HISTOIRE NATURELLE OISEAUX TOME NEUVIÈME. ie 200. NATURELLE : Par BUFFON, DÉDIÉE AU CITOYEN LACEPEDE, Fe to | ] tee 1 fi Fe MEMBRE DE L'INSTITUT NATIONAL. A ja: Vi 9 | 2544) sontan letitus RICHMOND COLLECTION: ie Q Wationa hat À LA LIBRAIRIE STÉRÉOTYPE DE P. DIDOT £L’AÎNÉ, GALERIES DU LOUVRE, N° 3, at Firmin DIDOT , RUE DE THIONVILLE, N° 114. ; | AN Y LI — 1799. ÿ auquelS MES TO LRE NATUREL LE . Ê La r F LE QUE LT. À Cr oiséau ;'qui'ést fort répandu aujour- d'hui, semble l'avoir été plus anciennement dans nos Gaules qu’en Italie, puisque son nom latin a/auda, selon les auteurs latins les plus instruits, est d’origine gauloise ?. 3 Voyez les planches enluminées, n°363 fig. 1. 2 Le nom celtique est alaud, d’où nous avons formé aloue, puis aloueite. Apparemment que les soldats de la légion nommée alauda portoient sur Jeur casque un'panache qui avoit quelque. rapport avec celui de l'alouette huppée. Schwenckfeld. et Klein, qui apparemment n’ayoient pas lu Pline, 1 x} Ebes de : ni 6: HISTOIR NATURELLE - __n à Les Grecs en connoissoient de deux espèces: l’une quiav oi une buppesur, la Lège, { gue par ceite raison l'on avoit némmée x0pud 0, xopudanros, galerila, cassita ; l'autre qui n’a- voit point de huppe, et dont il s'agit dans ce article. :Willughbÿiest lejseul l'autéur, qui je sache, où l’on trouve que cette dernière relève quelquefois les plumes de la tête en ” forme de huppe, ‘et je n’en suis assuré moi- même à l'égard du mâle, en sorte que les noms de galerita et de #obu oc 1 peuvent aussi lui convenir. Les Allemands l’appellent lerch, qui se prononce-en plusieurs pro- vinces /erichk, et paroît visiblement unité de son,thant. M. Barriñgton la met au nombre | des alonettes qui chantent. lermieux, et l'on s'est fait. ume étude de ÉcÈQuer. en. volière COMORES Lo of er M mon FR: PHONE défivent ce mom:d Here a laude parce que, cela le premier > On à remarqué qu “elle s’élevoit sept fois. de jour. vers le.ciel, cliantaat'les: louanges de Dieu. AL:est :bien reconnu: que-1outes’les créatures at testent l'existence et sont la gloire, du, Créateurs mais faire chanter les heures canomiales à 'de petits oïstaux , et fonder cette conjecture sur la ressem= “blance huis d'un mot latin avet ünmot gaulois, il faut avouer que C’est une idée bien puérile. : DE-L’A LONDETAMEs 4 8 pour jouir de son ramage en tonte saison, el, par elle, du ramage de tout autre oiseau, qu’elle prend fort vite, pour peu:qu’elle ait été à portée.de l'entendre quelque temps, eË cela même après que son chant propre es£ fixé : aussi M. Daines Barrington l’appelle- t-il oiseau moqgueur, imlilateur; mais elle imite avec cette pureté d’organe ,.cette flexi- bilité,de gosier qui se prête à tous les accens et,qui les embellit. Si l'on veut que son ramage., acquis ou naturel, soit vraiment pur, il faut que ses oreilles ne soient frappées _ que d’une seule espèce de chant, sur-tout danse, temps de la jeunesse, sans quoi ce ne seroit plus qu'un composé bizarre et mal assorti de tous les ramages qu elle auroit entendus. Lorsqu'elle est libre, elle commence à chanter dès les premiers jours du printemps, qui sont pour elle le temps de l’amour; elle continue, pendant toute la belle saison : le : matin.ef le soir sont les temps de Ia journée où elle se fait le plus entendre, et le mi- lieu du jour celui où on l'entend le moins x. * Cela peut être Vrai dans les pays Hd pu comme lItalie et la Grèce; car dans nos pays tens- Fe * ' PA 2 «CPR 8 HISTOIRE"NATURELLE Élle est du petit nombre des oiseaux qui chantent en volant : plus elle s’élève, plus elle force la voix, et souvent elle la force’à un tel point, que, quoiqu’elle se soutienne au haut des airs et à perte de vue, on l’en- tend encore distinctement, soit que ce chant ne soit qu'un simple accent d'amour ou de _ gaieté, soit que ces petits oiseaux ne chan- tent ainsi en volant que par une sorte d’é- mulation et pour se rappeler entre eux. Un oiseau de proie qui compte sur sa force et médite le carnage, doit aller seul, garder dans sa marche un silence farouche, de peur que le moindre cri ne fût pour ses pareils un avertissement de venir partager sa proie, et pour les oiseaux foibles, un _ signal de se tenir sur es gardes : c’est à ceux-ci à se rassembler, à s’avertir, à s'ap- puyer les uns les autres, et à se reudre ou du moins à se croire forts par leur réunion. Au reste, l’alouette chante rarement à terre, où néanmoins elle se tient toujours lors- qu'elle ne vole point; car elle ne se perche jamais sur les arbres, et on doit la compter érés on ne remarque point que l’alouette’'se taise au milieu du jour. à ai DE L’ALOUETTE. 9 . parmi les'oiseaux pulvérateurs : aussi ceux qui la tiennent en cage, ont-ils grand soin d'y mettre dans un coin une couche assez épaisse de sablon où elle puisse se poudrer à son aise, et trouver du soulagement contre la vermine qui la tourmente; ils y ajoutent du gazon frais souvent renouvelé, et ils ont l'attention que la cage soit un peu spa cieuse. je On a dit que ces oiseaux avoient de l’anti- pathie pour certaines constellations , par exemple ; pour Æycturus, et qu'ils se tai- soient lorsque cette étoile commençoit à se lever en même temps que le soleil; appa- remment que c'est däns ce temps qu'ils en- trent en mue, et sans doute ils y entreroient toujours quand ./rcturus ne se leveroit pas. Je ne m’arrèterai point à décrire un oiseau aussi connu : je remarquerai seulement que ses principaux attributs sont d’avoir le doigt du milieu étroitement uni avec le doigt extérieur de chaque pied par sa première phalange ; l’ongle du doigt postérieur fort long et presque droit; les ongles antérieurs très-courts et peu recourbés ; le bec point trop foible, quoiqu’en alène; la langue assez LA \ As 7 00 10 HISTOIRE NATURELLE À large, dure et fourchue; les narines rondes ei à demi découvertes; l’estomac charnu et assez ample, relativement, au volume du corps; le foie partagé en deux lobes fort: inégaux , le lobe gauche paroissant avoir été gèné -et arrèlé dans son, accroissemen£ par Le volume de l'estomac; environ neuf pouces de tube iuiesHyeh deux très-petits cæcurt communiquant, à l'intestin ; uue vé- sicule du fiel; le fond des plumes noirâtre; douze pennes à la queue et dix-huit aux ailes, dont les moyennes ont le bout coupé presque quarrément et partagé dans son milieu par un angle rentrant, caractère commun à toutes les alouettes. J'ajouterai.encore que les mâles sont un peu plus bruns que les femelles *; qu'ils ont un collier noir, plus de blanc à la queue , et la contenance, plus fière; qu'ils sout un peu plus gros, quoique cependant le plus pesant de tous ne pèse pas deux onces; cnfin qu'ils ont, comme dans presque.toutes *II ma paru que ES alouettes où mauviettes de Beauce, qui sé vendent À Paris, sont plus brunes que nos alouettés de Bourgogne. Queldsés individus ent plus ou moins de roussûtre ;; plus-ou moins de penues de aile bordées de cette couleur. DE L'ALOUETTE. Tr les autres espèces , Ie privilése exclusif du chant. Olina semble supposer qu'ils ont l’ongle postérieur plus long ? ; mais je soup- conne avec M. Klein que cela dépend autant de l’âge que du sexe. Lorsqu'aux premiers beaux jours du prin- temps, ce mâle est pressé de s’unir à sa fe- meile, il s’élève dans l’air en répétant sans cesse son cri d'amour, et embrassant dans son vol un espace plus ou moins étendu, selon que le nombre des femelles est plus “petit ou plus grand : lorsqu'il a decouvert celle qu’il cherche, il se précipite et s’ac- couple avec elle. Cette femelle fécondée fait promptement son nid; elle le place entre deux mottes de terre; elle le garnit intérieu- rement d'herbes, de petites racines sèches ?, et preud beaucoup plus de soin pour le cacher que pour le construire : aussi trouve-t-on très- peu de nids d’alouette, relativement à la quan- 1 Gesner assure avoir vu un de ces ongles long d'environ deux pouces ; mais il ne dit pas st Poiseau étoit mâle ou femelle. 2 Les Li UD disent que le, nid des alouettes est mieux construit que celui des cailles et des perdrix. | Ve EUX à À d; 12 HISTOIRE NATURELLE titéde ces oiseaux.Chaque femelle pond quatre ou cinq petits œufs qui ont des taches brunes sur un fond grisâtre: elle ne les couve que pendant quinze jours au plus, et elle em- ploie encore moins de temps à conduire et à élever ses petits. Cette promptitude a souvent trompé ceux qui vouloient enlever des cou- .vées qu’ils avoient découvertes, et Aldrovande tout le premier : elle dispose aussi à croire, d’après le témoignage du mème Aldrovande et d'Olina, qu’elles peuvent faire jusqu’à trois couvées dans un été, la première au com- mencement de mai, la seconde au mois de juillet, et la dernière au mois d’août : mais si cela a lieu, c’est sur-tout dans les pays chauds, dans lesquels il faut moins de temps aux œufs pour éclore, aux petits pour arri- ver au terme où ils peuvent se passer des soins de la mère, et à la mère elle-même pour recommencer une nouvelle couvée. En effet, Aldrovande et Olina, qui parlent des trois couvées par an, écrivoient et obser- voient en Italie; Frisch, qui rend compte de ce qui se passe en Allemagne, n’en admet que deux ; ét Schwenckfeld n’en admet qu'une seule pour la Silésie. ha DE L’ALOUETTE. 13 \ Les petits se tiennent un peu séparés les uns des autres : car la mère ne les rassemble pas toujours sous ses ailes ; mais elle voltige souvent au-dessus de la couvée, la suivant _ de l’œil avec une sollicitude vraiment ma- ternelle , dirigeant tous ses mouvemens , pourvoyant à tous ses besoins, veillant à tous ses dangers. p/2ù L'instinct qui porte les alouettes femelles à élever et soigner ainsi une couvée, se dé- clare quelquefois de très-bonne heure , et même avant celui qui les dispose à devenir mères, et qui, dans l’ordre de la Nature, devroit , ce semble , précéder. On m'ayoit apporté, dans le mois de mai, une jeune alouette qui ne mangeoit pas encore seule; je la is élever, et elle étoit à peine sevrée lorsqu'on m'apporta d’un autre endroit une couvée de trois ou quatre petits de la même espèce : elle se prit d’une affection singulière pour ces nouveaux venus, qui n’étoient pas beaucoup plus jeunes qu’elle; elle les soi- gnoit nuit et jour, les réchaufloit sous ses ailes , leur enfonçoit la nourriture dans la gorge avec le bec: rien n’étoit capable de la détourner de ces intéressantes fonctions ; si 2 14 HISTOIRE NATURELLE on l’arrachoit de dessus ces petits, elle revo- Joit à eux dès qu'elle étoit Hibre, sans jamais ‘‘ songer à prendre sa volée, comme elle l’au- roit pu cent fois. Son affection ne faisant que croître, élle en oublia à la lettre le boire et le manger, elle ne vivoit plus que de la becquée qu’on lui donnoit en même temps qu'à ses petits adoptifs , et elle mourut enfin consumée par cette espèce de passion mater- nelle : aucun de ces petits ne lui. survécut ; ‘ils moururent tous les uns après les autres : tant ses soins leur étoient devenus néces— saires ;: tant ces mêmes soins étoient non seulement affectionnés, mais bien entendus. La nourriture la plus ordinaire des jeunes alouettes sont les vers, les chenilles , les œufs de fourmis et même de sauterelles ; ce qui leur a attiré, et à juste titre, beaucoup de considération dans les pays qui sont expo- sés aux ravages de ces insectes destructeurs : lorsqu'elles sont adultes, elles vivent princi- palement de graines, d'herbe, en un mot de matières végétales. Il faut, dit-on, prendre en octobre ou no- vembre celles que l’on veut Co pour le chant, préférant les mâles autant qu'il'est LR | at | D&£: L'ALOULTTE. 15. possible, et leur liant les ailes lorsqu'elles sont trop farouches, de peur qu'en s’élan- _ çant trop vivement elles ne se cassent la tête contre le plafond de leur cage. On les appri- voise assez facilement ; elles deviexnent même familières jusqu’à venir manger sur - la table et se poser sur la main : mais.elles ne peuvent se. tenir sur le doigt, à cause dela ' conformation de l’ongle postérieur, trop long et trop droit pour pouvoir l’embrasser; c'est _ sans doute par la même raison qu'elles ne se perchent pas sur les arbres. D’après cela on juge bien qu'il me faut point de bâtons en travers dans la cage où on les tient. ÆEn Flandre, onnourrit ies jeumes.avec de la graine de pavot:mouillée ; et, lorsqu'elles mangentseules , avec de la mie de pain aussi humectée : mais dès qu’elles commencent à faire entendre leur ramage ,: il fant leur donner du cœur de moutor ou: du veau bouilli haché avec des œufs durs; on y'ajoute le blé; lépeautre et l’avoine mondes, le maillet, la graine de lin , de payots et de chènevis écrasés, tout cela détrenipé dans du lait; mais, M. Frisch: avertit que lorsqu'on ne leur donne que du chènevis écrasé pour ER | \ i 16 HISTOIRE NATURELLE toute nourriture, leur plumage est sujet à devenir noir. On prétend aussi que la graine de moutarde Jeur est contraire: à cela près ,il : paroît qu’on peut les nourrir avec toute sorte de graine, et même avec tout ce qui se sert sur nos tables, et en faire des oiseaux domes- tiques. Si l’on en croit Frisch, elles ont l’ins- tinct particulier de goûter la nourriture avec. la langue avant de manger. Au reste, elles sont susceptibles d'apprendre à chanter et d’orner leur ramage naturel de tous les agré- mens que notre mélodie artificielle peut y ajouter. On a vu de jeunes mâles qui, ayant été sifflés avec une turlutaine , avoient re- tenu en fort peu de temps des airs entiers , et qui les répétoient plus agréablement qu'aucune linotte ou serin n’auroit su faire. Celles qui restent dans l’état de sauvage, ha- bitent pendant l'été les terres les plus élevées et les plus sèches; l'hiver elles descendent dans la plaine , se réunissent par troupes nombreuses, et deviennent alors très-grasses, parce que, dans cette saison , étant presque toujours à terre, elles mangent , pour ainsi dire , continuellement. Au contraire, elles sont fort maigres en été, temps oùelles sont É DE L’ALOUETTE. 17 presque toujours deux à deux, volant sans cesse, chantant beaucoup, mangeant peu, et ne se posant guère à terre que pour faire l'amour. Dans les plus grands froids , et sur- tout lorsqu'il y a beaucoup de neige, elles se réfugient de toutes parts au bord des fon- taines qui ne gèlent point ; c’est alors qu'on leur trouve de l’herbe dans le gésier ; quel- quefois même elles sont réduites à chercher leur nourriture dans le fumier de cheval qui tombe le long des grands chemins; et, mal- gre cela , elles sont encore plus grasses alors que dans aucun temps de l'été. Leur manière de voler est de s'élever presqueperpendiculairement et par reprises, et de se soutenir à une grande haüteur, d’où, comme je l'ai dit, elles savent très-bien se faire entendre : elles descendent au contraire en filant pour se poser à terre, excepté lors- qu’elles sont menacées par l'oiseau de proie ou atlirées par une compagne chérie; car, dans ces deux cas, elles se précipitent comme une pierre qui tombe *. IL est aisé de croire que de petits oiseaux * Voyez Oliua, ou plutôt voyez les alouettes dans les champs. 2 MAMAN in | 18 HISTOIRE NATURELLE | qui s'élèvent très-haut-dans l'air , peuvent … quelquefois être emportés ‘par un,«coup de vent fort loin dans les mers ;. et même au- delà des mers. «Sitôt qu'on approche des «terres d'Europe, dit le P: du Tertre ; on « commence à Voir des oiseaux de proie, des « alouettés ; des chardonnerets ; qui ,étant « emportés par les vents, perdent la vue des «€ terres, et sont contraints de venir se per- « cher sur les inâts et ies cordages des na- « vires ». C'est par cette raison que le doc- teur Hans Sloane en a vu à quarante milles en mer dans. l'Océan, et le comte Marsigli dans la Méditerranée. On peut mème soup- conner que celles qu’on a retrouvées en Pen— silvanie , en Virginie, et dans d’autres ré- gions de l'Amérique, y ont été transportées de la même façon. M. le chevalier des Mazis m'assure que les alouettes passent à l'ile de Malte dans le mois de novembre; et quoi- qu'il ne spécifie pas les espèces, il est pro- bable que l'espèce commune est du nombre; car M. Lottinger a observé qu’en Lôrraineil ÿ en a un passage considérable , qui finit précisément dans ce même mois de, no- vembre , et qu'alors on n’en voit que très- DE L’ALOUETTE. 19 peu; que les passagères entraînent avec elles celles qui sont nées dans le pays : mais bien- tôtaprèsilen reparoît autant qu'auparavant, soit que;d’autres leur succèdent, soit que celies qui avoient d'abord suivi les voya- geuses revieunent sur leurs pas, ce qui est plus vraisemblable. Quoi qu'il en soit, il est certain qu'elles ne passent pas toutes , puis- qu’on en voit presque en toute saison dans” notre pays, et que dans la Beauce , la Pi- cardie , et beaucoup d’autres endroits, on en prend en hiver des quantités conside- rables : c’est mème une opinion générale en ces endroits, qu'elles ne sont point'oiseaux de passage ; que si elles s’absentent quelques jours ‘pendañt la plus grande rigueur du froid ; et surtout lorsque la neige tient long- temps , cest le plus souvent parce qu’elles vont sous quelque rocher , dans quelque caverne , à une bonne exposition *, et, comme j'a dit, près des fontaines chaudes; * Dans la parue du Bugey située au bas des montagnes , entre le Rhône et l'Ain, on a vu sou- veut, sur la fin d'octobre ou au commencement de uovembre, une multitude innombrable d’aloueties pendant une quinzaine de jours, jusqu’à ce que la 25 HISTOIRE NATURELLE souvent mème elles disparoissent subitement au printemps , lorsqu’'après des jours doux qui les ont fait sortir de leurs retraites , 1l survient des froids vifs qui les y font rentrer: Cette occultation de l’alouette étoit connue d’Aristote , et M. Klein ditqu'ils’en est assuré par sa propre observation. _‘ On trouve cet oiseau dans presque tous les pays habités des deux continens, et jusqu'au cap de Bonne-Espérance, selon Kolbe ; 1l pourroit même subsister dans-les terres in- cultes qui abonderoient en bruyères et en neige gagnant la plaine les obligeât d’aller plus loin. Dans les grands froids qui se firent ressentir la dernière quinzaine du mois de janvier 1776, il pa- rut, aux environs du Pont-de-Beauvoisin, une si prodigieuse quantité d’alouettes , qu’avec une perche un seul homme en tuoit la charge de deux mulets : elles se réfugioient jusque dans les maisons, et étoient fort maigres. Il est clair que, dans ces deux cas, les alouettes n’ont quitté leur séjour ordinaire que parce qu’elles n’y trouvoient plus à vivre; mais on sent bien que cela ne suffit pas pour qu ‘elles doivent être regardées absolument comme oiseaux de passage. Thévenot dit que les alouettes parorssent en Égypte au mois de septembre, et y SÉJAUEMERE jusqu’à la fin de l’année. DE L’ALOUETTE. 21 senévriers ; car il se plait beaucoup sous ces arbrisseaux , qui le mettent à l'abri, lui et sa couvée, contre les atteintes de l’oiseau de proie. Avec cette facilité dé s’accoutumer à tous les terrains et à tous les climats LUS paroîtra singulier, qu’il ne s’en trouve point à la Côte-d'Or, comme l’assure Villault, n1 même dans l’Andalousie, s’il en faut croire Âverroës. | n° Tout le monde connoît les différens piéges dont on se sert ordinairement pour prendre les alouettes, tels que collets, traineaux, _ lacets, pantières; mais il en est un qu’on y emploie plus communément , et qui en a tiré sa dénomination de f£/ef d’alouette. Pour réussir à cette chasse , 1l. faut une matinée fraîche , un beau soleil, un miroir tournant sur son pivot, et une ou deux alouettes vi- vantes qui rappellent les autres : car on ne sait pas encore imiter leur chant d’assez près pour Les tromper, c’est par cette raison que les oiseleurs disent qu’elles ne suivent point l’appeau ; mais elles paroissent atti- rées plus sensiblement par le jeu du miroir: non sans doute qu’elles cherchent à se mirer, comme on les en a accusées d’après l'instinct TC " z2 HISTOIRE NATURELLE ss qui leur est commun avec presque tous les autres oiseaux de volière, de chanter de- vant une glace avec un redoublement de vivacité et d’émulation ; mais parce que les éclairs de lumière que jette de toutes parts ce miroir en mouvement , excitent leur euù- riosité, ou parce qu’elles croient cette lumière renvoyée par la surface mobile des eaux vives ‘qu’ elles recherchent dans ceite saison : aussi en preud-on tous les ans des quantités consi- dérables pendant l'hiver aux environs des fontaines chaudes où j'ai dit qu’elles se ras— sembloient; mais aucune chasse n’en detruiE autant à la fois que la chasse aux gluaux qui se pratique dans la Lorraine françoise et ailleurs * , et dont je donnerai ici le détail , parce qu'elle est peu connue. On commence par préparer quinze cents ow deux mille gluaux; ces gluaux sont des branches: de _saule bien droites on du moins bien dressées, longues d'environ trois pieds dix pouces, aiguisées et même un peu brülées: par l’un * M. de Sonini fait depuis long-temps exécuter cette chasse dans sa terre de Manoncourt, er Lor- vaine. Feu le roi Stanislas y péenoit Fee et la souvent honorée de sa présence, | Li 4 DE L’ALOUETTE. 23 _ des houts ; on les enduit de glu par l’autre de la longueur d’un pied : on les plante par rangs parallèles dans un terrain convenable, qui est ordinairement une plaine en jachère, et où l’on s’est assuré qu’il y a suffisamment - d’alouettes pour indemniser des frais, qui ne laissent pas d’être considérables ; l’inter— valle des rangs doit être tel, que l’on puisse passer entre deux sans toucher aux gluaux; l'intervalle des gluaux de chaque rang doit être d’un pied , et chaque gluau doit ré- pondre aux intervalles des gluaux des rangs joiguans. | L'art consiste à planter ces gluaux bien régulièrement , bien à-plomb , et de manière qu'ils puissent rester en situation tant que Yon n’y touche point , mais qu'ils puissent tomber pour peu qu’une. alouette les touche en passant. - Lorsque tous ces gluaux sont plantés, ils forment un quarré long qui présente l’un de ses côtés au terrain où sont les alouettes ; c’est le front de la chasse: on plante à chaque bout un drapeau pour servir de point de vue aux chasseurs, et dans certains cas pour leur donner des signaux. 24 HISTOIRE NATURELLE 4 Le nombre des chasseurs doit être pro portionué à l’étendue du terrain que l’on veut embrasser. Sur les quatre ou cinq heures du soir , selon que l’on est plus ou moins avancé dans l'automne, la troupe se partage en deux détachemens égaux, commandes chacun par un chef intelligent , lequel est lui-même subordonné à un commandant général, qui se place au centre. L'un de ces détachemens se rassemble au drapeau de la droite , l’autre au drapeau de la gauche, et tous deux, gardant un profond silence, s'étendent chacun de leur côté sur une ligne circulaire pour se rejoindre l’un à l'autre à environ une demi-lieue du front de la chasse, et former un seul cordon qui se resserre toujours davantage en se rappro— chant des gluaux, et pousse toujours les alouettes en avant. 2 Vers le coucher du soleil, le milieu du cordon doit se trouver à deux ou trois cents pas du front : c’est alors que l’on donne, c'est-à-dire , que l’on marche avec circons- pection, que l'on s'arrête, que l’on se met ventre à terre, que l’on sc relève et qu’on se remet en mouvement à la voix du chef. Si " DE L’ALOUETTE. 25 toutes ces manœuvres sont commandées à propos et bien exécutées, la plus grande partie des alouettes renfermées dans le cor don, et qui à cette heure-là ne s’élèvent que de trois ou quatre pieds, se jettent dans les gluaux , les font tomber , sont entraînées par leur chûte et se prennent à la main. S'il y a encore du temps, on forme du côté … opposé un second cordon de cinquante pas de profondeur , et l’on ramène les alouettes qui avoient échappé la prémière fois : cela s’ap- pelle revirer. Les curieux inutiles se tiennent aux dra- peaux , mais un peu en arrière, afin d'éviter toute confusion. On prend jusqu'à cent douzaines d’alouettes et plus dans une de ces chasses ; et l’on re- garde comme très-mauvaise celle où l’on n’en prend que vingt-cinq douzaines. On y prend” aussi quelquefois des compaguies de perdrix et même des chouettes ; mais on en est très- fâché, parce que ces événemens font er/ever les alouettes, ainsi que le passage d’un lièvre qui traverse l’enceinte , et tout autre mouve- ment ou bruit extraordinaire. | Les oiseaux voraces détruisent aussi beau= Gé te) | Ù FN 26 HISTOIRE NATURELLE coup d’aloucttes pendant l'été car elles Sont - leur proie la plus ordinaire , mème des plus “ petits; et le coucou, qui ne fait point de nid, tâche quelquefois de s'approprier celui de l’alouette , et de substituer ses œufs à ceux de la veritable mère : cependant , mal- gré cette immense destruction , l'espèce pa= … roît toujours fort nombreuse ; ce qui prouve sa grande fécondité et ajoute un nouveau desré de vraisemblance à ce qu’on a dit de ses trois pontes par an. Il est vrai que cet oiseau vit assez long-temps pour un si petit anhual ; huit à dix ans, selon Olina; douze ans, selon d’autres; vingt-deux , suivant le rapport d'une personne digne de foi, et jusqu'à vingt-quatre si lon en croit Rzac- zynski. : Les anciens ont prétendu que la chair de l’alouette bouillie, grillée, et même calcinée et réduite en cendres, étoit une sorte de spé- cifique contre la colique : il résulte au con- traire de quelques observations modernes , qu’elle la donne fort souvent, et M. Linnæus croit qu'elle est contraire aux personnes que ont la gravelle. Ce qui paroît Le mieux avéré, c’est que la chair des alouettes ou mauviettes ‘ ol ORAN EOUETMRE., |, est une nourriture fort saine et fort agréable ‘lorsqu'elles sont grasses, et que Les picote- mens d'estomac ou d'entrailles qu’on éprouve quelquefois après en avoir mangé, viennent de ce qu'on a avalé, par mégarde, quelques fragmens de leurs petits os; lesquels fras- mens sont très-fins et très-aigus. Cet oiseau pèse plus ou moins, selon qu’il a plus où moins de graisse, de sept ou huit gros à dix, ou douze. Nr 4) Longueur totale, environ sept pouces; bec, six à sept Lignes ; ongle postérieur droit, six lignes; vol, douze à treize pouces; queue, deux pouces trois quarts, un peu fourchue , composée de douze pennes , dépasse les ailes d'ouze lignes. \ | 28 HISTOIRE NATURELLE Ne”. 4 VARIÉTÉS DE L’ALOUETTE. TL'arourrre blanche. MM. Brisson et Frisch ont eu raison de regarder cette alouette comme une variété de l’espèce précédente : c’est en effet une véritable alouette, qui, sui- vaut M. Frisch, nous vient du Nord, comme le moineau et l’étourneau blancs, Fhiron— delle et la fauvette blanches, etc., lesquels portent tous sur leur plumage l’empreinte de leur climat natal. M. Klein n’est point de cet avis, et il se fonde sur ce qu’à Dant- zick, qui est plus au nord que les pays où il paroît quelquefois des alouettes blanches, on n’en a pas vu une seule depuis un demi- siècle. S'il m'étoit permis de prononcer sur cette question, je dirois que l'avis de M. Frisch, qui fait venir toutes lés alouettes blanches du Nord, me semble trop exclusif, à | DE L'ALOUEDTE. À 29. et que Ïa raison que M. Klein fait valoir contre cet avis, n’est rien moins que déci- _sive : en effet, l'observation prouve et prou-. vera qu'il y a des alouettes blanches ailleurs que dans Le Nord ; mais il faut convenir aussi que les alouettes blanches qui se trouvent dans la partie du Nord où est la Norvége, la Suède, le Danemarck, ont plus de facilité à se répandre de là dans la partie occidentale de l'Allemagne, laqueile n’est séparée de ces pays par aucune mer considérable, qu’à se rendre à l'embouchure de la Vistule, en traversant la mer Baltique. Quoi qu’il en soit, outre les alouettes blanches qui pa- roissent quelquefois aux environs de Berlin, suivant M. Frisch, on en a vu plusieurs fois aux environs de Hildesheim dans la basse Saxe. La blancheur de leur plumage est rare- ment pure : dans l'individu observé par M. Brisson, elle étoit mèlée d’une teinte de jaune; mais le bec, les pieds et les ongles, étoient tout-à-fait blancs. Dans le moment où j'écrivois ceci, on m'a apporté une alouette blanche qui avoit été tirée sous les murailles de la petite ville que j'habite : elle avoit le sommet de la tête et quelques ne sur le k 30 HISTOIRE NATURELLE corps de la couleur ordinaire; le reste de la partie supérieure ,. compris la queue et les ailes , étoit varié de brun et de blanc, la plupart des plumes et même des pennes étant bordées de cette dernière couleur : le dessous du corps étoit blanc, moucheté de brun, sur-tout, dans la partie antérieure et. du côté droit; le bec inférieur étoit aussi plus blanc, que le supérieur , et les pieds. d'un blanc sale varié de bran. Cet individu m'a semblé faire la nuance entre l’alouette, ordinaire et celle qui est tout-à-faït blanche. J'ai vu depuis uve autre alouette dont tout. le plumage étoit parfaitement blanc, excepté. sur la-têle, où paroissoient quelques vestiges d'un gris d’alouette à demi effacé; on l’avoit trouvee dans les environs de Montbard ::al n'y a pas d'apparence que ni l’une ni l’autre de ces alouettes vint des côtes Se dE de la mer Baltique. IL. L’alouerte noire*. Je regarde encore, avec M. Brisson ,: cette alouette comme: une variété de l’alouette ordinaire, soit que ce changement de couleur soit un effet du chè- TR AE. à “': # Voyez les planches enluminées j ho1656%@ig. ve DE L’ALQUETITE, : 4 3v nevis , lorsqu'on le donne à ces oiseaux pour” toute nourriture , soit qu'il ait une autre. cause. L'individu que nous avons fait repré- senter, avoit du roux brun à la naissance du dos, et les pieds d’un brun clair. Albin, qui a vu et décrit-d'après nature cette variété, nous la représente comte étant par- tout d’un brun sombre et rougeàtre, tirant sur le noir; par-tout, dis-je, excepté derrière la tête où il y avoit du jaune rem- bruni, et sous le ventre où il y avoit quet- ques plumes bordées de blanc : les pieds, les doigts et les ongles étoient d’un jaune sale. _Le sujet d’après lequel Albin fait sa descrip- tion , avoit été pris au ñület, dans un pre aux environs de Highgate; et il paroît qu'on n'y en trouve pas souvent de pareils. | M. Mauduit m'a assuré avoir vu une alouette parfaitement noire, qui avoit été prise dans la plaine de Montrouge, LEE de Paris. 32 HISTOIRE NATURELLE v L’ALOUETTE NOIRE A DOS FAUVE *. Dr ééite alouette, qui a été rapportée de Buenos-Ayres par M. Commerson , n’étoit pas beaucoup plus petite, et si elle n’étoit pas originaire d’un pays très-différent du nôtre, 1l seroit difhcile de ne pas la regarder comme une variété dans l’espèce de l’alouette, . identique avec la variété précédente, tant la ressemblance du plumage est frappanle. Elle a la tête, le bec, les pieds, la gorge, le devant du cou, toute la partie inférieure du corps et les couvertures supérieures de la queue, d’un brun noirâtre; les pennes des ailes et de la queue, d’une teinte un peu moins foncée; la plus extérieure de cès der- nières, bordée de roux; le derrière du cou, le dos , les scapulaires, d’un fauve orangé ; * Voyez les planches enluminées, n°736, fig. +. DE L'ALOUETTE. 34 les petites et moyennes couvertures des ailes, . noirâtres , bordées du même fauve. Longueur totale, un peu moins de cinq pouces; bec, six à sept lignes, ayant les bords de la pièce supérieure un peu échan- crés vers la pointe; tarse, neuf lignes; doigt postérieur, deux lignes et demie; son ongle, quatre lignes, lésèrement recourbé; queue, dix-huit lignes, un peu fourchue, composée : de douze pennes, dépasse les ailes de sept à huit lignes. En yÿ regardant de près, on reconnoit que ses dimensions relatives ne sont pas non plus les mêmes que dans la variété précédente. es ARE à D MORE NATURELLE. 2 RARE, ms de, LE CUJÉLIERS J- crois cet oiseau assez différent de la louette commune pour en faire une espèce particulière : en effet, il en diffèré par le’ volume et par la forme totale, ayant le corps plus court et plus ramassé, étant beaucoup moins gros, et ne pesant au plus qu'une once; il en diffère par son plumagé, dont les couleurs sont plus fotbles, et où, en general, 1} y a moins de blanc, et par une espèce de couronne blanchätre plus marquée dans cet oiseau fine dans Palouette ordinaire; à x oyez Ts ide. enluminées, n° 660, fig. x. One l'appelle en quelques cantons de la Bour- og ; poto; - en Sologne, cochelivier, cocheli- Fe piènu, fléteur, on flûteuse , lutheux , turlut, turlutoir, musette ; ailleurs, trelus, cotrelus; en Saintonge, coutrieux; à Nantes, .alouette ca- landre , et par corruption, escarlande. Alouette de moniagne, selon quelques uns. LE CUJELIER.. J Fugue F8 à _. FE LS ER D EE à EN Pare > ” + { — A £ 2: 1 { "à o # DE L’ALOUETTE. 85 il en diffère par les pennes de l'aile, dont la première et la plus extérieure est plus courte que les autres d’un demi-pouce ; il en diffère par ses habitudes naturelles, puisqu'il se perche sur les arbres, tandis que l’alouette Ci commune ne se pose jamais qu'à terre : à la vérité, il se perche sur les plus grosses branches, sur lesquelles il peut se tenir sans être obligé de les embrasser avec ses doigts; { ce qui ne seroit guêre possible, vu la con formation de son doigt trop long, ou plutôt de son ongle postérieur, et trop peu crochu pour saisir la branche ; il en diffère en ce qu'il se plaît et niche dans les terres incultes qui avoisinent les taillis, ou à l’entrée des jeunes taillis, d’où lui est venu sans doute le nom d’alouette de bois, quoiqu'il ne s’en- fonce jamais dans les bois, au lieu que l’alouette ordinaire se tient dans les grandes plaines cultivées; il en diffère par son-chant, qui ressemble beaucoup plus à celui du ros- signol qu’à celui de l’alouette, et qu'il faié entendre non seulement le jour, mais encore la nuit, comme le rossignol, non seulement en volant, mais aussi étant perché sur une branche. M. Hébert a remarqué que les fifres À À. 1 “ r. 6 Te. AN AT PR DST CU (7 3 HISTOIRE NATURELLE des Cent-Suisses de la garde imitent assez exactement le ramage du cujelier; d’où l’on - peut conclure, ce me semble, que cet oiseatr est commun dans les montagnes de Suisse *, comme il l’est dans celles du Bugey. Il diffère de l’alouette par la fécondité; car, quoique les hommes fassent moins la guerre au cujelier, sans doute comme étant une proie trop pe— tite, et quoiqu'il ponde quatre ou cinq œufs comme l’alouette ordinaire, l'espèce est ce- pendant moins nombreuse. Il en diffère par le temps de Ja ponte; car nous avons vu que l’alouette commune ne faisoit pas sa première ponte avant le mois de mai, au lieu que les petits de celle-ci sont quelquefois en état de voler dès la mi-mars. Enfin il en diffère par la délicatesse du tempérament, puisque, selon la remarque du même Albin, 1l n’est pas possible, quel- que soin que l’on prenne, d'élever les petits que l’on tire du nid; ce qui néanmoins doit se restreindre au climat de l'Angleterre, et. autres semblables ou plus froids , puisqu’O- lina, qui vivoit dans un pays plus chaud, * J'apprends qu'il se trouve en effet dans les prarics les plus hautes de la Suisse. DES ALOUETTES. 