu as vu la terre fortant du fein des eaux ; les montagnes fecondaires s’élevant par les efforts accumulés des courans du vafle Océan ; les vallons creufés par fes ondes rapides ; les vegétaux développant leurs cimes verdoyantes fur les premières hauteurs abandonnées par les eaux ; ces bois touffus livrant leurs dépouilles aux flots agités ; les abimes de l’Océan recevant ces dépôts précieux comme autant de fources de chaleur & de feu pour les fiècles à venir, & les plaines de la mer peuplées d’animaux dont les debris forment de nouveaux rivages ou exhauffent les anciens. Tu as vu le feu jailliffant avec v.olence des entrailles de la terre, fur le bord des ondes qui fe retiroient, éevant par Jon effort de nouvelles montagnes , ébranlant les anciennes , (a) Thérie d2 la terre & Époques de la Nature, par M. de Buffon. y 6 | ÉLOGE couvrant les plaines de torrens enflammés ;s @ les tonnerres _ retentiflans, les foudres rapides, les orages des airs mélant leur puiffance à celle des orages intérieurs de la terre, & des tempétes de la mer. G INouste faluons , toi dont les chants ont célébré ces grands objets : que le feu des volcans, que les ondes agirées , que les tonnerres des airs rappellent à jamais ta gloire! Mais la vapeur épaule fe diffipe, & nous laïfle voir des plaines immenfes, des côteaux fertiles, des champs fleuris, des retraites tran quilles ; Ô Nature , tu te montres dans toute ta beauté ! Les habitans des airs voltigeant au milieu des bocages, faluent par leur chant l'aftre bien- faifant fource de la chaleur; l'aigle aliier vole jufqu'au- deffus des plus hautes cimes (a); le cheval belliqueux relevant fa mobile crinière , sélance dans les vertes prairies ; les divers animaux qui embelliffent le globe, paroïflent en quelque forte à nos yeux. Saifs d'un noble enthoufiafme, entrainés par l'efpèce de délire qui s'empare de nos fens, nous croyons nous détacher, pour ainfi dire, de la terre, & voir le globe roulant fous nos pieds nous préfenter fucceflivement toute fa furface. Le Tigre féroce, le Lion terrible régnant avec émpire dans les folitudes embrafées de l'Afrique, le Chameau fupportant la foif (a) Voyez particulièrement, dans l’Hifioire des Quadrupèdes & des Oifeaux , par M: de Buffon, les articles du Cheval, du Tigre, du Lion, du Chameau , del’Eléphant, du Caflor, des Singes, de l’ Aigle, des Perroquets ; de l’Oifeau Moushe, du Kamichi, &c, DE BUFFON. 7 au milieu des fables brûlans de l'Arabie, l'Éléphant des grandes Indes, étonnant l'intelligence humaine par l'étendue de fon inflin&, le Caftor du Canada, montrant par fon induftrie ce que peuvent le nombre & le concat, les Singes des deux mondes, imitateurs pétulans des mou- vemens de lhomme, les Perroquets richement colorés des contrées voifines de l'équateur, le brillant Oïfeau- mouche & le Colibri doré du nouveau continent, le Kamichi des côtes à demi-noyées de la Guiane , rous pañlent fous nos yeux. Rien ne peut nous dérober aucun de ces objets que Bufon a revêtus de fes couleurs écla- tantes ; & au milieu des fujets de fes magnifiques tableaux, nous voyons fur tous les points de la terre habitable , le chef-d'œuvre de la force productrice, homme qui par la penfée, a conquis le fceptre de la nature, dompté les élémens, fertilifé la terre, embelli fon afile, & créé le bonheur par l'amour & par la vertu. Depuis le Pôle fur lequel brille YOurfe, depuis les bornes du vafte Empire de la fouverame de la Néva (a), & cette contrée fertile en héros , où Reïnfberg (b) voit les arts cultivés par des mains (a) C’eft principalement de {a Ruffie , ainfi que de {’Amérique feptentrionale & mé- ridionale, que l’on s’eft empreffé d'offrir à M. de Buffon , les divers objets d’Hiftoire Naturelle qui pouvoïient lintérefler ; il en a reçu de plufeurs Souverains, & fur-tout ee aa one ent au Prince cu de Pruffe. Avec quel plaifr M. de Buffon ne parloit-A pas de fon dévouement pour ce Prince ! Combien ne fe plaïloit-il pas. à rappeller les marques d’attachement qu’il en avoitreçues , ainft qu’à s’entretenir de J’amitié que lui a toujours témoignée la digne Compagne d’un grand & célébre Miniftre du meilleur des Rois ! 8 ÉLOGE DE BUFFON. viélorieufes , jufques aux plages ardentes du Mexique, & aux fommets du Potof, quelle partie du globe ne nous rappelle pas des tributs offerts au génie de Buflon? Nous voyons au milieu del Athènes moderne, ces lieux fameux confacrés à la fcience ou aux arts fublimes de l’élo- loquence & de la poéfie ; ces Temples de la Renommée qui parleront à jamais de la gloire de Buffon, où il a laiffé des amis, des compagnons de fes travaux, un fur-tout, qui, né fous le même ciel, & réuni avec lui dès fa plus tendre jeuneffe , a partagé fa gloire & fes couronnes. Nous croyons entendre leurs voix, & ce concert de louanges, du génie & de l'amitié, retentiffant jufques au fond de nos cœurs, nous nous écrions de nouveau : Nous te faluons, 6 Buffon, toi qui as chanté les œuvres de la creation für ta lyre harmonieufe ; toi qui d’une main habile as grave für un monument plus durable que le bronze, les traits augufles du roi de la nature ; qui l’as fuivi d’un œil attentif fous tous les climats, depuis le moment de fà naiflance jufques à celui où il difparoït de deffus la terre : à ta voix la nature a raffemblé [es différentes produélions ; les divers animaux fe font réunis devant toi : tu leur.as affigne leur forme , leur phyfionomie, leurs habitudes , leur caractere , leur PAYS , leur nom : que par-tout tes chants foient répétés ; que tout parle de toi; Poëte fublime , tu as célébré & vous les êtres & tous les temps. EAP ANA AVERTISSEMENT, P ERSONNE ne fent plus vivement que moi, combien. la mort de M. le Comte de Buffon m'a privé d'un puiflant fecours pour l'Ouvrage dont je publie aujour- d’hui le fecond Volume, &. que je n'aurois jamais entrepris sil ne sétoit engagé à m'éclairer dans la route qu'il mavoit indiquée lui-même en me char- geant de continuer l’Hifloire Naturelle. Quelque temps avant cet évènement funefte aux Lettres, l’un des Coopérateurs de M. de Buflon , l’éloquent Auteur d’une partie de l’Hiftoire des Oifeaux , & du Difcours pré- liminaire de la Collection Académique , avoit été enlevé aux Sciences, & fa mort avoit fait évanouir les grandes efpérances qu’avoient conçues les Amateurs de l’Hiftoire Naturelle, ainfi que lefpoir particulier que j'avois fondé fur fes connoifflances & la bonté de fon caractère. Heureufement pour moi, l’on diroit que plufeurs Naturaliftes de France ou des pays étran- gers, & particulièrement ceux qui viennent d’entre- prendre de grands Voyages pour l’avancement des Sciences, ont cherché à diminuer les pertes que j'ai faites, en m'envoyant ou en me promettant un très- grand nombre d'obfervations importantes. C’eft avec bien de la reconnoïflance que je les remercie ici & É AVERTISSEMENT. des bienfaits que j'ai déjà reçus, & de ceux que je dois recevoir encore. J'ai fait ufage de quelques-unes de ces obfervations dans le Volume que je publie aujourd’hui, & j'emploierai les autres dans ceux qui le fuivront. M. le Marquis de la Billardrie , fuccef- feur de M. de Buffon dans la place d’intendant du Jardin de Sa Majefté , & qui fe propofe de ne rien négliger pour l'avancement des Sciences naturelles , tant par l'étendue de fes correfpondances, que par les différens voyages qu'il pourra faire faire dans les pays les plus intéreflans pour les Naturaliftes, a eu auf la bonté de me promettre les différentes obfer- vations qui lui arriveront direétement , & qui pour- ront être relatives à mon travail. D’ailleurs M. de Bufñon mavoit remis dans le temps, les notes, les lettres & les divers manufcrits qu'il avoit reçus à différentes époques, au fujet des animaux dont je devois publier lhiftoire. Deux mois avant fa mort, il voulut bien me remettre encore tous les manuf- crits & les deflins originaux que feû M. Commerfon , très- habile Naturalifte , a compofés ou fait exé- cuter, relativement aux diverfes clafles d'animaux, pendant fon féjour dans l’Ifle de Bourbon, où il avoit été envoyé par le Gouvernement. M. de Bufon a publié la partie de ces manufcrits qui concerne les Quadrupèdes vivipares & les Oifeaux, & je ferai AVERTISSEMENT. 5 d'autant plus emprefié d'enrichir mon Ouvrage de ceux qui traitent des autres animaux , que les Natu- raliftes les attendent depuis long-temps avec impatience. De plus, M. le Comte de Buffon , fils du Grand-Homme que nous regrettons, & qui, entré avec honneur dans la carrière militaire, fera briller au milieu des armes, un nom rendu immortel par la gloire des Lettres, a bien voulu, ainfi que fon oncle, M. le Chevalier de Buffon, Officier fupérieur diftingué par fes fervices & connu depuis long-temps par fon goût pour les Sciences & les beaux Arts, me communi- quer toutes les notes qui fe font trouvées dans les papiers de feù M. le Comte de Buffon , & qui pouvoient m'être utiles pour la continuation de l'Hif- toire Naturelle. Mais ce qui eft pour moi l’un des plus grands encouragemens, ce font les rapports que jai l'avantage d’avoir avec M. d'Aubenton ; c’eft l'amitié qui me lie avec ce célèbre Naturalifte, dans les lumières duquel j'ai trouvé tant de fecours, & que je me plairois tant à louer, fi je pouvois, fans blefler fa modeftie , répéter très-près de lui ce que la voix publique fait retentir par-tout où l’on sintérefle au progrès des Sciences naturelles. Le Monde favant l'a vu avec regret cefler , dans le temps , de travailler à l’Hiftoire Naturelle conjoin- tement avec M. de Buffon, & fufpendre la defcrip- 8 AVERTISSEMENT. tion du Cakinet de Sa Majefté ; aufi m'emprefsé-je d'annoncer au Public qu'il jouira bientôt de la con- tinuation de cette partie de l'Hiftoire Naturelle , que M. d'Aubenton fe propofe de reprendre au point où des circonftances particulières l’ont engagé à l’interrompre. EXTRAIT # _ (9) CR nn mnt ee mms RE RS a — ne à Re emqum Ré Le EXTRAIT DES REGISTRES DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. L'Acanéure nous a chargés de lui faire le rapport d'un Ouvrage de M. le Comte de la Cépède, qui a pour ütre : Hifloire Naturelle des Serpens. Cet Ouvrage eft une fuite de celui qu'il a publié l'année dernière fur les Quadrupèdes ovipares & qui à été approuvé par l'Académie. M. le Comte de la Cépède y wraite de plus de cent foixante-quinze efpèces de Serpens, parmi lefquelles, plus de vingt-deux efpèces n'avoient encore été décrites par aucun Auteur, & plufreurs autres n'avoient été que légèrement indiquées par les Voyageurs ou les Naturaliftes. C'eft principalement dans la collection du Cabinet du Roi , que M. le Comte de la Cépède a vu ces efpèces de Serpens, qui nétoient pas encore connues ou qui ne iétoient qu'imparfaitement. L'Auteur les a diftribuées en huit genres avec la plupart des Naturalifies ; 11 a placé dans ie premier, fous la dénomination de Couleuvres, les Serpens qui ont de grandes plaques fous le corps & deux rangées de petites plaques fous la queue : comme ce genre efl très-nombreux & contient cent trente-fept efpèces, l’Auteur dit, dans C , (air (®) ) l'article où il traite de la nomenclature des Serpens, qui} auroit defiré de divifer le genre des Couleuvres, d'autant plus qu'il auroit voulu féparer les Couleuvres venimeufes de celles qui ne le font pas, celles dont les petits éclofent dans le ventre de leur mèré, de celles qui pondent des œufs. En effet, däns la partie hiflorique de fon Ouvrage, l'Auteur fépare ces Couleuvres en commençant par les vipères d'Europe, & les autres vipères des pays étrangers telles que le Cérafle, le Naja, &c. & en paffant enfuite à la Couleuvre à collier & aux autres Couleuvres non veni- meufes d Europe, ou des autres parties du globe. Mais, dans fa table méthodique, M. le Comte de la Cépède a été obligé de les réunir toutes dans le même genre, n'ayant pas pu trouver des caractères extérieurs très-fenfibles & conftans pour différencier ces deux divifions. Il expofe les tentatives quil a faites à ce fujet, & indique aux Voyageurs des obfervations d'après lefquelles on pourroit efpérer de trouver ces caraélères. Dans le fecond genre, l'Auteur comprend les Serpens qui ont une rangée de grandes plaques fous la queue aufli-bien que fous le ventre & auxquels il conferve le nom de B6a; ce genre préfente dix efpèces de Serpens dont plufieurs parviennent à une longueur très-confidé- rable, & parmi lefquelles eft le Devin dont la longueur eft quelquefois de plus de trente pieds, (rm) ) Le troifième genre renferme les Serpens connus fous le nom de Serpens à fonnettes, parce quils ont au bout de la queue des écailles articulées, fonores & mobiles. L'Auteur en compte cinq efpèces. M. le Comte de la Cépède a mis dans le quatrième genre les Serpens auxquels on à donné le nom d'Anguis & qui n'ont fous le corps que de petites écailles. 11 donne la defcription de feize efpèces de ces animaux parmi lefquels eft l'Orver, petit Serpent très-connu en Europe, & particulièrement dans plufieurs provinces de France. H place dans le cinquième genre, fous le nom d'Am- phifbènes, deux efpèces de Serpens dont le corps & la queue font entourés d'anneaux écailleux. Il met dans le fixième deux autres efpèces de Serpens dont les côtés du corps font comme plifiés & que lon a nommés Cœciles. Il a confervé le nom de Langaha à une efpèce de Serpent, qui, ne pouvant être comprife dans aucun des genres précédens, a dû former un feptième genre. Le deflous du corps de ce Serpent préfente vers la tête de grandes plaques, & ne montre enfuite que des anneaux écaïlleux; & fa queue garnie de ces mêmes änneaux à fon origine, n'eft revêtue que de petites écailles à fon extrémité. Enfin, dans le huitième genre, M. le Comte de la ci (tn2)) Cépède traite d'un Serpent dont on a donné la defcription fous le nom d’'Acrochorde de Java, & qu'il croit être d'un genre particulier d'après M. Hosnftedt qui l'a fait con- notre jufquà ce que de nouvelles obfervations aient déterminé fa place dans quelqu'un des genres précédens. M. de la Cépède ayant vu non-feulement plufieurs efpèces de Serpens, mais plufeurs individus de la même efpèce, a reconnu la difliculté de reconnoître les efpèces, en nemployant qu'un très-petit nombre de caraélères à Jexemple de la plupart des Naturaliftes. Il a vu qu'un grand nombre de ces caraélères étoit très-variable en raifon de l'âge ou du fexe ou d'autres circonftances. H a cherché les caraëières extérieurs les plus conftans ; ceux qui lui ont paru nêtre pas fujets à varier, font communs à un trop grand nombre d'efpèces de Serpens pour fervir . à difinguer chaque efpèce en particulier, il les a com- binés avec les caraélères moins conftans employés jufqu'ici par plufieurs nomenclateurs. Îl en a compofé une table méthodique , dans laquelle les caraélères variables qui feuls ne pourroient pas garantir de l'erreur , fervent cependant à faire trouver l'objet que l'on cherche : cette Table réunit l'avantage de faire reconnoître plus fûrement qu'aucune autre, lefpèce d'un Serpent, & préfente les rapports principaux que les diverfes efpèces ontentrelles. Ces cara@ères tant conflans, que plus ou moins varia- Cu) 7 ; bles , font le nombre des grandes & des petites plaques ; la proportion de la longueur du corps à celle de la queue , la préfence ou le défaut de dents longues, crochues, creufes, mobiles &.connues fous le nom de Crochets a venin ; la forme & l'arrangement des écailles qui couvrent le fommet de Îa tête; la forme de celles qui garniflent le dos; les traits particuliers de conformation que les Serpens peuvent préfenter tels que la groffeur de la tête, la forme de cette partie, la difinibution des taches & même leur couleur, dernier caraélère que l'Auteur regarde comme très-variable, mais qu'il préfente avec les autres; fa combinaïfon avec ces derniers peut quelquefois fervir à lever des doutes & à diftinguer les efpèces. Les efpèces de Serpens qui font comprifes dans 1a table méthodique de M. le Comte de la Cépède font arrangées fuivant le nombre des plaques ou des écailles qu'elles ont fous le ventre; les efpèces qui en ont le plus fe trouvent placées les premières. On peut connoître par ce moyen, avec quelles efpèces on a principalement befoin de comparer celle que l'on veut reconnoître. L'Auteur a joint à l'article de chaque efpèce de Serpent, une lifte très-étendue des noms qui ont été donnés à cette efpéce , & la citation des divers Auteurs qui en ont parlé, Non-feulement 1l a donné la defcription de l'animal; mais autant quil l'a pu, il a expofé fes habitudes. Il à fait : is (14) ufage des différens ouvrages déjà imprimés, & de notes manufcrites qui lui ont été envoyées par plufeurs obfer- vateurstels que MM. de la Borde, le Baron de Widersbach, Correfpondans du Cabinet du Roi à Cayenne, de Badier de la Guadeloupe , de Sept-Fontaines, &c. On trouve pour chaque genre, des articles principaux, où les caradlères génériques des Serpens font expofés plus au long; & à la tête de tout lOuvrage, eftun difcours fur la nature de ces animaux, dans lequel M. le Comte de la Cépède a préfenté ce qui eft commun aux diverfes efpèces de ces reptiles, les traits les plus remarquables de leur conformation , les points les plus intéreffans de leur hiftoire & leurs grands rapports avec les autres ordres d'animaux. Quarante-cinq efpèces principales ou qui n'avoient pas encore été décrites, font figurées dans cet Ouvrage qui eft terminé par des articles relatifs à un Iguane commu & à un autre Lézard à tête rouge, dontles individus ont été envoyés à l'Auteur depuis la publication de fon Hiftoire naturelle des Quadrupèdes ovipares. L'Hiftoire des Serpens, que M. le Comte de la Cépède a préfenté à l'Académie, & dont nous venons d’expofer les principales parties, eft fait avec autant de foin que YHiftoire des Quadrupèdes ovipares qu'a donnée le même Auteur; les defcriptions y font auffi exaéles; les” (15) figures font auffi bonnes. L'Auteur a fait beaucoup de recherches par rapport aux habitudes des Serpens ; il a obfervé par lui-même la ftrudure des écailles fonores & mobiles qui terminent la queue des Serpens à fonnettes, & dont la forme & Ia difpoftion lui ont donné des lumières fur la formation & l'accroiffement de cet organe finsulier. M. le Comte de la Cépède à aufli reconnu que les prétendues cornes du Cérafte, ne font que des éminences écalleufes. [ a décrit le chaperon du Serpent à lunettes & les côtes qui le foutiennent. M. le Comte de la Cépèd® a comparé les mäâchoires des Serpens veni- meux avec celles des Serpens qui n'ont point de venin pour reconnoître les différences qui font caufées par l'organe du venin; il a décrit fur la plupart des Serpens la difpofition & la figure des écailles qui couvrent le dos & des grandes & des petites plaques qui revêtent le deffous de la tête & le deflous du corps & de la queue. I à donné le rapport de la longueur totale de a plupart des Serpensavec la longueur de leur queue : ces proportions donnent des facilités pour diftinguer les différentes efpèces de chaque genre de Scrpens. Les caractères diftinétifs de ces animaux font difficiles à exprimer, parce que leurs différences font peu fenfbles & fujettes à beaucoup de variétés; ceft ce qui a obligé M. le Comte de la Cépède à rapporter dans fa table (RG) méthodique plufeurs caraélères diftin@ifs pour chaque efpèce : ils fe confirment mutuellement & ils fe fuppléent les uns aux autres : par ce moyen on peut clafler des animaux qui ne font pas encore affez bien connus pour être diflingués par des caraélères moins nombreux. Nous penfons que l'Hifloire naturelle des Serpens par M. le Comte de la Cépède mérite d'être ap- prouvée par l'Académie, & imprimée fous fon privilége. Signes , DAUBENTON , FouGERoUx DE BoNDAROY ET BROUSSONNET. e Je certifie le préfent Extrait conforme à fon original, & au jugement de l'Académie. À Paris, ce 20 Mars 1789. Signé, TILLET, TABLE TABLE DÉS ARTICLES Contenus dans ce Volume. D fur la nature des Ser- pers, page 1 Nomenclature & Table métho- dique des Serpens, Gt Premier genre. Serpens qui ontde grandes plaques fous le corps, & deux rangées de petites pla- ques fous la queue, I Couleuvres vipères, La Vipère commune , Ibid. La Cherfea, L’Afpic, 5 La Vipère noire ; 56 La Melanis, Go La Schyte ,- G2 La Vipère d'Egypte ; 63 L'Ammodyte, 67 Le Cérafte, 72 Le Naja, ou le Serpent à lunettes des {ndes orientales , 83 Serpent à lunettes du Pérou, 102 Serpent à lunettes du Bréfil, 104 Le Lébetin , 105 L'hébraïque , 106 Le Chayque; 107 Le Late, 109 Le Corallin ; III L’'Atroce, 113 L’Hæœmachate, 115 La Très-blanche ; 118 La Brafilienne, 119 La Vipère Fer-de-lance, 121 La Tète-triangulaire, 132 Le Dipfe, 133 L’Atropos , * 134 Serpens , Tome IT, Le Léberis , page 135 La Tigrée, 136 Couleuvres ovipares. La Couleu- vre verte & jaune, ou la Cou- leuvre commune, 137 La Couleuvre à collier , 147 La Lifle, 158 La Quatre-raies , 163 Le Serpent d'Efculape, 165 La Violette, 172 Le Demi-collier, 173 Le Lutrix, 175 Le Bak, 176 La Couleuvre des Dames, 178 La Jouflue, 182 La Blanche, ” 183 Le Typhye, 135 Le Régine, 187 La Bande-noïre : 488 L’Agile, 190 Le Padère, 192 Le Grifon, 193 La Queue-plate , 194 La Blanchître , 197 La Rude, 198 Le Trifcale, 199 La Galonnée, 20I L’Alidre, 203 L’Anguleufe , 204 La Couleuvre de Minerve, 205 La Pétalaire, 207 La Minime, 209 La Miliaire, 211 La Rhomboïdale ; 212 La Pile, 214 TE La Rayée ;, Le Malpole ; Le Molure, La Double-raie, La Double-tache , Le Boiga, La Sombre, La Saturnine ; La Carenée, La Décolorée ; Le Pélie, Le Ent La Cendrée; La Muqueulfe ;- La Bleuître , L'Hydre, La Cuiraffée , La Dione, Le Chapelet, Le Cenchrus, L Afatique, La Symétrique ; La Jaune & bleue ; La Trois-raies , Le Daboie, Le Situle, Le Tyrie, L'Argus, Le Pétole, La Domeftique , ‘Haje, La Maure, Le Sibon, La Dhara, La Schokarr, La Rouge-gorge, L'Azurée , La Nafque , La Grofle-tète, La Coureffe, La Mouchetée ; TA PILE age 215 “. 216 218 220 222 223: 229 230 231 232 233 234 237 238 239 240 242 244 246 248 249 250 1257 La Camufe ; La Striée, La Ponétuée Le Bluet, Le Vampum. Le Cobel, Là Tête-notre L’Annellée. L’Aurore Le Dard, La Laphaati, La Noire & fauve; La Chaîne, La Rubannée, Ea Mexicaine, Le Sipède, La Verte & bleue. La Nébuleufe Le Saurite, Le Lien, Le Sirtale, 0, La Blanche & brune ;, La Verditre, La Verte, Le Cenco, Le Calmar ; L'Ovivore , Le Fer-à-cheval , L'Ibibe, La Chatoyante . La Suifle, L'Ibiboca, La Tachetée, Le Triangle, Le Triple-rang , La Réticulaire, La Couleuvre à zones ; La Roufe, La Large-tête, page 284 3 285 - 287 336 Second genre. Serpens qui ont de grandes plaques fous le corps & DES AMTICHES ‘49 fous la queue. Boa, page 338 Le Devin, äbid. L'Hipnale, 375 Le Bojobi ; 378 Le Rativore ; 383 La Broderie, 381 Le Groin, 383 Ee Cenchris, 385 Le Schytale, 386 L’Ophrie, 207 L'Enydre , 388 Le Muet, 389 Troifième genre. Serpens à fon- . nettes, 390 Le Boïquira ; Jbid. Le Müllet, 421 Le Dryinas ; 422 Le Duriflus, 423 Le Pifcivore. 424 Quatrième genre. Anguis, 426 L'Orvet, 430 L'Eryx, 438 La Peintade } 439 Le Rouleau, 449 Le Colubrin ; 442 Le Trait, 443 Le Cornu, 444 Le Miguel, 445 Ee Réfeau, 446 Le Jaune & brun ; 447 £a Queue-lancéolée ; 449 Le Rouge, page 450 Le Long-nez, 453 La Plature, 454 Le Lombric, 455 Cinquième genre. Amphifbènes. L'Enfumé, 459 Le Blanchet, 465 Sixième genre. L'Ibiare, 466 Le Vilqueux, 468 Septième genre. Langaha, 469 Le Madégife , Lid. Huitième genre. Acrochordes. Accrochorde de Java , 472 Des Serpens monftrueux, 475 Additions à l'Hiftoire Naturelle des Quadrupèdes ovipares, 487 Variété de la Tortue Grecque, 4838 La Tortue à boîte, 489 Addition à larticle du Lézard gris, I Le Lézard cornu , je Le Lézard Téte-rouge ; 495 Le Lézard Quetz-Paléo , 497 Addition à l'article de la Sala- mandre terreftre, 99 - La Grenouille écailleufe ; 503 Table Alphabétique des divers noms donnés aux Serpens, & dont 1l eft fait mention dans cet Ouvrage, 506 Table des Matières , LES TR P 6 29 ( Dift. ), lig 14, dut, lifxs doit #2 Page 74, ligne 13:( Nomenclat. ), des pla- ques; /if: le nombre des plaques. Page 1c2 ( Table méthodique ; première co- lonre.), Chapelet ; ajoutez, Catenula. Page 126 , & pag: 128 ( Table méthodique, indication des caraëèères), paires de petites plaques fous la queue ; Z/er, plaques du deflous de [a queue. Page 126 ( Table méthodique’, article de la Broderie) , 3 pouces 6 lignes ; difez , pieds 3 pouces 6 lignes. Puge2 , lige 26 ( dela note) ; découvrir , ajoutez, en général. Page31, lis. 18, fucs& ; Uifèz, fucs. Page 58, lig: 2, quarante-fest ; liféy, cent quarante-fept. Page 68, lig. 10; page 7o, lis. 6; page 166 , lig. 6; pag. 224, lig. 103 & page 247, lig. 8 , en proportion; Z/fex, à proportion. Page75 , lig. 15,implantée, 4f: enchañée. Page 82, lig. 8, croyoitfancer; lfex , croyoit voir lancer. Page 84, lie. 1, leurs ; lifez , d’ailleurs. Page 94, Lig. 7, mordu; lifèz, mordus. Page 110, Lis. 6, pag. 118, lg. 14, page 195, lig. 21 , page 196 , lig- 4 ; pag: 136, lig- 14, pag. 141, lig. 5, pag. 146, lig. 17, pag: 163, lig. 15, pag. 168, lig. 7, p.195, lig: 13, pag- 197, lig.2, & Pag- 198, lige 9, cens; lifez, cent. Page 139 , lg: 20, ceux; lifey, celles. Page 141, lig. 2, fes; lifex, ces. Page 146, lig. 11, parce qu’elle; life, parce quil. Ibid. lig. 12; elle; Zf il. Page 150, lig- 18 , beaucoup de foin; lifez , beaucoup d’empreffement. Page 152, lig. 11, de petits; life, des Page 181, lig. 6, de Serpens ; ;fez, des Serpens- ERRATA. Ibid. lig. 10, tel ; lifez, tels: Page 240 , lig. 1 ( de lanote) , Hydrasz lifez, Hydrus. à Page 241 ; lig. 19, le deflus ; Aif: Ie bord antérieur. Page 252, lg. 2, par fa; lif: par [a Page 278, lig. 14, aucuns; /ife,aucun, Page 286 , lig. 3, baffes-cours; Lfez » baffe-cours-. À Page 308, lis. 14, vingt-une, Uf° & une- Page 340, lis. 5, dont &; lif: & dont. Page 359, lig. 10, il; dif. il veut, -1bid. ligne 14, des ennemis ; lifex, defes ennemis Page 363, lig. 10; une fourde mañle ; lifex , un lourd fardeau. : Page 365, lig. x, quiafait; life a fait. Page 372, lig. 18, ardamment; Lifez » ardemment. à ip à Page 380 , lis. æ, d’un; Lf: d'une. Page al 16; 3 pouces ; lif: 2 pieds 3 pouces. Page 393, lig. 11, Vun; lif. Pune- Page 305, lig: 4, vus EF vus. Page 409, lig. 15, qui fait ; lif quiafait. Pâge 436, lige 1, a; if: trouve àe : Page 439, lig. 10 , foixante-dix ; UE cent foixante-dix: Pag. 470, lig. 16, un; dif: une- à Page 476, lig. 16, que de mettre; lf qu’à mettre. Page 479 , lige 7 » &Mqu'étant ; if. & lorfqu’étant. Page 483, lig. 18, ces deux; lifez, fes deux. Ibid. lig: 23 , conformées, lif. conformés, Page 493 , lig. 8, enfoncée , lif: confor- mée. Page 496, lig 7, 1 pouce, lif: 1 pied 1 pouce, ingt= HISTOIRE LH (} Tekoe) del HI Ro. De Lure 16 NATURELLE DES SERPENS. DISCOURS SUR LA NATURE DES SERPENS. À LA SUITE des nombreufes efpèces des Quadrupèdes & des Oifeaux, fe préfente l’ordre des Serpens ; ordre remarquable en ce qu'au premier coup-d'œil Ailes animaux qui le compofent paroiflent privés de tout moyen de fe mouvoir, & uniquement deftinés à vivre Serpens, Tome II. A 2 Hisrorre NATURELLE fur la place où le hafard les fait naître. Peu d'animaux, cependant , ont les mouvemens aufli prompts & fe tranfportent avec autant de vitefle que le Serpent ; il égale prefque , par fa rapidité, une flèche tirée par un bras vigoureux , lorfqu'il s’'élance fur fa proie ou quil fuit devant fon ennemi : chacune de fes parties devient alors comme un reflort qui fe débande avec violence ; il femble ne toucher à la terre que pour en rejaillir, &, pour aïinf dire , fans cefle repouñlé par les corps fur lefquels il ‘appuie, on diroit qu'il nage au milieu de l'air en rafant la furface du ter- rein qu'il parcourt. S'il veut s'élever encore davan- tage , il le difpute à plufeurs efpèces d’oifeaux , par la facilité avec laquelle il parvient jufqu'au plus haut dés arbres, autour defquels il roule & déroule fon corps avec tant de promptitude, que l’œil a de la peine à le fuivre : fouvent même, lorfqu'il ne change pas encore de place, mais qu’il eft prêt à sélancer, & qu'il eft agité par quelque affection vive, comme Pamour, la colère ou la crainte, il n'appuie contre terre que fa queue qu'il replie en contours finueux ; il redrefle avec fierté fa tête, il relève avec vitefle le devant de fon corps, & le retenant dans une attitude droite & perpendiculaire , bien loin de paroître uni- quement deftiné à ramper, il offre l’image de la force, du courage , & d’une forte d’empire. Placé par la Nature à la fuite des Quadrupèdes D'EUSE (OÙ ER PU NON 3! ovipares , refflemblant à un Lézard qui feroit privé de pattes, & pouvant fur-tout être quelquefois confondu avec les efpèces que nous avons nommées Seps 6 Chalcides (a), ainfi qu'avec les Reptiles bipèdes (8), le Serpent réunit cet ordre des Quadrupèdes ovipares à celui des Poiffons, avec plufieurs efpèces defquels il a un grand nombre de rapports extérieurs, & dans lefquels il paroît , en quelque forte, fe dégrader par des nuances fucceflives offertes par les ÆAnguilles , les Murènes proprement dites , les Gymnotes, &c. Malgré la grande vitefle avec laquelle le Serpent échappe, pour aïinfi dire, à la furface fur laquelle il savance, plufeurs points de fon corps portent fur la terre, même dans le temps où il paroît le moins y toucher; & il eft entièrement privé de membres qui puiflent le tenir élevé au-deflus du terrein, ainfi que les Quadrupèdes. Aufli le nom de Reptile nous a-t-il paru lui appartenir principalement, & celui de Serpent vient-il de ferpere, qui défigne laétion de ramper. Cette forme extérieure , ce défaut abfolu de bras, de pieds , & de tout membre propre à fe mouvoir, le cara@érife eflentiellement, & empêche qu'on ne le confonde , même à lextérieur, avec aucun des (a) Voyez Particle du Seps & celui du Chalcide , dans l'Hiftoire naterelle des Quadrupèdes ovipares. (b) Article des Reptiles bipèdes , à la fuite de l'Hifloire des Quadrup. oyipares. À i] 4 Hisrorre NATUREILE animaux qui ont du fang, & particulièrement avec Îles murènes proprement dites , les anguilles, & les autres. poiflons , qui ont tous des nageoires plus ou moins: étendues & plus ou moins nombreufes. Les limites qui circonfcrivent l’ordre des Serpens font donc tracées d’une manière précife, malgré les. grands rapports qui les lient avec les ordres voifins. Leurs efpèces font en grand nombre ; nous en dé- crivons plus de cent quarante dans cet Ouvrage : quelques-unes parviennent à une grandeur très-confi- dérable, elles ont plus de trente pieds, & fouvent même de quarante pieds de longueur (a). Toutes font couvertes d’écailles ou de tubercules écailleux, comme les lézards & les poiflons, qu'elles lient les uns avec les autres; mais ces écailles varient beaucoup par leur forme & par leur grandeur : les unes, que l’on nomme plaques, font hexagones , étroites & très- alongées ; les autres, prefque rondes ou ovales, ow rhomboïdales , ou carrées; celles-ci entièrement plates; (a) Notes manuftrites communiquées par M. de la Borde, Correfpon- dant du Cabinet du Roi à Cayenne ; & par M. le Baron de Widerfpach; Correfpondant du méme Cabinet, & dans le méme endroit. e Nous lifons qu’auprès de Batavia , Etabliflement Hollandoïs dans 3 les Indes Orientales , il y a des Serpens de cinquante pieds de lon- s> gueur.» Effai für l'Hif!. naturelle des Serpens, par Charles Owen: Æondr. 1742, pag. 15. Voyez à ce fajet, dans cette Hiftoire naturelle , l’article du Devir: D ES ARR PS FO NL $ celles-là relevées par une arête faillante, &c. Toutes ces diverfes fortes d’écailles font différemment com- binées dans les efpèces particulières de Serpens; les uns en ont de quatre fortes | les autres de trois, les autres de deux, les autres n'en ont que d'une feule forte ; & c’eft principalement en réuniffant les carac- tères tirés de la forme, du nombre & de la poñtion de ces écailles, que nous avons pu parvenir à diftin- guer non-feulement les genres , mais encore les | efpèces des Serpens, ainfi qu'on pourra le voir dans la Table méthodique de ces animaux. Si, avant d'examiner les habitudes naturelles de ces Reptiles, nous voulons jeter un coup-d'œil fur leur organifation interne, & fi nous commençons par con- fidérer leur tête, nous trouverons que la boîte offeufe en eft à-peu-près conformée comme celle des Qua- drupèdes ovipares : cependant la partie de cette boîte qui repréfente l'os occipital, & qui eft faite en forme de triangle dont le fommet eft tourné vers la queue, ne paroît pas en général avancer autant vers le dos que dans ces Quadrupèdes ; elle garantit peu l’origine de la moëlle épinière, & voilà pourquoi les Serpens peuvent être attaqués avec avantage & recevoir aifé- ment {a mort par cet endroit mal défendu. Le refte de leur charpente offeufe préfente de grands rapports avec celle de plufeurs efpèces de poiflons, mai elle offre cependant une conformation qui leur eft 6 HiIsTOrrRE NATURELLE particulière, & d’après laquelle il eft prefque auf aifé de les diftinguer que d’après leur forme extérieure. Elle :eft la plus fimple de toutes celles des animaux qui ont du fang; elle ne fe divife pas en diverfes branches pour donner naïiflance aux pattes, comme dans les Quadrupèdes, aux aîles, comme dans les Oifeaux , &c. elle n’eft compofée que d’une longue fuite de vertèbres qui s'étend jufqu'au bout de la queue. Les apophyfes ou éminences de ces vertèbres font placées, dans la plupart des Serpens, de manière que l'animal puifle fe tourner dans tous les fens, & même fe replier plufeurs fois fur lui-même ; & d’ailleurs, * dans prefque tous ces Reptiles, ces vertèbres font très- mobiles , les unes relativement aux autres, l'extrémité poftérieure de chacune étant terminée par une forte de globe qui entre dans une cavité de la vertèbre fuivante , & y joue. librement comme dans une genouillère (4), De chaque côté de ces vertèbres font attachées des côtes ordinairement d'autant plus lon- gues, qu'elles font plus près du milieu du corps, & qui pouvant fe mouvoir en différens fens, fe prêtent aux divers mouvemens que le Serpent veut exécuter’ Vers l'extrémité de la queue, les vertèbres ne préfentent (2) C’eft paiticulièrement ainfi dans le Boïquira ou grend Serpent He ep rie dre : à lonnctte. Edw. Ty/or. Tranfa@: philofoph. n° 144, D AE 0 MO A RAP FUN 1 EN 7 plus que ces éminences ; & font dépourvues de côtes (a). | Ces vertèbres & ces côtes compofent toute la partie folide du corps des Serpens ; aufli leurs organes inté- rieurs ne font-ils défendus, dans la partie de leur corps qui touche à terre, que par les plaques ou grandes écailles qui les revêtent par-deflous, & par une matière sraifleufe confidérable que l’on trouve fouvent entre la peau de leur ventre & ces mêmes organes. Cette graifle doit aufhi contribuer à entretenir leur chaleur intérieure, à préferver leur fang des effets du froid, & à les fouftraire pendant quelque tems à l’engour- diflement auquel ils font fujets, dans certaines contrées, à l'approche de l'hiver ; elle leur eft d’autantplus utile; que la chaleur naturelle de leur fang eft peu confidérable ; (a) Fai voulu favoir fi le nombre des vertèbres & des côtes des Serpens, a quelque rapport conftant avec les différentes efpèces de ces animaux. Jai difléqué plufeurs individus de diverfes efpèces de Serpens , & j'ai remarqué que le nombre des vertèbres & des côtes augmentoit ou diminuoit dans les couleuvres, les boa , & Îes Serpens à fonnettes, avec celui des plaques qui recouvrent le deflous du corps de ces Reptiles; de telle forte, qu'il y avoit toujours une vertèbre , & par conféquent deux côtes , pour chaque plaqne : mais mes obfervations n'ont pas été aflez multiplites pour que j’en regarde le réfultat comme conftant. Voyez dans l'article intitulé, Nomenclature des Serpens, ce que lon peut penfer du rapport du nombre de ces plaques avec l’âge ou le fexe des Reptiles, &c. 8 HisTorrx NATURELLE ce fluide ne circule dans les Serpens, qu'avec lenteur, relativement à la vitefle avec laquelle il coule dans les Quadrupèdes vivipares & dans les Oifeaux. Et comment feroit-il pouflé avec autant de force dans les Reptiles que dans les Oifeaux & les Vivipares, puifque le cœur des Serpens n’eft compofé que d’un ventricule (a), & puifque la communication entre le fang qui y arrive & le fang qui en fort, peut être indépendante des ofcillations des poulmons & de Ia refpiration , dont la fréquence échauffe & anime le fang des Vivipares & des Oifeaux ? Le jeu du cœur & la circulation ne feroient donc point arrêtés dans les Serpens, par un très-long féjour fous l’eau , & ces animaux pourroient refter habituel- lement dans cet élément, comme les Poiflons, fi l'air ne leur étoit pas néceffaire, de même qu'aux Qua- drupèdes ovipares, pour entretenir dans leur fang les qualités néceffaires à fon mouvement & à la vie, pour dégager ce fluide des principes furabondans qui en engourdiroient la mafle , ou y porter ceux de liquidité qui doivent l’animer (2). Les Serpens ne peuvent donc (a) L’oreillette du cœur de plufieurs efpèces de Serpens eft con- formée de manière à paroître double , ainfi que dans un grand nombre de Quadrupèdes ovipares ; maïs aucun de ces Reptiles n’a deux ventricules, (8) Difrours fur la nature des Quadrupèdes ovipares. vivre D'ELS MNER Pi A NS 9 vivre dans l’eau fans venir fouvent à la furface ; & la refpiration leur eft prefqu'aufli néceflaire que fi leur cœur étoit conformé comme celui de l'homme & des Quadrupèdes vivipares, & que la circulation de leur fang ne püôt avoir lieu qu'autant que leurs poulmons afpireroient l'air de l’atmofphère. Mais leur refpiration n'eft pas auffi fréquente que celle des Quadrupèdes vivipares & des oifeaux ; au lieu de reflerrer & de dilater leurs poulmons par des ofcillations promptes & régulières, ils laiflent échapper avec lenteur la portion d’air atmofphérique qu'ils ont afpirée avec aflez de rapidité; & ils peuvent d’autant plus fe pañler de refpirer fréquemment , que leurs poulmons font très- grands en comparaifon du volume de leur corps , ainfi que ceux des tortues, des crocodiles, des falamandres, des grenouilles, &c. & que, dans certainesefpèces, telles que celle du boiquira, la longueur de ces vifcères égalant à-peu-près les trois quarts de celle du corps , ils peuvent afpirer à-la-fois une très-grande quantité d'air (a). Is font pourvus de prefqu’autant de vifcères que les animaux les mieux organifés ; ils ont un œæfophage ordinairement très-long & fufceptible d’une très-grande dilatation, un effomac , un foie avec fon conduit, une (a) Objerv. anatomig, d'Edw. Tyfon, Tranfaë. philo/oph. N° 144: Serpens , Tome IT, B 10 HrsTorre N'ATUREELE véficule du fiel , une forte de pancréas, & de longs inteftins qui, par leurs circuits, leurs divers diamètres, & les efpèces de féparations tranfverfales qu'ils con- tiennent , forment plufieurs portions diftinctes analogues aux inteftins grêles & aux gros inteftins des Vivipares, & après plufieurs finuofités, fe terminent par une por- tion droite, par une forte de retum, comme dans les Quadrupèdes. Ils ont auff deux reins, dont les conduits n'aboutiffent pas à une veflie proprement dite, ainf que dans les Quadrupèdes vivipares, mais fe déchargent dans un réfervoir commun femblable au cloaque des oifeaux, & où fe mêlent de même les excrémens, tant folides que liquides. Ce réfervoir commun n’a qu'une feule ouverture à l'extérieur; il renferme , dans les males, les parties qui leur font néceffaires pour per- pétuer leur efpèce, & qui y demeurent cachées juf= qu'au moment de leur accouplement : c’eft auf dans l'intérieur de ce réfervoir que font placés, dans les femelles , les orifices des deux ovaires; & voilà pour- quoi, Cans la plupart des Serpens, & excepté certaines circonftances rares, voifines de l’accouplement de ces animaux , on ne peut s'affurer de leur fexe d’après la feule confidération de leur conformation extérieure. Prefque toutes les écailles qui recouvrent les Serpens, & particulièrementles grandes lames qui font fituées au- deflous de leur corps, font mobiles indépendamment les unes des autres; ils peuvent redrefler chacune de ces DES SERPENS. TE James par un mufcle las qui y aboutit : dès-lors chacune de ces pièces, en s’élevant & en fe rabaiffant, devient une forte de pied, par le moyen duquel is trouvent de la réfiftance, & par conféquent un point d'appui dans le terrein qu'ils parcourent , & peuvent fe jeter, pour ainfi dire, dans le fens où ils veulent s'avancer. Mais les Serpens fe meuvent encore par un moyen plus puifflant; ils relèvent en arc de cercle, une partie plus ou moins étendue de leur corps ; ils rapprochent les deux extrémités de cet arc, qui portent fur la terre, & lorfqu'elles font près de fe toucher, l’une ou l’autre leur fert de point d'appui pour s'élancer, en aplatiffant la partie qui étoit élevée en arc de cercle. Lorfqu'ils veulent courir en avant, c'eft fur l'extrémité poftérieure de cet arc qu'ils s’ap- puient ; & c’eft au contraire fur la partie antérieure, lorfqu’ils veulent aller en arrière. Chaque fois qu’ils répètent cette action, ils font, pour ainfi dire, un pas de la grandeur de la portion de leur corps qu'ils ont courbée, fans compter l'étendue que peut donner à cet intervalle parcouru , l’élafticité de cette même portion de leur corps qu'ils ont pliée, & qui les lance avec roïdeur en fe rétabliflant. Ces arcs de cercle font plus ou moins élevés, où plus ou moins multipliés dans chaque individu, fuivant fon efpèce , fa grandeur, fes proportions, fa force, ainf que le befoin qu'il a de courir plus où moins vite; ; B ij 12 Hirsrorre NArurgitre & tous ces arcs, en fe débandant fucceffivement ; produifent cette forte de mouvement que l’on a appellé vermiculaire , parce que les vers proprement dits, qui font dépourvus de pieds, ainfi que les Sérpens, font également obligés de l’employer pour changer de place. ‘ Pendant que les Serpens exécutent ces divers mou- vemens, ils portent leur tête d'autant plus élevée au-deflus du terrein, qu'ils ont plus de vigueur & qu'ils font animés par des fenfations plus vives; & comme leur tête efl articulée avec l’épine du des, de manière que la face forme un angle droit avec cette épine dorfale , les Serpens ne pourroient point fe fervir de leur gueule, ne verroient point devant eux , & ne savanceroient qu'en tâtonnant dans les momens où ils relèvent la partie la plus antérieure de leur corps, s'ils n'en replioient alors l'extrémité de manière à conferver à leur tête une pofition horizontale. Quoique toutes les portions du corps des Serpens jouiflent d'une grande élafticité , cependant , dans le plus grand nombre d’efpèces, ce reflort ne doit pas être également diftribué dans toutes les parties : aufi la plupart des Serpens ont-ils plus de facilité pour avancer que pour reculer : d’ailleurs les écailles qui les revêtent , & particulièrement les plaques qui gar- niflent le deflous du ventre , fe recouvrent mutuelle- ment & font couchées de devant en arrière les unes D MES $ À R PE N°6, 13 au-deflus des autres. Il arrive de-là , que lorfque les Serpens les redreflent, elles forment, contre le terrein, un obftacle qui arrête leurs mouvemens, s'ils veulent aller en arrière; tandis qu'au contraire , lorfquils savancent , la furface qu'ils parcourent applique ces pièces les unes contre les autres dans le fens où elles fe recouvrent naturellement. Quelques efpèces cependant, dont le corps eft d’une groffeur à-peu-près égale à fes deux extrémités, & qui au-lieu de plaques, n’ont que des anneaux circulaires, paroiflent jouir de la faculté de fe mouvoir prefqu’auñi aifément en arrière qu'en avant, ainfi que nous le verrons dans la fuite (a); mais ces efpèces ne forment qu'une petite partie de l’ordre dont nous traitons. Lorfque certains Serpens, au lieu de fe mouvoir progreflivement pendant un tems plus ou moins con- fidérable , & par une fuite d'efforts plufeurs fois répétés, ne cherchent qu'à s'élancer tout-d’un-coup d’un endroit à un autre, ou à fe jeter fur une proie par un feul bond , ils fe roulent en fpirale au-lieu de former des arcs de cercle fucceflifs ; ils n'élèvent prefque que la tête au-deflus de leur corps ainfi replié & contourné ; ils tendent, pour ainf dire , toutes leurs parties élafti- ques , & réuniflant par-là toutes Les forces particulières (a) Articles des Serpens amphifbènes. 14 Hrsroire NATURENMLTE qu'ils emploient l’une après l’autre dans leurs courfes ordinaires, alongeant tout-d’un-coup toute leur mafñe, & leurs reflorts fe débandant tous à-la-fois, ils fe déroulent & sélancent vers l’objet qu'ils veulent atteindre, avec la rapidité d'une flèche fortement vibrée, & en franchiffant fouvent un efpace de plu- fieurs pieds. Les Serpens qui grimpent fur les arbres s'y retiennent en entourant les tiges & les rameaux par les divers contours de leur corps; ils en parcourent les branches de la même manière qu'ils savancent fur la furface de la terre; ils s’élancent d'un arbre à un autre, ou d'un rameau à un rameau, en appuyant contre l'arbre. une portion de leur corps, & en la pliant de manière qu'elle fafle une forte de refort & qu’elle fe débande avec force ; ou bien ils fe fufpendent par la queue, & balançant à plufñeurs reprifes leur corps qu'ils alon- gent avec effort, ils atteignent la branche à laquelle ils veulent parvenir, sy attachent en l’embraffant par plufeurs contours de leur partie antérieure, fe reflerrent alors, fe raccourcifient, ramañlent, pour ainfi dire, leur corps, & retirent à eux leur queue qui leur avoit fervi à fe fufpendre. Les très-grands Serpens l’emportent en longueur fur tous les animaux , en y comprenant même les croco- diles , dont la grandeur eft la plus démefurée , & qui ont depuis vingt-cinq jufqu'à trente pieds de long, & Dé ES VON AIR PA FANS, 15 en n'en exceptant que les baleines & les autres grands cétacées. À l’autre extrémité cependant de léchelle qui comprend tous ces Reptiles arrangés par ordre de grandeur , on en voit qui ne font guère plus gros qu'un tuyau de plume, & dont la longueur, qui n'eft que de quelques pouces, furpañle à peine celle des plus petits Quadrupèdes, tant ovipares que vivipares. L'ordre des Serpens eft donc celui où les plus grandes & les plus petites efpèces diffèrent le plus les unes des autres par la longueur. Mais fi, au lieu de mefurer une feule de leurs dimenfions, on pèfe leur mañle, on trouvera que la quantité de matière que renferment les Serpens les plus gigantefques , eft à-peu-près dans le même rapport avec la matière des plus petits Reptiles, que la mañfle des grands éléphans, des hyppopotames, &c. avec celle des rats, des mufa- raignes , des plus petits Quadrupèdes vivipares. Ne pourroit-on pas penfer que, dans tous les ordres d'animaux , la même proportion fe trouve entre la quantité de matière modelée dans les grandes efpèces, & celle qui eft employée dans les petites ? Mais, dans l'ordre des Serpens, tous les développemens ont dû fe faire en longueur plutôt qu'en groffeur ; fans cela, ces Reptiles, & fur-tout ceux qui font énormes, privés de pattes & de bras, auroient à peine exécuté quelques mouvemens très-lents : la viteffe de leur courfe ne doit-elle pas, en effet, être proportionnée à la grandeur 16 HirsTorrE NATURELLE de Parc que leur corps peut former pour fe débander enfuite ? Auroient-ils pu fe plier avec facilité & cher- cher fur la furface du terrein, des points d'appui qui remplaçafient les pieds qui leur manquent ? Ne pou- vant ni atteindre leur proie, ni échapper à leurs enne- mis, nauroient-ils pas été comme des mafles inertes expofées à tous les dangers & bientôt détruites? La matière a donc dû être façonnée dans une dimenfon beaucoup plus que dans une autre, pour que le produit de ce travail püt fubfifter , & que l’ordre des Serpens ne fût pas anéanti, ou du moins très-diminué ; & voilà pourquoi la même proportion de mafle fe trouve entre les grands & les petits Reptiles d'un côté, & les grands & les petits Quadrupèdes de l’autre; quoique les énormes Serpens l'emportent beaucoup plus, par leur longueur, fur les plus petits de ceux que l’on connoît, que les éléphans ne furpaffent les mufaraignes & les rats, par leur dimenfion la plus étendue. Entre les limitesaflignées par la Nature à la longueur des Serpens, ceft-à-dire, depuis celle de quarante ou même cinquante pieds, jufqu'à celle de quelques pouces, on trouve prefque tous les degrés intermédiaires occupés par quelque efpèce ou quelque variété de ces Reptiles , au moins à compter depuis les plus courts jufqu'à ceux qui ont vingt ou vingt-cinq pieds ‘de longueur, Les efpèces fupérieures paroïiflent enfuite comme ifolées ; ceci fe trouve conforme à ce que l'on a déjà DE SN SUR RILP EUUN 16. 17 a déjà remarqué dans les Quadrupèdes vivipares (a), & prouve également que, dans la Nature , les grands objets font moins liés que les petits par des nuances intermédiaires. Mais voilà donc, depuis la petite étendue de quelques pouces, jufqu’à celle de vingt-cinq pieds, prefque toutes les grandeurs intermédiaires repréfentées par autant d’efpèces , ou du moins de races plus ou moins conftantes; & cela ne fufüroit-il pas pour mon- trer la variété qui fe trouve dans l'ordre des Serpens ? Il femble, à la vérité, au premier coup-d'œil, que des efpèces très-multipliées doivent fe reflembler pref- gu'entièrement dans un ordre d'animaux dont le corps, toujours formé fur le même modèle , ne préfente aucun membre extérieur & faillant qui, par fa forme & le nombre de fes parties, puiffe offrir des différences fenfibles. Mais fi l'on ajoute à la variété des longueurs des Serpens , celle des couleurs éclatantes dont ils font peints, depuis le blanc & le rouge le plus vif, jufqu'au violet le plus foncé, & même jufqu'au noir; fi Von obferve que ce grand nombre de couleurs font merveilleufement fondues les unes dans les autres, de manière à ne préfenter que très-rarement la même teinte lorfqu'elles font diverfement éclairées par les rayons du foleil ; fi l’on fe retrace tout-à-la-fois ce (a) Voyez les articles de l'éléphant & des autres grands Quidrupèds. Serpens , Tome II. C 18 Hz sronr:z NATURELLE nombre de Serpens, dont les uns n’offrent qu’une feule nuance , tandis que les autres brillent de plufeurs couleurs plus ou moins contraftées, enchaïînées , pour ainfi dire, en réfeaux , diftribuées en lignes, s'éten- dant en raies, difpofées en bandes, répandues par taches, femées en étoiles, repréfentant quelquefois les figures les plus régulières & fouvent les plus bizarres; & fi l’on réunit encore à toutes ces différences , celles que l’on doit tirer de la pofition, de la grandeur, & de la forme des écailles, ne verra-t-on pas que l’ordre des Serpens eft un des plus variés de ceux qui peuplent & embellifient la furface du globe ? Toutes les efpèces de ces animaux habitent de pré- férence les contrées chaudes ou tempérées : on en trouve dans les deux mondes, où ils paroifient à-peu- près également répandus en raifon de la chaleur , de l'humidité, & de lefpace libre (a). Plufeurs de ces (a) « Le mélange de la chaleur & de l'humidité produit , à Siam , » des Serpens d’une monftrueufe longueur ; 11 n’eft point rare de eut » voir plus de vingt pieds de long, & plus d’un pied & demi de dia- » mètre. Hiff. génér. des Voy. édit. in-12. vol. 34, p. 383. » L'humidité , jointe au ferment continuel de la chaleur, produit ; » dans toutes les Ifles Philippines , des Serpens d'une grandeur > extraordinaire. ...... Les bobas , qui font les plus grands, ont » quelquefois trente pieds de longueur. »» Hif?. génér. des Voyages , édit. in-12. vol. 39, p. 100 & fuiy. Comme nous ne voulons pas mul- s DR ES US UE RAP: E «NI 19 efpèces font communes aux deux continens; mais il paroît qu'en général, ce font les plus grandes qui appartiennent à un plus grand nombre de: contrées différentes. Ces grandes efpèces ayant plus de force & des armes plus meurtrières, peuvent exécuter leurs mouvemens avec plus de promptitude , foutenir pen- dant plus de tems une courfe plus rapide, fe défendre avec plus d'avantage contre deurs ennemis, chercher & vaincre plus facilement une proie, fe répandre bien plus au loin, fe trouver au milieu des eaux avec moins de crainte, nager avec plus de conftance, lutter contre les flots, voguer avec vitefle au milieu des ondes agitées, & traverfer même des bras de mer étendus. D'ailleurs ne pourroit-on pas dire que le moule des grandes efpèces eft plus ferme, moins foumis aux influences de la neurriture & du climat? Les petites efpèces ont pu être aifément altérées dans leurs proportions, dans la forme ou le nombre de leurs écailles, dans la teinte ou la diftribution de leurs couleurs, de manière à ne plus préfenter aucune image de leur origine ; les changemens qu'elles auront éprouvés n'auront point porté uniquement fur la furface ; ils auront pénétré, tiplier les notes fans néceflité, nous ne citons fci que cés deux pafliges, parmi un très-grand nombre que nous pourrions rapporter, & dont plufeurs font répandus dans cet Ouvrage. Cu 206 HisrTorre NATUREISE pour ainfi dire , dans un intérieur peu fufceptible de réfiftance : toutes ces variations auront influé fur leurs habitudes, & ne pouvant pas oppofer de grandes forces aux accidens de toute efpèce , non plus qu'aux vicif- fitudes de l’atmofphère , leurs mœurs auront changé de plus en plus, & tout aura fi fort varié dans ces petits animaux , que bientôt les diverfes races forties d’une fouche commune, n'auront pas préfenté aflez de reffemblances pour conftituer une même efpèce. Les grands Serpens , au contraire, peuvent bien ofirir, fous les divers climats, quelques différences de cou- leurs ou d’habitudes qui marquent l'influence de la terre & de l'air, à laquelle aucun animal ne peut fe fouftraire ; mais plus indépendans des circonftances de lieux & de tems, plus conftans dans leurs habitudes, plus inaltérables dans leurs proportions , ils doivent préfenter plus fouvent, dans les pays les plus éloi- gnés , le nombre & la nature de rapports qui confti- tuent l'identité de l’efpèce. Ce feront quelques-uns de ces grands Serpens , nageant à la furface de la mer, fuyant fur les eaux un ennemi trop à craindre pour eux , ou ‘jetés au loin par les vagues agitées , élevant avec fierté leur tête au-deflus des flots, & fe recour- bant avec agilité en replis tortueux , qui auront fait dire du tems de Pline, ainfi que le rapporte ce grand Naturalifte, qu'on avoit vu des migrations par mer, de dragons qu grands Serpens , partis d'Éthiopie, & DÉS ANS VE RAP ENMIS 24 ayant près de vingt coudées de longueur (a), & qui auront donné lieu aux divers récits femblables de plu- fieurs Voyageurs modernes. Mais il n’en eft pas des Serpens comme des Quddru- pèdes vivipares : moins parfaits que ces animaux, moins pourvus de fang, moins doués de chaleur & d'activité intérieure, plus rapprochés des infectes, des vers, des animaux les moins bien organifés, ils ne craignent point l'humidité lorfqu’elle eft combinée avec la chaleur : elle femble même leur être alors très-favorable ; & voilà pourquoi aucune efpèce de Serpent ne paroît avoir dégénéré en Amérique : on doit penfer, d'après les récits des Voyageurs, qu'elles n'ont rien perdu dans ces pays nouveaux, de leur grandeur ni de leur force ; & même dans les terres les plus inondées de ce continent, les grands Serpens préfentent une longueur peut-être plus confidérable que dans les autres parties du nouveau monde ( ). Si l’humidité ne nuit pas aux diverfes efpèces de Serpens, le défaut de chaleur leur eft funefte ; ce n’eit qu'aux environs des contrées équatoriales, qu'on ren- contre ces énormes Reptiles, l’effroi des Voyageurs ; & lorfquon savance vers les régions tempérées, & (2) Pline, Liyre huitième. (b) Voyez les articles particulters de cette Hiftoire, 3 Hi sTorrRE NATURELLE fur-tout vers les contrées froides, on ne trouve que de très- petites efpèces de Serpens. L'on peut préfumer que ce n’eft pas la chaleur” feulé qui leur eft néceflaire ; nous fommes affez portés à croire que, fans une certaine abondance de feu électrique répandu dans l’atmofphère, tous leurs reflorts ne peuvent pas être mis en jeu avec avantage, & qu'ils ne jouiflent pas par conféquent de toute leur activité. Il femble que les tems orageux, où le fluide électrique de latmofphère eft dans cet état de diftribution inégale qui produit les foudres , animent les Serpens au-lieu de les appefantir, ainfi qu'ilsabattent l’homme & les grands Quadrupèdes ; c’eft principale- ment dans les contrées très-chaudes que la chaleur plus abondante peut en fe combinant, produire une plus grande quantité de fluide électrique ; c’eft en effet vers ces contrées équatôriales que Le tonnerre gronde le plus fouvent & avec le plus de force ; & voilà donc deux caufes, l'abondance de la chaleur, & la plus grande quantité de feu électrique, qui retiennent les grandes efpèces de l’ordre des Serpens aux environs de l'équateur & des tropiques. On a écrit mille abfurdités fur l’accouplement des Serpens : la vérité eft que le mâle & la femelle, dont le corps eft très-flexible, fe replient l’un autour de l'autre, & fe ferrent de fi près qu’ils paroiffent ne former qu'un feul corps à deux têtes. Le mâle fait alors fortir DuB: SX O9 VE RAP EAN W 23 par fen anus les parties defiinées à féconder fa femelle, & qui font doubles dans les Serpens, aïnfi que dans plufieurs Quadrupèdes ovipares, & communément cette union intime eft longuement prolongée (a). : Tous les Serpens viennent d'un œuf, ainfi que Îles Quadrupèdes ovipares, les oifeaux & les poiffons ; mais, dans certaines efpèces de ces reptiles, les œufs éclofent (a) Sans cette durée de leur accouplement, 1l feroït fouvent infé- cond ; ils n’ont point, en effet, de véficule féminale , & ïl paroît que c'eft dans cette efpèce de réfervoir que la liqueur prolifique des animaux doit fe raflembler, pour que, dans un court efpace de tems, ils puiflent en fournir une quantité fufhfante à la fécondation : les tefticules où cette liqueur fe prépare , ne peuvent la laïfler échapper que peu-à-peu ; & d’ailleurs les conduits par où elle va de ces tefti- cules aux organes de la génération, étant très-longs, très-étroits, &e plufeurs fois repliés fur eux-mêmes, dans les Serpens, il n’eft pas farprenant qu'ils aïent befoin de demeurer long-tems accouplés pour. que la fécondation puifle s'opérer. Il en eft de même des tortues & des autres Quadrupèdes ovipares, qui, n'ayant pas non plus de véficule féminale , demeurent unis pendant un tems aflez long ; & eette union très-prolongée , eft, en quelque forte , forcée dans les Serpens, par une fuite de la conformation de la double verge du mâle; elle eft garnie de petits piquans tournés en arrière, & qui doivent fervir À animal à retenir fa femelle , & peut-être à l’animer. Au refte, lim- * preflion de ces aïguillons ne doit pas être très-forte fur les parties fexuelles de la femelle , car elles font prefque toujours cartilagineufes. On peut confulter, à ce fujet, dans les Tranfactions philofophiques , N.° 144, les Obfervations de M. Tyfon, célèbre Anatomifte, dont nous adoptons ici lopinion. : 24 Fur STrorRE NATORELTE dans le ventre de la mère ; & ce font celles aux- quelles on doit donner le nom de Vipére au lieu de celui de Wivipare , pour les diftinguer des animaux vivipares proprement dits (a). (a) Nous croyons , pour éviter toute difficulté relativement à cette expreffion d’oyipare , & à la proprièté qu’elle défigne, devoir expofer ici la différence qu’il y a entre les animaux vivipares proprement dits, & les ovipares ; différence qui a été très-bien fentie par plufeurs Na- turaliftes. On peut , à la rigueur, regarder tous les animaux comme venant d’un œuf, & dès-lors il fembleroit qu’on ne pourroit diftinguer les vivipares d'avec les ovipares, que par Ia propriété de mettre au jour des petits tout formés, ou de pondre des œufs. Maïs l’on doit admettre deux fortes d'œufs ; dans la première , le fœtus eft renfermé dans une enveloppe que lon nomme amnios , avec un peu de liqueur qui peut lui fournir le premier aliment; mais comme cette liqueur n'eft pas fufifante pour le nourrir pendant fon développement , l'œuf eft lié par un cordon ombilical ou par quelque autre communication avec le corps de la mère, ou quelque corps étranger d’où le fœtus tire {a nourriture : cet œuf ne pouvant pas fufhre à Paccroiffement , nt même à l'entretien de l'animal , n’eft donc qu'un œuf incomplet ; & tels font ceux dans lefquels font renfermés les fœtus de homme & des animaux à mamelles, qui ne peuvent point être appellés ovi- pares, puifqu'ils ne produifent pas d'œuf parfait , d'œuf proprement dit. Les œufs de la feconde foïte font, au contraire , ceux qui con: tiennent non-feulement un peu de liqueur capable de fubftanter le fœtus dans les premiers momens de fa formation, mais encore toute la nourriture qui lui eft néceflaire jufqu'au moment où il brife ou déchire fes enveloppes pour venir à fa lumière. Ces derniers œufs:font pondus bientôt après avoir été formés, ou s'ils démeurent dans le: Le Dore ts Sir Lr:iR dE 25 Le nombre des œufs doit varier fuivant les efpèces. Nous ignorons sil diminue en proportion de la gran- deur des animaux, ainfi que dans les oifeaux , & de ventre de la mère; ïls n'y tiennent en aucune manière , ïls en font entièrement indépendans , ïls n’en reçoivent que de la chaleur, ils font véritablement complets ; ce font des œufs proprement dits, & tels font ceux des oïfeaux, des poiflons , des Serpens & des Quadru- pèdes qui n’ont point de mamelles. Tous ces animaux doivent être appellés ovipares, parce qu'ils viennent d'un véritable œuf; & fi dans quelques efpèces de l'ordre des poiflons, ou de celui des Qua- drupèdes fans mamelles, ou de celui des Serpens, les œufs éclofent dans le ventre même de Ia mère, d’où les petits fortent tous formés, ces œufs font toujours des œufs parfaits & ifolés ; les animaux qui en éclofent doivent être appellés ovipares, & fi on en nomme quelques- uns vipères ou vivipares , pour les diftinguer de ceux qui pondent, & dont F’incubation ne fe fait pas dans le ventre même de la mère , il:ne faut point les confidérer comme des vivipares proprement dits, ce nom n'appartenant qu'aux animaux dont les œufs font incomplets & ne contiennent pas toute la nourriture néceflaire’ au fœtus. On doit donc diftinguer trois manières dont les animaux viennent au jour; premiè- rement , üs peuvent fortir d’une enveloppe à laquelle on peut, fi l’on veut, donner Île nom d'œuf, mais qui ne forme qu'un œuf imparfait & néceflairement lé avec un corps étranger ou le ventre de la mère. Secondement , ils peuvent venir d’un œuf complet & ifolé , éclos dans le ventre de la mere. Et troifièmement, ils peuvent fortir d’un œuf auffi ifolé & complet, mais pondu plus ou moins de tems avant d’éclore. Ces deux dernières manières font Îles mêmes quant au fond ; elles diffèrent beaucoup de 1a première , maïs elles ne diffèrent l’une de l'autre que par les circonftances de F'incubation ; dans la feconde, Serpens , Tome II. D 26 HysrorrEe NATURELLE même que le nombre des petits dans les Quadrupèdes vivipares. On a jufqu'à préfent trop peu obfervé les mœurs des reptiles pour quon puifle rien dire à ce fujet. L’on fait feulement qu'il y a des efpèces de vipères qui donnent le jour à plus de trente vipe- reaux ; & l’on fait aufli que le nombre des œufs, dans certaines efpèces de Serpens ovipares des con- trées tempérées, va quelquefois jufqu'à treize. Les œufs dans quelques efpèces ne fortent pas Pun après l’autre immédiatement : la femelle paroît avoir befoin de fe repofer après la fortie de chaque œuf. Il eft même des efpèces où cette fortie eft aflez diflicile pour être très-douloureufe. Une couleuvre (a) femelle la chaleur intérieure du ventre de la mère développe le véritable œuf; tandis que dans la troifième , la chaleur extérieure du corps de la mère , ou la chaleur plus étrangère du foleil & de Patmofphère le fait éclore. Les animaux qui viennent au jour de la feconde & de la trot: fième manière font donc également ovipares ; j'at donc été fondé à donner ce nom, avec la plupart des Naturaliftes , aux tortues , croco- diles , lézards, falamandres, grenouilles, & autres Quadrupèdes fans mamelles 3 & tous les Serpens, même les vipères , doivent être aufMi regardés comme de vrais oviparcs, très différens également, par leur manière de venir au jour, des vivipares proprement dits. Voyez, à ce fujet, Ray; Synopfis methodica animalium quadrupedum & Ser- pentin; generis. Lond. 1693, fol. 47 & fol. 285. (a) « J'obfervai qu'un de ces Serpens femelle , après s'être bear: # coup roulé fur les carreaux, ce qu’il n’avoit pas coutume de faire ; DAEL SUN SUE ER AP FIN 6: 7 qu'un obfervateur avoit trouvée, pondant fes œufs avec lenteur & beaucoup d'efforts, & qu'il aida à fe dé- barrafler de fon fardeau, paroïfloit recevoir ce fecours, non-feulement fags peine, mais même avec un plai- fir aflez vif ; & ef Frottant mollement le deflus de fa tête contre la main@de l’obfervateur , elle fembloit vouloir lui rendre de douces carefles pour fon bienfait. L'on ignore encore combien de jours s'écoulent dans les diverfes efpèces , entre la ponte des œufs & le moment où le Serpenteau vient à la lumiere. Ce tems doit être très-relatif à la chaleur du climat. Les femelles ne couvent point leurs œufs ; elles les abandonnent après la ponte ; elles les laiflent quel- quefois fur la terre nue , fur-tout dans les contrées très - chaudes ; mais le plus fouvent elles , les couvrent avec plus ou moins de foin fuivant que l’ar- deur du foleil & celle de l’atmofphère font plus ou » y pondit enfin un œuf; je le pris fur-le-champ , je le mis fur une > table, & en le maniant doucement, je lui facilitar la ponte de »> treize œufs. Cette ponte dura environ une heure & demie, car à » chaque œuf il fe repoloit, & lorfque je ceflois de l'aider , il lui : falloit plus de tems pour faire fortir fon œuf; d'où j'eus lieu de s» conclure que le bon office que je lui rendoïs ne lui étoit pas inutile, 2 & plus encore de ce que, pendant cette opération , 1l ne cefla. de 3» frotter doucement mes mains avec fa tête, ‘comme pour Îles cha: > touiller. > Obferv. de George Segerus , Médecin du-Ro: de ae à Colled, acad. part. étrang. vol. 3, p. 2. L Di 28 HirsrTorre NATURELLE moins vives (a) ; nous verrons même que certaines efpèces qui habitent les contrées tempérées , les dé- pofent dans des endroits remplis de végétaux en pu- tréfaction & dont la fermentationÿproduit une cha- leur active (8). .® Si l’on cafle ces œufs, avantique les petits foient ‘éclos, on trouve le Serpenteau roulé en fpirale. Il pa- roît pendant quelque tems immobile ; mais fi le terme de fa fortie de l’œuf n'étoit pas bien éloigné, il ouvre la gueule & afpire à plufieurs reprifes l’air de l’atmof- phere ; fes poumons fe rempliflent ; & le jeu alter- -natif des infpirations & des expirations eft pour lui un (a) « Au mois de Juillet dernier , j'apportai de [a campagne des »> grappes d'œufs de Serpens qui avoïient été trouvées dans le creux > d'un vieux arbre : les ayant ouverts avec précaution, j'y trouvai de > petits Serpens tout vivans , dont le cœur avoit des battemens fen- 3» fibles. Le placenta, formé de quantité de vaifleaux , étoit attaché aw 7 jaune, ou, pour mieux dire, en étoit un prolongement, & alloit # fe terminer en forme de petit cordon, dans lombilic du fœtus ; 2» aflez près de la queue. II eft à remarquer que ces œufs de Serpens » n'éclofent qu'au frais & à Fair libre, & qu’ils fe deflécheroïent dans » un endroit fermé & trop chaud. Il y a apparence que cet anima 5» étant naturellement froid, fes œufs n’ont pas befoin d’une grande a chaleur pour éclore. 3» Ob/èrv. de Thomas Bartholin, infêrée dans les A&. de Copenhague, en 1673, € rapportée dans la Colieélion acadé: mique , part. étrangère , tom. 4 , pag. 226. (b) Voyez particulièrement l'article de la couleuvre à collier. meer oi S MR tbe Et EN 54 39 nouveau moteur aflez puiflant pour quil sagite, fe déroule & commence à ramper. Lorfque les petits Serpens font éclos ou qu'ils font fortis tout formés du ventre de leur mère , ils traînent feuls leur frèle exiftence ; ils n’apprennent de leur mère dont ils font féparés, ni à diftinguer leur proie, ni à trouver un abri; ils font réduits à leur feul inf- tin& : auf doit-il en périr beaucoup avant qu'ils foient affez développés & qu'ils aient acquis aflez d’expé- rience pour fe garantir des dangers. Et fi nous voulons rechercher quelle peut être la force de cet inftinc ; fi nous examinons pour cela les fens dont les Serpens ont été pourvus, nous trouverons que celui de l’ouie dut être très-obtus dans ces animaux. Non - feulement ils font privés d’une conque extérieure qui ramaffe les rayons fonores ; mais ils font encore dépourvus d'une ouverture qui laifle parvenir librement ces mêmes rayons jufqu'au tympan auquel ils ne peuvent aboutir qu'au travers d'écailles aflez fortes & ferrées l’une contre l’autre. Leur odorat ne doit pas être très-fin, car l'ouverture de leurs narines eft petite & environnée d’écailles ; mais leurs yeux , garnis dans la plupart des efpèces, d'une membrane clignotante qui les préferve de plufieurs accidens & des effets d’une lumière prefque toujours trop vive dans les climats qu'ils habitent, font - ordinairement brillans & animés , très-mobiles , très- faillans , placés de manière à recevoir l’image d'un 30 HisrTorrez NATURELLF efpace étendu ; & la prunelle pouvant aifément fe dilater & fe contracter , admet un grand nombre de rayons lumineux, ou arrête ceux qui nuiroient à ces organes (a). Leur vue doit donc être & eft en effet très-perçante. Leur goût peut d’ailleurs être affez actif, leur langue étant déliée & fendue de manière à fe coller aifément contre les corps favou- reux (à) ; leur toucher même doit être aflez fort ; ils ne peuvent pas, à la vérité appliquer immédiatement aux différentes furfaces , la partie fenfble de leur corps ; ils ne peuvent-recevoir par le tact l’impreffon 2 RE (a) Lorfque la prunelle eft reflerrée; elle eft très-alongée, comme dans les chats, les oïfeaux de proie de nuit, &c. & elle forme une fente horizontale dans certaines efpèces, & verticale dans d’autres, quand la tète du Serpent eft parallèle à l'horizon. (b) Elle eft ordinairement étroite , mince, déliée , & de deux corps longs & ronds, réunis enfemble dans les deux tiers de leur longueur. Pline a écrit qu'elle étoit fendue en trois; elle peut le paroître lorfque le Serpent Fagite vivement , mais elle ne left réelle- ment qu'en deux. Pline, Liv. II, Chap. 65. Dans la plupart des eflpèces, elle eft renfermée prefqu’en entier dans un fourreau , d'où l'animal peut la faire fortir en l’alongeant ; 1l peut même 1a darder hors de fa gueule fans remuer fes mâchoiïres & fans les féparer l’une de l’autre , la mâchoire fupérieure ayant , au-deflous du mufeau , une petite échancrure par où la langue peut pañler , & par où, en effet, on voit fouvent déborder les deux pointes de cet orgase , même dans l’état de repos du Serpent. DÉS L'SABIR PI ENV. 31 des objets qui les environnent , qu'au travers des dures écailles qui les revêtent ; ils n'ont point de membres divifés en plufieurs parties, des mains, des pieds, des doigts féparés les uns des autres, pour embraffer étroi- tement ces mêmes objets ; mais comme ils peuvent former facilement plufeurs replis autour de ceux qu’ils faififlent ; qu'ils les touchent, pour ainfi dire, par une forte de main compofée d'autant de parties qu'il y a d'écailles dans le deflous de leur corps, & que par-là ils doivent avoir un toucher plus parfait que celui de beaucoup d'animaux & particulièrement des Quadru- pèdes ovipares, nous penfons qu’ils font plus fenfibles que ces derniers & qu'ils ne cèdent en activité intérieure qu'aux Quadrupèdes vivipares & aux oifeaux. D'ailleurs l'habitude d'exécuter avec facilité des mouvemens agiles & de s'élancer avec rapidité à d’aflez grandes diftances , ne doit-elle pas leur faire éprouver dans un tems très- courtun grandnombre de fenfations qui remontent, pour ainfi dire , les reflorts de leur machine , ajoutent à leur chaleur intérieure , augmentent leur fenfibilité & par conféquent leur inftinét ? La patience avec laquelle ils favent attendre pendant très-long-tems dans une im- mobilité prefque abfolue, le moment de fe jeter fur leur proie , la colère qu'ils paroifflent éprouver lorf- qu’on les attaque, leur fierté lorfqu'ils fe redreffent vers ceux qui soppofent à leur pañlage , la hardiefle avec laquelle ils s'élancent même contre les ennemis qui 32 HirsSTorrREs NATURELLE leur font fupérieurs , leur fureur lorfqu'ils fe préci- pitent fur ceux qui les troublent dans leurs combats ou dans leurs amours, leur acharnement lorfqu'ils dé- fendent leur femelle , la vivacité du fentiment qui femble les animer dans leur union avec elle , ne prouvent-ils pas, en effet, la fupériorité de leur fen- fibilité fur celle de tous les animaux, excepté les oi- feaux & les Quadrupèdes vivipares ? Non-feulement plufieurs efpèces de Serpens vivent tranquillement au- près des habitations de l'Homme , entrent familière ment dans fes demeures , sy établifflent même quel- quefois & les délivrent d'animaux nuifbles & parti- culièrement d’infetes malfaifans (a) ; mais l’on a vu des Serpens réduits À une vraie domefticité, donner à leurs maîtres des fignes d’attachement fupérieurs à tous ceux quon a remarqués dans plufieurs efpèces (2) « Schouten déerit une efpèce de Serpens du Malabar , que les 3 Hollandois ont nommé preneurs de rats, parce qu'ils vivent effec- 32 tivement de rats & de fouris, comme les chats, & qu'ils fe nichent »1 dans les toits des maïfons : loin de nuire aux hommes, ils paffent > fur le corps & Ile vifage de ceux qui dorment, fans leur cauler 2» aucune incommocité ; ils defcendent dans les chambres d’une mai- » fon, comme pour les vifiter, & fouvent ils fe placent fur le plus » beau lit. On embarque rarement du bois de chauffage , fans y jeter »> quelques-uns de ces animaux, pour faire la guerre aux infectes #2 quisy retirent. 12 Alf. génér, des Voy. édit. in-12. vol. 43, p. 346. d'oifeaux t 5Es SEkERPENS. 33 d'oifeaux & même de Quadrupèdes, & ne le céder en quelque forte, par leur fidélité, qu’à l’animal même qui en eft le fymbole (a). Il en eft des Serpens comme de plufeurs autres ordres d'animaux : ceux qui font très-grands, font ra- rement plufieurs enfemble. I1 leur faut trop de place pour fe mouvoir , trop defpace pour chafer ; doués de plus de force & d'armes plus puiffantes, ils doivent sinfpirer mutuellement plus de crainte : mais ceux qui ne parviennent pas à une longueur très-confidé- rable , & qui n'excèdent pas fept ou huit pieds de long, habitent fouvent en très-grand nombre , non- feulement fur le même rivage ou dans la même forêt, fuivant qu’ils fe nourriflent d'animaux aquatiques, ou de ceux des bois, mais dans le même afyle fouterrain; c'eft dans des cavernes profondes qu’on les rencontre quelquefois entaflés, pour ainfi dire, les uns contre les autres, repliés, & entrelacés de telle forte qu'on croi- roit voir des Serpens à plufeurs têtes. Lorfqu'on par- vient dans ces antres ténébreux , on n'entend d'abord que le petit bruit qu'ils peuvent faire au milieu des feuilles fèches , où fur le gravier en fe tournant & en fe retournant, parce que naturellement paifbles lorf- qu'on ne les attaque point , ils ne cherchent alors qu'à (4 {a) Voyez particulièrement l'article de la couleuvre commune, Serpens , Tome IT. E 34 HrnsrourEeNATURELTE fe cacher davantage , ou continuent fans crainte leurs mouvemens accoutumés ; mais fi on les efiraie ou les irrite par un féjour trop long dans leurs repaires , on ntend autour de foi leurs fifflemens aigus ; & fi lon peut appercevoir les objets à l’aide de la foible clarté qui parvient dans la caverne, on voit un grand nombre de têtes fe drefler au-deflus de plufeurs corps écail- leux, entortillés & preflés les uns contre les autres, & tous les Serpens faire briller leurs JEU & agiter, avec viteñe , leur langue délice. Telle eft Pefpècé de fociété dont ces animaux font fufceptibles; mais, dépourvus de mains & de pieds, ne pouvant rien porter qu'avec leur gueule, ils font plufeurs enfemble fans que leur union produife ja- mais aucun ouvrage combiné , fans que leurs efforts particuliers tendent à un réfultat commun, fans qu'ils cherchent à rendre leur retraite plus commode ; & peut-être eft-ce par une fuite de ce défaut de concert dans leurs mouvemens , qu'on ne les voit point fe réunir contre les ennemis qui les attaquent ni chafler en commun une proie dont ils viendroient plus aifé- ment à bout par le nombre. Ils éprouvent pendant l'hiver des latitudes élevées, un engourdiflement plus ou moins profond & plus où moins long , fuivant la rigueur & la durée du froid : ce ne font guère que les petites efpèces qui tombent dans cette torpeur , parce que les très-grands Serpens DÉr S, SE R PE NS 35 vivent dans la Zone torride où les faifons ne font jamais aflez froides pour diminuer leur mouvement vital, au point de les engourdir. Us fortent de leur fommeil annuel, lorfque les premiers jours chauds du printems fe font reflentir ; mais ce qui peut paroître fingulier, c'eft qu'ainfi que les Quadru- pèdes ovipares , & prefque tous les animaux qui paflent le tems du froid dans un état de fopeur, ils fe réveillent de leur fommeil d'hiver, lorfque la température eft encore moins chaude que celle qui n’a pas fufli, vers la fin de l'automne, pour les tenir en activité. On a obfervé que ces divers animaux fe retiroient fouvent pendant l'automne dans leurs afyles d'hiver, & sy engourdif- foient à une température égale à celle qui les ranimoit au printems. D’où vient donc cette différence d'effets de la chaleur du printems & de celle de l’automne ? Pourquoi, vers la fin de lhiver, le même degré de chaleur produit-il un plus haut degré d'activité dans les animaux? C’eft que la chaleur du printems n’eft point le feul agent qui ranime alors & mette en mouve- ment les animaux engourdis. Dans cette faifon, .non- feulement l’atmofphère commence à être pénétrée de: chaleur ; mais encore elle fe remplit d'une grande quantité de fluide éleétrique qui fe diflipe avec les orages de l'été; & voilà pourquoi on n’entend jamais, pendant l’automne, un aufli grand nombre d’orages ni des coups de tonnerre aufli violens , quoique quelquefois E ij - 36 Hirsrorre NATURELLE la chaleur de ces deux faifons foit égale. Ce fe électrique eft un des grands agens dont fe fert la Nature pour animer les êtres vivans ; il n’eft donc pas furprenant que lorfqu'il abonde dans l’atmofphère, les animaux déjà mus par cette caufe puiflante, n'aient befoin , pour reprendre tous leurs mouvemens, que d'une chaleur égale à celle qui les laifferoit dans leur état de torpeur, fi elle agifloit feule. La plupart des animaux qui ont affez de chaleur intérieure pour ne pas s’'engourdir, & l’homme même, éprouvent cette différence d'action de la chaleur du printems & de celle de l'automne ; ils ont, tout égal d’ailleurs, bien plus de forces vitales & d'activité intérieure dans le commencement du printems, qu’à l'approche de l’hiver, parce qu'ils font également fufceptibles d’être plus ou moins animés par le fluide électrique dont l’action eft bien moins forte dans l'automne qu'au printems. Quelque tems après que les Serpens font fortis de leur torpeur , ils fe dépouillent comme les Quadru- pèdes ovipares , & revêtent une peau nouvelle ; ils fe tiennent de même plus ou moins cachés pendant que cette nouvelle peau meft pas encore endurcie (a); (a) L'on trouvera , à l’article de la couleuvre d'Efculape , l'expoñ: tion très-dctaillée de la manière dont fe fait le dépouillement des Serpens, DAEUS Sr R'PTP NL 27 mais le tems de leur dépouillement doit varier fuivant les efpèces, la température du climat, & celle de la faifon (a). C’eft même dans les Serpens que les Anciens A 22 (a) Ayant trouvé; près de Copenhague, une grande quantité de Serpens de l’efpèce de ceux qu'on nomme Serpens d'Efculape , parce qu'ils ne font pas dangereux & qu'ils n’ont point de venin, j'en pris quelques-uns en vie, que je mis dans un panier, & que je fis porter dans mon cabinet. D'abord, pour plus grande füreté, je leur arrachai la petite langue déliée qu'ils dardent fans cefle , croyant alors , fuivant Popinion vulgaire, qu'ils pouvoïent par-là faire des bleflures mortelles ;: mais devenu par la fuite plus hardt , je leur laïflaï cette partie comme incapable de pouvoir faire le moindre mal. Les Serpens à qui j'avois Ôté la langue reftèrent dans le panier, que j'avois rempli d'une terre molle & humide, pendant plus de troïs jours, triftes & fans mouvement, à moins qu’on ne les agaçit; maïs ayant recouvre leur première vigueur , ils parcou- rureht bientôt , fins aucune crainte, tous Îles recoins de mon cabinet, fe retirant toujours , fur le foir , dans le panier. fe m’ap- perçus, un jour, qu'un d'eux faïfoit les plus grands efforts pour fe fourrer entre ce panier & Île mur, contre lequel je avoiïs placé ; je le retirai donc un peu, pour obferver dans quelle vue ce Serpent cherchoit ainfi des lieux étroits, & dans l'inftant il fe mit en de- voir de fe dépouiller de fa peau , en commençant près de fa tête ; je m'approchat alors, & je l’aidar peu-à-peu à s’en débarrafler. Ce travail fini , il fe retira dans fa boîte pendant quelques jours, & jufqu'à ce que fa nouvelle peau écaïlleufe eût acquisune confiftance convenable. » Obfery. de George Segerus , Ephémérid. des Curieux de la Nature, déc. à , an 1. — Colleéé, acad. part. étrang. tom. 3, Pag. £ 38 Hirsroirrs NarTuvrrzrre ont principalement obfervé le dépouillement annuel, & comme leur imagination riante & féconde fe plaifoit à tout embellir, ils ont regardé cette opération comme une forte de rajeuniflement, comme le figne d’une nouvelle exiftence, Comme un dépouillement de la vieilleffe , & une réparation de tous les effets de l’âge ; ils ont confacré cette idée par pluñeurs proverbes, & fuppofant que le Serpent reprenoit, chaque année, des forces nouvelles avec fa nouvelle parure, qu'il jouifloit d'une jeunefle qui s'étendoit autant que fa vie, & que cette vie elle-même étoit très-longue, ils fe font dé- terminés d'autant plus aifément à le regarder comme le fymbole de l'éternité, que plufeurs de leurs idées aftronomiques & religieufes fe lioient avec ces idées phyfiques. On ignore, dans le fait, quelle eft la longueur de la vie des Serpens. On doit croire qu'elle varie fuivant les efpèces, & qu’elle eft d'autant plus confidérable, qu’elles parviennent à de plus grandes dimenfions. Mais on na point, à ce fujet, d'obfervations précifes & fuivies. Et comment auroit-on pu en avoir? La confor- mation extérieure de ces Reptiles eft trop fimple & trop peu variée, pour qu'on ait pu s’aflurer d’avoir vu plufieurs fois le même individu dans les bois ou dans les. autres endroits où ils vivent en liberté; & d’ailleurs, les grands Serpens ont toujours infpiré trop de crainte pour qu'on ait ofé eflayer de les obferver avec afliduité; DE: 8. S'LAVIR GPA E CNT S. 39 les moins grands ont été auf l’objet d’une grande frayeur, ou leur petitefle, ainfi que la nature de leurs retraites les ont dérobés aux regards de ceux qui auroient voulu étudier leurs habitudes. Mais, fi nous manquons de faits poftifs & de preuves directes à ce fujet , nous pouvons préfumer, par analogie, qu'en général leur vié comprend un grand nombre d'années. Les Quadrupèdes ovipares avec lefquels ils ont de très- grands rapports, tant par leur conformation intérieure , la température de leur fang, le peu de folidité de leurs os, leurs écailles, &c. que par leurs habitudes, leur engourdifiement périodique & leur dépouillement an- nuel, jouiflent en général d’une vie aflez longue. Les très-grandes efpèces de Serpens doivent donc vivre très-long-tems ; fi nous les comparons en effet avec les Crocodiles, qui ne parviennent de la longueur de quelques pouces à celle de vingt-cinq ou trente pieds qu'au bout de trente ans(a), nous trouverons que les Serpens dont la grandeur excède quelquefois quarante pieds, ne doivent y parvenir qu'au bout d’un tems pour le moins au long. Ces énormes Serpens fortent en effet. d'un œuf, comme les Crocodiles ; leurs œufs font à-peuprès de la même groffeur que ceux de ces der- (a) Voyez Varticle: du crocodile dans l'Hiftoire! Naturelle des Quadrupèdes ovipares. 40 His Tor RE SNA Tu RAT EVER niers animaux, & le fœtus ne doit guère avoir plus de deux pieds de long lorfqu'il éclot, à quelque efpèce démefurée qu’il appartienne ; nous avons vu & mefuré de jeunes Serpens évidemment de la même efpèce que ceux qui parviennent à trente ou quarante pieds de long, & leur longueur n’étoit qu'environ de trois pieds, quoique leur conformation & la pofition de leurs diverfes écailles annonçaflent qu’ils étoient fortis de leur œuf depuis quelque tems lorfqu'ils avoient été tués. Mais fi ces grands Serpens ont befoin au moins du même tems que les Crocodiles pour atteindre à leur entier éveloppement, ne doit-on pas fuppofer que leur vie eft aufli longue ? Sa durée feroit bien plus confdérable, ainfi que celle de prefque tous les animaux qui vivent dans l’état fauvage, & qui ne reçoivent de l’homme ni abri, ni nourriture, s'ils pouvoient pañler par un véritable état de vieillefle, & fi le commencement de leur dépériffe- ment n'étoit pas prefque toujours le terme de leur vie. Prefque aucun des animaux qui font dans le pur état: de Nature, ne prolonge fon exiftence au-delà du moment où fes forces commencent à saffoiblir. Cette époque , qui, dans l’homme placé au milieu de la fociété, n'indique tout au plus que les deux tiers de fa vie, marque la fin de celle de l’animal fauvage. Dès le moment que fa vigueur diminue, il ne peut ni atteindre à la courfe les animaux dont il fe nourrit, ni fupporter la fatigue DES NSLEL RP EU Nes: AT la fatigue d’une longue recherche pour fe procurer les alimens qui lui conviennent, ni échapper par la fuite aux ennemis qui le pourfuivent , ni attaquer ou fe défendre avec des armes fupérieures ou égales. Dès- lors ayant moins de reflources, lorfqu’il auroit befoin de plus de fecours ; expofé à plus de dangers, lorfqu’il a moins de puiflance & de légèreté pour s’en garantir, manquant plus fouvent d’alimens, lorfqu'il lui eft plus néceflaire derréparer des forces qui s’épuifent plus vite, fa foibleffle va toujours en augmentant ; la vieilleffe n'eft pour lui qu'un inftant très- court, auquel fuccède une décrépitude dont tous les degrés fe fuivent avec rapidité : bientôt retiré dans fon afyle, où même quel- quefois il a bien de la peine à fe trainer, il meurt de dépériflement & de faim, ou eft dévoré par des animaux plus vigoureux que lui. Et voilà pourquoi l’on ne ren- contre prefque jamais d'animal fauvage avec les fignes de la caducité ; il en feroit de même de l’homme qui vivroit feul dans le véritable état de Nature ; fa vie fe termineroit toujours au moment où elle commenceroit à s'afloiblir ; la fociété feule, en lui fourniflant les fecours, les abris, les divers alimens, a prolongé des jours qui ne peuvent fe foutenir que par ces forces étrangères ; l'intelligence humaine a doublé, pour ainf dire, la vie que la Nature avoit accordée à l’homme ; & fi les produits de cette intelligence, fi les réfultats de la fociété,, fi les arts de toute efpèce ont amené Serpens , Tome II. F 42 Hrsrorrr NATURELLE les excès qui diminuent les fources de Pexiflence ; ils ont créé ces fecours puiflans qui empêchent qu’elles ne tariflent prefqu'au moment où elles commencent à n'être, plus fi abondantes. Tout compté, ils ont donné à l’homme bien plus d'années, par tous les biens qu'ils lui procurent, qu'ils ne lui en ont Ôté, par les maux qu'ils entrainent. Les animaux élevés en domef- ticité, jouiflant des mêmes abris, & trouvant toujours à leur portée la nourriture qui leur convient , parvien- droient prefque tous, comme l’homme, à une longue vieillefle ; ils recevroient ce bienfait de nos arts, en dédommagement de la liberté qui leur eft ravie, fi l'intérêt qui les élève, ne les abandonnoit dès que leurs forces aflviblies & leurs qualités diminuées , les rendent inutiles à nos jouiflances. Lorfque les très-grands Serpens font encore éloignés de leur courte vieilleffe, lorfqu'ils jouiffent de toute leur activité & de toutes leurs forces, ils doivent les entre- tenir par une grande quantité de nourriture fubftantielle; aufh ne fe contenient-ils pas de brouter l'herbe, ou de manger des graines & des fruits, ils dévorent les animaux qu'ils peuvent faifir ; & comme, dans la plu- part des Serpens, la digeftion eft très-longue, & que leurs alimens demeurent très - long -tems dans leur corps, les fubftances animales qu’ils avalent, & qui font très-fufceptibles de putréfaéion, sy décompofent & s'y corrompent au point de répandre l'odeur la plus DA EH SN STE) RE ENS. 43 fétide. Il eft arrivé à plufeurs Voyageurs, & particu- lièrement à M. de la Borde (a), qui avoient ouvert le corps d’un Serpent, d'être comme fufoqués par l'odeur forte & puante qui s’exhaloit des reftes d'alimens que l'animal avoit encore dans les inteftins. Cette odeur vive pénètre le corps du Serpent, &, fe faifant fentir de très-loin, annonce à une affez grande diftance l'approche du Reptile. Fortifiée dans plufieurs efpèces, par celle qu'exhalent des glandes particulières (), elle fort, pour ainfi dire , par tous les pores, mais fe répand fur-tout par la gueule de l’animal ; elle eft produite par un grand volume de miafmes corrupteurs & de vapeurs méphitiques , qui, s'étendant jufqu'à la viétime que le Serpent veut dévorer , l'inveftit , la fufloque | ou ajoutant à la frayeur qu'infpire la préfence du Reptile, l’enivre , lui Ôte l’ufage de (a) Notes manuférites communiquées par M. de la Borde, Corref- pondant du Cabinet du Rot , à Cayenne. (b) Voyez les divers articles de cette Hiftoire. ce Au Bréfil 1l fe trouve, à chaque pas, des Serpens dans les cara- » pagnes, dans les bois, dans l’intérieur des maïfons , & jufques > dans les lits ou les hamacs ; on en eft piqué la nuit comme le jour, » & fi l’on n’y remédie pas aufli-tôt par la faignée , par la dilatation de > la bleflure , & par les plus puiflans antidotes , 1l faut s'attendre à 2» mourir dans les plus cruelles douleurs. Quelques efpèces jettent une 3» odeur de mufc qui eft d’un grand fecours pour fe garantir deleurs » furprifes. »2 Hiff. génér. des Voyag. édit, in-12. vol. 54 , pag: 326, F à 44 Hirsrorrr NATURELLE fes membres, fufpend fes mouvemens, anéantit {es forces, la plonge dans une forte d’abattement, & la livre fans défenfe à l’animal vorace & carnaflier. Cette vapeur putride, qui produit des effets fi fu- neftes fur les animaux qui y font expofés , & qui a donné lieu à tant de contes bizarres & abfurdes (a), forme une forte d'atmofphère empeftée autour de prefque tous les grands Reptiles , foit qu'ils aient du venin , ou quils n'en foient pas infectés ; & elle ne doit être prefque jamais rapportée à la nature de ee poifon, qui, malgré fon activité, ne répand pas fouvent une odeur fenfible, même lorfqu'il eft mortel. - Lorfque les Serpens fe font précipités fur les ani- maux dont ils fe nourriffent , ils les retiennent en fe roulant plufeurs fois autour d'eux , & en les ferrant dans leurs nombreux replis ; ils les dévorent alors, & ce qui fert à expliquer comment ils avalent des vo- lumes très-confidérables , c’eft que leurs deux mâchoires {ont articulées enfemble de manière à pouvoir fe fé- parer l’une de l’autre, & s’écarter autant que la peau de la tête peut le permettre ; cette peau obéiflant avec facilité aux efforts de l'animal, & les deux os qui forment (a) Lifez particulièrement l'Hiftoire générale des Voyages, édition in-12. tom. 53, pag. 445 & fuiv. DE NSN ONE) RAA (EON LS: 4% les deux côtés de chaque mâchoire, n'étant réunis vers le mufeau que par des ligamens qui fe prêtent plus ou moins à leur féparation , il n’eft pas furprenant que la gueule des Serpens devienne une large ouverture par laquelle ils peuvent engloutir des corps très-gros. D'ailleurs comme ils commencent par brifer au milieu de leurs contours les os des animaux, & les autres fubftances très-dures, qu'ils veulentavaler ;commeils s’aident, pour y parvenir plus facilement, desarbres, des groffes pierres & de tous les corps très-réfiftans qui peuvent être à leur por- tée; comme ils les enveloppent dans lesmèêmes replis que leurs victimes, & qu'ils s’en fervent comme d'autant de leviers pour les écrafer, il eft encore moins étonnant que leurs alimens , étant broyés de manière à céder aux dif- ferentes preffions, & étant enduits de leur bave & d’une liqueur qui les rend plus fouples & plus gluans, puiffent entrer en grande mañfle dans leur gueule très-élargie; ils ferrent même fouvent leur proie avec tant de force & de promptitude , que non-feulement ils la compriment , la brifent & la concaffent , mais la coupent comme le fer le plus tranchant. Les anciens connoifloient cette manière d'attaquer qu'emploient prefque tous les Serpens , & furtout les très-grandes efpèces. Pline (2) a écrit même que lorfque la) Pline, Liy. X, Chap. 92, 46 Hisrorre NATURELLE ces énormes reptiles avoient avalé quelque grand ani- mal, & par exemple une brebis, ils s’efforcoient de le brifer en fe roulant en plufieurs fens & en compri- nant ainfi avec force les os & les différentes parties de l'animal qu’ils avoient dévoré. Leurs alimens étant triturés & préparés, avant de parvenir dans leur eftomac, il eft aifé de voir qu'ils doivent être aifément digérés, d'autant plus que leurs fucs digeftifs paroïffent très-abondans , leur véficule du fiel par exemple étant en général très-grande en pro- portion des autres parties de leur corps. La mafie des alimens qu'ils avalent eft quelquefois fi groffe , relativement à l'ouverture de leur gofier , que, malgré tous leurs efforts, l’écartement de leurs mâchoires & l’extenfion de leur peau, leur proie ne peut entrer quà demi dans leur eftomac. Etendus alors dans leur retraite, ils font obligés d'attendre que la partie qu'ils ont déja avalée foit digérée , & qu'ils puiflent de nouveau écrafer, broyer , enduire & préparer les portions trop grofles ; & on ne doit pas être étonné qu'ils ne foient cependant pas étouflés par cette mafle d'alimens qui remplit leur gofier & y interdit tout pafñlage à l'air ; leur trachée-artère par où l'air de l’atmofphère parvient à leurs poumons (a), (a) I n'y a point d'épiglotte pour fermer l'ouverture de la trachée, cette ouverture ne conffte communément que dans une fente très- D\ HS 4 SE RP) ENS! 47 s'étend jufqu'au-deflus du fourreau qui enveloppe leur langue ; elle s'avance dans leur bouche de manière que fon ouverture ne foit pas obftruée par un volume d'alimens fufhifant néanmoins pour remplir toute la ca- pacité du gofer ; & Vair ne cefle de pénétrer plus ou moins librement dans leurs poumons jufqu'à ce que prefque toutes les portions des animaux qu'ils ont faifis foient ramoillies , mêlées avec les fucs digeftifs , tri- turées , &c. Quelques eflorts qu'ils faflent cependant pour brifer & concafler les os, ainfi que pour ramollir Mes chairs & les enduire de leur bave, il y a certaines parties, telles, parexemple, queles plumes des oifeaux, qu'ils ne peuvent point ou prefque point digérer , & qu'ils rejettent prefque toujours. Lorfque leur digeftion eft achevée , ils reprennent une activité d'autant plus grande , que leurs forces ont été plus renouvellées; & pour peu fur-tout qu’ils ref- fentent alors de nouveau laiguillon de la faim, ils redeviennent très-dangerenx pour les animaux plus foibles qu'eux ou moins bien armés. Ils préludent prefque toujours aux combats qu'ils livrent, par des fiflemens plus ou moins forts. Leur langue étant très- déliée & très-fendue, & ces animaux la lançant en étroite, & voilà pourquoi les Serpens ne peuvent faire entendre que des fiflemens, 48 HISTOIRE NATURELLE dehors , lorfqu’ils veulent faire entendre quelques fons, leurs cris doivent toujours être modifiés en fifflemens ; & il eft à remarquer que ces fifflemens plus ou moins aigus ne paroifflent pas être comme les cris de plufeurs Quadrupèdes ou le chant de plufieurs oïifeaux , une forte de langage qui exprime les fenfations douces aufh bien que les affections terribles ; ils n’annoncent dans les grands Serpens que le befoin extrême , ou celui de l'amour ou celui de la faim. On diroit qu'au- cune affettion paifible ne les émeut affez vivement pour qu'ils la manifeftent par l'organe de la voix 5% prefque tous les animaux de proie tant de l'air que de la terre , les aigles , les vautours, les tigres ,\les léopards , les panthères , ne font également entendre leurs cris ou leurs hurlemens que lorfque leurs chaffes commencent ou qu'ils fe livrent des combats à mort pour la libre poffeffion de leurs femelles. Jamais on ne les a entendus comme plufieurs de nos animaux do- meftiques , & la plupart des oïfeaux chanteurs, ra- doucir, en quelque forte , les fons qu'ils peuvent pro- férer , & exprimer par une fuite d'accens plus ou moins tranquilles , une joie paifble , une jouifflance douce , & pour ainfi dire, un plaifir innocent ; leur langage ne fignifie jamais que colere & fureur ; leurs clameurs ne font que des bruits de guerre ; elles n’annoncent que le defir de faifir une proie, & d’im- moler un ennemi, ou ne font que l’expreflion terrible de la douleur DE SA SÉARRÉP FLN SN 49 de la douleur aigue qu'ils éprouvent, lorfque leur force trompée n'a pu les garantir de bleflures cruelles, ni leur conferver la femelle vers laquelle ils étoient entraînés par une puiflance irréfiftible. | Si les fiflemens des très-grands Serpens étoient en- tendus de loin, comme les cris des tigres, des aigles , des vautours, &c. ils ferviroient à garantir de lap- proche dangereufe de ces énormes Reptiles : mais ils font bien moins forts que les rugiflemens des grands Quadrupèdes carnafliers & des oïifeaux de proie. La mañfle feule de ces grands Serpens les trahit, & les "empêche de cacher leur pourfuite ; on s’apperçoit facile- ment de leur approche, dans les endroits qui ne font pas couverts de bois, par le mouvement des hautes herbes qui s'agitent & fe courbent fous leur poids ; & on les voit aufli quelquefois, de loin, repliés fur eux- mêmes, & préfentant ainfi un cercle aflez vafte & aflez élevé (a). Soit qu'ils recherchent naturellement l'humidité, ou que l’expérience leur ait appris que le bord des eaux, dans les contrées torrides, étoit toujours fréquenté par les animaux dont ils font leur proie, & qu’ils peuvent y trouver en abondance, & fans la peine de la recher- che, l'aliment qu'ils préfèrent, c’eft auprès des mares, (a) M. Adanfon, Voyag: au Sénégik Serpens, Tome Il. Oo) te) HrsTorre NATURSÉSILE des fontaines, ou des bords des fleuves qu'ils choïfiffent leur repaire. C’eft-là que, fous le foleil ardent des contrées équatoriales, &, par exemple, au milieu des déferts fablonneux de lAfrique, ils attendent que la chaleur du midi amène au bord des eaux, les gazelles, les antilopes, les chevrotains qui, confumés par la foif, excédés de fatigue, & fouvent de difette, au milieu de ces terres defléchées & dépouillées de verdure, viennent leur livrer une proie facile à vaincre. Les tigres & les autres animaux moins altérés d'eau que de fang, viennent aufi fur ces rives, plutôt pour y faifir leurs victimes. que pour y étancher leur foif. Attaqués fouvent par les énormes Serpens, ils les attaquent eux-mêmes. C'eft fur-tout au moment où la chaleur de ces contrées eft rendue plus dévorante par l'approche d’un orage qui fait briller les foudres & entendre fes affreux roulemens, & où l’action du fluide éleétrique répandu dans l’atmof- phère , donne , en quelque forte, une nouvelle vie aux Reptiles, que, tourmentés par une faim extrême, animés par toute l’ardeur d'un fable brülant & d'un ciel qui paroit s'allumer, environnés de feu, & le lançant, pour ainfi dire, eux-mêmes par leurs yeux étincelans, le Serpent & le tigre fe difputent avec le plus d’acharne- ment, l'empire de ces bords fi fouvent enfanglantés. Des Voyageurs difent avoir vu ce fpeacle terrible ; ils ont vu un tigre furieux, & dont les rugifflemens portoient au loin l’épouvante, faïfir avec fes griffes, DES SURUR PUE N6. SI déchirer avec fes dents, faire couler le fang d’un Serpent démefuré, qui, roulant fon corps gigantefque, & fiflant de douleur & de rage, ferroit le tigre dans fes contours multipliés, le couvroit de fon écume rougie, létoufloit fous fon poids, & faifoit craquer fes os au milieu de tous fes reflorts tendus avec force; mais les efforts du tigre furent vains, fes armes furent impuif- fantes, & il expira au milieu des replis de l'énorme Reptile qui le tenoit enchaîné. 