æ…— A GIFT OF ET Y, LIiBeArY COMPARATIVE Z00LOGY, Li Class of 1855. OF THEODORE LYMAN D 5 (ep) es ea ee PA + A a Es 8 > a , L x D'OR le TES [ISTOI * L'OUTARDE (a) Planche rx de ce volume. / La PREMIÈRE CHOSE que l'on doit fe propoler lorfqu'on entreprend d’éclair- cir l'hiftoire d’un animal , c'eft de faire * Voyez les planches enluminées, n,° 245, le mâle. (a) Outarde, en Grec, Ok; en Latm, Avis tarda; en Italien, Srarda; en Allemand, Trapp; en Polonoïs, Drop; en Anglois, Buflard. —Tarda. Frifch, planche cr1, avec une boune figure enluminée. — Outarde. Edwards, planche zxxiir , le mâle; & planche zxxrr, la femeile, Oifeaux ; Tome EI. À 2 Hifioire Naturelle une critique févère de fa nomencla: ture , de démèêler exactement les difié- rens noms qui lur ont été donnés dans toutes Îles langues & dans tous les temps , & de diftinguer, autant qu'il ef pofible , les efpèces diflérentes auxquelles les mêmes noms ont té ap- pliqués; c'eft le feul moyen de tirer parti des connoïflances des Anciens, & de les lier utilement aux découvertes des Modernes, & par conféquent le feul moyen de faire de véritables pro- grès en Hiftoire Naturelle; en efet, coimment , je ne dis pas un feul homme mais une génération entière, mais plu- fieurs générations de fuite , pourrotent- elles Rire complètement lhiftoire d’un feul animal? prefque tous les animaux cratgnent l'homme & le fuient; le ca- radère de fupériorité que la main du Très- Haut a gravé fur fon front, avec de bonnes figures enluminées. — Ofarde, Foutarde, Biftarde. Bélon. Hifi. nat. des Oifeaux , page 235; & portraits d’oifeaux, page 56. a. — Otarde. Mémoires pour fervir à lAiftoire des Animaux, partie Il], page 101. — L’Ous tarde. Briffon , Ornichologie , tome V , page 18. ! de d'Outardes, |. 3 leur: infpire plus de frayeur que de refpe“t; ils ne foutiennent point fes regards, ils fe défient de fes embuüches , ils redoutent fes armes; ceux même qui pourroient fe défendre par la force, ou téfifter par leur mañle, fe retirent dans des déferts que nous ne dargnons pas leur difputer, oufe retranchent dans des forêts impénétrables: les petits, fürs de nous échapper par leur petitefle, & rendus plus bardis par leur forblefle même, vivent chez nous malgré nous, {e nourriflent à nos dépens, queique- fois même de notre propre fubflance, fans nous être mieux connus; & parmt. le grand nombre de clafles intermé- diatres , renfermées entre ces deux clalies extrêmes, Îles uns fe creulent des re- traites fouterraines, les autres s'enfoncent dans la profondeur des eaux, d’autres fe perdent dans le vague des airs, & tous difparoïffent devant le tyran de la Nature : comment donc pourrions- nous, dans un court efpace de temps, voir tous Îles animaux dans toutes Îles fituations où il faut les avoir vus pour À ÿ 4 Hifloire Naturelle connoître à fond leur naturel, leurs MŒUTS , leur iuftinct, en un mot, les principaux faits de EE hrftoire ? On a beau raflembler à grands frais des fuites nombreufes de ces animaux, conferver avec foin leur dépouille ex- térieure , y joindre leurs fquelettes ar- tiftement montés ; donner à chaque individu fon attitude propre & fon air naturel, tout cela ne repréfente que la Nature morte, inanimée, fuperfcrelle; & fi quelque Souverain avoit conçu d'idée vraiment grande de concourir à l'avancement de cette belle partie de la fcience, en fermant de vaftes mé- nageries, & réuniflant fous les veux des Obiervateurs, un grand nombre d'efpèces vivantes, on y prendroit encore des idées rmparfaites de ia Na- ture; a plupart des animaux, intimidés par la préfence de l'homme, impor- tunés par fes oblervations, tourmentés d'alleurs par linquictude mféparable de la captivité, ne montreroïent que des mœurs altérées , contraintes & peu dignes des regards d'un Philofophe ; LE _deP Outarde. ÿ pour qui la Nature libre , indépendante , & fi lon veut fauvage, eft la feule belle Nature. ut If faut donc, pour connoître Îles ant- maux avec quelque exactitude, les oblerver dans l'état de fauvage, Îes fuivre jufque dans les retraites qu'ils fe font choïfies eux-mêmes, jufque dans ces antres profonds, & fur ces rochers efcarpés où ils vivent en pleine liberté ; il faut même, en Îes étudrant , faire en forte de n'en être point aper- cus: car ici l'œil de lObfervateur, s1l n'eft en quelque façon imvihble, agit fur le fujet obfervé, & laitère réelle- ment ; mais comme 1l eft fort peu da- nimaux, fur-tout parmi ceux qui font allés, qu'il foit facile d'étudier amf, & que les occafons de les voir agir d’apres leur naturel véritable , & montrer leurs mœurs franches & pures de toute con- trainte, ne fe préfentent que de om en loin ; xl s'enfuit qu’il faut des fiècles & beaucoup de hafards heureux pour amafler tous les faits néceflaires, une grande attention pour rapporter chaque oblervation à {ou véritable objet , & NT x: À ii} 6 Hifloire Naturelle conféquemment pour éviter la confu- fon des noms qui de toute néceflité entraïneroit celle des choles; fans ces précautions , l'ignorance la plus abfolue feroit préférable àune prétendue fctence, qui ne feroit au fond qu'un tiflu dn- certitudes & d'erreurs ; l’Outarde nous en offre un exemple frappant. Les Grecs lui avoient donné le nom d’otis; Arif tote en parle en trois endroits fous ce nom {b),& tout ce quilen dit convient exaétement à notre outarde ; mais Îles Latins trompés apparemment par {a refliemblance des mots , l'ont confondue avec lotus , qui eft un oïfeau de nuit. Pline ayant dit, avec rafon , que l'or- {eu appelé otés ‘par ee” Gt oe nommoit ayis tarda en Éfpagne, ce qui convient à loutarde, ajoute que 11 chair ‘en eft mauvaife fc), €e que convient à lorus, felon Ariftote & la vérité, maïs nullement à loutarde; & cette méprife eft d'autant plus facile (Bb) Hifloria Animalium, Nb. II, cap. XVII; DOVE, Câp. VE, &Hb. EE ape x hr. fc) Hifi. nat. 6. X, cap. XXI1, de l'Outarde. 7 à fuppofer que Pline, dans le chapitre furvant, confond évidemment Toris avec lotus (d) , .c'eft-à-dire l’outarde avec le hibou. | | : Alexandre Myndien, dans Athénée (é), tombe aufli dans la même erreur, en attribuant à l’orus ou à Lloris quil prend pour un feul & même oïfeau, d'avoir les pieds de fièvre, c’eft-à-dire velus , ce qui eft vraï de l'otus, hibou qui , comme la plupart des oïfeaux de nuit, a les jambes & les pieds velus, ou plutôt couverts jufque fur les ongles de plumes efhlées, & non de lotis qui eft notre outarde, & qui a non-feule- ment le pied , mais encore Îa partie in- férieure de la jambe immédiatement au- deflus du tarfe , fans plumes. J _ Sigifmond Galentus ayant trouvé dans Héfychius le nom de P‘égos, dont l'application n'étoit point déterminée, l'appropria de fon bon plaïfir à lou- (d} Otis bubone minor ef, noËuis major, auri- bus plumeis eiminentious unde nomen ill. Hift, nat Hb.0X , cap. XXLI1, (e) Hift. nat. /0. IX, À iv 8 Hifioire Naturelle tarde (f); & depuis M." Moebring & Briflon font appliqué au dronte, fans rendre compte des raïfons qui les y ont engagés. Les Juifs modernes ont détourné arbi- tratrement l'ancienne acception du mot ‘hébreu arapha , qui figuifioit une efpèce de milan, & par lequel ils défignent aujourd'hui loutarde /p ). | M. Briflon, après avoir donné le mot O’ris comme le nom gréc de lou- tarde, felon B£lon, donne enfuite le mot Oride pour fon nom grec, felon Aldrovande (h) ; ne prenant pas garde que Oridu eft l’accufatif de O’ris, & par conféquent un feul & même nom; c'eft comme sil eût dit que les uns Fappel- lent sarda , & les autres tardarm. Schwenckfeld prétend que le tetrix dont parle Âriftote /i), & qui toit Tourax des Athéniens , eft aufli notre {f) In Lexico fymphono. (g) Paul Fagius, apud Gefnerum, de Avibus, pag. 480. (4) Ornithologie , tome V', page 18. Q) Hif. Animal. lib. VI, cap. L de L Outarde, | 5 œutarde /#); cependant Le peu que dit Artfiote du £etrix ne convient point à l'outarde; le retrix niche parmi les plantes bafles, & loutarde parmi les blés, les orges, &c. que probablement Ariftote n'a point voulu défigner par l'expreflion générique de plantes bafles : en fecond lieu , voici comment s’expli- que ce grand Phrlofophe. « Les orfeaux qui volent peu, comme les perdrix ce & les caïlles , ne font point de nids ;'te mais pondent à terre fur de petits ce tas de feuilles qu'elles ont amonce- ce Tées ; l'alouette & Îe tetrix font aufli ce de même. »> Pour peu qu'on fafle d'at- tention à ce pañlage , on voit qu'il eft d'abord queftion des orfeaux pefans & qui volent peu, ‘qu Ariftote parle enfuite de Palouette & du terrix qui nichent à terre comme ces oïlfeaux qui volent peu; quoique apparemmeut ils Îoïtent moins pefans, puifque la- louette eft du nombre , & que fi Ariftote eùt voulu parler de notre ou- tarde fous le nom de fctrix , 1 leût (f) Aviarium Silefie, pag. 355. V TO Hifloire Naturelle rangée fans doute , comme oïfeau pefant, avec les perdrix & les caïlles, & non avec les alouettes qui, par leur vol élevé, ont mérité, felon Schwenckfeld lui-même, le nom des celipètes (1). Longolius /m ) & Gelner (7 ) pen- fent lun & lautre que Îe retrax du poëte Nemefanus, n'eft autre chofe que l'outarde , & ïl faut avouer quil en à à peu-près la groffeur {/o) & le plumage /p)3; mais ces rapports ne font pas fufhfans pour emporter l'identité de lefpèce , & d'autant moins fufhfans, qu'en comparant ce que dit Nemefanus de fon retraæ avec ce que nous favons de notre outarde, j’y trouve deux difié- rences marquées ; la première , .c'eft que Îe tetrax paroït familier par flupr- dité, & quil va fe précipiter dans Îes (|) Aviarium Silefie pag. 191. (in) Dialog. de Avibus. {n) De Avibus, lib. III, pag. 489 (o) Tarpeiæ ef} cuflos arcis non corpore major. Cp) Perfimilis cineri dorfüm ( coïlum forte ) ma culofaque terga se Lu Juficinnt pulle cacabantis ( perdicis) ima- gine n01æ. | de l’Outarde. II pièges qu'il a vus qu'on drefloit contre lui {g) ; au lieu que l'outarde ne fou- tient. pas lafpect de homme, & qu'elle s'enfuit fort vite, du plus loin quelle l'aperçoit (r); en fecond lieu, le terrax farfoit on nid au pied du mont Apennin; au lieu qu Aidrovande, qui étoit Italien , nous aflure pofitive- ment quon ne voit doutardes en Italie, que celles qui y ont été ap- portées par quelque coup de vent ff); il eft vrai que Willughby foupconne quelles ne font point rares dans ces contrées, & celafur ce qu'en pañlant par Modène, 11 en vit une au marché; mais 1l me femble que cette outarde unique, aperçcue au marché d'une ville comme (g) Cum pedicas nefi fibi contemplaverit adiians. Inunemor ipfe fui tamen in difpendia Currit. ‘ (1) Neque hominem ad fe appropinquantem fufii- nent, fed cum eum longinquo cernunt flatim fugam capefjunt. Willugbby Ornitholog. pag. 129. ([) Ttalia noffra has aves nifi forte ventorum turbine advc&tas non habet. Aldrov. Ornith.tom. Il, pag. 92. À v)j 12 Hifloire Naturelle Modène , s'accorde encore mieux avec le dire d'Aldrovande, qu'avec la con- jecture de Willughby. | M. Perrault impute à Ariftote d'a- voir avancé que l'oftis en Scythie (+), ne couve point fes œufs comme Îes autres oïfeaux, mais quelle les enve- loppe dans une peau de lièvre ou de renard , & Îles cache au pied d’un arbre au haut duquel elle fe perche: cepen- dant Ariftote n'attribue rien de tout cela à l'outarde, mais à un certain offeau de Scythie, probablement un oûfeau de proie, puifqu'il favoit écor- cher les Irèvres & les renards, & qui feulement étoit de la grofeur d'une outarde , ainfi que Pime [x) & Gaza le traduifent (x); d'alleurs, pour peu qu'Arifiote connût loutarde, ïl ne pouvoit ignorer qu'elle ne fe perche pornt. Le nom compolé de trapp-ganfz {:) Mémoires pour fervir à lhiftoire des Ani- Maux, partie Il, page 104. (u) Net. Hifloria, 1ib. X, cap. XXXIIT. (+ Hifi, Auimaliun , b, 13 3 CAP XXI Rl'Outarden 1x3 que les Allemands ont appliqué à cet oïtfeau , a donné lieu à d'autres erreurs; trappen fignifie marcher, & lufage à attaché à fes dérivés, une idée accef- {otre de lenteur, de même qu'au gra- datim des Latins, & à l'andante des Italiens ; & en cela le mot #rapp peut très-bien être appliqué à l’outarde qui, lorfqu'elle n’eft point pourfuivie , marche lentement & pefamment ; 11 lui con- viendroiït encore, quand cette idée acef- foire de lenteur n’y feroït point attachée, parce qu'en caractérifant un oifeau par l'habitude de marcher, c'eft dire aflez qu'il vole peu. | 2 lébard du mot canfz,. dl et fufceptible d'équivoque, ici 1 doit pent-être s'écrire comme je lai écrit avec un Z final, & de cette manière il fignifie beaucoup & annonce un fu- perlatif; au lieu que lorfquon fécrit par un S, gans, il fignife une ote; quelques Auteurs fayant pris dans ce dernier fens, ont traduit en latin par anfer trappus, & cette erreur de nom nfuant fur la chole, on n'a pas manque de dire que l’outarde étoit up 14 Hifoiré Naturelle oïfeau aquatique, qui fe plaifoit dans les marécages (y; & Aïldrovande lur- même qui avoit été averti de cette équivoque de noms, par un Médecin Hollandois, & qui peuchoit 2 à prendre le mot gan/z dans le même fens que moi (x), fait cependant dire à Bélon, en le traduïlant en latin, que l’outarde aime les marécages (a), quoique Bélon dife précifément le contraire ({b); &e cette erreur en produifant une autre, on a donné le nom dourarde à un oïfeau véritablement aquatique, à une efpèce dote noire & blanche que l'on trouve en Canada, & dans plufeurs endroits de l'Amérique feptentrionale{c); (y) Sylvaticus apud Gefnerum , pag. 488. (x) Ornitholog. tom. IL, pag. 86. (a) Tbidem, pag. 2 (k) « La nature de loftarde eft de vivre par » des fpatieufes campagnes, comme lautruche , » fuyant l’eau fur toutes chofes. 7......... Ne # hanter les eaux, n’étoit de celle q qui ref entre »» les feillons, après avoir plû. ou bien qu’elle 5» hantât les marres pour en boire. »; pas Na- ture des Oïfeaux, Ab. F7, cap. 111. (c) Voyez Hiftoire & Deïcription de Ia nou- de POutarde, 1$ c'eft fans doute par une fuite de cette méprile , qu'on envoya d'Ecofle à Gefner , la figure d’un oïfeau palmi- pède fous le nom de gu/flarde {d), qui ft le nom que lon donne dans: ce pays à l'outarde véritable, & que Gel- ner fait dériver de tarde lent, tardif, & de guff & gooff qui, en Hollandoïs & en Anglois, fignifie une oïe (e); voilà donc l’outarde , qui eft un oïfeau tout-à-fait terreftre , traveftie en un oïfeau aquatique avec lequel elle n'a ‘cependant prefque rien de commun, & cette bizarre métamorphole a été produite évidemment par une équi- voque de mots : ceux qui ont voulu juftifier ou excufer le nom d'anfer drappus ou trapp-gans , ont été réduits à dire , les uns que les outardes volorent velle France, par le P. Charlevoix, rome LIT, pag, 156. — Voyage du Capitaine Robert Lade, tome ÎT, page 202. — Voyage du P. Théodat, page 300. — Lettres édifrantes, XIe Recueil, page 310; & XXIIIe Recueil, page Do, Gt | (d) Gefner , de Avibus, pag. 164 & 489. (e) Ibidem , pag. 142 16 Hifloire Naturelle par troupes comme les oies /f), Îles autres qu'elles étoient de la même grof- feur (g) ; comme fi la grofleur, ou habitude de voler par troupes, pou- voient feules caractérifer une efpèce: à ce compte les vautours & Îles coqs de Bruyère pourroïent être rangés avec Vote; mais c'eft trop infifter fur une abiurdité , je me hâte de terminer cette fifte d'erreurs & cette critique peut- être un peu longue, mais que j'ai cru néceflaire. * | Bélon a prétendu que le terrao alter de Pline /A) étoit l'outarde /2), mais ceft fans fondement , puifque Pline parle au même endroit de l'avis tardaz il eft vrai que Bélon défendant {on er- reur par une autre, avance que l'avis tarda des Hipagnols & lois des Grecs, défignent Îe duc; mais ïl frudroit prouver auparavant, 1.° que l'outatde (f) Longolius, apud Gefñer, pag. 486. (2) Erifch, planche cr1. (4) Nat. Hift. Kb. X, cap. xx1I. (à). Hiftoire naturelle des Oïifeaux , Xi. F', sep Il | de l’Outarde. 17 fe tient fur es hautes montagnes; comme Pline laflure du serrao alter lgignunt eos Alpes) (k), ce qui eft contraire à ce quia été: dit de‘ cet oïfeau par tous les Naturaliftes, ex- cepté M. Barrère {Z); 2.° que le duc, & non l'outarde , a été en effet connu en Efpagne fous le nom d'avis tarda ; & en Grec fous celui d'otis: aflertron infoutenable & combattue par le témoi- gnage de prefque tous Îles Ecrivains. e qui peut avoir trompé Bélon ,; c'eft que Pline donne fon fecond terrao comme un des plus gros oïfeaux après l'autruche, ce qui, fuivant Bélon, ne peut convenir qu'à l’outarde : maïs nous verrons dans la fuite que le grand tetras ou coq de Bruyère, furpafle quelque- fois l'outarde en groffeur; & fi Pline ajoute que la chair de cette avis tarda Fer PlniNer. Ha b. Ko db, RTL! (l) Nota. M. Barrère reconnoît deux outardes d'Europe , mais il eft Je feu qui les donne pour des oïfeaux de Pyrénées; & l’on fait que cet Auteur, né en Rouffillon, rapportoit aux mon- tagnes des Pyrénées tous les animaux des pro- vinces adjacentes, 18 Fiftoire Naturelle eft un mauvais manger, ce qui con* vient beaucoup mieux à lotus hibou ou moyen duc, qu'à l’ocis outarde, Bélon auroit pu foupconner que ce Natura- life confond ici lois avec lotus, comme je Tai remarqué plus haut, & quil attribue à une feule elpèce les pro- priètés de deux efpèces très-difiérentes ; défignées dans fes recueils par des noms prefque femblables; mais 11 n'au- roit pas dû conclure que l'avis tarda et en effet un duc. | Le même Bélon penchoit à croire que fon ædicnemus étoit un offardeau (7 }; & en eflet, cet oïfeau na que trois doigts, & tous antérieurs comme lou- tarde; mais 11 4 Île bec très-diffiérent, le tarfe plus gros, le cou plus court, & 11 paroït avoir plus de rapport avec le \pluvier qu'avec loutarde : c'eft ce que nous examinerons de plus près dans la fuite. Enfin :1l faut être averti que quelques Auteurs trompés apparemment par la (m) Hifoire naturelle des Oifeaux PAT AT 3 cap. Pi ‘de P'Outarde. | 19 reflemblance des mots, ont confondu le nom de ffarda qui, en Italien, fignifñie une outarde, avec le nom de ffarna qui , dans la même langue, fignifie perdrix (fn). : IT réfuite de toutes ces difcuflions, que loris des Grecs & non l'os, eft notre outarde; que Île nom de P'égces lui a été appliqué au hafard comme 11 l'a été enfuite au dronte; que celui d'anapha que lui donnent les Juifs mo- dernes, appartenoit autrefois au milan ; que c'eit l'avis tarda de Pline , ou plu- tot des Efpagnols au temps de Pime, ainfi appelée à caufe de fa lenteur , &'non, comme le veut Nyphus, parce qu'elle n'aurait été connue à Rome que fort tard ; quelle n'eft ni le terrix d Ariftote, ni le retrax du Poîte Ne mefianus, nt cet otfeau de Sceythie, dont parle Ariftote dans fon Hifloire des Animaux (o) ,.ut le tetrao alter de Pline , ni un oïfeau aquatique ; & enfin (n) Petrus Aponens Patavinus fèw conciliator apuë Aldroyand Ornith, fHb. XII, Cap. XII. (o) Lib. IX, cap. xxx1I, | 20 Hifloire Naturelle cs c'eft la ffarda & non Îa flarna des Italiens (p). {p) Voici tous les noms fous lefquels les diffé- rens Auteurs en ont parlé. Otis, Tarda, Biflarda. Gefn. de Avibus, pag- 484 — 486; & Icon Avium, pag. 67. | Cris five Tarda. Jonfton, de Avibus , pag. 42. Otis feu Tarda avis. Aldrovand. Ornitholog. tom. Il, pag. 85. | Otis, Tarda, Biflarda. Chat , Exercit. pag. 82, n.° 8, Otis Græcis; Tarda, Ifñdoro; Biflarda , Alberto: Rzaczynski, if. nat. Poloniæ ; pag. 289: € Au&uar rium ejufd. pag. sus Otis, Tarda, Sibbaldi Scotia iluftrata, part. IE, did. 111, pag. “s Otis , Tarda. Villughby , Ornith. pag. 129. Ouis, Tarda. Ray , Synopfis Avium , pag. 58. Otis, jugulo utrimque criflato, Tarda. Linnæus, Syfl. nat. edit. X, Gen. 85, Spec. 1. T'arda recentiorum. Schwenckfeld. Zriarium Si= lefie, pag, 355. * Tarda. Kleïn, de Avibus , pag. 18 , n.° 1, Tarda Pyrenaïca fulva, macçulis nigricanttous, de l’Outarde, % L Pour fentir combien cette difcuflion Rargnious pennarum rofèis. Barrère, Ornmitholog. CRM. III, Gen. 1x, Spec. 1. Nora. Ce ne font : pas les Lords des plumes, mais le duvet qui eft couleur de rofe. Tetrax , feu Tarax INemefiani. Longolio, Gefn. Tetraon. Lonsolio , Schwenckfeld, Charlet, Klein. ra Tetrix, Ourax. Ariftote , Schwenckfeld. Erytrhontan, Olaï Magni, Schwenckfeld , Charlet,” Klein. Anfer-trappa. Rzaczynski, Auëtuarium , Hifi. nat. Polon. pag. 401. 3 En françois , Outarde. Albin , tome LIT , page 16, Edwards, planche Lx XIII — LXXIV. Otarde. Mémoires pour fervir à ’Hiftoire des Anumaux, partie IT, page 101. _ Offarde. Bélon, Hi. nat. des Oifeaux, page 226. - Offarde, Houtarde, Biflarde, Bélon, Portraits d’Oifeaux, page 56. En Hébreu, Ælhabari. Gefn. Aldrov. Nota. I ne faut point confondre ce nom avec celui d’houbaary qui, en Barbarie, fignifie une petite outarde dont je donnerai Fhiftoire. Clas , id ef, Tarda avis fylvatici. Gefn. pag. 48 4e Anapha Pauli Fagit. Gein. pas. 489, 22 Hifloire Naturelle préliminaire étoit importante , 11 ne faut que fe préfenter la bizarre & ridicule idée que fe feroit de l’outarde un com- mençant qui auroit recueilli, fans choix & avec une confiance aveugle, tout ce qui a été attribué par les Auteurs à cet oïfeau, ou plutôt aux difiérens noms par lefquels il lauroit trouvé déligné dans leurs ouvrages ; il feroit obligé d'en faire à-la-fois un oïifeau de jouf & de nuit, un oïfeau de montagne & de. vallée, un oïfeau d'Europe & En Grec, Ori, Qrik, Ours. Gefn. — Pages Sigifm. Galenir, Gefn, pag. 486. En Italien, flarda. 3 En Allemand, Trapp.. Gefner Rzaczynski, Frifch.—Acker-trapp. Gefn.—Trappe. Schwenck- teld, Rzaczynski— Acher-rrappe. Schwenckfeld. En Fiamand , Trap-ganfz. Gefn. — Trapp- gans. Schwenckfeld. ù En Suédois, Trapp. En Polonois, Drop, Trop. Rzaczynski. En Hvyrien, Drofa. Gefn. En and. Bifiard. Gefn. — Bufiard. Wi- lughby, Charleton, Aïbin. \ ie En Écoflois, Gufiarde. Heûor, Boeth. — Guftard, Aldrov. | | del'Ourarde,. Ve d'Amérique, un oïfeau aquatique & terreftre, un oïleau granivore & car- naflier, un oïfeau très-gros & très-petit ; en un mot, un monftre & même un monftre impoffible : ;ou s'il vouloit opter entre ces attributs contradictoires, ce ne pourroît être qu'en re@ifiant la no- menclature comme nous avons fait par la comparaifon de ce que l'on fait de cet oïfeau, avec ce qu'en ont dit les Nulle qui nous ont précédé. Mais c'eft aflez nous arrêter fur le nom, il eft temps de nous occuper de la chofe. Gefner s'eft félicité d'a- voir fait le premier la remarque que l'outarde pouvoit fe rapporter au genre des gallinacés (q), & 11 eft vrai qu'elle en à le bec & 1a pefanteur; maïs elle en diffère par fa grofleur, par fes preds à trois doigts, par là forme de Îa queue , par Îa nudité du bas de la jambe , par Îa grande ouverture des oreilles, par les barbes de plumes qui (q) Quanquam gallinaceorum generi ctidem adfèri- bendam nemo adhuc monuerit , mihi tamen reëe ad 24 reférri videtur. Gefn. de avibus ; pag, 484. Le 24 Hiftoire Naturelle fur tombent fous Île menton, au lieu de ces membranes charnues qu'ont les gallinaces, fans parler des différences intérieures. Aldrovande neft pas plus heureux dans fes conjectures, lorfqu'il prend pour une outarde cette aïgle frugivore, dont parle Elien r)s à caufe de fa grandeur/ f), comme fi le feul attri- but de la grandeur fufloit pour faire naître l’idée d’un aigle; 1l me paroit bien plus vraifemblable qu'Elien vou- loit parler du grand vautour qui eff un oïfeau de proie comme Fargle, & même plus puiflant que l'aigle com- mun, & qui devient frugivore dans les Cilide néccliree jai ouvert un de ces oïfeaux qui a été démonté par un coup de fuñl, & qui avoit pafié plu- fieurs jours dans des champs femés de Blé; je ne lui trouvat dans les inteftins G) Lib. IX, de nat. Animal. Cap. x. Cet aigle, felon Efien, s’appeloit aigle de Jupiter, & étoit encore plus frugivore que loutarde, qui mange des vers de terre ; au lieu que l’aigle dont ï s’agit ne marge aucun animal. (f) Ornithologie, some IT, page 93. | qu'une de POutardess ‘ 2$ qu’une bouillie verte, qui étoit évidem- . ment de lherbe à demi-drgérée. On retrouveroit bien plutot les ca- raétères de Tloutarde dans le retrex d'Athénée, plus grand que les plus gros coqs ( & lon fait quil y en a de très-gros en Afie), n'ayant que trois doigts aux pieds, des barbes qui lui tombent de chaque côté du bec, Île plumage émaillé , la voix grave, & dont la chair a le goût de celle de l’autruche avec qui l'outarde a tant d’autres rap- ports (t); mais ce fetrax ne peut être loutarde , puifque c’eft un orfeau dont, felon Athénée , 1l n'eft fait aucune mention dans les livres d'Ariftote; au lieu que ce Philofophe parle de lou- tarde en plufeurs endroits. On pourroit encore foupconner avec M. Perrault [x ), que ces perdrix des {ndes dont parle Strabon, qui ne font (1) Gefner, de Avibus, pag. 487. Otis avis fidipes efl, tribus infiflens digitis, magnitudine galli- nacei majoris , capite oblongo, oculis amplis; roftre ecuto, lingua offeû , gracili collo. (u) Mémoires pour fervir a l’Hiftoire des Ani- maux, partie ÎT, page 102. Oifeaux ; Tome IIT. B 2 6 Hifloire Naturelle pas moins grofles que des otes, font des efpèces d'outardes; le mâle diffère de la femelle par Îles couleurs du plu- mage quil a autrement diftribuées & plus vives par ces barbes de plumes qui lui tombent des deux côtés fur le cou, dont il eft furprenant que M. Per- rauit nait point parlé, & dont mal- à-propos ÂAïbin à orné la figure de Îa femelle, par fa grofleur prefque double dércelle de {x femelle, ‘ce qumelhune des plus grandes difproportions qui ait été obfervée en aucune autre efpèce, de Îa taille de la femelle à celle du Hole x) Bélon (y), & quelques autres qui ne connotfioient nt le cafoar, nt Îe touyou, nt le dronte, ni peut-être le griflon ou grand vautour , regar- doitent loutarde comme un otfeau de la feconde grandeur , & Îe plus gros après l’autruche: cependant le pélican, qui ne leur étoit pas inconnu (x), eft (x) Edwards, Hif. nat. of Bérds, planche L NOUV. | OM Ibtdem, pag, 2236, (x) lbidem , pag. 153. de lOutarde. i7 beaucoup plus grand, felon M. Per- rault; mais il" peut fe faire que Bélon ait vu une grofle outarde & un petit pélican, & dans ce cas tout {on tort fera, comme celur de bien d'autres, d'avoir afluré de l'efpèce, ce qui né- toit vrai que de l'individu. | M. Edwards reproche à Willughby | de sètre trompé groffièrement , & d'avoir induit en erreur Albin, qui la copié, en difant que loutarde avoit | foixante pouces anglois de longueur, du bout du bec au bout de la queue; | en effet, celles que j'at mefurées n’a- voient guère plus de trois pieds , aïnfi que celle de M. Bsiflon ; & la plus grande , qui aït été mefurée par M. Edwards, avoit trois p'eds & demi dans ce fens, & trois pieds neuf pouces & demi, du bout du bec au bout des ongles / a ) : les Auteurs de la Zoo- logie Britannique Va fixent à près de quatre pieds anglois, ce qui revient à un peu moins de trois pieds neuf (a) Edwards , Hif. nat. CE Birds, Dire ie LXXIII. B 1} 28 Fifloire Naturelle pouces de France /‘h ) : l'étendue du vof: varie de plus de moitié en différens fujets, elle à été trouvée de fept pieds quatre pouces par M. Edwards, de neuf pieds par Îles Auteurs de. la Zoologie Britannique , & de quatre preds . de France par M. Perrault, qui aflure n'avoir jamais obfervé que des mâles, toujours plus gros que les femelles, Le poids de cet oïfeau varie auf. confidérablement , Îles. uns l'ont trouvé de dix livres fc) , & d'autres de vingt- fept [d ),& même de trente ({e) ; mais, outre ces variétés dans le poids & la grandeur , on en a auflil remarqué dans les proportions : tous Îles imdividus de cette efpèce ne paroïflent pas avoir été fermés fur le même modèle. M. Perrault en a oblervé dont le cou étoit plus long, & d’autres dont Îe cou étoit plus court proportionnellement aux (b) On fait que le pied de Paris eft plus long que celui de Londres de près de neuf lignes, {c) Gefner, de Avibus, pag. 488. (4) Britifch Zoology, pag. 87. fe) Rzaczynski, Auëuarium, pag. 407, de P'Outarde.. 29 Jambes ; & d'autres dont le bec étoit plus pointu, d’autres’ dont Îles oreïlles étorent recouvertes par des plumes plus longues ff); tous avoient le cou & les. jambes beaucoup plus longs que ceux que Gelner & Aldrovande ont exa- minés. Dans fes fujets décrits, par M. Ed- wards , 1l y avoit , de chaque coté du cou, deux places nues, de couleur violette, & qui paroïfoient garnies de plumes lorfque le cou étoit fort éten- du Ces ce qui na point été tndi- qué: par le autres Obfervateurs. Enfin M. Klein a remarqué que les outardes de Pologne ne reflembloient pas exacte- ment à celles de France & d’Angle- terre (4) &. en efeton trouve,jen comparant Îes defcriptions $ quelques différences de. couleurs dans 1 le plumage, Abc: cl | (f) Mémoires pour fervir à l'Hiftoire des Anÿ- maux, partie IT, pages 99 — 102. (g) Edwards, Hifl. nat. of Birds, ER LXXIV. (h) Hifior. gd : pag. Fe B iÿ 30 EAN Naturelle En général, loutarde fe diftingue de Tautruche, du touyou, du cafoar & du dronte, par fes aïles qui, quoique peu propoitionnées au poids de fon corps » peuvent cependant lélever & [a fou- tenir quelque temps en l'air ; au lieu que celle des quatre autres oïleaux que j'ai nommés, font abfolument inutiles pour le vol : elle fe diftingue de prefque tous les autres par fa groifeur , fes pieds à trois doigts lolés & fans men: PrANESS fon bec de dindon, fon duvet couleur de rofe , & la nudité du bzs de 1 jambe ; non point par chacun de ces caraétères ,\maïs par la réunion de tous. L'aile eft compolée de vingt - fix “pennes, felon M. Briflon, & de tren- te-deux ou trente -trois ,; fuivant M. Edwards qui peut-ètre compte celles de Varle bâtarde. La feule chofe que jare à faire remarquer dans ces pennes & dont on ne peut guere prendre ‘une idée en regardant la figure, c'eft qu'aux troilième, quatrième , cinquième & fixième plumes de chaque aile, les barbes extérieures deviennent tout -à- de POutarie, 31 Coup plus courtes, & ces pennes con- féquemment plus étroites à l'endroit où elles fortent de deflous leurs cou- vertures {4 ). | Les pennes de la queue font au nombre de vingt , & les deux du milieu font différentes de toutes les autres. M. Perrault [k) impute à Bélon comme une erreur d'avoir dit que le deflus des aïles de loutarde ‘étoit blanc (Z), contre ce qu’avotent obfervé M. de l'Académie , & contre ce qui fe voit dans les oïfeaux qui ont com- munément plus de blanc fous le ventre & danstoute la partie inférieure du corps, & plus de brun &d'autres couleurs fur le dos & les aïles ; mais 1 me femble que fur cela Bélon peut être aïfément juftifié, car 1 a dit exactement , comme M." de lAcadèémie , que loutarde étoit blanche par-deffous le ventre & deffous les ailes ; & lorfqu'il a avancé que lesdeflus (1) Voyez l’'Ornithologie de M. Briflon, tome W', age 22. (k) Mémoires pour fervir à l’Hiftoire des Ani- maux, partie II, page 102. (4) Bélon, Nature des Oifeaux , page 235. [V 82 Hiloire Naturelle des ailes étoit blanc, 1 a fans doute entendu parler des pennes de Paile qui approchent du corps , & qui fe trouvent en effet au-deflous de larle , celle-ci étant fuppofée pliée & l'oifeau debout : or, dans ce fens , ce quil a dit fe trouve vrai, & conforme à Îa defcription de M. Edwards, où. la _vingt-fixième penne de laïile & fui vantes jufqu’à la trentième , font parfat- ment blanches / rm) M. Perrault à fait une obfervation plus jufte: c'eft que quelques plumes de l'outarde ont du duvet, non-feule- ment à leur bafe, maïs encore à Îeur extrémité ; en forte que la partie moyenne de a plume , qui eft compolée de barbes fermes & accrochées les unes aux autres, {e trouve entre deux parties où n'y a que du duvet; mais ce qui eft très-remarquable, c’eft que le duvet de læ bafe de toutes les plumes, à l'exception des pennes du bou tde l'aile, eft d'un rouge vif, approchant du cou- leur de rofe , ce qui eft un caractère (m) Edwards, Hifl. na. of Brds, pianche LXXITE de l’Outarde, . 33 ‘commun à la grande & à a’ petite outarde : le bout du tuyau eft aufli de a même couleur (7). | 4 Le pied'ou plutôt le tarle , & Îa partie inférieure de da jambe qui sartr- .cule avec le tarfe, font revêtus d'écarlles très-petites ; celles des doigts font en tables longues & étroites ; elles font toutes de couleur grile, & recouvertes d'une petite peau, qui s'enlève comme la dépouille d’un ferpent (o ). | Les ongles font courts, & convexes par - deflous comme par-deflus ; ainfi que ceux de l'aigle que Bélon appelle haliætos (pp); en forte qu'en les cou- pant perpendiculatrement à eur axe, {a coupe en feroit à peu-près circu- lire (g). | _ M. Salerne s'eft trompé , en rmpri- mant que l’outarde avoit au contraire les ongles caves en deflous (r). L don + Los (n) Mémoires pour fervir à l’Hiftoire des Ani- maux partie Il, page 103. (o) Animaux de Perrault, partie ÎT, page 104. . (p) Bélon, Nature des Oifeaux , Gb. IE, cap. vrr. {q) Animaux de Perrault, partie II, page 104 (r) Ornithologie, page 153. V M 34 Hifloire Naturelle fous les pieds , on voit en arrière un tubercule calleux, qui tient lieu de talon ff). | La poitrme eft grofle & rondef£); la grandeur de louverture de l'oreille eft apparemment fujette à varier , car Bélon a trouvé cette ouverture plus grande dans loutarde que dans aucun autre oïfeau terreftre {u )3 & M de l’Académie n’y ont rien vu d’extraor- dinarre (x ). Ces ouvertures font cachces lous les plumes ; on appercçoït dans leur ” J din De ” 3 - intérieur deux conduits, dont l’un {e dirige au bec & l’autre au cerveau (y ). Dans le palais & la partie inférieure du bec, 1 y a fous la membrane qui revêt ces parties, plufieurs corps glan- duleux qui s'ouvrent dans Îa cavité ([) Bélon, Nature des Oifeaux , page 238, — Gefner, de Avibus , pag. 488 , &e, ft) Bélon, page 235. {u) Où mettroit bien le bout du doigt dass le conduit. Zbid. | (x) Animaux de Perrault, page 102. (y) Bélon, Nature des Oifeaux, page 238, . de POutarde. 35 du bec par pluñeurs tuyaux fort vi- fibles (x. La langue eft charnue en dehors ; elle à au dedans un noyau cartilagi- neux, qui s'attache à Los hyoide, comme dans la plupart des oïfeaux ; fes côtés font hériffés de pointes d'une fubflance moyenne entre la membrane & le cartilage fa ): cette langue eft dure & pointue par le bout, mais elle neft pas fourchue comme la dit M. Lin- nœæus , trompé fans doute par une faute, de ponétuation qui fe trouve dans Aldrovande , & qui a été copiée par quelques autres [b ). ous la fangue fe préfente lorifice d’une efpèce de poche, tenant environ fept pintes angloiles, & que le docteur Douglai , qui l'a découverte le premier, (x) Animaux de Perrault, page. 100. (a) Ibidem. CE (bd) Lingua ferrata, utrimque acuta; au lieu de lingua ferrata utrimque, acuta. Cette phrafe n’eft qu’une traduétion de celle-ci de Bélon; fa lançue ejt denrelée de chaque côté, pointue & dure par le bout, d’où l’on voit que l’utrimque doit fe rapporte à férrata, & non au mot acuta. B v} 36 Hifloire Naturelle regarde comme un réfervoir que lou: tarde remplit d’eau pour s’en fervir au beloin, lorfqu'elle fe trouve au milieu des plaïnes vaftes & arides où elle {e tient par préférence; ce fingulter réfer- voir eft propre au mâle fc), & je foupconne qu'il a donné lieu à une méprife d'Ariftote. Ce grand Natu- ralifte avance que l’œfophage de lou- tarde eft large dans toute fa longueur (d); cependant les Modernes, & notamment M.'" de l’Académie, ont obfervé qu'il S'élargifloit feulement en sapprochant du géfer fe). Ces deux aflertions , qui _ paroïflent contradictoires , peuvent néan- moins fe concilier , en fuppofant qu'À- riftote ou les Obfervateurs chargés de recuerllir les faits dont il compoloit fon Hiftoire des Animaux, ont pris pour Tœfophage cette poche ou réfervox (c) Edwards, Hifi. nat. of Birds, planche LXXIN. | (d}) Hifi. Animal. Hib. IT, cap. ultime. (e) Gefner , de Avibus, pag. 488. — Aldrov: Grnitholog. tome II, page 92. — Animaux de - Perrault, partie II, page 106, | / de l’Outarde., 37 qui eft en eflet fort ample & fort large dans toute fon étendue. | | Le véritable œfophage, à l'endroit où il s'épaiflit, eft garni de glandes régulièrement arrangées : le géler qui vient enfuite (car il ny a point de jabot) , eft long d'environ quatre pouces, large de trois ; la la dureté de celui des poules communes, & cette durèté ne vient point, comme dans Îes poules , de l’épaifleur de la partie char- nue, qui eft fort mince ïct, mais de la membrane interne, laquelle eft très- dure, très-épaifle, & de plus godron- née, pliflée & repliflée en différens fens, ce qui groflit beaucoup le volume du géfier. | | Cette membrane interne paroît n'être point continue , mais feulement con- tigueé & jointe bout à bout x la mem- brane interne de l'œfophage ; d'ailleurs celle-ci eft blanche , au lieu que celle. du géfier eft d'un jaune doré (f). | La longueur des inteftins eft d’envi- ron quatre pieds, non compris les cæcum : {f) Animaux de Perrault, parsie IT, page 107: 38 Hifloire N aturelle la tunique interne de Vi/eon eft pliffée felon fa longueur, & elle à quelques rides tran{verfales à fon extrémité /g ). Les deux cœcum fortent de Tinteftin à environ fept pouces de l'anus , fe dirigeant d’arrière en avant. Suivant Gefner, ils font inégaux felon toutes leurs dimenfions, & c’eft le plus étroit qui eft le plus long dans la rafon de fix à cinq (A). M. Perrault dit feule- ment que le droit, qui a un pied plus ou moins, eft ordinatrement un peu plus long que le gauche [3 ). À un pouce à peu-près de lanus, linteftin fe rétrecit, puis fe dilatant, forme une poche capable de contenir un œuf, & dans laquelle s'insèrent les uretères & le canal déférent: cette poche inteftinale , appelée bourle de Fa- Brice {k) , a aufli fon cœcum long de deux pouces, large de trois lignes, & {g) Animaux de Perrault, partie IT, page 107. {(h) Gefner, de Avibus, pag. 486. (i) Animaux de Perrault, partie IT, page 107. (k) Du nom de Fabricius ab Aquapendçentes qui le premier Pa obfervée. ZIéidem, % … de l’Outarde. 39 ï . : A Te. trou qui communique de Fun l'autre eft furmonté d'un repli de la membrane interne , lequel peut fervir de valvule CE} Il réfulte de ces obfervations, que loutarde , bien loin d’avoir plufeurs eftomacs & de longs inteftins , comme les ruminans , a au contraire Île tube inteftiral fort court & d'une petite capacité, & quil na qu'un feul ven- tricule ; en forte que l'opinion de ceux qui prétendent que cet oïfeau rumine (im), feroit réfutée par cela feul: mais il ne faut pas non plus fe perfuader avec Albert , que l'outarde foit carnaf- fière, qu'elle fe nourrifle de cadavres, que même elle fafle la guerre au petit gibier, & qu’elle ne mange de Therbe & du grain que dans Îe cas de: grande difette ; 1l faut encore moins conclure de ces fuppofitions qu'elle a le bec & les ongles .crochus, toutes erreurs accu- (1) Animaux de Perrault, partie IT, page 107. (nm) Athénée , Euflache ; poyez Gefner; page 484. 40 Hifloire Naturelle mulées par Albert [7 ), d’après uñ paf fage d'Ariftote mal entendu ({ o) , admiles par Gefner avec quelques modifica- tions {p) , mais rejetées par tous les autres Naturaliftes. | L'outarde eft un oïfeau granivore; _ elle vit d'herbes, de grains & de toutes {ortes de femences ; de feuilles de choux, de dents de lion, de navets , de myfotis ou oreïlle de fouris, de vefce , d’ache, de daucus & même de foin, & de ces gros vers de terre que , pendant l'été, lon voit fourmiller fur les dunes tous es matins, avant le lever du foleïl (q); dans Îe fort de l'hiver & par les temps {n) Voyez Gefner, de Avibus, page 485. (o) Nota Aldrovande prétend que Fidée de faire de Poutarde un oiïfeau de proie ,a pu venir à Albert de ce pañlage d’Arifiote; Anis Schy- thica quædam..... . que j'ai difcuté plus haut. Woyez Aldrovande, Ornitholog. rome IT, page 00. Ce qu’il y a de certain, c’eft que ce n’eft pas d’après finfpection de l’änimal qu’Albert s’eft formé cette idée. 6 (p ) Gefner, de Avibus, pag. 48%. (q) Britifch Zoology , page 88 ; & prefque tous les autres Naturalifies que j'ai cités dans cet article, . de l’Outarde. 41 de neïge , elle mange lécorce des arbres { r ); en tout temps elle avale de petites pierres, même des pièces de métal comme lautruche , & quelque- fois en plus grande quantité. M de l'Académie ayant ouvert le ventre de lune des fix outardes qu'ils avoient obfervées , le trouvèrent rempli en partie de pierres dont quelques-unes étorent de la groffeur d’une noix, & en partie de doubles, au nombre de quatre-vingt- dix, tous ufés & polis dans les endroits expofés aux frotte- mens , mails fans aucune apparence d'érofon [f ).. 1 4 Willughby a trouvé dans leftomac de ces oifeaux , au temips de la morflon, trois ou quatre grains d'orge, avec une grande quantité de graine de crgué +), ce qui indique un appétit de préférence pour cette graine, & par conféquent le meilleur appât pour lattirer dans les pièges. (r) Gefner, de Avibus, pag. 488. (S) Animaux de Perrault, partie IT, page 107, {t) Qruithologia, pag. 129. | 42 Hifloire Naturelle Le fore eft trés-grand ; Îa véficule du fiel , le pancréas LE ‘notre del canaux Soeur. , leur infertion, af que celle des conduits hépatiques & cyftiques , font fujets à quelques vartations dans Îles UOn fujets ( u ). Les tefticules ont la forme dillé petite amande blanche, d’une fubftance aflez ferme; le canal déférent va s’in- férer à la partie inférieure de la poche du reclum, comme je lar dit plus haut, & Ton trouve au bord fupérieur de fanus une petite appendice qui tient lieu de verge. \ M. Perrault ajoute à ces obferva- tions anatomiques la remarque fuivante; . c'eft qu'entre tant de fujets qu'avorent d'fléqués M. de TlAc:sdémie , 1 ne s'étoit pas rencontré une feule femelle; mais nous avons dit, à l’article de lau- truche, ce que nous É de cette ren naäafqUue. Dans la fafon des amours, le mâle va piaffant autour dé la femelle & fait (x) Animaux de Perrault, pag. 105, de l’Outarde, 43 une efpèce de roue avec fa queue (xs Les œufs ne font que de la groffeur de ceux d’une oùïe ; ils font d'un brun olivâtre pâle, marqués de petites taches plus foncées , en quoi leur couleur à une analogie évidente avec celle du plumage. Cet oïfeau ne conftruit point de nid, mais 1l creufe feulement un trou en terre { y), & y dépole fes deux œufsqu'il couve pendant trente jours, comme font tous les gros oïfeaux , felon Ariftote/z }. Lorfque cette mère inquiète fe dche des Chafleurs , & qu'elle craint quon n'en veuille à fes œufs, elle les prend fous fes ailes (on ne dit pas comment) & les tranfporte en lieu sûr fa). Elle setablit ordinairement dans les blés qui approchent de la maturité , pour y fare fa ponte, furvant en cela l'inftinét commun à tous Îles animaux, de mettre (x) Klein, Hift. Avium, pag. 18. — Merule apud Gefn. de Avibus, pag. 487. (y) Britifch Zoology , pag. 88. (x) Hifé. anim. Gb. VI, cap. vi. (a) Kleim, Hifi. Avium, pag. 18. 44 Hifloire Naturelle leurs petits à portée de trouver ef naïflant une nourriture convenable, M. Klein prétend qu'elle préfère les avornes comme plus bafles, en forte qu'étant polée fur fes œufs, fa tète domine fur a campagne ; &: qu'elle puifle avoir l'œil fur ce qui fe pañle autour d'elle ; maïs ce fait avancé par M. Klein /b), ne s'accorde nt avec le fentiment général des Naturaliftes , mi avec le naturel de loutarde qui, fau- _ vage & défiante comme elle left, doit chercher fa füreté plutot en fe cachant dans les grands blés, qu’en fe tenant à portée de voir les Chafleurs de loin, au rifque d'en être elle-même apperçue. Elle quitte quelquefois fes œufs pour aller chercher fa nourriture ; maïs fi pendant ces courtes abfences quelqu'un les touche ou les frappe feulement de fon haleine , on prétend qu'elle sen aperçoit à fon retour & quelle les aban- donne f c ). : bd L'outarde , quoique fort grofle , eft (5) Klem, fl Avium, pag. 18. {c) He@tor Boerh, apud Gen. pag. 488. de l’Ouéarde. 4 $ un animal très-craintif, & qui paroit n'avoir ni le fentiment de fa propre force , nt l'inftinét de l'employer : elles s'aflemblent quelquefois par troupes de cinquante ou forxante, & ne font pas plus rafiurées par leur nombre que par leur force & leur grandeur ; a moindre apparence de danger , ou plutot 1a moindre nouveauté les effraie, & elles ne pourvoient guère à leur conferva- tion que par la fuite; elles craignent fur-tout les chiens , & cela doit être. puifquon fe fert communément des Chiens pour eur donner fa chafle ; mais elles doivent craindre aufh le re- nard, la fouine, & tout autre animal, fi petit qu'il foit, qui lera aflez hardi pour les attaquer; à plus forte raïfon Îles ani- maux féroces & même Îles otfeaux de proie contre lefquels elles oferotent bien moins fe défendre : leur pulllanimité eft telle que pour peu qu'on les biefle, : elles meurent plutot de la peur que de leurs bleflures (4). M. Klein prétend néanmoins qu'elles fe mettent quelque- fois en colère , & aualors on voit (4) Gefner, de Arbus, pag. 468, 46 Hifloire Naturelle senfler une peau lche qu'elles ot fous le cou. Si lon en croit les An+ ciens, l'outarde n'a pas moins d'amitié pour le cheval qu’elle à d'antipathie pour le chien ; dès qu'elle aperçoit celur-R, elle , qui craint tout, vole à fa rencontre & fe met prefque fous fes pieds (e ). En fuppofant bien conf- tatée cette fmgulière fympathie entre des animaux fi difiérens, on pourroit, ce me femble, en rendre raïfon en difant que l’outarde trouve dans la fiente du cheval des orains qui ne font qu'à demi-digérés , & lur font une reflource dans la difette [ f ). Lorfqu’elle eft chaflée elle court fort vite, en battant des ailes, & va quel- quefois plufeurs milles de fuite & fans s'arrêter ( g); maïs comme elle ne prend fon vol que difficilement & lorfqu'elle eft aïdée, ou fi lon veut portée par fe) Oppien, de Aucupio, Gb. 111. | (f) Oxidibus amicitia cum equis quibus appropin- quare € fimum dejicere gaudent. Plutarq. de Soc. Animal {g) Briifch Zoolo:y, pag. 88. de l’Outarde. 47 un vent favorable, & que d’ailleurs elle ne fe perche ni ne peut fe percher fur les arbres, foit à caufe de fa pefan- teur, foit faute de doiïgt poftérieur dont elle purfle faïfir la branche & sy fou- tenir, on peut croire fur le témori- gnage des Anciens & des Modernes/h) , que les lévriers & les chiens courans la peuvent forcer : on la chafle aufñ avec l’oifeau de proie /'i), ou enfin on lut tend des filets , & on l'attire où l’on veut en faifant paroître un cheval à propos, ou feulement en s'afflublant de la peau d'un de ces animaux (4). Il neft point de piège, fi groflier qu'il foit, qui ne doive réuflir, sil eft vrai comme Île dit Elien , que dans Île royaume de Pont, les renards viennent à bout de les attirer à eux en fe cou- chant contre terre & relevant leur queue à laquelle 1ls donnent , autant quils peuvent, l'apparence & Îles mouvemens du cou d'un oïfeau ; les outardes qui (h) Xénophon, Élen, Albin, Frifch, &c, {1) Aldrov. Oruitholog. tome IT, page 92. {£) Athénée. 43 Hifloire Naturelle. prennent , dit-on, cet objet pour un oïfeau de leur efpèce , s’approchent fans défiance, & deviennent la proie de l'a- nimal rule ({{) ; mais cela fuppole bien de la fubtilité dans Îe renard, bien de a ftupidité dans l’outarde, & peut-être encore plus de crédulité dans l'Ecrivam. J'ar dit que ces otfeaux alloïent quel- fois par troupes de cinquante ou forxante ; cela arrive fur-tout en aus tomne dans les plaines de ia Grande- Bretagne; ïüls fe répandent alors dans les terres femées de furnipes , & y font de très-grands dégâts / m). En France, on les voit pailer régulièrement au printemps & en automne, mais pat plus petites troupes, & elles ne {e polent guère que fur fes fieux les plus élevés. On a obfervé leur paflage en Bourgogne , en Champagne & en Lorraine. (1) Ækan , Nat. Animal lib: VI, cap. XXIV. (m) Britfch Zoology , pag. 88. — Nec wllam pellem odere magis olitores, nam rapis ventrem fulcir , nec mediocri prædà contentus effè folet. Longolius apud Aldrov. Ornitholog. tom. II, pag. 93. | | L'outarde de l'Outarde. | 49 L'outarde fe trouve dans la Lybie, &ux environs d'Alexandrie, felon Piu- tarque (2) $ dans la Syrie {[o); dans la Grèce (p) ; en Éfpagne (4); en France, dans les plaines du Poitou & de la Champagne pouilleufe { r ); dans Îes contrées ouvertes de left & du fud de la Grande - Bretagne , depuis la pro- vince de Dorfet jufqu'à celle de Mercie & de la Lothrane en Ecofle / f); dans les Pays-bas, en Allemagne {r); en Ukraine & en Pologne où , felon Rzaczynski ,elle pafle quelquefois Fhiver (n) Si toutefois on n’a pas confondu l'oris avec lotus , comme on a fait fl fouvent. _(e) Gefner, de Avibus, pag. 484. (p) Paufanias in Phocicis. : (g) Plin. Gb. X, cap. xx1r. — Hifpania otides producit. Strabon. | (x) Ornithologie de Salerne, page 153. ([) Britifch Zoology, pag. 88. — Aldrov. Oraitholog. tom. II, pag. 92. (4) Nota. Frifch l'appelle Ia plus croffe de toutes les poules fauvages naturelles à 1’Allemagne ; cela ne prouve pas que l’outarde foit une poule, mais bien qu’elle fe trouve en Allemagne. Oùifeaux , Tome III, (@ so Hifioire Naturelle au müiéu des neiges. Les Auteurs de « la Zoologie Britannique aflurent que cesorieaux né s'éloignent guère du ‘pays qui les a vu naître , & que leurs ‘plus grandes excurfi ons ne vont pas ‘au-delà de vingt à trente milles fx); ais Aldrovande prétend que fur la. fin de l'automne 1ls arrivent par troupes ‘en Hollande , & fe tiennent par pré- férénce dans les campagnes ‘élorgnées ‘des villes ‘& dés lieux. habités fx). M. Linrizus ‘dit qu'ils paflent en Hol- ‘lande ‘& en Angleterre. Arifote parle auffi de leur migration (X2 mais c'eft un point qui demande à être éclairci par des obfervations plus exactes. ÂAldrovande reproche à Gefner d'étre tombé dans quelque contradiétion à cet égard , fur ce quil dit que Toutarde s'en va avec les carlles (x) 5 ayant dit. x) Britch “Zoology, peg. 88. (x) Ornichologia pag. 92, (y) Hifi. Amal. Wb. VI. A ):Gefnèr , ‘de ‘Avibus, päg. 484. Otidèm de qu féribo avôlare puto cum coturnicibus , fèd Mn gravitate impeditum , perfèperare non ie, in locis proximis remanere, de POutarde. St plus haut qu'elle ne quitteit point la Suifle où elle eft rare , & quon y en -prénoit quelquefois Fhiver (a) ;.mars cela peut fe concilier , ce me fembie,, en admettant la migration des outardes & la reflerrant dans des limites, comme les Auteurs de la Zoologie Britanniques d'ailleurs celles qui fe trouvent en Suifle font des outardes égarées , dé- payfées, en petit nombre, & dont Îes mœurs ne peuvent repréfenter celles de lefpèce : ne pourroit - on pas dire auf que lon n'a point de preuves que celles qu'on prend quelquefois à Zu- rich, pendant hiver , fotent Les mêmes F ! 