AA e > eZ = = Z "Sssessses LIBRARY ‘ OF THE lL,107 MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY BEQUEST OF WILLIAM BREWSTER H 45 HISTOIRE NATURELLE, : GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE, AVEC LA DESCRIPTION : DU CABINET DU ROLL. Tome Quinzième. Tome Second, AP ARIS, DE L'IMPRIMERIE ROYALE, aus” M DCCLXX, : | »1 TABLE De ce qui eft contenu dans ce Volume, | 2, ao sus à page E Oifeaux étrangers qui ont rapport au Gerfaut T aux Faucons . « « F5 DD UT NI NERO Re Cercle rs tes à De be ui ne on bai Le à Mer Pie anéches Le, ue La Pie-grièche grile PR La Pie-grièche rouffe . ...... 8. 78 L'Ecorcheur. . .…. ®_ # © © © + 0 © che Ojfeaux étrangers qui ont sr à la Pie-grièche grile &r à DR ne dr cene. ort & e jo T. Le Fingah,s 6. pris à IL Rouge-queue.. ne IT. ZLangraien &7 . ue. IV Bécardess it 2 V, Pécardes à dénére jaune, à 88 89 92. ° O2 VI. Le Vanga ou Bécar pis a ventre HlanCi IR, à NON VIT Le Soie he LS VII. Ze Tcha-chert-bé, ... ,.. LÉ, Lé Gone, 0 0 X. Le Cal Calc ér le Bruia UE XI. La Pie-grièche huppée, .. Les Oifeaux de proie 106), Le Duc où grand Duc... Le Hibou où moyen Duc... Æe Scops où sé PE ST La Hulotte . PARU Le ht UND CU L'Effraie ou la Frefaie. . …. 93 *fhid 99 120 135 IST "158 163 163. La he ou a grande Chevéche. La Chevéche ou petite Chouette, 176 183 4 oi eaux étrangers qui ont “int au À Hiboux € aux Chouettes. IHO19 E —. À. Le Cabure ou Caboure,. ... Ibid PP Le Caparatoth.. . {4 ,, 104 NP £e Harfana.. VU +07 IV. Le Chat-huant de Cayenne, . 202 V. La Chouette ou grande Chevêche de CPI NME AE a AE 203 VI. La Chouette ou grande Chevêche de Saint-Domingue, ,,..,,, 204 Oifeaux qui ne peuvent voler. .. 205$ M he... 212, D éudi.-:.,.... 2.200 D Cu 2....1... 300 D Com 00. ,.,:,... 329 Le Solitaire La l'Oifeau de ges : à Par M. DE VE E OM DRE PRET" PR “La $ileg ef Vi" Le à LA y néosocopococonocons: HISTOIRE PE UNATURELLE D, DA, av RE : D F d ET É ns 1 r FE ; ! el nt “ s QO < | S E | : À Û i 3 4 » À L AMEN 1 gas LS ee Ed à Sn ra rs n >" CA > à 2% RENE Se à De Log Si à Là D Sn me ND 2 Ur Gr dis £ ROME EN -CR D seuonienules jenkcter dés liftes”de nos Nomenclateürs d'Hiftoire” (2) En Grec môderne, BaAxav ; en Latin mo- derne, Falco; en Italien, Falcone ; en Efpagnol, Halhon : en AMemand, Falck; en Polonoïis, Sokof; en Anblois, Falcon — Falco apnd Firimicain , Sue dûm 4 receriiotes. Gelner. Icon Avi. pag, r10: — Fancon, Bélon, Hifl nar. dés Oifeaux, pace { mis.— Falco, Aldrov. Avi. rom, 1, pag, 429 _—Actipirer féfeus. Frich, planche LXXIV, avéc une figuré coloriée:— Accipirer fufeus oris pennaruns | vufofcentibus reétricibus fafcis: fufco Jarurarivre rranfe peffini firiaris. . ..,.. Falco, le Faucon. Briflon; Ornith. rome À, page 3217: | | Oifeaux , Tome IL, À FA Hiflotre Naturelle Naturelle /2),. on feroit porté à croire qu'il y a dans l’efpèce du Faucon autant : de variétés que dans celles du pigeon , de la poule ou des autres oifeaux do-. meftiques : cependant rien n’eft moins vrai; Phomme n'a,point influé fur la . {b) M. Briflon compte treize variétés dans cette premiere efpèce, favoir ; le faucon-fors, le. faucon-hagard ou boffu, le faucon à tête blanche, le faucon blanc, le faucon noir, le faucon tacheté, le faucon brun, le faucon rouge des Indes, le faucon d'Italie , le faucon. .d’Iflande &.le facre 5. & en même temps il compte douze autres efpeces | ou variétés de.faucons , différentes de la première favoir,; le, faucon. centil ; le fabCon-pélerin, dont le faucon de Barbarie & le faucon de Tartarie font des variétés ; le faucon à collier, le faucon.de roche ou rochier ; le faucon/de montapne oùmon-. tagner, dont: le: faucon .de montagne. cendré. ef une variété ; le faucon de la baie de Hudfon, le faucon-étoilé, le faucon-huppé des Indes, le faucon des Antilles, & le faucon-pêcheur de la Caroline. : M. Linnæus comprend fous l'indication générique : du faucon, vingt-fix efpèces différentes ; mais il eft vrai qu'il confond fous ce,même nom, comme. il fait en tout, les efpèces éloionces, auffi - bien que les efpècés voifines, caï .on trouve dans cette | lifle de faucons ,; les: zioles, les pygargues, les orfraies , les crefferelles, les bufes, &c. Au moins Ja lifle de M. Briflon, quoique d'un tiers trop | nombreufe , eft faite ayec plus de circopfpeétion | de” difeemmement ue y à À sun M 7 au LOU RATIO ÿ ‘du Faucon y nature de ces animaux ; quelqu’utiles aux plaifrs, quelqu'agréables qu'ils _foient pour le fafte des Princes chaf- feurs, jamais on n’a pu en élever, en multiplier lefpèce : on dompte à la vérité, le naturel féroce de ces oifeaux , par la force de l’art & des privations /c): _(c) Pour dreffer le faucon, lon commence par VParmer d’entraves , appelées. jers, eu. bout defquelles on met un ænneau, fur lequel eff écrit le nom du maitre; on y ajoute des fonnettes qui fervent à indiquer le lieu où il eft lorfqu'il s'é carte de la chaffe ; on le porte continuellement fur le poing; on l'oblise de veiller: sil eft mé- chant & qu'il cherche à fe défendre, on lui plonge . la tête dans l’eau ; enfin on le contraint par fa : faim & par la laffitude à {e laiffer couvrir fa tête : d'un chaperon qui lui-enveloppe les yeux ; cet : _ exercice dure fouvent treis jours & trois nuits de l'befoins étant le principe de 1a dépendance, on | cherche à les augmenter en lui nétoyant l’eflomac _ par des cures; ce font de petites pelortes de filaffe . qu'on lui fait avaler , & qui augmentent {on ap- |pétit; on le fatisfait après l'avoir. excité, & {a À ij fuite: il eft rare qu'au bout de ce temps, les : befoins qui le tourmentent & Îa privation de la : | Jumière né lui faffent pas perdre toute idée de : liberté : on juge qu'il a oublié fa fierté naturelle, * | Jorfqu’il fe laiffe aïfément couvrir la tête, & que | découvert il faifit le pat ou la viande qu'on à foin : . de lui préfenter de temps en temps; da répétition * | de ces leçons en aflure peu à peu le fuccès : es‘? + 4 “Hifloire: Naturelle on leur. fait acheter leur vie par des mouvemens qu'on leur commande ; chaque morceau de leur fubfiftance:ne leur eft accordé que pour. un fervice: rendu: on les attache, on les garotte, on les: affuble , on les prive: même de: la Jumière & de toute nourriture; poux- les rendre plus dépendans , plus do- ciles, &' ajouter à leur vivacité naturelle Vimpétuofité du befoin /4); mais. ils. _veconnoiffance attache l’oifeau.à celui. même qui l’a tourmenté. ÆEncyclopédie , à l'article: dela: fau- CONMerIe.. à _{d). Lorfque: les-premières lecéns ont réuffi, &: que: l’oifeau montre de la docilité ; on le porte fur: le gazon dansun jardin ; là-on le découvre, &ci avec l'aide: de la viande, on:le fait fauter:dé: lui: : mème: fur-le: poing; quand il-eft afluré à cet exercice, on Juge qu'il eft temps de lui donner: le vif, &: de lui faire connoïtre-lerleurre ; cefh:… une repréfentation dé proie; un aflemblage-de pieds: & d’aïles:, dont les-fauconniers {e fervent pour ré- ‘clamer les oifeaux:, &r fur: lequel-on attaché: leur. viande; il eft important qu'ils foient ‘non-feulement : accoutumés, mais affriandés à ce leurre, dèsique: l'oifeau-a fondu deffus &-qu'il a pris feulement- une-beccade, quelques fauconniers font dans l’ufage: de- retirer le‘leurre, mais par:cette: méthode on: court rifque de rebuter l'oifeau; il eft plus für, équ'it-a fait ce qu'on attend de lui, delepartre: tot-à-fait, & ce doit être la récompenfer de fa: 10 du Faucon. 4 … fervent par néceflié , par habitude & fans attachement ; ils demeurent captifs, fans devenir domeftiques ; individu feul .eft efclave , l'efpèce et toujourslibre, docilité ; le leurre eft l'appit qui doit le faire re- venir lorfqu’il {era élevé dans les airs, mais il ne ‘feroit pas fufffant fans la voix du-fauconnier qui l'avertit.de. {e tourner de ce côté-là; il faut .que.ces leçons foient fouvent répétées, .. . . Il'faut cher- cher à bien connoitre le caraétère de loifeau, - parler fouvent à celui qui :paroit moins attentif à Ja voix, laïfler jeûner celui qui revient -moins avi- dement au leurre; laïfler aufli veiller plus long- temps celui qui n'eft pas affez familier; couvrie fouvent du chaperon celui qui craint ce genre d'aflujettiffement : lorfque la familiarité cr la docilité de loifeau font fufifamment confirmées dans.un jardin , on Îe porte en pleine Campagne , mais tou- _ Jours attaché à la-flière, qui eft une ficelle longue d'une dixaine de 1oïfes; on le découvre , &.en Fapoelant.à quelques. pas de diftance,.on.lui montre le leurre; lorilqu'il. fond deflus, on fe fert de la viande :& on lui en laïfle prendre bonne gorce ;' ‘pour continuer de l’affurer, le fendemain on la lui .montre-d’un-peu plus foin, .&.il;parvient enfin à fondre deffus du bout de la filière, c'eft alors qu'il faut faire connoitre & manier plufieurs fois à l'oifeau de gibier auquek on le deftine; on-en conferve de «privés-pour cet ufge, cela isappelle dorer l'éfcap : «cet la dernière leçon, mais .elle doit fe répéter jufqu’à ce qu'on foit parfaitement affuré de l’oifeau : “alors on le met hors de filière, & on'le vole pour lors. Encyclopédie | art, de la ifauconnerie. À ij 6 Fifloire Naturelle toujours également éloignée del empire de l’homme : ce n’eft mème qu'avec des peinés infinies qu’on en fait quel- ques-uns prifonniers, & rien n’eft plus difficile que d'étudier leurs mœurs dans l’état de nature; comme ils habitent les - rochers Îes plus efcarpés des plus hautes Tous , -qu'ils s’approchent très- rarement de terre, qu'ils volent d’une hauteur & d’une rapidité fans égale ; on ne peut avoir que peu de faits fur leurs habitudes naturelles : on a feule- ment remarqué qu'ils choififlent toujours. pour élever leurs petits, les rochers ex- pofés au midi; qu'ils fe placent dans fes trous €T les ‘anfraëlres les plus inaccef-. _fibles; qu'ils font ordinairement quatre. œufs, dans les derniers mois de hiver, s qu fs ne couvent pas iong- temps, Car. | es petits font adultes vers le 15 de” Mai; qu'ils changent de couleur fui- vant le fexe, l’âge & la mue; que les femelles confidérablement qi groffes que les mâles ; que tous deux’ jettent des cris perçans, défagréables & . prefque continuels , dans le temps qu ils 4 chaffent leurs petits pour Le dépaïler ,! UE " à dir LORS Faucon. hot ÿ; cé qui fe fait, comme chez les aigles , par à, dure cette qui rompt les liens des familles & de toute fociété ; . dés qu il n'y a pas: affez pour partager, où qu si ÿ a impoflibilité de trouver aflez de vivres pour fubffter enfemble dans les mêmes terres. | _ Le faucon eft peut-être Î oifeau dont le courage eft le plus franc, le plus EN relativement à {es DES il fond fans détour & perpendiculairement {ur fa proie; au lieu que l'autour & la plupart des autres arrivent de côté : . aufli prend-on l’autour avec des filets dans lefquels le faucon ne s’empêtre jamäis ; il tombe à plomb fur V’oïfeau victime, expofé au milieu de l'enceinte des filets, le tue , le mange fur le lieu s’il eft gros, ou l'emporte. s ‘il n’eft pas trop lourd, en fe relevant à plomb: Sir à quelque faifanderie dans {on voifinage , il choïfit cette proie de pré- férence ; on le voit tout-à-coup fondre fur un troupeau de faifans comme s'if .tomboit des nues, parce qu’il arrive de fi haut, & en fi peu de temps, que fon ARpAAON eft toujours imprévue & À il es 8 Hliffoire Naturelle or "RS on le voit fréquem- ment attaquer fe milan , foit pour exercer DE courage , foit peur lui en- lever une proie ; mais | lui fait plutôt Tahonte que la guerre ; îl le traite comme ‘un lâche , je chafle, le frappe avec dédain , & ne le ve point à mort, parce que Île milan {e AA mal, & que probablement fa chair répugne au faucon encore plus que fa ficheté ne fui déplait. Les gens qui habitent dans le vor-. finage de nos grandes montagnes, .en Dauphiné, Bugey, Auvergne & aux pieds des Alpes, peuvent s'affurer de tous ces faits /e). On a envoyé de | Genève à la fauconnerie du Roi, des ‘jeunes faucons pris dans les montagnes voïfinés au mois d'avril, & qui “pe. “roiffent avoir acquis toutes les di- “menfions de leur taille & toutes leurs forces avant le mois de juin. Lorfqu'ils font jeunes, on F5 appelle Jaucon-fors, 4) Nora. Ils m'ont été pour par des témoins oculaires, & particulièrement par M. Hébert, que j'ai déja cité plus d’une fois, & qui,a chaflé pendant ginq ans dans les montagnes du Bugeys du Fnon 9 comme l'on dit harengs- fors ; parce qu'ils font alors plus “bruns que dans es années fuivantes * /voyez planche I de ce volume ); & l'on appelle les vieux faucons, hagards, qui ont beaucoup plus de blanc que les jepugs Cd, 1H0YEZ z planche J1 de ce volume *; le faucon qui pr reprélenté dans Due dernière planche mous paroît être de [a feconde année, ayant encore un aflez grand nombre de. taches brunes fur fa poitrine _& fur le venire ; car à la troiftème année Ges taches diminuent, & [1 quan- tité du blanc fur le plumage augmente, comme ,on le peut voir dans le faucon reprélenté ©, dans laquelle on a gravé, par erreur, le nom de fanier, au lieu de _ diercelet de faucon de la troilième année. Comumne .ces oileaux cherchent par- tout les rochers les plus hauts, & que ® Voyez ls planches enluminées, n° 479 {f) Nota. Puifque le faucon-fors & le faicon- agar ou boffu ne font que le méme faucon, jeune & vieux, on ne doit pas en faire des variétés dans 'efpèce. BP Poycyoles planches enduits , n° 42e ? bide, 743 04 AY to Hits PEN elle 9fa plupart dés îles ne’ font quédes | ‘ groupes & des pointes'dle niontagnes ;. *H y'en à beaucoup à Rhodes, en Chy- i “pre, à Malte, & dans les autres iles de h Méditerraitée aufli-bien qu'aux Or- cades & en Lande “inais on peut croire que fuivant les Séren climats , is. paroiflent fubir des variétés différentes ,. dont il eft nécellaire que nous falions quelque mention. Le faucon qui eft tel en France eft gros comme une poule: il a dix- huit pouces de longueur À depuis le. bout du bec jufqu’à celui de la queue, & autant jufquà celui des pieds : la queue a un peu plus de cinq pouces de longueur, & il a près de trois pieds & demi de vol ou d'envergure : fes “ailes, lorfqu’elles font pliées, s'étendent: prefque jufqu au. bout de la queue; je ne dirai rien des couleurs, parce qu’ elles. changent aux différentes AU Fa mefure. que loifeau avance en abs 0e que d'ailleurs elles font fidèlement repré- ik fentées par les trois planches enluminées ; que nous venons de citer :ci- deéflus. J’obferyerai feulement que la couleur I + AT Fañéén ET, OT plus ordinaire des pieds du faucon, eff “verdâtre, & que ‘quand il S'en trouve qui ont les pieds & la membrane du bec jaune *, les Fauconniers Îes appel- ent faucon bec jaune, & les regardent comme les plus lauicds Hi moins nobles de tous les faucons ; en forte qu” nié les rejettent de l’école de. là fuconnerie : j'obferverai encore qu fs fe fervent du tiercelet de faucon , c’eft - à- dire, du mâle, lequel eft d’un tiers plus. Dette que Ja femelle , pour voler les perdrix ; pies, geais, merles & autres oileaux de cette efpèce; au lieu qu’on emploie Ja. femelle au vol du lièvre, du milan, de la grue & des autres grands oifeaux. - If paroît que cette efpèce de fiucon k qui elt afféz commune en France, fe trouve aufli en Allemagne. M. 15 ch T4 £ 7 a Re k foure coloriée SUR "UN. over cc qui « ra repréfenté dans la planck Le enlumitée, ñ #30. à le) Rs. Voici ce Que (M. Frifch dit Re cet: End . qu'il.apoelle l'ennemi des. canards. où Paurour- d'un bras noir. Wa été. pourvu. par la Nature de Hongues aïles & de plumes ferrées les unes fur les: autres , "55 C'eft des oifeaux de proie l’'ün des d v} (L2 Hifloire Naturelle faucon-fors à pieds & à membrane du bec jaune, fous le nom de exten-floffer ou Jchwartz - braune habiot, & il s'eft trompé en iui donnant ju noinm d'eutour brun; car il diffère de lawour par le grandeur & par Je naturel. Îl paroït qu'on trouve aufli en Allemagne ; & quelquefois en France » une elpèce dilérente de celle-ci, qui. eft Le faucon attu à tête Saaan , que M. Frifch appelle mal- à - propos yautour, « Ce » vautour à pieds velus ou à culotte » de plume, eft, dit-il, de tous les » ojifeaux de proie A à bec crochu. ” » le feul qui ait des plumes jufqu’à la » partie inférieure des pieds, axx quel | _melles s ‘appliquent exactement : l'aigle » des rochers a auffi des plumes fem- » blables, mais qui ne vont que juf- >» qu’à la moitié des pieds : les oifeaux » de proie ‘nocturnes , comme les » chouettes, en ont jufqu'aux ongles, » mais ces plumes font une efpèce dé » duvet: .ce vautour pourfuit toute forte plus vigoureux, il pourfuit de préférence, les ca- nards, les poules d'eau 4 aufres oifçaux en , planche LXXIVe | du Faucon 33 de proie F & on nelle trouve jamais « auprès des cadavres fi k), » c'elt parce que ce neft pas un vautour, mais un faucon , .qu'il «ne fe nourrit pas de cadavres ; & ce faucon a paru À quelques-uns de nos Natüraliftes aflez #emblable à à notre f: 4ucon de France /iÿ, pour n'en faire qu'une variété : s’il ne différoit en effet de notre faucon que par la blancheur de la tête, tout le refte ft aflez femblable pour qu'on ne dût Je confidérer que comme variété; mais de caractère des pieds couverts de: plumes jufqu’ aux ongles, me piroît être {pé- cifique, ou tout au moins l'indice d’une | variété eonflante, & qui fut race à part dans : l'efhèce du faucon. Une feconde variété eft le faucon blanc, qui fe trouve en Ruflie, & peut- se dans les autres pays du N ord ; ï rh )Frifch, planche LXYXV; avec ane figure goleriee, — Le Faucon à têre ‘blanche. Brion, jome À, page 325; à tome V1, éubidls page 22, planche 1, ci) Noyeæ VOrilege 6 de M, Brffor ; PRE DES 2. 4 Hiflotre Native ‘y en de tout-à- fair blancs & fans taches, à l'exception de l'extrémité va grandes plumes des ailes qui foht noï- _râtres : il y en a d’autres de cette efpèce, qui font aufh tous blancs, à l'exception de quelques taches brunes fur le dos & fur les ailes, & de quelques raies brunes fur là queue / 4 ): comime ce ‘faucon blanc eft de la même grantieur ‘que notre faucon, & qu'il n’en diffère ‘que par ja blénchettr: qui eft la couleur que les oïifeaux , comme Îles autres ‘animaux, prennent affez généralement dans les pays du Nord, on peut pré- Sumérs avec | Sndemént que ce nef ‘qu'une variété de l’efpèce commune, produite par l'influence du’ climat: cet pendant il paroît qu’en Iflande ,# y a aufl des faucons de la. même écuiene jque les nôtres, mais qui font un peu plus gros , & qui ont les ailes & Îa queue plus longues ; «comme ils reffem- blent preiqu' en :tout.à notre . faucon, &'qu'ils n’en diffèrent. que par ces lévers caractères , on ne doit pas les. éparer de l'efpèce:commune. Ilen eff * {4 Briffon , tome Î , page ue CPE & : + { “y re | É s de même de celui qu’on appelle faucon- gentil, que prefque tous les Naturaliftes ont donné comme différent du f aucon “commun, tandis que c’eft le même, _& que le nom de gentil ne leur eft ap- pliqué que lorfqu’ ils font bien élevés, bien faits & d’une jolie figure ; : aufli nos. anciens Auteurs de fauconnerie, ne comptoient que deux efpèces principales. de faucon, le faucon- gentil ou faucon. de notre pays, & le faucon-pélerin ou “étranger, & Nation tous les autres. ce de fimples variétés de une où. de l'autre de ces deux efpèces. Il arrive en effet quelques faucons des. pays étrangers ; qui ne font que fe montrer fans s'arrêter, & qu’on prend. ‘au pafhige : ïl en vient fur-tout du côté du midi, que Fon prend è à Malte, *& quifont béatieot plus noirs. que : nes. «facons d'Europe; on en a pris même ‘quelquefois de: cette efpèce en France; & celui dônt nous donnons la figure enluminée *; à été pris en Brie: c’eft par cette raifon que nous avons cru pouvoir. l'appeler, faucon paÿager, if * Voyez ls planches enluminées ;: n.° 46 ns K:6 Hifloire Naturelle paroît que .ce faucon noir pafle en Allemagne comme en France, car c'eft Je même que M. Frifch a donné fous Je nom de falco fu ufi US, faucon brun (planche LXXXAIT), & qual voyage beaucoup plus Join ; car .c’eft encore Je même faucon que M. Edyards a décrit.& reprélenté, £ome I, page 4, ms le nom de faucon noir de la baie. de Hudfor , & qui.en eflei lui avoit.été ui de ce climat. J’obferverai à çe fujéet , que le faucon pafager ou pé- Æerin, décrit par M. Brifion . page 741, n’eft point du tout un Lueba étranger ji paflager , & que c'eli abfolument de même que noire faucon-hagurd *, en forte que fefpèce du faucon commun ou paflager, ne nous eft connue juiqu'à prélent que par le faucon d'IHlande, qui | n'eft qu'une variété de l'efpèce com- mune, & par Je fiucon noir d'Afrique, | .qui en difière aflez, fur-tout par la Fr article Æauronnerie, doit avoir la tête Fi onde, le bec court & gros , le cou « * fort long, la poitrine nerveufe, les ce . mahutes larges, les cuifles Jongues, cc _ Jes jambes courtes, Ia main large, << es doigts déliés, alongés & nerveux « aux articles , les ‘ongles fermes & re- courbés, 1e ailes longues; les fignes de ie & de. courage, ec les mêmes pour le gerfaut & pour le « tiercelet , qui eft le mâle dans toutes les efpèces d'oifeaux de proie, & qu'on appelle ainff, parce qu'il eft « d’un tiers plus petit que la femelle ; une marque de bonté moins équi- voque dans un oïfeau, eff de chevau- cher contre le vent, c’eft-à-dire, de fe roïdir contre, & fe tenir ferme fur _ le poing lorfqu' on Tv expofe : le ce pennage d’un faucon doit être brun & tout d’une pièce, c’eft-ä-dire, de _ même couleur ; la bonne couler des . mains eft de dar eau; ceux dont les mains & le bec font jaunes, ceux dont Île plumage eft femé de taches, « * font moins eflimés que les autres: B ij 23 H folre Naturellé jé 22 22 22: 22 on fait cas des faucons noirs, mais quel que foit leur plumage, ce font toujours les plus forts en courage qui font les meilleurs . . .. Hi a des faucons fiches & parefleux, ü y en a d’autres fi fiers, qu'ils s’irri- tent contre tous les moyens de les apprivoifer ; il faut abandonner les “ uns & les autres, &c ». "M: Forget, Capitaine du vol à. v erfallles, a bien voulu me commu: niquer k notice fuivante. 22: 22 22" 22 22- >3- >2- >- 3. »- M». 23 ce n’y: à, de, de ane Rs tielle Ce les icous de difiérens pays, que par la groffeur; ceux qui viennent du Nord, font ordinaire- ment plus grands que ceux des mon- tagnes des Alpes & des Pyrénées ; ceux-ci fe prennent, mais dans leurs nids , les autres fe prennent au paffage, daris tous Les pays ; ils paffent en oc- tobre & en novembre, & repaflent en février & mars... .. L'âge des faucons fe défigne très - diftinctement Ja feconde année, c’eft-à-dire, à la LPLL pag. 28! AA tr \ \ RÉ ANR \t T MANN \ Ù LE FAUCON SORT SERPENT CR LR ds (og LR he we ZA NN TNTTANE D ? nl | NU POINT LE FAUCON HAGARD. | re To De a 29 première mue, mais dans la fuite les « connoifflances on bien plus difficiles ; indépendamment des chan- gemens de couleur, on peut les dif- unguer jufqu'à Le troilième mue, _ c’eit-à-dire, par la couleur des pieds &. celle de a membrane du bec». à 85 cc CC cc ce çe 30 Fifloire Naturelle OISEAUX ÉTRANGERS Qui ont rapport au GERFAUT 7 aux FAUGONS. I. L E faucon d’Iflande, que nous Avons dit être une variété dans lefpèce de notre faucon commun, & qui n’en diffère en effet, qu’en ce qu'il eft un peu plus grand & plus fort. Nene _ Le faucon noir* qui fe prend au paflage à Malte, en France, en Alle- magne, dont nous avons parlé, & que M.* Frifch /a) & Edwards /5) ont indiqué & décrit, qui nous paroït être d’une efpèce étrangère & différente de celle de notre faucon commun ; j'ob- {erverai que la defcription qu’en donne * Voyez les planches enluminées, n° 469ù {a) Frifch, rome 1, planche LXXXIIL (bé: Edwards, tome 1, page 4, planche Vs 7 des Oifraus étrangers: 3 T M. Edwards. ‘éft exacte, mais que … M. Frifch n’eft pas fondé à prononcer que ce faucon doit être fans doute Îe plus fort des oïleaux de proie de fa ‘grandeur, parce que près de l'extré- mité du bec fupérieur, il y a une ef. ‘pèce de dent triangulaire ou de pointe wanchante , & que les jambes font garnies de plus grands doigts & ongles qu'aux autres faucons; car en.com- parant les doigts & Îlés ongles de ce faucon noir. que nous avons en na- ture, avec ceux de notre faucon, nous n'avons pas trouvé qu'il y eût de diffé- rence, ni pour la grandeur, ni pouf la foreL de ces parties ; & en comparant de même le bec de ce faucon noir avec le bec de nos faucons, nous avons trouvé que. dans a plupart de ceux-ci jf y avoit une pareille dent triangulaire, vers l’extrémité de la mandibule fupé- rieure; en forte qu'il ne diffère point à ces de évards du faucon commun, comme M, Frifch {emble Pinfinuer; au refle, le faucon tacheté dont M. Edwards donne la defcription & la B üiÿ NX Hifloire Narurelle figure /c), & qu'il dit être du même cliniat que le faucon noir, c’eft-à-dire, des terres de la baïe de Hudfon, ne nous parof: être en effet que le fiucon- fors ou jeune de cette même efpèce, & par conféquent ce n'eft qu'une va- riété produite dans les couleurs par la différence de l’âge, & non pas une ‘variété réelle ou variété de race dans cette efpèce. On nous à afluré que Ja plupart de ces faucons noirs, arrivent du côté du midi; | cependant nous en avons vu un qui avoit été pris fur les ‘côtes de Amérique feptemr ionale, près “du banc de Terre-neuve: & comme M. Edwards dit qu’il fe trouve aufr: dans les terres voifines de Ja baie de ‘Hudion, on peut. croire que l’efpèce eft fort répandue, & at’ellé fréquente ‘également les climats chauds, tempérés où froids. Nous obferverons que cet oiïfeau que nous avons eu en nature, ea des ‘pieds d’un bleu bien décidé, & | que ceux que lon trouvé repréfentés de Edwards, roInE L, page 3! PRE LEO des Oifeaux étrangers, 37 dans les planches enluminées de M. Edwards & Frifch, avoient les pieds jaunes; cependant il n’eft pas douteux que ce ne foient les mêmes oifeaux: nous avons déjà reconnu en examinant les balbuzards, qu’il y en avoit à pieds bleus, & d’autres à pieds jaunes; ce. caractère eft donc beaucoup moins fixe qu'on ne limaginoit: il en eft de Ia couleur des pieds à peu près comme de celle du plumage ; elle varie fouvent avec l'âge, ou par d’autres circonf- tances. EEE _ L'OI1SEAU qu'on peut appeler le faucon rouge des Indes orientales, très- _ bien décrit par Aldrovande /d), & à peu près dans les termes fuivans. La femelle qui eft d’un tiers plus groffe que le mâle, a le deflus de la tête large & prefque plat: la couleur de la tête, ‘du cou, de tout le dos & du defius “des aïles, eft d’un cendré tirant für Àe brun; fe bec eft très-sros , quoique à (d) Falco rubeus indicus. Aldrov. Avi pag "494; fige pag. 495 & 496: Le LEE 34 A More No à le crochet en foit aflez petit: Ia Bale 4 du bec eft jaune, & le refte jufqu'au crochet eft de couleur cendrée; la pu- pille des yeux eft très-noire, l'iris brune, la poitrine entière, la partie fupérieure du deflous des ai le ventre, le crou- pion & les Cane: font JM orangé prelque rouge: il y a cependant au- deflus de la poitrine fous le menton, une tache longue de couleur cendrée , & quelque petite tache de cette même couleur fur la poitrine: la queue eft rayée de bandes en demi-cercle, alter nativement brunes & cena sr des Jambes & les pieds font jaunes, & les. ongles noirs. Dans le mâle, toutes les. ‘parties rouges. font plus rouges, & toutes les parties cendrées font. plus. | Brunes; le bec eft plus bleu, & les. pieds font plus jaunes. Ces faucons te ajoute Aldrovande, avoient été envoyés: _des Andes PRISE RES au grand Duc Fer- pinangls qui les fit defliner vivans Ge Th) Rotige faucon eff fouvent trouvé ès. iéthe: ‘pleins & envmarais : il eft. hardi ; mais difficile à gouverner. Fauconuerie de Tardi if, > premiére: partié:g. shape IITs des Bleke étrangers: Ces 4 N ous deyons obferverii icique. Drdié (fs Albert &. Crefcent. & l, ont parlé du fauçon rouge comme d’une efpèce où d’une varieté qu’on: connoifloit en Eu- rope, & qui fe trouve dans Îles pays de plaines & de marécages; mais ce faucon rouge n ft pas aflez bien dé- crit, pour qu’on puifle dire fr c’eft le même que le faucon. rouge des Fndes,, qui poyrroit, bien voyager & venir em Hd comme Île faucon ne | L'OrSsEAU irdiqié par Willuf_ ghby:/4), ous 1 dénomination de Falco indicus citratus, ‘qui eft plus grOS ‘que le fucon , prèfque égal + Tau- tour ;'qui à ff la! têté une huppe dont TP axée fe divifeé en deux parties qui pendent furle cou. Cet oïfeau eft noir fur toutes les parties fupérieures de Er ête & à TORRES: mais fur’ [a pornne & é 4 AI var derfo No HIT. ic (e) Perr. Créfeenins, hb. X, cap Va. Ge) WlulgbBy, Ornithol, page 48. te” 3 6 Hifloire Narnrelle Te ventre, fon plumage eft traverfé de dignes noires & blanches alternativement : les plumes de a queue font auflr rayées de lignes alternativement noires & cen- -drées; les pieds font couverts de plumes jufqu’à lortgiñe des doigts; Firis des veux, Îa peau qui couvre [a bafe du bec, & les pieds font jaunes; le bec dun bleu noirâtre, & les ongles font d’un beau noir. ‘ : Au refte, il paroit par Je tatiprage des Voyageurs , que le genre des fau- cons eft l’un des plus univerfellement répandus ; ; nous avons dit qu'on en rouve par-tout en Europe, du Nord au Midi, qu'on en prend en quantité dans les îles de Ja Méditerranée, qu’ils . font communs fur, la côte de Barbarie. M... Shaw és dont j'ai trouvé les re- ations prefque toujours fidèles, dit. qu'au royaume de Tunis, il y a des “ucons & des éperviers en: rafee grande abondance, & que la chafle à l’oifeau eft un des plus grands plaifirs des Arabes & des gens un peu au-deflus. du commun : on les trouve encore plus () Voyage de M. Shaw, tome 1, page 3 890 des Oifeaux étrangers: ‘35 fréquemment au Mogol /k) & en . Perfe //), où l’on prétend que l’art de (4) On fe fert du faucon au Mogol, pour la ‘chafle du daim &'des gazelles, Voyage de Jeu Ovington, rome 1, page 279. (7) Les Perfans entendent tout-à-fait bien à en feioner les oifeaux de chaffle, & ordinairement üls dreflent les faucons à voler fur toutes fortes d’oi- feaux, & pour cela ils prennent des grues. & d’autres oifeaux qu'ils laiffent aller, après leur avoir bouché - ‘es yeux ; auffi-tot ils font voler le faucon, qui les prend fort aifément... .. Il y a des faucons pour ‘la chaffe de la gazelle, qu'ils inftruifent de la ma- “nicre qui fuit: ïls ont des oazelles contrefaites (empaïllées), fur Île nez deiquelles ils donnent ‘toujours a manger à ces faucons, & jamaïs ailleurs: après qu'ils les ont aïnfr élevés, ils les mènent à fa campagne; & lorfqu'ils ont découvert une gazelle, . ‘ils lachent deux de ces oifeaux , dont l'un va fondre ‘fur le nez de la gazelle, & lui donne en arrière des coups de pieds: la gazelle arrête & fe fecoue pour sen délivrer; loifeau bat des aïles pour fe retenir, ce qui empêche encore la gazelle de bien courir, & même devoir devant elle; enfin, lor{- qu'avec bien de la peine elle s’en eft défaite , l'autre faucon qui eft en l'air prend la place de celui qui eft à bas, lequel fe relève pour fuccéder à fon com- ‘pagnon quand il fera tombé; & de cette forte ils retardent tellement {a courfe de la gazelle ; que les chiens ‘ont le temps de lattraper. ÎÏ y a d'autant plus de plaifir. à ces chafles , que Îe pays eft ph & découvert, y ayant fort peu de bois. Relation ge Lheyenor, tome 11, page 2ogrur, Voyage é (l + » : g Hhifloire Narnrellle Le. + la fauconnerie eft plus cultivé que par- tout ailleurs /#7); on en trouve ons it au seu Da ; rome À, css 279 — La manière dont les Perfans dreffent les sue à la chaffe des bêtes fauves, eft d’en écorcher une & d'en remplir la peau de paille, & d'attacher toujours la’ viande dont on repaît les faucons fur la tête de cette peau bourrée, que lon fait mouvoir fur quatre roues per üne. machine , tant que, loifeau mance, afin de l'y accoutumer . ...…. SI la bête ft grande, on Tâche plufieurs oifeaux après elle, qui la: tour- mentent lun après V'aUtTE, Lie pie 4 als fe fervent “auf de ces oifeaux pour les rivières & les marais, ‘dans lefquels ils vont, comme les chiens, chercher JE oibier, .. Comme tous les gens d'épée font chaffeurs, ils portent d’ ordinaire à l'arçon de la ‘1ele une petite timbale de huit à neuf pouces de ‘diamètre, qui leur fert à rappeler : loifeau, en frappant deffus. Voyage | de e hardin, tome. hs PASS 32 77: — La Perfe ne manque pas d'oifeaux de proie; il sy trouve quantité de fau- cons, d'éperviers & de lannerets, & autres femi- lables oïifeaux de chaffe, dont la .Vénérie. du 6 eft très-bien pourvue, & on y en compte plus de huit cents : les uns font pour le fanglier âne fauvage & la gazelle ;. les autres pour voler .les grues, les hérons, les oies & les perdrie. Une grande partie de fi oifeaux de has s'apporte de Rule; mais les plus grands & les plus beaux vien- nent des montagnes qui s'étendent vers le Midi, depuis Schyras jufqu’au golfe Perfique. Fo page de Dampier, tome 11, page 23 à fuir. | (in) Les Perfans qui font fort patiens, prennent ds Oifeaux à étrangers: 39 : Japon, où Kœmpfer /x) dit qu'on les tient plutôt par faite, que pour Futilité | de la chafle, & ces teurs du Japon. viennent Le parties feptentrionales. de. - cette île. Kolbe /0) fait auffr mention des faucons du cap de Bonne-efpé- rance , & Bofman de ceux de Guinée 72 HAE qu'il n'y a, pour ainfi dire, aucune terre, aucun climat dans lan. cien continent, où l’on ne trouve l'ef-- pèce du faucon; & comme ces oifeaux: fupportent très-bien le froid, & qu'ils volent facilement & très-rapidement';. on ne doit pas être furpris de les. retrouver dans le nouveau continent 3 auf plifir À dreffér un corbeau. de É même manière qu'ils dreffent ‘un épervier.. Moyage de. Dampier .. rome 11, page 25. (2) Kœæmpfr. Hifé: du Japon, tome 1, pager 1j _ {b) Kolbe, Défcriprion du Cap de Bonne-cpéance, à. zone Ill, page Un. | {p) Sur cette côte MePumnEes on voit encore Un autre ofeau de proie, qui reffemble fort à un. faucon ,. & qui, quoiqu'un peu plus gros qu'un pigeons eft. fi: hardi. & fi fort, qu'il. fe jette fux: Les. plus. oroffés poules & les emporte, Voyage de. Guillaume. “Bofnar, , lettre 15, page 268%. 40 Hifloire Naturelle il y en a dans le Groenland /4), dans les parties montagneufes de F Amérique {ep tentrionale & méridionale /r), & jufque dans les îles de la mer du Sud //). … (q) On trouve dans le Groenland des faucons blancs & gris, en très- grand nombre, & plus qu'en autre lieu du monde. On portoit ancienne- ment de ces oïfeaux pour grande rareté aux rois de Danemarck , à caufe de leur bonté mer- veilleufe, & les rois de Danemarck en faifoïent des préfens aux rois & princes leurs voifins ou amis, parce que fa chaffe de loifeau n'eft du tout point eu ufage dans le Danemarck, non plus qu'aux autres endroits du Septentrion. Recueil des Voyages dun Nord, tome À, page 99. | {r) On a envoyé plufieurs & diverfes fortes de faucons de la neuve Efpagne & du Pérou aux feigneurs d'Efpagne, d’autant qu'on en fait grande eftime, [ y a même des hérons & des aigles de diverfes fortes, & il n’y a point de doute que ces æfpèces d’oifeaux, & autres femblables, n’y aient paffé bien pius tôt que les lions & les tigres. Æif- zoire naturelle des Indes occidenrales , par Acoffa ; page 1931 — Nota L'oileau que les Mexicains appeloient Hot, indiqué par Fernandès, paroït être le mème que le faucon noir dont nous avons parlé. | | | (f) Hiftoïire des Navigations aux terres Auf rales, rome 11], page 197 4 ’ des Oifeaux étrangers: ÆY y. L'OI1SEAU appelé tanas par les Nègres du Sénégal, & qui nous a été donné par M. Adanfon, fous le nom de faucon-pécheur *, | reflemble prefque en tout à notre faucon par les couleurs du plumage; il eft néanmoins un peu plus petit, & il a fur la tête de Zongues plumes éminentes qui fe ra- battent en arrière & qui forment une efpèce de Kuppe, par quelle on pourra toujours diflinguer cet oifeau des autres du même genre: il a aufft Ie bec jaune, moins courbé & plus gros que le faucon; il en diffère encore en ce que les deux mandibules ont des dentelures très-fenfibles ; & fon naturel eft aufli différent; car il pêche plutôt qu'il ne chafle: je crois que c’eft à cette efpèce qu’on doit rapporter lPoi- feau duquel Dampier /4) fait mention fous ce même nom de faucon-pécheur : « il reflemble, dit-il, à nos plus petits * Voyez les planches enluminées, n° 478. __{r) Nouveau Voyage autour du monde; paf Guillaume Dampier, rome IL, page 318 42 Flifloire Nawrelle, ee » faucons pour la couleur & la figure: » il a le bec & les ergots faits tout de » même; il fe perche fur les troncs »> des arbres & fur les branches sèches » qui donnent fur l’eau dans les criques, » les rivières ou au bord de Ia mer; » & dès que ces oïfeaux voient quel >» ques petits poïflons auprès d'eux, ils » volent à fleur d’eau, les enfilent avec » leurs griffes, & s'élèvent aufli-tôt en . » l'air, fans toucher l’eau de leurs ailes »: il ajoute « qu'ils n’avalent pas -» fe poiflon tout entier, comme font x» les autres oifeaux qui en vivent, mais » qu'ils le déchirent avec leur bec, & le mangent par MOrCEAaUX »e rs *LE HOBREAU (e) Voyez planche III de ce volume, L E Hobreau eft bien plus petit que le faucon, & en diffère aufli par {es habitudes naturelles : le faucon. eft plus fier, plus vif & plus courageux ; il at- taque des oïifeaux beaucoup plus gros que lui. Le hobreau eft plus fâäche de fon naturel; car à moins qu’il ne foit dreflé, il ne prend que les alouettes & les caïlles; mais il fait compenfer ce défaut de courage & d’ardeur par for * Voyez les planches enluminées, m.°$ 43 1 à 4323 (a) En Anglois, Hobby; en Italien, Pacellos _— Hobreau. Belon, Hifloire naturelle des Oifraux; pige 118. — Subburen Aldrov. Avi. tome I, page 373...... Falco arborarius. Aldrov. Avis tome Î, pag. 492. — Hobreau. Albin, rome 1 ; page 7, pl. V1, avec une figure coloriée. — Lirho< falco five æfalus, Rochier, æfalon. Frifch, planche LXX XVI, avec une fivurecoloriée.— Le Hobreaus Briflon, Ornithol. tome [, page 375. — The Hobby. Britifch Zoology; planche À 9, avec une: figure coloriée. | 44. Hifloire Naturelle induftrie : dès qu'il aperçoit un chaflems. & fon chien, il les fuit d'aflez près ou. plane au-deffus de leur tête, & tâche de faifir les petits oïfeaux qui s s’élévent devant eux: fi le chien fait lever une alouetté, une caïlle, & que le chafleur. la manque, il ne ia Douce pas: il a fair de ne pas craindre le bruit, & de ne pas connoïître l'effet des armes à feu, car is approche de très-près du chaf- leur qui le tue fouvent Iorfqu'il ravif fa proïe: il fréquente Îles plaines voi- fines des bois, & fur-tout celles où les alouettes abondent; il en détruit un très- grand nombre, & elles connoïflent fi bien ce mortel eïñnemi, qu'elles ne lapercoivent jamais fans le plus grand effroi , & qu'elles fe précipitent du haut ‘des airs, pour {e cacher fous l'herbe ou dans les buiflons: C’eft [a feule manière dont elles puiflent échapper; car quoique l’alouette s'élève beaucoup, le hobreau vole encore plus haut qu'elle, & on peut le dreffler au leurre comme le faucon &' les autres oïfeaux du plus haut vol: il demeure & niche dans les forêts où il fe perche fur les arbres les 4 OU HObteAR. 1 He plus élevés. Dans quelques-unes de nos provinces on donne le nom de fobreau _{b) aux petits feigneurs qui tyrannifent : eurs païfans, & plus particulièrement au gentilhomme à lièvre, qui va chafler chez fes voifins, fans en être prié, & qui chaffe moins pour fon plaifir que pour le profit. i | « On peut obferver que dans cette efpèce le plumage de l'oifeau eft plus noir dans la première année qu'il ne ’eft dans les années fuivantes : il y a’ aufli dans notre climat une variété de | cet oïfeau, qui nous a paru aflez fin- | gulière pour mériter d’être repréfentée *; | les différences confiftent en ce que la gorge, le deffous du cou, la poitrine, une partie du ventre & Îles grandes | plumes des ailes font cendrées & fans taches ; tandis que dans Îe hobreau * {(b) Ce nom de Fobrean , appliqué aux Gentils: | hommes de campagne, peut venir auffi de ce qu’au trefois tous ceux qui n'étoient point aflez riches | pour entretenir une fauconnerie, fe contentoient | d'élever des hobreaux pour la chaffe, À Voyez les plauches enaminées, n° 4313 46 Fifloire Naturelle commun, la gorge & Îe deflous di cou font blancs, la poitrine & le deflus du ventre blancs aufli, avec des taches longitudinales brunes, & que les grandes plumes des ailes font prefque noirâtres : il y a de même. d’affez grandes diffé- rences dans les couleurs de [a queue, qui dans Île hobreau commun eft blan- châtre par-deflous, traverfée de brun, & qui dans l’autre eft abfolument brune. Mais ces différences n’empêchent pas que. ces deux oïfeaux ne puiflent être regardés comme de la même efpèce; car ils ont la même grandeur, le même port, & fe trouvent de même en France; & d’ailleurs ils {e reflemblent par un caractère fpécifique très-parti- culier, c’eft qu'ils ont tous deux Îe bas du ventre & les cuifles garnies de plumes d’un roux vif, & qui tranche beaucoup fur les autres couleurs de cet oïfeau:; il n’eft pas même impoflible que cette variété, dont toutes les différences fe réduifent à des nuances de couleurs, ne provienne de l’âge ou des différens temps de la mue de cet oïfeau; & | Ton. LL. 212. pag A = Il (H \ l TER ESS EKSY ANR \\ TS ] TU \ in 1 cl | du Hobreau: : 47 ja c'eft encore une raïfon de plus pour ne. le pas féparer de Pefpèce commune. Au -refte, le hobreau fe porte fur le poing, ! découvert & fans chaperon, comme | Pémérillon, l’épervier & l’autour , & l’on en faifoit autrefois un grand ufage pour | Ja chafle des perdrix & des çailles, si di AS Hiflorre Naturelle : RSR RER LT EN SAR SRE ARE E | LA TM | CRESSERELLE («) Voyez la planche 1 de ce volume. N ,À Crefferelle * eft l’oifeau de proie 1e plus commun dans Îa plupart de nos provinces * Voyez les planches enluminées, n°5401 Ê'A7Ie fa) En Grec, Kéyeis où Kevess; Cenchris feu miliaria diciur hæc avis, ait Gefnerus ,. quod puncis nigris mil æ@mulis infignis fu: en Latin, T'innunculus ; en Italien, Cambelle, Tirtinculo, Tin- tarello, Garinello ;+ en Efpagnol , Cernicab ou Lernicalo,; en Aflemand, Roerhelweh où Warmen- Wacher, quod alas extendat (aït Schwwenckfeld ) ve#- tileique inftar venrilabri quod vannum nominant ; en Polonois, Puflolka; en Anglois, Keffril ou ÆKeffrel. ANota, Ce pourroit être de ce mot Anglois Æeftrel, qu'eft dérivé le nom Criflel que les Bourouignons donnent à cet oifeau ; en Écofle, Sranchel ou Stanrel où Stonegall ; on Va aufls appelé en vieux François, & encore actuellement dans quelques provinces de France, Cercerelle, Quercerelle, Ecre- celle, Saierne dit qu'on l'appelle en Sologne, Mezy;: à Châlons - fur - Marne, Rabuilkr: en Provence, Aarier ; en Touraine, Brriou; à Saumur, Pire; ; ent en Beauce, de la Creflerelle. . 249 provinces de France, & fur-tout en Bourgogne : il n'y a point d’ancien château ou de tour abandonnée qu'elle _ne fréquente & qu’elle n’habite ; c’eft _ fur-tout le matin & le foir qu’on la voit voler autour de ces vieux bâtimens, & on l’entend encore plus fouvent qu’on ne la voit; elle a un cri précipité pt, DAT, pli OÙ pré, pri: pré, quelle’ ne _cefle de répéter en volant, & qui effraie tous les petits oïfeaux fur lefquels _ elle fond comme une flèche, & qu’elle faifit avec fes ferres; {1 par hafard elle les manque diipremier coup, elle Les ên Beauce, Preneur de murs, dc... . Crefferelle ou Cercerelle. Belon, ÆHifloire naturelle des Oifeaux, _ page 114.