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Library of the Museum

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COMPARATIVE ZOOÜLOGY,

AT HARVARD COLLEGE, CAMBRIDGE, AEASS.

Dounded bp private subscription, fn 1861.

DR. L. ne KONINCKS LIBRARY.

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Ft chez les principaux Libraires de l'Europe,

IIISTOIRE NATURELLE,

GENERALE ET PARTICULIÈRE,

DES MOLLUSQUES, ANIMAUX SANS VERTÉBRES ET A SANG BLANC.

OvvrAGE faisant suite aux Œuvres de LEecrerc pr _ Burron, et partie du Cours complet d'Histoire naturelle rédigé par C. S. Son NiNi, membre Ge plusieurs

* : 1: Sociétés savantes. |

CONTINUÉ PAR FELIX DE ROISS 7%.

TOME SIXIÈME.

APTB'A RTS. DE L'IMPRIMERIE DE F. DUFART.

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HISTOIRE

NATURELLE

DES GASTÉROPODES.

Suite des Spirivalves à ouveriure échancrée à la base.

GENRE LXXXIII. Corom8ezze; columbella. PI. Li VIT, Fis. 1.

4

Animal. Gastéropode à tête munie de deux tenta- cules portant les yeux au dessous de leur partie moyenne. Manteau formant un tube au dessus de la tête pour la respiration. Le pied muni d’un petit opercule elliptique, fort mince. |

Coquille. Ovale, à spire courte, à base de l’ouver- ture plus ou moins échancrée et sans canal. Un renflement à la partie interne du bord droit. Des plis ou des dents à la columelle.

Cr genre, caractérisé par M. de Lamarck, est encore une division des nombreuses vo- lutes de Linnæus. Il renferme peu d'espèces et ne comprend que des coquilles assez petites et extrêmement communes.

- Les colômbelles sont très - voisines des

A 3

Gr HISTOIRE : 11

mitres par les caractères, mais elles sont en général plus courtes'et plus épaisses, ce qui leur donne une physionomie diiférente.

ÉSPÉCES.

1. COLOMBELLE MARCHANDE:; columbell& mercatorit.

sp mercatoria. Lin. Lister, Conch. tab. 824, | fig. 43. Martini, Conch. 2, tab. 44, fig. 452 à 458. ou tab..43, fs. I, L. Staron, Adanson., pl. 1x, fig. 29. PE. Syst. anim. sans vVer= tébres, pag. #b, |

Coquille siriée, à spire obtuse; columelle emoussée, dentée ; bord droit reniflé et den tculé. |

C’est une coquille des plus communes ek qui se trouve dans toutes Îles mers. Elle Varie beaucoup dans ses couleurs.

2, C. SIGER; c. rustica.

Voluta rustica. Lin. Lister, tab. 824 , fig. 445 8295, fig. 46. Gualt. tab. 43, fig. C, D,E,F, G,H. Siger, Adauson, pl.1x, fg.28. Martini, 2, tab. 44, fig. 462 à 477.

Coquille unie, à spire proéminente; co- Jumelle émoussée, denticalée; bord droit renilé et denticulé. Se trouve dans la Miterranée et dans l'Océan, sur les côtes. alricaiues et américaines.

DES GASTEROPODES. 7

On n’a encore irouvé aucune espèce de

colombelles parmi les fossiles, si nombreux et si diversifiés, des environs de Paris.

GENRE LXXXI Ve. MarGINELLE ; marginella. P]. L'VIT, Fig. 2!

Animal. Gastéropode à tête manie de deux tenta- cules coniques, pointus, portant les yeux près de leur hase extérieure. Bouche en trompe rétractile.. Un tube se prolongeant au dessus de la tête pour da respiration. Le disque ventral dépassant posté- rieurement la coquiile. Point d’opercule.

Coquille. Ovale -oblongue, lisse, à spire conrie ef à bord droit rebordé en dehors. Base de l’onver- ture peu échancrée. Des plis à la columelle.

Linnæus regardoit encore les coquilles de ce genre comme des volutes, mais il les avoit rapprochées de manière à former une pelite famille particulière, dont loutes les espèces se trouvoient liées entre elles par un grand nombre derapports. M. de Lamarck _est le premier qui ait tout à fait séparé ce groupe des volutes, pour en composer un nouveau genre très-naturel, auquel il & assigné les caractères set que nous venons de présenter.

Les marginelles offrent une série nom breuse de coquilles remarquables par um

À 4 |

8 HISTOIRE bourrelet très-apparent qui garnit exiérieu- rement le bord droit de leur ouverture. Elles sont toutes assez petites, mais très-agréables par leurs couleurs et par le poli brillant de leur surface toujours dépourvue de drap marin. L'aspect général de plusieurs espèces les rapproche assez des porcelaines pour qu'on puisse présumer avec quelque vrai- semblance que le manteau de l’animal ac- quiert, à une certaine époque, des prolon- gemens charnus qui lui servent à envelopper ou à polir sa coquille. On ne trouve les marginelles que dans les mers des pays chauds ; presque toutes celles qui sont connues viennent du Sénégal ou de parages peu éloignés.

ESPECES.

1. MARGINELLE PORCELAINE; marginella | glabella.

Voluta glabella. Lin. Porcelaine, Adanson, Sénégal, tab. 4 fig. 1. Lister, Conch. tab. 818, fig. 29 et 51. Martini, Conch. 2, tab. 42, fig. 429, 431, 454, 455. Gualt. tab. 28, fig. A, L.

Coquille unie, fauve-rougeâtre , tachetée de blanc, à échancrure de la base à peine sensible; spire lisse ; quatre plis à la colu- melle ; bord droit dentelé. Se trouve dans VOcéan africain et aux Indes.

DES GASTEROPODES. ag 2. M. FÈvVE; m. faba.

Fouauée. Lan. Gualt. tab. 28, fig. Q.

Narel, Adanson, tab. 4, fig. 2. Mart. 2, tab. 42, fig. 452, 433. |

Coquille un peu échancrée, un peu plssée;

spire proéminente; quatre plis à la colu-

melle; bord droit crénelé. Se trouve sur les côtes d'Afrique.

3. M. 8081; m. persicula.

Poluta persicula. Lin. Lüster, tab. 803, fig. 10. Gualt. tab. 28, fig. C, D, E. Bobi, Adanson, tab. 4, fig. 4. Marti, 2 , tab. 42, fig. 419 à 422.

Coquille unie ; spire émoussée et ombiii- quée ; sept plis à la columelle ; bord droit crénelé,

Cette jolie petite espèce présente deux variétés principales, l’une ornée de petites lignes, l’autre de points. $e trouve sur les côtes d'Afrique.

4 M. EBURNÉE,; ". eburnea. Lamarck, Ann. du mus. tom. Il, p. 61, vélin, m9 30 am Coquille lisse, à spire conoïde; bords des tours de spire confluens; quatre plis à la columelle; bord droit mutique. Fe Elle a ordinairement la blancheur et le luisant de livoire; sa longueur est d'environ

10 HISTOIRE

cinq lignes. Se trouve fossile à Grignon elle est assez commune.

5. M. DENTIFÈRE; m. dentifera.

Lamarck, ibidem, svélin, 5, fig. 12.

Coquille grêle, lisse, à spire alongée et un peu pyramuidale; bord droit muni inté- rieurement d’une petite dent. |

Ceite petile espèce est rare. On la trouve fossile à Grignon.

6. M. £N ovVULE; 77. ovulata.

Lamareck, 1bidem , vélin, 35, fig. x3.

Coquille lisse, à spire très - courte; plus de quatre plis à la columelle; bourrelet marginal étroit et peu épais; bord droit silonné intérieurement.

Cette coquille ressemble, par sa spire à peine apparente, à une petite ovule ow à une jeune porcelaine ; elle a six lignes de longueur. Fossile, très- commune à Grignon.

DES GASTEROPODES. 11 GENRE LXXX Ve.

CaxcecLaiRE; cancellaria, PI. LVII, Fig. 3.

Animal. inconnu.

Coquille. Ovale ou subturriculée, à bord droit sil- lonné intérieurement. Base de l’onverture presque entière et un peu en canal. Quelques plis com- primés ou tranchans sar la columelle.

T'els sont les caractères du dernier genre formé par M. de Lamarck aux dépens des volutes de Linnæœus; les espèces qu'il y rapporte sont, amsi que le caractère l’in- dique, très-diflérentes, non seulement des volutes proprement dites, mais aussi des olives, mitres, marginelles, et autres genres précédens que Linnæus avoit confondus ; les seules coquilles de cette famille avec lesquelles elles aient assez de rapports sont les colombelles, dort elles diffèrent pourtant encore sensiblement par le défaut de ren- flement à la partie interne du bord droit

e l'ouverture. Elles ont d’ailleurs, par leur aspect général, des rapports très - marqués avec les nasses et les pourpres, et il serait difficile de les bien distinguer d'avec <es nouveaux genres sans les plis comprimés et tranchaus qui se remarquentsur lacolumelles

12 VAN ST OREE | on peut donc regarder les cancellaires comme le commencement d’une autre famille, ou comme formant le passage de celle que nous venons d'examiner à celle qui va suivre.

Les cancellaires sont en général striées ; cannelées, réliculées ou garnies de côtes obliques plus ou moins saillantes; il ne paroît pas qu’il y en ait aucune véritablement lisse. Toutes sont marines ou se trouvent fossiles dans l’intérieur des terres.

Ce genre est déjà nombreux en espèces ; M. de Lamarck en a déterminé plus de quinze.

ES PECES. 1. CANCELLAIRE RÉTICULÉE; cancellaria reticulalta. |

Voluta reticulata. Tin. Lister, Conch. tab. 850 Gg. 52, 54. Martini, Conch. 3, tab. 121, fig. 1107, 1108 et 1109. Dargenville, pl. xvu, fig. M.

Coquille un peu sillonnée en sautoir ; _columelle presque perforée.

C’est la plus grosse espèce du genre et l'une des plus communes. Se trouve sur les côtes d'Afrique et d'Amérique.

2. C. BIVET; c. cancellata.

Voluta cancellata. Lin. Gualt. tab. 48, Be. B’ C, D, E. Bivet, Adanson, pl. vin, fig. 16. Born, mus. cœs. vindob. tab. 9, fig. 7, 8.

DES GASTEROPODES. 13 Coquille presque entière, plissée, réticulée en sautoir ; columelle alongée, un peu om- biliquée et garnie de trois plis. Se trouve sur les côtes d'Afrique.

3. C. NASSE; C.-nassa.

Voluta nassa. Gmelin, Séba, mus. 3, tab. 53; fig. 42. Martini, Conch« 4, tab. 124 et 125, fig. 1172 et 1175.

Coquille ventrue ; spire ue des côtes chargées de lignes treillissées peu apparentes ; _ bord droit marginé; columelle ombiliquée, garnie de trois plis. Se trouve sur les côtes d'Afrique, dans l’océan Indien. |

4. C. À PETITES CÔTES; c. costulata.

Tamarck, Ann. du Mus. tom. 11, p. 63, velin , 35, fig. 15.

Coquille ovale-oblongue, variqueuse; des côtes longitudinales serrées avec quelques bourrelets sur le dos; trois plis à Ja colu- melle.

Sa longueur est d'environ sept ou huit lignes; il ÿ en a une variété, figurée vélin, 3, fig. 14. Se trouve parmi les fossiles de Grignon, elle est peu commune.

5. C. VOoLUTELLE; c. volutella.

Lamarck, ibidem , vélin , 7, fig. 5.

Coquille turriculée, variqueuse ; des côtes

de HESTOITRE longitudinales serrées avec des siries trans verses ; une queue courte, un peu margiuée.

« Cetle coquille, dit M. de Larmarck, est si singulière que j'ai hésité dans la déter- minalion de son genre. Elle a les bourrelets d’un murex, les replis d’une volute, l'aspect et lechancrure d'un buccin. Neanmoins ses rapports et ses caractères forcent de la réunir aux cancellaires ».

Elle a huit lignes de lonsueur, Se ren- conlre, mais rarement, parmi les fossiles de Grignon.

Oatre ces deux dernières espèces, les seules qu’on ait rencontrées jusqu’à présent dans les environs de Paris, on connoît en- core d’autres cancellaires fossiles trouvées en divers paÿs, et telle est la voluta can- ceilata elongata de Chemuitz (Conch. tom, XV, tab. 179, f9. 1727, 17202)Ctc0) 11 y en a aussi une très-remarquable, com= mune aux environs de Bordeaux.

DES GASTEROPODES: 5 CÉNRE. LXX XV Te. Nasse; nassa. PI. LVIT, Fig. 4.

Animal. Gastéropode à disque ventral élargi, tronqué antérieurement , et se prolongeant au delà de Îa tête. Deux tentacules pointus portant les yeux dans leur partie moyenne. Un tube au dessus de la tête, formé par le manteau.

Coquille. Ovale. Ouverture se terminant inférieure- ment par une échancrure oblique qui remonte postérieurement. Bord gauche calleux, formant sar Ja columelle qu’il recouvre , une base un pli transverse dans sa partie snpérieure, et ayant sa base obliquement tronquée.

Les masses commencent une nouvelle famille de coquillages spirivalves qui ont, ainsi que ceux qui précédent, la base de l'ouverture échancrée et non canaliculée, mais dont la columelle ne présente aucuns plis ni dents. Les genres qui la composent n'en formoïent qu'un seul dans Linnæus sous le nom de buccinum; c’est encore à Bru- guère et à M. de Lamarck qu’on doit cette subdivision d’un genre beaucoup trop nom- breux, et l'établissement de plusieurs groupes particuliers nueux assortis, et plus faciles à étudier. Tels sont les genres nasse, pourpre, buccin, éburne, vis, tonne et harpe, fondées

16 HISTOIRE d’après cette nouvelle classification, et dont nous exposerohs successivement les carac- tères. Les casques qui faisoient aussi partie du genre buccinum de Tinnæus, doivent appartenir à la division des spirivalves à base canaliculée. | | Le premier de ces genres, les nasses, quoique très-naturel , a cependant de si grands rapports avec celui auquel on a conservé le nom de buccin, qu'il est assez difficile de les séparer d’une manière tranchée. Leur caractère le plus distinctif consiste dans lé- chancrure de leur base qui est toujours extrêmement marquée, très-oblique, très- relevée, et dans le bord gauche qui forme sur la columelle une forte callosité, très- sensible sur-tout lorsque la coquille a atteint son plus grand développement. i L'animal qui habite la nasse a été figuré par Lister, tab. 075 , fig. 50 ; on voit, d’après ses caractères exposés ci-dessus, qu’il diffère très-peu du mollusque des buccins.

ESPECES.

1. NASSE CASQUILLON ; rassa arcularia.

Buccinum arcularia. Lin. List. Conch. tab. 970, fig. 24, 25. Martini, Conch.2, tab. 41, fig. 409 à 412. Gualt. tab. 54, fig. O,Q , R. Dargenv.

pl.

DES 2GGASTEROPODES. :17 pl. xiv, fig. C. Favanne, pl. xxxur, fig. F. Vulgairement Ze casquillon.

Coguille cendrée ou bleuâtre à l'extérieur; ouverture violette intérieurement, très-lui- sante et blanche sur les bords; des stries transverses et des plis obliques, terminés prés de la suture par de gros tubercules.

C’est l’espèce la plus commune et celle qui a fourni à M. de Lamarck les caractères du genre. Elle habite la mer des Indes; on trouve en Piémont une coquille fossile qui en est extrêmement voisine.

2. N. BOMBÉE,; n. gibba.

Buccinim gibbum. Lin. Lister, Synops. tab. 975, fig. 3e. Ma rtif, 4 , tab. 12B, fig. 1195. Guali. tab. 44, fig. B. Favanne, pl. xxx, fig. S, 2, et 77, fig. A7.

Coquille bombée, lisse, fauve extérieu- rement, avec un cordon blanc près de la suture; ouverture blanche ; bord droit garni vers le bas de dents épineuses. Se trouve dans la Méditerranée.

3. N. BOSSUE; 7. gibbosula.

Buccinum gsibbosulum. TLün. Lister, tab. 973, Bg. 28. Martini, 2, tab. 41, fig. 414, 415.

Coquille très-venirue, bossue, lisse par<

Mol. Tome VL B

16 HISTOIRE

tout, verdâtre, avec des lignes fauves. —= Se trouve dans l'océan Asiatique. |

On n’a point encore rencontré de nasses fossiles dans les environs de Paris.

GENRE LXXXVIL. | | à : Pourpre; purpura. PI. LVIE, Fig. 0.

Animal. Gastéropode à disque ventral elliptique ; plus court que la coquille. Deux tentacules pointus portant les yeux dans leur partie moyenne ex- lérieure. Manteau formant , pour la respiration, un tube qui:passe obliquement au dessus de la tête. Un opercule caftilagineux et semi-lunaire.

Coguille. Ovale, le plus souvent tubercuieuse ou épineuse. Ouverture se terminant inférieurement en une sorte de caual très-court , oblique, échancré à l’extrémité. Columelle unie, aplatie sur - tout inférieurement, et finissant en pointe à sa base.

Bruguière est l’auteur de ce genre com- posé d’une série de coquilles qu'avant lui les naturalistes rapportoient arbitrairement soit aux buccins, soit aux rochers, avec lesquels elles ont souvent des rapports très- marqués. Ces espèces ont en effet un com- mencement de canal court à la base de leur ouverture, comme beaucoup de ro- - chers, murex, et de plus une échancrure sur ce canal, comme les buccins, de sorte

DES GASTEROPODES. 19

qu'elles participent de ces deux genres et ne conviennent vérilablement ni à l’un ni à l’autre. Bruguiére a fait cesser cet em- barras dans la classification en les réunis- sant, ét en les caractérisant particulière- ment d'après l’aplatissement très - sensible de la columelle , la pointe qui la ter- mine , él d’après le défaut de lèvre ou de bord gauche. Il désigna ce nouveau genre par le nom de pourpre, donné à plusieurs des espèces qu'il renferme, d’après l'opinion que les anciens tiroient leur celèbre couleur rouge de quelques-uns de ces coquillages, principalement de ceux que les naturalistes connoiïssent sous les noms de buccinum la- pillus, patulum et reliculatum. Cette tein- ture a été totalement abandonnée depuis la découverte de la cochenille, sans doute à cause de la difficulté de s’en procurer une assez grande quantité, et lon ne sait plus positivement quelles étoient les espèces qui la fournissoient, ni par quel procédé on la. mettoit en usage. Au reste, il est probable, d’après l’analogie, que toutes les espèces qui appartiennent véritablement au genre pour- pre, tel qu'il est établi à présent, produisent une liqueur semblable , et présenteroient la même propriété. On prétend que quelques B 2

50 HISTOIRE peuples de l'Inde et du Nord en ont cons servé l’usage, et qu’on s’en sert encore sut les côtes d'Angleterre pour marquer le linge:

M. Adanson nous a donné une descrip- tion assez étendue et vérifiée sur plusieurs espèces de l’animal qui habite les pourpres. D'après cet habile observateur (Voyage au Sénésal, coquillages, pag. 100, pl. 7, fig. 1.) la tête est petite, cylindrique, de longueur et largeur presqu'égales. De son extrémité; comme échancrée et creusée en arc, sortent deux tentacules coniques, alongéss renflés inférieurement et coupés en dessous par un sillon longitudinal ; sur ce renflement ; au milieu de la longueur et au côté exté- rieur des tentacules , sont placés les yeux; noirs et semblables à deux points non sail- lans. La bouche consiste en un petit trou ovale, ouvert transversalement au dessous de la tête vers son milieu, et qui renferme une trompe. Le manteau, consistant en uné membrane peu épaisse qui tapisse l’intérieur de la coquille sans s'étendre au dehors, est ondé ou frisé sur ses bords et se replie su- périeurement en un tube qui sort d’une lon- gueur égale à la sixième partie de la coquille par l’échancrure de la base , et se rejette sur la gauche. Le pied est épais, elliptique, obtus

DES GASTEROPODES. 21

aux extrémilés, une fois plus long que large, et beaucoup plus court que la coquille, ayant en dessous deux sillons croisés à angles droits vers la partie antérieure , avec une multitude de stries longitudinales sur le reste de sa surface. Ce pied dépasse antérieure- ment la tête et une partie des tentacules lorsque l’animal marche ; un peu au dessous du milieu de sa longueur et près du man- teau est attaché un opercule mince, carti- . lagineux , en forme de demi-lune, qui, quoique plus petit que l'ouverture de la coquille dont il a la forme, peut cependant la boucher exactement, lorsque l'animal en rentrant le retire dans l’intérieur jusqu’au nmulieu du dernier tour de spire.

Les deux sexes, d’après M. Adanson ; sont séparés sur de individus différens; les mâles, outre les différences qu’on peut re- connoître dans leurs coquilles, laissent sortir de tems en tems vers la droite une verge semblable à une languelte triangulaire cu, aplatie.

La matière colorante ,' dont ce genre de coquillages a prisle nom, se trouve comme l'encre des sèches dans un réservoir parti- culier en forme de vessie, placé au haut du cal à côté de l'estomac. Cette matière est Lrès-

B &

Ha: : HISTOIRE

visqueuse, blanche ou verte, et ne devient rouge qu'après avoir élé étendue d’eau et exposée à l'air. On concevra pourquoi la pourpre étoit si chère chezlesanciens, quand on saura que le réservoir qui la contient est ordinairement moins gros qu’un pois.

Les animaux des pourpres sont carnassiers et se nourrissent aux dépens d’autres mol- lusques qu'ils suçent au moyen de la trompe dont leur bouche est garnie.

Toutes les espèces de ce genre, qui sont en assez grand nombre, sont marines et habitent les rivages. On les trouve en divers climats.

ESPECES. 1. POURPRE PERSIQUE ; purpura persica.

Buccinum persicum. Lin.— Lister, Conch. tab.987, fig. 46. Mart. Conch. 3, tab. 69 ; fig. 760. Gualt. tab. 51, fig. H, L. Dargenv. tab. 17, fig. E. Favanne, pl. 27, fre. D. 3. Vulgairement /& conque persique. |

Coquillé épaisse, striée, tuberculeuse, à bords créuelés ; columelle aplatie ; tours de spire bruns, avec deslignes blancheset noires, transversales.

C’est cette espèce, l’une de celles les caractères sont le mieux exprimés, qui a

DES GASTEROPODES. 25

servi de type pour la formation du genre. Se trouve dans la mer des Indes et sur les côtes de la Méditerranée.

2. P. DES TEINTURIERS ; p. lapillus.

Buccinum lapillus. Lin. Lister, tab. 065 , fig. 10. Martini, 4, tab. 122, fig. 1136 et 1:37. Le sadot, Adanson, Sénégal, pag. 106, pl. var, fig. 4.

Coquille fort épaisse, ovoïde, pointue aux deux extrémités, à petites côtes transverses, obscurément écailleuses : bord droit très- épais, tranchant sur les bords et denté plissé intérieurement. Couleur blanche, grise-cendrée ou jaunâtre, avec ou sans bande fauve ou brune.

Cette espèce est fort sujette à varier. Bru- guière lui a donné ce nom spécifique parce qu'on prétend qu'elle sert encore à teindre dans le Nord elle abonde ; ce n’est pour- tant pas l’espèce dont les anciens faisoient usage ; il paroît plutôt, d'après Columna 4 que celle, dont les romains tiroient Ja pourpre étoit le bzccinum patulum, qu'il faut maintenant appeler purpura patula. M. de Lamarck a rapporté au lapillus une pourpre fossile qui se trouve communément à Courtagnon. ( Voyez les, Annales du mu- séum d'histoire naturelle, tom. IT, pag. 64.)

GT n

b4 HISTOIRE

$e trouve dans l’océan Atlantique, su toutes les côtes d'Europe et d'Afrique, et dans les mers du Nord. C’est un des coquil- lages les plus communs sur les côtes de la

Manche. 5. P. LICORNE; p. monoceros.

Pallas, Spicil. zool. 10, tab. 3, fig. 3,4 Martini, 5, tab. 60, fig. 761. Favanne, pl. Rues ‘fig. D, 1. Vulgairement /a licorne.

à]

Coquille brune, à côtes inégales, gar- nies décailles tuilées ; bord droit crénelé et. armé près de la base d’une longue épine.

Il ne faut pas confondre avec cette espèce le buccinumnarval, et le b. unicorne Brug., rapportés du Pérou par Dombey.—Setrouve dans la mer qui baigne l'Amérique méridio- nale, vers le détroit de Magellan.

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DES GASTEROPODES 5 GENRE LXXX VIII. Buccin; buccinum. PI. LVII, Fig: 6.

Animal. Gastéropode à pied elliptique plus court que la coquille. Deux tentacules coniques portant les yeux à leur base extérieure. Manteau formant, pour la respiration, un tube qui passe par l’é- chancrure de la base de la coquille et se prolonge au dessus. de la tête de l'animal: Un opercule cartilagincux.

Coquille. Ovale ou alongée. Ouverture oblongue , échancrée inférieurement et sans canal. Echancrure découverte antéricurement. Columelle pleine, sans aplatissement à sa base.

Le genre buccin a été établi par Linnæus; ainsi que nous l’avons dit à l’article des nasses ; mais ce grand naturaliste, en lui assignant un caractère peu précis, y avoit renfermé des groupes très-disparates et trop nombreux en espèces. Bruguière chercha le premier à le réduire à de justes bornes, et créa à ses dépens les genres pourpre, vis ét casque; M. de Lamarck a depuis com- pletté ce travail, d’après les mêmes prin- cipes, et c’est lui qui en a séparé quatre autres genres nouveaux, les nasses ; har= pes , tonnes et éburnes; de sorte que Îles buccins proprement dits, tels qu'ils sont

/

26 . HISTOIRE

conservés depuis ce démembrement , forment plus qu’une série peu étendue, dont toutes les espèces sont à présent liées par le plus grand nombre de rapports et dont les caractères sont faciles à déterminer.

_ Pour qu’une coquille fasse partie de ce . _geure, il faut que la base de l’ouverture soit sans canal ; qu’elle présente une échan- erure remontant obliquement du côté du dos sur lequel elle est sensiblement appa- xente; que la columelle soit unie; pleine, renflée dans sa partie supérieure et non recouverte par le bord gauche ; et qu’en- fin la surface extérieure n'offre pointde varices, ni de côtes longitudinales, ni de crénelures intérieures sur le bord droit. Toutes ces considérations sont absolument nécessaires pour bien distinguer les vrais buccins d'avec les nasses, tonnes, harpes et autres genres voisins, qui souvent leur res- semblent beaucoup. On peut ajouter, afin de completter les moyens de les reconnoître, qu’en général la forme de ces coquilles est alongée, plus ou moins ventrue, mais non globuleuse, que leur spire n’est ni enfoncée ni raccourcie, comme dans les tonnes et les casques , ni subulée comme dans les vis, mais qu’elle présente une longueur moyenne.

DES GASTEROPODES. 27 Leur têt, ordinairement assez épais, est rarement poli et brillant à sa surface, ou - enrichi de couleurs éclatantes ; leurs teintes sont le plus souvent foncées et uniformes.

Les mollusques qui habitent les buccins ont une tête en forme de croissant , une fois plus large que lougue, surmontée à son sommet de deux téntacules alongés, poin- tus, portant à leur base, sur le côté exté- rieur, de petits yeux noirs, peu apparens. La bouche présente une fente parallèle à la longueur de la tête et située au dessous d’elle ; l'animal fait sortir par cette ouverture une trompe plus ou moins longue, qui renferme l’œsophage et dont l'extrémité présente une espèce de langue garnie d’aspérités recour- bées en arrière. Le pied est très-obtus à ses extrémités ; sa longueur est presque double de sa largeur ; il est d’un tiers plus court que la coquille, et il porte à son extrémiié postérieure un opercule cartilagineux, ordi- nairement très-mince, qui peut fermer exac- tement l'ouverture dont il a la forme. Le manteau forme, en se repliant au dessus de la tête de l'animal et vers la gauche, un tube qui sort par l’échancrure de la base de la coquille et qui communique à l’organe respiratoire.

38 HISTOIRE

Les buccins n’ont pas les deux sexes réunis sur le même individu ; ils sont mâles ou fe- melles séparément. La verge se déroule vers la droite de la tête , comme dans le plus grand nombre’ des gastéropodes. La spire de la coquille renferme le foie ainsi que l'ovaire dans les femelles ou les testicules dans les mâles. On a cru remarquer que ces. derniers portent une coquille plus alongée ou moins renflée que celle des femelles , et que cette différence de proportion peut suf- fre pour les reconnoître. |

Les buccins sont tous marins, et habitent sous différens climats; on en counoît une quarantaine d'espèces, dont quatre ou cinq se trouvent dans les mers d'Europe. |

ESP E CES 1. BUCCIN oNDÉ ; buccinum undatum.

Buccinum undatum. Lin. Lister, Conch. tab, 062, fig. 14. Martini, Conch. 4, tab. 126, fig. 1206 à 1209. Favanne, pl. xxxu, fig. D. Seba» Thes. 3, tab. 39, fig. 76 à 80.

Coquille grisâtre ou brunâtre , finement striée et treillissée , plissée dans les tours. supérieurs. |

Cette espèce présente , mais rarement ; des individus inverses, dits coquilles gauches,

DES GASTEROPODES. #9

= Se trouve dans l'Océan; c’est un des coquillages communs de nos côtes. Il porte le nom de burgau morchou à la Rochelle. On le mange en Angleterre.

2. B. pu norp; &. glaciale. Martini, Conch. 10 , tab. 152, fig. 1446 et 1447.

_ Coquille à stries transverses, peu élevées; oltusément carénée sur le milieu du tour inférieur. Se trouve dans la mer du Nord.

3. B. NIFAT; 0. nifat.

Lister, Conch. tab. 914, fig. 7. Martini, 4, tab. 147, fig. 1357. Favanne, pl. xxxin, fig. 1. JNifat, Adanson, Sénégal, coquil. pag. 52 et PR iv, Hg:'3

Coquille oblongue , lisse, blanche, mar- quée de taches carrées rougeälres, disposées sur plusieurs rangs.

Elle a onze ou douze tours de spire, et un ou deux plis assez gros et arrondis à la base de la columelle, Se trouve dans l’océan Indien et sur la côte d'Afrique.

4 B. STRoMBoïDE, d. stromboïdes.

Buccinum stromboides. Gmelin, Syst. nat. 6, pag. 5489. {dem , Lamarck, Ann. du mus. tom. IT, pag. 164, n9 1; vélin, 5, fig. 17.

Coquille ovale-oblongue, lisse, légèrement sillonnée à la base , à tour convexe ; à bord

30 HISTOIRE : droit un peu ample, subcosté et formant supérieurement un sinus à l'endroit de sa jonction avec la spire. | Elle a près de deux pouces de longueur. Se trouve parmi les fossiles de Grignon.

5. B. croïsé ; 6. decussatum.

Lamarck, ibidem , pag. 165, 4; vélin ,n° fig. 20.

_ Coquille ovale- conique , à stries Fute Li très-multipliées et croisées; à tours de spire convexes ; l'ouverture un peu dentée.

Elle a cinq ou six lignes de longueur.— Cette espèce est fossile et très-commune à Grignon. 11 faut éviter de la confondre avec le buccinum decussatum + Gmelin, qui est un casque.

GENRE LXXXI Xe ERURNE: eburna. PI. LVIT, fasse

(Animal. D oun

Coquille. Ovale ou alongte, lisse, à Lou droit tres- entier. Ouverture oblongue , échancrée inférieu- rement. Columelle ombitiquée, sub-canaliculée à

‘sa base.

Ce genre, jusqu’à présent très-peu nom- breux en espèces, a été institué par M. de Lamarck, pour séparer des buccins de Lin- næus et de Bruguière; quelques coquilles

DES GASTEROPODES. 3% qui ont bien par la forme générale les plus grands rapports avec ce genre, mais qui s'en trouvent suffisamment distinguées par l’ombilic très-remarquable que présente leur

columelle. Ces coquilles sont un peu cana- _ liculées à la base ; leur échancrure est extré- mement visible, et leur surface est toujours très-lisse et très-brillante. L'espèce qui a servi de type à ce genre, a plus particu- lièrement, par son poli et sa teinte jau- nâtre , une certaine ressemblance avec l'ivoire, d’où on a tiré le nom générique. La suture de la spire est entièrement effacée sur celte espèce, ce qui pourroit faire soupcon- ner que l'animal des éburnes, jusqu’à présent inconnu , rabat sur sa coquille les lobes de son manteau, et qu’elle en est peut-être entièrement enveloppée. Les éburnes vivent dans les mers des pays chauds, la plupart dans l’océan Indien.

ESPECES.

1. ÉBURNE iVoiRE; eburna glabrata.

Buccinum glabratum. Li = Taster, tab. 074, fig. 29. Gualt. tab. 45, fig. ©, Martini, Conch. 4, tab. 122, fig. 1117. Dargenville, pl.ix, fig. G. Favaune, pl. xxx1, fig. F. Bosc, Hist. nat.

coq. tom. IV, pag. 272 et tom. V, pl. xxxvu;

Se (H'TS!T OTDE | fig. 4, 5. Eburna flavida, Lamarck ; Syst. anim sans vertèbres, pag. 78. Vulgairement l’évoire, Coquille blanche-jaunâtre, très-lisse etsans sutures distinctes; le tour inférieur de la spire marqué extérieurement d’un sillon. Se trouve dans ia mer des Indes een Âmérique.

2. E. CANALICULÉE; e. spirata.

Buccinum DTA Lin. Lister, tab. 951 ; fig. 41, C Rumph. Thes. tab. 49 , fig. D. Dargenv. pl. 20 , fig. N.— Favanne, pl. xxx, BRIE, SRE ENS

Coquille blanchâtre tachée de jaune; bord supérieur des tours de spire creusé en canal, à vive arêle. Se trouve vivante dans la mer des Indes , et fossile, dit-on, dans les Cévennes. en

3. E. DE CEItAN ; e. zeylanica.

Buccinum zeylanieum. Brug. Lister, tab. 982, fig. 42. Guaît. tab. 51, fig. B. mn Conch. 4 7 tab. 122 fig. 1T10.

Coquille blanche, marquée de taches jaunes, en compartimens; sulures point canaliculées ; ombilic très-profond bordé de dents violettes. Se trouve à Ceilan.

4. F. TACHÉTÉE ; e. adspersa.

Buccinum adspersum. Bruguière. Martini, Conch. 10, tab. 154, fig. 1475 et 1476. Coquille

DES GASTEROPODES. 33

Coquille jaunâtre, avec plusieurs rangs de taches rouges ; bord droit sinueux.—Setrouve à la nouvelle Zélande.

On n’a point encore observé d’éburne fos- sile aux environs de Paris.

GENRE XcCe. Vis ; terebra. PI. LVII, Fig. 8.

Animal. Gastéropode rampant sur un disque ventral beaucoup plus court que la coquille. Deux ten- tacules pointus portant les yeux à leur base ex- térieure. Manteau formant un tube qui sort par l’échancrure de la coquille, et se dirige oblique- ment au dessus de la tête de l’animal. Point d’o- percule.

Coquille. Turriculée. Ouverture échancrée inférieu- rement et au moins deux fois plus courte que la coquille. Base de la columelle torse ou oblique.

De même qu'il a été convenable de sé- parer les turritelles des sabots, voyez tom. V, pag. 306 , à cause de leur forme turriculée, de même les vis doivent être distinguées d'avec les buccins, auxquels Linnæus les réunissoit, et constituer , ainsi que l’a fait Bruguière, un genre particulier fondé sur le même caractère. |

La spire dans les vis est en effet extré- mement alongée, et composée d’un très-

Moll. Tome VI. C

d4 HISTOIRE

grand nombre de tours en général peu obli- ques. Daus quelques espèces ventrues, celte spire paroît un peu plus raccourcie, mais elle doit toujours être deux fois plus longue que louverlure de la coquille. La partie vi- sible de columelle est fort courte et pré- sente une lorsion très-sensible, qu'on ne remarque pas dans les autres coquilles tur-

riculées , ni dans les buccins. L'ouverture

est elliptique et quelquefois garnie à la base de plis assez forts. |

Le pied de l'animal qui habite ces co- quilles , nécessairement moins long qu'elle, porte de chaque côté , dans sa partie antérieure, une appendice en forme d’o- reillette. La tête est garnie en avant d’une membrane, et les yeux sont placés exté- rieurement à la base des tentacules : l’ani- mal est du reste à peu près semblable à celui des buccins , mais 1l ne porte pas d’o- percules ; ce qui donne encore un très-bon caractère distinclif.

Le nom de vis est ainsi restreint à un groupe lrès-naturel , très-aisé à déterminer , et ne s'étend plus indistinctement, comme dans les anciens conchyliologistes ; à toutes les coquilles dont la forme est alongée et turriculée , ce qui réunissoit des genres très-

=

DES GASTEROPODES. 55 différens , tels que les turritelles , les cérites et les vis proprement dites.

Les vis sont des coquillages marins , qui vivent pour la plupart dans les mers des pays chauds, ils se liennent ordinaire- ment sur les côtes sablonneuses. On en con- noiît un assez grand nombre d’espèces, pres- que toutes remarquables par l’élésance de. leur forme et l’agréable distribution de leurs couleurs.

ESP ECES.

1. Vis MACULEE ; ferebra maculata.

Buccinum maculatum. Lin. Lister, Synops tab. 846, fig. 74 Gualt. tab. 56, fig. I Martini, Conch.:4, tab. 153, fig. 1440. Dargenv. / tab. 11, fig. A. Favanne, pl. xxxix, fig. A. Vuigairement l’alène de savetier.

Coquille à spire unie , sans sillon dans la suture des tours et sans dentelures. Des taches bieues et brunes disposées par fascies. Se trouve dans l’océan Indien et Africain.

2. V. SUBULÉE ; {. subulata.

Buccinum subulatum. Lin. Lister , tab. 842, fig. 70. Gualt. tab. 56, fig. B. Mart. #4, tab. 153, fig. 1441, 1446, 1447. Dargenville,

pl. nu, fig. X.— Faval, Adanson, Sénégal. coquil, pag. 54 et pl iv, fig. 5, Bosc, Hist. nat. coq. : C 2

56 HISTOIRE tom. V, pag. 14, et pl. xxxn, fig. 6. Vulgai- rement la vis tigrée, (

Coquille sans sutures intermédiaires et sans dentelures ; tours de spire partagés chacun en deux portions inégales par un sillon plus ou moins profond qui s'étend dans toute la longueur. ù

C’est une des plus belles espèces du genre; ; elle est blanche, ornée de taches carrées brunes ou rougeâtres, disposées en deux ou trois .fascies transverses d’un effet très- agréable. Elle est cinq fois plus longue que large , et sa spire est composée de dix-huit : à vingt tours. Se trouve dans la mer des Indes et sur la côte occidentale d'Afrique vers le cap Verd.

3. V. PLICATULE ; £. plicatula.

Lamarck, Ann. mus. d’hist. nat. tom. IT, p. 166, Mo NS PEUR 5) VAL 0.

Coquille subulée, plissée longitudinale- ment; les plis supérieurs très-marqués et multipliés , les inférieurs moins sensibles ; dernier tour de la spire à peu près lisse.

Elle a près d’un pouce de longueur. Se trouve fossile à Grignon.

4. V. SCALARINE; é. scalarina.

Idem, ibid. 2 {

Coquille peu alongée; tours de spire con-

DES GASTEROPODES. 37

vexes; sommet en mamelon lisse; des stries tranverses sur la pointe et à la base; des côtes longitudinales parallèles et distantes sur chaque tour, un peu élevées et comprimées latéralement. | |

Cette belle espèce, remarquable par sa forme générale et par les côtes longitudi- nales dont elle est ornée, est beaucoup moins alongée que la plupart des coquilles de ce genre. Elle ressemble au premier aspect à un jeune scalata, scalaria conica, Lam.(vol.V, pag. 301), mais son ouverture, sa columelile _ torse , et l’échancrure de sa base, forcent de la ranger parmi les vis. Elle a plus d’un pouce de longueur. Cette espèce fossile a été nouvellement découverte dans le sable coquillier de Parnes.

GENRE XC He. Tonwne; dolium. P1. LVIIL, Fig. 1.

Animal, Inconnu.

Coquille. Ventrue , sub-globuleuse, cerclée transver- salement ; à bord droit denté ou crénelé dans toute sa longueur. Ouverture oblongue, très- ample , échancrée inférieurement.

Dargenville a formé le premier le genre tonne , et lui a donné le nom dont on se sert encore pour le désigner ; mais, guidé seule-

C5

ME Ch VIT STOTRE

ment par les rapports qu'offre la confor- mation générale, il n’en à pas présenté les

véritables caractères distinciifs. Linnæus asso-

cioil ces coquilles à son genre buccin, eb

Bruguière, malgré la réforme qu’il a opérée

dans ce genre si noïmbreux et si disparate,

a cru devoir les conserver sous la même

dénomination , mais dans une division parli- culière ; c’est M. de Lamarck qui les a entiè-

rement séparées, et qui les a caractérisées

d’une manière précise. Ce groupe est à présent des plus naturels et des plus faciles à saisir ; il suffit, pour en avoir une idée, de se représenter, comme le nom l'indique, des coquilles très - renflée$, bombées et garnies sur toute leur surface externe de côtes trans- versales fortement exprimées, assez distantes et parallèles comme les cercles d’un tonneau. Ce ventre bombé est formé presque en entier par le dernier tour , au dessus duquel le reste de la spire ne paroïît le plus souvent que comme une pointe enfoncée ou peu saillante. L'ouverture, extrêmement ample, a son bord droit crénelé ou denté dans toute son étendue , et son bord gauche un peu ombi- liqué ; la base présente une échancrure très- prononcée, qui établit la liaison naturelle de ce genre avec les précédens.

DES GASTEROPODES. 59

. Les tonnes, quoique volumineuses en gé- néral, sont très - minces et d’une légèreté remarquable. M. de Lamarck rapporte à ce geure au moins dix espèces, qui se trouvent toutes dans les mers des pays chauds. Les animaux qui habitent ces coquilles ne sont point encore connus ; mais 1ls ne doivent pas différer beaucoup de ceux des genres pré- cédens, puisque M. Adanson, en les rangeant dans cette famille, n’en a pas donné de des- criplion particulière.

- @ BSEECES.

1. TONNE CANNELÉE; dolium galea.

Buccinum galea. Vin. Lister, tab. 808, fig. 18. Gualt. tab. 42, fig. A. Martini, Conch. 3,

tab. 116, fig. 1070. Favanne, pl. xxvir, fig. B, 1. Vulgairement la grande tonne cannelée.

Coquille à côtes convexes, inégales vers le bord supérieur des tours, fauve ou brune en dehors, blanche en dedans.

Celte coquille, assez commune, devient quelquefois aussi grosse que la tête d’un homme. Se trouve aux Indeset dans la Méditerranée.

2. T. HUILIÈRE; d. olearium.

Buccinum olearium. Lin. Jüster, tab. 985 !

C 4

40 HISTOIRE fig. 44e Gualt. tab. 44 , fig. T. Martini, 3; tab. 117, fig. 1076 et 1077.

Coquille ovale , à côtes plates, trois fois plus larges que les sillons intermédiaires ; ouverture plissée ; couleurs variées de brun, de fauve et de blanc.

Dans le midi de la France, cette coquille sert, ainsi que la précédente, à puiser de

Fhuile dans les tonneaux. Se trouve dans la mer des Indes et aux Antilles.

3. T.PERDRIx; d. perdix.

Lister, tab. 984, fig. 45. Gualt. tab. 51 , fig. F. Martini, 3, tab. 117, fig. 1078, 1080. Dar- , genville, pl. xvni, fig. À. Favanne, pl. xxvir, fig. À , 1. Le tésan , Adanson , Sénég. coq. pag. 107 et pl. vir, fig. 5. Vulgairement la perdrix.

Coquille ovale, oblongue, à côtes serrées, peu convexes ; bord droit légèrement on- dulé ; couleur ordinairement blanche, avec des taches fauves carrées en grand nombre, disposées assez régulièrement sur toutes les cannelures.

Cette coquille est si mince et si fragile ; qu'il est rare de la trouver bien conservée. Elle est quelquefois entièrement fauve ou incarnate. Se trouve dans la mer des Indes et dans l'océan Atlantique.

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TONNE. 5, PTEROCÈRE, HARPE . 6, ROSTELLAIRE. ROCHER 7. CASOUB: STROMBE ,

DES GASTEROPODES. 41 4. T. POMME; d. pomum. Gualt. tab. 51, fig. C. Mart. 2, tab. 56, fig. 370,

571. Dargenville, pl. xvu, fig. Li. Favanne, pl. xxvn, fig. G. Bosc, tom. IV, pl. xxxvi, fig. 5.

Coquille ovale, blanchâtre, à côtes peu convexes , Phéee de jaune; ouverture un peu resserrée , plissée des deux côtés; bord droit épais et dilaté à sa base.

Cette espèce paroît former le passage du genre tonne à celui des casques. Se trouve dans la mer des Indes et aux Antilles.

On n’a point encore trouvé de tonne fos- sile dans les environs de Paris.

GENRE XCIT. Fi harpa: PI. NI, Fig. 2

Animal. Inconnu.

Coquille. Ovale-bombée, munie de côtes longitudi-

_ nales parallèles , et tranchantes. Ouverture oblon- ._gue, ample, échancrée inférieurement et sans canal. Columelle lisse , à base terminée en pointe.

Le buccinum harpa de Linnæus a été. dé- taché par M. de Lamarck de la réunion si défectueuse dont il faisoit partie, pour cons- tituer un genre nouveau auquel il a assigné les caractères énoncés ci-dessus qui le dis- tinguent suflisamment d'avec les vrais buc-

42 HISTOIRE

ans. Ce groupe particulier est composé d’un petit nombre d'espèces qui avoient élé con- fondues sous cette même dénomination spé- cilique de D. harpa.

Les côtes longitudinales qu’on remarque sur ces coquilles sont les bourrelets persistans des anciens bords droits de l'ouverture for- més à différentes époques; ces côtes, étant comprimées, inclinées, serrées et parallèles, figurent assez bien les cordes d’une harpe, et la forme générale de la coquille rappelle aussi celle de cet instrument. L'ouverture est très-évasée et la spire peu élevée quoique assez aiguë. Presque toutes les espèces ont l'extrémité supérieure de chaque côte ter- minée par une pointe saillante. \

Les harpes ont une forme très-agréable et sont ornées de belles couleurs, extrême- ment variées dans leur distribution ; 1l ne leur manque que d'être rares pour être placées au nombre des coquilles les plus précieuses.

Le mollusque qui les construit n’a point encore été décrit ; on sait seulement qu'il est marin et qu’il habite les climats chauds. Il en vient une grande quantité des Indes

orientales , particulièrement de Java et de Batavia. |

DES GASTEROPODES. 43 ESPECES. 1. HARPE BOMBÉE; harpa ventricosa.

Buccinum harpa. Vän. Lister, Conch. tab. 092, fig. 55. Martini, Conch. 3, tab. 119, fig. 1090. Gualt. tab. 29, fig. C, E, G. Dargenville, | pl. xvu, fig. D, et app. tab. 2, fig. F. Favanne, pl. xxvim, fig. À 1, 5, & Rumph. tab. 52, fig. K, L. Vulgairement la harpe.

Coquille ovale , à côtes longitudinales ca- rénées , terminée supérieurement par une épine et dont les intervalles sont striés trans- versalement ; couleur très-variée ; les côtes sont rouges et blanches, et les intervalles blancs, ondés de brun.

C’est une des coquilles les plus communes et en même tems une des plus belles ; on en connoit plusieurs variétés assez constantes pour former peut-être autant d'espèces dis- tinctes, telles sont : /a harpe noble, remar- quable par ses côtes étroites, variées de noir et de brun ; Za harpe rose, jolie coquille, plus rare que la précédente ; la harpe impériale ou le manteau de Saint-James ou de S'ainte- Hélène, encore plus rare et très-recherchée; elle est blanchâtre, nuancée de rose, et garnie d’un grand nombre de côtes, très- rapprochées les unes des autres. Elles se

4% HISTOIRE

trouvent toutes dans les mers des grandes

2. H. MUTIQUE; h. mutica.

Lamarck, Ann. du mus. tom. II, pag. 167, vélin, 3, fig. 24.

Coquille petite, ovale, ayantenviron douze côtes longitudinales, élevées, un peu tran- chantes, sans épines au sommet ; des stries écartées et croisées dans les intervalles de ces côtes; bord gauche de l'ouverture appa- rent. ne

Cette jolie espèce a quinze ou seize lignes de longueur.—$Se trouve parmi les fossiles de Grignon ; c’est la seule espèce de ce genre qu'on ait observée aux environs de Paris.

DES GASTEROPODES 45

C. Ouverture canaliculée à la base.

GENRE XCIITe. Rocner; #nurex. Pl. LVIII, Fig. 5.

Animal. Gastéropode rampant sur nn disque ventral muni d’un petit opercule corné. Tête à deux ten- tacules pointus, ayant les yeux situés à leur base extérieure. Bouche en trompe rétractile. Manteau terminé antérieuremeut par un prolongement tu- buleux servant à la respiration.

Coquille. Ovale ou oblongue, canaliculée à sa base et ayant constamment à l’exlérieur des bourrelet, lonsitudinaux persistans, le plus souvent tuber- culeux, épineux ou frangés.

C’est à Linnæus qu’appartient la forma- tion de ce genre, le premier de la division des spirivalves canaliculées à la base; mais cette réunion, fondée sur le seul caractère d’avoir l’ouverture terminée par un canal droit ou relevé, étoit très - défectueuse en ce que ce caractère est applicable à des co- quilles très-disparates ; elle l’est devenue bien davantage depuis que les nouvelles décou- vertes ont forcé d’y associer un grand nombre de coquilles, que le naturaliste suédois ne connoissoit pas, et qui sont trop différentes les unes des autres pour faire partie du même genre; ce genre renfermeroit à présent plus

46 HISTOTRE de mille espèces, sans les subdivisions que Bruguière et M. de Lamarck y ont faites; le premier commença par les distribuer en trois groupes génériques principaux , les cérites, les fuseaux, et les rochers propre- ment dits; M. de Lamarck, pour perfec- tionner ce travail qui laissoit beaucoup à desirer , en a retiré encore plusieurs coguiiles pour former quelques autres genres, tels que les fasciolaires, les plenrotomes, etc. D'après les caractères choisis par ces deux naturalistes, on ne dait plus comprendre maintenant sous le nom de rochers, murex, que des coquilles terminées par un canal bien prononcé, droit et plus ou moins long; mais 1l faut en même tems que leur surface extérieure soit garnie de bourrelets longitu- dinaux, plus ou moins distans, qui sont les restes des anciennes ouvertures abandonnées successivement, et d'espace en espace par le progrès des accroissemens de la spire: ces bourrelets ont par conséquent toujours | la même configuration que celle du bord droit de l'ouverture ; ils sont ordinairement saillans comme de grosses côtes, plissés ou tuberculeux, ou quelquefois tellement épi- neux ou frangés, qu'ils hérissent la coquille de tous les côtés. On voit, en exammnant la

DES GASTEROPODES. , 4

disposition de ces varices, que certaines es- pèces qui portent de longues épines, entre autres les becasses, ont nécessairement, pour s’accroitre, en détruire un certain nombre, sur-tout de celles qui sont dans le voisinage de l'ouverture et dont on ne retrouve aucune trace dans l’intérieur de la spire. Cette observation est analooue à celle dont nous nous avons déjà fait mention au genre des patelles, tom. V, pag. 211, et à celle dont nous nous occuperons plus en détail à l’article de certaines bivalves: eile prouve que les mollusques ont non seule- ment la faculté de produire la substance calcaire dont ils forment leur demeure, mais aussi celle de la dissoudre dans certains cas, ei qu'ils n’ÿ parvienneut probablement pas par des moyens mécaniques, tels que l’action répétée d’un organe rongeant qu'on ne leur connoît pas, mais plutôt par l'action chimique d'une liqueur acide qui a jusqu’à présent échappé aux recherches des naiuralistes.

_ Le canal qui termine la base de l’ouver- ture est plus ou moins alongé ; les deux bords qui le forment se rapprochent ou se réu- nissent même quelquefois entièrement, de maniére à former une sorte de tube, qui n'est jamais tronqué net ou brusquement

48 FH PST'O RTE

recourbé comme dans les cérites. La colu? melle est unie, sans aucun pli, et le bord gauche qui se confond avec cette partie dans beaucoup de genres, est ici ordinairement très-remarquable et forme souvent une saillie assez considérable. 11 y a du reste de très- grands rapports entre les rochers et les strombes ; ce sont les types de deux familles particulières très-naturelles qui doivent se suivre immédiatement.

Legenrerocher renferme un grand nombre d'espèces, la plupart fort recherchées par les naturalistes, pour la beauté ou la sin- gularité de leurs formes, sur-tout lorsque toutes les pointes ou franges de leur enve- Joppe sont bien conservées. Il faut observer que, dans le commerce et chez quelques amateurs, on donne souvent à ces coquilles, mais improprement , le nom de pourpres, quoiqu’elles diffèrent absolument des véri- tables pourpres, purpura, dont nous avons parlé plus haut (pag. 18 ); ceite fausse dé- nomination est celle que Dargenville, l’au- teur qu’on consulte le plus souvent, em- ployoit pour désigner cette fanulle, dont il a trailé, mais d’une manière très-confuse.

Quant aux animaux qui habitent les co-

quilles de ce genre, ils sont assez connus sentés

, 0

DES GASTEROPODES. 249 pour que nous donnions ici un peu plus détendue aux caractères génériques pré- sentés au commencement de cet article. Ces animaux différent entre eux sous certains rapports, et selon les espèces; mais ils ont ious une tête située à la partie antérieure et supérieure du pied. Elle est petite, cylin- drique ou conique, obtuse et arrondie à son extrémuté, et présente au milieu une bouche ovale ou ronde qui renferme une trompe rétractile ; on aperçoit sur les côtés deux tentacules cornes coniques, pointues, courtes, et à leur base extérieure les yeux portés sur deux tubercules. Le manteau dépasse la coquille antérieurement , et se replie sous la forme d’un tube cylindrique, plus ou moins prolongé, qui occupe le canal de la base de la coquille, et communique avec l'organe de la respiration. Le pied ou disque ventral ovale, alongé, et sillonné en dessous, porte à son côté postérieur un petit opercule corné , ovale, strié concentrique-

ment.

o

Tous les rochers, murex, sont marins: ces animaux se tiennent ordinairement en- foncés dans le sable, soit afui de se garantir du choc des vagues, ou d'échapper à la

poursuite de leurs ennemis, soit pour se

Mol, Toue VI. D

5o HTS'T OTRE

mettre en embuscade et pouvoir attaquer plus facilement les petits mollusques, les crustacés et autres animaux dont ils font leur proie. Ii y en a plusieurs espèces qui servent elles-mêmes d’aliment aux hommes; elles étoient autrefois un mets recherché par les anciens, mais aujourd’hui il n’y a plus guères que les matelots et les pauvres ha- bitans des côtes qui en mangent.

Malgré la diminution considérable que ce genre a éprouvée dans ses espèces, il en reste encore un trop grand nombre, tant fossiles que vivantes, pour qu’on puisse les étudier et en faire facilement la recherche sans y former quelques sections distinctes; pourra conserver une partie de celles

que Linnæus avoit établies, et par la suite

il sera peut-être même nécessaire de Îles transformer en autant de genres nouveaux dont les caractères seront encore bien cir- conscrils et très-naturels. Voici les divisions que nous avons adoptées : rochers à Varices ou à caual, armés d’épines alongées ou le pointes courtes; rochers à varices garnies de feuilles relevées, déchiquetées ou frisées; rochers à. varices chargées de tubercules inésaux, alongés arrondis; enfin, rochers dont les varices sont en-

DES GASTEROPODES. 5x

fièrement unies, sans épines, ni feuilles, ni tubercules. La plupart des espèces que Lin- nœæus faisoit entrer dans la section des cas- digères, appartiennent au genre suivant, fuseau, fusus.

ESPECES.

LA

V'arices ou canal garnis d’épines. 1. RoCHER CUILLER ; murex haustrellum, Murex haustrellum. Lin. Lister, Conch. tab. 00, fo. 25. Dargenville, tab. 16, fs. B. Martini, Conch. 5, tab. 115, fig, 1066, 1067. Guait. tab. 50, fig. E. Vulgairement la céte de bécasse, Coquilie ovale, à varices serrées, ridées, tuberculeuses, sans épines; canal très-long, droit, pointu, grêle, hérissé de pointes. Cette espèce, assez commune, se trouve dans la mer Rouge. 2. À. CHAUSSE-TRAPPE; 771. tribulus. Murex tribulus. Lin. Lister, tab. 902, fig. 22. Gualt. tab. 51, fig. À, 1, 5, 4. Dargenville, pl xvi, fig. A. Martini, 5, tab. 115, fig. 102 à 1056. Vulgairement la bécasse épineuse. Coquille ovale, à trois rangs de varices armées de beaucoup d’épines longues, grêles, courbes, pointues el inégales; à canal ex- trêmement long, droit, pointu, mince, aussi épineux.— Se trouve dans la Méditerranée. 11 y a une coquille plus rare, très-voisine D 2

bo HISTOIRE.

de celle-ci que les amateurs appellent Îa bécasse des Indes, et qu'ils regardent comme ‘une simple variété; M. de Lamarck pense que c’est une espèce parlicuhère.

3. R. BRANDAIRE; "1. brandaris.

Murex brandaris. Lin. List. tab. 000, fig. 20. Gualt. tab. 50, fig. F. Dargenville, A à pl. 2v, fig. C. Favanne, pl. xxxvin, fig. E, Martini, 3, tab. 114, fa. 1098 1059. rl - gairement la massue Hercule.

Coquille presque ovale : ; varices garnies chacune de trois épines droites, moyenne- ment longues et fortes ; spire un peu ren- trée ; canai médiocrement long, droit, ayant aussi queiques épines obliques. Se trouve dans la Méditerranée.

4. R. CORNU; m. cornutus.

Nurex cornutus. Lin. Lister, tab. got, fig.2r Date, tab. 50, fig. D.— Bolin. Adanson, pl. vur, fig. 20. Marlini, 5, tab. 114; fig. 1057. Vulgai- rement la grande massue d’Hercule.

-Coquille presque ronde, garnie d'épines minces et obliques; canal laps droit, mince, pourvu de AAGMREE épines.

C’est à tort qu’on a regardé cette espèce çomme une variété du #vurex branderis.

On trouve au val d’Andona, en Piémont;

DES GASTEROPODES. 53 un #urex fossile qui en diffère très - peu. Jille habite sur les côtes d'Afrique et d'Amérique.

5. R. TuB1FER; ". tubifer.

Murex pungens. Brander, fossil. Hampton. pl. ñi > fig. 81, 82. Bruguière, Journal d’hist. nat. 1, pag. 28, et pl. un, fig. 5. Lamarck, Ann. du mus, tom. IT, pag. 226, vélin, 9 fig. 10.

Coquille ovale, pointue aux deux extré- mités, garnie d'environ quatre rangées de bourrelets épineux, à épines montantes, arquées et fistuleuses ; des tubes courts, isolés dans les intervalles des bourrelets et sur chaque tour de spire.

Les caractères de ce rocher sont si remar- quables, qu'on pourroit, ainsi que le pense M. de Laimarck, le considérer comme le type d’un genre nouveau; l'animal étoit pro- babiement muni d'un organe particulier qu'il faisoit saillir par Les tubes qu’on ob- serve entre chaque varice. Ces tubes ne sonk point des épines casses, car les épines ne se forment que sur les bourrelets. Brugüière dit que Fanalogue marin de cette singulière coquille existe à Londres, dans le cabinet de feu le docteur Huñter. Se trouve fossile’ à Grignon, elle est assez commune.

54 HISTOIRE

V'arices garnies de feuilles; vulgairement les chicoréesi

6. R. FRISÉ,; "7. ramosus. Lan.

Re. “4 946, fig. 41. Gualt. tab. 37, fig. D, G,H , 1, L, et58, fig. À. Dargenville, pl. xwi, fig. C, E, et Zoomorph. tab. 4, fig. D. Vulga- yement /a chicorée.

Coquille à trois rangs de varices feuillées; spire contigué; canal comme tronqué. Se trouve dans toutes les mers et sur les côtes de France.

7..R. SCORPION; m. scorpio.

Martini, 5, tab. 106 , fig. 098 et 1005. Dar- genville , pl. xvi, fig. D. Seba, mus. 35, tab. 77, fig. 5, 6 ou 13, 16. Rumph. tab. 26, fig. 2. Vulgairement la patte de crapaud.

Coquille à quatre rangs de feuilles dilatées et fendues à leur extrémité ; spire en tête ; caual tronqué. Se trouve dans les mers d'Asie. ;

8. R. TRIPTÈRE; "1. triplerus.

Murex tripterus. Born. Mus. cæs. vind. test. p. 29r, tab. 10, fig. 18, 19. Brand. foss. pl. n1, fig. 79 ét 80. Lamarck, Ann. de mus. tom. IE, p. 222, 225, et vélin, 4, fig.

Coquiile alongée, ares siilonnée transversalement; varices et bord droit di- Jalés en feuillets ou crêtes minces, formant comme trois ailes.

DES GASTEROPODES. 55

Se trouve vivant dans la mer des Indes, aux environs de Batavia, et fossile à Cour- tagnon, et dans les environs de Paris à Grignon, il y en a de toutes tailles et en abondance. « Je possède dans mon cabinet, dit M. de Lamarck, et des indi- vidus fossiles de Grignon, et des individus frais qui proviennent de la mer des Indes ». M. Faujas dit qu’on trouve aussi ce fossile en Angleterre. Malgré l'autorité de ces deux célèbres naturalistes, lidentité de ces co- quilles n’est pas encore parfaitement dé-, montrée ; il y a quelques différences dans les proportions qui suflisent peut-être pour les séparer, et qui demandent un nouvelexamen,

g. R. TRICARÉNÉ; "2. tricarinalus.

Lemarck, Ann. mus. dhist. nat. tom. IT, p. 223; et vélin ,n° 4, fig. 7. Murex asper, Brand. foss, pag. 55, tab. 111, fo. 77, 78.

Coquille ovale, oblongue, tricarinée, sil- lonnée transversaleinent; les angles feuilie- tés, frangés, dentés; des espèces d’épines sur chaque tour de la spire, produites par le prolongement en pointe de la partie su- périeure du bord droit de louverture.

Cette espèce a prés de deux pouces de longueur. Elle est fossile et commune ‘à Grignon, Hu D L

56 HISTOIRE- Warices garnies de tubercules.

10. R. GRIMACE; m1. anus.

Mer anus Eine Lister, tab. 853, fig. by. Gualt. tab. 57, fig B, E. Dargenville, pl. 1x> fig. H. Mart. 2, t tab. A1, fig. 403, got FA le

gairement la grimace.

Coquille gibbeuse, réticulée par des tuber- cules inégaux ; les gros tubercules et le bord dilatés en membrane; l'ouverture irrégulière, sinueuse, et comme froncée ; canal droit.

Se trouve dans la TR et dans les mers d'Asie.

11. KR. cuisse; m. femoralis.

Lister, tab. a4r, fig, 37. Gualt. tab bo, fig. C. Dargenville, pl. 10, fig. B. Martini, 5; tab ri, fig. 1039. Vulgairement le buccin triangulaire.

Coquille garnie de gros tubercules, trian- gulaires, rugueux, disposés par rangées en sautoir ; les antérieurs noueux: l’ouverture sans dents. Se irouve dans les mers d'Asie, d'Afrique et d'Amérique.

12. R. GAUFFRE; "1. cancellinus.

Lamarck, Ann. mus. tom. IF, pag. 226, vélin 4, fig. 18. Cochlis, etc. Martini, Conch. 2, pag- 85, tab. 41; fig. 405 et 406.

Coquille ovale-oblongue, gibbeuse, ré-

DES GASTEROPODES. 57 ticulée; l'ouverture obiongue, irrégulière, sinueuse, dentée.

Se trouve fossile à Grignon. Ce rocher est, d’après M. de Lamarck , l’analogue bien remarquable de la grimace blanche qu’on a regardée comme une variété du murex anus de Linnæus, mais qui forme une es- pêce très- distincte vivant actuellement dans l'océan Austral.

15. KR. PYRASTRE; m. pyraster.

Lamarck, Ann, mus. tom. Ï[, pag. 225, vélin, 4, fig. o.

Coquille ovale, à queue; sillonnée trans- versalement ; des côtes longitudinales un peu noueuses ; l'ouverture arrondie, striée intérieurement sur le bord droit.

Ce rocher a beaucoup de rapports avec le #1urex pyrum de Linnæus. Il a un peu plus d’un pouce de longueur. Se lrouve fossile à Grignon, il est rare.

Varices unies, sans épines, feuilles, ni tubercules.

14. R. CRATICULÉ ; m. craticulatus.

Murex craticulatus. Lin. Bosc. Hist. nat. des coquil. tom. IV , pag. 232.

Coquille oblongue ; les tours de spire arrondis, plissés, réticulés transversalement;

58 HISTOIRE l'ouverture dentée ; le canal court. Se trouve dans la Méditerranée.

15. R. TROMPETTE; "1. tritonis. Lan.

Lister , tab. 959, fig. 12. Martini, 4, tab. 154 ra fig. 12773 159, fig. 1285; 136, fig. 1284, 1285. Gualt. tab. 48, fig. A. Seba, pl. Lxxx1. Rumph. tab. 28, fig. B. Vulgairement la conque de triton , ja érompe marine.

Coquille grande, ventrue, oblongue et turriculée, unie; les tours de spire arrondis, sans bourrelets ni tubercules ; bord gauche sillonné ou dentelé; canal court; couleur agréablement variée de brun - fauve et de blanchätre.

C’est une coquille commune, mais re- marquable par sa grande taille et par la diversité des couleurs dont elle est panachée comme le plumage de certains oiseaux. Après avoir cassé le bout de sa spire, on peut en tirer des sons comme d’une trompette; les anciens l’employoient dans les combats, et on s’en sert encore dans quelques parties de l'Europe pour rassembler les besliaux dans les campagnes. Se trouve dans la Méditerranée et dans les mers d'Asie et d'Afrique. |

DES GASTEROPODES. 5q GENRE XCIVe. Fuseau; fusus. PI LIX, Fig. 1:

Animal, Inconnu. Probablement très-voisin de celui

des rochers.

Coquille. Fusiforme, canaliculée à sa base, ventrue dans sa partie moyenne on inférieurement, ayant la spire alongée et dépourvue de bourrelets per- sistans à l’extéricur. Columelle lisse; bord droit

sans échancrure.

Les fuseaux sont terminés à la base par un canal alongé , comme les rochers, aux- quels Linnæus les avoit associés, mais leur surface extérieure est toujours dépourvue de varices persistantes, et ne présente que des stries, des rides ou même des tubercules disposés dans la direction des tours de spire.

L'ensemble général de ces coquilles rap- pelle la forme d’un fuseau, d’où on a tiré le nom générique; comme cette ressemblance se retrouve aussi dans quelques espèces des genres voisins, il a fallu employer d’autres considérations pour les caractériser d’une manière précise; les vrais fuseaux n'ont point la spire raccourcie, et le dernier tour ventru daus sa partie supérieure comme les pyrules ; leur columelle n’est point garnie de plis comme dans les fasciolaires et les

66 HISTOIRE

turbinelles, et il n’y a ni échancrure, ni fissure vers le haut du bord droit de leur ouverture, ainsi qu’on lobserve dans les ‘pleurotomes. Bruguière a formé le premier le genre fuseau; mais c’est à M. de Lamarck qu'on doit le perfectionnement de ses ca- ractères ; il en a rapproché les genres nou- veaux que nous venons de citer, et aprés avoir établi les différences et les rapports qui existent entre eux, il a formé de leur réusion une famille très-naturelle. \ Toutes les coquilles de ce genre sont marines; elles sont extérieurement recou- vertes d’un épiderme ou drap marin, in- téressant à conserver pour les naturaïistes, mais que les amateurs font enlever pour jouir des belles couleurs dent la plupart sont ornées On en connoit un très-grand nombre d'espèces, tant à l’état frais qu'à l'état fossile. | j ESPECES.

1. F'USEAU LONGUE-QUEUE ; fusus colus.

Murex colus. Ein. Lister, Conch. tab. 918 ;, fig. 11, À.— Gualt. tab. 52, fig. L. Martini, Conch. 4, tab. 144, fis. 1342. Dargenv. plix, £g. B, Favanne, pl. xwxin , fig. À 5, ct pl xxxw, üg. C, 1. Rumph. mus, tab. 20, fa. 4 Fusus

DES GASTEROPODES. Gi

longicauda. Lamarck , Syst. anim. sans vert. p. 82, Vulgairement le fuseau.

Coquille turriculée, striée, carénée avec des tubercules disposés en série transversale ; canal fort long, presque droit. Se trouve dans la mer des Indes.

2. Ê, NIVAR; f. morio.

Murex morio. Lin. Lister, tab. 928, fig. 22. Nivar , Adanson, pl. 1x, fig. 31.— Martini, 4, tab.159, Gg. 1300 , 1501, et 140, fig. 1500 , 1303. Vulgairement la cordelière.

Coquille ouverte à canal long ; tours de spire presque noueux , festonnés ; columelle rugueuse; fond de couleur brun - noirâlre avec un cordon blanc qui s'étend sur toute la longueur de la suture. Se trouve sur les côtes d'Afrique. |

3. F. cocHLiDpiE; f. cochlidium.

Dargenville, tab. 9, fig. À. Favanne, pl. xxxv, fig. B, 3. Chemnitz, 10, tab. 164, fig. 1569. Seba , Mus. 3, tab. 52, fig. 6, tab. 57, fig. 27,28.

Vulgairement la cordelière sans cordon. Coquille ouverte à canal long; les tours de spire aplatis en dessus; point de ligne blanche sur la suture de la spire.— Se trouve dans l'océan Indien. |

6e HISTOIRE 4, F. RIDÉ; f. rugosus.

Lamarck, Ann. mus. tom. If, pag. 316, noi, et vélin, 5, fig. 11. Murex porrectus , Bran- fér, foss. pag. 21, tab. 11, fa: 59.

Coquille alongée, un peu réticulée par des rides transversales élevées, un peu dis- lantes, et desstries longitudinales feuilletées, plus fines, pius serrées et moins marquées.

La spire de cette espèce est pyramidale et noduleuse; ses derniers tours vers le sommet sont arrondis en mamelon. La base se prolonge en une queue longue et droite formant un canal presque recouvert. Elle a près de trois pouces de longueur. Se trouve parmi les fossiles de Grignon elle est assez commune.

dE. be Noé Noæ.

Lamarck, Ann. mus. ibid. 2, et vélin, D, fig. 13. Murex Noæ, Chemuitz, Conch. tom. XI, pag. 296, tab. 212, fig. 2096, 2097.

Coquille alongée; tour inférieur presque lisse ; spire noduleunse striée transversale- ment, ainsi que la base alongée en queue: droite. |

Les stries de cette espèce sont semblables à celles de l’espèce précédente, mais chaque

DES GASTEROPODES. 6 tour de spire est déprimé et crépu, ou plissé d'une manière remarquable sur le bord supérieur. Ce caractère a toujours lieu même dans les individus les plus âgés. Cette co- quille acquiert en vieillissant jusqu’à quatre et cinq pouces de longueur ; elle est alors épaisse et pesante. Se trouve fossile à Grignon. |

6. F. À VENTRE LISSE; f. lonsœævus.

Lamarck, ibidem, 3, et vélin, 5 fig. 9 et 14. ÜMurex longævus, Brand. foss. pag. 22, fig. 40,55 et 95. Murex lœvigatus, me Syst. pat. 6, p. 3555.

Coquille alongée; derniers tours de spire lisses, obtus, et un peu déprimés dans leur marge supérieure , de manière à former une rampe tournante; tours supérieurs striés transversalement, noduleux ; base terminée par un canal droit, long, en partie recou- vert.

Cette espèce a près de quatre pouces de long, et devient épaisse et pesante avec l’âge. fille est commune parmi les fossiles de Grignon ; se trouve aussi à Courtagnon.

7. F. GRAIN-D'oRGE ; f. hordeolus. Lamarck, ibidem, pag. 3518, 7. | Coquille fusiforme et presque turriculée:

6% CELLES T'OTR IE =7% tours de spire convexes, lisses, sans côtes longitudinales ni siries transverses; queue courte. (

C’est une des plus petites espèces de ce genre; elle n’a que trois lignes de longueur. Se trouve fossile à Griguon.

1 CENRE XUME Pyeuze; pyrula. PL LIX, Fig. 2.

24

Animal. Inconnu. Coguille. Subpyriforme, canaliculée à sa base, ventrue dans sa partie supérieure, à spire courte et sans bourrelets constans à l'extérieur. Columelle lisse; bord droit sans échancrure,

Les coquilles qui composent ce genré rappellent Ja forme d’une figue ou d’une poire, ainsi que l'indique le nom qu’on leur a donné; elles ont les plus grands rapports avec le genre précédent, fusus, dont:elles ne diffèrent réellement, que parce qu'elles sont moins alongées, que leur spire est plutôt convexe que conique ou turriculée, et que le dernier tour, très-ample, offre toujours un renflement remarquable vers sa partie supérieure. L'ouverture est longue, très-éva- sée, et le bord droit ruince, tranchant, n’est

- point échancré comme dans les pleurotomes.