37 dit positivement qu’on prend dans le nid les petits de la tottovilla, qui est notre cujelier; que, daus les commencemens, on les elève de même que les rossignols, dont ils ont le chant*, et qu’ensuite on les nourritde panis et de millet. Dans tout le reste, le cujelier a beaucoup de rapports avec l’alouette ordinaire : comme elle, 11 s'elève très-haut en chantant ;.et se soutient en l'air; il voie par troupes pendant les froids; fait son nid à terre et le cache sous une motte de gazon; vit de huit à dix ans; se nourrit de scarabees , de chenilles, de graines; a la langue fourchue, le ventri- cule musculeux et charnu , poiut d’autre | jabot qu’une dilatation assez médiocre de la partie inferieure de l'æsophage, et les cæ- cum fort petits. N | Olina a remarque que les plumes du som- met de la tête sont d’un brun moins obscur dans la femelle que dans le mâle, et que celui-ci a l’ongle posterieur plus long : il auroit pu ajouter qu'il a la poitrine plus tachetée, et Les grandes pennes des ailes bor- .. * Willughby trouve que le chant du cuüjelier à _ du rapport avec celui du merle. Oiseaux, 1X: 4 k ” Fa ÿ 4 38 HISTOIRE NATURELLE .\ dées d’élivâtre, au Jiéu qu’elles sont bordéés ‘de gris dans la femelle. I dit encore qu'on prend le'Chjelier comitie l alouette (42 qui. est. vrai; et'il préternd'que cette espèce n est ‘guère Connie que dans la campagne deRome, ce quiest contredit avec raison par les na- ‘türatistés modernes mieux instrüits. En effet, “l'est plus que probable que le cujelier n’est point fixé à un seul pays; car on sdit qu'il ‘se trouve en Suède, sélon M. 'Lintiæus, eten ‘Jtalie, suivant Olina: et puisqu'il s’accom— “mode de ces deux climats, qüi sont fort différens , ‘on peut croire qu'il 'é$t répandu | dans Les climats intérmédiaites , ét par con- séquent dans la plus grande partie de l'Eu- ‘rope. Ces oiseaux sont assez gras (en au— “tome, et leur Chair est alors ün fort bon manzer. | AD prétend qu’on les ébasée en {rois ‘saisons ; savoir, pendant l'été, temps où se prennent les petits branchiers, quigäzouillent “d'abord, mais pour peu dé témps, parce, que biéntôt après ils entrent en mue, Le nois de Septembre est la seconde saison, _et celle où ils volerit en troupes ,'ét' rôdent d'un pays à l’âdtre, parcourant les pâtu- à DES ALOUETTES. 39 rages , etse perchant volontiers sur les arbres à portée des fours à chaux. C'est encore le temps où les jeunes oiseaux changent de _ plumes, et ne peuvent guère ètre distinguées des plus vieux. La troisième et la meilleure saison com- mence avec le mois de janvier !, et s’étend jusqu'à la fin de février, temps auquel ces oiseaux se séparent deux à deux pour former des sociétés plus intimes. Les jeunes cuje- liers pris alors sout ordinairement les meil- leurs pour le.chant; ils gazouillent peu de jours après qu’on les a pris, el ceia d’uue ma- nière plus distincte que ceux qui ont été pris en toute autre saison ? ? M. Hébert a tué de ces oiseaux pendant l'hiver en Brie, en Picardie et en Bourgogne. Il a remar- qué que pendant cette saison on les trouve par terre dans les plaines ; qu’ils sont assez communs dans le Bugey , et encore plus en Bourgogne. L’un autre côté, M. Loutinger prétend qu'ils arriveut sur la fin de février, et qu’ils s’en vont au commencenient : d'octobre : mais tout cela se concilie, si parnui ces alouettes , comme parmi les communes, il y en a de voyageuses et d’autres résidautes. 2 Voyez Albin, tome I, page 36. Il recom- mande de les nourrir alors de cœur de mouton, de 40 HISTOIRE NATURELLE ee: / \ s Longueur totale, six pouces; bec, sept ligues; vol, neuf pouces( dix, selou M. Lot. tinger ); queue, deux pouces un quart, um peu fourchue . composee de douze pennes, dépasse les ailes d'environ treize lignes. jaune d’œuf, de pain, de chènevis, d’œufs de fourmis, de vers de arine, et de mettre dans leur eau deix où trois tranches de réglisse et un peu de sucre candi, avec une pincée ou deux de safran, une fois la semaine ; de les tenir daus un lieu see où donne le soleil, et de mettre du sablon dans leur cage. [] paroît qu’ Albin avoit observé cet oiseau par lui-même. \ Tom @:; = FARLOUSE on LALOUETTE DE PRES ETES DES ALOUETTES. “x L PAIFARLOUSE, O U L'ALOUETTE DE PRÉS * \ Bzrox et Olina disent que c’est la plus petite de toutes les alouettes, mais c’est parce qu'ils ne connoissoient pas l’alouette pipi, dont nous parlerons dans la suite. La farlouse pèse six à sept gros, et n'a pas neuf pouces de vol. La couleur domiuante du dessus du corps est l’olivatre varie de noir dans la partie an- térieure, et l'olivâtre pur et sans melange dans la partie ue ; le dessous du corps est d’un blanc jaunâtre, avec des taches noires longitudinales sur la poitrine et les côtés ; le fond des plumes est noir; les pennes des ailes presque noires, bordées d’olivâtre; * Voyez les planches enluminées, n° 574, fig. 2. 4 D A As x: 42 HISTOIRE NATURELLE celles de la queue de même, excepté la plus extérieure, qui est bordée de blanc, et la sui- vante, qui est terminée de celle mème com leur. Cet oiseau a des espèces de sourcils blancs, que M. Linuæus a choisis pour caractériser l'espèce. En géneral, le mâle a plus de jaune que la femelle à la gorge, à la poitrine, aux jambes , et même sous les pieds, suivant Albin. vw La farlouse part rapidement au moindre bruit, et se perche:sur les arbres, quoique difficilement : elle niche à peu près comme le cujelier, pond le même nombre d'œufs, etc. :; mais elle en diffère en ce qu’elle à la première penne des ailes presque escale aux suivantes, et le chant un peu moins varie, . quoique fortagreable. Les auteurs de la Zoo: logie britannique trouvent à ce chant de la ressemblance avec un M Hs et Albin, : avec le ramage du serin de Camarie ; tous deux l'accusent d'être trop bref et trop coupé : mais Belon et Olina s'accordent à dire que ce petit oiseau est recherché pour son plaisant chanter; et j avoue qu'ayant eu occasion de l'entendre, je le trouvai en eñet | k L DES ALOUETTES. 43 très-flatteur, quoiqu'un peu triste, et ap- prochant de celui du rossignol , quoique | moins suivi. '1l est à remarquer que l’indi- vidu que j'ai ouï chanter étoit une femelle, puisqu’en la disséquant je lui ai trouvé un ovaire : 1l y avoit dans cet ovaire trois œufs plus gros que les autres, lesquels sembiocient annoncer une seconde ponte. Olina dit qu'on nourrit cet oiseau comme le rossignol, mais qu'il est fort difhcile à élever; ei commeil ne vit que trois ou quatre ans, cela explique pourquoi l'espèce est peu nombreuse, et pourquoi le mâle, lorsqu'il s'élève pour aller à la découverte d'une femelle , embrasse dans sou vol un cercle beaucoup plus étendu que l'alouette ordinaire, et même que le cujelier.. Albin prétend que cette alouette est de longue vie, peu sujette aux maladies , et qu’elle pond ordinairement cinq ou six œufs. Si cela étoit , l'espèce devroit être beaucoup plus nombreuse qu elle ne l'est en effet. Suivant M. Guys, la farlouse se nourrif principalement de vermisseaux et d'insectes qu'elle cherche das les terres nouvellemeut labourées. Willughby lai a trouvé eu effet dans l'estomac des scarabées et de pelits vers. 44 HISTOIRE NATURELLE J'y ai trouvé moi mème des débris d'insectes, et de plus de petites graines et de petits cail- Joux. Si l’on en croit Albin, elle a l'habitude, en mangeant, d'agiler sa queue de côte et d'autre. | | Les farlonses nichent ordinairement dans les prés, et même dans les prés bas et maré- cageux ; elles posent leur nid à terre , et le cachent très-bien : tandis que la femelle couve , le mâle se tient perché sur un arbre dans le voisinage, et s’élève de temps à autre, en chantant et battant des ailes. M. Willughby, qui paroît avoir observé cet oiseau de fort près, dit avec raison, qu'il a l'iris noisette, le bout de la langue divisé en plusieurs filets , le ventricule médiocrement charnu , les cœcum un peu plus longs que l’alouette, et une vésicule du fiel. J'ai vérifié tout cela, et j'ajoute qu’il n’a point de jabot, et même que l’æœsophage n’a presque point de renflement à l’endroit de sa jonction avec le ventricule, et que le veutricule ou gésier est gros à proportion du corps. J'ai gardé un de ces oiseaux pendant une aunée entière, ne lui faisant donner que de petites graines pour toute nourriture. Ll : “CRE 1 ! ; DES ALOUEËETTES. :! 45 La farlouse se trouve en Italie, en France, en Allemagne, en Angleterre et en Suède. Albin nous dit qu'elle paroît ( sans doute dans le canton de l'Angleterre qu'il habite) au commencement d'avril, avec le rossignol, et qu’elle s’en va vers le mois de septembre. Elle part quelquefois dès la fin d’août, sui- vantM. Lottinger, et semble avoir une longue route à faire *. Dans ce cas, elle pourroit être du nombre de ces alouettes qu’on voit passer à Malte dans le mois de novembre, en suppo- sant qu'elle s'arrête en chemin dans les con- trées où elle trouve une température qui Ini convient. En automne, c’est-a-dire,au temps des vendanges , elle se tient autour des grandes routes. M. Guys remarque qu'elle aime beaucoup la compagnie de ses sem- blables , et qu'a defaut de cette societe de prédilection , elle se mêle dans les troupes * Une seule fois M. Lottinger en a vu une en Lorraine au mois de février 1774 : mais 1l a vu aussi, ce même hiver, d’autres oiseaux qui n’ont pas coutume de rester en Lorraine, tels que verdiers, bergeronnettes , lavandicres, etc. ; ce que M. Lot- tinger at'ribue, avec raison, à la douce tempéra« ture de l’hiver de cette année 1774. 46 HISTOIRE NATURELLE de pinsons et de linottes, qu'elle: sé eu à D sur son passage. SEL Au reste, en comparant ce que les auteurs ont dit de la farlouse, je vois des différences qui me feroient croire que celle espèce est: 1 sujette à beaucoup de variétés, ou qu'on l'a confondue quelquefois avec des espèces voisines , telles que Le cujelier et l’alouette pipi *: _* La disposition des taches du plumage est à peu” près la même dans ces trois espèces, quoique les couleurs de ces taches soient différentes dans cha- cuve, et les habitudes encore plus différentes, mais moins Rondes que les opinions des divers auteurs sur les propriétés de Ja farlouse et sur les détails de son histoire. 11 ne faut que comparer Belon, Aldrovande, Brisson, Olina, Albin, etc, ; On verra que les couleurs du plumage par béles M, Brisson caractérise lespèce, ne sont pas les mêmes que dans Aldrovande : celui-ci ne parle point du long doigt postérieur ; mais il parle d'un certain mouvement de queue, dont les autres, excepté Albin, ne disent rien. Ce dernier prétend que son tit-lark est vivace et peu sujei aux maladies; Olina et Belon assurent, au contraire, que la farlouse s'élève diicilement, et Olina dit positivement qu'elle vit peu : ajoutez à cela les différentes opi- nions sur sou chant. IDESTATOUETTES. :: 4 Longueur totale , cinq pouces et demi ; bec, six lignes , bords de la pièce superieure un peu échancres vers a pointe; vol , envi- ron neuf pouces; queue, deux poucés, un peu fourchue, composée de douze pennes, dépasse les ailes de huit lignes ; l'ongle pos- térieur est moins long et plus sp is que dans Jes RES précédentes. L' CPORERNI 48 HISTOIRE NATURELLE VARIÉTÉ DE LA FARLOUSE. L, farlouse blanche ne diffère de la précé- dente que par sou plumage, qui est presque universellement d’un blanc jaunätre, mais plus jaune sur les ailes; elle a le bec et les. pieds bruns : telle étoit celle qu'Aldrovande a vue en Italie; et quoique le Jesuite Rzac— zynski lui donne place parmi les oiseaux de Pologne, je doute qu’elle se trouve dans ce pays, ou du moins qu'il l’y ait vue, d'autant qu'il se sert des paroles mêmes d’Aldroyande sans y rien ajouter. _ DES ALOUETTES. 4à OISEAU ÉTRANGER QUI À RAPPORT A LA FARLOUSE; \ LA FARLOUSANE. Jr donne ce nom à une alouette de la Loui- siane , que j'ai vue chez M. Mauduit, et: qui m'a paru avoir beaucoup de rapports avec la farlouse : elle a la gorge d’un gris jaunâtre; le cou et la poitrine grivelés de brun sur ce même foud; le reste du dessous du corps fauve; le dessus de la tête et du corps mêlé de brun verdätre et de noirâtre : mais comme ce sont des couleurs sombres, elles tranchent peu l'une sur l’autre, et il résulte de leur mélange une teinte presque uniforme de brun obscur ; les couvertures supérieures d’un brun verdätre sans mé- lange ; les penues de la queue brunes ; la plus extérieure mi-partie de brun noirätre et de blanc, Le blanc en dehors, et la sui 3 $o HISTOIRE NATURELLE vante terminée de blanc ; les pennes et les couvertures supérieures des ailes d'un brun. noirätre ,-bordé d’un: brun plus clair. | Longueur totale, près de sept pouces ; ée. * “sept lignes; tarse, neuf lignes ; ; doigt pos rieur avec l’ongle, un peu moins de huiel lignes ; cet ongle,-un-peu plus de quatre lignes, légèrement courbé; queue, deux pouces et demi , dépasse des ailes de seize ligues. € À 4, ls Red FR RPC ES ALL ne ag 4 = es ê — a Es Et : D : mn J Pauguet S DES ALOUETTES. Sr L’ALOUETTE PIPI *, C'rsr la plus petite de nos alouettes de Frauce; son nom allemand péiep-lerche, et son nomanglois pspif, sont évidemment de- rives de son cri, et ces sortes de Aénomina- tions sont toujours les meilleures, puis- qu’elles représentent l’objet dénommé autant qu'il est possible : aussi n’avons-nous pas hésité d'adopter ce nom de pipi. On compare le cri de cette alouette, du moins son'cri d'hiver, à celui d’une sauterelle ; mais il est un peu plus fort et plus perçant. L’ oiseau le fait entendre soit en volant, soit en se perchant sur les branches les plus élevées des buissons ; car il se perche même sur les petites branches, quoiqu'il ait l’ongle de derrière fort long ( moins long cependant * Voyez les planches enluminées, n° 661, fig. 2. En Lorraine, vulgairement sinsgnotte, selon M. Lottinger ; dans le Bugey, bec-ft d'hiver. $s HISTOIRE NATURELLE et plus recourbé que dans l’alouette ordi- paire) ; mais il sait fort bien se servir de ses ongles antérieurs pour saisir les petites branches et s’y tenir perché : il se tient aussi à terre , et court très-légèrement. #0 Au printemps, lorsque le mèle pipi chante sur sa branche, c’est avec beaucoup d'action ; il se redresse alors , 1l entr’ouvre le bec, 11 épanouit ses ailes , et tout annonce que c’est un chant d'amour : de temps en temps il s’élève assez haut, il plane quelques momens, et retombe presque à la même place, en con- tinuant toujours de chanter, et de chanter fort agréablement. Son ramage est simple ; mais il est doux , harmonieux et nettement prononcé. Ce petit oiseau fait son nid dans des endroits solitaires, et le cache sous une motte de gazon; aussi ses petits sont-ils sou- vent la proie des couleuvres : sa ponte est de cinq œufs, marqués de brun vers le gros bout. [l a la tête plutôt longue que ronde ; le bec très-délicat et noirâtre; les bords de la pièce supérieure échancrés près de la pointe; les narines à demi recouvertes par une mem- brane convexe de même couleur que le bec, et cachée en partie sous de petites plumes a" DES ALOUETTES. 153 qui reviennent en avant; seize pennes à chaque aile ; le dessus du corps d’un brun verdâtre, varié ou plutôt ondé de noirâtre ; le dessous d’un blanc jaunätre , moucheté irrégulièrement sur la poitrine et sur le. cou ; le fond des plumes cendré foncé; enfin deux raies blanchâtres sur les ailes, dont M. Linnæus a fait un des caractères de l’espèce. Les alouettes pipi paroissent en Angleterre vers le milieu de septembre, et on en prend alors une grande quantité dans les environs de Londres ; elles fréquentent les bruyères et les plaines , et voltigent plutôt qu’elles ne volent , car elles ne s'élèvent jamais beau- coup. Il en reste ordinairement quelques unes: pendant l'hiver sur les marais des environs de Sarbourg. On peut juger par la forme et la déli- _ catesse du bec de l’alouette pipi qu’elle se nourrit principalement d'insectes et de pe- tites graines , et par sa petitesse qu'elle ne vit pas fort lons-temps. Elle se trouve en Allemagne , en Angleterre, et même en Suède , à ce que dit M. Linnæus dans son Systéme de la Nature , quoiqu'il n'en fasse 54 HISTOIRE NATURELLE. aucune mention dans la Fauna Suecica , da moins dans la première édition. Cet oiseau est assez haut monté. Longueur totale, environ cinq pouces et demi; bec, six à. sept lignes; doigt posté- rieur, quatre lignes ; son ongle, cinq; vol, huit pouces un tiers ; queue , deux pouces, | dépasse les ailes d’un pouce ; tube intesti- mal, six pouces et demi; œsophage, deux pouces et demi, dilaté avant son insertion daus le gésier, qui est musculeux; deux très petits cæcum : je n’ai point trouvé de vési- cule du fiel. Le gésier occupoit la partie gauche du bas-ventre ; il étoit recouvert par le foie, et nullement par les intestins. a! DES ALOUETTES. 55 LA LOCUSTE ELLE. Corrre alouette estencore plus petite que la précédente, et elle est la plus petite de toutes celles de notre Europe. Les auteurs de la Zoologie britannique , à qui seul nous devons la conuoissance de cette espèce , lui ont donné le nom d’aloueïte des saules, parce qu'on la voit tous les aus revenir visi- ter certaines säussaies du territoire de White- . ford en Fiintshire, où elle passe tout l’été. La locustelle ne diffère de l’alouette pipi, ni par son éperon,. ni par ses allures, ni par son chaut, qui ressemble par conséquent à celui d'une cigale; et e’est par cette raison que je lui ai conserve le nom de /ocustelle que lui a donne Willughby. Quant au plumage, elle a la tête et le dessus du corps d’un brun jaunâtre, avec des taches obscures ; les pennes des ailes brunes , bordées de jaune ; celles de la queue , d’un brun foncé ; des espèces de sourcils blanchätres ; et le dessous qu corps d’un blanc teinté de jaune. 56 HISTOIRE NATURELLE "à LA SPIPOLETTE. J'anorrr ce nom que l’on donne à Flo- rence à l'oiseau dont il s’agit ici. 11 est un peu plus gros que la farlouse, et se tient dans les friches et les bruyères. IL a le doigt postérieur fortlong, comme l’alouette; mais sou corps est plus effilé, et il diffère encore de cette dernière par le mouvement de sa queue, semblable à celui de la lavandière et de la farlouse. Ces oiseaux se plaisent dans les bruyères, les friches, et sur-tout dans les éteules d'avoine, peu après la moisson ; ils s’y rassemblent en troupes assez nombreuses. Au printemps, le mâle se perche pour rap- peler ou découvrir sa femelle ; quelquefois même il s'élève en l'air en chantant de toutes ses forces, puis revient bien vite se poser à terre, où est toujours le rendez- vous. | Lorsqu'on approche du nid, la mère se ês DES ALOUETTES. 57 trahit bientôt par ses cris; en quoi son ins- tinct paroît différer de celui des autres alouettes, qui, lorsqu'elles craignent quelque danger , se taisent et demeurent immobiles. M. Willughby a vu un nid despipolette sut un genèêt épineux, fort pres de terre, com- posé de mousse en dehors, et en dedans de paille et de crin de cheval. On est assez curienx d'élever les jeunes mâles, à cause de leur ramage ; mais cela demande des précautions. Il faut au com- mencement couvrir leur cage d’une étoffe verte, ne leur laisser que peu de jour, et leur prodiguer les œufs de fourmis. Lors- qu’ils sont accoutumés à manger et à boire dans leur prison , on peut diminuer par degrés la quantité des œufs de fourmis, y substituant insensiblement le chènevis écrasé, mêlé avec de la fleur de farine et des jaunes d'œufs. On prend les spipolettes au filet traîné. ; comme nos alouettes , et encore avec des gluaux que l’on place sur les arbres où elles ont fixe leur domicile ; elles vont de com- pagnie avec les pinsons; il paroît même qu'elles partent et qu’elles reviennent avec. eux, { $8 HISTOIRE NATUREËLE Les mäles diffèrent peu des femelles à l'extérieur : mais une manière sûre de les reconnoitre #c’est de leur présenter un autre mâle enfermé dans une cage ; ils se jetteront bientôt dessus comme sur un ennemi > OU plutôt comme sur un rival. Willughby dit que la spipolette diffère 4 autres alouettes par Ta couleur noire de son bec et de ses pieds. Îl äjoute que le bec est grêle , droit et pointu; les coins de la bouche bordés de jaune; qu'elle n’a pas, comme le cujelier , les premières pennes de l’aïle plus courtes que les suivantes , et que Île mâle a les ailes un peu plus noires que la femelle. Cet oïseau se trouve en Italie, en Alle- magne, en Angleterre , en Suède, etc. M. Brisson regarde l’alouette des champs de Jessop comme étant de la même espèce que la sienne, quoiqu’elles diffèrent entre celles par l’ongle postérieur, qui est fort long dans la dernière , et beaucoup plus court dans l’alouette de Jessop : mais on sait que la longueur de cet ongle est sujette à varier suivant l’âge, le sexe, etc. Il y a une diffé- rence plus marquée entre l’alouettede champ | de M, Brisson et celle de M. Linnæus, quoi= : DES ALOUETTES. 59. queces deux naturalistes les regardentcomme appartenant à :la même espèce. L’individu décrit par M.Linnæusavoit toutes les pennes de la queue, à l'exception des-deux intermé- diaires, blanches depuis la base jusqu'au milieu de leur longueur; au lieu que celui de M. Brisson n'avoit de blanc qu'aux deux pennes les plus extérieures, sans parler de beaucoup d’autres différences de détail qui suffisent , avec les précédentes, pour consti- tuer une variété. Les spipolettes vivent de petites graines et d'insectes ; leur chair, lorsqu'elle est orasse, est un très-bon manger. Elles ont la tête et tout le dessus du corps d'un gris brun teinté d’olivâtre ; les sourcils, la gorge et tout le: dessous du corps, d'un blanc jaunâtre, avec. des taches brunes oblongues sur le cou et la poitrine; les pennes et les couvertures des ailes, brunes, bordées d’un brun plus clair; les pennes de la queue noirätres, excepté les deux intermédiaires qui sont d’un gris brun, la plus extérieure qui est bordée de blanc, et la suivante qui est terminée de même; enfin le bec noirätre et les pieds bruns. Longueur totale, six pouces et demi; bec, x _éo HISTOIRE NATURELLE six à sept lignes; vol, onze pouces et plus; queue , deux pouces et demi , un peu four— chue, composée de douze pennes ; dépasse les ailes de don lignes. — DES ALOUETTES. 6 LA GIRO LE. LL M. Brisson soupçonne avec grande appa— rence de raison , que l'individu observé par Aidrovande étoit un jeune oiseau dont la queue extrêmement courte, et composée de plumes très-étroites, n’étoit pas entièrement formée, et qui avoit encore la commissure du bec bordée de jaune : mais il ÿ auroit eu, ce me semble, une seconde conséquence à | tirer de là, c est que c’étoit une simple va rieté d'âge appartenant à une espèce connue, d'autant plus qu'Aldrovande, le seul auteur qui eu ait parlé , n’a jamais vu que ce seul sudividu. Il étoit de la taille de notre alouette commune ; il en avoit le principal attribut, c’est-à-dire, le long éperon à chaque pied. Le plumage de la tête et de tout le dessus du corps étoit varié de brun marron, de brun plus clair, de blanchätre et de roux vif: Aldrovande Le compare à celui de la caille d ds L pl dx | ) 62 HISTOIRE NATURELLE ou de la bécasse. Il avoit le dessous du corps blanc, le derrière de’la tête ceint d’unéeéspèce de couronne blanchâtre; les pennes des ailes" brun marron, bordées d’une couleur plus claire ; celles de la queue, du moins less quatre paires intermédiaires, de la même cou- | leur; la paire suivante mi-partie de marron ætde;blanc, et la dermièrepaire:toute hlanché; « laqueueun pen fourchue,longued'unpouce; « le fond des plumes cendré; Le bec ronge à large ouverture , les coins dela bouche jau- mes ; les pieds couleur de chair ; les ongles blanchâtres; l’ongle :postérieur long de six lignes , presque droit, et-seulement un peu æecourbé parle bout. :Cet'oiseau avoit été tué aux environs; de Bologne, sur la fin du mois de mal. Jele pre sente ici seulement comine un problème à résoudre;aux naturalistes qui sont à portée de:l’observer.et de le rapporter à sa véritable espèce : car , encore une:fois, je doute:beau- coup que l’on en doive faire une espèce: dis- tincte.et séparée. M. Ray lui trouve:beau- coup de rapport-avec:le cujelier, et ne voit de différence que dans les couleurs des pennes de la queue : cependant il auroit dû y:voic Le 2 DES ALOUETTES. . 63 aussi une différence de grandeur, puisqu'il est aussi gros que l’alouette ordinaire; et pay conséquent plus gros que le cujelier ; diffe- rence à laquelle on doit avoir encore plus d’égard , si l’on suppose avec M. Brisson que l'oiseau d’Aldrovande étoit jeune. L'9 64 HISTOIRE NATURELLE . LA CALANDRE, O ÙU GROSSE ALOUETTE*. O PPIEN, qui vivoit dans le second siècle de l'ère chrétienne, est le premier parmi les anciens qui ait parlé de cet oiseau, en indi-. quant Ja meilleure façon de le prendre, et. cette façon est précisément celle que propose Olina : elle consiste à tendre le filet à portée des eaux où la calandre a coutume d’aller boire. Cet oiseau est plus grand que l’alouette; il a aussi le bec plus court et plus fort, en sorte qu'il peut casser les graines : de plus, * Voyez les planches enluminées, n° 363, fig. 3. Willughby ne connoissoit point cet oïseau , qu'il confond avec l’ortolan de neige. Ray ne l'a me même nommé. Tom 9 à né G + AS, LE COCHEVIS ou LA GROSSE ALOUETTE HUPPEE LT auquet S 1 DES ALOUETTES. 65 T'espèce est moins nombreuse et moins ré- pandue. À ces différences près, la calandre ressemble tout-à-fait.à notre alouette : même plumage, à peu près même port, même con- formation dans l’ensemble et daus les dé- tails, mêmes mœurs, et même voix, Sice n’est qu'elle est plus forte, mais elle est aussi agreable; et cela est si bien reconnu, qu’en Italie on dit communément c/anter comme une calandre, poux dire chanter bien. De même que l’alouette ordinaire, eile joint à ce talent naturel celui de contrefaire par- faitement le ramage de plusieurs oiseaux, tels que le chardonneret, la linotte, le serin, etc., et mêine le piaulement des petits poussins, le cri d'appel de la chatte; en un mot tous les sons analogues à ses organes, et qui sy sont imprimés lorsqu'ils étoient encore tendres. Pour avoir des calandres qui chantent bien , il faut, selon Olina , preudre les jeunes dans le nid, et du moins avant leur première mue, préférant, autant qu’il est possible, celles de la convée du mois d’août : on! les nourrira d’abord avec de la pâtée composée en partie de cœur de mouton ;,0R pourra 66 HISTOIRE NATURELLE leur donner ensuite des graines avec de la mie de pain, etc. ayant soin qu’elles aient toujours dans leur cage un plâtras pour s’aiguiser le bec, et un petit tas de sablon pour s’y écayer lorsqu'elles sont tourtmentées par la vermine. Maloré toutes ces précau- tions, on n’en tirera pas beaucoup de plaisir la première annee : car la calandre est un oiseau sauvage, c’est-à-dire, ami de la li- berté, et qui ne se fâçonne pas tout de suite à l'esclavage; il faut même, dans les com- wencemens, ou lui lier les aîlés, où sübsti- tuer au plafond de la cage une toile tendue. Mais aussi lorsqu'elle est civilisée, et qu’elle a pris le pli de sa coudition, elle chante sans cesse ; sans cesse elle répète ou son ramagse propre, ou celui des autres oiseaux; et elle se plaît tellement à cet exercice, qu'elle en oublie quelquefois la nourriture. On distingue le inâle en ce qu'il est plus gros, et qu'il a plus de noir autour du cou; la femelle n’a qu'un collier fort étroit * : % Voyez Edwards, planche 268. Celui qui a donné cette observation à M. Edwards, avoit une méthode de distinguer le mâle de la femelle parmi les petits oiseaux ; c’étoit de les renverser sur le DES ALOUETTES. 67 quelques individus, au lieu de collier, on£ une grande plaque noire sur le haut de la poitrine; tel étoit l'individu que nous avons fait représenter. Cette espèce niche à terre comme l’alouette ordinaire, sous une motte de gazon bien fournie d'herbe, et elle pond quatre ou cinq œufs. Olina, qui nous ap- prend ces détails, ajoute que la calangre ne vit pas plus de quatre ou cinq ans, et par conséquent beaucoup moins que l’alouette ordinaire. Belou conjecture qu'elle va par troupes comme cette dernière espèce. Il ajoute qu'on ne la verroit point en France, si on ne l’y apportoit d’ailleurs : mais cela signifie seulement qu’on n’en voit point at Mans, ni dans les provinces voisines; car cette espêce est commune en Provence, où elle se nomme cozlassade, à cause de sdni - collier noir, et où l’on a coutume de l’élever à cause de son chant. À l’épard de l’Alles imagne, de la Pologne, de la Suède et des dos et de souffler sur l’estomac : lorsque c’ést une femelle , les plumes se séparent de chaque côté, laissant l'estomac à nud. Mais cetteméihode n°esx sure que dans la saison où les oiseaux nichenk, (Gesner, De avibus, pag. 80.) 68 HISTOIRE NATURELLE autres pays du Nord, il ne paroît pas qu’elle y soit fréquente. On la trouve en Italie, vers les Pyrénées, en Sardaigne. Enfin M. Russel a dit à M. Edwards qu’elle étoit commune aux euvirons d'Alep; et ce dernier nous a donné la figure coloriée d’une vraie calandre, qui veuoit, disoit-on, de la Caroline. Elle pouvoit y avoir été transportée, elle ou ses père et mère, non seulement par un coup de vent, mais encore par quelque vaisseau européen; et comme c'est un pays chaud, il est très-probable que l'espèce peut y pros- pérer et s’y naturaliser. | M. Adanson regarde la calandre comme tenant le milieu entre l’alouette et la grive: ce qui ne doit s'entendre que du plumage et de la forme extérieure: car les habitudes de la grive et de la calandre sont fort dif- férentes, entre autres dans la construction du nid. Longueur totale, sept pouces et un quart; bec, neuf lignes ; vol, treize pouces et demi ; queue, deux pouces un tiers, com- posée de douze pennes, dont les deux paires les plus extérieures sont bordées de blanc, la troisième paire terminée de même, la ns * # { DES ALOUETTES. 6 ‘paire intermédiaire gris brun, tout le reste noirâtre; ces pennes dépassent les ailes de quelques lignes ; doigt postérieur, dix lignes. X x: dat F 2: 5 HISTOIRE NATURÉÈLE LA OISEAUX ÉTRANGERS. ie QUI ONT RAPPORT À LA CALANDRE. Ge mie 7 s. Te. le { LA CRAVATE JAUNE, ov CALANDRE DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE *. Ja n'ai point vu l'individu qui a servi de modèle à la figure 2 de la planche 504; mais j'en ai vu plusieurs de la même espèce. En … général, les mâles ont le dessus du corps brun, varié de gris; la gorge et le haut du » , cou d’un bel orangé, et cette espèce de cra- vale est bordée de noir dans toute sa cir- * Voyez les planches enluminées, n° 504, fg. 2. M. le vicomte de Querhoent, enseigne de vais- seau, et M. Commerson, ont tous deux observé cette alouette au cap de ne en des temps différens. 25 = DES OISEAUX ÉTRANGERS. »£ conférence : cetie même couleur orangée:se trouve encore au-dessus des yeux en forme de sourcils, sur les petites couvertures de l’aile par petites taches, et sur le bord an- térieur de cette même aile, dont elle dessine le contour. Ils ont la poitrine variée de brun, de gris et de jaunâtre; le ventre et les flancs d’un roux orangé; le dessous de la queue grisâtre ; les pennes de la queue plus ou moins brunes, mais les quatre paires les plus extérieures hordees et termi- nées de blanc ; les pennes des ailes brunes aussi, bordées , Les grandes de jaune, et.les moyennes de gris; enûn le bec et les pieds d'un gris brun plus ou moins fonce. | Deux femelles que j'ai observées avoient la cravate non pas oraugée, mais d’un roux clair ; la poitrine grivelée de brun sur le mème foud, qui devenoit plus foncé en s'éloignant de la partie antérieure; enfin le dessus du corps plus varié, parce que les plumes étoient bordées d’un gris plus clair. | C4 Longueur totale, sept pouces et demi; bec, dix lignes; vol, onze pouces et demi; doigt postérieur, ongle compris, plus long { CES | ons ONE Ce de { VIE LA 72 HISTOIRE NATURELLE que celui du milieu ; queue , deux pouces et demi, un peu fourchue, composée de douze pennes, dépasse les ailes de quinze lignes. J'ai vu et mesuré un individu qui - avoit un pouce de plus de longueur totale, et les autres parties à proportion. I I. LE HAUSSE-COL NOIR. , ou L'ALOUETTE DE VIRGINIE. Fe rapproche cette alouette américaine de Ja cravate jaune, à laquelle elle a beaucoup . de rapports ; mais elle en diffère cependant . par le climat, par la grosseur, et par quelques détails du plumage. Elle passe quelquefois . en Allemagne dans les temps de neige, et c’est par cette raison que M. Frisch l’a appe- « lée alouette d'hiver; mais il ne faut pas la confondre avec le lulu, à qui, selon Gesner, … on pourroit donner le même nom, puisqu'il. paroit dans Le temps où la terre est couverte de neige. M Frisch nous dit qu'elle est peu. connue en Allemagne , et qu'on ne sait mi. d'où elle vient ui où elle va, PE ? DES OISEAUX ÉTRANGERS, 73 On en a pris aussi quelquefois aux envi rons de Dantzick, avec d’autres oiseaux, dans les mois d'avril et de décembre; et l’une d’elles a vécu plusieurs mois en cage. M. Klein présume qu'elles avoient été appor- tées par un coup de vent de l'Amérique sep- tentrionale dans la Norvése, ou dans les pays qui sont encore plus voisins du pole, d'où elles avoient pu facilement passer dans des climats plus doux. IL paroït d'ailleurs que ce sont des oiseaux de passage; car nous apprenons de Catesby qu’elles ne paroissent que lhiver dans la. Virginie et la Caroline, venant du nord de l'Amérique par grandes volées, et qu’au commencement du printemps elles retour- hent sur leurs pas. Pendant leur séjour, elles fréquentent les dunes, et se nourrissent de l’avoine qui croît dans les sables. Cette alouette est de la grosseur de la nôtre, et son chant est à peu près Le même : elle a le dessus du corps brun; le bec noir; les yeux placés sur une bande jaune qui prend à la base du bec, la gorge et le reste du cou de la même couleur, et ce jaune est en partie terminé de chaque côté par une bande noire Oiseaux, IX. | f. ea Ve pat z 94 HISTOIRE NATURELLE ai qui, partant des coins de la bouche, passe | sous les yeux, et tombe jusqu’à la moitié \ du cou: il est terminé au bas du cou par | une espèce de collier ou hausse-col noir: la poitrine et tout le dessous du corps sont d'une couleur de paille foncée. | _ Longueur totale, six pouces et demi; bec, sept lignes ; le doigt et l'ongle postérieurs encore plus longs que dans notre alouette; queue, deux pouces et demi, un peu four- chue, composée de douze pennes, dépasse : les ailes de dix à onze lignes. TIITL. L'ALOUETTE AUX JOUES BRUNES DE PENSILV ANIE. Vorcr encore une alouette de passage, : et qui est commune aux deux continens; car M. Bartram, qui l'a envoyée à M. Edwards, lui a mandé qu’elle commençoit à se mon- trer en Pensilvanie dans le mois de mars, qu’élle prenoit sa route par le nord, et qu’on n'en voyoit plus à La fin de mai; et, d'un ’ « ri ( DES OISEAUX ÉTRANGERS, "5 autre côté, M. Edwards assure lavoir trou- vée daus les environs de Londres. Cet oiseau est de la grosseur de la spipo- lette : il a Le bec mince, pointu, et de couleur foncée ; les yeux bruns, bordés d’une couleur plus claire, et situés daus une tache brune, de forme ovale, qui descend sur les joues, et qui est circonscrile par une zone eu par-. tie blanche, en partie d’un fauve vif. Tout le dessus du corps est d’un brun obscur, à exception des deux pennes extérieures de la queue, qui sont blanches; le cou, la poi- trine et tout le dessous du corps, sont d’un fauve rougeâtre, moucheté de brun : les pieds et les ongles sont d’un brun foncé comme le bec; l’ongle postérieur est fort} long , mais cependant un peu moins que dans l’alouette commune. Enfin une singu- _ larité de cette espèce, c’est que l’aile étané repliée et dans son repos, la troisième penne, en comptant depuis le corps, atteint l'extrémité des plus longues pennés; ce qui est, selon M. Edwards, le caractère constanE des lavandières: et ce n’est pas Le seul trait de ressemblance qui se trouve entre ces deux espèces ; car nous ayons déja vu à la spipo- 21 CA dette Et de floue a RE Ca dya 6 semblable à celui des lavandières, au Ko s | on a donne trop. exclusivement, comme 01 te voit, le nom de hoche-queues. PONT l : 4 ù ù 4 . à L \ : Ù TE À à { 1 V4 \ {: , à L L È Ê A 13 À j \ - ; hi ; L | / N | | ù 1 À f 1 » ST f L El Y ; x } j d'A 12 il _ re : 1 W x DES ALOUETTES: 77 } LA ROUSSELINE, ou | L’ALOUETTE DE MARAIS*.