—Tinnunculus feu Cenchris. Aldrov. Avi, | ïom. Î, pag. 356. — Crecereile. Albin, rome 1, page À, planche VIT, avec une fioure coloriée, qui eft celle de la femelle... . . Cog de Windhover, Albin, rome 111, planche V, avec uné figure co- oriée, qui eft celle du male. — Tinnunculus verus, - Frilch, planche LXXXIV, avec une fioure coloriée, qui eft celle du mäle....... Falco rufus. Frifch, lanche LXX XVIII , avec une figure coloriée, qui eft cellé de la femelle, — La Crefferelle. Briflon, Ornirhol, tome T, page 393. — Kefhril. Britifch Zoolocy, planche À 8, fig. 1, The male, The | female, fig. 2, ces deux figures font coloriées, Oifeaux, Tome TZ, G $0 Hifloire Naturelle pourfuit fans crainte du danger jufque dans les maifons ; j'ai vu plus d’une fois mes gens prendre une creferelle & le petit oïfeau qu’elle pourfuivoit, en fermant [a fenêtre d’une chambre ou la | porte d’une galerie, qui étoient éloignées _de plus de cent toifes des vieilles tours d’où elle étoit partie : lorfqu’elle a faift & emporté l'oifeau, elle le tue & le plume très - proprement avant de le manger : elle ne prend pas tant de peine pour les fouris & [es mulots; elle avale les plus petits tout entiers, & dé- pèce les autres. Toutes ls parties molles du corps de [a fouris fe digèrent dans leftomac de cet oïfeau; mais la peau fe roule & forme une petite pelote , qu'il rend par le bec, & non parle bas ; car fes excrémens font prefque li- quides & blanchôtres: en mettant ces, pelotes qu’elle vomit, dans l’eau chaude, | trouve la peau entière de Ia fouris comme fi on l’eût écorchée. Les ducs, les. chouettes , les bufes, & peut-être beau-. coup d’oifeaux de proie , rendent dè! pareilles pelotes dans lefquelles, outre, Sen pour les ramollir & les étendre, on re-. de la Crefferelle. sû da peau roulée, il fe trouve quelquefois des portions les plus dures des os; il en eft de même des oïfeaux pêcheurs; les arêtes & les écailles des poiflons fe roulent dans leur eftomac , & ils les rejettent par le bec. La creflerelle eft un affez bel oifeau : elle a l'œil vif & la vue très-perçante, le vol aifé & foutenu: elle eff diligente & courageufe : elle approche par le naturel, des oïfeaux nobles & géné- reux ; on peut même la drefler, comme les émérillons, pour la fauconnerie. La femelle eft plus grande que le male, & elle en diffère en ce qu'elle a la tête roufle , le deflus du dos, des ailes & de la queue rayé de bandes tranfver- fales brunes ; & qu’en même temps toutes les plumes de [a queue font d’un brun roux plus ou moins foncé; au lieu que dans le mâle, Ia tête & la queue font grifes, & que des parties fupérieures du dos & des ailes font d’urs roux vineux , femé de quelques petites. taches noires; on peut voir les diffé- rences du mâle & de la femelle dans C ÿ 52 Hifloire Naturelle les planches enluminées que nous avons: citées, | A ds à Nous ne pouvons nous difpenfer d'oblerver que quelques-uns de nos Nomenclateurs modernes /2), ont ap- pelé épervier des alouettes , Ka crefferelle femelle, & qu'ils en ont fait une efpèce particulière & différente de celle de la creflerelle. | Quoique cet oïfeau fréquente habi- tuellement Îes vieux bâtimens, il y. niche plus rarement que dans les bois ; & lorfqu’'il ne dépole pas fes œufs dans des trous de murailles ou d'arbres creux , il fait une efpèce de nid très- négligé , compolé de büchettes & de racines, & aflez femblable à celui des geais, fur les arbres les plus élevés des forêts: quelquefois il occupe anffi les nids que les corneilles ont aban- donnés; il pond plus ouvert cinq œufs que quatre, & quelquefois fix & . même fept, dont les deux, bouts font : -teints d’une couleur rougeâtre ou jau- nâtre , aflez femblable à celle de fon {E) Briflon , tome 1, page 3 79. de la Crefferelle 53 plumage. Ses petits, dans le premier âge, ne font couverts que d'un duvet bianc ; d'abord il les nourrit avec des _infectes, & enfuite il leur apporte des mulots en quantité qu'il aperçoit fur terre du pius haut des airs où il tourne lentement, & demeure fouvent flation- 45 ne PR | haire pour épier {on gibier fur lequel il fond en un imitant: il enlève quel- quefois une perdrix rouge beaucoup plus pefante que lui; fouvent aufli il prend des pigeons qui s'écartent de feur compagnie; mais fa proie la plus or- dinaire après les mulots & Îes reptiles, font les moineaux , les pinçons & les autres pets oifeaux : comme ff produit en plus grand nombre que fa plupart des autres oïffeaux de proie, l'efpèce eit plus nombreufe & plus répandue ; on {a trouve dans toute l'Europe, depuis la Suède fe )ufqu’en Italie & en Efpagne /d); on la retrouve même dans jes pays tempérés de FAmérique {c) Linn. Faun. es ne 07. _ {4) Aldrov, Ari, tom, I, pag. 356. iÿ s4 Hifloire Naturelle feptentrionale /e): plufieurs dé ces | oïifeaux reftent pendant toute l’année dans nos provinces de France; cepen- dant j'ai remarqué qu’il y en avoit beau- coup moins en hiver qu’en été, ce qui me fait croire que plufreurs quittent ie pays, pour aller pafler ailleurs la mauvaile faifon. J'ai fait élever plufieurs de ces oi- feaux dans de grandes volières; ils font, coinme je l’ai dit, d’un très-beau blanc pendant le premier mois de leur vie, après quoi les plumes du dos deviennent … rouffâtres & brunes en peu de jours: ils font robuftes & aïilés à nourrir: is mangent fa viande crue qu’on leur pré- fente, à quinze jours ou troïs femaines d’âge; ils connoiflent bientôt la perfonne | qui les foigne, & s’apprivoifent aflez « pour ne jamais, offenfer : ils font en- tendre leur voix de très-bonne heure, … & quoïqu’enfermés , ils répètent le même | cri qu'ils font en liberté : j'en ai vu s'échapper & revenir d'eux-mêmes à la | (€) Hans Sloane , Jamaïic, pag. 2944 “dela Créfferellé, . $S. | volière, après un jour ou deux d’ab- fence , & peut-être d' abflinence forcée. Je ne connois point de variétés dans cette efpèce que quelques individus qué ont la tête & les deux plumes du milieu de la queue griles, tels qu'ils nous font répréfentés par M. F rifch (planche LXXXV); mais M. Salerne fait men- tion d’une crefferelle jaune qui {e trouve en Sologne, & dont les œufs font de cette même couleur jaune. « Cerre ” crefferelle, dit-il, eft rare, & quel- « quefois elle fe bat généreufement « contre le jean-le-blanc, qui, quoï- « que plus fort, eft fouvent obligé de ce - lui céder: on les a vus, ajoute-t-il, s’accrocher enfemble en Pair, & ce tomber de la forte par terre comme ce une motte où une pierre: » ce fait me paroït bien fufpect; car l’oifeau jean- le-blanc eft non-feulement très- AR PATERE à la creflerelle par fa force; mais il a le vol & toutes les allures fi différentes : qu'ils ne doivent guère fe rencontrer. Ci 56 Hifloire Naturelle > * LE ROCHIER(Q. À Lo qu'on a nommé facon de roche ou rochier, n'eft pas fi gros que la creflerelle, &. me paroît fort fem- blable à lémérillon , dont on fe {ert dans fa fauconnerie : 1 fit, difent les Auteurs, fa retraite & fon nid dans les rochers. M. Frifch eft le feul avant nous qui ait donné une bonne indi- | cation de cet oifeau, & l’on peut com- ‘| parer dans fon ouvrage , ia figure du * Voyez les planches enluminées , n° 447. (a) Lirho-falcus. Gelner,- Avi. pag, 7e — [aico lapidarins. Aldrov, Avi.tom. T1, pag, 499 | —— Dendro-falco five fmerlus Eméuliôn, Vrifch, planche LX XXVIT, avec une figure coloriée. — Le in de roche où Rochier, Brion, Ornxole tone J, page 349. Nora. Il me paroït qu'on doit rapporter à cette efpèce le faucon de mon- _tagne cendré, Briflon , rome 1, page 325$; où le Falconis monrant fecundum genus d'Aldrovande, Avi. tom. T, pag. 79: & que ces Auteurs ont | fait un double emploi en féparant ces deux efpèces | d'oifcauXe G Lun did A EOTIUN" is : | ne ir rochier, planche LXXXVII, avec [a … nôtre, & aufli ayec Îes crefferelles mâle & nelle. qui, toutes trois font aflez bien rendues; leurs rapports de reffem- blance & de différence , font encore mieux exprimés dans nos planches en- luminées ; en confidérant attentivement la forme & les caractères de cet oïfeau, & en les comparant avec la forme & les caractères de l’efpèce d’émérilon , dont on fe fert dans Îa fauconnerie *, nous fomimes très - portés à croire que Je rochier & cet éinérillon font de la même efpèce, ou du moins d’une efpèce encore plus voifine lune de. l'autre, que de celle de R creflerelle. On verra dans l'article fuivant, qu’il y a deux efpèces d’émérillons , dont la première approche beaucoup de celle du rochier, & la feconde de celle de Îa crefferelle : comme tous ces oïfeaux font à peu près de la même taille, du même naturel, & qu'ils va- rient autant & plus par le fexe & par l'âge, que par fa différence des efpèces, * {oyeg Les planches enluminees, n° 458. Y bu mi _ 58 Æifloire Naturelle, dre. il eft très- difficile de les bien recon- noïtre, & ce n’eft qu’à force de com- paraïifons faites d’après nature, que nous fommes parvenus à les diftinguer les uns des autres. | # tue un LA 2 3 | : Î Il il 1. HN Il f : | Il a FI : ir lé à > # = jé el. ON Ï Ha 0 Or, AS > > CE Ta TES :* L'ÉMÉRILLON (a). Voyez planche V de ce volume, L OISEAU dont il eft ici queflion,. n'eft point l’émérillon des Naturaliftes . mais l’émérillon des Fauconniers . qui n'a été indiqué ni bien décrit par aucun de nos Nomenclateurs; cependant e’eft le véritable émérillon dont on fe fert tous les jours dans la fauconnerie, & que l'on dréffe au vol pour la chafle :, cet oifeau eft, à fexception des -pie= grièches, le plus petit de tous les oifeaux de proie, n'étant que de la grandeur : à Voyez les planches enlaminées , n,° 468. (a) En Grec, A‘ouavy, quod omai temporé appareat ; en Latin, Æfabo,.en ftalien, Smerbo ,. ou Sweriglio ; en Allemand, ÆMyrk où Smyrlin z en Pologne, Orzemlih ; en Anglois, Merlin ; en. Écoffe on appelle je mâle, Jack; en vieux François, Loyeire : en quelques provinces de France ,, Pafe- sie , Preneur de Paffe où Pafferets. — The Merlin. Britifch Zoology, pl, 4 12, — Frifch , rome FE pagt 89 ; à C vi 60. Æiflotre Naturelle d’une grofle grive, néanmoins on doit le regarder comme un oïfeau noble, & qui tient de plus près qu'un ‘autre à l'efpèce du faucon ; il en a le plu- mage {b ?, la forme & latitude: il a le même naturel, la même docilité, & tout autant d’ardeur & de courage : on peut en faire un bon oïifeau de chafle pour les alouettes, les caïlles, & même les perdrix qu'd prend & tranfporte, quoique beaucoup plus pefantes que fui; fouvent il les tue d'un feul coup, en les frappant de leftomac, fur la tête ou fur le cou. dé Cette petite efpèce, fi voifine d'ait- leurs de celle du faucon par le courage & le naturel ‘/c), reflemble néanmoins plus au hobreau par la figure, & encore lus au rochier; on le diftinguera ce- pendant du hobreau, en ce qu’il a les (b) Nora U reffemble en effet par les nuances & la diftribution des couleurs au faucon-fors. (c) Plufieurs Auteurs ayant fit la remarque de la conformité de l'émérillon avec le faucon, l'ont appelé perit faucon, falco, parvus merlinus, Schwenck- feld, Avi. S5l, pag. 349.— Falconellus, Reac. Aus Aifl, nat, Pol pag. 354 | “de l'Émérillot:s GE ailes beaucoup plus courtes, & qu’elles ne s'étendent pas à beaucoup près juf- u’à l'extrémitié de [a queue, au lieu que celles du hobreau s'étendent un peu au-delà de cette extrémité ; mais, comme nous l’avons déja fait fentir dans l’article précédent, fes reflemblances avec le rochier font fi grandes, tant. pour la groffeur & la longueur du corps, la forme du bec, des pieds & des ferres, les couleurs du plumage , là diftribution des taches, &c..,.... qu'on feroit très-bien fondé à regarder le rochier comme une variété de l’émérilon, ou du moins comme une efpèce {1 voifine, qu’on doit fufpendre fon jugement fur la diverfité de ces deux eipèces : au refte, l’émérillon s'éloigne de l’efpèce du faucon & de celle de tous les autres oïfeaux de proie, par un attribut qui le rapproche de Ia claffe commune des autres oifeaux; c’eft que le mâle & a femelle font dans l’émérillon de Fa même randeur, au lieu que dans tous les autres _ oifeaux de proie , le mâle eft bien plus | petit que fa femelle : cette fingularité ne tient donc point à leur manière de vivre, ve À jfloire Naturelle ni à rien de tout ce qui diftingue les | oifeaux de proie des autres oileaux ; elle | fembleroit d’abord appartenir à fa gran- deur, parce que dans les pie-grièches k qui font encore plus petites que les émé- rilions , le mâle & la femelle font auf de là même groffeur ; tandis que dans les aigles, les vautours, les gerfauts , fes autours, les faucons & les éperviers 3 le mâle eft d’un tiers ou d’un quart plus petit que la femelle. Après avoir ré- fléchi fur cette fingularité, & reconnu qu'elle ne pouvoit pas dépendre des. caufes générales , 7 ai recherché s’il n’y en avoit pas de particulières. auxquelles on püt attribuer cet effet; & j'ai trouvé en comparant Îles paflages de ceux qui ‘ont difféqué des oifeaux de proie, qu’il y a dans la plupart des femelles un double cæcumaflez gros & aflez étendu ; tandis que dans les mâles il n’y a qu’un cœcum, & quelquefois point du tout: cette différence de la conformation in- térieure, qui fe trouve toujours en plus dans les femelles que dans les mâles, peut être la vraie caufe phyfique de leur excès en grandeur. Je laïfle aux gens de V'É mérilons 46% qui s'occupent d’: anatomie à AA plus. exactement ce fait, qui {eul m'a paru propre à rendre bo de la fupériorité de grandeur de la femelle fur le mâle, dans prefque toutes Îles efpèces des. rands oïfeaux de proie, L'’émérillon vole bas, quoique très- vite & très-lécerement, il fréquente les. bois & les buiffons pour y faifir les petits. oïfeaux, & chafle feul fans être ac compagné de fa femelle; elle niche dans. les forets en montagnes , & produit. cinq ou fix petits. Mais mdépendamment de cet émé- rillon dont nous venons de donner Phif toire & la repréfentation , il exifte une autre efpèce d’émérillon mieux connue des Naturaliftes, dont M. Frifch à donné la figure { planche ep & qui a été décrit d'après nature par: M. Briflon, rome Î, page 282: cet émérillon diffère en let par un affez rand nombre de caractères de l’émé- _rillon des Fauconniers; il paroït même. approcher beaucoup plus de lefpèce de la crefferelle, du moins autant qu’il nous. eft permis d'en juger par I / 64 Hifloire Naturelle | repréfentation , n'ayant pu nous le pro- | curer en nature; mais ce qui femble appuyer notre conjecture, c’elt que les oïfeaux d'Amérique qui nous ont été envoyés fous les noms d’émérillon de Cayenne *, & émérillon de Saint- Domin- | gue P, ne nous paroiflent être que des | variétés d’une feule efpèce, & peut- | être lun de ces oifeaux n’eft-i que le mâle ou la femelle de lautre;: mais tous deux reflemblent fr fort à Tea rillon donné par M. Frifch, qu’on doit | les reoarder comme étant d’efpèces très- voifines ; & cet émérillon d'Europe, aufli-bien que ces émérillons d’Amé- rique dont les efpèces font fi voifines, paroïtront à tous ceux qui les confi- déreront attentivement beaucoup plus près de la crefferelle que de l'émérillon des Fauconniers : il fe peut donc que cette efpèce ait paflé d’un continent à autre: & en effet M. Linnæus fait nention des crefferelles en Suède, & ne dit pas que les émérillons s’y trou- | vent: ceci femble confirmer encore ! * Voyez les pie enluminées , n° 4444 b Jbidem, n° 465. de L'Émérillon., Ég motre opinion, que ce prétendu émé- Lrillon des Naturaliftes n’eft qu'une va- briété, ou tout au plus une efpèce très- voifime de celle de la creflerelle; on | pourroit même lui donner un nom par- ticulier , fr on vouloit la diftinguer, foit | de l’émérillon des Fauconniers, foit de a crefferelle, & ce nont feroit celui qu’on fui donne dans les iles Antilles. & L'émérillon, dit le P. du Tertre, que nos habitans appellent gry gry, « à caufe quen volant il jette un cri « qu'ils expriment par ces fyllabes gry « £ry, eft un autre petit oifeau de proie «c qui neft guère plus gros qu'une cc rive ; il a toutes les pluines de deffus « le dos & des aïles roufies , tachées ce de noir, & le deffous du ventre blanc, « moucheté d'hermine; if eft armé de ce bec & de griffes à proportion de fa « grandeur ; il ne fait la chafle qu'aux « petits lézards & aux fauterelles, &ee quelquefois aux petits poulets quand « _ ils font nouvellement éclos ; je leur en ai fait âcher plufieurs fois ,ajoute-til ; ce a poule fe défend contre lui & lui « l te Hifloire Naturelle , a de » donne la chafle; les habitans en mate | gent, mais i n'eft pas bien gras din: ti) La reffemblance du cri de cet émé: rillon du P. du Tertre /e), avec le cri | de notre crefferelle eft encore un autre | indice du voifinage de ces efpèces; & | il me paroit, qu’on peut conclure aflez | pofitivement que tous ces oifeaux donnés r les Naturaliftes , fous les noms d’é- par les Naturaliftes , fous les noms d'é mérillon d'Europe, émérillon de la Caroline ou de Cayenne, & émérillon de Saint- Doringue où des Antilles, ne font qu'une variété dans l’efpèce de la crefferelle à | laquelle on pourroit donner le nom de | gry gry pour la diftinguer de la crefle- | reile commune. … (d) Hiff, nat. des Antilles, par le Père du | : Tertre, tome 11, pagts 253 Ü 254. | (e) Nota. Le cri de la crefferelle eft pri pré, ce | qui approche beaucoup de #ry gry, qui eft le nom | qu'on donne aux Antilles à cet oïifeau à caufe de | fon cri. RÉ ES ae D TITRE TITI TRS ET TS Zom. I PL V; pag, 66! hé {/1'2 UD Dig U 1) 1 AH TUE pa Li il ! | ( ts ï (If ! nl ANT ANNE \ À NA NAN NN ANNE ES . EAU nl | Wu \} KE Nn AL \ f f L'EMFRILLION. | | | | LES PIE-GRIÈCHE SN L: ES oïfeaux, quoique petits, quoi- que délicats de corps & de membres, doivent néanmoins par leur courage, par leur large bec, fort & crochu; & _ par leur appétit pour la chair, être mis au rang des oiïfeaux de proie, même des plus fiers & des plus fanguinaires ; on eft toujours étonné de voir l’intré- pidité avec laquelle une petite pie- grièche combat contre les pies , Îes Corneilles , les crefferelles, tous oifeaux beaucoup plus grands & plus forts qu’elle; non-feulement elle combat pour fe défendre, mais fouvent elle attaque, & toujours avec avantage, fur - tout . lorfque le couple fe réunit pour éloigner de eurs petits les oïfeaux de rapine ; elles n’attendent pas qu ils approchent , il fuffit qu'ils paffent à leur portée, pour _ qu'elles aillent au-devant ; elles les atta- quent à grands cris , leur font des 68 Hifloire Naturelle bleffures cruelles, & les chaflent avee tant de fureur , qu'ils fuient fouvérit fans ofer revenir : & dans ce combat igégal contre d’aufir grands enneinis, il eft rare de les voir fuccomber fous la force , ou fe laiffer emporter; il arrive feulement qu’elles tombent quelquefois avec foifeau contre lequel elles fe font accrochées avec tarit d'acharnement, que : | le combat ne finit que par la chute & la mort de tous deux: auffi les oifeaux de proie les plus braves Îles refnectent; les milans, les bufes, les corbeaux pa- roïflent les craindre & les fuir plutôt que les chercher ; rien dans la Nature ne peint mieux la puiflance & les droits ! du courage, que de voir ce pelit oï- {eau qui n’eft guère plus gros qu’une | alouette, voler de pair avec les éperviers, les faucons & tous les autres tyrans de Vair, fans les redouter ; & chafier dans leur domaine, fans craindre d'en être. puni ; car quoique les pie-grièches fe , nourriflent comimunément d’infectes, elles aiment fa chair de préférence: elles | pourfuivent au vol tous les petits oi- feaux; on en a vu prendre des perdreaux \ _ des Pie-grièches. 69 & de jeunes fevreaux ; les grives, les merles, & les autres oifeaux pris au lacet ou au piége, deviennent leur proie la plus ordinaire ; elles les faififlent avec | les ongles, leur crèvent la tête avec le | bec, leur ferrent & déchiquètent ‘le | cou, & après les avoir étranglés ou | tués , elles les plument pour les manger, | Jes dépecer à leur aïe, & en emporter | dans leur nid les débris en lambeaux. … Le genre de ces oifeaux eft compoté | d’un affez grand nombre d’efpèces ; | mais nous pouvons réduire à trois prin- | Cipales ceux de notre climat, la pre- | imière eft celle de la pie-grièche grife, | Ja feconde celle de [a pie-orièche roufle, | & la troifième celle de la pie-grièche ap- | pelée vuloairement lécorcheur. Chacune de ces trois efpèces mérite une defcrip- | tion particulière, & contient quelques | variétés que nous allons indiquer. | & 7@ Fhfloire Naturelle L'A UNS PLE-GRIÈCHE GRISE (a). * Voyez la planche VI de ce volume. ; C ETTE Pie-grièche prife * eft très- commune dans nos provinces de France, fa) En Grec moderne, KoMveuwr ; en Latin; Lans; en Italien, Gaza fperviera, Falcomello, Oréflo, Caftrica, Verla, Srragazzina, Ragaygoia à en Savoie, /Montagaffe, Arneat ; en Bourgogne, | Pouchari ou Bouchari, mot qui vient de l’Anglois, Butcher, Butchery, qu'on prononce en François | Boutcher, Boutchery, Boucher, Boucherie ; en Alle- W mand, Thorn-Kretzer, Thorn- Tracer; Walx-he, Warkengel; Nun-moerder, Nun-toeder: en Polonois, d'Ziergba, Srrokos, Wiekfzy; en Suède, IYar- | fogel ; en Anglois, Bucherbird, Adder-bird, Ma- tagaffe — Lanius Cinereus. Gefner, Avi. pag. $79. Cum icone maris, — Collurio. Aldrov. Avi, tom. ÎÏ ," pas. 369. Cum icone fæminæ — Grande Pie-M orièche. Belon, Fliff mat, des Oifeaux, page 126 ;\ fg. page 127. — Cafirica palumbina. Olina ,N pag. at, avec une figure. — Grand Écorcheur | cendré. Aïbin, rome Î1, page 9, avec une figure coloriée, planche x111. — Lanius medius feu fecunduse M Pica mediæ magnitudinis, Frilch, rab. LX, Icones maris Ÿ famine. # Voyez les planches enluminées, n° 445 . de la Pie-grièche grife. 7x & paroït être naturelle à notre climat, car elle y pafle l’hiver & ne le quitte en aucun temps; elie habite les bois & les montagnes en été, & vient dans es plaines & près des habitations en hiver : elle fait fon nid fur les arbres les plus élevés des bois ou des terres en montagnes; ce nid eft compolé au dehors de moufle blanche entrelaflée d'herbes longues, & au dedans il eft bien doublé & tapiflé de laine; ordi- nairement il eft appuyé fur une branche à double & triple fourche; la femelie qui ne diffère pas du mâle par la grof- feur, mais feulement par a teinte des” couleurs plus claires que celles du mâle, pond ordinairement cinq ou fix & quel- quefois fept, ou même huit œufs gros comme ceux d'une prive ; elle nourrit {es petits de chenilles & d’autres _infectes dans les premiers jours, & bien- tôt elle leur fait manger de petits mor- ceaux de viande que leur père leur apporte avec un foin & une diffgence admirables ; bien différenie des autres oïifeaux de proie qui chaflent leurs petits avant qu'ils foient en état de fe pourvoir ne “Hifloire Naturelle | d'eux-mêmes, la pie- grièche garde & À foigne les fiens tout le temps du premier M No: à quand ils font adultes, elle les {oigne encore ; la famille ne de fépare pas, on les voit voler enfemble pendant m automne entier, & encore en hiver," fans qu'ils fe réuniflent en grandes Le troupes : chaque famille fait une petite bande à part, ordinairement compolée 4 du pére, de la mère & de cinq ou fix” petits , qui tous prennent un intérêt = commun à ce qui leur arrive, vivent en paix, & chaflent de concert, jufqu’à ce que le fentiment\ou le Die d'a- | mour, plus fort que tout autre fenti- ment, détruile les liens de cet attache- ou & enlève les enfans à leurs parens ; la famille ne fe fépare que pour en 1 former de nouvelles. À I eft aifé de reconnottre Îes pie- À] grièches de loin, non-feulement à caufe de cette petite troupe qu’elles forment ne le temps des nichées, mais encore w ee vol qui n’eft ni no ni oblique | à da même hauteur, & qui d fait tou- | jours de bas en haut, & de haut en “bas, alternativement & précipitimment; \ Où | dela Piegriëche grife 75 on peut aufli les reconnoître, fans les voir, à leur cri aigu érüui trôut, qu'on entend de fort loin, & qu'elles ne ceflent de répéter lorfqu'elles font per- chées au fommet des arbres. H y a dans cette première efpéèce, ‘variété pour la grandeur, & variété pour la couleur : nous avons au Cabinet une pie-grièche qui nous a été envoyée d'Italie, & qui ne diffère de la pie- grièche commune, que par une teinte de roux fur la poitrine & le ventre *; on en trouve d’abfolument blanches ‘dans les Alpes /2), & ces pie-orièches blanches, aufli-bien que celles qui ont une teinte de roux fur le ventre, font de la même grandeur que là pie-grièche grife, qui n’eft elle-même pas plus groffe que’le nauvis {c), autrement la grive- = * Voyez les planches enluminées, n° 32, figure ra (b) Lanius albus. Aldrov. Avi, tom, [, page 207. Cum icone. (c) Lanius méjorn Gefner, Ari. pag. $8r. Cum icone, — Fica cinerea feu lanius major. Fruch, tab, LIX, avec des figures coloriées du mäle & de | Ja: femelle. R Oifeaux, Tome II. D 7 74 = Hifloire Nails mauvielle (4); mais iks’en trouve d'a autres en ce & en Suifle qui font un peu plus grandes, & dont quelques Na- turaliftes ont voulu fire une efpèce par- ticulière, quoiqu'il n’y ait aucune autre différence entre ces oifeaux que cellé d'un peu plus de grandeur , ce qui pourroit bien penis de la nourriture, c’eft-3- dire, de l'abondance ou de ta difette des Pays di "ils habitent ; ainff la pie- grièche grife varie, même dans nos. climats d'Europe, par la grandeur & par les, coüleurs : on.ne doit donc pas être furpris f elle varie encore davantage dans des ‘climats plus loignés, tels que ceux de ? À mérique, de l DURE & des Indes : la pie- grièche grife de 1à Loui- fiane * , ef le même oïfeau que la pie- (a). Nora, Elle diffère de la nn: én ce. qu'elle eh plus grande & plus groffe, & en ce | qu elle a. les plumes fcapulaires &. les petites cou- vertures du deffus des ailes d’une/couleur rouffâtre : - mais comme elle reflembie par tout le refte à la pie- rgriécne commune, ces didérences , qui pelt- être ne font pas générales ni bien conflantes, ne. ‘nous paroifent pas fuffifantes pour établir une) elpece diftiméte & pare de la première. # Voyez les plancäes eulununées, n° 476, fig. 2e f BYA : fl de la Pie-grièche grife. 7 “3 | ee crie (? Europe, de laquelle el! paroiït repas aufli- -peu que la pie- rièche d'Italie; on n'y remaraqueroit _ même aucune différence bien fenfible * f elle n'étoit pas un peu pe petite & un peu plus foncée de couleur fur les parties fupérieures du corps. : La pie-grièche du cap de bonne- | RP (e), la pie-grièche grife du _ Sénégal? & a pie- grièche bleue de ® Voyez les planches enlaminées, LS 477, ROUTE Le hu) Noa C'eft à cette efpèce qu'on doit auffr nee Joieau des Indes orientales, que Îes Anglois qui fréquentent les côtes de Bengale ont appelé 126 N 0) { Vhorlose ou le cadran), & qui a été indiqué par Albin, rome LIL, page , avec des fioures coloriées du mâle (pl er & de a femelle (p?. XVII): « cette pie-crièche, dit-i}, _eft grande à peu près comme notre pis oricche « ge, avec le bec noir, les coms de la Pouce a jaunes, l'iris des yeux de-fa même couleur, les « \jaimbes & les pieds bruns: le mâle a la tête, L: cou, le dos , le croupion , les couvertures du « | déffus de la queue , les plunies fcapuldires, 14 | hgordé & la poitrine noires; le ventre, les COLÉS « & les couvertures du doit de l& queue blanches; « toutes les plumes dela quéue egà Es ca je \moirés en defflus & LD en deffoui: Étrell ie ne diffère du mâle qu'en ce que les couleurs ue a linoins foncées », À Hi Voyez, les planches cimiués, n° 207, fig. 4e D D iïj 176 Fifloire Naturelle Madagafcar *, font encore trois variétés | très- Re Pure de l'autre, & appar- ' _ tiennent également ? à l'efpèce commune. dela pie-pricche grife d'Europe; celle du Cap ne diffère de celle d’ Europe qu era É ce qu'elle a toutes les parties fupérieures du corps d’un brun-noirätre; celle du Sénégal les à d’un brun plus/clair, & | celle de Madagafcar a ces mêmes parties | d'un beau bleu; mais ces différences dans 4 couleur du plumage, tout le | reite étant égal & fembiable d’ailleurs, | ne fuffifent pas à beaucoup près pour | en faire des efpèces diftinctes & féparées ï de la pie-grièche commune. Nous. donnerons plufieurs exemples de chan- | gemens de couleur tout aufli grands dans d’autrés oifeaux, même dans notre climat; à plus forte raïfon, ces chan- emens doivent-ils arriver dans. des A A différens & aufli. éloignés les uns des autres : linfluence dela tempé- rature fe marque par des rapports que des gens attentifs ne doivent pes laifier! échapper; ; par exemple, nous trouvons ici que la pie - grièche étrangère quil # Ports planches énluninées, n° 8 Faure ré Vi 1 ND: N\ \ x \ NN AA A\ Ü \ KNLS a AU \\ ANS AAA VA al ii ? \ LA PIE-GRIECHE GRISE. a PNA ane ST DE rer er ue iN À 4 ROUE $ ar Fo el Fi e-griéche grile. _reffe emble {le plus à notre pie- TE. d’ltalie, eft celle de la Louifiane: or fa tem pérature de ces deux climats n’efë pas fort inépäle, & nous trouvons a . contraire que celle du Cap, du Sé- népal & de Madagafcar reffemble moins, parce que ces cihnats font en effet d’une à températ ure très- différente de celle _ d'Italie. Il en éft de même du climat Fa Ci enne, où la pie- grièche prend uñ … plumage varié ou rayé de longues _ taches Brunes * ; mais comme elle eft 4 la même grandeur que notre pie- {hi pce grile, & qu’elle lui refflemble 192 tous autres égards, nous avons CTrE “pouvoir la rapporter avec fondement à ä DT efpèce commune. ” Poe les planches enluminées, n° 297 78 Hiflore Naturelle A ‘PIE-GRIÈCHE ROUS SE la) gr Pie-grièche rouffe* eft un peu plus petite que la orife, & trés aifée à reconnoïtre par le roux qu’elle. a fur la tête, qui elt quelquefois rouge & ordinairement d’un roux vif; on peut aufii remarquer qu elle à les yeux d’un. gris. blanchôtre ou jaunätre; au lieu ques : ia pes grièche grie les a bruns ; elle | auffi fe “bec & les jambes plus AR le meurs de cette pie-grièche rouffel : efi à très-peu près ie méme que celui! (a) Callurionis primumn 8 gerus, AÏdrov, Ai. tome, Ï, ) pau, 309. Cam icone maris, — Écorcheur à vête! rouge. Albin, rome Î], page 10; avec une fisurek coloriée du male, planche XV r.... Petit Écorcheul i femelle, planche XV. — Pica minima; Laniusk minor feu tertius, Friich, rab, LXI, avec des figures coloriées du mâle & de la femelle. — Amplis “dorfo, grifeo maculä ad oculos dorgirudinali (foæmina). Linn.h Faun. Suec.tab. 2, n° 180. — Lanius rufus. Lan Ar ue rouffe. Bt come Î1, page 147: de mâle ; œ ne oi pou 1, à à finale de la Pie-grièche rouffe. 79 de la pie-orièche grile : toutes deux font … aufli turdiès, aufli méchantes l’une que Vautre; mais ce qui prouve que ce font néanmoins deux efpèces différentes, _c’eft que la première refte au pays toute l'année ; au lieu que celle-ci le quite en automne , & ne revient qu’au prin- temps ; la Eat le qui ne fe fépare pas à la fortie du nid, &' qui demeure tou- jours raffemblée, part vers le commen- cement de feptembre, fans fe réunir avec d’autres familles; & fans füre de longs vols: ces oifeaux ne vont que d'arbre en arbre, & ne volent pas de fuité, même dat le temps de leur dé- part; ils reflent pendant l'été dans nos campagnes, & font leur nid für quef- que arbre te au lieu que la pie- grèche grite hübite les bois dans cette même faifon, & ne vient guère dans nos plaines que quand fa pié-g -orièche rouffe cft partie : on prétend auf que de toutes les pie-grièches celle-ci eft la meilleure, ou, f1 lon veut, la feule qui foit bonne à Manger /b). (2) Lanius minor rutilus ad cibum aprior reliquis , delicarus à Jalubris Sch. Theriorrop. Sil pag. 292, lif So Æifloiré Narelle, &'c Le mâle & la femelle font à très. peu près de fa. même groffeur ; mais. ils diffèrent par. les couleurs affez pour paroîre des oïfeaux de différente ef- pèce: nous renvoyons fur. cela aux | planches eniuminées que nous venons de citer, & qu il fufñira de comparer pour le reconnoître; nous obferverons feulement au fujet. dé cette efpèce & de fa fuivante, appelée l'écorcheur . que ces oïfeaux font leur nid avec beaucoup d'art & de propreté, à peu près avec les mêmes matériaux qu'emploie la pie- grièche grife; la moufle & la laine y font fi bien entrelaflées avec les petites racines fouples, les herbes fines & longues, les. branches pliantes des petits Airuitess que cet-ouvrage paroît avoir été a, ils prhidiiiene ordinairement cinq ou fx œufs, & quelquefois da- vantage ; &.ces œufs dont le fond eff de couleur blanchâtre, font en tout ou en partie tachés de brun ou de fauve. à L AL ÉCORCHEUR (al. Voyez la planche VII u ce volume. Éeoien EUR eft un peu pe, petit que fa pie- grièche roufle, & lut reflemble affez Ps les. bn naiu— relles, comme eile il arrive au. pri temps, fait {on nid fur des arbres ou: même dans des buiffons en pleine cam- ns & non pas dans les Bo: part: * Fe les planches examinées, n.° ti ï , figure 25 né 475 figure 1e (a) Petite Pie - Ms crane Pie=- ancrouelle. Belon, Æif nat, des Oifeaux, page 1 2 8. & Prrraits d'O! eaux, page 27, redo, avec figure. Vins ail PAYvÉ Terrium, LEruSs Aïdrov. he tom. r page 390. Cum icone, .:. :Merilæ com genera 4 Idem., tom. Îl, pag. 625. Cum. alter& icone, — Amipelis doifo Cab maculé ad oculos lon girudinali, Linnæus , Fur. Suec, n° 180. Cüm' icone maris: non .accurgtés Nota; M, Linnæus s'efe trompé en prenant l'efpèce précédente & celle - ci: _ pour la femelle. & le: male de la. même efpèce.- — Petit Écorcheür. Albin, rome I], page 105: avec une figure coloriée, planche XIV 2... Colurise L'Écorchour.. Briflon ,. teme. I, Page J fl ne: B 2 Hifloire Na elle avec fa famille v vers le mois de feptembre, fe nourrit communément d’infectes, & fait aufir 11 guerre aux petits ES CE en forte qu’on ne peut trouver aucune différence éffentielle entr'eux, finon la grandeur , {a diftribution & ns nuances des couleurs, qui paroiffent être conf tämment différentes dans chacune de ces efpèces, tant celles du mäle que celles de la femelle ; néanmoins comme entre le mâle & la femelle de chacune de ces deux efpèces, il y a dans ce même caractère de 11 couleur encore plus de différence que d’une efpèce à a autre, on feroit très-bien fondé à ne les regarder que comme des variétés, &\ à. réunir fous la: même efpèce,, la pie-grièche roufle, l'écorcheur & l’é- corcheur varié (2), dont quelques Na- turakiftes ont. encore fait. une efpècé difinéte, & qui cependant pourroit bien être la femelle de celui dont il ft. ici queflion; : nous, D te {b) Coliisais parvi fecundum gerus. Ad rOv. Anis tom, |, pag. 390. Cum icone... . Collurio variuss VÉcorcheur: varié. Brion, tome /k; Page 154 ft à de famiras Jen, jbrdem ; pags F5 58. de T'Ecorcheur, 8 3 _ planches enluminées id en juger si li comparaifon. Au refte, ces deux éfpèces de piè- grièches avec leurs variétés, nichént dans nos climats, & fé trouvent en Suède commé en Francé; en forte qu elles ont pu pañer d'un continent à Fautre ; il‘eft donc à préfamer qué les efpèces étrangères de ce mêfñé genre, & qui : ont des S COUIEUTS rouflés, ne font . que des variétés de lécorcheur, d’auz tant qu'ayant l'ufage de pafier tous Îes ans d’un climat à l’autre, elles ont pu fe naturaliler dans des climats éloignés, encore plus aifément que la pie- -grièche pu refte conftamment dans notre pays. Rien ne prouve mieux Le pañage de ces oïleaux de notre pays dans des élimats plus chauds, pour y pafler l'hiver, que de les” retrouver au Sénégal Ta pie- | grièche roufie * ; nous a été envoyée par. M. Adanfon,; &c ft abfolument le miéine oïfeau: que otre) pie-grièche roufle d Europe; il mn en a une autre 4 "Po 2 Vaniches His Æ 7 k ure 2 , de idèm, Fe 479 | 3: L 5 D vj F2, 2ff08) eN aturelle | Sénéeal, & qui doit n'être regardée que comme une fimple. variété dans l'efpèce, puilqu’elle ne “différé des autres. que par la couleur de fa tête qu’elle a noire, & par un peu. plus de longueur de queue, ce qui ne fait pas à beau: coup près. uné)aflez grande différence | pour en, foniner une efpèce! ne &: féparée.., .. H'en eft: ie méme de l'oia ie: | nous avons appelé l'écorcheur* des Phi dippines. (c);.& encore de celle. que nous avons appelée pie grieche de: la) Voyez Se, planches énluminées, “tt 476, figure Le a 1. H'nou$ paroït.que ect oifeau eft lé même eue celui que M, Edwards a donné fous le nom de pie-grièche rauge ou rouffe huppér..«. Cet oifeu , | » dit-il, s'appelle Carack, dans le pays de Ben- ! » gale, &-diffère de nos pié-crièches par une huppe. | qu'il porte: fur la tête »; mais cette différence ef | bien: léoère, | car, cette huppe n’en: eft: pas : unes Ù cet feulement: cune difpofition. de plumes qui pa: | roiflent hérifléés. comme cellés du geailorfqu'i ct en colère, & que M:Edwards avoue lui même. | qu il n'a vue: que’ dans l'oifeau mort: en:forte | qu on ne.peut pas aflurer fi. ces plumes, navoient “| pas été redreffées par quelque froiffement avant ou | après la mort de loileau , ce qui eft bien différent dune buppe naturelle. La preuve, de ce que je. Viens” ‘dé Sté » Ceft qu'on, voit ie, POI ; en 27 CANARYS ÿ SD ET LL LE, sn ——, LE? \ 1 4 “LAN LES 4 AS LCL LAS LIL TLL CLLLLC CCS LL Nu ANS NN 4 ELLE LL. ALL de l'Ecorcheur: 8 Æouifiane *, qui nous ont été envoyées de ces deux climats fr éloignés l’un de: fautre, & qui néanmoins fe reflemblent | affez pour ne paroître que le même oifeau, & qui dans le réel, ne. font enfembie qu'une variété de notre écor- cheur, à R femelle duquel cette variété: reffermble prefqu’en. tout. … huppe fur la tête de la pie-grièche blinche & noire: de Surinam , dont le même M. Edwards a donné k fioure dans la première partie de fes Glanures * :- or nous avons cette efpèce au Cabinet du Roi, & il eft certain qu’elle n'a point de huppe ;. des- lors … nous ne péuvons nous empêècher-de préfumer que cette apparence de huppe, ou plutôt de plumes hériflées fur la:tète, qui-fe: trouve. dans ces deux … pie-grièches de. M, Edwards, ne foit une difpo- … fition accidentelle ou. momentanée, & qui proba- blement ne fe manifefte que quand l'oifeau eft enr colère ;.ainfr.nous perfifions à croire que cette pie- grièche de Bengalè n’eft qu'une variété de l’efpèce. _ de la pie-grièche rouffe ou de l'écorcheur d’Europes . *-Glanures d'Edwards, partiel, page ie ul. COX XV LS ?+ Voyez les planches enluminées, n° 307. 86 Hé Hole Natrele . OISEAUX ÉTRANGERS Qui ont rapport à la Pre- GRIÉÈCHE grife à à l'ÉCORCH EUR. ge à LE FINGAH. L: O ISE À U PA te aura si appelé à Bengale Fingeh , dont M. Edwards a donné la deferipuon {ous le nom de Pie-grièche des Îñdes, à queuë fourchue , qui eft certainement une ef- pèce Rérease de toutes les autres pie- grièches. Voicr à traduction de ce qué dit M. Edwards à ce fujet: fa forme \ di BÉESTTES" mouftachés où poils, qui en furmontent la Bafe, la° force des jambes m'ont déterminé à donner à cet oïifeau le nom de pie-grièche, quoique fa queue foit faite tout autrement que celle des pie- -grièches dont Îles plumes du milieu font les plus longues ; au lieu L des Oifeaux étrangers: 87 que dans celle-ci elles font beïucoup plus courtes que Îles plumes extérieures’; en forte que la queue paroît fourchue c'eft-à-dire, vide au milieu vers fon extrémité : I a le bec épais & fort, voûté en arc, à peu près comme celui de l'épervier, plus long à proportion de fa grofféur, & moins crochu, avec des narines aflez grandes; la Dale de la mandibule fupérieure eft environnée de. A poils roïdes. . .,.. La tête entière, le cou, le dos & les couvertures des ie font d’un noir brillant, avec un reflet de bleu, de pourpre & de vert, &' qui | fe et ou varie: fuivant l'incidence ln de la lumière. ..... La poitrine eft d’une couleur cendrée, fombre & noiï- Tâtre: tout le ventre, fes jambes & les couvertures du deffous de la sp font blanches ; les jambes, les pieds & les ongles font d’un brun noirâtre: je | doutois, ajoute M. Edwards, fi je de- “vois ranger cet oïifeau avec les pie: hgrièches ou avec Iles piès; car Il me |paroifioit également. voifin de chacun de ces deux genrés, & je penfe que | us deux pourroïent n'en fire qu'un, ne. Ji loire Na turelle:. les pies convenant en ‘beaucoup. de. choles avec les pie-orièches ; quoique « _ perfonne en Angleterre ne Fait remar- _qué, Il paroit qu ‘en France. on y a fait attention , & qu'on. a. obfervé cetie ae de nature dans ces deux oifeaux .. puifqu' on. les a. tous deux appelés pies (a). | 3 | (a) Edwards, Fif, nar. of birds, tom. 11. pag: j 6, planche LVI, avec une figure bien coloriécs Y'I. ROUGE-QUEUE: L’OISE AU des Indes Gtieroier: vi nique & décrit par Albin, fous le. nom de Rouge-queue de. Bengale left ! de la même grandeur que. la pie-grièche grile d'Europe:.le bec eft d’un cendréw brun; Piris des veux eft blanchätre » le, frac & le derrière de. la tête. noirs: il y a au-deflous des yeux. une tache. d'un rouge vif terminée de blanc, &" fur. le cou quatre taches noires en por-« ton. de. cercle; le deffus du cou, {es des Oifeaux étrangers. 8œ | dos, le croupion, les couvertures du | deflus de la queue, celles du deffous des ailes, & les plumes fcapulaires font | brunes; FA gorge, le deffus du cou, fa poitrine, le haut du ventre, les côtés | & les jambes font blanches; le bas du | ventre & les couvertures is deflous de la pre font rouges; la queue eft d’un brun chir; les pieds & les ongles : font PRQUES (b} | {b) Rouge-queue de Bengale. Albin, tome 117, page 24, planche LVI, avec une fiaure AT |— La Pie-grièche de Bengale. Briffon, rome. Lls. | La£e A7EeS | IIL. LANGRAIEN Et. TCHA-CHERT* LES oifeaux envoyés de Manille: & de Madagafcar, le premier fous le mon de £angraien, & le fecond. fous per les planches enluminées, n° 9, figure 13 Le Me 325, figure 20. su à \e 90 Fifioire Naturelle | celui de tcha-chert, que l'on à rapportés. | peutêtre mal-à-propos au genre desw, pie-grièches /c), parce qu'ils en diffs rent par un Caractère éflentiel, ayant les ailes, lorfqu’elles font pliées, aufir longues que la queue ; randis que toutes, | iés autres pie-crièches, ainfi que Îles oï-, feaux étrangers que nous y rappor-l terons, ont les aïles beaucoup plus, courtes à proportion, ce qui poufrof.| faire croire que ce font des oifeauxs d’un autre genre: néanmoins, comme celui de Madagafcar approche affez des| l’efpèce de notre pie-grièche grife ;. 4 cetie différence près de la longueur des#i alles, on pourroit le resarder comme faifant la nuance entre notre pie-grièches, & cet oïifeau de Manille, auquel il} reffemble encore plus qu’à notre pis grièche; & comme nous ne connoil-= {ons aucun genre d’oifeaux, auquel on puifle rapporter directement cet oifeau, de Manille, nous avons fuivi le fenti-. ment des autres Naturalifies, en lu donnant le nom de pie-grièche, auffi bien qu’à celui de Madagafcar ;: mais, | {c) Brifon, rome 1}, pages 180€ 19fs Al des Oifeaux étrangers 9% mous avons cru devoir ici marquer n0S _ doutes fur 1 jufteffe de cette dénon ni | nation. (#3 EVE RBÉCARDES* LES oifeaux envoyés dé Cayenne ; le premier, n° 204, fous le nom de Pie-grièche grile; & le fecond, fous celui de pie - grièche tachetée, qui font d’une efpèce différente de nos pie- grièches d’ Europe, & que nous avons cru devoir appeler Décardes, à caufe de la grofleur & de la longueur de leur + bec, qu'ils ont aufli de cui rOUDE ; ces Lee diffèrent encore de Hos | pie-grièches , en ce qu’elles ont la tête ‘toute noire, & habitude du corps plus épaifle & plus longue; mais d’ailleurs elles leur reflemblent plus qu’à tout autre oifeau. Au refte, lune nous paroït être le mâle & l'autre a femelle de Îa même efpèce, fur laquelle nous ob- ferverons qu'il fe trouve encore d’autres * Voyez les planches enluminées, n.