5 Et que l’on ne foit pas étonné de la grande puiffance des Serpens. Si les animaux carnaflers ont tant de force dans leurs mâchoires, quoique la longueur de ces mâchoires n'excède guère un pied, & qu'ils n’agiflent que par ce levier unique, quels effets ne doivent pas produire , dans les Serpens, un très-grand nombre de leviers compofés des os, des vertèbres & des côtes, & qui, par l'articulation de ces mêmes vertèbres, peuvent . s'appliquer avec facilité aux corps que les Serpens veulent faifir & écrafer ? A la force & à l’adreffe les Serpens réuniflent un nouvel avantage ; on ne peut leur ôter la vie que difficilement , ainfi qu'aux Quadrupèdes ovipares, & ils peuvent, fans en périr, perdre une portion de leur queue, qui repoufle prefque toujours lorfqu'elle a été coupée (a). Mais ce n’eft pas feulement par des (a) Les Anciens ont exagéré cette proprièté des Reptiles : Pline a G i 5 H ri To PRE UN 4 TU R'EULIDNE bleflures qu’il eft difficile de les faire mourir ; on ne peut y parvenir qu'avec peine par une privation abfolue de neurriture , puifquils vivent plufieurs mois fans manger (a); & même il leur refte encore quelque fenfbilité lorfqu'ils ont été privés pendant long-tems & prefque entièrement , de l’air qui leur eft néceffaire pour refpirer. Redi a fait des expériences à ce fujet; il a placé des Serpens dans le récipient d'une ma- chine pneumatique , & après en avoir pompé prefque tout l'air, il les a vus donner encore quelques fignes de vie au bout de près de vingt-quatre heures (b). écrit que lorfqu'on arrachoït les yeux à un jeune Serpent, il s'en formoit de nouveaux. (a) Voyez les divers articles de cette Hiftoire. (8) Boyle a fait aufli des expériences analogues. « Nous renfermâmes » une vipère, dit ce grand Phyficien , dans un récipient des plus # grands entre les petits, & nous fimes le vuide avec un grand foin; 3» la vipère alloit de bas en haut & de haut en bas, comme pour > chercher l'air; peu de tems après elle jeta par la bouche un peu 5» d’écume qui s’attacha aux parois du verre, fon corps enfla peu, & 3» le cou encore moins, pendant que l’on pompoit Far, & encore 3 un peu de tems après; mais enfuite le corps & le cou fe gonfièrent » prodigieufement , & 1l parut fur le dos une efpèce de veflie. Une > heure & demie après qu'on eut totalement épuifé l'air du récipient, 2 la vipère donna encore des fignes de vie, maïs nous n'en remar- » quâmes plus depuis. L’enflure sétendoit jufqu’au cou, mais elle » netoit pas fort fenfible à la mâchoire inférieure; le cou, & une > grande partie du gofer, étant tenus entre l'œil & la lumière d'une … DA SN SNENR NPC (NS 53 Cette expérience montre comment ils peuvent par- venir à tout leur accroiflement, jouir de toute leur 29 chandelle , paroïfloient aflez tranfparens dans les endroits qui n'étoient point obfcurcis par les écaïlles. Les mâchoïres demeurè- rent fort ouvertes & un peu tordues; l’épiglotte & la fente du larynx, qui reffèrent auffi ouvertes, alloient prefque jufqu'à l'extré- mite de la mâchoire inférieure ; la langue fortoit , pour ainfi dire, de deflous Féprglotte , & s'étendoit au-delà; elle étoit noire & paroïfloit fans vie, le dedans de la bouche étoit aufli noirître; au bout de vingt-trois heures , ayant laïflé rentrer l'air dans le réci- pient, nous obfervâmes que La vipère ferma la bouche à Finftant , mais elle la rouvrit bientot & demeura en cet état; lorfqu’on lui pinçoit ou qu’on lui brüloit la queue , on appercevoit , dans tout le corps, des mouvemens qui indiquoïent un refte de vie. 2» À ces expériences fur les vipères, j'en joindrai une faite fur un Serpent ordinaire & fans venin, que nous enfermâmes , le 25 | Avril, avec une jauge, dans un récipient portatif : ayant épuilé l'air de ce récipient, & pris les précautions néceflaires pour que lair extérieur n'y. pât pas rentrer, nous le portimes dans un endroit tranquille & retiré; il y refta depuis les dix ou onze heures après midi, jufqu'au lendemain environ les neuf heures du matin , & alors le Serpent me parut mort ; mais ayant mis le récipient auprès du feu, à une diftance convenable , l’antmal donna des fignes de vie & darda même fa langue fourchue; je le laïfai en cet état, & n'étant revenu le voir que le lendemain après midr, je le trouvai fans vie & ne pus le faire revenir; fa bouche, qui étoit fermée la vetile, fe trouvoit alors fort ouverte , comme fi les mâchorres euflent été écartées avec violence, » Colle&f. académ, partie étrang. tom. 6 ,pag. 25. 54 HiSrorrEe N'ATURELEZE force , & même choifir de préférence leur demeuré au milieu des marais fangeux, dont les exhalaifons empeftées corrompent l'air, le rendent moins propre à la refpiration, & produifent, dans l’atmofphère , l'effet d’un commencement de vuide. Quoique de tous les tems les Serpens, & fur-tout les très-grandes efpèces, ainfi que celles qui font veni- meufes, aient dû infpirer une frayeur très-vive, leur forme remarquable & leurs habitudes fingulières, ont attiré fur eux aflez d'attention, pour qu’on ait reconnu leurs qualités principales. Il paroït que les Anciens connoifloient, même dès les tems les plus reculés, toutes les propriétés que nous venons d'expofer. Il faut qu'elles aient été obfervées dans ces temps antiques, dont il nous refte à peine quelques monumens impar- faits, & qui ont précédé les fiècles nommés héroïques, où la plupart des idées religieufes des Egyptiens & des Grecs, ont commencé à prendre ces formes brillantes qui-ont fourni tant d'images à la Poéfie. Si nous ow- vrons, en effet, les Livres des premiers Poëtes dont les Ouvrages font parvenus jufqu’à nous; fi nous con- fultons les faftes de la Mythologie Grecque; fi nous réuniflons, fous un même point de vue, les différentes parties de ces anciennes traditions , où le Serpent eft employé comme emblème , nous trouverons que les Anciens lui ont attribué, ainfi que nous, une grandeur très-confidérable , qu'ils fembloient regarder comme D SE ASUITONTE) RU BIIENIN 06à s5 dépendante du féjour de ce Reptile au milieu des endroits marécageux & humides, puifqu'ils ont fup- pofé qu'à la fuite du déluge de Deucalion, le limon de la terre engendra un énorme Serpent, qu'Apollon tua par fes flèches , c’eft-à-dire , que le foleil fit périr & -deffécha par la chaleur de fes rayons. Ils lui ont auffi donné la force, car en parlant du combat d’Ache- loüs contre Hercule , ils ont fuppofé que le premier de ces deux demi-Dieux avoit revêtu la forme du Ser- pent pour vaincre plus aifément fon redoutable adver- faire. C'eft fon agilité & la promptitude de tous fes mouvemens , qui l'ont fait choifir par les Auteurs de la Mythologie Egyptienne & Grecque, pour le fym- bole de la viteflè du tems & de la rapidité avec laquelle les fiècles roulent à la fuite les uns des autres; & voilà pourquoi ils Pont donné pour emblème à Sa- turne, qui défigne ce tems; & voilà pourquoi encore, ils l'ont repréfenté fe mordant la queue, & formant ainfi un cercle parfait, pour peindre la fucceflion infinie des fiècles de fiècles, pour exprimer cette durée éternelle dont chaque inftant fuit avec tant de viteñe, & dont l'enfemble n'a ni commencement ni fin. C’eft ainfi qu'il étoit figuré en argent dans un des Temples de Memphis, comme l’atteftent les monumens échap- pés au ravage de ce même tems dont il étoit le fym- bole; & c’eft encore ainf qu'il étoit repréfenté autour de ces tableaux chronologiques où divers hiéroglyphes 56: . Hrisnounr N'arvmr rire retraçoient aux yeux des Mexicains, de ce premier peuple du nouveau monde, fes années, fes mois, & les divers événemens qui én on foie le cours (a Les Anciens ne lui ont-ils pas aufli attribué l’inftind étendu que les Voyageurs s'accordent à reconnoître dans cet être remarquable ? Ils ont ennobli, exagéré cet inftinct ; ils l'ont décoré du nom d'intelligence , de prévoyance, de divination (b) ; & voilà pourquoi, placé autour du miroir de la Déefle de la prudence, il fut confacré à celle de la fanté, ainf qu'à Efculape (a) Defcription de la nouvelle Efpagne. Hiff. génér. des dé. édit. in-12. {om. 48. (b) Les Habitans d’Argos vénéroïent les Serpens. Les Athéniens difoient, fuivant Hérodote , qu'on avoit vu, dans le Temple, un grand Serpent gardien & protecteur de la citadelle ; & même Jupiter étoit adore fous la forme d'un Serpent dans plufeurs endroits de la Grèce. Mais, pour avoir une idée plus précife des opinions des Anciens touchant l'intelligence, la vivacité, & les autres qualités des Serpens, on peut confulter Plutarque, Eusèbe, Schaw , & M. Savary. Les Egyptiens l'employotent , dans leur langue fymbolique, pour défigner le foleil ; 11 repréfentoit aufli, pour ce Peuple, le bon génie, la Bonté fuprème & infinie, dont le nom, Cneph , lur fut donné, fuivant Eusèbe; & les Phéniciens Ie nommoïent de mème Agatho Daimon , Don génie. Plutarque, Traité d’Ifis & d'Ofiris. — Eusèbe, Préparation évangélique , liy. 3. — Schaw , Obférvations géographiques für la Syrie, l'Egypte, c. tom. 2, chap. & — M. Savary, Lettres für l'Egypte, fom.?; Pag 112 adoré L. 5 DIVERS LOUE R'ONE NES: 57 adoré à Épidaure fous la forme d'un Serpent. N'ont-ils pas reconnu fa longue vie lorfqu'ils ont feint que Cad- mus, & plufeurs autres héros avoient été métamor- phofés en Serpens, comme pour défigner la durée de leur gloire ; & que le choïfiffant pour repréfenter les mânes de ce qui leur étoit cher , ils l’ont placé parmi les tombeaux (4) ? N’ont-ils pas fait allufion à l’effroi qu'il infpire , & principalement au poifon mortel qu’il recèle quelquefois, lorfqu'ils l'ont donné aux Eumé- nides, dont il entoure & hérifle la tête ; à l'Envie , dont il perce le cœur ; à la Difcorde, dont il arme les mains fanglantes ? Et cependant, par un certain contrafte d'idées que l’on rencontre prefque toujours lorfque les objets ont été examinés plufieurs fois & par divers yeux, n’ont-ils pas vu, dans le Serpent, cette beauté de couleurs & ces proportions délices que nous y ferons plus d’une fois remarquer ? Ne lui ont-ils pas accordé la beauté, puifqu'ils ont dit que Jupiter qui, pour plaire à Léda , avoit pris la forme élégante du cygne, avoit choifi celle du Serpent pour obtenir les faveurs d’une autre Divinité ? Toutes ces idées, répandues des contrées de l’Afie anciennement peuplées (2), s'étendant parmi les fociétés à demi- ER (a) Voyez, à ce fujet, dans le 5 Livre de l'Enéide , la belle defcription du Serpent qu'Enée vit autour du tombeau de fon père. (8) Un Roi de Calécut avoit ardonné que celui qui tucroit un Serpens, Tome Il. H 55 HiSronREs NATuRrE rires policées de l'Amérique, & parmi les hordes fauvages de l'Afrique, accrues par leur éloignement de leur Serr ent, feroit puni auffi rigoureufement que s’il avoit tuë un homme ; il regardoït les Serpens comme defcendus du Ciel, comme doués d’une puiflance divine , & même comme des divinités , puilqu'ils pouvoïent donner la mort en un inftant. Dès les tems les plus reculés, le Serpent a été auffi regardé par es Indiens, comme le fymbole de la fagefle; & leur religion avoit con- ficré cette idée. Ménoire manuftrit de feû M. Commerfon, fur L'AUTORRHA-BAHDE , Commentaire du CHASTA ou SHASTAH, Le plus ancien des Livres facrés des habitans de l'Indoflan 6 de la Pref- qu’ Ifle en deçà du Gange. « Les Egyptiens peignoïent un Serpent, couvert d’écaïlles de diffé- » rentes couleurs, roulé fur lui-même. Nous favons, par l'interpré- » tation qu'Horus Apollo donne des hiéroglyphes égyptiens, que, 5 dans ce ftyle, les écailles du Serpent défignoient les étoiles du ciel. » On apprend encore, par Clément Alexandrin, que ces peuples » repréfentoient la marche oblique des aftres par les replis tortueux 5 d’un Serpent. Les Égyptiens, les Perles peignoïent un homme » nud, entortillé d’un Serpent ; fur les contours du Serpent étoient » deflinés les fignes du Zodiaque. C’eft ce qu’on voit fur différens 5» monumens antiques, & en particulier fur une repréfentation de 5 Mithras, expliquée par l'Abbé Bannier, & fur un tronçon de 5 ftatue trouvé à Arles, en 1698. II n’eft pas douteux qu’on a voulu » repréfenter, par cet emblème, la route du foleïl dans les douze » fignes, & fon double mouvement annuel & diurne , qui, en fe ÿ » combinant, font qu'il femble s’avancer d’un tropique à l’autre » par des lignes friraler. On retrouve cet hiéroglyphe jufque chez » les Mexicains. Ils ont leur cycle de 52 ans, repréfenté par une » roue ; cette roue eft environnée d’un Serpent qui fe mord la queue & DE Ss Sir R PE NS. 59 origine , embellies par l'imagination , altérées par l'ignorance, falffiées par la fuperftition & par la crainte, lui ont attiré les honneurs divins, tant dans l'Amérique qu'au Royaume de Juida , & dans d'autres contrées , _où il a encore fes Tembples, fes Prêtres, fes vidtimes; & pour remonter de la confidération d'objets profanes & du fpectacle de la raïfon humaine égarée , à la contemplation des vérités facrées dictées par la parole 22 & par fes nœuds, marque les quatre divifions du cycle....." Il eft » évident que les figures des conftellations, les caractères qui défignent > les fignes du Zodiaque, & tout ce qu’on peut appeller [a notation » aftronomique, font les reftes des anciens hiéroglyphes. Il eft remar- 1 quable que Îes Chinois appellent les nœuds de Ia lune, La tète ‘& 3 la queue du ciel, comme les Arabes difent la tête & Ia queue du dra- » gon. Le dragon eft, chez les Chinois , un animal célefte; 1ls ont 3 apparemment confondu ces deux idées, .... Il eft encore fait 2 mention dans lEdda , d’un grand Serpent qui environne la terre. > Tout cela a quelqu'’analogie avec le Serpent, qui, par-tout, représ > fente le tems , & avec le dragon, dont la tête & la queue marquent 91 les nœuds de l'orbite de la lune, tandis que ce dragon caufe les >» éclipfes. Mais cette fuperftition, ce préjugé univerfel qui fe retrouve > en Amérique comme en Âlfie, n’mdique-t-1l pas une fonrce com- » mune, & ne place-t-1l pas même plus naturellement cette lource au » nord, où peut exifter la feule communication poffible entre PAfe >» & Amérique , & d’où les hommes ont pu defcendre facilement de 2 toutes parts vers le midi, pour habiter l’Amérique, la Chine, les > Indes, &c.? > M. Bailly, de l'Académie françoife , de celle des Sciences, © de celle des Infcriptions. Hif. de l'Afronomie ancienne , PAg. 514. Hi ‘ py' Fi: Lu RSS à é. à PT PEN CA Et SANS CORSA Lt die, NS ä AL ARR Je ” à Da , EU " f , 60 HisSTorre NATURELLZE # divine , fi nous jetons un œil refpedtueux fur le plus faint des Recueils, ne voyons-nous pas toutes les idées des Anciens fur les propriétés du Serpent, s’accorder avec celles qu'en donne lEcrivain facré , toutes les fois qu'il s’en fert comme de fymbole ? Grandeur , agilité, vitefle de mouvement , force, armes funeftes, beauté, intelligence, inftinét fupérieur, tels font donc les traits fous lefquels les Serpens ont été montrés dans tous les tems ; & en cherchant ici à préfenter cet ordre nombreux & remarquable, je mai fait que rétablir des ruines , ramañler des rapports épars , en lierJenfemble & expofer des réfultats gé- néraux que les anciens avoient déja recueillis. C’eft donc la grande image de ces êtres diftingués , déja peinte par les anciens, nos maitres en tant de genres, que je viens d’eflayer de montrer , après avoir tâché de la dégager du voile dont l'ignorance, l'imagination, & l’amour du merveilleux l’avoient couverte pendant une longue fuite de fiècles; voile tiflu d'or & de foie, & qui embellifioit peut-être l’image que l’on voyoit au travers, mais qui n’étoit que l'ouvrage de l’homme, & que le flambeau de la vérité devoit confumer pour m'éclairer que louvrage de la Nature. ET TABLE MÉTHODIQUE DES SERPENS Nous VENONS DE VOIR que malgré le grand nombre de reflemblances que préfentent les diverfes efpèces de Serpens, elles différent les unes des autres, non-feulement par la teinte & la diftribution de leurs couleurs , mais encore par le nombre, la grandeur, la forme & l’arrangement de leurs écailles, autant que par leurs habitudes, & particulièrement par la nature de leur habitation, ainfi que de la nourriture qu’elles recherchent. L'ordre des Serpens étant d’ail- leurs afflez nombreux, & renfermant plus de cent qua- rante efpèces (4), nous avons cru ne pouvoir en traiter (a) Nous décrivons dans cet Ouvrage, non-feulement plus de cent quarante, mais même plus de cent foixante Serpens; cependant, comme plufeurs de ces animaux, au lieu de former plus de cent foixante efpèces, ainfi que nous Île préfumons, pourront, dans la fuite n'être regardés, d’après de nouvelles obfervations des Voyageurs 62 frsrorre NATURELLE avec clarté, qu'en établifflant dans l’ordre de ces Rep- tiles , quelques divifions générales, fondées fur la dif- férence de leur conformation extérieure, ainñ que fur celle de leurs mœurs. Nous les avons réunis en huit différens groupes; & nous en avons formé huit genres. Le premier eft compoifé des Serpens qui ont un feul rang de grandes écailles fous le ventre, & deux rangs de petites plaques fous la queue. Nous les appel- lons couleuvres ( en latin coluber,) avec la plupart des Naturaliftes récens, & particulièrement avec M Linné: & ce genre comprend la vipère commune, l’afpie, la couleuvre proprement dite, la couleuvre à collier, la quatre raies, cinq Serpens très-communs en France, & qui forment avec l’orvet, & peut-être la couleuvre d'Efculape, les feules efpèces qu'on y ait encore ob- fervées. Nous plaçons dans le fecond genre les Serpens qui n'ont qu'un feul rang de grandes plaques, tant au def- fous du corps qu'au deflous de la queue, & ce genre préfente les plus grandes efpèces auxquelles nous laif- fons le nom générique de Loa, par lequel elles ont été défignées en latin par Pline & les autres anciens Au- teurs, & en françois ainfi qu'en latin, par le plus ou des Naturaliftes , que comme des variétés dépendantes de lâge ou du fexe, nous avons cru he devoir parler ici que de cent quarante efpèces. ae DE) SUMSNE AR PIE) NS. 63 grand nombre des Naturaliftes & des Voyageurs mo- dernes, & qu'on a ainfi nommées, parce qu'on a écrit qu'elles fe nourrifloient avec plaïifir du lait des vaches (a). Le troifième genre eft compofé des Serpens qui ont de grandes adieMirs le ventre & fous la queue dont l'extrémité eft terminée par des écailles articulées & mobiles, auxquelles on a donné le nom de fon- nettes (&) : nous leur confervons le nom sad de Serpent à fonnette (c). Dans le quatrième genre, l'on trouvera les Serpens ‘qui n’ont au deflous du corps & de la queue, que des écailles femblables à celles du dos; nous leur laiffons le nom générique d’anguis. Et c’eft dans ce genre qu’eft placé l’orvet, Serpent très-commun dans quelques-unes de nos Provinces méridionales. Nous comprenons dans le cinquième genre, ceux qui font entourés par tout d'anneaux écailleux, & que les Naturaliftes ont déjà appellés amphisbènes. Nous comptons dans le fixième , les Serpens dont les côtés du corps font pliffés, & que l’on a nommés cœciles (en latin cœcilia. ) (a) Aluntur primè bibuli la@is fucco, unde nomen traxere. Pline , y. 28, chap. 14. (b) Voyez la defcription de ces écailles ou fonnettes, dans l’article du boïquira. (c) ÆEn latin crotalus, 64 FH or oûrR EN UN AT Ve) Eure Dans le feptième genre doivent être mis ceux dont le deffous du corps préfente vers la tête de grandes plaques, ne montre enfuite que des anneaux écail- leux, & dont la queue garnie de ces mêmes anneaux à fon origine, neft revêtue que de fimples écailles à fon extrémité. Nous les appellôns langaha avec les naturels du pays où on les trouve. Et enfin, nous plaçons dans le huitième le Serpent qui a fa peau revêtue de petits tubercules, & que nous nommons l’acrochorde de Java, avec M. Horn- ftedt, qui en a publié la defcription (a). Dans chacun de ces huit genres différenciés par des fignes extérieurs très-conftans & très-faciles à recon- noître, il feroit à defirer que l’on püt former une fous- divifion, d'après une propriété bien importante dont nous allons parler. Chacun de ces genres préfenteroit deux groupes fecondaires. L’on placeroïit dans le pre- mier les Serpens dont les petits éclofent dans le ventre de leur mere , & auxquels on doit donner le nom de vipére, & l’on comprendroit dans le fecond les (a) M. Linné a divifé les Serpens en fix genres, auxquels nous avons ajouté celur des Langaha , que M. Bruyères, de Ia Société royale de Montpellier, a Îe premier fait connoître , dans le Journal de Phyfique du mois de Février 1784, & celur que M. Hornftedt a décrit dans les Mémoires de l’Académie de Stockolm, année 1787, page 306. serpens D AN SN» PEN 0 65 Sefpens proprement dits, & qui pondent des œufs. Cette diftribution fi naturelle, & fondée fur d’aflez grandes différences intérieures, ainfi que fur un fait remar- quable, devroit faire partie de tout arrangement mé- thodique , deftiné à faire reconnoître l’efpèce & le nom des divers individus. Maïs, pour cela, il faudroit qu'on eût trouvé des caractères extérieurs conftans & faciles à voir, qui diftinguaffent les vipères d’avec les Serpens proprement dits. Un fort bon Obfervateur, M. de la Borde, Correfpondant du Cabinet du Roi à Cayenne, a cru remarquer que toutes les efpèces de Serpens dont les petits éclofent dans le ventre de leur mère, font veni- meufes, & que, par conféquent, elles ont toutes des cro- chets ou dents mobiles femblables à celles de la vipère commune d'Europe. Si cette obfervation importante, que nous avons vérifiée fur plufñeurs efpèces de Serpens reconnus pour vipères, pouvoit s'appliquer également à toutes les efpèces de Reptiles qui viennent au jour tout formés, & fi ces dents mobiles ne garnifloient les mà- choires d'aucun Serpent ovipare, on pourroit regarder ces crochets comme des caractères diftinctifs de la fous-divifion des vipères dans chacun des huit genres des Reptiles. Ce caradtère eft d'autant plus remar- quable , qu'il nous a paru toujours réuni avec une conformation particulière des mâchoires, que nous croyons devoir faire connoître ici, Dans toutes les ef- pèces de couleuvres à crochets que nous avons Serpens , Tome IT, ? 66 Hsisrarrr ANAFUTRAMLE examinées, nous n'avons trouvé à la mâchoire fupérieure qu'un feul rang de petites dents crochues & recour- bées en arrière; c’eft à l'extérieur de ce rang qu’eft placé de chaque côté un crochet plus où moins long, creux, percé vers fes deux extrémités , enveloppé dans - une gaine, d'où l'animal peut le faire fortir; & auprès de fa bafe font deux ou trois crochets femblables quel- quefois cependant plus petits & deftinés à remplacer le premier, lorfque quelqu'accident en prive le Rep- tile (a). La mâchoire inférieure ne préfente également qu'un feul rang de dents, mais les deux os qui la compofent, l’un à droite & l’autre à gauche, bien loin d’être articulés enfemble au bout du mufeau, ne font réunis que par la peau & les mufcles. Is font toujours très-écartés l’un de l'autre, & terminés par des dents crochues, moins petites que les autres dents, mais qui ne font ni creufes, ni percées, ni mobiles comme les vrais crochets placés dans la mâchoire fupérieure, & ne peuvent diftiller aucun venin. Dans les couleuvres qui n’ont point de vrais cro- chets mobiles, toutes les dents font au contraire pref- qu'égales ; les deux os de la mâchoire inférieure ne font pas articulés enfemble; mais ils font courbés l’un vers l’autre, & ils font rapprochés au point de paroïître fe toucher. La mâchoire fupérieure eft garnie de deux (a) Art. de Ia vipère commune, DES SERPENS. 67 rangs de dents; l'extérieur eft à la place des crochets mobiles, & l'intérieur s'étend très-avant vers le go- fier (a). Cependant, comme l’on devroit defirer un caractère plus extérieur & par conféquent plus facile à appercevoir, ces crochets ou dents mobiles pouvant d'ailleurs être quelquefois confondus avec les dents crochues, mais immobiles de plufieurs efpèces de Ser- pens venus d'un œuf éclos hors du ventre de la mère, j'aiobfervé avec foin un grand nombre de couleuvres, & j'ai remarqué que, dans ce genre , les efpèces dont les mâchoires étoient garnies de crochets ,avoient le fommet de la tête couvert de petites écailles à-peu-près fembla- bles à celles du dos (&), & que prefque toutes les autres Vavoient revêtu au contraire d’écailles plus grandes que celles du deflus du corps, d’une forme très-dif- férente, toujours au nombre de neuf, & placées fur trois rangs, le premier & le fecond à compter du mu- feau, étant compofé de deux écailles, le troifième de trois, & le quatrième de deux. Nous ne croyons pas néanmoins que l’on doive établir une fous- divifion (a, Voyez l'article de la vipère commune, relativement au jeu des mâchoires & des os qui les compofent. : (B) Quelques Serpens venimeux, & par conféquent à crochets, ont quelquefois, entre les yeux, troïs écailles un peu plus grandes que celles du dos; mais je nat vu que fur la tête du Naja, les neuf grandes écailles qui garnïflent celle de La plupart des couleuvres. ovipares & non venimeufes. I j 68 HisTOrrREe NATUREILIE rigoureufe dans le genre des couleuvres, & à plus . forte raifon dans chaque genre de Serpens, avant quede nouvelles & de nombreufes obfervations aient mis les Naturaliftes à portée de compléter notre travail à ce fu- jet ;nous croyons devoir nous contenter, en attendant , de féparer, dans la partie hiftorique de chaque genre, les ef- pèces reconnues pour de vraies vipères , ou que nous COn- fidérerons comme telles, à caufe de leur conformation extérieure, de leurs crochets mobiles, & de leur venin, d'avec les autres que nous regarderons comme ovipares, jufqu’à ce que les Voyageurs aient éclairci l’hiftoire de ces efpèces peu connues & prefque toutes étrangères. Le genre des couleuvres étant très-nombreux , & par conféquent les efpèces qui le compofent, ne pou- vant pas être reconnues très-aifément, non-feulement nous aurions voulu pouvoir féparer les. vipères de celles qui pondent ; mais nous aurions defiré pouvoir divifer enfuite les couleuvres ovipares en deux fections différentes. Nous avons penfé à faire ce partage d’a- près la proportion de la longueur du corps & de celle de la queue, ainfi que d’après la groffeur ou la forme déliée de cette dernière partie; mais indépendamment que cette proportion & cette forme ont été jufqu'à préfent très-peu indiquées par les Naturaliftes & les Voyageurs, & que nous n'aurions pu d’après cela claf- fer les efpèces que nous n’avons pas vues, & dont nous ne parlerons que d'après les Auteurs, nous avons eru nous appercevoir que cette proportion varioit fuivant l'âge DEN SU SO UE Rio Nu) 69 ou le fexe, &c. Nous devons donc uniquement inviter les Voyageurs, & ceux qui ont dans leur collection un grand nombre d'individus de la même efpèce , à déterminer, par des obfervations très-multipliées, les limites de ces variations; lorfque ces limites feront fixées, on pourra établir une divifion exacte entre les deux fec- tions que l’on formera dans la grande famille des couleu- vres ovipares , & dont les caractères diflinétifs feront tirés de la grofieur de la queue & de fa longueur comparée avec celle du corps. Nous ne pouvons maintenant que chercher à indiquer des fignes caraétériftiques de chaque efpèce , très-marqués & très-faciles à faifir, afin de diminuer, le plus poflible, l'inconvénient d'un trop grand nombre d'efpèces renfermées dans le même genre. Nous avons donc laïflé d'autant moins échapper les traits de leur conformation extérieure qui ont pu nous donner ces caractères fenfibles, que, fans cetté attention de rechercher tous les moyens de diftinguer les efpèces , les Naturaliftes & les Voyageurs auroient été très-fouvent embarraflés pour les reconnoître, Lorfqu'en effet les Serpens font encore jeunes , ils ne reffemblent pas toujours aux Serpens adultes de leur efpèce ; ils en diffèrent fouvent par la teinte de leurs couleurs; & s'ils n'en font pas diftingués par la difpoñition générale de leurs écailles, ils le font quelquefois par le nombre de ces pièces. On peut reconnoitre facile- ment leur genre; mais il feroit fouvent difhcile de 70 HISTOIRE NATURELLE déterminer leur efpèce, en n’adoptant pour caractère fpécifique, que celui qui-a été admis jufqu'à préfent par le plus grand nombre des Naturaliftes, & qui a été principalement employé par M. Linné. Ce caractère confifte dans le nombre des grandes & des petites plaques fituées au-deflous du corps & de la queue. Nous penfons , d'après des obfervations & des compa- raifons très-multipliées, que nous avons faites fur plu- fieurs individus d’un grand nombre d’efpèces, confer- vées au Cabinet du Roi, ou que nous avons vues dans différentes collections , que le nombre de ces plaques peut varier fuivant l’âge, augmenter à mefure que les Serpens grandiflent, & dépendre d’ailleurs de beaucoup de circonftances particulières & acciden- telles. Nous n'avons pas cru cependant devoir rejeter un caractère aufli fimple , aufli fenfible, & qui ne seflace pas lors même que l’animal a été confervé pendant long-temps dans les Cabinets ; nous l'avons employé d'autant plus qu'il établit une grande unité dans la méthode, & qu'il eft quelquefois le feul indi- qué par les Auteurs pour les efpèces que nous n'avons pas vues, D'ailleurs nous marquüerons toujours fépa- rément, ainfi que les Naturaliftes qui nous ont pré- cédés , le nombre des plaques qui revêtent le deffous du corps, & celui des plaques fituées au-deflous de la queue ; & comme il peut étréttrès-rare que ces deux nombres aient varié dans le même individu, DÉEUS RAS (ERP E UN ee 71 l'un pourra fervir à corriger l’autre. Mais nous avons cru que ce caractère, tiré du nombre des écailles placées au-deffous du corps ou de la queue, devoit être réuni avec d'autres caractères. Nous avons done mul- tiplié nos obfervations fur le grand nombre de Serpens que nous avons été à portée d'examiner ; nous avons comparé le plus dindividus de chaque efpèce que nous avons pu, afin de parvenir à diftinguer les formes conftantes d'avec celles qui font variables. Nousn’avons prefque pas voulu nous fervir des nuances des cou- leurs, fi peu permanentes dans les individus vivans, & fi fouvent altérées dans les animaux confervés dans les collections. Malgré cette contrainte que nous nous . fommes impofée, nous croyons être parvenus à trouver ce que nous defirions. Nous avons penfé que neuf caractères diflérens pouvoient , par leurs diverfes com- binaïfons avec le nombre des grandes ou des petites plaques placées fous le corps & fous la queue , fuflire à diftinguer les efpèces des genres les plus nombreux, d'autant plus qu'on peut y ajouter, dans certaines circonftances , un dixième caractère fouvent auf per- manent & plus apparent que les neuf autres. Nous tirons principalement ces caractères de la forme des écailles. En effet, fi les plaques du deffous du corps ont à-peu-près la même forme dans tous les Serpens; fi elles font prefque toujours très-alongées; fi elles ont le plus fouvent fix côtés très-inégaux , 72 HirsTorrEe NATURELLE & fi elles ne varient guère que par leur longueur & leur largeur, la forme des écailles qui revêtent le deflus du corps n’eft pas la même dans les diverfes efpèces ; dans les unes, ces écailles font hexagones ; dans les autres, ovales ou taillées en lofange ; plates & unies dans celles-ci; relevées, dans celles-là, par une arête très-faillante ; fe touchant quelquefois à peine , ou fe recouvrant, au contraire, comme les ardoifes des toits. Voilà donc fept formes différentes & bien diftinétes, que les écailles du dos peuvent préfenter. De plus, fi quelques efpèces de Serpens ont le deffus de la tête recouvert d’écailles femblables à celles du dos, les autres ont, ainfi que nous venons de le dire, cette partie du corps défendue par des lames plus grandes , au nombre de neuf, & placées fur trois rangs , ce qui compofe un huitième caractère fpéci- fique. Nous tirons le neuvième de la forme , & quel- quefois du nombre des écailles placées fur les mâ- choires ; & tous ces caraélères nous ont paru conftans dans chaque efpèce , & indépendans du fexe ainf que de l’âge. D'ailleurs, autant les nuances des couleurs font variables dans les Serpens, autant leurs difiributions générales en taches, en bandes, en raies, &c. font le plus fouvent permanentes ; de telle forte que, dans une même efpèce de Serpens diftingués par un grand DL UE T0 MON RU D CON Su IT 73 grand nombre de taches, quelques individus peuvent, par exemple , être blanchâtres avec des taches vertes, & d’autres jaunes avec des taches bleues ; mais, dans la même efpèce , ce font prefque toujours des taches difpofées de la même manière. Cette diftribution de couleurs eft d'ailleurs peu altérée dans les Serpens qui font partie des collections, & ce neft que la nuance des diverfes teintes qui change après la mort de l'animal, ou naturellement ou par l'effet des moyens employés pour le conferver. Cependant comme l’âge & le fexe peuvent intro- duire d'aflez grands changemens dans la diftribution des couleurs , nous n’employons qu'avec réferve ce dixième caractère. C’eft d’après les principes que nous venons d’expofer, que nous avons fait la Table fuivante. Les efpèces n’y font pas préfentées dans le même ordre que celui dans lequel nous avons expofé quelques traits de leur hiftoire. Nous avons dû, en effet, pour bien pré- fenter ces traits, féparer, par exemple , les vipères d'avec les couleuvres ovipares, qui en diffèrent beau- coup par leurs habitudes ; traiter d’abord de la vipère commune, comme du Serpent le mieux connu, & dont on eft, en Europe, très-à portée d'étudier les mœurs ; commencer Jlhiftoire des couleuvres ovi- pares par celle de la couleuvre verte & jaune , ainfi que de la couleuvre à collier, que lon rencontre en Serpens, Tome Il. | K | 7A HirsToirrEe NATURELLE très-grand nombre en France, & dont les habitules naturelles peuvent être très-aifément obfervées, &c. Dans la Table méthodique, au contraire, où nous n'avons dû chercher qu'à donner aux Naturaliftes, & prin- civalement aux Voyageurs , le moyen de reconnoître les diverfes efpèces, de voir fi elles n'ont pas été décrites, ou de leur rapporter les obfervations des diflérens Auteurs; nous avons cru diminuer beaucoup le nombre des comparaifons qu'ils auroient été obligés de faire, & leur épargner beaucoup de recherches, en plaçant les efpèces d’après l’un des caractères que nous avons employés, en lesrangeant, par exemple, d'a près des plaques qui revêtent le deflous du corps , & en commençant par les efpèces qui en ont le plus (a). Cette Table eft divifée en dix colonnes. La première préfente les noms des efpèces ; la feconde, le nombre des grandes plaques , des rangées de petites écailles, ou des anneaux écailleux qui revêtent le deflous du corps des Serpens, ou le nombre des plis que l’on voit le long des côtés du corps, felon le genre auquel ils appartiennent ; bes efpèces font placées, ainfi que nous venons de le dire, fuivant le nombre de ces grandes plaques , rangées de petites écailles, anneaux écailleux ou plis latéraux, afin quon puifle trouver très-aifément une efpèce de sos (a) Nous n'avons jamais compris dans {e nombre des plaques du deflous du corps , les grandes-écailles , ordinairement au nombre de: deux ou de trois, qui les féparent de l'anus. D SENS S 6 M PIE NUS. 75 Serpent que nous ÿ aurons comprife , ou celles avec lefquelles il faudra comparer le Reptile dont on voudra connoiître l’efpèce. » La troifième colonne renferme le nombre des paires de petites plaques , ou de grandes plaques , ou de rangées de petites écailles , ou d’anneaux écailleux que lon voit fous la queue des Serpens, ou le nombre des plis latéraux placés le long de cette partie. La quatrième offre la longueur totale des Reptiles, & la cinquième , la longueur de leur queue. Ces Jongueurs ne font fouvent ni les plus grandes ni les plus petites que préfentent les efpèces; elles ne font que les longueurs mefurées fur les individus que nous avons décrits, & nous n’en avons fait mention dans notre Table méthodique , que pour indiquer le rapport de la longueur totale des Reptiles à celle de leur queue (a). La fixième colonne apprend fi les Serpens ont des crochets venimeux ou non, & laquelle de leurs deux mâchoires eft armée de ces crochets. La feptième défigne le défaut de grandes écailles. fur la partie fupérieure de la tête, ou le nombre & (a) Nous venons de voir que ce rapport varioit dans plufeurs efpèces de Serpens, fuivant Vâge ou le fexe ; cependant comme ïl paroît conftant dans le plus grand nombre d’efpèces de Reptiles ; ou du moins que fes variations y font renfermées dans des limites très-rapprochées , nous avons cru qu'il pourroit fervir aflez fouvent à reconnoître l’efpèce des individus que l’on examineroit. K 76 HirsTorre NATURELLE l'arrangement de ces grandes pièces , lorfque le deffus de la tête des Serpens en eft garni. Cette exprefion abrégée, neuf fur quatre rangs , fignifie qu’elles font grandes, conformées & placées à-peu-près comme celles qui couvrent une partie de la tête de la Cou- Jeuvre à collier, de la Couleuvre verte & jaune , & du plus grand nombre de Couleuvres fans venin. IE eft bon d’obferver que, dans certaines efpèces, comme, par exemple, dans celle du Molure, la grande pièce du milieu du troïfème rang, à compter du mufeau, eft quelquefois divifée par une future; ce qui pourroit faire croire que la tête de ces efpèces de Reptiles Gi couverte de dix grandes pièces, Sur la huitième colonne eft marquée la forme des écailles du dos ; leur figure, en lofange , ou ovale, où hexagone , peut étre variable ; mais nous n'avons jamais vu des individus de la même efpèce avoir , les uns, des écailles unies, & les autres, des écailles relevées par une arête. La neuvième colonne montre quelques traits re- marquables de la conformation des Serpens ; & enfin la dixième indique leurs couleurs. Nous nous fommes attachés beaucoup plus à défigner la difpoñition de ces couleurs que leurs nuances ; & c’eft auffi le plus fou- vent à cette difpofition qu'il faut prefque uniquement avoir égard; quelques nuances font cependant peu fujettes à varier fur l'animal vivant, & même à ë t altérées par les divers moyens ne poux la c E Des SREIR PH NS. ri fervation des Reptiles; nous les avons marquées de préférence , dans la Table méthodique (a). Au refte, il ne faut pas perdre de vue que c'eft uniquement d'après la réunion de plufieurs caractères que lon doit prefque toujours fe décider fur l’efpèce du Serpent que Von examinera. Les places vuides de la Table méthodique pourront être rempliesavec le temps ; elles préfenteront alors des caractères dont nous n'avons pas pu parler, à caufe du mauvais état des Serpens que nous avons vus, ou de la trop grande brièveté des defcriptions-des Naturaliftes. (a) On s'appercevra aïfément , en difant les divers articles de cet Ouvrage, qu'il étoit impoflible de donner , dans des planches noires, une idée de toutes les couleurs brillantes, & fur-tout des reflets variés d'un grand nombre de Serpens. Nous aurions defiré fubftituer des planches enluminées à ces planches noires ; maïs on ne peut pas faire, dans un feul pays, des deflins enluminés & exaéts d'animaux qui , habitant prefque toutes les contrées des deux mondes , ne peuvent être tranfportés vivans qu'en très-petit nombre, & dont les couleurs s'altèrent d'abord 2près leur mort. Ce ne fera qu'après beaucoup de: temps qu'on pourra réunir des deflins en couleur de tous les Reptiles connus , deflinés en vie & dans leur pays natal, par différens Voyageurs. Au refte, nous devons prévenir que nos defcriptions indiquent quel- quefois une diftribution de couleurs un peu différente de celle que la gravure préfente, parceque quelques deffins ont été faits d’après des indi- vidus dontles couleurs étoient altérées, quoique leurs formes fuflent bien confervées; nous avons été bren-aifes que Le Deflinateur ne repréfentit que ce qu'il avoit fous les yeux ; mais nous avons fait notre defcription d’après tout ce que nous avons pu recueillir de plus certain relativement auxcouleurs deFanimal en vie, Quelquefois auffila gravure n’a pu indiquer la véritable forme des écailles dont on trouve la defcription dans le texte, o TABLE MÉTHODIQUE. Animaux fans pieds & [ans nageoires. SERPENS. Premier Genre. Serpens qui ont de grandes plaques fous le corps ; 6 deux rangées de petites plaques fous la queue. COULEUVRES. Colubri. CARACTERES. ESPECE S. Paires de ne pee pla-| Longueur | Longueur Corps. ques foñs la| totale. |de la queue. queue. Coul. Jaune & Bleue. 312 3 teds. Col. Flayo-Cæruleus. À se Coul. Double-tache. I pied 3 pouces 207 72 8 pouces : Col. Bimaculatus. 2 ee QUES Coul, Galonnée. 250 35 Col. Lemnifcatus. Molure. 1 248 s9 G pieds. Molurus. TABLE MÉTHODIQUE. 79 SUITE-DES-C-A-R-A CTERES. à os Autres traits Crochets pores Écailles [particuliers de à venin. IFR ca du dos. {la conforma- tion extérieure. Couleur. 2 OL À fe) grandes. neuf fur unies & en Ma tête très-afon- Oo quatre lofange, |gée & large par- rangs. DS derrière. : euf fur “ se rhomboïda- |[e corpsauffi gros (o) q les & unies. que la tête. rangs, AT st [a tête très-alon- O quatre ovales gée & large par- unies, rangs. derrière, Des raies bleues bordées de jaune, quife croifent & forment une forte de treillis fur ur fond bleuâtre, - Roufle; de petites taches blan- chesirréoulières, bordées de noir & affez éloignées l’une de l’autre ; deux taches blanches dernière la tête, La tête blanche; le mufeau noir ; une bande noire & tranf- verfale entre les yeux ; le deffus du corps noir avec des bandes tranfverfales blanches; de trois en trois, une bande quatre fois auffi large que les deux autres. Blanchâtre ; une rangée fongiru- dinale de grandes taches roufles bordées de’ brun; d’autrestâches prefque femblables Le lens des côtés du corps. 8o TABLE MÉTHODIQUE. CARACTERES. HRPEGES Plaques du | Paires de deflous du |PtItES pla-| Longueur | Longueur Corps. ques fous la] totale. |de la queue. queue. CR Couleuvre Domeftique. C. Domeflicus. 5 Fer-à-cheval. Hippocrépis. C. de Minerve. C. Minerve. Situle, Situla. Dièe près de reds. Dhara. - ZAICSE Fer-de-lance. 1 pied : 2 pouces C. Lanceolatus. 2 lignes. 2 pouces! 1 ligne. | C. Rude. C. Scaber. C. Mouchetée, C. Guffatus. TABLE MÉTHODIQUE. 81 SUITE DES CARACTÈRES. | Écailles SE Autres traits du del Ccailles |particuliers de ‘| dudos. [la conforma- tionextérieure. Cartes Couleur. ; jde la tête. Une bande divifée en deux , À préfentant deux taches noires & placées entre les yeux. Ë Livide ; un grand nombre de ta-} ches roufles ; des taches en eroif-| fant fur la tête ; une bande tranfver-} fale brune entre les yeux ; unetache en forme d’arc vers l’occiput. D’un vert de mer; une bandel brune le long du dos ; trois bandes} brunes fur la tête. ! Grife; une bande longitudinale } bordée de noir. Î ——_—_—_— ——_—_—— | —— Le deffus du corps d’un gris un! neuf fur le corps très- |peu cuivré ; toutes les écailles bor-k quatre menu. dées de blanc ; le deffous du corpsé rangs. blanc. Le deffus dela = rénetou grisâtre ; quelquefois} À la mâ-| fembla-| ovales & re- tête aplati de ma:|marbrée de brun & de blanchâtre 3 choire fu- bles à cel: | levées par |nière à repréfen-\avec une tache très-brune &alon- périeure. |lesdu dos.| une arête. |ter une forte de gée derrière chaque œil. | triangle. Le deffus du corps ondé de noir| & de brun, une tache noïre placée fur le fommet de la tête, & qui fe divife en deux dans la partie oppo-N fée au mufeau. J relevées par une arête. rs D'un gris livide ; trois rangées? longitudinales de taches rouges dans la rangée du milieu, & jaunes dans} celles des côtés ; le deflous-du corpsÀ blanchâtre avec des taches quarrées, noires & placées alternativement à ù droite & à gauche. Serpens , Tome II. j L 82 TABLE MÉTHODIQUE. C'AR A CTERES Plaques du Paires de deffous du Pties pla-| Longueur | Longueur corps. [dues fous la] totale. |de la queue. | queue Queue-plate. EG 42 oc 2 pouces C. Laticaudatus. 9 lignes. C. Rouffe. 1 pied 224 68 $ pouces | 3 pouces. C. Ruffus. 4 lignes. C. Tigrée. I pied 223 G7 I pouce | 2 pouces. C. Tigrinus. Glignes. Cenco. 1 pied 220 NeAr2 eds. | uit fe 4E 4 pouces. C. Blaathître. 220 59 C. Eandidulus. C. Réticularre. 3 pieds 218 83 1 1 pouces.| © POUCES: C. Reticulatus. | ne | po“ | uatre-raies; : Quetre-rares 3 pieds | 8 pouces 218 73 - C. Quatuor-lineatus. 9 pouces.| 6 lignes. TA SUITE DES CARACTERES. | Écailles| Z RTC Crochets! n°] Écailles particuliers de . du deflus Ë Couleur, à venin. de la PA du dos. Îa conforma- | ï Ition extérieure. la queue très- ; À | né lue .….… laplatie parles c6- Deflus du corps d’un cendré bleuà :} rhomboïda- |°r . tre ; de larges bandes tranfverfalesk quatre | | &unies. |? ECTS SR nes: & qui fontie tour du! rangs. par deuxgrandes SU AE PR écailles. PSs D rhomboïda- 8 Rouffe ; le deffous du corpsblan-| AUAUÉ | fes & unies. châtre. Ï rangs. ovales & re- $ à Ja mâ-| fembla- | levées par [atête femblable|. Le deffus du corps d’un reux} choiïre fu-| biesacel-| une arête |à celle de la Vi-Iblanchâtre , & préfentant des ta-} périeure. fes du dos.| lungitudi- |père commune, ches foncées bordées de noir. nale- A A À ef, ï latête trés-groffe| Brune, des taches blanchâtres ;| RE IUT | ovales & |&prefqueglobu- quelquefois des bandes tranfver-| quatre unies, |eufe; le corps|ffes & blanches. | rangs. très-délié. Blanchâtre ; des bandes tranfver-f fales brunes. LAB EES ee, neuf fur nes en Les écailles du deflus du corps} quatre ae d’une couleur pâle & bordées de Tansse " blanc. | À ovales & deux paires de| Blanchâtre; quatre raies fongitu-} neuf fur [relevées par|petites plaques|dinales d’une couleur très foncée ;} quatre lune arête ;entre les grandes|les deux extérieures fe réuniffant} rangs. [celles des cô-|& l’anus. au-deffus du mufeau. Ë Ités, unies. BLE MÉTHODIQUE 83 | Autres traits L i] 84 TABLE MÉTHODIQUE. ESPECES. Large-tète. C. Laticapitatus. C. Noire & Fauve. C. Nigrorufus. C. Verte. C. Viridiffimus. C. Minime. C. Pullatus. C. Bleuître. C. Subcyaneus. Chaine. Catena. CAR AN CMP ESRAE IS: ! 3 Plaques du | Paires de | deffous du | PEtites pla-| Longueur | Longueur Corps | fous la totale, |de la queue. queue. . 218 | 2 4 pieds ÿ 9 pouces. F'hoUcSS 218 1 pied i ie 11 ponces| PP MSSS: 2 pieds 217 122 | 2 pouces | 7 RS 9 lignes.| T 80e: 3 pieds 217 108 2 pouces | 1 pied. G lignss. 215 170 2 pieds 21 5 44 é pouces. G pouces er TABLE MÉTHODIQUE. 8s SUITE DES CARACTERES. DRE Autres traits Écailles Crochets APE Écailles [particuliers de Couleur à venin. URR du dos. {la conforma- é tion extérieure. — UNE | le mufeau ter- u À Dr Blanchâtre ; de grandes taches] 5 . [irrégulières d’une couleur foncée , | neuf fur prefque vertica-|. "2: : ! 2 ovales & É nr. |& réunies plufieurs enfemble ; desl O quatre : le ; les écailies à So unies. taches plus petites & difpofées lon-| Ars du dos un peuli inalement de chaque côté du féparées l’une de RATE 4 o VPautre vers la tête. î —— ——————————— Se | Des bandes tranfverfales noires, ordinairement au nombre de vinet- EE 1 deux, & autant de bandes fauves quatre PéRAEe bordées de blanc & tachetées del, CE LACET brun , placées alternativement ; quelquefois le mufeau & la partie fupérieure de la tête noirâtres. neuf fur | ovales & Verte, plus claire fousle ventre} O quatre unies- que fur le dos. | rangs- la tête alongée ; Re A Ë neuf fur d’afez grandes Minime; quelquefois des bandes! O quatre ma far lesltranfverfales noires; chaque écaillef écailles fur les à ? À rangs. fores - [du dos à demi-bordée de blanc. DES RE CORNE TUE Re | Bleuâtre ; la tête couleur del plomb. ; A —————— | ———…—…——_—— | ———" _———— D'un bleu trés-foncé; de petitesé taches jaunes difpofées en bandesi tranfverfales & très-étroites ; 1el deflous du corps bleu , avec dek petites taches jaunes prefque car- rées- 86 … TABLE MÉTHODIQUE. CARACTERE) EYSYPE CES; PIRE En Paires de 2 ; deffous du Petites pla-| Longueur | Longueur COrps. ques fous la] totale. |de la queue. queue. Triangle. 2 pieds 213 48 7 pouces |3 pouces. Triangulum. 2 lignes. C. Pétalaire. Mi qu 1 pied |4 pouces. C. Petalarius. 9 pouces NO Pi BASE Tyrie. 210 83 Tyria. Pétole. 209 90 Petola. C. Très-Blanche. : 209 G2 G pieds. C. Candidiffimus. | Haje. 207 109 EC Haje. l PEER PR, PL = Em C. Verte & Jaune. 1 206 107 4 pieds. | 1 pied. C. Viridi-Flayus. TABLE MÉTHODIQUE #8 SUITE DES CARACTERES. Autres traits particuliers de la conforma- Écailles | » . Crochets duldefnesl Écailles à venin, | dudos, | Couleur, de la tête, tion extérieure. Blanchâtre ; une tache triangu-À laire chargée d’une autre tache trian-A rente Une gulaire plus petite fur le fommet def Oo quatre, | ere la tête; des taches rouffes > irrégu-Ë rangs. orange. lières & bordées de noir fur le dos 35 une tache noire, alongée & placéei obliquement derrière chaque œil. à | Set “à neuf fur | Cyales & Noïrâtre ; des bandes très-irré- O quatre reel gulières tranfverfalès & blanches. À rangs, | Blanchâtre ; trois rangs longitu-\ dinaux de taches rhomboïdales &\ brunes. | EE — | neuf fur Livide; des bandes tranfverfales\ ovales À e quatre RTE d’une couleur rougeâtre. Ë rangs. —_—___—_— | ———_—_—__—_—_—_—. À à la mà- ; Ë pq Très-blanche. | périeure. Ë Ê La moitié de chaque écaille blank < che; des bandes blanches p'acées] obliquement ; le refte du corps. noir, Ë lo cf 2e D’un vert noirâtre ; plufieurs} raies longitudinales , compofées dei neuf fur NE à & è | re petites taches jaunes & de diverfes} re] quatre ë figures; {e ventre Jjaunâtre ; une rangs. tache & un point noir aux deux bouts de chaque grande plaque. = ——— = - me ee 88 TABLE MÉTHODIQUE. Re TR 2 PR EEE? CARACTERES. ESPECES. Plaques du Paires de deffous du Petites pla-| Longueur | Longueur |. Corps. ques fous la] totale. |de la queue. queue. Dione. Au 206 3 pieds. | 6 pouces. ione. C. Double-rate. k 20 2 pieds | 6 pouces C. Bilineatus. PROUE: 0HeneS C. Ovivore. 203 C. Ovivorus. Lace. xpied | 1 pouce 203 G pouces. | 7 lignes. C. Laéleus. 14" de Gronovius. 202 14" Gronovi. C. Muqueufe. 200 C. Mucofus. SUITE TABLE MÉTHODIQUE. 89 SUITE DES CARACTERES. Écallest 4. Autrestraits Crochets Écailles |particuliers de -_ [d à venin. de du dos. {la conforma- ÿ tion extérieure. Couleur. Le deffus du corps gris ; troisk: raies fongitudina es blanches , &k d’autresraies longitudinales brunes; le deflous du cerps blanchâtre , aveck: de petites raies brunes ; & fouvent} de petits points rougeñtres. neuf fur O quatre | unies & en Ans lofange. Les écailles rouffes & bordées de jaune ; deux bandes longitudinales jaunes. ——————— D’un blanc de fait; des taches noires arrangées deux à deux; la tête noire avec une petite bande blanche & longitudinale. à Ia mâ- | neuf fur |hexagones & choïre fu-| quatre relevées par périeure, | rangs. |une arête. Des taches brunes. les yeux aflez : gios ; les angles La tête bleuâtre; des raiës tranf- de la tête vres-[verfales comme nuageufes & pla- marqués. cées obliquement fur le dos. Serpens, Tome II. M 90 TABLE METHODIQUE. CARACTERES. EISPE CES. : S Plaques du | Paires de deflous du IPetites pla-| Longueur | Longueur corps. [ques fous la totale. |de la queue. C. Cendrée. 200 137 C. Cinereus. 3 Padère. 198 6 Padera. ÿ Naja. 4 pieds 4 pouces | 7 pouces G lignes. |1O lignes. 197 8 Naja. : ; (Ce du Pérou. C. Peruvu. —————— C. du Bréfil. C. Brafiliæ. Grofle-tête. Ë 2 pieds |G pouces s pouces, | 3 lignes. C. Capitatus: TABLE MÉTHODIQUE.- O1 SUR D 'EMDIENS ACEMAURIAC T'E'R' ES NE atres traits Ecailles AN Au à Crochets| 4, à effusl Écailles particuliers de à venin. |. du dos. [la conrorma- de latête. à Re tion extérieure. Couleur. Grife; le ventre blanc ;les écailles dela queue bordées de couleur de fer. es | | nes, Le deffus du corps blanc; plu- fieurs taches placées par paires le long du dos, & réunies par une petlte raïe ; autant de taches ifolées fur les côtés. EE Jaune ; une bande- tranfverfale large & foncée fur le cou ; une une extenfion raie fouvent bordée de noir, re- he me neuf fur | ovales & membraneufe |pliée en avant des deux côtés, CAOMEAu | quatre HIS de chaque côté|terminée par deux crochets tour- Périeure. | rangs. du cou. nésen dehors, imitant des lunettes, & placée fur la partie élargie du cou du mâle. ne = a Nr je cou ne pré- rente point d’ex- À S : : à ? -peu-près comme dans! St quatre enfionmembra| *"PEN-Prés comme da Pie Nyia TANGS: neufe: ——— —— D'un roux clair, avec des ban- une extenfion |des tranfverfales brunes ; une gran- membraneufe |de tache blanche en forme décœur, de chaquecôté |chargée de quatre taches noires & du cou. placée fur.fextenfion mernbra- neufe. À s a de. ms ES, RSR as Ghartrce DAT ha DS al nêuf fur cles : Parent D’une couleur foncée; des Lan- O atre : Le EE , [des tranfverfales & irrégulières » Te & unies. [pointe trés-dé-|,, éscohatre ‘€ jangs. liée. | d’une couleur {tr e- | | : Î | 92 TABLE MÉTHODIQUE. C'AR'ATCTERES ÉSPECES. Plaques du Paires de dellous du petites pla-! Longueur | Longueur corps. [US fous la}: : totale, de la queue. queue. C. Atroce. ! 196 "e pouces C. Aïtrox à 69 1'pred 2 lignes. Rouge-gorge. 195 102 C. Colloruber. Trifcale. de ouces 195 86 ouces | 3 P° Trifcalis. de 10 lignes. Corallin. C. Corallinus. 15" de Gronovius. 24 Gronovyi. _287° de Gronovius. 28”: Gronovi. TABLE MÉTHODIQUE. 93 SUTITELDARSAGARACTERES. rm EE, AUS Autres traits Crochets HAE Écaillés {particuliers de Couleur. à venin. galere du dos. |la conforma- $ tion extérieure. ù \] fembla-| ovales & à la mâ-| bles à [relevées par Ia tête et à Cendrée; des tach Atres. choîre fu-| celles dulune arête. très-large. ? taches blanchätres j périeure. | dos. 0 Toute noire; Ia gorge couleur de fang. Le deflus du corps d’un vert de neuf fêr ls : mer ; quatre raies longitudinales © quatre EC roufles qui fe réuniflent en trois, rangs: en deux, & enfin.en une, au- deffus de la queue. les écailles . du arrondies |dos font difpo- à la mô- Îvers la tête fées fur feize| D’un vert de mer; trois raies choire fu-| . [& pointues’ rangs fongitu-|longitudinales & roufles ; le def-& périeure. du côté de la dinaux ; & un fous du corps blanchâtre & poin- queue, peu féparés les tillé de blanc. uns des autres. LL nt nd nn né ‘Brune; des poïnts blancs” Hs Des raies tranfverfales blanches £ & noires: es Ft 04 TABLE MÉTHODIQUE CARACTERES. ESPECES. | Paires de Plaques du!" deffous du Petites pla: | Longueur | Longueur corps, jaues fous la! totale. |de la queue. P?e queue. C. Blanche & brune. ; 96 1 pied | 4 pouces C. Albofufeus. Gpouces. | 6 lignes. C. Cuiraflée. C. Scutatus. 17 de Gronovius. 17% Gronoyi. Grifon. C. Cineraceus. Pélie. Pelas. | C. Afatique. 2 pouces li L C. Afiaticus. À Lien. Ligamen. TABLE MÉTHODIQUE. 06 SUITE DES CARACTERES. bcaill | Autres traits Crochets fs ra Écailles [particuliers de CU à venin. ae du dos. |la conforma- FEU ce tion extérieure. Blanchâtre ; des taches brunes, arrondies, & réunies en plufieurs| o neuffur| Jiffes & endroits ; deux taches derrière les quatre ovales. yeux ; le deflous du corps rouf- rangs. fâtre- PRE | RME) PAPER RE Les grandes pla- Noire ; le deffous du corps de ques TEVÉLENTI]a même couleur, avec des taches pres des deux blanchâtres , prefque quarrées , © tiers de la cir- placées alternativement à droite & conférence du}} œauche, & en trés-petit nombre corps; la queue|{ous Ia queue. eft triangulaire. : Pourprée; des taches noires. Le deflus du corps blanc ; des] bandes tranfverfales , roufsâtres :] deux points d’un blanc de neige} fur les côtés. L DEN PÈRE, OR PER EE AA PRE RUE NS Noire ; le derrière de la téreh o brun ; le deflous du corps verc} & bordé de chaque cêté d’unek ligne jaune. l PS neuf fur fs Des raies Joncitudinales fur le O quatre HÉROS ; dos; les écailles bordées de blan-Î rangs. | les &unies. res D'un bleu trés-foncé ; le deffousi du corps d’une couleur bleuâtrek O où bronzée ; quelquefois la gorge} blanche. 6 TABLE MÉTHODIQUE. CARACTERES. \3 ÉSPECES. Plaques dl Paires ñe deffous du Petites pla-| Longueur | Longueur E Corps, iques fous la! totale. |de la queue. f: | queue. Courefe. 2 pieds 185 À 105 [ro pouces|? ne Cur/or. 7 lignes. L7, HERSS: C. Nébuleufe. 185 85 C. Nebulofüs. Laphüatr. 184 Go Lophiati. C. Agile. a 184 so I pie 4 pouces C. Agilis. 8 pouces.| 3 lignes. Schokari. 183 144 2 pieds. | 6 pouces. Schokari. Sibon. 180 95 Sibon. 20" de Gronovius. 180 80 20“ Gronoyi. SUITE TABLE MÉTHODIQUE 97 SUITE DES CARACTERES. [RE Autres trai | Écailles| ÿ. Re Crochets! "4 | Écaïlles (particuliers de à venin. [du Ceflus du dos. |la conforma : Dec] E dela tête. Le : tion extérieure, Couleur. neuf fur | Dyales & Verdâtre ; deux rangées longi- quatre REFUS tudinales de petites taches blanches rangs. & alongées. EE ns nement Le deffus du corps nué de brun & de cendré; le deflous varié de brun & de blanc. —— | ns |__| ——————_—_——— 7 —————— Grife ou rouffe ; des bandes tranf- verfales blanches ou jaunâtres divifées en deux de chaque côté; le fommet de la tête blanc. Des bandes tranfverfales & irré- Dera ME en lofange & gulières , alternativement blanches ee unies, & brunes; les bandes brunes quel- LS \ quefois pointillées de noir. * D'un cendré brun; quatre raies neuf fur le corps très- [Jongitudinales blanches; le deffous CHEEC menu: du corps jaunâtre & pointillé de anse brun vers la gorge. Le deflus du corps brun mêlé de blanc; le deflous blanc tacheté de brun. rhomboïda- |fa queue courte les. & menue. oo Varié de blanc & de brun. € Nota. ) Jeff à préfumer que cette Couleuvre ef? de la même efpèce que ie Sibon. Serpens , Tome IL, N 50 TAPLEMETHODIQUE, | CAR A CAP RES ES PECE S. Plaques du | Paires de deflous du Péties pla-| Longueur | Longueur 4 ques fous la] rotale. |de la queue. corps, Pret queue Hydre. 180 6G 3 pieds. Hydrus. C. Brifilienne. 180 46 à eds | PO C. Brafilienfis. 6 lignes. Bande-norre. : 180 43 C. Nigrofafciatus. C. Aurote, Aurora. | ne. | | nn fl C. Life. I pied > pole | 178 46 9 pouces | ? 1. ; C. Levis. lignes. 3 lignes. | a — a a —— | a Ibiboca. s pieds | pied À 176 21 5 pouces | 7 pouces | Tbiboca. G lignes. | 1 ligne. C. d'Efculape. ; 3. pieds | 9 pouces 175 64 10 pouces.| 3 lignes. C. Æfculapir: TABLE MÉTHODIQUE. 09 SUITE DES CARACTERES. al Autres traits ICrochets nee) Écailles |particuliers de Aävenin. [SCC HS) Qudos, |la conforma- tion extérieure. Couleur. de larête. | Olivâtre, mêlé de cendré ; qua-} tre rangs Jongitudinaux , des ta-f Oo ches noirâtres, difsofées en quin-! quonce ; le deflous du corps ta-1 cheté de jaunâtre & de noirâtre. À a — Le à Ta mâ-| fembla- | ovales & re- De grandes taches ovales, rouffes! FAQ arê 2 épérieure. |[es du dos.| une arête- petites taches brunes. neuf fur Une Bande-noire entre les yeux 3) quatre | ovales & le deffus du corps livide ; plufieurs! @ rançs. unies. bandes tranfverfales & noires, dont! 5 quelques-unes font le tour du corps. Grife; une bande longitudinale] jaune ; la tête jaune , avec des| points rouges. Bleuâtre ; deux taches dunjaune| foncé derrière la tête ; deux rangées! neuf fur longitudinales detaches pluspetites, le) quatre | Très-unies. celles d’une rangée correfpondant rangs. aux intervalles de Pautre ; quelques taches fur les côtés ; de plus grandes: taches fur le ventre. à a a les écailles du neuf fur da- |dosun peu fépa- ne " } 1hgmboïda” | ] P ï Les écailles du dos grisâtres & O quatre |{s & unies. |[rées les unes des ANA ALES j rangs, autres en quel-|P0rdées de blanc. 8 ques endroits. PR Rs à 2 2 LIÉE 28 CNE UE ovales & re- Roufles; une bande noirâtre &} neuf fur | Jeyées par longitudinale de chaque côté au; e) quatre | une arête; dos ; une rangée de petites taches Tan5$. |celles’ des triangulaires & blanchâtres de cha-k côtés unies. que côté du ventre. Ni {choire fu-| blesàcel-| levées par & bordées de noirâtre 3 d'autres! Sv | 100 TABLE MÉTHODIQUE. CARACTERES: ESPECES. Pnesu Paires de f deflous du [Petites pla-| Longueur | Longueur | ques fous la] totale. |de la queue.! corps. queue. 22.%® de Gronovius. 22% Gronovi. Nafque. pi 9 pouces. LE HO C. Nafütus: 23" de Gronovius. 23"* Gronovi. C. Suïife.’ C. Helveticus. Demi-collier. Sernimonile. C. Azurée. C. Cæruleus. C. à Collier. 4 pouces. | C. Torquatus. TABLE MÉTHODIQUE. tot SUITE DES CARACTERES. AIRES res traits Écailles Autres trait Crochers| deffasl Ccailles |particuliers de à venin. (de la tête. du dos. |la conforma- Couleur. tionextérieure. D'un cendré bleuâtre. CSeéba, muf. 2, tab. 33, fig. x.) quatre |Jes & unies, Lau Pout du mu-|dinales fur le corps; deux autresk feau , qui ef très-|raies longitudinales fur le ventre. rangs. alongé. Bleue; une ligne latérale noire. | Grife ; de petites raies noiresfurk les côtés; une bande longitudinale # compofée de raies tranfverfales plusk étroites & plus pâles- É ovales & relevées par une arête. a —— Brune ; de petites bandes tranf-à verfales blanchâtres ; trois taches brunes & alongées fur la tête ; troisk taches rondes & blanches fur lei cou. er lofange & relevées par [une arételon- jgitudinale. neuf fur quatre rangs. neuf fur quatre rangs. ovales & Bleue , foncée fur le dos, très-| LEMGÉE claire fous le ventre- ‘ Grife; deux rangées longitudi-f Inales de petites taches d’une cou-k neuf fur | ovales & [les écailles des feur trés-foncée; deux autres ran-4 quatre [relevées parlcôtés unies &'gées extérieures de taches pluss rangs. |une arête. lus grandes que grandes, noires &irrégulières ; deuxk celies du dos. arandes taches blanchâtres fur lek |cou ; le ventre varié de noir, de un prolonge- ë neuf fur | Hhomboïda- Ment écailleux| Verdâtre ; quatre raies longitu- (blanc , & de bleuâtre. 102 TABLE METHODIQUE C A RIA CITE RIELS, ESPECES. E Plaques du Paires de ù deflous du [petites pla-| Longueur | Longueur | corps. [ques fous la totale. |de la queue.f queue. Ë C. Hébraïque. 170 2 C. Hébraïcus. ï C. Blanche. 170 20 C. Albus. C. Rayée, 169 8 C. Lineatus. # Daboïe. f * 169 46 3 pieds |$ pouces | Daboie. s pouces, | o lignes. Trois-rates. 1 pied taures 169 34 5 pouces à C. Terlineatus. 6 lignes. 8 lignes. EEE EU , Boïga. Et - 166 128 |3 pieds. in Boiga. 1 SE 28 DRE APREEERTRS tps 5 pouces FT re 4h ds G lignes SUITE DES CARACTERES. e Autres traits % Écailles 72 ARR Crochets] emnel, Écailles [particuliers de è à 1 te à venin. 5 du dos. |la conforma- de laiête. SRE tion extérieure. Couleur. RE Ê 1 MAS Roufsâtre ; des taches jaunes, Échoire fu- bordées de rouge-brun & repré-} À bérieure. fentant des caracières hébraïques, Blanche ; ordinairement fansl o tache. Bleuâtre ; quatre raies brunesh qui fe prolongent depuis fa têtel jufqu’à l’extrémité de la queue. + nchâtre ; trois ranos lonoitu-Ë fembla- ë . Bla 3 8 gItu-£ ovales & dinaux de grandes taches ovales.f © bles à cel- relevées par roufles & bordées de noir ou def les du des.| une arête. brun. DA EEE neuf fur Rouffe; trois raies longitudinalesk O quatre |A lofange & qui sétendent depuis le mufeau rangs, [uniese jufqu’au-defflus de la queue. : ‘à D’un bleu changeant en vert ;k neuf fur le corps très- {trois petites raies longitudinales! O quatre unies. délié. couleur d’or; une petite bandei rangs. blanche & bordée de noir le {ongk de la mâchoire fupérieure. è lee a Bleue ; deux raies longitudinales} le tête groffe & blanches; dans le milieu une raie neuf fur de aplatie par-deflus longitudinale noire chargée de ta-k à quazre Te en & par les côtés ;|ches ovales blanches & de pointsk “rangs. 908 |fe corps très-dé- [blancs placés alternativement; deuxh lié, rangs longitudinaux de points noirs| fur le ventre. 104 TABLE MÉTHODIQUEÉ. à CARACTERES. ESPECES. | Paires de pue se petites pla-| Longueur | Longueur corps, [dues fous la! totale, |de la queue. p°; | queue. Fil, : 1 1 pied | 4 pouces 165 J 58 6 lignes. 6 lignes. C. Filiformis. 25": de Gronovius. 267“ Gronoyii. C. à Zones, I pouce | 6 - ri 35 L pied. 6 lignes. C. Cinéus. Bluet. C. Subcæruleus. C. Annelée. 7 pouces I pouce 164 4i 4 lignes. | lignes. C. Doliatus. Dard. Jaculus. SUITE TABLE MÉTHODIQUE. 105 SAUT (D'E MDRENSIAGIANR AUCIT. ER ES: \ À 1ts ARE utres traits Écailles | » . ANSE Crochets MEET Écailles {particuliers de à venin. | 41, Fra du dos. {la conforma- tion extérieure. Couleur. neuf fur |en lofange & O quatre |relevées par ranos. |une arête. Ja tête groffe ; le Noire ou livide ; le deflous du corps |corps trés-délié. bianchâtre. Blanche ; des bandes tranfver- fales d’une couleur foncée. (Séba, muf- 2, tab. 21, fig. 3.) Blanche; fouvent quelques écail- neuf für | Homboïda- les tachetées de roufsâtre à feur (e) quatre | & unies. extrémité ; des bandes tranfverfales [angse d’une couleur très-foncée , qui font tout Le tour du corps. ——— a —— Les écailles qui garniffent le dos a queue prefque mi-parties de blanc & de ovales. trés-déliée. |bleuâtre; le defloue du corpsblanc; la queue d’un bleu foncé fans au- cune tache. RS SE Blanche; des bandes tranfver- neuf fur | . fales noïrâtres qui fe réuniffent à O quatre [unies & en d’autres bandes femblables placées rangs. |lofange- fur le ventre, mais fans fe corref- pondre exatement ; le cou blanc; le deffus de la te noirâtre. a a À RER Grife cendrée ; trois bandes lon- gitudinales noiïrâtres & bordées d’un noir foncé; celle du milieu plus large queles deux extérieures; le deffous du corps blanchâtre. Serpens, Tome IL. O 166 TABLE MÉTHODIQUE. C'AUR AC TERMES: ESPECES. Plaques du Paires: de petites pla-[ Longueur | Longueur SERIE ques fous la] totale. |de la queue. Fest queue, PE C. Milraire. 162 59 C. Miliaris. C. Chatoyante. Pa JA ee. . C. Verficolor. G pouces. Malpole. ” A Malpolon : 10 pouces.| 6 lignes. 28e de Gronuovius. 160 60 28"* Gronoyi. 29" de Gronovius. - 159 42 297* Gronoyi. €: Carenéc. APS 7 115$ C. Carinatus. TABLE MÉTHODIQUE. 107 S'UE TE MDEES ICAMRACTERE S:. Écailles| , . Autres traits , Crochets dudeffusl Écailles [particuliers de Col à venin. |, : dudos. |] orma- ouleur. delatète. + [la conrorma tion extérieure. bruns ; une tache blanche fur cha- que écaille ; le deflous du corps blanc. | Le deflus & les côtés du corps Grife ; une bande longitudinale neuf fur brune, compofée de petites raies quatre tran{verfales & difpofées en zig-zag ; RATES les plaques rougeâtres, tachetées de D blanc & bordées en partie de bleuà- tre. neuf fur | ovales & [la langue longue nt Gene sens DR O quatre [relevées par|&très-déliée ; [e |" POEES ÉD ITAISS ONG AIRES nr reste lee A |une tache blanche bordée de noir & D ‘fur le fommet de la tête. Does | Des raiesblanches & noires tranf- verfales. | Rens D'un roux plus ou moins foncé. (Séba , muf: 1, tab. 33, fig: 6-) Toutes les écailles du deffus du O Le dos relevé |corps couleur de plomb & bordées emcarène. [de blanc; le deffous du corps blan- châtre. 108 TABLE MÉTHODIQUE. CARAC TER ES ES/P'E CES, a. | Paires de RE {petites pla-| Longueur | Longueur COrps fie fous la] totale. |de la queue. queue. EE | C. Rhomboidale. . 1 pied 4 pouces 157 70 |6 pouces : C. Rhombeatus. 9 lignes. 458 Saurite. 156 I2I Saurita. C. Verditre. hs OO 5 d C. Subviridis. Fe 5 C. Pile. ed 5 | os [a C. Pallidus. PR Lébetirr. | 155 46 Lebetinus. Alpic. DA 3 pouces 155 37 | 3 pieds |Gfones Afpis. 34% de Gronovius. 153 #4 34% Gronovii. RER LL APRES TEL PIC RE ET D -9 PROD SE RER LADRPET DEEE CRIE PE RTS En Fe LP EPS TPE SEE TABLE MÉTHODIQUE. 10 S-UITEMBES CARACTERES. Crochets Foie Écailles ne Cableur à venin. AL de du dos. |la conforma- tion extérieure. neuf fur | ovales & O quatre {relevées par rangs. [une arête- Bleue ; des taches bleues en lof fange & bordées de noir. | 4 a ——————_—_— le corps très- Brune; trois raies longitudinalesk O délié. blanches ou vertes ; le ventre blanc.} nf Bleue ou verte; le deffous du corps d’un vert plus où moins mêlé] de jaune. O unies. D'un gris pâle; un grand nom-E neuf fur le corps & la |bre de points bruns & de taches] ee) quatre ovales queue très- |grifes répandues fans ordre; une} rangs. & unies. | déliés. . digne noire de chaque côté du à la mâ- Nuageufc; le deffous du corpsk choire fu- parfemé de points roux ou noirs. fembla- $ Les à la mâ- [bles àl| ovales & Trois rangées longitudinales de choire fu-| celles dulrelevées par taches roufles bordées de noir, ! périeure. | Gos. une arête. cs - Blanche; des raies & des taches} noires, f 110 TABLE MÉTHODIQUE. CARACTERES. ESPECES. Paires de pie 2 petites pla-| Longueur | Longueur OrSs CIQUES fous la] totale. |de la queue. F5 | queue 3 pouces Cenchrus. 153 47 2 pieds. | 7 lignes. Cenchrus. ———————" | ———_————_ | —……—…—…—— ——— —— | C. Schythe. 1pied | 1 pouce G pouces. | 7 lignes. C. Schytus. Dipfe. Dip/as. C. Maure. 152 6G C. Maurus. C. Norre. 2 pieds |2 pouces 152 32 9 lignes. | 4 lignes. C. Niger. Sirtale. 3 pouces 150 114 2 pieds. | 9 lignes. Sirtalis. TAIBIEUNTE THODIQUE, {rt SUITE DES CARACTERES. Écailles Autres traits Crochets! à eg Écailles |particuliers de à venin. [SUP E US) dudos. [la conforma- tion extérieure. ne 7 Couleur. de latête. neuf fur |hexagones & Le deffus du corps marbré de re) quatre RUE blanchâtre & de brun ; des ban- rangs. 8 des tranfverfales , étroites, irrégu- > lières & blanchâtres. Ja tête a un peu la forme d’un] Noire; le deffous du corps très- cœur. blanc. ns LR ï Les écailles bleuâtres & bordées unes a queue 1onguelde bianchâtre ; les grandes plaques e les. ST-END, € DES N piaq choire fu- rt & déliée. blanches; une raie bleuâtre & lon- SHERCS gitudinale au-deflous de la queue. ’ Brune ; deux raies longitudi- neuf fur | ovales & nales ; des bandes cranfyeriales & e) quatre relevées par noires depuis les raies jufqu’au- rangs. | une arête. deffous du corps ; le ventre noir. Noire; quelquefois des taches d'un noir plusfoncé, & difpofées comme celles de la vipère com- mune. à la mä- | trois fur | ovales & re- choïre fu-| deux |levées par périeure. | rangs. | une arête. O relevées par Brune, trois raies longitudinales une arête. d’un vert changeant en bleu. 112 TABLE MÉTHODIQUE. ESPECES. Tête-triangulaire. C. Capite-triangulatus. Cobel. Cobella. Triple-rang. C. Terordinatus. Cherfea. Cherfea. C. Sombre. C. Subfufcus. 33"%.de Gronovius. 33" Gronoyi. CAMRA CD 'ENR ENS Plaques du | Paires de deffous du Petites pla-| Longueur | Longueur ques fous la] totale. |de la queue. corps. P queue. 150 64 1 pied 4 pouces 9 lignes. 3 pouces 10 pouces. 1 pied 10 lignes. APPOUCES TABLE MÉTHODIQUE. 113 SUITE DES CARACTERES. Écailles | _» Autres traits Écailles |particuliers de du deflus du dos. |la conforma- tion extérieure. Crochets LES de la tête. Couleur. Verdâtre; destaches de diverfesi la tête prefque| figures fur la tête, & réunies fur &:triangulaire ; le le corps en bande irrégulière & corps délié duongitudinale ; les grandes plaques! à la mâ-| fembla- choire fu-|bles à cel. |en Jofange & ies. Péicnre” ee HEMs; ie À ie côté de latéte. [d’une couleur foncée & bordées| de blanchître. D'un gris cendré ; ; un grand} nombre de petites raies blanches | neuf fur placées obliquement; quelquefoisk O quatre une tache oblique & livide der-} rangs. rière chaque œil, & des bandes} tranfverfales & Blanchâtres fur Leh dos. Ë Er RES PE NA IE neuf fur | ovales & _Blanchâtre; trois rangs longitu-| e quatre | relevées par dinaux de taches d’une couleur | rangs. | une arête. foncée ; le deffous du corps varié} de blanchâtre & de brun. É D'un gris d’acier ; une tache} noire en forme de cœur fur la} tête, & une bande compofée def taches noires & rondes fur fe dos. à Ta mâ-| fembla- [relevées par choïre fu-| blesà cel-lune arête, périeure. |les du dos. D'un cendré mêlé de brun ;unei A tache brune & alongée derrière chaque œil. | Blanche ; des raies noires &4 | tran{verfales ÿ Serpens , Tome II. ip ITA TABLE MÉTHODIQUE C AR ACCTERES: EXSYPPELC'ELS: Plaques du Paires de deffous du [PEUIES pla-| ongueui Longueur ques fous la] totale. |de la queue. corps. queue. Melanis. C. Décolorée. Mélanis. 147 132 C. Exoletus. C. Saturnine. 147 120 C. Saturninus. érafte. Cérafte 147 63 > pieds. ne Cerafles. Iÿnes: Vipère. 146 39 2 pieds. | 4 pouces. Vipera. Sipède. [144 73 Sipedon. TABLE MÉTHODIQUE. 115 SUTTE DES CARACTERES. call ; Autres traits Crochets nue Ecailles \particuliers de à venin. US] dudos. la conforma- Couleur. dela tête. AR OT tion extérieure. Noire ; le deffous du corps couleur à la mâ- d’acier avec des taches plus obf- choire fu- cures & d’autres taches bleuâtres périeure- : & comme nuageufes vers la gorge & des deux côtés du corps: | le corps très- | D’un bleu clair mêlé de cendré; O délié. . [les Ièvres blanches. La tête couleur de plomb ; 1e deffus du corps d’une couleur nua- geufe mêlée de livide & de cen- drée o les veux affez gros. EE ———__—_—_—__—.]_— | à Ja mé-l fembla. | ovales&re- [Une petitecorne| Flnâtre ; des bandes wranfrer-À choire fu-/bles à cel-| levées par- de nature écail-|£{es irrégulières & d’une couleu. leufe au- deffus : é “re Ï une arète; PUS us ou moins foncée. périeure. |les du dos. [de chaque œil. |! = A » ue LUS à Ta mä-| fembla- |relevées par D'un gris cendré ; ‘des taches choire fu-\bJes à cel-lune arête. noirâtres formant une bande den-#£ périeure. [es du dos.l telée, & difpofée en zig-zag. Brune. 116 TABLE MÉTHODIQUÉ. : CARACTERES ESPECES. | Paires de 1 É An du Ipcrites pla-| Longueur | Longueur iques fous la| totale. |dela queue, SOLPe | queue. Chayque. 143 76 Chaiqua. C. Violette, I pied 143 25 ÿ pouces 2 A C. Violaceus. 3 lignes. 3 lignes. C. Rubannée. 142 78 C. Vittatus. 36% de Gronovius. 142 6o 1 26 Gronoyit. Ammodyte. 142 33 Ammodytes. TABLE MÉTHODIQUE. 117 SUEDE ND'ESMEPANR AMC TIERTES. Autres traits 2 c\ | Crochers| Ecvilles | Écailles |particuliers de ; . [du deflus s Couleur. à venin. [4 pra du dos, |la conforma- *] tion extérieure. I À Deux bandes blanchâtres & Ion-2 el gitudinales ; deux points noirs furi périeure. chaque grande plaque ; neuf tachesi rondes & noïrâtres de chaque côté! du cou du mâle. 6 a | mm. | nt men a — neuf fur Violette ; le deffous du corps! ï À : à [e) quatre Fe blanchâtre avec destaches violettes ge. irrégulières placées alternativement! rangs. à È à droite & à gauche. ms, | me | qe ee | ne. Blanchâtre ; plufieurs raies Jon- gitudinales noires ou brunes ; la tête! fa tête très-alon-|noire avec plufieurs petites lignes gée & large par-|blanches & tortueufes ; les grandes; derrière. plaques bordées de brun ; une bande blanche , langitudinale &; dentelée fous [a queue. ovales & petites, pe | PQ, È Bleuâtre ; Îes grandes plaques! blanchâtres, avec des taches noires & un léger filon longitudinal. ÂCSéba , muf. 2, tab. 35, fig. 4.)} | is, |“ une petite émi- à fa mä-| fembla- | ovales & [nencemobile & choire fu-|bles à cel- unies, deux tubercules périeure. [fes du dos, fur le mufeau. Des taches noires formant une bande longitudinale & dentelée. 118" TABLE MÉTHOPIQUE. CARACTERES. ESPECES. Plaques du | Paires de defous du [Petites pla-| Longueur | Longueur corps. [dues fous la] totale. |de la queue. queue, D C. Symétrique. : 7 1 ñ 1 pie 2 pouces 42 26 ÿ pouces | © fes C. Symmitricus. Glignes. | 3 806$: Tête-norre. és ? PE 4 pouces POTÉE 6 lignes. C. Capite-niger. 7 lignes. Typhie. 140 53 Typhius. ; Calrmar. 140 22 C. Colemarius. Ibibe. ! ouces 138 Te 2 pieds. Lee Ibibe. Régine. 137 70 C. Regine. TABLE MÉTHODIQUE. 119 SUITE DES CARACTERES. 4 Écaill | Autres traits Cailles | Écai iculiers de — | Ecailles du |particu du deflus| 4 la conforma- Couleur de larète. | Crochets à venin. , 3 tion extérieure. Foncée ; une rangée de petites taches noires de chaque côté du neuf fur dos, auprès de latête; des bandes O quatre unies. & des demi-bandes tranfverfales & | rangs, placées fymétriquement fur le ventre. ovales & es |. | nn Le deffus du corps brun; Ia tête | Denon ares noire ; le deflous du corps varié de | tre blanchâtre & d’une couleur très- | O qua & ovales pee 5 = RS AUTE oncée, par taches tranfverfäles & à rectangulaires. ; Bleuâtre. Livide ; des bandes tranfverfales ! brunes ; des rangs de pointsbruns; des taches prefque carrées & pla- À cées fymétriquement fous le corps ; une raie longitudinale & couleur de: feu fur la queue. PME GA RUN ALERTER à PIRE ! quelquefois qua! Bleue ou verte ,tachetée denoir ; neuffur | ovales & tre grandes pla-|Lne rangée de points noirs de cha: O quatre |relevées par quesentrelanus|que côté du corps; quelquefoisune! rangs. |unearête. |&les premières|aie longitudinale fur le dos. paires de petites. | Le deflus du corps brun ; le deffous varié de blanc & de noir. 120 TABLE MÉTHODIQUE. C'AYR'A C T'EMRIESS: ESPECES. Plaques du deffous du corps. Paires de petites pla-| Longueur ques fous la queue. totale. Longueur de la queue. LE C.- Ponctuée. —_—_—_—__————_—_—_—— |" ——.—…—…—…— | ——— | ——_— 136 €. Punélatus. 38°: de Gronovius. 136 38”* Gronovii. 39": de Gronovius. 135 39"* Gronovü. C. Mexicaine. 134 €. Mexicrrtmss Lutrix. 134 Lutrix. Hæœmachate, 132 Hœmachata. Bali. 131 Bal. 42 77 1 pied 4 pouces s lignes. G pieds G pouces. 1 pouce 1O lignes. ———— ——————————— hi TABLE MÉTHODIQUE. \27 SUITE DES CARACTERES. Écailles Autres traits Crochets| ja Écaïlles [particuliers de à venin. Are du dos. |la conforma- tion extérieure.| Couleur. 9 EE De D'un gris cendré ; le deffous du corps jaune, avec neuf petites ta- ches noires difpofées fur trois rangs, [chacun de trois taches. Variée de couleur de fer, deh: bleu & de blanc. 1 Blanche ; des taches blanches & _[noires, Le deflus & Ie deffous du corps jaunes ; les côtés bleuâtres. à fa mä-| neuf fur | choirefu-| quatre unies Rouge ; des taches blanches- périeure. | rangs. & en lofange Une bande lopgitudinale rouge &\ neuffur Hamborda tachetée de bac” de chaque côté} quatre du corzs, dont le deffus eft jaunâtres les & unies. C À Tags mêlé de blanc 5 quatré rangs longitu dinaux de pointsjaunes fous le corp:} Serpens, Tome II, Q 122. TABLE MÉTHODIQUE. C'A R'A CHMNERES: ESPECES. Plaques du Paires de deffous du IPEttes pla-| Longueur | Longueur corps. ques fous la] totale. |de la queue. queue. Atropos. “(131 22 Atropos. PE 12e ge 1 jee G pouces Vampum. 10 pouces. P ÿ C: Striée. 126 45 C. Striatus. C. Camulfe. 124 46 C. Simus. QE, EE el Alidre. 121 58 Aldras. C. Verte & bleue. | 119 110 2 pieds. | Gpouces. C. Viridicæruleus. TABLE METHODIQUE. 123 SUITE DESICARACTERES. Écailles ! Autres traits Crochets! {eus Écailles [particuliers de à venin. eine du dos. la conforma- tion extérieure. Couleur. Aa k à fa mä-| fembla- | ovales & [Ja tête a un peu HnebAte ; quatre rangs. Jongi- choire fu-Ibles à cel-lreleyées para AE 6 AIT ï pause mess roufles, rondes périeure. les du dos- lune arête. cœur: anches dans feur centre; des taches noires fur {a tête. Bleue ; des bandes tranfverfales neuf fur | ovales & [la tête petite à|blanches & partagées en deux fur o quatre relevées par/proportion dufles côtés; une petite bande tranf rangs. | une arête. |corps. verfale brune fur chaque grande gs. plaque. Brune ; Te deffoue du corps d’une couleur pâle. Une petite bande noire & cour- bée entre les yeux; une croix blan- che, avec un point noir au milieu fur {e fommet de la tête ; le deflus du corps varié de noir & de blanc ; des bandes tranfverfales blanches ; le deffous du corps noir. fa tête arrondie , rélévée en boffe, & le mufeau très- courte | ——————_— | ——— D'un blanc écfatant. D’un bleu foncé‘; Ye deffous du corps d’un vert pâle. Qi 124 TABLE MÉTHODIQUE. CARACTERES. ESPECES. Plaques du | Paires de deffous au Petites pla-| Longueur | Longueur | Corps. Nes fouslal totale. |de la queue. queue C. Tachetee. ee 119 70 2 pieds. : C. Maculatus. 4 lignes. C. des Dames. 118 Go C. Dornicellarum. C. d'Egypte. ‘I18 C. Ægyptiacus. C. Anguleufe. 117 1 pied. C. Angulatus. Léberis. 110 Leberis. C. Jouflue. 107 C. Buccatus. Argus. Argus. TABLE MÉTHODIQUE 125 SUITE DES CARACTERES. el fe Autrestraits Crochets| “41 ES. Écail'es |particuliers de Caélens à venin, ue du dos. |la conforma- SU LUS SRE tion extérieure.| à Blanchâtre ; de orandes taches en} neuf fur |hexagones & lofange ou irrégulières , roufsâtres} (e) quatre [relevées par & bordées de noir ou de brun ; le} rangs. [une aréte. ventre blanchâtre & quelquefoisi tacheté. a ——— | —— Blanche ; des bandes tranfverfa- les , irrégulières & noires ; une raie O noirâtre , irréoulière & longitudi-} nale fous fe ventre. 6 À Ja mâ- fe derrière de la B A : choïre fu- Ctrès-petites. [tête relevé par ru blanc livide ; des taches} périeure. deux bofes. . [FOUXES: ovales , un Ë care échan- Blanchâtre ; des bandes brunes | o Fe crées & rele- nos vers leurs bords , angu- q vées par une eufes & très-larges vers le milieuk TAngS. lorête. de Ia longueur du corps. Des raies tranfverfales , étroitesk & noires ; la tête blanche, avec à Ja mà- È ; bee deux taches roufles fur {le fommet béieure. & une tache triangulaire fur le mu-I feau. —_—_—_—_——— | | 2 —__—— | _—_—— Roufe ; des bandes tranfverfales & blanches, ve Une tache blanche fur chaquei le derrière de la écaMle ; plufieurs rangs de taches tête relevé par blanches, rondes, bordées de rou- deux boñes. ge, & rouges dans eur centre. 126 TABLE MÉTHODIQUE. ms mme BD es eee L—— D —— SE C O ND GENRE Serpens qui ont de grandes plaques fous le corps & fous. la queue. B O A: GARACTERES. ESPECES. | Paires de RS petites pla-| Longueur | Longueur ue ques fous la] totale. |de la queue. PS queue. Broderie. 3 pouces 290 128 G lignes. PARENT Ophrie. 281 6 B. Ophrias. 1 Enydre. 270 115 B. Enydris. Cenchris. 26; 57 B. Cenchria. B. Rativore. 65 2 pieds | 4 pouces nue: 254 6 pouces. | 2 lignes. L a. | promesse EE EEE TABLE MÉTÉODÉRQUET | tas SUTMEND'E S CAR AIC TER ETS. PAUSE Autres traits Crochets Ho Écailles {particuliers de Couleur: à venin. ren du dos. [la conforma- tion extérieure, ER EEE RSR GE fembla- ; A Une chaîne de taches irrégulières bles à | rhomboïda- [HE EPA Goine de broderie, le Iong d O Iles d da- | derrière ; le mu-|en forme de broderie , le long du Fe es du| es & unies. feau alongé. dos, & fur-tout fur la tête. OS. Brune... " uC TS | rte | tn | les dents de la mâchoire infé-| D’un gris varié d’un gris plus rieure très-lon-|clair. gues. LS, = 1 . . É D’an jaune clair ; des taches blanchâtres & grifes dans leur cen- tre, LE 3 PHA : ë à À Seb Ja tête large pat! Bjanchôtre où d’un vert de mer ; &æ |homboïda- |derrière ; le mu- bles à cel- È f longé : de les & unies. |leau alonge ; grandes écailles fur les lèvres: cinq rangées longitudinales de ta- ches rouffes, dont plufeurs font chargées de taches blanchâtres. O les du dos. PRES SÉRIE RE EN ENERGIE RE ND ENTER 125 TABLE MÉTHODIQUE. CARACTERES. ESPECES. Plaques du | Paires de deflous au |Petires pla-| Longueur | Longueur corps. [4UES fous la] totale, |de la queue. queue. À ane emeermnenespanesm nome means Schytale. 250 B. Schytale. ù | ordinaire- Devin. quelque-|ment le 0° 246 54 [foisplusdelde Ia lon- B. Divinatrix. 30 pieds. [sueur du COrps. B. Muet, 217 B. Muta. Bojobi. 2% 2 pieds De B: Bojobi. 11 pouces. Hipnale. 1 pied 179 3 pouces. B. Hipnale, 1 I pouces. Groin. 150 2 pieds. | 8 pouces. B. Porcaria. SUITE TABLE MÉTHODIQUE. 129 pi | SUP PEND'ESVCMRACTERES: : NÉelles A Autres. traits {Crochets DER Écailles [particuliers de a venin. f dudos. [la conforma- tionextérieure. Couleur. ‘de la tête. D'un gris mêlé de vert; des ta-k ches noires & arrondies le long duf Aeurs bords , blanches dans Ieurf centre & difpofées des deux côtési [£ N du corps; des points noirs formant des taches alongées fur le ventre. À - [le mufeau alon- gé & terminé par A unegrandeécail-| De grandes taches ovales, fou-Ë fembla-| LE cones Me Prefque verti-|vent échancrées à chaque bout &} O bles à cel- & unies, cale; latéteélar- en demi-cercle , bordées d’une cou-k es du dos. * _|gie parderrière ;|leur foncée , & entourées d’autresà le front élevé ;!petites taches. un filfon lonoitu dinal fur Ja tête. l'extrémité EEE de la queue choïre fu- garnie par- | Destaches noires , rnomboïdales} périeure. deflous de 4 |& réunies les unes aux autres. rangs de peti- tes écailles. En ne npe) a ———— è fa tête large par- fembla- da eae ae le mu{ Verte ou orangée ; des tachesi O bles à cel- Le a DIE ae alongé; les irrégulières , éloignées l’une def A ni je fes dudos.|'€s & unies.lÉVIES Sarnles autre, blanches ou jaunâtres, &à d’écailles oran- de: Te bordées de rouge. ———— | les lèvres garnies fembla- TT ee o lblesàaçet-lrhomboïda- [d’écailles très-| Jaunâtre; des taches blanchâtres les du dos [les & unies. En des & fil-bordées d’un brun prefque noir. onnées: ER — fembla- le mufeau termi-| Cendrée; destaches noires dif © Jblesà cel- né par une gran-|bofées régulièrement ; des bandes les du dos. Ë écaille rele-\tranfyerfales jaunes vers la queue. vée. Serpens , Tome IL. | | R. 130 TABLE MÉTHODIQUEÉ. TROISIEMENGENIME Serpens qui ont le ventre couvert de grandes plaques , & la queue terminée par une grande pièce écailleufe , ou par de grandes pièces articulées les unes dans les autres , mobiles & bruyantes. SERPENS A SONNEÉTTE. Crotali. ESPECES. Boïquira. Crot. Boïquira. Duriflus. Crot. Duriffus. Dryinas. Crot. Dryinas. Millet. Crot. Miliarius. Serp. à fonn. Pifcivore. Crot. Piftivorus. CARACTERES. Plaques du | Plaques du Cor à gueur | Longueur nee ne la totale. |dela queue. | 182 27 ARE 4 pouces 10 lignes | 1 pied |r pouce 172 21 $ pouces | 3 lignes. 6 lignes. 165 30 . 15 pouces] I pouce 5e 32 10 lignes.| 10 lignes. 5 pieds. -__ TABLE MÉTHODIQUE #31 RE STE SR EE SUITE DES CARACTERES. NE Autres traits À Ec ne à ë Crochets}; as | Écailles {particuliers de à venin. RENTE du dos, la conforma- tion extérieure. Couleur. fix fur ovales & re- D'un gris jaunâtre, une rangée trois |levées par longitudinale de taches noires bor- rangs. | une arête. dées de blanc. Variée de blanc & de jaune; des taches rhomboïdales, noires & blan- ches dans leur centre. fix fur | ovales & trois [relevées par rangs. [une arête. à [a mè- ovales & choire fu-| deux [relevées par périeure. grandes. | une arête. Blanchâtre ; des taches d’un jaune plus ou moins clair. res RS | a — Grife ; trois rangs longitudinaux : ovales & de taches noires ; celles de {a rangée choire fu-| quatre DE relevées par du milieu rouges dans leur centre , unearête. & féparées l’une de l’autre par une k tache rouge. à la ma- | neuf fur RE —) A ne Me Brune ; le ventre & les côtés du te qe st & cou noirs, avec des bandes tranf- 2 verfales jaunes & irrégulières. dure. R i # 132 TABLE MÉTHODIQUÉ : D QUATRIÈME GENRE. Nes dont le deffous du corps & de la queue eft garni d’écailles femblables à celles du dos. ANGUIS. Angues. CARACTERES. ESPECES. = Hal. dé angs dé- | Rangs d'É- | ÿ ohouenr À Longueur cailles fouslcailles fous D 2 Rene ee totale, Îde la queue, Rouleau. 2 pieds 240 13 I pouce, An. Cylindrica. 6 pouces. Rouge. : 240 I2 Se pre G lignes. An. Rubra. PEUR Lombric. ps = 8 pouces 1 2 digne An. Lumbricalis. Dose Long-nez. 218 12 1 pied. An. Nafite. TABLE MÉTHODIQUE. 132 SUITE DES CARACTERES. Autres traits | Écailles | « LEE Crochets Écailles du [particuliers de à venin. Rens dos. * |la conforma- Couleur, elatêre. tion extérieure, Les diverfes écailles blanches bor- dées de roux ; des bandes tranfver- fales d’une couleur foncée , & dont plufieurs fe réunifient. © f|3grandes.| unies, ntm | mme mm RE Les écailles rouges & bordées de 3 grandes] hexagones. blanc ; des bandes tranfverfales [e] fur deux| & unies, noirâtres au-deffus & au-deflous du rangs. Corps. la bouche au- me deffous du mu- À choires très-unies & |feau & très-pe- Le deffus & le deffous du corps refque 3grandes.|.à : : LS Arno ne TRE ue 38 très petites. |tite , ainfi quel un blanc livide. 2, fansdents. Vanus. la bouche au- { deffous du mu-| D’un noir verdâitre; une tache feau qui eft très-Jjaune fur le mufeau ; deux bandes| alongé ; la queue °bliques de la même couleur fur la | terminée parune|TUEUE ; le ventre jaune. pointe dure. 134 TABLE MÉTHODIQUE. CARACTERES. ESPECES. Rangs d'é- | Rangs d'é- cailles fous | caillesfous | Longueur | Longueur le corps. la queue. totale. [de la queue. Queue-lancéolée. An. Laticauda. An. Cornu, 200 15 An. Cornufa. Miguel. 200 [2 1 pied. | 3 lignes. Miguel. Trait. 186 23 Sagitta. Colubrin. 180 18 An. Colubrina. Réfeau. 177 37 An. Reticulata. TABLE MÉTHODIQUE. 3$ SUITE DES CARACTERES. | PAC L 2 Crochets Ecailies Écailles à venin. du deflus du dos RAP ERA de nue tête. ÿ grand es, neuf fur quatre unies, rangs. Autres traits particuliers de]. É conforma- [tion extérieure. Couleur. la queue très- comprimée par] . Pâle ; des bandes tranfverfales les côtés & ter-| brunes. minéeenpointe, : te line dents qui percent la fèvre fupérieure &ont Papparence de deux petites cor- nes. de Jaune ; une ou trois raïes Jongi- tudinales brunes ; des bandes ant verfales très-étroites & de la même couleur. les écailles qui recouvent le ventre font un peu plus larges que celles qui garniffent le dos. Variée de brun & d’une contes pâle. ï Les écailles brunes &. blanches dans leur centre. 136 TABLE MÉTHODIQUE. C'A\R A C TERRES: ESPECES. Rangs d’é- : ; Longueur | Longueur cailles fous|cailles fous È È totale. [de la queue, Peintade. 165 2 Meleagris. ; Orvet. TON ; pie Orvet. 13 “F0 3 Did G pouces. An, Jaune & brun. 1 pied | 1 pied 127 223 |G pouces.| 1 pouce An. Flayofufca. G lignes. ER un peu Hé 126 136 plus gran- Rae de que cel- Dr leducorps. Plature. 2 1 pied 6 pouces. 2 pouces. Platura. SUITE TABLE MÉTHODIQUE. 137 SUITE DES)CARACTEÈRES. | Écale 4 Autres traits Crochets PAT Ecailles |particuliers de Cou VENDRE Re du dos. [la conforma- CHIC | MPa tion extérieure, Verdâtre ; plufieurs rangées lon-} : gitudinales de pois noirs ouf bruns. k nt Rs A ————— Rene [i Les écailles du deflus du corpsk ete roufles & bordées de blanchätre ;} o hexagones & quatre raies longitudinales, brunes! Ds unies. ou noires ; le ventre d’un brunk très-foncé; la gorge marbrée del blanc , de noir & de jaunâtre. À D'un vert mêlé de brun ; plu-k fieurs rangées longitudinales def points jaunes ; le ventre jaune. + x 9 . rEe L arrondies & [la mâchoire fu-| D'un rouxcendré ; trois raies O unies. |périeure un peu noires & longitudinales, plusavancée que l’'inférieure. ee les ma arrondies, la queue com- primée par les côtés, &un peu arrondie À fon extrémités choires trés-petites , fans & placées à dents. côté les unes des autres, Noire ; le deffous du corps blanc à. fa queue variée de blanc & de noir Serpens, Tome II. Le 0 136 TABLE MÉTHODIQUE. CIN QUIÉMEIGE NRE Serpens dont le corps € la queue font entourés d’anneaux écailleux. AMPHISBÈNES. ÆAmphifbane. CARACTERES. ESPECES. | Anneaux | Anneaux | Longueur | Longueur du corps. fe la queue.| rorale.. [de la queue. oo Blanchet. 1 pied 223 16 ÿ pouces | & Fo Amphifb. Alba. 9 lignes. BIS Amphifb. Enfumé. 3° pied 200 1 pouce | 6 lignes. | Amphufb. Fuligino/a. G lignes. : TABLE MÉTHODIQUE.. 130 SAUPEUT E VD ENS CTAUR ACT ElRVESS: Écailles| , . Autres traits Crochets} 4 deffusl ÉCailles |particuliers de à venin. : Couleur. la conforma- tion extérieure. EE EE SM III A EEE fx fur huit tubercules Blanche trois près de l’anus. 6 rangs: Re fx fur huit tubercules Noirâtre , variée de blanc. [e] trois près de Panus: rangs. AE dos. deiatête. du dos S TX l'E MME GE INR UE Serpens dont les côtés du corps préfentent une rangée longitudinale de plis. CGOCILES. Ceclie, CARACTERES. ESPECES. | Plisdescôtés Plisdescôtés| Longueur | Longueur | du corps. [de la queue. totale. |de la queue. Cœc. Vifqueux. 849 1O | Cœc. Glutinofa. Ibrare. 135 I pied. Ibiare. TABLE MÉTHODIQUE x41 ISULI PE D ES) C A R AICGUF FR ES écailles | Autres traits Crochets Écailles particuliers de ; . [du deflus à venin. | Ja têre du dos. Îla conforma- ; ion extérieure, Couleuï:. Brune; une raie blanchâtre fur les côtés, ! | | eme É fa mâchoire fu- Ipérieure garnie de deux petits barbillons ; [a queue très-cour- te, 142 TABLE MÉTHODIQUE. SÉPTIEMEGENRE Serpens dont le deffous du corps , préfentant vers la téte de grandes plaques , montre vers l’anus des anneaux écailleux, & dont l'extrémité de la queue eff garnie par- deffous de très-petites écailles. LANGAH A. Langaha. CAR AICTERES. EYSPPIEIGIE’S Grandes | Anneaux | Longueur | Longueur plaques. | écailleux. totale. |de la queue. | Langaha de Madagafcar. : 2 pieds 104 42 8 pouces | Langaha. |, HUITIEME GENRE Serpens qui ont le corps & la queue garnis de petits tubercules. ACROCHORDES. Acrochordi. CAR AC TE RES EMXSYPIECHES: Longueur | Longueur totale. |de la queue. Achrochorde de Java. 8 pieds Acrochordus Javanicus. 3 pouces. II pouces. 2 PARRAINAGE TABLE MÉTHODIQUE. 14 om SAU LME VD'E SEC)'ANR ASC TE RES: AE, Autres traits Crochets os Écailles |particuliers de Contes à venin. pe du dos. |la conforma- À tionextérieure. ES AI EE à Ja mä- | fept fur Es Les écailles rougeâtres , chargées E rhomboïda- ; : De choïrefu-| deux 1e à leur bafe d’un petit cercle gris périeure. | rangs. 4 & d’un point jaune. ES EP RE I een (|: DD TE CT IT SUITE DES CARACTERES. Écailles Autres traits Crochets S| Écailles [particuliers de . |dudeffu à venin. rt du dos. |la conforma- Couleur. à tion extérieure. petites & la queue très- Noire; le deffous du corps ban -| OAI eERE menue à pro-lchâtre ; les côtés blanchâtres, ta-l nombre. portionducorps.|chetés de noir. AVIS AURELIEUR. L: LOGE du Comte de Buffon ne faifant pas partie de cette Hifioire Naturelle des Serpens, doit être placé avant le titre de ce Volume. Z (7 > DA EE NS à PREMIER GENRE, SERPENS Qui ont de grandes plaques fous le corps , & deux rangées de perites plaques fous la queue. COULEUVRES. COULEUVRES VIPÈRES. gp mn GE mm mn i< LA VIPÈRE COMMUNE («). L'orre DES SERPENS paroit être un de ceux qui renferment le plus de ces efpèces funeftes dont les (a) En Grec, Ex, le mâle, Exdva, la femelle. Serpens , Tome IT, : À 2 Histoire NATURAITE fucs empoifonnés donnent la mort lorfqu'ils fe mélent avec le fang. Il ne faut pas crore cependant que le plus grand nombre de ces Reptiles foient venimeux ; Viper or adder , en Anglois. La vipère, M. Aubenton, Hiff. natur. des Serpens, Encyclopédie méthodique. ‘Colub. Berus, Lirneus , Syflemna nature , amphibia Serpentes. Coluber Berus. —Vipera Franciici Redi. — Vipera mofis, charas.æ= Laurenti, Specimen Medicum. Viennæ , 1768 , fol. 97 © feg. Vipera, Ray, Synopfis Quadrupedum & Serpentini generis. Londr. 2693, p. 284. æ Vipera, Gefñer. de Serpentum natura. fol. 71. Col. Berus, Wulf, Ichthyologia cum amphibiis regni Boruffici: T7 Viper or adder, Efay Touwards à natural Hiflory of Serpents by Charles Owen. London , 1742, p. 51, pl. 2. Viper , Zoologe Britannique, vol. 3, p.25, pL 4, no12. Vipera anglica , fufca dorfo line undatâ nigricante confpicuñ. Petiy. muf. fol. 275 n° 103. x Vipère, M. Valmont de Bomare. Vipera vera Indix orientalis. Seba, muje. 2 , tabula 8 , fig. 4: Nous croyons devoir prévenir ici , relativement à la nomenclature des diverfes efpèces de Serpens dont nous allons traiter , que plufeurs noms dont les Modernes fe fervent pour les défigner , ont été égale- ment employés par les Anciens; tels font les noms de berus ; prefler , apic, boa, prdera, cœcilia, miliaris , tri/calis , dipfas , dryi- nus , elops , elaps, molurus , fchytale , &c. Mais les Anciens ont fi peu caratirifé les différentes efpèces auxquelles ils ont attribué ces noms, qu'il eft prefque impoñfible de les reconnoître ; tout ce que j'ai cru découvrir, par une comparaïfon attentive des expreflions des Anciens, avec les defcriptions des Serpens qui ont été bien € DES SERPENS 3 l'on doit préfumer que, tout au plus, le tiers des diverfes efpèces de Serpens, renferme un poifon très- aif. Ce font ces efpèces redoutables qu'il importe le plus de connoître , pour les éviter ; aufli commen- cerons-nous , en traitant de chaque genre de Serpens, par donner l’hiftoire de ceux qui, pour ainf dire, recèlent la mort, & dont l'approche eft d'autant plus dangereufe , -que leurs armes empoifonnées, prefque toujours enveloppées dans une forte de fourreau qui les dérobe aux regards, ne peuvent faire naître aucune méfiance ni infpirer aucune précaution. . Parmi ces efpèces , dont le venin eft plus ou moins funefte , une des plus anciennement & des mieux connues, eft la vipère commune. Elle eft, en effet , très-multipliée en Europe ; elle habite autour de nous, elle infefte nos bois, & fouvent nos demeures; auffi a-t-elle infpiré, depuislong-temps, une grande crainte; & cependant avec quelle attention n’a-t-elle pas été obfervée ? Objet d'importantes recherches & de travaux multipliés d’un grand nombre de Savans, combien de fois n'a-t-elle pas été décrite, difléquée & foumite à diverfes épreuves ? Nous avons denc cru devoir obfervés , c'eft que les Anciens n’ont pas toujours appliqué ces noms à des efpèces diftinétes , & qu'ils les ont fouvent employés pour de fimples variètés d'âge ou de fexe, appartenantes:à des efpèces com- aunes en Europe , & particulièrement en Grèce. Ai $ = 4 je Hisrorre NarTurEzize commencer lhiftoire de tous les Serpens par celleidé* la vipère commune; fa conformation, tant intérieure qu'extérieure , fes propriétés, fes habitudes naturelles ayant été très-étudiées , & pouvant par conféquent être préfentées avec clarté, répandront une grande lumière fur tous les objets que nous leur comparerons, & dont on pourra connoître plufieurs parties , encore voilées pour nous, par cela feul qu'on verra un grand nombre de leurs rapports avec un premier objet bien. connu & vivement éclairé. La vipère commune eft aufi petite , aufli foible, aufñi innocente , en apparence, que fon venin. eft dangereux. Paroïflant avoir reçu la plus petite part des propriétés brillantes que nous avons reconnues en général dans l’ordre des Serpens, n'ayant ni couleurs agréables, ni proportions très-déliées, ni mouvemens agiles, elle feroit prefque ignorée, fans le poifon fu- nefte qu'elle diftille. Sa longueur totale eft commu- nément de deux pieds ; celle de la queue, de trois ou quatre pouces, & ordinairement cette partie du corps eft plus longue & plus groffe dans le mâle que dans la femelle; fa couleur eft d’un gris cendré, & le long de fon dos, depuis la tête jufqu’à l'extrémité de la queue, s'étend une forte de chaine compofée de taches noirâtres de forme irrégulière, & qui, en fe réuniflant en -plufeurs endroits les unes aux autres, repréfentent fort bien une bande dentelée & fituée D SEA SNMNSN EL à PUTLEN Ne 5 en zig-zag. On voit aufli, de chaque côté du corps, une rangée de petites taches noirâtres , dont chacune correfpond à l'angle rentrant de la bande en zig-zag. Toutes les écailles du deflus du corps font relevées au milieu par une petite arête, excepté la dernière rangée de chaque côté , où les écailles font unies & un peu plus grandes que les autres. Le deflous du corps eft garni de grandes plaques couleur d'acier & d'une teinte plus ou moins foncée, ainfi que les deux rangs de petites plaques qui font au-deflous de la queue (a). Quelquefois, dans la vipère commune , de même que dans un très-grand nombre d'autres efpèces de Serpens, les grandes pièces qui recouvrent Îe ventre & le deflous de la queue font, ainfi que les autres écailles, plus pâles ou plus blanches dans la partie qui eft cachée par la plaque ou l’écaille voifine, que dans la partie découverte, & le défaut de lumière paroit nuire à la vivacité des couleurs fur les écailles des Serpens, (a) Nous avons compté, fur le plus grand nombre d'individus que nous avons examinés , 146 grandes plaques & 39 rangées de petites. ce Depuis le commencement du cou jufqu'au commencement de 1 » queue, Il y a autant de grandes écailles qu'il y a de vertèbres ; 3» & comme chaque vertèbre a, de chaque côté, ue côte, chaque 2» écaïlle rencontre, par fes deux bouts , la pointe de toutes les deux, 1 & leur fert comme de défenfe & de foutien ». Mémoir. pour férvir à lhifl. natur. des animaux, Deféription anatomique de la vipère, tom. 3; p. 608. # 6 Hirsrorre NATURELLE comme fur les pétales des fleurs; mais on ne remarque communément cette nuance plus foible de la partie cachée , que fur les Serpens en vie ou fur ceux qui ont été defléchés. Il arrive le plus fouvent , au con- traire , que fur les Serpens confervés dans l’efprit-de- vin , la partie des grandes plaques ou des autres écailles qui eft toujours découverte, eft d’une nuance plus blanchâtre, comme plus expofée à l’aétion de l’efprit ardent qui altère toutes les couleurs. Le deflus du mufeau & l’entre-deux des yeux font noirâtres ; & fur le fommet de la tête, deux taches alongées , placées obliquement, fe réuniflent par un bout & fous un angle aigu. La tête va en diminuant de largeur du côté du mufeau , où elle fe termine en s'arrondiflant ; & les bords des mâchoires font revêtus d'écailles plus grandes que celles du dos, tachetées de blanchâtre & de noi- râtre , & formant un rebord affez faillant (a). RE (a) Nous avons cru qu'on verroit avec d'autant plus de plaïfir ici une courte expofition des principales parties intérieures de la vipère, que fa conformation interne eft très-femblable à celle du plus grand nombre de Serpens dont nous traiterons dans cet Ouvrage , & qui par-Rà feront connus à l’intérieur aufli-bien qu'à l'extérieur. Nous n'avons pu mieux faire que de rapporter les propres paroles de M. Charas, qui a difléqué avec foin la vipère commune, & dont nous avons vérifié les obfervations que l’on trouvera ici. « Le mufeau D\ LE NS D OLA .R PEN Se 7 Le nombre des dents varie fuivant les individus; il eft fouvent de vingt-huit dans la mâchoire fupérieure, —. 2 22 22 22 22 22 22 2 LE] 22 22 LE] eft compofé d’un os en partie cartilagineux , garni aux environs de quelques bouts de mufcles qui viennent de plus loin, qui font aufli accompagnés de quelques petites veines & de quelques petites artères. Cet os eft encore couvert de la peau écailleufe, retrouflée, comme nous l'avons dit, dans fes extrémités. IL y a deux conduits dans fes deux côtés , qui forment les narines, efquelles ont chacune une ouverture petite & ronde, à droite & à gauche fur le devant, & leur nerf propre, qui vient depuis la partie ante- rieure du cerveau jufqu'à leur orifice, & qui leur communique lodorat... Cet os cartilagineux a tout autour divers angles., & eft articulé par de forts ligamens au-dedans & autour de la partie creufe & antérieure du crâne, ce qui n’empèche pas qu'il ne foit un peu flexible dans cette articulation. > Le crâne fe trouve creufé dans fa partie antérieure , & repréfente une.forme de cœur lorfqu'on en fépare los du mufeau. Il 1 deux pointes avancées qui embraflent en partie cet os à; il eft entouré, en fa partie fupérieure, d'un petit bord avancé en forme de cor- niche ; il eft échancré aux deux côtés où font fitués les yeux, & y forme leurs orbites, dont la partie poftérieure eft étendue en pointe qui répond à celle de devant. Tout le crâne, en toutes fes parties, eft d’une fubftance fort compacte & fort dure; ya trois futures principales dans fa partie fupérieure ; l’une qu’on peut nommer fagittale , qui divife de long en long la paitie du defus des deux yeux; l’autre, qui fe peut nommer coronale , qui divile le crâne en'travers derrière les deux orbites ; & la troilième, qui le fépare encore en travers près du commencement de l’épine. Dans là fuperficie de lg partie fupérieure du crâne , on remarque (ee) Ô / HirSs mor REMNE AIT RE TE & de vingt-quatre dans l'inférieure ; mais toutes les vipères ont, de chaque côté de la mâchoire fupérieure , : D LR D ee me 2 ÿ 3 ÿ 9 vw 32 29 5 3 ÿŸ 25 99 29 32 39 32 59 99 » 32 32 22 22 2 s 22 > L2 + LA 3 Le #2 là forme d’un cœur bien repréfenté, fitué dans fon milieu , qui à fa bafe près de la future que j'ai nommée coronale , & qui porte fa pointe vers Îa partie poftérieure du crâne , qui eft féparée par la trorfième future. Il y à aufli une autre grande future tout autour des païties latérales inférieures du crâne, par laquelle il fe peut divifer en deux corps, lun fupérieur & l’autre inférieur : ce dernier eft fait en forme de dos renverfé, allant de long en long, creufé au-dedans, & repréfentant Ia forme d’un foe qui a comme des aïîlerons à fes côtés, & dont la pointe avance au-deflous de l’entie-deux des yeux; fa partie poftérieure defcend jufqu'au fond du palais, où elle a, dans fon deflous, une pointe defcendant en forme de monticule renverfé. Toutes les futures du crâne font fi bien unies dans leur jonction, & fi fortement annexées , qu'il eft fort difficile de Îes diflinguer , & encore plus d'en féparer les parties fans les cafler , à moins que de faire bouillir Île crâne dans quelque liqueur. ; >> La fubftance du cerveau de la vipère eft divifée en cinq corps principaux , dont les deux premiers font ronds & Ionguets , chacun de la grandeur & de la forme d’un grain de femence de chicorte; ils font fitués de long en long entre les deux yeux , & c'eft de ces corps que partent les nerfs de l’odorat; les trois autres font dans là partie moyenne du crâne, & au-deffous de cette forme de cœur dont nous avons parlé ; chacun de ces corps approche de la groffeur d'un grain de femence de mnilium folis , & repréfente à-peu-près la forme d’une poire, dont la pointe et tournée vers la partie antérieure de la tête. Deux de ces corps font fitués dans la païtie fupérieure , de long en long & à coté l'un de l'autre une D ESP ISNENRE RE FUN St 9 une ou deux , & quelquefois trois ou quatre dents longues d'environ trois lignes , blanches, diaphanes, » le troïfième, qui eft tant foit peu plus petit, eft fitué. fous le imilieu 2 des deux, & peut être nommé le cervelet ou le petit cerveau. 