LA $ [A GW TR Là 87 Ve + nt HISTOIRE | "NATURELLE DES POISSONS, Par LE CEXY LACEPEDE. La TOME CINQUIEME. Ve % AT ile NS RICHMOND 27, COL L ECTIQON, À LA LIBRAIRIE STÉRÉOTYPE DE P. DIDOT x "AÎNÉ, GALERIES DU LOUVRE, N° 3, ET FIRMIN DIDOT , RUE D& THIONVILLE, xè 116. HISTOIRE NAT Ü RE EE 'E DES. < d ho LE GADE CALLARIAS :, LE GADE TACAUD?, La ET. LE GADE CAPELANS. # Lx callarias habite non seulement dans la partie de l’Océan qui baigne les côtes de l'Europe boréale , mais encore dans la * Smé 1orsk , en Suède ; græs torsk, en Da- nemarck ; dorsch, par les Allemands ; cod, cod fish, en Angleterre, : Æ 1 ta TE 6 HISTOIRE NATURELLE # Baltique. Il se tient fréquemment à à l'em= % bouchure des grands fleuves , dans le lit ‘4 desquels il remonte même quelquefois avec l’eau salée. Il est rare qu'il ait plus | de trois décimètres de longueur , et qu'il pèse plus d’un kilogramme. Il se nourrit de vers marins, de crabes , de petits mol- lusques , de Jeunes poissons : sa chair est tendre et d’un goût très-agréable ; quel- quefois elle est très-blanche ; d’autres fois elle est verte , et Ascagne rapporte qu'on attribue cette dernière nuance au séjour que le-callarias fait souvent près des ri- vages au-dessus de ces sortes de prairies marines formées par des algues qui se pressent sur un fond sablonneux. Nous avons vu les tortues franches devoir la couleur verte de leur chair à des plantes marines plus ou moins verdâtres ; mais ces tortues en font leur nourriture, et l’on n’a point observé que dans aucune circonstance le callarias préférât, pour 2 Pouting , pout, mn pout , en n Angleterre ; s Jico, à Rome. | 5 Mollo , à Venise; poor, power, dans le comté de Cornouailles. DES GADES. 5 st Éabment: des végétaux aux sb mens animales. "A nombre , la forme et la dis- tribution ainsi que la disposition de ses * dents, empêchent de le présumer.Sa mà- choire supérieure est, en effet, garnie de plusieurs rangs de dents aiguës : on n’en voit quelquelois qu'uu rang à la mi- choire de dessous , mais il y eu à au pa-. lais ; et de plus, l'ouverture de la bouche est très-grande. | Les écailles qui recouvrent le caila- rias , sont petites , minces ct molles : la ligne latérale est large , et voisine du dos ; elle est d’ailleurs tachetée , et voici la nuance des couleurs des autres parties de l'animal. La tète est grise avec des ta- ches brunes ; lirisjaunâtre ; 1a partie su- périeure de l'animal, grise et tachetée de brun comme la tête ; la partieinférieure est | blanche , et l’on remarque un ton plus ou " moins brunâtre sur toutes les nageoires * Mais ce qu'il faut observer , et ce qui a fait donner au gade dont nous parlons, le nom de variable , c'est qu'il est de ces * On a compté dans uu callarias, 53 verttbros ei IG côtes, ve 8 HISTOIRE NATURELLE teintes du callarias qui varient avec l’âge, ou avec les saisons. Les nageoires , et. même le dessous de l'animal, sont quel- quefois rougeâtres ; le ventre n’est pas toujours sans petites taches ; celles du corps et de la queue des callarias encore jeunes sont souvent dorées , au lieu d’être ! bruñes ; et pendant l’hiver on voit les ta- ches brunâtres de la tête acquérir , sur presque tous les individus de l'espèce que nous décrivons , une couleur d’un beau noir *. Le tacaud est remarquable par la hau- teur de son corps, qui égale à peu près le tiers de sa longueur totale ; les lèvres | renferment des portions cartilagineuses ; la mâchoire inférieure présente neuf ou * A la première nageoire dorsale du callaries.: . 44e US PEN ATOS R'seconde.. "Li ES PPT ns pu la troisième SDL MEANS ARTE, 18 chacune des pectorales a pere chacune des jugulaires....... 6 nu ay la première de Panus 02 420 fatrseeconde.s. ss... rs celle de la queue.....,...,...20 @y ay py \ dd * DES GADES- - 9 x points de chaque côté; les yeux sont grands et saillans, les ouvertures bran- chiales étendues, les écailles petites et for- tement attachées ; l'anus est voisin de la gorge , et la ligne latérale se fléchit vers le bas au-dessous de . seconde nageoire dorsale *. L'iris est argenté ou couleur de citron; le dos d’un verdâtre foncé; les côtés pe d’un blanc rougeâtre ; la nageoire de la queue est également d’un rouge pâle; toutes les autres sont olivâtres et bordées de noir ; une tache noire paroît souvent à la base des pectorales, et une teinte très - foncée fait aisément distinguer my ligne latérale. Le tacaud parvient à une longueur de * A la première nageoire dorsale du (= 7 PORN see... 13 raAyONSe C4 7 PU RE RRPTAERE do à la troisième. ......... Sous d TO à chacune des pectorales........ 18 à chacune des jugulaires. ..... sh 0 à la première de l’anus......... 25 à la seconde........ PURETAERER CE à celle de la queue........... AR \ . so HISTOIRE NATURELLE cinq ou six décimètres : il:s’approche d rivages au moins pendant la saison de la ponte ; il s’y tient dans le sable , ou au milieu de très-hauts fueus, à des profon- _deurs quelquefois très-considérables au- dessous de la surface de la mer..Il vit de crabes , de saumons , de blennies. Sa chair est blanche et bonne à manger, mais souvent un peu molle et sèche. On le trouve dans l'Océan de l’Europe sep- tentrionale. | Le capelan vit dans les mêmes mersque le tacaud et le callarias; mais il habite aussi dans la Méditerranée. Il en parcourt les eaux en troupes extrèémiement nom- breuses ; il en occupe pendant l'hiver les profondeurs , et vers le printemps il s’y rapproche des rivages, pour déposer ou féconder ses œufs au milieu des graviers, des galets, ou des fucus. IL est très-petit , et surpasse à peine deux décimètres en longueur. On voit au bout de sa mû- choire inférieure , comme à l'extrémité de celle du callarias et du tacaud , un assez long filament. La ligne latérale est droite ; le ventre très-carené , c’est-à-dire, DE S7 G A D'ES. 1 terminé longitudinalement en en-bas par une arête presque aiguë ; l'anus placé à peu près à une égale distance de la tête et de l’extrémité de la queue. Son dos cst d’un jaune brunâtre , et tout le reste de son corps d’une couleur d'argent plus ou moins parsemée de points noirâtres ; l’in- térieur de son abdomen est noir *. Il se nourrit de crabes, d'animaux à coquille, ct d’autres petits habitans de la mer. Les pêcheurs le recherchent peu pour la bonté de sa chair : mais il est la proie des grands poissons ; il est même fréquemment dé- voré par plusieurs espèces de gades ; et c’est parce qu’on a vu souvent des mo= rues , des æglefins et des callarias , suivre avec constance des bandes de capelans * {A la première nageoire dorsale du capelan...,........... 12 rayons. DR cn D «ce T0 À IA TONSIÈME . .. 24 2, 25%, 17 à chacune ‘des pectorales..... 14 à chacune des jugulaires...... 6 à la première nageoire de l’anus 27 nn np iili.:%.%%:1,9 74 a cellé de la queue, ...:...... 18, qui pouvoient FRS ture copieuse et f conducteurs des call des morues. DES GAMES 21H a « LE GADE COLIN*, LE GADE POLLACK?, E T dr dode B@ D DE - SEE CEA RO: trois poissons appalernent au second sous-genre des gades : ils ont trois nageoires PA En 2 et leurs mâchoires | sont dénuées de étbilions : plusieurs res- semblances frappantes rapprochent d’ail- 1 Colefish , dans plusieurs parties septentrionale LE P P P s de fees raw pollack , dans FH REEr ties méridionales de l'Angleterre. 4 2 A whiting pollack , en Angleterre; Zyr, dans plusieurs contrées du Nord ; Zyr blek, ler gs dans plusieurs parties de la Suède. Léo. ce 4, M, : 3 À l’âge d’un an, mort, sur plusieurs côtes " boréalés de l'Europe ; à l’âge de deux ans, palles à l’âge de trois ans, freærin; à l’âge de quatre. à Pr ans, sey Où graasey ; dans la vicillesse, fs. ‘4 2 IR 14 HISTOIRE NATURELLE. leurs ces trois espèces. Voyons ce qui les sépare ; et commencons par décrire le colin. d* | Il ne faut pas confondre cé poisson avec des individus de l'espèce de la morue que des pêcheurs partis de plusieurs ports oc- cidentaux de France ont souvent appelés colins, parce qu’ils les avoient pris dans une saison trop avancée pour qu'on pât les faire sécher. û Le vrai colin a ordinairement près d’un pou: de longueur; sa tête est étroite, 14 ouverture de sa bouche petite , son Wu: seau pointu ; ses écailles sont ovales , et Us ses nageoires jugulaires très-peu éten- dues *. * À la première ; ve dorsale du Le DA NCOTt Pi... sefesces sis IP TATONS he. D socondé"., Et. UN * à la troisième. DA D sessessee 20 Méhacune desypoctarales,:. #2 à chacune des jugulaires.... in. 6: à la première.de l’anus, . "25 à la seconde... … du de 6 ne NES à celle dé la queue... +220 DES GADES. 15 On l’a nommé poisson charbon où char- donnier , à cause de ses couleurs. En effet, la teinte olivâtre qu’il présente dans sa jeunesse , se change en noir lorsqu'il est adulte ; les nageoires sont entièrement noires, excepté celle de la queue, qui n’est que brune, et les deux premières dorsales , ainsi que les pectorales, dont la base est un peu olivâtre ; une tache noire très-marquée est placée au-dessous de chaque nageoïre pectorale ; la bouche est même noire dans son intérieur ; et ces nuances ,:si voisines de celles du char- bon , paroissent d'autant plus foncées, que la ligne latérale est blanche, que les opercules brillent de l'éclat de l’ar- gent, et que la langue a aussi la blan- cheur de ce métal. On trouve le colin non seulement dans l'Océan d'Europe , mais encore dans la mer Pacifique. Dès le mois de pluviose et de ventose , il s'approche des côtes d’An- gleterre pour y déposer ou féconder des œufs qui ont la couleur et la petitesse des grains de millet, et desquels sortent, au bout de quelques mois, de petits pois- p ANNEE LAG:T TRES 16 HISTOIRE NATURELLE sons que l’on dit assez bons dans leur Jeunesse. Re On le pêche non M resit : avec des haims , mais encoreavecdifférentés sortes de filets, tels que des verveux! , des gui- -deaux*®, des demi-folles 5, des péranité etc. 1 Le verveux , ou vermier, est un filet en forme de manche, et à l’entrée duquel on ajoute un second filet intérieur, nommé poulet, terminé en pointe, ouvert dans son extrémité de manière à laisser pé- nétrer le poisson dans le premier filet, mais propre d'ailleurs à empêcher d’en sortir. 2 Le guideau est aussi un filet en forme de manche :1l va en diminuant depuis son embouchure jusqu’à son extrémité. On peut le tendre sur un châssis qui en maintient l’embouchure ouverte, Le lus souvent cependant on se contente d’enfoncer dans le sable, à la basse mer , des piquets sur les= quels on attache deux traverses, l’une en haut et l'autre en bas; ce qui produit, à peu près , le même effet qu'un châssis, Pour que le poisson soit en- iraîné dans la manche, on oppose au courant l’em- bouchure du guideau; mais la force de l’eau, qui en parcourt toute la longueur, comprime tellement les poissons qui s’y renferment, que les gros y sont tués , et les petits réduits en une espèce de bouillie, Les piquets sur lesquels on tend le guideau, portent “à Lorsque la morue est abondante près des côtes du Nord, on y recherche très- peu les colins ; mais lorsqu'on y pêche un petit nombre de morues, on y sale les colins , qu'il est assez difficile de dis- tinguer de ces dernières après cette pré- paratiou. Le poillack a, comme le colin, la na- geoire de la queue fourchue, et la mâ- choire. inférieure plus avancée que la supérieure ; mais la ligne latérale est droite dans le colin , et courbe dans le pollack. Ce dernier poisson habite, le nom d’éfaliers. Quelquefois ils sont longs de près de trois mètres; d’autres fois ils ne s'élèvent que de dix ou douze décimètres , et alors le guideau esL beaucoup plus petit. De là sont venues les ex- pressions de guideau à hauts étaliers , et de gui- deau à bas étaliers. ; 3 Nous avons placé une courte description dela demi-folle, dans l’article de /a raie bouclee. 4 Le /rémail est un filet composé de trois nappes, dont deux, qui sont de fil fort et à grandes mailles, se nomment ?amaux , et dont la troisième, qui flotte entre les deux autres, est d’un fil fin, à pe- tites mailles, et appelle toile , ou flue. 2 # » 44 18 HISTOIRE U RELLE comme le colin , dans les mers septen- irionales de l'Extoé : Fr se plaît dans les parages où la tempête soulève violem- ment les flots. Il voyage par troupes ex- tréemement nombreuses, cherche moins les asyles profonds, paroît plus fréquem- ment à la surface de l'Océan que la plu- part des autres gades, et sait cependant aller chercher dans le sable des rivages. l’ammodyteappât, dont il aime à se nour- rir. Sa longueur ordinaire est de cinq décimètres *. Sa couleur, qui estd’unbrun noirâtre sur le dos, s’éclaircitsur les côtés, y devient argentée, et se change, sur la partie inférieure de l’animal , en blanc pointillé de brun; l'iris, d’ailleurs, est * A la membrane des branchies AA DOLAERe 42e » Due 44 0 0 NUE rejets la première nageoire dorsale. 13 lrebdende ia HE US OISE Res 2. SET a chacune des pectorales..... 19 chacune des jugulaires. ..... 6 la .prenibréide l'anus... 28 L, seconde ses ur ane celle de la queue, ......... 42 mA &/ p à D a” te x) L PR CAL CR DES &aD sr à 19 jaune , avec des points noirs ; chaque écaille est petite, mince , ovale , et lisé- rée de jaune ; les nageoires pectorales sont jaunâtres, les jugulaires couleur d'or, et celles de l’anus olivâtres et pointillées de noir. | On. prend, toute l’année, des pollacks sur plusieurs des rivages occidentaux de France ; on y en trouve souvent de pris dans les divers filets préparés pour la pêche d’autres espèces de poissons : mais, de plus , 11 y a sur ces côtes des endroits où , vers le printemps, il est très - recher- ché. On s’est servi pendant long-temps pour le prendre, de petits bateaux por- - tant une ou deux voiles quarrées, etmon- tés de six ou huit hommes. On jetoit à la mer des lignes dont chacune étoit garnie d’un haim amorcé avec une sardine, ou avec un morceau de peau d’anguilie. Comme le bateau qui étoit sous voile, voguoit rapidement, et que les pêcheurs secouoient continuellement leurs haums, les pollacks , qui sont voraces , prenoient V'appât pour un petit poisson qui fuyoit, se Jetoient sur cette fausse proie, et res- toient accrochés à Phamecon, d à 1 ) 5 temps avec ce dernier ie: mais il en dif- fère par plusieurs caractères, et principale- ment par les dimensions de ses mâchoires, qui sont toutes les deux également avan- cées, trait de conformation qui le sépare aussi de l’espèce du colin ; sa ligne laté- rale est droite, et la couleur de sa partie supérieure est Mrerdäthe” Les seys sont tr D sspettnl Met toute l’année sur les côtes de Norvége. Ils y sont l'objet d’un commerce assez éten- du ; et voilà pourquoi ils y ont été obser- vés assez fréquemment et avec assez de soin pour qu'on leur ait donné , selon leur âge, les cinq noms différens que. * A la première nageoïire du dos du SEP ur censées est RIT ON AH SELON. Le 4 PERENUER la tcmsitins. : SU, LOT Ut AL An à chacune des pectorales.,...... 17 à chacune des jugulaires........ 6 à, la prétmiene de l'anus...) 4h Lg à la seconde. Re) à celle de la queue, qui est four- FA à 2 Me VA a MA a AA 40 D FL DES GADES. 2% nous avons rapportés dans la troisième note de cet'article, et pour que l’on ait su que communément ilsavoient centtrente- cinq millimètres au bout d’un au , quatre cent trente-trois millimètres à la fin de la troisième année, et six cent quarante- neuf millimètres après la quatrième. Pendant l'été, ils y recherchent beau- coup une variété de hareng nommée bris- ling ; et on les y a souvent pêchés avec un filet fait en forme de nappe quarrée, interrompu dans son milieu par une sorte de‘ sac ou d’enfoncement , et attaché par les coins à quatre cordes qui abou- tissent à autant de bateaux. Ce filet n’est point garni! de fottes, ni de Zest : le poids du fil dont il est formé, et des cordes qui le bordent, suffit pour le maintenir. Quand les pêcheurs croient avoir pris une quantité suffisante de seys, ils se rap- prochent du filet, et en retirent, avec un manet *, les poissons qui sont au fond du sac placé au milieu de la nappe. * Voyez, pour la description du manet, l’as- - wcle de La trachine ‘rive, Lu ER St 22 HISTOIRE NATURELLE : Hide : à LE GADE MERLAN*. Dow] # De Ds toutes les espèces de gades, le mer- lan est celle dont le nom et la forme exté- rieure sont le mieux connus dans une grande partie de l’Europe, et particu- lièrement dans la plupart des départe- mens septentrionaux de France. La mo- rue même n’y est pas un objet aussi fami- : lier, à tous égards, que le poisson dont il est question dans cet article ; on l'y nomme souvent, on la sert sur toutes les tables , et cependant sa véritable figure y est ignorée dans les endroits éloignés des rivages de la mer , parce qu’elle n’y parvient presque Jamais que préparée, sa- lée , ou séchée, altérée, déformée, et sou- veut tronquée. Le merlan, aucontraire, est transporté entier dans ces mêmes * Huwitlins , en Suède et en Danemarck ; sh è Ta à 1 Pré x ing, en Anpolelerre., J DES GADES. N endroits ; et la srande consommation qu’on en a faite, l’a mis si souvent sous les yeux, et l'a fait examiner si fréquem- ment, qu il a frappé l'imagination des personnes même les moins instruites, et que ses attributs, principalement sa cou- leur, sont devenus des sujets de pro- verbes vulgaires. Les nuances qu’il pré- sente sont en efet très-brillantes : presque tout son corps respleudit de la blancheur de l'argent; et l'éclat de cette couleur est relevé, au lieu d’être affoibli, par l’oli- vâtre qui règne quelquefois sur le dos , par la teinte noirâtre qui distingue les nageoires pectorales , ainsi que celle de la queue, et par une tache noire que l’on voit sur quelques individus ; à l’origine de ces mêmes pectorales. Tout le monde sait d’ailleurs que le corps du merlan est alongé , et revêtu d’é- cailles petites, minces et arrondies; que ses nageoires dorsales sont au nombre de trois ; qu’il n’a pas de barbillons ; que sa mâchoire supérieure est plus avancée que l'inférieure. Il nous sufhira d'ajouter, re- lativement à ses formes extérieures, que 54 HISTOIRE NA | cette mêmemâchoire d’en- saut est armée de plusieurs rangs de dents, dont les an- térieures sont les lus longues; qu’on n’en voit qu’une rangée à la mâchoire. d'en- bas , qui d’ailleurs montre de chaque côté neuf ou dix points ou très-petits enfontemens ; que l’on appercoit sur le palais deux os triangulaires, et auprès du gosier quatre os arrondis ou alongés, lesquels sont tous les six hérissés de petites - dents ou aspérités ; et enfin que la en “latér ale est presque droite“. _. Sinous Jetons maintenant un coup d'œil 4 sur l’intérieur du merlan, nous verrons que ce poisson a cinquante-quatre ver- tèbres. Nous en avons compté cent seize dans l’anguille ; mais aussi, quelqu’a- * À la membrane des branchies.. "7 rayons, à-la première dorsale: ..., 4.108 à la seconde. 6... 2... 4400 ie à' la tioisième, SR ONE ES chacune des pectorales....... 20 & &° chacune des juoulaires......,. "6 ee la première de l'anus. ........ 30 la seconde 215 00e ere 0 te ES 20 g:+ FL celle de là rqueuer: else s RE + Li di ps D [up GES longé que soit serlan, il pr ésente “. forme bien éloignée de pare que montre le corps très-délié des murènes. Le cœur a la figure d’un hs ! _ avec des angles très-obtus. L’oreillette est grande, ainsi que l'aorte. L’estomac est alongé, assez large, un peu recourbé vers le pylore , autour du- . quel un très-grand nombre d’appendices intestinaux, ou de petits cœcums, forment une sorte É couronne. Le Dénal intesti- nal proprement dit est presque de la lon- gueur de l’animal ; il se réfléchit vers le. diaphragme, va de HI EN Ga vers la queue, se recourbe du côté de l’œsophage, et tend ensuite directement vers l’anus, où al parvient très-élargi. Le foie, dont la couleur est blanchâtre, se. divise en deux lobes principaux : le droit est court et étroit ; le second très- long et répandu dans une très-grande partie de l’abdomen. - La vésicule du fiel communique par un canal avec le foie, et par un canal plus grand , avec le tube intestinal auprès des appendices. er 9 26 HISTOIRE NATUI ji Da viscère RL É. la rate est situé au- dessous de Pestol - mac. | + Les reins, d’une couleur sanguino- lente, et étendus le long de l’épine du dos , se déchargent dans une vessie uri- naire double , voisine de l'anus, et que l'on a rs trouvée remplie d” une eau claire. | La vessie natatoire est CS , lon- gue, simple, attachée à l’épine du dos. Le caual pneumatique, par lequel elle communique à l'extérieur, part de la partie la plus antérieure de cette vessie, et aboutit à l’œsophage. Enfin on voit dans les femelles deux ovaires très-longs, et remplis, lors de la saison conveuable, d’un très-grand nom- bre de petits œufs ordinairement jau- nâtres. Le merlan habite dans l'Océan qui baigne les côtes européennes. Ilse nourrit de vers, de mollusques, de crabes, de jeunes pois- sons. Il s'approche souvent des rivages, ct voilà pourquoi on le prend pendant presque toute l’année : mais il abandonne DES GADES. 27 particulièrement la haute mer, non seu- lement lorsqu'il va se débarr nr du poids de ses œufs ou les féconder, mais encore lorsqu'il est attiré vers la ten par une nourriture plus agréable et plus abon- dante , et lorsqu'il y cherche un asyle contre les gros animaux marins qui en font ieur proie; et comme ces diverses circonstances dépendent des saisons, il n’est pas surprenant que, suivant les pays , le temps de le pêcher avec succès soit plus ou moins avancé. On a préféré pour cet objet, sur certaines côtes de France, les mois de nivose et de pluviose; et sur plusieurs de celles d'Angleterre ou de Hollande, on a choisi les mois de été. On le trouve très-gras lorsque les ha- rengs ont déposé leurs œufs, et qu’il a pu en dévorer une grande quantité *. Mais , excepté dans le temps où il fraie lui-même , sa chair écailleuse est agréable au goût : elle n’a pas de qualité malfai- sante; et comme elle est molle, tendre * Lettre du citoyen Noël , de Rouen, au citoyen Lacepède, du 21 brumaire an 7. "2 A De A A ÿ p PAT UN ER NP T0 h L à ù k i D, i ; À à. > EM fe à HISTOIRE NATURELLE ki, “ e£ légère , on la digère avec D ‘ef “elle test un des alimens que l’on peut don- ner ‘avec le moins d’inconvénient à ceux qui éprouvent un grand besoin dé -ger, sans avoir cependant des sucs di- gestifs très-puissans. Dans quelques endroits de l'Angleterre et des environs d’Ostende, de Bruges et de Gand, on a fait sécher et saler des merlans après les avoir vidés; et on les a rendus, par cette Muse. au moins Si tont le témoignage de plusieurs obser- vateurs, un mets très-délicat. On a écrit qu'il y avoit des merlaus her- inaphrodites. On en a vu, en effet, dont l’intérieur préséntoit en même temps un oyaire rempli d'œufs, et un corps assez semblable , au premier coup d'œil, à la laite des poissons mâles : mais cet aspect n’est qu’une fausse apparence ; l’on s’est assuré que cette prétendue laite n’étoit que le foie, qui est très-gros dans tous les merlans , ét particulièrement dans ceux qui sont +R -Sras. On prend quelquefois des merlans avec des filets, et notamment avec celui que 4 | DE SGA DES: 0!) 4. l'on a nommé drége, et dont nous avons fait connoître la forme dans l’article de da sf M. vive. Le plus souvent néanmoins on pêche le g sade dont nous parlons, avec uve vingtaine de lignes, dont chacune, garnie de deux cents hamecons, estlongue * de plus de cent mètres, et qu'on laisse au fond de l’eau environ pendant trois heures. 4, Au reste, non ‘seulement la qualité de” la chair ak merlan varie Suivant les sai- sons et les parages qu'il fréquente, mais encore ses caractères extérieurs sont assez différens , selon les eaux qu'il habite, pour qu'on ait compté dans cette espèce plusieurs variétés remarquables et cons- o tantes. Nous pouvons en donner un exemi- à ple, en rapportant une observation très- “intéressante qui nous a été transinise au suyet des merlans que l’on trouve sur les côtes du département de la Seine-Infé. rieure , par un naturaliste habile et très- zélé , le citoyen Noël , de Rouen, que J'ai déja eu occasion de citer dans cet ouvrage. | Cet Mn logiste m'a écrit qu'on er 2 dE FACE TT AE Ù : ” AE US AL } « Lt bccvoit une assez grande différence entre les merlans que l'on prend sur | fonds voisins d'Yport et des Dalies , V2 de Fécamp, et ceux que l’on pêche de- 0) ju la pointe de l’Aïlly jusqu’au Tréport et au-delà. Les merlans d’Yport et des Dalles sont plus courts ; leur ventre est plus large, leur tête plus grosse, leur museau moins aigu ; la ligne que décrit ieur dos , légèrement courbéc en dedans, au lieu d’être droite ; la couleur des par- ties voisines du museau et de la nageoire de la queue, plus brunâtre ; la chair plus ferme, plus agréable et plus recherchée *. Le citoyen Noël pense, avec raison, qu'on doit attribuer cette diversité dans les qualités de la chair , ainsi que dans les nuances et les formes extérieures, à la, nature des fonds au-dessus desquels les merlans habitent , et par conséquent à celle des alimens qu'ils trouvent à leur portée. Auprès d’Yport et de Fécamp, Ics fonds sont presque tous de roche, tandis que ceux des eaux de l'Ailly, de * Lettre du citoyen Noël au citoyen Lacepèd du 21 brumaire an 7. ue “ : 00 MIDI S GA DES 0" 2000 Dieppe et du Tréport , sont presque tous “ a : d _ de vase ou de gravier. En général, le ci toyen Noël pense que le merlan es plus he “1 petit et plus délicat sur les bas-fonds très. voisins des rivages, que sur lesbancsque l'on trouve à de grandes distances des côtes. HISTOIRE NATUREL L LE GADE MOLVE*, E T di inst à LE GADE DANOWS 1# D: tous les gades, la molve est celui qui parvient à la longueur la plus considé- rable, sur-tout relativement à ses autres dimensions, et particulièrement à sa lar- seur : elle surpasse souvent celle de vingt- quatre décimètres ; et voilà pourquoi elle a éte nommée dans un graud nombre de contrées et par plusieurs auteurs, le sade long. Elle habite à peu près dans lé mêmes mers que la morue. Elle se trouve abon- damment, comme ce gade, autour de la Grande - Bros auprès des côtes de l'Irlande , entre “é Hébrides , vers le comté d’York. On la pèche de la même * Langa, en Suède; Jenge, en Allemagne ; ling , en Angleterre. +, 0 : OR 7 MMIDIE:S GA D'ES. 33 manière , on lui donne les mèmes pré- parations ; et comme cette espèce pré= sente un grand volume , et d'ailleurs est douée d’une grande fécondité , elle est, après la morue et le hareng , un des pois- sons les plus précieux pour le commerce et les plus utiles à l'industrie. Dans Îles mers qui baignent la Grande- Bretagne , elle jouit principalement de toutes ses qualités, depuis le milieu de pluviose jusque vers la fin de floréal, c'est-à-dire , dans la saison qui précède son frai, lequel a lieu dans ces mêmes mers aux approches du solstice. Elle aime à déposer ses œufs le long des marais que l’on y voit à l'embouchure des rivières. Elle se uourrit de crabes , de jeunes ou petits poissons , notamment de pleuro- nectes plies. | | Sa chair contient une huile douce , fa- cile à obtenir par le moyen d’un feu mo- déré , et plus abondante que celle que peuvent donner la morue ou les autres gades. Sa couleur est brune par-dessus, blan- châtre par-dessous , verdâtre sur les côtés. 3% HISTOIRE NATURELL La nageoire de l’anus est d’un gris de cen- dre ; les autres sont noires et bordées de blanc: on voit de plus une tache noire au sommet de chacune des dorsales *.. Les écailles sont alongées, petites, for- tement attachées; la tête est grande, le museau un peu arrondi, la langue étroite et pointue. Le gade danois n’est pas dénué de bar- billons , non plus que la molve : comme la molve , il n’a que deux nageoires sur le dos , et appartient par ce double carac- tère au troisième sous-genre des gades. Sa mâchoire inférieure est plus avancée que la supérieure, ce qui le sépare de la molve ; et sa nageoiïre de l'anus renferme jusqu’à soixante-dix rayons, ce qui le dis- * À ]a membrane des branchies de ha move cui nes er dt aie ucietacel noie t A TONER à Ja première nageoïre dorsale. . 19 hi AU bone hs es eux EE à chacune des pectorales....... 19 à chacune des jugulaires........ 6 Seelle de d'anué.s 4 40... DES à celle de la queue, qui est ar- Fonte nee MAR ce De IR DES ee 35 tingue de toutes les espèces comprises dans le sous-genre où nous l'avons ins- crit, et même de tous les gades connus jusqu’à présent. On en doit la première description au savant Müller , auteur du Prodrome de la Zoologie dérdie, L'E)'G A'D'E "L'OMPE* £a lote mérite une attention particu- lière des naturalistes. Elle présente tous les caractères génériques qui appartien- nent aux gades ; elle doit être inscrite dans le mème genre que ces poissons ; elle y a toujours été comprise : elle fait véritablement partie de leur famille ; et cependant , par un de ces exemples qui prouvent combien les êtres animés sont liés par d'innombrables chaînes de rap- ports , elle s’écarte des gades par des dif- férences très-frappantes dans les formes, dans les facuités , dans les habitudes, * Motelle , barbotte, dans quelques départemens de France; barbot, burbot , eel pout, en Angle- terre; putael, dans la Belgique, ou France sep- tentrionale ; a/raupe , olrüppe , trüsch, treischen, rulien, en Allemagne; aalquabbe, franske gied- der, en Danemarck ; lake, en Suède et en Nor- vioc ; nalim, eu Russie, L _ æ DES GADES. 37 dans les goûts, et ne s'éloigne ainsi de ses congénères que pour se rapprocher non seulement des blennies, qui par leur nature touchent aux gades de irès-près , mais encore de plusieurs apodes osseux, particulièrement des murènes , et notam- ment des anguilles. Comme ces derniers apodes, la lote a le corps très-alongé et serpentiforme. On voit sur son dos deux nageoires dorsales, mais très-basses et très-longues , ainsi que celle de l'anus; elles ressemblent à celles qui garnissent le dos ct la queue des mu- rènes. Les écailles qui la recouvrent sont plus facilement visibles que celles de ces mêmes murènes : mais elles sont très-. minces , molles , très-petites, quelquefois séparées les unes des autres ; et la peau à laquelle elles sont attachées , est enduite d’une humeur visqueuse très-abondante, comme celle de languille : aussi échappe- t-elle facilement , de même que ce der- nier poisson , à la main de ceux qui la serrent avec trop de force et veulent la retenir avec trop peu d'adresse ; elle glisse entre leurs doigts, parce qu’elle est Poissons, V, 4 38 HISTOIRE NATURELLE perpétuellement arrosée d’une liqueur gluante ; et elle se dérobe encore à ses ennemis , parce que son COrPps , très- alongé et très-mobile, se contourne avec promptitude en différens sens, et imite si parfaitement toutes les positions et tous les mouvemens d’un reptile , qu’elle a recu plusieurs noms donnés depuis long-temps aux animaux qui rampent. La lote est, de plus, d'une couleur assez semblable à celle de plusieurs mu- rènes , ou de quelques murénophis. Elle est variée , dans sa partie supérieure *, de jaune et de brun; et le blanc règne re sa partie inférieure. Au lieu d’habiter dans les biérokatié de l'Océan ou près des rivages de eds mer ;, # Je ligne latérale est droite. On compte à sa première nageoire dorsale... 4, 2041. . E4 tErom à la seconde. ........ 