% 304 à 377: 9 2 Hifloire Naturelle | eéfpèces femblables par la groffeur du à bec dans ce même climat de Cayenne & dans d’autres climats très-éloignés. + comme On va le voir dans les articles M fuivans. y Ÿ. BÉCARDE À VENTRE JAUNE. * b L'OISEAU envoyé de Cayenne, | fous le nom de Pie-orièche jaune , qui | _par fon long bec nous paroît être d’une efpèce aflez voifine. de la précédente, | & que, par cette raifon, nous avons | appelé Ia hécarde à ventre jaune, car ellesM ne diffèrent guère que par les couleurs: | les planches enluminées fuffront pourk les faire reconnoître & diftinguer je k ment l'une de fautre. Ps CR En # Voyez ls planches enluminées, n° nu MER —— " ad rdp sa gl Er — 1:44 des Oifeaux étrangers: 8 3 | 4 INF ET SR z VANCA oÙ BÉCARDE VENTRE BLANC. * M Péirés Go ik nom ie ir ; quoique différent par l'efpèce M pie- pre & de nos écor- e genre, a Réanmoins 5 plus de ra | avec ces oïifeaux qu'avec aucun es € eft pour cette raifon que nous ns nommé fur les planches enlu- ées , pie-grièche où écorcheur de Ma- afcar. Mais on pourroit à plus jufte le rapporter au genre des bécardes jont nous venons de parler , & lape r bétarde à “ventre blanc. | 94 Hifloire Naam ' V IL Dodo on envoyé de el par M. Poivre, fous lenom de Scher-bé, & dont l'efpèce nous paroit fi voifime | de la précédente, qu’on pourroit les, Sas toutes deux comme n'en fai, M ant qu une, fr .le climat. de: Gavenne) } n'étoit pas Ha éloigné qu'il et de. celui de Madagafcar. Nous avons : ap+ | pelé cet olfesu pie-grièche rouffe de Ma | dagaftar, par la même raïon que nous | ayons appelé le précédent pie- griéchel jaune de Cayenne; & 1 faut avouer que: cette pie- grièche roufle de Madagafcar, | appreche un peu plus que pere de: | Cayenne de nos pie- grièches. d'Éu- | Pas parce qu'elle a Le bé plus court; | jar conféquent différent de celui de | nos pie- grièches & Europe; au refte, | ces deux efpèces étrangéres font plus | voifmes l’une de autre, que de nos | pie-grièches d'Europe. | »: * Voyez les planches enluminées, n° 208, fr Foure 2 2i Î des Oifeaux érangers 95 UATT ‘#4 TCHA-CHERT-BÉ.* L’OISEAU envoyé de Madagafcar par M. Poivre, fous le nom de 7%ha- chert-hé, & que nous avons nommé au bas de nos planches eniuminées, orande . pie-grièche verdätre & qui ne nous | paroit, être qu’une efpèce très-voifine, ou même une variété d'âge ou de fexe dans Pef pèce précédente, dont elle ne ère guère que parce qu'elle a le bec un peu plus court .& moms crochu, & les couleurs un peu différemment diflribuées. Au relle, ces cinq oïfeaux étrangers & à gros ne : favoir, ‘la pie- “grièche grife & a pie-grièche jaune de “Gayenne, la pie - grièche roufle, Pé- | corcheur & la pie- grièche vérdlâtre de Madagalcur, pourroient bien faire un 1 genre à part auquel nous avons os le nom de bécardes, à caufe de- Fr grandeur & de fa grofleur de leur “bec. parce que dans le réel, tons ces (ii % Voyez les planches enbuminées, n° 374, à 4% s6 Hifoire Naturelle | -oifeaux différent aflez des pie- grièches | pour devoir en être féparés. | | CL E GONOLEK*. ST OISEAU qui nous a été sl -du Sénégal par M. Adanfon fous le! nom de Pie-grièche rouge du Sénépal, | & que les Nègres, dit-il, appellent _gonolek, c’eft-à-dire, mangeur d’ intectes, | C'eft un oifeau remarquable par les | couleurs vives dont il eft peint; il eft à très-peu près de la même grandeur que la pie-grièche d'Europe, & n'en. diffère, pour ainfi dire, que par les couleurs, qui néanmoins fuivent dans leur diftribution à peu près le même. ordre. que fur la pie-srièche grife d’'Eur rope ; mais comme le couleurs en elles! mêmes, fonttrès-différentes, nous avons: cru devoir regarder cet biens comme étant d’une efpèce différente. # Voyez les planches euliminées, he. 56. des Oifeaux etrangers, 97 Le CALICALIC Er 1e BRUIA. L’OISEAU envoyé de Madagafcar par M. Poivre , tant le mâle que Ia femelle , le premier fous le nom de Culi-calic, & le fecond fous celui de Bruia, que lon peut rapporter au genre de notre écorcheur d'Europe, à caufe de fa petitefle ; mais qui du refte en diffère aflez pour être regardé comme un ojifeau d’efpèce différente. on \L PJEGRIÈCHE HUPPÉE, L’OISEAU envoyé du Canada fous Me nom de Pie- grièche huppée, & qui porte en effet, fur le fommet de la tête, une huppe molle & de plumes Jon- Meuettes qui retombent en arrière; mais “qui du refte eft une vraie pie-grièche,. Hi 2 | se ° © * Voyez les planches enlununcées, n° 290, fie. 1, Me mile; & fig. 2, la femelle. Fo D Voyez les planches enluminées, n° 475, fig, 24 Oifeaux, Tome IL. E r 98 Bifloire Naturelle, ec. Li & affez femblable à notre pie- erièche roufle par la difpofition des couleurs, | pour qu'on puifie la regarder conune ‘ane efpèce voie , qui n’en diffère ! guère que par les caraétères de cette | huppe & du bec qui ef un peus plus gros. | RE RETE LES OISEAUX DE PROIE NOCTURNES. L E S yeux de ces oifeaux font d’une fenfibilité f1 grande, qu'ils paroiffent être éblouis par la clarté du jour, & entièrement offufqués par les rayons du "{oleil : il leur faut une lunuère plus douce, telle que celle de Paurore naif- * fante ou du crépufcule tombant; c’eft alors qu’ils fortent de leurs retraites pour chafler, ou plutôt pour chercher leur … proie, & ils font cette quête avec grand . avantage ; Car ils trouvent dans ce temps n les autres oifeaux & les petits animaux endormis, ou prêts à l'être: les muits où la lune brille font pour eux les mubeaux jours , les jours de plaifir, les “jours d’abondance, pendant lefquels ils chaffent plufieurs heures de fuite, & fe pourvoient d'amples provifions : les Ei 400 ÆHifloire Naturelle nuits où la lune fait défaut font beau: ! COUP moins heureufes ; ils n’ont guère | qu'une heure le foir & une heure le | maün pour chercher leur fubfiftance; | car il ne faut | pas croire que la vue de | ces oifeaux qui s exerce ft parfaitement | à une foible lumière, puifle fe. pañler | de toute lumière, & qu’elle perce en ! effet dans neue la plus profonde; dès que la nuit eft bien clofe, ils ceflent \ de voir, & ne diffèrent pas à cet égard È des autres animaux , tels que les lièvres, à les loups, les ere , qui fortent le foir } des bois pour repaître ou chaffer pen- Ml dant fa nuit: feulement ces animaux : voient encore mieux le jour que la nuit; au lieu que la vue des oifeaux | nocturnes eft fi fort offufquée pendant | le jour, qu ‘ils font obligés de fe tenir L dans le même lieu fans bouger, & | que quand on les force à en fortir, ils ne peuvent faire que de très-petites } courfes, des vols courts & Îents, de: peur de fe heurter; Îes autres oifeaux { qui s ’aperçoivent de leur crainte ou de h 11 gène de leur fituation, viennent à | d'envi les infulter : les mézanges, les des Oifeaux de proie nodturnes. vo “pinçons, les rouge-gorges , les merles, “les geais, les grives, &c. arrivent à a file: fl'oifeau de nuit perché fur une branche , immobile, étonné , entend leurs mouvemens, leurs cris qui redou- … blent fans cefle, parce qu'il n’y répond que par des gefes bas, en tournant fa tête , fes yeux & fon corps d’un air ridicule ; il fe laifle même afläillir & frapper, fans fe défendre ; les plus petits, les plus foibles de fes ennemis ont les plus ardens à le tourinenter, les plus opiniâtres à le huer: c'eft fur cette efpèce de jeu de moquerie ou .d'antipathie naturelle, qu’'eft fondé le peut art de fa pipée; dl fuffit de placer un oileau nocturne, où même d'en con- trefaire [a voix, pour fäire arriver les oileaux à l'endroit où lon a tendu Îles gluaux /a/: il faut s'y prendre une heure avant la fn: dx jour , pour que {a) Nora Cette efpèce de chaffe étoit connue bdes Anciens; car Ariftote l'indique clairement dans Mes termes fuivans: Die careræ aricule omnes noc- Mruant circumolant , quod mirari vocatur , advolantef- que percutiunr, Qua proprér eä conféivara avicularunt dgtnera &T variz mulra capiunt, Hi, anim. Ib. { ; Cape I (] ke } is 1h 102 :, Fifloire Natrell@r ) 0m cette chafle foit heureufe; € car ft l’on attend plus tard, ces mêmes petits OÏ- feaux qui viennent pendant le jour pro- voquer l’oifeau de nuit, avec autant d’au- dace que d’opiniätreté, le fuient &rle | redoutent dès que l’'obfcurité lui permet ! de fe mettre en. mouvement, & de dé : pioyer les facultés. Tout cela doit néanmoins s'entendre: | avec certaines reftrictions qu'ikeft bon d'indiquer, 1.° toutes fes’ efpèces de hiboux & de chouettes, ne:font pas | également Hours par la lumière du jour ; le grand duc voir aflez chair pour | voler & fuir à d ri grandes diftances £n piein jour; la chevêche, ou Îa plus /pctte efpèce de chouettes chafle, pour | fuit & prend des perits chea # long ; temps avant le coucher & après le lever: du foleil. Les Voyageurs nous aflurent que le grand duc ou hibou de PA mé- rique feptentri lonaie un) prend les gé- À linottes blanches en plein jour, & même lorfaue la neige en augmente encore la lumière : Belon dit très-bien dans lon! "AN Voyage dé la baie de Hudfon, rome 1, page 6 4 | (e Oifeanx de proie noéhuines 107 vieu langage c), que quiconque prend: a | garde à la vue de ces oifeaux , ne la trou- Vérd pas fi imbécille ju'on là crie ; 24 paroit que le hibou EE ou moyel uC 5 plus mai que le fCops ou petit duc, & que c’eit de tous les hiboux Riu qui eft Le plus offufqué par la lu- mière du jour, comme Îé font auflr le Chat-huant, l’effraie & [a huloite; car on voit les. is s’attrouper égale nent pour ies infuiter à la : pipe ; mails Avent de donner les faits qui ont rapport à chique efsèce en particulier, il faut ent prélen ter les diftinétions générales. es On peut divifer en deux genres pDrin- Cipaux pu oitexux de Li nocturnes , le genre du hibou . celui de fa dues, qui contiénnent Chacün. _plufieurs el- pèces différentes ; le caractère diftinétif de ces deux genres, c’eift que tous les hibsux ont deux aigrettes de plumes en (c) Bclon, Hiff. nat: des Oifcaux, page 1334 Noa: C'eft en effit avec cette reflriction qu'on doit entendre ce que difeut à cet égird la plupart des Écrivains, & entrautres Schwenck{eld: Mon perfpica:iffimé videntes, di ctcuientes, Theriotrops pe Page 3 08. Ed -‘ro4 Hifioire Naturelle forme d'oreilles , droites de chaque côté. de Ia tête /d), tandis que les chouettes || ont la 1ête arrondie fans aîgrettes & fans aucunes plumes proéminentes fe); nous réduirons à trois Îles efpèces contenues dans le genre du hibou, Ces trois efpèces | font 1.” fe duc ou grand, duc, 22167 hibou ou moyen duc, 3.° le fcops ou | petit duc; mais nous ne pouyons 1é=. duire à moins de cinq les efpèces du genre de la chouette, & ces efpèces font, 1.° ln hulotte ou huette, 2.° [e chat- huant, 3.° l’effraie ou freffaie ,. 4. MR chouette où grande chevéche , | $. ia cneveche ou peilie chouette : | ‘ces huit efpèces fe trouvent toutes en {d) Norn, Ces oifeaux peuvent remuer & faire baiflér ou élever ces aigrettes de plumes à volonré. : fe) HU paroït que Pline avoit remarqué cette | différence générique, lorfauil dit: Pennarorum anis malun bubeni tantum à oto plumeæ rvelut aures, Lib, XI, cap. 37. Et ailleurs: Oris Bubone minor ef, notuis major, auribus plumeis eminentibus , unde à à nomen alt; quan latiné afinem vecant. Lib. x, 0 cap. 23. Mots Qu'il y a trois efpèces de hiboux qui ont en effet des aïgrettes de plumes, & que ces trois efpèces font le grand duc, bubo ; le moyen duc, otus; & le petit duc, afo, que Pline con- À fond avec l'orus des Oifeaux de proie nolurnes, 105$ Europe & mêmeen France; quelques unes ont des variétés qui paroiffent dé- pendre de la différence des climats ; d’autres ont des repréfentans dans le nouveau continent; la plupart des hi- boux & des choueties de PAmérique ne diffèrent pas affez de celles de PEu- rope, pour qu'on ne puifle leur fup= poler une même origine. | | Ariflote fuit mention de douze ef èces d’oifeaux qui voient. dans l’obf- urité, & volent pendant la nuit; & comme dans ces douze efpèces il com- prend lorfraie & le tette-chévre ow crapaud volant, fous les noms de phinis & d’œgotilas ; & trois autres fous les noms de capriceps ,, de chalcis & de charadrios, qui font du nombre des _ oifeaux pêcheurs & habitans des marais . ou des-rives dés eaux & des torrens; ik _ paroït qu'il a réduit à fept efpèces tous. | les hiboux & toutes les chouettes qui : étoient connus en Grèce de fon temps: be hibou où moyen duc qu'il appelle Qc, otus, précède & conduit, dit-if,. ls cailles , lorfqu'elles partent pour Y 106 Fifloire Naturelle changer de climat (f); & c'eft par cette raifon qu’on appelle cet oïfea ï dux ou duc ; létymologie me pros fûre, mais le fait eft plus qu'incertain » | il eft vrai que les caïlles qui, lorfqw’elles | partent en automne, font furchargées de graille, ne volent guère que la nuit, | & qu'elles fe repofent pendant le jour | à l'ombre pour éviter la chaleur, ë&! | que par conféquent on à pu s aperce- voir que le hibou accompagnoit où | précédoit quelquefois ces: troupes de ! Cailles ; mais il ne paroit par aucune i obfervation, par aucun témoignage bien | conftaté, que le hibou foit comme la caille un oïfeau de paffage ; le feul fait | que j'aie trouvé dans Îles Voyageurs "ia qui aille à l’appui de cette opinion, eft ; dans la Préface de l’Hiftoire Naturelle. de Ia Caroline, par Catefby ; ül die « qu él vingt-fix degrés de latitude nord, ! » à peu prés entre Îes deux continens 1 / f) Cum coturnices adeunt hca , fine Acta 1 pergunt ; at cum inc abeunt, ducibus lingulaca, ot | € matrice profii CHU. Arift. di fée ani lib. VHy À Le D Pas des Oifeaux de proie nodlurnes. +07 d'Afrique & d'Amérique, c’eft-à-dire, ce a fix cents lieues environ de lun & «e de l'autre, 1h vie en aMant à da Ca- roline un hibou au-deflus du vaifleau « Où il étoit, ce qui le furprit d’autant « plus que ces oïjeaux ayant les ailes ce courtes , ne peuvent voler fort loin, ce & font aifément laflés par les enfans, ce ce qui arrive tout au plus à la troi- « fième volée; il ajoute que ce hibou ce difparoît après avoir fait des tentatives ce pour fe repofer fur le vaifieau /g)». On peut dire en faveur du fait, que tous les hiboux & toutes les chouettes n’ont pas les ailes courtes, puifque dans la plupart de ces oifeaux elles s’étendent au-delà de l'extrémité de la queue, & qu'il n'y a que le grand duc & Île cop, ou petit duc, dont les ailes, lorfqu’elles font pliées, n'arrivent pas jufqu’au bout de la queue; d’ailleurs on voit, ou. plutôt on entend tous ces oifeaux faire d’aflez longs vols en criant ; dès-lors il femble que {a puiffance de voler au loin {g) Hiff. nat. de la Caroline, par M. Catefby, Préface, page 71 | | E vj | KA O8 Hifloire Naturelle pendant a nuit leur appartient aufli- bien qu'aux autres ; mais que n'ayant | pas d’auffi bons yeux, & ne voyant | pas de loin, ils ne peuvent fe foriner un tableau d’une grande étendue de pays, & que c ’eft par cette raifon qu'ils | n'ont pas, comme Îa plupart des autres oïfeaux , l’inftinét des migrations , qui fuppole ce tableau pour je déterminer. | à faure de grands Voyages ; quoi qu’il en : foit , il paroît qu ‘en général nos hiboux & as chouettes font aflez fédentaires : on m'en a apporté de prefque toutes | les efpèces, non-feulement en été, au printemps, en automne, mais noie dans les Lemps les plus rigoureux de l'hiver; il n’y a que le /cops où petit duc qui ne fe trouve pas dans cette faifon ; & j'ai été en effet informé que cette petiie efpèce de hibou part en automne, & arrive au printemps ; ainf | ce feroit plutôt au petit duc qu’au moyen duc qu’on pourroit attribuer fai fonction de conduire les caïlles : mais encore une fois ce fait n’eft pas prouvé 2 À & de même je ne fais pas fur quoi peut | être fondé un autre fait avancé par! se Le des Oifeaux de proie nodturnes. 109 Ariftote, qui dit que le chat - huant_ laux, noëlua, felon fon interprète 1 (h), fe cache pendant quelques jours # fuite ; car on m'en a apporté dûns Îa plus mauvaife faifon de l’année, qu'on avoit pris dans les bois; & fi l’on prétendoit que le mot aus » AnoCua , indique i ici l’effraie, le fait feroit encore moins vrai; car à l'exception des foirées très-fombres & pluvieules, on lentend tous les jours de l’année fouffler & crier à l'heure du crépufcule. Les douze oïfeaux de nuit, indiqués | par Ariflote ; font : byas » Oi0S, Jcepss. ss fic É Me phinis, ægotilas, eleos , nydicorax, 8 9 EO TE ce , glaux; charadrios, chalcis, Æægocephalos , traduits en latin par Théo- dore Gaza. 2 3 4 | Bubo » otus, afio, offifraga, ca- # , s HE k k primulous, aluco, ne e ulula, nolua, ulula , (h) Paucis. quibufdam dicbus (glaux) nodlua laver] | Arift. Hiff, anim, lib, VII, cap. 16, ER IIo ie Naturelle 12% | charadrius, chalcis y capriceps; j'ai cru devoir interpréter en françois lés neuf, premiers comme il fuit: Le duc ou grand duc , le hibou où ! moyen duc , ï petit duc, l'orfraie > le do - chèvre du Me volant , efrae ‘| ch freffaie a Eulorte , la chouette où a. | grande chevéche, le ch OIRE Tous les Naturaliftes & les Litté- | : rateurs conviendront aifément avec moi, 1.” que le byas des Grecs, bubo desb, Latins, eft notre duc ou grand duc ; .. 2.° que lotos des Grecs, otus des La- tins , eft notre hibou ou moyen duc; | 3. que le Jcops des Grecs, afo des La- ins , eft notre petit dues ; 4. que LR phinis des Grecs, offifraga des Latins , ® elt notre orfraie ou grand aigle de mer; <. que l’ægotilas des Grecs, caprimulgus des Latins, eft notre tette-chèvre ou, crapaud volant; 6.° que l’e/eos des Grecs, | aluco des Latins, eft notre effraie ou, frefaie ; mais is me demanderont en 1 î des Oifeaux de proie nodurnes, 114) Même temps par quelle raïifon je pré- tends que le glaux elt notre chat-huant, le nyclicorax notre hulotte, & Pægoios notre chouette ou grande chevêche; tandis que tous les Interprètes & tous les Naturaliftes qui m'ont précédé ont attribué le nom ægolios à la hulott, & qu'ils font forcés d’avouer qu’ils ne favent à quel oifeau rapporter celui de nycticorax , non plus que ceux du cha- radrios , du chalcis & du capriceps, & qu on ignore € abfolument quels peuvent _être les oïfeaux défignés par ces noms; & enfin is me reprocheront que c’eft mal-à-propos que je tranfporte aujour- d'hui le nom de glaux au chat-huant, tandis qu'il appartient de tout temps, c'eft- -à-dire, du confentement de tous ceux qui m'ont précédé , à la chouette ‘ou grande chevêche , & même à Ia petite chouette ou aheyéthe Maui dite, comme à Îa grande. Je vais leur expofer les raifons qui m'ont déterminé, & je les crois afiez fondées pour les fatisfaire , & pour éclaircir lobfcurité qui réfulte de ieurs doutes & de leurs fauffes interprétations. 112 Hifloire Naturelle | De tous les oïfeaux de. nuit dont nous | avans fait l’'énumération, le chat- huant M eft le feul qui ait les yeux bleuâtres, & | la hulotte la feule qui les ait noiratres ;, | tous les autres ont l'iris des yeux d’un: | jaune couleur d’or, ou du moins cou- ! leur de fafran. Or les Grecs dont j'ai | fouvent admiré la juftefle de difcerne- ! ment & la précifion des idées, par les | noms. qu'ils. ont impofés aux objets de | la Nature, & qui font toujours relatifs. M à leurs caractères diftindifs & frappans, | n’auroient eu aucune raifon de donner | le nom glaux {glaucus) vert de mer ou & bleuâtre , à ceux de ces oïifeaux qui n’ont rien de bleuätre, & dontles yeux ! font noirs ou orangés ou jaunes; & ils auront avec fondement impofé ce nom M à l’efpèce de ces oïifeaux, qui parmiM toutes les autres, eft la feule en effes | qui ait les yeux de cette couleur bleu | âtre ; de même ils n’auroient pas appelé & ny“ticorax . .c’eft-à-dire , corbeau de nuit, | des oïfeaux qui ayant les yeux jaunes | ou bleus, & le pluniage blanc ou gris. | n'ont aucun rapport au corbeau, & ils M auront donné avec jufte raifon:ce nom | des Oifeaux de proie nodurnes. 113 à Ja hulotte, aui eft la feule de tous ces oifeaux nocturnes, qui ait les yeux irs & le plumage aufii prefque noir, qui de pius approche du corbeau plus qu'aucun autre par fa groffeur. _ Îl y a encore une ralfon de conve- ance qui ajoute à la vraifemblance de ion interprétation, c'elt que le nyc- corax chez les Grecs, & même chez Hébreux , étoit un oiïfeau commun & connu, puifqu’ils en empruntoient des Comparailons ( ficut nycficorax in demi- “Gilio ); il ne faut pas s’imaginer, comme rolent la nlunart de ces Litérateurs, e ce fût un oifeau fi foflitaire & fi re, qu'on ne puille aujourd’hui en trouver l'efpèce: la hulotte eft par- ut aflez commune; c’eft de toutes les iouettes la plus grofie, [a plus noire a plus fembiable au corbeau : toutes les autres efpèces en font abfolument différentes; je crois donc que cette ob- Érvation , tirée de la chofe même, doit Woir plus de poids que l'autorité de ces MCommentateurs, qui ne connoiffent pas allez la Nature, pour en bien inter- 1! 1 à 114 Hiflore Narwrelle Ofle glaux étant le chat-huant, ou fi Fon veut, la chouette aux yeux bleuâtres , & %e nycicorax étant à hu- lotte ou chouette aux yeux noirs, læ- golios ne peut être autre que la chouette aux yeux jaunes; ceci mérite encore quelque difcuffion. | Théodore Gaza traduit le mot se ticorax , d'abord par cicuma , enfuite & par ululä, & enfin par cicunia; €ette dernière ] inter prétation n'eft vraifembla- # blement qu’une fauté des Copiftes, qui & de cicuma ont fat cicunia ; car Feftus avarit Gaza, avoit épaenent taduit nyClicorax par cicuma, & Ifidore par ce- cumd , & quelques autres par cecua : C'eft Hiérne à ces noins Li on pourroit rap porter l’'ét tymologie des mots zurta en| italien, chouette en françois: fi Gaza eût fait attention aux caractères du 1) diccrax, il s’en feroit ie à fa feconde i interpré- | tation uhula, & il n’eüt pas fait double, emploi de ce terme, car il eût alors tra- | duit ægolios par cicuma ; iime paroît donc! par cet examen COINS de ces différens objets & par ces raifons critiques, quel le glaux efl le chat-huant, le nyéticorax, des Oifraux de prote "A « ITS ch hulotie ; & l’ægolios la chouctte ou grande chevêche. rh ni refte le caradrios, le chalcis & le Capriceps. Gaza ne leur donne point de NUQUE latins particuliers; & fe contente ile copier le mot grec, & de les indi- uér par AIT chalcis & capriceps : ucomimne ces oifeaux font d’un genre ! différent oc ceux dont nous e : dé nous Rent) ca pas ici plus amp mention : nous nous référvons den arler lor{qu'il fera queftion des cifcaux êcheurs, parmi lefquels ii ya, comme dans les oïfeaux de proie, des “pe qui ne voient pas en pendant le jou “& qui ne sets ce dans Île temps Où les hiboux & les chouettes chafient, c'et-a-dire, lorfque là fumière du jour e les ofFufa 1e plus: en nous renfer- ant donc dans le fujet que nous trai- s, & ne confidérant à.préflent que 5 olfeaux du genre des hiboux & des ouettes, je crois avoir donné Îa jufte Interprétation des mots grecs qui ie défignent tous ; Hrya que h fl 116 Æifloire Narurelle chevêche ou petite chouette dont je ne | trouve pas le nom dans cette langue. w Ariftote n'en fait aucune mention nulle part, & il y a grande apparence qu'il | n'a pas difiingué cette petite efpèce de chouette de celle du /cops, ou petit due, jarce awelles fe reflemblent en effet Pi q par la grandeur, la forme, là couleur. des yeux, & qu’elles ne différent eflen- tellement que par la petite plume pro= | éminente que le fcops porte de chaque ! côté de la tête, & dont la chevêche ow.. petite chouette eft dénuée: mais toutes Lars différences particulières feront ex. pofées plus au long dans les articles: fuivans. Aldrovande remarque avec raifon , | que la plupart des erreurs en Hiftoire : Naturelle, font venues de la confufon.. des noms, & que dans celle des oïfeaux. noéturnes, on trouve l'obfcurité & les. ténèbres de la nuit; je crois que ce que | nous venons de dire pourra les diffrper | en grande partie : nous 1jouterons, pour | achever d’éclaircir cette matière, quel ques autres remarques ; le nom. A euléi | en Allemand; owl, houlet en Angloiss, Me a des Oifeaux de proie no“urues. x 17 huette, hulotte en François, vient du Latin wlula, & celui-ci vient du cri de ces oïifeaux nocturnes de fa grande ef- pèce; il eft très- -vraifemblabie , comme le dit M. Frifch, qu'on n Po abord nommé ainfi que les grandes efpèces de chouettes, mais que ies petites leur reflembiant par la forme & par le na- turel, on leur a donné le même nom, qui de lors eft devenu un nom général & commun à tous ces ojlfeaux ; de - {à da confufion à laquelle on n’a qu impar- faitement remédié, en ajoutant à ce nom général une épithète prife du lieu de leur demeure ou de leur forme particulière , ou de leurs différens cris; par exemple, in- eule en Allemand, chouette des rochers , qui eft notre chouette ou grande - -chevêche; kirch- eule en Aïlle- and : , churchowl en Anglois, chouette ldes églifes ou des clochers en François, qui eft notre effraie, qu'on a aufir ap- pelé /chleyer-eule , chouette voilée Per leule, chouette perlée ou marquée de |petites taches rondes ; orh-eule en Alle- limand , Aorn-owl en Anglois, choueite ou 16 Hifloire Naturelle notre hibou ou moyen duc : knapp-cule, | chouette qui fait avec fon bee lie bruit. que l’on fait en cafiant une noïfette, ce qui néanmoins ne peut défigner RE efpèce particuliére puifque toutes les | grofies cipèces de hiboux & de chouettes font ce même bruit avec leur bec; Îe nom pubo, que les Latins ont donné à, la plus grande efpèce de hibou, c'eft-. a-dire au grand duc, vient du rapport de fon criavec le mugiffement du bœuf; ! & les Allemands ont défigné le nom de. Janimal par le cri même, ww / ouhow)s. puhu ( pouhou |. “Les trois efpèces de hiboux & les cinq efpèces de chouettes que nous venons d'indiquer par des dénomina- tions préciles, & par des caractères aufli précis, compofent le genre entier des oifeaux de proie nocturnes; ils diffèrent des oïfeaux de proie dires, 1.° Par le fens de la vue ; qui eft excellent dans ceux-ci, & qui paroit fort obtus dans ceux-là, parce qu'il eft trop fenfible &c trop affecté de l'éclat de la fumière : on voit leur pupille, qui eft très-large, {e étrécir au grand jour d’une maniesie des Oifeaux de proie no@urues. x x ) -différente de celle des chats: Ia pupille _ des oifeaux de nuit refte toujours ronde _en fe rétréciffant Concentriquement ; au _ lieu que celle des chats devient perpen- … diculairement étroite & longue. 2.° Par le fens de louïe , il paroît que ces oi- feaux de proie noflurnes ont ce fens fupérieur à tous les autres oifeaux, & _ peut-être même à tous Jes animaux : car ils ont, toute proportion gardée, les conques des oreilles bien plus grandes qu'aucun des animaux ; il y a auifi plus d'appareil & de mouvement dans cet organe, qu'ils font maîtres de fermer & d'ouvrir à volonté, ce qui n'eft donné | à aucun animal, 3.° Par le bec dont Îa Mbafe n'eft pas comme dans les oifeaux | de proie diurnes, couverte d’une peau | life & nue, inais eft au contraire garnie de plumes tournées en devant: & de plus ils ont Le bec court & mobile dans | fes deux parties comme le bec des per- Wroquers /4/, & c’eft par la facilité dé ces |, (4) Urrumque roffrum five mandibulæ ame mobiles Lin: infignefque fiperiort mufeuk ab utréque parte durs | qui illud remaveant adducantque ad itferius roflrum re- Qnéclus adductorum alrey in uno latere ab OCCIPIE Veniens 120 Æifloire Naturelle, rc. deux mouvemens, qu'ils font fr fouvent craquer leur bec, & qu'ils peuvent : aufi l'ouvrir aflez pour prendre de très. gros” morceaux que leur gofier aufli ampie ,” auffi large que l’ouverture de leur bec bi. leur permet d’avaler tout entiers. 4.° Par. les ferres dont ils ont un doigt antérieur de mobile , & qu ils peuvent à volonté . retourner en arrière, ce qui leur donne. plus de fermeté & de facilité qu'aux. autres pour fe tenir perchés fur un feul. pied. 5.” Par leur vol qui fe fait en. culbutant lorfqu'’ils fortent de leur trou ,” & toujours de travers & fans aucuns bruit , comme fi le vent les emportoit # ce font-là les différences générales entre ces olfeaux de proie nocturnes, & les’ oïfeaux de proie diurnes, qui, comme. on voit, n’ont pour ainfi dire rien de. Embabte que leurs armes, rien de com" mun que leur appétit pour la chair & eur goût pour la rapine. ù ten dinos4 expanfione in Fr definir, Klein, de Aribé Pas. j4e. AGE * r te mis 4 Æ “ *LE DUC (4) & 4 1 | OU. à GRAND DUC Voyez planche VIII de ce volume. k 1 ES Poëtes ont dédié lAiole 4 Ju- piter, & le Duc à Junon; c’eft en 1 * Voyez ds planches enluminées, n° 435 à 385$ (a) En Grec, Bues ; en Latin, Bulo; en Fi “pagnol; Puho; en Portugais, Mocho ; en Italien, Duco, Dugo; en Savoyard, Chafferon ; en AHe- … mand, Vu, Huhu, Schuffur, Bhu, Becghu, Huhuy, … Hub, Huo, Puhi ; en Polonois, Puhacz, Sowai … Jezna; en Suédois, Uf; en Anglois, Great horx owl, ÆEagle-owl—On appelle auffi en François, Grand … _Hibou cornu ; en quelques endroits de l'Italie , Para Lagiani ; en quelques endroits de la France, Bar- | Para; & en Provence, Peruve, — Bubo. Gélner, _ Avim, pag. 233. — Aldrov. Ari, tom, [, pas ï :$02. — Grand duc. Belon, F1. nar. des Oifeauxs page 135°— Grand chat-huant, Albin, rome 1] ; page S, planche IX, avec une fioure coloriéég … — Bubo nottua maxima. rich, planche XCIIT, avec une froure coloriée. — Le Grand duc. Briflorÿ Ornirh, tome Ï, page 477. ya Oifeaux, Tome IL, 15 152. Æiflotre Natwelle effet l'aigle de la nuit, & le roi de cet . tribu d’oileaux , qui craignent la lumière | du jour , & ne volent que quand elle | s'éteint: le duc paroït être au premier » coup d'œil auffi gros, aufli fort que | Paigle commun, cependant il eft réel- : lement plus petit, & les proportions de {on corps font toutes différentes; ïl a | les jambes, fe corps & la queue plus | courtes que l'aigle, la tête beaucoup | plus grande, les ailes bien moins lon- gues, l'étendue du vol ou lenvergure n'étant que d'environ cinq pieds: on ! difingue aifément le duc à fa grofle figure, à fon énorme tête, aux larges | & profondes cavernes de fes oreilles, aux deux aigrettes qui furmontent fa | tête, & qui font élevées de plus de deux pouces & demi; à fon bec court, | noir & crochu: à fes grands yeux fixes : & tranfparens ; à fes larges prunelles | noires & environnées d’un cercle de: couleur orangée ; à fa face entourée de : poils, ou plutôt de petites plumes blan- | ches & décompoñées qui äboutiflent à | une circonférence d’autres petites plumes 4 frilées; à fes ongles noirs, très-forts ve du Duc où grand Duc, 123 "& très-crochus : à fon. cou très-court, à fon plumage d’un roux brun taché de noir & de jaune fur le dos, & de jaune fur le ventre, marqué de taches noires &:traverfé de quelques bandes brunes mêlées aflez confufément; à fes pieds couverts d'u duvet épais & de plumes rouffätres jufqu’aux ongles /4)}; “enfin à fon cri effrayant /c) hüihôu, {à) Nora La femelle ne diffère du mâle, qu'en ce que les plumes fur le corps, les ailes & la queue, font d'une couleur plus fombre. (ec) Voïci ce que rapporte M. Frifch au fujet des différens cris’ du Pauhu, Schuffut, où Grand - Duc, qu'il a long -ternps. gardé. vivant : lorfqu'if | avoit faim, dit cet Auteur, ïl formoit un fon aflez femblable à celui qui exprime fon nom (en Allemand, Puhu) Pouhou; lorfqu'il entendoit toufler ou cracher un vieillard ; il commençoit très-haut & trés-fort, à peu-prés du ton d’un payfan ivre _ -qui éclate en riant, & il faïifoit durer fon cri Ouhou: ou: Pouhou, autant qu'il pouvoit être de temps fans reprendre haleine; il m’a paru ; ajoute M. Frifch; que cela arrivait lorfqu'il étoit en ‘amour, & qu'il prenoit ce bruit qu'un homme “fait en touffant, pour le:cri de fa femelle : mais _ quand il crie par angoifle où de peur, c'eft un _ cri très-défagréable, très-fort & cependant aflez femblable à celui des oïfcaux de proie diurnes, . Traduit de l'Allemand de Frifch , article du Bubo vou Grand Du, | É ij wë4 … Hifioire Naturelle. Aouhôu, bouhôu, pouhôu, qu'il - fut res | tentir dans le frlence de Ia nuit, lorfque- | tous les autres animaux fe M & | c’eft alors qu'il les éveille, les à inquiète, | les pourluit & Îles eyes ou les met à mort pour les dépecer & les emporter dans. les cavernes qui lui fervent de retraite; aufli nhabite-t-il que les ro- chers ou les vieilles tours abandonnées | & fituées au-deflus des montagnes : il | defcend rarement dans Îles plaines, & ne fe perche. pas volontiers fur les arbres, mais fur les églifes écartées & fur les vieux châteaux. Sa chaffe la plus ordinaire, font les ‘jeunes lièvres, les lapins, les taupes , %es mulots, fes. fouris qu'il avale tout entières, & don il digère da fubftance charnte, voit le: poil {d)3 À (à, } J'ai el deux fois, dit M. Frifeh, des grands | Ducs ivivans, & je les aïconfervés ldngstemps ; je A es nourrifüis de chair & de foie de: bœuf, dont ils avaloient ouvent de fort:gros moroëaux ; lorf- qu'on ‘jetoit des: fouris è à cet oifeau , nl feur FPE des ‘côtes &c: les: autres os avec fon bec, puis il es avalüit l'une après l'autre, quelquefois uw à cinq | de fuite; au bout de quelques heures , les poils | & des os fe ra ffembloïent, fe pelotonnoient dans » ! on effomac ipar petites mafles, après quoi iles | ramenoit en haut, & les rejetoit apar lebec; a | di Duc ou grañd Duc. 126 fs os & la peau en pélottes: arrondies ; if mange aufli les chauve-fouris, les _ ferpens, les lézards, les crapauds, les grenouilles ;, Œ en ours fes petits: 1f Chafle alors avettant d'activité, que for nid regorge de provifions ; ù ‘if en raflem- ble plus qu'aucun autre oifeau de proie. On garde ces oïifeaux dans les ménageries à caufe de Jeur figure fin: gulièré ; l'efpèce n'en ef pas qufir nombreufe en France que : celle des autres hiboux, & il n’eft pas für qu’ ils _ jeftent au pays toute. l’année ; ils y ni- _chent cependant quelquefois fur des arbres creux, & plus fouvent dans des cavernes de chere. ou dans des trous bide hautes & vieilles murailles : leur nid 4 près de trois pieds de diunètre, & _ défiut d'autre pâture , il mangeoit toute forte de … poifflons de rivière, petits & moyens, & après avoir de même brifé & pélotomné les arêtes dans fon eflomac, il les raménoir le long de fon cou, & les rejetoit par le bec: il ne vouleit point dur tout boire, ce que j'aï obfervé de mème de queïques | oifeaux de proie diurnes. Mora. Qu'a la vérité ces Oifeaux peuvent fe paffer de boire, mais que ce- pendant, quind is. {ont à portée, ils boivent, em fe cachant, Vo a Lx cela l'arsicle du jean-le-blanc. E 126 Hifloire Naturelle eft compolé de petites branches de bois. | {ec enirelafiées de racines fouples, Gk,. | garni de feuil les: en dedans : on,.ne | FAP fouvent qu'un œuf où deux | dans ce nid, & rarement trois; la cou leur de ces pute tire un peu ut celle du plumage de loileau; leur groffeur excède celle des œufs de poule: les petits font très-voraces, & les pères & mères très-habiles à la CHA qu'ils font dans le frlence, &-avec beaucoup plus de légéreté que leur grofle corpulance ne paroït le permettre ;\fouvent ils fe battent avec les bufes, & font ordi- nairement Îles plus forts & les maitres de la proie qu Hs leur enlèvent; ïls füpportent pius ai fément h HAE du AE que les autres oïfeaux de nuit, car is (Grtent de meilleure heure le pie, | & rentrent plus tard le matin; on voit . quelquefois le duc aflailli par des troupes de corneilles qui le fuivent au vol & | lenvironnent par milliers, foutient | leur choc /e), poule des cris plus forts {e) Fortiffima avis fepius valde ae inter De aumeyi cormices Klein, Arà pag. 54 & fuivantes. | du Duc où grand Duc. 127 ge elles, & finit par les difperfer, & & Ouvent par en prendre quelqu” une _ Horlqué la lumière du jour baifle; quoi- À qu ils aient les ailes plus courtes que la plupart des cifeaux de haut vol, ils ne _laiflent pas de s'élever aflez Hu {ur tout à l'heure du crépufcule ; mais Or- dinairement ils ne volent que bas & à de petites diftances dans les autres heures du jour: on fe fert du due dans Ia fauconnerie pour attirer le milan; on attache au duc une queue de SA pour rétidte {a figure encore plus EX traordinaire ; ii vole à fleur de terre, & fe pofe dans ia campagne, fans fe per- hs: fur aucun arbre, Île milan qui l'aperçoit de loin, dre Us approche du duc, non pas pour le combattre ot Patraquer , Müs Comme pour admirer, & il fe tient auprès de lui affez long- temps pour fe Léfer tirer par Île chaf- feur, ou prendre par les oïifeaux de pr qu'on lâche à fa pourfuite: Ja plupart ue faifandiers tiennent aufii dans leur faïfanderie un duc qu'ils meent toujours en cage fur des sn dans un lieu découvert, afin que les corbeaux F ii 328 ÆHifloire Naturelle & les corneilles s’aflemblent autour de lui, & qu’on puifle ürer & tuer un plus grand nombre de ces oileaux criards qui A Le beaucoup les jeunes. faifans ; & pour ne pas effrayer les fai- fans, on tire fes corneïles avec une farbacane (ff). © On a obfervé à égard des. partie intérieures de cet oifeau qu’il a fa langue courte & aflez large, l'eflomac très- ample , l'œil enfermé dans une ir catilngineute en forme de capfule, & le cerveni recouvert d'une fimple tu- nique plus épaiffe que celle des autres, oifeaux, qui comme Îles animaux qua. drupèdes, ont deux membranes qui recouvrent la cervelle /x}, A paroît qu'il y a dans cette efpèce une premiere variété qui femble en ( Fe ) Voyez Crifch, à l'article du Grand Duc, * {g) Vide Schwenckfeld , Theriorrop Si, pres. 308. Nora. Ceux qui voudront avoir - des COIRs noiffances exactes fur la firuéture des parties in- £érieures des oïifeaux de ce genre, Îes trouveront: dans les obférvations 51 & sz de Jean de Ds ralto. Ephémérides des Curieux de la Nature, année. 1682 ; à Coll Acad, part, érangére, tome. [Ps pages 474 & 475s … di Dre où grand Duc. 129 enfermer une feconde : toutes deux fe trouvent en Italie, & ont été indiquées par Aldrovande, on peut appeler l’un le Zuc aux ailes noires (h), & le fecond le duc aux pieds nus {i); le premier ne différe en effet du grand ‘duc commun que Hi les couleurs qu’il a plus brunes: Où plus noires fur les aïles, fe dos &. lg 5 queue, & le fecond ui reffemble: en entier à celui-ci par ces couleurs: de noires , n'en diffère que par la indité des jambes & des pie qüi font. Lés-pé fournis de plumes ils ont auflr -tous deux les jambes plus menues &: moins fortes que le duc cofmun. : Indépendamment de ‘ces ‘deux ‘vas miétés qui fe trouvent dans nos climats, il y en a d'autres dans des climats plus éloignés : le duc blanc dé pri que NT Bubo fer. Aa Au, tom. Fi pag Par: en Grand’ duc aux ailes noires: Albin , nes Edwards , Glänres À page 373 md ÆCXXVI], | (1). Bubo ps Aldrov. Asi. tom. I, pags 508. — Le grand duc dchauffé, Briflon, HO RTE" la 2 PLATE Ê v / 130 Aifloire Naturelle marqué de taches noires > qu indique Linnæus /k), ne paroït être qu’une variété produite par le froid du Nord; on fat que la plupart des animaux qua- drupèdes font naturellement blancs ou le deviennent dans les pays très-froids ; il en eft de même d'un grand nombre d’oifeaux: celui-ci qu'on trouve dans les montagnes de Lapponie eft blanc, taché de noir; & ne diffère que par cette couleur du grand duc commun ; ainfi on peut le rapporter à cette SRE » pafle la mandibule inférieure comme dans les » aigles ;.il eft recouvert d’une peau dans laquelle: » font placées les narines, & qui-eft recouverte à: > fa bafe par des plumes grifes qui environnent le- » bec; les yeux-font-grands, & l'iris en eft brillante: 4 » & couleur d'or, ..... Les plumes qui compolent: L| » les cornes, prennent leur: naïflance immédiatement À » au-deflus du bec, où elles font mélangées d'un: » peu de blanc; mais à mefure qu’elles s'élèvent »'au-deflus de la tête, elles deviennent d’un rouge-- » brun & fe terminent par du noir au dehors ;, » le deffus de la tête, du cou, du dos, des ailes: » @ de la queue,.font d'un brun obfcur, taché: » & entre. mêlé affez confüufément de petites lines. » tranfverfaies rougeätres & cendrées, . +, . le haut: » de la gorge, fous le bec, eft blanc ;-un peu plus » bas, jaune-orangé, taché dé noir ; le bas de la: » poitrine, le venire, les jambes & le deflous de- » fa queue eft blanc ou d'un gris-pâle , affez réeu+ » lièrement traverlé de barres brunes; le dedans: » des ailes eft varié & coloré de la/même façon, . » les pieds font couverts, jufqu'aux ongles,.de | » plumes d’un gris-blanc, & les ongles font d'une. ! >» couleur de corne brune & foncée: j'ai defliné;. \! » ajoute M, Edwards, cet oïfeau vivant à Londres, du Duc où grand Duc. 733 Éurope; car la différence a plus re- “marquable qu'il y ait entre Îe duc commun & le duc de [a bae de Hudfon & de Virginie, c’eft que les aïorettes partent du bec au lieu de parue . des oreilles. Or on peut voir de même | dans les figures des troïs ducs, données par Aldrovande , qu'il n'y a que lé premier, c'eit-à- dire, le due commun: dont les aigrettes partent des oreilles. & que dans les autres, qui néanmoins: font des variétés. qui {e trouvent en. Italie , les plumes des : aigrettes ne partent: pas ie oreilles, mais de [a bafe du: où il étoit: venu de Viroinie: jen aïi-chez moï «: la dépouille d’un autre qui eft empaillé, & qui « a été apporté de la baie de Hudfon ; il m'a «: paru qu'il étoit de la même efpèce que lé «- premier, étant de la même grandeur & n'en «: différant que par quelques HUPRCES de couleur »°- Je ne ferai qu'une réflexion fur cette defcription: dont je viens de donner la traduction par extrait , c’eft qu'il n'y a que le caractère des aigrettes partant: du bec, & non pas des’ oreilles, qui puiffe faire re=- garder cet oifeau d'Amérique comme failant une variété conftante dans l’efpèce du grand duc; €. que cette variété fe trouvant en Europe aufli-bien: qu'en Amérique, elle eft non-feulement conftante, . mais générale, & fait une branche particulière 3. une famille différente dans cette efpèce.. | » 4 34 Hiffoire Naturelle TG bec, comme dans le duc de Virginie fe pa M. Edwards : il me paroft donc que M. Klein a prononcé trop EE yèrement, iorfqu' ila dit que ce cn duc de Vi irginie étoit d’une el pèce toute différente de l’efpèce d'Europe, parce que Îles aigrettes partent du bec au lieu que celles de notre duc pa artone des oreilles: s’il eût comparé les figures | d’Aldrovande & celles de M. Edivards, | il eût reconnu que cette même diffé— | rence, qui ne fait qu'une variété, fe | trouve en ftalie comme en Virginie, & | qu'en général les aigrettes dans ces oi- : feaux ne partent pas précifément du bord |! des oreilles, mais plutôt du deflus des | yeux & des parties fupérieures à la baie | ou bec. À ? ” (} LE GR PUS ET NE SLR EG È : :] 4 È dl . LE HIBOU/() O Ü MOYEN DUC": _ Voyez la planche 1x de ce volume. Cat . 