31,1 1:40 qui y ont paflé l'été précédent! e qui paroîit de plus certain, c’eft ” que lout:rde ne fe trouve que rare- ment dans les contrées montagneufes ou bien peuplées, comme la Suille, le Lyrol ,, lltahe., «pluñeurs . provinces d'Efpagne., de ‘France , d'Angleterre & d'Allemagne ; & que lorfqu’elle s'y (a) Otis magna , fi ea ef quam vulgo Trappum vocant, non. avolat nifi fallor ex noftris regionibus (© ft Helvetie rara ef), & hieme etiam interdum capitur inter nos, Gefner , de. dvibus, p. 484. C 1 $2 Hifloire Naturelle rencontre , C'eft prefque toujours eri hiver /b) ; mars quoiqu elle purfle fub- fifter ‘ dans les pays froïds , & qu’elle foit, felon qu:iques Auteurs, un oifeau de paflage il ne paroit pas néanmoïns qu'elle ait jamais paflé en Amérique par le Nord; car bien que les rela- tions des dense foient remplies d'outardes trouvées dans ce nouveau ‘continent , 11 eft arfé de reconnoître (Bb) Memini ter quaterque apud n0$ captum, & ën Rhetia circa Curiam, decembri & januario men £ - bus, nec apud nos , nec illic à guoguam aglitume Gefner, de Avibus, pag. 486. __« L'outarde fe voit rarement dans l’Orléanois, >» & feulement en hiver dans les temps de neige. s» Salerne, Ornithologie, page 153. Un particu- 5» lier, incapable d’en impoler , ajoute le même > NI. Salerne m'a raconté qu'un jour que la cam- 35 pagne étoit couveite de neige & de frimats, » un de fes domeftiques trouva Île matin une »» trentaine d’outardes à moitié gelées, qu'ilame- » na à Ja maïfon, les prenant pour des dindons » qu’on avoit laiflé coucher dehors, & qu’on ne » reconnut pour ce qu’elles étoient, que lorfqu'elles furent dégelées. » 1bidem. Nota. Je me fouviens moi-même d’en avoir vu deux, à deux différentes fois, dans une partie de la Bourgogne fertile en blé, & cependant montagneufe : ; mais Ç’a toujours été en 1 hiver & par un temps de neige. _ de POutarde, : $3 que ces prétendues outardes font des _orfeaux aquatiques , comme je lat déjà remarqué plus haut, & abfolument dif- férens de la véritable oùtarde dont ül _eft ici queftion. M. Barrère parle bien d’une outarde cendrée d Amérique , dans fon Effai d'Ornithologie N (page. Mn qui dit avoir obférvée ; maïs, 1.” il ne paroit pas l'avoir vue en Amérique , purfqu'il n'en fait aucune mention HO fa France :Équraoxuale; :2.° TE eft. le feul, avec M. Klein, ;qui te d'une outarde américaine : or.celle de M. Klein, n'a point les caraétères propres à ce genre , purlqu'elle a quatre doigts à chaque dut (c), & Île bas de la jambe garnt de plumes jufqu'à fon :articula- tion avec le tar Le; qu'elle.eft: fans queue, & qu'elle n'a. guère d'autre rapport avec loutarde , que d’être un otfeau pefant qui ne fe perche nt ne vole prefque point (d). A Depard de M. Birérei fon autorité n'eft pas d'un aflez grand * () Klen, Ordo Aÿium, pag. 18. (4) Marcgrav. Hifl. nat. Brafil, pag. 213, te $4 Hifioire Naturelle poids en Hiftoire Naturelle, pour que fon témoignage doive prévaloir contre celui de tous les autres; 3.° enfin, fon outarde cendrée’ d'Amérique a bien l'air d'être la femelle de l'outarde d'Afrique, . laquelle eft en’ effet toute couleur de cendre , felon M. Linnæus /e). On me demandera peut-être pour- quoi un oïleau qui, quoique pefant , a cependant des atles, & qui sen (er quelquefois , n'eft point paflé en Amé- rique par Île nord, comme ont fait plu- fieurs quadrupèdes : je répondrar que l'outarde n'y eft point p:flée, parce que ‘quoiqu elle vol en ‘éffét cernes guère que lorfqu'elle eft pourfuivie ; parce qu’elle ne vole ; jamais bien Pr & que d'ailleurs elle évite fur-tout les eaux , felon la remarque de Bélon, d'où il fuit qu'elle n’a pas dû fe ba- farder à franchir de grandes étendues de mer 116) ds de grandes étendues , car quoique celles qui féparent les deux continens du côté du- nord, foient-bien moindres que celles qui les féparent (e) tif. nat ed. X, pos. 155. alOurardent: +10 entre les tropiques , elles font néan- moins confidérables, par rapport à lef- pace que l'outarde peut parcourir d'un feul vol. On peut donc regarder Tloutarde comme un oïfeau propre & naturel à l'ancien continent, & qui dans ce con- tinent ne paroiît point attaché à un cir- mat particulier, puifqu'il peut vivre en Lybie , fur les côtes de la mer Balti- que, & dans tous les pays intermédiaires. C'eft un très-bon gibier ; la chair des jeunes , un peu gardée , eft fur- tout excellente; & fi quelques Ecrivains ont dit le contraire, c’eft pour avoir confondu lors avec lotus |, comme je lat remarqué plus haut. Je ne fais pourquoi Hippocrate Tinterdiloit aux perlonnes qui tomboïent du mal ca- duc { f). Pline reconnoît dans la graïfle d'outarde la vertu de foulager les maux de mamelles qui furviennent aux noue : velles accouchées. On fe fert des pennes de cet otfeau , comme on fait de celles d'ote & de cygne pour écrire , & les (f) Vid. Aïldroyand, Ornithologia , pag. 03. 1V 56 Hifloire Naturelle. pêcheurs les recherchent pour les atta- cher à leurs hamecons, parce qu'ils crorent que les petites taches noires dont elles font émaïllées , paroïflent autant de petites inouches aux poiffons . qu'elles attirent par cette faufle appa- rence (@). dis {g) Gefner, de Avibus, pag. 488. SAN \N\\ SE S IS / !) Wu) 11) 174 ( fi LA PETITE OUTARDE, FULGAIREMENT. «LA CANEPETIÈRE (a) RES OISEAU ne re de l'outarde que parce qu'il eft beaucouy plus petits 7". .Voyezides nr entuminées, n° 26, Le mâle: _ 6 n.? 10. /a femelle. (a) Petite Outarde ou Canepeticre. En Italien, Fafanella. — Canepetière. Bélon , Hifi. nat. des Oifeaux, page 237. . . . . Canepetière, nommée par aucuns, Olive. Idem, Portraits d’ Offeaux, page 56 ; b. — Petite Ourtarde. Edwards , Glanures , planche , CCLI , avec une bonne figure cotoriée de la femelle. — La petite Outarde. “Brion , Orni= thologie, tome V, page 24, avec une figure du mâle & une de Ia femelle, planche 11. se Quant à étymologie, (dit M. Salerne, Hif. natur. des Oifeaux, page 155 ),0on le nomme «6 (cet oifeau) caneperière Où canepetrace, 1.9 parce « qu’il refemble en quelque chofe à.un canard «s fauvage , & qu” voie comme ui ; 2. parce « qu'il 4e” plaît parmi les pierres : ïl y en à qui ‘6 penfent que ce nom Îui vient de ce qu’il paîtrit «4 fon à aire ou fon repaire, d’autres difent que 4 C y $$$ Hifloire Naturelle & par quelques variétés dans le plu- mage : 1 a aufli cela de commun avec Toutarde , qu'on Îur a donné Le nom de cane & de canard fb), quoiqu l nait pas plus d'afhnité qu ‘dis avec les oifeaux aquatiques, & a ‘on ne le voie » c'eft parce qu'il pète; mais je préfère Îa pre- » mière étymolooïe . d'autant plus que les Or- >> Iéanois appellent e petit moineau de muraille. dit Friquet, un jPRéE OWipetrat. 99 Nota. Cette étymologie de canepétière > parce que cet oïfeau pète, dit-on ,ne paroît uniquement fondée que fur lPanalogie du mot ; car aucun Na- turalifle n’a rien dit de pareil dans Phiftoire de cet oifeau; notamment Bélon, qui a été copié par prefque tous les’autres. D'ailleurs je remarque que ie proyer, dont le même M. Salerne parle aux pages 291 € 292, eft appelé peteux, quoiqu ’i ne foit point dit dans fon hiftoire qu’il pète, mais bien qu’il fe plaît dans: les prés, les fainfoins & les luzernes. Or la came: petière ef auffi appelée anas pratenfis. (Bb) Bélon, dans fôn Hifloire naturelle des Or feaux, page 237, l'appelle St Gefner , de Avibus , page 795. l'appelle de même. Jonfton, anas campeflris , de Avibus, Pag. 45: Charleton , idem, in ÆExercit. pag. 83, n.° 1X. Aldrovande, idem, in Ornithol, tom: II page, 06. “Wilughby idem , in Oruirhologia , pag. 120. Ray, idem, in fynopf. meth. Avium, pag. 59, n.° 11. Albin, idem, daps fon Æifloire naturelle des co AE , tome Uk, _page- 17. Canard des prés de la petite Outarde. $9 jamais autour des eaux fc). Bélon pré- tend qu'on la anfi nommé, parce qu'il fe tapit contre terre comme font les canesrdans leau (4) 8, M. Salerne, parce qu'il reflemble en quelque chofe à, un, canard, fauvage , & qui vole comme lui fe) : maïs l'incertitude & le peu d'accord de ces conjeétures éty- mologiques , font voir qu'un rapport aufh vague, & fur-tout un rapport unique, neft point une raïon fufh- fante pour appliquer à un otïfeau le nom d'un autre oïfeau ; car fi un lec- teur qui trouve ce nom, ne faïfit point le rapport qu'on à voulu indiquer, ïl prendra néceflarrement une faufle idée : of , il y a beaucoup à parier que ce rapport , étant unique , ne {era farfi que très-rarement. La dénomimation de petite outarde, que jai préférée, neft point fujette à cet inconvénient , cat l'oïfeau dont 1 s'agit ayant tous les principaux carac- {c) Salerne, Hifl. nat. des Oifeaux , page 158. {d) Bélon, Hifi. nat. des Oifeaux , page 237. {e) Salerne, loco citato. ou € vi 6o Hifloire Naturelle tères de l'outarde, à l'exception de la grandeur , le nom compofé de petite outarde lui convient dans prefque toute la plénitude de fa fignification, & ne peut guère produire d'erreurs. Bélon a foupçonné que cet oïfeau étoit le retrax d'Athénée , fe fondant fur un paflage de cet Auteur où il le compare pour la grandeur au /permo- logus (f ), que Bélon prend pour un freux ; elpèce de grofle corneïlle ; mars Aldrovande aflure au contraire que le fpermologus eft une efpèce de moineau, & que par conféquent Île serrax auquel ÂAthénée le compare pour la grandeur, ne fauroit être la petite outarde {g) 5 auffi Willugby prétend -il que cet oïfeau n’a point été nommé par Îles Anciens (A. Le même Aldrovande nous dit que Le" (f) Tetrax, inquit Alexander Myndius, avis eff magnitudine fpermologt , colore figlino , fordidis quibuf- dam maculis lineifque magnis variegato : frugtbus vef- citur, € quando peperit, quadruplicem emittit vocem. Athénée, 15. 1x. (g) Ornithologia, lib. XIE, pag. 61. {h) Idem, pag. 130. Weteribus indida videtur: CR LS ee. Cu de la petite Outarde. 6% les pêcheurs de Rome ont donné , fans qu'on fache pourquoi , Îe nom de Jiella , à un otfeau qu'il avoit pris d'a- bord pour la petite outarde , mais qu'en- fuite 11 a jugé différent, en y regardant de plus près /£) : cependant, malgré un aveu aufli formel, Ray , & d'après lui M. Salerne , difent que Îa canepetière & le /lella avis d Aldrovande , pa- roïffent être de la même efpèce (4) , & M. Briflon place fans difficulté le ffella d'Aldrovande , parmi les fynonymes de Îa petite outarde ; 1 femble même impüter à Charleton & à Wiliughby , d'avoir penfé de même / /), quoique ces deux Auteurs aient été fort atten- tifs à ne point confondre ces deux fortes d’oifeaux, que, felon toute appa- rence , ils n'avoient point vus (71). (2) Ornithol. Aldrov. rom. IT, pag. O8. Arbitra- | bar cum Bellonian& canepetière eamdem effe , fed ex collatä utriufque defcriptione, diverfam effe judicavi, (x) Voy. Ray, Synopfis meth. Avium, page 59; & Salerne, Hifl. nat. des Oifeaux, page 154, (1) Ornithologia , page 25. | {m) Nota Charleton en fait deux efpèces différentes, dont lune, qui eft la neuvième de 62 Hifloire Naturelle D'un autre coté, M. Barrère brouïl- ant la petite outarde avec le ralle, lu a impofé le nom d'ortygometra melina , & hu donne un quatrième doigt à chaque pied fn); tant il eft vrai que la multiplicité des méthodes, ne fait que donner lieu à de nouvelles erreurs, fans rien ajouter aux connotflances réelles. . Cet oïfeau eft une véritable outarde comme jar dit , mais conftruite {ur une plus petite échelle, d'où M. Klein a pris occañon de lappeler outarde naine (0) ; fa longueur, prife du bout fes Phytivores , eft la canepetière ; & l’autre, qui eft la dixième efpèce du même genre, eft lavis flella : fur celle-ci il renvoie à Jonfion, & 1l ne parle de l’autre que d’après Bélon. A. l’égard de Willulohby, if re donne nulle part le nom de flella à Ta canepetière ( voyez fon Ornirkologie , page 129); ni le nom de canepetière à l'avis flella ( voyez la figure qui eft au bas de la planche XXXII , & qui paroît copiée d’après celle de layis flella d’Aldrovande ; voyez auflf ia table, au moë Stella. ) | (n) Specimen Ornitholog. CHaff. HT, Gen. xXXV, page 62. | {o) Tarda nana , an otis uti pidetur feu tarde de la petite Outarde. 63 du bec au bout des ongles, eft de dix-huit pouces , c'eft-à- dire , plus d'une fois moindre que la même dimen- fon prile dans la grande outarde : cette feule mefure donne toutes les autres , & il n’en faut pas conclure avec M. Ray, que la petite outarde foit à la grande comme un eft à deux /p}, mais comme un eft à huit, puifque Îes volumes des corps femblables font entreux comme les cubes de celles de leurs dimenfons fumples qui fe correfpondent ; fa grof- feur eft à peu-près celle d'un faifan /q), elle a, comme Îa grande outarde , trois doigts. feulement à chaque pied, le bas de Ia jambe fans plumes, le bec des gallinacés, & un duvet couleur de aguatica. Ordo Avium , pag. 18 n° 11. Note. Voilà encore fa petite outarde transformée expref- fément en oïifeau aquatique. (p) Tardæe perfimilis ef}, fed duplo minor. Ray, Synopfis meth. Avium, pag. 59. | (ga) Qui voudra avoir la perfpettive d’une canépetière , s’imagine voir une caille beaucoup. madrée , f rachetée } aufif grande comme une moyenne falfane, Bélon, Hifé nar. des Oifeaux» pag. 238, 64 Hifioire Naturelle rofe fous toutes les plumes du corps; mais elle a deux pennes de moins à 1a queue, une penne de plus à chaque aïle , dont les dernières pennes vont ; l'aile étant pliée, prefque aufli loin que es premieres, par lefquelles on entend les plus éloignées du corps : outre cela, le mâle n'a point ces barbes de plumes qua le mâle de Ia grande efpèce , & M. Klein ajoute que fon plumage eft moins beau que celui de la femelle (r), contre ce qui fe’ voit le plus fouvent dans Îes oïleaux : maïs à ces différences près , qui {ent aflez légères, on retrouve dans fa petite efpèce , tous Îes attributs extérieurs de la grande , &) même prefque toutes: les qualités intérieures: ; le même naturel, les mêmes mœurs ; les mêmes habitudes ; 1 femble que [a petite foit éclofe d'un œuf de la grande, dont le germe auroit eu une moindre force de dévelcppement. | Le mâle fe diftingue de la femelle par un double colher blanc, & par quelques autres variètés dans Îles cou- leurs ; mais celles de la partie fupé- fr) Klein, Ordo Ayium, pag. 81. de la petite Outarde. 6 $ eure du corps, font prefque les mêmes dans les deux fexes , & font beaucoup moins fujettes à varier dans les différens individus, ainfi que Bélon avoit remarqué. . Selon M. Salerne, ces otfeaux ont un cri particulier d'amour, qui com- mence au mois de mai : ce cri eft érour ou prout, ils le répètent fur-tout 1a nuit, & on l'entend de fort loin ; alots les mâles fe battent entreux avec achar- nement, & tâchent de fe rendre maîtres chacun d'un certain diftrit ; un feul fufht à plufieurs femelles, & la place du rendez-vous d'amour, eft battue comme l'aire d’une grange. La femelle pond au moïs de juin; trois, quatre & jufqu'à cinq œufs fort beaux , d'un vert luifant; lorfque fes petits font éclos, elle Îles mène comme la poule mène les fiens. Ils ne com- mencent à voler que vers le milieu du mois d'août ; & quand 1ls entendent du bruit, ils fe tapiflent contre terre & fe laifleroient plutot écraler que de re- muer. de la place ff). (f) Salerne, Hif. nat, des Oifeaux, page 155. C6 Hifloire Naturelle On prend les mâles au piége ; en les attirant avec une femelle empaïllée, dont on imite le cri; on les chafle aufli avec lorfeau de proie; mais en géné- ral, ces oïfeaux font fort difhciles à approcher , étant toujours aux aguets fur quelque bauteur dans les avoines, mais jamais, dit-on, dans les feigles &c les blés : lorfque fur la fn de la ‘belle faïfon , ïls fe difpofent à quitter le pays pour pafler dans un autre, on les voit {e raflembler par troupes; & pour lors. il n'y a plus de différence entre Îles jeunes & les vieux (4). | Is fe nourriflent, fuivant Bélon /4),. Nota. L’Auteur n’indique point les fources où il a puifé tous ces faits; ils reflemblent beaucoup à ce qu’on dit du coq de Bruyère, qui s’appelle tetrix ; (Voyez Hifi. nat. des Oifèaux , page 126), & comme on a donné le nom de #errax à fa petite outarde, on pourroit craindre qu’il n’y eût ici quelque méprife fondée fur une équivoque de nom, d'autant plus que M. Salerne eft le feul Naturalifte qui entre dans d’aufli grands détails fur la génération de Ia petite outarde, fans citer fes garans. {t) Voyez Salerne , Hifl. natur. des Oifeaux, page IE6. : | (u) Bélen, Hifl. nat. des Qifeaux , page 237. de la petite Outarde. 67 comme ceux de la grande efpece , c'eft-à-dire ,; d'herbes & de graines ; & outre cela de fourmis, de fcarabés & de petites mouches ; mais , felon M: Salerne , les infeétes font leur nourri- ture principale : ; eulement. tls mangent quelquefois au printemps les feuilles les plus tendres du laitron /x.). La petite\outarde eft moins répandue que la grande, & paroït confinée dans une zone beaucoup plus étroite. M. Lrn- nœus dit qu'elle fe trouve en Europe, & particulièrement en France {y ); cela .eft un peu vague, car ïl y a des pays très-confidérables en Europe & même de grandes provinces en France où elle eft inconnue : on peut mettre les climats de la Suède & de fa Po- fogne , au nombre de ceux où elle ne fe plait pont; car M Linnæus , fur- même n'en fait aucune mention dans fa Fauna Suecica, nt le P. Rzaczynski dans fon Hiffoire Naturelle de Pologne; & M. Klein n'en a vu qu'une feule à Dant; (:) Salerne, Hip, r nat, des D: ; page 155, (y) Linnæus, Syf nat, edit. X, pag. 154: | 63 Hifioire Naturelle zick, laquelle venoit de la ménagerie du Marcgrave de Bareith /z.. II faut qu'elle ne foit pas non plus bien commune en Allemagne , puifque Frifch, qui s'attache à décrire & repré- * . fenter.-les oïfeaux de cette région , & qui parle aflez au long de là grande outarde , ne dit pas un mot de celle-ct, & que Schwenckfeld ne la nomme feu- lement pas. Gefner fe contente de donner fon nom dañs la Îifte des otfeaux qu'il n'avoit jamais vus, & il eft bien prouvé qu'en effet 1 n'avoit jamais vu celui-cr, puif- qu'ii lur fuppole des pieds velus comme à l'Attagas /a), ce qui donne lieu de croire qu eft au moins fort rare en Suifle. | EU Les Auteurs de la Zoologie Britan- nique, qui {e font voués à ne décrire aucun animal qui ne füt Breton ou du moins d'origine Bretonne, aurotent cru menquer à leur vœu, s'ils euflent (x) K'emm, Ordo Avium, pag. T8. | (a) Gefner , de Adyium naturé, pag. 715 & 195: ë | | de la petite Outarde. 6 9 décrit une petite outarde, qui avoit été cependant tuée dans la province de Cornouaïiles , maïs qu'ils ont regardée comme un oïifeau égaré, & tout-à-fait étranger à fa Grande - Bretagne ( Die elle left en effet à un tel point, qu’ un individu de cette efpèce ayant été pré- fenté à la Société royale , aucun des Meimbres qui étotent préfens ce jour-là, ne le reconnut, & qu'on fut obligé de députer ÿ M: Edwards pour {avoir ce que c’étoit (c?. D'un autre côté, Bélon nous affure que, de fon temps , les Ambaffadeurs ‘de Venile, de Ferrare & du Pape, à qui 1l en montra une, ne la reconnurent pas mieux , ni perfonne de leur fuite , & nie quelques- uns la prirent pour une farfande ; d’où fl conclut avec raïfon, qu'elle doit être fort rare en taire (4); & cela ef vraïifemblable quoique M. Ray , pailant par Modène ET ait (ë) Britifch Zoology, page 288. (c) Edwards, Glanures, planche CEET- (4) Bélon, Hifé nat. des Oifèaux, page 237 70 Hifloire Naturelle vu une au marché fe) : voilà donc la Pologne , la Suède , la Grande-Bre- tagne , l'Allemagne , la Suifle & TTralre,, à excepter du nombre des pays de l’Europe où fe trouve la petite outarde ; & ce qui pourroit faire croire que ces exceptions font encore trop limitées, & que Ia France eft le feul climat propre , le feul pays naturel de cet oïlfeau , c'eft que les Naturaliftes Fran- çois, font ceux qui paroïllent le con- noître mieux , & prelque les feuls qui en parlent d’après leurs propres oblfer- vations , & que tous les autres, excepté M. Klein , qui n'en avoit vu quun, n'en parlent que d’après Bélon. Mais 1 ne faut pas même croire que la petite outarde foit également commune dans tous Îes cantons de la France; je connois de très - grandes provinces de ce royaume où elle ne fe voit point. M. Salerne dit qu'on la trouve aflez communément dans a Beauce (ou cependant elle n'eft que pafgère), qu'on la voit arriver vers le :milieu » fc) Ray, Synoplis method. Avium ; PAL: 59. de la petite Outarde. 7x d'avril, & s'en aïler aux approches de lhiver: fl ajoute qu'elle fe plait dans les terres maigres & pierreufes, raifon ‘pourquot on {appelle canepetrace, & fes petits perraceaux. On la voit aufli dans le Berri, où elle eft connue fous le nom de canepetrotte (f) : enfin elle doit être connue dans le Maine & Îa Normandie, puifque Bélon jugeant de toutes Îes autres provinces de | rance par celle-ci qu'il connoïfloit le mieux, avance qu'i/r"y a payfan dans ce royaume qui ne la fache nommer ( g ). La petite outarde eft naturellement rufée & foupconneufe , au point que cela a pañlé en proverbe, & que Fon dit des. perfonnes qui montrent ce ca- ractère, qu'ils font de la canepetière (h). Lorfque ces oïfeaux foupçonnent queique danger , ils partent & font un vol de deux ou troïs cens pas très- roide & fort près de terre: puis, lorf- quiis font pofés , ils courent fi vite EE dé tem me. A ere me mm, (f) Salerne, Hifl. nat. des Oiféaux, page 155 (g) Bélon, Hifl. nat. des Oifèaux, page 237. (2) Idem , 1bidem. 72 Hifloire Naturelle qu'à peine un homme les pourroit atteindre /i). La chair de la petite outarde ef foire & d’un goût exquis; M. Klein aous aflure que les œufs de la femelle qu'il a eus, étoit très -bons à man- ger, & 1l ajoute qne la chair de cette femelle étoit meïileure que celle de 1a femelle du petit coq de bruyères [#), & dont 1 pouvoit juger par chape raï{on. Quant à Tlorganifation intérieure ; elle eft à peu-près la même, fuivent Bélon , que dans le commun des gra- nivores ( / ). ( pe ei td IE Re TEE (1) Bélon, Hiff. nat. des Oifeaux , page 237. (#) Klein, Ordo Avium, page 18. (l) Bélon, Hifl. naï. des Oifeaux , page 238. LUS OISEAUX + OISEAUX ÉTRANGERS Qui ont rapport aux OUTARDES. L LE LOHONG ou L'OUTARDE -« huppée d'Arabie. L'Orsrau que les Arabes appellent Lohong , & que M. Edwards à defliné & décrit le premier, eft à peu-près de la groffleur de notre grande outarde ; la, comme elle, trois doigts à chaque pied, dirigés de même, feulement un peu plus court; Îles pieds, le bec & le cou plus longs, & paroit en général modelé fur des proportions plus lé- gères. Le plumage de la partie fupérieure du corps eft plus brun, & femblable à celui de la bécafle, c'eft-à-dire fauve, rayé de brun-foncé , avec des taches blanches en forme de croïflant {ur les Oifeaux , Tome III. | | 3 4 Hifloire Naturelle ailes ; le deflous du corps eft blancs ainfi que le contour de la partie fupé- rieure de l'aile ; le fommet de la tête ; la gorge & le devant du cou, ont des rates tran{verfales d’un brun-cbfcur fur * - un fond cendré ; le bas:dé 14 jambes le bec & les pteds font d’un brun-clair # & jaunâtre ; la queue eft tombante# comme celle de la perdrix, & traverfée par une bande noire ; les grandes pennes “ de aile & la huppe font de cette même couleur. ". _ Cette huppe eft un trait fort remar- dschl 7 quable dans l'outarde d'Arabie; elle eftm pointue, dirigée en arrière, & fort in- 4 clinée à lhorizon ; de fa bale elle jette“ en avant deux lignes noïres , dont l'une plus longue, pafle fur l'œil & lui forme une efpèce de fourcil; l’autre beaucoup # plus courte, {e dirige comme pour embrafler l'œil par-defious, mais n’ar-# rive point jufqu'à l'œil, lequel eft noir & placé au milieu d'un efpace blanc. | En regardant cette huppe de prof, & d’un peu loin, on croiroit voir desk oreïlles un peu couchées , & qui fe portent en arrière; & comme l'outarden des Oifeaux etrangers, Gc. 75 d'Arabie a été. fans doute plus connue des Grecs que la nôtre, 1 eft vrar- femblable qu'ils l'ont nommée owis , à caufe de ces efpèces d'oreilles, de même qu'ils ont nommé Île duc orus ou otos , à caufe des deux. aigrettes femblables qui le diftinguent des chouettes. Un individu de cette efpèce , qui venoit de Moka, dans l’Arabre heu- reufe, a vécu plulieurs années à Londres, dans les volières de M. Hans Sloane; & M. Edwards qui nous en a donné la figure coloriée, ne nous a confervé aucun détail fur fes mœurs, fes habi- tudes , nt même fur fa facon de fe nourrir {æ): mais du moins il n'auroit (a) M. Edwards F’appellent Arabian Bufard, planche x11. À M. Linnœus, Otis Arabs auribus à re&o criflatis, Syft. nat. edit. X, Gen. zxxxr, Spec. a. M. Kieïn |, Tarda Mochaenfis Arabica. Ordo AVIUM, pag.18 , n° III. | . Nota. Les Arabes lui donnent le nom de lohong , felon M. Edwards ; nom qui ne fe trouve pomt dans le texte angioïs relatif à [a planche xrr, mais dans la traduction françoife, laquelle eft ayouée de l’auteur. | D ji 76 Hifloire Naturelle pas dü la confondre avec les gallinacés dont elle difière par des traits fi frap- pans, ainfi que je l'ai fait voir à l'article de f'outarde. I TL LOUTARDE D'AFRIQUE. C'EsT celle dont M. Linnzæus fait fa quatrième efpèce , elle diffère deu l'outarde d'Arabie par les couleurs du plumage , le noir y domime, mais le dos eft cendré & les oreïiles blanches. Le mâle a le bec & les pieds jaunes, le fommet de la tête cendré, & le bord exté:reur des aïles blancs; maïs la femelle eft par-tout de couleur cendrée , à exception du ventre & des cutfles; « ut font noires comme dans loutarde des Indes [ b }. Cet orfeau fe trouve en Éthiopie, felon M. Linnæus; & 1l y a grande apparence que ce elut dont le voyageur le Marre parle, fous le nom d’autruche (b) Linnæus, Syf nat. edit, X , pag. 158 des Orfeaux étrangers, 6c. 77 volante du Sénégai (c), n'eft pas un oifeau différent: car, quoique ce Voya* geur en dife peu dé chofe, ce peu s'ac- corde en paitie & ne dilconvient en rien avec là defcription ci-deflus : felon lui, fon plumage eft gris & noir, fa charr délicieufe, & fa groffeur à peu- près de celle du cygne ; mais cette con- jecture tire une nouvelle force du té- moïgnage de M. Adanfon : cet habile Naturaifte ayant tué au Sénégal , & par conféquent examiné de près, une de ces autruches volantes, nous aflure quelle reflemble à bien des égards à à notre ou- tarde d'Europe , mais qu’elle en difière par la couleur du plumage, qui eft gé- néralement d’un gris-cendré, par fon cou qui eft beaicoup plus long , & par une efpèce de huppe qu'elle a derrière la tête (d ). Cette huppe eft fans doute ce que M. Linoæus appelle Les oreilles, & cette (c) Voyage de le Maire aux îles Canaries, Cap-verd', Sénégal, &c. Paris, 1695, page 106. (d) Voyage au Sénégal, par M. : Paris, 1757, in-4°. page 160. D ï) 78 Hifloire Naturelle couleur pris - ceridré eft précifément celle de fa femelle ; & comme ce font-là les principaux traits par lefquels lou- tarde d'Afrique de M. Linnzus & l'autruche volante du Sénégal, diffèrent de notre outarde d'Europe , on peut en induire , ce me femble, que ces deux oïfeaux fe reffemblent beaucoup , & par la même raïfon on peut encoré étendre À tous deux, ce qui a été ob- fervé fur chacun en particulier, par exemple , qu'ils ont à peu-près la grof- eur de notre outarde , & le cou plus” long : cette longueur du cou dont parle M. Adanfon, elft un trait de reflem- blance avec loutarde d'Arabie , qui babitte à peu-près le même climat; & Ton ne peut tirer aucune conféquence contraire du filence de M. Linnæus, puifqu'il n'indique pas une feule dimen- fion de fon outarde d'Afrique; à lé- gard de la groffeur, le Marre fait celle 4 de l’autruche volante, égale à celle du cygne fe); & M. Adanfon à celle de Se Een DO ne ee Ne ARR D D D 2 ne . (e) Voyage de le Mare anx iles Canaries, Pape 72° des Oifeaux etrangers ; 6c. 79 loutarde d'Europe, puilque ayant dit | qu'elle lui reffembloit à bien des égards, & ayant indiqué les principales diffé- rences,; 1l n'en établit aucune à cet égard {f); & comme d’ailleurs FÉthiopié où lAbyflinie qui eft le pays de l'ou- tarde d'Afrique , & le Sénégal qui eit celui de lautruche volante , quoique fort éloignés en longitude, font néan- moins du même climat, je vois beau- coup de probabilité à dire que ces deux oïfeaux appartiennent à une feule & même efpèce. DL LE CHURGEouLOUTARDE moyenne des Înaes. CE&TTE oUTARDE eft non-feulement plus petite que celles d'Europe, d'A- frique & d'Arabie, maïs elle eft encore plus menue à proportion, .& plus haut montée qu'aucune autre outarde : elle a vingt pouces de haut, depuis le plan (f) Voyage au Sénégal ; Loco ciraro. | D 1v 80 Hifloire Naturelle de poftron ju! fqu'au fommet de la tête: fon cou paroît plus court, relativement à la longueur des fes pieds, du refte elle a tous les caractères de loutarde; trois doïgts feulement à chaque pied, - & ces doigts ifolés; le bas de la jrmbe fans plume ; lesbec un peu courbe, mais plus alongé; & je ne vois point par quelles raons M. Briflon la ren- voyée au genre dès pluviers. Le caractère diftindtif par lequel les pluviers diffèrent des outardes, confifte, felon lur, dans la forme du bec; que celle-ci ont en cône courbé, & ceux-là droit & renflé par Îe bout. Or Fou- tarde des Indes dont 1l s'agit 1ct, a le bec plutôt courbe que droit, & ne Fa point renflé par le “bout comme Îes pluviers ; du moins c'eft arf que la repréfenté M. Edwards //#) dans une figure que M. Brflon avoue comme exatte A) = "je put même ajouter qu'elle j le bec plus courbé & moins renflé par le bout, aue Foutarde d'Arabre {g) Edwards, Glanures , planche CCE {4) Briflon, Ornithologie, tome " page 82, des Oifeaux etrangers, Ge. 81 de M. Edwards cb dont la figure a paru aufli très-exacte à M. Briflon [#), & quil a rangée fans dificuité parmi les outardes, Me D'adleurs ï ne faut que jeter les yeux fur la figure de loutarde des Indes, & Îa comparer avec celles des pluviers , pour réconnoitre quelle vs diffère beaucoup par le port total , par des teen di ayant le cou ses lon?, les'ailes plus courtes & la forme du corps plus développée : ajoutez à cela qu'elle eft quatre fois plus grofle que le plus gros pluvier, lequel na que ferze pouces de ne du bout du bec au bout des ongles / / ), au lieu qu'elle en a pics aa (i) Edwerds ,‘ Natural Hiflory of un common Brids , planche x11. e (k) Brifion, Ornirhologte, tome V, page 20. F2 Briflon, ibidem , page 76. (m) bide , pag. 82 “Nora, Cela ne contredit pas ce que jai dit ci- défie > qu’elle avoit vingt pouces de haut depuis le plan de pofition jufqu’au fommet de fa tête, parce qu’en rent ainf la auteur , on ne tient compte ni de la Iongueur du bec, ni de celle des doigts. D v 82 ÆHifloire Naturelle Le noir, le fauve, le blanc & le gris, font les principales couleurs du plumage , comme dans l'outarde d'Eu- rope; maïs elles font diftribuées diflé- remment, le noir fur le fonmet de Îa tête, Île cou , les cuifles & tout le deflous du corps; le fauve plus clair fur les côtés de la tête & autour des yeux, plus brun & mêlé avec du no fur le dos, là queue, la partie des. arles la plus proche du dos, & au haut de la poitrine où il ferme comme une large ceinture {ur un fond noir; le blanc fur les couvertures des ailes les plus élor- goes du dos, 1 blanc mêlé de noi {ur leur partie moyenne : le gris plus foncé fur les paupières, l'extrémité des plus longues pennes de laile (nr), de quelques - unes des moyennes & dés plus courtes, & fur quelques-unes de leurs couvertures ; enfin le gris. plus clair & prelque Plnchätre fur le bec & 1 pieds. F Cet oïfeau eft originaire de Bengale, où on l'appelle churge, & où Ha été | RnB mr ne nn _(n) Comme à quelques outardes d'Europe, Voyez Animaux de Perrault, partie IL, page 103. / des Oifeaux etrangers Ce. 83 deffiné d’après nature /o ): il eft à re- marquer que le climat de Bengale eft à peu-près le même que celur d'Ara- bie , d'Aybflinte & du Sénégal, cù fe trouvent les deux outardes précédentes : on peut appeler celle-ci outarde moyenne, parce qu'elle tient Îe milieu pour ia grofleur entre les grandes & les petites efpèces. LV. LE HOUBARA où PETITE OUTARDE ne huppée d’Afrique. Nous AvONs vu que, parmi les grandes outardes , 1l y en avoit de buppées & d’autres qui ne Tlétoient point, & nous allons retrouver la même différence entre les petites outardes; car la nôtre na pot dé huppe, n1 même de ces barbes de plumes qu'on voit à la grande outarde d'Europe, tandis que celles-ci ont non - feulement des huppes , mais encore des fraifes; & ïl (o) Edwards, Glanures, planches CCL, tome Ts chapitre xL. | D vj 84 Hifloire Naturelle eft à remarquer que c'eft en Afrique que fe trouvent toutes les huppées, foït de la grande, foit de a petite! efpéce. Celle que les Barbare‘ques appellent | houbaara , eft en efiet huppée & fraïfée: M. Shaw, qui en donne la figure (p), dit poñtivement qu'elle à Îa forme & le plumage de’ loutarde , maïs quelle eft beaucoup plus petite, n'ayiint guère que Îa grofleur d'un chapon; par cette raïfon feule , ce Voyageur d'ailleurs babile, mais qui, fans doute, ne con- noïfioit point notre petite outarde de France, Efime Golius d’avoir traduit le mot houbaary par. outarde. | Elle vit comme la notre, de fubftances végétales & d’infectes, & elle fe tient le plus communément fur Îles confins du défert. | | Quoique M. Shaw ne lur donne 4 point de huppe dans {2 defcription, ik lui en donne une dans la figure qui y eft relative, & cette huppe paroït ren- (p) Travels or obférvations relatino to feveral parts 6f Barbary and the Levant. By, Thomas Shaw ; pag. 252 \ des Oifeaux étrangers, Gc. 8 $ verfée en arrière & comme tombante; fa fraife eft formée par de longues plumes qui naïflent du cou, & qui fe relèvent un peu & fe renflent, comme il arrive à notre coq domeftique lorfqu'it eft en colère, : - C'eft, dit M. Shaw, une chofe curieufe de voir, quand elle fe fent menacée par un oïfeau de proie , de voir, dis-je, par combien d'allées & de venues, de tours & de détours, de marches & de contre-marches; en un mot, par combien de rules & de fou- plefle elle cherche à échapper à fon ennemi. Ce ‘favant Voyageur ajoute qu'on regarde comme un excellent remède contre le mal des yeux, & que par cette raïllon l’on pare quelquefois très- cher {on fiel, & une certaine matière qui fe trouve dans fon eftoinac. 4 86 | Hir/toire Naturelle ” LE R H A A IA autre petite OUTARDE huppée d'A Afrique. Le Rhaad eft diftingué de notre petite outarde de France paf fa buppe, & du houbaara d'Afrique, en ce qu ‘il n'a pas comme lui le cou orné d’une fraile; du refte, il eft de la même grofleur que ce- Tai 1l à {a tête noîré, la huppe dun bleu-fonce, le deflus du corps & des ailes jaunes, tacheté de brun, la queue d'une couleur plus claire , rayée tranfverfale- ment de noïr, le ventre blanc & le bec fort, ainf que les jambes. | Le petit rhaad ne diffère du la que par fa petitefle ( n'étant pas plus gros qu un poulet ordinaire), par quelques variétés dans le plumage, & parce qu'il eft fans ‘ huppe; mais avec tout cela, 11 ferott pol- fible qu’il füt de la même efpèce que le grand , & qu'il n'en difiérât que par le {exe ; je fonde cette conjecture, 1.° fur ce qu'habitant le même climat, il n’a point des Oifeaux étrangers, Éc. 87 autre nom; 2.° fur. ce que dans prefque toutes les efpèces d’oïfeaux , excepté les carnafliers , le mâle paroît avoir une plus grande puiflance de développement qui 1e marque au dehors par là hauteur de la taille, par la force des mufcles, par l'excès de certaines parties, telles que les mem- branes charnues, les éperons , &c. par les huppes , les sigrettes & les fraifes qui font, pour aïnf dire, une fur:bondance d'organifation, & même par la vivacité dés couleurs du plumage. | © Quoi qu'il en foit on à donné au grard & au petit rhaad le nom de faf-faf; rhaad ” fignifie Îe tonnerre en langage Africain, & exprime le bruit que font tous ces oïfeaux en s'élevant de terre; & faf:fafs celur qu'ils font avec leurs aïles lorfqu'ils font en plein vol [a ). | dE ae Nr (g( Voyez Thomas Shaw, Travels, fc. pag 252. | 88 Hifloire Naturelle mn F 7 Vis Planche II de ce volume. Cr OISEAU, quoique domeftique ; quoique le plus commun de tous, n'eft peut-être pas encore aflez connu ; excepté le petit nombre de perfonnes qui font une étude particulière des productions de la Nature, 1l en eft peu qui n'arent quelque chole à apprendre fur les détails de fa forme extérieure, fur la ftructure de fes parties internes, fie Les HIDE ù naturelles ou acquifes, fur les difiérences qu'entraînent celles du fexe, du climat, # Voyez les planches enluminées , n.o 1. (a) En Grec, Axfurop; en Latin, Galluss en Efpagnoï & en Italien, Gallo; en Savoyard, Coq, Gau, Geau ; en Aïlemend , Han ; en Pojionois, Kur, Koput; en Suède, cie Tupt; en Anglois, Cok; en vieux François, Gal, Gog. — Gallus gallinaceus.. Gefner, Ai. pag. 304. — Coc, Cog, Gau, Geau, Gal, Gog. Bélon, Hifi. ar O:1Pbe ; Pages242; & Portraits d'Cileaux, page 58, a — Le coq & la poule, Brifon, tome I, page 166. dt Cat 18 des alimens ; enfin fur les variétés des races diverles qui fe font féparées plus tôt ou plus tard de la fouche primitive. Mais fi le Coq eft trop peu connu de la plupart des hommes, 1l n'eft pas moins embarraflint pour un Naturalifte à méthode, qui ne croit connoiïtre un objet que lorfqu'il a fu lui trouver une place dans fes clafles & dans fes genres; car , fi prenant les caracteres généraux de fes divifions méthodiques dans le nombre.des doigts, 1l le met au rang des oïfeaux qui en ont quatre ; que fera-t-1l de la poule à cinq doigts qui eft certarnement une poule , & même fort ancienne, puilqu'elle remonte juf- qu'au temps de Columelle qui en parle comme d'une race de diftinétion {à ) 8 que sil fait du coq une clafle à part, caractérifée par la forme fingulière de fa queue; où placera-t-1l le coq fans crou- pion & par conféquent fans queue, & qui nen eft pas moins un coq? que s'il admet pour caraétère de cette efpèce d'avoir es jambes garntes de plumes (b) Generofiffimæe créduntnr que quinos habens digiros. Columeile , /6. VIIT, cap. 11. 90 Hifloire Naturelle jufqu'au talon, ne fera-t- il pas embars raflé du coq pattu qui a des plumes jufqu'à l'origine des doigts, & du coq du Japon qui en à juqu'aux ongles : ? enfin sil veut ranger les gallinacés à la clafle des granivores, & que, dans Île nombre & Îa firucture de leurs efto- mecs ‘& de leurs inteftins, 1l croie voir clairement qu'ils font en effet deftinés à fe nourrir de graines & d'autres matières végétales ; comment s'expli- quera-t- il à lui-même cet appétit de préférence quil montre conftan niment pour les vers de terre, & même pour. toute chair hachée, cuite ou crüe, à moins qu'il ne fe perfuade que a Na: ture ayant fait la poule granivore par fes longs inteftins & fon double efto- mac, la fait aufli vermivore, & même carnivore par fon bec un tant foit peu crochu, ou plutôt ne convierdra-t-il pes, s'il eft de bonne foi , que les con- jetures que l'on fe permet amfi fur les intentions de la Nature , & les efforts que l'on tente pour renfermer l'inépui- fable varièté de fes ouvrages, dans les # limites étroites d'une méthode particu- di Cog. | gr fière, ne paroïffent être faits que pour donner eflor aux idées vagues & aux petites fpéculations d’un efprit qui ne peut en concevoir de grandes, & qui s'éloigne d'autant plus de la vraie marche e la Nature , & de la connotflance féelle de fes produ&ions? Ainfñ, fans prétendre aflujettir la nombreufe famille des oifeaux à une’ méthode rigoureule, ni la renférmer toute entière dans cette efpèce de filet fcientifique dont, malgré toutés nos précautions, 1! sen échap- peroit toujours quelques - uns , nous hous contenterons de rapprocher ceux qui nous paroîtront avoir quelque rap- port entreux ; & nous tâcherons de Îles faire connoître par Îles traits les plus caraCtérilés de leur conformation inté- rieure , & fur-tout par les principaux faits dé leur hrftoire. | | Le coq eft un oïfeau pefant, dont la déinarche eft grave & lente, & qui ayant les aïles fort courtes, ne vole que rarement, & quelquefois avec des cris qui expriment l'effort; 1l chante indifé- remment la nuit & le jour, mais non pas régulièrement à certaines heures, & 92 Hifioire Naturelle fon chant eft fort différent de celur dé {a femelle, quoiqu'il y ait aufli quelques femelles qui ont le même cri du coq, c'eft-à-dire, qui font le même effort du goler avec un moindre eflet; car leur voix neft pas fi forte, & ce cri nefë pas fi bien articulé ; il gratte la terre pour chercher fa nourriture , 1 avale autant de petits cailloux que de grains, & nen digère que mieux; 11 boit en prenant de leau dans fon bec & ievant la tête à chaque fois pour Vaveler, xl dort le plus fouvent un pied en l'airfc) & en cachant {a tête fous Faïle du même coté; fon corps, dans fa fituation na- turelle , fe foutient à peu - près parallele au plan de poftion , 1e bec de même, le cou s'élève verticalement, Île front M ft " ! tr A : O. a - eft orné d'une crête rouge & charnue, & le deffous du bec d’une double mem- brane de même couleur & de même pature : ceneft cependant nt de la chaïr ni des membranes, maïs une fubftance fc) Nota. Par une fuite de cette attitude habi: tuelle , la cuiffe qui porte ordinairement le corps eft a plus charnue, & nos gourmands favent bien Ja difiinguer de l’autre dans {es chapons & les poulardes. du Cog. 153 patticuliére, & qui ne reflemble à au- cune autre. | Dans les deux fexes, les nartnes font placées de part & d'autre du bec fupé. meur, & les oreilles de chaque coté. de la tête, avec une peau blanche au- deflous de chaque oreille ; les pieds ont ordinairement quatre doigts, quelque- fois cinq, maïs toujours trois en avant & le refte en arrière; les plumes fortent deux à deux de chaque tuyau, carac- tère aflez fingulier, qui na été fai que par très-peu de Naturalites; la queue eft à peu-près droite, & néan- moins capable de sincliner du coté du cou & du côté oppolé; cette queue, dans les races de gallinacés qui en ont une , eft compof£e de quatorze grandes plumes qui fe partagent en deux plans égaux, inclinés fun à fautre ; & qui fe rencontrent par leur bord fupérieur ous un angle js ou moins aïgu ; mais ce qui diftingue le mâle, ceft que les deux plumes du milieu de 1a queue font beaucoup plus longues-que les autres, & fe recourbent en arc; que les plumes du cou & du croupion font O4 Hifloire Naturelle longues & étroites, & que leurs pieds font armés d'éperons : 1 eft vrai qu'il fe trouve aufli des poules qui ont des éperons, mais cela eft rare ; & les poules ainfi éperonnées, ont ns | d'autres ‘rapports avec le mâle; leur crête {eu relève ainfi que leur queue, elles 1mitent le chant du coq, & cherchent à limiter en chofes plus eflentielles { d) ; mais on auroit tort de les regarder pour cela comme hermaphrodites , puifqu'étant incapables des véritables fonétions du mâle, & nayant que du dégoût _pour celles qui leur conviendroïient mieux , ce font, à vrai dire, des individus viciés , indécis, privés de d'ufage du fexe, & même des attributs efientiels de Pefpèce , purfqu'ils ne peuvent en perpétuer aucune. Un bon coq eft celur qui a 5 feu dans Îles yeux, de la fierté dans fa dé- marche, de {a libestfidans fes mouve- mens , & toutes les proportions qui annoncent la force : un coq aïnhñ fait, n'imprimeroit pas Îa terreur à un lon, comme on la dit & écrit tant de fois, { d) Ariftot, Hifi. rim. Hb. IX, cap. XLIX. air Cod 95 mais il infpirera de l'amour à un grand nombre de poules; fi on veut le mé- nager on ne lui en laïffera que douze . quinze. Columelle vouloit qu'on ne lui en donnit pas plus dé cinq; mais, quand il en auroïit cinquante chaque jour, on prétend qu'il ne manqueroit à aucune {e) : à la vérité, perfonne ne peut aflurer que toutes fes approches foient réelles, efhcaces & capables de féconder les œufs de fa femelle. Ses defirs ne font pas moins impétueux que fes befoins parotflent être fréquens. Le matin loriqu on lur ouvre la porte du poulailler où il a été renfermé pen- dant la nuit, le premier ufage qu'il fait RPM 6 de joindre à fes poules; 1! femble que chez lui le befoin de manger ne foit que le fecond ; & lorfqu'il a été privé de poules pendant du temps , 1l sedrefle à la première femelle qui fe préfente, füt-elle d'une élpèce fort éloignée [f) , & même il (e) Aïldrovande, tom. IT, lib. xr17. (f) Ex perdice & gallinaceo tertium generatur guod procedente tempore féminæ afimilatur. Arifot > loco citato. je 96 Hifloire Naturelle sen fait une du premier mâle quil trouve en {on chemin, le premier fait eft cité par Ariftote, & le fecond eit attefté par lobfervation de M. Edwards (g) 3; & par une loi dont parle Plu- tarque /h), laquelle condamnoit au feu tout coq convaincu de cet excès cénature: | Les poules doivent être aflorties au coq fi l'on veut une race pure, mais fi lon cherche à varier & même à perfectionner lefpèce, 11 faut croiler les races. Cette obfervation n'avoit point échappé aux Anciens ; Columelle dit politivement que Les meïlleurs poulets font ceux qui proviennent du mêlange dun coq de race étrangère avec: Îles poules communes ; & nous voyons (g) Nota. Ayant renfermé trois ou quatre jeunes « cogs dans un lieu où ils ne pouvoient avoir de M communication avec aucune poule, bientôt ils déposèrent leur animolité précédente ; & au lieu de fe battre , chacun tächoit de cocher fon ca. marade , quoiqu'aucun ne parût bien aife d’être coché. Voyez Préface des Gianures, rome IL. | (h%) Tra&atu NUM BRUTA RATIONE UT ANT AU R: | $ dans du Cog... 97 dans Athénée , que l’on avoit encore enchéri fur cette idée , en donnant un coq-faifan aux poules ordinaires (4). Dans tous les cas on doit choïfr celles qui ont l'œil éveillé , la crête flottante & rouge , & qui n'ont point d’éperons, les proportions de leurs corps font en général , plus légères que celles du mâle , cependant elles ont les plumes plus larges & les jambes plus bafles : les bonnes Fermières donnent la préfe- rence aux poules noires , comme étant plus fécondes que les blanches, & pou- vant échapper plus fecilement à Îa vue perçante de l'orfeau de proie qui plane fur les bafie-cours. Le coq a beaucoup de fon, & même dinquiétude & de fouci pour fes poules , 1l ne les perd guère de vue nl desuconduit , les défend, les (1) De Re Ruflicà, Hb. VIIL, cap. 11. — Noïa. Longolius indique fa façon de faire réuffir cette | union du coq-faifan , avec les poules communes. Gefner, de Avibus, pag. 445, Et l’on m'a afluré que ces poules fe mêlent auffi avec le coq-pir tade , lorfqu’on les a élevés de jeuneffe enfemble ; mais que les mulets qui proviennent de ce mélange font peu féconds. | Oileaux , Tome IIT. 4 E 9 g Hifloire Narurelle menace , va chercher celles qui sé- cartent , les ramène, & ne fe iivre au plailir de manger que lorfqu'il les voit toutes manger autour de lui; à juger par les différentes inflextons de fa voix & par les différentes expreflions de fa mine , on n€ peut guère douter quil ne leur parle difiérens langages : quand … il les perd 11 donne des fignes de regrets ; quoiqu'aufh jaloux qu'amoureux :l n’en maltraite aucune , {a jaloufe ne lirrite que contre fes concurrens ; sil fe pré- fente un autre coq , fans lui donner le temps de rien entreuteliie » 1 accourt l'œil en feu, les piumes hériflées , fe jette fur fon rival, & lui livre un com- bat opinitre julquà ce que l'un ou. l'autre fuccombe , ou que le nouveau” venu fui cède Ile champ de bataille ; le delir de jouir, toujours trop violent , le porte non- feulement à écarter tout - rival, mats même tout ohbftacle inno- cent ,.1l bat & tue quelquefois les pouf- fins , pour jouir plus à fon afe de la : mè-e : mais ce feul defir eft-1l la caufe de fa fureur jaloufe ; au milieu d’un fé- rail nombreux & avec toutes les ref=« eee Cou As Tag fources qu'il fait fe faire , comment pourroit-il craindre le befoin ou la di- fette >? Quelque véhémens que fotent fes appetits , 51 femble cratnire encore plus le partage qu'il ne defire la jouif- fance; & comme ïl peut beaucoup, fa jaloufe eft au moins plus excu'able & mieux fentie que celle des autres Sul- tans : d'ailleurs 1 a comme eux une poule favorite qu'il cherche de préfé- rence , & à laquelle 1l revient pref- qu'aufli fouvent qu'il va vers les autres. Die Et ce qui paroïît prouver que fa ja- loufe ne laifle pas d’ètre une paffion ré- fléchie , quoiqu'elle ne porte pas contre l'objet de fes amours, c'eft que plufeurs coqs dans une bafle-cour ne ceflent de fe battre , au lieu qu'ils ne battent ja- maïs {es chapons , À moins que ceux-ci ne prennent l'habitude de fuivre quel- que poule. es hommes qui tirent parti de tout ; pour leur amufement , ont bien fu mettre en œuvre cette antipathie invin- cible , que la Nature à étab'ie, entre un coq & un coq; ils ont cultivé E ij 100 Hifloire Naturelle cette haine innée avec tant d'art ; que. les combats de deux oïfeaux de bafle- cour font devenus des fpectacles dignes d'intérefler la curiofité des peuples, 1ème des peuples polis; & en même ‘temps des moyens de développer ou entretenir dans les ames cette précieule férocité, qui eft, dit-on, le germe de l'héroïifme : on a vu , on voit encore tous les jours’ dans plus d'une contrée, des hommes de tous états accourir en foule à ces grotelques tournois ; fe di-. vifer en deux partis ; chacun/.devees partis s'échaufter pour fon combattant , jorndre la fureur des gageures les plus outrées , à l'intérèt d'un fi beau fpec- tacle, & le dernier coup de bec del l'oifeau vainqueur, renverfer la fortune de plufeurs familles ; c'étoit autrefois la folie des Rhodiens , des Tangriens , de ceux de Pergame /k); celt aujour- d'hui celle des Chinois /Z), des habir- tans des Philippines, de Java , de” CE) Pine ,: Hu. nat. 4b: K°2 Cab. Ur, (1) Gemeli Careri , tome VW, page 36, anciennes Relations des Indes & de la Chine. Tradu&tion de l’Arabe, page 108%. du Cog. ici lIthme de l'Amérique , & de quelqués autres Nations des deux continens (ni). Au refte , les coqs ne font pas lés feuls oïfeaux dont on ait amf abufé ; les Athéniens qui avoient un jour dans l'année /72), confacré à ces combats de coqs , employotïent aufli les caïlles au même ufage ; & les Chinois élèvent encore aujourd'hui pour le combat, certains petits oïfeaux reflemblans à dés catlles ou à des linottes ; & par-tout la manière dont ces oïfeaux fe battent eft différente , felon les diverfes écoles où ils ont été formés; & felon fa diverfité (m) Navarete, Deftript. de la Chine, page 40. | (a) Thémiftocle allant combattre Îes Perfes, & voyant que fes foldats montroïent peu d’ardeur, . leur fit remarquer l’acharnement avec lequel des coqs fe battoient : « Voyez, leur dit-il, le courage indomptable de ces animaux ; cependant ïls «e n’ont d'autre motif que le defir de vaincre ; « & vous, qui combattez pour vos foyers, pour « les tombeaux de vos pères, pour la fiberté.... »» Ce peu de mots ranima le courage de F’armée, & Thémittocle remporta la viétoire : ce fut en mé- moire de cet évènement que les Athéniens infti- tuêrent une efpèce de fête qui fe célébroit par des combats de coqs. Voyez Elien , de vari Hiflorià, — Lib, IT. | E ti « 102 Hifioire Naturelle des armes offenfives dont on les affuble: mais ce qu'il y ade remarquable , c'eft _. que les coqs de Rhodes qui étoient plus grands , plus forts que les autres, & beaucoup plus ardens au cowbat , létorent au contraire beaucoup moins pour leurs femelles ; il ne leur falloit” que trois poules au lieu de quinze ou vingt , foit que leur feu le fût éteint nd {ofitude forcée où 1ls avoient coutume de vivre, foit que leur colère trop fouvent excitée eût étouflé en eux des paf ons pius douces, & qui cepen- dant étotent dans Éorgins le principe de leur courage & ! la fource de leurs di! pofitions guerrières : les mâles dew cetie race.ctoient donc moins/mAles que les autres , & les femelles qui louvent | ne font que ce qu'on Îes fait , écoïente moins fécondes & plus parefleules , foit à couver leurs œufs , foit à mener leurs pouffins : tant lart avoit bien réufh à dépraver la Nature ! tant l'exercice des talens de la guerre eft oppolé à ceux de la propagation ! 