68 à chacune des pectorales 20 à chacune des jugulaires 6 à celle de l'anus... ..: 67 à celle de la queue, qui est arrondie. ...::36 «11 DOS IDES/GADES 39 eomme la plupart des osseux apodes ou ju- gulaires, et particulièrement comme tous - les autres gades connus jusqu’à présent , elle passe sa vie dans les lacs, dans les rivières , au milieu de l’eau douce, à de : très-grandes distances de l'Océan; et ce nouveau rapport avec l’anguille n’est pas peu remarquable. On la trouve dans un tres-grand nom- bre de contrées, non seulement en Eu- rope et dans les pays les plus septentrio- naux de cette partie du monde, mais en- core dans l'Asie boréale et dans les Indes. Elle préfère , le plus souvent, les eaux les plus claires ; et afin qu’indépendam- ment de sa légéreté , les animaux dont elle fait sa proie puissent plus difficile- ment se soustraire à sa poursuite, elle s’y cache dans des creux ou sous des pierres ; elle cherche à attirer ses petites victimes par l’agitation du barbillon ou des bar- billons qui garnissent le bout de sa mà- choire iaférieure, et qui ressemblent à de petits vers : elle y demeure patiemment eu embuscade, ouvrant presque toujours sa bouche, qui est assez grande, et dont TUACATE A M ide Ptit on nl o HISTOIRE NATURELLE les mâchoires , hérissées de sept rangées de dents aiguës, peuvent aisément re- tenir les insectes aquatiques et les) Jeunes poissons dont. elle se nourrit *. | On a écrit que, dans dielqrres élan: tances , la lote étoit sipère | c’est-à-dire, que les œufs de cette espèce de gade éclo- soient quelquefois dans le ventre même de la mère , et par conséquent avant d'avoir été pondus. Cette manière de ve- nir à la lumière n’a été observée dans les poissons osseux que lorsque ces animaux ont réuni un corps alongé , délié et ser- pentiforme , à une grande abondance d'humeur visqueuse , comme la lote. Au reste , elle supposeroit dans ce gade un véritable accouplement du mâle et de la femelle , et lui donneroit une nouvelle conformité avec l'anguiHe, les blennies et les sil ; La lote croît beaucoup plus vite que plusieurs ‘autres osseux ; elle parvient jusqu'à la longueur d’un mètre, et le ci- toyen Valmont - Bomare en a vu une * Il y a auprès du dis 39 ou 40 appendices intestinaux, sad rire aa dé Us, SSSR SO dd DE $ :G: A:D ES: TE qu'on avoit apportée du Danube à Chan- ülly, et qui étoit longue de plus de douze décimètres. ets ù Sa chair est blanche , agréable au goût, facile à cuire ; son foie, qui est très-volu- Mineux, est regardé comme un mets Gé- licat. Sa vessie natatoire est très-grande , souvent égale en longueur au tiers de la longueur totale de l'animal , un peu ré- trécie dans son milieu , terminée par deux prolongations dans sa partie antérieure, formée d’une membrane qui n’est qu’une continuation du péritoine, attachée par conséquent à l’épine du dos , de manière à ne pouvoir pas en être séparée entière, et employée dans quelques pays à faire de la colle, comme la vessie à gaz de l’aci- “pensère huso. ME | Ses œufs sont presque toujours, comme ceux du brochet et du barbeaü , difficiles à digérer, plus ou moins malfaisans ; et, par un dernier rapport avec l’anguille et la plupart des autres poissons serpenti- formes , elle ne perd que difficilement la vie, “42 LE GADE MUSTELLE*, f E,,T LE GADE CIMBRE. AN L, mustellea beaucoup de ressemblance avec la lote, par l’alongement de son corps , la petitesse de ses éxaiilel etl'hu- meur visqueuse dont elle est imprégnée : mais elle n’habite pas, comme ce pois- son , au milieu de l’eau douce; elle vit dans l'Océan atlantique et dans la Médi- terranée. Elle y parvient jusqu'à la lon- gueur de six décimètres. Elle s’y nourrit de cancres et d'animaux à coquille ; et pendant qu’elle est jeune, petite et foible, x Car pesce moro, donzellina, sorge mart- : A , J \ * na, sur plusieurs côtes d'Italie ; gouderopsaro, sur plusieurs rivages de la Grèce; whistle fish, en An- gleterre ; krullquappen, auprès de Hambourg, et dans quelques autres contrées septentrionales. Mile F Li # + A PE F4 EL. dé dj ' it 4 à 4 \# L: v doi de à { L —_ 4 DES GADES. :43 elle devient souvent la proie de grands poissons , particulièrement de quelques : gades et de plusieurs scombres. Le temps de la ponte et de la fécondation des œufs de ceite espèce est quelquefois retardé Jusque dans l’automne, ou se renouvelle dans cette saison. La mustelle est blanche par-dessous , d’un brun jaunâtre par-des- sus , avec des taches noires et d’un argen- ‘té violet sur la tête. Les nageoires pecto- rales et jugulaires sont rougeâtres ; les autres sont brunes avec des taches alon- gées , excepté la nageoiïre de la queue, _ dont les taches sont rondes. L’on trouve cependant plusieurs individus sur les- quels la nuance et la figure de ces diverses taches est constamment différente, et inème d’autres individus qui n’en pré- sentent aucune. Il est aussi des mustelles qui out quatre barbillons à la mâchoire supérieure, d’autres qui n’y en montrent que deux, d’autres encore qui n’y en ont aucun; ct ces diversités dans la forme, plus ou moins transmissibles par la géné- ration, ayant été comparées, par plu- sicurs naturalistes, avec les variétés de * *- 44 HISTOIRE NATURELLE couleurs que l’ou peut remarquer dans l'espèce que nous examinons , ils ontcru devoir diviser les mustelles en trois es- pèces : la première, distinguée par quatre barbillons placés à une distance plus ou moins petite des narines; la seconde, par deux barbillons situés à peu près de même; et la troisième, par l’absence de tout bar- billon à la mâchoire supérieure. Mais après avoir cherché à peser les témoi- gnages, et à comparer les raisons de cette multiplication d'espèces , nous avons pré- féré l'opinion du savant professeur Gme- lin ;: et nous ne considérons l'absence ou le noinbre des barbillons de la mâ- choire d’en-haut , ainsi que les dissem- blauces dans les En que comme des signes de variétés plus ou moins perma- nentes dans l'espèce de la mustelle. _ Au reste, ce gade a toujours un bar- billon attaché vers l'extrémité de la mâ- choire inférieure , Soit que la mâchoire supérieure,en soit dénuée, ou en montre deux, ou en présente quatre. De plus, la langue est étroite et assez libre dans ses mouvemens, La Ligne latérale se courbe PER : — 3 L DS G'AÏDE S: 45. vers les nageoires pectorales, -et s'étend ensuite directement jusqu’à la queue. Mais ce qu'il ne faut pas passer sous si- lence , c’est que la première nageoire dor- sale est composée de rayons si petits et si courts, qu'il est très-difficile de Les comp- ter exactement, et qu'ils disparoissent presque en entier dans une sorte de sillon ou de rainure longitudinale. Un seul de ces rayons, le premier ou le second, est très-alongé, s'élève par conséquent beau- coup au-dessus des autres ; et c’est cette longueur, ainsi que l’excessive briéveté des autres, qui ont fait dire à plusieurs naturalistes que la première dorsale de la mustelle ne comprenoit qu'un rayon*. * D rayons à la membrane branchiale de la wustelle. 3 rayon très-alongé et plusieurs rayons très= courts à Ja première nageoire dorsale, 56 rayons à la seconde. 18 à chacune des pectorales, Ets à chacune des jugulaires. 46 à celle de Janus. 29 à celle de la queue. RL A ENT 46 HISTOIRE NATURELLE F 1 La première nageoire du dos est con- formée de la même manière dans le gade cimbre , qui ressemble beaucoup à la. mustelle : néanmoins on trouve dans cette même partie un des caractères dis- tinctifs de l’espèce du cimbre. En effet, 1e rayon qui seul est très-alongé, se ter- mine dans cé gade par deux filamens placés l’un à droite et l’autre à gauche, et disposés horizontalement comme les. branches de la lettre T *. De plus, on‘compte sur les mâchoires de la mustelle cinq, ou trois, ou un seul barbillon. Il y en a quatre sur celles du cimbre : deux de ces derniers filamens partent des environs des narines ; le troi- sième pend de la lèvre supérieure; et le quatrième, de la lèvre inférieure. * 1 rayon très-alongé et plusieurs rayons très- courts à la première nageoire dorsale du gade cmbre, | 48 rayons à la seconde. 16 à chacune des pectorales. 7 à chacune des Jugulaires. 42 à celle de l’anus. 29 à celle de la queue. LA DES GADES. # Le cimbre habite dans l’Océan atlan- tique, et particulièrement dans une par- tie de la mer qui baigue les rivages de la Suède. Il a été découvert et très-bien dé- erit par M. de Strussenfeld. be dis x #3 HISTOIRE NATURELLE du LE GADE MERLUS*. Cr poisson vit dans la Méditerranée, ainsi que dans l'Océan septentrional ; et voilà pourquoi il a pu être connu d'Aristote, de Pline , et des autres naturalistes de la Grèce ou de Rome, qui, en effet, ont traité de ce gade dans leurs ouvrages. IL y parvient jusqu'à la grandeur de huit ou dix décimètres. Il est très-vorace : il poursuit, par exemple, avec acharne- ment , les scombres et les clupées ; cepen- dant , comme il trouve assez facilement de quoi. se nourrir, il n’est pas, au moins fréquemment, obligé de se Jeter sur des animaux de sa famille. Il ne redoute pas l'approche de son semblable. Il va par troupes très-nombreuses; et par consé= quent il est l’objet d’une pêche très-abon- dante et peu pénible. Sa chair est blanche * Merluzo, asello, asino, nasello, en Italie; hake, en Angleterre, s.. he D, » L d L Y DES GADES. 45 et lamelleuse ; et dans les endroits où l'on prend une grande quantité d’indivi- : dus de cette espèce, on les sale ou on les sèche, comme on prépare les morues, les seys et d’autres gades, pour pouvoir les envoyer au loin. Les merlus sont ainsi recherchés dans un grand nombre de pa- rages : mais dans d’autres portions de la - mer où ils ne peuvent pas se procurer les mémesalimens ,il arrive queleurs muscles deviennent gluans et de mauvais goût ; ce fait étoit connu dès le temps de Ga- lien. Au reste, le foie du merlus est pres- que ‘toujours un morceau très-délicat. Ce poisson est alongé , revêtu de petites écailles, blanc par - Ta , d'un gris plus ou moins blanchâtre par-dessus; et c’est à cause de ces couleurs , comparées souvent à celles de l'âne, qu'il a été nom- mé énon par Aristote, Oppien , Athénée, Elien , Pline, et d’autres auteurs anciens et modernes. Le mot d’ézoz est même devenu, pour plusieurs naturalistes , un mot générique qu’ils ont appliqué à Blue sieurs espèces de gades. La tête du merlus est comprimée et 6: 1 5o ‘HISTOIRE NATURELLE déprimée ; l’ouverture de sa bouche; grande ; sa ligne latérale plus voisine du dos que du bas-ventre , et garnie, auprès de la tête, de petites yerrues, dont le ! nombre varie depuis cinq jusqu’à neuf : ou dix : des dents inégales, aiguës, et dont plusieurs sont crochues , garnissent les mâchoires, le palais et le gosier* J'ai trouvé dans les papiers de Com- : merson une courte description d’un gade à deux nageoires, sans barbillons , et dont tous les autres caractères convien- nent au merlus. Commerson l’a vu dans les mers australes; ce qui confirme mes conjectures sur la possibilité d’ établir dans plusieurs parages de l'hémisphère méridional, des pêches abondantes de morues et d’autres gades. Le merlus est si abondant dans la baie * À la membrane des branchies.. "7 rayons à la première nageolre du dos.. to à la seconde . +. e e 54e 0e ee + ee « 39 a chacune des pectorales. A La &- chacune des jugulaires....,... 7 D celle de Pauns. URL ES à celle’ dela queues siits, ET, _iobiliiéiin DES G ADES. SE de Galloway , sur la côte occidentale de l'Irlande , que cette baie est nommée, dans quelques anciennes cartes, la baie des Lakes, nom donné par les Anglois aux merlus. \ 52 HISTOIRE NATURELLE: LE GADE BROSME. Novs avons maintenant sous les yeux le cinquième sous-genre des gades. Les. caractères qui le distinguent , sont un ou. plusieurs barbillons , avec une seule na- geoire dorsale. On ne peut encore rap- porter qu'une espèce à ce sous-genre ; et cette espèce est le brosme. + Ce gade préfère les mers qui arrosent le Groenland, ou l’Europe septentrionale. Il a la nageoire de la queue en forme de fer de lance, et quelquefois une longueur de près d’un mètre. La couleur de son dos est d’un brun foncé; ses nageoires et sa partie inférieure sont d’une teinte plus claire ; on voit sur ses côtés des taches transversales * * A {a uageoire du dos du brosme 100 rayons: à chacune des pectorales. à A TIR à chacune des jugulaires....... 5 | celle de l'anns, su. , 00000 à celle de le queue, ,:2, 426000 es QUARANTE-SEPTIÈME GENRE. LES BATRACHOÏDES. La téle très-déprimée et très-large ; l’ouver- ture de la bouche très-grande; un ou plu- sieurs barbillons attachés autour où au: dessous de la méchoire inférieure. ESPÈCES. CARACTÈRES. Un grand nombre de fila- mens à la mâchoire infé- rieure ; trois aguillons à la première nageolre dorsale et à chaque opercule, x. LE BATRA- CHOIDE TAU. Un ou plusieurs barbillons au-dessous de la mâchoire d'en-bas; les deux pre- miers rayons de chaque pageoire Jugulaire, lermi= nés par un long filament. 2 s >. LE BATRA- CHOIDE BLEN- NIO1DE. MER ea A ue de LE BATRACHOÏDE TAU. 1 | Nous avons séparé le tau des gades , et le blennioïde des blennies , non seu- lement parce que ces poissons n'ont pas \ tous les traits caractéristiques des genres | ; dans lesquels on les avoit inscrits eu pla- cant le dernier parmi les blennies et le premier parmi les gades , mais encore. parce que des formes très-frappantes les distinguent de toutes les espèces que peu- vent embrasser ces mêmes genres , au moins lorsqu'on a le soin nécessaire de m’établir ces cadres que d’après les prin- cipes réguliers auxquels nous tächons toujours de nousconformer. Nous ayons de plus rapproché l’un de l’autre le tau et le blennioide , parce qu'ils ont ensemble beaucoup de rapports ; nous les avons compris dans un genre particuher , et nous avons donné à ce genre le nom de batrachoïde, qui désigne la ressemblance vague qu'ont ces animaux avec une gre- nouille , en grec Garoayos , et qui rappelle HISTOIRE NATURELLE. 55 d'ailleurs les dénominations de grenouiller et de raninus, appliquées par Linné, Dau- benton, et plusieurs autres célèbres natu- ralistes , au blennioïde. Le tau habite dans l'Océan atlantique, comme presque tous les gades, dans le genre desquels on avoit cru devoir le faire entrer ; mais on l’y a péché à des latitudes beaucoup plus rapprochées de l'équateur que celles où lon 'a rencontré la plupart de ces poissons. On l’a vu vers les côtes de la Caroline , où il a été observé par le docteur Garden , et d’où il a été envoyé en Europe. Ses formes et ses couleurs , qui sont très-remarquables , ont été fort bien dé- crites par le célèbre 1chthyologiste et mon savant confrère Le docteur Bloch. Il est revêtu d’écailles molles , petites, minces , rondes , brunes , bordées de blanc , et arrosées par une mucosité très- abondante , comme celles de la lote’et de la mustelle. Le dos et les nageoires sont tachetées de blanc , ou d’autres nuances. La tête est grande et large , le museau très-arrondi. Les yeux , placés vers le 86 HISTOIRE NATURELLE sommet de cette partie et très-rapprochés l’un de lPautre , sont gros , saillans, bril- lans par l'éclat de l’or que présente l'iris È et entourés d’un double rang de petites verrues. Entre ces organes dela vue et la nuque , s'étend transversalement une fos- sette et une bande plus ou moins irrégu- lière, de couleur jaune , sur les deux bouts de laquelle on peut observer quel- quefois une tache ronde et très-foncée.. Les dents sont aiguës. Il n’y en a que deux rangées de chaque côté de la mâ- choire inférieure ; mais la mâchoire d’en- haut , qui est beaucoup plus courte , en montre un plus grand nombre de rangs. Une double série de ces mêmes dents hé- risse chaque côté du palais. Plusieurs barbillons sont placés sur les côtés de la mâchoiresupérieure; un grand nombre d’autres filamens sont attachés à la mâchoire d’en-bas, et disposés à à peu près en portion de Sat, Chaque opercule , composé de deux lames , est de plus armé de trois aiguil- fons. Le tau a deux nageoires dorsales ; la . L 4 . LR + DES BATRACHOIÏDES. 57 première est soutenue par trois rayons très - forts et non articulés. Celle de la queue est arrondie. Le rau a été nommé ainsi, à cause de la ressemblance de ia bande Jaune et transversale qu’il a auprès de ‘la nuque , avec la traverse d’un T grec , ou fau *. Le dessin qui représente ce poisson , et que nous avons fait graver , en donne uue idée très-exacte. * À la membrane branchiale du A D ne 6 rayons. à la première dorsale. .....,... 3 à la TI Le a as 7 chacune des pectorales. ...... 20 chacune des jugulaires. ...,... 6 soleide, anus 5. 1,3 410, 23 celle de la queue...,........ 12 &- à fe. Rd ns 58 HISTOIRE NATURELLE LE BATRACHOÏDE BLENNIOÏDE Cr batrachoïde a un ou plusieurs bar: bilions au-dessous de la mâchoire infé- rieure. Les deux premiers rayons de cha- cune de ses nageoires jugulaires sont beaucoup plus longs que les autres; ce qui, au premier coup d'œil, pourroit faire croire qu’il n’en a que deux dans cha- cune de ces nageoires, commé la plupart des blennies , dans le genre desquels on l’a souvent placé, et ce qui m'a engagé à lus donner le nom spécifique de b/ennioïde. On le trouve dans les lacs de la Suède, où il paroît qu'il est redouté de tous les pois- sons moins forts que lui, qui s’'écartent le plus qu'ils peuvent des endroits qu'il fréquente. Quoiqu'il tienne , pour ainsi dire , le milieu entre les gades et les blen- nies , il n’est pas bon à manger. | C’est avec toute raison , ce me semble, que le professeur Gmelin regarde comme une simple variété de cette espèce qu'il \ DES BATRACHOIDES. 59 rapporte au genre des blennies , un pois- son de l'Océan septentrional , dont voici une très-courte description. Il est d’un brun très - foncé. Ses na- geoires sont noires et charnues ; son iris est jaune ; une mucosité abondante , semblable à celle dont le tau est im- prégné, humecte ses écailles , qui sont petites. Sa tête , très - applatie, est plus large que son corps ; l'ouverture de sa bouche très - grande ; chaque mâchoire armée d’un double rang de dents acérées et rougeëtres , suivant plusieurs observa- teurs ; la laugue épaisse |, musculeuse , arrondie par-devant ; le premier raÿon de chaque nageoire jugulaire terminé par une sorte de fil délié ; et le second rayon des mêmes nageoires prolongé par un appendice analogue, mais ordinairement une fois plus long que ce filament *. * À Ja membrane branchiale...... 7 rayons: à la nageoire dorsale. ......... 66 à chacune des nageoires pecto- dde à sonne of 49 à chacune des jugulaires......... 6 d'Ue de l'anus..-.....,..,... 60 à celle de la queue......,.... 30 li QUARANTE-HUITIÈME GENRE. LES BLENNIES. Le corps et lé queue alongés ef comprimés à deux rayons au moins, el qwafre rayons aw plus, à chacune des nageoires jugulaires. { PREMIER SOUS-GENRE. Deux nageoires sur le dos; des filamens ou _ appendices sur la téte. ESPÈCES. . CARACTÈRES. Un appendice non palmé au- dessus de chaque œil ; une grande tache œillée sur la première nagcoire du dos: I. LE BLENNIE LIÈVRE. chaque ‘narine; un bar- PHYCIS:e 2. LE BLENNIE Fe appendice auprès de billon à la lèvre inférieure. LA ur HISTOIRE NATURELLE. 6x SECOND SOUS-GENRE. Une seule nageoire dorsale; des filamens ox appendices sur la téte. ESPÈCES. CARACTÈRES. Deux barbillons à Ja mâ+ . 3 LE BLENNIE . Lx à choire supérieure, et un à MÉDITERRANÉEN. RL € Pinféricure. Un appendice palmé auprès 4. LE BLENNIE de chaque œil, et deux GATTORUE. appendices semblables au- près de la nuque. Lier Un appendice palmé au dessus de chaque œil ; la SOURCILLEUX. Jigne latérale courbe, 6. LE BLENNIE fUn appendice non palmé CORNU. au-dessus de chaque œil. Un appendice non palmé 7. LE BLENNIE au-dessus de chaque ci ; TENTACULÉ. une tache œillée sûr la na- geoi re du dos: Un très-petit appendice non ® 8: LE BLENNIE palmé au-dessus de chaque SUJEFIEN. œil ; la ligne latérale 6 62 HISTOIRE NATURELLE, 1 ESPÈCES. CARACTÈRES, courbe; la nageoire du à! dos réunie à celle de la queue. at 8. LE BLENNrE SUJÉFIEN, Deux appendices non palmés entre les yeux ; quatre ou cinq bandes transversales. 10. LE BLENNIE PE ane | _ COQUILLADE. | 9. LE BLENNIE FASCÉ. versal Un appendice cartilagineux et longitudinal; les na geoires pectorales presque 15. LE BLENNIE aussi longues que le corps SAUTEUR. proprement dit; deux AGE rayons seulement à cha- cune des nageoires jugu- laires. Un appendice filamenteux et 12. LE BLENNIE longitudinal ; : trois rayons PFINARU. à chacune des Hé geCiIe jugulaires. : DES BLENNIES. 63 TROISIÈME SOUS-GENRE. Deux nageoires dorsales; point de barbillons ni d’appendices sur la téte. ESPÈCES. CARACTÈRES. l'extrémité antérieure de la mâchoire d’en-bas; deux "+ filament au-dessous de 23. LE BLENNIE GADOIDE. rayons seulement à cha- - ; L] . cune des nageoires Jugu- - Jaires. Point de filament à Ia mû- choire inférieure ; trois 34 LE BLENNIE rayons à la première na- BELETTE. geoire du dos, deux rayons seulement à chacune des nageoires Jugulaires. Ë filament au-dessous de l'extrémité antérieure de 25. LE BLENNIE Ja mâchoire inférieure ; TRIDACTYLE. trois rayons à chacune 4. ageoirés Jugulaires. 64 HISTOIRE NATURELLE QUATRIÈME SOUS-GENRE. Une seule nageoire dorsale ; point de barbil- lors ni d’appendices sur la téte. ESPÈCES. CARACTÈRES. | Les ouvertures des narines, tuberculeuses et frangées ; Ja ligne latérale courbe. 46. LE BLENNIE PHOLIS. : La mâchoire inférieure plus ‘avancée que la supérieure ; l'ouverture de l’anus à une distance à peu près égale de la goree et de Ja na- geoire caudale ; la nageoire - de l’anus réunie à celle de #7. LE BLENNIE BOSQUIEN. la queue , et composée en= viron de 16 rayons. Les ouvertures LE marines, tuberculeuses, mais. mon frangées ; la ligne latérale -droite ; L nageoire de P nus réunie à celle dei 46. LE BLENNIE OVOVIVIPARE. queue, et composée pt 1 f;, plus de 6o rayons. él É de. Doc L 2 een ep Fées reblshe cenvaes : ——— : < ne ‘ AT ie #, VEPe j Lo 4 | ï BATRACHODE Tare .2 PLENNIR Ginrel \ 3. BLENNIE Pointillé , huis D u 15 L à a DES BLENNIES ESPÈCES. \ GUNNEL, .# LE BLENNIE : 20. LE BLENNIE POINTILLÉ. 21. LE BLENNIE GARAMIT. 22. LE BLENNIE LUMPÈNE. CARACTÈRE Se /Le corps très-alongé ; les | nageoires du dos, de la queue et de l’anus, dis- tinctes lune de l’autre; -celle du dos irès-longue et très-basse ;. neuf ou dix taches rondes , placées chacune à demi sur la base de da nageoire dorsale , et_ à demi sur le dos du blen= nie. Les nageoires jugulaires pres- que aussi longues que les pectorales; une grande quantité de-points autour des yeux, sur la nuque, ei sur les opercules. le bout du museau, plus ‘erochnes et plus longues res dents placées vers que les autres. Des taches transversales ; trois rayons à chaque na- geoire jugulaire, 6 66 HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES A 4 9. | CARAOTÈREÉS. f Un barbillon à la mâchoire inférieure ; les nageoires | jugilaires chat et di- visées chacune en gare é lobes. 32. LE BLENNIE TORSK. DES BLENNIES 6 LE BLENNIE LIÈVRE* L HOMME d'état ne considérera pas avec autant d'intérêt les blennies que les gades; il ne les verra pas aussi nombreux, aussi grands, aussi bons à manger, aussi salubres ,,aussi recherchés que ces der- miers , faire naître , comme ces mêmes gades, des légions de pêcheurs, les atti- rer aux extrémités de l'Océan, les con- traindre à braver les tempêtes, les glaces, les brumes , et les changer bientôt en na- vigateurs intrépides, en ouvriers indus- trieux, en marins habiles et expérimentés :- mais le physicien étudiera avec curiosité tous les détails des habitudes des blen- nies ; il voudra les suivre dans les diffé- rens climats qu’ils habitent ; il desirera de connoîire toutes les manières dont ils * Lebre de mare, dans plusieurs départemens méridionaux de France; mesoro, dans quelques contrées d'Italie; Butterfly fish, en Angleterre. Lis, PAF LIL 68 HISTOIRE NATURELLE viennent à la lumière , se développent ; | croissent , attaquent leur proie ou l’atten- | dent en anbhicädlell se dérobent à leurs cunemis par la ruse, ou leur _échap- pent par leur jeilité Nous ne décri- : rons cependant d’une manière étendue. que les formes et les mœurs des espèces. remarquables par ces mêmes mœurs ôu par ces mêmes formes ; nous n’engage-= rons à Jeter qu’un coup d’œilsur les autres. Où il n’y a que peu de différences à noter, et, ce qui est la même chose, peu de rap- ports à saisir, avec des objets déja bien observés, ilne faut qu’un petit nombre de considérations pour parvenir à voir clairement le sujet de son examen. | Le blennie lièvre est une de ces espèces sur lesquelles nous appellerons pendant peu de temps l'attention des naturalistes. Il se trouve dans la Méditerranée ; sa lon- gueur ordinaire est de deux décimètres. Ses écailles sont très-petites , enduites d'une humeur visqueuse ; et c’ést de cette liqueur gluante dont sa surface est ar- rosée , que vient le nom de -b/ennius en latin , et de blennie ou de blenne en fraæ-+ n* DES BLENNIES. 6) gois ; qui lui a été donné ainsi qu'aux autres poissons de son genre tous plus ou moins imprégnés d’une substance oléa- gineuse, le mot ÉAsw.s en grec signifiant mucosité. His: Sa couleur générale est verdâtre, avec des bandes transversales et irrégulières d’une. nuance de verd plus voisine de celle de l’olive; ce verdâtre est, sur plu- sieurs individus , remplacé par du bleu, particulièrement sur le dos. La première nageoire dorsale est ou bleue comme le dos , ou olivâtre ayec de petites taches bleues et des points blancs; et indépen- damment de ces points et de ces petites gouttes bleues , elle est ornée d’une tache grande, ronde , noire, ou d’un bleu très- foucé , entourée d’un liséré blanc , imi- tant une prunelle entourée de son iris, représentant vaguement un œil ; et voilà pourquoi le blennie lièvre a été appelé œillet ; et voilà pourquoi aussi il a été nommé poisson papillon ( butterfly fish en anglois ). Sa tête est grosse; ses yeux sont sail- Jans ; son iris brille de l’éclat de l'or. 5 HISTOIRE NATURELLE. L'ouverture de sa bouche est grande;'ses. mâchoires , toutes les ‘deux également avancées, sont armées d’un seul rang de. dents étroites et très-rapprochées. Un ap-. pendice s'élève au-dessus de chaque œil ; 1a forme de ces appendices , qui ressem- blent un peu à deux petites oreilles re- dressées , réunie avec la conformation générale du museau, ayant fait trouver à par des marins peu difciles plusieurs rap- ports entre la tête du lièvre et celle du blennie que nous décrivons , ils ont pro- clamé ce dernier lièvre marin , et d'habiles naturalistes ont cru ne deu pas rejeter cette expression. La langue est large et courte. Il n’y a qu’une pièce à chaque opercule bran- : chial ; l'anus est plus près de la tète que de la nageoire caudale , et la ligne latérale plus voisine du dos que du ventre * " * A la première nageoire du dos. 17 rayons. à la secontles a silo und ot AENT à chacune des pectorales. ...... 72 à chacune des jugulaires........ 2 à celle de l'anus... lon.s. ven EU à celle de la queue, qui est ar- TOME, «4 «sis cie à ve RULES A RUTS 77. 4 RFI ‘à DES BLENNIES vr On compte sur ce blennie deux na- geoires dorsales ; mais ordinairement elles sont si rapprochées l’une de l’autre, que souvent on a cru n’en voir qu’une seule. Pour ajouter au parallèle entre le pois- son dont nous traitons et le vrai lièvre de nos champs, on a dit que sa chair étoit bonne à manger. Elle n’est pas , en effet, désagréable au goût; mais on y attache peu de prix. Au reste , c’est à cet animal qu'il faut appliquer ce que Pline rapporte de la vertu que l’on attribuoit de son temps aux cendres des blennies, pour la guérison, ou le soulagement des maux causés par la présence d’un calcul dans la vessie. LA "a C EE it ds, né ” 4 \ . # ds “ ï ? ; N æ 73 HISTOIRE NATURELLE _ : [4 LE BLENNIE PHYCIS*.. \ C: poisson est un des plus grands blen= nies ? il parvient quelquefois jusqu’à la longueur de cinq ou six décimètres. Un petit appendice s'élève au-dessus de l’ou- verture de chaque narine; et sa mâchoire inférieure est garnie d’un barbillon. Ce dernier filament , ses deux nageoires dorsales et son volume, le font ressem- bier beaucoup à un gade ; mais la forme de ses nageoires jugulaires , quine pré- sentent que deux rayons , le place et le retient parmi les vrais blennies. Les couleurs du phycis sont sujettes à varier , suivant les saisons. Dans le prin- temps , il a la tête d’un rouge plus ou moins foncé ; presque toujours son dos est * Mole , dans quelques départemens méridio- maux de France; molere, en Espagne; phico ; en Italie. DES BLENINIESSs.: »"$ d’un brun plus ou moins noirâtre : ses nageoires pectorales sont rouges, et un cercle noir entoure son anus . On trouve ce blennie dans la Médi- terranée ?. 1 Quinze appendices intestinaux sont disposés autour du pylore. ä 2 A la membrane branchiale..... 7 rayons, à la première dorsale....,..... 10 HR end. :. Lis see SUUOE à chacune des pectorales. ...... 15 à chacune des jugulaires....... 2 citoyen Bosc , l’un de nos plus savans et plus zélés naturalistes, qui vient de passer plusieurs années dans les États- Unis d'Amérique, où il a exercé les fonc- tions de consul de la République francoise, a découvert dans la Caroline ce blennie, auquel J'ai cru devoir donner une déno- mination spécihque qui rappelât le nom de cet habile naturaliste. Le citoyen Bosc a bien voulu me communiquer la descrip- tion et le dessin qu’il avoit faits de ce - blennie : l’une m'a servi à faire cet article; J'ai fait graver l’autre avec soin ; et je m’empresse d'autant plus de témoigner ici ma reconnoissance à mon ancien con- frère pour cette bienveillante communi- * Blennius morsilans, capite cristà null, cor- pore alepidoto, viridi fusco, alboque variegato, pinnâ anali radis apice recurvis. Habitat in Caro= ha. (Note communiquée par L. Bosc.) LA 104 HISTOIRE, NATURELLE 0 cation, que, peu de temps avant son k retour en Europe, il m'a fait remettre tous M Jes dessins et toutes les descriptions dout M il s'étoit occupé dans l'Amérique *'a “rs trionale relativement aux quadrupè ovipares, aux serpens et aux poissons, en m'invitant à Les publier dans P Histoiré naturelle dont cet article fait partie. J'au- rai une grande satisfaction à placer dans. mon ouvrage les résultats des observations d’un naturaliste aussi éclairé et aussi exact que le citoyen Bosc. | ; Le blennie qu'il a décrit, rep eNLS beaucoup au pholis dont nous venons de parler; mais il en diffère par plusieurs traits de sa conformation , et notamment par la proportion de ses mâchoires, dont l’inférieure est la plus longue’, pendant que la supérieure du pholis est la plus avancée. D'ailleurs l'anus du phohs est plus près de la gorge que de la nageoïire caudale , et celui du bosquien est à une distance à peu près égale de ces deux por- tions du corps de l’animal. _ La tête du bosquien est, en quelque sorte ,.triangulaire ; le front blanchätre e DES BLENNIES. 105 et un peu applati; l’œil petit ; l'iris jaune; chaque mâchoire garnie de dents menues, très:nombreuses et très -recourbées ; la membrane branchiale étendue et peu cachée par l’opercule; le corps comprimé, dénué en apparence d’écailles, gluant, d'une couleur verte foncée, variée de blanc, et relevée par des bandes brunes cependant peu marquées. Les nageoires sont d’une teinte obs- cure, et tachetées de brun. {Les onze pre- miers rayons de celle du dos sont plus courts et plus émoussés que les autres. Ceux qui soutiennent la nageoire de l'a- nus , se recourbent en arrière à leur extré- mité : cette nageoïre de l’anus et la dor- sale touchent celle de la queue qui est arrondie. Le bosquien a près d'un décimètre de longueur totale ; sa hauteur est de vingt- sept millimètres, et sa largeur de neuf. _ Cette espèce, suivant le citoyen Bosc, est très-commune dans la baie de Charles- town. Lorsqu'on veut la saisir, elle se défend en mordant son ennemi, comme la murène anguille, ayec laquelle elle a w # : 106 HISTOIRE NATURELL beaucoup de ressemblance; et c'est cette ÿ manière de chercher à sauver sa vie, que! le citoyen Bosc a indiquée par le nom distinctif de worsitans qu'il lui a donné dans sa description latine, et que j'ai dû, malgré sa modestie, changer en une dé-\ ! nomination dictée par l'estime pour l’ob-. servateur de ce blennie *. * A la nageoire du dos,,........ 30 rayons. à chacune des peciorales.......,. 12 à chacune des jugulaires..,.. 7. 2 celle -de l'anus. 2 Tee à celle de k queñé: DES BLENNIES LE BLENNIE OVOVIVIPARE. | D > tous les poissons dont les petits éclosent dans le ventre de la femelle, viennent tout formés à la lumière, et ont fait donner à leur mère le nom de vivipare, le blennie que nous allons dé- crire , est l'espèce dans laquelle ce phé- nomène remarquable a pu être observé avec plus de soin et connu avec plus d’exactitude. Voilà pourquoi on lui a donné le nom distinctif de vivipare, que nous n’avons pas cru cependant devoir lui conserver sans modification , de peur d’induire plusieurs de nos lecteurs en erreur , et que nous avons remplacé par celui d’ovovivipure, afin d'indiquer que s’il n’éclot pas hors du ventre de la mère, s’il en sort tout formé, et déja doué de presque tous ses attributs , il vient néan- moins d’un œuf, comme tous les pois- sons, et m’est pas véritablement vivipare , dans le sens où l’on emploie ce mot lors- 168 HISTOIRE NATURELLE qu'on parle de l’homme, des quadrupèdes à mamelles, et des détaÉe Voilà pour-* quoi aussi nous allons entrer dans: quel ques détails relativement à la manière de venir au jour, du blennie dont nous écri-" vous l’histoire, non seulement pour.bien exposer tout ce qui peut concerner cet. animal curieux , mais encore. pour. Jeter un nouveau Jour sur les différens modes de reproduction de la classe PA HRIRIOEE : poissons. Mais aupar avant monirons Les sraite distinctifs et les formes. RFiasi atee de ce blennie?. FRE NET L'ouverture. de: sa bois lis per petite. , 5 On peut M See, ce. que Anous : avons écrit dans le Disçours,sur la nature dés,ser- pens, et dans le Discours sur la nature des pois- SOTS. 2 7 rayons à la membrane des branchies. 20 «2: chacune des nageoires pectorales. EU + ; : à chacune des jugulaires. s 148, . : , à celles du,dos de la queue et fi, lPanus, considérées.comime ne formant qu’une seule uageoire. 117 Lci Et DES BLENNIES. 1 ainsi que sa tête; les mâchoires, dont la supérieure est plus avancée que l'infé- rieure, sont garnies de petites dents, et recouvertes par des lèvres épaisses ; la langue est courte et lisse comme le palais; deux os petits et rudes sont placés auprès du gosier; les orifices des narines pa- roissent chacun au bout d’un petit tube non frangé ; le ventre est court ; l’ouver- ture de l’anus très-grande ; ia ligne laté- rale droite; la nageoire de l’anus compo- sée de plus de soixante rayons, et réunie à celle de la queue ; et souvent cette der- nière se confond aussi avec celle du dos. Les écailles qui revêtent l’ovovivipare ; sont très-petites, ovales, blanches ou jaunâtres et bordées de noir ; du jaune règne sur la gorge et sur la nageoire de l’anus; la nageoire du dos est jaunâtre, avec dix ou douze taches noires. La chair de ce blennie est peu agréable au goût : aussi est-il très-peu recherché par les pêcheurs, quoiqu'il parvienre Jus- qu’à la longueur de cinq décimètres. II est en effet extrêmement imprégné de matières visqueuses ; son corps est glissan Poissons, VW. _ 10 € 110 HISTOIRE NATURELLE comme celui des murènes ; et ces subs= tances oléagineuses dont il est pénétré à l'intérieur ainsi qu’à l'extérieur, sont Si abondantes, qu’il montre beaucoup plus qu'un grand nombre d’autres osseux, cette qualité phosphorique que lon a remarquée dans les différentes portions des poissons morts et déja altérés *. Ses arêtes luisent dans l’obscurité, tant qu’elles ne sont pas entièrement desséchées ; et par une suite de cette même liqueur ñui- leuse et phosphorescente, Iürsqu’on fait cuire sou squelette , il devient verdâtre. L’ovovivipare se nourrit particulière» ment de jeunes crabes. Il habite dans l'Océan atlantique septentrional , et prin= cipalement auprès des côtes européennes. Vers l’'équinoxe du printemps, les œufs comimencent à se développer dans les ovaires de la femelle : on peut les voir alors ramassés en pelotons , mais encore extrêmement petits, et d’une couleur blanchâtre. À la fin de floréal , ou au eommencement de prairial, ils ont acquis & Discours sur ls nature des poissonge DES BLÉEÉNNIES. 7+rr wn accroissement sensible, et présentent une couleur rouge. Lorsqu'ils sont parve- nus à la grosseur d’un grain de moutarde, ils s’'amollissent , s'étendent, s'’alongent ; et déja l’on peut remarquer à leur bout supérieur deux points noirâtres qui in- diquent la tête du fœtus, et sont les rudi- mens de ses yeux. Cette partie de l’em- bryon se dégage la première de la mem- brane ramolilie qui compose l’œuf; bien- tôt le ventre sort aussi de l'enveloppe, revêtw d’une autre membrane blanche ct assez transparente pour qu'on puisse ap- percevoir les intestins au travers de ce tégument ; enfin la queue, semblable à un fil délié et tortueux, n’est plus conte- nue dans l’œuf, dont le petit poisson se trouve dès-lors entièrement débarrassé. Cependant l'ovaire s'étend pour se pré- ter au développement des fœtus ; il est , à l'époque que nous retracons ,rempli d’une liqueur épaisse , blanchâtre, un peu san- guinolente, insipide, et dont la subs- tance présente des fibres nombreuses dis- posées autour des fœtus comine un léger duvet, et propres à les empécher de se froisser mutuellement, CR ON M r{ 12 HISTOIRE NATURELLE On a prétendu qu’indépendamment de ces fibres, on pouvoit reconnoître dans … l'ovaire, des filamens particuliers, -qui, - semblables à des cordons ombilieaux , partoient des tuniques de cet organe, . s'étendoient jusqu'aux fœtus, etentroient | dans leur corps pour y porter vraisem- blablement, a-t-on dit, la nourriture nécessaire. On n’entend pas comment des embryons qui ont vécu pendant un ou deux mois entièrement renfermés dans , un œuf, et sans aucune commuimacation immédiate avec le corps de leur mère, sont soumis tout d'un coup, lors de la seconde période de leur accroissement, à une manière passive d’être nourris, et à un mode de cifculation du sang, qui n’ont encore été observés que dans les animaux à mamelles. Mais d’ailleurs les observations sur lesquelles on a voulu établir l'existence de ces conduits com- parés à des cordons ombilicaux, n’ont ‘pas été convenablement confirmées. Au reste , il sufhroit que les fœtus dont nous parlons eussent été, pendant les premiers mois de leur vie , contenus dans un véri= DES BLENNIES. 