2 L. E Hibou, Otus ou moyen Duc, a, comme le grand duc, les oreilles S 290 473 {a) En Grec, Qc; en Eatin, 4fo où Os; en Italien, Gxfo, Barbagiamni ; en Ffpagnol, * Voyez les planches enluminées, n° … Mochucb ; en Allemand, Orheule on Rautzeule, Ohrreurz, Kaurglein ; en Polonoïs# Cluk - nocny où … Sowa-urfata; en Suédois, Horn-ugla ; en Anglois, Horn-owl; on l'appelle en quelques endroits, Char- > huant cornu f en Bourgogne > Choue Cornerote : en Gafcogne, Ducque:, c'eft-àä-dire, Perit Duc ; en … Sologne , Chat-huant de bruyéres , parce qu'il fe æient dans les fandes &bruyères; en Anjou & en » Bretagne, Chouant ; & dans quelques autres endroits … Cloudet, à caufe de fon cri cou, clotd, — Afio Gefner, Avi. pag. 223....Orus. idem , pag. 635$ — Moyen Duc ou Hibou cornu. Belon, Hiff. nar, des Oifeaux, page 137. — Grand Duc. Albin, “om 1, page 6 , planche X , avec une figuré #36 Hifloire Natinelle fort ouvertes, & furmontées d’une a grette compolée de fix plumes tournées | en avant /D/; mais ces aïigrettes font | plus courtes que celles du grand duc , ! & n’ont guère plus d’un pouce de Ion- k gueur, elles -paroiffent proportionnées | à fà taïle;-car il ne ie qu'environ | - dix onces , & n’eft pas plus gros qu'une cornellle ; * ME Porine "O e efpèce | évidemment différente de celle du grand l duc, qui eft gros comme une oie, & | de éclle td Scops ou petit duc, 1 n'eft- pas plus grand qu'un: nr qui n'a au-deffus des oreilles que an { aigrettes très-courtes. Je fais cette re- marque, parce qu’ ‘il y a des Naturaliftes,. | qui n’ont regardé le moyen & le petit } coloriée. — Notlua minor aurita. Ke Frifch ; planche X CI X, avec une figure coloriée, — Le | moyen Duc ou ke Hibou.. Briflon , Ornmhologie,. | tome [, page 486.— The long Eard owl. Le Hibou à longues oreilles. Britifch MUR à Pa Lil B 3, fe tr {b} Nota. Aïdrovande dit avoir Bert que: | chaque plume auriculaire qui compofe l'aigretié. M peut fe mouvoir féparément, & que la peau qui recouvre la cavité des oreïlles naît de la partie: 10 féricure la plus voifine de l'oœil,. * RE — Se ES SE 4 / du Hibou où moyen Duc. 7 3 7 duc, que comme de fimples variétés 10 Hi & même efpèce : le moyer duc a environ un pied de longueur de Eorps, depuis le bout du bec jufqu'aux ongles, trois pieds de’ vol ou d’enver-. gure, & cinq ou fix pouces de lon- gueur de queue; il a le deffus de [a tête, du cou, du dos & des ailes rayés de gris, de roux & de brun; la poitrine & le ventre font roux, avec des bandes brunes irrégul ières & étroites ; le bec eft œourt & noiratre, Îles yeux font d’un beau jaune, les pieds font couverts de: plumes. ouf les jufqu'a l'origine des. ‘ongles, qui font aflez grands & d’un Brun te on peut oblerver de plus à 1H a, la hngue charnue & un peu ourchue, les ongles très- aigus & trés _ le ‘doigt extérieur mobile, & pouvant fe tourner en arrière , l’ef- tomac aflez ample, la véficule fiel tres -grande, les boyaux longs d'en- iron vingt pouces, les deux cæcum de Ideux pouces & demi de profondeur, & plus gros à proportion que dans les. lautres Heas de proie. L’efpèce en eft: gommune & beaucoup plus nombreule: 139 Fifloire Naturelle dans nos climats fo que celle du grand que’, qu'on n'y rencontre que rarement. cn hiver; au lieu que le moyen duc y refte toute l’année, & fe trouve rnême Pie aifémient en Hiver qu'en été: il habite ordinairement dans les anciens bâtimens dd dans les ca- vernes des rochers /4), dans Îe creux. des vieux arbres, dans les forêts en montaonés, & ne defcend Ur dans | jes nianes | Jorfque d'autres oifeaux Fat- | tiquent, ere trés - bien , & des | griffes & du bec; il fe retourne auffi ! fur le dos, pour fe défendre, quand il | eft affailli par un ennemi trop fort. Il parc que cet oifeau, qui eft!| commun dans nos provihices d Europe, | {e trouve aufli en Afe: car Belon diti en avoir rencontré un dans les PACE } de Cüälicie. fe) Nom I eft plus commun en France & en |. Jralie qu'en Anoleterre. On le trouve très - fré-h quernmment en Bourgogne, en Champagne, enk Suloghe & dans Les montagnes de lAuverone. # (a) Sia il Guÿo nelle gvotte, per le buche deglik albert, nellæurr. wlie o criparure di muri e tétre PA eufe di airat , ne dirapi € luoghi eremi, Olinas! Urceller, fog. 56. | du Hibou où moyen Duc. 139 I y a dans cette efpèce plufieurs variétés dont fa première fe trouve en Italie, & a été indiquée par Aldro- vande; ce hibou d'Italie eft plus gros que de hibou commun, & en diffère auifi par les couleurs: voyez & com- parez les defcriptions qu'il a faites de Muu. & de lautre. /e). Ces oïfeaux fe donnent rarement [a peine de faire un nid, ou fe Pépargenent “én entier : car tous les œufs & Îles petits qu'on m'a apportés, ont toujours été trouvés dans des nids étra ngers , fouvent dans des nids de pis, qui, “comme l’on fait, abandonnent chaque annce leur nid, pour en faire un nou- byveau ; quelquefois dans des nids de bues y mais Jamais on na pu me “trouver un nid conftruit par un hibou : ds pondent ordinairement quatre ou Cinq œufs, & leurs peiis qui font blancs en naiffant, prennent des 'cou- Meurs au bout de quinze jours. | Comme ce hibou n'eft pas fort fnfible au froid, qu'il pañle fhiver | notre pays, & qu'on le trouve … (e) Aldrov. Avi, tom, Ï, pag. 5190 H40 Æifoire Naturelle en Suède comme en France /f), if : pu pafler d’un continent à lautre;: if paroït qu'on Îe retrouve en Canada & dans plufieurs autres endroits de PAmé= rique feptentrionale /g); il fe pourroit même que le hibou de k Caroline décrit, 2 (f) Strix capite auviro, pennis fex, Linn, Faune Suec. n° 47, | (g) Nota 1° C'eft au hibou commun où moyen duc qu'il faut appliquer le pafläge fuivant.: æ& On entend durant la nuit, prefque FA toutes » nos iles, une forte de chat-huant qu'on appellé » canot, qui jette un cri luoubre ; comme qu£ » crieroit au canor, ce qui lui a fait porter ce! » nom; ces oïfeaux ne font pas plus gros que des » tourterelles, mais ils font tout femblables en Ieuxt >» plumage aux hiboux que nous voyons commu: » nément en. France; ils ont deux ou trois petites: » plumes aux deux côtés de la tête, qui femblents » être des oreilles : ils fe raffemblent quelquefois » fept ou huit de ces oifeaux au-deffus des toits où ils ne ceffent de crier pendant toute la-nuit »# Nora 2.° Par la Dir de la grandeur de ce’ hibou avec une tourterelle, if fembleroit que c’eft le fcops ou petit duc; mais s’il a, comme le dit” Auteur, plufieurs plumes éminentes aux côtés det la tête, ce ne peut être qu'une variété de l’efpèce. du moyen duc. Ce mème Auteur ajoute que le: chat huant Canadien n’a de différence du François;: qu’une petite fraife blanche autour du cou & un: eri particulier. Æfifioire de la nouvelle France par Charlevoix , rome 11}, page s 6% | $ | du Hibou où moyen Duc, 14% par Catefby (h), & celui de l’A mé- | rique méridionale, indiqué par le Père Feuilée /i), ne fuflent que des variétés de notre hibou, produites par la diffé- | rence des climats, d'autant qu'ils font | Atrès-peu pres de là même grandeur, | &qu'ils ne diffèrent que par les nuances LL & la diftribution. des couleurs: | .. On fe fert du hibou & du chat- | huant /4), pour attirer les oifeaux à fa | 4 {à) Voyez la defcription & 1a figure coloriée de | cet oifeau dans l'Hiftoire Naturelle de la Caroline, | par Catelby, page 7, planche VII. Int {:) Bubo ocro-cinereus pettore maculfo. Feuiïllée ; | Obfer. Phyfig pag. 5 9, avec une figure. AMora. M lparoïît qu'on peut rapporter à ce hibou de PAmé- rique méridionale, indiqué par le Père Feuillée, celui dont Fernandes fait mention fous le nom de Mécobotr, qui fe trouve au Mexique & à la nouvelle lHEforone ; mais ceci n'eft quune vraifemblance fondée fur les rapports de grandeur & de climat, | car Fernandës n'a donné non - feulement aucune Mfioure des oifeaux dont il parle, mais même aucune lédefcription affez détaillée :pour: qu'on puiffe le re- “gonnoitre. Ne Eee [2 (4) À Gufo alramenre Barbagiann: uccellaccio nova nfurno in forma di civetta (chat-huant) groffo quante Mana gallina, con le penne dal lato del capo che paion de cornicine, di color giallo, meflicato con profilaure 1 vero, Con queflo fuccella.a animal groffi come cutre 142 Æifloire Naturelle pipée, & l'on a remain que les gros. oileaux viennent plus volontiers à la voix! du hibou, qui eft une efpèce de cri laintif ou de gémifiement grave &. pan cowl, cloud, qu'i ne cefle de répéter pendant la nuit, & que les petits oifeaux viennent en plus grand nombre # à celle du chat-huant qui eft une voix} haute, une efpèce d'appel AGho , hük 9 tous deux font pendant le jour des geftes ridicules & houffons en préfence des! one & des autres oïfeaux. Ariftote! n’attribue cette efpèce de talent ou de propriété qu'au hibou ou ER à duc;| otus ; Pline la donne au fcops, & ap- | pelle ces geftes bizarres , motus fatyricoss | mais ce fcops de plie eft le même oïfeau que l’otos d’Ariftote; car les La= _tins confondoient fous le même nom fcops, Voros & le ftops des Grecs, le moyen duc & le petit duc qu'ils réw nifloïient fous une feule efpèce, & fous le même nom , en fe contentant d’aver= ür qui tete néanmoins des gen fcops & des petits. ï ÉRRE cornachie e nibbii con la civetia a uccelestà d'os exe, Olina, Üceller, og. 5 6e du Hibou où moyen Duc. 143 C'eft en efet au hibou, ous, ou moyen duc, quil faut principalement appliquer ce que difent les Anciens de ces geftes bouffons & mouvemens faty- riques ; ; & comme de très-habifes Phy- ficiens & Naturaliftes ont prétendu que ce W’étoit point au hibou, mais à un autre oifeau d’un genre ii difiérent, qu'on appelle fa dermoifelle de Numidig , qu il faut rapporter ces paffages des | Anciens, nous ne pouvons nous dif- fpenfer de difcuter ici cette queftion, & t de relever cette erreur. Ce font M.* les Anatomifles de NA cadémie des Sciences, qui dans fa def- (cription qu'ils nous ont donnée de îa (demoifelle de Numidie, ont voulu établir cette opinion & s'exprimer dans Îes 1termes fuivans, « L'oifeau {difent-ils) (que nous décrivons eft appelé demoi- << Jelle de Numidie , parce qu'il vient de «e icette province d'Afrique, & qu'il a « (certaines façons par lefquelles on à « (trouvé qu’il fembloit imiter les gefles cc | d’une femme qui affecte de la grâce « dans fon port & dans fon marcher, « (qui fembletenir fouvent quelque chofe « n MAZA À ire Naturelle teleur, de danfeur & de bouffon, contre=. ciens, parce que Pline croit qu'il eft, core croyable qu'il a été jufqu'à préfent inconnu aux Modernes, puif=\ a defcription d’un oïfeau appelé : Jcopsi mom de danfeur, de bateleur & del LS de Ia danfe : y a plus. de deuil mille ans que les N aturaliftes qui ont, | parlé de cet oïfeau, l'ont défigné pa# cette particularité d l'initation des eftes & des contenances de la femmes Ariflote lui a donné le nom de “bas | fafant ce qu'il vo fairé...,:. 1 y à apparence que cet oïfeau danfeur. & bouffon étoit rare parmi les. Anal EEulius en mettant cet animal qu’il, appelle rique au rang des pégales,. des griffons & des firènes, il eft en2| qu'ils n’en ont point parlé comme! l'ayant vu, mais feulement comme! ayant Jü qu les écrits des Anciens ;| & otus, par les Grecs, & afio par les Latins, à qui ils avoient donné le comédien , de forte qu’il s’agit de voir! fi notre demoifelle de Numidie peut, pafler pourle /cops & pour lotus des) Anciens ; la defcription qu'il nous! | 22 ORé 1 du Hibou où moyen Duc. 2 $ ent laiflée de l’ous où ftops, confifte « en trois particularités remarquables. . . c la première eft d’imiter les éftes., je la feconde eft d’avoir des éminences « de plumes aux deux côtés de Ia tête, en forme doreilles. . . . & la troifième « eft la couleur du plumage, qu’A- « . Iexandre Myndien, dans Athénée , & dit être de couleur de plomb : or la « demoifelle de Numidie à ces trois at- & tributs, & Ariftote femble avoir voulu cc” exprimer Îeur manière de danfer € qui eft de fauter l’une devant l'autre, lorfqu'il dit qu’on les prend quand ce elles danfent l’une contre‘l'autre, Be- ce Jon croit néanthoins que l’ous d'A « riftote eft le hibou , par la feule raïon « que cet oïfeau, à ce qu'il dit, faite beaucoup de mines avec Ia tête; Ia « plupart des [nterprètes d’Ariftote, qui cc font aufli de notre opinion, fe fon- « dent fur le nom d'os, qui fignifie, « ayant des oreilles; mais ces efpèces « d'oreilles dans ces oïifeaux ne font PAS « “out-à-fait particulières au hibou TR de -Ariftote fait aflez voir que lotus n’eft « “pas le hibou, quand il dit que lotus ç Oifeaux , Tome FI, Le * 446 Fifloire Naturelle : » reffemble au hibou, & if y a appa= » rence que cette nr so ne con- » fifte que dans ces oreilles : toutes les » demoifelles de Numidie que nous » AVONS difféquées , avolent aux côtés » des oreiïlles, ces plumes qui ont >» donné le nom à lotus des Anciens... » Leur plumage étoit d’un gris-cendré, »tel quil eft décrit par Faenan ele | Myndien dans lotus », Comparons maintenant ce qu’ À née dit de l’otus, avec ce qu’en difent iei M." de l’Académie : otus nodfuæ fimilis eff, pinnulis circiter aures eminentibus præditus, à unde nomen accepit, quaf auritum dicas ; nonnulli eum ululam appellant ; ali sie oi ne, Blatero hic eff, © hallucinator planipes , Jaltantes enim imitatur. Get | intentus in altero aucupe, altero circumeunte ut nolua, L'otus, c’eft-à-dire le hi boul ou Ro duc eft femblable au nocfua ,M c’eft-à-dire au chat-huant: ïüls {ont en effet femblables, foit par fa grandeur ;. foit par le plumage, foit par omtes les. } habitudes naturelles : tous deux ‘ls font. | oifeaux de nuit, tous deux du mêmen genre & d'une efpèce très-voifine , auf k - Es \ di Hibou ou mûyen Duc. 147 Sea que fa demoifelle de Numidie eft fix fois plus groffe & plus grande, d’une forme toute différente, & d’un pre très-éloigné, & qu'elle n’eft point du nombre des oifeaux de nuit; lotus ne diffère, pour à ainffdire, d du a } que par jes aigrettes de ue qu'il ee fur la tête auprès des oreilles, & c’eft pour diftingner l’une de Cartes qu'Ariflote dit, pinnulis circiter aures eminentious præditus , unde nomen ACcepit, quafi auritum dicas, Ce font des petites plumes, pinnule , qui s'élèvent droites & en aigrettes auprès des oreilles, circitér aures eminentibus , & non pas de longues plumes qui {e rabattent & & qui pendent de chaque côté de la tête, comme dans Ja demoïlfelle de Ne ce n’eft donc pas de cet oifeau, qui n’a point d’aigrettes de plumes cle & en forme d'oreilles, qu'a été tiré le nom de otus, quañ auritus ; c'eit au contraire du hibouw qu'on pourroit appeler nolua aurita, que vient évidemment ce nom, & ce ui achève de le démontrer, e’eft ce ui fuit immédiatement dans Ariftote, xonnulli eum (otum) ululam appelant , ali J K4S ÆHifloire Narelle afionem. C’eft donc un oïfeau du genre cles hiboux & des chouettes, puifque quelques-uns lui donnoient ces noms ; ce n’eft donc point Îa demoifelle de ! Numidie auff — de tous ces oifeaux , qu’un dindon peut lêtre d’un _épervier. Rien, à mon avis, n’eft donc plus mal fondé, que tous ces prétendus rapports que l’on a voulu établir entre Vous des Anciens , & l’oifeau appelé demoifelle de Numidie, & Von voit bien que tout cela ne porte que fur les geftes & les mouvemens ridicules que fe donne Îa demoifelle de Numidie; elle à en effet ces geftes bien fupé- rieurement au hibou, maïs cela n’em- pêche .pas que celui - ci, auffs - bien que la plupart des oïifeaux de nuit, ne foit blatero , bavard ou criard / 7); Rallucinator, {e contrefaifant ; planipes, bouffon. Ce n’eft encore qu’au hibou * {1} M. Frifch, en parlant de ce hibou, dit que fon cri eft très-fréquent & fort, qu'il reflemble aux huées des enfans lorfqu'ils pourfuivent quel- qu’un dont ils fe moquent; que cependant ce cri eft commun à plufieurs efpèces de chouettes. Voyez Erifch ; à l'article des Offeaux noéturnes, * di Hibèu où moyen Duc. ï4 6] qu'on peut attribuer de fe faïffer prendre aufli aifément que Îles autres chouettes , comme le dit Ariftote, &c. de pourrois m'étendre NU vis fur cette criti- que, en expofa ant & compara int ce qué dit Piine à ce fufet; mais en voilà plus qu'il n'en faut pour mettre la chofe hors de doute, & pour affu irer qué Votos des Grecs n’a jamais pu défigner la deinoifelle de Numidie , & ne peut S pie qu’à loifeau de it , auquel us donnons le nom de /ibou ou moyen . : j'obferverai feulement que tous ces mouvemens bouffons ou fatyriques attribués au hibou par les Anciens, ap- partiennent âuffi à prefque tous fe Ole feaux de nuit /m), & que dans le fait ils fe réduifent à une contenance étonnée, à de fréquens tournemens de cou, à ni “ mouvemens de tête , en haut, en bas (in) Vous les hiboux peuvent tourner leur tête comme l’oifeau appelé torcol. Si quelque chofe d’ex- « traordinaire arrive , ils ouvrent de orands yeux, dreflent leurs plumes & paroiïffent une fois plus gros; ils étendent aufli les ailes, fe baïffent ou s’ac- croupiffent , mais ils fe’ Édlévent promptement ; - comme étonnés; ils font craquer deux ou trois fois leur bec, dde , ébidem, G i} 450 Fifloire Naturelle, rc: & de tous côtés, à des craquemens de bec, à des trépidations de jambes, &. des mouvemens de pieds dont ils por- tent un doigt, tantôt en arrière , &. | tantôt en avant, & qu’on peut aifément À remarquer tout cela en gardant quel- | ques-uns de ces ojifeaux en captivité s, | mais j'obferverai encore qu'il faut les | prendre très-jeunes lorfqu'on veut les | nourrir : les autres refufent toute [a | nourriture qu’on leur préfente dès qu'ils | _font enfermés. | fl} j A WU, 1) IL EME ip EN) RW y LL, LL HMPPRE SR RKÈXÈ — SS DU E TI TITETINET EYES Eur rt orrs / NPA INNNTNE lf1 U LOBLILET Pier er TTTE URI ITENITTTI CUITE EE YU NUL IEMTIAN CITE) BOAT: FU 1171 1)] IPN HEEUTI ALT 1 f “107, COTON UML MAL LINE L2 TL OL / PAIE IE 11466 NIPHS IDF ANT : PCI £ (LUI 4 Qi ai Liu f, l | à, $ dl an NON HHANNEN RRURER EE 4 LE HIBOU o MOYEN DUC. pu WIR \ nn f “ Rd : fu L 110 2 { ê ca LE SCOPS(Y : | O U Dis : Pom MAD IT DEC. | ob planche X de ce volne, : V OICI la troifième & dernière efpèce du genre des Hiboux, c'elt-à-dire, des * Voy:z &s planches enluminées, n° 436, (a) En Grec, Exo , en Latin, Afo, en Italien, Zivetta où Zueita, Abchavello, Chivino » en Allemand, Sr:kexle ; en Polonois, Sow£a ; en Anglois, Lirvle hoïn-cwl Scons Aldrorandi, Avi, nicm. À, par. 530. —— Huerte ox Hülotte 04 Chouette, nommée par aucuns, Perir Duc. Belon, . if. nat, des Oifeaux, page 141. Et Portraits d’oi- - feaux, page 27. — Noliua minor, n0fua aucuparia. JScops Fini. Rrac, Hlifl nat. Pol, pag. 288. Nota minor. Jcops Aldovindi. Fzac, Ant, Flifl mar, Pl. pag. 398. — Scops Aldrovandi, Willuichby, Ornith. pag. 6$, tab. X1i. — Le petit Duc ?, XXXVII, fig, 1, Ornith. Briffon, tome 1, page os, — The fhort eared owl. Le Hibou à oreilles courtes, Britifch Zoclogy, 4 B ;; & pl B 4, G iüj HS2 Hifloire Naturelle oifeaux de nuit, qui portent des plumés fig, 2, Nota. C'eft pour ne rien omettre & pour tout indiquer, que je cite ici la Zoologie Britan- nique; car cet ouvrage, dont le ‘principal mérite confifte dans les planches, eft même à cet éoard encore très-défcétueux : par Exemple, les aigrettes des hiboux, qui ne font compofées que de plumes , y font repréfentées comme fi c'étoit de vraies oreilles de chair, &e.. ..,. De même il eft dit dans le texte que le hibou à oreilles courtes a treize pouces & demi Anpgloïis de longueur, ce qui fait plus de douze pouces & demi de France: or dæ même oifeau n’a que fept pouces & demi tout au plus, ainfr c’eft probablement le moyen duc, que lAuteur aura pris pour le petit duc; 6 ce qui prouve encore fon peu de connoiflance & d'exactiude, ceft d’avoir également indiqué ce | | ( ! | | | 4} | | | | | | | SRI Or même oïfeau dans les p/ B 3 à" B 4, fig. 2e On voit, au premier coup d'œil, que ce ne doit pas être le même oïfeau, puifque la figure repré- _fentée dans ka planche B 4, fig, 2, eft d'un tiers plus petite que celle qui eft repréfentée dans 1 planche B 3, & que le moyen duc qui eff repréfenté dans la planche B 4, fig. 7, n'eft pas plus crand'que le petit duc, B 4, fig 2: or le moyen duc ayant, comme le dit Wiälulghby, quatorze pouces & demi; fi le petit duc en avoit treizé & demi, comme le dit l’Auteur de la Zoo- Jogie Britannique, pourquoi ne pas appuyer fur ce fait & relever l'erreur de ceux qui ne lui donnent que fept pouces! ou bien dire qu’en An pleterre les petits dugs font plus gros qu'ailleurs ; di Scops où petit Duc. 157 Pévées au-deflus de % tête, & élle eft mifée à à diflinguer des deux autres, d'a- bord par Ja petitefle même du corps de loïfeau , qui n’eft pas plus gros “qu’un merle, & enfuite par le raccour- ciflement très-marqué de ces aigrettes qui furmontent les oreilles, lefquelles _ ‘dans cette efpèce ne s'élèvent pas d’un demi-pouce, & ne font compofées que d’une feule petite plume (/b); ces deux - caractères fuffiient pour diftinguer le | ppett duc du moyen & du grand duc ; ou bien encore que c'eft une efpèce } particulière à la Grande- Bretagne : cela valoit bien la peine d’être difcuté; mais cet Auteur ne dïfcute rien, nc dit rien de nouveau, ni même rien de mo- derne, car il paroït ionorer beaucoup de chofes _ qui ont été dites avant lui {ur Îes fujets qu'il traite. L'ouvrage de M. Edwards eft infiniment meilleur; car indépendamment de ce que les deffins & Îles “ planches coloriées font plus correctes, c’eft que … es defcriptions font plus exaétes, fes comparaifons Replus juftes, & que par-tout il paroît avoir une W pieine connoïffance de ce qui a été fait avant lui … fur les objets qui ont rapport à ceux qu'il nous prélente. (Bb) Auves vel plumule in auriam modam arrete 2 Mortuo vix apparent , in vivo mamifeftiores, ex uni n aanrüm pinmula confiantes Aldrov. Avi tom, ag. 5314 G vx ass Hiflore Natell & on le reconnoîïtra encore aifément à la tête qui eft proportionnellement plus petite par rapport au corps que ceile des deux autres, & encore à fon plu- mage plus élégamment bigarré & pius | diftinctement tacheté que celui des au- tres, car tout fon corps eft très-joli- “ment varié de gris, de roux, de brun & de noir; & fes jambes font couvertes juiqu'à l’origine des on gles , de plumes d'un gris - roniilétie mêlé de uaches brunes ; il diffère auffi des deux autres par le naturel, car il fe réunit en troupe en automne & au printemps , pour pafler dans d’autres climats ; il n’en refle que très- peu, ou point du tout en hiver dans nos provinces, & on les voit parür aprés les hirondelles, & arriver à peu près en même temps ; quoiqu ils pass de préférence les terreins élevés ; ils fe raflemblent vo- lontiers dans ceux où les mulots fe font le plus multipliés, & y font un grand bien par la deftruétion de ces animaux qui fe multiplient toujours trop, & qui Fu de certaines années pullulent à un tel point, qu'ils déyorent toutes jes graines dir Scops où petit Duc. 155$ & toutes les racines des plantes les plus néceffaires à la nourriture & à l’ufagé de l’homme: on a fouvent vu dans les temps de cette efpèce de fléau , les petits ducs arriver en troupe, & faire f1 bonne guerre aux mulots qu’en peu de jours ils en purgent la terre /c/; les hiboux ou moyens ducs fe réunifient auffr quel- quefois en troupe de plus de cent; . nous en avons été informés deux fois ar des témoins oculaires, mais ces aflemblées font rares, au lieu que celles des fcops ou petits ducs fe font tous les ans; d'ailleurs c’eft pour voyager {c) Nota, 1. Samuel Dale en cite deux exemples d'après Childrey , & 11 les rapporte dans les termes füivans, Jr he gear 1 5 80 ar hallontide an army 0f mices fo overrun the marshes near fouth-mirfler that the cat up graff to.1he very roots, uns + But at lenght. a great number of Strange painted owls came -and devoired all rle mice. The like appened again in Effex anno 1 628, Chitdrey, Priranmia bo- Fanica , pag. 100.— Daies appendix tho the hiffcry of Harwich. London, 1732, pag. 307. Na 2.” Que quoique Dale rapporte ces faits à l'orus ou moyen duc, je crois qui faut les attribuer au fcops,ou petit duc , a caufe de l'indication Strange painted owls, qui fufft pour faire reconnoïtre ici de {cops ou petit duc, G vj K56 Æifloire Naturelle qu'ils femblent fe raffembler, & il n’err réfte point au pays, au lieu qw’on y trouve des hiboux ou moyens ducs en tout temps ; il eft même à préfumer que les petits ducs font des voyages de long cours, & qu’ils paflent d’un con- tinent à l’autre; l’oifeau de la nouvelle Efpagne indiqué par Nierembere, fous le nom de fralchicuatli, eft ou de là même efpèce, ou d’une efpèce très- voifine de celle du fcops ou petit duc /d); au refte, quoiqu'il voyage par troupes nombreulfes, il eft affez rare par-tout, & difficile à prendre; on n’a jamais pu m'en procurer ni les œufs ni les petits, & ona méme de fa peine. à l'indiquer aux Chaffeurs qui le con- fondent toujours avec [a chevêche parce que ces deux oïfeaux font à peu près de la même groffeur, & que Îles: petites plumes éminentes qui diftinguent le petit duc font très - courtes, & trop: (4) Exoticam oti genus ralchicuatli videtur : Cormuta: | avis eff five auriculata, parva corpore , refima., roftro: brevi, nigra lumine, luteä erubefcens iride fufca & cinerea plumis ujque ad crura, arra à incurva W= guibus. Catera fimilis noffrart oto, Eufeb. Nierermbs A3ih mar, Lib, À, Cap. XXXIX, page 2213 ÿ)) )) ) ss+43}) 7h))) dy L] C T DU PETI LE SCOPS «x T— du Scops où peñt Duc FS7 peu apparentes pour faire un caractère | qu’on puifle reconnotitre de loin. Au refte, la couleur de ces oïfeaux varie beaucoup fuivant l’âge & le climat, & peut- être Le fexe ; ils font tous gris dans le premier âge, il y en a de plus bruns les uns que les autres quand ils font adultes , la couleur des yeux paroït fuivre celle du plumage , les gris n’ont . les yeux que d’un jaune très-pâle, les autres les ont plus jaunes ou d’une couleur de noifette plus brune, mais . ces légères différences ne faffifent pe _ pour en faire des efpèces diflinétes &. . féparées. SPAS UN RSS Ge TT ÉRe EE À s$ Hifloire Naturelle *LA HULOTTÉE (a... d, À Hulotté qu’on peut appeler aufii … la chouctte noire, & que les Grecs ap- peloient nyclcorax ou le corbeau de nuit, * Voyez les planches enleminées À ini 44. _ (a) En Grec, Nuxmweaë ; en Latin, Ua; & aufli en ÎJtalten felon Gefner; A/ccho & auel: quefois Luchare fon Aldrovande; en Portugais, Corufa; en Cataloone, Xura, Kuta ; en Allemard, Huhu ; en Polonois, Lebk, Sowka, Pafrzi; en Anglois, Howlet ; on l'appelle en Bouroogne Choe, ce qui eft un augmentatif de Chouerre. Salerne dit qu'on l'appelle en Champagne Îe Trembleur , parce que cet olfFau crie comine en friflonnant & trein- blant de froid, Ulula. Gelner, Ari. pag. 772. — Aidrov. Avr. tom, [, pas. 538. — Ulula La- fines. Ray, Sie. Ath Pia), He PES U/!ula Gefneri , idem, ividem, n° $.— Ulula A! drovandi, Wilulgh, Orirh. pag. 68. — Hibou fans cornes où Chat-huant. Belon, Æff£ #ar. ds Oifeaux, page 139..... Hibou, Chat-huant , appelé auf Dame Idm, Portraits d'Oïfeeux, page 26 À, Nota. Cette dénomination Dame vient probable. » ment de ce que cet oïifeau a la face environnée d'un collier & d'une efpèce de chaperon aflez fem « blible à ceux que portent les femmes pour fe nuvrir la tête; mais on peut dire la mème chole de la. Hulot. +55 ef fa plus grande de toutes les chouettes : clle a près de quinze pouces de lon gueur, depuis le bout du bec 4 l'ex _trémité des ongles ; elle à fa tête très- _grofle, bien arrondie & fans aiprettes, la face enfoncée & comme encavée dans fa plume , les yeux aufli enfoncés & environnés de plumeskgritätres & dé- -compofées, l'iris des yeux noirâtre où plutôt d’un brun foncé, ôu couleur de noïtette obfcur, {e bec d’un bianc- jaunâtre ou verdâtre , le deflus du corps couleur de gris- de- fe foncé, marqué de taches noires & de taches blanchäâtres ; le deflous du corps blanc, croifé de bandes noïres tranfverfales & longitu- dmales ; à queue d’un peu plus de fix de leffraie & du chat-huant, — Uula. Aldrov, Ari, tom. 1, pag. $38........ Aluco, Îfem, tom. ÏÎ, pag. $34.— Chouette noire, Albin, tome Il, page 4, plañche VIII, avec une figure mal liée Nota. Albin me paroïît avoir fait une faute, en difant dans fa defcription , que cet oifeau Ali des yeux jaune, à moins qu'il n'appelle jaune Île brun couleur de noiïfette, couleur où fl entre en effet un peu dejaune furs: =. Noctua major. Frifch, planche XCIV , avec une figure bien .coloriée.— La Hulotte, Briflon, Orxirhol, tome I ; page 507. \ (1 60 Hifloire Naturelle pouces , les ailes s'étendent un peu au- delà de fon extrémité, l'étendue du vof de trois pieds, les jambes couvertes juf- qu'à l’origine des doigts , de plumes blanches tachetées de points noirs /4); ces caractères font plus que fufffans pour faire diftinguer la hulotte de toutes les autres chouëttes ; elle vole légère- ment & fans faire de bruit avec fes ailes, & touiours de côté comme toutes les autres chouettes; c’eft fon cri /c), 4oë où où où où où où , qui reflemble affez au hurlement du loup, qui lui à fait donner par les Latins le nom d'la, qui vient d’ululare , heurier ou crier comme le loup, & c’eft par cette même (b) On peut encore ajouter à cés caracteres un | figne diftinctif, c’eft que la plume da plus exté- rieure de l'aile eft plus courte de deux ou trois pouces que la feconde, qui eft elle-même plus courte d’un pouce que Îa troifième, & que les: plus longues de toutes font la quatrième & la cin- quième, au lieu que dans l’effraie la feconde & la troifième {ont Îles plus longues, & l'extérieure, n'eft plus courte que d’un demi-pouce. (c) Cet oifeau pouffe la nuit, fur-tout quand if. gèle, une voix terrible, qui fait peur aux femme & aux enfans. Salerne, Ormirhol, page $3 de la Hulofte; ré6t analogie que les Allemands l’appellent hü hù ou plutôt 46u hou (à). | | La hulotte fe tient pendant lété dans les bois, toujours dans des arbres _ creux ; quelquefois elle s'approche en . hiver de nos habitations, elle chafle & De les petits oïfeaux, & plus encore es mulots & Îles campagnols ; elle es avale tout entiers, & en rtnd aufli par Je bec les peaux roulées ‘en pelotons : orfque la chafle de fa campagne ne lui produit rien, elle vient dans Îles granges pour y chercher des fouris & . des rats : elle retourne au bois de grand . matin à l'heure de Îa rentrée des lièvres, | & elle fe fourre dans les taillis les plus (d) Nota, C'eft d'après Gefner que je dis ici que lles Allemands appellent cette chouette, 4% 4x ; t cependant c’eft le grand duc auquel appartient ce bnom : ïl dit aufli qu'ils J’appellent #7 & el. Ma MFrifch ne lui donne que le nom générique eve, L& dit que les autres furnoms qu'en lui donne en bAMemand font fans fondement, comme cœlui de Mänapp eukë, par exemple, qui exprime Îe craque- lment que cet oifeau fait avec fon bec, mais que ttoutes les efpeces de chouettes font également ; L& nacht eul qui fisnifié chouerte de nuit , puifque Mtoutes les chouettes font également des oileaux de L'RU!f: 162 Æiflorre Naturelle, rc: épais ;, ou fur les arbres les plus féuilléss | & y pafle tout le jour, fans: changer, | de lieu: dans Ka mauvaile faïfon), elle | demeure dans des arbres creux pendant | le jour, & n’en fort qu'à fa nuit; ces habitudes lui font communes avec le ! hibou ou moyen duc, auffi-bien que ! celle de pondre leurs œufs dans des | nids étrangers, fur-tout dans ceux des | bules, des c'efferelles, des corneilles & | des pies; elle fait ordinairement quatre | œufs d’un gris fale, de forme arrondie ; | & à peu près auffi gros que ceux d'une | petite poule. | si] AN 2 É * CHAT-HUANT fa). Voyez la planche XI de ce volume, MA ons la hulotte, qui eft là plus igrande de toutes les chouettes, & qui la les yeux noirâtres , fe trouvent le | Chai- huant qui les a bleuatres , & * Vosiz les planches enluminées, n° 437. n/a) En Grec, Tag ; en Latin, Nocua; en: MCatalogne, Cabeca; en Allemand, ##/chfenger, Kinder, Melcher, Stoch-euk ; en Angloïs, Common bbrown-owt où Leech-owl. — Sirix, Gelner, Avi; pag. 739.— Afdrov. Avi, tom. F, pag. s6r. 4— Chouette. Albin, rame À, page 10, planche IX, Mavec une figure mal coloriée, — Nofua majors MFrifch, planche XCVI , avec une figure coforiée dir banale; à planche XCV, avec une figure coloriée t de la femelle, — Le Chat-huent. Brifon, Orrirh btome f, page 500.— The rawny owl, Britifch hZootogy, pl, D 3, Nota. Que faute d'exactitude, Auteur de la Zoologie Britannique a marqué du même ”emero B 3, deux planches différentes, & : Mque l'une de ces planches répréfente le hibou où moyen duc,-& l’autre le chat-huant dont il efë Misi queftion, 164 Hifloire Naturelle ’ Effraie qui les a jaunes : tous deu | ont àypeu près de la même grandeur; | ils ont environ douze à treize pouces de | longueur, depuis le bout du bec juf- | qu'a l’extrémité des pieds, aïinfr ils h'ont | guère que deux pouces de moins que | la hulotte, mais ils paroïflent fenfiblez | ment moins gros à proportion. On re-\ connoîtra le chat-huant d’abord à fes veux bleuatres, & enfuite à la beauté & | à la variété diftinéte de fon plumage /2); & enfin à fon cri 4640, h0h©, hÜhGhGhE , | par lequel ïl femble huer, hôler ou. appeler à haute voix. Gefner, Aldrovande, & plufieurs | autres Naturaliftes après eux, Ont eIm-. ployé le inot ffrix, pour défigner cette, efpèce, mais je crois qu’ils fe font. trompés, & que c’eft à l’effraie qu'il faut (b) Noyez-en la defcription très-détaillée & tres-, exacte dans l'Ornithologie de M, Briflon, rome I à page s oo. fuivantes : N fufht de dire ici que les couleurs du chat-huant font bien plus claires que | celles de la hulotte; le male chat - huant eft à la | vérité plus brun que la femelle, mais il n'a que | très-peu de noir en comparaïfon de la hulotte qui, de toutes {es choucttes eft la plus grande & la plus | brune, - du Chat-huant: I 6 Je rapporter : Jfrix, pris dans cette ac- ception, c'eft-à-dire, comme nom d’un oïfeau de nuit, eft un mot plutôt latin que grec ; Ovide nous en donne l’éty- mologie, & indique aflez clairement quel eft l’oifeau nocturne auquel il ap- orient: par le paflage fuivant : —— Sérum nde caput, ftantes oculi, roftra apta rapinæ Canities pennis, unguibus .haïnus ineff, LES? ils ffrigibus nomen, Sed norninis lujus … Caufa quod horrenda [tridere noce folent. MH La tête groffe , les yeux fixes, le bec propre à la rapine, Îes ongles ‘en hameçon , font des caradtères com- kmuns à tous ces oïieaux; mais la blan- cheur du plumage , Canilies pennis , lappartient plus à feffraie qu’à aucun lautre ; & ce qui détermine fur cela Imon fentiment, c’eft que le mot fridor, | J fionifie en Ta un criquement, UIL rincement , un bruit défagréablement Pom & femblable à celui d’une Mcie, eft précifément le cri gré, grèë (de l'effraie ; au lieu que le cri “du 1066 Hifloire Narurelle. “chat-huant eft plutôt une voix haute, 1 un hôlement qu’un grincement. | On ne trouve guère les chat-huansl ailleurs que dans fes bois ; en Bourgogne ils font bien plus communs que les hulottes , ils fe tiennent dans des arbres! creux, & l’on m'en a apporté quel] ques-uns dans le temps le plus ri-| poureux de l'hiver, ce qui nie faitl prélumer qu'ils reftent toujours dans le! pays, & qu’ils ne s’approchent que ra- rement de nos habitations. M. Frifchl donne Île chat-huant comme une variété de l’efpèce de Îa hulotte, & prend er1- core pour une feconde variété de. cettel inême elpèce le mâle du chat- huant£ fa planche cotée XC1V, eft la hulotte ; la planche XCv, là femelle du ch at-on ï & a planche XCVI le chat-huant mâle ‘ ainfi au lieu de trois variétés qu'il in- dique, ce font deux efpèces di ifférentes, ou fr fon vouloit que le chat-huant ne. füt qu'une variété de lelpèce de la hulotte , il faudroït pouvoir nier les, différences conftantes & les caradtères qui les diftinguent lun de lautre, &. qui me paroiffent afiez fenfibles & afle 4 R AK RARE KR KR SSSS NS LA nf, 1 TA ni Sr el PMU EST AC L “du Chat-hrant. IVe 7 “mulüpliés pour conftituer deux efpètes pue & féparées. | … Comme le chat - huant ‘Anèuve en _ Suède & dans les autres terres du Nord {c), ia pu pafler d’un continent à l’autre ; aufit le retrouve- t-on en Amérique jufque dans les pays chauds, 4 je y à au cabinet de M. Mauduyt, un chat-huant qui lui a été envoyé de \Saint - Domingue, qui ne nous paroît Ë tre qu'une variété de l'efpèce d'Eu- *ope , dont il ne diffère que par lunt- “formité des couleurs fur fa poitrine & fur le ventre qui font roufles & prefque fans taches, & encore par les couleurs plus ee des parties fupérieures L dut corps. (e) Seris capite A) » corpore LÉ hi qé remige uertiA longiore. Linn. Faun. Juec, 1 S JE ( cal sh _ di + _ *LEFFRAIE LA FRESAIE (a) Voyez la planche x11 de-ce wéluiee 1 IT qu’on appelle communé-M ment la chouette des clochers, effraie! en effet par {es foufflemens, «46, chëi,& ir chéü ; À X Voyez les planches enluminées, n° 474 & 4404 | (a) En Grec, Eatos; en Latin, Auco; en Allemand & en Flamand, Xirch-eule, ce qui fignifie li Chouette des. éghfes ; Schleyer-eule, Chouette voilée, M; parce qu'elle femble avoir Îa tête encapuchonnée;, - Perl-eule , parce que fon plumage eft parfemé de#, taches rondes comme des perles ou des gouttes de, liqueur ; en Anglois, Whire-wl, Chouette blanche.! INota, Salerne dit qu’on l’appelle dans l’Orléanois, 4, la Sologne, &c..,. 4... Frélaits en Poitou: Fréfaie ; en Gafcogne, Prefague ou Frefaco; dans\ Je Vendomois , Chouart, — Effraie on Frefaïe, M Belon, Hiff nar, des Oifeaux, page 142...... ni : Petit Chat-huant plombé. /dem, Portraits d'oifeaux , M gage 26, B, Nora, W paroït que Belon confond |. | à quelques | # r LES pre 2 Se Ar 1m. À de l'Effraie où la Frefale. 169 whèn, chiou , {es cris âcres & lugubres DEL AU PE , CTP: OL fa voix entrecoupée qu'elle fait fouvent retentir dans le fr- lence de la nuit; elle eft, pour ainft dire, domeftique, & habite au milieu des villes les mieux peuplées; les tours, des clochers, les toits des églifes & des , autres bâtimens élevés fui fervent de retraite pendant le jour, & elle en fort à l'heure du crépufcule; fon fouffle- ment qu'elle réitère fans cefle, reflem- ble à celui d’un homme qui dort la | € ; bouche ouverte; elle poufie aufii en volant & en fe repofant, différens fons aiores, tous Î1 défagréables que cela joint à l’idée du voiïfinage des cimetières & des églifes, & encore à Fobfcurité “à quelques égards , l’effraie ou frefaïe avec le tette- chèvre ou crapaud-volant, & Gefner le lui a re< | proché avec jufte raïfon. — Aluco minor, Aidrove MA. tome T, pag. 536. Uule penus alrerum quod Mquidam flammeatum cogtominant, Gelner, Avi, pag, 774. — Aluco vinor Aldrovandi, Wilulgh. Ornirhé pag. 67, tab. XIII. — Lucheran 4 Chouette- blanche, Albin , rome Îl, page 7, planche XI, avec Mune figure coloriée. — ÂNoélua gurtara Frifchs planc. XCVII, avec une figure coloriée. — Le petit (QChat-huant. Briflon, Ornirh, tome |, page s034 — The Whire owl. Brititch Zoology, pl B, ù Oifeaux, Tome IL H Hyo Æhifloire Naturelle de Ka nuit, infpire de l’hotreur & de fé. crainte aux enfans, aux femmes &. même aux homines foumis aux mêmes préjugés , & qui croient aux revenans, aux forciers, aux augures ; ils regardent l’effraie comme loifeau funèbre, comme le meffager de la mort; ils croient que quand il fe fixe fur une maifon, & qu'il y fait retentir une voix différente de-fég ii cris ordinaires, c’eft pour appeler quele ru’un au chnetière. d On la diftingue aifément des autres | chouettes par la “beauté de fon plumage ; elle eft à peu près de la même grandeur que le chat-huant, plus petite que Ia hulotte, & plus grande que la chouette | proprement dite, dont nous “parlerons : dans l’article irons elle à un pied ou. treize pouces de longueur, depuis le | bout du bec jufqu’? à l'extrémité de la, queue qui n’a que cinq pouces de lon- ueur ; elle a le deflus du corps jaune ondé de gris & de brun, & taché de | points blancs: le SA du cerps. blanc, mar qué de points noirs; les, Yeux environnés très-ré oulièrement d'un. cercie se un blanches & fi fines) : Ge l'Effraie où‘ Frefaie 17% œuon les prendroit pour des poils ; Viris d’un beau jaune, le bec blanc, excepté le bout du crochet qui eft brun ; les pieds couverts de duvet blanc, les doigts blancs & Îles ongles noirâtres ; il yen à d’autres qui, quoique de la même efpèce , paroïiflent au premier coup d'œil être aflez différentes ; elles font d’un beau jaune fur fa poitrine & fur le ventre, marquées de même de » points noirs; d’autres font parfaitement . blanches fur ces mêmes parties, fans : Ja plus petite tache noire : d’autres enfin font pen jaunes & fans aucune “tache *. … J'ai eu plufieurs de ces chouettes vivantes, il eft fort aifé de les prendre, « en oppofant un petit filet, une trouble -à poiflon aux trous qu elles occupent “dans les vieux bâtimens: elles vivent x ou douze jours dans les volières où belles font renfermées , mais elles refufent bioute nourriture, & meurent d'inanition fau bout de ce temps; le jour elles fe Mtiénnent fans bouger au bas de la vo. Mière, le foir elles montent au fommes M * Voyez les planches culuminées, n° 440» Hi ïj Y72 Hifloire Naturelle des juchoirs où elles. font entendre leur foufflement , ché, vhëi, par lequel elles femblent appeler les autres: j’ai vu plu- fieurs fois en effet, d’autres effraies arriver au ta de leffraie pri- fonnière , fe pofer au-deffus de la volière, y faire le même loufflement & Sy laifler prendre au filet. Je n'ai jamais entendu leur cri âcre / fridor), crèi, gréi dans les volieres ; elles ne A ee ou qu'en volant & lorf- qu’elles font en pleine liberté; la fe- melle eft un peu plus groffe que le mâle, & a les couleurs plus claires & plus diflinétes ; c’eit de tous les oifeaux nocturnes celui dont le plumage eft le À plus agréablement varié. 4 L'efpèce de l'effraie eft nombreufe , & par-tout très-commune en Europe: éomme on fa voit en Suède aufli-bien qu'en France /b), elle a pu pañler d’un continent à à l'autre ; auffi ia tOuvE-t- -On (b) Jirix capite lævi, corpore luteo. Linn. Fm | Sec, n.° 40 Nora M. Salerne s’eft rañRnE lor(quiif a dit que Linnœus n'en parle point, & qu appa: | femment la frefaie ne fe trouve point en Suède, !! ÿo byez Tree Ornithol, page 93 de l'Effraie où la Frefaie. 