32 La moëlle fpinale femble être un même corps avec ce dernier, >> quoiqu'elle ait fa place féparée dans la partie poftérieure du crâne : » elle eft d’une fubftance un peu plus blanche & un peu plus molle 2» que les corps dont nous venons de parler, & de la groffeur d'un » petit grain de froment ; elle produit un corps de la même fubf- > tance , qui s'étend en long, & pañlant en droite figne au travers » de toutes les vertèbres de l’épine du dos, vient aboutir à l’extré- -5 mité de la queue. Les corps du cerveau de la vipère font couverts 2 d’une tunique affez épaifle , & qui leur eft affez adhérente, qu'on » peut nommer dure-mère ; elle eft de couleur noire, d’où 1l et >> arrivé que quelques Auteurs, qui n’avoient pas pris la peine de » regarder fous Ta tunique , ont dit que le cerveau de Ia vipère étott 2 de couleur noire. Sous cette dure-mère , chaque corps du cerveau, 2 féparément, a encore une petite membrane qui l'enveloppe, qu'on 5» peut nommer pie-mère. On remarque de petits interftices entre 5 ces corps, & même dans le corps de la moëlle fpinale, qui pour- 3 roient pafler pour des ventricules ; & je ne doute pas que, fi le fujet étoit un peu plus gros, on n’y püt remarquer la plupart des LE us S parties confidérables qui fe voient dans les animaux plus grands. 1 À chaque côté fupérieur du milieu de ce cœur que l’on voit w La au-deflus du crâne , 1 y a un petit os plat qui a environ une -» ligne & demie de long, qui lui eft fortement articulé, lequel , 5 fuivant & adhérent au même côté du crâne jufqu'à fa partie pof w w térieure , vient Sarticuler. de nouveau à un autre os plat plus 7 long & plus fort, & y forme comme un coude : ce dernier os Serpens, Tome II. B TO H 15 Mo RE NATURE ETES crochues & très-aiguës ; on les a apreilées les dents canines de la vipère, à caufe d’une reffemblance 22 39 29 LE] defcend en bas & vient s’articuler fortement au bout intérne de la mâchoire inférieure , au milieu de laquelle articulation la mâ- choiïre fupérieure vient aboutir & sy articule, maïs non pas fi fortement, parce qu'elle a d’autres articulations dont l'inférieure eft dépourvue. Ces os , qui font comme des clavicules , fervent & de foutien: aux nâchotres, & à les ouvrir & reflerrer, &iils.y font aïdés par les nerfs & parles mufcles dont la Nature Lesa pourvus. , 5 H y a aufli, À chaque bout avancé de l'orbite, un petit os plat, ayant environ deux lignes & demie de long, qui eft forte- ment articulé & conjointement avec la racine de la dent canme, lequel, par fon autre bout, eft aufli fortement articulé au milieu de la mâchoire fupérieure , tant pour Ia foutenir que pour la fitre avancer enfemble avec la grofle dent lorfqu'elle fe relève pour mordre. La mâchoire fupérieure eft divifée en deux fur le devant , & eft féparée par Fos cartilagimeux du mufeau , où fes deux bouts font articulés de chaque côté. Ces deux mâchoïres font beaucoup plus internes que celles de deffous , & les grofles dents font fituées hors de leur rang & à leur côté, en tendant en dehors, & leur fervent comme de défenfes ; elles font compofées chacune d'un feul os, qui a environ dix lignes de long. > La mâchoire de deflous eft aufli divifée en deux : ces mâchoires font annexées pardevant lune à l’autre, par un mufcle qui les ouvre ou les refferre au gré de l'animal, & n'ont d'autre arti- culation que celle que nous avons dit de leur bout interne avec l2 clavicule qui defcend du crâne, & avec le bout interne des mâchoires fupérieures. Chacune de ces mâchoïres eft compofée de DIN ELISA RI UP EL NS TE imparfaite qu'elles ont avec les dents canines de plu- fieurs Quadrupèdes. Ces dents, longues & crochues, 3 deux os, articulés enfemble vers le milieu de la mâchoire; celui 2» de devant embrafle deflus & deflous celui de derrière, & fe peut > ployer en dehors en cet endroit lorfque la vipère veut mordre, » & il eft tant foit peu recourbé en dedans vers fon extrémité ; 2 c'eft fur cet os feul que les dents de deflous font fichées. 2 Les nerfs principaux de la tète de la vipère font, en premier 1 lieu, ceux dont nous avons parlé; favoir , ceux de l’odorat, >> ceux des yeux & de l’ouïe. Il y a, outre ceux-là , ceux du goût, > celui qu’on peut appeller la fixième paire errante, qui fe diftribue >» après dans toutes les parties vitales & naturelles, & ceux qui, 2 fortant de la moëlle fpinale, font portés par toute l'habitude du 2 corps. Il y à aufli plufieurs nerfs qui partent de la partie inférieure 3» du cerveau, & qui paflent au travers du crâne; mais à caufe de 1 leur délicatefle, 11 eft très-dificile de les fuivre jufqu'à leur > infertion. 22 [y a encore un nerf confidérable qui fort du crâne derrière » celui de louie, qui laïfle dans l’entre-deux une petite apophyfe 2 v au crâne, & qui, defcendant le Iong de Îa clavicule, fait fon 3 cours fur Îa mâchoire inférieure , & s'insère dans fon milieu, 5 puis il pourfuit au-dedans jufqu'à fon extrémité, & fe diftribue 3» dans toutes les dents qui y font fichées. >> La tête a aufli fes veines & fes artères, qui, venant du foie & » du cœur, s’y diftribuent en une infinité de rameaux, dont toutes w >> fes parties font arrofces. lle eft aufli garnie de plufieurs mufcles 32 aux côtés & au-deflous du crâne, & aux environs des clavicules LI > & des mâchoires fupérieures & inférieures , qui fervent non-feule- 2 ment à remplir les creux du crâne & à couvrir les os qui y font B à 12 FHirievrio Rire (NAT RENE ES font très-mobiles, ainfi que celles des autres Serpens vipères ; lanimal les peut incliner ou redrefler à u 1 32 22 29 32 22 29 32 22 32 3 32 32 32 232 22 22 22 2 w 2 22 2 ss 2 s >E] 22 articulés , mais à donner le mouvement à toutes les parties qui en ont befoin ; à quot aufli les nerfs contribuent de leur part. 3 Le grand nombre des os qui reftent au corps de la vipère, : après ceux de la tête, ne confifte qu’en vertèbres & en côtes. Les vertèbres commencent à la partie poftérieure du crâne, à laquelle la première eft articulée ; Iles autres font arrangées de fuite, forte- ment- articulées lune à l'autre, & continuent jufquà lextrémité de la queue. Chaque vipère, tans mâle que femelle, a cent qua- rante-cinq vertèbres depuis la fin de la tète jufqu’au commencement de [a queue; & deux cent quatre-vingt-dix côtes, qui eft le mombre double des vertèbres, à chacune defquelles il y a deux côtes artt- culées, une de chaque côté, qui font ployées & qui embraffent les parties vitales & les naturelles de la vipère, & dont chaque pointe vient fe rendre à un des bouts de la grande écaïlle de deflous le ventre, qui eft propre à toutes les deux; en forte qu'il y a autant de grandes écailles fous le ventre, depuis la fin de la tête jufqu'au commencement de la queue, qu'il y a dé vertèbres aflorties de leurs deux côtes. Outre cela, 1l y a vingt-cinq vertèbres depuis le haut de la queue jufqu’à fon extrémité, & ces vertèbres n'ont plus de côtes, mais elles ont, en leur place , de petites apophyfes qui diminuent en grandeur, de même que les ver- tèbres , en tendant vers le bout de Ia queue. >» Les vertèbres ont une apophyfe épineufe en feur partie fupérieure, qui va de long en long, & qui a près d’une ligne de haut; elles en ont au-deflous une autre pointue, qui eft courbée vers le côté de la queue, & qui.eft de même hauteur que la fupérieure : élles ont auffi des apophyfes tranfverfes aux deux côtés, auxquelles Les DE SNS AN RAT 2 ED NL SU: 13 volonté : communément elles font couchées en arrière le long de la mâchoire , & alors leur pointe ne paroït 22 2 & 2 sw 22 22 22 2 22 22 22 22 3 vw 22 2 w 2 v 22 22 22 22 2 w 2 w 22 2 tr 2 Lg 22 côtes font articulées ; elles font creufes dans leur milieu , & reçoi- vent le corps de la moëlle qui part du derrière de la tête, qui fournit autant de paires de nerfs qu'il y a de vertèbres , & qui con- tinue jufqu’à l'extrémité de la queue. »> Il y a quatre grands mufcles bien forts & bien longs, qui pren- nent leur origine du derrière de la.tète, & qui defcendent deux de chaque côté des apophyfes épineufes, l'un jorgnant l'épine, & l’autre au côté & un peu au-deffous du premier, qu’il accom- pagne de long en long jufqu'au bout de la queue. Il y à auffi deux grands mulcles de pareille longueur qui font attachés à la partie intérieure des vertèbres, & qui les accompagnent d'un bout à l'autre, de même que les fupérieurs. Nous remarquons aufli de chaque côté, autant de mufcles intercoftaux qu'il y a de vertèbres, fervant au mêmetufage que ceux des autres animaux , qui {éparent les côtes depuis {a racine jufqu’à leur pointe.; tous ces mufcles font auffi accompagnés de veines & d’artères, de même que les plus grands. > La trachée-artère eft fituée au-deflus & tout le long de la langue, & lui fert comme de couverture par fa partie antérieure ; elle à fon commencement à lentrée de la gueule, où elle prefente un trou ovale relevé en haut, & ayant comme un petit bec en fa partie inférieure. Elle eft compote , à l'entrée, de plufieurs an- neaux cartilagineux joints les uns aux autres, qui continuent environ la longueur d’un bon pouce, & qui fe jettent dans le côté droit de la vipère, où ils rencontrent le poumon; & depuis cet endroit-là , on ne voit plus que les Ceni-anneaux renverlés, lefquels étant joints des deux côtés à des membranes qui dépendent du 14 Hisroirre NATURELLE: point ; mais, lorfque la vipère veut mordre, elle les relève & les enfonce dans la plaie en même-temps quelle y répand fon venin. vw » + 5 w LI poumon & qui lui font annextes par-deffous d’un bout à l'autre, étant aides du même poumon, fervent à la refpiratron , & conti- nuent leur rang & leur connexion jufques vers la quatrième partie du foie , qui lui eft foumis, aufli-bien que le cœur. La trachée- artère a en tout huit ou neuf pouces de long, & à l'endroit où fes demi-anneaux finiflent, elle s’unit avec une membrane qui attire & reçoit l'air jufqu'au commencement des inteftins, où elle forme comme un cul-de-fac en rond. > Le poumon ctant joint à la trachée-artère, & farlant avec elle un même corps, eft, par conféquent, fitué, comme elle, au côté droit; ils commencent à où fintflent les anneaux entiers de la trachée-artère. Le poumon eft fait en forme de rets, il n'a aucuns lobes, 1l eft d’une couleur rouge , fort claire & fort vive, d'une fubftance aflez mince, affez tranfparente , & un peu rugueufe; il eft attaché par des membranes à la partie fupérieure des anneaux imparfaits, 1l a fept ou huit pouces de long, & un petit travers de doïgt de large ; 1l eft tout feme de veines & d’artères. » Le cœur & le foie font aufi fitués au côté droit de I vipère; & au-devant du cœur il y a, à environ le tiers d’un travers de doigt, un petit corps charnu & un peu plat, de la groffeur d'un petit poids, qui eft rempli d’eau ; ce petit corps eff fitué au-deflous du poumon, de même que le cœur & le foie, & eft fufpendu par les mêmes membranes qui les foutrennent ; on peut le prendre pour une efpèce de fagout ou de rymus, & 1l peut avoir les mêmes ufages. » Le cœur eft fitué environ quatre ou cinq pouces au-deflous du \4 A Æ son \ir ID ÊE0 NS 1 Yi Auprès de la bafe de ces grofles dents, & hors Fe s 3 % ? w ? & 2 22 22 32 32 22 22 22 22 22 32 2 y 22 29 2 > w w commencement du poumon ; il eft de la groffeur d’une féverole ou d’une petite fève, il eft longuet, charnu, & environné de fon péricarde , qui eft compofé d’une tunique aflez épaïile ; 1 a deux ventricules, l’un du côté droit, & l’autre du côté gauche; il a aufli deux ouvertures. Le fang qui vient de la veine-cave entre dans le ventricule droit, & fe jetant dans le gauche, en fort par l'artère- aorte, qui fe divife d’abord en deux gros rameaux, dont Fun monte vers les parties fupérieures , & l’autre, paflant au-deflou$ de lœfophage & prenant fon chemin en biais, fe divife dans la fuite en plufieurs rameaux, qui fe répandent & font portés à toutes les parties, jufqu’au bout de la queue. » Le foie eft un corps charnu , de couleur rouge-brun, fitué demi-pouce au-deflous du cœur, & foutenu des mêmes mem- branes ; fa longueur & {2 groffeur font aflez inégales , mais les plus grands fotes ont jufqu'à cinq & fix pouces de long, & un demi- pouce de large. Le foie eft compolé de deux grands lobes, dont le droit defcend un bon pouce plus bas que le gauche. Ces deux lobes font arrofés de la veine-cave , qui femble les féparer de long en long en deux corps, & mème elle le fait dans leur moitié inférieure , coulant dans leur entre-deux, & Îeur fervant pour les joindre en un mème corps. La moitié fupérieure du foie eft con- tinue, & ne fe peut divifer fans la couper. Le tronc de la veine- cave fe divife en deux rameaux en fa partie fupérieure , dont le principal & le plus gros aboutit au cœur , & autre pañle fous le poumon, & de-là aux parties fupérieures; la même veine-cave, dans fa partie inférieure, fe divife en plufeurs rameaux qui def cendent dans toutes les parties du deflous. »3 La vipère eft dépourvue de diaphragme, n’y ayant aucune tunique tranfverfale qui fépare les parties vitales d'avec les naturelles : on 16 HisTorrz NATURELLE de leurs alvéoles, on voit, dans des enfoncemens de 22 39 22 22 32 32 29 29 32 22 2 32 22 LE] 29 22 22 32 22 2 22 22 22 22 2 5 2 5 22 22 pourroït néanmoïns dire que cette tunique déliée qui dépend de la trachée-artère & du poulmon, & qui defcend vers les inteftins & y forme comme un cul-de-fac, en fait, en quelque forte, Ia fonction. » La veflie du fiel eft fituée un travers de doïgt au-deflous du foie, & à côte du fond de l’eftomac, & elle penche fur le côté gauche ; elle eft prefque de [a forme & de la groffeur d’une petite fève couchée fur fon plat. Le fiel eft d’une couleur fort verte, fon goût elt très-amer & très-âcre , fa confiftance approche de celle d'un fyrop peu cuit. Je n'ai trouvé, dans la veflie du fiel, qu'une iflue par un petit vaïfleau, qui, fortant du côté interne de fa partie fupérieure , eft recourbé dès fon origine, & defcendant & adhérent, mème dans fon commencement , à la partie interne de cette veflie, fe divife après en deux rameaux, dont le principal & le plus droit, paflant par ce corps que les Anciens ont pris pour la rate, fe jette dans l’inteftin qui le recoit, & l'autre moindre, en rebrouflant chemin, femble remonter contre le foie; mais fe divifant en plufeurs petits rameaux, onne fauroit plusle difcerner ni le fuivre. Ce n'eft pas en ce lieu que je veux combattre le fenti- ment des Anciens fur la qualité vénéneufe qu'ils ont attribuée au fiel; je renvoie cela à un autre lieu , où je tâcherai de foutenir la qualité balfamique de ce fuc, en faïfant voir qu'il eff exempt de toute forte de venin. Le pancréas, que tous les Auteurs ont nommé rate, eft fitué près & tant foit peu au-deffous du fi, & au côté droit de la vipère; ïl eft de la grofleur d'un bon pois, de fubftance charneufe en apparence, mais en effet glanduleufe ; fa fituation, qui eft tout joignant le fond de l’eftomac, & vers l'entrée des inteftins, confidérée avec fa fubftance glanduleufe, me fait croire que c’eft plutot un pancréas qu'une rate ; j'en laïfle la genciv di a gencive , _ pins Sir ENS. 17 la gencive , un certain nombre de petites dents 5» néanmoins la décifion à ceux qui voudront prendre la peine de 32 Fexaminer. 2 L’æfophage prend fon commencement au fond du gofier , fa fituation eft au côté gauche, & fon chemin eft tout droit au côté du poumon & du foie, jufqu'à fon union avec Porifice de Pefto- mac. Elle eft compofée d’une feule membrane , fort molle & fort aïfée à s'étendre, & qui même peut être enflée de Îa grofleur de deux doigts ; c’eft elle qui reçoit la première tous les animaux que la vipère a tués avec fes grofles dents, & qu'elle à avalés tout entiers, étant propre à cela, tant par fa large capacité, que par fa Iongueur , qui eft d’un bon pied. 5 L’eftomac qui la fuit, eft comme coufu à fon fond, & femble ne faire qu'un même corps avec elle; il eft toutefois beaucoup plus épais, & compolé de deux fortes tuniques l’une dans l'autre | & adhérente lune à l'autre. L'épaïfleur de fes tuniques fait qu'on ne peut l’enfler de {a même groffeur de l’œfophage, car il ne peut guère excéder la grofleur d'un pouce; ïl a trois à quatre pouces de long, fon orifice eft affez large, de même que fon milieu , mais fon fond va en étréciflant, & eft d'ordinaire fort étroitement fermé, & ne s'ouvre que pour rejeter fes excrémens dans les inteftins. Sa tunique interne eft pleine de rugofités lorf- qu'il eft vuide, & on y trouve fort fouvent plufieurs petits vers de la longueur & de la grofleur de petites épingles. L’eftomac eft fitué du côté gauche, comme lœfophage, maïs fon fond eft tourné vers le milieu du corps, pour {e vuider dans le premier inteftin. - 22 La longueur & Ia capacité de l’œfophage, & Îa largeur de l'entrée 2 22 de leftomac, font fort accommodés au naturel de la vipère, laquelle n'envoie rien de mâché à fon eftomac, mais avale, pour fa Serpens, Tome II. C \ T9 : Hisrorre NATURELLE crochues, inégales en longueur, conformées comme » nourriture , des animaux tout entiers, quelquefois plus gros, & » quelquefois plus petits; & lorfqu'ils fe rencontrent plus longs que : la profondeur de l’eftomac, le refte demeure dans l’œfophage, : en attendant que l’eftomac ait tiré & envoyé à tout le corps, le » fuc des parties dévorées qu'il pouvoit contenir, après quor 32 reçoit celles qui reftoient encore dans l’œfophage ; mais il faut un » grand temps pour tout cela, à caufe que leftomac ne fe ferme # paint, & quil ne fauroit ramafler aucune chaleur confidérable 5» pour faire une prompte digeftion. 5 Les inteftins des vipères font fitués au milieu du corps, fous » l'épine du dos , & immédiatement après le fond de l’eftomac. J'en 3 ai remarqué feulement trois, dont le premier & le plus étroit de 3 tous, peut être appellé duodenum; le fecond, qui eft plus large » & qui eft rempli de plufeurs finuoftés , peut être nommé colon ; » & le troilième & dernier, reélum ; lequel aufli eft fort large & » fort droit, & lequel a fon ouverture au-deffous & près du com- 55 mencement de la queue , par où les excrémens fortent. Ces inteftins 3 ont à leurs cotés , les teflicules avec leurs vailleaux, tant des mâles » que des femelles, & Iles deux corps de la matrice des dernières , 5» dont nous parlerons après cette feétion ; ils ont aufli les reins, »» avec leurs vaïfleaux qui en partent, & qui font accompagnés de »» leurs veines & de leurs artères, de même que.tous les vaïfleaux »» qui fervent à la génération; & les inteftins n’en font pas aufl » dépourvus. » Les reins font fitués au-deffous des tefticules ; ïls font compofés » de plufeurs corps glanduleux, contigus & rangés de-long en » long, les uns après les autres ; ils ont d'ordinaire deux pouces & se > demi de long, & deux lignes & demie de large fur leur rondeur , # qui eft un peu applatie; ils font de couleur rouge. pâle : Le droit DRE AS NO ME MR, LP LES, N 54 19 les dents canines, & qui paroiflent deftinées à rem- placer ces dernières lorfque la vipère les perd par quelque accident. On en a trouvé depuis deux jufqu'à huit (a). L'on peut préfumer que le nombre de ces 22 22 22 2 22 22 22 22 22 22 22 32 32 32 22 eft toujours fitué plus haut que le gauche dans l’un & dans l'autre fexe ; tls ont aufli leurs uretères, par où ils déchargent les férofités près de l'extrémité de l'inteftin. > Tous les inteftins, les tefticules & Iles reins font couverts de graïile fort blanche & fort molle, laquelle étant fondue , demeure en forme d'huile ; on voit aufh\ quelquefois , en certaines vipères, quelque peu de graïfle auprès du cœur, du poumon & du foie, & fur-tout près du fiel, & près de cette partie que les uns pren- nent pour rate , & les autres pour pancréas. Toutes ces parties font enveloppes d’une tunique forte & fermement attachée aux extrémités des côtes, qui pourroit pafler pour épiploon, fi on y joignoit la grarfle; mais. comme la vipère , qui eft une efpèce de Serpent , ne peut paflräque parmi les animaux imparfaits , je ne déterminerai pas le nom,de cette tunique , à laquelle ceux qui feront plus éclairés que moï donneront le nom qui leur femblera le plus raïtfonnable » Mémoires pour fervir à l'Hifloire naturelle des animaux , vol. 3, pag. 611 © fuiv. 22 22 32 29 32 22 22 (a) 6 Lorfqu'on Îles examine attentivement avec une foupe, on voit qu’elles tiennent, par Îeur bafe, à une efpèce de tiflu mem- braneux très-fin & très-mou. Ces petites dents vont enéfinuant de grofleur , à mefure qu'elles s'élorgnent des alvéolestdes dents canines; celles qui font le plus près de ces alvéoles, font aufli les mieux formées & Îles plus dures ; les autres font plus petites, plus tendres, moins bien formées, & comme muqueulfes , particuliè- rement à leur bafe; elles paroifent , en effet, devoir leur forma- Ci 20 HrsTorre NATURELLE dents de remplacement eft limité, & que lorfque la vipère a réparé plufeurs fois la perte de fes crochets, elle ne peut plus les remplacer ; elle demeure privée de dents canines pendant le refle de fa vie; & peut-être qu'alors on en feroit mordu fans éprouver Vaction de fon venin, qu’elle ne pourroit plus faire pénétrer dans la bleffure. Ce défaut abfolu de cro- chets, auquel la vipère feroit fujette, devroit être une raifon de plus dechercher des caractères extérieurs, autres que les dents canines, pour diftinguer les vipères d'avec les Serpens ovipares. Ces dents canines de la vipère font creufes, elles renferment une double cavité & comme un double tube, dont l’un eft contenu dans la partie convexe de la dent, & l’autre dans la partie concave. Le premier de ces deux conduits s'ouvre à l’extérieur par deux petits trous, dont l’un ef tué à la bafe de la dent , & l’autre vers fa pointé# & le fecond n’eft ouvert que vers la bafe, où il reçoit les vaifleaux & les nerfs qui attachent la dent à la mâchoire (a). Ces mêmes dents canines font renfermées, jufqu’aux ge — © — aa » tion # une matière blanchâtre & gélatineufe. » Ouvrage de M. l'Abbé Fontana , für les poifons , & particulièrement Jr celui de la vipère. Florence, 2781, vol. 1 , pag. 6. (a) Voyez à ce fujet, lOuvrage déjà cité , de M, l'Abbé Fontana ; vol, 1, p. 8. De 0 MAUR D ENS 21 deux tiers de leur longueur, dans une efpèce de gaine compofée de fibres très-fortes & d’un tiflu cellulaire ; cette gaine ou tunique eft toujours ouverte vers la pointe de la dent; elle sy termine par une efpèce d'ourlet, fouvent dentelé, & formé par un repli de deux membranes qui la compofent. Le poifon de la vipère eft contenu dans une véficule placée de chaque côté de la tête, au-deflous du mufcle de la mâchoire fupérieure ; le mouvement du mufcle preflant cette véficule, en fait fortir le venin, qui arrive par un conduit à la bafe de la dent , traverfe la gaine qui l'enveloppe, entre dans la cavité de cette dent par le trou fitué près de la bafe, en fort par celui qui eft auprès de la pointe , & pénètre dans la bleflure. Ce poifon eft la foule humeur malfaifante que renferme la vipère, & c’eft envain qu'on a pré- teadu que l’efpèce de bave qui couvre fes mâchoires lorfqu'elle eft en fureur , eft un venin plus ou moins dangereux ; l'expérience a démontré le contraire (a). Le fuc empoifonné , renfermé dans les véficules de chaque côté de la tête, eft une liqueur jaune dont la nature n'eft ni alkaline ni acide , comme on l’a écrit en divers temps; elle ne produit pas non plus les effets d'un cauftique, ainfi qu'on l’a penfé; & il paroît 2e (a) M. l'Abbé Fontana , Ouyrage déja cité, 22 HrsTorrEe NATURELLE aw’elle ne contient aucun fel proprement dit, puifque lorfqu'elle fe deflèche, elle ne préfente pas un com- mencement de cryftallifation , comme les fels dont l'eau furabondante s'évapore, mais {e gerce , fe retire, fe fend, fe divife en très-petites portions, de manière à repréfenter, par toutes fes fentes très-déliées & très-multipliées , une efpèce de réfeau que lon a comparé à une toile d’araignée (a). Quelque fubtil que foit le poifon de la vipère, il paroit qu'il n'a point d'effet fur les animaux qui n’ont pas de fang; il paroït aufli qu'il ne peut pas donner la mort aux vipères elles-mêmes; & à l'égard des animaux à fang chaud , la morfure de la vipère leur eft d'autant moins fundiæ que leur groffeur eft plus confidérable, de telle for qu'on peut préfumer qu’il n'eft pas toujours mortel pour l’homme ni pour les grands quadrupèdes ou oifeaux L'expérience a prouvé aufh quil eft d'autant plus dangereux qu'il a été diftillé en plus grande quantité dans les plaies par des morfures répétées. Le poifon de la vipère eft donc funefte en raifon de fa quantité, de la chaleur du fang & de la petitefle de l'animal qui eft mordu ; ne doit-il pas auf être plus ou moins mortel, fuivant la chaleur de la faifon , la température du climat & (a) M.T Abbé Fontana , dans le méme Ouvrage. DES SWEURNP| ENS. 23 Pétat de la vipère, plus ou moins irritée, plus ou moins animée, plus ou moins preflée par la faim , &c. ? Et voilà pourquoi Pline avoit peut-être raifon de dire que la vipère , ainfi que les autres Serpens vénimeux, ne renfermoit point de poifon pendant le temps de fon engourdiflement (4). Au refte, M. l'Abbé Fontana, Vun des meilleurs Phyfciens & Naturaliftes de l’Eu- rope, penfe que le venin de la vipère tue en détrui- fant l'irritabilité des nerfs, de même que pluñeurs autres poifons tirés du règne animal ou du règne végétal (b); & il a aufli fait voir que cette liqueur jaune & vénéneufe étoit un poifon très-dangereux lorfqu'elle étoit prife intérieurement , & que Rédi, ainfi que d’autres Obfervateurs, n’ont écrit le con- traire que parce qu'on avoit avalé de ce poifon en trop petite quantité pour qu'il pût être très-nuifible (e). On a fait depuis long-temps beaucoup de recher- ches relativement aux moyens de prévenir les fuites funeftes de la morfure des vipères ; mais M. l'Abbé Fontana, que nous venons de citer, s’eft occupé de cet important objet plus qu'aucun autre Phyficien : perfonne na eu, plus que lui, la patience & le [n.._ _2 (a) Pline, kiy. 8. tb) Traité des Poijons. Florence , 1782. {c) Ibid. yo 2, p. 308. 24 Hisrorre NATURELLE courage néceflaires pour une longue fuite d’expé- riences ; il en a fait plus de fix mille; il a effayé l'effet des diverfes fubftances indiquées avant lui comme des remèdes plus ou moins aflurés contre le venin de la vipère; il a trouvé, en comparant un très-grand nombre de faits, que, par exemple , l’alkali volatil, appliqué extérieurement ou pris intérieurement , étoit fans effet contre ce poifon. Il en eft de même, fui- vant ce Savant, de l'acide vitriolique , de l'acide nitreux , de l’acide marin, de l’acide phofphorique , de lacide fpathique , des alkalis cauftiques ou non cauftiques , tant minéraux que végétaux, du fel marin & des autres fels neutres. Les huiles, & particulière- ment celle de térébenthine, lui ont paru de quelque utilité contre les accidens produits par la morfure des vipères, & il a penfé que la meilleure manière d’em- ployer ce remède, étoit de tremper, pendant long- temps, la partie mordue dans cette huile de téré- benthine extrèmement chaude. Le célèbre Phyficien de Florence penfe aufñ qu'il eft avantageux de tenir cette même partie mordue dans de l’eau, foit pure, foit mêlée avec de l’eau de chaux, foit chargée de fel commun, ou d’autres fubftances falines ; la douleur. diminue, ainf que l’inflammation, & la couleur de la partie bleflée eft moins altérée & moins livide. Les vomiflemens produits par l’émétique , peuvent auf n'être pas inutiles; mais le traitement que M. l'Abbé Fontana D MIS ONE RUE ANS 25 Fontana avoit regardé comme le plus affuré contre les effets du venin de la vipère, confiftoit à couper la partie mordue peu de fecondes , ou du moins peu de minutes après l'accident, fuivant la grofleur des animaux bleflés, les plus petits étant les plus fufceptibles de laction du poifon. Bien plus, cet Obfervateur ayant trouvé que les nerfs ne peuvent pas communiquer le venin, que ce poifon ne fe répand que par le fang , & que les bleflures envenimées , maïs fuper- ficielles de la peau , ne font pas dangereufes, il . avoit penfé qu'il fuflifoit d'empêcher la circulation du fang dans la partie mordue , & qu'il n'étoit pas même néceffaire de la fufpendre dans les plus petits vaif feaux, pour arrêter les effets du poifon. Un grand nombre d'expériences l’avoient conduit à croire qu'une ligature mife à la partie bleflée prévenoit la maladie interne & générale qui donne la mort à l'animal; que dès que Le venin avoit agi fur le fang , dans les parties mordues par la vipère , il cefloit d'être nuifble , comme sil fe décompofoit en produifant un mal local, & qu'au bout d’un temps déterminé , ilne pouvoit plus faire naître de maladie interne. A la vérité, le mal local étoit très-grand & paroifloit quelquefois tendre à la gangrène ; & , comme il étoit d'autant plus violent que la ligature étoit plus ferrée & plus long-temps appliquée, il étoit important de connoître avec quel- que précifion , le degré de tenfion de la ligature & Serpens , Tome II. d 26 HisTorrEe NATURELLE le temps de fon application, néceffaires pour qu’elle pût produire tout fon effet. Au refte, M. l'Abbé Fontana , en remarquant avec raifon qu'un mauvais traitement peut changer la piqüre en une plaie con- fidérable qui dégénère en gangrène, afluroit en même- temps que le venin de la vipère n’eft pas auffi dange- reux qu'on l’a penfé. Lorfqu'on a été mordu par ce Serpent , on ne doit pas défefpérer de fa vie, quand bien même on ne feroit aucun remède, & la frayeur extrême qu'infpire l’accident , eft fouvent une grande caufe de fes fuites funeftes (a). Pour faire connoître avec plus d’exactitude le réful- tat que ce Phyficien croyoit devoir tirer lui-même de fes belles & très-nombreufes expériences, nous avons cru devoir rapporter fes propres paroles dans la note fuivante (D), d’après laquelle on verra auffi que M. l'Abbé (a) « Une fimple morfure de vipère n’eft pas mortelle naturelle- ment , quand même 1l y auroit eu deux ou trois vipères , la maladre s ” 2 feroit plus grave, mais elle ne feroit probablement pas mortelle 3 Y vu quand une vipère auroït mordu un homme fix ou fept fois, quand » elle auroit diftillé dans les morfures tout le venin de fes véficules, » on ne doit pas défefpérer. » Ouvrage déjà cité, vol. 2, p. 45. (b) « Le dernier réfultat de tant d'expériences fur l’ufage de la Higa- 2 S ture , contre la morfure de la vipère , ne préfente nt cette certitude , ? 5 n1 cette généralité auxquelles on fe feroit attendu dans le come > La mencement, Ce n’eft pas que la figature foit à rejeter comme { D£s SERbPrNSs. 27 Fontana reconnoit , ainfi que nous, l'influence des faïifons & de diverfes autres caufes locales ou acciden- telles fur la force du venin des Serpens, & qu’il croit 5 abfolument inutile, puifque nous l'avons trouvée un remède afluré 2 pour les pigeons & pour les cochons d'Inde ; elle peut donc l’'étre »2 pour d’autres animaux , & peut-être feroit-elle utile pour tous , fi 5 lon connoïfioit mieux Îes circonftances dans lefquelles 11 faut fa 2 pratiquer. I paroît, en général, qu'on ne doit rien attendre des 32 fcarifications plus ou moins grandes, plus ou moins fimples , 3 puifqu'on a vu mourir, avec cette opération, Îles animaux mêmes 2 qui aurotent été le plus facilement guéris avec les feules ligatures. 22 Je n'ofe pas décider de quelle utilité elle pourroïit être dans 3» l’homme, parce que je n’ai point d’expériences directes. Mais comme » Je fuis d'avis que la morfure de la vipère meft pas naturellement » meurtrière pour l’homme, a ligature, dans ce cas , ne pourroit . 22 fatre autre chofe que diminuer la maladie ; peut-être une ligature 2 très-légère pourroit-elle fufire ; peut-être pourroit-on l’ôter peu 31 de temps après; imaïs il faut des expériences pour nous mettre en 2» état de prononcer , & Îles expériences fur les hommes font très- IN TANES: # Je dois encore avertir qu’une partie de mes expériences fur le > venin de la vipère, ont été faites dans la plus rude faifon, en. » hiver. Il eft naturel de concevoir que les vipères dont je me fuis 2 fervi, ne pouvoient être dans toute leur vigueur; qu’elles devoient 2 mordre les animaux avec moins de force , & que n'étant pas nour- »2 ries depuis plufieurs mois , leur venin devoit être en moindre >» quantité. Je n'ai aucune peine à croire que, dans une autre faifon > plus favorable, comme dans l'été, dans un climat plus chaud, Îes » effets duflent être, en quelque forte, différens, &, en général, 35 plus grands, di 28 Hirsrorrs NATURELLE que plufeurs circonftances particulières ont pu altérer les réfultats de ces diflérentes expériences. Mais enfin, dans un Supplément imprimé à la fn de fon fecond volume , M. l'Abbé Fontana annonce, d'après de nouvelles épreuves, que la pierre à cautère détruit la vertu malfaifante du venin de la vipère, avec lequel on la mêle ; que tout concourt à la faire regarder comme le véritable & feul fpécifique contre ce poifon , & quil fufit de l'appliquer fur la plaie, après lavoir agrandie par des incifions conve- nables (a). Quelquefois cependant le remède n’eft pas apporté à temps, ou ne fe mêle pas avec le venin. On ne peut pas toujours faire pénétrer la pierre à cautère dans tous les endroits dans lefquels le poifon eft par- venu. Les trous que font les dents de la vipère , font très-petits & fouvent inviñbles ; ils sétendent dans la peau en différentes directions & à diverfes profondeurs, » Je puis encore avoir été trompé par ceux qui me fournifloient >» les vipères. J’étois en ufage, dans le commencement , de rendre les » vipères même dont je m'étois fervi pour fatre mordre les animaux » & que je n’avois pas befoin de tuer. J’ai tout lieu de croire qu’on »» m'a vendu pour la feconde fois les vipères que j'avois déjà em- » ployées ; mais, dès que je me fuis apperçu de cela , je me fuis > déterminé à tuer toutes les vipères, après m’en être fervi dans » mes expériences. » Ouvrage déjà cité, vol. 2 , p. 59 & Juiv. (a) Ibid. volume fecond , page 313. DINEMSN LS NARIER MP EE: (Ne SR 29 uivant plufeurs circonfances très-variables. L'inflam- mation & l’enflure qui furviennent, augmentent encore la difficulté de découvrir ces directions, en forte que les incifions fe font prefque au hafard. D'ailleurs le venin sintroduit quelquefois tout-d’un-coup & en grande quantité dans lanimal, par le moyen de quel- ques vaifleaux que la dent pénètre ; & la morfure de la vipère peut donner la mort la plus prompte, fi les dents percent un gros vaifleau veineux , de manière que le poifon foit porté vers le cœur très-rapidement & en abondance. L'animal mordu éprouve alors une forte d'injection artificielle du venin , & le mal peut êtreincurable. Onne peut donc pas, fuivant M. Fontana, regarder la pierre à cautère comme un remède tou- jours afluré contre les effets de la morfure des vipères : mais on ne doit pas douter de fes bons efets, & même on peut dire quelle eft le véritable fpécifique contre le poifon de ces Serpens. Tels font les réfultats des expériences les plus inté- reffantes qu'on ait encore faites fur les effets, ainfi que fur la nature du venin que la vipère diflille par le moyen de fes dents mobiles & crochues. Achevons maintenant de décrire cet animal funeñte. Elle à les yeux très-vifs & garnis de paupières , ainfi que ceux des Quadrupèdes ovipares; & , comme fi elle fentoit la puiflance redoutable du venin qu’elle recele, fon regard paroît hardi; fes yeux brillent, 30 Hirsrorrre NATUREI:IE fur-tout lorfqu’on l’irrite ; & alors non-feulement elle les anime , maïs, ouvrant fa gueule, elle darde fa langue , qui eft communément grife, fendue en deux, & compoiée de deux petits cylindres charnus adhé- rens l’un à l’autre jufques vers les deux tiers de leur longueur; lanimal l’agite avec tant de vitefle , qu’elle étincelle , pour ainfi dire , & que la lumière qu’elle réfléchit la fait paroître comme une forte de petit phofphore. On a regardé pendant long-temps cette langue comme une forte de dard dont la vipère fe fervoit pour percer fa proie; on a cru que c’étoit à l'extrémité de cette langue que réfidoit fon venin, & on l’a comparée à une flèche empoïfonnée. Cette erreur eft fondée fur ce que, toutes les fois que la vipère veut mordre, elle tire fa langue & la darde avec rapidité. Cet organe eft enveloppé, d’un bout à l’autre, dans une efpèce de fourreau qui ne contient aucun poifon (a); ce neft qu'avec fes crochets que la vipère donne la mort, & fa langue ne lui fert qu'à retenir les infectes dont elle fe nourrit quelquefois. Non-feulement la vipère a fes deux mâchoires arti- culées de telle forte qu'elle peut beaucoup les écarter l'une de l’autre , ainfi que nous l'avons dit (b); mais (a) Voyez, fur la forme de la langue des Serpens , 1e Difcours fur la nature de ces Reptiles. (2) Diftours fur la nature des Serpens. DA US M STAND ARMPA CE INIOS. 31 éncore les deux côtés de chaque mâchoire font atta- chés enfemble de manière qu'elle peut les mouvoir indépendamment l’un de l'autre, beaucoup plus libre- ment peut-être que la plupart des autres Reptiles ; & cette faculté lui fert à avaler fes alimens avec plus de facilité : tandis que les dents d’un côté font immobiles & enfoncées dans la proie qu’elle a faifie, les dents de l’autre côté s'avancent, accrochent cette même proie , la tirent vers le gofier , l’aflujétiflent, s'arrêtent à leur tour , & celles du côté oppofé fe por- tent alors en avant pour attirer aufli la proie & refter enfuite immobiles. C’eft par ce jeu, plufeurs fois répété, & par ce mouvement alternatif des deux côtés de fes mâchoires , que la vipère parvient à avaler des animaux quelquefois affez confidérables, qui, à la vérité, font pendant long-temps prefque tout entiers dans fon œfophage ou dans fon eftomac, mais qui , diflous infenfiblement par les fucs & digeftifs , fe réfolvent en une pâte liquide , tandis que leurs parties trop groflières font rejetées par l’ani- mal (a). Non-feulement , en effet, la vipère fe nourrit (a) « Nous avons remarqué cela depuis peu dans une grande » partie du corps du lézard qu’une vipère a vomi douze jours après avoir > été prife, où nous avons vu qu'à la tête & aux jambes de devant, » & à la partie du corps qui les touchoit & qui avoit pu être placée A2S Frs roire NA rvRErrITE de petits infeles, qu'elle retient par le moyen de fa langue, ainf qu’un grand nombre d’autres Serpens & plufiéurs Quadrupèdes ovipares ; non-feulement elle dé- vore desinfeétes plus gros , des bupreftes , des cantharides & même ceux qui fouvent font très-dangereux, tels que les fcorpions (a), mais elle fait fa proie de petits lézards, de jeunes grenouilles, & quelquefois de petits rats, de petites taupes, & d’aflez gros crapauds, dont Vodeur ne la rebute pas, & dont l’efpèce de venin ne paroit pas lui nuire. Elle peut pañler un très-long-temps fans manger, & l’on a même écrit qu'elle pouvoit vivre un an & plus fans rien prendre ; ce fait eft peut-être exagéré, mais du moins il eft für qu'elle vit plufieurs mois privée » commodèément dans l’eftomac de la vipère , ïl ne reftoit guère que 2 les os; mais qu'une bonne partie du tronc , avec les jambes de »» derrière & toute la queue , étoient prefque en même état que fi >» la vipère les eût avalées ce jour-là, comme on le verra dans la » figure que j'en aï fait graver; mais on fut furpris, entrautres » chofes , de voir que les parties qui n’avoïent pu entrer dans l’efto- »> mac, & qui avcient refté dans l’œfophage, fe fuflent confervées »» fi lone-temps fans fouffrir aucune altération dans la peau, bien » que celles du deflous euflent de la lividité, qui étoit en apparence » un effet du venin de la morfure. » Deftription anatomique de la vipère , par M. Charas. Mém. pour Jervir à l'hifloire naturelle des animaux, par MM. de l’'Acad. Royale des Sciences , vol. 33 p. 604. (a) Ariflote , liv. 8, chap. 29 , de hiffor. animal. de , D'HS\ Serie Rx S, 33 de toute nourriture. M. Pennant en a gardé plufieurs renfermées dans une boîte, pendant plus de fix mois, fans qu'on leur donnât aucun aliment, & cependant fans qu'elles paruffent rien perdre de leur vivacité. Il femble même que, pendant cette longue diette, non-feulement leurs fonétions vitales ne font ni arrêtées ni fufpendues , mais même qu’elles n'éprouvent pas une faim très-preffante, puifquon a vu des vipères renfermées pendant plufeurs jours avec des fouris ou des lézards, tuer ces animaux fans chercher à s’en nourrir (a). Les vipères communes ne fuient pas les animaux de leur efpèce ; il paroît même que, dans certaines faifons de l’année , elles fe recherchent mutuellement. Lorfque les grands froids font arrivés, on les trouve ordinairement fous des tas de pierres ou dans des trous de vieux murs, réunies plufieurs enfemble & entor- tillées les unes autour des autres. Elles ne fe craignent pas, parce que leur venin n’eft point dangereux pour elles-mêmes , ainfi que nous l'avons vu; & l’on peut préfumer qu'elles fe rapprochent ainfi les unes des autres pour ajouter à leur chaleur naturelle, contre- balancer les effets du froid, & reculer le temps qu’elles (a) Déftription anatomique de la vipère, par M. Charas, à l'endroit déjà cité. Serpens , Tome II. ee 34 Hisrorre N'ATUREFLIzFr paflent dans l’engourdiflement & dans une diette abfolue. Pour peu que leur peau extérieure s'altère, les fucs deftinés à l’entretenir ceflent de sy porter , & commencent à en former une nouvelle au-deflous 3 & voilà pourquoi, dans quelque temps qu'on prenne des vipères, on les trouve prefque toujours revêtues d'une double peau, de l’ancienne, qui eft plus ou moins altérée , & d’une nouvelle , placée au:deflous & plus ou moins formée. Elles quittent leur vieille peau dans les beaux jours du printemps, & ne con- fervent plus que la nouvelle, dont les couleurs font alors bien plus vives que celles de l’ancienne. Sou- vent cette peau nouvelle, altérée par les divers acci- dens que les vipères éprouvent pendant les chaleurs , fe deflèche, fe fépare du corps de l’animal dès la fin de Pautomne , eft remplacée par la peau qui seft formée pendant l’été , & dans la même année, la vipère fe dépouille deux fois. Les vipères communes ne parviennent à leur entier accroiflement qu'au bout de fix ou fept ans; mais, après deux ou trois ans, elles font déjà en état de fe reproduire ; c’eft au retour du beau temps, & communément au mois de Mai, que le mâle & la femelle fe recherchent. La femelle porte fes petits trois ou quatre mois, & fi, lorfqu'elle a mis bas, le temps des grandes chaleurs meft pas encore pañé , DH Sr SUE RGP ŒuN 1! 35 elle s’accouple de nouveau & produit deux fois dans la même année. Les Anciens, trop amis du merveilleux , ont écrit que , lors de l’accouplement, le mâle faifoit entrer fa tête dans la gueule de la femelle ; que c’étoit ainfi qu'il la fécondoit ; que la femelle, bien loin de lui rendre carefle pour carefle , lui coupoit la tête dans le moment même où elle deveñoit mère ; que les jeunes Serpens , éclos dans le ventre de la vipère, déchiroient fes flancs pour en fortir; que par-là ils vengeoient, pour ainfi dire, la mort de leur père, &c. (a) Nous n'avons pas befoin de réfuter ces opi- nions extraordinaires; les vipères communes viennent au jour & S'accouplent comme les autres vipères (à) ; (a) « Vipera mas capud inferit in os, quod ill: abrodit volup- »1 tatis dulcedine..... Eadem tertià die intrh uterum catulos excludit : 5» deïndè fingulos fingulis diebus parit, vigintr ferè numero. Itique >> cæteri tarditatis impatientes, perrumpunt latera occisâ parente, » Pline, liv. 10. (B) « Le mâle a deux tefticules qui font de forme longue , arrondie, 5» & un peu aplatie dans fa longueur; ïls vont aufli un peu en 3» pointe vers leurs deux bouts; Ieur couleur eft blanche & {eur s fubftance glanduleufe ; leur longueur eft inégale, car le droit a plus » d'un pouce de long, mais le gauche eft plus court & un peu » moindre en grofleur : Fun & Pautre ne font pas plus gros que le > tuyau d'une plume de laîle d’un gros chapon. Leur fituatton eft e 1j 36 Husrormez NATURELLE mais les Anciens , ainfi que les Modernes, ont quel- quefois pris des faits particuliers, des accidens bizarres, différente , car le droit commence proche & au-deflous du ft, au lieu que le gauche commence environ huit lignes plus bas que le droit. Ils font tous deux fufpendus en leur partie fupérieure, par deux fortes membranes qui viennent du deflous du foie, & font d'ordinaire enveloppés de graïfle, qui fait qu'on a peine à les difcerner , à caufe de la conformité de couleur qu'ils ont avec cette graïfle. 52 Du milieu de chacun de ces tefticules de Ia partie interne , on voit fortir un petit corps long & menu , aflez folide , & même un peu plus blanc que là fubftance des tefticules, qui defcend & qui leur eft attaché tout Le long jufqu’à leur bout inférieur ; on peut Vappeller épididyme. On voit au bout de chacun, le commencez ment d’un petit vaifleau variqueux, qu’on peut mommer fperma-- tique , à caufe de fa fonction , qui eft un pew aplati, decou- leur fort blanche & aflez luifante, & qui eft d’ordinaire rempli de femence en forme d’un fuc laiteux. Ce vaïfleau eff aflez dé- licat, & ïl eft replié dans tout fon cours en forme de plufieurs $ jointes enfemble d’une façon fort agréable à voir; de-là 11 defcend entre l’inteftin & le rein, duquel ïl fuit l’uretère jufqu’au trou du dernier inteftin, par où fortent les excrémens. Il eft aufli accom- pagné de veines & d’artères d’un bout à l'autre, de même que les tefticules, & 1l cefle d’être anfractueux un peu avant que d'arriver à l'ouverture de l'inteftin, Chacun de ces deux vaïfleaux fperma- tiques vient fe rendre à fon propre réfervoir de femence, dont il y en a deux qu'on peut nommer paraftates , qui font comme des glandes blanches, chacune de la longueur , de la grofleur & de la forme d’un grain de femence de chardon bénit, Ces glandes DIS ONE CR NPIVE AM S, 37 ou des obfervations exagérées, pour des loix générales ; & d'ailleurs il femble qu'ils avoient quelque plaifir 22 22 2 » 2 w 2 22 22 92 22 22 3 2 LE] 22 [14 32 22 22 22 22 22 22 1» PE] font fituées de long en long au-deflous, & entre les deux parties naturelies ; elles font toujours remplies d’un fuc laiteux , & tout femblable à celui des vaifleaux fpermatiques que nous venons de décrire ; & pour fournir à léjaculation , lors du coït, elles tranf- mettent la femence qu’elles contiennent dans les canaux éjacuia- toires des deux parties naturelles qui leur font voifines, » Je puis dire Rà-deflus que ceux qui ont pris ces deux réfervoirs de femence pour d’autres tefticules , fe font bien trompés dans l'opinion qu’ils avoient qu'y ayant deux parties naturelles , il y devoit auffi avoir, pour chacun , deux tefticules : mais leur fub£ tance étant tout-à-fait différente des véritables tefticules que nous avons décrits, & leur fonction étant de recevoir & non de former, nous ne les connoïflons que pour paraftates , qui reçoivent peu-à- peu la femence que les tefticules leur envoient, qu'ils réfervent & qu'ils tiennent toute prête pour le temps du coït, & pour faire, dans un moment & à propos, ce que les vaïffeaux fpermatiques ne fauroient exécuter fitot ni fi bien, à caufe de leur longueur & de leur entortillement, L » Le mâle à deux parties naturelles toutes pareïlles, qui, étant attachées, font chacune de la longueur de [a queue de Fanimals 1 ur naïffance vient de l'extrémité de fa queue, fous laquelle elles font fituées de long en long , l’une près de l’autre ; elles vont en grofliflant, de même que la queue, au commencement de laquelle e es finiflent, & elles ont leur iflue auprès & à côté l’une de l'autre, & tout joignant l’ouverture de l'inteftin , qui fait en quelque forte leur féparation. 2 Chacune de ces parties eft compofée de deux corps longs & 38 HisTorreze NATURELLE à croire que la naiffance d’une génération d'animaux auf redoutés que la vipère, ne pouvoit avoir lieu >] Û . V£ f e f 72 que par l’extinétion de la génération précédente. D > caverneux , fitués enfemble l’un contre autre, & qui fe joignent » vers leur fommité en un mème corps, qui fe trouve environné de s1 fon prépuce, & qui a fes mufcles éreéteurs | conformément à ceux > de plufieurs animaux. Ces parties font remplies par dedans de plu- » fieurs aïguillons fort blancs, fort durs, fort pointus & piquans, >» qui y font plantés, & qui ont leur pointe diverfement tournée, » dont la grandeur & là grofleur fe rapportent à l'endroit de la » partie naturelle où ils font fitués , en forte que comme la fommité » eft plus grande & plus grofle , fes aïguillons le font aufli, & ïls »» ne s’avancent & ne paroïflent que lorfque le prépuce qui les » couvre s'abaïfle, qui eft lorfque l'animal fe difpofe pour le coit. » Ces parties naturelles font d'ordinaire cachées, & elles ne s’ene » flent & ne fortent que pour Îe coït, fi ce n'eft qu'ayant pris l’ani- » mal, on les fafle fortir par force en Îes preffant; car alors on » les voit fortir toutes deux également, chacune environ de la » groffeur d'un noyau de datte & des deux tiers de fa longueur, > & leur fommité fe trouve toute converte & toute enyironnée de » ces aiguillons, comme la peau d'un hériflon, & ces aïguillons fe » retirent & fe cachent fous le prépuce , lorfqu'on cefle de les »1 preffer. >» L'iffue de ces deux parties eft environnée d’un mufcle bien fort »> & bien épais, auquel la peau eft fortement attachée , en forte 2 s qu’il eft fort difücile de l'en féparer ; le même mufcle fert auffi » 5 ouvrir & à reflerrer l'inteftin. us » La vipère femelle à deux tefticules , de même que le mâle , ils PEN ST USVE AR IP) LE ne 39 Les œufs de la vipère commune font diftribués en deux paquets; celui qui eft à droite eft communément 3» font toutefois plus longs & plus gros, maïs de la même forme, Ils font fitués aux côtés & proche du fond des deux corps de It matrice, & le droit eft plus haut que le gauche, de même qu'aux mâles ; leur fubftance & leur couleur font aufli fort femblables : le droit à environ un pouce & demi de long & deux lignes & demie de large, le gauche à quelque chofe de moins ; ils ont leur épididyme & leurs vaïfleaux fpermatiques, qui portent la fèmence dans les deux corps de la matrice, & qui font bien plus courts que ceux des mâles. Je dira néanmoins que ces tefticules ne paroïflent pas toujours tels en toutes les femelles, fur-tout en celles qui font amaigries , ou par maladie, ou pour avoir été long-temps gardées , car leurs tefticules s’accourciflent , fe retré- ciflent & fe deflèchent, de même qu’en celles qui oùt leurs œufs déjà grands; ayant remarqué qu’en celles-ci , Îes tefticules font: fort raccourcis & fort defléchés, & même qu'ils font defcendus plus bas, quoique le droit fe trouve toujours plus haut que le gauche. > La matrice commence par un corps aflez épais, qui eft compolé de deux fortes tuniques, & qui , étant fitué au-deflus de Finteftin a, au mème lieu, fôn orifice, qui eît large, & qui fe dilate aïfc- ment , pour recevoir tout-à-la-fois , par une même ouverture, les deux parties naturelles du mâle dans Île coït. Ce corps eft environ: de la grandeur de longle d'un doïgt médiocre, & il fe divife, fort près de fon commencement, en deux petites poches ouvertes aw fond, & que la Nature a formées pour recevoir & pour embrafler les deux membres du mâle dans le coit. Leur tunique intérieure 40 Hisrormrzs N'a TURELTTE le plus confidérable ; & chacun de ces paquets eft renfermé dans une membrane qui fert comme d’ovaire; le nombre de ces œufs varie beaucoup, fuivant les individus , depuis douze ou treize jufquà vingt ou vingt-cinq , & l'on a comparé leur grofleur à celle des œufs de merle. Le vipereau eft replié dans l’œuf ; il y prend de la nourriture par une efpèce d’arrière-faix attaché à fon nombril , & dont il n’eft pas encore délivré lorfqu’il a percé fa coque ainfi que la tunique qui renferme » cft pleine de rugofités & eft fort dure, de même que celle de tout > le corps dont nous avons parlé:..... 1 La matrice commence par ces deux petites poches , à fe divifer 51 en deux corps qui montent, chacun de leur côté, 1e long des >» reins, & entreux & les inteftins, jufques vers le fond de lefto- » mac, où ils font fufpendus par des ligamens qui viennent d’au- >» près du foie, étant aufli foutenus , d’efpace en efpace , par divers » petits Higamens qui viennent de l’épine du dos. Ces deux corps >> font compofés de deux tuniques molles, minces & tranfparentes, » qui font l’une dans l'autre ; leur commencement eft au fond de > ces deux petites poches qui embraflent les deux membres du mâle, >» dont ils reçoivent la femence, chacun de leur côté, pour en » former des œufs, & enfuite des vipereaux, par la jonction de >> leur propre femence que les tefticules y envoient. Ces deux corps » de matrice font fort aïfés à fe dilater, pour contenir un grand »> nombre de vipereaux jufqu’à leur perfection. » Mémoires pour fervir à l'hifl, natur. des animaux , vol. 3, pag. 630 & Jüiv. les œufs , ph ANS A SE NR PIE NS: AI les œufs, & qu'il eft venu à la lumière. Il entraîne avec lui cet arrière-faix , & ce n’eft que par les foins de la vipère-mère qu'il en eft débarrañié. On a prétendu que les vipereaux n’étoient aban- donnés par leur mère que lorfqu'ils étoient parvenus à une grandeur un peu confidérable , & qu'ils avoient acquis aflez de force pour fe défendre. L’on ne seft pas contenté d’un fait auf extraordinaire dans lhif- toire des Serpens; on a ajouté que, lorfqu'ils étoient effrayés, ils alloient chercher un afyle dans l'endroit même où leur mère receloit fon arme empoifonnée ; que, fans craindre fes crochets venimeux, ils entroient dans fa bouche , fe réfugioient jufques dans fon ventre, qui s'étendoit & fe gonfloit pour les recevoir, & que lorfque le danger étoit paflé, ils reflortoient par la gueule de leur mère. Nous n'avons pas befoin de réfuter ce conte ridicule, & sil a jamais pu paroître fondé fur quelqu’obfervation, fi l’on a jamais vu des vipereaux effrayés fe précipiter dans la gueule d’une vipère, ils y auront été engloutis comme une proie, & non pas reçus comme dans un endroit de füreté ; lon aura eu feulement une preuve de plus de la voracité des vipères , qui, en effet , fe nourriffent fou- vent de petits lézards, de petites couleuvres, & quel- quefois même des vipereaux auxquels elles viennent de donner le jour. Mais quelles habitudes peuvent Serpens , Tome LI. 1 42 | HismarRez NATURE être plus éloignées de l’efpèce de tendreffe & des foins maternels qu'on a voulu leur attribuer ? La vipère commune fe trouve, dans prefque toutes les contrées de l’ancien continent ; en la rencontre aux grandes Indes, où elle ne préfente que de légères variétés ; & non-feulement elle habite dans toutes les contrées chaudes de l’ancien monde, mais elle y fupporte aflez facilement les températures les plus froides, puifqu'elle eft aflez commune en Suède, où fa morfure eft prefqu'auffi dangereufe que dans les autres pays de l'Europe. Elle habite auf la Ruffie & plufieurs contrées de la Sibérie ; elle s'y eft même d'autant plus multipliée, que, pendant long-temps, la fuperftition a empêché qu'on ne cherchât à ly détruire (a). Et comme les qualités vénéneufes s'ac- croiflent ou safloiblifflent à mefure que la chaleur augmente ou diminue , on peut croire que les humeurs de la vipère font bien propres à acquérir cette efpèce (a) c« On Le: un refpeét fingulier aux vipères en Ruflie & en » Sibérie, & on les épargne foïgneufement , parce qu'on croit que, » fi on fait du mal à cette efpèce de Reptiles, ïls fe vengeront d’une > manière terrible. On raconte, à ce fujet, bien des aventures où w »> l'on ne voit qu’une fuperftition ridicule ; il y à cependant aujour- > d'hui des gens qui en ont fecoué Le joug, & j'ai vu, dit M. Gmelia, > un foldat qui tua quinze vipères en un jour. » Hiff. génér. des Voyages , éd. in-12, tom. 71 ,p. 264. DEN S À SE R/PIE IN S. A3 d’exaltation qui produit fes propriétés funeftes, puifque fa morfure eft dangereufe même dans les contrées très- feptentrionales. C’eft peut-être à cette caufe qu'il faut rapporter l’aétivité de fes fucs, que la Médecine a fouvent employés avec fuccès ; peu d'animaux four- niflent même des remèdes aufli vantés, contre autant d'efpèces de maïladies : les Modernes en font autant d'ufage que les Anciens, ils fe fervent de toutes les parties de fon corps, excepté de celles de la tête qui peuvent être imprégnées de poifon ; ils emploient fon cœur, fon foie, fa graifle ; on a cru cette graifle utile dans les maladies de la peau, pour effacer les rides, pour embellir le teint ; & de tous les avantages que l’on retire des préparations de la vipère, ce ne feroit peut-être pas celui que la clafle la plus aimable de nos Lecteurs eftimeroit le moins. Au refte, comme des effets oppofés dépendent fouvent de la même caufe , lorfqu'elle agit dans des circonftances diffé- rentes , il ne feroit pas furprenant que les mêmes fucs actifs qui produiïfent , dans les véficules de la tête de la vipère , le venin qui la fait redouter , donnaflent au fang & aux humeurs de ceux qui s'en nourriflent, affez de force pour expulfer les poifons dont ils ont été infectés, ainf que l’on prétend qu'on l’a éprouvé plufieurs fois. On ignore quel degré de température les vipères communes peuvent fupporter fans s’engourdir ; mais, fÿ E"- # 44 Hisroire NATURELLE tout égal d’ailleurs, elles doivent tomber dans une torpeur plus grande que plufeurs efpèces de Serpens, ces derniers fe renfermant, pendant l'hiver, dans des trous fouterreins, & cherchant, dans ces afyles cachés, une température plus douce, tandis que les vipères ne fe mettent communément à l'abri que fous des tas de pierres & dans des trous de murailles, où le froid peut pénétrer plus aifément. Quelque chaleur qu'elles éprouvent, elles rampent toujours lentement ; elles ne fe jettent communément que fur les petits animaux dont elles font leur nour- riture ; elles n'attaquent point l’homme ni les gros animaux ; mais cependant lorfqu'on les bleffe, ou feulement lorfqu’on les agace & qu'on les irrite, elles deviennent furieufes & font alors des morfures aflez profondes. Leurs vertèbres font articulées de manière qu’elles ne peuvent pas fe relever & s’entortiller dans tous les fens aufli aifément que la plupart des Serpens, quoiqu'elles renverfent & retournent facilement leur tête. Cette fconformation les rend plus aifées à pren- dre; les ans les faififlent au cou à l’aide d’une branche fourchue, & les enlèvent enfuite par la queue pour les faire tomber dans un fac, dans lequel ils les em- portent; d’autres appuient l'extrémité d'un bâton fur la tête de la vipère, & 1a ferrent fortement au cou avec la main ; l’animal fait des efforts inutiles pour fe défendre, & tandis qu'il tient fa gueule béante, DE SN SUEURAP ENS: A5 on lui coupe facilement, avec des cifeaux, fes dents venimeufes ; ou bien, comme fes dents font recour- bées & tournées vers le gofier, on les fait tomber avec une lame de canif que l’on pale entre ces cro- chets & les mâchoires, en allant vers le mufeau : l'animal eft alors hors d'état de nuire, & on peut le manier impunément. Il y a même des chafleurs de vipères affez hardis pour les faifir brufquement au cou, ou pour les prendre rapidement par la queue ; de quelque force que jouiffle l'animal, il ne peut pas fe redreffler & fe replier aflez pour bleffer la main avec laquelle on le tient fufpendu. L'on ignore quelle eft la durée de la vie des vipères ; mais comme ces animaux n'ont acquis leur entier accroiflement qu'après fix ou fept ans, on doit conjecturer qu'ils vivent , en général, d'autant plus de temps, que leur vie eft, pour ainfi dire , très- tenace, & qu'ils réfiftent aux bleffures & aux coups beaucoup plus peut-être qu'un grand nombre d’autres Serpens. Plufieurs parties de leur corps , tant inté- rieures qu'extérieures, fe meuvent, en effet, &, pour ainfi dire, exercent encore leurs fonctions lorf- qu'elles font féparées de lanimal. Le cœur des vipères palpite long-temps après avoir été arraché , & les mufcles de leurs mâchoires ont encore la faculté d’ou- vrir la gueule & de la refermer lorfque cependant la tête ne tient plus au corps depuis quelque 46 HisToirrEe NATURELLE temps (a). On prétend même que ces mufcles peu- vent exercer cette faculté avec aflez de force pour exprimer le veain de la vipère, ferrer fortement la main de ceux qui manient la tête, faire pénétrer jufqu’à leur fang le poifon de l'animal ; & , comme lorfqu’on coupe la tête à des vipères pour les employer en Médecine , on la jette ordinairement dans le feu, on aflure que plufieurs perfonnes ont été mordues par cette tête, perdue dans les cendres, même quelques heures après fa féparation du tronc, & qu’elles ont éprouvé des accidens très-graves (b). {a) « L'on voit que les efprits demeurent encore plufeurs heures 31 dans la tête & dans toutes Îles parties du tronc, après qu'il a été » écorche, vidé de toutes fes entrailles , & coupé en plufieurs mor- » ceaux; ce qui fait que le mouvement & le fléchiffement y con- » tinuent fort long-temps , que la tête eft en état de mordre, & que »> fa morfure eft aufli dangereufe que lorfque la vipère étoit toute » entière; & que le cœur mème, quand il eft arraché du corps & » féparé des autres entrailles , conferve fon battement pendant » quelques heures. » Defcription anatomique de la vipère , à l'endroit déjà cité. (B) Plufeurs perfonnes, maniant imprudemment des vipères, tant communes que d’autres efpèces , defféchées ou cenfervées dans l'efprit- de-vin , fe font bleflées à leurs crochets, encore remplis de venin, très-long-temps & même plufieurs années après la mort de l'animal ; le venin, diffous par le fang forti de la bleflure, s’eft échappé par le trou de la dent, à pénétré dans la plaie & à donné la mort. D'ÉEN 5 4 1 VEVRIGP| E NS. 47 Il eft d’ailleurs aflez difficile d’étoufler la vipère commune; quoiqu'elle n'aille pas naturellement dans l'eau, elle peut y vivre quelques heures fans périr ; lors même qu’on la plonge dans de lefprit-de-vin , elle y vit trois ou quatre heures & peut-être davan- tage, & non-feulement fon mouvement vital n’eft pas alors tout-à-fait fufpendu, mais elle doit jouir encore de la plus grande partié de fes facultés , puifqu'on a vu des vipères que lon avoit renfer- mées dans un vafe plein d’efprit-de-vin, sy atta- quer les unes les autres & s’y mordre, trois ou quatre heures après y avoir été plongées. Mais, malgré cette force avec laquelle elles réfiftent, pendant plus ou moins de temps , aux eflets des fluides dans lefquels on les enfonce , ainfi qu'aux bleflurés & aux ampu- tations , il paroît que le tabac & l'huile eflentielle »> Le venin de la vipère, dit M. FAbbé Fontana , fe conferve pen- 5» dant des annéés dans Îa cavité de fa dent, fans perdre de fa 5 couleur ni de fa tranfparence ; fi on met alors dans de l’eau >» tiède cette dent, il fe diflout très-promptement & fe trouve encore 2» en état de tuer les animaux; car d'ailleurs le venin de a vipère , > féché & mis en poudre , conferve, pendant plufñeurs mois, fon 3 aétivité, ainfi que je l’ar éprouvé plufieurs fois d’après Rédi ; il » fuit qu'il foit porté, comme à lordinaire , dans le fang , par » quelque bleflure ; maïs 1l ne faut cependant pas qu'il ait été gardé 3 trop long-temps: je l'ai vu fouvent fans eflet au bout de dix mots. »» M.TAbbé Fontana , vol. 2 , p. 52. 48 Hirsrorre NATUREz:IE de cette plante leur donnent la mort, ainfi quà plufieurs autres Serpens. L'huile du laurier-cerife leur eft aufli très-funefte , lors même qu'on ne fait que l’appliquer fur leurs mufcles, mis à découvert par des bleflures (a). . (a) M. l'Abbé Fontana , vol. 2, p. 332. LA VIPERE LA VIPÈRE CHERSEA («), D era d'aflez grands rapports avec la vipère commune, que nous venons de décrire : il habite également l'Europe, mais il paroît qu'on le trouve principalement dans les contrées feptentrionales ; il y eft répandu jufqu'en Suède , où il eft même très- venimeux. M. Wulf a obfervé en Prufle. Cette vipère a communément au-deflous du corps cent cinquante plaques très-longues , & trente-quatre paires de petites plaques au-deffous de la queue. Les écailles dont fon dos eftgarni, font relevées par une petitearête longitudinale ; fa couleur eft d’un gris d'acier : on voit une tache noire en forme de cœur fur le fommet de fa tête, qui eft (a) Æfping, en Suéde. Coluber Cherfea. Lin. amphib. Serpent. A. Stockh. 1749 , p. 246, Tab. 6. Afpis colore ferrugineo. Aldr. Serp. 197. C. Cherfea. Hulf, Ichthyologia cum amphibiis regni ni Boriffiei ci. Coluber Cherfea. Laurenti, Specimen Medicum , p. 97. Serpens, Tome II. : 8 so Hirstroïrrr NATURE1I1I+X blanchâtre , & fur fon dos règne une bande formée par une fuite de taches noires & rondes qui fe touchent en plufeurs endroits du corps. Elle fe tient ordinaire- ment dans les lieux garnis de broflailles ou d'arbres touflus ; on la redoute beaucoup aux environs d'Upfal. M. Linné ayant rencontré, dans un de fes voyages, en diverfes parties de la Suède, une femme qui venoit d'être mordue par une cherfea, lui fit prendre de l'huile d'olive à la dofe prefcrite contre la morfure de Ja vipère noire, mais ce remède fut inutile, &. la femme mourut. On trouvera dans la note fuivante (a), (a) « La vipère Æfping eft très-venimeule, & l’huïle ne fufft pas pour en arrèter l’eflet; les racines du mongos , du mogori , du polygala feneka , guériroïent fans doute en ce cas; mais elles font extrèmement rares en Europe, & 1l faut des remèdes faciles & » % w ÿ vw ÿ Li s peu chers dans Îles campagnes, où ces accidens arrivent toujours. >> Un Payfan fut mordu par un Æfping, au petit doïgt du pied gauche ; fix heures après, le pied , la jambe & la cuifle étoient n rouges & enflés, le pouls petit & intermittent ; le malade fe plai- gnoit de mal de tête, de tranchées, de mal-aife dans le bas- ventre , de laflitude, d’oppreflion ; il pleuroit fouvent & n’avoit * point d’appétit; ces fimptômes prouvoïent que le poïfon étoit déjà. répandu dans toute la mafle du fang. 2 On avoit éprouvé plufieurs fois que le fuc des feuilles du frêne » ttoit un fpécifique certain contre la morfure de la couleuvre 2 Bérus, mais on ignoroit s’il réufliroit contre celle de l'Æfping ; ñ carmme on n'ayoit agcun remède plus afluré que l’on püt employer & s 2 SO 5 S + vw Die el SN ER Pr UP EE VINS SI les divers autres remèdes auxquels on a eu recours 323 32 LE] 29 #2 32 22 à temps, on mit dans un mortier une poignée de feuilles de frène , tendres & coupées menu ; on y verfa un verre de vin de France, on en exprima le fuc à travers un linge, & le malade en but un verre de demi-heure en demi-heure ; on appliqua de plus, fur le pied mordu, un cataplafme de feuilles écrafées de la même plante; vers dix heures du foir on lui fit boire une tafle d'huile chaude. » I dormit aflez bien pendant la nuit, & fe trouva beaucoup mieux le lendemain ; la cuifle n’étoit plus enflée, maïsla jambe & le pied Pétoient encore un peu. Le malade dit qu’il ne fentoit plus qu’une légère oppreflion & de la foibleffe ; le pouls étoit plus fort & plus égal. On lui confeïlla de continuer le fuc de frêne & l'huile ; comme ïl fe trouvoit mieux, 1l le népligea, & 1es fimptômes qui revinrent tous, furent diffipés de nouveau par le même remède. Dans cette efpèce de rechûte , il parut fur les mem- bres enflés des raies bleuâtres; le pouls étoit foible & prefque tremblant: on fit prendre de plus, le foir , au malade ; une petite cuillerée de thériaque; il fua beaucoup dans la nuit, les raies bleues , la rougeur & Ia plus grande partie de lenflure fe diffi- pèrent ; le pouls devint égal & plus fort, l'appétit revint. Les mêmes remèdes furent continuës , & ne laïfèrent au pied qu'un peu de roïdeur avec un peu de fenfbilité au petit doigt bleffé ; lune & l'autre ne durèrent que deux jours, & on ceffa les remèdes. F » Le malade étoit jeune , mais il avoit beaucoup d’icreté dans le fang ; il eft vraïfemblable que le fuc de feuilles de frène feul lauroit guéri ; mais comme on n'étoit pas certain de fon FN) 52 Hisrorre NATURELILI= en Suède, contre le venin de la Cherfea , que l’on y nomme Æ/ping. 3 efficacité , on y ajouta la thériaque & l'huile , qui du moins ne » pouvoient pas nuire. » Lars Montin, Médecin. Mémoires abrégés de l'Académie de Stockholm. Colleélion académique , partie étrangère , tom. XI, pages 300 & 304. »Es SERPzNS. 33 L’ A sPIC (a). Ce. EN FRANCE, & particulièrement dans nos Provinces feptentrionales, qu'on trouve ce Serpent. Pluñeurs grands Naturaliftes ont écrit quil nétoit point venimeux; mais les crochets mobiles, creux & percés , dont nou$ avons vu fa mächoire fupérieure garnie, nous ont fait préférer l'opinion de M. Linné, qui le regarde comme contenant un poifon très-dan- gereux. Nous le plaçons donc à la fuite de la Cherfea, avec laquelle il a de fi grands rapports de conforma- tion, quil pourroit bien n'en être qu'une variété, ainfi que l’a foupçonné auf M. Linné; maisil paroit qu'il eft conftamment, plus grand que cette vipère : l'individu qui eft confervé au Cabinet du Roi, trois pieds de long depuis le bout du mufeau jufqu'à a (a) L’Afpic, M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Coluber Afpis, Linn. amphib. Serp. An Vipera maculata ? Laurenti, Specimen Medicum. Vien. 2768, P. 102. SA HrSrerrs N47Tu REE ri Pextrémité de la queue, dont la longueur eft de trois pouces huit lignes Nous avons compté cent cin< quante-cinq grandes plaques fous le corps, & trente fept paires de petites plaques fous la queue. Ce nombre neft pas le même dans tous les individus , & lAfpic dont on trouve la defcription dans le Syftème de la Nature de M. Linné, avoit cent quarante-fix grandes plaques, & quarante-fix paires de petites. La mâchoire fupérieure de l’Afpic eft armée de crochets, ainfi que nous venons de le dire; les écailles qui revêtent le defus de la tête font femblables à celles du dos, ovales & relevées dans le milieu par une arête. On voit s'étendre fur le deffus du corps, trois rangées longitudinales de taches roufles, bordées de noir, ce qui fait paroître la peau de l’Afpic tigrée, & a fait donner à ce Reptile, dans plufieurs Cabinets, le nom de Serpent tigré. Les trois rangées de taches fe réuniflent fur la queue , de manière à repréfenter une bande difpofée en zig-zag ; & par-là les couleurs de l’Afpic ont quelque rapport avec celles de la vipère commune , à laquelle il reflemble auffi par les teintes du deflous de fon corps, marbré de foncé & de jaunûtre. Il paroïit que les Anciens n'ont point connu lAfpic de nos contrées, car il ne faut pas le confondre avec une efpèce de vipère dont nous parlerons fous le nom de Wipère d'Égypte, que les Anciens nom- mojent auf Afpic, & que la mort d'une grande Reine BAS ONE R P\E Ni S5 a rendue fameufe. Afin même d'empêcher qu'on ne prit le Serpent dont il eft ici queftion, pour celui d'Egypte, nous n'aurions pas donné à ce Reptile des Provinces feptentrionales, le nom d'Afpic , attribué par les Anciens à une vipère venimeufe des environs d'Alexandrie , fi tous les Obfervateurs ne s’étoient accordés à le nommer ainfi. 56 HPSTOUuRE NATURENTLE / CEE ans opens menu cs seau monte Lan ER ee ST CE Com | LA VIPÈRE NOIRE G) Vo. encore une efpèce de Serpent venimeux , aflez nombreufe dans plufieurs contrées de l’Europe, & qui a beaucoup de rapports avec notre vipère commune ; il eft aifé cependant de l’en diftinguer , même au premier coup-d’œil , à caufe de fa couleur, qui eft prefque toujours noire, ou du moins très- foncée, avec des points blancs fur les écailles qui bordent les mâchoires. Quelquefois on apperçoit fur DT CNT NN TIR LT NT RO IT ETAT (a) La Diplade, M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Coluber Prefter, Linn. amphib. Serpent. Vipera Anglica niricanss Petiver. muf. 27, n° 104. Faun. fuec. 287. . Coluber vipera Anglorum , Laurenti, Specimen Medicum, Pe 98; tabul. 4, fig. 2. Col. Prefler, Wulf; Ichthyologia cum amphibiis regni Borufici. C. Prefter, Zoologie Britannique, vol. 3, Reptiles. Col. Prefter, Voyag. de M. Pallas , Traduë. françoÿt , vol. 1, PAE: 59- ce fond D ENS OR Rj PE, Ni Se S7 ce fond noir, des taches plus obfcures encore, à- peu-près de la même forme & difpofées dans le même ordre que celles de la vipère commune ; & voilà pourquoi des Naturaliftes ont penfé que la vipère noire n'en eft peut-être qu'une variété plus ou moins conf- tante (a). Quoi qu'il en foit, c’eft de toutes les vipè- res, une de celles qu'on doit voir avec le plus de peine, puifqu'elle réunit une couleur lugubre aux raits finiftres de leur conformation, & qu’elle porte, pour ainfi dire, les livrées de la mort, dont elle eft le miniftre. Le deflus de fa tête n’eft pas entièrement couvert d’écailles femblables à celles du dos , ainfi que le deflus de la tête de la vipère commune ; mais on remarque entre les deux yeux, trois écailles un peu plus grandes, placées fur deux rangs, dont le plus proche du mufeau ne contient qu'une pièce; & par ce trait, la vipère noire fe rapproche des couleuvres ovipares , plus que les autres vipères dont nous venons de parler. Les écailles du dos font ovales & relevées par une arête. Un des individus que nous avons obfervés, & qui eft confervé au Cabinet du Roi, a deux pieds neuf lignes de longueur totale | & deux pouces quatre (a) Zoologie Britannique , vol. 3, p. 26. Serpens, Tome IL, k 50 HrsTorrse NATURELLE lignes depuis l'anus jufqu’à l’extrémité de la queue; nous avons compté quarante-fept grandes plaques au- eflous du corps, & vingt-huit paires de petites pla- ques au-deflous de la queue. Un autre individu que nous avons vu, & que l’on difoit apporté de la Louifiane , avoit cent quarante-cinq grandes plaques & trente-deux paires de petites; celui que M. Linné a décrit , avoit cent cinquante-deux de ces grandes lames, & trente-deux paires de petites plaques ; & ces lames font quelquefois fi luifantes , que leur éclat reflemble aflez à celui de l'acier. On fe fert de la vipère noire , dans les Pharmacies d'Angleterre, au lieu de la vipère commune. Elle eft en afez grand nombre dans les bois qui bordent l’'Oka, rivière de l’Empire de Ruflie, qui fe jette dans le Volga; elle y eft très-venimeufe & y préfente quelques taches jaunes fur le cou & fur la queue (a). On la trouve aufli en Allemagne, & particulièrement dans les montagnes de Schneeberg ; M. Laurent, qui l’y a obfervée, ne la croit pas très-dangereufe (2) : mais, comme il na fait des expériences fur les effets de fa morfure, que dans les premiers jours de Novembre, & par conféquent au commencement de l'hiver, qui (a) M. Pallas , à l'endroit déja cité. (b) Laurenti, Specimen Medicum , p. 1883 DVE SOUS RP F7 Ne 59 diminue prefque toujours l’'adion du venin des ani- maux , il fe pourroit que, pendant les grandes cha- leurs, le poifon de la vipère noire füt aufli redou- table en Allemagne que dans prefque toutes les autres contrées qu'elle habite. Quelquefois elle menace, pour ainfi dire , fon ennemi, par des fifflemens plu- fieurs fois répétés ; mais d'autres fois elle fe jette tout- d'un-coup & avec furie, fur ceux qui l’attaquent ou qui l’effraient, ou fur les animaux dont elle veut faire fa proie, À ÿ 60 Hisrorre NATURELLE ee dm mme) | LA MÉLANIS (4). Caass fur les bords du Volga & de la Samara qui fe jette dans ce grand fleuve, que l’on rencontre la Mélanis, dont M. Pallas a parlé le premier. Elle Sy plaît dans les endroits humides & marécageux , au milieu des végétaux pourris. Elle reffemble beau- coup à la vipère commune, par fa conformation exté- rieure , fa grandeur & celle de fes crochets ; mais elle en diffère par fes couleurs ; fon dos eft d’un noir très-foncé; les écailles du deflous du ventre pré- fentent une forte d'éclat femblable à celui de l'acier; fur ce fond très-brun on remarque des taches plus obfcures , & des deux côtés du corps, ainfi que vers la gorge , on voit des teintes comme nuageufes, qui tirent fur le bleu. Ses yeux font d'un blanc écla- tant qui donne plus de feu à l'iris, dont la couleur eft roufle ; lorfque la prunelle eft reflerrée, elle eft (a) Coluber Melanis. Voyages de M. Pallas, Traduéfion fran: goife, par M. Gauthier de la Peyronie ; volume 1 , Suppl. DEN SI à SUANR FPE (NS. GL alongée verticalement. La queue eft courte & dimi- nue de groffeur vers fon extrémité. Cette efpèce a communément cent quarante-huit plaques fous le ventre, & vingt-fept paires de petites plaques revêtent le deffous de fa queue. C2 HirsrTorre NATURELLE 4 a SE Le — LA SCHYTHE (2). Cr. COULEUVRE eft une de celles qui ne craignent pas des froids très-rigoureux ; on la trouve en eflet dans les bois qui couvrent les revers des hautes montagnes de la Sibérie, même des plus feptentrionales : auf M. Pallas, qui l’a fait con-. noître le premier , dit-il que fon venin n'eft pas très- dangereux. Elle a beaucoup de rapports avec la vipère commune par fa conformation , & avec la Mélanis par fa couleur; fon dos eft d’un noir très- foncé, comme le deflus du corps de cette dernière, mais le deflous du ventre & de la queue eft d'un blanc de lait très-éclatant. Sa tête a un peu la forme d'un cœur; liris eft jaunâtre. Elle a ordinairement cent cinquante-trois grandes plaques fous le corps, & trente-une paires de petites plaques fous la queue. La longueur de cette dernière partie eft un dixième de la longueur totale, qui, communément , eft de plus d'un pied & demi. fa) Coluber Schytha. Voyages de M. Pallas, Trad, franc. vol. 2, Supplément, DES S'ANRIP.E Nis. 63 Le D LA VIPÈRE D'ÉGYPTE («). ous CEUX qui ont donné des larmes au récit de la mort funefte d'une Reine célèbre par fa beauté, fes richefles , fon amour & fon infortune , liront peut- être avec quelque plaïfir ce que nous allons écrire du Serpent dont elle choiïfit le poifon pour terminer fes malheurs. Le nom de Cléopâtre eft devenu trop fa- meux pour que l'intérêt quil infpire ne fe répande pas fur tous les objets qui peuvent rappeller le fou- venir de cette grande Souveraine de l'Egypte, que fes charmes & fa puiflance ne purent garantir des plus cruels revers ; & le fimple Reptile qui lui donna la mort pourra paroitre digne de quelque attention à {a) L’Afpic des anciens Auteurs. La vipère d'Egypte. M. d'Aubenton , Encyclopédie mérhodique: Coluber vipera. Linn. amphib. Serp. Hafelquif. Ad. Upfal, 1750 , p. 24, © itin. in Paleflinam , 314, . Afpis Clcopatrz. 231, Laurenti, Specimen Medicurrs C4, Hisrorre NATURELLE ceux même qui ne recherchent qu'avec peu d’empref fement les détails de lHiftoire Naturelle. C’eft M. Hañffelquift qui a fait connoître cette vipère, qu'il a décrite dans fon voyage en Egypte; elle a la tête relevée en bofle des deux côtés, derrière les yeux ; fa longueur eft peu confidérable ; les écailles qui recouvrent le deflus de fon corps, font très- petites; fon dos eft d'un blanc livide, & préfente des taches roufles ; les grandes plaques qui revètent le deflous de fon corps, font au nombre de cent dix- huit, & le deffous de la queue eft garni de vingt-deux paires de petites plaques. Les Anciens ont écrit que fon poifon, quoique mortel, ne caufoit aucune douleur ; que les forces. de ceux qu'elle avoit mordus saffoiblifloient infenfi- blement , qu'ils tomboient dans une douce langueur & dans une forte d’agréable repos, auquel fuccédoit un fommeil tranquille qui fe terminoit. par la mort ; & voilà pourquoi on a cru que la Reine d'Egypte, ne pouvant plus fupporter la vie après la mort d'An- toine & la victoire d'Auguite, avoit préféré de mourir par l'effet du venin de cette vipère. Quoi qu'il en {oit des fuites plus ou moins douloureufes de fa mor- fure , il paroit que fon poifon eft des plus adifs. C'eft ce Serpent dont on emploie diverfes préparations en Egypte, comme nous employons en Europe celles de la vipère commune ; c’elt celui quon y vend dans les boutiques , DABES UNS Nb E UNIS: 65 lesboutiques, & dont on fe fert pour les remèdes connus fous les noms de fel de vipére , dechair de vipère deffèchée, &c. Suivant M. Haflelquift, on envoie tous les ans, à Venife, une grande quantité de vipères Egyptiennes, pour la compoftion de la thériaque ; & , dès le temps de Lucain, on en faifoit venir à Rome pour la préparation du même remède. C'eft cet ufage, continué jufqu'à nos jours, qui nous a fait regar- | der la vipère d'Egypte comme celle dont Cléo- pâtre s’étoit fervie ; toutes fes defcriptions font d’ail- leurs très - conformes à celle que nous trouvons de l’'Afpic de Cléopâtre, dans les anciens Auteurs, & particulièrement dans Lucain ; & voilà pourquoi nous avons préféré , à ce fujet , l’opinion de M. Lau- rent (a), & d'autres Naturaliftes, à celle de M. Linné, qui a cru que le Serpent dont le poifon a donné la mort à la Reine d'Egypte , étoit celui quil a nommé V'Ammodyte., & dont nous allons nous occuper (8). Il paroït que c’eft aufli à cette vipère qu'il faut rapporter ce que Pline a dit de lPAfpic (c), & la 1 (a) Voyez lendroit déjà cité. (b) Aménités académiques , Stockholm, 1763, vol. 6, p. 21e (c) Pline, Liv. 8, NT Serpens , Tome II. 66 Hisrorre NATUREFILE belle peinture qu’a faite ce grand Ecrivain de latta- chement de ce Reptile pour fa femelle, du courage avec lequel il la défend lorfqu'elle eft attaquée, & de la fureur avec laquelle il pourfuit ceux qui ‘ l’ont mife à mort. DES SERPENS. 67 RE —————_——— — AMMODYTE (a«). Le ANCIENS, & fur-tout les Auteurs du moyen- âge , ont beaucoup parlé de ce Serpent très-venimeux, qui habite plufeurs contrées orientales, & que l’on trouve dans plufeurs endroits de l'Italie , ainfi que de de (a) Cenchrias. Cerchrias. Cynchrias. Mari. Vipère cornue d'Hlyrie, Afpide dei corno. Ammodyte, M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique, _C. Ammodites, Linneus , amphüib. Serpent. Ammodyte, M. Vélmont de Bomare , Did. d'Hifloire naturelle. Druinus, Bellon , 203. Ammodÿtes, Aldroyande , Serp. 169. Ammodyte, Mathioue , com. fur Diofcoride ; p. 950: Amiudutus ; Ayicenne. ii 68 HirS nor EN AT UR EIRE lIlyrie , autrement Efclavonie. Son nom lui vient de l'habitude qu’il a de fe cacher dans le fable , dorit la couleur eft à-peu-près celle de fon dos varié d’ailleurs par un grand nombre de’taches noires, difpofées fouvent de manière à repréfenter une bande longitudinale & dentelée, ce qui donne aux cou- leurs de l'Ammodyte, une très-grande refflemblance avec celles de la vipère commune, dont il fe rap- proche aufh beaucoup par fa conformation ; mais fa tète eft ordinairement plus large, en proportion du COrpS , que celle de notre vipère ; & d’ailleurs il ef fort aifé de le diftinguer de toutes les autres couleu- vres connues, parce qu'il a fur le bout du mufeau, ADRESSE EE A TD 2 oo SR - Ammodyte, Olaus Magnus. Ammodytes, Ge/ner, lib. 5 , de Serp. natura , fol. 23: Ammodytes, Solinus. Ammodÿytes, Aëtius, lib. 13, cap. 24. Ammodytes, Effäy Touvards a natural Hiflory of Serpents, by Charl. Owen, Lond. 1742, p. 53. Ammodytes , Ray, Synops , f. 287. ce Ammodytes ita diêtus quod 32 arenam fubeat. Viperx perfimilem efle atunt, cubitali Tongitu- » dine, colore arenaceo , capite viperino ampliore , maxillis latio- >» ribus, infuperiore parte roftri eminentiam quamdam acutæ verucæ » fimilem gerens, undè Serpens cornutus vulgo dicitur. In Lyb, + inque Illyrico & Italià ; Comitatu imprimis Goritienf invenitur. D ES ‘Sr RP E Nes 69 une petite éminence, une forte de corne , haute com- munément de deux lignes, mobile en arrière, d’une fubftance charnue, couverte de très-petites écailles, _& de chaque côté de laquelle on voit deux tubercules un peu faillans, placés aux orifices des narines ; aufñli a-t-il été nommé, dans plufieurs contrées, Afpic cornu. Sa morfure eft, en effet, aufll dangereufe que celle du Serpent venimeux nommé Afpic par les Anciens; & l’on a vu des gens mordus par ce Serpent, mourir trois heures après (a); d’autres ont vécu cependant jufqu'au troifième jour ; & d'autres même jufqu'au feptième. Les remèdes quon a indiqués contre le venin de l’Ammodyte, font à-peu-près les mêmes que ceux auxquels on a eu recours contre la morfure des autres Serpens venimeux (8). On à employé l'ap- plication des ventoufes , les incifions aux environs de la plaie, la compreflion des parties fupérieures à l'endroit mordu, lagrandiflement de la bleflure, les boiflons qu'on fait avaler contre les poifons pris inté- rieurement, les emplâtres dont on fe fert pour pré- venir ou arrêter la putréfaction des chairs, &ec. (c). (a) Mathiole. (b) Voyez, dans Particle de [a vipère commune , un extrait des expériences de M. l'Abbé Fontana, au fujet du poifon dece Serpent. (c) « Propriè autem eis auxilratur mentacum, aqua mulfa potata , 70 Hirsrorrzx NATUREI:SE. Ce Reptile eft couvert , fous le ventre, de cent quarante-deux grandes plaques, &: fous la queue, de trente-deux paires de petites ; le deflus de fa tête eft garni de petites écailles ovales, unies & prefque” femblables à celles du dos. La queue eft très-courte , en proportion du corps, qui n'a ordinairement qu'un demi-pied de long. L’Ammodyte fe nourrit fouvent de lézards & d’au- tres animaux aufh gros que lui, mais qu'il peut avaler avec facilité, à caufe de l’extenfion dont fon corps eft fufceptible. Il paroïit que c’eft à cette efpèce, au développe- ment de laquelle un climat très-chaud peut être très-. néceflaire, qu'il faut rapporter les Serpens cornus de Com mc) oo 3 caftoreum , caflia & artemifix fuccus cum aquâ. Danda etiam in potu >» theriaca, eadem quoque plagz imponenda. Utendum & emplaftris » attractoriis : pofteà verd cataplafmata; quæ ad nomas five ulcera 2 ferpentia conducunt , imponenda. Aétius. >> Curatio autem corum eft curatio communis : & eft ejus proprium 31 dare in potu caftoreum, & cinnamomum , & radicem centaureæ , » de quocumque iftorum fuerit, &c. cum vino. Et confert eïs radix » ariftolochixz, & propriè longè juvamentum maximum. Et fimiliter 2 radix afloafir , & fuccus ejus propriè, & radix gentianæ. Et confe- 2 runt es ex emplaftris mel decoétum & exficcatum, & tritum : & 32 radices granatorum : & fimiliter centaureæ, & femen lint & lactucæ ; » & femen harmel, & volubilis, & ruta fylveftris : & conferunt eis 2 emplaftra appropriata ulceribus putridis. Ayicenne. Lé D! EN ASNUENIR PEFL NUS 7 la Côte-d'Or, dont a parlé Bofman, quoique ces der- niers foient beaucoup plus grands que l'Ammodyte d'Efclavonie. Ce Voyageur vit, au Fort Hollandois d'Axim, la dépouille d'un individu de cette efpèce de Serpens cornus; ce Reptile étoit de la groffeur du bras, long de cinq pieds, & rayé ou tacheté de noir , de brun, de blanc & de jaune, d’une manière très-agréable à l'œil. Suivant Bofman, ces Serpens ont pour arme offenfive, une fort petite corne , ou plutôt une dent qui fort de la mâchoire fupérieure | auprès du nez ; elle eft blanche, dure & très-pointue, Il arrive fouvent aux Nègres, qni vont nuds pieds dans les champs, de marcher impunément fur ces animaux, car ces Reptiles avalent leur proie avec tant d’avidité & tombent enfuite dans un fommeil fi profond , qu'il faut un bruit aflez fort , & même un mouvement affez grand pour les réveiller (a). (a) Bofinan, p.273. w ES Hrsrorre NATURELIE DE CÉRASTE (GG) O, À DONNÉ ce nom à un Serpent venimeux d'Arabie , d'Afrique, & particulièrement d'Egypte, qui a été envoyé au Cabinet du Roi fous le nom de Vipère cornue ; il eft très-remarquable & très-aifé à diftinguer par deux efpèces de petites cornes qui (a) Keea'sns en Grec. Alp & Ag, en Egypte: Ceraftes, Ceriftalis, Le Cérafte, M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique: Coluber Ceraftes, Linn. amphib. Serpent. Bellon. irin. 203. Coluber cornutus, Haffelquifi, iter 315, N° 57. Le Cérafte, M. Valmont de Bomare , Di. d'Hifl. natur. Ceraftes , Ray, Synopfis Serpentini generis , P- 287: Ceraftes, Ge/ner. de Serpentum natura. fol, 38. Ceraftes, Efay Touwards à natural Hiflory of Serpents , by Charl. Owen, London , 1742, p. 54, pl. 2. s'élèvent DAS) OS EÆ DE NS. 70 s'élèvent au-deflus de fes yeux. C’eft apparemment cette conformation qui , jointe à fa qualité vénéneufe, & peut-être à fes habitudes naturelles, l’auront fait obferver avec attention par les premiers Egyptiens, & les auront déterminés à faire placer de préférence fon image parmi leurs diverfes figures hiéroglyphiques. On le trouve gravé fur les monumens de la plus haute antiquité, que le temps laïfle encore fubfifter fur cette fameufe terre d'Egypte. On le voit repréfenté fur les obélifques , fur ies colonnes des Temples, au pied des Statues, fur les murs des Palais, & jufques fur les Momies (a). Un double intérêt anime donc la curio- fité, relativement au Cérafte ; une connoiflance exacte de fes propriétés & de fes mœurs, non-feulement doit être recherchée par le Naturalifte , mais ferviroit peut-être à découvrir en partie le fens de cette Langue religieufe & politique, qui nous tranfmettroit les anti- ques événemens & les antiques opinions des célèbres & belles contrées de l'Orient. Si lPon ne peut pas encore expofer toutes les habitudes naturelles du Cé- rafte , faifons donc connoître exaétement fa forme, (a) Deux très-grandes pierres apportées d'Alexandrie à Londres, placées dans la cour du Mufæzum, & qui paroïfent avoir fait partie d'une grande corniche d’un magnifique Palais, préfentent plufieurs figures de Céraftes très-bien gravées. Lettre de M. Ellis, Tranf. phil. an. 1766. Serpens , Tome IT, £ L 2 hg 7A Hisrorre NATURELLE & décrivons-le avec foin d’après les individus que nous avons examinés. | Les opinions des Naturaliftes, anciens & modernes, ont fort varié fur la nature ainfi que fur le nombre des cornes qui diftinguent le Cérafte ; les uns ont dit qu'il en avoit deux, d’autres quatre, & d’autres huit, qu'ils ont comparées aux efpèces de petites cornes, ou pour mieux dire, aux rentacules des limaçons & d’autres animaux de la clafle des vers (2). Quelques Auteurs les ont regardées comme des dents attachées à la mà- choire fupérieure ; quelques autres ont écrit que le Cérafte n’avoit point de cornes , que celles qu’on avoit vues fur la tête de quelques individus , n'étoient point naturelles , mais l'ouvrage des Arabes , qui plaçoient avec art des ergots fur le crâne du Reptile, pour le rendre extraordinaire & le faire vendre plus cher. Il fe peut que l’on ait quelquefois attaché, à de vrais Céraftes, de petites cornes artificielles ; il fe peut auffi que ces Serpens, ayant été fort recherchés, on ait vendu pour des Céraftes des Reptiles d’une autre efpèce qui leur auront à-peu-près reflemblé par la couleur, & auxquels on aura appliqué de faufles cornes. Mais le vrai Serpent-Cérafte a réellement au-deflus de (a) Pline & Solin. s «68 DES) SE RP ENS. ES chaque œil, un petit corps pointu & alongé , auquel le nom de corne me paroit mieux convenir qu'aucun autre. M. Linné a donné (4) le nom dé dents molles à ces petits corps placés au-déflus dés yeux du Serpent que nous décrivons ; mais ce nom dé dent ne nous paroît pouvoir appartenir quà ce qui tient aux mâchoires fupérieures ou inférieures des animaux ; & après avoir examiné les cornes du Cérafte , en. avoir coupé une en plufeurs parties, & en avoir ainfi fuivi la prolon- gation jufqu'à la tête, nous nous fommes aflurés que, bien loin de tenir à la mâchoire fupérieure, ces cornes ne font attachées à aucun os ; auffi font-elles mobiles à la volonté de l’animal. Chacune de ces cornes eft placée précifément au- deflus de l’œil, & comme implantée parmi les petites écailles qui forment la partie fupérieure de l'orbite ; fa racine eft entourée d’écailles plus petites que celles du dos , & elle repréfente une petite pyramide carrée dont chaque face feroit fillonnée par une rainure lon- gitudinale & très-fenfible (b). Elle eft compofée de (a) Syftema naturx, editio 13. (Bb) Bélon à comparé la forme de ces éminences à celle d’un grain d'orge , & c’eft apparemment cette reflemblance avec une graine dont fe nourriflent quelques efpèces d’oifeaux, qui 2 fait penfer kÿ | 70 = Hirsrorrs NATUREIIF couches placées au-deflus les unes des autres, & qui fe recouvrent entièrement. Nous avons enlevé facile- ment la couche extérieure, qui s’en eft féparée en forme d’épiderme , en préfentant toujours quatre côtés & quatre rainures, ainfi que la couche inférieure, que nous avons mife par-là à découvert. Cette ma- nière de s’exfolier eft femblable à celle des écailles , dont l’épiderme ou la couche fupérieure fe fépare également avec facilité après quelqu’altération. Auf regardons-nous la matière de ces cornes comme de même nature que celle des écailles ; & ce qui le con- firme , c’eft que nous avons vu ces petites éminences tenir à la peau de la même manière que les écailles y font attachées. Au refte , ces cornes mobiles font un peu courbées, & avoient à-peu-près deux lignes de Jongueur dans les individus que nous avons décrits. La tête des Céraftes eft aplatie , le mufeau gros & court, l'iris des yeux d'un vert jaunâtre, & la pru- nelle, lorfquelle eft contraétée, forme une fente perpendiculaire à la longueur du corps; le derrière de la tête eft rétréci & moins large que la partie du corps à laquelle elle tient; le deflus en. eft garni que le Cérafte fe cachoit fous des- feuilles & ne aïfloit paroître que fes cornes , qui fervoient d’appât pour les petits oïfeaux qu'il. dévoroit. Voyez Pline & Solin. Die is 4 St LR LP ENS S 777 d'écailles égales en grandeur à celles du dos, ou même quelquefois plus petites que ces dernières, qui font ovales &-relevées par une arête faillante. Nous avons compté, fur deux individus de cette efpèce, cent quarante-fept grandes plaques fous le ventre, & foixante-trois paires de petites plaques fous la queue. Suivant M. Linné , un Serpent de la même efpèce avoit cent cinquante grandes plaques & vingt- * cinq paires de petites. Haflelquift a compté fur un autre individu cinquante paires de petites plaques , & cent cinquante grandes. Voilà donc une nouvelle preuve de ce que nous avons dit touchant la variation du nombre des grandes & des petites plaques dans Ja mème efpèce de Serpent ; mais comme il ne faut né- gliger aucun caractère dans un ordre d'animaux dont les efpèces font , en général, très-difliciles à diftinguer les unes des autres, nous croyons toujours néceflaire de joindre le nombre des grandes & des petites plaques, aux autres fignes de la différence des diverfes efpèces de Reptiles. La couleur générale du dos eft jaunâtre & relevée par des taches irrégulières plus ou moins foncées , qui repréfentent de petites bandes tranfverfales; celle du deflous du corps eft plus claire. Les individus que nous avons mefurés avoient plus de deux pieds de long ; ils préfentoient la grandeur ordinaire de cette efpèce de Serpens. La queue n’avoit 78 * + Hrsmornr N'ArT0RE ral pas cinq pouces : elle eft ordinairement très-courte en proportion du corps, dans le Cérafte , ainfi que dans la vipère commune. Le Cérafte fupporte la faim & la foif pendant beaucoup plus de temps que la plupart des autres Serpens ; mais il eft fi goulu , qu'il fe jette avec avidité fur les petits oifeaux & les autres animaux dont il fait fa proie; & comme, fuivant Bélon, fa peau peut fe prêter à une très-grande diftenficn , & fon volume augmenter par-là du: double , il n’eft pas furprenant qu'il avale une quantité d’alimens fi con- fidérable que , fa digeftion devenant très-difhcile , il tombe dans une forte de torpeur & dans un fom- meil profond , pendant lequel il eft fort aifé de le tuer. La plupart des Auteurs anciens ou du moyen-àge, ont penfé qu'il étoit un des Serpens qui peuvent le plus aifément fe retourner en divers fens, & ils ont écrit qu'au lieu de s’avancer en droite ligne , il n’alloit jamais que par des circuits plus ou moins tortueux, & toujours, ont-ils ajouté, en faifant entendre une forte de petit bruit & de fifflement par le choc de fes dures écailles (a). Mais, de quelque manière & avec quelque viteffe qu'il rampe, il lui eft diflicile d'échapper (a) Lucain , liy. 9. Nicandre, in Theriacis. Aëtius , Gyllius , Ifidore , &c. DAIER Se OMENRAPE FAN 5 79 aux aigles & aux grands oifeaux de proie qui fondent fur lui avec rapidité , & que les Egyptiens adoroient , fuivant Diodore de Sicile, parce qu'ils Les délivroient de plufeurs bêtes venimeufes, & particulièrement des Céraftes. Ces Serpens cependant ont toujours été regardés comme très-rufés ; tant pour échapper à leurs ennemis , que pour fe faifir de leur proie; on les a même nommés infidieux , & l’on a prétendu qu’ils fe cachoient dans les trous voifins des grands chemins , & particulière- ment dans les ornières, pour fe jeter à l’improvifte fur les voyageurs. C’eft principalement avec cette efpèce de Serpens que les Lybiens , connus fous le nom de Pfÿlls, prétendoient avoir le droit de jouer impunément, & dont ils afluroient qu'ils maïtrifoient , à leur volonté, & la force & le poifon. . Les Céraftes, ainfi que tous les Reptiles, peuvent vivre très-long-temps fans manger ; plufieurs Auteurs Pont écrit, & on a même beaucoup exagéré ce fait, puifqu'on a cru qu'ils pouvoient vivre cinq ans fans prendre aucune nourriture (a). (a) ce M. Gabrieli, Apothicaire de Venife, qui avoit demeuré 2 Jong-temps au Caire, me montra deux de ces vipères ( deux Cé- > raftes), qu'il avoit gardées cinq ans dans une bouteille bien bou- 3 chée, fans aucune nourriture ; il y avoit feulement au fond de la 60 HrsSWorr:z NATURAENTTIE Bélon aflure que les petit Céraftes éclofent dans le ventre de leur mère, ainfi que ceux de notre vipère commune (4); mais nous croyons devoir citer un fait qui paroit contredire cette aflertion, & que Gefner rapporte dans fon Livre de la nature des Serpens, d’après un de fes Correfpondans qui en avoit été témoin à Venife (b). Un Noble Vénitien conferva pendant quelque-temps, & auprès du feu , trois Serpens qu'on lui avoit apportés du pays où l’on trouve les Céraftes; lun femelle, & trois fois plus grand que les autres, avoit trois pieds de long , prefque la grofleur du bras, la tête comprimée & large de deux doigts, l'iris noir, les écailles du dos cendrées & noirâtres dans leur partie fupérieure , la queue un peu roufle & terminée en pointe, & une corne de fubftance écailleufe au-deflus de chaque œil. Gefner le regarda comme de l'efpèce des Céraftes, dont il nous paroït, » bouteille, un peu de fable fin, dans lequel elles fe louvoient ; » lorfque je les vis, elles venoient de changer de peau, & paroïfloient »> aufli vigoureufes & aufli vives que fi elles avotent été prifes tout » nouvellement. » Schaw. Voyage dans plufieurs Provinces de la” Barbarie & du Leyant, tom. 2, chap. 5. (a) Voyez Bélon & R:y, à lendroit déjà cité. (3) Gefner. fol. 38, ; en effet, DÉEUS TS VEURUP) FN S. "ST en effet, avoir eu les principaux caraétères ; il pondit dans le fable quatre ou cinq œufs à-peu-près de la grofleur de ceux de pigeon. Les rapports de confor- mation , de qualité vénéneufe & d’habitudes qui lient le Cérafte avec la vipère commune , ainfi qu'avec un. grand nombre d’autres vipères dont la manière de venir au jour eft bien connue , nous feroient adopter de pré- férence l'opinion fondée fur l'autorité de Bélon, qui a beaucoup voyagé dans le pays habité par les Céraftes ; mais comme il pourroit fe faire que les deux manières de venir à la lumière fuflent réunies dans queiques efpèces de Serpens, ainfi qu'elles le font dans quelques efpèces de quadrupèdes ovipares, & qu’il feroit bon de bien déterminer fi tous les animaux armés de crochets venimeux, éclofent dans le ventre de leur mère, & même font les feuls qui ne pondent pas, nous invitons les Voyageurs qui pourront obferver fans danger les Céraftes, à s’aflurer de la manière dont naiflent leurs petits. Hérodote a parlé de Serpens confacrés par les habi- tans de Thèbes à Jupiter, ou pour mieux dire, à la Divinité Egyptienne qui répondoit au Jupiter desGrecs; on les enterroit, après leur mort, dans le Temple de ce Dieu : &, fuivant le Père de l'Hifloire , ils avoient deux cornes, mais ne faifoient aucun mal à perfonne. Si Hérodote n’a point été trompé, on devroit les regarder comme dune efpèce différente de celle du Cérafte ; Serpens , Tome II. U 82 Hrsimo rire NAT U RENTE mais il eft aflez vraifemblable qu’on l’avoit mieux in= formé de la conformation que des qualités de ces Serpens, qu'ils étoient venimeux comme le Cérafte, qu'ils appar- tenoient à la même efpèce, & que la force de leur poifon, qui avoit dû paroître aux Anciens donner la mort prefqu'aufli promptement que la foudre du Maitre des Dieux , avoit peut-être été un motif de plus pour les confacrer à la Divinité que l’on croyoit lancer le tonnerre. . D\ ENS ONE IR P'EUN S. 63 LE SERPENT A LUNETTES DES INDES ORIENTALES, O U LUNA TA Ce) = L À BEAUTÉ des couleurs a été accordée à ce Serpent, l’un des plus venimeux des contrées orientales. Bien loin que fa vue infpire de l’effroi à ceux qui ne connoiflent pas l’adtivité de fon poifon, on le contemple a LE (a) Cobra: de Cabelo ou de Capello, par les Portugais. Le Serpent à Lunettes, M. d Aubenton, Encyclopédie méthodique: Coluber Naja, Lin. amphib. Serpent. Naja, Kempfer.. Amœnitatum exoticarum fafciculus 3 , obferv. 