HISTOIRE NATURELLE" QUADRUPÈDES. TOME NEUVIÈME. / s 30 A] S F O I R E R e E N ATU RE LL E Par BUFFON, è À : / DEDIEE AU CITOYEN LACEPEDE, MEMBRE DE L'INSTITUT NATIONAL. QUADRUPEDES. TOME NEUVIEME. Vo | | 2Fuy2zc 7 usontan institue RICHMOND 1” COLLECTION. roi | Wa 10 TM ü A A PARIS: | | À LA LIBRAIRIE STÉRÉOTYPE DE P. DIDOT L’AÎNÉ, GALERIES DU LOUVRE, N° 5, ET Firmin DIDOT, RUE DE THIONVILLE , N°116. AN VII. — 1799. LL vi A 7e ROUE RAR LE RHINOCEROS D'AFRIQUE. fT- ?auguer JS. HISTOIRE 1. LL: LE, x F7 . -ADDITION À L'ARTICLE DÜ RHINOCÉROS *. N OUS avons vu ün second rhinocéros nou- vellement arrivé à la ménagerie du roi. Au mois de septembre 1770 , il n’étoit âgé que de trois mois, si l’on en croit les gens qui l’avoient amené : mais je suis persuadé qu’il avoit au moins deux ou trois ans ; car son corps, y compris la tête, avoit déja huit : _ pieds deux pouces de Ilongueursur cinq pieds * Tome IV, page 271. | «, Ps 6 HISTOIRE NATURELLE © six pouces de hauteur, et huit pieds deux pouces decirconférence.Ohbservéunanm après, son corps s’éloit alongé de sept pouces, en sorte qu’il avoit, le 28 août 1771, huit pieds neuf pouces, y compris la longueur de la tête, cinq pieds neuf pouces de hauteur , et huit pieds neuf pouces de circonférence. Observé deux ans après , le 12 août 1772, la longueur de son corps, y compris la tête, étoit de neuf pieds quatre pouces ; la plus grande hauteur , qui étoit celle du train de derrière, de six pieds quatre pouces, et la hauteur du train de devant éloit de cinq pieds onze pouces seulement. Sa peau avoit la cou- leur et la mème apparence que l'écorce d’un vieil orme, tachetée en certains endroits de … noir et de gris, et dans d’autres repliée en # sillons profonds, qui formoient des espèces d’écailles. Il n’avoit qu'une corne de couleur brune, d’une substance ferme et dure. Les. yeux sont petits et saillans ; les oreilles larges et assez ressemblantes à celles de l’âne ; le dos, qui est creux, semble être couvert d’une selle naturelle ; les jambes sont courtes et très-grosses ; les pieds arrondis par-derrière,. hi. avec des sabots par-devant , divisés en trois. he DU RHINOCÉROS. 9 parties; la queue est assez semblable à celle du bœuf, et garnie de poils noirs à son éxtré- mité, La verge s’alonge sur les testicules, et s'élève pour l'écoulement de l'urine, que l’a- nimal pousse assez loin de lui, et cette nartie paroît fort petite relativement à la grosseur du corps; elle est d’ailleurs très-remarquable par son extrémité, qui forme une cavité comme l’embouchure d’une trompette : le fourreau ou l’étui dont elle sort, est une par- tie charnue, d'une chair vermeille semblable à celle de la verge; et cette même partie tharnue qui forme Le premier étui, sort d’un second fourreau pris dans la peau, comme dans les autres animaux. Sa langue est dure et rude au point d’écorcher ce qu’il lèche : aussi mange-t-il de grosses épines sans en ressentir de douleur. IL lui faut environ cent soixante livres de nourriture par jour. Les . Indiens et les Africains, et sur-tout les Hot- tentots, en trouvent la chair bonne à man- $er. Cet animal peut devenir domestique en l’élevant fort jeune, et il produiroit dans l’é- _fat de domesticité plus aisément que l’élé- | phant. | 3) HISTOIRE NATURELLE « je n'ai jamais pu concevoir (dit avec raison M. de Paw) pourquoi on a laissé en | Asie le rhinocéros dans son état sauvage sans l ‘employer à à aucun usage, tandis qu'il est soumis en Abissinie, et y sert à porter des fardeaux. M. de Buffon , dit M, le chevalier PHGN ’ a conjecturé qu'il y avoit au centre de l’A- frique des rhinocéros à deux cornes; cette conjecture s’est vérifiée. En effet, tous les xhinocéros que j'ai vus en Abissinie ont deux cornes : la première, c'est-à-dire, la plus . proche du nez , est de la forme ordinaire; la seconde, plus tranchante à la pointe, est toujours plus courte que la première : toutes deux naissent en même temps ; mais la pre- mière croit plus vite qué l’autre, et la sur- passe en grandeur, non seulement pendant tout le temps de l'accroissement, mais pen- dant toute la vie de l’animal. » D'autre part, M. Allamand, très-habile naturaliste, écrit à M. Daubenton, par une lettre datée de Leyde, le 31 octobre 1766, dans les termes suivans : «Je me rappelle une chose qu’a dit M. Par- k dit (44 MN À È ; DU RHINOCÉROS. 9 s 'sons, dans un passage cité par M. de Buffon : ” il re que les rhinocéros d'Asie n out _ qu'une corne, et que ceux du cap de Bonne- Espérance en ont deux. Je soupconnerois tout le contraire. J'ai reçu de Bengale et d’autres endroits de l’Inde , des têtes de rhinocéros toujours à doubles cornes , et toutes celles mu me sont venues du Cap n’en avoient qu’une. » de ” Ceci paroït prouver ce que nous avons déja dit, que ces rhinocéros à doubles cornes for- ment une variété dans l’espèce, une race particulière , mais qui se trouve également en Asie et en Afrique. | Nous avons fait dessiner une de ces doubles cornes de rhinocéros , vue des deux faces. « j / : À 14 ANS DENT DU RHINOCÉROS, Par M. le professeur ALLAMAND. M. de Buffon a très-bien décrit le rhino- céros d'Asie, et il en a donné une figure qui est fort exacte *. Il n’avoit aucune raison de soupçonner que le rhinocéros d'Afrique en | \. ni SECONDE ADDITION Li différât ; aucune relation n’a insinueé que ces. 2 L y animaux ne fussent pas précisément sem- blables daus tous les lieux où ils se trouvent : il y a cependant urnetrès-srande différence entre eux. Ce qui frappe le plus quand on voit un rhinocéros, tel que celui que M. de Buffon a décrit, ce sont les énormes plis de : sa peau qui partagent si singulièrement son corps, et qui ont fait croire à ceux qui ne l'ont apperçu que de loin, qu'il étoit tout couvert de boucliers. Ces plis ne se font * Tome IV, page 271. 1, * de f ra, CNT HISFOIRE NATURELLE. ve “point remarquer dans le rhinocéros d’A- frique, et sa peau paroît tout unie. Si l’on compare la figure que j'en donne avec celle qu’en a donnée M. de Buffon, et qu’on fasse abstraction de la tête, on ne diroit pas qu'elles représentent deux animaux de la même espèce. C’est encore à M. le capitaine Gordon que l’on doit la connoissance de la véritable figure de ce rhinocéros d'Afrique, et l’on verra dans la suite que l’histoire natu- relle lui a bien d’autres obligations. Voici le précis de quelques remarques qu’il a ajou tées au dessin qu'il m’en a envoyé. Le rhinocéros est nommé Zzabal par les Hottentots, qui prononcent la première syl= labe de ce mot avec un claquement delangue qu’on ne sauroit exprimer par l'écriture. Le premier coup d'œil qu’on jette sur lui, fait d’abord penser à l’hippopotame, dont il dif- Yère cependant très-fort par la tête : il n’a pas non plus la peau aussi épaisse, et 1l n’est pas aussi difficile de la percer qu’on le prétend. M. Gordon en a tué un à la distance de cent dix-huit pas, avec une balle de dix à la livre ; et, pendant le voyage qu'il a fait dans l'intérieur du pays avec M. le souverneur. RAC > HISTOIRE NATURELLE . M qui fait voir que ces animaux ne sont poin t \ à l'épreuve des coups de fusil. Je crois cepe dant que ceux d’ Asie ne pourroient pas être facilement percés; au moins j'en.ai portéce … jugement en examinant la peau de celui. dont M. de Buffon a donné la figure, et que. j'ai eu occasion de voir ici. Les rhinocéros d'Afrique ont tout le corps couvert de ces incrustations en forme de galles ou tubérosités qui se voieut sur ceux d'Asie, avec cette différence, qu’en ceux-ci. … elles ne sont pas parsemées également par= tout; il y en a moins sur le milieu du corps, etil n’y en a point à l'extrémité des jambes. Quant aux plis de la peau, comme je l'ai dit, ils sont peu remarquables. M. Gordon soup- çonne qu'ils ne sont produits que par les mouvemens que se donnent ces animaux ; ce qui sembleroit confirmer cette conjectüres. c’est la peau bourrée d’un jeune rhinocéros, de la longueur de cinq pieds, que nous avons ici, où il ne paroit aucun pli. Les adultes en ont un à l’aine, profond de trois pouces;. un autre derrière l’épaule, d’un pouce de profondeur ; un derrière Jes oreilles, mais. 1 "4 AE ol bd sd DU RHINOCÉROS. 13 wpeu considérable ; quatre petits devant la poitrine, et deux au-dessus du talon. Ceux - quise font remarquer le plus, et qui ne se trouvent point sur ceux d'Asie, sont au nombre de neuf sur les côtes, dont le plus profond ne l’est que d’un demi-pouce; au- tour des yeux, ils ont plusieurs rides qui ne peuvent pas passer pour des plis. fr Tous ceux que M. Gordon a vus, jeunes et vieux , avoient deux cornes; et s’il yena en Afrique qui n’en aient qu'une, ils sont inconnus aux habitans du cap de Bonne- Espérance. Ainsi j'ai été dans l'erreur quand j'ai écrit à M. Daubenton * que j'avois raison de soupçonner que les rhinocéros d'Asie avoient deux cornes , pendant que ceux du Cap n’en ont qu'une. J'avois reçu de ce der- nier endroit des têtes à une seule corne, et des Indes, des têtes à deux cornes, mais sans aucune notice du lieu où ayoient habité ces animaux. Depuis, il m’est arrivé sou- vent de recevoir des Indes des productions du Cap, et du Cap, des curiosités qui y ont été envoyées des Indes ; c’est 1à ce qui n\'a- * Voyez ci-devant la première addition, p. 8. Aa : # "Are D ! 1 s gd 1 \ LR CE M 14 HISTOIRE NATURELLE ps | voit jeté dans l’erreur, que je dois rectifier ici. La plus grande de ces cornes est placée sur le nez : celle qui est représentée ici étoit longue de seize pouces; mais il y en a qui ont huit à neuf pouces de plus, sans que l'animal soit plus grand, Elle est applatie en dessus , et comme uséé en labourant la terre. Sa seconde corne avoit sa base à un demi-pouce au-dessous de la première, et elle étoit longue dehuit pouces L'une et l’autre sont uniquement adhérentes à la peau, et placées sur une éminence unie qui est au-devant de la tête : en les tirant fortement en arrière, on peut les ébranler ; ce qui me fait un peu douter de ce que dit Kolbe des prodigieux effets que le rhinocéros produit. Si on l’en croit, il déracine avec sa corne les arbres; il enlève Les pierres qui s'opposent à son passage, et les jette derrière: lui fort haut, à une grande distance, avec: un très-orand bruit; en un mot, il abat tous les corps sur lesquels elle peut avoir quelque prise. Une corne si peu adhérente et si peu ferme ne semble suère propre à de së grands efforts : aussi M. Gordon m'écrit que le rhinocéros fait bien autant de mal avec ses pieds qu'avec sa {ète..... DU RHINOCÉROS. 15 Ce rhinocéros a les yeux plus petits que T'hippopotame : ils ont peu de blanc; le plus grand diamètre de la prunelle est de huit lignes , et l’ouverture des paupières est d’un pouce ; ils sont situés aux côtés de la tête, presque à égale distance de la bouche et des oreilles. Ainsi cette situation des yeux dé- - montre la fausseté de l’opinion de Koilbe, qui dit que le rhinocéros ne peut voir de _ côté, et qu'il n’apperçoit que les objets qui sont en droite ligne devant lui. Il auroit peine à voir de cette dernière manière, si, ses yeux ne s'élevoient pas un peu au-des- sus des rides qui les environnent. Il paroît cependant qu'il se fie plus sur sou odorat et sur son ouïe que sur sa vue : aussi a-t-il les naseaux fort ouverts et longs de deux pouces et demi. Ses oreilles ont neuf pouces en longueur , et leur contour est de deux pieds : leur bord extérieur est garni de poils rudes, Jougs de deux pouces et demi ; maisiln’y en a point en dedans. Sa couleur est d’un brun obscur , qui de- vient couleur de chair sous le ventre et dans les plis; mais, comme il se vautre fréquem- ment dans la boue, 11 paroiït avoir la couleur en FLN Pt: 16 HISTOIRE NATURELLE de la terre sur laquelle il se trouve : il a NL le corps quelques poils noirs, mais très- clair-semés , entre les tubérosités de sa peau et au-dessus des yeux. 11 a vingt-huit dents en tout ; savoir, six molaires à chaque côté des deux mâchoires, et deux incisives en haut et en bas. Les dents d'en haut semblent être un peu plus avan cées, de manière qu'elles recouvrent celles de dessous , lorsque la gueule est fermée. La lèvre supérieure n'avance que d’un pouce au-delà de l’inférieure : M. Gordon n’a pas eu occasion de voir s’il la peut alonger et sen servir pour saisir ce qu'il veut ide de sa gueule. Sa queue a environ un pied et demi de longueur ; son extrémité est garnie de quel- ques poils, longs de deux pouces, qui partent de chaque côté, comme de deux espèces de coutures; cette queue est ronde par-dessus et un peu applatie en dessous. | Les pieds ont trois doigts munis d'ongles, ou plutôt de sabots : la longueur des pieds de devant égale leur largéur, mais ceux de derrière sont un peu alongés; j'en donnerai les dimensions à la fin de cet article. Il y a CN DU RHINOCÉROS. 17. sous la plante du pied une sèmelle épaisse et mobile. : La verge de ce rhinocéros étoit précisément. comme celle qui a été décrite par M. Parsons, terminée par un gland qui a la figure d’une fleur , et de couleur de chair : sa longueur est de vingt-sept pouces , et, à peu près aux deux tiers de cette longueur, elle paroît recourbée en arrière ; aussi dit-on que c’est en arrière que l’animal jette son urine. M. Gordon m'en a envoyé un dessin fort exact; Imais, comme il s'accorde parfaitement avec celui qu en a donné M. Parsons *, il n’est pas né- cessaire, que je le joigne ici. Les testicules sont en dedans du corps vers les aines , et au-devant de. la verge sont situés deux ma- melons ; au lieu que dans l'hippopotame ils sont en arrière. Ce dernier animal à une vésicule du fiel, placée à l’extrémité de son foie ; mais le rhinocéros n’en a point. ; Ces rhinocéros sont actuellement assez avant dans l'intérieur du pays; pour en trouver, il faut#’avancer à cent cinquante * Plhilosophical Transactions , n° 470. nt Æ 2x8 HISTOIRE NATURELLE À lieues dans les terres du Cap. On n’en voit guère que deux ou trois ensemble ; quelque- fois cependant ils marchent en plus grande compagnie , et, en marchant, ils tiennent leur tête baissée comme les cochons. Ils courent plus vite qu’un cheval : le: moyen le plus sûr de les éviter , est de se tenir sous le vent; car leur rencontre est dan- gereuse. | Ils tournent souvent la tête. fe côté et. d'autre en courant: 1l semble quite prennent plaisir à creuser la terre avec leurs cornes ; quelquefois ils y impriment deux sillons par le balancement de leur tête, et alors ils sautent et courent à droite et à gauche ;, en dressant leur queue, comme s’ils avoient des vertiges. Leurs femelles n’ont jamais qu’un petit à la fois : elles ont aussi deux cornes ; et quant à la grandeur , il y a entre elles et les mâles la même différence qu'entre les hippopotames des deux sexes, c’est-à-dire que cette différence n’est pas considérable. Leur cri est un grognement suivi d'un fort sifflement, qui ressemble un peu au son d'une flûte. On n'entend point parler au Cap de leurs prétendus combats avec les élé- plans. Lo ; e ee D 5 pe . d + * Tom 9 : | | MP 7 À CORNE DE RHINOCEROS , / [£ Vauquel E j | DU RHINOCÉROS. 19 Voici les dimensions du rhinocéros dont j'ai donné la figure : il a été tué par M. le capitaine Gordon, près de la source de la ri- vière Gamka, ou rivière des lions. pieds. pouces. lignes. Longueur du. corps, depuis le bout du museau jusqu’à l’ori- , gine de la queue, prise en ORNE M nee muin bia e TO 3 » — prise en suivant la courbure du COPPSL «pe seérbeenn ere LE DU 2 3 Hauteur du train de devant en | one droite. eh 4 nt ni LE 3 » — du train de derrière........ 4 6 » Longueur de la tête....,...... 2 » » Circonférence de la tête entre cn ain cr 44. 0 «0 3 — derrière les oreilles......... 5 » 6 Longueur de la plus longue | PCM. APPRENTI : é.. » Circonférence de cette corne près | on... Fo I 6 Longueur de la pius petite corne. » D Circonférence de cette corne près HE DM ER... € 6 6 Contour de la partie supérieure 5... À 6 2 : je: \ pied : pouces. lignes, Contour de sa partie inférieure. + UT de Longueur de l’ouverture des na- x PIDÉR IR « «abus co SUR » 5 = des orétfies At PTE 9 °» Contour des oreilles le long du bosd iextérienr es SEE le Distance entre les bases des ÉLUS ., oréilles.. 4.5} MORT Lans » TI ». Circonfrence du corps derrière Jes jambes de devant.......: 8 5 9 — devant les jambes de derrière. 7°: TE » — du milieu du corps. A Le L SRE Largeur du corps en devant de la pOIIrINE. ses ss 2 Là 5 — du derrière du corps en ligne | droites... DR OR 4 » Circonférence des jambes de de- vant près du COPSe.s.sess 3 6 — près du poignel............ 9 6 — dans l’endroit le moins épais. # 6 » — des jambes postérieures près du corps..." “a () 9 — au-dessus du talon... 401% 10 » — dans l’endroit le plus étroit.. % . 4 >» Longueur de la plante du pied antérieur. des eue Une ARS 9 » Sa largeur, . 55. 4040, 45042 08 te | DU RHINOGÉROS. 21 pieds. pouces, lignes. Longueur de ta plante du pied RE L LAR U A UT. ls 8 Do la een eus ds due ae te 7 Lonshnr dela verse, ......... æ) 1 3 » Sa circonférence près du corps.. 7 7 8 — au-dessus de son premier four- Us MO ere tal eee sale ele Salles à ». 6 — là où le gland commence en \ : ronmetde Heures, 0, 0.0, à 5 6 ADDITION À L'ARTICLE ; DE L’ÉLÉPHANT* , JF donne ici la figure d'un éléphant qui étoit à la foire Saint-Germain en 1775; cé- toit une femelle qui avoit six pieds sept pouces trois lignes de longueur, cinq pieds sept pouces de hauteur , et qui n’étoit âgée _que de trois ans neuf mois. Ses dents n’étoient pas encore toutes venues , et ses défenses n'avoient que six pouces six lignes de lon- gueur. La tête étoit très-grosse, l'œil for£ petit, l’iris d’un brun foncé. La masse de son corps, informe et ramassée, paroissoit, varier à chaque mouvement, en sorte que : cet animal semble être plus difforme dans le premier âge que quand il est adulte ; la peau étoit fort brune avec des rides et des plis assez fréquens; les deux mamelles avec des mamelons apparens sont placées dans l’in- tervalle des deux jambes de devant. * Voyez tome IY, page 160. LE F th ‘el A / LougureS JT quel P : dass Le ob hor LODEL pe né à ’ im LE PETIT ELEPHANT. Tétant sa Mere ? "de J'Pauguet S HISTOIRE NATURELLE. 33 “ Dimensions de cet animal. pieds. pouces pi AA Longueur du corps mesurée en MAUR... dev e.e à Hauteur du train de devant... 10 Hauteur du t in de derrière... La plus grande hauteur du corps- _ Hauteur du ventre............ Longueur de la 1ête, depuis la b O7 OX KR EN ON + WW Ut CU I mâchoire à à l’occiput. Au: ho Vis js} Lei 4 Longueur de la mâchoire infé- LL NPA LS Es A 8 Q Distance entre le bout de la mâ- choire inférieure et as de PS AR RL. 5 5 re) Distance entre Pate postérieur role... Mu. > 10 5 Longueur de l’œil d’un angle à RARE ANDY AU LIONME Lu >» 2 4 Largeur entre les deux yeux.... 7 ï 10 Longueur des oreilles en arrière, 7 3 7 Hauteur de l’oraille. .......,,, 7 2 4 Circonférence du cou......,... 5 5 Circonférence du corps derrière + es jambes de deyant....... 7 Do : 102 ist OS ou 24 HISTOIRE NATURELLE pieds. pouces. lignes. | Circonférence du corps devant les jambes de derrière. ..... 7 fe) 3 Circonférence du corps à d’en- droit le plus gros... 0 3 F4 . Longueur du troncon de la queue 4 Circonférence de la queue à son b : ORIATRE 28 aies APR ES Æ.. I 9 . « Longueur de lavant-bras, dépuis " le coude au poiguet......... 2 UN a a Largeur du haut de la jambe... % xo Longueur du talon jusqu’au bout des Ongles. NRA RS, 9. 6 Largeur du pied de devant..... » 8 3 Largeur du pied de derrière... » 10 D Longueur des plus grands ongles » I 9 Largeur. . ages sers... 0 9 » Longueur de la trompe étendue. 3 mn. 03 Il nous a paru, en comparant le mâle et la femelle que nous avons tous deux vus, le premier en 1771, et l’autre en.1773, qu’en général la femelle a les formes plus grosses et plus charnues que le mâle , au point qu’il me seroit pas possible de s’y tromper : seule- ment elle a les oreilles plus petites à pro- portion que Le mäle ; maïs le corps paroissoit M DE L'ÉLÉPHANT. à, 25 plus renflé, la tête plus grosse et lesmembres plus arrondis. 