- C ETTE alouette , qui se trouve en Alsace, est d'une grosseur moyenne entre l’alouette commune et la fariouse. Je l'appelle 7ousse- line , parce que la couleur dominante de son plumage est un roux plus ou moins clair. Elle a le dessus de la tête et du corps varié de cette couleur et de brun; les côtés de la tête roussâtres, rayés de trois raies brunes presque parallèles, dont la plus haute passe sous l'œil; la gorge d’un roux, très-clair ; la poitrine d’un roux un peu plus foncé et. semé de petites taches brunes fort étroites ; le ventre et les couvertures inférieures de la * Voyez les planches enluminées , n° 667, fig. r. 7 78 HISTOIRE NATURELLE queué d’un roux clair; les penues de la queue et desailes, noirâtres, bordées du même roux; le bec et les pieds jaunâtres. $ Cette alouette fait entendre son hat dès le matin, comme plusieurs autres espèces. ( de ce genre; et son ramage est fort agréable, selon Rzaczynski. Son nom d’alouette de: Inurais indique assez qu’elle se tient près des eaux; on la voit souvent sur la grève : quelquefois elle niche sur les bords de la - Moselle , dans les environs de Metz, où elle paroit tous les ans en octobre, et où l’on en. prend alors quelques unes. M. Mauduit m'a parlé d’une alouette rousse qui avoit les plumes du dessus du corps ter= minées de blanc, ainsi que les pennes laté- rales de la queue : c’est probablement une variété dans l’espèce de la rousseline. . Longueur totale, six pouces un quart; _ bec, huit lignes ; tarse, un pouce ; doigé postérieur , quatre lignes; son ongle, trois lignes et demie, un peu courbe ; queue, deux pouces un quart, dépasse les ailes de or huit lignes. * \ N 7 } Dh DES ALOUETTES. . " . LA CEINTURE DE PRÊTRE, Oo ÜU L'ALOUETTE DE SIBÉRIE. *. A D: tous les oiseaux à qui on a donné le nom d'alouette, c'est celui-ci qui a le plus beau plumage et le plus distingué : il a la gorge, le front et les côtés de la tête, d’un. joli jaune , relevé par une petite tache noire entre l'œil et le bec, laquelle se réunit à une autre tache plus grande, située immédia- tement sous l’œil ; la poitrine décorée d’une large ceinture noire ; le reste du dessous du corps blanchâtre ; les flancs un peu jau- | * Voyez les planches enluminées, n° 650, fig. 2 Ne seroit-ce pas le thufu tytlinger dont parle M. Muller avec incertitude dans sa Z oologie da- no1Se, page 29 ? 4 Sd MAN Es Re LRU F SARA 119 s ME St: | HER PS CIRE 8o HISTOIRE NATURELLE nâtres, variés par des taches plus foncées ; . le dessus de la tête et du corps varié de rous- sâtre et de gris brun; les couvertures supé— rieures de la queue jaunäâtres ; les pentes noirâtres, bordées de gris, excepté les plus extérieures , qui le sont de blanc; les pennes des ailes grises, bordées finement d’une cou- leur plus noire; les couvertures supérieures du même gris, bordées de roussâtre; le bec et les pieds gris de plomb. Cet oiseau a été envoyé de Sibérie , où ül n’est point commun. Le voyageur Jean Wooë parle de petits oiseaux semblables àl’alouette, vus dans la nouvelle Zemble. On pourroit soupçonner que ces petits oiseaux sont de la même espèce que celui de cet article, puisque les uns et Les autres se plaisent dans les cli- mats septentrionaux. Enfin je trouve dans le catalogue des oiseaux de Russie, une a/au- da tungustica aurita ; ce qui semble indi= quer une alouette huppée du päys des Ton- suses, voisins de la Sibérie. Il faut attendre les observations pour mettre ces oiseaux à leur place. ; | | Longueur totale, cinq pouces trois quarts; bec, six à sept lignes; doigt postérieur, quatre DES ALOUETTES. 8x ignes et demie; son ongle, cinq lignes et demie ; queue , deux pouces, composée de douze pennes, dépasse les ailes d’un pouce. de \ J 1 LS OISEAUX ÉTRANGERS »“ . QUI ONT RAPPORT AUX ALOUETTES. és EL. LA VARIOLE *. C’r57 M. Commerson qui nous a rapporté: cette jolie petite alouette des pays qu’arrose: la rivière de la Plata. Le nom de sariole , que uous lui avons donné, a rapport à l’é- mail très-varié et très-agréable de son plu- _ mage : elle a en effet le dessus de la tête et ‘du corps noirâtre, joliment varié de diffe- rentes teintes de roux ; le devant du cou émaillé de même; la gorge et tout Le dessous du corps blanchätre; les pennes de la queue. brunes , bordées, les huit intermédiaires de . * Voyez les planches enluminées , n° 738, figs r. L : \ | - À à À ? \ ee : DES OISEAUX ÉTRANGERS. 83 roux clair , et les deux paires extérieures de blanc; les grandes pennes des ailes grises, et les moyennes brunes, toutes bordées de roussâtre; le bec brun, échancré près de la pointe ; les pieds jaunûâtres. Longueur totale, cinq pouces un quart; bec, huit lignes ; tarse, sept ou huit lignes; doigt postérieur , trois lignes; son ongle, quatre lignès; queue, vingt lignes, un peu fourchue, composée de douze pennes, dé- passe les ailes d’un pouce. II. LA CENDRILLE. J’aAx vu le dessin d’une alouette du cap de Bonne-Espérance, ayant la gorge et tout le . dessous du corps blancs, le dessus de la tête roux , et cette espèce de calotte bordée de blanc depuis la base du bec jusqu’au-delà des yeux ; de chaque côté du cou, une tache rousse bordée de noir par en haut; la partie - supérieure du cou et du corps, cendrée; les couvertures supérieures des ailes et leurs pennes moyennes, grises ; les grandes noires, ainsi que les pennes de la queue. 84 HISTOIRE NATURELLE | Longueur totale, cinq pouces ; bec, huit. lignes; ongle du doigt postérieur droit et ” pointu , égal à ce doigt; queue, dix-huit à ! vingt ligues, dépassant les ailes de neuf lignes. Y auroit-1l dite rapport entre la cen- » drille et cette alouettle cendrée que l'on voit en grand nombre, selon M. Shaw, aux envi- : _xrons de Biserte, qui est l’ancienne Utique ? : Toutes deux sont d'Afrique : mais il y a loin " des côtes de la Méditerranée au cap de Bonne- Espérance ; et d’ailleurs l’alouette cendrée de Biserte n’est pas assez connue pour qu'on puisse la rapporter à sa véritable espèce: . peut-être faudra-t-il la rapprocher de la. grisette du Sénégal. LA IL L'EL LE SIRLI DU CAP DE BONNE- |} ESPÉRANCE. | S1 cet oiseau semble s'éloigner du genre des alouettes par la courbure de son bec, il ” ‘. * Voyez les planches enluminées, n° 7126. Ù Cest une espèce nouvelle, qui a été envoyée au | DES OISEAUX ÉTRANGERS 85 s’en rapproche beaucoup par la longueur de son éperon, c’est-à-dire, de son ongle pos- térieur. R | Il a toute la partie supérieure variée de brun plus ou moins foncé, de roux plus ou moins clair , et de blanc ; les couvertures des ailes, leurs pennes et celles de la queue, brunes , bordées de blanchätre , quelques unes ayant une double bordure, l’une blan- châtre et l'autre roussâtre ; toute la partie inférieure du corps blanchâtre , semce de taches noirâtres ; le bec noir , et les pieds bruns. : Longueur totale, huit pouces; bec, un pouce; tarse, treize lignes ; doigt postérieur, quatre lignes; l’ongle de ce doigt, sept lignes, droit et pointu; queue, environ deux pouces et demi, composée de douze pennes, dépasse : les ailes de dix-huit lignes. Cabinet du roi par M. de Rosenevez, et qui ne ressemble que par le nom au shirlee de M. Ed- wards, pl. 342, lequel est un troupiale. 86 HISTOIRE NATURELLE LE COCHENV ER. OU À LA GROSSE ALOUETTE HUPPÉE *. Csrastalodelte a été nommée cochevis, parce qu’on a regardé l’aigrette de plumes dont sa tête est surmontée, comme une es= * Voyez les-planches enluminées, n° 503, fig. tr. Cochevis, c’est-à-dire, visage de cog, selon Mé- nage, parce que le cochevis ressemble un peu au coq par sa crête; en Berry, alouette crêtée ; en So: logne , alouette pu (pour alouette huppée): jen ie alouette cornue ou de chemin; galerite, selon ide ; ailleurs, alouette de tie » d'arbres, de vigne, grosse alouette; dans le Périgord, ver- dauge ; en Provence et dans lOrléanois, calandre, On à pu remarquer, que le cochevis a plusieurs noms communs avec l’alouette ordinaire ; et l’on n’en sera pas surpris si l’on se rappelle ce que j’ai - dit, que le mâle de cette dernière espèce sait aussi se faire une huppe en relevant les plumes de sa tête “4 KL ris n. © 2. / dut | » ms l { KR DES ALOUETTES. .\ © pèce de crête, et conséquemment comme un trait de ressemblance avec le coq. Cette crête, ou plutôt cette huppe , est composée de quatre plumes de principale grandeur, sui vant Belon; de quatre ou six, suivant Olina; et d’un plus grand nombre, selon d’autres qui le portent jusqu’à douze. On ne s'accorde pas plus sur la situation et le jeu de ces plumes que sur leur nombre: elles sont tou- jours relevées, selon les uns, et selon d’autres, . l'oiseau peut les élever ou les abaisser, les étendre ou les resserrer à son gré, soit que cette différence dépende du climat, comme Jl'insinue Turner , ou de la saison, ou du sexe, ou de quelque autre circonstance. C’est une preuve de plus, ajoutée à mille autres, qu'il est difficile de se former une idée complète de l’espèce d'après l'examen, même attentif, d’un petit nombre d’indi- vidus. Le cochevis est un oiseau peu farouche, dit Belon, qui se réjouit à la vue de l’homme, et se met à chanter lorsqu'il le voit appro- cher. Il se tient dans les champs et Les prai- ries sur les revers des fossés et sur la crête des sillons. On le voit fort souvent au bord des sa nourriture éd le dro tte de A: sur- tout pendant l'hiver. M. Frisch dit qu’on le rencontre aussi à l’entrée des bois, perché sur un arbre : mais cela est rare; et il est encore plus rare qu’il s'enfonce dans les grandes forêts. Il se pose quelquefois sur les toits, les murs de clôture, etc. Cette alouette, sans être aussi commune que l’alouette ordinaire , est cependant ré- pandue .assez généralement dans l’Europe, si ce n’est dans la partie septentrionale. On en trouve en Italie, suivant Olina; en France, suivant Belon; en Allemagne, selon Wil- lughby; en Pologne, selon Rzaczynski; em Ecosse, selon Sibbald : mais je doute qu'il y en ait en Suède, vu.que M. Linnæus n’en a point fait mention dans sa Fauna Suecica. Le cochevis ne change pas de demeure pendant l’hiver : mais Belon ne devoit poin pour cela soupçonner une faute dans le texte d’Aristote, car ce texte ne dit point que le cochevis quitte le pays; il dit seulement qu’il se cache pendant l'hiver, et c’est un fait qu’on en voit moins dans cette saison que pendant l'été. | À { à À : 1 2 NÉ [& \ DES ALOUETTES. , Sÿ . Le chant des mâles est fort élevé, et cepen.- dant si agréable et si doux, qu’un malade le souffriroit dans sa chambre : pour en pouvoir jouir à toute heure, on les tient en cage ; ils V’accompagnent ordinairement du trémous- sement de leurs ailes Ils sont les premiers à annoncer chaque année le retour du prin- temps, et chaque jour le lever de l’aurore, sur-tout quand le ciel est serein, et même alors ils gazouillent quelquefois pendant la nuit ; car c’est le beau temps qui est l’ame de leur chant et de leur gaieté. Au contraire, un temps pluvieux et sombre leur inspire la tristesse et les rend muets. Ils continuent ordinairement de chanter jusqu’à la fin de Septembre. Au reste, comme ces oiseaux s’accoutument difficilement à la captivité, et qu’ils vivent fort peu de temps en cage *, il est à propos de leur donner, tous les ans, la volée sur la fin de juin, qui est le temps * Albert prétend avoir observé que, lorsque ces oiseaux restent long-temps en cage, ils deviennent borgnes à la fin, et que cela arrive au bout de neuf années. Mais Aldrovande remarque que ceux qu'on élève à Bologne, vivent à pelue neuf ans, et qu'ils ne deviennent ni aveugles n1 borgnes ayant 8 [! 2 90 HISTOIRE NATURELLE sinage des grands chemins ; elle pond quatre PR VN RENTE No TE " 42 11 ANS IONNNEENNESS où ils cessent de chanter, sauf à ne re preudre d’autres au printemps suivant : ou ‘bien on peut encore conserver le ramage en verdant l'oiseau; il ne faut pour cela que tenir quelque temps auprès d'eux une jeune alouetie ordinaire ou un jeune serin, qui s’approprieront leur chant à force de l'en tendre. ‘ Ontre la prérogative de mieux chanter , “ qui distingue le mâle de la femelle, il s’en distingue encore par un bec plus fort, une tète plus grosse, et parce qu’il a plus de noir sur la poitrine. Sa manière de chercher sa femelle et de la féconder est la même que celle du-mäle de l'espèce ordinaire, excepté qu’il décrit dans son volun plus grand cercle, par la raison que l'espèce est moins nom- breuse. La femelle fait son nid comme l’alouette commune, mais le plus souvent dans le voi- £ { de mourir. On voit à travers cette contrariété d’a-. vis, qu'il y a une manière de gouverner le cochevis en cage, pour le faire vivre plusieurs années, et peut-être pour lui conserver la vue, manière que M. Frisch ignoroit sans doute. ja À x ou cinq œufs qu'elle couve assez négligem- / ment; et l’on prétend qu'il ne faut en effet DES ALOUETTES. ox qu'une chaleur fort médiocre, jointe à celle du soleil, pour les faire éclore * : mais les petits ont-ils percé leur coque, et com- anencent-ils à implorer son secours parleurs cris répétés , c’est alors qu’elle se montre vé- ritablement leur mère , et ares se charge de pourvoir à leurs besoins jusqu’à ce qu 11s soient en état de prendre leur volée. M. Frisch dit qu’elle fait deux pontes par an, et qu’elle établit son nid, par préférence, sous les genévriers : mais cela doit s'entendre principalement du pays où l’observation a été faite. à #4 La première éducation des petits réussié d'abord fort aisément : mais dans la suite elle devient toujours plus difficile ; et il est rare, comme je l'ai dit d’après M. Frisch, qu’on puisse les conserver en cage une année * Comme ces nids sont à terre, 1l peut se faire que quelque personne ignoranie et crédule ait vu un crapaud auprès, et même sur les œufs ; et de à la fable que le cochevis et quelques autres espèces d’alouettes laissent aux crapauds le soin de couver leurs œuis. * | à à b ù PULL ee 1! h We, CPC Cp. \ das di 02 HISTOIRE NATURELLE VE Le entière, mème en leur donnant la a qui leur convient le mieux, c’est-à-dire, les x ( = œufs de fourmis, le cœur de bœuf ou de mou- ton haché menu, le chènevis écrasé, le millets Il faut avoir grande attention, en leur don- nant à manger et en leur introduisant les petites boulettes dans le gosier , de ne pas leur renverser la langue; ce qui pourroit les ‘ faire périr. L'automne est la bonne saison pour tendre des piéges à ces oiseaux; on les prend alors en grand nombre et en boune chair, à l’en- trée des bois. M. Frisch remarque qu’ils suivent l’appeau ; ce que ne font pas les alouettes communes. Voici d’autres diffé- rences : Le cochevis ne vole point en troupes; son plumage est moins varie, et a plus de blanc ; ik a le bec plus long, la queue et Jes ailes plus courtes ; il s'élève moins en l’air ; 1l est plus le jouet des vents, et reste moins de temps sans se poser. Dans tout le reste, les deux espèces sont semblables, même dans la durée de leur vie, je veux dire de leur vie sauvage et libre. Il sembleroit, d’ après ce que] = | des mœurs de l’alouette huppée, qu’elle a le DES ALOULRTTES IT ‘092 naturel plus indépendant, plus éloigné de 1a domesticité que les autres alouettes, puis- que, malgré son inclination prétendue pour l’homme, elle ne connoît point d’équivalent à la liberté, et qu'elle ne peut vivre loig- temps dans la prison la plus douce et la plus commode. On diroit mème qu'elle ne vit solitaire que pour ne poiut se soumettre aux assujettissemens inseéparables de la vie sociale. Cependant il est certain qu’elle a une singulière aptitude pour apprendre en peu de temps à chanter un air qu'on lui aura montré; qu'elle peut même en apprendre plusieurs , et les répéter sans les brouiller et sans les mêler avec son ramage, EU semble oublier parfaitement. ; | L'individu observé par Willughby avoit la langue large, un peu fourchue, les cœcum _ tres-courts , et le fiel d’un verd obscur et bleuâtre ; ce que ce naturaliste attribue à quelque cause accidentelle. ts Aldrovande donne la figure d’un cochevis fort âgé, dont le bec etoit blanc autour de sa base: le dos cendré: le dessous du corps blanchätre, et la poitrine aussi, mais | pointllée de brun; les ailes presque toutes \ _ hs co SU 94 HISTOIRE NATURELLE blanches, et la queue noire. Il ne faut pas manquer l’occasion de reconnoître les effets de la vieillesse dans les animaux, sur-tout dans ceux qui nous sont utiles, et auxquels nous ne donnons cab le temps de vieillir. D'ailleurs cette espèce a bien d’autres enne= mis que l’homme : les plus petits oiseaux carnassiers lui donnent la chasse, et Albert en a vu dévorer un par un corbeau ; aussi la présence d’un oiseau de proie l’effraie, au point de venir se mettre à la merci de l’oise- leur, qui lui semble moins à craindre, ou de rester immobile dans un sillon, jiqe se laisser prendre à la main. Longueur totale, six pouces trois quarts; bec, huit à neuf lignes ; doigt postérieuravec l’ongle , le plus long de tous, neuf à dix lignes ; vol, dix à onze pouces; queue, deux pouces un quart, composée de douze _pennes, dépasse les ailes d'environ treize Jignes, … L. à ; DES ALOUETTES. 95 CT OS DTA Ce MT NN on LÉ LTD, O U _ LA PETITE ALOUETTE HUPPÉE *, Crrrr alouette , que je nomme //u d’après son chant, ne diffère pas seulement du co- chevis par sa taille, qui est beaucoup plus petite; par la couleur de son plumage, qui est moins sombre; par celle de ses pieds, qui sont rougeâtres ; par son chant; ou plu- iôt par son cri désagréable, qu’elle ne fait jamais entendre qu’en volant, selou l’obser- vVation d'Aldrovande ; enfin par l'habitude . qu'elle a de contrefaire ridiculement les autres oiseaux; mais encore par le fond de l'instinct, car on la voit courir par troupes dans les champs , au lieu que le cochevis va TA * Voyez les planches enluminées ; n° 503, fig. 2. 06 HISTOIRE NATURELLE seul, comme je l'ai remarqué : elle ‘en diffère même dans le trait principal de sa ressent- blance avec lui; car les plumes qui com- poseut sa huppe, sont plus longues à pro- portion. Me L. . On trouve le lulu en Italie, en Autriche, 4 en Pologne, en Silesie *, et mème dans les « contrées septentrionales de l'Angleterre, ©! telles que la province d'Yorck; mais son nom ne paroit pas dans la liste des oiseaux | qui habitent la Suede. Il se tient ordinairement dans les endroits fourrés , dans les bruyères, et même dans les bois; d'où lui est venu le nom allemand swald-lerche : c'est là qu’il fait son nid, et presque jamais dans les blés. Lorsque le froid est rude, et sur-tout Jors- que la terre est couverte de neige , il se réfu- | | gie sur les fumiers, et s'approche des granges pour y trouver à vivre : il fréquente aussi les grands chemins, et sans doute par la même raison. | Suivant Longolius, c’est un oiseau de * Schwenckfeld et Rzaczynski le mettent au mombre des OISEAUX de Silésie et de Pologue ; mais, 1 Jun et laure n’ont SAR: que copier AASEOMNE, 1 TE : “| È DES ALOUETTES. oh passage, qui reste en Allemagne tout l’ hiver È et qui s’en va autour de l'équinoxe. Gesner fait mention d’une autre alouette huppée dont il n’avoit vu que le portrait, et qui ue différoit de la précédente que par queique variete de plumage, où l’on voyoit plus de blanc autour des yeux et du cou, et sous le ventre : mais ce pouvoit être un effet dé la vieillesse, comme nous en avons” vu un exemple à l’article du cochevis, ou de quelque autre cause particulière; et 1l m'y a certainement pas là de quoi établir une autre espêce, ni mème une variété : aussi son nom allemand est-il tout-à-fait ressemblant à celui que les Anglois donnent au cochevis. Je dois remarquer que l’éperon ou l’ongle postérieur n’a pas, dans la figure de Gesner, la longueur qu'il a communément dans les alouettes. - C0 ALAN L UP “t DEN tél a \ . Az EL.) PE at. ni su 0 A | 16) à , 88 HISTOIRE NATUREBEENON LA COQUILLADE*. / \ à C'xsr une espèce nouvelle que M. Guys nous a envoyée de Provence : je la rapproche du cochevis , parce qu’elle a sur la tête une petite huppe couchée en arrière, et que sans doute elle sait relever dans l’occasion. Elle est proprement l’oiseau du matin; car elle commence à chanter dès la pointe du jour; et semble donner Île ton aux autres oiseaux. Le mâle ne quitte point sa femelle, selon le mème M. Guys; et tandis que l’un des deux cherche sa nourriture, c’est-à-dire, des in- sectes, tels que chenilles et sauterelles, et même des limaçons, l’autre a l'œil an guet, et avertit son camarade des dangers qui me- nacent. : \ La coquillade a la gorge et tout le dessous du corps blanchâtres, avec de petites taches * Voyez les planches enluminées, n° 6624 gr da 5 4 L: #} xt DES ALOUETTES. 0 noirâtres sur le cou et sur la poitrine; les plumes de la huppe noires, bordées de blanc; .le dessus de la tête et du corps varié de noirâtre et de roux clair; les grandes cou- vertures des ailes terminées de blanc; les pennes de la queue et des ailes brunes, bor.-- dées de roux clair, excepté quelques pennes des ailes qui sont bordées ou terminées de blanc; le bec brun dessus, blanchâtre des- sous ; les pieds jaunûâtres. Longueur totale, six pouces trois quarts ; bec, onze lignes , assez fort; tarse, dix lignes; doigt postérieur , neuf à dix lignes, ongle compris; cet ongle, six lignes; queue, deux pouces, dépassant les ailes de sept à huit lignes. Fat M. Sonnerat a rapporté du cap de Bonne- Espérance une alouette fort ressemblante à celle-ci, soit par sa grosseur et ses propor- tions, soit par son plumage; elle n’en diffère qu’en ce qu'elle n’a point de huppe, que la couleur du dessous du corps est plus jau- nâtre, et que parmi les pennes de la queue et des ailes il n’y en a aucune qui soit bor- dée de blanc : mais ces différences sont trop petites pour constituer une variété dans cette Fa à x, PT } | j espèce; € 'étoit peut-être une jeune oiseau de l année. akoln \ selquist, il est fait mention * de l'alouette l d'Espagne, que ce naturaliste vit dans la Méditerranée, au moment où elle quittoit le rivage ; ; mais il n’en dit rien de plus, et je ne trouve dans les auteurs aucune espèce d’alouette qui ait été désignée sous ce nom. * Tome IT, page 30. se LS #7 Dans le Foyage au Levant dé M. F. Has- à 4 \ : 2 rh _ Re. ESS if LE STE LE 2e x Te vi Le DES ALOUETTES. 108 OISEAU ÉTRANGER QUI A RAPPORT AU COCHEVIS. LA GRISETTE, ou LE COCHEVIS DU SÉNÉGAL *. O N doit à M. Brisson presque tout ce que l’on sait de ce cochevis étranger : il a l’attri- but caractéristique des cochevis, c’est-à-dire, une espèce de huppe, composée de plumes plus longues que celles qui couvrent le reste de la tête. La grosseur de l'oiseau est à peu près celle de l’alouette commune. Il appar- tient à l'Afrique, et se perche sur les arbres _ qui se trouvent au bord du Niger : on:le voit aussi dans l’île du Sénégal. Il a le dessus du corps varié de gris et de brun; les couver- tures supérieures de la queue d’un gris rous- * Voyez les planches enluminées, n° 504, fig, x. | 9 L so3 HISTOIRE Æ NATURELLE. sâtre; le dessous du corps blanchit a Rens de petites taches brunes sur je cou ; les pennes _de l'aile gris brun, bordées de gris; les deux intermédiaires de la queue, grises; les laté— rales brunes, excepté la plus extérieure qui. | est d’un blanc roussâtre, et la suivante qui est bordée de cette même couleur; le bec, couleur de corne ; les pieds et les ongles gris. J'ai vu une femelle dont la huppe étoit couchée en arrière comme celle du mâle, et; variée, ainsi que la tête et le dessus du corps, de traits bruns sur un fond roussâtre ; le reste du plumage étoit conforme à la description précédente. Cette femelle avoit le bec plus long et la queue plus courte. Longueur totale, six pouces et demi; bec, neuf lignes et demie ; vol, onze pouces ; doigt postérieur, ongle compris , égal au doigt du milieu; queue, deux pouces deux lignes, un peu fourchue, composée de douze pennes, dépasse les ailes de six à sept ligues. LE ROSSIGNOL el : : À ee [é) =: fn © PA É ta LE ROSSIGNOL *. Tr n’est point d'homme bien organisé à qui ce nom ne rappelle quelqu’une de ces belles nuits de printemps où le ciel étant serein, l'air calme, toute la Nature en silence, et, pour ainsi dire, attentive, il a écouté avec : ravissement le ramage de ce chantre des forêts. On pourroit citer quelques autres oiseaux chanteurs dont la voix le dispute, à certains égards, à celle du rossignol. Les alouettes , le serin, lé pinson, Les fauvettes, la linotte, le chardonneret, le merle com-— mun , le merle solitaire, le moqueur d'Amé- rique , se font écouter avec plaisir lorsque le rossignol se tait : les uns ont d'aussi beaux sons, les autres ont le timbre aussi pur et * Voyez les planches enluminées, n° 615, fig. 2. En allemand , nachi-gall ; en anglois, neghtin- gale ; en italien, rossignuolo, uscigniolo. Le rossignol franc, rossignol chanteur, rossignol des bois. En Provence, roussignol, ou roussigneau; la femelle , roussignolette; le jeune ; roussignolet. ‘ = plus dan: tre ont des tours ‘le noter” auési flatteurs ; mais il n’en est pas un seul que le rossignol n’efface par la réunion com=" plète de ses talens divers et par la prodi= gieuse variété de son ramage, en sorte que la chanson de chacun de ces Me prise dans toute son étendue, n’est qu'un couplet de celle: du rossignol. Le rossignol charme toujours, et ne se répète jamais, du moins jamais servilement : s’il redit quelque pas- sage, Ce passage est anime d'un accent nou— veau, embelli par de nouveaux agrémens ; il réussit dans tous les seures , il rend toutes | les expressions , il saïsit tous les caractères nu et de plus il sait en augmen ter l'effet par les contrastes. Ce coryphée du printemps se. prépare-t-il à chanter l’hymue de la Nature, il commence par un prélude timide, par des tons foibles , presque indécis, comme sil vouloit essayer son instrument et intéresser ceux qui l’écoutent : mais ensuité , prenant de l'assurance , 1l s’anime par degrés, il s’échauffe , et bientôt 1l déploie dans leur plénitude toutes les ressources de son incom- parable organe ; coups de gosier éclatans; batteries vives et légères ; fusées de chant, PORN IBUROSSIGNQE" 11 ro où la netteté est égale à la volubilité: mur- mure intérieur et sourd qui n’est pointé appréciable à l'oreille, mais très-propre à augmenter l'éclat des tons appréciables ; roulades précipitées , brillantes et rapides, articulées avec force et même avec une du reté de bon goût ; accens plaintifs cadencés avec mollesse: sons filés sans art, mais enflés avec ame; sons enchanteurs et pénétrans; vrais soupirs d'amour et de volupté, qui semblent sortir du cœur et font palpiter tous les cœurs, qui causent à tout ce qui est sen- sible une émotion si douce, une langueur si touchante. C'est dans ces tons passionnes que l’on reconnoit le langage du sentiment qu'un époux heureux adresse à une com- pague cherie, et qu'elle seule peut lui inspi- rer, tandis que dans d’autres. phrases plus étonnantes peut-être , mais moins expres— sives, on reconnoit le simple projet de l’a- muser et. de Ini plaire, ou bien de disputer devant elle le prix du chant à des rivaux jaloux de sa gloire et de son bonheur. Ces différentes phrases sont entre-mêlées de silences, de ces silences qui, dans tout genre de mélodie, concourent si puissam- 4 N du pal 14 VAR UM 20 0 Qi à vit, nl N èF* à 4 v (1, SA: ro 6 ñ U L é… Nr d p y ne 106 HISTOIRE NATURELLE A : _ LR ment aux grands effets : on jouit des beaux sons que l’on vient d'entendre, et qui reten- tissent encore dans l'oreille ; on en jouit . mieux, parce que la jouissance est plus in- time, plus recueillie, et n’est point troublée « par des sensations nouvelles. Bientôt on attend, on desire une autre reprise; on es— père que ce sera celle qui plait : si l’on est trompé, la beauté du morceau que l’on en- : tend ne permet pas de regretter celui qui n’est que différé, et l’on conserve l'intérêt de l'espérance pour les reprises qui suivront. … Au reste, une des raisons pourquoi le chant di du rossignol est plus remarqué et produit plus d'effet, c'est, comme dit très-bien M. Barrington, parce que chantant la nuit, qui est le temps le plus favorable, et chan- tant seul, sa voix a tout son éclat, et n’est offusquée par aucune autre voix. Il efface ‘tous les autres oiseaux, suivant le même M. Barrington, par ses sons moelleux et flûtés, et par la durée non ARR à de son ramage, qu'il soutient quelquefois pen— dant vingt secondés. Le mêèfne observateur , a compté dans ce ramage seize reprises dif- férentes , bien déterminées par leurs pre= | DU ROSSIGNOL.: to} mières et dernières notes , et dont l'oiseau sait varier avec goût les notes intermédiaires. Enfin il s’est assuré que la sphère que remplit la voix d’un rossignol, n’a pas moins d’un mille de diamètre, sur-tout lorsque l'air est calme; ce qui égale au moins la portée de la voix humaine. \ IL est étonnant qu’un si petit oiseau, qui- ne pèse pas une demi-once, ait tant de force dans les organes de la voix : aussi M. Hunter a-t-1l observé que les muscles du larynx, ou, si l’on veut, du gosier, étoient plus forts à proportion dans cette espèce que dans toute autre, et même plus forts dans le mâle qui chante, que dans la femelle qui ne chante point. | | Aristote, et Pline d’après lui, disent que le chant du rossignol dure dans toute sa force quinze jours et quinze nuits sans interruption , dans le temps où les arbres se couvrent de verdure; ce qui doit ne s’en- tendre que des rossignols sauvages, et n’être pas pris à la rigueur, car ces oiseaux ne sont . pas muets avant ni-après l’époque fixée par Aristote : à la vérité, ils ne chantent pas alors ayec autant d’ardeur n1 aussi constam» 108 HISTOIRE NATURELLE ment. Ils commencent d’ ordinaire au mois d'avril, et ne finissent tout-à-fait qu au at de juin, vers le solstice; mais la véritable Bonne où leur chant ditaiiué anse LA c'est celle où leurs petits viennent à éclore, parce ‘qu’ ils s'occupent alors du soin de les nourrir, et que, dans l’ordre des instincts, la Nature a donné la prépondérance à ceux qui tendent à la conservation des espèces. Les rossignols captifs continuent de chanter peudant neuf ou dix mois, et leur chant est mon seulement plus long-temps soutenu, mais encore plus parfait et mieux formé: de là M. Barrington tire cetle conséquence, que dans cette espèce, ainsi que dans bien d’autres, le mâle ne chante pas pour amuser sa femelle, ni pour charmer ses ennuis du- rant l’incubation ; conséquence juste et de toute vérité. En effet, la femelle qui couve, remplit cette fonction par un instinct, ou plutôt par une passion plus forte en elle: que la passion même de l’amour : elle y trouve des jouissances intérieures dont nous _ - me pouvons bien juger, mais qu’elle paroît rtf Te . 