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2 LEUSEAUX, 4, FASCIOLAIRE,.

BAL PYRULE, ; 5)" TURPINELLE, 3, PLEUROTOME, 6, CcERITE.

DES GASTEROPODES. 65 Ces caractères distinctifs, quoique peu pro- noncés , et portant plutôt sur des rapports de formes et de proportions que sur des différences essentielles, doivent cependant être adoptés parce qu'ils simplifient beaucoup l'étude d’une famille aussi étendue et aussi difficile à déterminer; peut-être la descrip- tion de l’animal, qui jusqu'à présent n’a point été observé, fournira-t-elle quelques considérations plus importantes.

Linnæus plaçoit quelques - unes de ces coquilles parmi ses bulles, d’autres parmi ses murex; Bruguière les a comprises dans. son genre fuseau, et ce n’est que dans la classification publiée par M. de Lamarck qu'on les trouve enlièrement séparées, pour constituer un genre particulier.

Les pyrules sont toutes dés coquillages marins et qui habitent les climats chauds; le nombre des espèces connues est déjà con- sidérabie.

ESPECES. 1. PYRULE FIGUE; pyrula ficus.

Bulla ficus. Lin. Gualt. tab. 26, fig. T, M. Dargenville, tab. 17, fig. O. Martini, Conck,3, tab. 66 , fig. 733 à 755. Lister, tab. 750, fig. 46, et 751, fig. 46. Vulgairement la figue.

Coquille presque ovale, en massue, ré-

Moll. Tome VI. FE

x

66 HISTOIRE ticulée par des stries égales et serrées ; spire très-courte. |

C’est d’après cette pyrule, une dés plus remarquables, que les caractères du genre ont été fixés. M. de Lamarck pense qu'il y a plusieurs espèces parmi les coquilles que les amateurs regardent comme de simples variétés sous les noms de jigue blanche , figue violette, etc. Se trouve dans les mers des Andes et d'Amérique.

2. PRAVE: D. 74pe.

Bulla rapa. Lin. Dargenville. pl. xvn , fig. K. Gualt. tab. 26, fig. H. Rumpb. mus. tab. 27, fs. F |

Éonaillé arrondie, un peu striée; spire saullante ; le canal courbé. Se trouve aux

Indes.

3. P. INVERSE; p. perversa.

é

Murex perversus. Lin. List. tab. 907, fig. 27. Gualt. tab. 50, fig. B. Dargenville, pl. 15, fig. PF. Chemnitz, Conch. 9, tab. 107, fig. 904 à go7. Vulgairement l'unique murex.

Coquille anuée , couronnée de tubercules peu saillans ; spire tournée à gauche. Se trouve en Amérique.

La coquille tournée à droite, qu’on rap- proche ordinairement de celle-ci dans les

DES GASTEROPODES. 67

collections , est une espèce très - différente qui se distingue facilement par l’absence des tubercules, par sa suture creusée en canal, et par la direction de ses tours de spire qui est constamment de gauche à droite comme dans le plus grand nombre des coquilles.

4. P. MÉLONGÉNE; p. melongena.

Murex melongena. Lin. Lister , tab. 904, fig. 24. Gualt. tab. 526, fig. F. Dargenville , pl. xv, fig. H. Martini, 2, tab. 59 et 40, fig. 389, 937. Vulgairement le coutil, le lard ou rocher lardé.

Coquille presque ovale; les tours de spire épineux ; l'ouverture unie; couleur verd de mer, ou bleuâtre rayée de blanc et de brun.

Cette espèce varie extrêmement dans ses couleurs et dans le nombre et la disposition deses épines ; elles sont ordinairement placées sur deux rangs, mais il y en a quelquefois trois et même quatre. Se trouve aux Indes et en Amérique.

6. P.Lisse; p. lœvigata. Lamarck, Ann. mus, d’hist. nat. tom. 11, pag. 590, et vélin, 7, fig. 1. Coquille presque ovale, lisse, très-rare- ment et obscurément striée ; à spire émoussée ,

mucronée. E 2

65 | HISTOIRE

Avec l’âge, le ventre devient beaucoup plus élevé, moins arrondi, et présente une saillie remarquable. Le bord gauche se dis- tingue sur la columelle et devient plus épais et calleux vers le haut. Peut-être devroit-on considérer ces individus comme appartenant à une autre espèce. Cette pyrule, dit M. de Lamarck, a entièrement l’aspect, sur-tout dans les jeunes individus, d’une figue lisse, bulla ficus, Lin., mais elle est plus épaisse et n'offre point les mêmes stries croisées et bien apparentes. Se trouve en abondance parmi les fossiles de Grignon et de Cour- tagnon.

6. P. ÉLÉGANTE; p. elegans. Lamarck, ibidem, 4, et vélin, n°7, fig. 2. _ Coquille ovale, un peu ventrue, à stries fines, croisées, dont les transversales plus élevées et plus distinctes sont onduleuses ; spire un peu saillante. Cette jolie espèce se trouve fossile à Gri ignon.

DES GASTÉROPODES. 69

È GENRE XCVIH.

PLEUROTOME ; pleurotoma. PI. LIX, Fig. 5. Animal, Gastéropode rampant sur un disque alongé, _ et élevé au dessus de ce disque sur un pédicule court, épais et cylindrique. Tête à deux tenta- cules pointus, ayant les yeux à leur base exté- rieure. Manteau débordant sur les côtés et ter- miné antérieurement par un prolongement plié en tube. Un petit opercule oblong, corné, attaché au’ pied ou disque charnu de l’animal. (Dargenv.

© Zoomorph. tab. 4, fig. B.) L

Coquille. Fusiforme ou subturriculée, ayant l’ouver- ture terminée inférieurement par un cana! plus ou moins alongé; une entaille ou un sinus au bord droit près de son sommet.

De tous les genres nouveaux formés par M. de Lamarck aux dépens des rochers de Linnæus et des fuseaux de Bruguière , celui-ci est le plus facile à reconnoître; en effet, l’échancrure très-remarquable, et non acci- dentellé comme on pourroit d’abordle penser, qu’on observe à la partie supérieure du bord droit contiguëé à la spire, empêche de le confondre avec aucun des précédens ; ce caractère seul doit faire présumer quelque

E 5

7o HISTOIRE

particularité dans l’organisation de l'animal

que n’offrent point les autres mollusques de ceite famille, et le même motif, ainsi que l’observe M. de Lamarck, qui a séparé les émarginules des patelles (tom. V, p.231), doit autoriser encore à ne pas confondre les pleurolomes avec les fuseaux , quoique ces deux derniers genres aient entre eux les plus grands rapports.

Ce même naturaliste avoit établi (1) à la

suite des pleurotomes un autre genre par-

ticulier, sous le nom de clavatule, qu'il composoit de coquilles ayant de même sur le bord droit l’échancrure dont nous ve- nons de parler, mais dont le canal de la base est extrêmement court et quelquefois échancré ; ayant reconnu depuis que ce caractère ne présentoit aucune limite fixe, puisqu'il y a beaucoup de nuances inter- médiaires dans l'étendue plus ou moins

considérable de ce canal, il a supprimé ce

genre clavatule et en a réuni les espèces peu nombreuses àfcelui des pleurotomes ; ce groupe est à présent parfaitement cir- conscrit, très-naturel, et n’offre plus aucune difliculté dans sa détermination.

(1) Système des animaux sans vertèbres, pag. 84.

DES GASTEROPODES. 91

Ces coquillages vivent tous dans la mer; l'animal qui les habite à une conformation générale très-singulière, comme on en peut juger d’après la description et la figure publiées par Dargenville et copiées depuis par divers auteurs; au lieu d’être recouvert et en partie caché par son têt lorsqu'il rampe, comme la plupart des gastéropodes , il se dégage presque entièrement de sa coquille et la porte élevée au sommet d’un pédicule charnu qui part du milieu de son dos. Les autres particularités remarquables que peut présenter cet animal sont inconnues , ainsi que son anatomie interne; on ignore égale- ment quel est l'organe qu'il fait sortir par l'échancrure du bord droit.

On connoît un assez grand nombre d’es- pèces de pleurotomes qui viennent de dif- férens climats, mais particulièrement des mers des pays chauds. Elles sont en général ornées de stries ou de cannelures agréables et diversifiées ; leurs tours de spire fusi- formes ou turriculés ont une proportion très- élégante; il y en a sur-tout de très-variées et de très-remarquables parmi les coquilles fossiles. |

E4

*

UMTS TOTRE ESPECES.

1. PLEUROTOME BABYLONIEN ; pleurotoma babylonica. Murex babylonicus. Lin. List. Conch. tab. 917, fig. 11. Dargenville, tom. IX, fig, M. Mart. Conch. 4, tab. 143, fig. 1551, 13532. Gualt. tab. b2 , fig. N. Rumph. tab. 29, fig. L. Vul- gairement la zour de Babel. Coquille turriculée; la queue droite; des stries blanches, transversales, interrompues par des taches carrées brunes. | C’est l’espèce dont Dargenville nous a fait connoître l'animal ( voyez sa Zoomor- phose, pl. 1v, fig. B.)— Se trouve dans la mer des Indes.

2. P. IAVANIQUE; p. javana. Murex javanus. Lin. Lister, tab. 915, fig. 8. Martini, Conch. 4, pl. cxzur, fig. 1556 ct 1537. Coquille turriculée, entourée de nœuds, sans taches. Se trouve aux Indes.

d. P. AUSTRAL; p. australis,

Murex sbirabie, Glicnite ; Conch. tom. XI, p.11, tab. 190 , fig. 1827 et 1828 , etc. Spengler, natur£, 17, tab. 2, fig. C, D. Bosc, Hist. nat. coquil. tom. IV, pag. 220.

Coquille ovale, siriée longitudinalement ;

DES GASTEROPODES. 775 les#tours de spire canaliculés, le dernier renflé à quatre plis, les autres à trois; bord droit ondulé. Se trouve dans la mer du sud, ñ |

Il faut encore regarder comme un pleu- rotome la coquille figurée par Chemuitz ; vol. X1, tab. 190, fig. 1831, 1832, et que M. de Lamarck a rapportée comme type du genre clavatule dans son Système des ani- maux sans vertébres, sous le nom de c/a- vaiula coronata.

4 P. À FILETS; p. filosa.

Lamarck, Ann. mus. tom. lil, pag. 164, tr, et vélin, 7, fig. o. \ |

Coquille ovale, fusiforme, renflée dans son milieu , et rétrécie en pointe courte à ses extrémités ; des lignes transverses élevées, séparées comme autant de fils entortillés, avec des stries longitudinales obliques, ser- rées, entre ces lignes: bord droit tranchant et arrondi en forme d’aile ; canal de la base court.

Elle a près de deux pouces de longueur. Fossile de Grignon; très-commune.

5. P. cLavicuraiRe; p. clavicularis.

Lamarck, ibidem, 5; etvélin, n°7, fig. 4 ep n9 9%") #

Coquille fusiforme, tuyétédse: presque

74 HISTOIRE unie sur le ventre, mais ridée transversa= lement à la base; bord supérieur de chaque tours de spire accompagné de trois ou quatre stries qui lui sont parallèles et le font paroîtré marginé; bord droit tranchant et en forme d’aile. |

Elle a souvent plus de deux pouces de Jongueur. Se trouve fossile à Grignon. Il y a à Betz, près de Crespy-en-Valois, une variété longue de près de trois pouces, les stries marginales cessent d’être appa- rentes.

6. P. Lisse; p. glabrata. Lamarck, ibid. 4, vélin, 7, fig. 7. Coquille fusiforme, peu ventrue, lisse ;

un peu luisante, sillonnée seulement à la base ; bord droit arrondi en aile et tran- chant ; sinus contigu à l’avant-dernier tour.

Elle a dix-huit à vingt lignes de longueur. Se trouve fossile à Grignon.

7. P. A CHAÎNETTES ; p. catenata. Lamarck, ibid. 7, vélin, 45, fig. 2. Coquille fusiforme, réticulée par des stries

croisées, dont les transversales, plus grosses et un peu tuberculeuses, ressemblent à des

chaînons entortillés ; une rangée de gros

_

DES GASTEROPODES. 95

tubercules placés au delà du milieu de chaque tour ; sinus contigu à l’avant-dernier tour.

. Cette belle espèce est remarquable aussi par trois stries à tubercules alongés et plus éminens, formant sur le dernier tour trois chaînes séparées. Elle a environ deux pouces de longueur. Fossile de Grignon.

8. P. ONDÉ; p. undata. Lamarck, ibid. pag. 167, 9, vélin, 8, fig. 13.

Coquille fusiforme-turriculée, striée par- tout transversalement ; tours de spire cré- nelés dans leur moitié supérieure par une double rangée de petites côtes arquées, obliques et inégales. Canal court.

Ce pleurotome se distingue des autres par sa spire élégamment sculptée; il y a des individus qui ont jusqu’à deux pouces de long. Se trouve parmi les fossiles de Grignon, il n’est pas rare.

9. P. FOURCHU; p. furcata. Lamarck, ibid. pag. 169, 17, vélin, 8, fig. 1. | Coquille fusiforme-turriculée , striée trans- versalement; chaque tour de spire. garni de petites côtes élranglées un peu au delà de

76 HTLIS TIOLTMRE

leur milieu : celles du tour inférieur sont

bifides et fourchues à leur base. Elle n’a que sept ou huit lignes de longs;

il y a une variété plus petite, plus grêle,

et les pelites côtes sont simplement on-

dées. Se trouve fossile à Grignon.

GENRE X0VI FascroLaiREe; fasciolaria. PI. LIX, Fig. 4.

Animal, Inconnu. 4

Coquille. Sub-fusiforme, canaliculée à sa base, sans bourrelets persistans ; columelle garnie de deux ou trois plis très-obliques.

L'observation de quelques plis obliques à la columelle faite sur un certain nombre de coquilles que Linnæus plaçoit parmi les murex, et que Bruguière comprenoit parmi ses fuseaux, a déterminé M. de Lamarck à établir le nouveau genre fasciolaire. La con- formalion générale ne présente pas de diflé- rences importantes qu’on puisse joindre: à ce caractère ; on remarque seulement que ja spire est ordinairement plus alongée et le ventre moins renflé que dans les pyrüules, ce qui rapproche davantage ces coquilles des vrais fuseaux.,, et les feroit souvent confondre avec eux sans les plis très - prononcés qui

DES GASTEROPODES. 7

garnissent le bord columellaire ; il y a même plusieurs coquilles fossiles rangées par M. de Lamarck au nombre des fuseaux qui pré- sentent quelque apparence de plis au même endroit, et qui seinblent former la nuance intermédiaire ; il seroit peut-êlre plus con- venable de les rapporter aux fasciolaires. Quant aux volutes, mitres, et autres genres de la même famille qui ont aussi la colu- melle plissée , äls se distinguent facilement du genre dont nous nous occupons, en ce que leur base est simplement échancrée et non canaliculée.

On ne connoît pas encore beaucoup d’es- pèces de fasciolaires ,; mais toutes ont une belle forme et sont agréablement colorées. L'animal n’a point été décrit.

ESPE C ES. a. FASCIOLAIRE TULIPE; fasciolaria tulipa.

Murex tulipa. Vin. Lister, Conch. tab. 910, fig. 1, et gir, fig. 2. Gualt. tab. 46, fig. A. Martini, Conch. 4, tab. 136, fig. 1286, 1287,

ct tab. 157. Dargenville, pl. x, fig. K. Vual- gairement la éulipe.

Coquille ventrue, oblongue, unie; les tours de spire arrondis, avec une suture double ; columelle bi- plissée; canal très- euvert, strié extérieurement

78 TÉESTOFTRE

Cette belle espèce est extrêmement com: mune et connue de tout le monde, Se trouve sur les côtes d'Amérique. |

2. F. TRAPÈZE; f. trapezium.

Murex trapezium. Lin. List. tab. 031, fig. 26. Gualt. tab. 46, fig. B. Dargenville, pl. x, fig. F et H. Martini , 4, tab. 159 et 140, fig. 1208 à 1311. Vulgairement la robe de Perse ou Le

tapis de Perse.

Coquille alongée, obtusément anguleuse; les tours de spire noueux; l’ouverture dentée ; le canal droit et court. Se trouve dans la mer des Indes.

3. EF. DE GRIGNON ; f. grinionensis.

Coquille ovale, sub-pyriforme; ouverture large; spire peu alongée, ornée seulement au sommet de côtes longitudinales, serrées, formées par une séfle de petits tubercules ; les’ derniers tours unis ou ne présentant que les traces peu sensibles de l’accroisse- ment successif; des stries transverses, plus marquées et assez multipliées sur toute la base ; caual court et assez évasé : columelle droite, pointue par le bas, et portant trois plis peu obliques, dont l’inférieur est le plus fort. :

Cette fasciolaire ressemble beaucoup ex-

DES GASTEROPODES. a

térieurement à la pyrule lisse, autre fossile commun à Grignon, elle en différe essen- tiellement, non seulement par le caractère générique des plis de la columelle, mais par le défaut de callosité sur cette columelle, par sa spire plus alongée et costée vers le sommet, par son canal non sinueux, et par son bord droit qui ne forme point un angle aussi aigu dans sa jonction avec la spire; elle a dix-huit à vingt lignes de longueur et près d’un pouce de largeur. Cette jolie espèce n’a point encore été décrite. On la trouve parmi les fossiles de Grignon, elle est extrêmement rare.

GENRE XCVIIT.

T'URBINELLE ; turbinellus. PL LIX , Fig. 5;

Animal, Gastéropode à tête munie de deux tenta- cules obtus et en massue, ayant les yeux à leur base extérieure et saillans. Manteau terminé par un prolongement plié en tube. Un petit opercule corné et orbiculaire attaché au pied de l'animal.

Coquille. Turbinée ou sub-fusiforme, canaliculée à sa base , et ayant sur la columelle trois à cinq plis inéganx , comprimés et transverses.

Les coquilles que M. de Lamarck a ras- semblées sous le nom de turbinelles , étoient placées dans les ouvrages de Linnæus, les

\

80 HISTOIRE “unes parmi les murex, les autres parmi les volutes; ce célèbre naturaliste n’avoit ‘considéré que les plis de leur columelle ou * les aspérités que présente leur surface, sans attacher assez d'importance au, canal qui termine la base de la coquille ; l'établissement de ce nouveau genre a non seulement lä- vantage de séparer des espèces qui ne pou- voient être convenablement rapprochées, | mais aussi celui de réunir des coquilles qui ont entre elles la plus grande analogie, en leur assignant un caractère très-naturel ‘et très-facile à saisir. Les turbinelles ont de grands rapate avec les fasciolaires dans la forme générale et dans les caractères qui sont à peu près les mêmes, mais les plis de leur columelle sont plus nombreux, à peine obliques, plus élevés et comme tranchans; ces différences sont essentielles pour ne pas confondre ces deux genres.

ESPECES.

1. T'URBINELLE PoIRE; évrbinellus pyrum.

Voluta pyrum. Lin. Lister, Conch. tab. 815, fig. 25. Gualt. tab. 46, fig. C. Mart. Conch. 5, tab. 95, fig. 9:17, 918. Chemnitz ; 9, tab. 104, fig. 884, 885 et tom. XI, tab. 176, fig. 1697, 1698. Vulgairement le plomb,

Coquilie

DES GASTEROPODES. 8

Coquille ovale ; spire striée et prolongée à son extrémité ; trois plis à la columelle, Se trouve dans la mer des Indes.

2. T. SCOLYME; é. scolymus. Murex scolymus. Lin. Martini, Conch. 4, tab. 142, fig. 1525. Gualt. tab, 52, fig. R. Bosc, Hist. nat. coquil. tom. 1V , pag. 231. _Coquille ventrue, mince, demi-transpa- rente, striée transversalement ; le dos uni sur le milieu; spire obtuse et ondulée avec des nœuds; columelle garnie de trois plis. _— On ignore dans quelle mer habite cette espèce. 5. ©. cHAPITEAU; {. capitellum,

Voluta capitellum. Lin. Läster, tab. 8ro, fig. 194 Gualt. tab. 37, fig. A. Dargenville, pl. xv, fo. K.— Favanne, pl. xxtv, fig. C, 5. Mart. 3, tab. 199, fig. 947 à 950. Vulgairement l’aigrette

Coquille ovale, sub-pyriforme, blanche, épaisse et lourde; des stries transversales fortement prononcées, et noueuses en bas

.et en haut; columelle à quatre plis. 5e trouve dans les mers d'Asie et d'Amérique.

At HINOCÉROS : &. rhinoceros. Voluta rhinoceros. Chemnitz, Couch. 10,tab. 150, fig. 1407 et 1408. Coquille ovale, trigone, ombiliquée, rus Moll. Tome VI. F

Li

32 HISTOIRE gueuse, sillonnée transversalement : spire noueuse, épineuse; ouverture striée inté- rieurement. Columelle à trois plis; bord droit denté. | Cette espèce, très-belle et irès-rare, se trouve dans la mer des Indes. On n’a point encore trouvé de turbinelles parmi les fossiles des environs de Paris.

GENRE XOCIL2. STROMBE ; strombus. PI. LVIIT, Fig. 4.

Animal. Inconnu.

a!

Coquille. Un peu ventrue, terminée à sa base par un canal court, échancré ou tronqué. Bord droit se dilatant avec l’âge en aile simple, entière ou à un seul lobe, etayant inférieurement un sinus distinct de l’échancrure de la base. F0

Les coquilles que nous allions considérer composent, avec les deux genres suivans, une famille particulière très-nalurelle que Linnæœus avoit parfaitement reconnue, mais dont il n’avoit fait qu’un seul genre sous le nom de strombus. Cette famille est caracté- risée dans toules ses espèces par une expan- sion ou une dilatation plus ou moins large du . bord droit quise manifeste à un certain âge, et forme une sorte d’aile, extrêmement

DES GASTEROPODES. 83 variée en raison des espèces; c’est elle qui a fait donner à ces coquilies le nom vulgaire de coquilles ailées. Linnæus n’avait saisi que ce caractère, et les rapports frappans qu'offre la configuralion générale lui avoit sui pour rapprocher et disposer dans un ordre con- venable un grand nombre d'espèces que ses prédécesseurs avoient dispersées dans plu- sieurs genres. Jl y a cependant encore une autre considéralion non moins remarquable ; c’est qu'indépendamment du canal plus ou moins long et souvent échancré, qui termine la base de ces coquilles, il y a un sinus très-distinct près de cétte même base et sur le bord droit; ce sinus indique la présence d'un organe particulier à la famille des strombes, et la sépare absolument de celle des rochers. | _ La dilatation du bord droit est suscep- üble de prendre diverses formes, d’après . celles de la partie du manteau qu’elle re- couvre, et le sinus de la base se trouve sou- vent placé dans différentes positions ; M. de Lamarck s'est servi de ces modifications pour établir trois divisions bien prononcées parmi les strombes de Linnæus; divisions dont ce célèbre naturaliste avoit eu lui-même l'idée et qu'il avoit indiquées, mais en ne

F 2

LE

64 HISTOIRE les présentant que comme des coupes sous“ génériques et auxquelles il en joignoit deux. autres renfermant des coquilles très-dispa- rates, dont la plupart se rapportent au genre cérite, étranger à cette famille.

La première de ces divisions, celle qui forme le genre dont il s’agit, et à laquelle M. de Lamarck conserve le nom de strombe, ne comprend des espèces de Linnæus que celles dont la dilatation du bord droit est entière, c’est-à-dire, sans divisions ou digi- tations particulières, et dont le sinus infé- rieur est bien marqué et nettement séparé de l’échancrure. Il faut ajouter de plus que le canal de la base est toujours court et tronqué. Nous ferons connoître à leur ar- ticle les caractères distinctifs qui appartien- nent aux deux autres genres.

Ce n’est, comme nous l'avons dit, qu’à une certaine époque de leur vie, que les strombes proprement dits et les autres co- quilles de la même famille, acquièrent cette expansion du bord droit qui les rend si remarquables, et comme elle ne s’agsrandit que par gradation , elle varie d’étendue et de forme dans le même individu selon ses différens âges. Le sinus même, le caractère le plus sûr pour distinguer ces coquilles,

DES GASTEROPODES. 55

n'étant point encore apparent dans la jeu- nesse, empêche souvent de les reconnoître et a été la cause de beaucoup d'erreurs eb d’une grande confusion dans la détermi- nation des espèces. Souvent même ces coquilles, non encore complettement for- mées , ont élé prises pour des espèces d'un autre genre , particulièrement pour des cônes auxquels elles ressemblent beau- coup dans cet état; pour Îles distinguer ; il faut faire attention que le bord gauche ou la columelle n’a jamais de torsion à au- cune époque dans les strombes, et qu’on en remarque toujours une plus ou #noins pro- noncée dans les cônes ;#ceux-ci ont de plus les révolutions de leurs tours de spire plus régulières, et ne présentent jamais ni bosses, ni aspérités à l’extérieur.

Les strombes, dans leur entier dévelop- non ont une épaisseur et une solidité qu'on ne trouve point dans d’autres genres ; leur coquille est ordinairement garnie de tu- bercules, de nœuds et de plis fortement prononcés, ou elle est remarquable par les contours irréguliers de sa surface. Quelques espèces atteignent une taille et une pesan- teur très-considérables.

Ce genre ne renferme que des coquillages F 3

86 HISTOIRE marins, qui vivent en général dans les cli- mats chauds: la plupart nous viennent des Indes.

ESPECES.

1. STROMBE CESFE; sérombus pugilis.

Strombus pugilis. Lin.— Lister, Conch. tab. 863, Hg. 18. Gualt. tab. 32, fig. B. Dargenville, tab. 15, fig. A. Mart. Conch.3 , tab. 81, fig. 630,

831. Vulgairement l'oreille de cochon.

Coquille épaisse et pesante, lisse, à spire courte, garnie d’un rang d’épines sur chaque tour ; le bord droit élargi, mais ne s’élevant pas au dessus de la spire, saillant antérieu- rement , arrondi, @hi; queue obtuse, tri- Jobée. Couleur fauve. | . C’est une des espèces les plus communes de ce genre. Se trouve en Amérique.

2. S. GÉANT; S. gigas.

. Guaïit. test. tab. 33 ï fig. A, et tab. 54 Mart. 3, tab. Sv ; fig. 824. Vulgairem. le Zambis.

Coquille très-grosse, très-pesante; spire el ventre garnis d’épines coniques écartées. Aile arrondie , fort grande. 1.

Se trouve dans les Antilles; on l'apporte. ordinairement de la Guaddéinee elle est extrèmement commune. :

DES GASTEROPODES. 87 915. LARGE; 5. latissimus.

Sérombus latissimus. Kio Lister , tab. 853; fig. 10. Martini, Conch. 3, tab. 82, he 632, tab. 65, fig. 855 et tab. 69, fig. 874, 875, 876. Rumph. tab. 36, fig. L. Séba , pl. zxm , 1 et 2.— Vulsairement l’aile large.

Coquille lisse, sans épines; la spire seu- lement garnie de tubercules assez apparens; aile épaisse , arrondie , très-grande et s’éle- vant au dessus de Ja spire. $e trouve dans les mers d'Asie.

4 S. coQ; s. gallus.

Martini, Conch. 5, tab. 84, fig. 84r et 842; et tab. 85, fig. 846. Lister, tab. 874, fig. 30. Gualt. tab. 52, fig. M. Dargenville, pl. x1v, fs. K. (jeune. ) Vulgairement l'aile d'ange.

Coquille garnie sur le dos d’un rang dépines grosses et courtes ; la queue droite; le bord droit large et dilaté en une longue pointe canaliculée, PRET plus élevée que la spire.

M. Richard possède dans sa belle collec- tion de coquilles un strombe fossile qui paroît être très-voisin de cette espèce. Il a été trouvé dans la ci-devant Champagne. Elle habite en Amérique ét en Asie,

F4

8 HISTOIRE

F5. S. À CANAL; s. canalis: Lamarck, Ann. mus. d’hist. nat. tom. Il, pag. 219; et vélin, 4, fig. 3. Brongniart et Coquebert, Bulletin de la société philomatique, 25, io. 5: Prostellaire canaliculée. ( Bosc, histoire naturelle des coquilles, tome IV, pag. 244.)

Coquille petite, turriculée, garnie de côtes longitudinales et striée transversalement à la base ; aile peu étendue, émarginée en son. milieu, et prolongée en une fente décur- rente supérieurement ; canal de la base très- court et recourbé. |

Cette espèce n’a que huit à dix lignes de longueur. Elle ressemble beaucoup à la rostellaire fissurelle, mais ayant un sinus sur le bord droit et le canal de la base étant extrêmement court, elle doit être rangée parmi les véritables strombes. Fossile assez commun à Grignon. C'est jusqu’à présent la seule espèce de ce genre qui ait été ob- servée dans les environs de Paris.

“+

DES GASTEROPODES. 8 GENRE Ce. PrérocÈRE; pterocera. PI. LVIIL, Fig. 5.

Animal, Inconnu.

Coquille. Ventrue, terminée inférieurement par un. canal alongé. Bord droit se dilatant avec l’âge en aile digitée , et ayant un sinus près de la base.

Les coquilles réunies par M. de Lamarck sous le nom de ptérocéres, ont tous les carac- tères des strombes, mais l'expansion de leur bord droit , au lieu d’être entière ou simple- ment lobée, présente des digitations très- prononcées et creusées en gouttière inté- rieurement; il y a de plus à la base un canal plus ou moins alongé et souvent recourbé ; ces caractères sontsassez remar- quables et se retrouvent sur un assez grand nombre d'espèces, pour qu’il soit convenable de les séparer des strombes dont elles fai- soient partie dans Linnæus , et pour en constituer un genre particulier. La forme singulière de ces coquilles rappelle celle de certains insectes ou celle des crustacées dont les pattes crochues seroient étendues , ce qui leur a fait donner par les amateurs et les marchands les noms d'araignées et de scor- pions.

8 HISTOIRE

Les ptérocères ont du reste dans leur con* figuration générale et dans leur mode d’ac- croissement les plus grands rapports avec les vrais strombes ; le bord droit ne s'étend et n’acquiert les profondes divisions de son contour qu’à une certaine époque; il est de même difficile de déterminer les espèces, et quelquefois le genre, avant leur entier développement.

ES PECsSS, 1. PTÉROCÈRE LAMBIs; plerocera lambis.

Strombus lambis. Lin. Gualt. tab. 35, fig. C, et tab. 56, fig. A. B. Mart. Conch. 3, tab. 86, fig. 655, et tab. 87, fig. 857, 858. Lister, tab. 866, fig. 21. Favanne, pl. xxn, fig. A, 4 Vulg.

l’'araisnée heptadactyle.

Coquille à sept digitations presque does É gorge unie, Elle varie ce dans sa forme et

dans ses couleurs. Se trouve dans l’océan Asiatique. HAT E

VE

2. P. GOUTTEUX; p. chiragra.

| Strombus chiragra. Lin. Lister, tab. 870 ; fig. 24 Gualt. test. tab. 55, fig. B et A (jeune) Martin. tab. 86, fig. 853, 854, et tab. 87, fig. 856. Vulgairement l’araïgnée , la griffe du diable.

Coquille à six digitations arquéés , y

DES GASTEROPODES. 92

compris le canal recourbé extérieurement ; gorge striée.

Le bord droit prend quelquefois une sep- tième digitation au dessus du sinus. Lorsque cette espèce est encore jeune et dépourvue d’aile , les marchands l’appellent souvent Za racine denbryoine; mais ce nom appartient plutôt au strombus truncatus, Lin. Se irouve dans la mer des Indes.

5. P.mrrcerreps ; p. millepeda.

Sérombus millepeda. Tin.— Lister, tab. 868, fig. 23 et 869, fig. 24. Dargenville, pl. xv, fig. B. Martini, 3, tab. 88, fig. 861, 862, et tab. 95, fig. 006, 907. Rumph. tab. 56, fig. 1. Vulgai- rement le millepieds.

Coquille à dix ou douze digitations droites et courtes; trois rangées de tubercules sur le dernier tour et une sur chacun des autres; gorge striée.

Se trouve dans la mer des Indes.

4. P. SCORPION; p. scorpius.

Strombus scorpius. Lin. List. tab. 867, fig. 22. Gualt. tab. 36, fig. C. Favanne, pl. xxn; fig. B. Martini, tab. 88, fig. 860. Vulg. le scorpion.

Coquille à sept digitations longues, noueuses, y compris le canal très-alongé et recourbé ; ouverture fortement sillonnée en travers.

5e trouve dans la mer des Indes.

ÿ

g2 HISTOIRE 5. P. PIED DE PÉLICAN ; p. pes pelicani.

Strombus pes pelicani. Lin. List. tab. 865, . fig. 20 et 866, fig. 21. Martini , 3, tab. 85, fig. 848»

850.— Gualt. tab. 53, fig. À. B. C.— Dargenville,

pl. xiv, fig. M°— Favanne, pl. xx; fig. D. 2.

(Vulgairement Ze pied de pélican, la patte d’oie, ou - l& hallebarde. \ cab

Coquille à bord droit palmé et terminé par quatre digitations anguleuses, dont une est décurrente sur la spire ; gorge unie; canal court et pointu ; sinus à peine distinet.

Les caractères génériques sont assez indé- cis dans cette espèce, et on pourroit la re- garder comme une rostellaire, si le bord droit n’étoit pas aussi fortement dilaté et

digité. M. Faujas dit qu'il y en a un ana-

logue fossile aux environs de Florence. De trouve dans les mers d'Europe, d’Amé- rique et DRE:

On n’a point encore rencontré f'espèces de ptérocères fossiles dans les dépôts co- quilliers des environs de Paris.

: > Se

DES GASTEROPODES. o5

GENRE CI.

RosrebLaire ; rostellaria. PI. LVIIT, Fis. 6.

Animal. Inconnu.

Coçuille. Fusiforme ou subturriculée, terminée infé- ricurement par un canal en bec pointu. Bord droit entier ou denté , plus moins dilaté en aile avec l’âge , et ayant un sinus contigu au canal.

C’est ainsi que M. de Lamarck caractérise le troisième des genres qu'il a formés aux dépens de celi des strombes de Linnæus. La note. distinctive la plus essentielle con- siste dans le sinus du bord droit, qui s’observe ici comme dans les strombes et les ptéro- cères , mais qui est tout à fait contisu au canal de la base, et souvent même presque confondu avec lui. La forme générale des rostellaires est alongée et rappelle un peu celle des fuseaux. La columelle se termine par un canal droit, pointu, plus ou moins alôngé , imitant une sorte de bec, rostrum , d’où on a tiré le nom générique. [aile formée par la dilatation du bord droit, loin de se détacher entièrement de la spire, s’ap- puie souvent dessus, et s’y termine ordi- nairement par une gouttière décurrente,

a

94 HISTOIRE

La formation de ces coquilles est anas logue à celle des strombes et des ptérocères; elles n’acquièrent, comme eux, l'entier dé- veloppement de leur bord droit qu’en avancant en âge, et c’est à la même époque que paroît le canal décurrent sur les tours de spire; tant qu’elles ne sont point ache- vées , il est facile de les confondre, soit avec les vis, soit avec les véritables fuseaux. IL faut consulter à ce sujet les intéressantes observations publiées sur ce genre par MM. Alex. Brongniart et R. Coquebert, ‘Bulletin de la Soc. philom. 25.

Les rostellaires sont les coquilles les plus remarquables de la famille des strombes,, tant à cause de la singularité et de la beauté de leurs formes, que par leur extrême ra- relé. On n’a encore aucun détail sur ce qui concerne l’anumal qui les habite.

FE ECES

4. ROSTELLAIRE SUBULÉE; rostellaria subu- | lata. Lam. _*

Strombus fusus. Lin. Lister, Conch, tab. 854, fig. 11, et tab. 916, fig. 9. Dargenville, tab. 10, fig. D. Favanne, pl. xxxiv, fig. B. 3, Mart. Conch. 4, tab. 159, fig. 1500 à 1502. Scba, mus. 5, tab. 56, fig. 2. Vulgairement le fuseau. de Ternate , le fuseau à dents,

DES GASTEROPODES. of Coquille unie, brune - fauve, turriculée, à spire très-pointue ; canal Jong et pointu ; “bord droit denté au dessus de Féchancrure. Cette espèce peu commune se trouve aux Moluques et dans la mer Rouge. Il vient des Moluques et des mers de la Chine une aulre rostellaire, beaucoup plus rare, que M. de Lamarck a appelée r. cornuta, et qui est figurée dans le tome 4 de la Conchylio- logie de Martini, tab. 158 ; fig. 1499 à 1497.

2. R. À GRANDE AILE ; r. macroptera.

Lamarck, Ann. mus. tom. If, pag. 220, et vélin; 4, fig. b (incomplette.) Sérombus amplus, Brand. foss. pag. 54, pl. vi, 76 (complette.)

Coquille grande ; tours de spire lisses et sans convexité; bord droit dilaté en aile fort ample, mince, arrondie, entière et s'étendant sur la plus grande partie de la spire, elle forme une fissure longitudi- nale et décurrente.

Cette belle espèce ne doit point être con- fondue avec le strombus latissimus, Lin: auquel Brander la comparée ; la position

du sinus place même ces coquilles dans deux genres différens. Il y a une variété dans laquelle le bord supérieur de laile forme une échancrure médiocre. $e

06 H1STÔXRE. trouve fossile à Saint - Germain en Laye et à Courtagnon.

3. R. COLOMBAIRE; 7. columbaria.

Lamarck, Ann.mus. tom. IT, pag. 220.— Strombus fissura. Brongniart et Coquebert , Bulletin philom. 25, fig. 4. Rostellaire fendue. Bosc, Hist. nat. coquil. tom. IV, pag. 245, 244, et pl. xxxv, fig. 1.

Coquille à spire Hsse, conique, sans con- vexité sur ses tours et garnie d’une fente longitudinale, décurrente ; bord droit dilaté en aile dont la partie supérieure recourbée forme un sinus remarquable.

_ Cette espèce, constamment moins grande que la précédente, a de si grands rapports avec elle, qu’on peut la regarder comme une simple variélé; la forme particulière de la dilatation du bord droit ressemble à l'aile déployée d’une colombe. —Se trouve fossile à Saint-Germain en Laye et * Parnes.

4. R. FISSURELLE; r. fissurella.

Strombus fissurella. Lin. ed Gmel. Dargenville, pl. xxxin, fig. 6. Petiver. gaz. tab. 75, fie. 7, 8. Martini, 4, tab. 158, fig. 1498, 1499. Brongniart et Coquebert, Bulletin philomat. 25, fig. 3. Bosc , Hist. nat. coquil. t. 1V , pag. 245. Lamarck, Ann. mus. tom. 1], pag. 221 ,et rélin , 4, fig. 4.

Coquille turriculée, variculeuse, sillonnée

de

DES GASTEROPODES. o7

de côtes longitudinales, et striée transver- salement à la base ; tours de spire un peu convexes; aile fort petite , entière , se pro- longeant en carêne fendue sur toute Îa longueur de la spire.

Cette espèce est toujours beaucoup pins . petite que les deux prérédentes ; eile n’a que dix-huit à vingt lignes de longueur. Le canal décurrent sur la spire se recourbe à son extrémité vers la base de la coquille - dans les individus qui ont atteint tout leur accroissement. Se trouve en grande abondance parmi les fossiles de fan eb aussi, dit-on, à Courtagnon.

Ces trois rostellaires fossiles sont jusqu’à présent les seules qu’on ait observées aux environs de Paris. M. Rodrigue en a rap- porté des environs de Bordeaux une grande et belle espèce qui n’a point encore été dé- crite; elle paroït très-voisine de la rostellaire subulée.

Mol. Tous VI. | G

98 HE SIT'O BRIE PT CENRE CE Casque; cassis. PI LVIIL, Fig. 7-

Animal, Gastéropode à tête munie de deux tentacules qui portent les yeux à leur base extérieure. Man- teau formant pour la respiration un tube qui sort par léchancrure canaliculée de la coquille. Un opercule cartilagineux attaché au pied de l'animal.

Coguille. Bombée. Ouverture plus longue que large, souvent dentée, terminée à sa base par un canal court et recourbé vers le dos. Bord droit ordi- rairement garni d’un bourrelet. Columelle plissée

inférieurement.

C’est Bruguière qui a fondé ce genreen réu- nissant plusieurs coquilles auxquelles Gual- tiéri, Klein et Dargenville avoient déjà donné le nom de casques, mais sans les caractériser avec précision, et que Lännæus plaçoit parmi ses buccms; elles différent essentiellement de ce dernier genre, par leur forme bombée, ventrue; par leur ouverture oblongue pres- que toujours dentée, sur-tout sur le bord droit; par l’aplatissement du bord gauche qui fait souvent une saillie considérable du même côlé, et par le canal de leur base qui est relevé en dehors vers le dos de la coquille. La spire, dans le plus grand nombre des espèces, est interrompue par des varices

LL

DES GASTEROPODES. 0

vbliques, persistantes, restes des anciens bourrelels du bord droit, qui ont été enve- loppés dans chaque nouvel accroissement de la coquille. |

Les animaux de ce genre ne sont encore qu'incompletiement connus ; Dargenville à donné, dans sa Zoomorphose, la figure de _celui qui habite le casque tuberculeux, mais sans description , et Adanson a confondu ces gastéropodes avec ceux des pourpres et des tonnes, sans entrer dans aucun détail sur les particularités distinctives que sem- ble cependant indiquer la différence des coquilles. On sait seulement que ces coquil- lages vivent dans les mers des pays chauds a une certaine profondeur, et sur les fonds sablonneux quelquefois ils s’enfoncent en totalité. On en rencontre rarement une grande quantité dans le même lieu.

Le genre casque est un des plus naturels et des mieux circonscrits parmi les spiri- valves ; il renferme un très-grand nombre d'espèces intéressantes par leurs formes et par leurs vives couleurs : quelques - unes acquièrent un volume et une épaisseur con- sidérables lorsqu'elles sont parvenues au dernier dégré de leur accroissement.

Pour faciliter l'étude de ce genre, on peut,

G 2

100 HISTOIRE

ainsi que l’a proposé Daudin, y établir deux sections fondées sur la présence ou l'absence des dents sur les bords de l'ouverture.

ESP ECRE 1. CASQUE TRICOTÉ: cassis cornut@

Buccinum cornutum. Lin. Bruguière, Encyclop. 17. Cog. jeune. Lister, Conch. tab. 1006, fig.70. Gualt. ind. tab. 40, fig. D. Favanne, pl. xxvr, fig. À. 1. Martini, Conch. 2, tab. 53, fig. 348 , 549. Cog. vieille. List. Conch. tab. 1008, fig. 71. B. Cassis labiata , Chemnitz, vol. XI , tab. 184 et 185. Vulgairement le casque tricoté ou le fer à repasser.

Coquille ovale-ventrue, garnie de fossettes en réseau, et de trois côtes transverses, lisses, tachées dans la jeunesse et tuberculeuses sur coquille adulte.

Ce casque parvient à une grande té: ; 1 est très-remarquable par son bord gauche aplati et niême enfoncé, presque triangu- laire, et par sa surface loute couverte de petits points creux, imitant l'envers des mailles d’un tricot. Sa couleur est cendrée

avec des taches brunes. La spire est obtuse.

Le bord gauche est blanc ävec une grande tache noire, et denté ainsi que le bord droit, 1l vient de la mer des Indes orientales,

=

|

DES GASTEROPODES. 101

2. C. BAUDRIER; Cassis vibex.

Buccinum vibex. Lin.— Lister, Synops. tab. 1015, fig. 75. Gualtieri, tab. 39 , fig. F. Dargenville, pl. xvui, fig. H. Favanne, pl. xxv, fig. H. 1. Martini, 2, tab. 35, fig. 366. Bruguière, Encyc. r.

Coquille ovale, luisante , unie; bord droit garni de dents épineuses à la base.

Les plus grandes ont un peu plus de deux pouces de longueur ; la couleur extérieure est rousse ; le bord droit est muni dans sa moilié inférieure d’une douzaine de dents pointues, dont les trois ou quatre dernières sont les plus longues. Il offre toujours des taches noires sur son bourrelet; l’intérieur est blane. La spire est un peu aiguë. Selon Linnæus, on treuve cette espèce à la Ja- maique et dans la mer Méditerranée, vers Alexandrie.

3. C. BÉZOARD; c. glauca.

Buccinum glaucum. Lin. Lister, tab. 956 ; fig. 60. Gualt. tab. 40 fig. A. Favanne, pl. xx, £g. D.3.— Martini, 2, tab. 22, fis. 542, 943. Bruguière, Encyclop. 5.— Vulg. le bézoard.

Coquille bombée, lisse, grise-blanchätre ; spire couronnée d’un rang de tubercules ; bord droit garni de dents à la base.

G 3

os : ONE TS TOTRE * Sa couleur est assez semblable à celle du bézoard des Indes; l’intérieur est brun ou violet ; elle porte deux pouces de large, sur environ trois de longueur. Au rapport de Rumphius, on mange la chair de lani- mal à Amboine; il ajoute qu’elle a natu- rellement une forte odeur d'ail. 5e trouve dans les mers d'Asie.

À. C. SABURON; c: saburon. * Gualt. ind. tab. 50, fig. G. Rumph. thes. tab, 25, fig. C. Saburon. Adanson , pl. vu, fig. 6: Brugu. Encyclop. 4. |

Coquille ovale, couleur de chair bifiliité; avec cinq rangs transversaux de taches fauves; des stries transversales nombreuses; bord gauche ridé. #

Les bords de l'ouverture sont d’un blanc de lait, et l’intérieur paroît fauve à cause de la transparence du têt qui laisse voir les taches du dehors. La spire est une fois et demie plus courte que l’ouverture. Se trouve dans la Méditerranée et sur les côtes d'Afrique ; elle se rencontre aussi, selon Bonauni, sur celles de Portugal. On l'indique fossile en Calabre.

5. C. BONNET; c. testiculus.

Buccinum testiculus. Lin. Lister, Synops. tab. 1001 , fig. 66. Gualt, tab. 59, fig. OC. Favanne,

DES GASTEROPODES. 105 pl xxvi, fig. D , 3. Martini, 2, tab. 57, fig. 555, 576.— Bruguière, Eucyclop. 10. Vulgairement le bonnet de Pologne.

Coquilie ovale, fauve-rougeâtre, avec plu- sieurs rangs de taches foncées; des sillons transverses et des stries longitudinales; ou- verture oblongue et étroite,

Les deux bords de l’ouverture sont den- telés ou sillonnés et blancs, avec des taches noires. La spire, très-courte, obtuse et arron- die, est terminée par un sommet pointu et saillant. On trouve cette espèce dans les mers des deux Indes.

6. C. FLAMBÉ; c. flammea. Buccinum flammeum. Lin.— Rumph. Thes. tab. 23, fig. 1. Lister , Synops. tab. 1004, fig. 69 et 1005, Lg. 72. Favanne, pl. xxv, fig. E. Martini, Conch. 2, tab. 54, fig. 555 » 204. Bruguière, Encyclop. 13,

Coquille ovale, marquée de plis longitu- dinaux, tuilés vers le dos, et couronnés de tubercules : sutures élevées et. crénélées; spire aplatie ; plusieurs rangs de tubercules

dans les adultes. _ Cette espèce varie heaucoup, selon l’âge; elle offre d’abord de belles flammes on- doyantes brunes ; en vieillissant, ses couleurs n'ont plus la même vivacité , mais on aper- G 4

104 HISTOIRE

çoit alors une grande tache brune au milieu de son bord gauche ; ce bord prend aussi à cette époque seize côtes transverses, entre- mêlées d’un grand nombre de plus petites. le bord droit se relève en dehors pour for- Mer un gros bourrelet arrondi, et les taches noires dont il étoit marqué disparoiïssent en partie. Le tour extérieur n’a qu’un rang de tubercules dans le jeune âge; il en porte ensuite jusqu'à cinq. Elle vient des Indes : orientales.

| 7. C. EN HARPE; c. harpæformis.

Lamarck, Ann. mus. vol. Il, pag. 160, vélin , :i 2e fig. 1.

Coquille ovale-bombée; des côtes longi- tudinales, saillantes, formant au sommet du dermer tour deux rangées de tubercules ; base striée en travers.

Il y a ordinairement une troisième rangée de tubercules à peine distincte. La disposi- tion des côtes rappelle un peu celles de la barpe. Elle a environ deux pouces de lon- gueur. Se trouve fossile à Grignon.

8. C. GAUFRE; c. cancellaia. Lamarck, Ann. mus. vol. IT, pag. 169 , 2. Coquille ovale-bombée , à surface trail-

lissée par des stries longitudinales et trans-

DES GASTEROPODES. 105

verses ; deux rangées de tubercules; bord droit denté dans toute sa longueur.

Elle diffère très-peu de la précédente, cependant les stries croisées de sa surface ét les dents du bord droit la distinguent suffisamment, On la tronve fossile à Parnes et à Chaumont.

g. C. CARÉNÉ ; c. carinata.

Lister, Synops. tab. 1011, fig. 71. f, Buccinum nodosum , Brand. Foss. 151, frontisp. Kuorr, Foss. tab. 39 , fig. 6. Bruguière , Encyclop. 20. Lemarck, Ann. mus. vol. 1T, pag. 169, 3, ct vélin, 4, fig. 2.

Coquille ovale, garnie transversalement de stries fines et de cinq côtes tranchantes; les deux supérieures tuberculeuses ; tours de spire aplatis.

Cette espèce, une des plus peiites de ce genre, ressemble au casque échinophore, mais elle en diffère par ses côtes carénées et par les stries plus fines et plus nombreuses qu'on aperçoit sur la coquille. Elle n’est point noduleuse dans sa jeunesse, Se trouve parmi les fossiles de Grignon; il y en a, d'après M. de Lamarck, une variélé a Rétheuil, dont le bord droit est bien denté.

106 HISTOIRE

GENRE CIE Cérire ; cerithium. PI. LIX , Fig. 6.

hi

Animal. Gastéropode à tête cylindrique, ornée sur les côtés d’une crête frangée et munie de deux longs tentacules aigus, renflés à leur partie infé- rieure et portant les ÿenx au sommet de ce ren- flement et sur le côté extérieur. Manteau replié supérieurement en un tuyau cylindrique, court ; couronné de dix languettes triangulaires. Pied sub-orbiculaire , petit , porlant un opercule corné, à sa partie postérieure et latérale. À

Coquille. Turriculée ; ouverture oblique, terminés à sa base par un canal étroit, court, recourbé vers le dos ou brusquement tronqué. Une gouttière placée ordinairement à l'extrémité supérieure du bord droit.

Ce genre est parmi les spirivalves un des.

plus intéressans par la beauté et par le grand nombre des coquilles qu’il renferme et en même tems un des plus difficiles à étudier, parce que les différences spécifiques ne sont le plus souvent fondées que sur des nuances légèresÿ et ne peuvent être saisies qu’en comparant beaucoup d'individus. On con- noît déjà plus de cent espèces de cérites, tant à l’état frais qu’à l’état fossile , et l’on peut présumer d’après celles non détermr-

DES GASTEROPODES. 107 nées qui existent dans les Collections, et celles qu’on découvre tous les jours, sur-tout parmi les fossiles, que ce nombre sera plus que doublé. La plupart de ces coquilles . étoient confondues dans des genres très-dif- férens. Linnæus les avoient réparties soit parmi ses Amurex , soit parmi ses sérombus ; il en rapportoit même quelques-unes au genre érochus, malgré le canal échancré qu’on aperçoit toujours à leur base.

Bruguière , ayant le premier reconnu les vrais caractères qui les distinguent, en forma un groupe générique particulier , adopté depuis par les naturalistes modernes, et lui donna le nom de cérite, que Fabius Co- lumna et Adanson avoient déjà employé pour en désigner quelques espèces.

Ces caractères consistent dans une spire éminemment turriculée, comme celle des vis, et dans le canal court , retroussé vers le dos, ou subitement tronqué, qui termine la base de la coquille. T’ouverture courte, un peu oblique, présente dans la partie supé- rieure du bord droit, près de sa jonction à Vavant-dernier tour ; un sillon en gouttière plus ou moins distinct selon les espèces; ce dernier caractère n'est qu’accessoire ; il ne

108 HISTOIRE. s’observe que lorsque l'ouverture est com- plettement achevée, et quelquefois même à cette époque il est très-peu apparent.

. La spire forme en général plus des deux tiers de la longueur totale et le dernier tour ‘n'excède pas de beaucoup en grosseur celui qui le précède; cette pyramide alongée , rarement lisse , est ordinairement ornée de stries, de tubercules ou d’épines, dont la distribution, aussi régulière qu'élégante, est tellement diversifiée que la Nature semble avoir épuisé dans ces coquilles toutes les formes et toutes les proportions possibles.

On observe aussi quelquefois sur leur sur- face plusieurs varices ou bourrelets persis- tans, qui sont les restes encore apparens des anciens bords droits de l’ouverture.

Les cérites sont toutes des coquillages marins; elles se trouvent fréquemment dans les fonds vaseux ou sablonneux, ce qui pour- roit peut-être servir à expliquer la parfaite conservation d’un grand nombre d’espèces fossiles qui auroient été abritées du choc des vagues et des corps extérieurs, par la nature de cette habitation. On sait maintenant que les espèces de ce genre qu’on a regardées comme des coquilles d’eau douce, entre autres la cérite fluviatile de Bruguiëre ,

DES GASTEROPODÉS. 109

Encycl. 18, vivent dans les marais salans ou à l'embouchure des fleuves, dans le voi- sinage ‘de la mer; fait qui confirme l’obser- vation dont nous avons déjà parlé, que les genres composés de coquilles marines ne renferment jamais aucune espèce entière- ment fluviatile.

La connoissance de l’animal constructeur des cérites est due à M. Adanson; nous cilerons ici la description que cet habile observateur a publiée de sa cérite popel, qui répond à la cérite ratissoire de Bru- guière, Encycl. 28 ; elle doit être appli- cable, pour les parties essenlielles, aux autres espèces de ce genre. La tête est cylin- drique, alongée , tronquée en dessous à son extrémité, et ornée sur les côtés d’un bour- relet, qui porte une petite frange semblable a une crête. De son origine partent deux longs tentacules terminés en pointe, et renflés con- sidérablement un peu au dessous de leur mi- lieu,jusqu’à leur racine. Au sommet du renfle- ment des tentacules, et sur leur côté exté- rieur sont placés les yeux, semblables à deux petits points noirs qui ne saillent point au dehors. La bouche forme un petit sillon, placé de longueur au dessous de la tête et à son extrémité. La membrane du man-

110 HISTOIRE

teau est épaisse, et tapisse les parois internes. de la coquiile ; son extrémité supérieure se replie en un tuyau cylindrique assez court, lequel est couronné de dix petites languettes triangulaires. Ce tuyau sort rarement de la coquille. Le pied est petit, presque rond ou de figure orbiculaire ; 1l est de moitié plus étroit que la coquille, bordé à son extré- mité antérieure ou du côté de la tête par un sillon transversal et marqué en dessous de plusieurs petits sillons parallèles à sa lon- gueur. Il se prolonge par dessus en un muscle cylindrique, st attaché son opercule , exactement orbiculaire, cartilagineux, fort mince et marqué de plusieurs sillons en spirale. Cet opercule est beaucoup plus petit que l’ouverture, et entre très - avant dans l’intérieur , lorsque l’animal s’y ren- ferme. La tête, les tentacules et le dessus du pied de cet animal sont d’un cendré noirâtre, mêlé d’un peu de blanc; le des-_ sous de son pied est blanc, et son manteau est blanchâtre, tacheté de plusieurs pelits : points , tirant sur le noir. ( Adanson, Sénég. cog.pag. 154.)

Les cérites sont, de toutes les coquilles; celles qu’on rencontre le plus fréquemment parmi les fossiles ; plusieurs pierres calcaires

DES GASTEROPODES. 11

semblent en être entièrement composées, et les dépôts coquilliers de tous les pays en renferment une immense quantité d'espèces diverses , extrêmement variées. Il y en a, parmi celles-ci, qui se rapprochent telle- ment de quelques coquilles du même genre, actuellement vivantes dans différentes mers, que Bruguiere et M. de Lamarck les regardent comme parfaitement identiques ; telles sont entre autres la cérite hexagone et la cérite denticulée, connues depuis long- tems à l’état fossile, et qui ont été retrou- vées vivantes dans la mer du Sud, pendant les voyages du capitaine Cook ; cependant, comme ces coquiiles sont très-rares, et qu’il est par conséquent difficile de vérifier cette comparaison avec la scrupuleuse attention qu’elle exige, que Bruguière même n’a point vu la seconde espèce et n’a pu l’étudier que d’après la figure publiée par Martyns, on peut donter encore de lexactitude de ce rapprochement et attendre un nouvel exa- men avant de les regarder comme absolu- ment semblables sous tous les rapports. Ces diverses particularités et l'extrême abondance dans la nature des coquilles de ce genre donnent à leur étude beaucoup d’im- portance et d'intérêt ; il seroit à desirér que

RUE : HISTOIRE

quelque naturaliste voulüt en publier une monographie particulière et détaillée, les espèces seroiïent bien caractérisées et dis- tinguées des simples variétés ; ce travail per- mettroit de comparer les cérites actuelle- ment vivantes à celles qui ne se trouvent plus que dans le sein de la terre; il four- niroit un grand nombre de faits nouveaux propres à éclaircir le. problême si difficile des changemens que la surface du globe a _éprouvés et fixeroit nos idées sur la dispa-. riion totale de certaines espèces, ou sur les altérations de formes qu’elles ont pu subir dans une longue suite de générations.

ESPECES. 1. CÉRITE OBÉLISQUE; cerithium obeliscus.

Lister , Synops. tab. 1018, fig. 80. Gualtieri,. ind. tab. 56, fig. M. Dargenville, Conch. pl x1v, fig. F?— Martini, Conch. 4, tab. 157, fig. 1480. Bruguière, Encyclopédie, 1. Vulgairement Vobélisque chinois.

Coquille variée de brun.et de gris; tours de spire garuis de quatre côtes granuleuses; un pli sur la columelle.

Elle a au plus deux pouces et demi de longueur ; sa couleur est fauve nuancée de gris cendré ou de bleuâtre , avec des taches,

des

DES GASTEROPODES. 113 des lignes et des points bruns. Elle vient des Antilles. |

2. C. BUIRE; c. verlagus.

Murex vergatus, Lin. Lister, Synops. 1020, fs. 85. Gualt. Ind. tab. 57, fig. D. Dargenville, pl. nu, fig. P. Favanne, pl. xxxix, fig. C. Mart. Cônch. 4, tab. 156, fig. 1479 et tab. 157, fig. 1480, : Brug. Encyclop. 2.— Vulgairement Za buire.

Coquille ventrue , lisse, blanche; bord supérieur des tours de spire plissé ; columelle sarmie d’un pli.

Cette espèce a deux ou trois pouces de lons. On la pêche dans la mer des Indes.

3, C. CHENILLE ; c. aluco.

Murex aluco. Lin. List. Synops. tab. 1017, fig. 79. Gaalt. Ind. tab. 57, fig. À, Favanne, pl. xxx1x, fig. ©, 10. Martini, Conch. 4, tab. 156, fig. 1478. Dargenv. pl. xiv, fig. H. Bruguière, Encyclop. 7. Vulgairement /a chenille.

Coquille fauve, pointillée de brun ; tours de spire garnis vers le milieu d’une côte tuberculeuse ; sominet de la spire strié trans- versalernent.

Les tuüubercules sont bleuâtres, et le dedans de l’ouverture est blanc. La columelle n’offre point de pli, comme dans les espèces pré- cédentes. Les plus grands individus ont jus-

Moil. Tome VI. î H

414 ‘HISTOIRE

qu’à trois pouces de long.—S$Se trouve dans la mer des Indes; Bruguière pense que Lin- næus l'indique par erreur dans la mer Médi- terranée.

4. C. TÉLESCOPE; c. telescopium.

Trochus telescopium, Lin. List. Synops. tab. 624, fig. 10.—jDargenv. pl. xiv, fig. B. Favanne, pl. vu, fig. B. Gualt. Ind. tab. Go, fis. D, E. Martini, Conch. 5, tab. 160, fig. 1507 à on Brug. Encyclop. 17. Vulgairement /e télescope ou {a bouée.

Coquille conique, brune; tours de spire garnis de sillons transverse ; un pli sur la columelle.

On trouve, mais rarement, individus qui sont marqués de bandes Dan ne noires, jaunes ou rougeâtres , sur un fond plus clair : cette coquille a, par sa base plus large que dans les autres espèces, sa forme moins turriculée, et son canal peu prononcé, de très-srands rapports avec le genre érochus, auquel Linnæus lavoit réunie. Elle porte de trois à quatre pouces de longueur, et sa largeur est quelquefois de près de deux pouces à la base. La spire est composée de dix-neuf ou vingt tours peu saillans. Elle vient des grandes Indes,

DES GASTEROPODES. :15 5. C. DES MARAIS; c. palustre.

Strombus palustris. Lain.— Lister, Synop. tab. 836. fig. 62 et 857, fig. 65. Favaune, pl. x, fig. À, 1. Martini, Conch.’4 , tab. 156, fig. 1472. Cérite cuiller, Bruguière, Encyclop. 19. Vulgairement da cuiller à pot.

Coquille épaisse, brunâtre; tours de spire garnis de plis longitudinaux, et de trois sil- lons transverses ; bord droit légèrement cré- nelé.

La teinte de cette cérite est brune, tirant sur la suie, et mêlée de fauve clair; on en trouve qui sont marbrées de brun, de cou- leur d’ardoise, et de verdâtre. L'intérieur du bord droit est quelquefois rayé de brun- noirâire et de roux. Sa longueur est de quatre ou cinq pouces sur plus d’un pouce de largeur.— Elle habite, d’après Rumphius, les Indes orientales, dans les marais qui com- muniquent avec la mer.

6. C. RATISSOIRE ; c. radula.

_ Murex radula. Tin. Lister, Synops. tab. 122, fg. 18 (jeune), et fig. 20. Le popel, Adanson, Sénég. pag. 152, pl. x, fig. 1, gen. 4. Gualt. Ind. tab. 58, fig. F. Martini, Conch, 4, tab. 155, fig. 1459. Favanne, pl. xe, fig. F. Bruguière, Encyclop. 28.

Coquille brune ; tours de spire garnis de H 2

116 HMISTIOIRE quatre ou cinq côtes tuberculeuses; tuber- cules de la seconde côte du côté de la spire plus saillans que les autres. |

Cette espèce a plus de deux pouces de lons ; elle est blanche, lorsqu'on lui a enlevé. lépiderme bruu et adhérent qui la recouvre. Il faut remarquer que le murex radula de Linnœæus, et les figures de Gualtieri, de Martini et de Favanne, ne se rapportent qu’à des individus jeunes de cette cérite. Se trouve au Sénégal, à l'embouchure des rivières.

7. C. DÉCOLLÉE; c. decollatum.

Murex decollatus. Lin. Bruguière, Eneyclop: 45.

Coquille fauve; tours de spire garhis de plis et de sillons longitudinaux; des stries transverses dans leurs intervalles ; sommet de la spire tronqué.

Cette espèce est rare et remarquable par sa soire dont l’extrémité est toujours tron- ques et réparée, comme dans le bulime dé- collé (Voyez vol. V, pag. 338. Il ne reste ordinairement de sa spire que cinq tours et demi. Sa couleur générale est un fauve uni- forme, un peu plus foible sur les plis. On ne sait pas encore quelles mers elle habite.

DÉS GASTEROPODES. 117

8. C. INTERROMPUE; c. interruplum.

Lamarck, Ann. du mus. vol. IIT, pag. 270, 1, vélin, 14, fig. 1. 2.

Coquille pyramidée, sub-variqueuse, striée en travers; stries alternativement grosses el petites ; des côtes longitudinales arquées, plus on moins saillantes ; tour inférieur veniru.

Elle porte des bourrelets épars qui for-

ment sur sa surface autant de saillies obtuses. _ Les côtes longitudinales et les stries trans- verses, qui sont au nombre de sept à dix sur chaque tour, la font paroître comme treillissée. Elle a jusqu’à deux pouces de long. Se trouve parini les fossiles de Grignon.

9. C. TRICARÉNÉE; c. fricarinatum. Lamarck, ibid. pag. 272, 4:

Coquille pyramidée , rugueuse ; tours de spire chargés de trois crêtes ou carênes transversales, denticulées , dont les deux supérieures sont fort petites; bord droit an- suleux et lamelleux.

Elle est longue de deux pouces; sa spire est très-pointue. Se trouve fossile à Gri- gnon et à Houdan.

118 LCME SI TIO MIRNE 10. C. A BANDES ; c. vitiaium.

Lamarck, ibid. pag. 272, DB, et vélin,n° 15, fis. 4. $ Coquille turriculée; tours de spire lisses à leur partie supérieure, chargés à leur partie inférieure de trois carênes transver- sales, un peu tuberculeuses et dont la plus près du sommet est la plus grande. Cette coquille a deux pouces de longueur. Le sommet de sa spire offre quelques côtes verticales très-apparentes. 1 y a un sinus peu profond sur le bord droit de l'ouverture. —$Se trouve parmi les fossiles de Courtagnon.

11. C. CLAVATULÉE; c. clavatulatum.

Lamarck, ibid. pag. 272, 6,.et vélir, 8, fig. 11.

Coquille turriculée, sub-rugueuse ; tours de spire marqués de côtes iransverses, ca rénées et tuberculeuses ; une seule sur le tour inférieur, deux ou trois sur les supé- rieurs ; un sinüs au bord droit.

Cette espèce est, ainsi que la précédente, un peu rapprochée des pleurotomes par le sinus qu'on remarque sur le bord droit. Eile a un pouce de longueur.— Se trouve fossile à Courtasnon.

DES (GASTEROPODES. 9 12. C. ÉCHIDNOIDE; c. echidnoide,

Lamarck, ibid. pag. 275, 7, et vélin, 11, fig. 7-

Coquille pyramidale, rugueuse ; tours de spire munis de deux ou trois côtes trans- versales , inégales et tuberculeuses.

Celte coquille, quoique fossile, offre en- core quelquefois des lignes transverses d’un rouge orangé. Elle a de douze à quatorze tours de spire et dix-huit lignes de lon- sueur. Se trouve parmi les fossiles de Grignon.

220 HISTOIRE

ORDRE QUATRIÈME. ACEPHALES.

Caract, Mollusques sans tête distincte, nus ou con- chylifères, dépourvus d’yeux , d'organes de mas- tication et se, reproduisant sans accouplement.

L'ornre qui suit immédiatement les gas- téropodes, dans la filiation naturelle des mollusques , est celui des acéphales, ainsi nommé par M. Cuvier, parce qu’il renferme des animaux entièrement dépourvus de tête distincte. Leur organisation rappelle encore dans son ensemble celle des invertébrés qui précédent , mais elle est beaucoup moins compliquée, ce qui les place, d’après l’ordre des rapports, à la fin de la classe dont nous nous occupons. Ces animaux offrent des caractères fortement pronon- cés qui permettent de les circonscrire dans une tribu particulière , aussi naturelle que celle des gastéropodes et non moins nom- breuse en individus. | Le corps des acéphales est, comme celui de tous les mollusques, extrêmement mou et contractile ; sa forme est ordinairement

DES ACEPHALES. 121 ovale, alongée, plus ou moins aplatie; il est toujours recouvert par un manteau beaucoup

plus ample que dans les gastéropodes. Ce manteau est chez les uns fenda dans presque tout son pourtour, comme dans lhuître, ou seulement par devant,;comume dans la moule; quelquefois il n’est ouvert qu'à une extré- mité, comme dans les pholades, ou aux deux extrémités, comme dans les biphores. L'absence de la tête est suivie de celle des ses qui ordinairement l’accompagnent ; 1l n'y a plus d'organes qu’on puisse regarder comime des yeux ; le sens du toucher, le seul dont ils paroiïissent pourvus, se trouve répandu sur tous les points de la surface du corps, il est très-délicat et très-déveleppé; l'appareil destiné à transmettre les sensations est extrêmement simple, et essentiellement le même dans tous les genres; il consiste dans un rüudiment de cerveau situé sur la bouche, formé de deux ganglions et donnant nais- sance à deux filets, qui vont se réunir en un troisième ganglion vers l’autre extrémité du corps entre les branchies. De ces trois centres partent tous les nerfs. Les bords du manteau, ainsi que l’orifice des tubes qui le terminent quelquefois, sont entourés de filets frangés qui sont peut-être Îes organes

122 H ISTOIRE

particuliers du tact. On voit souvent ces filets se mouvoir avec une rapidité extraordinaire. Il y a de plus, au lieu des tentacules qu’on observe dansles gastéropodes, quatre feuillets membraneux, triangulaires, autour de la bouche, qui servent probablement à palper les alimens.

La bouche, cachée sous le manteau et garnie de ces feuillets, est quelquefois au milieu du corps et le plus souvent à une de ses extrémités; elle ne peut se porter en avant, et elle n’est point garnie d’osselets faisant l’ofice de dents, ni d'aucune espèce de trompe qui puisse se prolonger au dehors. 'ous les acéphales étant aquatiques, les particules nutritives sont portées à cette bouche par le liquide dans lequel ils habitent. 11 pénètre soit dans l’intervalle des lobes du manteau , lorsqu'il est fendu par devant, soit par le moyen d’un tube ou canal dans les espèces dont le manteau est fermé. C’est aussi dans ce même trajet que l’eau douce ou salée porte son influence dans les bran- chies. La bouche communique à un œæso- phage ordinairement très-court ; l’estomac, souvent double, est entouré par le foie qui lui fournit la bile par plusieurs pores ; ül aboutit à des intestins plus ou moins longs,

DES ACEPHALES. 123 plus ou moins contournés, qui se terminent par un rectum , situé sur le côté dorsal opposé aux branchies. Dans presque tous les genres ce rectum traverse le cœur; le genre des huîtres est un de ceux lon observe point une disposilion d'organes aussi extraordinaire.

Les branchies servant à la respiration sont placées entre les lobes du manteau, sur le côté du corps; ce sont quatre feuillets semi- lunaires, membraneux , très-minces, formés chacun d’une rangée de vaisseaux très-fins, disposés perpendiculairement comme des tuyaux d'orgue fort serrés, et qu'on doit regarder comme des vaisseaux veineux. Dans un très-srand nombre d'espèces, telles que les huîtres, les anodontes, l’eau parvient aux branchies, comme nous lavons dit, par l'ouverture qu'offre un des côtés du mau- teau ; elle s’introduit dans celles dont le manteau est fermé par un tube plus moins prolongé à la volonté de l'animal , situé vers l'extrémité opposée à la tête, près dr canal qui donne issue aux excrémens. Ces deux tubes sont dans plusieurs genres, tels que les bucardes, les venus, les macires, entièrement distincts et séparés ; dans plu- sieurs autres, coinme les pholades, myes,

M4 2MISTOIRE

tarets, sclens, ils sont accolés l’un à l’autre; et se trouvent réunis sous la même enve- loppe , pour ne Fine former qu’un seul organe.

J'ous les ptite vaisseaux qui composent des branchies, viennent se rendre dans des troncs communs qui parcourent la lon- sueur du fond des quatre feuillets, et qui communiquent aux deux oreillettes du cœur. Celui-ci est simple, c’est-à-dire , à un seul ventricule, d’où partent deux aortes; il se trouve situé vers la partie dorsale, il est enveloppé par un péricarde. Tous les animaux de cet ordre peuvent;-sans en souf- frir, suspendre leur res pris pendant très- long-tems.

Les acéphales sont tortelÈo herma- phrodites et produisent sans accouplement ; mais le mode de leur génération est jusqu’à présent fort obscur, les naturalistes n'ayant pas encore distingué la nature n1 la place des organes qui doivent remplir celte fonction. On a seulement observé dans quelques-uns que les branchies font aussi l’office d’ovaire et de matrice, et qu’à une certaine époque de l’année elles sont remplies d’une innom- brable quantité de petits acéphales, presque imperceptibles, mais déjà munis de leurs

DES ACÉPHALES. 125 valves dans les espèces conchylifères. Ce fait, qu'on ne peut observer qu’au microscope, est extrêmement remarquable ; il avoit été annoncé anciennement par Poupart, et dépuis M. Cuvier l’a constalé de manière à ne plus laisser aucun doute. Cet habile naturaliste a reconnu que les œufs forment d’abord une couche mince entre la peau et le foie, au milieu de laquelle il a vu se développer peu à peu une liqueur lai- teuse, qu'il soupçonne d’être la liqueur mâle; ces œufs passent ensuite dans l’épaisseur des branchies qu’ils gonflent singulièrement dans certaines saisons , et se logent dans les inter- valles des vaisseaux qui les composent; ils y éclosent dans les espèces vivipares, et sortent en perçant les enveloppes. D’après cette organisation, 1l sembleroit prouvé que les acéphales possèdent les deux sexes réunis, et qu'ils peuvent se féconder sans le concours de deux individus; cependant quelques naturalistes prétendent que la fécondation peut avoir lieu par le moyen du fluide environnant, qui pourroit, comme dans les poissons, servir de véhicule à la semence. Les acéphales atteignent promp- tement le terme ils sont capables de çe reproduire ; les huîtres pondent quatre mois :

126 HISTOIRE

après leur naissance, et il leur faut plusieurs années pour parvenir à tout leur accrois- sement.