1 Les poules n’ont pas befoin ue coq pour produire des œufs , 1l en nait fans du Cog. 103. cefle de la grappe commune de l'ovaire, lefquels indépendamment de toute com- inunication avec le mâle, peuvent y groflir ; & en grofliflant acquièrent leur maturité, fe détachent de leur calice & de leur pédicule ; parcourent lovi- duëlus dans toute fa longueur , chemin faifant s'aflimilent par une force qui eur eft propre la lymphe dont la ca- vité de cet oviduëtus eft remplie , en compofent leur blanc, leurs membranes, leurs coquilles , & ne reftent dans ce vifcère que jufquà ce que fes fibres élaftiques & fenfbles étant gênées , irritées par la.préfence de ces corps devenus déformais des corps étrangers , entrent en contraction , & les pouffent au dehors le gros bout le premier , felon Artftote. Ces œufs font tout ce que peut file la nature prolifique de 1a femelle feule & abandonnée à elle-même ; elle pro- uit bien un corps organifé capable d'une forte de vie ,; mais non un ani- mal vivant. femblable à fa mère, & capable lui-même de produire d'autres E 1v 104 Hifloire Naturelle anrmaux femblables à lui ; ïl faut pour cela le concours du coq & le mélange tntime des liqueurs féminales des deux fexes ; mais, lorfqu’une fois ce mélange a su lieu, les effets en font durables. . Harvey a obfervé que Tœuf dune poule féparée du coq depuis vingt. Jours , n'étoit pas moins fécond que ceux quelle avoit pondus peu apres l'accouplement , mais l'embryon quil contenoït n'étoit pas plus avancé pour cela , & ïl ne falloit pas le tenir fous Îa poule moins de temps qu'aucun autre pour le faire éclore ; preuve certaine que la chaleur feule ne fufhit pas pour. opérer ou avancer Île développement « _ du poulet , maïs qu'il faut encore que l'œuf fort forme, ou bien qu'il fe trouve en lieu où 1l puifle tranfpirer , pour que Vembryon qu'il renferme foit fufcep- tible d’incubation ; autrement tous Îles œufs , qui relterotent dans l'oyiduitus vingt-un jours après avoir été fécon- dés , ne manqueroïent pas d'y éclore, puifqu'ils aurotent le temps & la cha- leur néceflaires pour cela , & Îles poules du Coq. | 1O$ Teroïent tantôt ovipares & tantot vivi- pares (0). Le poids moyen dun œuf de poule ordinaire eft d'environ une once fix gros; fi on ouvre un de ces œufs avec précau- tion , on trouvera d'abord fous la coque une membrane commune qui en tapifle toute la cavité , enfuite le blanc externe qui à {a forme de cette cavité ; puis Îe blanc interne qui eft plus arrondi que Île précédent, & enfin au centre de ce blanc le jaune qui eft fphérique : ces différentes parties font contenues chacune dans fa membrane propre ; & toutes ces mem- Dranes font attachées enfemble à l'endroit de fes chalaze où cerdons, qui forment comme les deux pôles du jaune ; la petite véficule lenticulaire appelée cicatricule , fe trouve à peu-près fur fon équateur, & fixée folidement à fa furface ( p). (o) Nota. Je ne vois que le doûteur Michel Lyzeruts qui ait parlé d’une poule vivipare ; mais les exempies en feroïent plus fréquens , s’il ne falloit que de Ia chaleur à un œuf fécondé pour éclore. Voyez Éphémérides d'Allemagne , Dec. 11, ann. 4, append. obferv. xxv ri. (p) Nota, Bellini trompé par fes expériences, V 406 Hifioire Naturelle À légard de fa forme extérieure, elle eft trop connue pour qu'il foit beloim. de Îa décrire , maïs elle eft aflez fou vent altérée par des accidens dont il ef. ficile ; ce me femble, de rendre rarlon, d'après l'hiftoire de l'œuf : même & de fa. formation. Il neft pas rare de: trouver deux jauncs dans une feule coque ; cela arrive” orfque’ deux œufs également mürs fe détachent en même temps de Fovaire ; rarcourent enfemb'e l'oviéudus , & for- ant leur. blanc fans {e. Kbärer.s,,# ou plutôt par les conféquences qu’il en avoit tirées ,| croyoit & avoit fait croire à beaucoup, de monde , que dans lés œufs frais durcis à l’eaw -bouil jante ; la cicatricule, quittoit la furface du jaure pour fe retirer au centre ; maïs que dans les œufs couvés, durcis de même, la cicatricule. reftoit confflamment attachée à la furface. Les favans de Turin , en répétant & variant les mêmes expériences , fe font affurés que dans tous les œufs couvés ou nou couvés, la cicatricule reftoit" toujours adhérente à la furface du jaune dureis & que le corps blanc que Bellini lavoit vu aüs centre , & qu’il avoit pris pour la! cicatriculek n’étoit rien moins que cela, & ne paroïoit en effet au centre du jaune que lorfqu’il étoit nf tYOp ni trop peu qui. du Coq. 107 trouvent réunis fous le même enve- ioppe. Si par quelqu'accident facile à fup- pofer, un œuf détaché depurs quelque temps de lovaire, fe trouve arrêté dans fon accroïflement , & qu'étant formé autant qu'il peut l'être, 11 fe rencontre dans la fphère d'activité d'un autre œuf qui aura toute fa force ; celur-cr l'en- traînera avec lui, & ce fera un œuf dans un œuf {a ). On comprendra de même comment on y trouve quelquefois une épingle ou tout autre corps étranger Qui aura pu pénétrer jufque dans l'oviduitus (r). Il y a des poules qui donnent des œufs hardés ou fans coque , foit par le défaut de la matière propre dont fe forme la coque , foit parce qu'ils font chafles de loviduilus avant leur entière maturité ; auffi n’en voit-on jamais éclore de poulet , & cela arrive, dit-on, . (g) Collection académique ,. partie françoife ; tome 1 , page 388 ; & tome IT, page 327 ; &’partie étrangère , rome 17, page 327. (r)'Ibidem , partie françoife , rome I, page 388, E ® "] 108 Hifioire Naturelle aux poules qui font trop grafles : des caufes directement contraires produifent des œufs à coque trop épaïfle , & même des œufs à double coque : on en a vu. qui avoient confervé le pédicule par lequel 1ls étoient attaches à l'ovaire , d’autres qui étoient contournés en ma- nière de croïflant d’autres qui avoient la forme d'une poire ; d’autres enfin qui portoient fur leur coquille l'empreinte d'un foleil,, d'une comète ff), d'une Hifloire Naturelle munes , qui leur donne cette fécondité “extraordinaire , la chaleur y contribue beaucoup ; on peut faire pondre Îles poules en hiver , en Îles tenant dans une écurie où 1 y a toujours du fu- mier chaud fur lequel elles puiffent féjourner. | Dès qu'un œuf eft pondu 1 com- mence à tranfpirer, & perd chaque jour quelques grains de fon poids par l'éva- poration des parties les plus volatiles de fes fucs : à mefure que cette éva- poration fe fait, ou bien 1l s'épaïflit, fe durcit & fe defsèche , ou bien ï con- trace un mauvais goût, & ïl le gâte enfin totalement au point quil devient incapable de rien produire : art de lui conferver long-temps toutes fes qua- lités , fe réduit à mettre obftacle à cette tranfpiration (a) par une couche de (a) Nota. Le Journal Économique du mois de mars 1755, fait mention de trois œufs, bons à manger , trouvés en Italie dans Pépaiffeur d’un mur Confiruit il y avoit trois Cens ans : ce fait eft d’autant plus difficile à croire, qu’un enduit de mortier ne feroit pas fufifant pour confrver un œuf, & que 1 murs les plus épais étant UE à lPévaporation dans tous fes. du Coq. 113 matière grafle quelconque , dont on enduit exactement, fa coque peu de momens apres qu'il a été pondu ; avec cette feule précaution on gardera pen- dant plufieurs mois & même pendant des années des œufs bons à manger , fufceptibles d’incubation , & qui auront, en un mot, toutes les propriétés des œufs frais /b) : les habitans de Tonquin les confervent dans une efpèce de pâte faite avec de a cendre tamilée , & de la faumure , d’autres Indiens dans lhuile /c): le vernis peut aufli fervir à conferver es œufs que lon veut manger ; mais la graifle neft pas moins bonne pour cet ufage, & vaut mieux pour conferver les œufs que lon veut. faire couver , parce quelle s'enlève points de leur épaiffeur , puifque Iles mortiers de l’intérieur , fe sèchent à la {ongue , ïls ne peuvent empêcher la tranfpiration des œufs cachés dans leur épaïifleur , ni par conféquent les con: ferver. (5 ) Pratique de l’art de faire éclore Les poulets, page 136. (c) Suite du Voyage de Tavernier , rome Pi pages 225 6 226, 114 Hifloire Naturelle plus facilement que le vernis , & quil faut nétoyer de tout enduit , les œufs dont on veut que Fincubation réufhffe ; car tout ce qui nuit à Îa tranfpiration ,. nuit aufli au fuccès de lincubation. | .. J'ai dit que Le concours du coq _étoit néceffaire pour la fécondation des œufs, & ceft un fait acquis paï une Loue & conftante expérience ; mais les détarls de cet acte fi eflentiel dans l'hrftoire des animaux font trop peu connus ; on fait, à la vérité , que. la verge du mâle eft double, & n'eft autre chofe que les deux mamelons par lefquels fe terminent les vaifleaux fpermatiques à l'endroit de leur infer- tion dans le cloaque ; on fait que 1a« vulve de 1a femelle eft placée au-deflus“ de l'anus , & non au-deflous- comme dans les quadrupèdes / 4) ; on fait que le coq s'approche de la poule par unes efpèce de pas oblique , accélérée , baïf-. fant les arles comme un cog-d'inde qui fait la roue , étalant mèmé A queue à. 14) Redi, nil Animali vivent , &e. Collec: tion académique , partie étrangère , rome IF, pag. 520 ; & Regnier Graaf , pag. 243... LA du Coq. WuLS | demi, & accompagnant fon action d’un | certain murmure expreflif, d'un mou- vement de tréprdation , & de tous les | fignes du defir preflant ; on fait qu'il | s'élânce fur là poule qui le reçoit en | pliant les jambes , fe mettant ventre à |iterre , &: écartant les deux plans de | longues plumes dont fa queue eft com- | pofée ; on fait que le mâle faïfit avec fon bec la crète ou les plumes du fom- met de la tète de la femelle , foit par manière de carefle , {oit pour garder Téquilibre ; qu'il ramène Ia partie pofté- _rieure de fon corps où eft fa double verge, & l'applique vivement fur la partie poftérieure du corps de la poule où eft forifice correfpondant ; que cet accouplement dure d'autant moins qu'il eft plus fouvent répété , & que le coq femble sappiaudir après par un battement d'ailes & par une efpèce de chant de joie ou de victoire ; on fait que le coq. a des tefticules, que fa liqueur féminale réfide , comme celle des quadrupèdes , dans des vaifleaux fpermatiques ; on fait, par mes obfer- vations , que celle de là poule réfide 116 Hiffoire Naturelle dans la cicatricule de chaque œuf, comme celle des femelles quadrupèdes dans le” corps glanduleux des tefticules ; maïs on tgnore fi la double verge du coq ; Où feulement l'une des deux , pénètre dans l'orifice de 1a femelle, & même s'il y a". intromiflion réelle ou une compreflions forte, ou un fimple conta& ; on ne fait. pas encore quelle doit être brécifémienl 1 condition d’un œuf pour qu'il puifies. être fécondé, ni jufqu'à quelle diftance “Taëétion du mâle peut s'étendre ; en un. mot , malgré le nombre infini d'expé-n riences & d'obfervations que lon a faites", fur ce fujet , on ignore encore quelques- unes des principales circonftances de las fécondation. | Son premier eflet connu, eft la dila-« tation de Ia cicatricule & la forma tion du poulet dans fa cavité ; car c'eft {a cicatricule qui contient le véri- table germe , & elle fe trouve dans. les œufs fécondes ou non, même dans ces prétendus œufs de coq dont j'ai parlé plus haut fe ) ; maïs elle ef (e) Note. M. de Ja Peyronie a obfervé dans”. 1 I Cogiiii us plus petite dans les œufs inféconds. Malpighi layant examinée dans des œufs féconds nouvellement pondus & avant qu'ils euflent été couvés , vit au centre de Îa cicatricule une bulle na- geant dans une liqueur , & reconnut au milieu de cette bulle , lembryon du poulet bien formé; au lieu que la cicatricule des œufs inféconds & pro- duits par {4 poule feule , fans commu- nication avec le mâle , ne lur prélenta qu'un petit globule informe muni d’ap- pendices , remplies d’un fuc épais, quoique tranfparent & environné de piufieurs cercles concentriques { f ) ; on m'y apperçoit aucune ébauche d'animal ; un de ces œufs , une tache ronde , jaune , d’une ligne de diamètre , fans épaiffeur , fituée fur Ja _ membrane qu’on trouve fur fa coque : on peut croire que cette tache qui devroit être blanche, _n’étoit jaune ici que parce que le jaune de l’œuf _s’étoit épanché de toutes .parts , comme on l’a reconnu par la difle&Gion de {a poule ; & fi elle _étoit fituée fur fa membrane qu’on trouve fous la coque, c’eft qu'après i’épanchement du jaune, la membrane qui contentoit ce jaune , étoit reftée _adhérente à celle de [a coque. : £[) Malpighi , Pullus in ov, 118 ifloire Natirelle Forganifation intime & complète d'une : matière informe , n’eft que l'eflet inftan- tané du mêlange des deux liqueurs fémi- males; mais s’il ne faut qu'un moment à - 1 Nature pour donner la forme p'emière à cette glaire tranfparente , & pour la. pénétrer du principe de vie dans tous fes points, il ut faut beaucoup de temps & de fecours pour perf-ctionner cette prem'ère ébauche ; ce font princrpale- ment les mères qu'elle femble avoir char- gées du fo de ce développement , en leur infprant le defir ou le b:foin de couver ; dans la plupart des poules, ce defir fe fait fentir aufli vivement , fe marque au dehors par des fignes aufli énergiques que celur de laccouplement auquel 1l fuccède dans l’ordre de la Na- ture, fans même qu'il foit excité par {a prélence d'aucun œuf, une poule qui. vient de pondre éprouve une forte de tranfport que partagent les autres poules qui n'en font que témoins, & quelles expriment toutes par des cris de joie répétés /g) 3 foit que la ceflation fubite -(g) Nota. Nousn’avons point dans notre langue di Cogsiil - RHg des douleurs de l'accouchement foit tou- Jours accompagnée d'une joié vive, foit que cette mère prévore dès-lors tous les plaïfirs que ce premier plaifir lui prépare : quot qu'il en foit , lorf- qu'elle aura pondu vingt-cinq ou trente œufs , elle fe mettra tout de bon à les couver ; fi on les lui ôte à melure, elle pondra peut-être deux ou trois fois davantage , & s'épuilera par fa fécondité même; mais enfin il viendra un temps où par la force de linftinét elle demandera à couver par un gloufie- ment particulier , & par des mouve- mens & des attitudes non équivoques ; ._ fi eile n'a pas fes propres œufs , elle couvera ceux d'une femelle d'une autre - efpèce, & même des œufs de pierre _ de termes propres pour exprimer les différens cris de la pouie , du coq, des poulets ; les Latins qui fe plaignoient de leur pauvreté , étoïent beaucoup plus riches que nous, & avoient des expreffions pour rendre toutes ces différences. Voyez Gefner, de Ayibus , pag. 431. Gallus cucuvit ; palli pu- piunt , gallina canturit , gracilla , pipat, fingultit ; gloctunt ea quæ volunt incubare ; d'où vient le mot françois glouffer, Le feul que nous ayons dans ce genre, 120 Hiffoire Naturelle ou de craie ; elle couvera encore apres que tout lui aura été enlevé , & elle fe confumera en regrets & en vains mou= vemens {h) ; fi ces recherches font : Beureufes, & qu'elle trouve des œufs vrais ou feints dans un lieu retiré &. convenable , elle fe pole aufli-tôt deflus, les environne de fes aïles , les échauñe de fa chaleur , les remue doucement Îles uns après les autres comme pour en jouir plus en détail, & leur communiquer à tous un égal degré de chaleur ; elle fe livre tellement à cette occupation , qu'elle en oublie le boire & le manger ; on diroit qu'elle comprend. toute l'impor- tance de la.fonétion qu'elle)nexemes aucun foin n'eft omis , aucune précau- tion n'eft oubliée pour achever Pexif- tence de ces petits êtres commencés , & pour écarter les dangers qui les en- vironnent { é ): ce qu'il y a de plus digne de (A) IVota. On vient à bout d’éteindre le befoin de couver , en trempant fouvent dans l’eau froide Les parties poftérieures de Ia poule. (i) Nota. A n’y a pas jufqu’au bruit qui ne leur foit contraire : on a remarqué qu’une couvée entière M Coq oUt ‘rt de remarque , ceft que fa fituation d'une couveufe quelqu infipide qu'elle nous paroïfle , eft peut- -être Moins une fituation d’ennui qu'un état de jouif- fance continuelle , d'autant plus délicieufe qu'elle eft plus Te tant la Nature ‘emble avoir mis dattraits à tout ce qui a rappoit à la multiplication des êtres s L'effet de lincubation fe borne au développement de l'embryon du poulet qui, comme nous l'avons déjà dit, extfte tout formé dans Îa cicatricule Fe l'œuf fécondé: voici à peu-pres l’ordre dans lequel fe fait ce développement, ou plutôt, comme ïül fe préfente à FObfervateur ÿ @ :.cotuiie jai déjà donné dans un aflez grand détarl tous les faits qui ont rapport au développe- ment du poulet dans l'œuf [4 ), je me contenterai d'en rappeler ici Îes circonf- tances eflentielles. - # entière dé poulets éclos dans Ja boutique d’un Serrurier, fut attaquée de vertiges. Voyez colleftion académique, partie étrangère, tome IIT, page 25. (x) Hiftoire Naturelle, tome III , ir 12, pages 155 £? ‘ fuivantes. Vijeaux, Fo III, F 122 Hifioire Naturelle Dès que l'œuf a été couvé pendant cinq ou fix heures , on voit déjà dif- tinétement la tête du poulet jointe à. l'épine du dos, nageant dans la liqueur . dont la bulle qui eft au centre de la cicatricule eft remplie; fur la fin du premier jour la tête s'eft déjà recourbée en groffiflant. | Dès le fecond Jour, on voit les premières ébauches des, vertèbres qui font comme de petits globules difpofés des deux côtés du milieu de lépine : on voit aufli paroître le commencement des ailes & les varfleaux ombilicaux , « remarquables par leur couleur obicure ; . le cou & la poitrine fe débrouillent , « la tête groflit toujours ; on y aperçoit les premiers linéamens des yeux & trois. véfcules entourées, ainfi que l'épine ,, de membranes tranfparentes : [a vie du fœtus devient plus manifefte ; déjà l’on voit +: {on cœur battre & fon fang circuler. Le troifième jour, tout eft plus dif- tint, parce que tout a grofi: ce qu ïl y a de plus remarquable , c'eft le cœur 4 qui pend hors de la poitrine & bat trois", EX c : mot : du Coq. 123 fois de fuite, une fois en recevant par l'oretllette le fang contenu dans des veines, une feconde fois en le renvoyant aux artères , & la trotfième fois en le pouflant dans les varfleaux ombilicaux ; & ce mouvement continue encore vingt- quatre heures, après que l'embryon a ête féparé du blanc de fon œuf: on aperçoit aufli des veines & des artères fur les vélicules du cerveau, les rudi- mens de Îa moclle de lépine com- mencent à s'étendre le long des vertèbres: enfin on voit tout Le corps du fœtus, comme enveloppé d’une partie de Ia “iqueur environnante , qui à pris plus de confiftance qne le refte. Les yeux font déjà fort avancés le quatrième jour ; on y reconnoit fort ren la prunelle, le cryftallin, Thumeur vitrée ; on voit, outre cela, dans la tête cinq véficules remplies d'humeur , lef- quelles fe rapprochant & fe recouvrant peu -à - peu les jours furvans , formeront enfin le cerveau enveloppé de toutes fes membranes ; Îes aïles croiflent, Îes cuifles commencent à paroïître & le corps à prendre de Îa chair. F 1j 124 Hifloire Naturelle Les progrès du cinquième ‘jour }. confiftent ; outre ce qui vient d'être dit, en ce que tout le corps fe recouvre haie onueufe ; que lé cœur …eft retenu au dedans par une mem-M brane fort mince , qui s'étend fur lan capacité de la poitrine, & que l'on voit les vaifleaux ombilicaux fortir de l'ab-u # domen (2 ). - Le fixième jour , la moëlle de lé- pine s Ctant divifée en deux parties, continue de s'avancer le long du trenc; le foie, qui étoit blanchître auparavant, « eft devenu de couleur obfcure, le cœur bat dans fes deux ventricules, le COTpS « du poulet eft recouvert de la peau , &M fur cette peau l’on voit déjà poindré les plumes. , Le bec eft face à: figues le feptième jour ; Îe cerveau , es aïles, les cuifles & Îes pieds ont asus leur | | | | Ï rs à (1) Nota. Les vailleaux qui fe rba QU dans 1 le jaune de f’œuf, & qui par conféquent le. trouvent hors de xbdomen. du poulet, rentrent peu-à-peu dans cette cavité, felon la remarque j de Stenon. Voyez Collefiion académique, partie étrañy | gère, tome V, page 572: * du Coq. "Vas figure parfaite ; les deux ventricules du cœur paroïfient comme deux bulles contigués & réunies par leur partie fupérieure , avec le corps des oreïllettes : On remarque deux mouvemens fuccef- fifs dans les ventricules aufli-bien que dans les orerllettes, ce font comme deux cœurs féparés. THAT 7 Le poumon paroît à Ia fin du neu- vième jour, & fa couleur eft blanchître; le dixième jour, les mufcles des arles achèvent de fe former, les plumes con- hauent de lortrr, & ce neft-que le onzième jour quon voit des artères, qui auparavant étoient éloignées du cœur, sy attacher, & que ct organe fe trouve parfaitement conforme & féunt en deux ventricules. Le refte net qu'un développement plus grand des parties, qui fe fait juf- qu'à ce que le poulet cafle fa coquille après avoir pipé (#2); ce qui arrive ordinairement Îe vingt-unième jour, (m) Hiftoire Naturelle, come IIT, pages 178 É Juivanges. +2 F ri} 126 Hifloire Naturelle quelquefois le dix-huitième, d’autres fois le vingt - feptième. Toute cette fuite de phénomenes 5m qui forme un fpeacle fi intéreflantw -pour un Oblervateur , eft left de, lincubation opérée par une poule , & ! l'indufirie humaine n'a pas trouvé qu'il . füt au-deflous d'elle d’en imiter les pro- | cédés ; d’abord de fimples villageois d'E-" - gypte, & enfuite des Phylciens de no$” jours , {ont ‘venus à bout de faire éclore des œufs aufli-bien que la meilleure couveufe , & d'en faire éclore un très- grand nombre à-:-fors; tout le fecret conffie à tenir ces œufs dans une tem-" pérature qui réponde à peu-près au desré de la chaleur de la poule, & à les garantir de toute humidité & de toutew exhalaifon nuifible , telle que celle du. charbon, de la braife, même de celle RS pâtés: en rempliflant ces deux conditions eflentielles , & en y joignant l'attention de retourner fouvent Îes œufs, & de faire circuler dans le four où l'étuve les corbeïlles qui les contien- dront, en forte que non-feulement ep 5x — | du Co. 127 | chaque œuf, mais chaque partie du même œuf participe à peu-près égale- | ment à la chaleur requife, on réufhra |toujours à faire éclore des milliers de | poulets. Toute chaleur eft bonne pour cela; celle de la mère poule na pas plus de privilège que celle de tout autre animal, fans en excepter homme /» ), n1 celle du feu folaire ou terreftre, nt celle d'une couche de tan ou de fumier : le point eflentrel eft de {avoir s’en rendre maître , Ceft-à-dire, d'être toujours en état de l'augmenter & de Ia diminuer à fon gré : or il fera toujours pof- fible , au moyen de bons thermomètres diftribués avec intelligence dans lin- térreur du four ou de l’étuve, de favoir D A De NOR RE D er mer 2 (n) Nota. On fait que Livie, étant groffe, imagina de couver & faire éclore un œuf dans fon fein, voulant augurer du fexe de fon enfant par le fexe du pouffin qui viendroit; ce poullin fut mâle & fon enfant auf. Les Augures ne manquérent pas de fe prévaloir du fair, pour montrer aux plus incrédules la vérité de leur art: mais ce qui refte le mieux prouvé; c’eft que ïa chaleur humaine ef fufifante pour Fincubation des œufs, | F 1v 28 Hifloire Naturelle le degré de chaleur de fes différentes régions ; de la. conferver en étoupant: les ouvertures & fermant tous les re- giftres du couvercle, de laugmenter , foit avec des cendres chaudes fi ceft - un four, foit en ajoutant du boïs dans _ de poêle fi ceft une étuve à poêle, foit en faifant des réchauds fi cet une couche , &- enfin de la diminuer en ouvrant Îles repiftres pour donner accès à l'air extérieur, ou bien en introduifant dans le four un ou plufeurs corps froids, &c. Au refte, quelqu'attention que Ton . donne à Îa conduite d’un four d'incuba- tion , il n’eft guère poflible d’y entretenir conftamment & fans interruption , Île trente-deuxième degré qui eft celui de ia poule ; heureufement ce terme n’eft point tndivifble, & lon a vu Îa chaleur varier du trente -huitième au vingt - quatrième degré, fans qu'i en réfultit d'incon- vénient pour la couvée ; maïs ïl faut remarquer quict l'excès eft beaucoup plus à craindre que le défaut, & que: quelques heures du trente - huitième & même du trente-fixième degré, féroient dé MO ALT 129 plus de mal que quelques jours du vingt-. quatrième ;.& la preuve que cette quan- “tité de moindre chaleur peut encore être diminuée fans inconvénient , c’eft qu'ayant trouvé, dans une prairie qu'on fauchoït , le nid d’une perdrix , & ayant gardé & tenu à l'ombre les œufs pen- dant trente-fix heures qu'on ne put trouver de poule pour les couver , ils éclorent néanmoins tous au bout de trois Jours,. excepté ceux qui avoient été ouverts pour.voir où en étorent les perdreaux ; à Îa vérité 1ls étorent très- avancés , & fans doute il faut un degré de chaleur plus fort dans les commen- cemens de lincubation que fur la fin dece même temps, où la chaleur du petit oifeau fufht prefque feule à fon Me Doementiss D de ir À l'écard de fon humidité , comme elle eft fort contraire au {uccès de lin- cubation, 1l faut avoir des moyens fürs pour reconnoitre hi elle à pénétré dans de four, pour la difliper lorfqu'elle y à pénétré , & pour empêcher qu'il n'en vienne de nouvelle, L'hygromètre Îe plus HDI de 130 Hifloire Naturelle plus approprié pour juger de l'humidité de lair de ces fortes de fours, c'eft un œuf froid qu'on y introduit & quon y tient pendant quelque temps, lorfque le jufte degré de chaleur y eft établir; - ft au bout d’un demi-quart d'heure au plus ;, cet œuf fe couvre d'un nuage léger , femblable à celui que lhaleme produit fur une giace polie, ou bien à celui qui fe forme Fété fur la furface extérieure d’un verre où lon verfe des liqueurs à la glacé, c'éft une preuve que Flair du four eft trop humide, & il left d'autant plus que ce nuage eft plus long-temps à fe difliper; ce qui arrive principalement dans les fours à tan & à fumier, que l'on a voulu ren fermer en un lieu clos : Île meilleur remède à cet inconvénient eft de re- nouveler lairr de ces endroits fermés, en y établiflant plufieurs courans par le moyen des fenêtres oppofées, & à défaut de fenêtres en y plaçant & agi- tant un ventilateur proportionné à l'ef=- pace : quelquefois la feule tranfprration . du grand nombre d'œufs, produit dans 1e four même une humidité trop grande ; Mi Coq i mx &, dans ce cas, il faut tous les deux ou trois jours retirer, pour quelques tnftans, les corbeïlies d'œufs hors du four, & l'éventer fimplement avec un chapeau qu'on y agitera en différens fens. Maïs ce n’eft pas aflez de difliper l'humidité qui s'eft accumulée dans Îes fours , il faut encore , autant qu'il eft poifible ; lui interdire tout accès par dehors, en revètiflant leurs paroïs exté- rieures , de plomb laminé ou de bon ciment, ou de plâtre ou de goudron bien cuit, ou du moins en leur don« nant pluleurs couches à Fhuile qu’on laiflera bien fécher, & en collant fur leurs parois intérieures des bandes de veflies ou de fort papier gris. C'eft à ce peu de pratiques aïfées que fe réduit tout l'art de l’incubation artificielle , &1l faut y aflujettir la ftruc- ture & les dimenfons des fours ou étuves , le nombre, Îa forme & la dif- tribution des corbeïrlles , & toutes les petites manœuvres que la circonftance prefcrit , que le moment infpire , & qui nous ont éte détarllées avec une immen- fité de paroles, & que nous réduirons LV) r32 Hifloire Naturelle ict dans quelques lignes , fans cepen= dant rien omettre (o ). it Le four le plus fimple eft un ton- | neau revêtu par dedans de papier collé, bouché par le haut d’un couvercle qui -Temboîte , lequel eft percé dans fon milieu d'une grande ouverture fermant . à coulifle, pour regarder dans le four, . & de plufeurs autres petites autour de celle-là fervant de regiftre pour le mé- nagement de la chaleur , & fermant auffl à coulifles : on noïe ce tonneau plus qu'aux trois quarts de fa hauteur dans du fumier chaud ; on place dans fon intérieur les unes au-deflus des autres & à de juftes intervalles, deux ou trois corbeïlles à claïre -voie ; dans chacune ‘defquelles on arrange deux couches d'œufs , en obfervant que Îa couche fupérieure foit moins fournie que Tinférieure , afin que lon puifle avoir l'œil fur celle-ct ; on ménage, fi l'on veut, une ouverture dans le centre de chaque corbeïlle ; &: dans: l'efpèce sara re: 7 {o) Vôyez PArt de faire éclore les poulets , par M, de Réaumur, deux volumes in-douxe. dfCog ait 443 de petit puits formé par la rencontre de ces ouvertures qui répondent toutes à l'axe du tonneau; on y fufpend un ne bren Far on en place d'autres én différens points de la cir- conférence , on entretient par-tout la chaleur au degré requis, & on a des poulets. ù On peut aufli, en économifant La chaleur & tirant parti de celle qu'ordi- nairement on laïfle perdre , employer à Tincubation artificielle, celle des fours de pâtilliers & de boulangers , celle des forges & des verreries, celle même d'un poêle ou d’une plaque de che- minée, en fe fouvenant toujours que le fuccès de la couvée eft attaché prin- cipalement à une jufte düitribution de la chaleur , & à l'exclufion de toute hunudité. Lorfque les fournées font confdé- rables & qu'elles vont bien, elles pro- duifent des milliers de sou let à-la-fois ; & cette abondance même ne feroit pas fans inconvénient dans un climat comme le notre, fi lon n'eût trouvé moyen 134 Hifloire Naturelle de fe pafler de poule pour élever les poulets , comme on favoit s'en palier pour les faire éclore ; & ces moyens fe réduifent à une imitation plus ou moins parfaite, des procédés de la poule; Îcrfque fes pouflins font éclos. ; On jige bien que cette imère qui a montré tant d'ardeur pour couver, Qui a couvé avec tant d’afliduité, qui a foigné avec tant d'intérêt des embryons qui n'exiflorent point encore pour elle; ne fe refroïdit pas lorfque fes pouffins font éclos ; {on attachement fortifié par la vue de ces petits êtres qui lui doivent la naïflance , s'accroît encore tous les Jours par les nouveaux foins qu'exige leuf foibleffe ; fans cefle occupée d'eux’, elle ne cherche de la nourriture que pour eux; fi elle n'en trouve point, elle gratte la terre avec fes ongles pouf fut arracher les alimens quelle recèle dans fon fein, & elle s'en prive en leur faveur ; elle les rappelle lorfqu'ils s'égarent, les met fous fes atles à l'abri des intempéries & les couve une feconde fois ; elle {e fivre à ces tendres foins du Cog. 13$ avec tant d'ardeur & de foucr, que fa conftitution en eft fenfiblement alte- rée , & qu'il eft facile de diftinguer de toute autre poule une mêre qui mène fes petits, foit à fes plumes hérifices & à fes aïles traîinantes , foit au {on enroué de fa voix & à fes difiérentes Inflextons toutes expreflives , @& ayant toutes une forte empreinte de follicitude & d'affection maternelle, Mais fi elle s'oublie elle-même pour conferver fes petits, elle s'expofe à tout pour les défendre ; paroît-ïl un éper- vier dans l'air ; cette mère fi foible, fi timide, & qui en toute autre circonf- tance chercheroit fon falut dans la fuite , devient intrépide par tendrefle, elle s'élance au-devant de Îa ferre redou- table ; & par fes cris redoublés, fes battemens d'ailes & fon audace, elle en impole fouvent à l’oifeau carnaflieg qui, rebuté d’une réliftance imprèvue, s'éloigne & va chercher une proie plus facile ; elle paroît avoir toutes les qua- lités du bon cœur , maïs ce qui ne fait pas autant d'honneur au furplus de fon 136 Hifloire Naturelle inftinét , c'eft que fi par hafard on luf, a HR à couver des œufs de cane ou de tout autre oifeau de rivière, {on « aflection n'eft pas moindre pour ces étrangers qu'elle le feroit pour fes propres pouflins ; elle ne voit pas qu'elle à | neft que leur nourrice ou eur bonne « & non pas leur mère, & lorfqu'ils vont, guidés par la Nature, s'ébattreu ou fe plonger dans la rivière voiline; c'eft: un pectacle finguher de voir la furprife , Îes inquiétudes ; les tranfes de cette pauvre nourrice qui fe croit encore : mére, & qui preflée du delir de les fuivre au mulreu des EAUX mais retenue | par une répugnance invincible pour cet élément, s'agite, incertaine fur le rivage, tremble & fe délole, voyant toute fa couvée dans un péril évident, fans ofer lui donner de fecours. I! feroit impoflible de fuppléer à tous les foins de la poule pour élever. {es petits, fi ces {oins fuppofoient-nécef- {airement un degré d'attention & d'afec- Set 7 : tion égal à celui de la mère elle-même; ul fufñt, pour réuflir, de remarquer À d ) du Cog. 137 | les principales circonftances de la con- | duite de Îa poule & fes procédés à | l'égard de fes petits, & de Îles rimiter | autant qu'il eft poflible. Par exemple, | ayant obfervé que le principal but des | foins de la mère, eft de conduire {es | pouflins dans des lieux où ils purfleat | trouver à {e nourrir, & de les garantir | du froid & de toutes les injures de l'air; lon à imaginé le moyen de leur procurer tout cela , avec encore plus d'avantage quela mère ne peut le faire ; s'ils narfient |en,hiver , pn les tient pendant un mois | ou fix femaines dans une étuve échaufée. [au même degré que les fours d'incu- |bation , feulement on les en tire cinq | ou fix fois par jour pour leur donner à manger au grand air, & fur-tout au | foleïl ; la chaleur de l’étuve favorile leur développement, Vair extérieur les for- tifie & 1ls profpèrent : de la mie de pain, des jaunes d'œufs , de Ia foupe, du millet font leur première nourriture; fi c'eft en été, on ne les tient dans létuve que trois ou quatre jours, & _ dans:tous les temps on ne les tire de Létuve que pour les faire pafler. dans 138 Hifloire Naturelle la pouffinière : c'eft une efpèce de cagë carrée, fermée pardevant d'un grillage en fil-de-fer ou d’un fimple filet , & | par-deflus d'un couvercle à charnière; c'eft dans cette cage que Îles pouflins trouvent à manger: mais lorfqu'ils ont mangé & couru fufnfamment , il {eur faut un abri où ils puifient fe réchauffer & fe repofer , & c'eft pour cela que les poulets qui font menés par une mère , ont coutume de fe r:flembler alors fous fes aïless M. de Réaumur a imaginé pour ce même uf:g® une mére artificielle; c'eft une boîte doublée de peau de mouton, dont la bafe eft carrée & le deflus mcliné comme le defus d'un pupitre; # place cette boîte à l'un des bouts de fa pouflinière, de manière que les poulets puiflent y entrer de plein pied & en farre le tour au moins de trois côtés, & ïl l’échaufle par-deflous au moyen dune chaufrette qu'on renouvelle felon le befoin; linclinarfon du couvercle de cette efpèce de pupitre offre des hauteurs diférentes. pour les poulets de différentes tailles; mais comme ils ont coutume, fur-tout du Coq. : 39 “orfqu'ils ont froid, de fe prefler & ‘ même de s’entaller en montant les uns fur Îes autres, & que, dans cette foule, Les petits & les forbles courent rifque “détre étouffés, on tient cette boite ou “mére artificielle ouverte par les deux bouts, ou plutot on ne la ferme aux deux bouts que par un rideau que le plus petit poulet puifle foulever facrlement, afin qu'il ait toujours la factiité de forttr loriqu’il fe fent trop preflé, après quoi il peut, en farfant le tour , revemir par Pautre bout & choïfir une place moims eu M. de Réaumur tâche en- ore de prévenir ce même inconvénient | sw. une autre précaution , c'eft de tenir le couvercle de la mere artificielle i incliné - aflez bas pour que les poulets ne puiffent pas monter les uns fur les autres; & à meflure que les poulets crorflent , ïl élève le couvercle en ajoutant fur Île. côté de la boïte des haufles proportion- . nées: 1l renchérit encore fur tout cela, en divifant fes plus grandes pouffinières en deux par une clorfon tranfverfale, afin de pouvoir féparer les poulets de . différentes grandeurs ; 1l les fait mettre t40 , Hiffoire Naturelle auf fur des roulettes pour la £ facilité du A or car ïl faut abfolument : les rentrer dans la chambre toutes les, nuits, & même pendant Île jour lorfque. le temps eft rude ; & il faut que cette chambre foit échaufiée en temps d'hiver: mais, au refte, ïl ef bon , dans les temps qui ne font nt froids mi pluvieux | d’expoler les pouflinières au grand air & au foleïl , avec da feule précaution de les garantir du vent ; on peut même en tentles portes ouvertes , [es poulets apprendront bientot à fortir pour aller gratter le fumier ou béqueter l'herbe . tendre, & à rentrer pour prendre leur repas ou s'échauffer fous la mère arti- Jiciclle ; fi Ton ne veut pas cour le rifque de les laifler ainfi vaguer en I berté ; on ajoute au bout dela pouilt- nière une cage à poulets ordinaire qui ; communiquant avec la première , leur fournira un plus grand efpace pour | s'ébattre, & une promenade clofe où ils feront en fürete, Er Mais pius on les tient en captivité, : plus 1! faut être exact à leur fournir une nourriture qui leur convienne ; outre le _ du Cog. LAIT mullet , les jaunes d'œufs , la foupe & la mie de pain, les jeunes poulets aïment auffi la navette, le chenevis & autres menus grains de ce genre ; les pois, des fèves , les lentilles, le ris, l'orge & lavoine mondés, le turquis écralé & 4e blé noir. I convient , & c’eft même une économie , de faire crever dans l'eau bouillante {a plupart de ces graines avant de les leur donner; cette éco- nomie va à un cinquième fur le fro- ment, à deux cinquièmes fur l'orge ; à une moitié fur le turquis, à rien fur avoine & le blé noir ; il y auroit de la perte à faire crever le feigle, mais c'eit de toutes ces graines celle que les poulets aiment Île moins. Enfin on peut leur donner , à mefure qu'ils deviennent grands , de tout ce que nous mangeons nous-mêmes , excepté les amandes amères /p) & Îles grains de cafe /g) ; toute viande hachée, cuite (p) Voyez Éphémérides des curieux de 1a Nature, Dec. I, ann. 8 , ob{èrr. 09. … (4) Deux poulets ayant été nourris, l’un avec du café des îles rôti, l’autre avec le même café non rôti, devinrent tous deux étiques & moy 142 Hifloire Naturelle ou crûe leur eft bonne, fur-tout Îes vers de terre; c'eft le mets dont ces oïfeaux, qu'on croit fi peu carnafliers , peroïlient être le plus friands, & peut- être ne leur manque - t - il ,. comme à! : bien d’autres > qu'un bec crochu & des ferres pour être de véritables orfeaux de proie. sn ; Cependant 1l Et avouer qu'ils ne différent pas moins des oïfeaux de proie. par la façon de digérer, & par la ftruc- ture de leftomac, que mar le bec & par les ongles ; l'eftomac de ceux - cs eft membraneux , & leur digeftion sopère par le moyen dun difolvant | qui varie dans les différentes efpeces, mais dont laétron eft bren conftatée {r)3 au jeu que ies gallinacés peuvent être, regardés comme ayant trois eflomacs ; Le ar AVS Sd rurent, l’un le huitième jour & l’autre le dixième ," après avoir confommé ciacun trois onces de café: les pieds & les jambes étoient fort enflés, & la véficule du fiel fe trouva auffi groffe que celle d’une poule d'Inde. Mémoïres de ne royale des Sciences, année 1746, page 101. à (r) Voyez Mémoire de l’Académie royale des | Sciences , année 1752, page 266. : HQE du Coq. 143 favoir, 1. le jabot qui eft une efpèce de poche membraneufe , où les grains font d’abord macérés & commencent à {e ramolltr ; 2.° Îa partie la plus évalée du canal intermédiaire entre le jabot lé séher ; &. da plus voïfine de ce- lui-ct ; elle eft tapiflée d'une quantité de petites glandes qui fourniflent un fuc dont les. almens peuvent aufli fe énétrer à leur pañlage; 3.° enfin le géfier qui fournit un fuc manifeftement acide , purfque de l’eau dans laquelle on a broyé fa membrane interne, devient une bonne preélure pour faire cariler es crêmes ; c'eft ce troïfième eftomac qui achève, par FPaction puif- fante de fes mufcles , la digeftion qui mavoit été que préparée dans les deux piones La force de les mufcles eft Plus grande quon ne Île croiroit; en moins de quatre heures elle réduit en poudre impalpable une boule d'un verre _aflez épais pour porter un poids d’en- viron quatre livres ; en quarante-huit | heures elle divife longitudinalement, en | deux efpeces de gouttieres, piufieurs | tubes de verre de quatre lignes de dia- 144 Hifloire Naturelle mètre & d'une ligne d'épaifleur, dont au bout de ce temps toutes les parties” aiguës & tranchantes fe trouvent émoufs {fées & le polr détruit, fur-tout celui de la partie convexe; elle éft aufli ca - pable d’aplatir des tubes de fer -blancs” & de broyer jufquà dix-fept norlettess dans lefpace de vingt-quatre heures & cela par des compreflions multr pliées, par une alternative de frottement dont ïl eft difficile de voir la méca-… nique. M. de Réaumur ayant fait, nombre de tentatives pour la découvrir. n'a apercu qu'une feule fois des mou. vemens un peu fenfbles dans cettèen partie; 1 vit dans un chapon dont 4 avoit mis le géher à découvert, desk portions de ce vifcère fe contracter, s'aplatir & fe relever enfuite; 1 obfervas des efpèces de cordons charnus qui {eu formoient à {a furface, ou plutot qui paroïflotent sy former, parce quil fe farfoit entre-deux des enfoncemens. qui les féparoïent, & tous ces mouve# mens fembloient fe propager commen par ondes & très-lentement, à Ce qui prouve que dans les gallinacésmi la. : ac D | ii du Cog. 145$ la digeftion fe fait principalement par l'action des mufcles du gélier, & non _par celle d'un diflolvant quelconque , c'eft que fi lon fait avaler à Fun de | ces oïfeaux un petit tube de plomb | ouvert par Îles deux bouts, mais aflez | épais pour n'être point aplati par l'effort | du géfier , & dans lequelon aura intro- |-duit un grain d'orge, le tube de plomb | aura, perdu fenfblement de fon poids | dans l'efpace de deux jours, & le grain | d'orge qu'il renferme , füt-1l cuit & même | mondé, fe retrouvera au bout de deux | jours un peu renflé, maïs auffi peu altéré | que fi on l'eût larflé pendant le même | temps dans tout autre endroit égale- |-ment “humide ; au leu que ce même |igrain , & d'autres beaucoup plus durs, | qui ne ferotent pas garantis par un tube, | {croient digérés en beaucoup moins de | temps. | | . Une chofe qui peut aïder encore à | faction du géfier , c'eft que les oïfeaux |! en tiennent la cavité remplie , autant | | qu'il eft poflible, & par-à mettent en | jeu les quatre mufcles dont il eft com- pol; à défaut de grains, ils le leftent Oifeaux ; Tome III, G 146 Hifioire Naturelle avec de l'herbe & même avec de pe- tits caflloux , lefquels par leur dureté & leurs inégalités, font des inftrumens propres à broyer les grams avec lefquels ils font continuellement froiflés; je d1s. par leurs inégalités, car, loriqu' is font. polis, ïls paflent fort vite, 1l n'y a que les raboteux qui reftent ; ils abondent. d'autant plus dans le gcher qu'il s'y trouve moins d'alimens ; & ils y fé- journent beaucoup plus de temps qu’au- cune autre matière M: où non. digeftibie. Et l'on ne fera point furpris que La membrane intérieure de cet cftomac foit, aflez forte pour rélifter à'la reaction. de tant de corps durs fur lefqueis elle agit fans relâche, fi fon fait attention,. ue cette membrane eft en effet fort. épaifle & d'une fubftance analogue à, celle de la corne ; d'ailleurs ne dait-on, pos les morceaux de Bois & les, cuirs dont 6n fe fert. pour frotter avec. une poudre : estrémement ‘dure, desl COFps eux s on veut donner le pos F Hi, réhitent fort long-tem Fe ; of peu Encore | hiépafe ër que - Cétte fen 3brane | L * j du Cog. 147 dure , fe répare de lamême manière que la peau calleufe des mains de ceux qui travaillent à des ouvrages de force. Au refte, quoique les petites pierres puiflent contribuer à la digeftion, ül neft pas bien avéré que les oïfeaux granivores aient une intention bien dé- cidée en les avalant. Rédi ayant ren- fermé deux chapons avec de l'eau & de ces petites pierres pour toute nour- riture , ils burent beaucoup d'eau & moururent , l'un au bout de vingt jours, l'autre au bout de vingt-quatre, & tous deux fans avoir avalé une feule pierre. M. Rédi en trouva bien quelques-unes dans leur géhier ; mais cétort de celles qu'ils avorent avalées précédemment (f). Les organes fervant à la refpiration, confiflent en un poumon femblable à celui des animaux terreftres, & dix cellules aërtennes, dont 1} y en a huit dans la poîïtrine , qui communiquent ([) Rédi , des animaux vivans qui fe trouvent dans les animaux viyans. G 1) 148 Hifloire Naturelle immédiatement avec le poumon ; & deux plus grandes dans le bas-ventre , qui communiquent avec les huit pré- cédentes : lorfque dans linfptration le thorax eft. driaté , Tai ’ente partie larynx dans Île poumon , pale du poumon dans les huit cellules aériennes fupérieures , qui attirent aufli , en fe dilatant , celur des deux cellules du Hs ile , & celles-ci s'affarflent à proportion; lorlqu'au contraire le pou- mon & les cellules fupérieures s'affarf- fant dans expiration , preflent l'air contenu dans leur cavité, cet aïr fort en partie par Île larynx , & repafle en : partie des huit cellules de Ia poitrine dans les deux cellules du bas-ventre, lefqueiles fe dilatent alors par une mécanique aflez analogue à celle d’un foufflet à deux ames : mais ce n'eft point 1ci le lieu de développer tous les reflorts de cette mécanique ; 5 fufhra de remarquer que dans les oïfeaux qui ne volent point, comme fautruche, le caloar 3 & dans ceux qui voient pcfamment , tels que les gallinacés , la diCod It 49 quatrième cellule de chaque coté eft plus petite fc). | db Toutes ces différences d’organifation en entraïnent néceflairement beaucoup d'autres , fans parler des anches mem- braneufes obfervées dans quelques oi- feaux. M. Duverney a fat voir fur Un coq vivant, que la Voix, dans ces” oïfeaux , ne fe formoit pas vers Île larynx , comme dans les quadrupèdes, mais au bas de la trachée-artére , vers la Bifurcation fu), où M. Perrault à MocuniHlafynx interne, Outre cela ; M. Hériflant à obfervé dans les principales bronches du poumon , des membranes _fémi - lunaires pofées tranfverfalement les unes au-deflus des autres , de façon qu'elles n'occupent que la moitié de la cavité de ces bronches , laiflant à Varr un Jtbre cours par l'autre demi- cavité ; & il a jugé avec raïfon , que ces membranes devoient concourir à LD TE SEAT LORIE RPRRAPRP A RESRT VON Qt 2 SEEN (1) Mémoires pour fervir à l’Hiftoire des Ani- maux, partie IT, pages 142 & 164, (4) Anciens Mémoires de L’A cadémie royale des Sciences, come XI, page 7. un G ti) 150 Hifloire Naturelle la formation de la voix des oïfeaux 3 mais moïns eflentiellement encore que. la membrane de los de la lunette, faque'le termine une cavité aflez conf> dérebie qui fe trouve au-deflus de la partie fupérieure & interne de la poi- trine , & qui a aufli quelque commu nication avec les cellules aërtennes fupé- rieures: cet Anatomiite dit s'être afluré, : par des expériences réitérées, que lorf- que cette membrane eft, percée , la voix fe perd.auffi; & que, pour fa faire entendre de nouveau, 11 faut bou- cher exactement l'ouverture de la mem- brane , & empêcher que l'air ne puifle fortir {x). | D'après de fi grandes différences obfervées dans l'appareil des organes de Ta voix, ne paroïtra-t-1l pas fingu- lier que les orfeaux, avec leur langue cartilagineufe & leurs lèvres de cornes, , atent plus de facilité à imiter nos chants -& même notre parole , que ceux d’entre es quadrupèdes qui reflemblent le RE etant (x) Mémoires de FA cadémie royale des Sciences, annee 17853 ; page 201. Fat | du Coq. I1SE plus à l'homme? tant il eft difhcile de juger de lufage des parties par leur fimple ftructure, & tant il eft vrat que la modification de la voix & des fons _ dépend prefqu’en entier de la fenfibilité de louïe ! Le tube inteftinal eft fort long dans les gallinacés & furpafle environ cinq fois la longueur de l'animal, prie de l'extrémité du bec jufqu'à Fanus : on y trouve deux cœcum d'environ fix pouces, qui prennent naïflance à l'en- droit où le colon fe joint à liléon; le reélum s'élargit à fon extrémité & forme un réceptacle commun , quon a appelé cloaque où fe rendent fé- parément les excrémens folïdes & Ir- quides , & d'où ts fortent à- la-fois fans être néanmoins entièrement méêlés : les parties caractériftiques des fexes s’y trouvent aufli; favorr , dans les poules la vulve ou lorifice de loviduëlus : & dans les cogs les deux verges, c'eft-à- dire, les mamelons des d:ux vaifleaux fpermatiques ; la vulve eft placée , comme nous l'avons dit plus haut , au - deflus de Tlanus , & par conféquent tout G 1v 152 Hifloire Naturelle au rebours de ce qu'’ellé eft dans les. quadrupèdes. Ag On favoit, dès le temps d'Ariftote, que tout oïfeau mâle avoit des teftr- cules , & qu'ils étorent cachés dans l'intérieur du corps ; on attribuoit même à cette fituation la véhémence de lap- pétit du mâle pour la femelle qui a,. difoit-on , moins d’ardeur, parce que l'ovaire eft plus près du drphragme & par conféquent plus à portée d'être rafraîchir par l'air de la refpiration (y) : au refte , les tefticules ne font pas tellement propres au mâle, que Ton nen trouve aufli dans la femelle de quelques efpèces d'oifeaux , comme dans fa canepetière & peut-être l'ou- tarde (x). Quelquefors les mâles n'en ont qu'un , mais le plus fouvent ils en ont deux ; & 11 s’en faut beaucoup que Ja grofleur de ces efpèces de glandes foit proportionnée à celle de - (y) Ariftot. de Partibus Animalium , Hb.