7” . . ! sentir vivement, et qui ne permettent pas de supposer que dans ces momens elle ait 4 a # | PET ‘4 Mars Éui sai us 1 it eat RO de, À "hù AM A SEE NL tr A “ DU ROSSIG NM 109 besoin de consolation. Or: puisque ce n’est mi par devoir ni par vertu que la femelle couve, ce west point non plus par procédé que le male chante; il ne Chante pas en effet durant la seconde incubation : c'est Famour, et sur-tout le premier période de l’amour, qui inspire aux oiseaux leur ramage. C’est au printemps qu'ils eprouvent Le besoin d’aiumer et celui de chanter : ce sont les males qui out le plus de desirs, et -ce sont eux qui chantent le plus; ils chantent la plus grande partie de l’année, lorsqu'on sait faire régner autour d'eux un printemps perpétuel qui renouvelle incessamment ieux ardeur, sans leur offrir aucune occasion de l'éteindre. C’est ce qui arrive aux rossignols que l'on lient en cage, et même, comme nous venons de le dire, à ceux que l’on prend adultes : on en à vu qui se sont mis à chauter de toutes leurs forces peu d'heures après avoir élé pris. Îl s'en jaut bien cepen- dant qu'ils soient inseusibles à la perte de leur liberté, sur-tout dans les commence- mens : ils se laisseroient mourir de faim Îles sept ou huit premiers jours, sion ne leur donnoit la becquée, et ils se casseroient la | Oiseaux, IL X: Hs 19 4 ee EX AU pe HISTOIRE PAT 1 tête contre le plafond de leur cage, sion ne + leur attachoit les ailes; mais à la longue la * passion de chanter l'emporte, parce qu l'elle est entretenue par une passion plus pro fonde. Le chant des autres oiseaux, le sou des instrumens, lesaccens d'une voix douce et sonore, les excitent aussi beaucoup s'ils accourent, ils s’approchent, attirés par les beaux-sons: mais les duo semblent les atti- ! rer encore pius puissamment; ce qui prou- ‘ veroit qu’ils ne sont pas insensibles aux effets de l'harmonie. Ce ne sont point des auditeurs muets; ils se mettent à l'unisson el font tous leurs efforts pour éclipser leurs rivaux, pour ! couvrir toutes les autres voix et même tous “les autres bruits : où prétend qu’on en a vu tornber morts aux pieds de Ja personne qui chantoit: où en a vu un autre qui s agitoit, À | goufloit sa gorge, et faisoit entendre un Ére | zouillement de colère, toutes les fois qu'un serin qui étoitt près de lui; se disposoit à chanter, et il étoit venu à bout par ses me- , naces de lui imposer silence: tant il est vrai | que la supériorité n'est pas toujours exemple de jalousie! Seroit-ce par une suite de cette passion de primer, que ces oiseaux sont si « = V0 Y DU ROSSIGN OL. TIZ ftentits à prendre leurs avantages , et qu'ils se plaisent à chanter dans un lieu résonnant ou bien à portée d'un écho? Fous les rossignols ne chantent pas égale- ment bien ; il y en a dont le ramage est Si médiocre, que les amateurs ne veulent point les garder : on a même cru s'appercevoir que les Msiadoh d'un pays ne chantoient pas comme ceux d’un autre. Les curieux en Angleterre préfèrent , dit-on, ceux de la province de Surry à ceux de Midalessex, comme ils préfèrent les pinsons de la pro- vince d’Essex et les chardonnerets de celle de Kent. Cette diversité de ramage dans des oiseaux d'une même espèce a été comparée, avec raison, aux différences qui'se trouvent . dans les dialectes d’une même langue : il est ydificile d'en assigner les vraies causes, parce que la plupart sont accidentelles. Un ros- sionol aura entendu, par hasard, d’autres oiseaux chanteurs : les efforts que l’'émulation lui aura fait faire, auront perfectionné son chant, et il l'aura transmis ainsr perfec- tionné à ses descendans; car chaque père est le maître à chanter de ses petits; et l’on ent combien, daus la suite des générations, jets TR #} PR LP dd Art HAN va HISTOIRE ce même chant peut être encore perfe | où modifié diverse ment par d’ autres. Pasarde 1 semblables. LOS EUPE et pan _ Passéle mois dejuin, le rossignol ne ‘chante plus, el il ne lui reste. qu’un cri rauque, l une sorle de croassement , où l'on ne reeon= À noit point du tout la melodieuse Philomèles etiln'est pas surprenant qn ‘autrefois en lia- | lie on lui donnät un autre nom dans cette 1 circonstance : c'est en effet un autre: oiseau, | un oiseau absolument different, du. moins quant à la voix, et même un peu quant < aux couleurs du plumage. Dans l'espèce du rossignol, comme dans toutes les autres, il se trouve quelquefois { des femelles qui participent à la constitution 4 _ du mâle, à ses habitudes , et spécialement … à celle de chanter. Fai vu une de ces femelles! chantantes qui éloit privee; son ramage res. $ sembloit à celui du mâle : cependant ük n’étoit ni aussi fort ni aussi varie; elle le | conserva jusqu'au printemps : mais alors, | _ subordonnant l'exercice de ce talent qui lui Û _étoit étranger, aux veritables fonctions de sou sexe., elle se tut REUE faire son nid etsa ponte, moto elle n'eût point de male. $ DU ROSSIGNOLS ,r13 semble que dans les pays chauds, tels que la Grèce, il est assez ordinaire de voir de ces femelles; chantantes , et dans cette espèce, et dans beaucoup d’autres : du moins c'est ce qui résulte d’un passage d’Aristote * Un musicien, dit M. Frisch, devroit élu- dier le chant du rossignol : c'est ce qu'essaya jadis le Jésuite Kircher, et ce qu'a tente nouvellement M.Barrington ; mais, de l'aveu de ce dernier, c’a été sans aucun succès. Ces airs notés, étant exécutés par le plus habile. joueur de flûte, ne ressembloient point du tout au chant du rossienol. M. Barrington soupçonneque la difficulté vient de ce qu'on ne peut apprécier. au juste la durée relative, ou , si l'on veut, la valeur de chaque note. Cependant , quoiqu'il ne soit point aisé de déterminer la mesure que suit le rossignol Jorsqu'il chante, de saisir ce rhythme si varié dans ses mouvemens , si nuancé dans ses transitions , si libre dans sa marche, si in- dépendant de toutes nos règles de convention, et par cela même si convenable au chantre , * Les enthousiastes des beaux sons croient que ceux du rossignol contribuent plus que la chaleur à vivifier le fœtus dans l’œuf. 19 À 7 4 / d pu HOME ce pau en un a RÉ aie. : pour ètre finement senti par un organe déli- | cat, et uon pour être marqué à grand bruit par un bâton d'orchestre , ilime paroït encore … plus difficile d'imiter avec un instrument | mort les sons du rossignol , ses accens si. pleins dame et de vie, ses. tours de gosier, | son expression, ses soupirs: il faut pour cela un instrument vivant et d’une perfection | rare; je veux dire une voix sonore, harmo— nieuse ef légère; un timbre pur, moelleux, éclatant; un gosier de la plus grande flexi- bilité, et tout cela guidé par uneoreille juste; soutenu par un tact sûr, et vivifié par une sensibilité exquise : voilà les instrumens avec / lesquels on peut rendre le chänt du rossignol. J'ai vu deux personnes qui n’en auroient pas noté un seul passage, et qui cependant l’imitoient dans toute son étendue, et de ma- nièreà faire illusion; c’étoientdeux hommes ils siffloient plutôt qu’ils ne chantoient: mais l'un siffloit si naturellement, qu'on ne pou= Voit distinguer , à la conformation deses Jlèvres, si c’étoit lui ou son voisiu.qu'on,en- tendoit ; l’autre sifloit avec plus d'effort, il étoit même oblige de PFEMSER une attitude \ Er r } 4 ; k x ; 1) ÿ(” éontrainte : mais quant à l’ effet, son imita- DU ROSSIGNOL: + ui tion m'étoit pas moins parfaite. Enfin on. voyoit , il y a fort peu d'années, à Londres, ui homme qui, par son chant, savoit attirer les rossisnols, au point qu'ils venoient se percher sur lui et se laissoient prendre à la main. Commeiln est pas “ar tout le monde de s'approprier le chant du rossignol par une imitation fidèle, et que tout le monde est curieux d'en jouir , plusieurs ont tâché de se l’approprier d’une manière plus simple, je veux dire en se rendant maîtres du rossi= gnol lui-même, et le réduisant à l’état de domesticité : mais c’est un domestique d’une. huineur difücile, et dont on netire le service desiré qu’en ménageant son caractère. L’a- mour.et la gaieté ne se commandent pas, encore moins les chants qu’ils inspirent. Si l’on veut faire chanter le rossignol capuf, il faut le bien traiter dans sa prison ; il faut en peindre les murs de la couleur de ses bosquets, l’envirouner, l'ombrager de feuil- lages , étendre de la mousse sous ses pieds, VS le garanur du froid et des visites impor. 2 4 | Jes ans au mois de nai et sur la fin de dé- cerout à gazoutller dès qu'ils commenceront à manger seuls ; leur voix se haussera , se tunes !, ue Aébhér une TE dante et qui lui plaise; en un moi, il faut lui faire illusion sur sa captivité, et tächer _ de là rendre aussi douce que la liberté, S'il M étoit possible, À ces conditious, le rossi gnol il chantera dans la cage. Si c’est un vieux, pris * l'& A œ dans le commencement du printemps, # chantera au bout de huit jours et même plus tôi?, et il recommencera à chanter tous cembre. Si ce sont de jeunes de la première ponte, élevés à la brochette , ils commen— * L ls sémisé © formera par degrés ; elle sera dans toute sa force sur la fin de décembre, et ils l'exerce- ront tous les jours de l’année, excepté au ‘temps de la mue: ils chanteront beaucoup “mieux que les rossignols sauvages; 1ls em— belliront leur chant naturel de tous les pas- 1 On recommande même de le neitoyer rarement lorsau”il chante. 2 Ceux.qu'on prend après le 15 de mai, chantent 7 rarement le reste de la saison: ceux quine chantent pas au bout de quinze jours, ne chantent jamais sen ñ } et souvent sont des femelles DU ROSSIGNOL. D) AL . I. L: grand rossignol. Il est certain qu'il y a variélé de grandeur dans cette espèce : mais il y à beaucoup d’incertitudes et de contrariétés dans les opinions des natura- listes sur les endroits où se trouvent les grands rossignois ; c’est dans les plaines et au bord des eaux , selon Schwenckfeld , qui assigne aux petits les côteaux agréables ; c’est dans les forêts, selon Aldroyande ; selon d'autres , au contraire, Ceux qui habitent les forêts sèches et n’ent que la pluie et les gouttes de rosée pour se désaltérer, sont les. plus petits, ce qui est très-vraisemblable. En Aujou, il est une race de rossignols beau- coup plus gros que les autrés, laquelle se | tient et niche dans les charmilles ; les petits se plaisent sur les bords des ruisseaux et des Jétangs. M. Frisch parle aussi d’une race un _peu plus grande que la commune, laquelle E— Jon veut, des races de grands rossignols EF . mais qui ne sont point attachées à une de- les mieux chantans ,dans les buissons à portée offert, coûta six mille sesterces, que Budé 7 “HISTOIRE NATURELLE DE chante plus la nuit et mêtme d’une manière | un peu différente. Enfin l’auteur du Trailé du rossignol admet trois races de rossignols: il place les plus ‘grands , les plus robustes, des eaux, les moyens dans les plaines, et les plus petits de tous sur les montagnes. Il ré- sulte de tout cela qu’il existe une race , ou, si meure bien fixe. Le grand rossignol est le plus commun en Silésie ; il a le plumage, « cendre avec un méelauge de roux, et il passe pour chauter mieux que le petit. IL Ze rossignol blanc. Cette variété étoit fort rare à Rome : Pline rapporte qu'on en fit présent à Agrippine, femme de l’empez reur Claude, et que l'individu qui luifne évalue à qu inee mille écus de notre mounoie, sur le pied où elle étoit de son temps, et qui s ’évalueroit aujourd'hui à une somme nu- Mméraire presque double : cependant Aldro- vande prétend qu il y à erreur dans les DL! À & LA chiffres, et que la somme doit être encore 10 plus grande. Cet auteur a FR un rossignol H | : DU-ROSSIGNOL. 145 blanc ; mais il n’entre “dans aucun détail. M. le marquis d’Argens en a actuellement un de cette couleur qui est de la plus grande taille, quoique jeune, et dont le chant est déja formé, mais moins fort que celui des vieux.-cila, dit M. le marquis d'Argens , « la tête et le cou du plus beau blanc, les «ailes et la queue de même ; sur le milieu «du dos , ses plumes sont d'un brun fort « clair et mêlées de petites plumes blan=— « ches . : ... celles qui sont sous le ventre « sont d’un gris blanc. Ce nouveau venu « paroît causer une jalousie étonnante à un .« vieux rossignol que j'ai days quelque AP BPA” Oiseaux. à 1 LA ER. APR PT DER 24 4 ‘146 HISTOIRE NATURELLE k \ ce ‘54 {ji OISEAU ; ÉTRANGER f qui. A RAPPORT AU ROSSIGNOIL. LE FOUDI-JALA.. c>'#b Cr rossignol, ‘qui se trouve à Madagascar, est de Ja taille du nôtre, et lui ressemble à beaucoup d'égards : :seulement il a les jambes et les ailes plus courtes , et il en diffère aussi par les couleurs du plumage; il à là tête rousse avec une tache brune de chaque côté, la gorge blanche, la poitrine d’un roux clair, le ventre d'un brun teinté de roux et d'olive; tout Le dessus du corps, compris ce qui paroît des pennes de la queue et des ailes , d’un brun olivâtre ; le bec et les . pieds d’un brun foncé. M. Brisson, ,à qui J’on doit la connoissance de cette espèce, ne dit point si elle chante, à moins qu’il n'ait cru l'avoir dit assez en lui donnant Le nom de rossignol. Fa dr i DES OISEAUX ÉTRANGERS. 147 Longueur totale , six pouces cinq lignes ; bec , neuf lignes ; tarse, neuf lignes et demie ; vol, huit pouces et demi ; queue, de pouces et demi, composée de douze pennes , un peu étagée, dépasse Les ailes d'environ vingt lignes. £ k . us T pe. , + +. : Jp HLEUN ” D "4 ba : , er sr . FL 2 3 : * “nue. En d ut RS R , 7 ÉVALUE. ‘20 L A 'FAU VE ER 4 | | L A a …: Première espèce. ed Y vie L E triste hiver, saison de mort, est le temps du sommeil ou plutôt de la iorpeur de la Nature : les insectes sans vie, les, reptiles sans mouvement, les végétaux sans verdure et sans accroissement , tous les habitans de l'air détruits ou relégués , ceux des eaux ren- ferimés dans des prisons de glace, et la plu- _part des animaux terrestres confinés dans les cavernes , les antres et Les terriers ; tout mous presente les images de la langueur et _ dela dépopulation. Mais le retour des oiseaux : au printemps est le premier signal et la douce annonce du réveil de la Nature vivante ; et les feuillages renaissans , et les bocagek re— vêtus de leur nouvelle parure, sembleroient * Voyez les planches enluminées, n° 579, fig. 5. Dans le Bolonnois, on l’appelle scatarello, suivant Aldrovande ; colombaude en Provence, et petty chaps dans la province d'Yorck en Angleterre. LA FAUVETTE. JF ouquer J’ sai … HISTOIRE NATURELLE. 14 moins frais et moins touchans sans les nou— veaux hôtes qui viennent les animer et y chanter l'amour. De ces hôtes des bois, les Féoaites sont les plus ésnhal te cs , comme les plus ai- mables : vives, agiles, lécères et saus cesse remuées, tous leurs mouvemens ont Pair du , sentiment ; tous leurs accens , le ton de la ‘joie; et tous leurs jeux, l’intérêt de l’amour. Ces jolis oistaux arrivent au moment où les arbres développent leurs feuilles et commen- cent à laisser épanouir leurs fleurs ; ils se dispersent dans toute l'étendue de nos cam- - pagnes: les uns viennent habiter nos jardins, d’autres préfèrent les avenues et les bosquets ; plusieurs espèces s’enfoncent dans les srands bois , et quelques unes se cachent au milieu des roseaux. Ainsi les fauvettes remplissent tous les lieux de la terre, et les animent par les mouvemens et les accens de leur tendre gaieté. À ce mérite des graces naturelles nous voudrions réunir celui de la beauté; mais en leur donnant tant de qualités aimables, la Nature semble avoir oublié de parer leur plumage. Ïl est obscur et terne : excepté 15 PAT: TN PRE LL PEER FE Te RE ( re HISTOIRE NATURE DU deux ou trois espèces qui sont légèrement tachetées , toutes les autres n’ont que dés teintes plus ou moins sombres de blan= châtre, de gris et de roussâtre. La première espèce ,ou la fauvette propre- ment dite, est de la grandeur du rossignol. Tout lé manteau, qui dans le rossignol est roux brun, est gris brun dans cette fauvette, qui de plus est légèrement teinte de gris roussâtre à la frañge des couvertures des ailes , et le long des barbes dé leurs petites pennes ; les grandes sont d’un cendré noi- râtre , ainsi que les pennes de la queue, dont les deux les plus extérieures sont blan- ches du côté extérieur , et des deux côtés à la pointe: sur l'œil, dépuis le bec, s'étend une petite ligne blanche en forme de sourcil, et l’on voit une tache noirâtre sous l'œil et ün peu en arrière; cette tache confine au blanc de la gorge, qui se teint de rous- sàtre sur les côtés, et po eme sous le ventre. Cette fauvette est la plus srande de toutes, excepté celle des Alpes, dont nous parlerons dans la suite: Sa longueur totale est de six pouces ; son vol de huit pouces dix ligues; ASE DELA FAUVETTE. ‘, 1% son bec, de la pointe aux angles, a huit lignes et demie ; sa queue, deux pouces six lignes ; son pied , dix lignes. Elle habite avec d'autres espèces de fau- vettes plus petites dans les jardins, les bo- _ eages et les champs semés de légumes, comme féves ou pois ; toutes se posent sur la ramée qui soutient ces légumes ; elles s'y jouent, y placent leur nid, sortent et rentrent sans cesse, jusqu’à ce que le temps de la récolte , voisin de celui de leur départ, vienne les chasser de cet asyle, ou plutôt de ce domi cile d'amour. D 01 | C'est un petit spectacle de les voir s’égayer, s’agacer et se poursuivre ; leurs attaques sont légères , et ces combats innocens se terminent toujours par quelques chansons. La fauveite fut l'emblème des amours volages , comme la tourterelle de l’amour fidèle; cépendant la fauvette , vive et gaie, n’en est ni moins aimante , ni moins fidèlement attachée , et la tourterelle triste et plaintive n'en est que plus scandaleusement libertine *. Le mâle de la fauvette prodigue à sa femeile mille petits * Voyez l’article de la T'ourterelle , tome IV: LP R EN as À RL LE Voir 152 HISTOIRE NATURE E soins pendant qu’elle couve; il partage su". sollicitude pour les petits qui viennent. d’e- clore , et ne la quitte pas mème après l'édu- cation de la famille; son amour semble durer encore après ses desirs satisfaits. Le nid est composé d'herbes sèches, a “brins de chanvre et d’un peu de crin en de- dans ; il contient ordinairement cinq œufs, que la mère abandonne lorsqu'on les a tou chés , tant cette approche d’un ennemi lui paroît d’un mauvais augure pour sa future : famille. Il n’est pas possible non plus de lux faire adopter des œufs d’un autre oiseau : elle les reconnoit, sait s’en défaire et les rejeter. « J'ai fait couver à plusieurs petits oiseaux « des œufs étrangers, dit M. le vicomte de « Querhoent, des œufs de mésange aux roi- « telets, des œufs de linotte à un roùge- «gorge ; je n'ai jamais pu réussir à les faire « couver par des fauvettes : elles ont toujours « rompu les œufs ; et lorsque j y ai substitué « d’autres petits, elles les ont tués aussitôt. » Par quel charme donc , s’il en faut croire la multitude des oiseleurs , et même des obser- vateurs , se peut-il faire que la fauvette couve” l'œuf que le coucou dépose dans son nid, f ns RÉR vie à DELA TAUNETTE. ! 158 après avoir dévoré les siens , qu’elle se charge avec affection de cet ennemi qui vient de lui naître, et qu’elle traite comme sien ce hi- deux petit étranger? Au reste, c'est dans le nid de la fauvette babillarde que le coucou , dit-on, dépose le plus souvent son œuf ; et dans cette espèce , le naturel pourroit être différent. Celle-ci est d’un caractère craintif; elle fuit devant des oiseaux tout aussi foibles qu'elle, et fuit encore plus vite et avec plus- de raison devant la pie-grièche, sa redoutable ennemie : mais l'instant du péril passé , tout est oublie ; et le moment d’après, notre fau— vette reprend sa gaieté, ses mouvemens et son chant. C’est des rameaux les plus touffus qu'elle le fait entendre ; elle s’y lient ordi- nairement couverte , ne se montre que par instans au bord des buissons , et rentre vite à l’intérieur , sur-tout pendant la chaleur du jour. Le matin , on la voit recueillir la rosée , et, après ces courtes pluies qui tom- bent dans les jours d’élé, courir sur les feuilles mouillées et se baigner dans les gouttes qu’elle secoue du feuillage. Au reste, presque toutes les fauvettes partent en même temps , au milieu de l’au- 154 HISTOIRE NATURELLE tomne , et à peine en voit-on encore quelques unes en octobre : leur départ est fait avant que les premiers froids viennent détruire les insectes et flétrir les petits fruits dont elles vivent ; car non seulement on les voit chas- ser aux mouches , aux moucherons, et cher- cher les vermisseaux, mais encore manger des baies de lierre, de mézéréon et de ronces ;. elles engraissent même beaucoup dans la sai- sonde la maturité des graines du sureau, de. l’hièble et du troène. Dans cet oiseau, le bec est très-légèrement échancre vers la pointe; la langue est effran- gée par le bout et paroît fourchue; le dedans du bec , noir vers le bout, est jaune dans le fond ; le gésier est musculeux et précédé d’une dilatation de l’œsophage ; les intestins : sont longs de sept pouces et demi; communé- ment on ne trouve point de vésicule du fiel, mais deux petits cœcuin ; le doigt extérieur est uni à celui du milieu par la première phalange, et l’ongle postérieur est le plus fort de tous. Les testicules, dans un mâle. pris le 18 juin, avoient cinq lignes au grand diamètre, quatre dans le petit. Dans une femelle ouverte le 4 du même mois, l’opé-. \ Ne ds | ï DELA FAUVETTEÉ: \ 1255 ductus , très-dilaté, renfermoit un œuf, et la grappe offroit les rudimenis de plusieurs autres d’inégale grosseur. Dans nos provinces méridionales eten Italie , on nomme assez distinctement bec- figues la plupart des espèces de fauvettes ; méprise à laquelle les nomenclateurs avec leur nom générique (ficedula) n’ont pas peu contribué. Aldrovande n’a donné les espèces de ce genre que d’une manière incomplète et confuse ; il semble ne l’avoir pas assez connu. Frisch remarque que le genre des fauvettes est en effet un des moins éclaircis et des moins déterminés dans toute l’orni- thologie. Nous avons tâché d’y porter quel- ques lumières èn suivant l’ordre de la Na- ture. Toutes nos descriptions , excepté celle d’une seule espèce, ont'été faites sur l’objet même, et’c’est tant sur -nos propres obser— vations que sur des faits donnés par d’ ex=" cellens observateurs que nous avons repré senté Les différences, les ressemblances et toutes les habitudes cn Ml» GA ces petits oiseaux. te ) 156 HISTOIRE NATURELLE + | + fe A" LA PASSERINETTE#, ou PETITE FAUVETTE. Seconde. espèce. . N ous adoptons pour cet oiseau le nom de . passerinette qu'il porte en Provence; c'est une petite fauvette qui diffère de la grande; ‘ non seulement par la taille, mais aussi par la couleur du plumage, et par son refraimw 4 monotone Zp, tip, qu’elle fait entendre à “ F * Voyez les planches enluminées, n° 579, fig. 2. Dans le Bolonnois, cette fauvette s'appelle. chivin; dans le pays .de Gênes, borin , suivant, Aldrovande et Willughby, qui le répète d’après lui ; aux environs de Marseille , Becafigulo ; et apparemment de même dans les autres endroits où la fauvette est appelée Zeca/icos RU | € DE LA FAUVETTE 157 tout moment, en sautillant dans les buissons, après de courtes reprises d'une même phrase de chant. Un gris blanc fort doux couvre lout le devant et le dessous du corps, en se char- geant sur les côtés d’une teinte brune très— claire ; du gris cendré égal et monotone oc- cupe tout le dessus, en se chargeant un peu et tirant au noirâtre dans les grandes pennes _ des ailes et de la queue; un petit trait blan- châtre, en forme de sourcil, lui passe sur l'œil. Sa longueur est de cinq pouces trois lignes; son vol d'environ huit pouces. La passerinette fait son nid près de terre sur les arbustes : nous avons vu un de ces nids sur un groseillier dans un jardin ; il étoit fait en demi-coupe , composé d'herbes sèches , assez grossières en dehors, plus fines en dedans et mieux tissues ; il contenoit quatre œufs, fond blanc sale avec des taches vertes et verdâtres répandues en plus grand nombre vers le gros bout. Cet oiseau a l'iris des yeux d’un brun marron , et l'on voit une très-petite échancrure près de la pointe du demi-bec supérieur; l’ongle postérieur est le plus fort de tous; les pieds sont de couleur plombée; le tube intestinal, du gésier à TU 14 je À + 358 Ai NATURE L: cédé d’une dilatation de l'esophage; on na % point trouvé de vésicule du fiel, ni de cœcum, pe dans l'individu observé, qui étoit femelle; la grappe de l'ovaire portoit des œufs d'inégale | grosseur. RD LE RER F ET ne $ J Î auquel Le 2LE BEC-FIGUE . #4 ns J : DE LA FAUVETTE 1% EEE EL LA FAUVETTE A TÊTE NOIRE *. Troisième espèce. | \ À pisr OTE, en parcourant les divers chan- gemens que la révolution des saisons apporte à la nature des oiseaux, comme plus immé- diatement soumis à l'empire de l'air, dit que le bec-figue se change dans l'automne en fauvette à tête noire. Cette prétendue méta- morphose, quia fort exercé les naturalistes, _ a été regardée des uns comme merveilleuse , - et rejetée des autres comme incroyable : cependant elle n’est ni l’un nj l’autre , et LR, _ * Voyez les planches euluminées ,n° 580, fs. r, le mâle; et fig. 2, la femelle. _ En italien, capinera, caponegro ; en allemand, grasz muckl, grase spatz ; en anglois, #/ack- cap. La femelle est connue en Provence sous le om de festo rousso. nous paroît très- simple. La petits de la vette dont nous parlons ici, sont pendant tout l’été très-semblables par le plumage au. bec-figue : ce n’est qu’à la première mue à qu'ils prennent leurs couleurs, et c'est alors que ces prétendus bec-figues se changent en fauvettes à tête noire. Cette même interpré- tation est celle du passage où Pline parle de ce changement. Aldrovaude, Jonston et Frisch, après avoir déctit la fauvette à tête noire, paroissent faire une seconde espèce de la fauvette à tête brune : cependant celle-ci n’est que la fe- melle de l’autre, et il n’y a d’autres diffé rences entre le mâle et la femelle que dans cette couleur de la tête, noire dans le pre- mier,et brune dans la seconde. En effet, une calotte noire couvre, dans le mâle, le der- rière de la tête et le sommet, jusque sur les yeux ; au-dessous et alentour du cou , est un gris ardoisé plus clair à la gorge, et que s'éteint sur la poitrine dans du blanc ombré de noirâtre vers les flancs ; le dos est d’um gris brun, plus clair aux barbes extérieures des pennes , plus foncé sur les inférieures , \ et lavé d’une foible teinte olivâtre. Li oiseau 7 a de Loi cinq pouces cinq sel , La. pouces et demi de vol. La fauvette à tête noire est de toutes les fauvettes celle qui a le chant le plus agréable et le plus continu : il tient un peu de celui du rossignol , et l’on en jouit bien plus long- temps ; car plusieurs semaines après que ce chautre du printemps s’est tu, l’on entend les bois résonner par-tout du chant de ces fauvettes ; leur voix est facile, pure et légère, et leur chant s’exprime par une suite de mo- dulations peu étendues, mais agréables, flexibles et nuancées. Ce chant semble tenir de la fraîcheur des lieux où ilse fait entendre; il en peint la tranquillité, il en exprime même le bonheur ; car les cœurs sensibles entendent pas sans une douce émotion les accens inspirés par la Nature aux êtres qu'elle rend heureux. Le mâle a pour sa femelle les plus tendres soins : non seulement il lui apporte sur le nid, des mouches, des vers et des fourmis, mais il la soulage de l’incommodité de sa situation; il couve alternativement avec elle. Le nid est placé près de terre, dans un taillis. soigneusement caché , et contient quatre ow | n :  «# Cu 162 HISTOIRE. Pie à cinq œufs, fond verdätre avec. des éiché: d’un brun léger. Les petits grandissent en peu de jours; et pour peu qui aient de plumes, ils sautent du nid dès qu’on les ap= proche, et l’'abandonnent. Cette fauvette ne _ fait communément qu’une ponte dans nos provinces : Olina dit qu’elle en fait deux en Italie: et il en doit être ainsi de plusieurs espèces d'oiseaux dans un climat plus chaud, et où la saison des amours est plus longue. . À son arrivée au printemps , lorsque les insectes manquent par quelque retour du froid, la fauvette à tète noire trouveoune ressource dans les baies de quelques arbustes, comme du lauréole et du lierre. En automne, elle mange aussi les petits fruits de là bour- daine et ceux du cormier des chasseurs. Dans cette saison , elle va souvent boire; et on la. prend aux fontaines sur la fin d’août : elle est alors très-srasse et d’un goût délicat. . On l'élève aussi en cage ; et de tous les oiseaux qu’on peut mettre en volière, dit. Olina, cette fauvette est un des plus aimables.: L'affection qu’elle marque pour son maître est touchante; elle a pour: l'acéueillir um accent particulier, une voix plus affectueuse; DE LA FAUVETTE. 163 N son SPRL elle s’élance vers lui contre les mailles de sa cage, comme pour s’efforcer de rompre cet obstacle et de le joindre; et par un continuel battement d'ailes accom- pagué de petits cris, elle semble exprimer Vempressement et la Ana Les petits élevés en cage, s’ils sont à portée d'entendre le rossignol , perfectionnent leur chant, et Le disputent à leur maître. Dans la saison du départ, qui est à la fin de sep- tembre, tous ces prisonniers s'agitent dans la cage , sur-tout pendant la nuit et au clair de la lune, comme s'ils savoient qu’ils ont un voyage à faire ; et ce desir de changer de lieu est si profond et si vif, qu’ils périssent alors en grand nombre du regret de ne pou- voir se satisfaire. Cet oiseau se trouve communément en italie, en France, en Allemagne, et jusqu’en Suède : cependant on prétend qu’il est assez rare en Angleterre. | Aldrovande nous parle d’une variété dans cette espèce , qu’il appelle fawvette variée, sans nous dire si cette variété n’est qu'indi- viduelle , ou si c’est une race particulière. M Brisson, qui la donne sous le nom de 1 site 264 HI STOIRE NATURE 1 fauvette noire et blanthe, n’en dit pas da tage ; etil paroit que la fauvette à dos. — | de Frisch n’est encore que cétte même var iété 2 de la fauvette à tête noire. 20 La petite colombaude des Provençaux est ‘une autre variété de cette même fauvette; elle est seulement un peu plus grande, eta” tout Le dessus du corps d’une couleur plus foncée et presque noirâtre, la gorge blanche, et les côtés gris ; elle est leste et très-agile; elle aime les ombrages et les bois les plus touffus , et se délecte à la rosée, qu’elle reçoit avidement. | . Dans une fauvette à tête noire, nelle J ouverte le 4 juin, l’ovaire se trouva garni d'œufs de différentes grosseurs ; le tube intes- tinal , de l’anus au gésier, étoit long de sept, pouces ‘un quart; 1l y avoit deux cœcum bien marqués, de deux lignes de long : le gésier musculeux étoit long de cinq lignes ; la langue effilée et fourchue par le bout ; le bec: supérieur tant soit peu échancre; le doigt extérieur uni à celui du milieu par sa pre- mière phalange ; l'ongle postérieur le plus fort de tous. Dans un mâle, le 19 Se à » les testicules l \ %e MU DE LATAUDVETTE 16 avoient quatre lignes de longueur et trois de large ; la trachée- artère avoit un nœud renfré à l'endroit de la bifurcation ; et l œsophage, long d'environ deux pouces, formoit une poche avant son insertion dans le gésier. | ( l LA GRIS Fe TES*,. Jo (770 FAUVETTE GRISE; EN PROVENCE, PASSERINE, Quatrième espèce, À LDROVANDE parle de cette fauvette srise sous le nom de sfoparola que lui une les oiseleurs bolonnois ; apparem- ment, dit ce naturaliste, parce qu ’elle fré- quente les buissons et les halliers, où elle ‘fait son nid ©" ! Nous avons vu l’un de ces nids sur un x pruuelier , à trois pieds de terre : il est en | | ! : ch, * Voyez les planches enluminées, n° 570, fig. 3: Les oiseleurs bolonnoïs la nomment stoparola y suivant Aldrovande; les Provençaux, passerine. … ES DE LA FAUVETTE. 167 forme de coupe, et composé de mousse des _ prés entrelacée. de quelques brins d'herbes sèches ; quelquefois il est entièrement tissu de ces brins d'herbes plus fines en dedans, plus grossières en dehors. Ce nid contenoit cinq œufs fond gris verdâtre, semés de taches roussâtres et brunes, plus fréquentes au pis bout. | La mère fut prise avec les be elle: avoit Viris couleur de marron ; les bords du bec supérieur légèrement échancrés à la pointe; les deux paupières garnies de cils blancs ; la langue effrangee par le bout: le tube in- testinal , du gésier à l’anus, étoit de six pouces de longueur ; il y avoit deux cœcum longs de deux lignes, adhérens à l'intestin; de l’æsophage au gésier, la distance étoit de deux pouces, etle premier, avant son inser- tion , formoit une dilatation ;,la grappe de Vovaire étoit garnie d'œufs d’inégale gros- seur. Dans un mâle ouvert au en an mois de mai, les viscères se trouvérent à très-peu près les mêmes ; des deux testicules, le droit étoit plus gros que le gauche , et avoit dans son grand diamètre quatre lignes, et deux e x68 HISTOIRE NATURE lignes trois quarts dans le petit. On Gbserva le gésier musculeux, dont les deux mem— branes se dedoublent; il contenoit quelques débris d'insectes, et point de graviers, L’iris à étoit mordoré clair, dans un autre il parut orangé ; ce qui montre que cette partie est sujette à varier en couleurs , et ne peut point fournir un caractère spécifique. s Aldrovande remarque que l'œil de la gri— sette est petit, mais qu’il est vif et gai. Le dos et le sommet de la tête sont gris cendré; les tempes , dessus et derrière l’æil, marquées d’une tache plus noirâtre; la gorge est blan- che jusque sous l’&il ; la poitrine et l'estomac sont blanchâtres, lavés d’une teinte de rous- : sâtre clair, comme vineuse. Cette fauvette est un peu plus grosse que le bec-figue ; sa longueur totale est de cinq pouces sept lignes ;” elle a huit pouces de vol. On l'appelle passe- sine en Provence; et sous cet autre ciel , elle - a d’autres habitudes et d’autres mœurs : elle aime à se reposer sur le figuier et l'olivier, se nourrit de leurs fruits, et sa chäir devient très-délicate. Son petit cri semble répéter : les deux dernières rev de son nom de passerine. | DE LA FAUVETTE,. 169 M. Guys nous a envoyé de Provence une petite espèce de fauvette , sous le nom de : bouscarle , gravée dans nos planches enlu- minées, n° 655, fig. 2. L'espèce avec laquelle la bouscarle nous paroît avoir plus de rap- port, tant par la forme du bec que par la grandeur, est la grisette ; cependant la bous- carle en diffère par le ton de couleur, nos est ” plutôt fauve et brun que gris. 15 170 HISTOIRE NATURELLE de de LA FAUVETTE BABILLARDE x, Cinquième espèce. .. (| Cris fanvette est célie que l’on entend le plus souvent et presque incessamment au printemps : on la voit aussi s'élever fréquem- ‘ment d’un petit vol,-droit au-dessus des haies, pirouetter en l’air, et retomber en chantant une petite reprise de rarhage fort vif, fort gai, toujours le même , et qu’elle répète à tout moment, ce qui lui a fait don- ner le nom de babillarde ; outre ce refrain qu'elle chante le plus souvent en l’air, elle a une autre sorte d'accent ou de sifflement fort grave bjie, bjie, qu’elle fait entendre de l'épaisseur des buissons, et qu’on n'imagi- neroit pas sortir d'un oiseau si petit. Ses < mouvemens sont aussi vifs, aussi fréquens que son babil est continu; c’est la plus. * Voyez les planches enluminées, n° 580, fig. 3. \* D ADEMBATFAUVETTE |! 