RENE 8 3 ERIC AN LITE PT TE TT NME ES eee ñ = fers ri Ride Lor RE SÛR treg de 2 LT L 2 2008 RE a 72 gx FL: VE 175 44: me ÂTÉ :. A £ à 8. LA - + 7 F4 ÿ 11, RS : “| | # 1 - 4 À L : LS ' ei L À "+ 3 HISTOIR ; + De s L D ACT Ù RE LL. F je « + SO 7 | x4 5< 4 - ke = Le: ‘ 4 r L 2 4 Le ' ; 18 , © LORS AUX de à 2, QUINZIÈME. Le LI . ) : | se : … ’ ‘ “ ’ | ] 0 d y L) ; - £ s CUTO" SR Fr n À * _ + + ; PARA 4 "1 Re ee AU QU AA € HISTOIRE NATURELLE. Pan BUFFON, DÉDIÉE AU CITOYEN LACEPEDE, MEMBRE DE L'INSTITUT NATIONAL. OISEAU X. TOME QUINZIEME. V1 “ 7 254 2 @œ7 Fsanian ins sf ur RICHMOND ” COLLECTION. tions Mises: A LA LIBRAIRIE STÉRÉOTYPE pz P. DIDOT L'AÎNÉ, GALERIES DU LOUVRE, M3, °&T FIRmIN DIDOT, RUE DE THIONVILLE ,N° 116. ? AN VII. — 1799. L 79 :‘ ADN vy ti Zom1 , _ RCE VON ZT 7 LV ON TTES, 79 ROUURS Ou AR . » > pa AP ; Ë A d 1! PHISTOIRE NATURELLE es | , ès | Fr? | POULE BYEOR: j | | : À : Dee $ s | * i j > : ° { ' “essemblance qu'il y ait ne | les butors, pd ne | L * (/ngue He Butio bubit aus aûet. Philo- - melæ); en italien trombotto , trombone ; en alle- - mand,, dans les différens othes meër-rind , los= ind, ros-dumpf, moss-ochs , moss-kou rortrum, ross-reigel, wasser-ochs , PP Bull (tous noms Lanalogues aux marais et aux roseaux 1] habitéÿ ou au mugissement qu'il y fait entendre); en hol- Jandois, pittoor; en angloïs, bittern, ou mire- rum chez les Anglois septenlrionaux, 1 # d'A 6 HISTOIRE NATURELLE. méprendre : ce sont en effet deux familles distinctes, ct assez éloignées pour ne pouvoir se réunir ni même s’allier. Les butors ont les Jambes beaucoup moins longues que les hérons , le corps un peu plus charnu , et le cou très-fourni de plumes , ce qui le fait paroître beaucoup plus gros que celui des hérons. Malgré l'espèce d’insulte attachée à son nom, le butor est moins stupide que le héron, mais il est encore plus sauvage ; on ne le voit presque Jamais ; il n’habite que les inarais d’une certaine étendue où 1} y a beaucoup de jones : il se tient de préférence sur les grands étangs envi- ronnés de bois ; il y mène une vie soli- taire et paisible , couvert par les roseaux, défendu sous leur abri du vent et de la pluie ; également caché pour Île chas- seur qu'il craint, et pour la proie qu'il guette , il reste des jours entiers daus le méme lieu, et semble mettre toute sa sureté dans la retraite et l’inaction , au lieu que le héron, plus inquiet , se remue et se découvre davantage en se mettant fi . en mouvement tous les jours vers le SOI 3 - a 1. - “4 % pas it ee LE cer ES it) D D'RUTONR: ji Ne à c’est alors que les chasseurs l’attendent au bord des marais couverts de roseaux, où - il vient s’abattre : le butor , au contraire, me prend son vol à la méme heure que pour s'élever et s'éloigner sans retour. Ainsi ces deux oiseaux, quoiqu’habitans des mêmes lieux , ne doivent guère se. rencontrer, ct ne se réunissent jamais en . famille commune. Ce n’est qu’en automne et au coucher du soleil, seion Willughby , que le butor prend son essor pour voyager , ou du moins pour changer de domicile. On le prendroit dans son vol pour un héron, si de moment à moment il ne faisoit entendre une voix toute différente , plus retentissante et plus grave, cob, cob : ce cri, quoique désagréable , ne l’est pas autant que la voix éffrayante qui lui a “mérité le nom de butor (boraurus quasë boalus tauri); c’est une espèce de mugis- sement 2: rond qu'il répète cinq où six fois de suite au printemps , et qu’on UE es entend d’une demi-lieue ; la plus grosse contre-basse rend un son moins ronflant sous l’archet : PRET -0n imaginer que “ 6, cette voix épouvantable fût l’accent d'un. tendre amour ? mais ce n’est en effet que le cri du besoin physique et pressant d’une: nature sauvage , grossière et farouche, Jusque dans l'expression du desir ; et ce, .butor une fois satisfait fuit sa femelle et la repousse , lors méme qu’elle le recherche avec empressement * , et sans |. que ses avances aient aucun succès après une première union presque Imomen- tanée : : aussi vivent-ils à part chacun do leur côté. « Il m'est souvent arrivé, dit « ME. Hébert, de faire lever en même temps _ « deux de ces oiseaux ; j'ai toujours re-. «marqué qu'ils partoient à plus de deux « cents pas l’un de l’autre, et qu ils se « posoient à égale ARE », Cependant. * Suivant M. Salerne, c’est la femelle qui fait seule tous les frais de l’amour, de l’éducation et du ménage, tant est grande la paresse du mile. &e C’est elle qui le sollicite et l'invite à l’amour par « les fréquentes visites qu’elle lui fait , et par l’abon- « dance des vivres qu’elle lui apporte ». Mais toutes ces particularités, prises d’un ancien discours moral, (Discours de M. de la Chambre sur l’amitë),, ge sont apparement que lé roman de l’oiseau. } l é . bug” péter ES | Le Lire de CAS Sur Art DU BUTOR. ( il faut croire que ies accès du besoin et les approches instantanées se répètent peut-être à d'assez grands intervalles , s’ilest vrai que le butor mugisse tant qu’il est en amour ; car ce mugissement com- mence au mois de février *, et on l’en- tend encore au temps de la moisson. Les gens de la campague disent que, pour faire ce cri mugissant , le butor plonge le bec dans la vase : le premier ton de ce bruit énorme ressemble en effet à tire forte aspiration , et le second à une expi- ration L'ÉMAIM METRE dans une cavité 2 T C’est sûrement ces cris du butor dont 1l s’agit dans le passage des Problèmes d’Aristote où .1l parle de ce niugi: ciment pareil à celui d’un tau- réau, qui se fait entendre au printemps du fond des marais, et dont 1l cherche une explication phy-- sique dans des vents emprisonnés sous les eaux et sortant des cavernes : le peuple en rendoit des rai- sons superstitieuses, et ce n’étoit réellement que le cri d'un oiseau. : 2 Aldrovande a cherché quelle étoit la confor- äation de la tracl“e-arière , relativement à la pro- duction de ce son extraordinaire. Plusieurs oiseaux d’eau , à voix éclatante, comme le cygne, ont un gouble larynx : le butor, au contraire, n'en a [à 7 R?. “he EU A EN 10 HISTOIRE NATURELLE Mais ce fait supposé est très - difficile à ‘vérifier ; car cet oiseau est toujours si - caché, qu'on ne peut le trouver mile voir de près: les chasseurs ne parviennent aux endroits d'où il part qu’en traversant les roseaux , souvent dans l’eau jusqu’au- dessus du genou. À toutes ces précautions pour se rendre invisible et inabordable, le butor semble ajouter une ruse de déhiance : il tient sa tête élevée ; et comme il a plus de deux pieds et demi de hauteur, il voit par- dessus les roseaux sans être M SEC du chasseur. Il ne change de lieu qu’à l’ap- proche de la nuit dans la saison d'au- tomne , et il passe le reste de sa vie dans une inaction qui lui a fait donner par Aristote le surnom de paresseux : tout son mouvement se réduit en effet à se Jeter sur une grenouille ou un petit poisson : poin! ; mais la trachée, à sa bifurcation, forme deux poches enflées, dont les anneaux de la trachée ne garnissent qu'un côté; l’autre est recouvert d’une peau mince , expansible, élastique : c’est de ces : poches enflées que l’air retenu se précipite en mu- &'ssant, DU BUTOR. IX qui vient se livrer lui-même à ce pêcheur indolent. Le nom d’asterias ou de stellaris donné au butor par les anciens , vient, suivant Scaliger , de ce vol du soir par lequel il s’élance droit en haut vers le ciel, et. semble se perdre sous la voûte étoilée: d’autres tirent l’origine de ce nom des taches dont est semé son plumage , les- quelles néanmoins sont disposées plutôt en pinceaux qu'en étoiles : elles chargent tout le corps de mouchetures ou hachures noirâtres ; elles sont jetées transversale- _ ment sur le dos dans un fond brun fauve, et tracées longitudinalement sur fond blanchâtre , au - devant du cou , à la poitrine et au ventre. Le bec du butor est de la méme forme que celui du héron ; sa couleur , comme celle des pieds, est vérdatre : son ouverture est très-large ; 1l est fendu fort au-delà des yeux, telle- nent qu’on les diroit situés sur la mandi- bule supérieure. L'ouverture de l'oreille “est grande. La langue courte et aiguë ne Ya pas jusqu'à moitié du bec ; mais la gorge est capable de s'ouvrir à y loger le poiug. SC A PA, | 2 HISTOIRE NATURELL Ses longs doigts s’accrochent aux roseaux; et servent à le soutenir sur leurs débris flottans !. 11 fait grande capture de gre- nouilles : en automne , il va dans les bois : chasser aux rats, qu’il prend fort adroi- tement et avale tout entiers ; dans cette saison , il devient fort gras. Quand il est pris, dé ’irrite ; se défend et en veut sur+: tout aux yeux. Sa chair doit être de mau- vais goût , quoiqu'on en manseñt autre fois dans le même temps que celle du héron faisoit un mets distingué. Les œufs du butor sont gris blanc verdâtre : il en fait quatre ou cinq, posé son nid au milieu des roseaux , sur uné touffe de jones ; et c’est assurément par erreur , et en confondant le héron et le butor , que Belon dit qu’il perche son nid au haut des arbres”, Ce naturaliste paroît 1 La grande longueur des ongles, et particuliè- rement de celui de derrière, est remarquable. Al- drovande dit que de son temps on s’en servoit en forme de cure-dent. | ? Gesner ne connoît pas mieux sa nichée quand il dit qu’on y trouve douze œuls, DU BUTOR. 13 _&e tromper également en prenant le butor pour l’onocrotale de Pline , quoique dis+ tingué d’ailleurs , dans Pline mème, par des traits assez reconnoissables: Au reste ce n’est que par rapport à son mugisse- ment si gros, suivant l'expression de Belon, qu'il n'y a bœuf qui pét crier CA haut, que Pline a pu appeler le butor un petit oiseau ; si tant est qu'il faille, avec Belon , appliquer au butor le passage dé ce naturaliste où il parle de l'oiseau zaurus qui se trouve, dit-il, dans le terri- toire d'Arles, et fait entendre des z2ugis- semens pareils à ceux d'un bœuf. Le butor se trouve par-tout où 1l y a des marais assez grands pour lui servir de retraite : on le connoît dans la plupart dé nos provinces ; il n’est pas rare en Angle- terre , et assez fréquent en Suisse et en Autriche ; on le voit aussi en Silésie, en Danemarck , en Suède. Les régions les plus septentrionales de l'Amérique ont de meme leur espèce de butor , et l’on en trouve d’autres espèces dans'les contrées méridionales. Mais il paroît que notre butor , moins dur que le héron , ne sup 2 14 HISTOIRE NATURELLE porte pas nos hivers, et qu’il quitte le pays quand le froid devient trop rigou- reux : d'habiles chasseurs nous assurent ne l'avoir Jamais rencontré aux bords des ruisseaux ou des sources dans le temps des grands froids ; et s’il lui faut des eaux tranquilles et des marais , nos lougues gelées doivent être pour lui une saison d’exil. Willughby semble lPinsi- nuer, et regarder son vol élancé , après le coucher du soleil en automne , comme un départ pour des climats plus chauds. Aucun observateur ne nous a donné de meilleurs renseignemens que M. Baillon, sur les habitudes naturelles de cet oiseau. Voici l'extrait de ce qu'il a bien voulu m'en écrire. « Les butors se trouvent dans presque «toutes les saisons de l’année à Mon- «treuil-sur-mer et sur les côtes de « Picardie , quoiqu'ils soient voyageurs : «ou les voit en grand nombre dans le «mois de décembre ; quelquefois une «seule pièce de roseaux en cache des « douzaines. « Il y a peu d'oiseaux qui se e défendent \ DU BUTOR. We: _« avec autant de sang-froid : ii n’attaque « jamais ; mais lorsqu'il est attaqué, il « combat courageusement, et se bat bien «sans se donner beaucoup de mouve- « ment. Si un oiseau de proie fond sur «lui, il ne fuit pas; il l'attend debout, « et le recoit sur le bout de son bec, qui _ «est très-aigu : l'ennemi blessé s'éloigne « en criant. Les vieux buzards n’attaquent « Jamais le butor ; et les faucons com- «muns ne le prennent que par-derrière et « lorsqu'il vole. Il se défend même contre « le chasseur qui l’a blessé; au lieu de « fuir, il l'attend, lui lance dans les jambes « des coups de bec si violens , qu'il perce « les bottines et pénètre fort avant dans « les chairs : plusieurs chasseurs en ont «été blessés grièvement. On est obligé « d’assommer ces oiseaux , car ils se dé- « fendent jusqu’à la mort. « Quelquefois, mais rarement, le butor « se renverse sur le dos, comme Îles oi- « seaux de proie, et se défend autant des «griffes, qu'il a très-longues, que du « bec : il prend cette attitude lorsqu'il est « surpris par un chien. 16 HISTOIRE NATURELLE « La patience de- cet oiseau égale som courage; il demeure, pendant des heures « entières, immobile, les pieds dans l’eau « et caché par les roseaux; il y guette les anguilles et les grenouilles. Il est aussi « indolent et aussi mélancolique que la « cigogne : hors Le temps des amours, où «il prend du mouvement et change de «lieu , dans Îes autres saisons on ne « peut le trouver qu'avec des chiens: « C’est dans les mois de février et de mars «que les mâles jettent , le matin et Île «soir, un cri qu’on pourroit comparer à « l'explosion d’un fusil d’un gros calibre. « Les femelles accourent de loin à ce cri: « quelquefois une douzaine entoure un « seul mâle ; car, dans cette espèce, « comme dans celle des canards , il existe « plus de femelles que de mâles : ils piaf- « fent devant elles, et se battent contre « les mâles qui surviennent. Ils font leur « nid presque sur l’eau , au milieu des « roseaux , dans le mois d’avril ; le temps « de l’incubation est de vingt-quatre à « vingt-cinq jours. Les jeunes naissent « presque nuds, et sont d’une figure hi À R : AE PER OT DU BUTOR. de _« deuse; ils semblent n'être que côu et « jambes : ils ne sortent du nid que pius « de vingt Jours après leur naissance; le « père et la mère les nourrissent, dans les « premiers temps , de sangsues, de lé- « zards et de frai de grenouilles, et en « suite de petites anguilles. Les premières « plumes qui leur viennent sont rousses , « comme celles des vieux; leurs pieds et « le bec sont plus blancs que verds. Les « buzards, qui dévastent les nids de tous « les autres oiseaux de marais, touchent « rarement à celui du butor ; le père et la «mère y veillent sans cesse, et le dé- « fendent : les enfans n’osent en appro- _ « cher, ils risqueroient de se faire crever « les yeux. «Il est facile de distinguer les butors « mâles par la couleur et par la taille, « étant plus beaux , plus roux et plus « gros que les femelles : d’ailleurs ils ont «les plumes de la poitrine et du cou « plus longues. « La chair de cet oiseau, sur-tout celle « des ailes et de la no dE nbr, est assez « bonne à manger , pourvu que l’on en 2 VON TU M D de DE cn Se ou à . x5 HISTOIRE NATURELLE « Ôte la peau, dont les vaisseaux Capil= « laires sont remplis d’une huile âcre ct « de mauvais goût, qui se répand dans « les chairs par la cuisson, et lui donne « alors une forte odeur de marécage. » RTS LA U X DE L'ANCIEN CONTINENT QUI ONT RAPPORT AU BUTOR. LE GRAND BUTOR. Première espèce. Grsxer est le premier qui ait parlé de _ cet oiseau, dont l’espèce nous paroît faire la nuance entre la famille des hérons et celle des butors. Les habitans des bords du lac Majeur en Italie l’appellent rufey, suivant Aldrovande. Il a le cou roux avec des taches de blanc et de noir ; le dos et les ailes sont de couleur brune, et le ventre est roux. Sa longueur, de la pointe du bec à l'extrémité de la queue, est au moins de trois pieds et demi, et jusqu'aux _ ougles, de plus de quatre pieds ; le bec a huit pouces , il est jaune ainsi que les y A RAR RON EN 0 Es en ln 2 HISTOIRE NATURELLE pieds. La figure, dans Aldrovande, pré- sente une huppe dont Gesner ne parle pas ; mais il dit que le cou est grêle, ce qui semble indiquer que cét oiseau n’est pas un franc butor : aussi Aldrovande remarque-t-1l que cette espèce paroît mé- langée de celle du héron gris et du butor, et qu’on la croircit métive de l’un et de l’autre , tant elle tient du héron gris par Ja tête, es taches de la poitrine, la cou- _Jeur de dos et des ailes, et la grandeur, en même temps qu’elle ressemble au butor par LL: jambes et par le reste du plumage, à l'exception qu'il n’est point” tacheté, . . iRésSss ARE : Aa a ri “ o à DES OISEAUX ÉTRANGERS. 2x \ LE PETIT BUTOR. Seconde espece. Crrrr petite espèce de butor, vue sur le Danube par le comte Marsigli, a le plumage roussâtre, rayé de petites lignes brunes; le devant du cou blanc, et la queue blanchâtre. Son bec n’a pas trois pouces de long. En jugeant, par cette _ longueur du bec, de ses autres dimen- sions que Marsigli ne donne pas, et en les supposant proportionneltes , ce butor doit être le plus petit de tous ceux de notre continent. Au reste , nous devons observer que Marsigli paroît se contredire sur les cou- leurs de cet oiseau, en l’appelant ardea viridi-flavescens. \ 4Y 22 HISTOIRE NATURELLE LE BUTOR BRUN RAYÉ. Troisième espèce. C’rsr encore ici un oiseau du Danube. Marsigli le désigne par le nom de butor brun, et le regarde comme faisant une espèce particulière. Il est aussi petit que le précédent; tout son plumage est rayé de lignes brunes, noires et-roussâtres, mélées confusément , de manière qu'il en résulte en gros une couleur brune. DES OISEAUX ETRANGERS. 23 LE BUTOR RO U x. Quatrième espèce. Tour le plumage de ce butor est d'une couleur uniforme, roussâtre clair sous le corps, et plus foncé sur le dos; les pieds sont bruns , et le bec est jaunâtre. Aldrovande dit que cette espèce lui a été envoyée d'Épidaure , et il y réunit celle d'un Jeune butor pris dans les marais près de Bologne, qui même n’avoit pas encore les couleurs de l’âge adulte. Il ajoute que cet oiseau lui a paru apparte- nir de plus près aux butors qu’aux hérons. Au reste , il se pourroit, suivant la con- Jecture de M. Salerne , que ce füt cette méme petite espèce de butor qui se voit quelquefois en Sologne, et que l’on y -connoît sous le nom de guoimeau. Marsi- gli place aussi sur le Danube cette espèce, qui est la troisième d’Aldroyande; et les 7. nt | VimEl 2 TAPER OT 24 HISTOIRE NATURELLE auteurs de l'Ornithologie italienne disent qu’elle est naturelle au pays de Bologne. Il paroît qu’elle se trouve aussi en Al- sace; car M. le docteur Hermann nous & mandé qu'il avoit eu un de ces butors roux qui a constamment refusé toute nourriture , et s’est laissé mourir d’ina- uition. Il ajoute que, malgré ses longues jainbes , ce butor mortoit sur un petit arbre dont il pouvoit embrasser la tige en tenant le bec et le cou verticalement et dans la meme ligne. Ca _ ss “ar grade Ve te re VO NÉ LA ONE DES OISEAUX ÉTRANGERS. 25 » LEPETIT BUTOR DU SÉNÉGAL *. Cinquième espèce. Nov s rapporterons aux butors l'oiseau donné dans nos planches enluminées sous le nom de petit héron du Sénégal, qui en effet paroît, à sou cou raccourci ct bien garni de plumes, être un butor plutôt qu'un héron. Il est aussi d’une très-petite espèce , puisqu'il n’a pas plus d’un pied de longueur. Il est assez exactement re- présenté dans la planche pour que l’on m’ait pas besoin d'une autre description, * Voyez les planches enluminées, n° 315. RMS ae 0 26 HISTOIRE NATURELLE È L LE POUACRE, Oo UÙU BUTOR TACHET É. Sixième espèce. * Les chasseurs ont donné le nom de pouacre à cet oiseau. Sa grosseur est celle d’une corneille ; et il a plus de vingt pouces du bec aux ongles. Tout le fond de son plumage est brun , foncé aux pennes de l'aile, clair au-devant du cou et au-dessous du corps; parsemé sur la tête, le dessus du cou, du dos, et sur les épaules, de petites taches blanches placées à l’extrémité des plumes : chaque penne de l’aile est aussi terminée par une tache blanche. Nous lui rapporterons le pouacre de Cayenne , représenté dans nos planches enluminées, n° 959, qui paroît n’en dif-. DES OISEAUX ÉTRANGERS. 27 férer qu'en ce que le fond du plumage sur le dos est plus noirâtre , et que le de- vant du corps est tacheté de pinceaux bruns sur fond blanchâtre, légères diffé- rences qui ne paroissent pas caractériser assez une diversité d’espèce entre ces oi- seaux , d'autant plus que la grandeur ee la même. 25 HISTOIRE NATURELLE OISEAUX DU NOUVEAU CONTINENT QUI ONT RAPPORT AU BUTOR. L'ÉTOTILE: Première espèce. NS RER CPE . oiseau est le-butor brun de la Ca-. roline de Catesby; il se trouve aussi à la Jamaïque, et nous lui donnons le rom d’éfoilé, parce que son plumage, entière- ment brun, est semé sur l'aile de quel- ques taches blanches jetées comme au “huswd dans cette teinte obscure. Ces taches lui donnent quelque rapport avec . l'espèce précédente. Il est un peu moins . grand que le butor d'Europe; il fréquente Ïes étangs et les rivières loin de la mer, à _ DES OISEAUX ÉTRANGERS. 29 ét dans les endroits les plus élevés du pays. Outre, cette espèce, qui paroît ré- paudue dans plusieurs contrées de l’Amé- rique septentrionale , il paroît qu'il en existe une autre vers la Louisiane, plus semblable à celle d'Europe. 8 FPT à DEL PRE tte: 14 d'u HISTOIRE NATURELLE ; LE BUTOR J AU NE D U-B RE S'TL. | Seconde espèce. Pan les proportions mêmes que’ Marc- grave donne à cet oiseau en le rappor- tant aux hérons , on juge que c’est plutôt un butor qu’un héron. La grosseur du corps est celle d’un canard : le cou est. long d’un pied ; le corps, de cinq pouces et demi ; la queue, de quatre; les pieds et la jambe , de plus de neuf. Tout le dos, avec l’aile, est en plumes brunes lavées de jaune; les pennes de laile sont mi-par- ties de noir et de. cendré, et coupées transversalement de lignes blanches; les longues plumes pendantes de la tete et du cou sont d’un Jaune pâle ondé de noir; celles du bas du cou, de la poitrine et du ventre , sont d’un blanc ondé de brun et frangées de Jaune alentour. N'us remarquerons , comme chose sin- gulière, qu’il a le bec dentelé vers la pointe, tant en bas qu’en haut. kr. “M4 LOT € . * ra | DES OISEAUX ÉTRANGERS. 3% LE PETIT BUTOR DE CAYENNE®*. Troisième espèce. Cs petit butor n’a guère qu’un pied ou treize pouces de longueur. Tout sou plu- mage , sur un fond gris roussâtre, est tacheté de brun noir par petites lignes transversales très-pressées, ondulantes, et comme vermiculées en forme de zig- gags et de pointes au bas du cou, à l'estomac et aux flancs ; le dessus de la tête est noir. Le cou, très-fourni de plumes, paroît presque aussi gros que le corps. * Voyez les planches enluminées, n° 763. À bei PET A UT NT I OR PP UE a .! ga HISTOIRE NATURELLE “A L E :B CPR DE LA BAIE D'HUDSON. Quatrième espèce. cisennns | Là livrée commune à tous les butors est un plumage fond roux ou roussâtre plus ou moins haché et coupé de lignes et: de traits bruns ou noirâtres ; et cette li- vrée se retrouve dans le butor de la baie: _d’Hudson.Il est moins gros quecelui d'Eu- rope ; sa longueur , du bec aux ongles, m'est guère que de deux pieds six pouces. | .TG4 7 NE 7, à « DES OISEAUX ÉTRANGERS. 33. L’'ONORE* Cinquième espèce. nn 2 | Nous placons à la suite des butors du nouveau continent, les oiseaux nommés onorés dans nos planches enluminees. Ce nom se donne, à Cayenne, à toutes les espèces de hérons : cependant les anorés dont il s'agit ici, nous paroissent se rap- porter de beaucoup plus près à la famille du butor ; ils en ont la forme et les cou- leurs , et n’en diffèrent qu’en ce que leur cou est moins fourni de plumes, quoique plus garni et moins gréle que le cou des hérons. Ce premier onoré est presque aussigrand , mais un peu moins gros que ie butor d'Europe; tout son plumage est agréablement marqueté et largement cou- pé par bandes noires transversales, en 2igzags , sur fond roux au-dessus dit corps, et gris blanc au-dessous. Ë Voyez les p'auches enluninmées, n° 7090, sous la dénomination d’onoré de Ehgonss } 34 HISTOIRE NATURELLE 4 2 dé dé L'ONORÉNANWE. Sixième espèce. Crrre espèce est un peu plus grande que la précédenté , et la longueur de l'oiseau est de deux pieds et demi. Les grandes pennes de l'aile et la queue sont noires ; tout le manteau est joliment ou- vragé par de petites lignes très - fines de roux, de jaunâtre et de brun, qui courent trarsversalement en oudulant et formant des demi-festons ; le dessus du cou et la tête sont d’un roux vif, coupé encore de petites lignes brunes ; le devant du cou et du corps est blanc, légèrement marqué de quelques traits bruns. | .Ces deux espèces d’onorés nous ont été envoyées par M. de la Borde, médecin du roi à Cayenne. Ils se cachent dans les ravines creusées par les eaux dans les * Voyez les planches enluminées, n° 860. | $ “_ DES OISEAUX ÉTRANGERS. 95 savanes , et ils fréquentent le bord des rivières. Pendant les sécheresses, ils se tiennent fourrés aans les herbes épaisses. Is partent de très-loin , et on n’en trouve Jamais deux ensemble. Lorsque l’on en blesse un, il ne faut lapprocher qu'avec précaution : car il se met sur la défen- sive , en retirant le cou et frappant un grand coup de bec, et cherchant à lé diriger dans les yeux. Les habitudes de lonoré sont les mémes que celles de nos hérons. M. de la Borde a vu un onoré privé, ou. plutôt captif, dans une maisou: il y étoit continuellement à laïfut des rats ; il les attrapoit avec une adresse supérieure à célle des chats. Mais, quoiqu'il füt depuis deux ans dans la maison , il se tenoit tou- jours dans des endroits cachés ; et quand on l’approchoit, 1l cherchoit, d’un air menacant , à fixer les yeux. Au reste, Vüne et l’autre espèce de ces onvrés pa- Troissent être sédentaires chacune dans leur contrée, et toutes deux sont assez rares. | N EL RE (te 3 HISTOIRE NATURELLE #. L ONORÉ DES BOIS. 4 Septième espèce. fi Ti $ ”. Ox appelle ainsi cette espèce à la Guiane: Nous lui laissons cette dénomination, sui- vant notre usage de conserver aux espèces étrangères Le nom qu'elles portent dans leur pays natal, puisque c’est le seul moyen pour les habitans de les recon- noître , et pour nous de les leur deman- der. Celle-ci se trouve à la Guiane et au Bresil. Marcgrave la comprend , sous le nom générique de soco, avec les hérons à inais elle nous paroît avoir beaucoup de rapport aux deux espèces précédentes d'onorés, et par conséquent aux butors. Le plumage est , sur le dos, le croupion,, les épaules, d'un noirâtre ‘tout pointes de jaunâtre; et ce qui n *est pas ordi= naire, ce plumage est le méme sur lai poitrine, le ventre et les côtés ; le dessus» Ab eu +0 tal 1 .—. trois Te Cr, et. espec N ME ou Ne + de” : et lugubre qu’il fait la nuit. C’est le seul : reau ait avec le cor-" ble au héron par la. forme el de du corps : maisilen diffère ce qu il a le cou plus court et. plus fourni , la tête plus grosse, et le bec ! À moins efñlé et plus épais ; il est aussi plus petit, n'ayant qu'environ vi pouces de longueur. Son plumage est. noir , à reflet verd sur la tête et la nuque, verd obscur sur ne — de perle sur \# Voyez les planches idees n° 758, Il | miâle, et n° 759, la femelle. | En allemand, nacht-rab, bundter-reger, shit | reger; en anglois, ighi-r rapen; Ch flamand, quagk; en vieux francois à LE BIHOREFAU. 1 Pouquet- P. a HISTOIRE NATURELLE. ?9 éet la queue, et blanc sur le reste pe vx Fr . eh sur la Lu déliés, d’ un ré à: neige , et qui ont jusqu’à cinq pouces de lon- gueur? De toutes les plumes d’aigrette, celles-ci sont les plus belles et les plus précieuses ; - elles tombent au printemps 4 et ne se renouvellent qu’une fois par an. La feinelle est privée de cet ornement, et elle est assez différente du mâle pour avoir été méconnue par quelques naturalistes. La neuvième espèce de héron de M. Bris- son n’est en effet que cette même femelle. Elle a tout le manteau d’un cendré rous- sâtre, des taches eu pinceaux de cette - même teinte sur le cou, et le dessus du corps gris blanc. | Le bihoreau niche dans les rochers, suivant Belon , qui dérive de là son an- cien nom 7ovpeau ; mais, selon Schwenck- feld et Willughby, c’est sur les aunes, près des marais, qu’il établit son nid : ce qui ne peut se concile qu’en supposant que cesloiseaux changent d'habit itude à cet égard suivant les circonstances ; en sorte dit. é/ L + Ê FPOATR INA PE USE 40 HISTOIRE NATURELLE que’ dans les plaines de la Silésie la Hollande ils s’établissent surtles ar aquatiques, au lieu que sur les côtes de Bretagne, où Belon les a vus ils nichent dans les rochers. On assure que leur ponte est de trois qare œufs blancs. . € Le bihoreau paroît être un oiseau de. passage : Belon en a vu un exposé sur le marché au mois de mars; Schwenckfeld assure qu'il part de Silésie au commence- ment de l’automne, et qu'il revient avec les cigognes au printemps. Il fréquente également les rivages de la mer et les rivières ou marais de l’intérieur des terres ; on en trouve en France dans la Sologne, en Toscane sur les lacs de Fucecchio et de Bientine : mais l'espèce en est par-tout plus rare que celle du héron ; elle est aussi moins répandue , et ne s’est pas étendue jusqu’en Suède *. Avec des jambes moins hautes et um cou plus court que le héron , le bihoreau cherche sa pâture moitié dans l’eau, moi- tié sur terre, et vit autant de grillons , * Nous en jugeons par le silence que garde sur gelte espèce M. Linnæus dans son Fauna suecicqe il 4 “ { à t } : el [à ; V P FE È | : E F “ À! 4 L YŸ 2 i r e de de Fu | h " Æa DUB THOM EAU. 4 de limaces et autres insectes terrestres " que de grenouilles et de poissons. Il reste caché pendant le jour , et ne se met en mouvement qu’à l'approche de la nuit ; c’est alors qu'il fait entendre son cri £a, Aa, ka, que Willughby compare aux sanglots du vomissement d’un homme. Le bihoreau a les doigts très-longs ; les pieds et les Jambes sont d’un jaune ver- dâtre ; le bec est noir * et légèrement arqué dans la partie supérieure ; ses yeux sont brillans , et l'iris forme un cercle rouge ou jaune aurore autour de la prunelle. * Schwenckfeïid paroît se tromper sur la couleur des pieds et sur celle du bec ; mais Klem se trompe davantage en exagérant lesexpressions de Schwenck- feld, qu'il trauscrit. Schwenckfeld dit, rostrum obscurè rubet.... crura nigricant cum rubedine : Klein écrit, rostro sanguineo prout et pedes ; ce qui ne peut jamais convenir au bihoreau, et le rend : réconuoissable. 43 HISTOIRE NATURELLE. ne. LE BIHOREAU DE CAYENNE *. = Cr bihoreau d'Amérique est atissi grand. que celui d'Europe ; mais il paroît moins -&ros dans toutes ses parties : le corps est plus menu ; les jambes sont plus hautes ; le cou, la tête et le bec sont plus petits. Le pluraage est d’un cendré bleuâtre sur le cou et au-dessous du corps ; le manteau est noir, frangé de cendré sur chaque plume ; la tête est enveloppée de noir, et le sommet en est blanc ; il y a aussi un trait blanc sous l'œil. Ce bihoreau porte un panache composé de cinq ou six brins, dont les uns sont blancs , et les autres noirs. | * Voyez les planches enluminées, n° 699. / ÉOMBRETITE * / C’s5% à M. Adanson que nous devons la connoissance de cet oiseau , qui se trouve au Sénégal. Il est un peu plus grand que le bihoreau ; la couleur de terre d'ombre ou de gris brun foncé de soi plu- mage lui a fait donner le nom d’ombrefte. Il doit être placé, comme espèce anomiale, entre les genres des oiseaux de rivage ; car on ne peut le rapporter exactement à aucun de ces genres. Il pourroitapprocher de celui des hérons , s’il n’avoit un bec d’une forme entièrement différente, et qui même n'appartient qu’à lui. Ce bec, très-large et très-épais près de la tête, s’alonge en s’applatissant par les côtés ; larête de la partie supérieure se relève dans toute sa longueur, ct paroît s’en détacher par deux rainures tracées de chaque côté ; ce que M. Brisson exprime en disant que le bec semble composé de * Voyez les planches enluminées , n° 706. + 44 HISTOIRE NATURELLE: & plusieurs pièces articulées ; et cette arête, rabattue sur le bout du bec, se termine en pointe recourbée. Ce bec est long de trois pouces trois lignes : le pied, joint à a partie nue de la jambe, a quatre pouces et demi; cette dérnière partie seule, a deux pouces. Ces dimensions ontété prises sur un de ces oiseaux, conservé au Cabinet du roi : M. Brisson semble en donner de plus grandes. Les doigts sont engagés vers la racine par un commencement de mem- brane plus étendue entre le doigt exté- rieur et celui du milieu ; le doigt posté- “rieur n’est point articulé, comme dans les -hérons , à côté du talon, mais au ‘talon même. | St w + NÉR COURLIRI, COURLAN*. Lx nom de courlan ou courliri ne doit pas faire imaginer que cet oiseau ait de grands rapports avec les courlis ; 1l en a beaucoup plus avec les hérons , dont il a la stature et presque la hauteur. Sa lon- gueur , du bec aux ongles, est de deux pieds huit pouces ; la partie nue de la jambe, prise avec le pied, a sept pouces;le bec en a quatre : il est droit dans presque toute sa longueur ; ilse courbe foiblement : vers la pointe , et ce n’est que par ce rap- port que le courlan s'approche descourlis, dont il diffère par la taille, et toute l’ha- bitude de sa forme est très-ressemblante à celle des hérons. De plus, on voit à l’ongle du grand doigt la tranche sad- # Voyez les planches enluminées, n° 648. | 46 HISTOIRE NATURELELE., lante du côté intérieur, qui représente _ Fespèce de peigne dentélé de l’ongle du. béron. Le plumage du courlan est d’un beau brun, qui devient rougeâtre et cui-. vreux aux grandes pennes de l'aile et de la queue ; chaque plume du cou porte dans son milieu un trait de pinceau blanc. Cette espèce est nouvelle, et nous a été _ envoyée de Cayenne sous le nom de cour- diri, d’où on lui a donné celui de courlan dans nos planches enluminées. SAVACOU . J Pauguet- P D LV A COL Lu 6e WE nt 48 ; 4 Lx savacou est naturel aux régions de la Guiane et du Bresil. Il a assez la taille et les proportions du bihoreau ; et par les traits de conformation , comme par la manière de vivre, il paroîtroit avoisiner la famille des hérons, si son bec large et - Simgulièrement épaté ne l'en éloignoit beaucoup , et ne le distinguoit même de tous les autres oiseaux de rivage. Cette large forme de bec a fait donner au sava- cou le surnom de cuiller. Ce sont en ef- fet deux cuillers appliquées l’une contre Vautre par le côté concave; la partie su- périeure porte sur sa éaletiire deux rai- nure profondes qui PE des narines, et se prolongent de manière que le PTE forme une arête élevée, qui se termine par une petite pointe crochue ; la moitié inférieure de ce bec , sur laquelle la supé- * * Voyez les planches enluminées, nos 38 et 869. Sasacou ou saouacou , à Cayenne ; rapapa , par les sauvages Garipanes ; 1amalia , au Bresil. 