9 ; P- 565: HUE Naja Lutefcens, 197, Laurenti, Specimen Medicurm. Naja Siamenfis ;, 200; : Ibid. Naja Maculata, 201, Ibid. 1j 84 Hirsrorre NATUREILE avec une forte de plaifir, on l’admire; &, pendant que le brillant de fes écailles, ainfi que la vivacité des couleurs dont elles font parées , attachent les regards, la forme fingulière du Reptile attire l’atten- tion : on a même cru voir fur fa tête une reffemblance groffière avec les traits de l’homme ; & voilà donc l’image la plus noble qui a pu paroître légèrement empreinte fur la face d'un Reptile vénéneux. Ce contrafte a dù plaire à limagination des Orientaux, toujours amie de l'extraordinaire ; il a peut-être féduit les premiers Voyageurs qui ont vu le Serpent-à lunettes, & ils ont peut-être éprouvé une forte de fatisfaétion à retrouver quelques traits de la figure humaine fur un être aufli malfaifant, de même que les anciens Poëtes fe font prefque tous accordés à donner ces mêmes traits auguftes aux monftres terribles & fabuleux , enfans de leur génie , & non de la Nature. Séba, tom. 2, pl. 44, fig. 1. Tom. 2, pl. 89, fig 1 & 2; pl 90, fig 25 pl 94, fig 1, & pl97, fig 2. Serpens indicus Coronatus, Ray, Synopfis Serpentini generis ; P- 330. Le Serpent à lunettes, Serpent couronné. Di&. d Hifloire naturelle ; per M. Valmont de Bomare. Vipera indica Vittata gefhicularia, Catal, muf. ind, Vipera Pileata. DNEESL AUS NPENIRNS PEL EL INRSS 85 Mais fur quoi peut être fondée cette légère appa- rence ? Sur une raie dune couleur difiérente de celle du corps de l'animal, & qui eft placée fur le cou du Serpent à lunettes, s’y replie en avant des deux côtés, & fe termine par deux efpèces de crochets tournés en dehors. Ces crochets colorés font quelquefois pro= longés de manière à former un cercle ; faifant reflortir la couleur du fond qu'ils renferment , ils reflemblent imparfaitement à deux yeux , au-deflus defquels la ligne recourbée , femblable aux traits groffiers, aux premières ébauches des jeunes Deflinateurs , repréfente vaguement un nez; & ce qui a ajouté à ces légères refflemblances, c’eft qu’elles fe montrent fur la partie antérieure du tronc ou fur le cou du Serpent, & que cette partie antérieure eft tellement élargie & aplatie, proportionnellement au refte du corps, qu'elle paroït être la tête de l'animal. L'on croit de loin voir les yeux du Serpent au milieu de ces crochets de couleurs vives dont nous venons de parler , quoique cependant la véritable tête où font réellement les yeux & les narines , foit placée au-devant de cette extenfon fingulière du cou. La ligne receurbée & terminée par deux crochets, refflemble affez à des lunettes, & c’eft ce qui a fait donner depuis au Serpent Naja, le nom de Serpent à lunettes , que nous lui confervons ici. Mais pour mieux diftinguer le Reptile dont nous traitons dans cet article, 86 HirsrorrEre NATUREIGE & qui habite les grandes Indes, d'avec les Serpens à lunettes d'Amérique, dont il fera queftion dans l’article fuivant, nous avons cru devoir réunir au nom très-connu de Serpent à lunettes, celui de Naja, dont fe fervent les naturels du pays où on le rencontre , & qui a été adopté par plufeurs Auteurs, & particulièrement par M. Linné. À On a écrit qu'il y avoit un aflez grand nombre d’ef- pèces de Serpens à lunettes : des Naturaliftes en ont compté jufqu à fix; mais, en examinant de près les dif- férences fur lefquelles ils fe font fondés , il nous a paru qu'on ne devoit en compter que deux ou trois ; le Ser- pent à lunettes ou le Naja , dont il eft ici queftion ; le Serpent à lunettes du Pérou , & celui du Bréfil, qui peut-être même ne diffère que très-légèrement de celui du Pérou. Toutes les variétés que nousrapportonsau Naja ne font que des fuites de la diverfité d'âge , de fexe ou de climat; &, par exemple, on a repréfenté dans Séba (a), deux petits Serpens à lunettes des Indes orientales , qui ne me paroiffent que de jeunes Naja de l’efpèce ordinaire ; ils ne différoient des Naja adultes que par l’extenfion du cou, qui étoit peu fenfible , ce qui n’annoncçoit qu'un âge peu avancé, & par la teinte ou la diftribution de leurs couleurs ; l’un étoit d'un (a) Séba , tom. 2 , pl. 89, fie. 3, G plo7 , fig 3. DRAC SERVIR EP) LAN NSS 87 cendré jaunâtre, cerclé de bandes tranfverfales pour- pres, & arrangées de manière que, de quatre en quatre, il y en avoit une plus large que les autres (a); le fecond avoit des couleurs moins diftinétes, & peut- être avoit été pris dans un temps voifin de celui de fa mue. Les Naja adultes paroiffent d’un jaune plus où moins roux, ou plus ou moins cendré, fuivant l’âge, la faifon, & la force de l'individu. fs n’ont pas plufeurs bandes tranfverfales pourpres, mais au-deflus de la partie renflée de leur cou, on voit un collier aflez large & d'un brun fombre qui difparoit quelquefois prefque en entier fur les Naja confervés dans l’efprit-de-vin. Cette belle couleur jaune qui brille {ur le dos du Serpent à lu- nettes, s’éclaircit fous le ventre , où elle devient blan- châtre, mêlée quelquefois d’une teinte de rouge ; les raies qui forment fur fon cou un croiflant dont les deux pointes fe replient en dehors & en crochets, de manière à imiter des lunettes, font blanchâtres, bordées des deux côtés, d’une couleur foncée. Quelquefois ces nuances s'altèrent après la mort de l'animal, ce qui a donné lieu à bien des faufles defcriptions. Le fommet de la tête eft couvert par neuf plaques ou grandes (a) M. Laurent à cru en devoir faire une efpèce diftinéte fous le nom de Naja à bandes ( Naja fafciata ), 00 HrsrTrownwRrE NATUIR ENTRE écailles , difpofées fur quatre rangs, deux au premier, du côté du mufeau , deux au fecond, troisau troifième, & deux au quatrième (a). Les yeux font vifs & pleins de feu ; les écailles font ovales, plates & très-alongées, elles ne tiennent à la peau que par une portion de leur contour, & il paroît que le Serpent peut les redreffer d’une manieretrès-fenfible ; ellesne fe touchent pas au-deflus de la partie élargie du cou, elles y forment des rangs longi- tudinaux un peu féparés les uns des autres, & laiflent voir la peau nue, qui eft d'un jaune bianchâtre ; & comme cette peau eft moins brillante que les écailles qui , étant grandes & plates, réfléchiflent vivement la lu- mière , ces écailles paroïiffent fouvent comme autant de facettes refplendiffantes difpofées avec ordre , & qui préfentent une couleur d’or très-éclatante , fur-tout lorfqu’elles font éclairées par les rayons du foleil. L'extenfion dont nous venons de parler eft formée par les côtes, qui, à l'endroit de cet élargiflement , font plus longues que dans les autres parties du corps du Serpent, & ne fe courbent d’une manière fenfible qu’à une plus grande diftance de l’épine du dos; mais (a) Vor à un nouvel exemple de ce que nous avons dità l’article de la Nomenchture des Serpens; tous ceux qui ont des dents crochues, grandes & mobiles, & qui font ventineux, n’ont pas le deffus de la tête garni d’écailles femblables à celles du dos. d’ailleurs , Ÿ mA SC OVER PEN SI: 89 leurs, le Naja peut gonfler & étendre à volonté une membrane aflez lâche qui couvre ces côtes, & que Kempfer a comparée à des efpèces d'ailes. C’eft fur- tout lorfqu’il eft irrité, qu’il l’enfle & en augmente le volume ; & lorfqu'alors il fe redrefle en tenant toujours horizontalement fa tête, qui eft placée au-devant de cette extenfion membraneufe , on diroit qu'il eft coiffé d’une forte de chaperon que l’on a même comparé à une couronne , & voilà pourquoi on a donné à ce dangereux, mais cependant très-bel animal , le nom de Serpent à chaperon , ainfi que celui de Serpent couronné. La femelle (a) eft diftinguée aifément du mâle, parce qu'elle n'a pas fur le cou la raie contournée & difpofée en croiflant , dont les pointes fe termi- nent en crochets tournés en dehors, :& d’après laquelle on a donné à l’efpèce le nom de Serpent à Junettes; mais elle a de chaque côté du cou , comme le mâle ; une extenfion membraneufe foutenue:par de longues côtes; elle peut également en étendre le volume; elle brille dés mêmes couleurs dorées, & elle a porté également le nom de Serpent à couronne (b). (a) Séba, tom. 2, pl. 90, fig 2, € pl. 97 , fig. 2. à (B) Laurent à fait de la femelle du Naja, une efpèce diftinéte qu'il a nommée Waya non Naja. Serpens, Tome TI. pe °m 00 Hirsrorre 1NADURENTE ‘ Les Naja ont ordinairement trois où quatre pieds de longueur totale ; celle de l'individu que nous avons décrit , & qui eft au Cabinet du Roi, eft de quatre pieds quatre pouces fix lignes ; l’extenfion membra- neufe de fon cou a plus de trois pouces de largeur. Il a cent quatre-vingt-dix-fept grandes plaques fous le corps, & cinquante-huit paires de petites plaques fous la queue, qui n’eft longue que de fept pouces dix Lignes. Celui que M. Linné a décrit avoit cent quatre- “vingt-treize grandes plaques , & foixante paires de petites. | | Le Naja eft féroce, & pour peu qu'on diffère de prendre lantidote de fon venin ; fa morfure eft mor- telle; l’on expire dans des convulfions, ou la partie mordue contrafte une gangrène qu'il eft prefqu'impof- fible de guérir ; aufh de tous les Serpens, ‘eft-ce celui que les Indiens, qui vont nuds-pieds,, redoutent le plus. Lorfque ce terrible Reptile veut fe jeter fur quelqu'un, il fe redrefle aveciferté, fait briller des yeux-étince- lans, étend fes membranes en figne de colère, ouvre la gueule, & sélance avec rapidité en montrant la pointe acérée de fes crochets venimeux. Maïs, malgré fes armes funeftes , les Jongleurs Indiens font parvenus à le dompter de manière à le faire fervir de fpectacle à un. peuple crédule, de même que d’autres Charla- tans de l'Egypte moderne , à l'exemple de Charlatans plus anciens de l'antique Egypte, des Pfylles de Cyrène 3 DS TS NE R PAM NS OI & des Ophiogènes de Chypre, manient fans crainte, tourmentent impunément de grands Serpens, peut-être même venimeux, Les ferrent fortement auprès du cou, évitent par-là leur morfure, déchirent avec leurs dents & dévorent tout vivans ces énormes Reptiles, qui, fiflant de rage & fe repliant autour de leur corps, font de vains efforts pour leur échapper (a). . Ces Indiens quiont pu réduire les Naja & fe garantir de leur morfure , courent de Ville en Ville pour mon- trer leurs ferpens à lunettes, qu’ils forcent , difent-ils, à danfer. Le Jongleur prend dans fa main une racine dont il prétend que la vertu le préferve de la morfure venimeufe du Serpent , & tirant l'animal du vafe dans (a) Lettres de M. Savary fur l'Egypte, vol. 1, page 62. Voyez auffi Le pañlage fuivant de Schaw, tom. 2, ch. 5. « On m'a affuré qu'il y avoit plus de quarante mille perfonnes au grand Caire: & dans les Villages des environs , qui ne mangeoïent autre chofe > que des Lézards ou des Serpens. Cette façon fingulière de fe nourrir leur vaut, entrautres, le privilège & l'honneur infigne de mar- + cher immédratement auprès des tapifleries brodées de foie noire, » qu'on fabrique tous les ans au grand Caire pour le Kaaba de la Mecque , & qu'on va prendre au Château pour les promener en 3» proceflion avec grande pompe & cérémonie, dans les rues de la Ville. Lorfque ces proceflions fe font, il y a toujours un grand nombre de ces gens qui accompagnent en chantant & én danfant, % & faifant par intérvalles réglés, toutes fortes de contorfions & de 23 gefticulations fanatiques. » 2 w 2 w w w w v C2 Lo w w vw m1 äj 52, HisrTorre NATURELLE lequel il le tient ordinairement enfermé, il l’irrite en lui préfentant un bâton, ou feulement le poing ; le Naja fe dreflant aaffietéci dure la main qui dre des sappuyant fur fa queue, élevant fon corps, enflant fon cou , ouvrant fa gueule ; alongeant {à langue four- chue, s’agitant avec vivacité, faifant briller fes yeux & entendre fon fifflement, commence une foïte de combat contre fon Maître, qui, entonnant alors une chan{6f, lui oppofe fon poing tantôt à droite & tantôt à gauche ; l'animal, les yeux toujours fixés fur la main qui le menace, en fuit tous les mouvemens, balance fa tête & fon corps für fa queue qui demeure immobile & offre'ainfi l'image d’une forte de danfe. Le Naja peut foutenir cet exercice pendant un demi-quart d'heure; mais au moment que l’Indien s’apperçoit que, fatigué par fes mouvemens & par fa fituation verticale, le Serpent eft près de prendre la fuite, il interrompt fon chant, le Naja cefle fa danfe , s'étend à terre, & fon Maitre le remet dans fon vafe. Kempfer dit que lorfqu'un Indien veut dompter un Naja & l’accoutu- mer à ce manège , il renverfe le vafe dans lequel il l’a tenu renfermé , va à la Couleuvre avec un bâton, l'arrête dans fa fuite, & la provoque à un combat qu'elle commence fouvent la première; dans linftant où elle veut sélancer fur lui pour le mordre, il lui préfente le vafe & le lui oppofe comme un bouclier, contre lequel elle bleffe fes narines, & qui la force à / HAS OL EUR: PTE) NS 03 rejaillir en arrière ; il continue cette lutte pendant un quart-d'heure ou demi-heure , fuivant que l’édu- cation de l'animal eft plus ou moins avancée; la Couleuvre , trompée dans fes attaques, & bleflée contre le vafe, cefle de s’élancer , mais préfentant tou- jours fes dents & enflant toujours fon cou, elle ne détourne pas fes yeux ardens du bouclier qui lui nuit; le Maitre, qui a grand foin de ne pas trop la fatiguer par cet exercice, de peur que, devenant trop timide, elle ne fe refufe enfuite au combat , l’accoutume in- fenfiblement à fe drefler contre le vafe, & même contre le poing tout nu, à en fuivre tous les mouve- mens avec fa tête fuperbement gonflée , mais fans jamais ofer fe jeter fur fa main, de peur de fe bleffer ; accompagnant d'une chanfon le mouvement de fon bras, & par conféquent celui du Reptile qui limite, il donne à ce combat l'apparence d’une danfe; &il en eft donc de ce Serpent funefte comme de prefque tous les êtres dangereux qui répandent la terreur , la crainte feule peut les dompter. Mais il ne faut pas croire que les Indiens foient aflez raflurés par les effets de cette crainte, pour ne pas chercher à défarmer , pour ainfi dire , le Reptile contre lequel ils doivent lutter. Kempfer rapporte qu'ils ont grand foin, chaque jour ou tous les deux jours, d'épuifer le venin du Naja , qui fe forme dans des véficules placées auprès de la mâchoire fupérieure, O4 Hrsroirrr N'ATUREËELE & fe répand enfuite par les dents canines ; pour cela ils irritent la Couleuvre & la forcent à mordre plufieurs fois un morceau d'étofle ou quelqu'autre corps mou, & à l'imbiber de fon poifon. Pour l’exciter davantage à exprimer fon venin, ils ont quelquefois aflez d'adrefle & de courage pour lui prefler la tête fans en être mordu, & la mettre par-là dans une forte de rage qui lui fait ferrer avec plus de force & pénétrer d’une plus grande quantité de poifon , le morceau d’étoffe ou le corps mou qu'on lui préfente enfuite. Après avoir privé la Couleuvre de fon venin, ils veillent avec beaucoup d'attention à ce qu’elle ne prenne aucune nourriture, & ils empêchent fur-tout qu'elle ne mange de l'herbe fraîche , de nouveaux alimens lui rendant bientôt de nouveaux fucs vénéneux & mortels. Kempfer prétend que l’on a un remède afluré contre la morfure venimeufe de ce Serpent, dans la plante que l’on nomme mungo ainf qu'ophiorriga ; qui croit abondamment dans les contrées chaudes de l'Inde , & que l’on a employée non-feulement contre la mor- fure de plufieurs Reptiles, ainfi que des fcorpions , mais même contre celle des chiens enragés. L'on difoit, fuivant.le même Kempfer , que l’on avoit découvert {es vertus anti-vénéneufes en en voyant manger à des Mangouftes ou Ichneumons mordus par des Naja, & que c'étoit ce qui avoit fait appliquer à ce végétal le DEN COMMEUR) (PUR Nes 05 nom de mungo, donné aufli par les Portugais aux Mançgouftes. Ces quadrupèdes font , en effet , ennemis mortels du Serpent à lunettes, qu'ils attaquent tou- jours avec acharnement , & auquel ils donnent aifé- ment la mort fans la recevoir, leur manière de failir le Naja les garantifflant apparemment de fes dents envenimées. Non-feulement les Naja fervent à amuler les loifirs des Indiens ; ils ont encore été un objet de vénération pour plufeurs habitans des belles contrées orientales, & particulièrement de la côte de Malabar. La crainte d'expirer fous leur dent empoifonnée, & le defir de les écarter des habitations, avoient fait imaginer de leur apporter jufques auprès de leurs repaires, les alimens qui paroifioient leur convenir le mieux ; les Temples facrés étoient ornés de leurs images, &c f ces Reptiles pénétroient dans les demeures des habi- tans, ou fion les rencontroit fous fes pas, bien loin de fe défendre contr'eux & de chercher à leur donner la mort , on leur adrefloit des prières, on leur offroit des préfens , on fupplioit les Bramines de leur faire de pieufes exhortations , on fe profternoit, on tâchoit de les fléchir par des refpeéts , tant la terreur & ligno- rance peuvent obfcurcir le flambeau de la raifon (a). (a) « Une autre efpèce que les Indrens nomment Nalle Pambou , 96 HirsrTorrEe NATURELLE On a prétendu que lon trouvoit dans le corps des Naja & auprès de leur tête, une pierre que l’on a c’eft-à-dire, bonne Couleuvre , à reçu des Portugais le nom de Cobra capel, parce qu'elle à la tête environnée d'une peau large qui forme une efpèce de chapeau. Son corps eft émaillé de cou- leurs très-vives qui en rendent la vue auffi agréable que fes bleflures, font dangereufes ; cependant elles ne font mortelles que pour ceux qui négligent d'y remédier. Les diverfes repréfentations de ces cruels animaux font le plus bel ornement des Pagodes ; on leur adrefle des prières & des offrandes. Un Malabare qui trouve une Couleuvre dans fa maïfon , la fupplie d’abord de fortir ; fi fes-prières font {ans effet , 1l s'efforce de Vattirer dehors en lui préfentant du lait, ou quelqu’autre aliment; s’obftine-t-elle à demeurer ? On appelle les Bramines , qui lui préfeñtent éloquemment les motifs dont elle doit être touchée, tels que le refpe& du Malabare & les adora- tions qu'ila rendues à toute l’efpèce. Pendant Le féjour que Dellon fit à Cananor, un Secrétaire du Prince-Gouverneur fut mordu par un de ces Serpens à chapeau qui étoit de la groffeur du bras, & d'environ huit pieds de longueur; il négligea d’abord les remèdes ordinaires, & ceux qui l’accompagnoïent fe contentèrent de le ramener à la Ville, où le Serpent fut apporté aufli dans un vafe bien couvert. Le Prince, touché de cet accident, fit appeller auffi- tôt les Bramines , qui repréfentèrent à l'animal combien la vie d’un Officier fi fidèle étoit importante à Etat; aux prières on joignit les menaces ; on lui déclara que , file malade périfloit, elle feroit brülée vive dans le même bûcher: mais elle fut inexorable, & Ie Secrétaire mourut de la force du poifon. Le Prince fut extrêmement fenfble à cette perte; cependant , ayant fait réflexton que le mort pouvoit être coupable de quelque faute fecrète qui lui avoit peut- nommée DES SERPENS. 07 nommée pierre de Serpent , pierre de Serpent à chaperon, pierre de Cobra, &c. & qu'on a regardée comme un remède afluré, non-feulement contre le poifon de ces mêmes Serpens à lunettes, mais même contre les effets de la morfure de tous les animaux venimeux, On 32 LE] 32 LE] 2 22 » 22 2 29 » w » 23 LE) 23 22 être attiré le courroux des Dieux, ïl fit porter hors du Palais le vafe où la Couleuvre étoit renfermée , avec ordre de lui rendre la liberté; après lui avoir fait beaucoup d’excufes & quantité de profondes révérences, » Une piété bizarre engage un grand nombre de Malabares à porter du lait & divers alimens dans les forêts ou fur les chemins , pour la fubfiftance de ces ridicules Divinités. Quelques Voyageurs , ne pou- vant donner d'explication plus raifonnable à cet aveuglement , ont jugé qu'anciennement la vue des Malabares avoit peut-être été de leur ôter l'envie de venir chercher leur nourriture dans Îes maïfons, en leur fourniflant de quoi fe nourrir au milieu des champs & des boïs. 3 La loïque les Idolitres s’impofent, de ne tuer aucune Couleuvre, eft peu refpectée des Chrétiens & des Mahométans : tous les étran- gers qui s'arrêtent au Malabar , font maïn-bafle {ur ces odieux Reptiles ; & c’eft rendre fans doute un important fervice aux habi: tans naturels. Il n’y a point de jour où l'on ne füt en danger d'être mortellement bleffé, jufques dans les lits, fi l’on négligeoit de >» viliter toutes les parties de la maïfon qu’on habite.» Deftription du Molabar. Hiff. des Voy. édit. in-12, vol. 43 , pag. 341 & Jüiv. Serpens ; Tome IL,.::: mb - 98 Hisrorre NATURELILI* pourra voir dans la note fuivante (4) , combien peu ] PS (a) Nous allons rapporter , à ce fujet, une partie des obfervations du célèbre Rédr. « Parmi les produdions des Indes, dit ce Phyfi- 32 2 vw 22 22 22. 2] 22 22 32 22 92 2 22 32 22 22 1» LE] 22 9 LE LE LE] LE LE] vw cien , auxquelles l'opinion publique attribue des propriètés mer- veilleufes, fur la foi des Voyageurs, il y a certaines pierres qui fe trouvent, dit-on , dans.la tète d’un Serpent-des Indes extrèmement venimeux. On prétend que ces pierres font très-bonnes contre tous les venins : cette opinion s’eft fortifiée par l'autorité de pluñeurs Savans qui l'ont adoptée, & l’on annonce deux épreuves de ces pierres , faites à Rome avec beaucoup de fuccès; lune, par M. Carlo Magnini , fur un homme; & l’autre, par le Père Kirker, fur un chien. Je connois ces pierres depuis plufeurs années , j'en ai quelques-unes chez moi , & je me fuis convaincu, par des expé- riences réitérées, & dont je vais rendre compte, qu'elles n’ont point la vertu qu’on leur attribue contre les venins. >» Sur la fin de l'hiver de l'an 1662, trois Religieux de l'Ordre de Saint-François , nouvellement arrivés des Indes orientales, vinrent à la Cour de Tofcane , qui étoit alors à Pife, & firent voir au Grand-Duc Ferdinand IT, plufeurs curtofités qu’ils avoient apportées de ce pays; ils vantèrent fur-tout certaines pierres qui, comme celles dont on parle aujourd’hui , fe trouvoient, difoient-ils , dans la tête d’un Serpent décrit par Garcias da Orto ; & nommé par les Portugais, Cobra de cabelos , Serpent à chaperon; ïls afuroïent que, dans tout l’Indoftan , dans les deux vaftes Péninfules de l'Inde , & particulièrement dans le Royaume de Quam-fy, on ap- pliquoit ces pierres comme un antidote éprouvé fur les morfures des vipères, des afpics, des céraftes, & de tous les animaux vent: meux, & mème fur les bleflures faites par des flèches ou autres armes empoifonnées : ils ajoutoient que la fympathie de ces pierres avec le wenin étoit telle , qu’elles s’attachoient fortement à la blef: DUENSE LASUVE REP ER NES 99 on doit compter fur la bonté de ce remède, qui w w jure, comme de petites ventoules, & ne s’en féparoïient qu'après avoir attiré tout le venin, qu’alors elles tomboient d’elies-mèmes, laïffant l’antmal tout-à-fait guéri ; que , pour les nétoyer, 1l faloit les plonger dans du lait frais, & Iles y laifler jufqu'à ce qu'elles euffent rejeté tout le venin dont elles s’étoient imbibées, ce qui donnoit au lait une teinture d’un jaune verdâtre. Ces Religieux offrirent de confirmer leur récit par l'expérience , & tandis qu'on .cherchoïit pour cela des vipères , M. Vincenzio Sandrini, un des plus habiles Artiftes de 41 Pharmacie du Grand-Duc, ayant examiné ces pierres, fe fouvint qu'il en confervoit depuis long-temps de femblables, il les fit voir à.ces Religieux , qui convinrent qu’elles étorent de mème. nature que les leurs , & qu'elles devôient avoir les mêmes. vertus. 2 La couleur de ces pierres eft un noïr femblable à celui de là pierre de touche ; elles font lifles & luftrées comme fi elles étotent vernies; quelques-unes ont une tache grife fur un côté feulement , d’autres l'ont fur les deux-côtés ; il y en + qui font toutes noires & fans au- cune tache, & d’autres enfin, qui ont au milieu ün peu de blanc file, & tout autour une teinte bleuâtre; la plupart font d’une forme lenticulaire; 11 y en a cependant qui font oblongues : parmi les premières , les plus grandes que j'aie vues font larges comme une de ces pièces de monnote, appellées groffi , & les plus petitesn’ont pas tout-à-fait la grandeur d'un: quattrino. Mais quelle que 'foit la différence de eur volume , elles varient peu entr'elles pour le poids , car ordinairement les plus grandes ne pefent guère au-delà d'un denier & dix-huit grains, & les plus petites font du poids d'un denier & fix grains. J'en ai cependant vu & eflayé une qui pefoit un quart d’once & fix grains. » Rédi entre enfuite dans les détails n ÿ 180 Hisrorre NATURELLE» n'a jamais été trouvé dans le corps d'un Naja, & des expériences qu’il a faites pour prouver le peu d'effet des pierres de Serpent contre l'action des divers poifons, & il ajoute plus bas : ce » 32 LE) 2 » 22 92 ? 29 PE] Pour mor, je croïs, comme je viens de le dire, que ces pierres font artificielles, & mon opinion eft appuyée du témoignage de plufieurs Savans qui ont demeuré long-temps dans les Indes , au- deçà & au-delà du Gange, & qui affirment que c’eft une compo- fition faite par certains Solitaires Indiens qu'on nomme Jogues ; qui vont les vendre à Diu, à Goa, à Salfette, & qui en font com- merce dans toute la côte de Malabar , dans celles du Golfe de Bengale, de Siam, de la Cochinchine , & dans les principales Ifles de l'Océan oriental. Un Jéfuite, dans certaines relations, parle de quelques autres pierres de Serpent qui font vertes. 3 Je n’en ai jamaiïs vu nt éprouvé de vertes, mais fi leurs propriétés font, comme il le dit, les mêmes que celles des pierres artif- cielles , je crois être bien fondé à douter de la vertu des unes & des autres , & à mettre ces Jogues au rang des Charlatans, car ils vont dans les Villes commerçantes des Indes, portant autour de leur cou & de leurs bras, des Serpens à chaperon auxquels ils ont foin d’arracher auparavant toutes les dents ( comme l'afure Garcräs da Orto) & d’ôter tout le venin. Je n’aï pas de peine à croire qu'avec ces précautions , ils s'en faflent mordre impunément , & encore moins qu'ils perfuadent au peuple que c’eft à ces pierres appliquées fur leurs bleflures , qu'ils doivent leur guérifon. » On objectera peut-être comme une preuve de la fympathie de cette pierre avec le venin, la vertu qu’elle de s'attacher fortement aux bleffures empoifonntes; mais elle s'attache aufli fortement aux plaies où il n’y a point de venin, & à toutes les partres du corps qui font humectées de fang ou de quelqu'autre liqueur , par la même raifon que s’y attachent la terre figillée & toute autre forte MONDES QU SL AN RIÉPNEUIN (6: IOI n’eft qu'une production artificielle apportée de l'Inde, ou imitée en Europe. . » de bol. » Rédi , obférvations fur diverfes chofès naturelles , &c. Colleélion académique , partie étrangère , tom. IV, pag. 541 , 542 E 554 S Au refte, le fentument de Rédi à été confirmé par M. l'Abbé Fontana. Woyez fon Ouvrage für les Poifons, vol. 2 , p. 68. 102 Hisrorrs NATURELLE LE SERPENT A LUNETTES, D'U \P Ë R'O'U. Nous NE CONKOISSONS ce Serpent que pour en avoir vu la figure & la defcription dans Séba (a) ; quelque rapport qu'il ait avec le Naja des Indes orientales, nous avons cru devoir l'en féparer, parce qu'il na pas autour du cou ces membranes fufceptibles d'être gonflées , cette extenfion confidérable qui diftingue le Serpent à lunettes de l’ancien continent ; & l’on ne peut pas dire que l'individu repréfenté dans Séba eût été pris dans un âge trop peu avancé pour avoir autour du cou cette extenfion membraneufe , puifqu'il étoit aufli grand que plufieurs Naja garnis de ces membranes, que l’on a comparées à une couronne ou à un chaperon. Ce Serpent à lunettes du Pérou reflemble d’ailleurs beaucoup au Naja des grandes Indes ; il a la tête garnie de grandes écailles, une bande tranfverfale d’un gris obfcur, qui lui forme un collier, le deflus du (a) Séba , tom. 2, pl. 85, fig. 2. D AEMNS SV ANR HP4 EN Sal 103 corps roux , varié de blanc & de gris, & le deflous , d’une couleur plus claire. Peut-être faut-il rapporter à cette efpèce un petit Serpent à lunettes de la Nouvelle Efpagne , qui eft également figuré & décrit dans Séba (a), & qui n’a pas autour du cou d'extenfion membranenfe. Ce Reptile a de grandes écailles fur la tête, un collier noirâtre, & le corps jaunâtre, entouré de petites bandes brunes. : É L rs (a) Seba, tom. 2 , pl. 97, fig. 4. 104 : Hisrorrs NaTuRzrrz ren mme cm | —— D — LE SERPENT À LUNETTES DURE SUITE (2). Nous SÉPARONS ce Serpent du précédent , à caufe d'une petite extenfion membraneufe que l’on voit des deux côtés de fon cou; & il diffère d’ailleurs du Najà par la figure fingulière deflinée fur cette même partie fufceptible de gonflement. Cette mar- que, d’un blanc affez éclatant , ne repréfente pas une paire de lunettes, auf exactement que dans le Naja & le Serpent précédent , mais elle reffemble plutôt à un cœur aflez profondément découpé; fa pointe eft tournée vers la queue, & elle eft chargée , de chaque côté, de deux taches noires, dont la plus grande _eft la plus près de la tête. La couleur du dos eft d’un roux clair , avecquelques bandes tranfverfales brunes ; celle du ventre eft plus blanchâtre. Nousne favons rien des habitudes naturelles de ce Serpent. (a) Séba , tom.2 , pl. 89, fig 4. Nija Brañlienfis. 299. Laurenti, Specimen Medicum. LE LÉBETIN. DE LÉBÉTIUIN (e) C E SERPENT eft venimeux & a , par conféquent, fa mâchoire fupérieure armée de crochets mobiles. C’eft M. Linné qui en a parlé le premier ; ce grand Natu- ralifte l’a décrit dans l’'Ouvrage où il a fait connoître les richefles renfermées dans le Muféum du Prince Adolphe. Cette Couleuvre habite les contrées orientales ; la couleur de fon dos eft comme nuageufe, & le deflous de fon corps eft parfemé de points roux, fuivant M. Linné, & noirs fuivant M. Forskal. Elle a cent cinquante-cinq grandes plaques fous le corps, & quarante-fix paires de petites plaques fous la queue. (a) Këon, par les Grecs modernes. Le Lébetin, M. d'Aubenton , Encyclopédie mérhodique. Col. Lebetinus, Linn. amphib. Serpent. col. 204. Col, Lebetinus. Defcriptiones animalium Petri Forskal. tA n) FETE Serpens , Tome Il. o 106 HirsrorrEe NATURELLE L'HÉBRAÏQUE"(:). C: SERPENT Venimeux, & dont, par conféquent 5 la mâchoire fupérieure eft garnie de crochets creux & mobiles, fe trouve en Afie, & particulièrement au Japon, fuivant Séba. La couleur du deflus du corps eft ordinairement d'un roufsâtre plus ou moins mêlé de cendré; c’eft fur ce fond que l’on voit, depuis la tête jufqua l'extrémité de la queue , des taches d'un jaune clair, bordées de rouge-brun , difpofées de manière à repréfenter des caractères hé- braïques ; & c’eft de-là que vient à ce Serpent le nom que nous lui donnons ici, d'après M. d'Aubenton. Quelquefois on remarque. une petite bande cendrée entre les yeux & près des narines. Les grandes plaques, qui revêtent le deflous du ventre, font d’un jaune très-clair, avec des taches noirâtres le long des côtés du corps, & ordinairement au nombre de cent foixante- dix; il y a fous la queue quarante-deux paires de petites. plaques. no (a) L'Hébraïque , M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Severus , Linn. amphib. Serp. Ceraftes Severus, Laurenti, Specimen Medicum , 267. Vipère du Japon, Séba, muf. ? , plan. 44 fig. 4- Dis ASIE RP :E NUS! 107 RE 9 Gnaee 0 A RSS LE CHAYQUE (ce). Crsr DANS L'ASIE que l’on trouve ce Serpent venimeux , auquel nous confervons le nom de Chayque, que lui a donné M. d’Aubenton, & qui eft une abbréviation de Chayquarona , nom impofé à ce Reptile par les Portugais. Deux bandes jaunes ou blanchâtres s'étendent au-deflus de fon corps de- puis le fommet de la tête, jufqu'à l'extrémité de la queue ; &, de chaque côté du cou, l’on voit neuf taches rondes & noirâtres , difpofées comme les évents des lamproies ; le deflous du corps eft recouvert de plaques bleuâtres dont chaque extrémité préfente (2) Le Chayque, M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. Colub. Stolatus, Linn. amphib. Serpent. Muf. Adolph. frid. tabu. 22 , fig. 1.° Coluber Stolatus. 208, Laurenti, Specimen Medicum. Séba , ne En 2; \planche,.9,, is 2, Homes tete la femelle, 108 Hisrorre NATURELLE quelquefois un point noir. La femelle eft difinguée du mâle, en ce qu’elle n’a pas, comme ce dernier , neuf taches noirâtres de chaque côté du cou. Le Chayque a ordinairement cent quarante-trois grandes plaques , & foixante-feize paires de petites. L'EMLA CT (0. Ce SERPENT ne préfente que deux couleurs, le blanc & le noir ; mais elles font placées avec tant de fymmétrie, & cependant diftribuées, pour ainf dire, avec tant de goût, & contraftées avec tant d’agré- ment, quelles pourroient fervir de modèle pour la parure la plus élégante , & qu’une jeune beauté en demi-deuil , verroit avec plaifir , fur fes ajuftemens , une image de leurs nuances & de leur difpoñtion. La couleur de cette Couleuvre eft d’un blanc de lait, relevé par des taches d'un noir très-foncé, arran- gées deux à deux; & au contraire, la tête eft d’un noir très-obfcur, qui rend plus éclatante une petite bande blanche étendue fur ce fond très-foncé , depuis oo) (a) Le Latt, M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Colub. Lacteus, Lin. amphib. Serpent. Muf\ Ad. fr08p)28), tabu. 18, f. 2. Ceraftes Ladteus , 173 , Laurent, Spécimen Medicum. 110 Hirsrorre NATURELLE # le mufeau jufques vers le cou. Mais, fous ces cou- leurs féduifantes , eft caché un venin très-adtif , & le Ladté eft armé de crochets qui diftillent un poifon mortel. Ce Serpent, qui fe trouve dans les Indes, a deux cens trois plaques au-deflous du corps, & trente- deux paires de petites plaques au-deflous de la queue. Pendant qu'on imprimoit cet article , nous avons reçu un individu de cette efpèce ; il avoit un pied & demi de longueur totale , les écailles qui recouvroient fon dos étoient hexagones & relevées par une arête; le fommet de fa tête étoit garni de neuf grandes lames, difpofées fur quatre rangs, comme dans le Naja; & voilà donc encore un exemple de cet arrangement & de ce nombre de grandes écailles, fur la tête d'un Serpent venimeux, pets ! SNEUMRP. ENS, TIME PRE am DD pen meme ee a ——— ———— LE CORALLIN («) Ï: NE FAUT PAS confondre cette Couleuvre avec le Serpent Corail, qui appartient à un genre difiérent , & qui préfente la couleur éclatante du corail rouge, dont on fait ufage dans les arts. Le Corallin n'offre aucune couleur qui approche du rouge : tout le deflus de fon corps eft d’un vert de mer, relevé par trois raies étroites & roufles , qui s'étendent depuis la tête jufqu'à l’extrémité de la queue ; le deflous eft blan- châtre & pointillé de blanc; ce Serpent n'a été nommé Corallin , par M. Linné, qu'à caufe de la difpofition des écailles qui garnifflent fon dos, & qui font placées l’une au-deffus de l’autre, de manière à repréfenter un peu les petites pièces articulées des branches du corail blanc , que l’on a appellé articulé. La forme de ces écailles ajoute d’ailleurs à ce rap- port ; elles font arrondies vers la tête, & pointues 7 (a) Le Corallin, M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique. C. Corallinus, Linn. amphib. Serpent, Seb. muf, 2, tabu. 17, fig 1. : 112 HisTorre NATURELLE Li du côté de la queue; & comme elles font difpofées fur feize rangs longitudinaux & un peu féparés les uns des autres, elles n’en reflemblent que davan- tage à du corail articulé, dont on verroit feize tiges déliées s'étendre le long du dos du Reptile. Les écailles qui revêtent les deux côtés du corps, font rhomboïdales, fe touchent, & font arrangées comme celles des Couleuvres que nous avons déjà décrites. On compte ordinairement cent quatre-vingt- treize grandes plaques, & quatre-vingt-deux paires de petites. Le Corallin eft venimeux, & fe trouve dans les grandes Indes ; il a quelquefois plus de trois pieds de longueur. | L’ATROCE. » DES SERPENS. 113 SE Be, ex, D DAS PERRET RU ———— — L'AUTF RO GC E “() NO Ue CONSERVONS ce nom à un Serpent veni- meux des grandes Indes, & particulièrement de l’Ifle de Ceylan. Sa tête eft aplatie pardeflus, ainfi que par les côtés, & très-large en proportion de la grof- feur du corps; elle eft blanchâtre & couverte de petites écailles femblables à celles du dos, comme la tête de la vipère commune ; & on voit au-deflus de chaque œil , comme dans cette même vipère d'Europe , une écaille un peu grande & bombée. Les crochets mo- biles & attachés à la mâchoire fupérieure, font très- grands. Des écailles petites, ovales & relevées par une arête, garniflent le dos, dont la couleur eft (a) L’Atroce, M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. C. Atrox, Linn. amphib. Serp. Amæn. acad. 1, p. 587, N° 35. Mu. Adol. fr. 1, p. 33, tabu. 22, fig. 2. Dipfas indica. 196. Laurenti Specimen Medicum: Seb. Muf. 1, tabu. 43, fig . Serpens , Tome II. P 114 Hrsrorre NATUREzILE cendrée & variée par des taches blanchâtres. La queue eft très-menue, & fa longueur n’eft ordinai- rement que le cinquième de celle du corps. L’indi- vidu décrit par M. Linné avoit un pied de longueur totale, cent quatre-vingt-feize grandes plaques fous le ventre, & foixante-neuf paires de petites plaques fous la queue, DES SAR PEN NS 115 LH Æ MA CHATEE. O: TROUVE DANS SÉBA (a), deux figures de* ce Serpent venimeux, que nous allons décrire d’après un individu confervé au Cabinet du Roi, & que l’on a nommé Hœmachate , à caufe du rouge qui domine dans fes couleurs. Le deflus de la tête eft garni de neuf grandes écailles difpofées fur quatre rangs , comme dans le Naja (b); le premier & le fecond (a) Séba, muf. 2, tabul. 58 , fig z & 3. (B) L'impreffion de ce volume étoit déjà avancée , lorfqu'on nous a envoyé un Hæmachate , aflez bien confervé pour que nous puflions bien reconnoître tous fes caractères. Ce n’eft que d’après cet individu que noùs nous fommes aflurés que ce Serpent navoit pas le deflus de la tète couvert d’écailles femblables à celles du dos, comme Îa plupart des Reptiles venimeux, mais garni de neuf grandes écailles difpofées fur quatre rangs; & voilà pourquot nous avons dit, dans l’article qui traite de la nomenclature des Ser- pens (page67), que le Naja étoit le feul Serpent venimeux fur la tête duquel nous eaflions vu neuf grandes écailles ainfi difpoffes 10) 116: Hirstroirrs NATURELLE rangs font compofés de deux pièces ; le troifième l’eft de trois, le quatrième de deux ; & voilà une nou= velle exception dans la forme, la grandeur & lar- rangement des écailles qui revêtent le deflus de la tête des Reptiles venimeux , & qui ordinairement préfentent , à très-peu-près, la même difpofñtion, la même forme , & la même grandeur que celles du dos. La mâchoire fupérieure eft armée de deux cro- chets creux, mobiles, & renfermés dans une forte de gaine. Les écailles du deffus du corps font unies & en lofange ; la couleur générale du dos eft, dans lHæmachate vivant, d’un rouge plus ou moins écla- tant , relevé par des taches blanches, dont la difpo- fition varie fuivant les individus, & qui le font pa- roître comme jafpé. Ce rouge devient une couleur fombre plus ou moins foncée , fur les individus con- fervés dans l’efprit-de-vin , qui altère de même la teinte du deflous du corps, dont la couleur eft jaunâtre Nous avons donc une raifon de plus d'inviter les Naturaliftes à rechercher des caraétères extérieurs très-fenfibles & conftans, d’après lefquels on puifle, dans la fuite, féparer les Serpens venimeux de ceux qui ne le font pas; & l’on doit maintenant voir évidemment combien il étoit néceflaire d'employer plufeurs caractères pour com- pofer notre Table méthodique des Serpens, de manière qu’on püt aïfément reconnoître les diverfes efpèces de ces Reptiles. à D ENS NS EUR AP) DEUN. Sr Li 1197 dans l'animal vivant. Nous avons compté cent trente- deux grandes plaques fous le ventre de l'Hæmachate qui fait partie de la collection du Roi, & vingt- deux paires de petites plaques fous fa queue. La lon- gueur totale de cet individu eft d'un pied quatre pouces cinq lignes, & celle de la queue, d'un pouce dix lignes. Séba avoit reçu du Japon un Serpent de cette efpèce, & un autre Hæmachate lui avoit été envoyé de Perfe. 115 HISTOIRE NATURELLE + D———— a LA TRÈS-BLANCHE (a) | DE BLANC le plus éclatant eft la couleur de ce Serpent , que l’on trouve en Afrique, & particuliè- rement dans la Lybie. Suivant Séba , l'extrémité de fa queue eïft noire, & on apperçoit fur fon corps quelques taches très-petites & de la même couleur ; mais M. Linné dit qu'il eft abfolument fans taches, & il fe pourroit que celles dont parle Séba , fuffent une fuite de laltération produite par l’efprit-de-vin , dans lequel on avoit confervé l'individu que Séba avoit dans fa collection. Il parvient quelquefois à la lon- gueur de cinq ou fix pieds; il fe nourrit d’oifeaux & d’autres petits animaux , auxquels il donne la mort d'autant plus facilement, qu'il eft très-venimeux. Ila ordinairement deux cens neuf grandes plaques fous le corps, & foixante-deux paires de petites plaques fous la queue, (a) Le Sans-tache, AT. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique, C. Niveus. Linn. amphib. Reptil. Ceraftes Candidus, 175, £aurenti Specimen Medicum, Sébe , rmuf. 2, tabu. 15, fig. 2, Di ES ON ARRE Pi EN S: 119 nues es, ne eg mm spears : = — DEL nb ee LA BRASILIENNE. Crsr UNE VIPÈRE du Bréfil, envoyée & confervée fous ce nom au Cabinet du Roi. Sa tête eft couverte pardeflus d'écailles ovales, relevées par une arête, & femblables à celles du dos, tant par leur forme, que par leur grandeur. Le mufeau , qui eft très-fail- lant , fe termine par une grande écaille prefque perpendiculaire à la direction des mâchoires, arron- die par le haut & échancrée par le bas, pour laiffer paffer la langue. Le deflus du corps préfente de grandes taches ovales , roufles, bordées de noirâtre ; & dans les intervalles qu’elles laiffent, on voit d’autres taches très-petites d’un brun plus ou moins foncé. L’individu que nous avons décrit, a cent quatre-vingts grandes plaques fous le corps, & quarante-fix paires de petites plaques fous la queue ; fa longueur totale eft de trois pieds, & celle de fa queue , de cinq pouces fix lignes. Ses crochets mobiles ont près de huit lignes de lon- gueur ; ils font cependant moins longs de moitié que les crochets de deux mâchoires de Serpent venimeux, envoyées du Bréfil au Cabinet du Roi, & femblables 1950. Hrsrorrr N'ATURELITE en tout, excepté par la grandeur , à celles de la Bra- filienne : fi ces grandes mâchoires ont appartenu à un individu de la même efpèce, on pourroit croire qu'il ‘avoit fix pieds de longueur. Je n'ai trouvé, dans aucun Auteur, la figure ni la defcription de la Brafilienne. LA VIPÈRE H'EUSN SR Nr) EME Ne. 21 Re D ———— = —— ————— LA VIPÈRE FER-DE-LANCE ( « ). Lr FER-DE-LANCE parvient ordinairement à la longueur de cinq ou fix pieds ; c’eft un des plus grands Serpens venimeux , & un de ceux dont le poifon eft le plus actif. Il n’eft encore que très-peu connu des Naturaliftes ; M. Linné même n’en a point parlé : on ne l'a obfervé, jufqu'à préfent ; qu'à la Martinique, & peut-être à la Dominique & à Cayenne (4); & c'eft de la première de ces Ifles qu’eft arrivé l'individu confervé au Cabinet du Roi, & que nous allons dé- crire : aufhi les Voyageurs l’ont-ils appellé, jufquà préfent , Wipére jaune de. la Martinique. Nous n'avons pas cru devoir employer cette dénomination , parce que (a) Vipère jaune de la Martinique. Couleuvre jaune ou roufle. Rochefort, hifl. natur. des Antilles , Lion, 1667 , tom. 2 , pag. 294. (b) M. Badier , très-bon Obfervateur , qui a paflé plufieurs années à la Guadeloupe , m'a montré deux Serpens de l’efpèce de la vipère Fer-delance , & qu'il croyoit de Cayenne ou de la Dominique, Serpens |, Tome IT. q 122 HrsTorrEe NATUREILE la couleur de cette efpèce n’eft pas conftante, & que la moitié à-peu-près des individus qui la compofent , préfentent une couleur différente de la jaune. Nous avons préféré de tirer fon nom de la conformation particulière & très-conftante de fa tête. La vipère Fer-de-lance a cette partie plus groffe que le corps, & remarquable par un efpace prefque triangulaire , dont les trois angles font occupés par le mufeau & les deux yeux. Cet efpace , relevé par fes bords antérieurs, repréfente un fer de lance large à fa bafe & un peu arrondi à fon fommet. Les trous des narines font très-près du bout du mu- feau ; les yeux font gros, ovales, & placés oblique- ment. Lorfque le Fer-de-lance a acquis une certaine groffeur , on remarque de chaque côté de fa tête, entre fes narines & fes yeux , une ouverture qui eft très-fenfible dans les individus confervés au Cabinet du Roi, & que l’on a regardée comme les trous auditifs de ce Serpent (a). Chacun ad trous eft, en effet, extrémité d’un petit canal qui pañle au-deflous de l'œil, & qui nous a paru aboutir à l’organe de l’ouie. Comme nous n'avons examiné que des Fers-de-lance confervés depuis long-temps dans l’efprit-de-vin , nous (a) Mémoires fur la Vipère jaune de la Martinique , publié dans les Nouvelles de la République des Lettres & des Arts. D ENS Sim RP EN, s. 123 n'avons pu nous aflurer de ce fait, qu'il feroit d’au- tant plus intéreflant de vérifier, que l’on n’a encore obfervé , dans aucune autre efpèce de Serpent , des ouvertures extérieures pour les oreilles. S'il étoit bien conftaté , on ne pourroit plus douter que le Serpent Fer - de -lance n'eût des ouvertures extérieures pour lorgane de l'ouie, de même que les lézards , avec cette différence cependant que, dans ces derniers ani- maux , ces ouvertures font fituées derrière les yeux, ainfi que dans les oifeaux & les quadrupèdes vivi- pares, au lieu que le Fer-de-lance les auroit entre les yeux & le mufeau. De chaque côté de la mâchoire fupérieure , on apperçoit un & quelquefois deux ou même trois cro- chets, dont l'animal fe fert pour faire les bleflures dans lefquelles il répand fon venin. Ces crochets , d'une fubftance très-dure, de la forme d’un hameçon, & communément de la groffeur d'une forte alène, font mobiles, creux depuis leur racine jufqu'à leur bord convexe , qui préfente une petite fente, & revêtus d’une membrane qui fe retire & les laiffe pa- roître lorfque l’animal ouvre la gueule & les redrefe pour s'en fervir. Leur racine eft couverte par un petit fac d'une membrane très-forte qui renferme le venin de l’animal, & qui, fuivant l’Auteur d’un Mémoire que nous venons de citer, peut contenir une demi- cuillerée à café de liqueur. Au refte, ce fac ne nous a ut} 124 Hirsrorre NATUREIIE pas paru le vrai réfervoir du poifon, que nous avons cru voir dans des véficules placées de chaque côté à l'extrémité des mâchoires, comme dans la vipère com- mune d'Europe, & qui, par un eonduit particulier, parviendroit à la cavité de la dent , pour f{ortir par la fente fituée dans la partie convexe de ce crochet (a). Le venin de la vipère Fer-de-lance eft prefque aufñ liquide que de l’eau, & jaunâtre comme de l’huile d'olive qui commence à s'altérer. La douleur qu'excite ce venin dans les perfonnes bleflées par la vipère, eft femblable à celle qui provient d’une chaleur brûlante; elle eft d’ailleurs accompagnée d'un grand accable- ment. Mais ce poifon, qui n’a ni goût ni odeur, ne paroïit agir que lorfqu'il eft un peu abondant ou qu'il fe mêle avec le fang, puifqu'on a quelquefois fucé impunément les plaies produites le plus récemment par la morfure du Fer-de-lance ; & il eft aifé de voir, en comparant ces faits avec ceux que nous avons rapportés à l’article de la vipère commune d’'Eu- rope , que les organes relatifs au venin, la nature de 2 ARR I (a) Comme nous n’avons été à mème de difféquer que des vipères Fer-de-lance confervées depuis long-temps dans l’efprit-de-vin , & dont les parties molles ainfi que les humeurs étoient très-altérées, nous ne pouvons rien aflurer à ce fujet. D\ ENS LOVE RP 125 NAS 125 ce fuc funefte, & la forme des dents, font à-peu- près les mêmes dans la vipère Européenne & dans celle de la Martinique. La langue eft très-étroite , très-alongée, & fe meut avec beaucoup de viteffe; les écailles du dos font ovales & relevées par une arète; la couleur générale du corps eft jaune dans certains individus, grisätre dans d'autres (a) ; & ce qui prouve qu'on ne peut pas regarder les individus jaunes & les individus gris comme formant deux efpèces diftinétes, ni même deux variétés conftantes, c’eft qu'on trouve fouvent dans la même portée, autant de vipereaux gris que de vipe- reaux jaunes (2). Nous avons vu dans la collection de M. Badier , très-bon Obfervateur , que nous venons de citer dans une note de cet article, une variété du Fer-de-lance, qui, au-lieu de préfenter la couleur jaune , avoit le dos marbré de pluñeurs couleurs plus ou moins livides ou plus ou moins brunes , & étoit d'ailleurs diftinguée par une tache très-brune placée en long derrière les yeux & de chaque côté de la tête. Le Fer-de-lance a communément deux cens vingt» huit grandes plaques fous le corps, & foixante-une paires de petites plaques fous la queue. Nous avons ED (a) Rochefort, à l'endroit déja cité, (b) Mémoire déjà cité, 126 HizsTorrEe NATURELLE trouvé ces deux nombres fur un individu dont la lon- gueur totale étoit d’un pied deux pouces deux lignes, & la longueur de la queue de deux pouces une ligne. Nous n'avons compté que deux cens vingt-cinq grandes plaques , & cinquante - neuf paires de petites , fur un autre individu , qui cependant étoit plus grand & avoit deux pieds fix lignes de longueur totale. Lorfque le Fer-de-lance fe jette fur l’animal qu'il veut mordre , il fe replie en fpirale , & , fe fervant de fa queue comme d’un point d'appui, il s'élance avec la viteffe d’une flèche ; mais l’efpace qu'il par- court eft ordinairement peu étendu. Ne jouiflant pas de l’agilité des autres Serpens, prefque toujours afloupi, fur-tout lorfque la température devient un peu fraîche, il fe tient caché fous des tas de feuilles, dans des troncs d'arbres pourris, & même dans des trous ereufés en terre. Il eft très-rare qu'il pénètre dans les maifons de la campagne , & on ne le trouve jamais dans celles des Villes; mais il fe retire fouvent dans les planta- tions de cannes à fucre , où il eft attiré par les rats, dont il fe nourrit. Il ne blefle ordinairement que lorf- qu'on le touche & qu'on lirrite, mais il ne mord jamais qu'avec une forte de rage. On peut être averti de fon approche par l'odeur fétide qu'il répand, & par le cri de certains oifeaux, tels que la gorge-blan- che , qui, troublés apparemment par fa reflemblance avec les Serpens qui les pourfuivent fur les arbres & D ENS SU EN RE PE vs: 27 les y dévorent , fe raflemblent & voltigent fans cefle autour de lui. Lorfau’on eft furpris par ce Serpent, en peut lui préfenter une branche d'arbre, un paquet de feuilles, ou tout autre objet qui captive fon atten- tion & donne le temps de s’'armer; un coup fufit quelquefois pour lui donner la mort. Quand on lui a coupé la tête, le corps conferve, pendant quelque temps, un mouvement vermiculaire. C’eft dans le mois de Mars ou d'Avril que ce dan- gereux Reptile s’accouple avec fa femelle ; ils sunif fent fi intimement, & fe ferrent dans un fi grand nombre de contours, qu'ils repréfentent, fuivant un bon Obfervateur , deux groffes cordes treflées erfem- ble (a). Hs demeurent ainfi réunis pendant plufieurs jours, & on doit éviter avec un trèsgrand foin, de les troubler dans ce temps d'amour & de jouiffance, où de nouvelles forces rendent leurs mouvemens plus prompts & leur venin plus actif. La mère porte fes petits pendant plus de fix mois, fuivant l’Auteur du Mémoire déjà cité, & ce temps, beaucoup plus long que celui de la geftation de la vipère commune, qui n'eft que de deux ou trois mois, feroit cependant (a) Lettre fur la vipère jaune de la Martinique , par M. Bonodet de Foix, Avocat au Confeïl Supérieur de la Martinique, inférée dans les Nouvelles de Ia République des Lettres & des Arts, année 1786. 128 HistTorre NATURELLE proportionné à la différence de la longueur du corps de ces deux Serpens, le Fer-de-lance parvenant à une longueur double de celle de la vipère commune d'Europe. Suivant certains Voyageurs , fes petits fortent tous formés du ventre de leur mère, qui ne cefle de ramper pendant qu’ils viennent à la lumière ; mais, fuivant un autre Obfervateur (a), ils fe débarraffent de leur enve- loppe au moment même où la femelle les dépofe à terre. Chaque portée comprend depuis vingt jufqu'à foixante petits, & il paroît que le nombre en eft toujours pair. Ils ont, en naïiflant, la groffeur d’un ver de terre, & fept ou huit pouces de long; lorfqu'ils font adultes , ils parviennent jufqu'à la longueur de fix pieds, ainf que nous l'avons dit, & ont alors, dans le milieu du corps, trois pouces de diamètre ; on en voit de plus gros & de plus longs, mais ces individus font rares, Le Fer-de-lance fe nourrit de lézards Améiva, & même de rats, de volaille, de gibier & de chats. Sa gueule peut s’ouvrir d’une manière démefurée , & fe dilater fi confidérablement, qu'on lui a vu avaler un cochon de lait; mais un Serpent de cette efpèce ayant un jour dévoré un gros farigue, enfla beaucoup (a) Lettre déjà citée. & mourut. pitier Vo 0 ASE IR PN E NL SL 139 & mourut. Lorfque la proie qu'il a faifie lui échappe, il en fuit les traces en fe trainant avec peine; cepen- dant comme il a les yeux & l’odorat excellens , il parvient d'autant plus aifément à l’atteindre, qu'elle eft bientôt abattue par la force du poifon qu'il a diftillé dans fa plaie. Il l’avale toujours en commençant par la tête, & lorfque cette proie eft confidérable, il refte fouet comme tendu & dans un état do He ment qui lé rend immobile jufqu'à ce que fa digeftion foit avancée. Il ne digère que lentement, & lorfqu’on a tué un Fer-de-lance quelque temps après qu'il a pris de la nourriture , il sexhale de fon corps une odeur fétide & infupportable. Quelque dégoùût que doive infpirer ce Serpent, des Nègres & même des Blancs, ont ofé en manger, & ont trouvé que fa chair étoit un mets agréable (a). Cependant la mauvaife odeur dont elle eft imprégnée lorfque l'animal eft vivant, doit fe con- ferver après la mort de la vipère, de manière à rendre cette chair un aliment aufli rebutant que le venin du serpent eft dangereux. On a écrit que ce poifon étoit fi funefte , qu'on ne connoifloit perfonne qui eût été guéri de la morfure du Fer-de-lance ; que ceux qui avoient été bleflés (a) Lettre déjà citée. Serpens, Tome II. r T12S Hssvefre NATURETEE par fes crochets envenimés , mouroient quelquefois dans l’efpace de fix heures, & toujours dans des dou- leurs aiguës ; que le venin des jeunes Serpens de cette efpèce donnoït aufhi la mort, mais que la partie mordue par ces jeunes Reptiles n’enfloit point ; que le bleffé n'éprouvoit que des douleurs légères, ou même ne fouffroit pas, & quil fe déclaroit fouvent une paralyfie fur des parties différentes de celle qui avoit été mordue (a). Nous avons lu en frémiffant qu'un grand nombre de remèdes ont été employés en- vain pour fauver les jours des infortunés bleffés par le Fer-de-lance , & que l’on étoit feulement parvenu. à diminuer les douleurs de ceux qui expirent quel- ques heures après par l'effet funefte de ce poifon ter- rible (2). L’Auteur de la Lettre que nous avons citée , croit devoir aflirmer , au contraire, qu'excepté certaines circonftances particulières , où le remède eft même toujours eflicace, la guérifon eft aufli prompte qu’aflurée ; que les moyens de l’obtenir font aufñli fimples que mul- tipliés; que la manière de les employer eft connue des Nègres & des Mulatres ; que plufeurs traitemens ont été fuivis du plus heureux fuccès, quoiqu'ils n’euflent été commencés que douze ou même quinze heures (SN (a) Mémoire déjà cité. () Ibid. D'ENs S KA RP EUN S 197 après l'accident; que la fituation du malade n’eft point douloureufe , & quil périfloit fans fortir de l’aflou- piflement profond dans lequel il étoit toujours plongé dès le moment de fa bleflure. L'activité du venin du Fer-de-lance doit varier avec l’âge de l'animal , la faifon & la température; mais, quoi qu'il en foit, pourquoi un être aufli funefte exifte-t-il encore dans des Ifles, où il feroit pofñble d’éteindre fon odieufe race ? Pourquoi laiffer vivre une efpèce que l’on ne doit voir qu'avec horreur ? Et pourquoi chercher uni- quement des remèdes trop fouvent impuiflans contre les maux qu'elle produit, lorfque, par une recherche obftinée & une guerre à toute outrance, l’on peut parvenir à purger de ce venimeux Reptile, Les diverfes contrées où il a été obfervé ? 7 152 Ar S rio rRtEen IN AITUNRSE PTE LA TÊTE TRIANGULAIRE. No: DONNONS ce nom à une Couleuvre envoyée au Cabinet du Roi fous le nom de Vipére de lIfle Saint-Euflache ; elle a beaucoup de rapport, par la difpofition de fes couleurs, avec la vipère commune; elle eft verdâtre, avec des taches de diverfes figures fur la tête & fur le corps, où elles fe réuniffent pour former une bande irrégulière *& longitudinale. Les grandes plaques qui revêtent fon ventre, & qui font au nombre de cent cinquante, font d'une couleur foncée & bordée de blanchâtre. Elle a foixante-une paires de petites plaques fous la queue. Nous avons tiré fon nom de la forme de fa tête, qui paroît d'autant plus triangulaire , que les deux extrémités des mâchoires fupérieures forment, par- derrière, deux pointes très-faillantes. Cette vipére eft armée de crochets creux & mobiles ; des écailles femblables à celles du dos garniffent le fommet de la tête ; elles font en lofange & unies, au-lieu d'être relevées par une arête, comme celles qui recouvrent le dos de la vipère commune ; le corps eft très- délié du côté de la tête. L'individu que nous avons décrit , avoit deux pieds de longueur totale, & fa queue trois pouces neuf lignes. ds CA Des ASIE RS ER 5 N°6! 133 En =—— DD gs om ms og = DS ER JE "D 1 PS EC) Ox RENCONTRE en Amérique, & particulièrement à Surinam , fuivant Séba, ce Serpent venimeux, dont le deffus du corps eft couvert d’écailles ovales, bleuâ- tres dans le centre, & blanchâtres fur les bords. Les grandes plaques qui revêtent le ventre de cette Cou- leuvre , font blanches & au nombre de cent cinquante- deux. La queue eft longue , très-déliée, & garnie en deflous de cent trente-cinq paires de petites plaques , le long defquelles on voit s'étendre une raie bleuûtre. La mâchoire fupérieure eft armée de crochets mobiles, comme dans les autres efpèces de Serpens venimeux. (a) Le Dipie, M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Dipfas, Linn. amphib. Serpent. Amænit, muf. princ. tom. 1, p. 583. Grew. muf. 2, p. 64, Ne 30. Séba, muf. 2, tabu. 24, fig. 3. 134 H rsimovir # N'air vins A2: Se ET RE ES Een LA TROP jOrcS (x), EE Ce SERPENT VENIMEUX , qui fe trouve en Amérique, mérite bien le nom que M Linné lui a donné, par la force du poifon qu'il récèle ; & c’eft en effet à une Parque qu'il convenoit de confacrer un Reptile aufñli funefte. Sa tête a un peu la forme d'un cœur, elle préfente plufeurs taches noires , ordinairement au nombre de quatre, & elle eft garnie pardeffus d’écailles ovales relevées par une arête , & femblables à celles du dos. La couleur générale du deflus du corps eft blan- châtre , & au-deflus de ce fond s'étendent quatre rangs de taches roufles , rondes, affez grandes , & chargées dans leur centre d’une petite tache blanche. L’Atropos a cent trente-une grandes plaques fous le ventre, & À vingt-deux paires de petites plaques fous la queue. ear (a) L’Atropos, M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Atropos, Linn. amphib. Serpent. Muf. Ad. fr. 1, p.22, tab: 13, fig. 1. Cobra Atropos, 230, Laurent Spécimen Medicum. a — (SE enr, = BE: LIÉIBIEIRO S Ce). Gr COULEUVRE eft venimeufe ; le deflus de fon corps eft couvert de raies tranfverfales , étroites & noires ; elle a cent dix grandes plaques fous le corps, & cinquante paires de petites plaques fous la queue, On la trouve dans le Canada, & c’eft M. Kalm qui l’a fait connoître. 0) (a) Le Léberis, M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Lcberis, Linn. amphib. Serpent. f\ À ITU IGARNÉLE No US IGNORONS de quel pays a été envoyé au Cabinet du Roi ce Serpent, dont la mâchoire fupé- rieure eft armée de crochets mobiles. Sa tête reflemble beaucoup à celle de la vipère commune ; le fommet en eft garni de petites écailles ovales, relevées par une arête, & femblables à celles du dos. Le deffus du corps eft d’un roux blanchâtre , il pré- fente des taches foncées, bordées de noir, femblables à celles que l’on voit fur les peaux de panthère , ou d’autres animaux du même genre , répandues dans le commerce fous le nom de peaux de tigre; & voilà pourquoi nous avons défigné cette Couleuvre par l’épi- thète de Tigrée. L’individu que nous avons décrit avoit deux cens vingt-trois grandes plaques, & foixante-fept paires de petites; fa longueur totale étoit d’un pied un pouce fix lignes, & celle de fa queue de deux pouces, COUELEUVRES pes SERPEns 137 Ge, COULEUVRES OVIPARES. a —— LA COUV: EL ESULVLR FE PE RTE) ET JAUNE; O U LA COULEUVRE COMMUNE (x). Nous N'AVONS PARLÉ, jufquà préfent, que de Reptiles funeftes, de poifons mortels, d'ar- mes dangereufes & cachées : nous ne nous fommes occupés que de récits effrayans ,. & d'images finif- tres. Non-feulement les contrées brülantes de l’Afie, de PAfrique & de l'Amérique nous ont préfenté un _{a) La Couleuvre commune , M. d'Aubenton , Eneycdopédie méthodique. ; Serpens , Tome II. S 138 Histronrs NATRREEEE grand nombre de Serpens venimeux ; mais nous avons vu ces efpèces terribles braver les rigueurs des climats feptentrionaux , fe répandre dans notre Europe, infefter nos contrées, pénétrer jufqu'auprès de nos demeures. Environnés, pour ainf dire, de ces miniftres de la mort, nous navons , en quelque forte, confidéré qu'avec effroi, la furface de la terre ; enveloppée dans un voile de deuil, la Nature nous a paru mul- tiplier , fur notre globe, les caufes de deftruction , au-lieu d'y répandre les germes de la fécondité : cette feule penfée a changé pour nous la face de tous les objets. Notre imagination trompée a empoifonné d'avance nos jouiflances les plus pures; la plus belle des faifons, celle où tout femble fe ranimer pour s'aimer & fe reproduire , n’auroit plus été pour nous que le moment du réveil d'un ennemi terrible armé contre nos jours : la verdure la plus fraîche, les fleurs les plus richement colorées, étalées avec magnificence par une main bienfaifante & confervatrice, dans la campagne la plus riante , n’auroient été à nos yeux qu'un tapis perfide étendu par le génie de la deftruc- tion , fur les affreux repaires de Serpens venimeux ; & les rayons vivifians du foleil le plus pur ne nous auroient paru inonder l’atmofphère que pour donner plus de force aux traits empoifonnés de funeftes Reptiles. Hâtons-nous de prévenir ces effets : fai- fons fuccéder à ces tableaux lugubres, des images DUR \ST ISNE MRUR ŒUX LE 130 sracieufes ; que la Nature reprenne, pour ainfi dire, à nos yeux, fon éclat & fa pureté. Les Couleuvres que nous avons à décrire, ne nous préfenteront ni venin mortel, ni armes funeftes ; elles ne nous mon- treront que des mouvemens agréables, des proportions légères, des couleurs douces ou brillantes ; à mefure que nous nous familiariferons avec elles, nous aime- .rons à les rencontrer dans nos bois, dans nos champs, dans nos jardins ; non -feulement elles ne trou- bleront pas la paix de nos demeures champêtres, ni la pureté de nos jours les plus fereins , mais elles augmenteront nos plaifirs en réjouiflant nos yeux par la beauté de leurs nuances & la vivacité de leurs évolutions : nous les verrons avec intérêt allier leurs mouvemens à ceux des divers animaux qui peuplent nos campagnes, fe retrouver fur les arbres jufqu'au milieu des jeux des oïifeaux , & fervir à animer, dans toutes fes parties, le vafte & magnifique théâtre de la Nature printanière. Commençons donc par ceux que l’on rencontre en grand nombre dans les contrées que nous habitons. Parmi ces Serpens, le plus fouvent très-doux, & même quelquefois familiers , nous devons compter la Verte & Jaune, ou la Couleuvre commune. Ce Serpent, dont M. d’Aubenton a parlé le premier, eft très-commun dans plufieurs Provinces de France , & fur-tout dans les méridionales ; il en peuple les 140 Hirsrorre NATURELLE bois , les divers endroits retirés & humides ; il parok confiné dans les pays tempérés de l’ancien continent; on ne l’a point encore trouvé dans les contrées très- chaudes de l’ancien monde, non plus qu'en Amérique; & il ne doit point habiter dans le nord, puifque Îe célèbre Naturalifte Suédois n’en a point fait mention. I _eft auffi innocent que la vipère eft dangereufe : Paré de couleurs plus vives que ce Reptile funefte, doué d’une grandeur plus confidérable, plus fvelte dans fes proportions, plus agile dans fes mouvemens, plus doux dans fes habitudes, n'ayant aucun venin à répandre , il devroit être vu avec autant de plaifir que la vipère avec effroi. Il n'a pas, comme les vipères , des dents crochues & mobiles ; il ne vient pas au jour tout formé, & ce n’eft que quelque temps après la ponte, que les petits éclofent. Malgré toutes ces difflemblances, qui le diftinguent des vipères, le grand nombre de rapports extérieurs qui l'en rappre- chent, ont fait croire pendant leng-temps qu'il étoit venimeux. Cette faufle idée a fait tourmenter cette innocente Couleuvre ; on l’a pourfuivie comme un animal dangereux , & il n'eft encore que peu de gens qui puiflent la toucher fans crainte , & même la regarder fans répugnance. Cependant cet animal, auffi doux qu'agréable à la vue peut être aifément diftingué de tous les autres Serpens, & particulièrement des dangereufes vipères., DES SÉRPENS. 141 par les belles couleurs dont il eft revêtu. La diftribu- tion de fes diverfes couleurs eft affez conftante , &, pour commencer par celles de la tête, dont le defius eft un peu aplati, les yeux font bordés d'écailles jau- nâtres & prefque couleur d’or, qui ajoutent à leur vivacité. Les mâchoires, dont le contour eît arrondi, font garnies de grandes écailles d’un jaune plus ou moins pâle , au nombre de dix-fept fur la mâchoire fupérieure, & de vingt fur l'inférieure (a). Le deflus du corps, depuis le bout du mufeau jufqu'à l’extré- mité de la queue, eft noir ou d'une couleur verdâtre très-foncée | fur laquelle on voit s'étendre d’un bout à l’autre, un grand nombre de raies compofées de petites taches jaunâtres de diverfes figures, les unes alongées, les autres en lofanges, &c. & un peu plus grandes vers les côtés que vers le milieu du dos. Le ventre eft d’une couleur jaunâtre ; chacune des grandes plaques qui le crouvent , préfente un point noir à fes deux bouts, & y eft bordée d’une très-petite ligne noire, ce qui produit, de chaque côté du deffous du corps, une rangée très-fymmétrique de points & de petites lignes noirâtres , placés alternativement. (a) I y a communément treize dents de chaque côté au rang exté- rieur de la mâchoire fupérieure & de la mâchoire inférieure; 1 y en a ordinairement dix de chaque côté au rang intérieur des deux mâ- choïres ; ainfi la Verte & Jaune à, le plus fouvent, quatre-vingt-douze dents crochues , mais immobiles , blanches & tranfparentes. # 142 Hirsrorre NATURELL:E=E Cette jolie Couleuvre parvient ordinairement à Ia longueur de trois ou quatre pieds, & alors elle a deux ou trois pouces de circonférence dans l'endroit le plus gros du corps. On compte communément deux cens fix grandes plaques fous fon ventre, & cent fept paires de petites plaques fous fa queue, dont la longueur eft égale, le plus fouvent , au quart de la longueur totale de l’animal. Elle devient même beaucoup plus grande lorfqu’elle parvient à un âge avancé, & elle peut d'autant plus aifément échapper aux divers aecidens auxquels elle eft expofée, & par conféquent atteindre à fon entier développement, que, non-feulement elle peut rece- voir des bleflures confidérables fans en périr, mais même vivre un très-longtemps , ainfi que les autres Reptiles, fans prendre aucune nourriture (a). D'ailleurs la Couleuvre verte & jaune fe tient | (a) On en a vu pañfer plufieurs mois fans manger. Un de mes amis m'a écrit qu’il avoit vu une jeune Couleuvre ( vrai. femblablement de l'efpèce dont il s’agit dans cet article) , trouvée dans une vigne par des payfans , & attachée au bout d’un très-long échalas , y être encore en vie au bout de huit jours, quoiqu’elle n’eût pris aucun aliment. Lettre de M, l'Abbé Carrière, Curé de Roquefort , près d'Agen. C’eft avec bien du plaïfir que je paie ici un tribut de tendrefle & de reconnoïffance , à ce Pafteur aufli éclairé que vertueux, & qui, dans le temps, voulut bien fe charger d'élever ma jeunefle, D: ES ou, ARRNE EN. 5. 143 prefque toujours cachée , comme fi les mauvais trai- temens qu'elle a fi fouvent reçus, l’avoient rendue timide ; elle cherche à fuir lorfquon la découvre, & non-feulement on peut la faifir fans redouter un poifon dont elle n’eft jamais infeftée, mais même fans éprouver d'autre réfiftance que quelques efforts qu’elle fait pour s'échapper. Bien plus, elle devient docile lorfqu'elle eft prife ; elle fubit une forte de domefticité ; elle obéit aux divers mouvemens qu'on veut lui faire fuivre : on voit fouvent des enfans pren- dre deux Serpens de cette efpèce , les attacher par la queue & les contraindre aifément à ramper, ainf attelés, du côté où ils veulent les conduire. Elle fe laifle entortiller autour des bras ou du cou, rouler en divers contours de fpirale, tourner & retourner en différens fens , fufpendre en différentes pofitions , fans donner aucun figne de mécontentement ; elle paroît même avoir du plaifir à jouer ainfi avec fes maitres, & comme fa douceur & fon défaut de venin ne font pas aufñ bien reconnus qu'ils devroient l'être pour la tranquillité de ceux qui habitent la campagne, des Charlatans fe fervent encore de ce Serpent pour amu- fer & pour tromper le peuple, qui leur croit le pou- voir particulier de fe faire obéir au moindre gefte par un animal qu'il ne peut quelquefois regarder qu'en tremblant. Il y a cependant certains momens, & même 144 Hisrorrr NATURELLE certaines faifons de l’année , où la Couleuvre verte & jaune , fans être dangereufe, montre ce defir de fe défendre ou de fauver ce qui lui eft cher, fi naturel à tous les animaux ; on a vu quelquefois ce Serpent, furpris par l’afpe& fubit de quelqu'un, au moment où il s'avançoit pour traverfer une route, ouque, preflé par la faim, il fe jetoit fur une proie, fe redrefler avec fierté, & faire entendre fon fifflement de colère. Mais dans ce moment même, qu'auroit-on eu à craindre dun animal fans venin, dont tout le pouvoir n’auroit pu venir que de l'imagination frappée de celui qu'il auroit attaqué, & dont la force & les dents même ne font dangereufes que pour de petits lézards & d’autres foibles animaux qui lui fervent de nourriture ? Dans tous les endroits où le froid eft rigoureux , la Couleuvre commune s'enfonce , dès la fin de l'Au- tomne , dans des trous fouterrains ou dans d’autres creux , où elle s’engourdit plus ou moins complète- ment pendant lhiver. Lorfque les beaux jours du printemps paroiflent , ce Reptile fort de fa torpeur & fe dépouille comme les autres Serpens. Revêtu enfuite d'une peau nouvelle, pénétré d’une chaleur plus vive, & ayant réparé toutes les pertes qu'il avoit éprouvées par le froid & la diète, il va chercher fa compagne & faire entendre, au milieu de l’herbe fraiche, fon fflement amoureux. Leur ardeur paroit très-vive ; on les a vus DNS S'ABNRÉPT E) MS: 145 les a vus fouvent s’élancer contre ceux qui étoient venus troubler leurs amours dans la retraite qu’ils avoient choïifie. Cette affection du mâle & de la femelle, ne doit pas étonner dans un animal capable d'éprouver , pour les perfonnes qui prennent foin de lui lorfqu'il eft réduit à une forte de domefticité, un attachement très-fort , & qu'on a voulu même com- parer à celui des animaux auxquels nous accordons le plus d'inftinét ; & c’eft peut-être à l’efpèce de la Cou- leuvre verte & jaune qu’il faut rapporter le fait fuivant, attefté par un Naturalifte très-digne de foi (a). Cet Obfervateur a vu une Couleuvre , qu'il a appellée le Serpent ordinaire de France , tellement affectionnée à la maïîtrefle qui la nourrifloit, que ce Serpent fe glifloit fouvent le long de fes bras comme pour la carefler , fe cachoit fous fes vêtemens ou alloit fe repofer fur fon fein. Senfible à la voix de celle qu'il paroifloit chérir , il alloit à elle lorfqu'elle l’appelloit ; il la fuivoit avec conftance ; il reconnoifloit jufqu’à fa manière de rire ; il fe tournoit vers elle lorfqu’elle mar- choit, comme pour attendre fon ordre. Ce même Na- turalifte a vu un jour la maïtrefle de ce doux & fami- lier Serpent, le jeter dans l’eau pendant qu'elle fuivoit dans un bateau le courant d'une grande rivière ; le (a) Dictionnaire d'Hift. natur. par M. Valmont de Bomare, article du Serpent familier. Serpens, Tome II. : t 1406 Hisrorre NATUREILIE fidèle animal, toujours attentif à la voix de fa mai- trefle chérie, nageoit en fuivant le bateau qui la portoit ; mais la marée étant remontée dans le fleuve, & les vagues contrariant les eflorts du Serpent, déjà lafé par ceux qu'il avoit faits pour ne pas quitter le bateau de fa maitreffe, le malheureux animal fut bientôt fubmergé. Peut-être faut-il rapporter auf à la Couleuvre verte & jaune, un Serpent de Sardaigne que M. Cetti a fait connoître, & que l’on nomme Colubro uccellatore, parce qu'elle grimpe fur les arbres pour y chercher les œufs & même les petits oifeaux, dont elle fe nourrit. Ce Reptile eft très-commun en Sardaïgne ; fa longueur eft ordinairement de quarante pouces, & fa plus grande groffeur de deux. La couleur de fon dos eft noire, variée de jaune, & le jaune eft aufh la couleur du deffous de fon corps. Il a deux cens dix-neuf grandes plaques, & cent deux paires de petites. I} n'eft point veni- meux (a). (a) Hifloire Naturelle des Amphibies € des Poiffôns de la Sardaigne, par M. François Cetti. see DIE 4 LS RRIE RP SEULN VS 147 LA COULEUVRE A COLLIER («). sr encore dans nos contrées que fe trouve en très-grand nombre ce Serpent, aufli doux , auffñi inno- cent, aufli familier que la Couleuvre verte & jaune. Ses habitudes ne diffèrent pas, à beaucoup d’égards, de (a) En Sardaigne , Colubro nero. Serpe nero. Carbon. Carbonazzo. Anguille de haie. Le Serpent à collier, M. d'Aubenton, Encyclopéde méthodique: Coluber Natrix, 230, Lin. amphib. Rept. It. gotl. 146. Ray. Synopfis anim. 334, Natrix torquata. -Gronow. muf. 2, p. 63, N° 27. Natrix longifima, 145. Natrix vulgaris, 149, Laurenti Specimen Medium. Séba , muf. 2 , pl 4, fig 1,26 33: pl. re 1,2C 3 : ÿ 148 Hisrorrs NATURELLE celles de cette même Couleuvre. Il paroît cependant qu'il fe plaît davantage dans les lieux humides , ainf qu'au milieu des eaux ; & c’eft ce qui lui a fait donner, par plufieurs Naturaliftes, le nom de Serpent d’eau, de Serpent nageur, à Anguille de haies, &c. (a). Il parvient quelquefois à la longueur de trois ou quatre pieds ; fa tête eft un peu aplatie, comme celle de la Couleuvre commune ; le fommet eft recouvert par neuf grandes écailles difpofées fur quatre rangs, dont le premier & le fecond , à compter du mufeau, font compofés de deux pièces ; le troifième l’eft de trois, & la quatrième de deux. Cette difpofition la diftingue de la vipère commune, aufh-bien que la forme de fon mu- feau , qui eft arrondi, au-lieu d’être terminé par une écaille prefque verticale, comme dans cette même vipère. Sa gueule eft très-ouverte ; les deux mâchoires Hydrus, feu Natrix, the Water Snake. Scotia illuftrata feu pro: dromus Hift. naturalis. Autore Roberto Sibbaldo , Edimburgi, 1684. Natrix torquata, Gefner. de Serpentum natura , fol. 63. Serpens domefticus nigricans carbonarius , éd. fol. 64. Ringed Snake, Zoologie Britannique, vol. 3,p. 32, pl. 25, N° 13i Natrix , Wulf, Ichthyologia cum emphibiis regni Boruffa. (a) Ce nom, d’Anguille de haies, à été aufli donné, dans pluñeurg Provinces, à la Couleuvre verte & jaune. mn AIS USHER Er e 149 préfentent , au lieu de crochets mobiles, un double rang de dents crochues, mais immobiles , aflez petites & tournées vers le gofier ; dix-fept écailles revétent , à l'extérieur, chacune de ces mâchoires, & celles qui recouvrent la mâchoire fupérieure , font blanchûtres & marquées de cinq ou fix petites raies d’une couleur très-foncée, On voit fur le cou deux taches d’un jaune pâle ou blanchätre, qui forment comme un demi- collier , d'où eft venu le nom que nous confervons à ce Serpent, & ces deux taches, très-femblables , font d'autant plus fenfbles qu'elles font placées au-devant de deux autres taches triangulaires & très-foncées. Le dos eft recouvert d'écailles ovales relevées par une arête, & plus grandes que celles qui garnifent les côtés, & qui font unies. Tout le deffus du corps eft d’un gris plus ou moins foncé, marqueté, de chaque côté, de taches noires irrégulières & plus ou moins grandes, qui aboutiflent aux plaques du ventre ; & au milieu des deux rangées formées par ces taches, s'étendent, depuis la tête jufquà la queue, deux autres rangées longitudinales de taches plus petites & moins fenfibles. Le deflous du ventre eft varié de noir , de blanc & de bleuâtre , mais de manière que les taches noires augmentent en nombre & en gran- deur , à mefure qu'elles font plus près de la queue, où les plaques font prefqu'entièrement noires. Il y a communément cent foixante-dix grandes plaques fous 150 Hisrorre N4aTURELIxE le ventre , & cinquante-trois paires de petites plaques fous la queue (a). La Couleuvre à collier ne renfermant aucun ve- nin (), on la manie fans danger ; elle ne fait aucun effort pour mordre ; elle fe défend feulement en agi- tant rapidement fa queue, & elle ne refufe pas plus que la Couleuvre commune, de jouer avec les enfans. On la nourrit dans les maifons, où elle s’'accoutume, fi bien à ceux qui la foignent, qu'au moindre figne, elle s'entortille autour de leurs doigts, de leurs bras, de leur cou, & les prefle mollement comme pour leur témoigner une forte de tendrefle & de reconnoif fance. Elle s'approche avec douceur de la bouche de ceux qui la careflent ; elle fuce leur falive & aime à fe cacher fous leurs vêtemens , comme pour sappro- cher davantage de ceux qui la chériflent. En Sardaigne, les jeunes femmes élèvent les Couleuvres à collier avec beaucoup de foin , leur donnent à manger elles- mêmes , prennent le foin de leur mettre dans la gueule la nourriture qu’elles leur ont préparée; & les habitans de la campagne les regardent comme des (a) Nous avons compté foixante paires de petites plaques dans quelques individus. (b) Laurenti, Specimen Medicum, p. 285. DANS SIA RAP ÆLENT 0. SN ‘animaux du meilleur augure , les laiffent entrer libre- ment dans leurs maiions, & croiroient avoir chafñié la fortune elle-même, s'ils avoient fait fuir ces inno- centes petites bêtes (a). Il arrive cependant quelquefois que lorfque {a Cou- leuvre à collier eft devenue très-forte, & qu’au-lieu d'avoir été élevée en domefticité, elle a vécu dans les champs & dans l’état fauvage, elle perd un peu de fa douceur, & que fi on l'irrite en l’arrachant , par exemple, à fes jouiflances , elle anime fes yeux, agite fa langue, fe redrefle avec vivacité, fait cla- quer fes mâchoires, & ferre fortement avec fes dents, la main qui cherche à la faifir (b). La Couleuvre à collier dépofe fes œufs dans des trous expofés au midi, fur le bord des eaux croupif- fantes, ou plus communément fur des couches de fumier. Ces œufs, qui font gros à-peu-près comme # (a) Hifloire naturelle des Amphibies 6 des Poiffons de la Sardaigne ; par M. François Cetti. (b) Lettre de M. de Sept-Fontaines , Procureur-Syndic de la Noblefè en l'Affémblée du Département de Calais , Montreuil © Ardres. Nous aurons plufieurs fois occafion de citer , dans cet Ouvrage, cet Amateur très-éclairé de lHiftoire Naturelle, qui la cultive avec fuc- cès, & à qui nous devons particulièrement des obfervations très-inté- reflantes & très-bien faites, fur La Couleuvre à collier & fur l'Orvet. 152 HrsrTorrEe NATURSILE des œufs de pies, font collés enfemble par une ma- tière gluante en forme de grappe ; elle a par-là un nouveau rapport avec les poiflons & certains qua- drupèdes ovipares, tels que les crapauds , les gre- nouilles , &c. dont les œufs font de même collés enfemble & réunis de diverfes manières. Les œufs de la Couleuvre à collier, dépofés dans des fumiers , ont donné lieu à une fable à laquelle on a cru pendant long-temps ; on a prétendu qu'ils avoient été pondus par des coqs, & comme on en a va fortir de petits Serpenteaux, on a ajouté que les œufs de coq renfermoient toujours un Serpent, que le coq ne les couvoit point, mais que lorfqu'ils étoient placés dans un endroit chaud, comme parmi des végé- taux en putréfaction , ils produifoient toujours des Serpens. On affure qu'il eft aifé de diftinguer les œufs qui ont été fécondés , d'avec ceux qui ne le font pas, & qu'on appelle des œufs clairs, en les mettant fur l’eau; les œufs clairs font les feuls qui furnagent. La coque eft compofée d’une membrane mince; mais compacte & d’un tiffu ferré. Le petit Serpent y eft roulé fur lui-même au milieu d’une matière qui reffemble a du blanc d'œuf de poule ; on y remarque un placenta ; & le cordon ombilical eft attaché au ventre un peu au-deflusde l'anus. La chaleur feule de l’atmofphère, & celle des matières végétales pourries, font e DIS SNS HEAR PAIE NAS. 153 font éclore ces œufs. Peut-être dans des contrées plus voifines de la Zone Torride que celles où ils ont été obfervés, l’ardeur du foleil fufhroit pour faire fortir les petits Serpens de leur coque. Nous avons vu, en effet, dans l’Hiftoire des Quadrupèdes ovipares, les crocodiles dépofer leurs œufs fur le fable dans les contrées brülantes de l'Afrique ; mais fur les plages plus humides & moins chaudes de l'Amérique méridionale, ils Les placent au milieu d’un tas de matières végétales , dont la fermentation favorife l’accroiflement du fœtus & la fortie de l'œuf. Ces œufs de Couleuvre à collier font ordinairement au nombre de dix-huit ou vingt (a) ; aufh l’efpèce du Serpent à collier feroit-elle beaucoup plus nombreufe qu'elle ne left, sil ne devenoit pas la proie de plu- fieurs ennemis même très-foibles, dans le temps quil eft encoré jeune & fans force pour fe défendre ; les pies , les méfanges , les moineaux le dévorent , & les grenouilles mêmes s’en nourriflent lorfqu'elles peuvent le faifir fur le bord des marais qu’elles habitent (2). (a) Quelquefois ce nombre n’eft que de quatorze ou quinze Gefner a écrit qu'on lui apporta , “vers la fin du moiïs de Juin, une femelle de l’efpèce dont il eft queftion dans cet article, & que, deux jours après, elle pondit quatorze œufs. (b) Lettre déja citée de M. de Sept-Fontaines. Serpens , Tome IT. U (2 154 Frs ir our EN REUNR ESDIE PERL Il rampe fur la terre avec une très-grande vitefe ; il nage auf, mais avec plus de dificulté qu'on ne la cru (a). Pendant que l'été règne , il vit fouvent dans les endroits humides , ainfi que nous l'avons dit, mais on le trouve quelquefois dans les buiflons ; d’autres fois il fe place fur les branches fèches & élevées des chènes, des faules, des érables, fur les faillies des vieux bâtimens , fur tous les endroits expofés au midi, & où le foleil donne avec le plus de force; il sy replie en divers contours ou sy alonge avec une forte de volupté , toujours cherchant les rayons de l’aftre de la lumière , toujours paroïflant fe pénétrer avec dé- lices de fa chaleur bjenfaifante (2). Mais, lorfque la fin de l’automne arrive, il fe rapproche des lieux les moins froids , il vient auprès des maifons & fe retire enfin dans des trous fouterrains à quinze ou vingt pouces de profondeur , fouvent au pied des haies, & prefque toujours dans un endroit élevé au-deflus des plus fortes inondations ; quelquefois il s'empare d'un (a) « L'épithète de natrix ou nageur , donnée au Serpent à collier , » ne lui appartient pas plus qu'aux autres animaux de fon ordre ; if » nage effectivement, mais dans les occafions forcées, & par une lutte » pénible qui bientôt l'épuife & le noie.» Lettre de M. de Sept: Fontaines. (b) Ibid. DR SSI RIRE MS: 1515 trou de belette ou de mulot, d'un conduit creufé par une taupe (a) , d'un terrier abandonné par un lapin, & il paffe dans l’engourdiffement la faifon du grand froid (b). Lorfquil eft adulte, l'ouverture de fa gueule , fon gofier & fon eftomac peuvent être très- dilatés , ainfi que ceux des autres Serpens, & il fe nourrit alors non-feulement d'herbes , de fourmis, & d'autres infectes, mais même de lézards, de gre- nouilles & de petites fouris ; il dévore aufli quelque- fois les jeunes oifeaux, qu'il furprend dans leurs nids au milieu des buiflons, des haies, des branches de jeunes arbres, fur lefquels il grimpe avec facilité (ce). Non-feulementil fe fufpend aux rameaux par le moyen des divers replis de fon corps, mais il s'accroche avec fa tête ; & comme elle eft plus groffe que fon cou, il la place fouvent entre les deux branches d’une tige fourchue , pour qu'arrêtée par fa faillie, elle lui ferve comme dune efpèce de crochet & de point d'appui. Son odeur eft quelquefois aflez fenfible , fur-tout (a) Lettre de M. de Sept-Fontaines. (B) ce J'ar vu différentes fois des Serpens à Collier trouvés pencant. 3 [es mois de Janvier, de Février ou de Mars; ils ne pouvorent mou- » voir que la tète & l'extrémité de la queue, le refte du corps étoit n roide & dans une inertie ablolue, »» Ibid. (c) Ibid. «i 156 Hisrorre NATUREILzE pour les chiens & les autres animaux , dont l’odorat eft trés-fin (a). Il aime beaucoup le lait; les gens de la campagne prétendent qu'il entre dans les laiteries, & qu'il va boire celui qu'on y conferve. On aflure même qu'on l'a trouvé quelquefois replié autour des jambes des vaches, fuçant leurs mamelles avec avidité, & les épuifant de lait au point d’en faire couler du fang (b). Pline a rapporté ce fait, qu'à la vérité ül attribuoit à une autre efpèce de Serpent que celle dont il ef ici queftion. On a prétendu auñli que le Serpent à collier entroit quelquefois par la bouche dans le corps de ceux qui dormoient étendus fur l'herbe fraiche ; & qu'on l'en faifoit fortir en profitant de ce même goût pour le lait, & en l’attirant par la vapeur du lait bouilli que l’on approchoit de la bouche ou de l’anus de celui dans le corps duquel il s'étoit glifé (c). (a) Lettre de M. de Sept-Fontaines. (b) Gefner , à l'endroit déjà cité. (c) L'on peut voir particulièrement , à ce fujet , dans les Mémoires des Curieux de la Nature, une obfervation très-détaillée du Doéteur Fromman, Médecin de Franconie, & d’après laquelle on pourroit penfer que, dans certaines circonftances, il feroit difhcile de faire fortir le Serpent par la bouche, fans rifquer de faire étouffer celut! qui l’auroit avalé. Mémoire des Curieux de la Nature , décade 1, obfery. 190. Voyez aufli Gefner, à endroit déjà cité; Taberna Mon- tanus, Livre 1, Tragus, Olaus Magnus, Grégoire Horftius ( Epift. med. fect, 6. ) & même Hyppocrate, le père de la Médecine. pe Este LOMME ÉRÈ P CEA Net: 157 La Couleuvre à coilier fe trouve dans prefque toutes les contrées de l'Europe, & il paroît qu’elle peut fup- porter les climats très-froids, puifquelle vit en Ecofle (a) & en Suède (b). On a employé fa chair en Médecine (c). M. Cetti (d) a fait mention d’un Serpent de Sar- daigne qu'on y nomme /e Nageur ou Vipère d’eau ; la couleur de ce Reptile eft cendrée & variée par des taches blanches & noires; il n’a point de venin, & fa longueur ordinaire eft de deux pieds. Peut-être appar- tient-il à l’efpèce de la Couleuvre à collier, qui auroit fubi, d’une manière plus ou moins marquée, l’in- fluence du climat de la Sardaigne, plus chaud que celui de nos contrées. (a) Sibbald , à l’endroit déjà cite. {b) Fauna Suecica. (ce) Matthiole. (d) Hifloire Naturelle des Amphibies & des Poiffons de la Sardaigne ; par M. François Cetti. LT 188 - Hrsrorrs N'ArvRFrre Ô em Re LidRse—, L A L1:8,8 600) Cevre COULEUVRE a beaucoup de rapports, par fa conformation & par fa grandeur, avec le Serpent à collier ; elle eft, comme ce dernier reptile , très-com- mune dans plufeurs contrées de l'Europe, & particu- lièrement aux environs de Vienne en Autriche, où elle a été très-bien décrite & obfervée avec foin par M. Laurent. Elle fe trouve auffi dans quelques pro- vinces feptentrionales de France, & nous en avons vu un individu dans la collection de M. d’Antic; mais comme le commencement de notre article fur la nomenclature des Serpens étoit déja imprimé, lorfque nous avons fu que la Life n'étoit pas étrangère à nos contrées, nous ne l’avons pas comprife parmi les Ser- pens de France , dont nous avons rapporté les noms dans ce même article relatif à la nomenclature des (a) Coronella Auftriaca, 178, Laurenti, Specimen Medicum. tab. £ ; fig. 2. (Cette figure eft très-exaéte. ) D\ ENS MSC RU CES, 159 reptiles. Les habitans de la campagne ont fouvent confondu la Liffe avec la Couleuvre à collier, ou ne l'ont regardée que comme une variété de cette dernière ; & leur opinion a pu être fondée fur ce qu'on les a vues quelquefois accouplées enfemble. Elles forment cependant deux différentes efpèces, & il eft aifé de diftinguer lune de l’autre par la forme des écailles qu’elles ont fur le dos. Celles du Serpent à collier font relevées par une arête, ainfi que nous l'avons dit, au-lieu que celles de la Couleuvre, dont il eft ici queftion, font très-unies ; & c’eft de-là que nous avons tiré le nom de Liffe que nous avons cru devoir lui donner. Le fommet de la tête de cette Couleuvre eft garni de neuf grandes écailles très-luifantes & très-polies , difpofées fur quatre rangs, comme celles que l’on voit fur la tête de la Couleuvre à collier & de la Couleuvre verte & jaune. Ses yeux font couleur de feu, & placés au milieu dune bande très-brune qui s'étend depuis le coin de la bouche jufqu'aux narines; les écailles qui couvrent les mâchoires font bleuâtres ; on voit fur le derrière de la tête deux taches aflez grandes d’un jaune un peu foncé, & depuis cet endroit jufqu'à lextrémité de la queue, règnent des taches plus petites difpofées fur deux rangs, & placées de manière que celles d’une rangée correfpondent aux intervalles qui féparent les taches de l’autre rang. Le fond de la couleur du dos 160 . HrsTorre NATURELLE eft bleuâtre, mêlé de roux vers les côtés du corps où l’on remarque aufi quelques taches. Les plaques : qui revêtent le deflous du corps & de la queue, font très-polies, très-luifantes , un peu tranfparentes , blan- châtres, & préfentent des taches roufles, ordinairement d'autant plus grandés qu’elles font plus près de l'anus (4); & les jeunes individus ont quelquefois le deffous du corps & la queue d’un roux très-vif qui approche du rouge. La Lifle paroît aimer les endroits humides; on la trouve communément dans les vallons ombragés. Il eft quelquefois aifé de lirriter , lorfqu’elle eft dans Pétat fauvage ; mais en la prenant jeune, on parvient aifément à la rendre très-douce & très-familière, & on eft d'autant moins fàché de la voir dans les maifons, qu’elle ne répand point de mauvaife odeur fenfible, au moins dans les contrées un peu froides. Elle na point de crochets mobiles ; elle ne contient aucun venin, & M. Laurent s'en eft afluré en éprouvant les effets de fa morfure, fur des chiens, des chats & des pigeons (D). La Lifle fe trouve non-feulement en Europe, mais (a) Les grandes plaques font communément au nombre de cent foixante-dix-huit , & les paires de petites plaques, au nombre de > P P p'aq quarante-fix. (b) Laurenti, Specimen Medicum ,\p. 186. dans DE SOS AR PE NS. 161 dans les Indes occidentales & dans les grandes Indes , d’où un individu de cette efpèce a étéenvoyé pour le Cabi- net du Roi. M. Laurent regarde, avec raifon , comme une variété de cette efpèce, une Couleuvre dont Séba a donné a figure (vol. 1, pl. 52, fig. 4), & qui en différoit un peu par la couleur rouge du dos, en fuppofant que cette teinte ne füt pas un effet de l’efprit-de-vin fur l'individu décrit par Séba. Nous aurions regardé aufli comme une couleuvre Liffe, le Serpent dont Gronovius a parlé (n. 22) (a), que Séba a fait repréfenter (vol. 2, pl. 33, fig. 1), & qui a de très-grands rapports avec ce reptile, fi M. Laurent , qui a obfervé la Liffe vivante, n'avoit dit expreffément qu’elle étoit très-différente de ce Serpent de Gronovius. M. Cetti a fait mention d'une Couleuvre de Sardaigne , appellée vipera di Secco, vipère de terre. Elle infpire une grande frayeur aux habitans de la campagne, quoiqu’elle ne foit pas venimeufe ; elle n'a point de crochets mobiles ; fa longueur eft de plus de trente pouces; le deflous de fon corps eft noirâtre, & le deflus acheté de noir, comme le dos de la vipère commune, 6 (a) Ce Serpent, décrit par Gronovius, avoit cent foïxante-qua- torze grandes plaques, & foixante paires de petites. Serpens , Tome II. Æ 162 Hisrorrs NATUR=LILE dit M. Cetti (a) : peut-être ce Serpent eft-il une variété de la Couleuvre Life. (a) Hifloire Naturelle de la Sardaigne, par M. Francois Certi. DES SERPENS. 162 a] LA QUATRE-RAIES No US DONNONS ce nom à une Couleuvre envoyée de Provence au Cabinet du Roi, & dont le deflus du corps, plus ou moins blanchâtre ou fauve , préfente quatre raies foncées qui en parcourent toute la lon- gueur. Les deux raies extérieures fe prolongent juf- qu'au-deflus des yeux, derrière lefquels elles forment une efpèce de tache noire très-alongée ; elles s’éten- dent enfuite jufqu'au-deffus du mufeau , où elles fe réuniflent. Le deflus de la tête eft recouvert de neuf grandes écailles difpofées fur quatre rangs, ainfi que dans la Couleuvre à collier & dans la Verte & Jaune Les écailles du dos font relevées par une arête ; celles qui garniflent les côtés du corps, font unies. L'individu de cette efpèce, envoyé au Cabinet du Roi, avoit deux cens dix-huit grandes plaques, & foixante-treize paires de petites (4). Sa longueur totale étoit de trois pieds neuf pouces, & celle de fa queue de huit pouces fix lignes. (a) On voyoit, entre l'anus & les crandes plaques , deux paires de petites, x if 164 HisToïreE NATURELLE Nous ignorons quelles font les habitudes de la Qua- tre-raies, mais comme fa conformation reflemble beau coup à celle de la Couleuvre verte & jaune, & qu'elles habitent le même climat , leurs manières de vivre doivent être très-analogues. ùn (EUS NS. E. RP ENS, 165 LE SÉRPENT D'ESCULAPE (4). C: Nom a été donné à plufieurs efpèces de Serpens, tant par les Voyageurs que par les Naturaliftes; il a été attribué à des Serpens d'Europe & à des Serpens d'Amérique ; mais nous ne le confervons à aucune autre efpèce qu'à celle qui fe trouve aux énvirons de Rome, & qui paroït être en poffeffion , depuis plus de dix-huit fiècles, de cette dénomination de Serpent d’Efculape, comme fi l’innocence des habitudes & la douceur de ce Reptile, lavoient fait choifir de pré- férence pour lé fymbole de la Divinité bienfaifante, très-fouvent défignée , ainfi que nous l’avons dit, par Femblème du Serpent (£). Nous ne donnerons done -ce nom de Serpent d'Efculape , ni à la Couleuvre que M. Linné a appellée ainfi, ni à plufieurs autres GR ER TT (a) Tlagera Anguis Æfculapii. Ray, Synopfis Serpentini generis , p. 293: (8) Difcours fur la nature des Serpens, 166 HisToirre NATURELz:Lzx _ efpèces que Séba a nommées de même; & nous croyons d'autant plus que la defcription que nous allons faire concerne le Serpent d'Efculape des anciens Romains, que l'individu qui en a été le fujet, a été envoyé des environs de Rome au Cabinet du Roi. La tête de ce Serpent eft aflez grofle en propor- tion du corps ; le deflus en eft garni de neuf grandes écailles difpofées fur quatre rangs, comme dans la Verte & Jaune. Celles qui couvrent le dos font ovales & relevées par une arête ; mais celles qui revêtent les côtés font unies. La couleur générale du deflus du corps eft d'un roux plus ou moins clair; & l'en voit, de chaque côté du dos, une bande longitudi- nale obfcure & prefque noire , fur-tout vers le ventre. Les écailles qui touchent les grandes plaques du deflus du corps font blanches, & la moitié de ces écailles, la plus voifine de ces grandes plaques, eft bordée de noir, ce qui forme, de chaque côté du ventre, une rangée de petits triangles blanchâtres. Nous avons compté cent foixante-quinze grandes plaques & foixante- quatre paires de petites : les unes & les autres font blanchâtres & tachetées d’une couleur foncée. La lon- gueur de la queue étoit de neuf pouces trois lignes dans l'individu qui fait partie de la collection du Roi, & la longueur totale de trois pieds dix pouces. Ce Serpent , qui a de grands rapports, ainfi qu'on peut le voir, avec la Couleuvre verte & jaune, la DES SERPENS. 167 Couleuvre à collier, la Lifle & la Quatre-raies, eft auffi doux & peut-être même naturellement plus familier que ces quatre Couleuvres. Il fe trouve dans pref- que toutes les régions chaudes ou tempérées de l’Eu- rope , en Efpagne , en Italie , & particulière- ment aux environs de Rome. Non - feulement il fe laifle carefler par les enfans & manier par des Charlatans qui s'en fervent pour attribuer, aux yeux du peuple, un pouvoir merveilleux fur les animaux les plus funeftes, mais il fe plait dans les lieux ha- bités ; il s’introduit dans les maifons, & même quel- quefois il fe glifle innocemment jufques dans les lits. Ses autres habitudes doivent reflembler beaucoup à celles de la Couleuvre commune & de la Couleuvre à collier. M. de Faujas de Saint-Fond a eu la bonté de me donner une dépouille de Serpent trouvée dans une de fes terres, auprès de Montelimart en Dauphiné; comme elle eft très-entière, & qu’il eft extrêmement rare d’en avoir d'aufli bien confervées , je l’ai examinée avec foin , & avec d'autant plus d'attention , qu’elle dé- montre d'une manière inconteftable, la manière dont fe dépouille le Serpent auquel elle a appartenu; & qu'après avoir comparé les diverfes obfervations re- cueillies au fujet du dépouillement des Reptiles, on peut croire que tous les Serpens fe dépouillent à-peu- près de la même manière. J'ai d’abord cherché de 168 Hrsrorre NATURELI:E * quelle efpèce étoit le Serpent dont cette dépouille avoit fait partie. Il étoit évidemment du genre des Couleuvres ; j'ai compté les grandes & les petites pla- ques ; jai trouvé cent foixante-feize grandes pla- ques, & quatre-vingt-neuf paires de petites. La Couleuvre verte & jaune ayant ordinairement deux cens fix grandes’ plaques, & la Couleuvre à quatre raies en ayant deux cens dix-huit, j'ai cru ne devoir pas leur rapporter le Serpent dont j'avois la dé- pouille fous les yeux, d'autant plus que la Quatre- raies a deux paires de petites plaques entre les grandes plaques & l'anus, & que fur la dépouille, on ne voit, dans cet endroit, qu'une paire de petites pla- ques. La Lifle & la Couleuvre à collier, m'ont paru aufli avoir trop peu de rapports de conformation & de grandeur avec le Serpent dont j'examinoïs la dé- pouille, pour être de la même efpèce (a). Aïinfi, parmi les diverfes Couleuvres obfervées en France, ce n’eft qu'à celle: d'Efculape que j'ai cru devoir rap- porter ce Serpent. Il fe rapproche en effet beaucoup de cette Couleuvre d'Efculape, par le nombre des (a) Nous avons vu que la Couleuvre à collier à ordinairement cent forxante-dix grandes plaques & foixante paires de petites, & que la Lille à quarante-fix paires de petites plaques , & cent foixante dix-huit grandes plaques ou écailles. | | grandes DUR US NS UP VE NS: 169 grandes & des petites plaques, par la forme des écailles qui garniflent le dos, les côtés du corps, le fommet de la tête & les mâchoires, par les pro- portions des diverfes parties , & enfin par la grandeur, la dépouille que M. de Faujas de Saint-Fond m'a procurée , ayant quatre pieds cinq pouces de longueur totale, & un pied quatre lignes depuis l’anus jufqu'à l'extrémité de la queue. Je n’ai pu juger de la reflem- blance ou de la différence des couleurs de ces deux Serpens, la dépouille étant très-mince , sèche , tranf- parente , & entièrement décolorée. Quoi qu'il en foit, Vobjet intéreflant n’eft pas de favoir à quel Reptile a appartenu la dépouille trouvée dans la terre de Saint-Fond , mais de prouver, par cette dépouille, la manière dont le Serpent a dû quitter fa vieille peau. Cette dépouille , quoiqu’entière , eft tournée à l’en- vers d’un bout à l’autre ; elle préfente le côté qui étoit l’intérieur lorfqu'elle faifoit partie de l'animal. Le Reptile a dû commencer de sen débarrafler par la tête, n'y ayant pas d'autre ouverture que la gueule par où il ait pu fortir de cette efpèce de fac. Lorf- que le Serpent exécute cette opération, les écailles qui recouvrent les mâchoires font les premières qui fe retournent en fe détachant du palais & en demeu- rant toujours très-unies avec les écailles du deffus & du deflous de la tête. Ces dernières fe retournent Serpens , Tome IT. Y 170 Hrsmorrze NATURELLE enfuite jufqu'aux coins de la gueule , & on pourroit voir alors la tête du Serpent, depuis le mufeau juf- ques derrière les yeux , revêtue d'une peau nouvelle, & faifant eflort pour continuer de fe dégager de l’efpèce de fourreau dans lequel elle eft encore un peu renfer- mée. Ce fourreau continue de fe retourner comme un gant, de telle manière que, pendant que la vérita- ble tête de l’animal savance dans un fens pour s’en débarrafler , le mufeau de la vieille peau, qui eft toujours bien entière, s'avance , pour ainfi dire , vers la queue , pour que cette vieille peau achève de fe retour- ner. Les yeux fe dépouillent comme le refte du corps ; la cornée fe détache en entier, ainfi que les paupières de nature écailleufe , qui l'entourent , & elle conferve fa forme dans la dépouille defléchée, où elle pré- fente , à l'extérieur , fon côté concave, attendu que cette dépouille n’eft que la peau retournée. Les écailles s’enlèvent en entier avec la partie de l’épiderme à laquelle elles étoient attachées. Cet épiderme forme une forte de cadre autour de chaque écaille, ainfi qu'autour de chaque plaque, grande ou petite. Ce cadre ne fuit pas précifément le contour de chaque écaille ou de chaque plaque, maïs il fait le tour de la partie de la plaque ou de l'écaille qui tenoit à la peau & qui ne pouvoit pas sen féparer dans les divers mouvemens de l'animal. Ces différens cadres, qui fe touchent, forment une forte de réfeau moins DE s SÜr RP EN 6: 17E tranfparent que les écailles, qui paroiflent en remplir les intervalles comme autant de facettes & de lames : prefque diaphanes. Le Serpent, en fetournant en diffé- rens fens, & en fe frottant contre le terrein qu'il parcourt , ainfi que contre les divers corps qu'il ren- contre , achève de fe débarrafier de fa vieille peau, qui continue de fe retourner. Le mufeau de cette vieille peau dépañle bientôt Pextrémité de la queue dans lé fens oppofé à celui dans lequel savance le Serpent , de telle forte que, pendant que le Reptile, revêtu d'une peau & d'écailles nouvelles , fort de fon fourreau qui fe replie en arrière, ce fourreau paroît comme un autre Reptile qui engloutiroit le Serpent, & dans la gueule duquel on verroit difparoître l’extré- mité de fa queue. Vers la fin de lopération, le Ser- pent & la dépouille , tournés en fens contraire , ne tiennent plus lun à lautre que par la dernière écaille du bout de la queue, qui fe détache auf mais fans fe retourner (a). On verra aifément que cette manière de quitter la vieille peau, a beaucoup de rapports avec celle dont fe dépouillent les Sala- mandres à queue plate (&). (a) Nous avons dépofé au Cabinet du Roi, là dépouille trouvée dans la terre de M. de Faujas, (5) Article des Salamandres à queue plate. y ÿ 172 Hirsrorre NATURELLE 2€ D —— a nn SR en EDR LA VTOTPTIUE None DONNONS ce nom à une efpèce de Couleuvre dont un individu fait partie de la collection du Roi. Ce Serpent n'eft point venimeux ; fes mâchoires font garnies d’un double rang de petites dents immobiles, & ne préfentent point de crochets mobiles & creux. 