4 Dans l’espèce de l’éléphant, comme dans toutes les autres espèces de la Nature, la emelle est plus douce que le mâle ; celle-ci étoit même caressante pour les gens qu’elle ne connoissoit pas, au lieu que l’éléphans mâle est souvent redoutable. Céfui que nous avons yu en 1771, étoit plus fier, plus indifférent et beaucoup moins traitable que cette femelle. C'est d’après ce mâle que M. de Sève a dessiné la trompe et l’extré- mité de la verge, représentée ici. Dans l’état de repos, cette partie ne paroît point du tout à l’exterieur ; le ventre semble étre absolument uni, et ce n’est que dans le mo- ment où l’animal veut uriner que l'extré- mité sort du fourreau, comime on le voit représenté. Cet éléphant mäle, quoique presque aussi jeune que !a femelle , étoit, comme je viens de le dire, bien plus diffi- cile à gouverner. Il cherchoit même à saisir avec sa trompe les gens qui l’approchoient de prés ; et il a souvent arraché les poches et les basques de l’habit des curieux. Ses maîtres mêmes étoient obligés de prendre avec Iui [ed & + n'y d'u Ve HAN 26 HISTOIRE : NATURELLE des précautions , au lieu que la femelle sem- bloit obéir avec complaisance. Le seul mo- ment où on l’a vue marquer de l'humeur, a été celui de son emballage dans son caisson. de voyage. Lorsqu'on voulut la faire entrer dans ce caisson , elle refusa d'avancer, et ce ne fut qu'à force de contrainte et de coups de ppinços dont on la piquoit par derrière, qu’on la força d'entrer dans cette espèce de cage, qui servoit alors à la transporter de ville en ville. Irritée des mauvais traitemens qu’elle venoit d'essuyer , et ne pouvant se retourner dans cette prison étroite, elle prit le seul moyen qu’elle avoit de se venger; ce fut de remplir sa trompe et de jeter le volume d'un seau d’eau au visage et sur le corps de celui qui l’avoitle plus harcelée. Au reste , on a représenté la trompe vue par-dessous, pour en faire mieux connoître la structure extérieure et la flexibilité. J'ai dit, dans l’histoire naturelle de l’éle- phant *, qu’on pouvoit présumer que ces animaux ne s’accouploient pas à la manière des autres quadrupèdes , parce que la posis r * Tome IV, page 230. / “ : pa DE L’ÉLÉPHANT. 27 tion relative des parties génitales dans les individus des deux sexes paroît exiger que la femelle se renverse sur le dos pour rece— voir le mâle. Cette conjecture , qui me pa- roissoit plausible , ne se trouve pas vraie ; car je crois qu'on doit ajouter foi à ce que je vais rapporter d’après un témoin oculaire. M. Marcel Bies , seigneur de Moërgestal, ecrit de Bois-le-Duc dans les termes sui- vans : « Ayant trouvé dans le bel ouvrage de M. le comte de Buffon , qu’il s'est trompé touchant l’accouplement des éléphans , je puis dire qu'il y a plusieurs endroits en Asie et en Afrique où ces animaux se tiennent, toujours dans les bois écartés et presque inaccessibles , sur-tout dans le temps qu'ils sont en chaleur ; mais que dans l'ile de Ceylan, où j'ai demeuré douze ans, le terrain étant par-tout habité, 1ls ne peuvent pas se cacher si bien, et que, les ayant constam- ment observés, j'ai vu que la partie natu- relle de la femelle se trouve en effet placée presque sous le milieu du ventre; ce qui feroit croire, comme le dit M. de Buffon ,. D ii AO Li) a FT: \ 28 HISTOIRE NATURELLE que les mâles | ne peuvent la couvrir à la façon des antres quadrupèdes : cependant il n’y a qu’une lésère différence de situation ; j'ai vu, lorsqu'ils veulent s’accoupler , que la femelle se courbe la tête et le cou , et ap puie les deux pieds et le devant du corps ésalement courbés, sur la racine d’un arbre, comme si elle se prosternoit par terre , les deux pieds de derrière restant debout et la croupe en haut, ce qui donne aux mäles la facilité de la couvrir et d’en user comme les autres quadrupèdes. Je puis dire aussi que les femelles portent leurs petits neuf mois ou environ. Au reste, il est vrai que les élé- phans ne s’accouplent point lorsqu'ils ne sont pas libres. On enchaîne fortement les mâles quand ils sont en rut, pendant quatre à cinq semaines; alors on voit par fois sortir de leurs parties naturelles une grande abon- dance de sperme, et ils sont si furieux pen dant ces quatre ou cinq semaines, que leurs cornacs ou gouverneurs ne peuvent les approcher sans dipcts On a une annonce infaillible du temps où ils entrent en cha- leur; car, quelques jours avant ce temps, on voit couler une liqueur huileuse qui leur “ DE L'ÉLÉPRANT. sort d’un petit trou qu’ils ont à cl a de la tête. Il arrive quelquefois que la femelle qu’on garde à l'écurie dans ce temps, s’é- chappe et va joindre dans les bois les éléphans sauvages ; mais, quelques jours après , son cornac va la chercher et l'appelle par son nom tant de fois, qu’à la fin elle arrive, se soumet avec docilité, et selaisse conduire et xenfermer , et c'est dans ce cas où l’on a vu que la femelle fait son petit à peu près au . bout de neuf mois. » Il me paroît qu’on ne peut guère douter de la première observation sur la manière de s’accoupler des éléphans, puisque M. Marcel Bles assure l'avoir vue; mais je crois qu’on doit suspendre son jugement sur la seconde observation , touchant la durée de la gesta- tion, qu’il dit n’être que de neuf mois, tan- dis que tous les voyageurs assurent qu’il passe pour constant que la femelle de l'élé- phant porte deux ans... . DE L’HIPPOPOTAME, UNS DU CHAME AU. J ‘Az rapporté dans l'article précédent , page 27, l'extrait d’une lettre de M. Marcellus Bles, seigneur de Moërgestal, au sujet de l’accouplement des ‘éléphans; et il a eu la bonté de m'en écrire une autre le 25 janvier 1776, dans laquelle il me donne connoissancé de quelques faits que je crois devoir et ter ici. Les Hollandois de ei , dit M. Bles, ont toujours un certain nombre d’éléphans en réserve, pour attendre l’arrivée des mar- chands du continent de l'Inde, qui y viennent acheter ces animaux , dans la vue de les revendre ensuite aux princes indiens: so \ 12 TT 0 0 HISTOIRE NATURELL x vent il s’en trouve qui ne sont: pas assez bien conditionnés , € et que ces marchands ne peuvent vendre ; ces éléphans défectueux et rebutés Re: © maître pendant nom- bre d'années, et s’en sert pour la chasse des éléphans sauvages. Quelquefois il arrive, Soit par la négligence des gardiens, Süit au-— trement , que la femelle, lorsqu'elle entre en chaleur, dénoue et rompt, pendant la nuit, les cordes avec lesquelles elle est tou- jouÿs attachée par les pieds; alors elle s’en- fuit dans les forêts, y cherche les éléphans sauvages, s’accouple et devient pleine : les gardiens vont la chercher par-tout dans les bois, en l’appelant par son nom; elle revient . dès lors sans contrainte, et se laisse ramener tranquillement à son étable: c’estainsi qu’on a reconnu que quelques femelles ont produit leur petit neuf mois après leur fuite; en sorte qu'il est res que probable que la durée de la gestation n’est en effet que de neuf mois. La hauteur d’un éléphant nouveau né n’est guère que de trois pieds du Rhin : il croit jus- qu'à l'âge de seize à vingt ans , et peut‘vivre soixante-dix , quatre-vingts , et même cent ans. ass. e ‘ 4 » 4 td ÿ ù s Fe LAS d & y ! "die ARR Pig SO ENS; (0 A 32 | HISTOIRE NA’ Le même M. Bles lt: qu qu'il pendant un séjour de onze années qu’ il a fait à Ceylan, que la femelle ait produit plus d'un petit à la fois. Dans les grandes chasses qu’on fait tous les aus dans cette ile, aux- quelles il a assisté plusieurs fois, il en a vu souvent prendre quarante à cinquante, parmi lesquels il y avoit des éléphans tout jeunes ; et il dit qu'on ne pouvoit pas recon- na à jamais vu, noître quelles étoient les mères de chacun de ces petits éléphans, car tous ces jeunes ani- maux paroissent faire mense commune ; ils tettent indistinctement celles des femelles de toute la troupe qui ont du lait, soit qu’elles aient, elles-mêmes un petit en propre, soit qu’elles n’en aient point. M. MarcellusBles a vu prendre les dépit de trois manières différentes. Ils vont-ordi- nairement en troupes séparées , quelquefois à une lieue de distance l’une de l’autre: la première manière de les prendre: est de les entourer par un attroupement de quatre où cinq cents hommes , qui, resserrant tou-— jours ces animaux de plus près, en les _épouvantant par des cris, des pétards, des tambours et des torches allumées, les forcent 4 \ k. Le, ) Li DE L'ÉLÉPHANT. 33 à entrer dans une espèce de parc entouré de fortes palissades , dont on ferme ensuite l’ou- verture pour qu’ils n’en puissent sortir. La seconde manière de les chasser ne de- mande pas un si grand appareil; il suffit d'un certain nombre d'hommes lestes et agiles à la course qui vont les chercher dans les bois : ils ne s’attaquent qu’anx plus pe- tites troupes d’éléphans, qu'ils agacent et in- quiètent au point de les mettre en fuite ; ils les suivent aisement à la course , et leur jettent un ou deux lacs de cordes très-fortes aux jambes de derrière: ils tiennent toujours le boutde ces cordes jusqu’à ce qu’ils trouvene l’occasion favorable de l’entortiller autour d’un arbre ; et, lorsqu'ils parviennent à arrêter ainsi un, éléphant sauvage dans sa course, ils amènent à l'instant deux éléphans privés, auxquels ils attachent l'éléphant sauvage , et, s’il se mutine, ils ordonnent aux deux apprivoisés de le battre avec leur trompe jusqu'à ce qu’il soit comme étourdi ; et enfin ils le conduisent au lieu de sa desti- mation, . AREA “ La troisième manière de. prendre les élé. phans est de mener quelques femelles appris | LES 34 HISTOIRE NATURELLE \: voisées dans les forêts ; elles ne manquent guère d'attirer quelqu'un des éléphans sau- vages , et de le séparer de leur troupes alors une partie des chasseurs attaque le reste de cette troupe pour lui faire prendre la fuite, tandis que les autres chasseurs se rendent maîtres de cet éléphant sauvage isolé , l’attachent avec deux femelles , et daguérient ainsi jusqu'à l’étable ou jusqu’au parc où on veut le garder. Les éléphans, dub l’état de liberté, vivent dans une espèce de société durasle ; chaque: bande ou troupe reste séparée , et n’a aucum commerce avec d’autres troupes, et même ils paroissent s'entr'éviter très-soisneuse+ ment, | Lorsqu'une de ces troripesse meten marche pour voyager ou changer de domicile, ceux des mâles qui ont les défenses les plus grosses et les plus longues, marchent à la tête : et s’ils rencontrent dans leur route une rivière un peu profonde, ils la passent les premiers à la nage, et paroissent sonder le terrain du rivage opposé ; ils donnent alors un signal par un son de leur trornpe , et dès lors la troupe avertie entre dans la. "IDE L'ÉLÉPHANT. : 35 zivière , et, nageant en file, les éléphans adultes transportent leurs petits en se les donnant, pour ainsi dire,de main en main; après quoi tous les autres les suivent, et arrivent au rivage où les premiers les at- iendent. Une autre singularité remarquable , c’est que , quoiqu’ils se tiennent toujours par troupes , on trouve cependant de temps en temps des éléphans séparés et errant seuls et éloignés des autres , et qui ne sont jamais admis dans aucune compagnie, comme s’ils étoient bannis de toute société. Ces éléphans _ solitaires ou réprouvés sont très-méchans ; ils attaquent souvent les hommes et les tuent ; et tandis que , sur le moindre mou- vement et à la vue de l’homme (pourvu qu'il ne se fasse pas avec trop de précipita= tion), une troupe entière d'éléphans s’éloi- gnera , ces éléphans solitaires l’attendent non seulemént de pied ferme, mais mème V'attaquent avec fureur; en sorte qu’on est obligé de les tuer à coups de fusil. On n’a jamais rencontré deux de ces éléphans fa- xouches ensemble; ils vivent seuls et sont tous mâles ; et l’on ignore s'ils recherchent 86 HISTOIRE NATURELL les femelles, car on ne les atjamais vus: leg suivre ou les accompagner. SLERES Une autre obsérvation assez intéressante M c'est que dans toutes les chasses auxquelles M. Marcellus Bles a assisté , et parmi des. milliers d’éléphans qu’il dit avoir vus dans l'île de Ceylan , à peine en à-t-il trouvé u sur dix qui fût armé de grosses et grandes défenses ; et quoique ces éléphans aient au- tant de force et de vigueur que les autres ; ils n’ont néanmoins que de petites défenses minces etobtuses , qui ne parviennent jaraïéil qu’à la longueur d’un pied à peu près: et on ne peut, dit-il, guère voir, avant l’âge de douze à quatorze ans , si leurs défenses de= viendront longues, ou si elles resteront à ces petites dimensions. | | Le même M. Marcellus Bles m’a écrit, en dernier lieu , qu'un particulier , homme - très-instruit , établi depuis long-temps dans l’intérieur de l’île de Ceylan, l’avoit assuré qu’il existe dans cette île une petite race d’é- léphans , qui ne deviennent jamais plus gros qu'une génisse : la même chose lui a été dite par plusieurs autres personnes dignes de foi; il est vrai, ajoute-t-it, qu’on ne voit pas … ! d F ss DE L'ÉLÉPHANT. Er Souvent ces petits éléphans , dont l'espèce ou la race est bien plus rare que celle des autres : la longueur de leur trompe est pro= portionnée à leur petite taille; ils ont plus de poil que les autres éléphans ; ils sont aussi plus sauvages, et, au moindre bruit, s’enfuient dans l’épaisseur des bois. … Les éléphans, dont nous sommes actuelle ment obligés d'aller étudier les mœurs à Ceylan , ou dans Les autres climats les plus chauds de la terre, ont autrefois existé dans - les zones aujourd'hui tempérées, et même ” dans les zones froides : leurs ossemens trou- vés en Russie, en Sibérie, Pologne, Alle- magne , France, Italie, etc. démontrent leur ancienne existence dans tous les climats de la terre, et leur retraite successive vers les contrées les plus chaudes du globe, à me sure qu’il.s’est refroidi. Nous pouvons en donner un nouvel exemple ; M. le prince de - Porentrui, évêque de Bâle, a eu la bonté de “m'envoyer une dent molaire et plusieurs autres ossemens d'un squelette d’éléphant _trouvé dans les terres de sa principauté, à une très-médiocre profondeur : voici ce qu’il Quadrupèdes, TX, & * } > pe ua LR pen ol AMEN Ni 54 [14 \{! NON iù û . 38 HISTOIRE NATURELLE dE a bien voulu m'en écrire, en date du:15 mai de cette année 1780. . «A six cents pas de Porentrui, sur la. gauche d’un grand chemin que je viens de faire construire pour communiquer avec Béfort , en excavant le flanc méridional de la montagne l’on découvrit, l’été dernier, à quelques pieds de profondeur, la plus grande partie du squelette d'un très-gros animal. Sur le rapport qui m'en fut fait, je me trans- portai moi-même sur le lieu, et je vis que. les ouvriers avoient déja brisé plusieurs pièces de ce squelette, et qu’on en avoit en- levé quelques unes des plus curieuses, entre autyes la plus grande partie d’une très- grosse défense qui avoit près de cinq pouces de diamètre à la racine, sur plus de trois pieds de longueur; ce qui fit juger que ce ne pouvoit être que le squeletté d’un élé- phant. Je vous avouerai, Monsieur, que, n'étant pas naturaliste, j’eus peine à me persuader que cela fût; je remarquai cepen- dant de très-gros os, et particulièrement celui de l’omoplate que je fis déterrer : j’observai que Le corps de l'animal, quel qu’il fût, étoit DE L’ÉLÉPHANT. 39 partie dans un rocher, partie en un sac de terre, dans l’anfractuosité de deux rochers; que ce qui étoit dans le rocher étoit pétrifié; mais que ce qui étoit dans la terre, étoit une substance moins dure que ne le sont ordinai- rement de pareils os. L’on m’apporta un morceau de cette defense que l’on avoit brisée en la tirant de cette terre, où elle étoit devenue mollasse : l'enveloppe exté- rieure ressembloit assez à l’ivoire; l’inté- rieur étoit blanchâtre et comme savonneux. On en brüûüla une parcelle, et ensuite une autre parcelle d’une véritable défense d’élé- phant; elles donnèrent l’une et l’autre une huile d’une odeur à peu près pareille. Tous les morceaux de cette première défense ayant été exposés quelque temps à l'air, sont tom bés insensiblement en poussière, Il m'est resté un morceau de la mâchoire pétrifiée avec quelques unes des petites dents: je les fis voir à M. Robert, séographe ordi- naire de sa majesté, qui m'ayaut témoigné que ce morceau d'histoire naturelle ne dépa- reroit pas la belle collection que vous avez dans le Jardin du roi, je lui dis qu’il pou- voit vous J’offrir de ma part, et j’ai l'honneur de vous l'envoyer. » OT Cie A On ON ST UT RE 4 HISTOIRE NATURELLE de J'ai reçu en effet ce morceau, et je ne puis qu’en témoigner ma respectueuse reconnois- sance à ce prince, ami des lettres et de ceux qui les cultivent. C’est réellement une très- grosse dent molaire d’éléphant, beaucoup plus grande qu'aucune de celles des éléphans vivaus aujourd'hui. Si l’on rapproche de cette découverte toutes celles que nous avons rapportées de squelettes d’éléphans trouvés en terre en differentes parties de l'Europe, et dont la note ci-jointe, que nous commu nique M. l’abbé Bexon, iudique encore un plus grand nombre *, on demeurera bien * Tentzel (Wilhelm. Ernest.) ; Epistola de sceleto elephantino T'onnæ nuper effosso ; Gotüing. 1696 , in-4°. sermanice. (Ext. in Phil. Transact. vol. XIX , n° 234, page 757). — Klein, De den- ibus elephantinis, ad calcem Miss. 2, de piscib. pag: 29 el 32. — Marsigli, Danub. tom. IT, pag. 317, tab. 30. — Rzaczynski, ÆHiste natur. Polon. tom. [, pag. 1. — Epist. Basil. Tatischau ad Eric. Benzel. m Act. lit. Suec. ann. 1715, p. 36. — Beyschlag (Jo. Frid.), Dissertatio de ebore Jossili Sucvico-Hallensi ; Halæ Magdeburgicæ, 1734, in-4°. — Ssérdritité (Jo. Bapt.), Medi- tationes familiares ad. _Antonium Magliabec- Chium de sceleio elephantino; Urhini, 1697, insx2. æ \ . dt on ar ND RS - DE L’ÉLÉPHANT. 4t convaincu qu’il fut un temps où notre Eu- rope fut la patrie des éléphans, ainsi que T'Asie septentrionale, où leurs dépouilles se trouvent en si grande quantité. Il dut en être de même des rhinocéros, des hippopotames et des chameaux. On peut remarquer entre les argalis, ou petites figures de fonte tirées des anciens tombeaux trouvés en Sibérie, celles de l’hippopotame et du chameau; ce — Wedellhi (Georg. Wolfs.) Programma de unicornu et ebore fossili ; Ienæ, 1699, in-4°. — Hartenfels (Georg. Christ. Petr.), Elephanto- graphia curiosa........ ; parte TT, cap. 8, De ebore fossili ; Erfurti, 1715 , 1n-4°. — T'ransact. philosoph. vol. XLIIT, pag. 351. Extraordinary Jossil tooth of an elephant, vol. XL, n° 446, pag. 124. Letter...….,.. upon mammoihs bones dug up in Siberia, volum. XLVIIT , pag. 626. Bones of an elephant found at Leysdown in the zsland of Sheppey, vol. XXXV , nos 403 et 404. — Epit. Transact. philosoph. V, Bb, pag. 104 et seq- — Acta Hafniens. vol. I, observat. 46. — Misc. curios. ; dec. IIT, ann. 7, 8, 1699, 1700, pag. 294, obs. 179, De ebore fossili, et sceleto elephantis in collo sabuloso reperto. — Dec. If, ann. 7, 1666, pag. 446, obsery. 234, De ossibus elcphantum repertis , etc. 4 6 PR ET ROC EE L'AUTRE } \ 1 L À 42 HISTOIRE NATURELLE , qui prouve que ces animaux, qui sont ac— - tuellement inconnus dans cette contrée, y subsistoient autrefois : l’hippopotame sur- tout a dûü s’en retirer le premier, et presque en même temps que l’éléphant; et le cha- meau , quoique moins étranger. aux pays # tempérés, n’est cependant plus connu dans. ce pays de Sibérie que par les monumens. dont on vient de parler; on peut le prouver | par le témoignage des voyageurs récens. « Les Russes, disent-ils, pensèrent que Les chameaux seroient plus propres que d'autres animaux au transport des vivres de leurs :. caravanes dans les déserts de la Sibérie mé— ridionale ; ils firent eu conséquence venir à Jakutzk un chameau pour essayer son ser- vice : les habitans du pays le regardèrent comme un monstre, qui les effraya beau- coup. La petite vérole commençoit à faire des ravages daus leurs bourgades ; les Jakutes s'imaginèrent que le chameau en étoit la cause.....,et on fut obligé de le renvoyer: il mourut même dans son retour, et l’on jugea avec fondement que ce pays étoit trop froid pour qu’il pût y subsister, et encore moins y multiplier.» S ‘ DE L'ÉLÉPHANT. 43 Il faut donc que ces figures du chameau et de l’hippopotame aient été faites en ce pays dans un temps où on y avoit encore quelque connoissance et quelque souvenir de ces ani- maux. Cependant nous remarquerons, à l'égard des chameaux, qu'ils pouvoient être connus des anciens Jakutes ; car M. Gulden- staedt assure qu’ils sont actuellement en nombre dans les gouvernemens d’Astracan et d'Orembourg, aussi-bién que dans quel- ques parties de la Sibérie méridionale, et que les Calmoucks et les Cosaques ont même l’art d'en travailler le poil. IL se pourroit donc, absolument parlant, que les Jakutes eussent pris conuoissance du chameau dans leurs voyages au midi de la Sibérie : mais, pour l’hippopotame, nulle supposition ne _ peut en rendre la counoissance possible à ce peuple ; et dès lors on ne peut rapporter qu'au refroidissement successif de la terre l'ancienne existence de ces animaux, ainsi que des éléphans, dans cette contrée du Nord, et leurs migrations forcées dans celles du Midi. Après avoir livré à l'impression les feuilles LA récédentes, j'ai reçu un déssin, fait aux ; > } ) 1 æ * _ dont je donne ici la figure. MES 0 UN EN EC AN MR A SPAS 44 HISTOIRE NA TURELLE. Indes, d'un jeune éléph an télant sa mère, C'est à la préve- nante honnèêteté de M. Gentil, chevalier de à Vordre royal et militaire de Saint-Louis, - qui a demeuré vingt-huit ans au Bengale, que je dois ce dessin et la connoissance d’un fait dont je doutois. Le petit éléphant ne tette pas par la trompe, mais par la gueule, comme les autres animaux. M. Gentil en a été souvent témoin, et le dessin a été fait sous ses yeux. | \ LV ADDITION A L'ARTICLE ÿ DU CHAMEAU E T DU DROMADAIRE*. mme No U s n’avons presque rien à ajouter à ce que nous avons dit des chameaux et des dro- madaires ; nous rapporterons seulement 1Ci ce qu’en a écrit M. Niebuhr dans sa Descrip- tion de l'Arabie, page 144. 