45 HISTOIRE NATURELLE L rieure s’emboîte, n’est, pour ainsi dire ; | qu’un cadre sur lequel est tendue la peau” prolongée dela gorge. L’uneetl’autreman-« dibule sont tranchantes par les bords, e orne solide et très-dure.. Ce beë a quatre pouces des angles à la pointe, et vingt lignes dans la plus grande largeur. Avec une arme si forte, qui tranche et coupe , et qui pourroit rendre le sava=. cou redoutable aux autres oiseaux , 1l paroît s’en tenir aux douces habitudes” d’une vie paisible et sobre. Si l’on pouvoit* inférer quelque chose de noms appliqués par les nomenclateurs, un de ceux que lui donne Barrère nous indiqueroit qu’il ‘vit de crabes ; mais, au contraire , il semble s'éloigner par goût du voisinage de la mer : il habite les savanes noyées, et se tient le long des rivières où la ma rée ne monte point ; c’est là que , perché sur les arbres aquatiques, il attend le passage des poissons, dont il fait sa proie, et sur lesquels il tombe en plongeant et se relevant sans s'arrêter sur l’eau. IL marche le cou arqué et le dos voûté, dans une attitude qui paroît gênée, et D'USS À V A:C'O: U: | 4ÿ avec un air aussi triste que celui du hé- ron. Il est sauvage et se tient loin des lieux habités. Ses yeux , placés fort près de la racine du bec, lui Jon Lt farouche. Lorsqu’ il ask pris , il fait son bec, et, dans la colère citation, il cie Les longues plumes she se desatête. Barrère a fait trois espèces de savacous, que M. Brisson réduit à deux, et qui pro- bablement se réduisent à une seule. En effet , le savacou gris et le savacou brun ne diffèrent notablement entre eux que par le long panache que porte le dernier; et ce panache pourroit être le caractère du mâle : l’autre, que nous soupconnons être la femelle, a un commencement où un indice de ce même caractère dans les plumes tombantes du derrière de la tête ; et pour la différence du brun au gris dans leur plumage, on peut d'autant plus la regarder comme étant de sexe ou d'âge, qu'il existe dans le savacou varié * une nuance qui les rapproche. Du reste, les * Rapporté de Cayenne par M. Sonimi, * x f 5o HISTOIRE NATURELLE formes et les proportions du savacou gris et du savacou brun sont entièrement les mêmes ; et nous sommes ‘d'autant plus. portés à n’admettre 1c1 qu’ une seule es- pèce , que la Nature, qui semble les mul- tiplier en se jouant sur les formes com- munes et les traits du plan général de ses ouvrages, laisse, au contraire, comme isolées et jetées aux confins de ce plan, les formes singulières qui s’éloignent de cette forme ordinaire, comme on peut le voir par les exemples de la spatule, de l’avocette, du phénicoptère, etc., dont vies espèces sont uniques , et n’ont que peu ou point de variétés. Le savacou brun et huppé (planches FPE 1h F 1 r 0 ; « (1 ce enluminées, n° 869), que nous prenons pour le mâle, a plus de gris roux que. de gris bleuâtre dans son manteau ; les plumes de la nuque du cou sont noires et forment un panache long de sept à huit pouces, tombant sur le dos. Ces plumes sont flottantes , et quelques unes ont jusqu’à huit lignes dè largeur. _ Le savacou gris (planches enluminées, n° 58 ), qui nous pareît être la femelle, DEbS.AV A C OU. Sy a tout le manteau gris blanc bleuâtre, ! avec une petite zone noire sur le haut du dos ; le dessous du corps est: noir mêlé de roux; le deyant du cou et le front sont blancs ; la coiffe de la tête, tom- bant derrière en pointe , est d’un noir bleuâtre. L'un et l’autre ont la gorge nue : la peau qui la recouvre, paroît susceptible d’un renflement considérable ; c’est appa- remment ce que veut dire Barrère par zngluvie extuberante. Cette peau, suivant Marcgrave , est jaunâtre , ainsi que les pieds ; les doigts sont grêles, et les pha | langes en sont LR Qu peut encore remarquer que le doigt postérieur estar- ticulé à côté du talon, près du doigt exté rieur , comme dans 1 hérons. La queue est te. et ne passe pas l’aile pliée. La longueur ele de l’oiseau est d'environ vingt pouces. Nous devons observer que nos mesures ont été prises sur des indivi- dus un peu plus grands que celui qu'a décrit M. Brisson , qui étoit probablement un jeune. # L'A SPATURE | | Qvuorovr la spatule soit d’une figure très-caractérisée , et même singulière , les nomenclateurs n’ont pas laissé de la con-. fondre, sous des dénominations impro- pres et étrangères , avec des oiseaux tout différens : ils l’ont appelée Léron blanc et pélican , quoiqu’elle soit d’une espèce dif- férente de celle du héron , et même d’un genre fort éloigné de celui du véritable … pélican ; ce que Belon reconnoît, en même temps qu’il lui donne le nom de pocée, qui n'appartient encore qu'au pélican De Je lui de cuillér, qui MENT atël le ‘phénicoptère ou flammant, qu'on appelle bec à cuiller, où le savacou , qu’on nomme aussi cuiller. Le nom de pale ou . palette conuviendroit mieux, en ce qu'il se rapproche de celui de snatule que nous * Voÿez les planches enluminées , n° 405. En latin, platea , platelea; en italien , becca- roveglia ; en allemand, pelecan, loeffler; en ans glois, spoonbill, shopel Lei … SET ol | , : & «€ 2 S (ep) < E HISTOIRE NATURELLE. 53 avons adopté, parce qu'il a été recu, ou son équivalent , dans la plupart des lan- gues , et qu'il caractérise la forme extraor- dinaire du bec de cet oiseau. Ce bec ,'ap- plati dans toutesa longueur, s'élargit en effet vers l’extrémité en manière de spa- tule , et se termine en deux plaques arron- dies, trois fois aussi larges que le corps du bec même; configuration d’après la- quelle Klein donne à cet oiseau le sur- mom anomaloroster. Ce bec , anomal en effet par sa forme, l’est encore par sa substance , qui n’est pas ferme, mais flexible comme du cuir, et qui par con- séquent est très-peu propre à l’action que Cicéron et Pline lui attribuent, en appli- quant mal-à-propos à la spatule ce qu’A- ristote a dit, avec beaucoup de vérité, du pélican; savoir, qu’il fond sur les oiseaux plongeurs, et leur fait relâcher leur proie en les mordant fortement par la tete : sur quoi, par une méprise inverse, on a attri- bué au pélicanu le nom de platea, qui appartient réellement à la spatule. Scali- ger , au lieu de rectifier ces erreurs, en ajoute d’autres : après avoir confondu la 5 (84 HISTOIRE NATURELLE spatule et le pélican , il dit, d’après Sui- » das , que le pelicanos est le même que le dendrocolaptès (coupeur d'arbres), qui est le pic * ; et, transportant ainsi la spatule | du bord des eaux au fond des bois, il dui fait percer les arbres avec un bec uni- quement propre à fendre l’eau ou fouiller la vase. En voyant la confusion qu’a répandue sur la Nature cette multitude de méprises scientifiques , cette fausse érudition, en- tassée sans connoissance des objets , et ce chaos des choses et des noms encore obs- curcis par les nomenclateurs, je n'ai pu m'empêcher de sentir que la Nature , par- tout belle et simple, eût été plus facile à connoître en elle-même qu’embarrassée de nos erreurs, ou surchargée de nos méthodes, et que malheureusement on a perdu pour les établir et les discuter , le temps précieux qu’on eût employé à la contempler et à la peindre. | La spatule est toute blanche : elle est de la grosseur du héron; mais elle a les * Voÿez l’histoire du pic, tome XILI de cette Histoire, page 200. DE LA SBPATULE 55 _ pieds moins hauts et le cou moins long, et garni de petites plumes courtes : celles. du bas de la tête sont longues et étroites ; elles forment un panache qui retombe en arrière. La gorge est couverte et les yeux _sont entourés d’une peau nue. Les pieds et le nud de la jambe sont couverts d’une peauü noire, dure et écailleuse ; une por- tion de membrane unit les doigts vers leur jonction , et, par sou prolongement, les frange et les borde légèrement jusqu’à l'extrémité. Des ondes noires transver- sales se marquent sur |e fond de couleur jaunâtre du bec, dont l'extrémité est d’un jaune quelquefois mêlé de rouge ; un bord noir tracé par une rainure _ forme comme un ourlet relévé tout au- tour de ce bec singulier, et l’on voit en dedans une longue gouttière sous la man- dibule supérieure; une petite pointe re- courbée en dessous termine l'extrémité de cette espèce de palette, qui a vingi- trois lignes dans sa plus grande largeur , et paroît intérieurement sillonnée de pe- tites stries qui rendent sa surface un peu rude et moins lisse qu’elle ne l’est en PL \Qn HE From 4 M: 14 “86 HISTOIRE NATURELLE dehors. Près de la tête , la mandibule : supérieure est si large et si épaisse, que le fond semble y être entièrement engagé : les deux mandibules , près de leur ori- gine, sont également garnies intérieure- ment, vers les bords, de petits tubercules ou mamelons sillonnés , lesquels ou servent à broyer les coquillages que le bec de la spatule est tout propre à recueil- lir, ou à retenir et arrêter une proie glissante; car il paroît que cet oiseau se nourrit également de poissons, de coquil- lages, d'insectes aquatiques et de vers. La spatule habite les bords de la mer, et ne se trouve pue rarement dan ali térieur des terres , si ce n’est sur quelques lacs, et passagèrement aux bords des rivières : elle préfère les côtes maréca- geuses ; on la voit sur celles du Poitou , de la Bretagne , de la Picardie et de la Hollande : quelques endroits sont même renommés par l’afluence des spatules qui s’y rassemblent avec d’autres espèces aquatiques; tels sontles marais de Seven- &uis, près de Leyde. Ces oiseaux font leur nid à la sonmuté 1 DRASS MA TULDE, 2e des grands arbres voisins des côtes de la mer , et le construisent de büchettes; ils produisent trois ou quatre petits ; ils font grand bruit sur ces arbres dans le temps des nichées , et y reviennent régu- lièrement tous les soirs se percher pour dormir. | De quatre spatules décrites par MM. de l'académie des sciences , et qui étoient toutes blanches, deux avoient un peu de noir au bout de l'aile; ce qui ne _ marque pas une différence de sexe, comme Aldrovande l’a cru , ce caractère s'étant trouvé également dans un mâle et dans une femelle. La 4 de la spatule est très-petite , de forme triangulaire, et n’a pas trois lignes en toutes dimensions ; l'œsophage se dilate en descendant, et c’est apparemment dans cet élargissement que s'arrêtent et se digèrent les petites moules et autres coquillages que la spa- tule avale, et qu’elle rejette quand la chaleur du ventricule en a fondu la chair; elle a un gésier doublé d’une membrane calleuse , comme les oiseaux granivores ; mais au lieu des cœcum , qui se trouvent 66 HISTOIRE NATURELLE EE Le dans ces oiseaux à gésier, on ne lu remarque que deux petites éminences très-courtes à l'extrémité de Vi/eon ; Îles intestins ont sept pieds de longueur; la trachée-artère est semblable à celle de la grue, et fait dans le thorax une double inflexion ; le cœur a un péricarde , quoiqu’Aldrovande dise n’en avoir PES ATOUVE. _ Ces oiseaux s’avancent en été Jusque dans la Bothnie occidentale et dans la Lapponie, où l’on en voit quelques uns, suivant Linnæus ; en Prusse, où ils ne paroissent également qu’en petit nombre, et où durant les pluies d'automne iis passent en venant en Pologne ; Rzac- zynski dit qu’on en voit, mais rarement, en Volhinie ; il en passe aussi quelques ans en Silésie dans les mois de septembre et d'octobre *; ils habitent, comme nous * Apiar. Siles. page 314. Schwenckfeld en cet endroit paroît confondre le péhican avec la. spatule , puisqu 711 y rapporte, d'après Isidore et saint Jé- xrôme, la fable de la résurrection des petits du pé- lican par le sang qu'il verse de; sa poitrine quand ie serpent les lui à tués. D E) LA; SPATULE:, 39 l'avons dit, les côtes occidentales de la France ; on en retrouve sur celles d’Afri- que , à Bissao , vers Sierra-Leona ; em Égypte , selon Granger ; au cap de Bonne- Espérance , où Kolbe dit qu’ils vivent de serpens autant que de poissons., et où on les appelle stangen-vreeter, mange-ser- peus ; M. Commerson a vu des spatules à Madagascar, où ses insulaires leur don- ment le nom de fangali-am-bava , c'est- à-dire , béche au bec. Les nègres, dans quelques cantons, appellent ces-oiseaux, vang-van;etdans d’autres, vourou-doulon , oiseaux du diable , Par des rapports su- perstitieux*. L'espèce, quoique peu nom- breuse , est donc très-répandue, et semble même avoir fait le tour de l’ancien conti- nent. M. Sonnerat l’a trouvée jusqu'aux îles Philippines; et quoiqu'il en distin- ue deux espèces ; le manque de huppe, qui est la principale différence de l’une à l’autre, ne nous paroît pas former * Les nègres lui donnent ce nom, parce que lorsqu'ils l’entendent, ils s’imaginent que son cri annonce la mort à quelqu'un du village. (Vote laissée par M. Commerson.) F4 Go HISTOIRE NATURELLE ; un caractère spécifique, et, jusqu’à ce. jour, nous ne connoissons qu’une seule! espèce de spatule , qui se trouve être. à peu près la même du nord au midi, dans tout l’ancien continent : elle se trouve aussi dans le nouveau; et quoi- qu'on ait encore ici divisé l'espèce en deux , on doit les réunir en une, et con- venir que la ressemblance de ces spatules d'Amérique avec celle d'Europe est sÿ grande , qu'on doit attribuer leurs petites différences à l'impression du climat. La spatule d'Amérique * est seulement un peu moins grande dans toutes ses dimensions que celle d'Europe. Elle en diffère encore par la couleur de rose ow d’incarnat qui relève le fond blanc de son plumage sur le cou , le des et les flancs; les ailes sont plus fortement colo- rées , et la teinte de rouge va jusqu’au cramoisi sur les épaules et les couvertures de la queue , dont Îles pennes sont rousses ; la côte de celles de.l’aile est mar- quée d’un beau carmin ; la tete, comme * Vovez les planches enluminées , n° 165. S ; Î = DIMATSD A TUE - 61 la gorge, est nue : ces belles couleurs n’appartiennent qu’à la spatule adulte ; car on en trouve de bien moins rouges sur tout le corps et encore presque toutes blanches , quin’ont pointla tête dégarnie, et dont les pennes de l’aile sont en partie brunes, restes de la livrée du premier âge. Barrère assure qu’il se fait dans le plu- mage des spatules d'Amérique , le même progrès en couleur avec l’âge, que dans plusieurs autres oiseaux , comme les courlis rouges et les phénicoptères ou flammans , qui dans leurs premières années sont presque tout gris ou tout blancs , et ne deviennent rouges qu'à la troisième année ; 1l résulte de là que oiseau couleur de rose du Bresil, ou l'ajaia de Marcgrave , décrit dans son premier âge , avec les ailes d’un incarnat tendre , et la spatule cramoisie de Îa nouvelle Espagne , ou la {lauhquechul de Fernandès , décrite dans l’âge adulte , ne sont qu'un seul et même oiseau. Marc- srave dit qu'on en voit quantité sur /& rivière de Saint-François ou de Serégippe , et que sachair est assez bonne. Fernandès | 6 62 HISTOIRE NATURELLE. ‘4 “* lui donne les mêmes habitudes qu'à notre spatule, de vivre, au bord de la mer, y, de petits poissons , qu'il faut lui donner | vivans quand on veut la nourrir en domesticité ! |, ayant, dit-il, expéri- _menlté h "elle ne touche point aux AE morts ? Cette spatule couleur de rose se trouve dans le nouveau continent , comme la blanche dans l’ancien , sur une grande étendue, du nord au midi ; depuis les côtes de la nouvelle Espagne et de la Flo- ride jusqu'à la Guiane et au Bresil : on la voit aussi à la Jamaïque, et vraisembla- blement dans les autres îles voisines. Mais l’espèce, peu nombreuse, n’est nulle part rassemblée :à Cayenne, par exemple, il y a peut-être dix fois plus de courlis 1 La spatule d'Europe ne refuse pas de vivre en captivité. On peut, dit Belon, la nourrir d’intestins de volailles. Klein en a long-temps conservé une dans un jardin, quoiqu'elle eût eu l'aile cassée d’un coup de feu. { 2 C’est apparenrment de cette particularité que, Nieremberg a pris occasion de l'appeler ADIS Di LipOra. MEL SP AT E: 63 que despatules ; leurs plus grandes troupes , sont de neuf ou dix au plus, communé- ment de deux ou trois, et souvent ces oiseaux sont accompagnés des phénicop- tères ou flammans. On voit, le matin et le soir , les spatules au bord de la mer, ou sur des troncs flottans près de la rive ; mais , vers le milieu du jour, dans le temps de la plus grande chaleur, elles entrent dans les criques , et se perchent très-haut sur les arbres aquatiques : néan- moins eiles sont peu sauvages ; elles pas- sent en mer très-près des canots , et se laissent approcher assez à terre pour qu’on les tire, soit posées , soit au vol. Leur beau plumage est souvent sali par la vase où elles entrent fort avant pour pêcher. M. de la Borde, qui a fait ces observations sur leurs mœurs , nous confirme celle de Barrère au sujet de la couleur , et nous assure que ces spatules de la Guiane ne prennent qu'avec l’âge et vers la troisième année cette belle couleurrouge , et que les _ Jeunes sont presque entièrementblanches. M. Baillon , auquel nous devons un grand nombre de bonnes observations , ici ’ k | / x LL | 64 HISTOIRE NATURELLE admet mande que toutes deux passent ordinai- rement sur les côtes de Picardie dans Les mois de novembre et d'avril , et que ni l’une ni l’autre n’y séjournent ; elles s’ar- rêtent un Jour ou deux près de la mer et dans les marais qui en sont voisins : elles ne sont pas en nombre, et paroissent être très-sauvages. La première est la spatule commune , qui est d’un blane fort éclatant , et n’a point de huppe. La seconde espèce est huppée et plus petite que l’autre |, et M. Baillon croit que ces différences, avec quelques autres variétés dans les couleurs du bec et du plumage , sont suffisantes pour en faire deux espèces distinctes et séparées. IL est aussi persuadé que toutes les spa- tules naissent grises comme les hérons- aigrettes, auxquels elles ressemblent par ! la forme du corps , le vol et les autres habitudes ; il parle de celles de Saint- Domingue comme formant une troisième espèce : mais il nous paroït , par. les raisons que nous avons exposées Ci= } 4 L x espèces de spatules , et me br ie À À DES SPA TULDE)L 6 devant, que ce ne sont que des variétés qu'on peut réduire à une seule et mème espèce , parce que l'instinct et toutes les habitudes naturelles qui en résultent, sont les mêmes dans ces trois oiseaux. M. Baillon a observé sur cinq de ces spatules qu'il s’est donné la peine d’ou- vrir , que toutes avoient le sac rempli de chevrettes, de petits poissons et d'insectes _ d’eau ; et comme leur langue est presque nulle, et que leur bec n’est ni tranchant ni garni de dentelures, il paroît qu’elles ne peuvent guère saisir niavaler des anguilles ou d’autres poissons qui se défendent , et | qu'elles ne vivent que de très-petits ani- maux ; ce qui les oblige à chercher conti- nuellement leur nourriture. Il y a apparence que ces oiseaux font, * dans de certaines circonstances, le même claquement que les cigognes avec leur bec ; car M. Baillon en ayant blessé un , observa qu'il faisoit ce bruit de claque- ment et qu'il lexécutoit en faisant mou- voir très-vîte et successivement les deux pièces de son bec, quoique ce bec soit & foible qu’il ne peut serrer le doigt que moilement. £ L bécasse est peut-être de tous les oi seaux de passage celui dont les chasseurs font le plus de cas, tant à cause de l’ex- cellence desa chair que de la facilité qu'ils trouvent à se saisir de ce bon oiseau stu- pide, qui arrive dans nos bois vers le mis lieu d'octobre, en même temps aie grives. La bécasse vieu donc, dans cette saison de chasse abondante, abgéiiite encore la es uté De bon gibier " us 5 En jatin, ee A: à nl : en italien, Decassa, becaccia, gallinella, Écline arciera. Où rusticella et salvatica; en anglois, wood-cock (de 2vood-cock on avoit fait dans l’ancien francois Dit coc , et ensuite »11-de-cog : Belon corrige déja c dénomination ridicule; elle se conserve ent | Normandie). Le mot bécasse s'écrivoit. ‘ancienne ment bequasse. 2? Le temps de sa chasse est Pire Aésigné dans, le poète Nemesianus : Cüm nemus omne suo viridi SP rt = ven, præda est facilis et amcœæna: i : ; à. 70 Pet de _ * Le Dé HISTOIRE NATURELLE. 69 descend alorsdes hautes montagnes oùcelle habite pendant l'été, et d’où les premiers frimas déterminent ‘solépart et nous J'amènent ; car ses voyages ne se font qu’en *HPER dans la région de l'air, et non en longueur, comme se font les migrations des oiseaux qui voyagent de contrée en contrée. ‘C’est des sommets des Pyrénées et des Alpes , où elle passe l'été, qu’elle descend aux premières neiges _ qui tombent sur ces hauteurs dès le com- mencement d'octobre , pour venir dans les bois des collines inférieures , et jusque dans nos plaines. ie Les bécasses arrivent la nuit, et un quefois le jour, par un temps sombre toajours | une à une ou-deux nb et jamais en troupes. Elles s’abattent daxié les grandes haies, dans les taillis, dans les futaies , et préfèrent les bois où il y a beaucoup de terreau et de feuilles tom- bées ; elles s’y tiennent retirées et tapies tout, le jour, et tellement cachées, qu’il faut des chiens pour les faire lever, et souvent elles partent sous les pieds du chasseur. Elles quittent ces endroits four- - | CPAS M L 1 © « misroms NATURELLE "1 “rés ét le fort du bois à l'entrée de la nuit ; pour se répandre dans les clairières , en suivant les sentiers ; elles cherük dif les . ‘terres molles , les pâquis humides à la. ïive du bois, et les petites mares, où. elles vont nt se laver le bec et les pieds qu'elles se sont remplis de terre en cher- chant leur nourriture. Toutes ont les mêmes allures, et l’on peut dire en gé- néral que les bécasses sont des oiseaux sans caractère , et dont les habitudes in- dividuelles dépendent toutes de celles de | espèce entière. a bécasse bat des ailes avec bruit en partant : elle file assez droit dans une fu- taie; mais , dans les taillis , elle est obligée de faire souvent le croi Elle plonge en volant derrière les buissons , pour se dé- rober à l’œil du chasseur. Soi vol , quoi- v'oE que rapide, n’est ni élevé ni lonée tel soutenu ; elle s’abat avec tant de promp- titude , qu’elle semble tomber comme une masse abandonnée à toute sa pesan- teur. 77 d’instans après sa chüûte, elle. court avec vitesse; mais bientôt elle s’ar- rête, élève sa tête, regarde de tous côtés \ P, DEL BÉCASSE. "69 pour se rassurer avant d’enfoncer son bee + ‘dans la terre. Pline compare avecr À ‘a bécasse à la perdrix pour la célérité de. sa course , car elle se dérobe de même; et lorsqu'on croit la trouver où elle s’es abattue , elle a déja pietté et fui à une grande bee Il paroît que cet oiseau , avec de grands _ yeux, ne voit bien qu’au nés le et. qu'il est oHensé d’une lumière plus forte: c'est ce que semblent prouver ses allures et ses mouvemens, qui ne sont jamais si vifs qu'à la nuit tombante et à l'aube du jour ; et ce desir de changer de lieu avai le lever ou après le coucher du soleil est. si pressant et si profond , qu'on a vu des bécasses renfermées dans une chambre prendre régulièrement un essor de vol tous les matins et tous les soirs, tandis que , pendant le jour ou la nuit, elles ne. faisoient que pietter sans s’élancer nt s'élever : et apparemment les bécasses dans les bois restent tranquilles quand la nuit est obscure; mais lorsqu'il y a clair de lune, elles se promènent en cher- chant leur nourriture : aussi les chasseurs 7. HISTOIRE NATURELUE nomment la pleine lune de movembre , /e* lune des bécasses, ‘parce que c’est alors qu'on en prend un grand nombre: Les” piéges se tendent ou la nuit ou lesoirsh _ælles se prennent à la pantenne, au rejet, : lacet ; on les tue au fusil sur Les mares, sur les ruisseaux et les gués à la chûte. Las pantenne ou pantiére est un filet tendu entre deux grands arbres, dans les claï- rières et à la rive des bois où l’on à remarqué qu'elles arrivent ou passent dans le vol du soir. La chasse sur les imares se fait aussi le soir : le chasseur, cabané sous une feuillée épaisse, à por- tée du ruisseau ou de fa mare fréquentée, par les bécasses, et qu'il approprie encore pour les attirer, les attend à la chuüte ; et peu de temps après le coucher du soleil, sur-tout par les vents doux de sud et de sud-ouest, elles ne manquent pas d’arri- ver une à une ou deux ensemble, et s’a- battent sur l’eau, où le chasseur les tire presque àcoupsür. Cependant cette chasse est moins fructueuse et plus incertaine que celle qui se fait aux piéges dormans, tendus dans les sentiers , ct qu’on appelle - DE LA BÉCASSÉE »rt rejels* : c’est une baguette de coudrier ow d'autre bois flexible et élastique, plantée en terre et courbée en ressort, assujettie près du terrain à un trébuchet que cou= ronne un nœud coulant de crin ou de ficelle ; on embarrasse de branchages le reste du sentier où l’on a placé le rejet ; ou bien si l’on tend sur les pâquis, on Y pique des genêts ou des genièvres en files, pliés de manière qu'il ne reste que le petit passage qu'occupe le piége , afin de dé- terminer la bécasse, qui suit les sentiers et n’aime pas s'élever ou sauter, à passer le pas du trébuchet, qui part dès qu'il est heurté , et l'oiseau, saisi par le nœud coulant,est emporté en l'airparla branche quise redresse. La bécasse, ainsi suspen- due , se débat beaucoup, et le chasseur doit faire plus d’une tournée dans sa ten- dué le soir, et plus d’une encore sur la fu de la nuit : sans quoi le renard, chas- seur plus diligent, et averti de loin par les battemens d’ailes de ces oiseaux, arrive et les emporte les uns après les autres; et * En Bourgogne , regipeaux ; en Champagne et en Lorraine, reg'mpcaux. 72 HISTOIRE NATURELLE sans se donner le temps de les manger, ik les cache en différens endroits pou? Ics retrouver au besoin. Au reste, on Eee noît les lieux que hante la bébadie à à ses” fentes, quisont de larges fécules blanches” et sans odeur. Pour l’attirer sur les pâquis" où il n’y a point de sentiers, on y trace» des sillons : elle les suit , cherchant Îles vers dans la terre remuée, et donne e même temps dans les collets ou lacets dé crin disposés le long du sillon. Mais n'est-ce pas trop de piéges pour un oiseau qui n’en sait éviter aucun ? La bécasse est d’un instinct obtus et d’ün naturel stupide ; elle est 7zoult sotte bété, dit Belon. Elle l’est vraiment beaucoup si elle se laisse prendre de la manière qu'il raconte, et qu’il nomme /o/étrerie. Un homme couvert d’une cape couleur de feuille sèche, marchant courbé sur deux courtes béquilles , s'approche doucement, s’arrêétant lorsque la bécasse le fixe, con- tinuant d'aller lorsqu'elle recommence à errer, Jusqu'à ce qu'il la voie arrêtée la tèéte basse ; alors frappant doucement de ses deux bâtons l’un contre l’autre, Æ& 4 DE LA BÉCASSE 73 bécasse s’y amusera et affolera tellement, dit motre naturaliste , que le chasseur l’ap- prochera d’assez Grès pour lui RE uUtL lacet au cou. Est-ce en la voyant se laisser approchex ainsi, que les anciens ont dit qu’elle avoit pour l'homme un merveilleux penchant ? En ce cas elle le placeroit bien mal, dans son plus grand ennemi. Il est vrai qu'elle vient, en longeant les bois, jusque dans les haies, des fermes et des'maisons champêtres. Aristote le remarque : mais Albert se trompe en disant qu’elle cherche les lieux cultivés et les jardins, pour y recueillir des semences, puisque la bé- casse, ni même aucun oiseau de soi genre , ne touchent aux fruits et aux graines ; la forme de leur bec étroit, très- long et tendre à la pointe, leur interdi- roit seule cette sorte d’aliment : et en effet la bécasse ne se nourrit que de vers* ; + .* Dès qu'elles entrent dans le bois, elles courent _sur les tas de feuilles sèches, elles les retournent,ou “les écartent pour prendre les vers qui sont dessous, Les hécasses ont cette habitude commune avec les vanneaux et les pluviers, qui les prennent par le Oiservzs X Vo 7 : 74 HISTOIRE NATURELLE elle fouille dans la terre molle dés petits. marais ét des environs des sources, sur” les pâquis fangeux et dans les prés huü="« mides qui bordent les bois. Elle ne’ gratte point la terre’ avec les pieds ; elle détourne seulemeht les feuillés avec son bec , les jetant brusquement à droite et à LE AUHEl Il paroît qu'elle cherche et dikoerhe sa nourriture par l’odorat plutôt que par les yeux, qu'elle a mauvais : mais la Nature semble lui avoir donné dans l'extrémité du bec un organe de plus et un sens par- ticulicr approprié à son genre de vie; la pointe en est charnue plutôt que cornée, et paroît susceptibie d’une espèce de tact propre à déméler l'aliment convenable dans la terre fangeuse ; et cé privilége même moyen sous l'herbe oule blé verd. Mais j'ai observé que ces derniers oiseaux , dont: j'ai élevé plusieurs dans mon jardin, frappoient-la terre avec le pied autour des trous où 1l y avoit des vers, apparemnient pour les faire sortir de leur‘ retraite au moyen de la commotion, et les prenoïent sou- ventinême avant qu’ils ue fussent entièrement sortis de terre. (Vote communiquée pur M. qu de Monireuil-sur-mer.) | DE LA BÉCASSE "5 a organisation a de même été donné aux bécassines , et apparemment aussi aux chevaliers , aux barges ct autres oiseaux qui fouillent la terre humide pour trou- ver leur pâture !. Du reste , le bec de la bécasse est rude et comme barbelé aux côtés vers son ex- trémité , et creusé sur sa longueur de rainures profondes ; la mandibule supé- rieure forme seule la pointe arrondie du bec , en débordant la mandibule infé- rieure , qui est comme tronquée , et vient s'adapter en dessous par un Joint oblique. C'est de la longueur de son bec que cet oiseau a pris son nom dans la plupart des langues, à remonter jusqu’à la grecque ?. Sa tête , aussi remarquable que son bec, est plus quarrée que ronde, et les os du crâne font un angle presque droit sur les orbites des yeux. Son plumage, qu’Aris-., tote compare à celui du francolin , est trop connu pour le décrire; et les beaux re M. Hébert. - ? ZxonoœaË À œuonod, pal ou pieu. — Scolopar, | quod rostra palo (scolopos) sumilia videnturs 1 Cette belle remarque nous est, ‘communiquée d F4 tits » # F F 2. RS 76 HISTOIRE NATURELLE | effets de clair-obscur que des teintes ha- chées , fondues , lavées de gris, dé bistre et de terre d’ombre, y produisent, quoi-" que dans le genre sombre, seroient diffi-" ciles et trop longs à décrite dans le dé tail. Nous avons trouvé à la bécasse une vé- sicule du fiel, quoique Belon se soit per- suadé qu’elle n’en avoit point: cette vési- cule verse sa liqueur par deux conduits dans le duodénum. Outre les deux cœ- ceums ordinaires, nous en avons trouvé un troisième placé à environ sept pouces des premiers, et qui avoit avec l’intes+ tin une communication tout aussi ma- nifeste ; mais comme nous ne l'avons ob- servé que sur un seul individu, ce troi- sième cœcum est peut-être une variété individuelle, ou un simple accident. Le gésier est musculeux , doublé d’unemem- brane ridée sans adhérence ; on y trouve souvent de petits graviers que l'oiseau avale sans doute en mangeant les vers de D Le tube intestinal a deux piec D pouces de longueur. MuGesner donne la grosseur de la bécass@. 1 DE LA BÉCASSE., 77 avec plus de justesse en l'égalant à la perdrix que ne fait Aristote, qui la com- pare à la poule, et cette comparaison semble nous indiquer que la race com- mune des poules chez les Grecs étoit bien plus petite que la nôtre. Le corps de la bécasse est én tout temps fort charnu , et très-gras sur la fin de l’automue ‘ ; c’est alors et pendant la plus grande partie de l'hiver qu’elle fait un mets recherché?, quoique sa chair soit noire et ne soit pas fort tendre : mais, comme chair ferme, elle a la propriété de se conserver long- temps ; on la cuit sans ôter les entrailles, qui, broyées avec ce qu’elles contiennent, font le meilleur assaisonnement de ce 1 Olina et Longolius disent qu’on l’engraisse avec une pâte faite de farine de blé sarrasin (farine d’orzo) et de figues sèches ; ce qui nous paroît dif- ficile pour un oïseau si sauvage , ct inutile pour ur gibier aussi gras dans sa saison. 