173 en Amérique, depuis les terres du Nord » juiqu’à celles du Midi. Marcgrave la » vue & reconnue au Brefil, où les na- turels du pays lappellent ruidara [c). L'effraie ne va pas comme la hulotte . & le chat-huant, pondre dans des nids . étrangers; elle dépofe fes œufs à crud … dans dès trous de murailles, ou fur des » {olives fous les toits, & auffi dans des | creux d'arbres; elle n’y met ni herbes “ ni racines, ni feuilles pour les recevoir ; … elle pond de très-bonne heure au prin- » temps, c'elt-à-dire, dès Ja fin de mars Lou le commencement d’ avril; elle fait ordinairement cinq œufs & quelquefois …_ fix & même fept, d’une forme alongée & de couleur blanchätre; elle nourrit fes petits d’imfectes & de morceaux de - chair de louis ; is font tout blancs dans de premier âge, & ne font pas mauvais Mia manger 4 mi de trois feinaines, 1 car ils font gras & bien nourris; les Es (c) Thidara Brafilenfibus ; ululee ef? fpeciès, Ger- “mans SCHLEIER-EULE , Belois herhuyles<. à + D w à FA Marcgr. Fifl, ar, Brafil ile pee 210$, He : H Nf _ fouris; ils boivent auflt aflez fouvent Œ74 Hifleire Natur in pères & mères purgent Îles éplifes de À "RQ phuôt mangent l'huile des lampes, À fur-tout fi elle vient à fe figer; ils | avalent les fouris & Les mulots , les petits | oïfeaux tout entiers, & en Lenaee pt | le bec, les os, les plumes & les peaux à roulées, leurs excrémens font blancs & liquides comme ceux de tous les autres. h oifeaux de proie; dans la belle faifon, À la plupart de ces oïfeaux vont le foir | dans les bois voifins , mais ils reviennent. k tous les matins à leur retrait ordinaire, | où üls dorment & ronflent jufqu” aux. | heures du foir; & quand la nuit arrive, M ils fe laiffent one ion trou, & volenten culbutant prelque jufqu’à terre M forfque le froid: eft rigoureux , on les. trouve quelquefois cinq: ou fix dans le-M même trou, ou cachées dans les four- | rages ; ‘elles y cherchent abri, Pair: tempéré & la nourriture; les fous font. ! en effet alors en plus grand nombre- | dans Îles granges que dans tout autre: | temps : en automne , elles vont fouvent; vifiter pendant la nuit les lieux où Lo | MEME * 1491] ll ! | 1 li CAR AL LL. XI pag. 174. DR RS LE ps peter PTLS = = = ESS IS SNS =SS L | l Da L'ÉFFRAIE, FEU AIRE JAN k d: Wal va k De q Le “hrs & des rites D | 11 elles tuent les bécafles qu’elles trouvent ‘1 LE ues, & les: Er fur le lieu, … maisclles emportent quelquefoisles grives de & les autres petits ps qui font “jé …. aux lacets, elles les avalent fouvententie & avec la plume, maïs elles déunen … ordinairement, avant de les manger, » ceux qui ES ds peu plus gros: ces … dernières habitudes, auffi-bien que celle de voler de travers, c'eft-à-dire , comnie L file vent les emponoit, & + faire: * aucun bruit des ailes |; font communes à à l'effraie, au chat-huant, à la hulotte D & à la chouette proprement dite dont | | “hous allons phslere D (4) Rejoitae ss Baguette de Hoïs vert courbée 3 14 au bout de laquelle on attache un lacet, & quË >ar fon refiort en lerre le nœud coulant & enlève: 176 Fifloire N turêlle | € RER SERRE d'A RENTRER ET LA CHOUETTE % OÙ ELA * Du GRANDE CHEVÈCHE (à). Voyez la planche XIII de ce nu. : Ce efpèce, qui eft la Chouette, | proprement dite, & qu’on peut appeler M la chouette des rochers ou la grande che- | yêche, eft affez commune, mais elle le n’approche pas aufli fouvent de nos | # Voyez les planches enluminés, n° 438. fa) En Grec, A’rywuos; en Latin, Crcumaÿ ‘ en Allemand, Srein-hurz, ou Steinuke ; en Polonois, M “Sowa; en Angloïs, Great Brown ewl. — Noftua K guam faxarilem Hlelverii cognominanr, Noëlua Jfaxa- L zilis. Gefner, Avi, pag. 622. Aldrov, Avi, tome, W pag. 545: — Grande Chevèche. Belon, Hifhoire | naturelle des Oifeaux , page 140...... Chevêche grimaut; Machette, /dem, Portraits d'oifeaux , page | 27. A, Grande Chouette brune. Albin, rome IE}, page 4, planche VII, avec une foure mal coloriée, Ulula flammeata, Kurz jaune fans oreïlles où Jrcin= | eule. Chouette ou Souette. Frifch , planche XCVIH, avec une bonne figure coloriée. — La grande Ghouere, Briflon , Orvirhoh tome }, page Si12 LA Le ae la oui dre, 7 Ebiations que leffraie; elle fe tient . plus volontiers dans les carrières, dans les rochers, dans les bâtimens ruinés _ & éloionés des Heux habités : il fémble qu'elle préfère les pays de riontagnes, . & qu’elle cherche les précipices efcarpés & les endroits folitaires ; cependant on ne la trouve, pas dans les bois", & elle . ne fe loge pas dans des arbres creux /4): bon [a difinguera aifément de la hulotie …_ & du chat-huant par la couleur des yeux qui font d’un très-beau jaune, | au lieu que ceux de la hulotte font d’un …_ brun preique noir, & ceux du chat- … huant d’une couleur bleuâtre; on là ‘ diflinguera plus difficilement del’effraie , | parce que toutes deux ont l'iris des yeux “ jaunes, environnés de même d’un grand … cercle de petites plumes blanches : que me deux ont du jaune {ous le ventre, _ & qu’elles font à à pie près de la note 14 ta one ar # ? Au 1 ï É $ 0 : ’ Li an: te 1 # } 4 # A. à a DA tn 40 À “ 1 k EE En Éne RES mue à /b) Nous laïifferons {dit M. Ft ) à cette ti Chouette fon nom diftinétif Jriveule, parce que je ne l'ai jamais trouvée dans des arbres creux, “mais (eulement dans des bâtimens en ruines ou du n ons abandonnés depuis long-temps, &r dans les | ée” chers, Frifch, article des Oifeaux noëturnes, H y 78 Æifloire Naturelle. grandeur ; mais [a chouctte des rochers: elt en général plus brune, marquée de taches plus grandes & longues comme: de petites flammes; au lieu que les taches de l’effraie, lorfqu’ elle en a, ne font, pour ainfi eu que des points. ou. ie gouttes, & © 'eft par cette raifon qu’on a appelé l'effraie n0@ua guttala ;. & la chouette. des rochers dont il eft ici: queftion, nocua flammeata; elle a auflr. les pieds bien plus garnis Pme & le bec tout brun; tandis que celui de l'effraie elt blanchâtre, & n’a de. brun qu’à fon extrémité. Au refte, la. femelle, dans cette efpèce, à les me leurs plus: claires, & les taches plus. petites que le male, comme nous fa- vons aufli remarqué. fur la. femelle due. chat-huant. | _Belon dit que cette: efpèce Sr 1 la grande chevéche; ce nom n’eft pas 4! impropre, car cet oifeau reflemble afiez: par fon plumage & per fes pieds bien. garnis de duvet, à la petite chevéche- que nous appelons fimplement chvéches il paroît être auffi du même naturel, ne: fe tenant tous deux que dans. les rochers } 10 de la Chouette, vo 7 9. Les carrières , & très-peu dans les bois : . ces deux cfpèces ont aufii un nom me riculier , kautz ou Âautz-lein en Ale mand,, qui répond au nom pariüculier, k Bi-éche en François. M. Salerne dit | que la chouette du pays &Orléans eft 4 certainement la grande chevêche de Belon; qu en: Sologne on lappelleche- | véche, & plus communément chavoche ou caboche; que les Laboureurs font ; grand: cas dencet oifeau, «en ce: qui: … détruit quantité de mulots : ; que dans le’ himois d'avril on l'entend crier jour” & nuit gout, mais d’un'ton affez doux,- & que quand il. doit pleuvoir , elle: 4: change de cri, & femble dire goyon: É qu’elle ne fait point de nid, ne pond: que trois œufs tout blancs, parfaitement ï ronds, & gros comine ceux d’un pigeon: … ramier ; il dit ru qu elle loge dans des: Marbres creux. & qu'Olina fe trompe: & Duc se avance qu’elle couve: “les deux derniers mois de l'hiver: cez- pendant ce dernier fait ieft pas éloigné: \ du vrai; non- -feulement cette chouette: su MM imais même toutes les autres pondent au: Mgommencement. de mars ,. ge. CORVENÉE, AE t$o Fiflore Naturelle par conféquent dans ce même temps, & à l'égard de la demeure habituelle de la chouette ou grande chevêchedont il eft ici queftion, nous avons obfervé qu'elle ne la prend pas dans des arbres creux, comme l'aflure M. Salerne, mais dans des trous de rochers & dans les carrières, habitude qui lui eft com- _mune avec la petite chevêche dont nous | allons parler dans Particle fuivant; elle: eft aufli confidérablement plus petite que la hulotte, & même plus petite que le chat-huant, n'ayant guêre que onze: pouces de ongueur depuis le Ho Ge bec jufqu'aux ongles. {l paroît que cette grande cheveche qui eft aflez commune en Europe, fur- tout dans les pays de montagnes, fe re- trouve en À mérique dans celle du Chiy, & que l’efpèce indiquée par le Père F euillée, fousle nom de chevéche-lapin(c}, & à FRE ia donné ce furnom de. le) Efpèce de chevèche- Lis où 4/ula cunicularia val ée, Journal des Olfervations rhfques page | Orrnitk, ST page 525; où lon peut en voir la defcrip- tion aufli-bien que dans l'ouvrage au P, Feuiliée, ‘4 ù ’ 2 de la Chouette, de, 181 | lapin parce qu'il l’a trouvée dans un trou fait dans la terre ; que cette efpèce, 5 n’eft qu'une variété de notre parnde chevêéche ou chouette des rochers à d'Europe, car elle eft de 1 même 1 | grandeur & n’en diffère que par la dif- tribution des couleurs, ce qui n'eft pas . faffifant pour en Lie une efpèce dif | tinde & féparée. Si cet oifeau creufoit re {on trou, comme le Père 1 Feuillée paroït le croire, ce feroïit une raifon pour le juger d’une autre efpèce que noire chevêche /d), & même que | (4) Notes ie: Pi du Tertre, én parlant de loifeau nacturne appelé diable dans nos les de l'Amérique, dit qu'il eft gros comme un canard, qu'il a la vue affreufe, le plumage mêlé de Fee & de noir, qu'il repaire fur les plus hautes mon- taones, qu “] fe territ comme le lapin dans les trous qu Pal fair dans la terre, où il pond fes œufs, les y uve & élève fes petits. .... qu’il ne defcend mais de la moneneAue de nuit, & qu’en volant fait un cri fort lugubre & cffroyable. _Ffifloire des Arnrilles, rome 11, page 257: Nota, 2.7 Cet oifeau eft certainement le même que celiiidu P. Feuillée, ê quelques-uns des babitans de nos îles fe trou vera peut-être à portée de vérifier s’il creufe en effet un \ rrier pour {e loger & y élever fes petits. Tout le refte des indications que nous donnent ces deux À uteurs , s'accorde à ce que cet oifeau foit de Ia même efpèce que notre chevéche ou chouette lacs rochers, | k RS» Æifloire Naturelle, rc toutes nos autres chouettes; mais né s'enfuit pas de ce qu'il a trouvé cet oifeau au fond d’un terrier, que ce foit: Voifeau qui Fait creulé ; & ce qu’on en: peut feulement induire , C'eft qu'il eft: du même naturel que nos chevêches. d Europe, qui préfèrent conftamment. les trous, foit dans les pierres, foit dans. les terres, à ceux qu’elles pourroïent trouver dns les arbres creux. Ton. 1. PL, XI, 772 182, à | . F a — + SE | | | MS nil LA j . ie ii à di PIE —— À li qi Se RS NS NS NS NÙ Ÿ NX Ÿ NS SSS SR NS NŸ À SS [PRIE RHIN (HI RUE Hi (HN THEN QHNHN HN Le 2 sl \ 1 We ; ait Le ‘1 HE À nl LA CHEVÉCHE(d) U. : LPETITE CHO UETTE.* L 4 à. bi tr Me la sache XIV de ce nine | 1 À Eheveche & d “ie ou petit: “uc, font à peu près de la même: M ra n X° Voyez les planches enluminées, n° 4304. + (a) Nota. Les Grecs & les Latins n’ont pa: … diftingué cette efpèce par un nom particulier, & ils: \ Font vraifemblablement confondue. avec celle du: . fo ou petit duc, afe, Il en eft de même des … Fialiens qui les appellent tous deux Zäerta.ou Civerra ; i ven Efpagnol, Lechuza; en- Portugais, Mocho; en: … Mlemand, Kurz ou plutot né Has en Polonois, 1 ï “Szowa ; en Anglos, Lirrle owl. Nolluæ penis: …parvum, Gelner, con, Avi. pag. 15. — Petite. … Chevêche, Beidn » Hiffoire naturelle des Oifiaux ,. | page 140.—— Noctna. Aldrovande, Avi. tom. I, “pag. 543: — Petite Chouette. Albin , rome 11, “page S, planche XII, avec une figure coloriée, “— Petit Hibou. Edwards, , Glamues, page 39, Mpl CCXXVIII, avec une bonne figure coloriée, . “— La petite Chouette ou la Chevêche. Rene DOrirhologie tomef, page Mer: The Linie ok 184 A ifloire Naturelle grandeur, ce font les plus petits oifeaux du genre des hiboux & des chouettes ; is ont fept ou huit pouces de longueur, depuis le bout du bec jufaqu’à tou ré- mité des ongles, & ne font que de Îa roffeur d’un merle; mais on ne les prendra pas l'un pour l'autre, fr l’on fe fouvient que le petit duc a des ar) grettes, qui font à la vérité, très-courtes & compofées d’une feule plume , & que la chevèche a Îa tête dénuée de. ces deux plumes éminentes; d’ailleurs elle a l'iris des yeux d’un jaune plus pâle ; le bec brun à [a bafe, & jaune vers le bout, au lieu que le peut duc. a tout le bec noir ; elle en diffère aufii. beaucoup par les couleurs, & -peut ai- fément être reconnue par la régularité nor Zovlogy, planche B 5. Nota M. En M. Frifch & lAuteur de la Zoologie Britannique. ont chacun donné une planche cie de cet. oïfeau: la meilleure & la plus reffemblante à la. Nature, elt celle de M. Edwards; elle repréfente la : femelle de cette elpèce. La plinche de la Zoologie Britannique & celle de M. Frifch repréfentent le | mâle; mais ce dernier Auteur a fait une faure | en donnant des yeux d'un bleu noïrâgre à cet oifeau, | gar il les a d'un jaune pale, 2 de Che Nec à 85 des taches nas qu’elle a fur les ailes & fur le corps, & aufli par fa queue * courte comme celle d’une berdrix ; elle a encore les ailes beaucoup plus courtes à proportion, plus courtes même que o grande chevéche , elle a un cri or- dinaire poüpoi poüpot, qu'elle poule L& répète en volant, & un autre cri pu elle ne fait indie que quand elle eft è Le ée, qui reflemble beaucoup : à [a voix d’un jeune homme qui s’écrieroit, a7më, Din. cfiné plufieurs fois de ne (b}; “elle fe tient rarement dans les bois, fon . j domicile ordinaire eft dans les majures n (b) Nota. Étant couehe dans une des vieilles . tours du château de Montbard , une chevêche vint fcpoler un peu avant le jour, à trois heures du À matin, fur la tablette de la fenêtre de ma chambre, k ‘+ @ m'éveilla par fon cri hëmé, édmé ; cornme je h prétois l'oreille à cette voix qui me parut d’abord " d'autant plus fingulière qu ‘elle étoit tout près de moi, j'entendis un de mes gens, qui étoit couché dans la chambre au-deffus de la mienne, ouvrir fa fenêtre, & trompé par la reffemblance du fon m bien articulé édrié, répondre à l'oifeau; qui eff-tu “a-bas, je ne m'appelle pas Edme, je m ‘appelle Pierre, Ce domeftique croyoit, en effet, que c’étoit un Uhomme qui en appeloit un autre, tant la voix de | da chevéche reflemble à la voix humaine & articule | gifinétement ce mots L #86 Hifoire Narirelle écartées des lieux peuplés ; dans les garrières, dans les ruines des anciens édifices abañdonnés:; elle ne s'établit pas dans les arbres creux, & reflemble | par toutes ces AE aa grande chevêche ; elle n’eft pas € abfolument oi- feau de nuit , elle voit pendant le jour beaucoup mieux que les autres oïfeaux nocturnes, & fouvent elle s'exerce à la chafle des hirondelles & des autres petits oifeaux, quoiqu'aflez infructueu- | _fement; car il eft rare qu’elle en prenne ;!| elle réuflit mieux avec les fouris &: les petits mulots qu’elle ne peut avaler entiers & qu’elle déchire avec le bec: & les ongles; elle plume auffr très proprement ie oïfeaux avant de les. manger ; au Jieu que les hiboux, la hulotte & les autres chouettes les avalent! avec la plume qu’elles vomiffent enfuite ,: fans pouvoir la digérer ; elle pond cinq: œufs qui font tachetés de blanc & dei jaunâtre, & fait fon nid prefqu’à crudi dans des trous de rochers ou de vieilles! murailles, M. Frifch dit que comme: gette petite chouette cherche la folitude 2 qu’elle habite communément les “nes e , “ CS : | de la Chevéche, dc. 187 Tes voûtes, les cimetières où l’on conf- truit des tombeaux, quelques-uns l'ont mommée oifeau d’ éclifé Où de cadavre, kircken-oder, leich enhuhu, & que comme on à remarqué aufir qu’elle vohtigeoit quelquefois autour des maifons où il D non des mourans..…...:., Le peuple fuperftitieux, Va appelée oifeau de mort Où de cadavre, S'imaginant qu'elle préfageoit la mort des malades. M. Frifch n’a pas fait attention que ic'eit à l’effraie, & non pas à la che Wèche qu'apparüennent toutes ces im- putations, car cette petite chouette ef. “rès-rare en comparaifon de l’effraie; lle ne fe tient pas comme celle-ci dans # clochers, dans les toits des églifes ; elle n'a pas le foufflement lugubre. . le cri âere & eflrayant de Pautre, & ce qu'il y à de certain, c'eft que ft “cette petite chouette ou chevêche ef jegardée en Allemagne comme loifeau Le R mort, en France c'eft a l'effraie chevêche ou petite ne nl M. Frifch a donné la figure, & qui fe trouve EN. Allemagne, paroit. être une: “à Put à 188 ÆHiffoe Naturelle variété dans l'efpèce de notre chévêche, | elle eft beaucoup plus noire par le plu l mage, & a aufli iris des yeux noir, au lieu que notre chevêche eft beaucoup | moins brune, & a l'iris des yeux jaune: | nous avons Le au cabinet une variété | de l'efpèce de la chevêche qui nous | a été envoyée de Saint-Domingue, di qui ne différe de notre chevêche de. France, qu’en ce qu'elle a un peu 4 moins de blane fous la gorge, & que. R poitrine & le ventre font rayés tranfe | verfilement de bandes brunes aflez ré- ulières : eu lieu que dans notre che- | Voche Lu ‘y a que des taches brunes. Lure sréguliépement fur ces mêmes . parties: : Pour pére? en accourci, & d’ rie ; manière plus facile à füibr, des caraétères ‘qui diftinguent les cinq efpèces de chouëéttes dont nous venons de parler, | nous dirons: 1° Que la hulotte eft Ia plus grande & fa plus gr offe, qu ‘elle a, les yeux noirs, le plumage noirâtre, &. le bec d'un one -jaunâtre, qu ’on peut. | la nommer la gr one choucite noire aux ÿeuxn ARE 0 Que ! le chat-huant eft moins il che 189 terand & beaucoup moins gros que la LE 148 qu 4f a les yeux bleuâtres , le bc d un blanc verdâtre & qu on peut appeler la .. Joue vris-de-fer aux yeux bleus : # Que l’effraie eft à peu prés de la éme grandeur que le “chat-huant, qu’elle a les yeux jaunes , e plumage d’un jaune bianchätre, varié de taches bien diftinctes, & le ba blanc vec le bout du bit Brune & qu "on eut l’appeler {a chouctie bi pe Ou jaune aux peux OYANgÉS : 4 Que fa grande hevêche ou liée des rochers n’eft Das f1 grande que le chat - huant ni leffraie ; quoiqu elle foit à peu près aufft groffe , qu'elle a le plumage brun, les Yeux du beau jaune & le bec brun, & qu'on peut l'appeler a pay À brune aux Jeux jaunes au bec brun: 5. Que a petite chouette ou chevèche at beau- coup plus petite qu'aucune des autres, qu'elle a le plumage brun, régulière. ment taché de blanc, les yeux d'un j une pale & Île bec brun à la bafe, L& jaune vers le bout, & qu'on peut Fsppeler R eh choustte brune aux yeux x * Hifioir 4 Naturelle, dc: " 5 mètres , au bec brun à orangé. Ce caractères fe trouveront vrais en. gé éral 1. femelles & les mâles de. toutes ces | elpèces fe reflemblant affez par les cou- | leurs, pour que les différences ne foient | pas fort fenfibles : cependant ily a ici, | comme dans toute la Nature, des va- | riétés aflez confidérables ; fur-tout-dans | les couleurs; il fe trouve des hulottes!| plus noires fes unes que les autres ss des chat-huants, plutôt couleur de plomb | que gris-de- fi foncé, des effraies plus] bianches ou plus jaunes les unes quel les autres, des chouettes ou chevêches! grandes & petites, plutôt fauves que | brunes, mais en réuniffant enfemble | = & comparant les caractères que nous! venons d'indiquer, je crois que tout le monde pourra les reconnoïtre, c’eft-! à- dire, les diftinguer les unes des autres, fans s’y méprendre. | de AIN À NUE A UIUDA CHEVECHE / } / dl y NW, ) 1 ÿ/: Y, IL IIIT I D) GE A 2 CPIT LAS TS \ \ \\ ou PETITE CHOUETTE. 4 ar 3e À Cu vi | Ë 1 | : : i L'irnvest 7 kit 5 OISE UX ÉTRANGERS Qui ont rapport aux FI BOUX D aux CHOUETTES. E. A OISEAU appelé Cabure où Caboure par les Indiens du Brefil, qui a des “neft pas plus gros qu'une litorne ou # œrive des genevriers ; ces deux carac- de très-près à l'efpèce du fcops ou petit duc, fi même il n’eft pas une Re de efpèce. Marcgrave eft > feul qui ait décrit cet oïfeau /a), il l'en donne pas a figure; c’eft, dit-il, ne efpèce de hibou de la grandeur < d'une litorne (turdela); il a la tête ronde, : bec court, jaune & crochu avec deux trous pour narines ; les yeux beaux, Brands , ronds, jaunes avec Îa pupille’ hoire ; fous les yeux & à côté du bec, Ù (2) Marcgrave, Hifl Braf, pag. 212 | té éres fuffifent pour indiquer qu'il tient : aigrettes de plumes fur la tête, & qui à] #92 Æifloire Naturelle ya des poils longuets & bruns; Îe: à janbes font courtes & entièrement cow=M vertes, aufli-bien que les pieds, de plumes jaunes; quatre doigts à lordi-" naire, avec des ongles qe noirs & aigus; fa queue large , & à l'origine de laquelle fe terminent Ies« ailes: le corps, le dos, les ailes & 148 Fm font de couleur d'ombie pile, narquée fur Ja tête & le cou de très- pen taches blanches, & fur les ailes de plus grandes taches de cette même! | couleur; la queue eît ondée de bla anc À a poi tane & le ventre font d’un gris-h À blanchâtre, marqué d'ombre pâle {ce eft 2 a-dire d'un brun clair). Marcgraves ajoute que cet oifeau s'apprivoife à aies ment, qu'il peut tourner la tête & alon ger. le cou , de. manière que l'extrémité Re {on Déc touche au milieu de fon dos _qu'i joue avec les hommes comme un. fnge, & fait à leur afpect diverfes bouffonneries & craquemens de bec;k qu il peut outre cela remuer les plumes qui font des deux côtés de la tête, de manière qu’elles fe dreflent & repréà fentent des pires cornes ou des oreilles ss enfin, pes Ps #| A 1%] | Î des Oifeaux étrangers, ct. 193 enfin qu'il vit de chair crue: on voit par cette defcription , combien ce hibou approche de notre fcops ou petit duc d'Europe, & je ne ferois pas éloïgné de croire que cette même efpèce du Brefil fe retrouve au cap de Bonne- efpérance. Kolbe dit que les chouettes . qu'on trouve en quantité au Cap, font . de la même taïlle que celles d'Europe, que leurs plumes font partie rouges & . partie noires, avec un mélange de ta- _ches prifes qui les rendent très-belles, &. qu'il y a plufieurs Européens au | Cap, qui gardent des chouettes appri- voilées , qu'on voit courir autour de _ Jéurs maifons, & qu'elles fervent à net- . toyer leurs chambres de fouris /b): quoi- . que cette defcription ne foit pas aflez . déraïllée pour en faire une bonne com- _paraifon avec celle de Marcgrave, on peut croire que ces chouettes du Cap, qui s’apprivoiient aifément, comme les hiboux du Brefil, font plutôt de cette .même efpèce que de celles d'Europe, | parce que les influences du climat font * {b) Defcription du cap de Bonne-efpérance ; Gome Î11, pages 198 T'r99 Oifeaux, Tome IL, L 194 Hifloire Naturelle à peu près les mêmes au Brefil & au, ! Cap , & que les différences & les va- riétés des efpèces font toujours analogues aux influences du climat. 4. II _ L'oisEAU de Îa baie de Hudfon, appelé dans cette partie de Amérique, Caparacoch, très - bien décrit, deffliné gravé & colorié par M. Fu qui la nommé 4awk-oml (c c), chouette- épervier , parce qu'il participe des deux, & qu'il Babe faire en effet [a nuance entre ces deux genres d’oifeaux; il n’eft … guère plus gros qu'un épervier de Ra fparrow-hawk “ P etite efpè Fr épervier des moïneaux | longueur de Les ailes & de fa queue lui donne l'air d’un épervier ; mais Ja forme ( de fa tête & de fes pieds démontre 6 qu'il touche de plus près au genre des. chouettes ; cependant il vole, chaffe &. prend fa proie en pein jour, comme 1 les autres oifeaux de proie diurnes ; fon | 4 Ce) The Linie Hawt-ow Ederrds. AE À Birds, tom. Il, pag. 62, plates Lx II, avec) une bonne figure coloriée. Al e #° des Oifeaux étrangers, à. 109$ bec eft femblable à celui de l’épervier , mais fans angles fur les côtés ; il eft Juifant & de couleur orangée, couvert prefqu’en entier de poils, ou plutôt de petites plumes décompoñées & griles, comme dans [a plupart des efpèces de chouettes; l'iris des yeux eft de la même couleur que celle du bec, c’eft-à-dire, orangée ; ils font entourés de blanc, ombragés d’un peu de brun moucheté ! de petites taches longuettes & de couleur obfcure, un cercle noir environne cet efpace blanchâtre, & s'étend autour de la face jufqu'auprès des oreilles; au- delà de ce cercle noir fe trouve encore un peu de Blanc ; le fommet de la tête eft d’un brun foncé, marqueté de petites taches blanches & rondes: le tour du cou & les plumes, jufqu’au milieu du dos, font d’un brun obfcur & bordées . de blanc ; les ailes font brunes & élé- . gamment tachées de blanc , fes plumes fcapulaires font rayées tranfverfalement de blanc & de brun; Îes trois plumes les plus voifmes du corps ne font pas tachées , mais feulement bordées de blanc; la partie inférieure du dos, Ie | li 706 Flifloire Naturelle croupion & les couvertures du deflué: | de la queue font d’un brun foncé, avec des raies tranfverfales d’un brun | plus léger; la partie inférieure de la : gorge, la poitrine, le ventre, les côtés, | les jambes, fa couverture du deffous | de la queue & les petites couvertures du deffous des ailes font blanches , avec | des raies tranfverfales brunes; les grandes | font d’un cendré obfcur, avec des ta- ches blanches fur les deux bords: fa première des grandes plumes de l'aile eft toute brune , fans tache ni bordure blanche, & il n’y a rien de femblable aux autres plumes de l'aile, comme. on peut aufli le remarquer dans les autres chouettes; les plumes de la queue font au nombre de douze, d’une cou- leur cendrée en deflous , d’un brun _obfcur en deflus avec des raies tranf-. verfales étroites & blanches; les jambes | & les pieds font couverts de plumes fines, douces & blanches comme celles du ventre, traverfées de lignes brunes. plus étroites & plus courtes; les ongles font crochus, aigus & d’un brun foncé. Unautre individu de la même efpèçe! des Oifeaux étrangers, rc. 197 étoit un peu plus gros , & avoit les couleurs plus claires, ce qui fait pré- fumer que celui qu’on vient de décrire: eft le mâle, & ce fecond-ci Ia femelle : tous deux ont été apportés de [a baie de Hudfon en Angleterre , par M. Light, à M. Edwards, III. LE HARPANCGS L’O1SEAU qui fe trouve dans les terres febtentrionales des deux mn Ent 3 que nous appelierons Harfang, du nor harfaoang /d), qu’il porte en Suède, & qui par fa grandeur elt à l’évard des chouettes, ce que Île grand dues eft à Pégard des hiboux ; vs ce harfañg n'a point d'aigrettes fur [a tête, & il eft encore plus grand & plus gros que le * Woyez les planches enlurminées, n.° 458. _ fa) Strix cape lari, corpore alhido. Harfaone, nn Fan. Suec, n° PORTEURS Nyétea. Lire *cap'te lavi , corpore alhido, maculis lunaris diflantibus fafcis. Idem. S?, rar. édit. X..... Moi ur fcandiana | Waxina ex albo À cinereo variegara, Rudbeck cité Npa Linnzus. lie, | | éd Le à 98 . Hiflolre Naturelle rand duc; comme la plupart des of= leaux du. Nord , il eft prefque par- tout d’un très - beau blanc, maïs nous | ne pouvons rien faire de mieux ici, que de traduire de lAnglois la bonne def- cripuion que M. Edwards nous a donnée de cet oïfeau rare, & que nous n'avons pu nous procurer: «la grande >» chouette blanche, dit cet Auteur, eft >» de Îa première grandeur dans Île genre | » des oïfeaux de proie nocturnes, & » c’eft en même temps l’efpèce la plus » belle à caufe de fon plumage qui ef » blanc comme neige; fa tête n’eft pas » fi groffe, à proportion, que celle des » autres chouettes ; fes ailes, lorfqu’elles x font pliées, ont feize pouces (Anglois}, » depuis l’épaule jufqu’à Pextrémité de >» la plus Iongue plume, ce qui peut » faire juger de fa grandeur : on dit » que c’elt un oïfeau diurne, & qu’il » prend en plein jour les perdrix blan- » ches dans les terres de Ia baïe de _» Hudfon fe) où il demeure pendant | (e) Nota. Que ces perdrix blanches des terres du nord de l'Amérique ne font pas des perdrix s | ais des gélinottes, V7 Oifeaux étrangers, ce 19 ÿ | joute l'année: fon bec eft crochu ce comme celui d'un épervier , N'ayant « k point d’angles fur les côtés ; il eft noir & percé de larges ouvertures ou ce . narines , il eft de plus prefqu’entière- « ment couvert de plumes roides , fem- cé . blables à des poils plantés hu la ce _bfe du bec, & fe retournant en « - dehors; la pupille des yeux eft en- ce . vironnée d'une iris brillante & jaune, ce \ fa tête aufli-bien que le corps, les « : n ailes & [a queue font d’un blanc pur; « À le deffus de la tête eft feulement « N marqué de petites taches brunes, a « $! “partie fupérieure du dos eft rayée « . tran{verfalement de quelques lignes ce “brunes , les côtés fous les ailes font « * auffi ryés de même, mais par des « . lignes plus étroites & plus claires ; Les « « grandes plumes des ailes font tachées « de brun fur les bords extérieurs , il « y a aufli des taches brunes fur les ce couvertures des ailes, maïs leurs cou- « Uvertures en tés font purement ce “blanches, le bas du dos & le croupion ce font blancs & fans taches: les jambes « Fe les pieds font couverts de plumes I üi \ ; Vaux 200 Hifloire Naturelle » blanches, les ongles font longs, forts, » d’une cout noire & très-aigus: j'ai | » eu un autre individu de cette eilpèce, » ajoute M.E hvards, qui ne difiéroit » de celui-ci qu’en ce qu'il avoit des » taches plus fréquentes & d’une cou- ! leur plus foncée » /f). Cet oifeau qui | eft commun dans les terres de la baie | de Hudfon, eft apparemment con | dans les pays du Nord, car il eft très- rare en Penfilvanie, dans le nouveau | continent; & en Europe, on ne 1e | trouve plus en-deçà de {a Suède & du | pays de Dantzick ; il eft prefque blanc & fans taches par les montagnes de | Lapponie. M. Klein dit que cet oifeau qu’on appelle hérfang en Suède, fe nomme 1#eiffebunte Jihlitete-cule en Alle- | magne; qu'il a eu à Dantzick le mâle : _ & la femelle vivans, pendant plufieurs | mois /2),en 1747. M. Ellis rapporte (f ÿ Edwards , Hift. of Birds, tom. II; pag. 61, planche LX I, avec une Dé figure | coloriée. | .… (g) — UÜula alla maculis terrei coloris. Hürfang } | Aie Weiflebunte Schliétete-eule, £Ejufnodi avemi, quo 1747, } jai. infarctan inter curiofa frietarigl des Oifeaux etrangers, c. 207 tue le prand hibou blanc fans oreilles c'eft-à-dire, cette pr chouette blanche |, abonde aufii - bien que le. hibou couronné { c’eft-à he le grand duc }, dans les terres qui Le ent fa baie de Hudfon : il eft, dit cet Auteur, d’un blanc € OME. & l'on a peine à le diftinguer de la neige ; ÿ paroît pendant toute l’année, il vole fouvent en plein jour, & donne la chafle aux : perdix blanches /4/: on voit par tous ces témoignages , que Île harfano, qui eft fans comparaifon Ia plus grande de toutes les chouettes |; Le trouve aflez Cominunément dans les terres lepten- trionales des deux continens /:); mais ee repofuis Pondus aæçuabat 3 poflet marem LE ; faminam vivos obtinui, pofl nrenfes fex feminà moriu& , marem libertate donavi, Eaden apud Edward, ii -p. 61. Ab unco roftri ad exitum caudæ 1 = ulreæ dant ak expanfs 2, roflrum ëT ungues nigri; gene, alæ info HA ; Hop} GiU pedes pilofa lableu : rruncus fuvernè Jper albo ex cinereo marmoratus. Klein, Avés P- 54 “ /h) Voyage de la baie de Hudfon, tome 1} pages UE 56. Nora, J'ai déjà averti He ces | 7 étoient des gélinottes, (i) Nota On le trouve , comme on voit, en Mo fe en Suède & dans le nord del Allemagne; l y 202 Hifloire Naturelle qu ‘apparemment cet oifeau craint 1e - chaud, puilqu'on ne le trouve dans aucun pays du Midi. Er.» LE LE CHAT-HUANT. de Cayenne *. L'OI1SEAU que nous avons cri devoir appeler le Chat-huant de Cayenne. ui n'a été indiqué par aucun Natu- ralifte ; il eft en effet de la grandeur | du chat-huant, dont cependant il diffère | pour la couleur des yeux qu il a jaunes, en forte qu’on. pourroit peut-être le rap- por ter Re gr à l’efpèce de l'effraie; | œn le trouve à la baie de Hudfon & en Penfilvenies en le trouve aufli en (fluide. car Anderion la fait: | defliner & oraver. Foyez la Defcrirrion de L Iflande , par Anderfs m, tome 1, page #5, planche 1; & quoi- que Horrobous ,. qui à fait la critique de l'ouvrage d'Anderlon , aflure qu’il n’y a aucun. hibou ni chouette en [flande, ce fait. négatit & général ne M doit pas être admis fur Îa parole d'un feul garant. dont il paroïit que le but principal: étoit de cons » tredire Anderfon. 11 pa x Voyez les planches enluminées , Ne” 442 des Oifeaux étrangers, ce. 203 | sais dans le vrai, il ne reffemble ni à Fun ni à l’autre, & nous paroït être un. | oifeau différent de. tons ceux que nous avons indiqués : il eft particulièrement remarquable par fon plumage roux, rayé tran{verfalement de | lignes en.ondes | brunes & très - étroites, non-feulement | chouettes. fur la poitrine & le ventre, mais même: fur le dos, il a aufli le bec couleur de | chair & les ongles noirs; cette courte defcription faffira pour faire diftinguer cette efpèce nouvelle de toutes les autres se | 9 t VE CHOUETTE ( ou grande LUE VÉCH E de Canada, € ET. qi qui a été indiqué par M. Brion /k), fous le nom de Chat … huant de Canida, nous a paru appro- cher. beaucoup plus de l'efpèce de fa . grande. Aie 2 & c’elt par cette raïfon: » que nous lui en avons donné le nom; À XVII 3 gr 2v (4) Brion, Ornithol, tt page énB planche E vf 204 | Fifioire Naturelle la planche enfuminée qui le repréfenie comparée avec celle de notre chevêche & de notre chat-huant, fuffit pour dé- montrer que cet oifeau a plus de rapport avec la première qu'avec le fecond; elle diffère néanmoins de notre chevêche, | en ce qu'elle a fur la poitrine -& fur le ventre des bandes brunes tranfverfales, régulièrement difpofées , & c’elt une chofe aflez fmgulière, qui fe trouve également dans la petite chevêche d'A- mérique dont nous avons parlé à l'article de la chevêche ou petite chouette, & que nous n’avons confidéré que comme une variété de cette pois efpèce. Have La CHOUETTE ol eut CHEVÉCHE de Saint-Domingue. : CET oïfeau nous a été envoyé de Saint - Domingue , & nous paroït être une efpèce nouvelle, différente de toutes _ celles qui ont été indiquées partous les … Naturalifles; nous avons cru devoir la rapporter par le nom à celle de ‘la /! des Oifeaux étrangers, we) 30 S. . chouette ou grande chevèche d’'E Europe, . parce qu’elle s’en éloigne moins que d'aucune autre; mais dans le réel , elle nous paroît faire une efpèce à part, & qui mériteroit un nom particulier ; elle à le bec plus grand , plus fort & plus crochu qu'aucune efpèce de chouette, & elle diffère encore de notre grande chevêche , en ce qu’elle a le ventre _ d’une couleur rouffâtre , uniforme, & . qu'elle n’a fur fa poitrine que quelques taches longitudinales ; au lieu que Îa . chouette ou grande chevêche d'Europe, a fur la poitrine & fur le ventre de . grandes taches brunes, oblongues & pointues , qui lui ont fait donner le nom . de Chouette flambée, nodfua flammeata. 206 Hifloire Naturelle … O'Ê SE AU | QUI NE PEUVENT VOLER, E) ES Oileaux les plus légers & qui percent les nues, nous paflons aux plus pelans qui ne peuvent quitter la . terre; le pas eft brufque, mais la com- paraïlon eft fa voie de toutes nos con- noiflances , & le contrafte étant ce qu'il ya de plus frappant dans la compa- xaïion, nous ne faififfons jamais mieux que par Foppofnion, les points prin- cipaux de ia nature des êtres que nous confidérons. De même, ce n’eft que per un coup d'œil ferme fur les ex- trèmes que nous pouvons juger les milieux. La Nature déployée dans toute fon étendue, nous préfente un immenfe: tableau , dans lequel tous les ordres des. êtres font chacun re réfentés par une chaïne qui {outient une fuite continue: d'objets aflez voifins, affez iemblables pour que leurs différences {oieni difficiles: | | des Oifeaux, dc 207 à faifir; cette chaîne n’eft pas un fimple: … fil qui ne s'étend qu’en: longueur, c'eft | une large trame: ou plutôt un faifceau,, » qui, d'intervalle à intervalle, jette des- | branches de côté pour fe réunir avec les faiiceaux d’un autre ordre; & c’eit | fur-tout aux deux extrémités que ces | faifceaux fe plient, fe ramifient pour en atteindre d’autres. Nous avons vu dans l’ordre des quadrupèdes , lune des extrémités de la chaîne, s'élever vers l'ordre des oïfeaux par les pola- | ie les roufleites, les chauve-fouris,. qui > Comine eux, ont la faculté de - voler. Nous avons vu cetie même chaîne, si {on autre extrémité , fe ra- baifler juiqu’a l’ordre des cétacées par “les phoques, les mortes, les lamantins, * Nous avons vu dans le milieu de cette | chaîne , une branche s'étendre du fmge à l’homme par le magot, le gibbon, le pithèque & l'orang- outang. Nous Javons vue dans un autre point, jeter “un double & tripie raneau, d'un côté: “vers les reptiles par les fs uterélliers , les “pharagins, les pangolins, dont la forme approche de celle des crocodiles, des. #08 Æifloire Mai | iguanes , des lézards; & d'autre côté. | vers les cruftacés par les tatous, dont le corps en entier et revêtu d'une cui- rafie ofleute. Ii en {era de même du failceau qui foutient l'ordre très- nom breux des oileaux , ff nous plaçons au premier point en haut les oïleaux aëriens les plus légers, les mieux voians,: | nous defcendrons par deyrés & même: par nuances prefqu'infenfiblies aux oi- feaux les plus pelans, les moins agiles, & qui dénués des inftrumens néceflaires à l'exercice du vol, ne peuvent ni s’é- lever ni fe foutenir dans l'air; & nous. trouverons que cette extrémité inférieure du faifceau, le divite en deux branches, | dont l'une contient les oileaux terrefires, » tels que lautruche, le touyou , le caioar, le dronte , &c. qui ne peuvent quitter! la terre; & l’autre fe projette de côté: fur les pingoins & autres oïleaux aqua tiques , auxquels l’ufage ou plutôt let féjour de la terre & de l'air font éga- (Ml lement interdits, & qui ne peuvent, s'élever au-deffus de le furfice de l’eau ; 41 qui paroît être leur élément particulier. À Ce font-là les deux extrêmes de ja chaîne f | des Oifeaux, &'e 209 | que nous avons raïfon de confidérer d'abord avant de vouloir faifir les mi- lieux, qui tous s ’éloignent plus où moins ou participent inégalement de Ia nature _ de ces extrêmes, & fur lefquels milieux nous ne pourrions jeter en effet que _ des regards incertains, {1 nous ne con- noiïflions pas les Iimites de la Nature par la confidération attentive des points où elles font placées. Pour donner à cette vue métaphyfique toute fon étendue, & en réalifer les idées par de “juftes applications, nous aurions dû , après avoir donné lhiftoire des animaux quadrupédes , commencer celle des oi- feaux par ceux dont la nature appro- che le’ plus de celle de ces animaux. » L’autruche qui tient d’une part au cha- imeau par la forme de fes jambes , & au porc-épic par Îles tuyaux ou piquans dont fes ailes font armées, devoit donc Muivre les quadrupèdes ; mais la Phi Jofophie eft fouvent obligée d’avoir l'air de céder aux opinions populaires, & le peuple des Naturalifles qui eft fort nombreux, fouflre. impatiemment à on ns à fes méthodes, & n’auroit 210 AÆAifloire Naturelle regardé cette difpofition que commé une nouveauté déplacée, produite par l'envie de contredire ou le defir de faire autrement que les autres : cependant on verra qu'indépendamment des deux rapports extérieurs dont je viens de parler , indépendamment de lattribut de ia grandeur, qui feul fuffiroit pour faire placer l’autruche à la tête de tous . les oifeaux ; elle a encore beaucoup | d'autres conformités par l’organifation | intérieure avec les animaux quadrupèdes, ï & que tenant prelqu’ autant à cet ordre qu’à celui des oïfeaux, elle doit être donnée comme failant Ja nuance entre | fun & Fautre, Dans chacune de ces Cesu chaînes, qui foutiennent un ordre entier de la Nature vivante, les rameaux qui” s'étendent vers d’autres ordres font tou- Jours aflez courts & ne forment ques ; de très-petits genres. Les oïfezux qui, ne peuvent voler, {e réduifent à lept ou huit efpèces ; les quadrupèdes qui vo- ent , à cinq ou fix ; & 10h AT de même de toutes rs autres branches . qui s’échappent de fleur ordre ou du ‘a Oifeanx , de 217 fifceau principal, elles y tiennent tou- jours par le plus grand nombre de con- formités, de reffemblances , d’analogies, & n’ont que quelques rapports & quel-. ques convenances avec les autres ordres ; ce font, pour ainfi dire 5 des traits fus gitifs q ue la Nature paroït n'avoir tracés que pour nous indiquer toute létendue de fa puiffance, & faire fentir au Phi- Jofophe qu’elle de peut être contrainte Jar les entraves de nos méthodes , nf ixenfermée dans les bornes étroites du cercle de nos idées. T2 _Hiore Naturèlle | * L'AUTRUCHE 1 () Voyez planche XV de ce volume, L. ’AUTRUCHE elt un oïfeau très anciennement conbu, püilqu'il en eft fait mention dans ie plus ancien des Livres : il falloit même qu’il fût très- éonnü , caf il fournit aux Ecrivains facrés Dlufieurs coparailons tirées sx fes mœurs & de fes habitudes /4); | plus anciennement encore, fa chair ét + Woyez les planches énlaminées, n° 457- {a) Autruche, en Hébreu, Jacuah} en Arabe, | Neanah ; en Grec, STesSoc ; ; en ET ee. ! en Efpagnol, Aveftruz ; en Italien , Cr | Allemand, Stuff ou Srrauf : en Anoloïis, Dfrich. | a he. Bdon, Hifloire nie des Oifeaux, | page 231. — Méinoirés pour fervir à l'Hifioire | dés. Animaux, parite Î}, page 1137, avec une | affez bonne figure. — Albin: come 111, page di 1 pue XXXI, avec une figure coloriée. | (b) Babirabunt ibi flrurhiones, [faïe, car, XI 7A 1 War — lie popali mei crudelis quai ftrurhio ir | diferto, Jérém. Thren. cap, 1V, NW. 3. PO À quaf féruthionam, Mich. cap. 1, N. l Lu de l'Autriche 21% fon tonte apparence, une viande come _mune , au moins parmi le peuple, puilque le Lépiflateur des Juifs Ja leur “interdit comme une nourriture im- “monde /c): enfin, il en eft queftion dans Hérodote, le plus ancien des Hif- toriens Dore (4), & dans les Écrits 0 Leviric. cap. XI, W, 16, — ee Caps Wie 2 14 d) Nota Hérodote, f Pa en croit M. de alerne { Ornitholrgie, page 7 9 à parle de trois fortes le poiffon plat nomimé p pe : Poe qui. ch notre moineau, & Île terreftre /karagaios), qui eft notre Buche. De ces trois efpèces , , à derniere eft a ds pleut dont j'aie trouvé l'indication dans Hérodote (12 Melporene, verfus LE ), encore ne puis - je être de lavis de M, Salerne fur la manière d’en- Wendre le flroushos hatagaios qui , felon moi, doit être ici traduit par auryuche fe creufant des trous dans la rerre, non que j'admette de telles autruches, mais Doc du “Hérodote parle en cet endroit des produc- tions fingulières & propres à une certaine région de Re & non de celles qui lui étoient com- om ines avec d’autres contrées { fæ funt illic feræ F “UT item quæ albi ). Or Vautruche ordinaire étant très - répandue & par conféquent très - Connue dans | toute l'Afrique, ou bien il n’en aurait pas fait “mention en ce lieu, puifqu’elle n’étoit pas-une MM production propre au pays dont il parloit, ou du | n ins sil en eût fait mention, il auroit omis | 3 la (Es 214 Hiflore Naturelle des premiers Philofophes qui ont traité des choles naturelles ; en effet, com- ment un animal fr confidérable par fa l'épithète de terreftre, qui n’ajoutoit rien à l’idée que tout le monde en avoit; & en cela cet Hits torien n'eüt fait que fuivre {es propres principes’, puifqu'il dit ailleurs {in Thalia), en parlant du chameau, Græcis utyoté fcientibus uon pato deftri- Bendum, I faut donc, pour donner au pañlage ci- deflus un fens conforme à l'efprit de l’Auteur, rendre le katagaios comme je lai rendu, d'autant plus qu'il | exifte réellement des oïfeaux qui ont l'inftinét de fe | cacher dans le fable, & qu'il eft queftion dans le même paffage de chofes encore plus étranges, comme , de ferpens & d’anes cornus, d’acéphaeles, &c. & | lon fait que ce Père de l'Hifoire n’étoit pas tou: jours ennemi des fables ni du merveilleux. : À l'égard des deux autres efpèces de ffrowthos 3 Vaërien & laquatique, je ne puis non plus accorder à M. Salerne que ce foit notre moineau & le. poiflon nommé pe, ni imputer avec lui à Îa, lanoue Grecque fr riche, fr belle, fi fage, l'énorme difparate de comprendre fous un même nom des! êtres auffi diffemblables que lautruche , le moineau & une efpèce de poiflon. Si falloit prendre un parti fur les deux dernières fortes de frouthos ; l'aërien & l’aquatique, je diroïs que le premier fil cette outarde à long cou, qui porte encore au-M jourd'hui dans plus d'un endroit de l'Afrique lé. nom d'autruche volanre, & que le fecond eft quel: que sros oifeau aquatique à qui fa pefanteur ou la - foibleffe de fes ailes ne permet pas de voler, : ul “de T'AMNEERER, Ts grandeur, fi remarquable par fa forme, Îi étonnant par fa fécondité , attaché d’ailleurs par fa nature à un certain climat, qui eft l'Afrique & une partie de VA fie, auroit-il pu demeurer inconnu “dans des pays Î1 anciennement peuplés, où il fe trouve à la vérité des déferts, mais où il ne s’en trouve point que homme n'ait pénétrés & parcourus ? + La race de l’autruche eft donc une trace très-ancienne , puifqu’elle prouve ufqu’aux premiers temps , mais elle left pas moins pure qu'elle eft an- “cienne; elle a fu fe conferver pendant ette longue fuite de fiècles, & tou- jours dans la même terre , fans altération comme fâns mélalliance ; en forte qu’elle : eft dans les oïfeaux, comme l'éléphant fans les cuadainèdes. une elpèce en- èrement ifolée & diftinguée de toutes es autres efpèces par des caractères “aufli frappans qu'invariables. | | Ezuuuche pafle Pour être le Dhs ss La fa grandeur méme , de la princi= P le prérogative des oïfeaux , je veux dire la puiflance de voler : l’une de ES 216 Hifiolre Naturelle celles fur qui Vallifnieri a fait {es ob fervations, peloit, quoique très-maigre, cinquante - cinq livres toute écorchée & vidée de fes parties intérieures ; en forte. que pañfant vingt à vingt-cinq livres: pour ces parties & pour a graifle qui. lui manquoit /e); on peut, fans rien. outrer, fixer le poids moyen d'une au- truche vivante & médiocrement graff e, à oixante & quinze ou quatre - vingts livres: or quelle force ne £ audroit-il pas. dans les ailes & dans les mufcles mo-. teurs de ces aïles, pour foulever &. foutenir au milieu des airs une mafle. aufli pefante! Les forces de Ia Nature paroiflent infinies forfqu'on la con-. temple en gros & d’une vue générale; | mais lorfqu’on Îa confidère de près &! en déuil, on trouve que tout eft tes l Fe : {e) Ses deux ventricules, bien nettoyés Ù pefoient, h feuls fix livres; le foie, une livre huit onces; le cœur, avec fes or cilleres & les Honeslles gros “aile feaux , une livre fept onces; les deux pancréas, 4 une livre; & il faut remarquer que les inteftins », } qui font très- mr & très-gros, doivent être d'ua poids confidérable. Voyez Noromia dello Sirugza he Tome Î ds Guvres de Vallifrieri, page 239 & fhivantes. de. l'Autruche. lérx & c'eft à bien faifir les limites que s’eft prefcrit la Nature par fagefle, & non par impuiffance, que confifte la bonne méthode d'étudier & fes ouvrages & _ fes opérations. Îci un poids de foixante & quinze livres, eft fupérieur par fa _ feule réfiftance à tous les moyens que . 