3 4 "7 de «La plupart des chameaux du pays d’I- man sont de taille médiocre et d’un brun “ 42 ; cependant on en voit aussi de grands ; et lourds, et d’un brun foncé. Lorsque les chameaux veulent s’accoupler , la femelle se couche sur ses jambes; on lui lie les pieds de devant pour qu’elle ne puisse se relever, # Tome V, page 5. / 1 si AT ANNE PR PR PRE PTE di ’ 770 pe #7 46 HISTOIRE NATURELLE Le mâle , assis derrière comme un chien, À touche la terre de ses deux pieds de devant. Il paroît froid pendant l’accouplement , et : plus indolent qu'aucun animal; il faut le chatouiller quelquefois long - temps avant de pouvoir l'exciter. L’accouplement étant achevé, on recouvre le mâle , ‘on fait lever promptement la femelle en la frappant d’une pantoufle au derrière, tandis qu'une autre personne la fait marcher. Il en est de même, : dit-on , en Mésopotamie, en Natolie, et probablement par-tout. ». J'ai dit qu’on avoit transporté des cha= eaux et des dromadaires aux îles FACE | aux Antilles, au Pérou, et qu’ils n’avoient | reussi nulle part dans le nouveau continent. Le docteur Browne, dans son Æistoire de la Jamaïque , assure y avoir vu des droma= daires que les Anglois y ont amenés en assez grand nombre dans ces derniers temps , et que, quoiqu'ils y subsistent , ils y sont , & i } | ÿ néanmoins de peu de service, parce qu'on. ne sait pas les nourrir et les soigner conve- nablement. Ils ont néanmoins multiplié dans. tous ces climats, et je ne doute pas qu'ils ne DU CHAMEAU. 47 pussent même produire en France. On peut voir dans la Gazette du 9 juin 1775, que M. Brinkenof, ayant fait accoupler des cha- meaux dans ses terres près de Berlin , a obtenu , le 24 mars de cette année 1775, après douze mois révolus, un petit chameau qui se porte bien. Ce fait confirme celui que j'ai cité de la production des chameaux et des dromañaires à Dresde, et je suis persuadé qu'en faisant venir avec les chameaux des domestiques arabes ou barbaresques, accou- tumés à les soigner, on viendroit à bout d'établir chez nous cette espèce, que je re- garde comme la plus utile de tous les ani- maux. * ADDITION A L'ARTICLE | » TR Fo DE L’HIPPOPOTAME*. à # k Conse nous n'avions donné: la figure que d’un fœtus d’hippopotame , nous avons cru devoir ajouter ici celle d’un jeune hip- popotame mâle, dont la dépouille bien en- tière a été envoyée à S. À. S. M£ le prince de Condé, et se voit dans son magnifique cabinet. d'histoire naturelle, à Chantilly. Ce très= jeune hippopotame venoit de naître : car 1l n’a que deux pieds onze pouces trois lignes de l’extrémité du nez jusqu’au bout du corps; la tète, dix pouces de longueur sur cinq : pouces dix lignes dans sa plus grande lar- | geur : cette tête, vue de face, ressemble à celle d’un bœuf sans cornes : les oreilles, petites et arrondies par le bout, n’ont que deux pouces deux lignes; les jambes sont grosses et courtes; le pied tient beaucoup de * Tome V, page 120. L2/2 gt, LC 6. L'HIPPOPOTAME JEUNE : J Pauguer- ME . HISTOIRE NATURELLE. 4 celui de l'éléphant : la queue n’est longue que de trois pouces onze lignes, et elle est couverte, comme tout le reste du corps, - d’un cuir dur et ridé; sa forme est ronde, mais large à son origine, et plus aire Vers son extrémité, qui est arrondie au bout en forme de petite palette, en sorte que l'animal peut s’en aider à nager. Par une note que m'a communiquée M. le chevalier Bruce , il assure que, dans son voyage en Abissinie, 1l a vu un nombre d’hippopotames dans le lac de Tzana, situé dans la haute Abissinie, à peu de distance des vraies sources du Nil, et que ce lac Tzana, qui a au moins seize lieues de lon- gueur , sur dix ou douze de largeur, est peut-être l’endroit du monde où il y a le plus d’hippopotames. Il ajoute qu'il en a vu qui avoient au moins vingt pieds de lon- _gueur, avec les jambes fort courtes et fort. massives. ; Nous avons recu de la part de M. L. Boyer de Calais, officier de marine, une petite re- lation qui ne peut appartenir qu’à l’hippo- potame. SA TR as de ic k 19 Aa 5o HISTOIRE NATURELLE. «Je crois, dit-il, devoir vous faire part de l’histoire d’une fameuse bête que nous veuons de détruire à Louangue. Cet animal, qu'aucun marin ne connoît, étoit plus « grand et plus gros qu’un cheval de carrosse. | Il habitoit la rade de Louangue depuis deux ; ans. Sa tête est monstrueuse et sans cornes ; ses oreilles sont petites, et il a le Ro R du lion. Sa peau n’a point de poil, mais elle est épaisse de quatre pouces. Il a les jambes et les pieds semblables à ceux du bœuf, mais plus courtes. C’est un amphibie qui nagè très-bien, et toujours entre deux eaux. Il ne mange que de l'herbe. Son plaisir étoit d’en- foncer toutes les petites chaloupes ou ca- nots; et, après qu'il avoit mis à la nage le monde qu’elles contenoient, il s'en retournoit sans faire de mal aux hommes. Mais comme il ne laissoit pas que d’être incommode et même nuisible, on prit le parti de le dé- truire : mais on ne put en venir à bout avec les armes à feu ; il a Le coup d'œil si fin, qu’à la seule lumière de l’amorce il étoit bientot plongé. On le blessa sur le nez d’un coup de hache , parce qu’il approchoit le monde de fort près, et qu’il étoit assez familier ; alors | ( \ DE L’HIPPOPOTAME 5r il devint si furieux , qu’il renversa toutes les chaloupes et canots sans exception. On ne réussit pas mieux avec un piége de grosses cordes, parce qu’il s’en apperçut, et que dès lors il se tenoit au loin. On crut pouvoir le joindre à terre ; mais il n’y vient que la nuit, s’en retourne avant le jour, et passe tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre. Ce- pendant, comme on avoit remarqué qu’il ne s’étoit pas éloigné d’un passage pendant plusieurs jours de suite, nous fümes cinq nous y embusquer la nuit, armés de fusils chargés de lingots, et munis de sabres. L’ani- mal ayant paru , nous tirâmes tous ensemble sur lui; il fut blessé dangereusement : mais il ne resta pas sur le coup ; car il fut encore se jeter dans un étang voisin, où nous le perdimes de vue, et ce ne fut que le surlen- demain que les Nègres vinrent dire qu’ils l’avoient trouvé mort sur le bord de l'étang. Je pris deux dents de cet animal , longues d’un pied et grosses comme le poing ; il en avoit six de cette taille, et trois au milieu du palais beaucoup plus petites. Ces dents sont d’un très-bel ivoire. » -ADDITION. DE L'ÉDITEUR HOLLANDOIS (M. le professeur PRE Are É L'ARTICLE DE L’HIPPOPOTAME. # «ls ne manque à la description que M. de Buffon a donnee de l’hippopotame adulte, d’après Zerenghi, qu’une figure qui repre- sente au vrai cet animal. M. de Buffon, toujours original, n’a pas voulu copier celles que différens auteurs en ont publiées; elles sont toutes trop imparfaites pour qu'il ait daigné en faire usage : et quant à l’animal même , il ne lui étoit guère possible de se le procurer; il est fortrare dans les lieux mêmes dont il estoriginaire, et trop gros pour être transporté sans de grandes difficultés. On en voit à Leyde, dans le cabinet des curiosités ut Ed TRE HISTOIRE NATURELLE, 53 naturelles de l’université, une peau bourrée qui y a été envoyée du cap de Bonne-Espé- rance. Quoiqu’elle y soit depuis près d’un siècle , elle a été si bien préparée, qu’elle offre encore la figure exacte de cet animal : elle est soutenue par des cercles de fer et par des pièces de bois assez solides pour que le desséchement n'y ait produit que des altéra- tions peu considérables. Comme c’est vraisem- blablement la seule curiosité de ce genre qui . Soit en Europe ; je crois que tous ceux qui aiment l’histoire naturelle, me sauront bon gré de la leur avoir fait connoître par la gra- vure, et d’en avoir enrichi le magnifique ouvrage de M. de Buffon. Ainsi la planche que nous ajoutons ici, représente l’hippopo- tame mieux qu’il n’a été représenté jusqu’à présent, ou plutôt c’est la seule figure que l’on en ait; car, dans toutes les autres qui oni eté publiées, cet animal n’est pas recon- noissable , si l’on en excepte celle qui se trouve dans uxu livre hollandois , où il est question du léviathan dont il est parle dans l'Écriture sainte, et qui a été faite sur le même modèle que l’on a copié ici: mais Les proportions y ont été mal observées. ; 5 PE PA TR UN VA 54 HISTOIRE NATURELE Il seroit inutile de joindre ici une descripe | tion de ce monstrueux animal : il n’ yarien à ajouter à celle que MM. de Buffon et Dau- benton en ont donnée. Je me contenterai d'en indiquer les dimensions prises avec exactitude. La mesure que j'ai employée es£ . celle du pied de Paris. » pieds. pouces. lignes. Longueur du corps, depuis l’ex- | trémité de la lèvre supérieure jusqu’à l’origine de la queue. 9 4 Ô Hauteur depuis la plante des pieds jusqu'au sommet du dos. 4 3 4 Longueur de la tête, depuis le bout du museau jusqu’à l’occiput... x TI » Circontférence du bout du museau. 2 IL 9 Circonférence du museau, prise au-dessous des yeux......... À 4 » Longueur de la gueule ouverte... » 9 Contour de la gueule ouverte... 5 II » Longueur des dents canines, hors de la gencive mférieure , en sui- vant leur courburé......... » Fa] » Longueur des dents incisives dela mâchoire inférieure.....:... > 4 » Distance entre les deux naseaux. » 4 “g : Distance entre le boët du museau “u . : . w DE L’HIPPOPOTAME. . 55 # | pieds. pouces. lignes. et l’angle antérieur de l’œil.. x Distance entre l'angle postérieur Eu lomle ls oi tue eg Longueur de l’œil d’un angle à nn LC. do Ho. Distance entre les angles anté- rieurs des yeux, en suivant la courbure du chanfrein....... La même distance en ligne droite. Circonférence de la tête entre les veux en lesi0rerlles 02, D D 4 6 5 10 9 IE » IC IE 6 La longueur des oreilles n’a pu être mesurée, parce qu’elles se sont trop affaissées par le dessé- chement. * Largeur de la base des oreilles, mesurée sur la courbure exté- A su tee de Distance entre les deux oreilles, prise dans Je bas... ....2... Longüeur du cou............. Circonférence du milieu du corps. Longueur du tronçon de la queue. Circonférence de la queue à son nr bu Hauteur des jambes, depuis la L ÿ y © e ÿ T0 JO de ÉRAAN- . L" FR ve ‘) FO A tué the: 5 @ 56 HI STOIRE NATURELLE Ne pieds. pouces. Les \ plante des pieds jusque sous Ja ' poitrine ou le véntre....... FUME 4 >. Largeur du haut de Ia jambe... .-». >» Épaisseur. RE . UP AT QUE 71% (3) Largeur à l’endroit du talon.... » Circonférence du métatarse..... E Largeur du pied de devant..... » Largeur du pied de derrière.... °» QU) 1 I ND HR © © © ll Q ÿ ÿ © » Largeur des plus grands sabots... » Comme la figure du jeune hippopotame, que j'ai fait dessiner dans le cabinet deS. A. S. M£r le prince de Condé, diffère de celle que M. Allamand a fait graver d’après la peau: bourrée du cabinet de Leyde, et qu'elle res— semble plus à une nouvelle figure donnée par M. le docteur Klockner d’après une autre peau d'hippopotame du cabinet de Mer le prince d'Orange, j'ai préféré de donnér ici la figure de ce dernier hippopotame d'après celle de M. Klockner ; et je crois devoir y joindre une note avec quelques observations du même auteur, que j'ai fait traduire du ‘hollandois. | DE L’HIPPOPOTAME. 57 À D DITION À L'HISTOIRE DE L'HIPPOPOTAME DE M. DE BUFFON, Par I. le docteur KLOCKNER , d’Amesterdam. NOTE. Jz m'étonne que M. de Buffon ne cite pas un passage remarquable de Diodere de Sicile, touchant l’hippopotame ou cheval de rivière, d'autant plus que cet auteur: ancien y observe que la voix de cet ani- mal ressemble au hennissement du che- . val; ce qui peut-être lui a fait donner le nom d’Æippopotame ou cheval de fleuve. M. de Buffon appuie son sentiment sur cette singularité des témoignages des auteurs an- ciens et des voyageurs modernes; et Diodore de Sicile doit certainement tenir le premier "0 A TA À À k TE \ 58 HISTOIRE NATURELLE rang parmi les anciens, puisque non seu- lement il a voyagé lui-même en Égypte, mais qu'il passe encore, avec justice, pour un des meilleurs historiens de l’antiquité. Quoi qu’il en soit, je placeraï ici ce passage, où il est dit : | « Le Nil nourrit plusieurs espèces d’ani- « maux, dont deux entre autres méritent de « fixer notre attention, qui sont le crocodile «et l’hippopotame........ Celui-ci est long « de cinq coudées; il a les pieds fourchus « comme les bêtes à cornes, et de chaque « côté trois dents saillantes , plus grandes « que les défenses d’un sanglier. La masse «entière du corps ressemble beaucoup à « celle de l'éléphant. Sa peau est très-dure « et très-ferme, et peut-être plus que celle « d'aucun autre animal. IL est amphibie, se «tenant pendant le jour au fond de l’eau, «où il se meut et agit comme sur la terre «même, où il vient la nuit pour paitre « l'herbe des campagnes. Si cet animal étoit « plus fécond, il causeroit de grands dom- «mages à la culture des Égyptiens. La « chasse de l’hippopotame exige un nombre « de personnes qui cherchent à le percer Ne: DL LH tue nn DE L'HIPPOPOTAME. 5g «avec des dagues de fer. On l’assaillit avec @plusieurs barques jointes ensemble, eton « le frappe avec des harpons de fer, dont « quelques uns ont des angles ou des acraux ; «on.attache à quelques uns de ces dards « une corde, et on laisse ensuite l'animal se « débattre jusqu’à ce qu’il ait perdu ses forces «avec son sang. La chair en est fort dure, «et de difficile digestion. » Voilà peut-être la meilleure description que l’on trouve de cet animal chez les an- ciens; car Diodore ne s’est trompé que sur le nombre des doigts. LAS | 6o HISTOIRE NATURE A - du db: "he ru LLE OBSERVATIONS. : "AB? Faites en préparant la peau de l’hippopo= tame qui se trouve maintenant dans le cabinet d'histoire naturelle de S. A4. St As" le prince d'Orange. . Par J. C, KzocKkNER, docteur en médecine à Amsterdam. « Fi: reçu fort sèche, de la Haye, la peau de cet hippopotame , avec la tête qui s’y trouvoit enveloppée. Cette peau avoit été premièrement salée, puis séchée, et ensuite on avoit pris la peau d’un jeune hippopo= ‘ame (qui de même est placé dans le cabinet. de S. À, S. ) trempée de saumure, et on l’a= voit mise encore mouillée dans celle-ci ; après quoi, le tout avoit été emballé dans de la | grosse toile et expédié du cap de Bonne- Espérance pour la Hollande. La petite peau et la tête occasionnoient par conséquent une odeur infecte de graisse gâtée ou rance; ce - y HA % ù À 1 Lt À . " & DE L'HIPPOPOTAME, LOT qui avoit attiré les insectes, qui jm | endommagé la grande peau , qui se trouvoit la première et la plus exposée. " 4 _ Lorsque; eus trempé la tête, elle se gonfla | beaucoup. Le bâillement ou l’ouverture de la gueule étoit de plus de seize pouces , me- sure d'Amsterdam *. Les lèvres inférieure et - supérieure étoient assez larges pour couvrir et envelopper toutes les dents de l'animal; ce qui naturellement se fait avec d’autant plus de facilité, que les longues dents ou dents cauines inférieures, qui sont courbes, glissent par-dessus les supérieures en forme de ci- seaux , et passent le long de la courbure des dents canines supérieures , dans un étui formé par la peau de la lèvre et par les gen- cives. Entre les dents de devant ou dents incisives, et entre les dents cylindriques et molaires, de même qu'entre la langue et les dents incisives , il y a une peau lisse et dure, et le palais est plein d'oches ou entaillures. La langue avoit été coupée..... On avoit de même coupé beaucoup de chair des deux côtes de la tête ou des mâchoires , et la graisse * Le pied d'Amsterdam ne fait que dix pouces cinq lignes trois points du pied de roi de France. \ $ { * # } SAR ) y 62. HISTOIRE NATURELLE qui s’y trouvoit étoit presque toute gâtée. Cependant le tout étoit encore méèlé de muscles très-forts; et ce qui se trouvoit de plus sur le devant dans les lèvres inférieure et supérieure, étoit d'une chair rouge et blanche , de la couleur d’une langue de bœuf. | 4 Immédiatement derrière les dentscanines et inférieures on voyoit dans la lèvreinférieure, dans l'endroit où commence la mâchoire, une grosseur qui, en fermant Ja gueule, remplissoit l'ouverture qui se fait derrière les dents canines. Cette ouverture, quoique remplie, s’est rétrécie de moitie ense et de même que les lèvres. Sous les oreilles, autour du conduit audi= tif, qui est singulièrement petit , il y avoit beaucoup de graisse, de même que dans les” orbites des yeux. Les oreilles sont placées comme sur une éminence,et de manière qu’il s’y fornre tout autour des plis en cercle. L'élévation de l'oreille droite s’est beaucoup rétrécie en sé- chant; mais on l’apperçoit encore distincte- ment à l'oreille gauche. On sait que les oreilles de l'hippopotame * 4 ÿ @ & ÿ.J b "y Ke DE L'HIPPOPOTAME. . 63 sont très-petites : mais celles de notre sujet présentent encore une singularité que je dois observer ; savoir, que les bords supérieurs ou cercles des deux oreilles avoient été ron- gés également, selon mon estimation, de la moitié ou des trois quarts de pouce; ce qui vraisemblablement est l’ouvrage des insectes de terre ou d'eau , mais qu'ils doivent avoir fait du vivant üe l'animal, puisque les bords rongés se trouvoient déja recouverts d’un nouvel épiderme. L'intérieur des oreilles étoit bien garni d’un poil finet serré; mais il n’y en avoit que très-peu au dehors. Les yeux doivent avoir été fort petits, puisquel’ouverture étoitextraordinairement petite en raison de la grandeur de l’animal. Cette petitesse des yeux de l’hippopotame se trouve confirmée par plusieurs rapports. Les yeux que j'ai placés dans mon sujet, sont peut-être un peu plus grands que les natu- rels ; mais lorsque j'en avois mis de plus petits, ils paroissoient ne pas convenir à l'animal, et je fus par conséquent obligé de lui en donner de plus grands. Les narines vont extérieurement en bais- sant de biais, avec une petite ouverture; 64 HISTOIRE NATURELLE ensuite elles se joignent par une ligne 0 dans l’intérieur , et puis remontent dere Lorsque la peau étoit sèche, on n’apperce- voit qu'à peine ces conduits où tuyaux : je les ai ün peu élargis avant de les faire LA sécher. 3 PSS É Les dents sont si dures, qu'on en tire faci- Jement du feu avec un acier. J'en ai vu tirer : avec une lime d’un morceau de la dent d’un autre hippopotame. Je dois remarquer ici que je n’ai trouvé que trente-deux dents dans la tête de l’hip- popotame ; ce qui ne s'accorde pas avec la description de Zerenghi, ni avec celle de M. Daubenton. Le premier dit en avoir trouvé quarante-quatre dans ses hippopo- tames , et le second trente-six dans la tête qui se trouve dans le Cabinet du roi. Ceite diffé- rence m'a rendu attentif; mais je puis assu— rer qu’ou n'appercevoit aucune marque que quelques dents en fussent tombées, sinon une des dents incisives, qui paroît avoir été cassée avec force. J'y ai trouvé quatre dents canines qui sont placées perpendiculaire ment ; huit dents incisives, quatre dans la mächoire supérieure, dont la position est ÿ? LL DE L’HIPPOPOTAME. 65 perpendiculaire, et quatre dans la mâchoire inférieure, qui sont posées horizontalement, comme on peut le voir dans la figure. De plus, jai trouvé deux dents molaires dans chaque mächoire inférieure, et trois dents . placées devant les dents molaires , qui ont la forme d’une quille. Dans les mâchoires su— périeures j'ai trouvé, dans chacune, trois dents molaires, et deux de ces dents de figure cylindrique. Il y a entre ces dents de figure cylindrique un ee d’un demi- ES si » Je dois shenrder que communément les hippopotames ont trente-six dents , ; comme nous l’avons dit; savoir, quatre incisives en haut , et quatre incisives en bas; deux ca- mines en haut, et deux canines én bas ; et douze mâchelières en haut, et douze mâche- lières en bas. Je lai vérifié sur trois têtes qui Sont anciennement au Cabinet, et en der- nier lieu sur une quatrième tête qui m'a été envoyée, en décembre 1775, par M. de Sar- tine, ministre et secrétaire d’état au dépar- tement de la marine. La dernière des mâche- hières, ou fond de la gueule, est beaucoup é À 66 HISTOIRE NATURELLE plus grosse, plus large et.plus applatie sur Ia tranche que les cinq autres mâchelières : mais je serois porté à croire que le nombre de ces dents mâchelières varie suivant l’âge ». et qu’au lieu de vingt-quatre il peut s’en trouver vingt-huit et même trente-deux ; ce qui feroit quarante-quatre en tout, comme le dit Zerenghi. Ne « Les lèvres supérieure et inférieure’ se trouvent garnies, à des distances assez consi« dérables, de petites touffes de poils, qui, comme des pinceaux, sortent d’un tuyau ou racine. J'en ai compté environ vingt. Pour faire une observation plus exacte, j'ai place une tranche de la racine sous le microscope, et j'ai vu sortir sept racines d’un tuyau. Ces sept racines .se partagent ou se fendent en- suite, et forment chacune plusieurs poils ,. qui forment des espèces de pinceaux. Aux côtés de la gueule , où se fait Le bâille- ment, vers Le bas, on voit des poils fins qui sont plus serrés que les autres. | De plus, on apperçoit par-ci par-là, sur le corps, quelques poils rares; mais 1l ne s'en trouve presque point aux jambes, aux flancs ni sous le ventre, sl DE L'HIPPOPOTAME. 