19e remuante et la plus leste des fauvettes. On la voit sans cesse s'agiter, voler > Sortir, rentrer , parcourir les buissons, sans jamais pouvoir la saisir dans un instant de repos. Elle niche dans les haies , le long des grands chemins , dans les endroits fourrés, près de terre,et sur les touffes mêmes des herbes en— gagées dans le pied des buissons : ses œufs sont verdätres, pointillés de brun. Suivant Belon , les Grecs modernes ap- pellent cette fauvette pofamnida ( oiseau du bord des rivières ou des ruisseaux) : c'est sous ce nom qu'il l’a reconnue en Crète ; comme si, dans un climat plus chaud, elle a ffectoit davantage de rechercher la proximité des eaux, que dans nos contrées tempérées , où elle trouve plus aisément de la fraîcheur. Les iusectes que. l'humidité échauffée fait éclore , font sa principale nourriture. Son nom dans Aristote * désigne un oiseau qui cherche sans cesse les vermisseaux ; cepen- dant on voit rarement cette fauvette à terre, * L'œonus, que Gaza traduit curruca; nom que tous les naturalistes ont appliqué à cette fauvette, Fpolaïs, quod verminibus pascatur. (Schwencke feld.) Fe 1, RE nm? NI UOX RADT #7. Et PORTER Wé: : 1 ve L Ÿ 4 NA FAT 's, Y ] EN 172 HISTOIRE NATURELLE et ces vermisseaux qui font sa pâture, sont les chenilles qu’elle trouve sur les arbustes et les buissons. ALTER Belon, qui l’appelle d’abord Fanveke brune, lui donne ensuite le surnom de/ombée, qui représente beaucoup mieux la vraie teinte de son plumage. Elle a le sommet de la tête cen- dre, tout le-:manteau cendré brun, le devant du corps blanc lavé de roussâtre ; les pennes de l’aile brunes , leur bord intérieur blan- châtre ; l'extérieur des grandes pennes est cendré , et celui des moyennes est gris rous- sâtre; les douze plumes de la queue sont brunes, bordées de gris, excepté les deux plus extérieures, qui sont blanches en dehors comme dans la fauvette commune ; le bec et les pieds sont d’un gris plombé. Elle x cinq pouces de longueur, et six pouces ef demi de vol; sa grosseur est celle de la gri- sette , et en tout elle lui ressemble. beau - coup. Yi 40 | C'est à cette espèce qu’on doit rapporter non seulement le bec-figue dechanvre d'Olina, qu’il dit être si fréquent dans les chène= vières de la Lombardie, mais encore la caze- varola d'Aldrovande et la fauvette zi//ing de: | HER ATIF US AI « { à ‘ « a? DE LA FAUVETTE 173 Turner *. Au reste, cette fauvette se prive aisément ; comme elle habite autour de nous dans nos pres, nos bosquets , nos jardins, elle est déja familière à demi. Si l’on veut l’élever en cage, ce que l'on fait quelquefois pour la gaieté de son chant, il faut, dit Olina, attendre à l'enlever du nid qu'elle ait pousse ses plumes , lui donner une baignoire dans sa cage ; car elle meurt dans le temps de la mue si elle n’a pas la facilité de se baigner : : avec cette précaution et les soins néces- saires, on pourra la garder huit à dix ans en cage. athiatratotsf _ * Aldrovande remarque que la canevarola res. semble entièrement à la fauvette ##ling de Turner, qu il vient de rapporter lui-même page [es ‘à Sa CUrruc@e | y74 HISTOIRE NATURELLE Con A LA ROUSSETTE, } Can | {en f | 0 M US pi LA FAUVETTE DÉS BOIS. UD Sifième espèce. î EC | Fr S 1 Belon ne distinguoit pas aussi expressé- ment qu’il le fait la rousserte ou fauvette des bois, de son mouchet, que nous verrons être la fauvette d'hiver, nous aurions regardé ces deux oiseaux comme le même, et:nous n’en eussions fait qu'ûne espèce : nous ne savons pas encore si elles sont différentes ; car les res- semblances paroissent si grandes et les diffé- rences si petites, que nous réunirions ces deux oiseaux si Belon, qui les a peut-être ‘mieux observés que nous, ne les avoit pas séparés d'espèce et de nom. Comme toutes les fauvettes ; cellecci est toujours gaie, alerte , vive, et fait souvent { \ : % DE Fr FAUVETTE. LORS entendre un petit cri : elle a de plus un chant qui, quoique monotone, n’est point désa- gréable ; elle le perfectionne lorsqu'elle est à portée d'entendre des modulations plus variées et plus brillantes. Ses migrations semblent se borner à nos provinces meridio- nales ; elle y paroît l'hiver, et chante dans cette saison : au printemps, elle revient dans nos bois , préfère les taillis et y construit son nid de mousse verte et de laine ; elle pond quatre ou cinq œufs d’un bleu céleste. Ses petits sont aisés à élever et'à nourrir; et l'on en prend volontiers la peine pour le plaisir que donnent leur familiarité,leur petit ramage et leur gaieté. Ces oiseaux ne laissent. pas d’être courageux. « Ceux que j'élevois , « dit M. de Querhoent, se faisoient redouter «de beaucoup d'oiseaux aussi sros qu'eux. « Au mois d’avril,je donnai la liberté à tous «mes petits prisonniers; les roussettes fu— « rent les dernières à en profiter. Comme « elles alloient souvent faire de petites pro- « menades ; les sauvages de la même espèce « les poursuivoient: mais elles se réfugioient « sur là tablette de ma fenêtre, où elles te- « noient bon; elles hérissoient leurs plumes 5 / RE M "5048, HAN sai K LY AND + A ce ÿ. we } w' Î ww y ! . (8 - % | 176 HISTOIRE NATUREURE | | - « chaque parti fredonnoit une petite chanson «et becquetoit la planche à la manière des: « coqs, et le combat s’engageoit aussitôt avec. « vivacité. » Cette fauvette est la seule que nous n’ayons pu décrire d’après Nature; la description qu’on nous donne du plumage, nous con- firme dans la pensée que cette espèce est au moins trés-voisine de celle de la fauvette d'hiver ,si ce n’est pas précisément la même: _ celle-ci a la tête, le dessus du cou , la poi- trine , le dos et le eroupion, variés de brun et de roux, chaque plume étant dans son milieu de la première couleur, et bordée de la seconde’; les plumes scapulaires , les cou- vertures du dessus des ailes et de la queue , ? variées de même et des mêmes couleurs ; la gorge, la partie inférieure du cou, le ventre. et les côtés, roussâtres ; les pennes des ailes. brunes, bordées de roux; celles de la queue tout-à-fait brunes. Elle est de la grandeur de la fauvette, première espèce. La robe des fauvettes est généralement terne et obscur ; _ celle de la roussette ou fauvette des bois est une des plus variées, et Belon peint avec expression l’agrément de son plumage. Il DE LA FAUVE®TTE. 77 remarque en même temps que cet oiseau n’est suère connu que des oiseleurs, et des paysans voisins des bois, et qu’on le prend dans Les chaleurs, lorsqu'il va boire aux mares. | ‘ \" L A2, AR, 2 M, PAP vi ME : EC M ES X ÿ k | dt 178: HISTOIRE NATURELLE ” y à 4 ’ ’ LA FAUVETTE DE ROSEAUX *. Septième espèce. L: fauvette de roseaux chante dans les nuits chaudes du printemps comme le ros- signol; ce qui lui a fait donner par quelques uns le nom de rossignol des saules ou des osiers. Elle fait son nid dans les roseaux, dans les buissons, au milieu des marécages, et dans les taillis au bord des eaux. Nous avons vu un de ces nids sur les branches! basses d’une charmille près de terre : il est composé de paille et de brins d’herbe sèche, d’un peu de crin en dedans; il est construit avec plus d'art que celui des autres fauvettes: on y trouve ordinaireinent cinq œufs, blanc sale, marbré de brun, plus foncé et plus _ étendu vers le gros bout. * En allemand , weiderich ; en anglois, scdge. Bird ; oiseau de sauge , suivant Floins ) DE LA FAUVETTE:: 19 Les petits, quoique, fort jeunes et sans ÿlumes, quittent le nid quand on ÿ touche, et même quand on l'approche de trop prés: cette habitude, qui est propre aux petits de toute la famille des fauvettes, et même à cette espèce qui niche au milieu des eaux, semble être mrlenqpolère distinctif du naturel _ de ces oiseaux. : On voit, pendant tout l'été, cette fauvette s’élancer du milieu des roseaux pour saisir au vol les demoiselles et autres insectes qui voltigent sur les eaux : elle ne cesseen mème. temps de faire entendre son ramage *; et, pour dominer seule dans un petit canton, elle en chasse les autres oiseaux; et demeure maîtressedansson domicile, qu’ellene quitte qu’au mois de septembre pour Lip avec sa famille. * « C’est un oiseau très-babillard : en Brie, où « on l’appelle effarvaite, on dit en proverbe, a- « biller comme une effarvaite ». (Note commu- niquée par M. Hébert.) Mais nous Ont éberrér que la véritable efar- patte est cet oiseau que nous avons indiqué (tome V, page 363) sous ce même nom, et sous celui de petite rousserolle. cc ne : + 180 HISTOIRE 3 À 0 Elle est de la grandeur de la fauvette à lète noire , ayant cinq pouces quatre lignes de longueur , et hüit pouces huit lignes de vol: | son bec est long de sept lignes ‘et demie ; les pieds de neuf; sa queue de deux ‘pouces: l'aile pliée s'étend un peu au-delà du milieu de la queue. Elle a tout le dessus du corps d’un gris roussâtre clair, tirant uw peu à l'olivätre près du croupion;'les pennes des ailes plus brunes que celles de la queue; les : couvertures inférieures des aïkes sont d’un jaune clair ; la gorge et tout le dévant du ‘corps jaunâtres, sur un fond blanchâtre, al- téré,sur les côtés et vers la queue, de teintes brunes. A Il n’y a nulle apparence que la petronellæ de Schwenckfeld , oiseau qe niche sous les rochers et à plate-terre, qu'on ne voit que dans les endroifs escarpés des montagnes, F qui rerñue incessamment la queue, comme la lavandière, soit notre fauvette de roseaux : et nous ne voyons pas sur quoi M. Brisson a pu l'y rapporter; car, suivant le plumage . même que lui donne Schwenckfeld, ce seroit plutôt une sorte de rossignol de muraille ou de queue rouge. I : ” ÉRpE CUT Je DE LA FAUVETTE 18r Si l'oiseau de sauge (sedge-bird) d'Albin est aussi la fauvette de roseaux, la figure qu'il en donne est bien mau vaise, et toutes les couleurs en sont fausses. Ce n'est point peindre, c'est masquer la Nature que de la charger d'images infidèles. La figure donnée dans Aldrovande, et empruuiée de Gesner, sous le nom de salicaria, porte un bec de beaucoup trop gros, et qui ne peut appar= tenir au genre des fauvettes; et si l'oiseau de la page 753 (avis consimilis stoparolæ é magnaninmæ) est la.fauvette de roseaux, comme ie dit M. Brisson , et commie on peu£ le croire, il est tres-difficile d'imaginer que la salicaria de la page 737 soit le même. Tel est l'embarras de déimèler dans Aldrovande les espèces qu’il a voulu rapporter à un geure qu'il paroit n'avoir pas connu par lui-même ; et on voit, par l'exemple de ce naturaliste, si estimable d’ailleurs, combien il est dan- _gereux de ne parler que sur des relations souvent fautives, souvent confuses, et qui ne peignent jamais la Nature avec la vérité nécessaire pour la reconnoitre et la juger. Oiseaux, 1 Xs 16 182 HISTOÏIRE NATURELLE A 2 LA PETITE FAUVETTE ROUSSE *. Huitième espèce. | ' Bron dit avoir pris beaucoup de peine à trouver à la petite fauvette rousse zze appellation antique, et il finit par se trom- per en lui appliquant celle de Z7oglodyte; 11 semble même s’en appercevoir quand'il rap- | porte sa /auveïle rousse au troglodyte indiqué- par Aétius et Paul Évinete . - car il observe que leur texte ae bien mieux au roitelet brun qu’à la fauvette rousse; et ce ‘roitelet est en effet le véritable troglodyte, auquel nous rendrons à son article ce nom qui lui appartient de tout temps. | La fauvette rousse n’est donc point le troglodyte : cette dénomiuation ne peut convenir qu'à un oiseau qui fréquente les = * Voyez les planches enluminées, n° 561, fig. 1° # F | VE CA " DELA FAUVETTE … 183 cavernes, les trous des rochers et des murs; habitude qui n’est celle d'aucune fauvette, et que néanmoins Belon leur suppose, en- trainé par son idée et par la prévention d’une fausse étymologie du nom de fauvette & foveis *. | Celle-ci fait communément cinq petits; hais ils deviennent souvent la proie des oiseaux ennemis, sur-tout des pies-grièches. Les œufs de cette fauvette sont fond blanc verdâtre, et portent deux sortes de taches: les unes peu apparentes et presque effacées , repandues également sur la surface; les autres plus foncées et tranchant sur le fond, plus fréquentes au gros bout. « C’est une « chose infaillible, dit Belon, qu’elle fait « sou nid dedans quelque herbe ou buisson « par les jardins, comme sur une ciguë ou * « Car la fauvetite prend ce nom de ce qu’elle « entre dedans les fossettes et creux des murailles, « retenant le même nom en françois que les Latns « ont pris des Grecs ». (Belon.) Le nom de fauvette vient de leur couleur fauve, qui est celle de la plupart de ces oiseaux { et cette étymologie , que Belon rejette, est la véritable, dit Ménage.* - \ « autre seu U Taie | ou Bret derrière ss ‘Æ « muraille de jardin ez villes ou villages D. Le dedans est garni de crin de cheval : mais le nid dont parle Belon avoit le fond percé à claire-voie ; sur quoi il attribue une inten— tion à l'oiseau, tandis que ce n’étoit appa— remment que par accident que ce nid étoit percé, une sentblable disposition ne se ren- contrant dans aucun des nids, étant même Ê * 4 y 4 s x Le à _essentielietmment contraire au but de la nidi-. fication , qui est de recuellir et de concentrer da chaleur. ù Le mème Ie rencontre mieux, lorsqu'il dit que cette petite fauvette est toute d'une seule couleur, qui est celle de la queue du rossignol : cette comparaison est juste, et nous dispense de faire une des- cription plus longue du plumage de cet oï- seau ; nous reinarquerons séulement qu'il y à un peu de roux tracé dans les grandes couvertures de P’aile, et plus foiblement sur les petiles barbes de ses peunes, avec une teinte très-lavée el très-claire dé roussätre sur le gris du dos et de la tête, et sur le blanchätre des flanes. Ce n'est, commé l’on voit, qu’assez improprement que cette fau- / “ # A DE LA FAUVETTE. 185 vetie a été nommée fauvefte rousse par le peu | de traits de cette couleur dont se peignent assez foiblement quelques parties de son PRE Elle n’a que quatre pouces huit lignes de longueur totale; six pouces dix lignes de vol : cest une des plus petites, elle est encore moiudre que la grisette; mais Belon semble exagérer sa pelitesse quand 1l dit qu’elle n’est pas plus grosse que le ‘bout du doigt. 15 Le M PORN AE TR AS FU 66 HISTOIRE NATURELLE 2 LA FAUVETTE TACHETÉE *, Neuvième espèce. . dEUS AL OA del La L> plumage des fauvettes est ordinaire= ment uniforme et monotone : celle-ci se distingue par quelques taches noires sur la poitrine; mais du reste son plumage res- ‘Semble à celui des autres. Elle est de la grandeur de la petite fauvette, seconde es- pèce; elle a cinq pouces quatre lignes de Zlongueur, et les ailes pliées couvrent la moitié de la queue : tout le manteau, du sommet de la tête à l’origine de la queue, est varié de brun roussâtre, de jaunâtre et de cendré; les pennes de l’aile sont noirâtres, bordées extérieurement de blanc ; celles de la queue de même; la poitrine est jaunätre et marquée de taches noires ; la gorge, { # Voyez les planches-enluminées, n° 587, fig. 3, DE LA FAUVÊTTE. 18 le devant du cou, le ventre et les cotes sont blancs. ù Cette fauvette est Thé commune en Îtalie, et apparemment aussi dans nos provinces méridionales, que dans les septentrionales, où on la connoît peu. Suivant Aldrovande, on en voit bon nombre aux environs de Bologne; et le nom qu'il lui donne, semble Jui supposer l'habitude de suivre les trou- peaux dans les prairies et les pâturages. Elle niche en effet dans les prés , et pose son nid à un pied de terre , sur. quelques plantes fortes, comme de fenouil, de myr- rhis, etc.; elle ne sort pas'de son nid lors- qu’on en approche, et se laisse prendre des- sus plutôt que de l’abandonner, oubliant le soin de sa vie pour celui de sa progéni- ture : tant est grande la force de cet instinct qui d'animaux foibles, fugitifs , fait des animaux courageux, intrépides ! tant il est vrai que, dans tous les êtres qui suivent ja sage loi de la Nature, l'amour paternel est le principe de ce qu’on peut appeler vertus! 1° CORPS AN ORRERPEAETE Let HISTOIRE NATURELLE | : LE TRAINE-BUISSON*, Oo U MOUCHET, Oo U LA FAUVETTE D'HIVER. Dixième. espècé. Tovrss les fauvettes partent au milieu de l'automne ; c’est alors au contraire qu’arrive celle-ci : elle passe avec nous toute la mau- vaise saison , et c’est à juste titre qu'on l’a nommée fauvette d'hiver; on l'appelle aussi * Voyez les planches enluminées, n° 615, fig. re | En anglois, hedge-sparrow, et suivant Charleton, _titling ; en allemand , Rene: 1 en talien, er salvatica. k @ £ n n = vauqguer Er (DE LA FAUVETTE 1% fraîne-buissonr , passe-buse, rossignol d'hiver. dans nos différentes provinces de France ; en Italie, paisse-sauvage (passara salvatica), et en Angleterre, A20ineau de haie (hedge- sparrow ). Ces deux derniers noms désignent la ressemblance de son plumage varié de noir , de gris et de brun roux, avec celui du moineau , ou plutôt du friquet ; ressem- blance que Belon irouvoit entière. En effet , les couleurs de la fauvette d'hiver sont d’un ton beaucoup plus foncé que celles de toutes les autres fauvettes : sur un fond noirâtre , toutes ses pennes et ses plumes sont bordées d’un brun roux; les joues, la gorge, le devant du cou et la poitrine, sont d'un cendré bleuâtre ; sur la tempe est une tache roussâtre ; le ventre est blanc. Sa grosseur est celle du rouge-gorge ; elle a huit pouces de vol. Le mâle diffère de la femelle en ce qu'il a plus de roux sur la tête et le cou , et celle-ci plus de cendrée. Ces oiseaux voyagent de compagnie ; on les voit arriver ensemble vers la fin d'octobre et au commencement de novembre ; ils s’a- battent sur les haies, et vont de buisson en buisson , toujours assez près de terre , et / - l x | ie " " le LATTES T99 HISTOIRE NATURELLE HN | _ c’est de cette habitude qu'est veriu son nom de trafne.buisson. C’est un oiseau peu défiant et qui se laisse prendre aisément au piége. Il west point sauvage ; il n’a pasla vivacité des autres fauvettes , et son naturel semble participer du froid et de l’engourdissement de la saison. | Sa voix ordinaire est tremblante ; c’est : . une espèce de frémissement doux , #4= / tititit, qu’il répète assez fréquemment; il a de plus un petit ramage, qui, quoique plaintif et peu varié, fait plaisir à entendre dans une saison où tout se tait : c’est ordi- . ‘ nairement vers le soir qu’il est plus fréquent et plus soutenu, Au fort de cette saison rigoureuse , le traine-buisson s'approche des granges et des aires où l’on bat le blé, pour : déméêler dans les pailles quelques menus grains. C'est apparemment l’origine du nom de gratte- paille qu'on lui donne en Brie. . M. Hébert dit avoir trouvé dans son jabot _des grains de blé tout entiers : mais son bec menu n’est point fait pour preudre cetté- nourriture , et la nécessité seule le force de s'en accommoder ; dès que le froid se relä- che, il continue d'aller dans les haies, cher- 2 « | à 1 S N DMÉAPAUVETTE | 107 chant , Sur les branches , les chrysalides et les cadavres des pucerons. Il disparoit au printemps des lieux où ou l’a vu l'hiver , soit qu'il s'enfonce alors dans les grands bois et retourne aux mon- tagnes, comme dans celles de Lorraine, où nous semmes informés qu'il niche, soit qu’il se porte en effet dans d’autres régions, et apparemment dans celle du Nord , d'où 1] semble venir en automne , et où il est très-fréquent en été. En Angleterre , on le trouve alors presque dans chaque buisson, : dit Albin ; on le voit en Suède , et même il sembleroit, à un des noms que lui donne M. Linnæus, qu'il ne s’en éloigne pas l’hi- ver , et que sou plumage, soumis à l'effet des rigueurs du climat , y blanchit dans cette saison ; il niche également en Alle- imagne : mais il est très-rare, dans nos provinces, de-trouver le nid de cet oiseau ; il le pose près de terre ou sur la terre même, et le compose de mousse en dehors, de laine et de crin à l’intérieur. Sa ponte est de quatre ou cinq œufs, d’un joli bleu clair uniforme et sans taches. Lorsqu'un chat ow quelque autre animal dangereux approche … # ( HISTOIRE NATURELLE ‘du nid, la mère pour lui donner le change, par uu instinct semblable à celui de la perdrix devant le chien , se jette au-devant et voltige terre à terre jusqu à ce qu’elle l'ait suffisamment éloigné. | Albin dit qu’elle a , en Angleterre, fe petits dès le commencement de mai, qu'on les élève aisément , qu’ils ne sont point farouches et devieunent même très-familiers, et qu'enfin ils se font estimer pour leur ramage , quoique moins gai que celui des autres fauvettes*. | (idiot Leur départ de France au printemps, leur * Une fauvette d'hiver, gardée pendant cette saison chez M. Daubenton le jeune, et prise an piège en automne, n ’étoit pas plus farouche que si on l’eût prise dans Îe nid. On Pavoit mise dans une volière remplie de serins, de limottes et da chardonnerets ; un serin s’étoit tellement attaché à } LA Li celte fauvette , qu’il ne la quittoit point : cette pré- férence parut assez marquée à M. Daubenton pour les tirer de la volière générale , et les mettre à part dans une cage à nicher; mais cette inclinaz tion n’étoit apparemment que dé l’aminé, non de Pamour, et ne produisit point d'alliance. 11 est plus que probable que l'alliance n’eût point brut, doit. de généraion % PAT “4 4 DE LA EAUVETTE., 193 fréquence dans les pays plus septentrionaux dans cette saison est un fait intéressant dans l’histoire de la migration des oiseaux ; et c’est la seconde espèce à bec effilé , après l’alouette-pipi , dont il a été parlé à l’article des alouettes, pour qui là température de nos étés semble être trop chaude, et qui me redoute pas les rigueurs de nos hivers, que fuient néanmoins tous les autres oiseaux de leur genre ; et cette habitude est peut- être suffisante pour les en séparer , ou du moins pour les en éloigner à une petite distance. F 194 HISTOIRE NATURELLE V: LA FAUVETTE DES ALPES#*. # | / Ox» trouve sur les Alpes ét'sur les hautes montagnes du Dauphiné et de l'Auvergne cet oiseau , qui est au moins de la taille du proyer, et qui par conséquent’surpasse de beaucoup toutes les fauveites en gran- deur ; mais il se rapproche de leur genre “par tant de caractères , que nous ne devons pas l'en séparer. Îl a la gorge fond blanc, tacheté de deux teintes différentes de brun ; la poitrine est d'ux gris cendré ; tout le reste du dessous du corps est varié de gris plus ou moins blanchâtre et de roux; les. couvertures inférieures de la queue sont marquées de noirâtre et de blanc ; le dessus de la tête et du cou gris cendré ; le dos est + Voyez les planches enluminées, n° 668, fig. 2e … LA FAUVETITE DES ALPES Î TE douguer ch + | DE LA FAUVETTE (195 | de la même couleur, mais varié de brun ; lès couvertures supérieures des ailes sont noirâtres , tachetées de blanc à la pointe; les pennes de l’aile sont brunes, bordées exté- rieurement, les grandes de blanchâtre , les moyennes de rousstre ; les couvertures supérieures de la queue sont d’un brun bordé de gris verdâtre , et, vers le bout, de roussätre; toutes les pennes de la queue sont terminées en-dessous par une tache rous- sàtre sur le côté intérieur ; le bec a huit lignes de longueur , il est noirâtre dessus, jaune dessous à la base , et n’a point d'é- chancrure ; les pieds sont jaunätres ; le tarse est loug d’un pouce ; l’ongle postérieur est beaucoup plus épais que les autres. La queue est longue de deux pouces et demi; elle est un peu fourchue et depasse les ailes de près d’un pouce. La longueur entière de l’oiseau est de sept pouces. La langue est fourchue. L'æsophage a un peu plus de trois pouces = il se dilate en une espèce de poche glandu- leuse, avant son insertion dans le gésier, qui est très-gros, ayant un pouce de long sur huit lignes de large ; il est musculeux , doublé d’une membrane sans adhérence ; : 196 HISTOIRE NATURELLE on ÿ a trouvé des débris d’insectes, diverses petites graines et de très-petites pierres. Le lobe gauche du foie, qui recouvre le gésier , est plus petit qu’il n’est ordinairement dans les oiseaux. Il n’y a point de vésicule du fiel, mais deux cæcum d’une ligne et demie chacun. Le tube intestinal a dix à onze pouces de longueur. ù Quoique cet oiseau habite les montagnes des Alpes voisines de France et d'Italie, même celles de l'Auvergne et du Dau- phiné , aucun auteur n’en a parlé. M. le marquis de Piolenc a envoyé plusieurs indi- vidus à M. Gueneau de Montbeillard, qui ont été tués dans son comte de Montbel , le 18 janvier 1778. Ces oiseaux ne s’éloignent des hautes montagnes que quand ils y sont forcés par l’abondance des neiges ; aussi ne les connoît-on guère dans les plaines : ils se tiennent communément à terre, où ils courent vite en filant comme la caille et la perdrix , et non en sautillant comme les autres fauvettes; ils.se posent aussi sur les ke pierres , mais rarement sur les arbres : ils vont par petites troupes, et ils ont, pour x se rappeler entre eux, un cri semblable à "DE LA FAUVETTE. ro7 celui de la lavandière. Tant que le froid n’est pas bien fort, on les trouve dans les champs ; et lorsqu'il devient plus rigou- reux , ils se rassemblent dans les prairies humides où 11 y à de la mousse , et on les voitalors courir sur la glace : leurs dernières ressources ce sont les fontaines chaudes et les ruisseaux d'eau vive ; on les y rencontre souvent en cherchänt des bécassines. Ils ne sont pas bien farouches , et cependant ils sont difficiles à tuer , sur-tout au vol. xt >] "A 1 , Ou: UPERS, og ce. Won) |: APTE SANS 198 HISTOIRE NATUREL O N nomme en Provence pifchou, un tres- petit oiseau, qui nous paroît plus voisin des fauvettes que d'aucun autre genre; il a cinq - pouces un tiers de longueur totale, dans la- quelle la queue est pour près de moitié : on pourroit croire que le nom de pifchou lui vient de ce qu’il se cache sous les choux; en effet, il y cherche les petits papillons qui y naissent , et le soir il se tapit et se loge entre les feuilles du chou pour s’y mettre à l’abri de la chauve-souris son ennemie, qui rôde autour de ce froid domicile. Mais plusieurs personnes m ont assuré que le nom pifchow n’a nul rapport aux choux, et signifie sim- plement en provençal perif et menu ; ce qui A est conforme à l’étymologie italienne? et # ] ù Pre - 4 Voyez les planches enluminées, n° 655, fig. x. ? Piecino , picctitino. DE LA FAUVETTE 19 œ&onvient parfaitement à cet oiseau presque aussi petit que le roitelet. t Le bec du pitchou est long relativement à sa petite taille, il a sept lignes ; il est noirà- tre à sa pointe, blanchâtre à sa base; le demi. bec supérieur est échancré vers son extré- mité; l'aile est fort courte et ne couvre que l’origine de la queue: le tarse a huit Jignes; les ongles sont très-minces, et le postérieur est le plus gros de tous. Tout le dessus du corps, du front au bout de la queue, est cendre foncé; les pennes de la queue et les grandes des ailes sont bordées de cendré clair en de hors, et noirâtres à l’intérieur; la gorge et tout le dessous du corps, ondés de roux varié de blanc; les pieds sont jaunâtres. Nous de- vons à M. Guys de Marseille la connoissance de cet oiseau. | LÉ Fu l AT TUE CON NE F4 RAA * LJ D OISEAUX ÉTRANGERS QUI ONT RAPPORT AUX FAUVETTES: L | LA FAUVETTE TACHETÉE DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE. Covers fauvette, décrite par M: Brisson, est des plus grandes, puisqu'il la fait égale en grosseur au pinson d'Ardenne, et lui donne sept pouces trois lignes de longueur. Le sommet de la tête est d’un roux varié de taches noirâtres, tracées dans le milieu des plumes; celles du haut du cou, du dos et des épaules, sont nuées, excepté que leur bord est gris sale; vers le croupion, aux couver- tures ides ailes et du dessus de la queue, elles sout bordées de roux; tout le dessous et le devant du corps est blanc roussâtre, varie de LME TA Li VUE EUR ; A PTT 200 HISTOIRE NATURELLE "M ! Ls ar D “re TE de quelques taches noirâtres sur les flancs ; de chaque côté de la gorge est une petite bande noire; les plumes de l’aile sont brunes, avec le bord extérieur roux; les quatre du milieu de la queue de même, les autres rousses ; toutes sont étroites et pointues; le bec est de couleur de corne, et a huit lignes de lon- sueur; les pieds, longs de dix, sont gris brun. ET LA PETITE FAUVETTE TACHETÉE DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE. CETTE fauvette est une espèce nouvelle, représentée dans nos planches enluminées n° 752, et apportée du cap de Bonne-Espé= rance par M. Sonnerat; elle est plus petite que la fauvette babillarde, et a la queue plus longue que le corps; tout le manteau est brun, et la poitrine est tachetée de noirâtre sur un fond blanc jaunätre. # : DES OISEAUX ÉTRANGERS. 207. RE : Li A QAUutr Et "D ut 429 0 = ETS “ ÿi ee OS CA de a) " * 202 HISTOIRE NATURELLE ; TTL PCR LA FAUVETTE TACHETÉE DE LA LOUISIANE !. ELLE est de la grandeur de l’alouette des prés, et lui ressemble par la manière dont tout le dessous de son corps est tacheté de noirâtre sur un fond blanc jaunatre : ces taches se trouvent jusqu’alentour des yeux. et aux côtés du cou; une trace de blanc part de l'angle du bec pour aboutir à l'œil; tout le manteau, depuis le sommet de la tête au bout de la queue , est mêlé de cendré et de brun foncé?" Nous n’eussions pas hésité de rapporter à cette espèce , comme variété d'âge ou de sexe, une autre fauvette qui nous a été envoyée également de la Louisiane ?, dont le plu- mage, d’un gris plus clair, ne porte que quelques ombres de taches nettement peintes sur le plumage de l’autre; le dessus du corps est blanchâtre; un soupçon de teinte jaunâtre rA l 4 Voyez les planches enluminées, n° 752, fig. 7. 8 Voyez les planches enluminées, n° 509, fig. x. ME K | DES OISEAUX ÉTRANGERS. 203 paroit aux flancs et au-croupion. D'ailleurs - ces deux oiseaux sont de la mème grandeur; les pennes et les grandes couvertures de l'aile du dernier sont frangées de blanchätre. Mais une différence essentielle entre eux se trouve dans le bec: le premier l'a aussi grand que la fauvette de roseaux ; lesecond, à peine égal à celui de la petite fauvette. Cette di- ” versité dans la partie principale paroissant spécifique, nous ferons de cette fauvette une seconde ‘espèce sous le nom de fauvette om- drée de la Louisiane. er I V. LA FAUVETTE À POITRINE JAUNE : DE LA LOUISIANE *. _ CETTE fauvette est une des plus jolies , et la plus brillante en couleur de toute la fa- | mille des fauvettes : un demi-masque noir lui couvre le front et les tempes jusqu’au- delà de l'œil; ce masque est surmonté d’un bord blanc; tout le manteau est olivâtre ; * Voyez les planches enluminées, n° 700. : DE A LALaR ER nd 4 h » 204 HISTOIRE NATURELLE tout le dessous du corps jaune, avec uné teinte orangée sur les ilancs. Elle est de- la _ grandeur dela grisette, et nous a été rap portée de la Louisiane par M. Lebeau. | Une quatrième espèce est la fauvette ver- dätre de la même contrée : elle est de la grandeur de la fauvetté tachetée dont nous venons de parler ; son bec est aussi long ét plus fort; sa gorge est blanche; le dessous de son corps gris blanc; un trait blanc lui passe sur l’œil et au-delà ; le sommet de la tête est noirâtre ; le dessus du cou cendré foncé: les côtés avec le dos sont verdâtres sur un fond brun clair; le verdätre plus pur borde les pennes de la queue et l'extérieur de celles de l'aile, dont le fond est noirâtre. Elle pa- roit, à cause de sa calotte noirâtre, former le pendant de notre fauvette à qu'elle égale en grandeur. tête noire ». & : y r \ e | DES OISEAUX ÉTRANGERS. 205 LA FAUVETTE DE CAYENNE. À QUEUE ROUSSE. SA longueur totale est de cinq pouces un quart : elle a la gorge blanche, entourée de roussâtre pointillé de brun, la poitrine d’un brun clair; le reste du dessous du corps est blanc avec une teinte de roussätre aux cou= vertures inférieures de la queue; tout le manteau, du sommet de la tête à l’origine de la queue, est brun, avec une teinte de .roux sur le dos; les couvertures des ailes sont rousses; leurs peunes sont bordées extérieu— _ rement de roux, et la autne entière est q cette couleur: NT LA FAUVETTE DE CAYENNE A GORGE BRUNE ET VENTRE JAUNE. ft, La gorge, le dessus de la tête et'du corps de cette fauvette, sont d’un brun verdâtre; .: # rà ï PTE eg je d Di. 206 HISTOIRE NATURELLE les: pennes et les couvertures de l'aile, sur le _ même fond, sont bordées de roussâtre ; celles de la queue de verdätre; la poitrine et le ventre sont d’un jaune ombré de fauve. Cette fauvette, qui ést une des plus petites, n’est guère plus grande que le pouliot; elle ? a le bec élargi et applati à sa base ; et par ce caractère elle paroît se rapprocher des gdbe- mouches, dont le genre est effectivement très-voisin de celui des fauvettes , la Nature ne les ayant séparés que par quelques traits légers de conformation, et Les ayant rap- prochés par un grand caractère, celui d’ une commune manière de: vivre. \ V4 VIT. LA FAUVETTE BLEUATRE DE SAINT-DOMINGUE. CETTE jolie petite fauvette, qui n'a de . ; Jongueur que quatre pouces et demi , a tout le dessus de la tète:et du corps en entier cen- dré bleu; les pennes de la queue sont bor- dées de là mème couleur sur un fond brun ; on voit une vi blanche sur l'aile, dont jé #. DES OISEAUX ÉTRANGERS. 207 pennes sont brunes ; la gorge est noire, le reste du dessous du corps blanc. | D Nous ne savons rien des mœurs de ces dif- férens oiseaux, et nous en avons du regret: la Nature inspire à tous les êtres qu’elle anime , un instinct, des facultés, des habi- tudes relatives aux divers climats, et variées comme eux ; ces objets sont par-tout dignes d’être observés, et presque par-tout man-— quent d’observateurs. Il en est peu d'aussi intellisgens, d'aussi laborieux, que celui * auquel nous devons , dans un détail intéres- sant, l’histoire d’une autre petite fauvette de Saint-Domingue , nommée cou-jaune dans cette île, * M, le chevalier Lefevre Deshaies, | LE COU-JAUNE* | ” + | "a \ AE Bec comen. e Lis habitans de Saint-Domingue ont don- né le nom de cou-jaune* à un petit oiseau qui joint une jolie robe à une taille dépagée et à un ramage agréable : il se tient sur les arbres qui sont en fleurs; c’est de là qu’il fait résonner son chant. Sa voix est déliée et foible, mais elle est variée et délicate : chaque phrase est composée de cadences brillantes et soutenues 5. Ce que ce petit oiseau a de char- * Voyez les planches ARE n°686 , fig. t. ? Ils l'appellent aussi chardonnet ou\chardon- neret, mais par une fausse analogie, le cou-jaune ayant le bec aigu de la fauvette où du rouge- gorge, le port, le naturel et les habitudes de ce dernier oiseau, et rien qui rappelle au chardon- neret qu’un ramage, qui encore est bien différent. 3« Le chant de l’oiseau d'herbe à blé, ou « oiseau de cannes, ressemble, pour l’exiguité « des sons et pour le genre de modulation, au « ramage du cou-jaune ». (iWote de M. Lefevre Deshaies, observateur ingénieux et sensible, à | HISTOIRE NATURELLE. 2og .'mant, c'est qu’il fait entendre son joli ra- mage , non seulement pendant le printemps, qui est la saison des amours, mais aussi dans presque tous les mois de l’année. On seroit tenté de croire que ses desirs amoureux se- roient de toutes les saisons ; et l’on ne seroit pas étonné qu'il chantât avec tant de cons- tance un pareil don de la Nature. Dés que le tempsse met au beau,sur-toutaprès ces pluies rapides et de courte durée qu’on nomme aux iles grains, et qui y sont fréquentes, le male déploie son gosier et en fait briller les sons pendant des heures entières. La femelle chante aussi; mais sa voix n’est pas aussi modulée, ni les accens aussi cadencés , ni d'aussi longue tenue que ceux du mâle. La Nature, qui peignit des plus/riches cou- leurs la plupart des oiseaux du nouveau monde , leur refusa presque à tous l’agré- ment du chant, et ne leur donna sur ces terres désertes que des cris sauvages. Le cou- jaune est du petit nombre de ceux dont le naturel vif et gai s’exprime par un chant qui nous devons les détails de cet article, et plu- sieurs autres faits intéressans de l’histoire naturelle des oiseaux de Saint-Domingue.) ; 3 gracieux, ‘et Mont en même Ori to x mage est paré d'assez belles couleurs: elles sont bien nuancées et relevées par le beau jaune qui s’élend sur la gorge, le cou et la poitrine : le gris noir domine sur la tête; cette couleur s’éclaircit en descendant vers le cou, et se change en gris fonce sur les plumes du dos ; une ligne blanche, qui couronne . l'œil, se joint à une petite moucheture jaune placée entre l'œil et le bec : le ventre est blanc , et les flancs sont grivelés de blanc et de gris noir ; les couvertures des ailes sont mouchetées de noir et de blanc par bandes horizontales ; on voit aussi de grandes taches blanches sur les penñés, dont le nombre esf£ de seize à chaque aile, avec un petit bord cris blanc à l'extrémité des srañdes barbes; Ja queue est composée de douze pennes, dont les quatre extérieures ont de grändes taches blanches; une peau écaiileuse et fine, d'un _ gris verdâtre, couvre les pieds. L'oiseau a quatre pouces neuf lignes de longueur, huit pouces de vol, et pèse un gros et demi. Sous cette jolie parure on reconnoit, dans le cou-jaune, la figure et les proportions d'une fauvette; il en a aussi Les habitudes Le % | LT Sa CAE ' va | * DU COU-JAUNE. 