1 Nature fait employer pour élever & fure voguer dans Îe fluide de l’atmo- . fphère des corps, dont fa gravité fpé- . cifrque eft un millier de fois plus orande * que celle de ce fluide; & c’eit par _ cette raïifon qu'aucun des oïifeaux dont … la maffe approche de celle de lautruche: … tels que Le touyou, le cafoar, le dronte, . n’ont ni ne peuvent avoir la faculté de voler; ileft vrai que {a pefanteur n’eft * pas le feul obfiacie qui s’y oppole; La . force des mufcles pectoraux , la gran- … deur des aïles , leur fituation avantageufe, … la fermeté de leurs pennes /f), &c. f "ir f) Nota J'appelle & dans la fuite j'appellerai . toujours aïnfi Îles grandes plumes de l'aile & de fa … queue qui fervent, foit à l'a&ion du vol, foit à fa … direction, me conformant en cela à f'analogie de \ a langue latine & à l’ufage des Écrivains des bons … fiècles, lefquels n’ont jamais employé le mot 7ewrz - dähs un autre fens. Rapidis fecat penris, Viroil, Oifeaux Tome IL. k 238 Æifloire Naïurelle feroïient lei des conditions d’autant plus néceflaires, que fa réfiftance à vaincre ft plus g orande : or toutes ces condi- tions ir | manquent abfolument ; car our me renfermer dans ce qui regarde h lautruche, cet oiïleau, à vrai dire n'a point d'ailes, puifque Îles plumes qui. fortent de fes ailerons font toutes éfilées, décompofées, & que leurs barbes font de longues {oies détachées les unes des. autres, & ne peuvent faire corps en- femble pour frappèr l'air avec avantage, ce qui eft la principale fonction des pennes de Taïle; celles de la queue font auffr de la même ftruéture, & ne peuvent par conféquent oppoler à à Vair une réfiftance convenable ; elles ne font pas même difpofées pour pouvoir gou+ vernér Île vol en s’étalant ou fe ref- {errant à propos, & en pienant diffé 4 rentes inclinaïfons ; & ce qu'il ya de | remarquable, c’eit que toutes les, plum es. qui recouvrent le corps font encore faites de même; lautruche n’a pas, comme [a plupart des autres. oifeaux, des plumes, de plufieurs fortes, les unes: lanugineufes & de ; nue font | de l'Arche St 9 Immédiatement fur la peau, les autres d’une confiftance plus ferme & plus ferrée qui recouvrent les premières, & d’autres encore plus fortes & plus lon- gues qui fervent au mouvement, & répondent à ce qu'on appelle /es œuvres vives dans un vaiffeau : toutes les plumes de l’autruche font de la même efpèce, toutes ont pour barbes des filets dé- fs tachés, fans confiftance, fans adhérence réciproque, en un môt, toutes font inutiles pour voler ou pour diriger Île vol: aufli lautruche eft attachée à la terre comme par une double chaïne, fon exceflive pelanteur & la LS Hbe _ mation de fes ailes; & elle eft con- | damnée à en parcourir lborieufement Ja furface, comme les quadrupèdes, | fans pouvoir jamais s'élever dans lair ; vauffr at-elle, foit au dedans, foit at … dehors, beaucoup de traits dé reffem- blance avec ces anfmaux : comme eux, ‘elle a fur la plus grande partie du 1 Corps, du poil plutôt que des plumes ; da tête & fes flancs n’ont méme que peu ou point de poil, non plus que K ï 220 H {loire Aour. | fes cuiffes qui font très- grofles, très | mufculeufes, & où réfide fa principale ! | force; fes orands pieds nerveux &1 charnus qui n’ont que deux doigts 4 ont beaucoup de rapport avec les pieds du chameau qui, lui-même, eft un animal fingulier entre Îles quadrupèdes . par forme de fes pieds; fes aies SLT FEAR D D armées de deux piquans femblables à. ceux du porc-épic, font moins des. iles que des efpèces de bras, qui lui ont été donnés pour fe défendre; lo- 1 rifice des oreilles eft à jee & eulement garni de poil dans la partie. {eul t ge de poil da la parte , intérieure où eft le canal auditif: a paupière fupérieure eft mobile comme dans prefque tous les quadrupèdes, &. bordée de longs cils conune dans homme & l'éléphant ; la forme totale 1 de fes yeux à plus de rapport avec les _yeux humains qu'avec ceux des oï, feaux, & is font, difpofés de manière qu'ils peuvent voir tous deux à Îa is le même objet /2); enfin les efpaces {g?} Voyez Mémoires de l'Acalémie, amnée | 1735 Page 1460 ‘1 | REX de l'Autriche. hu 08 [ & dénués de plumes & de poils . qu'elle a comine Île chameau, au bas du Jlernum , & à l'endroit des os pubis ; en dépofant de {a grande pefanteur ; {a mettent de niveau avec les bêtes de “fomimie les plus terreftres , les plus lourdes pes elles-mêmes, & qu'on à coutume de furcharger dés plus rudes _ fardeaux. Thévenor étoit fi frappé de Ja reflemblänce de l’antruche avec le chameau dromadaire /4), qu'il a eru lui voir une bofle fur le dos (ip; ras l'quoiqu elle ait le dos arqué, on n’y trouve rien de pareil à ceite éminence ch rnue des chameaux & des droma- | dhires. ÿ : Si de l’examen de la forme extérieure, { nous paflons à celui de fa conformation | it trouverons à fautruche fh) Nora. H faut que Îles rapports de reffem- Mans qu'a lautruche avec le chameau foient es 1 "effet Den RDS puifque les Grecs modernes, nf es Turcs, les Perfins, &c. l'ont nommée, chacun dans leur fangue , ozfcau- chameau : fon ancien nom rec, flrourhos, eft la racine de tous Îes noms, fans exception , qu'elle a dans les différentes langues de pie é } Voyages de Thévenct , tome À], Page 313% ii} / 222 AÆifioire Naturelle de nouvelles diffemblances avec les oifeaux, & de nouveaux rapports avec les quadrupèdes. + Une tête fort petite /4), aplatie, &. compofée d’os trèstendres & très-foi-, bles //), mais fortifiée à fon fommet _ par une plaque de corne eft foutenue “ dans une fituation horizontale fur une colonne offeufe d'environ trois pieds de haut, & compofée de dix-fept ver- tèbres : la fiiuation ordinaire du corps eft aufir parallèle à l’horizon; le dos a deux pieds de long & fept vertèbres, auxquelles s'articulent fept paires de côtes, dont deux de faufles & cinq de vraies: ces dernières font doubles à. leur origine, puis {e réuniffent en une feule branche. La clavicule eft formée {A ) Nota. Scaliger a remarqué que plufeurs autres oifcaux pefans, tels que le coq, le paon, le dindon, &c. avoient aufli la tête petite; au lieu que la plüpart des oïfeaux qui volent bien, petits _& grands, ont la tête plus groffe à proportion. Exercit. in Cardanum, fol. 308, verfn (1) M. de l'Académie ont trouvé une fracture au crâne de l'un des fujets qu’ils ont difléqués. moires pour fervir à l’Hifloire vaturele des AUIDAUX à partie [Il , page 151. At Æ pe æ ar = à Le = Er Er x ST IE 1: “de l'Auiruche: 223 d’une troifième paire de faufles. D : les cinq véritables vont s'attacher par des … appendices cartilagineufes au flernum ) qui ne defcend point juqu’ au bas du ventre comme dans la plupart des oï- _ feaux, il eft aufi bea aucoup moins > faillant au dehors: {à forme a du rap » port avec celle d'un bouclier, & ïl a plus de largeur que < dans l’homme même. . De l'os facrum naït une efpèce de queue 1 com polée de fept vertèbres femblables aux vertèbres humaines, le fémur a un | pied de long, fe tibia & le tarte, un . pied & deini chacun ; & chaque doigt . eft compolé de trois phalanges comme dans l’homme, & contre ce qui {e voit ë ordinairement dans les doigts des oi- » feaux , lefquels ont très- rarement un | D égal de phalanges (m). Si nous pénétrons plus à l'intérieur, - & que nous obfervions les organes de { Ja digeftion , nous verrons d’abord un L bec aflez médiocre / (n), capable d’une a) Voyez Ambr. Paré, 4, x XIY, caps 225 a & Vallifnieri, tome 1, page 246 Ê fege (7) Nora MN, Briflon di que le bec ef K üij 224 Hhfioire Narurelle très-crande ouverture, une langue fort courte & fans aucun veltige de pa- piles; plus loin s'ouvre un ample pharynx proportionné à l’ouverture du bec, & qui peut admettre un corps de là groffleur du poing; l’œfophage eft aufli très -farge & très-fort, & aboutit au premier ventricule qui fait ici trois fonctions; celle de jabot, parce au'l eft Îe premier; celle de ventricule, parce qu'il et en pare mufculeux, & en partie muni de fibres mufculeufes, longitudinales & cirou- laires /o); enfin celle du bulbe gl duleux qui fe trouve ordinairement dans la partie inférieure de loœfophage la plus voifine du géfier ; puifqu'il eft en effet garni d’un grand nombre de glandes; & ces glandes font conglo- mérées , & non conglobées comme dans, unouiculé; Vallifnieri, que la pointe en eft obtufe & fans crochet : la langue n’eft point non plus d’une forme ni d'une grandeur conftante dans tous les individus. Weyez Animaux de Perrault, partie Îl, page 125$, & Vallifniert, abi fupra. (o) Vaïlifnieri, #hi fupra. — Rambv, ».% 2 86 ÿ 413 des Tranf. Philofophiques de Londres, f m7 x | FA 22 ” Pit: plupart des oifeaux /p): ce | premier . ventricule eft friué plus bas que le fe- . cond, en forte que l'entrée de celui-ci . que l'on nomme communément l’erifire pr _eft réellement l’orifice inférieur {a fituation; ce fecond ventricule on " fouvent difiingué du premier que par un léger étrangiement, & quelque- _ fois 1 efl féparé lui-même en deux _ cavités diftindtes par un étranglement femblhble, mais qui ne paroîït point au dehors ; il eft parfemé de glandes & | revêtu intérieurement d’une tunique vil- leufe prefque femblable à la flanelle ; fans beaucoup d’adhéreuce , & criblée d’une infinité de petits trous répondant aux orifices . des glandes : 1 n'eft pas aufr fort que | ou communément les éfiers des oïfeaux, mais il eft fortifié par dehors de bel très + = puiffans s | dont quelques-uns font épais de trois | pouces ; fa formesextérieure approche beaucoup de celle du ventricule de L Jhomme. M. du Verney a A que le (p) Mém, pour fervir à l'Hifloire des Animaux, ré ‘7 29% K y #26 Hiftoire Naturelle canal hépatique fe terminoït dans ce fecond ventricule /4), comme cela a D lieu dans la tanche & plufieurs autres poiflons , & même quelquefois dans l'homme, felon l'obfervation de Ga- lien /r); mais Ramby /f) & Vailifnieri {t) aflurent avoir vu conftamment dans plufieurs autruches linfertion de ce canal dans de duodenum, deux pouces, un pouce, quelquefois même un demi- pouce feulement au-deffous du pylore; & Vallifnieri indique ce qui auroit pu st as cette méprie, fi c'en eft une, en ajoutant plus bas, qu'il avoit vu laps deux autruches une veine allant du fecond ventricule au foie, inquelle veine il prit d'abord pour un rameau du canal hépatique, mais qu'il reconnut enfuite dans les deux fujets pour un vaifleau fanguin, portant du fang au (a) Hifoire de l’Académie Royale des Scienceg GUN ARE RU: | (r) Vallifnieri, ubi fera. ; | (f) Tranfdions Philofophiques , 1° ; 864 + (1) Valliftiei, tome À, page 24400 UN 25 ES \de Autruchesx 22 F4 | fe & non de la bile au ventricule (u), LL tLe pylore eft plus QU Moins. drge … dans différens fujets, ordinairement teint en jaune, & imbi bé d’un fuc amer CS es a ne PET TE AN { ainfi que le fond du fecond ventricule, | ce-quieft facile à comprendre , vu d'in- _fertion du canal hépatique tout au com _ mencement du duodenum CE fa Fr EOR de bas en haut. | Le pylore dégorge dans le Abri à qui eft le plus éroit des inteflins, & où s’insèrent encore des deux canaux pancréatiques, un pied & quelquefois deux & trois pieds au-deflous de lin- fertion de l’hépatique, au lieu qu'ils s’in- sèrent ordinairement dans les oïfeaux à tout près du cholédoque. ge. RARE An dE 7 22 ER ÉSÈRE 3= SRE: __ Le duodenum eft fans valvules, ainfi que le jejunum, V'iléon en à. uelques- _ nes aux approches de fa jonction avec : … le colon: ces trois inteflins grêles font “ à peu près la moitié de Ia Iongueur de » - tout le tube inteftinal, & cette longueur h eft fort fujette à Varie , même dans des à fujets d'égale grandeur, étant de loixante | (4) Nallifnieri, dome À, page 245 K vi 228 Fifloire Naturelle pieds dans les uns /x), & de vingt- neuf dans les autres ( (72 | Les deux cæcum naïflent ou du com- mencement du colon, felon les Ana- tomiftes de een ou de la fin de l’iléon, felon le doétéur Ramby /7 /; chaque cæcum forme une efpèce de cône creux, lon de deux ou trois piedks, hrge d’un pouce à fa bafe, garmi à l'intérieur d’une valvule en forme de lame fpirale , faifant environ vingt tours de Îa bafe au fommet, comme dans le lièvre, le lapin & dans le renard marin, la raie, la torpil le, l'aiguille. de mer, &c. Le colon a aufli fes valvules en feuillet, mais au lieu de tourner en fpi- rale comine dans le cæcum, a lame ou “feuïlet de chaque La forme un croiflant qui occupe un peu plus que la demi - circonférence du colon; en {x) Voyez Colleétions Philofophiques : #° $: @licle VIIT. (y) Mémoires pour {ervir à PHifioire des Anj: maux, parte Î1, page 132, | (x) Tranfations Philofophiques, #.° 2864 de ”. 4 utruche: 2) 29 forte que les extrémités des croiffans _ oppofés empiètent un peu Îles unes fur | les autres, & fe croifent de toute {a quantité dont elles furpaflent le demi- cercle; ftructure qui fe retrouve dans le colon du finge & dans le jejunum de Ÿ homme, & qui fe marque au dehors de Pinteftin par des cannelures tran{ver- fales, parallèles, efpacées d’un demi- pouce, & répondant aux feuillets in- térieurs ; mais ce qu'il y a de remar- M quable, c'eilt que ces feuillets ne ‘fe … trouvent pas dans toute.ia longueur du colon, ou plutôt c’eft que Pautruche a deux colons bien difiin@ts, lun plus large & garni de ces lets intérieurs en forme de croiffans, fur une lon- gueur d'environ huit pieds ; l’autre plus l: étroit & plus long , qui n'a ni feuillets } ni valvules, & 5 "ete jufqu'au reum, c’eft dans ce fecond colon que les ex- Là crémens commencent à fe fourer felon … Vallfnier!. Le rectum 'eft fort large, long d’en- | viron un pied, & muni à fon Extré— | _ mité de fibres charnues : 1 s’ouvre dans … une grande poche ou veflie compolée 330 Hifloire Naturelle des mêmes membranes qué les inteftins, mais plus épaifles , & dans laquelle on a trouvé quelquefois juiqu'è à huit onces d'urine {a}; car les uretères s’y rendent auffi par une infertion très - oblique, telle qu’elle a lieu dans la veflie des animaux terreftres; & non -feulement ls y charient l'urine, mais encore une certaine pâte Babe qui accompagne les excrémens de tous les oïfeaux. Cette première ‘poche ; à qui il ne manque qu'un col pour être une véri- table veflie, communique par un orifice muni d’une efpèce de fphinéter à uñe feconde & dernière poche plus petite, qui fert de paflage à Furine & aux excrémens folides, & qui eft prefque remplie par une forte de noyau cartia- gineux, adhérant par fa bafe à la jonction {a) Nita. L'urme d'autruche enlève les taches d'encre, felon Hermolaüs: ce fait peut n ’être point vrai, mais Gcefner a eu tort de le nier fur le fon- dement unique qu'aucun oifeau n'avoit d'urine; car tous les oïfezux ont des reins, des .uretéres, & par conféquent de l'urine, & ïls ne différent des. quadrupèdes , fur ce point, qu’en ce que chez eux 3e rectum s'ouvre dans la veflice FX | de l'Autruche. . 231 des os pubis, & refendu par le mien à la manière des abricots. Les excrémens folides Ho _ beaucoup à ceux des brebis & des : chèvres, ïls {ont divilés en petites, … males, dont le volume n’a aucun _ rapport avec là capacité des inteftins où | ils fe font formés : dans les inteftins grêles, ils fe préfentent fous la forme d’une bouillie, tantôt verte & tantôt L noire , felon fa quantité des alimens,. h qui prennent de [a confiftance en ap= A | prochant dès gros inteftins, mais qui ne fe figurent, comme je l'ai déjà dit, | 1 dans le fecond colon (b) On trouve quelquefois aux environs (a l'anus, de petits facs à peu près Reis : à ceux que les lions & les Perse RS S : ont au même endroit. | | À Le méfentère eft tranfparent dans di _ toute fon étendue, & large d’un pied en de certains endroits. Vallifnieri pré- Dina y avoir vu des veftiges non obf- U curs de vaiffeaux lymphatiques ; Ramby #4 auffi que les vaifieaux du méfentère LV) Vallifnieri, abi fupras Fo 0) Le À 1 232 Hifleire Naturelle font fort : apparens , & il ajoute que Îes | giandes en font à peine vifibles /e)}. mais il faut avouer qu'elles ont été ab- | foluiment invifñbles pour la ‘plupart des autres oblervateurs. Le foie eft divifé en deux grands lobes, comme dans l’homme, mais if eft Fu plus au milieu de la région des hypocondres, & n'a point de vé- ficule du fiel : la raie eft contiouë au premier eflomac, & pèfe au moins deux onces, . Les reins font fort grands j asie découpés en plufeurs lobes, comme dans les oifeaux , mais le plus fouvent en forme de guittare, avec un baflin affez ample. Les uretères ne font point non plus comme dans lÎa plupart des autres oi- feaux , couchés fur les reins, mais ren- fermes die leur fubftance /d). L'épiploon eft très- petit, & ne recouvre qu’en partie le ventricule; ” un bdions Philofophiques, n° 386. (4) Mémoires pour fervir à l'Hifloire des Ank. maux y partie ÎT, page 1421 — de l'Autruches 233 _ mais à Ja place de l’épiploon, on trouve DA quetois fur les inteftins & fur tout … le ventre, une couche de graifle ou de . fuif, noce. entre les aponévrofes des mléles du bas-ventre, épaifle de- . puis deux doigts jufqu’à fix pouces /e); LE & c’eft de ue graifle mêlée avec le fl pue que fe forme la mantèque , comme . nous Île verrons plus bas: cérte graifle étoit fort eftimée & fort chère chez {es k Roues , qui felon le témoignage de h Pline, {x croyoient plus efficace que en ‘ Joie, contre les douleurs de rhumatifme , les tumeurs froides, la pa- ! ralyfe; & encore aujourd hui les Arabes | l'emploient aux mêmes ufages /f). Val- lifniert eft peut-être le feui, qui ayant . apparemment difféqué des autruchés fort. . maigres, doute de l’exiflence de cette . graiff e, d'autant plus qu’en Italie {a . maigreur de l’autruche a paffé en pro- | verbe, magro comme uno Struzzo; ajoute, … ({e) Ramby, Tranfaétions Philofophiques, n.° 3864 ….—G. Warren, ibid, n.° 394.— Mémoires pour* fervir à lHifloire des Animaux, parie 11, page (f) The Word Difplayed, tom. XII, p.154 _ 224 Hifioire Naïurelle que les Ne qu di obfervées paroifs foient , étant difféquées, des fquelertes déchar nés, ce qui doit ètre vrai de toutes fes autruches qui n'ont point de _graiffe, où même, à qui on l'a enlevée, an do qu elles n'ont point de chair fur KR poitrine ni fur le ventre, les mufcles du bas-ventre ne nas: 20 à devenir charnus que fur les flancs /o). Si des organes de La digeltion, je pañie à ceux de la génération, le frouve de nouveaux rapports avec l’organifation des quadrupèdes : le plus grang nombre des oifeaux n'a point de verge apparente; lautruche en a une affez confrdérable, compofée de deux ligamens blancs , folides & nerveux, ayant quatre lignes de diamètre, revêtus d'une membrane | épaifle, & qui ne s’uniflent qu'à deux doigts près de lextrémité: dans quel- ques fujets, on a aperçu de plus dans cette partie, une fubftance rouge, fpon- gi ieufe , garnie d’une multitude de vaif- feaux, en un mot, fort approchant des | {g) Mémoires pour fervir à l'Hifloire des Ani- maux, parrie Î1, page 1237, —Nallifnieri, tome ds Poges 251 252: de l'Autruche 44 darps caverneux qu'on obferve. dans [4 verge des animaux terreftres; le tout, - ef renfermé dans une membrane com inune, de même fubftance que les _ligamens, quoique cependant moins Li épaifle & moins dure: cette verge n'a ni gland, ni prépuce, ni même de . cavité qui pit donner iffue à la matière k féininaie, {elon M." les Anatomiftes de PAcadémie (4); mais G. Warren pré | Riend avoir difléqué une autruche dont. ha verge longue de cinq pouces & demi, étoit creufée longitudinalement | ‘dans fa partie fupérienre , d’une efpèce de filon ou gouttière , qui lui parut (! être le conduit de la femence /i). Soit que cette souttière fût formée par iâ “jonction des deux ligamens, foit que | G. Warren le {oit mépris, en prenant À pour la verge ce noyau cartiagineux Phde la feconde poche du refum, qui Ci en effet fendu, comme je lai re- marqué plus haut; {oit que la ftruéture à la forme de cette partie foit fujette à (h) Partie II, page 135, si) Tranfactions Philofophiques, #,° i 24» | éd Va 236 Hifloire Naturelle Varier en différens fujets : il paroît que cette verge eft adhérente par fa bafe à ce noyaux cartilagineux , d’où fe repliant en deflous , elle pafle par la petite po- che, & fort par fon orifice externe, qui eft lPanus, & qui étant bordé d'un repli membraneux, forme à cette partie un faux prépuce, que le Doéteur Browne a pris fans doute pour un pré: puce véritable, car il eft le feul qui en donne un à lautruche /4/. Il y a quatre mufcies qui appartien- nent à l'anus & à la verge, & de-là réfulte entré ces parties, unie corref- pondance de mouvement, en vertu de laquelle lorfque l'animal frente , la verge fort de plufieurs pouces /1). : . Les tefticules font de différentes . groffeurs en différens fujets, & varient a cet égard dans la proportion de qua= rante-huit à un, fans doute felon l’âge, la faïfon, le genre de maladie qui a. (4) Colleétions Philofophiques, #.° s, art. VII . (4) Nora Warren a appris ce fait de ceux qui étoient chargés du foin de plufieurs autruches en | Angleterre. Voy. Trenf, Phibf. n° 394. | de l'Autruche, 227 nrécédé Ja tique &c. Ils varient auffr pour la configuration extérieure , mais … fa ftructure interne eft toujours Îa même: 1 leur place el fur les reins, un peu plus Wa gauche qu’à droite; G. Wen croit . avoir aperçu des véficules féminales. … Les femelles ont auflr des tefticules : | car je pente quon doit nommer re Mices Corps glanduleux , de quatre lignes … de diamètre fur dix-huit de longueur, … que l'on trouve dans les femelles au- … deffus de lPovaire, adhérans à l'aorte & à la veine-cave, & qu ‘on ne peut * avoir pris pour des glandes furrénales, . que par la prévention’ réfuftante de quel- . que fyftème adopté précédemment. Les | canepetières femelles ont auffi des tef. ticules femblables à ceux des mâles (m}, | & il y à lieu de croire , que les outardes “femelles en ont pareillement , & que ft 18 les Anatomiftes de l’Académie, A ans leurs nombreufes diffections, ont ' cru n'avoir jamais rencontré que des a (m) Hifoire de l'Académie des Sciences , amnée Ms 0: pese 44 38 Æifloire Naturelle mâles (a), c’eft qu’ils ne vouloient point | yreconnoître comme femelle, un animal à qui ils voyoient des teftienies Or, : tout le monde fait que lPoutarde ef | parmi les oïfeaux d'Europe, celui qui a le plus de rapport avec l'autruche, & que la canepetière n’eft qu'une petite outarde , en forte que tout ce que | j'ai dit dans le traité de la génération | fur les tefticules. des femelles des .que- | drupèdes, s'applique ici de foi-même à | toute cette claffe d’oifeaux, & trouvera | peut-être dans Îa fuite de applications encore plus étendues, Au-deflous de ces deux corps glan- duleux, eft placé l'ovaire, adhérant. auili hi gros vaifleaux fan guins ; on le trouve ordinairement garni d'œufs de différentes groffeurs, renfermés dans eur calice comme un petit gland left dans le fien, & attachés à l’ovaire par leurs pédicules : ; M. Perrault en à vu qui étoient gros comme des pois ,d autres ‘ {h) Mémoires pa fervir à P'Hifioire des A | . MaUX, parie 1, page 10 &, de l'Autruche: ! | 239 comme ds noix, un feul comme les [: deux poings Co: Cet ovaire eit unique , comme dans de dire en paflant, un préjugé de plus contre l'idée de ceux qui veulent que vent dans toutes les femelles des qua- drupèdes ; repréfentent cet ovaire, qui ft une partie Hmple (p), au feu d’a- Nouer qu'ils repréfentent en effet les t Hilicules du {ont au nombre des ko Mémoires pour fervir à l'Hifloire des Arr faux, partie Îl; page 1 3 9. (p) Nvra. Le bécharu eft le feul oïfeau dans lequel M.'$ les Anatomiftes de l'Académie aient lécru trouver déux ov aires; mais Ces prétendus ovaires | 4 felon eux, deux corps glandüleux d’une [éfubflance dure & folide , dont l'un (c'eft le gauche) lofe divifoit en plufieurs grains de groffeurs inéoales ; | mais {ans m'arrèter a la différente fruéture de ces lédeux cor ps, & en tirer des conféquences conte [identité de leurs fonétions, je remarquerai feule- [{ment que c'eft une obfervation unique & dont on line doit rien conclure jufqu'e à ce qu'elle ait été con- [lfirmée; d'aïlleurs, j'aperçois dans cette obfervation Mèrne une tendance à l'unité, puifque l'ond@us , qui eft certainement une dépendance de l'ovaire , ‘e tous les olféaux, & c’eft, pour des deux corps glanduleux qui fe trou- +. ji y: Ne L: RS «éme nt “0 sb 240 H foire Naturelle parties doubles, dans es. mâles: des. oifeaux comme dans les quadrupèdes. 4 L'entonnoir de lPoviduus $s ouvres ‘au-deflous. de l’ovaire, & jette à droite“ & à gauche, deux appendices mem-\ ‘ braneufes, en forme ‘d’aileron , 1ef" quelles ont du rapport à celles qui trouvent à l’extrémité de fa trompe dans” Jes animaux terreftres (a). Les œufs. qui fe détachent de l'ovaire, font por | #1 Grifiée de quarre et de danse : mais qui paroît capable d’une dilatation à oo au volume des œuf, |. étant pliffé ou ridé dans toute fa. ciræ conférence ; ae de loviduil étoit aufli ridé, ou plutôt feuilletés comme Île troifiéme & le quatrième) ventricule des ruminans /r). | | Enfin Îa feconde & dernière poche inteftinale a je viens de Fr : FAUX » | partie 12: page 13 me 1 | (r) dbidem, prge 1372. de l'A nat 048 4r Ê ani dans la femelle fon noyau carti- lagineux, comme dans le mâle; & ce noyau, qui lort quelquefois de plus d'un demi-pouce hors de l'anus, a une petite : appendice de fa Iongueur de trois | _ lignes, mince & recourbée, que M." les Anatomiftes de l’Académie regardent comme un clitoris Us avec d'autant ver de fondement, que les deux mêmes . mufcles qui s’insèrent à [a bafe de la . verge dans les mâles, s'insèrent à {a bafe de cette appendice je les femelles. Je ne m'arréterai point à décrire em _ détail les organes de la refpiration, vu qu'ils reflemblent prefque entièrement à ce qu’on voit dans tous les oifeaux, étant-compofés de deux poumons de Mbfance fpongieufe, & de dix cellules aair, cinqde chaque côté, dont la qua- -trième eft plus petite ici, €omme dans tous les autres oïfeaux peñns : ces cel- _lules reçoivent l'air des poumons , avec Jelquels elles ont des communications fort fenfibles; «mais il faut qu’elles en aient aufli de moins apparentes avec _ {ff} Mémoires pour fervir à l'Hifloire des Ani- maux, partie Î], page 1 2 5. Oifeaux, Tome IL. L 243 (A for PANRTA, d’autres parties, puifque Vallifhieri, em {oufflant dans la trachée-artère, a vu un gonflement le long des cuifles & {ous les aïles /), ce qui fuppofe une conformation femblable à celle du pé- ican , dans lequel M. Méry a : aperçu , ’ {ous Vaifle! le, & entre la cuifle & le. ventre, des poches membraneufes qui !. Le rempliffoient d'air, au temps de l’ex- : piration ,. Ou lorfqu' on fouffloit avec } force dans la trachée-artère, & qui en ! fournifloient : apparemment au tiflu cel- } lukire /u ). | à Le Docteur Browne ditpofiivement, que lautruche n'a point d' épiglotte xs M. Perrauit le fuppole, puifqu’il at- tibue à un certain mufcle, la fonction. de fermer la glotte, en rapprochant les t cartilages du larynx /y/: G. W me prétend avoir vu une épigloue sp ne (ec) Val Éfaeri, rome 1, page 249, {u) Mémoires de l’Académie dés Sciences ,. 4 ; aunée, 1 693, tonte #, EEE #3. “He | Le {3 } Mémoires pour bin à PHifore des Ant A it partie Îl, page 142 1 ‘de l'Autriche: 243 füet qu'il a difléqué Lot” Vallifhieri _ Concile toutes ces contrariétés , en di- fant, qu'en effet ä n y à pas précilé- ment une épiglotte, mais que la partie poftérieure de la langue en tient lieu, en s'appliquant fur {a glotte dans la déglutition (a). If y a aufii diverfité d'avis fur ré nombre & la forme des anneaux car- tilagineux du farynx: Vallifniert n’en compte que deux cents dix- buit, & foutient avec M. Perrault, qu'ils fout tous entiers. Warren en a Ho deux cents vingt- -fix entiers, fans compter les premiers qui ne le font point, non plus que ceux qui font immédiatement au-deflous de la bifurcation de Ia tra- chée. Tout cela peut être vrai, attendu les grandes varietés auxquelles ef fujette a ftruéture des parties Internes ; mais || tout cela prouve, en même temps, combien il eft téméraire de vouloir dé- crire une efpèce entière d’après un petit bhnombre d'individus, & combien ïül eft {z) Tranfaétions Philofophiques, #7 > 94 (a) Vallifnieri, tome I, page 249 L ïj 244 Hifloire Naturelle | dangereux par cette méthode, de pren dre ou de donner des variétés indivi- duelles pour des caradtères conftans, M. Perrault a obfervé que chacune des deux branches de fa trachée-artère, fe divife en entrant dans le poumon, en plufieurs rameaux membraneux, comme dans l'éléphant / 4. Le cerveau avec le cervelet, forme une mafle d’environ deux pouces & demi de long fur vingt lignes de large; Vallifnieri affure que celui qu'il a exa- miné, ne pefoit qu'une once, ce qui ne feroit pas la douze-centième partie du poids de lPanimal: ïil ajoute, que la ftruéture en étoit femblable à celle du cerveau des oïifeaux, & telle préci- fément qu'elle eft décrite par Willis; je remarquerai néanmoins avec M. les Anatomiftes de l’Académie, que les dix paires de nerfs prennent leur origine & fortent hors du crâne, de la même manière que dans les animaux terreftres ; que fa partie corticale & la partie moel- |: leufe du cervelet, font difpofées comme | (8) Mémoires pour fervir à l’Hifloire des Ant L “maux , partie Î], pege 144: | de PA … 345 dans ces mêmes animaux: qu'on Yy | trouve quelquefois les deux eee vermiforines qui fe voient dans l’homme, & un ventricule, de fa forme dune plume à écrire, comme dans kà plupart des quadrupèdes /c). Je ne dirai qu’un mot fur les organes de la circulation , e’eft que le cœur eft . prefque rond, au lieu que les oïifeaux Font ordinairement plus alongré. _ . A légard des fens extèrnes , j'ai déjà parlé de la langue, de l'oreille &. de la forme extérieure de Pœil, ; ‘ajou- terai feulement ici, que fa ftructure na terne eft celle qu’on obferve ordinaï- _ rement daus les oïfeaux. M. Ramby prétend que le globe tiré de fon orbite, prend de fui-même une forme prefque … triangulaire /d); il a aufli trouvé Phu- _ meur aqueufe en plus grande quantité , _ & lhumeur vitrée en moindre quantité ; ae à l'ordinaire /e). Di" fe) Mind pour fervir à l'Hiftoiré des Ani- maux , partie Îl, page 1 53, (4) Tranfations Philofophiques, m° 41 3e . {e) lbidem, n° 386, L i 246 Hifloire Naturelle Les narines fra dans le bec füupé rieur, non loin de fa bafe: il s'élève du En: de chacune des deux ouver- tures, une _protubérance cartilagineufe revêtue due membrane trés-fine, & ces ouvertures communiquent avec le palais, par deux conduits qui y abou- tüiflent dans une fente aflez confidé- rable ; on fe tromperoit, fi l’on vouloit conclure de la flruéture un peu Coin - pliquée de cet organe, que lautruche excelle par le fens. de l’odorat ; les faits les mieux conftatés nous spprendront bientôt tout le contraire, & il paroïten général, que les fenfations principales & dominantes de cet animal, font celles … de la vue & du fixième an di) ts Cet expolé fuccind de lorganifation ‘intérieure de l’autruche, eft plus que fuffifant pour confirmer l’idée que j'ai donnée d’abord de cet animal finguli ler qui doit être rewardé comme, un être » de nature équivoque, & faifant la nuance entre le. quadrupède .& :Poiteau /f); fa place, dans une méthode où lon fe { y Pari avis partim de dit très - bien : Ariftote, Gb. 17, de parribus animallum, Mi vo: F de V'Autrathé. 247 _Piopoferoit de repréfenter le vrai fy£ tème de fa Nature, ne feroit ni dans la clafle des oïfeaux, ni dans celle des | \ « AAC à: cuadrupèdes, mais fur le pallage de l'une à l'autre; en effet, quelautre rang afirgner à un animal, dont le corps; mi-parti d’oifeau & de quadrupède, eit porté fur des pieds de quadrupède, -& furmonté par une tête d’oifeau, dont le mêle a une verge & la femelle un Citoris, comme les quadrupèdes, & qui néanmoins eft ovipare, qui a un éfier commeles oïfeaux, & en même temps plufieurs effomacs & des inteftins, qui par leur capacité & leur ftructure, répondent en partie à ceux des rumf nans, eñn partie à ceux d'autres qua: drupèdes ! … Dans l’ordre de la fécondité, l’au- ‘truche femble encore appartenir de plus près à la claffe des quadrupèdes qu’à celle des oïfeaux; car elle eft très- féconde , & produit beaucoup. Ariftote dit qu'après fautruche , l’oifeau qu'il nomme atricapilla, et celui qui pond … le plus; & il ajoute que cet oiïfeau … atricapilla, pond vingt œufs & davan- L ü 248 Ælifloire Naturelle ge /2); d'où il fuivroit que lautruche en pond au moins vingt-cinq: d'ail- Ieurs, felon Îles Hifloriens modernes & des voyageurs les plus inftruis, elle fait plufieurs couvécs ‘de : douze ou. quinze œufs chacune. Or, fi on la rap- portoit à a claffe des oïfeaux, elle feroit la plus grande, & par conféquent de- vroit produire le moins, fuivant l’ordre . que fuit conftamment la Nature dans a multiplication des animaux , dont elle | _ paroît avoir fixé la proportion en raïfon inverfe de là grandeur des individus ; au lieu qu'étant rapportée à la clafle des ani maux terreltres , elle fe trouve très-petite, relativement aux plus grands, & plus petite que ceux de grandeur médiocre, tels que Le cochon, & fa grandefécondité rentre dans Fordre naturel & général. Oppien, qui croyoit mal-à-propos que les chameaux de la Baëtriane sa > couploient à rebours & en fe tourrant le derrière, a cru par une fecoide erreur, qu'un oiféau-chameau, (car c'éik Je nom qu’on donnoit dès-lors à lau- . | truche) ne pourroit manquer de sac … (8) Hill animal, Kb, IX, cap. XXVe de l'Autriche 249 coupler de la même façon, & il l'a avancé comme un fait certain; mais . cela n’eft pas plus vrai de l’oifeau-cha- , meau, que du chameau lui - même, _ comme je ai dit ailleurs /4): & quoi- . que, felon toute apparence, peu d’ob-" _ fervateurs aient été témoins de cet aç- . couplement, & qu'aucun n’en ait rendu compte, on eit en droït de fuppofer * qu'il fe fait à [a manière accoutumée, . jufqu’à ce qu'il y ait preuve du con- traire. | Les autruches paflent pour être fort Jefcives & s’accoupler fouvent, & fi l'on fe rappelle ce que j'ai dit ci-deffus _ des dimenfions de la verge du mâle, | on concevra que ces accouplemens ne | fe paffent point en fimplescompreffions, comme dans prefque tous les oïfeaux, mais qu'i y a une intromiflion réelle |. des parties fexuelles du mâle dans celles de la femelle. Thévenot eft le feul qui dife qu’elles s’affortiffent par paires, & PT M (4) Voyez le rome À, page 35 de cette nou- mwelle édition; & le rome XI, page 324 de l'édition | Mn trente-un volumes, | L v 2 20 Æifloire Naiurelle que chaque mâle n’a qu’une femelle, … contre l’ufage des oifeaix pefans /i), Le temps de là pomte dépend du | Ciné qu’elles habitent, &:c'eft tou- | jours aux environs du. Liolhes d'été , c'eft-à-dire au commencement de juillet / dans Ÿ Afrique feptentrionale /k/, & fur la fin de décembre dans l’Afrique mé- ridionale //), La température du climat influe aufli beaucoup fur leur manière de couver; dans la zône torride, elles . fe contentent de dépofer leurs œufs fur | _ un amas de fable qu’elles ont fofmé groffièrement avec leurs pieds, & où | : da feule chaleur du foleil les fait éclore ; w - à peine les couvent “elles pendant am nuit: & cela même n ef PE toujours : ’ néceffaire puilqu’ on enta vu éclore $# | qui n’avoient point été: couvés par: la mère, ni méme expofés aux rayons du à {oleil (m); mais tee les aueruc he Î #0 1 Voyage de Thévenot, tome 1, page 3 I 7. n _ {k) Albert, de Animal. lib. XXI. Î (L Voyage de Dampier autour du ronie à soie Î}, page e san: Lt 7 (m) pren étant au Sénéri, mit dis ! LE de l'Autruche. 25% pe couvent point ou que trés - peu leurs . œufs ,ils’en faut beaucoup qu'elles les ‘| . abandonnent: au contraire, elles veil- | lent aflidüment à leur onto & L neles perdent guère de vue; c'elt de-. . là qu'on a pris occafion de de qu'elles . Jes couvoient des yeux, à la lettre: & . Diodore rapporte une façon de prendre … ces animaux , fondée fur leur grand | attachement pour leur couvée; c’eft de … planter en terre, aux environs du nid & à une jufte hauteur, des pieux armés l'de pointes bien acérées , dans lefquelles Ja mère s’enferre d'elle-même lorfqu'elle revient avec emprefl ement fe os {ur | fes œufs /7). i Quoique fe climat de 14 Fute foit … beaucoup moins chaud que celui de a Barbarie, on a vu des autruches pondre | à la ménagerie de Verfailles; mais M." de l'Académie ont tenté inutilement de: faire éclore ces œufs par 1 une incubation, caffette deux œufs d’Autruche De enveloppés d’é- nt quelque temps après il trouva que lun LS cès œufs étoit prèt d'éclore, Wüyez Hifloire gés pérale des voyages , tome I], page 2 5 #, (x) De fabulofis antiquorum geflis, à L vj 7° + 252 … Æiflotre Narirelle artificielle ; foit en employant la chaleur du foleil , ou celle d’un feu gradué & ménagé Avec ut : ils n’ont jamais pu parvenir à découvrir dans Îles uns ni dans les autres, aucune organifation commencée, ni même aucune difpofi- tion apparente d'A génération d’un nouvel être; le jaune "& le blanc de celui qui avoit été expolé au feu, s’étoient un peu épaiflis, celui qui avoit été mis au foleil, avoit contracté une très-mauvaife odeur; & aucun ne réfentoit la moindre apparence d’un fœtus ébauché /0/, en forte que cette incubation philofophique n'eut aucun fuccès. M. de Reaumur n exiftoit pas encore, ® Ces ie font très-durs, LE & très-oros: mais on fe fes repréfente quelquefois encore plus gros qu'ils ne font en effet, en prenant des œufs de cracodiles pour des œufs d’autruche (0); on a dit qu'ils étoient comme Îa tête si { 0.) Mémoires pour fervir à l'Hifloire des sn” | maux, partie Il, page 1 3 8 (62 Belon AE 1 Hat, des ue. page 239 | LA RSS % | lib. 1x. — Willulghby, bi fupra, | ) Willulghby, ébidem de V'Autruche. 252 d’un enfant /4), qu'ils pouvoient con- tenir jufqu’à une pinté de liqueur /r/, . qu'ils peloient quinze livres /f[), & | qu’une autruche en pondoit cinquante _ dans une année /t); Elien à dit jufqu’a _ quatre-vingis; mais la plupart de ces. _ faits me paroiflent évidemment exagérés; car 1.° comment fe peut-il faire qu’un _ œuf dont la coque ne pèfe pas plus . d’unelivre, & qui contient au plus une pinte de liqueur, foit du poids total de quinze livres ! il faudroit pour cela que le blanc & le jaune de cet œuf, füt fept fois plus denfe que l’eau, trois fois plus que le marbre, & à peu-près autant | que létain, ce qui eft dur à fuppofer. 2." En admettant avec Willulghby, | que lautruche pond dans une année Cinquante œufs, pefant quinze livres | chacun, il s’enfuivroit que le poids total {4) Wäüllulohby, Ornithobgia » pag. 105. {r) Belon, Hiff. nat, des Orfeaux, page 233. ([) Léon-VAfricain, Defcriprion de l'Afrique; à SA H if Naturelle de la ponte, feroit dé fept cents cin- quante livres, ce qui eit beaucoup pour un animal qui n’en | peèle que se vingts. 1! me paroït donc qu il y à une ré duction confidérable à faire, tant fur le poids des œufs que fur ue nombre, & il eft fâcheux qu'on n'ait pas de mémoires aflez fürs pour déterminer avec juftefle la quantité de cee réduc- tion ; on pourroit, en attendant, fixer lé sibre des œufs d’après Ariftoté " à vingt-cinq ou trente; & d’après les Modernes qui ont parlé le plus fage- ment, à trente-fix: en admettant deux ou net couvéés, & douze œufs pat. à chaque couvée, on pourroit encore _ terminer Île poids de chaque œuf, trois ou quatre livres; en paflant Le livre plus ou moins pour la coque, & deux ou trois livres pour la pinte de blanc & de jaune qu’elle contient: mais il y a bien loin de cette fixation conjec- turale à une obiervation précile. Beau- coup de gens écrivent, mais il:en eft peu qui melurent, qui pèlent, qui A ee RE \j [e Æ es à ECS F. l'A utruche. ho s$ comparent ; de quinze ou feize autru- ches, dont on a fait la diffeétion en différens pays, il n’y en a qu'une feule qui ait clé pelée,. &, c'efl eclle dont nous devons Îa defcription à à Vallifnieri On ne fait pas mieux le temps qui eft. néceflaire pour l’incubation des œufs: iout ce qu’on fait, ou plutôt, tout ce qu on affure, © ft qu'aufli-tôt que les | jeunes is ne font éclofes, elles font en état de marcher, & méme de courir & de chercher Bu nourriture (}; en : forte que dans la zône torride où elles trouvent le degré de chaleur qui leur convient & Ha nourriture qui leur eft ropre, elles font émancipées en naif Dilant, & font abandonnées de leur mère He les foins leur font inutiles : mais . dans les pays moins chauds, par exem- D au Cap de Bonne -efpérance , {a mère veille à fes petits, tant que fes … fecours leur font néceffaires (x), & par- tout les foins font H'opgrisnne aux _ befoins.