L'organe du mouvement n’est plus un disque ventral, très - contractile, comme dans le plus grand nombre des mollusques céphalés. Il consiste dans une appendice charnue , en forme de langue , toujours située entre les branchies, et qui renferme ordinairement dans son épaisseur une par- ie du foie et des intestins. Cet organe , appelé pied, sort tantôt sur le côté par l'ouverture du manteau, comme dans les anodontes, les bucardes, et sert à ramper, quelquefois même à sauter ; tantôt l’animal le fait saillir à une des exlrénnités qui est toujours celle de la bouche, comme dans les pholades, tarets, etc. et il l’emploie

alors pour s'élever ou s’enfoncer dans le.

sable. Les huîtres en sont totalement dépour- vues , ainsi que plusieurs autres genres. Quelques acéphales conchylifères ont encore

la faculté de changer de place en fermant rapidement les valves de leur coquille plu- sieurs fois de suile, ce qui repousse l’eau avec

violence et les fait avancer un peu à chaque fois. Il y a un grand nombre d'espèces cons- tamment fixées, par agglutination, sur les

DES !/ACEPHALES. az rochers inême sur d’autres coquilles, et qui ne peuvent exercer aucun mouvement de progression. Les bivalves qui doivent ainsi rester à la même place pendant toute leur vie , telles que les huîtres , sont en naissant couvertes d’une matière mucilagineuse qui les attache à la surface des corps environ- nans ; l'animal fortifie cette première adhé- sion par laddition des sucs calcaires qu’il emploie pour l’accroissement de sa coquille.

Dans les jambonneaux , les moules, et autres , le pied porte un sillon destiné à tirer en lonss fils une matière glutineuse fournie par une glande située à sa base; c’est au moyen de ces fils, appelés 2yssus, que ces animaux s'attachent aux rochers, et qu'ils y demeurent suspendus. D’autres espèces, constamment attachées aux rochers, oat,au lieu de pied, plusieurs tentacules ciliés, se roulant en spirale, qui leur servent à saisir leur proie et à la rapprocher de leur bouche ; nous décrirons cette organisation particu- hère, aux genres anatife, térébratule, lin- gule et analogues. .

Les acéphales présentent un organe trés- singulier, nommé le stylet de cristal, dont on ignore jusqu'à présent l’usage. C’est un corps alongé, pointu par un bout, arrondi

\

128 HISTOIRE

par l’autre, élastique, feuilleté, transparent,

et d’une nature cartilagineuse. L/extrémité ronde est située en dehors, et le plus sou- vent attachée à l'intestin, sans offrir aucune ouverture; la pointe donne dans lestomac

et se divise en trois lobes. Poli croît que

ces lobes servent à boucher les pores qui fournissent la bile, afin d’en augmenter ou d’en diminuer la sorte. |

. L'ensemble de lorganisation dont nous venons de présenter le tableau, se retrouve dans la plus grande partie des animaux de l’ordre des acéphales, mais 1l subit de nom-

breuses modifications en raison des genres et des espèces, ce que nous aurons soin

d'indiquer à chaque article particulier.

On peut former parmi les acéphales ; ainsi que parnn les gastéropodes , deux sec- tions bien disliuctes : la première composée

de ceux dort le corps est entièrement nu; la seconde de ceux qui sont renfermés dans :

une coquille calcaire solide. Les nuances intermédiaires que nous avons fait observer dans l’ordre précédent, comme formant le passage des gastéropodes nus aux testacés, n'existent point dans celui-ci; on ne connoît point encore d’acéphale renfermant inté-

rieurement aucune pièce osseuse, qui puisse avoir

DES ACÉPHALES. 42 avoir l'apparence d’une coquille. Leur têt calcaire est toujours extérieur ,; de la même forme que le corps, et enveloppe en tota- lié. La première section, celle des espèces tout à fait nues, est la moins nombreuse.

1 La coquille, dans les acéphales, comme dans tous les mollusques conchylifères , est née avec l'animal ; elle s’accroît par la juxta- dosition des molécules calcaires que four- nissent tous les points du pourtour du man= eau ; cette partie remplit à cet égard la même fonction que le collier des gastéro- podes, et de la même manière ; toutes les particularités dans lesquelles nous sonimes entrés sur le mode d’accroissement des co- quilles spirivalves, sur la formation des aspérités, épines, feuilles, sillons, qui gar- missent leur surface, sur celle des couleurs Variées et des dessins plus ou moins régu- liers qui les embellissent , sont applicables. aux coquilles des acéphales; nous renver- rons , pour cet objet, au vol. IIF, pag. 259 à 269, et au vol. V, pag. go. 11 faut seu- lement observer que les acéphales ne cons- truisent jamais de têts univalves, ou d’une seule pièce; leur coquille est toujours bivalve, c'est-à-dire, composée de deux pièces baitans , appelés vaires , articulées entré

. Mol. VLome VI. 1

480 _ OLESITOUME

elles par ginglyme, et pouvant.se mouvoir sur une charnière le plus souvent garnie d'un certain nombre de dents. Il y a aussi prés de cetté charnière un ligament très- fort, trés-élastique, placé ordinairement à l'extérieur. Quelques genres , qui présentent des pièces actessoires réunies aux deux valves principales, Mais sans articulations ,.ou dont les deux valves sont renfermées dans an tube cylindrique, porlotent particulièrement au- trefois le nom de mullivalres; telles sont les pholades, fistulanes, etc. On ne les sépare plus des bivalyes, parce que leur'organisa- tion et même leur coquille sont essentiel- lement les mêmes.

Toutes les Fogtiles bivalves tiennent au corps des acéphales qui les habitent par un ou deux muscles Lrès- forts , incorporés dans leur substance, ils forment même uneim- pression très-marquée , et dont la contrac- tion sert à fermer et à contenir les battans, Les huîtres, les moules et analogues en _ontqu’un seul; la plupart des autres genres en; ont deu. O7 TA

On a observé que, lorsque cle con- traction a lieu, il faudroit attacher à chaque valve dés poids considérables pour Jes foicer à se séparer. Lorsque l'animal relâche ces muscies, le ligament élastique, placé der-

DES ACEPHALES. 191

rière la charnière, en reprenant sa position naturelle ; écarte les valves et ouvre la coquille. C’est par la même raison que, * dans le relâchement total qui suit la mort de lanimal, les bivalves sont presque tou- jours ouvertes. Ce mécanisme cependant doit être différent, et n’a jamais été par- faitement expliqué pour certains genres de bivalves dont le ligament étant intérieur n'éprouve aucune distension lorsque la coquille est fermée et ne peut par consé- quent agir de la même manière; dans les peignes, Îles myes, par exemple, et un grand nombre d’autres, il est tellernent dis- posé dans l'intérieur des valves, que sa contraclion sur lui-même serviroit plutôt à les fermer qu’à les ouvrir.

Les acéphales nus forment, ainsi que nous l’avous dit, la première section de cet oidre; la seconde renferme toutes les espèces conchylifères. Les sub - divisions établies parmi les acéphales à coquille sont fondées sur’ le manteau de l'animal ouvert ou fer- , sur la présence ou l’absence d’un pied propre à filer à ramper, sur la sépara- tion ou la réunion des tubes servant d’anus et de canal pour la respiration , sur légalité ou l'inégalité des valves entre elles. Voici

L 2

132 EL S TO TRE

Je tableau des coupes méthodiques des acé- phales, formées d’après ces diverses consi- dérations et disposées dans l’ordre qui jus- qu’à présent paroît le plus naturel.

nus; à manteau membraneux ou coriace.

Sans pieds, ni tubes ; inéquivalves.

_ Un pied propre à filer, 2 point de tubes; équi- < valves.

us Mantesu ouvert k ; p2 par devant ; point/ Un pied propre à ram- de bras ciliés. per , point de tubes ; O équivalves.

Le

Un pied souvent propre à filer ; des tubes au man- | aie d teau pour l'anus et la a \ * \respiration. Manteau fermé par devant; ouvert à une ‘extrémité par laquelle passe le pied; se pro- iongeent à l’autre en un double tube.

Mauteau ouvert par devant; sans pied , ni tubes; des bras ciliés se roulant en spirale.

* Un certain nombre de genres, dont ca ne conuoit pas l’animal, se irouvent rangés provisoirement dans ces divisions, d’après Fanalogie qu'offrent leur coquille avec celle des genres voisins. On doit observer aussi qu'il y a dans la dernière division plusieurs genres, tels que les anatifes, les balanes, munis de longs bras cornés, articulés et Fangés par paires, qui n'appartiennent peut-

DES ACEPHALES. 133 être pas à l’ordre des acéphales, et qui sem- blent se rapprocher davantage des crustacés, sur-tout des monocles. |

La conformation extérieure et l’organi- sation interne des acéphales ne peuvent pas ‘encore servir pour établir les caractères distinctifs des genres, parce qu’elles ne sont pas toujours suffisamment connues; on est obligé de les tirer principalement de l’exa- men de la charnière et du ligament qui l'accompagne. Ces parties remplissent à la vénlté une fonction tellement importante dans’ l’économie de ces animaux, qu'elles fournissent des rapprochemens trés-naturels et qu'elles réunissent presque toujours les acéphales qui ont entre eux le plus grand nombre: de rapports; on en peut juger déjà par quelques genres dont lanatomie a pu être étudiée et comparée sur plusieurs es- pèces. Mais comme les parties de la char- nière sont peu nombreuses et peu variées, elles ne présentent qu’an petit nombre de combinaisons différentes, ce qui rend très- difficile la formation et la distinction des groupes génériques; aussi cette belle partie de la conchylholosgie est-elle la moins avancée, et celle dont la classification offre le plus d'incertitude et d’obscurité.

15

254 HISTOMTRE

Les coquilles bivalves ont des formes diversifiées , aussi agréables, et sont ornées de couieurs aussi brillantes, et aussi régu- lièrement disposées que dans les univalves ; elles contribuent autant que ces dernières à enrichir nos collections. On emploie des moyens semblables à ceux qui sont indi- qués vol. V , pag. 93, pour dépouiller ces coquilles de la croûte grossière ou du drap marin, dont elles sont souvent revêtues en sortant de la mer, et pour découvrir les diverses nuances ou la nacre éclatante de leur surface. Ces moyens doivent être em- ployés de même avec de grands niénage- mens; s'ils leur découvrent de nouvelles beautés, et leur donnent plus d’attraits pour les veux, ils altèrent en même tems et effacent souvent entièrement les caractères naturels, les seuls qui puissent les faire reconnoître par les observateurs. 11 faut sur- tout avoir l'attention particulière de ne port altérer les dents de la charnière, ni le liga- ment placé ordmairement derrière elle et à l’extérieur , parce que ces parlies, comme nous venons de le dire, fournissent les ca- ractères distinctifs les plus solides. On ne

doit point , pour extraire l'animal, plonger

ces coquilles dans l’eau chaude , ce qui dur-

DÉS SAES

DES ACÉPHALES. 135 croit le ligament. et le rendrait cassant ; il faut les exposer au soleil: jusqu’à ce JuisbeR ouvrentleurs valves deiles-mêimes , et qu’on puisse alors. enlever l’animal.

L'ordre des acéphales me présente espèce terrestre; elles sont toutes aquatiques et se trouveut répandues en très-grand nom- bre dans les eaux douces et dans:les eaux salées; la mer renferme toutes les espèces nues, et. la plus grande partie des espèces à coquilles, soit à de grandes distances de ses côles,,soit sur ses rivages; les unes sont altachées sur les rochers par leur byssus par agelutination , lesautres s'enfoncent dans les. sables et dans les fonds vaseux. Quelques espèces ont l’étonnante faculté de dissoudre les roches calcaires, et d’y former des ca- vilés profondes dans lesquelles elles établis- seut leurs demeures; nous prouverons, à l’article des pétricoles et autres genres voi- sins, qu'elles ne peuvent y parvenir par un moyen mécanique, conrme celui d’un mou vement de rotation dans leurs valves, arnsi que plusieurs auteurs Pont supposé. La na- ture de ces diverses habitations indique les différens moyeus qu'il faut employer pour les recueillir. Celies qui sont entièrement cachées dans le sable sont faciles à décou-

Fa.

156: GTS AO TR EE? vrir par les bulles d'air ou les jets d’eau’ qu’elles font sortir au dehors. On pêche celles’ qui sont en pleine mer, soit en plongeant, soit par le moyen de la drague. Lies eaux: douces de tous les pays ne contiennent qu'un petit nombre de bivalves , peu diversifiées dans leurs formes et dans leurs couleurs. Au commencement de l'hyver, elles s’en- foncent assez profondément dans la vase } et y restent engourdies jusqu’au printems:! La nourriture des acéphales est, ainsi que: nous l'avons dit, composée de débris de végétaux d’autres molécules nutritives qu'ils ne peuvent saisir avec leur bouche, mais que le fluide dans lequel ils nagent leur apporte, soit en s'introduisant directe- ment dans ies feuillets du manteau lorsqu'il est ouvert, soit en pénétrant par le tube qui termine l’exirémité de leur corps. Les petits feuillets qui accompagnent la bouche, : en s’agitant continueliement, forcent l’eau ou les corps qu’elle contient à passer dans l'estomac. : Le nombre des acéphales marins et flu- viatiles est au moins aussi considérable en espèces et en individus que celui des gasté- ropodes. Il y en a plusieurs qui fournissent aux hommes une nourriture très- saine et

DES ACEPHALES. 157 très-agréable , d'autant plus précieuse qu’elle est sur certains rivages extrêmement abon- dante. On sait l'énorme consommation d'huîtres et de moules que font presque tous: les peuples, et les soins particuliers qu’on donne à leur conservation et à leur multi- phcation dans différentes parties de l’Europe, elles forment même souvent une branche de commerce très-étendue. Nous entrerons dans queiques détails à ce sujet, en traitant de ces genres en particulier. Plusieurs espèces de cames et de bucardes sont aussi comes- tibles, mais moins délicates. On récolte rarement les coquilles fluviatiles pour Île même objet; elles ne sont supportables que lorsqu'elles vivent dans les eaux courantes. Le luxe s'empare de la nacre de plusieurs grandes espèces de bivalves, souvent très- épaisses, pour en faire des ornemens et des garnitures de meubles et de bijoux. Les perles, si précieuses et si recherchées qu’elles le disputent aux diamans dans la parure de presque tous les peuples, ne sont que des protubérances nacrées et accidentelles, souvent adhérentes et quelquefois libres, qu'on rencontre dans l’intérieur de plusieurs bivalves marines et fluviatiles ; les plus es- timées se trouvent particulièrement dans une

158 HISTOIRE M

grande espèce du genre avicule qui habite! la mer des grandes Indes; nous rapporterons à cet article ce que les voyageurs les plus récens nous ont appris sur la pêche et sur le commerce de cette coquille intéressante. On recueille en Italie et en Sicile le byssus long et soyeux des jambonneaux, coquillage qui habite sur les rochers de la Méditerranée, ét on en fabrique des bas, des gants, dont: le üssu très-fin et très-souple est extrême- ment chaud; cette substance, soit seule, soit mêlée à de la laine superfine, a été employée dernièrement en France pour faire des draps de la plus grande beauté et d’une excellente qualité; si la récolte én étoit abondante, il n’est pas douteux qu’on ne puisse en tirer un grand parti dans la fabrication des étoffes. Plusieurs eoquilles de cet ordre ont aussi ua intérêt historique en rappelant Postra- cisme des anciens athéniens ; c’éloit sur des valves séparées et enduites de cire, qu’on inscrivoit le nom de celui dont on proposoié Pexil. Le nom d’'ostracisme vient d’un mot srec qui signifie une coquilie à deux valves: On trouve parmi les acéphales plusieurs es- pèces très-nuisibies , principalement dans ke genre laret ; ces animaux s'introduisent dans l'intérieur de tous les bois de construction

DES ACEPHALES. 139

baignés par les eaux de la mer pour y creuser leur habitation : souvent ils se réunissent en si grand nombre que des digues entières, des quilles même de vaisseaux sont détruites en peu de lems; on ne connoît pas encore de moyens certains pour s’opposer à leurs ravages. _ Les banos fossiles de tous les pays et ‘de toutes les époques, renferment autant d’an- ciennes dépouilles de bivalves que d’uni- waives ; elles sont répandués par-tout avec la même abondance, soit dans les plaines, soit à des hauteurs considérables, ou à une grande profondeur dans le sein de la terre. Les circonstances qui les accompagnent sont aussi compliquées, et présentent égalerient un grand nombre de problèmes très-diffi- ciles à résoudre, Voyez à ce sujet vol. vi pag. 102.

Nous exposerons ici, par ordre alphabé- tique, la nomenclature des termes particu- liers employés dans la déscription des co- quilles bivalves, ainsi que nous l'avons fait vol. V, pag. 105, pour les coquilles uni- valves ; en renvoyant à cet article pour Îles termes généraux de conchyliologie qui sont applicables aux unes et aux autres.

140 HISTOIRE

Base. Linnæus a appliqué ce nom à la région des natèces ou sommets, parce que c’est sur cette partie qu'il pose la coquille pour en faire la description.

BoRDSs DE LA COQUILLE. Ce mot signifie, en adoptant la’ position dont nous venons de parler au mot base, la circonférence totale de la coquille parallèle au bord des valves. On la divise en .

bord antérieur, qui commence en avant des sommets, du côté du ligament, et se prolonge jusqu’au tiers de la circonférence totale. : | |

bord postérieur, qui s'étend depuis les sommets des valves, du côté opposé au ligament, jusqu’au tiers postérieur de leur ciconférence totale.

bord supérieur, qui comprend le tiers supérieur de la circonférence totale; cette partie répond au bord des valves, exacte- ment opposé aux sommets. H

On doit aussi diviser les bords de la co- quille en extérieur et iniérieur, soit qu'on les considère en dedans ou en dehors des valves.

Cazvosrré. Espèce de charnière composée de deux protubérances linéaires, 'saillantes ,

DES ACEPHALES. 142

qui . sont renfermées dans Ja cavité des valves.

Caviré. On entend par ce mot Fintérieur concave de chaque valve.

_ CHARNIÈRE. C’est cette partie épaisse et solide de la circonférence des valves, qui constitue leur base, et qui est ordinairement garnie dans l'intérieur de dents et de fos- settes correspondantes de formes différentes, servant à fixer les valves l’une contre Pautre:; c’est sur la charnière que les valves se meu- vent lorsque la coquille s'ouvre. La char- nière esf :

déprimée, lorsqu'elle est formée par une dent très-aplatie et lrès-obtuse, qui se prolonge vers le bord supérieur des valves.

échancrée, quand elle présente une fente près du sommet.

édentée , lorsqu'elle est entièrement dépourvue de dents.

longitudinale, lorsqu'elle occupe toute la base de la coquille; ses dents sont alors ordinairement rangées sur une ligne droite.

latérale, lorsqu'elle est placée sur un des côtés de la coquille. |

-— repliée, quand ses bords extérieurs

142 HISTOIRE sont recourbés en dehors, vers la convexité des valves, comine dans les pholades.

terminale, lorsque, dans une coquille oblonzue, elle est placée vers une des ex- trénutés. |

tronguée, lorsqu'une des extrémités de la coquille finit tout à coup près de la charnière, et qu'il y a quelques dents pla- cées dans cette partie.

Coquicee. Ce mot signifie, dans la des- cription des bivalves, la réunion des deux valves qui les composent , ainsi que celle des pièces accessoires qui accompagnent les multivalves. Dans ses descriptions, Linnæus considère la coquille des bivalves posée sur les natèces ou sdmmets, le ligament tourné vers l’observateur. Draparnaud au contraire la place sur le tranchant des valves, le liga- ment en avant, comme lorsque l'animal marche. La coquille est :

adhérente , lorsqu'elle est fixée par une de ses valves, sur queique corps solide.

auriculée, lorsqu'elle présente sur les côtés des sominets deux prolongemens comn- primés. |

büillante, lorsque les valves ne fer- ment pas exactement sur tous les points de leur circonférence.

DES ACEPHALES. 145

barbue, quand elle est couverte ex- térieurement par un épiderme garni de poils roides.

bivalve, lorsqu'elle n’est composée que de deux pièces ou valves articulées entre elles. ,

comprimée, lorsqne les valves n’ont pas une convexité considérable.

cordée, lorsqau’elle offre la forme d’un cœur, en la regardant du côté du ligament.

édentée, lorsqu'elle ne préseute aucune dent à sa charnière. Ce mot s'applique plus parliculièrement à celle dont les bords de chaque valve sont entiers et dépourvus de denis.

équilatérale, quand la moitié antérieure est égale par sa forme el sa figure à la moitié poslérieure.

équivalve, quand les deux valves sont parfaitement semblables par leur taille, leur forme et leur concavité.

globuleuse, lorsque les deux valves sont tellement concaves et arrondies, qu’é- tant réunies elles se rapprochent de la forine d’une boule. HY1

inéquilatérale , lorsque les deux moitiés antérieures et postérieures différent entre elles de forme et de grandeur.

J

144 ET LL SE TIOTIRE

inéquivalve, lorsque les deux valvés sont inépales entre elles ae leur taille et par leur figure.

irrégulière, quand la forme dés valves est si peu constante, que les individus de la même espèce en présentent une différente, et qu'il est impossible d'en trouver deux parfaitement semblables. Les coquilles adhé- rentes sont en général irrégulières, telles que les huîtres, les spondyies, les cames, les gryphées , etc.

lenticulaire, lorsque les valves sont rondes, peu élevées, et qu’elles diminuent insensiblement vers les bords.

linéaire, lorsqu'une des deux dimen- sions, soit la lonçsueur ou la largeur, sur- passe plusieurs fois l’autre, et que les valves sont très-étroites dans un sens quelconque.

linguiforme , lorsqu'elle est oblongue, aplatie, et que ses deux extrémités sont _ obtuses et arrondies. |

longitudinale , lorsque la longueur, c'est-à-dire, la distance depuis le sommet des valves jusqu'au milieu du bord supé- rieur, surpasse la largeur.

mullivalve, lorsqu'elle est composée de plus de deux pièces ou valves, les unes

| articulées, :

DES ACÉPHALES. 145 articulées, les autres accesson:'es simplement réumes par des ligamens.

naviculaire, lorsque la forme que pré- sentent les deux valves réunies approche de celle d’un bateau. Cette figure se trouve particulièrement dans le genre arche.

orbiculaire , quand les deux valves sont rondes, un peu aplaties, et sans dimi- nution bien sensible depuis leur centre jus- qu'à leur bord.

pectinée, lorsque Îles valves ont sur le bord postérieur des stries ou sillons coupés à angles aigus par d’autres stries ou silions situés sur le bord antérieur dans une direc- tion différente. Plusieursespèces de bucardes, vénus, tellines, présentent ce caracière.

pliée, lorsque le bord antérieur des valves présente un pli rentrant sur une d'elles, et saillant sur l’autre. Ce caractère est propre au geure telline.

radiée, quand la surface des valves est garnie extérieurement de rayons qui vont des sommets à la circonférence.

régulière, quand la forme des valves est constante, et que tous les individus d’une même espèce se ressemblent dans toutes leurs parties.

Moll, Toue VI. KR

146 HISTOIRE

rostrée, lorsqu'un des côtés, soit an- térieur, soit postérieur, se rétrécit et se ter- _ mine en forme de bec alongé.

ronde, lorsqu’elie est orbiculaire dans son pourtour, sans égard à la convexité des valves. Il ne faut pas confondre la coquille ronde avec la coquille globuleuse. Voyez ce mot.

rustiquée, lorsque les côtes longitudi-

nales sont coupées transversalement par d’autres côtes formées par les accroissemens successifs, de manière qu’elle paroisse com posée de plusieurs coquilles enchâssées les unes dans les autres, qui dimiauent gra- duellement depuis les bords jusqu'aux som mets. |

transversale, lorsque la largeur des valves surpasse leur longueur. |

tronguée, lorsqu’elle offre sur quelque point de sa circonférence un aplatissement remarquable, comme si celle partie eût été retranchée. *

tubuleuse, quaud les valves sont en- fermées dans un tube cylindrique, comme dans les genres fistulane et taret.

Corscer. C’est la partie du bord anté- rieur qui, dans quelques bivalves, est séparée

DÉS ACEPHALES. 149

du disque par une carêne saillante, ou par une ligne enfoncée. Le corselét est très- étendu sur plusieurs espèces de vénus.

Denys. On appelle ainsi les protubérances solides, ordinairement pointues, qui com- posent l'intérieur de la charnière des bivalves, et qui sont destinées à arrêter d’une manière fixe les valves l’une sur l’autre. Elles sont:

alternes, quand elles sont rangées sur deux lignes parallèles, et que celles d’une valve entrent dans les intervalles de celles de l’autre. Linnæus émployoit particulière- ment ce mot pour désigner l’articulation en croix des deux dents du milieu de la char- nière des bucardes.

antérieures, quand elles sont rappro- chées de la suture. |

articulées, lorsqu'elles sont reçues sus la vavle opposée dans des cavités propor- tionnées elles pénètrent. Les dents de la charnière des myes, des soleus, ne sont pas articulées ; ce que Linnæus a désigné pour les myes , par le mot dens vacuus, scu non inserius. |

bifides, quand elles sont fendues ou fourchues à leur extrémité.

cardinales, quand elles sont placées

K 2

148 HISTOIRE

AA Vis à - VIS da pointe des sommets. | Ro

composées, lorsqu? Mes Fe formées de la réunion de plusieurs petites dents.

comprimées, lorsqu'elles sont aplaties ; elles se courbent alors ordinairement dans

l'intérieur des valves, cotuine dans . genre des yes:

droites, lorsque à s'élèvent perpen- Autitement sur ja partie qui forme la charnière.

engrénées, lorsqu'étant nombreuses, elles entrent doué UE dans les in- terstices de celles de la valve opposée. Cette disposition est celle des arches, péloncles,

cucullées, etc., etc. Il faut bien la distin- suer des dents opposées, particulières au genre perne. Voyez opposées.

longitudinales, lorsqu'elles s'étendent en longueur sur les bords de la charnière.

opposées, lorsqu'elles n’entrent pas les unes à côté des autres, et qu’elles sont sim- piement rapprochées par leur sommet. Cette disposition est le contraire de celle que pré- sentent les dents engrenées; elle se trouve principalement dans les 1: du genre perne. _ pliées , lorsqu'elles sont minces, ét

RAT.

TRS EE rs

DES ACEPITALES. 14 pliées de manière à former un angle aisu, en laissant une fossette entré les deux branches. Cette sorte de dent à laquelle Linnæus a donné le nom de complicatus, forme le caractère essentiel du genre mactre:

postérieures, Hors elles sont voisines de la lunule, 2

. Disque. C’est la partie qui occupe le milieu de la convexité des valves.

EcAILLES. Ce sont des lames minces, saillantes, qui recouvrent la surface exté- rieure de certaines bivalves. Leur forme et leur taille varient beaucoup. Elles sont:

_— canaliculées, lorsqu'elles sont creusées en gouttière sur toute leur longueur.

voütées, lorsqu'elles sont courbes, très- creuses en “A he et convexes en dessus.

tuilées, nd elles sont rangées en recouvrement les unes sur les autres, comme les tuiles d’un toit.

tubulées, quand elles CHE un tube presque ANNE par le rapprochement de leurs bords. Plusieurs espèces du genre jambonneau ont des écailles tubulées.

Ecusson. Ce mot désigne l’espace ren- fermé, près le bord antérieur des valves, dans l’intérieur du corselet, et qui en est

| K 5

150 HISTOIRE

distingué par des stries ou par une couleur

différente. Les vénus présentent en général un écusson très-remarquable. Il est:

distinct, lorsque son contour est bien

exprimé. croch, RU le bord des valves se courbe dans cet endroit vers l’intérieur. écrit, lorsque sa surface est ornée de lignes croisées, semblables à des caractères. :

Face ANTÉRIEURE. C’est la partie des bivalves se trouve placé le higament; la face HU are est celle qui est CODE du côté opposé, depuis les sommets jusqu'au tiers de la circonférence.

Fosserres. On donne ce nom aux petites cavités de la charnière qui sont destinées à recevoir les dents de la valve opposée. Il y a aussi dans certaines charnières une autre sorte de fosseite, qui ne correspond à au- cune dent et qui reste toujours vuide; elle est propre au genre des myes. Ordinairement cette fossette renferme le ligament.

IMPRESSIONS MUsSCULAIRES. Ce sont des _enfoncemens plus ou moins prononcés, qu’on

aperçoit dans l’intérieur de chaque valve et

DES ACÉPHALES a5i qui indiquent le lieu de l’attache des muscles de lPanimal.

_ LAME caARDINALE. On entend par ce mot le bord intérieur des valves, se trouvent situées les dents de la charnière ; on l'appelle aussi Ze bord cardinal.

LARGEUR DE LA COQUILLE. Elle est com- prise entre le bord antérieur et le bord pos- térieur.

Lèvres. Ce sont les bords antérieurs des valves, compris dans l’intérieur de l’écusson. Elles sont :

appuyées, lorsque s'appuyant l’une sue l'autre; elles se recouvrent en partie; plu- sieurs vénus en offrent des exemples.

LrcamenT. C’est une substance élastique ; de la nature de la corne, qui joint les deux valves près de leur base, et qui, dans presque toutes les coquilles bivalves, se trouve placée au bas de leur face antérieure. Le ligament est étendu lorsque les valves sont fermées ; lorsque. Fanimal relâche 'ses muscles inté- rieurs, c’est lui dont l'effort, en se retirant sur lui-même, oblige la coquille à s'ouvrir. Il est en général extérieur, cependant dans un certain nombre de genres il est entièremenk

K 4

152 CET TSI TE OTLER caché dans l'intérieur de la charnière. Il ÿ _a alors dans cette parlie une fossette parti- culière destinée à le contenir. | Tam8e. On entend par ce mot la circon- férence des valves en dedans des bords. LoNcUEUR DE LA coquicir. Elle doit être compiée depuis le sommet des valves jusqu’au milieu de leur bord supérieur. Lusuzs. C’est une impression plus ou moins circulaire, ordinairement enfoncée,

qui est placée près des sommets, au bas de

la face postérieure de quelques bivalves, et dont chaque valve présente la moitié. C’est HER tant sur quelques espèces du genre vénus qu’on trouve une lunule re- marquable. Elle est :

bordée, lorsqu'elle est entourée d’un bour relet saillant. ouverie, quand l’écartement du bord

postérieur de valves y fornie une ouverture

sensible. à dentée, lorsque les bords postérieurs des valves sont dentelés dans celte partie, NarTéces. On devroit, pour éviter toute équivoque, préférer ce mot à celui de

sommets, pour désigner les deux parties

sailfantes, ordinairement spirales , qui ter-

Dee es UT ue

état. D re

DES ACÉPHALES. :55 minent-la base des bivalves. Voyez som- mets. ù | |

OPrrcuLrE. On appelle de ce nom, dans les genres balane, tubicinelle et coronule, les petites valves qui ferment l'ouverture de la coquille. |

Orgrzze. Cesont des prolongemens aplatis

qui accompagnent latéralement la base de quelques bivalves, particulièrement dans le genre des peignes. Les oreilles sont:

égales, quand leur grandeur est la même sur chaque côté des valves.

échancrées , lorsqu'elles sont séparées de la circonférence des valves par une échan- crure profonde. |

épineuses, quand leur bord supérieur est garni de lames transversales, courtes et épineuses.

raccourcies , lorsqu'elles sont très-peu saillantes.

SOMMETS. On entend par ce mot deux protubérances coniques , légèrement spi- rales, ou simplement crochues, qui forment au dehors Ïa base des bivalves; cette déno- mination est impropre, puisque c’est cette partie que l’on considère comme la base de la coquille ; il vaudroit mieux lui

154% HISTOIRE subsituer celie de natèces, déjà employée

par plusieurs conchyliologistes. Les sommets: sons =, |

.— auriformes, quand leur Section} est

spirale et qu’ils se contournent extérieure-

ment sur le disque des valves, comme dans les cames. |

corniculés , quand ils sont does alon- gés et pointus.

spirales, lorsqu A4 se contournent dé- cidément en spirale; comme dans quelques cames, el dans le genre isocarde.

crochus, lorsqu'ils, sont simplement courbés et dirigés l’un vers l’autre. | _— recourbés, quand leur courbure est dirigée vers le bord postérieur de la putes $ du côté de la lunule.

SUTURE. C’est un intervalle que les valves laissent quelquefois entre ellés, à la partie

de leur circonférence qui est recouverte par Je ligament ; on ne l’aperçoit facilement que lorsque celui-ci est enlevé. La suture est:

fermée, quand les bourrelets qui l’en- tourent, sur lesquels s’insère le ligament ; sont assez épais pour “APE l’un contre l'autre. |

ouverte, quand les bourrelets . sont

ERRE TRE PC ERE

test =

DES ACÉPHALES. :à55 cartés ; c’est ce que Linnæus a exprimé par les mois rima hians ou nymphæ hiantes,

VALvESs. On donne ce nom aux pièces qui composent la coquille des bivalves et qui renferment lanimal dans leur intérieur. Elles sont égales ou imégales, équilatérales ou inéquilatérales, régulières ou irrégulières, ainsi que nous l'avons expliqué à l’article coguille ; voyez ces mois. On distingue la valve droite de la valve gauche, d’après la position qu'elles occupent relativement à la droite ou la gauche de lobservateur, en supposant la coquille placée, comme nous l'avons indiqué, sur ses sommets , le liga- ment tourné de son côté. Dans la manière de considérer les bivalves, d’après Drapar- naud, la valve droite devient la valve gauche, et réciproquement la valve gauche est celle qu'il nomme la droite. Les valves présentent différens caractères qui leur font donner les noms de :

sinueuses , lorsqu'elles sont marquées d’une dépression longitudinale qui se termine aux bords.

accessoires, ce sont de petites pièces testacées, irrégulières, qui sont attachées, sans articulation, sur différens points des

156: HISTOIRE

valves principales descoquilles qu’on appeloité autrefois mullivalves, comme dans les pho-

lades.

On appelle valve Do celle qui de borde l'autre sur un point de la circonfé-

rence ou sur sa totalité.

On désigne aussi les valves par les noms de supérieures ei d inférieures , en raison de la position qu’elles occupent dans les genres

constamment fixés par agglutination sur les corps solides.

Les accidens et les GarAe el res, tels que stries , sillons, côtes , etc., que peut offuir

la surface des valves, sont les mêmes que ceux dont nous avons indiqué les épithètes pour la surface des univalves. Voyez vol. V, + Pag- 109

Venrre. On donne ce nom à la partie la plus renflée des valves qui: se trouve ordinairement près de leur base.

DES ACEPHALES. (57 ACHPHALES NUS. RONEIN RICE. WASorviEe;: ascdia. FI LX, Fig. 1. Animal. Manieau fermé en forme de sac QU ou cylindrique, irrégulier, fixé à sa base, contenant le corps de l'animal et terminé par deux ouver-

tures inégales, dont l’une est moins élevée que l’autre.

Les ascidies, que l’on appelle aussi oztres de mer, sont des acéphales marins entiè- rement nus, c'est-à-dire, sans coquilles, dont le corps, semblable à un sac, et revêtu d’un manteau membraneux et coriace, est cons- tamment fixé par une extrémité, soit sur les rochers, les fucus ou les coquillages, . soit sur le sable même des rivages. Sa forme est tantôt cylindrique, tantôt arron- die, plus ou moins régulière et quelquefois portée sur un pédicule. L/extrémité libre est percée de deux ouvertures, à des hau- teurs différentes , dont la plus élevée , communiquant à la bouche située au fond du sac, y conduit l’eau et les alimens ; et dont la plus basse donne issue aux excrémens , et répond à lanus. Le corps est suspeudu dans l'intérieur de la première

4]

158 HISTOIRE.

enveloppe par des membranes quis’attachent

aux deux ouvertures ; il renferme un réseau vasculaire très- fin, très- régulier, qui fait l'office de branchies, et que l’eau traverse entiérement dans son trajet pour gagner la bouche. Le foie entoure l'estomac et canal intestinal ; celui-ci, apres plusieurs circon-

volutions, se termine par un rectum qui remonte4usqu’à la seconde ouverture exté-

rieure. Le cœur esl placé, prés de la bouche, vers le fond du sac, du côté opposé à la plus

basse des deux ouvertures. Le système ner-

veux est composé, comme dans tous les aniinaux de cet ordre, de deux ganglions; le premier, placé à côté de la bouche, com- munique par des filets nerveux avec le se- cond, qu'on aperçoit entre les deux ouver- tures, sur la membrane propre du “ArbLe il est même trés-apparent.

Le mode de fécondation et de génération n’a point encore élé suffisamment étudié ; Muller a découvert des ovaires sur quelques espèces, et Bohadsch a observé sur la region

moyenne du corps de l’ascidie membraneuse

huit jeunes individus d’un accroissement différent , encore attachés à la mère par leur base et ne faisant qu’un seul corps avec elle; il y en avoit encore d’autres beaucoup plus

S

RER PU dd

(

DES ACÉPHALES. 159 petits Qui commençoient à former une saillie sur les tégumens extérieurs. On ne sait si ce moyen de reproduction a lieu par la séparation d’une partie de la substance de la mère, ainsi que nous le décrirons pour le plus grand nombre des animaux qui com- posent les classes suivantes, ou si les œufs, fécondés dans l’intérieur du corps ils éclosent peut-être, sortent au dehors en perçant les enveloppes. On pourroit supposer aussi que les ascidies jouissent , comme plu- sieurs invertébrés, de ces deux sortes de générations à la fois.

Les mœurs des ascidies sont, ainsi que leur organisation, extrèmement simples ; elles ressemblent beaucoup à celles des bi- valves adhérentes ; presque toutes les espèces sont de même groupées plusieurs ensemble, et restent attachées à la même place pen- dant toute leur vie. Quelquefois elles sont entassées les unes sur les autres en si grand nombre, qu’elles couvrent entièrement la surface des rochers sur lesquels elles ha- bitent. Elles se tiennent de préférence à une certaine élévation des rivages, au dessus des basses marées ; le seul moyen de défense dont ces animaux soient pourvus contre les

160 HISTOIRE

poissons et les oiseaux qui cherchent à en faire leur proie, consiste à lancer avec vio- lence l’eau contenue dans leur sac. Le corps a de tems en tems des mouvemens alternatifs de contraction et de dilatation pendant les- quels l’eau est absorbée par l'ouverture su- périeure, et ressort avec vitesse par celle qui est située plus bas. Lorsque l'animal est

en repos pendant la basse mer, le moindre

attouchement lui fait rejeter sur le champ toute celle qu'il tient en réserve; souvent même alors elle sort par les deux ouver-

tures à la fois. Bruguière a va lascidie-

coquillière former des jets de plus de trois pieds de haut.

On connoît déjà dans ce genre un assez grand nombre. d'espèces; quelques - unes, soit fraîches, soit séchées, fournissent aux hommes, dans certains pays, une nourriture saine et abondante.

ESPECES..

DES ACEPHALES. 161! | ES PECES.

4. AsCIDTE MAMELONNÉE; ascidia ma-

millaris.

Pallas, Spicil. Zool. fasc. 10, pag. 24, tab. :; fig. 13. Bruguière, Encyclop. 1 , pl. rxn, fig. 1. L sp

Corps irrégulier, sillonné de rides pro- fondés, et parsemé de poils ou de fils mous et flexibles ; ouvertures percées au milieu d'un Mibéréile saillant et arrondi.

Lorsqu'on la touche, les tubercules se retirent entièrement dans l’intérieur du sac. Se trouve sur les côtes d'Angleterre.

2. À. BRUNE; à. rustica. Lin.

Le reclus marin: Dicquem. Journal de physique, 1777, pag. 596, fig. 1 à 3. ATH ENS Eucyclop. 5, pl. zxu , fig. 7 et 8.

Corps cylindrique, erflé et légèrement

sinueux, à manteau ferine et coriace. Ou vertures très-rouges. À D'après Plancus, cette espèce est née nd chée comme aliment par les habitans de Rimini, et au rapport de Forskaoh!, on la mange dans le Levant crue et assaisonnée avec du vinaigre. Se trouve dans la Mé- diterranée et dans l'Océan.

IMoil, Tous NE L

16 HISTOIRE

3. À. PAPILLEUSE; à. papillosa. Tan.

Bohadsch, anim. mar. pag. 150, tab. 10, fig. 1. _ Bruguière, Encyclop. 6, pl. zxn, fig. 10. Corps hérissé de tubercules écarlates ; ou- -vertures inégales et velues. Elle habite sur les côtes de la mer Ha tique. ue À. R AV ES TGpE- Bruguière, Encyclop. 15, pl. zxim, fig. 4, 5. _ Corps ovale, lisse, marqué de stries cir- culaires ; ouvertures calleuses, GORIQUES et écarlates. Dombey a vu vendre cette espèce au Pérou, dans les marchés; les habitans lavent ces ascidies dans l’eau douce, les enfilent à un cordon de pitte et les conservent sèches pendant toute l’année. $e trouve sur les rivages du Pérou elle est très-commune.

5. À. MEMBRANEUSE; a. intestinalis. Lin.

Tethyum membranaceum. Bohadsch, Anim. mar. pag. 132, tab. 10, fig, 4. Bruguière , Encyclop. nor

Corpssubcylindrique, lisse, membraneux; ouvertures tronquées, sans couleur.

Elle ressemble beaucoup à un intestin de quadrupède. C'est sur cette espèce que

DÉS ACÉPHALEÉS. 163

Bohadsch a observé des petits encore adhé- rens aux tégumens de la mère, On ja trouve en abondance, pendant l’été, sur les rivages d'Italie, particuliérement du côté de Naples. cn

6. A. SILLONNEÉE; a. sulcata.

A. Coquebert, Bullet. Philom. an 5, 1,fig.x et 2:

Corps de couleur jaune-obscur, tuberculé; ouvertures coniques et striées.

Sur les.côtes méridionales de la France, on mange l'intérieur du corps de cette es- péce ; à T'oulon elle porte le nom de vichet ; on l’assaisonne avec un peu de vinaigre ou de jus de citron. Se trouve dans la Mé- diterranée. |

GONE CONS

Fopre; fodia. PI. LX, Fig. 2,5, 4. Animal, Manteau fixé par sa base, ouvert de part

en part; la cavité intérieure partagée en deux

tubes inégaux par un diaphragme perpendiculaire, qui contient jes organes de Ja digestion.

C’est M. Bosc qui a découvert ce nouveau genre sur les côtes de l'Amérique seplen- trionale, dans la baie de Charleston. Il offre, dans l’ensemble de son organisation et dans ses mœurs, les plus grands rapports avec les

L 2

164 : HISTOIRE ascidies; mais deux caractères importans sufhisent pour le distinguer, Pouverture lon- situdinale du sac et la position perpendicu- laire de l’estomac. |

Le corps, membraneux et assez coriace, est presque cylindrique extérieurement et arrondi au sommet ; sa surface est ridée, rougeâtre, et parsemée de points d’un rouge plus vif. Le bord des trous supérieurs, au lieu d’être saillant, rentre un peu en dedans et présente quelques dents irrégulières. Les trous de la base sont entourés d’un bourrelet que l'animal peut aplatir pour se fixer sur les corps solides. Les tubes intérieurs sont inégaux en longueur et en largeur; le plus large, qui est en même tems le plus court, est garni iniérieurement de stries et de petits tubercules qui s'étendent jusqu’au dia- phragme, on n’aperçoit plus qu’une tache longitudinale indiquant lestomac. L'autre tube est parfaitement uni dans son intérieur.

Les fodies Sata hent , comme les ascidies, sur les pierres, les morceaux de boïé, les coquillages enfoncés dans le sable du rivage; elles absorbent aussi et rejettent l’eau de la même manière, et lorsque la mer est basse , les jets d’eau qu’elles lancent au dehors décèlent les lieux qu’elles habitent.

DES ACÉPHALES. 165 M. Bosc a donné à l'espèce qu’il a décou- verte, la seule de ce genre qui soit connue jusqu’à présent, le nom de fodie rougeätre; les figures 2, 5 et 4 de la planche LX la représentent de grandeur naturelle, vue de profil, vue en dessous, et ouverte das son plus large côté.

GE N RE © V Je. MammatïrE:; mammaria. PI. LX, Fig. 5.

Animal. Corps libre, globuleux on ovale, terminé en dessus par une seule ouverture.

Ce genre, établi par Muller, renferme de très-petits acéphales gélatineux, non adhé- rens à la même place, qui se trouvent or- dinairement appliqués contre les tiges des fucus et autres plantes marines. Leur orga- nisation est assez semblable à celle des deux ‘seures précédens, mais elle est encore plus simple, puisqu'ils n’ont à leur sommet qu’une seule ouverture au lieu de deux. Au reste,on ne possède pas jusqu’à présent de description assez détaillée de ces animaux, pour savoir jusqu’à quel’ point ce rapprochement est fondé. Les mammaires habitent dans les mers du nord de l’Europe. ;

# «

L 3

166 HISTOIRE k ESPECES.

MAMMAIRE MAMELON; mammaria ma milla. ÆEncyclop. pl. zxvi, fig. 4. Bosc, Vers, tom. I, pl. iv, fig. Corps conique, ventru, blanc. Se trouve dans la mer du Nord. 2, M. VARIÉE: m. varia. Corps ovale, blanc, varié de pourpre. 5e trouve dans la mer du Nord. 3. M. cLoBULE, mm. globula. Corps globuleux , cendré. Se trouve dans la mer du Noïd.

GENRE CVIlt. Biruore; salpa. PI. LX, Fig. 6.

Animal. Corps libre, oblongs, creux, gélatineux, enveloppé par un manteau fermé par devant, et ouvert aux deux extrémités.

Ce genre, institué depuis long-tems par Forskaohl qui en fit la découveïte dans la Méditerranée, n’a été complettement connu que depuis le retour de quelqués voyageurs modernes; c’est particulièrement aux re- cherches de M. Bosc dans son voyage d’A- mérique , et de M. Péron, naturaliste attaché

DES ACÉPHALES. 467 à l'expédition des français aux terrés Aus- trales, qu’on doit une description plus taillée et plus exacte de ces singuliers mol- lusques; nous profiterons de lintéressant mémoire publié, d’après leurs ‘renseigne- mens, par M. Cuvier (1), et des notions importantes que ce grand anatomiste a pu acquérir par la dissection des animaux mêmes, déposés dans la collection nationale.

L'examen d’un assez grand nombre d’es- pèces, a confirmé l’opinion de M. Bosc, que les thalia de Brown ne différent point des véritables biphores, et qu'ils doivent être compris dans le même genre. L’orga- nisation des uns et des autres a prouvé de plus que ce groupe appartient sans aucun doute à la division des acéphales nus.

Les biphores sont revêtus d’une double enveloppe ; l’extérieure, très -épaisse dans certains endroits, sur-tout vers la partie. dorsale , d’une transparence parfaite, ét d’une nature qui tient milieu entre la gelée et le cartilage : l’intérieure, #rince, membraneuse , d’un tissu ferme , eten ap parence homozsène.

Le corps, de LE ohne gue, peu

(1) Annales du mus. 25, pag. 560.

L 4

468 2: HISTOTMRE comprimé latéralement , présente une ou= verture à chaque extrémité. L'une d'elles est fort large, coupée ‘en travers; et res semble un peu à la gueule dan animal ; elle est fermée par une véritable valvule semi-lunaire , formée par.une saillie arrondie de la lèvre supérieurez; cette valvnle ne laisse pas ressortir l’eau que l'animal en se dilatant:fait entrer dans son corps par celte ouverture. L'autre extrémité, celle par Veau. s'échappe .quand le:corps se contracte, offre un simple tuyau cylindrique, terminé par:lte large ouverture ronde; comme il n’y a point de valvule de ce côté, ül faut que lJ’aimal resserre les anneaux :muscu- laires- dont le tuyau est composé, pour em- pêcher l'eau de sy introduire lors dela dilatation. La délicatesse et la transparence de toutes les. parties. rendent très.- difficile de déterminer la fonction de chaque:ou- verture; les opinions de quelques observa- teurs sont opposées, et laissent encore. uñe grande incertitude à cet égard. M. Cuvier, dont l'habitude et:la sagacité dans ce genre de recherches doivent être d’un grand poids, pense que louverture la plus large, celle qui est munie.d’une valvule, et près de laquelle se termine l’anus, répond à la partie

DES ACEPHALES. 169

postérieure du corps, et que celle qui est cylindrique, sans valvule, ‘étant la plus voisine de la véritable bouche, doit être considérée comme la partie antérieure. S'il est permis de hasarder une conjecture après un aussi habile observatéur; ne pourroit-on pas supposer au contraire, que l'ouvérture la plus éloignée de la bouche est l’añntérieure, ou. celle par l’eau et les’ alimens s’in- troduisent, ce qui présenteroit une stracturé analogue à celle da plus grand nombre des acéphales, dans lesquels la bouche est aussi située intérieurement, et tellement loin de la première ouverture, que l’eau ne peut y parvenir qu'après avoir traversé les bran- chies et une partie du c&rps. L'anus, dans. les biphores, se trouveroit avoir aussi son issue près de cette onverlure, ce qui seroit encore conforme à ce qu'on observe dans les acéphales cet organe vient presque toujours aboutir dans le voisinage de celui par l’eau, et les alimens qu’elle contient, doivent s’introduire; l’autre ouverture ne seroit alors destinée qu’à rejeter avec vio- lence l’eau absorbée par ces animaux, &t leur fourniroit, comme nous le dirons plus bas, le seul moyen dont ils soient pourvus pour changer de place. En-attendant que

?

LL. ET

170 ‘HISTOIRE cette question soit éclaircie par les natura= listes qui ont vu ces animaux vivans, nous continuerons à considérer lorganisalion des biphores, dans la position adoptée pat M. Cuvier. pi" : La tunique intérieure forme un tuyau memibraneux , allant d’une ouvertüre à l’autre, dans lequel on ne trouve que branchie qui le traverse obliquement ; tous les autres viscères sont renfermés entre la tunique extérieure et l’intérieure. La bran-

chie n’est point composée de quatre feuillets;

comme dans les bivalves; il n’y en a qu'un seul, dont le tissu est semblable à celui qu'on observe dans ces animaux, c’est-à-

dire, qu’il est garni vers son bord supérieur;

d’une infinité de petits vaisseaux transverses tous parallèles entre eux. Le cœur, placé à gauche, près de la bouche, est mince, en forme de fuseau, et enveloppé dans un péricarde. M. Péron en a observé les pul-

sations sur des biphores vivans, et à faié

même à ce sujet un grand nombre d’ex- périences et d'observations dont il promet d'enrichir la science incessarmment; dans l'animal conservé, ces organes sont si délicats, si transparens, qu'il est impossible de dis- ünguer leur point de communication avec

DES ACEPHALES. x71 la branchie, et de suivre le reste de la marche de la circulation.

La véritable bouche se trouve dans l’in- térieur, vers l'extrémité du corps par l'eau s'échappe; elle est située à l’origine supérieure de la branchie, de manière que l’eau ne peut y arriver qu'après avoir baigné cet organe; c’est une ouverture ronde, à bords lâches et plissés, qui communique à un estomac en cul-de-sac, dirigé en sens inverse du reste du canal et logé dans lé- paisseur d’une protubérance arrondie de la tunique extérieure. On y trouve ordinaire- ment une humeur grisâtre. Le canal intes- tinal est simple; il va plus ou moins direc- tement , en raison des espèces, se terminer en un anus assez large, près de l’extrémité du corps dont l’ouverture est munie de la valvule dont nous avons parlé. Dans quel- ques espèces, l’anus s’ouvre dans l’intérieur et très-près de l’origine de la branchie, mais il est toujours dirigé du même côté. Ce canal intestinal contient des matières verdâtres et filamenteuses.

On ne possède encore aucune | donnée certaine à l'égard du système nerveux, ni de celui de la génération dans les biphores; M. Cuvier croit que les ovaires consistent

ky9 “CEA ILSIT O LR EN " dans deux corps oflongs, d’une substance: srenue, qu'on aperçoit chez quelques es- pêces, daus l’intérvaile des deux tuniques , Vers le côté ventral du corps; dans d’au- tres, cet organe se contourne en portion de cercle au-dessus de la masse des vis- cères de la. digestion. Ce :même natura- liste soupconne que plusieurs espèces pour- roient être vivipares, ayant trouvé ‘dans l'intérieur d’un grand biphore un petit in- dividu encore adhérent vers: l'extrémité antérieure de l’un des ovairés. Il cite, à l'appui de cette conjecture, une observation à peu près semblable faite par Forskaohl. Les biphores se rencontrent dans les mers de tous les pays, ordinairement à une dis- tance considérable des côtes; on ne les voit paroître à la surface que dans des tems calmes et dans les jours les plus chauds. “Be corps entier de ces animaux leur sert d'organe du mouvement; ils absorbent l’eau . perpétuellement par l'ouverture garnie d’une valvule, et la rejettent sur le champ avec violence par l’autre extrémité; la résistance que celte eau:éprouve en sortant, doit les pousser en avant , ce qui suffit pour les faire changer de place et pour les diriger. Ce jeu alternatif de dilatation et de contraction

DES ACEPHALES. 175 s'opère par le moyen de plusieurs bandes musculaires qui garnissent la tunique iaté- rieure ; on les aperçoit difficilement sur les biphores vivans, mais elles deviennent plus opaques, et elles sont plus colorées lorsque ces animaux sont conservés dans la liqueur. Leur taille et les positions diverses, très- variées, qu'elles affectent entre elles peuvent fournir de très-bons caractères spécifiques.

Le corps des biphores est d’une si grande transparence qu’on les disiingueroit souvent avec peine au milieu des eaux qu’ils ha- bitent, si leurs viscères intérieurs n’étoient pas ordinairement colorés. Quelques - uns offrent cependant une teinte générale d’un beau bleu de ciel, avec les reflets de l'iris.

Plusieurs biphores vivent solitaires, mais il y en a un grand nombre d’autres qui présentent dans leurs mœurs un fait très- extraordinaire ; ils vivent en société et réunis les uns aux autres, soit latéralement, soit dos à dos, selon les espèces, de manière à former une longue série dont les mouve- mens sont tellement réguliers et uniformes qu'on seroit tenté de la prendre pour un seul animal. Leurs corps sont mutuellement attachés par plusieurs proéminences qui

174 HISTOIRE

pénètrent jusque dans l’intérieur de la se-

conde tunique, et qui font probablement . l'office de suçoirs. Ces grandes chaînes, si

singulières, sont quelquefois composées d'un grand nombre d'individus ; on les voit se dessiner sur la surface de la mer en longues bandes blanchâtres, tantôt en ligne droite, tautôt formant des courbes ou des spirales _ plus moins compliquées; mais c’est sur- tout pendant la nuit que ce phénomène présente un spectacle vraiment remarquable, parce que ces mollusques, ainsique MM. Bosc et Péron l’ont observé, sont pourvus de la faculté de répandre alors une forte lueur phosphorique.

Les modes de réunion , extrêmement

diversifiés en raison des espèces, présen- tent un caractère invariable pour chacune d'elles ; les individus se trouvent constam- ment placés dans le même ordre , à la même distance ét à la même hauteur. La chaîne est ordinairement simple; quelquefois cependant 1} y en a deux , exactement sem-

blables, et placées l’une sur l’autre. D'après

M. Bosc, il ya quelques espèces quiprésenient dans chaque rangée les extrémités opposées de leur corps; il faut alors, pour que le mouvement général puisse avoir lieu , qu’une

DES ‘ACEPHALES. 175 parlie des individus agisse tandis que l'autre reste en repos. M. Péron croit que, quelle que soit la disposition des chaînes, elles sortent déjà toutes formées du corps de la mère et qu'elles existoient en petit dans son avaire. Il présume aussi que ces animaux se séparent à un certain âge, et qu'ils vivent alors so- hitaires. Cet infatigable naturaliste a observé de nombreuses tribus de biphores, d’espèces différentes ; 1l prépare une monographie méthodique et complette de ce genre, qui achèvera de faire connoître des animaux si extraordinaires et par leurs formes et par leurs habitudes.

ESPECES. 1. BIPHORE GÉANT; salpa maxima. Forskaohl , descrip. anim. pag. 112 , 30, tab. 35, fig. À. Bruguière, Encyclop. 1, pl. zxx1v, fig. 2. ! Corps presque quadrangulaire, oblong ; muni d'une appendice conique à chaque extrémité. | Se trouve dans la Méditerranée, tantôt solitaire, tantôl réuni par le dos à d’autres individus. 2. B. Bossu ; s. gibba. Bosc; vers, tom. IT, pag. 178, pl. xx, fig. 5.

276 ‘HISTOIRE Corps un pen tétragone, presque aussi large que long; une protubérance au dessus de lextrémite fermée par une valvule: Fautre extremité cylindrique ; le dos relevé. Cette espèce vit toujours solitaire; elle a près de six pouces de long; M. Bosc, à qui on en doit la découverte, l’a rencontrée , en pleine mer, à . hauteur des Agorès.

3. B. PINNÉ:; s. pinnata.

Forsk. desc. anim. pag. 113, 13, tab. 55, fig. B. =: Bruguière, Encyclop..-n° 2, pl. zxxiv, fige 8.

© Corps oblong, triangulaire ; le dos marqué d’une ligne jaune; deux lignes rougeûtres sur la partie inférieure: ‘:

Se trouve dans ia Méditerranée, elle vil ,en société, réunies plusieurs ensemble Lee d'un centre commun.

à B. DÉMOCRATIQUE ; s. democratica.

2 ÉOUE. descip. anim. pag. 113, 32, tab. 56, ére Bruguière , Encyclop. 3, Le LXXIV ;

Big. 9. |

Corps ovale, pre esque tétragone, ponctué et fascié de bleu ; huit piquans à l extrémité sans valvule. |

Cette espèce vit en société; les individus sont unis entre eux par les côtés du corps.

J'lle

De Seve de,

1. ASGDIE.

: 248.4, FODIE 8. MAMMAIRE, 6. BIPHORE,

Re a LICE

DES ACÉPHALES. 177

Elle est extrêéinement commune dans la Méditerranée, sur les côtes de l’île de Ma- jorque. HD B. PONCTUÉ ; 5. punctata. Forsk. descrip. anim. pag. 114, 54, tab. 55,

fig. C. Bruguière, Encyclop. 5, pl zxxv, fig-/r et°2.

Corps oblong; le dos ponctué de rouge

et terminé par un piquant ; l'extrémité sans

valvule .est alongée.

Cette espèce se trouve rarement dans la Méditerranée ; elle est plus abondante dans l'Océan, sur les côtes d'Espagne.

6. B. coNFÉDÉRÉ; s. confæderata.

Forsk. descrip. anim. pag. 115, 35, tab. 36, fig. À, Bruguière, Encyclop. 6, pl. zxxv, fig. 4,

Corps un peu létragone; le dos bossu; une épine pointue de chaque côlé.

La réunion des individus de cette espèce

a lieu, d’après Forshaohl, par les côtés du

corps sur uvre ligne horizontale, toutes les extrémités garuies d’une valvule tournées du même côté. Sur cetle ligne il y en a ordi- nairement une seconde disposée de même, mais les animaux qui la composent sont attachés par le dos à ceux de la première

Moll, Tome Vi. M

176 HISTOIRE

rangée, et présentent leur partie inférieure en dessus. Ils ne se répondent pas exacte- ment dos à dos; chaque animal est placé dans l’intervalle de deux autres, de manière à appuyer son corps sur deux à la fois.

Ces biphores habitent sur les côtes d’Espagne

et dans Archipel.

7. B. POLYCRATIQUE; s. polycratica.

Forsk. Descrip. anim. pag. 116, 40, tab. 36, fig. F. Braguière, Encyclop. 9.

Corps oblong et roide; les deux extré- mités tronquées; celle qui est garnie d’une valvule, marquée de deux petits cercles enfoncés.

Les biphores polycraliques vivent en so- ciété, et forment des cordons de plusieurs *auves de longueur que Îles vagues changent

à chaque instant dans Îeurs ondulations. Ils

s’attachent les uns aux autres par la moitié du dos, de manière à porter en même tems sur

Ja moilié inférieure de celui qu suit, et .

sur la moitié supérieure de celui qui pré- cède. Toutes les ouvertures garnies d’une vaivule sont libres et situées au dehors de

la chaine, Cette espèce a élé rencontrée.

par F'orskaoh!, près du détroit de Gibraltar.

DES ACEPHALES. 179 8. B. SOCIAL; s. socia.

Bosc. vers, tom. II, pag. 180, pl. xx, fig. x, MOUMRES

Corps garni de cinq angles obtus; la face dorsale plus large que les autres et un peu bombée ; les extrémités d’une couleur ferru- gineuse. 4

L’extrémité , ordinairement sans valvule, en présente dans cette espèce , d’après M. Bosc, trois de tailles inégales, et un tubercule jaune placé inférieurement. Elle a près d’un pouce de longueur. Ces biphores forment deux rangées très - nombreuses posées l’une sur l’autre, dont chaque in- dividu est réuni à ses voisins par le moyen de- quatre pédicules latéraux et de quaire dorsaux. Ils ont été observés par M. Bosc au milieu de l'Océan, ils ne sont pas rares. | ne

NT 2

%

180 FF LSTOTRE ACEPHALES TESTACÉES.

À Manteau ouvert par devant; point de bras ciliés.— Sans pied propre à ramper, ni tubes ; inéquivalves.

GENRE CV II AcarDez;.acardo. PI. LX;.Fis. y:

Animal. Inconnu. *; LA s. s ee & . Si Coquille. rrégulière;les deux valves aplaties, presque égales, n'ayant ni charnière ni ligament. Une impression musculaire au centre des valves.

Ce genre, adopté par Bruguière et par M. de Lamarck, n’est établi que d’après les manuscrits de Commerson, naturaliste dont on connoît l'exactitude et les lumières. Nous : ne pourrons rapporier que la description de ce célèbre voyageur, la coquille qu'il a observée n'ayant point été apportée en Europe et ne se trouvant dans aucune col- lection.

Les valves de l’acarde sont à peu prés égales entre elles, très-aplaties, plus larges que longues, et ont la forme d’un cœur, Eiles diffèrent de loutes celles des bivalves connues, en ce qu’elles ne présentent aucun vestige de charnière, ni de ligament sur

PA

DES CACOBPITA LES. 191

aucune des deux faces, et qu’elles ne sont, attachées l’une sur l’autre que par ie moyen du muscle de lanimal, dont on aperçoit l'impression au centre intérieur de chaque valve. D’après cette disposition, elles doi- vent rester parallèles lorsque l'animal ouvre sa coquille. Leur surface extérieure, blan- châtre, ridée, est quelquefois couverte de fosseltes peu profondes; quelquefois elle est raboteuse et même hérissée de petits piquans. Intérieurement , elles sont lisses et plates. L’impression musculaire centrale, peu mar- quée et presque superficielle, présente la forme d’un cœur. On remarqne une canne- lure triangulaire, assez profonde, qui règne sur toute la circonférence des valves; leur bord extérieur est ordinairement ridé et inégal. La subsiance de la coquille paroît moyenne enire la substance osseuse et la testacée.

Suivant Commerson , les acardes vivent sur les côtes du cap de Bonne-Espérance; l'espèce qu'il a décrite porte, à cause de saforme arrondie et comprimée, l’épithète de crustularius. Elle est figurée pl. CLXXIHr de l'Encyclopédie, fig. 1-3. Bruguière croit avoir vu à l’île de France une variété de cette coquiile, ou une autre espèce très-

| NES.

182 HISTOIRE voisine , dont les valves étoient presque

carrées ; elle venoit aussi du cap de Bonne- Espérance. L'individu qu’on trouve sous le nom d'acarte dans la riche collection de M. Sollier, ne paroît être que deux ligamens intervertébraux de quelque grandeespèce de poisson ou de cétacée, dont la réunion res- semble à une coquille bivalve. Il seroit pos- sible qu’une semblable apparence eüt trompé Commerson et Bruguière, ce qui rend fort douteuse l’existence de ce genre.

M de Lamarck a pensé que la patelle chinoise, appelée vulgairement parasol chi- nois, voyez vol. V, pag. 219, pourroit, d’après la forme BRU Ere s de son centre inférieur, n'être qu'une valve séparée de quelque espèce d’acarde ; mais plusieurs voyageurs qui l'ont observée vivante, assu- rent qu’elle n’a qu’une valve, etque, quoigne très-aplatie, elle doit être regardée comme une véritable patelle.

Les singulières bivalves fossiles, décrites par M. Picot de la Peyrouse sous le nom d'ostracites, et que Bruguière a réunies au _ genre acarde, mais seulement dans les plan- ches de l'Encyclopédie, ne doivent point en faire partie; elles forment le nouveau genre radiolite institué par M. de Lamarck.

: DES ACEPHALES. 183 GENRE CIXe. Raniozire; radiolites. PI. LX Fig. 8.

Animal. Inconnu. -

Coquille. Jrrégulière, inéquivalve, striée ou écailleuse à l’extérieur. Valve inférieure tarbinée ; la supé- rieure convexe ou conique. Point de charnière ni de ligament.

Les anciens oryctographes confondoient les radiolites parmi les huîtres, sous le nom . général d’ostracites ; elles ont été aussi par- ticulièrement décrites sous le mème nom par M. Picot de la Peyrouse (1). C’est M. de Lamarck qui en a formé un genre parti- culier et qui a fait connoître ses caractères dstincifs; la forme:de ces coquilles rappelle celle de deux cônes irréguliers, opposés base à base; la valve supérieure est plus ou moins surbaissée, selon les espèces ; l'in- férieure est toujours plus alongée et quet- quefois un peu turbinée. Leur surface est extérieurement striée ou rugtieuse; quel- quefois elle semble composée d'écailles ou de larges feuillets apphiaués les uns sur les

(1) Voyez sa description d’orthoccratites et autres fossiles des Pyrénées, tab. 12 et 15.

M 4

F

184 HISTOLRE autres. On n’aperçoit point de charnière, ni de traces de ligament sur aucune partie de leur circonférence ; cette ressemblance avec les acardes avoit déterminé Bruguiére à les réunir en un seul genre, et à les faire figurer ensemble planche cLxx1r de l'En- cyclopédie, fig. 1 à 6 ; mais la forme gé- nérale des valves présente des différences trop frappantes pour ne pas les séparer. Les radiolites sont toujours dans l'état fossile, et ne se trouvent que dans les couches d’ancienne formation; leur têt, comme celui des gryphées, des hippurites, etautresquiordinairement lesaccompagnent, est presque toujours rempli d’une vase schis- teuse ou calcaire très- dure, qui soude les deux valves ensemble. Les montagnes de la- France en renferment un assez grand nombre, particulièrement dans les Pyré- nées. Les différentes espèces n’ont point encore été suffisamment étudiées pour qu’on puisse les décrire méthodiquement ; on les trouve figurées dans les principaux ouvrages sur les fossiles, et sur-tout dans l’intéressante Monosravhie de M. Picot de la Peyrouse dont nous ayons parlé.

DES ACEPHALES. 185 GENRE C Xe. * Cazc$ose ; calceola. PI. LX, Fig. 9.

Animal, Inconnu.

Coquille. Régulière, inéquivalve, conique, aplatie sur une face; la plus grande valve en demi- sandale , ayant à la charnière deux ou trois petites dents. La plus petite valve plane, semi-orbiculaire, en forme d’opercule.

_ On ne peut donner que très-peu de détails sur ce nouveau genre inslitué par M. de Lamarck , pour placer une coquille fossile dont la forme très-singulière ne pouvoit se rapporter à aucun des Lypes connus. Martini, le premier qui en ait fait mention, ne s’est point occupé de sa classification; Gmelin Fa ajoulée dans le Systema a à la fin des anomies, et cet exemple a été suivi par le petit nombre de naturalistes qui l'ont citée

depuis; mais ce rapprochement n’est nulle-: ment fondé, les caicéoles, autant qu’on en peut Juger jusqu’à present d’après leur forme

extérieure, ayant beaucoup plus de rapports avec les radiolites, les cames et autres genres du commencement de celte division. M. Bosc observe avec raison que ce genre paroit

faire le passage des coquilles bivalves( aux

/

16 HISTOIRE | univalves, et peut-être en effet conviendroit- il de le placer dans une position intermé- diaire qui indiquât cette transition. La petite valve ne paroît être ici qu’une sorte d’oper- cule par rapport à la grande qui est profonde, et représente une écHäille univalve non spirale.

CALCÉOLE SANDALE; calceola sandalina.

Lamarck, Anim. sans vert. pag. 139. Martini, : tom. IT, pag. 547. 4nomia sandalium, Gmel. Conchiia anomia juliacensis, Yupsch. mus.

Knorr ,'Pétrif. pag, 549, tom. IT, Suppl. tab. 206,

fig. 5, 6. Bosc. Coq. tom. Il, pag. 217, pl. var, dis. , 5: .

. Coquille solide, épaisse, conique; la grande

valve alongée en forme de poche, aplatie

d'un côté, et striée longitudinalement dans étérieur: Ja petite valve plate, striée con- cehtriquément. { \"

Ce curieux fossile est de la grosseur du spouce.— Il se trouve en Allemagne, prin- cipaiement dans le duché et aux environs de la ville de Juliers. M. F'aujas en possède dans sa belle collection plusieurs individus bien conservés, et même dont les valves se détachent. |

On ne connoit point jusqu'à présent

En

DES ACEPHALES. xrè7 d'autre calcéole parmi les fossiles, ni aucuu coquillage vivant qui puisse appartenir à ce genre.

GENR Bb, C XIE. CAME; chama. PI. LXI, Fig. 1.

Animal. Acéphale à manteau ouvert ne faisant saillir aucun tube hors de sa coquille, mais seu- lement un petit appendice musculeux en forme de hache. |

Coquille. Adhérente, inéquivalve, à sommets iné- gaux , et aycwit deux impressions musculaires dans chaque valve. Charnière composée d’une seule

dent, épaisse et oblique.

Ce genre, établi par Linnæus, a été d’a- bord considérablement réduit par Bruguiére, et ses caractières ont ensuite élé perfectionnés par M. de Laimarck. Cette réforme étoit d'autant plus nécessaire que les genres tri- dacne , cardite, isocarde et hippope, aux- quels elle a donné lieu, n’appartiénnent point à la même famille, et doivent se placer dans une autre division assez éloignée. Leurs coquilies sont équivalves, très-régulières et Hbres, landis que celles des vraies catmes sont tout à fait inégales dans leurs pièces, ‘d’une forme trés-variable, et toujours adhé- rentes; caractères qui rapprochent ces der-

188 HISTOIRE

nières des huîtres, spoudyles et autres genres analogues. Les conchyliologistes qui n’ont établi qu'un petit nombre de genre, comme d'Arsenville, ont même confondu les cames avec les huîtres ; elles ont en effet dans ia structure feuilletée, commune à toutes ces coquilles, dans les mœurs et dans l’organisa- tion des animaux qui les habitent, des traits frappans de ressemblance, mais les progrès de la science ne permetient plus des réunions génériques aussi nombreuses, el exigent que les groupes soient circonscrits par des ca- ractères plus exacts et plus précis. Il y a d'ailleurs dans les cames des différences assez remarquables pour qu'il soit toujours facile de les distinguer. Leur charnière pré- sente une forte dent, et les impressions musculaires sont au nombre de deux: ce qui les sépare suffisamment des huîtres qui n'ont qu'une fossette sillonnée à la char- nicre, et une seule impression musculaire sur chaque valve.

La coquille des cames est ordinairement orbiculaire, assez épaisse, plis ou moins bombée dans sa valve inférieure et aplatie dans la supérieure; sa surface extérieure est grossiérement ridée ou plissée par des sillons fort irréguliers, et qui se relèvent souvent

DES ACÉPHALÉS. 189 en écailles; intérieurement elle est unie. Les natèces sont assez saillantes et paroissent former un tour de spirale sur chaque valve. La charnière de la valve inférieure consiste en une grosse dent arrondie avec des stries plus ou moins sensibles, et celle de la valve supérieure en uñe cavité figurée comme celte dent qu'elle est destinée à recevoir. Entre la charnière et le talon du sommet, s'étend ün ligament roussâtre, court et étroit, qui unit les battans et paroîit peu au dehors. Ces battans sont attachés par deux musclés irès-forts, dont on voit les impressions dans lintérieur.