113 table œuf, et libres de toute attache immé- _diate au corps de la femelle, pour que la grande différence que nous avons indi- quée entre les véritables vivipares et ceux qui ne le sont pas *, subsistât toujours entre ces mêmes vivipares Où animaux à mamelles |, et ceux des poissons qui pa- roissent le moins ovipares , et pour, que la dénomination d'’ovovivipare ne cessât pas de convenir au blennie que nous dé- crivons. | Et cependant ce qui achève de prouver que ces hlamens prétendus nourriciers ont une destination bien différente de celle qu’on leur a attribuée, c’est qu’à mesure que les fœtus grossissent, la liqueur qui les environne s’épuise peu à peu, et d’é- paisse et de presque coagulée qu’elle étoit, devient limpide et du moins très-peu vis- queuse , ses parties les plus grossières ayant été employées à alimenter les em- bryons. Lorsque le temps de la sortie de. ces petits animaux approche, leur queue, * Discours sur la nature des poissons. 10 du w4 HISTOIRE NATURELLE qui d’abord avoit paru sinueuse, sere- dresse, et leur sert à se mouvoir en diffé- rens sens, comme pour chercher-une issue hors de l'ovaire. Si dans cet état ils sont retirés de cet organe , ils ne périssent pas à l'instant, quoique venus trop tôt à la lumière; mais ils ne vivent que quel- ques heures : ils se tor dent comme de petites murènes, sautillent et remuent plusieurs fois leurs mâchoires et tout leur appareil branchial avant d’expirer. On a vu quelquefois dans la même fe- melle jusqu’à trois cents embryons, dont la plupart avoient plus de vingt-cinq mil- limètres de longueur. à Il s'écoule souvent un temps très- long entre le moment où les œufs commencent à pouvoir être distingués dans le corps de la mère, et celui où les petits sortent de l'ovaire pour venir au Jour. Après la naissance de ces derniers , cet organe de- vient flasque, se retire comme une vessie vide d'air ; et les mâles ne diffèrent alors des femelles que par leur taille , qui est moins grande, et par leur couleur, is est plus vive ou plus foncée. DES BLENNIES. nr Nous ne terminerons pas cet articlesans faire remarquer que pendant que la plu- part des poissons pélagiens s'approchent des rivages de la mer dans la saison ou ils : ont besoin de déposer leurs œufs, Les blen- nies dont nous nous occupons, et qui n’ont point d'œufs à ponûre, quittent ces” mêmes rivages lorsque leurs fœtus sont déja un peu développés, et se retirent dans l'Océan à de grandes distances des terres , pour y trouver apparemment un asyle plus sûr contre les pêcheurs et les grands animaux marins, qui, à cette époque, fréquentent les côtes de l'Océan, et à la poursuite desquels les femelles, chargées du poids de leur progéniture, pourroient plus difficilement se sous- traire. , Je n'ai pas besoin d’ajouter que les œufs de ces blennies éclosant dansle ventre de la mer , et par conséquent devant être fécondés dans son intérieur, il y a un accouplement plus ou moins prolongé et plus ou moins intime entre le mâle et la femelle de cette espèce , comme entre ecux des squales, des syngnathes, etc. À TT, UE /ULE CAT ORAN En, D 0 a x. f' j { d: pt #16 HISTOIRE NATURELLE { LE BLENNIE GUNN | Lr gunnel est remarquable par sa forme comprimée, ainsi que très - alongée, et. per la disposition de ses couleurs. Il est d’un gris Jauuâtre, et souvent d’un oli- vâtre , foncé dans sa partie supérieure ;sa partie inférieure est blanche, ainsi, que son iris ; la nageoire dorsale et celle de la queue sont Jaunes ; les pectarales pré- sentent une belle couleur orangée, qui paroît aussi sur la nageoire de l'anus, et qui y est relevée vers la base par des taches très-brunes. Mais ce qui frappe sur- tout dans la distribution des nuances du gunnel, c’est que, le long de la nageoire * Gunnel, d’où vient gunnellus, signifie en an. olois, plat bord, et désigne la forme très-alongée et très-comprinée du blennie dont il est question dans cet arncle. Buiter fish, sur quelques côtes d'Angleterre ; liparis, dans quelques contrées de l'Europe. + D" L all DES BLENNIES. y. dorsale , on voit de chaque côté neuf ou dix et quelquefois douze taches rondes ‘ou ovales, placées à demi sur la base de la nageoire , et à demi sur le dos propre- ment dit, d’un beau noir, ou d'une autre teinte très-foncée, et entourées, sur plusieurs individus, d’un cercle blanc ou blanchâtre, qui les fait ressembler à une prunelle environnée d’un iris. La tête est petite, ainsi que Îles na- geoires Jugulaires *. Desdents aiguës gar- nissent les mâchoires , dont l’inférieure est la plus avancée. La ligne latérale est droite ; l'anus plus éloigné de la nageoire caudale que de la gorge. Par sa forme générale , la petitesse de ses écailles , la viscosité de l'humeur qui arrose sa surface, la figure de ses na- geoires pectorales , le peu de hauteur ainsi que la longueur de celle de son dos, * A Ja nageoiïre doreale dr 0%... "68 rayons. à chacune des pectorales,.:...... 10 à chacune des jugulaires......... 2 7 à celle de Famest, 02985 .., 43 à celle de la queue , qui est un peu Aitondie. UNS 06 PSS... 10 … m8 HISTOIRE NATURELLE et enfin la vîtesse de sa natation 38 guns nel a beaucoup de raphoris MES la mu- rène anguille : mais il n’a pas une chair | aussi agréable au goût que celle de ce dernier animal. Il vit dans POcéan d’ Eu- rope ; ; il s’y nourrit d'œufs de poisson. , ‘et de vers ou d'insectes marins; et il y estsouvent dévoré par les cartilagineuxet. les osseux un peu grands, ainsi que par les oiseaux d’eau *. Nous croyons , avec le Professeur Gme- lin , devoir regarder comme une variété dé l’espèce du gunnel , un blennie qui a été décrit par Othon Fabricius dans la Faune du Groenland , et qui ne paroît différer d’une manière très-marquée et. très-constante de l’objet de cet article que par sa longueur , qui n’est que de deux décimètres , pendant que celle du * 7 rayons à la membrane des branchies du gunnel décrit par Othon Fabricius. 0 . à la nageoire dorsale. 17 à chacune des pectorales. A L L] LA 4 à chacune des jugulaires. 38 à celle de l’anus. 18 . à celle de la queue. æ DES BLENNIES. 18 gunnel ordinaire est de trois ou quatre, par le nombre des rayons de ses na- geoïires , et par la couleur des taches _æillées et rondes ou ovales de la nageoire du dos , dont communément cinq sont moires , et cinq sont blanchâtres ou d’un blanc éclatant. 120 HISTOIRE NATURELLE Li » fi L, description de ce blennie n’a encore. _été publiée par aucun auteur. Nous avons! vu dans la collection du Muséum national d'histoire naturelle , un individu de cette espèce ; nous en avons fait graver une figure que l’on trouvera dans cette His- toire. | La tête est assez grande, et toute par- semée, par-dessus et par les côtés , de petites impressions , de pores ou de points quis’étendent jusque sur les opercules, et _ nous ont suggéré le nom spécifique de ce blennie. L'ouverture de la bouche est étroite; les lèvres sont épaisses ; les dents aiguës et serrées ; les yeux ronds et très- gros ; les écailles très-facilement visibles ; les nageoires pectorales ovales et très- grandes ; les jugulaires composées cha= cune de deux rayons mous , ou filamens presque aussi longs que les pectorales. La ligne latérale se courbe au-dessus de DES BLENNIES #r ees mêmes pectorales, descend comme pour les environner , et tend ensuite di- rectement vers la queue. La nagcoire du dos , qui commence à la nuque, et va toucher la nageoire caudale, est basse ; les rayons en sont garnis de petits fila- mens , et tous à peu près de la même lon- gueur, excepté les huit derniers , dont six sont plus longs et deux plus courts que les autres. La nageoire de l'anus est séparée de la caudale , qui est arrondie *, Un grand nombre de petites taches irré- gulières et nuageuses sont répandues sur le pointillé. * A la nageoire du dos............ 47 rayons à chacune des pectorales......«.. 17 à chacune des jJugulaires.....,... 2 à telle detfaguss...:.....:... 20 à celle de la queue...:........1 ‘13 11 122 HISTOIRE NATURELLE LE BLENNIE GARAMIT, LE BLENNIE LUMPÈNE, 1 E T LE BLENNIE TORSK. Lr garamit a été placé parmi les gades : mais il a été regardé par Forskael, qui. l’a découvert, comme devant tenir le mi- lieu entre les gades et Les blennies; et les caractères qu’il présente nous ont forcés à le comprendre parmi ces derniers pois- sous. Ses dents sont inégales ; on en voit de placées vers le bout du museau , qui sont beaucoup plus longues que les au- tres , et qui, par leur forme , ont quelque ressemblance avec les crochets des qua- drupèdes carnassiers. Il présente diverses teintes disposées en taches nuageuses ; la nageoire dorsale règne depuis la nuque. jusqu'à la nageoire caudale. La ligne DES BLENNIES. 123 latérale est à.peine: visible , et assez voi- sine du dos. Ce blennie est long de trois ou quatre décimètres. Il se trouve dans les eaux de la mer Rouge *. C’est dans celles de l'Océan d'Europe _ qu'habite le lumpène. Il y préfère les fonds d'’argille ou de sable , s’y cache parmi les fucus des rivages , et y dépose ses œufs vers le hd A" de l'été. Ses écailles sont petites , rondes, forte- ment attachées. Sa couleur est jaunâtre sur la tête, blanchâtre avec des taches brunes sur le dos et les côtés, jaune et souvent tachetée sur la queue , blanche sur le ventre. Ses nageoires Jugulaires, par leur forme et par leur position , res- semblent à des barbillons ; elles com- preunent chacune trois rayons ou fila- * À Ja membrane branchale du PME nn: tee che | O TAVONRE. à la nageoire dorsale... .......,. 36 à chacune des pectorales........ 14 à chacune des jugulaires........ 2 RO de tanns,/.0..:...... 2% à celle de la QUEUC sos ssuss ae 13 71 4 MAIRE A EPA PAU 324 HISTOIRE NATURELLE. mens, dont le dernier est le plus alongé!. Le torsk préfère les mers qui arrosent … le Grocnland , ou celles qui bordent l’Eu- rope septentrionale. Il présente un bar- billon , et ce filament est au-dessous de l'extrémité antérieure de la machoire d’en-bas. Ses nageoires jugulaires sont charnues , et divisées en quatre appen- dices. Le ventre est gros et blanc ; la tête brune ; les côtés de l'animal sont jau- nâtres ; les nageoires du dos, de la queue et de l’anus, lisérées de blanc. Ce blen- nie parvient à la longueur de six ou sept décimètres , et à la largeur d’environ un décimètre et demi ?. 1 A Ja nageoire dorsale du lumpène 63 rayons. à chacune des pectorales. ....... 15 à chacune des jugulairess, .. 14.13 À celle da l'anus. ! : 4: #04 Le aies 4I à celle de la queteit., COST ee 2 À Ja membrane branchiale du torsk 5 rayons, à la nasçoire du dos... 40002 à chacune des pectorales........ ‘8 à celle dé Fanus.., SLR 27 RS DA TES LT QUARANTE-NEUVIÈME GENRE. LES OLIGOPODES. Une seule nageoire dorsale ; cette nageoire du dos commencant au-dessus de la tête, ei s'étendant jusqu'à la nageoire caudale: ou à peu près; un seul rayon à chaque na- geoire jugulaire. ESPÈCE. CARACTÈRES. La nageoire du dos, très- élevée ; celle de la queue, fourchue. l L’'OLIGOPODE VÉLIFÉRE. ti 126 HISTOIRE NATURELLE Le S L’OLIGOPODE VÉLIFÉRE. L A position des nageoires inférieures ne permet pas de séparer les oligopodes des Jugulaires, avec lesquels ils ont d’ailleurs un grand nombre de rapports. Nousavons donc été obligés de les éloigner des cory- phènes , qui sont de vrais poissons tho- racins , dans le genre desquels on les a placés Jusqu'à présent , et auxquels ils ressemblent en effet beaucoup , mais dont ils diffèrent cependant par plusieurs traits remarquables. On peut les consi- dérer comme formant une des nuances les plus faciles à distinguer , parmi toutes celles qui lient les jugulaires aux thora- eins, et particulièrement les blennies aux coryphènes ; mais ou n’en est pas moins forcé de les inscrire à la suite des blennies, sur les tables méthodiques par le moyen desquelles on cherche à présenter quel- ques linéamens de l’ordre naturel des êtres animés. DES OLIGOPODES. 127 Parmi ces o/igopodes, que nous avons ainsi nommés pour désigner la petitesse de leurs nageoires thoracines, et qui, par ce caractère seul, se rapprocheroiïient beau- coup des blennies , on ne connoît encore que l’espèce à laquelle nous croyons de- voir conserver le nom spécifique de vé- difère *. | | C'est au grand naturaliste Pallas que l’on en doit la première description : on lui avoit apporté de la mer des Indes l’in- dividu sur lequel cette première descrip- tion a été faite. La forme générale du vélifère est singulière et frappante. Son corps , très-alongé, très-bas et comprimé ; est, en quelque sorte , distingué difhcile- ment au milieu de deux immenses na- geoires placées , l’une sur son dos , et l’autre au-dessous de sa partie inférieure, et qui, dépioyantunetrès-grande surface, * À la membrane des branches... "7 rayons, CEE TOR PRE DR: à chacune des pectorales......... 14 à chacune des jugulaires...,...... 1 atcelle de l'anus... :.........1. 5x aeellé dela queuet,...t, /...,:0:2 128 HISTOIRE NATURELLE méritent d'autant plus le nom d'évenfail ou de voile, qu'elles s'étendent , la pre- mière depuis le front, et la seconde de- puis les ouvertures branchiales jusqu’à la | nageoire de la queue, et que d’ailleurs elles s'élèvent ou s’abaissent de manière que la ligne que l’on peut tirer du point le plus haut de la nageoire dorsale au point le plus bas de la nageoire de l'anus, surpasse la longueur totale du poisson. Chacune de ces deux surfaces latérales ressemble ainsi à une sorte de losange irré- sulier, et curviligne dans la plus grande partie de son contour. Et c’est à cause de ces deux voiles supérieure et inférieure, que l’on a mal-à-propos comparées à des rames ou à.des ailes , que plusieurs natu- ralistes ont voulu attribuer à l’oligopode vélifère la faculté de s’élancer et de se soutenir peudant quelques momens hors de l’eau , comme plusieurs pégases, scor- pènes , trigles et exocets , auxquels on a douné le nom de poissons volans. Mais si l'on rappelle les principes que nous avons exposés concernant la natation et le vol des poissons, on verra que les nageoires EPA . DES OLIGOPODES. x2 du dos et de l’anus sont placées de ma- nière à ne pouvoir ajouter très-sensible- ment à la vitesse du poisson qui nage , ou à la force de celui qui vole, qu'autant que l’animal nageroit sur un de ses côtés, comme les pleuronectes , ou voleroitren- versé sur sa droite ou sur sa gauche ; sup- position que l’on ne peut pas admettre dans un osseux conformé comme le vé- lifère. Les grandes nageoires dorsale et anale de cet oligopode lui servent donc principalement , au moins le plus sou- vent , à tourner avec plus de facilité, à fendre l’eau avec moins d'obstacles, par- ticulhièrement , en montant ainsi qu’en descendant , à se balancer avec plus d’ai- sance , et à se servir de quelques courans latéraux avec plus d'avantages ; et, de plus, 1! peut, en étendant vers le bas sa nageoire de l’anus et en pliant celle du dos, faire descendre son centre de gravité au-dessous de son centre de figure, se les- ter, pour ainsi dire , par cette manœuvre, et accroître sa stabilité. Au reste, le grand déploiement de ces deux nageoires de lanus et du dos ajoute à la parure que le ASS ie ES tué dl Le + SON dc 2 PARLER SURPRIS » fl 3:30 HISTOIRE NATURELLE. vélifère peut présenter ; : il place en effet: au-dessus et au-dessous de ses côtés ) Qui sont d’un gris argenté , une surface très- étendue, toute parsemée de taches blan- ches ou blanchâtres ,; que la couleur brune du fond fait très-bien ressortir. La tête est couverte de petites écailles ; : la mâchoire inférieure relevée , et garnie de deux rangées de dents ; on n’en compte qu'un rang à ia mâchoire supérieure. Les deux premiers rayons de la nageoire du dos sont très-courts , à trois faces , et os- seux. Le premier de la nagcoire de l’anus est aussi très-court et osseux ; le second est également osseux , mais 1l est assez long. On voit de chaque côté du corps et de la queue plusieurs rangées longitudi- nales d’écailles grandes , minces , légère- ment striées, échancrées à leur sommet, et relevées à leur base par une sorte de petite pointe quise loge dans l’échancrure de l’écaille supérieure. Le corps propre- ment ditest très-court ; l'anus est très-près de la gorge; et voilà pourquoi la nageoire anale peut montrer la très-grande lou- gueur que nous venons de remarquer. CINQUANTIÈME GENRE. LES KURTES. Le corps très-comprimé, el carené par-dessus ainsi que par-dessous ; Le dos élevé. ESPÈCE. CARACTÈRE. : LE KURTE {Deux rayons à la membrane BLOCHIEN. des branchies. D. RE (l 132 HISTOIRE NATURELLE LE KURTE BLOCHIEN. \ Ces poisson lie les jugulaires avec les thoracins par la grande compression laté- rale de son corps, qui ressemble beau- coup à celui des zées et des chétodons. Cette conformation lui donne aussi une grande analogie avec les stromatées ; et c’est pour ces différentes raisons que nous l'avons placé à la fin de la colonne des jJugulaires , comme nous avons mis les stromatées à la queue de celle des apodes. Le savant ichthyologiste Bloch nous a fait connoître cet animal , qu'il a inscrit dans un genre particulier , et auquel nous avons cru devoir donner le nom de ce célèbre naturaliste. Le blochien a le corps très-étroit et très-haut ; et, de plus , une élévation considérable qui paroît sur le dos, et qui ressemble à une bosse, lui a fait attribuer par le zoologiste de Berlin la dénomina- tion générique de {urtus , qui siguiñe Eessu. M 2 IDES KURTES. 133 Sa tête est grande; son museau obtus ; la mâchoire inférieure un peu recourbée vers le haut , plus avancée que la supé- rieure , et garnie, ainsi que cette dernière, de plusieurs rangées de très-petites dents ; la langue courte et cartilagineuse ; le pa- lais lisse ; l'œil gros ; l'ouverture bran- chiale étendue ; l’opercule membraneux ; l'anus assez proche de la gorge; la ligne latérale droite , et la nagcoire de la queue fourchue *. Il vit dans la mer des Indes ; il s’y nourrit de crabes, ainsi que d'animaux à coquille; et, dès-lors , il est peu surprenant qu'il briile de couleurs très-éclatantes. Sa parure est magnifique. Ses écailles ressemblent à des lames d’argent ; l'iris * 2 rayons à la membrane des branchies. Z rayon non articulé et 16 rayons articulés à la nageoire du dos. 13 rayons à chaque nageoire pectorale. T rayon non articulé et 5 rayons articulés à chacune des jugulaires, 2 rayons non articulés et 30 rayons articulés à celle de l'anus. 18 rayons à celle de la queue. 12 Li | 7 ANR L2 134 HISTOIRE NATURELLE. M est en partie blanc et en partie bleu; des. taches dorées ornent le dos ; quatre ta=. ches noires sont placées auprès de la na- geoire dorsale ; les pectorales et les jugu=. laires réfléchissent la couleur de l'or, et sont bordées de rouge ; les autres na- geoires ofrent une teinte d’un bleu cé- leste que relève un liséré d’un jaune blan- châtre. SECONDE SOUS-CLASSE. POISSONS OSSEU X. Les parties solides de l’intérieur du corps, osseuses. PREMIÈRE DIVISION. Poissons qui ont un opercule ei une mem- brane des branchies. DIX-NEUVIÈME ORDRE DE LA CLASSE ENTIÈRE DES POISSONS, ou TROISIÈME ORDRE DE LA I1'° DIVISION DES OSSEU Xe. Poissons thoracins, ou qui ont des nageoires inférieures placées sous la poitrine et au- dessous &es pectorales. CINQUANTE-UNIÈME GENRE. LES LÉPIDOPES. Le corps très-alongé et comprimé en forme de lame ; un seul rayon aux nageoires thora- cines, et à celle de l'anus. ESPÈCE. CARACTÈRE. LE LÉPIDOPE 1. mâchoire inférieure plus GOUANIEN. avancée que la SUPÉTIEULE: ! HISTOIRE NATURELLE. 137 LE LÉPIDOPE GOUANIEN. Cires espèce a été décrite, pour la première fois , par mon savant confrère le professeur Gouan, de Montpellier , qui l’a séparée , avec beaucoup de raison, de tous les genres de poissons adoptés jus- qu'à présent. Le nom distinctif que j'ai cru devoir lui donner , témoigne le ser- vice que le citoyen Gouan a rendu aux naturalistes en faisant connoître ce cu- rieux animal. - Cet osseux vit dans la Méditerranée. Il a de très-grands rapports avec plusieurs apodes , particulièrement avec les lep- tures et les trichiures. Mais c’est le seul poisson dans lequel on n'ait observé qu’un seul rayon à la nageoire de l’anus, ni à chacune des nageoiresinférieures que nous nommons /Loracines pour toutes les espèces de l’ordre que nous examinons, parce qu’elles sont situées sur le thorax. Ces nageoires anale et thoracines du goua- mien ont d’ailleurs une forme remar- 12 138. HISTOIRE NATURELLE. quable : elles ressemblent à une écaille « alongée, arrondie dans un bout, et poin- tue dans l’autre ; et c’est de là que vient Je nom générique de Zépidope (lepidopus ; pieds ou nageoires inférieures en forme dé. cailles , ou écailleux }. La tête du gouanien est plus grosse que le corps, et comprimée latéralement ; le: museau pointu ; la nuque terminée par une arête; chaque mâchoire &arnie de plusieurs rangs de dents nombreuses et inégales ; l'œil voilé par une membrane , comme dans plusieurs apodes et Jugu- laires ; l'opercule d’une seule pièce ; l’ou- verture branchiale grande et en crois- sant *; l'anus situé vers le milieu dela lon- gueur totale ; la ligne latérale peu appa- rente; la nageoire du dos très-basse et très- longue , mais séparée de celle de la queue, qui est lancéolée ; chaque écaille presque imperceptible; ts couleur générale d'un blanc argenté. | Y * A la membrane des branchies.,.. 7 rayons. à là madeoire du‘dos,, . 444 .411793 à chacune des nageoires inférieures OÙ thOrACINES., 5. sus esosse LE TAYORe à celle de l'anus. , .....4.vsuus PE … _ és f CINQUANTE-DEU XIÈME GENRE- LES HIATULES, Point de nageoire de l'anus. ESPÈCE. CARACTÈRES. Des dents crochues aux mâ- . choires, et des dents arrox- dies au palais. LA HIATULE GARDÉNIENNE. 50 HISTOIRE NATURELLE LA HIATULE GARDÉNIENNE. \ l O N a compris Jusqu'à présent dans le genre des labres, le poisson décrit dans cet article; mais les principes réguliers de classification, auxquels nous croyons de- voir nous EEE mer, s'opposent à ce que nous laissions parmi des osseux qui ont une nageoire de l’anus plus ou moins éten- due , une espèce qui en est entièrement dénuée.-Nous avons donc placé la gardé- nienne dans un genre particulier ; et comme , dans chaque ordre, nous com- mencons toujours par traiter des pois- sons qui ont le plus petit nombre de na- geoires, nous avons cru devoir écrire le nom dés hiatules presque en tête de la colonne des thoracins : elles auroient même formé le premier genre de cette co- Jonne , siles lépidopes n’avoient pas une nageoire de l'anus extrémement petite, réduite à un seul rayon, pour ne pas dire _ DES HIATULES. t4r à une seule écaïlle , si de plus ils ne pré- sentoient pas des nageoires thoracines également d’un seul rayon , et si d’ail- leurs ils ne se rapprochoient pas de très- près , par leur corps très-alongé et par leurs formes très-déliées , de la plupart des osseux apodes ou jugulaires. Le nom distinctif de gardénienne in- dique que c’est au docteur Garden qu'est due la découverte de cette espèce, qu'il a vue dans la Caroline. On soupconnera aisément qu’elle doit offrir beaucoup de traits communs avec les labres, parmi lesquels Linné et d’autres célèbres natu- ralistes l'ont comptée. Elle a, en effet, comme plusieurs de ces labres, les lèvres extensibles, et les rayons simples de la nageoire dorsale garnis, du côté de la queue , d’un filament alongé. Les dents qui hérissent les mâchoires sont crochues ; celles qui revêtent le pa- lais , sont arrondies de manière à repré-" senter une portion de sphère. La nageoire du dos est noire dans sa partie posté- rieure ; l'opercule pointillé sur ses bords ; la couleur générale de l’animal variée par 142 HISTOIRE NATURELLE. six ou sept bandes transversales et noïres£ la ligne latérale droite; la uageoire de la queue rectiligne *. rar M * 5 rayons à la membrane des branchies. 17 rayons simples ou aiguillons et II rayons articulés à la nageoire du dos. 16 rayons à chacune des nageoires pectorales. x rayon simple et 5 rayons articulés à cha- cune des thoracines. | 2x rayons à Ja uageoire de la queue, ——————— ———_— on, CINQUANTETROISIÈME GENRE. LES CÉPOLES. Une nageoire de l'anus; plus d'un rayon à chaque nageoire thoracine; le corps et Læ queue-trés-alongés et comprimés en forme de lame; le ventre à peu près de la longueur de La téte ; Les écailles. très-petites. amener ENNNEENs PREMIER SOUS-GENRE. Point de rayons simples ou d’aiguillons aux nageoires. ESPÈCES. | CARACTÈRES. | Le museau très-arrondi ; la I. LE CÉPOLE nageoire de la queue, poin- TÆNIA. tue. 2. LE CÉPOLE Le museau pointu, SERPENTIFORME. nd Li. Abu LEA +00 he d'hn | PE “ 344 HISTOIRE NATURELLE SECOND SOUS-GENRE. Des rayons simples ou aiguillons aux na- gevires.\ ESPÈCE. CARACTÈRES. f Les nageoires rudes; la ligne 3. LE CÉPOLE latérale formée par une TRACHYPTÈRE. À série d’écaillesplusgrandes que les autres. DES CÉPOLES. 145 t LE CÉPOLE TÆNIA*. PERTE tous les noms donnés à ce poisson désignent la forme remarquable qu'il présente: ces mots 4bar , bunde- dette , famme | lame , épée, montrent en quelque sorte à l'instant son corps très- alongé , très-applati par les côtés, très- souple , très-mobile , se roulant avec fa- cilité autour d’un cylindre, frappant l'eau avec vivacité, s’agitant avec vitesse , s’é- chappant comme l'éclair, faisant brillet avec la rapidité de la flamme les teintes rouges qu’anime l'éclat argentin d’un crand nombre de ses écailles , disparoïs- sant et reparoïssant au milieu des eaux comme un feu léger, ou cédant à tous les mouvemens des flots, dela même manière que les flammes ou banderoles qui vol- tigent sur les sommets des mâts les plus * Spase ou épée, dans plusieurs départemens méridionaux de France; flamme , cavagiro, freg- £gia ; vita. Poissons, V:. 17 1 «46 HISTOIRE NATURELLE À élevés, obéissent à tous les courans de | l'atmosphère. Les ondulations par les: quelles ce cépole exécute et manifeste ses divers mouvemens, sont d'autant plus . sensibles , qu'il parvient à une longueur très - considérable relativement à sa hau- teur, et sur-tout à sa largeur : il n’est large que d'un très-petit nombre de mil- limètres , et il a souvent plus d’un mètre de longueur. Le rouge dont il resplendit, colore toutes ses nageoires. Cette teinte se marie d’ailleurs à l'argent dont il est, pour ainsi dire, revétu ; tantôt par des nuances insensiblement fondues les unes dans les autres , tantôt par des taches très-vives ; et remarquons que la nourri- ture ordinaire de ce poisson si richement décoré consiste en crabes et en animaux à coquille. Sa tête est un peu large; son museau arrondi ; sa mâchoire supérieure garnie d’une rangée et sa mâchoire inférieure de. deux rangées de dents aiguës et peu ser- rées les unes contre les autres ; la langue petite, large et rude ; l’espace qui sépare les yeux, très-éfroit ; l'ouverture bran- DÉS CÉPOLES: 14 chiale assez grande ; l’opercule composé d'une seule lame , et la place qui est entre cet opercule et Fi museau , percée de plu- sieurs pores ; la ligue latérale droite ; la nageoire dorsale très-longue , de même que celle de l’anus ; et la caudale poin- tue * | _ Le corps du tænia est sicomprimé et par conséquent si étroit , ses tégumens sont si minces , et toutes ses parties si pénétrées d'une substance oléagineuse et visqueuse, que lorsqu'on le regarde contre le jour, 1Lparoît très-transparent , et qu’on apper- coit très-facilement une grande portion de son intérieur. Cette conformation et cette abondance d’une matière huileuse n'annoncent pas une saveur très-agréa- ble dans les muscles de ce cépole ; et en effet on le recherche peu. Il habite dans la Méditerranée , et y préfère, dit-on , le voi sinage des côtes vaseuses. * À la membrane des branchies... 6 rayons. à la nageoire du dos............ 66 | à chacune des pectorales....,.... 15 à chacune des thoratines........ 6 à ce. de anas: :, : 2% 5.3: 6o % à celle de la Re aa cet 20 L: Ls 148 HISTOIRE NATURELLE LE CÉPOLE SERPENTIFORME. EROITRTE Le tænia a pre muscau arrondi À le scr- pentiforme l’a pointu. La mageoire cau- dale du tænia est pointue ; il paroît que celle du serpentiforme est fourchue : on a donc eu raison de ne pas les r rapporter à la même espèce. On a comparé le se- cond de ces cépoles à un ser pent ; on Va appelé serpent de mer, serpent rouge, ser- pent rougeätre ; et voilà pourquoi nous lui | avons donné le nom distinctif de ’serpen- tiforme *. Sa couleur est d’un rouge plus ou moins pâle, avec des bandes trans- versales, nombreuses , étroites 3 irrégu- Jières , ct un peu tortueuses. L'iris est *, À, la nageoire.doréalé 69 raYONSa à chacune des peciorales......,.. 15.) à chacune des thoracines... .....» 6! à celle de l'anus: he à celle de la queue.....,...4.,. 12% dt ) # N DES CÉPOLES. 1 rx; comme argenté ; les dents sont aiguës; la nageoire du dos et celle de l’anus très- longuües!, et assez basses. Le serpenti- forme vit dans la Méditerranée , de même que lé tænmia.: 075 7 Von 2 * Te DR hs Lt, 2, 1bèt 150 HISTOIRE NATUREDBLE. £ Ag UN Eh Er gr fra À ; L4 L " t4ù à ‘ 1# NO LE CÉPOLE.TRACHYPTÈRE.. | F #7 + LE KT (0 F REX Frs F | 2 C'rsr dans le golfe Adriatique, et par conséquent dans le grand bassin de la … Méditerranée , que l’on a vu le trachyÿp- | tère. Il préfère donc les mêmes eaux que . les deux autres cépoles dont nous venons de parler. Ses nageoires présentent des aiguillons ou rayons simples , et sont rudes au toucher. Sa ligne latérale est droite, et tracée, pour ainsi dire, par une rangée d’écailles que l’on peut distinguer facilement des autres. CINQUANTE-QUATRIÈME GENRE. LES TÆNIOÏDES. Une nageoire de l'anus; les nakeoires pecto- rales en forme de disque, et composées d’un grand nombre de rayons; le corps ét la queue très-alongés et comprimés en forme de lame ; le ventre à peu près de la lon- gueur de la téte: les écailles très-petites : Les yeux & peine visibles ; point de nageoire caudale. | ESPÈCE. CARACTÈRE. Trois ou quatre barbillons LE TÆNIOIDE auprès de l’onverture de la HERMANNIEN, { bouche. 152 HISTOIRE NATURELLE" C E poisson, que nous avons dû inscrire dans un genre particulier, n’a encore été décrit dans aucun ouvrage d’histoirena- turelle. Nous lui donnons un nom géné- rique qui désigne sa forme très -alongée , x semblable à celle d’un ruban ou d'une bauderole , et très-voisine de celle des cépoles qui ont été appelés #æœzia. Nous le distinguons par l’épithète d'ermannien, pour donner au savant Hermann de Stras- bourg une nouvelle preuve de l'estime des naturalistes, et de leur reconnois- sance envers un professeur habile qui concourt chaque jour au progrès des sciences, et particulièrement de l'ichthyo- logie. 7 Ce tænioïde, dont les habitudes doivent ressembler heniabihet à celles des cépoles, puisqu'il se rapproche de ces osseux par le plus grand nombre de points de sa L FAO" “ Zom 5 - 213. Lag 152. Re Carl RECU EN RL | (HA > S = || \ NN ” = = = e TOŒNTOIDE Hermannrienr 2 TOSTRICHE - Canots . 3. BOSTRICHOIDE dillé . J Jarguet-. or ne 7 Li RS DES TÆNIOIDES 1:53 conformation, et qui doit sur-tout parta- cer leur agilité, leur vitesse, leurs oïdu- lations , leurs évolutions rapides, en dif- fère cependant par plusieurs traits remar- quables. » Premièrement, ses veux sont si petits * qu'on ne peut les distinguer qu'avec beau- voup de peine , et qu'après les avoir cher- chés souvent pendant long-temps , on ne les appercoit que comme deux petits points noirs ; ce qui lui donne un rapport assez important avec les cécilies. Secondement , il n’a point de nageoire caudale ; et sa queue se termine, comme celle des trichiures, par une pointe très- déliée, près de l'extrémité de laquelle on voit encore s'étendre la longue et très- basse nageoire dorsale, qui part très-près de la tête, et tire son origine de la partie du dos correspondante à l'anus. Troisièmement , la nageoire anale est très-courte. Nous devons ajouter que la tête de l’hermannien est comme taillée à facettes, dont la figure que nous avons faitgraver, moutre la forme , les dimensions et la Lire ir :[ L | N 154 HISTOIRE NATURELLE, . place. La peau de l'animal, dénuée d’é- cailles facilement visibles, laisse recon- noître la position des principaux muscles latéraux ; on voit des points moirs sur les pectorales, ainsi que sur la nageoire de l'anus, et des raies blanchâtres sur la tête ; les barbillons, situés auprès de l’ou- verture de la bouche, sont très-courts , et un peu inégaux en longueur. | EEE CINQUANTE-CINQUIÈME GENRE. LES GOBIES. Les deux nageoires thoracines réunies l’une à l’autre ; deux nageoires dorsales. PREMIER SOUS-GENRE,. Les nageoires pectorales attachées immédia- tement au corps de l’animal. ESPÈCES. 1. LE GOBIE PECTINIROSTRE. 3, LE GOBIE BODDAERT. CARACTÈRES. Vingt-six rayons à la seconde nageoire -du dos; douze aux thoracines ; presque toutes les dents de la mä= choire inférieure, placées horizontalement. Vingt-cinq rayons à la se- conde nageoire du dos; trente-quatre aux thora- cines ; les rayons de la pre- mière nageoire du dos, fila- menteux ; le troisième de cette nageoire dorsale très- long, 156 HISTOIRE NATURELLE. ESPÈCES. 3 LE GOBIE LANCÉOLE. 4 LE GOBIE APHYE. D - LE GOBIE PAGANEL, 6. LE GOBIE ENSANCLANTÉ. CARACTÈRES. e) Dix-huit rayons à la seconde É rayons à la seconde, nageoire du dos ; onze aux | thoracines ; la queue très- ‘ longue et terminée par une | nageoire dont la forme ressemble à celle d’un fer de lance. nageoire du dos; douzeaux thoracines; les yeux très- rapprochés Pun de l’autre ; des bandes brunes éur les nageoires du dos et de l’a- nus. nageoire du dos; douze aux thoracines ; la première dorsale bordée de jaune ; la seconde et l’anale "4 prées à leur base. Seize rayons à la seconde nageoire du dos; douze aux thoracines; les rayons des nageoires du dos, plus élevés que la membrane; Dix-sept rayons à la seconde LA 5 Ls En puis # ie à * 4 L DES GOBIES. 