217 naturelles. Les bords des ruisseaux, les lieux frais et retirés près des sources et des ravines humides , sont ceux qu’il habite de préfe- rence , soit que la température de ces lieux lui convienne davantage , soit que, plus éloi- gués du bruit, ils soient plus propres à sa vie chantante: on le voit voltiger de branche “en branche, d'arbre en arbre , et tout en tra- versant les airs il fait entendre son ramage ; il chasse aux papillons, aux mouches, aux chenilles, et cependant il entame, dans la saison , les fruits du goyavier , du sucrin , etc. apparemment pour chercher dans linté- rieur de ces fruits les vers qui s’y engen- drent, lorsqu'ils atteignent un certain degré de maturité./Il ne paroit pas qu’il voyage, ni qu'il sorte de l'ile de Saint-Domingue; son vol , quoique rapide, n’est pas assez élevé, assez soutenu, pour passer les mers , et on peut avec raison le resarder comme indi- gène dans cette contrée. Cet oiseau , déja très-intéressant par la beauté et la sensibilité que sa voix exprime , ne l’est pas moins par son intelligence et la -sagacité avec laquelle on lui voit construire et disposer son nid : il ne le place pas sur ’ ouai :: AN Les RARE à «2 HI STOIRE NATURELLE les atbrés ; à la bifurcation des brénéies _ comme il est ordinaire aux autres oiseaux ; il le suspend à des lianes pendantes de l'en- trelas qu’elles forment d'arbre en arbre, sur tout à celles qui tombent des branches avan- cées sur les rivières ou les ravines profondes ; il attache, ou, pour mieux dire, enlace avec À la liane le nid, composé de brins d'herbe 1 sèche , de fibrilles de feuilles, de petites racines fort minces , tissues avec le plus grand art; c'est proprement un petit mate las roulé en boule, assez épais et assez bien tissu par-tout pour n'être point percé par la pluie; et ce matelas roulé est attaché an bout du cordon flottant de la liane , et bercé-au gré des vents, sans en recevoir d’atteinte. : Mais ce seroit peu pour la prévoyance de | cet oiseau de s'être mis à l’abri de l’injure des _ élémeus, dans des lieux où il a tant d'autres ennemis; aussi semble-t-il employer une industrie réfléchie pour garantir sa famille de leurs attaques: son nid, au lieu d'être ou (|! vert par le haut ou dans le flanc , a son ouver- 4 ture placée au plus bas; l'oiseau y entre en montant, et il n'y a .précisément que ce DU COU-JAUNE. qu'il lui faut de passage pour parvenir à l'intérieur où est la nichée, qui est séparée de cette espèce de corridor par une cloison qu'il faut surmonter pour descendre dans le domicile de la famille ; il est rond et tapissé rmollement d’une sorte de lichen qui croît sur les arbres, ou bien de la soie de l’herbe nommée par les Espagnols, 72071 à cabaye. Par cette disposition industrieuse, le rat, l'oiseau de proie ni la couleuvre ne peuvent avoir d'acces dans le nid ,-et la couvee éclôt en sûrele. Aussi le père et la mère réussissent- iis assez communément à élever leurs petits jusqu'à ce qu'ils soient en état de prendre l'essor. Néanmoins c’est à ce moment qu'ils en voient périr plusieurs; les chats marrons, les fresaies, les rats, leur déclarent une guerre cruelle , et détruisent un grand nom- bre de ces petits oiseaux , dont l'espèce reste toujours peu nombreuse , et il en est de même de toutes celles qui sont douces et foibles , dans ces régions où les espèces mal-. faisantes dominent encore par le nombre. La femelle du cou-jaune ne pond que trois ou quatre œufs ; elle répète ses pontes plus d'une fois par an, mais on ne le sait pas au a 213 } mi ès dit qu n'y « ee rs di 2e s de mar en paroit aussi à Ja fin d’ août, ‘et jusq k, septembre; ils ne tardent à qui er le mére, Mais sans s ‘éloigner jamais beaucoup | À ‘du lieu de leur hésité |A RRUIPEUARMNNE ./ + | i æ = à + mr (4 Î : y | _ ? » T Me : ‘ r ! È r “e n à ù + \ M { # 1 % x \ [2 + x" f pi Fe } ‘+ 14 rt À “ L (dE "A \ | { k ‘: : 4 NEA >= nl z ) (4 Ua ) | HAUT # Ê AE a t 4 y É “+ R LR æ, ; ] nt FLAMMIOS S L'OCNONL RASE ML URL ol EE L E chant de cet oisean n’a pas l'étendue ni la variété de celui du rossignol, mais 1} à quelquechose de sa modulation ; il'est tendre et mélé d’un accent de tristesse : du moins c’est ainsi qu'il nous affecte; car il n’est sans doute, pour le chantre lui-même , qu’une expression de joie et de plaisir, puisqu'il est l'expression de l'amour , et que ce sen- timent intime est également délicieux pour tous les êtres. Cette ressemblance, ou plutôt ce rapport du chant, est le seul qu'il y ait entre le rossignol et cét oiseau : car ce n’est: point un rossignol, quoiqu'il en porte le nom ; il n'en a niles mœurs, ni la taille, mi le plumage : cependant nous sommes forcés pat l'usage de lui laisser a dénomina- - tion de rosszgnol de muraille qui-a été-géné- * Voyez les planches enluminées ,n° 351, fig. +, le mâle; fig. 2, la femelle. r P 4 | 216. HISTOIRE NATURÉLLE ralement adoptée par les oiseleurs et les : VA turalistes. LUE # io Cet oiseau arrive ayec les autres au FA Le temps , et se pose sur les toursiét les combles des édifices inhabités ; c'est de là qu'il fait entendre son ramage. Il sait trouver la soli- tude jusqu’au milieu des villes, dans les- quelles il s'établit sur le pignon d'un grand « mur, sur un clocher, sur une cheminee, cherchant par-tout les lieux les plus élevés | et les plus inaccessibles ; on le trouve aussi dans l'épaisseur des forêts les plus sombres. ! IL vole légèrement; et lorsqu'il's’est perché, il fait entendre un petit cri, secouant inces+ samment Fa queue par un trémoussement assez singulier, non de bas en haut, mais horizontalement et de droite à gauche: H : aime les pays de montagne, et ne paroit à guère dans les plaines. Il est beaucoup moins | gros que le rossignol, et même un peu moins que le rouge-sorge ; sa taille est plus menue, plus alongée ; un plastrou noir lui couvreila gorge, le devant et les côtés du cou; ce + même noir environue les yeux, et remonte … jusque sous le bec; un bandeau blanc mas- que son front; le haut, le derrière de la : DU ROSSIGNON. DE MURAILLE, 217. tête , le dessus. du cou et le dos sont d’un gris lustré, mais foncé ; dans quelques indi- vidus ,'apparemment, plus vieux , tout ce gris est presque noir : les pennes de l’aile cendré:noirâtre'ont leurs bârbes extérieures plus claires’, et frangées de gris blanchâtre ; äu-dessous du plastron noir, ur beau roux de feu garnit la poitrine au large, se porte, enrs'éteisgnant un peu, sur les flancs et re- paroît dans sa vivacité sur tout le faisceau des plumes de la queue; excepté les deux du milieu qui: sont brunes; le ventre est blanc ; les pieds:son£ noirs ; la langue est fourchue au: Bonus comme celle du ros- sisnol. Ta: femelle est.assez différente du mâle pour excuser la méprise de quelques ratu— ralistes qui en ont fait une seconde espèce : elle m'a mile front blanc, ni la gorge noire; ces deux parties sont d’un gris mêle de rous- saätre , et le reste du PAORS est d’une teinte plus foible. Ces oiseaux nichent dans des trous de mu- raille, à la ville et à la campagne, ou dans des creux d'arbre et des fentes de rocher ; leur ponte est de cinq ou six œufs bleus; les Oiscaux, 1X. 14 218 HISTOIRE NATURELLE. petits éclosent au mois de mai. Le mâle, pen dant tout le temps de la couvée, fait entendre sa voix de la pointe d’une roche, ou du-haut de quelque édifice isolé , voisin du, domicile de sa famille : c’est sur-tout le edited l'aurore qu'il prélude à ses chants. ; Hg On prétend que ces oiseaux craintifs et soupçonneux abandoïment leur nids Hs s’apperçoivent qu’on les observe pendant qu'ils y travaillent ; et l'on assure ‘qu’ils quittent leurs œufs sion les touche, ce qui est assez croyable : Mais:ce qui ne l’esé point du tout, c’est ce qu'’ajoute Albin, que, dans ce même cas, ils délaicsent leurs petits, où les jettent hors du nid *. | Le rossignol de muraille, aus "häbitänt près de nous ou parmi nous, n’en demeure pas moins sauvage ; il vient dans le sejour de l’homme sans paroitre:le remarquer ni # C'est aussi Je plus retenu de tous les oiseaux: car si s’apperçoit que vous le regardiez pendant le temps qu 1] fait son nid, il quitte son ouvrage ; et si on touche un de ses œuis. 1l ne revient ja- mais dans son nid; si on touche ses petits, il les affamera ou les se nEes bors du nid , et leûr cassera le con ; ce qu’on a expérimenté De d’une fois. DU ROSSIGNOL DE MURAILLE. 2rœ Je connoître; il n’a rien de la familiarité du rouge-sorse , ni de la gaieté de la fauvette, ni de, la vivacité du, rossignol; son instinct est solitaire , son naturel sauvage, et SOU Ca- ractère triste. Si on le prend adulte, il refuse de manger, et se laisse mourir; ou s’il sur- vit à la perte de sa liberté , son silence obs- tiné marque sa tristesse et ses regrets. Ce- pendant en le prenant au'nid et l’élevan£ en cage, on peut jouir de son chant; il le fait entendre à toute heure et mème pendant la nuit; il le perfectionne, soit par les leçons qu’on lui donne , soit en imitant celui des oiseaux qu'il est à portée d'écouter. | On. le nourrit de mie de pain et de la même pâtée que le rossignol : il est encore plus délicat. Dans son'état de liberté , il vit de mouches, d'araignées, de chrysalides, de fourmis, et de petites baies ou fruits tendres. Eu Italie, il va becqueter les figues. Olina dit qu'on le voit encore dans ce pays en novembre, tandis que, dès le mois d'octobre, il a deja disparu de nos contrées. Il par£ quand le ronge-sorge commence à venir près des habitations : c’est peut-être ce que a fait croire à Aristote et Pline que c’étoit le N { 1 4 ÿ w. v ñ EE , LCR k -HIST OIRE NATURELLE Aug oiseau qui paroissoit pes “0 en hiver et rossignol de muraille en été, Dans leur départ, non plus qu’à leur-retour, les rossiguols de muraille ne démentent point leur instinct! solitaire ; ils ne paroissent ja= mais en troupes , et passent seul à seul: On en connoît quelques variétés ; dont les unes ne sont vraisemblablement ique des | variétés d'âge; et les'autres de climat: ‘Aldro= vande fait mention de trois : mais la première _ m'est que la femelle; il donne pour la seconde la figure très- imparfaite de. Gesner | et ce n’est que le rossiguol de muraille lui-même défiguré; il n’y a que la troisième qui soit une véritable variété: l'oiseau porte un long trait blanc surcle devant de la tête ÿ c'est celui que M. Brissont appelle 7oss/gnolide muraille cendré, et que Willughbyiet: Ray indiquent d’après Aldrovande.Frisch! donne une autre variété de la: femelle du rossignol _ de muraille, dans laquelle la poitrine est | anarquetée de taches rousses, et c’est de'cette _ variété que Klein fail sa seconde espèce: Le rouge-queue grisd'Edvwards(/ke greyred-start) envoyé de Gibraltar à M. Catesbÿy , et dont . M. Brisson fait sa seconde espèce ,, pourroié | « | L, DU ROSSIGNOL DE MURAIÏILLE. 22x bien n’être qu’une variété de climat. La taille de cet oiseau ést la même que celle de notre rossignol de muraille : la plus grande diffé- rence consiste en ce qu'il. n’y.a. point: de roux sur la poitrine, et que les. bords ex térieurs des pennes moyennes de l'aile sont blancs. | Encore une variété à peu près dowstiladile j est l’oiseau que:nous a donné M. d'Orcy, dans lequel la: couleur noire de la gorge s'étend sur la poitrine et les côtés, au.lieu que, dans:le rossignol de muraille commun, ces mêmes parties Sont rousses ; nous ne savons pas d'où cet oiseau a été envoyé à M. d'Orcy: il avoit une tache blanche dans l'aile, dont les pennes sont noirâtres ; tout le cendré du dessus du corps est plus foncé que dans le rossignol de muraïlle ,, et le blanc: du front est beauenup, mous : ‘AT | parent. : 1: : A4 : De: plus, il existe en : Amérique une espèce de rossignol de muraille que décrit Catesby, et que nous’ Jaissérons indéeise , sans la joindre ‘expréssérient à celle ‘‘d’ "Eùuropé’; moins à causé des différences de caractères que de celle du clüat. En efet, Caté sby 222 HISTOIRE NATURELLE prête au rossignol de muraille de Virginié les mêmes habitudes que nous voyons ai nôtre : il fréquente , dit-il , les bois les plus couverts ,°et on ne le voit qu'en été ;.la tête , le cou ; Le dos et les ailes, sont noirs, excepté une petite tache de roux vif dans l'aile ; le roux de la poitrine est séparé en deux par le prolongement du gris de l’es- tomac ; la pointe de la: queue est noire © ces différences sont-elles spécifiques et plus fortes que celles que doit subir un oiseau sous les influences d’un autre hémisphère? Au reste , le charbonnier du Bugey, suivant la notice que nous en donne M. Hé- bert , est le rossignol de muraille. Nous en dirons autant du cz/-rousset ou cul-rousset Jarnou de Provence que nous a fait connoitre M. Guys *. Nous peusons de plus , que l’oi-" seau nommé, dans le même pays, /fourmeiron et fourneiron de cheminée , n’est également qu'un rossignol de muraille ; du moins :* Ce cul-rousset de Provence (rossignol de mu- raille). est fort différent du cul-rousset donné tome V, page 370 de cette Histoire des. oiseaux 3 qui est un bruant du Canada. ART vw URI AIX. LA Tu - DU ROSSIGNOL DE MURAILLE. 233 l’aualogie de mœurs et d’habitudes , autant que la ressemblance ‘des éaractères, nous ‘le font presumer *. * Voyez à larucle du Traquet. LE ROUGE QUEUE. EC SEC y. 101,31 Hg " 7 1 A RISTOTE parle de trois petits oiseaux, " lesquels , suivant l'énergie des noms qu'il | leur donne , doivent avoir pour trait le plus marqué dans leur plumage , du rouge fauve ou roux de feu. Ces trois oiseaux sont phœnicuros, que Gaza traduit ruficilla ; erithacos , qu'il rend par rubecula ; enfin pyrrhulas, qu'il uomme 7vbicilla. Nous croyons pouvoir assurer que le premier est le rossignol de muraille, et le second le rouge-gorge : en effet, ce que dit Aristote, : que le premier vient pendant l'été près des habitations, et en disparoit à l'automne quand le second s’eu approche *, ne peut, entre tous les oiseaux qui ont du rouge ou du roux dans le plumage, convenir qu’au rouge-gorge et au rossisnol de muraille ; mais il est plus difficile de reconnoître le pyrrhulas ou rubicilla. * Voyez ci-devant l’histoire du rossignol de mus raille, HISTOIRE NATURELLE. 225 Ces noms ont été appliqués au bouvreuil par tous lesinomeuclateurs ; on.peut le voir à l'article de’cet oïseau!, où l’on rapporte leurs opinions sans les discuter , parce que cette discussion me’pouyoit commodément se placer qu'ici : mais il nous 'paroît plus qué probable que ie pyrrkulas d'Aristote ,:le ruübicilla de ‘Théodore Gaza , loin d’être le bouvreuil, est d’un: genre tout différent. Aristote fait en cet endroit un dénombre- ment des ‘petits oiseaux. à bec fin qui.ne vivent que d'insectes ,.ou qui du moins:en vivent principalement ; tels sont, dit-il, le sycalis (le bec- “ligue ) > le 7zelancoryphos * * Je sais que Belon, et Plusieurs naturalistes après lui, ont appliqué aussi au bouvreuil le nom de melancoryphos ; etje suis convaincu encore que ce nom lui est mal appliqué. Aristole parle en deux endroits du melancoryphos, | et, dansces deux endroits, de deux oïseaux différens, AE aucun ne peut être le bouvreuil : premièrement , dans le passage que nous examinons, par toutes les raisons qui prouvent qu’il ne peut pas être le pyrrhulas : le second passage où Aristote nomme le melancory- phos, que Gaza traduit atricapilla, est'au livre IX, chapitre 15 ; et c’est celui que Belon applique aù bouvreuil (Wafure des oiseaux, page 359) ; mais di Le (rue vf Lt de LUN N'ÉT 226 HISTOIRE. NATURELLE | (la fauvette à. tètenoire) ; Je -pyrrhulas , V'erithacos , l'hypolaïs (Ja: fauvette, babil- larde}) etc.‘ or je:demande si l’on:-peut ranger le bouvreuil au nombre de ces oiseaux à bec éffilé , et qui me,vivent.en tout ouen grande partie que d’insectes. Cet oiseau est au, contraire un dés plus décidément gräni- vores ; il s’abstient de toucher aux insectes dans la saison où la plupart des autres. en font leur pâture, et paroit aussi-éloigné il est clair que l’atricapilla, qui pond vingt œufs, qui niche dans les ‘trous d'arbre ; et se nourrit d'insectes (Aristote, loco citato), west point. le bouvreuil, et ne peut être que la petite mésange à tête noire ou nonnette, tout comme l’africapilla, qui se trouve pour accompagner le rouge-gorge s le rossignol de muraille et le bec-figue , ue peut être que la lauvette à tête noire. Cette petite discussion nous a paru d’autant plus nécessaire , que Belon est de tous les naturalistes celui qui à rapporté généralement avec plus de sagacité les dénominations anciennes aux espèces connues des modernes ; et que, d’un autre côté, la noméncla- ture du bouvreuil est une de celles qui sont de meurées remplies de plus d’obscurité et de mé- prises (voyez l’histoire du bec-figue), et qui je- toient le plus d’embarras sur celle de plusieurs autres oiseaux, el en particulier du rouge-queue. 2 pyrrhalas. Nesau DU ROUGE-QUEUE. 227 de:cet appétit par son instinct, qu’il l’est par la-forme de son bec, différente de celle de tous les oiseaux en qui lon remarque ce genre dé vie. On ne peut supposer qu’Aristote àit ignoré cette différence dans la manière desse nourrir, puisque c’est sur celte diffé rence même qu’il:se' fonde en cet endroit ; pat eonséquent, ce n’est pas le bouvreuil qu'il à voulu rs . ss nom de Quel est donc Véteau ; placé entre lé rouge-sorge et la? fauvette , autre néan-— moins que le rossignol de muraille, auqüel | puissent convenir à la fois ces: caractères d’êtré à bec'effilé ;' de vivre principalement d'ivsectes , et d’avoir quelque partie remar- quable du plumage d'un roux de “feu ou rouge fauve ? Jé ne vois” que celui qu’on a nommé 70u/$e- “varit ;: qui habite les bois avéc lerouge-gorge ; qui vit d'insectes commé lui pendant tout l’élé, et part en iême temps à l’automne. Wuotton’ s’est apperèu que le pyrrhulas doit’ être une espèce de rouge-queue; Jonston paroit faire la même remarque ': maïis'le premiér se trempe, en disant'que cet oiseau est le »28 HISTOIRE NATURDULE | même que le rossisnol-desmurailles, puise qu'Aristote le distingue LrÈS Re AIRNA" la même-phrase. 5 asod roll "1 :: Le xoûge- queue este effet très-différens du : rossionol de muraille is Aldrovande ét” Gesner l'ont bien connu en l'en séparant, . | Le;rouge-queue; est plus :grand ; il nes'ap- : proche. pas des maisons , et we niche pas dans les murs , mais, dans, les bois et buis- À sous comme les bec-figues et les fanvettes i f it a la queue: d’un roux'de. feu clairiet vif; " L le:reste de son plumage est composé de,gris | sur tout lé manteau ,,‘plus-foncé et frangé | de. roussâtre dans? les pennes de, l'aile. et ? de,gris blanc, méêlé,confusément de rousse sâtre sur tout Le devant-du cotps; le.croupion est rotix commre: Er squeue al: en;à qui ont. un':beau collier, noir, e£ dans tout'le.plu- inape.des couleurs plus vives et plus. variées. | M: Brisson en.a faitune. seconde espèce: mais | nous, croyons que ceux-ci sont les mâles, $ quelques oiseleurs. très-expérimentés mous l'ont assuré. M.-Brisson dit! que le rouge queue : à collier sé trouve. en Allemagne ; commé si étoit particulier Pa cette. .cons< trée, tandis que par-tout.où l’on rencontre ". 2 DU ROUGE: QUEUE. il oËs le rouge-queue gris, on voit également des rouge-queues à collier. De plus il ne le dit que.sur une méprise; car la figure: qu’il cite de Frisch , comme celle: du rouge queue à collier, n'est dahs:cet auteur que celle de la femelle de l'oiseau. ss nous 2PR lons :gorge-bleue. : Lou Nous, regarderons donc :le pau Sésqre et à Le ion comme, le, mâle ; et lerrouge-queue gris,comme ;la femelle |: ils-ont:1ous deux Ja queue rouge de, même; mais!, outre le collier , Je mäle'a le plumage plus foncé; gris brun,sur le dos , et.gris tacheté de brun sur là poitrine et'les flancs. ::,, à + ! Ces oiseaux préfèrent les pays de -mon< tagne , et ne. paroissent. guère. .en plaine qu'au, passage d'automne; ils, arrivent au mois de mai en Bourgogne et en Lorraine, et se hâtent, d'entrer dans. fr bois ,.où ils passent toute, la belle saison ;, ils ,nichent dans de petits buissons près de terre , et fontléur nid de mousse en dehors, de laine et de plumes en dedans : ce nid est de formé sphérique , avec une ouverture au côté du levant, Je plus à l’abri. des mauvais vents ; on y. trouve cinq à six œufs blancs, variés de gris. 20. : MATE L'ugfi ots 230 HISTOIRE NATURELLE Lesrouge-queues sortent du boisle:matin, y rentrent pendant la chaleur-du' jour ; et _paroissent de nouveau sur Le: soir dañis les _ ehamps voisins ;ils y chérchent lés vermis: seauxiet les mouches ; ils rénitrent däâns le bois la nuit. Parices allures et bar plusieurs traits de ressemblance , ils nous ‘paroissent appartenir ‘au geñre du rossignol de mu- raïlle. Le rouge-queue n’a néanmioins' ni chaut ni ramage ; il ne fait entendre qu'un petit son flûté, swif, en alongeant et filant très-doux la ‘ prémièré sÿllabé : il est en général assez silencieux ét fort tranquille* ; s’il y a une brânche isolée qui sorte d’un büisson ou qüi traversé uñ sentier, c’ést là qu'il se pose en donnant àsa quéüe une peut secousse comme le rossignol de muraille: ? * Ün rouge-queue pis en autornne , et tâcRé dans ün appar tement, ne fit pas rehetdfé le moindre cri, volant, bénele ou en repos. En fermé dans la même:cage avec une fauvetté, celle-ci s’élancoit à, tout instant” contre les barreaux; : lé rouge-queue non seulement ne s ’élançoit PAS mais restoit immobile des heures entières au même en- droit > Où da fauvètie retomboit sur Jui à chaque saut; et il se laissa ainsi foulér pendant tout le temps que vécut la fauvette, c’est-à-dire’, ponfdne treute- -six heures. ! Lun aé "4 ! CHA + * ; DU ROUGE-QUEUE. 23 ÏL vient à la pipée, mais sans y accou- rir avec la vivacité et l'intérêt des autres oiseaux ; il ne semble que suivre la foule: où le prend’aussi aux fontaines sur la fin de l'été; ilest alors très-gras et d’un goût délicat. Son vol est court et ne s'étend que de buisson en buisson. Ces. oiseaux partent au mois d’octobre:.on les voit alors se suivre le long des haies pendant quelques jours, après lesquels il n’en reste aucun dans nos provinces de France. 4 LE. ROUGE- Dr 1 DE L°A GUIANE. Novs avons reçu de Cayenne un rouge- queue, qüi est représenté dans les planches enluminées, n° 686, fig. 2 : il'a les pennes de l’aile du même roux que celles de la queue, le dos gris, et le ventre blanc. On ne nous a rien appris de ses habitudes natu- relles ; mais on peut les croire à peu près semblables à celles du rouge-queue d'Eu- _ rope, dont celui de Cayenne paroïit être une gspèce voisine. Le Ÿ J ÿ ARE GAL AT RUE | 3 LS X te à e : \ » d* K L'RREC-FPOU IE. Cr AR ds 2? Cr oiseau, qui, comme l'ortolan , fait les délices de nos tables , n’est pas aussi beau qu'il est bon : tout son plumage est de couleur obscure ; le gris, le brunet le blanchâtre en font toutes les nuances , aux- quelles le noirâtre des pennes de la queue et de l'aile se joint sans les relever ; une tache blanche , qui coupe l’aile transversa- lement, est le irait le plus apparent de ses couleurs ; et c'est celui que la plupart des naturalistes ont saisi pour le caractériser ; le: dos est d’un gris brun qui commence sur le haut de la tête et s'étend sur le croupion ; la gorge est blanchätre, la poi- trine légèrement teinte de brun, et le ventre blanc ainsi que les barbes extérieures des deux premières pennes de la queue ; le bec, long de six lignes, est effle. L'oiseau a sept pouces de vol, et sa longueur totale est de * Voyez les planches enlurmminées, n° 665, fig. re 20 cinq ; la femelle a toutes les cou tristes et plus päles que le mâle. Ces oiseaux , dont le véritable climat est *. celui du Midi , semblent ne venir dans le nôtre que pour attendre la maturité des fruits succulens dont ils portent le nom ; ils arrivent plus tard au ‘printemps, et ils partent avant les premiers froids d'automne. Ils parcourent néanmoins une grande éten- due dans les terres septentrionales en été ; car on les a trouvés en Angleterre, em Allemagne , en Pologne , et jusqu’en Suède : als reviennent dans l’automne en Italie et en Grèce , et probablement vont passer l’hi- ver dans des contrées encore plus chaudes. Ils semblent changer de mœursen changeant de climat ; car ils arrivent en troupes aux contrées méridionales , ét sont au contraire toujours dispersés pendant leur séjour dans nos climats tempérés :'ils y habitent les bois, se nourrissent. d'insectes , et vivent dans la solitude, ou plutôt dans la douce société de leur femelle. Leurs nids sont si bien cachés, qu’on a beaucoup de peine à les découvrir. Le mâle dans cette saison se tient au sommet de quelque grand arbre, CE «+ w | DU BEC-FIGUE : 235 d'où il fait entendre un petit gazouillement peu agreable et assez semblable à celui du motteux. Les bec-figues arrivent en Lorraine en avril , et em partent au mois d'août ; même quelquefois plus tôt. Ou leur donne dans cette province les noms de m#ériers et de petits pinsons des bois ; ce qui n’a pas peu contribué à les faire méconnoitre : en même temps on a appliqué le nom de 6ec-figue à la petite alouette des prés , dont l'espèce est très-différente de celle du bec-figue ; et ce ne sont pas là les seules méprises qu’on ait faites sur ce nom. De ce que le bou- vreuil paroît friand des figues en Italie, Belon dit qu'il est appelé par les Italiens beccafigi ; lui-même le prend pour le vrai bec-figue dont parle Martial: mais le bou- vreuil est aussi différent du bec-figue par le goût de sa chair, qui n’a rien que d’a- mer , que par le bec, les couleurs et le reste de la figure. Dans nos provinces méridionales et en Italie, on appelle con- fusément bec- figues, toutes les différentes espèces de fauvettes, et presque tous les pe- - tits oiseaux à bec menu et effilé : cependant le vrai bec-figue y est bien connu, et on 236 HISTOIRE NATURELLE le distingue par-tout à la délicatesse de son soût. | HR 5 29 | * Martial, qui demande pourquoi. ce pelit _ oiseau qui becquete également les raisinsret les figues , a pris de ce dernier fruit son nom plutôt que du premier, : eût adopté celui qu'on lui donne en Bourgogne , où nous l’appelons sinette, parce qu'il fréquente les vignes et se nourrit de raisins; cependant avec les figues et les raisins on lui voit en- core manger des insectes et la graine de mer- curiale. On peut exprimer son petit cri par êzi, bzi. Il vole par élans, marche et ne saute point, courtpar terre dans les vignes, se relève sur les ceps ét sur les! haies des enclos. Quoique ces oiseaux ne se mettent en route que vers le mois d'août, et ne pa- roissent en troupes qu'alors dans la plupart de nos provinces, cependant on en à vu aù milieu de l'été en Brie, où quelques uns font apparemment leurs nids. Dans leur passage, ils vont par petits pelotons de cinq ou six: on les prend au lacet ou au filet, au miroir en Bourgogne et le long du Rhône, où üls passent sur la fin d’août'et en septembre. 1 ñ C'est en Provence qu'ils portent à juste 1DU'BEC-FIGUEr ll 239 titre le nom de bec-figues : on les voit sans cesse sur les figuiers, becquetant les fruits les plus mürs; ils ne les quittent que pour chercher l'ombre à l'abri des buissons et de la charmille touffue. On les prend en grand nOmbre dans le mois de septembre en Pro- vence et, dans plusieurs îles de la Méditer- raneée, sur-tout à Malte, où ils sont alors en prodigieuse quantité, el où l’on a remarqué qu'ils sont en beaucoup plus grand nombre à leur passage d'automne qu’à leur retour au printemps !.Il en est demême en Chypre, où l’on en faisoit autrefois commercé : on les envoyoit à Venise dans des pots remplis de vinaigre et d'herbes odoriférantes ?. Lors- que l'ile de Chypre appartenoit aux Véni-, tiens, ils en tiroient tous les ans mille ou + M..le chevalier de Mazy. 2 Voyage de Pietro della Falle, tome VIIT, page. 153. Il ajoute que dans quelques endroits, comme à Asia nappa, ceux qui mangent des bec- figues sen trouvent quelquefois incommodés, à cause de la scammonée qu’ils becquetent dans les en- virons ; 1ls mangent aussi dans ces îles de l’ Archipel es fruits du lentisque. 238 HISTOIRE NATURELLE douze cents pots remplis de ce petit gibier ; ‘et l’on connoissoit généraleinent en Italie le bec-figue sous le nom d’oiséau de‘Chypre ( Cyprias, uccelli di Cypro), nom qui lui fut donné jusqu’en Angleterre, au rapport de Willughby. ya Lah dlodit que cet oiseau excellent à manger est fameux : Apicius nomme plus d’une fois le bec-figue avec la petite grive, comme deux oiseaux également exquis. Eustathe: et Athénée parlent dé la chasse des bec-figues, et Hésychius donne le nom du filet avec lequel on prenoit ces oiseaux dans la Grèce. A la vérité, rien n’est plus délicat, plus fin, plus succulent, que le »bec-figue mangé dans la saison; c'est un petit peloton d’une graisse légère et savou- reuse, fondante , aisée à digérer; c'est un extrait du suc des excellens fruits dont il vit. Au reste, nous ne connoissons qu'une seule espèce de bec-figue *, quoique l’on ait donné ce nom à plusieurs autres. * Aldrovande donne (tome 11, page 759) deux figures du bec-figue, dont la seconde , selon lui- =. DU BEC-FIGUE 239 Mais si l’on vouloit nominer bec-figue tout oiseau que l’on voit dans la saison becqueter les figues, les fauvettes et presque tous les oiseaux à bec fin, plusieurs même d’entre ceux à bec fort, seroient de cenombre: c’est le sens du proverbe italien, 2e/ mese d’agosto ogni utcello è beccafico : mais ce dire populaire, très-juste pour exprimer Ja délicatesse du suc que donne la chair de la figue à tous ces petits oiseaux qui s’en nout- rissent, ne doit pas servir à classer ensemble, sur une simple manière de vivre passagère et locale, des espèces très-distinctes et très- déterminées d’ailleurs; ce seroit introduire la plus grande confusion, dans laquelle néan moins sont tombés quelques naturalistes. Le bec-figue de chanvre d'Olina ( beccafico même, ne présente qu'une variété de la première, peut-être même accidentelle, et qu’on pourroit, dit-il, appeler bec-figue varié, le blanc et le noir étant mélés dans tout son plumage, comme la figure l'indique. Maïs cette figure ne montre que le blanc de l’aile un peu plus large, et du blane sur le devant du cou et la poitrine; ce qui ne coustitue en effet qu’une variété purement indivi- duelle, des ie LA v | HAN PP TORT RE TITRES l q14# | L. 24 HISTOIRE NATURÉLLE. | Are } canapino) n’est point un bec-figue , mais la fauvette babillarde. La grande fauvette’elle= même, suivant Ray, s'appelle en Italie bec cafigo: Belon applique également à la fau" vette roussette le nom de beccañfigha; et nous” venons.de voir qu’il setrompe encore plus’. en appelant bec-figue son bouvreuil ou pi- voinesauquel, en conséquence de cette er- reur, il applique les noms de $ycalis et de ficedula, quisappartiennent! au’ bec- figue. En Provence, on confond ‘sous le’ nom de’ bec-figue plusieurs oiseaux différens: M: Guys nous ren a envoyé deux entre ‘autres, que nous ne plaçons à la suite du bec-figue que pour observer de plus se se ‘ils lui sant étrangers. sa ER Tab re LE FISTDE PROVENCE. L E fist, ainsi nomme d’après Son cri, et qui nous a:été envoye dé Préverice "comme une espèce-de bec-figue, en est tout différent, et se rapporte-de beaucoup plus”près à l’a louette, tant par la grandeur que par le plu- mage; il «men: diffère essentiéllémient que parce qu’il m'a; pas l’ongle de derrière long. IL est rPHREERIÉ dans nos planches enlumi- nées , n° 654 , figure 1. Son cri est sf, fist. il ne s'envole pas ee il entend du bruit: mais il court se tapir à l’abri d’une pierre jusqu à ce que le bruit cesse ; ce qui suppose qu'il se tient ordinairement à terre, habitude contraire à celle du bec-figue. 21 LA PIVOTE ORTOLANE*: ’ L A:pivote ortoläne, autre .oïseau de. Pro vence, West pas plus un bec-figue que le fist, quoiqu'il en porte aussi lé nom dans le pays! Cet oiseau est. fidèle compagnon:des ortolans, et se trouve lonjouts à deu suité ; il ressem- ble beaucoup à: l'alouette desrprés , excepté qu'il n'a pas l’ongle. long: et-qu'il est plus grand. IL est donc, encore Die différent du bec-figue.