La situation naturelle de cette coquille est d'avoir le sommet en bas et l'extrémité opposée relevée ; dans cet état, et lorsque les valves viennent à s’entr’oûvrir (expres- sion dont il convient d'autant mieux de 5e servir, qu'effectivement les cames ne s’ou- vrent jamais que fort peu), on découvre le manteau, semblable à ‘un sac bien tendu, membraneux, fort épais, et dont le contour est relevé d'un nombre infini de petits tu- Bercules disposés sur plusieurs rangs fort serrés. Ce sac enveloppe tout le corps et ne s'étend pas jusqu'aux bords de la coquille: il est percé de trois ouvertures inégales,

190 HISTOIRE.

non tubuleuses au dehors de la coquille, dont l’une est sur le devant, et les deux autres se trouvent sur le dos de l’amimal. La plus grande de ces dernières est elliptique et fort alongée; elle donne issue aux excré- mens et à l’eau; l’autre, de moitié plus petite et ronde, sert d'entrée à l’eau et aux alimens. L'ouverture, qui est sur le devant, est une fente étroite qui s'étend du sommet jusques vers le milieu de la coquille ; elle laisse sortir l’organe, appelé improprement le pied, qui paroïit ordinairement sous la forme d’une hache ‘en demi-lune, ayant une fois moins de longueur que la coquille, ei poriant sur le devant, vers son milieu,

un petit lobe charnu. Cet appendice mus- culeux ne peut être considéré comme :

l’organe du mouvement de ces animaux, puisqu'ils, sont pendant toute leur vie, constamment fixés à la même place; peul- être remplit-1il quelque fonction relative à la généralion ? Du reste les parties inté- rieures renfermées dans le manteau sont assez semblables à celies de l’huître.

: Le corps de l'animal est blanc, et la

coquille ne présente point ordinairement de teintes très-variées ; la valve inférieure est toujours moins colorée que l’autre.

>=

DES ACEPHALES. 191 Toutes les cames habitent dans la mer, et sy tiennent à une petite profondeur, On les trouve toujours attachées aux rochers exposés aux courans, sur les madrépores et coraux qui sont eux - mêmes fixés sur ces rochers, et quelquefois aussi sur des corps mobiles tels que des bois ou d’autres co- quillages. Elles se groupent d’une maniére plus ou moins bizarre, et forment quelque- fois des masses considérables. C’est à la gène qu'elles éprouvent, eu s’accroissant dans cettesituation, qu'il faut attribuer une grande partie des irrégularités de leur contour et de leur surface. Il seroit difficile d’en trou- ver, même sur un grand nombre, deux individus parfaitement semblables. Elles sont fixées avec tant de solidité, qu’on a de la peine à les détächer sans les briser ; cepen- dant la violence des flots parvient à en arracher quelques-unes qui se trouvent ensuite jelées sur les rivages.

La manière dont les cames se reproduisent est encore inconnue; on peut conjecturer qu'étant, comme les huîtres, fixées iavaria- blement et réunies en société, elles ont le même mode de génération.

On connoît dans ce genre un assez grand nombre d'espèces, qui sont plus ou moins

102 HISTOIRE

remarquables par leur forme, leur couleur; et leur divers groupemens. Dans plusieurs pays on les mange comme les huitres.

ESPECES. 1. CAME IMBRIQUÉE; chama imbricata.

Chama gryphoides. Lin. Chama imbricata. La- marck, Syst. an. sans vertèbres, pag. 151.—Chama. Brown. Jam. tab. 40, fig.9. Chemnitz, 7, tab: 52, fig. 514, bi. Lister, Synops. tab. 212, fig. 47 et 215, fig. 5o, 51.— Favanne, pl. xx, fig. A , 135 À, 2. Concha gryphoides, Gualt. Ind. tab. 1o1, fig. D, E. Chama gryphoides. Bruguière, Encyclop. 2, Vulgairement le géteau feuilleté commun

ou d’ Amérique.

Coquille moyennement grande, un peu aplatie, très-épaisse, couverte de feuillets serrés , tuilés, plissés ou épineux, et sillonnée longitudinalement. L'intérieur des valves lisse et luisant; le bord finement et inéga- - lement strié. Couleur rose, ou jaune incarnat en dehers, blanche ou purpurine en dedans. Cette espèce, qui est la plus commune, se trouve dans tout l'océan Atlantique entre les tropiques, aux Antülles, etc. Linnæus dit qu'elle habite aussi dans la Méditerranée, sur les côtes d'Afrique. :

DES ACEPHALES. 193

2. C. FEUILLETÉE ; c. lazarus. Tan.

Ruwmph. Mus, tab. 48, fig. 5. Born. Mus. tab. 5, Hp. 12,15, 14: Chemn. 7, 1:51, fig. 5o7, 5ao. Dargenvil. pl. 20, fig. F.— Brug. Encyclop. 1. Vulgair. le gâteau feuilleté des Indes. | se

Coquille peu convexe, couverte de feuil- lets lâches , débordans les uns sur les autres, déchiquetés et relevés en forme de cornes de daim ; bords des valves légèrement plissés. =

Cette espèce est plus recherchée que la précédente avec laquelle on la confond quelquefois.

11 y en a de blanches, de jaunes et de rougeâtres.; quelques-unes sont ornées de trois rayôns de cette dernière couleur, sur un fond blanc. Se trouve dans la Médi- terranée et dans l’océan Américain, suivant Linnæus; d’après Seba et Davila, on l’ap- porte aussi des grandes Indes.

3. C. ARCINELLE; c. arcinella. Lin.

Martini, 7, tab. 156, fig. 522, B25.— Lister, Synops. tab. 555, fig. 192.— Brug. Encyc. 9. Vulgair. le marron épineux.

Coquille subcordiforme, garnie de côtes longitudinales épineuses et de sillons poin-

Moll. Tome VI. N

194 FH ISO FR E

tillés ; bords des valves crénelés et un peu

plissés. Elle est ordinairement toute blanche ;

on en connoît une variété couleur de rose.

Se trouve dans l’océan Américain.

4, C. UNICORNE ; c. unicornis.

Chama bicornis ? Lin. List. Synops. 214, fig. 49. Martini, 7, tab. 52, fig. 516 à 520. —Guait. Test. tab. 101, fig. F.— Brug. Encycl. 3.

Coquille écailleuse , ridée ou tubercu- leuse ; sommet de la valve inférieure alongé en forme de corne ; bords des valves unis. |

Cette espèce est rare dans les collections. Se trouve dans la Méditerranée, d’après Linnæus. |

Il ya parmi les fossiles plusieurs espèces de cames très-distinctes , qu’on a souvent confondues avec les gryphées. Elles sont en général indiquées dans les ouvrages des oryctographes, sous le nom de chamites et de chamotypoldithes. ;

DES ACEPHALES. 195

BUG BN RE LC X LT DiccraATe; diceras. PI. LXYZ, Fig. 0

Animal, Inconnu.

Coquille. Irrégulière, inéquivalve, adhérente ; na- tèces coniques, très-prolongées, divergentes , iné- gales, contournées en spirale irrégalière. Une dent cardinale fort grande, épaisse, concave et auricu-

laire dans la plus grande valve. Deux impressions musculaires.

Les coquilles que M. de LamarckK vient de réunir sous le nom générique de dicé- rates (1), présentent des formes extrême- ment remarquables parmi les bivalves. Les natèces des valves, au lieu d’être courtes, conniventes ou peu écartées l’une de l’autre, comme dans tous les genres connus, sont très-alongées , divergentes et se recourbent du même côté en spirales irrégulières, dont l’une tourne de droite à gauche , et l'autre de gauche à droite. Chaque valve, prise séparément , a plutôt la forme d’une co- quille spirale, irrégulière, que celle d'une moitié de bivalve. Ces deux singuliers pro-

(1) Voy. Annales du Museum, 34, p. 298. N 2

196 HISTOIRE | longemens rappellent les cornes d’un bélier, qui seroient réunies par leur base ; on en a tiré le nom du genre dicérale, qui signihe double corne. |

La charnière est composée, sur la grande valve , d’une forte dent cardinale, très- épaisse , conique - obluse, ressemblant un peu à une oreille, et sur la petite valve d’un enfoncement profond destiné à recevoir cette dent, lorsque les deux pièces de la coquille sont fermées. La parlie qui porte cette charnière est une lame épaisse qui se prolonge vers les bords dans l’une et l’autre valves , et en rétrécit beaucoup l’ouverture.

La seule coquille qui ait quelques rap- ports de forme avec la dicérate est lisocarde, chama cor , Tän., vulgairement appelée bonnet de fou ; mais elle en diffère non seulement par la structure de sa charnière ,. mais encore , parce qu'elle est régulière , équivalve et non adhérente.

On ne peut tormer que des conjectures sur l’acéphale constructeur des dicérates, la seule espèce connue dans ce en re, n'ayant encore élé rencontrée que dans l’état fos- sile ; une facetie placée au bas de la corne, près de la charnière , indique seulement que ces coquilles étoient adhérentes par une

/

DES ACEPHALES. y

de leurs valves , soit aux rochers, soit à d’autres corps marins. En ne consultant que l'analogie des enveloppes calcaires, on voit qu’elles doivent être placées parmi les bi- valves irrégalières et inéquivalves, près du genre chama, dont on connoît même une espèce , chama unicornis, Brug. qui présente aussi, mais seulement dans une de ses na- tèces, un semblable prolongement en spi- rale. Bruguière , guidé par ce point de res- semblance , rapportoit à ce genre , sous le nom de chama bicornis, la dicérate qu'il avoit eu occasion d'observer.

DicÉRATE ARIÉTINE ; diceras arietina. Lam.

Première bivalve du mont Salève. Saussure , voyage dans les Alpes, t. I, p. 190, pl. 2, fig. 1 à 4—Favanne, Conch. pl. 80, fig. 5. Chama bicornis. Bruguière, Encyclop. 8. Lamarck, Annales du Mus. tom. 6, pag. 298, pl. 55, fig. 2, A, B.

Coquille épaisse, ventrue, un peu ridée transversalement ; natèces divergentes, en. forme de cornes, contournées en LES irrégulières.

Les plus grands individus sont à peu près de la grosseur du poings. Les rides qe pré- sente la surface extérieure sont formées par la saillie des accroissemens successifs.

N 5

198 HISTOIRE

M. Deluc a découvert la dicérate dans lés

couches calcaires du mont Salève près de Genève, à environ mille pieds au. dessus du niveau du lac; elle se trouve particuliè- rement dans une carrière de pierres à chaux, située dans la gorge de Monetier. La mème couche renferme une grandé variété de co- raux et de madrépores. On rencontre aussi cet intéressant fossile dans les environs de Saint-Mihiel en Lorraine. M. Gilet-Laumont, membre du conseil des mines, en possède plusieurs exemplaires qui viennent , dit-on, de ce dernier pays; ils faisoient autrefois partie de la collection de Romé de l'Isle.

11 paroît, d’après la forme particulière de plusieurs moules iutérieurs répandus dans diverses collections , qu’on pourra par la Suite réunir à ce genre quelques autres es- pèces. M. de Lamarck en indique un venant des environs de Bordeaux, dont les natèces, en forme de cornes très-écartées, coniques, inégales , ne sont pas fortement contournées comme dans la dicérate ariétine , mais sont droites ou légèrement arquées, et qui ont leur face intérieure aplatie ou un peu con- cave. Il propose de nommer cetle espèce dicérate orthocère , lorsque, mieux connue, il sera possible de la déterminer.

sh)

DES ACEPHALES. 199

GENRE CXIIE. CorBULE ; corbula. PI. LXI, Fig. 3.

TAnimal. Inconnu. |

Coquulle. Inéquivalve , subtransverse, libre , régulière. Une dent cardinale conique, courbe ou relevée sur chaque valve. Ligament intérieur. Deux impres- sions. musculaires.

On voit, par la planche 250 de l’Encyclo- pédie , que Bruguière avoit l'intention de former le seure corbule, mais le texte qui y est relatif n’a point été publié ; c’est M. de Lamarck , qui depuis a fait connoître ces coquilles plus complettement, et qui en a établi les caractères: Avant ces deux au- teurs, personne n'avoit distingué les cor- bules , soit parce qu’elles forment un genre peu nombreux et peu appareut , soit parce que presque toutes les espèces sont dans l'état fossile, et que ces sortes de coquilles étoient autrefois beaucoup trop négligées.

C’est seulement par conjecture que nous placons cegenre dans la première division des acéphales à coquilles ; animal n'étant point encore connu, ilest impossible de déterminer sa véritable place dans l’ordre naturel ; en

N 4

api: VAT STOIREÉ .ne considérant que la forme extérieure ; on trouve dans l'inégalité des valves un rapport marqué avec quelques-uns des genres aux- quels nous l’associons; elles sont semblables, mais l’une est quelquefois d’un tiers plus grande que l’autre. Leurs natèces, inégales et fortement recourbées vers l’intérieur, sont sensiblement renflées vers le sommet , et présentent entr’elles, à la place de la lunule, un enfoncement très-marqué. La charnière, à peu près la même sur chaque valve, est composée d’une seule dent cardinale , très- saillante , aplatie , longue et arquée exté- rieurement, au bas de laquelle se trouve latéralement une fossette profonde qui reçoit la dent de la valve opposée. Ces coquilles ont toujours une de leurs extrémités plus alongée que l’autre ; plusieurs espèces sont triangulaires , mais de même inéquilatérales. H y a dans l’intérieur deux impressions musculaires , une sur chaque bout.

Les espèces de ce genre sont encore très- peu connues; on n’en possède dans les col- lections que deux ou trois dans l’état frais, et elles y sont jusqu'à présent très-rares. Toutes les autres sont fossiles ; on les trouve, pour la plupart, méêlées avec les innom- brables coquilles que renferme le dépôt de Grignon.

DES ACEPHALES. oi ESPECES.

1. CORBULE GAULOISE; corbula gallica.

Lamarck, anim. sans vert. pag. 157. Encyclop. tab. 250, fig. 5. La corbule unie. Bosc. coq. tom. IT, -pl. 8, fig. 6.

Coquille triangulaire , unie ; la valve supé- rieure , ou la plus petite , marquée de quel- ques plis peu sensibles qui partent du som- met.

Cette espèce a quelquefois jusqu’à un pouce et demi de largeur. Elle est extré- mement commune parmi les fossiles de Grignon.

2. C. STRIÉE ; €. striafa.

Lamarck, anim. sans vert. p.137.— Solen ficus. Brander, Foss. hant. 105.

Coquille alongée et striée transversalement.

Elle est toujours beaucoup plus petite que précédente. Se trouve de même abon- damment parmi les fossiles de Grignon,

22 : : HISTOIRE ne

GENRE CXI Ve.

GryYPHÉE; gryphæa. PI. LXI, Fig. 4.

mat. Inconnu. |

Coquille. Inéquivalve, libre ? , ayant la valve infé- rieure concave , terminée par un crochet saillant ‘en dessus, courbé en spirale involnte, et valve supérieure plus petite, operculaire. Charnière sans dent. Une fossette cardinale oblongue et arquée.

Une seule impression musculaire dans chaque valve.

Les oryctographes ont depuis dlong- teins signalé sous le nom de gryphites une famille de coquilles fossiles très-remarqua- bles par leur figure particulière et par leur extrême abondance dans la nature ; mais les conchyliologistes, qui n’atlachoient au- trefois d'importance qu'aux espèces vivantes, avoient négligé cette distinction, et regar- doient les gryphites comme faisant partie du genre des huîtres. Bruguière même avoit adopté celte réunion , ainsi que le prouve la planche 189 de l'Encyclopédie métho- dique , quoique Linnæus , en les plaçant parmi ses anomies , eût averti qu'il ne fal- loit pas les confondre avec les huîtres. M. de

DES ACÉPHALES. 209

Lamarck a fixé le premier les caractères précis et convenables qui distinguent ces bivalves , et en a constitué un genre parti- culier. {1 a cru devoir changer le nom de gryphite en celui de gryphée , parce que, d’après ses principes de nomenclature, la terminaison en zée indiqueroit que toutes les espèces de ce genre sont dans l’état fos- sile, et que Bruguière (1) cite, d’après le savant M. Hwass, une espèce très-rare à la vérité , etqu’on n’a point observée depuis, mais qui est sans aucun doute dans l’état frais. |

: Quoique les gryphées aient des caractères suffisans pour être isolées comme genre, elles n’en présentent pas moins, tant dans leur conformation générale que, probable- ment dans les habitudes de lacéphale qui les habite , des rapports trés-marqués avec les autres genres de cette division , et par- ticulièrement avec celui des huîtres. Les valves sont très-dissemblables en grandeur comme en figure ; la plus petite, aplatie, souvent orbiculaire, semble ne servir que de couvercle ou d’opercule à la plus grande qui est plus ou moins oblongue , très-cou-

OL À |

(x) Encycl. méthod. Vers, tom. 1, p. 567.

204 LH TSTOTRE

cave , el dont la natèce se contourne sur le côté en un crochet spiral, peu saillant. On observe ordinairement à l'extrémité de ce crochet un aplatissement remarquable qui semble à l'impression d’un corps dur sur lequel la coquille auroit été adhérente par cet endroit ; mais celte impression est si petite , relaiivement à la taille des individus qui ont pris tout leur accroissement, qu’on conçoit difficilement comment elle a pu présenter un point d'attache suffisant : peui- être les gryphées ne sont-elles fixées que dans leur jeunesse, et se détachent-elles lorsque leur poids et leur volume deviennent trop considérables. Il y a quelques espèces dans lesquelles la natèce , recourbée dans l'intérieur , n'offre point de crochet spiral au dehors , ni d’aplatissement sur aucun point de leur surface, et qui paroïssent avoir toujours été libres. |

Dans toutes les gryphées, la charnière est dégarnie de dents, et n'offre qu’une fossette oblongue et arquée qui contenoit peut-être le ligament.

Ces fossiles sont en général mêlés avec les ammonites, les bélemnites, les térébra= tules, et paroissent appartenir comme elles aux couches d’ancienne formation. Quel-

DES ACEPHALES. 205 ques naturalistes , et M. Bosc en particu- lier , ont même avancé qu'’elies ne se trou- vent que dans les schistes ; ce qui, dit:l, leur donne une antiquité supérieure à beaucoup d’ammonites et autres coquilles fossiles péla- siennes qu'on trouve ordinairement dans les mêmes cantons, mais qu'on rencontre aussi quelquefois dans les pays calcaires dont, comme on sait , la formation est postérieure aux rochesschisteuses. Cependant cette obser- vation, quoique vraie en général, est sujette à beaucoup d’exceptions. On rencontre fré- quemment el en grandnombre des gryphées dans des calcaires grossiers, dans des couches arsileuses ou marneuses , réunies à des coquillages de toutes espèces ; ces dépôts for- ment des côteaux dans plusieurs départe- mens de l’ouest de la France , et sont cer- tainement moius anciens que les roches schis- teuses. On sait aussi que les craies de Meudon en renferment , ainsi que des bélemnites et des térébratules. Il est donc encore impossible d'affirmer que ces divers fossiles, excepté

peut-être les ammonites, affectent constam-

ment aucun terrain particulier, et de déter- miner leur dégré d’ancienneté d’après la nature de leur gisement. |

Les espèces de ce genre sont jusqu’à pré-

206 ERACS TT OUR CE

sent fort obscurément décrites par les au- teurs ; M. de Lamarck, dans son Système des auimaux sans vertébres , en a cité neuf dont il ue donne que les noms, les synony- : mes, et dont il indique les meilleures figures, se réservaut de les caractériser par la suite d’une manière parliculière. Nous rappor- terons ici les plus remarquables.

ESPECES.

1. GRYPHÉE ANGULEUSE ; gryphæa argulata.

Lamarck, Syst. des anim. sans vert. pag. 598.

Nous ne pouvons qu’indiquer celte espèce; la seule de tout le genre qui ait été observée dans l’état frais; sa description n’a point encore été publiée ; on ignore même dans quelle collection elle se trouve à présent.

2. GRYPHÉE SUBORBICULAIRE ; 9. subor- biculata.

Lamarck, ibid. Knorr. Pétrif. vol. IT, part. 1, pl. 62.— Encyclop. pl. 189, fig. 5 et 4.

Coquille lisse, presque orbiculaire ; bords de la grande valve très-évasés. La valve supérieure, de moyenne gran- deur , est plus ou moins aplatie et légère-

DES ACÉPHALES. 207

ment ondulée , et ferme exactement la ca- Yité de la valve inférieure : les natèces sont pointues et tournées en spirale sur le côté ; celle de la grande valve est souvent émoussée à son extrémité par une impression peu apparente.

Cette espèce paroît être la pius commune de toutes , et c’est à elle qu'il faut princi- palement appliquer la plupart des observa- tions générales que nous avons présentées ci-dessus. On en trouve des individus qui ont jusqu'à cinq et six pouces de diamètre. On peut quelquefois les ouvrir et les nettoyer entièrement lorsqu'ils ne sont remplis que dune terre marneuse non durcie.

3. G. ARQUÉE ; g. arcuaïa.

Lamarck, Syst. des animaux sans vert. p. 306. Encycelop. pl. 189, fig. 1, 2. Krorr. Pétrific. vol. 2, p. 1, pl. 6o, f. 1, 2. Bourguet, Pétrif.

pl XV, n°. 92. Bosc. Hist. nat. Coq. pl. 11, fiat

Coquille à valve inférieure, grande et profonde , alongée , arquée, et ayant son sommet roulé en dedans ; extérieur froncé ou plissé latéralement; ouverture oblongue ; valve supérieure plus petite , presque plane , et semblable à un opercule.

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208 HISTOIRE.

Cette espèce est moins grande que la précédente , et d’une conformation toute différente ; elle ressemble à un nautile. On la trouve en Suisse, aux environs d'Avalon, et dans plusieurs autres parties de la France. AR.

Les autres coquilles rapportées à ce genre par M. de Lamarck , sous les noms de g. cymbula , g. africana , g. carinata, g. latissima , sont figurées dans l’Encyclo- pédie, Knorr et Bourguet. Il cite aussi deux autres: espèces assez petites, g. de- pressa et sg. angustata, qui ont été obser- vées dans le département de la Charente- inférieure, par M. Fleuriau de Bellevue.

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GENRE CXae HUiTReE.; ostrea. : Pl) LD, Fire 6.

Animal. Acéphale n'ayant ni tube, ni pied muscu- leux, et dont les bords du manteau sont dentés

_

ou frangés. | Coquille. Adhérente , inéquivalve, irrégulière; char- nière sans dents. Une fossette cardinale oblongue, sillonnée en travers , donnant attache au ligament. Une seule impression musculaire dans chaque

valve. Linnæus , occupé de ses immenses tra-

vaux sur la totalité des êtres la nature, n’avoit

De Sove del ,

+

CAME . 9 DICERATE, CORBULE ,

Î GRYPHEE .

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EUITRE.

SPONDYLE,,

PLICATULE.

»

DES ACEPHALES. 506 wavoit pu qu'ébaucher la conchyliologie ; il s’'étoit borné à établir dans cette partie du système un petit nombre de genres fondés sur des types bien distincts et bien conaus , auxquels il rapportoit souvent, par extension , et comme provisoirement, des espèces douteuses dont il n’avoit pu examiner suflisamment les caractères ; c’est ainsi qu'il associa aux huîtres , un des genres les plus connus et les plus tranchés parmi les bivalves, une multitude de co- quilles plus ou moins différentes par leurs formes et leurs habitudes , et qu’il trouva entr'elles une assez grande analogie, dans la seule considération de labsence des dents à la charnière ; tels étoient les peignes ; marteaux , pernes, elc., etc. Mais depuis les observalions s'étant multipliées, et la science ayant acquis des principes plus cer- tains , on a vu que ces groupes étoient trop nombreux et disparates, et que l'organisa- tion , ainsi que les mœurs des animaux, permettoient de les diviser pour en former plusieurs genres particuliers beaucoup plus naturels. Cest sur-tout aux travaux de Bruguière et de M. de Lamarck qu’on doit cette réduction pour le genre des huitres , et l'établissement de leurs vérita-

Moll. Tome VI. (@)

*

210 HISTOIRE

bles caractères bien circonscrits ; on ne comprend plus actuellement sous ce nom qu’an petit nombre des espèces du Systema naturæ , et on y a rapporté de plus plu- sieurs coquilles tant marines que fossiles qui n’ont été connues que postérieurement au travail du naturaliste suédois. Bruguière

les a fait figurer dans douze planches de

l'Encyclopédie méthodique (1) ; mais la mort n’a pas permus à cet habile conchyliologiste de publier le iexte relatif à ces figures. n’y a point de bivalves plus irrésuhères et plus sujettes à varier de forme et de taille que les huîtres. T'aniôt elles sont par- faitement arrondies, tantôt ovales tirès- alonsées ou anguleuses dans leurs contours; leurs valves , d’une épaisseur plus ou moins considérable , sont aplaties ou bombées , souvent même contournées, et leur sur- face , quelquefois unie, est ordinairement raboteuse ou noduleuse. Il est impossible de trouver deux individus entièrement

(1) Voyez Encycl. méthod. pl. 178-189. En con- suliant ces planches, il faut observer que les espèces n'® 4 et 5 de la planche 178 sont du geure vulselle de M. de Lamarck, et que toutes celles que renferme la planche 189 appartiennent à son genre gryphée.

DES ACEPHALES. 211

semblables, ce qui rend la délermination des espèces extrêmement difficile. La struc- ture du têt est composée de lames dis- tinctes , foiblement adhérentes les unes aux autrés, qui se recouvrent et se débordent, successivement , et présentent à l’extérieur des feuillets plus ou moins frangés ; ce sont ces lames dont les accroissemens sont très- inégaux , qui modifient leur forme à l'infini ; cependant en choisissant des individus qui n'aient été gênés dans leur développement par aucun obstacle, ni par aucun accident, on peut en général reconnoître des iypes assez caractérisés pour établir des distinc- tions spécifiques , réelles et constantes. Dans toutes les espèces, la valve inférieure est large , épaisse, et sa concavité est plus ou moins remarquable ; la valve supérieure, plus petite, plus mince, est ordinairement plate et quelquefois comme operculaire. I n'y a aucune dent à la charnière, mais seutement une cavité située au sommet de chaque valve, dans laquelle se loge le liga- ment. Cette partie, appelée le talon, est quelquefois très-alongée dans la valve infé- rieure ; elle doit son accroissement à des déplacemens successifs du ligament , qui se recule aïnsi que la valve supérieure dans le O 2

212 H°'ES TOITRE

développement général : observation dont on trouve un second exemple dans le genre spondyle. Ce ligament, qu'on ne voit point au dehors, mais qui n’est cependant pas tout à fait intérieur , est coriace , noïrâtre el aplati; il a de lélasticité tant qu’il con- serve sa fraîcheur , et il devient fragile en se desséchant. Parmi les diverses espèces d'huîtres, on distingue deux formes prin- cipales que M. de Lamarck a proposé de prendre pour base de deux divisions à faire dans ce genre ; les unes sont droites ou à peu près, à bords simples et unis ; telle est lhuître commune ; d’autres sont plus ou moins arquées, et ont leurs bords plissés ou crètés ; ce sont celles qu’on nomme dans les collections, huîtres plissées ou rastellum. Du reste , les couleurs des huïires n’ont rien de remarquable ; elles sont en général blanchâtres ou grisâtres , quelquefois lavées de roux.ou présentant quelques lignes irré- gulières d'une teinte plus foncée.

Ces coquillages sont toujours adhérens et se fixent dès leur naissance, non point par des byssus, comme les moules, les jam- bonneaux et autres; mais par leur têt même qui se soude sur les divers corps marins placés à leur portée. Le point d’atlache

%. DES ACÉPHALES. 213

est en général près du sommet de la valve inférieure , sous le talon. La plupart des espèces s'établissent sur les rochers et dans les fonds pierreux ; quelques -unes sem- blent s'attacher de préférence aux racines et aux branches des arbres qui garnissent les rivages, et que la marée peut atteindre. A l'embouchure de plusieurs rivières d’A- mérique et des grandes Indes, on en voit une immense quantité ainsi suspendue et agitée par les vents lorsque la mer s’est reti- rée. Les huitres se groupent fréquemment sur d’autres coquilles , sur des madrépores ; souvent même lorqu’elles manquent d’une base solide pour se fixer, elles s’entassent les unes sur les autres et forment des bancs d’une longueur et d’une épaisseur considé- rable. Quelques voyageurs ont observé , sur certaines côtes sablonneuses, de sembla- bles masses qui avoient plusieurs lieues de long , et dont l'aspect, la confusion et la sohdité pouvoient donner l’idée des bancs de pierres calcaires, coquilières , qui se trouvent dans l’intérieur de nos continens.

Les huîtres, ainsi fixées par le talon de leur valve inférieure, passent toute leur vie sans se déplacer, et sans pouvoir exé-

cuter d'autre mouvement que celui de O 3

214 ES FT OTR E

fermer et d'ouvrir leur coquille ; encore ce dernier n’exigé-t1l aucun effort , puisqu'il leur suffit de relâcher le muscle intérieur qui les unit aux deux valves , pour que élasticité du ligament les fasse s’entr’ouvrir. Dans cet état , l’eau de la mer , chargée de’ molécules nutritives, animales ou végétales, s’introduit jusqu’à la bouche, et lui apporte les alimens qu'elle ne pourroit atteindre autrement. Des facultés aussi bornées sem- blent placer ces animaux au dernier dégré de léchelle des êtres , et feroient croire qu'ils sont entièrement privés d'intelligence. On prétend cependant qu’ils n’en sont pas tout à fait dépourvus ; un fait assez curieux, observé sur les huitres du rivage , pourroit, s'il est bien constaté , en fournir la preuve. Ces huîtres, exposées à l'alternative jour- nalière des hautes et basses marées, sem- blent avoir appris qu’elles seront à sec pendant un certain tems , et conservent , dit-on, de l’eau dans leur coquille ; cette particularité les rend plus transportables à grandes distances, que les hüîtres pé- chées loin des rivages, qui manquant de cette expérience rejettent toute l’eau qu'elles contenoient. Plusieurs observateurs assurent aussi que les huîtres ont dans certains cas

DES ACEPHALES. 215

la faculté de changer de place, et que si elles se trouvent détachées par une cause quelconque , elles peuvent avancer en frap- pant l'eau avec leurs valves vivement et plu- sieurs fois de suite. I] y a quelques bivalves non adhérentes qui employent certainement un semblable moyen pour se donner une impulsion et se transporter d’un lieu dans un autre ; elle peut même être assez forte pour les faire sauter hors de l’eau.

Lorsque les valves sont entr'ouvertes , on aperçoit le manteau qui s'étend sur leurs - bords sans pouvoir saillir en dehors; c’estune membrane fort mince, divisée en deux lobes distincts dont chacun tapisse les parois inté- _rieures de chaque valve. Ces deux lobes sont ornés tout autour d’un rang de cils ou filets simples, assez longs, et distribués également. Outre cette frange , on trouve, à une petite distance et parallèlement au contour du manteau , une sorte de bourrelet sillonné et relevé de petits tubercules arrondis. Pour séparer les deux écailles, il faut rompre le fort muscle qui les attache au corps de Vanimal , et qui laisse une seule impression sur chaque valve, vers le milieu de la lon- sueur.

En écartant les lobes du manteau , on O À

216 HISTOIRE

découvre quatre feuillets membraneux ; demi- circulaires, qui sont les branchies , composées chacune d’un grand nombre de tubes très-déliés joints parallèlement les uns aux autres; elles s'étendent depuis la bouche jusques vers le tiers de la partie postérieure du corps ; tous ces tubes aboulissent à un canal commun qui eutoure les branchies postérieurement , et ce canal sert de coin- munication entre l'organe respiratoire et le cœur : ce dernier, garni de deux oreillettes, est entouré d’un péricarde contigu au grand muscle qui retient les valves. Les pulsa- tions sont très - sensibles à la vue simple ; «elles ne sont point isochrones , et il y a même des momens d'interruption totale , sur-tout lorsque l’animal est hors de son élé- ment naturel.

La bouche, siluée vers le sommet des valves, est une simple ouverture assez grande , sans dents , et entourée de quatre feuillets charnus , qui sont probablement des organes particuliers du tact. Une petite valvule dentelée , placée dans l’œsophage, fait l’office de langue , et doit servir à rete- nir les alimens : viennent ensuite , à une très - petite distance, un premier estomac, dont la surface interne est ridée irréguliè-

DES ACEPHALES. o17

rément , et un second estomac plus alongé, en forme de sac, d’où part un intestin, qui, après avoir fait une révolution autour du premier et de la masse du foie , vient se terminer par un rectum qui flotte sous le manteau à [a partie postérieure du corps. Ce rectum ne traverse pas le cœur, comme dans le plus grand nombre des acéphales. L’extrémité du corps, près de la charnière, renferme le foie qui enveloppe le premier estomac. La couleur générale du manteau est le blanc sale ; ses bords frangés sont noirâtres.

Le corps ne peut faire saillir au dehors aucune de ses parties, et n’est point muni de cet organe linguiforme servant de pied dans un grand nombre de bivalves libres; la constante immobilité des huîtres rendoit inutile ce moyen de locomotion. Toutes les coquilles. adhérentes par une de leurs valves , comme les spondyles , anomies , cames, et analogues, et non par des filets soyeux, comme les moules et les jambon- neaux , paroissent avoir dans les principaux points de leur système , une organisation semblable à celle des huîtres.

Les recherches qu’on a pu faire jusqu’à présent pour découvrir le mode de généra-

518: HISTOIRE

ion des huîtres , n’ont encore rien appris de positif. Quelques auteurs assurent qu'on - peut distinguer dans ces mollusques les mâles d'avec les femelles ; mais il est plus probable que vivant toujours séparés les uns des autres, et dans l’impuissance de se rapprocher , chaque individu réunit les deux sexes , et possède en lui seul la faculté fé- condante et le moyen de reproduire son semblable. Si lon n’admet pas cet herma- phroditisme complet, on peut croire que le concours de deux individus leur est né- cessaire pour engendrer, même quand ils posséderoient les deux organes sexuels, comme plusieurs gastéropodes qui s’accou- plent néanmoins ; 1l faut supposer alors que l’eau sert de véhicule à la semence fécon- dante , ainsi qu’on le conçoit pour un grand nombre d'animaux aquatiques. Ce qu’on sait sûrement, c’est que les huîtres jettent leur frai au commencement du printems, et que ce frai, qui s'attache à tous les corps’ environnaus , ressemble à une gelée blan- che dans laquelle on aperçoit, au moyen d’une loupe, une multitude de petites huî- tres déjà toutes formées et munies de leurs valves. filles atteignent promptement la faculté d'en reproduire d’autres, et dès le

DES ACEPHALES. 219 quatrième mois après leur naissance, elles peuvent se multiplier de nouveau.

Ces coquillages ont, indépendamment de l’homme , de beaucoup de quadrupèdes et d'oiseaux , une multitude d’ennemis qui vivent dans leur propreélément. Leurs seuls moyens de défense consistent à fermer leurs valvespour se mettre à l’abri, ou à renforcer épaisseur de leur têt pour éviter les alta- ques de plusieurs mollusques et vers marins qui cherchent à le percer. On cite à ce sujet une espèce de crabe qui a, dit-on , linstinct de jetter de petites pierres dans les valves de lhuître lorsqu’elles sont entr'ouvertes, afin de les empêcher de se refermer et d’en faire par ce moyen sa proie facilement et sans danger.

Le genre des huîtres est le plus intéres- sant de toute la classe des mollusques, parce qu'il fournit aux hommes, sur un grand nombre de côtes, uñe nourriture ex- trèmement abondante, très-saine et généra- lement recherchée ; cet aliment est d’une facile digestion , peu nourrissant, et semble plutôt exciter l’appétit que le satisfaire. Ces coquillages , encore frais, se transportent dans l’intérieur, souvent à des distances considérables ; pour satisfaire à lénorme

ap | HISTOIRE

consommation d’huîtres qu’on fait dans tous les pays, et ajouter encore à leur saveur , on est parvenu à les rassembler , à les faire multiplier dans des parcs particuliers, et à Jeur faire subir certaines préparations qui les rendent plus délicates. Cet art n’étoit pas inconnu aux anciens; on sait qu'Api- cius avoit un moyen pour les engraisser et les conserver pendant fort long-tems ; il en envoya d'Halie à Trajau, jusques dans le pays des Parihes. On trouve , dans les an- ciens auleurs, plusieurs passages qui prou- vent à quel point elles étoient estimées de leur tems , et combien on prenoit de soins pour les élever. Les huîtres d’Abydos dans le détroit des Dardanelles , celles du lac Eucrin et de la côte de Brindes , étoient les plus renommées.

De nos jours, ce sont les huiles d’An- sleterre et de Hollande qui passent pour les meilleures de l’Europe ; on en pêche aussi d'excellentes et en très-grande abon- dance sur les côtes de France, particulhèe- rement dans les départemens de l’ouest. Celles qu’on mange ordinairement à Paris viennent pour la plupart des rochers ‘de Cancale, dans le golfe de Saint-Malo et des environs. On en prend aussi beaucoup à

DES ACEPHALES. oo

l'embouchure de la Loire ; elles se débitent à Nantes, à Angers et autres villes; mais elles sont bien inférieures : la vase qui les remplit leur donne un goût désagréable. On distingue dans le commerce, relati- vement à la qualité , trois sortes d’huîtres fournies par l’espèce commune : les huïitres de drague , ainsi nommées de l’instrument avec lequel on les arrache. Ce sont des in- dividus qui vivent à une certaine distance de la côte, et qui ont pris un plus grand accroissement que celles des rivages. Ces grosses huîtres se consomment en général dans les environs, et on en fait peu de cas. On en prend beaucoup en Normandie. Les buitres communes , qui sont celles dont nous avons parlé plus haut; elles suppor- tent plus facilement le transpért , parce que , forcées de rester à sec sur les rochers de la côte, elles sont habituées , dit-on, à conserver de l’eau dans leurs valves pendant l'intervalle d’une marée à l’au're, ce que ne font pas celles qui habitent la pleine mer. Leur grandeur est médiocre ; on préfère celles qui ont été pêchées dans les fonds non vaseux et à l'embouchure des rivières : peut-être le mélange des eaux douces con- tribue-t-il à leur donner une meilleure

222 HEFS'TOLRE

qualité? Les huftres parquées ou huîtres vertes; c'est principalement à Marennes , petite ville maritime du départemert de la Cha-

rente inférieure , qu’on leur donne cette

couleur par un procédé particulier ; ces huîtres sont pêchées sur la côte voisine , et

sont jetées ensuite dans des parcs inondés,

appelés claières ; ce sont des marais ou de srands étangs que l'eau de la mer remplit dans les fortes marées. On a soin de séparer toutes celles qui adhérent les unes aux au- tres, et on les dispose de manière qu’elles ne se nuisent pas mutuellement. La stagna-

tion de ces eaux permet à un grand nombre

de plantes marines , telles que varecs , ulves, conferves , etc. d'y croître et de s'y multiplier au point de les rendre verdâtres; les huîtres séjournant dans un pareil liquide, et y trouvant une grande abondance de particules nutritives en décomposition, pren-

nent aussi à la longue une teinte verdâtre,

augmentent de volume, et acquièrent un

goût plus agréable. Elles sont dans cet état beaucoup plus recherchées et plus chères que les autres ; elles arrivent aussi plus difficilement fraîches jusqu’à Paris, soit à cause de leur délicatesse, soit à raisonvde la distance du pays on les prépare.

DES ACEPHALES.. 995

C’est sur-tout en automne et en hyver -qu’on mange les huîtres ; les réglemens dé- fendent de les pêcher au printems, lors- qu'elles frayent , époque pendant laquelle on prétend même qu'elles sont mal-saines, ainsi. que pendant les chaleurs de l'été. Les - pêcheurs sont aussi obligés de rejeter à Ja. mer celles qui n’ont pas acquis une cer- taine grandeur. }

Les oryctographes ont indiqué , sous les noms d’ostracites et de rastellites , les huîtres fossiles qu’on trouve abondamment dans tous les pays ; c’est peut-êre parmi les nom- breux monumens du séjour des mers dans lintérieur de nos continens, celui qu'on rencontre le plus fréquemment ; il y a des bancs calcaires qui en sont entièrement com- posés; et plus les observations se multiplient, plus on les examine avec soin, et plus on distingue de nouvelles espèces parmi celles qu'on confondoit autrefois. Les anciens na- turalistes étendoient même ce nom d’os- _tracite à plusieurs coquilles fossiles de genres très-différens , et qui n’ont été bien déter- _minés que dans ces derniers tems ;: tels sont les radiolites, les cames, les gryphées , les plicatules et autres , dont la forme exté-

4 ‘HISTOIRE rieure est au premier aperçu assez semblable à celle des huitres.

Ce genre ne présentant ni formes, ni cou- leurs agréables , est peu recherché dans les collections ; mais il a beaucoup d'intérêt aux yeux des vrais naturalistes , parce qu'il fournit une branche de commerce impor- tante , et qu'il est un des plus utiles aux hommes, parmi le petit nombre de ceux que renferme celte classe. Ii seroit à desirer qu'on en publiät une histoire complette et exacite, et qu'en étudiant tous les détails de leurs mœurs , sur-tout leur mode de reproduction , on perfectionnât l’art de les élever et de les faire multiplier. On devroit aussi s'occuper d'en garnir cer- taines plages qui en sont totalement dépour- vues; plusieurs faits prouvent déjà qu’on peut transporter et naturaliser ces coquil- lages sur des rivages qui n’en possédoient pas auparavant. Il ÿ a à peu près cent ans qu'un propriétaire en Angleterre en fit jeter une certaine quantité dans la rivière de Mene , il n’y en avoit aucune: elles s’y sont multipliées en si grande abondance que le fond du lit de ceite rivière, dans l’es- pace de plusieurs lieues, est actuellement

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DES ACEPHALES. 296 couvert d'excellentes huîtres , et qu’elles sont devenues une source de revenu. Le gou- vernement a imilé cet exemple sur différens points des côtes d'Angleterre.

ESPECES. 1. HUITRE COMMUNE ; ostrea edulis. Lin.

Lister, Conch. tab. 202, fig. 36 , et 203, fig. 37. Gualt. tab. 102, fig. A , B. Chemn. Conch.5, tab. 74, fig. 682.— D’Argenv. Zoomorph. pl. 5, fig. A. _ Encycl. tab. 184, £. 7, 8. Vulg. /’'huître à l’écaille.

_ Coquille d’un gris blanchâtre, à valves presque rondes , garnies de feuillets ondulés et imbriqués. Valve supérieure plate et très- entière. | FPE

C’est à celle espèce que se rapportent la description et les principaux détails que nous _avons donnés ci-dessus; elle est trop connue pour qu'il soit nécessaire d’y rien ajouter.—Se trouve sur presque toutes les côtes d'Europe et du nord de l'Afrique. Il est fort douteux que celles citées comine venant des mers des Indes , appartiennent réellement à Ja nème espèce (1).

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(1) L'animal de V’huître commune est du genre peloris de Poli; voyez son ouvrage sur les testacées des mers des Deux-Siciles, pl.30.

Mol, Tome VI. P

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226 HISTOIRE

2. HUITRE pes ARBRES ; os. parasitica:

Rumph. Muüs. p. 154, tab. 46, fig, O. Gualt. nd. tab. 102, fig. D. Chemn.t.8, pl. 74 ,fig. 687, et, tab. 116, fig. 997.— Le gasar, Adanson, Sén. p- 196, pl. 14, fig. 1.

Coquille oblongue, trigone, obtuse, mince, ondée irrégulièrement dans son contour, sarnie de lames extérieurement, polie et luisante en dedans. Valve inférieure plus épaisse et concave sur-tout vers la char- nière ; valve supérieure aplatie.

Elle acquiert jusqu’à six pouces de lon- sueur ; sa couleur est grise , quelquefois violette , bordée de blanc. C’est, d’après M. Adanson, la plus commune des huîtres

du Sénégal. Elle est aussi délicate et aussi

recherchée que les meilleures huîtres d’Eu- rope. On les trouve réunies par paquets. suspendus aux racines que la haute mer peut atteindre. Malgré le peu d’ordre qu’elles affectent dans leur position, on remarque cependant que le talon est ordinairement tourné vers le bas, situation qui est appa- remment nécessaire à l'animal pour se pro- curer plus facilement sa nourriture, Se irouve en Afrique et dans l'Inde ; ces huîtres fixent particuliérement sur les ra- cines des mangliers qui bordent l’embou-

\

DES ACEÉEPHALES. 227 chure des rivières. Il y en a abondamment dans le fleuve Lane et dans les rivières du Bissao.

3. HUITRE FEUILLE; osf. folium.

Rampbh. tab. 47, fig. A.— Petiv. Amb.\tab. 10, fig. 1. D’Argenv. pl. 19, fig. D. F. Chemn.8, tab. 71, fig. 662, 666. Vulg. la feuille.

Coquille d’un brun clair, ou violette, _ovale-oblongue , carénée en son milieu, obtusément plissée sur les côtés , avec des cannelures obliques qui partent du sillon dorsal et s'adaptent exactement d’une valve à l’autre. Se trouve aux Indes, attachée sur divers polypiers et autres corps marins.

4. Huirre DE VIRGINIE ; osé. virginica.

Lister, Conch. tab. 200, fig. 34, et tab. 201, fig. 35.— Chemn. Conch. 8, tab. 75, fig. 667, 668. Vuilgair. la pirogue.

Coquille grande , alongée, étroite, à valves presque égales, épaisses, rudes et lamelleuses. Sommet de la valve inférieure plus proéminent et plus étroit que l'autre.

Sa couleur est d’un gris- verdâtre en dehors , blanche en dedans, à l’exception de l’impression musculaire qui est brune foncée. Se trouve dans les mers du nord de l'Amérique : on prétend qu'elle vient

aussi des grandes Indes, Fe

2928 HISTOIRE

5. HUITRE TUBER CULÉE; ost. tuberculal a. Tu Ann. du Mus. vol. IV, p.357, pl. 67, fig. 1. Coquille ovale-cunéiforme ; valve infé-

rieure garnie en dessous de tubercules con-

vexes, semi-globuleux et frangés sur les bords ; le sommet se prolonge en un talon en forme de bec. Valve supérieure plus petite , presque plane, et dépourvue de

tubercules bulleux. Ars à Le sommet de la petite valve, subitement

tronqué , laisse à decouvert le talon qui

términe l’autre valve. On observe sur les deux bords laléraux de chaque valve une légère crénelure composée de quinze petites dents. Cette huître singulière a près de quatre pouces de long sur deux pouces et demi de

large. Elle a été trouvée par M. Péron, à

île de Timor, elle est adhérente aux

madrépores que les marées laissent à dé-

. couvert.

GENRE C,X Ne. SPONDYLE ; spondylus. PI. LXI, Fig. 6.

Animal, Acéphale sans pied propre à ramper. Un seul syphon abdominal. Abdomen ovale, comprimé. Manteau frangé sur ses bords. Le reste ‘comme dans les huîtres.

DES ACEPHALES. 229

Coquille. Inéquivalve, auriculée , à natèces inégales, dont l’inférieure plus avancée offre une facette plane, triangulaire, partagée par un sillon. Charnière composée de deux fortes dents crochues et d’une fossette intermédiaire qui donne attache au liga- ment. Une seule impression musculaire dans chaque valve.

Ce genre, dont les principales espèces sont connues dans les collections , sous le nom vulgaire d’Auîftres épineuses , est un des plus remarquables et des plus recherchés parini les bivalves. Linnæus , en reconnoissant ses caractères distinctifs, avoit regardé presque

toutes les espèces qui le composent comme

de simples variétés les unes des autres, et les avoit confondues sous la dénomination comœune de spordylus gæderopus. Ces, co- quilles ont en effet beaucoup de ressem- blance entr’elles , tant dans la conformation, la grandeur et l’épaissenr de. leurs valves, que dans les longues pointes dont leur sur- face est hérissée ; mais, en les comparant attentivement , on a observé depuis des dif- férences . spécifiques très -sensibles dans de nombre de leurs côtes, dans les stries qui les accompagnent, dans les foliations , les crénelures particulières qui bordent ou ter- minent les épines, et dans la constance même

P 5

1

230 HISTOIRE

des couleurs qui revélissent leurs valves: : Ces couleurs, ordinairement très-fraîches , très-brillantes , présentent une grande va- riété de teintes depuis le brun-rouge, Île rouge pur, le rose, jusqu’à l'orangé le plus vif. Une suite de ces coquilles bien choisies parmi les mieux groupées, parmi celles qui ont le mieux conservé toutes leurs . épines , offre dans les collections une réu- nion de formes aussi bizarres qu'élégantes , et le coup-d’œil le’ plus agréable.

‘Les spondyles vivent comme les huîtres, les cames, et on les trouve souvent atta- chés avec elles sur les mêmes rochers. Cette ressemblance dans les mœurs, dans la forme et lirrégularité de la coquille , indique une grande analogie dans l’organisation des ani- maux; ceux qui habitent les spondyles ont été fort long-tems incompleitement connus, quoiqu'ils se trouvent dans les mers d’Eu- rope. Poli en a publié, sous le nont d’argus, une déscription détaillée , dans son ouvrage sur les testacées ‘des mers des deux Siciles: On voit par les planches 22 et 27 de cet ouvrage , et par quelques préparalions ana- tomiques du Museum d'Hist. nat. de Paris, que cet acéphale ëst comme ceux'de cette ‘première division, dépourvu de tube sail-

DES ACEPHALES. 251

Tant au dehors, et qu’il n’a qu’un seul syphon abdominal. On remarque entre les lobes du manteau entr'ouvert une appendice charnue sémi-lunaire, assez courte, probablement peu ou point extensible au dehors, et qui ne peut tenir lieu de pied, partie qui seroit inutile d’ailleurs, d’après la nature séden- taire de l’habitation. On ignore jusqu’à pré- sent les fonctions de cet organe. Le man- teau est bordé de membranes frangées, assez apparentes, et de points verdâtres pédonculés.

Quelle que soit la ressemblance de cet acéphale avec celui des huîtres , il y a dans la présence et la nature de la charnière de sa coquille une considération assez forte pour l'isoler comme genre distinct. Elle est composée sur la valve inférieure de deux fortes’ dents crochues , s’implantant dans deux cavités de la valve supérieure ; le liga- mentse trouve logé intérieurement dans une fossetie située entre ces deux dents, et se prolonge dans une cavité qui partage la fa- cette triangulaire du talon ; ce talon termine le sommet de la valve inférieure; il salonge, comme dans les huîtres, par suite du dépla- cement progressif de la valve supérieure et à mesure que la coquille prend un plus grand accroissement.

P 4

232 HISTOIRE 4

L'animal des spondyles est bon à manger; comme celui des huîtres ; mais 1l est moins délicat et peu estimé.

M. Lamarck croit qu’on peut distinguer dans ce genre, en l'étudiant âvec attention, au mois douze espèces bien caractérisées : les amateurs reconnoissent aussi depuis long- tems ces différences, et recherchent avec soin les plus remarquables pour orner leur collection.

ESPECES.

1. SPONDYLE GAIDEROPE ; spondylus gæ- deropus. Lin.

Lister, Conch. tab. 206, fig. 40.— Gualt. Test. tab. 09, fig. F. Chemn. 7, tab. 44, fig. 459. D’Argenv. pl.20, fig. E. Encycl. tab. 190; fig. r. Vulgair. /’huître épineuse commune, ou leipied d’âne.

Coquille un peu auriculée ; ‘hérissée de grosses épines aplaties, s’élargissant vers l'extrémité et s’inclinant vers les bords. Cou- leur variée de rouge, plus ou moins jaunâtre au dehors etsur les bords de l’intérieur, dont le reste est blanc. |

Cette espèce, la plus commune du genre, vit sur les rochers de la Méditerranée et de l'océan Africain. Il faut en séparer, comme

s

DES ACEPHALES. 293 espèces, la plupart des variétés que les au- teurs y ont réunies.

2. SPONDYLE SATAL ; s. satal. Adanson, Sénég. p. 204, pl. 14, fig. 7.

Coquille très-épaisse , arrondie prèsque en boule, à surface raboteuse , maïs sans épines. Couleur rouge foncé à l'extérieur ; l'intérieur blanc avec un bord du mêine rouge. |

Cette espèce a plus d'épaisseur que la pré- cédente , et sa valve supérieure est presque aussi concave que l’inférieure; sa surface est piquée d’une mulütude de petits trous. Elle se trouve, mais rarement, sur les rochers de la côte du Sénégal elle à été observée par M. Adanson.

Il y a encore plusieurs autres espèces de spondyles , très-rares et très- remarquables, qui viennent de la mer des Indes. On en connoît aussi quelques-unes dans l'état fos- sile , entr'autres à Grignon une assez pelite qui n'a point encore été décrile.

23/4 EL ES TON E RE

GENRE CX Vie. PLicaruLe ; plicatula. PL LXI, Fig, 7.

‘Animal. Inconnu. .

Coquille. Inéquivalve , inauriculée , à natèces iné- gales sans facette. Bords des valves plissés. Char- nière composée de deux fortes dents sur chaque valve et d’une fossette intermédiaire qui reçoit le ligament. Une seule im pie musculaire en saillie dans chaque valve. |

M. de Lamarck a fondé le genre plicatule sur une petite coquille peu apparente , peu recherchée par les conchyliolosistes, et que, malgré ses caractères génériques bien dis- tincts, la plupart des auteurs avoient con- fondue avec les huîtres. Linnæus est le premier qui l'ait rangée parmi les spondyles; mais elle ne peut être associée convenable-

ment ni à l’un ni à l’autre de ces deux

genres, ayant des dents prononcées à, sa charnière, ce qui la sépare des huîtres, et ne présentant point les valves auriculées et épiueuses des spondyles, ni le talon à facette plate et alongée qui termine leur valve in- férieure. Les plicatules sont en général trian- gulaires , aplaties et médiocrement épaisses.

DES: ACEPHALES. 938%

Plusieurs plis très-profonds , qui terminent leurs bords ; ont fourni le nom générique sous lequel on les désigne à présent.

L'animal n’a point encore été observé ; la forme de sa coquille et son adhérence constante aux rochers suffisent pour lui supposer une AFsAnISANoN analogue à celle des huîtres.

PLICATULE GIBBEUSE ; p. giobosa. Lam.

Spondylus plicatus, Lin. Lister, Conch. tab. 210 , fig. 44. Petiv. Gaz. tab. 24 , fig. 12. Chem. 7, tab. 47, fig. 479-482. Gualt. tab."00 , fig. E ; et tab. 104 , fig. F. Enc. tab. 194, fig. 5. Le garin ? Adanson, Sénég. p. 200, pl.14, fig. 2. Fais la sole pétoncle ou petite sole ?

Coquille presque triangulaire , pointue vers le sommet , et relevée sur les bords de chaque valve de cinq ou six cannelures profondes qui s'emboîtent exactement l’une dans l’autre.

Elle est extérieurement d’un rouge-brun, quelquefois disposé par taches irrégulières; l'intérieur est verd - grisâtre. On pourroit douter si le garin de M. Adanson appartient réellement au genre plicatule, sa description ne parlant pas des dents remarquables de la charnière. —$Se trouve attachée aux rochers

236 HISTOIRE

sur les côtes de la Méditerranée et de l'océan Africain , dans les lieux les plus exposés aux courans et à l'effort des vagues.

M. de Laimnarck indique une autre OI. catule , sous le nom de p. depressa , et on en trouve une lroisième espèce bien carac- térisée parmi les fossiles dés environs de Mantes - sur -Seine.

GONE. 0 AR NES PLAcUNE ; placuna. PL LXIT, 15208 NS

Animal. Inconnu.

Coquille. Libre, aplatie, à valves de même gran-

deur. Charnière intérieure offrant sur une valve, : deux dents longitudinales ou côtes tranchantes, rapprochées par leur extrémité inférieure et di- vergsentes énsuite en forme de V, et sur l’antre valve, deux sillons qui correspondent aux côtes caydinales et donnent attache au ligament. Une seule impression musculaire dans chaque valve.

Linnæus trapportoit à ses anomies les co- quilles que Bruguière , et après lui M. de Eamarck, ont isolées dans un genre parti- culier, sous le nom de placune ; genreltrès- distinct et très-remarquable , non seulement par l'aspect général, mais par le caractère particulier de sa charnière, qui présente sur

DES ACEPHALES. 237

la face interne d’une des valves deux lames saillantes, alongées , réunies en forme de chevron, et sur l’autre deux cannelures correspondantes dans lesquelles s'attache un ligament de même forme. Ces coquilles diffèrent d’ailleurs essentiellement des ano- mies , en ce qu’elles ne sont point adhérentes aux rochers , et qu’elles n’ont ni trou, ni pièce operculaire sur une de leurs valves. Les placunes sont en général assez grandes, très-plates, arrondies ou un peu triangu- laires ; leurs valves irrégulières, mais égales entre elles, sont très-minces et demi-trans- parentes. On ne connoît pas l'animal; on voit seulement , par le peu d'espace que laissent entr’elles les deux valves lorsqu'elles sont fermées , que son corps devoit avoir très-peu d'épaisseur. L'’impression musculaire unique sur chacune des valves et leur struc- ture feuilletée semblent prouver que cet acé- phale doit être voisin de ceux deceétte division. Les espèces varient dans la grandeur, la force et l'angle des côtes qui composent la charnière. Linnæus n’avoit mentionné que deux placunes dans le Syst. Nat. Bruguière en a figuré six dans les planches 193 el 174 de l'Encyclopédie ; et M. de Lamarck croit qu’on peut encore en augmenter le nombre.

258 HISTOIRE ESPECES.

1. PLACUNE PLACENTA ; placuna placenta. Lam.

Anomia placenta. Lin. Lister, Conch. tab. 225, fig. 60; et tab. 226, fig. 6r. Chemn. 8, tab. 79 , fig. 716. Encycl. tab. 175, fig. 1, 2, 5. Vulg. la vitre chinoise.

Coquille blanche - grisâtre , nacrée, demi- transparente , à valves presque rondes , plates, l’une un peu plus concave que Vautre ; surface garnie de siries longitudi-

nales très-fines, croisées par des rides trans- versales. |

Cette espèce, la plus commune du genre, atteint quelquefois jusqu’à près d’un pied de diamètre. On prétend que les Chinois emploient les valves de celte coquille pour vitrer leurs fenêtres, comme on se sert dans quelques pays de lames de tale et de mica ; ils enlèvent les premiers feuillets extérieurs, ce qui leur doune plus de trans- parence. Se trou ve dans la mer des Indes.

2. PLACUKNE SELLE ; p. sella.

Anomia sella. Lin. Gualt. Test. tab. 104, fl. E;

Vulg. la selle polonaise ou la selle anglaise.

Coquille d’un violet doré châtoyant , à valves presque quadrangulaires, cambrées

DES ACÉPHALES. 239 dans leur milieu , et un peu ondulées sur lsthords. *

Les sinuosités des deux valves lui donnent la figure d’une selle, et lui ont valu le nom qu’elle porte dans les collections elle est beaucoup plus rare et plus recherchée que la précédente. On confond ordinairement avec cette placune une autre coquille éga- lement cambrée , également rare , qui, quoique voisine, a cependant des caractères

spécifiques très-distincts. Se trouve dans les mers de l'Inde.

GENRE CRT Xe ANOMIE ; anomia. PI. LXII, Fig. 2.

‘Animal. Très-voisin de celui des huîtres. Muscle 4

transversal attaché à la saillie rayonnante qui ferme le trou de la valve inférieure,

Coquille. Inéquivalve, irrégulière , operculee, adhé- rente par son opercule. Valve inférieure ayant près de sa natèce un trou ou une échancrure qui se ferme par un petit opercule osseux, fixé sur des corps étrangers et auquel s'attache le ligament.

Le genre anomie,, tel que les naturalistes l’admettent à présent , n’a plus, à beaucoup près, la même étendue que dans le Systema

19 PHISTOURE

Naturæ ; le premier travail de Linnæus à cet égard étoit tort incorrect et ne présen- toit qu’une réunion mal circonserite ek dis- parale que- lui-même regardoit probable- ment comme provisoire , et qu'il se propos soit de retoncher. Bruguière et M. de La- marck ont réformé ce groupe entiérement:; en perfectionnant et restreignant ses carac- tères , ils en ont fait sortir plusieurs genres nouveaux, lels que les placunes, cranies,

térébraiules , calcéoles et hyales. Les: vérià

tables anonnes , les seules qui conservent ce nom d'après ce travail, sont des co- quilles remarquables par un trou ou une assez large échancrure situés vers le sommet de leur valve inférieure, et par une pièce calcaire servant d’opercule à cette ouver- ture ; cette pièce, entièrement séparée du reste des valves, est le point d'attache du

muscle intérieur de lanimal, et c’est par

elle que la coquille est adhérente aux ro- chers à divers autres corps marins, à la

manière des huîtres , cames, spondyles, etc.

Sa substance est un peu différente reste du têt: elle est épaisse, dure, calleuse, voi- sine de celle des os, tandis que les valves sont minces, transparentes et fragiles. Bru- guière regardoit cette callosité operculaire

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DES ACEÉEPHALES. si et accessoire comime une troisième valve ) et rangeoit les anomies parmi les multi- valves ; mais on doit reserver le nom de valves aux pièces des bivalves qui s’articulent entr'elles et qui sont mobiles l’une sur l'autre. |

L'habitation des anomies , lirrégularité de leurs formes plus ou moins contournées ou plissées, le défaut de dents à leur char- nière, leur donnent de grands rapports avec les huîtres, et les ont fait confondre avec ce genre par quelques naturalistes, L’exa- men de l’animal dont Poli (1) a publié la description, sous le nom d’échion, confirme ce rapprochement ; le véritable caractère générique qui les sépare ne consiste même que dans la pièce operculaire de la valve inférieure qui donne aux anomies un mode particulier d’adhérence, et dans le trou échan- cré que présente cette valve lorsqu'elle en est détachée. On remarque aussi que la valve supérieure est toujours plus ou moins convexe en dessus, et que l’inférieure est ordinairement plate ou peu concave du côté de l’adhérence , ce qui ne s’observe point

(1) Voyez Histoire naturelle des testacées des Deux-Siciles , pl. 30.

Mol. Tous VI. Q

2492 ‘ES T'OER EF dans les autres bivalves de celte famille. Ces deux valves, retenues par un point fixe au fait corps avec lanimal , ne peuvent s'ouvrir entièrement : elles doivent seule- ment s’écarter un peu lorsqu'il relâche son muscle intérieur.

On mange les anomies sur plusieurs côtes de France, elles sont même aussi esti- mées que les huîtres.

ANOMIE PELURE D'OIGNON ; a. ephippiumn. Lin.

Lister, Conch. tab. 204, fig. 38. Chemn. 68, tab. 76, fig. 602 , 693. Dacosta, Conch. Brit, tab. XI, fig. 3. D'’Argenv. pl 19, fig. C. Favanne, pl. &, fig. B. Encycl. pl. 170, fig.6, 7.— Vulg. la pelure d’oignon.

Coquille grise ou roussâtre , presque orbi- culaire, à sommet obtus ; valves ridées, feuilletées , luisantes et demi-transparentes.

L'animal de cette espèce est phosphores- cent , ce qui l’a fait nommer léclair par les pêcheurs de la Rochelle. On le mange ; mais ordinairement cuit. Les ïlots ne re- jettent le plus souvent , sur le rivage, que les valves supérieures , les inférieures. de- meurant attachées’ sur les rochers les anomies sont fixées : il faut, pour les avoir entières , les détacher soi-même et avoir

DES ACEPHALES. 240 soin d'enlever la pièce operculaire qui leur sert de point d'appui. Se trouve com- munément dans la Méditerranée , et plus rarement sur les côtes de l'Océan.

Les mers du nord et la Méditerranée renferment plusieurs autres espèces d’ano- nues. Il y a parmi les fossiles de Grignon une bivalve toujours jaunâtre, mince ét fragile , qui a quelque rapport avec l’ano- mia cepa, Lin. siolacea, Bruguièr. et que M. Faujas indique comme son analogue ( voyez Essai de Géologie , tom. I, pag. 71, 4Q, mais ce rapprochement n'est point exact, la valve inférieure de cette coquille ne présentant pas le trou particulier au senre des anomies.

G'EIUN Rob ÉCUX CRANIE ; crania. PI. LXII, Fig. 3.

Animal. Inconnu.

Coquille. Résulière, composée de deux valves iné= gales, dont l’inférieure, presque plaue et subor- biculaire, est percée en sa face interne de trois trous obliques et inégaux. La supérieure, très-convexe, est munie intérieurement de deux callosités saillantes.

Les cranies, peu nombreuses en espèces, et jusqu’à présent peu connues, avolent élé Q 2

24% HES TOPRE confondues par Linnæus parmi ses anomies , avec lesquelles elles ont en effet beaucoup d’analogie ; mais les trois trous, au lieu d’un seul, qui percent le disque de leur valve inférieure , doivent les distinguer générique- ment , ainsi que l’a proposé Bruguière. Ces ouvertures, inégales et obliques, sont les points d’attache par lesquels la coquille adhère à différens corps marins. Elles sont disposées en triangle sur cette valve, ce qui lui donne un peu l'apparence d’un crâne humain , d’où on a tiré le nom du genre. II doit y avoir trois pièces operculaires , os- seuses , au heu d’une seule , comme dans les anomies; la valve supérieure qui re- couvre l’autre est bombée en dehors, et présente dans l’intérieur deux protubérances calleuses. servant probablement à fixer le corps de l'animal.

Bruguière a figuré dans l'Encyclopédie méthodique , planche 171, quatre espèces de cranies ; une seule vivante actuellement dans la mer des Indes, eile se trouve ‘attachée sur les madrépores ; elle est extré- mement rare dans les collections. Les trois autres sont fossiles et se rencontrent dans différentes parties de l'Europe. 11 y en a une autre espèce, non décrite, adhérente à Ja

DES ACEPHALES. 2AD surface des oursins, bélemuites et autres fos- siles que renferment les craies de Meudon près Paris ; on ne peut observer ordinaire- ment que la valve inférieure, la supérieure en étant presque toujours détachée.

CRANIE MASQUE ;\ c. personata. Lam.

Anomia craniolaris, Tin. —Retz. Naturf. tom. IT, tab. 1, fig.2, 3. Chemn.8, tab. 76, fig. 687. Murray , Fundam. test. tab. 2, fig. 21. Encycl. pl. 171 , fig. 1 ét 2,

La valve inférieure ressemble au masque de théâtre des anciens ; M. de Lamarck en a tiré le nom spécifique. Cette petite co- quille fossile, qui a servi de type pour l’éta- blissement du genre, se trouve dans les mon- tagnes de Suède et de Norvège.

PES ES 7e

GENE CEA R... Peicne ; pecten. PI. LXIL, Fig. 4.

Animal, Acéphale sans pied propre à ramper, ni à filer. Un seul syphon abdominal. Manteau entouré de franges sur ses bords,

Coquille. Régulitre, libre, auriculée, inéquivalve, à natèces contiguës. Charnière sans dents. Ligament intérieur, fixé dans une fossette triangulaire et cardinale. Une seule impression musculaire grande et centrale sur chaque valve.

dl y a peu de genres parmi les bivalves

Q 3

246 HISTOIRE | qui soient plus nombreux que celui des peignes , et qui renferment autant d'espèces remarquables par l'éclat, la variété des cou- leurs, l'élégance des formes, la régularité des côtes, et la finesse des stries dont les valves sont ornées. C’est aussi un des plus naturels. Les peignes ont été réunis comme genre par presque tous les conchyliologistes ; Linnæus cependant , en y reconnoissant une famille bien distincte , les avoit mélés au genre des huîtres, d’après la seule considé- ration du défaut de dents à la charnière ; mais la non-adhérence de ces coquilles, la régularité des valves et leur structure non feuilletée , sont des motifs suffisans pour ne pas admettre ce rapprochement. Bruguière a rélabli ce groupe dont toutes les espèces ont entr’elles une analogie si frappante, et ce travail, dont il n’a publié que les plan- ches dans l'Encyclopédie méthodique , a depuis été perfectionné par M. de Lamarck.

La forme des peignes est circulaire , plus ou moins alongée , et se termine vers le sommet par une ligne droite, dont les extré- mités se prolongent de chaque côté de la charnière en deux appendices triangulaires, appelées Les oreilles. Ces deux pièces, tantôt égales ou inégales entr’elles , fournissent

DES ACEPHALES. 247

deux divisions bien tranchées , avantageuses

dans un genre aussi nombreux que difficile à étudier. Les valves sont régulières, quoi- que dissemblables entr’elles : dans quelques

espèces, linférieure est plus moins con- vexe , et la supérieure plate ; ces espèces ferment exactement. Dans d’autres , elles sont toutes deux convexes ; mais on aperçoit une échancrure particulière sous l’une des deux oreilles , ce qui établit une différence entre chaque valve et les rend un peu bâil- lantes dans cette partie. La surface de presque tous les peignes est garnie de côtes et de sillons longitudinaux qui partent du sommet et divergent en rayons vers la circonférence; ces côtes sont rarement lisses ; on y remarque le plus souvent une multitude de ciselures

légères , de stries, de tuiles variées à l'infini.

Il n’y a point de dents à la charnière, ainsi que nous l’avons dit ; chaque valve ne pré- sente qu’une fossette triangulaire, dans la- quelle se loge un ligament noir, très-fort ;

qu’on n’aperçoit point en dehors : quelques espèces ont à cet endroit deux ou trois côtes obliques , assez sensibles , mais peu saillantes.

L'organisation de l’animal des peignes est semblable pour les parties essentielles à celle des bivalves adhérentes; il y a de même un

Q 4

248 HISTOIRE

manteau fransé ,ouvert , recouvrant quatre feuillets branchiaux , semi-circulaires. La bouche est entourée de petites appendices charnues , irrégulièrement ramifiées. Le rec- tuin ne traverse pas le cœur. Poli , quiena décrit plusieurs espèces, semble l'avoir con- fondu , sous le nom d’argus, avec quelques spondyles et quelques limes; cependant les moœurs des peignes sont bien différentes ; ces coquillages ne sont jamais adhérens, ni par une de leurs valves, ni par un byssus ; ils. sont entièrement libres. et possèdent même la faculté de changer de place sans qu'ils aient. un organe saillant bien prononcé qui puisse leur servir de pied. Les anciens avoient avancé, et quelques naturalistes modernes ont confirmé qu'ils peuvent se mouvoir avec agilité dans l’eau , et même lorsqu'ils sont à sec regagner le rivage ; la prompte agitation de leurs valves est le moyen qu'ils emploient. Les pêcheurs attes- tent qu'ils échappent ainsi facilement de leurs mains et qu'ils s’élancent dans la. mer. On prétend même que les peignes viennent quelquefois à la surface, qu'ils entr’ouvrent alors leurs coquilles de manière que.la valve supérieure sert de voile, tandis que l’autre fait l'office de nacelle. Si ces faits sont ré-

DES ACEPHALES. 249

voqués en doute par plusieurs naturalistes qui ont observé des peignes fixés par un byssus, il faut croire que quelques espèces adhèrent par ce moyen, particulièrement parmi celles qui offrent une échancrure sous une des oreilles. Elles doivent alors être rapprochées de la famille suivante , et se ranger dans le genre deslimes. Cette différence remarquable dans les mœurs, qui en en- traîne nécessairement une notable dans Porganisation, est facile à vérifier, puisque les peignes à valves exactement closes, et ceux à valves bâillantes habitent égale- ment dans la Méditerranée , près de nos côtes.

Ce coquillage est irès-délicat et un des plus estimés ; les anciens en faisoient beau- coup de cas; on le sert encore sur les meii- leures tables dans quelques pays maritimes ; mais 1l est moins commun que les huiïtres, ouses mœurs non sédentaires, comme celles de ces dernières, empêchent qu’on n'en prenne une grande quanlité à la fois.

La coquille des peignes fait un des plus riches ornemens de nos collections par ses teintes vives et agréables, et par immense variété de ses formes et des cannelures de sa surface. On lui donne quelquefois le nom

250 HISTOIRE

vulgaire de pélerine , parce que les pélerms qui visitent des lieux de dévotion , situés dans le voisinage de la mer , ont l'usage d’orner leurs habits avec des valves de peignes, pour prouver qu’ils ont rempli le but de leur voyage.

Les caractères spécifiques et distincts sont extrêmement multipliés et difficiles à éta- _ blir dans ce genre , sur-tout si on joint aux espèces actuellement vivantes , celles non moins nombreuses que renferment les bancs fossiles de tous les pays. Bruguière a con- sacré sept planches de l'Encyclopédie métho- dique pour figürer les plus remarquables.

ESPECES. 1. PEIGNE GIGANTESQUE ; pecten maximus.

Ostrea maxima. Lin. List. Conch. tab. 163, fig. 1; et tab. 167, fig. 4. Pennant , Zool. brit. 4 , tab. 69 , fig. 61. Chemn. 7, tab. 6o, fig. 585. Gualt. tab. 08, À, B.— Encycl. pl. 209 ; fig. 1. Vulgair. la grande VE

Coquille grande, variée de rougeâtre, à oreilles égales ; valves fermant exactement ; garnies de côtes arrondies et slriées longi- tudinalement , avec les intervalles striés en travers ; inéaioine convexe , la supé- rieure PR

DES ACEPHALES. 251v

Elle a souvent plus d’un demi-pied de diamètre. L'animal est assez bon à manger. Comme coquille, elle est peu recherchée dans les collections, malgré sa beauté. Se trouve dans toutes les mers d'Europe.

2. PEIGNE DE SAINT-JACQUES ; pecien Jacobœus. =

Ostrea jaccbæa. Yan. Lister, Conch. tab. 165 , fig. 2; et 166, fig. 5. Gualt. Test. tab. 99, fig.