2 Il] paroît,, au récit d'Olina, que la chassé enr continue tout l'hiver en Italie. Les grands froids au fort de l'hiver, dans nos provinces, obligent les - bécasses de s'éloigner un peu; cependant il en reste encore quelques unes dans nos bois, près des Fa À taines chaudes. Nr ; ) î #8 HISTOIRE NATURELLE -&ibier. On observe que les chiens n’eu mangent point : il faut que ce fumet ne leur convienne pas , et même qu'il leur répugne beaucoup ; car 1l n’y a guère que les barbets qu’on puisse accoutumer à rapporter la bécasse. La chær desjeunes a moins de fumet , mais elle est plus teu- à. a 0 7 dre et plus blanche que celle des bécasses adultes ; toutes s’amaigrissent à mesure que le printemps s’avance , et celles qui restent en été sont dans cettesaison dures, sèches et d’un fumet trop fort. | C’est à la fin de l'hiver, c’est-à-dire, au mois de mars, que presque toutes les bécasses quittent nos plaines pour retour- ner sur leurs montagnes , rappelées: par l'amour à la solitude . si douce avec ce 2 sentiment. On voit ces aiseaux au prin- temps partir appariés; ils volent alors rapidement et sans s'arrêter pendant la nuit : mais le matin ilsse cachent dans les bois pour y passer la Journée , et en partent le soir pour continuer leur route*. Tout l'été, ils se tiennent dans les heux, * Observation faite par M. Baillon 08 Mon- tretul-sur-mer. DE LA BÉCASSE. 79 les plus solitaires et les plus élevés des montagnes où ils nichent, comme dans celles de Savoie, de Suisse, du Dauphiné, du Jura, du Bugey et des Vosges : il en reste quelques uns dans les cantons élevés de l'Angleterre et de la France, comme en Bourgogne , en Champagne, etc. Il n’est pas même sans exemple que quelques couples de bécasses se soient arrétées dans nos provinces de plaine, et y aient niché, -retardées apparemment par quelques acci- dens , et surprises dans la saison de l’a- mout , loin des lieux où les portent leurs babitudes naturelles. Edwards a pensé qu'elles alloïent toutes, comme tant d’au- tres oiseaux , dans les contrées les plus reculées du Nord : apparemment il n’étoit pas informé de leur retraite aux mon- tagnes , et de l’ordre de leurs routes , qui, tracées sur un plan différent de celui des autres oiseaux , ne se portent et s'étendent que de la montagne àla plaine, et de la plaine à la montagne. Ÿ La bécasse faitson nid parterre, comme tous les oiseaux qui ne se perchent pas : ce nid est composé de feuilles ou d'herbes nus 80 HISTOIRE NATURELLE sèches , entremélées de petits brins de bois ; le tout rassemblé sans art, etamon- celé contre un tronc d’arbre., ou sous une grosse racine. On y trouve quatre ou cinq œufs oblongs un peu plus gros que ceux du pigeon commun ; ils sont d’un gris roussatre , marbré d'ondes plus foncées ét noirâtres. Ou nous a apporté un de cés nids avec les œufs dès le 15 d'avril. Lorsque les petits sont éclos , ils quittent le nid et courent , quoiqu’encore cou- verts de poil follet ; ils commencent même à voler, avant d'avoir d’autres plumes que celles des ailes : ils fuient aussi vole- tanutet courant quand ils sont découverts: on a vu la mère et le père prendre sous leur gorge un des petits, le plus foibie sans doute, et l'emporter ainsi à plus de mille pas. Le mâle ne quitte pas la femeile tant que Îles petits ont besoin de leurs. secours : il ne fait entendre sa voix que dans le temps de leur éducation et de ses amours ; Car il est muet, ainsi que la Âemelle, pendant le reste de l’année * * Ces petits cris ont des tons différens, passant DE LA BÉCASSE. 8r Quand elle couve , le mâle est presque toujours couché près d’elle , et-ils sem- blent encore jouir en reposant mutuelle- iment leur bec sur le dos l’un de l’autre. Ces oiseaux, d’un naturel solitaire et sau- vage, sont donc aimans et tendres : ils deviennent même jaloux; car l’on voit les mâles se battre Jusqu'à se” Jeter par. terre et se piquer à coups de bec, en se disputant la femelle ; ils ne deviennent donc stupides et craintifs qu'après avoir perdu le sentiment de l'amour, presque toujours sn 4 41 de celui du cou- rage. L'espèce de la Pau est universelle- ment répandue ; Aldrovande et Gesner en ont fait laremarque. On la trouve dans les contrées du Midi comme dans celles du Nord , dans l’ancien et dans le nou- veau monde; on la connoît dans toute du grave à l'aigu, 807 80: 80 80; Didi HLEL., Pidi ; crt, Cri, cri, cri : ces derniers semblent être de colère entre plusieurs mâles rassemblés. Ls ont aussi une espèce de croassement, couan, couan, et un certain grondement /rou, freu, frou, lors= qu'ils se poursuivent. 62 HISTOIRE NATURELLE l’Europe , en Italie, en Allemagne , jen France, en Pologne ,en Russie , en Silésie, en juëde , eu Norvége, et jusqu’en A land , où elle a le nom de sauarsuck, et où, par un composé suivant le génie de la langue , les Groenlandois en ont un pour signifier le chasseur aux bécasses ; en Islande , la bécasse fait partie du gibier qui abonde sur cette île , quoique semée de glaces ; on la retrouve aux extrémités septentrionales et orientales de l'Asie, où elle est commune , puisqu’elleest nommée dans les langues kamtschadales, koriaques et kouriles. M. Gmelin en a vu quantité à Mangasea , en Sibérie sur le Jénisca; et quoique les bécasses y soient en ho _mombre, elles ne font qu’une très-petite partie de cette multitude d'oiseaux d’eau et de rivage de toute espèce, qui, dans cette saison , se rassemblent sur Les bords et les eaux La ce fleuve. La bécasse se trouve de même en Perse ; en Égypte aux environs du Caire ; et ce sont apparemment celles qui vont dans ces régions, qui passent à Malte en novem- bre , par les vents de nord et de nord- DE LA BÉCASSE. 83 est, etne s’y arrêtent qu’autant qu’elles y sont retenues par le vent. En Barbarie, elles paroïissent, comme dans nos contrées, en octobre et jusqu’en mars; et il est assez singulier que cette espèce remplisse en même temps le Nord et le Midi, ou du moins puisse s’habituer dans la zone torride, en paroiïssant naturelle aux zones froides ; car M. Adanson a trouvé la bé- casse dans les îles du Sénégal; d’autres voyageurs l'ont vue en Guinée et sur la côte d'Or ; Kæmpfer en a remarqué en mer , entre la Chine et le Japon, et il paroît que Knox les a appercues à Ceylan. Et puisque la bécasse occupe tous les cli- mats , etse trouve dans le nord de l’an- cien continent, 1l n’est pas étonnant qu’elle se retrouve au nouveau monde: elle est commune aux Illinois et dans toute la partie méridionale du Canada, ainsi qu’à la Louisiane , où elle est un peu plus grosse qu’en Europe; ce que l’on attribue à l'abondance de nourriture. Elle est plus rare dans les provinces plus septen- trionales de l'Amérique. Mais la bécasse de la Guiane, connue à Cayenne sous le | “M 84 HISTOIRENATURELLE nom de bécasse des savanes , nous paroît assez différer de la nôtre pour former une espèce séparée ; nous la donnerons après avoir décrit les variétés peu nombreuses! de cette espèce en Europe. VARIÉTÉS DE LA BÉCASSE. 1. La bécasse blanche. Cette Vae est rare, du moins dans nos contrées. Quel- NUAGES son plumage est tout blanc, plus souvent encore mêlé de quelques bihdes de gris ou de’ marron ; le bec est d’un blanc jaunâtre; les pieds sont d’un jaune pâle avec les ongles blancs, ce qui sem- bleroit indiquer que cetté blancheur tient à une dégénération différente du change- ment de noir en blanc qu’éprouvent les animaux dans le Nord ; et cette dégéné- ration dans l'espèce de la bécasse est assez semblable à celle du nègre blanc dans l’espèce humaine. | . II. La bécasse rousse. Dans cette variété, tout le plumage est roux sur roux, paï ondes plus foncées sur un fond plus clair ; elle paroît encore plus rare que la Pres mière. L’une et l’autre furent tuées, à la chasse du roi, au mois de décembre 1775, et sa majesté nous fit l'honneur de nous ae 8 8 HISTOIRE NATURELLE. les envoyer par M.le comte d’Angiviller ; pour être placées dans son cabinet d’his- toire naturelle. IL Les chasseurs prétendent: distin- guer deux races de bécasses *,, la grande et la petite: mais, comme . naturel et les habitudes sont les mêmes dans ces. deux bécasses , et qu’en tout le,reste elles se ressemblent, nous ne regarderons cette petite différence de taille que. comme accidentelle ou individuelle, ou comme celle du jeune à l'adulte, a par conséquent ne constitue Le deux races séparées entre deux oiseaux, quidu reste sont les mêmes, puisqu'ils s’unissent et : produisent ensemble. | * J’ai remarqué plusieurs fois qu'il paroît y avoir deux espèces de bécasses. Les premières qui arrivent sont les plus grosses ; elles ont les pieds gris, uxant légèr ement sur le rose: les autres sont plus petites ; leur plume age est semblable à celui de la graude bécasse, mais elles ont les pieds de couleur blebe ; ét on a observé que lorsque l’on prend cette pétite espèce aux environs de Montreuil en Picardie, la grande bécasse y devient plus rare. (Note commu- uiquée par M. Baillon, de. Montreuilssur-mer.) OISEAU ÉTRANGER QUI A RAPPORT A LA BÉCASSE. LA BÉCASSE DES SAVANES *. P-f Czrrr bécasse de la Guiane, quoique du quart plus petite que celle de France, a néanmoins le bec encore plus long ; elle est aussi un peu plus haut montée sur ses pieds , qui sont bruns comme le bec. Le gris blanc, coupé et varié par barres de noir , domine dans son plumage, moins mêlé de roux que celui de notre béeasse. Avec ces différences extérieures que le cli- mat a peut-être fait naître, celles des mœurs et des habitudes qu'il produit aussi, se reconnoissent dans la bécasse des savanes ; elle demeure habituelle- ment dans ces immenses prairies natu- -* Voyez les planches enluminées, n° 895. } ds f 38 HISTOIRE NATURELLE relles d'où l’homme.et les chiens ne l'ont É point encore chassée , parce qu ils n'y sont point établis : de se tient dans les coulées ; on appelle ainsi les enfoncemens s Ù des savanes , où il y a toujours de la vase « et des PATES épaisses et hautes , évitant néanmoins celles où la marée monte, et dont l’eau est salée. Dans la saison des pluies, ces petites bécasses cherchent les hauteurs, et s’y tiennent dans les herbes: cet ve du elles s’apparient et qu’elles Chut sur de petites élévations dans des trous tapissés d'herbes sèches. Les » pontes ne sout que de deux œufs ; mais elles se réitèrent , et ne finissent qu’en juillet. Les pluies passées , ces bécasses reviennent aux coulées , c’est-à-dire , des. lieux élevés aux plus bas; ce qui leur est commun avec les bécasses d'Europe. Le feu qu’on met souvent aux savanes en septembre et octobre , les chassant de- vant lui, elles refluent en grand nombre dans les lieux voisins des parties incén- : diées : mais elles semblent éviter les bois; et lorsqu'on les poursuit, elles n’y font jamais remise, et s'en détournent pour | 1 DE LA BÉCASSE DES SAVANES. &y regagner les savanes. Cette habitude est contraire à celle de la bécasse d'Europe : néanmoins elles partent comme cette der- nière, toujours sous les pieds du chas- seur ; elles ont la même pesanteur en se levant, le même vol bruyant, et elles lentent de même en commencant à filer. Lorsqu'une de ces bécasses est tirée, elle ne va pas se reposer loin, mais fait plu- sieurs tours avant de s’abattre. Commu- nément elles partent deux à deux , quel- quefois trois ensemble; et lorsqu'on en voit une, on peut être assuré que la se- conde n’est pas loin. On les entend , à l’ap- proche de la nuit, se rappeler par un cri de ralliement un peu rauque, assez sem- blable à cette voix basse, fa, ka, ka, ka, que fait souvent entendre la poule do- mestique ; elles se promènent la nuit, et on les voit, au clair de la lune, venir se poser jusqu'aux portes des habitations. M. de la Borde, qui a fait ces observations à Cayenne, nous assure que la chair de la bécasse des savanes est au moins aussi bonne que celle de la bécasse de France. 7 8 L' À [4 à 4 { LA BÉCASSINE* 4, Pret espèce. L, bécassine est très-bien nommée ; - puisqu’en ne la considérant que par la figure , on pourroit la prendre pour une petite espèce de bécasse. Ce seroil une petite bécasse, dit Belon , si elle n’étoit de mœurs différentes. En effet, la bécas- sine a , comme la bécasse, le bec très- long et la tête quarrée ; le plumage madré de même, excepté que le roux s’y mêle moins , et que le gris blanc et le noir y dominent : mais ces ressemblances, bor- nées à l’extérieur , n’ont pas pénétré l’in- térieur ; le résultat de l’organisation n’est pas le même, puisque les habitudes natu- * Voyez les planches enluminées, n° 863. " En italien, piszardella; en AT snile , snipe ; en allemand ,schnefflin, wasser-schnepffe, heers schnepffe (comme bécasse des seigneurs, à cause de sa délicatesse), grasz-schnepff (bécasse d'herbes, parce qu’elle se cache dans les herbages : des marais). Tom 23. PEL Lag 90, LA BÉCASSINE. 4 a © augure «J7 Lu HISTOIRE NATURELLE. ox relles sont opposées. La bécassine ne fré- quente pas les bois ; elle se tient dans les endroiïts marécageux des prairies, dans les herbages et les osiers qui bordent les rivières ; elle s’élève si haut en volant, qu'on l’entend encore lorsqu'on l’a perdue de vue; elle a un petit cri chevrotant, mée, mée, mée, qui lui a fait donner par quelqèes nomenclateurs le surnom de chèvre volante; elle jete aussi, en prenant son essor , un petit cri court et sifflé; elle n’habite les montagnes en aucune saison: elle diffère donc de la bécasse par le na- ‘turel et par les habitudes , autant qu’elle lui ressemble par le plumage et la figure. En France, les bécassines paroissent en automne. On en voit quelquefois trois ou quatre ensemble; mais le plus souvent on les rencontre seules. Elles partent de loin, d’un vol très-preste ; et après trois crochets , elles filent deux ou trois cents pas , ou pointent en s’élevant à perte de vue. Le chasseur sait faire fléchir leur vol et les amener près de lui en imitant leur voix. Il en reste tout l’hiver dans nos con- tirées autour des fontaines chaudes et des Le #2 HISTOIRE NATURELLE petits marais voisins de ces fontaines, Au printemps, elles repassent en grand nombre, et il paroît que cette saison est celle de leur arrivée en plusieurs pays où elles nichent, comme en Allemagne, en Silésie, en Suisse:mais en France il n’em reste que quelques unes pendant l'été , et. elles nichent dans nos marais. Willughby l'observe de même pour l’Angletefre. On trouve leur nid en Juin; il est placé à terre, sous quelque grosse racine d’aune ou de saule, dans les endroits marécageux où le bétail ne peut parvenir; il est fait d'herbes sèches et de plumes, et contient quatre ou cinq œufs de forme oblongue, d’une couleur blanchâtre avec des taches rousses. Les petits quittent le nid en sor- tant de la coque; ils paroissent laids et informes : la mère ne les en aime pas moins ; elle en a soin jusqu’à ce que leur grand bec trop mou soit devenu plus ferme, et ne les quitte que quand ils peuvent aisément se pourvoir d’eux- mêmes. Tv: LE La bécassine pique continuellement la terre, saus qu'on puisse bien dire ce 0” DE LA BÉCASSINE. 03 qu’elle mange. On ne trouve dans son estomac qu'un résidu terreux et des li- queurs , qui sont apparemment la subs- tance fondue des vers dont elle se nour- rit; car Aldrovande remarque qu'elle a le bout de la langue terminé comme les pics par une pointe aiguë, propre à per- cer les vers qu’elle fouille dans la vase. Dans cette espèce de bécassine, la tête a un mouvement naturel de balancement horizontal , et la queue un mouvement de haut en bas ; elle marche pas à pas, la tête haute, sans sautiller ni voltiger : mais on la surprend rarement dans cette situation; car elle se tient soigneusement cachée dans les roseaux et les herbes des marais fangeux , où les chasseurs ne peuvent aller trouver ces oiseaux qu’a- vec des espèces de raquettes faites de planches légères |, mais assez larges pour ne poimt enfoncer dans le limon; ct comme la bécassine part de loin et très- rapidement , et qu’elle Fa plusieurs cro- chets ayant de filer , il n’y a pas de tiré plus difficile : on la AU plus aisément avec un rejet semblable à celui qu’on 94 HISTOIRE NATURELLE place dans les sentiers des bois pour prendre la bécasse. La bécassine est otddieisehe lt fort grasse, et sa graisse, d’une saveur fine , n’a rien du dégoût des graisses ordinaires; on la cuit comme la bécasse, sans la vi- der , et par-tout on la recherche comme un gibier exquis. Au reste, quoiqu’on ne manque guère de trouver en automne des bécassines dans nos marais, l’espèce n’en est pas aussi nombreuse aujourd’hui qu’elle l’é- toit ci-devant; mais elle est répandue encore plus universellement que celle de la bécasse : on la rencontre dans toutes les parties du monde ; quelques voya- geurs éclairés en ont fait lä remarque. On nous l’a envoyée de Cayenne, où on l’appelle bécassine de savane; M. Frézier l’a trouvée dans les campagnes du Chili ; elle est commune à la Louisiane, où elle vient jusqu’auprès des habitations , de même qu’au Canada et à Saint-Domingue. Dans l’ancien continent , on la trouve depuis la Suède et la Sibérie jusqu’à Ceylan et au Japon ; nous l’ayons reçue re L2 À DELA BÉCASSINE. 05 du capide. Bonne-Espérance * ; elle s’est portée sur les terres lointaines de l'Océan austral ; aux îles Malouines, où M. de Bougamville l’a vue, et où il remarque qu'’elle.a des habitudes conformes à ces lieux solitaires, où rien ne l’inquiète : son nid est au milieu de la campagne ; on la tire aisément ; elle n’a nulle défiance, et ne fait point le crochet en partant; nou- velle preuve que: les habitudes timides des animaux fugitifs devant l’homme leur sont imprimées par la crainte : et cette crainte dans la bécassine paroît encore se réunir à la forte aversion qu’elle a pour l’homme ; car elle est du nombre de ces oiseaux qu’en aucune manière on ne peut apprivoiser. Longolius assure qu'on.peut élever et tenir la bécasse en volière , et même la nourrir pour l’en- * Cette bécassine du cap de Bonne-Espérance est un peu plus grande, avec le bec encore plus long et les jambes un peu plus grosses que la nôtre; ce qui n'empêche pas qu’on ne les reconnoisse très- clairement pour être de la même espèce. Elle est différente d’une autre hécassine du Cap, qui y pa- rot indigène, et que uous donnerous teut-à-l’heures * 96 HISTOIRE NATURELLE graisser, mais que la chose a été tentée sur la bécassine inutilement et sans suc= cès. in Il paroît qu'il y a han cette tapése une petite race comme dans celle de la bé casse ; car indépendamment dé'la petite cart y surnommée la sourde; dont nous allons parler, il s’en trouve entre celles de l'espèce ordinaire de grandes ‘ét d'autres plus petites : mais cette diffé- rence de taille, qui n’est accompagnée d'aucune autre , ni dans les mœursmi dans le plumage, n'indique tout auplusqu’une diversité de race, ou peut-être une variété purement'accidentelle et individuelle qui ne tient point au sexe ; car On ne con- noît aucune différence apparente entre le mâle et la femelle däns cette espèce, non plus que dans la suivante. DE LA BÉCASSINE. y7 LA PETITE BÉCASSINE *, SURNOMMÉE LA SOURDE. 4 = Seconde espèce. / | 4 La petite bécassine n’a que moitié de la grandeur de l’autre, d’où vient, dit Belon, que les pourroyeurs l’appellent deux pour un. Elle se cache dans les roseaux des étangs , sous les joncs secs et les glaïeuls tombés au bord des eaux ; elle s’y tient si obstinément cachée, qu'il faut presque marcher dessus pour la faire lever, et qu'elle part sous les pieds comme si elle n’entendoit rien du bruit que l’on fait en * Voyez les planches enluminées, n° 604. En anglois, jud-cock , jack-snipe; dans l’Orléa- nois, ecquerolle ou boucriolle ; et foucault, sui- vaut M. Salerne ; ce qui paroiït revenir au nom obscène que lui donnent, suivant Belon, les paÿ- sans des côtes, ? LU f \ < 98 HISTOIRE NATURELLE venant à elle : c’est de là que les chasseurs l'ont appelée /a sourde. Son vol est moins rapide etplus direct que celui de la grande bécassine ; ; sa chair n’est pas d’un goût moins délicat, et sa graisse est aussi fine: mais l'espèce n’en paroît pas aussi nom- breuse, ou du moins n’est pas aussi gé- néralement répandue. Willughby , qui _ écrivoit en Angleterre, remarque qu’elle y est moins commune que la grande bé- cassine. Linnæus n’en fait pas mention dans le dénombrement des oiseaux de Suède ; cependant elle se trouve en Da- nemarck, suivant M. Brunnich. Cette petite bébliiine a le bec moins long à proportion que l'autre. Son plumage est le même, avec quelques reflets cuivreux sur le dos, et de longs traits de pinceaux roussâtres sur des plumes couchées aux côtés du dos, et qui, étant alongées, soyeuses et comme eflilées , ont apparem- ment donné lieu au nom de Laar-schnepef, que les Allemands lui donnent , selon M. Klein, | | Ces petites D Guess: SD restent presque toute l’année et nichent dans nos marais. \ DE LA BÉCASSINE. 90 Leurs œufs , de même couleur que ceux de la grande bécassine, sont seulement plus petits à proportion de l'oiseau , qui n’est pas plus gros qu’une alouette. On a souvent pris cette petite bécassine pour le mâle de la grande, et Willughby cor- rige cette erreur populaire , en avouant qu'il le croyoit lui-même avant de les avoir comparées ; ce qui n’a pas empêché Albin de tomber de nouveau dans cette même erreur. 100 HISTOIRE NATURELLE. LA BRUNETTE. Troisième espèce. Au GHBY donne cet oiseau sous le nom de dunlin , qui peut se rendre par brunette. I] le dit indigène aux parties sep- tentrionales de l'Angleterre. C’est une pe- tite bécassine de la taille de la précédente, et qui paroît en différer assez peu. Elle a le ventre noirâtre, ondé de blanc, et le dessus du corps tacheté de noir et d’uwx peu de blanc sur un fond brun roux ; du reste , elle est de la même figure et a les mêmes habitudes que notre petite bécas- sine. Ainsi c’est une espèce très - voisine, ou peut-être une simple variété de l'espèce | précédente. OISEAUX ÉTRANGERS QUI ONT RAPPORT AUX BÉCASSINES. LA BÉCASS INE DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE *. Première espèce. Eve est un peu plus grande que notre bécassine commune ; mais elle a le bec beaucoup moins long. Les couleurs, de son plumage sont un peu moîïns sombres: un gris bleuâtre haché de petites ondes noires fait le fond du manteau , que tra- verse une ligne blanche tirée de l’épauie au croupion ; une petite zone noire inar- - que le haut de la poitrine; le ventre est blanc; la tète est coiffée de cinq bandes, l’une roussatre au sommet, deux grises de chaque côté, puis deux blanches qui engagent l’œil et s'étendent en arrière. Z Voyez les planches enluminées, n°279. | g 102 HISTOIRE NATURELLE 4 LA BÉCASSINE . DE MADAGASCAR #*. Seconde espèce. Crrre bécassine est très-jolie par la disposition et le mélange des couleurs de son plumage: la tête et le cou sont de cou- ibm rousse, traversée d’un trait blanc qui se sur l'œil, et qui est surmonté d’un trait noir ; le dé du cou est ceint d’un large collet noir ; les plumes du dos sont noirâtres, festonnées de gris ; le rous- sâtre, le gris, le noirâtre, sont coupés sur les couvertures de l'aile par de petits festons ondoyans et serrés; les pennes moyennes de l’aile et celles de la queue sont coupées transversalement par bandes variées de cet agréable mélange , sépa- * Voyez les planches enluminées, n° 922. DES OISEAUX ÉTRANGERS. 103 rées par trois ou quatre rangs de taches ovales d’un beau roux clair , encadré de noir ; les grandes pennes sont traversées de bandes alternativement noires et rousses ; le dessous du corps est blanc. Cette bécas- sine a près de dix pouces de longueur. 104 HISTOIRE NATURELLE ce | LA BÉCASSINE DE LA CHINE *. Troisième espèce. Er LE est un peu moins grosse que notre grande bécassine; mais elle est un peu plus haute sur jambes : elle a le bec pres- que aussi long. Son plumage est moins - sombre : il est chamarré sur le manteau par taches assez larges et par festons , de . gris brun , de bleuâtre, de noir et de roux clair : la poitrine est ornée d’un _ Aarge feston noir ; le dessous du corps est blanc; le cou est piqueté de gris blanc et de roussâtre , et la tête est traversée de traits noirs et blancs. La bécassine de Madras, donnée par M. Brisson , auroit assez de rapport par les couleurs , telles qu'ilies décrit, avec cette bécassine de la Chine ; mais un caractère * Voyez les planches enluminées, n° 681. *- DES OISEAUX ÉTRANGERS. 105 qui manque à celle-ci, est ce doigt posté- rieur aussi lors que ceux de devant, que M. Brisson attribue à la bécassine de Ma- dras , et qui, ce semble , dans les règles de la nomenclature, auroit dü lui faire exclure cet oiseau du genre des bécas- sines. Eh à. / N | ° LÉS BARGCES \ D: tous ces êtres légers sur lesquels la Nature a répandu tant de vie et de graces, et qu’elle paroît avoir jetés à travers la grande scène de ses ouvrages pour ani- mer le vide de l’espace et y produire du mouvement, les oiseaux de marais sont ceux qui ont eu le moins de part à ses dons : leurs sens sont obtus ; leur instinct est réduit aux sensations les plus gros- sières , et leur naturel se borne à chercher alentour des marécages leur pâture sur la vase ou dans la terre fangeuse, comme si ces espèces, attachées au premier li- mon , n'avoient pu prendre part au pro- grès plus heureux et plus grand qu’ont fait successivement toutes les autres pro- ductions de la Nature, dont les dévelop- pemens se sont étendus et embellis par les soins de l’homme, tandis que ces habitans des marais sont restés dans l’état imparfait de leur nature brute. HISTOIRE NATURELLE, 107 En effet , aucun d’eux n’a les graces ni la gaieté de nos oiseaux des champs ; ils ne savent point, comme ceux-ci, s’a- muser , se réjouir ensemble, ni prendre de doux ébats entre eux sur la terre ou dans l'air; leur vol n'est qu’une fuite, une traite rapide d’un froid marécage à un autre ; retenus sur le sol humide, ils ne peuvent, comme les hôtes des bois, - \ . th, se Jouer dans les rameaux, ni même Sy poser; ils gisent à terre et se tiennent à l'ombre pendant le jour; une vue foible, un naturel timide, leur font préférer l'obscurité de la nuit ou la lueur des crépuscules à la clarté du Jour , et c’est moins par les yeux que par le tact ou par lodorat, qu'ils cherchent leur nourri- ture. C’est ainsi que vivent les bécasses À les bécassines et la plupart des autres oi- seaux des marais, entre lesquels les barges forment une petite famille, immédiate ment au-dessous de celle de la bécasse : elles ont la même forme de COrps, mais les jambes plus hautes et le bec encore plus long , quoique conformé de même , à pointe mousse et lisse, droit ou un peu | 7 MN 108 HISTOIRE NATURELLE fléchi et légèrement relevé. Gesner se trompe € leur prêtant un bec aigu et propre à darder les poissons : les barges ne vivent que des vers et vermisseaux qu'elles tirent du limon. On trouve dans leur gésier des graviers, la plupart trans- parens, et tout semblables à ceux que contient aussi le gésier de l’avocette!!. Leur voix est assez extraordinaire ; car Belon la compare au bélement étouffé d’une chèvre. Ces oiseaux sont inquiets ct partent de loin, et jettent un cri de frayeur en partant. Ils sont rares dans les contrées éloignées de la mer, et ils se plaisent dans les. marais salés. Ils ont sur nos côtes, et en particulier sur celles de Picardie ?, un passage régulier dans le mois de septembre; on les voit en troupes et on les entend passer très-haut lesoir au clair de la lune. La plupart s’abattent dans les marais ; la fatigue les rend alors * Observation faite par M. Baïllon, sur les barges de passage sur les côtes de Picardie, et qui lui faït PR que ces oiseaux et l’avocette vieunent alors des mêmes paÿse 4 Les barges s'appellent iaterlas en Picardie. ES TT DES BARGES. 109 moins fuyards. Ils ne reprénnent leur vol qu'avec peine ; ‘mais ils courent c é des perdrix , «et le chasseur , en nant , les rassemble assez pour en tuer plusieurs d’unseul coup. Ils A neue qu’un jour ou deux dans le même lieu , et souvent dès le lendemain on n’en trouve plus un seul dans ces marais, où ils étoient la veille en si grand nombre. Ils ne nichent pas sur nos côtes. Leur chair est délicate et très-bonne à manger. + Nous distinguons huit espèces dans le he genre de ces oiseaux. Oiseaux, LV 10 zi0 LE te | ” LA BARGE MAC A _ Première espèce. LE plumage de cette barge est d’un gris uniforme, à l'exception du front et de la gorge, dont la couleur est roussâtre ; le ventre et le croupion sont blancs ; les grandes pennes de l'aile sont noirâtres au dehors, blanchäâtres en dedans; lespennes moyennes et les grandes couvertures ont beaucoup de blanc; la queue est noi- râtre etterminée deblanc ; les deux plumes extérieures sont blanches ; le bec est noir à ta, pointe , et roukaitis dans sa lon- gueur, qui est de quatre pouces ; Les pieds, avec la partie nue des jambes, en ont quatre et demi, La longueur totale, de la pointe du bec au bout de la queue, est de seize pouces , et de dix-huit jusqu’au bout des doigts. * Voyez les planches enluminées, n°. 874. 1864 LA BARGE.. AR ES 2 tré dit avoir tué quelk bars es de cette. espèce en Brie. Il € 2" Le s Da qu elquefois , OÙ qu Pics Y a Ne tac 0 : û un 1 Le 112 HISTOIRE NÂTURELLE ! L si x Là d | . , ‘ TON || LA BARGE ABD VB USER À Seconde espèce. | ? JL faut que le cri de cet oiseau ressemble à un aboiement, puisqu'il en a pris chez les Anglois le nom d’aboyeur (barker), sous lequel Albin, et ensuite M. Adanson, l'ont indiqué. La dénomination de barge grise qu’elle porte dans nos planches enlu- minées, ne la distingue pas assez de la. première espèce, qui est grise aussi, et même plus uniformément que celle-ci, dont le manteau gris brun est frangé de blanchâtre autour de chaque plume ; celles de la queue sont rayées transversa- lement de blanc et de noirâtre. Cette barge diffère aussi de la première par la gran deur ; elle n’a que quatorze pouces * Voyez les planches enluminées, n° 676, sous le nom de barge grise. h : DES BARGES: 115 longueur, de la pointe du bec au bout des doigts. Elle habite les marécages des côtes ma- ritimes de l'Europe , tant de l’Océan que de la Méditerranée. On la trouve dans les marais salans , et, comme les autres barges, elle est timide et fuit de loin; elle ne cherche aussi sa nourriture que pen- dant la nuit. | U'ENNE TU rt4 HISTOIRE NATURELLE LA BARGE VARIÉE. Troisième espèce. Sr la plupart des nomenclateurs n’a- voient pas donné cette barge comme dis- tinguée de la précédente et sous des noms différens, nous ne ferions de toutes deux qu’une seule et même espèce : les couleurs du plumage sont les mêmes ; la forme , entièrement semblable, ne dif- fère qu’en ce que celle-ci est un peu plus grande, ce qui n'indique pas toujours une diversité d'espèces ; car l'observation nous a souvent démontré que dans la même espèce il se trouve des variétés dans les- quelles le bec et les jambes sont quelque- fois plus longs ou plus courts d’un demi- pouce. Tout le plumage de cette barge est, comme celui de l’aboyeuse, varié de blanc, et cette couleur frange et encadre le gris brun des plumes du manteau; la DS Æ MR LDES BARGES, “5 RARE 7 + ES queue est rayée de même, et le dessous du corps est blanc. Les Allemands donnent à toutes deux le nom de 7z7eer-houn: les Suédois Les appellent gloutr. Ces noms pa- roissent exprimer un aboiïement. Seroit-ce sur ce même nom que Gesner, par une fausse analogie, auroit pris ces barges pour l'oiseau glotfis d’Aristote , dont il a fait ailleurs une poule sultane ou un xâle? Albin tombe ici dans une erreur palpable, en prenant cette barge pour la femelle du chevalier aux pieds rouges, 116 HISTOIRE NATUREL LA BARGE ROUSSE *. 