67 L'extrémite et les parties tranchantes infé- rieure et supérieure de la queue étoient garnies de poils ou pinceaux comme au nez, mais un peu plus longs. Je n’ai pu découvrir le sexe de cet animal. Il y avoit près du fondement une découpure triangulaire, de la grandeur de cinq à six pouces , où je pense que lés parties génitales étoient placées; mais, comme on n'en avoit laissé aucune marque, il ne m'a pas été pos- sible d'en déterminer le sexe. + La peau du ventre, près des pieds de der- rière, avoit un pouce neuf lignes d’épais- seur : les insectes y avoient aussi fait un trou; ce qui donnoit toute facilité de mesurer cette épaisseur. La substance de cette peau étoit blanche, cartilagineuse et coriacée, et dans cet endroit elle étoit bien séparée de la graisse et de la chair. Plus haut, vers le dos, on avoit coupe et enlevé beaucoup de peau, sans doute pour la rendre plus lésère et plus facile à être trausportée; c’est par cette rai- son que je n'ai trouvé la peau, vers l’épine _ du dos , épaisse que d’un pouce en y passant un poinçon. | Les doigts étoient garnis d'ongles ; la pean AT MU LA ts À Di JRA TRE HAL A Fes ; # À 68 HISTOIRE N ATURELLE entre Les doigts étoit fort « ample , et je crois que les pieds de cet animal, lorsqu’il étoit vivant, étoient plutôt plats qu’arrondis: Le talon, qui se retire en arrière et en haut, paroît très-propre à nager ; le sabot , quoi- qu’épais et durillonné, est: néanmoins flexible. | sisi HER Je joins ici plusieurs mesures, en à avertis sant qu’elles n’ont été prises qu'après que la peau a été empaillée, et que je me suis servi ‘de la mesure d'Amsterdam. pieds.. pouces. Longueur du corps entier, mesuré DAT en ligne droite, depuis le milieu du nez jusqu’à ia queue du côté droit: es. sn, sets ni. 146 Rite — depuis le milieu du nez jusqu’à la queue , mesurée en ligne courbe du côté. gauche sun nendt sr tic tue ds — du milieu du nez, mesuré par- | Géseue 19 té dd DS LE IVota. La raison de la différence de ces mesures vient de ce que l’ani- mal tourne la tête du côté droit. Honaueur de 1h 11e, A 0,462. 9 À Circonférence de la tête, mesurée der- 1h mire les oredles "2,440 670 », + % x L” by DE L’HIPPOPOTAME 69 Y tx «+ 4 | «1 pieds, pouces. Circouférence de la tête, mesurée de- vant les oreilles... ......... POEATEE — entre les yeux et les oreilles... ... — sur l’élévation de l’orifice des yeux ; — entre les yeux etlenez.....,.... 6 2 à 4 6 6 6 Did Nota. Cette dernière mesure est prise au-dessus du bêillement qu’on avoit laissé pour faire voir les denis. La gueule est ouverte, de manière que les deux dents canines se touchent à un demi-pouce prèse ; ( . Circonférence de la lèvre supérieure, d’un bord à l’autre, en passant des- ps EE nn Lt sie Largeur de la lèvre supérieure, en traversant en ligne droite le palais Circonférence de la lèvre inférieure, mesurée par-dessous....,.,....... Largeur de la lèvre inférieure , d’an UE PR Se PR PE Distance des narines, prise à l’ouver- (nr upéMentR us. déetpdiaeie pile à — prise à l’ouverture inférieure... Largeur des narines au milieu...,.... Longueur des narines......,.,..4.4 Distance entre les oreilles et les yeux L 2. 4 x T 4 7 2 2 L 3 © » 5 + Gui) de à » À ‘». 2 » 2° 3 » 6 de PAIE Ne (FL Luis pi 7 HISTOIRE NATURELLE pieds. pouces. Distance dune oreille à l’autre...... Z 2 Longueur des oreilles. ........:... » 1 À Latceur des oreilles... 44... 2 2 Distancé entre les deux paupières lors- = qu’elles sont ouvertes....,.,..... » x Longueur des yeux, d’un coin à l’autre » 51 Distance entre les orifices des yeux... € >» Hauteur de l’avant-train, depuis la plante des pieds jusque sur le dos. 6 4 Hauteur de Parrière-traim, depuis la | j plante des pieds jusque sur la croix. 5 T 5 Circonférence du corps, derrière les pattes de devant, ............... 10 » au milieu LION 6 — devant Jes pattes de derrière..... 10 9 Hauteur , depuis la terre jusqu au ventre, ‘dañs le miliéeu.n...4,,52 "a 7 — derrière les pattes de devant..... » 9 — devant les pattes de derrière. .... » 9 Circonférence du cou derrière la tête. 6 3 ee AU TMÉDTÈU , du up ta at 64 vu ee SANS 7 — dessus la poitrine. ............. 6 5 > Circonférence des pattes de devant, ! près dela poitrine... 4000 9 au milieu. da à sen 84e ae DO 3 — au-dessus du:sabot.....,./:...., 2 10 La art" NU * à t DE L’HIPPOPOTAME, | Circonférence des pattes de derrière, près du DORE. » «2.4.5 0 ue LAPS — au-dessus du genou........,.4.. — au-dessus du sabots. ti seeesens KL 4 + 2 Longueur des pattes de devant, depuis _ le talon jusqu’au venire..,......, — des pattes de derrière, depuis le talon jusqu’au ventre. ......,.... Longueur des doigts aux pattes de devant jusqu’au bout de l’ongle.. . . Circonférence des doigts derrière les Ongles. is à sure e sigisrere nerve see 0e — des doigts de côté. ............, Longueur des doigts du côté extérieur — des doigts de devant des paties de ae des et tt à — des doigts extérieurs des pattes de desrièses, ss BUS 2H — des ongles des paties de derrière etude devant... seit fs dt Circonférence des ongles à leur nais- EE De ad nes die à ace ei OEIL Longueur de la queue... .......,.., Circonférence à la naissance, où elle AO ol hein rene Largeur de la queue au milieu, où elle commence à devenir plate.,...,.. (l VE: pieds. pouces. & © + N De 0 Fer Le) N Fret Qi ie EN 10 pu. +ie- ajos Se 4 ” A ‘3 mx AN PE A nd to > HISTOIRE NATURELLE DUR 82 pieds. pouces. Largeur de la queue -à l’extrémité..… uw» ni 5 Grosseur de la queue au milieu..... » I : — de la queue au bout..........4. > » à Longueur des dents canines infé- rieures, mesurées sur leur courbure. » 7 À — mesurées en ligne droite......... » a.7 Circonférencedes dents, prèsla racme » 5 À Qu (QU + a css lee à oies juin TN ù à — sur le tranchant...,...,,.... » 4 Longueur de leur découpure inclinée. » 3 Largeur des dents canines à leur racine » 2.8 At LRU, énosieuSaoee Lus 1 2 Longueur des dents canines supérieures » 2 À Éconférence, sou dise à hu lc Lis Qu 4 À Distance des dents canines inférieures l’une ded’autres Haut, . ous OEUE Longueur des dents iucisives, ou des deux plus longues dents saillantes.. #1 6 2 Leur circonférence. ..se.44.s 4 as 54 Distance de l’une à Pamire., 2.011508 » 2 Longueur des petites dents incisives, | à:cDIÉ des CES. +. 5 es mme 2 à Leur distance des grandes. ......... » 3 = Distance entre celles-ci et les dents : | CANINES., soso cine sas eme ges «MU ME À Longueur des dents molaires de la mâ- { L DE L'HIPPOPOTANE. 73 pieds, pouces. 6 . LE L4 choire supérieure , mesurées VPune après l’autre, ce ee. LS 2... ee 0 À S Leur hauteur... ................ >] Leur largeur. see. score 8 ee eee + ee > *$s | TI 1 Longueur des deux autres denis ex- 8 traordinaires, de figure cylindrique ou de quills, disfantes des dents TE RS EN PORC RENE ST | T À Longueur des deux dents molaires de la mâchoire inférieure.......:... Z À Hauteur des deux dents molaires de la | mâchoire inférieure. ..,......,.. » Z Rate enh. Li in Là COR m2 Longueur des trois dents extraordi- naires, de forme cylindrique , éloi- gnées des dents molaires.... don ». DER PEUR eu il dus in Longueur des deux dents incisives cylindriques, éloignées de la dent canine ; celle qui se trouve le plus proche de la courte dent canine, tombe en mâchant perpendiculaire- - iment contre la petite dent horizon- tale qui se trouve du côté extérieur de la mâchoire inférieure........ » © Longueur de la seconde, qui se trouve un peu plus sur le devant, ét qui Quadrupides, 1X. 7 À Se Die N fre ET PH ». y *.! at EL Pneu 2 LT IN # dt Loi 1 74 HISTOIRE NATURELLE | pieds. poutes, est un peu plus longue ‘et plus 4e, 4 grosse; celle-c1 tombe en mâchant droit à côté, aussi du côté extérieur de la grande dent horizontale, où l’on peut facilement distinguer com bien elle est usée, de même que l'endroit usé près des alvéoles de la grande dent canine, causé par le frottement de la petite...,....... » 2 À Longueur du poil qui se trouve aux lèvres supérieure et inférieure, avec fn racine, . 4120, EAN" esS 7 : Longueur du poil qui se trouve aux côtés tranchans et à l'extrémité de la queue, ce poil étant au reste sem- blable à celui des lèvres......... °» "5 Nota. Le poil de la partie supérieure de la queue est tombé,en empaillant l'animal; la figure montre la queue comme elle a étée Lorsque l’on compare cette mesure avec celle de la femelle de l’hippopotame de Ze- renghi, et si l’on prend garde à la diffé- rence des mesures , on verra facilement qu’elles sont à peu près égales, ou du moins Re. \ à ® DE L'HIPPOPOTAME. 75 qu’elles approchent beaucoup l’une de l'autre. | On m'a dit que cet hippopotame étoit fort avancé dans Les terres du Cap et même près de l'endroit nommé /es montagnes de neige, lorsqu'il a été tiré par un paysan nommé Charles Marais, d'extraction françoise. Ce. paysan en a fait tenir les peaux à M. de Plet- tenbergs , souverneur du Cap, qui les a en- voyées à S. À. S. Ce rapport m'a été fart par un neveu de Ch. Marais, qui se trouve à Amsterdam. Suivant le dire de cet homme, qui assure le tenir de la bouche de Marais même , l’hippopotame est fort agile à la course, tant dans la boue et la fange, que sur la terre ferme ; et il'court si vite, que les paysans, quoique bons chasseurs, n’osent tirer sur lui lorsqu'il se trouve hors de l’eau: mais ils l’épient au soleil couchant; alors cet animal élève la partie supérieure de la tète hors de l'eau, tient ses petites oreilles dans une continuelle agitation pour écouter s’il n'entend aucun bruit. Lorsque quelque objet qui peut lui servir de proie, se fait voir sur l'eau, il s’élance sur lui, et part comme une flèche de l'arc, pour s’en rendre #8 76 HISTOIRE NATURELLE. maître.’ Tandis que l’hippopotameestoccupé « de cette manière à écouter en nageant ou flottant sur l’eau, on cherche à le tirer à la tête. Celui que j'ai empaillé avoit été tiré entre l'œil et l'oreille droite; et le jeune, qui î est placé de même au cabinet de S. A.S8., avoit été tiré ou harponné dans la poitrine, comme où pouvoit le voir facilement. L’hip- popotame , lorsqu'il se sent blessé , plonge sousl'eau, et marche ou nage jusqu’à ce qu'il perde le mouvement avec la vie. Alors par le moyen de vingt bœufs, plus ou moins, on le tire sur le rivage, où on le dissèque. Un hippopotame qui a toute sa croissance, donne ordinairement deux mille livres de lard, qu’on sale et qu’on envoie au Cap, où 1l se vend fortcher. On assure que ce lard est fort bon, et qu’il surpasse toutes les autres graisses pour le goût. Il ne cause jamais d’ai- greurs; et quand il est exprimé, il fournit une huile douce et blanche, comme de la crême : on recommande ième ce lard en Afrique comme un remède souverain contre les maladies de poitrine. Cr Par la quantité imdiquée de lard qu 'on tire ordinairement de l’hippopotame qui a ÿ y % Li DE L’HIPPOPOTAME. 777 atteint touté sa croissance, on est confirmé dans la remarque qu’on a déja dû faire par les mesures données ; savoir , que c’est un animal d’une grandeur et d’une pesanteur surprenante. Quelques soins que je me sois donnés pour rendre cette pièce aussi légère qu'il étoit possible, je me suis vu contraint de me servir de tout ce qui pouvoit aider à la sou- tenir, et je crois qu’elle pèse quatre mille livres, y compris la planche sur Hquelle je l’ai placée. | Ayant que je finisse ces observations, j'a- jouterai ici quelques particularités relatives à l’histoire naturelle de l'hippopotame , qui ne se trouvent pas dans la description précé- dente. On a vu que noue doit peut-être son nom à la ressemblance qu'il y a entre sa voix et le hennissement du cheval : cepen— dant nous avons des relations certaines qui assurent que son cri ressemble plus à celux de l'éléphant , ou aux sons roulans et bé- gayans d’une personne née sourde. Quoi qu’il en soit, l’hippopotame forme encore une autre espèce de son ronflant lorsqu'il dort; 7 x F Sr Es a au CA es 78 HISTOIRE NATURELLE 2. ce qui le fait découvrir de loin. Pour préve- “nir le danger qu’il court par-là , il se couche pour l'ordinairesur des terrains marécageux, dans les roseaux dont on ne peut PEU que difficilement. Je n'ai trouvé nulle part la particularité que je tiens du parent de Marais, touchant la graude agilité de cet animal. On assure, au contraire, constamment, qu'on l'attaque plus volontiers sur terre que dans l’eau; ce qui seroit contradictoire s’il étoit aussi léger à la course. Selon quelques autres historiens, | on lui coupe le passage à la rivière par des arbres et des fossés, parce que l’on sait qu’il préfère de regagner l’eau , plutôt que de combattre ou fuir à terre. Il se trouve, à cet égard , plus avantageusement dans l'eau, où il n’a aucun animal à craindre. Le grand requin etile crocodile évitent l’hippopotame, et n’osent pas s'engager au combat avec lui. La peau de l’hippopotame est extrème- ment dure sur le dos , la croupe et la partie extérieure des cuisses et des fesses, de sorte que les balles de fusil coulent par-dessus, et que les flèches en rebondissent : mais elle est moins dure et moins épaisse sous le ventre / DE L'HIPPOPOTAME 79 et aux parties netioigée des cuisses, où l’on cherche à le tirer , ou à lui enfoncer le dard. Il a la vie fort dure et ne se rend pas facile- ment ; c'est pourquoi l’on cherche à lui Cas ser, par adresse, les pattes en le tirant avec de gros mousquets chargés de lingots ; quand on y réussit, on est, pour ainsidire, maitre‘ de l'animal. Les nègres, qui attaquent les requins et les crocodiles avec de longs cou- teaux et des. javelots, craignent l’hippopo- tame , qu'ils n’oseroient peut-être jamais combattre s’ilsine couroient pas plus vite que iui. Ils croient néanmoins que cet animal est plus ennemi des blancs que des nègres. La femelle de l’ re fait son petit à terre ; elle l'y allaite et nourrit, et ensuite: elle lui apprend de bonne heure à se AU dans l’eau au moindre bruit. Les nègres d'Angola, de Congo, d’ Elmina : et en général de toute la côte occidentale d’A- frique, regardent l’hippopotame comme une de ces divinités subalternes qu’ils nomment fétiches. Ils ne font cependant aucune diff- culté d'en manger la chair, lorsqu'ils peuvent se rendre maitres d’un de ces animaux. 8 HISTOIRE NATURELLE. Je ne sais si j'ose ici citer le passage du père Labat où il dit que cet animal, qui est très-sanguin , sait se tirer lui-même du sang d’une manière particulière. Pour cet effet , cet animal cherche, dit-il, la pointe tranchante d’un rocher, et s’y frotte jusqu’à ce qu’il se soit fait une ouverture assez con-— sidérable pour en laisser couler le sans. Il se donne alors beaucoup de mouvement pour le faire sortir en plus grande quantité; et lorsqu'il juge qu’il en a perdu assez , il se roule dans la fange, afin de fermer la bles- sure qu’il s’est faite. On ne trouve rien d’im- possible dans ce rapport; mais comment le père Labat a-t-il découvert cette singula- rité ? Outre les usages sus-mentionnés de l& peau et des dents, on assure que les peintres indiens se servent du sang de cet animal pour leurs couleurs. » 716, LA Tom 9 A MALE : a « = © A == © [er _ un : à Te us [ } “auquel J ] ] NOUVELLE ADDITION À L'ARTICLE DE L’HIPPOPOTAME. Cour les feuilles précédentes étoient déja imprimées ; jai reçu, de la part de M. Schneider, des observations récentes sur cet animal, qui ont été rédigées par M. le professeur Allamand, et publiées à Amster- dain au commencement de cette année 1781. Voici l’extrait de ces observations : « Ce que M. de Buffon a dit de l’hippopo- tame dans le cinquième tome de son Histoire naturelle , étoit tout ce qu’on en pouvoit dire de plus exact dans le temps qu’il écri- voit cet article. IL me parut alors qu'il n’y manquoit qu'une planche qui représentät mieux cet animal qu'il n’est représenté dans les figures que divers auteurs en ont | de . AT UE * 1 82 HISTOIRE NATURELLE données. Je pris la liberté d'en ajouter une à la description de M. de Buffon, faite d'a- près une peau bourrée qui est dans le cabi- net de l’université de Leyde depuis plus d'un siècle. 1 Deux années après, j'en donnai une meilleure ; une peau récemment envoyée au cabinet de S. A. S. Mer le prince d'O- range me servit de modèle. Elle avoit été trés-bien préparée par M. le docteur 1 Klockner; je l'accompagnai de quelques re- marques intéressantes qui m'avoient été communiquées par M. le capitaine Gordon. Je croyois que cela suflisoit pour faire bien connoître cet animal , lorsque le même M. Gordon m’envoya , au commencement de cette année 1780, deux dessins qui repré- sentoient un hippopotame mâle et une fe- melle, faits d’après les animaux mêmes, au moment qu’on venoit de lés tuer. Je fus frappé, en les comparant avec les fisuress que j'en avois données, et je vis clairement que la peau d’un si gros animal , quoique préparée et dressée avec tout le soin possible, étoit bien éloignée de représenter au juste son original : aussi n’hésitai-je pas à faire DE L’HIPPOPOTAME. 83 graver ces deux dessins ; on les trouvera dans les planches I et II *. | M. Gordon a encore eu la bonté d'y joindre des descriptions et de nouvelles observations très-curieuses , qu'il a eu fréquemment oc- casion de faire. Son zèle infatigable pour des nouvelles découvertes, et pour l'avancement de l’histoire naturelle, l’a engagé à pénétrer beaucoup plus avant dans l’intérieur de l’A- frique qu'il ne l’avoit fait encore ; et si les hippopotames sont devenus ‘rares aux envi- rons du cap de Bonne-Espérance , il les a trouvés très-nombreux dans les lieux où il a été, On n’en doutera pas, quand on saura que, pour sa part, il en a tué neuf, et que, dans une chasse à laquelle il a assisté avec M. de Plettenberg , gouverneur du Cap , on en a tué vingt-un en quelques heures de temps , et que même ce ne fut qu’à son in- tercession qu'on n’en fit pas un plus grand carnage. Cette chasse se fit sur la rivière qu'il a nommée Plertenberg, à peu près à sept degrés de longitude à l’est du Cap, et à trente degrés de latitude méridionale. Le nombre de ces animaux doit donc être fort * Voyez planches VIIT et IX de ce volume, 84. HISTOIRE NATURELLE grand dans tout l’intérieur de l'Afrique , où 4 ils sont peu inquiétés par les habitans. C’est} là où il Les faut voir pour les bien détiabt HER et jamais personne n'en a eu une plus belle occasion que M. Gordon ; aussi en a-t-il pro- fité en les ohservant avec les yeux d’un véri- table naturaliste. En donnant l’extrait de ce qu’il m'en a écrit, je suppose que ke lec- teur se souvient du contenu des articles de cet ouvrage où il est parlé de ces ne maux *. | | Li à Lorsque les hippopotames sortent de l’eau, ils ont le dessus du corps d’un brun bleuûtre, qui s’éclaircit en descendant sur Les côtés, et se termine par une légère teinte de couleur de chair ; le dessous du ventre est blanchätre: mais ces différentes couleurs deviennent plus foncées par-tout, lorsque leur peause sèche. Dans l’intérieur et sur les lords de leurs oreilles , 1l y a des poils assez doux et d' un brun roussâtre ; il y en a aussi de la même couleur aux paupières , et par-ci par:là quel- ques uns sur le corps, particulièrement sur le cou et Les côtés, mais qui sont plus courts et fort rudes. | LS * Voyez tome V, page 120. | AN DE L’HIPPOPOTAME. 