157 ESPÈCES. CARACTÈRES. la bouche, la corge, les 6. LE GOBIE | M 0e opercules ei les nageoires, ENSANGLANTÉ. tachetés de rouge. Seize rayons à la seconde na- geoire dorsale; douze aux . LE GOBIE 7 tboracines ; le corps et la NOIR-BRUN. ‘ queue bruns ; les nageoires noires. 8. LE GOBIE chacune des thoracines ; un BOULEROT. Quatorze rayons à la seconde naseoire dorsale ; dix à grand nombre de taches brunes et blanches. Quatorze rayons à la seconde nageoïre du dos; huit à chacune desthoracines ; les quatre premiers ravONs de Ja première dorsale ternn- 9. LE GOBIE B9SC. L . nés par un filament; le corps et la queue gris et pointillés de brun; sept bandes transversales d’une couleur blanchâtre. 10. LE GOBIE [Quatorze rayons à la seconde. ARABIQUE, fl nageojre du dos; douze aux / 1H 158 HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. 0. LE GOBIE ARABIQUE. TI. Le GOBIEJOZO. 12. LEGOBIE BLEU. 13. LE GOBIE PLUMIER. J CARACTÈRES. thoracines ; les cinq der- LE niers rayons de Ja pre-” mière dorsale, deux fois _ plus élevés que la mem brane, et terminés par un. flament rouge. Quatorze rayons à la seconde SR D du dos; douze aux thoracines ; les rayons de la première dorsale, plus élevés que la membrane , et terminés par un fila- ment; les thoracinesbleues. Douze rayons à la seconde nageoire du dos êt aux tho- racines ; le dernier rayon de la onile nageoire du dos, deux fois plus long que les autres ; le corps bleu; la nageoire de la queue , rouge et bordée de noir. Douze rayons à la seconde nageoire du dos; six à cha- cune des thoracines ; Ja mâchoire supérieure plus DES GOBIES. 159 ESPÈCES. CARACTÈRES. ont de tache œillée sur PLUMIER. P avancée que l’inférieure : 13 LE GOBIE { mount 7 la première dorsale. Onze rayons à la seconde nagcolre du dos; douze 14. LE GOBIE aux Rs ; dix à celle en st pi de L anus ; les deux na- geoires dorsalesde la mème bauteur; la couleur blau- châtre. Onze rayons à la seconde _nageoire du dos; douze aux thoracines; le second rayon 15. LE GOBIE de la première nageoire du dos, terminé par un fila- ment noir deux fois plus élevé que la membrane. NÉBULEUX. Onze rayons à la seconde nageolre dorsale; six à chacune des thoracines ; la 16. LE GOBIE AW AOU. mâchoire supérieure plus avancée; une tache œillée sur la première nageaire du dos. 160 HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. 37. LE GOBIE NOIR. 18. LE GOB1E LAGOCÉPHALE. 19. LE GOBIE MENU. LE GOBIE CYPRINOIDEs { CARACTÈRES. nageoire du dos; dix aux fs rayons à la seconde thoracines ;, six rayons à la première dorsale; le der- nier de ces rayons éloigné des autres; la couleurnoire. Onze rayons à la seconde | | nageoire du dos ; quatre à chacune des thoracines ; la A ° LME | mâchoire supérieure très- arrondie par-devant; les lèvres épaisses. Onze rayons à la seconde nageoire du dos; la cou- leur blanchätre ; des taches brunes ; les rayons des na- genres du dos et de anus, rayés de brun. Dix rayons à la seconde na- geoire du dos ; douze aux thoracines ; une crêle trian- gulaire et noirâtre placée longitudinalement sur la nuque, HESICOBRBTES. 16 SECOND SOUS-GENRE. Chacune des nageoires pectorales, attachée à une prolongation charnue. ESPÈCE. CARACTÈRES. Treize rayons à la seconde nageolre du dos; douze 21. LE GOBIE aux thoracines ; les yeux SCHLOSSER. à M ÿ très-saiilans , et placés sur le sommet de la tête. La L 20 ACC TNT 0 EE MINT Lane À { 14 2 À » vé ‘4 5 : 162 HISTOIRE NATURELLE LE GOBIE PECTINIROSTRE. Lrs gobies n’attirent pas l’attention-de l'observateur par la grandeur de leurs dimensions, le nombre de leurs armes, la singularité de leurs habitudes; mais le juste appréciateur des êtres n'accorde- t-il son intérêt qu'aux signes du pouvoir, aux attributs de la force, aux résultats en quelque sorte bizarres d’une organi- sation moins conforme aux lois géné- rales établies par la Nature ? Ah! qu'au moins , dans la recherche de ces lois, nous échappions aux funestes effets des passions aveugles ! Ne pesons pas les familles des animaux dans la balance inexacte que les préjugés nous présentent sans cesse pour les individus de lPespèce humaine. Lorsque nous pouvons nous soustraire avec facilité à l'influence trom- peuse de ces préjugés si nombreux, dégui- sés avec tant d'art, si habiles à profiter J € DES GOBIES. 163 de notre foiblesse, ne négligeons pas une victoire qui peut nous conduire à des succès plus utiles ; à une émancipa- tion moins imparfaite ; et ne cousultons dans la distribution des rangs parmi les sujets de notre étude, que les véritables droits de ces objets à notre examen ainsi qu'à notre méditation. Si Les gobies n’ont pas recu pour atta- quer , les formes et les facultés qui font maître la terreur , ils peuvent employer les manéges multipliés de la ruseet toutes les ressources d’un instinct assez étendu ; s'ils n’ont pas, pour se défendre, des armes dangereuses , ils savent disparoître devant leurs enmemis , et se cacher dans des asyles sûrs; si leurs formes ne sont pas très-extraordimaires, elles offrent un rapport très-marqué avec celles des cy- cloptères , et indiquent par conséquent un nouveau point de contact entre les poissons osseux et les cartilagineux ; si leurs couleurs ne sont pas très-riches, leurs nuances sont agréables, souvent très-variées, quelquefois même brillantes ; s'ils ne présentent pas des phénomènes \ Li. s: 164 HISTOIRE NATURELLE remarquables , ils fournissent des mem- branes, qui, réduites en pâte, ou, pour. mieux difer, en colle, peuvent servir dans plusieurs at utiles ; si leur chair n’a pas une saveur rues elle est une nourri- ture saine, ct, peu recherchée par le, riche , elle Sais fréquemment devenir l'aliment du pauvre; et enfin si les indi- vidus de cette famille ont un petit vo- lume , ils sont en très-grand nombre, et l enigitr tion qui les rassemble ; les voit former un vaste ensemble. | Mais ce ne sont pas seulement: les indi- vidus quisont nombreux dans cette tribus ou compte déja dans ce genre beaucoup de variétés et même d'espèces. Et comme nous allons faire connoître plusieurs #80- bies dont aucun naturaliste n’a encore entretenu le public , nous avons eu plus d’un motif pour ordonner avec soin l’ex- position des formes et des mœurs de cette famille, Nous avons commencé par en sé- parer tous les poissons qu’on avoit placés parmi les vrais gobies , mais qui n’ont pas les caractères distinctifs propres à ces der- nicrs animaux ; et nous n'avons CONSCTVÉ DES GOBIES. 165 dans legenre que nous allons décrire, que les osseux dont les nageoires thoracines, réunies à peu près comme celles des cy- cloptères , forment une sorte de disque, ou d’éventail déployé , ou d’entonnoir évasé, et qui en même temps ont leur dos garni de deux nageoires plus ou moins étendues. Une considération attentive des détails de la forme de ces nageoires dor- sales et thoracines, nous a aussi servi, au moins le plus souvent , à faire recon- noître les espèces : pour rendre la recher- che de ces espèces plus facile , nous les avons rangées, autant que nous l'avons pu , d’après le nombre des rayons de la seconde nageoire dorsale, dans laquelle nous avons remarqué des différences spé- cifiques plus notables que dans la pre- mière ; et lorsque.le nombre des rayons de cette seconde nageoire dorsale a été égal dans deux ou trois espèces , nous les avons inscrites sur notre tableau d’après la quantité des rayons qui composent leurs nageoires thoracines. Mais avant de nous occuper de cette détèrmination de la place des diverses espèces de gobies, 166 HISTOIRE NATURELLE nous les avons fait entrer dans l’un ou dans l’autre de deux sous-genres, sui vant que leurs nageoires pectorales sont attachées immédiatement au corps , ou. que ces instrumens de natation tiennent à des prolongations charnues. Le pectinirostre est , dans le premier sous-genre, l'espèce dont la seconde na= geoire dorsale est soutenue par le plus grand nombre de rayons: on y en compte vingt-six *. Mais ce qui suflroït pour faire distinguer avec facilité ce gobie, et lui a fait donner le nom qu'il porte , c’est que presque toutes les dents qui garnissent sa mâchoire inférieure , sont couchées de inanière à être presque horizontales, et à douner au museau de l’animal un peu de ressemblance avec un peigne demi-circu- laire. Ce poisson vit dans les eaux de la Chine. * À la membrane des branchies.. 5 rayons. à la première nageoire du dos.. ‘9 à la séeonde. .. 5,2, 41 54284 6 0et à chacune des pectorales....... 19 aux thoracines,., :.4,44 48 0400 à celle de l'anus. rss ef à celle de la queue. ,,.., 444,178 DES GOBIES. 167 LE GOBIE BODDAERT. 4 Ok a dédié au naturaliste Boddaert cetté espèce de gobie , comme un monument de reconnoissance , vivant et bien plus durable que tous ceux que la main de l’'omme peut élever. Ce poisson osseux a été pêché dans les mers de l'Inde. Il par- vient à peine à la longueur de deux dé- cimètres. Il est d’un brun bleuâtre par- dessus, et d’uu blanc rougeûtre par-des- sous. Des taches brunes et blanches sont répandues sur la tête ; lamembrane bran- chiale et la nageoiïre de la queue présen- tent une teinte blanche mêlée de bleu ; sept taches brunes placées au-dessus de sept autres taches également brunes, mais pointillées de blanc, paroissent de chaque côté du dos ; un cercle noir en- toure l'ouverture de l’anus ; quélques ta- ches couleur de neige marquent la ligne latérale, le long de laquelle on peut d'ail- #- HA, à é sit DD Ca des à lt (2 A + DR da age tu Li l f J D à 4 ro : \ (l «i h “ 168 HISTOIRE cé. icurs appercevoir de très-petites pepilles ; la première nageoire du dos * est parsemée de points blancs ; et cinq ou six lignes blanches s'étendent en travers entre les rayons de la seconde. Indépendamment des couleurs dont nous venous d'indiquer la distribution, le boddaert est remarquable par la los sueur des filamens qui terminent les rayons de sa première nageoire dorsale, et particulièrement de celui que lon voit à l'extrémité du troisième rayon. De plus , sa chair est grasse’, SOI Inuseau frès- obtus; ses lèvres sont épaisses ; ses yeux. un peu ovales et peu saillans ; et au-delà de l’anus , on distingue un petit appen- dice charnu et conique , que l’on a mal- à-propos appelé petit-pied , pedunculis , péduncule, et sur l’usage duquel nous au- rons plusieurs occasions de revenir. 1 * A la première nageoire du dos. 5 rayons. À 14 SELON D «à à «02 à SA A RE à chacune des pectorales....... 21 atkYboratines. /.. 14071 BNP ANSE Ne, à celle Œ Lans, SV PE * a celle dela queue: 2,44, MRIaGr _ | # Pi: re - lon: à de dé > . v œe 4. r: LE À RAT Er CA . Rés se D AN MN 2. GOBIE Lancéolé. 2. GOBIA.?lumier. { : 3. SCORPZLNZ Luce . BIENTS i; 7 Li La LADIES GOBIES.., 169 D 0 . LE GOBIE LANCÉOLÉ. C: poisson est très-alongé: la nageoire placée à l'extrémité de sa queue, est aussi ononstie: elle est de plus très-haute, ct faconnée de manière à imiter un fer sit lance, ce qui a fait donner à l'animal le mom que nous luiavons conservé. Le doc- teur Bloch en a publié une figure d’après un dessin exécuté dans le temps sous les yeux de Plumier ; et la collection de pein- tures sur vélin que renferme le Muséum _matioual d'histoire naturelle , présente aussi une image de ce même gobie peinte également par les soins du même voya- geur , et que nous avons cru devoir faire graver. On trouve le lancéolé dans les flenves et les petites rivières de la Martinique. Sa chair est agréable, et il est couvert de pe- tites écailles arrondies. La Perhoils su- périeure est un peu plus avancée que 15 ro HISTOIRE PATURA EE l'inférieure, Deux lames composent l’oper: cule. L’anus est beaucoup plus pres de la : gorge que de la nageoiré caudale. Les. rayons de la première nageoire du dos. s'élèvent plus haut que la membrane qui les réunit *. Les pectorales et celle de la queue sont d’un jaune plus ou moins mêlé de verd, et bordées de bleu ou de. violet ; on voit, dechaque côté de la tête, une dt bien et dont les bords sont rouges ; une tache brune est placée à droite et à gauche près de l'endroit où les deux nageoires dorsales se touchent; et la couleur générale de l'animal est d’un Jaune pâle par-dessus , et d’un gris blanc par-dessous. * À Ja membrane des branchies.. Me" à la première nageoire du dos za n da LME TUEUR 0 0. + e AT a à chacune des nageoires pectorales aux thofacines, 5 2e, dos 0e d'eelle’ de l'anus! 50000. out à lle de Ta queue... D raÿyOnse 6 2a DES GOBIES * 71 TS Le LE GOBIE APHYE*. Lss eaux douces du Nil , et les eaux sa- lées de la Méditerranée , dans laquelle se jette ce grand fleuve, nourrissent le gobie aphye, dont presque tous les naturalistes anciens et modernes ont parlé, et dont Aristote a fait mention, Il n’a cependant frappé les yeux ni par ses dimeusions, ni par ses couleurs : les premièresne sont pas très-grandes , puisqu'il parvient à peine à la longueur d'un décimètre ; et les se- condes ne sont ni brillantes ni très-va- riées. Des bandes brunes s'étendent sur ses nageoires dorsales et de l’anus; sa teinte générale est d’ailleurs blanchâtre, avec quelques petites taches noires. Ses yeux sont très-rapprochés l’un de l’autre. * Marsio ; pignoletti, marsione , sur plusieurs côtes de la mer Adriatique ; loche de mer, dans plusieurs départemens méridionaux de France, r72 HISTOIRE NATURELLE ‘ Il a été nommé Locke de mer, parce qu’il a de grands rapports avec le cobite appelé | loche de rivière, et dont nous nousentre- | tiendrons dans la suite de cet ouvrage*: * A la première nageoire du dos.. 6 rayons, à. la seconde. ..... ae ne à à chacune des pectorales....,,.. 16 aux thoracines........... REA à à celle de Panus.. ..... AE à pi à celle de la queue. . 44, 020088 DES GOBIES.. v73 LE GOBIE PAGANEL*, LE GOBIE ENSANGLANTÉ, E T LE GOBIE NOIR-BRUN. Lr gobie paganel a été aussi nommé goujon ou gobie de mer, parce qu’il vit au milieu des rochers de la Méditerranée. IL parvient quelquefois à la longueur de vingt-cinq centimètres. Son corps est pew comprimé. Sa couleur générale est d’um blanc plus où moins mêlé de Jaune, ce qui l’a fait appeler gozjon blanc, et au mi- lieu des nuances duquel on distingue aussi quelquefois des teintes vertes ; et voilà pourquoi le nom grec de y%Aawpos, verd, d’un verd jaune, lui a été donné par plu- sieurs auteurs anciens. Il a de plus de * Paganello , dans plusieurs contrées de l’Ttalies 15 174 HISTOIRE NATURELLE petites taches noires : sa première nagcoire à dorsale est d’ailleurs bordée d’un jaune vif; la seconde :e& celle de, lanussont | pourprées à leur base. La nageoire de sa queue est presque rectiligne. H a de petites dents, la bouche gr ande, l'estomac assez volumineux, le pyloregarni d’appendices; et, selon Aristote, il sc nourrit d'algues, ou de débris de ces plantes marines. Sa chair est maigre et un peu friable. C’est près des rivages qu'il va déposer ses œufs, comme dans l'endroit où il trouve l’eau la plus tiède, suivant l'expression de Ron- delet, Lalen le plus abondant, et. l'a- bri le ie sûr contre les grands poissons, Ces œufs sont plats, et faciles à écraser *. L'ensanglanté est pêché dans la Médi- terranée, comme le paganel , auquel il tte beaucoup : mais les rayons de ses deux nageoires dorsales sont plus éle- * À la première nageoire du dos... 6 rayons, à la.seconde. 443.072, ULGRL 200 TU à chacune des pectorales.., 4, ‘x7 aux hédacinedi. su ciistaiue 08 12 à celle. de Fanus:.....s0 10e à celle de ja queue. ...,...,.:: 2 ( D'E S? G O BITES. : 175 ves que des membranes. D'ailleurs sa bouche, ses opercules, sa gorge, et plu- sieurs de ses nageoires, présentent des taches d’un rouge émet de sang , qui le font paroître LATE TEE Sa couleur géné- rale est d’un blanc pâle, avec des bandes transversales brunes ; on trouve quelques bandelettes noires sur la nageoire de la queue, qui est arrondie ; les thoracines sont bleuâtres. Ce poisson a été très-bien décrit par le naturaliste Brunnich *. Le nom du roir-brun indiqueses couleurs distinctives. Il n'offre que deux teintes principales ; il est brun, et toutes ses na- geoires sont noires. Ses formesressemblent beaucoup à celles de l’ensanglanté, et par conséquent à celles du paganel. Il habite les mêmes mers que ces deux go- bies ; et c’est au savant cité dansla phrase * À Ja membrane branchiale.,..... 5 rayons, à la première nageoire du dos.... 61: DORE Nano cdd ess 40 à chacune des pectorales........ 19 US no at» PROPOS POTTER Ne de Fans: aida. 15 à celle de la queue, ........,... 15 176 HISTOIRE NATURELLE | précédente que l’on en doit la connois= À sance. Il n’a guère. qu un NS LE lon- | à \ gueur *. PER LU RSA a OT. PES mo re in A la première nageoire du dos... (5 rayons. à à la onde RS PAPAS 16. à chacune des pectorales,. te: de 1 19. aux thoracines.. . : 0 2e PEN 12 px k à celle délanus.. 0, NIMES 15 5 à celle dela queue..." 17 | A | DES GOBIES. 177 LE GOBIE BOULEROT* PRET CRE LL: boulerot a été nommé gobie ou gou- jon noir, parce que sur son dos de cou- leur cendrée ou blanchâtre s'étendent des bandes transversales très-brunes , et que d’ailleurs il est parsemé de taches dont quelques unes sont blanches ou jaunes , mais dont le plus grand nombre est ordi- nairement d’un noir plus ou moins foncé. On voit des teintes Jaunâtres sur la partié inférieure et sur ses opercules. Sa lon- gueur est communément de deux déci- mètres. Ses deux mâchoires, aussi avan- cées l’une que l’autre , sont armées cha- cune de deux rangs de petites dents ; sa langue est un peu mobile ; ses écailles sont dures. Ses nageoires thoracines colorées et réunies de manière à présenter * Bouleréau; go, goget, zolero, dans plu- sieurs contrées de l'Italie; sea-gudgeon, rock-fish; en Angleterre, 178 HISTOIRE NATURELLE à certains yeux une ressemblance vague : avec une sorte de barbe noire, lui ont. Ë fait donnerde nom de bouc, en grec payes. L: Derrière l'anus, paroît un petit appendice ; analog gue à celui que nous avons remar- qué ou que nous remarquerons dans um grand nombre d'espèces de gobies. Sa na- seoire caudale est arrondie ,etquelquefois cet instrument de natation et toutes les autres nageoires sont bleues. Le boulerot se trouve non seulement dans l'Océan atlantique boréal , mais encore dans plusieurs mers de l’Asie. Vers le temps du frai, il se rapproche des rivages et des embouchurés des fleuves. Il vit aussi dans les étangs vaseux qui recoivent l’eau salée de la mer; et lors- qu'on l'y pêche, il n’est pas rare de le trouver dans le filet, couvert d’une boue noire qui n’a pas peu contribué à lui faire appliquer le non de goujon noir. Sa chair est pas désagréable au goût : cependant. Juvénal et Martial nous apprennent que sous les premiers empereurs de Rome, et dans le temps du plus grand luxe de cette capitale du monde, il ne paroïssoit guère DES GOBIES. 170 sur la table du riche et de l'homme somp- tueux *. het) - * A la première nageoire du dos... 6 rayons. CR 6. AU te pere Cie à ONE 14 à chacune des pectorales......... 18 à chacuñe des thoracines........ 10 à celle de lanus.......…. SE nat AS 13 à celle de Ja queue. ......4,.... T4 180 HISTOIRE NATURELLE LR LE GOBIE BOSCY*. mcm 4} Mo confrère le citoyen Bosc a bien voulu me communiquer la description de ce poisson, qu’il a vu dans la baie de Charles-town de PARENQUE Met trionale. | Ce gobie a la tête plus large que le corps ; les deux mâchoires également avancées; les dents très-petites ; les yeux proéminens; les orifices des narines sail- laus ; l’opercule branchial terminé en angle ; et les quatre premiers rayons de la première nageoire dorsale, prolongés chacun par un Étnon délié. Il paroît sans écailles. Sa couleur géné- rale est grise et pointillée de brun. Sept bandes transversales , irrégulières , et d’une nuance plus pâle que le gris dont Gobius alepidoptus , corpore nudo, griseo , fas- cris septem pallidis. (Bosc, manuscrit déja cité.) Ld Z, COBIZ Bose. 2 POGCONZAS 7Zas 3, LUTIAN 7rilobe. DES-GOBIES. 16 nous venons de parler , règnent sur les côtés , et s'étendent sur les nageoires du dos, qui d’ailleurs sont brunes, comme les autres nageoires *, On ne distingue pas de ligne latérale. Le gobie bosc ne paroît parvenir qu’à de très - petites dimensions : l'individu décrit par mon savant confrère avoit cin- quante-quatre mullimètres de long , et treize millimètres de large. | On ne mange point de ce gobie, * À la première nageoire dorsale... "7 rayons: Re. 2e daermrnehes LÉ à chacune des pectorales. ....4. 18. aux thoracines: .. ses... 8 à celle de lPanüs!........:..... 10 à celle de la queue, qui st lan PP ET ARR. US ry Poissons, Ve 1% 182 HISTOIRE NATURELLE 7 LE GOBIE ARABIQUE, bi LE GOBILE 10%0: F dé 'arabiquex ORSKAEL a découvert l’arabique dans la contrée de l'Asie indiquée par cette épi- thète. Les cinq premiers rayons de la pre- mière nagecoire du dos de ce gobie sont deux fois plus longs que la membrane de cettenageoire n’est haute. Il n’est que dela longueur du petit doigt de la main; mais sa parure est très-agréable. L’extrémité des rayous dont nous venons de parler, est rouge : la couleur générale de l’animal est d’un brun verdâtre, relevé et diversi - fé par un grand nombre de points bleus et de taches violettes, dont plusieurs se réunissent les unes aux autres, et qui paroissent principalement sur toutes les nageoires. On devine aisément l'effet doux ct gracieux que produit ce mélange de DES GOBIES. 183 rouge, de verd, de bleu et de violet, d'autant mieux fondus les uns dans les autres , que plusieurs reflets en multi- plient les nuances*. La peau de l’arabique est molle, et recouverte de petites écaiiles fortement attachées. La nageoire de sa queue est pointue. Nous placons dans cet articie ce que nous avons à dire du Jo20, parce qu'il a - beaucoup de rapports avec le gobie dont nous venons de parler. Presque tous les rayons de sa première nageoire dorsale sont plus élevés que la membrane. Sa tête est comprimée ; ses deux mâchoires sont également avancées ; sa ligne latérale s’é- tend, sans s'élever ni s’abaïsser, à une distance à peu près égale de son dos et de son ventre. Cette ligne est d’ailleurs noirâtre.: L'animal est, en général, blanc ou blanchâtre, avec du brun dans sa * A la première nageoire dorsale.. 6 rayons. y à. VO PI TS PME AMIE 7 | à chacune des pectorales........ 16 M ôracmes:. 13.224,45... 12 débile de l'anus 6 2e ce 23 à ceMe de la queue. .........., 17 184 HISTOIRE NATURELLE partie supérieure ; ses nageoires thora- cines sont bleues. On le trouve non seu lement dans la Méditerranée , mais dans: l'Océan atlantique boréal : il y vitauprès des rivages de l'Europe, y dépose’ses œufs dans les endroits dont le fond est sablonneux ; et quoique sa longueur or- dinaire ne soit qué de deux décirhiètres , il se nourrit, dit-on , de crabes ét dé pois sons , à la vérité très-Jeunes ét très-petits. Sa chair, peu agréable au goût, ne Pex: pose pas à être très - recherché 'par les’ pêcheurs ; mais il est fréquemmentila proie de grands poïssons , ét notamment de plusieurs gades*. : EE * A la première nageoire dorsale... .; 6 raÿOnss. à ja setondé;, Red a ER à chacune des pectorales,.......…, 10 auS thoracines. SN eee CREER » À à. celle de T'anté LUE 40e TR à celle de Ja queues. 4152, ea On (D'ÆE1S G'0 BI ES: 211 185 31D( * ML rs + FER | Fr LLE GOBTE BLEU. _. S'tit ro KE GB: Cevrr espèce est encore inconnuë des naturalistes : elle a:été décrite par Com- merson: Sa couleur est remarquable : elle est d’un bleu très-beau, un peu plus clair sur Ja partie anférieure de l’animal que sur la su périeure ; cetazurrègnesur toutes les parties du poisson, excepté sur la na- geoire dela quete ; qui est rouge , avec une bordure noire ; et commece gobie a tout au plus un décimètre ou à peu près de longueur, on croivoit, lorsqu'il nage au milieu d’une eau calme, limpide, et très-éclairée par les rayons du soleil, voir flotter un canon de saphir terminé par une escarboucle. | 11 habite dans la mer qui baigne l’A- frique orientale , à l'embouchure des fleuves de l’île de la Réunion, où la peti- tesse de ses dimensions , QUE nous VENONS d'indiquer , fait que les Nègres même 16 % | HISTOIRE NATURELLE dédaignent de s’en nourrir, et ue seit servent que comme d’appât pour prendre de plus grands:poissans: :} :; «41 Le bleu a le museau obtus, la mâchoire inférieure garnie de dents aiguës et moins menues que celles de la supérieure ; les yeux ronds, saillans, et plus éloignés l'un de Le nbirnte nl beaucoup d’autres gobies ; la première nageoire du dos:trians gulaire, etcomposée derayons quise pro= longent par des filamens au-dessus de la iuembrane ; la seconde nageoire dorsale terminée par un rayon deux fois: plus long que les autres ; l’anus à une-distance presque égale de la gorge et de là na geoire caudale , qui est arrondie *;-etiles écailles petites et rudes. * À la membrane des branchies.. 4 rayons. à la première nageoire du dos... 6 à la Seconde! ins LU CES à chacune des pectorales....... 20 SAN ÉNOMACUNES . « eo de s'arale 2 SU à’celle de Tanusieu lun S eee ee à celle de la queue. .......1:., 14 DES GOBIES. 187 LE GOBIE PLUMIER. LARJ L2.2 Ÿ | 2 . = Le docteur Bloch a décrit ce gobie d’a- près des peintures sur vélin dues aux soins du voyageur Plumier. Le Muséum national d'histoire naturelle possède des peintures analogues, dues également au zèle éciairé de ce dernier naturaliste, Nous avons trouvé parmi ces peintures du Muséum l’image du poisson nommé, avec raison, gobie plumier, et nous avons cru devoir la faire graver. à Cet animal, qui habite dans les An= tilies, est alongé, mais charnu , très-fé- cond , d’une saveur agréable , et suscep- tible de recevoir promptement la cuisson convenable. Les écailles dont il est revêtu sont petites, et peintes de très-riches cou- leurs. Sa partie supérieure brille d’un jaune foncé ou de l'éclat de l'or; ses côtés sont d’un jaune clair ; sa partie inférieure est blanche ; ét toutes les nageoires sont LE Lu dau dit Vs tx L s : ES 188 HISTOIRE NATURELLE d’ un beau jaune , relevé très- de: cl par une bordure noire sur celle de la à queue et de la- poitrine. Quelques anfres, Rares font quelquefois ressortir sur diverses p: Par- ties du corps les teintes que nous venons d'indiquer *. si La tête est grandes :le- Hard dut. Ce : charnu ; l’ouver ture branchiale étendue; l’opercule composé d’une seule lame ; la mâchoire supérieure beaucoup. plus avancée que l'inférieure; la ligneldatérale droite; la nageoïre caudale arrondie ; let l'anus situé vers le milieu de la longues. du corps. A 6 ts demilirsele * A la première nageoire du dos.... 6 rayons. à la seconde. eue ce ce CU ne à chacune des pectorales. ...... 12 à chacune des thoracines......:. 6 à celle de. l'anus... 0002 à celle de la queue..:........14 > TIMES TG O0 BTS" 88 - r LE GOBIE-ÉLÉOITRE, LE COBIE NÉBULEUX. ä, Eseaux de la Chine nourrissent l’éléo- tre; dont la couleur générale est blan- ebâtre , la seconde nageoïire du dos aussi élevée que la première , et celle de la queue arrondie. Le corps est couvert d’é- cailles larges , arrondies et lisses ; et l’on voittune tache violette sur le dos , auprès des opercules *. | miemébuleux a été découvert en Arabie par le Danois Forskael: À peine sa lon- * À la membrane des’ branchies de . lééotre sg" o"é'a"e"c"d'e 2:05... 5 rayons: NES : , G à la première nageoire du dos..,. 6 “ x ” da latéeconde, : : : : 2732, 2 22 SIT IT à chacune des pectorales.. :..... 20 aux thoracines. ss... C3 : . 12 à celle dé l’anus:. . /;/} 2225! °5 #o x à celle de. la -queue:7::,. 4, 4.4 "15 199 HISTOIRE NATURELLE gueur égale-t-elle un décimètre.Ses écailles … sont srafdes rudes, eten losange. La na- geoire de la queueest arrondie ; et voici la distribution des couleurs dont ce gobie | est peint. Sa partie inférieure ést d’un blanc sans tache ; la supérieure est blanchâtre, avec des taches brunes , irrégulières et comme puageuses , que l’on voit aussi sur la base des nageoires pectorales , lesquelles sont d’ailleurs d’un verd de mer, et sur les dot- sales , ainsi que sur la nageoire de la queue. Cette dernière, les dorsales et l’a- nale , sont transparentes ;:l’anale est , de plus , bordée de noir ; les thoracines:pré- sentent une teinte brunâtre ; ct un fila- ment noir et très-long termine le second rayon de la première rageoire du dos *. * À la membrane branchiale du né- | bnleux.}, 423 eau 22 NN TR TORS à la premitre mageoire du dos... 6 à la secondes sréenmtss.. L'ONSRE à chacune des pectorales. ...... 18 aux thoragines. .. .......4####4008 à celle de l'anus. ......:1# tbe à celle de la queue... 08 34 DES GOBIES. 19€ LE GOBIE AWAOU. C'ssr dans les ruisseaux d'eau douce - qui arrosent la fameuse île de Taïti , au milieu du grand Océan équinoxial*, *, que l’on a découvert ce gobie. Mon cofrère l'habile ichthyologiste Broussonuet l’a vu dans la collection du célèbre Banks; et en a publié une belle figure et une très-bonne description. Cet awaou a le corps com- primé et alongé; des écailles ciliées où frangées ; la tête petite et un peu creusée en gouttière par-dessus ; la mächoire d’en- haut plus avancée que l’inférieure , et hérissée de dents inégales ; la inâchoire d’en-bas garnie de dents plus petites ; * Nous employons avec empressement les déno- misations de l'excellente et nouvelle nomenclature hydrographique, présent‘e, le 22 floréal an 7, à JInsutut de France, par mon savant et respectable : confrère le citoyen Fleurieu, 192 HISTOIRE'NA TURELLE plusieurs autres dents menues , aiguës ; et pressées dans le fond de la gueule au- dessus et au-dessous du gosier ;: la;ligne latérale droite; et l'anus situé vers le mi- lieu de la Loti de l'animal, et suivi d’un APRES conique. Nous n'avons plus qu’à faire connoître les cénlouré de ce gobie. Son ventre est d’un verïd de mer; dés teintes obscures et nuageuses , noires [et olivâtres , sont répandues sur sou dos une nuance verdatre distingue les na- geoires de la queue et de l’anus ; des bandes de la même couleur et d’autres bandes brunes se montrent quelquefois sur leurs rayons et sur ceux de la seconde nageoire du dos *; les pectorales et les * À la membrane des branchies.... , 9 raÿons. à Ja première nageoïre du dos... 6: la seconde dudos 5 0, RS HE chacune des pectorales.,...1.… TO... A * : chacune des thoracines..:..,.:..1 6 :. LI [ap e- celle. de l’anuec::..5 4 sarl À a: celle de la queue, qui est très-, DTCONAÏE « « à » 0 4 sa RAT 22 Lis D'ES GOBIES. 198 thoracines sont noirâtres ; et au milieu de toutes ces teintes sombres , on remarque aisément une tache noire, assez grande, œillée , et placée près du bord postérieur de la première dorsale. % 194 HISTOIRE NATURÉLLE LE GOBIE NOIR. Cr gobie, dont nous avons vu la des- cription dans les manuscrits de Commer- son , que Buffon nous a remis il y a plus de douze ans, est à peu près de la taiile d’un grand nombre de poissons de son genre. Sa longueur n’égale pas deux déci- mètres, et sa largeur est de trois ou quatre centimètres. Il présente sur toutes les par- ties de son corps une couleur noire, que quelques reflets bleuâtres ou verdâtres ne font paroître que plus foncée , et qui ne s'éclaircit un peu et ne tend vers une‘ teinte blanchâtre, ou plutôt livide, que. sur une portion de son ventre. Les écailles qui le revêtent sont très-petites , mais re- levées par une arête longitudinale ; sa tète paroît comme gonflée des deux côtés. Sa mâchoire supérieure , susceptible de mouvemens d'extension et de contrac- tion , dépassé et embrasse l’inférieure : DES GOBIES. 195 ou les croiroit toutes les deux garnies de petits grains plutôt que de véritables dents. La langue est courte, et attachée dans presque tout son contour. L’inter- valle qui sépare les yeux l’un de l’autre, est à peine égal au diamètre de l’un de ces organes. Commerson a remarqué avec attention deux tubercules placés à la base de la membrane branchiale , et qu'on ne pouvoit voir qu'en soulevant l’opercule. Il a vu aussi au-delà de l’ou- verture de l’anus , laquelle est à une dis- tance presque égale de la gorge et de la nageoire de la queue, un appendice sem- blable à celui que nous avons indiqué en décrivant plusieurs autres gobies , et qu'il a comparé à un barbillon ou petit fila- ment *. * À la membrane des branchies..... 4 rayons, à la première nageoire du dos..... 6 cam me vou qe LE à chacune des pectorales........ 15 4 UT" - Dppté PANNES à'celle de Fans: :34..:..4..,2 xt ; à celle de la queue, qui est un pet arrondie. Let ne de ve 15 AN "” # ( | 106 HISTOIRE NATURELLE > 4 Le gobie noir habite dans la portion du : grand Océan nommée, par notre confrère! Fleuricu, grand golfe des Indes*.Ils’y tient | à l'embouchure des petites rivières quise déchargent dans la mer: il préfère celles. dont le fond est vaseux. Sa chair est d'une saveur très-agréable , et d’ailleurs d'une qualité si saine , qu’on ne balance pas à la donner pour nourriture aux con- valescens et aux malades que l’on ne ré- | duit pas à une diète rigoureuse. LES * Nouvelle. Nomenclature hydrographique , déja citée. en j: DES GOBIES ‘ «107 LE GOBIE LAGOCÉPHALE, "y TL 21:14 LE GOBIE MENU. E T LE GOBIE CYPRINOÏDE: Lr lägocéphale, ou féte de lièvre, tire son nom dé la forme de sa tête et de ses lèvrés. Cette partie de son corpsést courte, épaisse , et dénuée de petites écailles. On voit à la mâchoire inféricure quelques dents crochues plus grandes que les au- tres. La mâchoire supérieure est demi-cir- culaire ; épaisse, et recouverte par une lèvre double , très-avancée , trèscharnue, et fendue en deux comme celle du lièvre: la lèvre d’en-bas présente une échancrure semblable. Le palais est hérissé de derts menues ct très-srrrées ; les yeux, très-rap- prochés l’un de l'autre , sont recouverts 17 168 HISTOIRE NATURELLE par une continuation de l'épiderme. On voit un appendice alongé et arrondi, au- delà de l’anus, qui est aussi loin de la gorge que de la nageoire de la queue; cette dernière est arrondie : l’on ne dis- tingue pas de ligne latérale; et la couleur générale de ce gobie, lequel est ordinaire- meut de la léhbriett d’un doigt, est com- posée de gris, de brun et de noir * Le menu, qui ressemble beaucoup à l'aphye, a la tête un peu déprimée ; ; Sa langue est grande ; ses deux nageoires dor- sales sont un peu éloignées l’une de:l’au- tre ; sa nageoire caudale. est rectiligne; et ses Late , aussi peu briHantes que celles lé du lagocéphale , consistent dans unecou- leur générale blanchäâtre , dans des taches couleur de fer disséminées sur sa partie * À Ja membrane des branchies du lngocéphale:2221.37..302000 3 rayons. à la première nageoire du dos... 6 à, dai setostle.. sus robe sn à chacune des pectorales...,,,...15 à chacune des thoracines......:. 