4 Quatrième espèce. \ Eve est à peu près de la grosseur de l’aboyeuse ; elle a tout le devant du corps et le cou d’un beau roux ; les plumes du manteau , brunes et noirâtres, sont légè- rement frangées de blanc et de roussâtre ; la queue est rayée transversalement de cette dernière couleur et de brun. On voit cette barge sur nos côtes ; elle se trouve aussi dans le Nord, et jusqu’en Lappo- nie. On la rétrouve en Amérique; elle a été envoyée de la baie d'Hudson en An- gleterre. C’est un exemple de plus de ces espèces aquatiques, communes aux terres du nord des deux continens. : * Voyez Les planches enluminées, n° 900. ff 4 & SL 18.4 * : al < D1 À 7. NS ‘4 Æ KL \ LA GRANDE BARGE ROUSSE *, Cinquième espèce. Czsvre barge est en effet plus grande que la précédente : mais elle n’a de roux que le cou, et des bords roussâtres aux plumes noirâtres du dos ; la poitrine et le ventre sont rayés transversalement de noirâtre sur fond blanc sale. La lon- gueur de cette barge, du bec aux ongles, est de dix-sept pouces. Outre ces ditfé- rences , qui paroissent la distinguer assez de la barge rousse, un observateur nous assure que ces deux espèces passent tou- Jours séparément sur nos côtes. La grande barge rousse diffère même de toutes les autres par les mœurs, s’ilest vrai, comme le dit Willughby , qu’elle se promène, la tête haute, sur les plages sablonneuses et # Voyez les planches enluminées , n° 016. Den 118 HISTOIRE NATURELLE E découvertes , sans chercher à se “cacher: Le même naturaliste observe que c’est mal-à-propos qu’on lui donne, en quel- ques endroits de la côte d'Angleterre , le nom de sfone-plover, qui est proprement celui de notre courlis de terre ou grand. pluvier ; mais c’est encore plus mal-à- propos que le traducteur d’Albin a rendu les noms de godwit et d'ægocephalus, qui désignent la barge, par celui de francolin. Cette grande barge rousse, qui se trouve sur nos côtes et sur celles d'Angleterre, se porte également sur les côtes de Barbarie ; on la reconnoît dans la notice que dates Je docteur Shaw de son godwit of Barbary. NIiDÆS BARGES.. '2di}. CEE LA BARGE ROUSSE DE LA BAIE D'HUDSON. Sixième espèce. | Quorev’rr y ait dans le plumage de cette barge, comparé à celui de la précé- -dente , des différences qui consistent prin- cipalement en ce que celle-ci a plus de roux, et que même sa taille soit un peu plus grande, nous ne laissons pas de la regarder comme espèce très-voisine de celle de notre grande barge rousse, et peut-être même l'espèce est-elle originai- rement la même. Cette barge rousse de la baie d'Hudson est, comme l’observe Edwards, la plus grande espèce de ce genre ; elle a seize pouces du bout du bec à celui de la queue , et dix-neuf à celui des doigts. Tout son plumage sur le manteau est d'uu fond brun roux, rayé transversale- 14 x | PRE 2 “10 HISTOIRE NATURELLE ment de noir ; les premières grandes pennes de l’aile sont noirâtres, les sui- vantes d’un rouge bai pointillé de noir; celles de la queue sont rayées transversa- lement de cette mème couleuret de roux. DES BARGES. Fr LA BARGE BRUNE* KA Septième espèce. | ÆExrse est de la taille de la barge aboyeuse. Le fond de sa couleur est un brun foncé et noirâtre, relevé de petites lignes blanchâtres, dont les plumes du cou et du dos sont frangées, ce qui les fait paroître agréablement nuées ou écail- lées ; les pennes moyennes de l’aile et ses couvertures sont de même lisérées et poin- tillées de blanchâtre par les bords ; ses premières grandes pennes ne montrent en dehors qu’un brun uni; celles de la queue sont rayées de brun et de blanc. * Voyez lés planches enluminées, n° 875. 3i FU 4 nr 322 HISTOIRE NATURELLE 4 LA BARGE BLANCHE. Huilième espèce. M. Edwards observe que le bec de cette barge fléchit en haut comme celui de l’avocette; caractère dont la plupart des barges portent quelque légère trace, mais qui est fortement marqué dans celle-ci. Elle est à peu près de la taille de la barge rousse. Son bec, noir à la pointe, est orangé dans le reste de sa longueur; tout le plumage est blanc , à l'exception d’une teinte de jaunâtre sur les grandes pennes de l’aile et de la queue. Edwards croit que le plumage blanc est la livrée de ces oi- seaux à la baie d'Hudson, et qu'ils re- prennent leurs plumes brunes en été. Au reste , il paroît que plusieurs espèces de barges sont descendues plus avant dans les terres de l'Amérique, et qu’elles sont parvenues jusqu'aux contrées méridio- aales ; car Sloaue place à la Jamaïque LS Li POS DROLE S TUNER notre troisième espèce, et Fernandès semble désigner deux barges dans la nou- velle Espagne par les noms de céigua- tototl, oiseau semblable à notre bécaässe , et elotototl, oiseau du même genre, qui se tient à terre sous les tiges de maïs. X LES CHE VALIERS. À « Lrs François, dit Belon, voyant un. _ CHEVALIER RAYÉ *. L Troisième espèce. Ls est à peu près de la taille de la grande bécassine. Tout son manteau , sur fond gris et mêlé de roussâtre, est rayé de traits noirâtres, couchés transversale- ment ; la queue est coupée de même sur fond blanc ; le cou porte les mêmes cou- leurs , excepté que les pinceaux bruns y sont tracés le long de la tige des plumes ; le bec, noir à sa pointe, est à sa racine d’un rouge tendre , ainsi que les pieds. Nous rapporterons à cette espèce /e che- valier tacheté de M. Brisson,, qui ne pa- roît être qu'une très-légère variété. * Voyez les planches enluminées, n° 827. KT M L Re : 132 HISTOIRE NATURELLE . 1 p F 4 . LE CHEVALIER VARIÉ + | |, 1ù Quatrième espèce. Cx chevalier , qui est le même que le chevalier cendré de M. Brisson , nous pa- roît mieux désigné par l’épithète de varié, puisque, suivant la phrase même de cet académicien , il a dans le plumage autant de noirâtre et de roux que de gris. La première couleur couvre le dessus de la tête et le dos, dont les plumes sont bor= dées de la seconde, c'est-à-dire, de roux; les ailes sont également noirâtres et fran- gées de blanc ou de roussâtre : ces teintes | se mêlent à du gris sur tout le devant du corps. Les pieds et le bec sont noirs ; ce. qui a donné lieu à Belon d'appeler cet oiseau czevalier noir, par opposition à celui qui a les pieds rouges. Tous deux # Voyez les planches enluminées, n° 300. DES CHEVALIERS. 133 sont de la même grosseur ; mais celui-ci a les puubes moins hautes. ; fort bo , et qu'il revient dans noscontrées avant le printemps; car Belon dit que dès la fin d'avril on apporte de leurs petits, dont le plumage ressemble. alors beaucoup à celui du râle, et gu’au- trement on n'a point accoufumé de voir ces chevaliers, sinon en hiver. Au reste, ils ne nichent pas également sur toutes nos côtes de France : par exemple , nous sommes bien informés qu'ils ne font que passer en Picardie ; ils y sont amenés par le vent de nord-est, au mois de mars, avec les barges'; ils y font peu de séjour, et ne repassent qu’au mois de septembre. Ils ont quelques habitudes semblables à celles des bécassines, quoiqu'ils aillent moins de nuit et qu’ils se promènent da- vantage pendant le jour. On les prend de même au reJetoir *. Linnæus dit que cette * M. Baillon, qui nous communique ces faits, ÿ joint l'observation suivante sur un de ces oiseaux qui] a fait nourrir. “ J'en a1 gardé un petit, l’an passé, days mou 12 #” Fe LL d L'AER y ‘ à) ‘1 NL es à | 194 HISTOIRE NATURELLE, 7 espèce se trouve en Suède. Albin, par une méprise inconcevable , appell e. | Blanc ce chevalier, dont la plus#rande partie du plumage est noirâtre, et qui, dans aucune partie de sa forme, ma de ressemblance au héron. « jardin, plus de quatre mois: j'ai remarqué que « dans les temps de sécheresse il prenoit des mou- « ches, des scarabées et d’autres insectes, sans doute « à défaut de vers ; il mangeoit aussi du pain trenrpé « dans l’eau, mais il falloit qu'il y eût été macéré « pendant un jour. La mue lui a donné, au mois « d'août, de nouvelles plumes aux ailes, et 1l est « parti au mois de septembre. Il éloit devenu fa- « milier, au point dé suivre pas à pas le jardinier «lorsqu'il avoit sa bèche; il accouroit dès qu’il « VOyOIL arracher une plante d'herbe, pour prendre « les vers qui se découvrotent : aussitôt qu’il avoit | « mangé, il couroit se laver dans/une jatte remplie x d'eau. Je ne lui ai jamais vu de terre sèche sur le « bec ou aux jambes. Cet acte de proprelé est « commun à tous les vermivores. » * DES CHEVALIERS 15, LE CHEVALIER BLANC. Cinquième espèce. Cx chevalier se trouve à la baie d'Hud- son ; il est à peu près de la taille du che- valier , première espèce. Tout son plumage est blane ; le bec et les pieds sont orangés. Edwards pense que ces oiseaux sont du nombre de ceux que le froid de l'hiver fait blanchir dans le Nord, et qu’en été ils reprennent leur couleur brune ; cou- leur dont les grandes pennes des ailes et dé la queue, dans la figure de cet au- teur , présentent encore une teinte, et. qui se marque par petites ondes sur le manteau. ee fe T'AREN PA OIL 136 HISTOIRE NATURELLE: | 1 LE CHEVALIER VERD. .ASivième espèce. À ser N, après avoir appelé ce chevalier räle d’eau de Bengale, le fait venir des Indes occidentales. La figure qu’il en donne est très-mauvaise ; on y reconnoît cepen= dant le bec et Les jambes d’un chevalier. Suivant la notice, ses couleurs ont une teinte de verd sur le dos et sur laile, excepté les trois ou quatre premières pennes, qui sont pourprées et coupées de taches orangées. Il y a du brun sur le cou et les côtés de la tête, et du blanc à son sommet, ainsi qu’à la poitrine. Tr. LE COMBATTANToOu PAON DE MER. ” Tom 15, v 1 , . 7 ve el AIMNOUr , / e augure P LU 9. Pa ( 187! “ l {. |: |. 14 LES COMBATTANS, - VULGAIÏIREMENT PAUNS DEL MER *. Le est peut-être bizarre de donner à des animaux un nom qui ne paroît fait que pour lhomme en guerre; mais ces o1- seaux nous imitent : non seulement ils se livrent entre eux des combats seul à seul, des assauts corps à corps, mais ils com- battent aussi en troupes réglées, ordon- nées , et marchant l’une contre l’autre. * Voyez les planches enluminées, n° 305, le mâle, sous le nom de paon de mer; et n° 306, la femelle. Sur nos côtes de Picardie , paon de marais, grosse gorge où cotleret garu ; en flamand, kem- perkens (combattant ou duelliste); en anglois, ruffe (le mâle), reeve (la femelle); en suédois et en danois, brunshane, le mâle, lorsqu'il porte sa erinière au printemps ; et lorsqu” il l'a perdue après la mue, s/aal sneppe. 12 138 HISTOIRE NATURELLE … Ces phalanges ne sont composées que de mâles, qu’on prétend être, dans cette espèce, beaucoup plus nombreux que les femelles. Celles-ci attendent à part la fin de la bataille, et restent le prix de la victoire. L’amour paroît donc être la cause de ces combats, les seuls que doit avouer la Nature, puisqu'elle les occa- sionne et les rend nécessaires par un:de ses excès , c’est-à-dire, par la dispropor- tion qu’elle a mise dans le nombre des ‘ mâles et des femelles de cette espèce. Chaque printemps, ces oiseaux arrivent ! par grandes bandes sur les côtes de Hol- lande, de Flandre et d'Angleterre; et, dans tous ces pays, on croit qu'ils viennent des contrées plus au nord. On les connoît aussi sur les côtes de la mer d’ Allemagne, et ils sont en grand nombre en Suède, et particulièrement en Scanie. Il s’en trouve de même en Danemarck jusqu’en Norvége, et Muller dit en avoir recu trois de Fin- marchie. L'on ne sait pas où ces oiseaux se retirent pour passer l'hiver. Comme ils nous arrivent régulièrement au prin- temps, et qu'ils séjournent sur nos côtes. DES COMBATTANS. 139 pendant deux ou trois mois, il paroît qu'ils cherchent les climats tempérés ; et si les observateurs n’assuroient pas qu’ils viennent du côté du nord, on seroit bien fondé à présumer qu'ils dont au con- iraire des contrées du midi. Cela me fait soupconner qu'il en est de ces oiseaux combattans comme des bécasses, que l’on. a dit venir de l’est et s’en retourner à l’ouest ou au sud, tandis qu’elles ne font . que descendre des montagnes dans les plaines , ou remonter de la plaine aux moutagues. Les combattans peuvent de même ne pas venir de loin, et se tenir en différens endroits de da même contrée, dans les différentes saisons ; et comme cel qu'ils ont de singulier, Je veux dire leurs combats et leur plumage de guerre, ne se voient qu’au printemps, il est très- possible qu'ils passent en d’autres temps sans être remarqués, etpeut-être en com- pagnie des maubèches ou des chevaliers avec lesquels ils ont beaucoup de rap- ports et même de ressemblances. Les combattans sont de la taille du che- valier aux pieds rouges, un peu moins Re | » n / | 14 140 HISTOIRE NATURELLE | hauts sur jambes ; ils ont le bec de la même forme, mais plus court. Les fe- melles sont ordi nie plus petites que les mâles , et se ressemblent par le plumage, qui est blanc, mélangé de brun sur le manteau; mais les mâles sont au printemps si différens les uns des autres , qu'on les prendroit chacun pour un oi- seau d'espèce particulière. De plus de cent qui furent comparés devant M. Klein chez le gouverneur de Scanie , on n’en trouva pas deux qui fussent entièrement semblables; ils différoient ou par la taille, ou par les couleurs, ou par la forme et le volume de ce gros collier en forme d’une crinière épaisse de plumes enflées qu'ils portent autour du cou. Ces plumes ne naissent qu'au commencement du printemps, et ne subsistent qu'autant que durent les amours ; mais, indépendam- ment de cette production de surcroît dans ce temps , la surabondance des molécules organiques se manifeste encore par l’é- ruption d’une multitude de papilles char- nues et sanguinolentes qui s'élèvent sur le devant de la tête et alentour des yeux: 6 de DES COMBATTANS: x41 Cette double production suppose dans ces oiseaux une si grande énergie des puissances productrices , qu’elle leur donne, pour ainsi dire, une autre forme plus avantageuse , plus forte, plus fière, qu'ils ne perdent qu'après avoir épuisé partie de leurs forces dans les combats , et répandu ce surcroît de vie dans leurs amours. « Je ne connois pas d'oiseaux, « nous écrit M. Baïillon, en qui le phy- « sique de l’amour paroisse plus puissant «que dans celui-ci ; aucun n’a les testi- « cules aussi forts par rapport à sa taille : «ceux du combattant ont chacun près < de six lignes de diamètre , et un pouce < ou plus de longueur; le reste de Pappa- « reil des parties génitales est également « dilaté dans le temps des amours. On « peut de là concevoir quelle doit être son «< ardeur guerrière , puisqu'elle est pro- < duite par son ardeur amoureuse, et « qu'elle s’exerce contre ses rivaux. J’ai « souvent suivi ces oiseaux dans nos ma- « rais ( de basse Picardie), où ils arrivent «au mois d'avril avec les chevaliers, « mais en moindre nombre, Leur premier 142 HISTOIRE NATURELLE ! « soin est ee s’apparier , ou plutôt de se « disputer les femelles. Celles-ci, par de « petits cris, enflamment “er er des «< combattans. Souvent la lutteest longue, «et quelquefois sanglante. Le vaincu « prend la fuite; mais le cri de la pre- « mière femelle qu'il entend , lui fait ou- « blier sa défaite, prét à entrer en lice de « nouveau si quelque antagoniste se pré- « sente. Cette petite guerre se renouvelle «tous les jours le matin et le soir , Jus- « qu’au départ de ces oiseaux, qui a lieu « dans le courant de mai ; car il ne nous A 9 « reste que quelques traîneurs ,; et l’on. « n’a :amais trouvé de leurs nids rc nos. « marais. Cet ua ae exact et très-instruit remarque qu'ils partent de Picardie par les vents de sud et sud-est, qui les portent sur les côtes d'Angleterre, où en effet on sait qu'ils nichent en très-grand nombre, particulièrement dans le comté de Lin- coln ;, on y en fait même une pétite chasse. L'oiseleur saisit l'instant où ces oiseaux se battent pour leur. jeter son filet, et on est dans l'usage de les engrais: DES COMBATTANS. 43 ser en les nourrissant avec du lait et de la mie de pain : mais on est obligé, pour les rendre tranquilles , de les tenir renfer- més dans des endroits obscurs; car aussi- tôt qu'ils voient la lumière, ilsse battent. Ainsi l'esclavage ne peut rien diminuer de leur humeur guerrière. Dans les vo- lières où on les renferme, ils vont pré- senter le défi à tous les autres oiseaux * ; s'il est un coin de gazon verd, ils se battent à qui l’occupera ; et, comme s'ils se piquoient de gloire, ils ne se montrent jamais plus animés que quand il y a des spectateurs. La crinière des mâles est non seulement pour eux un parement de guerre , mais une sorte d’armure, un vrai plastron , qui peut parer les coups ; les plumes en sont longues, fortes et serrées : ils les hérissent d’une manière * Il y a à la Chine des oiseaux qu'on nomme oiseaux de combat, et que les Chinois nourrissent, non pour chanter, mais pour donner le spectatle de petits combats qu’ils se livrent avec acharnement, Il n’y a pas pourtant d'apparence que ce soient ici nos combattans, puisque ces oïseaux chinois ne sont pas, dit-on, plus gros que des linois. % 4 ; À Lu 144. HISTOIRE:N ATURELLE a menacante lorsqu'ils s’atfaquent; et c'est … sur-tout par les couleurs de cette livrée de combat qu'ils diffèrent entre eux : elle est rousse dansles uns, grise dans d'autres, blanche dans HN uns, et d’un beau noir violet chatoyant, code de taches rousses, dans les autres ; la livrée blanche est la plus rare. Ce panache d’amour ou de guerre ne varie pas moins par la forme que par les couleurs durant tout le temps de son accroissement. On peut voir dans Aldrovande les buit figures qu’il doune de ces oiseaux avec leurs différentes Cri- mières * Ce bel ornement tombe par une mue qui arrive à ces oiseaux vers la fin de * Au reste, de ces huit figures que donne Al- drovande, sur des dessins que le comte d'Aremberg lui avoit envoyés de Flandre, lune paroît être la femelle, cinq autres des mâles dans différens pé= riodes de mue ou d’accroissement de leur crinière ; et la huitième, à laquelle Aldrovande trouve lui- 5 même quelque chose de monstrueux, ou du moins d’absolument étranger à l'espèce du combattant, . paroît n'être qu'une mauvaise figure du grèbe cornu, que ce paturaliste n'a pas connugget dont Hous Darlérons dans la suite. p + Zom 125. | 27 PR se | “ ‘LE COMBATTANT. ou PAON DE MER cz Ye, L L'Daguet U à MT ; OL PR CALAUT ALT x +. DES COMBATTANS. 145 juin, comme si la Nature ne les avoit parés et munis que pour la saison de l’a- mour et des combats ; les tubercules ver- meïils qui couvroient leur tête, pâlissent et s’oblitèrent, et ensuite elle se recouvre de plumes. Dans cet état, on ne distingue plus guère les mâles des femelles, et tous ensemble partent alors des lieux où ils ont fait leurs nids et leurponte. Ils nichent en troupes comme les hérons, et cette habitude commune a seule sufli pour qu’Aldrovande les ait rapprochés de ces. oiseaux : mais la taille et la conformation entière des combattans est si différente ,. qu'ils sont très-éloignés de toutes les es- pèces de hérons ; et l’on doit, comme nous l’avons déja dit, les placer entre les chevaliers et les maubèches. : & ne Oiseaux, XV: T4 és” LES MAUBECHES.. Dixs l'ordre des petits oiseaux de ri-. vage, on pourroit placer les maubèches ‘après les chévaliers etavant le bécasseau :. elles sont un peu plus grosses que ce der- nier, et moins grandes que les premiers; elles ont le bec plus court ; leurs jambes sont moins hautes ; et leur taille ; plus _. xaccourcie, paroît plus épaisse que | LA GUIGNETTE* Ok pourroit dire que la guignette n’est ! qu'un petit bécasseau , tant il y a de res- semblance entre ces deux oiseaux pour la forme et même pour le plumage. La gui- gnette a Ja gorge et le ventre blancs; la poitrine tachetée de pinceaux gris sur blanc ; le dos et le croupion gris, non mouchetés de blanchâtre , mais légère- ment ondés de noirâtre, avec un petit trait de cette couleur sur la côte de chaque plume , et dans le tout on appercoit un reflet rougeâtre. La queue est un peu plus longue et plus étalée que celle du _ bécasseau: la guignette la secoue de même en marchant. C’est d’après cette habitude que plusieurs naturalistes lui ont appli- qué le nom de 7nofacilla, quoique déja donné à une multitude depetits oiseaux, * Voyez les planches enluminées, n° 850, sous la dénomination de petite alouette de mer. En allemand , fysterlin. HISTOIRE NATURELLE. 159 tels que la bergeronnette , la lavandière, le troglodyte, etc. | La guignette vit solitairement le long des eaux, et cherche, comme les bécas- seaux, LS grèves et ba rives de sable. On . en voit beaucoup vers les sources de la. Moselle , dans les Vosges, où cet oiseau est appelé lambiche. Il quitte cette contrée de bonne hëure , et dès le mois de juil- let, après avoir élevé ses petits. Laguignette part de loin en jetant quel- ques cris , et on l'entend pendant la nuit crier sur es rivages d’une voix gémis- sante ; habitude qu’apparemment elle partage avec le bécasseau , puisque, sui- vant la remarque de Willughby, le pil= senchkegen de Gesner, oiseau gémissant, der grand que la guignette , paroît être à le bécasseau. Du reste , l’une et l’autre de ces espèces se portent assez avant dans le Nord pour être parvenues aux terres froides et tem- pérées du nouveau continent; eten effet, un bécasseau envoyé de la Louisiane ne nous a paru différer presque en rien de celui de nos contrées, . €. LA PERDRIX DE MER *. / | C'ssr très-improprement qu’on a donné Je nom de perdrix à cet oiseau de rivage, qui n’a d'autre rapport avec la perdrix qu’une foible ressemblance dans. la forme du bec. Ce bec étant en effet assez court, convexe en dessus, comprimé par les côtés, courbé vers fs pointe , ressemble assez au bec des gallinacés ; mais la forme du corps et la coupe des plumes éloignent cet oiseau du genre des gallinacés, et semblent le rapprocher de celui des hiron- delles , dont il a la forme et les propor- tions, ayant, comme elles, la queue four- chue , une grande envergure, et la coupe | des ailes en pointe. Quelques auteurs ont donné à cet oiseau le nom de g/areola, qui a rapport à sa manière de vivre sur les grèves des rivages de la mer ; et en effet, cette perdrix de mer va, comme le ciucle, la guignette et l’alouette de mer, # Voyez les planches enluminées, n° 662. HISTOIRE NATURELLE. 16 cherchant les vermisseaux et les insectes aquatiques , dont elle fait sa nourriture. Elle fréquente aussi le bord des ruisseaux et des rivières, comme sur le Rhin, vers Strasbourg, où, suivant Gesner , on lui donne le nom allemand de foppriegerle. Kramer ne l'appelle praticola que parce qu'il en a vu un grand nombre dans de vastes prairies qui bordent un certain lac de la basse Autriche; mais par-tout, soit sur les bords dés rivières et des lacs, ou sur les côtes de la mer, cetoiseau cherche les grèves ou rives sablonneuses, plutôt que celles de vase. On connoît quatre espèces ou variétés de ces perdrix de mer, qui paroissent former une petite famille isolée au milieu de la nombreuse tribu des petits oiseaux rivage. 14 | ) L , LA ka : 1 Ma Huy : 162 HISTOIRE NATURELLE, ua oh tel Lac Len 81 SET LA PERDRIX DE MER GRISE. Première espèce. l L4 première est la perdrix de mer, re- présentée dans nos planches enluminées, n° 882, et qui, avec l’éspèce suivante, se voit, mais rarement, sur les rivières dans quelques unes de nos provinces, particulièrement en Lorraine, où M. Lot- tinger nous assure l'avoir vue. Tout son plumage est d’un gris teint de roux sur les flancs et les petites pennes de l'aile; elle a seulement la gorge blanche et en- cadrée d’un filet noir, le croupion blan et les pieds rouges. Elle est à peu près de. la grosseur d’un merle. L’hirondelle de mer d'Aldrovande, qui du reste se rap- _ porte assez à cette espèce, paroît y for- mer une variété, en ce que, suivant ce naturaliste, elle a les pieds très-noirs. ” BE S PERDRIX DE MER. 163 #5 LA PERDRIX DE MER BRUNE. Seconde espèce. Csrrr perdrix de mer, qui se trouve au Sénégal, et qui est de même grosseur que la nôtre , n’en diffère qu’en ce qu’elle est entièrement brune, et nous sommes fort portés à croire que cette différence du gris au brun n’est qu’un effet de l’in- fluence du climat; en sorte que cette seconde espèce pourroit bien n’être qu'une race ou variété de la première. u V4 { L COR. É E PR Lu me? Ce 7 DNS LOTS Er " F Aa / 164 HISTOIRE NA TURE. & fr - LA GIAROLE. Troisième espèce. ER ne. æ Cr sr le nom que porte en Italie l’es- pèce de perdrix de mer à laquelle Aldro- vande rapporte, avec raison , celle du rrelampos (ou pied noir) de Gesner; carac- tère par lequel ce dernier auteur prétend qu'on peut distinguer cet oiseau de tous les autres de ce genre, dont aucun n’a les pieds noirs. Le nom qu’il lui donne en allemand (rotknillis), est analogue au fond de son plumage roux ou rougeâtre au cou et sur la tête, où il est tacheté de blanchâtre et de brun. L'aile est ecendrée, et les pennes en sont noires. PERDRIX DE MER. 165 { + Fe LA PERDRIX DE MER At COLLIER. Quatrième espèce. Ls nom riegerle que les Allemands don- nent à cet oiseau, indique qu'il est re- muant et presque toujours en mouve- ament : en elfet, dès qu’il entend quelque bruit , il s’agite, court et part en criant d’une petite voix perçante. Il se tient sur les rivages , et ses habitudes sont à peu près les mêmes que celles des guignettes. Mais, en supposant que la figure donnée par Gesner soit exacte dans la forme du bec, cet oiseau appartient au genre de la perdrix de mer , tant par ce caractère que par la ressemblance des couleurs : le dos est cendré , ainsi que le dessus de l'aile, dont les grandes pennes sont noi- râtres ; la tête est noire, avec deux lignes blanches sur les yeux ; le couest blanc, ge sé r* 4 +: ne NORD MORE le 166 HISTOIRE NATUR L et un cercle brun l'entoure au | un collier ; le bec est noir, et les pieds sont jaunâtres. Du reste, lobe perdrix de mer doit être la plus petite de toutes, étant à peine aussi grande que le cinele, qui de tous les oiseaux de rivage est le plus petit. Schwenckfeld dit que cette per- drix de mer niche sur les bords sablon- neux des rivières, et qu'elle pond sept œufs oblongs. Il ajoute qu’elle court très- vîte, et y fait entendre pendant les nuits d'été un petit cri, 141, tul, d’une voix retentissante. } L'ALOUETTE DE MER *, pot, M Cr: T oiseau n’est point une alouette , quoiqu'il en ait le nom; il ne ressemble même à l’alouette que par la taille, qui est à peu près égale, et par quelques rap- ports dans les couleurs du plumage sur le dos : mais il en diffère pour tout le reste, soit par la forme , soit par les ha- bitudes ; car l’alouette de mer vit au bord des eaux sans quitter les rivages. Elle a le bas de la jambe nud, et le bec grêle, cy- lindrique et obtus comme les autres oi- seaux sco/opaces, et seulement plus court à proportion que celui de la petite bécas- sine , à laquelle cette alouette de mer ressemble assez par le port et la figure. C’est en effet sur les bords de la mer que se tiennent de préférence ces oiseaux, quoiqu'on lés trouve aussi sur les rivières. Ils volent en troupes souvent si serrées, » * Voyez les planches enluminées, ñ° 857. . En angloïs, stini; en allemand, s/ein-bicker, stein-beysserg en hollandois, strand-loupers i$ ” . aux MP : LS Se, dl à Gen LL 168 HISTOIRE NATURELLE qu'on ne manque pas d’en tuer un grand nombre d’un seul coup de fusil ; et Belon s'étonne de la grande HUE de ces alouettes aquatiques , dont il a vu les. marchés garnis sur nos côtes. Selon lui, c'est un meilleur manger que n’est l’a= louette elle-même ; mais ce petit gibier, bon en effet quand il est frais, prend un goût d'huile dès qu’on le garde. C’est ap- paremment de ces alouettes de mer que parle M. Salerne sous le nom de gui- gnettes, lorsqu'il dit qu’elles vont en troupes puisque la guignette vit solitaire. Si l’on tue une de ces alouettes dans la bande, les autres voltigent autour du chasseur, comme pour sauver leur compagne. Pic dèles à se suivre, elles s’entr'appellent en partant, et volent de compagnie en rasant la surface des eaux. La nuit on les entend se réclamer et crier sur les grèves et dans les petites îles. On les voit rassemblées en automne; les couples, que le soin des nichées avoit séparées, se réunissent alors avec les nou: yelles familles, qui sont ordinairement de quatre ou cinq petits. Les. œufs sont Aie r té 4 j ‘ ve ( “y on 5 n ! 4 nn * (T4 L *ÿ pi É * y: de "4 : ki LEUUE DE L’ALOUETTE DE MER. :69 _très-gros relativement à la taille de l’oi- seau ; il les\ dépose sur le sable nud., Le bécasseau et la guignette ont la même habitude, et ne font point de nid. L’a-. louette de mer fait sa petite pêche le long du rivage , en marchant et secouant in- cessamment la queue. Ces oiseaux voyagent comme tant d’autres, et changent de contrées ; il pa- roît même qu'ils ne sont que de passage sur quelques unes de nos côtes : c’est du moins ce que nous assure un bon-obser- vateur de celles de basse Picardie. Ils arrivent dans ces parages au mois de sep- tembre par les vents d’est, et ne font que . passer. Ils se laissent approcher à vingt pas ; ce qui nous fait présumer qu’on ne les chasse pas dans le pays d’où ils viennent. | Au reste , il faut que les voyages de ces oiseaux les aient portés assez avant au nord pour qu'ils aient passé d’un conti- nent à l’autre ; car on en retrouve l'espèce bien établie dans les contrées septentrio- nales et méridionales de l'Amérique , à la Louisiane , aux Antilles, à la Jamaïque À 15 Lu di , he. "+ + y "RS enr Ÿ # t7o HISTOI RE NA ATURELLE à à Saint- Domingue, à Cayenne. Les deux aloueftes de mer de Saint-Domingue que donne séparément M. Brisson, paroissent n'être que des variétés de n6ti espèce d'Europe : et dans l’ancien continent, l espèce en est répandue du nord au midi; | car on reconnoît l’alouette de mer au cap de Boune-Espérance dans l'oiseau que donne Kolbe sous le nom de bergeronnette, et au nord, dans le szint d’ Écosse, de VOBERby et de Sibbald. \ = 4 PETOTNO LE *; À RtsToTE a donné le nom de cinclos à l’un des plus petits oiseaux dé x et nous croyons devoir adopter ce nom pour le plus petit de tous ceux qui com- posent cette nombreuse tribu , dans la- quelle on comprend les chevaliers , les maubèches, le bécasseau ; la guignette, la perdnix et l’alouette de mer. Notre cincle méme paroît n'être qu'une espèce secon- daire et subalterne de l’alouette de mer : un peu plus petit et moins haut sur ses jambes, 1l a les mêmes couleurs , avec la seule différence qu'elles sont plus mar- quées ; les pinceaux sur le manteau sont tracés plus nettement, et l’on voit une zone de taches de cette couleur sur la poitrine : c’est ce qui l’a fait nommer alouette de mer à collier par M. Brisson. Le cincle a d’ailleurs les mêmes mœurs que _# Voyez les planches enluminées, n° 852. } Ÿ 0 MP NE M t72 HISTOIRE NATURELLE. l’alouette de mer; on le trouve fréquem- ment avec elle, et ces oiseaux patent de compagnie. Il a dans la queue le même mouvement de secousse ou de tremble- ment; habitude qu’Aristote paroît attri- buer à son cincle : mais nous n’avons pas _ vérifié si ce qu'il en dit de plus peut con- venir au nôtre ; savoir, qu’une fois pris, _ il devient très-aï$ément privé, quoiqu'il soit plein d’astuce pour éviter les piéges. Quant à la longue et obscure discussion d’Aldrovande sur le cincle, tout ce qu’on peut en conclure, ainsi que des figures multiphées et toutes défectueuses qu’il en donne, c’est que les deux oiseaux que les Italiens nomment giarolo et giaron- cello, répondent à notre cincle et à notre alouette de mer. - - # | ÈS 16 54 A # D E toutes les Superstitions qui aient jamais infecté la raison, et dégradé, avili l'espèce humaine, le culte des animaux seroit sans doute la plus honteuse, si l’on n’en considéroit pas l’origine et les pre- imiers motifs. Comment l’homme en effet a-t-il pu s’abaisser jusqu’à l’adoration des bêtes ? Y a-t-il une preuve plus évi- dente de notre état de misère dans ces premiers âges où les espèces nuisibles, trop puissantes et trop nombreuses, en- touroient l’homme solitaire, isolé , dénué d’armes et des arts nécessaires à l’exercice * lé ,en grec. Les Romains adoptèrent ce nom. L'ibis n’en a point dans les langues de l’Europe, comme inconnu à ces climats. Selon Albert, il se nommoit en égyptien leheras. On trouve dans Avicenne le mot anschuz pour signifier lizs ; mais saint Jérôme traduit mal janschuph par ibis, puisqu'il s’agit 1à d’un oïseau de nnit. Quelques interprètes rendent par rs le mot hébreu #ns= enemct. M LS 15 CL os 4? EE 4 +" 174 HISTOIRE NATURELLE de ses forces ? Ces mêmes animaux, deve: - nus depuis ses esclaves ,'étoient alors ses maîtres, ou du moins doi rivaux redou- tables ; Ta crainte, et l’ intér êt firent donc naître dés sentimens abjects et des pen sées absurdes, et bientôt la superstition, recucillant él unes et les autres , fit éga- lement des dieux de tout être utile ou nuisible.” L'Ég gypte est l’une des contrées où ce ‘ culte des animaux s’est établi le plus an- ciennement , et s’est conservé , observé le plus ÉPRS TRE E EU EEE de un grand nombre de siècles ; et ce respect religieux qui nous est attesté par tous les monu- mens , semble nous indiquer que, dans cette contrée, les Hommes ont lutté très- long -temps contre les espèces malfai- santes. | En effet, les crocodiles, les serpens , les sauterelles et tous les autres animaux immondes,renaissoient à chaque instant, ét Marbre sans nombre sur le vaité limon d'une terre basse , profondément humide et RE Le lent abreuvée par les épanchemens du fleuve; et ce limon. " d ‘ ue " D: Æû à + 4 DORDNES EE RE BOITE 08 fangeux, fermentant-sous les ardeurs du tropique , dut soutenir long-temps et multiplier à l’infini toutes ces générations impures , informes, qui n’ont cédé la terre à des habitans plus nobles que quand elle s’est épurée. Des essaims de petits serpens venimeux , nous, disent les premiers historiens , ef sortis de la vase échauffée des marécages, eë zolant.en grandes troupes , eussent causé l@ ruine de l'Égypte, si les ibis ne fussent venus @. leur. rencontre pour Les combattre et les détruire. N'y a-t-il pas toute apparence que ce service, aussi grand qu'inattendu, fut le fondement de la superstition , qui supposa dans ces oiseaux tutélaires quel- que chose de divin ? Les prêtres accrédi- tèrent cette