O

B. Chemn. 7, tab. 60, fig. 588, 589. Vulgair. la coquille de Saint-Jacques.

Coquille à oreilles égales; valves fermant exactement , garnies de quatorze côtes an- guleuses , striées longitudinalement ; l’infé- rieure convexe , la supérieure plane.

Cette coquille , moins grande que la pré- cédente, a beaucoup de rapport avec elle dans sa forme sénérale et dans ses couleurs ; mais ses rayons anguleux et non arrondis la distinguent suffisamment. Poli ja figurée avec son animal, planche 27 de son ouvrage sur les testacées des mers des Deux-Siciles. Elle est extrêmement commune dans la Méditerranée et sur les côtes d'Espagne et de Portugal. ;

2 | AIS TOR EE 3. PEIGNE SOLE ; pect. pleuronectes.

Ostrea pleuronectes. Lin. Gualt. tab. rite. DB. D’Argenv. pl. 24, fig. G.— Chemn. 7, tab. Gr, fig. 595.— Rumph. tab. 45, fig. A, B.— Vulgair. la sole.

Coquille de grandeur moyenne , à oreilles égales ; valves presque semblables , toutes deux un peu convexes, très-minces , exlé- rieurement lisses , et intérieurement sillon- nées de vingt-quatre côtes fines, rappro- chées par paires , et formant douze rayons doubles.

Les valves de cette espèce sont extrême- ment minces et fragiles ; lune est violette et autre blanche. Se trouve dans les mers des Indes et de la Chine.

4. PEIGNE MANTEAU ; pect. pallium.

Lister, Conch. tab. 187, fig. 25. Gualt. Test. tab. 74, fig. F. Rumph. tab. 44, fig. B. Chem. 7, tab. 64, fig. 607. D’Argenv. pl 24, fig. 1. Vulg. / manteau ducal.

Coquille à oreilles inégales; valves presque égales , présentant douze côtes convexes’, striées et hérissées d’écailles tuilées.

Le manteau ducal est en dehors panaché de rouge-brun et de blanc ; ses valves sont intérieurement layées du jaune-orangé le

DES ACEPHALES. 253 plus vif; c’est une des plus belles et des plus rares espèces de ce genre. —$Se trouve dans la mer des Indes.

5. PEIGNE NOUEUX ; pect. nodosus.

Ostrea nodosa. Lin. Lister , tab. 186, fig. 24. .Gualt. tab. 99 , fig. C, D. Chemn. 7, tab. 64, fig. 609, 6u. D’Argenv. pl. 24, fig. F. Vulgair. le corail ou la coralline. :

Coquille d’un rouge-vif, à oreilles iné- gales ; les deux valves convexes, épaisses, portant neuf grosses côtes saïllantes, striées longitudinalement et garnies de nœuds vési- culaires très-apparens. Se trouve dans les mers d'Afrique et d'Amérique. :

6. PEIGNE VARIE; pect. varius.

Ostrea varia. Lin. Lister, tab. 178, fig. 15. Gualt. tab. 73, fig. G, N; et 74, fig. R. Chemn. tab. 66, fig. 635 ct 634. D’Argenv. conch. tab. 24, fig. H.

Coquille ovale-alongée , à oreilles très- inégales dont l’une est à peine sensible; les deux valves convexes, à peu prés égales , garnies de trente rayons comprimés et ne rissés.

Cette espèce est mêlée de pourpre, de brun et de jaunâtre qui varient prodigieu- sement dans leurs nuances et dans leurs

[l

254 HISTOIRE dispositions. On la trouve en abondance dans la Méditerranée et sur presque toutes les côtes de l'Océan. |

11 existe beaucoup d’autres peignes , éga- lement beaux et intéressans ; les fossiles en renferment aussi une grande quantité : il seroit important d'entreprendre un travail particulier sur ce genre, qui fourniroit plus qu'aucun autre des matériaux pour la con- chyliologie oryctographique, et un grand nombre de points de comparaison avec les espèces actuellement vivantes.

A.— Manteau ouvert pardevant; point de bras ciliés. Un pied propre à filer ; point de tubes. à Dans le tableau des mollusques du premier volume

de l’Anatomie comparée, de M. Cuvier, les genres qui

composeut cette seconde division ne suivent pas im-

médiatement ceux de la précédente ; guidé par les

principes de la méthode naturelle, j'ai cru devoir faire un léger changement à cette classification, ct placer les acéphales , dont le pied est propre à filer, avant ceux dont le pied est propre à ramper. En effet, les premiers sont constamment fixés dans le même lieu , ou changent très-peu et très-rarement de place, ce qui les rapproche beancoup des bivalves adhérentes que nous venons d'examiner , tandis que les seconds ont un organe du mouvement très-prononceé, et jouissent d’une faculté locomotive assez étendue. De cette ma-

DES ACEPHALES. 255

nière, la filiation conserve davantage les affinités entre les genres, et permet de placer à côlé des peignes, dernier genre de la première division, les limes et les honlettes, qui ont avec eux la plus grande analogie, et qui n’en diffèrent peut-être que par l'espèce de byssus qui les attache aux rochers.

GENRE CXXI(H. Dome ; Æma. PI. LXILI, Pis, 5

Animal. Acéphale à manteau ouvert, sans tubes, ct muni d’un pied propre à filer. Manteau entouré de cils, sans muscles rameux.

Coquille. Inéquilatérale , auriculée , un peu bäillante d’un côté entre les valves. Charnière sans dent. Li- gament extérieur. Natèces écartées. Une seule im- pression musculaire sur chaque valve.

11 y a la plus grande ressemblance entre la forme extérieure des peignes et celle des lines ; cependant ces dernières ont les valves toujours égales, régulières et à oreilles plus courtes; elles laissent de plus entr’elles un bâillement assez considérable d’un seul côté, et on aperçoit au dehors entre les nalèces , plus écartées que dans les peignes, le ligament -qui les attache : caractères bien suffisans pour les distinguer, même en ne considé- rant que la coquille. Cette analogie dans les enveloppes les avoit fuit confondre par la

C4

5: 2 HISTOIRE

plupart des observateurs, et Linnæus ran- geoit les limes dans son genre ostrea , ainsi qu'il lavoit fait pour les peignes. La diffé- rence la plus importante et celle qui doit nécessairement les isoler comme genre, con- siste dans l’organisation particulière de lani- mai et dans les mœurs qui en sont la suite. L'acéphaile des limes , d’ailleurs assez sem- blable à celui des peignes, est muni d’un pied non destiné à ramper , mais dont il tire des fils soyeux qui lui servent à s'attacher aux divers corps marins ; ce byssus et ce pied musculeux sortent au travers de l’écar- tement des valves dont nous avons parlé plus haut. On observe Ta même faculté et une semblable manière de vivre ainsi sus- pendu, dans toutes les bivalves de cette seconde division. Nous parlerons plus en détail, à l’article des moules, de ce nouveau moyen d'adhérence etde l'organe qui y donne

lieu. Ë | C’est à Bruguière qu’on doit la première distinction de ce groupe que lanatoimie confirme sous tous les rapports. Il n’en a pas publié les caractères dans son tableau des coquilles bivalves (Encyclop. méthod. vers, tom. Ï, pag. xu] ) ; mais il a fait figurer les principales espèces , sous le nom de limes ,

2 =

DES ACEPHALES. 257

dimes , dans la planche 206 de cet ouvrage, M. de Lamarck (1) a conservé le même nom , et a déterminé d’une manière précise ce qui caractérise ce nouveau genre.

Poli (2) a donné les détails anatomiques de l'animal des limes ; on voit , par ses des- criptions, qu’il ’a point de pied pour ramper, et qu'il file son byssus par le moyen d’un corps particulier situéà la base de son syphon. Draparnaud a observé qu'il réunit ensemble, _ à l’aide de ce byssus , de petites pierres, des fragmens de coquilles , et qu’il en en- toure sa coquille de manière à la défendre contre les attaques de ses ennemis. La cavité de celte espèce de logement extérieur, un peu plus grande et de la même forme que les valves , leur permet de s’y mouvoir avec une certaine liberté.

Les valves des limes ne sont point orbi- eulaires comme celles des peignes ; elles sont en général ovales , alongées : dans quelques espèces elles prennent toutes deux une direction oblique dans le mème sens ; leur surface est ordinairement hérissée

(1) Système des animaux sans vertèbres, p. 156. (2) Histoire des Testacées des mers des Deux- Siciles , pl. 28.

Moli. Tome VI, R

258 EH TS PO TE ETS d’écailles tuilées, ce qui les rend rudes au toucher, et a fait donner à ce genre le nom qu'il porte actuellement.

Le nombre des espèces est jusqu’à présent peu considérable. Aucune n'offre des cou- leurs remarquables. On en trouve plusieurs parmi les fossiles : le banc de Grignon, si riche en coquilles de tout genre , n’en ren- ferme qu'une seule espèce.

ES PE C ES.

1. LIME ÉCAILLEUSE; Üima squamosa. Lam.

Ostrea lima. Lin. Gualt. tab. 88, fis. F. Chemn. 7, tab. 6-, fig. 651. D’Argenv. pl. 24, fig. E. Favanne, tab. 54, fis, N, 1. Eucyclop. pl. 206, fie. 4. Vuolg./a lime.

Coquille blanche, à oreilles très-courtes ; valves garnies de vingt-une ou vingt-deux côtes rayonnantes , élevées et hérissées d’écailles arrondies subtubuleuses. |

C’est l’espèce la plus commune du genre. Son animal est figuré dans l’ouvrage de Poli, cité plus haut, pl. 28, n°5 22, 23 et 24. On le mange dans quelquespays.— Se trouve dans la Méditerranée, et aussi, dit-on, dans la mer des Indes.

DES ACEPHALES. 25

2. LIME GLACIALE ; lima glacialis.

Ostrea glasialis. Lin. Lister , tab. 176. fig. 13. Chemn. 7, tab. 68, fig. 652, 653. Vulg. /a lime douce.

Coquille ayant une des oreilles plissée inégalement ; valves garnies de cinquante stries fines, rayonnantes, couvertes de petites écailles imbriquées et interrompues. Se trouve en Amérique.

3. LIME BAILLANTE :; ma hians.

Ostrea hians. Lin. Schroet. einl. in conch. 3, tab. 9, fig. 4.

Coquille mince , blanche, obliquement bäillante des deux côtés; à rayons peu. mar- qués , arrondis, et en croissant. Se trouve dans la mer du Nord.

, BEENRHE CXXTIIT. HouLerre ; pedum. PI. LXII, Fig. 6.

Animal. Inconnu.

Coquille. Tnéquivalve, auriculée, bâillante par la valve inférieure, et ayant les natèces écartées, Charnière sans dent. Ligament extérieur attaché dans une gouttière longue et étroite. Valve infé- rieure échancrée.

La coquille sur laquelle ce genre a été R 2

266 HISTOIRE

. fondé par M. de Lamarck, est une des plus rares parmi les bivalves; peu de colleclions la possèdent , et pour la connoître , on est réduit à consulter les figures que renferment les principaux ouvrages de conchyhologie. Bruguière avoit aussi eu l'idée de séparer la houlette des huîtres ét des peignes, parmi lesquels plusieurs auteurs l'ont rangée, et d'en former un groupe particulier ; c’est ce que prouve la planche 178 de l Encyclopédie méthodique dans laquelle il l’a fait figurer séparément , et sous le même nom que M. de Lamarck a adopté: depuis.

On ignore entièrement ce qui tient à l’or- gauisation et aux inœurs de l'animal. On voit seulement que l'échancrure prononcée de la valve inférieure doit donner issue à un pied musculeux servant à filer un byssus ; ce trait caraciérisiique suffit pour séparer les houlettes des huîtres et des peignes, et pour les rapprocher des limes dont, sous ce rapport, l’organisation est la même. Le ligament des houlettes s'aperçoit au dehors et se prolonge intérieurement dans une gout- tière assez étroite. Les valves sont inégales dans leur forme et dans leur cambrure.

I1n’y a encore qu’une seule espèce connue dans ce genre ; le nom qu’elle porte a été

DES ACEPHALES. 261 suggéré par la ressemblance qu’on a trouvée entre la forme des valves et celle du fer qui termine la houlette des bergers.

HouLETTE SPONDYLOIDE; pedum spondy- loides. Lam.

Ostrea spondyloidea. Gmelin, Syst. nat.— Chemn,. 8, tab. 72, fig. 669, 670 Favanne, tab. 80, fig. K. Encyel. pl. 178, fig. 1 à 4. Vulg. la houlette.

Coquille ovale , aplatie, demi - transpa- rente ; à valve supérieure chargée de stries longitudinales , granuleuses ; l’inférieure unie , profondément échancrée près du sommet , et à bords fort tranchans ; couleur blanche avec quelques taches fauves.

Cette précieuse coquille se trouve dans la mer Rouge, et probablement aussi dans les mers des Indes orientales.

GENRE ..CX XI Ve. MouLe ; mytilus. Pl. LXIIL, Fig. 1.

Animal. Acéphale , sans tube saillant, faisant sortir un picd étroit et linguiforme lorsqu'il veut filer son byssus ou déplacer sa coquille. Un seul syphon abdominal en forme de trou.

Coquille. Longitudinale , à natèces terminales , droites, saillantes et en pointe, et se fixant par

5

KR 5

562 HISTOIRE un byssus épais, latéral et rameux. Une seule impression musculaire dans chäque valve. Char- nière le plus souvent édentée. |

Les moules, étant après les huîtres , les bivalves les plus utiles aux hommes comme aliment , présentent un intérêt particulier et méritent de fixer notre attention. De tous Les genres établis par Linnæus, c’est celui qui a subi le plus de changement ; ce grand naturaliste avoit rassemblé sous le nom de mytilus , plusieurs coquillages marins et flu- viatiles, tels que les avicules, les modioles , les anodontes qui, comme les moules, n’ont point de dents à la charnière ; mais qui en diffèrent assez essentiellement sous d’autres rapports pour devoir constituer des genres distincts bien caractérisés. Depuis, Bruguière a restreint les caractères trop étendus donnés par Linnæus, et a su faire une partie de ces distinctions que M. de Lamarck , après lui, a encore mieux fait ressortir. On ne range plus dans le genre moule que des coquilles toutes marines, minces , régulières , équi- valves , non bâillantes, dont la forme est longitudinale, cuneïforme et plus ou moins renflée , sur-tout vers le milieu. Les natèces qui terminent exactement chaque extrémité des valves sont. droites et pointues. Il y a

DES ACEPHALES. 263

une grande analogie de configuration et de mœurs entre les moules et les jambonneaux (pinna ) ; mais ces derniers ont ordinaire- ment leurs valves entièrement soudées l’une à l'autre d’un côté , et offrent de l’autre un bâillement très - remarquable entre leurs bords. Ces deux genres filent également un byssus : long et soyeux dans les jambon- neaux , et pouvant être employé à former divers tissus ; court, grossier , rameux , d’un brun terne dans les moules, et ne pouvant servir à aucun usage.

La coquille des moules ne présente point de charnière proprement. dite , ainsi que nous l'avons dit; mais seulement un sillon léger et assez long , qui se termine quel- quefois au sommet de chaque valve par une une pelite protubérance à peine sensible, qu'on ne peut regarder comme une dent; rarement il paroît y en avoir deux. Le liga- ment noirâtre , aplati , ne faisant aucune saillie au dehors , est logé dans ce sillon de la charnière et se prolonge jusques vers le milieu de la coquille. Les valves ne sont attachées entre elles que par un seul muscle qui traverse le corps de l’animal ; dans quel- ques espèces cependant on voit deux im-

R 4

+

p

264 HISTOIRE

pressions musculaires; celle qui est voisine

du sommet est plus petite que lauire.

L'animal qui habite les moules est trop commun pour ne pas avoir élé décrit par plusieurs naturalistes. Poli (1), en dernier lieu , vient d'en publier sous le nom de callitriche , une anatomie très-détaillée et très-complette. Cet acéphale offre, d’après cet habile observateur ,. un manteau à deux lobes divisés chacun sur leurs bords en deux feuillets dont l’intérieur très-court porte une frange de petitsfilets cylindriques et mobiles ; lextérieur est uni à la coquille fort près de ses bords. L'ouverture, par s’introduisent l'eau et les alimens qui y sont suspeudus, fournit en même tems ce fluide à l'organe branchial. Il y en a une autre du côté de la charnière, qui donne issue à l’anus et aux excrémens.

Le pied est la partie la plus remarquable de l’organisation des moules ; il est peiit et en demi-lune lorsqu'il n’est pas en mouve- ment ; mais il est suscepiible de s’'alonger

beaucoup en se rétrécissant. Il ressemble alors à une langue conique , et on aperçoit

(2) Voyez Histoire des Testacées des mers des Deux-Siciles, pl. 32.

= _ <dl

4

DES ACEPHALES. 265 sur un de ses côtés un sillon longitudinal. Cinq muscles de chaque côté sont destinés à le mouvoir : deux prennent naissance à l'extrémité de la coquille, près de ceux qui servent à la fermer ; les trois autres viennent de Ja cavité même des valves et de celle des sommets ; tous pénètrent dans le pied et sy enirelacent avec ses fibres propres. Lorsque l'animal veut filer, la pointe de cet organe se recourbe pour saisir un gluten fourni par une glande située à sa base , et le tirer en longueur dans le sillon dont nous. venons de parler. Elle applique ensuite l’ex- trémilé de ce fil à la surface des corps en- vironnans sur lesquels la moule veut se sus- pendre. Cette liqueur gluante , devenue solide aussitôt qu'elle est filée , forme, en répétlant cette opération plusieurs fois, Îa touffe de poils flexibles , appelée byssus, qui altachent ces coquillages aux rochers. Tous les acéphales de cette division ont un seimbiable byssus , plus ou moins long, plus ou moins soyeux , el le fitent par les mêmes moyens.

Le pied des moules peut leur servir à changer de place, soit lorsque peu de tems après leur naissance elles n’ont pas encore lié, soit lorsqu’étant fixées, elles ont été déta-

F

266 HISTOIRE

chées de leur rocher par quelque accident: Réaumur , dans un mémoire inséré parmi ceux de l’Académie des sciences , et made- moiselle Masson-le-Golft, dans le Journal de Physique, de décembre 1779, ont cons- tailé qu’elles filoient pour remplacer les fils eassés , et qu'elles pouvoient les renouveler tous , s’il étoit nécessaire. Mais on ignore si ces animaux ont la faculilé de détacher leur byssus volontairement et de le fixer dans un autre lieu , ou d’en reproduire un nouveau.

il y a apparence que les moules sont her- maphrodites comme les huîtres , et que chaque individu se suffit à lui-même pour la génération. C’est au commencement du printems qu’elles frayent, ainsi que la plu- part des acéphales ; leur frai ressemble à une gelée dans laquelle on découvre, à laide du microscope, une multitude de petites moules toutes formées, chacune avec sa coquille.

L'espèce comestible est très - commune sur presque toutes les côtes d'Europe on en consomme une immense quantité. Ce coquillage se transporte même très-loin des bords de la mer, et fournit un objet de commerce assez important. Ce sont sur- tout les plages couvertes de rochers qui en

DES ACEPHALES. 267

offrent le plus abondamment ; pendant la basse-marée , moment les paquets de moules sont à sec, on les récolte facilement en rompant leur byssus avec un crochet de fer. Cette pêche est suspendue pendant le moment du frai et les grandes chaleurs de l'été. Sur plusieurs côtes on est parvenu à perfectionner et à augmenter ce produit naturel ; c’est principalement à Charon, près la Rochelle , qu’on parque les moules, aussi bien que les huîtres ; c’est-à-dire, qu'après les avoir arrachées des plages elles sont assujeities à l'alternative des ma- rées et aux battemens des flots, on les dépose dans degrandsmaraisappelés bouchots, qui sont toujours inondés, il n’y a point d'agitation , et l’on mêle à volonté l’eau douce à l’eau salée. Les moules acquièrent plus de volume dans ces parcs; elles s’y engraissent , deviennent plus délicates, et leur multiplication y est infiniment plus con- sidérable. Il faut consulter , sur ce procédé industrieux , un mémoire très -intéressant de M. Dapaty , inséré dans la collection des mémoires de l’Académie de la Rochelle. Les moules de Charon se transportentsur presque toutes les côtes de l’ouest; elies établissent

a

268 FES ECOUTER PS

un commerce trés-actif entre la Rochelle Bordeaux.

_ C’est sur-lout en automne que les moules sont bonnes à manger ; mais elles sont tou- jours bien inférieures aux huîtres et plus. indigestes. La présence du pied musculeux les rend plus coriaces ainsi que tous les acé- phaies qui en sont munis; exigeant plus d'apprèt , on les mange rarement fraîches et crues, et on les sert plutôt cuites et assaisonnées avec du beurre et des herbes. Il arrive quelquefois qu'elles sont mal- saines au printems et même en été; 1} sur- Vient sur la peau des éruptions, de len- flure , et on éprouve de l'anxiété après en avoir mangé : celte qualité mal-faisante ne leur vient point , ainsi qu’on l’a cru pendant long-tems , de la présence d’un petit crabe, du genre pinnothère , qu’on trouve souvent ‘logé dans leurs valves ; elle est causée par le frai vénéneux d’une certaineespèce d'étoile de mer, asterias , que les flots leur apportent et dont elles se nourrissent. C'est ce que M. de Beunie vient de prouver par plusieurs observations directes dont il a rendu compte dans le Journal de physique. 11 est possible cépendant qu’une maladie particulière des moules produisent des effets analogues; dans

DES ACEPITALES. 269 tous les cas, le vinaigre et les autres acides dissipent les accidens.

Les moules sont , en sortant de la mer, exlérieurement recouvertes d’un périoste ou épiderme çcorné , plus ou moins épais, ridé et cassant ; il faut les dépouiller de cette enveloppe, ordinairement brune etgrossière, pour jouir des brillantes couleurs qui ornent leurs valves. Les espèces qui viennent des climats chauds sont sur-tout admirablement diversifiées de teintes bleues, roses, violettes, vertes , et présentent soûvent des reflets châtoyans extrêmement vifs.

Les oryclographes ont souvent désigné les espèces de ce genre qu’on trouve dans l’élat fossile , sous les noms de musculites ou my-

tulites. | Fo PE CES:

1. MOULE COMMUNE ; mytilus edulis. Lan.

Lister, Conch. tab, 564, fig. 200. Guait. tab. 7, fig. A, Peannant, Zool. brit. 4, tab. 63, fig. 75. Chemn. 8, p. 169, tab. 84, fig. 751. D’Argenrv. Zoom. pl. 5, fig. D, E, F.

Coquille unie, de couleur de corne dans sa jeunesse, prenant avec l’âge une teinte brune rayée de bleu; sommets aigus; valves un peu carénées antérieurement, et posté- rieurement obtuses. -

270 HISTOIRE

C’est à cetie espèce, la plus commune de toutes, que se rapportent principalement les détails que nous avons exposés ci-dessus. Se trouve dans toutes les mers d'Éuropeet de l’Asie.

2, MouLE ONGULÉE; 2yt. ungulatus. Lin.

Lister, tab. 560, fig. 109; et 364, fig. 203. —- Gualt. Test. tab. o1, fig. E. Chemn. 6, tab. 84, Ég. 747.

Coquille unie, d’une belle couleur bleue ; valves presque courbes, à bords postérieurs repliés ; charnière bidentée. Se trouve dans la Méditerranée et au cap de Bonne- Espérance.

5. MouLe VERTE ; myt. smaragdinus.

Mytilus smaragdinus. Lin. Syst. nat. sp. 29° Chemn. 8, tab. 85, fig. 745; et 84, fig. 746. Vulg. l’opale. à

Coquille grande, aplatie, trigone; char- nière bidentée dans une valve et unidentée dans l’autre ; épiderme d’un beau verdfoncé, recouvrant une nacre irisée très-éclatante.

L’épiderme pénétre souvent en dedans, et bordel’intérieur des valves. —Cette espèce, recherchée dans les collections , se trouve dans la mer des Indes , sur la côte de Tran- quebar.

DES ACEPHALÉS. o91

4. MoucE AFRICAINE 5; Im. afer.

Mytilus afer. Lin. sp. 28. Chemn.8, tab. 85, fig. 759, 74. Vulg. la moule d’ Alger.

Coquille panachée de jaune et de verd, à sommets pointus , courbés en avant ; valves bâillantes , élargies sur le côté anté- rieur , et postérieurement aplalies ; bords très-aigus. |

flle étoit autrefois assez rare dans les collections ; l’animal est très-bon à manger. 1l y a environ cinquante aus qu’un vaisseau qui avoit séjourné à Alger, apporta à Mar- seille une certaine quantité de ces moules attachées à sa carène. On les sema et elles s'y multiplièrent promptement ; le banc fut soigné et exploité pendant plusieurs années; mais un marchand d'objets d'histoire natu- relle acheta la moulière par spéculation , pour fournir de ces coquilles tous les cabinets de l'Europe ; il fit fouiller à trois quatre pieds dans la vase , et en détruisit entière- ment la race. Depuis ce tems, Marseille a perdu ce comestible qu’il devoit au hasard, et qu'il seroïit facile d’y naturaliser de nou- veau. Se trouve dans la Méditerranée, sur les côtes d'Afrique.

272 HISTOIRE 5. Moure À CREVASSE; myt.rimosus.

Lamarck, Ann. du mus. tom. VE, p. 120, et vél. He 29; 10.190

Coquille lisse, aplatie et un peu courbée ; charnière sans dents; chaque natèce séparée , : de l’extrémité cardinale des valves, par une petite fente.

Cette espèce est ovale-oblongue , dilaiée et aplatie dans sa partie supérieure , et brus- quement rétrécie inférieurement eu une pointe courte et oblique. Elle a plus de deux pouces de longueur, sur quinze lignes de large. Il y a dans la forme générale beau- coup de ressemblance entre cette moule et la moule ongulée ; mais sa charnière n’offre aucune dent, et la gouttière qui reçoit le ligament est beaucoup plus courte. Se trouve parmi les fossiles de Grignon élle est rare, et la seule espèce de ce genre.

GENRE

mu DENT

De Jive AA,

1. MOBLH,. D MODIOLE 9. JAMBONNEAU.

OQUE

AVICULE,,

MARTEAU, VULSELLE

DES ACÉPHALES. 295

GENRE CXXV-. Mopioce; modiole. PI LXIIL, Fig. 2:

Animal. Incompleitement connu. L'organisation dé-

crite par les auteurs ne paroît pas appliquer à toutes les espèces.

Coquille. Subtransverse, très-inéquilatérale, à côté postérieur extrèmement court, et à natèces abais- sées sur le côté court de la coquille. Une senle im- pression musculaire sur chaque valve dans quelques espèces. Charnière simple, sans dent. Une fossette linéaire marginale pour le ligament.

Ce genre, dont la distinction appartient entièrement à M. de Lamarck , éloit dans _ tous les conchyliologistes, entre autres dans Bruguière, confondu-avec celui des moules; äl paroît, au premier aperçu, n'être établi que sur une considéralion peu importante. Les coquilles des modioles ne différant de celles des moules que parce qu’au lieu d’être longitudinales , comme ces dernières, elles: sont très-inéquilatérales et transverses, c’est- à-dire , que leur plus grande étendue est en largeur. Leurs natècesnesont pas terminales; elles forment toujours, près d’une extrémité, une saillie courbe et distincte; mais il ya des différences remarquables dans lorgani-

Moll. Tome VI. S

254 HISTOIRE

sation et dans les mœurs de l'animal, qui sufliroient même pour éloigner les modioles de cette division. D’après Poli (Histoire des testacées des deux Siciles.), cet acéphale n est point muni d’un pied propre à filer, et ne s'attache point aux rochers par un byssus. Les détails anatomiques, fournis par cet auteur, s'appliquent principalement à la modiole lithophage , et autres analogues qui

habitent, comme quelques bivalves, dans l'intérieur des rochers calcaires. Ce trait de ressemblance entre elles et les pholades, les fistulanes, etc. etc. dont les habitudes sont les mêmes , et dont les valves sont aussi trés-inéquilatérales, indique qu’il faudroit peut-être les rapprocher de cette famille ; | cependant on ne peut encore faire ce chan- gement dans la classification , au moins pour Ja totalité du genre, tel qu'il a été établi par M. de Lamarck, d’après les seuls carac- tères de la coquille. Il paroit qu'il faudra faire une distinction parmi les espèces; Adanson ( Voyage au Sénégal, pag, 207, ‘pl. 15, fig. 1 ) décrit, sous le nom de /u/ai, une coquille semblable aux modioles pour la forme extérieure ; mais comme il Jui attribue la faculté de filer un byssus, élle doit par conséquent rester dans le voisinage

DES ACEPHALES. 276

des moules. La seule différence notable qu’il y ait entre la coquille du /zlat et celle des modioles lithophages , consiste dans les im. pressions musculaires qui ne sont point uni- ques dans chaque valve: mais au nombre de quatre , deux grandes et deux petites, Si ce caractérese retrouve sur les autres espèces qui filent aussi un byssus, il pourra servir par la suite à séparer ce genre en deux. Les modiolss , telles qu’elles sont circons- crites à présent, sont aussi régulières et équi- valves que les moules, malgré la grande inégalité des côtés de leurs valves. Le liga- ment , presque entièrement intérieur, est inséré dans une gouttière marginale linéaire qui commence sous les natèces et se pro- longe sur une partie du bord antérieur. . Nous parlerons en détail , à l’articie des pholades, pétricoles et autres, de la singu- larité de l'habitation des modioles qui se lo- sent dans l’intérieur des rochers, et des moyens qu'elles emploient pour sy intro- duire : ces espèces portent particulièrement sur nos côtes le nom de daites, et sont très- bonnes à manger, A.

276 HISTOIRE | EÉSPECES.

1, MoDpioLE DEs PApoUs ; modiola papuana. Lam.

Mytilus modiolus. Lin. sp. 14. Chemn. 8, tab. 65, fig. 757. D’Argenv. tab. 22, fig. C.— Enc. tab. 219, fig. 1.— Vulg. la moule des Papous.

Coquille unie, flambée de violet ou de pourpre , à bord antérieur caréné , et à sommet bossu.

Se trouve dans les mers des Indes et d'Amérique.

2. MobioLE PERCEPIERRE ; mod. lithophaga.

Mytilus lithophagus. Lin. Lister, tab. 427, fg. 268 ; et 457,. fig. alt. Gualt. tab. 90; fig. D.— RUE 8, tab. 82, fig. 729, 750. D’Argenv. pl. 26, fig. K; et Zoom. pl. 7, fig. S.— Vulgairem. la datte.

Coquille brune ou fauve, sub- cylindrique, arrondie aux deux extrénutés et un peu ren- flée dans le milieu. ps

Cette espèce , ainsi que quelques autres du même genre, ne pénètre que dans les pierres calcaires, à la manière des pho- lades”, pétricoles, etc. etc, Elle est quelque- fois tellement commune sur certaines côtes que les rochers en sont entièrement criblés. 5e trouve dans la Méditerranée ; on dit

DES ACEPHALES. 297

qu'elle habite aussi aux Indes et en Amé- rique. | a Re : mod. discors. Mytilus discors. Lin. Chemn. 8 , tab. 86, fig. 764 et 708. Coquille couleur de corne, demi-trans- parente , ovale, striée antérieurement dans sa longueur , et postérieurement dans sa

largeur. Se trouve dans les mers du Sud et du Nord.

4 MODIOLE PEINTE ; mod. picia. Mytilus pictus. Lin. Bonani, Mus. Kircher. 2, fig. 34. Vuls. la moule herborisée.

Coquille très-unie , très-aplatie antérieu- rement, à sommet obtus; surface flambée de blanc-jaunâtre et de rose , avec de fines ramifications d’un gris plus ou moins foncé. Se trouve sur les côtes de Portugal. 5. MoDioLE SUB-CARÉNÉE; n0d. subcarinata.

Lamarck, Ann. du mus. tom. VI, pag. 122,n°1, et vélin, 25 , fig. 3.

Coquille oblongue, lisse, sans autres stries que celles qui marquent les accroissemens; bord inférieur et antérieur sub-caréné, le supérieur courbé en dedans.

Cette modiole fossile présente l'aspect et

S 9

278 HISTOIRE

les principaux caractères du #ytilus modiolus de Linnæus. M. de Lamarck pense qu’elle en est véritablement l’analogue ; il observe cependant que la carène tranchante de son bord inférieur et antérieur est un peu moins saillante que dans lespèce actuellement vi- vante ; elle a plus de deux pouces de long. Se trouve parmi les fossiles de Grignon.

GENRE CXXVI. JAMBONNEAU; pinna. PI. LXIIL, Fig. 5.

Animal. Acéphale , sans tube saillant au dehors, muni d’un pied propre à filer un byssus soyeux. Manteau entouré d’un muscle rameux et distinct,

Coquille. Longitudinale, cunéiforme, pointue au sommet, bâillante en son bord supérieur, et se Bxant par un byssus dont les fils sont toujours simples. Charnière sans dent. Ligament latéral fort long. Valves presqu’entièrement soudées sur un des côtés, et ne formant qu’une seule pièce. Une seule impression musculaire sur chaque valve.

Les coquillages qui composent ce genre sont connus et sont décrits dans plupart des auteurs anciens et modernes , sous le nom de pinna, vulgairement pinnes marines, à cause d’une certaine ressemblance entre

DES ACEPHALES. 279

la forme de leurs valves et celle d’une ai- grette appelée penna , que les soldats romains porloient à leurs casques. Le nom français adopté maintenant assez généralement, leur convient également , d’après la forme trian- gulaire de certaines espèces , et leur teinte brune enfumée.

Les jambonneaux sont des bivalves ma- rines dont la taille est quelquefois très- considérable ; plusieurs espèces atteignent trois et même quatre pieds de long. Les deux batians , toujours égaux, aplatis, ont la figure d’un triangle très-alongé , pointu au sommet et arrondi aux angles de la base. Leur surface est ordinairement hérissée _ d’écailles tubulées, inclinées en avant, qui doivent leur origine aux crénelures des bords du manteau. Le têt, extrêmement mince, dons -transparent , n’est flexible que dans

’élai frais, et devient très-cassant lorsqu'il est desséché. On ne voit dans l’intérieur, uni et luisant , qu’une seule impression muscu- laire sur chaque valve.

Ce genre a plus de rapport avec celui des moules qu'avec tout autre ; mais il s’en dis- tingue suffisamment par plusieurs particu- larités. Non seulement il n’y a point de vé- ritable charnière ni de dents; mais les valves

5 4

un ARTS POrPBE

sont d’un côté presque entièrement réunies

et soudées le long du ligament, depuis le

sommet jusqu'aux trois-quarts de la lon- sueur, de manière qu’elles ne peuvent s’en- trouvrir que par l’élasticité qui leur est particulière. Elles ne se ferment pas non plus exactement ; il reste entre leurs bords, dans la partie exactement opposée à cette soudure , une ouverture assez considérable par l’animal passe son byssus et le pied qui sert à le filer ; les fils sont toujours simples et non rameux comme ceux des moules. |

En examinant le têt corné plutôt que calcaire des jambonneaux, on remarque que sa structure n’est point semblable à celle des autres bivalves. Les valves ne paroissent point composées de lames superposées les uues aux autres et se recouvrant mutfuel- lement par leurs bords ; il semble, au con- traire, que dans les jambonneaux elles ne s’augmentent que par la juxta-position d’une rangée de molécules seulement sur le bord, et que l'épaisseur du reste ne s'accroît pas en même tems par l'application de couches

intérieures; si ces couches existent, elles sont:

au moins extrêmement minces. La cassure de ces coquilles offre des stries parallèles

+ 1

DES ACEPHALES. 9281

entre elles et perpendiculaires à la surface du têt ; elle ressemble à une cristallisation, et rappelle la texture fibreuse de certaines substances minérales , entr'autres de plu- sieurs variélés de chaux carbonatée et sul- phatée. Cette disposition singulière mériteroit d’être étudiée avec soin : il faudroit aussi constater si quelques genres voisins de celui- ci n’en présentent pas une semblable. L'animal qui construit les jambonneaux a fixé particulièrement l'attention du célèbre observateur Poli : il lui a donné le nom de chimère , et il en a publié une anatomie très-détaillée dans son grand ouvrage sur les testacées des mers des Deux-Siciles, pl. 37.

Cet acéphale présente , dans des proportions

beaucoup plus grandes , une organisation à peu près semblable à celle des moules ; on y retrouve de même un pied musculeux susceptible de s'étendre au dehors, et des- tiné aussi à filer un byssus par fe moyen duquel la coquille s’atiache aux corps envi- ronnans. C’est sur les bas-fonds rocailleux , et non sur les rochers des rivages, que les jambonneaux -se tiennent fixés habituelle- ment. On prétend que cette adhérence n'est pas constante , et qu'ils ont la faculté de changer de place et de filer un nouveau

582 HISTOIRE

byssus. Le manteau est entouré d’un muscle particulier dont les franges sont plus pro- nocées que daus les moules. Quelques observateurs modernesont avan- cé, probablement d'après le témoignage des anciens ,que les jambonneaux logent toujours dans leur coquille un petit crabe nu qu leur sert en même tems de gardien et de pour- voyeur. Lorsqu'il revient chargé de butin, il avertit son hôte d'ouvrir ses battans et s’y introduit pour partager avec lui. Au moin- dre danger, il le prévient aussi de fermer sa coquille, ce qui les préserve tous les deux. Il est certain qu’on trouve souvent dans les valves des jambonneaux, ainsi que dans celles ‘des moules, un petit crabe du genre pinno- thère , dont le têt est si mou qu'il est obligé de chercher dans ces coquilles un abri contre les attaques de ses ennemis. Mais une asso- ciation raisonnée et des moyens de conser- vation afissi compliqués, ne paroissent pas pouvoir s'établir entre desanimaux de nature et de mœurs aussi différentes , sur-tout lors- que la nourriture qui convient à l’un et à l'autre n’est pas la même. Rien Le byssus, plus long, plus soyeux dans ce genre que dans aucun autre de cette divi- sion, permet de l’employer dans les arts,

DES ACEPHALES. 203

C’est particulièrement lespèce commune dans la Méditerranée qui sert pour cet objet. Elle se tient à trente ou quarante pieds de profondeur, et les pêcheurs l’arrachent avec de larges rateaux à dents de fer, appelés crampes. Dans plusieurs parties du royaume de Naples et à Malte , on fait avec cette soie seule mêlée à d’autres substances divers tissus, tels que des gants, des bas, auxquels on conserve ordinairement la couleur brune- jaunâire très-brillante qui lui est naturelle. Ces étoffes sont moëlleuses, très-chaudes et assez durables ; mais les fabriques out peine à se soutenir , parce que la récolte de ces co- quillages est difficile et peu abondante, et les ouvrages faits avec le byssus sont jusqu’à présent plutôt un objet de curiosité que d’uti- lité. Il seroit possible de réunir , dans des parcs inondés et peu profonds, une grande quantité de jambonneaux , comme on le fait pour les huîtres et les moules, ce qui dou- neroit la facilité de récolter régulièrement leur byssus, et permettroit d'en tirer un plus grand parti. |

Les caractères distinctifs des espèces sont assez difficiles à déterminer , quoiqu'elles soient peu nombreuses ; les plus remarqua-

les sont figurées dans l'Encyclopédie mé-

984 FIST OR E'

thodique , pl. 19q et suivantes. Presque toutes sont bonnes à manger ; sur certaines côtes on les recherche autant que les moules.

ESPECES.

1. JAMBONNEAU COMMUN ; pinna vulgaris.

Pinna nobilis. Lin. Taster, tab. 552, fig. 215. Gualt. tab. 78, fig. B. Chémn.8, tab. 87, fig. 775 776, 777: D’Argenv. Zoomorph. pl. 5, fig. N:

Coquille d’un brun-grisâtre, transparente, garnie de stries et sillons longitudinaux ,avec des écailles canaliculées , sub-imbriquées.

Cette espèce est la plus commune et la seule dont on travaille le byssus. Se trouve _ dans la Méditerranée et sur les côtes d'A- . frique. ;

2. JAMBONNEAU RUDE; pinna rudis. Tan.

Lister , tab. 373, fig. 214. Gualt. tab. 70, fig: C;. et 81, fig. A. Chemn. 8, p.218, tab. 88, fig. 773. L’apan. Adanson, Sénég. p. 212, et pl. 15, fig. 5.

Vulgs. le jambonneau rouge.

Coquille à sillons peu sensibles, hérissée sur quinze ou vingt rangées longitudinales d’é- cailles tubulées qui deviennent plus grandes vers l’extrémité large.

Les nègres du Sénégal, dit M. Adanson, font la pêche de ce coquillage autour des

DES ACÉBPHALES. 285 caps Bernard et Dakar il se trouve en grande quantité à trois brasses de profondeur. Sa chair est très-boune , sur-tout lorsqu'elle est cuite. Se trouve dans les mers d'Afrique

et des Indes.

3. JAMBONNEAU NACRÉ , p. margaritacea.

Lamarck', Ann. du mus. tom. VI, p. 118; et vélin, 23, fig. 1.

Coquille nacrée en dedans et en dehors, petite, étroite, mutique, à sillons longitu- dinaux , sans aucune apparence d’écailles en saillie; bord supérieur un peu arrondi et légèrement ridé en travers.

Les individus de cette espèce sont presque toujours mutilés ; 1! n’en reste niême souvent que des fragmeus ; il paroît néanmoins , d’après M. de Lamarck , qu’elle est distincte de toutes celles qu'on connoît dans l’état frais. C’est une des plus petites du genre; elle n’a environ que trois à quatre pouces de longueur. Se trouve parmi les fossiles de Grignon, elle est assez rare.

250 HISTOIRE

GENRE CX XVI" AvicuLe; avicula. Pl LXITII, Fig. 4.

"Animal. Semblable à celui des limes et filant de même un byssus.

Coguille. Inéquivalve , un peu bâäillante vers ses na- tèces, et se fixant par nn byssus. Charnière sans dent, un peu calleuse. Fossette du ligament oblon- gue, marginale et parallèle au bord qui la soutient. Une seule impression musculaire sur chaque valve. Le défaut de dents à la charnière avoit

déterminé Linnæus à placer ces coquilles au

nombre de ses moules. M. Adanson , dans son Voyage au Sénégal , tout en les rappro- chant aussi de ce même genre; qu'il nom- moit jambonneau, dit positivement que cette classification n’est que provisoire , et que ces coquilles présentent trop de différences pour permettre cette réunion. Bruguiè:e en composa son genre hironde, asicula ; mais

il les confondit avec les marteaux, dans la

planche 177 de l'Encyclopédie: Enfin, M. de

Lamarck fit une distinciion convenable des

véritables espèces , sous le nom d’avicule , et

constitua le genre tel qu’il doit être circonscrit,

Il faut remarquer cependant que Scopoli (1)

RS ee re

(1) Scopoli, Introd. ad Hist. nat, p. 597.

DES ACEPHALES. 87

avoit déja reconnu combien ce groupe est naturel , et qu'il l’avoit établi le premier , en lui donnant le nom de pteria ; nom qu’on auroit d’abord lui conserver, mais qu’il y auroïit maintenant plus d’inconvéniens que d'avantages à reprendre, depuis que la nomenclature de M. de Lamarck a pré- valu, et que celui d'avicule est employé généralement. |

Le caractère générique des avicules est principalement fondé sur l'inégalité des valves et sur la forme de la charnière qui présente , seulement dans la plus grande valve , une callosité alongée avec un long sillon au dessous du ligament, et dans l’autre, une cavité destinée à recevoir celte protu- bérance. Dans quelques espèces , il y a une petite lame qui s’engrène dans le sillon de l'autre pièce. Chaque côté de la charnière se prolonge quelquefois en manière d’orelles, dont l’une est‘toujours beaucoup plus longue que l’autre. Le ligament noir, fort inince, et peu apparent au dehors, s'étend depuis l'extrémité courte de la coquille jusqu'au milieu de sa longueur. On ne voit au milieu de chaque valve qu’une seule impression musculaire. Lorsque les deux valves sont ouvertes et rapprochées l’une de l’autre du

288 HISTOIRE

côté de la charnière, elles offrent deux lobes plus ou moins dilatés et arrondis, qui, sur-lout, dans certaines espèces , ont la figure _ de deux ailes étendues; cette apparence leur a fail donner les noms vulgaires d’hirondelle ou oiseau , et a fourni le nom du genre.

Les travaux anatomiques de Pol déter- minent la véritable place qui convient à ce senre dans l’ordre des acéphales ; l'animal a la même organisation et par conséquent les mêmes mœurs que ceux de cette division ; il est pourvu , comme eux, d’un pied des- liné à filer un byssus , à l’aide duquel il reste constamment suspendu dans les lieux qu’il habite. Poli l'a trouvé si semblable à celui des limes , qu’il n’a pas cru devoir les séparer , et qu'il lui a donné ie même nom de glaucus (1) ; la coquille s'appelle glau- coderme , d’après sa méthode de nomencla- ture.

Les avicules sont noinbreuses en espèces, très-diversifiées et très-distinctes , dont la plupart n’ont point encore été décrites; il ‘yen a dont les valves atteignent une grande dimension , et sont très-épaisses ; d’autres les

(1) Voyez son ouvrage sur les Testacées des Deux- Siciles, pl. 351, 17 et 21. ont

DES ACÉPHALÉS. 289

ent au contraire extrêmement minces , et tellement fragiles que la chaleur du soleil suffit dans les collections pour fendre et éclater les lames peu adhérentes dont elles sont composées. En général, leurs formes et leurs teintes n’ont rien de bien agréable, et ce genre ne présenteroit aucun intérét, sl renfermoit une espèce célèbre dans tous les téms , lavicule perlière, avicula margaritifera , plus connue sous les noms d'huitre aux perles et de mêére-perle. Cette coquille produit les vérilables perles fines , aussi estimées que les diamans chez presque toutes les nations, et que le luxe met au rang des ornemens les plus précieux ; ce sont des excroissances nacrées , accidentelles, qui se trouvent quelquefois dans l'intérieur des valves elles sont rarement libres et le plus souvent elles adhèrent à la sub- stance même de la coquille. La cause de ces protubérances n’a pas été bien déter- minée jusqu'à présent; on croit qu’elles sont dues à une maladie particulière de l'animal , qui, en causant une grande surabondance de la matière nacrée, ne lui permet plus de s'appliquer par couches au fond des valves, mais la fait couler en gouttes qui se coagulent plus ou moins régulièrement. Plusieurs Moll. Tome VI, d”

Que: OMS ITOMRE naturalistes prétendent que l'animal accu< “mule cette substance pour donner plus de force et plus d'épaisseur à sa coquille lors qu’elle a été percée extérieurement par queiques vers marins , ou qu’elle a été frac- turée par un accident quelconque. / . Les qualités essentielles qui eonstituent une belle perle, sont d’être grosse, par- faitement régulière dans sa forme, soit ronde , ovale ou en poire ; d’être vivante et d’avoir une belle eau, c’est-à-dire ;, d’avoir une léinite blanche à reflets brillans, sem- blables à ceux des opales. S'il est rare de rencontrer toutes ces conditions réunies, il l’est encore plus de rassembler un assez grand nombre de perles toutes du même volume, également belles et bien assorties. Le plus - souvent on ne trouve dans les avicules que des rudimiens d’une rondeur imparfaite , appelés perles baroques, des petits grains de différentes tailles, appelés semences de perles, ou même des concrétions irrégulières et trop fortement attachées au têt pour en être sé- parées ; c’est plutôt la forme particulière, la grosseur et la rareté, que la subsiance et l'éclat même des perles, qui leur donnent une csrande valeur; car les valves larges et épaisses de lavicule perlière sont infini-

DES ACEPHALES. 291 ment moins recherchées , quoiqu’elles soient exactement formées de la même matière et qu’elles présentent intérieurèment les mêmes reflets châtoyans. On ne les néglige cepen- dant pas entièrement ; ce sont elles qui four- nissent la zacre de perle du commerce, dent on fait des bijoux , des garnitures , et qu'on emploie dans divers orneniens.

11 y a plusieurs autres genres de bivalves marines dont l’intérieur nacré peut produire dans certains cas des excroissances semblables aux perles; tels sont les moules , les huitres, les pernes , elc. Plusieurs espèces d’avicules différentes de la mère-perle, doivent en ren- fermer aussi. - Quelques coquillages fluvia- iles du genre znio jouissent de Îa même faculté , entr’autres l'espèce appelée com- munément zzoule du Rhin, unio margariti- fera , qu’on trouve dans plusieurs autres fleuves d'Europe , et dans quelques lacs d'Ecosse et d'Allemagne ; mais ces perles, ordinairement irrégulières, d’une teinte lai- teuse et sans éclat , sont peu recherchées et d’un prix bien inférieur.

L’avicule perlière , celle qui renferme les véritables perles orientales , habite dans dif- férens pays ; or en trouve dans le golfe Persique, sur les côtes de l’Arabie heureuse,

T2

ee): (AA TS T'OITRE

sur celles du Japon ; mais c’est sur-tout dans Je golfe de Manaar , île de Ceïlan, qu'est établie la pêche des perles la plus célèbre et la plus productive. Nous entrerons dans quelques détails à ce sujet, d’après les relations ea te de plusieurs bi modernes.

Le rendez-vous le plus considér able des barques occupées à la pêche des perles est à la baye de Condaichy , à environ douze milles de Manaar, dans l’île de Ceilan. Les bancs formés par les avicules sont au fond de la mer , à une certaine distance du rivage, sur des rochers elles se tiennent attachées par leur;:byssus ; ils se trouvent au sud, le long de la côte de Manaar, à la hauteur d'Arippo, de Condatchy et de Pomparipo.

e plus étendu de tous occupe en mer une espace de vingi milles vis-à-vis de Condatchy.

Avant de commencer la pêche, on reconnoît

la richesse des bancs, et s'ils sont en état d’être exploités , on les met à l’enchère ; mais quelquefois aussi le gouvernement trouve plus avantageux de faire la pêche à ses frais, et de vendre ensuite les perles aux mar- chands. Pour ne pas dépouiller tous les bancs à la fois, on les a divisés en plusieurs portions très-distinctes qu’on exploite successivement,

RES Ë

DES ACEPHALES. 203 ce qui laisse aux avicules le tems de grandir, et permet d’en faire une récolte à peu près tous les ans. Elles atteignent , dit-on, en sept ans , la taille convenable, et on assure que si _ on les laisse plus long-tems, les perles non adhérentes augmentent de volume, devien- nent incommodes à l'animal qui les rejette alors hors de sa coquille.

La pêche commence au mois de février ; et doit être finie au commencement d'avril. Toutes les barques qui y sont employées se rendent dans la baie de Condatchy. Elles n'appartiennent pas à Ceilan ; on les fait venir des différens ports du continent, sur- tout de Tutucoryn, de Caracal, de Nega- patam sur la côte de Coromandel, et de Colang sur celle de Malabar. Les pêcheurs de cette dernière ville passent pour les meil- leurs de tous ; ils n’ont de rivaux que les Lubbahs qui se forment à cet exercice dans ‘île de Manaar. Au signal donné par un coup de canon tiré d’Arippo , toutes les barques partent ensemble à dix heures soir ; elles approchent des bancs à la pointe du jour, et commencent la pêche qu’elles continuent jusqu’à midi. Un second coup de canon leur indique alors de revenir à la baie les propriétaires les attendent. On

*\E 4

50% HISTOIRE travaille aussitôt à les décharger; car il fau£ qu’elles soient entièrement vides avant la auit. Il y a vingt hommes sur chaque barque, , et un patron nommé tindal; dix d’entre eux | sont occupés à ramer et à remonter les plon- geurs; les dix autres descendent dans la mer, cinq à la fois; ce qui fait que, se reposant et plongeant ainsi alternativement, ils con- servent des forces jusqu’à la fin. Il y a dans la barque plusieurs pierres attachées à des cordes , dont les plongeurs se servent pour descendre plus rapidement au fond de Peau. Quand lun d'eux s'apprête à plonger, il prend dans les doigts du pied droit l& corde d’une des pierres , et de l'autre pied il saisit un filet en forme de sac; il tient alors une autre corde de la main droite, se bouche les narines de la gauche, et arrive rapide- ment au fond de l’eau ; il passe à son cou Ja corde du filet qu’il place ainsi devant lui et le remplit d’avicules avec une grande adresse et une grande promptitude, puisqu'il . ne pent employer à ce travail qu'environ deux mnnutes , seul tems qu'il puisse passer sous l’eau. El avertit ensuite qu’on le retire, en tirant la corde qu’il tient de la main droite. Comme ces plongeurs sont accoutu- més à ce travail depuis leur enfance, ils ne

DES ACEPHALES. 205 craignent point de descendre jusqu’à la pro- fondeur de quatre à dix brasses, et de ré- péter plusieurs fois ce pénible exercice. Ce- pendant ils font quelquefois des efforts si douloureux , que revenus dans la barque , ils rendent souvent Îe sang par la bouche, le nez et les oreilles. Ils plongent jusqu’à cinquante fois par jour, et rapportent une centaine de coquilles à chaque fois. Quoiqu'ils ne restent ordinairement que deux minutes sous l’eau, il yen a quelques-uns qui y de- meurent quatre et Cinq minutes; on cite même l'exemple d’une jeune caffre ét d’un plongeur d’Anjango , qui ; à la pêche de 1707 , sy tinrent six minutes.

Dans le moment de la pêche, il'se trouve toujours sur le rivage des devins et des prêtres de chaque caste , qui emploient dif- férens exorcismes pour préserver les plon- geurs de la voracité des requins. Ces ani- maux leur inspirent une grande frayeur ; mais leur confiance dans les talismans et les prières des devins est telle qu'ils négligent de prendre des précautions plus sûres : au- irement aucun indien ne consentiroit à descendre ; souvent même la pêche est eu- tièrement interrompue lorsqu'il arrive quel- que accident.

s#

206 HISTOIRE

_ On fait différens marchés avec les plon-

geurs et avec ceux qui louent les barques. Quelquetois on les paie en argent, ou bien on leur accorde un certain nombre d’avicules encore fermées, en proportion de la quantité qui a été PÈRES: Il faut surveiller de très- près ceux qu’on emploie à ce travail, car ils se permettent tous un grand nombre d'in-

fidélités; souvent ils avalent les perles qu'ils.

ont pu saisir, même au fond de la mer, en visitant les coquilles enti’ouvertes; mais elles n’échappent pas pour cela aux recher- ches des marchands. | |

_ Arrivées à terre, les avicules sont em-

portées par les propriétaires et déposées dans

des espèces de puits d'environ deux pieds de profondeur , ou à terre sur des nattes dans des espaces carrés, entourés de palissades, chaque marchand ayant une division parti- culière. Elles y restent jusqu’à ce que les ‘animaux soient morts ; on peut alors ouvrir aisément leurs coquilles, ce qu'on ne pourroit faire sans de grandes diff- cultés tandis qu’ellés sont fraîches. L'animal étant séparé, on l’examine attentivement ;

souvent même on le fait bouillir, parce que

les perles non adhérentes, qui sont ordinai- rement dans la coquille , se trouvent cepen-

sl

DES ACEPHALES. 207 dant quelquefois dans l’intérieur même du corps et sous les lobes du manteau. Lorsque la recherche des perles libres et adhérentes est achevée, on choisit les valves qui, par leur grandeur , leur épaisseur et leur éclat, sont destinées à fournir la nacre du com- merce. Le reste est entièrement abandonné à la putréfaction , et ces amoncellemens de mollusques, souvent très-considérables, ré- pandent pendant long-tems des exhalaisons funestes pour les environs. Malgré cette odeur infecte et dangereuse, beaucoup d’in- diens viennent , plusieurs mois après la pêche , examiner les lieux elle s’est faite, avec l’espoir d'y trouver encore quelques perles oubliées. us _ Les perles sont toujours perforées et en- filées dans le pays même , et l'adresse et la promptitude que mettent à ce travail les ouvriers noirs qu'on y emploie sont extré- mement remarquables. Ce sont eux aussi qui détachent les perles adhérentes ; ils se servent, pour les nettoyer , les arroudir et leur donner le poli, d’une poudre fournie par les perles mêmes. Cestravaux occupent beau- coup d'ouvriers , particulièrement dans le Pettah ou dans la ville noire de Colombo.

. La pèche des perles de Ceilan n’est plus

298 MiUS |ITIONIKE

aussi productive qu’autrefois, parce que le gouvernement hollandais a épuisé les bancs en les faisant pêcher trop fréquemment ; cependant le revenu qu’en tirent actuelle- _ ment les anglais est encore très-considérable, et cet article de commerce est le plus im- portant de l’île de Ceilan après la cannelie. On trouve aussi des perles à Tutucoryn, sur la côte de Coromandel , vis-à-vis Con- datchy ; mais leur teinte bleue ou grisâtre leur donne toujours une valeur inférieure à celles de Ceilan.

Les mers de l'Inde ne sont pas les seules qui fournissent des perles ; on en pêche dans plusieurs autres parties du monce, parlicu- Jièrement en Amérique; celles qui viennent de Californie et de l’île d'Otahiti sont jusqu’à présent assez rares dans le commerce, et n’ont ni la régularité mi Lee des perles

d'Orient. ESPECES.

1. AVICULE COMMUNE ; avicula hirundo.

Mytilus hirundo. Lin. Lister, tab. 220 , fig. 55. Gualt. Test. tab. 94, fig. B. Chemn. 8, tab. GL; fig. 722. D’Argenv. pl. 19, fig. B.— Bonan. Récr. cl. 2, fig. 58.— Avicula communis. Lamarck, Anim. sans vert, p. 154. Vulg. /’hirondelle ou l’oiseau.

Coquille brune-jaunâtre , unie ; aplabe ;

DÉS ACEPHALES. 299 à valves trés-inégales , arrondies, peu épaisses, lune moins concave que l’autre , et beau- coup plus étroite dans son milieu ; charnière en ligne droite , ayant de chaque côté des nes inégaux.

Cette espèce , dont on mange l’animal dans plusieurs pays, n’atteint jamais de grandes dimensions ; l’intérieur des valves, d’une très- belle nacre argentée , offre souvent de petites loupes de perles. C’est elle dont Poli a figuré Fanimal, ainsi que sou anatomie , dans la planche 51 de son ouvrage sur les testacées des Deux-Siciles. Se trouve dans toutes les mers des pays chauds, particulièrement dans la Méditerranée et sur les côtes d'A-

frique.

2. AVICULE PERLIÈRE; avicula marga-

ritifera.

Mytilus margaritiferus. Lin. Rumph. Mus. tab. 47 » fig. F. Lister, tab. 221, fig. 56. Guait. tab. S4 , fig. E,F, G.— Chemn. 8, tab. 81, fig. 717, 721, @, b. D’Argenv. pl. 50, fig. À. Favanne, pli, E,1, Vulgair. l’huître perlière la mère perle.

Coquille grande, très-épaisse, presque

orbiculaire , aplatie , d’un gris - verdâtre obscur à l'extérieur et d’un beau blanc nacré

rtf

500 HISTOIRE

dans l’intérieur ; charnière en ligne droite; sans prolongement de chaque côté.

C’est cette espèce qui renferme particu- lièrement les perles d'Orient les plus renom- mées, et celle dont on fait à Ceilan la pêche que nous avons décrite plus haut. On croit avoir reconnu cette même coquille dans l’état fossile : voyez le catalogue de Davila, tom. IT, 158. Se trouve dans plusieurs parages | de la mer des Indes. On ne sait pas positive- ment si l’avicule perlière d'Amérique | tient à la même espèce.

._ GENRE CXXVIII MarTEAU ; malleus. PI. LXIII, Fig. 5.

Animal. Inconnu.

Coquille. Irrésulière, équivalve, un peu bâillante près de ses natèces, et se fixant par un byssus. Charnière sans dent, un peu calleuse, et munie, pour le ligament, d’une fossette conique, posée cbliquement sur le bord de chaque valve et séparée de l’ouverture qui donne passage au byssus. Une seule impression musculaire sur chaque valve.

Presque tous les caractères de la charnière : que nous avons donnés aux avicules con- viennent également aux marteaux , excepté la position de la fossetle du ligament , qui

DES ACEPHALES. %oi est oblique dans ce dernier genre, au lieu d'être alongée et parallèle au bord qui la soutient ; mais la forme remarquable de leurs valves les fait reconnoître facilement, et elle est tellement particulière à ce genre, qu'il est impossible de le confondre avec aucun autre,

Les marteaux ressemblent à l’instrument dont ils portent le nom ; les valves, irrégu- hères dans leur surface et dans leur contour, mais égales entre elles, sont longitudinales , étroites , et se terminent par une charnière en ligne droite dont les côtés se prolongent en

deux branches très-alongées dans quelques :

espèces. Il y en a d’autres ces branches sont moins prononcées, et qui n’en offrent même qu'une d'un seul côté. Cette confor- mation singulière a été saisie avec raison par M. de Lamarck, comme type d’un nou- veau genre. Les marteaux, en effet, différent trop des avicules pour leur être associés, ainsi que l’a proposé Bruguière (1), et peu- vent encore moins rester parmi les huîtres auxquelles Linnæus les réunissoit.

L'animal des mafteaux n’a point encore été observé. On peut seulement juger par

(1) Planche 177 de l'Encyclopédie méthodiq. sous le nom d’hironde , avicula.

302 HISTOIRE

Ja place qu’il occupe dans sa coquille , que son corps est comme elle divisé en trois lobes. On voit aussi, d'après l’écartement des valves près de la charnière , qu’il est pourvu d'un organe propre à filer , et qu'il se fixe aux corps marins par un byssus. Cet écartement est à côté de la fossette du ligament, et ne se confond point avec elle.

M. de Lamarck rapporte à ce genre au moins six espèces , qui pour la plupart sont rares et peu connues, ou avoient été jus- qu’à présent regardées comme de simples variétés les unes des autres.

MARTEAU VULGAIRE ; maileus vulgaris. Lam. :

Ostrea malleus. Lin. sp. 207. Lister, tab. 219 ÿ

fig. 54. Gualt. tab. 06, fig. D, E. Chemn. 8, tab. 70, fig. 655 , 656. D’Argenv. pl. 19, fig. À. Fav. pl. 42, fig. A, 1. Vulgair. le marteau ou la croix indienne. Me Coquille d’un violet noirâtre , irrégulière, feuilletée , divisée en trois lobes ; les deux qui accompagnent la charnière sont longs, étroits , et sur la même ligne; l’autre est un peu contourné et plissé dans son étendue: Cette espèce est à présent plus commune dans les collections qu’elle ne l’étoit autre- fois. Il ne faut pas la confondre avec le

DES ACEPHALES. 303 marteau blanc, coquille extrêmement rare, qui se distingue de celle-ci par -plusieurs caractères tirés de sa forme, et par sa cou- leur constamment blanche. Kumphius dit que le marteau vulgaire se mange comme les huîtres. Se trouve dans la mer des

Indes.

GENRE CXXIXS. VozseLzLe; vulsella. PI LXIILT, Fig. G.

Animal. Acéphale se fixant par un byssus cardinal. Coquille. TLongitudinale, sub-équivalve. Charnière calleuse , déprimée, sans dents, en saillie égale sur chaque valve, et offrant intéricurement , pour le ligament, une fossette arrondie, conique, ter- minée en bec arqué très-court. Valves un peu écar- tées près de la charnière , donnant passage à un byssus. Une seule impression musculaire sur chaque valve. La coquille sur laquelle M. de Lamarck a élabli ce nouveau genre, étoii classée parmi les mya de Linnæus, et faisoit partie des huîtres dont Bruguière a publié les figures dans l'Encyclopédie méthodique. Elle dif- fère sensiblement de ces deux genres, non seulement par sa forme générale très-alon- gée et étroite, par sa charnière’située à une extrémité , et composée sur chaque valve

304 HITS TOTRE

d’une fossette arrondie faisant intérieurement une saillie se loge le ligament ; mais encore par la présence d’un byssus qui sort par un écartement près de la charnière. Ce dernier trait caractéristique , uniquement fourm par la coquille, éloïgne entièrement les vul- elles des myes, qui ont avec elles une sorte de ressemblance dans la fossette de la char- nière. C’est la seule donnée qu’on ait sur les mœurs et sur l’organisation de lanimal , qu'aucun naturalisie n’a observé jusqu’à présent. |

Ce genre renferme plusieurs espèces qui

n’ont pas encore été bien distinguées , et qui méritent d’être étudiées. Elle sont rares dans l’état fossile ; on en trouve une , très-diffé- rente de toutes celles connues dans l’état frais, parmi les fossiles des environs de Mantes-sur-Seine. | VULSELLE LINGULÉE ; vulsella lingulata. Lai.

Mya vulsella. Lin. Rumph. Mas. tab. 46, fig. A. Lister, tab. 1055, fig. 10. Gualt. tab. 90, fig. H. Chemn.6 ,tab.2, fig. 10, 11. Encycl. tab. 156, fig. 4. Vuig. tire-barbe ou tire-poil.

Coquille longitudinale, aplatie, étroite, très - alongée et finement striée en travers; valves un peu bäillantes près de la charnière

pour

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4, PERNE , D, CRENATULE ,.

8, ANODONTE,

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DES ACEPHALES. 305 pour le passage du byssus; fond brun-jau- nâtre , rayé en long de noir et bordé de jaune ve | | Cette coquille est encore assez rare dans les collections. Se trouve dans la mer des Indes : on prétend qu’elle vient aussi d’A- mérique. |

PUCGCENRE CEXXXx. PErRNE ; perna. PI. LXIV, Fig. 2.

Ænimal. Acéphale se fixant par un byssus.

Coquille. Equivalve ? aplatie. Charnière composée de plusieurs dents linéaires , parallèles, tronquées , non articulées el rangées sur une ligne droite trans= verse ou oblique. Les interstices des dents donnent attache au ligament. Valves un peu écartées près de la charnière , donnant passage à un byssus. Une seule impression musculaire sur chaque valve.

Linnæus avoit reconnu les caractères dis- tinctifs des pernes, et en les rangeant parmi ses huîtres, il en avoit formé une division particulière ; c’est de cette division que Bru- guière a composé un genre à part qui doit même être assez éloisné des huîtres, d’après la forme de la coquille, et sur-tout d’après les notions qu'on en peut tirer sur l’organi- sation de l’animal.

WHoll, Tome VI. V

306: LS OT AR E;

Le caractère le plus frappant des pernes consiste dans la structure de la charnière ; au heu de présenter une seule fossette ou quelques dents s’engrenant mutuellement sous les natèces , elle est coniposée sur chaque valve d’une série en ligne droite, de côles nombreuses , linéaires, parallèles, et ne s’ar- ticutant pas entre elles quand la coquille est fermée. Elles s'appliquent l’une sur l’autre, mais seulement lorsque les valves sont ou- verles, et c’est exiérieurement et dans les intervalles de chacune de ces côtes qu’est placé le ligament. On aperçoit sur un des côtés et près de la charnière un bâillement assez sen- sible, produit par le passage du byssus ; le reste de l’organisation et de l’histoire de l’ani- mal est jusqu’à présent entièrement inconnu.

Les pernes , assez nombreuses en espèces, sont remarquables par leurs formes souvent contournées et irrégulières, plus ou moins orbiculaires ou très-alongées ; plusieurs of- frent sur les côtés de la charnière un ou deux prolongemens en oreilles. Les valves sont en général construites de feuillets très-minces el très-fragiles. L'intérieur , uni et brillant, produit quelquefois des concrétions nacrées de la nature des perles.

Les pernes ne se trouvent que dans les

\ LA

DES ACEPHALES. 307 mers des pays chauds; Bruguière a fait figurer les plus remarquables dans les planches 175 et 176 de l'Encyclopédie méthodique.

ES PTE CIE.S. 1. PERNE SELLE ; perna epluppium. Lam.

Ostrea ephippium. Lan. Lister, tab. 22%, fig. 62. Chema. 7, tab. 58, fig. 576, 577. Encyclop. pl. 176 , fo. 2.

Coquille à valves orbiculaires, comprimées ou légèrement convexes ; échancrure du byssus près de la charnière sur un des côtés.

Cette espèce , la plus commune du genre, est d’un brun rougeûtre foncé. Se trouve dans la mer des Indes et au cap de Bonne- Espérance.

3. PERNE ISOGONE ; perna isogona.

Ostrea isogona. Lin. Rumph. tab. 47, fig. 1. -Chemn. 7, tab. 59, fig. 582, 585, 584. Gualt. tab. 97 » fig. A. Vulg. l’équerre.

Coquille d'un violet noir en dehors et nacrée en dedans ; valves alongées , trian- gulaires , en forme de langue irrégulière ; charnière lobée sur un seul côté , et portant

Jusqu'à vingt-quatre sillons.— Se trouve aux

Indes et en Amérique.

V2

308 HIS TOIRE

»

3. PERNE A MACHOIRE; perna maxillata.

Lamarck, Syst. anim. sans vert. p. 134. —Knorr, Pétrific. vol. IT, tab. 64-

Coquille grande , à charnière alongée , très-large , dont les sillons multipliés repré- | sentent une mâchoire de poisson. |

Cette belle espèce est dans l’état fossile. M. de Beauvois en a rapporté d'Amérique plusieurs individus qu’il avoit recueillis dans la Virginie il y en a en abondance. On la trouve aussi dans le Piémont.

GENRE ‘CRIER CRÉNATULE; crenatula. PI. LXIV, Fig. 2. |

> Animal. Inconnu.

Coguille. Irrégulière, aplatie, fermée, ne donnant passage à aucun byssus. Charnière linéaire, compo- sée d’une rangée de crénelures creusées en {os- settes qui reçoivent le ligament.

La coquille est la seule partie de ce genre qw on possède dans les collections, et elle | | est même encore assez rare. Sa forme et ses caractères la placent dans le voisinage des \pernes ; seulement, la charnière, au lieu d’être composée , comme dans ce dernier

DES ACEPHALES. 309

genre, de sillons transversaux et parallèles, présente sur chaque valve une série crénelée de fossettes s'appliquant l’une sur lautre quand la coquille est fermée , et dans les- quelles se loge le ligament.

Malgré ceite analogie marquée die les enveloppes calcaires , il naroît que les mœurs des crénatules différent un peu de celles des bivalves qui composent cette division ; son adhéreuce aux corps marins n’a point lieu par le moyen d’un byssus, car on n’aperçoit sur aucune partie du contour des valves Je bâiliement qui doit lui servir d’issue; les espèces connues jusqu’à présent sont suspendues à des éponges dans lesquelles elles s'introduisent, et qui recouvrent presque entièrement leurs valves. |

L'anatomie apprendra si cette particula- rité dans les habitudes de l'animal en dé- termine d’autres dans l’organisation , et elles suffisent pour éloigner les crénatules de cette famille.

Ce nouveau genre, qui ne renferme encore que deux espèces bien caractérisées, a été distingué et établi par M. de Lamarck.

310 H I ST O IR E ESPECES.

1. CRÉNATULE AVICULAIRE ; crenatula avi-

cularis. Nr

Lamarck, Ann. du mus. vol, III, p. 29, tab. 2, fig. 1 et 2.

Coquille presque S rhém bu , jaunâtre , rayée de lignes blanches onduleuses qui partent des natèces ; valves inégales, minces, comprimées , membraneuses et garnies de quelques écailles.

Une des valves est plus bombée que l'autre ; l’intérieur est blanchâtre et nacré à la place qu’occupoit l'animal. Cette joie espèce se trouve dans peu de collectons. Elle a été rapportée du canal de Mosam- _bique par le capitaine Baadin.

2. CRÉNATULE MYTILOÏDE ; cren. mytiloides.

Lamarck, Ann. du mus. vol. UT, p. 50, tab. 2, fig. 3 et 4,

Coquille oblongue, lisse, d’un violet nus râtre, non rayé ; bord antérieur supérieur | caréné et comprimé. _ Cette espèce a l'aspect extérieur d’une moule. Elle est aussi rare que la précédente. On distingue intérieurement sur chaque valve la place de lanimal par un espace

DES ACEPHALES, 314 alongé , d’une pacre très -— brillante. Se trouve dans la mer Rouge elle adhère aux éponges. 4

M. de Lamarck rapporteencore à ce genre,

sous le nom de crénatule aile de faisan,

crenatula phasianoptera, une bivalve nom- mée ostrea picta par Ginelin, 127, figu- rée dans Chemuitz , Conch. 7, pag. 245, tab. 55, fig. 575; et dâns Martini, Besch. Berl. Natur. f. 3, tab. 7, fig. 25, 24; mais les rapports marqués de cette coquille avec la crénatule mytiloïde, lui font soupçonner qu’elle n’en est peut-être qu’une variété remarquable par les rayons colorés de ses valves. Elle habite aussi la mer Rouge. M. Péron a recueilli, dans l'expédition des français aux terres australes, une nouvelle espèce de crénaiule dont la teiute est verte, . et dont les caractères disiinciifs n’ont point encore été décrits.

V &

/ D

Ée HISTOIRE

A.— Manteau ouvert par devant. Point de bras ciliés. Un pied propre à ramper ; point de tubes ; équivalves.

GENRE: C'X Xe ANoDonTE ; anodonte. PI. LXIV, Fig. 5.

Animal. Acéphale fluviatile, ne faisant saillir aucun tube, et ayant un pied musculaire qu’il fait sortir en lame transversale. Deux ouvertures au manteau, l’une pour la nourriture et la respiration, et l’autre

pour la sortie des excrémens. 6 Coquille, Transverse , à charnière simple, sans aucune

dent. Figament extérieur. Trois impressions mus-

culaires sur chaque valve.