11 a le fommet de la tête garni de neuf grandes écailles placées fur quatre rangs, comme dans la Couleuvre verte & jaune ; fon dos eft revêtu d’écailles unies en Jofange, & d’un violet plus ou moins foncé; & le deflous de fon corps eft blanchâtre , avec des taches violettes irrégulières, aflez grandes & placées alternativement à droite & à gauche. Nous avons compté cent quarante-trois grandes plaques, & vingt- cinq paires de petites. L’individu que nous avons me- furé avoit deux pouces trois lignes depuis l’anus jufqu’à l'extrémité de la queue, & fa longueur totale étoit d'un pied cinq pouces trois lignes. ge LE DEMI-COLLIER (c). E: CONSERVE au Cabinet du Roi, un individu de cette efpèce qui y a été envoyé du Japon fous le nom de Kokura. Il a un pied fept pouces de lon- gueur totale, & quatre pouces dix lignes depuis l’anus jufqu'à l'extrémité de la queue. Il n'eft point veni- meux & na point de crochets mobiles. Le fommet de fa tête eft garni de neuf grandes écailles qui for- ment quatre rangs : celles du dos font en lofange & relevées par une arête. Nous avons compté cent foixante-dix grandes plaques , & quatre-vingt-cinq paires de petites (b). AE Les couleurs du Serpent Demi-collier font très- agréables ; on voit fur fon dos, dont la couleur géné- rale eft brune, de petites bandes tranfverfalesblanchâtres & bordées d’une petite raie plus foncée que le fond ; (a) Le Collier. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Cof. Monilis. Linn. amphib. Serpent. (b) L'individu décrit par M. Linné avoit cent foixante-quatre grandes plaques , & quatre-vingt-deux paires de petites, 174 Hisrerrs NATURELLE le deflus de fa tête eft blanc, bordé de brun , & préfente trois taches brunes & alongées; mais ce qui fert fur-tout à le faire diflinguer, ce font trois taches rondes & blanches placées fur fon cou, & qui forment comme un demi-collier. Cette Couleuvre fe trouve non-feulement au Japon, mais encore en Amérique (a). fa) M. Linné, à l'endroit cité, BENLU TRE LE. COULEURS de ce Serpent font peu nombreufes , mais forment un aflortiment aufli agréable & auf brillant que fimple; le deflus & le deflous de fon Corps font jaunes, & fes nuances reflortent d'autant mieux, qu'il a les côtés bleuâtres. Cette Couleuvre, que M. Linné a fait connoître, fe trouve dans les Indes ; l'individu qu'il a décrit avoit cent trente-quatre grandes plaques, & vingt-fept paires de petites. Nous ignorons quelles font fes habitudes naturelles ; M. Linné ne l'a pas regardé comme venimeux. (a) Le Lutrix. M. d'Aubenton , Encycdopédie méthodique. Col, Lutrix, Linn. amphib. Serpent. 176 Hirsrorre NATURELLE + LÉ BALDTUAR Tovr ce que l’on connoît des mœurs de ce beau Serpent, auquel nous confervons, avec M. d’Aubenton, la première partie du nom, trop dur & compofé ( Bali- Salan-Boekit ) qu'il porte dans fon pays natal, c’eft qu'il vit dans les contrées les plus chaudes de l’Afe, & particulièrement dans l’Ifle de Ternate. Les écailles qui revêtent le deflus de fon corps font en lofange unies, d’un jaune très-pâle , & blanches à leur extré- mité. Des deux côtés du corps règne une bande longi- tudinale dont on a comparé la couleur au rouge du corail (b). L’extrémité des écailles qui forment cette bande, eft également bordée de blanc. Les grandes plaques qui garniflent le deflous du corps font blan- châtres ; les deux bouts de chacune préfentent un (a) Le Bali. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Coluber plicatilis. Linn. amphib. Serp. Muf. Ad. fr. 1, p. 23. Séta, Muf. 1, tab. 57, fig. 5: | Ceraftes plicatikis. 168, Laurenti , Specimen Medicum. (&) Séba, à l'endroit déjà cité, point DE (6 SIP VER (DUR EN LS) 177 point jaune plus ou moins foncé. Et comme les écailles qui les touchent font blanches & marquées chacune d'un point jaunâtre , tout le deflous du corps du Ser- pent préfente quatre cordons longitudinaux de points plus ou moins jaunes, qui fe marient d’une manière très-agréable avec la blancheur du ventre , & fervent à diftinguer le Bali d'avec les autres Serpens. Les petites plaques, qui revêtent le deflous de la queue, {ont blanches & ont chacune une tache jaune , ce qui forme deux files de points jaunâtres femblables à ceux que l’on voit fur le ventre. Cette efpèce devient affez grande, & l'individu confervé au Cabinet du Roi, & fur lequel nous avons fait notre defcription , avoit fix pieds fix pouces de longueur. Le Bali à ordinairement cent trente-une grandes plaques fous le corps, & quarante-fix paires de petites plaques fous la queue (a). Tin Le me ln | (a) Le fommet de la tête eft garni de neuf écailles difpofées für quatre rangs. Serpens , Tome IT, 4 178 Hisroirre NATURELLE D ——— 0 ——, LA COULEUVRE DES DAMES (4). Vo. un des plus jolis & des plus doux Serpens ; fa petitefle, fes proportions plus fveltes encore que celles de la plupart des autres efpèces, fes mouve- mens agiles , quoique modérés, ajoutent au plaifir avec lequel on confidère le mélange de fes belles teintes. Il ne préfente cependant que deux couleurs, un beau noir & un blanc affez pur ; mais elles font fi agréablement contraftées ou réunies, & fi animées par le luifant des écailles, que cette parure élégante & fimple attire l'œil & charme d'autant plus les regards, qu'elle n'éblouit pas, comme des couleurs plus riches & plus éclatantes. Des.anneaux noirs tra- verfent le deffus du corps & de la queue, & eninter- rompent la blancheur. Ces bandes tranfverfales s’éten- dent jufqu'aux plaques blanches qui revêtent le deflous (a) Le Serpent des Dames. M d’Auberton , , Encyclopédie mé- thodique. Coluber Domicella, 178, Linn. amphib. Serpentes, Seba, muf. 2, tab. 54, fig 2. # D'ENGUNES ICE NU R PILE UNE 0 179 du ventre ; leur largeur diminue à mefure qu’elles font plus près du deflous du corps , & la plupart vont fe réunir fous le ventre à une raie noirätre & longitudinale qui occupe le milieu des grandes pla- ques. Cette raie , ainfñ que les bandes tranfveïfales , font irrégulières & quelquefois un peu feftonnées ; mais cette irrégularité, bien loin de diminuer lélé- gance de la parure de la Couleuvre des Dames, en augmente la variété. Le deflus de la petite tête de ce Serpent préfente un mélange gracieux de noir & de blanc, où cependant le noir domine ; les yeux font très-petits , mais animés par la couleur noirâtre qui les entoure. Comme plufieurs autres Serpens , cout des Dames eft très-familier ; il ne s'enfuit pas, & même il néprouve aucune crainte lorfquon l'approche ; bien plus, il femble que , très-fenfible à la fraicheur plus ou moins grande qu'il éprouve quelquefois, quoiqu'il habite des climats très-chauds, il recherche des fe- cours qui l'en garantiflent ; & fa petitefle, fon peu de force, l’agrément de fes couleurs, la douceur de fes mouvemens , l'innocence de fes habitudes, inf pirent aux Indiens un tel intérêt pour ce délicat ani- mal, que le fexe le plus timide, bien loin d’en avoir peur , le prend dans fes mains, le foigne, le carefe. Les Dames de la côte de Malabar, où il eft très- commun , ainfi que dans la plupart des autres contrées () 180 Hisrorrs NATURELLE des grandes Indes, cherchent à réchauffer ce petit animal lorfqu il paroit languir & qu'il eft expofé à une trop grande fraicheur, produite par la faïfon des pluies, les orages ou d'autres accidens de l’atmofphère. Elles le mettent dans leur fein, elles ly confervent fans crainte & même avec plaifir, & le petit Serpent, à qui tous ces foins paroiflent plaire, ne leur rendant jamais que carefle pour carefie, juftifie leur goût pour cet animal paifible. Elles le tournent & retournent également dans le temps des chaleurs , pour en rece- voir, à leur tour, une forte de fervice & être rafrai- chies par le contact de fes écailles, trop polies pour n'être pas fraiches (a). Lorfque, dans nos climats tem- pérés, la beauté veut produire un effet contraire , & réchaufier fes membres délicats, elle a quelquefois recours à des animaux plus fenfibles, & communément plus fidèles, qui, par une fuite de leur conformation plus heureufe , expriment avec plus de vivacité un attachement qu'ils éprouvent avec plus de force ; mais lorfqw’elle defire, comme dans l'Inde, de diminuer une chaleur incommode , par l’attouchement de quelque corps froid , bien loin de fe fervir d'êtres animés qui, par leurs carefles répétées , ajouteroient au plaifir quelle a de tempérer les effets d’une chaleur ———_—_—_—_ SP SO EC (a) Séba , à l'endroit déja cité. D'IANSIDISANE RP VENNES. 181 excefhve, elle ne recherche que des matières brutes & infenfibles ; elle n'emploie que de petits blocs de marbre , des boules de cryftal ou des plaques métalli- ques ; elle ne peut voir qu'avec effroi nos doux & pai- fibles Serpens, tandis que dans les contrées équato- riales des grandes Indes, où vivent de Serpens énormes, terribles par leur force ou funeftes par leur poifon , la crainte qu'infpirent ces Reptiles dangereux, n’eft jamais produite par les Serpens innocens & foibles, tel que la Couleuvre des Dames (4). (a) Cette dernière efpèce a; fuivant M. Linné, cent dix-huit .-grandes plaques & foixante paires de petites. 102 Hirsrorre NATURELLE à » Em DD romane vante marne men = — £ DR RE DR m— Et CR ne sonne" LA JOUFLUPFEHU, » M. LINNÉ a fait connoiître cette Couleuvre ; qui fe trouve dans les grandes Indes. Le dos de ce Serpent eft roux & préfente des bandes blanches dif- pofées tranfverfalement. Sa tête eft blanche comme les bandes tranfverfales, mais on voit fur le fommet deux petites taches roufles, & fur le mufeau, une tache triangulaire & de la même couleur. Il a ordi- nairement cent fept grandes plaques & foixante-douze paires de petites. (a) Le Triangle. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Buccatus. Linn. amphib. Serp. Mu. Adolpb. fr. P.29 tabu. 19 , fig. 3. DUE MS MSIE RAR (EVANS, 103 EE —_— Œ A BL AN NC ME CE) Ox POURROIT, au premier coup-d’œil , confondre cette Couleuvre avec la Très-Blanche, dont nous avons déjà parlé : toutes les deux font ordinairement d'un très-beau blanc, qui n’eft relevé par aucune tache; mais, pour peu qu'on les examineavec attention, on voit quelles diffèrent beaucoup l’une de l’autre. La Blanche n'a que cent foixante-dix grandes plaques & vingt paires de petites, au-lieu que la Très-Blanche a ordinairement foixante paires de petites & deux cens neuf grandes plaques. Nous avons répété , à la vérité, très-fouvent , que le nombre des plaques, grandes ou petites, nétoit prefque jamais conftant ; mais nous n'avons vu, dans aucune efpèce de Serpent, ce nombre varier de cent foixante-dix à deux cent neuf pour les grandes lames , & en même-temps de (a) Le Blanc. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Albus. Linn. amphib. Serpent. Muf. Ad. fr. 1 , p.24, tabu. 14, fig 2. 184 Hrsrorrre NATVREz:IE vingt à foixante pour les petites. D'ailleurs la Cou- leuvre blanche n’eft pas venimeufe , & fes mâchoires ne font pas garnies de crochets mobiles , comme celles de la Très-Blanche , qui contient un venin très-acif. Ainfi, leurs propriétés font encore plus diflérentes que leurs conformations ; ces propriétés font même trop diflemblables pour que leurs habitudes naturelles foient les mêmes ; & en outre, c’eft en Afrique qu’on trouve la Très-Blanche , & la Couleuvre blanche habite les grandes Indes. On a donc été très-fondé à les regarder comme appartenant à deux efpèces très-diftinétes. LE TYPHIE DER SN LS INENNRN-PINENNT LS: 195 — a mm er LÉ DD emeamaoemarcmemoenemnne enter cime L'ÉTD VIP HI (a) Co: SERPENT fe trouve dans les grandes Indes, &c c’eft M. Linné qui l’a fait connoître. Suivant ce Natu- ralifte , cette Couleuvre eft bleuâtre & a cent quarante grandes plaques & cinquante-trois paires de petites. L'on conferve au Cabinet du Roi, un Serpent dont le deflus du corps eft d’un vert très-foncé & ne préfente aucune tache , non plus que le deflus du corps du Typhie. Comme il a cent quarante-une grandes plaques & cinquante paires de petites, & que par-là il fe rap- proche beaucoup de cette dernière Couleuvre, il fe pourroit d'autant plus qu’il fût de la même efrèce, que la couleur verte de l’individu de la collection du Roi, ou la couleur bleue de celui qu'a décrit M. Linné, font peut-être l'effet de lefprit-de-vin dans lequel les deux Serpens ont été confervés. Nous croyons donc ne pouvoir mieux placer que dans cet article , la defcrip- tion de cette Conleuvre, d’un vert très-foncé , qui fait partie de la collection de Sa Majefté. Sa longueur (a) Le Typhie. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Typhius. Linn. amphib. Serpent, Serpens, Tome TL aa 186 Hisrorrs NATURELIIE totale eft d’un pied fept pouces fix lignes; & la lon- gueur de fa queue de trois pouces dix lignes. Neuf écailles placées fur quatre rangs, garniflent le fommet de fa tête ; elle n'a point de crochets mobiles ; les écailles qui revèêtent fon dos font ovales & relevées par une arte. Le deflous du corps eft jaunâtre , & chaque grande plaque préfente deux taches noirûtres , ce qui forme deux efpèces de raies longitudinales ; la plaque la plus voifine du deffous du mufeau, n'offre point detache, & on n'en voit qu'une fur les deux plaques qui la fuivent. Il n’y a fous la queue qu'une rangée de ces taches noirâtres. Dites SN ElbRlie EN 6. 107 SE LE RÉGINE (S) Cesr UN SERPENT des grandes Indes, dont M. Linné a donné la defcription. Le deflus du corps de cette Couleuvre eft d’un brun plus ou moins foncé, & le deflous eft varié de blanc & de noir. Elle a cent trente- fept grandes plaques & foixante-dix paires de petites. On fait qu’elle ne contient pas de venin , mais on ignore quelles font fes habitudes naturelles. (a) Le Règine. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Reginæ. Lin. amphib. Serp. Maf. Ad. fr. p.24. tabu. 13, fig. 3. aai 188 Hrisroirme N'AïrRurtE rire Re — LA BANDE-NOIRE (4). SV nn à Ces une des Couleuvres auxquelles plufeurs Na- turaliftes ont donné le nom de Serpent d’Efculape , que nous avons confervé uniquement à une efpèce des environs de Rome. Elle n’eft point venimeufe & ne fait aucun mal à ceux qui la manient. On voit entre fes deux yeux, une bande noire aflez marquée, & placée au-deflus de neuf grandes écailles qui revê- tent le fommet de fatète & y font difpofées fur quatre. rangs , comme dans la Couleuvre commune verte & jaune. Le dos eft garni d'écailles ovales & unies ; le fond de fa couleur eft pâle, & il préfente plufeurs bandes tranfverfales noires, aflez larges |, & dont (a) La Bande-noire. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Ælculapii. Linn. amphib. Serpent. Muf. Ad. fr 2, tab. r2 fig. 2. Gronoy. muf. 2, p. 59, N.° 28. Natrix Ælculapit, 151, Laurenti, Specimen Medicum: Séba, muf: 2 , tab. 18 , fig. 4. Col. Æfculapii. Hiff. natur. du Chili, par M. l'Abbé Molina ; tra duite de l'Italien en Fränçois, par M. Gruvel, p. 197. =. DES MS MELR A PE ENS. 109 quelques-unes s'étendent fur le ventre & font le tour du Corps. La Bande-noire a ordinairement cent qua- tre-vingt grandes plaques & quarante-trois paires de petites ; fa longueur totale eft de dix-huit pouces, & celle de fa queue , de trois. On trouve ce Serpent dans les Indes, & , fuivant M. l’Abhé Molina, il eft très- commun dans le Chili, où il n'a quelquefois que cent foixante-feize grandes plaques & quarante-deux paires de petites, & où il parvient à la longueur de trois pieds (a). (a) Voyez l'endroit déjà cité. à 190 Hrsirormrez N'ATU RENTE L'AGIJIDLE (6) @. N N’A QU'A JETER LES YEUX fur cette Couleuvre, dont le corps eft très-menu relativement à fa lon- gueur , pour voir quelle doit mériter le nom d’ Agile ; fes proportions très-déliées, annoncent, en effet, la. vitefle & la légèreté de fes mouvemens. L’individu que nous avons décrit, & qui fait partie de la collec- tion de Sa Majefté, a un pied huit pouces de lon- gueur depuis le bout du mufeau jufqu'à l'extrémité de la queue , qui eft longue de quatre pouces trois lignes. Sa tête eft couverte de neuf grandes écailles difpofées fur quatre rangs. Ses mâchoires ne font point armées de crochets mobiles. Les yeux font gros, & d’un œil à l’autre s'étend une petite bande brune d'autant plus aifée à diftinguer , que le refte du deflus de la tête eft d'un blanc aflez éclatant. Les écailles qui revêtent le (a) L’Agile. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Agilis. Linn. amphib. Serpent. Amen. muf. prince. p. 585, N° 33. Muf. Ad. fr. 2, p.27 , tab. 21, fig. 2. Ceraftes agilis, 171, Laurenti, Specimen Medicum. | DITES SAN LE) NS. DUTONE dos de cette Couleuvre, font en lofange & unies. Tout le deflus du corps préfente des bandes tranfverfales irrégulières, alternativement blanches & brunes, & le deflous du corps eft blanchâtre (a). Suivant M. Laurent, les bandes brunes que l’on voit fur le dos de la Couleuvre Agile , font pointillées de noir. Ce Serpent doit fe nourrir principalement de che- nilles, car c’eft fous le nom de Mangeur de chenilles , qu'il a été envoyé au Cabinet du Roi. On le trouve dans l’Ifle de Ceylan. (a) Nous avons compté dans un individu , cent foïxante-quatorze grandes plaques & foïxante paires de petites; mais ordinairement Agile n'a que cinquante paires de petites plaques, & a cent quatre- vingt-quatre grandes plaques ou lames, 102 HirsSnmorr er e NA TurREAr.…E a —— LE PADERE A Le. COULEURS de ce Serpent préfentent une diftribution aflez remarquable ; le deflus de fon corps eft blanc , & fur ce fond éclatant l’on voit plufeurs taches brunes difpofées le long du dos, placées par paires, & réunies par une petite ligne. Les côtés du corps offrent un égal nombre de taches ifolées. On trouve cette Couleuvre dans les grandes Indes, & elle a cent quatre-vingt-dix-huit grandes plaques & cin- quante-fix paires de petites. Css (a) Le Padère. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Padera. Linn, amphib. Serp. Muf. Ad. fr.2 » p.44. LE GRISON. DE SUN SU RP: R Ne S. 193 LE GRISON («) É.. CoOULEUVRE eft blanche, mais fon dos préfente des bandes tranfverfales roufsâtres, ce qui, à une petite diftance, doit la faire paroître d'un gris plus ou moins foncé ; aufli avons-nous adopté le nom - de Grifon , qui lui a été donné par M. d’Aubenton. On voit fur les côtés de ce Serpent, deux points d’un blanc de neige : il a cent quatre-vingt-huit grandes plaques & foixante-dix paires de petites, & n’a encore été obfervé que dans les Indes. (2) Le Grifon. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Canus. Linn. amphib. Serpent. Muf. Ad. fr. 2, p.32, tab. 12, fig. 2. Serpens , Tome Il. Bb À à 104 Histoires NaTu RENNES. ee ie LA QUEUE-PLATE («) Ï. EST TRÈS-AISÉ de diftinguer cette Couleuvre d'avec les autres Serpens du même genre , que l’on a obfervés jufqu’à préfent. Sa queue, au-lieu d'être ronde ; comme celle de la plupart des autres Couleuvres, eft comprimée par les côtés, & tellement aplatie, fur-tout vers fon extrémité, que l’on pourroit la comparer à une lame ver- ticale ; & le bout de cette queue fi comprimée, eft terminé par deux grandes écailles arrondies & appli- quées l’une contre l’autre dans le fens de laplatifle. ment. Lorfque la Couleuvre fe meut , fa queue ne touche à terre que par une efpèce de tranchant occupé par les paires de petites plaques, qui font très-peu fenfibles & ne diffèrent guère en grandeur des écailles (a) Le Serpent Large-queue. M. d’Aubenton, Encyclopédie mé- thodique. Col. Laticaudatus. Linn. amphib. Serp.. Muf. Ad. fr. 2,p. 31, cab. 16, fig. 1. Laticauda fcutata. 241, Laurenti, Specimen Medicur: Des SNARR\ PIE NS 195 äu dos. Cette conformation doit faire préfumer que la Couleuvre fe fert peu de fa queue pour ramper, & cette païtie paroît lui être bien plus utile pour frapper à droite ou à gauche, ou pour fe diriger en nageant & agir fur l’eau comme par une efpèce d'aviron. On pourroit donc croire que ce Serpent vit beaucoup plus au milieu des eaux que dans les en- droits fecs ; mais l’on ne connoit point fes habitudes naturelles, & l’on fait feulement qu'il fe trouve dans les grandes Indes. 11 a quarante-deux paires de petites plaques , pla- cées fur l’efpèce de tranchant que préfente fa queue, ainfi que nous venons de le dire ; & deux cens vingt- fix grandes plaques garniflent le deflous de fon ventre. Sa tête eft couverte de neuf grandes écailles, difpofées fur quatre rangs. Nous avons cru appercevoir deux crochets mobiles à la mâchoire fupérieure , & dès-lors nous aurions placé la Queue-plate parmi les Couleuvres vénéneufes ; mais l'individu , que nous avons décrit, n'étoit pas aflez bien confervé dans toutes fes parties, pour que nous n’ayons pas préféré de fuivre l’opinion de M. Linné, qui a très-bien connu la Couleuvre dont il s'agit dans cet article. Nous laiflerons donc la Queue- plate parmi les Couleuvres qui n’ont pas de venin, jufqu'à ce que de nouvelles chfervations aient confirmé nos doutes relativement à la forme de fes dents & à la natyre de fes humeurs. Bb 196 HirsrTorrse NATURELLE Les écailles du dos de la Queue-plate font rhom- boïdales & unies; le deflous du corps eft prefque blanc, le deflus eft d’un cendré bleuâtre & préfente de larges bandes, d’une couleur très-foncée , qui s'étendent juf- ques fur le ventre & font le tour du corps. L'individu que nous avons décrit avoit deux pieds de longueur totale , & fa queue étoit longue de deux pouces neuf lignes. ur \A GED { fi A L A BLANCHATRE («) Gr CoULEUVRE eft blanchâtre & préfente des bandes, tranfverfales brunes. Elle a deux cens vingt grandes plaques & cinquante paies de petites : elle fe trouve dans les Indes. On conferve au Cabinet du Roi, une Couleuvre qui a de très-grands rapports avec la Blanchätre , mais qui cependant a un trop petit nombre de grandes plaques pour que nous puiflions aflurer qu'elle foit de la même efpèce ; elle n'a, en effet, que cent quatre-vingt-trois grandes plaques ; le deffous de fa queue eft couvert de quatre-vingt-fept paires de petites , fa tête garnie de neuf grandes écailles, fon dos couvert d'écailles en lofange & unies, fa mâchoire fupérieure fans crochets mobiles, & fes couleurs reffemblent à - celles de la Blanchätre (8). (a) Le Blanchâtre. M. d’Aubenton, Encyclopédie mena Col. Candidus. Linn. amphib. Serp. Muf: Ad. fr. 1, p. 33, tab. 7; fig z- (B) Sa longueur totale eft d'un pied huit pouces neuf lignes, & celle de fa queue , de cinq pouces neuf lignes. E00 HISTOIRE Nacre ee LA R Ü DE (a) Le. ÉCAILLES, qui revétent le dos de cette Cou- leuvre, font relevées par une arête, de manière à être un peu rudes au toucher, & de-là viennent les divers noms qui lui ont été donnés par les Naturaliftes. Le deffus de fa tête préfente une tache noire qui fe fépare en deux dans la partie oppofée au mufeau ; & le deflus du corps eft comme ondé de noir & de brun. On la trouve dans les Indes, & elle a ordinairement deux cens vingt-huit grandes plaques & quarante-quatre paires de petites, (a) L'Apre. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Scaber. Linn. amphib. Serpent. Muf. Ad. fr. 1 , p. 36, tab. 10, fig. 2. Dis S SR PIE NS 199 EE ———_—— + DE TRISCARBE (hr Les COULEURS dont brillent à nos yeux les belles fleurs qui décorent nos parterres, ne font peut-être ni plus vives ni plus variées que celles qui parent la robe d’un grand nombre de Serpens : voici une de ces Couleuvres dont les teintes font diftribuées de la manière la plus agréable. Il paroït qu'elle fe trouve dans les Indes orientales & occidentales, & nous allons décrire un individu de cette efpèce confervé au Cabinet du Roi, & qui y a été envoyé d'Amérique. On voit s'étendre fur fon dos, dont la couleur eft d’un vert de mer, quatre raies roufles qui doivent paroître comme dorées lorfque l'animal eft en vie, & qu'il eft expofé aux rayons du foleil. Les quatre raies fe réuniffent en trois, enfuite en deux, & enfin forment une feule raie qui fe prolonge au-deflus de la queue. Cette Couleuvre a un pied quatre pouces fix lignes de longueur totale, fa queue eft longue de trois pouces dix lignes; le fommet de A q ) (a) Le Trifcale. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. . Col Tricalis. Linn, amphib. Serp. 200 Hisirorires NaTuRrRERIrE fa tête eft couvert de neuf grandes écailles; & celles du dos font ovales & unies, ce qui ajoute à la beauté des couleurs que préfente cette Couleuvre (a). (a) Le Trifcale à ordinairement cent quatre-vingt-quinze grandes plaques, & quatre-vingt-fix paires de petites. LA GALONNÉE D 'AENIS ID USUNENN RRPALE NE 50 201 NV RE, EE —— LA GALONNÉE (a). Paum les Serpens aufli agréables à voir qu'innocens & même familiers, la Galonnée doit occuper une place diftinguée. Sen mufeau eft noirâtre, & au-deflus de fa tête qui eft blanche, on voit une bande noire tranfver- fale. Le deflus du corps eft noir, mais il préfente un très-grand nombre de bandes tranfverfales blanches, dont les largeurs font inégales & combinées avec fymmé- trie : de trois en trois bandes, il y en a une quatre fois auffi large que les deux qui la précèdent, à compter du mufeau, & de toute cette difpoñition, il réfulte un mélange de blanc & de noir d'autant plus agréable, que les écailles du dos étant très-unies, rendent plus vives les couleurs de la Galonnée. Ces mêmes écailles du dos 27 ® (a) Le Lemnifque. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Lemnifcatus. Linn. amphib. Serpent. Armænit. Surinam. grill. z. Muf. Ad. fr. 2 , p. 34, tab. 14 ; fig. 2. = Natrix Lemnifcata. Laurenti, Specimen Medicum. Séba , muf. 1, tab. 10, fig. ultimd, @ 2, tab. 76, fig. 3. Serpens, Tome IL. ce 202 HisTorre NATURELIE font rhomboïdales; la tête n'eft pas plus groffe que le corps; fon fommet eft garni de neuf grandes lames placées fur quatre rangs. La Galonnée a deux cent cinquante grandes plaques, & trente-cinq paires de petites. Il paroît que cette Couleuvre ne parvient qu'à une longueur très-peu confidérable, & tout au plus d’un ou deux pieds. Elle habite en Afie, & comme elle eft très- douce on la voit fans peine dans les maifons où elle peut plaire par l’agilité de fes mouvemens, ainfi que par l'aflortiment de fes couleurs, & où elle doit détruire beaucoup d’infectes toujours très-incommodes dans les pays chauds. DIE S |: SNE IR P: EM s. 203 L'VÉID RE Vorca encore une preuve bien fenfible de ce que nous avons dit relativement à l’infufhfance d'un feul caractère, pour diflinguer les diverfes efpèces de Ser- pens.L’Alidre reflemble, par fa couleur, à la Couleuvre blanche; elle eft, comme cette dernière, d’un blanc très-éclatant, prefque toujours fans tache; mais elle en diffère par le nombre de fes grandes plaques beaucoup moins confidérable que le nombre des grandes plaques de la Couleuvre blanche, & par celui despetites plaques qui eft au contraire plus grand dans la blanche que dans l'Alidre. | Ce dernier Serpent fe trouve dans les Indes , ainf que la Couleuvre blanche. fa) L’Alidre. M. d Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Afidras. Linn. amphib. Serp. (b) Grandes plaques. | Paires de petites plaques. 124 M 58 de PAlidre. PI PE 170 20 de la Blanche. cc 204 Tr So TR E NarvrFitre d— L'ANGULEUSE Se. C'rsr de l’Afie que cette Couleuvre a été apportée en Europe. Elle n'eft point venimeufe & n'a point de crochets mobiles. Le deflus de fa tête eft couvert de neuf grandes écailles difpofées fur quatre rangs; celles que l’on voit {ur le dos font ovales, un peu échancrées & relevées par une arête; mais on ne remarque aucune ligne faillante fur celles qui bordent les côtés. La couleur du deflus du corps eft blanchâtre, avec des bandes brunes, noirätres dans leurs bords, anguleufes & plus larges vers le milieu de la longueur du corps que vers la queue ou vers la tête. Les grandes plaques préfentent des taches quarrées & difpofées alternati- vement d’un côté & de l’autre; elles font communément au nombre de cent dix-fept; & les paires de petites plaques au nombre de foixante-dix. Les individus de cette efpèce, que l’on a obfervés, navoient guère plus: d'un pied de longueur. RON RENE" Ars NE EM Ci en (a) L'Anguleux. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Angulatus. Linn. amphib. Serp. Amænit, amphib. Gillenb. p. 533 ; N° 7:. Séba, muf. 2, tab. 733 fig 1e. CE PA COULLDVAaEz DE MINERVE (a), Le SERPENT étant pour les anciens Grees un des emblèmes de la prudence, avoit été confacré à Minerve, qu'ils regardoient comme la déefle de la fagefle. Les Athéniens avoient gravé fon image autour des autels & des ftatues de cette divinité qu'ils avoient choifie pour la proteétrice de leur ville; ils regardérent la fuite d'un Serpent, qui s'échappa de leur citadelle, comme la marque du courroux de la déefle; & c’eft peut-être pour rappeller cette opinion religieufe, que M. Linné a donné le nom de Serpent de Minerve à la Couleuvre dont il eft queftion dans cet article. Nous croyons devoir d'autant plus le lui conferver, qu'un des fouvenirs les plus agréables & les plus touchans eft celui des fiècles fameux de la Grèce, où la belle Nature & la liberté ont produit tant de grands hommes, (a) Le Serpent de Minerve. M. d’Aubenton, Encyclop. méthodique. Col. Minervz. Linn. amphib. Serpent. Mifi Ad fr) 2 ; p.36 206 Hisrorre NATURELLE & les arts qui les ont immortalifés. Il eft heureux qu'un petit objet, revêtu d’un grand nom, puifle quelquefois éveiller de grandes idées; & que la vue d’une fimple Couleuvre, puifle retracer quelque image de l’ancienne Grèce, à ceux qui rencontreront ce foible Serpent fur les lointains rivages de l’Inde où il habite. La Couleuvre de Minerve eft d’une couleur agréable; le deffus de fon corps eft d’un vert de mer plus ou moins foncé, & le long de fon dos règne une bande brune. On voit, fur la tête de ce Serpent, trois autres bandes de la même couleur; il a deux cent trente-huit grandes plaques, & quatre-vingt-dix paires de petites. # LA PÉTALATRE (c) Ux INDIVIDU de cette efpèce fait partie de Ia collection du Roi; il a un pied neuf pouces de lon- gueur totale, & fa queue, quatre pouces neuf lignes : il n’a point de crochets mobiles. Neuf grandes écailles couvrent le deffus de fa tête & font difpofées fur quatre rangs ; celles que l'on voit fur le dos font prefque ovales & unies. La couleur du deflus du corps eft noirâtre , avec des bandes très-irrégulières tranfver- fales & blanches. On remarque d’autres bandes blan- ches & tranfverfales fur les paires de petites plaques, qui font d'un gris foncé, & au nombre de cent cinq. Il y a deux cent onze grandes plaques blanches & bordées de gris, ce qui forme fous le ventre, de petites bandes tranfverfales. (a) Apachycoatl , par les Mexicains. Le Pétalaire. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Petalarius. Linn. amphib. Serp. Muf. Ad. fr. 1, p. 25, tab: 9, fig à. Ceraftes Mexicanus. 176, Laurenti, Specimen Medicum. Séba , muf. 2, tab. 20 , fig. z. Nieremberg. liv. 12, chap. 45. Jonflon. pag. 28. x 208 HrSlmorrx NATURELLE Le blanc & le noir, qui compofentles couleurs prie cipales de la Pétalaire, font contraftés & nuancés de manière à rendre fa parure très-agréable. Ce a pent eft très-doux, & même familier ; il s'introduit fans crainte dans les maifons, y pafle fa vie fous les toits, &:y devient trés-utile , en y faifant la guerre aux infectes & même aux rats, dont il détruit un grand nombre : il fe nourrit aufñ À petits oifeaux. On le trouve non- feulement en Afe , & particulièrement dans lIfle d'Amboine , mais encore en Amérique, & fur-tout au Mexique où on le nomme Æpachycoatl (a). a (a) Cette efpèce eft très-fujette à varier, tant par la diftribution de fes couleurs , que par le nombre de fes plaques. M. Linné a compté fur l'individu qu'il a décrit, deux cent douze grandes plaques fous le ventre, & cent deux paires de petites plaques fous la queue ; & nous avons vu dans la collection de M. d'Antic, use Couleuvre Pétalaire qui avoit deux cent feize grandes plaques & cent fix paires de petites. LA MINIME, LA MINIME (à) Cerre CoULEUVRE d’Afie a quelquefois le deflus du corps d’une feule teinte , & d'une couleur tannée ou mi- nime , plus ou moins foncée ; d’autres fois elle préfente , fur ce fond, des bandes tranfverfalés noires : mais un de fes caraétères diftintifs eft d'avoir chacune des écailles qui revêtent le deffus de fon corps, à demi bordée de blanc, ce qui fait paroître fon dos pointillé de la même couleur. Les côtés de la tête font d’un blanc très- éclatant , avec des taches noires, & le deflous du corps eft d'une teinte plus claire que le deflus, & quelquefois tacheté de brun. Telles font les couleurs que -préfente la Minime , qui parvient quelquefois à une longueur affez confidérable ; un individu de cette « efpèce, confervé au Cabinet du Roi, a trois pieds deux pouces fix lignes de longueur totale , & fa queue (a) Le Minime. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. puilatus. Linv. amphib. Serp. Muf. Ad. fr. 1,p. 35, tab. 20, fig. 3. Ameæn. 1, p. 581, N° 24. Gronoyius, muf. 2 , p. 46, N° 12, Serpens , Tome IT. dd 210 HISTOIRE NarTurerzez un pied: Ses mâchoires ne font point armées de cro- chets mobiles; de grandes écailles couvrent fes lèvres; {a tête eft alongée, & le fommet en eft garni d'au- .tres écailles plus grandes que celles des lèvres, au nombre de neuf, & difpofées fur quatre rangs (a). (a) Cette efpèce a , fuivant M. Linné, deux cent dix-fept grandes plaques , & cent huit paires de petites, mais ce nombre eft aflez fou; vent moins confidérable, D'EMS : OÙE RP AIS STI es LA MILIAILRE (ce). L: PARURE de cette Couleuvre eft élégante; le deflus & les côtés du corps font bruns, mais leur cou- leur fombre eft relevée par une tache blanche que préfente chaque écaille; le deflous du corps eft blanc comme les taches. On trouve cette Couleuvre dans les Indes. Elle a ordinairement cent foixante-deux grandes plaques & cinquante-neuf paires de petites. (a) Le Miiaire. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Mïiliaris. Linn, amphib. Serpent. Mu. Ad. fr. p.27. \ \ 212 HisTorRrE NATURELLE LA RHOMBOÏIDALE («). Cssr DANS LES INDES que fe trouve cette- Cou- leuvre ; & qu'on ne foit pas étonné du grand nombre de Serpens que l’on a obfervés dans les pays voifins des Tropiques. Non-feulement ils y éprouvent le degré de chaleur qui paroït convenir le mieux à leur nature, mais les petites efpèces y trouvent en abondance les infeétes dont elles fe nourriffent. L'on diroit que c’eft précifément dans ces contrées brûlantes , où pullulent des légions innombrables d'infeétes & de vers, que la Nature a placé le plus grand nombre de Serpens , comme fi elle avoit voulu y réunir tout ce qui détruit ces vers & ces infectes nuifibles ou incommodes, qui, par leur exceflive multiplication , couvriroient bientôt ces terres équatoriales, en interdiroient l'entrée à l'homme & aux animaux, en dépouilleroient les {a) Le Rhomboïdal. M. d'Aubenton , Encydopédie méthodique. Col. Rhombeatus. Linn. amphib. Serpent. Muf. Ad. fr. p. 27, tab. 24, fig. 2. Ceraftes Rhombeatus. 170, Laurenti , Specimen Medicum. ie BU ire Flo 213 - arbres, en feroient périr les végétaux jufques dans leurs racines, @& rendroient ces terres fertiles des déferts ftériles , où, réduits à fe dévorer mutuellement, ils ne laïfleroient bientôt que leurs propres débris. Un grand motif fe réunit donc à tous ceux dont nous avons déjà parlé, pour que les habitans de ces contrées voi- fines des Tropiques foient bien-aifes de voir leurs de- meures entourées des Serpens qui ne font pas veni- meux.: Parmi ces innocentes Couleuvres , la Rhom- boïdale eft une de celles que l’on doit rencontrer avec le plus de plaifir; l’aflortiment de fes couleurs la rend, en effet, très-agréable à la vue ; le deflus de fon corps eft d'un‘bleu plus ou moins clair, & préfente des taches noires percées dans leur milieu, où l’on voit la couleur bleue du fond, & qui a un peu a forme d’une lofange. Ces taches noires fe marient très-bien avec le bleu qui les fait reflortir: La Rhomboïdale a communément cent cinquante fept grandes plaques & foixante-dix paires de petites. nn BI4 Hrsrvorrs NATURELLE | L'AïPA TE (cc) L: COULEUR de ce Serpent eft d’un gris pale avec un grand nombre de points bruns & de taches grifes répandues fans ordre : on voit, de chaque côté du corps, une ligne noirâtre plus ou moins étendue. En tout, les couleurs de la Couleuvre pâle font très-peu brillantes. Elle n’a point de crochets mobiles ; le deffus de fa tête eft recouvert par neuf grandes écailles; celles du dos font ovales & unies. Le corps eft ordinairement très-menu en comparaïlon de fa longueur; & la queue eft fi déliée, qu'on a peine à compter les petites plaques qui en garniflent le deflous. L’individu , décrit pax M. Linné, avoit à-peu-près un pied & demi de longueur; cent cinquante-cinq grandes plaques, & quatre-vingt- feize paires de petites. C’eft dans les Indes qu’on trouve la Couleuvre pâle, (a) Le Pile. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Pallidus. Linn. amphib. Serpent. Amærnit. Surin. grill p. 503, IN. 23. Muf. Ad. fr. 1 , p. 31, tab. 7, fig DE Si OS EUR PES 215 QE — + L'AUR AE ia. une RAIES BRUNES sétendent fur le dos de cette couleuvre, fe prolongent jufqu'à l'extrémité de la queue, & fe détachent d’une manière très-agréable fur le fond de la couleur qui eft bleuâtre. Le ventre eft blanchâtre & recouvert de cent foixante-neuf grandes plaques; on compte quatre-vingt-quatre paires de petites plaques fous’ la queue de ce Serpent, qui ne parvient jamais à une longueur confidérable, & qui fe trouve en Afie. (a) Le Rayé. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Lineatus. Linn. Amphib. Serp. Muf. Ad. fr. 1, p.30, tab. 12, fig. à , & tab. 20, fig 1: Sébe , muf. 2, tab. 12, fig. 2 a + LE MALPOLE (a). Ce TTE ESPÈCE Varie beaucoup fuivant les pays qu'elle habite : Nous allons la décrire d'après un indi- vidu confervé au Cabinet du Roï. Le deflus de la tête du Malpole eft couvert de neuf grandes écailles, & le dos eft garni d’écailles ovales & relevées par une arête. Il a la langue très-longue & très-déliée, ce qui doit lui donner beaucoup de facilité pour faifir & retenir les infectes dont il fe nourrit. Ses couleurs font très-belles, & diftribuées d’une manière très - agréable ; mais, comme elles font aifément altérées par lefprit-de-vin. dans lequel on conferve l'animal, il eft très-dificile d'avoir des defleins exacts du Malpole, d’après les . individus qui font-partie des colleétions d'Hiftoire Natu- relle. Il eft bleu, & préfente un grand nombre de taches noires très-petites, & difpofées de manière à former des (a) Le Maïpole. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Sibilans. Linn. amphib. Serpent. Amænit. muf. princ. p. 584, 30: | Maïpoion, Seba. muf. 2 , tab. 52, fig. 4, tab. 66, fig. 4 , @ tab. 207 eo 207 » JE. 4: raies DR ANS LS 7 MR 2 RUN. NAN: aies longitudinales; au-deflus des deux dernières plaques \ qui garniflent le fommet de la tête à compter du mufeau, on voit une tache très-blanche, bord£e de noir, .& placée la moitié fur une de ces deux plaques, ‘ & la moitié fur l’autre. Le corps du Malpo'e eft très-mince en proportion de fa longueur. Ce Ser- pent doit donc pouvoir fe tenir avec facilité au plus haut des arbres, s'y entortiller autour des branches, sy fufpendre & y pourfuivre les petits animaux dont il fait fa proie. Il habite l’Afie, & peut-être l'Afrique & l'Amérique (a). (a) Le Malpole à ordinairement cent foïxante grandes plaques & cent paires de petites. La longueur totale de lindividu que nous avons décrit, étoit d'un pied dix pouces, & celle de fa queue de cinq pouces fix lignes. Serpens, Tome IT. ec 216 Hisrorre NATURErIz= LE MO LURE.(e) 2 Crsr une des plus grandes Couleuvres qu'on ait encore obfervées, & non-feulement le Molure fe rap- proche, par fa longueur, de quelques efpèces du genre des Boa, dont nous traiterons dans cet Ouvrage, mais il a beaucoup de rapports avec ces grandes & remar- quables efpèces par fa conformation, & particulière- ment par celle de fa tête. Cette partie du corps du Molure eft très-large parderrière , moins large vers les yeux, très-alongée, très-arrondie à l’endroit du mu- feau , & peut être comparée, pour fa forme, à la tête d'un chien , ainfi que l’a été celle de plufeurs Boa’, par un grand nombre de Naturaliftes. Le deflus de cette même partie eft garni de neuf grandes écailles, comme dans la Couleuvre verte & jaune. Le Molure n’a point de crochets mobiles & ne contient pas de venin; les écailles qui revêtent fon dos, font grandes, ovales & unies. Îl n'a ordinairement que deux cent quarante-huit (à) Le Molure. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Molurus. Linn. amplib. Serpent. pi ssh S\ ANR IP r@N sit | 20 grandes plaques & cinquante-neuf paires de petites ; mais nous avons compté deux cent cinquante-cinq grandes plaques & foixante-cinq paires de petites , au-deflous du corps ou de la queue d'un individu de cette efpèce , confervé au Cabinet du Roi. Cet indi- vidu a fix pieds de longueur totale & neuf pouces depuis l’anus jufqu'à l'extrémité de la queue , dont, par conféquent, la longueur n’eft qu'un huitième de celle de l’animal entier. Le Molure eft d'un roux blanchâtre, & préfente une rangée longitudinale de grandes taches rouffes bordées de brun; on voit le long des côtés du corps, d’autres taches qui reflemblent plus ou moins à celles de cette rangée longitudinale. Cette Couleuvre fe trouve dans les Indes, & fa con- formation peut faire préfumer que fes habitudes ont beaucoup de rapports avec celles des Boa. eei 280 HrsTOorrRE NATURELLE LA DOUBEE-RAIE No US IGNOROKS dans quel pays on trouve cette Couleuvre , que nous allons décrire d’après un individu qui fait partie de la colle“tion de Sa Majefté ; mais comme cet individu a été envoyé au Cabinet du Roi avec un Molure , il fe pourroit que la Double-Raie fe trouvât dans les Indes, comme ce dernier Serpent. La Double-Raie n'a point de crochets mobiles ; le deffus de fa tête préfente neuf grandes écailles ; celles que l’on voit fur le dos font unies & en lofange : elle a ordinairement deux cent cinq grandes pRque & quatre-vingt-dix-neuf paires de petites. Ses couleurs font très-brillantes. & elle peut être comptée parmi les Serpens que l’on doit voir avec le plus de plaifir. Deux bandes longitudinales , d’un jaune qui, dans l'animal vivant, doit approcher de la couleur de l’or, règnent depuis le derrière de la tête jufqu'au-deflus de la queue ; le fond fur lequel elles s'étendent, eft d’un roux plus ou moins foncé ; & comme chaque écaille eft bordée de jaune, toute la partie du deflus du corps qui neft pas occupée D Ets, Six À PEN. 227 par les deux bandes jaunes, paroït préfenter un très- grand nombre de petites raies longitudinales de la même couleur (a). > 8 IT RP PAIE PRET) (a) L'individu que nous avons décrit avoit deux pieds un pouce de longueur totale, & fa queue étoit longue de fix pouces fix lignes, 222 HirisTorrEe NATURELLE LA DOUBLE-TACHE. Li COULEURS de cette Couleuvre font auf agréa- bles que fes proportions font légères ; le deflus de fon corps eft roux ; fur ce fond on voit de petites taches blanches irrégulières , bordées de noir, affez éloignées l’une de’ l’autre , difpofées le long du dos; & deux taches blanches, plus grandes que les autres , paroif- fent derrière la tête. Cette dernière partie eft un peu conformée , comme dans le Molure ; le fommet en eft garni de neuf grandes écailles ; les mâchoires ne préfentent pas de crochets mobiles, & les écailles du dos font unies & en lofange. L’individu que nous avons décrit , & qui a été envoyé au Cabinet du Roi avec la Double-Raie & le Molure, a deux cent quatre-vingt- dix-fept grandes plaques , & foixante-douze paires de petites; fa longueur totale eft d’un pied huit pouces deux lignes, & celle de la queue, de trois pouces dix lignes. Di Es © NS ME Ram an SAT 223 Ge ne LE BOIGA (c) UE L’ON SE REPRÉSENTE les couleurs les plus riches & les plus agréablement variées dont la Nature ait décoré fes ouvrages, & l’on n'aura peut-être pas une idée exagérée de la beauté du Serpent dont nous nous occupons. Le Boiga doit, en effet, par la richeffe de fa parure, tenir, dans fon ordre, le même rang que l’oifeau-mouche dans celui des oifeaux : même éclat, même variété de nuances, même réunion de x reflets agréables dans ces deux animaux, d’ailleurs ñ différens l’un de l’autre. Les couleurs vives des pierre- (a) Le Boïga. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Coluber Abxtulla. 313, Linn. amphibia Serp. Gron. muf: 2, p. 61, No 24. Séba , muf. 2, tab. 63, fig. 3, tab. 82, fig. 1. Brodl. natur. t. 9 , fig. 2. f Natrix Ahztulla. 161, Laurenti, Specimen Medicum. Ahztulla. Muf. Petiver. Serpens indicus, gracilis, viridis; Ahzætulla Zeylonenfibus., Ray ; Synopfis , p. 331. | dE 224 Hisrorre NATurezzs ries & l'éclat brillant de l'or refplendiflent fur les écailles du Boiga , ainfi que fur les plumes de l’oifeau- mouche; & comme fi, en embelliflant ces deux êtres, la Nature avoit voulu donner à l’art un modèle parfait du plus bel aflortiment de couleurs, les teintes les plus brunes , répandues fur l’un & fur l’autre, au mi- lieu des nuances les plus claires, font ménagées de manière à faire reflortir, par un heureux contrafte, les couleurs éclatantés dont ils brillent. La tête du Boiga, affez groffe en proportion de fon corps, eft recouverte de neuf grandes écailles difpofées fur quatre rangs. Ces neuf plaques , ainfi que les autres écailles qui garnifflent le deflus de la tête de ce Ser- pent, font d'un bleu foncé & comme foyeux ; une bande blanche qui règne le long de la mâchoire fupé- rieure , relève cette efpace azuré, au milieu duquel on voit briller les yeux du Boiga , & qui reflort d'au- tant plus, qu'une petite bande noire s'étend entre le bleu & la bordure blanche. Tout le deflus du corps, jufqu'à l'extrémité de la queue, eft également d’un bleu variant par reflets, & préfentant même, à cer- taines expofitions, le vert de l’éméraude. Sur ce beau fond de faphir règne une efpèce de raie ou de chaï- nette que l’on croiroit dorée par l’art, & qui s'étend : jufqu'au bout de la queue ; & non-feulement cette éfpèce de riche broderie préfente l'éclat métallique de l'or, lorfque l'animal eft encore en vie, mais même lorfqu’il DIE MSN SLR RN PA EMN NS. 225 lorfqu'il a été confervé pendant long-temps dans l’ef- prit-de-vin, on croiroit que Îes écailles, qui compofent cette petite chaîne , font autant de feuilles d’or appli- quées fur la peau du Serpent. Tout le deflous du corps & de la tête eft d’un blanc argentin , féparé des cou- leurs bleues du dos par deux autres petites chaïnes dorées qui , de chaque côté, parcourent toute la lon- gueur du corps. Mais l’on n’auroit encore qu’une idée imparfaite de la beauté du Boiga , fi l’on fe repréfentoit uniquement cet azur & ce blanc agréablement contraftés & rele- vés par ces trois broderies dorées ; il faut fe peindre tous les reflets du deflus & du deflous du corps, & les différentes teintes de couleur d'argent, de jaune, de rouge & de noir , qu'ils produifent. Le bleu & le blanc, au travers defquels il femble qu’on apperçoit ces teintes merveil- leufement fondues, mêlent encore la douceur de-:leurs nuances à la vivacité de ces divers reflets, de telle forte que , lorfque le Boïiga fe meut , l’on croiroit voir briller au-deflous d’un cryftal tranfparent & quelque- fois bleuâtre, une longue chaîne de diamans, d'éme- raudes, de topazes, de faphirs & de rubis. Et il eft à remarquer que c'eft dans les belles & brûlantes cam- pagnes de l’Inde, où les cryftaux & les pierres dures préfentent les nuances les plus vives, que la Nature s'eft plue, pour ainfi dire, à réunir ainf fur la robe du Boiga , une image fidèle de ces riches ornemens. Serpens , Tome II, ON 226 Hisrorrz NATURELLE Le Boiga eft un des Serpens les plus menus, rela- tivement à fa longueur ; à peine les individus de cette efpèce que l’on conferve au Cabinet du Roi, & dont. la longueur eft de plus de trois pieds, ont-ils quelques lignes de diamètre ; leur queue eft prefque aufli longue que leur corps, & va toujours en diminuant, de ma- nière à repréfenter une aiguille très-déliée, quelquefois cependant un peu aplatie par-deflus, par-deflous &. par les côtés. Les Boiga joignent donc des proportions très-fveltes à la richefle de leur parure; aufli leurs mouvemens font-ils très-agiles, & peuvent-ils, en fe repliant plufieurs fois fur eux-mêmes, s’élancer avec rapidité , s’entortiller aifément autour de divers corps, monter, defcendre, fe fufpendre , & faire briller en un clin-d'œil , fur les rameaux des arbres qu'ils habi- tent, l’azur & l'or de leurs écailles luifantes & unies. Ils fe nourrifent de petits oifeaux qu'ils avalent avec aflez de facilité, malgré la petitefle de leur corps, & par une fuite de la faculté qu'ils ont d'élargir leur gofer , ainfñi que leur eftomac. D'ailleurs l’on doit préfumer qu'ils ne cherchent à dévorer leur proie qu'après l'avoir comprimée , ainfi que les grands Ser- pens écrafent & compriment la leur. Le Boiga fe tient caché fous les feuilles pour furprendre les oifeaux; i les attire, dit-on, par une efpèce de fifflement qu'il fait entendre, & qui, imitant apparemment certains fons qui leur font familiers ou agréables , les DES : SVÈ RP EN S 227 trompe & les fait avancer vers le Serpent qui les attend pour les dévorer. On a même voulu diftinguer par le beau nom de chant, le fifflement du Boiga (a); mais la forme de fa langue alongée & divifée en deux, ainfi que la conformation des autres organes qui lui fervent à rendre des fons, ne peuvent produire qu'un vrai fiflement , au lieu de faire entendre une douce mélodie. Le Boïga, non plus que les autres Serpens prétendus chanteurs, ne mérite donc que le nom de fiffleur. Maïs fi la Nature n'en a pas fait un des chantres des campagnes , il paroît qu'il réunit un inftinct plus marqué que celui de beaucoup d’au- tres Serpens , à des mouvemens plus prompts & à une parure plus magnifique. Dans llfle de Bornéo , les enfans jouent avec lui; on les voit manier fans crainte ce joli Serpent, l’entortiller autour de leur corps , le porter dans leurs mains innocentes , & nous rappeller cet emblème ingénieux imaginé par la fpiri- tuelle Antiquité, cette image touchante de la candeur & de la confiance , qu'ils repréfentoient fous la forme d'un enfant fouriant à un Serpent qui le ferroit dans fes contours. Mais, dans cette charmante allégorie , le Serpent receloit un poifon mortel, au lieu que le Boiga ne rend que des carefles aux jeunes Indiens, & (2) Voyez la defcription du Cabinet de Séba. 04 220 Hrsrorrs NATURELITE paroît fe plaire beaucoup à être tourné & retourné par leurs mains délicates. Comme c’eft un fpectacle aflez agréable que de voir, dans les vertes forêts, des animaux auf innocens qu'agiles, faire briller les couleurs les plus vives & s'élancer de branche en branche , fans être dangereux ni par leurs morfures ni par leur venin, on doit regretter que l’efpèce du Boiga ait befoin , pour fubfifter , d’une chaleur plus forteque celle de nos contrées, & qu’elle ne fe trouve que vers l'équateur , tant dans l’ancien que dans le nouveau continent (a). (a) Le Boïga a communément cent forxante-fix grandes plaques ; & cent vingt-huit rangées de petites ; mais ce nombre varie très= fouvent, ainfi que dans les autres efpèces de Serpens. DAEUS SM attente #29 LA: SOMBRE (4)... Son M. LINNÉ cette Couleuvre a beaucoup de rapports, par {a conformation , avec le Boiga ; mais fes couleurs font aufli fombres & aufli monotones que celles du Boiga font brillantes & variées. Elle eft d'un cendré mêlé de brun, & derrière chaque œil, on apperçoit une tache brune & alongée. Elle a ordi- nairement cent quarante-neuf grandes plaques & cent dix-fept paires de petites. (a) Le Sombre. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Fufcus. Linniamphib. Serpent. Muf. Ad, fr, 2, p. 32, tab. 17, fig o. 230 Hirsrorre NATURELLE LA SATURNINE («) La COULEUR de cette Couleuvre eft comme nua- geufe & mêlée de livide & de cendré; fa tête eft couleur de plomb, fes yeux font grands, & elle a ordinairement cent quarante-fept grandes plaques & cent vingt paires de petites. Nous ne pouvons rien dire des habitudes naturelles de ce Serpent; nous favons feulement qu'il habite dans les Indes. ——_—_—_——— {a) Le Saturnin. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique, Col. Saturninus. Linn. amphibia Serp. Muf. Ad. fr. 2 ,p. 32, tab. 9, fig. 1. Natrix Saturnina. 154, Laurenti, Specimen Medicum. DES SEFRPENS. 231 LA CARENÉE («) Carre CoULEUVRE reflemble beaucoup à la Satur- nine, par les diverfes nuances qu’elle préfente. Cha= cune des écailles qui garniffent le deflus de fon corps eft couleur de plomb & bordée de blanc ; le deffous de fon corps eft blanchâtre. Elle habite dans les Indes , comme la Saturnine; mais un de fes caractères diftinc= tifs eft d'avoir le dos relevé en carène; & de-là vient le nom que lui a donné M. Linné. Elle a communé- ment cent cinquante-fept grandes plaques & cent quinze paires de petites. (a) Le Carené. M. 'Aubenton, Encyclopédie méthodique, Col. Carinatus. Lin. amphib. Serp. Muf: Ad. fr. p. 31: i 232 Hirsrorrs NATuRrErILE LA DÉCOLORÉE (2). Cr COULEUVRE reflemble beaucoup au Boiga par fa conformation, ainfi que la Sombre; mais elle n'a point, non plus que cette dernière, les couleurs éclatantes ni la riche parure du Boiga. Ses nuances font cependant agréables ; elle eft d’un bleu clair mêlé de cendré, & les écailles qui recouvrent fes mà- choiïres font blanches. On la trouve dans les Indes, de même que le Boïga & la Sombre. Elle a ordinai- rement cent quarante-fept grandes plaques & cent trente-deux paires de petites, (a) Le Décolor, M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Exoletus. Linn. amphib. Serpent. Muf. Ad. fr. 2, p. 34, tab. 10, fig. 2. Natrix Exoleta, 160, Laurenti, Specimen Medicum. PE Be LE PÉLIE. LE \P É LE Fe). M. LINNÉ a fait connoître cette efpèce de Cou- ieuvre, dont un individu faifoit partie de la collection de M. le Baron de Géer. Elle eft brune derrière le fommet de la tête & les yeux, & noire dans le refte du deflus du corps ; le deflous du ventre eft vert & bordé de chaque côté d’une ligne jaune. Ce Serpent préfente donc une diftribution de couleurs différente de celle que l’on remarque dans la plupart des autres Couleuvres , dont les nuances les plus brillantes parent la partie fupérieure de leur corps. Le Pélie fe trouve dans les Indes; il a ordinairement cent quatre-vingt- fept grandes plaques, & cent trois paires de petites. (a) LePélie. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Pelias. Linn, amphib. Serp. Ga : Serpens, Tome IT. Ua 23 4 Hirsrorre NATURELLE CE SERPENT eft un de ceux dont le corps ef le plus délié; aufli fe roule-t-il avec facilité autour des divers arbres, & parcourt-il avec vitefle les bran- ches les plus élevées; on le trouve dans les Indes, tant orientales qu'occidentales, & on l'y voit fou- vent dans les bois de palmier, fe fufpendre aux rameaux, en différens fens, s'étendre d’un arbre à l'autre, ou fe coler, pour ainf dire, fi intimement contre le tronc qu'il entoure, qu'on l’a comparé aux lianes qui s’'attachent aïnfi aux arbres & aux arbrif- feaux, & qu'un individu de cette efpèce a été envoyé au Cabinet du Roi, fous le nom de Serpent à liane, d'Amérique. Ses yeux font gros; il n’a point de cro- chets mobiles, & n’eft dangereux en aucune manière ; (a) Le Fil. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Filiformis. Linn. amphib.. Serpent. Muf. Ad. fr.p. 36, tab. 17, fig. 2. Natrix Eilifornus, 159, Laurenti, Specimen Medium. DES CS 2 RPAE UNS 235 le deflus de fa tête qui eft très-groffe, à proportion du corps, eft garni de neuf grandes écailles ; .& celles de fon dos font en lofange, & relevées par une arête. f Si la forme de cette Couleuvre eft fvelte & agréable, fes couleurs ne font pas brillantes ; le deflus de fon corps eft noir, ou d’un livide plus où moins foncé , & le deflous blanc ou blanchâtre. Il a ordi- nairement cent foixante - cinq grandes plaques , & cent cinquante - huit paires de petites. L’indi- vidu que nous avons décrit, a un pied fix lignes de longueur totale, & quatre pouces fix lignes, depuis l'anus jufqu’à l'extrémité de la queue. M. Laurent a vu une Couleuvre qu'il a regardée, avec raifon, comme une variété de cette efpèce, & qui n’en différoit que par deux raies brunes qui partoient des yeux , & sétendoient fur le dos, où elles devenoient deux rangées de petites taches obliques. C’eft peut-être aufli à la Couleuvre /e Fil, quil faut rapporter le Serpent de la Caroline, figuré dans Catefby (vol. 2, pl. 54.). Ce Reptile (a) eft d’une couleur brune, parvient quelquefois à la longueur de CS (a) Anguis Flagelliformis. Catesby , vol. 2 , pag. 54. The : Coach-Whip Snake, 88 ÿ et 236 Hrsrorrs NATuUREzLE= plufieurs pieds, reffemble beaucoup au Fil, par fa conformation, a de même le corps très-menu, & a été comparé à un fouet, à caufe de fa forme très- déliée, & de la vitefle de fes mouvemens. d LA CENDRÉE («). O: PEUT fe repréfenter bien aifément les cou= leurs de cette Couleuvre; elle eft grife, avec le ventre blanc, & les écailles de la queue font bor- dées d’une couleur qui approche de celle du fer. C’eft M. Linné qui l'a fait connoître; elle habite dans les Indes , & elle a communément deux cens grandes plaques, & cent trente-fept paires de petites. (a) Le Cendré. M. d Aubenton , Eruyclopédie méthodique, Col. Cinereus. Linn. amphib. Serpent. Mu. Ad. fr. 1,p. 37. 238 Hirsrorre NATURELLE LA MUQUEUSE (a). Gr COULEUVRE eft du grand nombre de celles que M. Linné à fait connoître; &, fuivant ce grand Naturalifte, elle fe trouve dans les Indes. Sa tête eft bleuâtre, & les angles en font très-marqués. Elle a de grands yeux; l’on voit de petites raies noires fur les écailles qui couvrent fes mâchoires, & le deflus de fon corps préfente des raies tranfverfales, placées obliquement , & comme nuageufes. Elle a ordinairement deux cens grandes plaques, & cent uarante paires de petites. (a) Le Muqueux. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Mucufous, Linn. amphib. Serp. Muf. Ad. fr. 2, pag. 37, tab. 23, fig 2. Natrix Mucofa, 156, Laurenti, Specimen Medicum. CD) 2 Su ad AU R PIRE N 354 239 Æ LS : Se DD mm meme emnmmonnres Dome meme LA BLEUATRE (ae) Ce... COULEUVRE a deux cent quinze grandes plaques, & cent foixante-dix paires de petites; c’eft une de celles qui en a le plus grand nombre, & ce- pendant il s'en faut de beaucoup que ce foit une des plus grandes. C’eft que la largeur des grandes & des petites plaques varie beaucoup, dans les Reptiles , non- feulement fuivant les efpèces, mais même fuivant l’âge ou le fexe des individus ; & voilà pourquoi deux Serpens peuvent avoir le même nombre de grandes & de petites plaques ; non-feulement fans préfenter la même lon- gueur totale , mais même fans que la même proportion fe trouve entre la longueur du corps, & celle de la queue. Le nom de la bleuâtre défigne la couleur du def- fus de fon corps, qui ordinairement ne préfente pas de tache, & qui eft garni d’écailles unies; fa tête eft couleur de plomb; c’eft des Indes que cette Couleuvré a été apportée. (a) Le Bleuître. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Cærnlefcens. Linn. amphib. Serpent. Natrix Cærulefcens. 557. Laurenti, Specimen Medicumz 240 Hrsrorre NATURzB1LLIE # 'HY DR EG) Ce A M. PALLAS que nous devons la defcrip- tion de cette Coulèuvre, dont les habitudes rappro- chent, pour ainfi dire, l’ordre des Serpens de celui des poiflons. L’Hydre n’a jamais été vue, en efet, que dans l’eau, fuivant le favant Naturalifte de Pé- terfbourg, & l’on doit préfumer, d’après cela, qu’elle ne va à terre que très-rarement, ou pendant la nuit pour s'accoupler, pondre fes œufs, ou mettre bas fes petits, & chercher la nourriture qu'elle ne trouve pas dans les fleuves. C’eft aux environs de la mer Cafpienne qu’elle a été obfervée, & elle habite non-. feulement les rivières qui sy jettent, mais les eaux mêmes de cette Méditerranée. Elle ne doit pas beau- coup s'éloigner des rivages de cette mer, quelquefois très-orageufe , non-feulement parce qu’elle ne pour: roit pas réfifter aux efforts d’une violente tempête, mais encore, parce que ne pouvant pas fe pañler de (a) Col. Hydras. Voyage de M. Pallas en différentes Provinces de l'Empire de‘Ruffie ; vol. 2, appendix. refpirer Dies | S'AURS PE IN S: 2417 refpirer aflez fréquemment l'air de l’athmofphère, & par conféquent , étant prefque toujours obligée de na- ger à la furface de l’eau, elle a fouvent befoin de fe repofer fur les divers endroits élevés au-deflus des flots. Elle parvient ordinairement à la longueur de deux ou trois pieds; fa tête eft petite; elle n’a point de crochets mobiles ; fa langue eft noire & très-longue, & l'iris de fes yeux jaune; le deffus de fon corps ef d'une couleur olivâtre, mêlée de cendré, & préfente quatre rangs longitudinaux de taches noirâtres, dif- pofées en quinconce : on voit aufli, fur le derrière de la tête, quatre taches noirâtres, alongées, & dont deux fe réuniflent, en formant un angle plus ou moins ouvert. Le deflous du corps eft tacheté de jaunätre & de noirâtre qui domine vers l’anus, & fur-tout au- deflous de la queue. Elle a cent quatre-vingt grandes plaqües ( fans compter quatre écailles qui garniffent le deflus de l'anus ) & foixante-fix paires de petites. . Serpens, Tome II. kh 242 Hisrorre NATURELLE en LA CUIRASSÉE (a) 5 —+ Cr. COULEUVRE, que M. Pallas a décrite, a beaucoup de rapports avec la Couleuvre à collier, non-feulement par fa conformation, mais encore par fes habitudes. Elle pañle fouvent un temps très-long dans l’eau, ou fur le bord des rivières, mais elle fe tient aufli très-fouvent fur les terres sèches & élevées. C’eft fur les bords du Jaik, fleuve qui fépare la Tar- tarie du Turkeftan , & qui fe jette dans la mer Caf- pienne, qu'elle a été obfervée. Elle parvient quel- quefois à la longueur de quatre pieds; elle n’a point de crochets mobiles; l'iris de fes yeux paroît brun; tout le deffus de fon corps eft noir; & le deffous , qui eft de la même couleur, préfente des taches d’un jaune * blanchâtre, prefque quarrées, placées alternativement à droite & à gauche , & en très-petit nombre fous la queue. Les grandes plaques qui recouvrent fon ventre font au nombre de cent quatre-vingt-dix ; (a) Col. Scutatus. Woyage déja cité de M. Pallas , vol. 13 appendix. DE 15 4 SVPEULR PL N° SN 243% leur longueur eft affez confidérable pour qu'elles em- braflent prefque les deux tiers de la circonférence du corps, & voilà pourquoi M. Pallas a donné à cette Couleuvre lépithète de Scutata , que nous avons cru devoir remplacer par celle de Cuiraffée , les grandes plaques formant en effet comme les lames d’une longue cuirafle qui revêtiroit le ventre du Serpent. La queue préfente la forme d’une pyramide trian- gulaire trèsalongée , & le deflous en eft garni ordi- nairement de cinquante paires de petites plaques. Rh ÿ LA DIJON Hi [IF SEMBLE que c'eft à la Déefe de la beauté que M. Pallas a voulu , pour ainfi dire, confacrer cette Couleuvre, dont il a le premier publié la defcription; il lui a donné, en effet, un des noms de cette Déefle , & cette dénomination étoit dûe, en quelque forte, à l'élégance de la parure de ce Serpent, à la légèreté de fes mouvemens, & à la douceur de fes habitudes. La couleur du deffus du corps de la Dione eft d’un gris très-agréable à la vue, dit M. Pallas, & qui fou- vent approche du bleu ; elle eft relevée par trois raies longitudinales d'un blanc très-éclatant , que font ref- fortir des raies brunes placées alternativement entre les raies blanches; & les diverfes teintes de ces cou- leufs doivent être bien aflorties, puifque M. Pallas, en faifant allufion à fes nuances, donne à la Dione Vépithète de très-élégante ( elegantiffima ). Le deflous de fon corps eft blanchâtre avec de petites raies d'un brun clair, & fouvent de petits points rougeûtres (a) Col. Dione. Woy. de M. Pallas , vol. 2 , appendix. ÀAk-Dshilan , par plufieurs Peuples de l'Empire de Ruffie. DES Sa mr Ex 87 245$ La Dione parvient à la longueur totale de trois piéds, & alors fa queue a communément fix pouces de longueur. Son corps eft délié; le deflus de fa tête eft couvert de grandes écailles; elle ne contient au- cun venin, & elle eft aufli douce & aufli peu dan- sereufe que fes couleurs font belles à voir. Elle habite les environs de là mer Cafpienne ; on la trouve dans les déferts qui environnent cette mer, & dont la terrè eft, pour ainfi dire, imprégnée de fel. Elle fe plaît aufli fur les collines arides & falées qui font près de VIrtish (a). : (a) La Dione à ordinairement depuis cent quatre:vingt-dix jufqu’à deux cent fix grandes plaques, & depuis cinquante-huit jufqu'à foixante-fix paires de petites. 246 Hirsrorre NATURELILI=r EE ———————+ LE CHAPELET (c). NS ee les couleurs du Chapelet font très- agréables à voir & préfentent les nuances les plus douces, mais elles offrent encore un arrangement & une fymmétrie que l’on eft tenté de prendre pour un ouvrage de-lart, & qui fuflroient feuls pour faire reconnoitre cette Couleuvre. Le deflus de fon corps eft bleu & préfente trois raies longitudinales; les deux raies des côtés font blanches ; celle du milieu eft noire & chargée de petites taches blanches parfaitement ovales, & alternativement mêlées avec des points blancs. De chaque côté de la tête on voit trois & quel- quefois quatre taches à-peu-près de la grandeur des: yeux, & formant une ligne longitudinale dont Île prolongement pañle par lendroit de ces organes. Le deflus de la tête offre auffi des taches d’un bleu clair bordées de noir & très-fymmétriquement placées. Le (a) Il ne faut pas confondre ce Serpent avec une Couleuvre de Ia Caroline , à laquelle Catefby a donné le nom de Chapelet, & dont nous parlerons, dans cet Ouvrage , fous le nom de Couleuvre mouchetée. DEN S | SUR PLANS 2 474 deffous du corps eft blanc , & à l'extrémité de chaque grande plaque on voit un très-petit point noir, ce qui forme deux rangées de points noirs fous le ventre. Telles font les couleurs de la Couleuvre à Cha- pelet ; fon corps eft d'ailleurs très-délié : les écailles qui garniffent fon dos font unies & en lofange ; neuf grandes écailles couvrent le fommet de fa tête, qui eft grande en proportion du corps, & aplatie par- deflus ainfi que par les côtés. Le Chapelet n’a point de crochets mobiles. Nous avons décrit cette efpèce , fur laquelle nous n'avons trouvé aucune obfervation dansles Naturaliftes, d’après un individu confervé au Cabinet du Roi. Ce Serpent a cent foixante-fix grandes plaques, cent trois paires de petites; un pied cinq pouces fix lignes de longueur totale, & cinq pouces fix lignes depuis l'anus jufqu'à l'extrémité de la queue, 248 HrsrTorrez N ATURETIEN. LE, CEN CHR US) C'esr fous ce nom que cette Couleuvre a été en- voyée au Cabinet du Roi; elle fe trouve en Afie ; elle n’a point de crochets mobiles; le deflus de fa tête eft couvert de neuf grandes écailles placées fur quatre rangs; le dos l’eft de petites écailles unies & hexagones; le deflus du corps, marbré de brun & de blanchätre, préfente des bandes tranfverfales irrégulières , étroites & blanchätres; & le deflous eft varié de blanchâtre & de brun. L’individu que nous avons décrit a deux pieds de longueur totale, trois pouces fept lignes de- puis l'anus jufqu'à l'extrémité de la queue , cent cin- quante-trois grandes plaques & quarante-fept paires de petites. L’ASIATIQUE, DES SERPENS. 249 L'A SIA FIQOUE: (OA DE L'ASIE, & peut-être de l’ifle de Cey- lan, que l’on a envoyé cette Couleuvre au Cabinet du Roi. Des raies, dont la couleur a été altérée par l'efprit-de-vin, dans lequel on a confervé l'animal, s'étendent le long du dos de ce Serpent; les écailles qui garniffent le deflus de fon corps, font bordées de blanchâtre rhomboïdales & unies. Le fommet de fa tête eft couvert de neuf grandes écailles; il n’a point de crochets mobiles; fa longueur totale eft d'un pied, & celle de fa queue de deux pouces trois lignes ; il a cent quatre-vingt-fept grandes plaques, & foixante- feize paires de petites. Il paroît, par des notes ma- nufcrites envoyées avec ce Reptile, qu'il a reçu dans plufieurs contrées de l'Inde, le nom de Malpolon, qui y a été donné à plufieurs efpèces de Serpens, & que nous avons confervé, avec M. d'Aubenton , à une Couleuvre dont nous avons déjà parlé. Lee Serpens , Tome II. ii 250 HirS\TIo 1RE N'ATURETILE ES —— LA SYMMÉTRIQUE. LL: NOM de cette Couleuvre défigne l’arrangement très-régulier de fes couleurs. Le deflus de fon corps eft brun , & de chaque côté du dos, l’on voit une rangée de petites taches noirâtres, qui s'étend jufqu'au tiers de la longueur du corps. Le deflous de la queue eft blanc; le deflous du ventre eft de la même couleur, mais préfente des bandes & des demi-bandes tranfver- fales & brunes, placées avec beaucoup de fymmétrie. Cette Couleuvre n’eft pas venimeufe; elle a neuf grandes écailles fur la tête; & des écailles plus pe- tites, unies & ovales, garniflent fon dos; l'individu que nous avons décrit, & qui fait partie de la col- lection du Roi, a cent quarante- deux grandes pla- ques, & vingt-fix paires de petites (a). On trouve la fymmétrique dans l’ifle de Ceylan. (a) La longueur totale de cet individu eft d’un pred cinq pouces fix lignes, & celle de la queue de deux pouces trois lignes. REA LA JAUNE ET BLEUE (a). C'esr UNE TRÈS-BELLE, @& en même-temps très-grande Couleuvre de l'Ifle de Java ; les habi- tans de cette ifle la nomment Oularfawa , Serpent des champs de Ri7, apparemment parce qu’elle fe plait dans ces champs. Elle yÿ parvient jufqu'à la lon- gueur de neuf pieds; mais les individus de cette ef- pèce, qui, au lieu d'habiter dans les bafles planta- tions, préfèrent de demeurer dans les bois touffus, & fur les terreins élevés, ont une grandeur bien plus confidérable, & leur longueur a été comparée à la hauteur d'un arbre. Lorfque la Jaune & Bleue a atteint ainfi tout fon développement, elle eft dange- reufe par fa force, quoiqu'elle ne contienne aucun poifon ; & non-feulement elle fe nourrit d'oifeaux, ou de rats & de fouris, mais des animaux même affez gros ne peuvent quelquefois échapper à fa pourfuite, & deviennent fa proie. Sa tête eft plate & large; le (a) Oular-Sawa , par les habitans de l’Ifle de Java. Grande Couleuvre de lIfle de Java. Mémoire de M. le Baïon de Wurmb, dans ceux de la Société de Batayia , 1787. Lit 252 Hirsrorre NATURE1I:r fommet en eft garni de grandes écailles, & il paroît par fa defcription, qui en a été donnée dans les Mé- moires de la Société de Batavia, que ces écailles font au nombre de neuf, & difpofées fur quatre rangs, comme dans la Verte & Jaune. Les mächoires ne font pas armées de crochets mobiles, mais de deux rangs de dents pointues, recourbées en arrière, & dont les plus grandes font le plus près du mufeau. Cé très- grand Serpent a l'iris jaune; le deflus de fa tête eft d'un gris mélé de bleu; l’on voit deux raies d’un bleu foncé commencer derrière les yeux , s'é- tendre au-deffus du cou, & sy réunir en arc, à un pouce de diftance de la tête. Une troifième raie de Ja même couleur, règne depuis le mufeau jufqu'à l’oc= ciput , où elle fe divife en deux pour embrafler une tache jaune, chargée de quelques points bleus. Le deflus du corps préfente des efpèces de com- partimens très-agréables; il paroïit comme divifé en un très-grand nombre de carreaux, & repréfente un. treillis formé par plufieurs raies qui fe croifent. Ces raies font d'un bleu éclatant, & bordées d’un jaune couleur d'or. Le milieu des carreaux eft, fur le dos, d'un gris changeant en jaune, en bleu & en vert, fuivant la manière dont il réfléchit la lumière; il eft d'un gris plus clair fur les côtés du corps, ainfi que fur la queue, où les carreaux font plus petits que fur le dos; & chaque côté du corps préfente une rangée D} E NS VUE LRU (EL NÉ 254 . longitudinalé de taches blanches, placées aux endroits où les raies bleues fe croifent. ) "Il eft aifé de voir, d’après cette defcription, que les couleurs qui dominent dans ce beau Serpent, font le bleu & le jaune ; & c’eft ce qui nous a fait préfé-" rer le nom.que nous avons cru devoir lui donner. Il a quelquefois trois cent douze plaques, & quatre- vingt-treize paires de petites. LD 254 Hrsrorrs NATURELLÉ LA TROIS-RAIES, LA Nous DONNONS ce nom à une Couleuvre d'Afrique , dont le deflus du corps préfente, en effet, trois raies longitudinales ; elles partent du mufeau, & s'étendent jufqu'au-deflus de Îa queue; la couleur du fond, qu’elles parcourent, eft d’un roux plus ou moins clair. Neuf grandes écailles garniflent le fommet de la *tête ; les mâchoires ne font pas armées de crochets mo- biles , & les écailles du dos font en lofange & unies. Un individu de cette efpèce, confervé au Cabinet du Roi, a un pied cinq pouces fix lignes de longueur totale, . deux pouces huit lignes, depuis l'anus, jufqu'à l’ex- trèmité de la queue, cent foixante-neüuf grandes pla- ques, & trente-quatre paires de petites. . DES SERPENS. 255 LE DABOIE (®) Vorcr une de ces efpèces remarquables de Ser- pent, que la fuperftition à divinifées. C’eft dans le Royaume de Juida, fur lès côtes occidentales d'Afrique, où elle eft répandue en très-grand nombre, qu'on lui a érigé des autels; &' il femble que ce n'eft pas la terreur qui courbe la tête du Nègre devant ce Rep- tile, puifquil n’eft redoutable, ni par fa force, ni par aucune humeur venimeufe. Selon plufieurs Voya- geurs, le Daboie eft remarquable par la vivacité de fes couleurs & par l'éclat de fes écailles. Le defflus du corps éft blanchätre, & couvert de grandes taches ovales, plus ou moins rouffles, bordées de noir ou de brun , & qui s'étendent fur trois rangs, depuis la tête jufqu'’au - deffus de la queue. Suivant le Voyageur Bofman , le Daboie eft rayé de blanc, de jaune & de brun ; & fuiyvant des Marchais, le dos de ce Ser- (a) Le Serpent Idole. Defcription du Cabinet de Drefde, par Lilenburg, 1755: 256 Hirsrotre NATURELLE pent préfente un mélange agréable de blanchâtre qui en fait le fond, & de taches ou de raies jaunes, brunes & bleues, ce qui fe rapproche beaucoup des teintes indiquées par Bofman, & ce qui pourroit bien n'être qu'une mauvaife expreflion d’une diftribution, & de nuances de couleurs très-peu différentes de celles que nous venons d'indiquer. La tête du Daboie eft couverte d’écailles ovales, relevées par une arête, & femblables à celles du dos (a) ; il parvient quelquefois à la longueur de plufieurs pieds (B) ; l'individu que nous avons décrit, & qui eft confervé au Cabinet du Roi, a trois pieds cinq pouces de longueur totale, & la queue, cinq pouces neuf lignes (c). (a) Nous avons déjà remarqué dans d’autres articles, que le Daboïe; quoique dépourvu de crochets mobiles, avoit, comme le plus grand nombre de Serpens venimeux, le fommet de la tête coffert d’écailles femblables à celles du dos, (B) D:fériprion du Cabinet royal de Drefäe, par Lilenburg, 1755- Au refte , il a dû être affez difficile, pendant long-temps , d’avoir des Daboïe en Europe ; les Rois Nègres, par refpeét pour ces Reptiles, ayant défendu, fous peine de mort , à leurs fujets, de tranfporter ces Serpens hors de l'Afrique, ou de livrer leur dépouille aux étrangers. (c) Nous avons compté cent foixante-neuf grandes plaques fous le ventre de cet individu , & quarante-fix paires de petites plaques fous fa queue. + quil ne DH SU SNALRAP EU NLS, 257 Les habitudes du Daboie font d'autant plus douces, qu'il n’eft prefque jamais obligé de fe défendre. Il a peu d’ennemis à craindre dans un pays où il eft fervi avec un refpect religieux, & d'où lon tâche d'é- carter tous ceux qui pourroient lui nuire, Les animaux même qui feroient les plus utiles, font exclus des contrées où l’on adore le Serpent Daboie, à caufe de la guerre qu'ils lui feroient; le cochon particulière- ment, qui fait fa proie de plufieurs efpèces de Rep- tiles, & qui attaque impunément, fuivant quelques Voyageurs , les Serpens les plus verimeux , eft pour- fuivi, dans le Royaume de Juida, comme‘un ennemi public; &, malgré tous les avantages que les Nègres pourroient en retirer, ils ne voient, dans cet animal, que celui qui dévore leur Dieu. Bien loin de chercher à nuire à l’homme, le Da- boie eft fi familier, qu'il fe laifle aifément prendre & manier, & qu'on peut jouer avec lui, fans courir aucun danger. On diroit qu'il réferve toute fa force pour le bien de la contrée qui le révère. Il n’attaque que les Serpens venimeux, dont le Royaume de Juida eft infefté ; il ne détruit que ces Reptiles funeftes, & les infectes, ou les vers qui dévaftent les campagnes. C’eft fans doute ce fervice qui l’a rendu cher aux premiers habitans du pays où on l'adore; on n'aura rien négligé pour multiplier, ou du moins conferver une efpèce aufli précieufe; on aura attaché la plus Serpens | Tome II. kK 258 Hirsroiïrre NATURELLE grande importance aux foins qu'on aura pris de cet animal utile ; on laura regardé comme le fauveur de ces contrées, fi fouvent ravagées par des légions d’'infectes, ou des troupes de Reptiles venimeux ; & bientôt la fuperfition, aidée du temps & de l’igno- - rance, aura altéré l'ouvrage de la reconnoiffance, & celui du befoin (a). - (a) On pourroit croire aufli que quelque événement extraordinaire aura féduit l'imagination des Nègres & enchaîné leur raifon, & voict ce que rapporte à ce fujet le Voyageur des Marchais. és L'armée de #» Juïda étant prête à livrer bataïlle à celle d'Ardra , ïl fortit de celle- 5 ci un gros Serpent qui fe retira dans l’autre ; non-feulement fa > forme n’avoit rien d’effrayant, mais ïl parut fi doux & fi privé ; s» que tout le monde fut porté à le carefler. Le grand Sacrificateur le » prit dans fes bras & le leva pour le faire voir à toute l'armée. » La vue de ce prodige fit tomber tous les Nègres à genoux; ils 5 adorèrent leur nouvelle Divinité, & fondant fur leurs ennemis » avec un redoublement de courage , ïls remportèrent une victoire 3 complète. Toute Îa nation ne manqua point d'attribuer un fuccès 1 fi mémorable à la vertu du Serpent : il fut rapporté avec toute » forte d'honneurs; on lui bâtit un Temple, on afligna un fond » pour fa fubfiftance , & bientôt ce nouveau Fétiche prit l’afcendant >» fur toutes les anciennes Divinités : fon culte ne fit enfuite qu’aug- > menter à proportion des faveurs dont on fe crut redevable à fa » proteétion. Les trois anciens Fétiches avorent Îeur département >» féparé ; on s'adreffloit à la mer pour obtenir une heufeufe pêche ; » aux arbres pour la fanté, & à l’Agoye pour les confeils; mais le pres à: SE RP EN 1 259 Le culte des animaux qui ont infpiré une vive terreur, n'a été que trop fouvent fanguinaire; on n’a facrifié que trop fouvent des hommes dans leurs Temples; le Serpent- Dieu des Nègres, n'ayant ja-. mais fait éprouver une grande crainte, n'a obtenu que des facrifices plus doux, mais que fes Prêtres ne ceflent de commander avec une autorité defpotique. L'on n'immole point des hommes devant le Serpent- Daboie, mais on livre à fes Miniftres les plus belles des jeunes filles du Royaume de Juida. Le prétendu Dieu, que l’on nomme /e Serpent Fétiche , ce qui fignifie l’Etre confervateur, a un Temple aufli magnifique que le peut être un bâtiment élevé par l’art groflier des Nègres (a). Il y reçoit de riches offrandes ; on lui pré- > Serpent préfide au commerce, à la guerre, à l’agriculture , aux LS 1 maladies, à la ftérilité , &c. Le premier édifice qu’on avoit bâtr >» pour le recevoir parut bientôt trop petit; on prit le parti de lui 5» élever un”’nouveau Temple, avec de grandes cours & des appar- temens fpacieux ; on établit un grand Pontife & des Prètres pour le fervir. Tous les ans, on choïfit quelques belles filles qui lui font ww » » w confacrées. Ce qu'il ÿ a de plus remarquable, c’eft que les Nègres w vw » de Juida font perfuadés que le Serpent qu'ils adorent aujourd'hui, » cft le même qui fut apporté par leurs ancêtres, & qui leur fit 3 gagner une glorieufe viétoire. »» Hifloire générale des Voyages ; livre 10, édit. in-12, tom. 14, pag. 369 € Jüiv. (a) Ibid. p. 370€ fuiv. x , ie 260 HrsTorre NATURFILE fente des étofies de foie, des bijoux, les mets les plus délicats du pays , & même des troupeaux ; aufli les Prètres qui le fervent, jouiffent-ils d’un revenu . confidérable , pofsèdent - ils des terres immenfes , & commandent-ils à un grand nombre d'ef- claves. Afn que rien ne manque à leurs plaifirs, ils forcent les Prétreffes à parcourir, chaque année, & vers le temps où le maïs commence à verdir, la ville de Juida , ‘& les bourgades voifines. Armées d'une grofle maflue, & fecondées par les Prêtres, elles aflommeroient fans pitié ceux qui oferoient leur réfifter; elles for- cent les Négrefles les plus jolies à les fuivre dans le Temple ; & le poids de la crédulité fuperfitieufe pèfe fi fort fur la tête des Nègres, qu'ils croient qu'elles vont être honorées des approches du Serpent protetteur, & que c’eft à fon amour quelles vont être livrées. Ils reçoivent avec refpect cette faveur fignalée & divine. On commence par inftruire les jeunes filles à chanter des hymnes, & à danfer en l'honneur du Serpent ; & lorfqu'elles font près du temps où elles doivent être admifes auprès de la pré- tendue Divinité, on les foumet à une cérémonie dou- loureufe & barbare, car la cruauté naît prefque tou- jours de la fuperftition. On leur imprime fur la peau, dans toutes les parties du corps, & avec des poinçons de fer , des figures de fleurs, d’ani- DES SE RVPENS. 261 maux , & fur-tout de Serpens ; les Prétrefles les confacrent ainfi au fervice de leur Dieu; & c’eft envain que leurs malheureufes victimes jettent les cris les plus plaintifs que leur arrache le tourment qu’elles éprouvent; rien n'arrête leur zèle inhumain. Lorfque la peau de ces infortunées eft guérie, elle reflemble , dit-on , à un fatin noir à fleurs , & elle les rend à jamais l'objet de la vénération - des Nègres. Le moment où le Serpent doit recevoir la Négrefe favorite arrive enfin; on la fait defcendre dans un fouterrain obfcur, pendant que les Prêtrefles. & les autres jeunes filles célèbrent fa deftinée par des danfes & des chants qu'elles accompagnent du bruit de plu- fieurs inftrumens retentiflans. Lorfque la jeune Né- greffe fort de l’antre facré, elle reçoit le titre de Femme du Serpent ; elle ne devient pas moins la femme du Nègre qui parvient à lui plaire, mais auquel elle infpire à jamais la foumiflion la plus aveugle, ainfi que le plus grand refped. Si quelquune des femmes du Serpent trahit le fecret des plaïfirs des Prêtres, en révélant les myftères du fouterrain, elle eft auflitôt enlevée & mife à mort, & l’on croit que le grand Serpent eft venu lui-même exercer fa vengeance, en l’emportant pour la faire brûler. Mais, arrêtons-nous ; l’hiftoire de la fuperftition n’eft point celle de la nature. Elle-eft 262 Hrsrorre NATURELLE trop liée cependant avec les phénomènes que produit cette nature puiflante & merveilleufe, pour être tout-à-fait étrangère à l’hiftoire des animaux qui en ont été l’objet. DhE ls 0 SNERRAP ENNS. 263 ER LE SIT U-L E (o), C: SERPENT fe trouve en Egypte, où il a été obfervé par M. Haffelquift ; fa couleur eft grife, & il préfente une bande longitudinale, bordée de noir. IL a communément deux cent trente-fix grandes plaques, & quarante-cinq paires de petites. (a) Le Situle. M. d’Aubenton | Encyclopédie méthodique. Col. Situla. Linn. amphib. Serp. Mu. Ad. fr. 2, p. 44. 264 Hisrorre NATUREILE ESS EE — = LE T'Y IE Ce) ji TERRES de l'Egypte , périodiquement ar- rofées par les eaux d’un grand fleuve, & échauflées par les rayons d'un foleil très-ardent, préfentent aux diverfes efpèces de Serpens, au moins pendant une ‘grande partie de l’année , cette humidité chaude, qui convient fi bien à la nature de ces Reptiles. Nous ne devons donc pas être étonnés qu'on y en ait obfervé un grand nombre. Parmi ces Serpens d'Egypte , nous devons compter le Tyrie, que M. Hañfelquift a fait connoitre ; il a ordinairement deux cent dix grandes plaques & quatre-vingt-trois paires de petites ; il n’eft point venimeux , & le deflus de fon corps, qui eft blanchâtre, préfente trois rangs longitudinaux de taches rhomboïdales & brunes. Il paroïit que c’eft au Tyrie qu'il faut rapporter le Serpent que M. Forskal a décrit fous le nom de Cou- leuvre mouchetée ( Col. Guttatus ) (b), qu'il a vu en Egypte , & que les Arabes nomment 7% Æbén. (a) Le Tyrie. M. d'Aubenton , Eruyclopédie méthodique. Col. Tyria. Linn. amphib. Serpent. Muf. Ad. fr. 2, pag. 45. (B) Col, Guttatus. 7, Defcript. animal. Petri Forskal. Amphibia. L’ARGUS. LARG US (air Cr SERPENT d'Afrique eft remarquable par la forme de fa tête; le derrière de cette partie eft re- levé par deux efpèces de boffes ou d’éminences très- fenfibles. Les écailles, qui garniffent le dos de ce Ser- pent, préfentent chacune une tache blanche; mais d’ailleurs on voit fur fon corps plufeurs rangs de ta- ches blanches, rondes, rouges dans leur centre, bordées de rouge, reflemblant à des yeux, & c'eft ce qui lui a fait donner le nom d'Argus, par les Natura- liftes (à). (a) L'Argus. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Argus. Linn. amphib. Serp. Séba, muf. 2 , tab. 103, fig. z. (b) On ne connoît point le nombre des grandes ni des petites plaques de cette Couleuvre. Serpens, Tome II, Li 266 Hrsroire NATURELLE RE ———+ LE \PÉTOREE (v) ue au milieu des contrées ardentes de l'Afrique, que l’on trouve cette Couleuvre; la couleur du def- fus de fon corps eft ordinairement d’un gris livide , relevé par des bandes tranfverfales rougeâtres; le def- fous du cofps eft d’un blanc mêlé de jaune, & pré- fente quelquefois des bandes tranfverfales, d’une cou- leur rougeâtre ou très-brune. Le fommet de la tête eft garni de neuf grandes écailles, & le dos d’écailles ovales & unies. Cette Couleuvre n'a point de cro- chets mobiles : on ignore quelles font fes habitudes elle a le plus fouvent deux cent neuf grandes pla- ques, & quatre-vingt-dix paires de petites. (a) Le Pétole. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Petola Leinn. amphib. Serpent. Coluber Scutis bdominalibus, 208 ; Squamis caudalibus:, 90. Lin Amænit. Surin. grill. p. 504, 13. Coluber Scutis abdominalibus, 207; caudalibus, 85. 14. amplub. Gyllenb. p. 534, 8. Anguis Scutis abdominalibus , 209; Squamis caudalibus , 90. Idem. Muf: Princ. p. 587, 36. Coronel'a Petola, 189, Laurenti, Specimen Medicum. Séba, muf, 1, tab. 54, fig. 4. DES SER PEN S. 267 LEA 40 O ME S'DLOUL EL La, 1e NOM de cette Couleuvre annonce la douceur de fes. habitudes; c’eft en Barbarie qu'on la trouvé, & c’eft dans les maifons qu’elle habite; elle y ef dans une efpèce d'état de domefticité volontaire, puif- qu'elle n'y a point été amente par la force , & qu'elle ny efl retenue par aucune contrainte; c’eft d'elle-même qu’elle a choifi la demeure de l’homme pour fon afyle. L'on voudroit qu'une forte d’affeétion l’eût ainfi conduite fous le toit qu’elle partage; qu'une forte de fentiment l’empêchât de s’en éloigner, & qu'elle montrât fur ces côtes de Barbarie, fi fouvent arrofées de fang, le contrafte fingulier d'un Serpent auflaffectionné , aufli fidèle , que doux & familier, avec le fpetacle cruel de l’homme gémiflant fous les chaînes dont l’accable fon femblable. Mais le befoin feul attire la Couleuvre domeftique dans les maifons, & elle ny demeure, que parce qu’elle y trouve, avec ) (a) Le Serpent domeftique. M. d’Aubenton , Encyclopédie métho- dique. 4 Col. Domefticus. Linn. amphib. Serpent. 105 268 Hirsrorre NATURELLE plus de facilité, les petits rats & les infeétes dont elle fe nourrit. Sa couleur eft fouvent d’un gris pâle, avec des taches brunes; elle a entre les deux yeux une bande qui fe divife en deux, & préfente deux taches noires. Ses grandes plaques font ordinairement au nombre de deux cent quarante-cing; & elle a quatre-vingt-quatorze paires de petites plaques. pee si “OUR AR PE NS, 269 4 SCO —,, L'H À DE Ga) Corre COULEUVRE devient très-grande, fui- vant M. Linné; elle fe trouve en Egypte, où eile a été obfervée par M. Hañfelquift. Ses couleurs font le noir & le blanc; la moitié de chaque écaille eft blanche; il y a d'ailleurs, fur le dos, des bandes blanches, placées obliquement; tout le refte du def- fus du corps eft noir (8). Ce Serpent n'étant pas venimeux, felon M. Linné, ne doit pas être confondu avec une Couleuvre d'E- gypte, qui porte aufli le nom d'Haje, & qui con- tient un poifon très-actif. La force de ce venin a été reconnue par M. Forskal; mais ce Naturalifte n’a point donné la defcription de l’'Haje, dont il a parlé (c). (a) L'Haje. M. &'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Haje. Zinn. amphib. Serpent. Coluber Scutis abdominalibus , 206, Squamis caudalibus, Go, Haffélquiff, it. 312, n° 62. (b) M. Linné a écrit que l'Haje avoit deux cent fept grandes pla- ques, & cent neuf paires de petites. (c) Coluber Haje-Nafcher , par les Arabes, Défripuores re P. Forskal, amphib. 8. 270 Hizrsrorrnx NATURELLE LÀ MAURE () Erce À ÉTÉ AINSI APPELLÉE, à caufe de fes couleurs, & parce qu’elle fe trouve aux en- virons d'Alger. M. Brander envoya à M. Linné un individu de cette efpèce. Le deflus de fon corps eft brun, avec deux raies longitudinales; plufieurs bandes tranfverfales & noires s'étendent depuis ces raies, jufqu'au-deflous du corps, qui eft noir. La Maure n'a point de crochets mobiles; on voit fur fa tête neuf grandes écailles, & fur fon dos, des écailles plus petites & ovales : ces écailles du dos font relevées par une arête, dans un individu de cette efpèce, qui fait partie de la collection de Sa Majefté (4). (a) Le Maure. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Maurus. Linn. amphib. Serpent. (b) Cette Couleuvre à communément cent cmquante-deux grandes plaques & forxante-fix paires de petites. LT Dar hs 0 SUEMREPUE UNS, 27 a — —— LE SIBON (a«) Les HOTTENTOTS ont nommé ainfi un Serpent qui fe trouve dans le pays qu'ils habitent, ainfi que dans plufieurs autres contrées d'Afrique. Le deffus du corps de cette Couleuvre eft d’une couleur brune, mêlée de bleu; & le deffous eft blanc, tacheté de brun. Des écailles rhomboïdales garniflent fon dos; fa queue eft courte & menue. Cette Couleuvre a ordi- nairement cent quatre-vingt grandes plaques, & qua- tre-vingt-cinq paires de petites. (a) Le Sibon. M. d’'Aubenton, Encyclopédie méthodique. . Col. Sibon. Lin. amphib. Serp. Lin. Amaænit. Muf. Princip. p. 585 , 32. Coluber Sibon, 210. Laurenti, Specimen Medicum. - Le Sibon. Didionnaire d'hiff. natur. par M Valmont de Bomare. Séba, muf. 1 , tab. 14, fig 4. 27e HrsrornrEe NATURELLE L'A) D'HARA (a) Ce. dans la partie de l'Arabie, qu'on a nommée heureufe, c’eft dans les fertiles contrées de l’Yémen, que fe trouve cette Couleuvre. Sa tête eit couverte de neuf grandes écailles, difpofées fur quatre rangs; fon mufeau eft arrondi; fon corps eft menu; & toutes fes proportions paroiffent auf fveltes qu'elle eft inno- cente & douce. Elle n'a point de couleurs brillantes, mais celles qu'elle préfente , font agréables. Le deflus de fon corps eft d’un gris un peu cuivré; toutes les écailles font bordées de blanc; & c’eft aufli le blanc qui eft la couleur du deflous de fon corps. M. For- skal l’a fait connoitre : l'individu qu'il avoit obfervé, navoit pas deux pieds de longueur; mais le Voyageur Danois foupçonna que la queue de cet animal avoit été tronquée; il compta deux cent trente-cinq grandes plaques, & quarante-huit paires de petites fous le corps de cette Couleuvre. D qe) (a) Dhara, par les Arabes, Coluber Dhara. Defcripriones animalium Petri Forskal. Amphibia: LA SCHOKARI, pm s Sie irip zx si" cp e a LA SCHOKARI (a). * (Gr COULEUVRE fe trouve dans l’Yémer. ainfi que la Dhara; elle fe plait dans les bois qu croiflent fur les lieux élevés. Sa morfure n’eft point dangereufe, & M. Forskal , qui la décrite, na vu fes mâchoires garnies d'aucun crochet mobile. Son corps eft menu; elle parvient ordinairement à la lon- sueur d’un ou deux pieds, & fa queue n’a guère alors que la longueur de cinq ou fix pouces ; fa tête eft cou- verte de neuf grandes écailles, difpofées fur quatre rangs. Le deflus de fon corps eft d’un cendré brun, & pré- fente de chaque côté deux raies longitudinales blan- ches, dont une eft bordée de noir. On voit quelquefois fur le milieu du dos des grands individus, une efpèce de petite raie, compofée de très-petites taches blanches. Le deflous du corps eft blanchâtre, mêlé de jaune, & pointillé de brun vers le gofier. La Schokari, a cent quatre-vingt-trois grandes plaques, & cent quarante- quatre paires de petites. Nous joignons ici la notice de trois Couleuvres dont il eft fait mention dans l’Ouvrage de M. Forskal, à la fuite de la Schokari, ‘mais dont la defcription eft trop L2 Le. à (a) Schokart, par les Arabes. Col. Schokarr. Defcriptiones antinalium Petri Forstal ; amphibia. Serpens , Tome Il. STE 274 MHyisrorre NATURELLE peu détaillée pour que nous puiflions décider à quelle efpèce elles appartiennent. La première fe nomme Bætæn; elle eft tachetée de “blanc & de noir; elle a un pied de longueur, & près d’un demi-pouce d’épaifeur ; elle eft ovipare, & cependänt, dit M. Forskal, fa morfure donne la mort dans un inflant. La feconde, appellée Hoflik, eft toute rouge; fa longueur eft d’un pied ; elle pond des œufs plus ou moins gros ; fa morfure ne donne pas la mort, maïs caufe une enflure accompagnée de beaucoup de chaleur; les Arabes ont cru que fon haleine feule pouvoit faire pourrir les chairs fur lefquelles cette vapeur s’étendoit. La troifième, nommée Hannarch Æfuæd, eft toute noire, ovipare , & de la longueur d’un pied, ou en- viron. Sa morfure n’eft pas dangereufe, mais prodüit un peu d’enflure; on arrête, par des ligatures, la pro- pagation du venin; on fuce la plaie; on emploie di- verfes plantes comme fpécifiques, & les Arabes racon- tent gravement que ce Serpent entre quelquefois , par un côté, dans le corps des chameaux, qu'il en fort par l'autre côté, & que le chameau en meurt, fi on ne brûle pas la bleflure avec un fer rouge. Nous invitons les Voyageurs qui iront en Arabie, non-feulement à décrire ces trois Couleuvres, mais même à rechercher l’origine des contes d’Arabes, aux- quels elles ont donné lieu, car il y a bien peu de fables qui n'aient pour fondement quelque vérité. Due vu SVER PEN 1 275 LA ROUGE-GORGE (4). Ox PEUT reconnoitre aifément cette Couleuvre , qui fe trouve en Egypte. Elle eft toute noire, ex- cepté la gorge qui eft couleur de fang; elle a com- munément cent quatre-vingt-quinze grandes plaques, & cent deux paires de petites M. Hañelquift la obfervée. (a) Le Rouge-gorge. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. - Col. Jugularis. Linn. amphib. Serp. Muf. Ad. fr.2 ,p. 45. mm 276 HrsTorrEe NATURELLE LA ZOU RUE) Ox TROUVE cette Couleuvre aux environs du Cap Vert. Son nom indique fa couleur; elle eft d’un très-beau bleu, quelquefois foncé fur le dos, très- clair, & prefque blanchâtre fous le ventre & fous la queue. Elle n'a point de crochets mobiles; le fommet de fa tête elt garni de neuf grandes écailles, difpo- fées fur quatre rangs; & celles que l’on voit fur.le dos, font ovales & unies. Un individu de cette ef- pèce, confervé au Cabinet du Roi, a deux pieds de longueur totale, cinq pouces trois lignes , depuis la- nus jufqu’à l'extrémité de la queue, cent foixante-onze grandes plaques ; & foixante-quatre paires de petites. Does : Sr lR ptE NS, 277 IE = nn EE — — $ LA, N AS QUE (Ce). No DONNONS ce nom à une Couleuvre, dont le mufeau eft en effet très-alongé, & quil eft très- facile de diftinguer par-là des Serpens de fon genre, connus jufqu'à préfent. Elle a le devant de la tête très-alongé, très-étroit, très-aplati, pardeflus & par- deflous, ainfi que des deux côtés, & terminé en pointe de manière à repréfenter une petite pyramide à quatre faces, dont les arêtes feroient très-marquées. Le deflus de la tête eft recouvert de neuf grandes écailles, pla- cées fur quatre rangs. La mâchoire inférieure eft ar- rondie, plus large & plus courte que la fupérieure ; PPS ART IE CRI CRR S ER E OORSE (a) Le Nez-retrouffé. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Mycterizans. Lin. amphib. Serp. Mu: Ad. fr. 1, p. 28, tab. 5, fig 1, © tab. 19, fig 2. Séba, muf. 2, tab. 23, fig. 2. Gronovius, muf. 2 » p. 59» N° 19. Catefby , Carol. 2, p- 47» tab. 47: Natrix Mycterizans, 162; Natrix FlagelBFormis. 163. Laurenti , Specimen Medicum. 278 Hisrorre NATURELLE les yeux font gros, ronds, & placés fur les côtés de la tête; & l’on voit, à l'extrémité du mufeau, un petit prolongement écailleux, un peu relevé, & com- pofé d’une feule pièce qui paroït comme plifée. C’eft apparemment de ce prolongement, que Catefby a voulu parler, lorfqu'il a dit que le Serpent dont il eft ici queftion, avoit le nez retrouflé; & c’eft peut-être en faifant allufion à l’air fingulier, que cette confor- mation donne à ce Reptile, que M. Linné l’a défigné par le nom de Mydérifans , qui fignifñie r1oqueur. Les deux mâchoires font garnies de fortes dents, qui ne diftillent aucun poifon , fuivant Gronovius ; Catefby dit aufli que la Nafique n’eft point dangereufe, & nous n'avons trouvé de crochets mobiles , dans aucuns des individus de cette efpèce que nous avons examinés. Cependant nous devons prévenir que M. Linné à écrit qu’elle étoit venimeufe. Le deflous de la tête eft blan- châtre, & toutes les autres parties de ce Serpent, pré- fentent communément une couleur verdàtre, relevée par quatre raies blanchâtres, qui s'étendent de chaque côté du corps, prefque jufqu’à l'extrémité de la queue, & par deux autres raies longitudinales placées fur le ventre (a). Les écailles du dos font rhomboïdales & unies ; ordinairement la queue n’eft pas aufüi longue 0 —————————————— (a) Il paroïit que la diftribution des couleurs de la Nafique varie affez fouvent. pr ST SM RRAA ŒTN Li 270 que la moitié du corps, qui eft très-mince en propor- tion de fa longueur. L’individu que nous avons décrit, & qui eft contervé au Cabinet du Roi, navoit, en quelques endroits de fon corps, que cinq ou fix lignes de diamètre , & cependant il avoit quatre pieds neuf pouces de longueur (a). Nous avons compté cent foixante-treize grandes plaques fous fon corps , & cent cinquante-fept paires de petites plaques fous fa queue. On a écrit que, malgré fa petitefle , la Nafique fe nourrifloit de rats (b); mais quoique fon gofier & fon eftomac puiffent s'étendre aifément, ainfi que ceux des autrés Serpens, nous avons peine à croire qu'elle puiffle dévorer des rats, même les plus petits; elle doit vivre de fcarabées ou d’autres infectes , dont on à dit en effet qu’elle faifoit fa proie; & elle les faifit avec d'autant plus de facilité, que, fui- vant Catefby, elle pañle fa vie fur les arbres, cachée fous les feuilles & entortillée autour des rameaux , qu’elle peut parcourir avec rapidité. Elle n’attaque point l'homme , & on la trouve dans lIfle de Ceylan, en Guinée, ainfi que dans la Caroline , & plufeurs autres contrées chaudes du nouveau Monde. (a) La quêue étoit longue d’un pied onze poucés. (8) Séba , vol. 2, pl. 24. 