… | Lu Lx‘ u) Léon -l'Africain, Déni de l'Afipe, ID, 1 Xe (x) Kolbe, Défcriprion dh Caps 256 Æhflcire Naturelle Les jeunes autruches font d’un pris- cendré R première année, & ont des plumes par-tout, mais ce font de faufies plumes qui tombent bien-tôt d’elles- mêmes pour ne plus revenir fur es parties qui doivent être nues, comme la tête, le haut du cou, les cuifles, les flancs & le deflous des ailes; elles font remplacées für le refte du corps pat des plumes alternativement blanches & noires , & quelquefois grifes par le mé- ange de ces deux couleurs fondues ent- femble ; les plus courtes font fur la partie inférieure du cou, la feule qui en foit revetue; elles deviennent plus longues fur le ventre & fur le dos, Îcs. plus longues de toutes font à Pextré- mité de la queue & des ailes, & ce font les plus recherchées. M. Kilem di, d’après Albert, que les plumes du dos font très-noires dans les mâles & brunes dans les femelles /y): cependant M." de PAcadémie qui ont difléqué huit au- truches, dont cinq mâles & trois fe- melles, ont trouvé le plumage à peu (y) Klein, Fifh Avium, pag, 16, = Albert : Apad Geéfnerum de Avibus, pags 742 0 ne Mec Ac: = de l'Autriche. 257 près femblable dans les unes & les autres 4 ), mais on n'en à jamais vu qui cuffent des plumes rouges, vertes, bleues & jaunes, comme Cardan femble lavoir cru, par une méprife bien dé- Ed dun ouvrage fur la fubtilité. _ Redi a reconnu par de nombreufes obfervations, que prefque tous les oi- _ feaux étoient fujets à avoir de la vermine dans leurs plumes, & même de plu- - fieurs efpèces ; & que fa plupart avoient Jeurs infectes particuliers qui ne fe ren- controient point ailleurs, mais il n’en _a jamais trouvé en aucune faifon dans . les autruches, quoiqu'il ait fait fes ob- Mains fur douze de ces animaux, : dont quelques-uns étoient récemment | arrivés de Barbarie /a). D'un autre côté Vallifnieri qui en a difléqué deux, n’a trouvé dans leur | intérieur ni bite , ni vers, ni infectes | quelconques /4); il femble qu'aucun (x) Mémoires pour fervir à l'Hifloire des Ani- maux, parrie Î1, page 117, (a) Collection Acad. some Î de l'Hiftoire natu- baie. page 464: _ (8) Œuvres de Vallifnieri, rome 1 y Page 246% 258 Hi for Naturelle de ces animaux n'ait d’ a pour a chair de l'autruche , qu’ils l'évitent même & fa craignent, & que cette char dt que que qualité contraire à leur mult- pins ion, à moins qu’on ne veuille attribuer cet effet, du moins pour line térieur, à la force de Peflomac & ce tous les organes Œ igefifs. ; Car l’autruché a une grande réputation à cet égard, ii y à bien des gens encore qui croient qu'elle digère le fer, comme la volaille commune digère Les grains d'ofge si or. Auteurs ont même avancé qu'elle digéroit le fer rouge /c); mais on. me difpenfera, fans doute, de réfuter. férieufement cette dernière aflertion ; ce. fera bien aflez de déterminer apres les” faits, dans quel fens on peut dire que. l'autruche digère le fer à froid. Ù [IF eft certain que ces animaux met principalement de matières végétales ,. qu'ils ont le géfier muni de mufcles tr trés-forts, comine tous les granivores (d), TPE De nl ATP CDR NN LEE HAT Beat IV {c) Marmol, Defcrivsion de l'Afrique, tome Ï ) ‘page 64. (d) Nora Quoique l'autruche foit omaivore À dans le fait, il femble néanmoins qu'en doit lg, Re = de l'Autruche. 259 & qu'ils avalent fort fouvent du fer {e), du cuivre, des pierres, du verre, du bois & tout ce qui fe préfente; je ne - nierois pas même qu'is n avalaffent quelquefois du fer TRUE » pourvu que ce füten-pétite quantité, & je ne penfe pas avec cela que ce füt impunément: il paroît qu'ils avaient tour ce qu'ils trouvent, jufqu'à ce que leurs grands efton nacs foient entièrement pleins, & que le beloin de Îes lefter par un vo- lume fufnilant de matière, eft l’une des principales caues de leur voracité. Dans les fujets difléqués par Warren (17. & par Ramby (& 7, les ventricules étoient ranger pami les granivores, puifque dans fes déferts ælle vit de dartes &c autres fruits où matières végé- tales, & que dans les ménage ries on la nourrit de . Ces mêmes maticres: d'ailleurs, Strabon nous dit, WW. FI, que Torfque Le chafleurs veulent lattirer dans le piége qu'ils lui ont préparé, ils lui pré. fentent du grain pour appât. (e) Je dis fort fouvent , car Albert affure très- | poñtivement q qu'il n’a jamais pu faire avaler du fer à plufieurs autruches, quoiqu' elles dévoraffent avi- | dement des os fort durs & même des Pierres. #opeg ) Géfner, de Avibus, pag. 742, Cv |. (f) Tranfations Philofophiques , 1° 2944 12) HR n° 328 4} no ) à > 60 Hifloire Naturelle tellement: remplis & diftendus, que À. première idée qui vint à ces deux Ana- : tomiftes , fut de douter que ces animaux | euffent jamais pu digérer une telle fur- charge de nourriture. “R anby ajoute que les matières contenues dans ces ventri- cules paroifloient n'avoir fubi qu’une - légère altération. Vallifnieri trouva aufit le premier ventrictile entièrement plein d'herbes, de fruits, de lésumes , de noix, de cordes, de pierres, de verre, de cuivre jaune & rouge, de fer, d'é- täin, de plomb & de bois; 11 y en 4- avoit entr'autres un morceau, & c'étoit | le dernier avalé, puifqu’i étoit tout au- À deflus, lequel ne peloit pas loin d’une” livre /4 ). M. de l’Académie affurent: que Îles veniricules des huit autruches qu'ils ont obfervées, fe font toujours … trouvés remplis de foin, d'herbes, d'orge, de fèves, d'os, de monnoies, de cuivre & de cailloux , dont quelques-. er t uns avoient la groffeur d’un œuf fi); Vautruche entafie done les matières dans (4) Opere di Vallifuieri, tome T, page 240. fi} Mémoires pour fervir à l’Hifloire des: Ani- maux, parie Îl, page 129. Bai | ) NAT de l'Autruche, 265 fes eftomacs à raifon de leur capacité, & par Ka néceflité de les remplir; & comme elle digère avec facilité & promp- titude, il eft aifé de comprendre pour- quoi elle eft infatiable. | Mais quelque infatiable qu’elle foit, on me demandera toujours, non pas pourquoi elle confomme tant de nour- riture, mais pourquoi elle avale des matières qui ne peuvent point la nourrir, L & qui peuvent même lui faire beaucoup | de mal; je répondrai que c’eft parce | qu'elle eft privée du fens du goût, & | cela eft d'autant plus vraïfemblable, que | fa langue étant bien examinée par d’ha- | biles Anatomiftes, leur a paru dépourvue l de toutes ces papilles fenfibles & ner- | veufes, dans lefquelles on croit avec | aflez de fondement que réfide k fen- | fation du goût /4): je croirois même hqu’elle auroit le fens de l’odorat fort | obtus, car ce fens eft celui qui fert le plus aux animaux pour le difcerne- ! ment de leur nourriture; & l’autruche Ha f1 peu de ce difcernement, qu’elle l'avale non-feulemeni le fer , les cailloux , … {k) Vallifieri, rome 1, page 2494 | | 262 Hifoire ht Blé. «0 le verre, mais même le cuivre qui a. une fi mauvaife odeur, & que Val if, nieri en à vu une qui étroit morte pour | | avoir dévoré une grande quan tué de à chaux vive //): les gallinacés & autres granivores, qui n'ont pas les organes. 1 du goût fort fenfibles, avaient bien de peties pierres qu is prennent apparem— ment pour de petites graines, lor Iqu’ elles font mêlées enfemble; mais ff on leur … préfente pour toute nourriture un nom-… bre connu de ces petites pierres, ils mourront de faim, fans en avaler unew feule (m); à plus fre ne tou- cheroiïent-ils point à la chaux vive: &. 1 À; l’on peut conclure de-là , ce me femble, que l’autruche eft un dés oïlfeaux dont. les fens du goût, de lodorat, & ï même celui du toucher dans les parties! À internes de la bouche, font Îes plus À émouflés & les plus obtus; en quoi il faut convenir qu'elle s ‘éloigne PEucONE de la nature des quadrupèdes. "4 Pre (D Valise, tome 1, page 239: (im) Collection Académique , some I de D Hiferos À naturelle, page 498 | LA È de l'Autruchés no 6 3 : Mais enfin que deviennent les fub£- tances dures, réfractaires & nuifibles, * que l’autruche avale fans choix & dans la feule intention de fe remplir! que . deviennent fur-tout le cuivre , le verre, le fer! fur cela les avis ne partagés, & chacun cite des faits à l'appui de {on opinion. M. Perrault ayant tronvé _foixante & dix doubles dans l’eftomac d un de ces aninaux , remarqua qu'ils . étoient {a plupart ufés & confumés | prefque aux trois quarts; mails il jugea que c'étoit plutôt par leur frottement mutuel & celui des caïlloux, que par _ (H'adtion d'aucun acide, vu que quel- ques-uns de ces doubles qui étoient boflus , fe trouvèrent fort ufés du côté convexe, qui étoit aufli le plus expofé aux FRA & nullement endom- _ magés du côté concave ; d’où il conclut L que dans les oifeaux , . diffolution de a nourriture ne fe fait pas feulement par des efprits fubtils & pénétrans, mais encore par l’action organique du ven- tricule qui comprime & bat inceffam- ment les alimens avec Îles corps durs que ces mêmes animaux ont l'inftin® * ; it ; 264 Hifloire Naturelle d’avaler; & comme toutes les matières contenues dans cet eftomac étoient. teintes en vert; il conclut encore que la diflolution du cuivre s’y étoit faire, non par un diffolvant particulier , ni. par voie de digeftion , mais de la même manière qu’elle fe feroit fi l’on broyoit ti ce métal avec des herbes, ouavec quel- que liqueur acide ou falée: il ajoute que le cuivre, bien loin de fe tourner en nourriture dans l’eftomac de FPau- truche, y agifloit au contraire comme poifon, & que toutes celles qui en. avaloient beaucoup mouroient bien-tôt à après fi n ) ; Vallifnieri penfe au contraire que l'autruche digère ou diffout les Corps durs, principalement par facon du diflolvant de l’eftomac, fans exclure celle des chocs & frottemens qui peu- vent aider à cette action principale ; : voici {es preuves : * Les morceaux de ne , de fer où À VÊÈTrre qui ont féjourné quelque temps dans les ventricules de l’autruche , f#) Mémoires pour fervir à PHifloire des AE maux, partie Î1, page 129, BL RAS ne _ de l'Awtruche. 26 $ _me font point liffes & luifaus comme ils devroient l'être, s'ils euflent été ulés | par le frottement , maïs ils fontraboteux, fillonnés , criblés comme ïls doivent Vêtre, en fuppofant qu'ils aient été rongés par un diflolvant act : NE . 2. Ce diffolvant réduit les corps les plus durs, de même que les herbes, les grams & les os, en molécules im- palpables qu'on peut apercevoir au microfcope & même à l'œil nu : 3. Il a trouvé dans un eftomac . d’autruche un clou implanté dans l’une de fes parois, & qui traverfoit cer ef .tomac de façon que Îes parois oppofées ne pouvoient s'approcher ni par confé- quent comprimer les matières contenues, autant qu’elles le font d'ordinaire; ce- pendant les alimens étoient aufli-bien diffous dans ce ventricule, que dans . un autre qui n'étoit traverlé d'aucun || clou, ce qui prouve au moins que Ia digeftion ne fe fait pas dans l’autruche uniquement par trituration : 4 Ï a vu un dés à coudre, de. Mcuivre, trouvé dans leftomac d’un [chapon, lequel n’étoit rongé que dans Oifeaux, Zome IL. M 266 Hlifloire Naturelle le feul endroit par où il touchoit au géfier, & qui par conféquent étoit le moins expolé aux chocs des'autres corps durs ; preuve que la diffolution des métaux, dans leftomac des chapons, {e fait plutôt par l’action d’un diffloivant, quel qu'il foit, que par celle des chocs & des frottemens, & cette conféquence s'étend aflez naturellement aux autru- ches : : Fe 5. Il a vu une pièce de monnoie rongée fi profondément, que fon poids étoit réduit à trois grains: À 6. Les glandes du premier eftomac donnent, étant preflées , une liqueur viiqueufe, jaunâtre, infipide, & qui néanmoins imprime très - promptement fur le fer, une tache cbfcure : : 7 Enfm, Vativité de ces fues, la force des mufcles du géfier, & la couleur noire qui teint les excrémens des autruches qui ont avalé du fer, comme elle teint ceux des perfonnes ‘qui font ufage des martiaux & les dis | gèrent bien, venant à l'appui des faits précédens, autoritent Vallifnieri à coms « jecturer, non pas tout-à- fait, que less jee £ #: | de l'Autruche. 26 7 autruches digèrent le fer & s'en nour- riflent, comme divers infectes ou reptiles fe hoouafTbR de terre & de pierres, mais que les pierres, les métaux & fur- tout le fer, diflous par le fuc des glandes fervent à tempérer comme abiorbans, les fermens trop aélifs de l'eftomac, qu'ils peuvent fe mêler à la nourriture comme élémens utiles, laflaifonner, augmenter la force des folides, & d'au- tant plus que le fer entre, comme on … fait, dans la compofition des êtres vivans; à & que lorfqu’il eft fuffifamment atténué … -par des acides convenables, il fes vola- … tillfe & acquiert une tendance à végéter, « ‘pour ainfi dire, & à prendre des forme | analogues à cite Letles des plantes, comme … onle voit dans Farbre de mars 0); & … c'eft en effet le feul fens raifonnable dans lequel on puifle dire que l’auiruche |. … {o) Mémoires de l’Académie des Sciences, années 170$, 170 6 À fuivanres.— Vallifnieri, rome 1, |: page 242; & il confirme encore fon fentiment parles obfervations de Santorini fur des pièces de : monnoie & des clous trouvés dans l'eftomac d’une p *autr uche qu'il avoit difléquée à Venile, & par les | expériences de Académie de! Cimento , (ur la dicet | ion des Oifeaux, | M à \ 2 68. Hifloire Naturelle digère le fer, & quand elle auroit l’ef- tomac aflez Be pour Île digérer. Véri- tablement, ce n’eft que par une erreur bien ridicule qu'on auroit pu attribuer à ce géfier , comme on à fait, la qualité d’un remède & fa vertu daidèr de. geftion, puifqu’on ne peut nier qu'il ne foit par lui-même un morcean tout- a-fait indigefte : mais telle eft la nature de l’efprit humain ; lorfqu’ il eft une fois frappé de quelque objet rare & fmgulier, il fe plait à le rendre plus. fingulier encore, en Jui attribuant des propriétés chimériques & fouvent ab- furdes : c’eft ainfi qu’on a prétendu que les pierres les plus tranfparentes qu'on trouve dans les ventricules de lautruché, avoient aufli la vertu, étant portées au cou, de faire faire de bonté digeftions ; 5 ue tunique intérieure de fon géfier avoit celle de ranimer un tempérament! affoibli & d'infpirer de l'amour; fon. foie, celle de guérir fe mal caduc ; fon 4 fig , celle de rétablir la vue; la coque de ies œufs réduite en pottre : celle : | de em les douleurs de la goutte ll & de [a pro &c. Vallifniei a cul de l'Autriche. … 26 CA ‘éccafron de conftater par fes expériences, la faufleté de la plupart de ces prétendues vertus: & fes expériences font d'autant plus décifives , qu’il les à faites fur les | pie les plus crédules & les pres prévenues /p}. | * . L’autruche eft un oifeau propre & : | Frariat à l'Afrique , aux fes voifines de ce continent /4/, & à la partie de _ l’Afe qui confine à l'Afrique; ces régions qui font le pays natal du cha- meau , du rhinocéros, de léléphant & . de plufieurs autres de animaux , devoient être aufir la patrie de Pautru- che, qui eft Féléphant des oifeaux ; élles font très- fréquentes dans les mon- tagnes fituées au fud-gueft d'Alexandrie, fuivant le docteur Pokoke. Un Mif- fionnaire dit qu’on en trouve à Goa, . mais beaucoup moins qu’en Arabie (0 (p) Vallifniert, tome 1, page 253, (4) Le vorou-patra de Madagafcar eft une Te d'autruche qui fe retire dans les lieux déferts & pond des œufs d'une finculière groffeur. Æiftoire. générale des voyages, 1ome VI, page 6 0 6, citant Flaccour. … (r) Voyage du Fr. Philippe, » Carme-déchauffé ; we 378: | à 270 Hifioire Naturelle Philoftrate prétend même qu’ Apollonius | en trouva jufqu’au de-là du Gange //), mais c’étoit fans doute dans un temps où ce pays étoit moms peuplé qu'au- Jjourd'hui : les voyageurs modernes n’en ont point aperçu dans ce même pays, {mon celles qu’on y avoit menées d’ail- leurs (t), & tous conviennent qu’elles ne s’écartent guère au-delà du trénté- einquième degré de latitude, de part & d'autre de la Lione; & comme lau- ruche ne vole point, elle eft dans le cas de tous les quadrupèdes des parties méridionales de l’ancien continent, c’eft- ä-dire, qu’elle n’a pu pafler dans le nouveau ; auffi n’en a-t-on pointtrouvé en Amérique, queiqu'on ait donné fon nom au touyou, qui lui reflemble en. effet, en ce qu’il ne vole point, & par quelques autres rapports, mais qui cit : (!) Vita Apollonii, Wb. 111. ft} On en nourrit dans Îles ménageries du roi de Perfe, felon Thévenot /rome 11, page 200), _ ce qui fuppofe qu'elles ne font pas communes dans ce pays. — Sur la route d’Ifpahan à Schiras on gmena dans le caravanferai quatre autruches ; dit BA j Gemdlli Careri, some Il, page 238, + \ de l'Autruche, 27% d'une efpèce différente, commie nous le verrons bientôt dans fon hiftoire : par la même raifon, on ne Fa jamais rencontrée en Europe, où elle auroit cependant pu trouver un climat con- venable à fa nature dans la Morée, &. au midi de FEfpagne & de: llalie ; mais pour fe rendre dans ces contrées, il} eût fallu ou franchir es mers qui l'en féparoïient , ce qui lui étoit impoflible, ou faire le tour de ces mers, & re- monter jufqu’au cinquantième degré de latitude pour revenir par le Nord en traverfant des régions très - peuplées , | j [æ, à … nouvel obfiacle doublement mfurmon- table à la migration d’un animal, qui _ ne fe plaît que dans les pays chauds & —_ les déferts : les autruches habitent en effet, par préférence, les lieux les plus folitaires & les plus arides , où il ne pleut prefque jamais /w), & cela confirme ce (a) Sivurhum generari in parte Africæ qui non pluir injuit Theophraflus, de Hift, plant. 44, apud Gef- nevunr, pag, 74. Nota. Tous les Voyageurs & les Naruraliftes font d'accord fur ce point; G. Warren +. eft le feul qui ait fait un oifeau aquatique de l’au- “truche, l'animal le plus anti-aquatique qu'il y ait: na] convient bien qu'elle ne fait point nager; mais Mi 272 Piffoire Naturelle que difent les Arabes, qu’elles ne boï- vent point; elles fe réuniflent dans ces délerts en troupes nombreules, qui de loin reffemblent à des efcadrons de ca- valerie, & ont jeté l'alarme dans plus d’une caravane : leur vie doit être un peu dure dans ces folitudes vafles & ftériles, mais elles y trouvent la Hiberté & l'amour; & quel défert, à ce prix, ne feroit un lieu de délices! c’eft pour jouir, au fein de la Nature, dé ces biens inefthnables qu'elles fuient homme ; mais l’homme qui fait le profit qu’il en _ peut ürer, les va chercher dans leurs retraites les plus fauvages ; il fe nourrit | Le) de leurs œufs, de leur fang, de leur elle a les jambes hautes & le cou long, ce qui fui donne le moyen de marcher dans l'eau & d'y faifir fa proie; d’ailleurs, on a remarqué que fa tête avait quelque reffemblance avec celle de Foie; ea faut-il davantage pour prouver que l'autruche eft un oifeau de rivière! Voy. Tranfaét, Philf.n° 204 Un autre ayant oui dire qu'on voyoit en Abiffinie des autruches de la groffeur d'un âne, & ayant appris, d'ailleurs, qu'elles avoient le cou & les pieds. d'un quadrupède , en a conclu & écrit qu'elles avaient le cou & les pieds d'un âne, fuidas, Hny a guère de fujet d'Hifloire naturelle qui ait fan | dire autant d'abfurdités que l'autruche. : val 4 IL AE cpu Arles: the) griffe, de leur chair, il fe pare de leurs plumes ; ïl 1 pe peut-être l'efpé- rance de les fubjuguer tout-à-fait, & de les mettre au nombre de fes cfcloten L’autruche promet trop d'avantages à l’homme, pour qu’elle puiffle être en {üreté déns {es déferts.: Des peuples entiers ont mérité le nom de Struthophages, par l'ufage où ils étoient de manger de l'autruche fe}; & ces peuples étoient voifins des Éié- phantophages , qui ne faifoient pas meilleure chère. Apicius prefcrit, & avec grande raifon, une fauce un peu vive pour cette wish y) , 0 ée qu prouve au moins qu'elle étoit en ufage chez les Romains ; mais nous en avons d’autres preuves. L’empereur Hélioga- bale fit un jour fervir la cervelle de fix cents autruches dans un feul repas /7); cet Empereur avoit, comme on fait, la fantaifie de ne manger chaque jour (x) Strabon, 46. XW1,— Diod Sic, & Fabia à Lt gefus , lib. 1v. _ (>) Apicius, Gb. VI, cap, L, {Q Lamp, #4 vira Hiliogabal, SJ L y 474 Hifioire Naturelle que d’une feule viande, comme faifans , cochons, poulets, & FPautruche étoit du nombre /a), mais apprètée fans doute à la manière mt encore aujour-. d’'hui les habitans de la Lybie,_de la Numidie, &c. en nourriflent de privées, dont ils mangent fa chair & vendent les plumes /b); cependant les chiens, ni les chats ne voulurent pas même fentir [a chair d’une autruche que Vailifnieri avoit difféquée , quoique cette chair füt encore fraiche & vermeille, à la vérité Pautruche étoit d’une très - grande mai- greur /c}; de plus, elle pouvait être: vieille; & Léon-PAfrican qui en avoit goûté fur les lieux, nous apprend qu'on ne . mangeoit guère que les jeunes, & même après les avoir engraiffées (4); le rabbin David Kimbi, ajoute qu’on atrine les femelles /e), & peut-êtreen _ {al Lamp. #ñ vita Heliogabah, (b) Béton, Hif, rar des Oifeanx , page 2370 —— Marmol, Defcriprion de l'Afrique, tome LME | page 25. ni : (c) Opere di Vallifaieri, tom. 1, pag. . “ 4 I {4) Defcription de l'Afrique, Ér, IX, ES fe) Gefner, & Aÿibus, page 41e - de l'Autruche. 27 s eût-on fait un mets paflable en les fou- mettant à la caftration. Cadamofto & quelques autres Voyas | » geurs difent avoir goûté des œufs d’au- twuche, & ne les avoir pont trouvés mauvais; de Brue & le Maire aflurent que dans un feul de fes œufs, 1 y à de quoi nourrir huit hommes /f); d’au- trés qu'il pèle autant que trente œufs de: poule (g?, mais y a bien loin de a quinze livres. On fait avec la coque de ces dé : … des efpèces de coupes qui durciflent _ avec Je temps, & reffembient en la que forte à de livoire. Lorfque les Arabes ont tué une au- … truche, ïls fui ouvrent la gorge, font l une ligature au-deffous FA Len & la . prenant eufuite à trois où quatre, ils la fecouent & la reflaffent , comme on reffafferoit une outre pour KR rincer ;' aprés quoi la ligature étant défaite , fl fort par le trou fait à la gor ge, une quantité confidérable de mantèque enr ï ff nu {(f) Voyage au Sénégal , " &c. page 104. | (g) Koïbe, Defcription du cap de Bonne-efpérances, BR | M v7 276 Hifloire Naturelle confiftance d’huile figée ; on en tire. quelquefois jufqu’a vingt livres d'une feule autruche, cette mantèque n’eft autre chofe que le fang de Fanimal mêlé, non avec fa chair, comme on Va dit, puifqu'on ne lui en trouvoit point fur le ventre & Îa poitrine, où en. effet il n’y en a jamais; mais avéc cette graifle, qui dans les autruches grafies, forme, comme nous avons dit, une couche épaifle de plufieurs pouces fur les inteflins : les habitans du pays pré- tendent que la mantè que eft un très- bon manger, mais qu'elle donne le cours de ventre /4). Les Éthiopiens écorchent Îles au- truches & vendent leurs peaux aux marchands d'Alexandrie; le cuir en eft très-épais /i), &les FR Le faifoient autrefois des efpèces de foubreveftes, qui leur tenoient lieu de cuirafle & de ‘{h) Noyage de Thévenot, tome ÿ page 31 Li (i) Nota, Schwenckfeld prétend que ce cuir. épais eft fait pour oarantir lautruche contre la ri . gueur du Fo ; il n'a pas pris garde qu'elle n'ha- bitoit que les pays chauds, Foy, Aviarium Silefæ ; PATIO» des D Aires : 377 bouclier /4/, Belon a vu une grande quantité de ces peaux toutes empiumées dans les boutiques d'Alexandrie //), les longues plumes blanches de fa queue & des ailes ont été recherchées dans tous les temps; les Anciens les em- ployoient comme ornement & comme . diftinétion militaire, & elles avoient fuccédé aux plumes de cygne; car les oifeaux ont ioujours été en pofieflion de fournir aux peuples policés, comme aux peuples fauvages, une partie de leur parure. Aldrovande nous apprend qu'on voit encore a Rome deux ftatues anciennes, l’une de Minerve & l’autre de Pyrrhus, dont le cafque eft orné de plumes d’autruche /m); c'eft apparem- ment de ces mêimes plumes qu'étoit F, compofé le pennache des foldats Ro- mains, dont parle Polybé /2), & qui confiftoit en trois plumes noires ou rouges d'environ une coudée de haut; LU. (4) Pollux, apud Gefrerum de Avibus, page D77$: | (m) Aldrov. de Avibus, tom. I, pag. s06, (8) Polybe, Hifé lib, VE 278 Hifloire Naturelle c'eft précifément la longueur des grandes plumes d'auiruche. En ‘Turquie > Au- jourd’'hui, un Janifiaire /o) qui s’eft _fignalé par quelques faits d'armes (p), ae droit d'en décorer fon turban; &. la Sultane, dans le férail, projetant de plus douces viétoires, les admet dans fa pardre avec complaifance. Au royaume. de Congo, on mêle ces plumes avec. celles du paon, pour en faire des en- feignes de guerre /g), & les Dames d'Angleierre & d’lualie s’en font des efpèces d’éventails /r); on ra aflez quelle prodigieufe confommation il s’en fait en Europe pour les chapeaux, les cafques , es habillemens de théâtre, " ameuble- mens , les dais, les cérémonies funèbres, & mêine pour fa parure des femmes ; & il faut avouer qu’elles font un bon effet , {oit par leurs couleurs naturelles ou arüficielles, foit par leur mouvement: {o) Belon, Offerv. ... fol. v6. (p) Aldrov. de Avibus, tom. Ï, pag. 596% (g) Hifloire générale des Voyages, come V, page 7 6, (x) Aldrov. ubi Japras = Wil Va ee past 10 vs d l | ae l'Autruche. 279 … doux & ondoyant: mais il eft bon de favoir que les plumes dont on fait le lus de cas, font celles qui s’arrachent à l'animal vivant, & on les reconnoît en ce que leur tuyau étant preflé dans les doïgis, donne un fuc fanguinolent ; celies au contraire qui ont été arrachées après la mort, font sèches, légères & fort fujettes aux vers //). _ ‘ Les autruches, quoique habitantes du défert, ne font pas auffi fauvages LA qu on limagineroit : tous Îles Voyageurs . s'accordent à dire qu’elles s’apprivoilent facilement, fur -tout lorfqu’elles font jeunes. Les habitans de Dara, ceux de Lybie, &c. en nourriflent des trou- peaux /t), dont ils tirent fans doute _ ces plumes de première qualité, qui ne fe prennent que fur les autruches vi . vantes; elles s’apprivoifent même fans qu'on y mette de foin, & par la feule habitude de voir des hommes & d’en | a Hifoire générale des Voyages , tone LA h page 632. | (1) Marmol, Defériprion de l'Afrique, tome IH; > page le 280 Hifloire Naturelle recevoir la nourriture & de bons traîte- mens. Brue en ayant acheté. deux à Serinpate fur la côte d'Afrique, les trouva tout apprivoilées lorfqu’il arriva au fort Saint-Louis CA On fait plus que de les apprivoifer, on en a dompté quelques-unes au point de les monter comme on monte un cheval; & ce n’eft pas une invention moderne, car letyran Firmius qui réonoît en Égypte {ur la fin du troifième fiè- cle, fe failoit porter, dit-on, par de grandes autruches /x). Moore, ‘Anglois, dit avoir vu, à Joar en Afrique, un homme voyageant fur une autruche /y}. Vailifnieri parle d’un jeune homme qui S ’étoit fait voir à Venife monté fur uRe autruche, & lui faifant faire des efpèces de UE devant le menu PHARE 2/4 {a) Hifoire générale des Voyees: tome 11 i page Co, {x) Firmius imperator veclus ef? ingentibus Srrutkioi mibus, Textor. apud Gefnerum, pag. $ 73 (y) Hiftoire générale des Voyages, tome Li] ; : gage Ê4: (r) Vallifniert, 10M8 a gage Z$ 1 | de l'Autruche. 26 2 enfin M. Adanfôn a vu au comptoir _ de Podor, deux autruches encore jeunes, … dont la plus forte couroit plus vite que Île meilleur coureur Anglois, quoïqu’elle eût deux Nègres fur fon dos /a); tout (a) « Deux autruches qu’on élevoit depuis près de deux ans au comptoir de Podor, fur le Niger, quoique jeunes encore, égaloient, à très-peu prés, la groffeur des plus grufles de ce les que je n’avois âperçues qu'en pailint daus les campagnes brülées … & fablonneufes de la gauche du Niger: celles-ci . étoient fi privées, que deux petits Noirs monte- … rent enfemble la plus grande des deux ; celle ci n'eut pas plutôt Énti ce poids, qu'elle fe mit à L courir de toutes fes forces & leur fit faire plu- … fieurs fois le tour du village, fans qu'il füt poffible … de l'arrêter autrement qu'en [ui barrant le paf- . fage. . . . Pour eflayer la force de ces animaux, je fs monter un Nègre de taille fur la plus petite, | & deux autres fur fa plus groffe : cette charge né parut pas difproportionnée à leur vigueur ; - d'abord elles trotièrent un petit galop des plus ferrés; enfuite, lorfqu'on les eût un peu excitées elles étendirent leurs ailes comme pour prendre le vent, & s'abandornèrent à une telle vitefle, u'elles fembioïent perdre terre, .., Je fuis per- fnndé qu'elles auroiïent faiffé bien loin derrière elles les plus fiers chevaux Anglois. . . . [left vrai qu'elles ne fourniroient pas une courfe aufi longue qu'eux; mais à coup für elles pourroient l'exé- cuter plus promptement. J'ai été plufieurs fois … fémoin de ce fpectacle, qui doit donner une idée de la force prodigieufe de l'autruche, & faire & P € «e (74 4 € (4 LS La € (4 Pa "mn « # Les 6 (3 + «& LS # La] 282 Aifloire Naturelle cela prouve que ces #mimaux , fans être abfolument farouches, font néanmoins d’une nature rétive, & que fi on peut les apprivoiler jufqu’à fe laifler mener en troupeaux , revenir au bercail & même à foufirir qu’on les monte, il eft difficile & peut-être impoflible de les réduire à obéir à la main du cavalier, à fentir fes de- andes, comprendre fes volontés & s’y foumettre : nous voyons par fare- tion. même de M. Adanfon, que Vautruche de Podor ne s'éloigna pas beaucoup , mais qu’elle fit plufieurs fois le tour de la bourgade, & qu'on ne put l'arrêter qu’en lui barrant le paflage ; docile à un certain point par ftupidité, elle paroît intraitable par fon naturel; & il faut bien que cela foit, puifque Arabe qui a dompté le cheval & fub-. tuoué le chameau, n’a pu encore mai- Jugue 1 9 trier entièrement lautruche : cependant Jufaue-là on ne pourra tirer parti de fa. vitefle & de fa force, car la force d’un. » connoïître de quel uface elle pourroit être fi on k » trouvoit moyen de la maïîtrier & de Pinftruire comme on drefle un cheval », Voyage au Sénégal ,& page 46% wi de l'Autruche. 28 3 domeftique indocile, fe tourne prefque Du contre fon maître. Au reite, quoique les autruches courent Dius! vite que le cheval, c’eft cependant avec le cheval qu’on les court & qu'on les prend, mais on voit bien qu'il y faut un peu d’'induftrie : ; celle des Arabes confifte à les fuivre à vue, faus les trop prefler, & fur-tout à rs inquiéter affez pour les empêcher de prendre de la nourriture, mais point aflez pour les déterminer à s'échapper par une fuite prompte; cela eft d'autant plus facile qu’elles ne vont guère fur ! une ligne droite, & qu'elles décrivent prefque toujours dans leur courfe un cercle plus ou moins étendu; les Arabes peuvent donc diriger leur ne fur un cercle concentrique , intérieur , par conféquent plus étroit, & les lee toujours à une jufte Fe en faifant beaucoup moins de RTE qu’elles : | lorfqu'ils lesont ainfi fatiguées & affamées | pendant un ou deux jours, ils prennent leur moment, fondent {ur elles au grand galop en les menant contre le vent autant 284 Hifioire Naurelle | qu'il eft poilible /2), & les tuent à coups de bâton pour que leur fang ne gâte point le beau blanc dé leurs plu- mes: on dit que lorfqu’elles fe fentent forcées & hors d'état d'échapper aux Chañ jeurs, € elles cachent leur tête & croient qu’on ne les voit plus c}} mais il pourroit fe faire que Pabiurdité de ceite intention retombât fur ceux qui | ont voulu s’en rendre les interprètes, & qu'elles n’eufient d’autre buten cachant | leur tête que de mettre du moins en füreté | la partie qui eft en nrême temps la plus | hnportante & la plus foible. Les Struthophages avoiïent une autre fiçon de prendre ces animaux, ils fe M couvroient d’une peau d’autruche , paf- fant leur bras dans le cou, äs lui fai" foient faire tous les mouvemens que fait ordinairement lautruche elle-même, & par ce moyen, ils pouvoient aifément | (b) Klein, Æif Hub pao. 16.— Hifioire générale des Voyages, rome JR page 6.3 20 À _ (c) Pline, 46. X, cap, 1. — Kolbe, Deferipriost du cap de Borne c{pérance, Ce 4 de T'Autruche. 285$ les approcher & les furprendre /d): _ c’eft ainfi que les Sauvages d’A mérique . fe déguifent en chevreuil, pour prendre les chevreuils. On s’eft encore fervi de chiens & de filets pour cette chafle, mais il paroît qu’on fa fait plus communément à cheval; & cela feul fuffit pour expli- _quer l’antipathie qu'on à cru remarquer entre le cheval & l’autruche. | Lorfque ceile-ci court, elle déploie fes ailes & les grandes plumes de fa queue /e), non pas qu’elle en tire aucun fecours pour allier plus vite, comme je l'ai déjà dit, mais par un effet très- ordinaire de fa correfpondance des muf- gles, & de la manière qu’un homme qui court agite fes bras, ou qu'un éléphant qui revient fur le Chafïeur, drefle & déploie fes grandes oreilles /f); la preuve, fans replique, que ce n’eft point pour accélérer fon mouvement que lautruche relève ainfr fes ailes, + (d) Diod. Sieul. & Fabul. Ang. gels, Nb. V4 (e) Léon Afric, Défériprio, Mb.1xs [f) Élien, Hif. arimah | ‘ | 4 286 Hifloire Naturelle c’eft qu’elle les relève lors même qu’elle va contre le vent, quoique dans ce cas elles ne puiflent être qu’un obftacle : la vitefle d’un animal n’eft que l'effet de fa force employée contre fa pefanteur ; & comme l’autruche eft en même-temps très-pelante & très-vite à la courfe, il s'enfuit qu’elle doit avoir beaucoup ‘dé force : cependant malgré fa force, élle conferve les mœurs des granivores ; elle n'attaque point les animaux plus foibies, rarement mêime fe met-elle en défenfe contre ceux qui l’atta quent ; bordée fur tout le corps dun cuir épais & dur, pourvue d’un large Jfernum qui lui tient lieu de cuirafle, Re d’une feconde cuiraffe d'infenfbilité , Cle s'aperçoit à peine des petites atteintes du dehors, & elie fait fe fouftraire aux grands dangers par rapidité de fa fuite; fr quelque- fois elle fe défend, c’elt avec le bec, avec les piquans de fes ailes fo), &. fur-tout avec les pieds. THEME en à vu une qui d'un coup de pied renverfa un chien /4). Belon dit dans fon vieux {g) Albert, de Animal, apud Géfu, pag, 7424 {h) Voyages de T'hévenot , rome 1, page î Te. RE de l'Autruche. 287 fngage, qu’elle pourroit ainfr ruer par terre un homme qui fuiroit devant elle /i); mais qu'elle jette, en fuyant, des pierres à ceux qui la pourfuivent /k), j'en doute beaucoup & d'autant plus que la vielle de fa courfe en avant {eroit autant de retranché fur celle des pierres qu'elle fanceroït en arrière, & que ces deux vitefles oppofées étant à peu près égales, puifqu’elles ont toutes deux pour principe le mouvement des pieds, elles {e détruiroient néceffaire- ment: d'ailleurs, ce fait avancé par _ Pline, & répété par beaucoup d’autres, . ne me paroït point avoir été confirmé par aucun Moderne digne de foi, & | on fait que Pline avoit beaucoup plus | de génie que de critique. | Léon-lAfricain a dit que lautruche étoit privée du fens de l’ouïe //)g ce- pendant nous avons vu plus haut qu'elle {1 Belon , Fifi. nar, des Oifeaux » page 233. (k) Ungule, üs...... bifulcæ , comprehendendis # « , Q « fi U No lapidibus uriles, quos in faga contra fequenres ingerunts DoLib. X, cap, 1. | Ne {2 Défériptio Africe, Mb. 1x sen 288 ÆHifloire Naturelle paroifloit avoir tous les organes d’où | dépendent Îles fenfations de ce genre, | l'ouverture des oreilles eft même fort | rande , & n’eft point ombragée par les | plumes, ainfi il eft probable ou qu'elle h nef fourde qu’en certaines circonftances, \ comme le tétras, c’eft-à-dire dans a | faifon de l'amour, ou qu'on a imputé | quelquefois à furdité ce qui n'étoit que l'effet de la flupidié. : C'eft aufli dans la même faifon, | felon toute apparence, qu'elle fait en- | tendre fa voix; elle la fait rarement} entendre, car très- peu de perfonnes | en ont parlé ; les Ecrivains facrés com- | parent fon cri à un gémiflement /n), W & on prétend même que fon nom hé- | breu jacnah eft formé d’ianah, qui | fronifie hurler. Le docteur Browne dit | que *ce cri reflemble à la voix d’un} enfant enroué, & qu'il eft plus trifte | encore /n); comment donc avec cela | ne parotroit-il pas lugubre & même | _ {m) Michée, cap. 1. Lulu quafi S rrathionum. {#) Colleétions Philofophiques , #° ÿ, article | VILL El terrible, W « g' 288 PLAT p de 7". e- } y} 7) % GEL LES AL LL£ D'LCALTLE L'AUTRUCHE. ee J, / Un) ) 7 HAN Car kde ne LA MES y N LÉ _ fl Un à / Ailes A. 289 % Abe feloni.P expreffi on de M. Sandys, - à des Voyageurs qui ne s’enfoncent. : _ qu'avec inquiétude dans l’immenfité de …._ ces déferts, & pour qui tout être animé, 1 fans en excepter l’homme, eft un obiée D à craindre & une rencontre dangereue ! ss 4 \ À A, “ | L | À Ù . x l ; | È _ \ M: "à 12 ñ l Hi. k Ù 4 4 û \ Oiféaux, Tome IL N 290 Æifloire Naturelle LE TOUYOU(a).« La UTRUCHE del'Amérique mé- ridionale , appelée aufli autruche d’Oc- cident, autruche de Magellan &T de la Guyane, n’eft point une autruche: je crois que le Maire eft le premier Voya- geur qui, trompé par quelques traits de reffemblance avec lautruche d’Afri- que , lui ait appliqué ce nom (b). Klein qui à bien vu que l’efpèce étoit diffé- rente, s’eft contenté de Pappeler æ- truche bâtarde (c). M. Barrère la nomme tantôt un héron { d), tantôt une gr (a) Touyou ou T'ouyouyou. — Srruthins Euf, Nierembero, page 217; la figure, page 2168, fous le nom Æeu, — Nhanduouam. Marcgrave , | Hifi. nan Braf. pag. 190; & Pifon, page 84, avec une figure. — Autruche de Guiane. Defmar- chais, rome II], page 224: (b) Voyez {es Navigations Auftrales, page 1295. | daus le Jommaire du n° 22, {c) Avium, Hifl pag. 17, {d) Orrithobgia, pag. 67: mn 0 CT te ca pt du Touyou. 291: ferrivore (e), tantôt un émeu à long cou (f); d’autres ont cru beaucoup mieux faire en lui appliquant d’après des rapports, à la vérité mieux faifis, cette dénomi- nation compofée , cafoar gris à bec d'au- truche ; Moehring (2) & M. Briflon /#} lui donnent le nom latin de rhea, auquel le dernier ajoute le nom Américain de touyou, formé de celui de touyouyou qu’il porte communément dans la Guyane (i/; d’autres Sauvages lui ont donné d’autres noms, yardu, yandu, andu & nandu= guacu, au Brefil (4); fallian, dans l'ile de Maragnan //); Juri, au Chili /), &c. voilà bien des noms pour un oïfeau fi _(e) France Équinoxtale, PASE 137% (f) Ornithologia , pags 64. | > {g) Meth. Avi. Gen, Ésai | Et Th) Brion, tome V, page &, TND EE (i) Barrère, France Équinowiale, page 133 4 (4) Nieremberg, page 2 1 7; Marcorave, page 190; Pifon, page 84; de Laët, &c. (D Hiftoire générale des Voyages, rome XIV, page 316 : (m] Nicremberg, page 217. | | N ÿ: 20% M ifioire Naturelle nouvellement connu ; pour mOi j'adop- terai volontiers celui de touyou que lui : à donné, ou plutôt que lui à confervé M. Bio, & je préféreraï, fans héfiter, ce nom barbare, qui vraifemblablement a quelque rapport à la voix ou au cri de l’oifeau , je le préférerar, dis-je, aux dénomititions fcientifiques > qui trop fouvent ne font propres qu'à donner de faufles idées, & aux noms nouveaux qui n'indiquent aucun caractère, aucun attribut effentiel de Vêtre auquel à on les applique. Nr | M. Briffon Dar croire qu A fdrob varde a voulu défigner le‘ touyou fous Je nom d'avis eme [n), & i eft très- vrai qu'au tome 111 de l'Ornithologie de ce dernier, page $ #1, il fe trouve ‘une planche qui repréfente le touyou & le cafoar, d’après. les deux. planches de . Nieremberg, page218;& qu'au deflus de la planche d' A ldrovande eft écrit en ros caractère, AVIS EME, de même que Îa figure du tOUYOu , pu Nie- remberp, porte en têtele nom d'émeu; | #1 5 ÿ Briflon »-tome W de fon. Ornisholegie» | past à 4: è TA di 4 2 53 mais il eft vifible que ces deux titres ont été ajoutés par les Graveurs ou les Imprimeurs , peu inftruits de Vintention des Auteurs, car Aldrovande ne dit pas un mot du touyou, Nieremberg n'en parle que fous les noms d'yardou, de Jfuri & d’autruche d'Occident; & tous deux , dans leur defcription , appliquent les ne d’eme & d’émeu au feul cafoar de Java; en forte que pour prévenir la contulion des: noms, l’eme d’Aldro- vande & lémeu de Nieremberg STE doivent plus déformais reparoître dans a lifle des dénominations. du touyou. Marcgrave dit que les Portugais l'ap- pelent ema dans leur langue (o); mais les Portugais “il avoient beaucoup de relations dans les Indes orientales, con- noifloient l’émeu de Java, &-ils ons donné fon nom au touyou d’Améri- que, qui lui reflembloit plus qu’à aucun autre oifeau , de même que nous avons denné le nom d’autruche à ce même touyou; & il doit demeurer pour conf- tant que Île nom d’émeu eft propre au cafoar des Indes orientales , & ne * fo) Marcgrave, Hifl, nat, Brafe pag. 190. NT 204 Hiflore Narurelle convient ni au touyou ni à aucun autre oïfeau d’A mérique. En détaillant les différens noms du touyou, j'ai indiqué en partie les diffé- rentes contrées où il {e trouve : c'eft un oifeau propre à l'Amérique méri- dionale, maïs qui n’eft pas également répandu dans toutes les provinces de ce continent. Marcgrave nous apprend qu’il eft rare d’en voir aux environs de Fernambouc , il ne l’eft pas moins au Pérou & le long des côtes les plus fré- quentées, mais il eft plus commun dans la Guyane /p), dans les capitaineries de Sérégippe & de Rio-grande /4/, dans es provinces intérieures du Brefil (); au Chili /f), dans les vaftes forêts qui font au nord de l’embouchure de la Plata (4), dans les favanes immenfes p) Barrère, France Équinoxiale, page 133. … (g) Marcgrave, Hlifl, nat. Brafil pag. 190. | (r) Hiftoire générale des Voyages, rome XIV, FE 290: (S) Hiftoire des Incas , rome 11, page 274 & ; PA (+) Wafe, Nouveaux Voyages de Danpier; tome V, pige 308. du Touyou. 