-IV ,, Cap. V. | (x) Hiftoire de l’Académie royale des Sciences, | aniée 1750, page 44 L 14 déCogi Ai 3 _ Toifeau. L’aigle les a comme des pors, & un poulet de quatre mois les a déji comme _desolives ; en général leur grofleur varte, non-feulement d’une efpèce à lautre, mais encore dans la même elpèce, & neft jamais plus remarquable que dans le temps des amours. Au refte, quelque peu confidérable qu'en foit le volume , ils jouent un grand rôle dans l'économie animale , & cela fe voit clairement par les changemens qui arrivent à Îa fuite de leur extirpation. Cette opé- ration fe fait communément aux. poulets qui ont trois ou quatre mois ; celui qui la fubit prend déformais plus de “chair, & fa chair qui devient plus fucculente & plus délicate , donne aux Chymiftes des produits difiérens que ceux qu'elle ett donnés avant [a caf- tration (a); 1 n’eit prefque plus fujet (a) L’extrait tiré de Tacha’r du poulet dégraifé, eft un peu moins du quatorzième du poids total ; au lieu qu’il en fait un dixième dans fe poulet, & un peu plus du feptième dans le coq: de plus Yextrait de {a chair du coq eft très-fec, au fieu que celle du chapon eft difficile à ou Voyez & Y 154 Hifloire Na turelle à la mue, de même que le cerf qui eft dans le même cas ne quitte plus fon bois 3. il na plus le même chant , fa voix de- vient enrouée & ïl ne la at as. que rarement ; traité durement par les - cogs, avec dédam par les poules , privé de tous les appétits qui ont rapport à la reproduction , ïl eft non-feulement exclus de la fociété de fes femblables, il eft encore, pour amfi dire, féparé de fon efpèce ; c’eft un être AL , bors- d'œuvre , dont toutes les facultés fe re- pient fur lui-même & n'ont pour büt que fa confervation individu se ; manger , dormir & s'engraïfler , vorà déformars {es principales fonétions & tout ce qu'on peut lur demander : cependant , avec un peu d'nduftrie , on peut tirer parti. de fa foiblefle même , & de fa do- cité qui en eft la fuite, en lur donnant des habitudes utiles ; po par exemple , de conduire & d'élever (es ; jeunes pou- jets ; il ne faut pour cela que le tenir Mémoires de l’Académie royale des Science » ARE 1730, page 231. + AMCogu. UE RES pendant quelques jours dans une prifon obfcure , ne l'en tirant qu'à des heures réglées pour fur donner. à manger, & laccoutumant peu-à-peu à la vue & à Îa compagnie de quelques poulets un peu forts, il prendra bientot ces poulets en amitié, & les conduira avec autant d'af- féion & 'd'affiduité que le feroit leur mère ; il en conduira même plus que la mère , parce qu il en peut réchauffer fous fes aïles un pus grand nombre à-la-fois. L2 mère poule, débarraflée de ce foin, le remettra plutôt à pondre /4), & de cette manière les chapons quoiqe voués à la ftérilité, contribueront encore indr- reétement à la con‘ervation & à la mul- tiplication de leur efpèce. Un fi grand changement dans les mœurs du chapon ; produit par une caufe fi petite & fi peu fufhfante en apparence , eft un fait d'autant plus remarquable » qu'il ef confirmé par un trèés-grand nombre d expériences (&) Voyez Prati ique na Hu éclore Les œufs, &e page 98. G v] 16 Hiftoire Naturelle que les hommes ont tentées fur d'autres efpèces , & qu'ils ont ofé étendre jufque fur leurs femblables. On a fait fur Les poulets un effai beaucoup moins cruel, & qui n'eft peut- être pas moins intéreflant pour la Phyf-: que ; c'eft après leur avoir emporté la crète (c) ,; comme on fait ordinatrement, d'y füubitituer un de leurs ‘éperons naïf- fans, qui ne font encore que de petits boutons ; ceséperons, ainf entés, pren- nent peu-à-peu racine dans les chars, en tirent de la nourriture, & croïfient fouvent plus qu'ils n'euflent fait dans le. leu de leur origine : on en à vu qui avoient deux pouces & demi de fongueur, & plus de trois ignes & demie de dia- mètre à la bafe ; quelquefois, en crorfiant, HA EUR PT comme les cornes de . | L (c) Nora. La raifon qui femble avoir déter- miné à couper la crête aux poulets qu'on fait devenir chapons , c'ét qu après cette opération qui ne empêche pas de croître, elle ceffe de fe tenir droite, elle devient pendante comme celle des poules ,. & fi on la lafloit, elle les incommoderoit en leur couvrant un œil du Coq. Nue l'aire béker , d'autres fois ils fe renverfent comme celles des boucs {4 ). rh C'eft une efpèce de greffe anfmale dont le fuccès à dû paroître fort douteux Îa première fois qu’on l’a tentée, & dont il eft furprenant qu'on n'ait tiré, depuis qu'el'e a réufli, aucune connoïflance pra- tique. En général, les expériences def- truétives font plus cultivées , fuivies plus vivement que celles qui tendent à Îa confervation , parce que l’homme aime mieux jouir & confommer, que faire du bien & s'inftruire. Les poulets ne naïflent point avec cette crête & ces membranes rougeîtres qui les diftinguent des autres orfeaux , ce n'elt qu'un mois après leur naïflance que ces parties commencent à fe dé- velopper ; à deux mois, les jeunes mâles chantent déjà comme les coqs, & fe battent les uns contre les autres ; ils fentent qu'ils doivent fe haïr, quoique le fondement de leur haine n'exifte pas . (d) Voyez Anciens Mémoires de l’Académie royale “des Sciences , tome XI, page 48. — Le Journal Economique ; Mers 1701, page 120 158 Hifioire Naturelle encore : ce neft guère qu'à cinq ou fx mois qu'ils commencent à recher-, cher les poules, & que celles-cr com- . mencent à pondre: dans Îles deux fexes,! le terme de Tlaccroiflement complet € à un an ou quinze mois; les jeunes, poules pondent plus, à ce qu'en dit, mais des vierlles couvent mieux ; ce: temps néceflarre à Îeur accroifiement indiqueroit que la durée de leur vie naturelle, ne devroit être que de fept où huit ans. f1 dars les oïleaux cette durée fuivoit la même proportion que dans les animaux quadrupèdes , mais nous avons vu quelle eft beaucoup plus longue ; un coq peut vivre juf- quà vingt ans dans l'état de domeftr- cité , & peut-être trente daus celur de liberté : malheureulement pour eux ,. nous n'avons nul intérêt de Îles faïfler vivie long-temps ; Îles poulets & les chapons qui font deftinés à paroître {ur nos tables, ne paflent jamais l'année ; & la plupart ne vivent qu'une farlon; les cogs & Îles poules qu'on empioie à la multiplication de Tefrèce , font. épuilés aflez promptement, & nous ne du Cog. nt: 159 donnons le temps à aucun de parcourir la période entière de celui qui Ieur a été afligné par la Nature; en forte que ce n'eft que par des hafards finguliers que l'on a vu des coqs mourir de vieillefle. Les poules peuvent fublfter par- tout avec la protection de l'homme; . aufli font-elles répandues dans tout le monde habité: les gens aifés en élèvent en Iflande, où elles pondent comme ailleurs fe), & les pays chauds en font pleins: mais la Perfe eft le climat pri- imitif des cogs, felon le docteur Thomas Hyde [f); ces orfeaux y font en abon- dance & en grande confidération , fur- tout parmi certains Dervis qui les resar- dent comme des horloges vivantes; & l'on fait qu'une horloge eft l'ame de toute communauté de Dervis. D) (e) Horrebous , Deftription de l’Iflande ,tomel , page 199. | | (f) Hif'oria Relistonis veterum Perfarum ; ce page 163. Remarquez cependant que l’art d'en- graifler les chapons a été corté d'Europe en Perle par des marchands Arméniens. Voyez Taver- nier , come 11, page 244 160 Hifloiré Naturelle Dampier dit qu'il a vu & tué, dans: les iles de. Poulocondor, des coqs fau- vages qui ne furpañlotent pas nos cor neïlles en grofleur , & dont le chant, aflezm femblable à celui des coqs de nos baflé- cours , étoit feulement plus aigu {g/ > 1H ajoute aïlleurs qu'il y en a dans File Timor & à Sanjago , l'une des îles du Cap vert /g). Gemelli Carert rapporte qu'il en avoit aperçu dans les îles Philip= pines ; & Merolla prétend qu'il ya des poules fauvages au royaume de Congo, qui font plus belles & de meïlleur goût que les poules domeftiques, maïs que les Nègres efliment peu ces fortes d'oi- feaux. De leur climat naturel, quel qu'il foit, ces oïleaux fe font répandus fa- | cilement dansle vieux continent, depuis la Chine jufqau’au Cap vert, & depuis l'Océan méridional jufqu'aux mers «du Nord, ces migrations font fort anciennes (g) Nouveau : voyage autour du monde, some IT, page 82. (h) Dampier, Suite du voyage de la nouvelle Hollande, tome V , page 61. | du Cog. … A86n & remontent au-delà de toute tradition hiftorique ; mais leur établifflement dans le nouveau monde , paroît être beaucoup plus récent. L'Hiftorien des fncas/i)aflure qu'il n’y en avoit point au Pérou avant la conquête, & même que les poules ont été plus de trente ans, fans pouvoir s'accoutumer à couver dans la vallée de Cufco. Coréal dit pofitivement que les poules ont été apportées au Bréñl parle Efpagnols, & que les Braliliens les con- norfloient fi peu , qu'ils n'en mangeotent d'aucune forte , & qu'ils regardorent leurs œufs comme une efpèce de poïlon : les habitans de Pile de Saint-Domingue nen avorent point non plus , {elon le témoignage du P. Charlevoix ; & Oviédo donne comme un fait avéré, qu'elles ont été tranfportées d'Europe en Amérique : 1l eft vrai qu'Acofta avance tout Île contraire ; il foutient que Îes poules extftoient au Pérou, avant l'arrivée des Efpagnols , 1l en donne pour preuves, qu'elles s'appellent dans la langue du pays gualpa, & leurs œufs # (i) Hiftoire des Incas, some IT, page 239. 162 Hifloire Naturelle ponte ; & de Tancienneté du mot, 1 croit pouvoir conclure celle de lachofe,, comme sil nétoit pas fort fimple de penier que des Sauvages, voyant pout la premiere fois un oïfeau étranger ; auront fongé d'abord à le nommer, foit d'après ere: avec quelque oïfeau de leur pays, foit d'après quel- qu'autre analogie ; maïs ce qui doït, ce me femble, fre préférer abfolument la première opinion , c'eft qu'elle eft conforme à la lor du climat; cette lot, quoiqu'elle ne puifle avoir lieu en gé- : néral à Flégard des oïfeaux , fur-tout à l'égard de ceux qui ont laïle forte, & à qui toutes les contrées font ouvertes , eft néanmoins fuivie néceflatrement par ceux qui, comme la poule, étant pefans & ennenus de l'eau , ne peuvent n1 tra- verfer les 2irs comme Îles oïfeaux qui ont le vol élevé, n1 pafñler les mers ou 1: ) même les grands fleuves comme Îles! quadrupèdes qui favent nager; & font par conféquent exclus pour jamais de tout pays {éparé du leur par de grands amas d'eau, à moins que l'homme qui va par-tout ne s'avile de Îes tranfporter Hhadfféogu tr nés avec lur : amf, le coq eft encore un animal qui appartient en propre à f'an- _cien continent, & quil faut ajouter à la life que j'ai donnée de tous les ani- maux qui n'exiftoient pas dans le nou- veau Monde, lorfqu on en a fait la découverte, À melure que Îes poules fe font élor- gnces de leur pays natal, quelles fe font accoutumées à un autre climat , à d'autres alimens, elles ont dû éprouver quelqu'altération dans leur forme, ou plutôt dans celles de leurs parties qui en étorent le plus futceptibles : ; & de-là fans doute ces variétés qui conftituent Îles différentes races dont je vais parler ; variétés qui fe perpétuent conftamment dans chaque climat , foit par l'action continuée des mêmes caufes qui les ont produites d'abord , foit par l'attention que l’on a d'aflortir les individus deftinés à la propagation. Il feroit bon de drefler pour le coq, comme je lai fait pour le chien, une efpèce d'arbre généalogique de toutes fes races, dans lequel on verroit la fouche primitive & fes différentes branches, - 154 Hifloire Naturelle qui repréfenterotent les divers ordres | d'altératrons & de changemens relatifs à {es différens états : ÿ MAIS : faudroit avoir pour cela des mémoires plus éxacts ; plus détcillés que ceux que l’on trouve dans Ia plupart des relations : ainhñ, je me contenterar de donner ict mon opi- nion fur {a poule de notre climat, & de rechercher fon origine après avoir fait le dénombrement des races étran- gères qui ont été décrites par les Natu- raliftes , ou feulement po par les His ina ns ° Le coq hit b, 1] ne difière du kg commun que par une toufle de plumes qui s'élève fur fa tète, & d a | ordinairement la crête plus petite ; vraï- femklablement parce que la nourriture ; \ au Îreu d'être portée toute à lacrete, ! e hi e | Eu \ » e eft en partie employée à laccrorflement des plumes. Quelques Voyageurs aflu- rent que toutes les poules du Mexique ! # Voyez les planches enluminées, n.° x. b'Ibidem, n.° 49. ° Le coq commun, le coq de notre | du Coq. | 165$ font huppées : ces poules ; comme toutes les autres de l'Amérique, y ont “été tranfportées par les hommes, & - viennent originairement de lancren con- Hnent.. Au refle… la race des poules huppées eft celle que les curieux ont de plus cultivée ; & comme :ïl arrive à toutes les chofes qu'on regarde de très-près, ils y ont remarqué un grand nombre de différences, fur-tout dans des couleurs du plumage, d'après 1ef- quelles 1ls ont formé une multitude de ‘races diverles, qu'ils eftiment d'autant plus , que leurs couleurs font plus belles ou plus rares; telles que les dorées & les argentées; la blanche à huppe notre & la noïre à huppe blanche; les apates & les chamois; les ardoïfées ou péri- “nettes ; celles à écatiles de porflon & les herminées ; la poule veuve, qui a de petites larmes blanches femées fur un fond rembruni ; la poule couleur de feu; la poule prerrée, dont le plumage fond blanc eft marqueté de noir ou de chamoïs, ou d’ardoife ou de doré, &c. “mais je doute fort que ces differences 166 Hifloire Nèrurelle. foient affez conitantes & aflez pro: fondes pour conftituer des efpèces vrai- ment différentes, comme Île prétendent quelques Curieux , qui aflurent que plu- fieurs des races ci-deflus ne propagent. point enfemble. | 3. Le coq fauvage de l’Afie : ceft} fans doute celui qui approche le plus. de là fouche originaire des coqs de ce climat; car, n'ayant jamais été gène par | HO ni dans le choix de fa nour-! riture , ni dans fa manière de vivre, qu'eft-cé qui auroit pu altérer en lui la pureté de la première empreinte? il, n'eit ni des plus grands, ni des plus petits de lefpèce, mais fa tarlle eft moyenne, entre les différentes races. Il fe trouve | * comme nous lavons dit ct-devant, enk plufeurs contrées de l’Afie, en Afriquet & dans Îes îles du C:p-vert: nous n'en avons pas de delcription aflezh exacte pour pouvoir Île comparer à | notre coq. Je dois recommander 1ctk aux V oyageurs, qui fe trouveront à “portée de voir ces coqs & poules (al vages, de tâcher de favorr fi elles font, ral du Coq. 467 des nids ; & comment elles Îles font. M. Lottinger, Médecin à Sarrebourg ; qui a fait de nombreufes & très-bonnes obfervations fur les oïifeaux ,; m'a afluré que nos poules , lorfqu’elles font en pleine liberté, font des nids, & qu'elles y mettent autant de foin que les perdrix. 4° L'Acoho ou cog de Madagafear : les poules de cette efpèce font très- petites, & cependant leu$ œufs font . encore plus petits à proportion , puif- qu'elles en peuvent couver jufqu’à trente à- la- fois /£). 5.” Poule naine de Java , de la grof- feur dun pigeon Cldatley es quél- qu'apparence que la petite poule angioile pourroit bien être de la même race que cette poule de Java, dont parlent Îes Voyageurs ; car cette poule angloïfe eft encore plus. petite que notre poule (4) Hiftoire générale des Voyages , tome VWIIT, pages-603 — 606. (L) Cote Givr: scadémique » Partie étrangère ; tome 111 » Passe 452. 168 Hiffoire Naturelle naine de France , n'étant en effet pas, plus grofie qu'un pigeon de moyenne grofleur. On pourroit peut-être encore ajouter à cette race la petite poule du Pégu jiquefles Voyageurs difent n'être pas plus groile qu'une tourterelle , & avoir les pieds rogneux , mais le plumage très-beau. G.° Poule de dr de Darien , plus petite que la poule commune : elle à un cercle de plumes autour des jambes, une queue fort éparffe qu'elle porte droite, & le hout des aïles noix ; elle chante avant le jour (7n). 7. Poules de Camboge , tranfportées. de ce royaume aux Philippines par les Elpagnois : elles ont les pieds fi “courts, que leurs aïles traînent à terre ; cette race reflemble beaucoup à celle de Îa poule naine de France, ou peut- être à cette poule naine qu'on nourrit en Bretagne à caufe de fa fécondité , | & qui marche toujours en fautant: au : refte , ces poules font de la grofleur 1 (in) Hiftoïre générale des Voyages , tome VIII | des . gage 151. # d du Coq. _ 169 des poules ordinaires, & ne font naïnes que par les jambes qu'elles ont très- cou'tes. 8.” ni coq de Banram a beaucoup de Tappo:t avec le coq pattu d: France; il a de Ent les pieds couverts de j lumes , maïs feulement en dehors ; TE "s des jambes font très - longues , & Lit forment des efpèces de bottes, qui defcendent beaucoup plus bas que le talon ; 1l eft bcourageux , & fe bat hardiment contre des cogs beaucoup plus forts que lui s Lil a l'iris des yeux rouge. On m'a afluré que la plupart des races pattues n'ont point de huppe. Il y à une grofe race hide poules pattues qui vient d’Angle- terre , & une plus petite que l'on appelle Me cog nain d'Angleterre, qui eft bien bdoré & à crête double. Il y en a encore une race naïne, qui 1me furpañle pas le pigeon commun en grofleur , & dont le plumage eft tantôt t blanc , tantot blanc & doré. On com- | prend aufli dans les poules pattues 1a poule de Siam, qui eft blanche & plus petite que nos SAME communes. 9. Les Hollandois parlent d’une Oifeaux, Tome III. H 170 Hifloire Naturelle autre efpèce de coqs propre à l'ile de Java , où on ne les élève guère que pour | la joute ; ils l'appellent demi-poule d'Inde. | Selon Wilughby , il porte fa queue à. peu-près comme le dindon. C'eft fans doute à cette race que lon doit rap- | porter celle de ces poules fingulières de Java , dont parle Mandeflo (nr), lef= quelles tiennent de la poule ordinaire & de la poule d'Inde, & qui fe battent entre elles à outrance comme les cogs. Le fieur Fournier m'a afluré que cette éfpèce à été vivante à Par fo /16 ele { | À na, felon lut, nt crête ni cravate ; la! tête eft unie comme celle du faifan;. cette poule eff très-haute fur fes jambes; fa queue eft longue & pointue, les plu- mes étant d’inégale longueur ; & en géné! ral la couleur des plumes eft rembrunte comme celle des plumes du vautour. Be: (n) Hiftoire générale des Voyages, rome II, Pie So: (o) M. Fournier eft un Curieux, qui a élevé pendant plufieurs années pour lui-même, pour S. A. S. M. Île comte de Clermont , & pour plufieurs Seigneurs, des poules & des pigeons de toutes efpèces. ; . | | | ! | | L | { | 1 À { \ Ÿ î l l { t : { à | | |: du Cog. . k7E 10. Le-coq d’ Angleterre ne furpañle pas le coq nain en groffeur , maïs 1} eft beaucoup plus haut monté que notre coq commun, & c’elt la principale chofe qui Pen diftingue : on peut donc rapporter à cette race le xolo, efpèce de coq des Phr- Irppines ; qui a de très-longues jambes ( p). Au refte, le coq d'Angleterre eit fupé- rieur à celui de France pour le combat ; 1] a plutôt une aïgrette qu'une huppe, fon cou & fon bec font plus dégagés ; & il a au-deflus des narines deux tu- bercules de chair , rouges comme fa crète. | 11.” Le cog de Turquie n'eft remar- quable que par fon beau plumage. 12. Le cog de Hambourg { q ); appelé auffi culorre de velours ;- parce qu'il a les cuifles & le ventre d’un noir velouté ; fa démarche eit grave & majeftueule ; fon bec très-porntu 3; l'iris de {es yeux jaunes, & {es yeux mème font entourés d’un cercle de (p) Gemelli Careri , rome V, page 272. (g) Coq de Hambourg. Aïbin , rome III, page 13, avec une figure, H 1} 172 Hifloire Naturelle plumes brunes , d’où part une touffe de plumes noïres qui couvrent les orerlles; l y a des plumes à peu-près femblables derrière la crête & au-deflous des bar- bes, & des taches noïres, rondes & larges fur la poitrine ; Îles jambes & les pieds font de couleur de plomb , excepté Îa plante des pieds qui eft jaunâtre. 13. Le cog frifé dont les plumes fe renverfent en dehors : on en trouve à Java , au Japon , & dans toute lAfe méridionale ; fans doute que ce coq appartient plus particulièrement aux pays chauds ; car Îes pouflins de cette race. font extrêmement fenfbles au froid , & n'y réfiftent guère dans notre climat. Le fieur Fournier m'a afluré que leur plu-… mage prend toutes fortes de couleurs, . & qu'on en voit de blancs , de noirs ; d’argentés, de dorés , d’ardoïlés , &ec. 14. La poule à duvet du Japon * ; fes plumes font blanches , & les barbes des pluines font détachées & reflemblent aflez à du poil,; fes pieds ont des plumes _en dehors jufqu’à l’ongle du doigt exté- # Voyez les planches enluminées , n.° 98. CA du Cog. 173 rieur : cette race {e trouve au Japon, à la Chine , & dans quelques autres contrées de l'Afe. Pour fa propager dans toute {a pureté , il faut que le père & a mère foient tous deux à duvet. 15.” Le coq nègre a la crête, les bar- bes, one & le périofte OC noirs ; {es plumes le font aufli Le plus fou- vent, mais quelquefois elles font blanches, On en trouve aux Phtlippines , à Java, à Delhr, à S:njago, l'une des îles du Cap- vert, Becman prétend que la plupart des oûeaux de cette dernière île , ont les os aufli noirs que du jats, & [a peau de là couleur de celle des Nèores fr) : fi ce fait eff vraï, on ne peut guère attribuer cette teinture nojre qu'aux afimens que Îles otfeaux trouvent dans cette île. On con- noit les effets de la garance , des caille- lait, des graterons, &c. & l’on fait-qu'en Angleterre, on rend blanche la chair des veaux en les nourriflant de farineux & autres alimens doux , mêlés avec une certaine terre ou craïe, que l'on trouve (1) Dampier, tome IT, page 22. A ELU 1%4 Hifloire Naturelle dans la province de Bedfort ([). H fe- roit donc curieux d’obferver à Sanjago ; paru les difiérentes fubftances dont les oïfeaux s'y nourriflent , “quelle eft celle - qui tient leur périofte en noir : au refte; cette poule nègre eft connue en France & pourroit sy PEOPREGE IS mais COMME la chaïr. lorfqu' 4 Île eft cuite, eft notre & dégoûtante , 1l eft DOME quon ne cherchera pas à multiplier cette race: lorfqu'elle fe mêle avec les autres , il'en réfuite des métis de différentes couleurs, mais qui confervent ordinairement {a crète & les cravates ou barbes noires , & qui ont même la membrane qui forme l'oreillon , teinte de bleu-noirâtre à l'ex- térieur. 16.” Le cog fans croupion ou cog de Perfe de quelques Auteurs: la plupart des poulets & des cogs de Virginie ont point de croupion; & cependant ils font certainement de race angloïle. Les habitans de cette colonie aflurent que lorfqu'on y tranfporte de ces oi- {eaux , tls perdent bientot leur crou- | -(f) Journal Économique , Mai 1754. du Coq. I 75 pion (t). Si cela eft ainf, 1 faudroit les appeler cogs de Virginie , & non de Perle, d'autant plus que les Anciens ne les ont point connus , & que les Natu- raliffes n'ont commencé à en parler qu'après la découverte de l'Amérique. Nous avons dit que les chiens d'Europe à oreilles pendantes, perdent leur voix & prennent des oreïlies droites lorfqu'on les tranfporte dans le climat du tropique ; cette fingulière altération produite par l'influence du climat, n'eft cependant pas auffi grande que [a perte du croupion & de la queue dans lefpèce du coq: mais ce qui nous paroït être une bien plus grande fingularité , c’eft que dans le chien, comme dans le coq, qui de tous les ant- maux des deux ordres très-différens , font le plus domeftiques , c'eft-à-dire, le plus dénaturés par l’homme, 1l fe trouve éga- lement une race de chiens fans queue, comme une race de coqs fans croupion. On me montra , 1l y a pluñeurs an- nées, un de ces chiens né fans queue; (t) Tranfa@ions Philofophiques , 7.° 206, année 1693 , page 992. H iv 176 Hijloiré Naturelle je crus a! os que ce n'étoit qu'un indie vidu VICIÉ ; un monftre , & c'eft pour cela que je n'en fis aucune mention dens l'hiftoire du chien : ce n'eft que depuis ce temps que j'ai revu ces chrens fans queue, & que je me fuis afluré qu'ils forment une race conftante & particulière comme celle des coqs fans croupton. Cette race de coqs a Île bec & les pieds bleus ; une crête fimple ou double , & point de huppe; le plu- mage elt de toutes couleurs ; & le leur Fournier m'a afluré que lorfqu'elle’fe mêle avec la race ordinaire, 1l en pro- vient des métis qui n’ont qu'un demi-. croupion , & hix plumes à la queue au lieu de douze : cela peut être, mais j'ai de la peine à le croire. Er ln poule à à cinq doigts eft , comme nous avons dit, une forte exception à la méthode dont 4 principaux caractères fe prennent du nombre des doigts : celle- ci en a Cinq à chaque pied , trois en avant, & deux en arrière ; & 11 y a même quelques individus dans cette race qui, ont fix doigts. 16. Les poules de Sanfevarre : ce | du Cog. 177 font celles qui donnent ces œufs qui fe vendent en Perfe trois ou quatre écus la pièce , & que les Perfans s’amufent à choquer les uns contre Les autres par ma- nière de jeu : dans lemême pays , il y a des coqs beaucoup plus beaux & plus grands , & qui coûtent Hu à trois cens ii ( u ). © Le Cog de Caux ou de Padoue : bn attr ribut diftinétif eft fa grofieur ; il a fouvent la crête double en forme de couronne , & une efpèce de huppe qui eft plus marquée dans les poules ; {eur voix eft beaucoup plus forte , plus grave & plus rauque » & leur poids va jufqu'à huit à dix livres : on peut rapporter à cette belle race les grands coqs de Rhodes , de Perle {x ), du Pégu nue ces groffes poules de Bihia , qui ne com- mencent à fe couvrir de plumes que : Torfqu’elles ont atteint la moitié de leur | ns. | (u ) Ho de Tavernier , tome IT , pages 43 € 4 F2 Ébärdin , tome ÎT, page 24. (y) Recueil des Voyages qui ont fervi à l’éta- | blifiement de la Compagnie des Indes , rome IT, Paie 7Ie H y 178 Hifloire Naturelle grofleur / x ) : on fait que les pouffins de: Caux prennent leurs plumes plus fi que les pouflins ordinaires. Au refte , il faut remarquer qu'un grand nombre d'oifeaux dont parlent les. Voyageurs fous le nom de coqs ou de poules ; font de toute autre efpèce ; telles font les poules parourdes ou pa- lourdes qui fe trouvent au Grand-banc, & font très-friandes de foie de morue (‘a ); le coq ou la poule noire de Mofcovie qui font cogs & poules de bruycre ;. la poule rouge du Pérou qui a beau- coup de rapport avec les farfans ; cette. grofle poule à huppe de la nouvelle Guinée , dont le plumage eft bleu- écioile . qui à le bec ne pigeon , les” pieds de poule commune , qui niche fur les arbres [4 ), & qui eft proba- blement le faifan de Banda ; la poules, de Damiète qui a le bec & les pteds ._ (x) Nouveau voyage dé Dampier , some IT, page 68. (a) Recueil des Voyages du Nord, rome LIT page 15. ” (b) Hiftoire générale des Voyages, rome XI, pase 239 SRE EU EU DES TS 5 Tu du Coq. 179 rouges ; une petite marque fur la tête de la même couleur , & Île plumage d'un bieu- violet , ce qui pourroit fe rapporter à la grande poule d'eau! a poule du Delta dont Thévenot vante Tes belles couleurs | maïs qui diffère des gallinacés , non-feulement par la forme du. bec & de la queue ; maïs Encore par les habitudes naturelles , puiiqu'elle {e plait dans les MArÉcages : ; la poule de Pharaon , que le même Thévenot dit ne le point céder à la gélinotte ; les poules de Corée qui ont une queue de trois pieds de longueur , &c. Dans ce grand nombre de races diffé. rentes que nous préfente lefpèce du coq, comment pourrons - nous démé- ler quelle en eft la fouche primitive ? tant de circonftances ont imflué fur ces variétés , tent de hafards ont concourti pour les produire ! Îes foins & même les caprices de l’homme les ont fi fort multipliés , qu'il paroïit bien difficile de remonter à leur première origine, & de reconnoîïtre dans nos baite- Cours la poule de la Nature , ni même la poule de notre climat : les coqs fau« H vj #5 180 Hifloire Naturelle vages qui fe trouvent dans Îles pays. chauds de TAfe., pourront être re- gardés comme la tige primordiale de tous les coqs de ces contrées ; maïs comme il n'exifte dans nos pays tempérés aucun oifeau fauvage qui reflemble par- fattement à nos poules domeftiques ; on ne fait à laquelle des races ou des variétés l'on doit donner la primauté ; Car, en fuppofant que de failan , le coq -de bruyère ou la gélinotte , qui font les feuis otfeaux fauvages de ce pays qu'on puïle rapprocher de nos poules pr la comparation , en foient les races primitives ; & en fuppofant encore que ces oïfeaux peuvent produire avec nos poules, des métis féconds , ce qui neft pes bien avéré , tis feront alors de a même efpèce ; mais les races fe feront très - -anciénnement féparces & toujours aintenues par elles-mêmes, fans cher- cher à fe réunir avec les races domefti- ques dont elles diff èrent par des carac- tères conftans ; tels ; one défaut de crêtes, de membranes pendantes dans les deux fexes , & d'éperons dans les mâles ; & par conféquent ces races fauvages ne du Cog. 181 font repréfentées par aucune de nos races domeftiques, qui , quoique très- varices & très- différentes entr “elles à beaucoup d'égards , ont toutes néan- moins ces crêtes , ces membranes & ces éperons qui manquent aux faïfans, à la gélinotte & au coq de bruyère; d'où lon doit conclure qu'il faut re- garder le faifan, le coq de bruyère & la gélinotte comme des efpèces voi- fines , & néanmoins différentes de celle de la poule, jufqu'à ce qu ‘on fe foit bien afluré , par des expériences réité- rées, que ces oïfeaux fauvages peuvent produire avec nos poules domeltiques , non-{eulement des mulets ftérries , maïs des métis féconds ; car c'eft à cet effet qu'’eft attachée l’idée d'identité d’efpèce: les races fingulières , telles que Îa poule naine, la poule frifée , la poule nègre, la poule fans croupion , viennent toutes originatrement des pays étrangers ; & quoiqu'elles fe mêlent & produifent avec nos poules communes , elles ne font nt de la même race , ni du même climat ; en féparant donc notre poule commune de toutes les efpèces fauvages qui 182 Hifloire Naturelle peuvent fe mêler avec elle, telles que la gélinotte , le coq de bruyère, le far- fan, &c. en la féparant aufli de toutes. les poules étrangères avec lefquelles elle fe mêle , & produit des individus fe- - conds ; nous diminuerons de beaucoup le nombre de fes variétés, & nous ny trouverons plus que des différences aflez léoères ; les unes pour la grandeur du corps, es poules de Caux font prefque doubles , pour la grofieur, de nos poules ordinaires ; les autres pour la hauteur des jambes, le coq . d'Angleterre , quoique parfaitement reflemblant à celur de France , a Îes jambes & Îes pieds bien plus longs; d’autres pour la longueur des plumes, comme le coq huppé, qui ne diffère du coq commun, que par Îa hauteur des plumes du fommet. de la tète, d'autres par le nombre des doigts, telles que les poules & coqs à cinq doigts; d'autres enfin par a beauté & Îa fingu- larité des couleurs, comme a poule de Turquie & celle de . Hambourg. 4 Or, de ces fix variétés auxquelles nous. pouvons réduire [a race de nos poules du Cog. 4463 communes ; trois appartiennent, comme lon voit , à l'influence du climat de Hambourg de ia Turquie & de l’An- gleterre ; & peut- être encore la qua- trième & la cinquième ; car la poule de Caux vient vrarfemblablement d’Italre . puilqu'on l'appelle aufli poule de Pa- doue ; & Îa poule » cinq doigts étoit connue en Italte dès le temps de Colu- melle : amf, 1 ne nous rettera que le coq commun & le coq huppé , qu'on doive regarder comme les races naturelles de notre pays ; maïs, dans ces deux races, les poules & les coqs font également de toutes couleurs ; le caractère conf- tant de Îa huppe paroït indiquer une efpèce perfedtionnée , ceft-à-dire plus foignée & mieux nourrie ; & par con- féquent la race commune du coq & de la poule fans huppe, doit être la vraie tige de nos poules ; & fi l'on veut chercher dans cette race com- mune quelle eft la couleur qu'on peut attribuer à la race primitive , 4 paroît que ceft la poule blanche ; ; Car , en fuppofant es poules originairement blanches , elles auront varié du blanc 184 Hifloire Naturelle au noir , & pris fucceilivement toutes les couleurs paie nb Un rapport très-éloïgné , & que perfonne n’a faih, vient directement à l'appui de cette fuppofition , & femble indiquer que la poule blanche eft en eflet la première dé fon efpèce, & que cEt deile que toutes Îes autres races font iflues ; ce rapport confifte dans la reflemblancé qui fe trouve aflez généralement entre la couleur des œufs & celle du plu- mage ; les œufs du corbeau font d'un vert-brun taché de noïr ; ceux de Îa creflerelle font rouges ; ceux du cafoar. {ont d’un vert-noir ; ceux de la cor= nerlle noire font d'un brun plus obfcur encore que ceux du corbeau ; ceux du pic-varié font de même variés & tache- tés ; la pre-grièche grife a fes œufs ta- chés de gris, & la pie-grièche rouge les a taches de rouge ; Île crapaud-volant les a marbrés de taches bleuîtres & brunes, fur un fond nuageux blanchâtre : l'œuf | du moineau eft cendré , tout couvert de tiches brunes-marron , {ur un fond gris ; ceux du merle font d'un, bleu- norratré ; ceux de la poule de bruyère du Coq. 185 font blanchitres , marquetes de jaune ; ceux des pintades font marqués comme leurs plumes ; de taches blanches & rondes , &c. en forte qu'il paroi y avoir un rapport aflez conftant entre la couleur du plumage des orfeaux & la couleur de leurs œufs ; feulement on voit que Îes teintes en font beau- coup plus foibles fur les œufs, & que le blanc domine dans plufieurs , parce que dans le plumage de plufeurs or feaux , 1 y a auffi plus de blanc que de toute autre couleur , fur-tout dans les femelles dont les couleurs font tou- jours moins fortes que celles du mile : or nos poules blanches, noires, grifes, fauves & de couleurs mêlées , produtfent toutes des œufs parfaitement blancs : donc , fi toutes ces poules étorent de- meurées dans leur état de nature , elles ferotent blanches , ou du moins auroïent dans leur plumage beaucoup plus de blanc que de toute autre couleur ; les influences de a domefticité qui ont changé Îa couleur de leurs plumes, nont pas aflez pénétré pour altérer celle de leurs œufs : ce changement 186 Hifloire Naturelle, de la couleur des plumes n’eft qu'un effet fuperficiel & accidentel , qui ne fe trouve que dans les pigeons, es poules & les autres oïfeaux de nos bafle - cours ; car tous ceux qui font libres & dans Fétat de nature , confervent leurs couleurs fans altération & fans autres variétés que celles de l'âge, du fexe ou du climat qui font toujours plus brufques ; Moins nuan- cées ; plus aïfées à reconnoître , & beau- coup moins nombreulfes que col de la domefticité. PL, rag.186: 7 1, 17 LE COQ A} 7 AE ; 4e 3 esnés EPP EI RES ER RES ON, Lg IV ÉT-Bl à LE mL DRASS RE à Dvd ee 2 ie ME RATER ONE DÉRSCENUE SAR AE D 0 DR PE ST LT SN 15 er MRC ESP ES AE NS SES DL a ne DR ES Poe En MU TU Se DCR ANE En DCR E RP ERA SIDA ANRT TRNEDE CRE N TE Planche 111 de ce volume. DOI le Coq ordinaire eft l'orfeau le plus utile de Îa bafle - cour , le Dindon domeftique eft le plus remarquable, foit bar l2 grandeur de fa taillé, foit par la forme de fa tête, foit par certaines habitudes naturelles , qui ne lur font communes qu'avec uu petit nombre d'autres efpèces ; fa tête, qui eft forte * Voyez les planches enluminées , n,0 07, le mâle. (a) Nota. Comme cet oifeau n’eft connu que depuis la découverte de lA mérique , ïl n’a de nom ni en Grec ni en Latin. Les Efpagnols [ui donnèrent le nom de Pavon de las Indias, c’eft-à- dire, Paon des Indes occidentales ; & ce nom ne. lui étoit pas mal appliqué d’abord , parce qu’il étend fa queue comme le paon, & qu'il n’y avoit point de paons en Amérique. Les Catalans Font nommé Zndiot, Gall-d’Indi ; {es Italiens, Gallo-d’India ; les AUemands, Indianifch Han : les “Polonois , Indiyk ; les Suédois , Kalkon ; les An- lois , Turkey.— Gallo parus , five gallus Indicus, Frifch , planche enluminée cxx1r. 188 Hifioire Naturelle \ petite à proportion du COFPS ; manque e la parure ordinuire aux otleaux ; car elle eft prefqu'entièrement RE de plumes , & feulement recouverte , aïnii qu'une partie du cou, d’une peau Éleuss | tre , chargée de mamelons rouges dans ! la partie antérieure du cou, & de ma-. melons blanchâtres fur la partie pofté- | rieure de la tête , avec quelques petits | poils noirs , clair-femés entre les mame- | lons , & de petites plumes plus rares au haut du cou, & qui deviennent plus fré-. quentes rl la partie inférieure , chofe qui navoit pas été remarquée par Îles Naturaliftes : de la bafe du bec def cend fur le cou jufquà environ le tiers de fa longueur , une efpèce de Barbilon charnu , rouge & flottant qui paroït fimple aux yeux, quoiqu'il foit en effet compolé d'une double membrane , ainfi quil eft facile de sen aflurer en le touchant ; fur Îa bafe du bec fupérieur , sélève une caroncule charnue , de forme conique, & fillonnée par des rides tranfverfales aflez profondes : cette caroncule na guère plus d'un pouce de hauteur dans \ du Dindon. 189 fon état de contraétion ou de repos, eceft-à-dire, lorfque le dimdon ne voyant dautour de lui que les objets auxquels ti teft accoutumé , & n'éprouvant aucune Magitation intérieure , {e promène tran- tguillement en prenant fa pâture ; mais ki quelque objet étranger fe préfente Minopinément , fur-tout dans la faïfon tdes amours ; cet oïfeau qui na rien ‘dans fon port ordinaire que d’humble d& de fimple , fe rengorge tout.-à - Lcoup avec fierté ; fa tête & fon cou fe pgonflent ; Îa caroncule conique fe dé- 1ploie , salonge & defcend deux ou trois pouces plus bas que le bec, quelle Axrecouvre entierement ; toutes ces par- ities charnues fe colorent d’un rouge bplus vif; en même temps les plumes Ldu cou & du dos fe hériflent & 1a lbqueue fe relève en éventail , tandis Ibque les aïles s’abaïffent en fe déployant |} jufqu'à traîner par terre ; dans cette l« attitude , tantot 11 va piaffant autour de || fa femelle , accompagnant fon action (bd'un bruit fourd que produit l'air de Ma poitrine , s'échappant par le bec, 190 Hifioire Naturelle & qui eft fuivi d'un long bourdon= nement ; tantot | quitte fa femme. comme pour menacer ceux qui Viennent le troubler ; dans ces deux cas fa dé- marche eft grave , & s'accélèrent {eu-| lement dans le moment où il fait en-| tendre ce bruit fourd dont jar parlé: de temps en temps il interrompt cette. manœuvre pour jeter un autre cri plus perçant , que tout le monde connoît, | & qu'on peut lui faire répéter tant que lon veut , foit en fifflant , foit en lui faifant entendre des fons aigus quel- conques ; 1l recommence enfuite à faire | la roue, qui , fuivant qu'elle s'adrefle | à fa femelle ou aux objets qui lui font | ombrage , exprime tantôt fon amour & | tantôt {a colère ; & ces efpèces d'accès le- | ront beaucoup plus violens fi on paroit | devant lui avec un habit rouge ; c'eft alors qu'il s'irrite & devient furieux; | il s'élance , il attaque à coups de bec, & fait tous {es efforts pour éloigner un objet dont la préfence femble lui être | infupportable. | Ii cft remarquable & très - fingulier | R | | du Dindon. 197 que cette caroncule conique qui s’alonge W& fe relâche lorfque l'animal eft agité | d'une paflion vive , fe relâche de même haprès fa mort. II y a des dindons blancs , d'autres “variés de noir & de blanc, d’autres de “blanc & d'un jaune-roufsitre , & d’autres dun gris uniforme , qui font les plus rares de tous ; maïs le plus grand nombre “a le plumage tirant fur le noïr , avec un «peu de blanc à l'extrémité des plumes; celles qui couvrent le dos & 1e defius des aïles font carrées par le bout ; & parmi celles du croupion , & même de {a poitrine , ïl y en a quelques-unes de couleurs changeantes , & qui ont . différens reflets, felon les différentes inci- -dences de la onerc ; & plus ils vietl- irflent , plus leurs couleurs paroïffent être Nhangeantes & avoir des reflets différens. . Bien des gens croient que les dindons blancs font les plus robuftes ; & ceft par cette raïlor que, dans quelques Pro- vinces , on les élève de préférence; on en voit Aer troupeaux dans Le Pertois en Champagne, 192 Hifloire Naturelle Les Naturaliftes ont compté vingt huit pennes ou grandes plumes à chaque aile , & dix-huit à a queue : maïs un caractère bien plus fr:ppant, & qui em- pèchera à jamais de ‘confondre cette efpèce avec aucune autre efpèce aétuel- lement connue, c'eft un bouquet de crins durs & nous, long de cinq à fix pouces , lequel , dans nos climats tempérés , fort de la partie inférieure du cou au dindon mâle aduite, dans Îa feconde année, queiquefois même dès a fin de Îa premiere ; &, avant que ce bouquet parole, l'endtott d'où doit lortir eft marqué par un tuber- cule charnu. M. Linnæus dit que ces crins ne commencent à paroître quà la troifième année , dans les dindons : qu'on clève en Suède : TI11ée Ein bien avéré, il s’enfuivroit que cette efpèce de produétion fe feroit d'autant plus tard que Îa température du pays eft plus rigoureule ; & à la vérité, un des principaux effets du froid eft de ralentir toute forte de développe- mens. C'eft cette toufle de crins qui a valu a re du Dindon. ‘23 à valu au dindon le titre de barbu, peitore barbato (b) , expreflion impropré à tous égards, puilque ce nelt pas de la poitrine , maïs de la partie imfc- rieure du cou que ces cfins prennent naïflancé , & que d'ailleurs ce neft pas aflez d'avoir des crins ou des poils pour avoir une barbe, il faut encore qu'ils fotent autour du menton du de ce qui én tient, Heu, Cotrine. dans le vautour barbu d'Edwards , plan- PUe CVT: | | On fe feroit une faufle idée de la |“ queue du coq d'Inde, fi lon s'imagi- nmoit que toutes les plumes dont elle eft formée , fuflent fufceptibles de fe “relever en éventail : à proprement parler, le dindon à deux queues, l’une fu- périeure & l'autre inférieure ; [a pre- miere eft compofée de dix-huit grandes plumes implantées autour du croupion, & que l'animal relève lorfqu'il praffe ; 12 feconde ou Tinférieure conffte en : |A autres plumes moins grandes, & refte toujours dans 1 fituation horizontale : (b)Lien. Faun. Suecica, & Syflema nat, edit, K Oifeaux ; Tome III. I 194 Hifloire Naturelle ceft encore un attribut propre. au. mâle , d’avoir un éperon à chaque pied ; ces éperons font plus où moins longs, mais ïls font toujours beaucoup plus courts & plus mous que dans le coq OfdInae., ps, TR 4 En La’ poule d'Inde diffère du coq, ! non-feulement en ce qu’elle n’a pas | d'éperons aux pieds , ni de bouquet de | crins dans la partie inférieure du cou, | en ce que la caroncule conique du bec fupérieur eft plus courte & inca- p:bie de s'alonger; que cette caroncule, | le barbillon de deflous le bec, & la! chair glanduleufe qui recouvre la tête, font d’un rouge plus pâle ; mais elle! en diffère encore par les attributs propres au fexe Île plus foible dans 1a plupart des efpèces ; elle eft plus petite, elle a moins de caractère dans la phyfo-| nomie, moins de reflort à lintérieur,: moins d'action au dehors, fon cri neft qu'un accent plaintif, elle na de mou- vement que pour chercher fa nourri:- ture ou pour fuir le danger ; enfin la faculté de faire la roue , lur a été refulée,, ce n'eft pas qu'elle n'ait la queue double du Dindon.. r9$ comme le mâle ; maïs elle manque apparemment des mufcles releveurs , L propres à redrefler Îles plus grandes plumes dont la queue fupérieure eft compolée. Dans le mâle, comme dans la femelle, les orifices des nartnes font dans le bec fupérieur; & ceux des oreilles font en 13 "A arrière des yeux, fort couverts, & comme ombragés par une multitude de petites plumes décompolées qui ont difiérentes directions. . On comprend bien que Île HoPut Linile fera celui qui aura plus de force, plus de vivacité, plus d'énergie dans … toute fon action : on pourra lur donner ‘4 cinq -ou fix poules d'Inde; s'il y a plufeurs mâles tls fe battront , mais non pas avec l'acharnement des coqs ordinaires : ceux-ci ayant plus d’ardeur » pour leurs femelles font auili plus annnés contre leurs rivaux, & la guerre ) qu'ils {e font entr'eux ef ordinaire- ment un combat à outrance ; on en a vu même atfaquer des coqs d’Iade “ deux fois plus gros qu'eux , & les NS mettre à mort; les fujets de guerre I y 196 Hifloire Naturelle ne manquent pas entre les cogs des deux efpèces ; fi comme le dit Sperling, le coq d'Inde privé de fes femelles, s'adrefle aux poules ordinaires ; & que . Îes poules d'Inde dans lablence de leur mâle s'offrent au coq ordmaire, & le {ollicitent même aflez vivement (c). La guerre que les coqs d'Inde fe font entreux eft beaucoup moins vio- lente ; le vaincu ne cède pas toujours 1e champ de bataïlle , quelquefois même il ef, préferé par les femelles pa remarqué qu'un dindon blanc ayant été Dattu par un dimdon noir, prefque tous les dindonneaux de la couvée furent blncs. | L'accouplement des dindons fe fait à peu-près de la même manière que | celui des cogs, mais 1 dure plus long- temps ; & ceft peut-ètre par cette raïfon qu'il faut moims de femelles au mâle, & qu'il s'ufe beaucoup plus vite, _Pai dit plus haut, fur la for de Sperling , qu'il fe mêloit quelquefois avec les poules ordinaires ; le même Auteur prétend {c) Zoologia Phyfica, page 367. et UE du Bindam:: 97 re quand ï eft privé de fes femelles I s’'accouple aufii , non-feulement avec la femelle du paon (ce qui peut être), maïs encore avec les canes ( ce qui me paroït moins vrallemblable ). L2 poule d'Inde n’eft pas auf fé- conde que la poule ordinaire , il faut dur donner de temps en temps du chenevis de lavoine, du farrañin pour l'exciter à pondre : & avec cela, elle ne fait guère qu'une feule ponte par an, d'environ quinze œufs ; lorfqu'elie en Put deux … ce. qui-ceft-tres-rare elle commence la première fur la fin de l'hiver ; & la feconde dans Île mois d'août; ces œufs font blancs avec quel- ques petites taches d'un jaune-rougeître ; 5 & du refte, ils font organifés à peu- près comme ceux de [a poule ordi- naire : la poule d'Inde couve aufli les œufs de toutes fortes d’oifeaux , on juge qu'elle demande à couver, THE après avoir fait fa ponte elle refte dans le nid ; pour que ce nid.lui plate, tl faut is foit en lieu fec, à une bonne expolition felon 12 faifon , & point trop en vue; car {on ME la porte ii} 198 Hifloire Naturelle ordinairement à fe cacher avec grand foin lorfqu'elle couve. _ Ce font Îes poules de l’année précé- dente , qui d'ordinaire font les meil- leures couveules, elles fe dévouent à cette occupation avec tant d'ardeur & d'afliduité, qu’elles mourrotent d'’inani- tion fur leurs œufs, fi l’on n’avoit le foin de les lever une fois tous les jours pour leur donner à boire & à manger ; cette paflion de couver eft fi forte & fi durable , qu'elles font quelquefois deux couvées de fuite & fans aucune interruption; mais, dans ce cas , il faut les foutenir par, une meïlleure nourri- ture : le mâle a un inftinct bien contraïre ; car sil aperçoit fa femelie couvant , ïl cafle fes œufs qu'il voit apparemment comme un obftacle à fes plafirs (d),. & c'eft peut-être la raifon pourquoi la femelle fe cache alors avec tant de foin. hf Ne ZT Le temps venu où ces œufs doivent ‘éclore , les dindonneaux percent avec eur bec la coquille de l'œuf qui Îles Dane arr ennaner name lens SERRE EE ADR PRR EEE (4) Spexling, loco citate. MMA es | renferme ; mais cétte coquilié eft quel- quefois fi dure, ou les dindonneaux fi fotbles , qu'ils périroient fi on ne Îes ardoiït à la brifér , ce que néanmoins il ne faut fatre qu'avec beaucoup de c1r- confpection, & en fuivant, autant qu'il eft poflible es procédés de la Nature; ils périroient encore bientôt, pour peu qué , dans ces commencemens ; On les nantîit avec rudefle, qu'on leur larflit endurer la faim, ou qu'on les expofñt aux intempéries de l'air ; le froid, Îa pluie & même la rofée [es morfond; e grand foleil les tue prefque fubite- ment, quelquefois même ils font écrafés fous les pieds de leur mère‘ voilà bien _ dés dangers pour un animal fi déficit; ê& cet pout cette railon , & à caufe de la momdré fécondité des poules d'Inde én Europe, que cétte efpèce eft beau- Coup moins nombreufe que celle des : poules ürdinaires. je | Le © Dans Îés premiers temps , il faut tenir les jeunes dindons dans un lieu chaud & fec, où l’on aura étendu une irtière de fumier long bien battue ; & lorfque dans la fuite on voudra lés faire | Liv { 200 Hlifloire Naturelle fortir en plein ar, ce ne (era que par degrés & en choififant les plus beaux jours. L'inftinct des j jeunes End eft d'aimer mieux à prendre leur nourriture . dans la main que de toute autre manière ; on juge qu'ils ont befoin d’en prendre lorfqu on les entend piauler , & cela leur arrive fréquemment : 1l faut leur donner à manger quatre ou cinq fois par jour ; leur premier aliment fera du vin & dé l'eau qu'on leur foufflera dans le bec, on y mêlera enfuite un peu de mie de pain ; vers le quatrième jour, on leur donnera les œufs gâtés de la couvée, cuits & hachés d'abord avec de la mie de pain , & enfuite avec des orties ; ces œufs pâtés, foit de dindes , foit de poules, feront pour eux une nourriture très-falu- taire (e); au bout de dix à douze jours on fupprime les œufs, & on méle les orties hachées avec du millet, ou avec la farine de turquis, d'orge , de froment ou debléfarrafin, ou bien , pourépargner le (e) A au Économique , 1. 