4 à celle de l'anus. 41,418. à celle de la queue, , éd ue ARE / DES GLOSBLE S: 193 supérieure, et dans de petites raies de la même nuance, ou à peu près, répandues. sur les nageoires de la queue et. du dos *. _ On trouve dans les eaux de l’île d'Am- boine le cyprinoïde , que l’on à ainsi nominé à cause du rapport extérieur que ses écailles grandes et un peu frangées lui donnent avec les cyprins, quoiqu'il res- semble peut - être beaucoup plus aux spaïes. Le professeur Pallas en a publié le premier une très - bonne description. La partie supérieure de ce cyprinoïde est grise, et l’inférieure blanchatre. Ses di- mensions sont à peu près semblables à celles du menu. Il a la tête un peu plus large que le corps, et recouverte d’une peau traversée par plusieurs lignes très- déliées qui forment une sorte de réseau ; on voit entre les deux yeux une crête noi- râtre , triangulaire et longitudinale, que * À la première nageoire du dos du ee LUS pda ste dre seje 25 4 Ô TAFONSs ON D Li LS à ae 24e RE MONO Fat... dre do don DE \ 2'RNORINEN . PR #09. HISTOIRE NATURE ELLE l'on Homdteies pour uneprémière é‘tageoire dorsale très-basse ; au-delà. de! l'anus; on . appercoi paiement um appendiee uiohse" " arrondi par le bout , et que l'animal peut coucher à YobEte) dans une fossette . s €; ” F \ 1h IN né LI RUPLA [4 { + *,, 6.rayons à la RES cagéoire du dofi «i07r it 205 La alaseconiéss Don be (té. dit à chacuze: des pectorales, |, x aux thoragines. à, | ji. AE ‘5iHveyon simple: et gyar codée celle del’ anse, , ni 4 19 rayons à ceile de Ja queue ,. qui. cstarr once Hu é Wah 4 F4 .4 Di ét Aie a 1 VA F\Z.3 # C 3 ! RE DE ED PRET SD CES Ta } ' r$ | €A 34" ‘ HE | ‘ à | s C1 “ L T8 Ê | 246 \ | f is 1g1 « 4 A ' £ L £ « DES GOBTIES. 207 LE GOBIE SCHLOSSER*. C: EsT au célèbre Pallas que l’on doit la description de cette espèce, dont un in- dividu lui avoit été envoyé par le savant Schlosser , avec des notes relatives aux habitudes de ce poisson ; et le nom de ce gobie rappelle les services rendus aux sciences naturelles par l'ami de l’ililustre Pallas. | | Ce poisson est ordinairement long de deux ou trois décimètres. Sa tête est cou- verte d'un grand nombre d’écailles , alon- gée , et cependant plus large que le corps. Les lèvres sont épaisses , charnues , et bérissées, à l’intérieur , de petites aspé- rités : la supérieure est double. Les dents sont grandes., inégales , recourbées , ai- gués , et distribuées irrégulièrement. Les yeux présentent une position rc- marquable : ils sont très-rapprochés lun de l'autre, situés au-dessus du sommet * Cabes. % TRE x \ 700 mn SN r À AR er 22 HISTOIRE NATURELLE de la tête, et contenus dans des orbites très-relevées, mais disposées de telle sorte . que les cornées sont tournées, l’une vers la droite , et l’autre vers la gauche. - Les écailles qui revétent le corps et la. queue , sont assez grandes , rondes et un peu molles. On ne distingue pas facile- ment les lignes latérales. La couleur gé- nérale de l'animal est d’un brun noiratre sur le dos, et d’une teinte plus claire sur le ventre *. Les nagcoires pectorales du schlosser sont, comme l’indiquent les caractères du second sous-genre, attachées à des prolon- gations charnues , que l’on a comparées à des bras, et qui servent à l’animal, non seulement à remuer ces nageoires par le moyen d’un levier plus long , à les agiter dès-lors avec plus de force et de vîtesse , à \ * A la membrane des branchies.... 3 rayons. à la première nageoire du dos.... 8 à la sécontde. CRE à chacune des pectorales...,.... 16 aux thomiCmMess. :,,. . 4 4 à celle de l'anus... .,.. 440 RS à celle de le queue... 2,000 DA GUBEILES..", 203 nager avec plus de rapidité au milieu des eaux fangeuses qu’il habite, mais encore à se traîner un peu sur la vase des rivages, contre laquelle il appuie successivement ses deux extrémités antérieures , en pré- sentant très en petit, et cependant avec quelque ressemblance , les mouvemens auxquels les phoques et les lamantins ont recours pour parcourir très-lentement les côtes maritimes. C’est par le moyen de ces sortes de bras que le schlosser , pouvant, ou se glisser sur des rivages fangeux, ou s’enfoncer dans l’eau bourbeuse , échappe avec plus de facilité à ses ennemis , et poursuit avec plus d'avantage les foibles habitans des eaux , et particulièrement les cancres, dont il aime à faire sa proie. Cette espèce doit être féconde et agréa- ble au goût, auprès des côtes de la Chine, cù on la pêche, ainsi que dans d’autres contrées orientales, puisqu'elle sert à la, nourriture des Chinois qui habitent à une distance plus ou moins grande des ri- vages ; et voilà pourquoi elle a été norn- mée par les Hollandois des grandes Indes, poisson chinois {chineesche vissch T, CINQUANTE- SIXIÈME. GENRE. LES GOBIOÏDES. Les deux nageoires thoracines réunies l’une à l’autre; une seule nageoire dorsale; la téte petite; les opercules: attaches . dans une grande partie de leur contour. L ESPÉCES. CARACTÈRES. Cinquanie-deux rayons à Ha 1. LE GOBIOÏDE UE | nageoire du dos; toutes ANCUILLIFORME. . \ les nageoires rouges. uarante-ireis rayons à la ». LE:GoBtoïDE vageoire du dos; le bord _SMYRNÉEN. des : mîchoires El d’une lame osseuse €E dénuée de dents. Vingt-trois rayons à la na- geoire du dos; le corps et | la queue LLÈS = alongés et 3. Le GOBIOÏDE comprimés ;-des dents aux BROUSSONNET. méchoires ; les nageoires du dos et de l’anus très- rapprochées de la caudales qui est pointue. 4 LE GOBIOIDE QUEUE-NOIRE La queué uojre. _N a HISTOIRE NATURELLE. 209 LE GOBIOIDE ANGUILLIFORME. Le dans les contrées orientales , et notamment dans l'archipel de l'Inde, à la Chine, ou dans les îles du grand Océan équaiorial , que l’on trouve le plus grand nombre de gobies. Les mêmes parties du globe sont aussi celles dans lesquelles on a observé le plus grand nombre de go- bioïdes. L’anguilliforme a été vu particu- lièrement dans les eaux de la Chine. Comme tous les autres gobioïdes ,.1l ressemble beaucoup aux poissons aux- quels nous donnons exclusivement le nom de gobie ; et voilà pourquoi nous avons cru devoir distinguer par la dénomina- tion de gobioïde, qui signilie ex forme de gobie , le genre dont il fait partie , et qui a été confondu pendant lor:g-temps dans celui des gobies proprement dits. Il difière néanmoins de ces dernitrs, de méme que 18 hi AV 1 206 HISTOIRE NATURELLE tous les osseux de son genre, en ce qu'il. n’a qu’une seule nageoire dorsale, pen-. dant que les gobies en présentent deux, Il a d’ailleurs , ainsi que son nom l'in-. dique, de grands rapports avec la -murène auguille , par la longueur de la nageoire | du dos et de celle de l’anus, qui s'étendent presque jusqu’à celle de la queue, par la pctitesse des nageoires pectorales, qui, de plus, sont arrondies , et sur-tout par Ja viscosité de sa peau, qui, étant impré- guéc d’une matière huileuse très -abon- dante , est à demi transparente. | La mâchoire inférieure de l’anguilli- forme est garnie de petites dents, comme la supérieure ; et toutes ses nageoires sont d'une couleur rouge assez vive *. | * À la nageoire dorsale......,.... 52 rayons, à chacune des pectorales...... 13 | aux thoracines, . 35, 1441 40 en à celle de l'anus... mes à celle ‘dé la queues, 4 ass ES DES GOBIOIDES. 207 LE GOBIOÏDE SMYRNÉEN. Cr poisson a la tête grosse et parsemée de pores très-sensibles; dès-lors sa peau doit être arrosée d’une humeur visqueuse assez abondante. | Une lame,osseuse, placée le long de chaque mâchoire, tient lieu de véritables dents : on n’a du moins observé aucune dent proprement dite dans la bouche de ce gobioïde. Les nageoires pectorales sonttrès-larges, et les portions de celle du dos sont d’au- tant plus élevées qu’elles sont plus voisines de celle de la queue *. * À la membrane des branchies. .., 7 rayons, à la nageoire du dos... Na pINTIE à chacune des pectorales. ...... 33 . à celle de l’anus..... és. TUE. 5) à celle de la queue.......,..... 32 208 HISTOIRE NATURELLE: LE GOBIOÏDE BROUSSONNET. con “os one | N ous dédions cette espèce de gobioïde à notre savant confrère le citoyen Brous- sonnet; et nous cherchons ainsi à lui ex- primer notre reconnoïssance pour les ser- vices qu’il a rendus à l’histoire naturelle, et pour ceux qu'’ilrend chaque jouràcette belle science dans l’Afrique septentrio- nale, et particulièrement dans les états de Maroc , qu'il parcourt avec un zèle bien digne d’éloges. | Ce gobioïde, qui n’est. pas encore côn- nu des naturalistes , a les mâchoires gar- nices de très-petites dents. Ses nageoires thoracines sont assez longues , et réunies de manière à foimer une sorte d’enton- noir profond ; les pectorales sont petites et arrondies ; la dorsale et celle de l’anus s'étendent jusqu'à celle de la queue, qui pe 1 Fr z GOBIZOIDE -PrTOUSSONREC , 2. SCORPENZ ÆZorrible.. 3. SCORPENE lotante’. 7auquetr. . \ DES FOBIOIDES. 29 a la forme d’un fer de lance : elles sont assez hautes, et cependant l'extrémité des rayons qui les composent, dépasse la membrane qu'ils soutiennent *. | Le corps est extrêmement alongé, très- bas , très-compriné ; et la peau qui le recouvre est assez transparente pour lais- ser distinguer le nombre et la position des. principaux muscles. Un individu de cette belle espèce faisoit partie de la collection que la Hollande a donnée à la nation françoise; et c’est ce même individu dont nous avons cru de- voir faire graver la‘figure. * A Ja nageoire MM ire rayons, bg chacune des nageoires thoracines 7 De chacune des pectorales.…. RE TNE à TE celle de l'anus. 4%... #7 D celle dela queue. . 4 +... 16 , 16 210 HISTOIRE NATURELLE: LE GOBIOÏDE QUEUE-NOIRE. . C'rsrau citoyen Broussonnet que nous devons la connoissance de ce gobioïde, qu'il a décrit sous le nom de gobie à queue noire, dont la queue êst en effet d’une couleur noire plus ou moins foncée, mais … que nous séparons des gobies proprement dits, parce qu’il n’a qu’une nageoire sur CINQUANTE-SEPTIÈME GENRE. LES GOBIOMORES. | Les deux nageoires thoracines non réunies l’une à l'autre: deux nageoires dorsales ; la téte petite; les yeux rapprochés; les opercules attachés dans une grande partie de leur contour. R PREMIER SOUS-GENRE. L] { LA L2] La LC] Les nageoires pectorales attachées immédia- tement au corps de l'animal. ESPÈCES. CARACTÈRES. Trente rayons à la seconde 7. LE GOBIOMORE} nageoire du dos; dix aux GRONOVIEN, thoracines ; celle de la queue , fourchuec. Vingt rayons à la seconde BE - nageoïre du dos;\ douze 2, LE GOBIOMORE h REV aux thoracines ; six à la TAIBOA.. … première dorsale ; celle de la queue, arrondie. d L res PCT La son en a Ale mu Mu bé dd * ‘ de ; Sophie ve PT PORTES Æ HISTOIRE NATURELLE | ESPÈCES." CARACDÈRES 1) SPRL { Onze rayons à la seconde 0 17) A" nägéoire du dosb huit à 3. LE cogromore chacune des pectorales à DORMEUR: aimsi qu "à celle de P anus à | ‘la pageoïre .de \e queue très SRE sat ei SECOND SOUS-GENRE. ta Chacune des nageoires pectorales attachée à & une PI olonpation charnue. PER CARACTÉ DRE L SE 77" rTrèize rayons à! sceau 4 LE GOBIOMORE #F ., nageoire dudos; douze KOELREUTER. A aux ChGrAvIRe ESe DES GOBIOMORES. 213 LE GOBIOMORE GRONOVIEN. = | Lzrs gobiomores ont été confondus jus- qu’à présent avec les gobies , et par con- séquent avec les gobioïdes : Je les en at séparés pour répandre plus de clarté dans Ja répartition des espècesthoracines, pour me conformer davantage aux véritables principes que l’on doit suivre dans toute distribution méthodique des animaux, et afin de rapprocher davantage l’ordre dans lequel nous présentons les poissons. que nous avons examinés , de celui que la Nature leur a imposé. | Les gobiomores sont en effet séparés des gobies et des gobioïdes par la position de leurs nageoires inférieures ou thoracines, qui ne sont pas réunies, mais très-dis- tinctes, et plus ou moins éloignées l’une. de l’autre. Ils s’écartent d’ailleurs des CA ‘#ù | 214. HISTOIRE NATURELLE gobioïdes par lenombrede leurs nageoires dorsales : ils en PEER deux ; et les sobioïdes n’en ont qu'une. . Ils sont cependant très- voisins des go- bies , avec lesquels ils ont de grandes res- semblances ; et c’est cette sorte d’afinité ou de parenté que j'ai désignée par le. non générique de gobiomore (voisin ou. allié des gobies) que je leur ai donné. J'ai cru devoir établir deux sous-genres dans le genre des gobiomores, d’après les mêmes raisons et les mêmes caractères que dans le genre des gobies. J'ai placé dans le premier de ces deux sous-genres les gobiomores dont les nageoires pecto- rales tiennent immédiatement au corps proprement dit de l’animal, et j'ai imscrit dans le second ceux dont LL nageoires pectorales sont attachées à des prolonga- tions charnues. | Dans le premier sous-genre se présente d’abord le gobiomore gronovien. Ce poisson, dont on doit la connois- sance à Gronou , habite au milieu de la zone torride, dans les mers qui baignent le nouveau continent. Il a quelques rap- DES GOBÏIOMORES. 215 ports avec un scombre. Ses écailles sont très-petites ; mais , excepté celles du dos, qui sont noires, elles présentent une couleur d'argent assez éclatante. Des taches noires sont répandues sur les côtés de l'animal. La tête, au lieu d'être gar- nie d'écailles semblables à celles du dos, est recouverte de grandes lames écail- leuses. Les yeux sont grands et moins rapprochés que sur la plupart des gobies ou de: gobioides. L'ouverture dela bouche est petite. Des dents égales garnissent le palais et les deux mâchoires. La langue est lisse, menue et arrondie, La ligne latérale suit la courbure du dos. L'anus est situé vers le milieu de la longueur totale du poisson. Les nageoires thora- cines sont très-grandes , et celle de la queue est fourchue *, | * À Ja membrane des branchies... 5 rayons, : à la première nageoire du dos, ... 10 dla Scale. AU 2040 45,54. Bo à chacune des nageoires pectlofales 24 aux thoracines. . ses... 10 1 216 HISTOIRE NATURELLE LE GOBIOMORE TAIBOA. 1 4 C'rsr auprès du rivage hospitalier de la plus célèbre dés îles fortunées qui élèvent leurs collines ombragées et fertiles au milieu des flots agités de l'immense Océan équatorial, c’est auprès des bords enchanteurs de la belle île d'Otahiti, que l’on a découvert le taiboa, l’un des pois- sons les plus sveltes dans leurs propor- üons , les plus agiles dans leurs mouve- mens , les plus agréables par la douceur de leurs teintes , les plus richement parés par la variété de leurs nuances, parmi tous ceux qui composent la famille des gobiomores , et les genres qui l'avoi- sinent. | Nous en devons la première description au citoyen Broussonnet ,:qui en à vu des individus dans la collection du cé- ièbre président de la société de Londres. Le corps du taiboa est comprimé ettrès- DES GOBIOMORES. 17 alongé ; les écailles qui le recouvrent, sont presque quarrées et un peu crénelées. La tête est comprimée, et cependant plus large que le corps. La mâchoire infé- rieure n’est pas tout-à-fait aussi avancée que la supérieure ; les dents qui garnissent l’une et l’autre , sont inégales. La langue est lisse, ainsi que le palais ; le gosier hérissé de dents aiguës, menues et recour- bées en arrière ; la première nageoire du dos , composée de rayons très-longs , ainsi que très-élevés ; et la nageoire dela queue, large et arrondie*. ; Jetons les yeux maintenant sur les cou- leurs vives ou gracieuses que présente le taiboa. | | Son dos est d’un verd tirant sur le bleu , et sa partie inférieure blanchâtre; sa tète montre une belle couleur jaune plus ou * À la membrane des branchies... 6 rayons. à la première nageoire dorsale... 6 à la seconde nageoire du dos..,. 20 à chacune des pectorales........ 20 Dome 7... ...1. 1% Door lanus...:...4,...., 19 nie de düene.......,.,,.122 Poissons. V: | 19 ’ ne dan vi "8 HISTOIRE NATURELLE moins mêlée de verd ; et ces nuances sont relevées par des raies et des points que l’on voit sur la tête, par d’autres raies d'un brun plus ou moins foncé qui règnent auprès des nageoires pectorales, et par: des taches rougeâtres situées de chaque côté du corps ou de la queue. De plus , les nageoires du dos , de l’a nus et de la queue , offrent un verd mêlé de quelques teintes dé rouge ou de jaune, et qui fait très-bien ressortir des raies rouges droites ou courbées qui les par- courent, ainsi que plusieurs rayons qui les soutiennent, et dont la couleur est également d’un rouge vif et agréable. 4 Pt ne DES GOBIOMORES., 219 1 «4 : LE GOBIOMORE DORMEUR. Lrs naturalistes n'ont encore publié aucune description de ce gobiomore, qui vit dans les eaux douces, et particulière- ment dans les marais de l'Amérique méri- dionale : nous en devons la connoissance à Plumier ; et nous en avons trouvé une figure dans les dessins de ce savant voya- geur. La mâchoire inférieure de ce pois- son est plus avancée que la supérieure ; la nageoire de la queue est très-arrondie ; le nombre des rayons de ses nageoires empêche d’ailleurs de le confondre avec les autres gobiomores. On l’a nommé /e dormeur , sans doute à cause du peu de vivacité ou du peu de fréquence de ses mouvyemens. 220 HISTOIRE NATURELLE + à" LE GOBIOMORE. KOELREUTER. 4 EUR Le L>: nom de cette espèce est un témoi- gnage de gratitude envers un savant tres- distingué , le naturaliste Koelreuter, qui vit maintenant dans ce pays de Bede.. auquel les vertus touchantes de ceux qui le gouvernent , et leur zèle très - éclairé pour le progrès des connoissances, ainsi que pour l'accroissement du bonheur de leurs semblables, ont donné un éclatbien doux aux yeux des amis de l'humanité. . Ce gobiomore, dont les tégumens sont mous et recouvrent une graisse assez épaisse , est d’un gris blanchâtre. Ses yeux sont très-rapprochés, et placés sur le sommet de la tête ; ce qui lui donne un grand rapport avec le gobie schlosser, auquel il ressemble encore par la position de ses nagcoires pectorales , quisont atta- chées au bout d’une prolongation char 2222782 LLTE TE <> 7 er, En we OA ee A z. COBIOMORZ Âoelreuler . 2. CORTYPAZNZ CRTYSUTUS à, FISTULAIRE Pelinbuab«x . IT a net : : cs madllils Du nie DES GOBIOMORES. 22# nue très-large auprès du corps propre- ment dit; et c’est à cause de ce dernier trait que nous l'avons inscrit dans un sous-genre particulier, de même que Île gobie schlosser. , Les lèvres sont doubles et charnues ; les dents inégales et coniques : la mâchoire supérieure en présente de chaque côté une beaucoup plus grande que les autres. La ligne latérale paroît comme compri- mée ; l’anus est situé vers le milieu de la longueur totale du poisson ; et la nageoire de la queue est un peu lancéolée. La première nageoire dorsale est brune et bordée de noir ; on distingue une raie longitudinale et noirâtre sur la seconde ,. qui est jaunâtre et fort transparente *. On voit au-delà et très-près de l'anus du gobiomore koelreuter, ainsi que sur * À la membrane des branchies.., 2 rayons. à la première nageoire dorsale.. 12 ee re 0 à à chacune des pectorales........, 13 DL DORE. dc. 22 Dole de Pants. 1.7 ....... TE s. ne de R queue. ..,....... 13 22 HISTOIRE NATURELLE: plusieurs gobies , et même sur des pois- sons de genres très - différens, un petit appendice conique, que l’on a nommé péduncule génital, qui sert en effet à la reproduction de l’animal, ‘et sur l'usage duquel nous RAA PR quelques dé- - tails dans la suite de cette Histoire, avec plus d'avantage que dans Partièle parti- culier que nous écrivons. CINQUANTE-HUITIÈME GENRE. LES GOBIOMOROÏDES. Les deux nageoires thoracines non réunies l'une à l’autre; une seule nageoire dorsale; la téte petite ; les yeux rapprochés; les oper- cules attachés dans une grande partie de -leur contour. ESPÈCE. CARAÂACTÈRES. Quarante-cinq rayons à la nageoire du dos; six à chacune des thoracines ; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure, LE GOBIOMORO!ÏDE PISON. Lol GR ait 224 HISTOIRE NATURELLE LE GOBIOMOROÏDE PISON. ie gobies ont deux nageoires dorsales; les gobioïdes n’en ont qu’une, et voilà pourquoi nous avons séparé ces derniers poissons des gobies, en indiquant cepen- dant, par le nom générique que nous leur avons donné , les grands rapports qui les lient aux gobies. Nous écartons également des gobiomores, dont le dos est garni de deux nageoires , les gobiomoroïdes , qui n’offrent surle dos qu’un seul instrument de natation ; et néanmoins nous mar- quons, par le nom générique de ces gob1o- moroïides, les ressemblances très - frap- pantes qui déterminent leur place à à la suite des gobiomores. Le pison a la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure ; sa tête est. d’ailleurs applatie : on le trouve dans l'Amérique méridionale. En examinant dans une collection de. DES GOBIOMOROIDES. 225 poissons desséchés , donnée par la Hol- lande à la France, un gobiomoroïde pison, nous nous sommes assurés que les deux mâchoïires sont garnies de plusieurs ran- gées de dents fortes et aiguës : l’inférieure a de plus un rang de dents plus fortes, plus grandes , plus recourbées , et plus éloignées les unes des autres, re celles de la mâchoire supérieure. La tête est comprimée aussi-bien que déprimée , et garnie d'écailles presque semblables par leur grandeur à celles qui revêtent le dos. La nageoire de la queue est arrondie * Le nom de cette espèce rappelle l’ou- vrage publié par Pison sur l’Amérique australe , et dans lequel ce médecin a parlé de ce gobiomoroïde. * A Ia nageoïre du dos .......... 45 rayons chacune des pectorales..,..... 17 LE chacune des thoracines........ 6 ie me... is, 23 Av Lo etlle de laqueué. ,.,...,.... 12 Sr | URL ON ES HAUT. * =, add | CINQUANTE-NEUVIÈME GENRE: LES GOBIÉSOCES: Les deux nageoires thoracines non réunies lune à l’autre; une seule nageoire dor- sale; cette nageoire très-courte et placée au-dessus de l'extrémité de la queue, très- près de la nageoire caudale; la tête très- grosse, et plus large que le corps. ESPÈCE. CARACTÈRES. - Les lèvres doubles et très- extensibles ; la nageoire de la queue, arrondie. LE GOBIÉSOCE TESTAR. 1. GOBIESOCE Tester. 2 , SCOMPEROIDE J'auteur . 3, SCORPENE Plunrer : HISTOIRE NATURELLE, 227 LS LE GOBIE ÉSOCE. TESTAR. ä C’ssrà Plumier que l’on devra la figure de ce poisson encore inconnu des natura- listes | et que nous avous regardé comme devant appartenir à un genre nouveau. Celle que nous avons fait graver , et que nous publions dans cet ouvrage, a été co- piée d’après un dessin de ce célèbre voya- geur. Le testar habite l’eau douce: on l’a observé dans tes fleuves de l'Amérique méridionale. Le nom vulgaire de éestar, qui lui aété donné, suivant Plumier, par ceux qui l’ont vu dans les rivières du nou- veau monde ,indiqueles dimensions de sa tête, qui est très-grosse, et plus large que le corps ; elle est d’ailleurs arrondie par- devant , et un peu déprimée dans sa par- tie supérieure. Les yeux sont très-rappro-- chés l’un de l’autre ; les lèvres doubles et extensibles. On appercoit une légère con- cavité sur la nuque, et l’on remarque sur le dos un enfoncement semblable ; le … 2:83 HISTOIRE NATURELLE . 1 onije est très-saillant , très-gros, distin-… gué , par sa pro oéminence , du dessous de la queue. In y aqu’une nageoire dorsale; et cette nageoire, qui est très-courte , est placée au-dessus de l'extrémité de la queue, fort près de la caudale. Nous ver- rons une conformation très - analogue. dans les ésoces; et comme d'ailleurs lé testar a beaucoup de rapports avec les gobies, nous avons cru devoir former sa dénomination générique de la réunion du nom de gobie avec celui d’ésoce, et nous l’avons appelé gobiésoce testar. à La nagceoire de l'anus , plus voisine en- core que la dorsale, de celle de la queue, est cependant située en très-grande partie au-dessous de cette même dorsale: la cau- dale est donc très-près de la dorsale et de la nageoire de l'anus; elle est, de plus À très-étendue et fort arrondie * La couleur générale de EN est * À Ja nageoïre du dos.......... 8 rayons. à chacune des pectorales. esse. IT à chacune des thoracines.. does à celle de l'anus. >... 0 NT à la caudale.: . 4142000 TL DES GOBIÉSOCES. 229 d'un roux plus foncé sur le dos que sur la partie inférieure du poisson , et sur le- quel on ne distingue ni raies, ni bandes, ni taches proprement dites: Au milieu de ce fond presque doré , au moins sur cer- tains individus, les yeux, dont l'iris est d’un beau bleu , paroissent comme deux saphirs. 29 | SOIXANTIÈME GENRE. LES SCOMBRES. Deux nageoires dorsales ; une ou plusieurs petites nageoires au-dessus et au-dessous | de la queue; les côtés de la queue carenés, ou une pelite nageoire composée de deux aiguillons réunis par une membrane, au- devant de la nageoire de l'anus. ESPÈCES. CARACTÈRES. Le corps très-alongé ; dix petites nageoires 1rès - sé= parées l’une de l’autre , au- dessus et au-dessous de la queue ; la première na- geoire du dos longue et très - basse ; Ja seconde courte, échancrée, et pres- que semblable à celle de l'anus; la ligne latérale dénuée de petites plaques. :. LE SCOMBRE : COMMERSON: Dix pelites nageoirés au- 2, LE SCOMBRE dessus et au-dessous de la GUARE:. queue; la ligne latérale garnie de petites plaques. HISTOIRE NATURELLE. 22r ESPÈCES. CARACTÈRES. Huit ou neuf petites na- geolres au - dessus et au= L'Estaes dessous de la queue; IE: ANT nageoires éd n'at- teignant pasjusqu'à l'anus, et se terminant au-dessous de la première dorsale. Huit ou neuf petites na- 1 geoires au-dessus et au- 4. LE SCOMBRE dessous de la queue; les : GERMON. nageoires pectorales assez longues pour dépasser l’a. us, Huitouneuf petite tesnageoires au-dessus, et sept au-des- sous de la queue; les pec- 5. LE SCOMBRE torales à peine de la lon- THAZARD. gueur des thoracines ; les côtéset la partie inférieure de l’animal sans tache. 6, LE SCOMBRE de Ja queue ; les pectorales BONITE, atteignant à peine à la moi- {üé de l’espace compris É Huit petites nageoires au- dessus, et sept au-dessous entre leur base et l’ou- 23 HISTOIRE NATURELLE" ESPÈCES. 6. LE SCOMBRE BONITE. 7. LE SCOMBRE ALATUNGA. , LE SCOMBRE CHINOIS. g. LE SCOMBRE MAQUEREAU. 30. LE SCOMBRE JAPONOIS. | = "| CARACTÈRES. verture de l’anus; quatre raies Jongitudinales et noires sur le ventre. Sept petites nageoires au- dessus et au-clessous de la queue ; les peripales très= longues. Sept petites nageoires aus dessus et au-dessous de la queue; les pectorales courtes ; la ligne latérale saillante, Pt au- delà des nageoires pectio- rales , el sinueuse dans tout son Cours ; point de raies longitudinales. Cinq petites nageoires au- dessus et au-dessous de la queue; douze rayons à chaque nageoire du dos. Cinq petites nageoires au- dessus et au-dessous de la queue ; huit rayons à chaque nageoire dorsale. DES SCOMBRES. 233 ESPÈCES. CARACTÈRES. - Cinq petites nageoires au- II. LE SCOMBRE dessus et au-dessous de la DORÉ. queue; la partie supérieure de l’animal, couleur d’or. Deux arêtes couvertes d’une peau brillante, au-dessus de chaque opercule. 12. LE SCOMBRE ALBACORE. 20 LA w : ar € n : 234 HISTOIRE NATURELLE LE SCOMBRE COMMERSON. / Le genre des scombres est un de ceux : qui doivent le plus intéresser la curiosité des naturalistes , par leurs courses ra- pides , leurs longs voyages, leurs chasses, leurs combats, et plusieurs autres habi- tudes. Nous tâcherons de faire connoître ces phénomènes remarquables, en trai- tant en particulier du thon, de la bonite et du maquereau, dont les mœurs ont été fréquemment observées : mais nous allons commencer par nous occuper du scombre commerson et du guare , afin de mettre dans lexposition des formes et des actes principaux des poissons que nous allons considérer , cet ordre sans lequel on ne peut ni distinguer convena- blement les objets, ni les comparer avec fruit , ni les graver dans sa mémoire, ni les retrouver facilement pour de nou- veaux examens. C’est aussi pour établir d'une manière plus générale cet ordre, Z. SCOMBRE Commerson. 2. S COMBRE Borut.. >: JC OMBEÆER OZDEÆ Commersonien , 4 JD auqut pe: DES SCOMBRES. 23%5 sans lequel , d’ailleurs , le style n’auroit ni clarté, ni force , ni chaleur , et de plus pour nous conformer sans cesse aux prin- cipes de distribution méthodique qui nous ont paru devoir diriger les études des naturalistes, que nous avons circons- crit avec précision le genre des scombres. Nous en avons séparé plusieurs poissons qu’on y avoit compris , et dont nous avons cru devoir même former plusieurs genres différens , et nousn’evons présenté comme véritables scombres, comme sem- blables par les caractères génériques aux maquereaux, aux bonites, aux thons, et par conséquent aux poissons reconnus depuis long-temps pour des scombres proprement dits, que les thoracins qui ont , ainsi que les thons , les maquereaux et les bonites, deux nageoires dorsales, et en outre une série de nageoires très- petites , mais distinctes, placée entre la seconde nageoire du dos et la nageoire de la queue , et une seconde rangée d’autres nageoires analogues , située entre cette méme nageoire de la queue et celle de l'anus. On a nommé ces nageoires si peu E* dé # 6 HISTOIRE NATURELLE Etrhlhes et si nombreuses, de fausses na- geoires; mais cette expression est im- propre, puisqu'elles ont les caractères d’un véritable instrument de natation, qu'elles sont composées de rayons soute- nus par une membrane, et qu’elles ne diffèrent que par leur figure et par leurs dimensions, des pectorales , des thora- cines , etc. | Le nombre de ces petites nageoires va- riant suivant les espèces , c’est d’après ce nombre que nous avons déterminé le rang des divers poissons inscrits sur le tableau du genre. Nous avons présenté les pre- miers ceux qui ont le plus de ces na- geoires additionnelles; et voilà pourquoi nous commencons par décrire une espèce de cette famille, que les naturalistes ne connoissent pas encore, dont nous avons trouvé la figure dans les manuscrits de Commerson , et à laquelle nous avons cru devoir donner le nom de cet illustre voyageur , qui a enrichi la science detant d'observations précieuses. Ce scombre offre dix nageoires supplé- mentaires, non seulement très-distinctes, DES SCOMBRES. : mais très-séparées l’une de l’autre, dans Fintervalle qui sépare la caudale de la seconde nageoire du dos ; et dix autrés nageoires conformées et disposées de même règnent au-dessous de la queue. Ces nageoires sont composées chacune de quatre ou cinq petits rayons réunis par une membrane légère, rapprochés à leur base , et divergens à leur sommet. Le corps et la queue de l'animal sont d’ailleurs extrèmementalongés, ainsi que les mâchoires , qui sont aussi avancées l’une que l'autre , et garnies toutes les deux d’un rang de dents fortes, aiguës et très - distinctes. Le museau est pointu ; l’œil gros ; chaque opercule composé de deux lames arrondies dans leur contour postérieur ; la première dorsale longue, et très - basse sur - tout à mesure qu’elle s’'avance vers la queue ; la seconde dor- sale échancrée par-derrière, très-courte, et semblable à celle de l’anus; la date très-échancrée en forme de croissant; la ligne latérale ondulée d’une manière peu commune, et fléchie par des sinuosités d'autant plus sensibles qu’elles sont plus 238 HISTOIRE NATURELLE près de l’extrémité de la queue; et la cou: leur générale du scombre, argentée, fon- cée sur le dos ,*et variée sur les côtés par ” des taches nombreuses et irrégulières. Nous n’avons besoin pour terminer le portrait du commerson , que d'ajouter que les thoracines sont triangulaires comme les pectorales , mais beaucoup plus petites que ces dernières * * 18 rayons à la première nageoire du dos. 5 ou 6 à chacune des thoracines. « \ DES SCOMBRES. 239: { LE SCOMBRE GUARE.,. C°5s7 dans l'Amérique méridionale que l'on a observé le guare. Il a, comme le commerson , dix petites nageoires au- dessus ainsi qu’au-dessous de la queue. Mais indépendamment d’autres diffé- rences , sa ligne latérale est garnie de petites plaques plus ou moins dures, et presque osseuses; et l’on voit au - devant de sa nageoire de l’anus une petite na- geoire composée d’une membrane et de deux rayons; ou, pour mieux dire, le guare présente deux nageoires anales, tandis que le scombre commerson n’en montre qu’une *. * A la première nageoire du dos... 7 rayons CR, INR PEN Par à chacune des pectorales........ 15 à chacune des thoracines........ 6 à la première de ne. NU. PONS EREENR 7 à çelle de la queue............ 29 24 HISTOIRE NATURELLE LE SCOMBRE THON. L'rmacrnaTron s'élève à une biert grande hauteur, et les jouissances de l'esprit deviennent bien vives , toutes les fois que l'étude des productions de la Nature conduit à une contemplation plus attentive de la vaste étendue des mers. L’antique Océan nous commande l’admi- ration et une sorte de recueillement reli- gieux , lorsque ses eaux paisibles n’offrent à nos yeux qu’une immense plaine li-- quide. Le spectacle de ses ondes boule- versées par la tempête , et de ses abîmes entr'ouverts au pied des montagnes écu- mantes formées par ses flots amoncelés ; nous pénètre de ce sentiment profond * Ton, sur quelques rivages de France ; athon, dans quelques départeniens méridionaux; feun, auprès de Marseille ; tonno, sur les côtes de la Li- gurie ; zunny fish, spanish mackrell, en Angle- terre ; orcynus; albacore, dans quelques contrées d'Europe; talling talling, aux Maldives. DES SCOMBRES. 247 qü'inspire une grande et terrible catas- trophe. Et quel ravissement n’éprouve- t-on pas , lorsque Ce même Océan , ne présentant plus ni l’uniformité du calme, ni les horreurs des orages conjurés , mol- lement agité par des vents doux et légers, et respléndissant de tousles feux de l'astre du jour, nous montre toutes les scènes variées des courses , des jeux, des combats et des amours des êtres vivans qu'il ren- ferme dans son sein ! Ce sont principa- lement les poissons auxquels on a donné lenom de pélagiques, qui animent ainsi par leurs mouvemens rapides et multi- pliés la mer qui les nourrit. On les. dis- tingue par cette dénomination , parce qu'ils se tiennent pendant une grande partie de l’année à une grande distance des rivages. Et parmi ces habitans des parties de l'Océan les plus éloignées des côtes , on doit sur-tout remarquer les thons dont nous écrivons l’histoire. Les divers attributs qu'ils ont recus de la Nature, leur donnent une grande préé- minence sur le plus grand nombre des autres poissons. C’est presque toujours à, 21 A : 242 HISTOIRE NATURELLE la surface des caux qu'ils se livrent au repos, ou qu'iis s’'abandonnent à l’action des diverses causes qui peuvent les déter= miner à se mouvoir. On les voit, réunis en troupes très-nombreuses , bondir avec agilité , s’élancer avec force , cingler - avec la vélocité d’une flèche. La vivacité avec laquelle ils échappent, pour ainsi dire , à l'œil de l'observateur , est princi- palement produite par une queué très- longue , et qui, frappant l’onde salée par une face très-étendue , ainsi que par une nageoire très-large, est animée par des muscles vigoureux, et soutenue de cha- que côté par un cartilage qui accroît l'énergie de ces muscles puissans *. Lorsque, daus certaines saisons, et par- ticulièrement dans celle de la ponte et de la fécondation des œufs, une nécessité impérieuse les amène vers quelque plage, ils serrent leurs rangs nombreux, ils se pressent les uns contreles autres; et les plus forts ou les plus audacieux précédant leurs * Voyez, dans le Discours sur la nature des poissons, ce que nous avons dit de la natauon de ces animaux. | : ‘4, :DES SÇOMBRES. 