280 Hirsrorre Narurrwrs LA GROSSE-TÉTE. Ne DONNONS ce nom à une Couleuvre d Amérique qui, en effet, a la tète beaucoup plus grofle que la partie antérieure du corps. Elle n’a point de crochets mobiles ; neuf grandes écailles, difpofées fur quatre rangs, couvrent le fommet de fa tête, & celles qui garniflent fon dos font ovales & unies. Un individu de cette efpèce, confervé au Cabinet du Roi, a deux pieds cinq pouces fix lignes de lon- gueur totale, & fix pouces trois lignes depuis l'anus jufqu’à l'extrémité de la queue, qui fe termine par une pointe très-déliée. Nous avons compté cent quatre-vingt-treize grandes plaques, & foixante-dix-fept paires de petites. Le deffus du corps de la Grofle-tête eft d’une cou- leur foncée, relevée par des bandes tranfverfales & irrégulières d’une couleur plus claire ; mais l'individu que nous avons décrit étoit trop altéré par l'efprit-de- vin , dans lequel il avoit été confervé, pour que nous puiflions rien.dire de plus relativement aux couleurs de cette efpèce, LA COURESSE, DIN ct VEND) NT Es oêt Er a — (ee OS Se De en ns A ee pmnene SHARE É LA 'COURESS'E C EST de la Martinique que cette Couleuvre a été envoyée au Cabinet du Roi, par feù M. de Chanva- lon. Ses couleurs font ie le deffus de fon corps eft verdâtre, & préfente deux rangées longitudinales de petites taches blanches & alongées; le deflous & & les côtés du corps font blanchâtres. Cette Couleuvre n’a point de crochets mobiles. Le fommet de fa tête eft garni de grandes écailles, & le dos left d'écailles ovales & unies. L’individu que nous avons décrit, avoit deux pieds dix pouces fept lignes de longueur totale, neuf pouces fept lignes, depuis l'anus jufqu'à l'extrémité de la queue, cent quatre-vingt-cinq grandes plaques, & cent cinq paires de petites. La Courefle eft aufli timide que peu dangereufe ; elle fe cache ordinairement lorfqu’elle apperçoit quel- qu'un, ou senfuit avec tant de précipitation, que c'eft de-là que vient fon nom de Coureffe, ou Coure- refle (a). (a) Rochefort, hifi. des Antilles. Lyon, 1667, vol. 1 , p. 294. Serpens, Tome II. nn 202 Hirsroire NATURELLE a+ LA MOUCHETÉE (2) Ces T un très-beau Serpent, & dont les habitudes différent beaucoup de celles de la Nafique, du Boiga, & d’autres Couleuvres qui fe tiennent fur les arbres: il pañle fa vie dans des trous fouterrains, où il trouve apparemment, avec plus de facilité qu'ailleurs, les vers & les infectes dont il fe nourrit. C’eft dans la Caroline qu'il a été obfervé par MM. Catefby & Garden, & lorfque dans les mois de Septembre & d'Octobre, on fait, dans cette contrée, la récolte des patates, on le trouve fouvent dans des cavités auprès des racines de ces plantes qui, peut-être, fervent de nourriture à fa petite proie (4). Son corps eft cepen- dant très-menu en proportion de fa longueur, & il (a) Le Moucheté. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Guttatus. Linn. amphib. Serpent. Le Serpent à Chapelet. Cateby , hiff. natur. de la Caroline , vol. 2 ; planche 6o. Nous avons déjà prévenu qu'il ne falloit pas confondre cette efpèce avec celle à laquelle nous avons donné le nom de Chapeles. (8) Catefby , vol. 2 , pag. 60. DANS SELRAP HN 5. 283 eft en tout conformé, de manière à pouvoir parcou- rir les rameaux des arbres les plus élevés, avec au- tant de rapidité, que la plupart des Couleuvres qui vivent dans les forêts & fur les plus hautes branches, tant il eft vrai que les habitudes des animaux font le réfultat, non-feulement de leur conformation, mais de plufeurs circonftances qu'il eft fouvent très-difhicile de deviner. Es Le deflus du corps de la Mouchetée, eft d’un gris livide, & préfente de grandes taches d’un rouge très- vif, arrangées longitudinalement; on voit de chaque côté un rang de taches jaunes, qui correfpondent aux intervalles des taches rouges, & fouvent une bande longitudinale noire. Le deflous du corps préfente des taches noires, quarrées, & placées alternativement à droite & à gauche. Cette efpèce n’eft pas venimeufe ; elle a ordinaire- ment deux cent vingt-fept grandes plaques, & foixante paires de petites. nn i LA CAMUSE («) M. LE DOCTEUR GARDEN a fait connoître cette efpèce , qu'il a obfervée dans la Caroline, & dont il a envoyé un individu à M. Linné. Elle a la tête arrondie, relevée en bofle, & le mufeau court, qui la fait nommer par M. Linné, Coluber fimus , Couleuvre Camufe. On voit , entre les yeux de ce Ser- pent, une petite bande noire & courbée; & fur le fommet de fa tête, paroît une croix blanche , mar- quée au milieu d'un point noir. Le deflus du corps eft varié de noir & de blanc, avec des bandes tranf- verfales de cette dernière couleur, & le defflous du corps eft noir. Cette efpèce a cent vingt-quatre grandes DELLE & quarante-fix paires de petites. (a) Le Camus. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Simus, Linn. amphib. Serpentes. ER SA Deus «OÙE RP ENS 285 = D — ET a — ee Re nt LAS TRUR EP (0). Nous NE CONNOISSONS cette Couleuvre que par ce qu'en a dit M. Linné ; le nom qu’elle porte lui a été donné à caufe des diverfes ftries que préfente fon dos, & qui doivent être produites par la forme des écailles, relevées vraifemblablement par üne arête longitudinale. Ce Serpent ne parvient point à une grandeur confi- dérable ; le deflus de fon corps eft brun , & le deflous d'une couleur pâle ; fa tête eft couverte d’écailles lifles. On le trouve à la Caroline, & c’eft M. le Docteur Garden qui a envoyé à M. Linné des individus de cette efpèce (b). I1 fe pourroit qu’on dût regarder comme une Cou- leuvre Striée, un Serpent de la Caroline figuré dans Catefby ( vol. 2, planche 46 ) (c); ce Serpent a, (2) Le Strié. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Striatulus. Linn. amphib. Serp. pb) La Striée à cent vingt-fix grandes plaques & quarante-cinq paires de petites. (c) The Copper-Belly Snake. Serpent à ventre couleur de cuivre. €atefoy , hifl. natur. de la Caroline, vol. 2, pag. 46. 286 HrsrTorre NATURELLE en effet , les écailles du dos relevées par une arête; le fommet de fa tête garni de neuf grandes écailles liffes , le deffus de fon corps brun , & le deflous d’un rouge de cuivre qui, altéré par l’efprit-de-vin ou par quelqu’autre caufe , peut aifément devenir, après la mort de l'animal , la couleur pâle indiquée par M. Linné pour le deflous du corps de la Striée. Ce Serpent figuré dans Catefby , fe tient fouvent dans l'eau, &, fuivant ce Naturalifte, doit fe nourrir de Lo. ; il dévore aufi les oifeaux & les autres petits animaux dont il peut fe rendre maître; fa hardiefe eft. aufh grande que fes mouvemens font agiles; il entre dans les bafles-cours , y mange la jeune volaille, & . y fuce les œufs , mais il n’eft point venimeux. DUB sr SV RUP EN 6 207 ER ns L'A, PONCTUÉE (e) Crrre COULEUVRE préfente ordinairement trois : couleurs ; le deflus de fon corps eft d’un gris cendré, le deflous jaune , &, fous le ventre, on voit neuf petites taches ou points noirs, difpofés fur trois rangs de trois points chacun. Cette efpèce habite la Caroline, où elle a été obfervée par M. le Docteur Garden. La Ponétuée a cent trente-fix grandes plaques, & quarante-trois paires de petites. (a) Le Ponétué. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique Col. Punétatus. Linn. amphibia Serp. 286 Hrsrorrze NATURELLE meme L E BD DEMI Ca) Ci EN AMÉRIQUE qu'on trouve ce Serpent, dont les couleurs préfentent un aflortiment agréable &, pour ainf dire, élégant. Le deflus de fon corps eft blanc , & les écailles qui garnifflent le dos de cette Couleuvre , font ovales & prefque mi-parties de blanc & de bleu; le fommet de la tête eft bleuâtre ; la queue, très-déliée , fur-tout vers fon extrémité, d’une couleur bleue, plus foncée que celle du corps, & fans aucune tache (b). (a) Le Bluet. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Cæruleus. Linn. amphib. Serpent. Amæn. acad. p. 485, 31. Séba, muf. 2, tab. 13, fig 3. (b) Le Bluet a cent forxante-cinq grandes plaques & vingt-quatre paires de petites. PE D LE VAMPUM. DANS T\SME NRA LE NS 209 LE VA MP U Me) 1e EST LE NOM que ce Serpent porte dans la Caroline & dans la Virginie, fuivant Catefby, & il a été donné à cette Couleuvre, à caufe du rapport que les nuances & 1a difpofition de fes couleurs ont avec une monnoie des Indiens, nommée Wampum. Cette monnoie eft compofée de petites coquilles taillées d'une manière régulière, & enflées avec un cordon bleu & blanc. Le deflus du corps du Serpent eft d'un bleu plus ou moins foncé, & quelquefois prefque noir fur le dos, avec dés bandes blanches t'anfverfales, & partagées en deux fur les côtés; le deffous du corps eft d'un bleu plus clair, avec une petite bande tranf- verfale brune fur chaque grande plaque; & de toute cette difpofition de couleurs, il réfulte des efpèces ‘ de taches, dont la forme approche de celle des co- quilles taillées, qui fervent de monnoie aux Indiens. Le Vampum parvient jufqu'à cinq. pieds de (a) Le Vampum. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Fafciatus. Linn. amphib. Serpent. Catefby , vol. 2 , planche 58. Serpens , Tome II. 99 290% Hisrorres NATURELLE longueur ; il n’eft point venimeux, mais vorace, & il dévore tous les petits animaux, trop foibles pour lui réfifter. Sa tête eft petite, en proportion de fon corps; elle eft couverte de neuf grandes écailles, & celles du dos font ovales & relevées par ‘une arête (a). (a) Le Vampum 2 cent vingt-huit grandes plaques & foïxante-fept paires de petites. Un jeune individu de cette efpèce , confervé au Ca- binet du Roi, a un pied dix pouces de longueur totale, & fa queue eft longue de fx pouces. DA S'LASME RP ŒNTX 151 291 "+ EE COBE L (4), D. COULEUVRE fe trouve en très-grand nombre en Amérique. Elle eft d’un gris cendré, & préfente un grand nombre de petites raies blanches , & placées obliquement , relativement à l’épine du dos. Quelquefois elle préfente aufli des bandes tranf- verfales & blanchâtres. Le deflous du corps eft blanc; le ventre traverfé par un grand nombre de bandes noirâtres, & inégales , quant à leur largeur; & l’on voit derrière chaque œil, une tache d’une couleur un peu livide, & placée obliquement comme les pe- tites raies du dos. : Le fommet de la tête eft couvert de neuf grandes 2,1 (a) Le Cobel. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. - Col. Cobella. Linn. amphib Serpent. Amaænit. Acad. p. 506, 145 p.531 , 4, © p. 583, 28. Ceraftes Cobella, 172, Laurenti , Specimen Medicum. Gronoy. muf. 2 , p. 65, N° 32. : Séba, Muf. 2, tab. 2, fig. 6. 00 i 292 Hisrorrse NATURE:IrE écailles difpofées fur quatre rangs, & cette Couleuvre a cent cinquante grandes plaques, & cinquante-quatre paires de petites. Un individu de cette efpèce, que nous avons décrit, avoit un pied quatre pouces neuf lignes de longueur totale, & fa queue étoit longue ‘ de trois pouces dix lignes. Dale 5 © NSÔCE RAP ŒuN 5; 292 LA TÉTE-NOIRE («) GE SERPENT a, en eflet, la tête noire, & le deffus du corps brun; il préfente quelquefois des taches blanchâtres, & placées tranfverfalement. Le deflous du corps eft varié de blanchâtre, & d’une couleur très-foncée, par taches, dont la plupart font ‘ placées tranfverfalement, & ont la forme dun paral- lélogramme. Les écailles qui couvrent la tête, font grandes, au nombre de neuf, & difpofées fur quatre rangs. Celles qui garnifent le dos, font ovales & unies. La Tête-Noire fe trouve en Amérique, & elle a or- dinairement cent quarante grandes plaques, & foixante- deux paires de petites (b). (a) La Tète-nore. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Melanocephalus. Linn. amphib. Serp. k Muf. Ad, fr. 1 , p.24, tabu. 16, fig. 2. (b) Un individu de cette efpèce , confervé au Cabinet du Roï, 4. deux pieds un pouce fept lignes de longueur totale, & quatre pouces 5x lignes depuis l'anus jufqu'à l'extrémité de la queue. 294 Hisrorre NATURELLE LA NN EL L 'É.E (es Cerre COULEUVRE habite la Caroline, ainfñ que Saint-Domingue, d’où un individu de cette efpèce a été envoyé au Cabinet du Roi. Ces noms de diverfes. parties de l'Amérique, voifines des Tropiques, retra- cent toujours l’image de terres fécondes , qu'une hu- midité abondante, & les rayons vivifñiants du foleil couvrent fans cefle de nouvelles productions bien plus précieufes & moins funeftes, que les métaux trop recherchés qu’elles cachent dans leur fein. L'art de l’homme ne doit, pour ainf dire, dans ces terres fer- tiles, que modérer les forces de la Nature. Ce qui appars tient à ces climats favorifés, attirera donc toujours l’atten- tion ; nous n'avons pas befoin de chercher à l’environner d’ornemens étrangers, pour faire defirer de le connoître ; & les perfonnes même qui n'auront pas réfolu de fuivre l’'Hiftoire naturelle jufques dans fes petits rameaux , feront toujours bien aifes d'obferver, en quelque forte, de près, tous les objets que l'on réncontre dans ces belles & lointaines contrées. D | nu oo dt U 00 VIRE At LESPRENSES (a) L'Annellée. M. d’Aubenton ;. Encyclopédie méthodique. Col. Dofatus. Linn. amphib. Serp. D 'MRU 53 A Si VE REP A UNE S. 295 L’Annellée eft d’un blanc ordinairement aflez écla- tant, & préfente des bandes tranfverfales noires, ou prefque noires, qui s'étendent fur le ventre, & for- ment des anneaux autour du corps; mais la partie fupérieure & la partie inférieure de ces anneaux ne fe correfpondent pas exactement. Quelquefois une petite bande longitudinale, d’une couleur très-foncée, règne le long du dos; le cou eft blanc, le deflus de la tête, prefque noir, & garni de-neuf grandes écailles, & le dos eft couvert d'écailles unies & en lofange. Ün individu de cette efpèce , qui fait partie de Ja collection du Roi,. a fept pouces quatre lignes de longueur totale, & un pouce cinq lignes, depuis l’anus jufqu'à l'extrémité de la queue. L’Annellée na point de crochets mobiles (a). (a) Elle a le plus fouvent cent foïxante-quatre grandes plaques. & quarante-trois paires de petites. 296 HisTorre NAaTUuRE=zI:s. " LAUROA EI fe: COULEURS de cette Couleuvre peuvent la faire diftinguer de loin ; une bande longitudinale, d'un beau jaune, règne à delle de fon cerps, & paroît d'autant plus vive, que le fond de la couleur du dos eft d'un gris pâle, & que {ouvent, chaque écaille comprife dans la bande, eft bordée d’orangé. Le defus de la tête eft jaune, avec des points rouges, & c’eft ce mélange d’orangé, de rouge & de jaune, qui a fait donner à la Couleuvre Aurore le nom qu’elle porte. Ce Serpent fe trouve en Amérique, & a cent foixante - dix - neuf grandes plaques, & trente - fept paires de petites. (a) L’Aurore. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Aurora. Linn, amphib. Serpens, Muf. Ad. ff. p. 25, rab. 19, fig. 2. Ceraftes Aurora. 169, Laurenti, Specimen Medicum, Jaculus, Sébe, muf. à , tab, 78, fig. 3: . KY œ LE DARD. PE D AIR D: (0). e. COULEUVRE a beaucoup de rapports, fuivant M. Linné, avec la rayée. Elle eft d’un gris cendré, avec une bande noirâtre, dont les bords font d’un noir foncé, & qui s'étend au-deflus du dos, depuis le mu- feau jufqu’à l'extrémité de la queue. Une bande fem- blable, mais plus étroite, règne de chaque côté du corps , dont le deflous eft blanchâtre. Ce Serpent a été vu à Surinam (4). Il eft bon d'obferver que ce nom de Dard ( Jaculus ) a été donné à plufeurs Serpens, tant de l’ancien que du nouveau Monde, à caufe de la faculté qu'ils ont de sélancer , pour ainfi dire, avec la rapidité d'une flèche. (a) Le Dard. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Jaculatrix. Linn. amphib. Serp. Gronov. muf. 63, Ne 26. j Xequipiles. Séba, muf. 2 , tab. 2 , fig. 9. (8) Le Dard à cent’ foïxante-trois grandes plaques & foixante-dix- {ept paires de petites, Serpens , Tome II. PP Î _ 208 Histoires NATURELLE = DA LADHIAI EE) RS CG ie EST LE NOM que l’on a donné, dans l'Amé- rique méridionale, à cette Couleuvre du Bréfil, dont les couleurs font très-belles, fuivant Séba. M. Linné qui l’a décrite, lui en attribue de moins brillantes ; mais, peut-être, les nuances de l'individu qu'il a ob. fervé, avoient-elles été altérées. Selon ce Naturalifte, la Laphiati eft grife , avec des bandes tranfverfales blanches, qui fe divifent en deux de chaque côté. Si les quatre extrémités de ces bandes fe réuniflent avec celles des bandes voifines, la diftribution de cou- leurs indiquée par M. Linné, fera à-peu-près fem- blable à celle dont parle Séba : mais ce dernier Au- teur fuppofe du roux à la place du gris, & du jau- nâtre à la place du blanc. = Le fommet de la tête de la Eaphiati eft blanc. Cette Couleuvre a cent quatre-vingt-quatre grandes plaques, & foixante paires de petites. {æ) La Lofange. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Aulicus. Linn. amphib. Serp. Muf. Ad. fr. 2, p. 29 , tab. 12, fig. 2. + Natrix Aulica, 148 , Laurenti, Specimen Medicum. Séba ,emuf. 1, tab. 91, fig. s. LA NOIRE ET FAUVE («). LÉ. NOM de cette Couleuvre défigne fes couleurs ; fon corps eft entouré, en effet, de bandes tranfver-. fales noirés, ordinairement au nombre de vingt-deux, & d'autant de bandes fauves, bordées de blanc, & tachetées de brun, placées alternativement. Le mu- feau, & la partie fupérieure de la tête, font quel- quefois noirâtres. La queue de ce Serpent. eft très- courte, & n’a guères de longueur, que le douzième de la longueur du corps. On trouve la Noire & Fauve à la Caroline , où elle a été obfervée par M. Garden. Elle a deux cent dix-huit grandes pla- ques, & trente-une paires de petites (2). (a) Le Noir & Fauve. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Fulvus. Linn. amphib. Serpent. (B) Le fommet de fa tête eft garni de neuf grandes écailles , fon dos left d’écailles hexagones & unies. Une Noire & Fauve confervée au Cabinet du Roï, a un pied onze pouces de longueur totale, & fa queue eft longue de deux pouces. PP 300 Hisrorre NATURELLE # RE ———- L A CHAÎNE (a) Caresav a donné la figure de ce Serpent qu'il a vu dans la Caroline, & qui y a été enfuite obfervé ‘par M. le Docteur Garden. Le deflus du corps de cette Couleuvre eft d’un bleu prefque noir, avec des bandes jaunes tranfverfales très-étroites, & compofées de petites taches, qui leur donnent l'apparence d’une petite chaîne Le deflous du corps eft de la même couleur bleue, avec de petites taches jaunes, prefque quarrées. La longueur de la queue de ce Serpent n'eft ordi. nairement qu'un cinquième de celle du corps; l'in dividu décrit par Catefby, avoit à-peu-près deux pieds & demi de longueur totale (6). (a) La Chaîne. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Getulus. Lin. amphib. Serpent. The Chain Snake , Serpent à chaîne. Catefby, vol. 2, planche 52: (ë) La Chaîne a deux cent quinze grandes plaques & quarante- quatre paires de petites, DE 4 6 QURA | A) NB UE NS AO e + LA RUBANNÉE (+). ra RAIES en forme de rubans, & d'une couleur noire, ou très-foncée, s'étendent au-deffus du corps de cette Couleuvre, fur un fond blanchätre; les grandes plaques qui revêtent le deflous du ventre, font bordées de brun; & l’on voit, fous la queue ,:une petite bande longitudinale blanche &-dentelée. La tête eft noire, avec de petites lignes blanches & tortueufes; elle eft d'ailleurs très-alongée, large parderrière, & femblable, en petit, à la tête d’un chien, de même que celle du molure, de la Couleuvre Double-Tackhe, & de plufeurs Boa. Les écailles qui recouvrent le dos , font ovales & petites (b). La Rubannée fait entendre un fifflement plus’ fort 3 (a) Le Moqueur. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Vittatus. Linn. amphit. Serpent. Muf. Ad. fr. p. 26, tab. 18, fig. 2. Gronoyius , muf. 2, N., 31. Natrix Vittata. 147. Laurenti, Specimen Medicum. . Séba , mufi 2, tab. 45, fig. 5, Ÿ tab. 60, fig a € 3. (Bb) Cette Couleuvre à ordinairement cent quarante-leyx grandes . plaques & foixante-dix-huit paires de petites. 20217 HirsTOrRrE NATURELLE e que celui de plufeurs autres Couleuvres, lorfqu’elle eft effrayée par la préfence foudaine de quelque objet; c'eft ce fiflement que quelques Voyageurs ont appellé une forte de rire moqueur, ou l’expreflion d’un defir aflez vif d'être regardée & admirée pour fes cou- leurs (a) ; & c’eft pour indiquer quelle efpèce avoit donné lieu à cette erreur, que M. d’Aubenton a ap- pliqué à la Rubannée, le nom de Serpent moqueur, dont on s'étoit déjà fervi pour défigner plufeurs Ser- pens. La Rubannée fe trouve en Amérique, & peut- être aufli en Afie. (a) Séba, 2, pag. 47- pes S\ANRNP EUN 5. 303 LA MEXICAINE (4). M LINNÉ a nommé ainfñ une Couleuvre dont il a parlé le premier. Elle fe trouve en Amérique, & vraifemblablement au Mexique. Elle doit, comme les autres petits Serpens , y fervir de proie, à l’hoa- zin, efpèce de faifan, qui habite les contrées de l’A- mérique feptentrionale, voifines des Tropiques, & qui fait la guerre aux Serpens, de même que les aigles, les ibis, les cigognes, & plufieurs autres oifeaux, Dans les pays encore très-peu habités, où une cha- leur très-forte, & des eaux ftagnantes, fources de beaucoup d'humidité, favorifent la multiplication des divers Reptiles, il eft avantageux, fans doute, que les Serpens venimeux, & dont la morfure peut don- ner la mort, foient détruits en très-grand nombre; on devroit defirer de voir anéantir ces efpèces funeftes, & il neft point furprenant que les oifeaux qui en font leur pâture, que les ibis, en Egypte, les cigo- gnes, dans prefque toutes les contrées, & particulie- (a) Le Mexicain. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Mexicanus. Linn. Amphib. Serpe 304 HisTorrmNATURELIE. rement en Theflalie (a), aient été regardés comme des animaux tutélaires, & que la Religion & les Loix fe foient réunies pour les rendre, en quelque forte , facrés. Mais pourquoi ne pas laifler fubffter les efpèces, qui, ne contenant aucun poifon, & ne jouiffant pas d'une grande force, ne peuyent être _ dangereufes? Pourquoi ne pas les laiffer multiplier, fur-tout auprès des campagnes cultivées, qu’elles dé- livreroient d’un grand nombre d’infectes nuifibles, & où elles ne pourroient faire aucun dégât, puifqu’elles ne fe nourriflent pas des plantes qui font l'efpoir des Cultivateurs ? Parmi ces efpèces, plus utiles qu'on ne l’a cru jufqu'à préfent, l’on doit compter la Mexicaine, puif- que, fuivant M. Linné, elle n'eft point venimeufe , & qu’elle ne parvient pas à une grandeur confidérable. Elle a cent trente-quatre grandes plaques, & foixante-. dix-fept paires de“petites. C’eft tout ce que M. Linné a publié de la conformation de ce Serpent. (a) Pline, liy. 10, chap. 23. LE SIPÉDE. si plie ls | SUEUR| PEN IS, 305 a — LE SIPÈDE (:). Le: SERPENT a été obfervé par M. Kalm, dans l’Amérique feptentrionale. Sa couleur eft brune, & il a ordinairement cent quarante-quatre grandes. plaques, & foixante-treize paires de petites. (2) Le Sipède. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Sipedon. Linn. amphib. Serp. Serpens , Tome II. qq D GRR 0 SE ER LA VERTE ET BLEUE (ce). Corre ‘COULEUVRE reffemble beaucoup, par fa eéonformation, au Boiga; elle en a les proportions lé- gères ; mais elle n'en préfente pas les couleurs bril- lantes. Celles qu'elle offre, font cependant très- agréables. Le defius de fon corps eft d’un bleu foncé, {hs aucune tache, & le deflous, d’un vert pâle. Ce Serpent ne parvient pas ordinairement à une longueur confidérable. Sa longueur totale eft commu- nément de deux pieds, & celle de fa queue, de fix pouces. Il a le fommet de la tête garni de grandes écailles, le dos couvert d’écailles ovales & unies, cent dix-neuf grandes plaques, & cent dix paires de petites. On trouve la Verte & Bleue en Amérique. M. Linné l'a placée parmi les Couleuvres qui n'ont pas de venin. | rue (a) Le Vert & Bleu. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Cyancus. Linn. amphib. Serpent. Lin. Amenir. Surinam. grill. 10. Séba. muf. 2 , tab. 43, fig. 2. pr s : SE RÉPER UNS 307 a — LA NÉBULEUSE(:) Le COULEURS de cette Couleuvre ne font pas + très-agréables , & c’eft une de celles que l’on doit voir avec le moins de plaifir. Elle a le deflus du corps nué de brun & de cendré , le deflous varié. de brun & de blanc. C’eft donc le brun qui domine dans les couleurs quelle préfente , fans qu'aucune difiribution fymétrique , ou qu'aucun contrafte de nuances, compenfe l'effet des teintes obfcures que l'on voit fur ce Serpent. La Nébuleufe habite l'Amérique , & elle a ordi- nairement cent quatre-vingt-cinq grandes plaques, & quatre-vingt-une paires de petites. Elle n'eft point venimeufe, fuivant M. Linné; mais il arrive quelquefois, que lorfqu'on pañle trop près d'elle, & quon l'excite ou, l'effraie, élle fe drefle , s'entortille autour des jambes, & les ferre affez fortement (b). (a) Le Nébuicux. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Nebalatus. Linn. amphib. Serpent. Muf. Ad. fr. p. 32, tab. 24 , fig. 1. Ceraftes Nebulatus, 174, Laurenti, Specimen Medicum. (B) Voyez, à ce fujet, M. Laurent, à l'endroit déjà cité. qq ÿ 308 Hisroirrz NATURELLE Le LE SA URIHE (SN ee SERPENT a beaucoup de rapports avec les lé- zards gris & les lézards verts, non-feulement par les nuances de fes couleurs, maïs-encore par fon agilité, &. voilà pourquoi il a été nommé Saurite, qui vient du mot grec Sauros (lézard ). Son corps eft très-délié; fes proportions font agréables, & on doit le rencon- trer avec d'autant plus de plaifir, qu'étant très-adif, il réjouit la vue par la rapidité & la fréquence de fes mouvemens. Le Saurite eft d’un brun foncé avec trois raies lon- gitudinales blanches ou vertes, qui s'étendent depuis la tête jufqu'au deflus de la queue; il a le ventre blanc , cent cinquante-fix grandes plaques, & cent vingt-une paires de petites. On le trouve dans la Caroline; il n’eft point ve- nimeux. (a) Le Saurite. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Saurita. Lin. amphib. Serpent. Catesby ; vol. 2 , planch. 52. DE is. Sr LR Er. Ni 309 EE ————+ L'ET/PL'IVE N Get Cerre ESPÈCE de Serpent eft très-répandue dans là Caroline, & dans la Virginie, où eHe a été obfervée par MM. Cateiby & Smyth. Elle a le deflus du corps d'un noir très-foncé & très-éclatant ; le deflous d’une couleur bronzée, ou bleuâtre, quelquefois la gorge blanche, & les yeux étincelans. Cette Couleuvre par- vient à la longueur de fix ou fept pieds. Elle n’eft point venimeufe, mais très-forte, fe défend avec obfti- nation lorfquon l'attaque, faute même contre ceux qui lirritent, s'entortille autour de leurs corps ou de leurs jambes, & les mord avec acharnement; mais fa morfure n’eft point dangereufe. Elle dévore des ani- maux afflez gros, telsquedesécureuils; elle avale même quelquefois les petites grenouilles tout entières, & comme elles font très-vivaces, on l'a vue en rejeter « (a) Le Serpent Lien. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique, Col. Conftrictor. Lin. amphib. Serpent. Catefby, Carol. 2, planche 48. Kalm. it. 3, p. 236. Smyth. Voyage dans les Erats-Unis de l'Amérique feptentrionale. 310 Hrsrorre NATURErrEr en vie (a). Elle fe bat avec avantage contre d'autres efpèces de Serpens aflez grands, & particulièrement contre les Serpens à fonnettes, auxquels elle donne la mort, en fe pliant en fpirale autour de leurs corps, fe contractant avec force, & les ferrant jufqu'à les étouffer. La Couleuvre Lien fait aufhi la guerre aux rats & aux fouris, dont elle paroît fe nourrir avec beau- coup d’avidité, & qu’elle pourfuit avec une très-grande vitefle, jufques fur les toits des maifons & des granges. Elle eft par-là très-utile aux habitans de la Caroline & de la Virginie; elle fert même plus que les chats à déiivrer leurs demeures des petits animaux deftruc- teurs qui les dévafteroient, parce que fa forme très- alongée, & fa fouplefle, lui permettent de pénétrer dans les petits trous, qui fervent d'afyle aux fouris ou aux rats. Aufli plufeurs Américains cherchent-ils à conferver, & même à multiplier cette efpèce (8). (a) M. Smyth, à l'endroit déjà cié. (b) Le Lien a cent quatre-vingt-fix grandes plaques, & quatres vingt-deux paires de petites. pére St S'le R'PEr NN 5. AT ee nn à L,B4ISILRIT AMIE Ca). M KALM a obfervé, dans le Canada, cette efpèce de Couleuvre, dont les couleurs, fans être très-bril- Jantes, font aflez agréables, & refflemblent beaucoup à celles du Saurite; elle a le deflüs du corps brun, avec trois raies longitudinales, d’un vert changeant en bleu. Le dos paroît légèrement ftrié, fuivant M. Linné, ce qui fuppofe que les écailles qui le cou- vrent, font relevées par une arête. Le Sirtale a cent cinquante grandes plaques, & cent quatorze paires de petites. (a) Le Sirtale. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Sirtalis. Linn. amphib. Serpent. T2 Hrsrorre NATURELLE LES Sy == LA BLANCHE ET BRUNE («). Carre Couceuvre habite l'Amérique. Le deflus de fon corps eft d’une couleur blanchâtre, avec des taches brunes, arrondies, & réunies deux ou trois en- femble, ‘en plufieurs endroits; on en voit deux derrière les yeux. Le deflous de fon corps eft d’un blanc, tirant plus ou moins fur le roux. Elle a le fommet de la tête garni de neuf grandes écailles, difpofées fur quatre rangs, le dos couvert d’écailles liffes & ovales, cent quatre-vingt-dix grandes plaques, & quatre-vingt feize paires de petites. .La Blanche & Brune n’a point de crochets mo- biles. Un individu de cette efpèce , confervé au Ca- binet du Roi, a un pied fix pouces de longueur totale, & fa queue eft longue de quatre pouces fix lignes. (a) Le Bai-rouge. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Annullatus. Linn. amphib. Serpent. Id. Arrenit, amphib. Gillenb. p. 534 ,93 & muf. princ. p. 586, 34. Séba , muf. 2, tab. 38 , fig. 2. LA VERDATRE DIE ST LSVLE CR: PLOE: Née 2112 + LA UVERD ARE). Les COULEURS de cette Couleuvre font très-agréables, mais fa douceur eft encore plus grande. Le deflous de fon corps eft d'un vert plus ou moins clair, ou plus ou -noins mêlé de jaune ; le deflus eft bleu , fuivant M. Linné (b), & vert, fuivant Catefby, qui l’a obfervée dans le pays qu'elle habite. C’eft dans la Caroline qu'on la rencontre. Auf déliée, aufh agile que le Boiga, elle peut, comme lui, parcourir les plus légers rameaux des arbres les plus élevés ; & c’eft fur les branches qu’elle pañle fa vie, occupée à pourfuivre les mouches & les petits infeétes dont elle fe nourrit. Elle eft fi fami- lière, & l’on fait fi bien, dans la Caroline, combien peu elle eft dangereufe, que, fuivant Catefby, on fe plaît à la manier, & que plufeurs perfonnes la por- tent fans crainte dans leur fein. N'étant vue qu'avec u (a) Le Verditre. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Æftivus. Linn. amphib. Serpent. © The Green Snake, le Serpent vert. Cate/by , Carol. 2 , planche 57. (8) M. Linné cite, au fujet de cette Couleuvre, M. le Docteur Garden, qui l’a vue dans la Caroline, Serpens, Tome IL. Tr F À] 314 HistTorre NATURELLE plaifir, on ne cherche pas à la détruire; auf eft- elle très-commune dans la plupart des endroits garnis d'arbres ou de buiflons; & ce doit être un fpeélacle agréable, que de voir les innocens animaux qui com- pofent cette efpèce, entortillés autour des branches, fufpendus aux rameaux, & formant, pour ainfi dire, des guirlandes animées au milieu de la verdure & des fleurs, dont l'éclat n’efface point celui de leurs belles écailles. La Verdâtre a cent cinquante-cinq grandes pla= ques, & cent quarante-quatre paires de petites. La longueur de la queue eft ordinairement un tiers de la longueur du corps; & les écailles du dos ne font point relevées par une arète. DEs SERPENS: 315 LA VERTE (4), Cr NOM défigne très-exaétement la couleur de cette Couleuvre, dont le deffus & le deflous du corps font en effet d'un beau vert, plus clair fous le ventre que fur le dos. Ce Serpent a le fommet de la tête cou- vert de neuf grandes écéilles, difpofées fur quatre rangs; le deflus du corps garni d'écailles ovales & unies, deux cent dix-fept grandes plaques, & cent vingt-deux paires de petites. Ses mâchoires ne font ‘point armées de crochets mobiles, & un individu de cette efpèce, confervé au Cabinet du Roi, a deux pieds deux pouces neuf lignes de longueur totale, & fept pouces une ligne depuis l'anus, jufqu’à l’extré- mité de la queue. : 7 (a) Le Vert. M: d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Viridiffimus. Linn. amphib. Serp. Muf. Ad. fr.2 , p. 46. FF ÿ 31 Hi$rToire NATURELIZTE * RE CE NC O0 Qui Ge SERPENT a la tête très-grofle à proportion du corps : elle eft d’ailleurs prefque globuleufe, fes angles étant peu marqués, & la couleur de cette partie eft blanche, panachée de noir. Le Cenco par- vient quelquefois à la longueur de quatre pieds, fans que fon corps, qui eft très-délié, foit alors beaucoup plus gros qu'une plume de cygne. La longueur de la queue eft ordinairement égale au tiers de celle du corps. Le Cenco a le fommet de la tête couvert de neuf grandes écailles , le dos garni d’écailles ovales & unies, le deflus du corps brun, avec des taches blanchâtres, ou d'un brun ferrugineux , accom- pagnées, dans quelques individus, d’autres taches plus (a) Le Cenco. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Cenchoa. Linn. amphib. Serpent. Ta. Amenit. p. 588, N.° 37. Cencoitl , feconde efpèce. Didionnaire d'hifi. natur. par M. Val: mont de Bomare. Séba, muf. 2, tab. 16, fig. 2 € 3. spas © SNA 322 ANS à ET 307 petites, mais de la même couleur, & quelquefois avec plufieurs bandes tranfverfales & blanches. IL fe trouve en Pipe -& il :y vit de vers & de fourmis (a). : (a) I a deux cent sul grandes plaques , & cent Ant a de petites, 319 CHirsrorre NATURELLE AT. L'E CALMAR (a). Cenre CouLEUVRE eft d'une couleur livide, avec des bandes tranfverfales brunes, & des points de la même couleur, difpofés de manière à former des lignes. Le deffous de fon corps préfente des taches brunes, comme les points & les bandes tranfverfales, prefque carrées, & placées fymmétriquement. On voit fur la queue une raie longitudinale, & couleur de fer. TR Ce Serpent qui n’eft remarquable, ni par fa con- formation , ni par fes couleurs, habite en Amérique, & a cent quarante grandes plaques, & vingt-deux paires de petites. (a) Le Calemar. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. Col. Calamarius Linn. amphib. Serpent. Muf. Ad. fr. 1, p.23, tab. 6, fig 3. Anguis Calamarta, 127 , Laurenti, Specimen Medicum, LT L'OVIVOREI(:}) M LINNÉ à donné ce nom à une Couleuvre d'Aë mérique , dont il n'a fait connoître que le nombre des plaques; elle en à deux cent trois, & foixante- treize paires de petites. Il cite, au fujet de ce Ser- pent, Kalm, fans indiquer aucun des Ouvrages de ce Naturalifte, & Pifon, qui, felon lui, a nommé TOvivore Guinpuaguara, dans fon Ouvrage, intitulé : Medicina Brafilienfis. Pifon y dit, en effet, que l’on trouve, dans l'Amérique méridionale, un Serpent qui fe nomme Güinpuaguara; mais on ne voit, dans Pifon , ni dans Marcgrave, fon Continuateur, aucune defcrip- : tion de ce Reptile, ni aucun détail relatif à fes habi- tudes. M. Linné a vraifemblablement nommé cette Couleuvre Ovivore , pour montrer qu’elle fe nourrit d'œufs, ainfi qué plufieurs autres Serpens & qu’elle en eft même plus avide. (a) Le Guimpe. M. d Aubenton, Encyclopédie Rate Col, Ovivorus. Lin, amphib, Serp. 320 Hrsrorre NArTvuREzrIs»x LE PER24>CHEVAG(). | Ox voiT, fur le corps de cette Couleuvre, un grand nombre de taches roufles, difpofées fur un fond de couleur livide. Le deflus de la tête préfente des taches en croiffant, l’entre-deux des yeux une bande tranfverfale & brune, & l'occiput une grande tache en forme d'arc ou de fer-à-cheval. Telles font les couleurs de ce Serpent d'Amérique, qui a deux cent trente - deux grandes plaques & quatre - vingt paires de petites, L'on conferve, au Cabinet du Roi, une Couleuvre” * qui a beaucoup de rapports avec le Fer-à-cheval. Elle a le fommet de la tête garni de neuf grandes écailles ; le dos couvert d’écailles rhomboïdales & unies ; le deflus du corps livide avec des taches brunes: quatre taches noirâtres & alongées de chaque côté Le. 2 (a) Le Fer-à-cheval. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Hippocrepis. Linn. amphib. Serpent. Muf. Ad. fr. 1 ,p. 36, tab. 16, fig. 2. Natrix Hippocrepis, 155. Laurenti, Specimen Medicum. de la partie née |s ‘Se RC PLUE EN se 321 de la partie antérieure du corps; quatre autres taches noirâtres, également alongées, placées fur le cou, & dont les deux extérieures font inclinées & fe rappro- chent vers l’occiput ; un pied dix pouces de longueur totale; quatre pouces fix lignes depuis l’anus jufqu’à l'extrémité de la queue, deux cent quarante - une grandes plaques, & foixante - dix - neuf paires de petites; elle neft pas venimeufe non plus que le Fer-à-cheval. Serpens , Tome II. ss 322 CE NATURELLE d——_—— |" —————,, L'TBIBE (CC) No CONSERVONS à cette Couleuvre le nom d'Ibibe qui lui a été donné par M. d'Aubenton, & qui eft une abréviation du nom {biboca', fous lequel elle eft décrite dans Séba. Ce Serpent a été obfervé, dans la Caroline, par MM. Catetby & Garden; il eft d'un vert tacheté, fuivant Catefby, & bleu, fuivant M. Linné, avec des taches noires comme nuageufes. On voit, de chaque côté du corps, une rangée de points noirs, placés ordinairement à l'extrémité des grandes plaques; & quelquefois une raie d’un vert foncé, ou, au contraire, d’une couleur aflez claire, s'étend le long du dos. L'Ibibe a le fommet de la tête garni de neuf grandes écailles; le deflus du corps couvert d'écailles ovales, & relevées par une arête; cent trente-huit grandes plaques, & foixante - douze paires de petites. (a) L'Ibibe. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Col. Ordinatus. Linn. amphib. Serp. Catefby ; Carol. 2, p.53, tab. 43- Gronovius, muf. 37. Séba, muj. 2 , tab. 20, fig2. Durs S'ERPENS. 323 Un individu de cette efpèce, qui fait partie de la collection de Sa Majefté, a deux pieds de longueur totale, & fa queue eft longue de quatre pouces dix lignes. La difpoftion des grandes écailles, qui couvrent le deflous de fa queue, n’eft pas la même que dans les autres efpèces de Couleuvres; il préfente quatre grandes plaques entre l'anus & les premières paires de petites. L'Ibibe n’eft point venimeux ; il fe glifle quelquefois dans les bafle-cours ; il y caffle & fuce les œufs, mais il n’eft pas ordinairement aflez grand pour dévorer même la plus petite volaille. ssy ee + 324 Hi1sTOrrE NATURELLE LA CHATOYANTE («) M. LE COMTE DE RASOUMOWSKY nomme ainf une petite Couleuvre, qui fe trouve aux environs de Laufanne. Elle parvient à un pied & demi de longueur, & a la groffeur d’une plume d'oie ou de cygne; elle eft luifante comme fi elle étoit enduite d'huile; le deflus de fon corps eft d’un gris cendré, avec une bande longitudinale, brune, formée de petites raies tranfverfales, & difpofées en zig-zag; les grandes & les petites plaques font d'un rouge brun, tachetées de blanc & bordées de bleuâtre du côté de l'extrémité de la queue. Ces plaques font chatoyantes au grand jour, & produifent des reflets d'un beau bleu. Les écailles du dos le font auf, mais beaucoup moins. Une tache brune, un peu en forme de cœur, eft placée fur le fommet de la tête, (a) La Chatoyante. Hif. natur. du Jorat & de Jes environs , par M. le Comte de Ra/oumowsky. Laufanne , 1789 , vol. 1 , pag. 122, planche 6, kttres a & k. 0 Du S à SOEUR PIE s 325 qui eft couvert de neuf grandes écailles (4). Les yeux. font noirs, petits, animés, & l'iris eft rouge. 1 P 1 ) ï 8 On a rencontré la Chatoyante auprès des eaux ou dans des foffés humides. M. le Comte de Rafoumowsky ne la regarde pas comme venimeufe. (a) La Chatoyante a depuis cent cinquante-fix jufqu’à cent foixante- une grandes plaques, & cent treize paires de petites. 326 Hisrorrs NATUR2ZLILE LA SUISSE (4). Cesr M. LE COMTE DE RASOUMOWSKY qui a fait connoître cette Couleuvre; il l’a nommée Couleuvre vulgaire; mais, comme cette épithète de vulgaire a été donnée à plufeurs efpèces de Serpens, nous avons cru ne pouvoir éviter toute confufion, qu’en défignant, par un autre nom, le Reptile dont nous traitons dans cet article. Nous l’indiquons par celui du pays où il a été obfervé. Il eft d'un gris cendré, avec de petites raies noires fur les côtés; & l’on voit fur le dos une bande longitudinale, compofée de petites raies tranfver- fales, plus étroites & d’une couleur plus pâle; le deffous du corps eft noir avec des taches d’un blanc bleuâtre, beaucoup plus grandes fous le ventre que fous la queue (b). (a) La Couleuvre vulgaire. Hiff. narur. du Mont-Jorat € de fès environs , par M. le Comre de Rafoumowsky, tom. 1, p. 1x1 & P- 288. : (b) Les écailles du dos de la Couleuvre Suifle font ovales & rele- vées par une arète; elle a jufqu’à cent foixante-dix grandes plaques, & cent vingt-fept paires de petites. BÈGE LS USPANBRS P LE UN Si 327. La Couleuvre Suifle parvient jufqu'à trois pieds de longueur; elle paroït aimer le voifinage des eaux & les ombres épaifles; on la trouve dans les foflés & dans les buiflons qui croiffent fur un terrain humide ; & on la rencontre aufli dans les bois du Jorat. Elle dépofe fes œufs, en été, dans des endroits chauds, & fur-tout dans du fumier où elle les abandonne; on a afluré à M. de Rafoumowsky qu’ils étoient attachés enfemble, & au nombre de quarante- deux ou plus; ils font renfermés dans une membrane blanche, mince comme du papier, & qui fe déchire facilement. Le ferpenteau eft plein de force & d’agilité en fortant de l'œuf; il a quelquefois alors plus d’un demi-pied de longueur, & fes couleurs font plus claires que celles des Couleuvres Suifles adultes. Le peuple regarde ces Serpens comme venimeux (a); mais ils n'ont point de crochets mobiles, & leur mâchoire fupérieure eft garnie de chaque côté d'un double rang de petites dents aigues & ferrées (b). (a) Hifi. natur. du Mont-Jorat, p. 122. (b) Idem, ibid. A 328 Hrsrorre NATURAILEz a: L'1B 1 B0 € 4 (@) C>: NOM d'Ibiboca a été donné par les Voyageurs & les Naturaliftes à plufieurs efpèces de Serpens, très-différentes l’une de l’autre ; nous le réfervons à la Couleuvre dont il eft queftion dans cet article, & qui a été envoyée fous ce nom au Cabinet du Roi. C’eft dans le Bréfil qu'on la trouve; elle n’eft point venimeufe, & nous allons la décrire d’après l'individu qui fait partie de la collection de Sa Majefté. Elle a le deflus de la tête garni de neuf grandes écailles; le dos couvert d’écailles rhomboïdales, unies, grifâtres & bordées de blanc (4); cinq pieds cinq pouces fix lignes de longueur totale; un pied fept pouces une ligne depuis l’anus jufqu'à l'extrémité de la queue; cent foixante-feize grandes plaques, & cent vingt-une paires de petites (c). (a) Cobra de Corais, au Bréfil. (B) Les écailles du dos font, en plufieurs endroits, un peu féparées les unes des autres. (c) L'individu du Cabinet du Roï étoit mâle ; il avoit été mis dans l'efprit-de-vin pendant que fes deux verges fortoient par {on anus : chacune eft longue de fix lignes & a fix lignes de diamètre ; lorfqu'elle s'épanouïit, l'extrémité, qu’on pourroit comparer à une fleur radiée, préfente cinq cercles concentriques de membranes plifiées & frangées ; autour defquels on voit quatre autres cercles de piquans de nature un peu écaïlleufe & longs de deux lignes : la furface extérieure eft ériée de petits piquans prefqu'imperceptibles. LA TACHETEE, LL | DES 0S E RPNE wi. 329 5 — LA TACHETÉE. Nos. DONNONS ce nom à une Couleuvre de la Louifiane, dont le deflus du corps eft blanchâtre, avec de grandes taches en forme de lofange, quelquefois irrégulières, d'un roux plus ou moins rougeâtre, & bordées de noir ou d’une couleur très-foncée. On voit fouvent, depuis le cou jufqu'au quart de la longueur du SO SuRe double rangée de ces taches, difpofées de manière à former une raie en zig- Za8 ; le ventre eft blanchâtre & quelquefois tacheté. Cette Couleuvre w’eft point venimeufe ; elle a neuf grandes écailles fur le fommet de la tête; des écailles hexagones, & relevées par une arête fur le dos; cent dix-neuf grandes plaques & foixante-dix paires de petites (a). Il paroïît qu’elle eft de la même efpèce que le Serpent figuré dans Catefby (tom. 2, planche 55). (a) Une Couleuvre Tachetée, confervée au Cabinet du Ror, a deux pieds de longueur totale, & fa queue eft longue de cinq pouces quatre lignes. Serpens , Tome II. CE 220. HisToirrre NATURFILE Ce Reptile fe trouve dansla Virginie & dans la Caroline, où on l'appelle Serpent de bled , à caufe de la reflemblance de fes couleurs avec celles d’une efpèce de maïs ou de bled d'Inde, & où il pénètre quelquefois dans les - baffle - cours pour fucer les œufs. DAE Ms à LSVEMRERP JEUN *s 321 En LiE4 T-R LAN GIL E, LS No NOMMONS ainfi cette efpèce de Couleuvre, parce qu'on voit fur le fommet de fa tête, qui eft garni de neuf grandes écailles, une tache triangulaire, chargée, dans le milieu, d’une autre tache triangulaire plus petite, & d’une couleur beaucoup plus claire ou quelquefois plus foncée. Des écailles unies & en lofange couvrent le deflus du corps qui eft blanchâtre, avec des taches rouffes, irrégulières, & bordées de noir. On voit un rang de petites taches de chaque côté du dos, & une tache noire, alongée, & placée obliquement derrière chaque œil. | Le Triangle fe trouve en Amérique, & n’eft point venimeux. Un individu de cette efpèce, envoyé au Cabinet du Roi, a deux pieds fept pouces deux lignes de longueur totale, trois pouces depuis l'anus jufqu'à l'extrémité de la queue, deux cent treize grandes plaques, & quarante-huit paires de petites. tt 332 Histrorrre NATURE:ILE LE. TRIPLE-R AëN,G. L: NOM que nous avons cru devoir donner à cette Couleuvre défigne la difpofition de fes couleurs. Le deffus de fon corps eft blanchâtre, avec trois rangées longitudinales de taches d’une couleur foncée; & le deffous eft varié de blanchätre & de brun. Elle neft point venimeufe; elle a neuf grandes écailles fur le fommet de la tête, des écailles ovales, & relevées par une arête fur le dos, cent cinquante grandes plaques, & cinquante-deux paires de petites (a); elle habite en Amérique. (a) Un individu de cette efpèce, envoyé am Cabinet du :Roï , a un pied dix pouces de longueur totale, & fa queue eft longue de quatre pouces. D'E S : SVE R P E N 9.* 333 £— Damas NC ame : se memes Len) A ÉRQS RER ER L'XOR ÉINIICULAIDR E. Cr. COULEUVRE de la Louifiane refflemble beaucoup par fes couleurs à l’Ibiboca; les écailles que l’on voit fur la partie fupérieure de fon corps, font blanchâtres, & bordées de blanc; comme ces bordures fe touchent , elles forment une forte de réfeau blanc au travers duquel on verroit le corps de l'animal; & voilà pourquoi nous l’avons nommée la Réticulaire. Elle ef diftinguée de lIbiboca par plufeurs caradères, & fur-tout par le nombre de fes plaques, trop différent de celui des plaques de ce dernier Serpent, pour que ces deux Couleuvres appartiennent à la même efpèce. Parmi les Réticulaires que nous avons décrites, nous en avons vu une qui eft confervée auCabinet du Roi, & qui a trois pieds onze pouces de longueur totale, & dix pouces depuis Panus jufqu'à l'extrémité de la queue (a). (a) Les mächoïres de la Réticulaire ne font point armées de cro- chets mobiles ; elle à la tête couverte de neuf grandes écailles ; Le dos garni d'écailles unies & en lofange ; deux cent dix-huit grandes plaques, & quatre-vingt paires de petites, 334 Hrsrorre NArTuRzrz=s —— LA COULEUVRE À ZONES, ( Cz SERPENT eft blanc par-deflus & par-deflous, avec des bandes tranfverfales plus ou moins larges, d’une couleur très- foncée qui, comme autant de Zones, le ceignent & font tout le tour de fon corps. On voit, dans les intervalles blancs, quelques écailles tachetées de roufsâtre à leur extrémité; & toutes celles qui garniflent les lèvres ou le deffus de la tête, font blanchâtres, & bordées de roux ou de brun. La Couleuvre à Zones a beaucoup de rapports avec l’Annellée, & avec la Noire & Fauve; mais, indépendamment d’autres différences, elle eft féparée de la première par la difpofition de fes couleurs, & de la feconde par le nombre de fes plaques. Elle n’eft pas venimeufe (a). (a) Une Couleuvre à Zones, qui fait partie de la collection du Roi, aneuf grandes écailles fur le fommet de Ia tête, des écailles rhomboïdales & unies fur le dos, un pied de longueur totale, un pouce fix lignes depuis l'anus jufqu’à lextrémité de la queue , cent foïxante-cinq grandes plaques, & trente-cinq paires de petites, Ab 4S SNA Eh EN ss 325 ge AR O US SYE Ccrrs COULEUVRE a le deflus du corps d'un roux plus ou moins foncé, & le deflous blanchâtre; c'eft de la couleur de fon dos que vient le nom que nous avons cru devoir lui donner; elle n’eft point venimeufe, mais nous ignorons quelles font fes habi- tudes naturelles. Nous avons décrit cette efpèce d’après un individu confervé au Cabinet du Roi, & qui a un pied cinq pouces quatre lignes de longueur totale, & trois pouces depuis l'anus jufqu'à l’extrémité de la queue. La Roufle a neuf grandes écailles fur la partie fupérieure de la tête, le dos couvert d’écailles rhom- boïdales & unies, deux cent vingt - quatre grandes plaques & foixante-huit paires de petites. Nous ne fayons pas quel eft le pays où on la trouve. LT 380 Hisrorrre NATURELLE ———_—_—_————ÀÙ a —_—_]_ _—_—Z_ LA LARGE-TÉÊTE. Nous NOMMONS ainfi cette Couleuvre parce que fa tête, un peu aplatie par- deflus & par - deflous , eft très-large à proportion du corps. C’eft M. Dombey qui l’a apportée de l'Amérique méridionale au Cabinet du Roi. La couleur du deflus du corps de ce Serpent eft blanchâtre, avec de grandes taches irrégulières, d'une couleur très-foncée, & qui fe réuniflent en plu- fieurs endroits le long du dos, & fur-tout vers la tête ainfique vers la queue; le deflous du corps eft également blanchätre, mais avec des taches plus petites, plus éloignées l’une de l’autre, & difpofées longitudina- lement de chaque côté du ventre. Le mufeau de cette Couleuvre eft terminé comme celui de plufieurs Vipères venimeufes, par une grande écaille relevée, prefque verticale, pointue par le haut, & échancrée par le bas; cependant elle n’a point de crochets mobiles, & le fommet de fa tête eft garni de neuf grandes écailles; celles qui revêtent le dos font ovales, unies, & un peu féparées l’une de l’autre vers la tête comme fur le Naja. L'individu que nous avons décrit avoit quatre pieds neuf DES SFRPE NS. 337 neuf pouces de longueur totale, fept pouces depuis l'anus jufqu’à l'extrémité de la queue, deux cent dix- huit grandes plaques, & cinquante - deux paires de petites. Avant de pañfler au genre des Boa, il nous refteroit à parler de quinze Couleuvres dont Gronovius a fait mention (a); mais, comme il n’eft entré dans prefque aucun détail relativement à ces Reptiles, & que nous ne les avons pas vus, nous avons cru ne devoir pas en traiter dans des articles particuliers, & ne pouvoir même rien décider relativement à lidentité ou à la différence de leurs efpèces avec celles que nous avons décrites. Nous nous fommes contentés de les placer à leur rang dans notre table méthodique, en y rapportant le petit nombre de caractères indiqués par Gronovius, en renvoyant aux planches qu’il a citées, en défignant uniquement ces Couleuvres par le numéro des articles de Gronovius où il en eft queftion, & en ne leur donnant . aucun nom jufqu'à ce qu’elles foient mieux connues. (a) Gronov. muf: Serpens, Tome ÎT. u 4 338 HisTorrr N4TURELLE SECONDGENRE. SERPENS Qui ont de grandes plaques fous le corps & fous la queue. B O A. M Ke ne) L EN D,E Val N Ca #5 Ne. AVONS CONSIDÉRÉ à la tête du genre des Couleuvres, les diverfes efpèces de Vipères, ces animaux funeftes & d'autant plus dangereux que, diftillant fans ceffe le venin le plus fubtil, ils mafquent leur approche, (a) Le Devin, au Mexique. Xaxathua , Xalxalhua , l'Empereur, dans le méme pays. Tamacuilla huïlia, dans d’autres contrées de l Amérique. | DES ISERE à 5 339 déguifent leurs attaques, fe replient en cercle, fe cachent pour ainfi dire en eux-mêmes, comme pour dérober Caçadora ou Couleuvre chafleufe , aux environs de l'Orenoque. Jurucucu, dans le Bréfil. Boïiguacu , Giboya ou Jiboya, & la Reine des Serpens, ainfi que Jauca Acanga, au Bréfil. La manda , qui veut dire Roï des Serpens, à Java. Mamballa & Polonga, à Ceylan. Giarende. Gerende. Gorende. Fedagofo & Cobra de Veado, par les Portugais. Serpent Impérial. Dépone , dans plufieurs contrées. Le Devin. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. Bo conftriétor. Linn. amphib. Serpent. Cenchris. Gronoy. muf. 2, p. 69, n. 43. L'Empereur. Séba , muf. 2, tab. 36, fig. 5, tab. 53, fig. 2 , tab. 62, fig. 1,25 G muf. 2, tab. 77, fig. 4 & 5, tab. 98, fig. t, tab. 99, fig 1,2, tab. 100, fig. 7, tab. 104, fig. 1. Conftriétor formofflimus , 235. Conftriétor Rex Serpentum , 236. Conftrictor Aufpex, 237. Conftriétor Diviniloquus , 238. Laurenti, Specimen Medicum. Job. Ludolph. Commentar. ad'hifloriam Æthiopicam , fol. 166. Draco. Diyus Hyeronimus in yicé fanéi Hilarionis. Boiguacu, Ray, Synopfis Serpentini generis , p. 325$. uu ÿ 240 Hrsrorre NATURELLE leur préfence à leurs victimes, s’élancent fur elles par P ; P des fauts aufli rapides qu'inattendus, ne parviennent à les vaincre que par leurs poifons mortels, & n’emploient € que P ; P que cette arme traitrefle qui pénètre comme un trait invifible, dont & la valeur ni la puiflance ne peuvent fe garantir. Nous allons parler maintenant d'un genre plus noble ; nous allons traiter des Boa, des plus grands & des plus forts des Serpens, de ceux qui, ne contenant aucun venin, n'attaquent que par befoin, ne combattent qu'avec audace, ne domptent que par leur puiflance ; & contre lefquels on peut oppofer les armes aux armes, le courage au courage, la force à la force, fans craindre de recevoir, par une piqûre infenfible, une mort aufli cruelle qu'imprévue. Parmi ces premières efpèces, parmi ce genre diftingué dans l’ordre des Serpens, le Devin occupe la première place. La Nature l’en a fait Roi par la fupériorité des dons qu'elle lui a prodigués. Elle lui a accordé la beauté, la grandeur, lagilité, la force, l’induftrie Xaxathua & Boïguacu. M. Valmont de Bomare. Serpens Peregrinus. Car. Clufius , exoticorum , lb. 6, p. 213, ed. 2605. Amphitheatrum Zootomicum Mich. Bern. Valentin. tab. 85, fig. 8. Boïguacu. Pi/on , de medicina Brafilienfi , Gb. 3, fol. 42. Boïguacu. Georg. Marcgravi , hifl. rerum naturalium ‘Brafiliæ , db. 6, cap. 13, fol. 219. DE Su St ALREPM EN S. 341 elle lui a en quelque forte tout donné , hors ce funefte poifon départi à certaines efpèces de Serpens, prefque toujours aux plus petites, & qui a fait regarder l'ordre entier de ces animanx comme des objets d'une grande terreur. Le Devin eft donc parmi les Serpens, comme lEléphant ou le Lion parmi les Quadrupèdes. Il furpaffe les animaux de fon ordre, par fa grandeur comme le premier, & par fa force comme le fecond; il parvient communément à la longueur de plus de vingt pieds; &, en réuniffant les témoignages des Voyageurs, il paroît que c’eft à cette efpèce qu'il faut rapporter les individus de quarante ou cinquante pieds de long, qui habitent, fuivant ces mêmes Voyageurs, les déferts brûlans où l’homme ne pénètre qu'avec peine (a), (a) Gronovius avoit dans fon Cabinet, une dépouille d’un Serpent Devin qui avoit fix pieds de longueur ; & 1l a écrit en avoir vu dans plufeurs Cabinets, dont la longueur étoit de vingt pieds. P. 70 , Mufœum Gronovi: , Leyde, 1754, in-folio. Sans parler du fameux Serpent de Norvège, qui, fuivant Olaüs Magnus (Zy. 22, chap. 43), avoit plus de deux cens pieds de longueur avec une épaïfieur de vingt pieds, & dont il faut ranger lhiftoire parmi les fables, l’on peut citer, entre plufieurs témoignages, celui de Gecrge Anderfen, qui, dans le fixième chapitre de fon Voyage en Orient, dit que, dans TIfle de Java, il y à des Serpens aflez grands pour avaler des hommes entiers. Le Voyageur Iverfen tua lui-même un Serpent de vingt-trois pieds de longueur ; voyez fon Voyage dans les contrées orientales, 342 Hrsrorre NATURELLE C'eft aufli à cette efpèce qu'appartenoit ce Serpent chapitre 4.° Baldæus, dans fa defcription de Ffle de Ceylan, chap. 22, dit qu'on y trouve des Serpens de huit, neuf & dix aunes de long, mais qu'il y en a de plus grands dans l’Ifle de Java , ainfi que dans celle de Banda; qu'on y en avoit pris un qui avoit dévoré un cerf, & un fecond qui avoit engloutt une femme tout entière. « Nous lifons qu'auprès de Batavia , Etablifiement Hollandois » dans les Indes orientales, il y à des Serpens de cinquante pieds 33 de longueur. » Effai für l’hifloire raturelle des Sernens , par Charles Owen. Londres, 2742, pag. 14. Dans l'Ile de Carajan on voit, fuivant Marc Paul , y. 2 ; ch. 40, de très-grands Serpens qui ont dix pas de longueur & une épaïffeur de dix palmes. Nous croyons devoir rapporter aufli de pañlage fuivant , extrait de la Defcription du Mufeum du P. Kircher, dans laquelle il eft quef- tion de Devins de quarante palmes de longueur. ec Illum ( Serpentem ) in paludibus Brafiliæ incolz venantur ad » vefcendum , ficuti italt anguïllas. Palmorum duodecim longitudi- » nem æquat, fed ad palmos quadraginta hujufmodi Serpentem » extendi aliquando fignificavit noftræ Societatis Miffionarius in Bra- » fihà, & in fpiras contortum vitulum devincire , quem fuétu paula- » tim devorat, ut Bufones. aliqui Serpentes deglutiunt. Cæterum » veneno caret, & dentibus minutiflimis ejus os munitur. Collum » anguftum eft, & caudam verfus paulatim m anguftum contrahitur, » Tota pellis fquamis teéta ferie pulchrà difpolitis, pronâ parte mino- » ribus, fupinâ majoribus, colorum varietate eleganti ; nam dorfum » à capite ad extremam caudam continuo ordine fecundüm longitu- » dinem nigricantibus, qual clypeiformibus maculis ornatur ; extrema » vero cauda ovalis formæ maculis nigricantibus diftincta ; latera » alterius formæ maculis, inftar foliorum mali , depiéta funt fpecre DA) S 4 D VE JR IOPA D UM ST. 243 énorme dont Pline a parlé, & qui arrêta pour ainfi » venuftà, colore fubfufco. Talem Serpentem fub nomine Serpentis » Americant retulit Wormius , pag. 263. Illius etram mentionem fecit 3 Andreas Cleyerus , in obferv. 7, decurix 2, tom. 2, Ephemerid. 3 Germanicarum, pag. 18. ( Voyez les notes fuivantes.) Qui ilum > ait degere in Ambona Molucarum Infula. In Brafilia Boiguacu 3 vocari aiunt , atque inprimis in eo Regno nafcuntur fimiles > Serpentes. 1 : Hujus, vel fimilis Serpentis mentionem fecit in fuo Commentario ad hiftoriam Æthyopicam Jobus Ludolphus, pag. 166, aitque illum in Italia quoque olim notum, fcribente Plinio , Ib. 8 , cap. 14. Aluntur primo bubuli laëlis fuëlu , undè nomen traxere. D. tamen Hyeronimus in vità fanéti Hilarionis : Draco inquit, miræ magnitu- dinis ( quos Gentili fermone Boas vocant ), ab eo, quod tam grandes fint, ut boves glurire foleant, omnem late vaftabat Provinciam, &c. Mufœum Kircherianum , Romæ, 1773, claffis fécunda , fol. 33. « Les Couleuvres qu'on appelle Cacadoras ou chaffeufes , font > de la grofleur des Bujos ( auxquels l’Auteur attribue une longueur » de huit aunes ou environ); mais elles font plus longues de plu- » fieurs aunes, & lon ne peut voir , fans étonnement, la légèreté » avec laquelle elles courent après la proie qu’elles ont apperçue, 2 & qu'elles attrapent fans qu'elle puïfle leur échapper. » Hifloire naturelle de lOrenoque , par le P. Joféph Gumilla , traduite de PEfpagnol par M. Eidous. Avignon , 1748, vol. 3, pag. 74. ec Dans le Royaume de Congo, ïl y a des Serpens de vingt-cinq » pieds de Iong qui avalent une brebis ; ils s’étendent ordinairement » au foléil pour digérer ce qu’ils ont mangé : lorfque les Nègres s’en > apperçoivent , ïls les tuent, leur coupent la tête & Ia queue, les » éventrent & Îles mangent ; on les trouve ordinairement gras comme » des cochons. Colle. académ. partie étrang. vol. 2 , p. 484. 344 Hirsrorre NATUREZTLE dire, l’armée Romaine auprès des côtes feptentrionales # « Suivant le Voyageur Artus, les Serpens de là Côte d'Or ont communément vingt pieds de Jongueur , & cinq ou fix de largeur ( apparemment de circonférence) , mais …l s’en trouve de beau- coup plus grands. I en vit un qui, fans avoir plus de trois pieds de longueur , étoit aflez gros pour faire la charge de fix hommes. » Hiff. génér. des Voy. édit. in-12, vol. 24, p. 213. « Bofman s'étend 3 22 32 9 #2 22 LE] 92 32 22 ” comme Ârtus , {ur le nombre & Îa grandeur des Serpens de Ta Côte d'Or : le plus monftrueux qu’il ait vu n’avoit pas moins de vingt pieds de longueur ; mais il ajoute qu'il s'en trouve de beau- coup plus grands dans l'intérieur des terres. Les Hollandoïs , dit-il , ont fouvent trouvé dans leurs entrailles, non-feulement des ani- maux, mais des hommes entiers. » Idem. pag. 224. « Les Nègres d'Axim tuèrent un Serpent long de vingt-deux pieds, dans le ventre duquel on trouva un daim entier. Vers le même temps on trouva dans un autre, à Boutri, les reftes d'un Nègre qu'il avoit dévoré. 11 Idem. pag. 216. « Plufeurs Serpens du Royaume de Kayor ont jufqu'à vingt-cinq pieds de long fur un pied & demi de diamètre. » Woyages du fieur Brue. Hiff. génér. des Voyages, édit. in-12, vol. 7, pag. 460. LE] 12 Ep] 2 32 1 3? « Sur la rivière de Kurbalr , auprès des côtes occidentales de l'Afrique, on voit des Serpens de trente preds qui feroïent capables d'avaler un bœuf. » Woy. de Labat, vol. 5, p. 249. On trouve aux Moluques, de grandes Couleuvres qui ont plus de trente pieds de long , & qui font d’une groffeur proportionnée; elles rampent pefamment; on n'a jamais reconnu qu’elles foient venimeufes. Ceux qui les ont vues aflurentque , 1orfqu’elles manquent de nourriture, elles mâchent d’une certaine herbe dont elles doivent la connotïflance à l'inftinét de la Nature: après de l'Afrique. DES 49 LEUR PE NS. 345 de l’Afrique (a). Sans doute il y a de l’exagération dans la longueur attribuée à ce monftrueux animal; fans doute il n'avoit point cent vingt pieds de long comme le rapporte le Naturalifte Romain; mais Pline ajoute que la dépouille de ce Serpent demeura long-temps fufpendue dans un Temple de Rome, à une époque aflez peu éloignée de celle où il écrivoit; & à moins de renoncer à tous les témoignages de l’hiftoire, on eft obligé d'admettre l’exiftence d’un énorme Serpent, qui, preflé par la faim, fe jetoit fur les foldats Romains #» quoi, elles montent fur les arbres au bord de la mer, où elles LI > dégorgent ce qu'elles ont mâché ; aufli-tôt divers porffons l'avalent, 3» &, tombant dans une forte d’ivrefle qui les fait demeurer fans 3 mouvement fur la furface de l’eau, ils deviennent la proie des > Couleuvres. » Hiffoire natur. des Moluques , Hifioire des Voyages ; édit. in-12, Liv. 2, tom. 31 , pag. 199. A9 ce L'animal le plus rare & le plus fingulier du genre des Reptiles; ; 5 eft un grand Serpent amphibre de vingt-cinq ou trente pieds de 5> long, & de plus d’un pied de grofleur , que les Indiens nomment » Yacu-Mama, c'eft-à-dire, Mère de l'eau, & qui habite ordinaï- 2 rement, dit-on, les grands lacs formés par l’épanchement des eaux du »> fleuve au-dedans des terres. > Hiff. naturelle des environs de l'Ama- zone , Hifl. génér. des Voyages , tom. 53, p. 445. (a) ce Nota eft, in punicis bellis, ad flumem Bagradam, à Regulo »> Imperatore balliftis, tormentifque , ut oppidum aliquod , expu- »> gnata Serpens 120 pedum Jongitudinis. Pellis ejus maxillzque 1 ufquè ad bellum Numantinum duravere in templo. » Pline, liy 28, chap. 14. # Serpens , Tome II. xx 346 Hisrorre NATURELLE lorfqu'ils s'écartoient de leur camp, & qu'on ne put mettre à mort quen employant contre lui un corps de troupes, & en l’écrafant fous les mêmes machines militaires qui fervoient à ces vainqueurs du monde à renverfer les murs ennemis. C’étoit auprès des plaines: fablonneufes d'Afrique qu’eut lieu ce combat remar- quable; le Serpent Devin fe trouve aufli dans cette partie du monde; & comme c’eft le plus grand des Serpens, c’eft un individu de fon efpèce, qui doit avoir luté contre les armées Romaïines. Ce mot de Rome antique, défigne toujours la puiflance & la viétoire; c’eft donc la plus grande preuve que l’on puiffe rapporter en faveur de la force du Serpent dont nous écrivons lhiftoire, que d’expofer les moyens employés par les conquérans de la terre, pour le foumettre & lui donner la mort. Le Devin eft remarquable par la forme de fa tête, qui annonce, pour ainfi dire, la fupériorité de fa force, & que l’on a comparée, avec aflez de raifon, à celle des chiens de chañfle, appelés chiens couchans (a). Le fommet en eft élargi; le front élevé & divifé par un fillon longitudinal ; les orbites font faillantes, & les yeux très-gros; le mufeau eft alongé, & terminé par une grande écaille blanchâtre, tachetée de jaune, (2) Séba. — M. Laurent, Er. ninis NON AIR PE ANS. 347 placée prefque verticalement, & échancrée par le bas pour laifler pafñler la langue; l'ouverture de la gueule très-grande; les dents font très-longues (a), (a) ce J'ar vu des Couleuvres Chafleufes ( des Devins) vivantes ; s & d’autres mortes, & leur aï trouvé des dents aufli grofles que s celles du meilleur fevrier, ... Quelles armes plus redoutables que leur vitefle, jointe à l’opiniâtreté avec laquelle elles mordent ! 5 Dans le temps que j'étois en Amérique , une de ces Couleuvres s2 faifit un Laboureur par Île talon & la cheville du pied ; comme il 2 étoit homme de courage, il fe faïfñit du premier arbre qui fe pré- 2 fenta, & lembraffa du mieux qu'il put en jetant des cris horribles; s> on accourut pour Le fecourir, & 1e Serpent fe voyant preflé , #» ferra les dents , lui coupa le talon, & s'enfuit avec la vitefle d’un 23 trait.» Hif. de l'Orenoque , déjà citée , vol. 3, p. 76. Cleyerus, ( Lettre déjà citée) rapporte que, cherchant à avoir le fquelette d’un de ces grands Serpens, fes domeftiques en firent cuire les chaïrs dans de l’eau où l’on avoit mis de la chaux vive. Un d'eux voulant nettoyer la tête du Serpent dont la cuiflon avoit détaché les chairs, fe bleffa au doigt contre [es grofles dents de l'animal. Cet accident fut fuivi d’une enflure avec inflammation dans la partie affectée, d’une fièvre continue & de délire, qui ne cefsèrent qu'après qu'on eut employé les remèdes convenables, & particulièrement une compofition appellée lapis Serpentinus , & que les Jefuites faïfoient alors dans l'Inde. Toute véficule & toute chair avoient été emportées par la chaux vive , obferve l’Auteur; par conféquent on ne doit attribuer à aucune forte de venin les accidens dont ïl parle ; & ce fait ne peut pas détruire les obfervations plu- fieurs fois répétées , qui prouvent que le Devin n’eft point ventmeux : d’ailleurs nous verons de voir que fa gueule ne renferme point de xx 348 Hirsrorre NATUREIIF mais le Devin n’a point de crochets mobiles; quarante- quatre grandes écailles couvrent ordinairement la lèvre fupérieure & cinquante-trois la lèvre inférieure; la queue eft très-courte en proportion du corps qui eft ordinairement neuf fois aufli long que cette partie; mais elle eft très-dure & très-forte (a). Ce Serpent énorme eft d’ailleurs auff diftingué par la beauté des écailles qui le couvrent & la vivacité des couleurs dont il eft peint, que par fa longueur prodigieufe. Les nuances de ces couleurs seflacent bientôt lorfqu'il eft mort. Elles difparoifient plus ou moins, fuivant la manière dont il eft confervé, & le degré d’altération qu’il peut fubir. Il n’eft pas furprenant d'après cela qu'elles aient été décrites fi diverfement par les Auteurs, & quil ait été repréfenté dans des planches , de manière que les différens individus de cette efpèce aient paru former jufqu'à neuf efpèces différentes (b). Mais il y a plus : les couleurs du crochets mobiles, ainfi que nous nous en fommes aflurés nous- mêmes. (a) Le fommet de Ia tête du Devin eft convert d'écailles hexa= gones, petites, unies & femblables à celles du dos; deux rangées longitudinales de grandes écailles s'étendent de chaque côté des grandes plaques , qui font moins longues que dans la plupart des Couleuvres, & dont on compte deux cent quarante-fix fous le corps & cinquante-quatre fous la queue. (5) Séba , à l'endroit déja cité. re pit s SEUR PE NE, 2 49 Serpent Devin varient beaucoup fuivant le climat qu'il habite, & apparemment fuivant l’âge, le fexe, &e. Aufli, croyons-nous très-inutile de décrire , dans les plus petits détails, celles dont il eft paré. Nous penfons devoir nous contenter de dire qu'il 4 communément fur la tête une grande tache, d’une couleur noire où roufle très-foncée, qui repréfente une forte de croix dont la traverfe eft quelquefois fupprimée. Tout le éeflus de fon dos eft parfemé de belles & grandes taches ovales qui ont ordinairement deux ou trois pouces de longueur, qui font très-fouvent échancrées à chaque bout en forme de demi-cercle, & autour defquelles l’on voit d’autres taches plus petites de différentes formes. Toutes font placées avec tant de fymmétrie, & la plupart font fi diftinguées du fond par des bordures fombres qui, en imitant des ombres, les détachent & les font reflortir que, lorfqu'on voit la dépouille d’un de ces Serpens, on croit moins avoir fous les yeux un ouvrage de la Nature qu'une pro- duction de l'Art, compañlée avec le plus de foin. Toutes ces belles taches, tant celles qui font ovales que les taches plus petites qui les environnent, pré- fentent les couleurs les plus agréablement mariées & quelquefois les plus vives. Les taches ovales font ordi- nairement d'un fauve doré, quelquefois noires ou rouges & bordées de blanc; & !2s autres taches d’un châtain plus ou moins clair, ou d'un rouge très-vif, femé de 350 Hisrorrse NarTursire points noirs ou roux , offrent fouvent, d’efpace en efpace, ces marques brillantes que l’on voit refplendir fur la queue du paon ou fur les aîles des beaux papillons, & qu'on a nommées des yeux, parce qu’elles ‘ font compofées d’un point entouré d’un cercle plus clair ou plus obfcur. Le deflous du corps du Devin eft d’un cendré jaunûtre, marbré ou tacheté de noir. On a aflez rarement l’animal entier dans les collec- tions d'Hiftoire Naturelle ; mais il n’eft guère aucun Cabinet où la peau de ce Serpent, féparée des plaques du deflous de fon corps, ne foit étendue en forme de larges bandes. On leur a donné divers noms fuivant la grandeur des individus, les pays d’où on les a reçus, les variétés de leurs couleurs, & les différences qui peuvent fe trouver dans les petites taches placées autour des taches ovales. Mais quelques foient ces variétés d'âge, de fexe ou de pays, c’eft toujours au Serpent Devin qu'il faudra rapporter ces belles peaux; & jufqu’à préfent on ne connoît point d'autre Serpent que. ce dernier qui foit doué d’une taille très-confdérable, & qui ait en même-temps fur le dos des taches ovales femblables à celles que nous venons d'indiquer. Lorfque l’on confidère la taille démefurée du Serpent Devin, l’on ne doit pas être étonné de la force prodi- gieufe dont il jouit. Indépendamment de la roideur de fes mufcles, il eft aifé de concevoir comment un DEN S | SNENRUR EN 5 351 animal qui a quelquefois trente pieds de long, peut, avec facilité, étoufler & écrafer de très-gros animaux dans les replis multipliés de fon corps dont tous les points agiflent, & dont tous les contours faififlent Ia proie, sappliquent intimement à fa furface, & en fuivent toutes les irrégularités. Cette grande puiffance, cette force redoutable, fa Tongueur gigantefque, l'éclat de fes écailles, la beauté de fes couleurs ont infpiré une forte d’admiration, mêlée d’effroi, à plufeurs peuples encore peu éloignés de l’état fauvage ; & , comme tout ce qui produit la terreur & l'admiration, tout ce qui paroît avoir une grande fupériorité fur les autres êtres eft bien près de faire naître, dans des têtes peu éclairées, l’idée d’un agent furnaturel , ce n’eft qu'avec une crainte religieufe que les anciens habitans du Mexique ont vu le Serpent Devin. Soit qu'ils aient penfé qu’une mañle confidé- rable, exécutant des mouvemens aufli rapides, ne pouvoit être mue que par un fouflle divin, ou qu'ils n'aient regardé ce Serpent que comme un miniftre de la toute puiflance célefte, il eft devenu l'objet de leur culte. Ils l'ont furnommé Ermnpereur, pour défigner la prééminence de fes qualités. Objet de leur adoration, il a dû être celui de leur attention particulière; aucun de fes mouvemens ne leur a, pour ainf dire, échappé; aucune de fes actions ne pouvoit leur être indifférente; ils n'ont écouté qu'avec un frémiflement religieux les 352 Hirsrorrze N'ATURSILE fifflemens longs & aigus qu’il fait entendre; ils ont cru que ces fifleméns, que ces fignes des diverfes affections d'un être qu'ils ne voyoient que comme merveilleux & divin devoient être liés avec leur deftinée. Le hafard a fait que ces fifflemens ont été fouvent beaucoup plus forts ou plus fréquens dans les temps qui ont précédé les grandes tempêtes, les maladies peñtilentielles, les guerres cruelles ou les autres calamités publiques; d'ailleurs les grands maux phyfiques font fouvent précédés par une chaleur violente, une fécherefle extrême, un état particulier de l’atmofphère, une électricité abondante dans l'air qui doivent agiter les Serpens, & leur faire pouffer des fifflemens plus forts qu'à l'ordinaire; auffi les Mexicains n’ont regardé ceux du Serpent Devin que comme l’annonce des plus grands malheurs, & ce n’eft qu'avec confternation qu'ils les ont entendus, | | Mais ce n’eft pas feulement un culte doux & pacifique qu'il a obtenu chez les plus anciens habitans du nouveau monde, Son image y a été vénérée, non- feulement au milieu de nuages d'encens, mais même de flots de fang humain, verfé pour honorer le dieu auquel ils lavoient confacré, & qu'ils avoient fait cruel (a). Nous ne rappellons qu'en frémiflant le nombre (a) La Divinité fuprème des Mexicains, nommée Wirilipurtl ; étoit repréfentée tenant dans fa main droite un Serpent , par lequel immeufe DRIVE NS : (SÉRIE, ON) 52 353 immenfe de viétimes humaines que la hache fanglante d’un fanatifme aveugle & barbare a immolées fur les autels de la divinité qu'il avoit inventée. Nous ne penfons qu'avec horreur aux monceaux de têtes & de triftes offemens, trouvés par les Européens autour des temples où le Serpent fembloit partager les hommages de la crainte (4); & tant il faut de temps dans tous les pays pour que la raïifon brille de tout fon éclat, la fuperftition qui a, pour ainfi dire, divinifé le Devin, n'a pas feulement régné en Amérique. Aufli grand, aufli puifflant, aufli redoutable dans les contrées ardentes de l'Afrique, il y a infpiré la même terreur, y a paru aufli merveilleux, y a été également regardé par des efprits encore trop peu élevés au-deflus de la brute, comme le fouverain Difpenfateur des biens & des maux. On l'y a également adoré; on en a fait un dieu fur les côtes brülantes du Mozambique, comme auprès du lac de Mexico, & il paroit même que le Japonois s’eft profterné devant lui (b). nous devons croire , d'après tout ce que nous venons de dire, qu'ils vouloient défigner l’efpèce du Serpent Devin. Les Temples & les Autels de cette Divinité, à laquelle ils faifoient des facrifices bar- bares, offroient l’image du Serpent. Hiff,. génér, des Voyages, édit. in-12, om, 48. (a) Ibid. {b) Simon de Vries, cité dans Séba: Serpens , Tome II. YA 354 HPSsTorRrRE NA TU RENE Mais fi l'opinion religieufe ne l’a pas fait régner fur l’homme dans toutes les contrées équatoriales, tant de l'ancien que du nouveau continent, il n'en eft prefque aucune où il n'ait exercé fur les animaux l’empire de fa force. Il habite en effet prefque tous les pays où il a trouvé affez de chaleur pour ne rien perdre de fon ativité, aflez de proie pour fe nourrir, & aflez d’efpace: pour n'être pas trop fouvent tourmenté par fes ennemis; il vit dans les Indes orientales & dans les grandes ifles de PAfie,ainfi que dans les parties de l'Amérique voifines des deux Tropiques (a); il paroit même qu'autrefois il habitoit à des latitudes plus éloignées de la ligne, & qu'il vivoit dans le Pont, lorfque cette contrée, plus remplie de bois, de marais & moins peuplée, lui pré- fentoit une furface plus libre ou plus analogue à fes habitudes & à fes appétits. Les relations des Anciens doivent donner une bien grande idée de l’haleine empeftée qui sexhaloit de fa gueule, puifque Métrodore a écrit que l’immenfe Serpent qu'il a placé dans cette (2) Il fe pourroit que le Serpent de fa Jamaïque défigné dans Brown par la phrafe fuivante, Cenchris tardigrada major lutea, maculis nigris notata ; caudé breviori © craffiori , appellé en Anglois the Yellow Snake , & qui parvient ordinairement à Îa longueur de feize ou vingt pieds , fut de l’efpèce du Devin, & qu'on ne lui eût donné l’épithète de lent ( tardigrada) , que parce qu’on l’auroit vu dans le temps de fa digeftion , ou dans un commencement d'engourdiflement. » Brown, Hiff. natur. de la Jamaïque , p. 464. h DIRES SNS Si VENPR PIE) NULS. 396 contrée du Pont , & qui devoit être leDevin , avoit le pouvoir d'attirer dans fa gueule béante, les oifeaux qui voloient au-deflus de fa tête, mème à une aflez grande hauteur (a). Ce pouvoir n’a confifté fans doute que dans la corruption de l’haleine du Serpent qui, viciant l'air à une très-petite difance, & l’imprégnant de miafmes putrides & délétères, a pu, dans certaines circonftances, étourdir des oifeaux, leur Ôter leurs forces, les plonger dans une forte d'afphixie, & les contraindre à tomber dans la gueule énorme, ouverte pour les recevoir; mais quelque exagéré que foit le fait rapporté par Métrodore, il prouve la grandeur du Serpent auquel il l’a attribué, & confirme notre conjecture au fujet de l'identité de fon efpèce avec celle du Devin. D'un autre côté, peu de temps avant celui où Pline a écrit, & fous l’empire de Claude, on tua, auprès de Rome, fuivant ce Naturalifte, un très-grand Serpent du genre des Boa, dans le ventre duquel on trouva le corps entier d'un petit enfant, & qui pouvoit bien être de l’efpèce du Devin (b). Jai fouvent oui dire auf (a) « Metrodorus..... circa rhyndacum amnem in Ponto, ut 2 fuper volantes quamvis alte perniciterque alites haufta-raptas abfor- » beant.»s Pline ; liy. 28, chap. 14. (B) cc Factunt his fidem in Italia appellate Boæ; intantam am- + plitudinem exeuntes ut divo Claudio Principe, occifæ in Vaticano » folidus in alvo fpectatus fit infans, 2 Pline, Ly. 28 , chap. 14. YYŸ 350 Hisroirre NATURELLE à plufieurs habitans des provinces méridionales de France, que dans quelques parties de ces provinces, moins peuplées, plus couvertes de bois, plus entre- coupées par des collines, d'un accès plus difficile, & préfentant plus de cavernes & d’anfradtuoftés, on avoit vu des Serpens d’une longueur très-confidérable, qu’on auroit dû peut-être rapporter à l’efpèce ou du: moins au genre du Devin (a). Mais c’eft fur -tout dans les déferts brülans de l'Afrique, qu'exerçant une domination moins troublée, il parvient à la longueur la plus confidérable. On frémit lorfqu'on lit, dans les Relations des Voyageurs DE à RARE AIR PEER PT RAR PR EST RSR Es ER RON RL (a) Schwenckfeld dit, dans fon hiftoire des Reptiles de la Siléfie ; qu'un homme digne de for lui avoit aflüré qu'on trouvoit dans cette Province , des Serpens longs de huit coudées & de [a groffeur du bras; il les appelle Boa, Natrix domeflica, Serpens paluffris, Serpens aquatilis, Anguis Boa, Draco Serpens. W eft dit dans les Mémoires des Curieux de la Nature, pour l'année 1682, que peu de temps RNA ant on avoit pris, auprès de Laufanne en Suifle, un f grand Serpent , que fa circonférence égaloit celle de deux cuiffes très-groffés. La relation ajoutoit que ce Serpent étoit monftrueux, & qu'il avoit des oreilles; & 1l eft à remarquer que, dans prefque tous les récits vagues & peu circonftanciés que l’on a faits concernant les énormes Serpens des Provinces méridionales de France, on leur à toujours fuppofé des oreïlles, quoiqu'aucune efpèce de Serpent n'ait même d'ouverture apparente pour lorgane de l’ouïe. Voyez les Mélanges des Curieux de la Nature de Vienne, Décur. 2 , an. 1682, obferv. de Charl. Offre di, p. 327. pis ONE MR Mpix tn 357 jui ont pénétré dans l'intérieur de cette partie du monde , la manière dont l'énorme Serpent Devin s'avance au milieu des herbes hautes & des broufiailles, ayant quelquefois plus de dix-huit pouces de diamètre, & femblable à une longue & groffe poûtre qu'on remweroit avec vitefle. On apperçoit de loin, par le mouvement des plantes qui s’inclinent fous fon pañlage, l'efpèce de fillon que tracent les diverfes ondulations de fon corps; on voit fuir devant lui les troupeaux de gazèles & d’autres animaux dont il fait fa proie; & le feul parti qui refte à prendre dans ces folitudes immenfes pour fe garantir de fa dent meurtrière & de fa force funefte, eft de mettre le feu aux herbes dejà à demi-brülées par l’ardeur du foleil. Le fer ne .fufñt pas contre ce dangereux Serpent, lorfqu'il eft parvenu à toute fa longueur, & fur-tout lorqu'il eft irrité par la faim. L'on ne peut éviter la mort qu’en couvrant un pays immenfe de flammes qui fe propagent avec vitefle au milieu de végétaux prefqu’entièrement defféchés, en excitant ainfi un vañfte incendie, & en élevant, pour ainfi dire, un rempart de feu contre la pourfuite de cet énorme animal. Il ne peut être, en eflet, arrêté, ni par les fleuves qu'il rencontre, ni par les bras de mer dont il fréquente fouvent les bords, car il nage avec facilité, même au milieu des ondes agitées (a); & c’eft envain, d'un.autre côté, qu'on (a) ce Le Paraguay a des Serpens qu'on nomme Chafeurs ( c'e 258 2 | Habsronre NhTuRrnmrE voudroit chercher un abri fur de grands arbres; il fe roule; avec promptitude, jufqu’à Pextrémité des cimes lés plus hautes (2); auffi vit-il fouvent dans les forêts. > l'efpèce du Devin, à laquelle on a donné ce nom en‘plufieurs » contrées), qui montent fur les arbres pour découvrir leur proie, 5. & qui s'élançant deflus quand elle s’ipproche , la ferrent avec tant » de force, qu'elle ne peut fe remuer, & la dévorent toute vivante : 5 mais lorfqu'ils ont avalé des bètes entières , ils deviennent fi pefans, » qu'ils ne peuvent plus fe traîner.... Plufeurs de ces monftrueux 33 Reptiles vivent de poilion, & le Père de Montoya raconte qu'il » vit un jour une Couleuvre dont la tête étoit de la groffeur d'un »> veau , & qui pêchoit fur le bord d’une rivière; elle commençoit 2 par jeter de fa gueule beaucoup d’écume dans l'eau, enfuite y ss plongeant la tête, & demeurant quelque temps immobile , elle >» ouvroit tout-d'un-coup la gueule pour avaler quantité de poifilons »» que l’écume fembloit attirer. Une autrefois le même Miffionnaire »> vitun Indien de la plus grande taille, qui , étant dans l’eau jufqu'à > la ceinture, occupé de la pêche, fut engloutr par une Couleuvre s> qui , le lendemain, le rejeta tout entier. » Hiffoire générale des Voyages, édit. in-12 , tom. 56 , pag. 420 E füiv. (a) « M. Salmon nous apprend que, dans l'Ifle de Macaflar, » y a des finges, aufli féroces que les chats fauvages, qui attaquent > les voyageurs, fur-tout les femmes, & les mangent après les avoir »» mis en pièces; de forte qu'on eft obligé, pour s'en défendre, >» d'aller toujours armé. Il ajoute que ces finges ne craignent d’autres » bêtes que les Serpens , qui les pourfuivent avec une vitefle extraor- » dinaire & vont les chercher jufques fur les arbres, ce qui les oblige »> d'aller en troupes pour s’en garantir, ce qui n'empêche pas qu'ils »» ne les attaquent & ne les avalent tout en vie, lorfqu’ils peuvent » Îles attraper, » Hijt. natur. de l'Orenoque, vol. 3, pag. 78. Les BIENS) SAR IPIUE MIS: 359 Enveloppant les tiges dans Îles divers replis de fon corps, il fe fixe fur les arbres à différentes hauteurs, & y demeure fouvent long-temps en embufcade, attendant patiemment le pañlage de fa proie. Lorfque, pour l’Atteindre ou pour fauter fur un arbre voifin, il a une trop grande diftance à franchir, il entortille fa queue autour d'une branche, & fufpendant fon corps alongé à cette efpèce d'anneau, fe balançant & tout d'un coup , s'élançant avec force, il fe jette comme un trait fur fa victime ; ou contrel'arbre auquel il s'attacher. H fe retire aufh quelquefois dans les cavernes des montagnes, & dans d'autres antres profonds où il a moins à craindre les attaques des ennemis, & où il cherche un afyle contre les températures froides, les pluies trop abondantes, & les autres accidens de l’atmof- phère qui lui font contraires. [1 eft connu fous le nom trivial de grande Couleuvre, fur les rivages noyés de la Guyane : il y parvient communément à la grandeur de trente pieds, & même, dans certains endroits, à celle de quarante. Comme le nom qu'il y porte y eft donné à prefque tous les Serpens qui joignent une grande force à une longueur» confidérable, & qui, en même-temps, n'ont point A récits des autres Voyageurs nous portent à croire que l’efpèce de Serpent dont a parlé M. Salmon eft celle du Devin. 360 Hisrorre NATUREILE de venin, & font dépourvus des crochets mobiles qu’on remarque dans les Vipères, on eft affez embarrañlé pour diftinguer, parmi les divers faits rapportés par les Voyageurs, touchant les Serpens, ceux qui con- viennent au Devin. Il paroït bien conftaté cependant qu'il y jouit d’une force aflez grande, pour qu'un feul coup de fa queue renverfe un animal aflez gros, & même l’homme le plis vigoureux. Il y attaque le gibier le plus difficile à yaincre; on l’y a vu avaler des chèvres & étoufler des cougars , ces repré- fentans du tigre dans le nouveau monde. Il dévore quelquefois, dans les Indes orientales, des animaux encore plus confdérables, ou mieux défendus, tels que des porc-épics, des cerfs & des taureaux (a) ; Er : (a) & Ces Serpens ( ceux dont parle ter lAuteur font évidemment > des Serpens Devins) ont plus de vingt-cinq pieds de longueur , & 2 quoiqu'ils ne paroïflent pas pouvoir avaler de gros animaux ; s> l'expérience prouve le contraire. J’achetar d’un chaffeur un de ces » Serpens , que je difléquar, & dans le ventre duquel je trouvai un 2 cerf entier de moyen-âge & revêtu encore de fa peau ; j'en achetaï » un autre qui avoit dévoré un bouc fauvage, malgré les grandes » cornes dont il étoit armé; & je tirai du ventre d’un troilième, un » porc-épic entier & garni de fes piquans. Dans Flfle d'Amboine ; » une femme grofle fut un jour avalée toute entière par un de ces » Serpens. » Extrait d’une Lettre d’ André Cleyerus, écrite de Batavia à Mentzélius , Ephémérides des Curieux de la Nature. Nuremberz à 4684, Décade 2, an. à ; 1683, p.28 & ce fait DNA S.) SE R PE NS. 361 & ce fait effrayant étoit déjà connu des Anciens (a). Lorfqu'il apperçoit un ennemi dangereux, ce n’eft point avec fes dents qu'il commence un combat qui alors feroit trop défavantageux pour lui; mais il fe précipite avec tant de rapidité fur fa malheureufe victime, l'enveloppe dans tant de contours, la ferre avec tant de force, fait craquer fes os avec tant de violence, que, ne pouvant ni s'échapper, ni ufer de fes armes, & réduite à poufler de vains mais d’affreux hurlemens, elle eft bientôt étouffée fous les efforts mul- tipliés du monftrueux Reptile. Si le volume de l'animal expiré eft trop confidé- rable pour que le Devin puife l’avaler, malgré la grande ouverture de fa gueule, la facilité qu'il a de l’agrandir, & l’extenfion dont prefque tout fon corps eft fufcep- tible, il continue de prefler fa proie mife à mort; il en écrafe les parties les plus compactes ; & , lorfqu'il ne peut point les brifer ainf avec facilité, il l’entraine en fe roulant avec elle auprès d’un gros arbre, dont il renferme le tronc dans fes replis; il place fa proie entre larbre & fon corps; il les environne l’un & Vautre de fes nœuds vigoureux; &, fe fervant de la tige noueufe comme d’une forte de levier, il redouble (a) Megafthenes fcribit , in Andia Serpentes in tantam magnitu- dinem adolefcere, ut folidos hauriant cervos taurofque. Pline, liy. 28; chap. 14. 3 oi Serpens, Tome II. 22 A0 Hisrorrse NATUREZzLIE fes efforts, & parvient bientôt à comprimer en tout fens, & à moudre, pour ainfi dire, le corps de l’animal qu'il a immolé (a). | Lorfqu'’il a donné ainfi à fa proie toute la foupleffe qui lui eft néceflaire, il l’alonge en continuant de la prefler, & diminue d'autant fa groffeur; il l’imbibe de fa falive eu d’une forte d'humeur analogue qu’il répand en abon- dance; ilpétrit, pour ainf dire, à l’aide de fes replis, cette mafle devenue informe, ce corps qui n’eft plus qu’un compofé confus de chairs ramollies & d'os concafiés (b). C’eft alors qu’il avale, en la prenant par la tête, en Vattirant à lui, & en l’entraînant dans fon ventre par de fortes afpirations plufeurs fois répétées; mais, malgré cette préparation, fa proie eft quelquefois fi volumineufe qu'il ne peut l’engloutir qu'à demi; il faut qu'il ait digéré au moins en partie la portion qu'il a déjà fait ne Ua) Lettre d'André Cléyerus, déjà citée. L'Auteur ajoute : « dans » le Royaume d'Aracan, fur les confins de celur de Bengale, on a » vu un Serpent (un Devin):démefuré: fe jeter , auprès des bords d’un » fleuve, fur un très-grand urus (bœuf fauvage) , & donner un » fp-éticle affreux par fon combat avec ce terrible animal; on pou- » voit entendre, à la diflance d’une portée de canon d’un très-grand » calibre, le craquement des os de Furus, brifés par les efforts de fon ennemi. » (8) Notes communiquées par M. de la Borde, Corre/pondant du Cabinet du Roi. Lettre d'André Cléyerus. Des SRREPBE NS 363 entrer dans fon corps, pour pouvoir y faire pénétrer l’autre; & l’on a fouvent vu le Serpent Devin la gueule horriblement ouverte, & remplie d’une proie à demi- dévorée, étendu à terre, & dans une forte d'inertie qui accompagne prefque toujours fa digeftion (a). Lorfqu'en eflet il a aflouvi fon appétit violent, & rempli fon ventre de la nourriture néceflaire à l'entretien de fa grande maffe, il perd, pour un temps, fon agilité & fa force; il eft plongé dans une efpèce de fommeil ; il git fans mouvement , comme une lourde maffe, le corps prodigieufement enflé; & cet engourdifflement, qui dure quelquefois cinq ou fix jours, doit être aflez profond; car, malgré tout ce qu’il faut retrancher des divers récits publiés, touchant ce Serpent, il paroît que, dans différens pays, particulièrement aux environs de lIftme de Panama en Amérique, des Voyageurs, rencontrant le Devin à demi - caché fous l'herbe épaifle des forêts qu'ils traverfoient, ont plufieurs fois marché fur lui dans le temps où fa digeftion le tenoit dans une efpèce de torpeur. Ils fe font même repofés, a-t-on écrit, fur fon corps giffant à terre, & qu'ils prenoient , à caufe des feuillages dont il étoit couvert, pour un tronc d’arbre renverfé, fans faire faire aucun mouvement au Serpent, afloupi par les alimens qu’il avoit avalés, ou peut-être engourdi par cs (a) Laurenti, Specimen Medicum. tt ÿ 364 Hisrorrs NATURELLE la fraîcheur de la faifon. Ce n’eft que, lorfqu'allumant du feu trop près de l'énorme animal, ils lui ont redonné, par cette chaleur, affez d'activité, pour qu'il recom- mençât à fe mouvoir, qu'ils fe font apperçus de la préfence du grand Reptile, qui les a glacés d’effroi, & loin duquel ils fe font précipités (a). (a) cé Onne fera pas furpris que ces fortes de Couleuvres (les. » Couleuvres Chafleufes ou les Devins ) parviennent à une groffeur » fi démefurée, fi lon fe rappelle que ces pays font déferts & cou- » verts de forêts immenfes. . ... Le Père Simon rapporte que dix- 2 huit Efpagnols étant arrivés dans les bois de Coro , dans la Pro- >> vince de Venezuela, & fe trouvant fatigués de la marche qu'ils ‘3 avoient faite, ils s’aflirent fur une de ces Couleuvres, croyant que » ce fût un vieux tronc d'arbre abattu , & que lorfqu'ils s'y atten- » doïent le moins , l'animal commença à marcher, ce qui leur caufa » une furprife extrème. » Hif. natur. de l'Orenoque., par le P. Gumilla, yol. 3, pag. 77- « On trouve encore une efpèce de Serpens fort extraordinaires , s Tongs de quinze à vingt pieds, & f gros, qu'ils peuvent avaler un » homme. Ils ne paflent pas cependant pour Îes plus dangereux 3». parce que leur monftrueufe groffeur les fait découvrir de loin & » donne plus de facilité à les éviter. On n’en rencontre guère que > dans les lieux inhabités. Dellon en vit plufeurs fois de morts, après » de grandes inondations qui les avoïent fait périr, & qui Îles avorent » entraînés dans les campagnes ou fur le rivage de-la mer; à quelque » diftance on les auroit pris pour des troncs d'arbres abattus oi 3 defféchés. Mais ïl les peint beaucoup mieux dans le récit d’un acci- » dent dont on ne peut douter fur fon témoignage, & qui confirme DAS 'SNE RP E LN 6 365 Ce long état de torpeur qui a fait croire à quelques Voyageurs que le Serpent Devin avaloit 32 32 92 72 22 22 22 22 22 29 22 22 22 22 22 DE] 32 Le 32 22 22 32 22 22 33 ce qu’on a lu dans d'autres relations fur la voracité de quelques Serpens des Indes. »> Pendant [a récolte du riz, quelques Chrétiens qui avotent été Gentils , étant allés travailler à la terre , un jeune enfant qu'ils avotent larffé feul & malade à la maïfon , en fortit pour s’aller cou: cher à quelques pas de la porte , fur des feuilles de palmier , où il s'endormit jufqu'au foir. Ses parens , qui revinrent fatigués du travail , le virent dans cet état; mais, ne penfant qu'à préparer leur nourriture , ils attendirent qu’elle fût prête pour l'aller éveiller, Bientôt ils lui entendirent poufler des cris à demi-étouflés qu'ils attribuèrent à fon indifpofition ; cependant , comme il continuoit de fe plaindre, quelqu'un fortit & vit, en s’approchant, qu'une de ces groffes Couleuvres avoit commencé à l'avaler. L'embarras du père & de la mère fut aufli grand que leur douleur; on n'ofoit irriter la Couleuvre, de peur qu'avec fes dents elle ne coupâit l'enfant en deux, ou qu'elle n’achevât de l’engloutir; enfin , de plufeurs expédiens , on préféra celui de la couper par le milieu du corps, ce que le plus adroit & Ie plus hardi exécuta fort heu- reufement d’un feul coup de fabre ; mais comme elle ne mouruf pas d’abord, quoique féparée en deux, elle ferra de fes dents le corps tendre de l'enfant. ...... & :ïl expira peu de momens après. : > Schouten donne à ces monftres aflamés , le nom de Polpogs, Ils ont, dit-il, la tète affreufe & prefque femblable à celle du fanglier ; leur gueule & leur gofer s'ouvrent jufqu'à Feftomac lorfqu'ils voyent une grofle pièce à dévorer ; leur avidité dort être extrême, car ils s’'étranglent ordinairement lorfqu'ils dévorent un: 366 Hrsrorre NATURErzrEzE quelquefois des animaux d’un volume fi confdérable: qu'il étoit étouffé en les dévorant; & c’eft ce temps d’engourdifflement que choififfent les habitans des pays qu'il fréquente, pour lui faire la guerre, & lui donner la mort. Car, quoique le Devin ne contienne aucun poifon , il a befoin de tant confommer , que fon voifinage eft dangereux pour l’homme , & fur-tout pour la plupart des animaux domeftiques & utiles. : Les habitans de l'Inde, les Nègres de l'Afrique, les Sauvages du nouveau Monde fe réuniflent plufeurs autour de l'habitation du Serpent Devin. Ils attendent le moment où il a dévoré fa proie, & hâtent même quelquefois cet inftant, en attachant auprès de l’antre du Serpent quelque gros animal qu'ils facrifient, & fur lequel le Devin ne manque pas de s’élancer. Lorfqu'il eft repu il tombe dans cet aflaiflement & cette infenfbilité dont nous venons de parler; & c’eft alors qu'ils fe jettent fur lui, & lui donnent la mort fans crainte comme fans danger. Ils ofent, armés d’un fimple lac, s'approcher de lui & l’étrangler, ou ils l’affomment #2 homme ou quelqu’animal. On prétend d'ailleurs que Fefpèce n'eft > pas venimeufe. Il eft vrar que nos foldats , preflés de la faim, en » ayant quelquefois trouvé qui venoient de crever pour avoir avalé » une trop grofle pièce , telle qu'un veau , les ont ouverts, en ont »> tiré la bête qu'ils avoient dévorée , fans qu'il leur en foit arrivé le » moindre mal. » De/ériprion du Malabar, Hifi. génér. des Voyages , édit. in-12. vol. 43, pag. 346. s D ES SNA RIPE N 367 à coups de branches d'arbres (a). Le defir de fe délivrer d'un animal deftructeur, n’eft pas le feul motif qu’on (a) Lettre d'Andre Cléyerus. Nous croyons qu'on verra ici avec plaïlir le récit de la manière dont , fuivant Diodore de Sicile , on prit, en Egypte & fous un Ptolomée, un Serpent énorme qui , à caufe de fa grandeur, ne peut être rapporté qu'à l'efpèce du Devin. « Plufieurs chafleurs , encou- 2» ragts par la munificence de Ptolomée , réfolurent de lui amener » à Alexandrie un des plus grands Serpens. Cet énorme Reptile , » long de trente coudées , vivoit fur le bord des eaux, ïl y demeu- » roit immobile , couché à terre & fon corps replié en cercle ; > mais lorfqu'il voyoit quelque animal approcher du rivage qu’ 35 habitoit, il fe jetoit fur lui avec impétuofité, le farffloit avec fa 2 gueule, ou l'enveloppoit dans les replis de fa queue, Les chaf- 2 feurs l’ayant apperçu de loin , imaginèrent qu'ils pourroïent aiïfé- # ment le prendre dans des lacs & l'entourer de chaînes ; ils s’avan- 2 cèrent avec courage, mais lorfqu'ils furent plus près de ce Ser- 5 pent démefuré, l'éclat de fes yeux étincelans, fon dos hériflé » d'écailles,, le bruit qu'il faifoit en s’agitant , fa gueule ouverte & > armée de dents longues & crochues, fon regard horrible & féroce, :> les glacèrent d’effroi : ils osèrent cependant s’avancer pas à pas, > & jeter de forts liens fur fa queue; maïs à peine ces liens eurent- » » ils touché le monftrueux animal, que fe retournant avec vivacité, 2» & faifant entendre des fifflemens aïgus , il dévora le chañleur qui » fé trouva le plus près de lui, en tua un fecond d’un coup de fa » queue, & mit Îes autres en fuite. Ces derniers ne voulant cepen- »> dant pas renoncer à la récompenfe qui les attendoit , & imaginant 3 un nouveau moyen, firent faire un rêt compofé de cordes très- » grofles, & proportionné à la grandeur de l'animal : üls le plas Pl 368 Hirsrorre NATURELLE ait pour en faire la chafle. Les habitans de l’ifle de Java, les Nègres de la Côte d'Or & plufeurs autres peuples mangent fa chair, qui eft pour eux un mets agréable (a); dans d’autres pays, fa peau fert de parure; # cèrent auprès de la caverne du Serpent , & ayant bien obfervé le » temps de fa fortie & de fa rentrée, ils profitèrent de celui où » l'énorme Reptile étoit allé chercher fa proie, pour boucher avec » des pierres l'entrée de fon repaire. Lorfque le Serpent revint , » ils fe montrèrent tous à-la-fois avec plufieurs hommes armés d’arcs » & de frondes, plufeurs autres à cheval, & d’autres qui faïfoient >» réfonner à grand bruit des trompettes & d’autres inftrumens >> retentiflans ; le Serpent fe voyant entouré de cette multitude , » fe redrefloit & jetoit l'effroi, par fes horribles fifflemens , parmi » ceux qui l'environnoïent ; maïs effrayé lui-même par les dards »» qu'on lui lançoit , la vue des chevaux, Îe grand nombre de chiens » qui aboyoient, & le bruit aigu des trompettes, il fe précipita 5» vers l'entrée ordinaire de fa caverne ; la trouvant fermée , & tou- >» jours troublé de plus en plus par le bruit des trompettes, des » chiens & des chaffeurs , il fe jeta dans le rêt, où 1l fit entendre » des fifflemens de rage; mais tous fes efforts furent vains , & fa > force cédant à tous les coups dont on laflaillit , & à toutes les 2 chaînes dont on le lia, on le conduïfit à Alexandrie, où une > longue diète apaïfa {a férocité. {a) & Les Nègres de la Côte d'Or mangent la chair de ces grands » Serpens, & la préfèrent à la meïlleure volaille. » Hifi. génér. des Voyages , édit. in-12, vol. 14 , pag. 223. « Quelques domeftiques 5» Nègres de Bofman apperçurent près de Mauri (fur la Côte d'Or), » nn Serpent de dix-fept pieds de long & d'une grofleur propor- » tionnce, I étoit au bord d’un trou rempli d’eay , entre deux les habitans DIN ENS «SUPER AP. VE CN 57 369 les habitans du Mexique fe revêtoient de fa belle dépouille; &, dans ces temps antiques où des monftres LE] 22 22 22 porc-épics, avec lefquels il s’engagea dans un combat fort animé... Les Nègres terminèrent la bataille en tuant les trois champions à coups de fufil ; tls les apportèrent à Mauri, où, raflemblant leurs camarades , ils en firent enfemble un feftin délicieux. » Ibid. pag 226. 22 cc Lopez parle d’un Serpent d’exceflive grandeur qui a quelquefois, dit-:1l , vingt-cinq empas de long fur cinq de large, & dont la gueule & le ventre font fi vaftes, qu'il eft capable d’avaler un cerf entier. Les Nègres l’appellent, dans leur langue, Île grand Serpent d'eau, ou le grand Hydre. Il vit, en effet, dans les rivières, mais il cherche fa proie fur terre, & monte fur quelque arbre, d'où il guette les beftaux; s'il en voit un qu'il puiffe farfir , il fe laifle tomber deflus, s’entortille autour de lui, le ferre de fa queue, & l'ayant mis hors d’état de fe défendre, 1l le tue par fes morfures, enfuite il le traîne dans quelque lieu écarté, où dl le dévore à fon aife ; peau , dit l'Auteur , os & cornes. Lorfqu'il s'eft bien rempli, il tombe dans une efpèce de ftupidité ou de fommeil fi profond, qu'un enfant feroit capable de le tuer. H demeure dans cet état l’efpace de cinq à fix jours, à la fin defquels il revient à lui-même. Cette redoutable efpèce de Serpent change de peau dans la faïfon ordinaire | & quelquefois après sètre monf- trueufement raflaifiée. Ceux qui la trouvent ne manquent pas de Îa montrer en {peétacle. La chair de cet animal pafle, entre les Nègres, pour un mets plus délicieux que la volaille. Lorfqu’il leur arrive de mettre le feu à quelque bois épais, ils y trouvent quantité de ce: Serpens tout rôtis, dont ils font un admirable feftin. Ce récit .eft confirmé par Carli; il raconte qu'un jour, étant à fe promener Serpens, Tome IT. aaa 370 Hrsrorre NATUREILrÉ de toute efpèce ravageoïient des contrées de l’ancieræ continent, que l'art de l'homme commençoit à peine d'arracher à la nature, combien de héros portèrené la peau de grands Serpens qu'ils avoient mis à mort, & qui étoient vraifemblablement de l’efpèce ou du genre du Devin, comme des marques de leur valeur. & des trophées de leur viétoire. 