1754 pages BE 73° du Dindon. 201 grain, fans faire tort aux dindonneaux, avec le lait caïllé, la bardane, un peu de camomille puante , de graine d'ortie & du fon: dans la fuite, on pourra fe contenter de leur donner toute forte de fruits pourris , coupés par morceaux (f) , & fur-tout des fruits de ronces ou de müûriers blancs, &c. Lorfqu'on leur verra un air languiflant, on leur mettra le bec dans du vin pour leur en faire boire un peu, & on leur fera avaler aufli un grain de poivre ; quelquefois ils paroiïfient engourdis & fans mouvement, lorfqu'ils ont été furpris par unegpluie froide, & ts mourrotent taie , fi on n’avoit le foin de les envelopper de linges chauds, & de leur fouffler à plufeurs répriles. un air -chaud par le bec: 1 ne faut pas manquer*de Îes vifiter de temps en temps, & de leur percer les petites veflies qui leur viennent fous la langue & autour du croupion , & de Teur donner de l'eau de rouille ; on confeïlle même de leur laver la tête __ (f) Journal Economique, Zoco citato. [ v 202 Fifloire Naturelle avec cette eau, pour prévenir certaines maladies auxquelles ïls font fujets {z); Mais ; dans ce cas, il faut doncles efluyer & les fécher bien exactement ; car on fait combien toute huinidité eft contraire . Aux dindons dü premier Ages La mère Îles mène avec la même follicitude que la poule mène fes pouf- fins’, elle les réchaufte fous fes aïles avec la même affection, elle les défend avec le même courage,’ il femble que fa tendreffle pour fes petits rende fa vue plus perçante; elle découvre l’oifeau de proie d'un diftance prodigieufe , & lorfqu'il eft encore invitble à tous les autres yeux ; dès qu'elle Fa aperçu, elle jette un cri d’effroï qui répand la confternation dans toute la couvée ; chique dindonnéau fe réfugte dans Îles burflons ou fe tapit dans herbe, & la inère Îes y retient en répétant le même cri d'effroï autant de temps que len- nemi eft À portée; mais le voit-elle prendre fon vol d’un autre côté, elle {g) La Figère & les Ourles, felon la mailon ruftique , tome I, page 117. | wDindons 1 nos es en avertit aufitôt par un autre crt bien différent du prenuer ; & qui eft pour tous le ignal dé fortir du lieu où . is fe font cachés , & de: fe raffembler | autour d'elle Lorfque les jeunes dindons viennent éioie , 18 ont la tète garnie d'une. efpèce de duvet , & n’ont encore ni chaït bianduleufe nt berbilons ; ce n'eft qu'à x ferhaïnes ou deux mois que ces parties fe développent , & comme on'le dit. vulgairement, que les dmdons commen- cent à poufler le rouge; Ie temps de _ce développement eft un temps critique pour eux, comme celui de la dentition pour les enf: ns; & cet alors fur-tout qu'il faut mêler du vin à leur nourri- ture pour les fortifier ; quelque temps avant de poufler le rouge ils commen- cent déjà à fe percher. Il eft rare que Ton foumette Îes dindonneaux à Îa caftration comme Îles poulets , ïls engratflent fort bien fans cela, & leur chair n'en eff pas moins bônne , nouvelle preuve qu'ils font d’un tempérament moins chaud ane les coqs ordinaires, I v} 204 Hifloire Naturelle Lorfqu'ils font devenus forts ; ls quittent leur mère, ou plutôt ils en font abandonnés , parce qu'elle. cherche à faire une feconde ponte. ou une feconde couvée ; plus les dindonneaux étorent fotbles & délicâts dans le premier âge; plus ïls deviennent avec le temps ro- bufles & capables de foutenir toutes les injures. du temps: ils aiment à {e per- cher en plein air, & pañlent aimfh les nuits les plus froides de lhiver, tantôt le foutenant {ur un feul pied , & re- tirant l’autre dans les plumes de leur ventre comme pour le réchaufler ; tantôt, au contraire , s’accroupiflant fur leur bâton & s'y tenant en équilibre ; ils fe mettent la tête fous laïle pour dor- mir, &, pendant leur fommeïl, ils ont le mouvement de la refpiration fenfble & très-marqué. “ai als _ La meïlleure facon de conduire Îles dindons devenus forts, c'eft de les mener paitre par la campagne ,- dans Îes: lieux où abondent les orties & autres plantes de leur goût , dans Îes vergers lorfque les fruits commencent à tomber, &c. mais 1 faut éviter foigneufement les du Dindon. 20$ pâturages où croiflent Îes plantes qui leur font contraires, telles que la grande digitale à fleurs rouges ; cette plante eft un véritable porfon pour les dimdons, cŒeux qui en ont mangé éprouvent une _dorte d'ivrefle , des vertiges, des con- vulfions ; loue la dole a é‘é un peu forte , ils finiflent par mourir éthiques : on ne peut donc apporter trop de foin à détruire cette plante nuifible dans Les lieux où l’on élève des dmdons /h). Oh doit ui avoir atrenaon : 4 tout dans Îes commencemens ; de ne es faire fortir le matin, qu'après que le {oleïl à commencé de {écher la rofée, de les faire rentrer avant la chûte du ferein , & de les mettre à l'abri pendant la plus grande chaleur des jours d'été : tous les fotrs lorfqu' ils reviennent,on leur donne Ia pâté, du grain ou quel- qu'autre nourriture, excepté {eulement au temps des moiflons où ils trouveat fufifamment à manger par Îla cam- pagne ; comme ils font fort craintifs, (h) Voyez Hiftoire de l’Académie Royale des Scjences de Paris... auuée 1748, page 844 206 Hifloire Naturelle ils le larfent arf£ment conduire, 1l ne faut que Femb-e d'une baguette pour ‘en meuer des troupex:x même très-confidé- fables, & fouvent ils prendront la fuité devant un antnal beaucoup plus petit & - plus forble qu'eux: cependant 11 eft des occalions où ts montrent du courage, fur-tout lorfqu'il s'agit de fe défendre contre les fouines & autres ennemis de la volaille; on en a vu même quelque- fois entourer en troupe un Hévre au gite, & chercher à le tuer à coups de bec 2). Ils ont difiérens tons, différentes in- flxions de voix felon lâge , le fexe & fuivantles paflions qu'ils veulent exprimer: leur démarche eft lente & leur vol pefant ; ils boivent , mangent , avalent de petits caïlloux, & digèrent à peu-près comme les cogs ; & comme eux, tls ont double effomac , c'eft-à-dire , un jabot & un gélier; maïs comme ïls font plus gros, les mufcles de leur géher ont auffi plus de force. d dE La longueur du tube mteftinsl eft () Oxnithologie de Salerne, page 1324 du Dindon. 207 à peu-près quadruple de Îa longueur de l'animal, prife depuis la pointe du bec jufqu'à l'extrémité du croupion; ils ont deux cœcum , 7. Pin & l'autre d'arrière en avant , & qui, pris enfermble , font plus du quart de tout le conduit total: ; ils prennent naïflance aflez près de l'extrémité de ce conduit, & les excrémens contenus dans leur cavité ne diffèrent guère de ceux que renferme la cavité du colon & du rectum: ces excrémens ne féjournent point dans la cloaque commune comme Furime, & ce fédiment blanc qui fe trouve plus ou moins abondamment par-tout où pañle lurine, & ïls ont aflez de confifance pour fe mouler en fortant par l'anus. | Les parties de 1a génération fe ser fentent dans les dindons à peu-prè comme dans Îles autres gallinacés : ASE, à l'égard de l'ufage qu'ils en font, de parorflent avoir beaucoup moims de putffance réelle, Îes mâles étant moins ardens pour leurs femelles, moins prompts dans late de la fécondation , & leurs approches étant beaucoup plus rares; & 208 Hifloire Naturelle d'autre côté les femelles pondent plus tard & bien plus rarement, du moins dans nos climats. Comme les yeux des Mal font; dans quelques parties, organifés difié- . remment de ceux de l'homme & des an'maux quadrupèdes, je crois devoir indiquer ici ces principales différences ; outre les deux paupières fupérieure & inférieure , les dindons, ainfi que la plupart des autres oïfeaux, en ont en- core une troïfième nommée paupière interne , membrana nictirans , qui fe retire & fe He en forme de croiflant dans le grand com de læœïl, & dont les ciilemens fréquens & rapides s'exécutent par une mécanique mufculaire curieufe: la paupière fupérieure eft prefqu’en- tièrement immobile ; maïs l'inférreure eft capable de fermer l'œil en s'élevant vers la fupérieure , ce qui n'arrive guère que lorfque lanimal dort ou lorfqu'i ne vit plus: ces deux paupières ont chacune un point lacrymal , & n'ont pas de rebords cartilagineux ; da cornée tranfparente eft environnée d'un cercle ofleux , compofé de quinze pièces plus du Dindon. | 209 ou moins, pofées Pune fur l'autre en - recouvrement, comme les tuiles ou Îles ardoïfes d’un couveft ; le cryftallin ef plus dur que celui de l'homme, mais moins dur que celur des quadrupèdes & des poïflons (R & {a plus grande courbure eft en arrière /1) ; enfin il fort du nerf optique, entre la rétine & la choroïde , une membrane noire de figure rhomboide & compolée de fibres paral- èles, laquelle traverfe l'humeur vitrée, & va s'attacher quelquefois immédiate- ment par fon angle antérieur , quelquefois par un filet qui part de cet angle, à la capfule du cryftallin ; c'eft à cette mem- . brane fubtile & tranfparente que M." les “Anatomuütes de l'Académie des Sciences ont donné le nom de bourfe, quoiqu'elle n'en aït guère la figure dans le dindon, non plus que dans la poule, LiQe Le ca- nard , le pigeon, &c. fonufage ii , fe'on M. Petit , d'ablorber les raÿons de lumière qui partent des ant ae font à côté (&) Mémoires de l'Académie D Hbue dés Sciences 3 année 1726, page 83- (1) Ibidem, année 1730 , page 10, 210 Hifloire Naturelle de la tête & qui entrent directement dans les yeux (m) mais, Quoi qu'il en foit de cette idée, eft certam que l'organe de la vue eft plus compolé dans les oïfeaux que dans les quadru- pèdes ; & comme nous avons prouvé ailleurs que Îes oïfeaux l'émportoïent par ce fens fur les autres animaux (7) , & que nous avons même eu occañon de remarquer plus haut combien H poule d'Inde avoit la vué perçante ; on ne peut guère fe refuler À cette conjeéture fi naturelle ; que la fupé- riorité de l'organe de la vue dans Îes oïfeaux, eft düe à Ia différence de 14 AU de leurs yeux , & À lartificé particulier de leur Grgañrfation ; ; Conjec= ture très-vraifemblablé, mais de laquelle néanmoins {a valeur précife ne pourra être déterminée que par l'étude approfondié de l'anatomie comparée & de la méca- nique antimale, Cm n Mémoires si Lcd LR ULAte desSciences, année 173$ , page 123. (n) Voyez Diftours fur la Nature des Que tome I, page 6, du Dindon. 21E. Si l'on compare les témoignages des | Voyageurs , on ne peut sempécher de Yeconnoïtre que les dindons font origi- naïres d'A: mérique & des 1'65 adjacentes; 8e . qu'avant la découverte de ce nouveau con- tinent 1ls n'exiftorent point dans l’ancien. Le P. du Tertre remarque qu'ils font dans les Antilles comme dans leur pays naturel , & que pourvu qu'on en ait un peu de foin , ils couvent trois à quatre fois l'année [o ): or, c'eft une règle générale pour tous les animaux ; qu Pils multiplient plus dans le climat qui leur eft propre que par-tout ailleurs; ils y deviennent aufli plus grands & plus forts, & ceft précrfément ce que l'on obferve dans les dindons d’Amé- rique : on en trouve une multitude pro digieufe chez Îles Illinois , diient les Miflionnaires Jéfuites , tls y vont par troupes de cent , quelquefois mêmé de deux cens , ïls font beaucoup plus gros que ceux que lon voit en sis ; & pêlent jufqu'à trente-fix (o) Hifiore générale des Antiles , some IT: page 206: 212 Hifioire Naturelle : livres (p) ; Jofielin dit qu'à foixante livres { q ) : ils ne fe trouvent pas en moindre quantité dans le Canada , (où, felon le P. Théodat , Récollet , les Sau- vages les “Robe Dada dans le Mexique , dans Îa Nouvelle- Angleterre , dans cette vafle contrée qu arrofe le Miffiffipr , & chez les Bra- filiens où ils font connus fous le nom de Arignan-ouffou (r). Le Docteur Hans Sloane en a vu à [a Jamaïque : il eft à remarquer que, dans prefque tous ces pays, les dindons font dans l'état de fauvages , & qu'ils y fourmillent par- tout , à quelque diftance néanmoins des habitations , comme s'ils ne cédoient le terrein que pied à pied aux colons Européens. | Mais fi la plupart des Voyageurs & témoins oculaires, s'accordent à regarder cet offeau comme naturel, appartenant en propre au continent de l'Amérique, (p) Lettres Edifiantes, XXIII.e Rec. page 237. "_ {g) Raretés de Ia Nouvelle Angleterre. (r) ‘/oyage au Bréfil, recueilli par de Lery , Page 171e | du Dindon. 213 fur-tout de l’Amérique ieptentrionale, ils ne s'accordent pas moins à dépofer quil ne s'en trouve point ou que très- peu dans toute l’Afe. | Gémelit Careri nous apprend que non-feulement 11 ny en a point aux - Philippines ; mais que ceux même que les Efpagnols y avotent apportés de a Nouvelle Efpagne n'avoient pu y prof Herer (0) e. Le P. du Halde aflure t'on ne trouve à la Chine que ceux qui y ont été tranfportés d'ailleurs ; il eft vrai que, dans le même éndroit, ce Jéfuite fup- pole qu'ils font fort communs dans Îes Indes ortentales; mais 1l paroït que ce n'eft en effet qu'une fuppolñition fondée fur des ouï-dire , au Îieu qu'il étoit témoin oculaire de ce qu'il dit de [a Chine (er). | Le P. de Bourzes , autre Jéfuite ; raconte quil ny en a point dans le royaume de Maduré, fitué en la pref {[) Voyages, tome V, pages 271 & 272. (1) Hiftoire générale des Voyages, rome PT, page 487. 214 Hifloire Naturelle | qu'ile en decà du Gange; d'où ül con: clut avec raïon, que ce font appa- remment les Indes occidentales qui ont donné leur nom à cet oïfeau (a). Dampier n’en a point vu non plus à Mindanao (x) , Chardin (y) & Tavernier qui ont parcouru lAfe /z), difent pofñtivement . qu'il n’y a point de“dindons dans tout ce vafte pays ; felon le dernier de ces Voyageurs, ce font les@Arméniens qui les ont portés Où is ont mal réufli, comme ce font les Hoïlandoïs qui les ont portés à Batavia, où ts ont beaucoup mieux profpéré. Enfin Bofman & quelques autres Voyageurs nous difent que fi l'on voit des dindons au pays de Congo , à Ia Cote-d'or , au Sénégal & autres lieux de l'Afrique , ce neft que dans Îles (u) Lettre du 21 feptembre 1713 , parmi les Lettres Editiantes. se dort {x) Nouveau Voyage , some I, page 406. (y) Voyages de Chardin, rome I[, page 29. {x) Voyages de Tavernier, 10me II, page 22, …duDindon.… 215 comptoirs & chez les Etrangers , les naturels du pays en farfant peu d'ufage: ” felon les mêmes Voyageurs, 1l eft vil hble que ces dindons font provenus de ceux que les Portugais & ‘autres Européens avoient apportés dans les commence- mens avec la volaille ordinarre fa). Je ne diflimulerat pas que Aïldro- vande , Gefner, Bélon & Ray , ont pré- tendu que les dindons étorent originair es d'Afrique ou des Indes orrentales ; & quoique leur fentiment foit peu fuivr aujourd’'hut, je crois devoir à de fi grands noms de ne point le rejeter fans ne difcuffion. Aldrovande a voulu prouver fort au long , que és dindons étorent les véri- tables meléaprides des Anciens, autre- ment les poules d'Afrique ou de Nu- midie , dont ie plumage eft couvert de * taches rondes en forme de gouttes ( galline Nurnidica gnttate ); mais il eft évident , & tout le monde convient aujourd'hut , que ces poules Africarnes ne font autre chofe que nos peintades, {o) Voyages de Bofman , page 242. 21 G: Hifloire Naturelle qui , en efiet, nous viennent. d'Afrique: &{ont très-différentes des dindons : ainft, il feroit inutile de dilcuter plus en des tail cette opinion d’Aldrovande , qui porte avec elle {a réfutation , & que néan- ‘moins M. Linnæus femble avoir voulu perpétuer où renouveler en appliquant au dindon le nom de snéleagris. Ray , qui fait venir les dindohs d'A frique ou des Indes oxtentales , femble s'être laïflé tromper par les noms ; celut d'oifeau de Numidie qu'il adopte ; fup- pofe une origine africaine , & ceux dé JL: urkey & d'oïfeau de Calécut , une origine aliatique ; maïs un nom nef pas toujours une preuve , fur-tout un nom populaire appliqué par des gens peu imftruits , &. même un nom fcientt- fique appliqué par des 5avans, qui n€ font pas toujours exempts de préjugés: MR Ray lur-même avoue, d'après Hans Sloane , que ces oïfeaux fe plarfent beaucoup da Ale pays chauds de lA- mérique, & qu'iis y multiplient prodi- gieufement (4). (3) Se s Avium , no , page 182. À légard du, Dindon. x ‘en D. À l'égard de, Gefner, td. dit. à: lavé: rité, que la plupart des Anciens, & entrautres Ariftote & Pline nont pas connu les dindons ; maïs 1 prétend que Élren les à eu en vue dans le pañlage fuivant : In Indiä gallinacei nafcunrur maximis non rubram habent criffam , ut noftri, fed ita variam & floridam veluti coronam floribus contextarn ; caude pennas non infiexas habent , neque revolutas ir orbem , fed latas ; quas cum non erigunt ; utpayones trahunt :eorum penne finaragdi colorem ferunr. cc Les Indes produïient de trés-gros coqs dont Ia crête n'eft cc point rouge, comme celles des nôtres, cc . maïs de couleurs variées, comme feroit ce une couronne de fleurs; leur quéue ce na pas non plus de plumes recour- ce bées en arc; lorfqu'ils ne a relèvent ce pas, ils la portent comme des paons ce (c'eft-à-dire horizontalement), leurs ce pennes font de la couleur de l'éme- cc raude :.19 maïs je ne vois pas que ce paflage ‘ foit applicable aux dindons, 1.” La grofleur de ces coqs ne ptouve point que ce foit des dindons; car on fait qu'il y a en eflet dans l'Afie, &e …._ Oifeaux, Tome III, K 218 Hifioire Naturelle notamment en Perfe & au Pégu, de véritables coqs qui font très-gros. 2.° Cette crête, de couleurs variées, fufiroit feule pour exclure les dindons -qui n'eurent jemais de crête ; car il s'agit Ici, non d'une aigrette de Hilihée, mais d'une crête véritable, analogue à celle du Ko quoique de couleur différente. 3.2. Le. port.de la queue , {emblable à celui du paon, ne prouve rien non plus, parce qu'Élien dit poftivement que l'oifeau dont il s'agit, porte fa queue comme Île paon, lorfqu'il ne la relève point ; & sil l'eût relevée comme le paon en faifant la roue, Élien n'’auroit pu: oublier de faire mention d’un carac- tère auff fingulier , ë d'un trait de reflemblance f marqué avec le paon ; auquel H le comparoit dans ce moment. même. 4 Enfin les pennes couleur d'éme- raude, ne font rien moins que: fufh- fantes pour déterminer ici Tefpèce des dindons , bien que quelques - unes de leurs plumes arent des reflets fma- ragdins; car on fait que le plumage de du Dindon. 219 pluñeurs autres oïfeaux a 1a mème cou- leur & les mêmes reflets. Bélon ne me paroït pas mieux fondé que Gefner , à retrouver Îles dimdons dans les ouvrages des Anciens : Co- lumelle avoit dit dans fon livre de RE RUSTICA/(c); Africana eft meleagridi Jemilis , nift quod rutilam galeam & criflam capite gerit, que utraque in meleagride funt cerulea. ce La poule d'Afrique ref- femble à [a méléagride, excepté qu'ellece a la crète & le cafque rouge rurila ,« au leu que ces mêmes parties fonte bieues dans Îa méléagride. »s Bon a puis cette poule africaine pour {a p» fi peu d’attachement pour" leurs pe- 25 tits , que les Prêtres commis à leur (1) Voyez le Difcours relatif à fa planche cxx V1 de Trifch. LRU | 1 EN de la Peintade. 237 garde font obligés de prendre foin ce de la couvée ; 22 mais ïil ajoute que leur grofleur eft celle d'une poule de . belle race {m): il paroiït aufli, par un Mpallage de Pline, que ce Naturalfte » regardoïit la méléagride comme un oïfeau aquatique (n) ; celle à barbïllons rouges £ft au contraire, felon M. Frifch, plus » grofle qu'un sat {e-: plait she e lieux fecs, lève foigneufement fes Dpetits, &c. N Dampier aflure que, dans l'ile de DM , l'une de celles du Cap-vert, ïÎ y a des pemntades dont la char eft extraordinatrement blanches; d’autres … dont la chair eft noire, & que toutes … l'ont tendre & délicate fo); le P. Labat n (im) Locus ubi aluntur, paluftris eft; pullos fuos … nullo amoris affe®lu hec ales profèquitur & teneros “ adhuc negligit, quare à Sacerdotibus curam eorum. | ” geri oportet. Voyez Athénée , 6. XIV, cap. xx. (n) Menelias Africe LE ficyonem appellar, & crathim amnem ën oceanum efjluentem, Llacu in qu m aves quas meleagridas & Penelopas vocet , vivere … Hift. naturalis, 406. XXXVIT, cap. 11. : (o) Voyez Nouveau voyage autour du monde, tome IV, page 23. [4 238 Hifloire Naturelle en dit autant (p) : cette différence, fi elle eft vraie, me paroît d'autant plus confidérable qu'elle ne pourroit étre attribuée au changement de climat, | puifque, dans cette île qui avoiline | l'Afrique , les pcintades font comme | dans leur pays natal; à moins quon, ne veurlle dire que lés mêmes caufes particulières qu il te: gnent en noir la peau éte Lib fte de la piupart des oïfeaux : des îles de San-Jago , vorfines de Tile | de May , noircifient auf dans cette dernière la chaïr des peintades. Le P. Charlevoix prétend, oublie en a une efpèce à Saint-Domingue, | plus petite que lefpèce ordinaire (g)5 ais ce font apparemment ces peïntades martonnes , provenant de celles qui y | furent tranfportées par les Caftrilins, | peu après la conquête de flfle ; cette | race Étant devenue fiuvage, & sétant comme naturalifée dans le pays, aura | éprouvé influence naturelle de ce cit | (p) Voyez Nouveau voyage autour du monde, tome II, page 326. (q) Voyez Hiftoire de File Efpagnole de Sainte | Domingue, pages 28 & 29. …— de la Peintade. 239 "mat, laquelle tend à affoiblir, amoindiir, détériorer les efpèces , comme je fai fait voir atlleurs /r); & ce qui eft digne de remarque , c'eft que cette race or1- \ginare de Guinée, & qui tranfportée Rén' Amérique, y avoit fubr l'état de domefticité, n'4 pu dans la fume ètre ramence à cet état , & que les colotis dé Saint-Domingue ont été obligés d'en faire ventr de moins farouches d'Afrique, pour les élever & les mul- pi les baïte-co: [JS elt-ce tipier dans les batte-cours { f); elt-ce pour avoir vécu dans un pays plus délert , plus agrefte, & dont Îes ha- bitins étorent fauvages , que ces pern- tades marronnes , font devenues plus D fauvages elles-mêmes ? ou ne feroit-ce D'pas aufll pour avoir été effarouchées … par les chafleurs Européens , & fur- tout par les François qui en ont détruit un grand nombre, feion Le P. Marpat Jéluite (rt)? Basse + Put + (r) Voyez la nouvelle édition de cet ouvrage. tome WII, pages 178 & 179. | Voyez Lettres Édihantes , XX.ME Recuerl 327005 J , loco crtato. k, (t)_Ibideme 240 Hifloire Naturelle Marcgrave en a vu de buppées qui venorent de Sierra-Liona ; qur avoient autour du cou une efpèce de collier membraneux , d'un cendré Eleuâtre (a LE & ceft encore 1ic1 une de ces variètés que jappelle primives, & qui méritent d'autant plus d'attention, qu’elles font antérieures à tout changement de climat. Le Jéluite Margat, qui n'admet point de difiérence fpécifique entre Îa poule africame & la méléagride des Anciens , dit: quil y en a de deux couleurs à Oaint-Domingue, les unes ayant des taches noires & blanches dif- polées par compartimens en forme de rhomboides , & les autres etant d’un gris plus cendrée ;, il ‘ajoute qu'elles ont toutes du blanc fous le ventre au- deflous & aux extrémités des aïles /x). Enfin M. Brflon regarde comme une varicté conftante a blancheur du (au) Earum collum ne Eu e circum- -polu- sum quafi linteamine membranaceo coloris cinerez ceru- lefcentis : caput tegit crifla obretunda , muluiplex , conffars pennis eleganter nigris. Marcgrave, Hifi naturalis Brafilienfis , pag. 192. (x) Lettres édifiantes , au lieu cité, plumage de la Peintade. 241 plumage de la poitrine, obfervée fur les “pemntades de la Jamaïque , & en a fait une race ‘diftinéte , caractérilée par cet attribut / y ), qui, comme nous venons de le voir, n'appartient pas moins aux perntades de Saint-Domingue qu'à celles “de la Jamaïque. Mais, indépendamment des diflem- blances , qui ont paru fufhfantes pour admettre plufeurs races de peintades, Jen trouve beaucoup d'autres, en com- parant les defcriptions & les figures pu- bliées par différens Auteurs, lefquelles indiquent aflez peu de fermeté , foit dans le moule intérieur de cet orfeau, foit dans l'empreinte de fa forme extérieure, & une très-grande difpofition à recevoir les influences du dehors. La peintade de Frifch & de quel- Ques autres (7), a Île calque & les (y) Voyez l’Ornithologie de M. Briflon, #omeT, page 180. Meleagris peñtore albo. (x) « Le mâle & Ia femelle, dit Bélon ; ont’ même madrure en plumes & blancheur autour 6 des yeux, & rougeur par-deflous.» Voyez Hifi. hat. des Oiféaux , page 247. — Ad latera capitis albo, dit Marcgrave, Hiftoria nat, Brafil. je 192e Oifeaux , Tome IL, 242 Hifloie Naturelle pieds blanchîtres , le front , le tour des yeux , les côtés de la tête & du cou, dans fa partie fupérieure , blancs, mar: quetés de gris-cendré ; celle de Frifch | a de plus, fous la gorge, une tache rouge en forme de croïfiant, plus bas un collier noir fort large, les foïes ou filets de. locciput en petit nombre , & pas une _ feule penne blanche aux aïles; ce qui fait en a re utant de variétés par lefquelles les | peintades de ces Auteurs dif érent de la notre. Celle de Marcgrave avoit de plus le bec jaune (a ); celle de M. Brifion l'avoit rouge à la bafe , & de couleur | de corne vers le bout { à) M: de l'Académie ont trouvé à quelques- | unes une petite huppe à Îa bale du | bec , compofée de douze ou quinze | foïes ou filets roides , longs de qua) | | | | | — « La tête eft revêtue, dit le Jéfaite Margat , | » d’une peau fpongieufe , rude & ridée, dont la | » couleur eft d’un blanc - bieuâtre ». Voyez Lettres édifiantes , Recueil XX, page 362 & ftivantes. À (a) Roffrum flavum. Voyez Hifloria nat. Brafil page 102. Ê (bo) Voyez Ornithologie tome I, page 180. de la Peintade, 243 lignes {c ), laquelle ne fe retrouve que “dans celles de Sierra - Liona , dont jai - parlé plus haut. Le Docteur Cai dit que la femelle Da la tête toute notre , & que c'eft la feule différence qui la diftingue du mile [d ). | Aldrovande prétend , au contraire , que la tête de la femelle à les mêmes cou- leurs que celles du mâle ; mais que fon cafque eft feulement moins élevé & plus obtus fe ). | Roberts aflure qu'elle n’a pas même de cafque ff ). Dampier: & Labat , qu'on ne ur voit point ces barbillons rouges & ces caroncules de même couleur , qui, dans Îe mâle bordent l'ouverture des narines ( £g . (c) Voyez Mémoires fur les Animaux, partieIT, page 82. jet (d) Caius apud Gefherum , de Avibus, p. 481 (e) Voyez Ornithologia Aldrov. tome 11, p. 356. . (f) Voyages de Roberts au Cap-vert & aux fes , &c. page 402. _ {g) Nouveau voyage de Au ) tone VT a 1} 244 Hifloire Naturelle M. Barrère dit que tout cela eft plus pâle que dans le mâle / h ), & que les {oies de l’occiput font plus rares , & tels apparemment qu'ils paroïflent dans la planche CXxXVI de Frifch. pi, _ Enfin M." de l'Académie ont trouvé; dans quelques individus , ces fotes ou filets de foccipur élevés d’un pouce, en forte qu'ils formoïent comme une pe- tite huppe derrière La tète {à ). Il feroit difficile de déméler parmi toutes ces variétés celles qui font aflez profondes, & pour ainf dire afez fixes , pour conftituer des races diftinctes ; & comme on ne peut douter qu'elles ne foïent toutes fort récentes, 11 feroit peut-être plus raifonnable de es regar- der comme des eflets qui sopèrent page 402. Nota. I eft probable que 1a crête courte & d’un rouge très-vif, dont parle le P. Charle- voix, n’eft autre chofe que ces caroncules. Voyez. fon Hifloire de l’ile Efpagnole , tome I, page 28 , &c. (h) Barrère, Ornithologia fpecimen , CIafl. IV , gen. 111, fpecies 6. | (5) Voyez Mémoires fur les Animaux , partie IL, pase 80, ; de la Peinrade, 245$ “encore Journellement par la domefti- cité , par le changement de climat, par la nature des alimens, &c. & de ne les employer dans la defcription, & pour afligner les limites des varia- tions auxquelles font fujettes certames qualités de la peintade ; & pour remon- ter autant qu'il eft poilible aux caufes qui les ont produites jufqu'à ce que ces variétés ayant fubi ne du temps, & ayant pris la confiftance dont elles font fufceptibles , puiflent fervir de caractères à des races réellement dif- tinétes, La peintade 4 un trait marqué de _reflemblance avec le dindon , c'eft de _navoir point de plumes à la tête ni à Ja partie fupérieure du cou ; & cela a donné lieu a plufeurs Ornitholo- giftes, tels que Bélon /# ), Gefner (2), Aldrovande [m) & Kiein (7), de (k) Voya Hiftoire naturelle des - Oifeaux, page 248. (!) Voyez De Avibus, page A & faivantes, {m) Voyez Ornithologia , Hib. XIIT, page 36. _{n) Prodromus Hifloria Avium , jé 112. It} 246 Hifloire Naturelle prendre le dindon pour la méléagride des Anciens ; mais, outre les différences nombreufes & tranchées qui fe trouvent, {oït entre ces deux efpèces, foït entre ce que l'on voit dans le dindon & ceque les Anciens ont dit de laméléagride/{0); 11 fufht, pour mettre en évidence la faufleté de cette conjecture, de fe rap- peler les preuves par lefquelles j'ar établi à l'articie du dindon , que cet oïfeau eft propre & particulier à lAmeérique , qu'il vole pefamment , ne nage point du tout , & que par confèquent 1l n'a pu franchir la vafte étendue de mers (o) La Méléagride étoit de la groffeur d’une poule de bonne race , avoit fur Ia tête un tuber- culé calleux , le plumage marqueté de taches blanches , femblables à des lentilles, mais plus grandes ; deux barbïlions adhérans au bec fupé- rieur, la queue pendante , le dos rond, des mem- branes entre les doigts , point d'éperons aux pieds, aimoit les marécages, n’avoit point d’atta- chement pour fes petits , tous caractères qu’on chercheroit vainement dans le dindon, lequel en a d’ailleurs deux trés-frappans, qui nefe retrouvent point dans Ia defcription de la Méléagride ; ce bouquet de cris durs qui lui fort au bas du cou, & fa manière d’étaler fa queue & de faire la roue autour de fa femelle. de la Peintade. 247 - qui fépare l'Amérique de notre conti- .- nent ; d'où il fuit qu'avant la découverte | de l'Amérique , ïl étoit entièrement | Inconnu dans notre continent, & que » es Anciens n’ont pu en parler fous le _ nom de méléagride. Il paroït que c'eft auf par erreur que le nom de Knor-haan s'elt glfé dans la lfte des noms de la peintade donnée par M. Briflon {p}), citant Koïbe / q)3 je ne nie pas que la figure ( p) Ornithologie , rome I, page 177. (a) Detcription du Cap de Bonne-efpérance , tome III, page 169. « Un oïfeau qui appartient proprement au Cap , dit ce Voyageur, eft le « Knor-hahu ou le Cog-knor , c’cft la fentinelle «e des autres oïifeaux ; 11 les avertit lorfqu’il voit «e approcher un homme, par une cri quireffemble « au fon du mot crec, & qu'il répête fort haut : «6 fa grandeur eft celle d’ure poulie ; il a le bec «e court & noir comme Îes pluines de fa couronne ; «e le plumage des aïles & du corps mêlé de rouge, « _ de blanc & de cendré ; les jambes jaunes , les « aïles petites : 11 fréquente les iieux folitaires , & ce fait fon nid dans les buifions ; fa ponte eft de « deux œufs : on eftime peu fa chair , quoiqu’elle «s foit bonne. » L iv 248 Hifloire Naturelle par laquelle le Kror-haan a été déf- gné dans le voyage de Kolbe, nait été, faite d'après celle :de, poulie africaine de Marcograve ; comme le dit M. Briflon; mais il avouera aufli qu'il eft difficile de reconnoïtre dans un oïlfeau propre au cap de Bonne-ef- pérance, la peintade qui eft répandue dans toute l'Afrique , maïs moins au cap que par-tout aïlleurs; & quil eft encore plus difhcile d'adapter à celle- cr, ce bec court & noir, cette cou- xonne de plumes, ce rouge mêlé dans les couleurs des aïles & du cofps,. & cette ponte de deux œufs feule- ment que Kolbe attribue à fon Kror- haan. | Le plumage de la peintade, fans avoir des couleurs riches & éclatantes , eft cependant très-diftingué : c'eft un fond gris-bleuâtre plus ou moins foncé, fur lequel font femées aflez régulière- ment des taches blanches plus ou moiïns rondes, reprélentant aflez bien des perles; d'où quelques Modernes ont donné à cet oïleau le nom de de la Peintade. 249 poules perlées (r )3 & les Anciens ceux | de varia & de guttata ( [° ), tel étoit du moins le plumage de la peintade dans . fon climat natal ; maïs, depuis qu'elle a Été tranfportée dans d’autres régions, elle - à pris plus de blanc , témoin les pein- tades à poitrine blanche de la Jamaique & de Saint-Domingue, & ces pein- tades parfaitement blanches dont parle M. Edwards / r ) ; en forte que la Blan- cheur de la poitrine dont M. Briflon a fait le caractère d'une variété, n'eft qu'une altération commencée de la cou- leur naturelle ; ou plutot n'eft que le paflage de cette couleur à la blancheur parfaite. (r) Voyez Frifch, planche cxxyr. — Klein, Hifiorie Animalium prodromus , page 3. (ff) Martial , Epigramm. (t) « Depuis que les peintades fe font muiti- pliées (en Angleterre ), Jeur couleur s’eft alté- rée ,.1l s’y eft mêlé du blanc dans plufieurs ; «e d’autres font d’un gris de perle cfair , en confer- » vant leurs mouchetures ; d’autres font parfaite- « ment blanches. ». Voyez Glanures d'Edvards, toi- fiéme partie , page 260. a y 2$0 Hifloire Naturelle _ Les plumes de la partie moyenne du cou font fort courtes , à endroit qui joint {a partie fupérieure, ou il n'y en a point du tout; puis elles vont toujours croïflant de longueur jufqu'à la poitrine où elles ont près de trois pouces. Ces plumes font duvetées depuis leur racine juiqu'à environ la moitié de leur longueur ; & cette partie duvetée eit recouverte par l'extrémité des plumes du rang précédent , laquelle eft compofée de barbes fermes & accrochées les unes aux autres (u ). -. La peintade a les arles courtes & Îa queue pendante , comme la perdrix, ce qui, joint à la difpofition de fes plumes , a fait paroitre boflue { Genus gibberum. Pline ); mais cette bofle n'eft qu'une faufle apparence , & 1l n'en refte plus aucun veftige lorfque l'orfeau eft plumé( x. {u) Voyez Mémoires pour fervir à l’Hiftoire des Animaux, partie II, page 81. (x) Voyez Lettres édifiantes , Recueil XX, Lo6e citato | | de la Peintade. 2$1 Sa groffeur eft à peu-près celle de la poule commune; maïs elle a la forme de la perdrix, d’où fur eft venu le nom de perdrix de Terre-neuve y) ; feulement elle a Îes pieds plus élevés & le cou plus long & plus menu dans le Haut. Les barbillons, qui prennent naïf fance du bec fupérieur ; n'ont point de forme conftante, étant ovales dans les unes, & carrés ou triangulaires dans les autres : ils font rouges dans la fe- melle & bleuâtres dans le mâle ; & cet iléton,, M"..1de. l'Académie >) & M. Briflon (a), la feule chofe qui diftingue les deux fexes ; mais d’autres Auteurs ont afligné, comme nous la- vons vu ci-deflus , d’autres diflérences tirées des couleurs du plumage (6), 7 PE (y) Voyez Bélon, Hifloire naturelle des Oifeaux,. pase 247. (x) Voyez Mémoires pour fervir à lHiftoire des Animaux, partie Il, page 83. | (a) Ornithologie, tome I, page 179. (&) Caius apud Gefnerum, de Avibus, page 483, L y) 252 Hifloire Naturelle des barbïllons / c), du tubercule calleux de la tête [ d ), des caroncules , des na- rines ( e ), de la grofleur du corps { f ), des fores ou filets de l'occipur ( g ), &c. {oit que ces variétés dépendent en efet de la différence du fexe ; foit que, par un vice de logique trop commun , on les ait regardées comme propres au fexe de l'individu où elles fe trouvotent acer- dentellement , & par des caufes teutes différentes. En arrière des barbillons , on voit {ur les cotés de Ia tête, 1a très - petite ouverture des oreïlles , qui , dans la plupart des Otfeanx y let ombragée par des piumes , & fe trouve ici à décou- vert ;, mais Ce qui eft propre 414 peintade, ceft ce tubercule ‘cales, cette efpèce de caïfque qui s'élève fur (c} Columelle, Frifch, DApIeE » &c. (4) Aïdrovande , Roberts ,; Barrère, Dale champs , &c. [e) Barrère, Labat, Dampier, &e, (f) Frifch. (g) Frich, Barrère, &c. ossi TC PS RE TE OT de la Peintade. 253 fa tête , 8 que Bélon compare aflez mal-à- propos au tubercule , ou plutôt à la corne de la girafe (h ) ; il eft _femblable par fa forme à la contre- épreuve du bonnet ducal du Doge de Venife , ou, fi l'on veut , à ce bonnet mis fens devant derrière { 4) ; {a cou- leur varie dans Îes difiérens fujets du blanc au rougeñtre , en. pañlant par Île jaune & le brun [4 ) ; fa: fubftance intérieure eft comme celle d’une chair endurcre & calleufe ; ce noyau eft re- couvert d'une peau sèche & ridée qui s'étend fur loccipur & fur les cotés de la tête , mais qui eft échancrée à l'en- droit des yeux f/ /) Les Phyfciens, (4) Bélon, Nature des Oifcaux , page 247. (1) C'’eft à caufe de ce tubercule que M. Lim- næus à nommé la peintade , tantôt Gallus vertice corneo. Syft. nat. édit. VI, tantôt Phaftanus vertice callofè , édit. X. (k) H eft blanchâtre dans la planche cxxri de Frifch , couieur de cire, fuivant Bélon. page 247; brun , felon Marcgrave ; fauve-brun, felon M. Per- rault ; rougeâtre dans notre planche. (1) Mémoires fur les Animaux , partie IT, page 82. | 2$4 Hifloire Naturelle à caufes finales, n’ont pas manqué de dire que cette callofñté étoit un cafque véritable |, une arme défenfive donnée aux peintades , pour les munir contre leurs atteintes réciproques , attendu que ce font des oïfeaux quereileurs , qui ont le bec très-fort & le crâne très- fotble (7). | Les yeux font grands & couverts, la paupière fupérieure a de longs poils noirs relevés en haut, & le cryftallin eft plus convexe en dedans qu'en de- hors (n). | M. Perrault aflure que le bec eft femblable à celui de la poule; le Jé- fuite Margat le fait trois fois plus gros, très-dur & très-pointu ; les ongles font aufll plus aïgus, felon le P. Labat; mais tous s'accordent, Anciens & Mo- dernes, à dire que les pieds n’ont point d'éperons. Une différence confdérable, qui fe (nm) Voyez Miff. Aldrovandi, Ornithorogia , tome Il, page 37. {n) Mémoires fur Îles Animaux , partie IT, page Ô7.. de la Peintade. 2 $$ trouve entre la poule commune & Ia peintade , c'eft que le tube imteftimal eft beaucoup plus fort à proportion dans cette dernière, n'ayant que trois pi-ds, felon M."de l'Académie, fans compter les cæcum qui ont chacun fix pouces, vont en s'élargiffant depuis leur origine , & reçoivent des vaifleaux du mélentère comme Îles autres inteïtins : le plus gros de tous eft le duodenum, qui a plus de huit lignes de diamètre; le geler eft comme celui de 1a poule; on y trouve aufli beaucoup de petits graviers , qnelquefois même rien autre chofe, apparemment lorfque fanimal Étant mort de langueur , a paflé les derniers temps de fa vie fans manger; ia membrane interne du géfier eft très- ridée , peu adhérente à la tunique ner- veufe, & d'une fubftance analogue à celle de la corne. Le j2bot, lorfquil eft foufllé, ef de la grofleur d'une balle de paume; le canal intermédiaire entre le jabot & le gélier, eft d'une fubftance plus dure & plus blanche que la partis du con- duit inteftinal qui précède le jabot, & 256 Hifloire Naturelle ne préfente pas à beaucoup près un fi grand nombre de vaïfleaux apparens. L'œlophage defcend le long du cou; à droite de la trachée-artère [o) ; fans doute parce que le cou qui, comme .je lai dit, eft fort long, fe pliant plus fouvent en avant que fur les cotés, l'œfophage preflé par 1a trachée-artère dont Îes anneaux font entièrement ofleux icI, comme dans la plupart des oïleaux ; a été pouflé du côté où 1 y avoit le moïns de réfifiance. Ces oïfeaux font fujets à avoir dans le foire , & même dans Îa rate, des concrétions fquirreules ; : oh en a/vu qui n'avoient point de véfcule du fiel ; mais dans ce ças le rameau hépatique étoit fort gros; on en à vu d’autres qui n'avoient qu'un feul tefticule /p): en général, 1 paroït que les parties in- tern:s ne font pas moins lufceptibles de variétés que les parties extérieures &e fuperficielles. (0) Voyez les Mémoires pour fervir à PHiftoire raturelle des Animaux, partie II, page 4 es @ Voyez Idem, ibidem ; page 84. : dela Peintade, 257 . Le cœur eft plus pointu qu'il ne left communément dans Îles oïfeaux /q ), Îes poumons font à l'ordinaire ; mais on a remarqué dans quelques fujets, qu'en Houfflant dans la trachée-artère pour mettre en mouvement les poumons & les cellules à aïr ; on a remarqué , dis-je, quele péricarde , qui paroïfloit plus fâche qu'à l'ordinaire , {e gonfloit comme Îes poumons { r ). | J'ajouterai encore une obfervation ana- tomique , qui peut avoir quelque rapport avec l'habitude de crier, & à la force de la voix de la perntade ; c'eft que Îa trachée- aïtère recoit dens la cavité du thorax, deux petits cordons mufculeux longs d'un pouce , larges de deux tiers de ligne , lefquels s'y implantent de chaque côté { [). | | La peintade eft en effet un oïfeau très - criard , & ce n'eft pas fans raïfon (q) Voyez les Mémoires pour fervir à l’Hiftoire nat. des Animaux , partie 11, page 86, &c. (r ) Hiftoire de l’Académie des Sciences, tomeT, PET 153 pe (f) Mémoires pour fervir à PHiftoire des Ani- maux, /0c0 citutg, 258 Hiffoire Naturelle que Browne Va appelée gallus clamos fus (125 fon cri eft aigre &c perçant ; & à la longue il devient tellement in- commode , que , quoique la chair de la peintade foït un excellent manger & bien fupérieur à Îa volaille ordinaire, la plupart. des colons ru ont renoncé à en élever [u ) $ Les Grecs avoient un mot particulier pour exprie mer ce cri { x) ; Élien dit que la mé- lagride prononce à peu-près fon nom {y); le Doéteur Ca, que fon cri approche de celur de la perdrix!, fans être néanmoïns aufli éclatant (7) 5 Béion, qu’il ejt quafi comme celui de petits pouffins nouvellement éclos ; maïs 1l afiure polt ivement qu'il eft diflcme blable à celui des poules communes / a); {t) Natural Hiflori of Jamaïc. page 460. (u-) Lettres édifianres, Recueïl XX , loco citate. (x) Kaynagew , felon Poliux. Voyez Gefner , de Avibus , page 479. (y) DeNatura Arimalium, Gb. IV , cap. XLLIr, (x) Voyez Gelner, de Avibus, page 421. { a) Hiftoire des Oifeaux , page 248. de la Peintade. 259 . & je ne fais pourquoi Aïdrovande (br) & M. Salerne fc), lui font dire le . contraire. | C'eft un oïfeau vif, inquiet & tur- bulent, qui n'aime point à fe tenir en place, & qui fait fe rendre maitre dans la bafle - cour ; il fe fait crarndre des dindons même , & quoique beaucoup plus petit, il leur en impofe par fa pétulance: 6e la peintade , dit ie P. Mare gat, a plutôt fait dix tours & donnéce vingt coups de bec, que ces grose oïfeaux n'ont penfé à fe mettre ence défenfe : »2 ces poules de Numidie femblent avoir la même fiçon de com- battre , que l'Hiftorien Sallufte attribue aux cavaliers Numides : » Leur charge, dit-il, eft brulque & trrégulière ;œ trouvent-1ls de la réfiftance, ils tournent « le dos ; & un inftant après ris font fur « l'ennemr; { d )»> on pourroit à cet exem- ple en joindre beaucoup d’autres qui (b) Ornithologia , tome IT, page 338. (c) Hiftorre “aturelle des Oifeaux , page 134. {d) Voyez Lettres édifiantes , XX.E Recueil, loco citato, | 260 Hifloire Naturelle atteftent influence du climat fur le. naturel des animaux, ainfhi que fur Île génie national des habitans : l'éléphant joint à beaucoup de force & d'induf- trie une difpchtion à Fefclavage ; le chameau eft l2borieux, patient & fobre; le dogue ne démord point. Élien raconte que, dans une certaine Ifle, la Méléagr ie eft refpeétée des aan de proie (6) e); maïs je crois que ; dans tous Îes pays du monde, les oi- feaux de proïe attaqueront par préfe- rence toute autre volaille qui aura le bec moIns ÉOLÉS pornt de caïique fur ETS tête, & qui ne faura pas fi bien {e défendre. La perntade eft du nombre des OI- feaux pulvérateurs, qui cherchent dans la pouflière où ïls fe vautrent , un remède contre Vincommodité dé in- feétes; elle gratte aufli la terre comme nos poules communes, & va par troupes très-nombreufes: on en voit à file de May des volées de deux ou trois cens; {e) Voyez Hiflioria Animalium , lib. V, cap. XXVIL | de la Peintade. 261 Tes Infulatres les chaflent au chien cou- rant , fans autres armes que des bi- tons { f ) ; comme elles ont les aïles fort courtes , elles volent pefamment ; mais elles courent très-vite , & felon Bélon , en tenant la tête élevée comme la girafe (8 ); elles fe perchent la nuit pour dormir, & quelquefois la journée, fur les murs de clôture, fur les hares & même fur les toits des marlons & fur les aibres ; elles font foigneufes , dit encore Bélon, en pourchaflant leur vivre { h) ; & en efñlet elles doivent confommer beaucoup , & avoir plus {f) Voyez Dampier , nouveau voyage autour du Monde , rome 1V, page 23 ; & le voyage de Brue dans la nouvelle relation de l’Afrique occi- dentale, par Labat. . {g) Hiftoire des Oïfeaux , page 248. (h) Nota. M. de Sève a obfervé en jetant du pain à des peintades , que lorfqu’une d’entr’elles prenoit un mérceau de pain plus gros qu’elle ne pouvoit l’avaler tout de fuite , elle l’emportoit en fuyant Îles paons & Îes autres volailles qui ne vou- {oïent pas la quitter ; & que, pour s’en débarrafer, elle cachoiït le morceau de pain dans du fumier ou dans de la terre, où elle venoit le chercher & le manger quelque temps après, 262 Hiftoire Naturelle de beloins que les poules domeftiques ; vu le peu de longueur de leurs in- teftins. par les demi-membranes qui uniffent les doigts des pieds, que la peintade eft un oïfeau demi-aquatique ; aufli celles de Guinée qui ont recouvré leur liberté : à Saint-Domingue , ne fuivant plus que limpulfion du naturel , cherchent de préférence les lieux aquatiques & maré- cageux f / ). | Sion les élève de jeunefle , elles s’ap privoifent très-bien. Brue raconte, qu'é- tant fur la côte du Sénégal, il reçut en préfent d’une Princefle du pays , (1) Plme, Hifloria naturalis, lib. XXXVII, cap. 11.— Clitus de Milet clans A thénée , 6. XIV, | Cap. XXV'TI. _(k) Gefner , de Avibus , page 478. — Frifch, planche cxxv1.