… Lder 4 | + Vos (03 planches enluminées ,n° 652, fig. 2 s {Ty FA PAU SEAT" à di RAGE EE AMEN ASE 4 x f £ Does = As K #£ À À Ze + . w 2 ._" J JF riquer ds F3 :LE ROUGE-GORGE:. ef AT: Cr petit oiseau passe tout l'été dans nos bois, et ne vient alentour des habitations qu à son départ en automne et à son retour au printemps ; mais , dans ce dernier pas- sage, il ne fait que paroître,, et se hâte d'en- irer dans les forêts pour y retrouver, sous le feuillage qui vient de naître, sa solitude et ses amours. Il place son nid près de terre sur les racines des jeunes arbres , ou Sur des herbes assez fortes pour le soutenir : il le construit de :mousse entremèêlée de crin et de feuilles de chêne , avec un lit de plumes au-dedans ; souvent , dit Willushby , après l'avoir construit , il le comble de, feuilles accumulées, ne laissant sous cet amas qu'une 1 Voyez les planches enluminées , n° 361, fie: T4 2 En latin moderne, rubecula; en italien , pet- #rosso, pettusso,pechietto; en anglois, red-breast, robin-red-breast , ruddock ; en allemand, rot} Breustlin , wald-roetele , roi bnittle > Winter-r08» tele, roth-kehlein. sDatèus a #4 HISTOIRE NATURELLE Le entrée étroite oblique , À "il bouche encore d’ uné feuille ‘en sortant. On trouve ordinai- | rement dans le nid du rouge-scorge cinq et jusqu’ à sept œufs de couleur brune. Pendant tout le temps des nichées, lé inäle fait reten- tir les bois d’un chant léger et tendre; c’est un ramage suave et délié ; animé par quüel- ques modulations plus éclätantes, et coupé par des accens gracieux et touchans , qui semblent être les expressions des desirs de l'amour ; la douce société de sa femelle noït seulément les remplit en entier , mais sem ble même lui rendre importune toute autre compaguie. Il poursuit avec vivacité tous les oiseaux de son espèce , et les éloigne du petit canton qu'il s’est choisi : jamais Île même. buisson ne Iogea deux paires de ces. oiseaux aussi fidèles qu'ämoureux. Le rougé-sorge cherche F ombragé épais €E les endroits humides. Il se nourrit dans le printemps de vermisseaux et d'insectes qu’il chasse avec adresse et. léséreté.: on le voit voltiger comme. un papillon autour d’une feuille sur laquelle il apperçoit une mouche; à terre, il s’élance par petits sauts et foi sur sa proie en battant des ailes. Dans l'au- Mi . ve 4 s à l ë bÉ ROUGE-GORGE. dus tomme si mange aussi des fruits de ronées : des raisins à son passage dans les vignes, el des alises dans les bois; ce qui le fait donné aux piéses tendus pour les grives, qu'on amorce de ces petits fruits sauvages. IL va souvent aux fontaines, soit pour s’y baigner, soit pour boire, ét plus souvent dans l’au- tomne , parce qu'il ëst alots plus gras qu’en aucune autre saison, et qu'il a un” “VESUR de fafraichissement.' din ue Il n’est pas d'oiseau Du matinal que ce- lui-ci: Le rouge-gorge est lé premier éveillé dans les bois , et se fait enténdte dés Vaube du jour : il est aussi le dernier qu'on ÿ en tende et qu'on y voie voltiger le soir; sou— vent il se prend dans les tendues , qu à peine reste-t-il encore assez de jour pour lé ramas- ser.! El est peu défiant’, ficile à émouvoir, et son inquiétude, où sa Curiosité, fait qu'il donne aisément dans- tons tes piéges ; c'est toujours le premier oiseau qu’on prend à là pipée : la voix seule dés pipeurs; ou'lé brüit qu’ils font en taillant les branches ; 1’ âttire, et 11 vient derrière eux se prendre à la sau- terelle ou au gluau presque aussitôt qu’on l’a posé ; il répoud'également à J’appeau de la 21 246 HISTOIRE NATU LR chouette et au son d’une feuille de \bsomen. cée x, IL suffit même d’imiter , en suçant-le doigt, son petit cri wép, uip, ou de faire crier quelque oiseau, pour mettre en mouve- ment tous les rouge-gorges.des environs; ils viennent, en faisant entendre de loin leur cri, féril., tèrilit, tiritilit, d'un timbre sonore, qui n’est point leur chant modulé, mais celui qu'ils font le matin et le soir , et dans toute occasion où ils sont émus par quelque objet nouveau : ils voltigent avec agitation dans toute la pipée jusqu’à ce qu’ils soient arrêtés par Jes gluaux sur quelques unes des avenues ou ‘perchées, qu'on, a taillées basses exprès pour les mettre à portée de: leur vol ordis naire, qui ne s'élève guère au-dessus de quatre ou cinq pieds de terre; inais s'il en est un qui s’échappe du:gluau , il fait enten- dre un troisième petit cri d'alarme, 46, ét; auquel tous ceux qui s’approchoient furent. On les prend aussi à la rive du bois sur des perches garnies de lacets on de gluaux ; mais les rejets ou sauterellesfournissent une chasse plus sûre 8, pus tes : il n'est LN * Ce que les He HER Joke jus DU ROUGE-GORGE 247 même besoin d’amorcer ces petits piéges ; il suffit de les tendre au bord des clairières ou dans le milieu des sentiers , et le malheu- reux petit oiseau , poussé par sa curiosilé , va s’y jeter de lui-même, Par-tout où il y a des bois d’une grande éteudue , l’on trouve des rouge-gorges en . grande quantité , et c'est sur-tout en Bour- gogne et en Lorraine que se font les plus grandes chasses de ces: pelits oiseaux excel- lens à manger ; on en prend beaucoup aux environs des petites villes de Bourmont, Mi- recourt et Neufchäteau : on les envoie de Nancy à Paris. Cette province, fort garnie de bois et abondante en sources d'eaux vives , nourrit une très-grande variété d'oiseaux ; de plus , sa situation entre l’Ardenne d’un côté, et les forêts du Suntgau, qui joignent le Jura de l’autre, la met précisément dans la grande route de leurs migrations ; et c’est par cette raison qu'ils y sont si nombreux dans les temps de leurs passages : les rouge- gorges en particulier viennent en grand nombre des Ardennes, où Belon en vit pren- dre quantité dans la saison. Au reste, l’es- pèce en est répandue dans toute J'Europe, ES ATOS SUPER TER 19 IR NEIE ny Mai VO ji 918 HISTOTRE. NALTRE £ de l'Espagne er de’ l'Italie jusqu en Polos et en pi 5 par-tout ces! petits scie cherchent Îles montagnes et ‘les bois pour faire leurs nids et y ‘passer PELe. FE Les jeunes, avant la première mue, n’ont ! pas ce beau roux'orangé sur la gorge ét la poitrine, d’où, par une extension un peu forcée , le rouge-corse a pris son nom. IL leur perce quelques plumes dès la fin d'août; à la fin de septembre ils portent tous la même livrée et on ne les distingue plus. C’est alors qu’ils commencent à se meltre en mouve- ment pour leur départ , mais il se fait sans attroupement : ils passent seul à seul, ‘les uns après les autres; ‘et dans ce moment où tous les autres oiseaux se rassemblent'et s’ac- compagnent, le rouge-gorse conserve sort naturel solitaire. On voit ces'oiseaux passer les uns après les autrés; ils volent , pendant _le jour, de buisson en buisson : maïs! appa- remment'ils s'élèvent plus haut pénidant là nuit et font plus de chemin ; du moins àr- rive-t-il aux oiseleurs, dans uné forêt qui le soir étoit pleiné de rougé-gorges et promet toit la meïlleureichasse ‘pour le lendemain, de les trouver tous partis sidi l'arrivée de Vaurore. “ ; pt A à ici 5 SAPIN Aer" di IE RM AA : PU ROUGÉ-CORGE. 2 ‘E& départ n'étâut point indiqué, et, pour. ainst diré} proclamé, parmi les rouge-vorgés comme parini les autres oiseaux: ‘alors attrou- ps; il en reste plusieurs en arrière À ‘soit des jeunes que l'expérience n'a pas encore ins— truits du besoin de changer de climat, soie de ceux à qui su isent 1és" ‘petites ressources qu'ils ont su trouver au milieu de nos hivers. C'est alors qu’on les voit s'approcher des habitations, et chercher les expositions les plus chäudes ; s'il en-est quélqu'un qui soit reste au bois dans cette rude saison, il ÿ de- vient compagnon du bûcheron., il s'approche pour se chauffer à son feu ; il becquete dans son pain et voltige toute la journée alentour de luien faisant entendre son petit cri: mais lorsque le froid augmente , et qu'une neige épaisse couvre la terre, 1l vient jusque dans nos maisons, frappe du bec aux vitres, comme pour demander un asyie, qu'on lus doune volontiers , et qu'il paye par la plus aimable fainiliarité, venant amasser .les miettes de la table, paroissant reconnoiître et affectionner les personnes, de la maison €t prenant un ramage moins éclatant, mais encore plus délicat que celui du printemps, et qu'il soutient pesident soie pré comme pour saluer chaque jour la-bienfai sance de ses hôtes et la douceur-de sa-re- traite *. Il y reste avec tranquillité, jusqu’à ce que.le printemps de retour, lui annonçant de nouveaux besoins et de nouveaux plaisirs, V’agite et lui fait demander sa liberté. Dans cet état de domesticité passagère ; le rouge-gorse se nourrit à peu près, de tout : on lui voit amasser également les mieside pain , les fibres de viande et les grains de millet. Ainsi, c’est trop généralement qu’O+ lina dit qu’il faut , soit qu’on le prenne au nid ou déja grand dans les bois , le nourrir de la mème pâtée que le rossignol; .ils’ac— commode:, comme on voit, d’une nourri- ture beaucoup moins apprêtée; ceux qu’où laisse voler libres dans les chambres, n’y cau- sent que peu de saleté, ne rendant qu’une petite fiente assez sèche. L'auteur de lÆdo- uologie prétend que le rouge-gorge apprend * J'ai vu, chez un de mes amis, un rouge-gorgo à qui on avoit ainsi donné asyle au fort de l’hiver, venir se poser sur l’écritoire tandis qu’il écrivoit; 31 chantoit des heures entières , d’un nn doux et mélodieux. & A 48 he 4 " ee é Tr % è ÿ "LB, 1 1 \ t 3 DU ROUGE-GORGE. 25 à parler ; cé préjugé est ancien, et l’on trouvé la même chose dans Porphyre’ mais le fait n’est point du tout vraisemblable ; puisque cet oiseau a là langue fourchue. Belon, qui ne lavoit oui chânter qu’en automne, temps auquel il n "a que sou petit ramage . et non l’accent brillantet affectueux du srand chant des amours , vante pourtant la beauté de sa voit'en là comparant à celle du rossignol. Lui-même , comme il paroît par son récit, a cru que le rouge-gorge étoit le même oiseau que le rossignol de muraille; mais, mieux instruit ensuite, il les distingua par leurs habitudes aussi-bien que par leurs cou- leurs. Celles du rouge-gorge sont très simples : un manteau du même brun que le dos de la grive , lui couvre tout le dessus du corps et de la tête; l'estomac et le ventre sont blancs ; le roux orangé de la poitrine est moins vif dans la femelle que dans le mâles; ils ont les yeux noirs, grands et mème expressifs, et le regard doux ; le bec est foible et délié, tel que celui de tous les oiseaux qui vivent principalement d’in- sectes ; le tarse, très-menu , est d’un brun clair, ainsi que le dessus des doigts, qui sou d’un Pa SAR. L' ol Le cinq.pouces neuf lignes. de longueur, ethuit ; pouces, de. vol ; le tube intestinal :est loùg 2 d’ environ: meuf: pouces ; le gpésier,-qui est musculeux, est précédé d’une dilatation de l’œsophage; Le cæcum est très-petit;; et-quel- quefois ; nul dans certains individus. ‘En au- ‘tomne, ces oiseaux:sont thès-gras:.leur, chair est d’un, goût plus £n que celui de la, meil- leure grive, dont elle a le fumet., se nour— rissant des. inmêmes fruits ,.et suXr OU. des . alises. .siliciuna 9 10u0tee0r SMRTMRRACrO p LE 1 11 * 1214 ve 08 à LA GORGE-BLEUE ‘ J DauqueS. :LAGORGE-BLEUE: } 1 Pin la proportion des formes, par la gran- deur et la figure entière, la gorge-bleue semble n’êire qu’une répélition du roupe— gorge ; elle n’en diffère que par le bleu brillant et azuré qui couvre sa gorge, au lieu que celle de l’autre est d'un rouge orange: il paroit même que la Nature ait voulu démon- trer l’analogie entre ces deux oiseaux jusque dans leurs différences ; car , au-dessous de cette plaque bleue , on voit un cintre noir et une zone d'un rouge orangé, qui surmonte le haut de la poitrine; cette couleur orangée reparoit eucore sur la première moitié des penues latérales de la queue ! de l'angle du 1 Voyez les planches enlumimées , n° 367, fig. 2, la gorge-bleuc à tache blanche; n° 610, fig. x, la gorge-hieue sans tache blanche ; fig. 2, la femelle; fig. 3, jeune gorge-bleue. 2 La gorge-bleue se nommeenlatin moderne, cya- necula ; en allemand, regflecklin, suivant Gesner; Blan-kehlein, selon Klein et Frisch. Oiseaux, IX. 22 ! 254 HISTOIRE drone | bec passe par l'œil un trait de blanc rons- sètre. Du reste, les couleurs, quoiqu’ uh peu plus sombres , sont les mêmes dans la gorge- bleue et dans le rouge-sorge. Elle en partage aussi la manière de vivre. Mais en rappro- chant ces deux oiseaux par les ressemblances, ‘Ja Nature semble les avoir séparés d’habita- tion : le rouge-gorge demeure au fond des bois ; la gorge-bleue se tient à leurs lisières, cherchant les marais, les prés humides, les oseraies et les roseaux ; et avec le même instinct solitaire que le rouge-gorge , elle semble avoir pour l’homme le même senti- ment de fainiliarite; car, après toute la belle saison passée dans ces lieux reculés, au bord des bois voisins des marécages, ces oiseaux viennent, avant leur départ , dans les jar- dins, dans les avenues , sur les haies, et se laissent approcher assez pour qu’on puisse les tirer à la sarbacane. | Îls ne vont point en troupes, non plus que les rouge-sorges, et on en voit rarement plus de deux ensemble. Dès la fin de l'été, les gorge- bleues se jettent, dit M. Lottinger, dans les champs semés de gros grains ; Frisch nomme les champs de pois comme ceux où | DE LA GORGE-BLEUE. 255 elles se tiennent de préférence, et prétend même qu'elles y nichent : mais on trouve plus communément leur nid sur les saules, les osiers et les autres arbustes qui bordent les lieux humides; il est construit d'herbes entrelacées à l’origine des branches ou des rameaux. | Dans le temps des amours, le mâle s'élève droit en l'air, d’un petit vol, en chantant; 1l pirouette et retombe sur son rameau avec autant de gaieté que la fauvette, dout la gorge-bleue paroît avoir quelques habitudes ; elle chante la nuit, et son ramage est très- doux, suivant Frisch. M. Hermanu *, aueon- traire, nous dit qu'il n’a rien d’agreable : opposition qui peut se concilier par les dif- ferens temps où ces deux observateurs ont pu l'entendre; la même différence pouvant se trouver au sujet de notre rouge-gorge, pour quelqu'un qui n’auroit oui que son CrE ordinaire , et non le chant mélodieux et * Docteur et professeur en médecine et en his- toire naturelle à Strasbourg ; qui a bien voulu nous communiquer quelques faits de l’histoire naturelle de cet oiseau. | 256 HISTOIRE NATURELLE tendre du printemps, ou son petit ramage | des beaux jours de l'automne. KANUx La gorge-bleue aime autant à se baigner que le rouge-gorge, et se tient plus que lui près des eaux :‘elle vit de vermisseaux et d'autres insectes , et, dans la saison de son passace, elle mange des baies de sureau, On la voit par terre aux endroits marécageux , cherchant sa nourriture et courant assez vite, en relevant la queue, le mäle sur-tout Jorsqu’il entend le cri de la femelle vrai ou ‘amité. Les petits sont d’un brun noirâtre et n’ont pas encore de bleu sur la gorge; les mäles ont seulement quelques plumes brunes dans le blanc de la gorge et de la poitrine, comme on peut le voir dans la figure enluminée, n° 610, fig. 3, qui represente la jeune gorge- bleue avant la première mue.-La femelle ne prend jamais cette sorge bleue toute en- tière : elle n’en porte qu’un croissant où une : bande au bas du cou, telle qu’on peut la voir dans la figure 2 de la même planche; et c’est sur cêtte différence et sur la’ figure d'Ed- wards, qui n’a donné que la femelle, que M. Brisson fait une seconde espèce de sa É DE LA GORGE-BLEUE. 257 gorge-bleue de Gibraltar, d'où apparemment l’on avoit apporté la femelle de cét oiseau. Entre les mâles adultes , les uns ont toute la gorge bleue, et vraisemblablement ce sont les vieux, d'autant que le reste des couleurs et la zone rouge de la poitrine paroissent plus foncées dans ces individus : les autres, en plus grand nombre, ont une tache comme un demi-collier, d’un beau blanc, dont Frisch compare l'éclat à celui de l'argent poli !'; c'est d’après ce caractère que Les oise- leurs du Brandebourg ont donné à la gorge bleue Le nom d’oiseau à miroir. Ces riches couleurs s’effacent dans l’état de captivité, et ia gorge-bleue mise en cage commence à les perdre dès la première mue. On la prend au filet comme les rossignols et avec le même appät?. Dans la saison où ces oiseaux deviennent gras, ils sont, ainsi que tous les petits oiseaux à chair délicate, \ pr: Apparemment M. Linnæus se trompe en don- nant cette couleur comme un blanc terne et jau- nâtre : macula flavescente albedine cincta. (Fau= na Suecica.) 2 Le ver de farine. * ss De , % . ” « 1 t . \ ÿ _ 28 HISTOIRE NATURELLE l'objet des grandes pipées; ceux -ei sont néanmoins assez rares et même inconnus dans la plupart de nos provinces; on en voit au temps du passage dans la partie basse des Vosges vers Sarrebourg, suivant M. Lottinger : mais un autre observateur nous assure que ces oiseaux ne remontent pas jusque dans l'épaisseur de ces mon- tagnes au midi. Ils sont plus communs en Alsace ; et quoique généralement repan- dus en Allemagne et jusqu’en Prusse, nulle part ils ne sont bien communs, et l'espèce. paroit beaucoup moins nombreuse que celle du rouge-gorge : cependant elle s'est assez étendue. Àu nom que lui donne Barrère, on peut croire que la gorge-bleue est fréquente dans les Pyrénées : nous voyons, par la dé- nomination de la seconde espèce prétendue de M. Brisson, que cet oiseau sé trouve jus- qu'à Gibraltar. Nous savons d’ailleurs qu'on le voit en Provence, où le peuple nn | cul-roussel bleu, et on le croiroit indigèmt en Suède au nom que lui donne M. Linræus: : mais ce nom mal appliqué prouve seulement que cet oiseau fréquente les régions du Nord ; il les quitte en automne pour voyager €k \ #>: » \ DE LA GORGE-BLEUE 239 chercher sa nourriture dans des climats plus _ doux : celte habitude, ou plutôt cette néces- SR à # x sité, est commune à la gorge-bleue et à tous les oiseaux qui vivent d'insectes et de fruits tendres. | À x \ à 260 HIST OIRE NATURELLE OISEAU ÉTRANGER NY QUI À RAPPORT AU ROUGE-GORGE ET À LA GORGE-BLEUE. LE ROUGE-GORGE BLEU*. DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE. Norrs rouge-g0r8e est un oiseau trop foible et de vol trop court pour avoir passé en Amerique par les mers; il craint trop les grands hivers pour y avoir pénétré par les terres du Nord : mais la Nature a produit dans ces vastes régions une espèce analogue et qui le représente; c’est le rouge-gorge bleu, qui se trouve dans les parties de l’Amé- rique,septentrionale, depuis la Virginie, la Caroline et la Louisiane, jusqu'aux îles Ber- mudes. Catesby nous en a donné le premier * Voyez les planches enluminécs, n° 300, fig. 1, le mâle jet fig. 2, la femelle. Te -* 4 | .: | ? . J ] __ DES OISEAUX ÉTRANGERS. 265 Ja description : Edwards a représenté cet oiseau , et tous deux conviennent qu'il faut le rapporter au rouge-sorge d'Europe, comme espèce très-voisine. Nous l’avons fait repré- senter dans nos planches enluminées, n° 390: il est un peu plus grand que le rouge-sorge, ayant six pouces trois lignes de longueur, et dix pouces huit lignes de vol. Catesby re- marque qu'il vole rapidement, et que ses ailes sont longues; la tête, ie dessus du corps, de la queue et des ailes, sont d’un très-beau bleu , excepté que la pointe de l’aiie est brune; la gorge et la poitrine sont d’un jaune de rouille assez vif; le ventre est blanc. Dans quelques individus, tels que celui que Catesby a represente, le bleu de la tête enveloppe aussi la gorge: dans les autres, comme celui d'Edwards et celui de nos planches enlumi- nées , fig. 1, qui est le mäle , le roux couvre tout le devaut du corps jusque sous le bec. La femelle, u° 2 de ia même planche, a les couleurs plus ternes, le bleu inëlé de noi- râtre ; les petites pennes de l'aile de cetté dernière couleur el irangees de blanc. Au reste, cet oiseau est d’uu uaturel très-doux, . et ne se nourrit que d'insectes. Il fait son LL Rs ess Lg. À 62 HISTOIRE NATURELLE. nid dans les trous d'arbres ; différence de mœurs peut-être suggérée par celle du cli- mat, où les reptiles plus nombreux forcent les oiseaux à éloigner leurs nichées. Catesby : assure que celui-ci est très-commun dans toute l'Amérique septentrionale. Ce natura- liste et Edwards sont les seuls qui en aient parlé, et Klein ne fait que l'indiquer d’après: eux, Lu 1:LE TRAQUET. 2 LE MOTTEUX où CUL BLANC . LE TRAQUET* Crr oiseau, très-vif et très-agile, n’est jamais en repos; toujours voltigeant de buis- son en buisson, 1l ne se pose que pour quel- ques instans , pendant lesquels il ne cesse encore de soulever les ailes pour s'envoler à tout moment : il s'élève en l'air par petits élans , et retombe en pirouettant sur lui- | même. Ce mouvement continuel a été com- paré à celui du #raquet d’un moulin, et c’est- là, suivant Belon, l’origine du nom de cet oiseau. Ç Quoique le vol du traquet soit bas et qu’il s'élève rarement jusqu'à la cime des arbres, il se pose toujours au sommet des buissons et sur les branches les plus elancées des haies et des arbrisseaux, ou sur la pointe des tiges” du blé de Turquie dans les champs, et sur les eéchalas les plus hauts dans les vignes; c'est dans les terrains arides, les landes , les : \ 2 * Voyez les planches enluminées, n° 676, fig. 1. 264 HI STOIRE NATURELLE - bruyères et les prés en mdttañtie qu'il se plaît davantage, et où il fait entendre plus souvent son petit cri oxistratra, d'un ton couvert et sourd. S'il se trouve une tige iso— lée ou un piquet au milieu du gazon dans ces prés, il ne manque pas de se poser dessus; ce qui donne une graude facilité pour le prendre: un gluau placé sur un bâtou sufht pour cette chasse bien connue des enfans. D'après cette habitudé de voler de buisson en buisson sur les épines et les ronces,; Belon, qui à trouvé cet oiseau en Crète et dans la Grèce, comme dans nos provinces, lui ap | plique le nom batis (oiseau de ronces), dont Aristote ne parle qu’une seule fois, en disant : qu'il vit de vermisseaux. Gaza a traduit baris par rubetra, que tous les naturalistes ont rapporté au traquet, d'autant que 7wberra pourroit aussi signifier oiseau rougedire *, et * Dans cette idée, ce nom paroît plus approprié au traquet; car Aldrovande observe l'équivoque du mot rubetra dans le sens (l’ozseau de ronces appli= qué à cet oiseau, y en ayant plusieurs autres qui se posent comme lui sur les ronces, et ce nom doi seau de ronces ayant effectivement été donné par | Longolius à la miliaire, qui.est l'ortolan , ét pat d’autres à Ja peute grivez # 4 4 4 MDU TRAQUET. |: 265 le rouge bai de la poitrine du traquet est sa couleur la plus remarquable. Elle s’étend en s’affoiblissant jusque sous le ventre; le dos sur un fond d’un beau noir est nue par. écailles brunes , et cette disposition de cou- leurs s'étend jusqu’au-dessus de la tête, où cependant le noir domine; ce noir est pur sur la gorge, quoique traversé très-légère- ment de quelques ondes blanches, et 1l remonte jusque sous les yeux. Une tache blanche sur le côté du cou tonfine au noir de la gorge et au rouge bai de la poitrine; les pennes de l'aile et de la queue sont noi- râtres, frangées de brun ou de roussâtre clair; sur l’aile, près du corps , est une large ligne blanche, et le croupion est de cette même couleur : toutes ces teintes sont plus fortes et plus foncées dans le vienx mâle que dans le jeune. La queue est quarrée et un peu éta- lée ; le bec est effilé et long de sept lignes; la tête assez arrondie et le corps ramassé; les pieds sont noirs, menus et longs de dix lignes : il a sept pouces et demi de vol, et quatre pouces dix lignes de longueur totale. _ Dans la femelle, la poitrine est d’un rous- sâtre sale: cette couleur se mêlant à du brun 28 1 ie AUX 266 HISTOIRE NATURELLE sur la tête et le dessus du corps; à du : 4 râtre sur les ailes, et se fond dans du blan- châtre sous le ventre et là gorge ; ce qui rend le plumage de la femelle triste, décoloré , et. beaucoup moins distinct que celui du mâle. . Le traquet fait son nid dans les terrains incultes ,-au pied des buissons , sous leurs . xacines ‘ou sous le couvert d’une pierre : il u’y entre qu’à la dérobée, comme s’il crai- gnoit d’être apperçu ; aussi ne trouve-t-on ce nid que difficilement. IL le construit dès la fin de mars*. La femelle pond cinq ou six œufs d’un verd bleuâtre, avec de légères taches rousses peu apparentes, mais plus nombreuses vers le gros bout. Le père et la mère nourrissent leurs petits de vers et d’in- sectes qu’ils ne cessent de leur apporter : il semble que leur sollicitude redouble lorsque ces jeunes oiseaux s'élancent hors du nid; ils les rappellent, les rallient, criant sans cesse ouistratra; enfin ils leur donnent encore à manger pendant plusieurs jours. Du reste, le traquet est très-solitaire ; ; on le voit tou . jours seul, hors le temps où l'amour lui- x Nid trouvé à Monthard le 30 or. DU TRAQUET. 267 donne une compague. Son naturel est sau- vage, et son instinct paroit obtus; autant il montre d’agilité dans son état de liberté, autant il est pesant en domesticité : il n’ac- quiert rien par l’éducation ; on ne lélève même qu'avec peine et toujours sans fruit. Daus la campagne , il se laisse approcher de très-près, ne s'éloigne que d’un petit vol sans paroître remarquer le chasseur ;:1l sem- ble donc ne pas avoir assez de sentiment pour nous aimer ni pour nous fuir, Ces oiseaux sont très-gras dansla saison , et comparables, pour la delicatesse de la chair, aux bec- | figues; cependant ils ne vivent que d’in- sectes, et leur bec ne paroïît point fait pour toucher aux graines. Belon et Aldrovande ont écrit que le traquet n’est point un oiseau de passage : cela est peut-être vrai pour la Grèce et l'Italie; mais il est certain que, dans les provinces septentrionales de France, il prévient les frimas et la chûte des insectes, car il part dès le mois de septembre. Quelques personnes rapportent à cette es- pece l'oiseau nommé en Provence fourmei- ron , qui se nourrit principalement de four mis. Le fourineiron paroit solitaire. et ne 268 HISTOIRE NATURELLE fréquente que les masures et les pa EUR _on le voit, quand il fait froid , se poser au- dessus des tuyaux des cheminées, comme pour se réchauffer, À ce trait, nous rappor- terions plutôt Le fourmeiron au rossignol de muraille qu’au traquet, qui se tient constam- ment éloigné des villes et des habitations. Il y a aussi en Angleterre , et particuliè- “xement. dans les montagnes de Derhyshire, un oiseau que M. Brisson a appelé le fraquef d’ Angleterre. Ray dit que cette espèce semble particulière à cette île. Edwards a donné les figures exactes du mäle et de la femelle; et Klein en fait mention sous le nom de ros- signol à ailes variées. En effet, le blanc qui marque non seulement les grandes couver- tures, mais aussi la moitié des petites pennes les plus près du corps, fait dans l’aile de cet oiseau une tache beaucoup plus étendue que | dans notre-traquet commun. Du reste, le blanc couvre tout le devant et le dessous du corps, forme une tache au front, et le noir s’étend de là sur le dessus du corps jusqu’au croupion, qui esttraverse de noir et de blanc; les pennes de la queue sont noires, les deux plus extérieures blanches en dehors, et les DIR ARUNTRAQUET:) ju 260 . grandes pennes de l'aile brunes. Tout ce qui est de noir dans le mâle, est dans la femelle d'un brun verdâtre terni; le reste est blanc de même : dans l’un et l’autre le bec et les pieds sont noirs. Ce traquet est de la grosseur du uôtre, quoiqu'il paroisse particulier à : £ / l'Angleterre, et mème aux montagnes de Derby : il faut néanmoins qu'il s'en éloigne dans la saison du passage ; car on a vu quel- quefois cet oiseau dans la Brie. On trouve l’espèce du traquet depuis l’An- gleterre et l'Écosse jusqu’en Italie et en Grèce; il est très-commun dans plusieurs de nos provinces de France. La Nature paroiït l'avoir reproduit dans le Midi, sous des formes va- riées. Nous allons donner une notice de ces traquets étrangers , après avoir décrit une espèce très-semblable à celle de notre traquet, et qui habite nos climats avec lui. 25 "LE TARIER: . L'ssrècr du,tarier, quoique très-voisine de celle du traquet, doit néanmoins en être séparée, puisque toutes deux subsistent dans les mêmes lieux sans se mêler , comme en Lorraine, où ces deux oiseaux sont communs et vivent séparément. On les distingue à des différences d'habitudes, autant qu'à celles du plumage. Le tarier se perche rarement, et se tient le plus souvent à terre sur les taupinières , dans les terres en friche, les _päquis élevés à côté des bois ; le traquet au contraire est toujours perché’ sur les buis sons , les échalas des vignes, etc. Le tarier est aussi un peu plus grand que le traquet ; sa longueur est de cinq pouces trois lignes. _ Leurs couleurs sont à peu près les mêmes, : Voyez les planches enluminées, n° 678 1 fig. 2. _2 Le tarier se nomme en Angleterre, whinchat; ‘en Peniogne fente ere agit en todten-vogel. Aa HISTOIRE NATURELLE. 29t mais différemment distribuées : le tarier a le haut du corps coloré de nuances plus vives; une double tache blanche dans l'aile , et la ligne blanche depuis le coin du bec s’étend jusque derrière la tête; une plaque noire prend sous l'œil, et couvre la tempe, mais sans s'étendre, comme dans le traquet, sous la gorge , qui est d’un rouge bai clair; ce rouge s'éteint peu à peu, et s’apperçoit en- core sur le fond blanc de tout le devant du corps ; le croupion est de cette même cou- leur blanche , maïs plus forte et grivelée de noir ; tout le dessus du corps, jusqu'au som- met de la tête, est taché de brun sur ur foud noir; les petites pennes et les grandes couvertures sont noires. Willushby dit que le bout. de la queue est blanc; nous ob- servons au contraire que les pennes sont blanches dans leur première moitié depuis la racine : mais ce naturaliste lui-même re- marque des variétés dans cette partie du plumage du tarier , et dit qu’il a vu quel- quefois les deux pennes du milieu de la queue noires avec un bord roux, et d’au- tres fois bordées de même sur un fond blanc. La femelle diffère du mäle en ce que ses | 92 HISTOIRE NATURE | couleurs sont plus pâles, et que les Lebes. do | NON AU ses ailes sont beaucoup moins apparentes. Elle pond quatre ou cinq œufs d’un blane sale piqueté de noir. Du reste, le tarier fait son nid comme le traquet; il arrive et part avec lui, partage son instinct solitaire, et paroit même d’un naturel encore plus sau- vage ; il cherche les pays de montagne ; et dans quelques endroits , on a tiré son nom de cette habitude naturelle. Les oiseleurë bo- Jonois l’ont appelé zzontanello. Les moms que lui appliquent Klein et Gesner , marquent son inclination pour la solitude dans Les lieux rudes et sauvages. Son espèce est moins nombreuse que celle du traquet; il se nourrit comme lui de vers, de mouches et d’autres insectes. Enfin le tarier prend _ beaucoup de graisse dès la fin de l'été, et alors il ne le cèdé point à l'ortolan pour la délicatesse. Li ee RERIN OISEAUX ÉTRANGERS QUI ONT RAPPORT AU TRAQUET k ET AU TARIER. LE TRAQUET ou TARIER DU SÉNÉGALY*. ( Cr oiseau est de la grandeur du tarier, et paroît se rapporter plus exactement à cette espèce qu’à celle du traquet. Il a en effet, comme le premier , la double tache blanche sur l’aile, et point de noir à la gorge : mais il n’a pas, comme lui , la plaque noire sous l'œil , ni les grandes couvertures de l'aile noires; elles sont seulement tachetées de cette couleur sur un fond brun. Du reste, les cou-, leurs sont à peu près les mêmes que dans le tarier ou le traquet : seulement elles sont * Voyez les planches enluminées, n° 583, fig. r. Ll * ANATOMIE ASE VAE PAS 274 HISTOIRE NATURELLE 4 plus vives sur toute la partie supérieure du corps ; le brun du dos est d’un roux plus. clair , et les pinceaux noirs y sont mieux tranchés. Cette agréable variété règne du. sommet de la tête jusque sur les couvertures _ de la queue : les pennes moyennes de l’aile sont bordées de roux, les grandes de blanc , mais plus légèrement; toutes sont noirâtres. » Les couleurs plus nettes au-dessus du corps dans ce traquet du Sénégal que dans le nôtre, sont au contraire plus ternes sous le corps ; : seulement la poitrine est légèrement teinte de rouge fauve ertre le blanc de la gorge et celui du ventre. Cet oiseau a été apporté du Sénégal par M. Adanson. An LE TRAQUET DE L'ILE DE LUÇON *. CE traquet est à peine aussi grand que celui d'Europe , mais il est plus épais et plus fort ; il a le bec plus gros et les pieds * Voyez les planches enluminées, n° 235, fig. , Je mâle; et fig. 2, la femelle. : DES OISEAUX ÉTRANGERS. 275 Moins menus: il est tout d’un brun noir, excepté une large bande blanche dans les couvertures de l'aile, et un peu de blanc sombre sous le ventre. La femelle pourroit, par ses couleurs, être prise pour un oiseau d’uue tout autre espèce; un roux brun lui couvre tout le dessous du corps et le erou- pion ; cette couleur perce encore sur la tête à travers les ondes d’une teinte plus brune qui se renforce sur les ailes et la queue, et devient d’un brun roux très-sombre. Ces oi- seaux ont été envoyés de l’ile de Luçon, où M. Brisson dit qu’on les appelle zZ2aria-capra. ut ol: A “ AUTRE TRAQUET DES PHILIPPINES. CET oiseau est représenté, n° 185, fig. 2 de nos planches enluminées. 11 est d’un noir encore plus profond que le mäle de l’espèce précédente; il a La taille plus grande , ayant près de six pouces , et la queue plus longne que tous les autres traquets; il a aussi le bec et les pieds plus forts; la tache blanche de Vaile perce seule dans le fond noir à reflets violets de tout son plumage, Le A ti LL ANR NL 5 te i î F #* æ, { SL à 276 HISTOIRE NATURELLE I V. | peus LE GRAND TRAQUET DES PHILIPPINES*. C8 traquet , plus grand que le précédent, a un peu plus de. six pouces de longueur ; sa tête et sa gorge sont d’un blanc lavé de rou- geätre et de jaunâtre par quelques taches. Un large collier d’un rouge de tuile lui garnit le .. cou; sous ce collier, une écharpe d’un noir bleuâtre ceint la poitrine, se porte sur le “dos, ets’y coupe en chaperon assez court par deux grandés taches blanches jetées sur les épaules : du noir à reflets violets achève de _ faire le manteau sur tout le dessus du corps jusqu’au bout de la queue de cet oiseau; ce _ noir est coupé dans l’aile par deux petites bandes blanches , l’une au bord extérieur vers l'épaule, l’autre à l'extrémité des grandes couvertures : le ventre et l'estomac sont du même blanc rougeâtre que la tête et la gorge; le bec, qui a sept lignes de longueur, et les # Voyez les planches culuminées, ne 185, fig. 25 | LIRE ho DES OISEAUX ÉTRANGERS. 2 pieds épais et robustes, sont couleur de rouille. M. Brisson dit que les pieds sont noirs ; apparemment que ce caractère varie. Les ailes étant pliées s'étendent jusqu'au bout de la queue, au contraire de tous les autres traquets , où les ailes en couvrent à peine la moitie. L'E LE FITERT , ou LE TRAQUET.DE MADAGASCAR. M. BrissoN a donné la description de cet oiseau, et nous l'avons trouvée très- exacte en la vérifiant sur un individu envoyé au Cabinet du roi : cet auteur dit qu’on l'appelle fert à Madagascar , et qu’il chante très-bien ; ce qui sembleroit l’éloigner du _ genre de nos traquets , à qui on ne connoit qu'un cri désagréable , et auxquels cepen- dant il faut convenir que le fitert appar- tient par plusieurs caractères qu’on ne peut méconnoitres Il est un peu plus gros que le traquet d'Europe ; sa longueur est de cinq pouces quatre lignes. La sorge, la tête, ) 24 LP PSE TER NNSE 278 HISTOIRE NATURELLE ME tout le dessus du corps jusqu’au bout de la. queue, sont noirs ; on voit seulement au | dos et aux épaules quelques ondes rous- sâtres : le devant du cou, l’estomac, le ventre, sont blancs ; la poitrine est rousse ; le blanc du cou tranche entre le noir de la gorse et le roux de la poitrine, et il forme un collier; les grandes couvertures de l’aile les plus près du corps sont blan- ches, ce qui fait une tache blanche sur Vaile; un peu de blanc termine aussi les pennes de l'aile du côté intérieur , et plus à proportion quelles sont plus près du corps. : Ÿ VI. LE GRAND TRAQUET. C’EST avec raison que nous appelons cet | oiseau grand traquet:ila sept pouces un quart du bout du bec à l'extrémité de la queue, ét six pouces et demi du bout du bec jusqu’au bout des ongles. Le bec est long d'un pouce; _aälest sans échancrures. La queue, d'environ deux pouces , est un peu fourchue ; l'aile pliée en couvre la moitié. Le tarse a onze ‘DES OISEAUX ÉTRANGERS. 