85 Les mâles surpassent toujours les femelles en grandeur ,maisnon pas d'un tiers, comme l’a dit Zerenghi,, si l’on en excepte les dents incisives et canines, qui, dans la femelle, peuvent en.effet être d’un tiers plus petites que dans le mâle. M. Gordon a tué une fe- melle dont la longueur du corps étoit de onze pieds , et le plus grand hippopotame _ mâle qu'il ait tue étoit long de onze pieds huit pouces neuf lignes. Ces dimensions différent beaucoup de celles qu'a données Zerenghi : car, à en juger par les dimen- sions de la femelle qu'il a décrite, le mâle, d’un tiers plus grand, devoit être long de seize pieds neuf pouces ; elles diffèrent plus encore de celles des hippopotames du lac de Tzana , dont quelques uns, suivant M. Bruce; ont plus de vingt piedsen longueur. Des ani: maux de cette dernière grandeur seroient énormes ; mais on se trompe facilement sur la taille d’un animal, quand on en juge uni: _ quement.en le voyant de loin, et sans pou= voir le mesurer. Le nombre des dents varie dans les hippo- potames, suivant leur âge , comme M. de Buffon l’a soupçonné: tous ont quatre dents 6 86 HISTOIRE NATURELLE incisives et deux canines dans chaque mâ-. choire; mais ils diffèrent dans le nombre da” molaires : celui dont j'ai donné la figure avoit trente-six dents en tout ; M. Gordon en a vu un qui avoit vingt-deux dents dans la mâchoire supérieure ,.et vingt dans l’infé- rieure. Il m'a envoyé une tête qui en a dix- huit dans la mâchoire d’en bas, et dix-neuf dans celle d'en haut ; mais ces dents surnu- méraires ne sont ordinairement que de pe- tites pointes qui précédent les véritables mo- laires , et qui sont peu fermes. La largeur de la partie de la mâchoire supérieure , qui forme le museau, est de seize pouces et un quart, et son contour, mesuré d’un angle de la gueule jusqu'à l’autre, est de trois pieds trois pouces ; la lèvre supérieure avance d’un pouce par-des-. sus l’inférieure , et cache toutes les dents : à côté des incisives antérieures d’en haut, il y a deux éminences charnues, qui sont reçues dans deux cavités de la mâchoire inférieure, quand la gueule se ferme. | L'hippopotame a les yeux petits; leur plus long diamètre est de onze lignes, et leur largeur de neuf et demie; la prunelle est VAN RE / à DE L’'HIPPOPOTAME. è7 d’un bleu obscur, et le blanc de l’œil paroït peu. mn La queue varie en longueur dans ces ani- maux : celui qui est représenté ici em avoit une de la longueur d’un pied trois pouces six lignes ; son contour à son origine étoit d’un pied sept pouces; là, elle a une forme un peu triangulaire, et un des côtés est plat en- dessous : ainsi, ayant un mouvement per- peudiculaire , elle bouche exactement l’ou- verture de l'anus ; vers son milieu, ses côtés s’applatissent ; et son articulation lui per- mettant un mouvement horizontal , elle peut servir à diriger l’animal quand il nage. Au prenzier coup d’æil, elle paroît couverte d’é- cailles, mais qui ne sont que des rides de la peau ; les bords extérieurs de celte queue semblent être des coutures arrondies, Le penis tiré hors de son fourreau est long de deux pieds un pouce six lignes , et ressemble assez à celui du taureau ; sa cir- conférence près du corps est de neuf pouces ; et à un pouce de son extrémité, elle est de trois pouces neuf lignes : quand il est tout- à-fait retiré, sa pointe est recouverte par des anneaux charnus et ridés qui terminent L] 88 HISTOIRE NATUREL! le fourreau; c'est sur la base de ce fourreau ' du côté de l’anus , que sont placés les mame- lons. Dans plusieurs des hippopotames que M. Gordon a examinés, il a trouvé que le fourreau même étoit entièrement retiré en- dedans du corps, aussi-bien que le pezis, et que le ventre étoit tout-à-fait uni; s’il pa< roissoit dans les autres, c’étoit par l'effet des mouvemens qu'ils avoient éprouvés quand on les avoit tirés à terre. Les testicules ne sont pas renfermés dans un scrofum exté-— rieur; ils sont en dedans du corps, et ne paroissent point en dehors ; on peut les sen- tir à travers l’épaisseur de la peau : ainsi tout ce qui appartient à ces parties , est ca— ché-en dedans , excepté dans les temps du. rut. Dans la femelle, au-dessous de l’entrée du vagin est un follicule qui à environ deux pouces de profondeur , mais où l’on ne peut voir aucune ouverture en dedans; 1l ressemble assez à celui de l’hyène, excepté qu'il est au-dessous de la vulve ,au lieu que, dans l’hyène , ilest situé entre l'anus et la queue. L’hippopotame femelle n’a point de mamelles pendantes, mais seulement deux Le pe L'HIPPOPOTAME % petits mamelons : ; quand on les presse , il en jaillit un lait doux et aussi bon que celui de la vache. Les os de ces animaux sont extrémement durs ; dans un os de la cuisse, scié en tra- vers, on trouva un canal long de cinq pouces, et de dix lignes en diamètre , assez ressemblant à la cavité où est la moelle : cependant il n'y en avoit point immédia- tement après la mort; mais on y vit un corps fort dur, où l’on croyoit HArauer du sang. La largeur du pied de devant est égale à sa longueur ; l’une et l’ autre est de dix pouces : la plante du pied de derrière est tant soit peu plus petite ; elle a neuf pouces neuf lignes dans ses deux dimensions. Ses pieds sont propres pour nager ; car les doigts peuvent se mouvoir , s'approcher les uns des autres, et se plier en dessous. Les ongles sont un peu creux, cCommeles sabots des autres animaux. Le dessous du pied est une semelle fort dure, séparée des doigts par une fente profonde ; elle n’est pas horizontale, mais un peu en biais , comme si l'animal, en marchant, ayoit plus pressé son pied d’un côté que de 8 je à tn a go HISTOIRE NATURELLE l’autre : aussi les a-t-il tous un peu tou Pics en dehors. Comme il a les jambes courtes et les jointures pliables , il peut appliquer et presser ses jambes contre le corps; ce qui lui facilite encore les mouvemens nécessaires pour nager. Aidé de quelques hommes, M. Gordon a roule, comme un tonneau, un grand hippopotame hors de l’eau , sur un terrain uni, sans que les pieds fissent un obstacle sensible. Quoique les hippopotames passent une partie de leur vie dans l’eau, ils ont cepen- dant le trou ovale fermé. Quand ils sont parvenus à toute leur grandeur ,le plus long diamètre de leur cœur est d’un pied... M. Gordon s’est assuré, par l'ouverture de plusieurs hippopotames jeunes et adultes, que ces animaux n'ont qu'un seul estomac, etneruminent point, quoiqu’ils ne mangent que de l'herbe qu’ils rendent en pelote et mal broyée dans leurs excrémens. J'ai dit ci-devant , continue M. Allamand, qu'il me paroissoit très- douteux que les hippopotames mangeassent des poissons; à présent je peux dire qu’il est presque cer- ain qu'ils n’en mangent pas. Dans une 1 dl : À l f DE L'HIPPOPOTAME. or trentaine de ces animaux dont M. (tions a ie ouvrir les estomacs en sa présence , il n'ya trouvé que de l’herbe, et jamais aucun reste de poisson. J'ai dit aussi qu’il n’y avoit pas d'apparence qu’ils entrassent dans la mer; on peut voir, dans l'endroit cité, les raisons que j'avois pour penser ainsi, et M. de Buffon semble avoir été dans la même idée. Les nouvelles observations de M. Gor- don m'ont désabusé : il a tué un hippopo- tame à l'embouchure de la rivière Gam- bous , où l’eau étoit salée ;: il en a vu dans la baie de Sainte-Hélène , et il en a vu sortir d'autres de la mer à deux lieues de toute rivière. À la vérité, ils ne s’éloignent pas beaucoup de terre ; la nécessité d'y venir prendre leur nourriture ne le leur permet pas : ils vont le long des côtes d’une rivière à l'autre ; cependant cela suffit pour prouver qu'ils peuvent vivre dans l’eau salée, et jus- tifier en quelque façon ceux qui leur ont donné le nom de chesaux marins, aussi-bien que Kolbe, qui suppose qu’ils vivent indif- féremment dans les rivières et dans la mer. Ceux qui habitent dans l'interieur du pays, u'y vont vraisemblablement jamais : si ceux ds” 'ARBANTUN 92 HISTOIRE NATURELLE qui en sout prés y entrent , ce n’est. pas pour aller fort loin , à cause de la raison que je viens de dire, et cette même raison doit les engager à préférer. les rivières. # Lorsqu'ils se rencontrent au fond de l’eau, ils cherchent à s’éviter ; mais, sur terre, il leur arrive souvent de se battre entre eux d’une manière terrible : aussi en voit-on fort peu qui n'aient pas quelques dents cas— sées , ou quelques cicatrices sur le corps, dont on voit des marques dans les figures des planches I et Il *; en se battant, ils se dressent sur leurs pieds de derrière, et c’est dans cette attitude qu’ils se mordent. Dans les lieux où ils sont peu inquiétés, ils ne sont pas fort craintifs; quand on tire sur eux , ils viennent voir ce que c'est; mais, quand une fois ils ont appris à connoitre l'effet des armes à feu , 115 fuient devant les hommes en trottant pesamment comme les cochons ; quelquefois même ils galopent, mais toujours pesamment : cependant un homme doit marcher bien vite pour être en état de les suivre. M. Gordon en a accom- pagué un pendant quelque temps: mais, * Voyez dans ce volume les planches VIIT et IX. 2 DE L’HIPPOPOTAME. 03 quoiqu'il coure très-vite, si la course avoit été plus longue, l’hippopotame l’auroit de- vauce. | | M. de Buffon a eu raison de révoquer en doute * ce que disent quelques voyageurs des femelles hippopotames , c’est qu’elles portent trois ou quatre petits : l’analogie l'a conduit à regarder ce fait comme très-sus- pect ; l'observation en démontre la fausseté. M. Gordon a vu ouvrir plusieurs femelles pleines, et jamais il n’y a trouvé qu’un seuk petit; il en a tiré un du corps de la mére, qu’il a eu la bonté de m'envoyer : ce fœtus, qui étoit presque entièrement formé, étoit long de trois pieds deux pouces ; le cordon ombilical étoit parsemé de petits boutons de couleur rouge; ses ongles étoient mous et élastiques , on pouvoit déja lui sentir les dents, et ses yeux avoient à. peu près leur forme et toute leur grandeur. Dés qu’un jeune hippopotame est né, son instinct le porte à courir à l’eau,et quelquefois 1is'y met sur le dos de sa mère. La chair de l’hippopotame, comme il a été dit ci-devant , est fort bonne au goût ef # Voyez 1ome V, page 144, oi: à a pt 94 HISTOIRE E NATUREBLE très-saine; le pied rôti est sur-tout un mor- ceau délicat, de même que la queue. Quand on fait cuire son lard, il surnage une graisse La les paysans aiment fort; c’est un remède qu’on estime beaucoup au Cap, en RARES ‘ cependant ses qualités. Pour bien fixer nos idées sur la grandeur de ces animaux, et Sur la proportion qu’il y a entre celle du inâle et de la femelle, je donnerai ici leurs dimensionis telles qu’elles ont été prises par M. Gordon sur deux des plus grands sujets qu’il ait eu occasion de voir, quoiqu’elles diffèrent de celles qu’on peut prendre sur des peaux bourrées ; on sera surpris qu’elles s'accordent si bien avec celles que Zerenghi a données: je les ai aussi vérifiées sur la peau d’un grand hippopo- tame mâle que S. À. S. Mgr le prince d'O- range a eu la bonté de me donner, pour être placée au cabinet des curiosités naturelles que j'ai formé dans l’université de Leyde. Cette peau, récemment envoyée du cap de Bonne-Espérance, est arrivée entière et bien conservée ; jai heureusement réussi à la faire dresser suivant le dessin que j'ai reçu de M. Gordon, de manière qu’elle offre, aussi ’ À À Ù ‘ge ps \ ii ARR É POLE DE L’HIPPOPOTAME : 95 exactement qu'il est possible, la figure de l'animal vivant. » | \ A d Dimensions d’un Lippopotame méäle. pieds. pouces. lignes. Longueur du corps, depuis lex- trémité de la lèvre supérieure jusqu’à l’origine de la queue.. Hauteur du train de devant en LE 0 00 Jp PANNES ARS — en suivant la rondeur.... de, Hauteur du train de derrière en OR oc NT — en suivant la courbure...... Loneuemr de la/iête, :..:..... Largeur de la poitrine, depuis le imiien des ambes. ..... :... — du derrière depuis le milieu PE SPP CNRS 1 IT Distance de la parte la plus : basse du ventre au terrain... Circonférence du corps mesurée derrière les épaules......... — devant les jambes de derrière. — du ME OT COU. 50001 0 — des jambes de devant près la DORE EE au ve à 10 3 IT OX NS >» pi #2. #* - — près du Scibuetl RNA — près du tälon.......10% — des jambes de derrière près du CHERS «net ee ea «et NE — au-dessus du genou......... Longueur de la queue. ........ Sa circonférence près de l’anus. Longueur du fourreau du penis, comme 1l pend lorsque le penis est retiréien dedans, ....,,: — du penis quand il est hors de son fourreau, depuis la pointe jusqu’au COFPSee ee sereertnc Longueur des dents canines de la mâchoire spériBure. .. 4.4. Contour de ces dents près de leur Dane NS ee ER RAS Longueur des dents incisives de la même méchoire: .". 241.40 Contour de ces dents près de leur ages Ve A At de APR AR ANS Longueur des dents canines de la mâchoire inférieure, mesurées suivant leur courbure....,... — des dents incisives......... Contour des dents caninés près de better base. 4 100 UNE PCR. 4 Hits FPE 96 HISTOIRE NATURELLE pieds. pouces, lignes, > L'HIPPOPOTAME. 0? Dimensions d’une femelle hippopotame, tuée le 22 janvier 1778, par M. le capitaine Gordon, dans l’eau salée, près de l'em- bouchure de la rivière Gambous. Pour parvenir du Cap à l'embouchure de cette rivière dans la mer à l'est du Cap, on ernploie deux cents heures en voyageant sur-un chariot tiré por des bœufs. pieds pouces. lignes, Lomgueträu corps, » depuis lextré- milé de la lèvre supérieure, _ jusqu’à l’origine de la queue.. 11 » » Hauteur du train de devant en ne droite: Lau. s. 10.1 2 BGRE. MED 9 IT 6 — en suivant la courbure. ... . ENS — du train de derrière en ligne Êx be TT UE UE", MESNIL, 8 9 _— en suivant la courbure...... 6 Longueur de la tête... Re QAR E 4 » Distance de la plus basse partie du venire au terrain: ...... ET 3 Circonférence du corps derrière : les épaules. 25e. 0 9e © © © © 9 2 > — devant les jambes de derrière. 9 6 Eu äu mieu du Corps. 09, IT 5 > ADDITION A L'ARTICLE DE LA LOUTRE# Pox TOPPIDAM assure qu'en Norvége la Joutre se trouve également autour des eaux salées comme autour des eaux douces ; qu’elle établit sa demeure dans des monceaux de pierres, d’où les chasseurs la font sortir en imitant sa voix au moyen d’un petit sifflet : il ajoute qu’elle ne mange que les parties grasses du poisson, et qu'une loutre appri- voisée à laquelle on donnoit tous les jours un peu de lait, rapportoit continuellement du poisson à la maison. Je trouve dans les notes communiquées par M. de la Borde, qu'il y a à Cayenne trois espèces de loutres : la noire, qui peut peser quarante ou cinquante livres ; la seconde, qui est jaunâtre, et qui peut peser vingt ou « Tome Il, page 213; et tome VI, page 20x, 2 HISTOIRE NATURELLE. vingt-cinq livres ; et une troisième espèce beaucoup plus petite, dont le poil est gri- sàtre , et qui ne pèse qué trois où quatre livres. Il ajoute que ces animaux sont très- communs à la Guiane le long de toutes les rivières et des marécages, parce que le pois- son y est fort abondant ; elles vont même par troupes quelquefois fort nombreuses : elles sont farouches et ne se laissent point approcher; pour les avoir , il faut les sur- prendre ; elles ont la dent cruelle, et se dé- fendent bien contre les chiens. ÆElles font leurs petits dans des trous qu’elles creusent au bord des eaux ; on en élève souvent dans les sale J'ai remarqué, dit M. de la Borde , que tous les animaux de la Guiane s’accoutument facilement à la domesticité , et deviennent incommodes par leur grandé familiarité. M. Aublet, savant botaniste, que nous avons déja cité, et M. Olivier, chirurgien du roi, qui ont demeuré tous deux lon çs- temps à Cayenne et dans le pays d'Oyapok, m'ont assuré qu’il y avoit des loutres si grosses , qu'elles pesoient jusqu’à quatre- vinot-dix et cent livres; elles se tiennent 1co HISTOIRE NAT IR dans les grandes rivières ui ne sont pas fort fréquentées, et on voit leur tête au-dessus de l’eau ; elles font des cris que l’on entend de nai : leur poil est très-doux , mais plus court que celui du castor ; leur couleur ordinaire est d’un brun minime: ces loutres vivent de poisson, et mangent aussi les graines qui tombent dans l’eau sur le bord des fleuves. Te Nous donnons ici la figure d’un petit ani- mal qui nous a été envoyé de la Guiane, sous le nom de petite loutre d’eau douce de Cayenne, etqui nous paroît être la troisième espèce dont parle M. de la Borde. Elle n’a que sept pouces de longueur, depuis le bout du nez jusqu’à l'extrémité du corps : cette petite loutre a la queue sans poil, comme le rat d’eau, longue de six pouces sept lignes, et cinq lignes de grosseur à l'origine, allant tou* jours en diminuant jusqu’à l'extrémité, qui est blanche, tandis que tout Le reste de la queue est brun; et au lieu de poil elle est couverte d’une peau greuue, rude comme du chagrin; elle est plate par-dessous et convexe par-des- sus. Les moustaches ont un pouce de long aussi-bien que les grands poils qui sont au- DE LA LOUTRE. 07 dessus des yeux; tout le dessous de la tête et du corps est blanc, ainsi que: le dedans des jambes de devant. Le dessus et Les côtés de la tête et du corps sont marqués de grandes taches d’un brun noirâtre, dont les inter-— valles sont remplis par un gris jaunâtre. Les taches noires sont symétriques de chaque côté du corps ; il y a une tache blanche au- dessus de l’œ1l ; Les oreilles sont grandes, et paroissent un peu plus alongées que celles de nos loutres. Les jambes sont fort courtes. Les pieds de devant ont cinq doigts sans membranes ; les pieds de derrière ont aussi cinq doigts, mais avec des membranes. n \ " { : DE FA LOUTEL. as “: Nous avons dit que la loutre ne paroissoit pas susceptible d'éducation , et que nous n’a- vions pu réussir à l’apprivoiser ; mais des tentatives sans succès ne démontrent rien F et nous avons souvent reconnu qu’il ne fal- loit pas trop restreindre le pouvoir de l’édu- cation sur les animaux : ceux même qui semblent le plus s’y refuser , cèdent néan- moins et s’y soumettent dans certaines cir- constances ; le tout est de rencontrer ces circonstauces favorables, et de trouver le point flexible de leur naturel, d'y appuyer ensuite assez pour former une première ha bitude de nécessité ou de besoin, qui bientôt s'assujettit toutes les autres. L'éducation de la loutre dont on va parler, en est un exemple : voici ce que M. le marquis de Courtivron, mon confrère à l’académie des sciences, a bien voulu m'écrire en date du 15 octobre 1779, sur une loutre très-privée et trés-docile qu’il a vue à Autun, APETITE LOUTRE DELA GUYANE | f ( uquet-S- HISTOIRE NATURELLE. 103 « Vous autorisez , Monsieur, ceux qui ont, quelques observations sur les animaux à vous les communiquer, même quand elles ne sont pas absolument conformes à ce qui peut paroiître avoir été votre première opi- nion. En relisant l'article de la loutre, j'ai vu que vous doutez de la facilité qu'on au- roit d'apprivoiser cet animal. Dans ce que je vais vous dire , je ne rapporterai rien que Je n’aie vu, et que mille personnes n’aient vu comme moi, à l’abbaye deSaint-Jean-le- Grand , à Autun, dans les années 1775 et 1776 ; j'ai vu, dis-je, pendant l’espace de près de deux ans, à différentes fois, une loutre femelle qui avoit été apportée peu de temps après sa naissance dans ce couvent, et que les tourrières s’étoient plues à élever ; L elles l’'avoient nourrie de lait jusqu'à deux mois d'âge, qu’elles commencèrent à accou- tumer cette jeune loutre à toutes sortes d’a- limens ; elle mangeoit des restes de soupe , de petits fruits, des racines , des légumes, de la viande et du poisson : mais elle ne vou- loit point de poisson cuit, et ellene mangeoit le poisson crud que lorsqu'il étoit de la plus srande fraîcheur ; s’il avoit »lus d'un jour, 2° EN 04 HISTOIRE NATURELLE elle n’y touchoit pas. J'essayai de lui donner de petites carpes : elle mangeoit celles qui étoient vives; et pour les mortes, elle les visitoit en ouvrant l’ouïe avec sa patte, la flairoit, et Le plus souvent les laissoit , même quand on les lui présentoit avant de lui en donner de vives. Cette loutre éltoit privée comme un chien : elle répondoit au nom de Zoup-loup , que lui avoient donné les tour- rières ; elle les suivoit, et je l’ai vue revenur à leur voix du bout d’une vaste cour où elle se promenoit en liberté, et, quoiqu'étranger, je n'en faisois suivre en l'appelant par son nom. Elle étoit familiarisée avec le chat des tourrières , avec lequel elle avoit été élevée , et jouoit avec le chien du jardinier, qu’elle avoit aussi connu de bonne heure: pour tous les autres chiens et chats, quand ils appro- choient d'elle, elle les battoit. Un jour , j'a- vois un petit épagneul avec moi , elle ne lui dit rien d’abord : mais , le chien ayant éte la flairer, elle lui donna vingt soufflets avec ses pattes de devant, comme les chats ont coutume de faire lorsqu'ils attaquent de pe- tits chiens , et le poursuivit, à coups de nez et de têle, jusqu’entre mes jambes ;et depuis, Ut Me AU Au DE LA LOUTRE. 