—Letires édifantes, Recueil XX, &c. (1) Lettres édifiantes , ibidem. — J’entrai dans un petit bofquet, auprès d’un marais, qui attiroit des compagnies de peintades. dit M. Adanfon, page 16 de fon voyage au Sénégal. Il paroïît par le témoignage des An- ciens { 2) & des Modernes f 4), & de la Peintade. 263 deux perntades , l'une mâle & fautre femelle , toutes deux fi famr!rères qu'elles vénotent manger fur {on afliette ; & qu'ayant la liberté de voler au rivage, élles fe rendoïent régulièrement fur Îa barque au fon de la cloche qui annon- çoit le dîné & le fouper / #1). Moore, qu'elles font aufli farouches que 1e font les faïfans en Angleterre (7) ; mais je doute qu'on ait vu des faifans aufli privés que les deux peintades de Brue ; & ce qui prouve que les peintades ne font pas fort farouches, c'eft qu'elles reçoivent la nourriture qu'on leur préflente au moment même où elles viennent d’être _ pries [o). Tout bien confidéré, 1 me fembie que leur naturel approche beau- coup plus de celui de la perdrix que de celur du faïfan. | La poule peintade pond & couve à peu-près comme la poule commune ; Ê ( m) Troïfième voyage de Brue, publié par Labat, (n) Voyez Hiftoire géréra'e » some ÎÎT, page 310. (o ) Longelius apud Gefncrum , page 470, des Voyages, & ARE 264 Hifloire Naturelle mais 1l paroît que fa fécondité n'eft pas la même en difiérens climats, ou du moins quelle eft beaucoup plus grande dans l'état de domefticité où elle regorge de nourriture , que dans _ Tétat de fauvage où étant nourrie moins largement, elle abonde moins en mo- Icules organiques fuperflues. On ma afluré quelle’ eft fauvage à l'Ile de France, & quelle y pond huit, dix & douze œufs à terre dans les bois; au lieu que celles qui font domeftiques à Saint-Domingue, & qui cherchent aufli le plus épais des haies & des brouflalles pour y dépoler leurs œufs, en pondent jufquà cent .& cent caen , pourvu quil en relte toujours quelqu'un dans le nid (p). Ces œufs font plus pitits à propor- tion que ceux de la poule ordinaires & ïls ont aufli la coquille beaucoup plus dure: mais 1l y a une différence remarquable entre ceux de la peintade domeftique & ceux de la peintade fauvage ; ceux-ci ont de petites taches (p) Lettres édifiantes , Recueil XX, rondes de la Peintade, 26$ “rondes comme celles du plumage, & qui n'avoient point échappé à Arif- tote (q) 3; au lieu que ceux de fa peintade domeftique ; font d’abord d’un rouge allez vif, qui devient enfuite plus fombre ; & Hé couleur de rofe sèche, en {e refroïdiflant ; fi ce fait eft vraï, comme me l'a afluré M. Fournier qui en a beaucoup élevé , 1 faudroit en con- clure que les influences de la domef- ticité font icr aflez profondes, pour altérer non-feulement les couleurs du plumage , comme nous flavons vu CI- deflus , mais encore celle de la ma- fière dont fe forme [a coquille des œufs ; & comme cela n'arrive pas dans Æ autres cpécess-'ceft ‘encore une rafon de plus pour regarder Îa nature de la peintade, comme moins fixe & plus fujette à varier que céllé\/ des autres oifeaux. La peintade a-t-elle foin ou non de fa couvée? c'elt un problème qui n'eft pas encore rélolu ; Bélon dit ouï , rer Eh den tn rer reed ee ce nr PER PSS {q) Hifioria Animalium , Xib. VI, cap. 14 Oifeaux , Tome LIL. M 266 Hifioire Naturelle fans reftriétion (r); Frifch eft auf pour Paflirmative à l'égard de fa grande : efpèce qui aime Îles lieux fecs, & 1 aflure que le contraire eft vrar de la petite efpèce, qui {e plait dans les marécages ; mais le plus grand nombre des témoignages lui attribue de in- différence fur cet article; & le Jéfñute Margat nous apprend qu'à Samt-Do- miogue , on ne lui permet pas de couver elle-même fes œufs, par la raifon qu'elle ne s’y attache point, & qu'elle abandonne fouvent fes petits ; on préfère, dit-il, de les faire couver par des poules d'Inde , ou par des poules. communes /{ f). Je ne trouve rien fur la durée de l'incubation; mais à juger par la grof- feur de loileau, & par ce que lon fait des efpèces auxquelles 1l a le plus de rapport, on peut la fuppoler de, (r) « Sont moult fécondes & foigneufes de bien nourrir leurs petits, » Hiflorre des Oifèaux page 245. ([) Lettres édifiantes, Recueil XX, laco citato, + de la Peintade. 267 » trois femaines, plus ou moins, felon la chaleur de la faïfon ou du climat, lafliduité de la couveufe, &c. Au commencement les jeunes pern- tadeaux n'ont encore ni barbillons, ni fans doute de calque; 1ls reflemblent alors, par Île plumage, par ia couleur des pieds & du bec, à des perdreaux rouges ; & ïl n'eft pas aïfé de diftin- guer les jeunes mâles des vieïlles fe- melles / 1); car c'eft dans toutes les : efpèces que la maturité des femelles reflemble à Tenfance des miles. Les peintadeaux font fort délicats & très-dilhciles à élever dans nos pays feptentrionaux, comme étant ori- gimaires des climats brûlans de Afrique; ils fe nourriflent, aimfi que les vieux à Saint-Domingue, avec du tmmillet, felon le P. Margat /) ; dans l'ile de May, avec des cigales & des vers qu'ils trouvent eux-mêmes, en grat- (:) Ceci nous a été affuré par le fieur Fournier, que nous avons cité ci-devant. {u) Lettres édifiantes, Recueil XX, Loco citate, M ij 268 Hifioire Naturelle tant la terre avec leurs ongles /x) ; & felon Frifch, ts vivent de toutes fortes de graines & d'infectes (y). ; Le coq peintade produit aufli avec la poule domeftique ; mais c’eft une efpèce de génération artificielle qui demande des précautions; la princt- pale eft de les élever enfemble de jeunefle ; & les orfeaux métis qui ré- fultent de ce mélange , forment me race bâtarde, imparfaite, défavouée pour ainf dire de la Nature, & qui ne pondant guère que des œufs clairs, n'a pu jufqu'ici fe perpétuer régulrè- ment (/z). | _ Les peintadeaux des bafle-cours font . d’un fort bon goût , & nullement m- férieurs aux perdreaux ; mais les fau- vages ou marrons de Saint-Domingue, font un mets exquis & au-deflus du farfan, | (x) Nouveau Voyage autour du Monde, de Dambpier , rome IW, page 22.—Labat, tome IT, . page 326, & 10me IT, page 139% (y) Frifch, planche cxxri. ( :) Selon M. Fournier. de la Peintade, 269 Les œufs de peintade font aufli fort bons à manger. Nous avons vu que cet oifeau étoit d'origine africaine , & de-là tous lés noms qui lui ont été donnés de poule africaine , numidique , étrangère; de roetde Barbare, de‘ Tunis ; de Mauritanie , de Lybie ,; de Guinée (d'où s’eft formé lé nom de Guinette) d'Égypte, de Pharion ‘& ‘mème de Jérufalem: quelques Mahométans sé- tant avifés de les annoncer fous le nom de poules de Jérufalem, Les ven- dirent aux Chrétiens tout ce qu'is voulurent /4)3; mais ceux-ci s'étant aperçus de la fraude , les revendirent à profit à de bons Mufulmans, fous le nom de poules de la Mecque. On en trouve à file de France & à lile de Bourbon (4), où elles ont été tranfplantées aflez récemiment ; & où elles fe font fort bien tt (a) Longolius apud Gefüerum ,; de Avibus» pag- 479e (tb) M. Aublet. R M iij 270 Hifloire Naturelle pliées (c), elles font connues à Ma dagafcar fous le nom d’acanques (d), | & au Congo fous celur de quetèle (e); elles font fort communes dans Îa Guinée /f), à la Côte d'or, ot ne s'en nourrit de privées que dans Île canton d'Acra /g), à Sierra-Liona (4); au Sénégal /i), dans île de Gorée, dans celle du Cap-vert [4), en Bar- barie, en Écypte; en Arabie (008 {c) Voyage autour du Monde de a Barbi- nais le Gentil, tome XI, page 608. (4) François Cauche, relation de Madagafcar, pase 133: {e) Marcerave, Hifloria nat. Brafil. p. 192. {f) Margat , Lettres édifiantes, loco cirato. {g) Voyage de Barbot, page 217. (a) Marcgrave , Hifloria natural. Brafilienf. loco æitato. (i) Voyage au Sénégal , de M. Adanfon, page 7: (£) Dampier , voyage autour du Monde, tome IV, page 23. | (1) Strabon, li. XVI de la Peintade. 271 en Syrie fm); on ne dit point s'il y en a dans les ‘les Canaries , ni dans celles de Madère. Le Gentil rapporté qu'il a vu à Java, des poules pein- tades /n); mais on ignore fi elles étoient domeftiques ou Sauvages : je croirois plus volontiers qu'elles étorent dometf- | tiques , & qu'elles avoient été tranf- portées d'Afrique en Âfie, de même qu'on en a tranfporté en Amérique & en Europe ; mais, comme ces offeaux étorent accoutumés à un climat très- chaud , ts mont pu shabituer dans les pays glacés, qui bordent la mer Baltique ; re n'en eft-1l pas queftion dans la Fauna Suecica de M. Lrionæus. M. Klein paroît n’en parler que fur ble rapport d’autrur , & nous voyons ” même ; qu'au commencement du fiècle tls étorent encore fort rares en ÂAn- gleterre (o). sn Meleagrides fert ultima fyrie Regie. Diodor. ficul. {n) Nouveau Voyage autour du nd À some IIT, page 74. _ (0) ayez Glanures d’'Edwards , Troilième parcies jage 269. | M :v 1 puifque, felon Athénce, les Etoliens | 272 Hiffoire Naturelle Varron nous apprend que de fon | temps les poules africaïnes (c’eft ainft | qu'il appelle les peintades}, fe vendoient | fort, cher, à Rome.:à caule,de leur | rareté {p) ; elles étoient beaucoup plus: communes en Grèce du temps de Paufanias, putfque cet Auteur dit po- | fitivement que la méléagride étoit avec | loie commune, l’offrande ordinaire des ! perfonnes peu aïfées dans les myftères | dolemnels d'Ifis fq): malgré cela, on | ne doit point fe perfuader que les pein- | tades fuflent naturelles à Ia Grèce , | Pefioient pour être les premiers des | Grecs qui euflent eu de ces orfeaux, | dans leur pays : d'un autre coté, ja | perçois quelque trace de migration | régulière dans les combats que ces or- | feaux venotrent fe livrer tous les: ans | en Béotie , fur le tombeau de Me] léagre {r), & qui ne font pas moins| | Cp) De Re Ruflicé , Hb. III, cap. 1x. | {q) Vid.' Gefnerum, de Avibus, page 479, quorum tenuior eff res familiaris in celebribus Ifidis conventibus , anferes atque aves meleagrides immolant. (r) Simili modo (nempe ut memnonides aves)2 | => $ : RSS ÈS LA PFINTADE. Med Peintacde, 273 cités par Îles Naturaliftes que par Îes Mythologiftes; c'eft delà que Îeur eft venu Îe nom de méléagrides / f°), comme celui de peintades leur a été donné moins à caufe de Îa beauté que de agréable diftribution des couleurs dont leur plumage eft peint. pugnant meleagrides in Baæotia. Plin. Hift. nat. dit, cap: XxXK I: ([) Nota. La Fable dit que les fœurs de Méléagre , défefpérées de Ia mort de leur frère furent changées en ces oïfeaux qui portent encore ‘ Icurs larmes femées fur leurs plumages, M v ‘ Q] A Hifloire Naturelle FRET A LES A RG PRES De D RS TU EU RU PE Éa S S'OEE à ER TL RAR LE ED RS à : Ê LE. Li ENT ANS O ÙÜ | LE GRAND COQ DE BRUYÉRE (a) Planche v de ce volume. Si LON NE JUGEOIT des chofes que par les noms, on pourroït prendre cet oifeau ou pour un coq fauvage, ou # Voyez Les planches enluminées , n.°573 & 74. (a) En Grec, Térmé; en Latin , Tetrao, {Magnus ); en Latin Moderne, Urogallus ; en Italien , Gallo Cedrone; en Aemand, Or-han ; Aver-Han; en Polonois, Glufiec ; en Suédois, Kjaeder où Tjaeder; en Noverge , Lieure ; en Anglois, Mountain Cock; dans quelques provinces de France , Coq de Limoges, Coq de bois, Faïfan bruyant. — Tetrao, Bél. Obfer». pag. 11. — Urogallus fèu Tetrao. Aldrov. Avi. tome IT, pag. 59. — Tetrao , five Urogallus. Frich, Tab. 107. Maf. — Coq & Poule noires de montagnes de Mofcovie. Albin, Tome II, page 22, du Tetras. 27$ pour un faïfan; car on lui donne en plufieurs pays, & fur-tout en Italie, le nom de coq fauvage , gallo alpeftre (b), felvarico ; tandis qu'en d’autres pays on lui donne celui de Faïfan bruyant & de Faïfan fauvage ; cependant il diffère du faifan par fa queue , qui eft une fois plus courte à proportion, & d'une toute autre forme ; par le nombre des grandes plumes qui la compofent, par l'étendue de de fon vol, relativement à {es autres di- menfions, par {es pieds pattus & dénués d'éperons , &c. D'ailleurs, quoique ces deux efpèces doïfeaux fe plaïfent égale- ment dans les bois, on ne lesreacontre pref- que jamais dans les mêmes lieux, parce que le farfan qui craint le frord, fe tient dans les bois en planes, au lieu que le coq de bruyère cherche le froid & habite les bors qui couronnent le fommet des hautes planche xx1x ; le mâle, planche xxx, la femelle. Nota. La p'anche de Frich eft bien coloriée, & celles d’Aïbin le font fort mal. {b) Aïbin décrit le mâle & Ia femelle fous le nom de Cog & de Poule noire des montagnes de Mofcovie ; plufieurs Auteurs lappellent Ga/lus filveltris. M v) 276 Hifloire Naturelle montagnes, d’où lui font venus Îles noms de cog de montagnes & de coq de bois. Ceux qui, à l'exemple de Gefner. & de quelques autres , voudroiïent Îe regar- comme un coq fauvage , pourroient à Îa vérité fe fonder fur quelques analogies; ‘car il y a en effet plufieurs traits de ref femblance avec le coq ordinaire , foit dans l1 forme totale du corps, foit dans fa configuration particulière du bec, foit par cette peau rouge plus ou moins faillante dont les yeux font furmontés, foit par la fingularité de {es plumes qui font prefque toutes doubles, & fortent deux de chaque tuyau , ce qui, fuivant Bélon ;: eftu propre au «cog'ider nes bafle-cours /c): enfin ces oïfeaux ont aufli des habitudes communes ; dans les deux efpèces , ïl faut plufeurs fe- melles au mâle: Îes feimelles ne font point de nid, elles couvent leurs œufs avec beaucoup d’afliduité, & montrent une grande affection pour leurs petits quand ïls font éclos: mais fi Ton fait attention que le coq de bruyère n'a pan me w neo. (c) Bélon, Nature des Oiféaux , page 251. du: Tetras. D 77 point de membranes fous le bec & point d'éperons aux. pieds ; que fes pieds font couverts de plumes, & fes doigts bordés d'une efpèce de dentelure ; qu'il à dans la queue deux pennes de plus que le coq; que cette queue ne fe divife point en deux plans comme celle du coq, mais qu'il la relève en éventarl comme Îe din- don; que la grandeur totale de cet orfeau eft quadruple de celle des cogs ordi- naires (d); qu'il fe plaît dans les pays froids, tandis que les coqs profpèrent beaucoup mieux dans les pays tempérés; qu'il ny a point d'exemple avéré du mélange de ces deux efpèces ; que leurs œufs ne font pas de la même couieur ; enfin, fi l’on fe fouvient des preuves par lefquelles je crois avoir établi que lefpèce du coq eft originaire des contrées tempérées de FAfe , où es Voyageurs n'ont prefque jamais vu de. cogs de bruyère ; on ne pourra guère fe perluader que ceux-ci foient la fouche de ceux-là, & l’on reviendra bientot d’une erreur occañionnée, comme be ue (d) Aldrovande, Ornithologie, tome IT, p. 61. 278 Hifloire Naturelle tant d'autres, par une faufle dénomi- nation. Pour mor, afin d'éviter toute équi- voque, je donnerat , dans cet article, au coq de bruyère , le nom de tetras, formé de celui de retrao , qui me paroït être fon plus ancien nom latin, & qu'il conferve encore aujourd'hui dans Îa Sclavonie , où il sappelie rerrez ; on pour- roit auffi lur donner celui de cedron tiré de cedrone , nom fous lequel ïl eft connu en plufeurs contrées d'Italie : les Grifons l’appellent ffo/zo , du mot allemand ffo/7 , qui fignifñie quelque chofe de fupeibe ou d’impofant , & qui eft applicable au coq de bruyère, à caufe de fa grandeur & de fa beautés; par la même ratfon, les habitans des Py- rénées lui donnent le nom de paon fauvage; celui d’urogallus , fous lequel 11 eft fouvent défigné par les Modernes qui ont écrit en latin, vient de ur, our, urus qui veut dire fauvage, & dont s'eft formé en allemand Îs mot auer- hahn ou ourh-hagn, lequel, felon Frifch, déligne un otfeau qui fe tient dans ies lieux peu fréquentés & de difhcie du Téetras. 279 accès ; il fignifie aufli un oïfeau de . marais fe), &. c'eft de-là que lui eft venu le nom riet-hahn, coq de marais qu'on lui donne dans la Souabe, & même em Écofle ff à | Ariftote ne dit que deux mots d'un olfeau qu'il appelle setrix , & que les Athéniens appeloïtent ourax ; cet oïfeau , dit-il, ne niche point fur les arbres ni fur la terre, maïs parmi les plantes Pañles & rampantes. Terrix quam Athe- nienfes vocant *eæjya, nec arbori, nec terræ nidum fuum commirrit, fed frutici (g). Our quoi il eft à propos de remar- quer que l'expreflion grecque n'a pas té fidèlement rendue par Gaza; car, 1.” Aïiftote ne parle point ic d'ar- brifleau /frutici) j maïs feulement de plantes bafles (A), ce qui reflemble plus au gramen & à la moufle qu'à (e) Aue, défigne, felon Frifch, une grande place humide & bafñe. (f) Gefner, de Avibus, pages 231 & 477. (g) Hifloria Animalium , Ub. VI, cap. 1. h) Er ve xauanaie ouroic in humilibus plautis, | 280 Hifloire Naturelle des arbrifleaux ; 2.° Ariflote ne dit point que le terrix fafle de nid fur ces plantes baies, 1l dit feulement qu'il y niche, ce qui peut paroïître la mème chofe à un Littérateur, mais non à un _Naturalite, vu qu'un oïffeau peut nr- cher , ceft-à-dire , pondre & couver {es œufs fans fatre de nid; & c’eft précifément le cas du tetrix , felon Arif- tote lui-même, qui dit queïques lignes plus haut, que lallouette & le retrix ne dépofent point leurs œufs dans des nids; mais qu'ils pondent fur la terre, ainf que tous les orfeaux pefans, & qu'ils cachent leurs œufs dans l'herbe drue /:}. Or ce qu'a dit Artftote du tetrix dans ces deux paflages, amf reétifiés lun par l'autre , prélente plufñeurs indica- tions qui conviennent à notre retras , dont la femelle ne fait point de nid; mais dépole fes œufs fur la moule, (i) O'un iv veorteiauc | ax y Ti. yÉ tœnnvyaGouevx Üauv HON in nudis..... fed in terra obumbrantes plantis. Gefner dit précifément : nidum ejus congeflum potius quam conférudium pidtmus. De Avibus, lib. IT, pag. 487 du Tetras. 281 ë& Îles couvre de feuilles avec grand foin lorfqu'eile eft obligée de les quitter; d'atileurs le nom latin de: retrao ; pat lequel Pline défigne le coq de bruyère ; d'un rapport évident avec le nom grec tetrix ; fans compter l'analogie qui fe trouve entre Île nom athénien ourax & le nom compofé ourk-hahn , que les Allemands appliquent au même oifeau : analogie qui probablement n'eft qu'un effet du halrd, Maïs ce qui pourroït jeter ue doutes fur lidentité du rerrix d'Ari£ tote avec le tecrao de Pline ; c'eft que ce dernier parlant de Âon retrao avec quelque détail, ne cite point ce qu’À- riftote avoit dit du rerrix ; ce que vrai- femblablement 1 n'eût pas manque de faire felon fa coutume, s’il eût regarde fon tetrao comme étant le même oifeau que Îe terrix d’Ariftote , à moins qu’on ne veuille dire qu "Ari ote ayant parlé fort fuperficiellement du tetrix , Pline n'a pas du faire grande attention au eu qu'il en avoit dit. A l'égard du grand tetrax dont parle Athénée (lb. IX) , ce n'eft certame- 282 Hifloire Naturelle ment pas notre tetras, puifquil a des efpèces de barbillons charnus & fem- blables à ceux du coq, lefquels prennent naïfiance auprès des oreilles & defcendent au-deflous du bec, caraétère abfolument étranger au tetras, & qui défigne bien plutot la méléagride ou poule de Nu- midie qui eft notre peintade. Le petit cetrax , dont parle lemême Auteur , n'eft, felon lui, qu'un très- petit oïffeau, & par fa petitefle même, exclus de toute comparaïfon avec notre tetras , qui eft un oïfeau de la première grandeur. À l'égard du retrax du poëte Neme- fanus, qui inffte fur fa ftupidité,, Gefner le regarde comme une efpèce d'outarde ; maïs je lui trouve encore un trait carctérilé de reflemblance avec la méléagride ; ce font les couleurs de {on plumage, dont le fond eft gris- cendré, femé de taches en forme de gouttes /4); celt bien-là fe plumage (k) Fragmenta librorum de Aucupio, attribués par quelques-uns au poëte Nemefanus, qui vivoit dans le troifième fièclie. DEL SPONSOR du Tetras. 263 de Ia peintade , appelée par quelques- uns gallina guttata (1). als , quoi qu'il en foit de toutes ces conjectures, il eft hors de doute que les deux efpèces de retrao de Pline, - font de vrais tetras ou coq de bruyère (m) : le beau noir luitré de leur plu- mage, leurs fourctis couleur de feu, qui reprélentent des efpèces de flammes dont leurs yeux font furmontés : leur féjour dans les pays froids & fur les hautes montagnes, la délicatefi® de leur chair, font autant de propriétés qui fe rencontrent dans le grand & le petit ({) Et pi&a perdix, INumidiceque guttate, Martial. C’eift auf très-exattement Îe plumage de ces deux poules du Duc de Ferrare, dont Gefner parie à l’article de Ja peintade, #otas cinereo cofore eoque albicante, cum nigris rotundifque maculis. De Avibus, pag. 481. (m) Decet terraonas fuus nitor ab/olutaque nigritiæs in füpercilus cocct rubor. ..... gignunt eos Alpes € festentrionalis Repio. Plire, Li4. X, cap. xxII. Le Tetrao des hautes montagnes de Crète, vu ar Bélon, refflemble fort à celui de biine; ila, dit 1’Obfervateur françois, une tache rouge de chaque côté joignant fes yeux, & de force qu’il eft noir devant l’eftomac, fes plumes en relurfent. Obfervations de plufieurs fingularités , &c. page 11. 284 Hifloire Naturelle tetras, & quine fe trouvent réunies dans aucun autre otfeau : nous apercévons même dans Aa defeription de Pine, les traces d'une fingularité qui n'a été connue que par très-peu de Modernes: moriuntur con- tumaciä , dit cet Auteur, fpiritu revo* caro. (n) : ce qui f rapporte à une oblfervation PARAAUERS que Frifch a inférée dans lhiftoire de cet otfeau {o) ; ce Naturalifle n'ayant point trouvé de langue dans le bec d'un cog de bruyère mort, @ lui ayant ouvert le gofier; y fe- trouva Îa langue qui s'y étoit retirée avec toutes les dépendances & 1l faut que cela arrive le plus ordisairement , puifque c'eftune opinion commune parmitles Chaf: feurs ; que les cocs de bruyère n’ont pont de langue; peut-être en eft-11 de même de cet aïgle notr dont Pline fait men- tion {p), & de cet orfeau du Bréfl dont {n) Capti animum defpondent, dit Longolius. (0) Frifch, difiribution méchodique des Oifeaux à c. lg. cVIII. Cp) Plin. 46. X cap III, S 1 oduxTetras hr 34 parle Scaliger (. q) ; lequel pafloit auffi pour navoir point de langue , fans : doute fur le rapport de quelques Voya- geurs crédules , où de Chaïfleurs peu attentifs, qui ne voient prefque jamais les antmaux que morts ou mourans, &e fur-tout parce qu'aucun Obfervateur ne leur avoit regardé dans le gofer. L'autre efpèce de tetrao, dont Pline parle au même endroit, eft beaucoup plus grande , purfqu'elle furpafle lou- tarde & même Îe vautour dont elle à le plumage, & qu'elle ne le cède qu’à lautruche ; du refte c'eft un oïfeau fi pefant qu'il fe laifle quelquefois prendre à la main /r). Bélon prétend que cette efpèce de tetrao n’elt point connue des Modernes, qui , felon lui, n'ont jamais vu de tetras ou cogs de bruyère plus grands que loutarde : d'ailleurs on pourroit douter que l’oifeau defigné dans ‘ (ome T , Page 21e (t) Nota. Je ne fais ce que dit Lévis en avançant que cet oïfeau a des barbillons. Voyez Gefner, page 487; y auroitil parmi les grands À 288 Hifloire Naturelle dans le palais un enfoncement propor- tlonné au volume de la langue ; Îes pieds font aufli tres-forts & garnis de plumes pardevant ; le jabot eft excel- fivement grand ; mais du refte fait, ainfi que le géler, à peu-près comme dans le coq domeftique {u): la peau du géfier eft veloutée à Fendroit de Tadhérence des mufcles. | Le tetras vit de feuilles ou de fom- mités . de. fapin .. de .senevéiern de cèdre (x), de, faulie., de. bouleau, dé peuplier blanc, de coudrier, de mir- tille, de ronce, de chardon, de pomme de pin, des feuilles & des fleurs du: blé farrafñin, de la gefle, du mille- feuille, du piflenlit, du trefle, de Ia vefle & de lorobe , principalement tetras, une race ou une efpèce qui auroit des barbilions, comme cela a lieu à légard des petits tetras ; ou bien Longolius ne veut-il parler que d’une certaine difpolition de plumes, repréfentant imparfaitement des barbillons, comme ïl a fait à l’articie de [a Gélinote : Voyez Gefner , de Avibus, pag. 229, (u) Bélon, Nature des Oïfeaux , page 251. { x) Idem, Ibidem. | lorfque du Tetras, _ 2$39 lorque ces plantes font encore tendres ; - car, lorfque les graines commencent à fe Ai il ne touche plus aux fleurs, & 1l fe contente des feuilles ; il mange auf, fur-tout Îa première année , des mures fauvages, ae .la fuel des œufs de fourmis, &c. On a remarqué au con- traire que plufeurs autres plantes ne convenoïent point à cet-oïleau , en- tr'autres la livêche , l'éclaire, l'hicble , l'extramoine , le muguet, le froment, l'ortie , &c. (y). On a obfervé dans le géfer des létras, que.on 2. ouverts , de petits caïlloux femblables à ceux que lon voit dans le péler de ia volaille or- dinaire , preuve certaine qu'ils ne fe contentent point des feuilles & des fleurs qu'ils prennent fur les arbres ; mais qu'ils vivent encore des grains qu'ils trouvent en grattant la terre. Lorfqu'its mangent trop de baies de venièvre, leur chair qui eft excellente, contracte un mauvais goût ; &, fuivant la remarque de Pline , elle ne con- (y) Journal Économique. Mai 1765. “ > Tome III, N 290 Hifioire Naturelle ferve pas long-temps fa bonne qua dite, dans les cages & les volières où Ton veut quelquefois les nourrir par curiofité/ x ). La femelle ne diffère du mâle que par Îa taille & par le plumage, étant plus petite & moins noire; au refte, ælle Le emporte fur le mâle par Fagréable : variété des couleurs, cé qui n'eft point d'ordinaire dans des oïfeaux, ni même dans des autres animaux, comme nous Tavons remarqué en faifant Fhiftoire des -quadrupèdess & felon Wiällughby , ceit faute d'avoir connu cette excep- tion , que Gelner a fait de: la femelle ‘une autre efpèce de tetras fous Îe nom de pgrygallus major (a), formé de Taï- demand prugel-hahn ; de même qu'il «a fait aufli une efpèce de la femelle du petit tetras , à laquelle ïl 4 donné ( 2) Hi aviaruis faporem perdunt. Plin. fib. X, cap. Ha) a UE (a) Nota. Gefner trouve que Îe.nom de grand rancolin des Alpes, conviendroit afez au gry- fgallus major , vu qu 1 ne difère du francolin ji par fa taille, étant trois dois pins SroS 3 APCE 498% du Tetras, 297 e nom de grygallus minor (b); ce- pendant Gefner prétend n'avoir étabk es efpèces , qu'après avoir -obfervé avec grand foin tous les individus, ‘excepté le grygallus minor ; :& s'être afluré qu'ils avoient des différences bien caractérilées {c) : d’un autre côté, Schwenckfeld ‘qui étoit à portée des montagnes, & qui avoit examiné fou- vent & avec beaucoup d'attention Île grygallus , aflure que c’eft la femelle du tetras {d); mais 1l faut avouer que dans cette efpèce, & peut-être dans beaucoup d’autres , Îes couleurs du fr (b) Nota. En effet, Gefher dit pofitivement que, parmi tous Îles animaux , il n’elt pas une feule efpèce où les mâles ne l’emportent fur la femelle par la beauté des couleurs ; à quoi Aidrovende «soppofe avec beaucoup de raifon, l’exemple des .ofeaux de proie , & fur-tout des éperviers & des faucons , parmi lefquels les femelles non-feulement ont le plumage plus beau que les :mâles, mais ‘encore furpañlent ceux-ci en force & en groffeur, «comme 1l a été remarqué ci-deffus, dans l’hiftoire ‘de ces Oïfeaux. Woyez Aldrovande, de Avibus, tome Il, page 70. ù | {c) Gefner, de Avibus, Vb. IN , page 492. . :(4) Schwenckfeld, Aviarium Silefie, page 271. N 1) 92 Hifioire Naturelle plumage font fujettes à de grandes variétés , felon le fexe. 1402, 1e/chmet & Îles diverfes autres circonftances : celur que nous avons fait defliner eft un peu huppé. M. Briflon ne parle - point de huppe dans fa delcription; & des deux figures données par Al- drovande, l'une eft huppée, & l’autre ne left point. Quelques-uns préten- dent que le tetras, lorfquil eft jeune, a beaucoup de blanc dans fon plu- mage fe), &)ique.ce, blane AR/ pes à mefure qui vieillit , au point que ceft un moyen de connoitre l'âge de loifeau (f)3; 1l femble même que 1e nombre des pennes de la queue ne foit pas toujours égal, car Linnxus le fixe à dix-huit dans fa Æauna Suecice , & M. RBriflon à feize, dans fon Ornithologie ; & ce qu'il y a de plus fingulier, Schwenckfeid, qui avoit œ (e) Le blanc, qui eft dans la queue, forme avec celui des ailes & du dos lorfque l’oifeau fait la goue, un cercle de cette couleur. Journal Econa- mique. Avril 1753, | (f) Schwenckfeld , Ariarium Silefie , page 3714 AN Petras. 4 203 vu & examiné beaucoup de ces orleaux , prétend que foit dans la grande, foit dans la petite efpèce, les femelles ont dix-huit pennes à la queue, & Îles mâles douze feulement; d’où 1l fuit que toute méthode qui prendra pour caractères fpécifiques des diférences aufl varra- bles que le font les couleurs des plumes & même leur nombre , fera fujette au grand inconvénient de multiplie les efpèces, je veux dire les efpèces no- minales , ou plutot les nouvelles’ phra- fes ; de furcharger là mémoire des. commencçans, de leur donner de faufles idées des cholfes ; & par conféquent de rendre l'étude de la Nature plus difhicile. | H' NE" pas vrars eommelta | dt Encelius , que le tetras mâle étant perché fur un arbre jette fa femence par le bec , que fes femelles qu'il appelle à grands cris, viennent Îa recuerllir, l'avaler, la rejetter enfuite, & que leurs œufs forent ainfi fécon- dés; il neft pas plus vrai que de Ia partie de cette {emence, qui n’eft point recueillie par les poules, il fe forme N ii) 294 Hifioire Naturelle des ferpens, dés pierres précieules, def efpèces de perles; il eft humiliant pour: lefprit humain qu'il fe préfente de pa- retiles. erreurs à: réfuter. Le tetras s'ac- couple comme Îes autres oïfeaux ; & ce: _qu'il y a de plus fingulier, c'eft qu'En- se Tee A o ji celrus fur-même , qui raconte cette étrange’ fécondation par le bec, n'ignoroit pas que le coq couvroit enfuite fes poules, & que celles quil mavoit point cou- vertes pondoïént des œufs inféconds: 1. favoit cela, & n'en perfñfta pas moins dans. fon opinion : il diloit pour Îa défendre , que cet accouplement n'étoit qu'un jeu , un badinage ,; qui mettoit Bien le fceau à 1a fécondation , maïs qui ne l'opéroit point, vu qu'elle étoit Teflet rmmédiat. de la déglutition de {a: lemence:: «44114: Én-vértéséelt s'arièter trop long-temps fur de telles. ablurdités. Les tetras mâles commencent à entrer en. chaleur dans Îles premiers jours de février ; cette chaleur eft dans toute fa force vers les derniers jours de: mars, & continue jufquà a poule des feuilles, Chaque coq, pendant {à €haleur, fe tient dans un eertain canton d'où ïl ne s'éloigne pas ; on le voit élors foir & matin fe promenant fur le tronc d'un gros pm ou d’un autre arbre , ayant la queue étalée en rond ; les aïles traînantes , le cou porté en avant, la tête. enflée, fans doute par le redreflement de fes plumes , & prenant toutes fortes de poltures ex- traordinatres , tant 1l eft tourmenté par le befoin de répandre fes molécules organiques fuperflues: 1 a un cri par- ticulier pour appeler fes femelles qui fui répondent & accourent {ous l'arbre où il fe tient, & d'où il defcend bientot pour les Re & les féconder ; c'eft probablement à caufe de ce cri fin: gulier , qui eft trés-fort & fe fait en- tendre de lom, qu'on lui a donné Île nom de faifan br; yant: ce CrI com- mence par une efpèce d'explofon fuivie d’une voix aïgre & perçante , | femblable au bruit d'une faux qu'on éguile ; cette voix cefle & recommence alternativement , & après avoir ainli con- tinué à plufieurs reprifes pendant une N 1 296 Hifloire Naturelle heure environ , elle finit par une explos fion femblable à la première (p). | Le tetras qui, dans tout autre temps eft fort difhcile à approcher, fe Harfle lurprendre très -atfément lorfquit ef en amour, & fur-tout tandis qu'il fatt entendre fôncici" dét rappels alto alors fi étourdt du bruit qu'il fait lur- même , ou fi l'on veut tellement enivré,; que n1 la vue d’un homme, nt même les coups de fuñl ne Îe détermment à prendre fa volée ; il femble quil ne voie ni nentende, &' quil doit dans ‘une \efpèce : d'extafen ff 3e es pour cela que Ton dit communément ; & que lon a même écrit que Île tetras eft alors fourd & aveugle ; cependant 1 ne feft guère que comme le font en pareïlle circonftance , prefque tous les animaux fans en excepter l'homme 3 (g) Journal Économique. Avril 1753. (h) Ia tantum aufa ut in terrê quoque immo- bilis prehendatur. Nota. Ce que Pline attribue ici a la oroffeur du tetras , n’eft peut-être qu’un effet de fa chaleur & de lefpèce d'ivrefie qui accompagne. jee | | \duTetras. 0. lg fous éprouvent plus ou moins cette extale d'amour , maïs apparemment qu'elle eft plus marquée dans le tetras ; car en | Allemagne on donne le nomd’auer hahn , aux amoureux qui paroïflent avoir oublié tout autre foin, pour s'occuper unique- ment de l’objet de leur pallion fi), &ë même à toute perlonne qui montre une infenfbilité ftupide pour.{es plus grands ihtérèts. | Fi On juge bien que c’eft cette faïfon où Îes tetras font en amour, que l'on choïlit pour leur donner la chafle ou pour leur tendre des préges. Je donnerat, en par- lant de la petite efpèce à queue four- chue , quelques détails fur cette chafle, fur-tout ceux qui fersnt Îes plus propres à faire connoître les mœurs & le naturel de ces oïfeaux : je me borneraï à direict que lon fait très-bien , même pour fa- vorifer la multiplication de lefpèce, de détruire les vieux cogs, parce qu'ils ne {ouffrent point d’autres coqs fur leurs plaifirs , & cela ans une étendue de périls (G) I. L. Frifch, fur les Oifeaux, difcours relauf à [a figure cri, N y 298 Hifloire Naturelle terrem aflez confidérable; en forte que. ne pouvant feivir à toutes les poules: de leur dftri&, plufeurs, d’entrelles font privées de Ales & ne produifent.… que des œufs inféconds. Quelques Oifcleurs prétendent qu'a- | | |! | | | | vant de s'accoupler , ces animaux fe. préparent. une place bien nette & bien unie (k), & je ne doute pas qu'en eflet On.nait vu des places : ; Fais je doute fort site les tetras aient eu la prés oyance de les préparer; ïl eft bien plus fimple de penfer que ces places font les endroits du rendez-vous habituel du coq avec fes poules , lefquels endroits doivent être au bout d'un MOIS. ou deux de fréquen- tation, journalière , certainement plus. battus que le refte du terrein. NE femelle du tetras pond ordinaire ment cinq ou fix œufs au moins, & huit. ou neuf au plus; Schwenckfeld prétend. que la première ponte eft de huit, & les füivantes de douze , quatorze & jufqu'à feize (1): ces œufs font blancs, marquetès ” Fa de AIR es 402. (9 Aviariun Sileie , page 372. ANoia. ces du Tetras. 299 de jaune ; &, felon le même Schwenck= feld , plus gros que ceux des poules thairene elle les dépofe fur la moufle en un boss fec, où elle les couve feule. & fans être aidée par le mâie (m) ; lorf- qu'elle eft obligée de Îles quitter, pour aller chercher fa nourriture , elle Îles cache fous les feutiles avec grand foin; & quoiqu'elle foit d’un naturel très-fau- vage, fi on l'approche tandis qu'elle eft fur Ge œufs elle refte & ne les abandonnée que très-difhcilement , l'amour de [a couvée l’emportant en cette occalion far a crainte F4 dinger. | Dès que les petits font clos: ïs fe mettent À. courir avec ATEN de légèreté s tls courent même avant qu'ils foient tout-à-fait éclos, puifqu’on en voit, qui vont & viennent. ayant. gradation eft. RL à l’obfervation d’Ariftote: ex primo coitu aves vva edunt pauctora. Hift. animal. dib. W, cap. x1v. IN me paroît feulement que le nombre des œuis eft trop grand. (mn) Nota. Je crois avoir à quelque part, qu’elle couvoit pendant environ vingt huit jours, ce qui eft afez probable y Vu La aroffeux de 'oifeau, ; | ON v} 3oo Hifloire Naturelle encore une partie de leur coquille adhérente à leur corps : la mère les conduit avec beaucoup de foïlicitude & d'affection ; elle les promène dans Îles bois où ïls fe nourriflent d'œufs de fourmis , de müres fauvages , &c. La famille demeure unie tout le refte de l'année , & jufqu'à ce que Ia faon de Tamour leur donnant de nouveaux Ar & de nouveaux intérêts, les difperle ; & j fur-tout les mâles qui aiment à vivre féparément ; car , comme nous Favons vu, ils ne fe fouffrent pas les uns Îles autres , & 1ls ne vivent guère avec leurs femelles, que lorfque le beloin les leur rend nécel | faires. Les tetras, comme je Pai dit, fe plar- fent fur les hautes montagnes; maïs cela neit vrai que pour les climats tempérés ; car dans Îles pays très-froids, comme à la Date d'Hud{on 3 is. préfèrent la plame & les feux bas, où ils trouvent apparemment la même température que fur nos plus hautes montagnes (n). Il ÿ en a dans les ii 8 générale des Voyages, rame XIF, pe 3e 6 ti pe LE TETRAS 04 LE GRAND CO Q DE BRUYERE- du Tetras, 307 Alpes , dans les Pyrénées, fur les mon- tagnes d'Auvergne, de Savoie, de Surile , de Weftphalie, de Souabe, de Mofcovie, d'Écofle, fur celles de Grèce & d'Italie, en Norvège & même au nord de l’Amé- rique; on croit que la race s'en eft per- due en Irlande (/o) , où elle exritoit autrefois. On dit que Îes otfeaux de proie en. détruifent beaucoup , foit qu'ils choïfi£ fent pour les attaquer le temps où livrefle de l'amour les rend fi faciles à furpren- dre , foit que trouvant leur chair de meïl- leur goût, ts leur donnent Îa chafle par préférence. {o) Zoologie Britannique, page 84. 302 Eifloire Naturelle LE PETIT TETRAS O U COQ DE BRUFÉRE A4 QUEUE FOURCHUE *, Planche VI de ce volume. Vorcr encore un coq & un faran, ui n'eft ni coq nt faïifan; on la apr. pelé petit cog fauvage , coq de bruyère, coq de bouleau , &c. Jaifan noir, faifan. de montagne; on lur a même.donné le. nom de perdrix, de gélinotte ; mais, dans le vrai, ceft le petit tetras, c'eft le. premier tetrao de Pline, c'eft le terrao ou l’uropallus-minor. de la plupart des. Modernes :. quelques Niäturalrftes , tels que Rzaczynskt , l'ont pris pour le tetrax du. poëte Nemefanus ; mais c'eit fans doute faute d'avoir remarqué que la grofleur de ce tetrax et, {elon * Voyez les planches enluminées, n.° 172, le sa É De° 173: la femelle, : du petit Tetras, 6c, 30% Nemefanus même ,. égale à celle de loie & de la grue (a); au leu que: felon Gefner, Schwenck&ld , Aldro- Vande & quelques: autres Obf: rvateuts qui ont vu par, eux-m ièmes ;: Le petit tetras neft guère plus gros quun coq ordinaire ; mais feulement d'une forme un peu plus alongée , & qu fa femelle. felon M. Ray, n'eft pas tout. à-fait aufli grofle que notre pou'e commune. Turner , en parlant de fa poule morefque , aimfi appelée, dit-il, non pas à caufe de fon plumage qui ref- femble à ‘celur de la: perdrix ; > mais à caufe de la couleur du mâle ni eft. noir , Lut donne une crête rouge & charnue, & deux. efpèces de barbill ‘ons. | F même fubftance & de même cou- leur {b); en quor Wilughby pré ‘tend qu'il fe trompe; mais cela eft d'autant (a) Tarpeie eft cufles Arcis non corpore major. Nec qui te volucres docuit , Palamede figuras. Vide M. Aurelii Olympii Nemefiani, fragments de Aucupio, (t) Voyez Gefner , de Avibus , page 477. 304 Hifloire Naturelle plus difhcile à croire , que Turner parle d'un orfeau de fon pays { apud nos eft ), & quiisagit d'un caractère trop frap- pant pour que l'on purfie sy méprendre: or en fuppofant que Turner ne s'eft point trompé en effet fur cette crête & fur ces barbillons , & d'autre part, con- fidérant qu'ii ne dit point que fa poule morelque ait la queue fourchue, je feroïs : porté à la regarder comme une autre efpèce , ou fi l'on veut, comme une autre race de petit tetras, femblable à ia pre- mère par la srofleur , par Île difiérent plumage du mie & de la femelle, par es mœurs, le naturel, 1e goût des mêmes noufritures, Sc. maïs qui sen diftingue par fes barbilions charnus & par. fa queue non fourchue!: "6e qui me confirme dans cette idée , ceft que je trouve dans Gefner un oïleau fous le nom de gallus fylveftris (c), lequel a aufli des barbillons & la queue non fourchue , du refte fort reflem- Dlant au petit tetras ; en forte quon peut , & qu'on doit, ce me femble,. | (c) v ayez Gefher » 48 Apibusy Page AT. du petit Tetras, Êc. 305$ le regarder comme un imdividu de 1a même efpèce que la poule morelque de Jurner , d'autant plus que, dans cette _efpèce, le mâle porte en Ecofle ( d'où Ton avoit envoyé à Gefner la figure de l'orfeau), le nom de cog noir ; & Îa fe“ melle celui de poule grife, ce quitndique précifément la différence de plumage ; qui dans les efpèces de tetras fe trouve entre les deux fexes. Le petit tetras dont 1l s’agit ici, n'eft petit que parce qu'on le compare avec le” grand tetras;, 1 pèle trois à quatre livres , & ïl eft encore après celui-là Îe plus grand de tous les oïfeaux qu'on appelle coq de bois (d!). | Il à béaucoup de chofes communes avec le grand tetras, fourcrls rouges ; pieds pattus & fans éperons , doigts dentelés , tache blanche à faïle 1 &c. mais il en diffère par deux caractères très-apparens : 11 eft beaucoup moins gros , & 1l a la queue fourchue non- feulement parce que Îles pennes ou grandes plumes du milieu font plus (4) Gefner , de Avibus, page 493. 366 Hifioire Naturelle courtes que Îles extérieures; maïs encoré parce que celles-cr fe recourbent. en dehors: de plus, le mâle de cette petite efpèce a plus de noir, & un noir plus. décidé eue le mâle de la grande efpèce', la de plus grands fourals ; j'appelle ainfi cette peau rouge & glanduleufe qu'il a au-deflus des yeux; maïs la gran- | deur de ces fourcils eft fujette à quelque. | variation dans Îles mêmes individus en | différens temps , comme nous le verrons plus bas. | La femelle eft une fois plus petite que le mûle /e) , elle a la queue moins. fourchue , & les couleurs de fon plu- mage font f difiérentes ; que Gefner seft- cru en droit den former une efpèce féparée qu'il a defgnée par le nom de grygallus minor ,; comme je lar remarqué ci-deflus dans fhifioire du. grand tetras : au refte., cette différence: de plumage entre les deux fexes ne fe: décide qu'au bout d'un certain temps ; les jeunes mâles font d’abord de Ia couleur de leur mère , & confervent (e) Briufch Zoology. à en les NE . cette couleur us {a première au- * tomne : fur la fin de cette faifon & . pendant l'hiver... ils prennent des nuances de plus en jte foncées jufquà ce qu'ils fotent d'un noir bleuître, & 1ls retiennent cette dernière couleur ue “ieur vie, fans autres changemens que ceux que je vais indiquer ; 1° ïls- prennent plus de bleu à mefure qu'ils avancent en Âge ;. 2.° à trois ans & non plus tot, ts prennent une tache blanche fous le bec ; 3.° lorfqu'ils font très-vieux , il paroît une autre tache . dun noir varié fous la queue, où auparavant Îles plumes étoient toutes blanches (f): Charleton & quelques autres ajoutent qu'il y a d'autant moins de taches blanches in Queue que: Voifeau ef plus vieux; en forte que le nombre plus ou elite grand de ces taches eft un indice pour reconnottre. fon âge /g). Les Naturalifies qui ont compté aflez unanimement vingt - fix pennes ff) Aëtes de ét. noue 1725. (4) Charleton, ÆExercitationes, page 824. 303 Mifloire Naturelle dans faille du petit tetras, ne s'aCCOr= dent point entreux fur le nombre des pennes de la queue, & Pon retrouve ter Nà peu- près les mêmes variations dont j'ai parlé au fujet du grand tetras. Ochwenckfeld , qui donne dix-huit pennes à la fémelle, n'en accorde que douze au mâle. Willughby , Albin, M. Briflon en affignent Teize aux mâles comme aux femelles , les deux mâles que nous confervons au Cabinet du Roï, en ont tous deux dix-huit; favoir, fept grandes de chaque côté, & quatre dans ie milieu beaucoup plus courtes : ces différences viendrotent-elles de ce que le nombre de ces grandes plumes eft fujet à varier réellement? ou de ce que ceux qui les ont comptées ont négligé de s'aflurer auparavant s'il n’en manquoit aucune dans les fujets fou- ms à leur obfervation ? au refte , Île tetras a les ailes courtes, & par con- féquent le vol pefant, & on ne le voit jamais s'élever bien haut ni aller bien loin. Les mâles & les femelles ont Fou verture des oreilles fort grande , les SRE EE tr re tre du petit Tetras, Éc. 309 doïgts unis par une membrane ju{qu'à “la première articulation & bordés de dentelures /h), la chair blanche & de facile digeftion , la langue molle un peu hérifilée de petites pointes & non divilée ; Hous la langue une fubftance glanduieufe ,. dans le palais une cavité qui répond exactement aux dimenfons de la langue, le jabot très-grand , le tube inteftinal long de cinquante-un pouces , & Îles appendices ou cœcum de vingt-quatre ; ces appendices {ont fillonnées de fix ftries ou cannelures fi). La difiérence, qui fe trouve entre les femelles & es mâles, ne fe borne pas à la fuperficie, elle pénètre juf qu à l'organifation intérieure. Le Docteur oui c (h) Nota. Unguis medii digiti ex parte interiore in aciem tenuatus, exprefñon un peu louche de Willughby ; car fi cela fignifie que lPongle du doigt du milieu eft tranchant du côté intérieur , nous avons vérilié fur l’oifeau même, que le côté exté. rieur & le côté intérieur de cet ongle font égale- ment tranchans ; & de plus, cet ongle ne diffère que tréspen & même point du tout des autres par ce caraétère tranchant ; ainff, cette obfervation de … Wilughby nous paroît mal fondée. () Wilughby , page 124. Schwenekfeld , page 378. 