Linnæus confondoit dans le genre des moules, dont toutes les espèces doivent ètre. marines , les anodontes qui n’habitent que les eaux douces , et que par cette raison on connoît dans plusieurs pays sous le nom vul- gaire de moules d'ébang ou de rivière. Indé- pendamment de cette différence importante dans la nature de l’habitation , il y a dans le seul examen de la coquille des carac- tères assez sensibles pour les distinguer suffi- samment. Ils ont été reconnus par Bruguière, qui le premier établit ce genre et lui donna le nom d’arodontite. M. de Lamarck la depuis adopté et n’en a retranché que la

DES ACEPHALES. 313 terminaison en ite, qui, d’après la nomen- clature reçue, annonceroit qu’il n’est com- posé que d'espèces fossiles.

Les anodontes ont une charnière absolu- ment dépourvue de dents, ainsi que l'indique leur nom générique ; elles n’ont pour l’arti- culation des valves qu’un simple sillon peu exprimé, et un lisament brunâire, étendu extérieurement sur une grande partie de la largeur. La coquille, au lieu d’être longitu- dinale et presque triangulaire |, comme dans les moules, est transversale, ovale, plus ou moins alongée, et présente , vers le nu- lieu , des natèces peu apparentes. Elle offre d’ailleurs trois impressions musculaires sur chaque valve. Ces valves sont en général minces, légères, demi-transparentes et re- couvertes à l'extérieur d’un épiderme brun ou verdâtre.

L'animal des anodontes, très-différent sous les rapports essentiels de celui des moules ( entr’autres par l'absence du byssus ), vient confirmer la séparation de ces deux genres et la formalion d’un groupe isoié irès-na- turel, Son organisation présente letype d’une division particulière , et se trouve même, sauf quelques modifications peu importantes, presque semblable à celle des bivalves qui

Se

314 HISTOIRE nous reslent à examiner. C’est à M. Cuvier que nous en devons l'anatomie la plus exacte et la plus détaillée. Cet acéphale fluviatile offre deux ouvertures tubiformes, courtes, tentaculées, qui dépendent du manteau, et ne peuvent saillir au dehors : l’une donne - entrée à l’eau pour la nourriture et la respi- ration, et l’autre, placée à peu de distance de la première, sert d’issue aux excrémens. Le pied se montre à l'extérieur vers le milieu des valves, sous la forme d’une lame assez large et arrondie : l'animal , en faisant sortir cet organe musculeux , l’emploie uniquement pour ramper ; il tourne sa coquille sur le tranchant des valves entr’ouvertes, et change de place dans cette position ; ce qui laisse sur la vase deux sillons parallèles.

On prétend que les anodontes peuvent aussi nager en ouvrant et fermant rapi- dement leur coquille. Le cœur est grand et garni de deux appendices dans lesquelles le sang passe d’une manière très-apparente ; ilest traversé par le rectum, et cette dispo- -sition si singulière se retrouve dans la piupart des genres qui composent les divisions sui- vantes. ;

Les anodontes sont hermaphrodites et vivipares ; c’est dans les branchies servant

DES ACEPHALES. 315 d'ovaires et de matrice tout à la fois, que se trouvent leurs peiits en quantité innom- brable , et 1l paroît que pour éclore ils sont * obligés de percer les enveloppes extérieures. Les deux valves, déjà toutes formées au moment de leur naissance , conservent pen- dant long-tems une figure presque trian- gulaire , très- différente de celle qu’elles doivent avoir par la suite.

Ces coquillages vivent habituellement plongés dans la vase des eaux stagnantes, sur-tout pendant l'hiver; leurs natèces sont ordinairement dépouillées de leur épiderme, et même carlées.

On mange ces coquillages dans quelques pays ; mais la présence du pied musculeux les rend coriaces, et leur chair est fade et même désagréable , sur-tout lorsqu'ils ont vécu dans des eaux très-bourbeuses. Les valves, grandes, profondes et légères, sont les seules parties dont on puisse tirer queique utilité ; elles servent , particulièrement dans le nord, à écrémer le lait et à prendre le fromage. On les trouve en Picardie dans les marchés elles portent le nom d’éca- fottes. L'intérieur de ces valves , d’une nacre blanchätre, offre quelquefois des con- crélions irrégulières, analogues aux perles ;

BEN HISTOIRE

les espèces de la zone torride en renferment dont Péclat est plus brillant.

Bruguiére a figuré ce genre dans les plan- ches 201 et suivantes de l'Encyclopédie; on en connoit au moins une douzaine d'espèces.

ÉSPECES.

1. ANODONTE DES CYGNES ; ancdonta cygn0ca.

{

Mytilus cygneus. Lin. 257. Lister, tab. 156, fig. 11. Gualt. tab. 7, fig. F.— D’Argenv. pl. 27, fig. 10 et Zoom. pl. 8, fig. 12. La grande moule des étangs. Geoffroy , p. 159, n°1, pl. 3.— Drapar. Molt, de la France , in-4°, p. 154, pl. XT, fig. 6 et pt. XIT , fig. 1. Vuilg. /a moule d’étang.

Coquille grande, ovale-alongée, un peu renflée postérieurement et comprimée anté- rieurement ; lextérieur brun et le dedans d’un gris nacré. ;

Elle a quelquefois plus de six pouces de largeur. Se trouve dans toule l’Europe, dans les lacs et les grands étangs boueux, _ elle est quelquefois très-abondante. Elle n'est pas fort commune aux Environs de Paris.

2. sd DES CANARDS ; @a10d. analina. Lam.

Mytilus anatinus. Lin. 258. Lister, tab. 155, fig. 8.— Gualt. tab. 7, fig. E.— Pennant, Zool. Brit.

DES ACEPHALES. 317

4, tab. 68, fig. 70. Chemn. 8, tab. 86, fig. 765. ÆAnodontites. Bruguière, Encycel. pl. 202, fig. 1. Draparn. Moll. de la France, p. 135, pl. XII, fig. 2.

Coquille ovale , anguleuse , un peu com- primée postérieurement ,et dilatée antérieu- rement; valves très-fragiles, presque mem braneuses et demi-transparentes; l'extérieur est verdätre ou jaunâtre.

Elle est plus petite et plus mince que la précédente à laquelle elle ressemble beau- coup : 1l est même probable que ce ne sont que des variétés l’une de lautre dues aux circonstances particulières dans lesquelles elles ont vécu ; on rencontre souvent des individus intermédiaires , comme laille et comme figure. Se trouve en Europe, plus pariiculièrement danslesrivières etruisseaux, que dans les lacs et étangs.

GENRE CXXXIII. MuzerTe ; wnio. PI. LXIV, Fig. 4.

Animal. Semblable à celui des anodontes.

Coquille. Transverse , ayant trois impressions mus- culaires sur chaque valve ( quatre d’après Drapar- uaud }). Une dent cardinale , irrégulière, calleuse,

318 HT IL STORE

se prolongeant d’un côté sous le corselet et s’arti-

culant avec celle de la valve opposée.

Les coquilles de ce genre habitant dans les eaux douces comme celles du précédent, et leur ressemblant -soùs beaucoup de rap- port, portent aussi communément le nom de moules d'étang ou de rivière. Elles ont éprouvé à peu près les mêmes varialions dans leur classification. Linnæus , considérant leur charnière fortement dentée , ne les avoit point rangées parmi les moules , mais les plaçoit daus son genre m1ya. Bruguière regarda avec raison ce rapprochement de coquilles fluviatiles et marines comme peu . naturel, sur-tout lorsqu'elles présentent entre elles un grand nombre de caractères distinctifs irès-tranchés. IL établit le genre mulette, et l’indiqua seulement dans les planches 247 et suivantes de lEncyclopé- die, sans eu publier les caractères ; depuis, ce groupe a été adopté et complettement décrit par M. de Larnarck.

Les animaux qui habitent les mulettes étant exactement organisés de même que ceux des anodontes, on n’a pu séparer ces deux genres que par des considérations prises dans la coquille. La charnière est la partie quia fourni les plus grandes différences;

DES! ACEPHALES. 5:19

au lieu d’être édentée, comme dans les anodontes , elle est composée, sur chaque valve , d’une forte callosité irrégulière , quelquefois crénelée , qui s'articule dans une fosselte située sur la valve opposée. Du reste, la forme générale est transverse et l'extérieur est recouvert d’un épiderme également brun ou verdâtre. D’après Draparnaud , l'animal tient à sa coquille par quatre muscles dont les points d'attache forment sûr chaque valve deux grandes impressions accompagnées de deux plus petites. | Les mœurs sont aussi les mêmes que celles des anodontes. On trouve ordinairement les mulettes enfoncées dans la vase ou dans Ie sable, sur-tout pendant lhiver ; mais c’est plutôt dans les eaux courantes que dans les mares et les étangs qu'il faut les chercher, Les valves plus épaisses, plus bombées que dans les anodontes, sont souvent , comme ces dernières, dépouillées de leur épiderme et cariées sur les natèces. L'intérieur pré- sente dans certaines espèces une nacre très- éclatante qui paroît au dehors lorsqu'on enlève l’épiderme et qu’on les polit pour orner les collections ; cette substance s’ex- iravase comme dans les avicules, et forme souvent des protubérances irisées et même

320 ‘HISTOIRE des perles rondes et libres, moins belles que les véritables perles d'Orient; mais qui ont encore une certaine valeur dans le commerce. La muleite du Mississipi, #1ya rugosa , Lan. et celle du Rhin, mya margariliferaæ, Lin. | sont les espèces qui en renferment le plus : communément. On trouve , en Amérique, dans plusieurs rivières à l’ouest des monts Alléghanys , principalement dans Ohio, une grande espèce, épaisse et d’une belle nacre, dont on fait des boutons, des manches de couteaux et divers autres bijoux. : à Il n’y a que trois espèces de mulettes dans les eaux douces dela France ; maisil en existe un assez grand nombre d’autres dans les rivières de différens pays. Bruguière en a figuré en tout seize espèces dans les planches 247 et suivantes de l’'Encylopédie.

ESPECES.

1. MULETTE DES PEINTRES ; #70 piclorum.

Mya pirtorum. Lin. Mall. Verm. hist. 597. Lister, tab. 146, fig. 1 ; et tab. 147, fig. 2 ,3.— Gualt. tab. 7, fig. E.— Chemn. tab. # , fig. 6. D’Argenv. pl. 27, fig. 10, 4; et Zoom. pl. 8, fig. 11. La moule des rivières. Geoffroy, p. 141, 2. Drapar. Moll. de la France, in-4°, p.151, pl. XI, fig. 1-4.

Coquille ovale, alongée, peu épaisse, peu bombée , à dents cardinales comprimées et

dentelées,

DES ACÉPHALÉS. 521 dentelées ; surface lisse et luisante, quoique légéreinent marquée de stries concentriques; ‘épiderme brun-verdâtre , mince ; natèces rarement excoriées.

Ies peintres en miniature se servent des valves de cette coquille pour mettre des, couleurs , ce qui lui a fait donner son nom spécifique. 11 y a quelques variétés dont les unes présentent des zones concentriques de différentes teintes, et les autres, des rayons verdâtresqui s'étendent du sommet jusqu'aux bords. Se trouve dans les eaux courantes de\ toute l’Europe ; elle est très-commune dans la Seine et dans les ruisseaux aux environs de Paris. On la rencontre aussi dans les lacs de la Suisse elle paroît avoir été apporlée par les rivières qui s’ÿ rendent.

2, MULETTE LITTORALE ; unio Liioralis. Lam.

Bruguière, Encycel. méth. coq. pl. 248, fig. 2. Schroet. Flus. conch. tab. 2, fig. 5. Drapar. Moll. de la France, in-4°, pag. 133, 3; et pl. 10, 20.

_ Coquille épaisse , comprimée, à valves presque carrées ; surface raboteuse , terne, couverte d’un épiderme épais et brun. Linnæus et la plupart des naturalistes ont confondu cette espèce avec la précé- dente ; elle est toujours plus pelite, plus Moll. Tome Vi, X |

622 LS 0 OMR EX épaisse, moins large proportionnellement , et moins rétrécie vers la partie antéuieure. Se trouve dans les mêmes lieux que la mulette des peintres ; elle est très-commune dans la Seine. 3. MULETTE MARGARITIFÈRE ; 40 MArga= ritifera. ie

Mya margaritifera. Yin. Mall. verm. hist. 306. Lister, tab. 149 ; fig. 4. Gualt. tab. 102, fig C. = Chemn. 6, tab. 1, fig. 5. Brug. Encyc. pl. 248, fig. 1. Draparn. Moll. de la France, in-4°, p. 152, n°2; et pl. 10, fig.17-10. Vulg. la moule du Rhin.

Coquille grande , très -épaisse , ovale- oblongue, réniforme ; bord des valves assez profondément sinué dans le milieu ; surface marquée de stries d’accroissemént très- sensibles ; épiderme brun-noirâtre , le plus souvent excorié vers les natèces; intérieur d’une belle nacre brillante. |

Elle se distingue de la précédente par la sinuosilé très - prononcée du bord de ses valves , et par sa taille beaucoup plus con- sidérable ; elle atteint quelquefois plus de huit pouces de largeur. Cette espèce est remarquable par la beauté de sa nacre, par les concrétions brillantes , irrégulières , et par les perles non adhérentes, assez rondes, assez belles qu’elle renferme souvent dans

DES ACEPHALES. 325 son intérieur. Quoique ces perles $oient toujours inférieures , par leur éclat et leur régularité, à celles de l’avicule perlière, elles ne laissent pas d'avoir encore un certain prix. On en fait la recherche dans plu- sieurs pays du nord de l’Europe , princi- palement en Ecosse; en Suède, en Alle- magne. Les anciens souverains de la pro- vince de Lorraine faisoient autrefois garder avec soin la petite rivière de Valogne cette pêche étoit établie. On prétend qu’on peut He nes la disposition naturelle de cette espèce à produire des perles , en per- çant extérieurement la coquille, ce qui force l'animal à transsuder une plus grande quantité de substance nacrée, afiñ de réparer son enveloppe. Ce procédé , iiventé par Linnæus , a été, dit-on, employé en Suède pendant quelque tems ; mais il paroît avoir été depuisentièrement abandonné. Onobtien- droit peut-être le même eflet en laissant séjourner ces coquilles dans des liëux tran- quilles on leur fourniroit une nourriture plus abondante. Plusieurs ouvrages donnent des détailssur la pêche des perles fluviatiles ; entre autres l’7/drovandus Lotharingiæ, ke Catalogue de Davila , et le Voyage en Ecosse de M. Faujas de Saint-Fond. Pour jouir,

X 3

524 HISTOIRE

dans les collections , de Ja. belle nacre de la mulette margaritifére, on dépouille ordi= nairement ses valves de leur épiderme gros- ‘sier. Se trouve dans les lacs , dans les grandes rivières, sur-tout dans le nord de PEurope ; elle habite toujours les endroits les plus profonds, et jamais sur les bords: On'en rencontre dans le Rhin ‘une grande quantité. | Hit ef |

GENRE CXXGIN. 'EGÈRE ; egeria. PL LXIV ; - Fig. AE 3

ion Inconnu. ,

Coquille. Equivalve , DRE ne Mrs _proéminentes. Ligament extérieur très - bombé. Deux dents cardinales rapprochées sur Ja valve droite, avec une cavité sur le devant; deux denis cardinales écartées sur li valve gauche, et par devant ‘nine grosse callosité intermédiaire, sillonnée. Dents

l1atérales médiocres. Deux impressions musculaires:

. sur chaque; valves. (ia

Nous avons cru devoir substituer le

nom : d’égérie à celui de galathée donné à

ce genre par Bruguière et M. de: Lämarck,

parce que:.ce dernier nom est déjà employé par les entomolozistes ,: pour désigner un genre de crustacés pédiocles, et que des êtres:

DES ACEPHALES. 3525

aussi différens ne peuvent porter le même nom sans introduire une grande confusion dans la nomenclature; l’histoire naturelle est déjà assez embarrassée par les synonymes sans y ajouter encore des homonymes. L'animal des égéries n'étant point connu, nous ne les rapportons qu'avec doute à cette division ; son organisation pourroit bien les rapprocher davantage des cyclades qui sont aussi fluviatiles , et avec lesquelles elles ont même quelque analogie dans la forme et les caractères de la coquille. Ce genre a d'abord été distingué par Bruguière ; mais il n’en a publié que la figure, sous le nom de galathée, dans la planche 250 de PEncy- clopédie méthodique. C’est M. de Lamarck, _ qui, depuis, l’a établi plus positivement , en lui couservant la même dénomination , et qui en a fait connoître les caractères dis- tinctifs. La seule espèce qu'il renferme est jusqu’à présent extrêmement rare dans les collections. C’est une belle coquille fluvia- tile , équivalve , régulière , un peu trigone, entièrement close, et qui présente, mais seulement à l'extérieur, l’aspect d’une vénus ou d’une mactre. La charnière la distingue suffisamment d'avec ces deux genres, ainsi que d'avec les cyclades ; eile est composée, js

826 HISTOIRE

sur la valve gauche, de trois dents cardi- nales disposées en triangle ; celle du milieu forme une grosse callosité , et les deux autres sont séparées sous la natèce par une pointé rentrante. Sur la valve droite on voit deux dents cardinales rapprochées , appuyées l’une contre l’autre, ayant sur le devant une cavité raboteuse. De ‘chaque côté de la charnière on trouve de plus une dent écartée peu pro- noncée. Les valves ferment exactement et n’ont aucune crénelure sur leurs bords ; il n’y a point de lunule prononcée , et la face du corselet offre deux nymphes épaisses , calleuses et un peu saillantes. Les deux im- pressions musculaires paroiïissent doubles de chaque côté, à cause du déplacement suc- céssif des points d'attache de lanimal , à mesure qu'il prend de l’accroissement.

La coquille des égéries, assez épaisse dans toutes ses parties, est recouverte extérieure- ment d’un épiderme verdâtre , uniforme, semblable à celui de la plupart des bivalves fluviatiles ; en la dépouillant de cette couche grossière , on trouve un beau blanc de lait, panaché d’une teinte violette très-agréable.

8

DES ACEPHALES. 327

EGÉRIE RADIÉE ; egeria radiata.

Galathea. Brug. Encyclop. pl. 250. Galathée à rayons. Lamarck, Ann. du mus. vol. V, p. 433; et pl. 28. An pectunculus subviridis, crassissimus, ros- tratus, List. tab. 158, fig. 13 ? An Venus paradoxa de Born, Mus. cæs. vind. p. 66, tab. 4, fig. 12 et 13?

Coquille fluviatile, épaisse, lisse, exté- rieurement recouverte d’un épidermeglabre, verdâtre , sous lequel on découvre un beau blanc de lait taché de violet vers les natèces: chaque valve est ornée de deux ou quatre lignes de même couleur , qui rayonnent des natèces jusque sur les bords; l’intérieur du même blanc, non nacré, présente aussi quelques taches violettes. Bords des valves non crénelés.

Elle a plus de trois pouces de large, sur un peu moins de hauteur. La coquille de Lister , indiquée ci-dessus, comme parois- sant s’y rapporter , est un peu différente; ses natèces sont plus saillantes, et M. de Lamarck croit que ce pourroit être une seconde espèce du même genre. Il pense aussi que la venus paradoxa de de Born, appartient réellement à l’égérie radiée, mais que la charnière est mal représentée dans la figure publiée par cet auteur.— On dit que cette précieuse coquille se trouve dans

A

528 HiSTOIRÉ les rivières de l'île de Ceilan et dans allés des grandes Indes.

AÀ.— Manteau ouvert par devant; point de bras ciliés. Un pied souvent propre à filer; des tubes au manteau pour lanus et la respiration. tu

GENRE CXXXVE. Vénus; venus. PI. LXV, Fig. 1.

Animal. Acéphale, faisant saillir deux tubes iné ‘Jaux, et un pied en lame sécuriforme,

Coguiile. Equivalve, sub-orbiculaire ou transverse , un peu inéquilatérale. Trois dents cardinales rap- prochées sur chaque valve, et convergentes par leur base vers les natèces. Ligament extérieur couvrant l’écusson et les lèvres.

Les vénus forment un des genres les plus intéressans parmi les bivalves, par la grande variété de ses espèces, el par les couleurs fraiches et agréablement disposées que pré- sente leur surface. Il renferme des coquilles toutes liées entre elles par des rapports très- naturels et dont les nuances sont même telle- ment multipliées, tellement graduées, qu’il est souvent fort difficile de les distinguer spécifiquement. Linnæus en avoit saisi le Vrai caractère générique dans la position des trois dents cardinales de chaque valve ; ces dents rapprochées , divergentes vers l’in-

DES ACEPHALES. . 32e térieur des valves, et convergentes à l’autre extrémité vers les natèces , sont disposées de manière que celle du milieu, souvent bifide , est droite, tandis que les deux autres sont obliques. De chaque côté des dents car- dinales , on ne voit point de dents latérales écartées , comme dans les tellines., les lucines, les cyclades et autres, ce qui établit une dif- férence essentielle entre ces genres et les Vénus.

Lianæus joignoit aux caractères que nous venons d'indiquer, une autre considération plus vague, moins importante, celle d’avoir les bords des lèvres appuyés l’un sur l'autre, labia'incumbentia ; ce qui lui fit introduire dans le genre plusieurs espèces disparates, qui appartiennent à des genres très-diffé- rens, tels que des capses , des donaces, etc.etc. M. de Lamarck a senti la nécessité de res- treindre cette définition , et n’a conservé que le caractère des trois dents rapprochées et divergentes , applicable à toutes les véri- tables espèces de vénus. Ce genre étant encore trop nombreux, il a cru devoir le séparer en deux, et a réuni, d’abord sous le nom de mérétrices, et depuis sous le nom de cythérées, toutes celles qui , imdépendam- ment de ces trois dents, offrent. sous. la

\

530 "HISTOIRE lunule une quatrième dent isolée et bien prononcée. ;

Les coquilles qui, Fe ce travail , ont conservé le nom de vénus, sont toutes ma- rines , libres, régulières , orbiculaires transverses , et plus ou moins inéquilatérales ; les valves sont réunies par un ligament élastique placé à l’extérieur. Elles sont en général dépourvues d’épiderme ou drap marin. On remarque dans ce genre et dans le suivant , mieux que dans aucun autre, les deux parties situées de chaque côté des _natéces , appelées vuloa et anus, par Lin- nœæus , et que les naturalistes français ont exprimées par les mots de corselet et de lu- rule. La première de ces parties est celle qui porte le lisament ; l'autre, située au côté opposé, est un enfoncement circulaire ou ovale , cordiforme, formé par la saillie et l’inclinaison des natèces. Chaque valve présente intérieurement deux larges im- pressions musculaires.

Les vénus commencent une : famille nom- breuse composée de genres très-voisins les uns des autres, et qui ont entre eux une ressemblance marquée, soit en comparant les enveloppes extérieures , soit en exami- nant l’organisation des animaux. Les traits

DES ACEPHALES. 331 principaux que nous allons exposer pour l’acéphale des vénus , sont applicables, sauf quelques modifications , à tous ceux de cette division. 11 faut en excepter cependant les arches et analogues , qui filent une espèce de byssus , ét dont on formera cerlainement une famille particulière lorsqu'ils seront nueux connus. 0: |

Le manteau de l’animal s'aperçoit quand la coquille est entr’ouverte ; c’est une mem- brane fort mince , divisée par devant dans toute sa longueur en deux lobes égaux qui recouvrent les parois intérieures des valves et adhèrent à leurs bords. Une des extrémités de ce manteau se prolonge en deux tubes charnus, cylindriques, assez longs , inégaux, qui sortent par le côté de la coquille, et sont joints ensemble par une membrane jusqu'au milieu de leur longueur ; l’un de ces tubes est destiné à introduire l’eau qui apporte les alimens, et qui sert en même tems pour la respiration; l’autre est la fin du canal intestinal et donne passage aux excrémens. Tous les deux sont couronnés par des filets ou tentacules mobiles disposés sur un seul rang, qui sont probablement des organes du tact, et avértissent animal

de la présence des corps suspendus dans le À | |

332 LMISTOMRE fluide ils sont en mouvement. Le pied musculeux paroît dans l’état de repos, ordi- nairement comme un croissant d’une lar- geur presque égale à la coquille; mais 1l est susceptible de s’alonger beaucoup au dehors, et de prendre des formes très-variées à la volonté de l'animal; cet acéphale l’emploie, soit pour changer de place en poussant sa coquille en avant , soit pour s’enfoncer dans les fonds sablonneux ou vaseux il habite de préférence. Les deux syphons restent toujours dirigés vers l’entrée de cette re- traite pour communiquer avec l’eau. Quel- quefois ces coquillages s'élèvent à la surface par les tems calmes ; mais on ignore encore quels moyens ils emploient pour yparvenir ; on suppose que ce ne peut être que par Pagitation fréquente et rapide de leurs valves l’une contre l’autre. | Presque toulesles espèces de vénus servent d'aliment aux hommes, et fournissent même un mels assez délicat. Quelques-unes sont assez communes dans les mers d'Europe et sur nos côtes de France. | ) Ces coquilles ont été reconnues comme genre par la plupart des conchylhologistes , entre autres par d'Argenville et Adanson qui les ont désignées sous le nom de

DES ACEPHALES. 999 : cames qu'on leur donne souvent encore dans les collections ; mais ils ont donné trop détendue à cette réunion , et ils y ont mêlé plusieurs autres genres très-dif- férens, tels que les macires, les donaces, elc. etc.

ESPECES.

1. VÉNUS VERRUQUEUSE ; venus verrus cosa.

Venus verrucosa. Lin. Lister, Conch. tab, 284, fig. 122.— Rumph. Mus. p. 160 , tab 48, fig. 5. Gualt. Ind. p. et tab. 75, fig. H.— Born. Mus. t. 4, f. 7.— Chemn. 6, t. 29, fig. 299 , 500. La clonisse. Adans. Sénég. pag. 216 , et pl. 16, 1.

Coquille sans épines , sub-cordiforme, épaisse , renflée, marquée transvérsalement, sur-tout par devant, de sillons demi-circu- laires , membraneux et verruqueux, peu sensibles vers le sommet. Bords finement crénelés. Couleur blanche au dedans, et ordinairement rosée jaunâtre en dehors avec quelques bandes fauves ou de petites marbrures très-fines en zigzag.

_ Cetle espèce varie prodigieusement, non seulement dans la couleur, mais aussi dans la forme et dans les cannelures , suivant l'âge et les circonstances. 5e trouve dans

\

|

534 HISTOIRE

Ja Méditerranée et sur les côtes de l’océan Atlantique, tant en Amérique qu’en Afrique. Elle est commune au cap Verd, les nègres mangent sa chair cuite sous les cendres.

2. VÉNUS MERCENAIRE; #enus mercenaria.

Venus mercenaria. Lin.— Lister, tab. 274, fig. 107. Chemn. 10, tab. 171, fig. 1659, 1600.

Coquille unie et légèrement striée, à Junule ovale , à bord crénelé , très-solide, violette en dedans. ;

On prétend qu’elle servoit de monnoie dans l'Amérique méridionale. Se trouve dans les mers du Nord et de } Amérique.

3. VÉNUS PALOURDE ; senus virens.

D’Argenv. Zoomorph. 4, tab. 5, fig. B. NE à la Rochelle , Za palourde.

Coquille sub-orbiculaire , radiée et treil- lissée par des stries croisées , à bord créuelé; surface maculée de verd-obscur.

Cette espèce varie beaucoup avec l'age. Se trouve dans les mers d'Europe. Elle est commune sur la côte occidentale de . France on la vend dans les marchés. Elle paroît plus rare dans la Manche.

4. VENUS MACULÉE ; venus maculala.

Venus maculata. Lin. Lister, Canch. fab, 270,

fig. 106. Gualt. nd. pag. et tab. 86, fig. T. Chem.

DES ACEPHALES. 355

G, tab. 55, fig. 345. Le jouret. Adans. Sèn. pag, 250, ct pl. 17, n°15. Vulg. la came truitée.

Coquille inéquilatérale, épaisse, trés-lisse, sans épines, ni cannelures , à sommet fort aplati ; blanche en dedans, fauve ou gris- de-lin en dehors, avec des marbrures ou _ des taches carrées brunes, quelquefois dis- _ posées en deux rayons qui partent du sommet. Se trouvesur les côtes d'Afrique et d’A mé- rique , et très-communément dans la Mé- diterranée on la recherche comme ali- ment.

5. VÉNUS DIONÉE; venus dione.

Venus dione. Lin. Lister, tab. 307, fig. 140. Gualt. tab. 7, fig. D. D’Argenv. pl. 21, fig. 1. Chem.6, tab. 27 , fig. 271, 275. Bosc, Hist. nat. coq. t.IIT, pag. 43, cet pl 19, fig. 2. Vulgair. /a conque de Vénus, ou le concha Veneris. '

Coquille sub-cerdiforme , profondément et largement sillonnée en travers , de ma- nière à présenter des côtes tranchantes pa- rallèles’ au bord ; le corselet trés-srand, aplati, bordé de deux rangées d’épines; la lunule petite, en forme de cœur.

Il est rare que les épines de celte espèce soient bien conservées. Quelques natura- listes la regardent comme une cythérée, se fondant sur ce que sa charnière présente

336 HISTOIRE

une dent sensiblement avancée sous la lunule, et véritablement disposée à peu près comme celle qui fait le caractère de ce nouveau

genre; mais en y regardant plus atlentive- ment, on reconnoît que célle dent n’est point latérale , et que c’est la troisième dent

cardinale. $e trouve en Amérique.

GENRE CXXXVIe Cyrnérée; citherea. Pl LXV, Fig. 2.

‘Animal, Acéphale, faisant saillir de sa coquille deux tubes courts, et un pie musculeux sécuriforme.

Co uille Ec nivalve, sub-transverse, orbiculaire. g ;

Doux ou trois dents cardinales rapprochées, et une dent isolée située sous la lunule.

Les cythérées ne sont distinctes des vénus, comme nous l'avons dit dans l’exposition de ce dernier genre ; que par une dent latérale particulière et isolée, qui se trouve située à l’écart sous leur lunule ,:et séparée de ceiles qui composent proprement l’articu- lation de la charnière. Tousles,détailsrelatifs aux mœurs et à l’organisation des animaux sont applicables aux unes commeaux autres;

on remarque seulement que les deux tubes

sont plus courts dans les -cythérées. M. de Lamarck,

ÉicÉ—

EE

N

DeJeve del.

PAPHIE ,

U

VENUS,

1,

MACTRE,

!

! CYTHEREE , VENERICARDE ,

2, 8.

‘USA

+ CAMBRIDGE. MA

DES ACEPHALÉS. 357

Lamarck, à qui l’on doit la formation de ce genre , ne l'a séparé des vénus aux- quelles Linnæus les réunissoit, que pour rendre plus facile l'étude d’un genre aussi coimpliqué et aussi nombreux en espèces. Il donna d’abord à ce nouveau groupe le nom de mérétrice qu'il à depuis nine par celui de cythérée.

On connoît un assez grand nombre de cythérées , toutes marines comme Îles vénus. Ce sont en général de belles coquilles, parmi lesquelles il y en a même de très- précieuses à cause de leur rareté. Il s’en trouve plu- sieurs bien distinctes parmi les fossiles de Grignon , et dans beaucoup d’autres lieux.

1. CYTHÉRÉE LABIÉE ; cytherea labiosa.

Venus meretrix. Län. Gualt. tab. 76, fig. C. D’Argenv. pl 21, fig. F, Chemn 6, tab. 33, fie, 347 et 348. Encycl. pl. 268, fig. 5, a, b. Me- retrix labiosa. Lamarck , Syst. anim. sans vert. p. 122. Vulg. la sourgandine.

Coquille unie , à corselet bossu , brun, ayant la fente très - ouverte ; lunule peu sensible.

C'est cette espèce que M. de Lamarck cite comme type du genre, Se trouve aux

Indes.

Moll. Tome VI. Y

—s

| 358 HISTOIRE 4

2. CYTHÉRÉE CODOCK ; cytherea tigerinai

Venus tigerina. Lin. Lister, Hist. conch. tab. 357 , fig. 174. Gualt. Ind. pag.et tab.77, fig. A. D'Argenv. pl. 21, fig. F.— Chemn.6, tab. 537,, fig. 390, 591. Le codock. Adans. Sén. p. 223 et pl. 4; n°3: -

Coquille mutique , orbiculaire , aplatie

_ - en forme de lentille , presque équilatérale ,

à sommets presque contigus ; lunule très- petite , enfoncée et cordiforme; valves mar- quées à l'extérieur d’un réseau fin , formé par des stries crénelées, croisées à angles droits ; bords unis et sans crénelures; couleur d’un beau blanc en dehors, et d’un jaune soufrée en dedans. avec un bord incarnat

prés de la charnière. | :

Linnæus , et d'après lui la plupart des auteurs , ont mal à propos confondu sous le même nom de venus tigerina une autre espèce de cythérée, qui , quoique fort rap-

prochée de celle-ci, s’en distiugue cepen-

dant par ses stries , et par le défaut de couleur rose. M. de Lamarck lui donne le nom de punctala. La cythérée codock se trouve sur les côtes d'Afrique el d'Amé- rique. |

Etre les espèces les plus remarquables de ce genre, il y auroit encure à ciler la

DÉS ACEPHALES. 33%

cytherea lusoria qui n’est connue que depuis peu de tems ; les chinoïs peignent l’intérieur de ses valves , et s’en servent, dit-on, dans un de leurs jeux.

MG BEN RUE. CX XX VIE,

VEÉNÉRICARDE ; senericardia. PI. LXV, 0 “H10. d. CAnimal. Inconnu. | Coquille. Equivalve , sub-orbiculaire , inéquilatérale, munie de côtes longitudinales à l’extérieur. Sur chaque valve deux dents cardinales épaisses,

obliques , alongées et non divergentes. Deux im-

pressions musculaires sur chaque valve. Ligament

extérieur.

M. de Lamarck a établi ce nouveau genre pour réunir quelques coquilles marines dans Vétat frais, et un plus grand nombre d’autres dans létat fossile, qui, dans les anciennes classifications se trouvoient placées parmi les vénus avec lesquelles elles ont effectivement un certain nombre de rapports ; mais elles en sont essentiellement séparées par la struc- ture de leur charnière, les vénus ayant toutes trois dents cardinales divergentes , tandis que les vénéricardes n’en offrent sur chaque valve que deux, épaisses, alongées,

NN 2

940 HISTOIRE" inclinées obliquement dans le même sens; et se dirigeant vers les natèces sans s’écarter Vune de lautre. Dans quelques espèces cependant , on ne trouve qu’une seule de ces dents sur une des valves, et deux sur la valve opposée , ce qui pourra peut-être fournir une considération suffisante pôur former encore un groupe particulier. _ Les vénéricardesse distinguent aussi d'avec les vénus par laspect extérieur ; leur sur- face est garnie de côtes longitudinales comme les bucardes, et les vénus sont pour la plupart lisses ou sillonnées en travers. - On ne connoïit jusqu’à présent dans ce genre que peu d'espèces vivantes ; elles sont rares dans les collections , et n’ont point encore élé décrites. Le plus grard nombre des vénéricardes se trouve parmi les fossiles des environs de Paris et de quelques autres

pays. ESPECES.

VE ÉNÉRICARDE A CÔTES PLATES; vene- ricardia ‘planicosta. |

Knorr, Foss. part. 2, tab. 23, fig. 6. das a An. du mus. vol. VIT, pag. 55 , et vélin,n° 29, fig. 1. Eadem minor, suborbiculata, Vélin , n°. 32, fig. 5.

Coquille très-épaisse , très-inéquilatérale , sub-trigone , alongée obliquement, bombée

DES ACEPHALES. 341 vers les natèces qui sont très-proéminentes et courbées ; surface marquée longitudina- lement de vingt-deux à vingt-cinq sillons peu profonds , qui sont séparés par des côtes aplaties et unies , et qui s’effaçent en appro- chant des bords.

Elle a l'aspect d’une vénus; sa taille par- vient jusqu'à quatre pouces de long sur presque autant de large. Le bord interne de chaque valve est denté en scie. Se trouve à Chaumont-en-Vexin , département de VPOise , en Piémont et en Toscane aux en- virons de Florence. | 2. VÉNÉRICARDE PÉTONCULAIRE ; veneric.

pectuncularis.

Lamarck , sbidem, pag. 58. Vénus de l'Oise. Cambry , Descript. du départ. de l'Oise, pl. 7, fig. r.

Coquille aplatie , presque équilatérale, orbiculaire , à natèces courtes et peu proé- mineutes ; surface garnie longitudinalement de côtes rayonnantes , un peu renflées et ridées par les stries d’accroissement.

Cette espèce est un peu moins épaisse que la précédente et à peu près de la même taille. Elle ressemble à un pétoncle par sa forme orbiculaire. Le bord intérieur des valves est obtüusément crénelé. Se trouve

dans les environs de Beauvais , département

MA. AIS TOIRE

de l'Oise , au lieu nommé a Justice-de-Bra: cheux. 3 5. VÉNÉRICARDE IMBRIQUÉE:; veneric. 1mbricata. |

Lister , Conch. tab. 407 , fig. 52. Chemn. 6, pag. 315 , tab. 50 , fig. 314, 3515. Lamarck, Ann. du * mus. vol. VII, pag. 56, et vélin, 52, fig. r. És

Coquille sub-orbiculaire, renflée , à sillons longitudinaux profonds, rapprochés et parés par des côtes convexes , garnies . d’écailles imbriquées.

C’est l’espèce la plus communede ce genre ; elle ressemble extérieurement à une bucarde. On la trouve en grande abondance à - Grignon , à Crespy en Valois, à Courtagnon et en Angleterre.

CÉNRÉE CXXxvIHr CARDITE ; cardita. PL LXVII, Fig. 1. :

Animal, Inconnu. MS ï

Coquille. Inéquilatérale , équivalve , ayant deux dents cardinales inégales , l’une très-courte, située sous les natèces, l’autre longitudinale se prolon- geant sous le corselet. Deux impressions muscu—

ke À

« Jaire sur chaque valve.

La formation de ce genre appartient à

DES ACEPHALES. 343 Bruguière , qui l’a composé d’une partie des cames de Linnæus ; mais il fauten reirancher la cardite cœur et la cardite de Moltke qui ne doivent point lui être associées, et que M. de Lamarck a prises pour types du genre isocarde.

Les cardites sont des coquilles marines, régulières, à valves égales, très-inéquilaté- rales et non adhérentes par la coquille même sur les corps marins à la manière des cames ; elles ont dans la forme extérieure quelques rapports avec les bucardes et les vénéricardes; mais elles sont plus alongées, et leur char- nière est différente.

L'animal des vraies cardites est jusqu’à présent peu connu ; on prétend que quelques espèces s’attachent aux rochers par des soies courtes , ‘analogues au byssus des moules et des jambonneaux. Si celte par- ticularité , observée par M. Adañson sur la cardite qu’il a nommée /éson(1),se retrouve sur lesautres espèces, il faudra éloigner ce genre de cette famille.

Bruguière (2) a publié les principales da und aid... à 4 die

(1) Adanson , Histoire naturelle du Sénégal, p. 215; pl. 15.

. (2) Voyez Encyclopédie méthodique, vers. P: 403:

Ÿ 4

544 HISTOIRES, cardites connues de son tems ; il faudroit y ajouter plusieurs autres espèces intéres- santes nouvellement découvertes , soit dans l’état frais, soit parmi les oclée de diffé- rens pays. D’après la nomenclature admise par M. de Lamarck , on devroit retrancher la termiraison eu te du nom de ce genre, parce qu'elle le feroit croire exclusivement composé de coquilles fossiles.

ESPECES.

1. CARDITE TACHETÉE ; cardita variegata.

Chama....Lin. Lister, tab. 547, fig. 184. Favanne , tab, 6o , fig. L. Chemn.7, tab. 5o, fig. Svo , Soi. Bruguière, Encyclop. vers, pag- 407, Vulgairement /e cœur alongé.

Coquille oblongue , bossue , à côtes cré- nelées sur les côtés , et garnies d’écailles

tuilées ; bord intérieur des valves profon-

dément plissé.

Elle est blanche et les côtes longitudinales sont brunes sur leur convexité , ou ornées de petils chevrons bruns , écartés. Cette

espèce ressemble beaucoup au éson de

M. Adanson ,chama calyculata. Lin. Car-

dita calyculata, Bruguière ; mais il y a des.

caracières distinctifs prononcés que Bru-

eo. attente til

DÉS ACEPHALES. 345 guière a reconnus, et qui empêchent de les confondre , ainsi que l'ont fait de Born et Chemnitz, —-Elle vient des FRA ES Indes, suivant Davila.

2. CARDITE AVICULAIRE ; cardita avicularia.

Lamarck , Ann. du mus. vol. VI, pag. 340 , n°2, et vélin , 25, fig, 1. An cardium lithocardium ?

Linn. Mare , Pag. 544.

Coquuile delioïde, comprimée , très-iné- quilaiérale; charnière en ligne droite de chaque côté ; une carère tranchante et dentée en scie partageant chaque valve en deux parties inégales ; valves pointues à l'extrémité opposée à la charnière.

Cette singulière coquille fossile s'éloigne beaucoup par sa forme de toutes les autres cardites; elle ressemble un peu au premier aspect au cardium cardissa de Eannæus. Sa longueur est d'environ un pouce et demi sur huit à dix lignes de large. Se trouve parmi les fossikes de Grignon.

Mo JArSTorR A

GENRE, C X XX LUXE. PAPHIE ; paphia. Pl. LXV, Fig. 4.

Animal, Inconnu.

Coquille. Fquivalve , inéquilatérale , à valves closes. Deux dents cardinales ou une seule sur une valve, s’articulant entre les deux de la valve opposée. Lisament intérieur logé dans une fossette entre les deux dents ou à côté d’elles. Dents latérales

peu apparentes. Deux i Apreons musculaires sux chaque valve.

Parmi les bivalves dont le ligament est caché dans lintérieur de la charnière, M. de Lamarck avoit d’abord formé les deux genres crassatelle et paphie distingués en- tr'eux par la fossette de ce ligament située tantôt au dessus des dents, tantôt entre elles ou à côté; mais depuis , sentant que cette considération éloit peu importante , il .Jes a réunis en un seul et lui a conservé le nom de crassatelle. Nous adopterons de préférence celui de paphie , parce que cras- satelle indiqueroit l'épaisseur: comme un caractère spécifique commun à toutes les coquilles de ce cenre) et que cependant il

n’est applicable qu’à un petit nombre d’entre elles.

DES ACEPHALES. 347

Les paphies sont des coquilles marines, régulières ; équivalves et non adhérentes ; Linnæus les plaçoit en parlie au nombre des vénus , et ne paroît avoir connu au- cune des belles espèces fossiles que renferme ce genre. Bruguière réumissoit aux mactres la plus remarquable parmi ces dernières , celle qui mérite plus qu'aucune autre, par son extrême épaisseur, le nom de crassa- telle que nous lui conservons comme nom spécifique. Ce rapprochement n'est point exact ; les inactres ont effectivement, ainsi que les lutraires , de grands rapports avec les paphies ; mais ces dernières s’en distin- guent facilement parce que leurs valves ne présentent aucun bâillement lorsqu'elles sont fermées. Du reste , les impressions muscu- laires sont très-marquées intérieurement à l'extrémité de chaque valve ;et elles ont une lunule plus ou moins sensible comme dans les vénus.

Les espèces de paphies sont encore peu nombreuses ; M. de Lamarck en indique six dans létat frais, et sept dans l’état fossile. | |

348 HISTOIRE ESPECES.

L PAPÉIE ONDULÉE ; paphia undulata. Lam.

Fenus divaricata. Lin. Martin. Conch. 6, pag. . 818, tab. 30, fig. 515 , 318. Chemn. 6, tab. Pay fig. 516. Eucyclop. tab. 250 , fig. 2. ù

Coquille marquée de stries transverses , fines, croisées par des lignes longitudinales qui s’écartent vers les bords ; lunule ovale ; bords internes des valves crénelés.

On ignore dans quelle mer se trouve cette espèce jusqu'à présent très-rare dans les collections. ;

2. PAPHIE CRASSATELLE; p. crassatella.

Chemn. Conch. 7, Suppl. tab. 69 , fig. A, B, C, D. Mactra. Encyclop. pl. 259, fig.3,a, b. Crtsi satella gibba. Lamarck, Syst. anim. sans vert. pag.

ET Te CRT En. II FU D Ce PPS à da

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119. Crassatcella tumida. Lawarck, Ann, da mus.

vol, VI, pag. 408, n°.1 et vélin, 27, fig. 1 An mactra cygnus , Gmelin , Syst. nat. 5 , pag. 32600? _Coquille sub-triangulaire, ovoïde ; très- épaisse et renflée en vieillissant ; valves _aplaties antérieurement , et obscurément ‘striées en travers prés des natèces ; bords intérieurs des valves denticulés ; deux im- pressions musculaires très- profondes. Lorsqu'elle a acquis tout son accroisse-

de <<

\

DES ACEPHALES. 349 ment , ses valves sont extrêmement épaisses et ont quaire ou cinq pouces de large.

Les individus jeunes sont beaucoup plus minces et moins bombés. Cette coquille est représentée avec des couleurs dans l’ouvrage de Chemnitz ; maïs c’est par erreur , car on ne la connoît encore que dans l’état “fossile. Se trouve parfaitement conservée parmi les fossiles de Grignon et de Cour- tagnon ; on rencontre même assez souvent les deux valves encore fermées.

3. PAPHIE SILLONNÉE ; p. sulcata.

Crassatella sulcata. Lamarck , Ann. du mus. vol. VI , pag. 409, 2.

Coquille triangulaire , peu épaisse, peu renflée et sillonnée transversalement sur toute sa surface; extrémilé antérieure plus avancée que la postérieure qui est arrondie,

Cette espèce est plus pelite et moins épaisse que la précédente ; elle s’en distingue parti- culièérement par les sillons réguliers dont toute sa surface est ornée. M. Péron a rap- porté des mers voisines de la Nouvelle- Hollande une paphie dans l’état frais, que M. de Lamarck regarde comme l’analogue parfait de ce fossile. La paphie sillonnée se trouve aux environs de Beauvais, dans le lieu dit /a Justice-de-Bracheux,

HU Lo GEL NA Pie Mia

350 HISTOIRE

Macree; mactra. Pl. LXV, Fis. 5.

Animal. Acéphale faisant sortir par un côté de sa coquille deux tubes qu’il forme avec son manteau, et par l’autre côté un pied musculeux. # -

Coquille. Equivalve, inéquilatérale , transverse, un peu bäillante sur le côté. Dent cardinale pliée en gouttière , s’articulant sur celle de la valve op- posée , et accompagnant une fossetté qui reçoit intérieurement le ligament. Une ou ner dents

: latérales comprimées et intrantes.

Les coquilles qui composent ce genre ont, au premier coup - d'œil et en n’examinant

que la forme extérieure, tant de rapports avec Îles VÉNUS , les cythéré ées , les donaces

et autres genres de la même famille, qu'il paroît difficile de reconnoître les caractères génériques qui les distinguent; ce n’est qu’en ouvrant leurs valves qu’on aperçoit une dif- férence marquée dans la struclure particu- lière de la charnière. Elle consiste dans le lizament situé intérieurement dans une fos- sette triangulaire, contigué sur chaque valve à une dent repliée en chevron, et dans deux

‘autres dents latérales, écartées, en forme de lames alongées, simples sur une valve,

DES ACÉPHALES. 551 et s’engrénant exactement dans deux lames semblables sur la valve opposée. Ces carac- tères si sensibles n’avoient point échappé à Linnæus ; et dans le petit nombre de genres qu'il avoit établis , 1l avoit fondé celui-ci sous le même nom qu’on lui a toujours CO - servé depuis.

* La coquille des mactreset les Habtieutaé ités de sa charnière sont d’autant plus impor- tanies à considérer pour les séparer des genres voisins , que les animaux qui les habitent sont organisés de même que ceux des vénus , cythérées et analogues. Poli a trouvé entre eux une si grande analogie, qu'il comprend sous le nom de calliste, une grande partie de ces acéphales , et que sans avoir égard aux différences notables que présentent les enveloppes , il donne à “resque toutes ces coquilles Je nom de cal- distoderme.

Pour ne pas confondre ies mactres aveë les paphies qui ont aussi le ligament caché intérieurement dans la charnière ; 1l faut remarquer que daus les paphies les valves sont parfaitement closes , et que dans les mactres elles ne ferment pas exactement. Elles offrent sur le côté une ouverture plus ou moins considérable servant de passage

ER RP trie Ve “x

352 HISTOIRE

aux deux tubes qui terminent le manteau de l'animal. 98

Les espèces varoissent assez nombreuses dans ce genre; mais elles ont été jusqu'à présent peu observées. Ce sônt toutes des coquilles marines , ordinairement très- minces , fragiles et demi-transparentes. Bru- guière a fait figurer les plus intéressantes dans les planches 251 et suivantes de PEncy- clopédie méthodique. Il y-a réuni quelques espèces qui appartiennent à des genres dif- férens , entre autres la paphie crassatelle.

Macrre Lisor ; mactra stultorum. Lin.

D’Acosta, Brit. conch. tab. 12, fig. 3.—Gualt. test. tab. 71, fig. C. Martini. 6, tab. 55 , Üg. 224 , 226. Encyclop. pl. 256, fig. 3. Le lisor.. Adanson, Sénégal, pag. 251, pl. 17, fig. 16. |

Coquille ovoïde , sub-équilatérale, très- mince , peu bombée ; corselet bossu ; natèces un peu écartées ; surface unie, brillante, d'un gris-violet, ayant ordinairement cinq à dix lignes blanchâtres ou fauves rayennant d& sommet jusqu’à la circonférence.

Ses valves demi-transparentes ont deux ou trois pouces de largeur sur un peu moins de longueur.—$e trouve sur les rivages d’tiu- rope , d'Afrique et d'Amérique; elle est sur- tout très-commune dans la Manche.

GENRE

RIITTITENTECS

Want S

|

De Jeve del, D: : UUTRAMIER 4. ONGULINE. 2 CApSE . $. ISOCARDE ,

3. DONACE,

DES ACEPHALES. 353

PENRÉE CXLr. Dommarx : lutraria. PI. LXVI, Fig. 1.

A neo. Tout

Coquille. Transverse , inéquilatérale , bâillante aux

_ extrémités. Deux dents cardinales obliques et divergentes , accompagnant une large fossette inté- rieure pour de ligament. Dents latérales nulles.

Les lutraires forment un genre que M. de Lamarck a établi aux dépens des mactres de Linnæus et des auteurs qui l’ont suivi. Ce groupe , extrêmement naturel, se distingue d’avec celui des mactres , par la configura- tion générale des valves, par leur bâilie- ment ordinairement plus prononcé, et par la charnière qui ne présente aucune appa- rence de denis latérales. Les deux dents cardinales divergentes sont situées de même sous les natèces , et on aperçoit aussi entre elles la cavité triangulaire qui loge le liga- ment ; mais indépendamment de ce ligament intérieur , nous en avons reconnu un autre au dehors, sur-tout dans la lutraireelliptique, espèce assez commune sur nos côtes, elle porte le nom vulgaire de Zavagnon. Ce liga-

Mol. Tome Vi, Zi

554 HISTOIRE ment est placé sur le côté comme celui du plus grand nombre des bivalves , et com-

munique peut-être avec celui que renferme.

la charnière.

Les lutraires sont des coquilles marines qui habitent en général l'embouchure des fleuves elles sont enfoncées dans le sable. On n’en connoît qu’un petit nombre d’es-

pèces, peu observéesjusqu’à présent, et dont

_ la détermination est encore fort obscure.

PMPLCES.

1. LUTRAIRE SOLÉNOÏDE ; lutraria solenoides. Lam.

An mactra dutraria ? Lin. Gualt. Test. tab. 90 ,

fig. À , inferior. L’Acosta , Brit. Conch. tab. 17, fig. 4.

Coquille blanche , sub-quadrangulaire , légèrement arquée en dedans près de la char- nière , alongée et très-bâillante d'un côté; surface inégale et lamelleuse par leffet des accroissemens successifs. |

Cette espèce, la plus grande du genre, ressemble un peu à un large solen. On la trouve, mais assez rarement, sur les côtes de l'Océan ; ses valves sont ordinairement séparées et roulées par les flots.

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DES ACEPHALES. 355

2, LUTRAIRE ELLIPTIQUE ; lutraria elliptica. Fe Lan.

Lister, Conch. tab. 415 , fig. 259. Martini, Conch. 6 , tab. 24, fig. 240, 241.— Encycl. pl. 258, üig. 5. Vulg. lavisnon ou luvagnon, sur les côtes

de la Rochelle.

Coquille blanche, ovale, courte, aplatie, très-mince, peu bâillante : surface marquée transversalement de stries inégales tirès- fines.

Elle se distingue d'avec la précédente, par sa forme elliptique, nou alongée vers : une extrémité, et par sa taille constamment plus petite. Se trouve aussi dans l'Océan sur nos côtes ; elle est assez cominune, sur- tout dans les environs de la Rochelle on recherche ce coquillage comme aliment.

GENRE CXLHIe. Carse ; capsa. PI. LXVI, Fig. 2.

Animal. Semblable à celui des vénus ?

Coquille. Transverse , équivalve. Peux dents cardie nales sur une valve; une dent bifide et intrante sur la valve opposée.

Linnæus rangeoit une pate des capses parmi ses tellines et les autres parmi ses vénus ; Bruguière les a fait figurer aussi sans

VANNES UE

356 VEÉLISTOTR'EÉ

dis'inction au nombre des tellines de PEn= cyclopédie méthodique. C’est M. de Lamarck qui les a séparées de l’un et l’autre genre , d’après l’organisation de la charnière très- différente de celle des vénus, et d’après l'absence des dents latérales écartées qu’on trouve toujours dans les tellines. Les capses manquent aussi de pli sur le côté antérieur des valves, caractère particulier à ce dernier genre. | ns

PE animal des capses paroïît avoir une orga- nisalion semblable à celui de quelques es- pèces des genres vénus et cythérée, puisque Poli ne les a point distingués et leur a Lune le même nom de calliste. ant

Ces coquilles forment un groupe assez nombreux en espèces ; elles sont toutes ma- rimes et agréablement ornées de couleurs fraiches et variées. On n’en a point encore décrit dans l’état fossile.

ES PE CE SN 1. CAPSE RUGUEUSE ; capsa rugosa. Lam.

Venus deflorata. Lin. Rumph. tab. 45, fig. C. Lister, Conch. tab. 425 ; fig. 275. Gualt. Test. tab. 86, fig. B,C. Chemn.6, p. 95, tab. 9, fig. 79-02 Encyelop. tab. 231 , fig. 3, et variet.

fig: 4. | Coquille ovale, ridée EU 2 ;

DES ACEPHALES. 357 violette dans la parlie antérieure et ayant le milieu du corselet noir.

Cette espèce, extrêmement commune, présente plusieurs variétés dans ses couleurs. —— Se trouve dans les mers des deux Indes.

a. CAPSE ANGULEUSE ; caps@ ue

Tellina angulata. Lin. Lister, Conch. tab. 388, fo. 255, et tab. 406 , fig. 252. Chemn.. Conch. 6, tab. 9, fig. 74 el 75.

‘Coquille anguleuse antérieurement, garnie destries transversales recourbées.—$Se trouve aux Indes.

| GENRE CXLIIH. Donace:; donax. PI. LXVI, Fig. 3.

Animal. Acéphaleayant le manteau terminé par deux tubes très-longs qu’il fait sortir hors de sa coquille, et un pied musculeux lancéolé. Bords du manteau garnis de cils, et réunis sous les tubes en deux

lèvres épaisses.

Coquille. Transverse, inéquilatérale, obtuse anté- rieurement , à ligament court, extérieur , attaché sur le petit côté. Deux dents cardinales sur chaque valve ou sur l’une des deux seulement: Une ou deux dents latérales , écartées, sur chaque valve.

Il est assez facile, en général , de recon- noître les donaces au premier coup - d’oeil. Elles ont une forme particulière trés-iné-

quilatérale , comme tronquée , presque Z 3

358 HISTOIRE

toujours analogues à celle d’un triangle dont les côtés sont très-inégaux. La partié qui porte le ligament , regardée commé l’anté- rieure, d'après la position qu’on est conventü

d'adopter pour observer les bivalves, est la

plus courte au heu d’être la plus alongée comme dans tous les genres précédens On remarque ‘uñe semblable ‘disposition dans les tellines , ce qui établit des rapports imar- qués entre ces deux genres. Lés valves des donâces sont PA Lee épaisses , apla- tes , et leur bord intérieur est déntelé ou finement crénelé dans la plupart des espèces. Ce qui les caractérise génériquement , c'est d'avoir à Jeur charnière une ou deux denis latérales, ün peu écartées et séparées des cardinales , et que ces dernières sont tantôt au nombre de deux sur chaque valve, ou

qu’une seule valve en a deux , tandis que

la valve opposée n’en présente qu'üne seule. Leur coquille ferme exactement sur tous ses points, ce qui les distingue d'avec le genre mactre , qui offre aussi des. dents laiérales à la charnière. Les impressions

musculaires , : assez petites à sont au nombre

de deux dans chaque valve , et placées | ‘vers les extrémités. On n'aperqoit sur la

plupart de ces $ coquilles aucune ‘apparente

DÉS ACEPHALES. 35 d’épiderme ou drap marin; elles sont en général lisses et polies naturellement.

L'animal des donaces a été observé ét décrit par Adanson et par Poli ; ce: dermer J’a trouvé organisé comme celui des tellines, et les a confondus ensemble sous le nom de péronée (1) ; les deux tubes du manteau sont inégaux ; le plus voisin de la charnière est ordinairement le plus petit. Adanson nous apprend que le pied qui sort vers le milieu de la coquille est , comme dans presque toutes les bivalves libres, l’organe du mou- vement ; mais qu’il a cela de particulier, que animal peut s’en servir aussi pour sauter. : Le mouvement subit que ce pied iniprime à la coquille par son élasticité, peut la lancer à une distance assez considérable et jusqu'à près d’un pied de hauteur. Cette observation n’a encore été faite sur aucune autre espèce d’acéphale.

Les anciens auteurs ne distinguoient pas ce genre d'avec leurs cames, vénus, ou bucardes ; quelques-uns même le rangeoient avecles moules; c’est Tinnæusquila reconnu le premier ; malgré le petit nombre de

(1) Voyez son ouvrage sur les testacées des Deux- Siciles , pl. 19.

Z 4

360 AIS TO rRE groupes auxquels il s’'étoit restreint, 1l trouva celui-ci si naturel qu’il en établit les carac- tères , et lui imposa le nom qu'il conserve encore. Adanson lappelle telline , probable- ment à cause de l’analogie qui existe entire les animaux de ces deux genres. Il faut cependant remarquer que sous ce nom il n’a fait figurer que des donaces et aucune véritable telline. Scopoli a formé un genre «qu'il.a nommé chion , avec le. donax denti- -culata de Linnæus. Fr «Les donaces sont ao. comme ali- ni ainsi que les moules, avec lesquelles les pêcheurs les confondent même ‘ordinai- rement. On les mange.cuites de préférence. Elles habitent enfoncées à une petite pro-. fondeur daus le sable des rivages ; d’où 1l est facile de les dégager pendant les marées basses. On les voit alors sauter de tous côtés et chercher à regagner l’eau dont elles sont privées. 2, Le nombre des espèces dans ce genre est. assez considérable. Bruguière en a fait figu- rer plusieurs dans les planches 260 , 261 et 262 de l'Encyclopédie méthodique; mais il faut observer que M. de Lamarck a retiré quelques-unes de ces coquilles , pour former ‘un nouveau genre sous le nom de pétricole,

DES ACEPHALES: 361 ESPECES. . DoxAcE PAMET ; donax rugosa. Lin.

Lister , Conch. tab. 375, fig. 216. Gualt. tab. 801 , fig. E. Chemn. 6, tab. 25, fig. 250, et Vign. pag. 242. Le pamet. Adanson, Sénég. pag. 235 , pl:18, 1.— Lamarck , Anim. sans vert. pag. 122.

Coquilie très - inéquilatérale , rugueuse antérieurement ; valves garnies en dehors d'environ quatre-vingts stries très-fines , lon- gitudinales, qui rayonnent des natèces à la circonférence ; bords intérieurs des valves finement crénelés.

La couleur de cette espèce est blanche- jaunâtre ou gris de lin, avec deux larges bandes triangulaires d’un brun violet. Dans l'intérieur on voit quelquefois des taches de la même couleur ; sa surface, toujours polie et luisante, n’a point d’épiderme appa- rent. Se trouve dans la Méditerranée et sur les côtes d'Afrique elle est extrême- ment commune. |

2. DoNACE BEc-DE-FLUTE ; donax scortum, | Lin. Ac , Ÿ AU |

Lister , tab. 517, fig, 220. D’Argenv. pl. 21, fig, 4. Chem. er 125, fig. 4er 247, Vulg. le bec de flûte.

Coquille violette Iran P core

ss

HS

Bb. TS NO LR

forme, à corselet aplati et bordé de chaque côté d’une carène tranchante.

_ Cette belle donace, une des plus grandes du genre, est très-recherchée dans les col- lections. $e trouve aux Indes.

GENRE. CXL LVe. TELLINE : tellina. PI. LXIX, ETg. 1."

Animal. Acépha! e ayant un pied lancéolé et dont le mañtéau forme postérieurement deux tubes très- longs qui s'étendent hors de la coquille.

Coquille. Orbiculaire on transverse , ayant un pli

irrévulier sur le côté antérieur. Une ou deux dents _ cardinales. Dents latérales écartées. Ligament / exlérieur placé sur le cûté le plus court ou Je moins

bombé.

Ce genre, tel qu'il est à présent circonscrit |

d'aprés Bruguière et M. de Lamarck, n’est

plus aussi étendu que dans les anciens

auteurs ; Linnœus avoit cependant dejà per- fectionné ses caractères ; mais il y réunissoit encore beaucoup d’espèces disparates. Les coquilles appelées fellines actuellement;

doivent avoir l’extrémité antérieure des deux valves sensiblement pliée depuis: la

charnière jasques sur leur bord. Li y a uue

ou deux dents cardinales et des dents laté-

rales très-écartées, quelquefois en forme

EN SP NAT CNET

ds éeienxhé :

DES ACEPHALES. 363 de lames qui n’entrent dans aucune fossette. Le ligament présente la même particula- rilé que nous avons remarquée dans le genre donace: il est situé extérieurement, non sur le côté le plus étendu ou le plus bombé de la charnière, comme dans presque toutes les bivalves; mais sur le côté qui semble répondre à celui qu’on nomme la lunule. Ces différens caractères séparent nettement ce genre de plusieurs genres voisins, tels” que les Jucines, capses, pandores, sangui- nolaires, dont la plupart des ‘espèces étoient Hindi 1es parmi les teilines. à

Il y a si peu de différences entre l'animal des teilines et celui des donaces, que Poli les a décrits l’un et l’autre sous le nom de péronée. Î1 est également muni de deux tubes très-alongés servant aux mêmes usages; Je manteau est ouvert par devant, et laisse sortir le pied du même côté, et non eéxac- tement vers l’extrémnité de Ja coquille oppo- sée aux tubes comme dans les solens, phoïades et autres analogues. Ce pied sert à ramper, et remplit cette fonciion de la même manière que dans lesautres acéphales. On mange l'animal des tellines sur plusieurs côtes d'Europe, ces coquillag es portent

56% HLSDQURE

quelquefois le nom de moules auxquelles elles ne ressemblent cependant sous aucun rapport. site

Malgré la grande réduction que ce genre

a éprouvée , il est encore très - nombreux en espèces ; toutes sont marines, et elles ont pour la plupart des couleurs brillantes et agréablement disposées. La forme générale des valves ; drbiculaire ou alongée, peut servir à partager le genre en deux seclions. Adanson ( Voy. au Sénégal, pag. 254 et pl. 18 ) a donné le nom de tellines à des coquilles qui appArtAEMREnl au genre donace.

ES PECES.

1. T'ELLINE RADIÉE ; fellina radiata. Lin.

Lister, Conuch.tab. 393, fig. 240. Gualt. test. tab. 89, fig. I. D’Argenvil. pl. 22, fig. A— Chem. 6, tab. 11, fig. 100 et 102. Vulg. /e soleil levant.

Coquille ovale, oblorngue, comprimée |, ‘Zlégèrement striée en longueur et luisante'; suture de la charnière canaliculée; couletir rose vif avec de larges bandes blanchés

“rayonnantes de’ la charnière aux bords. Se

trouve dans les mers d'Europe et d'Aimé- rique. |

nn. dé. ntm

DES ACÉEPHALES. 365

2. TELLINE VERGE; £. virgata. Lin.

- Rampbh: tab. 45 ) fig. H. Gualt. tab. 86, fig. G; et tab. 89, fig. E. Dargenvil. pl. 22, fig. G. Bosc, Hist. nat. coquil. tom. IT , pag. 19, pl. 18, fig. 3.

Coquille ovale, un peu épaisse, à surface marquée de stries transversales recourbées ; dents latérales saillantes ; couleur rougeâire avec des bandes étroites blanches ou jau- nâtres , rayonnantes de la charnière aux bords. Se trouve dans la mer des Indes.

3. TELLINE VULSELLE ; t{. rostrata. Lin.

Lister , Conch. tab. 582, fig. 225 et tab. 5095, fig. 242.— Rumph. tab. 45, fig. L. Gualt. tab. 86, . fig. D. et 88, fig. T.— D’Argenv. pl. 22, fig. O. Chemn. 6, tab. 10, fig. 96 et tab. 11, fig. 104. Vulg. la pince de chirurgien.

Coquille ovale - oblongue , compriméé ; ayant antérieurement la forme d'un bec anguleux et alongé ; les anglesun peu dentés. Couleur blanche ou citronée , quelquefois rose. Cette belle et rare espèce se trouve dans la mer des Indes. | SHAE L: Tebtine LANGUE DE CHAT; é. lingua

felis. Lan.

Rumph. tab. 45, fig. G. Gualt. test. tab. 76, fig. E. Favann. pl. 49, fig. O. Chemn.6, tab. 89, fig. 65. Vulg. la langue de chat,

566 EE ST DR Er

Coquille ovale ; épaisse, toute hérissée de tubercules écailleux en croissant , et dis- posés en quinconce ; couleur blanche avec des rayons roses. Se trouve dans la mer

des Indes. | ins

''CENRÉE CÉLIL CYCLADE; cyclas. PI. LXIV, Fig. Lu

im Acéphale fluviatile faisant sail'ir sur an côté

de sa coquille deux tubes réunis , et de l’autre un

pied linguiforme: | Coquille. Sub-orbiculaire ou un peu transverse , sans

pli sur le côté antérieur. Ligament extérieur et

bombé, Deux ou trois dents cardinales. Dents laté-

rales alongées , lamelliformes et intrantes.

Linnæus n’avoit point distingué d'avec les tellines les coquilles qui composent genre quoiqu’elles soient essentiellement dif- férentes, non seulement par la structure de leurs valves et de leur charnière, mais encore parce qu’au lieu d’être marines, elles sont toutes fluviatiles. Bruguière est le premier quiait senti combien ce rapprochement étoit peu naturel , et qui les ait fait représenter à part sous le nom générique de cyclades, dans les planches 301 et 302 de. l'Encyclo- pédie méthodique. >

DES ACÉPHALES. 36%. Ces coquilles ne peuvent, même en ne consultant que lenveloppe. extérieure, se confondre avec les tellines ; elles manquent entièrement de ce pli au côté antérieur des valves , qui caractérise principalement ces. dernières. Les cyclades de plus ont en gé- néral une forme sphérique plus ou moins bombée ; leurs valves ordinairement minces, unies , sont excoriées et rongées vers les natèces dans la plupart des espèces. La char- nière est composée de deux ou trois petites dents cardinales pliées et de dents latérales triangulaires, lamelliformes , qui sont quel- quefois sensiblément crénelées dans leur longueur. Le ligament est extérieur et très- saillant, sur-tout dans les grandes espèces. Leur surface n'offre que des couleurs peu variées et peu agréables ; elles sont le plus souvent sombres et d’une seule ieinte , ainsi aw’on lobserve dans le plus grand nombre des coquillages d’eau douce. L'animal qui habite les cyclades a été décrit par plusieurs observateurs, entr’autres par MM. Geoffroy et Draparnaud. IL n’est point organisé comme l’acéphale des ano- donles et mulettes, fluviatile comme lui, et il se rapproche au contraire davantage de celui des tellines dont il diffère même

308 HISTOIRE très - peu. Les deux tubes alongés, que son manteau fait saillir d’un côté, ont leur cavité réunie et ne présentent qu’un seul organe. Le supérieur a l’orifice plus petit que l’inférieur dont le sommet est tronqué ‘et a quatre divisions. Lorsqu'on observe ce coquillage dans un bocal plein d’eau, on le voit aspirer et-rejeter l’eau par ces syphons ; il aitire par ce moyen les petites particules des plantes aquatiques qui lui servent de nourriture. Le pied, qui se dé- ploye en même tems de l’autre côté, a une forme particulière ; d’après Draparsaud il est composé de deux parties : l’une infé- rieure triangulaire qui est vraiment le pied, et l’autre insérée au milieu de celle-ci, qu’on pourroit nommer ja jambe, à cause de sa forme et de sa position. L'animal fait d’abord sortir le pied au dehors , et le fixe sur un objet, puis, par le moyen de la jambe, il ramène sa coquille sur le pied ; ce qui lui fait faire un pas en avant ; il recommence alors la même manœuvre et ainsi de suite. Les cyclades s’enfoncent dans la vase aux approches de lhiver , comme les autres coquillages fluviatiles ; elles passent toute celie saison ainsi cachées, et ne reparoissent qu’au printems. C’est aussi à celte époque qu'elles

DES ACEPHALES. 50

qu’elles font leurs petits. On ne sait pas posi- tivement si elles sont hermaphrodites, et si elles se reproduisent sans accouplement, comme il y a lieu de le croire, pour la plupart des bivalves en général ; mais M. Geoffroy a constaté que l'espèce com- mune de notre pays est vivipare ; il l’a vu plusieurs fois accoucher de petits coquil- lages vivans , déja munis de leurs deux valves. Les autres espèces doivent proba- blement présenter le même mode de repro- duction.

Les anciens conchyliologistes, entr’autres Lister, rapportoient les cyclades auxmoules, parmi lesquelles ils confondoient ésalement les autrescoquillages fluviatiles. M. Geoffroy, dans son Traité sur les coquilles terrestres et fluviatiles des environs de Paris, leur a donné le nom de cames , également im- propre ; et Scopoli ( Introd. ad Hist. nat. pag. 397 ) en avoit composé un genre par- ticulier sous le nom de sphærium, dénomi- nation qu’on n’a pas conservée depuis que les nomenclatures de Bruguière et de M. de Lamarck ont prévalu.

Moll. Tome VI. À a

530 HISTOIRE

| ÉSPEC EX 1. CYCLADE CORNÉE ; cyclas cornea. Lam. Tellina cornea. Lin. Lister, Conthi tab: 159, fig. 14. Guait. tab. 7, fig. G.— Pennant, Zool. Brit, 4, tab. 40, fig. 36. Chemn. 6, tab. 13, fig. 1355, a, b. D’Argenv. pl. 27, fig. 9, et Zoomorp. pl. 8, fig. 10.— La came des ruisseaux. Geof. p. 133, r et pl. 5. Cyclas....Bruguière, Encyclop. pl. 302, fig. 5.— Draparnaud , Moll. de la Fr. in-4°, pag. 128 ,n° 1, et plio, fig. 1 3.

Coquiile bombée , obtuse , sub-équilaté- rale, mince et un peu transparente; deux dents cardinales petites: deux dents laté- rales saillantes, comprimées et aiguës ; valves garnies de stries transversales très-fines; cou- leur de corne brune ou jaunâtre, avec des bandes transversales peu apparentes.

Elle a de trois à neuf lignes de largeur , et de trois à sept lignes de hauteur. Se trouve en Europe dans les eaux courantes ; elle est très-commune dans les ruisseaux des environs de Paris et dans la petite rivière des Gobelins. On la rencoutre plus rarement dans la Seine. :

Draparnaud a indiqué dans les ruisseaux de la France cinq autres espèces de cyclades,

L4

qui, quoique assez distinctes , ayoient été

DES ACEPHALES. 3n jusqu'à présent regardées comme de simples variétés de la cyclade cornée.

2. CYCLADE EUPHRATIQUE; cyclas euphra- ca. Lam.

!

Pénus ..... Chemn.6, tab. 30, fig. 520. Brug. Encyclop. méthod. pl, 7: fig. 2. —Cyclas fluminalis. Gmelin.

Coquiile d’un ti hundtre brillant , à sommets très-saillans ; deux dents cardi- nales ; surface garnie de stries irausversales prononcées. Se trouve dans l'Euphrate et autres fleuves de l'Asie, d’où eile a été rapportée par Bruguiere.

BEN RE GRÉMEA vu Lucixe ; lucina. Pl LXIX, Fig. 2.