3 fous des arbres , près de Kolumgo , les Nègres de fa compagnie: découvrirent un, grand Serpent qui traverfoit la rivière de Quanzas ils s’efforcèrent de le faire retourner fur fes traces en pouffant des. cris & lui jetant des mottes de terre, car il ne fe trouve point de pierres dans le pays ; maïs rien ne put l’empècher de gagner le rivage & de prendre pofte dans un petit bois aflez près de la maïfon, Il fe trouve de ces Serpens., dit le même Auteur, qu£ ont: vingtr- cinq pieds de long & qui font de la groffeur d’un poulain. Ils ne font qu'un morceau d'une brebis; aufitôt qu'ils l'ont avalée , ïls vont faire leur digeftion au foleil; les Nègres, qui connoïffent leurs: ufages , apportent beaucoup de foin à les obferver ,. & les tuent facilement dans cet état , pour le feul plaïfir d'en manger la chaix. Ils les écorchent & ne jettentque la queue , la tête & les entrailles. Ce Serpent paroïît être le même qui porte, fuivant Dapper, le nom d'Errbemma dans le Royaume d'Angola ; & celui de Minie dans le pays des Quojas. Sa gueule, ajoute cet Ecrivain, eft d'une grandeur fi extraordinaire , qu'il peut avaler un bouc, où même un cerf entier. Il s'étend dans les chemins comme une pièce de bois mort, & d’un mouvement fort léger, il fe jette furles paflans, hommes ou animaux. » Hiffoire narurelle de Congo ,. d’Angola & de Benguela. Hifloire générale des Voyages, édit. in-12, ly. 13 tom. 27, pag 249 & Juiy. & DES SERPENS. 374 C'eft lorfque la faifon des pluies eft paflée dans les contrées équatoriales, que le Devin fe dépouille de fa peau altérée par la difette qu'il éprouve quelquefois, ou par l’aétion de l’atmofphère, par le frottement de divers corps, & par toutes les autres caufes extérieures qui peuvent la dénaturer. Le plus fouvent il fe tient caché pendant que fa nouvelle peau n’eft pas encore endurcie, & qu'il n’oppoferoit à la pourfuite de fes ennemis qu'un corps foible & dépourvu de fon armure. 11 doit demeurer alors renfermé ou dans le plus épais des forêts, ou dans les antres profonds qui lui fervent de retraite. Nous penfons, au refte, qu'ordi- mairement il ne s’engourdit complètement dans aucune faifon de l’année. Il ne fe trouve, en effet, que dans les contrées très-voifines des Tropiques où la faifon des pluies n'amène jamais une température aflez froide pour fufpendre fes mouvemens vitaux. Et comme cette faifon des pluies varie beaucoup dans les différentes Contrées équatoriales de l’ancien & du nouveau Continent, & qu'elle dépend de la hauteur des montagnes, de leur fituation, des vents, de la pofition des lieux, en deça, ou au-delà de la ligne, &c. le tems du renouvellement de la peau & des forces du Serpent , doit varier quelquefois de plufieurs mois & même d’une demi-année. Mais c’eft toujours lorfque le foleil du printemps redonne l'activité à la Nature , que le Serpent Devin rajeuni, pour aaaiÿ 3172 Hisrorre NATUREITE ainfi dire, plus fort, plus agile, plus ardent que jamais, revêtu d’une peau nouvelle, fort des retraites cachées où il a dépouillé fa vieilleffe, & s’avance l'œil en feu fur une terre embrafée des nouveaux rayons d’un foleil plus actif. Il agite fa grande mañle en ondes finueufes au milieu des bois parés d'une verdure plus fraîche; faifant entendre au loin fon fiflement d'amour, redreflant avec fierté fa tête, impatient de la nouvelle flamme qu’il éprouve , s’élançant avec ‘impétuofité , il appelle, pour ainfi dire, fa compagne à laquelle ik unit par des liens fi étroits , que leur deux corps ne paroiflent plus en former qu'un feul. La fureur avec laquelle le Devin fe jette alors far ceux qui l'approchent & le troublent dans fes plaïifirs, ou le courage avec lequel il demeure uni à fa femelle malgré la bour- faite de fes ennemis & les bleflures qu'il peut rece- voir, paroiflent être les effets d’une union aufi vive- ment fentie qu’elle eftardamment recherchée : point de conftance cependant dans leur affection; lorfque leurs defirs font fatisfaits, le mâle & la femelle fe féparent; bientôt ils ne fe connoiffent plus, & la femelle va feule au bout d’un tems dont on ignore Îa durée , dépofer fes œufs fur le fable ou fous des feuillages. C’eft ici l'exemple le plus frappant d’une grande différence entre la groffeur de l'œuf & la grandeur à laquelle parvient l'animal qui en fort. Les œufs du Devin n'ont en effet que deux ou trois pouces dans DICE SN LOS EMIRNIRU SES IN LS, 373 leur plus grand diamètre. Toute la matière dans laquelle le fœtus eft renfermé n’eft donc que de quel- ques pouces cubes ; & cependant le Serpent lorfqu'il a atteint tout fon développement, ne contient — il pas quarante ou cinquante pieds cubes de matiere. Ces œufs ne font point couvés par la femelle; la chaleur de l’atmofphère les fait feule éclore; ou tout au plus dans certaines contrées comme celles, par exemple, où l'humidité domine trop fur la chaleur, la femelle a le foin de pondre dans quelques endroits plus abrités, & où des fubftances fermentatives & ramañiées augmentent par la chaleur qu’elles produifent , l'effet de celle de l’atmofphère. On ignore combien de jours les œufs demeurent expofés à cette chaleur, avant que les petits Serpens éclofent. La grande différence quil y a entre la petitefle du Serpent contenu dans fon œuf, & la grandeur dénrefurée du Serpent adulte, doit faire préfumer que ce n'eft qu'au bout d’un temps très-long, que le Devin eft entièrement développé; & neft-ce pas une preuve que ce Serpent vit un aflez grand nombre d'années? Le nombre de ces années doit en effet être d'autant plus confidérable que le Devin eft aufli vivace que la plupart des autres Serpens. Ses diflérentes parties jouiffent de quelques mouvemens vitaux, même après qu'elles ont été entièrement féparées durefte du corps (a). (az) Voyez, à ce fujet, Marcgrave, à l'endroit déjà cite. 374 Hrsrorre NATORETTE On a vu, par exemple, la tête d'un Devin coupée dans le moment où le Serpent mordoit avec fureur, continuer de mordre pendant quelques inftans, & ferrer même alors avec plus de force, la proie qu'il avoit faifie , les deux mâchoires fe rapprochant par un effet de la contraction que les mufcles éprouvoient encore. Lorfque cette contraction eut entièrement ceflé , on eut de la peine à deflerrer les mâchoires, tant les parties de la tête étoient devenues roides; ce qui fit croire qu'elle confervoit quelque action , lorfque cepen- dant il ne lui en reftoit plus aucune (a). (a) Ce fait m'a été confirmé , relativement au Devin ou à d'autres grands Serpens, par plufñeurs Voyageurs qui étoient allés dans lAmé. rique méridionale, & particulièrement par M. Ie Baron de Wideripach, Correfpondant du Cabinet du Rot, l'HIPNALE (e). Csr UN ASSEZ BEAU SERPENT qui, ainfi que le Devin, appartient au genre des Boa , & a de grandes plaques fous la queue ainfi que fous le corps, mais qui lui eft bien inférieur par fa longueur & par fa force. On le trouve dans le Royaume de Siam. Le plus grand nombre des individus de cette efpèce , qui ont été confervés dans les Cabinets , n'avoient guère qu'un pouce & demi de circonférence & deux ou trois pieds de longueur, & telles étoient à-peu-près: les dimenfons de ceux qui font décrits dans Séba (2). Ce Serpent eft d'un blanc jaunûtre tirant plus ou moins fur le roux; le deflous du corps eft d’une couleur plus claire ; & Séba dit qu'on y remarque des: taches noirâtres; mais nous n’en avons vu aucun veftige (a) L'Hipnale. M. d’'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Boa Hipnale. Linn. amphib. Serpent. Séba , muf. 2, tab..34, fig 1 € 2: Boa Exigua, 195. Laurenti , Specimen: Medicunr. {b) Un Hipnale qui fait partie de Ia collection du Roï, a un pied onze pouces de longueur totale, & fa queue eft longue de trois pouces. 376 Hirsrorre NATURELLE fur lindividu qui eft confervé dans l’efprit-de-vin au Cabinet du Roi. Le dos eft parfemé de taches blanchätres bordées d’un brun prefque noir. Malgré leur irrégularité , ces taches font répandues fur le corps de l’Hipnale de manière à le varier de couleurs agréables à la vue, & à repréfenter aflez bien une riche étoffe brodée. Suivant Séba la femelle ne difière du mâle que par fa tête qui ef’ plus large. L’un & l’autre l’ont aflez grande fans que cependant elle paroiffe difproportionnée, Le tour de la gueule préfente une forte de bordure remarquable que l’on obferve dans plufeurs Boa, mais qui eft ordinairement plus fenfible dans l’'Hipnale à proportion de fa grandeur ; elle eft compofée de grandes écailles très - courbées, concaves à l'extérieur & qui étant ainfi comme creufées, forment une forte de petit canal qui borde les deux mâchoires. On a mis ce Serpent au nombre des Céraftes (4) ou Serpens cornus; il leur refiemble, en effet, par fes propor- tions; mais les Céraftes ont deux rangées de petites plaques fous la queue, & d’ailleurs il n'a aucune appa- rence de corne. Il fe nourrit de chenilles, d'araignées, & d'autres petits infectes; & comme il eft très-agréable par fes couleurs fans être dangereux, on doit le voir avec plaifir venir dans les environs des habitations, les (£) Séba, à l'endroit déja cité. délivrer … Le tie — — Dies: S\eirir EN 5! 377 délivrer d’une vermine toujours trop abondante dans les pays très-chauds. Il a ordinairement cent foixante- dix-neuf grandes plaques fous le corps, & cent vingt fous la queue. Les écailles qui recouvrent fa tête font femblables à celles du dos; mais le deflus du mufeau préfente quatorze écailles un peu plus grandes. Serpens | Tome II, BBE 378 HisrTorre NATURELLE —————— — + LE B0:1.0,B 41 (#4) Ovorqu E LE BOJOBI négale point le Serpent Dévin par fa force, fa grandeur ni la magnificénce de fa parure , quoiqu'il cède en tout à ce roi des Serpens, il n'en occupe pas moins une place diftinguée parmi ces animaux; & peut-être le premier rang lui appartiendroit , fi l’efpèce du Devin étoit détruite. La longueur à laquelle il peut parvenir eft aflez confi- dérable ; & il ne faut pas en fixer les limites d’après celles que préfentent les individus de cette efpèce, confervés dans les Cabinets (4). Il doit être bien plus (a) Tetrauchoalt Tleoa. Le Bojobr. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Boa Canina. Linr. amphib. Serpent. Séba, muf. 2, tab. 821, fig. 2 , € tab. 96, fig.2. Boa Aurantiaca, 194. Boa Thalaffina , 1093. Laurent, Specimer Medicum. (b) L'individu que nous avons décrit, & qui fait partie de 1a colleétron de Sa Majefté , à deux pieds onze pouces de longueur totale, & à-peu-près fept pouces depuis l'anus jufqu'à l'extrémité de la queue DES LSMEMROE NET IN Us! 379 grand lorfqu'il a acquis tout fon développement : & sil faut sen rapporter à ce qu’on a écrit de ce Boa , fa longueur ne doit pas être très -inférieure à celle du Serpent Devin. L'on a dit qu'il fe jetoit fur des chiens & d’autres gros animaux, & qu'il les dévo- Toit (4); & à moinsqu'on ne lui ait attribué des faitsqui appartiennent au Devin, le Bojobi doit avoir une longueur & une force confidérables pour pouvoir mettre à mort, & avaler des chiens & d’autres animaux aflez gros. Ce Serpent , qui ne fe trouve que dans les contrées équatoriales , habite également l’ancien & le nouveau monde ; mais il offre, dans les grandes Indes & en Amérique , le figne de la différence du climat, dans les diverfes nuances qu'il préfente, quoique d’ailleurs le Bojobi de l'Amérique & celui des Indes fe reffemblent par. la place des taches, la proportion du corps, la forme de la tête, des dents, des écailles , par tout ce qui peut conftituer l'identité d'efpèce. Le Bojobi du Bréfil eft d'un beau vert de mer plus ou moins foncé, qui sétend depuis le fommet de la tête jufqu'à Textrémité de la queue, & fur lequel font placée, Ces (a) M. Linné paroït avoir adopté cette opinion en donnant au Bojobi l'épithète de canina , de même qu'il a donné celle de murina à un Bo qui fe nourrit de rats. bbby 280 HISTOIRE NATURELLE (@ d'efpace en efpace, des taches blanches irrégulières, dont quelques-unes approchent un peu d’un lozange & qui font toutes aflez clair-femées & diftribuées avec aflez d'élégance pour former fur le corps du Bojobi un des plus beaux aflortimens de couleurs. Ses écailles font d'ailleurs extrêmement polies & luifantes (a); elles réfléchifient fi vivement la lumière qu’on lui a donné, ainfi qu'au Serpent Devin, le nom Indien de 7leoa, qui veut dire Serpent de feu : aufli, lorfque le Bojobi brille aux rayons du foleil , & qu'ilétale fa croupe ref- plendiffante d’un beau vert & d’un blanc éclatant, on croiroit voirune longue chaîne d’émeraudes, au milieu de laquelle on auroit diftribué des diamans; & ces nuances font relevées par la couleur jaune du deflous de fon ventre, qui , à certains afpeéts, encadre, pour ainfi dire, dans de l'or le vert & le blanc du dos. Le Bojobi des grandes Indes ne préfente pas cet affemblage de vert & de blanc ; mais il réunit léclat de l'or à celui des rubis. Le vert eft remplacé par de l’orangé ; & les taches du dos font jaunâtres & bordées d’un rouge très-vif. Voilà donc les deux variétés du Bojobi qui ont reçu l’une & l’autre, une parure éclatante d’autant plus agréable à l'œil , que (a) Elles font rhomboïdales, DE S \SAANRIP ENS. 38E le deffein en eft fimple & par conféquent facilement faifi. Cn doit confidérer ces Serpens avec d'autant plus de plaifir, qu'il paroît qu'ils ne font point venimeux, qu'ils ne craignent pas l’homme, & qu'ilsne cherchent pas à lui nuire ; s'ils n'ont pas une forte de familiarité avec lui comme plufeurs Couleuvres, s'ils ne fouflrent pas fes carefles, ils ne fuient pas fa demeure ; ils vont fouvent dans les habitations; ils ne font de mal à perfonne fi ‘on ne les attaque point : mais on ne les irrite pas en- vain ;ils mordent alors avec force & même leur morfure eft quelquefois fuivie d’une inflammation confidérable qui, augmentée par la crainte du bleffé , peut, dit- on, donner la mort, fi on ny apporte point un prompt remède , en nétoyant la plaie, en coupant la partie mordue, &c. Néanmoins, fuivantles Voyageurs qui attribuent des fuites funeftes à la morfure du Bojobi, ces accidens ne doivent pas dépendre d'un venin qu'il ne paroît pas contenir ; & ce n'eft que parce que fes dents font très-acérées (a), qu'elles font des bleflures dangereufes , de même que (a) I y a deux rangs de dents à la mâchoire fupérieure ; les plus voifines du mufeau font longues & recourbées comme les cro- chets à venin de a vipère, mais elles ne font ni mobiles ni creufes. 382 HirsrorrEe NATURELLE toutes les les efpèces de pointes ou d'armes trop efhlées (a). éa) Le Bojobr a ordinatrement deux cent trois grandes plaques fous le corps, & foixante- dix - fept fous la queue. Le deflus de fa tête eft garnt d'écailles femblables à celles du dos. Les deux os, qui éompofent chaque mâchoire , font très-féparés l’un de l'autre dans la partie du mufeau, & aïinfñ qu’on le voit dans la vipère commune. Les lèvres font couvertes de grandes écailles, fur lefquelles on obferve un fillon aflez profond, & qui font communément au nombre de vingt-trois fur la mâchoire fupérieure , & de vingt-cinq fur l'inférieure. QE Lhos ge ne ee D LE RATIVORE (ac), Ox TROUVE EN AMÉRIQUE , ainfi qu'aux grandes Indes, ce Boa , dont la tête eft conformée à-peu-près comme celle du Devin, & couverte d'écailles rhomboï- dales, unies ainfi que celles du dos, & à-peu-près de la même grandeur. Il na point de crochets à venin, & fes lèvres font bordées de grandes écailles. Le deflus du corps de ce Boa, eft blanchâtre, ou d’un vert de mer, avec cinq rangées longitudinales de taches; la rangée du milieu eft compofée de taches roufles , irrégulières, blanches dans leur centre , placées très-près l’un de l'autre, & fe touchant en plufieurs endroits ; les deux raies fuivantes font formées de taches roufâtres, chargées d'un demi-cercle blanchâtre , du côté de l’intérieur, ce qui leur donne l'apparence des taches appellées yeux fur les ailes des papillons ; les deux rangées extérieures préfentent enfin des taches rouffes, qui correfpondent aux intervalles des rangées dont les (a) Le Mangeur de rats. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Boa Murina. Linn. amphib. Serpent. Gronovius , muf. 2, p. 70, N.0 44. Séba , muf. 2, tab. 29, fig. 2. 304 Hisrorre NATURELLE taches refflemblent à des yeux. On voit fur le derrière de la tête, cinq autres taches roufles & alongées , dont les deux extérieures s'étendent jufqu'au yeux du Serpent. Le Rativore a ordinairement deux cent cinquante- quatre grandes plaques fous le corps , & foixante- cinq fous la queue. Un individu de cette efpèce, apporté de Ternate au Cabinet du Roi, a deux pieds fix pouces de longueur , & fa queue eft longue de quatre pouces deux lignes. Il fe nourrit de rats & d’autres petits animaux, ainfñ que plufeurs autres Serpens. LA BRODERIE. DES S ER P ENS. 381 LA BRODERIE («). Novs NOMMONS ainfi le Boa dont il eft queftion dans cet article, parce qu’en effet on voit régner au- deflus de fon corps & de fa queue, une chaine de. taches de différentes formes, & de différentes gran- deurs , nuées de bai-brun, de châtain pourpre , & de cendré blanchâtre, qui repréfentent une broderie d’au- tant plus riche que lorfque le foleil darde fes rayons fur les écailles luifantes du Serpent, elles réfléchiflent un éclat très-vif. Voilà pourquoi apparemment ce Boa a été appellé dans la nouvelle Efpagne, ainfi que le Devin, le Bojobi, & plufieurs autres Reptiles, Tlehua ou Tleoa , c'eft-à-dire, Serpent de Feu : mais c’eft fur fa tête, que cette brillante broderie compofée de taches & de raies pluspetites, & fouvent plus entrelacées , préfente un deflein plus varié. NL Linné, comparant ce riche aflortiment & cette (a) Le Parterre. M. d Aubenton, Encyclopédie méthodique. Boa Hortulana. Linn. amphib. Serp. Séba, muf. 2, tab. 74, fig. à ; Etab.84, fig. 2. S'erpens, Tome IT, ea 382 Hisroïre NATURELLE difpoñition agréable de couleurs à la diftribution de celles qui décorent un parterre, a donné lépithète de Hortulana, au Boa dont nous parlons (a); mais nous avons préféré le nom de Broderie, comme défi- gnant d'une manière plus exacte, l’arrangement & l'éclat des belles couleurs de ce Serpent. Il fe trouve au Paraguay dans l’ Amérique Méridio- nale , ainfi que dans la nouvelle Efpagne. Comme il n'a encore été décrit que dans les Cabinets, & que fes couleurs ont dû être plus ou moins altérées par les moyens employés pour l’y conferver , on ne peut point déterminer la vraie nuance du fond fur lequel s'é- tend la broderie remarquable qui le diftingue; il paroît feulement que le dos eft bleuâtre : le ventre eft blan- châtre & tacheté d'un roux plus ou moins foncé; l’in- dividu qui fait partie de la colleélion du Roi, a trois pouces fix lignes de longueur totale, & fa queue eft longue de fept pouces (b). (a) M. Linné, à l'endroit déja cité. k (b) Le Boa Broderie a Ie deflus de la tête couvert d’écaïlles rhoms boïdales , unies & femblables à celles du dos , deux cent quatre-vingt- dix grandes plaques fous le corps, & cent vingt-huit fous la queue, IL n'a point de crochets à venin. PE p'ESS LISTER PEN S, 383 LE GROIN (4) L: FORME de la tête de ce Boa, lui a fait donner par M. d'Aubenton , le nom que nous lui confervons ici; le mufeau eft en effet terminé par une grande écaille relevée; latête eft d’ailleurstrès-large , très-con- vexe & couverte d’écailles femblables à celles du dos, ainfi que dans le plus grand nombre de Boa. Le Groin fe trouve dans la Caroline, où il a été obfervé par MM. Catefby & Garden. Ni M. Catefby, ni M. Linné, à qui M. Garden avoit envoyé des indi- vidus de cette efpèce, n'ont vu les mächoires du Boa Groin , garnies de crochets mobiles & à venin, mais cependant M. Linné dit pofitivement qu'en difé- quant ce Serpent , il a trouvé les véficules qui con- tiennent la liqueur vénéneufe. Le deflus du corps du Groin eft cendré ou brun (a) Le Groin. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique, 7 Boa Contortrix. Lin. amphib. Serp. The Hog-Nofe Snake. Catefby , Carol, 2 , tab, 56. ccciÿ 384% HMiszorrse NATURELLE avec des taches noires difpofées régulièrement, & des taches tranfverfales jaunes vers la queue. Le deflous préfente des taches noires , plus petites, fur un fond blanchûtre. Ce Boa ne parvient ordinairement qu’à la longueur d'un ou deux pieds, fuivant Catefby; & celle de la: queue égale le plus fouvent le tiers de la longueur du: corps (4). (a) Le Groïn a cent cinquante grandes plaques fous Le corps & quarante fous la queue, DES SERPENS. 385 LE CENCHRIS (x). C: BoA fe trouve à Surinam : il eft d'un jaune clair, avec des taches blanchâtres, grifes dans leur centre, & qui imitent des yeux, comme celles que Pon voit fur les plumes de plufeurs oifeaux, ou fur les ailes de plufieurs papillons. Il a, fuivant M. Linné, qui en a parlé le premier, deux cent foixante-cinq grandes plaques fous le corps, & ne fous la queue. (a) Le Cenchris. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Boa Cenchria. Linn. amphib. Serpent. : 386 Hisrorre Narérrzizre cage — de LE SCHYTALE (ce) Ce BoA doit parvenir à une grandeur très-confi- dérable, & jouir de beaucoup ‘de force, puifque, felon M. Linné, il écrafe & engloutit, dans fa gueule, des brebis & des chèvres. Le deflus de fon corps eft d'un gris mêlé de vert; on voit des taches noires & arrondies le long du dos, d’autres taches noires vers leurs bords, blanches dans leur centre , & difpofées des deux côtés du corps ; le ventre en préfente d’autres de la même couleur, mais alongées, & comme compofées de plufeurs points noirs réunis enfemble. On le trouve en Amérique. Il a deux cent cin- quante grandes plaques fous le corps, & foixante-dix fous la queue, (a) Le Schytale. M. d Aubenton , Encyclopédie méthodique. Boa Schytale. Linn, amphib. Serpent. Scheuch. Sacr. tab. 737 , fig: 7. Gronoy. muf 2, pag. 55, No 10. se pr ( S'ENRAEINIS 387 + LOPHRIE (a) Ur INDIVIDU de cette efpèce faifoit partie de la collection de M. le Baron de Géer, & a été décrit, pour la première fois, par M. Linné. L'Ophrie a beaucoup de rapports, par fa conformation, avec le Devin, mais il en diffère par fa couleur, qui eft brune, & par le nombre de fes grandes plaques; il en a deux cent quatre-vingt-une fous le ventre, & foixante-quatre fous la queue. (a) L'Ophrie. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique, Boz Ophrias. Linn. amphib. Serp. 388 Hisrorre NAaTurzzrze a L'E NY DRE (he 1 CONNOÏT peu de chofes relativement à cette efpèce de Boa, que M. Linné a décrite le premier, & dont un individu faifoit partie de la collection de M. le Baron de Géer. L'Enydre eft d’une couleur grife, mais qui préfente plufieurs nuances aflez différentes l’une de l’autre. 11 paroït , par ce qu'en dit M. Linné, que les dents de la mâchoire inférieure de ce Serpent, font plus longues, en proportion de la grandeur de l’ani- mal, que dans la plupart des autres Boa. On trouve l’Enydre en Amérique; il a deux cent foixante-dix grandes plaques fous le corps, & cent quinze fous la queue. (a) L'Enydre. M, d'Aubenton , Encyclopédie mérhodique. Boa Enydris Lin. amphib. Serpent. F6, 8e LE MUET. D ii SE RP; ns, 389 LE | M LINNÉ a donné ce nom à un grand Serpent de Surinam, qu'il a placé dans le genre des Serpens à fonnette, à caufe des grands rapports de confor- mation qui le rapprochent de ces Reptiles, mais que nous comprenons dans le genre des Boa, parce qu'il a de grandes plaques fous le corps & fous la queue, comme ces derniers, & quil na point la queue terminée par une ou plufeurs grandes pièces, de nature écailleufe, comme les ‘Serpens à fonnette. C’eft à caufe de ce défaut de pièces mobiles & fonores, que M. Linné l’a nommé /e Muer. Ce Reptile a l’extré- mité de la queue garnie pardeflous de quatre rangs de petites écailles dont les angles font très-aigus. Les crochets à venin que l’on voit à fa mâchoire fupé- périeure , font effrayans par leur grandeur, felon M. Linné ; fon dos préfente des taches noires rhom- boïdales & réunies les unes aux autres; il a deux cent dix-fept grandes plaques fous le ventre, & trente- quatre fous la queue. (a) Le Muet. M. d'Aubenton » Encyclopédie méthodique. Crotal. Mutus. Linn. amphib. Serp. Serpens, Tome IT. ddd 399 Hirñeino RE Nr deie cire TROISIÈME GENRE. SÉERPENS Qui ont le ventre couvert de grandes plaques, & la queue terminée par une grande pièce de nature écailleufe, ou par plufieurs grandes pièces articulées les unes dans les autres , mobiles & bruyantes. SERPENS A SONNETTE. de EVE —— LE BOIOUTRA NN) Ux VOYAGEUR égaré au milieu des folitudes - brülantes de l'Afrique, accablé fous la chaleur du midi , entendant de loin le rugiflement du tigre en (a) Boïcininga & Boïcinininga. Ecacoail. Ealca vela ou Cafcavel, par les Portugais. Ds à SR IUR PE 7, 5. 391 fureur qui cherche une proie, & ne fachant comment éviter fa dent meurtrière, ne doit pas éprouver un frémiflement plus grand que ceux qui parcourant les immenfes forêts des contrées chaudes & humides du nouveau Monde, féduits par la beauté des feuillages & des fleurs , entraînés, comme par une efpèce d'enchantement au milieu de ces retraites riantes, mais perfides , fentent, tout-à-coup, l'odeur fétide qu'exhale le Boiquira (a) , reconnoïffent le bruit de Tangedor , par les Efpagnols. The Rattle Snake , par les Anglois. Le Boiquira. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Crotal. Horridus. Linn. Amphib. Serp. Bradl. netur. tab. 9, fig L. Séba, Muf. 2, tab. 95, fig 1. Caudifona Terrifica, 203. Laurent, Specimen Medicum. Teuhtlacot Zauhqui, &. e. Regina Serpentum, Hernandez. Vipera Caudifona , & Anguis Crotalophorus. Ray , Synopfis , pag. 291. Vipera Brafliz Caudifona. Mufæum Kircherianum , rom. 1773, claffis 2 , fol. 35 , tab. 9, N° 43. Boicinininga. Pifon, de Medicina Brafilienfi, lib. 3, p. 41. Boicinininga, Boïquira, Ayug. Georg. Marcgravi, hifi. rerum natu- ralium Brafiliæ , lib. 6, p. 240. (a) «& L’odeur des Serpens à fonnette eft très-mauvaife , fur-tout dd di “à « 392 Hirsrorre NATURELLE la fonnette qui termine fa queue, & le voient prêt à s’élancer fur eux. Ce terrible Reptile renferme en effet un poifon mortel; &, fans excepter le Naja, il n’eft peut-être aucune efpèce de Serpent, qui contienne un venin plus actif. Le Boiquira parvient quelquefois à la longueur de fix pieds, & fa circonférence eft alors de dix-huit pouces (a). L’individu que nous avons décrit, & qui eft confervé au Cabinet du Roi, a quatre pieds dix lignes de long, en y comprenant la queue qui a quatre pouces, & qui, dans cette efpèce, ainfi que » lorfqu'ils fe chauffent au foleil ou qu'ils font en colère; on Iles » fent quelquefois avant de les voir & de les entendre : les chevaux 2 & les bœufs les découvrent par lodorat, & s’enfuient très-loin : » mais lorfque le vent emporte l'exhalaïfon du Serpent vers le côté 2» oppofe à la route que tient le cheval ou le bœuf, celui-ci va quel- > quefois jufques fur le Serpent même, fans en avoir connoïflance. » Kalm. Mém. de Suède, Colle. académ. part. étrangère , tom. 21, P48: 94: : (a) Hernandez ne lui donne que quatre pieds de longueur ; Marcgrave un peu plus de quatre pieds, & Pifon cinq; mais Kalm a écrit que les plus gros Boïquira qu'on ait vus dans l'Amérique fep- tentrionale étoient longs de fix pieds. Mémoires de l’Académie de Stockolm. Suivant Catefby , les plus grands Serpens à fonnette ont près de neuf pieds de longueur. Hiff. natur. de lu Caroline, vol. 2. P- 4t. DES S FR PEN S. 393 dans les autres Serpens à fonnette déjà connus, eft très-courte à proportion du corps. Sa tête aplatie eft couverte, auprès du mufeau , de fix écailles plus grandes que leurs voifines, & difpofées fur trois rangs tranfverfaux, chacun de deux écailles. Les yeux paroiflent étincelans , & luifent même dans les ténèbres, comme ceux de plufieurs autres Reptiles, en laiflant échapper la lumière dont ils ont été pénétrés pendant le jour; & ils font garnis d'une membrane clignotante, fuivant le favant Anatomifte Tyfon , qui a donné une defcription très-étendue:, *tant des parties extérieures que des parties intérieures du Boiquira (a). La gueule préfente une grande ouverture, & le contour en eft de quatre pouces, dans l'individu de la colleétion du Roi. La langue eft noire, ‘déliée, partagée en deux , renfermée en partie dans une gaine, & prefque toujours l'animal l'étend & l’agite avec vitefle. Les deux os qui forment les deux côtés de la mâchoire inférieure ne font pas réunis pardevant à mais féparés par un intervalle aflez confidérable que le Serpent peut agrandir, lorfquil étend Ja peau de fa bouche pour avaler une proie volumineufe. (a) Tranfadions philo/ophiques , N° 144. 304 HiIsTorre NAaTueserzrs Chacun de ces os eft garni de plufeurs dents crochues, tournées en arrière, d'autant plus grandes qu’elles font plus près du mufeau, & qui, par une fuite de cette difpofition, ne peuvent point lâcher la proie qu'elles ont faïfie, & la retiennent dans la gueule du Boiquira, pendant qu'il linfeéte du venin qui tombe de fa mächoire fupérieure. C’eft, en effet, fous la peau qui recouvre cette mâchoire, & de chaque côté que, nous avons vu les véficules où le poifon fe ramafñfe. Lorfque le Serpent comprime ces véficules, le venin fe porte à la bafe de deux crochets très-longs & très-apparens, attachés au-devant de la mâchoire fupérieure; ces crochets, enveloppés en partie dans une efpèce de gaïîne, d’où ils fortent lorfque l’animal les redrefle, font creux dans prefque toute leur lon- sueur; le venin y pénètre par un trou dont ils font percés à leur bafe, au-deflous de la gaîne, & en fort par une fente longitudinale que l’on voit vers leur pointe (a). Cette fente a plus d’une ligne de L 4 (a) Lorfqu'on preffe la racine de ces crochets, 11 coule abondam- ment de leur extrémité, une matière verte qui eft le venin. Kalm. Mém. de L Académie de Stockolm. Ce venin donne une couleur verte ‘au linge fur lequel on le répand , & plus on leflive ce linge, & plus il devient vert. Manufcrit de M. Gauthier, 1749, que M. de Fouge- roux de Bondaroy , de l’Académie Royale des Sciences , a bien voulu me communiquer. D ES S VE RAP, EH EN S 305 longueur dans l’individu confervé au Cabinet du Roi, & les crochets font longs de fix lignes. Indépendamment de ces crochets, qui paroiflent appartenir à toutes les efpèces de Serpens venimeux, & que nous ayons vu, en effet, dans les Vipères, les Céraftes, les Naja, &c., la mâchoire fupérieure eft garnie d’autres dents plus petites & plus voifines du gofer vers lequel elles font tournées, & qui fervent, ainf que celles de la mâchoire inférieure, à retenir la victime que les crochets percent & imbibent de venin. Les écailles du dos font ovales & relevées dans le milieu par une arête qui s'étend dans le fens de leur plus grand diamètre. On a écrit qu'elles font articulées fi librement, que l’animal, lorfqu'il eft en colère, peut les redrefler; mais le mouvement qu'il leur donne doit être peu confidérable, puifque nous nous fommes aflurés qu’elles tiennent à la peau dans prefque toute leur longueur & toute leur largeur (a). (a) Chacune de ces plaques eft mue par un mufcle particulier dont une extrémité s'attache au bord fupérieur de la plaque infé- rieure, & l'autre à-peu-près au milieu de la face interne de la plaque fupérieure. D'ailleurs chaque plaque tient , par fes deux bouts, à l'extrémité des côtes, & cette extrémité eft un ferme point d’appui fur lequel porte là: plaque, & qui fert à l'animal à élever ou à abaïfer cette plaque avec force, par le moyen du mufcle dont nous venons de parler. Obferv, d'Edw. Tyfon, Tranf. philofop. N° 144. # 96 Hirsrorre NATURELLE Le deflous du corps, ainfi que le deflous de la queue, font revêtus d’un feul rang de grandes plaques comme dans le genre des Boa; nous en avons compté vingt- fept fous la queue, & cent quatre vingt-deux fous le ventre de l'individu qui fait partie de la colleétion du Roi. M. Linné en a compté cent foixante-fept fous le corps, & vingt-trois fous la queue de celui qu'il a décrit (a). | La couleur du dos eft d’un gris mélé de jaunâtre, &, fur ce fond, on voit s'étendre une rangée longi- tudinale de taches noires, bordées de blanc (b). Sa queue eft terminée, comme dans prefque tous les Serpens de fon genre, par un afflemblage d’écailles fonores qui semboîtent les unes dans les autres, & que nous croyons d'autant plus devoir décrire ici en détail, que la confidération attentive de leur forme & de leur poñition peut nous éclairer relativement à leur production ainfi qu’à leur accroiffement. Cette fonnette du Boiquira eft compofée de plufieurs pièces dont le nombre varie depuis un jufqu'à trentes. (a) Tyfon en a trouvé cent foïxante-huit fous le corps & dix-neuf fous la queue du Boiquira qu'il a décrit. Tranfaélions philofophiques, NN, 144. (b) Le Docteur Tylon a très-bien fait connoïître deux petites glandes, qui s'ouvrent dans le reétüm du Borquira auprès de l'anus, & qui contiennent une liqueur un peu épaïfle & d’une odeur forte & PT La A très-delagreéable. & DES" ASNIET OR PIE. NE AO & même au-delà (a). Toutes ces pièces font entiè= rement femblables les unes aux autres, non-feulement par leur forme , mais fouvent ‘par leur grandeur ; elles font toutes d'une matière caflante, élaftique, demi-tranfparente, & dela même nature que celle des écailles. La pièce la plus voifine du corps, & qui le touche immédiatement, forme, comme toutes les autres, une forte de pyramide à quatre faces, dont deux faces oppofées font beaucoup plus larges que Les deux autres; on peut la regarder comme une efpèce de petit étui terminé en pointe, & qui enveloppe les dernières vertèbres de la queue. Elle eft moulée fur ces der- nières vertèbres, dont elle n'eft féparée que par une membrane très-mince, & auxquelles elle eft appliquée de manière qu'elle fuit toutes les inégalités de leurs élévations. Elle préfente trois bourlets -circulaires qui répondent à trois de ces élévations; leur furface eft raboteufe comme celle. de ces éminences fur lefquelles ils fe font moulés; ils font creux, ainfi que le refte de la pièce; le premier bourlet, c’efl-à-dire, le plus proche de l'ouverture de la pièce, a le plus grand (a) Pour bien entendre ce que nous allons dire, on pourra jeter les yeux fur la planche où nous avons fait repréfenter une fonnette, fa coupe longitudinale, & une des pièces qui la compofent vue féparément. Serpens , Tome II e TD Las) 402, Hirsrorrs NATURE diamètre ; & le plus petit diamètre eft celui du troifième bourlet. Fa Toutes les pièces’ de la fonnette font emboîtées _ June dans l’autre, de manière que les deux tiers de chaque pièce font renfermés dans la pièce qui la- fuit, à commencer du côté du corps. Des trois bourlets: que préfente chaque pièce, deux font cachés par la pièce fuivante ; le premier bourlet eft le feul qui paroifle. La pièce, fituée au bout de la fonnette, oppofé au corps, eft la feule dont les trois bourlets foient vifibles, & qui montre fa vraie forme en fon entier; & la fonnette n'eft compolée, à l'extérieur, que de cette pièce, & des premiers bourlets de toutes les autres, Les deux derniers bourlets de chaque pièce, qui ne peuvent pas être vus, font placés fous les deux premiers: de la pièce fuivante. Ils en occupent le creux; ils retiennent cette pièce, & l’empêéchent de fe féparer du refte de la fonnette; mais, comme leur diamètre eft moins grand que celui des premiers bourlets de la pièce fuivante , chaque pièce joue librement autour de celle qu’elle enveloppe, & qui la retient. Aucune pièce , excepté la plus voifine du corps, nef liée avec la peau de l'animal, ne tient au corps du Serpent par aucun mufcle, par aucun nerf, par aucun vaiffeau (a) , ne peut recevoir par conféquent (a) On à écrit le contraire ( voyez Séba ) ; maïs nous nous fommes affurés de la conformation que nous décrivons 1er. DIE ST OEIRIAIE N 6 403 ni accroiflement, ni nourriture, & n'eft qu'une enve- loppe extérieure qui fe remue lorfque l'animal agite l'extrémité de fa queue, mais qui fe meut uniquement, comme fe mouvroit tout corps étranger qu'on auroit. attaché à la queue du Serpent (a). Cette conformation de la fonnette femble ni extraôrdinaire au premier coup-d'œil; cependant elle ceffera de le paroître , fi l’on veut en déduire avec nous la manière dont la fonnette a dû être produite. Les différentes pièces qui la compofent, n’ont été formées que fucceflivement; lorfque chacune de ces pièces a pris fon accroiflement, elle tenoit à la peau de la queue; elle n’auroit pas pu recevoir fans cela la matière néceflaire à fon développement, & d'ailleurs on voit fouvent, fur les bords des pièces qui ne tiennent pas immédiatement au corps du Serpent, des reftes de la peau de la queue, à laquelle elles étoient attachées. (a) La fonnette du Boïquira eft placée de manière que fes côtés es plus larges font élevés verticalement lorfque le Serpent eft fur fon ventre ; elle ne touche pas immédiatement aux grandes plaques qui garniflent le deflous de la queue, maïs eñtre ces grandes plaques - & le bord de la première pièce , on voit une rangée dé petites écailles femblables à celles du dos. La fonnette de l'individu confervé au Cabinet du Roi , a neuf lignes de hauteur , un pouce neuf lignes de longueur, & eft compofée de fix pièces. eee i ÉS Se AO4 Hirsrorre NATURELLE Quand une pièce eft formée, il fe produit au-deflous une nouvelle pièce entièrement femblable à l'ancienne, & qui tend à la détacher de l'extrémité de la queue. L'ancienne pièce ne fe fépare pas cependant tout- à-fait du corps du Serpent; elle eft feulement repouflée en arrière; elle laifle entre fon bord & la peau de la queue, un intervalle occupé par le premier bourlet de la nouvelle pièce; mais elle enveloppe toujours le fecond & le troifième bourlets de cette nouvelle pièce, & elle joue librement autour de ces bourlets qui la retiennent. 1: Lorfqu'il fe forme une troifñième pièce, elle fe produit au-deflous de la feconde, de la même manière que la feconde au-deffous de la premiere; elle détache également de l’extrémité de la queue la feconde pièce qu'elle fait reculer, mais quelle retient par fes bourlets. Si les dernières vertébres de la queue n'ont pas eroffi pendant que la fonnette s’eft formée, chaque pièce qui s’eft moulée fur ces vertèbres, a le même diamètre». & la fonnette paroît d’une égale largeur jufqu’à la pièce qui la termine; fi, au contraire, les vertèbres ont pris. de l’accroiffement pendant la formation de la fonnette, les bourlets de la nouvelle pièce font plus grands que ceux de la pièce plus ancienne , & le diamètre de la fonnette diminue vers la pointe. Dans les divers Serpens à fonnette qui font confervés au Cabinet DE NSN OSUENRI PEN SM 405 du Roi, la fonnette eft d’un égal diamètre vers fa pointe & à fon origine; mais, dans plufeurs fonnettes détachées du corps du Serpent, & qui font aufli partie de la collection de Sa Majefté, nous avons vu les. pièces diminuer de grandeur vers l'extrémité de la fonnette. °- Il eft évident, d’après ce que nous venons de dire, quil ne peut fe former qu'une pièce à chaque mue particulière que le Serpent éprouve vers l'extrémité de fa queue. Le nombre des pièces eft donc égal à celui de ces mues particulières ; mais, comme l'on ignore fi la mue particulière arrive dans le même - temps que la mue générale du corps & de la queue, fi elle a lieu une fois ou plufeurs fois par an, le nombre des pièces, non-feulement ne prouve rien pour la reflemblance ou la différence des efpèces, mais ne peut rien indiquer relativemeut à l’âge du Serpent, ainfi qu'on l’a écrit (a). Une nourriture plus abondante, & une température plus ou moins chaude , peuvent d'ailleurs augmenter ou diminuer le nombre des mues dans la même année; _& voilà pourquoi, dans certains individus, la fonnette eft par-tout d'un égal diamètre, parce que, pendant (a) Voyez Séba, l'Hiftoire naturelle de lOrenoque, traduc. franc. Lion, 1758 , tom. 3, pag. 78, & Ray , Synopfis quadrupedum €: Serpentini generis, p. 291. 400 HisrTorre NATURELLE le temps de fa production, les dernières vertèbres n'ont pas groffi d’une manière fenfible, tandis que, dans d’autres individus, les mues ont été affez éloignées pour que les vertèbres aient eu le temps de croître entre la formation d'une pièce & celle d'une autre. H pourroit donc fe faire que la fonnette d’un individu qui, dans différentes années, auroit éprouvé des accidens très-difflérens, fût d’un égal diamètre dans quelques- unes de fes portions, & allât, en diminuant, dans d’autres. D’un autre côté, on verroit de vieux Serpens avoir des fonnettes d’une longueur prodigieufe, & prefqu'égales à la longueur du corps (4), fi les pièces qui les compofent ne fe defléchoient pas promp- tement ; mais, comme elles ne tirent aucune nour- ritre de l’animal, & ne font abreuvées par aucun fuc, elles deviennent très- fragiles, fe brifent & fe féparent fouvent par l'effet d’un frottement affez peu confidérable. Voilà pourquoi le nombre des pièces (a) &« On prétend que Îles anneaux qui fe trouvent à la fonnette » indiquent, par leur nombre, celui des années du Serpent. Les plus »» jeunes n’ont ordinairement qu'un feul anneau ; ceux que l'on tue »» maintenant dans les Colonies Angloïfes en ont depuis un jufqu'à »» douze. Quelques perfonnes âgées difent en avoir vu qui avoïent »» depuis vingt jufqu'à trente anneaux, & qu'on en a tué autrefois + qui en avoient quarante-un & plus. La deftruétron que lon en fait 5 les «empêche de vieïllir. »» Kalm. Mém. de l'Acad, de Stockolm. Coll. Acad. part. étrangère ; tom. 12 , pag. 93 ALES AMI Per .v gi N Mo n'indique jamais le nombre de toutes les mues particu- lières que l'animal peut avoir éprouvées à l'extrémité de fa queue. Si même, dans la mue générale des Serpens à fonnette, qui doit s'opérer de la même maniere que celle des Couleuvres, & pendant laquelle la vieille peau de l'animal doit fe retourner en entier comme un'gant, & ainfi que‘nous l'avons vu (a) ; fi, dans cette mue générale , le dépouillement s'étend jufqu'aux dernières vertèbres de la queue & emporte la première pièce de la fonnette, toutes les autres pièces doivent être avec elle féparées du corps du Reptile; & dès-lors les fonnettes ne feroient jamais compofées que de pièces toutes produites dans l’inter- valle d'une mue générale à la mue générale fuivante. Toutes les parties des fonnettes étant très-sèches pofées les unes au-deffus des autres, & ayant affez de jeu pour fe frotter mutuellement lorfqu'’elles font fecouées, il n’eft pas furprenant qu’elles produifent un bruit aflez fenfble ; nous avons éprouvé, avec plufeurs fonnettes à-peu-près de la grandeur de celle dont nous venons de rapporter les dimenfions, que ce bruit qui reflemble à celui du parchemin qu'on froiffe, peut être entendu à plus de foixante pieds de diftance. Il feroit bien à defrer quon püt l'entendre (a) Article de lo Couleuvre d'Efculape. 408 HirsrouRrEr NATURELLE de. plus loin encore, afin que l'approche du Boiquira, étant moins imprévue, fût aufñ moins dangereufe. Ce Serpent eft, en effet, d'autant plus à craindre, que fes mouvemens font fouyent très-rapides. En un elin- d'œil, il fe replie en cercle, s'appuie fur fa queue, fe précipite comme un reflort qui fe débande, tombe fur fa proie, la bleffe & fe retire pour échapper à la vengeance de fon ennemi; auffi les Mexiquains le défignent-ils par le nom d'Ecacoatl, qui fignifie le vent. Ce funefte Reptile habite prefque toutes les contrées du nouveau Monde, depuis la terre de Magellan jufqu'au lac Champlain, vers le quarante-cinquième degré de latitude feptentrionale. Il régnoit, pour ainfi dire, au mi- lieu de ces vaftes contrées, où prefqu’aucun animal n’ofoit en faire fa proie, & où les anciens Américains, retenus par une crainte fuperititieufe , redoutoient de lui donner la mort (a); mais, encouragés par l'exemple des Européens, ils ont bientôt cherché à fe délivrer de cette efpèce terrible. Chaque jour les arts & les travaux purifiant & fertilifant de plus en plus ces terres nouvelles, ont diminué le nombre des Serpens à fonnette, & l’efpace fur lequel ces Reptiles exerçoient leur funefte domination, fe: retrécit à mefure que l'empire de l'homme sétend par la culture. (a) Kalm, Mém, de lAcad. de Stockolm. Le Boiquira DES) AS EIR PB Æ NS 409 Le Boiquira fe nourrit de vers (a), de grenouilles & même de lièvres ; il fait aufhi fa proie d’oifeaux & d’écureuiis; car il monte avec facilité fur les arbres, & sy élance avec vivacité de branche en branche, ainfi que fur les pointes des rochers qu'il habite, & ce neft que dans la plaine qu'il court avec difculté, & qu'il eft plus aifé d'éviter fa pourfuite. Son haleine empeftée, qui trouble quelquefois les petits animaux dont il veut fe faifir, peut aufhi empêcher qu'ils ne lui échappent. Les Indiens racontent qu'on voit fouvent le Serpent à fonnette entortillé à l’entour d'un arbre, lançant des regards terribles contre un écureuil qui, après avoir manifefté fa frayeur par fes cris & fon agitation, tombe au pied de l'arbre où il eft dévoré. M. Vofmaër, qui fait à la Haye des expé- riences fur les effets de la morfure d’un Boiquira qu’il avoit en vie, dit que les oifeaux & les fouris qu'on lui jetoit dans la cage où il étoit renfermé, témoi- gnoient une grande terreur; qu'ils cherchoient d’abord à fe tapir dans un coin, & qu'ils couroient enfuite, comme faifis de douleurs mortelles, à la rencontre de leur ennemi qui ne cefloit de fonner de fa queue (b) ; (a) M. Æylon a trouvé un grand nombre de vers du genre des lombrics, dans l’eftomac & dans les inteftins d’un Boïquira. On en trouve aufli quelquefois dans ceux de la vipère commune. Tranf. philofoph. No 144. (B) ce Lorfqu'il a été pris, & quil fe voit enfermé , il refufe Serpens Tome II. HN s # À1O Fr srio 108 EH UN D TU RUENT Does mais cet effet d’une vapeur méphitique & puante, a été exagéré & dénaturé au point de devenir mer- veilleux. On a dit que le Boiquira avoit, pour ainfi dire, la faculté d'enchanter l'animal quil vouloit dévorer ; que, par la puiflance de fon regard, il le contraignoit à s'approcher peu-à-peu, & à fe préci- piter dans fa gueule; que l’homme même ne pouvoit réfifter à la force magique de fes yeux étincelans, & que, plein de trouble, il fe préfentoit à la dent enve- nimée du Boïiquira, au lieu de chercher à léviter. Pour peu que les Serpens à fonnette euflent été plus connus, & quon fe füt occupé de leur hiftoire, on auroit bientôt fans doute ajouté à ces faits merveilleux, de nouveaux faits plus merveiileux encore. Et com- bien de fables n'auroit-on pas fubftituées au fimple effet d’une haleine fétide, qui même n'a jamais été ni aufh fréquent , ni aufh fort que certains Natura- liftes l'ont penfé ! L'on doit préfumer, avec Kalm, que le plus fouvent , lorfqu'on aura vu un oïifeau, ou un écureuil ou tout autre animal fe précipiter, pour ainfi dire, du haut d’un arbre dans la gueule du » toute nourriture, & on dit qu'il peut vivre fix. mois de cette » manière : il eft alors trèsirrité; fi on lui préfente des animaux, » illes tue, mais ne les mange pas. » Kalm, Mémoires de l'Acad. de Suède, Coll. académ. tom. 21, pag. 95. DOE ST SNENRUP UE NS AII Serpent à fonnette , il aura été déjà mordu par le Serpent ; qu'il fe fera enfui fur l’arbre ; qu'il aura exprimé, par fes cris & fon agitation, l’action violente du poifon laiflé dans fon fang par la dent du Reptile; que fes forces fe feront infenfiblement affoiblies; qu'il fe fera laifié aller de branche en branche, & quil fera jombé enfin auprès du Serpent, dont les yeux enflammés & le regard avide auront fuivi tous fes mouvemens, & qui fe fera de nouveau élancé fur lui, lorfqu'il laura vu prefque fans vie. Plufieurs obfer- vations rapportées par les Voyageurs, & particu- lièrement un fait raconté par Kalm , paroiflent le prouver (a). On a écrit que la pluie augmentoit la fureur du Boiquira ; mais il faut que ce foit une pluie d'orage, car il ne craint point d'aller à l’eau. C’eft lorfque le tonnerre gronde qu'il eft le plus redoutable; on frémit lorfqu'on penfe à l’état affreux & aux angoiffes mor- telles qu'éprouve celui qui, pourfuivi par un orage terrible , au milieu de ténèbres épaifles qui lui dérobent fa route, cherche un afyle fous quelque roche avancée, contre les flots d’eau qui tombent des nues, apperçoit, au milieu de l’obfcurité, les yeux étincelans du Serpent à fonnette , & le découvre à la clarté des éclairs, (a) Kalm, Ouvrage déja cité. SIT ÿ A12 Hisroirrse NATURELLE agitant fa queue, & faifant entendre fon fifflement funefte (a). Un animal qui ne paroît né que pour détruire, devoit-il donc aufñ fentir les feux de l’amour ? Mais la même chaleur qui anime tout fon être, qui exalte fon venin, qui ajoute à fes forces meurtrières, doit rendre auf plus vif le fentiment qui le porte à fe reproduire. I ne pond qu'un aflez petit nombre d'œufs; mais, comme il vit plufeurs années, l’efpèce n’en eft que trop multipliée. Pendant l’hiver des contrées un peu éloignées de la ligne, les Boïiquira fe retirent en grand nombre dans des cavernes où ils font prefque engourdis & dépourvus de force. C’eft alors que les Nègres & les Indiens ofent pénétrer dans leurs repaires pour les détruire, & même sen nourrir; car, malgré le dégoût & l'horreur que ces Reptiles infpirent, ils en mangent, dit-on, la chair (b), & elle ne les incommode pas, pourvu que (a) cc C’eft pendant le temps couvert & pluvieux qu'ils font Île >» plus à craindre ; alors il eft rare que les Américains voyagent dans n les bois : les fonnettes qui font beaucoup de bruit lorfque le foleïl » luit, n’en font pas pendant la pluie. C’eft peut-être parce que les » cartilages mouillés font plus mous & moins élaftiques. »» Kaim , Mém. de Acad. de Suède , Coll. académ. partie étrangère, tom. 21, P. 93 € Jüiv. (B) Is mangent aufli fa graifle , que l'on fait fondre au foleil, & Dirhs MS ANR PIE Nas. A13 le Serpent ne fe foit pas mordu lui-même. Voilà pourquoi, a-t-on ajouté, il faut tuer promptement le Boiquira, lorfqu'on veut le manger :il faut lui donner la mort avant qu'il ne sirrite, parce qu'alors il fe mordroit de rage. Mais, comment concilier cette afler- tion avec le témoignage de ceux qui prétendent qu'on peut manger impunément les animaux que fa morfure fait périr, de même que les Sauvages fe rourriflent, fans aucun inconvénient, du gibier qu'ils ont tué avec leurs flèches empoifonnées ? Cette dernière opinion paroît d'autant plus vraifemblable que le Boiquira fem- bleroit devoir fe donner la mort à lui-même, fi la chair des animaux, percés par fes croohets, devenoit veni- meufe par une fuite de fa morfure. Les Nègres faififilent le Boiquira auprès de la tête, & il ne lui refte pas aflez de vigueur, dans le temps du froid, pour fe défendre ou pour leur échapper. Il devient aufli la proie de Couleuvres aflez fortes, qui doivent le faifir de manière à n’en être pas mordues (a), & l’on doit fuppofer la même adrefle dans les cochons dont ontire une huïle très-bonne , dit-on, contre les meurtriflures ; & même contre les effets de fa morfure. Kalm. On à auffi employé cette graïfle pour difliper plufieurs douleurs, & particulièrement celles de fciatique, aïnfi que pour fondre les tumeurs. Æérnandez , kif. naturelle du Mexique , liy. 9 , chap. 17. (a) Voyez l'article de la Couleuvre Lien, AA Hors TorrEz, NATURE Mee marrons, qui, fuivant Kalm, fe nourrifient, fans incon- génient, du Boiquira, dreflent leurs foies dès qu'ils peuvent le fentir, fe jettent fur lui avec avidité, & font garantis, dans certaines parties de leur corps, du danger de fa morfure, par la rudefle de leur poil, la dureté de leur peau, & l’épaiffeur de leur graifle (a). Lorfque le printemps eft arrivé dans les pays élevés en latitude, & habités par les Boiquira , que les neiges font fondues, & que Pair eft réchaufié , ils fortent pendant le jour de leurs retraites, pour aller s’expofer aux rayons du foleil. Ils rentrent pendant la nuit dans leurs afyles, & ce n'eft que lorfque les gelées ont entie- rement ceflé, qu'ils abandonnent leurs cavernes , fe répandent dans les campagnes , & pénètrent quelquefois dans les maifons. On ofe obferver le temps où ces animaux viennent fe chaufler au foleil, pour les attaquer & en tuer un grand nombre à-la-fois. (a) Le Boiquira ‘eft très-vivace, inf que les autres Sérpens; M. Tyfon rapporte que celui qu'il difiéqua , vécut quelques jours après que fa peau eut été déchirée & qu'on lui eut arraché la plupart de fes vifcères. Pendant ce temps fes poumons qui, vers le devant du corps, étoient compofés de petites cellules , comme ceux des gre- noutlles , fe terminoïent par une grande veflie tranfparente & forte, & avorent près de trois pieds de longueur, ne fe dilatèrent & ne fe contractèrent point alternativement , mais demeurèrent enflés &remplis d'air jufqu’ay moment où l'animal expira. Trenf. philefi Ne 244. D AE IS RS EUR APE UN + AS Pendant l’été, ils habitent au milieu des montagnes élevées, compofées de pierres calcaires, incultes & cou- vertes de bois, telles que celles qui font voifines de la grande chûte d’eau de Niagara. Ils y choififfent ordi- nairement les expoñtions les plus chaudes & les plus favorables à leurs chaffes; ils préfèrent le côté méri- dioral d’une montagne, & le bord d’une fontaine ou d'un ruifleau, habités par des grenouilles, & cù viennent boire les petits animaux , dont ils font leur proie. Ils aiment aufñ à fe mettre de temps-en-temps à labri, fous un vieux arbre renverfé, & voilà pourquoi, fuivant Kalm, les Américains qui voyagent dans les forèts infeftées de Serpens à fonnette, ne franchiffent point les troncs d’arbres couchés à terre, qui obftruent quelquefois le paffage; ils aiment mieux en faire le tour, & sils font obligés de les traverfer, ils fautent fur le tronc du plus loin qu'ils peuvent, & s’élancent enfuite au-delà. Le Boiquira nage avec la plus grande agilité; il fillonne la furface des eaux avec la viîteffe d’une flèche. Malheur à ceux qui naviguent fur de petits bâtimens, auprès des plages qu'il fréquente ! Il s’élance fur les ponts peu élevés (a); & quel état affreux que celui où tout efpoir de fuite eft interdit, où la moindre morfure (a) Voyez, à ce fujet, Kalm, Ouvrage déjà cité, 416 Hisrorre NATURELLE de l’ennemi que l’on doit combattre donne la mort la plus prompte, où il faut vaincre en un inftant, ou périr dans des tourmens horribles. Le premier effet du poifon eft une enflure géné- rale; bientôt la bouche s’enflamme, & ne peut plus contenir la langue devenue trop gonflée ; une foif dévo- rante confume; & fi l’on cherche à l’étancher, on ne fait que redoubler les tourmens de fon agonie. Les crachats font enfanglantés; les chairs qui environnent la plaie fe corrompent & fe diflolvent en pourriture; & fur-tout fi c’eft pendant l’ardeur de la canicule, on meurt quelquefois dans cinq ou dix minutes, fuivant la partie où on a été mordu (a). On a écrit que les Américains fe fervoient, contre la morfure du Boïquira, d'un emplâtre compofé avec la tête même du Serpent écrafé. On a prétendu aufi qu'il fuit les lieux où croit le dictame de Virginie, & l’on a eflayé de fe fervir de ce diétame comme d’un remède contre fon venin (b); mais il paroït que le véritable antidote, que les Américains ne vouloient pas découvrir, & dont (a) Voyez M. Laurent. (Bb) On Lit, dans les Tranfactions philofophiques, année 1665; qu'en Virginie , en 1657, au mois de Juillet, on attacha au bout d'une longue baguette des feuilles de diétame que l’on avoit un peu broyées, & qu'on les approcha du mufeau d’un Serpent à fonnette, le fecret + DES SE RPENS. 417 le fecret leur a été arraché par M. Teinnint, Médecin Ecoflois, eft le poligale de Virginie, Sénéka ou Sénéga (polygama Senega) (a). Cependant il arrive quelque- - fois que ceux qui ont le bonheur de guérir, reflentent périodiquement, pendant une ou deux années, des dou- leurs très-vives, accompagnées d’enflure ; quelques- uns même portent toute leur vie des marques de leur cruel accident , & reftent jaunes ou tachetés d’autres couleurs. Le Capitaine Hall (à) fit, dans la Caroline, plufeurs expériences touchant les effets de la morfure du Boi- quira fur divers animaux; il fit attacher à un piquet un Serpent à fonnette , long d'environ quatre pieds. Trois chiens en furent mordus; le premier mourut en quinze fecondes; le fecond, mordu peu de temps après, périt au bout de deux heures dans des convul- fions; le troifième, mordu après une demi-heure, n'offrit d'effets vifibles du venin, qu'au bout de trois heures. Quatre jours après, un chien mourut en une demi- qui fe tourna & s’agita vivement comme pour les éviter, mais qui mourut avant une demi-heure , & parut n’expirer que par l'effet de l'odeur de ces feuilles. (a) M. Linné & M. Laurent. (Bb) Tranfadions philofophiques. Serpens , Tome IL. ££E A10 Hisrorrse NATURELLE minute, & un autre enfuite en quatre minutes; un chat fut trouvé mort le lendemain de l'expérience; on laiffa s’'écouler trois jours; une grenouille mordue, mourut en deux minutes, & un poulet de trois mois, dans trois minutes. Quelque temps après, on mit auprès du Boiquira un Serpent blanc, fain & vigoureux ; ils fe mordirent l’un l’autre; le Serpent à fonnette répandit même quelques gouttes de fang; il ne donna cependant aucun figne de maladie , & le Serpent blanc mourut en moins de huit minutes. On agita aflez le Boiquira pour le forcer à fe mordre lui-même, & il mourut en douze minutes (a); ainfi ce furieux (a) « La morfure de cet animal eft très-dangereufe dans toutes » les parties du corps ; les chevaux & les bœufs en meurent prefque > à linftant : les chiens la foutrennent mieux ; quelques-uns ont été »> guéris cinq fois : les hommes le font aufli lorfqu'on y remédie à >> temps; mais quand la dent meurtrière a ouvert un gros vaifleau , » on meurt en deux ou trois minutes. Les bottines de cuir ne font 2 pas un préfervatif afluré; la dent eft fi aiguë , qu’elle les perce > facilement, fur-tout quand Ia bottine eft jufte à la jambe : on pré- » tend qu'il vaut mieux porter de grandes culottes de matelot , , qui >» defcendent jufqu’aux talons ; lorfque le Serpent y mord, il sy 3 fait des plis qui s’oppofent à l'effort de la dent & des mâchoires ; > mais il peut être plus für de porter les unes & les autres. 2 Kalm, Mém. de Suède, Collect. acad. tom. 11, pag. 95. ce Le Serpent à fonnette n’eft nulle part fi commun qu’au Paraguay. 2 On y obferve que lorfque fes gencives font trop pleines de venin, DES SERPENS. A19 Reptile peut tourner contre lui fes armes dangereufes, & venger fes viétimes. Tranquilles habitans de nos contrées tempérées, que nous fommes plus heureux, loin de ces plages où la chaleur & l’humidité règnent avec tant de force! Nous ne voyons point un Serpent funefte infecter l'eau au milieu de laquelle il nage avec facilité; les arbres dont il parcourt les rameaux avec vitefle; la terre dont il peuple les cavernes; les bois folitaires, où il exerce le même empire que le tigre dans fes déferts brülans, & dont l’obfcurité livre plus fürement » ïl fouffre beaucoup; que, pour s’en décharger , il attaque tout ce » qu'il rencontre ; & que, par deux crochets creux aflez larges à 3» leur racine & terminés en pointe, il infinue, dans 14 partie qu'il 5 faifit, l'humeur qui lincommodoit. L'effet de fa morfure , & de s> celle de plufeurs autres Serpens du même pays , eft fort prompt ; » quelquefois le fang fort en abondance par les yeux , les narines, » les oreilles, les gencives & les jointures des ongles ; mais les anti- 32 dotes ne manquent point contre ce poifon. On y emploie fur-tout >» avec fuccès, une pierre qu'on nomme Saint-Paul; le bézoard & » l'ail, qu'on applique fur la plaie après lavoir mâché; La tête de 3» l'animal même & fon foie , qu'on mange pour purifier le fang, ne 1 font pas un remède moins vanté ; cependant le plus für eft de com- 3» mencer par faire fur-le-champ une incifion à la partie piquée, & > d'y appliquer du foufre ; ce qui fufht même quelquefois pour la » guérifon. » Hifloire naturelle du Pérou & des contrées yoifines. Hiff, génér. des Voy. édit. in-12, tom. 453, p. 419. 420 HrsTorrE NATDRENrTIE fa proie à fa morfure. Ne regrettons pas les beautés naturelles de ces climats plus chauds que le nôtre, leurs arbres plus touffus, leurs feuillages plus agréables, leurs fleurs plus fuaves, plus belles : ces fleurs, ces feuillages, ces arbres cachent la demeure du Serpent à fonnette. 4 ÿ > . £ TT es | À mt te PRIE TE À (0) a — A Le a ——— ee NQ Ÿ é: SERPENT à fonnette a été obfervé dans la Caroline par MM. Garden & Catefby; nous allons le décrire d’après un individu confervé dans le Cabinet du Roi. Le deflus de fon corps eft gris, avec trois rangs longitudinaux de taches noires ; celles de la rangée du milieu font rouges dans leur centre, & féparées lune de lautre par une tache rouge. Le deflus de la tête eft couvert de neuf écailles plus grandes que celles du dos, & difpofées fur quatre rangs ; la mâchoire fupérieure eft garnie de deux crochets mobiles & très-alongés; les écailles qui revêtent le dos font ovales, & relevées par une arête. Le Millet a ordinairement cent trente -deux grandes plaques fous le corps, & trente-deux fous la queue. L’individu, qui fait partie de la collection du Roi, a quinze pouces dix lignes de longueur totale, & fa queue eft longue de vingt-deux lignes; fa fonnette eft compofée de onze pièces, a une ligne de largeur dans fon plus grand diamètre, & eft féparée des grandes plaques par un rang de petites écailles. (a) Le Millet. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique. Crotalus Milrarius. Linn. amphib. Serpent. Catefby, Carol, 2, tab, 42. 422 HirstTorre NATURELLE LE DRYINAS(:). raser tous les Serpens à fonnette ont les . mêmes habitudes naturelles; nous ne répéterons pas ici ce que nous avons dit à l’article du Boiquira, & nous nous contenterons de rapporter les traits prin- cipaux de la conformation du Dryinas. Ce dernier Reptile eft blanchâtre, avec quelques taches d'un jaune plus ou moins clair; il a ordinai- rement cent foixante-cinq grandes plaques fous le corps, & trente fous la queue ; le deflus de fa tête préfente deux grandes écailles, & celles qui garniffent fon dos font ovales, & relevées par une arête. On le trouve en Amérique. (a) Le Serpent à fonnette. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Crotal. Dryinas. Linn. amphib. Serp. Amaæn. academ: muf. princ. p. 578 , 24. Caudifona Dryinas , 206. Caudifona orientalis, 207. Laurent ; Specimen Medicum. Séba , muf. 2, tab. 95, fig. 3, @ tab. 96, fig. 1. EX Cu DEA SE SR NP (dE 423 ne LE DURISSUS (4). Cr SERPENT a le deflus du corps varié de blanc & de jaune, avec des taches rhomboïdales, noires & blanches dans leur centre. Le fommet de fa tête eft couvert de fix grandes écailles placées fur trois rangs ; le dos eft garni d’écailles ovales & relevées par une arête. L'individu que nous avons décrit, & que nous avons vu au Cabinet du Roi, n'avoit qu’une pièce à fa fonnette ; {a longueur totale étoit d'un pied cinq pouces fix lignes, & celle de fa queue d’un pouce huit lignes. Il avoit des crochets à venin, longs de quatre lignes, & dont l'extrémité étoit percée par une fente d'une ligne de longueur; il paroïffoit que lorfque animal étoit en vie, il pouvoit faire avancer, au-delà des lèvres, les deux os de la mâchoire inférieure, qui n'étoient réunis que par des membranes, & que l'on voyoit armés de dents tournées en arrière, & plus grandes vers le mufeau que vers le gofier (b). mare. SPEED GP SD EE CRE ER (a) Le Teuthlaco. M. d'Aubenion , Encyclopédie méthodique. Crotal. Duriflus. Linn. amphibia Serp. Caudifona Duriflus. 204, Zaurenri, Snecimen Medicum. Séba , muf. 2 , tab. 95, fig. 2, Teutlacotzouphi. (Bb) Le Durifus à ordinairement cent foixante-douze grandes plaques fous le corps, & vingt & une fous la queue, 424 Hisroire NAaATuREzrzI= LE PISCIVORE («). C'esr CATESBY qui a parlé le premier de la conformation & des habitudes de ce Serpent que l’on trouve dans la Caroline , où il porte le nom de Serpent à fonnette. Sa queue n'eft cependant pas garnie de pièces mebiles & un peu fonores; mais elle eft terminée par une pointe de nature écailleufe, longue ordinai- rement d'un demi-pouce & dure comme de la corne. Cette efpèce d'arme a donné lieu à plufieurs fables. On a prétendu qu’elle étoit aufli dangereufe que les .dents de l'animal, qu’elle pouvoit également donner la mort, & que mème, lorfquelle perçoit le tronc d'un jeune arbre dont l'écorce étoit encore tendre, les fleurs fe fanoient dans le même inftant, la verdure fe flétrifloit, larbre fe defléchoit & mouroit. La vérité, relativement aux propriétés du Pifcivore, eft, fuivant Catefby, que fa morfure peut être très-funefte. Sa tête eft groffe, fon cou menu, fa mâchoire fupérieure, armée de grands crochets mobiles. Le deflus de fon corps, qui a quel- quefois cinq ou fix pieds de longueur, préfente une (a) The Water Viper. Vipère d’eau. Cate/by , Carol. 2, pag: 43, planche 43. couleur DA A ts © NS re PE vie, 425 couleur brune; le ventre & les côtés du cou font noirs, avec des bandes jaunes, tranfverfales & irrégulières. Il eft très-agile, & très-adroit à prendre des poiflons; on le voit fouvent, pendant l'été, étendu autour des branches d'arbres qui pendent fur les rivièress il y faifit, avec rapidité, le moment de furprendre les oifeaux qui viennent fe repofer fur larbre, ou les poiflons qu'il apperçoit dans l’eau; il s’élance fur ces derniers , les pourfuit en nageant & en plongeant avec beaucoup de viteffe, en prend d’affez gros qu’il entraine fur le rivage, & qu'il y avale avec avidité; & voilà pourquoi nous l’avons nommé PifCivore. Il fe précipite aufli quelquefois, du haut des branches où il fe fufpend, fur la tête des hommes qu'il voit pañler au-deflous de lui dans un bateau (a). (a) Catefby , à l'endroit déja cité, S'erpens, Tome II. | hhh 426 Hisrorre NATURELLE QUATRIÈME GENRE. SERPENS Dont le deffous du corps & de la queue eff garni d’écailles femblables à celles du dos. ANGUIS,. LÉ. SERPENS de ce genre font très-différens des autres , par leur conformation extérieure. Au lieu d'avoir au-deflous de leur corps de grandes plaques, faites en formes de bandes tranfverfales, & une ou deux rangées de ces mêmes plaques au-deffous de leur queue, ils font couverts par-tout de petites écailles femblables à celles que les Couleuvres, les Boa, les Serpens à fonnette, & la plupart des autres Reptiles. ont au-deflus du dos. Les écailles de la rangée du milieu du deflous du corps & de la queue font cependant , dans quelques Anguis, un peu plus grandes que les: DES SHRPENS. 427 autres; & c’eft celles-là qu'il faut alors compter pour reconnoître plus aifément l’efpèce de l'animal de même que l’on compte dans les Boa & dans les Couleuvres, les grandes pièces qui revêtent le deflous de leur corps. Ces grandes plaques, couchées les unes fous les autres fous le ventre & la queue des Couleuvres & des Boa, fe redreflent contre le terrain lorfque ces Serpens veulent aller en arrière, & leur oppofent alors une réfiftance plus ou moins forte; aufli les Anguis, qui n'ont point de ces grandes pièces peuvent-ils exécuter des mouvemens en tout fens avec plus de facilité que la plupart des autres Reptiles; & c'eft ce qui leur a fait attribuer, par des Voyageurs, le nom d'Amphifbène ou de double marcheur (a); mais cette dénomination nous paroît devoir mieux convenir au genre des Serpens à anneaux auxquels, en efet, M. Linné la attaché exclufivement. Comme la plupart des expreflions exagérées ont produit affez fouvent des erreurs groffières ou des contes ridicules, on n’a pas dit uniquement que les Anguis pouvoient fe mouvoir en arrière prefqu'aufh aifément qu'en avant; on a prétendu encore qu'ils pouvoient fe conduire & courir pendant long-temps, dans les (a) Plufeurs Anguis ont été envoyés d'Amérique ou d'ailleurs , au Cabinet du Roi, fous ce nom d’Amphufbène. hkhh ÿy 428 HirsTorRx NATURELLE deux fens, avec une égale facilité; qu'ils avoient des yeux à chaque extrémité du corps, pour difcerner leur route en avant & en arrière; qu’ils y avoient même une tête complette; qu'on s’expofoit aux mêmes dangers, en les faififfant par l’un ou l’autre bout; qu'ils étoient très-à craindre pour les petits animaux dont ils fe nourrifloient , parce que jamais le fommeil ne les empéchoit de s’'appercevoir du voifinage de leur proie; que pendant qu'une tête dormoit, l’autre veilloit, &c. Mais c’eft affez rapporter des opinions que l’on ne doit pas craindre de voir fe répandre, & que par con- féquent on n'a pas befoin de combattre. Nous devons même convenir que la conformation des Anguis eft une des plus propres à faire naître ces erreurs; leur queue eft, en effet, très-groffe en comparaïfon du corps, & fon extrémité arrondie reflemble d'autant plus à une tête, même lorfqu'on la confidère à une petite diflance, que les diverfes taches, qui varient ordinairement fa couleur, font difpofées de manière à repréfenter des yeux, des narines & une bouche. D'ailleurs les yeux des Anguis étant très-petits, on a de la peine à les diftinguer à l'endroit où ils font réellement , & on peut plus facilement être trompé par leur apparence. C’eft cette petitefle des yeux des Anguis, qui les a fait nommer Serpens aveugles par plufieurs Voyageurs; mais cette dénomination, qui, à la rigueur, ne convient à aucun Serpent, ne doit pas être D'AEAIS ON PER MP RE EN SLA | 429 du moins appliquée aux Are ni aux Amphisbènes ou Serpens à anneaux; nous ne l’emploierons que pour défigner les dimenfons encore plus petites des yeux des Serpens que M. Linnéé a nommés Cæcilia, & que nous nommons d'après lui Cæciles, (AG CN 430 HTSTOorRE Niro mens DE —_— —_—_—— ——4, L'ORV ET (c) Cr SERPENT eft très-commun en beaucoup de pays. Il fe trouve dans prefque toutes les contrées de l'ancien Continent depuis la Suède jufqu'au cap de Bonne-Efpérance. Il refflemble beaucoup à un Qua- drupède Ovipare dont nous avons déja indiqué les (a) Couleuvre commune , en Picardie & dans plufieurs autres Provinces de France. Serpent de verre. Anvoye. Orvet. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Anguis Fragilis. Linn. amphib: Serpent. Aldr. Serp. 245. Cœcilia vulgaris. Imperat. nat. 916. Cœcilia Gefnerr. Ê Ray, quadrup. 289. Cœcilia Typhlus. Anguis Fragilis. 125 , tab. £, fig. 2, Laurenti, pis Medium. Typhlops , Cæcilia, a Blind Worm. Scotia illuffrata , Autore Roberto Sibbaldo. Anguis Fragilis, Blind Worm. Zoologie Britannique » Vol. 3, p.33, planche 25, N° 75. Anguis Fragilis. Wulf, Ichthyologia cum amphibiis regniBoruffici. Oxvet. Diélionnaire d'Hifloire naturelle , par M. Valmont de Bomare. DES SMIAUR( EP. EN 2e AIX, rapports avec les ÆAnguis, & auquel nous avons con fervé le nom de Seps; il n’en diffère même en quelque forte à l’extérieur , que parce qu'il n'a pas les quatre petites pattes dont le Seps eft pourvu ; aufli fes habi- tudes font-elles d'autant plus analogues à celles de ce lézard ,; que le Seps ayant les pattes extrème- ment courtes , rampe plutôt qu'il ne marche, & sa- vance par un mécanifme aflez femblable à celui que les Anguis emploient pour changer de place. La partie fupérieure de la tête eft couverte de neuf écailles difpofées fur quatre rangs , mais différem- ment que fur la plupart des Couleuvres. Le premier rang préfente une écaille , le fecond deux, & les deux autres, en offrent chacun trois. Les écailles qui gar- niflent le deflus , & le deflous de fon corps font très- petites, plates, hexagones , brillantes, bordées d’une couleur blanchâtre , & roufles dans leur milieu; ce qui produit un grand nombre de très-petites taches fur tout le corps de l'animal. Deux taches plus grandes paroiflent l’une au-deflus du mufeau , & l’autre fur le derrière de la tête, & il en part deux raies lon- gitudinales , brunes ou noires qui s'étendent jufqu’à la queue , ainf que deux autresraies d’un brun châtain qui partent des yeux. Le ventre eft d’un brun très-foncé, & la gorge marbrée de blanc, de noir & de jaunûtre. Toutes ces couleurs peuvent varier fuivant le pays, & peut-être fuivant l'age & le fexe, Mais ce qui 432. Hasmowre NATURELLE peut fervir beaucoup à diftinguer l’Orvet d'avec plu- fieurs autres Anguis, c’eft la longueur de fa queue qui égale & même furpañle quelquefois celle de fon corps; l'ouverture de fa gueule s'étend jufqu'au-delà des yeux ; les deux os de la mâchoire inférieure ne font pas féparés l’un de l’autre comme dans un grand nombre de Serpens ; & en cela l’Orvet reflemble encore au Seps & aux autres lézards. Ses dents font courtes, menues , crochues , & tournées vers le gofier. La lan-- gue eft comme échancrée en croiflant. On a écrit que {es yeux étoient f petits qu'on avoit peine à les dif- tinguer ; cependant quoiqu'ils foient moins grands à proportion que ceux de beaucoup d’autres Serpens, il font très-vifibles, & d’ailleurs noirs & très-brillans (a). . Il ne parvient guères à plus de trois pieds de longueur. On a prétendu que fa morfure étoittrès-dangereufe (à) ; mais il n’a point de crochets mobiles, & d’après cela feul on auroit dû fuppofer qu'il n’avoit point de venin; d'ailleurs les expériences de M. Laurent l'ont mis (a) Les écailles, quirecouvrent fes Ièvres , ne font pas plus grandes que celles qui revêtent fon dos ; aucunes de celles qui garniflent Ie deflous de fon corps, ne font plus grandes que leurs voifines. IT en à ordinairement cent trente-cinq rangs fous le corps, & autant fous 12 queue. (B) Schwenckfeld, dans fon Hiftoire des Reptiles de la Siléfie , 4 écrit que , dans cette Province , on regardoit l'Orvetcomme venimeux, hors DN ENS SL AURA NP NIET où 433 hors de doute (a). De quelque manière qu'on irrite cet animal, il ne mord point, mais fe contracte avec force, & fe roïdit, dit M.Laurent , au point d’avoir alors Pin- flexibilité du bois. Ce Naturalifte fut obligé d'ouvrir par force la bouche d’un Orvet, & d'y introduire la peau d'un chien, que les dents dé lanimal trop courtes & trop _menues ne purent percer ; de petits oifeaux employés à la même expérience, & bleflés par le Reptile, ne donnèrent aucun figne de venin: la chair nue d’un pigeon fut aufli mife fous les dents de l'Orvet quila tint ferrée pendant long-temps, & la pénétra de la liqueur qui étoit dans fa bouche ; le pigeon fut bientôt guéri de fa bleffure, fans donner aucun indice de poifon. Lorfque la crainte ou la colère contraignent l'Orvet, à tendre ainf tous fes mufcles, & à roidir fon corps, il n’eft pas furprenant qu’on puifle aïifément en le frappant avec un bâton ou même une fimple baguette, le divifer & le caffer, pour ainfi dire, en plufeurs petites parties. Sa fragilité tient à cet état de roi- deur & de contraétion , ainfi que l'a penfé M. Laurent qui a très- bien obfervé cet animal, & elle eft d'au-. tant moins furprenante que fes vertèbres font très- (a) M. Laurent, Ouvrage déjà cité, p. 179. Les Auteurs de Îa Zoologie Britannique difent qu’en moe , lOrvet n'eft point regarde comme dangereux. Serpens, Tome IT, ièi 434 HirsrTorrEe NATURELLE caffantes par leur nature, comme celles de prefque tous les petits Serpens, & des petits lézards, & que fes mufcles font compofés de fibres qui peuvent aife- ment fe féparer. C’eft cette propriété de l'Orvet, qui Va fait appeller par M. Linné, Anguis fragile, & qui l'a fait nommer par d’autres Auteurs Serpent de Verre. On vient de voir que l’Orvet fe trouve en Suède : il habite aufli l’Ecofle (a); & , d’après cela , il paroît qu'il ne craint pas le froid autant que la plupart des Serpens, quoiqu'il foit en aflez grand nombre dans la plupart des contrées tempérées & même chaudes de l'Europe; il a pour ennemis ceux des autres Ser- pens, & particulièrement les cicognes (2) qui en font leur proie d'autant plus aifément , qu'il ne peut leur oppofer ni venin, ni force , ni même un volume confidérable. Il s’accouple comme les autres Reptiles; le mâle & la femelle s’entortillent l’un autour de l’autre, fe ferrent étroitement par plufeurs contours & pendant un temps aflez long. On a vu des Orvets demeurer ainfi réunis pendant plus d'une heure (c). Les petits Serpens de (a) Sibbald , à l'endroit déja cité. (b) Schwenckfeld, Hifloire des Reptiles de la Siléfie. (c) Notes manufcrires communiquées par M. de Sept-Fontaines. DES SERPENS. 485 cette efpèce n'éclofent pas hors du ventre de leur mère, comme la plupart des Couleuvres non venimeufes; mais ils viennent au jour tout formés (a). Un très-bon Obfer- vateur ()ayant ouvert deux femelles, trouva dix Serpen- teaux dans une qui étoit longue de treize pouces, & fept dans l’autre qui n’avoit qu’un pied de longueur. Ces petits Serpents étoient parfaitement formés. Ils ne différoient de leur mère que par leur grandeur, & par leurs cou- leurs qui étoient plus foibles; les plus grands avoient vingt & une lignes, & les plus petits dix-huit lignes de longueur. Le temps de la portée des Orvets eft au moins d’un mois, & M. de Sept-Fontaines, que nous venons de citer , sen eft afluré en gardant chez lui, une femelle qui ne mit bas qu'un mois après avoir été prife : elle ne parut pas groffir pendant fa captivité (c). C’eft ordinairement après les premiers jours de Juillet, que l’'Orvet paroît revêtu d'une peau nouvelle dans les Provinces feptentrionales de France. Son dépouillement sopère comme celui des Couleuvres (d) ; il quitte fa (a) Ray; à l'endroit déja citéy & Notes manuftrites de M. de Sept- Fontaines. (8) M. de Sept-Fontaines. (c) Lettre de M. de Sept-Fontaines à M. le Comte de la Cepède : du 7 Décembre 1788. ; (d) Voyez l'article de la Couleuvre d'Efculape. iii] 4306 H rs\roùr REA NATURE RLE v'eille peau d'autant plus facilement, qu'il a à fa portée plus de corps contre lefquels il peut fe frotter; il arrive feulement quelquefois que la vieille peau ne feretourne que jufqu’à l’endroit de Panus, & qu’alors la queue fort de l’enveloppe defféchée qui la recouvroit, comme une lame d'épée fort de fon fourreau (a). L’Orvet fe nourrit de vers, de fcarabées, de gre- nouilles , de petits rats, & même de crapauds; il les avale le plus fouvent fans les mâcher; aufli arrive-t-il quelquefois que de petits vers viennent jufqu'à fon eftomac , pleins encore de vie , & fansavoir reçu aucune blieffure. M. de Sept-Fontaines a trouvé dans le corps d'un jeune Orvet, un lombric ou ver de terre long de fix pouces, & de la groffeur d’un tuyau de plume; le ver étoit encore en vie, & s’enfuit en rampant. Malgré leur avidité naturelle, les Orvets peuvent de- meurer un très-grand nombre de jours fans manger, ainfi que les autres Serpens, & M. Desfontaines en a eu chez” lui qui fe font laïiflés mourir au bout de plus de cinquante jours , plutôt que de toucher à la nourriture qu'on avoit mife auprès d'eux, & qu'ils auroient dé- vorée avec précipitation s'ils avoient été en liberté. L'Orvet habite ordinairement fous terre dans des trous qu'il creufe ou qu’il agrandit avec fon mufeau ; (a) Notes manufcrites de M. de Sept-Fontaines. Bon os 6 SAT RAP HON "S: 437 mais comme il a befoin de refpirer Pair extérieur, il quitte fouvent fa retraite. L'hiver même, il perce quelquefois la neige qui couvre les campagnes, & élève fon mufeau au-deflus de fa furface, la température aflez douce des trous fouterrains qu'il choifit pour afyle l’empé- chant ordinairement de s’engourdir complètement pen- dant le froid. Lorfque les chaleurs font revenues, il pañle une grande partie du jour hors de fa retraite ; mais le QRE fouvent, il sen éloigne peu, & fe tient toujours à portée de sy mettre en sûreté. I fe drefle fréquemment fur fa queue qu'il roule en fpirale , & qui lui fert de point d'appui; & il demeure quelquefois long-temps dans cette fituation. Ses mou- vemens font rapides, mais moins que ceux de la Couleuvre à collier. Il ne répand pas communément d'odeur defagréable (a). (a) Perfonne n'a mieux étudié les Dbitudes de F'Orvet que M. de Sept-Fontaines , à qui nous devons la conaQiflance de la plupart des détaëls que nous vengns de rapporter. 435 Hrsrorre NATURELLE é T ANGUISa beaucoup de rapports avec POrvet, dont il n’eft peut-être qu'une variété. Il a le deflus du corps d’un roux cendré avec trois raies noires très- étroites qui s'étendent depuis le derrière de la tête, jufqu'à l’extrémité de la queue. Ses yeux font à peine vifibles. Il a la mâchoire fupérieure un peu plus avancée que l’inférieure. Ses dents font aflez longues relativement à fa grandeur , égales , & un peu courbées vers le gofier. Ses écailles font arrondies un peu con- vexes, luifantes & unies. Sa queue eft un peu plus longue que le refte du corps. Il a cent vingt-fix rangs d'écailles au-deflous du corps, & cent trente - fix au-deflous de la queue ; on le trouve en Europe , par- ticulièrement en Angleterre; & il habite aufñ plufeurs contrées de l'Amérique. : (a) Aberdeen, dans plufieurs endroits de Angleterre , parce qu'on le trouve dans l Aberdeen Shire. Eryx. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Ang. Eryx. Linn. amphib. Serpent. Gronoy. muf. 2 , p. 35: N° 9. Fr, DES SERPEN 5. 439 K—= GER LA PEINTADE (4) Nous CONSERVONS ce nomà un Anguis qui fe trouve dans les Indes ; il a cent foixante-cinq rangs d'écailles fous le corps , trente-deux fous la queue, & le deflus du corps verdâtre avec plufeurs rangées longitudinales de points noirs ou bruns. Il nous femble qu'on doit regarder comme une variété de cette efpèce, un Anguis que M. Pallas a obfervé fur les bords de la mer Cafpienne , & qui a à-peu-près la longueur d’un pied; la groffeur du petit: doigt; foixante-dix rangs d’écailles fous le corps; trente- deux rangs fous la queue ; la tête grife tachetée de noir; le corps noir pointillé de gris fur le dos, & de blanchâtre fur les côtés; la queue longue de deux pouces & variée de blanc (b). (a) La Peintade. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. Anguis Meleagris. Linn. amphib. Serp. Anguis Meleagris, 124, Laurenti, Specimen Medicum. Séba, muf. 2 , tab. 21, fig. 4. (b) Anguis Miliaris. Voyages de M. Pallas dans différentes Provinces de l'Empire de Ruffie , füpplément , vol. 2. A40 Hisrorre NATURELLE LE ROULEAU (a). CG: T ANGUIS {fe trouve dans les deux Con- tinens. Il eft très-commun en Amérique , ainfi que dans les grandes Indes; mais c’eft toujours dans les pays chauds qu'on le rencontre. Sa tête un peu convexe par-deflus, & concave en deflous eft à peine diftinguée du refte du corps par trois écailles plus grandes que les autres qui la couvrent. Ses dents font affez nom- breufes, & comme elles font toutes égales , & qu'il n’a pas de crochets mobiles, l’on doit préfumer qu’il n’eft point venimeux. Le corps & la queue font garnis par-deflus & par-deffous d’écailles blanches bordées de roux (b), & tout le corps eft varié par des bandes tranverfales (a) Le Rouleau. M. d Aubenton , Encyclopédie méthodique. Anguis Schytale. Linn. arphib. Serpent. Muf. Ad. fr. tab. 6, fig. 2. Gronovius , muf. 2 , N.° 4. Anguis. Séba, muf. 2 , tab. 2, fig 2,2, 3, 45tab.7, fig 4 € tab. 20; Fo. ee] Eg. 3. Anguis Schytale. Laurenti , Specimen Medicum. () Le Rouleau a deux cent quarante rangs d’écailles fous le corps ; & treize rangs fous la queue, qui DE SO VER PNA NS S. AA qui , en formant des anneaux de couleur, gardent leur parallélifme ou fe réuniffent avec plus ou moins de régularité. L'on ‘ne fait pas précifément à quelle gran- deur peut parvenir le Serpent Rouleau; mais, d’après les divers individus qui ont été décrits par les Natu- raliftes, & ceux qui font confervés au Cabinet du Roi, nous préfumons qu’elle n’eft jamais très-confidé- rable, que le diamètre decet Anguis n’eft ordinairement que d'un demi-pouce , & que fa longueur n'excède guère deux ou trois pieds (a). Il fe nourrit de vers, d'infectes, & fur-tout de four- mis, & voilà tout ce que l’on connoit des habitudes de ce Serpent. es (a) Sa queue eft très-courte en proportion du corps, dont la Ion gueur eft le plus fouvent trente fois plus confidérable que celle de La queue. Serpens, Tome IT. KKK 443 Hrsrorre NATURELLE a —_— LE COLUBRIN (2), M. HASSELQUIST a fait connoiître cet Anguis que l’on trouve en Egypte:ce Serpent a le corps varié d’une manière très-agréable , de brun & d’une couleur pâle ; on a compté cent quatre-vingt rangs d'écailles fous fon corps, & dix-huit fous fa queue. (a) Le Colubrin. M. d’'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Anguis Colubrina. Linn. amphib. Serp. Hafelquifl, it. 320, N° 6: Was! LE TRADE (CG) C ETANGUIS habite en Egypte , ainfi que le Colubrin, & c’eft aufi M. Haffelquift qui l’a fait con- noître. Ce Serpent a cent quatre - vingt-fix rangs d’écailles fousle corps, & vingt-trois fous la queue. Celles qui garniffent fon ventre , font un peu plus larges que celles qui recouvrent fon dos. (a) Le Trait. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Anguis Jaculus. Linn. amphib. Serpentes. Hafelquift, it. 319, N.9 64. KKK à A4A 5 NATURELLE LECORNU («). Cer ANGUIS a beauconp de rapports avec la Cou- leuvre Cérafte; il a, comme ce dernier Reptile, deux efpèces de cornes fur la tête ; mais nous avons vu que dans le Cérafte, ces éminences tiennent à la peau , & font de nature écailleufe, au lieu que, dans le Cornu , ce font deux dentsqui percent la lèvre fupérieure, & reflemblent à deux petites cornes. On trouve cet Anguis en Egypte où il a été obfervé par M. Haflelquift , & où vit aufli le Cérafte. Le Cornu a deux cens rangs d'écailles fous le ventre , & quinze fous la queue. (a) Le Cornu. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Anguis Ceraftes. Linn, amphib. Serpens, Haffélquiff , it. 320 , N.° 66. D E St SVE R BE NN, 445 LE MIGUEL (:), TE EST LE NOM que l’on donne à cet Anguis dans le Paraguay , & dans plufieurs autres contrées de l'Amérique méridionale, Les écailles qui le couvrent font brillantes & unies. Le deflus de fon corps eft jaune , & préfente une & quelquefois trois raies lon- gitudinales brunes avec des bandes tranfverfales très- étroites, & de la même couleur. Le Miguel a deux cens rangs d'écailles fous le ventre , & douze fous la queue ; on voit neuf grandes écailles fur la partie fupérieure de fa tête. Un individu de cette efpèce, confervé au Cabinet du Roi, a un pied de longueur totale, & fa queue eft longue de trois lignes. ( a) Le Miguel. M. d’'Aubenton, Encyclopédie nthodique. Anguis Maculata. Linn. amphib. Serpent. Muf. Ad. fr. 1, p.21, tab. 21, fig. Anguis Tefellata. 142. Laurenti, Specimen Medicum. Gronoy. muf. 2,p. 53,N° 5. Miguel. Di&. d'Hifloire naturelle, par M. Valmont de Bomare. Séba, mu. 2 , tab. 100, fig. 2. + 446 Hrsrorrzx NATURERLE LE RÉSEAU(C) Cr ANGUIS à les écailles qui garniflent le deflus de fon corps brunes & blanches dans leur centre, ce qui le fait paroitre comme couvert d’un réfeau brun. On le trouve en Amérique. Il a cent foixante- dix-fept rangs d'écailles fous le ventre , & trente-fept fous la queue ; le deflus de fa tête eft revêtu de grandes écailles. (a) Le Réfeau. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. Anguis Reticulata. Linn. amphib. Serpent. Anguis Reticulata. 128. Laurenti, Specimen Medicum. Gronov. muf. 2, p. 54, N° 7. Scheuchzer. Phyfic. facr. 747, 4. == auus, RE = LE JAUNE ET BRUN (:). ‘Qt ANGUIS fe trouve en grand nombre dans les bois de la Caroline & de la Virginie, où il a été obfervé par MM. Catesfby & Garden, & où on ne le regarde pas comme dangereux. Il paroît moins fenfible au froid que les autres Serpens des mêmes pays, puif- qu'il fe montre beaucoup plutôtau printemps; il eft, pour ainfi dire, aufli fragile que l’Orvet; les fibres, qui compofent fés mufcles, peuvent fe féparer très-aifé- ment; pour peu qu'on le frappe, il fe partage comme l'Orvet en plufeurs portions, & il a été appellé Serpent de verre, de même que ce Reptile. Sa longueur n'excède guère dix-huit pouces; & fa queue eft trois fois auffi longue que fon corps. Son ventre eff jaune, & paroît comme réuni au refte du corps par une future. Le dos eft d'un vert mélé de brun , avec un grand nombre de très-petites taches jaunes arrangées très (a) Le Serpent de verre. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Anguis Ventralis. Eënn. amphib. Sergent. The Glafs Snake. Serpent de verre. Catefby , hifloire naturelle de La Caroline, vol. 2 , p. 59, planche 59. 448 Hirsrorrr NATURELLE régulièrement. La defcription de M. Linné femble indiquer que les écailles qui garniflent le deflus du corps , font relevées par une arête. La langue eft échancrée par le bout , à-peu-près comme celle de lOrvet. Le Jaune & Brun a cent vingt-fept rangs d'écailles fous le corps, & deux cent vingt-trois fous la queue. : CA LA QUEUE-LANCÉOLÉE. L DES SERPENS. 449 LA QUEUE-LANCÉOLÉE (4). Le. ANGUIS diffère de ceux que nous venons de dé- crire par la forme de fa queue qui eft comprimée par les côtés ; cette partie fe termine d’ailleurs en pointe, elle eft , ainfi que le dos, d’une couleur pâle avec des bandes tranfverfales brunes, & cinquante rangs d’écailles en garniflent le deflous. On compte deux cens rangs d’écailles fous le corps. La Queue-Lancéolée fe trouve à Surinam. Il fe pourroit qu'on dût rapporter à cette efpèce le Serpent à queue aplatie vu par M. Bancks près des côtes de la nouvelle Hollande , de la nouvelle Guinée & de la Chine, nageant & plongeant avec facilité pendant les temps calmes, & décrit par M. Vorfmaër (B). (a) La Queue-lancéolée. M. d'Aubenton, Encyclopédie méthodique. Angus Laticauda. Linn. amphib. Serpent. Mauf. Ad. fr. 2, pag. 48. Laticauda Imbricata. 241. Laurenti, Specimen Medicum. (b) On peut confulter, à ce fujet, larticle du Serpent à large queue , dans le Diétionnaire d'Hiftoire naturelle , par M. Valmont de Bomare. Serpens , Tome 11. LE LE R O Ü G E, Crr ANGUIS a été envoyé de Cayenne au Cabinet du Roï, par M. de la Borde; les écailles du dos font d’un beau rouge, ce qui lui a fait donner le nom de Serpent de corail par les habitans de la Guiane; mais nous n'avons pas cru devoir lui conferver cette dénomination, de peur qu'on ne le confondit, avec la Couleuvre le Corallin dont nous avons parlé. Le deflous de fon corps eft d'un rouge plus clair; toutes fes écailles font hexa- gones & bordées de blanc; & il eft d’ailleurs diftingué des autres Anguis par des bandes tranfverfales noirâtres qui s'étendent non-feulement fur le deffus, mais encore fur le deffous du corps. Lorfque ce Serpent eft en vie, fes couleurs font très-éclatantes; mais autant fon afpe“ eft agréable, autant il faut fuir fon approche. Sa morfure eff: venimeufe & très-dangereufe fuivant M. de la Borde : il porte le nom de Vipère à la Guiane , & ce qui prouve que ce nom doit lui appartenir , c’eft que l'on a reçu au Cabinet du Roi avec l'individu que nous décrivons , deux ferpentaux de la même efpèce fortis tout formés du ventre de leur mère. Le Rouge a, ainfi que d’autres Anguis, la rangée du DE NSS OU M BEEN 25: AST milieu du deflous du corps & de la queue compofée d'écailles un peu plus grandes que leurs voifines. Nous avons compté dans cette rangée deux cent qua- rante pièces au-deffous du corps, & douze feulement au-deflous de la queue qui eft très-courte (a). [1 paroît que c’eft le même animal que celui dont le P. Gumilla a parlé fous le nom de Serpent coral, dans fon Hiftoire Naturelle de l'Orenoque , & pour lequel nous renvoyons à la note fuivante (6). (a) L'individu envoyé au Cabinet du Roi avoit un pied fix pouces de longueur totale, & fa queue étoit longue de fix lignes. (B) & Jene puis pafler fous filence le Serpent Coral, qu'on nomme ainfi à caufe de fa couleur incarnate, qui.eft entremêlée de taches w w ” LL noires, grifes, blanches & jaunes. Ce Serpent fupporte également >> tous les climats, ce qui n'empêche pas que fes couleurs ne fe ref- Li > fentent de leur variété ; mais fon venin conferve toujours la mème 25 force, &ïln'y en a point, fi lon en excepte la Couleuvre Macaurel, 3 dont la morfure foit plus dangereufe. Parlons maintenant des 31 remèdes qu'ofa trouvés contre la morfure.de ces Reptiles... 3 On peut fe fervir de la feuille de tabac, qui eft un remède efficace 2 contre la morfure des Couleuvres , quelle qu’en foit l’efpèce ; 3 fufñt d'en mâcher une certaine quantité, d’en avaler une partie, 3» & d'appliquer l’autre fur la plaie pendant trois ou quatre jours, 2» pour n'avoir rien à craindre. J'en ai fait l'eflat plufeurs fois fur 2> des malades & mème fur des Couleuvres ; après les avoir étourdies 2 d’un coup de bâton, je leur aï faifi la tête avec une petite fourche, # Vs & leur ayant fait ouvrir la bouche en [a preflant , j'ai mis dedans dutabac mâché, & aufli-tôt elles ont été faifies d’un tremblement [LL ij so LI 4S2 Hisrorre NATURELLE LE] 22 3 général qui n’a fini qu'avec leur vie; la Couleuvre étant reftée froide & roïde comme un bâton. 3 Un troifième remède dont on peut fe fervir , c’eft la pierre orien- tale ; elle n’eft autre chofe qu’un morceau de corne de cerf qu'on fait calciner jufqu’à ce qu'il ait pris la couleur du charbon, ïl s'attache de lui-même à la plaie & attire tout le venin qui ef dedans, mais il en faut quelquefois plus de fix morceaux, & le plus für eft de mâcher du tabac en même-temps. » Lorfque l'endroit le permet, on applique fur k plaie quatre ventoufes sèches dont la première difpofe les chairs , la feconde attire une liqueur jaune, la troïfième une pareïlle liqueur teinte de fang , & la quatrième le fang tout pur; après quoi il ne refte plus de venin dans la plaie. » Voici un cinquième remède dont on a éprouvé l'effet: il con< fifte en une bonne quantité d’eau-de-vie , dans laquelle on a délayé de la poudre à canon, & à la troifième dofe le venin perd toute fon aétivité. ... ss Hiff. natur. de l'Orenoque, Trad. fran. Lyon, 2758, tom. 3, pag. 89 & fuiv. mit SN SIVE R RPS UE "5. 453 LE LONG-NEZ (a). Cssr M. WEIGEL, Naturalifte Allemand, qui a fait connoitre cette efpèce d’Anguis , remarquable par l’alon- gement de fon mufeau. Ce prolongement eft très-fen- fible , la lèvre de deflous étant beaucoup moins avan- cée que la fupérieure, contre le bord inférieur de laquelle elle s'applique , & la bouche étant par-là un peu fituée au-deflous du mufeau. La longueur totale de l’individu, décrit par M. Weigel, étoit à-peu-près d’un pied; une pointe dure terminoit la queue ; la couleur du deffus du corps de cet Anguis étoit d'un noir plus ou moins tirant fur le verdâtre ; on voyoit une tache jaune fur le bout du mufeau , & à l’extrémité de la queue, fur laquelle on remarquoit deux bandes obliques de la même couleur, qui étoit aufli celle du ventre, & s'étendoit même dans certains endroits {ur les côtés du corps. Ce Serpent avoit deux cent dix- huit rangs d’écailles fous Le corps , & douze fous la : queue ; il avoit été apporté de Surinam, (a) Anguis Roftratas, Languafige, Schuppenfchlange, C. L. Weïge, Mém. des Curieux de la Nature de Berlin , vol. 3, p. 190. L À PLATURE («). — Cr SERPENT a beaucoup de reflemblance avec la Queue-Lancéolée, ila , comme ce dernier Anguis à la queue comprimée & aplatie par les côtés ; mais celle de la Queue-Lancéolée fe termine en pointe, au lieu que la queue de la Plature a fon extrémité arrondie. M. Linné a fait connoître cette efpèce de Serpent, dont un individu faifoit partie de la collection de M. Ziervogel, Apothicaire à Copenhague. La tête de la Plature eft alongée ; fes mâchoires font fans dents; cet Anguis a un pied & demi de longueur totale, & deux pouces depuis l’anus jufqu’à l'extrémité de la queue ; le deffus de fon corps eft noir, le deflous blanc, & la queue variée de blanc & de noir ; les écailles, qui recouvrent ce Serpent, font arrondies, ne fe recouvrent pas les unes les autres, & font fi petites qu'on ne peut pas les compter. (a) La Queue-plate. M. ? Aubenton , Encyclopédie méthodique. Anguis Platura. Linn, emphib. Serpent. FRE DE Due st SRIVRI PIE UNS 455. #%=— SRE —— — LE LOMBRIC (ki UE: DES CARACTÈRES auquel on fait le plus d'atten- tion lorfqu’on examine le Lombric, c’eft la proportion générale de fon corps, moins gros vers la tête qu’à l’extré- mité oppofée, de telle forte , que fi on ne confidéroit pas la pofition des écailles de cet Anguis, on feroit tenté de prendre le bout de fa queue pour fa tête, d'autant plus que cette dernière partie n’eft pas plus groffe que l'extrémité du corps à laquelle elle tient , & que les yeux ne font que de petits points noirs très-peu fénfibles, & recouverts par une membrane ainfi que ceux des amphifbènes. Le mufeau du Lombric eft très-arrondi & percé de deux petits trous prefque invifibles, quitiennent (a) Antlos , dans l'Ifle de Chypre. Serpent d'Oreille, dans l'Inde. Le Lombric. M. d’Aubenton , Encyclopédie méthodique.! Anguis Lumbricalis. Linn. amphib. Serp. Anguis Lumbricalis, 144. Laurenti, Specimen Medicum. Gronoy. muf. 2, p. 52, N° 3. Brown. Jam. 460, tab. 44, fig 2. Amphifbæna prima Subargentez; Séba , muf. r, tab. 86, fig 2: 456 Hirsrorre NATURELLE lieu de narines à l'animal, mais il ne préfente d’ailleurs aucune ouverture pour la gueule. Ce n'eft qu’au-deffous du mufeau, & à une petite diftance de cette extrémité qu’on apperçoit une petite bouche dont les lèvres n’ont que deux lignes de tour, dansle plus grand individu des Lombrics confervés au Cabinet du Roi. La mâchoire inférieure, plus courte que celle de deffus, applique fi exactement contre cette mâchoire fupérieure , qu’il faut beaucoup d'attention pour reconnoitre la place de la bou- che lorfqu’elle eft fermée. Nous n'avons pu voir des dents dans aucun des Lombrics que nous avons examinés (a), mais nous avons remarqué dans tous une petite langue appliquée , & comme collée contre la mâchoire fupérieure. Le corps entier du Lombric eft prefque cylin- drique, excepté à l'endroit de la tête qui eft un peu aplati par-deflus & par-deflous. Ce Serpent eft entière- ment recouvert de très-petitesécailles très-unies & très- luifantes, placées les unes au-deffus des autres comme les ardoifes fur les toits, toutes de même forme & de même grandeur , tant fur le ventre que fur la queue & fur le dos, & préfentant par-tout une couleur uni- — (a) Le Lombric étoit regardé, à la Jamaïque, comme venimeux; mais Brown dit qu'il n’a jamais pu conftater l’exiftence du venin de ce Reptile, Hifloire naturelle de la Jamaïque, Londr. 2746, p. 460. forme DANS SEE LR NC PL CE Ni SX 457 12 / forme d’un blanc livide, de telle forte que le deflous du corps n’eft diftingué du deflus, ni par la forme, ni par la pofition , ni par la couleur des écailles. Le mufeau eft couvert par-deflus de trois écailles un peu plus grandes que celles du dos, & placées à côté lune de l’autre; & trois écailles femblables en revêtent le deflous au-devant de l’ouverture de la bouche. L'anus eft fitué très-près de l'extrémité du corps dont.il n’eft éloigné que d’une ligne & demie dans un des individus que nous avons décrits. Cette ouverture, faite en forme de fente très-étroite, n'avoit, dans cet individu , qu'une demi-ligne de longueur, & ne pouvoit être apperçue que lorfqu’on plioit le corps de l'animal du côté oppofé à celui où étoit l’anus. La très-courte queue du Lombric eft terminée par une écaille pointue & dure; la manière dont nous l'avons vue repliée dans plufeurs Anguis de cette efpèce , & la force avec laquelle elle étoit roidie, ainfi que le refle du COrps, prouvent la facilité avec laquelle le Lombric peut fe tourner & fe plier en différens fens. Nous ignorons jufqu'à quelle grandeur les Lombrics peuvent parvenir. Le plus grand de ceux que nous avons vus , avoit huit pouces onze lignes de longueur, & deux lignes de diamètre dans l’endroit le plus gros du corps. Il avoit été apporté de lIfle de Chypre fous le nom d'Anilios, mais ce n’eft pas feulement dans cette Ile qu'il habite; on le trouve aufli aux grandes Indes Serpens , Tome II. mL mm 450 Hrsiro RE N'A4/Tu RENTE d'où on a envoyé au Cabinet du Roi un très - petit Serpent long de quatre pouces neuf lignes, & n'ayant pas une ligne de diamètre , maïs qui d'ailleurs eft entièrement femblable au Lombric , & qui évidemment eft un jeune animal de la même efpèce. Il eft arrivé fous le nom de Serpent d’oreille ; nous ne favons pas ce qui peut avoir donné lieu à cette dénomination. La conformation du Lombric, la grande facilité qu'il a de fe replier plufeurs fois fur lui-même , & celle avec laquelle il peut sinfinuer dans les plus petites cavités, doivent donner à fa manière de vivre beaucoup de reflemblance avec celle de lOrvet dont il fe rapproche à beaucoup d’égards, ainfi qu'avec celles de plufeurs vers proprement dits que lef- pèce du Lombric lie, pour ainf dire, à l'ordre des Serpens par de nouveaux rapports , & particuliè- rement par la petitefle de fon anus, ainfi que par la pofition de fa bouche. SERPENS Dont le corps & la queue font entourés d’anneaux écailleux. AMPHISBÈNES. + =. xt lENFUMÉ (:). Ï L EST TRÈS-FACILE de diftinguer les Amphifbènes de tous les Serpens dont nous avons déjà parlé. Non- feulement ils n’ont point de plaques fous le corps, ni fous la queue; mais les écailles qui les revêtent font (a) Ibïjara , par les Brafiliens. Bodty. Cega , Cobre Vega , & Cobra de las Cabecas , par les Portugais. L’Enfume. M. d’Aubenton, Encyclopédie méthodique. mn MIN 460 HisToïre NATURELLE prefque quarrées, plus ow moins régulières, difpofées tranfverfalement & réunies l’une à côté de l’autre de manière à former des anneaux entiers, qui environnent l'animal. Le deffus & le deflous du corps & de la queue fe reflemblent fi fort dans les Amphifbènes, que, lorfque leur tête & leur anus font cachés, l’on ne peut favoir s'ils font dans leur pofñtion naturelle ou renverfés fur le dos. On pourroit même dire que fans la pofñition de leur tête, & celle de leur colonne vertébrale plus voifine du deflus que du deflous du corps, ils trouveroient un point d'appui auffi avantageux dans la portion fupérieure de ces anneaux, que dans l’infé- rieure, & qu’ils pourroient également s’avancer en ram- pant fur leur dos & fur leur ventre. Mais s'ils font privés de cette double manière de marcher, par la fituation de leur tête, & par celle de leur colonne vertébrale N cette forme d’anneaux également conftruitsau-deflus & Amphifbæna fuliginofa. Linn. amphib. Serpent. Gronoy. muf. 2, pag. 1, Amphifbœna. Ray, quadrup. 