310 Hiffoire Naturelle "Waygand a obfervé que los du Rernie | dans les mâles étant regardé à la lu- mucre ; paroïfoit femé d'un nombre pro- digieux de petites ramifications de cou- leur rouge, lefquelles fe croïlant & recroïfant en mrlle manières. & dans tou- tes fortes de directions , formoïient un réfeau très-curreux & très- fingulier ; au lieu que, dans les femeiles, le même os ha que peu ou point de ces ramifica- tions; il eft aufi plus petit & d’une cou- | eur bianétätie (A). EE Cet oïfeau vole Ie plus fouvent en | troupe , & fe perche fur les arbres peu- près comme le faifan (2): tt mes en été, & ïl fe cache alors dans Îes lieux fourrés ou dans des endroits ma- xécageux (m1) ; il {e nourrit princrpa- lement de Filles & de boutons de ‘bouleau, & de bayes de bruyère, d’où dut eft venu fon nom françois cog de bruyère, & {on nom allemand birk- han, Ce Voyez A&es de Breflaw , mois pa Novemnûre 7 : | pa: Britifch Zoolosy. (mn) A&es de Breflaw , loco ciste. du petit Tetras, Ge. 314 qui fignifie coq de bouleau ; il vit aufh de chatons decoudrier , de blé & d’autres » graines : l'automne: il fe rabat fur es -slands, les mûres de ronces, les boutons d’aune , les pommes de pin ; les baïes de myrtile (itis: da ÿ ‘de fufain ou bonnet de prêtre: enfin hiver 1 fe réfugie dans les grands bois où il ef ré- duit aux baïes de sentèvre, ou à chercher fous La neïge celle de loxycoccum où canneberge, appelée vulgairement couf/inee de marais (n) ; quelquefois même 1 ne mange rien du tout pendant les deux ou trois mois du plus grand hiver; car on prétend qu'en Norwège , 1l pafle cette far{on rigoureufe fous la neige, engourdi , fans mouvement & fans prendre aucune nourriture fo) , eotame font dans nos (ni) Voyez Sehwenckfeld , Aviarium Silefie, page 375. — Rzaczynski, auêuarium Polon. page D a22. — Willughby , page 125. — Britifch à Zoology.,:page 85. | {o) Linnæus , 557} nat. édit. X,-page 150. — Gefner, de Avibus, page 495. Nota. Les Auteurs de Ia Zoolopie Britannique , avoient ré- … marqué que les perdrix blanches qui pañlent lhiver dans [a neige, avoient les pieds mieux garnis de 312 Hifloire Naturelle pays plus tempérés les chauve-fouris; Les loirs , les lérots, les mufcardins, Îles bériflons & les marmottes, & ( fi le fait ft vrat ) fans doute à peu-près pour les mêmes caufes /p). On trouve de ces oïfeaux au nord de l'Angleterre & de lEcofie dans les parties montueufes , en Norwege & plumes que les deux efpèces de tetras qui favent fe mettre à l’abri dans les forêts épaïfles : mais fi les tetras pañlent aufli l’hiver fous Ja neige, que devient cette belle caufe finale, ou plutôt que deviennent tous Îes raifonnemens de ce genre lorfqu’on les examine avec les veux de Ia Philo- fophie* (p) Voy.V'Hift. nat. gén. & particulière,rome J/III, page 342 de l’édit. en treize vol. où j’mdique a vraie caufe de l’engourdifflement de ces animaux. Celui du tetras pendant l’hiver , me rappelle ce que l’ontrouve dans le livre de Mirabilibus , attribué à Ariftote, au fujet de certains oïfeaux duroyaume . de Pont, qui étoient en hiver dans un tel état de torpeur , qu’on pouvoit les plumer , des drefler, & même les mettre à Ia broche fans qu'ils fe fen- tiffient , & qu’on ne pouvoit les réveiller qu’en les faifant rôtir ; en retranchant de ce fait ce qu’on y a ajouté de ridicule pour Île rendre merveïlleux , il fe réduit à un engourdiffement femblablie à celui des tetras & des marmottes , qui fufpend toutes les fonétions des fens externes, & ne cefle que par Fadion de la chaleur. | dans du petit Tetras, Gc. 313 dans les provinces feptentrionales de la Suède , aux ces de Cologne , dans les Alpes Surfles , dans le Bugey ; où 1ls s'appellent prianors, {elon M. He- bert; en Podolie sien. Lithuanie , en Samogitie , & fur-tout en Volhinie -& dans l'Ukraine , qui comprend les Palatinats de Kiovie & de Braflaw, où un noble Polonoïis en prit un jour cent trente paires d'un feul coup de filet , dit Rzaczynskr , près du village. -de Kufmince / 9). Nous verrons plus bas la manière dont Îa chafle du tetras fe fait en Courlande : ces oïfeaux ne Saccoutument pas facilement à un autre climat, nt à l'état de domeftr- “cité ; prelque tous ceux que M. le Maré- chal de Saxe avoit fait venir de Suède dans fa ménagerie de Chambor , y font morts de langueur & fans fe per- pétuer (r ). _ Le tetras entre en amour dans le btemps où les faules commencent à (q) AuËuarium. Polon. page 422 {r) Voyez Salerne, Grnithologie, page 127. Oifeaux, Tome IT7, O 314 Hifoire Naturelle a poufler , ceft-à- dire fur la fin de l'hiver , ce que Îles Chafleurs favent | bien reconnoître à Îa liquidité de fes | excrémens { / ) ; c'elt alors qu'on voit | | chaque jour les mâles fe raflembier | dès le matin au nombre de cent, ou plus , dans quelque lieu élevé , tran- quille , environné de marais , couvett | de bruyère, &c. qu'ils ont choïli pour | le lieu de leur rendez - vous habituel ; | | | R , ds s'attaquent , ils s'éntrebattent | avec fureur , jufqu'à ce que les plus forbles afent été mis en fuite ; après, quoi les vainqueurs fe promènent fur | un tronc d'arbre , ou fur lendroit le! plus élevé du terrein , l'œil en feu ; | les fourcils gonflés , les plumes hé- | riffées , la queue étalée en éventail | farfant la roue, battant des aïrles, Eos diflant aflez fréquemment (x ), & rappellant les femelles par un cri qui, s'entend d'un demi - mille : {on cri names | (f) A&es de Breflaw , Novembre 1725. (£ / Frifch, planche cix. — Brituifch obtt) ,| page 85: | 1 | & l ! l l | ( | ; | | | | | | du petit Tetras, Êc. 315$ naturel , par lequel ïl femble articuler le mot allemand frau { u ) ; monte de tierce dans cette circonftance , & ü y joint un autre cri particulier , une efpèce de roulement de golier très- Etlatane /09 2 les femelles qui font à portée répondent à {a voix des mâles , par un cri qui leur eft propre, elles fe raflemblent autour d'eux , & reviennent très - exactement les jours fuivans au même rendez - vous : felcn le doéteur Waïgand , chaque coq a deux où trois poules auxquelles 1! eft plus fpéciale- ment aflectionné { y). | Lorfque les femeiles font fécondées ; elles vont chacune de ieur côté faire leur ponte dans des taillis épais & un peu élevés ; elles pondent par terre & fans fe donner beaucoup de peine pour la confruétion d'un nid , comine font tous les oïfeaux pefans : elles pondent fix ou fept œufs , feion les uns / > }, (4) Ornithoïogie de Salerne, Zoco citato. (x) Frifch , ibidem. (y) Aë@tes de Breflaw , Novembre, 1728. x) Briuich Zocology , page 85. | O 1j 316 Hifloire Naturelle de douze à feize, felon les autres a) ; & de douze à vingt , felon quelques autres ( b ) ; les œufs font moins gros que ceux des poules domeftiques & un peu plus longuets M. Linnæus aflure que ces poules de bruyères per- dent leur fumet dans le temps de l’in- cubation fc). Schwenckfeld femble infi- uér que le temps de leur ponte ef dérangé depuis que ces oifeaux ont été tourmentés par les Chaifeurs , &c effrayés par Îes coups de fufil ; & 11 attribue aux mêmes çaules la perte qu'a fait l'Alle- magne de plufieurs autres belles Fees d'orfeaux. Dès que les petits ont douze ou quinze jours , ils commencent dejà à battre des ailes & à s'eflayer à vol- tiger 5 mais ce neft qu'au bout de cinq ou fix femaines qu'ils font en état de prendre leur eflor , & daller fe percher fur Îes arbres avec leurs RG: SE DIE RESTE 27 SUPREME RNA AP PU (a ) Schwenckfeld, Aviarium Silefie. page 373 (&) Actes de Breflaw , bidem. (c) Syf. nat. Éd. Ko: page 159. du petit Tetras, &c. 317 mères : c'eft alors qu'on les attire avec un appeau (4) , {oit pour les prendre au filet , foit pour les tuer à coups de fufl ; la mère prenant le fon contre- fait de cet appeau pour le piaulement de quelqu'un de fes petits qui s'eft égaré, accourt & le rappelle par un Cri patti- culier qu'elle répète fouvent ; comme font en pareil cas nos poules domel- tiques, & elle amène à fa fuite Îe reite de la couvée qu'elle livre ainf à la merci des Chafleurs, Quand Îles jeunes Tetras font un peu plus grands , & qu'ils commencent à prendre du noir dans leur plumage ; ls ne fe laflent pas amorcer fi aïfé- ment de cette manière ; mais alors jufqu'à ce qu'ils aient pris la moitié de leur accroïflement , on les ch:fle avec l'oïfeau de proie. Le vrar temps de cette chafle eft arrière - farfon , Jorfque les arbres ont quitté leurs (d) Cet appeau fe faitavec un des os de l’aile de lPautour , qu’on resnplit en partie de cire, en mé- nageant des ouvertures propres à rendre le fon de- | mandé. Voyez Aëtes de Breflaw. Novembre 1725, Re O nu) 318 Hifloire Naturelle feuilles; dans ce temps les vieux mâles choïlflent un certain endroit où ils fe rendent tous Îles matins, au lever du | foleil , en rappelant. par un certaïn ert { fur-tout quand 1l doit geler ou faire beau temps), tous les autres oïfeaux ‘de eur cfpèce , jeunes & vieux, mâles & femelles : Torfqu'ils font raflemblés 1ls voient en troupes fur les bouleaux, ou bien, s'il n'y à point de neige fur la terre , ils fe répandent dans les chainps qui ont porté l’èté précédent du feigle , de favoine ou d'autres grains de ce genre; & Ceft alors que Îes of- eaux de proie def Lés pour cela ont beau jeu. OS a Conlinder , en Livonie &e æn Lithuanie , une autre manière de faire cette chafle; on fe {ert d’un tetras em- paillé , ou bien on fait un tetras artifi- ciel avec de l’étoffe de couleur conve- mable, bourrée de foin ou d’étoupe, ce qui s'appelle dans le pays une balyane : on attache cette balvane au bout d'un bâton , & lon fixe ce bâton fur un bouleau , à portée du lieu que ces oifeaux ont choifi pour Îeur rendez du petit Tetras, ec. 319 vous d'amour, .car c'eft le mois d'avril; ceftà-dire , le temps où tls font en . amour que lon prend pour faire cette chafle ; 5 dès qu'ils aperçoivent a bal- vane , tis fe raflemblent autour d'elle ; S'attaquent : &:: fe | défendent d'abord comme par jeu ; maïs brentot ïls a- niment & s’entrebattent réellement , & avec tant de fureur qu'ils ne vorent nr nentendent plus rien, & qüe Île Chafleur qui eft caché près de-là dans fahutte , peut arfémentles prendre, même fans coup férir ; ceux qu'il a pris ainf, il les apprivoife dans l'efpace de cinq ou fix jours , au ce de venir manger dans la main {'e ): l’année fuivante, au printemps , on fé fert de ces, animaux apprivoifés , au lieu de balyanes , pour attirer ies tetras fau- vages qui viennent Îles attaquer, & fe __ (e) Nota. Le naturel des petits tetras , diffère beaucoup en ce point de celui des grands tetras , qui loin de s’apprivoifer, lorfqu’ils fonc pris, re- fufent même de prendre ‘de la nourriture : & s'é- touffent quelquefois en avalant leur langue , comme @n l’a vu dans leur biftoire. O iv 320 Hifloire Naturelle. battent avec eux , avec tant d'acharne- ment qu'ils ne s'éloïgnent point pour un coup de fufñl: ls reviennent tous les jours de très-grand matin au lieu du rendez-vous, ïls y reftent jufqu'au lever du foletl, après quoi ils s'envo- Tent & fe difperfent dans les bois & les bruyères pour chercher leur nourri- ture ; fur les trois heures après midi ils reviennent au même lieu, & y reftent jufqu'au foir aflez tard : ils fe raflem- blent ainfi tous les jours , fur-tout lorf- qu'il fait beau, tant que dure la faifon de l'amour, c’eft-à-dire, environ trois ou quatre femaines ; maïs, lorfquil fait mauvais temps , ils font un peu plus retirés. Les jeunes tetras ont aufli leur aflemblée particulière & leur rendez- ! ! \ 2 vous féparé, où ils {e, raflemblent par troupes de quarante ou cinquante, & où tls s'exercent à peu-près comme les vieux ; feulement ris ont 1a voix . [AN ! plus grêle , plus enrouée , & le fon en eft plus coupé; ts paroïflent aufli fauter avec moms de liberté: le temps = du petit Tetras, £c. 321 de leur affemblée ne dure guère que uit jours, après quoi ils vont rejoindre les vieux. Lorfque Ia faifon de amour eft paflée, comme ïls s’aflemblent moins régulièrement , il faut une nouvelle induftrie pour les diriger du côté de 1a hutte du Tireur de ces balvanes. Plufieurs Chaffleurs à cheval forment une enceinte plus ou moins étendue, dont cette hutte eft le centre, & en fe rapprochant infenfiblement , & fai- fant claquer leur fouet à propos, ïls font lever les tetras, & les pouilent d'arbre en, arbre du côté du Tireur qu'ils avertiflent par des coups de voix , s'ils font loin , ou par un coup de filet sils font plus près: maïs on conçoit bien que cette chafle ne peut réuflir qu'autant que Île Tireur a dif- pofé toutes chofes , d'après la con- noïflance des mœurs & des habitudes de ces oïfeaux: Îes tetras, en volant d'un arbre fur un autre , choïñflent d'un coup d'œil prompt & für, les branches aflez fortes pour Îles porter, fans même en excepter les branches - O v 322 Hifloire Naturelle verticales qu'ils font plier par le poids de leur corps , & ramènent en fe pofant deflus à une fituation à peu- près horizontale ; en forte qu'ils peuvent très-bien sy foutenir quelques mobiles qu’elles foïent : lorfqu'ils font polés, Teur füreté eft leur premier foin; 1ls regardent de tous cotés, prêtant l'o- rerlle ; alongeant le cou pour recon- noitre s'il ny a point dennemis; & Torfqu'ils fe croïent bien à abri des oïfeaux de proie & des chafleurs , üs fe mettent à manger les boutons des arbres : d’après cela un ‘Tireur intel- ligent à foin de placer fes balvanes fur des rameaux flexibles, auxquels il attache un cordon qu'il tire de temps en temps, pour faire imiter aux bal- vanes les mouvemens & les ofcillations dutetras fur fa branche. | De plus, 11 a appris par l'expérrence que lorfqu'il fait un vent violent, on peut diriger la tête de ces balvanes contre le vent; mais que, par um temps calme , on doit les mettre Îes unes vis-à-vis des autres ; lorfque les tetras pouflés par les Chafleurs de la manière du petit Tetras,Gc. 323 Que jai dit, viennent droit à la hutte du Tireur, celui-ci peut juger par une obfervation facile, s’s s'y poferont ou non à portée de lui; fi leur voi eft imégal, s'ils s'approchent & s’éloïgnent alternativement en battant des aïles, 11 peut compter que , finon toute Îa troupe , au moins quelques-uns , s'a- battront près de lui; fi au contraire, en prenant leur eflor non lom de fa butte, ils partent d'un vol rapide & foutenu , 11 peut conclure qu'ils iront en avant fans s'arrêter. Lorique les tetras fe font polés à portcelidu Tireur , 1 en eft) averti par leurs cris réitérés jufqu'à trois fois ou même davantage ; alors il fe gar- dera bien de les tirer trop brufque- ment, au contraire, 1l fe tiendra im- mobile & fans faire le moindre bruit dans fa hutte, pour Îeur donner le temps de faire toutes leurs obfervations & la reconnoïflance du terrein ; après quoi , lorfqu'ils fe feront établis fur leurs branches , & qu'ils commence- ront à manger, ïl Îes tirera & Îes ; O vj 324 Hifloire Naturelle choïfira à fon aïfe ; mais quelque nom: breufe que foit la troupe, füt-elle de cinquante , & même de cent, on ne peut guère efpérer d’en tuer plus dun ou deux dun feul coup ; car ces oïfeaux fe féparent en fe perchant, “& chacun choïfit ordinairement fon arbre pour fe pofer ; les arbres 1folés font plus avantageux qu’une forêt pleine ; & cette chafle eft beaucoup plus facile lorfqu'ils fe perchent que lorfqu'ils fe tiennent à terre ; cepen- dant, quand ïl ny a point de neige, on établit quelquefois les balvanes & la butte , dans les champs qui ont porté la même année de lavoine, du feigle, du blé farrañin, ou on couvre la hutte de paille, & on fait d’aflez bonnes chañles , ‘pourvu toutefois que le temps foit au beau; car le mauvais temps difperfe ces oïfeaux, les oblige à fe cacher & en rend Îa chafle im- poflible ; mais le premier beau jour qui fuccède, Îa rend d'autant plus facile, & un Tireur bien pofté Îes raflemble aïfément avec les feuls appeaux , & du petit Tetras, Gc. 325$ fans qu'il foit befoin de Chaffeurs pour les poufler du côté de 1a hutte. On prétend que, lorfque ces oïfeaux volent en troupes, ils ont à leur tête un vieux coq qui les mène en chef expérimenté , & qui leur fait éviter tous les pièges des Chafleurs; en forte qu'il eft fort dihcile, dans ce cas, de les poufler vers la balvane, & que l’on n’a d’autres reflources que de détourner quelques traîneurs. | L'heure de cette chaffe eft chaque Jour depuis le foleïl levant jufqu'à dix heures ; & Taprès-midt , depuis une heure jufqu'à quatre: maïs en automne, lorfque le temps eft calme & couvert, la chafle dure toute la journée fans interruption, parce que, dans ce cas, les tetras ne changent guère de lieu: on peut les chafler de cette maniere, c'eft-à-dire , en les pouflant d'arbre en arbre jufqu'aux environs du f{olf- tice d'hiver; mais, après ce temps, 1ls deviennent plus fauvages, plus défans , plus rulés ; tls changent même leur demeure accoutumée , à moins qu'ils 326 Hifloire Naturelle n'y foient retenus par la rigueur dé froïd ou par l'abondance des neiges. On prétend avoir remarqué que lorfque les tetras fe pofent fur la cime des arbres & fur leurs nouvelles poufles , c'eft ligne de beau temps ; mais que ‘Aorfqu'on les voit fe rabattre fur les branches inférieures & s'y tapir , c’elt un figne de mauvais temps: je ne feroiïs ‘pas mention de ces remarquesi des Chafleurs , fi elles ne s’accordotent avec le naturel de ces oïfeaux, qui, felon ce que nous avons vu ci-deflus, _paroïflent fort fufceptibles des influences du beau & du mauvais temps , & dont la grande fenfbilité à cet égard, pour- roit être fuppolée fans blefler la vrar- femblance , au degré néceflaire pour leur faire preflentir {a température du endemain. Dans les temps de grande pluie; ils fe retirent dans les forêts les plus touflues pour y chercher un abri; & comme ïls font alors fort pefans & qu'ils volent difhcilement, on peut les chaffer avec des chiens ceurans, qui 1) jh, | Ë n fo LE PÉTIT TETRAS:. du petit Tetras, Gc. 327 Les forcent fouvent & les prennent même _à la courfe ( f }. …. Dans d'autres pays on prend les tetras - au lacet , felon Aldrovande { g ); on les … prend aufli au filet, comme nous fla- “ vons vu ci-deflus ; mais ïl feroit cu- rieux de favoir quelle étoit la forme , l'étendue & la difpofñition de ce filet, fous lequel le noble Polonois dont parle Rzaczynskt, en prit un jour deux cens forxante à-la-fois. | (Cf) A@tes de Breflaw, Novembre 1728 1 page 527 & Juivantes ; & page 538 & fuivantes. INota. Cette pefanteur des tetras a été remarquée par Pline ; ïl eft vrai qu’il paroît Pattribuer à 1æ grande efpèce, & je ne doute pas qu’elle ne lui convienne aufi bien qu’à {a petite. (g) Aldrov. de Avibus, tome IX, page 69, 328 Hifloire Naturelle LE PETIT TETRAS A QUEUE PLEINE, &c Jrarvxpo S É à l'article précédent, les raïtfons que javois de faire de ce petit tetras une efpèce , ou plutôt une race féparée : Gefner en parle fous le nom de cog de bois { gallus fylveftris ) (a); comme d’un oïfeau qui a des barbillons rouges, & une queue pleine & non fourchue ; 1l ajoute que le mâle s'ap- pelle cog noir en Ecofle , & la femelle poule grife ( greyhen ). XL eft vrar que cet Auteur prévenu de lidée que le mâle & la femelle ne devoient pas différer , à un certain point, par Îa cou- leur des plumes , traduit ict le greyhen par gallina fufca , poule rembrunte, afin de rapprocher de fon mieux Îa couleur des plumages ; & qu'enfuite il fe prévaut de fa verfon infidèle pour établir qu: cette éfpèce eft toute autre que celle de la poule morefque {a} Gefner , de Avibus, page 477. du petit Tetras,Gc. 329 de Turner {b), par la raïfon que Île plumage de cette poule morefque diffère tellement de celui du mâle, qu'une per- fonne peu au fait pourroït s'y méprendre, & regarder ce mâle & cette femelle comme appartenans à deux efpèces dif- férentes. En eflet , le mâle eft prelque tout noïr , & la femelle de la même cou . eur à-peu-près que la perdrix grile ; maïs au fond c'eft un nouveau trait de confor: mité qui rend plus complète la reflem- blance de cette efpèce avec celle du coq nair d'Ecafle , car Gelner prétend en eflet que ces deux efpèces fe ref- femblent dans tout le refte. Pour mot, la feule différence que jy trouve, ceft que le coq noir d'Ecofle a de petites taches rouges fur [a poitrine, les aïtles & les cutfles; mais nous avons vu. dans lhiftoire du: petit tetras à queue . fourchue , que (dans les fix premiers mois Îles jeunes mâles qui: doivent, devenrf tout noirs ‘dans Îa fuite; ont.te plumage de leurs mères:, c'eft-à-dire : We & femelle ; & il pourroit ÉÉRSIRE MEME HER PE ET LÉ s PR ATEN 330 Hifioire Naturelle fe farre que les petites taches rouges dont parle Gelner,, ne foffent qu'un refte de cette première. livrée ; avant qu'elle fe füt chargée entièrement en un noir pur & fans mélange. Je ne fais pourquoi M. Briflon mé cette race ou variété, comme il l'appelle ; avec le tetrao nointillé de blanc de M. Linnæus (e ); puifqu'un des carac- teres de ce retrao , nommé en. Suédois racklehane , eft d'avoir la queue four- chue ; & que d’ailleurs M. Linnæus ne lus Sn point de barbrlians , tandis que le (sas dont 1l s'agit 1ct a la queue pleine, felon {a figure donnée par Gefners & que » felon fa defcription, dades! barbïllons rouges à côté du bec. Je ne vois pas non plus pourquoi M. Briflon confondant ces deux races en une feule , n'en fait qu'une variété. du petit tetras à queue fourchue, pui qu'indépendamment des deux différences que je viens d'indiquer , M. Linnæus dit politivement, que {on tetras pointillé de blanc eft plus rare , plus fauvage , (c) Linnæus, Fauna Suecica, n.° 167 du petit Tetras,Êc. 33% & qu'il a un critout autre, ce qui fup- pofe , ce me femble, des difiérences plus caractérifées , plus profondes que celles qui d'ordinaire conitituent une fimple variété. | I! me paroitroit plus raïfonnable de féparer ces devx races ou efpèces de petits tetras, dont Tune caractérifée pat 11 queue pleine & les barbilions rouges ; comprend le coq noir d'Écofle & la poule morefque de Turner; & autre ayant pour attributs fes petites taches blanches fur la poitrine , & {on cri différent, feroit formée du rack/ehane Mes Suédois, : ” Atnfi lon doit compter, ce me femble , quatre efpèces différentes dans Île genre des tetras ou coqs de bruyère ; 1.° Île grand tetras ou grand coq de Bruÿere ;° 2%" lé pétit ‘tetras où Cog de bruyère à queue fourchue ; 3° le racklan ou racklehane de Suède, in-. diqué par M. Linnæus ; 4.° la poule morefque de Turner ou coq noir d'Ecofle , avec des barbillons charnus des deux côtés du bec & la queue pleine, 332 Hifioire Naturelle Et ces quatre efpèces font toutes originaires & naturelles aux climats du No:d , & habitent également dans les forèts de pins & de bouleaux; il ny a que la trotfième, c’eft-à-dire le racklehane de Suède , qu'on pourroit regarder comme une variété du petit tétras , 1 M. Linnæus n'afluroit pas qu'il jette un cri tout différent. è RP EAST GATE De RE BR Et Le et LL re A SAP ART SAR SRE AN ne Ce D AE PART NT TR Ÿ LE.PETIT TETE A PLUMAGE VARIABLE. Lzs GRANDS TETRAS font communs en Lapponie, fur-tout lorfque la difette des fruits dont 1ls fe nourriflent , ou bien l’exceflive multiplication de lef- pèce les oblige de quitter les forêts de la Suède & de la Scandinavie, pour fe réfugier vers le Nord fa): cependant on n'a jamais dit qu'on eût vu dans ces climats glacés de grands tetras blancs ; les couleurs de {a) Klein, Hif. Ayium , page 173. du petit Tetras,6c. 333 ieur plumage font, par leur fixité & leur leur confftance , à lépreuve de la rigueur du froid ; il en eft de même des petits tetras noirs , qui font aufli communs en Courlande & dans le nord de la Pologne , que les grands le font en Lapponie ; mais le. docteur Weïgandt / b ), le jéfuite Rzaczynski {c} & M. Klein {/ d ), aflurent quil y a en Courlande une autre efpèce de pe- tits tetras , qu'ils appellent cerras blancs, quoiqu'il ne foit blanc qu’en hiver, & dont le plumage devient tous les ans en été d'un brun rougeître , felon le docteur Weïgandt {e) ; & d'un gris- bleuâtre , felon Rzaczynski / f ) : ces variations ont lieu pour Îles mâles comme pour les femelles ; en forte que , dans tous les temps , les individus (à) Weïgandt, Aë%es de Breflaw , mois de Nos vembre, année 1725. {c) Rzaczynski, Auëluarium , Hifl. nat. Polon. page 422. (d) Klein, Hifl. Avium prodromus, page 173, (e) Weïgandt, loco citato. | { fs Rzaczynskï loco citato. 334 Hifloire Naturelle des deux fexes ont exactement les mêmes couleurs ; ils ne fe perchent point fur les arbres comme les autres tetras, & 1ïls fe plaïlent, fur-tout dans les taïllis épais & les bruyères , où ils ont cou- _tume de choïfir chaque année un cer- tain efpace de terrein , où ils s’aflem- bient ordinatremment , s'ils ont été dif- perfés par les Chafleurs , ou par l’oifeau de proïe , ou par un orage ; c'eft-là qu'ils fe réunifnt bientôt après , en fe rappelant Les uns Îles autres. Si on leur donne là chafle , ti faut la première fois qu’on les fait partir , remarquer foïgneu- fement la remife ; car ce {era à coup- für le lieu de leur rendez - vous de année , & 1ls ne partiront pas fi facr- lement une feconde fois , fur-tout s'ils aperçoivent les Chafleurs ; au contraire, ils {e tapiront contre terre , & {e cache- ront de leur mieux; maïs c'eft aiors qu’il eft facile de Îes tirer. | On voit qu'ils diffèrent des tetras. noïrs, non- feulement par la couleur, & par l'uniformité de plumage du mâle & de la femelle ; mais encore par leurs habitudes, purfqu'ils ne fe perchent PS du petit Tetras, Gc, 335$ point; ils difièrent aufli des lagopèdes, vulgatrement perdrix blanches, en ce qu'ils fe tiennent non fur les hautes montagnes , mais dans les bois & les bruyères ; d’aïlleurs on ne dit pomt qu'ils aïent les pieds velus jufque fous Îes doigts, comme Îes lagopèdes , & j'avoue que je Les auroïs rangés plus volontiers parmi les francolins ou ‘attagas, que parmi les tetras, fi je n’avois cru devorr foumettre mes conjectures à Vautorité de trois Écrivans inftruits ; & parlans d’un oïfeau de Îeur pays. 336 ifioire Naturelle DRMR ENS RTE À & * LA GÉLINOTTE (c). Planche v 11 de ce volume, Nous AVONS VU, ci-defius, que dans toutes Îles efpèces de tetras, la femelle différoit du mâle par les couleurs du plumage, au point que plufeurs Na- turaliftes n'ort pu croire qu'ils fuflent oifeaux de même efpèce. Schwenck- feld [ 4) , & d'après fur Rzaczynskt/f c }, eft tombé dans un défaut tout oppoié, en confondant dans une feule & même efpèce ; la Gélinotte ou poule des * Voyezles planches enluminées | n.° 474, le mâle ; & 275, la femelle. | {a) Gélinotte. En Latin, Gallina corylorum 3 Gallina filyatica ; & de même en vieux François, Gélinotte des bois ;: en Allemand, Ha/el-hun | Hafel- henne ; en Angioïs, Hafel-hen ; en Suédois, Hierpe ; en Polonois, Jarzabek. — Gallina corylorum feu Bo- nofa Alberto diéta. Gefner, Avi. page 228. — La gélinotte. Briffon, Ornithol, tome I , page 191. {b) Schwenckfeld , Aviarium Silelie , page 270. (c} Rzaczynski, AuGuarium Polonie, page 366. coudriers , de la Gelinotte. 337 coudriers , & le Francolin, ce qu'il na pu faire que par une induction forcée & mal entendue, vu les nom- Preules différences qui fe trouvent entre ces deux efpèces, Frifch eft tomb£ dans. une méprife de même genre, en ne farfant qu'un feul oïfeau de lattagen & de l’hafel-hulm , qui eft la poule des coudriers ou gélinotte , _ & en ue donnant, fous cette double dénomination, que lhiftoire de la gé- linotte, tirée prefque mot à mot de Gefner, erreur dont il aüroit dû, ce me femble’, être préfervé par une autre qui lui avoit fait confondre, d’après Charleton ({d), le petit tetras avec la gélinotte, laquelle neft autre que cette même poule des coudriers: à l'égard du francolin , nous verrons PB fon article à quelle autre efpèce ïl pourroit fe rapporter beaucoup plus naturellement. out ses que dt Vartons- dit {d) Charleton, Erxercitationes, page 82, n.0 7. Oifeaux ; Tome III. P 338 Hüifloire Naturelle poule ruftique ou fauvage [e ), con vient très - bien à la oélinotte, & Bélon ne doute pas que ce ne foit la même efpèce { f ) ; c'étoit, felon Varron, un offeau d'une très-grande rareté à Rome, qu'on ne pouvoit élever que dans des cages , tant 1l étoit difucile à appri- vorfer, & qui ne pondoit prefque jamais dans l’état de captivité ; & c'elt ce que Bélon & Schwenckfeld dilent de la gélinotte : le premier donne en deux mots une idée fort jufte de cet oïfeau , & plus complette quon ne pourroit faire par la defçription la plus détaillée. « Qur fe ferndra, dit-rl, voir 22 queique efpèce de pérdrix métive 3 entre la rouge & [a grtle , & tenir # je ne fais quoi des plumes du farfan, æ aura la perfpective de la gélinotte de 5 bois / g }. Le mâle fe drftingue de la femelle (e) Varron, de Re Ruflicé ,; HD TI Cap rrx. [f) Bélon , Nature des a. ; page 253 (g) Idem, Ibidem, de la Gélinorte. 339 par une tache noire très - marquée qu'il a fous la gorge, & par fes flammes ou fourcils qui font d'un rouge beau- coup plus vif : la s-erofleur.de ces otfeaux ef celle d’une bartavelle ; 1le ont environ vingt -un pouces d'enver- gure, les aïles courtes , & par con- fégquent le volpelant 1 & ce Lin'eft qu'avec beaucoup d'effort & de bruit qu'ils prennent leur volée ; en récom- penfe ils courent très- vite / h). Il ya dans chaque aïle vingt- quatre pennes preique toutes égales , & feize à la queue. Schwenckfeld dit quinze {i); taïs Cell une erreur ; d'autant. plus groflière , qu'il n'eft pti être pas un leul orfeau qui ait Le nombre des pennes de la queue impair : celle de la Gélinotte eft traverlée vers fon extrémité par une large bande noiïrâtre , interrompue feu- lement par les deux pennes du milieu : je ninffte fur cette “circonfiance ) que parce que , felon Îa remarque ‘de {h) Voyez Gefner . page 229. {i) Schwenckfeld, gviarum Silefie, page 278, Pi 340 Hifloire Naturelle Willughby , dans la plupart des ot- feaux , ces deux mêmes pennes du milieu noblervent point l'éloignement des pennes latérales, & fortent un peu plus haut ou un peu plus bas [Æ) ; en forte quict la différente coulèuk de ces pennes , fembleroit dépendre de la difiérence de leur potion : les gélinottes ont, comme Îles tetras, Îles fourcils rouges , les doigts bordes de petites dentelures, mais plus courtes ; longle du doigt du mieu tranchant, & les pieds garnis de plumes pardevant, maïs feulement jufqu’au milieu du tarle ; le ventricule ou géler mufculeux : le tube inteftinal long de trente & quelques pouces ; les appendices où cœcum de treize à quatorze , & fillonnés par des cannelures {L); leur chair eft blanche lorfqu'elle eft cuite ; mais cependant . plus au dedans qu au dehors ; & ceux qui l'ont exeminée de plus près, pré- tendent y avoir reconnu quatre cou leurs différentes , comme on a trouvé 4 Willugbby ; es page 3e (l) Ibidem, page 126. \ de la Gelinotte. 341 » trorsgoûts différens dans celle desoutardes & des tetras; quoi qu'il en foit , celle des gélinottes eft exquife , & ceft de-là que lui vient, dit-on, fon nom fatm bonafa , & fon nom hongrois £/Chafar- Mmadar, qui veut dire oiféau de Céfar, comme fi un fi bon morceau devoit être rélervé exclufivement pour l'Empe- reur ; c'eft en effet un morceau fort eftriné ; & Gefner remarque que c'eft le feul qu'on fe permettoit de faire réparoïtre deux fois für à table des Princes [mn ). Dans le royaume de Bohème, on en mange beaucoup au temps de Pâques, comme on mange de l'agneau en France, & lon s'en envoie en prélent les uns PAux autres (71). Leur nourriture , foit en été, foit en hiver , eft à peu-près la même que celle des ‘tetras : lon ‘trouve : en l'été. dans leur ventricule des baies de for- bier, de mirtille & de bruyère , des müres de ronces, des graines de fureau = nn RE TR EE SIT RES fm) Gefner , Oruithologia, page 237. (u) Schwenckfeld, Aviarium, RE 169] 342 Hifioire Naturelle des Alpes, des filiques de Jaltarella ; des. chatons de bouleau & de cou- drier, &c. & en hiver des baies de gentèvre , des boutons de bouleau, des fommités de bruyère , de fapin, de gé- nevrier & de quelques autres plantes toujours vertes { o ); on nourrit aufli ies gélrnottes qu'on tient captives dans les volières avec du blé, de l'orge, d'autres grains ; mais elles ont encore cela de commun avec les tetras, qu’elles ne furvivent pas long-temps à la perte de leur liberté { p ), foit qu'on les ren- ferme dans des prifons trop étroites & peu convenables , foit que leur na- turel fauvage , ou plutôt généreux , ne puifle s’accoutumer à aucune forte de prion. | La chafle sen fait en deux temps de lannée , au printemps & en au- tomne ; maïs elle réuflit, fur-tout dans cette dernière fatfon : Îles Orfeleurs & {o) Voyez Ray , Sinopfis Avium , page 55; Schwenckfeld , page 278; & Rzaczynski, Auétua- rium , page 366. (p) Gefner, Schwenckfeld , &c. aux endroëes CITES de la Gélinotte. 343 mème, les Chafleurs les attirent avec des appeaux qui imitent leur crr, & is ne manquent pas d'amener des chevaux avec eux , parce que celt une opinion commune que les gpélr- nottes aiment beaucoup ces fortes d'ant- maux /g ) Autre remarque de Chal- {eurs : fi lon prend d’abord un mile, la femelle qui le cherche conftam- ment revient plufñeurs fois , amenant d’autres mâles à fa fuite ; au lieu que fi ceft la femelle qui eft prife la pre- muère , le mâle s'attache tout de fuite à une,autre femelle & ne reparoît Plus Cru CC.qui rade pluscertara, ceft que fi on furprend un de ces oïfeaux mâle ou femelle , & quon le fafle lever , c'eft toujours avec grand Bruit qu'il part, & {on inftmét le porte à fe jeter dans un fapin toufiu , où il refte immobile, avec une patience fingulrère , pendant tout le temps que. le Chaleur le guette : ordinairement ces orfeaux ne fe pofent quau centre (q) Gefner, page 230. {r) Gefher » Ornithologia | page 230. P iv 344 Hifloire Naturelle de l'arbre , ceft-à-dire , dans l'endroit où les branches fortent du tronc. Comme on a beaucoup parlé de la gélinotte , on à aufli débité beau- coup de fables à fon fujet ; & les plus abfurdes font celles qui ont rapport ‘à la façon dont elle fe perpétue, En- cellus & quelques autres , ont avancé que ces oiïfeaux s'accouploient par le bec ; que les coqs eux-mêmes pon- dotent , lorfqu'ils étorent vieux, des œufs qui, étant couvés par des cra- pauds , produïforent des baflics fau- “vages 5 de mème que Îest'œufs (de nos coqs de bafle-cours, couvés aufii par des crapauds , produïlent , f{elon les mêmes Auteurs, des baflics do- _meftiques ; & de peur qu’on ne doutit de ces baflics, Encelius en décrit un qu'il avoit vu //); mais heureufement il ne dit pas qu'il eût vu fortir d’un œuf de gélinotte , ni quil eüt vu un mâle de cette efpèce pondre cet œufs & lon fait à quoi s'en tenir fur ces prétendus œufs de coq: maïs, comme < ([) Gefner, Ornicholohia, page 230. = de la Gelinotte. 345$ Îes contes les plus ridicules font fou- vent fondés fur une vérité mal vue ou mal rendue , 1l pourroit fe faire que des Ignorans, toujours amis du mervellleux , ayant vu les gélinottes en amour faire de leur bec le même ufage qu'en font d'autres otfeaux en parer! cas, & préluder au véritable accouplement par des baï- {ers de tourterelles, aient cru de bonne for les avoir vues s'accoupler par le b:c. I y a dans l’'Hiftorre Naturelle beau- coup de faits de ce genre qui parorifent ridiculement abfurdes , & qui cependant renferment une vérité cachée; ül ne faut pour la dégager, que favoir détinguer ce que l'homme a vu de ce quil a Ch Selon l'opinion des Chaleur , les gélinottes entrent en amour & fe couplent dès les mois d'oétobre & de novembre : & il eft vrai que dans ce temps lon ne tue que des mâles qu'on appelle avec une efpèce de ffilet qui imite le cri tres-aïgu de Îa femelle; les mâles arrivent à lappeau en agi- tant les ailes d’une facon fort bruyante, & on les tire dès qu Hs fe d'a polés. V 346 Hijloire Naturelle Les gélinottes femelles, en leur qua lité d'orfeaux pefans , font leur nid à terre , & le cachent d'ordinaire fous des coudriers ou fous fa grande fou- gère de montagne : elles pondent ordi- narrement douze ou quinze œufs, & même juiqu'à vingt, un peu plus gros que des œufs de pigeons {c) ; elles les couvent pendant trois femaines, & namènent guère à bien que fept ou huit petits { u ), qui courent dés qu'ils font éclos, comme font la plu- part des orfeaux brachyprères ou à ailes courtes [x }. LA PAS de pee {e) Schwenckfeld , page 278. fu) Léonard Frifch , planche cxtr. (x) M. de Bomare, qui d’ailleurs extrait & copie Ü fidèlement, dit que les gélinottes ne font que deux petits, l’un mêle, & l’autre femelle. V’oyez le Diétionnaire d’'Hiftoire Naturelle, à l’ar sicle Gélinotte. Rien n'’eft moins vrai, ni même moins vraifembiabie : cette erreur ne peut venir que de celle des Nomenclateurs peu inftruits, qui ont. confondu la gélinote avec l’oifeau œnas d’A- riffote ( rinago de Gaza), quoique ce foient des- efpèces très-éloignées, lœnas étant du genre des pigeons, & ne pondant en eñet que deux œufs. 2. A de la Gélinotte. 347 Dès que ces petits {ont élevés , & qu'ils fe trouvent en état de voler, Îles père & mère les éloïgnent du canton qu'ils fe font approprié, & ces petits s'aflortiffant par paires , vont chercher chacun de leur côté un afyle où ls purent former leur établiffement [ y ), pondre , couver & élever aufli des pe- tits qu'ils traiteront enfuite de la même manière. Les gélinottes fe plaifent dans les fo- rêts où elles trouvent une nourriture con- venable & leur sûreté contre les oïfeaux de proie qu'elles redoutent extrême- ment, & dont elles fe garantiflent en {e perchant fur les bafles branches [x ): quelques - uns. ont dit quelles préfé- roient les forêts en montagnes ; mais elles habitent auffi les forêts en plaines , puifqu'on en voit beaucoup aux envi- rons de Nuremberg : elles abondent aufli dans les bois qui font aux pieds. des Alpes , de TApennin & de {y) Gefner, Ornithologia ; page 23. (x) Idem, Ibidem ; page 229 — 220. ( P vj 348 Hifloire Naturelle, Ec. montagne des Géans en Siléfe ; en Po: logne, &c. Autrefois elles étoient en fi grande quantité , felon Varron ;: dans une petite île de La nier Liguftique , au- jourd'hut le golfe de Génes, qu'on Fap- peloit pour cette raïfon l'#e aux gélinottes, PL TI pag.848, dr Mf{{lauit il Jh (] / LA GELINOTE. l 349 PA GÉLINOTTEÉ » ÉCOSSE (a). S1 cer orsrau eft le même que Île _ Gallus paluftris de Gefner, comme le croit M. Brifon, on peut aflurer que la figure qu'en donne Gelüer , n'eft tien moins quexacte , puilquon ny voit point de plumes fur Les pieds, & qu'on ÿ voit au contratre des barbillons rouges fous le bec; mais aufli ne feroit- x pas plus Hétorek de foupçonner que cette figure eft celle d'un autre oïfeau > Quor qu'il en foit, ce gallus paluflris Où cog de marais , eft un excellent manger ; & tout ce qu'on {ait de fon brtotre , ceft qu'il fe plait dans les lieux marécageux , comine fon nom de coq de marais le fait aflez en- tendre (Bb). Les Auteurs de la Zoo. logie Britannique prétendent que la (a) Brion, tome T, page 199, planche XXHI1, figure :. (b) Géfner, de Naturâ Avium, page 23. 350 Hifloire Naturelle gélinotte d'Ecofle de M. Briflon, n’eft autre que le ptarmigan dans fon ha- bit d'été , & que {on plumage devient prefque tout blanc en hiver { c);. mais il faut qu'il perde aufli en été les plu- mes qui lut couvrent les doigts ; car : M. Brifion dit pofitivement qu'elle n’a de plumes que jufqu’à l'origine des doigts, & le ptarmigan de la Zoologie Britan- nique en a jufqu'aux ongles ; d’ailleurs ces deux animaux , tels qu'ils font repré- {entés dans la Zoologie & dans M. Brif- fon, ne fe reflemblent n1 par le port, nt par la phyfonomie , nt par lacon= formation totale : quoi qu'il en foit, da gélinotte d'EÉcofle de M. Brifion eft un peu plus grofle que la notre, & a la queue plus courte; elle tient de la gélmotte des Pyrénées par Ia longueur de fes aïles, par fes pieds garnts antérieurement de plumes juf- qu'à l'origine des doigts, par la longueur du doïgt du milieu , relativement aux deux latéraux , & par la brèvete de dotet de dermere ; elle” en drkere ea (c) Britifca Zoology , page 86. de la Gelinotte, Éc. 3$1 te que fes doigts font fans dentelures ; & fa queue fans fes deux plumes longues & étroites , qui font le caractère Le plus frappant de la gélinotte des Pyrénées. Je ne dis rien des couleurs du plumage ; les figures les repréfenteront plus exacte- ment aux yeux que ma defcription ne pourroit les peindre à Pefprit : d’atileurs, rien de plus incertain ict pour caracté- rifer les efpèces , que les couleurs du plu- mage , pulfque ces couleurs varient con fidérablement d’une faïfon à l’autre dans le mème mdividu. “ 352 ans ie Naturelle ne D Le CANGA Si VULGAIREMENT LA CGE LENCO EUR DES PYRÉNÉES (a). Planche V11I de ce volume. UoOrou.Er les noms! nel! loin pas Îes chofes , cependant 1l arrive fi {ouvent , & fur-tout en Hiftorre Na- turelle , qu'une erreur nom'nale en- traine une erreur réelle, qu'on ne peut, ce me femb'e, ‘apporter trop d'’exac- titude à appliquer toujours à chaque * Voyez les planches enluminées, n.° 105 , le mâle; Ë n° 100 (4 fnac (ajGdlirotte des Pvrénées. Fn Efpagne, Ganga ; en Turquie, Cata. — Ferdrix de Damas ou de Syrie. Pélon, Æ,f. nas. des Oifeaux , page 259 ; & Fortraits d Ofeaux, prge y » He ar Per Coq de Bruvèreaux ceux aiouil es à la queue. Fdwards, Glarures , plaiche CCXLIX , avec une très-bonne figure coloriée, & Ganga, 6c. 353 obiet les noms qui lui ont été impo- (és : -& c'eft par cette rafon que nous nous fommes fait une lof de rectifier , autant qu'il feroit en nous, Îa dif- cordance ou le mauvais emploi de noms. M. Brion , qui regarde a mer de Damas ou de Syrie de Bélon ÿ&), comme étant de la même efpèce que fa gélinotte des Pyrénées , range parmi les noms donnés en différentes langues à cette efpèce, le nom grec Zverieue, & cite Bélon , en quoi il fe trompe doublement ; car, 1.° Bélon nous ap- prend lur-mème que Toïfeau qu'il a nommé perdrix de Damas , ef une ef- pèce différente de celle que les Auteurs _ont appelée /ÿroperdix ; laquelle a le gt mage noir & le bec rouge fc) ; 2.° écrivant ce nom Jyroperdix en csaes grecs , M. Briflon paroït vouloir lut donner une orrgine grecque ; & cepen- dant Bélon dit expreflément que c'eft (t) Briflon , rome I, page 195. Genre v, Efpèce 4. {c) Bélon, Nature des OQifeaux , page 258. 354 Hifloire Naturelle un nom latin / d ) : enfin il eft dificite de comprendre les rarfons qui ont porté M. Briflon à regarder l'œnas d'Arif tote, comme étant de la même efpèce que {a gélinotte des Pyrénées ; car Arif tote met fon ænas , qui elt Île virago de Gaza, au nombre des pigeons , des tourtereiles , des ramïers ( en quot 1l a été fuivi par tous Îes Arabes); & il allure pofitivement quelle ne pond, comme ces olfeaux ; que deux œufs a-la-fois (e ): or nous avons vu, ct- deflus , que Îles gelinottes pondotïent un beaucoup plus grand nombre d'œufs ; par conféquent Tœnas d'Artftote ne peut être regardé comme une gélinotte des Pyrénées ; ou, # l’on veut ablolument qu'il en foit une , 1} faudra convenir que la gélinotte des Pyréntes n'eft point une gélinotte, Rondelet avoit prétendu qu'il y avoit erreur dans le mot grec aras | & qu'il falloit lire izas , dont, la racine fignifie fibre , filer, & cela parce que (d) Bélon, Nature des Oifeaux , page 258. (e) Arifote, Æifl, Animal, Üb. V1, cap. dis Ganga, Gc. 35$ cet otfeau a, dit-il , la chair, ou plu- tôt la peau f'fAbreute & f dure , que pour Îa pouvoir manger il faut l’écor- doër CF ) 3 ; mais s'il étoit véritablement de Îa même efpèce que la gélinotte des Pyrénées , en adoptant la correc- tion de Rondelet , on pourroit donner au mot iras une explication plus heu- reufe & plus analogue au génie de la langue grecque , qui peint tout ce qu'elle exprime, en lui faifant défigner les deux filets on plumes étroites que les gélinottes des Pyrénées ont à Ia queue , & qui font fon attribut caracte- riftique ; mais malheureufement Atiftote ne dit pas un mot de ces filets qui ne lui auroïent pas échappé , & Bélon n'en parle pas non plus dans la def- cription qu'il fait de fa perdrix de . Damas : d’arlleurs le nom d'oiras ou Yénago convient d'autant mieux à cet oïfeau , que, felon la remarque d’Arif- tote , s. arrivoit tous les ans en Grèce au commencement de lautomne {g ), (f) Gefner, de Naturâ Avium , page 2307. {g) Ariftote, Hip. Animal, lib. VILL, Cap. Ile 356 Hifioire Naturelle qui eft le temps de la maturité des raïfins; | comme font en Bourgogne certames grt- | ves, que par cette raïfon on appelle dans | le pays des vinettes. | I] fuit de ce que je viens de dire, que le fyroperdix de Bélon & l'œnas d AA tote, ne font point des gangas ou etlr- | nottes des Pyrénées, non pius que la | chata , Valfuachat , a filacotona ; aut paroïflent être autant de noms arabes de l'œnas, & qui certainement défignent un oïfeau du genre des p pigeons (A) Au contraire , l'orfeau de Syrie que M. Edwards appelle pecir coq de bruyere , ayant deux filets à la queue (i), & que les Turcs nomment cata, eft exacte- ment Île même que la gélmotte des Pyrénées : cet Auteur dit que M. Shaw l'appelle Kittayiah ÿ & quatine be donne que trois doiets à chaque pred; mais 1l excufe cette erreur, en ajoutant que Île doïst poftérieur avoit pu échap- per à M. Shaw, à caufe des plumes (h) Voyez Gefner, de Naturd Avium, p. 307 aid (à) Edwards, Glanures , planche XL1x. du Ganga, &c. 357 qui couvrent les jambes ; cependant 1! venoit de dire plus haut ans fa def- cription, & on voit , par fa figure, que ceft le devant des jambes feulement qui eft couvert de plumes blanches, femblables à du poil : or il eft dif- cile de comprendre comment le doigt de derrière: auroit pu fe perdre dans ces plumes de devant ; …1l étoit plus naturel de dire qu'il s’'étoit dérobé à M. Shaw par fa petitefle ; car il na pas en eflet plus de deux lignes de longueur : les deux doigts latéraux font auffl fort courts, relativement au doigt du milieu, & tous font bordés de pe- tites dentelures comme dans le tetras, Le: ganga ou [a gélinotte des Pyré- nées paroiït avoir un naturel tout dif- férent de celui de Ia vraie gélinotte ; Er, 1. 1l a es .aïles beaucoup. plus longues , relativement à fes autres di- menfions : il doit donc avoir le vol ou rapide ou léger, & conféquemment avoir d’autres habitudes, d’autres mœurs qu'un oïfeau pefants car Ton fait combien Îes mœurs & le naturel d'un animal dépendent de fes facultés ; 2.° 358 Hifloire Naturelle nous voyons par les oblervations du docteur Rouflel , citées dans la defcrip- tion de M. Edwards , que cet oïfeau qui vole par troupe , fe tient la plus grande partie de l’année dans les déferts de Îa Syrie, & ne fe rapproche de la ville d'Alep , que dans les mois de mai & de juin , & lorfqu'il eft contraint par la foif de chercher les eux où il y à de Veau: OE nous avons vu » dans lhiftorre de Îa gélinotte , que c’eift un oïfeau fort peu- reux, @& qui ne fe croit en sûreté contre la ferre de autour , que foriqu'il eff dans les boïs les plus épais; autre difié- rence qui n'eft pe -être qu'une fuite de la première , & qui, jointe à plufieurs autres diffsrences de détarl faciles à fair paï la comparaïfon des figures & des defcriptions , pourroit faire douter avec fondement , fi l’on a eu raïlon de rap- porter à un même genre des matures aufl diverfes. Le ganga , que les Cata- Lans appellent auili perdrix de Garrira (E), eft à peu-près de la grofieur d'une f k ) 7, Orniihol. CHaf, IV , Genre xv, Fra be du Ganga,GEc. 3$9 perdrix grile ; elle a le tour des yeux noir , & point de flammes aux fourcils rouges au-deflus des yeux ; le bec prelque droit , l'ouverture des narines à la bafe du bec fupérieur & joignant les plumes du front , le devant des pieds couvert de Hide jufquà forigme des doigts, les ailes aflez longues, la tige des grandes plumes des ailes noire; les deux pennes du miireu de la queue une fois plus iongues que les autres, & fort étroites dans da païtie excédante ; les pennes latérales vont toujours en s'accourciflant de part & d'autre jufqu'à la dernière / Z ): I'eft à remarquer que de tous ces traits qui caraétérifent cette prétendue gélmotte des Pyrénées , 1l n'y en a peut-être pas un feul qui con- vienne exactement à la géimotte He D 'iment dite, La femelle eft de la même grofleur tue le: mâle; mars elieén, diffère, par _. plumage, dont es couleurs font moins belles , & par les filets de fa (L} Voyez les defcriptions de M, Edwards & Briflon, tant pour ce qui précède que pour cœ qui fuit, 360 Hifloire Naturelle queue qui font moins longs : il paroît que le mâle a une tache notre fous la gorge, & que la femelle au lieu de cette tache , a trois bandes dela même couleur qui lui embraflent le cou en forme de collier. | Je n'entre pas dans le détarl des cou- leurs du plumage , la figure enlumimeée les prélente avec exactitude , elles fe _ rapportent aflez avec celles de lorteau connu à Montpellier fous le nom d’ angel s Se dont Jean Culmann avoit communiqué la defcription à Gefner (w) ; mais les deux longues plumes de la queue ne paroïflent point dans cette defcription , non plus que dans la figure que Ron- delet avoit envoyée à Gefner, de ce mème angel de Montpellier , qu'rl prenoit pour l'œnas d'Ariftote{#7) , en forte qu'on (mn) Plumis ex fufco colore in nigrum vergentibus, & luteis in ruffam , dit Gefner, en parlant de Pangel, page 307. | Creoe , flavicante nigro, & rufo varia, dit M. Briflon, en parlant de la gélinotte des Py- rénées. R (n) Voyez Gefher, de Naturê Ayium, p.307 cit dulsorea, Ge): ér eft fondé à douter de Tidentite de ces * deux efpèces (langel & le ganga) , mal- gré la convenance du lieu & celle du plumage, à moins qu'on ne fuppole que les fujets décrits par Culmann, & deflinés par Rondelet, étoient des femelles qui ont les filets de la queus beaucoup plus courts, & par confe- | quent moins remarquables. Cette efpèce fe trouve dans Ia plu- part des pays chauds de lancien con- tinent ; en Efpagne , dans les parties. méridionales de la France, en Italie, en Syrie , en Turquie & Arabie, en Barbarie, & même au Sénégal; car loifeau repréfenté fous le nom de gé- linotte de Sénépal* , n'eft qu'une variété du ganga ou gélinotte des Pyrénées, il eft feulement un peu plus petit; mais il a de même les deux longues plumes ou filets à la queue, les plumes latérales toujours plus courtes par degrés, à mefure quelles s'éloignent de celles * Voyez les planches enluminées | n.° 130. Oifeaux , Tome III, Q 362 Hifloire Naturelle du milieu, les ailes fort longues, Îes pieds couverts pardevant d'un duvet blanc , le doigt du mulieu beaucoup pius iong que Îles latéraux, & celui. de derrière extrêmement court ; enfin point de peau rouge au-deflus des. yeux , & ïl diffère du ganga d'Eu- rope que par un peu moins de grof- | feur & un peu plus de rougeître dans de plumage; ce net donc quune variété dans la même efpèce, produite | par l'influence du climat ; & ce qui. prouve que cet oïfeau eft très-difé- rent de la gélinotte, & doit par con-. féquent porter un autre nom, ceft. qu'indépendamment des caraétères duf- tinctufs de fa figure , fl habite par- tout Îles pays chauds, & ne fe trouve : ni dans ies climats froids , nr même, dans les tempérés ; au lieu que la gé- linotté ne fe trouve en nombre que | dans les climats froids. Ceft ïci le lieu de rapporter €& que M; Shaw nous apprend du kit- | du Ganga, Gc. 363 » faviah ou gélinotte de Barbarie fo) , & Qui eft tout ce quon en fait, afin que le lecteur puifle comparer {es > en qualités avec celles du ganga ou gé- linotte des Pyrénées, & juger fi ce font en effet deux individus de ia même efpèce. ce Le kittaviah, dit-il, eft un ot- feau granivore & qui vole par cc troupes: 1! a Îa forme & la taille cc d'un pigeon ordinaire , Îes pieds cc couverts de petites plumes, & point € de doigt poftérieur; il fe plait dans ce les terremns-meultes & ftériles; la ce couleur de fon corps eft un brun- 6e bleuâtre tacheté de: noir ; ïl a Îe cc ventre noïrâtre & un croïflant jaune ce fous la gorge ; chaque plume de «c la queue à une tache blanche à « fon extrémité , & celles du milieu cc (o) Nota. M. Shaw a cru qu’on pouvoit lui donner le nom de Zagopus d'Afrique, quoiqu'il n'ait pas les pieds velus par-deflous comme le véritable Jagopède. Travels , . . . of Barbary and the Levant, page 253. Qi 364 Hifloire Naturelle, EC. » font longues & pointues. comme >» dans Îe 7erops ou gue/pier : du refte s> fa chair eft rouge fur la poitrine; os mais celle des cuïfles eft blanche. »» elle eft bonne à de — & de fete digeftion. 5 l | 1) 7 / Y NS , SIÈSKS RSS —_ = | HA SR À W\N = = = ÈS == == === == In LIT, LILI LIIIT TELL En 14 LE GANGA. LATTAGAS (a) C ET OISEAU elt le francolin de Bélon, qu'il ne faut pas confondre, comme ont fait quelques Ornithologiites , avec le francolin qu'a décrit Olina f2); ce {ont deux oïfeaux très-différens , {oït par la forme du corps, foit par les habi- tudes naturelles ; le dernier fe tient dans les planes & les lieux bas, il n’a point ces beaux fourcils couleur de feu, qui donnent à l'autre une phyfono- mie fi diftinguée, il a le cou plus court ; le corps plus ramaflé | des pieds rougeitrés garnis d'éperons & (a) En Grec, A'rlayas; en Latin, Attagas ou Attagen ; en Anglois, Redgame.