245 compagnons à des distances déterminées parles degrés deleur vigueur et de leurcou- rage, pendant que des nuances différentes composent une sorte d’arrière-garde, plus ou moins proiongée , des individus les plus foibles et les plus timides, on ne doit pas être surpris que la légion forme uue sorte de grand paralléiogramme ani- mé , que l’on appercoit naviguant sur la mer , Ou qui, nageant au milieu des flots qui le couvrent encore et le dérobent à . la vue, s'annonce cependant de loin par le bruit des-ondes rapidement refoulées devant ces rapides voyageurs. Des échos ont quelquefois répété cette espèce de bruissement , ou de murmure lointain, qui, se propageant alors de rocher en rocher , et multiplié de rivage eu rivage, a ressemblé à ce retentissement sourd, mais imposant , qui, au milieu du calme sinistre des Journées brülantes de l'été, annonce l'approche des nüées orageuses._ Malgré leur multitude , leur grandeur, leur force et leur vitesse , ces élémens des succès dans l’attaque ou dans la défense, un bruit soudain a souvent suspendu une 244 HISTOIRE. tribu voyageuse de thons au milieu de sa course: on les a vus troublés, arrêtés et dispersés par une vive décharge d’artil- lerie, ou par un coup de tonnerre subit. Le sens de l’ouïe n’est même pas , dans ces animaux , le seul que des impressions inattendues ou extraordinaires plongent dans une sorte de terreur : un objet d’une forme ou d’une couleur singulière suffit pour ébranler l'organe de leur vue, de manière à les effrayer et à interrompre leurs habitudes les plus constantes. Ces derniers effets ont été remarqués par plu- sieurs voyageurs modernes , et n’avoient pas échappé aux navigateurs anciens. Pline rapporte , par exemple, que, dans le printemps , les thons passoient en troupes composées d’un grand nombre d'individus, de la Méditerranée , dans le Pont-Euxin , ou mer Noire; que dans le bosphore de Thrace, qui réunit la Pro- pontide à l’'Euxin, et dans le détroit même qui sépare l’Europe de l’Asie, un rocher d’une blancheur éblouissante et d’une grande hauteur s'élevoit auprès de Chal- cédoine sur lerivage asiatique; que l'éclat DES SCOMBRES. 245 de cette roche frappant subitement les ié- gions de thons, les effrayoit au poiut de les contraindre à se précipiter vers le cap de Byzance , opposé à la rive de Chal- cédoine; que cette direction forcée dans le voyage de ces scombres en rendoit la pêche très-abondante auprès de ce cap de Byzance , et presque nulle dans les envi- rons des plages opposées ; et que c’est à cause de ce concours des thons auprès de ce promontoire, qu’on lui avait donné le nom de ypuroxtpas, Ou de corne d’or, ou de corne d’abondance*. Ces scombres sont cependant très-cou- rageux dans la plupart des circonstances de leur vie. Un seul phénomène le prou- veroit; c’est l’étendue et la durée des courses qu'ils entreprennent. Pour en connoître mettement la nature, il faut rappeler la distinction que nous avons faite en traitant des poissons en générai, entre leurs voyages périodiques et régu- liers, et ceux qui ne préseutent aucune * C’est pour rappeler ce même concours, que les médailles de Byzance présentent l’image du tlion. d # D A an 246 HISTOIRE NATURELLE régularité, ni dans les circonstances de temps , ni dans celles de lieu. Les migra- tions régulières et périodiques des thons sont celles auxquelles ils s’abandonnent, lorsqu'à l'approche de chaque printemps, ou dans une saison plus chaude, suivant le climat qu'ils habitent, ils s’'avancent vers la température, Faliment , l'eau, l'abri, la plage, qui conviennent lemieux au besoin qui les presse , pour y déposer leurs œufs, ou pour les arroser de leur liqueur vivifiante, ou lorsqu’après s'être débarrassés d’un fluide trop stimulant ou d’un poids trop incomimode , et avoir’ repris des forces nouvelles dans le repos et l'abondance, ils quittent les côtes de l'Océan avec les beaux Jours, regagnent la haute mer, et réntrent dans les pro- fonds asyles qu’elle leur offre. Leurs voyages irréguliers sont ceux qu'ils entre- prennent à des époques dénuées de tout caractère de périodicité , qui sont déter- minés par la nécessité d'échapper à un danger apparent ou réel, de fuir un enne- mi, de poursuivre uñe proie, d’appaiser une faim crucilé, et qui, ne se ressem- DES SCOMBRES. 247 blant ni par l’espace parcouru, ni par la vitesse employée à le franchir, ni par la direction des mouvemens, sont aussi va- riables et aussi variés que les causes qui les font naître. Dans leurs voyages régu- liers , ils ne vont pas communément cher- cher bien loin , ni par de grands détours, la xive qui leur est nécessaire, ou la retraite pélagienne qui remplace cette rive pendant le règne des hivers : mais, dans leurs migrations irrégulières , ils parvicnnent souvent à de très-grandes distances ; ils traversent avec facilité ‘ daus ces circonstances, non seulement des golfes et des mers intérieures, inais même l'antique Océan. Un intervalle de plusieurs centaines de lieues ne les arrête pas ; et, malgré leur mobilité naturelle, fidèles à la cause qui a déterminé leur départ , ils continuent avec constance leur course lointaine. Nous lisons daus l’intéressante relation rédigée et publiée par le général Milet-Mureau, du voyage de notre célèbre et infortuné navigateur la Pérouse, que des. scombres , à la vé- rité, de l'espèce appelée bonite, mais bien 248 HISTOIRE NATURELLE moins favorisés que les thons, relative: ment à la faculté de nager avec vitesse et avec constance, suivirent les bâtimens commandés par cet illustre voyageur , depuis les environs de l’île de Pâque, jus- | qu’à l’île Mowée, l'une des îles Sandwich. La troupe de ces scombres, ou Ze banc de ces poissons, pour employer l’expres- sion de nos marins, fit quinze cents lieues à la suite de nos éparoe : plusieurs de ces animaux , blessés par les foènes, ow tridents, des matelots francois, portoient sur le dos une sorte de signalement qu'il étoit impossible de ne pas distinguer; et l’on reconnoissoit chaque jour les mêmes poissons qu’on avoit vus la veille* Quelque longue que puisse être la durée de cette puissance qui les maîtrise, plu- sieurs marins allant d'Europe en Aimé- rique, ou revenant d'Amérique en. Eu- rope, ont vu des thons accompagner pendant plus de quarante jours les vais- seaux auprès desquels ils trouvoient avec " Voyez ce que nous avons écrit sur la vitesse des poissons, dans notre Discours préliminaire sur la nalure de ces ammaux. DES SCOMBRES. 249 facilité une partie de l'aliment qu'ils ai- ment; et cette avidité pour les diverses substances nutritives que l’on peut Jeter d’un navire dans la mer, n’est pas le seul lien qui les retienne pendant un très- grand nombre de jours auprès des bâti- mens. L’attentif Commerson a observé uue autre cause de leur assiduité auprès de certains vaisseaux , au milieu des mers chaudes de l'Asie , de l'Afrique et de l’A- mérique, qu'il a parcourues. Îl a écrit, dans ses manuscrits, que dans ces mers dont la surface est inondée des rayons d’un soleil brûlant , les thons , ainsi que plusieurs autres poissons , ne peuvent se livrer , -auprès de cette même surface des eaux , aux différens mouvemens qui leur sont. nécessaires, sans être éblouis par une lumière trop vive, ou fatigués par une chaleur trop ardente : ils cherchent alors le voisinage des rivages escarpés, des rochers avancés, des promontoires élevés, de tout ce qui peut les dérober, pendant leurs jeux et leurs évolutions, aux feux de l’astre du jour. Une escadre est pour eux comme une jorét flottante 259 HISTOIRE NATURELLE qui leur prête son ombre protectrice : les vaisseaux, les mâts, les voiles ;'les antennes, sont un abri d'autant plus heu- reux pour les scombres, que, perpétuel- lement mobile, il les suit, pour ainsi dire, sûr le be Oréan, s'avance avec une vitesse assez égale à celle de ces pois: sons agiles , favorise toutes leurs ma- nœuvres , ne retarde en quelque sorte aucun de leursmouvemens; et voilà pour: quoi, suivant Commersou, dans la zone torride, et vers le temps des plus grandes chaleurs, les thons qui accompagnent les batimens , se rangent, avec une atten- tion facile à remarquer, du côté des vais seaux qui n’est pas exposé aux rayons du soleil *. Au reste, cette habitude de ‘cheréhes l'ombre dei uavires peut avoir quelque rapport avec celle de suspendre leurs courses pendant les brumes, qui leur est attribuée par quelques voyageurs. Ils'in- terrompent leurs voyages pour plusieurs mois, aux approches du froid; et, dès le * Nous parlerons encore de cette observation de Commerson, dans l’article da scombre germon. L y , DES SCOMBRES, 25t temps de Pline, ou disoit qu'ils hiver: noient dans l'endroit où la mauvaise sai son les surprenoit. On prétend que, pen dant cette saison rigoureuse, ils prefèrent pour leur habitation les fonds limoncux : ils s’y nourrissent de poissons, ou d’autres animaux de ia mer plus foibles qu'eux ; ils'se jettent particulièrement sur les exo- cets et sur les clupées ; les petits scombres deviennent aussi leur proie ; ils n’épar- gnent pas même les jeunes animaux de leur espèce ; et comme iis sont très-gou- Jus, et d’ailleurs tourmentés , dans cer- taines circonstances , par une faim quine leur permet pas d'attendre les alimens les plus analogues à leur organisation , ils avalent souvent avec avidité, dans ces retraites vaseuses et d'hiver, aussi-bien que dans les autres portions de la mer qu'ils fréquentent, des fragmens de di- verses espèces d'algues. je k Ils ont besoin d’une assez grande quan- tité de nourriture, parce qu'ils présentent communément des dimensions considé« rables. Pline et les autres auteurs anciens qui ont écrit sur Les thons, les ont rangés die Aou. be LÀ * 252 HISTOIRE NATURELLE parmi les poissons les plus reinarquables par leur volume, Le naturaliste romain dit qu’on en avoit vu du poids de quinze talens *, et dont la nageoire de la queue avoit de largeur, ou, pour mieux'dire { de hauteur, deux coudées et un palme. Les observateurs modernes ont mesuré et pesé des thons de trois cent vingt-cinq centimètres de longueur, et du poids de cinquaute-cinq ou soixante kilogrammes ; et cependant ces poissons, ainsi que tous ceux qui n’éclosent-pas dans le ventre de leur mère, proviennent d'œufs très-petits # on a-comparé la grosseur de ceux du thon à celle des graines de pavot. : ii Le corps de ce scombre est très-alongé ; et semblable à une sorte de fuseau très- * Ce poids de quinze talens atiribué à un thon nous paroît bien-supérieur à celui qu'ont dû pré- sentier les gros poissons de l'espèce que nous déeri- vons. En effet, le talent des Romains , leur centum- pondium, étoit égal, selon Paucton (Wéïrologie, p. 761), à 68 # livres de France, poids de marc, et le peut talent d'Egypte, d'Arabie, etc. égaloit 45 s5 où <£ livres de France. Un thon auroit donc pesé au moins 679 livres; ce qui ne nous semble pas adnussible. DES SCOMBRES. ‘ 253 étendu. La tête est petite; l'œil gros ; Pouverture de la bouche très-large ; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure , etgarnie, comme cette der- nière, de dents aiguës; la langue courte et lisse; l’orifice branchial très - grand ; l'opercule composé de deux pièces ; le tronc épais, êt couvert, ainsi que la queue, d'écailles petites, minces et foi- blement attachées. Les petites nageoires du dessus et du dessous de la queue sont communément au nombre dehuit*. Quel- ques observateurs en ont compté neuf dans la partie supérieure et dans la partie inférieure de cette portion de l’animal ; et d’après ce dernier nombre, on pour- roit être teuté de croire que l’on peut quelquefois confondre l'espèce du thon avec celle du germon, dont la queue offre aussi par-dessus et par-dessous huit * A ]a première nageoïre dorsale... 15 rayons, D nd Ph vs T2 à chacune des pectorales....,.... 22 à chacune des thoracines. ....... 6 CE TS... .. «ce 13 DORIORIS QUEUC..-..e..... 29 Poissons, VW: 23 254 HISTOIRE NATURELLE petites nageoires : mais la proportion des dimensions des pectorales avec la lon- gueur totale du scombre , sufbra pour séparer avec facilité les germons des pois- sons que nous tâchons de bien faire con- noître. Dans les germons, ces pectorales s'étendent jusqu’au-delà de l’orifice de l'anus; et dans les thons , elles ne sont jamais assez grandes pour y parvenirs elles se terminent à peu près au-dessous de l’endroit du dos où finit la première dorsale. La nageoire de la queue est figu- rée en croissant : nous avons fait remar- quer son éteñdue dès Le commencement de cet article. Nous avons.eu occasion, dans une autre portion de cet ouvrage *, de parler de ces petits os auxquels on a particu- lièrement doûné le nom d'aréfes, qui , placés entre les muscles, ajoutent à leur force, que l’on n'apperçoit pas danstoutes les espèces de poissons, mais que l’on n’a observés jusqu’ à présent que dans ces habitans des eaux. Ces arètes sont simples * Discours sur la naturé des poissons. | P'OAONE US DES SCOMBRES 245 ou fourchues. Nous avons dit de plus, que, dans certaines espèces de poissons, elles aboutissoient à l’épine du dos, quoi- qu'elles ne fissent pas véritablement par- tie de là charpente osseuse proprement dite. Nous avons ajoutéque, dans d’autres espèces, non seulement ces arêtes n’étoient pas liéesavec lagrande charpente osseuse , mais qu'elles en étoient séparées par dif- férens intervalles. Les scombres , et par conséquent les thons, doivent être comp- tés parmi ces dernières espèces. Telles sont les particularités de la con- formation extérieure et intérieure du thon, que nous avons cru convenable d'indiquer. Les couleurs qui le distinguent ne sont pas très-variées , mais agréables et brillantes : les côtés et le dessous de l'animal présentent l'éclat de l’argent ; le dessus a la nuance de l'acier poli ; l'iris est argenté , et sa circonférence dorée ; toutes les nageoires sont jaunes ou jau- nâtres, excepté la première du dos, les thoracines et la caudale, dont le ton est d’un gris plus ou moins foncé. * Les anciens donnoiïent différens noms 256 HISTOIRE Rn . aux scombres qui sont l’objet de sé: ar- ticle, suivant l’âge et par conséquent le degré de développement de ces animaux: Pline rapporte qu’on nommoit cordylesles thonstrès-Jeunes qui, venant d’écloredans la mer Noire , repassoient , pendant l’au- tomne , dans l’Hellespont ct dans la Mé- diterranée, à la suite des légions nom- breuses des auteurs de leurs Jours. Arrivés dans la Méditerranée, ils y portoient le nom de-pélamides pendant les premiers mois de leur croissance ; et ce n’étoit qu'a- près un an que la dénomination de for leur étoit appliquée. Nous avons cru d’autant Nr A faire mention ici de cet antique usage des Grecs ou Romains, que ces expressions de cordyle et de pélamide ont été successi- vement employées par plusieurs auteurs anciens et modernes dans des sens très- divers; qu’elles servent maintenant à dé- signer deux espèces de scombres, le guare et la bonite, très-différentes du véritable thon; et qu'on ne sauroit prendre trop de: soin pour éviter la confusion, qui ma, régné que trop long-temps dans Fétuplo de l'histoire naturelle, DES SCOMBRES.. 259: Des animaux mèérins très - grands et très-puissans , tels que des squales et des xiphias , sont pour les thons des ennemis dangereux, contre les armes desquels leur nombre et leur réunion ne peuvent pas toujours les défendre. Mais , indépendam- ment de ces adversaires remarquables par Icur force ou par leurs dimensions, le thon expire quelquefois victime d’un être bien petit et bien foible en apparence, mais qui, par les piqüres qu'il lui fait et les tourmens qu’il lui cause, l’agite, l’ir- rite, le rend furieux, à peu près de la même manière que le terrible insecte ailé qui règne dans les déserts brûlans de l’A- frique , est le fléau le plus funeste des panthères, des tigres et des lions. Pline savoit qu'un animal dont il compare le volume à celui d’une araignée, et la figure à celle du scorpion, s’attachoit au thon, se placoit auprès ou au-dessous de l’une de ses nageoires pectorales , s’y crampon- noit avec force, le piquoit de son aiguil- lon, et lui causoit une douleur si vive, que le scombre, livré à une sorte de dé- lire, et ne pouvant, malgré tous ses 22 * :58. HISTOIRE NATURELLE eHorts, ni iomoler mi fuir son ennemi ; n1 appaiser sa souffrance cruelle, bondis- soit ayec violence au-dessus de. Le surface. des ‘eaux , la parcouroit, ayec rapidité, s'agitoit en foutsens, et ne résistant.plus à son état affreux, ne connoissant plus d'autre danger .que la durée de son au- goisse, excédé, égaré , transporté par une sorte de rage , s'élançoit sur le rivage ou sur le pont, d’un vaisseau, où bientôt sl trouvoit dans fa mort la fin de son tour- mént *. El C’est parce qu’on a bien observé dans les thous cette nécessité funeste de suc- comber sous les ennemis que nous venons d'indiquer , l'habitude du succès contre d’autres animaux moins, puissans, le be- soin d’une grande quantité denourriture, la voracité qui les, précipite sur des ali- mens de différente nature , leur courage habituel, l'audace qu’ils montrent dans certains dangers ; la frayeur que leur ins- * Rondelet a fait représenter sur la figure du thon qu'il a publiée, le petit animal dont Pline a parlé. * DES SCOMBRES. 259 pirent cependant quelques objets, la pé- riodicité d'une partie de leurs courses , l'irrégularité de plusieurs deleurs voyages et pour les temps et pour les lieux , la durée de leurs migrations, et la facilité de traverser d'immenses portions de la mer, qu’on a très-bien choisi les époques, Îles endroits et les moyens les plus propres à procurer une pêche abondante des scom- bres qui nous occupent dans ce moment. En effet , on peut dire, engénéral, qu’on trouve le thon dans presque toutes les mers chaudes ou tempérées de l’Europe, de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique; mais où ne rencontre pas un égal nombre d'individus de cette espèce: dans toutes les saisons, ni dans toutes les portions des mers qu'ils fréquentent. Depuis les siècles les plus reculés de ceux dont l’his- toire nous a transmis le souvenir, on a choisicertaines plages etcertainesépoques de l’année pour la recherche des thons. Pline dit qu’on ne pêchoit ces scombres dans l’Hellespont , la Propontide et Le Pont-Euxin, que depuis le commence - ment du printemps jusque vers la fin de < Ca 260 HISTOIRE NATURELLE. l'automne. Du temps de Rondelet} c'est! à-dire , vers le milieu du seizième siècle: 4 c'étoit au printemps, én automne, et! quelquefois pendant l’été, qu'on prenoit une grande quantité de thons près des côtes d’Espagne, et particulièrement vers le détroit de Gibraltar *. On s’occupetde læ pêche deces animaux sur plusieursrivages de France et d'Espagne voisins de l’extré- mité occidentale de la chaîne des Pyré- nées , depuis Les premiers jours de floréal jusqu'en brumaire; et on regarde commeé assez assuré sur les autres parties du ter- ritoire françois qui sont baïgnées par l'Océan, que l’arrivée des maquereaux annonce celle des thons , qui les pour- suivent pour les dévorer. Ces derniers scombres montrent en effet une si grande avidité pour les maque- reaux, qu'il suffit, pour les attirer dans un piége, de leur présenter un leurre qui |] * On a quelquefois pris un assez grand nombre de thons auprès de Conil, village voisin de Cadix, pour qu'on ait écrit que la pêche de ces animaux donnoit au duc de Medina Sidonia un revenn de 69,000 duats. DES SCOMBRES. 261 en imite grossièrement la forme. Ils se jettent avec la même voracité sur plu- sieursautres poissons, et particulièrement sur les sardines; et voilà pourquoi une image même très-imparfaite d’un de ces. derniers animaux est, entre les mains des marins, un appât qui entraîne les thons avec facilité. On s’est servi de ce moyen avec beaucoup d'avantage dans plusieurs parages , et principalement auprès de Bayonne, où un bateau allant à la voile traînoit des lignes dont les haims étoient recouverts d’un morceau de linge, ou d’un petit sac de toile en forme de sar- dine , et ramenoit ordinairement plus de cent cinquante thons. Mais ce n’est pas toujours une vaine apparence que l + le à ces scom- bres pour les prendre à la ligne : de petits poissons réels , ou des portions de pois- sans assez set sont souvent employés pour garuir les Le On proportionne d’ailleurs la grandeur de ces haims , ainsi, que la grosseur des cordes ou des lignes, aux dimensions et à la force des thous que l’on s'attend à rencontrer ; et de purs A 262 HISTOIRE NATURELLE , plus, en se servant de ces haims etide ces hgnes , on cherche à prendre ces animaux de diverses manières, suivant les: diffé. rentes circonstances dans lesquelles on se. trouve : on les prend az doigt, due. canne?, au libouret5, au grand couple f ? On nomme pêche au doigt celle qui se fair: aveo x i N une ligne simple non suspendue à à une perche. 2? On dit que l’on pêche à Za canne, ou à La can- | netle, lorsqu'on se sert d'une canne, ou perche déliée, au bout de laquelle on a empilé un eh c'esi-à-dire, attaché la ligne, etc. 3 Le Zibouret est un instrument composé d’uve corde où ligne principale, à l’extrémié de laquelle est suspendu un poids de plomb. La corde passe ‘au travers d'un morceau de bois d’une certaine longueur, nommé avalelte. Ce morceau de bois est percé.dans un de ses bouts, de manière à pouvoir tourner bre ment autour de la corde. Cette avalette est d ailleurs. maintenue, à une petite distance du plomb, pas deux nœuds que l’on fait à la corde, Pan au-dessous’ et l’autre au-dessus de ce morceau de bois. Au bout de lavalette opposé à celui que la côrde traverse, on attache une ligne garnie de plusieurs emprles ou» petites ligues * qui portent des haims, et qui sont, * Voyez, dans l’article de la raie dt la définition, : d'une empile. AE ds, OI GAM UN | IDES SCOMBRES. . 263 Mais parlons rapidement de procédés plus compliqués dont se composent les . pêches des scombresthons faites de con-,— cert par un grand nombre de marins. Exposons d’abord celle qui a lieu avee des 1Lonnaires ; nous nous occuperons un instant, ensuite, de celle pour la- quelle on construit dès z#7adragues. On donne le nom de-#onnaire ou 1on- naire à une enceinte de filets que l’on forme promptement dans la mer poux arrêter les /4ons au moment de leur pas- sage. On a eu pendant long-tempsrecours à ce genre d'industrie auprès deCollioure, où on le pratiquoit, et où peut-être on le pratique encore, chaque année, depuis de différentes longueurs, pour ne point s’embarras- ser les unes daus les autres. Cet instrument sert communément pour les pèches sédentaires, le poids de plomb portant toujours sur le fond de la mer ou dés rivières. 4 Un çouple est un fl de fer un peu courbé, dont chaque bout porte une pile où empile ; où petite ligue garnie de baims, et qui est suspendu par le milieu à une ligne principale assez longue, et tenue par des pêcheurs dont la barque va à la voile. : 264 HISTOIRE NATURELLE le mois de prairial jusqu'au commeénce- ment de celui de vendémiaire.: Pour favo- riser la prise des thons, les habitans de Collioure entretenoient , pendant la belle saison, deux hommes expérimentés qui, du haut de deux promontoires, obser= voient l’arrivée de ces scombres vers la côte. Dès qu'ils appercevoient de loin ces poissons qui s’avancoient par bandes de deux’ou trois mille , ils en avertissoient les pêcheurs en déployant un pavillon , par le moyen duquel ils indiquoient de plus l'endroit où ces animaux alloient aborder. À la vue de cepavillon, de grands cris de joie se faisoient entendre, et an- noncoient l'approche d’une pêche dont les résultats importans étoient toujours attendus avec une grande impatience. Les habitans couroient alors vers le port, où les patrons des bâtimens pêcheurs s’em- pressoient de prendre les filetsnécessaires, et de faire entrer dans leurs bateaux au- tant de personnes que ces embartations pouvoient en contenir, afin dene pas man- quer d’aides dans les grandes manœuvres qu'ils alloient entreprendre. Quand tous | | | | DES SCOMBRES. 265 les bateaux étoient arrivés à l'endroit où les thons étoient réunis , on Jetoit à l’eau des pièces de filets , /estées et flotiées, et on en formoit une enceinte demi-circu- laire, dont la concavité étoit tournée vers le rivage , et dont l’intérieur étoit appelé jardin. Les thons renfermés dans ce Jar- din s’agitoient entre la rive et les filets, et étoient si effrayés par la vue seule des barrières qui les avoient subitement envi- ronnés , qu’ils osoient à peine s’en appro- cher à la distance de six ou sept mètres, Cependant, à mesure que ces scombres s’'avancoient vers la plage , on resserroit l'enceinte , ou plutôt on en formoit une nouvelle intérieure et concentrique à la première, avec des filets qu’on avoit te- us en réserve. On laissoit une ouverture à cette seconde enceinte jusqu’à ce que tous les thons eussent passé dans l’espace qu'elle embrassoit; et en continuant de diminuer ainsi, par des clôtures succes- sives , et toujours d’un plus petit diamè- tre , l'étendue dans laquelle les poissons étoient renfermés , on parvenoit à les retenir sur un fond recouvert unique- | 23 266 HISTOIRE NATURELLE ment par quatre brasses d’eau : alors on jetoit dans ce parc maritime un grand boulier *, espèce de seine, dont le mi- lieu est garni d’une manche. Les thons, * On appelle foulier, sur la côte voisine de Narbonne, et sur plusieurs autres côtes dela Mé- tré ua filet semblable à l’'aissaugue * ,16t formé de deux bras qui aboutissent à une manche. Son ensemble est composé de plusieurs pièces dont les mailles sont de différentes grandeurs. Pour faire les bras, on assemble, premièrement, douze pièces, dites a dont les mailles sont de cinq centi- intires en quarré ; secondement ; quatorze pièces, dites de/ deux doigts, dont les mailles ont trente- sept millimètres en quarré ; et troisièmement, dix pièces de pousal, pousaux, pouveaux , dont les mailles ont près de deux centimètres d'ouverture. Tout cet assemblage a depuis cént vingt jusqu’à cent quaire-vingts brasses de longueur. Quant au corps de la manche, qu'on nomme aussi /ourse, ou coup, il est composé de six pièces, dites de guinze-vingts, dont chaque maille a douze milli= mètres d'ouverture, et secondement, de huit pièces appelées de brassade , dont les mailles sont à peu près de huit millimètres. # * Aissaugue , Où essaugue, sorte de seine ou de filet en nappe , en usage darig la Méditérradée et quia,au milieu de sa largeur, une espèce de sac ou de poche. DES SCOMBRES. 267 après avoir tourné autour de ce filet, dont les ailes sont courbes , s'enfonçoient dans la poche où manche : on amenoit , à force de bras , le boulier sur le rivage; on prenoit les petits poissons avec Îa main , les gros avec des crochets ; on les: chargeoit sur les bateaux pêcheurs , et on les transportoit au port de Collioure. Une seule pêche produisoit quelquefois plus de quinze mille myriagrammes de thons ; et peudant un printemps dont on a conservé avec soin le souvenir ; on prit dans une seule journée seize mille thons, dont enacun pesoit de dix à quinze kilo- grammes. Ilest des parages dans la Méditerranée où l’on se sert, pour prendre des thons, d’un filet auquel on a donné le nom de scombrière, de combrière, de courantille, qu'on abandonne aux courans, et qui -Va, pour ainsi dire, au-devant de ces scombres, lesquels s'engagent et s'embar- rassent dans ses mailles. Mais hâtons-nous de parler du moyen-le plus puissant de. * s'emparer d’une grande quantité de ces animaux si recherchés ; occupons nous 266 HISTOIRE NATURELLE d’une des pêches les plus importantes de celles qui ont lieu dans la mer; jetons les yeux sur la pêche pour laquelle on em- ploie /a madrague. Nous en avons déja dit un mot en traitant de la raie mobular ; tächons de la mieux décrire. On a donné le nom de "adrague * à un grand parc quireste construitdans la mer, au lieu d’être établi pour chaque pêche, comme les thonnaires. Ce parc forme une vaste enceinte distribuée en plusieurs chambres, dont les noms varient suivant les pays : les cloisons qui forment ces chambres, sont soutenues par des flottes de liége , étendues par un lest de pierres, et maintenues par des cordes dont une extrémité est attachée à la tête du filet, et l’autre amarrée à une ancre. Comme les madragues sont destinées à arrêter les grandes troupes de thons, au moment où elles abandonnent les ri- : vages pour voguer en pleine mer , on * Le mot de madrazgue, ou de mandrague, doit avoir été employé par des Marseillois descendus des Phocéens, à cause du mot grec w:vd'pa , mandra , qui siguibie parc, enclos ; cnveinte. DES SCOMBRES. 269 établit entre la rive et la grande enceinte une de ces longues allées que l’on appelle chasses : les thons suivent cette allée , ar- rivent à la madrague, passent de cham- bre en chambre, parcourent quelquefois, de compartiment en compartiment , une longueur de plus de mille brasses, et par- viennent enfin à la dernière chambre, que l’on nomme chambre de la mort, ou cor- por, ou corpou. Pour forcer ces scombres à se rassembler dans ce corpou qui doit leur être si funeste ; on les pousse et les presse , pour ainsi dire, par un filet long de plus de vingt brasses * , que l’on tient tendu derrière ces poissons par le moyen de deux bateaux , dont chacun soutient un des angles supérieurs du filet, et que l’on fait avancer vers la chambre de la mort. Lorsque les poissons sont ramassés dans ce corpou , plusieurs barques char- gées de pêcheurs s’en approchent ; on soulève les filets qui composent cette en- ceinte particulière, on fait monter les scombres très-près de la surface de l’eau k * On nomme ce filet engarre. 23 2vo HISTOIRE NATURELLE on les saisit-avec Ja main, ou rte era. L lève avec des crogs. j ir La curiosité attire souvent . un grand. nombre de spectateurs autour de la, ma- drague; on y accourt comme à une fête; ou rassemble autour de soi tout ce qui peut augmenter la vivacité du plaisir ; on s'entoure: d'instrumens de musique: et quelles sensations fortes ct variées ne font pas en effet éprouver l'immnensité de la mer , la pureté de Fair ; la douceur de la température , l'éclat d’un soleil vivi- fiant que les flots mollement agités réflé-. chissent et multiplient, la fraîeheur des zéphyrs , le concours des bâtimens légers, l'agilité des marins , l’adresse des pêe- cheurs , le courage de ceux qui combat- tent céee d'énormes animaux rendus plus dangereux par leur rage désespérée, les élans rapides de l’impatience, les eris de la joie , les acclamations de la sur- prise , le son harmonieux des cors ,le retentissement des rivages ,.le triomphe: des vainqueurs , les applaudissemens de la multitude Sara | Mais nous , qui écrivons dans le caline DES SCOMBRES. 27% d'une retraite silencieuse l'histoire de la Nature , n ’abandonnons point notre rai- son au shralt d’un Spectacle enchan- teur; osons , au milieu des transports de la Joie, fie entendre la voix sévère de la philosophie ; et si les lois conservatrices de l'espèce humaine nous commandent ces sacrifices sans cesse renouvelés de mil- liers de victimes , n'oublions jamais que ces victimes sont des êtres sensibles ; ne cédons à la dure nécessité que ce qu’il nous est impossible de lui ravir ; n’aug- mentons pas par des séductions que dés jouissances plus douces peuvent si faci- lement remplacer , le penchant encore trop dangereux qui nous entraine vers une des passions les plus hideuses , vers une cruelle insensibilité ; effacons , s’il est possible, du cœur de l’homme cette empreinte encore trop profonde de la fé- roce barbarie dont il a eu tant de peine à secouer le joug ; enchaînons cet instinct sauvage qui le porte encore à ne voir la conservation de son existence que dans la destruction ; que les lumières de la civili- sation l'éclairent sur sa véritable félicité; 72 HISTOIRE NATURELLE que ses regards avides ne cherchent ja” mais les horreurs! L > la guerre au milieu de la paix des plaisirs, les agitations de la souffrance à côté dü calme du bon- keur, la rage de la douleur auprès du dé- lire fé la joie; qu’il cesse d'avoir besoin de ces contrastes horribles; ét que la tendre pitié ne soit jamais contrainte de s'éloigner, en gémissant., pr la pompe de ses fetes. | Au reste, 1l n’est pas surprenant que, depuis uu grand nombre de siècles, on ait cherché et employé un grand nombre de procédés pour la pêche des thons : ces scombres, en procurant un aliment très- abondant, donnent une nourriture très- agréable. On a comparé Île goût de la chair de ces poissons à celui des acipen- sères esturgeons , et par conséquent. à celui du veau. Ils engraissent avec faci- lité; et l'on a écrit qu’il se ramassoit quelquefois une si grande quantité de substance adipeuse dans la partie infé- rieure de leur corps, que les tégumens de leur ventre en étoient étendus au point d'être aisément déchirés par de légers a dv DES SCOMBRES. 