opinion du peuple ; ils assu- rèrent que les dieux, s'ils daïgnoient se manifester sous une formie sensible, pren- droient la figure de l’ibis. Déja, dans la grande métamorphose , leur dieu bien- faisant, T'Loth ou Mercure, inventeur des arts et des lois, avoit subi cette transfor- mation , et Ovide, fidèle à cette antique mythologie, dans le combat des dieux et L? 1 LA: à 176 HISTOIRE NATURELLE des géans , cache Mercure sous les ailes d’un ïibis, etc. Mais, mettant toutes/ces fables à part, il nous restera l’histoire des combats de ces oiseaux contre les serpens. Hérodote assure être allé sur les lieux pour en être témoin. « Non loin de Butus, « dit-il, aux confins de l'Arabie, où les «< montagnes s’ouvrent sur la vaste plaine « de l'Égypte, j'ai vu les champs cou- « verts d’une incroyable quantité d’osse- « mens entassés, et des dépouilles de rép- « tiles que les ibis y viennent attaquer et « détruire au moment qu'ils sont près «d'envahir l'Égypte ». Cicéron cite ce même fait, en adoptant le récit d'Héro- dote , et Pline semble le confirmer lors- qu'il représente les Égyptiens invoquant religieusement leurs ibis à l’arrivée des serpens. | On lit aussi dans l'historien: Josèphe ; que Moïse allant en guerre contre les Éthiopiens, emporta dans des cages de papyrus un grand nombre d’ibis pour les opposer aux serpens. Ce fait, qui n’est pas fort vraisemblable , s'explique aisé- ment par un autre fait rapporté dans la Les > "DES IBTS. 177. Description de l'Egypte , par M. de Maillet. « Un oiseau ; dit-il, qu’ou nomme c£apon « de Pharaon (et qu’on reconnoît pour l’1- «bis}, suit pendant plus de cent lieues «les caravanes qui vont à la Mecque, « pour se repaître des voiries que la ca- « ravane laisse après elle; et en toutautre « temps il ne paroît aucun de ces oiseaux « sur cette route». L'on doit donc penser que les ibis suivirent ainsi le peuple hé- breu dans sa course en Égypte ; et c’est ce fait que Josèphe nous a transmis en le défigurant , et en attribuant à la pru- dence d’un chef merveilleux ce qui n’é- toit qu’un effet de l'instinct de ces oiseaux; et cette armée contre les Éthiopiens, et les cages de papyrus , ne sont là que pour embellir la narration, et agrandir l'idée qu’on devoit avoir du génie d’un tel com- mandant. Il étoit défendu, sous peine de la vie, aux Égyptiens , de tuer les ibis ; et ce peuple, aussi triste que vain , fut inven- teur de l’art lugubre des momies , par lequel il vouloit, pour ainsi dire, éterni- sex la mort, malgré la Nature bienfai- NS si Re ot Le 602 178 HISTOIRE NAPURELRE : "4 sante, qui travaille sans cesse à eneflacér les images ; et non seulement les Égyp- tiens employoient cet art des embaume- mens pour conserver les cadavres. hu- mains |, Mais ils préparoient avec autant de soin les corps de leurs animaux sacrés. Plusieurs puits des momies dans la plaine de Saccara s'appellent puits des oiseaux; parce qu’on n'y trouve en effet que des ._ oiseaux embaumés , et sur-tout des 1bis renfermés dans de longs pots de terre cuite, dont l’orifice est bouché d’un ci- ment. Nous avons fait venir plusieurs de ces pots, et, après les avoir cassés, nous avons trouvé dans tous une ‘espèce de poupée formée par les langes qui servent d’enveloppes au corps de l'oiseau , dont la plus grande partie tombe en poussière noire en développant son svaire ; Où y reconnoît néanmoins tous les os d'un oï- seau, avec des plumes empâtées dans quelques morceaux qui restent solides. Ces débris nous ont indiqué la gr ur de l'oiseau , qui est à peu ‘près égale à celle du courlis; le bec , qui s’est trouvé conservé dans deux de ces'moniies, nous 2 EPAENSST BUTS ën a fait reconnoître Je genre, Ce be l'épaisseur de celui de la cigogne, et par sa courbure il ressemble au bec du cour- lis, sans néanmoins en avoir les canne- lures ; et comme la courbure en est égale sur toute sa longueur, il paroît , Par ces caractères , qu’on doit placer l’ibis entre la cigogne et le courlis. En cffet, il tient de si près à ces deux genres d'oiseaux ; que les naturalistes modernes l’ont rangé avec les derniers, et que les anciens l’a- voient placé avec le premier. Hérodote avoit très-bien caractérisé l'ibis , en di- sant qu’il a Ze bec fort arqué, er la jambe haute comme la grue. Il en distingue deux espèces : « la première, dit-il , à le plu- «mage tout noir; la seconde, qui se ren- « contre à chaque pas, est toute blanche, « à l'exception des plumes de l'aile et dé « la queue, qui sont très - noires , et du « dénuement du cou ét de la LÉ qui «ne sont couverts que de la peau. » Mais ici il faut dissiper un nuage jeté sur, ce passage d'Hérodote par ligno- rance des traducteurs ; ce qui donne un air fabuleux et même absurde à son i59 CNE: © 18a HISTOIRE NATURELLE récit. Au lieu de rendre 73» d’éy rosi a Ua ; Aevutroy Toëre dy pémourt, à la lettre que DEAIPES hominum obversantur sæpius (celles | qu'on rencontre à chaque pas), on a traduit, 4æ qguidem habent pedes veluti hominis (ces ibis ont les pieds faits comme ceux de l’homme). Les natura- listes ne comprenant pas ce que pouvoit signifier cette comparaison disparate, frent, pour l'expliquer ou la pallier, d'i- nutiles efforts. Ils imaginèrent qu'Héro- dote, décrivant l’ibis blanc, avoit êu en vue # cigogne , et avoit pu abusivement caractériser ainsi ses pieds , par la foible ressemblance que l’on peut trouver des ongles applatis de la cigogne à ceux de l’homme. Cette interprétation satisfaisoit peu , et l’ibis aux pieds humains auroit dû dès-lors être relégué dans les fables: cependant. il fut admis comme un être réel sous cette absurde image, et l’on'ne peut qu'être étonné de la trouver encore aujourd'hui exprimée toute entière, discussion et.sans adoucissement ; | les Mémoires d’une, savante académie, tandis que cette chimère n’est, comme DES BTS , or 10 lon voit, que le fruit d'une méprise du traducteur de ce premier historien grec, que sa candeur à prévenir de l’incertitude de ses récits, quand il ne les fait que sur des rapports étrangers, eût dû faire plus respecter dans les sujets où il parle d’après lui-méme, | ÿ Aristote, en distinguant, come Héro- dote, les deux espèces d'ibis, ajoute que la blanche est répandue dans toute l’É2 sypte, excepté vers Peluse, où l'on ne voit au contraire que des ibis noirs qui ne se trouvent pas dans tout le reste du pays. Pline répète cette observation par- tüculière ; mais du reste, tous les anciens, en distinguant les deux ibis par la cou- leur, semblent leur donner en commun tous les autres caractères, figure, habi- tudes , instinct, et leur Héltesie de pré- fire en Ébvpte , à l'exclusion de toute autre contrée. On ne pouvoit même, sui- vaut l'opinion commune , les transpor- ter hors de leur pays, saus as VOir consu- més de regrets. Cet oiseau , si fidèle à sa terre natale, en étoit Hot 3 emblème ; Ja Bgure de T'ibis, dans les Aiéroslyph a Oiseaux, XV. 19 182 HISTOIRE NATURELLE | 1 désigne présque toujours l'Égypte. , et il est peu d'images ou de caractères qi soient. plus répétés dans tous les monu- mens. On voit ces figures d'ibis sur la plu- part des obélisques , sur la base de la sta- tue. du Nil, au Belvédère à Rome, de même qu’au jardin des Tuileries à Paris. Dans la médaille d’Adrien , où l'Égypte paroît prosternée, l’ibis est à ses côtés. On a figuré cet oiseau avec l’éléphant , sur les médailles de Q. Marius, pour dési- gner l'Égypte et la Libye, théâtres des ses exploits, etc. D'après le respect populaire et très-an- cien pour cet oiseau fameux, il n’est pas étonnant que son histoire ait été chargée de fables : on a dit que les ibis se fécon- doient et engendroient par le bec. Solin paroît n’en pas douter ; mais Aristote se. moque avec faison de cette idée de pureté virginale dans cet oiseau sacré. Pierius parle d’une merveille d’un genre bien : opposé ; il dit que , selon les anciens, le basilic naissoit d’un œuf d'ibis', formé ; dans cet oiseau , des venins de tous les serpens qu’il dévore. Ces mêmes anciens PNENSUIT BASS CU re nt encore écrit que le crocodile ‘et les rpens , touchés d'une plume d’ibis, de- meuroient immobiles comme par enchan- tement, et que souvent mêmé ils môt- roient sur-le-champ. Zoroastre, Démocrite et Philé ont avancé ces faits ; d’autres au- teurs ont dit que la vie de cet oiseau divin étoit excessivement longue : les prêtres d'Hermopolis prétendoïent même qu'il pouvoit être immortel ; et, pour le prou- ver , ils montrèrent à Appion un ibis si vieux, disoient-ils, qu’il ne pouvoit plus mourir. | Ce n’est là qu’une partie des fictions enfantées dans la religieuse Égypte, au sujet de cet ibis ; la superstition porte tout à l'excès. Mais si l’on considère le motif de sagesse que put avoir le législateur en consacrant le culte des animaux utiles, on sentira qu’en Égypte il étoit fondé sur 1a nécessité de conserver et de multiplier ceux qui pouvoient s'opposer aux espèces nuisibles. Cicéron remarque judicicuse- ment que les Égyptiens n'eurent d’ani- maux sacrés que ceux desquels il leur _importoit que la vie fit respectée, à cause # | à / LAURE PP DS ET POP D 184 HISTOIRE NATURELLE de la grande utilité qu'ils en tiroie Jugement sage et bien différent de ce de l’impétueux Juvénal ; qui compte pare mi les crimes de l'Égypte sa vénération * pour l’ibis, et déclamé contre ce culte; que la superstition exagéra sans doute, mais que la sagesse dut maintenir ; puis-. que telle est en général la uilièsdé de l'homme , que les législateurs les plus profonds ont cru devoir en faire le fonde- ment de leurs lois. Eu nous occupant maintenant de l’his- toire naturelle et des habitudes: réelles de l’ibis , nous lui reconnoîtrons non seu- Iement uu appétit véhément de la chair des serpens, mais encore une forte anti- pathie contre tous les reptiles; il leur fait la plus cruelle guerre. Belon assure qu'il * Il paroît dificile d'abord d'appliquer cette raïon au culle du crocodile; mais, outre qu’il n’Ctoit adoré que dans une seule ville da nome Arsinoite, et que l'ichneumon, son antagobiste, l’étoit dans toute PÉsypte, cette ville des crocodiles ne les adoroit que par craiite , et pour-les tenir éloignés, par un culte à la vérité insénsé, d’un lieu où naturellement le fleuve ne les ayoit point portés. # | Là : À REP RES 109 À va toujours les tuant, quoique rassasié,. iodore de Sicile dit que jour et nuit l’ibis se promène sur la rive des eaux , guettant les reptiles, cherchant leurs œufs, et dé- truisant en passant les scarabées et les sauterelles. Accoutumés au respect qu’on leur marquoit en Égypte, ces oiscaux venoient sans crainte au milieu des villes. Strabon rapporte qu'ils remplissoient les rues et les carrefours d'Alexandrie jusqu'à l'importunité et à l’incommodité, con- sommant , à la vérité, les immondices, mais attaquant aussi ce qu’on mettoit en réserve , et souillant tout de leur fiente ; inconvéniens qui pouvoient en effet cho- quer un Grec délicat et poli , mais que des Égyptiens grossièr ement Ep souf- froient avec plaisir. Ces oiseaux posent leur nid sur les pal- miers , et le placent dans l'épaisseur des feuilles piquantes, pour le mettre à l'abri de l'assaut des chats leurs ennemis. Il paroît que la ponte est de quatre œufs ; c’est du moins ce que l’on peut inférer de l'explication de la Table Isiaque par Pignorius. Il est dit que l’ibis marque sa 16 ” _ marque ses temps FCO k . Pa. | dit +86 HISTOIRE NATURELLE 5 ponte par les mêmes s nombres que la L r | lunæ rationem « | Jfingit; ce qui ne ‘paroît pouvoir ‘s'en. tendre autrement qu'en disant, avec le docteur Shaw, quel’ibis faitautant d'œufs. qu'il y a de phases de la lune, c’est-à- ! dire, quatre. Élien, expliquant pour- quoi cet oiseau est consacré à la lune, indique la durée de l’incubation , en di- sant qu'il met autant de jours à faire éclore ses petits ! que l’astre d’Isis en met à parcourir le cercle de ses phases 2. Pline et Galien attribuent à l'ibis Pin- vention du clystère, commetce le de la saigunée à l'hippopotame ; : et ce ne sont point, ajoute le premier, Les seules hoses * Plutarque nous assure que le peuit ibis, venant de naître, pèse deux drachmes. 2 Clément Alexandrin, décrivant les repas reli- gieux des Égyptiens J dit qu ’enire autres objets on. portoit alentour des convives un ibis, cet oiseau, par le blanc et le noir de son plumage ,"étant l’em- blême de la lune obscure et lumineuse ; et suivant Plutarque, on trouvoit dans la manière dont le blanc étoit tranché avec le noir dans ce plumage, uve figure du croissant de lasire des nuits. FÉES AU CORRE ! bu fe DES IB1 , Ra | «87 eù l'homme ne fut que le disciple de l'indus- e des animaux. Selo: Plutarqué , l’ibis cela Re d'eau salée ; ét: a description anato= mique de cet au ; prétend avoir ré- marqué le trou du #8 par lequel l'eau 0 peut être lancée. CRUE M nvonr dit que les anciens distin- guoient deux espèces d’ibis', l’uncblanche : et l’autre noire : nous n'avons vu que la blanche , et nous l'avons fait représenter dans nos planches enluminées ; et à l’é- L de l'ibis noir , quoique M. Perrault Ko le qu 1l a été apporté en Europe . ph vent que l’ibis blanc, cependant aucun naturaliste ne l’a vu depuis Belon, et nous n’en savons que ce qu’en a dit cet observateur. ss, | 188 HIS TOIRE NATURELLE Lo L’IBIS BLA Nés i Cr oïseau est un peu plus grand que : le courlis, et l’est un peu moins que la cigogne : sa longueur , de la pointe du _bec au bout des ongles , est d'environ. trois pieds et demi. Hérodote en donne la. description , en disant que cet oiseau a! les jambes hautes et nues ; la face et le front également dénués de plumes ÿle bec ar qué; les pennes de la queue et des aïles, noires , et le reste du plumage blanc. Nous TOM RES à ces ca actères quelques autres traits dont Hérodote n’a pas fait mention. Le bec est arrondi et terminé en pointe mousse; le cou est d’une grosseur égale dans toute sa longueur , ‘et il n’est» pas garni de plumes pendantes comme lé cou de la cigogne. | | M. Perrault ayant décrit et disséquémun Ÿ% Voyez Los nlomiié enluminées, n° 389. Eu 4 1 Zom 15. | Plro. Pay 188. 7. JDauquet- E: | PDBoS El BE Se | 189 , de ces oiseaux, qui avoit vécu à la ména- gerie de Versailles, en Bt la comparaison avec la cigogne , et il trouva que celle-ci étoit plus grande, mais que l'ibis avoit à proportion le bec et les pieds plus longs. Dans la cigogne , les pieds n’avoient que quatre parties de la longueur totale de l'oiseau, et daus l'ibis ils en avoient cinq; et il observa la méme différence propor- tionnelie entre leurs becs et leurs cous. Les ailes lui parurent fort grandes ; les pennes en étoient noires; et du reste, tout le plumage étoit d’un blanc un peu roussâtre , et n’étoit diversifié que par quelques taches pourprées et rougeûâtres sous les ailes. Le haut de la tète, le tour des yeux et le dessous de la gorge, étoient " dénués de plumes et couverts d’une peawx rouge et ridée. Le bee , à la racine, étoit gros, arrondi ; il avoit un pouce et demi de diamètre, et il étoit courbé dans toute sa longueur : il étoit d’un jaune elair à l’origine , et d’un orangé foncé vers l’ex- trémité. Les côtés de ce bec sont tranchans . et assez durs pour couper les serpens , et c’est probablement de cette manière qua. .” A 1! VU . 199 HISTOIRE NATURELLE _ cet'oiseau les détruit ; Car son bec ayant la pointe mousse et comme tronquée, ne les perceroit que difficilement. ji 74 à. L Le bas des jambes étoit rouge, et cette partie, à laquelle Belon ne donne pas un pouce de longueur dans sa figure de l’ibis noir , en avoit plus de quatre dans cet ibis blanc ; elle étoit , ainsi que le pied, toute garnie d’écailles hexagones ; les écailles qui recouvrent les doigts étoient coupées en tables; les ongles étoient pointus , étroits et noirâtres ; des rudi- mens de membrane bordoient des deux côtés le doigt du milieu, et ne se trou- voient que du côté intérieur dans les deux autres doigts. Quoique l’ibis ne soit point granivore ; son ventricule est une espèce de gésier, dont la membrane interne est rude et ridée. On a vu plus d’une fois ces confor- mations disparates dans l’organisation des oïseaux ; par exemple , on a remar- qué dans le casoar, qui ne mange point de chair, ‘un ventricule membraneux comme celui de l’aigle *. $ *# Une particularité intéressante de cette descrip= 4 | INB'SAPBIS DA LORE : M. Perrault trouva aux intestins quatre pieds huit pouces de longueur; le cœur étoit médiocre , etnon pas excessivement grand, comme la prétendu Mérula. La langue , très-courte, cachée au fond du bec. ;. n’étoit qu’un petit cartilage recou- vert d’une membrane charnue ; ce qui a fait croire à Solin que cet oiseau n’avoit- point de langue. Le globe de l’œil étoit petit , n'ayant que six lignes de diamètre. « Cet ibis blanc, dit M. Perrault, et un « autre qu’on nourrissoit encore à la mé-_ « nagerie de. Versailles, et qui avoient « tous deux été apportés d'Égypte, étoient « les seuls oiseaux de cette espèce que l’on tion concerne Ja route du chyle dans les intestins des oiseaux. On fit des injections dans la veine mé- séntérique d'une des cigognes que l’on disséquois avec l’ibis, et la liqueur passa dans Ja cavité des. intesuns ; de même ayant rempli de lait une por- ton de l’intestin, et l’ayant lié par les deux bouts, Ja liqueur comprimée passa dans la veine mésenté. rique. Peut-être, ajoute l’anatomiste, cette voie est. elle commune à tout le genre des oiseaux ; et comme on ne leur a point trouvé de veine lactée, on peut soupconner, avec raison, que C’est-là la route du chyle, pour passer des intestins dans le mésentère. | K RL bu 192 HISTOIRE NATURELLE «eût jamais vus en France ». Selon lui ; toutes les descriptions des auteurs mo- dernes n’ont été prises que sur celles’ des anciens. Cette ON" me paroît assez juste : - car Belon n’a ni décrit ni même reconnu l'ibis blauc en Égypte ; ; Ce qui ne seroit pas vraisemblable si l’on ne sup- posoit pas qu'il l’a pris pour une cigogne: mais cet observateur est à son tour le seul des modernes qui nous ait dépeint libis noir. ; mÉn ANE SC TB TS. 193 L’IBIS NOIR. C ET oiseau, dit Belon , est un peu moins | gros qu’un courlis. I est donc moins grand que l'ibis blanc, et il doit être aussi moins haut de jambes : cependant nous avons remarqué que les anciens ont dit les deux ibis semblables-en tout, à la cou- leur près. Celui-ci est entièrement noir, et Belon semble indiquer qu'il a le front et la face en peau nue, en disant que sa tête est faite comme celle d’un cormoran. Néanmoins Hérodote , qui paroît avoir voulu rendre ses deux descriptions très- exactes, ne donne point à l’ibis noir ce caractère de la tête ét du cou dénués de plumes. Quoi qu’il en soit, tout ce qu’on a dit des autres caractères et des habitudes de ces deux oiseaux , leur a également été attribué en commun, sans exception mi diliérence. + . “ag LE COURLIS*, > LA Première espèce. { L ES noms composés de sons imitatifs de la voix, du chant, des cris des ani- maux, sont, pour ainsi dire, les noms de la Nature; cesont aussi ceux que l’homme a imposés les premiers. Les langues sau- vages nous ofirent mille exemples de ces noms donnés par instinct , et le goût, qui n’est qu’un instinct plus exquis, les a conservés plus ou moins dans les idiomes à * Voyez les planches enluminées, n° 818. Ea latin‘, numenius, arquata , falcinellus : en italien, arease, 1orquailo; en anglois, curlew, water-curlew ; en allemand, #rach-vogel, wind wogel, wetter-vogel. ans nos. provinces, on lui dpune différens noms : en Poitou, Zurlu ou cor- bigeau ; en Bretagne, corbichet; en Picardie, turlui ou courleru; en Bourgogne , curlu , turlu; en basse Normandie, corlui (tous noms pris de sa voix, car al. se nomme lui-même); en quelques endroits» décasse dé mers ee | à 4 Mr ler d “Zom 26 1. LE23 .Zhg 194: LIN auquel h. us ne Lo pt D nr Pur ve PET vie devant: ï PUS 4 NPTIIE ee 11 DOS T dt or” de ÿ/ Len OUT M A le 1 ti “1 qu PL APN NN AR 7 sil LM HR Fa y pa Fe si ES F4 se 4 k 1 ve. + mi” di MEL Ds ET ANT TE Hs à AR A | PE nr FAR 1 4 À à 4 \ #. ÿ is 2 Ur | k \ Ft ft is Lu dr. $ Ç rl # ? j à “ee * 4 & 1 OT US A Li \ Mr) 5e de CA RUN due AT ÿ4 HSE * Cor See Ki ‘1 Aute Ÿ pe ue k QN si 7: or” } A 1 4 7 be 48 aa He. FLE, ANA : DPWACA A) x “à + L | N L ÿ An fl sh LS APT à ue Les gun HE D - 14 trie COR ie oh FREIN DAT HISTOIRE NATURELLE, 15 des peuples policés, et sur-tout dans la langue grecque, plus pittoresque qu’au- cune autre , puisqu'elle peint même en dénommant. La courte description qu’A- ristote fait du courlis, n’auroit pas suffi sans son nom elorios, pour le reconnoître et le distinguer des autres oiseaux. Les noms françois courlis, curlis, turlis, sont des mots imitatifs de sa voix; et, dans , d’autres langues , ceux de curlew, caroli, tarlino , etc., s’y rapportent de même : mais les dénominations d’arquata et de falcinellus sont prises de la courbure de son bec, arqué en forme de faux. Il en est de même du nom zumenius, dont l’o- rigine est dans le mot néoménie, temps du croissant de ia lune. Ce nom a été appli- qué au courlis, parce que son bec est à peu près en forme de croissant. Les Grecs modernes l’ont appelé macrimiti ou long nez , parce qu'il a le bec très-long relati- vement à la grandeur de son corps. Ce bec est assez grêle, sillonné de rainures, également courbé dans toute sa longueur , et terminé en pointe mousse ; il est foible et d’une substance tendre, et ne paroît 196 HISTOIRE NATURELLE. propre qu’à tirer les vers de la terre molle: | Par ce caractère , les courlis pourroient être placés à la tête de la nombreuse tribu d'oiseaux à long bec effilé, tels que les bécasses, les barges, les chotnléell ; etc. j qui sont au thit oiseaux de marais que de rivage , et qui, n'étant point armés d’un bec propre à saisir ou percer les poissons ;! sont obligés de s’en tenir aux vers et aux insectes, qu'ils fouillent daus la vase et dans les terres humides et limoneuses. Le courlis a le cou et les pieds longs } les jambes en partie nues, et les doigt engagés vers leur Jonction par une por- tion de membrane. II est à peu près de la grosseur d’un chapon. Sa longueur totale est d'environ deux pieds; celle de son bec, de cinq à six pouces ; et son enver- gure, de plus de trois pieds. Tout son plu- mage est un mélange de gris blanc, à l'exception du ventre et du croupion, qui sont entièrement blancs; le brun est tracé par pinceaux sur toutes les parties supé- rieures , et chaque plume est frangée de gris blanc ou de roussâtre ; les grandes pennes de l'aile sont d’un brun noirâtre ; . DS Le LUE , | LD A Li DES'COURELIS. : 197 les plumes du dos ont le lustre de la soie ; celles du cou sont duvetées , et celles de la queue , qui dépasse à peine les ailes pliées , sont, comme les moyennes de l'aile, then de blanc et de brun noi- râtre. 1 y a peu de différence entre .le mâle et la femelle, qui est seulement un peu plus petite ; et dès-lors la description particulière que Linnæus a donnée de cette femelle , est superflue. | Quelques nr aliat: ont dit que quoi- que la chair du courlis sente le marais, elle ne laisse pas d’être fort estimée, et mise par quelques uns au premier rang entre les oiseaux d’eau. Le courlis sc nourrit de vers de terre, d'insectes, de menus coquillages qu'il ramasse sur les sables et les vases de la mer, ou sur les marais et dans les prairies humides. Il a la langue très-courte et cachée au fond du bec. On lui trouve de petites pierres et quelquefois des graines dans le ventri- cule, qui est musculeux comme celui des granivores. Au - dessus de ce gésier}, l’'œsophage s’enfle en manière de poche tapissée de papilles glanduleuses ; il se # fi 17 198 HISTOIRE NATURELLE trouve deux cœcums de trois ou quatre doigts de longueur dans les intestins. Ces oiseaux courent très-vîte ct volent en troupes*. Ils sont de passage en France, et s’arrêtent à peine dans nos provinces intérieures ; mais ils séjournent dans nos contrées maritimes, comme en Poitou, en Aunis, et en Bretagne lelong delaLoire, où 1ls shent: On assure qu’en Angle- terre ils n’habitent les côtes de la mer qu’en hiver, et qu’en été ils vont nicher dans l’intérieur du pays vers les mon- tagnes. En Allemagne , ils n'arrivent que * C’est apparemment d’après la vitesse de sa course que Hesychius donne au courlis le nom de _zrochilus , appliqué d’ailleurs, et avec plus de jus- tesse, à un petit oiseau, qui est le troglodyte. Ce nom de #rochilus se trouve, à la vérité, donné à un oiseau aquatique dans un passage de Cléarque dans — Athénée : mais ce qui manifeste l'erreur de He- “sychius, c’est que, dans ce même passage, le courlis {elorios) est nommé comme différent du trochilus ; et ce trochilus de Cléarque, habitant les rives des eaux , sera ou le coureur, où quelqu'un de ces pelits OISEAUX ;, guignetles ; cincles ou pluviers & GREAT qui se tiennent sans cesse sur les rivagess ‘€t qu'on ÿ voit courir avec célérité. DES COURLIS. 10 dans la saison des pluies et par de cer- tains vents: ; car les noms qu’on leur donne dans les différens dialectes de la langue allemande, ont tous rapport aux vents, aux pluies ou aux orages. On en voit dans l’automne eu Silésie, et ils se portent en été jusqu’à la mer Baltique et au golfe de Bothnie. On les trouve également en Italie et en Grèce, et il paroît que leurs migrations s'étendent au-delà de la mer Méditerranée: car ils passent à Malte deux fois l’année , au printemps et en automne. D'ailleurs les voyageurs ont rencontré des courlis dans presque toutes les parties du monde ; et quoique leurs notices serap- portent pour la plupart aux différentes espèces étrangères de cette famille assez nombreuse , néanmoins il paroît que l’es- pèce d'Europe se retrouve au Sénégal et à Madagascar ; ear l'oiseau représenté m° 198 de nos planches enluminées est si semblable à notre courlis, que nous croyons devoir le rapporter à la même espèce. Il ne diffère en effet du courlis d'Europe que par un peu plus de lon- sueur dans le bec, et de netteté dans les ; ‘y TE DT AN GURESS 50 HISTOIRE NATURELLE couleurs; différences légères qui ne font tout au plus qu’une variété , qu’on peut : attribuer à la seule influence du climat.On rencontre quelquefois des courlis blancs , comme l’on trouve des bécasses blanches, des merles, des moineaux blancs ; mais ces variétés, purement individuelles, sont des dégénérations accidentelles qui ne doivent pas être regardées comme des ‘races constantes. Zom 15. | 2 / / | i Ll14 . Las 201, +, P auquel. JS | % Dr E SE OU RE ES: vi 07 LE CORLIEU*, O U PETIT COURLIS. Seconde espèce. \ “ { L E corlieu est moitié moins grand que le courlis , auquel il ressemble par la forme , par le fond des couleurs, et même en leur distribution ; il a aussi le même genre de vie et les mêmes habi- tudes. Cependant ces deux espèces sont très - distinctes ; elles subsistent dans les mêmes lieux sans se mêler ensemble, ct restent à la distance que met entre elles Lé * Voyez les planches enluminées, n° 842. En italien, arangolo ou 1araniolo ; en anglois, svimbrel ; en allemand regen-vogel , wind-vogel (noms déja donnés au courlis), et dans quelques Cantons, /rach-hun, brach-rogel. | 22 HISTOIRE NATURELLE l'intervalle de gr andeur trop considérable pour qu’elles puissent se réunir. L'espèce |: du corlieu paroît être plus particulière- ment attachée à l'Angleterre , où , suivant les auteurs de la Zoologie britannique, elle est plus commune que celle du grand cour” lis. Il paroît , au contraire, qu'elle est fort rare dans nos provinces. Belon ne l’a pas connue, ct 1l y a toute apparence qu’elle n’est pas plus fréquente en Italie qu’en France ; car Aldrovande n’en a parlé que confusément d’après Gesner, et il répète 1e double emploi qu'a fait ce naturaliste, en donnant deux fois parmi les poules d’eau ce petit courlis, sous les dénomi- nations de phæopus et de gallinula ; cax l’on reconnoît le corlieu ou petit courlis _ aux noms de regen-vogel et de tarangolo , aussi-bien que la plupart des traits de la description qu’il en donne. Wiliughby s’est appercu le premier de cette méprise de Gesner, et il a reconnu le même oiseau dans trois nôtices répétées par cet auteur. Au reste, Gesner s’est encore trompé en rapportant à ce petit courlis les noms de #wind-vogel et de wetler-vogel, qui appar« ne” à à … TES | OMIS tré DU R'ÉUT SOU ST tiennent au grand courlis *; et quant à l'oiseau que M. Edwards a donné sous le nom de petit ibis ( Glan. pl. 356), c’est certainement un petit courlis, mais dont le plumage étoit, comme l’observe ce naturaliste lui-même , dans un état de mue , et dont la description ne pourroit par conséquent établir distinctement l’es- pèce de cet oiseau. i * L'oiseau nommé toréa aux îles de la Société, et qui est appelé dans le Voyage de Cook peiit Cor=. lieu , ne paroît pas être de la famille des courlis. Il est dit que le toréa se trouve autour des vais- seaux; et nous ne savons pas qu'aucun Courlis s’avance en mer ni quitie le rivage. Fe Len one. À 204 HISTOIRE NATURE LLE 3 El dust t RONA LE COURLIS VERD*, | Oo U COURLIS D'ITALIE. Troisième espèce. . » Cr dues Btrole sous le nom de _courlis d'Italie ; mais on peut aussi le dé- signer par sa couleur. Il est plus grand que ne le dit M. Brisson, et qu'il n’est réprésenté dans nos blamclses enluminées ; courlis , qui se trouve aussi à l’île de Lucon, auroit | comme le précédent , beaucoup de rapport avec notre grand courlis , s’il n’étoit pas d’un tiers plus { petit : il diffère encore en ce qu'il a le. sommet de la tête noir, et les couleurs différemment distribuées; elles sont Jetées sur le dos par mouchetures au bord des plumes, et sur le ventre , par ondes ou hachures transversales. \ ’ 28 HISTOIRE NATURELLE. "4 ; … { 0 LE pe A TÊTE NUE #. ” Sixième espèce. L'ssrèce de ce courlis est nouvelle et très-singulière : sa tête entière est nue, et le sommet en est relevé par une sorte de bourrelet , couché et roulé en arrière de cinq ligues d'épaisseur , et recouvert d’une peau très-rouge , très-mince , et sous laquelle on sent immédiatement la protubérance osseuse qui forme lebourre- let ; le bec est du même rouge que ce cou- ronnement de la tête; le haut du cou et le devant de la gorge sont aussi dénués de plumes , et la peau est sans doute ver- meille dans l'oiseau vivant; mais nous ne l’avons vue que livide sur l'individu mort que nous décrivons , et qui nous a été apporté du cap de Round Esni ance par M. de la Ferté. Il a toute la forme du * Voyez les planches enluminées, n° 867. RANGS IE QU IR LIT 67/1. s0ÿ courlis d'Europe ; sa taille est seulement plus forte et plus épaisse. Son plumage, sur un fond noïr, offre, dans les pennes de l’aile, des reflets de verd et de pourpre changeans ; les petites couvertures sont d’un violet pourpré assez fort de teinte, mais plus léger sur Île dos, le cou et le dessous du corps ; les pieds et la partie nue de la jambe , sur la longueur d’un pouce, sont rouges comme le bec, qui est long de quatre pouces neuf lignes. Ce courlis, mesuré de la pointe du bec à l’ex- trémité de la queue, a deux pieds un pouce , et un pied et demi de hauteur dans. son attitude naturelle. 