105 toutes les fois qu’elle le vit, elle le poursui- vit de même. Tant que le chien ne se dé- fendoit pas, elle ne se servoit pas de ses dents : mais si le chien faisoit tête et vouloit mordre, alors le combat devenoit à outrance; et j'ai vu des chiens assez gros , déchirés et bien mordus, prendre le parti de la fuite. Cette loutre habitoit la chambre des tour- rières , et la nuit elle couchoït sur leur lit ; le jour elle se tenoit ordinairement sur une chaîse de paille , où elle dormoit couchée en rond; et, quand la fantaisie lui en prenoit , elle alloit se mettre la tête et les pattes de devant dans un seau d’eau qui étoit à son usage, ensuite elle se secouoit et venoit se remettre sur sa chaise, ou alloit se prome- ner dans la cour ou dans Ha maison exté- rieure. Je l’ai vue plusieurs fois couchée au soleil ; alors elle fermoit les yeux : je l’at portée, maniée, prise par les pattes et flat— iée ; elle jouoit avéc mes mains, les mordoit insensiblement, et faisoit petites dents, si cela peut se dire,comme on dit que les chats font patte de velours. Je la menai un jour auprès d’une petite flaque d’eau, où la rivière d'Aroux en laisse lorsqu'elle est débordée : 106 HISTOIRE NATURELLE ce qui vous parotira surprenant, et du m'étonnoit aussi, c’est qu’elle parut craindre de voir de l’eau en si grand volume; elle n’y entra pas, passé le bord où elle se mouilla la tête comme dans le seau : je la fis jeter à quelques pas dans l’eau ; elle regagua le bord _ bien vite, avec.une sorte d’effroi, et nous suivit, très-contente de retrouver ses tour-— rières. Si on peut raisonner d’après un seul fait et un seul individu , la Nature paroît n'avoir pas donné à cet animal le même ins- tinct qu'aux canards, ‘qui barbotent aussitôt qu'ils sont éclos, en sortant de dessous une poule. Cette loutre étoit trèsmal-propre; le besoin de se vider paroissoit lui prendre subitement, et elle se satisfaisoit de même, quelque part qu'elle fût, excepté sur les meubles , mais à terre et dans la chambre comme ailleurs; les tourrières n’avoient jamais pu, même par des corrections, l’accoutumer à aller, pour ses besoins , à la cour, qui étoit peu éloi- gnée : dès qu’elle s’étoit vidée , elle venoit flairer ses excrémens ; ainsi que les chats, et faisoit un petit saut d’alégresse ensuite ; comme satisfaite de s'être débarrassee de ce poids. en és LA DO DT-R:E: 10? J'ai souvent eu occasion de voir cette loutre , parce que je ne passois point à Au- tun sans aller à l’abbaye de Saint-Jean-le- Grand , où madame de Courtivron avoit une tante; et j'ai diné dix fois avec la loutre, qui étoit de très-bonné compagnie. On me l’of- frit : je l'aurois acceptée pour la mettre, en- chaînée, sur le fossé de ma maison à Courti- vron , où elle auroit eu occasion dese marier, si je n’avois reconnu la difficulté de l’enchai- ner , à cause que le cou de cet animal est presque du même diamètre de sa tête et son corps ; je pensai qu’elle pourroit s'échapper, et multiplier chez moi les loutres, qui n’y sont que trop communes, : Je me reproche de m'être si fort étendu sur cet article des loutres , comme susceptibles d’être bien apprivoisées; mais j’ai cru devoir vous donner un exemple de ce que j'ai vu dans notre Bourgogne : ainsi, sans recourir aux exemples de Danemarck et de Suède, s'ils existent, tels que le P. Vanière, dans son poème du Prædium rusticum , les a célébrés, . voilà des choses sur lesquelles vous pouvez compter, et il n’y a rien de poétique dan: ce que je vous dis. » ni DE LA SARICOVIENNÉ, O U LOUTRE MARINE+: Novs avons dit à l’article de la loutre saricovienne, ou carigueibeju de Marcgrave } que cet animal paroissoit se trouver sur la plupart des côtes poissonneuseset desembou-— chures des grands fleuves, dans les plages désertes de l'Amérique méridionale; maïs nous ignorions alors que ce même animal se retrouve au Kamtschatka et sur les côtes et : les îles de toute cette partie du nord-est de l’ancien continent, et sans que la différence de climat paroisse avoir influé sur l’espèce, qui semble être par-tout la même. Ces sari- coviennes de Kamtschatka ont été soigneuse- ment décrites par M. Steller, et l’on ne peut : douter, eu comparant sa description avec mn * Tomg VI, page 108. r | E LA LOUTRE. 10 celle de Marcgrave , que l’espèce de ces sari- coviennes de Kamtschatka ne soit la même que celle du carigueibeju ou saricovienne de TAmérique; on verra de même que les lions “marins, les ours marins , et la plupart des phoques, se retrouvent les mêmes dans les mers les plus éloignées les unes des auires , et sous les climats les plus opposés. - Les Russes qui demeurent au Kam- tschatka , donnent à la saricovienne le nom de bobr ou castor, quoiqu'elle ne ressemble au castor que par la longueur de son poil, et quelle n’ait que peu de rapport avec lui par sa forme extérieure; car c’est une véritable loutre, à laquelle non seulement nous rap porterons ces grandes loutres de la Guiane et du Bresil dont nous avons parlé, mais aussi cette loutre du Canada dont nous avons donné la notice (tome VI, page 201), et qui paroît être de la taille et de l’espèce des sari= . , ll L HISTOIRE NATURELLE. 203 et même deux genres distincts et séparés. Nous donnons ici la figure du vrai lion ma- _rin, dessiné d’après nature par M. Forster, savant naturaliste, voyageur, auquel nous devons aussi plusieurs bonnes observations | sur quelques autres animaux. Il a vu des troupes de ces lions marins sur les côtes des terres Magellaniques , et dans quelques endroits de l'hémisphère austral *; d’autres voyageurs ont reconnu ces mêmes lions marins dans les mers du Nord, sur les îles Kuriles et au Kamtschatka. M. Steller a, pour ainsi dire, vécu au milieu d'eux pen- dant plusieurs mois dans l'ile de Behring, Ainsi l'espèce en est répandue dans les deux hémisphères , et peut-être sous toutes les latitudes , comme celles des ours marins, de la saricovienne et de la plupart des phoques. * Les lions marins sont ces animaux décrits par les navigateurs aux terres australes, comme ayant le cou et la tête garnis d’une crinière, et que nous avions peine à reconnoître, quand nous n’avions pour y rapporter que le faux lion marin d’Anson, ou le grand phoque à museau ridé. (Voyez Particle des Phoques!, tome VI, page 235.) AN RAA UP RS ART) MALE 1. NULL : Qt HA Von Nc dr \Te SE AR ner FA = mn LEA F de 204 HISTOIRE NATURELLE Les lions marins se tiennent et: vont e grandes familles , cependant moins nom. breuses que celles des ours marins, avec. lesquels on les voit quelquefois sur le même « rivage ; chaque famille est ordinairement * composée d’un mâle adulte , de dix à douze femelles *, et de quinze à vingt jeunes des deux sexes: il y a même des mâles qui pas | roissent avoir un plus grand nombre de L femelles; mais il y en a d’autres qui en ont beaucoup moins. Tous nagent ensemble dans la mer, et demeurent aussi réunis lorsqu'ils se reposent sur la terre. La présence ou la voix de l’homme les fait fuir et se jeter à à # LA * MM. Forster disent dix à douze femelles: et M. Steller ne leur en donne que deux, trois et quatre : mais comme le sentiment de MM. Forster ! paroît le mieux fondé, relativement au nombre des petits qui suivent chaque famille, on peut croire qu’en effet les mâles, dans cette espèce, ont le nombre de femelles qu’il leur donne. Au reste, il. paroît que ce nombre des femelles varie dans de certaines circonstances ; car il est dit dans le Z’oyage de Cook, qu’on a vu un mâle entoure de vingt à trente femelles, qu’il étoit très-occupé à retenir au« près de lui; mais qu’il y avoit d’autres mâles qu. n'en avoient qu’une ou deux. DU LION MARIN. 209 l'eau ; car, quoique ces animaux soient bien plus grands et plus forts que les ours marins, ils sont néanmoins plus timides ; lorsqu'un homme les attaque avec un simple bâton, ils se défendent rarement et fuient en gemis- sant : jamais ils n’attaquent ni n’offensent, et l’on peut se trouver au milieu d’eux sans avoir rien à craindre; ils ne deviennent dan- gereux que quand on les blesse grièvement ou qu'on les réduit aux abois ; la nécessité leur donne alors de la fureur , ils font face à l'ennemi, et combattent avec d'autant plus de courage qu'ils sont plus maltraités. Les chasseurs cherchent à les surprendre sur la terre plutôt que dans la mer, parce qu'ils renversent souvent les barques lorsqu'ils se sentent blessés. Comme ces animaux sont puissans, massifs et très-forts , c’est une espèce de gloire parmi les Kamtschatdales que de tuer un lion marin mâle ; l’homme dans l'état de nature fait plus de cas que nous du courage personnel : ces sauvages, excités par cette idée de gloire, s'exposentau plus grand péril; ils vont chercher les lions marins en errant plusieurs jours de suite sur les flots de la mer, sans autre boussole que le soleil et 18 ? Mann ‘d DM 206 HISTOIRE NATURELLE la lune: ordinairement ils les assomment à coups de perches, et quelquefois ils leur lancent des flèches empoisonnées qui les font mourir en moins de vingt-quatre heures, où bien ils les prennent vivans avec des cordes de lianes dont ils leur embarrassent les pieds. R Quoique ces animaux soient d’un naturel brut et assez sauvage , il paroît cependant qu'à la longue ils se familiarisent avec l'homme. M. Steller dit qu’en les traitant bien , on pourroit les apprivoiser : il ajoute qu’ils s’étoient si bien accoutumés à le voir, qu'ils ne fuyoient plus à son aspect, comme au commencement; qu’ils le regardoient paisiblement, en le considérant avec une espèce d'attention ; qu’enfin ils avoient si bien perdu toute crainte, qu'ils agissoient en toute liberté et même s’accouploient de- vant lui. M. Forster dit aussi qu'il en a vu quelques uns qui s’étoient si bien habitués à: voir les hommes, qu'ils suivoient les cha- loupes en mer , et qu’ils avoient l’air d’exa- miner ce que l’on y faïsoit. Cependant, quoique les lions marins soient d'un naturel plus doux que les ours marins, DU LION MARIN. 207 les mâles se livrent souvent entre eux des combats longs et sanglans ; on en a vu qui. avoient le corps entamé et couvert de grandes cicatrices. Ils se batient pour défendre leurs femelles contre un rival qui vient s’en saisir et les enlever ; après le combat le vainqueur devient le chef et le maître de la famille en- tière du vaincu. Ils se battent aussi pour conserver la place que chaque mäle occupe toujours sur une grosse pierre qu'il a choisie pour domicile ; et lorsqu'un autre mâle vient pour l’en chasser, le combat commence et ne finit que par la fuite ou par la mort du plus foible. Les femelles ne se battent jamais entre elles ni avec les mâles; elles semblent être dans une dépendance absolue du chef de la famille : elles sont ordinairement suivies de leurs petits des deux sexes. Mais lorsque deux mäles , c’est-à-dire, deux chefs de fa-— _ milles différentes , sont aux prises, toutes les femelles arrivent avec leur suite pour être témoins du combat; et si le chef de quelque autre troupe arrive de même à ce spectacle et prend parti pour ou contre l’un des deux combattans , son exemple est bientôt suivi 208 HISTOIRE NATUREELE UN . par plusieurs autres chefs, et alors la bataille 7 devient presque générale et ne se termine que par une srande effusion de sang, et sou- vent par la mort de plusieurs de ces mâles , dont les familles se réunissent au profit des vainqueurs. On a remarqué que les trop vieux mâles ne se mélent point dans ces combats : ils sentent apparemment leur foi- blesse; car ils ont soin de se tenir éloignés et de rester tranquilles sur leur pierre, sans néanmoins permettre aux autres mâles ni même aux femelles d’en approcher. Dans la mêlée , la plupart des femelles oublient leurs petits, et tâchent de s’éloigner du lieu de la scène en fuyant; ce qui suppose un naturel bien different de celui des ours marins, dont les femelles emportent leurs petits lors- qu’elles ne peuvent les défendre : cependant il y a quelquefois des mères lionnes qui em- portent aussi leurs petits dans leur gueule ; d’autres qui ont assez de naturel pour ne les point abandonner, et qui se font même as- sommer sur la place en cherchant à les de- fendre: mais il faut que ce soit une excep- tion; car M. Steller dit positivement que ces femelles ne paroissent avoir que très-peu, LE | | BDULION 'MAMRENS ©: 7 Jo) ” d’attachement pour leurs petits, et que quand on les leur enlève , elles ne paroissent point en être émues ; il ajoute qu'il a pris des petits plusieurs fois lui-même devant Le père et la mère , sans courir le moindre risque, et sans que ces animaux insensibles ou dénaturés se soient mis en devoir de les secourir ou de les venger. | | Au reste, dit-il, ce n’est qu'entre eux que les mâles sont feroces et cruels ; ils maltrai- tent rarement leurs petits ou leurs femelles ; ils ont pour elles beaucoup d’attachement, et 115 se plaisent à leurs caresses, qu'ils leur rendent avec complaisance. Mais ce qui paroi- troit singulier, si l’on n’en avoit pas l'exemple dans nos sérails, c’est que, dans le temps des amours, ils sont moins complaisans et plus fiers ; il faut que la femelle fasse les premières avances; non seulement le mäle sultan paroit ètre indifférent et dédaisneux, mais 1l marque encore de la mauvaise hu- meur, et ce n’est qu'après qu’elle a réitéré plusieurs fois ses prévenances qu’il se laisse toucher de sensibilité, et se rend à ses ins- “tances : tous deux alors se jettent à la mer, ils y fout différentes évolutions, et, après 18 210 HISTOIRE NATURELLE avoir nagé doucement pendant quelque tem: ensemble, la femelle revient la première à terre et s’y renverse sur le dos pour attendre: et recevoir son maître. Pendant l’accouple- ment, qui dure huit à dix minutes, le mâle se soutient sur ses pieds de devant; et comme il a Ja taille d’un tiers plus grande que celle de la femelle , 11 la déborde de toute la têie. Ces animaux, ainsi que les ours marins, choisissent toujours les îles désertes pour y aller faire leurs petits, et s’y livrer ensuite aux plaisirs de l'amour. M. Forster, qui les a observés sur les côtes des terres Magella- niques, dit avoir été témoin de leurs amours et de leur accouplement dans les mois de dé- cembre et de janvier, c’est-à-dire, dans la saison d'été dé ces climats. M. Steller, qui les a de même observés sur les côtes de Kam- tschatka et dans les iles voisines, assure qu'ils s’accouplent toujours dans les mois d'août et de septembre , et que les femelles meitent bas au mois de juillet. Il paroît donc que, dans les climats opposés, c’est-toujours en été que les lions marins se recherchent, et que le temps de la gestation est de près de ouze mois; cependant le mème Steller dit DU LION MARIN. EC positivement que les femelles ne portent que neuf mois, comme s’il n’eût pas compté que de septembre et d'août en juillet, il n’y a pas neuf mois, mais dix et onze mois. Ces deux voyageurs que nous venons de citer, ne s'ac- cordent pas sur le nombre des petits que la femelle produit à chaque portée ; selon M. Steller , elle n’en fait qu'un, et selon M: Forster, elle en fait deux : mais il se peut qu'elles ne produisent ordinairement qu'un et quelquefois deux ; il se peut aussi. qu'elles soient moins fécondes au Kam- ischatka qu'aux terres Magellaniques , et enfin il se peut que, comme les petits de l'année précédente suivent leur mère avec ceux de l’année suivante , M. Forster ne les ait pas distingués , en voyant la femelle suivie de deux petits. Les mêmes voyageurs rapportent que ces animaux , et sur-tout les mâles, ne mangent rien tant que durent leurs amours, en sorte qu'après ce temps ils sont toujours fort maigres et très-épuisés ; ceux qu'ils ont ouverts dans cette saison n’ayoient dans leur estomac que de petites pierres , tandis que dans tout autre temps ils sont très-gras, et que leur estomac est farci 212 HISTOIRE NATURELLE À des poissons et des crustacés qu'ils mangent ‘en grande quantité. La voix des lions marins est différente , selon l’âge et le sexe , et il est aisé de dicènis guer, même de loin, le cri des mâles adultes de celui des jeunes et des femelles : les mâles. ont un mupgissement semblable à celui du taureau ; et lorsqu'ils sont 1rrités, ils mar- quent leur colère par un gros ronflement : les femelles ont aussi une espèce de mugisse- ment, mais plus foible que celui du mâle , et assez semblable au beuglement d’un jeune veau ; la voix des petits a beaucoup de rap- port à celle d'un agneau âgé de quelques mois ; de sorte que de loin on croiroit en-— tendre des troupeaux de bœufs et de moutons qui seroient répandus sur les côtes, quoique ce ne soit réellement que des troupes de lions marins , dont les mugissemens, sur des ac- cens et des tons differens, se font entendre d'assez loin pour avertir les voyageurs qu’ils approchent de la terre, que les brumes, dans ces parages , dérobènt souvent à leurs yeux. Les lions marins marchent de la même manière que les ours marins, c’est-à-dire , DU EION MARIN. 2 6 en se traînant sur la terre à l’aide de leurs pieds de devant, mais c’est encore plus pe- samment et de plus mauvaise grace. Il y en a qui sont si lourds, et ce sont probablement les vieux, qu’ils ne quittent pas la pierre qu'ils ont choisie pour leur siége , et sur la- quelle ils passent le jour entier à ronfler et à dormir. Les jeunes ont aussi moins de viva- cité que les jeunes ours marins: on les trouve souvent endormis sur le rivage ; mails leur sommeil est si peu profond , qu’au moindre bruit 1ls s’éveillent et fuient du côte de la mer. Lorsque les petits sont fatigues de nager , ils se mettent sur le dos de leur mère ; mais le père ne les y souffre pas long-temps et les en fait tomber, comme pour les forcer de s'exercer et de se fortifier dans l’exercice de la nage. En général, tous ces lions ima- rins , tant adultes que jeunes, nagent avec beaucoup de vitesse et de légéreté ; ils peuvent aussi demeurer fort long-temps sous l’eau sans respirer. Ils exhalent une odeur forte et qui se répand au loin. Leur chair est presque noire et d'assez mauvais soût, sur- tout celle des mâles; cependant M. Sieller dit que la chair des pieds ou nageoires de . s 214 HISTOIRE NATURELLE derrière est très-bonne à manger, mais peut- être n'est-ce que pour des voyageurs , d'au- tant moins difficiles que ceux-ci manquoient, pour ainsi dire, de tout autre aliment; als disent que la chair des jeunes est blanchâtré et peut se manger, quoiqu'elle soit un peu fade et assez désagréable au goût : leur graisse est très-abondante et assez semblable à celle de l’ours marin, et quoique moins huileuse que celle des autres phoques , elle n’en est pas plus mangeable. Cette grande quantité de graisse et leur fourrure épaisse les de- fendent contre Le froid dans les régions gla- ciales ; mais il semble qu’elles devroient leur nuire dans les climats chauds, d'autant qu'on _mes’est point apperçu d'aucune mue dans le poil, ni de diminution de leur embonpoint, dans quelque latitude qu'on les ait rencon- trés : ces animaux amphibies diffèrent done en cela des animaux terrestres, qui chan- gent de poil lorsqu'on les transporte dans des climats differens. Le lion marin diffère aussi de tous les autres animaux de la mer par un caractère qui lui a fait donner son nom, et qui lus donne en effet quelque ressemblance exté- DU LION MARIN. 