273 frottemens. Ces poissons avoient une grande valeur chez les Grecs et chez les autres anciens habitans des rives de la Méditerranée, de la Propontide, de la mer Noire; et voilà pourquoi, dès une époque bien reculée , ils avoient été ob- servés avec assez de soin pour que leurs habitudes fussent bien connues. Les Ro- mains ont attaché particulièrement un grand prix à ces scombres, sur-tout lors- qu'asservis sous leurs empereurs , ils ont voulu remplacer par les Jouissances du luxe les plaisirs de la gloire et de la li- berté ; et comme nous ne croyons pas inutile aux progrès de la morale et de l’économie publique, d'indiquer à ceux qui cultivent ces sciences si importantes, toutes les particularités de ce goût si mar- qué que nous avons observé dans les an- ciens pour les alimens tirés des poissons, nous ne passerons pas sous silence les pe- tits détails que Pline nous a transmis sur. la préférence que les Romains de son temps donnoient à telle ou telle portion des scombres auxquels cet article est con- sacré. Ils estimoient beaucoup la tete et 1m j AN PNR RP Ci “+ 274 HISTO I LE N ATURELLE du ventre; ils recherchoient le: dessousii aussi le dessous de. a poitrine, qu'ils regardoient cependant comme difficile quand il n’étoit pas esque aucun à digérer , sur-tout très-frais ; pi ne faisoient pt cas des morceaux voisins à de la nageoire caudaie, parce qu’ils ne les trouvoient pas assez gras; et ce qu'ils préféroient à plusieurs autres alimens, étoit la portion la plus proche du gosier ou de l'œsophage. Ces mémes Romains savoient fort bien conserver les thons, en les coupant par morceaux , et en les renfermant dans des vases remplis de sel; et ils donnotent à cette préparation le nom de #é/andrye (melandrya), à cause de sa ressemblance avec des copeaux un peu noircis de chêne, ou d’autres arbres. Les modernes ont em- ployé le même procédé. Rondelet dit que ses contemporains coupoient les thons qu'ils vouloient garder, par tranches ou darnes, et qu’on donnoit à ces darnes im- bibéces de sel le nom de #4onnire ou de tarentella, parce qu’on en apportoit beau- coup de Tarente. Très-souvent , au lieu de se contenter de saler les thons par des sé 4e 2” DES SCO MPRE | pr moyens à peu près semblables à à ceux que “207$ _ nous avons exposés en traitant du ‘gade morue, on les marine après les avoir cou- pés par tronçons, et en les préparant avec de l'huile et du sel. On renferme les thons marinés dans des barils ; et on distingue avec beaucoup de soin ceux qui con- tiennent la chair du ventre, préférée aujourd’hui par les Européens comme autrefois par les Romains, et nommée panse de thon , de céux dans lesquels on a mis la chair du dos, que l’on appelle dos de thon, ou simplement fkonnine * Comme les thons sont ordinairement très-gras, il se détache de ces poissons, lorsqu'on les lave et qu'on les presse pour les saler, une huile communément assez abondante , qui surnage promptement , que l’on ramasse avec facilité, et qui est employée par les tanneurs. Il est des mers dans lesquelles ces *. Les anciens faisoient saler les intestins du thon, ainsi que les œufs de ce scombre, qui servent eucore de nos jours, sur plusieurs côtes, et parti- culièrement sur celles de la Grèce, à faire une sorte de poutargue. k * “+ " Ti 276. HISTOIRE NATURELLE scombres se nourrissent de mollusque assez malfaisans pour faire éprouver des _accidens graves à ceux qui mangent de 4 ces poissons sans avoir pris la précaution de les faire vider avec soin, et même pour contracter dans des portions de leur corps réparées pendant long-temps par des subs- tances vénéneuses , des qualités très- funestes * : tant il semble que sur toutes, ses productions, comine dans tous ses. phénomènes , la Nature préservatrice ait voulu placer un emblème de la prudence tutélaire , en nous montrant sans cesse l’aspic sous les fleurs , et l’épine sur la tige de la rose. * Consultez , au sujet des poissons vénéneux, le Discours sur la nature de ces animaux. ES 8 TT DT TE LA DES: SCO MIBAME SM 277 F LE SCOMBRE GERMO N*. Csrre espèce de scombre a été jusqu’à présent confondue par les naturalistes, ainsi que par les marins , avec les autres espèces de son genre. Elle mérite cepen- dant à beaucoup d’égards une attention particulière, et nous allons tâcher de la faire connoître sous ses véritables traits, en présentant avec soin les belles observa- tious manuscrites que Commerson nous a laissées au sujet de cet animal. Le germon, dont la grandeur approche de celle des thons, a communément plus d'un mètre de longueur; et son poids, presque toujours au-dessus d’un myria- gramme, s'étend quelquefoisjusqu’à trois, Sa couleur est d’un bleu noirâtre sur le dos , d’un bleu très-pur et très-beau sur * Germon, par plusieurs navigateurs francois ; longue oreille ; par d’autres navigateurs. 24 4 ù 278 HISTOIRE NATURELLE le haut Là côtés , d’un bleu argenté sur | le bas de ces mêmes côtés, et d’une teinte argentée sans mélange sur sa partie infé- rieure. On voit, sur le ventre de quelques | individus , des bandes transversales ; mais elles sont si fugitives, qu’elles dispa- roissent avec rapidité lorsque le scombre expire , et même lorsqu'il est hors de l’eau depuis quelques instans. L'animal est alongé et un peu conique à ses deux extrémités ; la tète revêtue de lames écail- leuses , grandes et brillantes ; le corps recouvert, ainsi que la queue, d’écailles petites , DR ARE ou plutôt presque arrondies. Un seul rang de dents garnit chélame des deux mâchoires , dont l’inférieure est d’ailleurs plus avancée que la supérieure. L'intérieur de la bouche est noirâtre dans son contour ; la langue courte, un peu large, arrondie par-devant , carti-' lagineuse et rude; le palais raboteux comme la langue; l'ouverture de chaque narine réduite à une sorte de fente ; chaque commissure marquée par une prolonga- tion triangulaire de la mâchoire supé- / L \ DES SCOMBRES. 279 rieure; l'œil grand et un peu convexe ; J'opercule branchial composé de deux pièces dénuées d’écailles semblables à celles du dos, resplendissantes de l'éclat de l’argent, et dont la seconde s’étend en croissant autour de la premicre , et en borde le contour postérieur. On peut voir au-dessous de cet oper- cule une membrane branchiale blan- châtre dans sa circonférence, et noirâtre dans le reste de sa surface; un double rang de franges compose chacune des quatre branchies : l'os demi-circulaire du premier de ces organes respiratoires pré- sente des dents longues et fortes, arran- gées comme celles d’un peigne; los du second n’en offre que de moins grandes; et l’arc du troisième ainsi que celui du quatrième, ne sont que raboteux*. * À la membrane des branchies.... "7 rayons. __ à la première nageoire du dos.,. T4 RL. rune ae 42 chacune des pectorales....... 35 chacune des thoracines. ....... 17 12 "à N°," PRINPN AISNE TE à celle de la queue........,...3o Or for 2 pi: | 4 280 HISTOIRE NATURELLE Les nageoires pectorales ont une lar= geur égale au douzième, ou à peu près, de la largeur totale du scombre ; leur lon- gueur est telle, qu’elles dépassent l’ou- verture de l’anus, et parviennent jus- qu'aux premières petites nageoires du-des- sous de la queue. Elles sont de plus en forme de faux, fortes, roides, et, ce qu’il faut sur-tout ne pas négliger d'observer , placées chacune au-dessus d’une fossette, ou d’une petite cavité imprimée sur le côté du poisson , de la même grandeur et de la même figure que cet instrument de natation , et dans laquelle cette nageoire est reçue en partie lorsqu'elle est en repos. Un appendice charnu occupe d’ailleurs, si je puis employer ce mot, l’aisselle su- périeure de chaque pectorale. Une fossette analogue est, pour ainsi dire, gravée au-dessous du corps, pour loger les nageoires thoracines, qui sont situées au-dessous des pectorales , et qui, presque brunes à l'intérieur, réfléchissent à l'extérieur une belle couleur d’argent. La première nagcoire dorsale s'élève au-dessus d’un sillon longitudinal ;, dans DES SCOMBRES. . 261 lequel FPanimal peut la eouchers et elle s’'avance comme une faux vers la queue. La seconde, presque entièrement sem- blable à celle de l'anus, au - dessus de laquelle on la voit, par sa rigidité , ses dimensions , sa figure et sa couleur , est petite et souvent rougeûtre ou dorée. Les petites nageoires du dessus et du dessous de la queue sont triangulaire, , et au nombre de huit ou de neuf dans is haut , ainsi que dans le bas. Ce nombre paroît être très-constant dans les indivi- dus de l'espèce que-je- décris, puisque Commerson assure. l'avoir toujours trou- vé, et cependant avoir examiné plus de vingt germons. La nageoire de la queue, découpée . comme un croissant, est assez grande pour que la distance , en ligne droite, d’une extrémité du croissant à l’autre, soit quelquefois égale au tiers de la lon- gueur totale de l’animal. Le thon a éga- lement et de même que presque tous les scombres, une nageoire caudale très- étendue ; et nous avons vu, dans l’ar- ticle précédent, les effets très-curicux 24 | | ki 1 ; S 4 282 HISTOIRE NATURELLE qui résultent de ce développement pe ordinaire du principal instrument de natation. y La ligne latérale, fléchie en divers sens Jusqu'au-dessous de la seconde nageoire | du dos ;. tend ensuite directement vers le milieu de la nageoïre caudale. On voit enfin, de chaque côté de la queue, la peau s'élever en forme de ca- xène rhttudih ae et cette forme «est donnée à ce tégument par un cartilage qu'il recouvre , et qui ne contribue pas peu à la rapidité avec laquelle le germon s'élance au milicu où à la surface des caux. Jetons maintenant un coup d'œil sur la conformation intérieure dece scombre. Le cœur est triangulaire , rougeûtre, assez grand , à un seul mais très- petit ventricule ; l'oreillette grande et trés- rouge ; le commencement de Faorte. blanchâtre, et en forme de bulbe ; le foie d'un rouge pâle, trapézoïde, convexe sur une de ses surfaces, hérissé de pointes: vers une extrémité, garni de lobules à l'extrémité opposée, creusé à l’extéricur "DES SCOMBRES.: 283 par plusieurs ciselures, et composé à l’intérieur de tubes vermiculaires, droits, parallèles les uns aux autres, et exha- lant une humeur jaunâtre par des con- duits communs ; la rate alongée comme une languette , noirâtre, ct suspendue sous le côté droit du foie ; la vésicule du fel conforméé presque comme un lom- bric , plus grosse par un bout que par l'autre, égale en longueur au tiers de la Jongueur totale du poisson, appliquée contre la rate, et remplie d’un suc très- verd ; PÉSébrnat sillonné par des rides lon- gitudinales ; le canal intestinal ‘deux fois replié; le péritoine brunâtre; et fa vessie patatoire longue , large, attachée au dos et argentée. Commerson a observé le germon dans le grand Océan austral, improprement appelé 7zer Pacifique, vers le vingt-sep- ème degré de latitude méridionale, et le cent troisième de longitude. Il vit pour la première fois cétte espèce de scombre dans le voyage qu'il fit sur cet océan, avec notre célèbre navigateur ét mon savant confrère Bougainville. Une TIR ES Pt 284 HISTOIRE NATURELLE troupe très-nombreuse d'individus decette espèce de scombre entoura le vaisseau que montoit Commerson , et leur vue ne fut pas peu. agréable à des matelots et, à des passagers fatigués par l’ennui et les priva- tions inséparables d'une longue, navigas tion. On tendit tout de suite des cordes Sgarnies d'hamecons; eton prittrès-promp- tement un grand nombre de ces poissons, dont le plus petit pesoit plus d’un myria- gramme, et le plus gros plus. de trois. A peine ces thoracins étoient-ils hors de l’eau , qu’ils mouroient au milieu des tremblemens et des soubresauts. Les ma- rins, rassasiés de l’aliment que ces aui- maux leur fournirent |, cessèrent d'en prendre : mais les troupes de germons, accompagnant toujours le vaisseau, fu- rent, pendant les jours suivans, l’objet de nouvelles pêches, jusqu’à ce que, les matelots se dégoütant de cette sorte de nourriture, les pêcheurs manquèrent aux poissons ,. dit le voyageur naturaliste, mais non pas les poissons aux pêcheurs. Le goût de la chair des germons étoit très- agréable, et comparable à celui des thons DES SCOMBRES. 285 et des bonites ; et quoique les matelots en mangeassent Jusqu'à satiété, aucun d’eux n’en éprouva l’incommodité la plus légère. Commerson ajoute à ce qu'il dit des germons , une observation générale que nous croyons utile de rapporter ici. Il pense que tous les navires ne sont pas également suivis par des colonnes de scombres ou d’autres poissons analogues à ces légions de germons dont nous venons de parler ; 1l assure mème qu’on a vu, lorsque deux ou plusieurs vaisseaux vo- guoient de conserve , les poissons ne s’at- tacher qu’à un seul de ces bâtimens, ne le jamais quitter pour aller versles autres , et donner ainsi à ce bâtiment favorisé une sorte de privilége exclusif pour la pêche. Il croit que cette préférence des troupes de poissons pour un navire dé- pend du plus ou moins de subsistance qu’ils trouvent à la suite de ce vaisseau, et sur-tout de la saleté ou de l’état exté- rieur du bâtiment au - dessous de sa ligne de flottaison.llluia semblé que les navires préférés étoient ceux dont la carène avoit PART, RCA 286 HISTOIRE NATURELLE été réparée le plus anciennement , OU qui venoient de servir à de plus longues navi- gations : dans les voyages de long cours , il s'attache sous les vaisseaux, des fucus, des goémons, dés cxalinss , des pin- ceaux de mer , et d'autres plantes ou ani- maux marins qui peuvent SCrVIE à nour- rir les poissons et doivent les attirer avec force. Au reste, Commerson remarque, ainsi que nous loto observé à l’articie du thon, que parmi les causes qui en- traînent les poissons auprès d’un vais- sceau , 1l faut compter l'ombre que Île corps du bâtiment et sa voilure répan- dent sur la mer; et dans les climats très- chauds, on voit, dit-il, pendant la plus grande chaleur du jour, ces animaux se ranger dans la place plus où moins éten- due que le navire couvre de son ombre. : \ Hal a: en SEM. | DES SCOMBRES. | 28) LE SCOMBRE THAZARD*. Ce nom de rhazard a été donné à des ésoces , à des clupées, et à d’autres scombres que celui dont nous allons par- ler : mais nous avons cru devoir, avec Commerson, ôter cette dénomination à toute espèce de scombre, excepté à celle que nous allons faire connoître. La des- cription de ce poisson n’a encore été pu- bliée par aucun naturaliste. Nous avons trouvé dans les papiers du célèbre com- pagnon de Bougainville, une figure de ce thazard, que nous avons fait uraver, | et une notice des formes et des habitudes de ce thoracin , de laquelle nous nous sommes servis pour composer l’article que nous écrivons. . La grandeur du thazard tient le milieu entre celle de la bomuite et celle du ma- * Tazo, 1azard. | 288 HISTOIRE NATURELLE, quereau ; mais SON Corps, quoique Hièe À inusculeux , est plus comprimé que celui | du maquereau, ou celui de la bonite. Sa couleur est d’un beau bleu sur la tête, le dos , et la portion supérieure des’ parties latérales; elle se change en nuances argentées et dorées, mêlées de tons fugitifs d'acier poli, sur les bas côtés et le dessous de l’animal, Au-dessous de chaque œil, on voiture tache ovale, petite, mais remarquable, et d’un noir bleuâtre. | Les nageoires pectorales et les thora- cines sont noirâtres dans leur partie su- périeure, et argentées dans l’inférieure ; la première nageoire du dos est d’un bleu brunâtre , et la seconde est presque brune * * 6 rayons à la membrane des branchies. 9 à la première nageoiïre dorsale. 12 à la seconde nageoire dorsale. 1 où 2 aïguillons et 22 ou 23 rayons arti= culés à chacune des pectorales. z aiguillon et 5 rayons articulés à chacune dés thoracines. 12 rayons à la nagcoire de l’anus. + 20 à la nageoire de la queue. d DES SCOMBRES. 289 Au reste, on ne voit sur les côtés du thazard, ni bandes transversales, ni raies lougitudinales. ë La tête, un peu conique, se termine insensiblement en un museau presque. aigu. La mâchoire supérieure, solide et non extensible , est plus courte que l’infé- rieure , et paroît sur-tout moins alongée lorsque la bouche est ouverte. Les dents qui garunissent l’une et l’autre de ces deux mâchoires, sont si petites, que le tact seul peut en quelque sorte les distinguer. L'ouverture de la bouche est communé- ment assez étroite pour ne pouvoir pas admettre de proie plus volumineuse que de petits poissons volans, ou Jeunes exo- cets. ; Les commissures sont noirâtres; l’in- térieur de la gueule est d’un brun ar- senté; la langue , assez large , presque cartilagineuse , très-lisse, et arrondie par-devant, présente, dans la partie de sa circonférence qui est libre, deux bords dont lun est relevé, et dont l’autre s'éténd horizontalement ; deux faces qui Poissons, Va 2b 290 HISTOIRE NATURELLE se réunissent en formant un angle aigu > composent la voûte du palais, qui, d’ail- leurs, est sans aucune aspérité. Chaque narine a deux orifices : l’antérieur est petit et arrondi; le postérieur plus visible et alongé. Les yeux sont très-srands et sans voile. | L'opercule, composé de deux lames , récouvre. quatre branchies , dont cha- cune comprend deux rangs de franges, et est soutenue par un os circulaire dont la partie concave offre des dents sem- blables à celles d’un peigne, très-longues: dans le premier de ces organes, moins longues dans le second et le troisième, très-courtes dans le quatrième. La tête ni les opercules ne sont revêtus d'aucune écaille proprement dite : on ne voit de ces écailles que sur la partie an- térieure du dos et autour des nageoires: pectorales ; et celles qui sont placées sur ces portions du scombre, sont petites et. recouvertes par l’épiderme. La partie pos-. térieure du dos, les côtés, et la partie inférieure de l'animal, sont donc dénués d’écaillés, au moins de celles que l’on. + DES SCOMBRES. 29r - peut appercevoir facilement pendant la vie du poisson. _ Les pectorales , dont la longueur ex- cède à peine celle des thoracines, sont recues chacune, à la volonté du thazard, dans une sorte de cavité imprimée sur le côté du scombre. Nous devons faire remarquer avec soin qu'entre les nageoires thoracines se montre un cartilage xiploide, ou en. forme de lame , aussi long que ces na- geoires , et sous lequel l'animal peut les plier et les cacher en partie. La première dorsale peut être couchée et comme renfermée dans une fossette longitudinale ; la caudale, ferme et roide , présente la forme d’un croissant très-alongé. | Huit ou neuf petites nageoires trian- gulaires et peu flexibles sont placées entre cette caudale et la seconde dorsale; -on en compte sept entre cette même caudale et la nageoire de l’anus. De chaque côté de la queue, la peau s’élève en carène demi-transparente , ren- fermée par- derrière entre deux lignes 292 HISTOIRE NATURELLE | presque parallèles ; et la vigueur des muscles de cette portion du thazard,, réunie avec la rigidité de la nagcoire caudale, indique bien clairement la force ge la natation et la rapidité de la course e ve scombre. | On ne commence à distinguer la els latérale qu’à l'endroit où Les côtés cessent d’être garnis d’écailles proprement dites: composée vers son origine de petites écailles qui deviennent de plus eu plus clair-semées , à mesure que son cours se prolonge, elle tend par de foibles ondulations, et toujours plus voisine du dos que de la partie inférieure du poisson , jusqu’à l’appendice cutané de la queue. L’individu de l’espèce du thazard , ob- servé par Commerson, avoit été pris, le 50 Juin 1768, vers le septième degré de latitude australe, auprès des rivages de la nouvelle Guinée, pendant que plu= sieurs autres scombres de la meme espèce » - n . . FA s'élançoient , à plusieurs reprises, à la > surface des eaux, et derrière le navire, pour y saisir les petits poissons qui sut- voient ce bâtiment. DES SCOMBRES. 203 Le goût de cet individu parut à Com- ac aussi agréable que celui de la bonite ; mais la chair de la bonite est très-blanche , et celle de ce thazard étoit jaunâtre. Nous allons voir, dans l’article M suivant , les grandes différences qui sépa- TA rent ces deux espèces l’une de l’autre. # 294 HISTOIRE NATURELLE LE SCOMBRE BONITE* L, bonite a été aussi appelée pélamide; mais nous avons dû préférer la première dénomination. Plusieurs siècles avant Pline , les jeunes thons qui n’avoient pas encore atteint l’âge d’un an, étoient déja nommés pélamides ; et 1l faut éviter tout ce qui peut faire confondre une espèce avec une autre. D'ailleurs, ce mot pé/a- ride employé par plusieurs des auteurs, qui ont écrit sur l’histoire naturelle, est à peine connu des marins, tandis qu’il n’est presque aucun récit de navigation lointaine dans lequel le nom de bonite ne se retrouve fréquemment. Avec combien de sensations agréables ou fortes cette’ expression n'est-elle donc pas liée! Com- bien de fois n’a-t-elle pas frappé l’ima- gination du jeune homme avide de tra- vaux, de découvertes et de gloire , assis * Bonnet, pélamide. DES SCOMBRES. 203 sur un promontoire escarpé, dominant sur la vaste étendue des mers, parcou- rant l’immensité de l'Océan par sa pen- sée, et suivant autour du globe , parses desirs enflammés , nos immortels navi- gateurs ! Combien de fois la mémoire fidèle ne l’a-t-elle pas retracée au marin intrépide et fortuné, qui, forcé par l’âge de ne plus chercher la renommée sur les eaux, rentré dans le port paré de ses trophées, contemplant d’un rivage pai- sible l'empire des orages qu'il a si sou- vent affrontés , rappelle à son ame satis- faite le éarme des espaces franchis , des fatigues supportées , des obstacles écar- tés , des périls surmontés, des plages découvertes, des vents enchaïînés, des tempêtes domtées! Combien de fais n’a- t-elle pas ému , dans le silence d’une retraite bhsinpétie , le lecteur paisible, mais sensible , que le besoin heureux de s’instruire , ou l’envie de répandre les plaisirs variés de l’occupation de l'esprit sur la monotonie de la solitude , sur le calme du repos, sur l’ennui du désœu- yrement, attachent , pour ainsi dire, et 296 HISTOIRE NATURELLE ‘par une sorte d’enchantement irrésistible, sur les pas des hardis voyageurs! Que de douces et de vives jouissances!' Et pour- quoi laisser échapper un seul des moyens de les reproduire, de les multiplier, de les étendre, d'en embellir l'étude de la science que nous cultivons ? ‘Cette bonite dont le nom est si connu, est cependant encore assez mal connue elle-même : heureusement Commerson, qui l’a observée en habile naturaliste dans ses formes et dans ses habitudes, nous a laissé dans ses manuscrits de quoi compléter l’image de ce scombre. L'ensemble formé par le corps et la queue de l’animal, musculeux, épais et pesant, finit par-derrière en cône. Le dessus de la tête, le dos, les nageoires supérieures, sont d’un bleu noirâtre; les côtés sont bleus; la partie inférieure est d’un blanc argentin : quatre raies longi- tudinales un peu larges, et d’un brun noirâtre, s'étendent de chaque côté au- dessous de la ligne latérale, et sur ce fond que nous venons d'indiquer comme argenté , et que Commerson à vu cepeu- k ÿ k * " bi : L DES SCOMBRES.. 297 dant brunâtre dans quelques individus ; les nageoires thoracines sont brunes ; celle de l’anus est argentée; l’intérieur de la gueule est noirâtre; et ce qui est assez remarquable, c’est que l'iris, le dessous de la tête, et même la langue, paroissent , suivant Commerson , revêtus de léclat de l'or. | Parlons maintenant des formes de la bonite. La tête, ayant un peu celle d’un cône, est d’ailleurs lisse, et dénuée d’écaiiles proprement dites. Un simple rang de dents très-petites garnit la mâchoire su- périeure, qui n’est point extensible, et l’inférieure |, qui est plus avancée que celle d’en-haut. L'ouverture de la bouche a la grandeur nécessaire pour que la bo- nite puisse avaler facilement un exocet. La langue est petite, étroite, courte, maigre, demi-cartilagineuse, relevée dans ses bords ; la voüte du palais très-lisse ; l’orifice de chaque narine voisin de l’œil, unique et fait en forme de ligne lougue très-étroite et verticale ; l’œil très-grand, ovale, peu convexe , sans voile; l’oper- LS 298 HISTOIRE NATURELLE cule branchial composé de!deux' lames arrondies par-derrière , dénuées de pe- tites écailles, et dont la postérieure em-: brasse celle de devant. DEL Des dents arrangées comme celles d’un peigne garnissent l’intérieur dés arcs OS- seux qui soutiennent les branchies ; elles sont très-longues dans les arcs antérieurs. Les écailles qui’recouvrent:le corps ct la queue, sont petites, presque penta- goues , et fortement attachées les ‘unes. au-dessus des autres *. | Chacune des nageoires pectorales ; dont Ja longueur est à peine égale à la moitié de l’espace compris entre leur base et l'ouverture de l’anus, peut être: recue dans une cavité gravée, pour aïpsi dire, * 7 rayons à la membrane branchiale. 15 rayons non articulés à la première nagcoire da dos. | 12 rayons à la seconde dorsale. x ou 2 aiguilons el 26 ou 27 rayons aruculés à chacune des pectorales. z aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 12 rayons à celle de l'anus. 30 rayons à celle de la queue. DES SCOMBRES. 209 - surila poitrine de l’animal , et dont la forme ainsi que la grandeur sont sem- blables à celleside la nageoire. On voit une fossette analogue propre à recevoir chacune des thoracines , au- dessous desquelles ou peut reconnoître l'existence d’an cartilage caché par la peau. La mageoiré de l'anus ‘est la plus petite de toutes. La première du dos, faite en forme de faux , et composée uni- quement de rayons non'articulés |; peut être couchée à la volonté de la bonite, et, pour ainsi dire, entièrement cachée dans un sillon longitudinal ; la seconde dorsale, placée presque au-dessus de celle de l’anus, est à peine plus avancée et plus grande que cette dernière. La na- geoire de la queue paroît très-forte, et représente un croissant dont les deux cornes sont égales et très-écartées. Entre cette nageoire et la seconde du dos, on voit huit petites nageoires ; on n’en trouve que sept au-dessous de la queue : mais il faut observer que, dans quelques individus, le dernier lobe de la seconde dorsale, et celui de la nageoire 300 HISTOIRE NATURELLE de l’auus, ont pu être conformés de nra:: nière à ressembler beaucoup à une petite nageoire; et voilà pourquoi on à cru devoir compter neuf pétites nageoires au-dessus et huit au-dessous de la queue de la bonite. | | Les deux côtés de cette même-quéue! présentent un appendice cartilagineux ,! un peu diaphane , élevé en carène et! suivi de deux stries longitudinales qui tendent à se rapprocher vers la nageoire caudale. La ligne latéraie, à peine msistislés dans son origine, fléchie ensuite plus: d'uné , devient droite, et s'avance vers l'extrémité de la gsnclies La bonite a presque toujours plus de six décimètres de longueur: elle-se uour- rit quelquefois de plantes marines et d’a-: ninmaux à coquille, dont Commerson a; trouvé des fragmens dans l’intérieur de plusieurs individus de cette espèce qu'il, a disséqués; le plus souvent néanmoins eile préfère des exocets ou des triures. On. la rencontre dans le grand Océan, aussi- bicn que dans l'Océan atlantique; mais fois DES SCOMBRES. 301 on ne la voit communément que dans les environs de la zone torride : elle y est la victime de plusieurs grands ani- maux marins; elle y périt aussi tiès-fré- quemment dans les rets des navigateurs, qui trouvent le goût de sa chair d'autant plus agréable, que, lorsqu'ils prennent: ce scombre, 1ls ont été communément privés depuis plusieurs jours de nour- riture fraiche; et, poisson misérable, pour employer l’expression de Comimeïson, elle porte dans ses entrailles des ennemis très-nombreux ; ses intestins sont remplis de petits /ænia et d’ascarides ; jusque sous, sa plèvre et sous son péritoine, sont logés des vers cucurbitains très-blanes, très-petits et très-mous; et son estomac renferme d’autres animaux sans ver- tèbres, que Commerson a cru devoir. comprendre dans le genre des sangsues. Avant de terminer cet article, nous croyons utile de bien faire connoître quel- ques unes des principales différences qui séparent la bonite du thazard , avec le- quel on pourroit la confondre. Première- went , la bonite a surle ventre des raics 20 À 302 HISTOIRE (NATU RECLE noirâtres et longitudinales qui manqtent sur le thazard. Deuxièmement, sontcorps est plus épais et moins értonil Troisiè- mement , elle n’a pas, comme le thazard, une tache, bleue sous chaque œil. Qu:- irièmement, elle est couverte, sur tout le: corps. et la queue, d’écailles placées les unes au-dessus des autres : le thazard n’en. montre d’analogues que sur le dos etquel- ques autres parties de sa surface. Cinquiè- dicment , sa membrane branchiale test: soutenue par sept rayons; celle du tha- zard n’en comprend que six. Sixième uieut, le nombre des rayons est différent dans les pectorales ainsi que dams la pre- anière dorsale de la bonite, et dans les pectorales ainsi que la première dorsale du thazard. Septièmement , le cartilage situé au-dessous des thoracines est caché par la peau dans le thazard ; il est à dé- couvert dans la bontte. Huitièmement, la queuc est plus profondément. échancrée dans la bonite que dans le thazard. Neu- vièmement, la ligne latérale diffère dans . ces deux scombres, et par le lieu de soin origine , et par ses sinuosités. Dixième- "DES SCOMBRES. 303 ment , enfin la couleur de la chair du tha- zard est jaunâtre. Que l’on considère avec Commerson qu'aucun de ces caractères ne dépend de l'âge ni du sexe , et l’on sera convaincu avec ce naturaliste que la bonite est une espèce de scombre très-diférente de celle du thazard décrite pour la première fois par ce savant voyageur. Pre Fe *# À LE SCOMBRE E ALAÀ FUNGA. . A: TE EVA AE E scombre, dont les naturalistes doi= . | a vent la première description au savant Cetti, auteur de l'Histoire des poissons et des amphibies de la Sardaigne, vit dansla | Méditerranée comme le thon. Onl'y voit, de même que ce dernier poisson , paroître régulièrement à certaines époques ; et cette espèce se montre également en troupes nombreuses et bruyantes. Sa chair est blanche et agréable au goût. L’alatunga a d’ailleurs beaucoup de rap- ports dans sa conformation avec le thon ; mais il ne parvient ordin pins qu'au mes. Il n’a etau- Docs de la queue ; et ses nageoi >s pec- torales sontsialongées, qu ‘elles atteigneut jusqu'à la seconde nageoire dorsale. Au reste , il est aisé de voir que presque tous ses traits, et particulièrement le dernier, le séparent de la bonite et du thazard, Re l- So ussi-bien que du thon ; et la longueur de ses "4 ne peut le faire con- fondre dans aucune circonstance avec le germon , puisque le germon a huit ou : », . . e e neuf petites nageoires au-dessus ainsi qu ‘au-dessous de la queue , pendant que Palatunga n° en à que sept au- -déssous et FRERE de cette même partie. Il est f- guré daus les peintures sur vélin que l’on possède an Muséum national d'histoire naturelle , et qui ont été faites d’après les dessins de Plumier , sous le nom de #4on de Océan (taynrus oceanicus ), vulgaire- ment gernon. Sa mâchoire inférieure est plus avan- cée que la supérieure , et sa ligue latér ale tortuense. | : 0 306 HISTOIRE NATÜ :LE SCOMBRE C. Ci scombre n’a encore été décrit par : cun naturaliste européen. Nous e: trouvé une image très-bien peint recueil chinois dont nous avons dé plusieurs fois : il est d’un Yiolet dans sa partie supérieure , dans sa partie inféricure. tI > 11 geoires sont placées entre la caudale s' la seconde du dos : on en voit sept autres au- dessous de la queue. Les pectorales sont | courtes ; lacaudale est très-échancrée. La. ligne latérale est saillante, sinueuse dans tout son cours; et INÉÉPERR SRE de son ondulation générale , elle de assez bas après avoir dépassé le: ralés , et se relève un peu ite n'appercoit pas de raies longitudinales les côtés de l'animal. - } si dire , toutes les mers MF légions nombreuses et rapides de de germons , de thazards , de bo- tes, et des autres scombres ue nous veuons d'examiner , nous n'avons eu be- soin de. ous élever, par la force de la pensée , qu'au dessus des portions de l'Océan qu’environnent les zones torrides et tempérées. Pourcounoître maintenant, observer et comparer tous les climats sous lesquels la Nature a placé le scombre maquereau , nous devons porter nos regards bien plus loin encore. Que notre à \ a À J verrat, sur plusieurs côtes méridio- nales de France;makrill, en Suèdeeten Danemarck; makrel,en Allemagne ; mnacarel, en Angleterre ; macarello, à Rome ; scombro, à Vemse ; lacerto, à vx ans cavallo, en Espagne ; ; horreau, dans quelques contrées européennes. 36 HISTOIRE N NATUR vuc s'étende jusqu’au pole du: qu’à celui autour guquel | deux ourses. Quel spectacle majestueux , terrible, va paroî veux ! ré rivages ii: de Er sent , sans les Métingh él apart sous des couches A LS neiges SAME S à uné mer pre obile, thdidie gelée, solide dans sa surface , ct tchat gée au loin d'énormes {glaçons entassés en montagnes s U élevés en pics sourcilleux. Sur cet Océan endurci par le froid, chaque année ne voit régner qu’un seul jour; et pendant ce jour unique, dont la durée s’étend au-delà de six mois, le soleil, peu exhaussé au-des- sus de la surface des mers , mais parois- sant tourner sans cesse autour de l’axe du monde ,élevant ou abaissant perpétuelle- ment ses orbes, mais enchaînan toujours ses circon volutions, commencant, toutes les fois qu'il émail au même méridien, un nouveau tour de son immense spirale, ne lançant que des rayons presque hori- zonutaux et facilement réfléchis par les “+ MuPDES SCOMBRES. 