15 210 HISTOIRE NATURELEE : ( LE COURLIS HUPPÉ *. Septième espèce. n.! Le huppe distingue ce courlis de tous les autres, qui généralement ont la tête plus ou moins lisse où recouverte de petites plumes fort courtes : celui-ci, aw contraire , porte une belle touffe de lon- gues plumes , partie blanches et partie vertes , qui se jettent en arrière en pana- che ; le devant de la tête et le tour du haut du cou sont verds; le reste du cou, le dos et le devant du corps, sont d’un beau roux marron; les ailes sont blan- ches ; le bec et les pieds sont jaunûâtres. Un large espace de peau nue environne les yeux ; le cou , bien garni de plumes, _paroît moins long et moins grêle que dans les autres eourlis. Ce bel oiseau , * Voyez les planches enluminées, n° 641. ‘3 * 4 le FT pes éourz1s | 218 _ huppé se trouve à Madagascar. Les sept espèces de courlis que nous venons de décrire , appartiennent toutes à l’ancien Guen: , et nous en connoissons aussi huit autres dans le nouveau. Pi TL RA L Qu NT PER tt a % PR « 212 HISTOIRE NATURELLE : / . V4 \ C'O U'R L'ES _ DU NOUVEAU CONTINENT. LE COURLIS ROUGE *. Première espèce. Lx s terres basses et les plages de vase qui avoisinent les mers et les grands” fleuves de l'Amérique méridionale , sont. peuplées de plusieurs espèces de courlis. La plus belle de ces espèces ct la plus commune à la Guiane, est celle du cour- lis rouge : tout son plumage est écarlate, à l’exception de la pointe des premières pennes de l’aile, qui est noire; les pieds, * Voyez les planches enluminées, n° 81, ce. courlis adulte; n° 8o, le même à l’âge de’ deux! ans. AT 4 , s SORTE LOL EN NAT DES cc RIT Ja partie nue des jambes et le bec sont rouges ou rougeâtres*, ainsi que la peau nue qui couvre le devant de la tête, de- puis l’origine du bec jusqu’ au- delà des yeux. Ce courlis est aussi grand, mais un peu moins gros que le courlis d’Eu- rope; ses Jambes sont plus hautes, et son bec, plus long , est aussi plus ONE et Éavolt plus épais vers la tête. Leplu- mage de la femelle est d’un rouge moins vif que celui du mâle; mais l’un et l’autre neprennent qu'avec l’âge cette belle cou- leur. Leurs petits naissent couverts d’un duvet noirâtre ; ils deviennent ensuitecen- drés , puis blancs lorsqu'ils commencent voler, et ce n’est que dans la seconde la troisième année que ce beau rouge paroît par nuances successives , et prend plus d'éclat à mesure qu’ils avancent en âge. * Ces oiseaux se tiennent en troupes , soit en volant, soit en se posant sur les arbres, où , par leur nombre et leur couleur de feu , ils offrent le plus beau coup d’œil. * Cette couleur du bec peut varier : Marcgrave Je dit blanc cendré ; Clusius, jaune d’ocre. - 214 HISTOIRE NA URELLE "4 Leur vol est soutenu même assezrapide ÿ mais ils ne se mettent en mouvement que le matin et le soir : par la chaleur du jour , ils entrent dans les criques et. s’y. tiennent au frais sous les palétuviers , jus- que vers les trois ou quatre heures, qu'ils retournent sur les vases, d'où ils revien- nent aux criques pour passer la nuit. On ne voit guère un de ces courlis seul; ou si . quelqu'un s’est détaché de la troupe, il ne tarde pas à:la rejoindre : maïs ces at- troupemeus sont distingués par âges, et les vieux tiennent assez constamment leurs bandes séparées de celles des jeunes. Les couvées commencent en Janvier, et finissent en mai. Ils déposent leurs œufs" sur les grandes herbes qui croissent les palétuviers, ou dans les broussailles sur quelques büchettes rassemblées, ét ces œufs sont verdâtres. On prend aisé- ment les petits à la main , lors même que la mère les conduit à terre pour chercher les insectes et les petits crabes dont ils font leur première nourriture ; ils ne sont point farouches et s’habituent aisément à vivre à la maison. « J'en ai élevé un, dit Hurt KE, ; 3 h x ‘ \ D'ESTEOUR LIS. 215 « M. de la Borde, que j'ai gardé pendant « plus de deux ans. Il prenoit de ma main « ses s4imens avec beaucoup de familias « rité, et ne manquoit jamais l'heure du « déjeûner ni du dîner. Il mangeoit du « pain, de la viande crue, cuite ou salée, « du poisson ; tout l’accommodoit : il « donnoit cependant la «préférence aux « entrailles de poissons et de volaill:s, «et, pour les recueillir, il avoit soin de « faire souvent un tour à la cuisine ; hors « de là , il étoit continuellement occupé « autour de la maison à chercher des « veis de terre, ou, dans un jardin, à « suivre le labour du nègre jardinier. Le soir ; il se retiroit de lui-même dans un lailler où couchoient une centaine. de volailles. Il se Juchoit sur la plus « haute barre, chassoit à grands coups « de bec toutes les poules qui vouloient «s’y placer, et s’amusoit souvent pen- « dant la nuit à les inquiéter. Il s’'éveilloit « du grand matin , et commencoit par « faire trois ou quatre tours au vol autour « de la maison ; quelquefois il alloit jus- « qu’au bord de la mer, mais sans s’y 216 HISTOIRE NATURELLE 2. « arrêter. Je ne lui ai entendu d'autre cri « qu'un petit croassement qui paoissoit 4 «une expression de peur à la vi d’un. « chien ou d’un autre animal. IL avoit « pour les chats beaucoup d’antipathie « sans les craindre ; il fondoit sur ‘eux « avec intrépidité et à grands coups de « bec, Il à fini par être tué tout près de la « maison, sur une mare, par un chasseur. « qui le prit pour un courlis sauvage. » Ce récit de M. de la Bordé s'accorde assez ‘avec le témoignage de Lact, qui ajoute qu'on a vu quelques’ uns'de ces oiseaux s'unir et produire en domesticité: Nous présumons donc qu'il seroit aussi facile qu'agréable d'élever et de multiplier cette belle espèce , qui feroit l’ornement des basses-cours*, et peut-être ajoutez roit aux délices de la table; car la chair de cet oiseau, déja bonne à manger ; pourroit encore se perfectionner, et per- dre, avec une nourriture nouvelle, le * En même temps que nous écrivons ceci, il y a un courlis rouge vivant à la ménagerie de S. À. $, monseigneur le prince de Côhdé, à Chan- tilly, | ; 4 “ ? J de 27 rh d at A + CNT Cr - "7 + L 2 à NM Des COURLIS. 219 petit goût de marais qu’on lui trouve* , outre que, s’accommodant de toutes sortes d’alimens et de tous les débris de la cui- sine , il ne coûteroit rien à nourrir. Au reste , nous ignorons si, comme le dit Marcgrave, ce courlis trempe dans l’eau tout ce qu’on lui donue avant de le man- ger. > Dans l'état sauvage, ces oiseaux vivent de petits poissons, de coquillages, d’in- sectes, qu'ils recueillent sur la vase quand la marée seretire. Jamais ils ne s’écartent beaucoup des côtes de la mer, ni ne se portent sur les fleuves loin de: leur em- bouchure ; ils ne font qu’aller et venir’ “dans le même canton où on les voit “toute l’année. L espèce en est néanmoins répandue dans la plupart des contrées les plus chaudes de l’Amérique ; on les trouve également aux embouchures de Rio-Janéiro, du Maragnon , étc., aux * On le mange en ragoûts et on en fait d’assez bons civeis; mais il faut auparavant le rôtir à moitié pour lui enlever une partie de son huile, qui, a un goût de marée, (Vote donnée par un colon de Cayenne.) Cisecux, XV » 19 " » L ” ù TS OP METRE F3 18 HISTOIRE NATURELLE îles de Bahama et aux Antilles. Les Indiens du Bresil, qui aiment à se parer de leurs belles plumes , donnent à ces courlis le nom de guara ; celui de fammant qu'on leur a donné à Cayenne, se rapporte au beau rouge de flamme de leur plumage, et c'est mal-à-propos que, dans cette colonie , l’on applique ce nom de fam- mant indifféremment à tous les courlis. C'est aussi sans fondement que le voya- geur Cauche rapporte au courlis rouge du Bresil son courlis violet de Madagas- car , à moins qu'il n’ait entendu faire seulement comparaison de figure entre’ ces deux oiseaux ; car la couleur violette qu'il attribue au sien, est bien différente du brillant écarlate de notre courlisrouge: Tout ce que nous pouvons inférer de sa notice, c’est qu’il se trouve à Madagas- car une espèce de courlis à plumage vio- let, qu'aucune autre relation ne nous fait d’ailleurs connoître. L 1 4 f xt MS COUR LIS). 2 YR LE COURBLIS BLANC Seconde espèce. Ox pourroit prendre ce courlis pour le courlis rouge portant encore sa première couleur ; mais Catesby , qui a connu l’un et l’autre, donne celui-ci comme étant d'espèce différente. Il est en effet un peu plus grand que le courlis rouge; il a les pieds , le bec, le tour des yeux et le de- vant de la tête | d’un rouge pâle ; tout le plumage blanc , à l'exception des quatre premières pennes de l’aile, qui sont d’un verd obscur à leur extrémité. Ces oiseaux arrivent à la Caroline en grand nombre vers le milieu de septembre, qui est la saison des pluies: ils fréquentent les terres basses et marécageuses ; ils y demeurent environ six semaines, et disparoissent ensuite jusqu’à l’année suivante. Appa- * Voyez les planches enluminées , n° 915. NRA iQ dit à 2% HISTOIRE NATURELLE | remment ils se retirent vers le sud pour nicher dans un climat plus chaud. Catesby dit avoir trouvé des grappes d'œufs dans _ plusieurs femelles , peu de temps avant leur départ de la Caroline. Elles ne dif- . fèrent pas des mâles par les couleurs , et. tous deux ont la chair et la graisse jaunes comme du safran. | \ D ES CO U'R L'I 8. 524 LE COURLIS BRUN A FRONT ROUGE. Troisième espèce. Css courlis bruns arrivent à la Caroline avec les courlis blancs de l'espèce précé- dente ,-et mélés dans leurs bandes. Ils sont de même grandeur, mais en plus petit nombre, y ayant bien , dit Catesby , vingt courlis blancs pour uri brun. Ceux-ci sont en effet tout bruns sur le dos, les ailes et la queue, et sont d'un gris brun sur la tête et le cou, et tout blancs sur le croupion et le ventre ; ils ont le devant de la tête dégarni de plumes , et couvert d’une peau d’un rouge pâle ; le bec et les” pieds sont de cette méme couleur. Ils ont ,' comme les courlis blancs, la chair et la graisse jaunes. Ces deux espèces d'oiseaux arrivent et repartent ensemble; ils passent en hiver de la Caroline à des contrées plus méridionales, comme à la Guiane , où ils sont nommés fammans gris. , à 18 — à. 4 EL HISTOIRE NATURELLE ji. / pe - (LE COURLIS DES BOIS *. | Quatrième espèce. Cr oiseau, que les colons de Cayenne . ont appelé fammant des bois , vit en effet dans ies forêts Le long des ruisseaux et des rivières , et il se tient loin des côtes de ia mer , que les autres courlis ne quittent guère ; il a aussi des mœurs différentes, et ne va point en troupes, mais seule- ment accompagné de sa femelle. Il se pose pour pêcher sur les bois qui flottent dans l’eau. Il n’est pas plus grand que le courlis verd d'Europe; mais son cri est Waucoup plus fort. Tout son plumage porte une teinte de verd très-foncé , sur un fond brun sombre, qui de loin paroit noir , et qui de près niEre de riches reflets Mlon£tr cs; qu verdâtres ; les ailes et le haut du cou ont la ‘couleur et l'éclat de ® * Voyez les planches enluminées, n° 820- \ DES COURT IS. 1 223 Facier poli; on voit des reflets bronzés sur le dos , et d’un lustre pourpré sur le ventre et le bas du cou ; les joues sont dénuées de plumes. M. Hrsan n’a pas fait mention de cette espèce , quoique Barrère l'ait indiquée deux fois sous les noms d’arquata viridis sylvatica et e Pants de bois. D PE RE SAULT y 4 Né. 4 HISTOIRE NATURELLE e LE GOUARONA. Cinquième espèce. - Gvuunra est, comme nous l'avons vu, le nom de courlis rouge chez les Brasiliens : ils nomment gvarana ou gouarona celui- 1, dont le plumage est d’un brun mar- ron , avec des reflets verds au croupion, aux épaules etau côté extérieur des pennes de l’aile; la tête et le. cou sont variés de petites ae longitudinales blanchôâtres , . sur un fond brun. Cet oiseau deux pied ” de longueur, du bec aux ongles #; il a _ beaucoup de rapports avecle courlis verd d'Europe, et paroît être le représentant de’cette espèce en Amérique. Sa chair est - assez bonne, au raf port de Marcgrave, qui dit en avoir mangé souvent. On le trouve à à la Guiane aussi-bien qu’au Bresil. * Marcgrave dit qu'il est = itaié Lac : or l’yacou est à peine aussi gros qu'une poule or- dinaire, taille qui convient tout-à-fait à un courlis. sp L) Pr / ,” DES COURLIS 235 tr 2 RICA OT - Sixième espèce. Nous abrégeons ainsi le nom d’accaca- lotl que porte ce courlis au Mexique , où il est indigène. Il a, comme la plupart des autres , le front dénué de plumes et couvert d’une peau rougeâtre ; son bec est bleu ; le cou et le derrière de la tête sont réiéluts de plumes brunes , mélées de blanc et de verd ; ses aïles biilet dés refletsverds et pourpres, et c’est appa- remment d’après ces caractères que M. Brisson a cru devoir l’appeler courlis varié: mais il est aisé de x voir par le nom de cor- beau aquatique que lui donnent Fernandès ét Nieremberg ‘que ces couleurs portent sur un fond “sombre et approchant du noir. M. Adanson , en observant que cet ciseau diffère du HAN d'Europe en ce qu’il a le front chauve, l’assimile par co Te A eo debsr : 226 HISTOIRE NATURELLE L. trait à l'ibis, au guara, au Curicacæ, dont | il forme un genre particulier : mais le caractère par lequel il sépare ces oiseaux des courlis , savoir, la nudité du devant de la tête,nenous paroît pas suffisant, VU qu’en tout le reste la forme de ces oiseaux — est semblable, et que cette différence elle- même se nuance entre eux par degrés ; en sorte qu'il y a des espèces , comme ‘celle du courlis verd, qui n’ont que le tour des yeux nud , tandis que d’autres, comme celui-ci, ont une grande partie du front nue. Nous avons cru devoir séparer le curicaca du courlis , à cause de:sa gran- deur et de quelques autres différences essentielles, particulièrement de celle de la forme du bec. Du reste, nous nevoyons. pas ce qui à pu engager ce savant natura- liste à placer ces oiseaux dans la famille des sanneaux. PA " DES COURLIS. 2-7 LE MATUITUI DES RIVAGES. Septième espèce. | | Sr cet oïseau nous étoit mieux connu, nous le séparerions peut-être , comme le curicaca, de la famille des courlis, vu que Marcgrave et Pison le disent sem- blable en petit au curicaca , lequel s’é- loigne du courlis par le caractère du bec autant que par la taille; mais avant de savoir si ce caractère du bec convient également au matuitui, nous ne pouvons que l’indiquer ici, en observant néan- moins que le nom de petit courlis que lui donne M. Brisson , paroît mal appliqué, puisque cet oiseau est à peu près de la * grosseur d’une poule, c’est-à-dire, de la première grandeur dans le genre des cour- -lis. Au reste, ce matuiti des rivages est différent d’un autre petit matuiti dont parle ailleurs Marcgrave, qui n’est gutre plus gros qu’une alouette , et qui paroît - étre un peut pluvier à collier, Re. LE GRAND COURLIS DE CAYENNE* - … Huitième espèce. JL est plus gros que le courlis d'Europe, et il nous a paru le plus grand des cour- lis. Il a tout le manteau, les grandes «pennes de l'aile et le devant du COrps , d’un brun ondé de gris et lustré de verd; le cou est blanc roussâtre , etes grandes couvertures de l'aile sont blanches. Cette description suffit pour Île distinguer de tous les autres courlis. * Voyez les planches enluminées, n° 076, sous la dénomination de courlis à cou blanc de Cayenne. AT. M .. 2 4 17 Zom 16. "PUS ag 310 JP aiquet. P NN “AN AT T,E hi + LE VANNEAU: f Première espèce. # de L> vanneau paroît avoir tiré son nom; dans notre langue et en latin moderne, du bruit que font ses ailes en volant, qui est assez semblable au bruit d’un van qu'on agite pour purger le blé. Son nom anglois /apwing a le même rapport au battement fréquent et bruyant de ses _ ailes. Les Grecs , outre les noms d’aer et d’aega * relatifs à son cri, lui avoient & ? douné celui de paon sauvage ( raw & pus), à cause de son aigrette et de ses jolies 1 Voyez les planches enluminées, n° 242, _ En latin moderne, capella , vanellus ; en ita- lien, paonsello , pavonzino ; en allemand, kymt, et vulgairement Aimmel-geisz (chèvre volante, chèvre du ciel); enanglois, lapming et bastard plover; en plusieurs de nos provinces, dix-huit, pivite, kivite. , . . ‘ / Ê ? ÆAex en grec signifie chèvre , et semble avoir rapport au bélement ou chévrotement auquel on peut comparer la voix du vanneau, d’où viennent 29 Rs ‘230 HISTOIRE NA' couleurs. Cependant cette aigrette du v van- neau est bien différente de celle du paon; elle ne consiste qu’en quelques longs brins ellilés très-déliés , et les couleurs de son, . corps, dont le dessous est blanc, n’offrent, sur un fond assez sombre, leurs refléts brillans et dorés qu’à l’œil qui les recherche de près. On a aussi donné au vanneau le noi de dix-huit, parce que ces deux syl- labes , prononcées TMS , eXpriment assez bien son cri, FA plusieurs langues, ON a RUE: à rendre également par des sons imitatifs *. IL donne en par- aussi les noms do iore , capella cœlestis, que lui donnent divers auteurs. Aristote nomme l’aex avec le penelops et le vulpanser, diseaux du genre des canards et palmi- pèdes : on croiroit dédie: légitimement loiseau aex de cette classe, si Belon n’assuroit positivement avoir retrouvé ce même nom d’aex, donné encore aujourd’hui au vanneau daus la Grèce. LR * Gyfytz ; giwilz , kiwitz , czieik, etc. , tous noms qui, suivant les lose > Se p'ononcent avec . lé même accent. En suivant cette analogie, on ne peut guère douter que l’oiseau nommé bigitz dans Tragus, qui le compte au nombre de ceux qu'on ænange en Allemagne, ne soit encore le yanneau. x» | A PAL : D ES VANNEAUX. 23, tant un ou deux coups de voix, etse fait aussi entendre par reprises dans son vol, même durant la nuit. Il a les ailes très- fortes , et il s’en sert beaucoup , vole long- ‘temps de suite et s'élève très-haut. Posé à terre, 1l s’élance, bondit , et parcourt le terrain par petits cols cote Cet oiseau est fort gai ; il est sans cesse en mouvement , folâtre et se Joue de mille facons en Paie: :1l s’y tient par ins- tans dans toutes les situations , même le ventre en haut ou sur le côté, et les ailes dirigées perpendiculairement, et aucun oiseau ne caracole et ne voltige Po les- tement. ui ft Les vanneaux arrivent dans nos prairies en grandes troupes au commencement de mars, ou même dès la fin de février , après le dernier dégel, et par le vent de sud. On les voit alors se jeter dans les blés verds, et couvrir le matin les prairies ma- récageuses pour y chercher les vers, qu’ils font sortir de terre par une singulière adresse. Le vanneau qui rencontre un de ces petits tas de terre en boulettes ou chapelets que lever a rejetés en se vidant, 232 “HISTOIRE NATUREL. le débarrasse d'abord: légèrement , set; ayant mis le trou à découvert, il frappe à côté la terre de son pied, et reste l’œil attentif et le corps immobile : cette lé- sère commotion suffit pour faire sortir le ver, qui, dès qu'il se montre, est'en- levé al coup de bec. Le soir venu , ces oiseaux ont un autre manége ; ils courent dans l’herbe, et sentent sous leurs pieds les vers qui sortent à la fraîcheur : ils en font ainsi une ample pâture , et vont en- . suite se laver le bec et les pieds dans les petites mares ou dans les ruisseaux... Ces oiseaux se laissent difficilement ap- procher , et semblent distinguer de très- Join le chasseur. On peut les Joindre de plus près lorsqu'il fait un grand vent; car alors ils ont peine à prendre leur essor. Quand ils sont attroupés et prets à s’éle- ver ensemble , tous agitent leurs ailes par, un mouvement égal ; et comme elles sont doublées de blanc et qu'ils sont fort près les uns des autres, le terrain couvert par -leur multitude, et que l’on voyoit noir, paroît blanc tout d’un coup. Mais cette” grande société que forment les vannçaux PE L Fr DE S VANNEAU X. 23 à leur arrivée, tend à se rompre dès que les premières chaleurs du printemps se font sentir, et deux à trois jours suflisent pour les séparer. Le signal est donné par des combats que les mâles se livrent entre eux ; Les femelles semblent fuir , et sortent les premières du milieu de la troupe, comme si ces querelles ne les intéressoient pas, mais en effet pour attirer après elles ces combattans , et leur faire contracter une société plus intime et plus douce, dans laquelle chaque couple sait se sufhre durant les trois mois que durent les amours et le soin de la nichée. La ponte se fait en avril ; elle est de trois ou quatre œufs oblongs, d’un verd sombre, fort tachetés de noir. La femelle les dépose dans les marais ‘sur les petites buttes ou mottes de terre élevées au-des- sus du niveau du terrain ; précaution qu’elle semble prendre pour les mettre à l'abri de la crue des eaux , mais quinéan- moins lui ôte les moyens de cacher son nid, et le laisse entièrement à découvert. Pour en former l'emplacement, elle se contente de tondre à fleur de terre un 20 LE 53% HISTOIRE NATUREL LE petit rond dans l'herbe, qui bientôt se flétrit alentour par la chaleur de la cou- veuse. Si on trouve l'herbe fraîche, on juge que les œufs n’ont point encore été couvés. On dit ces œufs bons à manger, et dans plusieurs provinces on les ramasse à milliers pour les porter dans les mar- chés. Mais n'est-ce point offenser, appau- vrir la Nature , que de détruire ainsi ses tendres germes dans les espèces que nous ne pouvons d’ailleurs multiplier ? Les œufs de poule et des autres oiseaux domes- tiques sont à nous par les soins que nous prenons pour leur multiplication ; mais ceux des oiseaux libres n’appartiennent qu'à la mère commune de tous les êtres. Le temps de l’incubation du vanneau, comme de la plupart des autres oiseaux , est de vingt jours. La femelle couve assi- dument ; si quelque objet inquiétant la force à se lever de son nid, elle piette un certain espace en se traînant dans l'herbe , et ne s'envole que lorsqu'elle se trouve assez éloignée de ses œufs pour que son départ n’en indique pas la place. Les vieilles femelles à qui on a enlevé DES VANNEAUX. 235 leurs œufs, ne s’exposent plus à nicher à découvert dans les marais ; elles se retirent dans les blés qui montent en tuyau, et y font plus tranquillement une seconde ponte : les jeunes, moins expérimentées s'exposent , après une première perte, à une seconde, et font quelquefois jusqu’à trois pontes successives dans les mêmes lieux ; mais les dernières ne sont plus que de deux œufs, ou même d’un seul. Les petits vanneaux , deux ou trois jours après leur naissance, courent dans l'herbe et suivent leurs père et mère; ceux-ci, à force de sollicitude, trahissent souvent leur petite famille , et la décèlent en passant et repassant sur la tête du chasseur avec des cris inquiets, qui re- doublent à mesure qu’on approche de l'endroit où les petits se sont tapis à terre au premier signé d'alarme. Se sentant pressés, ils partent en courant, et il est difficile de les prendre sans chiens; car: ils sont aussi alertes que les perdreaux. Ils sont alors couverts d’un duvet noi- râtre, voilé sous de longs poils blancs ; mais , dès le mois de juillet, ils entrent Ê VENT Éd 2 ude: 4% HISTOIRE NATURE: LLE dans la mue, qui donne à à leur Fe | ses belles couleurs. Dès-lors la grande société commence à se renouer; tous les vanneaux d’u marais , Jeunes et vieux , se aa ue ; 1ls se joignent aux bandes des marais voi- sins, et forment en peu de Jours des troupes de cinq ou six cents. On les voit planer dans l’air ou errer dans les prai- : ries , et se répandre après les pluies dans les terres labourées. Ces oiseaux passent pour inconstans ; et en effet ils ne se tiennent guère plus de vingt-quatre heures dans le même can- ton : mais cette inconstance est fondée sur un besoin réel ; un canton épuisé de vers en un Jour, le lendemain la troupe est forcée de se transporter ailleurs. Au mois d'octobre, les vanneaux sont très- gras; c’est le temps où ils trouvent la plus ample pâture , parce que, dans cette sai- son humide , les vers sortent de terre à milliers : maisles vents froids qui soufflent vers la fin de ce mois, en les faisant ren- trer en terre, pklibut les vanneaux de s'éloigner ; L'te même la cause de la . IA LOTE \s v ‘ É + F " / Lap , . SR A , N % D DES VANNEAUX 2% disparition de tousles oiseaux vermivores _ou mangeurs de vers , et de leur départ de nos contrées, ainsi que de toutes celles du Nord aux approches du froid; ils vont chercher leur nourriture dans le Midi , où commence alors la saison des pluies : mais, par une semblable néces- sité, ils sont forcés de quitter au prin- temps ces terres du Midi, l'excès de la chaleur et de la sécheresse y causant en été le même effet que l'excès du froid de nos hivers , par rapport à la disparition des vers, qui ne se montrent à la surface de la terre que lorsqu'elle est en même temps humide et tempérée *. | * M, Ballon, à qui nous sommes redevables des meilleurs détails de cette histoire du vanneau, nous confirme dans cette idée, sur la cause du retour des oiseaux du midi au nord, par une observation qu’il a faite lui-même aux Antilles : e La terre, « dit-il, est durant six mois de l'année d’une dureté « comme d’une sécheresse extrême aux Antilles; « elle ne recoit pas dans tout ce temps une seule « goutte d’eau; jy ai vu dansles vallées des gercures & de quatre pouces de largeur et de plusieurs pieds de « profondeur ; ilestimpossible qu'aucun ver séjourne 238 HISTOIRE NATURELLE LA D. AAC Me ce Et cet ordre du départ et du retour des oiseaux qui vivent de vers, est le même dans tout notre hémisphère ; nous en avons une preuve particulière pour l’es- pèce du vanneau : au Kamtschatka, le. mois d'octobre s'appelle Ze mois des van- neaux ; et c’est alors le temps de leur départ de cette contrée comme des nôtres. ss Belon dit que le vanneau est connu er toute terre. EMectivement l'espèce en «st très-répandue. Nous venons de dire que ces oiseaux se sont portés jusqu’à l’extré- mité orientale de l'Asie; on les trouve également dans les contrées intérieures de cette vaste région, et on en voit par RAR RAR OR 8 h À 8 A alors à la superficie : aussi pendant ce temps de sécheresse on n'appercoit dans ces îles aucun oiseau vermivore ; mais dès les premiers jours de la saison des pluies, on voit ces oiseaux arriver par essais, que J'ai jugé venir des terres basses et noyées des côtes orientales de la Floride, des îles Caïques, des îles T'urques, et d’une foule d'autres îlots ainhäbit's, situés au nord et au nord-ouest des Antilles. Tous ces lieux humides sont le berceau des oiseaux d’eau de ces îles, et peut-être d’une partie du grand continent de PA- mérique, » … ps. À L' RARE de L'r 2 À \ DES VANNEAUX. 239 toute l'Europe. À la fin de l'hiver , Us paroissent à milliers dans nos provinces de Brie et de Champagne ; on en fait des chasses abondantes ; 1l s’en prend des vo- iées au filet à miroir. On le tend pour cela dans une prairie; on place entre les nappes quelques vanneaux empaillés, -et un ou deux de ces oiseaux vivans pour servir d’appelans , ou bien l’oiseleur, ca- ché dans sa loge, imite leur cri de réclame avec un appeau de fine écorce : à ce cri perfide, la troupe entière s’abat et donne dans les filets. Olina place dans le courant de novembre les grandes captures de van- neaux , et il paroît à sa narration qu’on voit ces oiseaux attroupés tout l'hiver en Italie. Le vanneau est un gibier assez estimé ; cependant ceux qui ont tiré la ligne déli- cate de l’abstinence pieuse, l’ont , comme par faveur, admis parmi les mets de la mortification. Le vanneau a le ventricule très-musculeux, doublé d’une membrane sans adhérence, recouvert par le foie, et contenant pour l'ordinaire quelques pe- tits cailloux ; le tube intestinal est d’en- RL 2 5 | 240 HISTOIRE, sa 2 VE viron deux pieds de longueur ; ily a deux cœcums dirigés en avant, chacun de plus de deux pouces de lobe" ; une vésicule du fiel adhérente au foie et au duode- num ; le foie est grand et coupé en deux lobes ; l’œsophage , long d’environ six pouces , est dilaté en poche avant son insertion ; le palais est hérissé de petites pointes charnues qui se couchent en ar- rière ; la langue, étroite , arrondie par le bout, a dix lignes de long. Willughby observe que les oreilles sont placées dans le vanneau plus bas que dans les autres oiseaux. | I n'y à pas de différence de grandeur : entre le mâle et la femelle; maisilyena quelques unes dans les couleurs du plu- mage , quoiqu’Aldrovande dise n’y en avoir point remarqué : ces différences re- viennent, en général , à ce que les cou- leurs de la femelle sont plus foibles, et que les parties noires sont mélangées de gris; sa huppe est aussi plus petite que ‘celle du male, dont la tête paroït être un peu plus grosse et plus arrondie. La plume de ces oiseaux est épaisse, et son duvet ‘ x | SP À = æ (| né. D ES VAN NE NOV A yat bien fourni; ce duvet est noir près du corps; le dessous et le bord des ailes, vers l'épaule, sont blancs, ainsi que le ventre, les deux plumes extérieures de la queue, et la première moitié des autres; il y a un point blanc de chaque côté du bec, et. un trait de même couleur sur l'œil en facon de sourcil. Tout le reste du plumage est d’un fond noir , mais enrichi de beaux reflets d’un luisant métallique , chan- geant en verd et en rouge doré, particu- lièrement sur la tête et les ailes. Le noir sur la gorge et le devant du cou est mêlé de blanc par taches : mais ce noir forme seul sur la poitrine un large : plastron arrôndi; il est, ainsi que le noir des pennes de l'aile, lustré de verd bronzé. Les couvertures de la queue sont rousses. Mais comme il se trouve assez fréquem- ment de la diversité dans le plumage d’un individu à un autre, un plus grand détail dans la description deviendroit su- perflu : nous observerons seulement que la buppe n'est point implantée sur le front, mais à l’occiput, ce qui lui donne plus de grace ; elle est composée de cinq 21 FR 7. UM Ÿ +1, TIME NIMRN ON L - t " ; HT PORN TE 242 HISTOIRE NATURELLE ou six brins délicats, effilés, d’un beau noir, dont les deux supérieurs couvrent les autres, et sont beaucoup plus longs. Le bec noir, assez petit et court, n'ayant pas plus de douze ou treize lignes, est renflé vers le bout; les pieds sont hauts et minces et d’un rouge brun, ainsi que le bas des jambes, qui est dénué de plumes sur sept ou huit lignes de hauteur; le doigt extérieur et celui du milieu sont joints à l’origine par une petite mem- brane ; celui de derrière est très-court, et ne pose point à terre ; la queue ne dépasse pas l'aile pliée. La longueur to- tale de l'oiseau est de onze ou douze pouces , et sa grosseur approche de celle du pigeon commun. On peut garder les vanneaux en do- mesticité ; il faut, dit Olina, les nourrir de cœur de bœuf dépecé en filets. Quel- _quefois on en met dans les jardins , où ils servent à détruire les insectes; ils y restent volontiers , et ne cherchent point à s’en- fuir. Mais , comme le remarque Klein, cette facilité qu’on trouve à captiver cet aiseau , vient plutôt de stupidité que n un, 7 2 18 RCA" ET >, < | : DES VANNEAUX. 2,3 de sensibilité ; et d’après le maintien et la physionomie de ces oiseaux, tant van- neaux que pluviers , cet observateur pré- tend qu'on peut prononcer qu'ils n’ont qu’un instinct fort obtus. Gesner parle de vanneaux blancs et de vanueaux bruns tachetés et sans aigrette ; mais 1l n’en dit pas assez pour faire Juger si les premiers ne sont pas simplement des variétés accidentelles. Il nous paroît se tromper sur les seconds, et prendre le ‘pluvier pour le vanneau : 1 semble s’en douter lui-même; car il avoue ailleurs qu'il connoissoit peu le pluvier , qui est très-rare en Suisse, et n’y paroît presque Jamais , tandis que les vanneaux y viennent en très-grand nombre : il y a même une espèce à laquelle on a donné le nom de anneau suisse. A 4 ER da de a dent s 1! OS | dé r 244 HISTOIRE NATURELLE LE VANNE AU SUISSE ” Seconde espèce. e- | C; vanneau est à peu près de la taille du vanneau commun; il a tout le des- sus du corps varié transversalement d'ondes de blanc et de brun; le devant du corps est noir ou noirâtre; le ventre est blanc; les grandes pennes de l'aile sont noires, et la queue est traversée de bandes comme le dos. La dénomination de van- neau suisse pourroit donc veuir de cet ha- billement mi-parti. Cette étymologie est peut-être aussi plausible que celle de vanneau de Suisse; car cet oiseau ne se trouve point exclusivement en Suisse?, et paroît dans nos contrées : mais il est vrai qu'il y est beaucoup plus rare que ‘ Voyez les planches enluminées, n° 653. 2 Il y à même une raison tr?s-lésitime de douter que cet oiseau s’y trouve absolument; c’est que: Gesner , cet observateur si savant, n’en fait aucune mention , et qu'il n’auroit certainement pas manqué. de connoître un oiseau de son pays: 4 x \ { é DES VANNEAUX 25 l’autre , et qu'on ne l’y voit jamais en troupes nombreuses. M. Brisson fait de l'oiseau gizochiella d’Aldrovande une troisième espèce sous la dénomination de grand vanneau, qui convient bien peu au girochiella, puis- que dans la figure qu’en donne Aldro- vande, et qu'il dit de grandeur naturelle, cet oiseau est représenté moins grand que le vanneau commun. Au reste, il est très- difficile de prononcer sur la réalité d’une espèce à la vue d'une figure imparfaite, d'autant que si les pieds et le bec ne sont pas mal représentés, cet oiseau n’est point un vanneau. On pourroit y rappor- ter plutôt le grand pluvier ou courlis de terre, dont nous parlerons à:la suite de Yarticle des pluviers, si la différonce de la taille ne s’y opposoit pas encore. Al- drovande, dans la courte notice qu’il a jointe à sa figure, dit que le bec a la pointe aiguë; ce qui ne caractérise pas plus un pluvier qu’un vanneau. Ainsi, sans établir l'espèce de cet oiseau , nous nous contenterous &d’en avoir placé ici la notice, à laquelle, depuis Aldrovande, personne n'a rien ajouté, LUS + * ; | » LE VANNEAU ARMÉ DU SÉNÉGAL *. Troisième espèce. l C: vanneau du Sénégal est de la gro5- seur du nôtre ; ; mais il a les pieds fort hauts , et la partie nue de la jambe longue de vingt lignes : cette partie est, ‘comme les pieds, de couleur verdâtre. Le bec est long de seize lignes, ct surmonté, près du front, d’une banisleth étroite de membrane jaune très-mince, retombante et coupée en pointe de Heie côté. Il a le devant du corps d’un gris brun clair ; le dessus de méme couleur, mais plus foncé; les grandes pennes de l'aile noires; les plus près du corps d’un blanc sale; la queue est blanche dans sa première moi- tié, ensuite noire, et enfin blanche à la pointe. Cet oiseau est armé, au plide l’aile, * Voyez les planches enluminées, n° 362. © DES VANNEAUX. 24 d'un petit éperon corné, long de deux lignes , et terminé en pointe aiguë. On reconnoît cette espèce dans une notice de M. Adanson , à l’habitude que nous avons remarquée dans la famille des vanneaux , qui est de crier beaucoup, et de poursuivre les gens avec clameurs , pour peu qu'on approche de l’endroit où ils se tiennent: aussi les Francais du Séné- gal ont-ils appelé criards ces vanneaux armés , que les Nègres nomment zet-net. « Dès qu'ils voient un homme, dit M. Adan- « son, ils se mettent à crier à toute force, ; < et à voltiger autour de lui, comme pour «avertir les autres oiseaux, qui, dès « qu'ils les entendent , prennent leur vol « pour s'échapper. Ces oiseaux sont les « fléaux des chasseurs ». Cependant le naturel de nos vanneaux est paisible, et l’on n'observe pas qu'ils aient querelle avec aucun oiseau : mais l’ergot aux ailes dont la Kature a pourvu ceux-ci, les rend apparemment plus guerriers; et l’on assure qu'ils se servent de cet éperon comme d’une arme offensive contre les autres oiseaux. 