215 . xieure avec le lion terrestre : c’est une cri- nière de poils épais, ondoyans, longs de deux à trois pouces et de couleur jaune foncée, qui s'étend sur le front, les joues, le cou et la poitrine ; cette crinière se hérisse lorsqu'il est irrité, et lui donne un air menaçant. La femelle, qui a le corps plus court et plus mince que le mâle, n’a pas le moindre ves- tige de cette crinière; tout son poil est court, lisse, luisant, et d’une couleur jaunâtre assez claire : celui du mâle, à l’exception de la crinière, est de même Inisant, poli et court; seulement il est d’un fauve brunâtre et plus foncé que celui de la femelle ; il n’y a point de feutre ou petits poils lanugineux au- dessous des longs poils, comme dans l’ours marin. Âu reste, la couleur de ces animaux varie suivant l'âge : les vieux mâles ont le pelage fauve comme les femelles , et ils ont quelquefois du blanc sur le cou et la tête; les jeunes ont ordinairement la même couleur fauve foncée des mâles adultes ; mais il y en aquisontd’un brun presque noir, et d’autres qui sont d’un fauve pâle comme les vieux et les femelles. :: Le poids de ce gros animal est d'environ 216 HISTOIRE NATU RELLE quinze à seize cents livres, et sa longueur de dix à douze pieds, lorsqu'il a pris tout son accroissement * ; les femelles , qui sont beau- coup plus minces, sont aussi plus petites, et n'ont communément que sept à huit pieds de longueur : le corps des uns et dés autres, dont le diamètre est à peu près égal au tiers. de sa longueur, a presque par-tout une épais- seur égale, et se présente aux yeux comme. un gros cylindre, plutôt fait pour rouler que pour marcher sur la terre ; aussi ce corps trop arrondi n'y trouve d'assiette que parce qu’étant recouvert par-tout d’une. graisse excessive , 1l prête aisément aux inégalités du terrain et aux pierres sur lesquelles l’ani- mal se couche pour reposer. * Les voyageurs sont d’accord sur le poids des lions marins , mais 1ls ne le sont pas également sur la taille ; les uns leur donnent douze à quatorze pieds de longueur, et dom Pernetu les fait encore plus grands. M. Steller dit que leur corps ne surpasse guère en longueur celui des ours marins ; mais qu’il est beaucoup pris épais ; et M. Forster, qui paroît avoir examiné dé près” és animaux , dit + les vieux hons' marins; ont , en général, dix à douze pieds de longueur , qui est celle que nous adoptons ici, d'autant qu’elle paroît être la plus eguiorme à la pesanteur de lanrmal. DU LION MARIN. Su! La tête paroît être trop petite à proportion d’un corpsaussi gros ; le museau est assez sem- blable à celui d’un gros dogue, étant un peu relevé et comme tronqué à son extrémité ; la lèvre supérieure déborde sur la lèvre infé- rieure, et toutes deux sont garnies de cinq rangs de soies rudes en forme de moustaches qui sont longues, noires, et s'étendent le long de l'ouverture de la gueule : ces soies sont des tuyaux dont on peut faire des cure- dents ; elles deviennent blanches dans la vieillesse. Les oreilles sont coniques et longues seulement de six à sept lignes; leur cartilage est ferme et roide, néanmoins elles sont re- pliées vers l'extrémité ; la partie intérieure en est lisse, et la surface extérieure est cou- verte de poil. Les yeux sont grands et proé- minens ; les caroncules des grands angles en sont fort apparentes et d’une couleur rouge assez vive, en sorte que les yeux de cet ani mal paroissent ardens et échauffés; l’iris en est verd , et le reste de l’œil est blanc, varié de petits filets sanguins ; il ÿ a une membrane çmembrana nictitans) à l'angle intérieur qui peut au besoin recouvrir l'œil en entier à la yolonte de l'animal; des sourcils com posés de Qzadrupèdes, TX. 39 qe ln ce pi À ARTE k 218 HISTOIRE NATURELLE _crins noirs assez forts surmontent les yeux. La langue est couverte de petites fibres tendi- neuses , et elle est un peu fourchue à son ex- irémité: le palais estcannelé etsillonné trans: versalement par des rides assez sensibles. Les dents sont au nombre de trentesix, comme. dans l’ours marin, et sontdisposées de même: les incisives supérieures (pl. XV, fig. 1) sont terminées par deux pointes, au lieu que les inférieures n’en ont qu'une; il y en a quâtre tant en haut qu’en bas: les dents canines (fig.2} : d _ Énn VU sont bien plus longues ue les incisives et d'une forme conique, un peu crochues à l'extrémité, avec une cannelure au côté inté- rieur. IL y a, comme daus l’ours marin , des doubles dents canines à la mâchoire supé- rieure, qui sont placées l’uñe auprès de l’autre entre les incisives et les molaires, et une cä- nine seulement de chaque côté à la mâchoire inférieure ; mais toutes ces dents canines ;, ainsi que les incisives et les molairès, sont du triple plus longues que celles de l'ours marin. Ces dents molaires ( figure 3) sont au nombre de six de chaqne côté dans la mâ- choire supéricure , et au nombre de cinq seulement de chaque côté dans la mächoire ty FL X DU LION MARIN. 219 inférieure ; elles ont à peu près la même figure que les canines , seulement elles sont plus courtes : on remarque sur ces dents molaires une proéminence ou tubérosité os- ‘seuse , qui paroît faire partie constituante de la dent. À _ Le lion marin, au lieu de pieds de de- vant, a des nageoires qui sortent de chaque côte de la poitrine; elles sont lisses et de cou- leur noirâtre sans apparence de doigts, avec une joible trace d’ongle au milieu que l’on distingue à peine : cependant ces nageoires renferment cinq doigts avec des phalanges et leurs articulations; ces petits ongles ont la forme de tubercules arrondis, et sont d’une substance cornée ; ils sont situés au tiers de la longueur de la nageoire en la mesurant depuis l’extrémité : la forme de la nageoire entière est celle d’un triangle alongé et tron- qué vers la pointe, et elle est absolument dénuée de poil ettrcomme crénelée sur la face intérieure. Les nageoires postérieures sont, comme celles de devant, couvertes d’une peau noi- râtre , lisse et sans aucun poil : mais elles sont divisées à l'extérieur en cinq doigts fort | (LPS RENTREE _»o HISTOIRE NATURELLE JAUNE. Jongs et applatis, qui sont terminés par une membrane mince, comprimée, et qui s’ étend au-delà de l'extrémité des doigts; les petits ongles qui sont au-dessus de ces doigts, ne servent à l'animal que pour se gratter le corps. Dans les phoques, la conformation des pieds est très-différente : tous ont des pattes _en devant assez bien conformées, avec des doigts distincts et bien marques, qui sont seulement joints par une membrane; leurs pieds et leurs doigts sont aussi garnis de poil comme le reste du corps , au lieu que, dans le lion marin, comme dans l’ours ma- rin, ces quatre extrémités sont plutôt des nageoires que des pattes; aussi croyons-nous devoir rapporter à l’une ou. l’autre de ces espèces du lion marin ou de l'ours marin ce que dit Frezier des phoques qui se trouvent sur les côtes occidentales de l'Amérique. « Ils different, dit ce voyageur, des loups marins du Nord, en ce que ceux-là ont des pattes , et que ceux-ci ont des nageoires alon- gées à peu près comme des ailes vers les épaules , et deux autres petites qui enferment le croupion. La Nature a néanmoins çcon- | MIBDBGALION MARIN. : " 22 servé au bout des grandes nageoires quelque conformité avec les pattes, car on ÿ remarque des ongles qui en terminent l'extrémité ; peut-être que ces animaux s’en servent pour marcher à terre où ils se plaisent fort, et où ils portent leurs petits, qu'ils nourrissent de poisson. :... Ils jettent des cris comme les veaux, et c'est ce qui les a fait appeler veaux marins; mais leur tête ressemble plutôt à celle d’un chien qu’à tout autre animal, et c'est avec raison que les Hollandois les ap- pellent cAiens marins. Leur peau est cou- verte d’un poil fort ras et touffu , et leur chair est fort hüileusé’et de mauvais goût...néan- moins les Indiens de Chiloé la font sécher, et en font leurs provisions pour se nourrir ; les équipages des vaisseaux en tirent de l’huile pour leurs besoins. La pêche en est fort fa- cile ; on en approche sans peine sur la terre et sur la mer, et on les tue d’un seul coup sur lenez.Ilyena de différentes grandeurs : dans le Sud ils sont de la grosseur des forts mätins, et'au Pérou on en trouve qui ont plus de douze pieds de long. » à La verge du lion marin est à peu près de la grosseur de celle du cheval, et la vulve , 19 222 HISTOIRE NATURELLE dans la femelle , est placée fort bas vers la queue, qui n’a qu'environ trois pouces de longueur. Cette courte: queue est. de forme conique et couverte d’unpoil semblable à celui du corps. Lorsque l'animal est dans une situation alongée, la queue sevtrouve cachée entre les nageoires. de derrière, qui, dans cette situation , sont.très-voisines l'une de l’autre. M. Forster nous a donné, les! dimensions suivantes , paisiés sur une femelle, qui pro- bablement n'avoit pas. encore acquis {tout So accroissement. 2 ME TT OL IT {ui pieds. pouces. lignes, Du bout Fe nez à ap de doists du milieu de la nageoire à Lu di nn À En Door 3 Du, bout du nez jusqu’à l’extré- k À 7 9 mité de Ja MR Se dE nds © Du bout du nez Jusqu'à Porigine sis | | de la UEUR................ D de bi - Circonférence du corps aux’ * FH PSP Épene. IDE RENE SEPT AU Circonférence de la tête derritre ‘ les oreilles. : 4 S MOLSH For 5. Longueur des nageoires de de= ‘": rentré Al Ji re 1 Ant » DU LION MARIN. 223 pieds. pouces. lignes. Longueur . des prgcpiges de der- rière, jusqu'à l’exirémité, du , POUGR,. reussi US S es Dep; l’extrémité de la lèvre supérieure à l’angle de la bou- | pre phés mes na ie: Rae D: DS ë Depuis lextrémité de la lèvre k | supérieure jusqu? à la base des RH Le EU ro à » Longueur des moustaches. RC RE 0 0 Longueur de la queue......... . > 2 10 Longueur de Pongle du doigt du a milieu de là nageoire posté- | nee pisup 91505 our TION KE CUT Hauteur des oreilles... .....1%4 470109 Sr l’on veut: comparer tout ce que nous avons dit: de l’ours marin avec ce que nous venons de dire du lion marin, on peut voir qu’il y a beaucoup d’analogie entre ces ani- maux, tantipar les habitudes naturelles que par plusieurs caractères extérieurs’; néan- moins comme il y a des différences essen- tielles; et que l’on a quelquefois confondu ces deux espèces, il est bon de résumer ici leurs principales différences. | ; Dr nn. 224 HISTOIRE NATURELLE 1°. Le lion marin a, comme le lion ter-— restre , une crinière fauve, et tout le reste de son poil est court, lisse, luisant ét couché sur la peau, au lieu que l'ours marin n’a pointide crinière , et que le poil du cou et de tout le corps est long et hérissé : il y'a de plus à la racine du 10NE poilun second poil plus court; c'est une espèce de fourrure ou feutre lanu- Fees qui manque au lion marin. °. La couleur du lion marin est fauve et ER tirant sur le brun , et à peu près semblable à celle du lion terrestre ; ; tandis que la couleur de l'ours marin est d’ un brun foncé presque’noir, moucheté + quelques dé petits points blancs. | | 3°. La taille des lions marins est ordinaire- ment de dix à douze pieds , et celle des ours marins les plus grands n ‘emcétes jamäis hurt à neuf pieds. 4°. Les lions marins sont indie et fort lourds, et ils ne marquent que bien peu.d’at- tachement pour leur progeniture,;; au con traire , les. ours marins sont: très-vifs, et dounent des preuves d’un: grand, amour pour leurs petits, par les soins qu'ils en prennent. DU LION MARIN. 225 5°. Enfin, quoique les lions et les ours marin$ soient souvent sur le même terrain et dans les mêmes eaux, cependant ils y vivent toujours en troupes séparées et éloi- guees les unes- des autres ; et s'ils sont assez nor se méler quelquefois, ce n'est jamais pour s’habituer ensemble, et chacun rejoint bientôt sa famille. LES LAMANTINS *. (l Nous avons dit que la Nature semble avoir formé les lamantins pour faire la nuance entre les quadrupèdes amphibies et les céta- cés : ces êtres mitoyens placés au-delà des limites de chaque classe , nous paroissent imparfaits, quoiqu’ils ne soient qu’extraor- dinaires et anomaux ; car, en les considé- rant avec attention , l’on s’apperçoit bientôt qu’ils possèdent tout ce qui leur étoit néces- saire pour remplir la place qu'ils doivent occuper dans la chaîne des êtres. * Voyez sur l’étymologie de ce nom lamantin , ce que J'ai dit dans la note tome VI , page 257. On a aussi donné au lamantin le som de vache marine , parce qu'on a cru trouver dans la forme extérieure de sa tête quelques rapports avec celle du bœuf, et que d’ailleurs il se nourrit aussi d'herbes ; plusieurs voyageurs l’ont même appelé sirène ; et c’est peut-être en effet la véritable sirène des anciens, qui a donné lieu à tant de contes et de récits fabuleux. ; va js l HISTOIRE NATURELLE. 927 Aussi les lamantins, quoiqu’informes à Vextérieur, sont à l’intérieur très-bien orga- nisés; et si l’on peut juger de la perfection d'organisation par le résultat du sentiment, ces animaux seront peut-être plus parfaits -que les autres à l’intérieur , car leur naturel et leurs mœurs sembleut tenir quelque chose de l'intelligence et des qualités sociales ; ils ne craignent pas l'aspect de l’homme, ils affectent même de s’en approcher et de le suivre avec confiance et sécurité. Cet instinct . pour toute société est au plus haut degré pour celle de leurssemblables ; ils se tiennent presque toujours en troupes et serrés les uus contre les autres avec leurs petits au milieu d'eux, comme pour les préserver de tout ac- cident : tous se prêtent, dans le danger, des secours mutuels ; on en a vu essayer d’arra- cher le harpon du corps de leurs compagnons blessés *, et souvent l’on voit les petits suivre de près le cadavre de leurs mères jusqu’au rivage, où les pêcheurs les amènent en les tirant avec des cordes. [ls montrent autant de fidélité dans leurs amours que d’attache- * Voyez, ci-après , l’article du lamantin de Æamtschatka. NE et 4! FERRER 226 HISTOIRE NATURELLE ment à leur société; le mâle n a commurié- ment qu'une seule femelle, qu’il accompagne . constamment avant et après leur union. Ils s’accouplent dans l’eau, la femelle renversée sur Le dos; car ils ne viennent jamais à terre et ne peuvent même se traîner dans la vase : ils ont le trou ovale du cœur ouvert, et par conséquent la femelle peut rester sous l’eau pendant la copulation. Ces animaux ne se trouvent pas dans les hautes mers à une grande distance des.terres; ils habitent au voisinage des côtes et des îles, et particulièrement sur les plages qui pro- duisent les fwcus et les autres herbes marines dont ils se nourrissent : leur chair et leur graisse sont également bonnes à manger, et c'est par cette raison qu’on leur fait une guerre cruelle, et que l’espèce en est dimi- nuée sur la plupart des côtes où les hommes se sont habitués en nombre, Nous connoissons quatre ou cinq espèces de lamantins : tous ont la tête très-petite, le cou fort court, le corps épais et très-gros jusqu’à l'endroit où commence la queue , et allant ensuite en diminuant de plus en plus jusqu'à l’origine de Ja pinne ou nageoire qui DES LAMANTINS. 229 termine cette queue en forme d’un éventail étendu dans le sens horizontal ; les yeux sont très-petits et ordinairement situés à égale distance, entre les trous auditifs et l'extrémité du museau ; ces trous, qui leur servent d'oreilles, sont indiqués par deux petites ouvertures Qu'on ne peut appercevoir qu'au moyen d’une inspection attentive. La peau du corps est raboteuse, très-épaisse, et dans quelques espèces elle est parsemée de poils rares ; la langue est étroite, d'une moyenne longueur et assez menue relative- ment au volume du corps ; la verge est pla- cée dans un fourreau adhérent à la peau du ventre, qui s'étend jusqu’au nombril. Les fe- melles ont la vulve assez grande, avec un clitoris apparent ; cette partie nest pas située comme dans les autres animaux, au- dessous mais au-dessus de l’anus. Elles ont les mamelles placées sur la poitrine et très- proéminentes dans le temps de la gestation et de l'allaitement de leurs petits; mais, dans iout autre temps, elles ne sont apparentes que par leurs boutons. | Voilà les caractères généraux et communs à tous les Jamantins; mais il y en a de par- 20 230 HISTOIRE NATURELLE RAA PAUL 7 | 4 u ed è WE CHE ERA UPI #, W Ana \ L 2: ticuliers par lesquels on peut distinguer les espèces : par exemple, le grand lamantin de Kamtschatka manque absolument de doigts èt d’ongles dans les deux mains ou nageoires ; il manque aussi de dents, et n’a dans chaque : mâchoire qu’un os fort et robuste qui lui sert à broyer les alimens : au contraire, les la= AU # mantins d'Amérique et d'Afrique ont des doigts et des ongles, et des deuts molaires dans le fond de la gueule. DES LAMANTINS. 23r ] LE GRAND LAMANTIN DE KAMTSCHATKA. Crrre espèce se trouve en assez grand nombre dans les mers orientaies au-delà de Kamtschatka, sur-tout aux environs de l’île de Behring, où M. Steller en a décrit et même disséqué quelques individus. Cegrand Jaman- tin paroît aimer les plages vaseuses des bords - de la mer:il se tient aussi volontiers à l’em- bouchure des rivières ; mais 1l ne les remonte pas pour se nourrir de l’herbe qui croît sur leurs bords , car il habite constamment les eaux salées ou saumâtres. Il diffère donc , à cet égard, du petit lamantin de la Guiane et de celui du Sénégal , comme il en diffère aussi par la grandeur du corps. Ses mains ou bras ne peuvent lui servir à marcher sur la terre, et ne lui sont utiles que pour nager. « J'ai vu, dit M. Steller, au reflux de 1a 232 HISTOIRE NATURELLE marée, uu de ces animaux à sec; il lui fut. impossible de se mouvoir pour regagner le rivage, et on le tua sur la plage à coups de haches et de pérches. » Ces grands lamantins que l’on voit en troupes autour de l’ile de Behring, sont si peu farouches, qu’ils se laissent approcher et tou- cher avec la main : ils veillent si peu à leur sûreté, qu'aucun danger ne les émeut, et qu'à peine lèvent-ils la tête hors de l’eau lorsqu'ils sont menacés ou frappés, sur-tout dans le temps qu’ils prennent leur nourri- ture ; il faut les frapper très-rudement pour qu'ils prennent le parti de s'éloigner : mais un moment après on les voit revenir au mème lieu, et ils semblent avoir oublie le mauvais traitement qu'ils viennent d’es- suyer; et si la plupart des voyageurs ne di- soient pas à peu près la même chose des autres espèces de lamantins, on croiroit que ceux-ci ne sont si confians et si peu sau- vages autour de l’île déserte de Behring, que parce que l'expérience ne leur a pas encore appris ce qu'il en coûte à tous ceux qui se familiarisent avec l’homme. | Chaque mâle ne paroît s'attacher qu’à une DES LAMANTINS. 232 seule Femelle, et tous deux sont ordinaire- ment accompagnés ou suivis d’un petit de la dernière portée, et d’un autre plus grand de la portée précédente : ainsi, dans cette es- pèce, le produit n’est que d’un; et comme le temps de la gestation est d'environ un an *, on peut en inférer que les jeunes ne quittent leurs père et mère que quand ils sont assez forts pour se conduire eux- mêmes , et peut-être assez âgés pour de- venir à leur tour les chefs d’une nouvelle famille. 8 Ces animaux s’accouplent au printemps, et plus souvent vers le déclii du jouir qu’à toute autre heure : ils profitent cependant … des momens où la mer est la plus tranquille, * À enjuger par ce que dit M. Kracheninnikow , il sembleroit que le temps de la gestation ne devroit être que de huit ou neuf mois ; car il assure que les femelles metient bas en automne, et qu’elles s’ac- couplent au printemps: mais, comme M. Steller a observé long-temps ces animaux à l’île de Behring, et qu'il les a très-bien décrits, nous croyons de- voir adopter son témoignage, et prononcer , d’après son récit, que, dans l’espèce de ce lamantin , le terups de la gestation est en effet d'environ un an. 20 Lol | x k" 234 HISTOIRE NATURELLE et préludent à leur union par des signes et des mouvemens qui annoncent leurs desirs: la femelle nage doucément, en faisant plu- sieurs circonvolutions comme:pour inviter le mâle, qui bientôt s’en approche, la suit de très-près et attend impatiemment qu’elle se : renverse sur le dos pour le recevoir; .dans ce moment , 11 la couvre avec des mouve- mens très-vifs. Ils sont non seulement sus- ceptibles des sentimens d’un amour. fidèle et mutuel ,: mais aussi d’un fort attachement pour leur famille et même pour leur espèce entière; ils se donnent des secours réci- proques lorsqu'ils! sont blessés; ils accom- pagnent ceux qui sont morts, et que les pè-+ cheurs trainent.au bord de la mer. « J'ai vu, dit M. Steller , l'attachement de cesanimaux l'un pour l’autre, et sur-tout celui du mâle pour sa femelle. En ayant D TEA une, le mâle la suivit à mesure qu on l’entrainoit au rivage, et les coups qu’on lui donnoit de toutes parts, ne purent le rebuter :il ne l’abandonna pas même après sa mort; car le lendemain, comme les matelots alloient pour mettre en pièces la femelle qu'als avoient tuée la veille, ils trouvèrent le Li 4 (DES LAMANTINS 235 mâle au bord de la mer, qui ne l'AVOI pas quittée. » À | On harponne les lamantins d'autant plus aisément qu'ils ne s’enfoncent presque ja- mais en entier sous l’eau : mais il est plus aisé d'avoir les adultes que les. petits ou les jeunes , parce que ces derniers nagent beau- _ coup plus vite, et que souvent ils s’'échap- pent en laissant le‘harpon teint de leur sing ou chargé de leur chair. Le harpon, dont la pointe est de fer, est attaché à une longue corde; quatre ou cinq hommes se iñettent sur uüe barque; le premier qui est-en avant, tient-et lance le harpon ; et lorsqu'il a frappé et percé Le lamantin, vingt-cinq ou trente hommes qui tiennent l’extrémité de la corde sur le rivage , tâchent de le tirer à terre; ceux qui sont sur la barque, tiennent aussi une corde qui esi attachée à là première, et ils ne cessent de tirer l'animal: jusqu’à ce qu'il soit tout-à-fait hors de l’eau. y Le lamantin rend beaucoup de sang par ses blessures ; « et j'ai remarqué, dit M. Steller, que le sang jaillissoit comme une fontaine, et qu'il s’arrétoit dès que l'animal avoit la tête plongée dans l’eau; mais que Le jet se CU EN PNA PET PNR OM A ES ER | 236 HISTOIRE NATURELLE renouveloit toutes les fois qu’il l'élevoit au- dessus pour respirer : d’où j'ai conclu que, dans ces animaux, comme dans les phoques, le sang avoit une double voie de circulation ; savoir, sous l’eau, par le trou ovale du cœur, et dans l'air, par le poumon. . : Les fucus et quelques autres herbes qui croissent dans la mer, sont la seule nourri- ture de ces animaux. C'est avec leurs lèvres, dont la substance est très-dure, qu’ils coupent la tige des herbes ; ils enfoncent la tête dans l’eau pour les saisir, et ne la relèvent que pour rendre l’air et en prendre de nouveau ; en sorte que, pendant qu’ils mangent, ils ont toujours la partie antérieure du corps dans l’eau, la moitié des flancs.et toute la partie postérieure au-dessus de l’eau. Lors- qu'ils sont rassasiés, ils se couchent sur le dos sans sortir de l’eau , et dorment dans cette situation fort profondément. Leur peau, quiest continuellement lavée, n’est pas plus nette; elle produit et nourrit une grande quantité de vermine, que les mouettes et quelques autres oiseaux viennent manger sur. leur dos. Au reste, ces lamantins, qus La sont très-gras au printemps et en été, sont + plant : # Fe + DES LAMANTINS. 