289. Trafgobane. M. Valmont de Bomare. Séba, muf. 2, tab. 88, fig 3; muf. 2, tab.2, fig 7, tab. 18, fig. 2, tab. 22, fig. 3, tab. 73, fig. 4, & tab.100, fig. 3. : Amphifbæna vulgaris, 119. Amphifbæna varia, 120. Amphifbæœna magnifica, 121. Amphifbœna flava , 122. Laurent, Specimen Medicum. SE SaCONEMR CRE Amis 461 au-deflous de leur corps, leur donne une grande facilité pour fe retourner, fe replier en différens fens comme les vers, & exécuter divers mouvemens interdits aux autres Serpens. Trouvant d’ailleurs dans ces anneaux , la même réfiffance, foit qu'ils avancent ou qu'ils recu- lent, ils peuvent ramper prefque avec une égale vitefle’ enavant & enarrière ; & de-là vient le nom de Double- Marcheurs ou d Amphisbènes qui leur a été donné. Ayant la queue très-groffe & terminée par un bout arrondi, portant fouvent en arrière cette extrémité grofle & obtufe, & lui faifant faire des mouvemens que la tête feule exécute communément dans beaucoup d’autres Reptiles , il n’eft pas furprenant que leur manière de fe mouvoir ait donné lieu à une erreut femblable à celle que les Anguis ont fait naître. On a cru qu'ils avoient deux têtes non pas placées à côté Pune de l’autre, comme dans certains Serpens monf- trueux, mais la première À une extrémité du Corps , & la feconde à l’autre. On ne s’eft pas même contenté d'admettre cette conformation extraordinaire ; on a ima- giné des fables abfurdes que nous r’avons pas befoin de réfuter. On a cru & écrit trés-férieufement que lorfqu’on coupe un Amphifbène en deux par le milieu du corps, les deux tètes fe cherchent mutuellement ; que lorf- qu'elles fe font rencontrées , elles fe rejoignent par les extrémités qui ont été coupées, le fang fervant de glu pour les réunir ; que fi on les coupe en trois morceaux, A62 Hrismorre INA Tu RIENL Ge chaque tête cherche le côté qui lui appartient, & que lorfqu'elle s'y eft attachée, le Serpent fe trouve dans le même état qu'avant d’avoir été divifé; que le moyen de tuer un Amphifbène, eft de couper les deux têtes avec uhe petite partie du corps, & de les fufpendre à un arbre avec un cordeau ; que même cette manière n’eft pas très-sûre ; que lorfque les oïfeaux de proie ne les mangent point , & que le cordeau fe pourrit , l'Am- phifbène, defléché par le foleil , tembe à terre, & qu'à la première pluie qui furvient , il renaît par le fecours de l'humidité qui le pénètre ; que, par une fuite de cette propriété, ce Serpent réduit en poudre eft le meilleur fpécifique pour réunir & fouder les os caflés (a) &c. Combien d'idées ridicules le défaut de lumières & le befoin du merveilleux n’ont-ils pas fait adopter | ù L'efpèce de ces Amphifbènes la plus anciennement connue , eft celle de l'Enfumé, Le nom de ce Serpent lui vient de fa couleur qui eft en effet très-foncée, prefque noire, & variée de blanc. Il parvient com- munément à la longueur dun pied ou deux , mais fa queue n'excède prefque jamais celle de douze ou quinze lignes (b). Ses yeux font non-feulement très- (a) Voyez l'Hiftoire naturelle de Orenoque, traduction françoife , Lion, 1758 , tom. 3, p. 86. (b) On compte ordinairement deux cens anneaux fur Île corps de l'Enfumé , & trente fur fa queue. DISES SN NAS ER PA E Nes 463 petits, mais encore recouverts, & comme voilés par une membrane; c’eft cette conformation fingulière qui lui a fait donner, ainfi qu'aux Anguis, le nom de Serpent aveugle, & qui établit un nouveau rapport entre ce Reptile & les Murènes, lescongres, & les anguilles qui d’ailleurs reffemblent à beaucoup d’égards aux Serpens, & que l’on a quelquefois même appellés Serpens d’eau. L'Enfumé habite les Indes orientales particuliè- rement lÎfle de Ceylan. On le rencontre aufli ex Amérique; on ignore une grande partie de fes habitudes, mais l’on fait qu'il fenourrit de vers deterre , de mollañfes, de divers infectes , de cloportes , de fcolopendres, &c.Il fait aufh la guerre aux fourmis dont il paroît quil aime beaucoup à fe nourrir; bien loin de chercher à détruire ou diminuer fon efpèce , on devroit donc tâcher de la multiplier dans les contrées torrides fi fouvent dévaftées par des légions innombrables de fourmis , qui savançant en colonnes preflées , & couvrant un grand efpace, laïiffent par-tout des traces funeftes que l’on prendroit pour celles de la flamme dévorante. L’Enfumé fait aifément fa proie de ces fourmis ainfi que des vers, des larves d’infectes, & de tous les petits animaux qui fe cachent fous terre, la faculté qu'il a de reculer ou d'avancer fans fe bleffer lui donnant , ainfi que fa conformation générale, une très-grande facilité pour pénétrer dans les retraites fouterraines des vers des fourmis, & des infectes. ! _A4GA HisToirre NATURELLE Il peut d’ailleurs fouiller la terre plus profondément que plufieurs autres Serpens, fa peau étant très-dure, & fes mufcles très-vigoureux. Quelques Voyageurs ont écrit qu'il étoit venimeux; nous avons trouvé cepen- dant que fes mâchoires n’étoient garnies d'aucun cro- chet mobile. On voit au-deffus de fon anus huit petits tubercules percés à leur extrémité, & qui com- muniquent avec autant de petites glandes, ce qui lui donne un nouveau rapport avec le Bipède Can- nelé (a) , ainfi qu'avec plufñeurs efpèces de lézards (b). (a) Voyez l'article du Bipède Cannelé, à la fuite de l'Hiftoire naturelle des Quadrupèdes ovipares. (B) L'Enfumé à le deflus de la tête garni de fix grandes écailles placées fur trois rangs. LE BLANCHET. DB S) SVE RIPIE NS. 465 LE BLANCHET (2). (QE AMPHISBÈNE diffère principalement de celui que nous venons de décrire par le nombre de fes anneaux, & par fa couleur : il eft blanc, & fouvent fans aucune tache ; le deflus de fa tête eft couvert , ainf que celle de l'Enfumé, par fix grandes écailles difpofées fur trois rangs , dont chacun eft compofé de deux pièces. On compte communément deux cent vingt-trois an- neaux autour de fon corps, & feize autour de fa queue. On voit au-deffus de l’ouverture de l'anus, huit tubercules femblables à ceux que préfente l'En- fumé, mais moins élevés & moins grands. Un Blanchet confervé au Cabinet du Roi, a un pied cinq pouces neuf lignes de longueur totale , & fa queue n’eft longue que d’un pouce fix lignes. Nous n'avons pas vu de crochets mobiles dans les Blanchets que nous avons examinés. (a) Le Blanchet. M. d'Aubenton , Encyclopédie méthodique. Amphifb. Alba. Linn. amphib. Serp._ ” Muf. Ad. fr. 1.p. 26, rab. 4, fig. 2. Amphifb. Alba, 118. Laurent: , Specimen Medicur:. Séba , muf.2,tab.24, fig. «. Serpens , Tome II. IDE LEE 466 Hisrorrze NATURELLE QT SIXIÈME GENRE. TERRE PPT VERS IE ET ES PE OUT EE EEE NE S'ER PIEUN:S Dont les côtés du corps préfentent une rangée longitudinale de plis. COCILES Ca * À) DT BLIVAR E (a): fx FORME DE CE SERPENT eft cylindrique ; un indi- vidu de cette efpèce, décrit par M. Linné, avoit (a) L'Ibiare. M. d Aubentoz , Encyclopédie méthodique. Cœcilia Tentaculata. Lin. amphib. Serpent. Id. Ameænit. 1, p. 489, tdb. 17, fig. 2. Muf: Ad. fr. 2 , p. 19, tab, 5 ; fig 2. Gronov. muf: 2, p.52, N° 2. Cœcilia Tentaculata. 116, Laurenti, Specimen Medicum. D ENS | SXE R PE NS. 467 un pied de longueur , & étoit épais d’un-pouce. L’Ibiare paroît n'être couvert d'aucune écaille; on remarque cependant fur fon dos, de petits points un peu faillants dont la nature pourroit approcher de celle des écailles. Le mufeau eft un peu arrondi, la mâchoire fupérieure plus avancée que l'inférieure , eft garnie auprès des narines de deux petits barbillons ou tentacules très- courts , & à peine fenfibles , ce qui donne à l’Ibiare un rapport de plus avec plufieurs efpèces de poiffons. Ses yeux font très-petits, & recouverts parune membrane, comme ceux de quelques autres Serpens, & de plufeurs poiffons de mer ou d’eau douce. Sa peau eft pliffée de cha- que: côté du corps, & y forme communément cent trente-cinq rides ou plis affez fenfibles. Sa queue eft très- courte ; elle préfente des rides annullaires comme le corps des vers de terre appellés Lombrics, On le trouve en Amérique. Il eft à defirer que les Voyageurs obfervent fes habitudes naturelles, nnni 169 HrsmorRre NATUREDEE LE VISQUEUX (:), Crrre ESPÈCE de Cœcile habite les Indes; elle a les yeux encore plus petits que l’Ibiare, & fes côtés pré- fentent un plus grand nombre de plis On en compte trois cent quarante le long du corps, & dix le long de la queue. Sa couleur eft brune , avec une petite raie blanchâtre fur les côtés, (a) Le Vifqueux. M. d'Aubenton , Encyclopédie mérhodique. Cœcil. Glutinofa. Linn. amphib. Serp. Muf. Ad. fr. 1, p. 19, tab. 4, fig 1. Cœcilia Glutinofa, 117, Laurenti, Specimen Medicum. [SERPENS Dont-le deffous du corps préfente de grandes plaques , Jur lefquels on soit enfuire des anneaux écailleux, & dont l’extrémité de la queue eff garnie pardeffous de très-petites écailles. LANGAHA DE MADAGASCAR (4), M. BRUGNIÈRE de la Sociéte Royale de Montpellier, a publié le premier la defcription de ce Serpent qu'il a obfervé dans l’Ifle de Madagafcar. Cette efpèce réunit trois caractères remarquables , l’un, des Couleuvres, le (a) Extrait d'une Lettre de M. Brugnière à M. Brouffonnet de l’Académie des Sciences ; © publiée dans le Journal de Phyfique, Féyrier 1784, A7 Hinsrorre N'arvRar TE * fecond, des Amphifbènes, & le troifième , des Anguis ; elle a, comme les Anguis, une partie du deflous de la queue recouverte de petites écailles, des anneauxécail- leux comme les Amphifbènes, & de grandes plaques fous le corps comme les Couleuvres; elle appartient dès-lors àun genre très-diftinét & très-facile à reconnoître, auquel nous avons confervé le nom de Langaha qu'on lui donne à Madagafcar. L’individu de l'efpèce du Langaha de Madagafcar, décrit par M. Brugnière , avoit deux pieds huit pouces de longueur totale , & fept lignes de diamètre dans la partie la plus groffe de fon corps. Le deffus de fa tête étoit couvert de fept grandes écailles, placées fur deux rangs, la rangée la plus voifine du mufeau pré- fentoit trois pièces, & l’autre rangée en préfentoit quatre. Sa mächoire fupérieure étoit terminée par un appendice longue de neuf lignes, tendineufe, flexible, très-pointue & revêtue de très-petites écailles, ce qui lui donnoit un nouveau rappport avec la Couleuvre Nafique. Elle avoit, fuivant M. Brugnière, des dents de même forme & en même nombre que .celles de la Vipère. Les écailles, qui revêtoient le dos, étoient rhomboïdales , rougeâtres, & l’on voyoit à leur bafe , un petit cercle gris avec un point jaune. On comptoit fur la partie inférieure du corps, cent quatre-vingt- quatre grandes plaques blanchâtres, luifantes, d'autant plus longues qu'elles étoient plus éloignées de la tête, DAS VSWEUR ED Æ NS, 471 & qui formoient enfin autour du Corps, des anneaux entiers au nombre de quarante-deux. Après ces an- neaux , ou plutôt vers le milieu de l’endroit garni par ces anneaux écailleux, commençoit la queue : apparente que recouvroient de très-petites écailles ; mais la véritable queue étoit beaucoup plus longue, puifque l’anus étoit placé entre la quatre-vingt-dixième & la quatre-vingt-onzième grande plaque, au milieu de quatre pièces écailleufes. M. Brugnière ayant vu trois Langaha de Madagafcar, s’eft afluré que le nombre des grandes plaques & des anneaux étoit variable dans cette efpèce : un de ces trois individus, au lieu de préfenter les couleurs que nous venons d'indiquer, étoit violet, avec des points plus foncés fur le dos. Les habitans de Madagafcar craignent beaucouple Eangaha ; & en effet, la forme de fes dents, femblables à celles de la Vipère , doit faire préfumer qu'il eft venimeux. | 472 Hisroire NATURELLE HUITIÈME GENRE. SERPENS Qui ont le corps & la queue garnis de petits tubercules. : ACROCHORDES. RS L’ACROCHORDE DE JAVA (:). s2+ = 6 M. HORNSTEDT a obfervé & décrit ce Serpent qu'il a cru devoir placer dans un genre particulier, & que nous féparerons , avec lui, des genres dont nous venons de parler, jufqu'à ce que de nouvelles obfervations (a) Mémoires de | Académie des Sciences de Stockolm , an. 1787, pag. 306 5 & Journal de Phyfique , an. 2788, p. 284. La peau de l’Acrochorde de Java , décrit par M. Hornftedt, a été dépofée dans le Cabinet d'Hiftoire naturelle du Roï de Suède. aient DES SERPENS. 473 aient fixé la véritable place que ce Reptile doit occuper. Le corps & la queue de ce Serpent font garnis de verrues ou tubercules relevés par trois arêtes, & qui devant reffembler beaucoup à de petites écailles , rapprochent l’Acrochorde de Java , du genre des Anguis, & particulièrement de la plature dont les écailles font très-petites & très-difficiles à compter. Mais l’Acrochorde de Java eft beaucoup plus grand que la plupart des Anguis ; l'individu décrit par M. Hornftedt avoit à-peu-près huit pieds trois pouces de longueur totale; fa queue étoit longue de onze pouces, & fon plus grand diamètre excédoit trois pouces. Il étoit femelle ; & Fon trouva dans fon ventre cinq petits tout formés, & longs de neuf pouces. L’Acrochorde de Java a le deflus du corps noir, le deflous blanchâtre , les côtés blanchâtres tachetés de noir; fes couleurs ont donc beaucoup de rapports avec celles de la Plature. Satête eft aplatie & couverte de petites écailles ; l'ouverture de fa gueule eft petite ; il n'a point de crochets à venin ; mais un double rang de dents garnit chaque mâchoire ; l'endroit le plus gros du corps eft auprès de l'anus dont l'ouverture ef étroite. Il a la queue très-menue ; celle de l'individu, décrit par M. Hornftedt, n’avoit que fix lignes de diamètre à {on origine. S'erpens , Tome II. 009 474 HisroirrEe NATURELLE C’eft dans une vafte forêt de poivriers, près de Sangafan, dans l'fle de Java, que cet individu fut trouvé. Des Chinois que M. Hornftedt avoit avec lui, mangèrent la chair de ce Reptile , & la trouvèrent excellente, DER SNA SAS R MP EC NA. 5; 475 CNET Pa ; res =} DES SERPENS MONSTRUEUX. Nons VENONS de préfenter la defcription des diverfes efpèces de Serpens, que les Naturaliftes ou les Voyageurs ont fait connoître; de mettre, fous les yeux, les traits de leur conformation extérieure, ainf que les principaux points de leur organifation interne; de donner, pour ainfi dire, du mouvement & de la vie à ces repréfentations inanimées, en indiquant les grands réfultats de l’organifation & de la forme de ces Reptiles; de comparer avec foin leurs propriétés & leurs formes; de raffembler les attributs communs à toutes les efpèces comprifes dans chaque genre; & d'en former les caractères diftindifs de chacun de ces groupes. Nous élevant enfuite à une confidération plus étendue, nous avons efflayé de réunir toutes les qualités, toutes les facultés, toutes les habitudes, toutes les formes qui nous ont paru appartenir à tous les genres de Serpens, & d'en compofer Le tableau général de l'ordre entier de ces animaux, que nous avons placé au commencement de notre examen détaillé de leurs efpèces particulières. Nous avons recherché dans ces formes, dans ces 000 ÿ + 476 Hrsmorre N'ARUREILE habitudes, dans ces propriétés, celles qui font conftantes, & celles qui font variables. Parcourant, à l’aide de l'imagination , les divers points du globe, pour y reconnoître les différentes efpèces de Serpens, nous n'avons jamais ceflé, lorfque nous avons retrouvé la même efpèce fous différens climats, de marquer, autant. qu'il a été en nous, l'influence de la température & des accidens de l’atmofphère, fur fa conformation ou fur fes mœurs. Nous avons toujours voulu diftinguer les facultés permanentes qui appartiennent vérita- blement à l’efpèce, d'avec les propriétés pañlagères & relatives produites par l’âge, par les circonftances des lieux ou par celles des temps. Il ne nous refte plus, pour donner de l’ordre des Serpens, l’idée la plus étendue & la plus exacte qu'il foit en notre pouvoir de faire naître, que de mettre un moment , fous les yeux , les grandes variétés aux- quelles les individus peuvent être foumis, les écarts apparens dont ils peuvent être l'exemple, les diverfes monftruofités qu'ils peuvent préfenter. Quelqu’ifolés que paroiffent ces objets, quelque paffagers, quelqu’éloignés qu'ils foient des objets ordi- naires de l’étude du Naturalifte qui ne recherche que les chofes conftantes, ne confidère que les efpèces, & compte pour rien les individus, ils répandront une nouvelle lumière fur l’enfemble des faits permanens & généraux que nous venons de confidérer. mime MSIE) IR nPSiE ve si 47. Au premier coup-dœil, une monftruofité paroit une exception aux loix de la nature; ce n’eft cependant qu'une exception aux effets qu'elles produifent ordinai- rement. Ces loix, toujours immuables comme l’eflence des chofes dont elles dérivent, ne varient ni pour les temps, ni pour les lieux; mais, fuivant les circonftances dans lefquelles elles agiffent, leurs réfultats font accrus ou diminués; leurs diverfes actions fe combinent ow fe défuniffent. Lorfque ces actions fe joignent l’une à Pautre, les produits qui avoient toujours été féparés fe trouvent réunis, & voilà comment fe forment les monftres par excès. Lorfqu'au contraire les différens effets de ces loix conftantes fe féparent, pour ainft dire, & ne s'exécutent plus dans le même fujet, les réfultats ordinaires des forces de la nature font diminués ou difparoiffent , & voilà l’origine des monftres par défaut. Les monftres font donc des effets d'une compoñition ou d’une décompofition opérées par la nature, dans fes propres forces, & qui, bien fupérieures à tout ce que l'art pourroit tenter, peuvent nous dévoiler, pour ainf dire, le fecret de ces forces puiflantes & merveilleufes, en les montrant fous de nouveaux points de vue; de même que, par la fynthèfe ou l’analyfe, nous décou- vrons, dans les corps que nous examinons, de nouvelles: faces ou de nouvelles propriétés. L'étude des monftruofités , fur-tout de celles qui A7Ô Hirsrorre NATURELLE font les plus frappantes & les plus extraordinaires , peut donc nous conduire quelquefois à des vérités impor- tantes, en nous montrant de nouvelles applications des forces de la Nature, & par conféquent en nous découvrant une plus grande étendue de fes loix. Lorfque, en comparant la durée de ces réfultats extraordinaires avec celle des réfultats les plus com- muns, on cherchera combien la réunion ou le dé- faut de plufñeurs caufes particulières influe , non- feulement fur la grandeur des effets, mais encore fur la longueur de leur exiftence, on trouvera prefque toujours que les monftres fubfftent pendant un temps moins long que les êtres ordinaires avec lefquels ils ont le plus de rapports, parce que les circonftances qui occafionnent la réunion ou la féparation des diverfes forces dont réfulte la monftruofité, n’agiflent prefque jamais également & en même proportion dans tous les points de l’être monftrueux quelles produifent ; & dès-lors fes différens reflorts n'ayant plus entr'eux des rapports convenables, comment leur jeu pourroit-il durer aufl long - temps ? Rien ne pouvant garantir. les Serpens de lin- fluence plus ou moins grande de toutes les caufes qui modifient l’exiftence des êtres vivans, leurs diverfes efpèces doivent préfenter & préfentent, en effet, comme celles des autres ordres, non-feulement des variétés de couleurs, conftantes ou paflagères, produites par la Di EUs SM RE Peas 479 température, les accidens de latmofphère ou d’autres circonftances particulières, mais encore des monitruo- fités occafonnées par ce qu'ils éprouvent, foit avant d’être renfermés dans leur œuf, & pendant qu'ils ne font encore que d’informes embryons, foit pendant qu'ils font enveloppés dans ce même œuf ou après qu'ils en font éclos, & qu'étant encore très- jeunes, leur organifation eft plus tendre & plus fufceptible d'ètre altérée. Maïs, comme ils n'ont ni bras ni jambes, ils ne peuvent être, à l'extérieur, monftrueux par excès ou par défaut que dans leur tête ou dans leur queue; & voilà pourquoi, tout égal d’ailleurs, on doit moins trouver de Serpens monftrueux que de quadrupèdes, d’oifeaux, de poiffons, &c. Il arrive cependant aflez fouvent que, lorfque les Serpens ont eu leur queue partagée en long par quelque accident, une portion de cette queue fe recouvre de peau, demeure féparée , & forme une feconde queue quelquefois conformée en apparence aufli bien que la premrière, quoiqu'une feule de ces deux queues renferme des vertèbres, ainfi que nous l'avons vu pour les lézards. Mais cette efpèce de monftruofité , produite par une divifion accidentelle, eft moins remarquable que celle que l’on a obfervée dans quelques Serpens, nés avec deux têtes. L'exemple d'une monftruofté femblable, reconnue dans prefque tous les ordres d'animaux, empéeheroit feul qu'on ne 460. Hrérorrs NATURELLE révoquât en doute l’exiftence de pareils Serpens. À Ia vérité, plufeurs Voyageurs ont voulu parler de ces Serpens à deux têtes, comme d’une efpèce conftante; induits peut-être en erreur par ce qu'on a dit des Serpens nommés Amphifbènes, auxquels on a attribué, pendant long-temps, deux têtes, une à chaque extrémité du corps, & dans lefquels on a fuppofé la faculté de fe fervir indifféremment de l’une ou de l’autre (a), ils ont confondu, avec ces Amphifbènes, les Serpens à deux têtes placées toutes les deux à la même extrémité du corps, & qui ne font que des monftruofités pañla- gères. Plufeurs perfonnes, arrivées de la Louifiane, m'ont affuré que ces Serpens à deux têtes y formoient une efpèce très-permanente, & qui fe multiplioit par la génération, ainfi que les autres efpèces de Serpens. Mais, indépendamment de toutes les raifons d’analogie qui doivent empêcher d'admettre cette opinion, aucun de ces Voyageurs n’a dit avoir vu un de ces Serpens femèle mettre bas des petits pourvus de deux têtes comme leur mère, ou pondre des œufs dont les fœtus préfentaflent la même conformation extraordinaire; & ces Serpens à deux têtes ne doivent jamais être regardés que comme des monftruofités accidentelles, ainfi que les chiens, les chats, les cochons, les veaux, {a) Article des Serpens Amphifbènes. DES SERPENS. AG & les autres animaux que l’on a également vus avec deux têtes tres-diftinctes. Il peut fe faire que des cir- conftances particulières, relatives au climat, rendent ces monftres plus communs dans certains pays que dans d'autres, & des Obfervateurs peu difficiles n’auront eu befoin que d’appercevoir deux ou trois individus à deux têtes dans la même contrée, quoiqu’à des époques très-éloignées, pour accréditer tous les contes répandus au fujet de ces Reptiles; d'autant plus que, lorfqu'il s'agit de Serpens ou d’autres animaux qui demeurent pendant long-temps renfermés dans leurs retraites, qui fe cachent à la vue de l’homme, & quil eft par con- féquent aflez difficile de rencontrer, deux ou trois individus ont fufhi quelquefois à certains Voyageurs pour admettre une efpèce nouvelle & peuvent, en effet, fuffre lorfqu’il ne sagit pas dune conformation des plus extraordinaires. Les Anciens ainfi que les Modernes ont parlé de l'exiftence de ces Reptiles monftrueux, & à deux têtes. Ariftote en fait mention. Ælien dit que , de fon temps , on en voyoit affez fouvent dans le pays arrofé par le fleuve Arcas; quils étoient longs de trois ou quatre coudées; que la couleur de leur corps étoit noire, & celle de leurs têtes blanchâtre. Aldro- vande avoit dans fon Cabinet, à Bologne, un de ces Serpents à deux têtes. Jofeph Lanzoni, & d’autres Serpens Tome II. PPP 402 Hrsrorr£s NATURELLE Obfervateurs en ont vu (a) , & l’on en conferve maintenant un dans le Cabinet du Roi. Ce dernier Reptile a, de longueur totale, dix pouces deux lignes; fa queue eft longue d'un pouce fix ignes, & fa circonférence eft d'un pouce une ligne, dans lendroit le plus gros du corps. Les écailles, qui reyêtent fon dos, font ovales, & relevées par une arête; il n'a qu'un feul cou, mais deux têtes égales, & longues chacunelde huit lignes. Les écailles qui en garniflent la partie fupérieure, font femblables : a celles du dos; une grande écaille recouvre chaque œil; les deux bouches renferment une langue fourchue, ainfi se des crochets creux & mobiles. Les deux têtes font réunies de manière à former un angle de plus de cent cinquante degrés, &, lorfque les deux bouches font ouvertes, on peut voir le jour au travers de ces deux bouches & des deux gofiers joints enfemble. On peut obferver, un peu au-deflous du cou, un pli affez confidérable que fait le corps, & qui eft produit par la peau du côté gauche, plus courte, dans cette partie, que la peau du côté droit. La couleur du deffus du corps a été altérée par (a) Mélanges des Curieux de la Nature de Vienne , pour l’année 2690 , p. 318. Voyez auffi les Tranfactions unes , les Obfervations de François Rëdi fur les animaux vivans renfermés dans les animaux vivans, &C. DE SU SU AR PEN .S 482 l'efprit-de-vin; elle paroît d’un brun plus on moins foncé, & le deflous du corps eft blanchâtre ; nous avons compté deux cent vingt-fix grandes plaques & foixante paires de petites. Ce reptile monftrueux appartient évi- demment au genre des Couleuvres; il doit être placé parmi les venimeufes, & peut-être étoit-il de l’efpèce .de la Vipère Fer-de-Lance. Nous ignorons d’où il a été apporté au Cabinet de Sa Majefté. Mais ce n'eft pas feulement dans leurs collections, que les Naturaliftes ont vu des Serpens à deux têtes. Rédi en a obfervé un vivant. Il avoit trouvé, au mois de Janvier, aux environs de Pife, & étendu au foleil, far les bords de lArno (a). Ce Hole étoit mâle ; : longueur de deux palmes, & fa groffeur égaloit celle du petit doigt. S& couleur approchoit de celle de la rouille; il avoit fur le dos & fur le ventre des taches noires, moins foncées au-deffous du corps; une bande blanche formoit une forte de collier autour de ces deux cous, & une bande de la même couleur entouroit l’extrémité de la queue, qui étoit parfemée de taches blanches. Chaque cou étoit long de deux travers de doigts; les deux cous & les deux têtes étoient entièrement femblables . & très-bien conformées ; chaque gueule renfermoit (a) Obférvations de Francois Rédi fur les animaux vivans trouvés dans les animaux viyans. Collelion académique , partie Hp ee vol. 4; p. 464- D PPNEE x & # à « - 404 HisrToire NATURELLE une langue fourchue à fon extrémité, mais ne pré- fentoit point de crochets mobiles & à venin (a). Rédi * (a) Nous donnons , dans cette note , un extrait de La defcription des païties intérieures de ce Reptile , faite par Rédi. (Voyez dans la col- leétion académique , Particle que nous venons de citer. ) « Ce Serpent 32 22 2 ” br] 3 1 avoit deux trachées-artères, & par conféquent deux poumons , lefquels étoient tout-à-fait féparés l'un de l’autre , le poumon droït paroïfloit évidemment plus gros que le gauche ; la figure en étoit femblable à celle des poumons des Vipères & des autres Serpens ; c'étoit une efpèce de fac membraneux fort long , dont la furface intérieure ctoit femée de petites éminences répandues fans ordre ; il étoit manifeftement compofé de deux différentes fubftances, & tout -à-fait femblable au poumon dw Serpent décrit par Gérard Blafius. n IL fe trouva deux cœurs enveloppés chacun de leur péricarde ; & ayant chacun leurs vaïffeaux fanguins ; ces deux cœurs différoient en cela feul que le droit étoit plus gros que le gauche. » Il y avoit deux œfophages & deux eftomacs affez longs, comme dans tous les Serpens. Ces eftomacs s'unifloient dans un feul inteftin qui leur étoit commun; à l'endroit de leur réunion l’on appercevoit fur la furface interne de chacun , un petit amas circu- laire de glandes ou mamelons très-petits , aigus & rougeîtres , femblables à ceux qui, dans les volatiles, tapiflent le dedans de la partie inférieure de l’œfophage..... Une file de mamelons femblables , maïs beaucoup plus petits & qu'on ne pouvoit diftin- guer qu'à laide du microfcope , régnoient fur toute la longueur du canal qui compoloit les deux œfophages & les deux eftomacs. x L'inteftin , après fes circonvolutions ordinaires, alloit s’ouvrix dans le cloaque de l'anus, Les eftomacs étoient totalement vuidess là Fa As Er # £ À 4 N'a mas S'eR AE N ss 485. éprouva les effets de la morfure de ce Reptile, fur di- vers animaux qui n’en reflentirent aucun effet ficheux. 2 2 LE LE] 22 "« w il y avoit feulement dans le canal'des inteftins, quelques petits reftes d’excrémens & un peu de matière muqueule, dans laquelle étorent engagés &, pour ainfi dire, embourbés un grand nombre de vers très-petits , les uns d’un beau blanc, les autres rougeîtres & tous pleins de vie. J’avois cependant gardé ce Serpent enfermé pendant trois femaïnes dans un väfleau de verre, où il ne voulut prendre aucune forte de nourriture ; comme c’eft la coutume de plufeurs Serpens. Celui-ci avoit deux foïes, & dans Îe droit, qui étoit plus grand que le gauche , ïl fe trouva cinq petites vélicules rondes & diftendues, dont chicune renfermoit un ver de mêmé efpèce que ceux qui étoient dans la cavité des inteftins. » Chacun des deux foies avoit fa veine propre qui régnoit fur toute fa longueur , & comme il y avoit deux foies , il y avoit auffi deux véficules du fiel. Ces véficules n’étoient point infixées où incruftées dans le foie , au contraire, elles en étotent féparées & même un peu élorgnées , comme c'eft Pordinaire dans les Vipères & dans les autres Serpens. +) 3 Dans le Serpent à deux têtes que je décris , la véficule du fiel étoit beaucoup plus grande dans le foie droit que dans le gauche’: elle communiquoit par un petit conduit au lobe droit du foie, Le canal cyftique fortoit du milieu de cette véficule ou à-peu-près,, & alloit verfer la brle dans les inteftins. Du bord du foie droit naïfloit un autre petit conduit biliatre qu’on nomme hépatique ; il étoit ifolé, & fans s'approcher de la véficule, ïl alloit débou- cher dans les imteftins à quelque diftance du canal cyftique. Ce fecond conduit biliaire ou conduit hépatique manquoit aw foie gauche , du moins je ne pus l’y appercevoir. Ce foie avoit feule- ment une véficule du fiel d’où partoit un canal cyftique qui abou- ce A $, 486 HMisrornrEs NAT mMEUrE Ce Serpent ne vécut.que jufqu'au commencement de Février, & ce qu'il y a d’aflez remarquable c’eft que la tête droite parut mourir fept heures avant la gauche. 32 32 2 2 32 32 22 32 22 22 92 32 » 22 LE] 32 22 22 2 ÿ ? 5» 2 5 32 toit dans l'inteftin & y avoit fon infertion féparément des deux autres conduits : l'embouchure de celui-ci étoit marquée dans la cavité int‘rieure de linteftin par un mamelon fort gonflé. 22 Tous les mâles de l'efpèce des Serpens & des lézards ont deux verges & deux tefticules, il fembloit donc que ce Serpent qui avoit deux têtes, & dont les vifcères étoient doubles, dût avoir quatre verges & quatre tefticules ; cependant 1! n’avoit que deux tefticules & deux verges. Les tefticules étorent blancs, comme à . l'ordinaire , un peu alongés ; ils avorent tous leurs appendices & fe trouvoient placés comme ils ont coutume d’être , non pas à côté lun de l’autre, mais Fun un peu plus haut, c’eft-à-dire , plus près de la tête que l’autre. Les deux verges, conformées à l'ordinaire , avoient leur pofition accoutumée dans la queue; elles étorent hérif- fées de pointes à leur extrémité, comme elles le font dans les Vipères & dans les autres Serpens qui fe traînent fur le ventre. »> En preffant les deux verges de ce Serpent à deux têtes, j'en fis fortir [à liqueur féminale ordinaire , dont l'odeur eft forte & défa- gréable. J'ai eu occafion d’obferver deux Serpens à deux queues , & je ne leur aï trouvé non plus que deux verges, & non pas quatre, de même qu'aux lézards verts & aux lézards à deux queues. » Les deux cerveaux contenus dans les deux têtes étoient femblables entr'eux, tant pour Le volume que pour la conformation. ‘Les deux moëlles épinières , après avoir traverfé refpectivement les vertèbres des deux cous, fe réunifloïent à la naïflance du dos en un feul tronc qui régnoit jufqu’à l'extrémité de la queue, 2 di A DDITIONS A L’HISTOIRE NATURELLE ‘ ÿ DES QUADRUPÈDES OVIPARES. Nov S CROYONS devoir placer ici des articles fuivans, relatifs à quelques efpèces de Quadrupèdes ovipares, dont les individus ou les defcriptions ne nous étoient pas parvenus lorfque nous avons publié le volume qui précède celui-ci, ou fur lefquelles nous attendions des détaïls plus étendus, A88 Hrsroirre NATURELLE a VARIÉTÉ DE LA TORTUE GRECQUE... M. ARTHAUD, Secrétaire-perpétuel du cercle des Philadelphes , a bien voulu m'envoyer de Saint- Domingue une grande Tortue terreftre, entièrement femblable à celle que jai décrite fous le nom de Tortue grecque, à l'exception des écailles qui gar- “nifloient fa tête, {es jambes & fa queue, & dont le plus grand nombre étoit d'un rouge aflez vif. LA TORTUE A BOITE. LA TORTUE À BOÎTE (4). M e BLOCH a fait connoïtre cette efpèce de Tortue au fujet de laquelle nous avons reçu des renfeignemens de M. Camper (). Elle habite l'Amérique fepten- trionale ; elle eft longue de quatre pouces trois lignes, & large de trois pouces. Le difque de fa carapace eft garni de quatorze pièces ou écailles, placées fur trois rangs longitudinaux; la rangée du milieu préfente fix pièces, & chacune des deux autres rangées en préfente quatre. Les bords de la carapace font revêtus de vingt- cinq pièces. La carapace eft très-bombée, ainfi que nous l'avons vue dans la plupart des Tortues de terre; elle eft aufi échancrée par-devant, pour donner plus de liberté aux mouvemens de la tête de l’animal, & par-derrière, en deux endroits, pour faciliter la fortie & le mouvement des jambes. (a) Mémoires des Curieux de la Nature de Berlin, tom. 7, part. 1, art. 3, p.131, 1786. \ (b) Lettre de M. Camper , Membre des Erats-Généraux , Afocié étranger de l'Académie des Sciences de Paris, à M. le Comte de ls Cepède , © datée de Leenwarden er Frife , le 30 Cfobre 1787. Serpens, Tome IT. qqg 490 HistToirre NATURELLE Le plaftron n'offre aucune échancrure, mais fa partie antérieure & fa partie poftérieure forment comme deux battans qui jouent fur une efpèce de charnière cartilagineufe, couverte d’une peau très-élaftique, & placée à l'endroit où le plaftron fe réunit à la carapace. La Tortue peut ouvrir à volonté ces deux battans, ou les fermer en les FPpHnèRE contre les bords de la cara- pace, de manière à être alors renfermée comme dans une boîte, & de-là vient le nom de Tortue à boîte, qui lui a été donné par M. Bloch. Le battant de devant eft plus petit que celui de derrière. M. Bloch n’a point vu l'animal; la couleur de la carapace eft brune & jaune; celle du plaftron d'un jaune pâle, tacheté de noirâtre. Ces couleurs, ainfi que la forme de la Tortue à boîte, lui donnent beau coup de rapports avec celle que nous avons nommée la Bombée, & dont le plaftron eft auffi fans échancrate : comme celui de la Tortue à boîte. Di E SU NO UE MR IE N NS. A9 ADDITION A L'ARTICLE DU LÉZARD GRIS. M. DE SEPT-FONTAINES, que nous avons déjà cité plufeurs fois, & qui ne cefle de con- courir à l'avancement de l’'Hiftoire Naturelle , nous a communiqué lobfervation fuivante , relativement à la reproduction des lézards gris. Le dix - fept Juillet 1783, il partagea un de ces animaux avec un inftrument de fer; c’étoit une femèle, .& à l’inftant il fortit de fon corps fept jeunes lézards, longs depuis onze jufqu'à treize lignes, entièrement formés, & qui - coururent avec autant d'agilité que les lézards adultes. La portée étoit de douze; mais cinq petits lézards avoient été bleflés par l’inftrument de fer, & ne donnèrent que de légers fignes de vie. M. de Sept- Fontaines avoit bien voulu joindre à fa lettre un lézard de l’efpèce de la femèle fur laquelle il avoit fait fon obfervation, & cet individu ne différoit en rien des lézards gris que nous avons décrits. On peut donc croire qu'il en eft des lézards gris 449 492 Hrsrorre NATURELLE comme des Salamandres terreftres; que quelquefois les femèles pondent leurs œufs, & les dépofent dans des endroits abrités, ainfi que l’ont écrit plufeurs Natu- raliftes, & que d’autres fois les petits éclofent dans le ventre de la mère. DE 050 CAR OP LE 95 11 AO LE LÉZARD CORNU. É: LÉZARD, qui fe trouve à Saint-Domingue, a les plus grands rapports avec l'Iguane ; il lui reffembié par la grandeur, par les proportions du corps, des pattes & de la gene a pe la forme des écailles, par celle des grandes pièces écailleufes, qui Éene fur fon dos & fur la partie pneu de fa queue, une crête femblable à celle de l’Iguane. Sa tête eft enfoncée comme celle de ce dernier Lézaïd; elle montre également fur les côtés des tubercules très- gros, très-faillants, & finiflant en pointe (a). Les denis ont leurs bords divifés en plufieurs petites pointes, comme celle des Iguanes un peu gros Mais le Lézard Cornu difière de lIguane , en ce qu'il n’a pas fous la gorge une grande poche garnie d'une membrane, & d'une forte de crête écailleufe. D'ailleurs la partie fupérieure de fa tête préfente ; entre les narines & les yeux, quatre tubércules de nature écailleufe , aflez gros & placés au-devant d'une corne offeufe , (a) J'ai vu deux Lézards cornus; lun de ées deux individus n’avoit pas de gros tubercules fur Les cotés de la tête. AOA4 HserorrEe NATURELLE conique , & revètue d'une écaille d'une feule pièce (a). L’Amateur diftingué qui a bien voulu nous donner un Lézard de cette efpèce ou variété, nous a affuré qu'on la trouvoit en très-grand nombre à Saint-Domingue. Nous avons nommé ce Lézard le Cornu, jufqu'à ce que de nouvelles obfervations aient prouvé qu'il forme une efpèce difinéte, ou qu'il n’eft qu'une variété de l’Iguane. M. l'Abbé Bonnaterre, qui nous à le premier indiqué ce Lézard, fe propofe d’en publier la figure & la defcription dans l'Encyclopédie méthodique (8). (a) L'un des deux Lézards connus que j'ai examinés & qui font maintenant partie de la collection du Roi, a trois pieds fept pouces de longueur totale, & fa corne eft haute de fix lignes. (b) Si le Lézard cornu forme une efpèce diftinéte, ïl faudra le placer dans la troifième divilion du genre des Lézards , à Ia fuite de lTgyane. LA TÉTE-ROUGE (4). Csrre ESPÈCE de lézard fe trouve dans l'Ifle de Saint-Chriftophe , & c’eft M. Badier qui a bien voulu nous en communiquer la defcription ; la Tète-Rouge a cinq doigts à chaque pied, & le deffous du ventre garni de demi-anneaux écailleux, & par conféquent elle doit être compris dans la troifième divifion du genre des lézards (b). Elle eft d’un vert très-foncé & mêlé de brun ; les côtés & une partie du deflus de la tête font rouges, ainfi que les côtés du cou ; la gorge eft blanche; la poitrine noire; le dos préfente plufieurs raies noires tranfverfales & ondées ; fur les côtés du corps s'étend une bande longitudinale compofée de plufieurs lignes.noïres tranfverfales. Le ventre eft coloré par bandes longitudinales en noir, en bleu & en blanchâtre. (a) Pilori, Téte-rouge. Anolis de terre. €e nom d'Anolis à été donné, en Amérique, à plufeurs Lézards, ainf que nous l'avons vu dans l'Hiftoire neturelte des Quadrupèdes ovipares. (&) Voyez notre Table méthodique des Quadrupèdes ovipares. 496 Hisrorrre NATURELLE Le deffus de la tête eft couvert d'écailles plus grandes que celles qui garniffent le dos ; on voit, fous les cuiffes, une rangée de petits tubercules comme fur le lézard gris, & plufieurs autres lézards. L’individu, décrit par M. Badier, avoit un pouce de diamètre dans l'endroit le plus gros du corps, &. un pouce onze lignes de longueur totale; la queue étoit entourée d’anneaux écailleux , & longue de fept pouces huit lignes; les jambes de derrière mefurées jufqu'au premier article des doigts, avoient deux pouces une ligne de longueur. Suivant M. Badier , la Tête-Rouge parvient à une grandeur trois fois plus confidérable ; elle fe nourrit d'infectes. ADDITION p'éEMe C'SNVE RAD E NS: 497 a — LE LÉZARD QUETZ-PALÉO, TL EST LE NOM que porte au Bréfil cette efpèce de Lézard , dont M. l'Abbé Nollin, Directeur des Pépinières du Roi, à bien voulu m'envoyer un individu. Ce Quadrupède ovipare eft repréfenté dans Séba ( vol. z , planche 97, fig. 4 ), & M. Laurent en a fait mention fous le nom de Cordyle du Bréfil ( pag. 52 ) ; mais nous n'avons pas voulu en parler avant d'en avoir vu un individu, & d’avoir pu déter- miner nous-mêmes sil formoit une efpèce ou une variété diftinéte du Cordyle, avec lequel il a beau- coup de rapports, particulièrement par la conforma- tion de fa queue. Nous fommes aflurés maintenant qu'il appartient à une efpèce très-différente de celle du Cordyle ; il na point le dos garni d’écailles srandes & carrées, comme le Cordyle, ni le ventre couvert de demi-anneaux écailleux ; il doit donc être compris dans la quatrième divifion des Lézards, tandis que l’efpèce du Cordyle fait partie de la troifième. Sa tête eft aplatie par-deflus, comprimée par les côtés, d’une forme un peu triangulaire, & revêtue de petites écailles (a) ; celles du dos & du (a) Les dents du Quetz-Paléo font plus petites à mefure qu’elles font plus près du mufeau ; j'en 'ai compté plus de trente à chaque mâchoire; elles font aflez ferrées. Serpens , Tome II. rrT 408 Hrsreormee NATURE TZ Ex deflus des jambes font encore plus petites, & comme elles font placées à côté les unes des autres, elles font paroïître la peau chagrinée. Le ventre & le deflous des pattes préfentent des écailles un peu plus grandes, mais placées de la même manière & aflez dures. Plus de quinze tubercules percés à leur extré- mité garniflent le deflous des cuifles; d’autres tuber- cules plus élevés, très-forts, très-pointus & de gran- deurs très-inégales, font répandus fur la face extérieure des jambes de derrière ; on en voit aufli quelques-uns très-durs, mais moins hauts, le long des reins de l'animal & fur les jambes de devant auprès des pieds. La queue de ce Lézard eft revêtue de très-grandes écailles relevées par une arête, très-pointues, très- piquantes, & difpofées en anneaux larges & très- diftinéts les uns des autres. Cette forme, qui lui eft commune avec le Cordyle, jointe à celle des écailles qui revêtent le deffus & le deflous de fon corps , fufifent pour le faire diftinguer d'avec les autres Lézards déjà connus. L’individu que M. l'Abbé Nollin m'a fait parvenir avoit plus d'un pied cinq pouces de longueur totale, & fa queue étoit longue de plus de huit pouces. Le deffus de fon corps étoit gris; le deflous blanchâtre, & la queue d’un brun très-foncé. DES SERPENS. + 499 ADDITION A L'ARTICLE DE LA SALAMANDRE TERRESTRE. Nous PLAÇONS ici un extrait d'une lettre qui nous a été adreflée par Dom Saint-Julien , Bénédiétin de la Congrégation de Cluni. On y trouvera des obfer- vations intéreflantes relativement à la manière dont les Salamandres Terreftres viennent au jour. « Je trouvaià la fin du printemps de l’année dernière 1787 une fuperbe Salamandre Terreftre ( de lefpèce appellée Scorpion dans la baffe Guienne , & qu’on y confond même quelquefois avec cet infeéte )..... Elle avoit un peu plus de huit pouces depuis le bout du mufeau jufqu'à l'extrémité de la queue. La groffeur de fon ventre me fit efpérer de trouver quelque éclair- ciflement fur la génération de ce Reptile; en con- féquence je procédai à fa diffeétion ,jque je commençai par l'anus. Dès que j’eus fait une ouverture d'environ un demi- pouce, je vis fortir une efpèce de fac, que je pris d'abord pour un boyau, mais j apperçus bientôt un mouvement très-fenfible dans l’intérieur ; je vis même à travers la membrane fort mince , Tr È co + HrsrTorrr NATURELLE de petits corps mouvans; je ne doutai point alors que ce ne füt des êtres animés, en un mot les petits de l'animal. Je continuai à faire fortir cette poche, jufqu'à ce que je trouvai un étranglement ; alors j'ouvris la membrane dans le fens de fa longueur ; je la trouvai pleine d'une efpèce de fanie dans laquelle les petits étoient pliés en double, précifé- ment dans la forme que M. l'Abbé Spallanzani attri- bue aux petits de la Salamandre aquatique, lorfqw'ils font encore renfermés dans l’amnios. Bientôt cette fanie fe répandit, les petits s’alongèrent, fautèrent fur la table & parurent animés d'un mouvement très-vif. Ils étoient au nombre de fept ou huit.Je les examinai à la vue fimple, & un avec le fecours de la loupe; & je leur reconnus très-bien Ja forme de petits poiflons avec deux fortes de nageoires affez longues du côté de la tête, qui étoit groffe par rapport au corps, & dont les yeux, qui paroif- foient très-vifs, étoient très-faillans ; iln’y avoit rien à la place des pieds de derrière. Comme la mère avoit été prife dans l’eau & paroifloit très-proche de fon terme , je penfai que l’eau étoit l'élément qui convenoit à ces nouveaux-nés, ce qui d’ailleurs fe trouvoit confirmé par leur état pifciforme ; c'eft pourquoi je me preflai de les faire tomber dans une jetie pleine d’eau, où ils nagèrent très-bien. J’agrandis encore l'ouverture de la mère, & je fis fortir une DES SERPENS. SOI feconde & puis une troifième poches femblables à la première, & féparées par des étranglemens. Ces poches ouvertes me donnèrent des êtres femblables aux premiers & à-peu-près aufl bien formés; ils s’y trouvoient renfermés par huit ou dix en pelotons, fans aucune féparation ou diaphragme , au moins fenfible. Une quatrième poche pareille me donna des êtres de la même nature, mais moins formés ; ils étoient prefque tous chargés fur le côté droit, vers le milieu du corps, d'une efpèce de tumeur ou protubérance d’un jaune foncé paroiffant un peu fanguinolent ; ils avoient néanmoins leurs mouvemens libres, pas affez pour fauter d'eux-mêmes ; il fallut les retirer de leurs bourfes avec des pinces. Enfin une cinquième poche pareille me fournit des êtres femblables , dont il ne paroifloit que la moitié du corps depuis le milieu jufqu'au bout de la queue; l'autre partie coufiftoit feulement en un fegment de cette matière jaune dont je viens de parler : la partie formée avoit un mouvement fenfble. Je retirai ainfi® vingt-huit ou trente petits tout formés qui nagèrent dans l’eau , & quiy vécurent , dans mon appartement, pendant vingt-quatre heures. Lesavor- tons informes fe précipitèrent au fond, & ne don- nèrent plus aucun figne de vie. La mère vivoit encore après que j'en eus tiré tous fes petits, formés ou informes. Jachevai de louvrir, & à la fuite de ; s02 Hisrorrre NATuREt:zzrE à » (2) 5 > > Ÿ cette efpèce de matrice, qui paroifloit n'être qu'un. boyau étranglé de diftance en diftance , je trouvai deux grappes d'œufs de forme fenfiblement fphérique, d'environ une ligne de diamètre , & d’une matière. femblable à celle que javois vue adhérente aux deux différentes efpèces d’avortons. Je ne comptai pas le nombre de ces œufs, mais j'appelle leurs collections, grappes , parce que réellement elles réprefentoient une grappe de raifin. Leur tige étoit attachée à l’épine dorfale, derrière une bourfe flot tante fituée un peu au-deflous du bras, de couleur brune foncée : je reconnus cette bourfe pour l’efto- mac du Reptile, parce que layant ouverte, jy trou- vai de petits limaçons, quelques fcarabées, & du fable noirâtre, » DE NSUASEVR BR Er NS s03 + LAC GREÆE N OU EL RE ÉCAILLEUSE(A) Où DO1T à M. Wallbaum la defcription de cette efpèce de Grenouille. Il eft d'autant plus intérefant de la connoître , qu'elle eft un exemple de ces conforma- tions remarquables qui lient de très-près les divers genres d'animaux. Nous avons vu en effet dans l’Hiftoire Naturelle des Quadrupèdes ovipares, que prefque toutes les efpèces de lézards étoient couvertes d’écailles plus ou moins fenfibles, & nous n'avons trouvé dans les Grenouilles, les crapauds , ni les raines, aucune efpèce qui DOI quelque apparence de ces mêmes écailles ; nous n'avons vu que des verrues ou des tubercules fur la peau des Quadrupèdes ovipares fans queue. Voici maintenant une efpèce de Grenouille dont une partie du corps eft revêtue d’écailles , ainfi que celui des lézards; & pendant que, d’un côté, la plupart- des Salamandres, qui toutes ont une queue comme ces (a) Rana Squamigera. M. Wallbaum , Mémoires des Curieus de la Nature de Berlin , an. 17843 10M: 5 » POg: 283e 504 Hrsrorre Narurezre mêmes lézards, & appartiennent au même genre que ces animaux, fe rapprochent des Quadrupèdes ovipares fans queue, non-feulement par leur conformation inté- rieure , & parleurs habitudes , mais encore par leur peau dénuée d’écailles fenfibles, nous voyons, d’un autre côté, la Grenouille décrite par M. Wallbaum, établir un grand rapport entre fon genre & celui des lézards par les écailles qu'elle a fur le dos. M. Wallbaum n'a vu qu'un individu de cette efpèce fingulière qu'il a trouvé dans un Cabinet d’Hiftoire Naturelle, & qui y étoit confervé dans de lefprit-de-vin. Il n'a pas fu d’où il avoit été apporté. Il feroit intéreffant qu'on pût obfer- ver encore des individus de cette efpèce, comparer fes habitudes avec celles des lézards & des Grenouilles, & voir la liaifon qui fe trouve entre fa manière de vivre , & fa conformation particulière. La Grenouille écailleufe eft à-peu-près de la grof- feur & de la forme de la Grenouille commune; fa peau eft comme pliffée fur les côtés & fous la gorge; les pieds de devant ont quatre doigts à demi-réunis par une membrane, & les pieds de derrière cinq doigts entièrement palmés; les ongles font aplatis; mais ce qu’il faut fur-tout remarquer, c’eft une bande écailleufe, qui partant de l'endroit des reins & s'étendant oblique- ment de chaque côté au-deflus des épaules, entoure pardevant le dos de l'animal. Cette bande eft compofée de très-petites écailles à demi-tranfparentes, préfentant chacune DIELSs USE RP Er NS: 505 chacune un petit fillon longitudinal, placées fur quatre rangs, & fe recouvrant les unes les autres, comme les ardoifes des toits. Il eft évident, par cette forme & cette pofition, que ces pièces font de véritables écailles fem- blablesà celles des lézards, & qu’ellesne peuvent pas être confondues avec les verrues ou tubercules , que lon a obfervés fur le dos des Quadrupèdesovipares fans queue. M. Wallbaum a vu auffi fur la patte gauche de derrière, quelques portions -garnies de petites écailles dont la forme étoit celle d'un quarré long; & ce Naturalifte conjecture avec raïfon qu'il en auroit trouvé également fur la patte droite, fi l'animal n’avoit pas été altéré par l’efprit-de-vin. Le deflous du ventre étoit garni de petites verrues très-rapprochées. L’individu décrit par M. Wallbaum avoit deux .pouces neuf lignes de longueur depuis le ‘bout du mufeau jufqu'à l’anus; fa couleur étoit grife, marbrée, tachetée & pointillée en divers endroits de brun & de marron plus où moins foncé; les taches étoient difpofées en lignes tortueufes fur certaines places, comme, par exemple, fur le dos. : FIN. Serpens, Tome Il. SSS TABLE ALPHABÉTIQUE Des divers Noms donnés aux Serpens , € dont il eft Fe mention dans cet Ouvrage. A. ABERDEEN , Voyez Érix. Adier ; Ag , Æfpine , Ak-Dshilan : Amplufbæna alba, Amphifbæraflava, Amph. fuliginofa , Amph. magnifice ; Amphifbæœna prima fubargentea , Amphifb. varia , Amph. vulgaris, Anguille de haie , Angui!le des haies, Anguis Æ [culapri, Anguis boa , Anguis calamaria , Anguis ceraffes , Anguis colubrine, Anguis crotalopho- rus ,1 Anguis flageli-for- mis ; Anguis fragilis , Anguis jaculus ; Anguis laticauda , Anguislumbricalis, Anguis maculate , Aneuis meleagris , Anguis reticulata A Anguis roffratus , Anguis fchytale , Anguis teffellata , Anguis ventralis, Vipère commune. Cérafte. Cherfea. C. Dione. Cérafte. Ammodyte. Amphifb. enfumé. .Blancher. Amphifb. enfumé. Amphifb. enfumé. Amphifb. enfumé. Lombric. Amphifb. enfumé. Amphifb. enfumé. Coul. à collier. C. verre & jaune. Coul. d'Efculape. Devin. Calmar. Anguis Cornu. Anguis colubrin. Boïquira. Fil. Orvet. Trait. Queue-lancéolée. Lombric. Miguel. Peintade. Réfeau. Anguis long-nez. Roulean: Miguel. A. Jaune & brun. Anilios » Anvoye , Apachycoatl, Afpic ; Afpide del corno , Afpis Cleopatræ ; ÿ Alpis colore ferru- £i1€0 » Ajpis cornu. Ayug. Voyez Lombric. Orvet. C. Pétalaire. Vipère d'Egypte. Ammodyte. Vipère d'Égypte. Cherféa. Ammodyte, ‘Boiquira B. Bali-Salen-Boekit, Bünd Heorm , Boz , Boa aurantiaca , Boz canine , Boz confriäor , Boz contortrix., Boz exigua , Bo hortulana, Boca murina , Boc thalaffina ; Bod!y , Boicininga , Boicinininge, Boiguacu , CAcADORA , Cæcilia gefneri, Cæœcilia glutinofa , Cæcil. tentaculata, Caœcïlia typhlus , Cœcilie vulgaris , Carbon, Carbonazzo , Cufcavel , Cafca vela , Bali. Orvet. Devin. Bojobi. Bojobi. Devin. Groin. Hipnale. Broderie. Boa Rativore. Bojobi. Amphifb. enfums: Boïquira. Boiquira. Devin. C Devin. Orvet. Cœcile vifquenxe Ibiare. Orvet. Orvet. Coul. à collier. Coul. à collier. Boiquira. Boïquira. Caudifona dryinas, Caudifona durifus, Caudifona orien- talis , Caudifona terrifica, Cega , Cenchoa , Cenchria , Cenchrias , Cenchris , Cenchris tardigrada Major lutea , ma- culis nigris no- tata, Cencoatl , feconde efpèce Ceraffes agilis , Ceraffes aurora , Cerafles Candidus’, Ceraffes cobella, Ceraftes ladeus , Cerafles Mexica- 7US , Ceraffes nebulatus, Ceraffes plicatilis , Cerafes rhombea- EuUS , Ceraffes feverus, Cerchrias , Ceriffalis , Chaeur, Chain Snake , Chayquarorz., Coach-whip-Snake, Cobra atropos , Cobra de las cabe- cas, Cobre de cabelo , Cobra de capello , Cobra de corais , Cobra de veado, Cobre vege ; Collier, Col. æfculapit , Col, æflivus, Col. agilis , Col. ahætulla , Col. albus , Col, alidras, TABLE ALPHABÉTIQUE. Voyez Dryinas. Duriflus. Dryinas. Boiquira. Amphifb, enfumé. Cenco. Cenchris. Ammodyte. Devin. Devin. Cenco. C. agile. Aurore. C. très-blanche. Cobel. Lacté. C. pétalaire. C: nébulcufe: Bali. C.rhomboïdale. C. Hébraïque. Ammodyte. Cérafte. Devin. Chaîne, Chayque,. Fil. Atropos. Amphifb. enfumé. Naja. Naja. Ibiboca. Devin. : Amphifb. enfumé, Demi-collier. C. bande noire. Coul. verdâtre, C. agile. Boiga. C. blanche, … Alidre. Col. ammodytes , Ccl. angulatus , Col. annulatus , Col. atrox , Col. aulicus , Col. berus , Col. buccatus , Col. carinatus ; Col, calamarius , Col. candidus , Col. canus , Col. cobella , Col. cœrulcfcens ; Col. cœruleus, Col, ceraffes, Col. cinereus , ” Col. conffri&or, Col. corallinus , Col. cornutus , Col. cyaneus , Col, dipfas , Col. dolfatus, Col. domeflicus , Col. damicella , Col. exoletus , Col, fafciatus , Col. fléfermis , Col. fulvus , Col. fufcus , Col, getulus , Col, guttatus, Col. guttatus , Col, hippocrepis, Col. hydrus , Col. jaculatrix , C. jugularis , Col, ladeus , Col. lati-caudatus, Col. Lebetinus , Col. lemnifcatus, Col. lineatus , Col. maurus, Col. melanocepha- lus , Col, miliaris , Col. mexicanus , Col. minervæ , Col. molurus , C, monilis, 507 Ammodyte. C. anguleufe. C. blanche & brune Coul. atroce. Laphiai. Vipère commune. C. jouflue. C. carence. Calmar. C. blanchitre. Gri'on. Cobel. C. bleuâtre. Bluet. Cérafte. Coul. cendrée, Lien, Corallin. Cérafte. C. verte & bleue. Dipfe. C. annellée. C. domeftique. C. des dames. C. décolorce. C. noire & fauve. C. fombre. Chaîne. Tyrie. C. mouchetée. Fer-à-cheval. Hydre. Dard. Rouge-corge. La. F Ë C. queue-plate. Lébeïin. C. galonnée. C: rayée. C. maure. Tête-noire, C. miliaire. C. mexicaine, C. de minerve. Molure. Demi-collier. SSS TI 508 TÉANB ASE ; Coul.chaffeufe, Voyez Devin. Col. mucofus , Voyez C.muqueufe. Col, myGerizans ; Coluber natrix , Col. nebulatus , Col. niveus, Col. ordinatus , Col. ovivorus., Col. padera ; Col. pallidus., Col. pelias , Col. petalarius, Col. petola » Col. plicatilis , Col. prefier , Col. pullatus , Col. punéatus ; Col. reginæ , Col. rhombeatus ; Col. faturninus ; Col. faurita , Col. fcaber, Col. fchyta Col. fcutatus., Col. Jeverus , Col. fibilans , Col. fimus , Col. firtalis , Col. fitule, Col. flolatus , Col. friatulus ; Col, trifcalis , Col. typhius , Col. tyria, Col. vipera ;, Col. vipera anglo- WILE Col. viridiffimus , Col. vittatus , Colubro nero , Cosfiridor aufpex, Corffriéor divénilo- quus , Confiriäor formofif- Jfimus , €onfiridor rex [er- pentum , Copper-belly fnake, Coronelle aufiriaca, Coronella petola, C. nafique. Coul. à collier. C. nébuleufe. C. très-blanche. Ibibe. Lu C. ovivore. Padère. C. pâle. Pélie. C. Pétalaire. - Pétole.. Bali. Vipère noire. C. minime. C. ponctuée. Régine. C. rhomboïdale. C. faturnine. Saurite. ÿ C. rude. Couleuvre fchyte. C. cuiraffée. C. hébraïque. Malpole, C. camufe. C. firtale. Situle. Chayque. C. firiée. Trifcale. Typhie.. Tyrie. Vipère d'Egypte. Vipère noire. C. verte. C. rubannée. Coul. à collier. Devin. Devin. Devin. Devin. C. firiée. Coul. liffe. Pétole. Couleuv.commune, Couleuv. commune, Couleuv. commune, Couleuv. commune, Couleuv. commune, Couleuvre jaune , Couleuvre rouffe , Couleuy. vulgaire, Couleuv. à collier, Coul. d'Efculape, Orvet. Quatre-raies.… Coul.verte & jaune Fer-de-lance. Fer-de-lance. - Coul. Suifle. Coureref]e, Courefe. Crotalus horridus, Boiïquira ‘ Crotalus miliaris, Millet. Crotalus mutus , Boa muet, Cynchrias , .. Ammodyte. D: DÉPOXNE » Devin. Dipfade , Vipère noire. Dipfafindica , Coul. atroce, Double-marcheur , Draco, Draco ferpens , Druinus , Amphifb. enfumé, evin. Devin. Ammodyte. E. EcAcCoAT:, Exidya , Eyss ; Embamina , Empereur , Enyaris , Boiquira. Vipère commune femelle. Vipère commune mâle. Devin. Devin. Enydre.. F FErDAGoso, G GFRENDE, Giarende , Giboya , Glaff Snake , Gorende , Grand hydre , Grand ferp. d’eau. Grande Couleuvre. Devin. Devin, Devin. Devin. Anguis jaune & brun. Devin. Devin. Devin. Devin.. ALPHABÉTIQUE. Green Snake, Voyez Couleuv. verdàtre. Guimpe , C. ovivore. Guinpuaguare, C. ovivore. D Hog-nofe Snake , Groin. Hydrus , Couleuv. à collier. I. Tbibe. Tz120c4, Jbijare , Amphifb, enfuné,. Jacurvs, Aurore, Jiboya > Devin. Jurucucu , Devin. Kepérus , Cérafte. Kokura, Demi-collier. Kägn » Léberin. IL? LAMANDA); Devin. Eangnafige , . Anguis long-nez. Laticauda imbri- Queue-lancéolée. cata , Laticauda fcutata, Queue-plate. Lermnique , C. Galonnée- Lofange , Laphiati. M. MArpo1ox, C. Afiatique. Malpolor, Malpole. Mamballa , Devin. Mang:ur de che- C. agile. nilles , Mere de eau, Devir. Miliaïis , Ammodyte. Minia, Devin. Moqueur , C. rubannée.. N. Naja Brajilienfis ; Serpent à lunettes de du Pérou. Naja falciate , Naja. Noja lutefcens , Naja. 5c9 Naja maculata , Voyez Naja. Naja non naja, Naja fiamenfes » Nalle pambou , Nez retrouffe, Natrix æfculapii , Natrix ahætulla , Natrix aulica, Natrix cærulefcens Natrix exoleta Natrix filé formis , Natrix flagelli for- MES Natrix hippocrepis Natrix lemnifcate, Natrix muco[e » Natrix longiffima , Natrix myGerizans Natrix faturnine , Natrix torquate , Natrix vittata, Natrix vulgaris, Naja. Naja. Naja. C. nafique. Bande noire, Boiga. Laphiati. C. bleuätre. C. décolorée. Fil. C. nafique, Fer-à-cheval. C. galonnée. C. muqueufe. Couleuv. à collier. C. nafique. C. faturnine. Couleuv. à collier, C. rubannée. Couleur. à collier. O. OPzRIA; Oular Sawa ; Iapeice 5 “Ophrie. C. jaune & bleue. Coul. d’Efculape. P. PARTERRE, Polonga ; Polpogs » Broderie. Devin. Devin, R. Rattle Snake , Regina ferpentum , Reïne des ferpens, Ringed Snake , Roë des fersens ; Schuppen-Schlange, Werpe nero , Serpens aquatilis , Serpens domeflicus nigricans carbo- narius ; Boïquira. Boiquira. Devin. Couleuv. à collier, Devin, S. Anguis long-nez.. Couleuv.a Collier. Devin. Couleuv. à collier. 510 Serpens indicus co- ronatus ; Serpens indicus ; gracilis , viridis, Serpens palufiris, Serpens peregrinusy Serp. apre Serpent aveugle, Serpent baï-rouge Serpent de bled, Serpent a chaîne , Serpent à chapelet. Serpentachaperon; Serpent à collier, Serpent coral, Serpent cornu , Serpent corn , Serpent couronne , Serpent des dames, Serpent fétiche, Serpent idole, Serpent impérial, Serpent à large- queue , Serpent large-queue Serpent à lunettes , Serpent mangeur de rats » Serpent nigeurs Serpent d'oreille, Serpent a queue- plate, Serpent fans tache, Serpent à fonnette, Serpent tigre, Serpent & ventre couleur de cuivre, Serpent de verre, TO AP BÈIS EENCE Tetrauchoalttleoa, Voyez Bojobi. Voyez Naja. Boiga. Devin. Devin, C. rude. Amphifb. enfumé. €.blanche & brune C.tachetée. Chaîne. C. mouchetée. Naja. Couleuv. à collier, Anguis rouge. Ammodyte. Cérafle. Naja. C. des dames. Daboïe. Daboïie. Devin. Queue lancéolée. Queue-plate. Naja. Boa rativore. Couleuv. à collier. Lombric, Plature. C. très-blanche. Dryinas. Afpic. C. Strite. Anguis jaune & brun. Serpent de verre, Orvet. Sipedon , Sipède. Tæ œbén, Tyrie. Tamacuilla huiliza, Devin. Tangedor , Boiquira, Teuthlaco , Duriflus. Teuthlaco zauhqui, Boiquira. Teuthlaco zouphy ,. - Duriflus. Tehue ; Broderie. Tleoz, Broderie. Trafgobane, Amphifb. enfumé,. Triangle , C. Jouflue. Typhlops » Orvet. 4 Water Snake , Couleuv. à collier. Water viper, Serpent à fonnette pifcivore, Viper , Vipère commune. Vipera anglica ni- gricans » Vipera brafiliæ caudifona ; Vipera caudifona , Vipera indica vit- tata geflicularia, Vipera maculata , Vipera mofis , Vipera pileata , Vipera vera Indiæ orientalis , Vipere cornue, Vipere cornue d’Il- Lyrie , Vipere d'eau, Vipere du Japon , Vipere jaune de la Martinique, Vipère noire. Boiquira. Boiquira. Naja. Afpic. Vipère commune. Naja. Vipère commune. Cérafte. Ammodyte, Serpent à fonnette pifcivore, C. Hébraïque. Fer-de-lance. Xalxolhua , Devin. Xaxathua, Devin. Xequipiles , Dard. Yacu-mama , Devin. Fellow-Snake , Devin. | — TABLE D E,S,M A; D'IPÉMU ESS. À. AccouriemEnT.Manièredont s'opère l’accouplementdesf:rpens, pag. 22, dift. Temps de l’accouple- ment des vipères communes, p. 34. Fables répandues à ce fujet, p. 35. Acrochorde ( defcription def) de Java, pag. 472. Adliyiré intérieure. Les ferpens ne cèdent en activité intérieure qu'aux quadrupèdes vivipares 8e aux oïfeaux, pag. 32. (difc.) Agile (la Couleuvre) fe trouve dans l'ifle de Ceylan, pag 191. Sa defcription , pag. 190. Air. Les ferpens ont befoin de refpirer de temps.en temps l'air de latmofphère, pag. 8 , difc. Hs don- nent cependant quelques fignes de vie, après avoir èté privés pendant long-temps, & prefque entière- ment , de l'air qui leur eft néceflare pour refpirer, pag: 52, (dift.) Alidre. Sa delcription, pag. 203. Il a beaucoup de rapport avec la Couleuvie blanche, Idem. I fe trouve dans les Indes, Idem. Alimens (les) de plufeursefpèces de ferpens , fe corrompent dans leurs inteftins, & répandent une odeur très-fortequi pénètre Îe corps de l'animal, pag. 43, ( difé,) Ma- nière dont les ferpens avalent des alimens très-volumineux, pag. 45; (dif) Amérique. Tout ce qui appar- + tient aux contrées d'Amérique , voifines des Tropiques, attirera toujours l'attention, pag 294. Ammodyte. Pays où lon ren- contre cette vipère, pag. 67. Sa defcription , pag 68. Remèdes contre fa morfure, pag. 69. Ses habitudes, pag. 70. Amphifbènes. Cara@tères dif- tinctifs de-ces ferpens, pag. 459. Fables auxquelles ils ont donné lieu, pag. 461. Anguis. Caractères diftinifs du _genre des anguis , pag. 426.Contes ridicules répandus au fujet des anguis, pag. 427. + Anguleufe. (Couleuvre) C’eft de l'Afe que cette Couleuvre à été apportée en Europe, pag. 204. Sa defcription, Idem. Annellée. Defcription de la Cou- leuvre annellée, pag. 295. Arbres. Manière donties ferpens peuvent grimper fur les arbres , pag: 14, dijt. Argus. Caraétères diftinétifs de ce ferpent d'Afrique, pag 264. Arrière-faix (efpèce d’) attaché au corps des vipereaux, pag. 40. s12 Afiatique ; ( defcription de la Couleuvre) pag. 249. Afpic. Defcription de ce ferpent venimeux , pag. 53. Pays où on le trouve, Ibid. Atroce.: Defcription de la Cou- leuvre atroce, pag. 213. Elle eft venimeufe, Ibid. Atropos. Defcription de cette Couleuvre venimeufe qui fe trouve en Amérique, pag. 234. Aurore. Couleurs de cette Cou- Icuvre , pag. 296. Pays qu’elle habite, fhid. Azurée. ( Couleuvre) Elle fe trouve aux environs du Cap-vert, P-276. Defcription d’un individu de cette efpèce, confervé au cabinet du Reï, Ibid. PB, B'xT zx. Couite defcription de cette Couleuvre qui eft très-venr- meule, pag. 274. Bali. (le) Pays où on le trouve, pag. 176. Sa defcription, Idem. Dimenfions du Bali, pag. 277. Bande noire. Defcription de cette Couleuvre, pag. 288. Elle eft très-commune au Chili, pag. 189. Blanchätre. (Couleuvre) Sa def- cription , pag. 297. Defcription d'une Couleuvre qui a de très- grands rapportsavec la blanchitre, Idem. Blanche (la Couleuvre ) habite les grandes Indes, pag. 183. Sa defcription, Jhid. è Blanche & brune (la Couleuvre) habite l'Amérique, pag. 312. Sa defcription , Ibid. TY ANBINE Blanchet. (1e) Caractères dif- timifs de cet amphifbène, p. 464. Bleuûtre. (Couleuvre) Son nom défigne fa couleur, pag. 239. On la trouve dans les Indes, Ibid. Bluer. Defcription de cette Cou- leuvre d'Amérique, pag. 288. Boa (les grands) font les plus grands & les plus forts des ferpens, Pa8- 340: Boiga. Que l'on fe repréfente les couleurs les plus riches & les plus agréablement varites dont Ia nature ait décoré fes ouvrages, & lon n'aura peut-être pas une idée exagérée de la beauté du Boïga , pag. 223. Defcription de cette Couleuvre, 16id. & fuiv. Habitudes de cette Couleuvre, pag. 226. On a voulu donner le nom de chant, au fifflement du Boïga, pag. 227. Familiarité de ce ferpent, Ibid. Boiquira. Frayeur que doit inf- pirer le Boïquira, pag. 390 & Juiy. Dimenfons de ce ferpent à fon- nettes, pag. 392. Sa defcription, pag. 393 & Juiy. Contrées qu'il habite, pag. 408. Ses habitudes, pag. 409. Temps que les Nègres & les Indiens choïfffent pour lui donner la chañe, pag. 412 € Juiv. Ennemis de ce ferpent, pag. 413. Il nage avec ficilité, pag. 415. Effets de fon venin, p.426 & fuiv. Bojobi. Ce ferpent fe trouve dans les deux continens, pag, 379. Beauté de fes couleurs, Zhid. Dif- férences des Bojoli de l'Amérique avec ceux de l’ancien continent, Ibid. Habitudes de ce ferpent, pag. 384. Brafilienne , D'E'S! MPANTIRETR ES. Brafilienne , ( ete de la Couleuvre ). pag. 129. Broderie. (la) Belles couleurs de ce Boa, pag. 381. Il fe trouve au Paraguay, Zbid. C. Capvcrré. L'on ne rencontre prefque jamais d'animal fauvage, avec Îes fignes de la caducité, pag. 41, (djfc.) Cœciles , ( caraétères diftinctifs des ) pag. 466. Calmar. (le) Defcriptionde cette Couleuvre d'Amérique, pag. 318. Camufe. (la) Cette Couleuvre habite {a Caroline, pay. 284. Sa defcription, Ibid. Caraélères diftinctifs des diverles efpèces de ferpens ; nombre & per- manence de ces caractères, pag. 69 € füiv. (nomenclat.) C’eft unique- ment d’après la réunion deplufieurs cara@tères , que l’on doit prefque toujours fe décider fur l’efpèce d’un ferpent, pag. 77, nomendl. Carenée. (la Couleuvre) Pays où on la trouve, pag. 231. Sa defcription , Ibid. Cayernes. Manière dont les fer- pens font entrelacés dans les caver- nes où ils fe retirent en grand nombre, pag. 33, (difc.) Cenchris (le) fe trouve à Suri- nam , pag. 394. Couleurs de ce Boa, Ibid. Cenchrus. Ce ferpent Le trouve en Âlfie, pag. 248, Sa delcription, Ibid. Cenco (le) fe trouve en Amé- Serpens , Tome II. 513 rique, pag. 316. Sa defcription , Ibid. Cendrée, (couleurs de [a Cou- leuvre) pag. 237. Elle habite les grandes Indes, Jbid. Cérafle. Pays où on trouve cette vipère, pag. 7e. Les Egyptrens ont employé fa figure dans leurs hiéro- glyphes, pag. 73. Sa defcription, pag. 74 G Juiy. Nature & forme de fes cornes, pag. 74. Ses habr- tudes , pag. 78. Cercle. Quelquefois on voit de loin, lestrès-grands ferpens repliés fur eux-mêmes, & formant ainfi un cercle aflez vañte & aflez élevé, pag. 49 , (difc.) à Chafne (la Couleuvre } a été obfervée à la Caroline, par Catefby & M. Garden, pag. 300. Sa def- cription, Ibid. Chaleur. Différence des effets de Ta chaleur du printemps & de ceux de Ia chaleur de automne, fur les ferpens, pag. 35, (difc.) Chapelet. Il ne fautpasconfondre cette Couleuvre, avec celle que Catefby à nommée de même, pag. 246. Sa defcription, Ibid. Ce fer- pent n’eft pas venimeux , pag. 247. Dimenfons d’un individu de cette efpèce , confervé au cabinet du Roï, Ibid. Chatoyante (la Couleuvre) fe trouve en Suifle, pag, 324. Sa defcription , Ibid. Chayque , ( defcription du ) pag. 107. I eft venimeux & fe trouve en ÂAfie, Ibid. Cherféa. Contrées où l’on trouve cette vipère, pag. 49. Sa defcrip- Ltt 514 tion , Ibid. Remèdes contre fon venin, pag. 40 G füiv. Cigognes (les) font ennemies des ferpens, pag. 303. Cobel. La Couleuvre Cobel fe trouve en Amerique, pag. 292. Sa defcription, Ibid. & fui. Collier (la Couleuvreà) fe trouve en très-grand nombre dans plu- fleurs provinces de France, p. 247. Elle eft très-douce, Ibid. £ def- cription, pag. 248. Ses habitudes, pag. 150 € fiv. Sa familiarité lorfqu’elle eft dans une forte d’état de domefticité , Ibid. Ennemis qu'elle a à craindre, pag. 153. Son goût pour le lait, pag. 246. On aflure qu’elle tette quelquefois les vaches, Jhid. On a prétendu qu'elle entroït quelquefois par la bouche dans le corps de ceux qui dor- moient fur l'herbe , Ibid. On a employé fa chair en médecine, pag. 157: Colubrin, (defcript. de l'Anguis) pag. 442 Colubro Uccellatore. Nom donné à une Couleuvre de Sardaigne, qui peut-être eft de l'efpèce de la verte & jaune, pag. 146. Conformation. Defcription dela conformation intérieure des fer- pens, pag. 4 @& Juiv. (difc.) Conrinents. Les ferpens paroïf- fent à-peu-près également répandus dans les deux continens en raïfon de la chaleur, de l'humidité, & de Fefpace libre, p. 28. (dife.) Contrées équatoriales (ce n'eft qu'aux environs des } qu'on ren- contre ces énormes reptiles, l'effroï TA, B'LNE des voyageurs, pag. 22. (difcours.} Corallin, een du) p.224. I fe trouve dans les Indes, p. 222. . Cornu (VAnguis) fe trouve en Égypte, pag 444. Ses caractères diftinétifs, Ibid. Cornus (ferpens) dela Côted'or. IL paroît qu’on doit les rapporter à l'efpèce de lammodyte, pag. 70- Couleurs. Nous n’employons qu'avec réferve les caractères tirés des couleurs, pour faire reconnoi- tre lesdifférentesefpèces deferpens, pag. 73. (nomencl.) Coureffe. Le nom de cette Cou- leuvre vient de la rapidité avec laquelle elle s'enfuit, lorfqw'elle apperçoit quelqu'un, pag. 282. Sa defcription, Ibid. Pays où on la trouve, Ibid. Cryfleux. C'eft dans les campa- gnes de l'Inde, où les cryftaux & les pierres dures préfentent les nuancesles plus vives, quela nature a réuni fur la robe du Boïga, une image fidèle de ces richesornemens, pag. 225. Cuiraffée. Rapports de la Cou- leuvre cuiraflée avec la Couleuvre à collier, pag. 242. Sa defcription, Ibid. Pays où on la trouve, Ibid. VD Da307E. Ce ferpént eft la divinité. du-royaume de Juïda, p. 244. Sa defcription, Ibid. Ses habitudes, pag. 257. Al détruit les ferpens venimeux , Ibid. Origine du culte qu’on lui rend, pag. 258. On lui confacre des temples, de riches offrandes & de jeunes Né- DES MATIÈRES. greffes, pages 259 6 fuivantes. Dames. (Couleuvre des) Sa def cription, pag. 278. Ses habitudes, Pag. 179. Sa familiarité , pag. 180. Dard. Ce ferpent fe trouve à . Surinam, pag. 297.Sa defcription, Ibid. Décolorée. Defcription de la Couleuvre décolorée, pag. 232. On la trouve dans les Indes, Zhid. - Dermni-collier. Defcription de cette Couleuvre, pag. 173. Elle fetrouve non-feulement au Japon, mais encore en Amérique, p. 274. Dents crochues mobiles & à venin de la vipère commune; leur defcription, pag. 8 & fuiy. Lorfque l'animal Les perd, elles font fou- vent remplacées par d’autres, p. 26. Grandeur des dents du devin , P48- 341- Dépouille d'un ferpent ; fa def- cription, pag. 169 & füiy. Dépouillement (temps du) de Ia vipère commune , pag. 34. Les ferpens fe dépouillentchiqueannée comme les quadrupèdes ovipares, pag. 36 ( dif ) Manière dont s'opère le dépouillement des fer- pens , pag. 169 @& Juiv. Cette manière a beaucoup de rapports avec celle dont les Salimandres à queue plate quittent leur peau, Pag 171. — Développement (le) des ferpens a dû fe faire en longueur plutôt qu'en groffeur, pag. 15. (difc.) Deyin (le) ef parmi les ferpens, comme l'éléphant , ou le lion parmi les quadrupèdes , pag. 341. Ses dimenfons , Ibid. & pag. 345. 515 Sa defcription , pag 346. Ses couleurs, pag: 348. Sa force, pag. 350. On lui à rendu les hon- neurs divins en Afrique, en Amé- rique & peut-être en Âfie, p. 362 & Jüiv. Pays qu'il habite, pag. 354. IL paroît que c’eft dans les déferts de l'Afrique, qu'il parvient à Îa longueur la plus confidérable , pag. 356. Moyen d’arrèter fa pour- fuite, pag. 347. Il nage avec facr- lité, Ibid. 1] fe roule avec promp- titude jufqu’au fommet des arbres les plus élevés, pag. 359. Manière dont il s’élance d’un arbre fur un autre, ou fur fa proie, Ibid. Un coup de fa queue peut renverfer un animal aflez gros, pag. 360. I dévore de grands animaux, tels que des cerfs, des taureaux, &c. Ibid. Manière dont il attaque fes vi&i- mes, pag. 367. I les écrafe & les prépare, pour ainfidire, avantde les avaler, 16. I eft un peu engourdi,, lorfqu’il à dévoréune proïe un peu confidérable, pag. 263. Lorfqu'il eft afloupr, ïl eft pris quelquefois pour un tronc d'arbre, pag. 364. On choïfit Le temps de É torpeur pour lui donner la mort, pag. 366. Les Nègres & quelques Indtens mangent {a chair, pag. 368. On à fait ufage de fa peau, pag. 369. Femps de fon dépouillement , pag. 371. Saïfon de fes amours, Ibid. I eft très-vivace, pag. 373. Dhara (la) habite l'Arabie heu- reufe, pag. 272. Sa defcription , Ibid. Digeffion. Dans la plupart des ferpens , la digeftion eft très- ttti 516 longue , pag. 42 ( diftours. ) Dione. Defcription de cette Couleuvre, pag. 244. Ses couleurs font très-élégantes, Ibid. Ses habr- tudes font très-douces, Ibid. Pays où on la trouve, pag. 246+ Dipfé. On rencontre en Ame- rique ce ferpent venimeux, p. 133. Sa defcription, Ibid. Divifion. Nous aurions defré de pouvoir former deux fous-divi- fions dans {a divifion des Couleu- vres ovipares, pag. 68 (nomencl.) Dorneflicité. Quelques ferpens ont été réduits à une vraie domef- ticité, pag. 32 (difc.) Dornefiique. (Couleuvre) Habr- tudes de ce ferpent, & fes caraétè- res diftinétifs , pag. 267. Double-raie. (Couleuvre) Def cription de ce ferpent, pag. 220. Ses dimenfons, pag. 227. Double - tache. Les Couleurs de cette Couleuvre font aufli agréa- bles que fes proportions font lé- gères , pag. 222. Sa defcription, Ibid. Dryinas. Defcription de ce fer- pent à fonnette qui habite PAmeé- rique, pag. 422. Duriffus. Caractères diftinétifs de ce ferpent à fonnette, pag. 42 3. FE. Eav x. Les grands ferpensatten- dent leur proie fur le bord des eaux, pag. 50 ( dife.) Ecailles. Diverles formes des écaïlles des ferpens, pag. 4 & fuiy. (difE.) --- pag. 71. (nomencl.) Ecrivains facrés. Le ferpent em- TABLE ployé comme fymbole par Îes écrivains facrés, pag. 60 (difc.) Egypte. (Vipère d’) Cette Vipère paroit ètre celle qui donna la mort à Cléopatre, p. 63. Sa defcriptron, pag. 64. Effets de fon venin fuivant les anciens , Ibid. On peut croire que ce ferpent eff l’afpic dont Pline a peint l'attachement pour fa fe- melle, pag. 65. à Egyptiens. Opinions des Égyp- tiens relativement aux ferpens , pag. 53 & Jüiv. (dfe.) Elaflicité des diverfes portions du corps des ferpens, p. 22. (dife.) Électrique (le feu ) eft un des grands agens dont fe fert la nature pour animer les êtres vivans ,p. 26. (difé.) Son abondance augmente les cffets de la chaleur fur les fer- pens, Ibid. Embléme de la candeur & de la confiance, imaginé parles Anciens, PAS 227 Enfumé. (Ÿ) Defcription de cet amphifbène , pag. 462. Ses habi- tudes, 463. Son utilité , Zhid. Engourdijffement. Les ferpens éprouvent pendant l'hiver deslatr- tudes élevées, un engourdiffement plus ou moins profond, p. 34 (difc.) Enydre. Le boa Enydre habite FAmérique , pag. 388. Sa defcrip- tion, Jbid. Le Eryx. Defcription decet Anguis qui a beaucoup de rapports avec l'Orvet, pag. 438. Efèulape. Delcription de la Cou- leuvre d'Efculape, pag. 166. Pays où on la trouve, pag. 167. Ses ha- bitudes, Ibid. Les charlatans la D'EXSN MPAMINT EUR ES montrent fouvent au peuple auquel ils cherchent de perluader qu'elle eft très-venimeule, Jhid. Efpèces. Nombre des efpèces de ferpens, pag. 4. (dife.) Les grandes efpèces de ferpens appartiennent à un plus grand nombre de contrées différentes que les petites, pag. 29. (dife.) Eternité. Pourquot les anciens ont regardé le ferpent comme le fymbole de l'éternité, p. 38. (dijc.) Fe . Fer-4-cuEey Ar (le) habite l'Amérique, p. 320. Sa defcription, Ibid. Fer-de-lance. Pays où l’on a obfervé la vipère Fer-de-ance , pag. 227. Sa defcription , pag. 222 € Juiy. Variété de cette efpèce, pag. 124. Habitudes de cette Vipère , pag. 126. Durée de fa geftation, pag. 227. On a trouvé fa chair un mêts agréable, p. 229. Activité de fon venin, id. @ fui. Fil (le) habite les Indes orien- tales & occidentales, pag. 234. Sa defcription, 2bid. Fluide éleériqué (le) répandu en abondance dans latmofphère paroît ètre favorable & même né- ceflaire aux ferpens , p. 22. (difc.) Forte. Origine de la force des très-grands ferpens , pag. 52. (dift.) G. Gzionwnée. (Couleuvre) Def cription de cette belle Couleuvre, pag. 201. Pays où on la trouve, PAg. 202. SU Gazelles (les) font fouvent la proie des très - grands ferpens, pag. 50. (difc.) Genres. Nous avons réunr en huit genres les diverfes efpèces de ferpens, pag. 62 € fuiy. (nomencl.) Glandes. Dans plufeurs efpèces de ferpens, des glandes particu- lières , exhalent une odeur très- forte, pag. 43. (difc.) Goût (le) des ferpens peut être affez actif, pag. 30. ( difc.) Graiffe. On trouve fouvent une matière grailleufe au-deflous de [a peau du ventre des ferpens, p. 7. (dif) Grandeur des ferpens, pag. 14 E füiv. ( difc.) Grecs. Opinions des Grecsrela- | tivement aux {erpens, pag © Jüiv. (dife.) oi Grenouille écailleufe. Defcription de cette efpèce, pag. 503. Grifon. Sa defcription, pag. 193. Il fe trouve dans les Indes, Ibid. Groin. (le) Origine du nomde ce Boa, pag. 383. Sa defcription, Tbid. Pays où on letrouve, Ibid. Gronoyius. Le ferpent décrit par ce Naturalrifte ,(N°.22) a beaucoup de rapports avec la Couleuvre life, pag: 161. Plufieurs Couleuvres dé- crites par cet auteur, pag. 237. Groffè-téte. Cette Couleuvre fe trouve en Amérique, pag. 280. Defcription d'un individu de cette ‘ efpèce, qui fait partie de la col- leétion de Sa Majefté, Ibid. H. Hzmacuare.Defcriptionde ce ferpent venimeux, pag. 225. à 510 Haje. Cette Couleuvre habite l'Egypte, pag. 269. Sa defcription, Ibid. On trouve en Égypte une autre efpèce de Couleuvre, qui eft venimeule, & qui fe nomme auffi Haje, Ibid. Hännarch Æfuæd. Defcription de cette Couleuvre , pag. 274. Conte des Arabes au fujet de ce ferpent, Ibid. Hébraïque (a Couleuvre ) eft venrmeufe ,pag. 206. Ellefetrouve en Afie, Ibid. Sa defcription, Ibid. Hipnale. Ce Boa fe trouve dans le royaume de Siam, pag. 374. Sa defcription, Ibid. Hoazin. Efpèce de faïfan , en- nemie des ferpens , pag 303. Hofleik. Cette Couleuvre fe trouve en Arabie , pag.274.Courte defcription de ce ferpent, Ibid. Humidité. L'humidité combinée avec la chaleur paroïttrès-favorable aux ferpens , pag, 22. ( difc.) Hydre. Defcription de cette Couleuvre que M. Pallas a ob- fervée dans les environs de la mer Cafpienne, pag. 240. I. Tsr4RrE. Defcription de ce Cœcile, pag. 467. Ibibe. Sa delcription , pag. 322. Ses habitudes, pag. 323. Tbiboca. Cette Couleuvre fe trouve au Bréfil, pag. 328. Sa def- cription , Ibid. Ibis (les) font ennemis des fer- pens , pag. 303. Indiens. Dès les temps les plus reculés, le ferpent a été regardé TA BILIE par les indiens, comme ie fymbole de la divinite & de la fagefle éter- nelle , note de la page 58. (dife.) Infeëles. C'eft précifément dans les contrées brülantes où pullulent . des légions innombrables d’in- fetes & de vers, que la nature a placé le plus grand nombre de ferpens, pag. 212. Infliné. Force de linftinét des ferpens, pag. 29 © fuiy. (dif) Intelligence. L'intelligence hu- maine a doublé, pour ainfi dire, la vie que la nature avoit accordée à l’homme, pag. 42. (difc.) Jaune Er Bireus.(la) Def cription de cette belle Couleuvre de Java, pag. 281. Elle n'eft pas venimeule, bid. Jaune © Brun (YAnguis) fe trouve dans l'Amérique feptentrio- nale, pag. 447. Sa defcription , Ib. Jouflue. (Couleuvre) Defcrip- tionde cette Couleuvre des grandes Indes, pag. 182. Jupiter. Les ferpens confacrés, fuivant Hérodote, à Jupiter, ou pour mieux dire à la divinité Egyp- tienne qui repréfentoit le Jupiter des Grecs , étoient peut-être de l’efpèce du Cérafte, pag. 82. LacrTé. Couleurs du Ladé, pag. 109. Sa defcription, pag. 210, Langaha. Caraétères diftinétifs des Langaha, pag. 469. Defcription du Langaha de Madagafcar , Ibid, On peut préfumer qu'il eft veni- meEux, PAZ. 471: DES MA PLE RES, Langue (forme de la) des fer- pens, note de lapage 30. (dife.) Def- cription de la langue de la Vipère commune, pag. 30. Laphiati. Defcription de cette Couleuvre du Bréfil, pag. 298. Large-téte. Origine du nom de la Couleuvre Large-tète, pag. 336. Sa defcription, Ibid. & Juiv. Léberis, (defcription du }p. 2 34. Il fe trouve au Canada, Ibid. Lébetin. Defcription de ce fer- pent venimeux, pag. 104. Pays où on letrouve, Ibid, Lézard cornu. Delcription de cette efpèce & fes rapports avec lIguane, pag. 493. - Lézard gris (le) donne le jour quelquefois à des petits tout formés, ag. 491. . ne. La Couleuvre Lien habite la Caroline & la Virginie, p. 309. Sa defcription , Ibid. Ses habitudes, Ibid. & Juiy. Life. Delcription de la Cou- leuvre Lifle qui fe trouve dans plu- fieurs contrées de l'Europe, p. 248 & fuiv. Ses habitudes, pag. 260. Eombric. (le) Defcription de cet ÂAnçouis , pag. : rn É Defcription de cet Anguis de Surinam, pag. 463. Longueur. Le rapport de la lon- gueur du corps, à celle de 12 queue, eft aflez conftant dans plufeurs efpèces de reptiles, p.74.(nomencl.) (nor.) Utilité de la connotïflance de ce rapport pour diftinguer les efpèces de ferpens, Ibid. Lunettes (1e ferpent à) ou le Naja fe trouve dans les Indes orien- s19 tales, pag. 83. Sa defcription , pag. 85. Defcription de la femelle, pag. 89. Habitudes du Naja ; P- 90: Manière dont les charlatans Indrens le domptent , & Îe font fervir à amufer le peuple , pag. 92. Remède contre fa morlure, pag. 94. Refpect religieux de plufieurs peuples de l'Inde pour ce reptile, pag. 95. Lunettes (ferpent à ) du Pérou. Sa defcription, pag. 102. Lunettes (ferpent à ) du Bréfil, Sa defcription, pag. 204. Lutrir. Defcription de ce fer- pent, pag. 175. Îl fe trouve dans les Indes, Id. < M. Macuorres. Manière dont les mâchoïires des ferpens font arti- culées , pag. 45. ( dife.) Defcription des mâchoires de la Vipère com- ‘mune, Pag. 30. Malpole, (defcript. du) p.226. Pays où on le trouve, pag. 227. Maure (la Couleuvre) fe trouve aux environs d'Alger, pag. 270. Ses caractères diftinctifs, Ibid. Mélanis. Cette Couleuvre veni- meufe fe trouve fur les bords du Volga, pag. 60. Sa defcription, Ibid. Mexicaine (la Couleuvre ) fe trouve en Amérique, pag. 303. Sa defcription , pag. 304. ; Mexicains. Le {erpent employé comme emblème par les anciens Mexicains, pag. 56. ( dife. ) Miguel (le) habite l'Amérique, pag. 445. Ses caraébères diftinctifs, Ibid. 520 Miliaire , ( defcription de Ia Couleuvre) pag. 2 11. Onlatrouve dans les Indes, Zhid. À Millet. Defcription de ce fer- pent à fonnette, que lon trouve dans la Caroline, pag. 421. Minime. (Couleuvre) Defcrip- tion & dimenfions de ce ferpent, pag. 209. Pays où on le trouve, 16. Minerye. (Couleuvre de) Def- cription de ce ferpent qui fetrouve dans les Indes, p. 206. Molure. La tête de cette Cou- leuvre reflemble beaucoup à celle des Boa, pag. 228. Defcription de ce ferpent, Ibid. I fe trouve dans les Indes, pag. 219. Monfiruofités. De la nature des monftruofités, p.477. Leur étude peut conduire quelquefois à des vérités importantes, Ibid. Mouchetée. Les habitudes de cette Couleuvre font très - diffe- rentes de celles du Boïga & d'autres Couleuvres, pag. 282. Pays qu'elle habite, Ib. Sa defcription, p. 283. Muet. Rapports du ferpent muet avee les ferpens à fonnette, p. 389. Sa defcription, Ibid. Muqueufe. (la) Defcription de cette Couleuvre que M. Linné a fait connoîïtre , pag. 238. N. N4crur. Nom d'un ferpent de Sardaigne qui eft peut-être de l’efpèce de la Couleuvre à collier, PAag. 157- Nafique. (Couleuvre) Defcrip- tion de cette Couleuvre, pag. 277. Forme de fon mufeau, Ibid. Ori- DA BAINE gine des noms qu'on lui a donnés ; pag. 278. I] paroït qu'elle n’eft pas venrmeule , Ibid: Son corps eft très-délié, pag. 279. Ses habitudes, Ibid. Pays où on la trouve, Ibid. Nébuleufe (la Couleuvre) habite l'Amérique, pag. 307. Sa defcrip- tion, {bid. Elle s’entortille autour des jambes de ceux qui paffent trop près d'elle, Ibid. Noire (la Vipère) fe trouve en Europe, pag. 56. Sa defcription, Ibid. Qualité de fon venin, p. 58. Ses habitudes , pag. 59. Noire € Fauye (la Couleuvre) a été obfervée à la Caroline, pag. 299. Defcription de fes cou- leurs, Ibid. Nombre de fes pla- ques , Ibid. Nourriture. Les très-grands fer- pens ont beloin d'entretenir leurs forces par une grande quantité de nourriture fubitantielle , pag. 42. (difc.) Les ferpens peuvent pafler plufieurs mois fans manger , p. 524 ( difc. ) O. O po R 4 T. L'odorat des ferpens ne doit pas être très-fin, pag. 29. (die. ) Œuf. Tous les ferpens viennent d'un œuf, p. 22. (dife.) L'on doit admettre deux fortes d'œuf, note de la page 24. (difc.) Œufs. Nombre des œufs de la Vipère commune , pag 40. Le nombre des œufs doit varier dans les ferpens , fuivant les efpèces, pag. 25. (dife.) On ignore s'il di- minue à proportion de la grandeur des reptiles , DES MATIÈRES. des reptiles, Ibid. Dans quelques efpèces les œufs ne fortent pas 1m- médiatement l'un après l'autre , pag. 26 (difé.) L'on ne fait pas combien de jours s’écoulent dans les diverfes efpèces, entre la ponte & le moment où le ferpenteau vient à la lumière , pag. 27 (difc.) Les fe- melles des ferpens ne couvent pas leurs œufs, pag. 27 (dif&.) Endroits où elles Les dépofent, Ibid. & fuiy. Manière dont les ferpenteaux font placés dans l'œuf, pag 28 ( dif.) Il fe pourroit que les œufs des Céraftesn’éclofentpastoujoursdans le ventre de la mère, pag. 80. Def- cription des œufs de la Couleuvre à collier, pag. 242. L’ignoranceles a quelquefois regardés comme des œufs de coq, Ibid. Nombre de ces œufs, pag. 143. Grande différence entre la grofieur des œufs du fer- pent devin, & Ia longueur à laquelle 11 parvient, pag. 372. Ces œufs ne font pas couvés, pag 372. Le nombre des œufs du Boïquira * eft peu confidérable, pag. 412. Orages (les ) paroïflent aug- menter l'activité du Boïquira , Pag 411. Ordre (Ÿ ) des ferpens eft très- nombreux, pag. 61 (nomendcl.) Oryet. Pays où on le trouve, Pag- 430. Ses rapports avec le feps. Ibid. Sa defcription, pag. 432. I n'eft point venimeux, pag 432. Ses os font très-caflans , & il eft très-arfé de divifer fon corps en plufeurs parties, pag. 433! Ses en- nemis, pag. 434. Manière dont ïl s'accouple, Ibid. Il met au jour Serpens , Tome II. S2I des petits tout formés, pas 435. Temps de fa portée, Ibid. Son dé- pouillement, Ibid. Ses habitudes, ag. 436. : Ophre. Defcription du Boi Ophrie, pag. 387. Ouie. Le fens de l’oure doit être très-obtus dans les ferpens, pag. 29 (dif&.) On a cru voir dansla Vipère Fer-de-lance, des ouvertures ex- térieures pour l'organe de l’ouie, pag. 122. Ovipare. Propriété que cette ex- preffion défigne, note de lapage 24 (dife.) Animaux auxquels cet épt- thète convient, 16. Trois mhnières dont les animaux viennent au jour, note de le p.25 (difc.) Les deux der- nières manières font les mêmes quant au fond, Zbid. Les animaux qui viennent au jour de la feconde & de la trorfième manière, font de vrais ovipares, note de la page 26 (dife:) Les autres font les vivipares proprement dits, {bid. Ovyivore (laCouleuvre) fe trouve en Amérique, pag. 327. Nombre de fes plaques, Ibid. PS Papènre. Defcription de cette Couleuvre des Indes orientales , Pag. 192- À Pale, (defcription de [a Cou- leuvre) pag. 214. Pays où on la trouve, Ibid. FAN Parties fexuelles ( defcription des) d’une CouleuvreIbiboca müle; HPAD2F ITU : Péintade. (Ia) Caractères dif- Ut! 522 tinctifs de cet Anguis des grandes Indes , pag. 439. Pélie (le) fetrouve dansles Indes, pag: 233. Sa defcription, Ibid: Pétalaire. (Couleuvre) Sa def- cription, pag. 207. On Ia trouve en Âfie & en Amérique, p. 208. Pétole. Caraëtères diftinctifs de cette Couleuvre d'Afrique, p. 266. Pifivore. (1e) Caractères dif- tinétifs & habitudes de ce ferpent, Pag. 424. Planches. Il eft impoflible de donner dans des planches noires, une idée de toutes [es couleurs bril- lantes des ferpens, pag. 77 nomencl. (not.) Difficulté de faire des plan- ches enluminées & exactes des divers reptiles, Ibid. Les planches ne peuvent pas toujours indiquer la vraie forme des écailles, & pré- fentent quelquefois une diftribu- tion de couleurs, différente de celle que les defcriptions indiquent, 18. Plature. (la) Defcription de cet Anguis qui a beaucoup de rap- ports avec la queue Lancéolée , pag. 454: Ponéfuée (la Couleuvre) habite la Caroline, pag. 287. Sa defcrip- tion, Ibid. Poumons, (grandeur des) dans plufieurs efpèces de ferpens, p. 9 (dife.) Proie. Manière dont les grands ferpens brifent les très-grands ani- maux dont ils font leur proie, pag. 45 (difc.) Les cris des animaux de proie ne font que des bruits de guerre, pag. 48 ( difc.) Prunelle (forme de la) des fer- PAR; RTE pens, pag. é ( diféours. ) Pfflles. C'eft principalement. des Céraftes que les Lybiensconnus fous le nom de P/ylles, préten- doient maïîtrifer la force & le por- fon, pag. 79. Q VAIITÉS. Detousles temps, où a reconnu les qualités princi- pales des ferpens, pag. 54 (dife.) Quatre-raies. (la) Defcription de cette Couleuvre de Provence , g. 263- À Quetz-Paléo. Defcription de ce Lézard, pag. ; Pas 7. : Queue-Lancéolée. (1) Caraétères diftinctifs de cet Angus , p. 449- Queue-plate. Sa defcription , pag. 194 & fuiy. Conformation fin- = gulière de {a queue, Id. R. R 4 T1IYORE. Defcription de ce Boa qui fe trouve en Amérique, pag: 383: Lu. Rayée. (Couleuvre) Defcription de cette Couleuvre, pag. 214. On la trouve en Afie, Ibid. Reflets. Beauté des reflets du Boïiga, pag. 224. Remèdes employés contre les fuites de la morfure des Vipères communes, pag. 23. Régine. Defcription de cette Couleuvre des grandes Indes , pag. 187. Reptile (le nom de) nous a paru appartenir principalement au fer- pent, pag. 3 ( difc. ). DESXWMATIERES. Refpiration. Manière dont s'opère la refpiration des ferpens,p. 9 (dif£.) Réfeau. (le) Caractères diftinc- tifs de cet Anguis d'Amérique , Pag: 446 Réticulaire (la Couleuvre) ref- femble beaucoup à lIbiboca , pag. 333. Ses caractères diftincifs, Tbid. Elle habite la Louïfiane, 16. Rhormboïdale. (Couleuvre) C’eft dans les Indes qu’elle fe trouve, pag. 212. Sa defcription, p. 213. Rouge. (le) Defcription de cet Anguis Vipère & venimeux qui fe trouve aux environs de Cayenne, Pag- 450. ES Rouge - gorge. Defcription de cette Couleuvre, pag. 275. Ellefe trouve en Égypte, Ibid. Rouleau. (1e) Cet Anguis fe trouve dans les deux continens. Ses caractères diftinctifs, pag. 440. Roufft. La Couleuvre rouffe n'eft point venimeufe, pag. 234. Defcription de ce ferpent, Ibid. Rubannée. Defcription de la Couleuvre rubannée, pag 304. Sa tête reflemble à celle de plu- fieurs Boa , Ibid. Elle fait entendre un fifflement aflez fort, Ibid. Pays où on la trouve, pag. 302. Rude. (Couleuvre) Pays où on la trouve, pag. 298. Sa defcription, Idem. : S. SALAMANDRES terreffres. Obfervations relativement à la ma- nière dont elles viennent au jour, Ua£. 499: Sang. Chaleur & mouvement du 523 fang dans les ferpens, pag. 7 € Jüiy. (dife.) Saturnine. Defcription de La Couleuvre Saturnine , pag. 230. Pays où on la trouve, Ibid. Saurite. Ce ferpent de la Caro- line à beaucoup de rapports avec les lézards , pag. 308. Sa defcrip- tion, Ibid. Schokari. Lieux où on trouve cette Couleuvre, pag. 273. Sa def- cription, Jbid. Schytale (le) doit parvenir à une grandeur confidérable , p. 386. Defcription de ce Boa d'Amérique, Ibid. Schyte. Defcription de la Cou- leuvre Schyte que l’on trouve en Sibérie, pag, 62. Sens. Force des fens dont Îes ferpens ont été pourvus, pag: 29 (dif) Senfibilité. Supériorité de celle des ferpens, fur celle de tous les animaux, excepté Les oifeaux & les quadrupèdes vivipares ,p. 32 (difc.) Serpent (pierre de) & pierre de ferpent à chaperon. Nature de cette production artificielle, & faufles propriétés qu’on lui a attri- buces, pag. 97 © fiv. Serpent (le) à queue aplatie, vu par M. Bancks près des cotes de la nouvelle Hollande , étoit peut- être de la même efpèce que l'An- . guis à queue-lancéolée, pag: 449. Serpent monfirueux ( defcription d'un ) à deux têtes, pag. 482. Defcription d’un monftre fembla- blable, vu en vie par Rédï, p. 483. Serpens. Les animaux qui com- UUU ij 524 pofent l'ordre des ferpens, paroif- fent privés de tout moyen de fe mouvoir, pag. 2 (difé.) Peu d’ant- maux cependant fe tranfportent avec autant de viteffe que les fer- -pens, pag. 2 (difc.) Rapports des ferpens avec les quadrupèdes ovi- pares & les poiflons, pag. à 6 füiv. (dife.) Caraétères diftinétifs des fer- pens, pag. 3 (dife.) Defcription pose des ferpens, pag. 4 (difc:) iverfes manières dont les {erpens peuvent fe mouvoir, pag. 10 & Jüiy. dif. Quelques efpèces de {erpens paroïlient jouir de la faculté de fe mouvoir prefqu'aufli aifément en arrière qu'en avant, p. 23 (difc.) Manière dont les ferpens peuvent s’élancer à d’aflez grandes diftances, pag. 13 & füiv. (difr) Les ferpens habitent de préférence les contrées chaudes & tempérées, p. 18 (difc.) IL en eft des ferpens, comme de plufieurs autres ordres d’antmaux ; ceux qui font très-grands, font rarement plufieurs et > P+ 33 (dife.) Serpens à fonnetres. Explication de lai manière dont ils paroïflent contraindreles petitsanimaux qu’ils veulent dévorer , à fe précipiter dans leur gueule, pag. 409. Serpentaux. Lorfque les petits ferpens font éclos ou qu'ils font fortis tout formés du ventre de leur mère, ils traînent feuls leur frêle exiftence, pag: 29 (dif.) Sibon. Ce ferpent à été ainf nommé par les Hottentots, p.272. Ses caraëtères diftinétifs, Zbid. Sifflemens.Les grands ferpenspré- TA AN ENTRE ue. ludent aux combats qu'ils livrent , par des fifflemens plus où moins forts, pag. 47 (dife.) Les fifflemens des très-grands ferpens font bien moins forts que les rugiflemens des grands quadrupèdes carnafliers & des oïfeaux de proie, pag. 49 ( difc.) Sipède. Defcription de cette Couleuvre d'Amérique, pag. 305- Sirtale. Ce ferpent a été oblervé dans le Canada, pag 323. Sa def- cription, bia. Situle. Defcription de ce ferpent d'Évypte, pag. 263. Souété Re focrèté, dont les ferpens font fufceptibles, p. 34 (dif) Sombre. Couleur de la Cou- leuvre fombre, pag: 229. Ses rap- ports avec le Borga, Ibid. Sommeil. Les en fortent de leur fommeïl annuel, lorfque les premiers jours chauds duprmtemps fe font reflentir, pag 35 (dife.) Sonnetre. Defcription de la fon- nette du Boïquira, & d’autres fer- pens à fonnette , pag. 396 € Jüiv. Manière dont les prèces de la fon- nette du Boiquira, fontemboitées l’une dans l’autre, pag. 402. Les différentes pièces de la fonnette n'ont été formées que fucceflive- ment, pag. 403. Egalité où iméga- lité des pièces de la fonnette, fuivant que l'animal n’a pas grandi ou a cru dans les intervalles de Ia formation de l’une à la formation de l’autre, pag: 404. Rapport du nombre des pièces avec celur des mues particulières opérées à l’ex- DES MATIÈRES. trémité de la queue du ferpent, pag. 405. Les pièces des fonnettes font très-fragiles, pag. 406. Acci- dens qui peuvent diminuer Îa lon- gueur des fonnettes, Ibid. Diftance à laquelle on peut les entendre, Pag 407. Striée. (la Couleuvre) Sa def- cription, pag. 285. Pays où on la trouve, Ibid. On doit peut-être rapporter à cette efpèce un ferpent de la Caroline figuré dans Catefby, (vol. 2, planc. 46). Ibid. Defcrip- tion de ce ferpent, pag. 286. Suiffe (la Couleuvre) fe trouve aux environsdu Mont-Jurat, p. 326. Sa defcription, Ibid. Symmétrique. (Couleuvre) Elle n’eft pas venimeule, pag. 240. Ses caractères diftinétifs, {bia. TE T 481rE méthodique. Elle ne devoit pas préfenter les diverfes efpèces de ferpens, dans le même ordre que celui dans lequel on à expofé les traits de leur hiftorre, pag. 73 (nomencl.) Explication des dix colonnes qu'elle renferme , pag. 74 (nomencl.) Tachetée ( la Couleuvre ) fe trouve à la Louifiane, pag. 329. Elle n’eft point venimeule, Ibid. Sa defcription, Ibid. Téte. Manière dont les ferpens portent leur tête lorfqu'ils chan- gent de place, pag. 12 (difc.) Téte-noire. Defcription des cou- leurs de cette Couleuvre , pag: 293. Forme de fes écailles, Ibid. Ce ferpentfetrouve en Amérique, ibid 525 . Téte-rouge. (lézard) Sa defcrip- tion, pag. 495- Téte-triangulaire. Defcription de cette vipère de l’ifleS. Euftache, pag: 132 | Tigrée, (defcription de Ia Cou- leuvre) pag. 230. Tigres. Combats destigrescontre les très-grands ferpens, p. £0 (difc.) Tortue à boîte. Sa defcription, pag: 489- UE Tortue grecque. Indication d’une varièté de cette efpèce, envoyée de Saint-Domingue, pag. 488. Toucher (le) Le ferpens doit être aflez fort, pag. 30 ( difc.) Trachée-artère. Polition de l'ou= verture de [a trachée-artère, dans les ferpens, pag. 46 (dif£.), Trait (le ) habite l'Épypte, pag. 443- Caradtères diftinétifs de cet Anguis, Ibid. Traits (divers) fous lefquels les ferpens ont été montrés dans tous les temps, pag. Go ( difc.) Très-blanche (la Couleuvre) fe trouve en Lybie, pag. 128. Sa de- cription , Ibid. . riangle (la Couleuvre) habite l'Amérique, pag. z. Origine de fon nom, it, rate : -Thid. Triple-rang. Defcription de la Couleuvre triple-rang, pag 332. Elle fe trouve en Amérique, 1bid. Trifcale. Cette Couleuvre fe trouve dans les Indes orientales & occidentales, p. 299- Defcription de ce beau ferpent, Idem. Trois- raies (la) fe trouve en Afrique, pag. 264. Caractères dif- 526 tinctifs de ce ferpent, page 254. Tubercules. On voit au-deflus de l'anus de l’amphiibène enfumeé, plufieurs petits tubercules fembla- bles à ceux que l’on voit auprèsde anus de plufñeurs lézards & du bipède cannelé, pag. 464. Typhie (1e) habite les Indes orientales, pag. 185. Sa defcrip- tion, Ibid. Defcription d’une Cou- Teuvre de la collection du Roï , qui à beaucoup de rapports avec le Typhie, Ibid. E fuiv. Tyrie (le) habite l'Égypte, pag. 264. Defcription de ce fer- pent, Jbia. . Tamer. Origine du nom de cette Coulcuvre, pee: 299: Ga def- cription, Jhid. € fuiv. Variété des ferpens tant par leurs dimenfions, que parla forme & la place de leurs écailles , les nuances & la diftribution de leurs couleurs’, pag. 17 (difë.) Venin (Ie) des ferpensnerépand prefque jamais d’odeur fenfble, pag. 44 (dife.) L'ordre des ferpens paroïît être celui qui renferme le plus d’efpèces venrimeufes, pag 2. Véficules dans lefquelles eft con- tenu le venin de la vipère com- mune , p. 22. Nature de ce venin, Ibid. Ses effets, pag. 22. Manière dont il agit, pag. 23. La force du venin des ferpens, dépend beau- coup de l'état de l'animal, des fai- fons, & de diverfes autres caufes locales & accidentelles, pag: 27. Verdätre. (la) Defcription de U\ HB\E E | 7 cette Couleuvre, pag 223. Ses habitudes, Thid. dite Verte. (Couleuvre) Caractères diftinétifs de cette efpèce, p. 225. Verte € bleue (la Couleuvre) fe trouve en Amérique, pag 306. Sa defcription, Ibid. Verte Ë jaune (la Couleuvre) eft très-commune dans plufeurs provinces méridionales de France, pag. 139. Sa defcription, p. 240 € fuiy. Ses habitudes, PSE 142. Sa douceur, pag. 243. Les charla- tans s’en fervent pour amufer le peuple, Ibid..Ardeur du mâlepour la femelle, pag. 144. Vie. On'i re tmuelle éft la longueur de A vie des ferpens, pag. 38 (dife.) On peut prélumer qu'elle comprend un grand nom- bre d'années, pag. 39 ( difc.) IL eft difficile d’ôter la vieauxferpens, pag. 51 (difc.) Vieilleffé. La vie des ferpens, ainfi que celle de prefque tous les animaux fauvages, feroit bien plus longue qu’elle ne left, s'ils pou- voient pafler par le véritable état devieillefle, & filecommencement de leur dépériflement, n’étoit pas prefque toujours le terme de leur vie, pag. 40 (difc.) Violette. (Couleuvre) Sa def- cription, pag. 272. Pays où on la trouve, Ibid. Elle n’eft point veni- meufe, Ibid. Vipera difécco. Nom d’une Cou- leuvre de Sardaigne qui a de très- rands rapports avec la Couleuvre ifle, pag. 361. Vipère (la) commune eft une D\'E)SN\NEM EMI MOIVE RES. des efpèces de ferpent, les plus an- crennement & les mieux connues , pag. 3. Sa defcription, pag 4 & Jüiv. Defcription de la conforma- tion intérieure de ce ferpent, note de la page 6. Animaux dont ellefe nourrit, pag. 32. Contes imaginés relativement aux foins maternels de la vipère commune, pag. 41. Vipère d'eau. Nom d’un ferpent de Sardaigne, qui appartient peut- être à l’efpèce de la Couleuvre à collier, pag. 257. « Vipère commune. Pays qu'elle habite, pag. 42. Utilité de fes fucs, ag. 43. Elle s’engourdit pendant “hiver des contrées un peu froides, Ibid. Manière de ramper de ce ferpent, pag. 44. Manière dont on prend la vipère commune, Ibid. Durée de fa vie, pag. 45. Elle eft très-vivace , Ibid46 fiv. Huiles qui lui font funeftes, aïnfi 327 que Îe tabac en poudre, pag. 47. Vipères. Différence des viperes aux vivipares proprement dits , pag. 24 dife. Caraëtères extérieurs qui paroïfient diftinguer fesvipères d’avec Les ferpens ovipares , p. 65 & füiv. (nomencl. ) Vipères communes (les) peuvent pafler plufeurs mois fans manger, pag. 32. Elles paroïffent fe recher- cher mutuellement, pag. 33. Viféères , ( des ferpens) pag. 9 € Juiv. dife. Vifqueux. (le) Caraëères dif- tinctifs de ce Cæcile, p. 468. Vue (la) des ferpens eft très- perçante, pag. 30 (dif£.) ZE Zowzs (la Couleuvré à) n'eft pas venimeufe, pag. 334 Sa def- cription, Ibid, DE L'IMPRIMERIE DES BATIMENS DU ROI. + RTL EEE des a Da wc io) MINIME WT LAIR Z = u £ on LI ERA l ES CSMITHSONIAN DINSTITUTIONPNOLENEESNI Z NVINOSHLINS S3 143V49171 £ À = < N = D, & = | Z € 2 K = 14 Z = 5 NN: : NS: Zi 77 NP: Vu: A9 2.77 2 a 2777 ü FE Zz n À Z a F2 ISTITUTION NOILNLILSNI_ NVINOSHLINS S3 1avaag 11_LIBRARI ES, SMITHSONIAN _INSTITUTION | a US ul a ui & = el Æ 4 a ne < e NN < a < = . 3 KFS = É 3 È SUR US 2 5 =: — — JIYVYY nel BRARIES Z SMITHSONIAN _INSTITUTION LNOINLILSNI, NYINOSHITINS S31uvual Zz = © = e] = NC © œ _ 4 © = œ = 1 TT A nd ol pe) g: £ À 7 VIN e = > = T4 > = = P a k 4 Le = Re = m 2 CA 2 m . a —_ = a " = n NOLNEESNIENVINOSHNNS EST 14V39 11 LI BRARI ES, ,SMITHSONIANPINSTITURION = = £ SR LE L = DAC d z = 4 LA °Z NN NS = Z SN À D À LA 2 © ANN 4 É 44, À NQ 2 É Le un = (79) 2e n JIYVY9IT LIBRARIES SMITHSONIAN INSTITUTION NOIINLILSNI NVINOSHLINS SIIYVUSE z : = k > AUS = =.LY JS 2 Fe 4 NX æ = < 4 F4 à < 1 NN « = CE UT. = œ = NS m — mn CZ — (re) _— NK [re] © = Z O = © = = n 72 m Z CET NSTITUTION NOIINLILSNI NYINOSHLINS S31YVY911 LIBRARIES SMITHSONIAN_INSTITUTIOI 2 = UE . 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