248 HISTOIRE. NATURELLE | « HU TNE LE VANNEAU ARMÉ D ES INDES #*. Quatrième espèce. UÙ xs seconde espèce de vanneau armé nous est venue de Goa, et n’est pas en- core connue des naturalistes. Ce vanneau des Indes est de la grandeur de celui d’'Eu- rope, mais il a le corps plus mince et plus aut monté; il porte un petit ergot au pli de chaque aile, et dans son plumage on reconnoît la livrée commune des vauneaux : les grandes pennes de l'aile sont noires ; la queue, mi-partie de blanc et de noir, est roussâtre à lu pointe; une teinte pourprée couvre les épaules; le dessous du corps est blanc; la gorge et le devant du cou sont noirs; le sommet _de la tête et le dessus du cou noirs aussi, : * Voyez les planches enluminées, n° 807, sous e nom de anneau de Goa. . + AS VU Es LL HO L'U : (AstR- rate à Nr y ù s moe de HT " : . DES MANNEAUX, 249 avec une ligne blanche sur les côtés du cou ; le dos est brun. L’œil paroît entouré d’une portion de cette membrane excrois- |, sante qu'on remarque plus ou moins daus la plupart des vanneaux et des pluviers armés, comme si ces deux excroissances de l’ergot et du casque membraneux avoient dans leur production , quelque rapport secret et quelque cause simul- tanée. hf x x 4 ‘ ve Me dé À À TU 250 HISTOIRE NATURELLE \ | \ , ) LE VANNEAU ARMÉ DE LA LOUISIANE "à Cinquième espèce. ce LUI-CI est un peu moins grand que le vanneau armé du Sénégal ; mais il à , les Jambes et les pieds à proportion aussi longs, et son arme est plus forte et longue de quatre lignes. I} à la tête coïflée , de chaque côté , d’une double ban delelté Jaune posée Hiernonoal , ©t qui, en- tourant l'œil, se taille en arrière en petite échancrure , et se plonge en avant sur la racine de bec en deux lambeaux alongés ; le sommet de la tête est noir ; les grandes pennes de l'aile le sont aussi; la queue de même avec la pointe blanche: le reste du plumage, sur un fond gris, est * Voyez les planches enluminées, n° 835. D'ESLVANNE À À <: 5e teint de brun roussâtre ou r le dos, ougeätre sur et rougeâtre clair ou couleur de chair sur la 8orge et le devant du cou ; le bec et les pieds sont d’un Jaune ver- dâtre. ; Nous: regarderons comme variété de cette espèce la huitième de M. Brisson , qu'il a donnée sous le nom de vanneatz armé de Saint- Dorningue. Les proportions sont à très-peu près les mêmes ; et les différences ne Paroissent pas excéder celles que l’âge ou le sexe mettent dans ‘des oiseaux de même espèce, 252 HISTOIRE NA LE VANNEAU ARMÉ DE CAYENNE. À Sixième espèce. $ CRE : Cr vanneau est au moins de la gran- deur du nôtre, mais il est plus ha monté; il est aussi armé d'un ergot. _ l'épaule : du reste, il ressemble tout-à- _ fait à notre vanneau par la teinte et les masses des couleurs; il a l'épaule cou- verte d’une plaque - d’un gris bleuâtre ; un mélange de cette couleur et de teintes vertes et pourprées est étendu sur le dos; le cou est gris, mais un large plastron noir s’arrondit sur la poitrine; le frontret la gorge sont noirs; la queue est mi-par- tie de noir et de blanc comme éans le vanneau d'Europe; et pour compléter les | rapports, celui de Cayenne porte à l’oc- . * Voyez les planches enluminées, n° 856. % * DES VANNEAUX.. 283 ciput une petite aigrette de cinq ou six brins assez courts. Il paroît qu'il se trouve aussi au Chili une espèce de vanneau armé; et si la no- tice qu’en donne Frézier n’a rien d’exa- géré, cette espèce est plus fortement ar- meée qu'aucune des précédentes, puisque les ergots ou éperons ont un pouce de longueur. C’est encore une espèce criarde comme celle du Sénégal. « Dès que ces oiseaux voient un homme, dit M. Fré- à « «zier, ils se mettent à volt ser autour « de lui, et à crier, comme pour avertir «les autres oiseaux, qui, à ce signal, « prennent de tous côtés leur vol. » Oiscauz, XV: 59 Somd \# AM 4 4 PNR FAQ LT Tr TA 0 We 254 HISTOIRE NATURELLE : TPS LE VANNEAU-PLUVIER *. A C'rsr cet oiseau que Belon nomme pluvier gris, et qui ressemble effective: _ ment autant et peut-être plus au pluvier qu'au vanneau. Il porte, à la vérité, comme le dernier, ce petit doigt posté- rieur dont le Lie ties est dépourvu , diffé= rence par laquelle les naturalistes ont. séparé ces oiseaux: mais on doit observer que ce doigt est plus petit que dans le vanneau, qu'il est à peine apparent, et que, de plus, cet oiseau ne porte dans son plumage aucune livrée de celui du van- _!meau. Ce sera donc, si l’on veut, un van- neau, parce qu’il a un quatrième doigt; . ou bien ce sera un pluvier, parce qu’il n’a point d’aigrette, et aussi parce qu'il a les couleurs et les mœurs des pluviers. Klein, refuse même, avec quelque raison, .d'ad- po * Voyez les planches enluminées, n° 854, sous la dénomination de vanneau gris. # 1 é ul B { 4 CURSEUR IT AUS PEN DES VANNEAUX, 255 mettre comme caractère générique, cette différence légère dans les doigts, qu'il ne regarde que comme une anomalie ; et alléguant pour exemple cette espèce même, il dit que le faux doigt, ou plu- tôt l'onglet postérieur qui se distingue à peine, ne lui semble pas l’éloigner sufi- samment du pluvier, et qu’en général ces deux genres du pluvier et du vanneaü se rapprochent dans leurs espèces, de ma- mière à ne composer qu’une grande fa- maille; ce qui nous paroît juste et très- vrai. Aussi les naturalistes indécis ont-ils appelé l’oiseau dont nous parlons, tantôt vanneau et tantôt pluvier. C'est pour ter- miner le différent et rapprocher ces ana- logies , que nous l’avons appelé vanneau- plusier. Les oiseleurs l’ont nommé pluvier de mer : dénomination impropre, puis- qu'il va de compagnie avec les pluviers ordinaires, et que Belon le prend pour l'appelant ou le roi de leurs bandes ; car les chasseurs disent que cet appelant est plus grand et a la voix plus forte que les autres. Il est en effet un peu plus gros que « le pluvier doré; il a le bec à proportion 256 HISTOIRE NATURELLE "4 # Gluts iong et plus fort; tout son plum é est gris cendré clair, et presque bla mr sous le corps, melé de taches brunâtres au-dessus du corps et sur les côtés ; les pennes de l’aile sont noirâtres ; la queue. est courte, et n'excède pas l'aile pliée. Aldrovandi conjecture , avec assez de vraisemblance, qu’Aristote a fait men- tion de cet oiseau sous le nom de pardalis: sur quoi il faut remarquer que ce philo- sophe ne paroît pas parler du pardalis comme d’un oiseau qu'il connoissoit par. lui-méme ; car voici ses termes : « Le par— « dalis est, dit-on, un oiseau ( asicula « quædarmn perhibetur) qui ordinairement « vole en troupes; on n’en rencontre pas «un isolé des autres. Son plumage est « cendré; sa grandeur, celle du 77o//iceps ; «il vole et court également bien; sa voix «n’est point forte, mais son cri est fré- «quent ». Ajoutez que le nom pardalis marque un plumage tacheté: tout Le reste des traits se rapporte également bien à un oiseau de la famille du pluvier ou du vanneau. Sr . Wiüllughby nous assure que cet oiseau | L F1 ECS / Ar ; D. ) … ‘ad qu MAO DES VANNEAUX. 257 se voit fréquemment dans les terres de l'État de Venise, où on le nomme squata- rola. Marsigli le compte parmi les oiseaux des rives du Danube ; Schwenckfeld , entre ceux de Silésie ; Rzaczynski, au nombre de ceux de Pologne; et Sibbald le nomme dans la liste des oiseaux de l'Écosse : d’où l’on voit que cette espèce, comme toute la famille des vanneaux, est extrèmement répandue. Est-ce une particularité de son histoire naturelle que Linnæus a voulu marquer, lorsqu'il l'a nommé, dans une de ses éditions, tringa augusti rmensis, et se trouve-t-il au mois d'août en Suède ? Du reste, le doigt postérieur de ce vanneau-pluvier est si petit et si peu apparent, que uous ne ferons pas difhculté de lui rapporter, avec M. Brisson , le vanneau brun de Schwenck- feld , quoiqu'il dise expressément qu'il n’a point de doigt postérieur. | Nous rapporterons encore à cette es- pèce, comme très-voisine, celle du van- neau varié de M. Brisson. Aldrovande ne donne sur cet oiseau qu’une figure sans. notice ; mais son titre seul indique qu'il a ; M 0 TUE" , RME L NL + He ti EMMA 258 HISTOIRE NATURELLE. Ve connu la grande ressemblance qui est entre ces deux oiseaux : toutes leurs pro- portions sont à très-peu près les mêmes ; le fond du plumage ne diffère que de quelques teintes; seulement il est encore. _ plus tigré dans ce vanneau varié, que nous regardons comme une seconde race dans l’espèce du vanneau-pluvier. L’un et l’autre, suivant M. Brisson fréquentent les bords de la mer ; mais il est clair, par les témoignages que nous venons de citer, que ces oiseaux se trouvent aussi dans des pays éloignés de la mer, et mème fort avant dans l’intérieur des terres en diffé- rentes contrées: à" \ : LES PLUVIERS. Lrxsrrnor social n’est pas donné à toutes les espèces d'oiseaux ; mais dans celles où il se manifeste, il est plus grand, plus décidé, que dans les autres ani- maux.Non seulement leurs attroupemens sont plus nombreux, et leur réunion plus constante que vue des quadrupèdes , mais 1l semble que ce n’est qu'aux oi- seaux seuls qu’appartient cette commu- nauté de goûts, de projets, de plaisirs, et cette union des volontés qui fait le lien de l'attachement mutuel , et le motif de. la liaison générale. Cette supériorité d’ins- tinct social dans les oiseaux suppose d’a- bord une nombreuse multiplication , et vient ensuite de ce qu'ils ont plus de moyens et de facilités de se rapprocher , de se rejoindre, de demeurer et VOPRrr ensemble; ce qui les met à portée de s’en- tendre et ‘dé se communiquer assez d’in- telligence pour connoître Îles premières lois de la société, qui, dans toute espèce ve ni Fra d'êtres, ne peut s'établir que sur un plan dirigé par des vues concertées. C’est cette intelligence qui produit entre les indivi= dus l'affection , la confiance et les douces habitudes de l’union , de la paix ; et de tous les biens qu’elle procure. En effet , si nous considérons les sociétés libres ou forcées des animaux quadrupèdes, soit qu'ils se réunissent furtivement et à l’é- cart dans l’état, sauvage , soit qu'ils se trouvent rassemblés avec indifférence ou regret sous l'empire de l'homme, et at- troupés en domestiques ou en esclaves, nous ne pourrons les comparer aux grandes sociétés des oiseaux formées par un pur instinct, entretenues par’ goût, par affection , sous les auspices de la pleine liberté, Nous avons vu les pigeons chérir leur commun domicile, et sy plaire d'autant plus qu'ils y sont, plus nombreux ; uous voyons les caillés se xassembler , se reconnoître, donner et suivre l'avis général du départ; nous savons que les oiseaux gallinacés ont, même dans l’état sauvage, des habitudes sociales que la domesticité n’a fait que | F RATL OS 260 HISTOIRE NATURELLE +4 1 DPSNPEQUV EE À SU 20 ‘sSeconder, sans contraindre leur nature; enfin nous voyons tous les oiseaux qui sont écartés dans les bois, ou dispersés dans les champs, s’attrouper à l’arrière- saison, et, après avoir égayé de leurs jeux les derniers beaux jours de l’au- tomne , partir de concert pour aller cher- cher ensemble des climats plus heureux et des hivers tempérés; et tout cela s’exé- cute indépendamment de l'homme, quoi- qu’alentour de lui, et sans qu'il puisse y mettre obstacle, au lieu qu’il anéantit ou contraint toute société , toute volonté commune dans les animaux quadru- pèdes : en les désunissant il les a disper- sés. La marmotte, sociale par instinct, se trouve réléguée , solitaire , à la cime des montagnes; le castor , encore plus ai- mant, plus uni, et presque policé, a été repoussé dans le fond des déserts. L'homme a détruit ou prévenu toute so- ciété entre les animaux ; il a éteint celle du cheval, en soumettant l'espèce entière au frein * ; il a gèné celle méme de l’élé- * Les chevaux redeyenus sauvages dans Les plaines, 4 RAA en SA LE D ba de | x AS A HU 262 HISTOIRE NATURELLE phant, malgré la puissance et la force de _ce géant des animaux, malgré son réfus constant de produire en domesticité. Les oiseaux seuls ont échappé à la domina- tion du tyran ; il n’a rien pu sur leur société , Qui est aussi libre que l’empire de l'air; toutes ses atteintes ne peuvent porter que sur la vie des individus : ik _en diminue le nombre; mais l'espèce ne souffre que cet échec , et ne perd ni la. liberté , ni son instinct, ni ses mœurs. Il y a même des oiseaux que nous ne de Buenos-Ayres, vont par grandes troupes, courent ensemble, paissent ensemble, et donnent toutes les. marques dé s'aimer, de s tam, de se plaire. rassemblés. Il en est 4 même des chiens sauvages en Canada, et dans les autres contrées de l'A mé- rique septentrionale. On ne doit pas plus douter que les autres espèces domestiques, celle du cha= meau depuis si long-temps soumise , celle du bœuf et du mouton, dont l’homme a dénaturé la société en mettant toute l'espèce en servitude , ne fussent aussi naturellement sociales, et ne se donnassent, dans l’état sauvage anobli par la liberté, ces mar= ques touchantes de penchant et d'affection, dont . mous les voyons entre eux encore consoler leux esclavage. * ? | DES PLUVIERS.\ 267 tonnoissons que par les effets de cet instinct social, et que nous ne voyons que dans les nb bris de l’attroupement général et de leur réunion” en grande compagnie. Telle est, en général, la so- ciété de la plupart des espèces d'oiseaux d’eau , et en particulier celle des pluviers. Ils paroissent en troupes nombreuses dans nos provinces de France, pendant les pluies d'automne; et c'est de leur arrivée dans la saison des pluies qu'on les a nommés pluviers *. Ils fréquentent ; : comme les vanneaux, les fonds humides et les terres limoneuses, où ils cherchent des vers et des insectes. Ils vont à l’eau le matin pour se laver le bec et les pieds, qu'ils se sont remplis de terre en la fouil- lant ; et cette habitude leur est commune avec les bécasses, les vanneaux, les courlis et blubénire autres ad qui se nourrissent de vers. Ils frappent la terre avec leurs pieds pour les faire sor- * T’étymologie de Gesner, qui tire ce nom à pulvere , est beaucoup moins vraisemblable et bien moins propre au pluvier, y ayant d’ailleurs un _&ès-grand nombre d’autres oiseaux pulyérateurs. We, TV À L hf ASS. D: 7 HISTOIRE NATURELLE Gi, et ils les saisissent souvent même. avant qu’ils ne soient hors de leur re- traite. Quoique les pluviers soient ordi- nairement fort gras, on leur trouve les - intestins si vides, qu’on a imaginé qu'ils ‘pouvoient vivre d'air *: mais apparem- ment la substance fondante du ver se tourne toute en nourriture, et donne peu d’excrémens. D'ailleurs ils paroissent “capables de supporter un long Jeûue. Schwenckfeld dit avoir gardé un de ces oiseaux quatorze jours, qui, pendant tout ce temps , n’avala que de l’eau et _ quelques grains de sable. | Rarement les pluviers se tiennent plus de vingt-quatre heures dans le même lieu. Comine ils sont en très-grand nombre, ils ont bientôt épuisé la pâture vivante qu'ils venoient y chercher : dès-lors ils sont obligés de passer à un autre terrain, et les premières neiges les forcent de LL * Albert réfute bien ceux qui disent que le plu vier vit d'air, et que c’est pour cela qu’on ne trouve rien dans ses intestins ; mais il en rend à son tour une mauvaise raison , io il dit que cet oïseau n'a que Pintestig jejunum. ni AA DES PLUVIERS. 265 quitter nos contrées et de saut les climats plus tempérés. Il en reste M. moins en assez grande quantité dans quelques unes de nos provinces mari- times! , jusqu’au temps des fortes gelées; ils repassent au printemps *, et toujours attroupés. On ne voit jamais un pluvier seul , dit Longolius ; et suivant Belon , leurs plus petites bandes sont au moins de cinquante. Lorsqu'ils sont à terre, ils ne s’y tiennent pas en repos; sans cesse occupés à chercher leur nourriture, ils sont presque touJours en mouvement. Plusieurs font sentinelle pendant que le gros de la troupe se repaît ; et au moindre danger ils jettent un cri: aigu qui est le signal de la fuite. En volant, ils suivent le vent ,'‘et l’ordre de leur marche est 1 En Picardie, suivant M. Baillon, il reste beau- coup de ces oïseaux aux environs de Montreuil-sur- iuer , jusqu’au temps des grandes gelées. L 2 On les voit, nous dit M. le chevalier Desmazys, passer régulièrement à Malte deux fois l’année, au printemps et en automne, avec Ja foule des autres oiseaux qui franchissent la Méditerrante, et pour qui cette Île est un lieu de station et de repos. | 25 » ! ’ : c PL CA ,. "<. 266 HISTOIRE NATURELLE assez singulier : ils se rangent sur une * ligne en largeur, et, volant aïnsi de front , ils forment dans l'air des zones transversales fort étroites et d’une très- grande longueur ; quelquefois il y a plu- sieurs de ces zones parallèles assez peu - profondes , mais fort étendues en lignes transversales. A terre , ces oiseaux courent beaucoup et très-vîte; ils demeurent attroupés tout le jour, et ne se séparent que pour passer la nuit. Hs se dispersent le soir sur un certain espace où chacun gîte à part: mais , dès le point du jour, le premier éveillé ou le plus soucieux, celui que les oiseleurs nomment l'appelant, mais qui est peut-être la sentinelle, jette le cri de réclame , ui, hieu, huit; et dans lins- tant tous les autres se rassemblent à cet appel. C’est le moment qu’on choisit pour en faire la chasse. On tend, avant le jour, uu rideau de filet en face de l'endroit où | l’on a vu le soir ces oiseaux se coucher sa les chasseurs en grand me, font en- ceinte, et, dès les premiers cyis du plu- vier appelant, ils se couchent coutre Le À _ DES PLUVIERS. 267 terre , pour laisser ces oiseaux passer et _se réunir : lorsqu'ils sont rassemblés , les chasseurs se lèvent, jettent des cris, et. lancent des bâtons en l'air; les pluviers. efrayés partent d’un vol bas, et vont donner dans le filet qui tombe en même temps ; souvent toute la troupe y reste prise. Cette grande chasse est toujours suivie d’une capture abondante : mais un oiseleur seul, s'y prenant plus simple- ment, ne laisse pas de faire bonne chasse ; il se cache derrière son filet, il imite ayec un appeau d’écorce la voix du pluvier appelant , et il attire ainsi les autres dans le piége. On en prend des quantités dans les plaines de Beauce et de Champagne. Quoique fort communs dans la saison, ils ne laissent pas d’être estimés comme un bon gibier. Belon dit que de son temps un pluvier se vendoit souvent autant qu’un lièvre. Il ajoute qu’on pré- féroit les Jeunes, qu’il nomme gzillemots. La chasse que l’on fait des pluviers, et _ leur manière de vivre dans cette saison, est presque tout ce que nous savons de ce qui a rapport à leur histoire naturelle : :68 HISTOIRE NATURELLE hôtes passagers plutôt qu'habitans denos campagnes, ils disparoissent à la chüûte des neiges, ne font que repasser au prin- temps , et nous quittent quand les autres oiseaux nous arrivent. Il semble que la douce chaleur de cette saison charmante, qui réveille l'instinct assoupi de tous’ nos animaux , fasse sur les pluviers une im- pression contra ils vont dans les con- trées plus. Jeptottrtimales établir leur couvée et élever leurs petits, car pendant tout l’été nous ne les voyons plus. Ils habitent alors les terres de la Lapponie et des autres provinces du nord de l’Eu- rope , et apparemment aussi celles de l’Asie. Leur marche est la même en Amé- rique, car les pluviers sont du nombre des oiseaux communs aux deux conti- nens; et on les voit passer au printemps à la baie d'Hudson pour aller encore plus au nord. Arrivés en troupes dans .ces contrées septentrionales pour y nicher, ils se séparent par couples : la société in- time de l’amour rompt, ou plutôt sus-. pend , pour un temps ; la société géné: +rale de l'amitié; et c’est sans doute dans \ 1 LA Le DES PLUVIERS: 269 cette circonstance que M. Klein, habitant de Dantzick, les a observés, quand il dit que le prier se tient solitairement dans les lieux bas et les prés. L'espèce qui, dans nos contrées, paroît nombreuse autant au moins que celle du vanneau, n’est pas aussi répandue. Sui- vant Aldrovande, on prend moins de pluviers en Italie que de vanneaux, et ils ne vont point en Suisse ni dans d’autres contrées que le vanneau fré- quente : mais peut-être aussi le pluvier se portant plus au nord, regagne-t-il dans les terres septentrionales ce que Île vanneau paroît occuper de plus que lui en étendue du côté du midi; et il pa- roît le regagner encore dans le nouveau monde, où les zones moins distinctes, parce qu’elles sont plus généralement tempérées et plus également humides, ont permis à plusieurs espèces d’oiseaux de s'étendre du nord dans un midi tem- péré , tandis qu’une zone trop ardente borne et repousse dans l’ancien monde presque toutes les ir des régions moyennes. BE 270 HISTOIRE NA' UR E] C'est au pluvier doré, comme repré ‘sentant la famille entière des pluviers, qu'il faut rapporter ce que nous venons de dire de leurs habitudes naturelles : mais cette famille est composée d’un grand nombre d'espèces dont nous allons - donher l’'énumération et la description. ‘1 4. Zom 15. . VLATA Leg 271,% VE ® à. ue 2) à oder LE PLUVIER. DORE. F Paquet de [U za FA DES PLUVIERS. | LE PLUVIER DORÉ *. Première UE | ee eme en { L> pluvier doré est de la grosseur d’une tourterelle :sa longueur, du bec à la queue, ainsi que du bec aux ongles , est d’envi- ron dix pouces. Il a tout le dessus du corps tacheté de traits de pinceau jaunes, entremêlés de gris blanc, sur un fond brun noirâtre : ces traits Jaunes brillent dans. cette teinte obscure, et font paroître le plumage doré. Les mêmes couleurs , mais plus foibles, sont mélangées sur la gorge et la poitrine. Le ventre est blanc, le bec * Voyez les planches enluminées, n° 904. En anglois, green plover; en allemand, puloier, pulrosz » see taube, greuner kiwi; en italien, piviero. On prétend, dit M. FI EAER A que la ville de Piviers ou Pithiviers dans le Gâtinois a pris son nom du grand nombre de pluviers qu'on voit dans ses environs, x F ” | 272 HISTOIRE NATURELLE noir , et il est, ainsi que dans tous les, pluviers , court, arrondi et renflé vers le bout. Les pieds, sont noirâtres ,! et le doigt extérieur est lié jusqu’à la première articulation, par une petite membrane, à celui du es Les pieds n’ont que trois doigts, et il n’y a pas de vestige de doigt postérieur ou de talon : ce carac- tère , Joint au renflement du. bec , est établi parmi les ornithologistes comme distinctif de la famille des pluviers. Tous ont aussi une partie de la jambe ; au- dessus du genou, dénuée de plumes ; le cou court; les yeux grands ; la tête un peu trop grosse à proportion du corps : ce quiconvient à tous les oiseaux sco/opaces* dont quelques naturalistes ont fait une grande famille sous le nom de pardales, qui ne peut. néanmoins les renfermer tous , puisqu "il y en a plusieurs espèces, et notamment dans les pluviers, quin ’ont pas le plumage pardé ou tigré. Au reste , il y a peu de différence dans le plumage entre le mâle et la femelle de * Comme bécasses, bécassines, harges, etc. »! vette espèce ; néanmoins les variétés in- dividuelles ou accidentelles sont très-fré- _quéntes, et au point que, dans la même saison, à peine sur vingt-cinq ou trente pluviers dorés, en trouvera-t-on deux exactement semblables : ils ont plus ou moins de jaune , et quelquefois si peu, qu'ils paroissent tout gris* ; quelques uns portent des taches noires sur la poitrine, etc. Ces oiseaux, suivant M. Baillon, D'ÉSAP LIU VI ER Su, 23 * M. Ballon, qui a observé ces oiseaux en Pi- cardie, assure que leur plumage est gris dans le premier âge; qu’à la première mue, en août et septembre . il leur vient déja quelques plumes qui ont la teinte de jaune, ou qui sont tachetées de. cette couleur; mais que ce n’est qu’au bout de quelques annéés que cet oiseau prend une belle teinte dorée. Il ajoute que les femelles naissent toutes grises, qu’elles conservent long-temps cette couleur ;:qué ce n’est qu’en vieillissant que leur plumage se colore d'un peu de jaune, et qu’il est très-rare d'en voir qui aient le plumage aussi uni- formément beau que celui des mäles. Ainsi on ne doit pas être surpris de la variété des couleurs que lon rernarque dans l'espèce de ces oiseaux, puis- gwelles sont produites par la différence de sexe. , et d'âge, (Note communiquée par M. Ballon) \ E] 274 HISTOIRE NATURELLE Fr 0 arrivent sur les côtes. de Picardie à à af | de septembre ou au commencement d’oc- tobre , tandis que, dans nos autres pro- vinces plus méridionales , ils ne passent qu’en novembre, et même plus tard; ils repassent en février et en mars. On les voit en été dans le nord de la Suède, em Dalécarlie et dans l’île d'Oéland , dans la Norvége , l'Islande et la Labo ati C’est par ces terres arctiques qu'ils paroissent avoir (GAMME au nouveau monde , où ils semblent s'être répandus plus ri que dans l’ancien; car on trouve le plu- vier doré à la Jamaïque , la Martinique, Saint-Domingue et Cayenne , à quelques légères différences près. Ces pluviers , dans les provinces méridionales du nouveau monde , habitent les savanes, et viennent dans les pièces de canne à sucre où l’on a mis le feu; leurs troupes y sont nom- breuses et'se laissent difficilement appro- cher ; elles y voyagent, et on ne les voit, à Cayenne que dans le temps des pluies. M. Brisson établit une seconde espèce sous le nom de petit pluvier doré, d’après l'autorité de Gesner, qui néanmoins n'as … é NOMEISSP LU VIERS. 5 voit jamais vu ni connu le pluvier par lui-même. Schwenckfeld et Rzaczynski _ font aussi mention de cette petite espèce, _et c’est vraisemblablement encore d’après Gesner ; car le premier , en même temps qu’il nomme cet oiseau petit pluvier, le dit de la Brossenr de la tourterelle; et Rzaczynski n’y ajoute rien d’assez parti- culier pour faire croire qu'il l’ait observé et reconnu distinctement. Nous regarde- rons donc ce petit pluvier doré comme une variété purement individuelle , et qui ne nous paroît pas méme faire re dans l'espèce. - we RSS RON AA 276 HISTOIRE NATURELLE \ € à LE PLUVIER DORÉ A ‘GORGE NOÏRE. Seconde espèce. GARDE PARATETERENRES | , \ Crrre espèce se trouve souvent ayee la précédente dans les terres du Nord, où elles subsistent et multiplient sans se mèéler ensemble. Edwards a recu celle-ci de la baie d'Hudson, et Linnæus l’a trou- vée en Suède, en Smolande et dans les champs incultes de l’Oéland : c’est le pZu- vialis minor nigro-flavus de Rudbeck. Il a de front blanc, et porte une bandelette blan- che qui passe sur les yeux et les côtés du cou, descend en devant et entoure une plaque noire qui lui couvre la gorge; le reste du dessous du corps est noir; tout le manteau, d’un brun sombre et noirâtre, est agréablement moucheté d’un jaune vif, distribué par taches dentelées au à DE SVPLUVIE RS) 27 bord de chaque plume. La grandeur de ce pluvier est la même que celle du pluvier doré. Nous né savons pas si c’est par an- tiphrase et relativement à la foiblesse de ses yeux, Ou parce que réellement ce pluvier a la vue plus percante qu'aucun autre oiseau de ce genre , que les Anglois de la baie d'Hudson l’ont surnommé œil de faucon (hawk’s eye ). À / F J : ' TR 278 HISTOIRE NATURELLE. L \s LE GUIGNARD* Troisième espèce. Lr guignard est appelé par quelques uns petit pluvier. X] est en effet d’une taille in: férieure à celle du pluvier doré, et n’a guère que huit pouces et demi de lon- sueur. Il a tout le fond.du manteau d’un gris brun , avec quelque lustre de verd ; chaque plume du dos, ainsi que les moyennes de l’aile, sont bordées et enca- drées d’un trait de roux ; le dessus de la ‘tête est brun noirâtre ; les côtés et la face sont tachetés de gris et de blanc; le de- _vant du cou et la poitrine sont d’un gris ondé et arrondi en plastron, au-dessous duquel , après un trait noir, est une zone blanche , et c’est à ce caractère que l'on reconnoît le mâle; l’estomac est roux, le ventre noir , et le bas-ventre blanc. * Voyez les planches enluminées, n° 832, En anglois, doftterel. DES PLUVIERS 2» Le guignard est très-connu par la bonté de sa chair , encore plus délicate et plus succulente que celle du pluvier. L'espèce paroît plus répandue dans le Nord que dans nos contrées , à commencer par l’An- gleterre ; elle s'étend en Suède et jusqu’en Lapponie. Cet oiseau a deux passages marqués , en avril et en août , dans les- quel$ il se porte des marais aux mon- tagnes, attiré par des scarabées noirs, qui font la meilleure partie de sa nourriture, avec des vers et de petits coquillages ter- restres, dont on lui trouve les débris dans les intestins. Willughby décrit la chasse que l’on fait des guignards dans le comté de Norfolk, où ils sont en grand nombre. Cinq ou six chasseurs partent ensemble ; et quand ils ont rencontré ces oiseaux, ils tendent une nappe de filets à une cer- taine distance , en les laissant entre eux et le filet ; ensuite ils s’avancent douce- ment en frappant des cailloux ou des morceaux de bois; ces oiseaux paresseux se réveillent , étendent un pied, une aile, ét ont peine à se mettre en mouvement: les chasseurs croient hien faire de les # Y à | 280 HISTOIRE NATURELLE imiter en étendant le bras ; la jambe, et. pensent les amuser et occuper leurs ve par ce manége apparemment très-inu- _tile*; mais enfin les guignards s'appro- chent du filet lentement, d’une marche engourdie, et le filet tombant couvre la troupe stupide. C’est d’après ce caractère de pesanteur et de stupidité que les Anglois ont nommé: ces oiseaux doflerel, et leur nom latin morinellus paroît se rapporter à la même origine. Klein dit que leur tête est encore: _plus arrondie que celle de tous les au! tres oiseaux de la famille des pluviers, et il en tire un indice de leur stupidité,, par analogie avec cette race de pigeons: que l'on a nommés pigeons fous, et qui ont en effet la tête plus ronde que les autres. Willughby croit avoir remarqué sur les guignards , que les femelles sont * Un auteur, dans Gesner, va jusqu’à dire que cet oiseau, attentif et comme charmé aux mouve- mens du chasseur, imite tous ses gestes, et en oublie le soin de sa conservation, au point de se: laisser approcher el couyrir du filet que lon tieut à la main. a | GDS PIE U VE ER SU 28% un peu plus grandes que les mâles , sans autres différences extérieures. Quant à la seconde espèce de guignard qu'établit M. Brisson sous le nom de guignard d'Angleterre, quoique l’autre se trouve déja en Angieterre, nous ne la regarderons que comme une simple va- riété. Albin représente cet oiseau trop petit dans sa figure, puisque , dans sa description , il lui assigne plus de poids et les mêmes proportions qu’au guignard ordinaire; et, en effet, leur plus grande différence consiste en ce que. le premier guignard n’a pas de bande transversale au bas de la poitrine, et qu'il a toute cette partie, ayec l'estomac et,le devant du cou , d’un gris blanc lavé de jaunâtre : 1l me semble donc que c’est multiplier mal-à-propos les espèces ; que de les éta- blir sur des différences aussi légères, DO DECITRE RAD 282 HISTOIRE NATURELLE : ne 6 LE PLUVIER A COLLIER *. Quatrième cspèce. ; ; \ \ N ovs distinguerons d’abord deux races dans cette espèce , une grande et une petite : la première, dela taille du mauvis; la seconde, à peu près de celle de l’alouettes et c’est à cette dernière que se rapporte tout ce que l’on a dit du pluvier à collier, parce qu elle est plus répandue et hu connue que la première : mais, dans le réel, l’une n’est peut-être joihe variété de l’autre; car il se trouve encore des variétés entre elles qui semblent les rap- procher par nuances. | Ces oiseaux ont la tête ronde et le bec fort court et bien garni de plumes à sa si Voyez les planches enluminées, n° 920 ; le‘ grand pluvier à collier; et 92r, le petit hrs à collier. En anglois, sea-lark. ” Tom 15. 4 Play. Pag282. ser Avr Lpzx Les Le DES PLUVIERS. 