— Attagen. Gefner, -Avi, page 225. —Francoïin. Bélon, Hifi. nat, des Oifeaux , page 241. — Coq de Marais. Albin, rome 1, planche XXIII , le ‘mêle; & planche xx1v, la femelle. — Aitagen, Frifch, planche CXIT, avec une figure bien coloriée de la femelle. — La Gélinotte huppée. Briflon, tome [, page 200. (b) Olina ; Uccellaria, page 32. Q uj 366 Hifloire Naturelle fans plumes , comme les doigts. fans dentelures , ceft-à-dire ,; quil na prefque rien de commun avec le fran- colin dont :l s'agit ict, & auquel pour prévenir toute équivoque , je conferverai le nom d’Attagas, qui lui a été donné, dit-on, par pamfagse 51186 pa fon propre cri. Les Anciens ont beaucoup parlé. de l'attagas où attagen (car ils emploient indifféremment ces deux noms). Ale- xandre Myndien nous apprend, dans Athénée (c), quil étoit un peu plus gros qu'une perdrix, & que fon plu- mage dont le fond tiroit au rougeître , étoit émaillé de plufeurs couleurs. Arif- tophane avoit dit à peu-près la même chofe ; mais Ariftote , felon fon excel- lente coutume de faire connoitre un objet ignoré, par fa comparaïfon avec des objets communs, compare le plu- mage de a Pi avec celui de Ia bé- cafle (cxdaomaË) ( d ). Alexandre Myndien ajoute qu l a les arles courtes & le {c) Athénée , Eb. IX. (d) Axiftote, Hif. animal, Gb. IX , cap. XXVI de P'Artagas. 367 vol pefant; & Théophrafte obferve qu'il a Îa propriété qu'ont tous Îles oifeaux pefans telle que la perdrix, le coq. le, faifan.….écir des maitre avec des plumes 1.6, d'être en Etat.,de .couûrit au moment quil vient d'éclore : de plus , en fa même qualité d'orfesu pefant, 1} eft encore pulvérateur & frugivore (fe), vivant de baies! & de graias quil trouve, tantot fur Les plantes mîmes, tantôt en grattant Îa terre avec fes ongles /f); & comme il, court plus qu'il ne vole, on.s'eft avife de le chafler au chien courant, & on y.a réui [gp ). Pline , Elten & quelques autres difent que ces oïfeaux perdent a voix en (e) Nota. Les Anciens ont appelé pulyeratrices, les oïfeaux qui ont l’inftinét de gratter laterre , d’é- lever la poufiière avec leursaïies ; & en fe poudrant pour. ainfi dire avec cette pouffière, de fe déli- vrer de la piqûre des infeétes qui les tourmentents . de même que les oiïfeaux aquatiques s’en délivrent en arrofant leurs plumes avec de l’eau. (f) Ariftote, Hif. Animal , lib. [X , cap, XLIx. {g) Oppien, in Ixenticis. Cet Auteur ajoute qu'ils aiment Îes cerfs, & qu'ils ont au contraire de l’antipathie pour les coqs. Q 1v 368 Hifloire Naturelle perdant {a liberté ; & que la même roideur de naturel qui les rend muets dans l'état de captivité , les rend aufli très-drfhcrles à apprivoifer CR ). Varron donne cepen- dant la manière de les élever, & aui eft à peu-près la même que celle dont on éle- ‘Les paons , les faifans, les Er à de Nu» midre 11e DÉLOIX, &c. re) Pline aflure que cet oïfeau , qui avoit été fort rare, étoit devenu plus com- mun de fon temps; qu'on en trouvoit en. Efpagne, dans la Gaule & {ur des Alpes ; mais que ceux d'Iome étorent les plus eftimés { &): 1 dit ailleurs qu'i n'y en avoit point dans l'île de Crète (1). Ariftophane parle de ceux qui fe frouvorent aux environs de Mégare, dans l’Achaie {mm ). Clément d'Alexan- (h) Pline Hifé nat. Lib. X, cap. XLVIIL _ Socrate & Élien, pur Men. fi) Varron, Geopon. Grec à Tlartice dx Fatfanr. (&) Pline Hif. nat. Nb. x, cap. XLIX. (1) Idem, Kb. XIIL, cap. LVIII. (in) Arifiophane , &# Acharienfibus. PRRRREL 2 ENTRER En a de l’Attagas. 369 drie nous apprend que ceux d'Egypte étoient ceux dont les gourmands fai- forent le plus de cas: il y en avoit aufll en Phrygie, felon Aulugelle, qui dit que c'eft un otïfeau afatique. ÂApictus donne Îa manière: d’apprèter le francolin, qu'il joint à la perduix [2 )5 & Saint-Jérome en. parle , dans , fes lettres comme d’un morceau fort re- cherché [o ). Maintenant , pour juger fi l'artagen des Anciens eft notre attaras ou fran- colin, il ne s'agit que de farre l'hiftoire de cet oïfeau , d’après les Mémoires des Modernes, & de comparer. Je remarque d’abord que Île nom d'attagen , tantôt bien confervé, tantôt corrompu /p),eft le nom le plus gé- (nn) Apicius, F1: 3. (o) Attagenem eruttas & comeflo anfere gloriaris , difoit S.t Jérome à un hypocrite qui faifoït gloire de vivre fimplement, & qui fe rafafioit en feeret de bons morceaux. R (p) ATTAGO ,; ACTAGO , ATAGOS ATCrE- MIGI, ATACUIGI, TAGENARIOS, T'AGINARI, voces COrrupt@æ ab AÂTTAGENE, que lecuntur apué Sylvaticum. Voyez Gefner, page 226; & les obfervations de Bélon , fo/. IL. Q y 370 Hifloire Naturelle néralement en ufage parmt les Auteurs modernes, qui ont écrit en latin, pour défigner cet otleau. Î eft vrarque quelques Ornithologiftes, tels que Sibbalid, Ray, Willughby, Klein, ont voulu le retrouver dans ia /egopus altera de Pline //q ); maïs, “outre que Pine n’en a parlé qu’en paiant, & n'en a dit que deux mots, d’après lef- quels 1l feroit fort difhcile de déterminer précifément flefpèce qu'il avoit en vue; comment peut-on fuppoler que ce grand Naturalifte, qui venoit de traiter aflez au long de l'atragen dans ce même chapitre, en parle quelques lignes plus bas fous un autre nom, fans en avertir? Cette feule réflexion démontre, ce me femble , que l'artagen de Pfine & fa lagopus also font deux oïfeaux difiérens ; & nous verrons plus b:s quels ils font. Gefner avoit oui dire qu'à Bologne Hs’appeloit vulgarrement franguello { r ); mais Aldrovande qui étoit de Bologne, (9) Pline, Hifl. nat. Ub. X, cap. XLVIIE {r) Gefher, de Naturâ Avium, page 226. de l'Attagass 371 nous aflure que ce nom de franguello (hinguello ; felon. Olina), étoit celui qu'on y donnoit au pinçon , & qui D aflez clairement de fon nom latin fringilla (ff). Olina ajoute qu'en Italie fon francoiin , que nous avons dit ètre différent du nôtre, fe nom- moit communément franguellina ; ‘mot corrompu de frangolino, & auque À on avoit donné une terminailon féminine pour le diftinguer du fr'rguello (+). J: Je ne:fais pourquoi: Albin, qui a copié da defcription que Wälushby a donnée du dagopus sel Plinii( u rs a changé le nom de l'oifeau décrit par Wiijughby en celui de coq de marais, fi ce n'eft parce que T'ournefort a dit dé francolin de Samos, qu'il fréquentoit les ma: cs mais 1! eft facile de voir , en comparant les figures & les pen , que ce francolin de Samos eft tout-à-fait différent de lor- {eau qu'il a plu à Albin, ou à fon {[) Aïdrovande, de Avibus ; tom. IL, pag. 73. {t) Ofina, Uccellaria, pag. 32. | (z) Albm, Ornithologia , pag. G +: v) 372 Hifloire Naturelle Traduéteur , d’ appeler coq de maraïs (x); comme ïl avoit déjà donné le nom de francolm au petit tetras à queue fourchue / y }. L'attagas fe nomme chez les Arabes duraz où alduragi, & chez es Anglois red game, à caufe du rouge quil a, foit à fes fourcils, foit dans fon plumage; on lur a encore donné de nom de perdrix afclepica (x). Cet oïfeau eft plus gros que la bartavelle, & pèle environ dix - neuf onces ; fes yeux font furmontés par deux fourcils rouges fort grands, lef- quels font formés d'une membrane charnue, arrondie & découpée par Île deflus , & qui sélève plus haut que e fommet de Îa tête; Îes ouvertures des narimes font revêtues de petites plumes, qui font un effet affez agréable ; ; le plumage eft mêlé de roux, de noir & de blanc ; mars la éiiehe a moins de roux & plus de blanc que le (x) Albin, Hifl nat. des Oifeaux | tome I, page 22. (y) Îbidem, pag. 27, lé 2) Jonfton, Charleton, &e, de |’ Attagas. 373 mâle ; la membrane de fes fourcils eft moins fatllante , & beaucoup moins dé- coupée, d’un rouge moins vif; & en géné- ral les couleurs de fon plumage font plus forbles / a ); de plus, elle eft dénuée de ces plumes noïres porntillées de blanc, qui forment au mâle une huppe fur latête, & fous le bec une efpèce de barbe /b }. Le mâle & la femelle ont la queue à peu-près comme la perdrix, maïs un peu plus longue ; elle eft compofée de ferze pennes, & les deux du milieu font variées des mêmes couleurs que celles du dos, tandis que toutes les latérales font notres ; les aïles font fort courtes , elles ont chacune vingt-quatre pennes, & c'eft la trorfième à compter du bout de Parle qui eft la plus longue de toutes; les pieds font revêtus de plumes jufqu'aux doigts felon M. Brif- fon ; : &'! jmiqu'aux ongles. s efelon Willughby : ces ongles font norrûâtres amnñ que le bec ; les doigts gris-bruns, { a) Britifch Zoolooy, page 8&. {b) Aldrovande, de Avibus, tom. IL, pag. 76, 374 Hifloire Naturelle & bordés d’une bande membraneufe étroite-& dentelée. Beclon aflure avoir vu dans le même temps à Venile, des fiarcolins ( c'eft ainfi qu'il nomme nos attogas ), dont le plumage étoit tel qu'il vient d’être dit, & d’autres qui étorent tout Hlancs, & que les Italiens apelorent du même nom de francolins , ceux-ci reflembloient exac- tement aux premiers, à l'exception de la couleur ; &, d’un autre côté, ts avoient tant de r:pportavec la perdrix blanche de Oavoie , que Bélon les regarde comme appaitenansà l’efpèce que Pline a détignce fous le nom de lagopus altera { c ) : lelon cette opinion qui me paroi fondée, Vattagen de Piine feroit notre artagas à plumage varié; & la feconde efpèce de lagopus fercit notre attagas blanc, qui diffère de l'autre attagas par ia blancheut de fon plumage, & de la première ef- pèce de ligopus appelée vulgairement perdrix blanche , {oit par fa grandeur, foït par fes pieds qui ne font pas velus en deflous. : {c) Béion, Nature des Oifeaux, page 242. de l’Attagas. 375$ Tous ces oïfeaux, felon Bélon, vivent de grains & d’infectes; la Zoo: logie Britannique ajoute les fommités de bruyère / d ) & les baies des plantes qui croifient fur les montagnes. L'attagas eft en effet un orleau de mon- tagne ; Willughby aflure qu’il defcend ra- rement dans les plaines & même fur le penchant des côteaux {‘e), & qu'il ne fe plaît que fur les fommets les plus élevés ; on le trouve fur les Pyrénées, les Alpes, les montagnes d'Auvergne, de Dauphiné, de Suifle, du pays de Foix, d'Efpagne, d'Angleterre , de Sicile , du pays de Vi- cenfe , dans la Lapponie ff); enfin fur l'Olympe en Pbrygie où les Grecs modernes lappeilent en langue vulgaire taginari ((g ), mot évidemment formé de ruçuderss que l'on trouve dans Sui- das, & qui vient lui-même d'attagen ou attagas , lequel eft le nom primitif, . {4) Briufch Zoology, pas. 85. {e) Willughby , Ornithologia, page 128, {jf} Voyez Kiein, Hill. Avium, page 173. {£) Bélon, Nature des Oiféaux , page 242. 376 Hifloire Naturelle Quoique cet oïfeau foit d’un naturel très-fauvage, on a trouvé dans l'ile de Chypre , comme autrefois à Rome, le feciet de le nourrir dans des volières (h), fi toutefois l’oifeau dont parle . Alexander Benedictus eft notre attagas; ce qui men feroit douter, c'eit que le francolin reprélenté planche CCXLVI d'Edwards, & qui venoit certaine- ment de lie de Chypre, a beaucoup moins de rapport au nôtre qu'à celui d'Olina, & que nous favons d'ailieurs que celui-ci pouvoit s'élever & le nourrir dans les volières [à ). Ces attagas domeftiques peuvent être plus gros que les fauvages ; mais ceux-ci font toujours préférés pour le bon goût de ‘leur chair, on les met au-defius de Îa perdrix ; à Rome, un francolino s'appelle par excellence un morceau de Cardinal { #) : au refte, c'eft une viande qui fe corrompt trés- promptement , & quil eft difhcie {h) Gefner, Naturê Avium, page 227. fi) Olina, Uccellaria , page 22. (4) Gefner, ,page 228, Se SMrrpasl (Say d'envoyer au loin; aufli les Chafleurs ne manquent-1ls pas, dès qu'ils des ont tuës, de les vider, & de leur remplir Île ventre de bruyère verte (2). Pline dit la même chofe du Zagopus (im), & il faut avouer que tous ces oïfeaux ont beaucoup de rapport Îles uns avec les autres. Les attagas fe recherchent & s'ac- couplent au printemps : la femelle pond fur la terre comme tous les oifeaux pe- fans ; fa ponte eft de huit ou dix œuf, aïgus par l’un des bouts, longs de dix- buit ou vingt lignes ; pointillés de rouge-brun, excepté en. une ou deux places aux environs du he bout: Îe temps de lincubation eft d’une ving- tarne de jours; la couvée refte attachée à {a mère & la fuit tout l'été; l'hiver, les petits ayant pris la plus grande partie de leur accroiflement ; fe forment en troupes de quarante ou cinquante, & deviennent fingulièrement fauvages: tant qu'ils font jeunes, ïls font fort (l) Willughby, page 128. (u) Pl. G6, X, cap. xLviur. 378 Hifloire Naturelle fujets à avoir les inteftins farcis de vers où lombrils ; quelquefois on les voit voltiser ayant de ces fortes de vers qui leur pendent de ‘l'anus de la lon- gueur d'un pied / n ). _… Préfentement, f lon compare ce que les Modernes ont de notre artagcs avec ce que les Anciens en avoient remarqué ; on s'apercevra que les pre- premiers ont été plus exaéts à tout dire; mais en même temps on reconnoitra que les principaux caraétères avotent été très- bien indiqués par les Anciens ; & lon conclura de ia conformité de ces caractères , que l'arragen des An- créns & notre attagas , font un feul & même oïfeau. | Au refle, quelque peine que j'aie prile pour démêler les propriétés qui ont été attribuées pêle-méle aux dif- férentes efpèces d'oifeaux auxquelles on a donné le nom de francolin, & (n) Willughby, à l’endroir cité; & Britifch Zoolo®v, page 86. Mais ne feroit-ce pas Îa verge de ces oïfeaux qu’on auroïit prife pour un ver, Comme j'ai vu des poulets s’y méprendre à l’égard de [a verge des canards 2 | de l’Attagas, 379 pour ne donner à notre aftagas que celles qui lui convenoïent réellement, je dois avouer que je ne fuis pas für d’avoir toujours également réufli à débrouiller ce cahos ;: & mon incertitude à cet égard ne:vient que de Îa licence que fe font donnée plufeurs Naturalftes , d'appliquer un même nom à des ef pèces différentes, & plufieurs noms à la même efpèce; licence tout-à-fait dé- raïfonnable & contre laquelle on ne peut trop s'élever, puifqu'elle ne tend qu'à obfcurcir les matières, & à pré- parer des tortures infinies à quiconque voudra lier fes propres connoïffances & celles de fon fiècle, avec les dé- couvertes des fiècles précédens, 380 Hifloire Naturelle 2 RES É DATES se. MOSUARA PAU 2 MEN a EE PES SEINE AL RE TONER L’'ATTAGAS BLANC: C ET OISEAU fe trouve fur les mon: tagnes de Surfie & fur celles qui font autour de Vicenfe : je n'ai rien à ajouter à ce que j'en ai dit dans l'hiftoire de l'atta- gas ordinaire, finon que loïfeau dont Gefner a fait la feconde efpèce de lago- päs((a }, me femble être un de ces attagas blancs , quoique dans fon plumage le blanc ne {o't pur que fur le ventre &c fur lesaïles, & qu'il foit mêlé plus ou moïns de brun & de notir fur le refte du corps; maïs nous avons vu ci-deflus que , parmi les attagas, les mâles avoient moins de blanc queïles femelles; de plus, on fait que 1a couleur des jeunes oïfeaux, & fur-tout des oïfeaux de ce ‘genre ,}ne prend père l'A confiftance qu'apres la première année; & comme d'arlleurs tout le refte de la defcription de Gefner femble fait pour caractériler un attagas, fourcils {a) Gefner, Alterum Lagopodis genus de Ayi- bus, pag. 579. | de l’Attagas, Gc. 38x rouges, nus, arrondis & farllans ; pieds ves lus jufqu’aux ongles, maïs non pardeflous; bec court & noir; queue courte auf; ha- Bitation fur les montagnes de Suifle , &cc. Je penfe que l'oïfeau décrit par Gefner Étoit un attagas blanc, & que c'étoit un mâle encore jeune, qui n'avoit pas pris tout fon accroiflement , d'autant qu'ilne peloit que quatorze onces au lieu de dix-neuf, qui eft le poids des attagas ordinaires. J'eu dis autant , & pour les mêmes raïifons, de la troïfième efpèce de la- gopus de Gefner (2), & qui paroît être le même oiïfeau que celui dont le Jéfiite Rzaczynskt parle fous le nom Polonois de Parowa ( c). Is ont tous deux une partie des aïles & le ventre blancs , le dos & le refte du corps de couleur variée ; tous deux ont les pieds velus, le vol pefant , la chair excellente, & {ont de la grofleur d’une jeune poule. Rzaczynskt en reconnoit deux efpèces ; (b) Gefner, Aterum Lagopodis genus de Avi- bas, page 570. 2e c) Rzaczynski. Auëuarium Polonie , pages 410 EUATE 382 Hifloire Naturelle, &c. lune plus petite, que j'ai ici en vues Pautre plus grofle & qui pourroit bien être une efpèce de gélinotte: cet Auteur ajoute quon trouve de ces oïfeaux parfaitement blancs dans le Palatinat de Novogrod. Je ne range pis ces oïleaux parmi les lagopèdes, comme a fait M. Briflon de la feconde & de la trorhième efpèce de lagopus de Gefner, parce qu'ils ne font pas en effet lago- pèdes, c'eftà-dire, qu'ils n'ont point les pieds velus par-deflous, & que ce caractère eft d'autant plus décifif quil éft plus ancrennement reconnu, & que par conféquent il paroit avoit Plus de confiffance. ME LAGOPÉDE (a). Pianche 1X de ce volume. Czr orseav eft celui auquel on a donné Île nom de Perdrix blanche , mais très-improprement , puiique ce nef point une perdrix , & qu’il n'eft blanc que pendant l'hiver , & à caufe du grand froid auquel 1i eft expofé pendant cette faifon fur les hautes montagnes des pays du Nord, où ïl fe tient ordinairement, Ariftote, qui ne connoïfioit point le lagopède, favoit que les perdrix, Îes cailles , les hirondelles , les moineaux ; * Woyez les planches enluminées ,n.° 1209, avec fon plumage d'hiver; & n.° 494, avec fon plumage d'été. | (a) Le Lagopède. — HE Gefîner , Ari. pag. 576. Perdrix alba five lasopus. Aldrovande, Avi. tome [l, page 143. — Perdrix blanche. Bélon, Hifi. nat. des Oifeaux, page 259. — Lagepus, Frifch , planches cx E cxr, avec des figures coloriées. — La CGélinotte blanche. Briflon E Crnithologia , tome T, page 216. 384 Hifloire Naturelle les corbeaux & même les lièvres , les cerbs & les ours éprouvent, dans les mêmes circonftances , le même changement de couleur / b ). Scaliger y ajoute les aigles, les vautours, les éperviers, les milans, les .tourterelles , les renards /'c ) ; & il feroit facile d'alonger cette lite du nom de plufeurs orfeaux & auadrupèdes , fur lef- quels le frord produit ou pourroit pro- duire de femblables effets; d'où il fuit que la couleur blanche eft icr un attribut variable, & qui ne doit pas être employé comme un caractère diftin@if de lefpèce dont 1l s'agit; d'autant moins que plu- fieurs efpèces du même genre, telles que celles du petit tetras blanc, felon le Doteur Weigandt [ d) & Rzac- zynski (e) ; & de Tattagas blanc (3) Ariftote , de Coloribus, cap. VI; & Hifl animalium, Lib. [, cap. XII. (c) Scaliger , Exercitationes in Cardanum , fol. 85 & 80. (d) Voyez AËtes de Breflaw , Novembre 1754, Clafje IV, art. vit, pages 30 & fuivantes. (e) Rzaczynski, AuGuarium Polonie > Page 421. na elon du Lagopede. 385$ felon Bélon (f), font fujettes aux mêmes Vartations dans la couleur de leur plumage ; & ïl eft étonnant que Frifch ait ignoré que fon francolin blanc de montagne , qui eft notre lagopède, y füt aufli fujet; ou que Fayant fu, ïl n'en.ait point parlé : 1l dit feulement qu'on lui avoit rapporté qu'on ne voyoit point en été des francolins blancs; &, plus bas, ïl ajoute qu'on en âvoit quel- quefois tiré ( fans doute en été } qui avoient Îes arles & le dos bruns , maïs qu'il n’en avoit jamais vu ; c'étoit bien le leu de dire que ces oïfeaux n'étoient blancs que hiver, &c. [ps ). ji Jar dit qu'Arificte ne connoïfloit pas notre lagopède ; &, quoique ce {oit un fait négatif , j'en at la preuve politive dans ce paflage de fon hifloire des .animaux , où il aflure que le lièvre eft le feul animal qui ait du poil fous les pieds ( h) 3 certainement sil eût {f) Bélon, Nature des Oifeaux, page 242. (£) Léonard Frifch , planches cx & cxr. (h) Ariftote, U6. IIT, cap. x11, Oifeaux , Tome III. R 386 Hifloire Naturelle connu un oïfeau qui eût eu aufh du poil fous les pieds , 11 n'auroit pas manqué den faire mention dans cet endroit ; où il s'occupoit en général, felon fa manière , de la comparaifon des parties correfpondantes dans Îles animaux , & par conféquent des pluines des oïfeaux , aïnfi que des poils des quadrupèdes. | Le nom de lagopède, que je donne à cet orfeau, neft rien moms quun nouveau nom; c'eft au contraire celur que Pline & les Anciens lui ont donné fi) , quon a mal-à- propos appliqué à quelques oïfeaux de nuit, lefquels ont le deflus, & non le delf- fous des pieds garnis de plumes [ #4) 5 mais qui doit être confervé exclufve- ment à lefpèce dont il säsit rc, avec d'autant plus de raïfon qu'il ex- prime un attribut unique parmi Îes (r)'Ptue, Hi. nat. Ub. KR) Gp ENT (&) Si mens aurità gaudet Lagopeflacens. Martiaf, 1 eft vifible que le poëte entend parler du due dans ce paflage ; maïs le duc n’a pas le pied vela par-deflous. | Me. du Lagopède, 387 offeaux , qui eft d'avoir , comme le lièvre , le deflous des pieds velus (7). Pline ajoute à ce caractère dritinctif du /agopus ou lagopède , fa groffeur, qui eft celle d’un pigeon, fa couleur qui eft blanche , la qualité de fa chair qui eft excellente, fon féjour de préfé- rence qui eft le fommet des Alpes : enfin fa nature qui eft d'être trèsfauvage & peu fufceptible d’être apprivorlé ; 1l finit par dire que fa chair fe corrompt fort promptement, L'exactitude Iaborieufe des Modernes a complèté cette delcription à l'antique , qui ne préfente que les mafles principa- les ; le premier trait qu'ils ont ajouté au tableau, & qui n'eût point échappé à Pline, si eût vu l'orfeau par lui-même, c'eft cette peau glanduleufe qui lui forme au-deflus des yeux des efpecesde fourcils rouges ; mais d'un rouge plus vif dans le mâle que dans la femelle ; celle-ci eft aufli plus petite , & n'a point fur- la tête [T) Voyez Bélon, Nature des Oifeaux, page 259; Willughby, page 127; & Klein, Prodrom, Hif. AYL page 173 ci R :j 388 Hifloire Naturelle les deux traits noirs qui, dans Îe mâle; vont de la bafe du bec aux yeux , & même au-delà des yeux en fe dirigeant vers les oreilles: à cela près , le mâle & la femelle fe reflemblent dans tout Île refte , quant à la forme extérieure ; &c tout ce que j'en dirai dans Îa fuite fera commun à l'un & à l’autre. : La blancheur des lagopèdes n'eft pas univerfelle, & fans aucun mêlanse dans le temps même où Hs font le plus blancs, c'eft-à-dire au milieu de l'hiver; la prin- cipale exception eft dans les pennes de la queue, dont Îa plupart font noires avec un peu de blanc à la pointe ; mais il paroït par les defcriptions , que ce ne font pas conftamment les mêmes pennes qui font de cette couleur. Linnæus , dans fa Fauna Suecica , dit que ce font les pennes du milieu qui font noires {m); & dans fon Syflema Nature , 1 dit{n), (Cm) Tetrao reëricibus albis, intermediis nigris, apice albis. Faun. Suec. n.° 160. (n) Tetrao pedibus lanatis , remigibus albis, reltrie gibus migris, apice albis , tntermediis totis albis. SYf, nat. edit. X, page 159, n.° O1, art. IV. du Lagopède, 389 avec M. Briflon & Wiflughby fo), que ces mêmes pennes font blanches & les fatérales noïres ; tous ces Na2- turaliftes ny ont pas regardé d’affez près : dans le fujet que nous avons fait defliner , & dans d’autres que nous avons examinés, nous avons trouvé la queue compofée de déux rangs de plumes l’un fur lautre ; celui de deflus blanc en entier, & celui de deflous noir, ayant chacun quatorze plumes /p ). Klein parle d’un oïfeau de cette efpèce qu'il avoit reçu de Prufle : le 20 janvier 1747, & qui Cteit entièrement blanc , excepté le bec , [a partie inférieure de la queue & la tige de fix pennes de l'aile. Le Pafteur Lappon Samuel Rhéen , qu'il cités,ttaflure que: fa poulé de neige, (o) Willughby , page 127, n°5. (p) Nota. On ne peut compter exactement le nombre de ces plumes, qu’en déplumant comme nous lavons fait, le deffus & le deffous du crou- pion de ces oifeaux; & c’eft ainff que nousnous fommes affuré qu’il y en a quatorze blanches en. deffus & quatorze noires en deffous. R ii 399 Hifloire Naturelle qui ,eft notre lagopède , n'avoit pas une feule plume noïre, excepté Îa femelle qui en avoit, une dé. ct couleur à chaque aile / q ) ; & la perdrix blanche dont parle Gefner {r), étoit en effet toute blanche , excepté autour des oreïlles , où elle avoit quelques marques noires ; les couvertures de la queue qui font blanches & s'étendent par toute fa longueur , & recouvrent les plumes noires ; ont donné leu à la plupart de ces méprifes M. Briflon compte dix-huit pennes dans a queue, tandis que Willughby & la plupart des autres Ornithologiftes n'en comptent que ferze, & qu'il n'y en a réellement que quatorze : il femble que le plu- mage de cet oïfeau , tout variable quil eft , eft fujet à moins de variétés que l'on n’en trouve dans les defcriptions des Naturaliftes / f°) : les arles ont vingt- quatre pennes , dont Îa troilieme à (q) Kleïm, pape 173. (rAcGetnen, base PAT TI EU (f) Nota. H n’eft pas étonnant que Îles Au- teurs différent du Elanc au noir fur la couleur du Lagopede. 301 compter de Îa plus extérieure , eft 1a plus longue ; & ces trois pennes, ainfi que les trois fuivantes de chaque cote, ont la tige noire lors mème qu'elles font blanches * ; lé duvet qui envi ronne les pieds & Îles dotots jufqu'aux ongles , eft fort doux & fort épais, Ge lon n'a pas manqué de dire que des plumes fatérales de la queue de cet oïfeau ; ga:, en déployant & étendant cette queue avec la main , on eft abfolument le maître de terminer les côtés par des plumes noires ou par des plumes blanches , parce qu’on peut les étendre & les placer également de côté. M. d’Aubenton Ie jeune, a trés-bien remarqué qu’il y auroit encore une autre manière de fe décider ici fur [a contradi@ion des Auteurs, & de reconnoîtré évidemment que Ia queue n’eft compoñée que de quatorze plumes toutes noires, à l’exception de la plus extérieure qui eft bordée de blanc près de fon origine , & de la pointe qui eft blanche dans toutes, parce que les tuyaux de ces quatorze plumes noires font plus gros du double que les tuyaux des quatorze plumes blanches, & qu’ils font moins avancés, ne recouvrant pas même en entier les tuyaux des plumes noires; en forte qu’on peut croire que ces plumes blanches ne fervent que de couvertures, quoique les quatre du milieu foient auffi grandes que les noires, lefquelles font à très-peu près toutes également longues. # Voyez les planches enluminées, n.° 120. R 1y 392 Hifloire Naturelle c'étoit des efpèces de gands fourrés que la Nature avoit accordés à ces otfeaux, pour les garantir des grands froids auxquels tls font expofés ; leurs ongles font fort longs, même celui du petit doigt de derrière ; celur du doigt . du nrilieu eft creulé par-deflous, felon fa longueur, & Îles bords en font tran- chans , ce qui lui donne de la facilité pour fe creufer des trous dans la neige. Le ligopède eft au moins de fa grofieur d'un pigeon privé, felon Wällughby ; 1 a quatorze à quinze pouces de long , vingt-un à vingt- deux pouces de vol, & pèfe quatorze onces ; le nôtre eft un peu moins gros : mais M. Linnæus a remarqué quil y en avoit de difiérentes gran- deurs , & que le plus petit de tous étoit celui des Aîpes /,); 1l eft, vrar qu'il ajoute au même endroit ; que cet orleau fe trouve dans les forêts des provinces du Nord, & fur-tout de la Lapponie , ce qui me feroit douter que ce füt 12 même efpèce que ‘notre (+) Linnæus, Fauna Suecica, page 169, RU TAIEG EM AN 2 du Lagopéde. 393 fagopède des Alpes, qui a des habi- tudes toutes différentes, puifqu'il ne {e plait que fur les plus hautes montagnes ; à moins qu'on ne veuille dire que la température qui règne fur la cime de nos Alpes , eft à peu-près la même que celle des vallées & des forêts de Lapponie ; maïs ce qui achève de me perfuader qu'il y a ici confufion d'ef- pèces, c'eft le peu d'accord des Ecrr- vains fur le cri du lagopède. Bélon dit qu'il chante comme la perdrix fu ); Gelner , que fa voix a quelque chofe de celle du cerf (x): Linnæus com- pare {on ramage à un caquet babil- lard & à un rire moqueur. Enfin Willughby parle des plumes des pieds comme d'un duvet doux f plumulis mollibus ) ; & Frifch les compare à des foires de cochon. { y). Or, comment rapporter à la même efpèce des oi feaux qui diffèrent par la grandeur, par les habitudes naturelles, par la voix, {u) Bélon, Nature des Oiféanx, page 259. { x) Gefner , page 578. {y) Erich , Neture des Oifeaux , pie CX, Y 394 Hifloire Naturelle par la qualité de leurs plumes ; je pourrois encore ajouter par leurs cou leurs , car nous avons vu que celle des pennes de Îa queue n'eft rien moins que confiante ? mais ici les couleurs du plumage font fi vartables dans le même individu, qu'il ne feroit pas raïfonnable d'en faire le caractère de l'efpèce: je me crois donc fondé à {éparer le lagopède des Aîpes, des Pyrénées &c autres montagnes femblables ; d'avec les orfeaux de même genre , qui fe trouvent dans les forèts & même dans les plaines des pays fep- tentrionaux, & qui paroïflent être plutot cles tetras, de géunottes ou des attagas ; & en cela je ne fais que me rapprocher de Topinion de Pline » qui parie de fon legopus comme d'un otfeau propre aix Aipes. Nous avons vu ci-deflus , que Îe blanc étoit fa livrée d'hiver; celle d’eté coufifle en des taches brunes, femées fans ordre fur un fond blanc: on peut dire néanmoins qu'il n y a point d'été pour. lui, & quil eft déterminé par fa fingulière organifation à ne fe plaire que dans une température glaciale , du Lagopéde. 395 car, à mefure que la neïge fond fur le penchant des montagnes , il monte & va chercher fur les fommets les plus élevés, celle qui ne fond jamais; non-feulement ïl s’en approche, mais il sy creule des trous, des efpèces de clapiers , où il fe met à labri des rayons du foleil qui paroïflent Fofluf- quer ou fincommoder {7 ): il feroit curieux d'obferver de près cet oifeau, d'étudier {a conformation tmntérieure, la ftru@ture de fes organes, de démélér pourquor Îe froid lur eft fi néceflare , pourquor 1l évite le folel avec tant de foim, tandis que prefque tous. les êtres animés le defrent , le cherchent, le faluent comme Îe père de la Nature, & reçoivent avec délices Îes. douces influences de fa chaleur féconde & ienfaifante ; feroit-ce par les mêmes Caufes qui obligent les otfeaux ‘de nuit à fuir da lumière ! ou les lagopedés feroient-ils les chacrelas de la famille des oifeaux ? (2) Bélon, page 259. | R vj 396 Hifloire Naturelle Quor quil en foit, on comprend. bien qu'un oïfeau de cette nature eft difficile à apprivoifer; & Pline le dit expreflément comme nous lavons vu: cependant Redi parle de deux lago- pèdes qu'il nomme perdrix blanches des Pyrénées ; & qu'on avoit nourries dans la volière du jardin de Boboli , appar- tenant au. prand. Duc (4/00 - Les fagopèdes volent par troupes, & ne volent jamais bien haut, car ce font des. oïfeaux pefans : lorfquils voient un homme, 1ls reftent immo- biles fur la neige pour n'être. point aperçus ; mais ïls font fouvent trahis par leur Plancheur, qui a plus d'éclat que la neige même. Au refte, foit flupidité , foit inexpérience , 1ls fe fa- Mina aflez aifément avec l’homme ; fouvent pour les prendre ïl ne faut que leur, préfenter du pain, ou même faire tourner un chapeau devant eux , & fair le. moment où ils s'occupent de ce nouvel objet pour leur pañler un (a) Voyez Collection Académ. Part, Étrang, gome [I , page 520 du Lagopéde. 397 Âacet dans le cou, ou pour Îles tuer parderrière à coups de perches (b});3 on dit même qu ‘ls n’oferont jamais franchir une rangée de pierres altgnces groffièrement , comme pour faire Îa première ailife d’une muraille, & qu'ils sront conflamment tout le long de cette. humble barrière, jufqu’aux pièges que les chaïleurs leur ont préparés. Ils vivent des chatons des feuilles & des jeunes poufles de pin, de bouleau , de bruyère sé myrtilles, d'autres plantes qui croïflent ordinaire- ment fur les montagnes /c); & c'eft fans doute à la qualité de leur nour- riture quon doit imputer mine fes amertume qu'on reproche à | leur chair (/ d), laquelle eft d’ailleurs un bon manger : on la regarde comme viande noire, & ceft un gibier tres- commun , tant fur le mont (Cenis que dans toutes les villes & villages {b) Gefner, page 576. {c) Wilughby, page 127; Klem, page 116, {d) Geïner, page 578. 398 Hifloire Naturelle à portée des montagnes de Savoie fe ); jen at mangé, & je lui trouve beau- coup de reflemblance pour le goût avec la charr du lièvre. Les femelles pondent & couvent leurs œufs à terre, ou plutôt fur les rochers (f /5 CET [Out ce Gone de’ Téur facon de 1e wub" faudroït avoir des aïles pour étudier à fond Îles mœurs & les habitudes des orfeaux , & furtout de ceux qui ’ne veulent point fe plier au joug de la domefticité, & qui ne fe plaïfent qué dans des lieux inhabitables. Le jagopède a un très-gros TADOE un geler mufculeux , où lon trouvé de petites pierres mêlées avec les ali- mens; les intcftins longs de trente-fix à trente-fept pouces ; de gros cœcum cannelés & fort longs, el de lon- cueur inégale, felon Redr, & qui font fouvent pleins de très-petits vers { g LE (e) Bélon. page 250. (f) Gefner > pige 578; Rzaczynski, page 411. (g) Colle&. Acad, Part, Étrang. some f, p p. 520. du Lagopede. 399 -Îes tuniques de linteltin grêle, pré- fentent un réfeau très-curieux , formé par une multitude de petits vaifle:ux, ou plutôt de petites rides dilpofées * avec ordre & fymmétrie f h): on a re- marqué quil avoit le cœur un peu plus petit, & {a rate beaucoup plus “petite que lattagas / : );3 & que le canal cyftique & le conduit hépatique allorent {e rendre dans les inteftins féparément, & même à une aflez grande diftance l'un de l’autre CR). Je ne puis finir cet article fans remarquer, avec Aldrovande, que par- m1 Îles noms divers qui ont été donnés au lagopède, Gefner place celui d'urblan comme un mot Italien en ufage dans la Lombardie ; mais que ce mot eft tout-à-fait étranger, & à la Lombardre & à toute orerlle italienne: 1 pourroit bien en être de même de rhoncas &e (h) Voyez Klein, page 117; & Willughby, page 127, n° Fr. (1) Roberg. apud Kleinum , Hift. Avi. p. 117: (k) Redi, Colle&. Acad. Part. Étrang. tomel, page 407. ii 4OG Hifloire Naturelle " css | de herbeÿ , autres noms que, felon le même Gefner , les Grifons qui parlent: Xtalien , donnent aux lagopèdes. Dans la partie de la Savoïe qui avoifine le Valais. on les nomme arbenne , & ce mot difié- _ remment altéré par différens patois, moitié Suifle, moitié Grifons, aura pu produire quelques-uns de ceux dont je viens de parler. AN \ RE RTE RÉRRNERRES RRSNNNET DAMES R ARR AN AE QRRRS KES RAR NA RARES VW RES SNS ERTERRNERER EE RRSTESNSS RER CORTE ENS RSS È ? au S S à RSRSREENSS S& SNA ENS Ÿ & Xù à DATES S ù VAE Ÿ RAS À TES R En pi LL 1, U 2 RL ANS RENS ENS ERES 4, Y NA A L4L 74814: GET À S à M pp Loire FRE RIRES : RER 7 ANNE NN sS | À \ Re SR NN | SSS SKK NS NS NS = SNS ANNSIQINS Rs > NS N ANS EE Ÿ NS | / LE L'AGOPEDE. AO! LE LAGOPÉDE BAIE D'HUDSON (a). Les aureurs de la Zoologie Britan- nique (b) font à M. Briflon un jufte reproche de ce qu'il jornt, dans une même dite fc), le ptarmigon avec Ia perdrix blanche de M. Edwards, planche LXXII, comme ne faïfant qu'un feul même oïfeau, tandis que ce font en effet deux efpèces différentes; car la perdrix blanche de M. Edwards eft plus de deux fois (a) Perdrix. Anderfon, Hif. d'Islande & de Groënland , rome, page PL tome IL, page 49. — Perdrix blanche. Voyage de Ia baie d’Hudfon, tome Î , page 41, avec une figure. — Perdrix blanche. Edwards , Hifl. nat. des Oifeaux, tome IL, planche LXX11I, avec une figure bien coloriée. {b) Britifch Zoology, page 86. {c) Brion, Ornirhologie | tome I, pages 216 & 217 402 Hifloire Naturelle plus grofle que Îe ptarmigon , & Îes couleurs de leur plumage d'été font auffi fort difiérentes; celle-là. ayant de larges taches de blanc & d'orangé-foncé, & le ptarmigon ayant des mouchetures dun brun-obfcur fur un brun-clair: du refte, ‘ces mêmes Auteurs avouent que la livrée d'hiver de ces oïfeaux eft la même, c'eft-à-dire, prefqu'entièrement blanche. M. Edwards dit que les pennes latérales de Îa queue font noïres, même en hr- ver, avec du blanc au bout; & cepen- dant ïl ajoute plus bas, qu'un de ces olfeaux qui avoit été tué en hiver, & apporté de a baie d'Hudion par M. Light, étoit. parfaitement blanc, ce qui prouve de plus en plus combien, dans cette efpèce , les couleurs du plumage font variables. | La perdrix blanche dont,il s'agit icr, — eft de grofleur moyenne entre la per- drix & le farfan , & elle auroit afiez la forme de petdrix.. ‘ft elle nas pas la queue un peu longue. Le fujet repréfenté dans la planche LXXII d'EÉdwerds, eft un coq, tel qu'il eft au printemps {orfqul commence à du Lagopéde, : 403 prendre fa livrée d’éte; & lorfqu'eprou- vant les influences de cette farfon d'a- mour , tl a fes fourciis membraneux plus rouges & plus faïllans , plus élevés, tels en un mot que ceux de fattagas 3 il a en outre de petites plumes blanches autour des yeux, & dautres à fa bafe du bec, lefquelles recouvrent les orifices des narines ; Îes deux pennes du milieu font variées comme celles du cou, les deux fuivantes font blanches, & toutes les autres noïrâtres avec du blanc à Îa pointe , en été comme en hiver. | La livrée d'été ne s'étend que fur a partie fupérieure du corps: le ventre refle toujours blanc; les pieds & les doïgts font entièrement couverts de plumes, ou. plutot de poils blancs : les ongles font moins courbés qu'ils ne le font ordinairement dans les oï- feaux ( d ). Cette perdrix blanche fe tient (d) Nous avons vu deux oifeaux envoyés de Sibérie, fous le nom de Zapopèdes, qui font vrai- femblablement de Ia même efpèce que le fagopède de la baie d'Hudfon, & qui ont en effet les ongles fi plats, qu’ils refflembloient plutôt à des ongles de finge qu’à des griffes d’oifeaux. 404 Hifloire Naturelle, &C toute l'année à la baie d'Hudfon, elle y pale les nuits dans des trous qu'elle fait £e creufer fous {a neïge, dont a conlf- tance en ces contrées eft comme celle d'un fable très-fin: le matin, elle prend fon eflor & s'élève droit en haut en ” fécouant Îa neige de deflus fes aïles; elle mange le matin & le foir, & ne paroïît pas craradre le folerl comme notre lago- pède des Alpes, puifqu'elle fe tient tous les jours expofée à l’action de fesrayons , dans le temps de la journée où ts ont le plus de force. M. Edwards a reçu ce même offeau de Norwège , qui me paroït faire la nuance entre le lagopède dont 1l a les pieds, & l’attagas dont il a les grands fourcils rouges. | SE, D OISEAUX ÉTRANGERS Qui ont rapport aux COS DE BRUrÈRE, aux GÉLINOTTES, aux ÂTTAGAS , EC. I. * LA GÉLINOTTE Duv:CANADA (a). IP MEPAROîT que M. Briflon a fait un double emploi en donnant Ia gé- linotte de Canada quil a vue, pour une efpèce différente de la gélinotte de la baie d'Hudfon , qu'à la vérité 1 n'avoit pas vue ; mais il fufhloit de RP {a ARS de Génie en e Pois Ë per RIRE ne 131; le En € n.° 132, la femelle. (a) Gé inotte de Canada. — Coq de bruvère brun & tacheté. Voyage de fa baie d’Hudion, tome [,page 50 , avec une figure. — Francolini brun tacheté. Edwards, planche cxri1ir , le mâle; & planche zxx1, 1a ‘énallé — Géfhotee ee Canada. Briffon, rome 1, page 203. Gélinotte de la baie d’Hudfon, Idem, ibidem, page 201, 406 Fifloire Naturelle nature , avec les planches enluminées d'Edwards de la gélinotte de la baie d'Hudion, pour reconnoître que c'étoit le même oïleau ; & nos Lecteurs ver- ront aïfément en comparant les plan- ches enluminées , 7.” 131 & 132, avec celles de M. Edwards, n° 118 & 71; vorlà donc une efpèce nominale de moins, & l'on doit attribuer à la gélinotte de Canada tout ce que M. Ellis & Edwards difent de {a gélinotte de la baie d'Hudfon. : Elle abonde toute l’année dans Îes terres voilines de la baie d'Hudfon; elle y habite par préférence les plaines &c les lieux bas; au lieu que, fous un autre ciel, la même efpèce , dit MEME ne fe trouve que dans des terres fort élevées , & même au fommet des mon- tagnes : en Canada elle porte le nom de perdrix. ; Le mâle eft plus petit que la gélimotte | ordinaire , il a les fourcils rouges, ies narines couvertes de petites plumes noires, les ailes courtes , les pieds velus jufqu'au bas du tarfe , les dorgts & les ongles gris , le bec noir ; en général , eft d’une couleur fort remabrunie , & qui | n'eft égayée que par quelques taches blan< des Oifeaux etrangers, Gc. 407 ches autour des yeux , fur les flancs & en quelques autres endroits. La femelle eft plus petite que le mâle, & elle à Îles couleurs de fon plumage moins fombres & plus variées ; eile lui reflemble dans tout le refte. L'un & l'autre mangent des pignons de pin, des baies de genevrier , &c. on les trouve dans le nord de lAmé- rique en très-grande quantité, & on en fait des provifions aux. approches de l'hiver , la gelée les failit & Îles conferve ; &, à melure quon en veut manger , on les fait dégeler dans l'eau froide. I I. * Lez Coo DE BRUrEÉRE TER MTS NE OU LA GROSSE GÉLINOTTE. DE CANADA (a). JE sourconns ici encore un double | ; % Voyez les planches enluminées, n.0 104. (a) Brion PromeN pée or 4... La Gélinotte RS de Penfylvanie. Idem, ibidem , 408 Hifloire Naturelle emplor, & je fuis bien tenté de croire que cette grofle gélinotte de Canada, que M. Briflon donne comme une efpèce nouvelle & différente de fa gelinotte buppée de Penfylvanie , eft néanmoins la même, c’eft-à-dire , la même que cellé du coq de bruyere à fralle de M. Edwards : 1 eft vrai qu'en comparant cet otfeau en nature ou même notre planche enluminée, nf 104 , avec celle de M. Edwards, 2. 24814 paroîtra au premier coup d'œil de différences très-confidérables entre ces deux oïfeaux; mais fi lon fait attention aux reflemblances, & en même temps aux différentes vues des Defflina- teurs, dont l'un, M. Edwards * , a voulu repréfenter les plumes au-deflus des aïles _ & de la tête, relevées, comme fi loifeau étoit non-feulement vivant, maïs en action d'amour; & dont l'autre, M.Mar- tinet, na defliné cet orfeau que mort & fans plumes, érigées ou redreflées ; la Se AN PM Coq de bruyère à fraïfe. Edwards, Gla Ho pie lanche CCxI.vTIr. | * Voyez les planches euluminées , n° 407. difconvenance x des Oifeaux étrangers, Êc. 409 difconvenance des deffins fe réduira à peu de chofe, ou plutot s'évanouira tout-à-fait par une préfomption bien fondée, c’eft que notre oïleau eft la femelle de celui d'Edwards : d’arlleuis cet habile Naturalifte dit poñtivement qu'il ne fait que fuppofer [a huppe à {on oïfeau, parce qu'ayant les plumes du fommet de la tête ‘plus longues que les autres, 1l préfume qu'il peut les redrefier à {a volonté, comme celles qui font au-deflus de ces aïles : & du relre À. Hasyerandeur; la « figure ,: les mœurs & Île climat étant ici les mêmes, je penle être fondé à préfumer que la groffle gélinotte du Canada, la gé- linotte huppé: de Penfylvanie de M. Brif fon, & le coq de bruyère à fraif: de M. Edawrds, ne font qu'une feule & même efpèce, à laquelle on doit en- core rapporter le coq de bois d'Amé- rique, décrit & reprélenté par Catef- by (b sh Elle eft un peu plus grofle que la gélinotte ordinaire , & lui reffemble par (b) Catesby, Appendix, fig. x Oifeaux ; Tome III, S 410 Hifloire Naturelle fes ailes courtes, & en ce que les plu- mes qui couvrent fes pieds ne defcen- dent pas jufqu'aux doigts; mais elle n’a ni fourcils rouges, nt cercles de cette couleur autour des yeux ; ce qui Îa _caractérile, ce font deux touffes de plu- mes plus longues que les autres & recour- bées en bas, qu'elle à au haut de la poi- trine, une de chaque côté : les plumes de ces touffes font d’un beau noir, ayant fur leurs bords des reflets brillans qui jouent entre la couleur d'or & le vert; l’oileau peut relever quand 1l veut ces : efpèces de: faufles :.ailes,14 qui {orfqu'elies font pliées, tombent de part & d'autre fur la partie fupérieure des aïles véritables; le bec, les doïgts, les on- gles font d'un brun - rougeître. Cet otfeau, felon M. Edwards, eft fort commun dans le Maryland & ia Penfylva- nie, où on-lut donne le nom de faifan: cependant ïl a, par fon naturel & fes habitudes, beaucoup plus d'afhnité avec le tetras ou coq de bruyère :1l tient le milieu pour la grofleur entre le faifan & la perdrix ; fes pieds font garnis de plu- mes, & fes doigts dentelés fur les bords des Oifreaux etrangers, Gc. 412 comme ceux des tetras ; fon bec eft feim- blable à celui du coq ordinaire ; louver- ture des narines eft recouverte par de pe- tites plumes qui naïflent de la bale du bec, & fe dirigent en avant; tout le del- fus du corps, compris la tête, la queue & les aïles, eft émaillé de différentes couleurs brunes, plus ou moins claires, d’orangé & de noïr; la gorge eft d’un orangé briilant , quoïqu'un peu foncé ; l’eftomac, le ventre &les cuifles ont des taches noires en forme de croïflant, diftribuées avec régularité far un fond blanc; ta, fur la tête & autour du cou, de longues plumes dont il peut en les redreffant à fon gré, fe former une buppe & une forte de fraife, ce qu'il fait, principalement lorfqu'il eft en amour; relève en même temps les plumes de fa queue en faifant la roue, gonflant fon jabot, traïnant Îes aïles, & accompa- gnant {on action d’un bruit fourd & d'un bourdonnement femblable à celui du coq d'Inde; & il a de plus pour rappeler fes femelles , un battement d'ailes très-fingu- lier, & aflez fort pour fe faire entendre à un demi-mille de diftance par un temps calme ; ïl fe plait à cet exercice au prin- ; Ô 1) \ 4at2 Hifloire Naturelle temps & en automne, qui font le temps de fa chaleur, & il le répète tous les jours à des heures réglées; favoir, à neuf heures du matin & fur les quatre heures du foir; mais toujours étant pofé fur un tronc {ec : lorfqu'il commence, 1l met ‘d'abord un intervaile d'environ deux {e- condes entre chaque battement, puis ac- célérant la vîteffle par degrés, les coups fe fuccèdent à la fin avec tant de rapi- dité, qu'ils ne font plus qu'un petit bruit continu, femblable à celur d'un tambour, d’autres difent d’un tonnerreélor- gne : ce bruit dure environ une minute, & recommence par les mêmes gradations après lept ou huit minutes de repos, tout ce bruit n'eft qu'une invitation d'amour que le mâle adrefle à fes femelles, que celles-ci entendent de loin, & qur de- vient l'annonce d’une génération nou- velle; mais qui ne devient aufli que trop fouvent un fignal de deftruction; car les Chaffeurs avertis par ce bruit, qui n’eft point pour eux, s’'approchent de l’oifeau fans être aperçu, & faihfient le moment de cette efpèce de convulfion pour le tirer à coup sûr: je dis fans être aperçus, des Oiféaux etrangers, Éc. 413 car, dès que cet otfeau voit un homme, il s'arrête aufltôt, fû-il dans la plus grande violence de fon mouvement, & if s'envole à trois ou quatre cens pas: ce font bien-à les habitudes de nos tetras d'Europe & leurs mœurs, quorqu'un peu outrées. La nourriture ordinaire de ceux de Pen- fylvante, font les grains, les fruits, les raïlins ; & fur-tout les baïes de lierre, ce qui eft remarquable , parce que ces baes font un porfon pour plufeurs animaux. Ils ne couvent que deux fois l’année, apparemment au printemps & en autom- ne, qui {ont les deux faïfons où le mâle bat des arles:1ls font leurs nids à terre avec des feurlles, où à coté d’un tronc fec couché par terre, ou au pied d'un arbre debout, ce qui dénote un oïfeau pefant:1ls pondent de douze à ferze œufs; & les couvent environ trois femaines, Îa mére a fort à cœur la confervation de fes petits ; elle s’expole à tout pour les dé- | fendre, & cherche à attirer fur elle-même les dangers qui les menacent ; fes petits, de leur côté, favent fe cacher tres-fine- ment dans les feuilles ; mais tout cela 414 Hifloire Naturelle n'empêche pas que les oïfeaux de proie n'en détrurfent beaucoup : la couvée for- me une compagnie Qui ne fe divife qu'au printemps de l'année fuivante. Ces oï!eaux font fort fauvages, & rien - ne peut les apprivoiïler, fi on. en fit cou- ver par des poules ordinaires ils s’échap- peront & s’enfuiront dans Îles bois pref- que auffitot qu'ils feront éclos. Leur chair eft blanche & très-bonne à manger; feroit-ce par cette raïon que les otfeaux de proie leur donnent Îa chafle avec tant d’acharnement?: Nous avons eu déjà ce loupçon à à l’occafñon des tetras d'Europe; s'il étoit confirmé par un nombre {uf{2nt d’obfervations, 1! s'en- fuivroit non-feulement que la voracité n'exclut pas toujours un appétit de préfé- rence, mais que l'orfeau de proie eft à. peu-près de même goût que l'homme, & ce feroit une analogie de plus entre les deux efpèces. ET , X L'oirseAu d'Amérique quon peut appeller gélinotte à longue queue, defii- des Oiféaux étrangers, Gc. 415$ né & décrit par M. Edwards, fous Îe rom de eath cock ou grous, coq de bruyère de la baïe d'Hudfon, & qui me paroîït être plus voilin des gélinottes que des coqs de bruyère, ou des faifans dont. on: lu a auf donne {e nom : cette gclinotte à longue queue, reprélentée dans la planche CXVII de M. Edwards, eft une femelle, clle 2 la grofleur, la couleur & la longue queue du faifan; le plumage du mâle eft plus rembrunt, plus luftré , & ïla des reflets à l'endroit du cou; ce mâle fe tient aufli très-droit, & :l a la démarche fière; différence qui fe retrouve conftamment entre le mâle & Îa femelle dans toutes les efpèces qui appartiennent à ce genre d'oifeau. M. Edwards n’a pas ofé donner des fourcils rouges à cette femelle , parce qu'il na vu que loifeau empaillé, {ur Îequel ce caractère n'étoit point aflez apparent; les pieds étoient pattus, les doigts dentelés fur Îles bords, le doigt pofñérieur fort court. À la baie d'Hudfon, on donne à ces gtlinottes le nom de faifan ; en effet, : .416 Hifloire Naturelle, Éc. ts font , par eur longue queue , Îa nuance Ne les gélinottes & les far- fans ; les deux pennes du milieu de cette queue, excèdent d'environ deux pouces les deux fuivantes de part & "'d'autte, & dmfiede fitesces oifeaux fe trouvent suffi en Virginie , dans les bois & lieux mhabités. FIN du troifième Volume. Nr ete