279 lignes ; le doigt du milieu sept, celui de derrière autant , et son ongle est le plus fort de tous. M. Commerson nous a laissé la notice de cet oiseau sans nous indiquer le pays où il l’a vu ; mais la description que nous en donuons ici, pourra servir à le faire reconnoitre et retrouver par les voya- geurs. Le brun est la couleur dominante de son plumage ; la tête est variée de deux teintes brunes ; un brun clair couvre le dessus du cow et du corps; la gorge est mêlée de brun et de blanchâtre ; la poitrine est brune : cette couleur est celle des cou- vertures de l’aile et du bord extérieur des pennes ; leur intérieur est mi-parti de roux et de brun , et ce brun se retrouve à l’extrémité des pennes de la queue, et couvre la moitié de-celles du milieu ; le reste est roux , et le dehors des deux plumes extérieures est blanc ; le dessous du corps est roussatre. { y rs WA AN CA XVe AR 280 HIST OIRE : NATURELLE V” L! sat Cet COTES VELCRO NI LE TRAQUET DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE. . M. DE ROSENEUVETZ a vu au cap de Bonne-Espérance un traquet qui n'a pas encore été décrit par les naturalistes. Il a- six pouces de longueur ; le bec noir , long . de sept lignes , échancré vers la pointe; les pieds noirs ; le tarse long d’un pouce. Tout le dessus du corps, y compris le haut du cou et de la tête , ‘est d’un verd très- brun ; tout le dessous du corps est gris , avec quelques teintes de roux : le croupion est de ‘cette dernière couleur. Les pennes et les cou- vertures de l’aile sont brunes avec un bord plus clair dans la même couleur ; la queue’ a vingt-deux lignes de longueur , les ailes pliées la recouvrent jusqu’au milieu, elleest un peu fourchue : les deux pennes du milieu sont d’un brun noirätre ; les deux latérales sont marquées obliquement de brun sur un fond fauve , et d'autant plus qu’elles sont plus extérieures. Un autre individu de la DES OISEAUX ÉTRANGERS. 28 | même grandeur , rapporlé également du cap de Bonne-Espérance par M. de Rose- neuvetz , et place au Cabinet du roi, n’est peut-être que la femelle du précédent. Il a tout le dessus du corps simplement brun noirâtre , la gorge bilanchätre, et la poitrine * rousse. Nous n’avons rien appris des habi-- tudes naturelles de ces oiseaux ; cependant “cette connoissance seule anne le tableau des êtres vivans , et les presente dans la véritable place qu’ils occupent dans la ; Nature. Mais combien de fois , dans l’his- toire des animawx , n'avons-nous pas senti Je regret d'être ainsi borués à donner leur portrait, et non pas leur histoire! cepen- dant tous ces traits doivent être recueillis et posés au bord de la route immensé de ‘Vobservation , commé sur les cartes des navigateurs sont marquées les terres vues de loin , et qu’ils n’ont pu reconnoitre de plus près. VIIT. LE CLIGNOT, ou TRAQUET A LUNETTE: Ux cercle d’une peau jaunâtre plissée tout 24 autour des yeux de cet oiseau , et qui sétibte les garnir de lunettes , est un caractère | si singulier, qu’il suffit pour Le distinguer. M. Commerson l’a rencontréssur la rivière de la Plata vers Montevideo, et les noms : qu’il lui donne , sont relatifs à cette con- formatign singulière de l'extérieur de ses ” yeux *. Îl est de la grandeur du chardon- ueret, mais plus épais de corps ; sa fêle est “arrondie , et le sommet en est élevé; tout son plumage est d’un beau noir , excepté la tache blanche dans l'aile qui l’assimile aux traquets : cette tache s'étend largement par le milieu des cinq premières pennes , et finit en pointe vers l'extrémité des six, sept et huitième. Dans quelques individus , on voit aussi du blanc aux couvertures infe— rieures de la queues dans les autres, elles _sout uoires comme le reste du plumage. L’aile pliée n’atteint qu'à la moitié de la queue, qui est longue de deux pouces, quar- rée lorsqu'elle est fermée , et formant, quand elle s'étale, ‘un triangle presque équila- " Perspicillarius, nictitarius ; lichenops , ch-. enot. de * | { DES OISEAUX ÉTRANGERS. 283 téral ; elle est composée de huit pennes égales. Le bec est droit, efñlé , jaunâtre à la partie supérieure, légèrement fléchi en crochet à l'extrémité ; la langue est mem- braneuse , tallée en flèche à double pointe ; les yeux sont ronds avec l'iris jaune et la prunelle bleuâtre. Cette singulière mem brane, qui fait cercle alentour , n’est appa- remment que la peau même de la paupière nue et plus étendue qu’à l'ordinaire, et.par conséquent assez ample pour former plu- sieurs plis; c’est du moins l’idée que nous en donne M. Commerson, lorsqu'il la com- pare à du lichen ridé , et qu'il dit que les. deux portions de cette membrane frangée par les bords se rejoignent quand l'oiseau ferme les yeux : on doit remarquer de plus dans l'œil de cet oiseau la membrane cligno- tante qui part de l’angle intérieur. Les pieds et les doigts, assez menus , sont noirs; le doigt de derrière est le plus gros , et il est aussi longs que ceux du devant, quoiqu'il n'ait qu’une seule articüfation , et son ongle est le plus fort de tous. Cet oiseau auroit-1l été produit seul de son genre et isolé au milieu du nouveau continent ? c’est du 284 HISTOIRE NATURELLE. FM moins le seul de ces régions qui nous joit | connu , comme ayant quelque rapport ‘avec nos traquets ; mais ses ressemblances avec eux sont moins frappantes que le caractère qui l'en distingue, et que la Nature lui a imprimé comme le sceau de ces régions étrangères qu’il habite. \ PROMO CUT ED Xe. ANCIENNEMENT VITREC, VULGAIREMENT: CUL-BLANC 2, + Cu oiseau ,commun dans nos campagnes, se tient habituellement sur les mottes dans les terres fraîchement labourées ; et c’est de là qu’il est appelé mofteux : il suit le sillon ouvert par la charrue pour y chercher les vermisseaux dont il se nourrit. Lorsqu'on le fait partir, 1l ne s'élève pas : mais …l P rase la terre d’un vol court et rapide , et. découvre en fuyant la partie blanche du derrière de son corps ; ce qui le fait distin- guer en l'air de tous les autres oiseaux, et : Voyez les planches enluminées, n° 554, fig.r, le mâle; et fig. 2, la femelle. 2 En latin, wif'flora ; en italien, culo biancv ; en anglois, white-tail, fallow-smiter, wheai-ear, Aorse-match. TT 4 FA a fait donner , par : Les chasseuts ; le nom 4 vulgaire de cul-blanc. On le trouve aussi | assez souvent dans les jachères et les fri- ” ches , où il vole de pierre en pierre , et semble eviter les haies et les buissons, sur lesquels il ne se perche pas aussi souvent qu'il se pose sur les mottes. IT est plus grand que le tarier et plus haut _sur ses pieds, qui sont noirs et grêles. Le ventre est blanc, ainsi que les couvertures inférieures et supérieures de la queue, et Ja moitié à peu près de ses penues, dont la pointe est noire: elles s’étalent quand ïl part, et offrent ce blanc qui le fait remar- _quer. L’aile dans le mäle est noire , avec quelques franges de blanc roussâtre ; le dos est d’un beau gris cendré ou bleuâtre; ce. gris s'éténd jusque sur le fond blanc; une plaque noire prend de l’angle du bec, se porte sous l’œilet s'étend au-delà de l'oreille; une bandelette blanche borde le frontet passe sur les ÿeux. La femelle n’a pas de plaque ni de bandelette; un gris roussâtre règne sur son plumage, par-tout où celui du mâle est gris cendré; son aile est plus brune que noire, et largement frangee jusque dessous | : di - DU MOTTEUX. 287 le ventre ; en tout, elle ressemble autant eu plus à la femelle du tarier qu'à son propre mâle; et les petits ressemblent par- faitement à leurs père et mère dès l’âge de trois semaines, temps auquel ils prennent leur essor. | | Le bec du motteux est menu à la pointe et large par sa base; ce qui le rend très- propre à saisir et avaler les insectes, sur les- quels on le voit courir, ou plutôt s’élancer rapidement par une suite de pelits sauts. IL _est toujours à terre; si on le fait lever, il ne s’éloigne’pas, et va d’une motte à l’autre, toujours d’un vol assez court et très-bas, sans entrer dans les bois ni se percher ja- mais plus haut que les haies basses ou les moindres buissons : posé, 1l balance sa queue, et fait entendre un son assez sourd, titre , titre, et c'est peut-être de ceite expression de sa voix qu’on a tiré son nom de sitrec ou titrec; et toutes les fois qu’il s'envole, il semble aussi prononcer assez distinctement et d’une voix plus forte far- far, far-far; il répète ces deux cris d’une manière précipitée. Pia | [1 niche sous les sazons et les mottes dans 288 HISTOIRE NATURELLE les champs nouvellement labourés, ‘ainsi que sous les pierres dans les friches, auprès - des carrières, à l'entrée des terriers quittés par les lapins, ou bien entre les pierres des | petits murs à sec dont on fait les clôtures dans les pays de montagnes. Le nid, fait avec soin , est composé en dehors de mousse ou _ d'herbes fines, et de plumes ou de laine en dedans ; il est remarquable par une espèce d’abri placé au-dessus du nid et collé contre la pierre ou la motte sous laquelle tout l’ou- vrage est construit : on ÿ trouve communeé- ment cinq à six œufs d’un blanc bleuâtre clair, avec un cercle au gros bout d’un bleu $ plus mat. Une feinelle prise sur ses œufs avoit-tout le milieu de l’estomac dénué de plumes , comme il arrive aux couveuses ardentes. Le mäle affectionné à cette mère tendre , lui porte, pendant qu’elle couve, des fourmis et des mouches : il se tient aux environs du nid; et lorsqu'il voit un passant, il court ou vole devant lui, faisant de petites pauses, comme pour l'attirer; et quand'il le voit assez éloigné, il prend sa volée en cercle et regagne le nid. On en voit de petits dès le milieu de mai; DU MOTTEUX. 28 car ces oiseaux , dans nos provinces , sont de retour dès les premiers beaux jours vers la fin de mars : mais s’il survient des gelées après leur arrivée, ils périssent en grand nombre , comme il arriva en Lorraine en 1767. Ou en voit beaucoup dans cette pro- vince, sur-tout dans la partie montagneuse; _ils sont également communs en Bourgogne et en Bugey : mais en Brie on n’en voit guère que sur la fin de l'été. En général, ils pré- fèrent les pays élevés, les plaines en mon- tagnes et les endroits arides. On en prend grand nombre sur les dunes, dans la pro- _ vince de Sussex, vers le commencement de l'automne, temps auquel cet oiseau est gras et d’un goût délicat. Willughby décrit cette petite chasse que font dans ces cantons les bergers d'Angleterre : ils coupent des gazons et les couchent en long à côté et au-dessus du creux qui reste en place du gazon en- levé, de manière à ne laisser qu'une petite tranchée , au milieu de laquelle est tendu un lacet de crin. L'oiseau, entraîné par le double motif de chercher sa nourriture dans une terre fraichement ouverte et de se ça- cher dans la tranchée, va donner dans ce Oiseaux» 1X. + 2h : { AJ 299 HISTOIRE NATURELLE piége : l'apparition d’un épervier, et même : % l'ombre d’un nuage, suffit pour l'y: précis piter; car on a remarqué que cet oiseau de _mide fuit alors et cherche à se cacher. # 10 À Tous s’en retouruent en aoûLet septembref “ et Von n’en voit plus dès la fin de cé mois; ils voyagent par petites troupes, et'du resté ils sont assez solitaires: il n'existe entre éux 1 de société que celle du mäle ét dé la femelle. _ Cet oiseau a l'aile grande *; éb quoique nons _ ne lui voyions pas faire beaucoup d'usage de « sa puissance de vol, apparemment qu'il. exerce mieux dans ses migrations : il faut même qu'il lait déployée quelquefois, puis- . qu’il est du petit nombre des oiseatix com- muns à l'Europe ét à l'Asie méridionale; car on le trouve au Bengalé, et nous le voyons en Europe depuis l'Italie jusqu’en Suède. Ou pourroit le FERRIERE par les seuls’ noms qui lui ont été ‘donnés en divers lieux : on l'appelle dans nos provinces /2o//eux, he * * M. Brisson dit que la première des pennes de aile est extrêmement courte; mais la plume qu'il prend pour la première des grandes pennes, n’est que la première des grandes couvertures , implantée sous la première penne , et nom à côté. lu IDIMORTEUX::: 207 toWrne-motte, brise-motte et terrasson, de ses habitudes de se tenir toujours à terre et d'en habiter les trous, de se’poser sur les mottes, et de paroitre les frapper en secouant sa queue. Les noms qu’on lui donne en An- gleterre, désignent également un oiseau des terres labourees et des friches, 'un oiseau à croupion blanc. Mais le nom grec œnanthe, que les naturalistes, d'après la conjecture de Belon, ont voulu unanimement lui appli- quer, n'est pas aussi caractéristique à ni aussi approprié que les précédens. La seule ana- logie du mot œranthe à celui de viiflora, et de celui-ci à son ancien uom sifrec, à déterminé Belon à lui appliquer celui d’'æ- nanthe; car cet auteur ne nous explique pas pourquoi ui comment on l’a dénomimie oiseau de fleur de signe (œuanthe). Il arrive d'ail- leurs avant le temps de cette floraison de la vigne, 1l reste long-temps après que la fleur est passée ; 1l n'a donc rien de commun avec cette fleur de la vigne. Aristote ne caractérise l'oiseau œrzanthe qu'en donnant à Son apparition et à son départ les mêmes temps qu'à l’arrivée et à l’occultation du coucou. Me Mir *; >2 HISTOIRE NATURELLE | _ M. Brisson comple cinq espèces dé ées | oiseaux : 1°. le cul-blanc; 2°. le cul-blanc/ gris, qu'il né distingue de l’autre que par cette épithète, quoique le premier soit égale- ment gris. La différence prise d’après M. Lin- næus, qui en fait une espèce particulière, consiste en ce qu'il a de petites ondes de blanchäâtre à travers le gris teint de fauve qui les couvre également tous deux. M. Bris- son ajoute une autre petite différence dans les plumes de la poitrine, qui sont, dit-il, piquetées de petites taches grises, et dans celles de la queue, dont les deux du milieu n'ont point de blanc, quoique les autres en aient jusqu'aux trois quarts : mais les détails minutieux de ces petites nuances de couleurs feroient aisément plusieurs espèces d’un seul et même individu; il suffiroit pour cela de . les prendre un peu plus près ou un peu plus loin du temps de la mue *. Ce n’est point * De petits cul-blancs pris le 20 mai avoient le dessus du corps brouillé de roussâtre et de brun; les plumes du croupion sont blanchâtres, rayées légèrement de noir ; la gorge et le dessous du corps roux pointillé de noir :toute cette livrée tombe à la première mue. Nn | LA DU MOTTEUX. 203 saisir la touche de la Nature que de la consi- dérer ainsi; les coups de pinceau dont elle se joue à la superficie fugitive des êtres, ne sont point le trait de burin fort et profond dont elle grave à l'intérieur le caractère de l'espèce. | 3°. Après le cul-blanc gris, M. Brisson fait une troisième espèce de cul-blanc cendré: mais les différences qu'il indique sont trop légères pour les séparer l’un de l’autre, d’au_ tant plus que l’épithète de cezdré, loin d’être distinctive, convient pleinement au cul- blanc commun, dont celui-ci ne sera qu’une _ simple variété. Voilà donc trois prétendues espèces qu’on peut réduire à une seule. Mais la quatrième et la cinquième espèce, données de même par M. Brisson, out des différences plus sensibles ; savoir, le z2otfeux ou cul- blanc roussätre, et le motteux ou cul-blanc TOUX. _ Le motteux où cul-blanc roussätre, qui fait la quatrième espèce de M. Brisson, est un peu moins gros que le motteux commun, et n'a que six pouces trois lignes de longueur: la tête, le devant du corps et la poitrine, sont d'un blanchâtre mêlé d’un peu de roux; 25 294 HISTOIRE NATURELLE le ventre et le croupion sont d’un blanc plus clair; le dessus du cou et du dos est rous- sâtre clair. On pourroit aisément prendre cet oiseau pour la femelle du cul-blanc commun, s'il ne se trouvoit des individus avec le caractère du mâle, la bande noire sur la tempe du bec à l’oreille. Ainsi nous croyons que cet oiseau doit être regardé comme une variélé dont la race est cons- tante dans l’espèce du molteux. On le voit en Lorraine vers les montagnes, mais moins fréquemment que le motteux commun :41l se trouve aussi aux environs de Bologne en Italie; Aldrovande lui donne le nom de séra- pazzino. M. Brisson dit aussi qu’il se trouve en Languedoc, et qu’à Nimes on le nomme reynauby. | La cinquième espèce donnée par M. Brisson est le mofteux ou cul-blanc roux : le mâle et la femelle ont été décrits par Edwards; ils avoient été envoyés de Gibraltar en Angle- terre. L'un de ces oiseaux a non seulement la bande noire du bec à l’oreille, mais aussi . . toute la gorge de cette couleur, caractère qui marque à l’autre, dont la gorge est blanche Oo : et les couléurs plus pâles; Le dos, le cou et DU MOTTEUX.. 205 Je sommet de la tête, sont d’un roux jaune ; la poitrine, le haut du ventre et les côtés, sont d’un jaune plus foible ; le bas-ventre etle croupion sont blancs; la queue est blanche, frangée de noir, excepté les deux pennes du mulieu , qui sont entièrement noires ; celles de l'aile sont noirâtres, avec leurs grandes couvertures bordées de brun clair. Cet oiseau est à peu prés de la grosseur du motieux commun. Aldrovande, Willughby et Ray, en parlent également sous le nom d'œranthe altera. On peut regarder cet oiseau comme une espèce voisine du motteux commun, mais qui est beaucoup plus rare dans nos provinces tempérées. 7 as Dé "a LA bit y 206 HISTOIRE NATURELLE OISEAUX ÉTRANGERS QUI ONT RAPPORT AU MOFTEUX. L _ LE GRAND MOTTEUX, ou CUL-BLANC DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE. M. de Roseneuvetz nous a envoyé cet oiseau qui n'a été décrit par aucun naturaliste :ila huit pouces de longueur ; son bec a dix lignes , sa queue treize, et le tarse qua- torze : 1l est, comme l’on voit, beaucoup plüs grand que le motteux d'Europe. Le dessus de la tête est légèrement varié de deux bruns dont les teintes se confondent ; le reste du dessus du corps est brun fauve jus— qu'au croupion , où il y a ue bande trans- _versale de fauve clair ; la poitrine est variée, comine la tête, de deux bruns brouillés et peu "Éd # À Pr ' L DES OISEAUX ÉTRANGERS. 297 distincts ; la gorge est d’un blanc sale ombré _ de brun; le haut du ventre et les flancs sont fauves ; le bas-ventre est blanc sale, et les couvertures inférieures de la queue, fauve clair ; mais les supérieures sont blanches, ainsi que les pennes jusqu'à la moitié de leur longueur; le reste est noir, terminé de . blanc sale, excepté les deux intermédiaires, qui sont entièrement noires et terminées de . fauve; les ailes, sur un fond brun, sont bordées légèrement de fauve clair aux grandes pennes, et plus légèrement sur les pennes moyennes et sur les couvertures. "Te 1 LE MOTTEUX, ou CUL-BLANC BRUN VERDATRE. CETTE espèce a été rapportée, comme la précédente, du cap de Bonne-Espérance, par M. de Roseneuvetz ; elle est plus petite, . l'oiseau n’ayant que six pouces de longueur. Le dessus de la tête et du corps est varié de brun noir et de brun verdâtre : ces couleurs se marquent et tranchent davantage sur les Part NE du be 74 | Re HISTOIRE NATURELLE. he! couvertures des ailes ; cependant les grandes, , comme celles de la queue, sont blanches : la gorge est d'un blanc sale; ensuite on voit un mélange de cette teinte et de noir sur le de- vant du cou ; il y a de l’orangé sur la poitrine, qui s’afloiblit vers le bas du ventre: les cou- vertures inferieures de la queue sont tout-à- fait blanches ; les pennes sont d'un bruw noirâtre , et [es latérales sont terminées de blanc. Cet oiseau a plus encore que le précé- dént , tous les caractères de notre motteux commun, et l’on ne peut guère douter qu'ils n’aient à peu près les mêmes habitudes natu- relles. 116 LE MOTTEUX DU SÉNÉGAL. . CrrToiseau, représenté dans nos planches enluminées, n° 583, figure s, est un peu plus grand que le motteux de nos comtrées, et ressemble très-exactement à la femelle de cet oiseau , en se.figurant néanmoins la teinte du dos un peu plus hrune, et celle de la poitrine un peu plus rougeàtre; peut- être aussi l'individu sur lequel a été gra vée la figure, étoit dans son espèce une femelle. | RIRE UT RE) La À À Fi ARE ET ” 1 À ban AE & May hs 3. +, 4 NS PT AS TE NE DA PS 1% RE) LA LAVANDIERE. 2LA BERGERONETTE. LP S LA LAVANDIÈRE ETLES B ERGERETTES où BERGERONNETTES. #5 Lors a souvent confondu la layandière et les bergeronnettes ; mais la première se tient ordinairement au bord des eaux, et les bergerounettes fréquentent le milieu des prairies et suivent les troupeaux : les unes et les autres voltigent souvent dans Les champs autour du laboureur , et accompagnent la charrue pour saisir les vermisseaux qui four-. millent sur la glèbe fraîchement renversée. Dans les autres saisons , les mouches que le bétail attire, et tous les insectes qui peuplent les rives des eaux dormantes, sont la pâture dé ces oiseaux ; véritables gobe-mouches à ne Îles considérer que par leur maniere de vivre, mais différens des gobe-mouches proprement dits, qui attendent et chassent leur proie sur les arbres, au lieu que la onde et les Dompruet 0 la USE et la poursuivent à terre. Elles forment en— semble une petite famille d'oiseaux à bec fin, | à pieds hauts et menus, et à longue queue LE qu'elles balancent sans cesse; et c’est de cette habitude commune que les unes et les autres di ont été nommées motacilla par les Latins, et que sont dérivés les différens noms qu’elles portent dans nos provinces. Le :LA LAVANDIÈRE:, Bzsrox , et Turner avant lui, appliquent à cet oiseau le nom grec de #zipologos, rendu en latin par celui de culicilega, oiseau re= cueillant les moucherons : ce nom, ou plutôt cette dénomination, semble convenir parfai- tement à la layandière ;: néanmoins il me paroit certain que le £zzpologos des Grecs est un tout autre oiseau. | Aristote (liv. VIIT, chap. 3), parle de deux pics ( dryocolaptas) et du loriot ( sal- gulus ) comme habitans des arbres, qu’ils 1 Voyez les planches enluminées, n° 652, fig. # Lt 2e 2 En laün, motacilla ; en italien, ballarina, co= datremola, codinzinzola, cutreitola, bovarina; en anglois, wag-tail, water-wagtail, white n'ater= wagtail, common dish-washer; en allemand, wysse wasser-steltz, bach-steltz, wersse ind schwartze bach-sieltze, wege-stertz, kloster freus lin. Oiseaux, 1 Xe 26 COPRR WANES CORP 302 HISTOIRE NATER rs frappent du bec : il faut Jeur join l'UE le petit oiseau amasseur de Pa LA Me (Æni- pologos), qui frappe aussi les arbres (gui et. ipse lignipeta est); qui cot gris tacheté (co/ore cinereus,naculis distinctus), et à peine aussi grand que le chardonneret ( magnitudine | guanté spinus), et dont la voix est foible {soce parvé). Scaliger observe, avec raison, qu’un oiseau ligripèle , ou qui becquete les arbres (£iroxéra) , ne peut être la lavandière. Un plumage fond gris et pointillé de taches m'est point celui de la lavandière, qui est coupé par grandes bandes , et par masses blanches et noires ; le caractère de la graü- deur , celui de la voix, ne lui conviennent pas, plus : mais nous trouvons tous ces traits dans notre grimpereau ; voix foible, plu- mage tacheté sur un fond brun ou gris obs- | eur, habitude de vivre alentour des troncs d'arbres, et. d'y recueillir les moucherons engourdis ; tout cela convient au grimpe= reau , et ne peut s'appliquer à la lavan- dière , de laquelle nous ne trouvons ni le. nom ni la description dans les auteurs grecs. Elle n’est guère plus Erps que la mé- J ET. die 20) DE LA LAVANDIÈRE. 303 v LE. : sañge commune : mais sa longue queue semble agrandir son corps, et lui donne en ‘tout sept pouces de longueur; la queue elle- même en a trois et demi : l'oiseau l’épanouit et l’étale en volant; il s'appuie sur cette longue et large rame , qui lui sert pour se balancer, pour pirouetter, s’élancer, rebrous- ser et se jouer dans le vague de l'air; et, Jorsqu'il est posé, il donne incessamment à cette même partie un balancement assez vif de bas en haut par reprises de cinq où six secousses. + Ces oiseaux courent légèrement à petits pas très-prestes sur la grève des rivages; ‘ils entrent même, au moyen de leurs longues jambes, à la profondeur de quelques lignes dans l’eau de la lame affoiblie, qui vient s'épandre sur la rive basse en un léger ré- seau : mais plus souvent on les voit voltiger sur les écluses des moulins , et se poser sur les pierres ; ils y viennent, pour ainsi dire, battre la lessive avec les laveuses , tournant tout le jour alentour de ces femmes , s’en approchant familièrement , recueillant les miettes que par fois elles leur jettent, et semblent imiter, du battement de leur queues, bitude qui a fait M à cet oiseau le nom de lavandière. TELE Leblanc et le noir, jetés par masses ef par grandes taches, partagent le plumage de la lavandière : le ventre est blanc; la queue est composée de douze pennes , dont les dix intetmiediaites sont noires, les deux latérales blanches jusqu'auprès de leur naissance ÿ l'aile pliée n’atteint qu’au tiers de leur lon- gueur; les penines des ailes sont noirâtres eb bordées de gris blanc. Belon remarquerà la lavandière un pêtit rapport dans les ‘ailes qui Yapproche du genre des oiseaux d’eau:r Le dessus de la tête est couvert d'une calotte moire qui descend sur le haut du cou; un demi- masque blanc cache Le front, EVE loppe l'œil, et, tombant sur Les côtés du'icou. coufine avec lenoir de la gorge, qui estgaruie d'un large plastron noir arrondi sur la poi- trine. Plusieurs individus ,'tels que celuiqui est représenté, figure 2 de la planche enlu- minée, n° 652, n'ont de ce plastron noir qu'une zone en demi-cercle au haut de la . poitrine, et leur gorge est blanche : le dos, gris ardoisé dans les autres, est gris brux + > Es . dans ces individus, qui paroissent formerune variété, qui néanmoins se imèle et se con— fond avec l’espèce; car da différence du mâle à la femelle consiste en ce que dans celle-ci la partie du sommet de la têté est brune, au lieu que dans le mâle cette même partie est noire. ds - La lavandière est de reiour dans Fe vinces à la fin de mars: elle fait son nid à terre, sous quelques racines ou sous le gazon dans les terres en repos, mais plus souvent au bord des eaux, sous une rive creuse et sous les piles de bois élevées le long des rivières ; ce nid est composé d'herbes sèches, de petites racines, quelquefois entremèlées de mousse, le tout lié assez négligemment, et garni au-dedans d'un lit de plumes ou de crin. Elle pond quatre ou cinq œufs blancs, _semés de taches brunes, et ne fait ordinai- rement qu'une nichée, à moins que la pre- mière ne soit détruite ou interrompue avant l'exclusion ou l'éducation des petits. Le père et la mère les défendent avec courage lors- qu'on veut en approcher : ils viennent au- devant de l'ennemi, plongeant et voltigeant, comme pour l’entrainer ailleurs; et quand 26 DE A +. ‘raie 30ù — LS ri A D Do D He Le | Vs % j 4 pie 306 HISTOIRE NATURELLE on emporte leur couvée, ils suivent le ravis- seur, volant au-dessus de sa tête, tournant sans cesse, et appelant leurs petits avec des accens douloureux. Ils les soignent aussi avec autant d'attention que de propreté, et net- toient le nid de toutes ordures; ils les jettent au-dehors, et même les emportent à une cer taine distance : on les voit de même empor- ter au loin les morceaux de papier ou les pailles qu’on aura semés pour reconnoître l'endroit où leur nid est caché. Lorsque les petits sont en état de voler, Le père et la mère les conduisent et les nourrissent encore pen- dant trois semaines ou un mois; on les voit se gorger avidement d'insectes et d'œufs de fourmis qu'ils leur portent. En tout temps, on observe que ces oiseaux prennent leur ‘manger avec une vitesse singulière, ét sans paroitre se donner le temps de l’avaler; ils auassent les vermisseaux à terre; ilschassent et attrapent les mouches en l’air, ce sont les objets de leurs fréquentes pirouettes. Du reste, leur vol est ondoyaut et se fait par élans et par bonds; ils s’aident de la queue dans leur vol en la mouvant horizontale- ment, et ce mouvement est différent de J : > DE LA LAVANDIÉÈRE. 30, celui qu'ils lui donnent à terre, et qui se fait de haut en bas perpendiculairement. Au reste, les lavaändières font entendre fréquem - ment,-et sur-tout en volant, un petit cri vif et redoublé, d’un timbre net et clair, gué guit, gui gui guit; c'est une voix de rallie- ment, car celles qui sont à terre y répon- dent: mais ce cri n'est jamais plus bruyant et plus répété que lorsqu'elles viennent d’é- chapper aux serres de l’épervier. Elles ne craignent pas autant les autres animaux, ni mème l’homme; car quand on les tire aû fusil, elles ne fuient pas loin et reviennent se poser à peu de distance du chasseur. On en prend quelques unes avec les alouettes au filet à miroir; et il paroit au récit d'Olina, qu’on en fait en ltalie une chasse PRFUS LME vers le milieu d'octobre *: * S: suol tendere a quest uccello da mezz’ ottobre , continuando fin per tlutto novembre. (Olina, page 51; la figure » page 43.) Cette chasse dure depuis 4 beures du soir jusqu’à l'entrée de la nuit : on se place au bord d&S eaux; on attire les lavandières par un appelant de leur. ES a pèce, ou, si l’on n’en a pas encore, avec quelque autre petit oiseau _ 38 HISTOIRE NATURELLE. C'est en automne qu’on les voit en plus grand nombre dans nos. campagnes. Cette . saison qui les rassemble, paroît leur inspi- rer plus de gaieté; elles multiplient leurs jeux; elles se balancent en l'air, s’abattent dans les champs, se poursuivent, s’entr'ap— pellent, et se promènent en nombre sur les toits des moulins et des villages voisins des gaux , où elles semblent dialoguer entre elles par petits cris coupés et réiiérés : on croiroit, à les entendre, que toutes et chacune s’in= terrogent, se répondent tour-a-tour pen dant un certain temps, et jusqu’à ce qu’une acclamation générale de toute l'assemblée donne le signal ou le consentement de se _ transporter ailleurs. C’est dans ce temps en- core qu’elles font entendre ce petit ramage doux et léger à demi-voix, et qui n’estpres- que qu'un murmure, d’où apparemment Belon leur a appliqué le nom italien de susurade (à susurro). Ce doux accent leur est . änspiré par l'agrément de la saison et par le plaisir de la société, auquel ces oiseaux semblent être trés-sensibles. Sur la fin de l'automne, les lavandières s’attroupent en plus grandes bandes; lesoir : & DE LA LAVANDIÈRE. 39 on les voit s’abattre sur les saules et dans les oseraies , au bord des canaux et des ri- vières, d’où elles appellent celles qui passent, et font ensemble un chamaillis bruyant jus- qu'à la nuit tombante. Dans les matinées claires d'octobre , on les entend passer en l'air, quelquefois fort haut, se réclamant et s’appelant sans cesse : elles partent alors: car elles nous quittent aux approches de l'hiver, et cherchent d’autres climats. M. de Maillet dit qu’il en tombe en Égypte vers cette sai son, des quantités prodigieuses, que le peuple fait sécher dans le sable pour les conserver et les manger ensuite. M. Adanson rapporte qu’on les voit en hiver au Sénégal avec les hirondelles et les cailles, qui ne s’y trouvent également que dans cette saison. | La lavandière est commune dans toute l'Europe, jusqu’en Suede, et se trouve; comme l’on voit, en Afrique et en Asie. Celle que M. Sonnerat nous a rapportée des Philip= pines, est la mème que celle de l'Europe. Une autre apportée du cap de Bonne-Espé- rance par M. Commerson, ne différoit de la variété représentée figure 2 de la planche n° 652, qu'en ce que le blanc de la gorge ne 310 HISTOIRE 2 KT | remontoit pas au: pt a tête, vi sur les côtés du cou, et rs Les les couver- tures des ailes, moins variées, n’y formoient pas deux lignes transversales blanches. Mais Olina ne se méprend-il pas, lorsqu'il dit que la lavandière ne se voit en Italie que l'automne et l'hiver , et peut-on croire que cet oiseau passe l’hiver dans ce climat, en lé voyant porter ses migrations si loin dans des climats beaucoup plus chauds? Tin du tome neuvième. tx P. (a fs, Wu 2 Fa TANLE Des articles contenus dans ce volume: L'arovrrve, page 5. Variétés de l’aloueite, 28. L’alouette noire à dos fauve, 32e Le cujelier, 34. La farlouse, ou l’alouette de prés, 41. Variété de la farlouse, 48. Oiseau étranger qui a rapport à la farlouse, la farlousane, 49. L’alouette pipi, 51. La locustelle, 55. La spipolette, 56. < La girole, 61. 4 La calandre, ou grosse alouette, 64. Oiseaux étrangers Qui ont rapport à la ca- landre, 70. 44 ds La cravate jaune, ou calandre du cap de Bonne- Espérance, 1bid. | Le hausse-col noir, ou Palouetté de Virginie, 72, L’alouerte aux joues brunes de Pensilvanié, 74 La rousseline, ou laloueite de marais, 77°. La ceinturede prêlre,jou Valouette deSih ,765 Oiseaux étrangers qui ont rapport aux aloueutess 82. Ut | | La variole, :bid. La cendrille, 63. Le sirli du cap de Bonne-Espérance, 84 | Le cochevis, ou la grosse alouette huppée, 86. Le lulu, ou la petite alouette huppée, 99 : La coquillade, 96.1 a "+ Oiseau étranger. qui a rapport au cochevis, la grisette, ou le cochevis du Sénégal, 101. Le rossignol, 103. ne +@ù ‘ Variétés du rossignol, 143. Oiscau étranger qui a rapport au rossignol , le foudi-jala, 146. - . pr ù La fauvette, 148... de: | à L petite Ets AUS 156. La fauveite à têle noire, 199. La grisette, ou fauveute grise ; en Provence, passerine, 166. La fauvette Wblarde, 170. La roussette, ou la fauvette des bois » 174 La fauvette de roseaux, 178. sisi _ La petite fauvette rousse, 182% La fauvette tachetée, 156 JP 18 TABLE. | 133 Le fraîne-huisson > Où mouchet; ‘ou la fauvette dhiver, 168, La fauvette des Alpes, 194. Le pitchou, 198. | Oiseaux étrangers qui ont “rapport aux fau . settee , 200. La fauvette tachetée du cap. d Boune-Espé= rance, 2014, La petite fauvette tachetée du sap de Bonne- Espérauce , 201. Hills a À La fauvette tachetée de la us 202. La fauvetie à poitrine jaune dela Louisiane, De 15 jé 34: La fauvette de Cayenne À à queue rousse, 209; * La fauvette de Cayenne à gorge brune et ventre jaune, bi. : La fauvette bleuâtre de Saint-Domingue , 206. Le cou-jaune , 208. { à Le rossignol de muraille, 215. Le rouge-queue , 224. HN ENS Le rouge-queue de la Guiane, An Le bec-figue, 233. Le fist de Provence, 241. “La pivote ortolane, 242 Le rouge-gorge, 243. La gorge-bleue, 293. CAM, TAB . Oiseau étranger qui a rapport au il he à à la gorge-bleue, le rouge-gorge bleu. de TAG | mérique septentrionale, 260, » > : Ÿ -# Le HRUHELS 269%: OU Le OMG" ARE Le tarier > 270 40 Ta eo * 3 à Oiseaux Énbsee qui VLL ne de au traquet et ‘au tarier, 273% APP OA EP Le traquet, ou tarier du Sénégal, i3ide . Le traquet de l’île de Lucon, 274. Autre traquet des Philippines, 275. Le grand traquet des Philippines, 276. Le fitert, ou le traquet de Madkglerers 277: Le rte traquet, 270. Le traquet du cap de Bonne-Espérance . s 280. Le clignot, ou traquet à lunette, 287: £e motteux, anciennement vitrec, vulgairement cul-blanc, 265. Oiseaux étrangers qui ont rapport au motteux, 206. Le grmd motteux, ou cul-blanc du cap de Bonnc-Espérance 1bid, à Le motteux, ou cul-blanc. CP verdâtre, 297. + Le motteux duSénégal, 298. La Javandière, et les bergerettes ou bergeron neltes, 209. 4 | 4 *. La lavanditre, 307. DE L'IMPRIMERIE DE E PLASSA Ne. »42 017 La Fa {fr ÿ ue TA PA Un DLL 3 9088 00769 6222