Animal, Inconnu. î | "

Coquille. Sub-crbiculaire ou transverse , n’ayant point de pli irrégulier sur le côté antérieur. Dents car- dinales variables. Deux dents latérales écartées, Les lucines ont été reconnues comme

genre, mais simplement indiquées par Bru-

guière dans les planches de l'Encyclopédie méthodique ; ce groupe n’a été complette- ment caractérisé que depuis par M. de La- marck , daus son Système des animaux sans

Aa 2

572 HISTOIRE vertébres: il doit être placé dans le voisinage des tellines dont il conserve quelques-uns des traits principaux, et dont il ne diffère essentiellement que par le défaut d’un pli irrégulier sur le côté antérieur des valves. Linnæus plaçoit quelques espèces de lucines parmi ses tellines, et d’autres parmi les vénus ; elles se distinguent cependant suffi- samment d'avec ce dernier genre par les deux dents latérales écartées qui accom- pagnent leur charnière. La forme des valves, en général orbiculaires, plus ou moins bom- bées, est assez variable , ainsi que le nombre et la disposition des dents cardinales.

M. de Lamarck rapporte à ce genre plu- sieurs belles coquilles, les unes dans l’état frais , les autres dans létat fossile, particu- lièrement deux ou trois trés-remarquables : et non encore décrites, qui se trouvent - parmi celles de Grignon.

ESPECES. 1. LUCINE DE LA JAMAÏQUE ; lucina Jamaï- censis. Lam.

Lister , Conch. t. 500, fig. 407. Chemn. 7 t. 39, fig. 408 , 409. Vuls. /a came safranée.

Coquille épaisse, orbiculaire, prolongée,

DES ACEPHALES. 3793 un peu en bec et rouzeûtre extérieurement, Se trouve sur les cô!es de la Jamaïque.

2. LUCINE EDENTÉE ; lucina edentula.

Venus edentula. Lin. Lister, tab 260, fig. 96. Gualt. Test. tab. 88 , fig. B. Chemn. 7, tab. 40, fig. 427, 429 Vulg. l’ubricot.

Coquille len'iculaire , renflée et presque globuleuse ; à luuule ovale ; charnière sans dents; surface rusueuse ; couleur d’un jaune- fauve.

On la dépouille et on la polit ordinaire- ment pour jouir de sa belle couleur abricot ; c’est l’espèce la plus commune du genre, Se trouve en Amérique.

3. LUCINE FRANGÉE; lucina fimbriata.

Venus fimbriata. Täin.— Lister, tab. 355, fig: 172. Gualt, tab. 750, fig. C. 1)’Argenv. pl. 2r, fig. G. Chemn. 7 , vign.8, tab. 45, fig. 448 , 449. Vulg.

da corbeille.

Coquille blanche , ovale , bossue , à stries longitudinales , croisées par des sillons trans- verses , profonds ; bord crénelé.

Cette coquille, fort recherchée dans les collections, se trouve dans l’océan Indien.

La venus pensilvanica, Lin. vulgairement a bille d'ivoire , n’appartient point aux lu- oines auxquelles elle ressemble beaucoup

Aa 3

374 HS DORE extérieurement ; elle fait partie des tellines

orbiculaires et bombées, parce que ses valves présentent un pli très-prononcé sur le côté. |

On la trouve ordinairement dépouillée et polie dans les collections.

GENRE CXLVII. OxcuLuinE ; ungulina. PI LXVI, Fig. 4.

Animal, TInconnu. Coquille. Longitudinale, équilatérale , régulière.

Charnière formée d’une très - petite dent eptre

deux fossettes obliques. Deux impressions mus-

culaires sur chaque valve.

Ce genre nouveau, et encore à peine connu, a été établi par Daudin, pour placer une petite coquille bivalve , qui présente dans sa charnière quelques-uns des carac- tères du genre bucarde; maïs qui s’eh éloigne trop sous d’ autres rapports, sur-tout par sa forme extérieure, pour qu on puisse l'y rapporter. Les valves sont un peu carrées , longitudinales , aplaties , et ressemblent à un ongle, ainsi que l'indique le nom géné- rique. Les deux impressions musculaires qui se voyent intérieurement sont alongées et saillantes, © On ne oonnoît encore qu’une seule

DES ACEPHALES. 575 espèce d’onguline , et on n’en rencontre qu'un petittnombre d'individus dans les collections.

ONGULINE LAQUE ; ungulina rubra.

/

Onguline couleur de lague. Daudin. Bosc, Hist. nat. coq. tom. IIT, p. 76, pl. 20, fig. 1 et 2.

Coquille peu épaisse , ridée extérieure- ment, brune , mélée de rouge en dehors et en dedans.

La coquille sur laquelle Daudin a reconnu le type de ce genre , faisoit partie de la collection de Favanne. On ignore dans quelle mer elle habite. 5

GENRE CXLVIIE. Bucarpe; cardium. PI. LXVII, Fig. 2.

Animal. Acéphale muni de deux tubes courts, dont l’inférieur est plus grand que l’autre et suscep- tible d’être fermé par une valvule pendante. Limbe

- postérieur du manteau denté et sans cirres. Pied en faux , subulé et très-long.

Coquille. Sub-cordiforme, à valves dentées on plissées en leur bord. Charuière à quatre dents, dont deux cardinales rapprochées et obliques sur chaque valve, s’arliculant en croix avec leurs correspondantes. Dents latérales écartées et intrantes. DEN

Les bivalves qui composent ce genre ont

Aa 4

376 HISTOIRE je

une forme assez analogue à celle d’un cœur; dont elles portent même vulgairement le nom; mais comme plusieurs naturalistes français, entr’auires D’Argenville, en em- ployant cette dénomination , l’ont appliquée aussi à dés coquilles très-différentes, telles qu'à des arches , des isocardes , et même des vénus, Bruguière a cru , pour éviter la confusion , devoir substituer à ce nom celui de bucarde qui rappelle la même idée. Les caractères génériques, adoplés par Bruguière et M. de Lamarck, sont les mêmes que Lan- næus avoit établis ; ils sont fondés sur le nombre et la situation des dents de la char- nière. Ces coquilles forment un groupe extrêmement naturel, non seulement sous le rapport des enveloppes calcaires, mais encore sous celui de l’organisation de l’acé- phale qui les habite. Chaque valve porte quatre dents, dont deux situées vis-à-vis les natèces et appelées dents cardinales par Lan- næus , sont rapprochées et implantées dans une direction oblique. Lorsque la coquille est fermée, ces deux dents s’articulent en croix avec celles de Ia valve opposée, de manière qu’elles entrent dans des fossettes correspondantes qui alternent avecelles. Les deux dents latérales, éloignées des cardi-

DFS ACEPHALES. 3977

nales, ont une forme plus alongée ', ordi- nairement comprimée ;, et s’engrènent assez profondément d’une valve sur l’autre dans des fossettes qui les accompagnent. Les valves, en général très-convexes, sont ornées dans la plupart des espèces de côtes ou de stries longitudinales plus ou moins profondes , et souvent hérissées d’épines ou d’écailles nom- breuses.

Plusieurs naturalistes ont observé l’ani- mal des bucardes : Réaumur a décrit celui du sourdon qu’on trouve communément sur les côtes de France; Adanson, celui du mofaë qui fait partie de son genre pétoncle, et qui habite les rivages du Sénégal; Müller, celui ‘du bucarde épineux ; enfin , Poli nous,a fait connoître, sous le nom de céraste, l’acé- . phale de quelques espèces de la Méditerranée. La comparaison de ces différens travaux prouve que les bucardes sont liées par le plus grand nombre des rapports, et qu’elles ne présentent dans les parties esséntielles de Vorganisation que des différences spécifiques peu remarquables. Il faut observer que si quelques auteurs ont dit que ces animaux pouvoient filer un byssus pour s'attacher aux rochers, c’est probablement parce que

Adanson ( Voy. au Sénégal, pag. 240, et

878 HISTOIRE pl.18),a confondu dans son senre pétoncle, Les vraies bucardes avec les arches qui jouis- sent effectivement de,cette faculté. Cet exact observateur avertit lui-même, p.26, qu'il n’a pu examiner les animaux des coquilles qu'il nomme fagan, robet, anadara, jabet, mussole ét vovan, et qu’il les regarde comme trés-différentes des autres. : Dans tous les acéphales des bucardes on trouve , vers une extrémité du manteau, deux tuyaux assez courts, inégaux , dont Je plus grand introduit l’eau jusan’à la bouche en traversant les branchies, et dont le plus petit sert d'anus. Le premier, d’après Pol, peut dans quelques espèces se fermer par une valvule pendante sur le côté. L’orifice de ces tubes est entouré par une trentaine de filets distribués sur deux rangs ; ceux du rang le plus extérieur sont coniques et plus forts que les autres. Vers le milieu du bord moyen des valves, lanimal fait sortir un pied musguleux en forme de lame coudée en arrière, ordinairement colorée, et dont il se sert pour raimper et pour s MAS dans - le sable il vit ordinairement. | La plupart des bucardes sont répandues dans toutes les mers, et se trouvent toujou rs dans le voisinage des côtes. On mange ce

DES ACEPHALES. 379 coquillage dans plusieurs pays ; mais il est assez corlace et peu eslini*,

Les espèces de ce genre extrêmement nom- breux, sont très-variées par les belles teintes de leurs valves, et par les épines ou les tuiles dont elles sont souvent hérissées. Elles ont été figurées pl. 292 et suivantes de l’'Ency- clopédie méthodique. On en trouve parmi elles plusieurs dans létat fossile.

ESPECES.

nn,

1. BUCARDE CŒ@UR DE VÉNUS, cardium cardissa. Lan.

Rumph. tab. 45, fig. E. Gualt. tab. 84, fig. B; C, D. Lister, Conch. tab. 310; fig. 156. D’Ar- genv. pl. 25, fig. D, 1. Favanne, pl. 51, fig. P , 2. Martini ,6, tab. 14, fig. 143 à 148.

Coquille très - comprimée sur les deux faces ; le dos des valves caréné ; natèces courbées en dedans, se couvrant l’une l’autre.

Cette jolie espèce est dans tout le genre

celle qui ressemble le plus à un cœur. Elle est ordinairement blanche ; quelquefois cependant elle a des taches couleur de rose. Se trouve dans la mer des Indes.

LA

a berne

_ 580 HLSITOIRE 2. BUCARDE EXOTIQUE; cardium costatwm: | | Lin. |

‘Lister, Conch. tab. co fig. 164. Rumph. tab. 48, fig. 6. Gualt. tab. 72, fig. D. D’Argenv. pl. 25, fig. À. Favanne, pl. 52, fig. B. Ze kaman. À danson, Sén. pl 18, fig. 2. Martini ,6, tab. 15, fig. 151, 152. Vulg. la conque exotique.

Coquille blanche , bombée, équilatérale , à côtes très-saillantes, très-minces, carénées en dessus et creuses.

Cette espèce est rare dans les collections lorsqu'elle est entière et parfaitement con- servée. On n’y trouve le plus souvent que des valves dépareillées. Elle habite en pleine mer, à une grande profondeur, dans le voisinage des côtes sablonneuses du Sénégal. 5. BucARDE soURDON ; cardium edule. Lin.

Lister, Anim. angl. tab. 5, fig. 34. Gualt. tab. 71, fig. F.— Favanne, pl. 75, fig. E, avec l’añimal. Martini, 6, tab. 19, fig. 194.

Coquille blanchâtre , presque ronde, rus- tiquée , garnie d'environ vingt-six côtes ridées transversalement et tuilées à rebours.

Elle est figurée avec les détails anatomi- ques dans ouvrage de Poli, pl. 17, 13 et suivans.— Elle est extrêmement commune sur les côtes d'Europe on en mange une grande quantité, sur-tout en Angleterre.

DES ACÉPHALES. 38

GENRE CXLIxXe ÎsocarDe; isocardia. PI. LXVE, Fig. 5.

Animal. Acéphale muni d’un pied très-petit, et de deux tubes extrêmement courts.

Coquille. Cordiforme , à natèces écartées, roulées de chaque côté en spirales divergentes. Deux dents

cardinales aplaties et intrantes. Une dent latérale isolée , située sous le corselet,

Ce genre est un démembrement des cames du Systema naturæ de Linnæus. Bruguière a fait le premier la séparation des coquilles qui le composent ; mais comme elles se trou- vent encore dans cet auteur mêlées avec les cardites qui sont essentiellement diffé- rentes , M. de Lamarck a cru devoir changer de nouveau cette classification et en former un genre particulier.

La forme générale des valves présente un caractère qui rappelle un peu celui de ja dicérate , mais avec plus de régularité ; les natèces sont écartées, tournées en arrière, et divergent de chaque côté en spirales très- prononcées. Cette disposition particulière des natèces et leur convexité donnent aux isocardes un aspest très-remarquable, et les font ressembler à un cœur, plus que‘ les

r

{

582 HISTOIRE

coquilles du genre bucarde auxquelles on donne ordinairement ce nom. La charnière est composée sur chaque valve de deux lames

cardinales, alongées , qui s’articulent l'une-

à côté de l’autre, et d’une seule dent laté- rale, isolée , située sous le corselet assez loin des natèces. Le ligament paroïît en dehors du même côlé que cette dent. Il

y a deux impressions musculaires dans lin-

térieur de chaque valve ; celle du bord inférieur, placée en arrière, est du double plus petite et plus profonde que celle de devant, qui est presque crbiculaire et vis- à-vis de la dent latérale isolée. | L'animal qui habite ces coquilles porte, dans l’ouvrage de Poli sur les testacées des mers des deux Siciles , le nom psilope (1). Al est extrêmement voisin de celui des car- dites. Le pied de cet acéphale est très-petit. Les deux tubes, dont l’un sert d’anus, et l’autre laisse pénétrer l’eau dans l’intérieur

“du corps, sont teilement courts, qu'ils ne

présentent que deux trous ; organisation qui semble <a a les isocardes de cette famille. | A —— © ————

.() Voyez Poli, pl. 19, 34, 55, 56; ct pl. 23, n°* 1 el 2.

DES ACEPHALES. 585

On ne connoît encore que deux espèces

dans ce genre, du moins parmi les coquilles

actuellement vivantes ; il paroît qu'il y en a plusieurs autres parmi les fossiles.

MSVECRS

1. ISOCARDE GLOBULEUSE ; isocardia globosa. Lam. |

Chama cor. Tän. Lister, Synops. tab. 255, fig. 111. Rumph. Thes. tab. 48, fie. 10. Gualt. Ind. tab. 71, fig. E. Chemn. Conch. 7, p. 101, tab. 48, fig. 483. Favanne, pl. 53, fig. G.— Cardite cœur. Brug. Encyel. vers, tom. I, p. 405; ét tab. 252. Vulg. le cœur de bœuf ou le bonnet de fou.

Coquille lisse , très- bombée , presque globuleuse, d’un brun-fauve , moins foncé près des natèces que sur le reste des valves; épiderme olivâtre.

Cette coquille est assez commune. Elle a jusqu'a. quatre pouces de longueur, sur trois pouces et demi de largeur et de pro- fondeur.—$e trouve dans la Méditerranée, principalement dans le goite Adriatique ; on prétend qu’elle vit aussi dans l'Océan :

384 HISTOIRE 2. ISOCARDE DE MOLTKE ; is. moltkiana _ Lam.

Spengler , tom. IV, p. 3521, tab. 14. Martini, conch. 7, p. 105, tab. 48, fig. 484 , 485. Carditæ moltkiana. 0 Encycl. vers, tom. I, p. dés tab. 2:65, hs.

presque rhomboïdale antérieu-

rement, plissée transversalement , à corselet

aplati, lisse et anguleux de chaque côté;

valves blanches en dedans sans mélange, et.

en dehors variées de points , de lignes et de taches d’un brun-jaunûâtre. |

Elle a onze lignes de longueur, sur en- viron huit lignes de largeur et de profon- deur. Les valves sont peu épaisses , demi- transparentes et ferment exactement; leur bord intérieur est entier. C’est parmi les bivalves une des coquilles les plus rares et une des plus remarquables par sa forme. On n’en connoît dans les collections que deux ou trois mdividus, dont l’un est en Danemarck et fait partie du mche cabinet du comte de Molitke ; un autre appartenoit a M. Hwass et a passé dans la collection de M. Sollier. Se trouve dans les mers des Grandes Indes et de la Chine.

GENRE

|

De Jeve dd, 1; 'CARDIEE. 4. TRIDACNE. 2. BUCARDE, Ô. HIPPOPE.

3, HIATELLE,.

DES ACEPHALES. 385

GENRE CE. HIATELLE ; hiatella. PI. LXVIL, Fig. 5.

Animal. Inconnu.

Coquille. Equivalve, transverse , très-inéquilatérale, bäillante en son bord supérieur. Charnière ayant sur une des valves une seule dent qui s’insère dans une échancrure de la valve opposée.

On ne possède jusqu'à présent sur hiatelles que les détails relatifs aux deux coquilles sur lesquels ce nouveau genre a été fondé par Daudin. L'organisation de l'animal est entièrement inconnue; mais, par le bâillement des valves on peut juger qu'il fait sortir au dehors un byssus pour s'attacher aux rochers. Ce caractère établit des rapports marqués entre les hiatelles et les cardites qui présentent la même parti- cularité , d’après la description du jéson donnée par Adanson (1). Il y a de plus une grande “analogie entre ces deux genres dans la structure de-la charnière et dans la forme générale également transverse et très-iné- quilatérale Ces coquilles, mieux connues, formeront probablement par la suite une

(1) Adanson , Hist. nat. du Sénégal, p.215, pl. 15. Moll, Tome VI, 2% Bb

586 HISTOIRE

famille naturelle, particulière, très-distincte de celle nous linscrivons provisoirement ; il faudra peut-être les rapprocher des mo- dioles à byssus dont elles paroissent aussi assez voisines.

ES P'ECES:

1. FHIATELLE ;A' DEUX FENTES ; Æiatella ! biaperta. Daudin.

‘Bosc, Hist. nat. coq. vol. III, p. 120, pl. 2r, fig.2.

Coquille ridée conceutriquement , avec deux côtes épineuses et divergentes ; bâille- ment des valves double. Ç

* Elle a près d’un pouce de largeur; l'in- dividu décrit par Daudin faisoit partie, ainsi que ESpRCe suivante, de la collection de Favaune. Se trouve sur la côte de en

Hrarecre A UNE FENTE ; Aiatella. Ni |, a mOnoperia. Daudin. | Bose, Hist. nat. coq. vol. TITI; p. 120, pl. 21, fig. 1. Coquillé ridée transversalement » avec deux côtes épineuses et divergentes ; bäil< lement des valves simple. + Cette espèce est de moitié plus pélite que la précédente. Elle se trouve aussi sur les côtes de Lranquebar.

DES ACEPHALES. 387

GENRE CLie. TRIDACNE ; éridacna. PI. LXVII, Fig. 4

Animai, Inconnu.

Coquille. Equivalve , inéquilatérale, sub-transverse, Charnière à deux dents comrrimées et intrantes. Lunule bâillante.

Ce genre fondé par Bruguière, et adopté par M. de Lamarck dans son système des animaux sans vertèbres , étoit confondu parini les cames de Linnæus. Ses caractères distinctifs sont cependant très-prononcés ; les tridacnes ne sont point irrégulières , inéquivalves et adhérentes comme les cames ; leur lunule présente un bâillement consi- dérable qui suffit pour les reconnoître au premier coup-d’oil ; la forme et la dispo- silion des dents de la charnière ne sont pas non plus les mêmes, et les nalèces sont fort courtes en comparaison de celles des cames, qui sont ordinairement roulées en spirale plus moins proéminente.

. Ce genre renferme les coquilles les plus

grandes et les plus pesantes de toutes les

bivalves ; l'espèce appelée clama gigas par

Linnæus, et actuellement fridacna gigas ;

Bb 2

\ |

589 ‘HISTOIRE

par M. de Lamarck , a quelquefois quatre ou cinq pieds de large, et pèse plus de quaire cents livres. Quelques voyageurs en ont. rencontré , sur certaines côtes de l’Inde, des valves séparées que quatre hommes ne pouvoient soulever ; aussi dit-on que plus de cent personnes peuvent faire. leur repas avéc un seul de ces animaux ; maïs 1l est probable que leur chair devient coriacée et peu agréable à nranger lorsqu'ils parviennent à cette énorme taille. Ce sont-les valves d’une de cés grandes espèces qui furent données à François premier par la républi- que de Venise, et qui forment le ‘bémitier de l’église de Saint-Sulpice à Paris. La collec- tion du stathouder à fourni depuis au Mu-

séuin d'histoire naturelle deux autres valves

la même espèce presque aussi grandes qüe les premières. Chacune de ces coquilles pèse ‘environ cént-cinquante livres.

M. de Lamarck observe que, sous cenom de chama gigas , Linnæus avoit réuni plu- siéurs espèces très-distinctes ; leurs carac- tères spécifiques ‘asséz tranchés consistent dans des côtes ou sillons plus ou moins pro- noncés ou rapprochés , dans des ‘écailles tüilées, plus ou moins nombreuses et ser- rées, et dans léurs couleurs tantôt blanches,

DÉS ACEPHALES. 3ëg jaunâtres, tantôt d’un rose ou d’un aurore très-vifs.

Il est à regretter qu’on n’ait pas encore pu étudier l’organisation d’un acéphale aussi monstrueux. Son anatomie fixeroit des points importans , difficiles à saisir sur les animaux de cette classe assez petits en général. Rela- tivement à ses mœurs , on sait seuiement, d’après le rapport de M. Péron, que les tridacnes sont attachées aux rochers par le moyen d’un organe tendineux qui passe par l'ouverture de la lunule. Elles y sont fixées avec tant de force qu’on ne peut les arracher qu’à coups de maillet ; cette adhé- rence , d'une nature particulière , semble dier le type d’une famille très-diffé- rente de celle-ci.

Tontes les tridacnes se trouvent dans les mers orientales 1l paroïit que quelques espèces vivent à d'assez grandes profon- deurs. On trouvera ce genre figuré dans les planches 235 et 236 de l'Encyclopédie méthodique.

TRIDACNE GÉANTE : éridacna gigas. Lam,

Chama gigas. Lin. Rumph. Mus. tab. 43, fig. B:

Lister, Conch. tab. 351, fig. 189. Guali. Test.

tab. do ko A. Chemn. 7, p. 122, tab. 49; fig:

495. D’Argenv. pl. 23, fig. E. Tridacne. Brug. Bb 3

3

590 . THLSTOTRE ŒEncycl. pl. 235, fig. 1. Vols. la grande fattière, la tuilée, ou le bénitier. Fe

Coquille blanche, à larges côtes ondulées, arrondies en voûte , et garnies d'écailles imbriquées , Serrées. f

C'est cette espèce qui atteint la taille considérable dont nousavons parlé plus haut. Elle présente, sur-tout lorsqu'elle est par- venue à sa plus grande dimension , quelques variétés dans sa forme et dans le nombre des écailles tuilées qui garnissent ses côtes. Se trouve dans les mers des Indes orien- tales.

GENRE CLIlte. Hyppore; Aippopus. PI. LXVIE, Fig. 6.

‘Animal. Inconnu. Coguille. Equivalve , inéquilatérale, sub-transverse.

A

Charniére à deux dents comprimées et intrantes.

Lunule pleine.

Linnæus avoit encore placé parmi ses cames , et Bruguière avoit rapporté à ses tridacnes la coquille qui a servi à M. de Lamarck pour établir le nouveau genre hippope. Elle ne peut se confondre avec les cames , parce qu’elle est régulière, équivalve et non adhérenite, et elle se

DES ACEPHALES. 39% distingue par un caractère prononcé d’avec les tridacnes, sa lunule étant pleine au lieu

d’être bâillante ; cette différence dans les.

enveloppes est même très - importante , puisqu'elle indique que l'animal ne s'attache point aux rochers en faisant saïllir au dehors

un organé semblable à celui des tridacnes;

au reste , son organisation et ses mœurs, qui confirmeront peut-être encore davantage la séparation de ces deux genres, sont en- tièérement inconnues. ) ;

Les collections ne possèdent jusqu’à pré- sent qu'une seule espèce d'hippope dans l’état frais ; quelques naturalistes en indi- quent plusieurs autres parmi les fossiles.

Hrprope CHov ; hippopus maculatus. Lam:

_ Chama hippopus. Lin. Lister , Conch. tab. 349, fig. 187; et tab. 550, fig. 188. _ Rumph. Mus. tab. 43; fig. C. Gualt. tab. 05, fig. A. D’Argenv. pl. 25, fig. H.— Chemn. 7, tab. Bo, fig. 498, 409. Bdocue. Brug Encycl. tab. 236, fig. 2. Vulgair. le chou ou la feuille de chou.

Coquille à côtes irès-prononcées et épi- neuses; fond blanc agréablement tacheté de rouge , sur-tout dans le jeune âge.

Elle ressemble par les contours onduleux de ses valves , et par la bigarrure de ses couleurs à une feuille de chou frisé et pa- naché.— $e trouve dans la mer des Indes.

B2 4

393 HISTOIRE

GENRE CLIII. Tricot ; trigonia. P]. LXVIIL, Fig. 1.

_ Animal, Inconnu. | Coguille. Equivalve, inéquilatérale, trigone ou sub= -_ orbiculaire. Sur la valve droite, deux dents cardi- nales oblongues, plates, divergentes | sillonnées transversalement de chaque côté. Sur la valve gauche, quatre dents cardinales aplaties, dispo- sées par paires divergentes et sillonnées transversa- lement d’un seul côté. Ligament court et extérieur. Deux impressions musculaires dans chaque valve. Ce genre , fondé par Bruguière, d’après la singulière conformation de la charnière d’une valve droite, la seule qu'il ait pu ob- server,ne renfermoit d’abord que des espèces fossiles ; quelques naturalistes les mettoient au nombre des espèces perdues, d’autres les regardoient comme habitant encore les profondeurs de la haute mer , et par con- séquent étant hors de la portée des recherches de l'homme. Cette dernière opinion vient d'acquérir une grande probabilité par la découverte intéressante d’un individu, dans l’état frais, appartenant au même genre, faite par M. Péron , naturaliste attaché à l'expédition des découvertes ; cette belle

DES ACEPHALES. 395

coquille à été trouvée, ne contenant plus son animal, sur les côtes australes de la Nouvelle-Hollande ; elle habite probable- ment dans le voisinage de ces côtes, et les tempêtes , en l'arrachant du fond de sa demeure , auront jeté ses valves sur le rivage. L’analogie de forme peut faire croire que les autres espèces, si elles existent encore, ont aussi la même habitation, et que, comme toutes les pélagiennes , de semblables hasards pourront seuls nous les procurer. La forme triangulaire de ces coquilles, sur-tout de celles qui sont dans l’état fossile, leur a fait donner le nom de trigonie ;' elles sont en général aplaties et tuberculeuses. Dans les espèces fossiles, le corselet est prononcé d’une manière très-remarquable. Les collections en renferment quatre espèces qui se trouvent dans les montagnes schis- teuses et argileuses ; presque toujours les deux valves sont réunies et fortement liées par une vase durcie qui les remplit entiè- rement. Elles ont assez souvent l'aspect exté- rieur de quelques espèces de cardites ou de cythérées. |

89% LIT SIT O TR FA À GUESS PE CES. Ms

Le TRIGONIE | NACRÉE ; trigonia margari-. tacea.

Lamarck, Annal. du mus. vol.IV, p. 351, fig. , a, 0.

Coquille sub-orbiculaire , à côtes tuber- culeuses et granulées partant des natéces ; :. corselet à peine apparent.

- Les valves nacrées intérieurement et d un brun: verdâtre à l'extérieur, sont moins trigones que dans les espèces fossiles, ce qui, joint à la petitesse du corselet, donne à cette coquille l'apparence d’une bucarde. Elles sont crénelées sur les bords, un peu aplaties et chargées de vingt-deux côtes divergentes qui partent des natèces. Les paires de denis ne sont sillonnées que sur une seule face intérieurement, et c’est dans la cavité qui les sépare que s’engrainent les dents de l’autre valve. La plus grande lar- geur de cette coquille est d’un peu moins de deux pouces. Elle a été trouvée, jetée _ sur le rivage, à l’île King, à l’île Maria et à l’île des Kanguroos, autour de la terre de Diémen. |

2. TRIGONTE NODULEUSE; frig. nodulosa.

Knorr, tab. 17, fig. 8. Encycl. pl. 257, fig. 2.

Coquille sub-trigone , à côtes noduleuses,

DES ACEPHALES. 305 he partant point des natèces ; corselet très- apparent. Se trouve fossile dans des montagnes argileuses en France.

a GENRE CLIV: ARCHE; arca PI LXVIIE, Fig. 2.

Animal. Acéphale sans tubes , muni d’un pied pédon- culé, terminé par des filets tendineux qui s’atta- chent aux rochers. Branchies séparées et pendantes par leur partie supérieure. mat

Coquille. Equivalve , excepté dans un petit nombre d'espèces, transverse, inéquilatérale , à natèces écartées. Charnière en ligne droite, simple aux extrémités et garnie de dents nombreuses sériales, parallèles et intrantes. Ligament extérieur. Valves bâillantes dans leur milieu , onu exactement fer-

mées.

Linnæus et la plupart des naturalistes donnoïent le nom d’arches à toutes les coquilles qui présentent une charnière soit en ligne droite , soit en ligne plus ou moins arquée ;, composée d’une série de dents nombreuses qui s’insèrent alternativement les unes entre les autres lorsque les valves sont fermées. Cette définition donnoit à ce groupe trop d’étendue , et rassembloit sous le même nom des coquilles évidemment

80 HISTOIRE

disparates sous beaucoup de rapports. M. de Lamarck Va circonscrit dans de justes bornes, et en a séparé les genres arche , pétoncle , nuculle et cucullée qui composent bien une famille naturelle , mais qui ont entr’eux des différences très-prononcées.

1! a conservé le nom d’arche aux coquilles du premier genre, parce que dans la réunion de leurs valves , elles présentent plus que les autres la forme carénée d’un navire. Leurs caractères sont d'être transverses , inéquilatérales, presque rhomboïdales, et d’avoir la charnière en ligne droite, simple aux extrémités, et composée d’une série de dents nombreuses , lamelliformes , très- rapprochées et intrantes dans les intervalles de celles de la valve opposée. Les natèces sont très-écartées l’une de l’autre, et laissent entre elles une facette remarquable, plate ou concave , plus ou moins alongée , sur laquelle s'applique en dehors le ligament des valves. Quand la coquille est fermée , cette facette est marquée de sillons en losanges qui paroïssent être formés par les points d'attache et les débris de ce ligament. : Les arches sont ordinairement équivalves; cependant il y en a quelques-unes dont les valves sont inégales et débordent l’une sur

DES ACEPHALES. 397 l'autre, ce qu’on observe aussi dans le genre cucullée. La plupart des espèces offrent un bâillement très-sensible vers le milieu du bord supérieur , et dans un grand nombre d’autres , les valves ferment exactement ; cette dernière différence ,indiquant l’absence de l’organe que les arches bâillantes font sortir au dehors , motivera probablement par la suite l'établissement d’un nouveau genre composé des arches entièrement closes.

L’acéphale qui habite les véritables arches a été décrit et figuré par Foli, sous le nom de daphné. Son manteau ne se termine point par deux tubes destinés l’un à la respiration et l’autre à la sortie des excrémens, ce qui l’éloigne des genres précédens, parmi les- quels nous ne l’inscrivons que provisoire- ment ; il semble former le type d’une famille particulière très-différente , surtout en con- sidérant qu'il fait sortir , par l’écartement des valves dont nous venons de parler, des fils tendineux qui lattachent aux rochers.

Les arches sont en général striées ow sillonnées ‘longitudinalement , et leur sur- face extérieure est ordinairement recou- verte d'un épiderme écailleux, quelquefois velu et très-épais. Le bord des valves est entier ou fortement crénelé; aperçoit

308 HAS TOIR EE

dans leur intérieur deux impressions mus# culairés plus ou moins grandes ét souvent _ carrées. Le ligament , étendu en dehors sur la facette qui sépare les natèces , est mince et s’écailie facilement lorsqu'il est sec. Sa force ne paroît pas proportionnée à la taille * des valves; il ne semble destiné, comme le dit Adanson , qu'à couvrir la charmière et à empêcher qu'il ne sintroduise dans les dents quelques corps étrangers qui nui- roient aux mouvemens des batians.

4: Avant Lionæus , les conchyliologistes donnoient à la plupart des arches le nom impropre de cœur, et les confondoient avec. les bucardes, auxquelles les espèces courtes et globuleuses ressemblent un peu à l’exté- rieur. Adanson (1) Îles réumssoit aussi dans uu seul genre, sous le nom de. pétoncle ; mais il avertit lui-même qu’il n’a conservé ce rapprochement inexact que faute d’avoir pu observer les animaux des arches.

On trouve ces coquillages en abondance sur presque toutes les côtes où; quoique peu recherchés ;: ils servent d’aliment aux hommes; les stries, sillons, côtes, qui ornent

(1) Adanson , voyage au Sénégal, pag 246, et fe à 18,5, 6,73 8 ct 9 5

DES ACEPHALES. 59q les valves, ainsi que leurs formes et leurs proportions générales, sont extrêmement variées et caractérisent des espèces très nombreuses et très-distinctes. Leur nombre est considérablement augmenté par les espèces au moius aussi multipliées que ren- ferment les bancs fossiles de plusieurs pays.

GMA EISPP UE CES" À |

1. ARCHE DE Noé ; arca Noe. Ian. . Lister, tab. 368, fig. 208. Gualt. tab. 8, fig. Æ, 1: Martini, 7, tab. 55, fig: 529, 531. D'Arg. pl. 25, fig. G.— Favanne, pl. 51, fig. D, 4.—Vuilg. l'arche de Noé. . Coquille transverse, oblongue, rhom- boïdale ; charnière presque égale à la lar- geur des valves ; natèces très-écartées, sail- lantes , pointues et courbées l’une vers l’autre ; surface extérieure garnie d'environ soixante stries en rayons , souvent bifur- quées et de rides transversales ; bords simples et bâillans.

La couleur de cette espèce est d’un blanc sale, avec des bandes transverses brunes, rougeâtres, disposées en Zig-Zag. Son épi- derme , extrêémement mince, tombe faci- lement et laisse autour du bord de chaque valve une rangée de poils adhérens et très-

400 HISTOIRE

épais. Elle a quelquefois plus de quatré pouces de largeur , sur un ou deux de hau- teur. Sa forme et ses proportions sont assez sujettes à varier. Cette coquille , très- commune dans les collections, habite pres-

que toutes les mers. -2, ARCHE BARBUE ; arca barbata. Lin.

Lister , tab. 251, fig. 65. Gualt. tab. gr, fig. F. Martini, 7, Fe 54, fig. 5355. mehr vx pl. 22, fig. M.

. Coquille brune , transverse , séklantle | : à natèces peu écartées ; valves aplaties et arrondies aux extrémités; bords simples et fermés ; épiderme hérissé de poils cornés. Se trouve sur les côles d'Europe et dans la mer Rouge.

GENRE CLVe. Cucuzrée,; cucullæa. PI]. LXVIIL, Fie. 3. Animal. Inconnu. / | Coquille. Inéquivalve , inéquilatérale, sub-transverse, |

à natèces écartèes. Charnière en ligne droite, ayant une série de dents nombreuses, intrantes, el à ses

extrémités deux ou trois côtes parallèles dans une

autre direction. Ligament extérieur.

Les cucullées forment le genre le plus

voisiu des arches ; la forme générale des valves

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TRIGONIE .

ARCHE .

CUCULLEE

3,4. Valve L'eparee de Cucullee

/ ss ; 4. PETONCIE.

5. NUCULE,.

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DES ACEPHALES. 4oi

valves est à peu près la même, quoique plus bombée et moins alongée; la charnière présente également une série nombreuse de dents disposées sur une ligne droite ; maïs dans les cucullées, les extrémités de cette ligne sont terminées par deux ou trois côtes parallèles dans une autre direction que celle des autres dents , ce qu’on ne trouve pas dans les arches. Les natèces sont aussi écar- tées l’une de l’autre, et laissent entre elles une facelte plane semblable à celle de ce dernier genre.

Les valves des cucullées sont de plus sen- siblement inégales, et l’une dépasse l’autre lorsqu'elles sont fermées. On observe cette inégalité sur la première espèce qu’on possède dans l’état frais, comme sur la seconde qui n’a encore été trouvée que dans l’état fossile. Ce caractère, qui aéchappé à M. de Lamarck, fournit encore un point d’analogie entre ce genre et les arches dont quelques espèces sont aussi inéquivalves.

On ne sait jusqu’à présent rien ni sur l’organisation ni sur les mœurs de l’acéphale des cucullées. On voit, dans l’intérieur des valves de lespèce actuellement vivante, deux lames arrondies , saïillantes près des im- pressions musculaires, qui semblent destinées

Mol, Tome VE. CC

402 UF T'STOLRE à fixer le corps de l'animal dans sa coquille.

La distinction de ce genre et l'exposition de ces caractères sont dus à M. de Esamarck; il les a établis sur une belle et rare coquille éxotique, que Linnæus, Chemnitz et Bru- suière rangeoient parmi les arches.

FSPECES

1. CUCULLÉE AURICULIFÉRE ; cucullæa

| auriculifera. Lam.

Area cucullata. Chemn. 7, p.174, tab. 53, fig. 526- 528. Martin. Besch. Berl. naturf. 3, tab. 7, fig. 15, 16.— Davila, Catalog. tom. 1, p. 357, pl. 18, 824.— Brug. Encyc. pl. 504. Vulg. le coqueluchon de moine. 1)

- Coquille quadrangulaire , cordiforme , ventrue , marquée de stries fines, croisées ; aplatissement de la charnière ridé ; sur- face extérieure des valves de couleur fauve, plus clair sur les bords ; intérieur violâtre, offrant de larges appendices en forme d’o- réilles près des impressions musculaires.

Cette coquille est fort rare et très rether- chée dans les collections. Ellé a trois ou quatre pouces de largeur , sur un peu moins de hauteur. M. Faujas, dans son Essai de Géologie, tom. I, pag. 72, cite une bivalve fossile, des environs de Saint- Paul-Trois-Châleaux, qui est très-voisine de

DES ACEPHALES. 403

celte espèce. Se trouve dans la mer des Indes.

2. CUCULLÉE CRASSATINE; cucullæa cras- satina. Lam.

" Knorr, Foss. p. 11, tab. 25, fig. 1, 2 Lam. An. du mus, voi. VI, p. 358.

Coquille transverse - oblique , sub-qua- drangulaire , un peu renflée , très-épaisse , siriée sur deux sens; aplatissement de la charnière très-large et sillonné ; point d’ap- pendices en forme d’oreilles dans l’intérieur.

Elle est un peu plus grande que la pré- cédente , et beaucoup plus épaisse, Se trouve en abondance parmi divers autres corps marins. fossiles, dans le leu. dit Za Justice-de-Bracheux, à une demi-lieue de Beauvais , sur la route de Clermont. Les fossiles que renferme ce riche dépôt coquil- lier sont dispersés dans un sable verdäire, argileux ; ils sont en partie décomposés, ce qui les rend presque tous tendres et friables. Cette espèce est en général mieux conservée que les autres, à cause de l’ex- trême épaisseur et solidité de ses valves. Daudin a observé sur quelques individus des traces d’une couleur violette qui les ornoit probablement autrefois.

Ce 2

404% HISTOIRE ne

GENRE CLVE ., PéroncLe; pectunculus. PI. LX VIII he A

Animal. Acéphale sans tubes saillans au dehors , muni d’un pied creusé dans son milieu, et fendu trans- versalement. Branchies séparées et libres dans leur ‘partie supérieure.

Coquille. Equivalve, orbiculaire, sub- équilatérale, Charnière en ligne courbe, garnie d’une série de dents nombreuses, obliques, articulées ou intrantes. Ligament extérieur.

La forme des pétoñcles est sa diffé- rente de celle des arches pour qu ‘on puisse : les réunir dans le même genre , ainsi que l'ont fait Linnæus et les auteurs qui lont suivi. Les valves, toujours égales, au lieu d’être alongées et de ressembler à la carène d'un navire lorsqu'elles sont fermées, sont orbiculaires, plus ou moins aplaties , et la charnière n’est plus disposée sur une ligne droite, mais sur une ligne courbe qui suit la forme des valves; elle est du reste composée , comme dans les deux genres précédens , d'une série de dents assez nhom- breuses qui s’articulent d'une valve sur l’autre; cette série est plus étroite, ou quel- quefois même tout à fait interrompue sous

DES ACEPHALES. 405 les natèces. La ligne cardinale, multidentée, mais brisée et angulaire dans son milieu, forme le caractère particulier du genre suivant , nucule, et le distingue d’avec celui-ci. | | : Dans toutes les espèces de pétoncles, les valves ferment exactement; les natèces peu saillantes |, peu écartées, ne laissent entre elles qu’une face étroite sur laquelle le ligament s'applique extérieurement. Les impressions musculaires sont bien marquées et au nombre de deux dans chaque valve; elles forment chacune une saillie calleuse , à bords aigus, qui se prolonge quelquefois jusqu’au fond des natèces. L’épiderme qui recouvre ces coquilles est écaiileux et extré- mement velu dans quelques espèces.

Poli a nommé axinée (1) l’acéphale qui ha- bite les pétoncles ; on voit par la descriplion de celui du pétoncle velu, arca pilosa, Lin. qu’il diffère sensiblement de celui des véri- tables arches , ce qui confirme encore la séparation et la définition actuelle de ces deux genres. Il ne doit point, comme les arches bâillantes , s'attacher aux rochers

(r) Poli, Histoire des testacées des mers des Deux- Siciles, pl. 26,n° 2 et 3.

Céès

406 HISTOIRE

par des filets tendineux; au moins les valves} sans écartement sur aucun point de leur: contour, n’indiquent point le passage néces-_ saire à cet organe. Du reste , cet acéphale n'ayant point les deux prolongemens tubi-. formes du manteau particuliers aux genres vénus, cythérées et analogues de cette divi= sion , doit en être éloigné, ainsi que les autres coquillages à charnière multidentée, avec lesquels il constituera une famille séparée trés -naturelle.

Les pétoncles sont nombreux en espèces ; qui sont toutes liées entre elles par un grand nombre de rapports ; c’est à M. de Laimarck qu'on en doit la distinction comme genre. Les anciens naturalistes, qui ne considéroient pas la structure de la charnière comme un caractèreimportant, regardoïent cescoquilles comme des peignes, et leur donnoiïientsouvent le nom de peignes sans oreilles. Adanson à confondu, sous le nom générique de pétoncle, des bucardes et des arches ;‘il n’y en a qu’une. seule dans cet auteur , le vovan , qui puisse porter ce nom d’après la classification ac- tuelle. |

Les meilleurs caractères pour distinguer - spécifiquement les pétoncles doivent être . pris sur-tout dans les situations et propor-

DES ACEPHALES. #7 tions respectives des nalèces , de la char- nière et du ligament, ainsi que dans le nombre, la forme et la disposition des dents. Ce genre renferme un très- grand nombre d'espèces dans l’état fossile, qui, par l'absence des couleurs et la ressem- blance des formes générales , en rendent la déterminalion encore plus diicile.

F5 PP '0"E)B;: 1. PÉTONCLE SUBAURICULÉE ; pectunculus subauritus. Lam.

Area pectunculus. Lin.— Lister, tab. 239, fig. 95. Gualt. tab. 72, fig. H.— Martini, 7, tab. 57o, fig. 1,2 ,et tab. 571. Chemn. 7, tab. 56, fig. 568, 569. D’Argenv. pl. 24, fig. B.— Favan. pl. 55, fig. K et D,6, 7.

Coquille lenticulaire , un peu auriculée ; à naièces crochues; valves garnies de côtes nombreuses , un peu luilées et ayant les bords plissés; couleur blanche, marbrée de brun, et de jaune. Se trouve aux Antilles et dans la mer des Indes. 2. PÉTONCLE vecu; pect, pilosus.

Arca pilosa. Lin. Lister, tab. 240, fig. 77. Gualt. tab. 72 , fig. G. Martin. 7, tab. 57, fig. 566, 566: Favan. pl. 53, fig. D, 2; D, 5. Vulg. Z furie.

Coquille presque orbiculaire, équilatérale,

Cc % :

408 HISTOIRE | à nalèces crochues , à bords crénelés ; sur= face blanche , flambée de zones brunes jau- nâtres, avec un épiderme hérissé de poils bruns, très-serrés.

On a regardé, mais à tort, plusieurs pé- toncies fossiles comme les analogues de cette espèce. Ces coquilles sont à la vérité très- voisines les unes des autres ; mais l'examen attentif des proportions relatives de toutes leurs parties entre elles, empêche de les con- fondre.— Elle habile presque toutes les mers. L |

GENRE CLVIT. | Nucure; nucula. Pl. LXVIIE, Fig. 5.

Animal, Inconnu.

Coquille. Equivalve, presque triangulaire on oblon- gue, inéquilatérale. Charnière en ligne brisée, gar- nie d’une série de dents nombreuses et intrantes.

. Naièces contiguës et iaurnées en arrière.

Ce groupe est le dernier de ceux que

M. de Lamarck a séparés des arches de Linnæus pour en former un genre particulier; il se distingue d'avec les autres coquilles multidentées, parce que ses dents cardinales, au lieu d’être en ligne droite , comme dans les véritables arches et dans les cucullées, ouen ligne courbe .comme dansles pétoncles,

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DFS ACEPHALES. 409 sont disposées sur une ligne brisée formant un angle vers le milieu ; ces dents sont très- petites , aiguës, assez ln sues, et s’articulent d’une valve sur l’autre ; la série est inter- zompue dans l’angle que forme Ja ligne cardinale , et présente souvent à cel endroit une saillie oblique dans l’intérieur des valves que M. de Lamarck avoit d’abord indiquée dans le caractère générique, mais qu'il a retranchée depuis, parce qu’elle ne trouve pas sur toutes les espèces. À

La forme extérieure de ces coquilles est assez semblable à celle de plusieurs petites

espèces de vénus ou de paphies ; ce n’est

qu’en les ouvrant et en examinant leur charnière qu’on reconnoîit combien elles en différent. Les valves régulières, parfai- tement égales entr’elles, ferment exactement sur tous leurs points; elles ont les natèces très - rapprochées l’une de l'autre, et leur ligament paroît être intérieur et marginal.

L'animal des nucules, inconnu jusqu'à _ présent, présentera probablement, comparé à ceux des arches et des pétoncles, autant d’analogie qu'il en existe dans les enve- loppes de ces différens genres, ce qui per- mettra de les réunir pour en former une famille naturelle.

410 HISTOIRE

: Les trois espèces de nucules dans l’étab frais, les seules qu’on possède dans les collections , habitent les mers du Nord. Il y en a un petit nombre d’autres parmi les fossiles de différens pays ; enir’autres à Grignon et à Courtagnon.

ES PEC PES.

1. NUCULE NACRÉE ; #ucula margaritacea. Lam.

Arca nucleus. Lin. Petiv. Gaz. tab. 17, fig. 9. Gualt. tab. 88, fig. R. Chemn. 7, tab. 58, fig. 574, a, b. Arca margaritacea. Brug. Encycl. 22, et pl. 311, fig. 5. Nucula margaritacea. Lam. Ann. du mus. vol. VI, p. 125, 1; et vélin, 23, fig. 7.

Coquille ovale-oblique , sub-triangulaire; presque lisse, à natèces raccourcies, et ayant constamment au milieu de la charnière une pelite saillie particulière , un peu concave ; et hors du rang des autres dents; valves d’un sris-verdâtre en dessus et nacrées en dedans.

Les bancs de Grignon et de Courtagnon renferment une nucule fossilé qui ne pré- sente que de très-légères différences avec celte espèce, et qu’on peut regarder comme son analogue, ainsi que l’ont indiqué MM. de Lamarck et Faujas. Voyez l’Essai de Géo- logie de ce dernier, pag. 69, 39. Se

DÉS ACEPHALES. avi

trouve vivante dans les mers du Nord et sur les côtes de Saint-Domingue.

2. NUOULE ROSTRATE ; nucula restrata. Lam.

Area rostrata. Lin. Martin. 7, tab. 55, fig. 550; 551, Favan pl. 89, fig. E. Bosc, Hist. nat. coq. tom. 111, p. 133.

Coquille brune-verdaâtre , transversale , oblongue et aplatie ; valves alongées en avant en forme de bec et striées finement en travers ; bords simples. |

“Elle ressemble un peu , lorsqu'elle est fermée, à une petile espèce de paphie.—8e trouve comme la précédente dans l’océan Septentrional. | | |

3. NUCULE DELTOIDE ; nucula delioidea.

Lamarck, Ann. du mus. vol. VI, p. 126,n° 3, et vélin, 25, fig. 11.

Coquille petite, triangulaire, renflée et

tronquée obliquement au côté antérieur; côté postérieur finement treillissé ; corselet

plane et légèrement strié sur-tout vers les bords ; point de saillie cardinale particulière,

ni de crénelure au bord interne des valves.

Cette espèce, bien distincte des autres ; est remarquable par sa forme triangulaire ; elle a l’aspect d'une petite donace. Les plus.

= ue mmusmammeneme tant aÿ dm

hs ‘HISTOIRE

grands individus ont à peine quatre ou cinq lignes de largeur. Il y a une variété dont la surface est marquée de stries croisées un

peu plus prononcées. Se trouve parmi les

fossiles de Grignon.

B.— Manteau fermé par devant; ouvert à une extrémité par laquelle passe le pied, et se. prolongeant ? à l’autre en un double tube. -

Les acéphales qui composent cette Fa) sion forment une famille naturelle , très- différente de la précédente , et dont le

caraclère commun est d’avoir le manteau

entièrement fermé par devant, au lieu de lavoir fendu dans une partie de son contour , comme dans tous les genres que nous venons d'examiner. Une des extrémités de ce. manteau se prolonge en un organe muscu- Jeux, ordinairement cylindrique , appelé le pied , parce que l’animal l’emploie effectivement pour exécuter divers mouve- mens et pour changer de place. L'autre extrémité est terminée par deux tubes, assez longs, accollés ensemble et ne formant qu'un seul organe ; l’un de ces tubes sert à aspirer l’eau et à la conduire aux branchies

DES ACEPHALES. 13

et à la bouche pour la respiration et la nutri: tion ; l’autre est la fin du canal intestinal et donne passage aux excrémens. L’analogie que présentent entr'eux ces animaux dans leur organisation , se retrouve encore dans la forme générale des coquilles qui les enve- loppent , et leurs mœurs sont aussi à peu près les mêmes; ils vivent en général cachés, les uns dans le sable ou dans la vase, comme les solens, les myes , les pandores , les sanguinolaires , elc. elc. les autres dans la pierre calcaire 1l$ s’introduisent par des moyens particuliers que nous décrirons aux articies pholade, pétricole, rupellaire , etc. etc. Quelques-uns construisent des tubes et des sacs calcaires qui renferment une de leurs valves ou toutes les deux à la fois, ce sont les fistulanes , tarets, etc, etc. Dans d’autres enfin, tels que larrosoir, ce sont les vaives mêmes dont les bords se réunissent pour former le sac, et dont une des extrémités s'étend sous la forme d’ün tube calcaire destiné à loger le double canal de la respi- ration et des déjeclions.

414 HISTOIRE.

GENRE: CLANNS SoLEN; solen. PL LXIX, Fig. 3.

Animal. Actphale à manteau fermé par devant, fai- sant sortir par une extrémité de sa coquille un pied musculeux sub-cylindrique, et par l’autre extrémité un tube court composé de deux tuyaux réunis.

Coquille. Equivalve, transverse, très- his À dans la plupart des espèces. Bords snpérieurs et

* inférieurs droits ou presque droits. Natèces non saillantes. Valves bâillantes aux deux extrémités, Deux ou trois dents cardinales fournies par les deux valves. Ligament extérieur.

Parmi les acéphales de cette division qui habitent constamment enfoncés dans le sable ou dans la vase, le genre le plus remar- quable est celui des solens. Ce nom vient d’un mot grec qui signifie canal ou tuyau ; les valves très alongées, et ordinairement en ligne droite, ont en effet, lorsqu'elles sont fermées , la forme d’un tube ouvert aux deux bouts. Les côtés de ces valves sont extrêmement inésaux dans la plupart des espèces, et leurs natèces , peu proémi- nentes , sont situées tout près d’une des extrémités; ce sont même parmi les bivalves les coquilles les plus inéquilatérales, et celles

DES ACEPHALES. 415

dont la figure transversale est la plus pro- noncée ; cette forme alongée, peu bombée, d’une largeur à peu près égale par-tout, et tronquée carrément aux extrémilés , donne à ces coquilles , quand elles sont fermées , quelque ressemblance avec un manche de couteau, dont elles portent aussi vulgairement ie nom. il y a cependant plusieurs espèces réellement congénères, à natèces presque au milieu des valves, dont l’aspect n’est pas le mème et qui rap- pellent davantage le type ordinaire des

bivalves. Le ligament est toujours visible

en dehors et se trouve placé dans un petit enfoncement près des nalèces. La charnière varie dans le nombre de ses dents ; il y en a ordinairement trois pelites , saillantes, une sur une valve et deux sur l’autre, ou il n'y en a qu'une sur chaque valve. Le périoste ou épiderme qui recouvre lexté- rieur , est irès-sensible et communément grisaire. | a Les détails anatomiques de lanimal des solens nous sont fournis par Adanson dans sa description du éagalel du golur, et par Poli, qui le réunit à celui des pandores et pho- lades, sous le nom d’Aypogée; cet acéphale est logé dans sa coquille comme dans un

ne mme mms 2

416 HISTOIRE

fourreau : son manteau, fermé dans toute sa longueur , ne permet plus à l’eau de venir baigner les branchies directement. Al fait saillir, par un des bâillemens que les valves présentent aux deux extrémités, deux tubes réunis en uu seul organe dans toute leur longueur ; : l’un des deux : laisse pénétrer l'eau jusqu'aux branchies et à Ja bouche située vers le bout opposé, et l'autre, plus petit que le premier, sert d’auus. Il alonge, par l’autre écariement des valves , un Hg musculeux cylindrique, dont l’exiré- mité est. ordinairement renflée. Toutes les parties du corps répandent une lueur phos- phorique, dans lobscurité. Ces coquillages, tous marins , soi en foncés et. cachés dans le sable ou: dans la vase, sur-tout à l'embouchure des rivières. Leur position est verticale, et les tubes, dirigés vers l’ouverture de cette, demeure , | conununiquent toujours avec, l’eau , dans laquelle ils s’'alongent plus ou moins, tandis que le pied tourné vers ‘le bas et appuyé contre le fond du trou, peut, par ses mou- vemens de contraction et de dilatation, élever ou abaisser Île corps de lanimal. Réaumur a consigné dans les Mémoires de l’Académie des sciences (année 1712,

pag:

1% LAIT, vu 6. f? 416.

1. MEÉÉLINE , 4. SANGUINOLAIRE 2. LUCINE , 5. ÆERODONE 3. SOLEN,

me ms

REZ LINRARY.

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UE | FAR

DES ACEPHALES. 417 pag. 116 ), des détails curieux sur les mœurs de l'espèce la plus commune sur les côtes de France. M. Adanson a observé que les solens peuvent changer de place lorsqu'ils sont inquiétés, et qu'ils se creusent une nouvelle Pabilaiion dans un autre endroit. |

On mange l’animal des solens sur presque toutes les côtes ; mais comme sa chair est un peu coriace, on le fait cuire ordinaire- ment. On en fait aussi la recherche pour servir d’amorce dans la pêche des gros pois- sons ; les pêcheurs visitent, à marée basse, les rivages sablonneux , et reconnoissent facilement , par la présence des trous, les lieux ces coquillages se tiennent retirés : on prétend qu'ils peuvent les faire sortir aisément de leur retraite , souvent très- profonde et difficile à atteindre, en y jetant par l’orifice quelques pincées de sel. |

Les espèces de ce genre, dont le nombre est assez considérable, ont été figurées par Bruguière dans les planches 122 - 128 de l'Encyclopédie méthodique. On ÿ trouve aussi les sanguinolaires que M. de Lamarck a détachées depuis pour former un genre à part.

Moll. Tome VI. D d

GES NS TE OR ESPECES. 1. SOLEN coUTEAU; solen vagina. Lin. Lister, Conch. tab. 410. Rompbh. Mus. tab. 45; fig. M. Gualt. tab. 95, fig. C, D, E. D’Argenv.. pl 24, fig. K, M, M; et Zoom. pl. 6, fig. G, es _Chemn. 6, p.36, Vign. 2, fig. G, H; et tab. 4, fig. 26 , 28. Vulg. / manche de couteau. | -Coquille d'un gris-blanchâtre, étroite, alongée, droite, sub-cylmdrique et très- inéquilatérale ; valves marginées à l’extré- mité près des natèces ; charnière unidentée. Cette espèce est extrêmement commune sur les côtes d'Europe, d'Asie et d'Afrique. 2. SOLEN SABRE; solen ensis. Lin. Lister, tab. 411, fig. 257. D’Argenv. pl 24

fig. L. Favanue, pl. 55, A, 3. Chemn. Ge tab. 4 , fig. 30, a. Vulg. le Le

Coquille étroite, alongée, très-inéquila- térale , ayant les valves un peu courbées du côté des natèces; charnière bidentée sur. une valve.

On mange, sur nos côtes l’animal de ce solen, ainsi que celui du précédent ; ; ils sont l’un et l’autre peu recherchés. Se trouve aussi fréquemment sur les rivages sablonneux des mers d'Europe.

DES ACEPHALES. 419 3. SOLEN GoLAR ; solen strigilatus. Lan.

Lister, tab. 416 , fig. 260. Favanne, pl. 49, fie. D, 1.— Gualt. pag. et tab. 91, fig. C. Chemn.6, tab. 6, fig, 45 et 44. Le golar. Adanson , Sénégal, pag. 257 ; et pl. 19, 2.

Coquille ovale, peu alongée » presque équiiatérale ; valves marquées antérieure- ment de stries longitudinales - obliques ; surface couleur de chair , souvent radiée de deux ou quatre pelites bandes blan- châtres.

Cetie jolie coquille est assez commune dans les collections. Elle se trouve dans - la Méditerranée , dans la mer des Indes et sur la côte occidentale d'Afrique.

On connoît encore beaucoup d’aütres solens dans l'état frais ; il s’en trouve aussi plusieurs parmi les fossiles de différens pays. il y en a entr’autres à Grignon et à Courta- gnon deux espèces très-rapprochées, l’une du solen vagina, Lin. et l’autre du solen radiatus, Lan.

GENRE CLIXe. Panpore; pandora. PI. LXX, Fig. 1. Animal. Se mblable à celui des solens. | Coquille. Régulière, inéquivalve, et inéquilatérale.

Deux dents cardinales oblougues, inésales et diver-

D d 2

420 HISTOIRE

gentes à la valve supérieure. Deux fossettes oblon<

gues à l’autre valve. Ligament intérieur. Deux

impressions musculaires.

Bruguière avoit indiqué ce genre dans les planches de l'Encyclopédie méthodique , et il a été confirmé depuis, par M. de Lamarck. La seule espèce qu’il renferme jusqu’à présent étoit classée parmi les tel- lines du Systema Naiuræ de Linnæus. Cette coquille présente des valves inégales entre elles et très-différentes de forme ; l’une d’elles est convexe et l’autre aplatie. La. charnière qui les réunit est composée de deux dents ou côtes alongées, en forme de V, dont les branches divergentes s’insèrent dans deux sillons correspondans , situés sur la valve opposée. Le bord qu’occupe cette charnière est en ligne droite, et l'un des côtés de la coquille se prolonge plus que l’autre.

Les pandores doivent être placées à côté des solens dans l’ordre naturel, parce que les animaux qui les habitent ont la même organisation dans les parties essentielles ; Poli les a observés tous les deux, et leur a donné le même nom hypogée. L’inégalité des valves de la pandore ne suffit pas pour éloigner ces deux genres l’un de l’autre,

DÉS ACEPHALES. 41 ainsi que l’a fait M. de Lamarck dans son Dystème des animaux sans vertèbres ; ce caractère ne paroïit pas très - important , puisqu'il se trouve quelques espèces inéqui- valves, qui appartiennent tellement par tous les autres rapports à des genres et à des familles composés d’équivalves, qu’on ne pourroit les en séparer sans rompre les affini- tés naturelles ; c’est ainsi que le genre arche, dont le plus grand nombre des espèces a les valves égales, en renferme cependant

_ quelques-unes qui sont inéquivalves; et que les limes, toutes équivalves , ne peuvent

:

être placées que dans le voisinage des peignes dont les valves différent toujours entr’elles par la taille et par la forme.

Les mœurs des pandores paroissent aussi être semblables à celles des solens ; elles

vivent comme eux constamment cachées

dans le sable des rivages. PANDORE NACRÉE ; pandora margaritacea. Lam. si Tellina inæquivalvis. Lin. Brunnich , Naturf. 5, p. 513, tab.7, fig. 25-28. —.Gronov. Zooph. tab. 18, fig. 5. Chemn.6, tab. 11, fig. 106,a,b, c,d. Pandora. Brug. Enc. pl. 250, fig. 1,a,b,c Coquille blanche, nacrée , mince, demi- transparente et finement treillissée. Sa trouve dans les mers d'Europe. Dd 3

420 HISTOIRE.

GENRE CLX-. SANGUINOLAIRE; sanguinolaria. PI]. LXIX, | Fig. 4. |

. Animal. Acéphale faisant saillir , par une ‘extré- . mité de sa coquille, deux tubes séparés, de taille et de grosseur inégales. Du reste , semblable à celui des solens ?

Coguille. Equivalve, transverse, à foi supérieur arqué, un peu bâillante aux extrémités. Deux dents cardinales rapprochées et articulées sur chaque valve. Fe

Il paroït que l'organisation de l'animal des sanguinolaires est à très- peu près la même que celle de l'animal des solens , et que par cette raison ces deux genres doivent être classés à côté l’un de l’autre dans la même division. Poli qui les a observés , leur a trouvé tant d’analogie , qu’il en a formé un seul genre sous le nom d’Aypogée. La plus grande différence que présentent les sanguinolaires consiste dans les deux tubes qui , au lieu d’être réunis dans toute leur longueur en un seul organe , sont séparés et inégaux el grosseur comme en longueur. Ces tubes ont dans certaines

DES ACEPHALES. 429

espèces une étendue deux et trois fois plus considérable que la coquille.

Les valves des sanguinolaires sont bäil- lantes aux deux extrémités comme celles des solens ; mais elles ont une forme ovale plus prononcée. Le bord sont siluées les

natèces n’est point en ligne droite , et elles en occupent à peu près le milieu, ce qui rend ces coquilles presque équilatérales. Les

deux dents cardinales rapprochées sarti-

culent entr’elles d’une valve sur lautre. C’est M. de Lamarck qui a séparé ce genre, de celui des solens auquel plusieurs naturalistes le réunissoient; il ne renferme encore qu’un petit nombre d'espèces peu remarquables par leurs formes et par leurs couleurs.

SANGUINOLAIRE ROSE; sanguinolaria rosea.

pi Lame

Solen sanguinolentus. Gmdin , Syst. nat. Lister,

tab. 597, fig. 256. Chemn. 6, tab. 7, fig. 36: ma

Solen. Brng. Enc. tab. 227 ) Ho: 1.

Coquille ovale, très- unie; charnière à

deux dents, réunies par la base ; valves lavées de rose pâle, plus vif sur les natèces, Se irouve aux Antilles.

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Dd 4

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4 UHISTOIREL

GENRE CLXI. Mvye; mya. PI LXX, Fig. 2.

(Animal. Semblable à celui des solens. Le pied qu'il fait sortir hors de sa coquille est plus court et sub-orbiculaire.

Coquille. Transverse, bâillante aux deux bouts, et dont le ligament est intérieur. Valve gauche munie d’une dent cardinale comprimée, arrondie, con- cave, perpendiculaire à la valve et donnant attache au ligament. | C’est Linnæus qui le premier a fondé ce genre ; mais il y avoit fait entrer diverses coquilles qui doivent appartenir à des groupes très-différens , telles que les glycimères, les vulselles et même les mulettes dont toutes les espèces sont fluviatiles ; ce mélange dis- parate a été réformé d’abord par Bruguière et ensuite par M. de Lamarck. D’aprés les caractères établis par ce dernier, les myes ne doivent plus renfermer que des coquilles toutes marines, bâillantes aux deux extré- mités, et remarquables sur-tout par une grande dent aplatie en forme de lame arron- die , concave, qui s'élève perpendiculaire- ment dans l’intérieur de la valve gauche, près de la natèce, sans trouver aucun enfon-

De Jeve del,

1. PANDORE, 2. MVE ,

3. GIVCIMERE, 4, PHGLADE,

B TJ J

5. TARET, ! 5.,a, lalues 1nÉerTÆUTES F éaæ Tuiret,

Æ r: Je Ur. Oper'ezs Es du Lee,

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Me HARVARD UNIV CANBRIDGE. M

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Ÿ

DES ACEPHALES. 425 cement correspondant sur la valve opposée; le ligament, inséré dans la concavité de cette dent, est tellement disposé en dedans que sa contraction sur lui-même doit fermer les valves plutôt que de les ouvrir, comme il les ouvre dans les coquilles PTE à liga- ment extérieur. | |

L'animal qui habite les myes est un acé- phale dont le manteau, fermé par devant, n’a d'issue que par les extrémités, comme dans les solens. Il fait sortir d’un côté un pied musculeux court et sub-orbiculaire ; et du côté opposé un grand tube formé par lalongement du manteau , et composé de deux canaux réunis; l’un de ces canaux donne entrée à l’eau et aux alimens, et l’autre, servant d’auus , rejette ce fluide avec les excrémens. Les bords de ces deux orifices sont ciliés. |

Ces coquillages ont des mœurs analogues à celles des solens, et vivent de même constamment enfoncés dans les sables. Cer- taines espèces étant bonnes à manger, on en fait la recherche pendant les basses marées.

Les véritables myes ne sont plus qu’en petit nombre depuis la réduction qui a été faite dans ce genre, ainsi que nous l’avons dit. On les trouve figurées pour la plupart

426 HISTOIRE dans la planche 329 de ae méthodique. ESPE C ES. 3. Mye TRONQUÉE ; mya truncata. Lin. _ Lister, Conch. tab, 428, fig. 269.— Gualt. tab. gr, fig. D. Petiv. Gaz. tab. 0, fig. 12. Chemn. €» tab. 1, fig. 1,2. Brug. Pres tab. 229 , fig. n— Vulg. la lanterne. : Coquille blanche , transparente” , ovale , comme tronquée antérieurement ; valves bâillantes aux deux extrémités et marquées de stries fines , transversales et irrégulières, $e trouve dans les mers d'Europe, assez rarement sur les côtes de France.

2. MvE DES SABLES ; mya arenaria. Lin. | Lister ,- Coriéh: tab. 419, fig. 262. Chemn. 6, tab. 1, fig. 5, 4. D’Argenv. Zoomorph. pl. 5, fig. C.— Vulgairem. le patagau, sur Les côtes de la Rochelle. : Coquille d’un blanc nniianel ovale, disons die anlérieurement; valves garnies de rides et de stries transversales. Les valves de cette espèce prennent quelquefois la teinte bleuâtre ou verdâtre de la vase dans laquelle elle se tient enfon- cée. Elle atteint jusqu’à quatre etcinq pouces de largeur. On vend ce coquillage comme

DES ACEPHALES. 429 aliment dans les marchés. Se trouve prin- cipalement dans la mer du Nord; on la rencontre aussi sur les côtes de France, notamment dans les environs de la Rochelle.

4 à . ; \

GENRE CLXIIE. GLYCIMÈRE; glycimeris, Pl. LXX, Fig. 3. Animal. Inconnu. Coquille. Transverse, bâillante aux deux exlrémités.

Charnière calleuse, sans dents. Ecusson protubé- rant. Ligament extérieur.

Les coquilles qui ont servi à M. de La- marck pour former ce genre nonvean , . étoient ciassées au nombre des myes dans la plupart des conchyliologistes ; elles offrent des différences assez sensibles pour en être entièrement séparées. Leur caractère dis- tinctif consiste dans une charnière garnie d’une protubérance calleuse | irrégulière, sans aucune. apparence de dents ni de fos- selles ; leurs valves sont bâillantes aux deux extrémités , Ce qui peut faire supposer que l'acéphale qui les habite présente une orga- ‘nisation et.des mœurs semblables à celles, des bivalves de ceite division. Les saillies et les inégalités des bords et de l'intérieur de

&38 HISTOIRE la coquille l’empêchent de fermer exacte= ment, et l’un de ses côtés est toujours plus bâillant que l’autre. Le ligament est extérieur. _. Daudin a reconnu aussi les caractères de ce genre , et lui a donné le nom de cyr- todaire; il a publié la description de ses principales espèces dans le 22 du PhD des sciences. © On n’a point d’autres détails sur ces co- quillages dont la forme irrégulière est très- remarquable. 1ls se rencontrent dans les mers de différens pays ils sont proba- blement enfoncés dans le sable ou dans la vase des rivages. |

Quelques espèces ont la fon et les cou- leurs des bivalves fluviatiles, et paroiïssent : même habiter les rivières et les lacs d’Amé- rique , ce qui exigera un nouvel examen de ce genre, lorsqu'on pourra en observer les animaux.

ES PECES. 1. GLYCIMÈRE INCRUSTÉE ; gl/ycimeris in- crassata. Lam.

Mya siliqua. Chemn. vol. XI, p. 192, tab. 108, fig. 1954. Cyrtodaire. Daudin, Bullet. des sciences, 22.— Bosc, Hist. nat. coq. tom. JIT, p.5,et pl. 17 fer et.

Coquille oblongue , à natèces excoriées ;

DES ACEPHALES. 499

valves noires , luisantes en dehors , blanches en dedans.

L'intérieur des valves est gonflé irréguliè- rement par un dépôt calcaire qui les em- pêche de se rapprocher sur tousleurs points. Se trouve dans les mers méridionales d'Europe.

2. GLYCIMÈRE RUGUEUSE ; g/ycim. rugosa.

Mya glycimeris. Lin.— Lister, tab. 4, fig. 256. Gualt. tab. 90, fig. À. Chemn. 6, tab. 5, fig. 25.

Coquille ovale-oblongue , très-épaisse , garnie de stries rugueuses transversales. Se trouve dans toutes les mers d'Europe.

On connoît encore plusieurs autres es- pèces de glycimères ; on rapporte aussi à ce genre une bivalve peu connue , appelée nya bissifera , par Gmelin, Syst. Naturæ, d’après F'abricius ; mais si elle porte réellement un byssus, ainsi que son nom spécifique lin- dique , il est plus probable qu’elle ne doit point en faire partie, et qu’elle appartient

\

même à une autre famille. ;

56. AE ST OUR MU

it GENRE CEXIIE. ERoDONE ; erodona. PI. LXIX, Fig. 5. mur. Inconnu. |

Coquille. Inéquivalve, sub-transverse , irrégulière et bâillante. Une des valves garnie d’une dent creuse

et redressée, et l’autre ayant un enfoncement entre deux saillies. Ligament inséré sur la dent, et dans

l’'enfoncemert.

‘Daudin a pris les caractères dE ce nou-

veau genre sur deux coquilles de la collection

de Favanne. Son nom est formé de deux ‘mots grecs qui signifient dent cariée ; ce caractère est en effet celui de la dent redres- sée que porte une des valves ; l’autre valve

présente , pour recevoir cette dent , une

fossette située entre deux saillies. Le liga- ment est inséré intérieurement sur la dent et dans l’enfoncement qui lui correspond.

On ne sait encore rien touchant l’orga-

uisation de l’animal; le bâillement de la coquille est la seule particularité qui puisse le faire croire semblable , sous certains rapports, à celui des myes, et qui détermine la place des erodones dans le voisinage de ce genre; mais ce rapprochement restera toujours extrêmement douteux tant qu’on

DES ACEPHALES. 451

ne possèdera pas de renseignemens plus positifs que ceux fournis par la forme de la coquille. Les valves des erodones sont iné- gales et débordent l’une sur Pautre dans quelques points de leur contour.

ESPECES.

+! ERoDoNE MACTROIÏDE ; erodona mactroïdes, Daudin.

Bosc, Hist. nat. coq. a IT, p. 529, pl.6, fig. r.

Coquille épaisse , arrondie ; une des valves déborde sur lautre , seulement vers le bord. opposé à la charnière. On ignore dans qnelle mer habite cette espèce.

2. ERODONE SINUÉE; erodona sinuosa. Daud. Bosc, Hist. nat. coq. vol. IT, p. 550, pl. 6, fig. 2, Coquille épaisse , alongée, inéquilatérale;

une des valves débordant sur l’autre près

de la charnière et au côté opposé, elles sont toutes deux comprimées et fortement sinuées. On ignore Fe IeRER quelle est sa patrie, mb GENRE CLXI VE. PaoLcape ; pholas. PI LXX, Fig. 4.

Animal. Acéphale à manteau fermé par devant

faisant sortir à l’un des bouts de sa coquille deux

tuyaux réunis, et à l’autre bout un pied large, court, à base aplatie.