237 si maigres en hiver, qu'on voit aisément, sous la peau, le dessin de leurs vertèbres et de leurs côtes; et c’est dans cette saison qu'on en rencontre quelques uns qui ont péri entre les glaces flottantes. _ La graisse, épaisse de plusieurs pouces, enveloppe tout le corps de l'animal ; lors- qu'on l’expose au soleil , elle y prend la cou- leur jaune du beurre : elle est de très-bon goût, et mème de bonne odeur ; on la préfère à celle de tous les quadrupèdes , et la pro- priété qu’elle a d’ailleurs de pouvoir être: conservée long-temps , même pendant les chaleurs de l’éte, lui donne encore un plus grand prix. On peut l’'employer aux mêmes usages que le beurre, et la manger de même; celle de la queue sur-tout est très-délicate : elle brüle aussi très-bien sans odeur forte ni fumée désagréable. La chair a le goût de celle du bœuf ; seulement elle est moins tendre, et exige une plus longue cuisson, sur-tout celle des vieux, qu’il faut faire bouillir long- temps pour la rendre mangeable. La peau est une espèce de euir d’un pouce d'épaisseur, plus ressemblant, à l’extérieur, à l’écorce rude d’un arbre qu’à la peau d'un | OU TE ner AN Dh De ou 228 HISTOIRE NATURELLE animal; elle est de couleur noirâtre et sans poil : il ya seulement quelques soies rudes et longues autour des nageoires , autour de la gueule et dans l’intérieur des narines; ce qui doit faire présumer que le lamantin ne les a pas aussi souvent ni aussi long-temps fermées que les phoques , dont l’intérieur des narines est dénué de poil. Cette peau du lamantin est si dure, sur-tout lorsqu'elle est sèche, qu’on a peine à l’entamer avec la hache : les Tschutchis s’en servent pour faire des nacelles, comme d’autres peuples du Nord en font avec la peau des grands phoques. Le lamantin décrit par M. Steller pesoit deux cents pvds de Russie, c’est-à-dire, en- viron huit milliers ; sa longueur étoit de vingt-trois pieds. La tête, fort petite en com- paraison du corps, est de figure oblongue ; elle est applatie au sommet, et va toujours en diminuant jusqu’à l'extrémité du museau, qui est rabattue, de manière que la gueule se trouve tout-à-fait au-dessous *; l'ouverture en est petite et environnée de doubles lèvres, * Clusius et Hernandès, qui ont donné la des- gription du lamantin des Antilles, ne paroissent L AA | DES LAMANTINS. 239 tant en haut qu’en bas. Les lèvres supérieures et inférieures externes sont spongieuses , épaisses et très-gonflées ; l’on voit à leur sur- face un grand nombre de tubercules, et c’est de ces tubercules que sortent des soies blanches ou moustaches de quatre ou cinq pouces de longueur : ces lèvres font les mêmes mouvemens que celles des chevaux, lorsque l'animal mange. Les narines, qui sont situées vers l'extrémité du museau, ont un pouce et demi de longueur sur autant de largeur environ, quand elles sont entière- ment ouvertes. s | La mâchoire inférieure est plus courte que la supérieure : mais ni l’une ni l’autre nesont garnies de dents; ily a seulement deux os durs et blancs, dont l’un est fixé au palais supérieur, et l’autre à la mâchoire inférieure. Ces os sont criblés de plusieurs petits trous; leur surface extérieure est néanmoins solide et crénelée, de manière que la nourriture se broye entre ces deux os en assez peu de temps. , Les yeux sont foit petits, et sont situés as l'avoir bien observé; car il n°a pas la tête telle qu'ils la représentent, mais assez semblable à celle: de ce lamantin de Kamitschatka, { LL \ \ ». 1 ae T'aure L DS 2 né + ri W, :à : f ñ : \dc * : 240 HISTOIRE NATURELLE précisément dans les points milieux entres l'extrémité du museau et les petits trous qui tiennent lieu d'oreilles. Il n’y a point de sourcils ; mais dans le grand angle de chaqu œil , il se trouve une membrane cartilagi- neuse en forme de crête, qui peut, comme dans la loutre marine ( saricovienne }), cou- vrir le globe de l'œil en entier, à la volonté de l'animal. IL n’y a point d'oreilles externes : ce ne sont que deux trous de figure ronde, si pe- tits, que l’on pourroit à peine y faire entrer une plume à écrire; et comme ces conduits auditifs ont échappé à l’œil de la plupart des voyageurs , ils ont cru que les lamantins étoient sourds, d'autant qu’ils semblent être muets ; car M. Steller assure que ceux de Kamtschatka ne font jamais entendre d’autre: bruit que celui de leur forte respiration : cependant Kracheninnikow dit qu'il brait ou qu'il beugle, et le P. Magnin de Fri- bourg compare le cri du lamantin d’Amé- rique à un petit mugissement. Dans le lamantin de Kamtschatka, le cou | ne se distingue presque pas du corps; il est seulement un peu moins épais auprès de Ja DES LAMANTINS. : 24r tête que sur le reste de sa longueur. Mais un caractère singulier par lequel cet animal diffère de tous les autres animaux terrestres ou marins, c’est que les bras, qui partent des épaules auprès du cou, et qui ont plus de deux pieds de longueur, sont formés et articulés comme le bras et l’avant-bras dans l'homme. Cet avant-bras du lamantin finit avec le métacarpe et le carpe, sans aucun vestige de doigts ni d'ongles; caractères qui éloignent encore cet animal de la classe des quadrupèdes : le carpe et le métacarpe sont environnés de graisse et d’une chair tendi- neuse, recouverte d’une peau duré et cornée. On a compté soixante vertèbres dans ce la- mantin , et la queue commence à la vinst- sixième, et continue par trente-cinq autres; en sorte que le tronc du corps n’en a que vingt-cinq. Le lamantin des Antilles en a cinquante-deux, depuis le cou jusqu’à l’ex- trémité de la queue. Dans un fœtus de lamau- tin de la Guiane , il y en avoit vingt-huit dans la queue, seize dans le dos, et six dans le cou, en tout cinquante *, Ainsi, en sup- posant qu’il y eût sept vertèbres dans le cou * Voyez l’article du /amantin , tome VI , p. 207. 21 À TM ( 4 MUR Gr CR EN AT: 52. tr | LE Ki FAT LM dr" . 242 HISTOIRE NATURELLE du lamantin des Antilles , il en auroit en tout cinquante-neuf. La queue va toujours en diminuant de grosseur , et sa forme exté- rieure est plutôt quarrée qu’applatie : dans celui de Kamtschatka, elle est terminée par une pinne épaisse et très-dure qui s’élargit horizontalement, et dont la substance est à peu près pareille à celle du fanon de la ba- leine. Le membre du mâle, qui ressemble beau- coup à celui du cheval, mais dont le gland est encore plus gros, a deux pieds et demi de longueur ; il est situé dans un fourreau adhérent à la peau du ventre, et il s’étend jusqu’au nombril. Dans la femelle, la vulve est située à huit pouces de distance au-dessus de l'anus; le clitoris est apparent, il est presque cartilagineux et long de six lignes. Les deux mamelles sont placées sur la poi- trine : elles ont environ six pouces de dia- mètre dans le temps de la gestation, et tant que la mère allaite son petit ; mais , dans tout autre temps, elles n’ont que l’apparence d'une grosse verrue ou d’un simple bouton : le lait est gras, et d’un goût à peu près sem- blable à celui de la brebis. [a DES LAMANTINS. 2 2 Dimensions du lamantin tué dans l'ile de Behring, le 12 juillet 1742, réduites au pied-de-roi de France. pieds pouces. lignes, Longueur du corps entier, depuis la lèvre supérieure jusqu’à l’ex- | trémité de la queue.......... 23 Z 6 Longueur depuis l’extrémité de la lèvre supérieure aux uarines... 2 7 6 Pu milieu du nez à langle de. D RUL dau ar, » 7 Largeur de l’œ1l entre ses deux Sn, lhmonéelenire les Veux... TL... 4 3 Largeur et hauteur des narines,.. » 2 3 De lextrémité de la lèvre supé- rieure au coin de la gueule.., x 2 3 De Pextrémité de la lèvre supé- RICA TÉpAUlE. .....,. 4e ed » e] De l’extrémité de la lèvre supé- rieure à l’onifice de la vulve... 15 2 » De la lèvre inférieure au ster- ne UE LU Ve 2 . 8 Diamètre de la gueule, pris au coin de son ouverture....,,.. 1 6 Q : (RAA CAIN à Rte. hf à 244 HISTOIRE NATURELLE sn pouces. MG: Circonférence de la tête à l'endroit des narihes. :. NP RNCS 5 L Circonférence de la tête aux yeux 3 % Hauteur du museau à son extré- ME Le ee SR CNRS 7 9 Circonférence du corps aux épaules II 3 » Circonférence du cou prise à la nues A CT à 2. 0000 LS ENS PAR à < Circonférence du corps à l’abdo- | MEN. ..sssossoossessessesse 19 2 q Circonférence de la queue à l’inser- tionide la pinge te Ts PR ; 4. 6 Distance entre l’anus et la vulve » 7 6. Longueur dela vülves.. 4.45 Me 9 : Distance entre les deux extrémités des deux cornes de la queue... 6 x 2 Longueur de la tête , depuis les narimes à l’occiput, prise sur le sellette... 52, RES T 3 . Longueur de la tête à l’occiput.. » 9 g Longueur de l'os de l’épaule..,.. # € 6 Longueur de l’os du bras...,... » ï# 5 Largeur ou plutôt longueur de l'est. Lee Ne Ne CES 6 3. Longueur totale des intestins, de- puis la gorge jusqu’à lanus, DES LAMANTINS. 245 pieds. pouces, lignes, c’est-à-dire , vingt fois aussi longs quele corps entier de l’ani- DR RE OU el CURE Le Puienr du CŒUT, M: 2. secoue. Largeur dur: ER Lonaueur- des TEIMS :\ 45.40.04 armeur Des reins. NT Ne. Longueur de la langue... me. Largeur de la langue. ......,.. 466 y ri N° # ke 21 LS II IE ë ON ON y IE 9 Co NL + S à FAR MAD | 246 HISTOIRE NATURELLE | £ LE GRAND LAMANTIN DES ANTILLES. N OUS appelons cette espèce /e grand la- mantin des Antilles , parce qu’elle paroît se trouver encore aujourd’hui aux environs de ces iles, quoiqu’elle y soit néanmoins de- venue rare depuis qu'elles sont bien peu- plées. Ce lamantin diffère de celui de Kam- tschatka par les caractères suivans : la peau rude et épaisse n’est pas absolument nue, mais parsemée de quelques poils qui sont de couleur d’ardoise , ainsi que la peau; il a dans les mains cinq ongles apparens , assez semblables à ceux de l’homme ; ces ongles sont fort courts ; il a de plus non seulement une callosité osseuse au-devant de chaque mâchoire, mais encore trente-deux dents molaires au fond de la gueule : et, au con- traire, il paroît certain que, dans le laman- tin de Kamtschatka, la peau est absolument ) DES LAMANTINS. 247 deénuée de poil, les mains sans phalanges ni doigts ni ongles , et les mâchoires sans dents. Toutes ces différences sont plus que suffisantes pour en faire deux espèces dis- tinctes et séparées. Ces lamantins sont d’ail- leurs très-différens par les proportions et par la grandeur du corps. Celui des Antilles est moins grand que celui de Kamtschatka ; il a aussi le corps moius épais : sa longueur n’est que de douze, quatorze, quinze, dix-huit, et rarement de viugt pieds, à moins qu'il ne soit très-âgé. Celui qui est décrit dans le Nouveau Voyage aux îles de l'Amérique, imprimé à Paris en 1722, n’avoit que huit pieds de circonférence, sur quatorze de lon- gueur , tandis que le lamantin de Kam- tschatka dont nous venons de parler, avoit environ dix-huit pieds de circonférence, et vingt-trois pieds quelques pouces de lon- gueur. Malgré toutes ces différences, ces deux espèces de lamantins se ressemblent par tout le reste de leur conformation : ils ont aussi les mêmes habitudes naturelles; tous deux également aiment la société de leur es- pèce, et sont d’un naturel doux, tranquille et confiant: ils semblent ne pas craindre Îa présence de l’homme. dt AE 248 HISTOIRE NATURELLE On voit les Jamantins des Antilles tou jours en troupes dans Le voisinage des côtes, : et quelquefois aux embouchures des rivières; et c'est probablement ce qui a fait dire à Oviedo et à Gomara, qu’ils fréquentoient aussi-bien les eaux des fleuves que celles de la mer: cependant ce fait ne paroît vrai que pour le petit lamantin, dont nous parlerons dans la suite; et il paroît certain que les grands lamantins des Antilles, non plus que ceux de Kamtschatka, ne remontent point les rivières, et se tiennent toujours dans les eaux salées et saumâtres. . Le grand lamantin des Antilles a, comme celui de Kamtschatka , le cou fort court, le corps très-gros et très-épais jusqu’à l'endroit où commence la queue, qui va toujours en diminuant jusqu’à la pinne qui la termine. Tous deux ont encore les yeux fort petits, et de très-petits trous au lieu d’oreilles : tous deux se nourrissent de fucus et d’autres herbes qui croissent dans la mer; et leur chair et leur graisse, lorsqu'ils ne sont pas trop vieux, sont également bonnes à man- ger : tous deux ne produisent qu'un seul petit, que la mère embrasse et porte souvent entre DES LAMANTINS. 24 ses mains ; elle l’allaite pendant un an, après quoi il est en état de se pourvoir lui-même et de manger de l'herbe. Cependant , selon Oviedo, le lamantin des Antilles produiroit deux petits : mais, comme il paroît que, dans cette espèce , ainsi que dans celle du lamantin de Kamtschatka ;, les petits ne quittent leurs mêres que deux ou trois ans après leur naissance, il se pourroit que, cet auteur ayant vu deux petits de portées diffé- . rentes suivre la même mère, il en etit con- clu qu’elles produisoient en effet deux petits à la fois, RAR NC 250 HISTOIRE NATURELLE : LE GRAND LAMANTIN DE LA MER DES INDES. Novs avons rapporté(tome VI, page277), ce que le voyageur Dampier a dit des la- mantins qu'il a vus aux Philippines, et qui nous paroissent avoir plusieurs rapports de ressemblance avec les grands lamantins des Antilles : cependant nous ne croyons pas qu'ils soient absolument de la même espèce; car il n’est guère possible que ces animaux aient fait la traversée de l'Amérique aux grandes Indes. L’on verra, dans l’article sui- vant, les faits qui prouvent qu’ils ne peuvent voyager au loin, ni parcourir les hautes mers. | DES LAMANTINS 257 LE PETIT LAMANTIN / Ê D’AMÉRIQUE. Czrrs quatrième espèce, plus petite qué les trois précédentes , est en même temps plus nombreuse et plus répanduë que la se- conde , daus les climats chauds du nouveau monde : elle se trouve non seulement sur presque toutes les côtes , mais encore dans les rivières et les lacs qui se trouvent dans l'intérieur des terres de l'Amérique méridio- nale , comme sur l’Orénoque, l’Oyapok, l’Amazone, etc. : on les trouve aussi dans les rivières, et enfin dans la baie de Campèche et autour des petites îles qui sont au midi de celle de Cuba. Les grands lamantins des Antilles ne quittent pas la mer ; mais le petit lamantin préfère les eaux douces, et remonte dans les fleuves à mille lieues de distance de la mer. M. de la Condamine en a vu dans la rivière des Amazones jusqu'à la cataracte de Borja, Std TU SEA MIEL LS 1. (RENOMMER 252 HISTOIRE NATURELLE au-dessus de laquelle il ne s'en trouve plus. Jlparoît que ces petits lamantins d'Amérique fréquenteut altérnativement les eaux de la mer et celles des fleuves , selon qu'ils y trouvent de la pâture ; mais ils habitent constamment sur les fonds élevés des côtes basses, et les rivières où croissent les herbes dont ils se nourrissent : on ne les rencontre jamais dans les endroits voisins des côtes escarpées , où les eaux sont profondes , ni dans les hautes mers à de grandes distances des terres ; car ils n’y pourroient vivre, puis- qu'il ne paroit pas qu’ils mangent du poisson : ils ne fréquentent donc que les endroits qui produisent de l'herbe; et c’est par cette raison qu'ils ne peuvent traverser les grandes mers, * dont le fond ne produit point de végétaux, et où par conséquent ils périroient d’inani-— tion : ainsi nous ne croyons pas que les. lamantins de la mer des Indes et ceux des côtes du Sénégal soient de même espèce que les lamantins d'Amérique , petits ou grands. # Les voyageurs s'accordent à! dire que le petit lamantin d'Amérique, dont il est ici question, se nourrit non seulement des “ DES LAMANTINS. 253 herbes qui croissent sous les eaux, mais qu’il broute encore celles qui bordent les rivages, lorsqu'il peut les atteindre en avançant sa tête, sans sortir entierement de l’eau: car il n’a pas plus que les autres lamantins, la fa- culté de marcher sur la terre, ni même de s’y trainer. | Les femelles, dans cette espèce, produisent ordinairement deux petits, au lieu que les grands lamantins n’en produisent qu'un. La mère porte ces deux petits sous chacun de ses bras , et serrés coutre ses wiauuelles, dont ils neseséparent point, quelque mouvement qu'elle puisse se donner; et lorsqu'ils sont devenus assez forts pour nager, ils la suivent constamment , et ne l’abandonnent pas lors- qu'elle est blessée, ni même après sa mort, car ils persistent à l'accompagner lorsque les pécheurs la tirent avec des cordes pour l'amener au rivage. La peau de ces petits lamantins adultes est, comme celle des grands, rude et fort épaisse : leur chair est aussi très-bonne à manger. î Quadrupédes, TX: 1182 * 254 HISTOIRE NATURELLE À ets LE PETIT LAMANTIN \ DU SÉNÉGAL. N ous avons donné (tome VI, page 274}, d'après M. Adanson , la description de ce petit lamantin du Senégal, qui est de la même grandeur que celui de Cayenne, mais qui paroit en difiérer, en ce qu'il a des dents molaires et quelques poils sur le corps; ca- ractères qui suffisent pour le distinguer de celui d'Amérique, auquel les voyageurs ne donnent ni dents moiaires, ni poil sur le corps. Ainsi nous présumons qu'on peut compter cinq espèces de lamantins : la pre- mière est Le grand lamantin de Kamischatka, qui, comme nous l'avons dit, surpasse tous les autres en grandeur, et qui n'a pi dents molaires, ni ongles au bout des mains, ni poil sur le corps; la seconde, Le grand la- mantin des Antilles, qui a des deuts mo- DES LAMANTINS. 255 laires , des ongles et quelques poils sur le corps, et dont la longueur n’est au plus que de dix-huit à vingt pieds, tandis que celle du lamantin de Kamtschatka est de plus de vingt-trois pieds; la troisième, le grand lamantin de la mer des Indes, qui n’est pas encore bien connu, mais qui doit être d'une espèce différente de celle du Kamtschatka et des Antilles, puisque ni l’une ni l’autre ne peut traverser les hautes mers, parce qu'elles ne produisent poiut les herbes dont ces ani- maux se nourrissent ; la quatrième, le pezit Jamantin de l'Amérique méridionale, qui fréquente également les eaux salées et les eaux douces, et diffère beaucoup des trois premiers par la grandeur, qui est de plus de deux tiers au-dessous; et la cinquième, le _ petit lamantin du Sénégal, qui se trouve dans plusieurs fleuves de l'Afrique, comme le petit lamantin de la Guiane dans ceux de ‘l'Amérique. Ces deux petites espèces diffèrent en ce que la première n’a point de dents, et que les trous auditifs sont plus grands que dans la seconde. Voilà ce que j'ai pu recueillir de moins incertain au sujet des différentes espèces ds £ La LEA NNSE » FR OT VOUS 256 HISTOIRE NATURELLE. lamantins, qui, comme J'on voit, ne sont pas encore parfaitement connues. Quel- ques voyageurs ont parlé des lamantins des Philippines, et M. Forster n’a dit en avoir vu aussi sur les côtes de Ia nouvelle Hol- lande; mais nous ignorons si ces espèces des Philippines et de la nouvelle Hollande peu- vent se rapporter à celles dont nous venons de parler, ou si elles en diffèrent assez pour qu'on doive les A la à comme des espèces différentes. Fin du tome neuvième. à HAE. des à MA ed Des articles contenus dans ce volume. Y \ A DDITION à l’article du rhinocéros, page 5, Seconde addition à l’article du rhinocéros, 10. Addition à l’article de Péléphant, 22. De l'éléphant, de l’hippopotame et du chameau , 304 Addition à l’article du chameau et du droma- daire, 45. Addition 2 à l’article de l’hippopotame, 48. Addition de l’éditeur hollandois, 52. Autre addition à l’histoire de l’hippopotame, 57. Observations faites en préparant la peau de l’'hippopotame , etc. 60. Nouvelle addition à l’article de Phippopoiame, 81. Addition à l’article de la loutre, 96. De la loutre, 102. De la saricovienne , ou loutre marine, 108. Addition à l’article qui a pour tre : Des morses, ou vaches marines, 127: 54 SAR RS ni nie DE TA TT Addition à l’article des th 132. Les phoques sans oreilles. * où phoques propre ment dits, 135. ds Le grand phoque à museau ridé ÿ 136. Le phoque à ventre blanc, 141. Le phoque à capuchon, 165. Le phoque à croissant, 163. Le phoque neit-soak, 167. Le phoque laktak de Kamtschatka, 168. Le phoque gassigiak , 169. Le phoque COREOES EUeS L'ours marin, 178. Le lion marin, 202. Les lamanuns, 226. : Le grand Jamantin de RACE: 231. Le grand lamanin des. Antilles ; 246. | . Le grand lamantin de la mer des Indes, 250. Le petit lamantin d'Amérique, 25r. Le petit lamantin du Sénégal, 254. DE L'IMPRIMERIE DE PLASSAN. _ i sù #€ À A "1 ) LD Q1— x ph # DS 1 à , i à. à LT a é « 3 9088 00769 6594