255 racine ; ce bec est blanc ou jaune dans sa première moitié, noir à sa pointe ; le front st blanc ; il y a un bandeau noir sur le sommet de la tête , et une calotte grise la recouvre ; cette calotte est bordée d’une bandelette noire qui ° prend sur le bec et passe sous les yeux ; le collier est blanc, et la poitrine porte un _plastron noir ; le manteau est gris brun ; les pennes de l’aile sont noires; le dessous du corps est d’un beau blanc comme le front et le collier. | x Tel est en gros le plumage du pluvier. à collier. Si l’on vouloit présenter toutes les diversités en distribution ou en étendue de ces couleurs, un peu plus claires et plus foncées , plus brouillées ou plus nettes , il faudroit faire autant de descrip- tions et l’on établiroit presque autant d’espèces que l’on verroit d'individus. Au milieu de ces différences légères et vraiï- ment individuelles ou locales , on recon- noît le pluvier à collier le même dans presque tous les climats : on nous la apporté de Sibérie, du cap de Bonne- Espérance , des Philippines , de la Loui= | 0 bi RAS ARS + À. 14 RE * à LA A 84 HISTOIRE NATURELBE + siane et de Cayenne * ; M. Cook l’a ren contré dans le détroit de Magellan, et M. Ellis à la baié d'Hudson. Ce pluvier à collier est l'oiseau que Marcgrave ap- pelle matuitui du Bresil , €t Willughby , en le remarquant, est frappé de la consé- quence qu'offre ce fait ; savoir , qu'ily a des oiseaux communs à l'Amérique méridionale et à l’Europe ; fait étonnant en lui-même , et qui ne trouve d’expli- cation que dans le principe que nous avons établi sur la nature des oiseaux d'eau et de rivage, lesquels voyagent de proche en proche, et s’accommodent à toutes les régions, parce que leur vie tient à un élément qui rend plus égaux tous les climats, et y fournit par-tout . Ie même fonds de nourriture, en sorte .qu'ils ont pu s'établir du Nord au Midi, et se trouver également bien sous les tro- piques et dans les zones froides. », * À Cayenne, on le nomme collier; et les Es- pagnols de Saint-Domingue, en lé voyant habillé : de noir et de blanc, comme leurs moines, l’ap- pellent frailecitos ; et les Indiens, NS. thegle, , daprès son Crle SAS PIE UV D EMRS. L, 285 * Nous regarderons donc comme une de ces espèces privilégiées qui se sont ré- pandues sur tout le globe , celle du plu- vier à collier, malgré quelques variétés dans le plumage de ces oiseaux, suivant les différens climats; ces différences exté- rieures , quand le reste des traits est le même ainsi que le naturel , ne doivent étre regardées que comme la teinte locale , et, pour ainsi dire , la livrée des cli- mats, livrée que les oiseaux prennent et dépouillent plus ou moins en changeant de ciel. | | | Les pluviers à collier vivent au bord des eaux ; on les voit le long de la mer en suivre les marées. Ils courent: très-vîte sur la grève, en interrompant leur course par de petits vols , et toujours en criant. En Angleterre , on trouve leurs nids sur les rochers des côtes; ces oiseaux y sont très-communs , comme dans la plupart des régions du Nord, en Prusse , en Suède, et plus encore en Lapponie pendant l'été. On en voit aussi quelques uns sur nos rivières et dans quelques provinces : on les connoît sous le nom de gravières ; en ANA NA à MAD, AT ai : 286 HIS TOIRE NATURELLE g" À d’autres sous celui de criards, qu'ils métis tent bien par les cris importuns et conti- nuels qu’ils font'entendre ;pour peu qu'ils soient inquiétés et tant qu'ils nourrissent leurs petits: ce qui est long ; car ce n'est qu’au bout d’un mois ou cinq se- maines que lés jeunes commencent à voler. Les chasseurs nous assürent queces pluviers ne font point de nids, et qu'ils pondent sur le gravier du rivage, des œufs verdâtres tachetés de brun. Les père et mère se cachent dans les trous et sous les avances des rives ; habitudes d’après lesquelles les ornithologistes ont cru re connoître dans cet oiseau le ckaradrios d’Aristote, lequel, suivant la force du mot, est habitant des rives rompues des orrens * , et dont /e plumage , ayoute ce philosophe , ’a rien d’agréable , non plus que la voix : le dernier trait dont Aristote peint son charadrios , qui sort la nuit et se cache le jour, sans caractériser aussi précisément le pluvier à collier, peut. néanmoins avoir rapport à ses allures du it Aristophane donne au charadrios la fonction d'apporter de l’eau dans la ville des oiseaux. DE DES PLUVIERS 2% soir et à son cri, que l'on entend très- tard et jusque dans la nuit. Quoi qu’il en soit, le czaradrios est du nombre des oiseaux dans lesquels l’ancienne inéde- cine, ou plutôt l’ancienne superstition, chercha des vertus occultes; 1l guérissoit de la jaunisse : toute la cure consistoit à le regarder * ; l'oiseau lui-même, à l'aspect de l'ictérique , détourroit les yeux, comme se sentant affecté de son mal. De combien de remèdes imaginaires la foiblesse humaine n’a-t-elle pas cherché à flatter en tout genre ses maux réels! * En conséquence, le marchand de ce beau re mède cachoit soigneusement son oïseau, n’en ven+ dant que la vue : sur quoi les Grecs avoient fondé un proverbe pour ceux qui tiennent cachée une chose précieuse et utile : Charadrium imilans. Li DUO AS io : dif: | MAT dE: 'L 288 HISTOIRE NATURELLE DE RIDER | Cinquième espèce. 7 eu) DER Nes C ’£sTr le nom que porte en Virginie ce pluvier criard ; et nous le lui conserve- rons d'autant plus volontiers, que Catesby 1e dit formé sur le cri de l’oiseau. Ces plu- viers, très-communs à la Virginie et à la Caroline , sont détestés des chasseurs, parce que leurs clameurs donnent l’a- larme et font fuir tout gibiér. On voit dans l'ouvrage de Catesby une bonne _ fgure de cet oiseau, qu'il compare en grandeur à la bécassine. Il est assez haut monté sur jambes ; tout son manteau est gris brun, et le dessus de la tête, en forme de calotte , est de la même couleur; le front , la gorge, le dessous du corps et le tour du haut du cou, sont blancs ; le bas du cou est entouré dits collier noir, au- dessous duquel se traceun demi- colis à ” u ü " : ve % , : C4 #44 L La : VA | ESS PALAU V'L'E RS , 260 blanc, et il y a de plus une bande noire Sur E poitrine, quis ‘étend d’une aile à l’autre ; la queue est assez longue, et noire à l'extrémité ; le reste et ses couvertures supérieures sont d’une couleur rousse ; les pieds sont jaunâtres ; le bec est noir; l'œil est grand et entouré d’un cercle- rouge. Ces oiseaux restent toute l’année à la Virginie et à la Caroline ; on les trouve également à la Louisiane *, et l’on ne remarque pas de différence dans le plu- mage entre le mâle et la femelle. LA Une espèce voisine, où peut-être la même, et qui n’a pas En d’une autre description, est celle du pluvier à collier de Saint-Domingue, n° 286 de nos planches enluminées , et la dixième de M. Brisson. À quelques différences près dans les cou- leurs de la queue, et une teinte plus fon- _cée dans celui-ci aux pennes de l'aile, ces deux oiseaux sont les mêmes. * M. le docteur Mauduit l’a recu de cette con- trée , et le conserve dans son cabinét, Oiseaux, XV 25 + CPNONUNNES , 290 HISTOIRE NATURELLE V# Ÿ Li om 6 | LE PLUVIER HUPPÉ.. Some Ne | L ] » Cr pluvier , qui se trouve en Perse, est à peu près de la taille du pluvier doré ; mais 1l est un peu plus haut de jambes, : Les plumes du sommet de sa ‘tête sont . d’un noir lustré de verd ; elles sont ramase sées en touffe portée en arrière, etforment une huppe de près d’un pouce de lon- sueur. Il y a du blanc sur les joues, l'oc= : eiput et les côtés du cou; tout le manteau est brun marron foncé; nu trait de noir tombe de la gorge sur la poitrine, qui est, ainsi que l'estomac, d’un noir relevé d’un beau lustre de violet ; le bas-ventre est blanc ; la queue, blanche à son ori- gine , est noire à son extrémité ; les pennes de l’aile sont noires aussi, et il y a du blanc dans les grandes couvertures. Ce pluvier est armé et porte au pli de: { \ DES PLUVIERS. 201 l'aile un éperon qu'Edwards a négligé de figurer dans sa planche XLVIL , mais qu’on retrouve dans sa CCVIIE , vus il représente la femelle, qui diffère du mâle en ce que tout son cou est blanc, et que sa couleur n’est nuancée d'aucun reflet. nn Li 302 mISTOIRE NATURBULE. LE PLUVIER À AIGRETTE *. … Septième espèce. | * À \ Cr: pluvier est encore armé aux épaules ; les plumes de l’occiput , s’alongeant en filets, comme dans le vanneau , lui forment une aigrette de plus d’un pouce de longueur. Il est de la grosseur du plu- vier doré, mais plus haut sur ses jambes, ayant un pied du bec aux ongles, et seu- lement onze pouces du bec à l'extrémité de la queue. Il a le haut de la tête, ainsi que la huppe , la gorge et le plastron sur l'estomac, noirs, aussi-bien que les grandes pennes de l'aile et la pointe de celles de la queue ; le manteau est d’un gris brun ; les côtés du cou, le ventre et: les grandes couvertures de l'aile, sont d’un blanc teint de fauve ; l’éperon du * Voyez les planches enluminées , n° OT, sous le nom de pluvier armé du Senegal, DES PLUVIERS 293 . pli de l'aile est noir, fort et long de six ARR Cette espèce se trouve au Sénégal., et paroît également naturelle à quelques unes des régions chaudes de l'Asie ; car un pluvier qui nous a été envoyé d'Alep, s'est trouvé tout-à-fait semblable à ce pluvier du Sénégal. \ n \ “ és, 0 WIR 294 HISTOIRE Reno à “hp E 1 HS LE PLUVIER COIFFÉ x Huitième espèce. Ù NE coiffure assez particulière nous sert à caractériser ce pluvier ; c’est un morceau de membrane jaune qui lui passe sur le front, et, par son extension, en- ‘toure l’œil ; une coiffe noire, alongée en arrière en deux ou trois brins, cache le haut de la tête, dont le chignon est blanc, et une large mentonnière noire , prenant sous l'œil, enveloppe la gorge et fait le , tour du ur du cou. Tout le devant du corps est blanc; le manteau est gris rous- sâtre ; les pennes de l'aile et le bout de la queue sont noirs ; les pieds rouges, et ke bec porte une tache de cette couleur vers la pointe. Ce pluvier, dont l'espèce n’é- toit pas connue, se trouve au Sénégal, comme le précédent ; mais il est moins grand d’un quart, et il n’a pas d’éperon au pli de l'aile. * Voÿez les planches Cie ) n°024, SOUS le nom de pluvier du Sénégal. - DES, PLU VLE RS) 206 \ # Re _ LE PLUVIER COURONNÉ *. Neuvième espèce. Cr pluvier , qui se trouve au cap de Bonne-Esperance, est un des plus grands de son genre : il aun pied de longueur, et les jambes plus hautes que le pluvier doré ; elles sont couleur de rouille. Il a la tête coiffée de noir , et dans ce noir on voit une bande blanche en diaiême, qui fait le tour entier de la tête, et forme une sorte de couronne; le devant du cou est gris; du noir par grosses ondes se mêle au gris sur la poitrine; le ventre est blanc; la queue, blanche dans sa première moitié, ainsi qu'à son extrémité, porte une bandé noire qui traverse le blanc ; les pennes de l'aile sont noires , et les grandes couvex- tures blanches ; tout le manteau est brun, - lustré de verdâtre et de pourpre. * Voyez les planches enluminées, n° 800, sous ” le nom de plupier du cap de Bonne-Espérances - er : . À Fe D JO PAPA | À 1 Na T 6 pre ! \ Le À ? . F4 \ l * 4 " 206 HISTOIRE NATURELEE LE PLUVIER À LAMBEAUX *. Dixième espèce. UÙ xx membrane jaune, plaquée aux angles du bec de ce pluvier, et pendante des deux côtés en deux lambeaux poin- tus, nous sert à le caractériser. Il se trouve au Malabar. Il est de la grosseur de notre pluvier; mais il a de plus hautes jambes, qui sont de couleur jaunâtre. Il porte der- x rière les yeux un trait blanc qui borde la. calotte noire de la tête ; l’aile est noire et tachetée de blanc dans les grandes cou- vertures ; on voit aussi du noir bordé de blanc à la pointe de la queue; le manteau et le cou sont d’un gris fauve, et le des- sous du corps est blanc : € pitid livrée ordinaire, et, pour ainsi dire, uniforme, du plumage de la plupart de toutes les espèces de pluviers. * Voyez les planches nl Ni ,.n° 680 ; sous le nom de plupier de la côte de Malabar. DES PLUVIERS.. 299 LE PLUVIER ARMÉ MORTGANVE NN EE" Onzième espèce. C'esr un pluvier à collier de la gran- deur du nôtre ; mais il est beaucoup plus haut de jambes : il a aussi le bec plus long et la tête moins ronde. Une large bande noire couvre le front, engage les : yeux , et va se joindre au noir qui garnit le derrière du cou, le haut du dos, et s’arrondit en plastron sur la poitrine; la gorge est blanche , ainsi que le devant du cou et le dessous du corps ; une plaque grise, entourée d’un bord blanc, forme une calotte derrière la tête ; la première moitié de la queue est blanche, et le reste est noir ; les pennes de l'aile et les épaules . sont noires aussi ; le reste du manteau est # Voyez les planches enlumimées, n° 833. - 298 HISTOIRE NATURELLE . gris, mêlé de blanc. Des éperons assez longs percent au pli des ailes. M, Il nous paroît que l’amacozque de Fer- nandès (chap. XII, page 17), oiseau ÉTRE au plumage mélé dé blanc. et de noir et & double collier, qu’on voit toute l’année sur le lac de Mexique, où il vit de vermisseaux aquatiques , est un pluvier ; on pourroit. Eassurer si Fernandès eût donné le carac- tère de ses pieds. . Quant à la treizième espèce de M. Bris- son, ce n’est rien moins qu’un pluvier, sai une petite outarde ou notre churge*. * Voyez l’article de cet oiseau dans le tome pou: ée cette Histoire des oiseaux, page 59. , } « 4 IN ee DES PLU VER 81. 50 LE PLUVIAN*. L'o1srau nommé pluvian dans nos , planches enluminées , se rapporte au plu- -Vier, en ce qu'il n’a que trois doigts. Le Aa n’est guère plus grand que le petit pluvier à collier, si ce n’est que son cou est plus long et son bec plus fort. Il a le dessus de la tête, du cou et du dos, noir , un trait de st couleur sur les - yeux ,,et quelques ondes noires sur la poitrine ; les grandes pennes de l’aile sont méêlées de noir ‘et de blanc ; Îles autres parties de l'aile, pennes moyennes et couvertures, sont d’un Joli gris; le devant du cou est d’un blanc roussätre , et le ventre blanc : mais le bec est plus gros et plus épais que celui du pluvier ; le renfle- ment y est moins marqué. Ces différences , qui semblent faire une nuance de genre plutôt que d'espèce, nous ont engagés à lui donner un nom particulier , et qui en même temps eût rapport aux pluviers. * Voyez les planches enluminées, n° 910, oo HISTOIRE NATURELLE LE GRAND PLUVIER *, ‘VUÜLGAIREMENT APPELÉ COURLIS DETERRE. Tr est peu de chasseurs et d'habitans dè la campagne dans nos provinces de Picar- die, d’Orléanois, de Beauce, de Cham- pagne et de Bourgogne, qui, se trou- vant sur le soir, dans les mois de sep- tembre |, d'octobre et novembre, au mi- lieu des champs, n'aient entendu les cris répétés /&rrlut, türrlui, de ces oiseaux > c’est leur voix de rappel , qu'ils font sou- * Voyez les planches enluminées , n° 919. Enitahen, coruz, suivant Gesneret Aldravande ; à Rome, Poe L “sou W illughby ; AS 1 Angle- terre, €t particulièrement dans le pays de Cor- nouaiïlles et de Norfolk, stone-curlew ; en quelques endroits de l’Allemagne, selon Gesner , friel ou griel; sur nos côtes de Picardie, cet. oiseau est appelé Ze saint-germer. Tom 25. ; | | 278 Lag 300. LE GRAND PLUVIER, ou COURLIS DE TERRE. E | TU no pa M à b etes ÿ no %. us No Dépt si tt ft A: vu is ’ à } dr. fi ik ni Ra {er re #8 kel ñ | cn WU | 4 à IA | aie ! A 11e EU | A Jon { | VAS 4 \ à AREA (ne 1 f FH h12 cr Vi ; \ JA | | "DES PLUVIERS. Got vent retentir d’une colline à l'autre, et c’est probablement de ce sou articulé, et semblable au cri des vrais courlis, qu’on a donné à ce grand pluvier le nom de courlis ‘de. terre. Belon dit qu’au premier aspect il trouva dans'cet oiseau tant de ressemblance avec la petite outarde, qu’il lui en appliqua le nom. Cependant ce n’est ni une outarde ni un courlis ; c’est plutôt un pluvier : mais en même temps qu'il tient de près aux pluviers par plu- sieurs caractères communs, ils’en éloigne assez par quelques autres pour qu’on puisse le regarder comme étant d’une espèce isolée, parce qu'il porte des traits d’une conformation particulière, et que ses habitudes naturelles sont différentes de celles des pluviers. -D’abord cet oiseau est békomsl plus ie que le pluvier doré ; il est même plus gros que la bécasse : ses jambes épaisses ont un renflement marqué au- dessous du genou, qui paroît gonflé ; ca- ractère d’après isqnel Belon l’a nommé jambe enflée. Il n’a, comme le piuvier, que trois doigts fort courts ; ses Jambes 26 \ je FETES 302 HISTOIRE NATURÉLLE et ses pieds sont jaunes. Son béc est jau-. nâtre depuis son origine jusque vers le : milieu de sa longueur, et noirâtre jus- qu'à son extrémité ; il est de la même forme, mais plus gros que celui du plu- vier: Tout le plumage , sur un fond gris blanc et gris roussâtre ; est moucheté par pinceaux de brun et de noirâtre, dont les traits sont asséz distincts sur le cou et læ poitrine, et plus confus sur le dôs et sur les ailes, qui sont traversées d’une bande blanchâtre ; deux traits de blanc rous- sâtre passent dessus et dessous l’œil ; le : fond est de couleur roussâtre sur le dos _et le cou, et il est blanc sous le ventre, qui n’est pÜint moucheté. Cet oiseau a l’aile grande; il part de loin , sur-tout pendant le jour, et vole alors assez bas près de terre; il court sur les pelouses et dans les champs aussi vîte qu’un chien; et c’est de là qu’en quelques provinces, comme en Béauce, on lui a donné le nom d’erpeñteur. Il s'arrête tout court après avoir couru, tenantson corps et sa tête immobiles ; etau moindre bruit il se tapit contre terre. Les mouches, DES PLUVIERS. 303 les scarabées, les petits limacons, et autres coquillages terrestres, sont le found de sa nourriture , avec quelques autres insectes qui se trouvent dans les terres en friche, comme grillons, sau- terelles et courtillières *; car il ne se tient guère que sur le plateau des col- lines , et il habite de préférence les terres pierreuses, sablonneuses et sèches. En - Beauce, dit M. Salerne , une mauvaise terre s'appelle re terre à courlis. Ces oi- seaux , solitaires et tranquilles pendant la Journée , se mettent en mouvement à la _ chûte du jour; ils se répandent alors de tous côtés en volant rapidement, et criant de toutes leurs forces sur les hau- teurs :leur voix, qui s'entend de très-loin, ‘ estun son plaintif semblable à celui d’une flûte tierce, et prolongé sur trois ou quatre tons , en montant du grave à l’aigu. Ils ne cessent de crier pendant la plus grande partie de la nuit; et c’est alors qu'ils se xapprockent de nos habitations. * M. Baillon, qui a observé cet oiseau sur les côtes de Picardie, nous dit qu'il mange aussi de peuits lézards noirs qui se trouvent dans les dunes, et même de petites couleuvres. os À MP EC 804 HISTOIRE NATURELLE Ces habitudes uocturnes sembleroient indiquer que cet oiseau voit inieux la nuit que le jour : cependant il est certain que sa vue est très-percante pendant le jour. D'ailleurs la position de ses gros veux le, met en état de voir par derrière comme par devant; il découvre le chas- seur d'assez loin pour se lever et partir bien avant que l’on ne soit à portée de le tirer. C’est un oiseau aussi sauvage que timide; la peur seule le tient immobile durant le jour , et ne lui permet. de se mettre en mouvement et de se faire en- tendre qu’à l’entrée de la nuit. Ce senti- ment de crainte est même si dominant, que quand on entre dans une chambre où on le tient gi ass , il ne cherche qu’à se cacher, à fuir, et va, dans son effroi, donner fête häitaée et se heurter éénitre tout ce qui se rencontre. On pré- tend que cet oiseau fait pressentir les changemens de temps, et qu'il annonce la pluie. Gesner a remarqué que même en captivité, il s ’agite PeFRAGAP avant J’arrivée d’un orage. Au reste, ce gud pluvier ou courlis DES PLUVIERS. 3o5 de terre fait une exception dans les nom- breuses espèces qui, ayant une portion de la jambe nue, sont censées habiter les rivages et les terres fangeuses, puisqu'il se tient toujours loin des eaux et des ter- rains humides, et n’habite que les terres sèches et les lieux élevés *. Ces habitudes ne sont pas les seules par lesquelles il diffère des pluviers. Le temps de son départ et la saison de son séjour me sont pas les mêmes que pour les plu- viers ; 1l part en novembre, pendant les dernières pluies d'automne : mais, avant d'entreprendre le voyage, ces oiseaux se réunissent en troupes de trois ou quatre cents , à la voix d’un seul qui les appelle, et leur départ se fait pendant la nuit. On les revoit de bonne heure au printemps ; . et dès la fin de mars ils sont de retour en Beauce, en Sologne , en Berry , et dans quelques autres provinces de France. La femelle ne pond que deux ou quelquefois : - 4 D'où l’on peut voir avec combien. pen de fon- dement Gesner l’a pris pour Je charadrios des, anciens, qui est décidément un oiseau de rivagé. Voyez ci-devant l’article du pluvier à collier. 26 L 306 HISTOIRE NATURELLE trois œufs sur la terre nue, entre! des pierres, ou dans un petit creux qu’elle forme sur le sable des landes et des dunes *, Le mâle la poursuit vivement dans le temps des amours; al. est aussi constant que vif, et ne la quitte pas; il l'aide à conduire ses petits, à les prome- ner, et à leur apprendre à distinguer leur * Durant les huit jours que J'ai erré dans les sables arides qui couvrent les bords de la mer, depuis embouchure de la Somme ; jusqu’à lextré- mité du Boulonnois, j'ai rencontré un nid.qui m’a paru être du saznt-germer : pour m en cassiten je suis demeuré constamment assis jusqu’au soir.sue ? le sable, dont j’avois élevé devant et autour de moi un pelil tertre pour me cacher. Les oiseaux de ces sables, accoutumés à en voir changer la sur- face, que | les vents transportent, ne prennent au- cune inquiétude d’ÿ trouver de nouveaux creux ou de nouvelles élévations. Je fus payé de ma peine : le soir l'oiseau vint à ses œufs, et Je le reconpus pour le saint-germer ou le courlis de terre. Son aid, posé à plate terre et à découvert dans une ie de sable, ne consistoit qu’en un peut creux d’un pouce, et de forme elliptique, contenant trois œufs assez gros, et d'une couleur singulière. {Oéirrébrions Jaites par M. EEE sg nest treuil-sur-mér.) DIS PLU VIERS" 3 nourriture : cette éducation est même longüe; car, quoique les petits marchent et suivent leurs père et mère peu de temps après qu'ils sont nés , ils ne prennent que tard assez de forces dans l’aile pour pou- voir voler. Belon en a trouvé qui ne pour- voient encore voler à la fin d'octobre; ce - qui lui a fait croire que la ponte des œufs, ou la naissance des petits, ne se faisoit que bien tard. Mais M. le chevalier Des- mazys, qui a observé ces oiseaux à Malte ?, nous a appris qu'ils y font régulièrement deux pontes, l’une au printemps, et la dernière au mois d'août. Le même ob- servateur assure que l’incubation est de trente Jours. Les jeunes sont un fort bon gibier , et on ne laisse pas de manger aussi les vieux, qui ont la chair plus noire et plus sèche. La chasse à Malte en étoit réservée au grand-maître de l’ordre, avant que l'espèce de nos perdrix n’eñt été portée dans cette île | vers le pa du dernier siècle ?. ? On l’appelle à Malte zalaride. 3 ? Sous le grand-maître Martin de Redin, (Woze ? À "1 L” j 208 HISTOIRE NATURELLE Ce grand pluvier ou courlis de terre me s’avance point en été dans le Nord, | comme font les pluviers : du moins a næus ne le nomme point dans la liste des oiseaux de Suède. Willughby assure qu’on le trouve en Angleterre, dans le comté de Norfolk, et dans le pays de Cornouailles : : cependant Charleton , qui se donne pour chasseur ‘expérimenté ,, avoue que cet oiseau lui est absolument inconnu. Son instinct sauvage , ses al- lures de nuit, ont pu le dérober long- temps aux yeux des observateurs ; et Be- Ton, qui le premier l’a reconnu en France, remarque qu’alors personne ne put Lui en dire le nom. | J'ai eu pendant un mois ou cinq se- maines un de ces oiseaux à ma cam- pagne : on le nourrissoit de soupe, de pain et de viande cuite; il aimoit ce der- nier mets de préférence aux autres. Il mangeoit non seulement pendant le jour, mais aussi pendant la nuit; car, après lui avoir donné le soir sa provision de | communiquée par M. le chevalier Desmazyse , Mne autre note spéafie les perdrix rouges.) DES PLUVIERS." 30 nourriture. on à remarqué que le lende- main matin elie étoit fort diminuée. Cet oiseau n'a paru d’un naturel pai- sible , mais craintif et sauvage , et je crois que c’est en effet par cette raison qu’on le voit rarement courir pendant le jour dans l’état de liberté , et qu’il préfère l'obscurité de la nuit , pour se réunir avec ses semblables. Jai remarqué que dès qu'il appercevoit quelqu’un , même de loin , il cherchoit à s'enfuir , et que sa peur étoit si grande , qu'il se heurtoit contre tout ce qu’il rencontroit en vou- Tant se sauver. Il est donc du nombre des animaux qui sont faits pour vivre éloignés de nous, et à qui la Nature a donné pour sauve-garde l'instinct de nous fuir. | Celui dont il s’agiticin’a point fait con- noître son cri : il faisoit seulement quel- quefois entendre pendant les deux ou trois dernières nuits qui ont précédé sa. mort , une sorte de sifflement très-foible, : qui m’étoit peut-être qu’une expression de souffrance ; car il avoit alors sur la | racine du bec et dans les pieds de fort ! RE L 310 HISTOIRE NATURELLE. grandes blessures ; qu'il s'étoit faites en frappant contre les fils de fer de sa cage , dans laquelle il-séremuoit brüs- quement dès qu’il appercevoit Tes objet nouveau. L4 x \ £. P |A LE =. of y» fn - (@) É à = ; À hs cr 808 2 A MSN Li Lécnasse est dans les oiseaux ce que la gerboïse est dans les quadrupèdés : : ses jambes, trois fois longués comme le corps, nous présentent une disproportion mons- trueuse ; et éh considérant ces excès ou plutôt ces défauts énormes , il semble que quand la Näturé éssayoit toutes les puis- sances dé sa prémièré vigueur , ét qu'elle ébauchoit le plan de la forme des êtres, ceux en qui lés proportions d'organes s’unirent avec la faculté de sereproduire , ont été les seuls qui se soient maintenus : | elle ‘ne put donc adoptér à perpétuité ‘toutés les forntes qu’elle avoit tentées ; _elle choisit d’abord les plus belles pour en } FR. re * Voyez les planches enluminées ; n° 878. à | Himantopus, Les Italiens, suivant Belon j ap- pellent l’ échasse merlo aquaiole grande; les Alle- miands, froembder vogel; les Flamands, ma- thoëen ; les Angloïs, long-legs ; et à la Jamaïque, red legged crane. Sibbald lui donne encore les ,0ms allemands de dunn-bein ; ricmen-bein. … D te 312 HISTOIRE NATURELLE r ‘composer Je tout harmonieux des êtres qui nous environnent : mais , au milieu de ce magnifique spectacle , quelques productions négligées, et quelques formes moins heureuses, Jetées comme des om- bres au tableau, , paroissent être les restes de ces dessins bi assortis et de ces com- posés disparates qu’elle n’a laissé subsis- ter que pour nous donner une idée plus étendue de ses projets ; et l’on ne peut mieux saisir une de ces disproportions. qui contrastent avéc le bel accord et læ grace répandue sur toutes ses œuvres , que dans cet oiseau , dont les jambes excessivement longues lui permettent à peine de porter son bec à terre pour prendre sa nourriture ; et de plus ses jambes si disproportionnées sont comme des échasses , greles, foibles et fléchis- santes , supportant mäl le petit corps de l'oiseau et retardant sa course plus qu’elles ne lPaccélèrent, enfin trois doigts beau- coup trop courts pour les jambes asseyent mal sur ses pieds ce corps chancelant, trop loin du point d'appui. Aussi lès noms que les anciens çt les modernes ont don- Et. * # | Na DÉT'ÉCHASSEN 43 nés dans toutes les langues à cet oiseau, marquent la foiblesse de ses jambes molles. etployantes, ou leur excessive longueur *. L’échasse paroît néanmoins se dédom= mager , par le vol , de la lenteur de sa marche pénible. Ses ailes sont longues etdépassent la queue, qui est assez courte; leur couleur, ainsi que celle du dos , est: d’un noir istré de bleu verdâtre; le don rière de la tête est d’ ungris brun ; le dessus du cou est mêlé de noirâtre et FA blanc ; tout le dessous.est blanc depuis la gorge jusqu’au bout de la queue; les pieds sont rouges et ds ont huit pouces de hauteur ; y compris la partie nue de la jambe, qui en a plus de trois ; le nœud du genou se marque fortement au milieu du jet lisse et grêle de ces pieds démesurés ; le bec est noir, cylindrique, un peu applati par les côtés vers la pointe , long de deux pouces dix lignes , implanté bas sur un front relevé, qui rend la tête ronde. * Himantopus , loripes. Le nom d’himantopus a quelquefois été changé en celui d'hæmatopus, et ensuite appliqué à l'Avétrier ou pie de mer. C’est une double erreur. Voyez l’article suivant. 27 / 314 HISTOIRE NATURELLE . Nou$ somrñes peu. instruits. den indé, tudes naturelles de cet ois$eäw ; dont l’es= _ pèce est foible, et: en même temps raie *: - Il est vraisemblable qu’il vit d’insectéslet de vermisseaux , au bord dés eaux et des marais. Pline l'indique sous le nom d’Ai- mantopus, et dit « qu’il naît en Égypte ; « qu'il se mouïrit A a de mou- « ches, et qu'on n’ajamaäis pulé conserver «que quelques jours én Italie ». Cepen- dant Belôon en parle comme d’un oïseau naturel à cette contrée,; et le comte Marsigli l'a vu Sur le Danube. Il paroît aussi qu'il fréquente les terres du Nord, quoique Klein dise qu’on ne la jamais vu sur les côtes de la Baltique ; mais Sibbald ,en Ecosse , en a très-bien décrit uñ qui avoit été tué près de Dumfries. L’échasse se trouve aussi dans le nou- veau continent : Fernandès em a vu une $ } | * On nous a envoyé une échasse de Beauvoir en bas- Poitou, comme un oiseau inconnu; ce qui prouve qu’il ne paroît que fort rarement sur ces côtes. Celui-ci fut tué sur un vieux marais salant, On dents que dans son vol ses jambes, roidies en arrière > dépassoient la queue de huit pouces. { / L. 4 MODE TD EC HASSETT 35 espèce, ou. plutôtmne variété, dans la nouvelle Espagne ; et il dit que Le oiseau, habitant des régions froides, ne descend que l'hiverau Mexique : cependant Sloane le place parmi les oiseaux de la Jamaïque. Il résulte de ces autorités contraires ,en apparence , que l'espèce de l’échasse, quoique très-peu nombreuse, se trouve répandue ou plutôt dispo , comme celle du pluvier à collier , dans des régions très-éloignées. Au reste, Pechhob du Mexi- que , indiquée par Fernandès , est un peu plus grande que celle d'Europe ; elle a du blanc mêlé dans le noïr des ailes : mais ces différences ne nous paroissent pas assez grandes pour en faire une espèce séparée. | Fin du iome quinzième. PLIS Des articles contenus dans ce volume. “Lez butor, page 5. 4200 de l’ancien continent qui ont Fapa os au butor, 19. .:. Le grand butor, Fes .: Le petit butor, 21. | “ Le butor brun rayé, 22.. . Le butor roux, 23. | Le petit butor a Sénégal , 25. ÿ Le pouacre, ou butor tacheté, 26. : Oiseaux du nouveau continent qui ont rapport àu butor, 26. L’étoilé, 10:14, | Le butor jaune du Bresil, 30. Le petit butor de Cayenne, 31. . Le buior de la baie d'Hudson, 32. L’onoré, 33. L’onoré rayé, 34 L’onoré des bois, 36. Le bihoreau, 38.) Le bihoreau de Cayenne, 424 4 Ÿ Fer RON \Ra RE 317 L'ombreile , 7 ST R Le courliri, ou courlan ; 45. sr) | Le savacou, 47. Th “E La spatule, 52. -La bécasse, 66. | | En. Variétés de la Hu 85. Oiseau étranger qui à rapport à la bécasse. “ La bécasse des savanes , 07: La bécassine , 00. s La petite bécassine, surnommée Ja sourde, 07- La brunette, 100. | Oiseaux étrangers qui ont rapport aux a 10. La bécassine du cap de Bonne-Éspérante ,-Zbid La bécassine de Madagascar, 102. La hbécassine de la Chine, 104. Les barges, 106. La barge commune, 110. La barge aboyeuse, 112. La barge variée, 114e La barge rousse, 116. La grande barge rousse, 117. La barge rousse de la baie d'Hudson, 1#0. La barge brune, 121. ; La barge blanche, 122. \ 318 TABLE Les chevaliers, 124. 44 - Le chevalier commun, 126... Le chevalier aux pieds ronges 26. "+ Le chevalier rayé, ÉSE. LS Le chevalier varié, 132. Le chévalier banee TAP« \: Le chevalier verd , 136. “Les combattans A paons de mer, 137. Les maubèches, 146. La maubèche commune, 147. La maubeche tachetée,, 749» La maubcche grise, 190. Le sanderling, 195. | $ 6210 Le bécasseau, 192. La guignette, 158. pa perdrix de mer , 160. ' La perdrix de mer grise, 162. La perdrix de mer brune, 163. La giarole, 164. La perdrix de mer à Et eine de mer, 167. Le cinde, 17L. L'abis, 734116 . _ L'ibis blanc, 188. L'ibis noir, 193. : | TT ARS ‘a 7. ViATRIL'ES 319 Le courlis, 194. Le corlieu, ou petit courlis, 207. | Le courlis verd, ou courlis d’Etalie » 204 Le courlis brun , 206. | Le courlis tachéié, 207. | LAAPP { x Le courlis à tête nue, 208. Le courlis huppé, 210. | Courlis du nouveau continent, 212: Le courlis rouge, 14:d. Le courlis blanc, 219. - Le courlis brun à front rouge ; 2274 Le courlis des bois, 222, Le gouarona, 224 L’acalot, 225. x Le matuitui des rivages, 227. Le grand courlis de Cayenne, 228. Le vanneau, 220. La vanneau suisse, 244. | Le vanneau armé du Sénégal, 246. Le vanneau armé des Indes, 248 Le vanneau armé de la Louisiane, 250, Le vanneau armé de Cayenne , 252. Le vanneau-pluvier , 254 \ Les pluviers, 259. Le pluvier doré , 271. Le pluvier doré à gorge noire, 276. | Ha Le guiguard, 278. “ ea ROT te BUEEE Le pluvier à à collier, 282. 40 STUDY ML SE Le kildir ; 288. 5, po brel t0n 66e Le pluvier sp à La , ur ailes Le pluvier à algretieis 292 0) eu: Le pluvier coiffé ; 294: Le pluvier HR. 295. ‘#9 Dei Le pluvier à lambeaux » 296. | Le pluvier armé de Cayenne, 2974 105 a $ Le pluvian, 290. AE | ER Le grand pluvier, ralgairement appelé coulis a terre, 300, L échasse : has RAY re 4 r L s A, D | : t- ÈS , # he L'el DE L'IMPRIMERIE DE PLASSAN A Pi 4 —— Le Pre “PPEN ER &a ne TR + PR EN quest dan Conte Met æ 22 ne 74 den pa ee mg an ds ne vtt, “TA ” Re HI 3 9088 00769 6362