32 HISTOIRE

Coquille. Ynéquilatérale, transverse, bâillaute, com- posée de deux grandes valves principales, avec plusieurs petites pièces accessoires placées sur le ligament ou à la charnière.

Ce genre est tellement naturel, et toutes

ses espèces ont une forme et des mœurs si remarquables, qu’il a été reconnu depuis long-tems par presque tous les naturalistes ; mais la plupart d’entreux séparoiïent les pholades des bivalves ordinaires , et les regardoient comnie des multivalves, à cause des petites pièces qui accom pagnent les deux valves principales ; M. de Lamarck a pensé avec raison que cette distinction ne devoit point avoir lieu , parce que ces pièces acces-

soires étant simplement attachées près de

la charnière , et ne s’articulant point entre elles , ne peuvent point être considérées comme des valves, et que les deux véri-

tables valves ne diffèrent point essentielle-

mênt des valves ordinaires aux acéphales. L'organisation de l'animal des pholades vient encore à l'appui de cette opinion ; elle est tellement la même que celle des solens, pandores, el autres genres voisins, qui man- quent de pièces accessoires, que Poli, à qui on en doit une description détaillée , les à tous compris sous le nom d’zypogée. Le

manteau

DES ACEPHALES. 453 manteau est également fermé par devani; les deux tubes, servant aux mêmês usages, sont réunis et disposés de la même manière; le pied seul a une forme particulière ; sa base est aplatie; il est plus large et plus co- nique que dans les solens, et on en voit tou- jours une certaine porlion au dehors. Les tubes qui sortent à l'extrémité opposée à celle du pied, sont susceptibles d’un alon- sement considérable , et peuvent atteindre Jusqu'à cinq et six fois la longueur totale du corps. | |

Les deux grandes valves des pholades sont égales entr’elles ; transversales et dans : la plupart des espèces très-inéquilatérales ;

elles présentent aux deux bouts le bâille-

ment nécessaire à la sortie du pied et des deux tubes réunis. Les natèces, peu proé- iminentes, sont remarquables par un repli : particulier que forme en dehors la ligne cardinale , qui d’ailleurs est entièrement dépourvue de dents ; on voit seulement dans: la cavité intérieure de chacune de ces natèces un long crochet saillant , plus ou moins courbe, quelquefois canaliculé, qui sert probablement à retenir avec plus de solidité le corps de l’animal dans sa coquille. Les valves ne présentent qu’une seule im-

Moil. Tous VI. Ee

434 HISTOIRE pression musculaire, peu étendue, et vers le milieu de leur largeur. Le ligament charnu, très-apparent , entoure une partie des na- tèces , et se prolonge extérieurement sur un des côtés de la coquille; c’est sur ce ligament que sont fixées ces pièces acces- soires citées pius haut , dont l'usage est incounu ; leur position, leur forme, aussi bien que leur nombre, varient selon les espèces ; on en compile depuis trois jusqu’à six, et peut-être en trouveroil-on quelque- fois davantage, si ces coquilles parvenoient plus complettes dans nos collections : ces pièces sont si minces, si fragiles, sur-tout dans l’état sec, qu’elles se brisent facilement et qu'il est rare de les trouver toutes réunies; elles sont en général disposées deux à deux, près des natèces , sur le repli extérieur de chaque valve; et souvent entr’elles il y en a une impaire, différente des autres par _sa forme plus longuet plus étroite. Adanson appelle lame cette dernière, et donne aux autres le nom de palettes. |

Les pholades sont très-remarquables par Ja nature de leur habitation; elles ont, comme les modioles lithophages , les pétricoles , les rupellaires , et autres, la singulière faculté de percer les rochers calcaires, baïgnés par les

DES. ACEPHALES. 435

flots , et d’y vivre à l'abri des accidens exté- rieurs et des attaques de leurs ennemis. Ces coquilles sont hermaphrodites et vivipares;les petits, aussitôt après leur naissance, creusent le corps solide sur lequel ils ont été apportés par la vague, si ce corps est de nature à être entamé par les moyens dont ils sont pourvus; ils agrandissent ensuite cette demeure , en proportion de leurs accroissemens successifs, et s’y tiennent constamment fixés pendant toute leur vie. L’orifice éxtérieur, par le- quel ils sont entrés, est toujours par cette raison beaucoup plus étroit que le fond du trou ; il est seulement assez ouvert pour que l'animal puisse faire sallir au dehors son double tuyau, et pour qu’il soit toujours en communication avec l’eau de la mer, dont il a besoin pour se nourrir et pour respirer. La bouche et le pied, situés dans le voisinage l’un de l’autre, sont dirigés vers le fond de cette habitation.

On a de tout tems cherché à expliquer par quels moyens ces acéphales parviennent à s’introduire dans un corps aussi dur , aussi compact que la pierre calcaire. D’après Réaumur ( Mémoires de l’académie des sciences , année 1712, pag. 126), Adanson ( Description du julan, Voyage au Sénégal,

Ee 2

430 HISTOIRE |

pag. 260, pl. 19.), et d’après plusieurs autres naturalistes , On croyoit assez géné- ralement que les deux grandes valves, dont

la surface est plus ou moins rude ou hérissée

de pointes et destries, pou voient faire l’office de limes , el user petit à petit les rochers par un mouvement continuel de rotation; mais M. Fleuriau de Bellevue, en observant avec soin le travail et les mœurs des diverses coquilles Jithophages de la côte de la Ro-

_chelle , a réfuté cette opinion. Il pense que

ce n’est point par le frottement répété des valves que les pholades creusent leur de- meure; mais qu’elles attaquent les substances calcaires par un dissolvant particulier, pro- bablement fourni par le pied de l’animal. I} est en effet difficile de concevoir que des

_ valves aussi minces , aussi fragiles, puissent

entamer des corps dontfla dureté est beau- coup plus considérable, et qu’elles puissent conserver après ce travail, non seuleinent les côtes , les épines délicates dont-leur sur- face est ornée, mais encore l’épiderme mince et fragile qui les recouvre.

Il est remarquable d’ailleurs que les pierres calcaires sont les seules dans lesquelles les pholades puissent pénétrer ; leur liqueur dissol vante n'ayant pas d’aclion sur les roches

DFS$S ACEPHALES 4%

d’une nature différente. Nous rapporterons à l’article des rupellaires quelques autres preuves à l'appui de cette explication.

On trouve des pholades sur toutes les côtes calcaires, dans la partie la plus basse: du rivage; les rochers que la mer découvre sont quelquefois criblés par les trous qu’elles y ont formés. Ces coquillages sont assez bons à manger, soit cuits, soit confits dans le vinaigre , quoiqu'ils aient en général la chair un peu coriace, et qu’elle soit âpre au goût , sur-tout lorsqu'ils sont frais. Pour en faire la recherche il faut briser les rochers ou élargir les trous avec un pic. On les connoît dans plusieurs pays sous les noms vulgaires de dails, pitans, et souvent on les confond avec les modioles lithophages dont l'habitation est la même. Le corps des pho- lades répand une forte lueur phosphorique dans l’obscurité.

Bruguière a fait figurer plusieurs espèces de ce genre Gans les planches 168 et 169 de l'Encyclopédie méthcique. L'existence des pholades dans l’état fossile a été douteuse pendant long-tems ; mais 1l paroït à présent constaté qu’on en a rencontré dans les bancs coquilliers de différens pays; voyez à ce sujet l'Histoire naturelle de l'Espagne, par

Fes

438 HNSTOTRE)

: Bowles ; l’Oryciographia pedemoniana y pag.

26, d'Allioni, et le tom. 3 du Catalogue de

Davila. L’habitation actuelle de ces coquilles,

étant toujours littorale, doit faire conjecturer

que les dépôts qui en renferment dans l’état .… fossile, faisoient autrefois partie du rivage

de l’ancienne mer.

ESPE C ES. 1. PHOLADE DACTYLE ; pholas dactylus. Lio.

ont tab. 433, Gg. 276. Gualt. tab. 10h , fig. À,B, C, D. D’Argenv. pl. 26; fig. H, T; ct Zoomorph. pl 7,fig. Q, R. cho 8 ; tab. 101, fig. 859. Vulg. a cuiller.

Coquille blanche , oblongue , réticulée par des stries rugueuses. Se trouve sur presque toutes les côtes des mers d'Europe; elle est très-commune en France sur celles de l'Océan.

2. PHOLADE A côTEs ; pholas costata. Lin.

Lister, tab. 434, fig. 277. Gualt. Test. tab. 105, fig. G.— Chemn. 8 , tab. 1o1 , fig. 863. Enc. - tab. 169, fig. 1,2

Coquille blanche, ovale , Striée et garnie de côtes élevées.

Elle est toujours plus grande que la pré- cédente.— Se trouve en Amérique ; on pré- tend qu’elle habite aussi sur les côtes de France.

DES ACEPHALES. 439

CGCUNRE CLX Ve

PÉTricozr; petricola.

Animal. Inconnu.

Coquille. Transverse, inéquilatérale, un peu bäillante : aux deux bouts, et ayant deux impressions mus- culaires. Deux dents cardinales sur une valve, et une dent cardinale bifide sur l’autre. Ligament extérieur.

On ne possède jusqu’à présent que très- peu de renseignemens sur les pétricoles. M. de Lamarck a formé ce genre nouveau pour réunir quelques coquilles qui, d’après leurs formes extérieures, ne pourroient être classées parani les vénus, ni parmi les donaces, ainsi que l'ont fait plusieurs auteurs : les ani- maux n'étant point encore connus, il n’a pu prendre les caractères génériques que dans leurs enveloppes. Il paroit que ces acéphales pénétrent et vivent dans les pierres calcaires, comme les pholades , les rupel- laires, dans le voisinage desquelles ils doivent être placés provisoirement. L'organisation viendra probablement confirmer ce rappro- chement.

Les coquilles qui ont servi de types à M. de Lamarck pour l'établissement de ce

Be

440 HISTOIRE groupe, sont la venus lapicida de Chemnitz; Conch. 10, pag. 556, tab. 172 , fig. 1604, qu'il soupçonne se rapporter au donax irus de Linnæus, et à laquelle il donne le nom de petricola costata; et la seconde, qu'il ap- pelle petricola Nu , est une espèce non encore décrite, qui fait partie de sa riche collection. |

GÉNRE CHOVIN RUPELLAIRE; rupellaria.

Animal, Inconnu.

Coqguille. Transverse, inéquilatérale, bäillante. Ex! trémité antérieur e comprimée, et postérieure bom- bée. Deux dents cardinales crochues sur chaque valve, une simple et l’autre bifide, alternant. Liga: ment extérieur. Deux impressions musculaires.

GENRE CLXYIE

RuüUPICOLE ; rupicola.

Animal. Re |

Coquille. Transverse, inéquilatérale, un peu bâillante aux deux extrémités, sans dents, ni callosités. Une fossette cardinale semi-lunaire en saillie intérieure sur chaque valve, et accompagnant le ligament.

DES ACEPHALES. 44

GENRE CLXVETIS SAXICAVE ; saxicava.

‘Animal. Inconnu.

Coquille. Transverse , inéquilatérale, bâillante , sans . dents, ni callosités, ni fossettes. Ligament extérieur, C’est uniquement d’après la considération des mœurs et d’après la forme des coquilles de ces trois genres, très-voisins les uns des autres, que nous les plaçons dans la famille des pholades et des pétricoles. Ces bivalves creusent , comme ces dernières , des trous profonds dans les roches calcaires elles restent cachées toute leur vie. On ne sait point encore quelle est l’organisation de ces animaux ; mais on peut présumer, d’après la forme des valves, et d’après la nature de cette habitation, que leur man- teau fermé par devant se termine d’un côté par un pied musculeux, et de l’autre par deux tubes susceptibles de s’alonger jusqu'au bord de Porifice du trou dans lequel ils sont renfermés. On doit: la découverte ét l'établissement de ces genres à M. Fleuriaû de Bellevue , connu par ses intéressans travaux sur la minéralogie, et qui cultive avec zèle et succès plusieurs autres branches

442 *: HISTOIRE

de l’histoire naturelle. Son mémoire à ce sujet a été lu à l'institut national en l'an 10, et se trouve inséré dans le Journal de phy- sique de la même année, ainsi que dans le Bulletin de la société philomathique , 62. TL’étude de la singulière demeure de ces coquillages , qu’il a pu examiner avec soin sur les côtes de la Rochelle, lui a fourni quelques conjectures sur les moyens parti- culiers que tous les lithophages employent pour entamer les rochers. 11 pense que ce n'est point, comme on le croit généralement, par un mouvement mécanique des valves, mais par le moyen d’une liqueur dissolvaute propre à corroder les matières çalcaires , les seules dans lesquelles ils puissent pénétrer. Voici les observations principales sur les- quelles il fonde cette opinion :

_1°.Les valves des lithophages ne présentent dans aucun tems, sur leur surface, les traces du frottement qu’elles ont exercé sur des corps plus durs qu’elles ; leurs côtes , stries , épines , quelques délicates qu’elles soient lorsqu'elles en sont garnies , et leur épiderme, sont toujours parfaitement conservés. Les pholades sont d’ailleurs à peu près les seules qui présentent des aspérités sur leurs valves ;

DES ACÉPHALES. 443 presque toutes les autres sont lisses, et ne peuvent faire l'office de limes.

2°, Plusieurs espèces remplissent exacte- ment la cavité de leur demeure;on voit même dans quelques-unes une côte saillante de la pierre, qui occupe l’espace compris entre les natèces , et se continue en face de l’ouver- ture des valves, ce qui exclut toute pos- sibilité du mouvement de rotation qu’on leur attribue. | 3°. Lorsque ces coquilles entament l’ha- bitation d’une coquille voisine , celle-ci se garantit parune membrane de nature cornée, qui, ne pouvant être attaquée par la liqueur corrosive, en arrête l’action ; ces plaies, faites sur les coquilles voisines, sont de plus telles qu’un dissolvant doit les produire ; elles sont irrégulières dans leur contour et leur profondeur , au lieu d’offrir la con- cavité régulière qui naïîtroit d’un simple frot- tement. 4 | 4°. Les pierres calcaires(chaux carbonatées), étantlesseulesquisoient dissolubles par l’acide particulier que répandent ces animaux, sont aussi lesseules dans lesquelles ils peuvent s’in- troduire;on n’en trouve jamais dans les roches schisteuses ou argileuses , les pétrosilex , les chaux sulphatées, qui se rencontrent quel-

£ ss LT

Bai HISTOIRE: quefois sur les mêmes rivages, quoique ce” pendant leur dureté soit souvent moins considérable.

5°. Les lithophages sont baïignés une hit de l’année par un limon extrêmement noir;

dont Pactivité est telle qu’il pénètre jusqu'à

une demi-ligne de distañce tout autour de leur cavité dans les pierres tendiéé , et leur donne ue teinte bleue. Cette couleur s'aper- coit distinctement sur le bord des orifices. 1 6°. On observe enfin plusieurs espèces de vers marins entièrement nus, par conséquent dépourvus des valves solides nécessaires pour creuser les rochers, qui cependant les per- cent'de toutes parts , et:y établissent leur demeure. Cétte faculté de dissoudre les ma- tières caléaires paroît être donnée à un grand nombre de mollusques , peut-être même à tous, ainsi que nous l'avons déjà indiquée: dans Fhistoire ‘des gastéropodes , à l’article à des murex, pag. 47 EE A pr des: patelles ; vol: 5, pag: 211. À Quant à la nature de la liqueur corrosive: des lithophages , on ue peut jusqu’à présent établir rien de positif ; il est probable que:

c’est un acide dont la secrétion est principa=

lement faite par le pied de l’animal.M. Fleu- riau de Bellevue indique l'acide phosphoreux

DES ACEPHALES. 445

dont ces animaux paroïissent abondamment pourvus , à en juger d’après la lumière brillante que la plupart d'entr eux répan- dent dans l’obscurité. | Les genres rupellaire, si et saxicave ne renferment encore qu'un petit nombre d'espèces. Quelques-unes sont extrêmement mullipliées sur les côtes maritimes de cer- tains pays, particulièrement dans les envi- rons de la Rochelle les travaux de ces lithophages criblent les rochers de. toutes parts. Voyez dans le Mémoire de M, de Bellevue, cité plus haut, la description des espèces , ordinairement blanches , petites et peu rernarquables. Le même naturaliste se propose de publier les détails relatifs à l’or- ganisalion de leurs animaux.

GENRE CLXIXE. FisTuLANE ; fistulana. PI LXXI, Fig. 2.

Animal. Inconnu. Coquille. Tubulée, en massue , ouverte à son extré- mité grêle , et contenant dans sa cavité deux valves non adhérentes. Les fistulanes ont une forme et une struc- ture très - remarquables qui s’éloignent de celles que nous avons observées jusqu’à

446 HISTOIRE présent parmi les bivalves. Bruguière les a le premier séparées des tarets auxquels les naturalistes les réunissoient avant lui, et en a composé un genre particulier , dont il a pris la plupart des caractères sur une espèce rare et recherchée dans les collec- tions elle est connue sous le nom vul- gaire de massue d’Hercule. Le plus saillant de tous consiste dans le tuyau testacé qui enveloppe les deux véritables valves : ce tuyau, renflé à une extrémilé il est arrondi et entièrement fermé, se termine à l’autre extrémité, toujours plus grêle, par un canal ouvert, simple ou rétréci dans son milieu, ou même quelquefois tout à fait dou- ble. C’est dans cette espèce de fourreau en massue que se trouvent renfermées deux petites valves non adhérentes , égales, obli- ques, très-inéquilatérales , très-bâiilantes , et sur lesquelles on n’aperçoit aucune trace de dents sur la charnière, ni de ligament lextérieur. |

En considérant la forme de ces valves, on voit qu’elles doivent appartenir à un acéphale semblable à ceux de cette division, et qu'il. présente seulement la particularité très-singulière de s’envelopper , ainsi que ses valves, dans ux tube calcaire, plus ou moins

DES ACEPHALES. 447

alongé. Le manteau et le pied cons- truisent , probablement à une certaine époque de l'accroissement , la partie renflée et fermée de cette enveloppe, et les deux tubes de la respiration et des déjections, soit réunis, soit disjoints, transsudent la partie alongée en canal, et terminée par une ouverture qui leur sert de communi- cation avec l’eau. Cette structure est ana- losue à celle des tarets, dont l'animal, éga- lement renfermé dans un étui calcaire, a été observé par plusieurs naturalistes ; ce n’est mème que d’après cette ressemblance des enveloppes qu’on peut former quelques conjectures sur l’organisalion de l'habitant des fistulanes. La description de ces coquil- lages , donnée sous le nom de so/en arena- rius, par Rumphius ( Curiosités d'A mboine, pl. XLI, fig. D, Ë, pag. 124, édition hol- landaise) , est trop incompliette et trop douteuse pour qu’on puisse en tirer des renselgnemens sufisans.

Quelques espèces de fistulanes : s’introdui- sent dans des corps solides, tels que les madrépores, les bois , les coquilles, et même dans les roches calcaires, probablement par les mêmes moyens qu'emploient les pha- lades et les tareis; d’autres vivent comme

, 448 HSE OISE EE

les solens et les myes, constamment énfon- cés dans le sable des rivages. On rapporte à ce genre environ une douzaine d’espèces tant dans Pétat frais que dans l’état fossile ; mais leur détermination spécifique n’est pas | encore assez précise pour que nous puissions les indiquer 1ci. il faut consulter , pour entreprendre un nouveau travail à ce sujet, le Système des animaux sans vertèbres, pag. 129, de M. de Lamarck, et le troisième chapitre des Essais de Géologie de M. Faujas. On doit, suivant Daudin , ranger parmi les fistulanes , les coquilles que Gmelin a dé- crites sous les noms de pholas hians et de pholas teredula.

FISTULANE MASSUE ; fistulana clava. Lam.

Bruguière, Encycl. pl. 167, fig. 17-22.—Lamarck, Anim. sans vert. P- hs Faujas, Essai de géologie, . tom. [, p. 85, 1.— Vuls. {a massue d’ Hercule.

Coquille AA , blanche, droite, régu- lière dans toute sa longueur, et renfermant deux petites valves minces, transparentes, alongées et très-bâillantes,

Les tubes de cette espèce sont toujours isolés, et ne se réunissent jamais plusieurs ensemble, ainsi qu’on l’observe dans d’autres espèces.

Cette coquille est encore assez rare dans

a 5.

nl = _ RER TEE SE

De Jtve del ,

1. FISTULANE:

1.4, Valves mterreuresr de Zz Histdane ,

2, ARROSOIR,.

Bigant S'

3, ORBICULE,

nl ' 4. TÉREBRATULE 6, LINGULE,

DES ACEPHALES. 449 les collections. Se trouve dans les mers des {ndes orientales, principalement à Am- boine et à Ceilan.

GENRE. CLX%Xe. ArRosorr ; penicillus. Pl. LXXI, Fig. 2.

Animal. Taconnu. Coquille. Tubuleuse, adhérente, rétrécie et un peu

4

en spirale à son origine, dilatée en massue vers l’autre extrémité. Disque terminal convexe, garni de tubes courts, perforés et présentant dans le milieu une petite fente étroite.

Une coquille tubulée , célèbre dans les collections sous le nom d’arrosoir, a servi de type à Bruguière pour fonder ce genre. La singularité de sa forme présente de grandes difficultés pour la classer convenable- ment , et les conchyliologistes ont beaucoup varié dans leur opinion à cet égard. Linnæus, en ne consullant que laspect extérieur , assez semblable à celui des tuyaux marins habités par des vers proprement dits, rangeoit l’arrosoir au nombre de ses serpules ; c’est aussi dans le voisinage des serpules et des dentales qu’on le trouve dans le Tableau élémentaire de l’histoire des animaux, de M. Cuvier , pag. 631. Bruguière le place

Moll. Tome VI. FE

450 HISTOIRE

parmi les coquilles univalves et unilocu- aires , et M. de Lamarck adopte ‘celte classification , mais avec doute.

Comme l'animal qui construit et habite l’arrosoir n’est point encore connu, il est difficile en effet de déterminer d’une ma- nière certaine la place que cette coquille doit occuper dans l’ordre naturel; cepen- dant nous croyons qu’il faut la mettre au rang des bivalves, et la rapprocher même des fistulanes , non seulement à cause de sa forme générale tubulée et en massue, mais sur-iout à cause des deux petites valves bien caractérisées qu’on aperçoit en dehors sur un des côtés du tube, et qui font corps avec lui; ces valves, au lieu d’être renfermées et libres dans le sac calcaire, comme dans les fistulanes, adhèrent à celui de l’arrosoir ; elles ont servi même à le. former en s'agrandissant et en se fermant par devant. L'un des côtés, celui qui ré- pond aux syphons, s'est alongé et forme un tuyau plus ou moins grêle et ouvert à l’extrémilé par ces syphons commu- niquent avec l'extérieur. L'autre côlé des petiles valves, entièrement fermé et plus renflé, est terminé par un disque, con- vexe en dehors , dont la surface est garnie de tubes nombreux lrès-courts, et dont le

DES ACEPHALES. 451 contour est frangé par une rangée de tubes plus longs et de tailles inégales. On aperçoit, au centre de cette espèce de calotte, une fente courte et étroite qui pénètre, comme les tubes, dans l’intérieur.

Il est difficile d'imaginer quel peut être l’usage des tubulures et de la fente dont ce disque est percé, ni quelle peut être la nature de l'organe de l'animal qui les a formées et qui y correspond, sur - tout lorsqu'on pense que l’arrivée de l’eau pour la nutrition et la respiration doit avoir lieu par l’ouverture de l’autre extrémité. Peut-être ces tubes servent-ils à rejeter une partie du liquide introduit, don- nent-1ls une issue aux petits de larro- soir dans le moment du frai. Aucun genre de l’ordre des acéphaies ne présente rien de semblable ; mais excepté sur ce point, qu’on ne pourra éclaircir que par l'examen de l’animal vivant , l’arrosoir présente une structure et un ensemble analogues au four- reau calcaire dont s’enveloppent plusieurs animaux de cet ordre. La forme convexe et criblée de trous de ce disque , assez semblable à la pomme d’un arrosoir , a fait donner à ces coquilles le nom qu’elles portent ordinairement dans les collections,

EF

459 HISTOTLTRE | et qu’elles ont conservé dans les classificaÀ tions modernes.

L'extrémité la plus gréle des arrosoirs est, d’après quelques naturalistes, conteur- née irrégulièrement sur elle-même ; on voit aussi , en consultant les planches de Mar- vye(1})et celles de Favanne, tab. 5, let. B, que ce singulier coquillage adhère aux rochers par cette partie : c’est probable- ment par cette raison qu'elle est toujours brisée dans les individus que renferment nos collections. 1l seroit à desirer que les détails , encore fort douteux , que nous venons de présenter, fussent confirmés par . de nouvelles observations faites dans le pays même sur l’animal vivant : sans la connois- sance exacte de son organisation , on ne peut établir rien de certain sur les rapports qui doivent fixer sa classification.

ARROSOIR DE JAVA ; penicillus javanus. Brug.

Serpula penis. Lain.— Lister, tab. 548, fig. 5. Rumph. Thes. tab. 41, fig. 7. Gualt. tab. 10, fig. M. D’Argenv. tab. 5, fig. G.— Favanne, tom. I, pag. 640, tab. 5, fig. B. Martini, tom. I, pag. 42, tab. 1, fig. 7. Bruguière, Encycl. vers, tom. E, p. 128 , 1. Vulg. l’arrosoir.

Coquille tubulée , blanche , alongée ;

(1) Voyez Méthode pour recueillir avec succès les curiosités de l’histoire DREUT elle, par Marvye,in-:2, Paris, 1763.

DES ACEPHALES. 253 mince d’un côté, et renflée de l’autre ; l’ex- trémité la plus renflée , terminée par un disque convexe du même diamètre qu’elle; disque garni de tubes courts, perforés , et entouré d’une rangée serrée d’autres tubes plus longs , inégaux et disposés en rayons.

Cette précieuse coquille est très-estimée des conchyliologistes et des amateurs de collections ; il est difficile d’en rencontrer desindividus parfaitement conservés et d’une grande taille. Elle atteint jusqu’à sept et huit pouces de longueur. Les hollandais l’apportent ordinairement des îles Moluques et de Java. On la trouve aussi, mais plus rarement, sur la côte de Coromandel.

On connoît une autre espèce d’arrosoir beaucoup plus rare que celle-ci ; elle vient de la Nouvelle-Zélande, et elle diffère de VParrosoir de Java par son disque convexe. _ dont le diamètre est plus étroit que la base du tube ; ce iube est extrêmement renflé dans cette partie , et ne présente qu’une couronne peu saillante, rentrée en elle- même, et dont le bord est festonné. Il paroît aussi , d’après les Mémoires de Guettard , tom. IIT , pag. 160, qu’il existe une troisième espèce d’arrosoir bien distincle, parce qu’elle manque de couronne autour au disque, et

1166

45% HISTOIRE

que les tubes qui perforent ce disque sont plus gros que ceux des deux autres espèces ; les deux petites valves extérieures ont aussi des stries radiées plus ie

GENRE CLXXI. TARET ; teredo. PI. LXX, Fig. 5.

Animal. Acéphale vermiforme, à manteau fermé par devant et tubuleux , faisant sortir à l’extré- mité supérieure : deux syphons courts ( l’un pour la nutrition et la respiration, et l’autre pour les déjections }, inégaux , dont l’un est cilié et l’autre nu. deux petits muscles donnant attache aux déux opercules qui bouchent l’entrée de la coquille lorsque l’animal a retiré intérieurement ses deux syphons. Partie inférieure du corps ter- mirée par un pied musculeux très-court , auquel sont attachées les deux petites valves. L Coquille. Tubulée, cylindrique, ouverte aux deux bouts? Orifice inférieur muni de deux petites valves courtes, très-arquées, et très- bâillantes des deux côtés. Orifice supérieur, ou entrée du tube, fermé par deux opercules spatulés.

Les tarets sont des acéphales très-nuisibles, qui attaquent les bois plongés dans les eaux

de la mer, tels que les digues , les pilotis,

les carènes des vaisseaux; ils les percent de toutes parts pour y établir leur habitation , et leurs travaux sont quelquefois tellement

Re En à

DES ACEPHALES. 355 mullip'iés qu'ils détruisent entièrement les constructions fes plus solides. L'étude de leurs mœurs présente par cette: raison un intérêt particulier , parce qu’elle peut fournir, quelques renseignemens sur les moyens qu'on doit employer pour s'opposer à leurs ravages.

Adanson et quelques autres observateurs nous ont fait connoître l’organisation du taret ; quoique sa forme s'éloigne extrême- ment de celle des acéphales, on y retrouve les traits principaux et les mêmes organes particuliers aux mollusques de cet ordre; en ne consultant même que la structure de l'enveloppe calcaire, on aperçoit les plus grands rapports entre les tubes des tarets et ceux des fistulanes. Le corps est cylindrique, et tellement alongé qu’il ressemble à celui d’un ver. manteau , fermé dans toute da longueur de ce corps, se prolonge par lextrémité qui communique à l'extérieur, en deux syphons tubuleux réunis à leur origine , dont le plus grand , bordé de trois rangs de cils, sert à introduire l’eau et les alimens , et le plus petit, à bord simple, rejette l’eau surabondante ainsi que les excré- mens. Cette extrémité du corps présente deux petites palettes spatulées, portées sur

FF 4

456 HVSTOERE

un pédicule cylindrique; elles s’écartent lorsque l’animal fait sortir ses syphons, et elles se rapprochent pour fermer l'entrée de l'habitation, lorsque l'animal se retire dans l'intérieur. L'autre extrémité du corps, celle qui répond à la partie la plus avancée dans le bois, est terminée par un pied court, arrondi, visqueux , qu'enveloppent deux petites valves très-arquées.

En ouvrant avec précaution les ras canaux que ces animaux creusent en ser- pentant dans le bois , on voit que le manteau, en transsudant , tapisse les parois de cette demeure et y forme un tuyau calcaire de la même longueur qu’elle, et qui la suit dans toutes ses directions. L'entrée par laquelle ils se sont introduits reste toujours ouverte, et l’autre extrémité la plus enfoncée, celle se trouve placés le pied et la véritable bouche , ne se ferme, à ce qu’il paroît, qu’à uñe certaine époque de la vie de l’ani- mal. Nous avons aperçu plusieurs de ces tuyaux encore ouverts dans cette partie, et d’autres elle étoit terminée par une calotte convexe, irès-entière. D'après M. Adanson, le corps adhère à ces tubes calcaires par deux points situés chacun à une extrémité, ce qui empêche l’animal de se mouvoir dans la longueur de son habitation.

DES ACEPHALES. 457

Les valves qui constituent réellement la coquille , sont d’une proportion extrème- ment petite en comparaison de la taille générale du corps, puisqu'elles ont à peine deux ou trois lignes , et que les tarets ont quelquefois plus d’un pied de longueur. Elles sont , comme dans les fistulanes , enfermées et cachées dans le fond du tube ; leur figure très-arquée et bâillante , quoique très-dif- férente de celle des bivalves ordinaires, conserve encore avec elles une certaine res- semblance, sur-tont avec celles qui com- posent cette division. On remarque dans leur intérieur deux espèces de dents cro- chues partant des natèces, semblables aux appendices courbes que nous avons indi- quées dans les valves de la pholade. Les deux opercules spatulés qui ferment l’entrée de la demeure , étant fixés en dehors, tom- bent et se perdent ordinairement après la mort de l’animal, et c’est par cette raison qu'on les trouve rarement dans les collec- tions.

On ne sait si les deux petites valves qui entourent le pied dans le fond du sac, sont les instrumens qu’emploient les tarets pour creuser leur habitation, ou s'ils attaquent le bois par le moyen d’une liqueur dissolvante,

458 HISTOIRE comme nous l’avons démontré pour les bi-

valves qui habitent l’intérieur des rochers. Ce qui peut faire croire que ces valves agissent mécaniquement et par un frottement con- tinu, c’est que leur surface est ordinairement hérissée de petites aspérités , taillées en lo- sange, assez semblables à celles d’une lime. Quoi qu'ilen soit, les tarets, dont les moyens de reproduction ne sont pas encore connus, Mais qu’on peut supposer hermaphrodites comme la plupart des bivalves, se muiti- plent si abondamment qu'ils deviennent en peu d'années très-redoutables dans-les ports de mer ; ils attaquent dans toutes les direc- tions, mais particulièrement dans le sens des Hbres , tous les ouvrages en bois plongés sous Îles eaux de la mer. Adanson a prouvé dans un mémoire inséré dans la Collection de l’académie des sciences , parmi ceux des savans étrangers , tom.lll, quece n’est point pour se nourrir que ces animaux rongent le bois, comme on le croyoit généralement, mais pour s'y loger et se mettre à l’abri de leurs ennemis , comme les pholades et les modioles Hthophages pénètrent dans les pierres par la même raison. On s’est occupé depuis long-tems :des moyens propres. à arrêter leurs ravages ou à préserver les

DES ACEPHALES. 459 boïs qui ne sont pas encore atiaqués; mais tous ceux qu'on a employés jusqu’à présent sont insuffisans : le seul qui semble retarder un peu letravail des tarets consiste à charbon- ner à l'extérieur les nouveaux bois de cons- truction. Pour garantir les vaisseaux , il faut Visiter souvent leur carène et boucher avec soin tous les trous qu’on y découvre, afin de faire périr l'animal qu’ils renferment.

On ne connoît qu’un petit nombre d’es- pèces dans ce genre; elles se trouvent figu- rées dans la planche 167 de l'Encyclopédie méthodique.

: TARET coOMMUN ; feredo navalis. Lan.

Sellius, Tered. tab. 1, Vallisn. nat. 2, tab. 4. = Adanson ; Sénég. pag. 264, tab. 19, fig. 1. Guettard , Mém. tom. LIT, pl. 69, fig. 4 , 5: Enc. pl. 167, Hg. 1-5. Teredo vulgaris. Lamarck, Anim. sans vert. pag. 126.

Coquille blanche , tubulée, cylindrique, mince et unie. |

C’est cette espèce qui infeste presque tous les ports de mers dans l'Océan ; elle est sur-tout très - redoutable en Hollande elle s’est extrêmement multipliée , et elle attaque et affoiblit les digues, seuls rem- parts d’où dépend l'existence artificielle de ce pays. On prétend que les tarets ne sont pas originaires d'Europe, et qu'ils y ont été

460 HIS TOTRE

apportés de l’inde par un vaisseau qui en renfermoit dans l’intérieur de sa carène. M. Adanson en a observé sur la côte du Sénégal, qui vivent dans les racines des mangliers.

On connoît une autre espèce de taret que M. de Lamarck désigne sous le nom de teredo bipalmulata , et qui vient probable- ment des mers de l'Inde ; elle est très-remar- quable par les longs bras articulés , sub- pinnés, qui terminent son extrémité supé- rieure. Ces organes ont quelques rapports avec ceux que nous observerons dans les animaux de la division suivante, et ce taret semble former un passage naturel entre ces deux familles. Il est plus grand que le taret commun et ses mœurs sont les mêmes.

C.— Manteau ouvert par devant, sans pied, ni tubes. Des bras ciliés ou articulés se roulant en spirale. Dans quelques genres un tube venant du corps.

Cette dernière division de l’ordre des acéphales renferme des mollusques dont l’organisation diffère tellement de celle des précédens , qu’ils doivent constituer un ordre à part ; les parties essentielles n’ont ni la même forme, ni la même disposition, et les fonctions qu’elles remplissent sont d’une autre

nature, MM. Cuvier et Duméril ont caractérisé ce

DES ACEPHALES. PACE nouvel ordre sous le nom de cirrhopodes ou de bra- chiopodes, à cause des tentacules ou brasciliés , quel- quefois articulés, roulés en spirale, qui entourent la partie supérieure du corps, et qui sont les seuls organes du mouvement. Ces organes particuliers établissent des rapports marqués entre, ces animaux et les entomos- tracés , et semblent indiquer la transition naturelle de la classe des mollusques à la classe des crusiacés. L'absence de la tête et des sens qui l’accompagnent les distingue suffisamment d’avec les céphalopodes,

qui sont aussi couronnés par de longs bras flexibles,

mais non ciliés ni articulés.

Presque tous les cirrhopodes sont adhérens aux rochers et autres corps solides, ou s’implantent sur la peau des grands animaux marins; les uns sont attachés soit par leur têt même, eomine les balanes, coronules, tubicinelles et orbicules, soit par des tubes cartilagineux charnus plus ou moins longs, comme les anatifes et les lingules : les autres, tels que les térébratules, se fixent aussi habituellement sur les corps marins, mais peuvent changer de place à volonté.

GENRE CLXXII. OrgicuLe; orbicula. PI. LXXI, Fig. 53.

‘Animal. Acéphale sans pied , ni prolongemens tubu- leux , muni de deux bras alongés, frangés et se roulant en spirale.

Coguille. Orbiculaire , aplatie, composée de deux valves, dont l’inférieure , très-mince , est adhé- rente à des corps marins. Charnière inconnue,

Le petit coquillage bivalve qui a donné

462 HISTOIRE

lieu à l'établissement de ce genre, fondé par M. Cuvier (1), n’a d’abord été connu que de Müller , qui l'a décrit dans sa Zoo logie danoise , tom. I , pag. 14; mais ce naturaliste n’en a observé que la valve supérieure , l’autre restant ordinairement attachée sur les rochers auxquels elle adhère fortement : il regarda cette pièce séparée comte une coquille univalve, et la rap- porta au genre des patelles, mais sous le nom de patella anomala , pour indiquer que la forme extérieure et l’organisation de l'animal s’éloignoit beaucoup des véritables patelles. Cet animal a été depuis mieux étudié; on a reconnu que son enveloppe étoit com- posée de deux valves orbiculaires , dont lin- férieure ,très-aplatie, est fixée sur les corps marins, et à peine sensible , et la supérieure, mince, transparente, un peu bombée, pré- sente une élévation vers le centre. La nature de la charnière qui les unit est inconnue. L’a- dhérence ayant lieu,comme dans les anomies, par la valve la plus petite et la plus aplatie, plusieurs naturalistes pensèrent alors que cetle coquille appartenoit à ce genre, et lui donnèrent le nom d’anomia turbinata:; mais M. de Lamarck sentit avec raison qu’elle

(1) Tableau élémentaire d'histoire natur. p. 455.

DES ACEPHALES. 463 avoit des caractères assez prononcés pour être isolée dans ur genre particulier.

Poli a retrouvé l’orbicule dans la mer Méditerranée, etena publié, sous le nom de criope , une anatomie détaillée dans son ouvrage sur les testacées des mers des Deux- Siciles , pl. 30, 24 et suivans; elle prouve que cet animal ne peut être rangé ni parmi les patelles, ni parmi les anomies, et que son organisation est même totalement différente de celle des gastéropodes et des acéphales. Le corps, non terminé par une têle, est composé de deux masses rougeûtres ; il ne fait saillir ni pied , ni tubes analogues à ceux des bivalves de la division précédente; mais il étend, hors de la coquille, deux bras alonsés, bleus , garnis de franges jaunes, épaisses ei un peu crépues. Ces organes rentrent dans l’intérieur en se roulant en spirale, et servent probablement de bran- chies. |

On ne connoit encore qu’une seule espèce d’orbicule. : |

ORBICULE NORVÉGIENNE ; orbicula nor-

vegica. Lam.

Patella anomala. Müller, Zool. dan. 1, p. 14, tab. 5. Prodr. 2870.

Coquille orbiculaire , très-petite , mince,

464% HISTOIRE

transparente ; valve supérieure plus grandé et ayant le sommet proéminent ; surface rude, parsemée de points élevés. Se trouve adhérente aux rochers dans les profondeurs de la mer du Nord, près des côtes de Dan- nemarck et de Norvège. Elle habite aussi

la Méditerranée.

GENRE CLXXIIEH.

TÉRÉBRATULE; terebratula. PI. LXXI, Fig. 4

Animal. Acéphele sans pied , ni prolongemens tubu- leux du manteau, mais muni de deux bras alon- gés, ciliés d’un côté dans toute leur longueur, et se roulant en spirale dans l’intérieur de la coquille.

Coquille. Inéquivalve , régulière, fixée par un liga- ment ou un tube court. La plus grande valve terminée par un prolongement crochu, en forme de bec, et percé d’un trou par passe le ligament.

Charnière à deux dents. Deux branches grêles,

fourchues et osseuses, attachées dans M

des valves.

Ce genre est un des plus intéressans de tous ceux qui composent la classe des mol- lusques, tant par le grand nombre de ses espèces, par leurs formes aussi singulières que variées, que parce qu ’on en trouve une immense quantité répandue parmi les fos- siles de tous les pays. Les oryctographes ont connu et décrit ces coquilles bien avant les conchyliologistes, et ce n’est que depuis la découverte de quelques térébratules dans Vétat frai qu’on les a fait entrer dans les

classitications.

ES ACEPIHALES. 405 œlassifications. Linnæus les réunissoit aux anones , probablement d’après le trou que présente une de leurs valves. Bruguière à le premier établi les différences qui sépa- rent ces deux genres , et a formé, sous le mom de érébratule, un groupe à part dont M. de Lämarck a perfectionné les carac- tères. On sait maintenant que, quoique munies de deux valves , elles ne peuvent apparleñir aux acéphalés bivalves , et qu’ellés doivent êlre placées près des’ lingules, dans un ordre particulier.

Le trait distinctif le plus frappant des térébratules consiste dans l espèce de bec re- courbé qui termine, du côté de la char nière, la plus grande des deux valves. Ce ‘sommet, extrêmement prolongé dans cér- taines espèces , est toujours percé et donne passage à un organe musculeux, cylin- drique ; par lequel l’anhmal adkère aux ro- chers : on croit qu'il peut se détacher à Yolonté, et même venir voguer à la surface de la mer dans les tes de caline. Les aütres animaux de celle division sont au contraire constamment fixés sur les corps marins, et ne peuvéut changer de place.

La valvé ka plus bombée et Ja plus £ éd est cellé qui se présente en dessus. La char- nière se compose de deux dents latérales qui entrent dans des fosselles corr'espoi +, dantes. On voit de plus dans intérieur , pr'ès du sommit de la valve non percée. deux pe- tites branches osseuses remarquables,courbes, fourchueset divergentes,qui doiveut pénétrer dans le corps de l'animal, et qu semblent destinées à lui servir de point d'appui.

Mol, Tome “E G g

466 HISTOIRE

On n’a jusqu'à présent que des délails très-incomplets sur l'organisation de cet animal ; on sait seulement qu'il n'a pe de tête et que son corps, sans pied , tubes , est pourvu de deux bras is ciliés, qu il peut alonger hors de la coquille, et qu'il contourne en spirale lorsqu'il les rentre en dedans. Ces traits principaux suf- fisent pour indiquer des rapports sensibles avec J’animal des lingules, dont lorganisa- tion est mieux connue, et doivent faire penser que les autres PRE ont, une sermi- blable analogie. pe

On ne connoîit encore dans, ce genre que quaire ou cinq espèces dans l’élat frais; elles. vivent dans différentes mers et se Liennent. toujours relirées à une grande profondeur. Toutes les autres, qu’on désigne quelquefois sous le nom vulgaire de pouleties, sont fossiles, et font partie, ainsi que les aulres, coquilles pélagiennes , telles que les ammo-, nites , bélemnites, Bryphées ,. elc. des bancs calcaires de première formation , dans le voisinage des terrains primitifs : cependant. cette observation doit souffrir quelques exceptions ; car on en trouve: plusieurs. espèces bien caractérisées dans, le. dépôt co- quillier de Grignon , dans les craies de. Meudon et autres lieux , dont la formation est bien postérieure. La coquille des léré-. bratules fossiles est: souvent parfaitement entière y €Ë les deux valves sont,,encore. mobiles l’une sur l'autre ; quelquefois il n'eu reste que le: moule intérieur ,.soit cal- cire, quartzeux ou.même pyrileux, mais

dont la for me est toujours reconnoissable.

\

DES'ACEPHALES. 465 Plusieurs roches en renferment une si grande quantité que leur pâte paroit en être entiè- rement éoinbosée.

C'est particulièrement du Pétude d’un genre qui avec les ammomites offre les ao- autnens Îles plus nombreux de l’ancien ‘état des continens , que la géologie Phi tes des faits importans à rassembler , ef 50 ce. rapport. la! monographie détaillée de térébratules , lindication exacte de leur gisement et des circonstances qui les accom- pagnent , présénteroient un grand intérêt. Les ouvrages nécessaires pour, “éntrepr endre ce travail sont sur-tout l'Encyclopédie mé- thodique Bruguière a fait figurer presque toutes les térébratules connues de son tenis, depuis la planche 259 jusqu’à la planche 246, et la description de la montagne de Sant- Pierre près Maësirich, par M. Faujas, dans laquelle on..trcuve une suite nombreuse d'espèces nouvelles ou peu connues.

CEUS:P E'CHESS. | 1. TÉRÉBEÉ. VITRÉE; terebratula vitrea. Lam.

Anomia terebratula. Lin. T1} Argenv. Apperd. 4.5, fig. EE. Nätuif. 3, tab. 5, Ge. 5. EL Chetan. 8; tab, 78, fig. 7072700. Encycl. pk 259, fig. 1.

Coquille ovale , ventrue,blanchätre, lisse, convexe, trés-mince et demi-transparente. Cette espèce vit dans lamer Méditerranée.

. V'ÉRÉBRATULE TRONQUÉE ; ter. truncata. to tab. 462, fig. 25.— Chem. 8, tab. 77, fig. 7o1, a, b.

. Coquille sub-orbiculaire, finenient striée 3

à charnière tronquée ; un enfoncement à : valve plate , et une saillie sur lPautre.

pe Louve dans les mers du nord de l'Europe. G5 2

48 PE SUT OR

GENRE Choc OR Liseuzz ; üngule. PL LXXI, Fig. 5.

EVE ur sans pied , ni tubes, muni de deux . bras charnus, alongés, frangés d'un Chi dans toute ‘eur lougueut , et se roulant en spirale dans P inté- © rieur de la coquille: Les deux lobés'du mantea bordés de cils fins et portant sur leurs ns: internes des branchies pectinées. Coquille. Longitudinale, aplatie, composée de fr valves égales, lronquées antérieurement, Char- mière sans dents. Natèces pointues et réunies à un ‘iube membraneux , alongé , qui $ert de ligament à ‘là coquille et se fixe sur les corps marins. Aucun genre re prouve plus que celui- 2ci la nécessité de connoître l'animal" peur terminer avec certitude la ‘place! des mol- Jusques testacés dans la méthode naturelle. Taut qu'on n’a pu observer que Îa “ne de la lingule , on à ignoré ses’ véritable rapports, et sa SEC CR étant arbitraire, devoit nécessairement éprouver de grands changemens. Linnæus n'ayant vu qu’une valve de cette coquiile, la rangeoit, d'après sa forme et l'absence de la charnière, parmi les patelles ; SOUS le nom de patella URQUÈS 6 ; Rumphuus et d'après lui Favanne la resar- doient comme.lé bouclier: Lestacé d’une espèce de limace ; Chemouz, qui avoit vu les deux valves réunies, les rapporta sans plus de raison au genre pinna, ; Bruguiére est le premier qui en ait foriné, dans planche 256 De l'Encyclopédie , ‘un genre particulier , adoplé depuis et ‘caractérisé par M. de l'Arbdtu : mais Lous les deux Île comprenoienteucore aunombre des bivalvés:

#. 4

DES :ACEPHAMGES. 46@

M. Cuvier (1) a complettement éclairci cette question en publiant l'anatomie exacte de ce singulier mollusque , à laquelle il a Joint les figures très-détaillées de ses diffé- rentes parties ; on voit qu'il diffère beaucoup de tous ceux qui habitent les bivalves ordi- naires, et qu'il appartient au nouvel ordre des cirrhopodes. Le manteau, fendu par devant et bordé de cils fins , porte les bran- chies sur les faces internes de ses deux lobes ; elles s’y dessinent sous la forme d’un V, dont les branches sont pectinées de chaque côté par des vaisseaux parallèles , et elles communiquent par leurs bases à deux cœurs situés de chaque côté du corps. L'animal fait sortir , entre les lobes du manteau, deux bras charnus, alongés, coniques et garnis, sur le côté externe, d’une série nombreuse de petits filamens charnus et très-serrés; lors- qu'iis sont dans l’état de repos, ils se rou- lent en spirale dans l’intérieur du manteau. Ces bras ou tentacules sont des organes du tact très-sensibles, et servent à l'animal pour saisir sa nourriture ; il les agile aussi probablement pour se balancer dans l'eau, et pour changer de place autant que ia longueur du pédicule qui lattache aux rochers peut le permettre. La bouche, non garnie de dents, est située d’un côté entre les bases des tentacules sur une proémi- nence charnue et conique ; elle commu- nique sans estomac intermédiaire , à un canal intestinal qui, après plusieurs replis, se ter-

(1) Voyez les Annales du muséum d'histoire natu-

xelle, vol. I, p. Go, pl. 6. Gg 5

470 CORÉS'T OMR EN mine sur le côté entre les lobes du manteau par un anus formant une petite saillie en Core "ironique : 7"P°n "Les deux valves, un peu pointues d’un côté , et tronquées carrément de lautre, ne sont point articulées entre elles par des dents, ni réunies par un ligament élastique extérieur ; elles sont, comme dans les ana- tifes, suspendues à un pédicule commun, membraseux, cylindrique, entouré de fibres circulaires ,et elles peuvent sentr'ouvrir que lorsque Îles bras les écartent en se dé- roulant en dehors. ECM res ‘On possède dans les collections deux ou trois espèces de ce genre ; mais il n’y en a jusqu’à présent qu’une qui soit bien décrite et bien caractérisée. | LINGULE ANATINE; lngula anatina. Lam: Patella unguis. Lin. Séba, Mus. 3, tab. 6,

4. Pinna UNJULS. Chemn. 10, tab. 172 ; fig.

1675, 1676. Naturf. 22, tab. 3, fig. À, E. Encyel. pl. 250, fig. 1, a, b, c. Cuvier, Bullet. des se..n° 52, et Ann. du mus. vol. I, P- 69, pl. 6. Vulg. le bec de cane. APE MEET .… Coquille longitudinale, mince, d’un verd- brun, tronquée et arrondie antérieurement, et portée sur un pédicule cylindrique, brun.

Cette coquille rare et recherchée , sur- tout quand elle est munie de son pédicule, vient des mers des grandes Indes. .

GENRE CLXX Ve. ANATIFE ; onalifa. Pl. LXXII, Fig. 1.

Animal. Acéplale muni à la partie supérieure de son corps de douze paires de bras ou tentacules longs, inégaux , cornés', ciliés et articulés, qui se

DES ACEPHALES. 47Y contractent en se roulant en spirale. Entre ces ten- tacules est un tube court, servant de bouche , et sur un des côtés du corps se pe une autre ouver- ture pour l’anus.

Coqguille. Cunéïforme , composée de plusieurs valves ou pièces, inégales, réunies à l’extrémité d’un tube dédie ds ; fixé par sa base, Ouverture des valves sans opercule.

Les anatifes , connues sous les noms vulgaires de pouce - pieds, et de conqgues anatiféres , ont les plus grands rapports avec les lingules ; leurs coquilles sont de même à l'extrémité d’un tube cartilagi- neux , flexible , plus ou moins long, qui leur sert de support et qui les attache aux rochers et autres corps marins ; mais, au lieu de n'avoir que deux valves , elles sont composées de plusieurs pièces de tailles anégales , dont le nembre varie beaucoup en raison des espèces ; il y en a ordinairement cinq grandes qui renferment le corps de l'animal , et plusieurs petits accessoires ; une espèce en présente quinze en tout. Cette structure leur a fait donner par plusieurs naturalistes le nom de muliivalves, quoique ces pièces ne soient point articulées par une charnière , ce qui constitue les véri- tables valves ; elles sont simplement réunies par une membrane qui borde leur circon- férence. Les plus grandes valves, en s’en- tr’ouvrant vers le sommet, laissent sortir un faisceau composé de vingt - quatre bras iné- gaux, dont la substance est cornéé, et qui sont ciliés et articulés dans toute leur longueur. Ces tentacules, organes du tact, et servant peut-être aussi ‘de branchies , Se ‘roulent en spirale en rentrant dans l’intérieur de ‘la

Gs 4

47e : HISTOIRE" U coquille , comme dans tous les. genres. qui ‘composent le nouvél ordre des cirrhopodes: Lesanatifes, quoiquefixées constamment à la même place, ainsi que les balanes, peuvent Cependant, par la flexibilité de leur Jigament tubuleux,chercher leur nourritureaà une cer- taine distance; leur bouche est située entre les tentacules, et ne se prolonge que très-peu en dehors. l'anus aboutit de côté daus le Voisinage de cette bouche. | Dinnæus appeloit /epas ces singuliers testacés, et les rangeoit avec les balanes dans le même genre. Bruguière en a formé nn groupe particulier dans le premier vo- lume.des vers de l'Encycl. méth. et en a fait figurer sept espèces dans la pl. 166.

On trouve les anatifes fixées par leur tube, surdes bois de constructionret sur les rochers, particulièrement dans les lieux la mer a de pius d’agitation:; quelquefois ces coquillages s’attachent aussi à la carène des vaisseaux. Quelques espèces vivent solitarrement, mais la plupart se réunissent plusieurs ensemble et forment souvent des touffes considérables.

ANATIFE 1198E ; anatifa lœvis. BRUc.

ZLepas anatifera. Lin. Plancus , tab. 5; fig. XI. Gualt, tab. 106, fig. D. D’Argenv. tab. 26, fig.

ÆE,— D'’Acosta, Brit. conch. tab. 17, fig. 5.— Chem.

8., tab. 100, fig. 853- 855. Vulg. da conque anatifère

- on /& bernaete.

Coquill e comprimée, à cinq valves lisses, portées sur un pédicule long, ridé et velu. —— Se Louve dans presque toutes, les mers, allachée aux. corps solides elle forme des gr oupes composés. d’une vingtaine d'in- dividus à à différens, dégrés d’accroissement.

Pa

PEA ZXXIT,

De Seve del. 1, ANATIFE, 2, BALANE,

2.a. Arumal du Balane.

3, CORONULE.

4. TUBICINELLE _

4.a. Zubicnelles implanter dans de peau d'une Batuine’.

DES ACÉPHALES. 475

OORNRR Eu CIE X XV Ie: BaLANE ; balanus. PI LXXII, Fig. 2.

Animal. Acéphale ayant le corps terminé snpérieu- rement par douze paires de tentacules inégaux, articulés, ciliés, crustacés, et qui se roulent en spirale en se contractant. Bouche entourée de quatre dents et de païpes hérissés de soîïes, Un tube alongé servant d'anus , sitné entre les tentacules les plus élevés.

Coquille. Conique, tronquée supérienrement ; fixée par sa base sans tube tendinenx, et composée de six valves on pièces articulées et soudées ensemble par les côtés et par leur bord inférieur. Ouverture fermée par un opercule quadrivalve.

La coquille des balanes n’est point sup- portée par un tube cylindrique, alongé, servant de pédicule ; comme celle des ana- tifes et lingules; elle est adhérente aux corys marins par le test même ; mais à y a entre ces trois genres une grande analogie, soit dans la forme de ce test, soit dans la nature de l'animal qui les habite. Celui des balanes. a douze paires de tentacules cornés, arliculés et garnis de cils dans toute leur longueur. Le tube aboutit l'anus, est en forme de trompe, alongé, transparent et situé entre les bases des deux paires de tentacules les plus élevés. La bouche est armée exltérieurement de quatre dents et d’autant de palpes crustacés et hérissés de SOIES.

La coquille ,; composée de six pièces calcaires , solides , excepté dans une seule espèce qui n'en a que trois, repose sur une base fermée, de même nature qu'elles ;,

47h HISTOIRE qui se fixe fortement sur les corps marins. Les six pièces ne sont point mobiles les unes sur les autres ; elles sont soudées en- semble dans leur longueur , et on voit en dehors leurs sutures aux points de jonction. Cette structure exclut tout écartement entre elles, semblable à celui qu’on :observe dans les anatifes , et rend leur mode d’accrois- sement difficile à comprendre. [orifice supérieur de la coquille est fermé par deux ou quatre petites valves operculaires, mo- biles, qu'on ne irouve pas dans les analifes.

Dans la plupart des espèces la forme générale rappelle celle d’un gland, d'où leur vient le nom de glands de mer qu’elles portent vulgairement , et celui de balane que Bruguiere leur a donné en les réunissant dans un genre à part. Linnæus les nommoit lepas ainsi que les anatifes.

Les balanes vivent réunis en grand nombre, constamment adhérens à la même place, et souvent amoncelés les uns sur Jes autres.

BALANE TULIPE ; balanus tintinnabulum. Br. Lepas tintinnabulum. Lin. D'’Argenv. pl. 26, 65. À. Rumph. Mus. tab. 41, fig. A. Pan tab. 59, fig. A, 2.— Chemn. 8, tab. 97, fig. 828- 831. Poli, Test. des Deux:Bibilesk tab. 5, set Ee

Vuilg. la tulipe.

Coquille presque tétragone ; rose, bichehéà de blanc, et composée desix | piéces ; ouver- ture ample , quadrangulaire , égalant la base; opercule prismatique ;: légèrement obtus:— Cetle espèce est extrêmement commune sur les rochers , les madrépores, les coquillages, dans PERqNE toutes les:meïrs. On la mange dans quelques pays.

DES ACÉPHALEÉS. 475 Aie 324 LATE 0 de 2 MCE CoroNuLE; coronula. PI. LXXII, Fig. 3.

Animal. Inconnu; probablement voisin de celui des balanes.

Coquille. Orbiculaire , aplatie, formée de six pièces

_ soudées ensemble, Gros supérieure entourée de six côtes disposées en rayons, et fermée par un opercule quadrivalve. Structure interne composée de cloisons et de cellules nombreuses.

M. de Lamarck a séparé du genre balane les trois espèces nommées B. diadema , B. balænaris, B.testudinarius , pour en com- poser le genre coronule. Leurs mœurs par- ticulières et la structure celluleuse de leur coquille motivent suffisamment cette sépa- ration ; les coronules, ordinairement isolées ou réunies en petit nombre, vivent cons- tamment attachées sur le corps même des grands animaux marins, tels que Îles ba- leines, les tortues, etc. Non seulement la coquille perce la peau de ces animaux ; mais elle s'enfonce en grandissant dans l’épaisseur de leur graisse, de manière à ne laisser pa- roître à l'extérieur qu’une partie de l’orifice supérieur. Voyez le Mémoire de M. de La- marck sur les tubicinelles, inséré dans les Annales du muséum d’hist. nat. vol. [, pag. 461,et la pl. 30, fig. 2,3, 4 du même ouvrage,

GENRE CLXXVIEIS. TugrciNELLE; éubicinella. PI LX XII, Fig. 4

Animal. Inconnu ; ; probablement voisin de celui des balanes.

Coquille. Univalve , régulière, non spirale, tubu- leuse, rèétrécie vers sa base, tronquée aux deux bouts, ayant l’ouverture supérieure orbiculaire et fermée par un opercule quadrivalve.

476 2 EE S TION EURE Les tubicinellessont sur-tont remarquables par la nature de leur habitation; elles vivent, comme les coronules, constamment fixées sur la peau des baleines , et leur coquille, en orme de tube, pénètre même assez avant dans l'épaisseur de la graisse de ces cétacées. Il ne paroît.en dehors que le bourrelet de l'ouverture supérieure. Ce tube , composé de six pièces soudées ensemble, est celluleux dans son épaisseur, La base n’est point fer- mée par une cloison testacée, mais par uné membrane que fournit l'animal. L’extérieur est garui de côtes arrondies , transversales, qui sont les bourrelets persistans des anciens bords supérieurs, et louverture est fermée par quatre valves operculaires , comme celle des balanes et des coronules. On doit la conuoissance de ce singulier mollusque à M. Dufresne qui en a observé plusieurs à Londres dans la collection de feu Hunter, -et l'établissement du genre à M. de La- _ marck. Voyez les Mémoires de ces deux naturalistes dans les Annales du muséum d'hist. nat. vol. I, pag. 461 et 465, et la pl. 50 du même vol. L'animal n’a point encore élé décrit ; mais d'après $es mœurs et la . forme de son enveloppe , on peut juger que c'est un cirrhopode semblable à celui des balanes et des coronules.

“Fin Du ToME SIXIÈME ET DERNIER DÉS MOLEUSQUES. |

rs ve + me ee ne mn “MDABLE FRANCAISE Des matières contenues dans ce sixième Volume.

A bricot (l) 375 Boute (la).

114 Conque exotique “3 ACARDE. 180 Brachiopodes. 461 I RS D 0 ACEPHALES.120 Buc4rDE. 395 = de Fénus. 33% nus. 157 Brccrx. 25 persigue- es —testacés. + 180 Buccin triangulaire —anatifères.k71,472 Aigrette (F) 56 Coqueluchon mot- Aile d' Ange. .; Buire (la). 113 ne (le). 4o2 large (P), ibil Purgau morchou(le) Coquilles ailées. 83 Ailène de savetier(l 29 bivalyes. 120, 142 RE 2 Byssus.265,202,127.— (caract LS 140 Anadara. 37ÂC4LzcÉOLE. 185 - de S. Jacques.25+ ANATIFE.. 351,356 Corail (le) 253 lisse... 472Vailitriche. 264 Coralline(la) : 253 ANODONTE. . 312. .. 185,333, Corbeille(la) : 375 Angdontite. ibid \, 343, 509. CoRBULE. 199 ANOMIE. 239 des ruisseaux Cordelière (la) ‘6à ANUS. : 330 Va). 370 sans cordon. 1b: Apan(l). afranée. 372 CoronNULE. : 479 Araigrnée ([). 89-90 —Truitée. 535 Corselet.: 350, 146 heptadactyle. 90 CcEzLAIRE. 11 Ccutzl (le). 67 ARCHE. 595 CAsz. CRANIE. 243

“Arche de NoëlL).399 Caire. 542, 551 Crassatelle. 516,348 Argus. 230 , 240 Cas\us. 98 CRÉNATULE. 308

ARROSOIR. 449 ticoté. . 1100 Criope. 463 Arrosoir (F) 452 Casaillon. 17 Croix indienne. ‘502 ASCIDIE. 197 Céra 1877 CTcUuLLÉE. 400 AricuLe. 280 CÉRI%. 105 Cuiller (lu). 458 Axinée. 405 Cham s. 194 S 4 pot. 515 BALANE. 473 Cham /polithes 1b. CrCcLADE. 366 tulipe. 474 Charnièe. 141 Cyrtodaire. 456

Bécasse des Indes Chenill{la) 115 CYTHÉRÉE. 320 , 556

a). 52 Chicoréä la). :: 54 Dails. 433 Bécasse épin. (la) 51 Chimère 281 Duphné. 397 Béc de cane (le) .470 Ciuon. 360 Datte (la). 275, 276 Bec de flûte (le). 361 Chou (le). - 391 Dents. 147 Bénitier (le). 390 Chr hopod 461 DICÉRATE. : 195 Bernacle (la)... 472 Claiéres. 222 Disque. 1 +0 Bézoard(le). 101 Clavatule.\ 70 Don ACE. 357 Bille d’ivoire(la)575 Clonisse (Id. 335 Ezurxe£. -3e B1PHORE. 166 Codock. . : 538 Ecafoties. ‘318 Bivalyes. 129, 142 COLOMBELIE, 5 Echion. 194% —(caractèr.des) 140 Cœurs. ::598 Eclair(?). 24% Bonnet de fou (le). alongé. 544 Ecusson. 14

106, 385 de bœuf. \ 385 Ec£RIE -B2# Bonnet de Pologne de Vénus. \ 379 Equerre(F) Go

(le) 103 Concha Veneri(le). ÉRODONE, 430 Æguchots.: ao ex 355 Fagan. 5-8

478 TETANEL E-

F'aîtière (la grande): Hüitres 2 de AUS Mére-perle 389,298

3go plissées. 12 Mérétrice. 529, 357 FascioLAIRE. 76 vertes. 222 Millepieds(le) 91 Faval. 65 Hypogée. &15,k20 , MoDiozz. 275 Fer à repasser. 100 422} 452 litophage.274,276 Feuille (La). 227 HYPPOPE. 390 Mofat. 377 = de chou. 5o1-Impressions mdscu- Morchou (le) 29 Figue (La). 65 laires. - \150 Movzs. 262 dore hrs. 66 Isoc4RDE. 361 d'Alger. 274 —- wiolette. -ib. Ivoire (P). Va de riviére. 312,318 FISTULANE, 445 Jabet. 78 :: 320 Fopre. . 163 JamBoNNEAU. 278 des Papous. 276 Fossettes. 150 rouge. 284 -l'étang.512,516,518 Furie (la). 407 Jéson. 345, 344,585 herborisée. 277 FusEzAu. . 89 Jouret. 335 du Rhin. Ho: Fuseau (le). 61 Julan. …. 455Mvzserre. 317 —— à dents. 04 Kaman. 381 Multivalyes130,144 —— de Ternate. ib. Lambis (le). ® Musculites. 269 Galathée. 324-327 Lame, . 4% Mussole. -378 Garin. 255 cardinale. vi Myr. - 318,424 Gasar(le) 226 Langue de chat. 55 Mytulites. 269 GASTÉROPODES Lanterne (la). 126 Nacre de perles aga (suitedes). 5 Lard(le). 2.67 Na4sse. 15 Gäteaufeutlletécom- Lavagnon. 353,355 Naïéces. 152 mun(le). : 192 Lavignon. !bid Nifat (le). 29 d'Amérique. ib. Lépas. 472) 474 Nucuze. 408 des Indes. 193 Lèvres. 151 Obélisg.chinotis. 112 Glands de mer. 474 Licorne (la) 24 Oiseau (l). 288, 208 Glaucus. 288 Ligament. 13; 191 ONGULINE. 574 GZYCIMERE. 427 fimbe. 152 Opale (?) ‘270 Golar. 415, 410 Lime. 25 , 258 Opercule. 155 Gourgandine(la)557 douce. 260 OrzrcUze. 4Ga Griffe du diable 90 Lineuzes. 468 Oreilles, 153,246 Grimace (la) _….. 56 Lisor. 552 de cochon. -86 blanche. 57 Iwcrne. 371 Ostracites. 182, 224 GRYPHÉE. 202 Lulat. 274 Outresde mer. 153 Gryphites. ibid Lunule. 152,550 Palette. . ‘454 Hallebarde (la). 02 Lurrarri 555 Palourde (la) 3534 Harpr. °° 41,43 Macrrs.. 350 Pamet. 361 noble. 435 MammiiRE. 105 PANDORE. 41 —cmpériale. 1b. Manche de couteau PAarxre. 546 rose. ib. (le) | 415,418 Patagau. 426 HIATELLE. 385 ManteaudeS. James Patte de crapaud. 54 Hironde. . 286 (Ze).: . 45 d'oie. : 5392 Hirondelle. 288, 298 de SHélène. ib. Prrcns. 945 : HouLETrTE, 250,261 ducel. 252 sans oreilles. 466 HUITRE. 208 MARGINELLE. 7 Pélerine. 250 à l’écaille. 225 Marronépineux.105 Peloris. 22b aux perles. 289,209 Mzr1izau. 500,502 Pelured'oignon.242 commune. . 221 blanc. 505 Perdrix (la). 40 de drague. : ib. LE ji d’'Hercule Perles. 289 épineuse. 229,252 . (la). 52,446,448 —w#aroques.. 290

| 2 & BL Æ 479 +” Perlesfluviatiles291 Robe de Perses 78 Tarer, 434

| 320, 522 Robet. 378 Télescope. 114 nacre de ib, Rocusn. . 45 TELLINE. 5Ga trsemence de.‘ 290 lardé. 67 TéRÉBRATULE. 4b4% Peas. 309 RosrELLaire. 06 TYsan. 40 Péronée. 363, 559 Rurszizares. Pt Téte de bécasse. Ba Péronczr. 577, 598 Rurrcozes. 1b. T'ialies. 167

. 398, 404, 406 Sabre (le). 418 Tire-barbe. 34 Pérricors. 360,459 Suburon. 102 Tire-poil. ib. PHoLADE. 451 Sadot(le) 23 M'ONNE. 37 Pied d'âne. : 282 Sax curNozarrE Tonne cannelée (le

de pélican. Bi: 422 grande). 3 Pince de chirur, 345 Satal. 293 Tour de Babel. 52

? Pinne marine. 28 Saxicars. 4ki TRiIDAcNr. 387

. Pinnothére. 268, 28: DERrpaon (le). 89,1 L'RrcoN IE. 39% Pirogue (la). 227$elle anglaise. 238 Trompe marine. 53 tlans. 45} polonaise. ib Truitée (la). 335 Pzacune. 236 Kole. 252 TUBICINELLE. 479

PzEuroTOnE... 69

le (lapetite). :255/Tuilée (ia). 5a6 PLICATULE. 234

le pétoncle. ibid Tulipe (lu). 77

Plomb (le) 80 SoLEn. - 414 TURBINELLE.. . Yu Popel. 119 Soleil levant. 864 Unique murex(l°)6b Pouce-pieds. 47 Sonmets. 1145 F'ulves. . 129,155 Poulettes. . 466 Sodrdon. 377, 380 VÉNÉRICARDE. 550 PoOURPRE. 18 Sphersum. 369 Ventre. , 123 Psilope. 382 Spikvalpes ( suite Vénus. 378 Pteria. 287 ‘‘dà). "5 Vénus de l'Oise. 35 PTÉROCÈRE. 89 SPoÂDyx LE. 228 Vichet. 165 Preuve. 64 Sutule. 154 Vs. Le, 23 Rac. de Bryoine. 91 Srrokpe. 82 Wis 1igrée. 36 RADIOLIFTE, 189 Stylefde cristal. 127 Vitre chinoise. 238

Rastellites. 225 Taga 45 Fovan 578, 406

Rastellum. 212 L'alon 211, 281: FuzSELLE. 303

eclus marin. 161 Tapis & Perse. 78 Fulva. 550 DA BE |L'AMTANNE. :

Acardo. 180 Columbäla. \:,5 Fusus. LPO ET

: Anatifa. 470 Corbula.\ 199 Galafhea. 324, 327

Anodonta. 512 Coronula.

! 476 Glycimeris. Pr

Anomia. 259 Crania. 245 .Gryphea. D 20% ATca. 395 Cratula. 308 Harpa. &r Ascidia. 157 Cucullæa.\ 4oo Hratella. - 283 Avicula. 286 Cyclas. . 366 Hyppopus. !” 803 Balanus. 473 Cvtherea. Lo, 556 Isocardia. SBL

* Buccinum. 25 Diceras. ‘105 Lima. que 20 Calceola. 185 Dolium. 33 Lingula. 468

mn * Cancellaria. 11 Donax. 357 Lucia. " f374 . Capsa. 355 Eburna. 30 Lutraria. 553%

;: Cardita. 342 Egeria. 324 Mactra. 550 Cardium. 375 Erodona. 450 Malleus. 500

D Cassis. 08 Fasciolaria. \ 76 Mammuriæ 155 © Cerithium, 100 Fisfulana. | 445 Marginella. F 4 Chamsa. 187 F'odia. | 165 Merctriaf 520, 557

480

FABLE

459 Solen.

FIN DE LA TABLE.

Modiola. 275 Pholas. 451 Spondylus. 228 Murex. &b Pinna. 278 Strombus. ô Mya. 424 Placuna. 256 Teliina. 562 Mytilus: 261 Fleurotoma. * | 69 Terebra:

Nassa. 15 Plicatula. h3% Ferebratula. 7464 Nucula. 408 Pierocera. 89 T'eredo. 45% Orbicula. 46 Parpura. 138 Thalia. 167 Ostrea. 200 Pyrula. 164 Tridacna. 2987 Pandora. 419 Radolites. 185 Trigonia. 292 Paphia. : 546 Rostellaria. 03 Tubicinella. 473 Pecten. 245 Rupellaria. 4k%o Turbmella. - "y Pectunculus. ‘404 Rupicolu. ib, Ungulina. 87E Pedum. 250 Salpa. 166 Uno. 317 Peniciilus. 440 Sanguinolaria. 422 Venericardia. D | Perna. 305 Saxicava. ‘k4i Venus. VE Petricola. 414 Vulsella. 303

Page 49 ligne G une, lisez la.

1 3 .casdigères, lisez QUBACREs. ibid 9 heustrellum, 4isz

54 16 Leuiltes dilatées, lisez feuilles lubées

58 —- 11 tubcrcules ;

dilatées.

z haustelluun.

bod gauche, lisez Luber Lg cuies; varice: pastel lrès-cspa= -cées; bord saache ! -

«

119 —14 vergatus, lise verlagus. 154 1 subsituer, lisz substituer.

2240

226 59 tes huître fixent, lisez ces huitresal se. fixent. le 358 1 analogues, lisez M ue

13 détails de kurs mœurs, lisez détails ‘relatifs :ux mœurs des huîtres...

462 dernière. M de Lamaick sentit ,

lisez

MM. Cuviæ ct de Lamarck sentirent. * 464 dernière. dans l’état frai, disez dans l’état 1ais. D ar |

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