295$ qui s'étendent au fud de cette rivière ({u) & dans toute la terre Magellanique {x), jufqu’au port Defiré, & même jufqu'à la côte qui borde le détroit de Ma- gellan /y/: autrefois il y avoit des _ cantons dans le Paraguaï qui en étoient remplis, fur-tout les cunpagnes arrofées par lUraguai; mais à mefure que les hommes s’y font multipliés, ils en ont tué un grand nombre, & le refte s’eft éloïgné /7): le capitaine Vood aflure que bien qu’ils abondent fur la côte feptentrionale du détroit de Magellan, on n’en voit point du tout fur la côte méridionale /a); & quoique Coréal dife qu'il en a aperçu dans les ïles de {a mer du fud /b), ce détroit paroït être (u) Wafer, Nouveaux Voyages de Dampier, tome V, page 68. : (x) lbidèm, tome IV, page 69 ; & tome V, page 181. | (y) Ibidem, page 192. (x) Hiftoire du Paraguai du P. Charlevoix , tome Î, page 3 3; Ÿ tome 11, page 172. (a) Suite des Voyages de Dampier, some V page 192. | (5) Voyages de Coréal, rome Î], page 20 8, 296 Hifiore Naturelle Ja borne du climat qui convient au touyou , comme le cap de Bonne- efpérance eft {a borne du climat qui convient aux autruches ; &. ces îles de la mer du fud, où Coréal dit avoir vu des touyous feront apparemment quelques-unes de celles qui avoifinent les côtes orientales de l'Amérique au- delà du détroit : il paroït de plus , que | le touyou qui fe plaît comme lautruche, {ous la zone torride, s’habitue plus fa cilement à des pays moins chauds , puifque la pointe de A mérique méri- dionale , qui eft termimée par le détroit | de Magellan, s'approche bien plus du | pôle que le cap de Bonne-efpérance ou qu'aucun aute climat habité vo- lontairement par les autruches ; mais , comme felon toutes les relations, fe touÿou n’a pas plus que lautruche Ia puife ince de voler, qu'il eft, comme elle, un oifeau Ame étre LOC . que p À mérique méridionale eft féparée de lancien continent , par des mers immenfes; il s’enfuit qu'on ne doit pas plus trouver de touyous dans ce con- tinent, qu'on ne trouve d’ autruches en di Truités. | 297 Amérique, & cela eft en effet conforme au témoignage de tous les Voyageurs. | Le touyou, fans être tout-à-fait aufix gros que l'autruche , eft le plus gros oifeau du nouveau monde , Îes vieux ont jufqu'à fix pieds” de haut [CE & Wafer qui a mefuré Ia cuifle d’un des plus grands, l'a trouvée prefque égale à celle d’un homme (d); A a le long cou, la petite tête & le bec aplati de l’au- truche fe); mais pour tout le refte, il a plus de rapport avec Je cafoar: je trouve même dans lhifloire du Brefil, par M. l'abbé Preyôt /f), mais point ailleurs , l'indication d’une éfpèce de ) Barrère, France Épinsiale, page ‘ 33: Le {d) Suite des Voyages: de: Dampier, tonte 12 page 3 © LL (e) INota. On voit dans la fre de Nieremberg; page 21 #, une efpèce de calotte fur le fommet de la tête, qui a dù rapport:à la plique dure & cal: Jeufe que lautruche a au même endroit, {elon le Doéteur Browne (Voyez V'ÆHifloire de l'Aurruche); mais il.n'eft. aueftion de cette calotte. ni dans Îa Defcription de Nieremberg, ni dans aucune autre. … (f) Hiftore nie des. Voyages, tome. XIV, He de N'y 29 8 AH iffotre Naturele Corne que Cet oïfeau a fur le bec, & qui, fi elle exiftoit en effet, feroit un trait de reflemblance de plus avec le CAOar. Son corps eft de forme ovoïde , " paroîit prefque entièrement rond, re qu'il eft revêtu de toutes fes plumes : ; fes ailes font très-courtes & inutiles pour le vol, quoiqu’on prétende qu’elles ne foïent pas inutiles pour Ja courfe ; ; 41° fur le dos & aux environs du croupion, de Jongues plumes qui lui tombent en arrière & recouvrent l'anus, il n’a point d'autre queue ; tout ce plumage eft gris fur le dos & blanc fur le ventre : c'eft un oifeau très-haut monté, aÿant. trois doigts à à chaque pied, & tous trois en avant, car on ne doit pas regarder comme un doigt , ce tubercule calleux & arrondi qu'il a en arrière, & fur lequel le pied fe repofe comme fur une efpèce de talon ; on attribue à cette conformation la difficulté qu’il a de fe tenir fur un terrein gliffant, & d'y marcher fans tomber; en récompenfe, H court trés- légèrement en pleine cam- pagne, cs tantôt une aile, tantôt EEE RE du Touyotr 299 uné autre, mais avec des intentions qui ne font pas encore bien éclaircies; Marcgrave prétend que c’eft afm de s’en fervir comme d’une voile pour prendre le vent; Nieremberg, que c’eft pour rendre Îe vent contraire aux chiens qui le pourfuivent ; Pifon & Klein, pour changer fouvent [a direction de fa courfe, afin d'éviter par ces zig- zags les flèches des Sauvages ; d’autres enfin, qu'il cherche à s’exciter à courir plus vite, en fe piquant lui-même avec une efpèce d’aiguillon dont fes ailes font armées /g}): mais, quoi qu’il en foit des intentions des touyous , il eft certain qu'ils courent avec une trés - grande vitefle , & qu'il eft difficile à aucun chien de chafle de pouvoir les atteindre ; on en cite un qui fe voyant coupé, s’élança avec une telle rapidité qu’il en (g) Voyez tous ces Auteurs aux endroits in= diqués ci-deffus; maïs il faut remarquer que Pifon, Marcgrave ni aucun autre qui ait vu le touyou, ne parle de cet aiguïlon de faiïle,. & qu'il pourroit bien avoir été donné à cet oïfeau feulement par analogie , ou parce qu’on 2 cru pouvoir lui attribuer, en {a qualité d’autruche, Îles propriétés de l’autruche d'Afrique ; fuite inévitable de la confufion des noms, N vi 300 Æfloire Naturelle impofa aux chiens, & s’échappa vers les montagnes / 4 ): dans limpoffibilité de les forcer, Îes Sauva ges font réduits à ufer Lee & à leur tendre des piéges pour les prendre /i). Marcgrave dit qu is vivent de chair & de fruits (k}s. mais fi on les cût mieux obfervés ;‘on eût reconnu, fans doute, pour laquelle de ces deux fortes de nourritures ils ont un appétit de préférence ; au défaut des faits on peut conjecturer que ces oi- {eaux ayant le même inftinét que celui des autruches & des frugivores, qui eft d’avaler des pierres , du fer & autres corps durs (1), is font aufii frugivores, & que s'ils mangent quelquefois de la chair, c’eft, ou parce qu'ils font preffés par {a Le aim , OU qu'ayant les fens du goût & de PO obtus comme l’autruche, (% ) Navigations aux terres Auftrales, pages 28 = 270. page 316% (4) Marcgrave, Fi. nar. Braf. ubi ji sr (I Her, ab fapra — Wafer, Suite des Fat de Ro tome IV, page 3 08, (1) Hiftoire te des Ve 10e x r 2 | Cu Louyon. 301 Hs avalent indiftinétement tout ce qui 1e préfente. un +11 _ Nieremberg conte des chofes fort étranges au fujet de leur propagation ; felon lui, c’eft le male qui fe charge de couver les œufs ; pour cela il fait en forte de raflembler vingt ou trente fe- melles, afin qu’elles pondent dans un même nid; dès qu'elles ont pondu, ils les chafle à grands coups de bec, & vient fe pofer fur leurs œufs, avec la fingulière précaution d'en laifler deux à l'écart qu'il ne couve point ; lorfque les autres commencent à éclore, ces deux-là fe trouvent gâtés, & le mäle prévoyant ne manque pas d'en caffer l'un, qui attire une multitude de mou- ches, de fcarabées & d’autres infeétes dont les petits fe nourriflent; lorfque le premier eft confommé , le couveur entame le fecond & s’en fert au même ufage (m): il eft certain que tout cela a pu arriver naturellement; ïil a pu fe faire que des œufs inféconds fe foient caflés par accident, qu’ils aient attiré des infectes, lefquels aient fervi. de {m) Nieremberg, Hif, aa, Feregr. pags 217. 302 Hifloire Narelle pâture aux jeunes touyous : il n’y à que l'intention du père qui foit fuf- pecte ici, car ce font toujours ces in- _tentions qu'on prête aflez légèrement aux bêtes, qui font le roman de PH | -.toire Naturelle. : À l'égard de ce mâle qui fe charge, dit-on , de couver à l’exclufion des fe- _melles; je ferois fort porté à douter du fait, & comme peu avéré, & comme contraire à l’ordre de la Nature: mais ce n’eft pas aflez d’indiquer une erreur, il faut, autant qu’on peut, en découvrir les caufes » qui remontent quelquefois jufqu’à la vérité; je croiroïs donc vo- lontiers que celle-ci eft fondée fur ce qu’on aura trouvé à quelques couveufes des tefticules, & peut-être une appa- rence de verge comme on en voit à l’au- truche femelle, & qu’on fe fera cru en droit d’en conclure que c’étoit autant de mâles. Wafer dit avoir aperçu dans une terre déferte, au nord de la Plata, vers le trente : quatrième degré de latitude méridionale , une quantité d’œufs de touyou dans le fable où, felon lui, ces 2 Touyoi… 307 oïfeaux les hiffent couver (n); fi ce fait eft vrai, les détails que donne Nie- remberg fur l’incubation de ces mêmes œuis, ne peuvent l’être que dans un climat moins chaud & plus voifin du pôle; en effet, les Hollandoïs trouvè- rent aux environs du port Defiré, qui eft au quarante-feptième degré de ati- tude, un touyou qui couvoit & qu'ils. firént envoler , ils comptèrent dix-neuf œufs dans le nid /0/; c’eft ainfr que les autruches ne couvent point, ou pref- que point leurs œufs fous [a zone torride, & qu'elles les couvent au cap de Bonne- efpérance où la chaleur du climat ne feroit pas fuffifante pour les faire éclore. Lorfque les jeunes touyous viennent de naître, ils font familiers & fuivent [a première perfonne qu'ils renconrent/p); mais en vieilliffant ils acquièrent de l’ex- (n) Tome 1V de la fuite des Voyages de Dampier, page 308, {o) Voyages des Hollandois aux Indes orientales, tome Îl, page a 7. (p}) « J'ai été fuivi, moi-même, dit Wafer, par plufieurs des ces jeunes autruches / appelle « ainfi les touyous ), qui font fort fimples & inno- « centes ». Po gages de Dampier ,tome IV, page 3 o 8: 304 Ë loire Naivrelle périence & deviennent fauvages /g): il paroït qu'en général leur chair eft un affez bon manger (r), non cependant celle des vieux qui eft dure & de mauvais goût {f); on pourroit perfectionner | cette viande en élevant des troupeaux de jeunes touyous, ce qui feroit facile ; vu les grandes difpofitions qu'ils ont à s’apprivoiler, les engraiffant & employant tous fes moyens qui nous ont réuffr à l'égard des dindons, qui viennent éga- lement des climats chauds & tempérés du continent de l Amérique. . Leurs plumes ne font pas, à beau- coup près, aufli belles que celles de lautruche (+); Coréal dit mème qu'elles | ne peuvent fervir à rien (4); il feroït à | {q) « M ya un trés-grand nombre d’autruchés » ve cette 1le du port Defrré, lefquelles font fort farouches », Voyage des Hollandois aux Indes orien- tales, tome 11, page 1 7: —« Je vis au port Defrré: » iois autruches, fans pouvoir Îles approcher affez » pour les tirer: dès qu’elles m'aperçurent , elles s'enfuirent ». Navigation aux terres Aufirâles , pages: HOT. (r) démate » Fifh nat. Brafl l, pag: 190i -([) Wafer, abi fuprai {t) if. des Incas, rome 1}, page 2 7é (4) Noyages de Coxéal, me Îl, page 2 0 au Toujou. 305 defirer qu’au lieu de nous parler de ee peu de valeur, les Voyageurs nous euflent donné une idée jufte de leur ftructure: on a trop écrit de l’auiruche, & pas aflez du touyou; pour faire F’ hif- toire de Ja première, la plus grande diffr- culté a été de raflembler pe les faits, de comparer tous les expolés, de dif- cuter toutes les opinions, de faifir {a vérité égarée dans le fabyrinthe des avis divers ou noyée dans labondance des paroles : mais pour parler du touyou, nous avons été fouvent Qt de de- viner ce qui eft, d’après ce qui doit être; de tee un mot EE bapné par hafard, d'interpréter jufqu’au filence; au défaut du vrai, de nous contenter du vraifemblable, en un mot de nous réfoudre à douter de Ia plus grande partie des faits principaux, & à ignorer prefque tout le refte, jufqu’à ce que les _obfervations futures nous mettent en état de remplir les lacunes que, faute de mémoires fuffifans, nous laiflons aujour- d’hui dans fon hiftoire. 306 Hiflolre Naturelle LE CASOAR(d. | L ES Hollandoiïs font les premiers | qui ont fait voir cet oifeau à l’Europe, | ils Je rapportèrent de lile de Java, en | 1 597, à leur retour du premier voyage qu'ils avoient faitaux Indes orientales /); les habitans du pays lappellent Eme, dont nous avons fait emeu: ceux qui l'ont apporté lui ont auflr donné le nom de caffoware { c), que nous pro- nonçons caloar, & que j'ai adopté, | (a) Cafoar. Aux Indes, Æme onu Emeu; en Europe, Cafoar ou Cafowar— Émeu. Avis, Chafit,. Æxor, lib, V, pag. 97, avec une affez bonne fioure, page 9 8,— Caloar. Mémoires pour fervir à PHi£ toire des Animaux, partie I[, page 1 $ 7, planche LVI, avec une aflez bonne fioure, — Cafowary, Albin , rome 11, page 39, planche LX, avec une mauvaife figure. — Cafuarius. Frifch, planche CV, avec une figure coloriée.— Cafoar. Briflon, Orxih, tome V, page 10, planche 1, figure 2. (B) Hifoire générale des Voyages, 10me VIH, page 112, —Clufius, Exoric. Hib. V, cap. 11, pag. 97, edit, fol. 1605, ex Off. Plantin. (c) Bontius,— Frifch , aû Tabulam, pag. 10$ du Cafoar. DO7 parce qu'il n’a jamais été appliqué à aucun autre oifeau ; au lieu que celui | d’emeu a été appliqué ; “quoique mal- à- propos, au touyou, comme nous Pavons vu ci-deflus dans l'hiftoire de cet oïifeau. | . Le cafoar, fans être auf bébé ni même auffi gros que l’autruche , paroît plus maffif aux yeux , parce qu'avec un corps d'un volume prefque égal , Hale cou & les pieds moins longs -& beaucoup plus gros à proportion, & Îa partie du corps plus renflée, ce si lui donne un air plus lourd. Celui qui a été décrit par M. de l'Académie des Sciences , avoit cinq pieds & demi, du bout du bec au bout des ongles (4): celui que Clufius a obfervé étoit d’un quart plus petit /e), Houtman lui donne une groffeur double de celle du cygne /f), & d’autres {d) Mémoires pour fervir. à l'Hiftoire des Ani- maux, pariie Îl, page 1 5 7. (e) Tbidem, — & Clufius , ab: fupra (f) Voyage d'Houtman dans X Recueil &s Voyages de È Compagnie Hollandoife aux lues Ories: 4ales, année 1 $96. 308 Æifloire Naurelle Hol'andois celle d’un mouton: cette | variété de mefures, loiñ de nuire à la ! vérité, eft au contraire la feule chofe | qui puifle nous: donner une connoiïf- | fance approchée de la véritable grandeur } du cafoar; çar la taille d’un feul id vidu n'eft point la grandeur delefpèce, À & l’on ne peut fe former uneidée jufte | de celle-ci, qu en la confidérant comme | une quauité variable entre certaines i- rites; d’où il fait qu un Naturalifte qui aurokt compâré avec. une bonne critique, toutes Les. dimenfions & les defcriptions des Obfervateurs, auroït _ des notions plus exactes & plus füres de l'efpèce, que chacun de ces Obfer vateurs qui n’auroit connu que l'individu qu'il aura mefuré & dé | | Le trait le plus remarquable dans La. figure du cafoar , eft cette efpèce de | calque conique, noir par-devant, jaune | dans tout le refte, qui s'élève fur le front, depuis la bafe du bec jufqu’au in du fommet de la tête, & quel- quefois au-delà: ce cafque eft formé par le renflement des os du crâne en € ce qu'ils font tantôt mufculeux & tantôt mem braneux : flruéture indécife, & qui convient affez. 4 là nature équivoque d'un animal qui n'eff pro prement ni-oifeau ni quadrupède, & qui réunit les: eftomacs des granivores avec les inteftins des cars nafliers.… é } } Animaux de Perrault, page r 6 us KI 22 Æiloire Naturelle d'examiner des cadavres, les Obférva: teurs s’attacheront à étudier la Nature vivante. ; Le cafoar a une véficule du.fiel, & fon canal qui fe croife avec le canal hépatique , va s’inférer plus haut que celui-ci dans le duodenum, & le pancréa- tique s’infére encore au-deflusidu cyf- tique /"), conformation abfolument différente de ce qu’on voit dans lau- truche. Celle des parties de [a génération du mâle s’en éloigne beaucoup moins; la verge a fa racine dans Ia partie fu- périeure du reclum, fa forme eft celle d’une pyramide triangulaire, farge de deux pouces à fa bafe & de deux lignes a fon fommet ; elle eft compolfée de deux ligamens cartilagineux très-folides, fortement attachés l’un à l’autre en deffus, mais féparés en deflous, & laiflant entr'eux un demi - canal qui eft revêtu de la peau; les vaifleaux dé- férens & les uretères n’ont aucune communication apparente avec le canal {m) Mémoires pour fervir à l'Hifioire des Anis maux, partie ], page 1 631 dx Cafoar \. 323 de la verge /n), en forte que cette partie qui paroit avoir quatre fonétions prin- cipales dans Îles animaux quadrupèdes > la première de fervir de conduit à l'urine, la feconde de porter Îa liqueur fémi= nale du mâle dans la matrice de la fe= melle , la troifième de contribuer par fa fenfibilité à l’émiffion de cette liqueur, la quatrième d’exciter la femelle par {on action à répandre la fienne, femble être réduite dans le cafoar & l’autruche aux deux dernières fonctions, qui font de produire dans les réfervoirs de la liqueur {éminale du mâle & de fa femelle les mou- vemens de correfpondance néceflaires pour l’émiflion de cetteliqueur. | On arapporté à Clufius que Panimal étant vivant, on avoit vu quelquefois fa verge fortir par l'anus / 0), nouveau trait de reflemblance avec l’autruche. Les œufs de la femelle font d’un gris de cendre, tirant au verdâtre, moins gros & plus alongés que ceux de lau- truche, & femés d’une multitude de petits {#) Mémoires pour fervir à l'Hifloire des Anis maux , partie Îl, page 164, (o) Clufius, Æxorics ubi fapra, pag. 90. | O vj 324 Æiflorre Narwrelle tubercules d’un vert foncé, la coque: n'en eft pas fort épaifle felon Clufius, : qui en a vu plufieurs; le plus grand de tous ceux qu’il a oblervés , avoit. quinze pouces de tour d’un lens < & un: peu plus de douze de Pautre /p}. | Le cafoar a les poumons & "w és | cales té à air comine les autres: oifeaux ; & particulièrement comine les ciféupe pefans, cette bourfe ou membrane noïre: propre aux yeux des oïfeaux, & cette: paupière interne qui, comme on fait, eft retenue dans le grand angle de Pœil des: oifeaux par deux mufcles ordinaires /4),. & qui eft ramenée par inftans fur fa” cornée par faction d’une efpèce de: poulie mufculaire, qui mérite toute! la. curiofité des Anatomiftes /r ). Le midi de la partie orientale de: VA fie paroït être le vrai climat du cafoar, (r) Clafius , Fam ubi fapra ,. pag: 9 9 Over: punis excavatis, dit Linnæus : cela ne reffemble- point à ceux que Clufius a obfervés.. | (g) Æfflorre de PAcndente royale de Sciences: de. Paris, tome IL, page 279» (+), Mémoires pour. fervir à l’Hifloïire des Anis maux... parie 11. page 167 | . Le CE, fon. Minas commence , pour pe dire, où finit celui de l’autruche , qui n'a; jamais beaucoup dépañlé le Gange , comme nous l'avons vu dans fon hif- toire; au lieu que celui- ci {e trouve dans les: iies Moluques, dans celles de Banda, de Java, de Sumatra, & dans les. parties correfpondantes du continent /f)2 mais if s’en faut bien que cette efpèce foit aufli multipliée dans fon diftriét que lautruche left dans le fien, puifque nous voyons un roi de Joardam , dans Vile de Java, faire préfent d'un cafoar à Scellinger , Capitaine de vaifleau Hollandoiïs , comme d’un oifeau rare /t};. Ja raïfon en eft, ce me femble, que les Indes ne font beaucoup plus peuplées que l'Afrique …1& Fon: fait qu’à mefure que l’homme fe multiplie, dans une contrée, il détruit ou fait fuir devant lui les animaux fauvages qui vont toujours cherchant des afiles plus: paifibles des terres moins habitées ou: (f) Voyage des Hétändois : tome V1l, page: 349,—Clufius, Exotic. lib, V, cap. 11t, page 09. (1) Hifioire générale des Er tome. VE. Page I T2, 226 Ælifloire Naturelle occupées par des peuples moins policés, & par conféquent moins deftruéteurs. Il eft remarquable que le cafoar, lau- truche & le touyou, les trois plus gros oifeaux que lon connoifle , font tous trois attachés au climat de la zone tor-: ride, qu'ils femblent s'être partagée entre eux, & où ils fe maintiennent chacun dans leur terrein, fans fe méler ni fe furmarcher ; tous trois véritablement terreftres ; incapables de voler , mais courant d’une très-grande vitefle ; tous trois avalent à peu près tout ce qu'on leur jette, grains, herbes, chairs, os, pierres , cailloux, fer, glaçons , &c. tous trois ont le cou plus où moins long , les pieds hauts & très-forts, moins de doigts que la plupart des oïfeaux , _ & lautruche encore moins que les deux autres ; tous trois n’ont de plumes que d’une feule forte, différentes des plümes des autres oïleaux , & différentes dans chacune de ces trois efpèces ; tous trois n’en ont point du tout fur la tête & le haut du cou, manquent de queue pro- prement dite, & n'ont que des ailes imparfaites, garnies de quelques tuyaux du. Cafoar ‘>. 227 fans aucunes barbes, comme nous avons | remarqué que Îles quadrupèdes des pays chauds avoient moins de poil que ceux des régions du Nord; tous trois, en un mot, paroïflent être la production naturelle & propre de {a zone torride : mais malgré tant de rapports, ces trois efpèces {ont différenciées par des carac- tères trop frappans pour qu’on puifle les confondre : l’autruche fe diftingue du cafoar & du touyou par fa grandeur, par fes pieds de chameau & par la nature de fes plumes; elle diffère du cafoar, en particulier , par la nudité de fes cuifles & de fes flancs, par [a longueur & Ia capacité de fes inteftins, & parce qu’elle n'a point de véficule du fiel; & le cafoar diffère du touyou & de l’autruche par fes cuifles couvertes de plumes, prefque jufqu’au tarle, par les barbilons rouges qui lui tombent fur le cou, & par le cafque qu'il a fur Ja tête. Mais j’aperçois encore dans ce dernier caractère diftinctif, une analogie avec les deux autres efpèces ; car ce cafque , n’eft autre chofe, comme on fait, qu’un F 4 328 Hifloire Naturelle, rc. renflement des os du crâne, lequel eft recouvert d’une enveloppe de corne ; _ & nous avons vu dans l’hiftoire de l’au- truche & du touyou, que Ia partie fu- Dérieure du craäne-de ces deux animaux étoit pareïllement munie d’une phque dure & calleufe, SE te 5 re NRESUTE LE on ARS A PSP RU T5 RTE ETES SAT EST ie ro À 2 RCE LE DRONTE (a). Or regarde comniunément Îa Iége- reté comme un attribut propre aux oi- feaux, mais. fi lon vouloit en füre le Caractère eflentiel de cette clafle, le Dronte n’auroit aucun titre pour y être admis, car loin d'annoncer fa légèreté par fes proportions ou par fes mouve- mens, il paroît fait exprès pour nous. donner l'idée du plus lourd des êtres organifés ; repréfentez -'‘vous un corps mallif & prefque cubique, à peine fou- tenu fur deux piliers très-gros & très- courts , furmonté d’une tête fi extraor- * dinaire qu’on fa prendroïit pour la fan- taille d’un Peintre de grotefques; cette tête portée fur un cou renforcé & (a) Dronte eft le nom que lui donnent les habirans: de l'île Maurice & des lieux voifins: les Portugais l'ont appellé Dode ; les Hollandois, Dod- aens & Walsh-vogel, — Dronte aliis , Dod:aerts. Bontius ,. . Îndes Orientales, page 30,.—— Gallinactus gallus pe- regrinus. Clafius, Eoric, Gb. V, pag. 00, Edwards, Glanures, planche CEXCIV, D 77 iffoire Naturelle Hi confifte prefque toute entière ans un bec énorme où font deux gros veux noirs entourés d’un cercle blane, & dont l’ouverture des mandiïbules fe prolonge bien au-delà des yeux , & pret que jufqu'aux oreilles : ces deux man-. dibules concaves dans le milieu de leur longueur, renflées par les deux bouts & recourbées à la pointe en fens con= . taire, reffemblent à deux cuillers poim- tues , qui s’appiiquent lune à lautre fa convexité en dehors : de tout cela äl réfulte une phyfionomie flupide & vo- race, & qui, pour comble de ho eft accompagnée d’un bord de plumes, lequel fuivant le contour de la bafe du bec s'avance en pointe fur Îe front, puis s’arrondit autour de Îa face en manière de capuchon, d’où lui eft venu le nom de cygne encapuchonné [cycnus cucullatus). La grofléur qui, dans Îes animaux, fuppofe la force, ne produit ici que la pefanteur , l'aurruche’, le touyou , le Cafoar , ne font pas plus en état de voler que le dronte, mais du moins is pu trèés-vites à ka courfe ; au lieu du Dronte, a L que le dronte paroït accablé de fon propre poids, & avoir à peine Îa force de fe traîner: c’eft dans les oïfeaux ce ue le parefleux eft dans les quadru- pèdes; on diroit qu'il eft compoté d’une matière brute, inactive , où les molé- cules vivantes ont été trop épargnées ; il a des ailes , mais ces ailes font trop _ courtes & trop foibles pour l’élever dans les airs ; il a une queue, mais cette queue eft difproportionnée & hors de fa place; on le prendroit pour une tortue qui fe feroit affublée de Ia dé- pouille d’un oiïfeau, & la Nature en lui accordant ces ornemens inutiles , femmble avoir vou:u ajouter l'embarras à la pe- fanteur , la gaucherie des mouvemens à l'inertie de la mafle, & rendre fa lourde épaiffeur encore plus choquante, en faifant fouvenir qu'il eft un oifeau. Les premiers Hollandoiïs qui le virent dans l’iie Maurice, aujourd’hui lle de France / D ); Vappelèrent waloh-vogel , (b) Nota. Les Portugais avoient auparavant nommé cette ile, {ha do Cire, c'eft-à dire, Ye aux Cygnes, apparemment parce qu'ils y avoient aperçu des drontes qieis prirent pour des cygnes, Clufius Éxotic, pegs 1013 3532 Hifloire Naïurelle oïfeau de dégoût , autant à caufe de fà figure rebutante que du mauvais goût de fa chair; cet oïfeau bizarre eft très gros, & n’eft furpaflé à cet égard, que par les trois précédens , car if furpafle le cygne & le dindon. M. Briflon donne pour un de fes | caractères , d’avoir [a partie inférieure des jambes dénuée de plumes ; ce- pendant la planche CCXCIr d'Edwards le repréfente avec des plumes, non- feulement jufqu'au bas de fa jambe, mais encore jufqu’au - defious de fon articulation avec Îe tarle; le bec fu- périeur eft noirâtre dans toute fon étendue , excepté fur [a courbure de fon crochet où il y a une tache rouge; les ouvertures des narines font à peu près dans fa partie moyenne, tout pro- che de deux replis tranfverfaux qui s’é- kèvent en cet endroit fur fa furface. Les plumes du dronte font en gé- néral fort douces, le gris ef leur couleur dominante, mais plus foncé fur toute la partie fupérieure & au bas des jambes, & plus clair fur Peftomac, Ie ventre & tout le deflous du corps; il y a du 3 | dis Drome 337% jaune & du blanc dans les plumes des ailes & dans celles de [a queue, qui paroiffent frifées , & font en fort petit nombre, Clufius n’en compte que quatre Qu cinq. | Les pieds & les doigts font jaunes , & les ongles noirs; chaque pied a quatre doigts, dont trois dirigés en avant & le quatrième en arrière: c’eft celui - ci qui a l’ongle le plus long /c), Quelques-uns ont prétendu que le dronte avoit ordinairement dans l’eftomac une pierre aufii grofle que le poing /4), & à laquelle on n’a pas manqué dat- tribuer la même origine & les mêmes vertus qu'aux bézoards ; mais Clufrus qui a vu deux de ces pierres de forme | & de grandeur différentes (e), penfe que J’oifeau {es Se avalées comme font les granivores, & qu'elles ne s’étoient | point formées dans fon eftomac, D “(e Voyez Clufius, Eworic, pag. 100,— Edwards; figure CCXCIV: (d) Voyage des Hollandois aux [nes Orientales ;: some Îl, page 214. ; () Clufius, abé {pra 334 Hifioire Naturelle Le dronte paroit propre & particulier aux îles de France & de Bourbon, & probablement aux terres de ce continent aui en font les moins éloignées; mais je ne fache pas qu'aucun Voyageur ait dit lavoir vu ailleurs que dans ces deux iles. Quelques Hoïlandois l'ont nommé dodarfe ou dodaers ; les Portugais & les Anglois, dodo ; dronte eft fon nom original, je veux dire celui fous lequel il eft connu dans le lieu de fon'origine ; & c'eft par cette raïifon que j'ai cru devoir le lui conferver , & parce qu’or- dinairement fes noms impofés par les peuples fimples ont rapport aux pro- priétés de la chofe nommée: on luia encore appliqué les dénominations de cygne à capuchon (f), d’autruche encapu- chonnée ([g), de cog étranger (h), de Walgh - vogel ; & M. Moehring , qui n'a trouvé aucun de ces noms à fon goit, a imaginé celui de ryphus, que (f) Nieremberg, Alf. nan, maximé peregrinæ, pag. 232 (g) Linnæus, Gen, 86, Jpee 4, (h) Clufus, Æxoiic. pag.:1004 TAN RES, ‘ du. Dronte + 33 M. Briflon a adopté pour fon nom latin , comune s’il y avoit quelque avan- age à donner au même armmal un on différent dans chaque fanoue, ae coinme fi l'effet de cette multiude de f: ynonymes n’étoit pas d’embarrafler 1a {cience & de jeter de Ia confufion dans les choles: ne multiplions pas les êtres, difeient autrefois les Philofophes; mais aujourd’hui on doit dire & répéter fans cefle aux Naturaliftes, ne multipliez pas Les noins fans RÉCEIHtE. WA 236 fiifioire Naturelle | LE SOLITAIRE dE à) Ve Solitaire due paie) LLipuiit /a), | & Carré /b);, & Voiïfeau de Naareth dont parle Fr. Cauche /c), paroiflent avoir beaucoup de rapports avec Le dronte , mais ils en different aufli en plufieurs points ; & j'ai cru devoir rap- porter ce qu’en difent ces Voyageurs, parce que fi ces trois noms ne défignent qu’une feule & unique. efpèce, les re- lations diverfes ne pourront qu’en com- pléter l'hiftoire; & f1 au contraire ils dé- f ignent trois eff pèces différentes , ce que j'ai a dire pourra être regardé comme un { a) Voyage en deux ïles défertes des Indes Orientales, tome 1, pages 9 8 — 102. (b) Voyage de Carré, cité dans P Æiffore géré. vale des Voyages , tome 1%, page 3. {c) Defcription,.,. ., de l'ile de Madagafcar, page 130 © fl | cominencement 1 N 118 # _ du Solitaire, de. de? ‘eommencement d’hifltoire de chacune, ou du moins comme une notice de nouvelles efpèces : à examiner, de même que lon voit dans les cartes Géogra- phiques une indication des terres in- connues ; dans tous les cas ce fera un avis aux Naturaliftes qui fe trouveront 3 portée d’obferver ces oïfeaux de plus près, de les comparer, s’il eft poflible, & de nous en donner une connoiffance plus diftinéte & plus précife : les feules queftions que l’on a faites fur des chofes ignorées, ont valu fouvent plus d’une découverte. Le folitairte de Pile Rodrigue eft un très-gros oifeau, puifqu'il y a des mâles qui pèfent ufchéà quarante-cinq livres: i le plumage de ceux-ci eft ordinatrément mêlé de gris & de brun, mais dans les | femelles, c’eft tantôt le Din 08e tantôt 1e jaune blond qui domine. Carré dit. que le plimage de ces oïfeaux eft d’une _ couleur changeante, tirant für le jaune, ce qui convient à celui de fa femelle : _& il ajoute qu’il lui a paru d’une beauté | EE Les femelles ont au-deflus du bee Oiféaux, Tome II. P 338 Æifloire Naturelle comme un bandeau de Veuve : Fr plumes fe renflent des deux côtés de Ja poitrine en deux touffes blanches, qui repréfentent imparfaitement le fein d’une femme ; les plumes des cuifles s’arron- diflent par le bout en forme de coquilles, ce qui fait un fort bon effet ; & comme fi ces femelles fentoient feutre avantages, elles ont gr: and foin d’ arranger leur plu- mage , de le polir avec le bec & de lajufter prefque continuellement , en forte qu'une plume ne paffe pas’ ailiees elles ont, felon Leguat, Pair noble & gracieux tout enfemble ; & ce Voyageur aflure que fouvent ou bonne mine leur a fauvé la vie /d), fi cela eft ainfr, & que le {olitaire & le. dronte foient de la même efpèce, il faut admettre une très-orande différence entre le mâle & fa femelle quant à la bonne mine. Cet oïifeau a quelque rapport avec le dindon; ïäl en auroit les pieds & le bec fi {es pieds n’étoient pas plus élevés & fon bec plus crochu; il a auffi le cou plus long proportionnellement , l'œil {d) Noyez la figure (page PL / du von He Jeguats | du Solitaire, de. 339 noir & vif, la tête fans crête ni huppe _& prefque point de queue; fon derrière, qui eft arrondi à peu près comme Îa croupe d’un cheval, eft revêtu de ces plumes qu’on appelle couvertures, i Le folitaire ne peut fe fervir de fes ailes pour voler, mais elles ne lui font pas inutiles à d’autres égards ; los de l’aïleron {e renfle à fon extrémité en une efpèce de bouton fphérique qui fe cache dans les plumes & lui fert à deux ufages : premièrement pour fe défendre, comme U fait auffi avec le bec; en fecond lieu pour faire une efpèce de battement ou de moulinet en pirouettant vingt où tente fois du même côté dans l’efpacsz de quatre à cinq minutes; c’eft ainfr, dit-on, que le mâle rappelle fa compagne avec un bruit qui a du rapport à celui d’une creflerelle & s'entend de deux cents pas. N _ . at On voit rarement ces oïifeaux en troupes, quoique l’efpèce foit affez nom- breufe; quelques-uns difent même qu’on n’en voit guère deux enfemble /e). _ {e) Hifioire générale des Voyages, rome LX ; page 7, citant le Voyage de Carrés | sit P ï 340 Hlifloire Naturelle Ils cherchent les lieux écartés pour faire leur ponte, ils conftruifentleurnid | de feuilles de palmiers amoncelées à la | hauteur d’un pied & demi; la femelle pond dans ce nid un œuf beaucoup plus gros qu’un œuf d’oie, & le mäle par- tage avec elle fa nt on de couver. Pendanttoutle temps de l’incubation, & même celui de l'éducation , ils ne fouffrent aucun oïfeau de leur ébécéih plus de deux cents pas à la ronde; & l'on prétend avoir remarqué que c'eft le mâle qui chafle les mâles, & la femelle qui chafle les femelles ; remar= que difficile à faire fur un RE qui afle fa vie dans les lieux les plus fau- vages & les plus écartés. LES L'œuf, car il paroït que ces D n’en pondent qu'un, où plutôt n’en couvent qu'un à la fois; l'œuf, dis-je, ne vient à éclore qu'au bout de lept femaines Rp, À; & le ie FA en état (f) Nota, Ariftote fixe au trentième jour 14 terme de lincubation pour les plus gros oïfeaux., k tels que l'aigle, loutarde, l’oie : left vrai qu'il | ne cité point Vautruche en éét endroit, if Anne lib. VI, cap. VI. ñ 5 SR | du Sohtaire, de. * 34t de pourvoir à {es befoins que plufieurs ‘mois aprés : pendant tout ce temps le père & la mère en ont foin, & cette feule circonftance doit lui procurer un _inftmct plus perfetionné que celui de Fautruche , Iaquelle peut en naiffant fubfifier par elle-même, & quin ayant jamais befoin du eue de fes père & _ mère, vit ifolée, fans aucune habitude intime avec eux, & fe prive ainft des avantages de leur fociété qui, comme je l'ai dit ailleurs, eft la première édu- cation des animaux & celle qui déve- loppe le plus leurs qualités naturelles ; aufii l’autruche pafle-t-elle peus le DIE ftupide des oifeaux. Lorfque l'éducation du jeune folitaire eft finie , le père & la mère demeurent toujours unis & fidèles lun à l'autre, quoiqu'ils aïlent quelquefois fe mêler parmi d’autres oïfeaux de leur efpèce : les {oins qu’ils ont donnés en commun au fruit de leur union, feinblent en avoir reflerré les liens, & lorfque 1a failon les y invite ils recommencent une nouvelle ponte. ® On affure qu'à tout âge on leur PE) 342 : Hiflotre Naturelle trouve une pierre dans le géfier ) Comme | au dronte; cette pierre eft grofle comme un œuf de poule, plate d’un cêté, convexe de l’autre, & un peu raboteufe & aflez dure pour fervir de pierre à _aïguifer ; on ajoute que cette pierre eft | toujours feule dans leur eftomac, & qu'elle eft trop greffe pour pouvoir | pafler par le canal intermédiaire qui fait da feule communication du jabot au géfier, d’où l’on voudroiït conclure que cette pierre fe forme naturellement & à la manière des bézoards, dans le géfier du folitaire ; mais pour moi j'en conclus feulement que cet oifeau eft granivore, qu'il avale des pierres & des cailloux comme tous Îles oïfeaux de cette clafle, notamment comme l’autruche, le tou- you, le cafoar & le dronte, & que le canal de communication du jabot au | géfier eft fufceptible d’une dilatation | plus grande que ne Fa cru Lepguat. Le feul nom de folitaire indique un naturel fauvage ; & comment ne le … feroit-il pas ! comment un oiïfeau qui « compofe lui feul toute la couvée , & | qui par conféquent pafle les premiers .| ‘du Solitaire, dc 34% temps de fa vie fans aucune fociété avec d’autres oifeaux de fon âge, & n'ayant qu'un commerce de néceflité avec fes père & mère, fauvages eux - mêmes, ne feroit-il pas maintenu par lexemple & par l’habitude ? on fait combien les habitudes premières ont d'influence fur les premières inclinations qui forment le naturel ; & il eft à préfumer que toute elpèce où la femelle ne couvera qu’un œuf à Ja fois ; fera fauvage comme notre folitaire ; cependant H paroît encore plus timide que fauvage, cargil fe life ap- procher & s'approche même aflez fa- _milièrement, fur-tout lorfqu’on ne court pas après lui & qu' n'a pas encore : beaucoup d’expérience ; mais il eft im- poflble de lapprivoifer. On attrape difficilement dans les bois, où il peut échapper aux chafleurs par la rufe & par fon adreffe à fe cacher; mais conmme il ne court pas fort vite, on le prend aifément dans les plaines & dans les lieux ouverts: quand on Pa arrêté, il ne jette aucun cri, mais il faifle tomber des larmes & refufe opiniatrément toute nourriture. M. Caron, Directeur de la P iüj 344 foire Naturelle Compagnie des Indes à Madagafear , en ayant fait embarquer deux venant de File de Bourbon pour les.envoyer au Roi, ils moururent dans le vaifleau fans avoir voulu boire ni manger /o). Le temps de leur. donner la She 4 eft depuis le mois de mars au mois de. feptembre , qui eft l'hiver des contrées _ qu ils habitent, & qui eft auffi le temps “où ils font le plus gras : Ja chair des feunes fur-tout, eft d’un goûtexcellent. Telle eft l’idée que Leguat nous donne du folitaire UE il en parle non- feulement comme témoin oculaire, mais comme un Obfervateur qui s’étoit at- | taché particuliérement & Îong-temps à étudier les mœurs & les habitudes de cet oïifeau ; & en eflet, fa relation, quoi que gâtée en quelques endroits par des idées fibuleufes (i), contient néanmoins plus de détails hiftoriques fur Le folitaire * (2) Voyage de Carré aux Indes. {h) Voyage de Leguat, rome À, pages 9 8—1.0 24 [i) Par exemple, au fujet du premier acCOUs ge plement des jeunes folitaires,. oti fon imagination, M | prévenue lui a fait voir fes formalités d'une ss | de ni au fujet de la pierre de ef fl &ce. du Solitaire, de 345 que je n'en trouve dans une foule d’é- _crits fur des oïfeaux plus généralement | & plus anciennement connus. On parle de l’autruche depuis trente fiècles, & l’on ignore aujourd'hui combien elle pond d'œufs, & combien elle eft de temps a les couver. L'oifeau de nazareth , appelé fans doute ainfi par corruption, pour avoir été trouvé dans Pile de Nazare (k À, a été oblervé par Fr. Cauche dans l'ile Mau- rice, aujourd'hui Pile Françoïfe ; c’eft ‘un trés-oros oïfeau, & plus gros qu’un cygne; au lieu de plumes il a tout le corps couvert d’un duvet noir; & ce- “pendant il n’eft . pas abfolument fans plumes, car il.en a de noires aux ailes & de frifées fur le croupion, qui lui tien- nent lieu de queue; ïl a le bec gros ; recourbé un peu par-deflous, les jambes { c'eit-à- dire des pieds ) hautes & cou- vertes d’écailles, trois doïiots à chaque - (4) Le de Nazare eft plus haute que l'ile Maurice à 17 devrés de latitude fud, Woyez la Del- cription . » . . de Madagafcar, par Er. Cauche , page 130 fiv, 346, Hifloire Natitelle pied , le cri de Poifon, & fa chair SL FH iocren bonne. : La femelle ne pond qu'un æub & cet œuf eft blanc & gros comme ur pain d’un fou; on trouve ordinairement a côté une pierre blanche, de Ra grof- feur d’un œuf de poule (0 peut-être cette pierre fait -elle ici le même effet que ces œufs de craie blanche que les Fermières ont coutume de mettre dans le nid où elles veulent faire pondre leurs PRES : celle de Nazare pond à terre dans les forêts, fur de petits tas d'herbes & de feuilles qu’elle à formés ; fi on tue le petit, on trouve une pierre grile dans fon géfier ; la figure de cet oïfeau, eft-il dit dans une note //), fe trouve dans le Journal de la feconde Navigation des, ÆHollandois aux Fndes orientales , _&ils l'appellent oiféau de Naufée: ces dernières paroles femblent décider a: queftion de l'identité de l’efpèce entre | le dronte & l’oiïfeau de Nazare, & Îa prouveroïent en effet, fi leurs defcriptions - (1) Voyez la Defcription, . .. . de trie par Fr. Cauche’, page 130 7 Juive Me DS à #0 Pr Fa tu du Solitaire, de 347 ne préfentoient des différences eflen- tielles , notamment dans le nombre des doigts ; mais fans entrer dans cette dif- cuflion particulière, & fans prétendre réfoudre un problème où il n’y a pas encore aflez de données ; je me con- tenterai d'indiquer ici les rapports & les différences qui réfultent de a com- paraïfon des trois defcriptions. Je vois d’abord en comparant ces trois oileaux à la fois, qu'ils appartien- nent au même climat & prefque aux mêmes contrées; car le dronte habite Vile de Bourbon & l'ile Françoile, à laquelle il femble avoir donné fon nom d’ile au cygne, comme je l'ai remarqué plus haut ; le folitaire habitoit l’île Ro- drigue dans le temps qu'elle étoit entiè- rement déferte, & on l’a vu dans l’île Bourbon; l’oifeau de Nazare fe trouve _ dans Pile de Nazare, d’où il a tiré fon nom & dans l'ile Françoile /m)/; or ces quatre îles font voifines les unes des autres, & il eft à remarquer qu'aucun de ces oïfeaux n’a été aperçu dans Îe continent. | (mn) Voyez ci-deflus l'hifioire de ces oifeaux, 348 Hifloire_Natvrelle Ils fe reflemblent auffi tous trois plus ou moins par la groffeur ; par Pim- puiflance de voler, par la forme des alles, de la queue & du corps entier; & on leur a trouvé à tous une ou plu- fieurs pierres dans le géfier , ce qui les fuppofe tous trois granivores : outre cela ils ont tous trois une allure fort. lente, car, quoique Leguat ne dife rien de: cell du folaire , On peut juger par R figure qu’il donne de Ia femelle /7), que c’eft un oïifeau très- pefant. Comparant enfuite ces inêmes oifeaux pris deux à deux, Je vois que Île plu- mage du dronte fe rapproche de celui du folitaire pour la couleur , & de celuï de l’oifeau de Nazare pour la qualité de la plume qui n’eft que du duvet; & ue ces deux derniers oifeaux convien- nent encore en ce qu ils ne pondent & ne couvent qu’un œuf. Je vois de plus qu’on a appliqué au dronte & à l’oïfeau de Nazare le même nom d’oifeau de dégoût. Voilà les rapports, & voici les diffé rences : f ) orge de Déni , tome Î, page 13e Le | nn pd D 2 ON ne ER HET LEE STRIBS Lis LE EPA ET RS ME So < ST Se du Solitaire, dc. 349 Un legale plumes de la cuiffe errondies par le bout en us , ce qui fuppole de véritables plumes comme en ont ordinairement les oïfeaux, & non du duvet comme en ont de dronte & l’oifeau de Nazare. La femelle du folitaire a deux touffes de plumes blanches fur a poitrine ; ôn ne dit rien de pareil de la femelle des deux autres. Le dronte a les plumes qui bordent Ja bafe du bec difpofées en manière de capuchon , & ceite difpofition eft fi frappante , qu'on en a fait le trait ca- ratérifiique de fa dénomination (eyenus cucullatus ); de plus, il a les yeux dans le bec, ce qui n’eft pas moins frappant; & l’on peut croire que Leouat n'a rien _ vu de pareil dans le {olitaire , puifqu’il fe contente de dire de cet HE qu'il avoit tant obfervé, que fa tête étoït fans crête & fans hubpe: & Cauche ne dit rien du tout de celle de loïfeau de Nazare. _ Les deux derniers font haut montés, au lieu que le dronte a les pieds très- ros & tres-COUrts, | Celui-ci, & le folitaire qu? on dit avoir 3 so Hifoire Naturelle | à peu près les pieds du dindon, ont quatre doigts, & l'oifeau de Née: | n'en a qué trois, felon le ie à | de Cauche. | Le folitaire a un battement dalles + très- remarquable , & quin'a point été remarqué dans les deux autres. * Enfnil paroît que Îa chair des fo- Foires , & fur-tout. des jeunes, eft excellente ; que celle de l’oifeau de Na- zare eft médiocre, & celle du dronte mauvaife. | Si cette comparaïfon qui a été Été avec la plus grande exactitude, ne nous met pas en état de prendre un parti fur la queftion propolée, c’eft parce que les obfervations ne font ni affez multi- pliées ni aflez füres ; il feroit donc à defirer que les Voyageurs, & fur-tout les Naturaliftes, qui fe trouveront à ortée, examinaflent ces trois oifeaux, & qui IS en fiflent une defcription ERA qui porteroit principalement : Sur la forme de la tête & du bec : Sur fa qualité des plumes : Sur la forme & les dimenfions de pieds : + du Sohtaire, do 3$t Sur le nombre des dotatsia Sur les différences qui fe trouvent entre le mâle & la femelle : Entre les pouffins & les adultes : L Sur leur ss de magcher & de courir : En ajoutant, autant qu’il Fait pot. fible, ce que l’on fait dans le pays fur leur génération , c’eft-a-dire, fur leur manière de fe rappeler, de s’accoupier, de faire leur nid & de couver : Sur le nombre, I"forme, a couleur, le poids & le ohne de ne œufs : Sur le temps de l’incubation : Sur leur manière d’élever leurs petits: Sur la façon dont ils fe nourriflent eux-mêmes : Enfin fur la forme & Îles dimenfions de leur eftomac, de leurs inteftins & de leurs parties fexuelles. | FIN du fecond Volume des Du à :] È à À | A DA MERE A BORA APE ONE LE D ce RE RS DRE 2 Pt +