309 plans verticaux des éminences de glace, illuminant de sa clarté mille fois répétée les sommets de ces monts en quelque sorte crystallins , resplendissant sur leurs in- nombrables faces ; et ne pénétrant qu’à peine dans les cavités qui les séparent, rend plus sensible par le contraste frap- pant d’une lumière éclatante et des om- bres épaisses , cet étonnant assemblage de sommités escarpées et de profondes anfractuosités. Cependant la même année voit suc- céder une nuit presque égale à ce Jour. Une clarté nouvelle en dissipe les trop noires ténèbres : les ondes congelées ren- voient , dispersent et multiplient dans l'atmosphère , la lueur argentée de la lune , qui a pris la place du soleil ; et la lumière boréale étalant, au plus haut des airs, des feux variés que n’eflace ou ne teruit plus l'éclat radieux de lastre du jour , répand au loin ses gerbes, ses fais- ceaux , ses flots enflammés , ses tourbil- lons rapides , et, dans une sorte de ren- versement remarquable, montre dans un ciel sans nuages toute l'agitation du 310 HISTOIRE NATURELEE mouvement, pendant que lamer présente! toute l’inertie du repos. Une teinte extra- ordinaire paroît et dans Pair, et sur les eaux, et sur de lointains rivages; un demi- ) RNA. "2 jour, pour ainsi dire mystérieux et ma- gique, règne sur un vaste espace immobile et glacé. Quelle solitude profonde! tout se tait dans ce désert horrible. À peine , du moins, quelques échos fuuèbres et sourds répètent-ils foiblement et dans le fond de l'étendue , les gémissemens rauques et sauvages des oiseaux d’eau égarés dans la nuit, affoiblis par le froid , tourmentés par la faim. Ce théâtre du néant se res- serre tout d'un coup; des brumes épaisses se reposent sur l'Océan; et la vue est ar- rêtée par de lugubres ténèbres. Cependant la scène va changer encore. Une tempête d’un nouveau genre se prépare. Une agi- tation intestine commence ; un mouve- ment violent vient de très-loin, se com- mumnique avec vîtesse de proche en pro- che, s'accroît en s'étendant, soulève avec force les eaux des mers contre les voütes qui les compriment ; un craquement af- freux se fait entendre; c’est l’'épouvan- % % DES SCOMBRES. .3xr table tonnerre de ces lieux funestes ; les eftorts des ondes bouleversées redoublent; les monts de glace se séparent , et, flot- tant sur l'Océan qui les repousse, errent, se choquent , s’entr'ouvrent , s'écroulent en ruines, ou se dispersent en débris. C’est dans le sein même de cet Océan polaire, dont la surface vient de nous présenter l'effrayante image de la des- truction et du chaos, que vivent, au moins pendant une saison assez longue, les troupes innombrables des scombres que nous allons décrire. Les diverses co- hortes que forment leurs réunions , ren- ferment dans ces mers arctiques d'autant plus d'individus , que , moins grands que les thons et d’autres poissons de leur genre ; n'atteignant guère qu'à une lon- sueur de sept décimètres , et doués par conséquent d’une force moins considé- rable , ils sont moins excités à se livrer les uns aux autres des combats meur- triers. Et ce n’est pas seulement dans ces mers hyperboréennes que leurs légions comprernent des milliers d'individus. Qu les trouve également et méme plus | duc OR 3:2 HISTOIRE NATURELLE | nombreuses dans presque toutes les mers chaudes ou tempérées des: quatre parties du monde, dans le grand Océan, auprès du pole antarctique, dans l'Atlantique, dans la Méditerranée, où leurs rassem- biemens sont dns plus étendus , et leurs agrégations d'autant plus dur EN qu'iis paroissent obéir avec plus de cons- tance que plusieurs autres poissons, aux diverses causes qui dirigent ou modiñent les imouvemens des habitans des eaux. Les évolutions de ces tribus marines sont rapides , et leur natation est très- prompte , conune celle de paques tous les autres scombres. La grande vitesse qu'elles Présentent lorsqu'elles se Dar à à d'une plage vers une autre, n'a pas peu contribué à l'opinion 1 ps presque universel- lement jusqu’à nos jours, au sujet de leurs changemens périodiques d’habita- tion. On a cru presque généralement d'après des relations de pêcheurs rap- portées par Anderson dans son Æisioire raturelle de l’Islande , aue le maquereau étoit soumis à des migrations régulières; DES SCOMBRES. 315 on a pensé que les individus de cette es- pèce qui passoient l'hiver daus un asyle plus ou moins sûr auprès des glaces po- laires , voyageoient pendant le printemps ou l'été jusque dans la Méditerranée. T'i- rant de fausses conséquences de faits mal vus et mal comparés, on a supposé la plus grande précision et pour les temps et pour: les lieux, dans l'exécution de ce transport successif et périodique de my- riades de maquereaux depuis le cercle po- laire jusqu'aux environs du tropique. On a indiqué l’ordre de leur voyage ; on a tracé leur route sur les cartes; et voici comment la plupart des naturalistes qui se sont occupés de ces animaux, les ont fait s’avaricer de la zone glaciale vers la zone torride, et revenir ensuite auprès du pole, à leur habitation d'hiver. On a dit que, vers le printemps , la grande armée des maquereaux côtoie l'Islande, le Hittland, l'Écosse et l'Irlande. Parvenue auprès de cette dernière île, elle se divise en deux colonnes : l’une passe devant l'Espagne et le Portugal, pour se rendre dans la Méditerranée , où 24 514 HISTOIRE NATURELLE 1l paroît qu'on croyoit qu’elle terminoit . ses migrations ; l’autre paroiïssoit, vers le. mois de floréal , auprès des rivages de France et d'Angleterre, s’enfonçoit dans la Manche, se montroit en prairial devant la Hollande et la Frise , et arrivoit en nessidor vers les côtes de Jutland. C’étoit daus cette dernière portion de l'Océan atlantique boréal que cette colonne se sé paroit pour former deux grandes troupes voyageuses : la première se Jetoit dans la Balnqnes d'où on n’avoit pas beaucoup sougé à la faire sortir; la seconde , moins déviée du grand cercle tracé des la na- tation de l'espèce, voguoit devant la Nor- vége, et retournoit Jusque dans les pro- fo dl are ou près des rivages des mers po- laires, chercher contre les rigueurs de l'hiver un abri qui lui étoit connu. Bloch et le citoyen Noël ont très-bien prouvé qu’une route décrite avec tant de soin ne devoit cependant pas être consi- dérée comme réellement parcourue ; qu'elle étoit inconciliable avec des obser- vations sûres , précises, rigoureuses et très-multipliées , avec les époques aux- DES SCOMBRES- 315 quelles les maquereaux se montrent sur les divers rivages de l'Europe , avec les dimensions que présentent ces scombres auprès de ces mêmes rivages ,avec les rapports qui lient quelques traits de la conformation de ces animaux à la tempé- rature qu'ils éprouvent , à la nourriture qu'ils trouvent, à la qualité de l’eau dans laquelle ils sont plongés. : - On deit être convaincu, ainsi que nous l'avons annoncé dans le Discours sur la nature des poissons , que les maquereaux ( et nous en dirons autant , dans la suite de cet ouvrage , des harengs , et des au- tres osseux que l'on a considérés comme coutraints de faire périodiquement des voyages de long cours ) , que les ma- quereaux, dis-je, passent l'hiver dans des fonds de la mer plus ou moins éloignés des côtes dont ils s’approchent vers le printemps ; qu'au commencement de la belle saison , ils s’'avancent vers le rivage qui leur convient le mieux, se montrent souvent , comme les thons, à la surface de la mer, parcourent des chemins plus ou:imoins directs , ou plus ou moins 316 HISTOIRE NATURELLE sinueux , mais ne suivent point le-cercle périodique auquel on a voulu les atta- cher ; ne montrent point ce concert régu= lier qu’on leur a attribué, n’obéissent pas à cet ordre de lieux et de temps auquel on les a dits assujettis. | API On n’avoit que des idées vagues sur la manière dont les maquereaux étoient ren: fermés dans leur asyle soumarin pendant la saison la ‘plus rigoureuse ; et particu- lièrement auprès des contrées polaires. Nous allons remplacer ces conjectures par. des notions précises. Nous devons cette connoissance certaine à l'observation suti- vante, qui n’a été communiquée parmom respectable collègue, le brave et habile marin , le sénateuret vice-amiral Pléville- le-Peley. Le fait qu'il a remarqué, est d'autant plus curieux, qu'il peut jeter un graud Jour sur l’engourdissement que les poissons peuvent éprouver pendant le froid , et dont nous avons parlé dans no- tre premier Discours. Ce général nous ap- prend, dans une note manuscrite qu’il & bien voulu me remettre ; qu'il a vérihé avec soin les faits qu’elle contient, lelong DES SCOMBRES. 317 des côtes du Groenland , dans la baie d'Hudson, auprès des rivages de Terre- Neuve , à l’époque où les mers commen- cent à y être navigables, c’est-à-dire, vers le tiers du printemps. Ou voit dans ces contrées boréales, nous écrit le vice- amiral Pléville , des enfoncemens de la mer dans les terres, nommés barachouas , et tellement coupés par de petites pointes qui se croisent, que, dans tous les temps, les eaux y sont aussi calmes que dans le plus petit bassin. La profondeur de ces asyles diminue à raison de la proximité du rivage, et le fond en est généralement de vase molle et de plantes marines. C’est dans ce fond vaseux que lès maquereaux cherchent à se cacher pendant l'hiver, et qu'ils enfoncent leur tête et la partie an- térieure de leur corps jusqu’à la longueur d’un décimètre ou environ , tenant leurs queues élevées verticalement au-dessus du limon. On en trouve des milliers en- terrés ainsi à demi dans chaque baras choua , hérissant , pour ainsi dire , de leurs queues redressées le foud de ces bassins , au point que des marins les appercevant 27 Je 318 HISTOIRE NATURELLE pour la première! fois auprès. de la côte ; ont craint d'approcher. du rivage dans leur chaloupe , de peur de la briset. con- tre une sorte particulière de banc ou d’écueil. Le citoyen Pléville ne doute pas que la surface des eaux de ces. bara- chouas ne soit gelée pendant l'hiver, et que l'épaisseur de cette croûte de glace, ainsi que celle de fa couche de neige qui s’amoncelle au-dessus, ne tempèrent beau- coup les effets de la rigueur de la saison sur les maquereaux enfouis à demi au- dessous de cette double couverture ,etne contribuent à conserver la vie de ces ani- maux. Ce n’est que vers messidor queces poissons reprennent une partie de leur, activité, sortent de leurs trous, s’élancent dans les flots, et parcourent les grands ri- vages. Il semble mêmeque la stupeur ou l’engourdissement dans lequel ils doivent : avoir été plongés pendant les très-grands froids, ne se dissipe.que par degrés: ieurs sens paroissent très-aftoiblis pendant une vingtaine de Jours; leur vue est alors si débile, qu’on les croit aveugles | et qu’on les prend facilement.au filet. Après ce ! DES SCOMBRES. 319 temps de foiblesse , on est souvent forcé « de renoncer à cette dernière manière de les pêcher ; les maquereaux recouvrant entièrement l'usage de leurs yeux , ne peuvent plus en quelque sorte être pris qu'à l'hamecon : mais comme ils sont en- core très-maigres , et qu'ils se ressentent beaucoup de la longue diète qu'ils ont éprouvée , ils sont très-avides d’appâts, et on en fait une pêche tres-abondante. C'est à peu près à la même époque qu'on recherche ces poissons sur un grand nombre de côtes plus ou moins tempérées de l’Europe occidentale. Ceux qui paroissent sur les rivages de France, ‘sontcommunément parvenus à leur point de perfection en floréal et prairial ; ils portent le nom de chevillés, et sont moins estimés en thermidor et fructidor , lors- qu'ils ont jeté leur laite ou leurs œufs. Les pêcheurs des côtes nord-ouest et ouest de la France sont de tous les marins de l’Europe ceux qui s'occupent le plus de la recherche des maquereaux, et qui en prenvent le plus grand nombre. Ils se servent , pour pêcherces anjmaux, de 320 HISTOIRE NATURELLE haims, de liboureis }, de manets!? faits d’un fil très-délié, et que l’on réunitquel- quefois de manière à former avec ces filets une £essure de près de mille brasses (deux. mille cinq cents mètres ) de longueur. Les temps orageux sont très -souvent ceux pendant lesquels on prend avec le plus de facilité les scombres maquereaux, qui, agités par la tempête, s’approchent beau- coup de la surface de la mer, et se jettent dans les filets tendus à une très-petite pro- fondeur ; mais lorsque le ciel est serein et que l'Océan est calme , il faut les chercher entre deux eaux, et la pêche en est beau- coup moins here w C’est parmi les rochers que les femelles aiment à déposer leurs œufs; et comme chacun de ces individus en renferme plu- sieurs centaines de mille , il n’est pas sur- prenant que les maquereaux forment des légions très-nombreuses. Lorsqu'on en 1 Voyez l’explication du mot /:2our et; à l’article du scombre thon. 2 Tarticle de Ja 1rachine vive renferme une eourte description du manets DES SCOMBRES. 32É prend une trop grande quantité pour la consommatioudes pays voisins du lieu de la pêche, on prépare ceux que l’on veut conserver long - temps et envoyer à de grandes distances , en les vidant , en les mettant dans du se et en les Mont ensuite, comme des harengs , dans des barils. La chair des maquoreaux étant grasse et fondante , les anciens l’exprixnoient, pour ainsi dire , de manière à former une sorte de He liquide ou de prépara- | tion particulière , à laquelle on don it le nom de garum. Pline dit combien ce garum étoit recherché non seulement comme un assaisonnement agréable de plusieurs mets, mais encore comme un remède efficace contre plusieurs maladies. On obtenoit du garum , dans le temps de Bellon et dans plusieurs endroits voisins des côtes de la Méditerranée , en se ser- vant des intestins des maquereaux ; eton en faisoit une grande consommation à Constantinople ainsi qu’à Rome, où ceux qui en veudoient étoient nommés pésci- garoles. LS 322. HISTOIRE NATURELLE C’est par une suite de cette nature. de: leur chair grasse et huileuse, > que les ma- quereaux sont comptés parmi les pois sons qui jouissent le plus de la faculté de répandre dela lumière dans les ténèbres *. Ils luisent dans l'obscurité, lors: même qu’ils sont tirés de l’eau Fa très-peu de temps ; et on lit dans les Transactions philosophiques de Londres (année 1666, page 116 ), qu’un cuisinier , en remwant de l’eau daus laquelle il avoit fait cuire quelques uns de ces scombres,, vit que ces poissons rayonnoient vivement: ,:ct que l’eau devenoit très - lumineuse. :On appercevoit une lueur phosphorique par- tout où on laissoit tomber des gouttestde cette eau, après lavoir agitée. Des en fans s Len asie à transporter de‘ ces gouttes qui ressembloient à ‘autant de petits disques lumineux. On 'observa en- core le lendemain , que, lorsqu'on im- primoit à l’eau un mouvement circulaire rapide , elle jetoit une lumière eompa- rable à la clarté de la lune : cette lumière * Voyez la partie du Discours préliminaire rela- ve à la phosphurescence des poissons. DES SCOMBRES. 325 égaloit l'éclat de la flamme , lorsque la ‘ du mouvement de l’eau. étoit très- accéléré ; etdes jets lumineux très-brillans sortoient alors du gosier et de plusieurs autres parties des maquereaux. © Mais avant de terminer cet article , montrons avec précision les formes du poisson dont nous venons d'indiquer les principales habitudes. En général, le maquereau a la tête alongée, l’ouverture de la bouche assez grande ; la langue lisse, pointue, et un peu libre dans ses mouvemens ; le palais garni dans son contour de dents petites, aiguës, et semblables à celles dont les deux mâchoires sont hérissées ; la mâ- choire inférieure un peu plus longue que la supérieure , la nuque large , l’ouver- ture des branchies étendue , un opercule composé de trois pièces, le tronc com- primé ; la ligne latérale voisine du dos, dont elle suit la courbure ; l’anus plus rapproché de la tête que de la queue ; les nageoires petites , et celle de la queue fourchue. Telles sont les fornies principales du 924 HISTOIRE NATURELLE scombre dont nous écrivons l'histoir ses couleurs ne sont pas tout-à-fait at constantes * | Le plus tré ” Léon D EL ce poisson nager entre deux eaux, et pré- senter au travers de la couche fluide qui le vernit , pour ainsi dire , toutes les nuances qu'il peut devoir à la rapidité de ses mouvemens et à la prompte et entière circulation des liquides qu'il recèle , il paroît d’une couleur de soufre, ou plutôt on le croiroit plus ou moins doré sur le dos : mais lorsqu'il est hors de l’eau , sa partie supérieure n'offre qu’une PR noirâtre ondulée de bleu ; de grandes taches transversales ; et d’une nuance | bleuâtre sujette à varier , s'étendent de chaque côté du corps et de la queue , dont la partie inférieure est argentée, ainsi que iris et les opercules des bran- # A Ja première nageoïre € dorsale... 12 rayons, x Ja seconde {#00 JR lu, 12 à chacune des pectorales. . Jante 20 à chacune des thoracines. :4,..,.:. 6 à celle de l'anus... ......,..... 13 à celle de: la queue. 44. se DES SCOMBRES. 325 . thies : presque toutes les nageoires sont ses ou blanchôâtres. lusieurs individus ne présentent pas > grandes taches latérales; ils forment une variété à laquelle on a donné le nom de m2archais dans plusieurs pêcheries fran- coises ,et qui est communément inoins RE pour la table que les maquert eaux ordinaires. F0 Au reste, toutes cescouleursou nuances sont Hide ou inodiliées par des écailles petites , minces et molles. Ajoutous que les vertèbres des scom- bres que nous décrivons, sont grandes, et au nombre de trente ou trente-une, et que l’on compte dans chacun des M” de l’épine dorsale onze ou douze Ôtes attachées aux vertèbres par des car- tilages. On peut voir par Lea détails dans les- quels nous venons d'entrer , que Îles formes ni les armes des maquercaux ne ji MT les rendent pas plus dangereux que leur taille, ‘pour les autres habitans des mers. cédant , comme leurs appétits sont très-violens, ct que leur nombre leur ins- Poissons. Va 28 326 HISTOIRE NATURELLE pire peut-être une sorte de confiance, 1 sont voraces et même hardis: ils atta=. quent souvent des poissons plus gros | plus forts qu'eux ; et on les a même vus quelquefois se Jeter avec une audace aveugle sur des pêcheurs qui vouloient les saisir, ou qui se baiguoient dans les eaux de la mer. Mais s'ils cherchent à faire beaucoup de victimes , ils sont perpétuellement en- tourés de nombreux ennemis. Les grands habitans des mers les dévorent ; et des poissons eñ apparence assez foibles , tels que les murènes et les murénophis, les combattent avec avantage. Nous ne pou- vons donc écrire presque aucune page de. cette Histoire sans parler d'attaques et de” défenses, de proie et de dévastateurs , d'actions et de réactions redoutables , d'armes , de sang!, de carnage et de mort. Triste et horrible condition de tant de milliers d'espèces condamnées à ne subsister que par la destruction , à ne vivre que pour être immolées ou PAT leurs tyrans , à n’exister qu’au milieu des. angoisses du foible , des agitations du DES SCOMBRES. 327 plus fort, des embarras de la fuite, des _ fatigues de la recherche , du trouble des combats, de la douleur des blessures, des inquiétudes de la victoire, des tour- mens de la défaite ! ces tous ces affreux malheurs se seroient sur-tout ac- cumulés sur la foible espèce humaine , si Ja sensibilité éclairée par AITOARURU et l'intelligence animée par la RTS # n’avoient pas , par un heureux accord, fait naître la société , la civilisation , la science , la vertu! et combien ils peseront encore sur sa téte infortunée , jusqu’au moment où la lumière du génie, plus gé- néralement répandue, éclairera un plus grand nombre d'hommes sur leurs véri- tables intérêts, et dissipera les illusions de lenrs passions aveugles et funestes ! C’est au maquereau que nous croyons devoir rapporter le scombre qu’Aristote, Athénée, Aldrovande , Gesner et Wil- Jughby, ont désigné par le nom de colias, que l’on pêche près des côtes de la Sar- daigne , qui est souvent plus petit que le maquercau , qui eu diffère quelquefois par les nuances qu'il offre , puisque, sui- RELLE vant le naturaliste Cetti, il présente un verd gai mêlé à de l’azur, mais qui d’a Îeurs a les plus grands rapports avec le poisson que nous venons de décrire. Le professeur Gmelin lui-même, en l'inscri- vant à la suite du maquereau , demande s'il ne faut pas le considérer comme ce dernier scombre encore jeune. Au reste, que ques ro LE et particu- lièrement Rondelet, nt appliqué cette dénomination de LES à d’autres sCom- bres que l’on nommé UE auprès de Marseille , qui habitent dans la Méditer- rauée, qui s’y plaisent sur-tout dans lé. voisinage des côtes d’Espagne , qui sont plus grands et plus épais que fé inaque= reau ordinaire, et que néanmoins Rôn- delet regarde comme n'étant qu’une va- riété de ce dernier poisson, avec lequel on le confond en effet très-souvent. Peut-être est-ce plutôt aux coguoils qu'aux maquereaux verds et bleus de Cetti , qu'il faut rapporter les passages des anciens naturalistes , et principale- ment celui d'Athénée que nous venons de citer, 328 HISTOIRE NAT Qi KE DES SCOMBRES. 329 Quoi qu'il en soit, les coguoils ont la chair plus gluante et moins agréable que le inaquereau ordinaire. ils sont couverts d’écailles petites et tendres : une partie de leur tête est si transparente, qu’on dis- tingue, comme au travers d’un verre, les nerfs qui , du cerveau , aboutissent aux deux organes de la vue. Rondelet ajoute que, vers le printemps, ils jettent”. du sang aussi resplendissant que la li- queur de la pourpre. Ce fait nous rappelle un phénomène analogue , qui nous a été attesté par un voyageur digne d’estime , et sur lequel nous croyons utile d'appeler lattention des observateurs. Le citoyen Charÿet m'a instruit, par deux lettres, datées de Serrières, dépar- tement de l'Ardèche, l’une le 19 vendé- miaire, l’autre le 16 brumaire, de l'an IV de l’ère francoise, qu’en 1776 il étoit oc- cupé dans l’île de la Guadeloupe, non seulement à faire une collection de des- sins coloriés de plantes , qu’il destinoit pour le Jardin et le Cabinet d'histoire maturelle de Paris, et qui furent entiè- 28 | # 33o HISTOIRE NATURELLE rement détruits par le fameux ouragan de septembre de cette mème année 1776 , mais encore à terminer avec beaucoup de soin des dessins de différentes espèces de poissons pour M. Barbotteaw., habi+ tant du Port-Louis, connu par un ou- vrage intéressant sur les fourmis ; et cor- respondant de Duhamel, qui publia plu- sieurs de ces dessins ichthyologiques dans le Traité général des péches. | Les liaisons du citoyen Charvet avec les Caraïbes , chez lesquels il trouvoit de l'ombrage et du repos lorsqu'il étoit fa- tigué de parcourir les rochers et les pro- fondeurs des anses, lui procurèrent , de Ja part de ces iusulaires , des poissons assez rares. Ces Caraïbes le dirigèrent, des rivages de l’île , sauvage, pittoresque et mélancolique , appelée Porte d'enfer. Ce fut auprès de cette côte qu'il trouva un poisson dont il m'a envoyé un dessin colorié. Cet animal avoit Pair si familier etsi peu effrayé des mouvemens du ci- toyen Charvet, quise baignoit, que cet artiste fut tenté de le saisir À peime le dans une de ses courses , vers une partie v » DES SCOMBRES. 33% tenoitil , qu’une fente placée sur le dos du poissou s’entr'ouvrit , et qu'il en sortit une liqueur d’un pourpre vif, assez abon- dante pour teindre l’eau environnante, en troubler la transparence , et donner à l'animal la facilité de s'échapper , au mo- ment où l’étonnement du citoyen Charvet l'empêcha de retenir le poisson qu'il avoit dans les mains. Cet artiste cependant prit de nouveau le poisson , qui répandit une seconde fois sa liqueur; mais ce fluide étoit bien moins coloré et bien moins abondant qu’au premier jet, et cessa de couler, quoique l’animal continuât d’ou- wrir et de fermer la fente dorsale , comme pour obéir à une grande irritation. Le poisson , rendu à la liberté , ne parut pas très-affoibli. Un second individu de la mème espèce, placé promptement sur une feuille de papier, la teiguit de la même manière qu’une eau fortement colorée avec de la laque ; néanmoins, après trois jours, la tache rouge étoit devenue Jaune. Des affaires imprévues , une maladie grave, les suites funestes du terrible ou- ragan de septembre 1776, et l’obligation 332 HISTOIRE NATURELLE soudaine de repartir pour l'Europe, | CUT pêchèrent le citoyen Charvet de dessiner et même de décrire, pendant qu 1 étoit encore à la Guadeloupe \ poisson à ss liqueur pourprée : mais sa mémoire, For tement frappée des traits, de l'allure et de la propriété de cet animal , lui a donné la facilité de faire en France une description et un dessin colorié de ce poisson, qu'il a eu la bonté de me faire parvenir. Les individus vus par cé voyageur avoient un peu plus de deux décimètres de longüeur. Leurs nageoires pectorales étoient assez grandes. La nagcoire dorsale étoit composée de deux portions longitu- dinales, charnues à leur base, terminées dans le haut'par des filamens qui les fai- soicnt paroître frangées ; et appliquées. l'une contre l’autre de manière à ne for- mer qu'un seul tout ; lorsque l'animal vouloit tenir fermée lé fente propre à. laisser échapper la liqueur rouge ow vio- lette. Cette fente, située à l’origine et au milieu de ces deux portions Tlongitudi- males de la nägéoire dorsale , ne paroissoit pas s'éténidre-vers la queue anssi loin que DES SCOMBRES. 333 cette même nageoire ; mais le fluide co- loré, en sortant par cette ouverture, sui- voit toute la longueur de la nageoïre du dos , et obéissoit à ses ondulations. La peau étoit visqueuse, couverte d’é- eailles petites et fortement adhérentes. La couleur d’un gris blanc plus ou moins clair faisoit ressortir un grand nombre de petits points Jaunes, bleus, bruns , ou d’autres nuances. L'ensemble des formes de ces poissons, et les teintes qu'ils pré- seutoient, étoient agréables à la vue. Iis se nourrissoient de petits mollusques et de vers marins, qu'ils cherchoïent avec beaucoup de soim parmi les pierres du fond de l’eau, sans se détourner ni dis- continuer leurs petites manœuvres avant l'instant où on vouloit les saisir ; et la con- traction qu'ils éprouvoient lorsqu'ils fai- soient jaillir leur liqueur pourprée, étoit apparente dans toute la longueur de leur corps, inais principalement vers l’inser- tion des nageoires pectorales. Ces feinturiers de la Guadeloupe , car c'est ainsi que les nomme lecitoyen Char- vet, cherchent un asyle lorsque la tem- F d 334 HISTOIRE NATURELLE pête. commence à bouleverser. les flots : sans cette précaution , ils résisteroient d'autant moins aux agitations de la: mer et aux secousses des vagues impétueuses qui les briseroient contre les rochers, que leurs écailles sont fort tendres, leurs mus- cles très-délicats , et leurs tégumens de nature à se rider bientôt après leur mort. Ces faits ne suffisent pas pour détermi- ner l'espèce ni le genre, ni même l’ordre de ces poissons. Plusieurs motifs doivent donc engager les naturalistes qui parcou- rent les rivages de la Guadeloupe, à cher- cher des individus de l'espèce observée par le citoyen Charvet, à reconnoître leu* conformation , à examiuer leurs habi- tudes , à constater leurs propriétés. DES SCOMBRES. ? 3% LE SCOMBRE JAPONOIS. - C & scombre n'est peut- -être, qu'une va- riété du maquereau, ainsi que l'a soup- conué le professeur ARTE Nous ne l'en, séparous que pour nous conformer à l'opinion de plusieurs naturalistes , en annonçant aux-voyageurs notre doute à cet égard , et en les invitant à le résoudre par des observations. Ce poisson vit dans la mer du Japou.* Sa longueur n’est quelquefois que de deux décimètres ; ses mâchoires sont hérissées de petites dents; sa couleur générale est * A chacune des deux nageoires dor- ne ur eue - 7 0 Vayons. à chacune des pectorales . “Sa 4tit 28 à chacune des thoracines. . EU EX cn doi dela. ll... is UT à celle de la queue............. 20 33% HISTOIRE NATUR d’un bleu clair; sa tête bri le de la cou+. leur de l'argent ; ses écailles sont très- petites ; et l’on a com ré l’ensemble de. - sa conformation à celle du hareng. Houttuyn l'a fait connoître. hr: EUR #4 LT ul ue à DES SCOMBRES.:;; 337 : LE SCOMBRE DORÉ. Li nom de ce poisson annonce la riche parure que la Nature lui a accordée, et la couleur éclatante dont il est revêtu. [l'est en effet resplendissant d’or sur une :très- grande partie de sa surface ; et particuliè- rement sur son dos. Peut-être n'est-il qu’une variété du maquereau. Le profés- seur Gmelin a témoigné de l'incertitude au sujet de l'espèce de ce scombre, aussi- bien qu’à l'égard de celle du japonois. Le doré s’éloigue cependant du maquereau beaucoup plus que ce japanois ; non seu- lement par ses nuances, mais encore par quelques détails de sa conformation , et notaminent par le nombre des rayons de ses nageoires. : Quoi qu’il en soit, on trouve le doré dans les mers voisines du Japon , ainsi qu'on y voit le scombre précédent ; et il a été également découvert par Hout- tu ya. AN 29, 338 HISTOIRE NATUR | ) ll n’a au-dessus et au- dessous de la queue que cinq petites nageoires comme le japonois et le maqueréau $ et on ne Se: que six rayons à sa nageoire de Panus * Nous avons trouvé dans un.des ma- nuscrits de, wftéumier , déposés à la Biblio- thèque nationale la figure d’un scombre notnmé , parce EE ,; très - petit scombre d'Amérique (: scomber. minimus americanus}, et qui tient, à.beaucoup d’égards, le milieu entre le déré et le ma- quereau. Des raies ondulent en divers sens sur le dos de ce poissou. H n’a que cinq petites nageoires, au-dessus, et. au- dessous de la queue, onze rayons à la première dorsale , neuf à la acçondss Et cinq à la niet de l'anus. * A la première nageoire dorsale... Q rayons. à chacune ‘des pectorales......., 18 à chacune des thoracines........ 6 \ àcelle dé lunus. . 5242482800 - RÉ - DES SCOMBRES. 339 LE SCOMBRE ALBACORE. Le nom d’a/bacore ou d’albicore a été donné , ainsi que ceux de germon , de ‘hazard , et de bonite ou pélamide, à plu- sieurs espèces de scombres; ce qui n’a pas jeté peu de confusion dans l'histoire de ces animaux. Nous l’appliquons exclusi- vement, pour éviter toute équivoque, à un poisson de la famille dont nous trai- tous, et dont Sloane a fait mention dans son ZZistoire de la Jamaïque. Ce scombre ; qui habite dans le bas- sin des Antilles, est couvert de petites écailles. L’individu décrit par Sloane avoit seize décunètres de longueur , et uu mètre de circonférence à l’endroit le pius gros du corps. Ses mächoires, longucs de deux décimètres , ou environ, étoient garnies chacune d’une rangée de dents courtes et aiguës. On pouvoit voir , au- dessus des opercules, deux arêtes cachées 30 HISTOIRE NATURENLE. en partie sous une peau. luisante. On comptoit, au- -dessus et au- pe rue de la queue , plusieurs petites nageoires sépa- rées l’une de l’autre par un intervalle de cinq centimètres ou à peu près. La na- seoire de l'anus se terminoit en pointe, et avoit trente-deux centimètres de long et huit centimètres de haut. Celle de la queue étoit en croissant. Les deux saillies latérales et longitudinales de la queue avoient plus de deux centimètres d’élé- vation. Plusieurs parties de la surface de l'animal étoient blanches . les autres d’une couleur foncée. 2? _ SOIXANTE-UNIÈME GENRE. LES SCOMBÉROÏDES. ” De petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue; une seule nageoire dorsale ; plusieurs aiguillons au-devant de la na- geoïire du dos. ESPÈCES. CARACTÈRES. Dix petites nageoires au-des- ST sus et quatorze au-dessous 1.LE SCOMBÉROIRDE , ] co de la queue; sept aiguil- NOEL. + lons recourbés au-devant de la nageoire du dos. | {Douze petites nageoires au- PT dessus et au-dessous de la 2. LE SCOMBÉROIÏDE devant de la nageoire du dos. Sept petites nageoires au dessus et huit nu de la queue; quatre aïguil= lons au-devant de la na- 9eo1re du dos. 29 3, LE SCOMBÉROÏDE SAUTEUR. | queue ; six aiguillons au €EOMMERSONNIEN. |: LE SCOMBÉROÏDE NOEL. Avcuxrdes espèces que nous avons Cru devoir comprendredans le genre dontnous allons nous occuper, n’est encore connue des naturalistes. Nous avons donné à la famille qu'elles composent | le nom de scombéroïde , pour désigner les rapports qui la lient avec les scombres. Elle tient, à quelques égards, le milieu entre ces scombres , auxquels elle ressemble par les petites nageoires qu’elle montre au-des- sus et au-dessous de la queue, et entre les gastérostées , dont elle se rapproche parla série d’aiguillons qui tiennent lieu d’une première nageoire dorsale. Nous nommons scombéroïde noël la pre- mière des trois espèces que nous avons inscrites dans ce genre, pour donner une marque solemnelle de reconnoissance et LA DES SCOMBÉROIDES. 343 d'estime au citoyen Noël, de Rouen, qui mérite Si bien chaque jour les remerci- mens des naturalistes par ses travaux, et dont les observations exactes ont enrichi tant de pages de l’histoire que nous écri- vous. Nous l’avons décrite d’après un indi- vidu desséché et bien conservé qui faisoit partie de la collection cédée à la France par la Hollande , et envoyée au Muséum d'histoire naturelle. | Ce poisson avoit dix petites nageoires au-dessus de la queue * , et quatorze au- dessous de cette même partie, Sept aiguil- Jlons recourbés en arrière et placés long:- tudinalement au-delà de la nuque, tenoient lieu de première nageoire du dos ; deux aiguillons paroissoient au- devant de lanageoire de l'anus. Six taches ou petites bandes transversales s’éten- * À Ja nageoire du dos.......... O rayons, à chacune des pectorales......... 18 à chacune des thoragines 1 rayon aïguillonné et 5 rayons articulés. à la nageoire de Panus....:..... 26 rayons, AE deimede, 1,7,.%,0.00"20 344 HISTOIRE NATURÉLHE doient de chaque côté de P A donuoient , ainsi que le P md “de sa éénfbrA tn , beaucoup de ressemblance avec le maquereau. La nageoire de la queue étoit fourchue. DES SCOMBÉROIDES. 345 a | LE SCOMBÉROÏDE COMMERSONNIEN. L2 Cr scombéroïde que nous avons décrit et fait graver d’après Commerson, est un poisson d’un grand volume. Sa hauteur et son épaisseur , assez grandes relative- ment à sa longueur, doivent lui donner un poids considérable. On voit à la place d’une première nageoire dorsale , six ai- guillons recourbés , pointus, et très-sépa- rés l’un de l’autre. On compte douze petites nageoires au-dessus et au-dessous de la queue *. La nageoire caudale est * Ce nombre douze est expressément indiqué dans la description manuscrite de Commerson , à laquelle nous avons dû conformer notre texte , plu- tôt qu’au dessin que ce naturaliste a laissé dans ses papiers, que nous avons fait graver, et d’après le- quel on autribueroïit au scombéroïde que nous fai- sons connoître, dix petites nageoires supérieures €t tre1zc pelites nageoires inférieures. 346 HISTOIRE NATURELLE: | très - fourchue. Deux aiguillons tr S “0 tincts sont placés au-devant de la na- geoire de Tarius ; chaque opercule est composé de deux pièces. Les deux mâ- | choires sont garnies de dents égales et aiguës : l’inférieure est plus avancée que la supérieure. De chaque côté du dos, paroissent des taches d’une nuance très- foncée, rondes, ordinairement au nombre de huit, et inégales en surface; la plus crande est le plus souvent située au- dessous de la nageoire dorsale , et le dia- mètre des autres est d'autant plus petit qu'elles sont plus rapprochées de la tête ou de la queue. Les nageoires pectorales, ne sont guère plus étendues que les tho- racines, On trouve le commersonniendans la mer voisine du fort Dauphin de l'ile de Madagascar. DES SCOMBÉROIDES. 347 LE SCOMBÉROÏDE SAUTEU R. I N ous avons trouvé dansles manuscrits de Plumier, que l’on conserve à la Biblio- thèque nationale, un dessin de ce poisson, que nous avons fait graver. Ce naturaliste e nommoit pefite pélamide ou petite bouite, vulgairement /e sauteur. Nous avons con- servé au scombéroïde que nous décri- vons, ce nom distinctif ou spécifique de sauteur, parce qu'il indique la faculté de s'élancer au-dessus de la surface des eaux, et par conséquent une partie intéressante de ses habitudes. Cet animal a sept petites nageoires au- dessus de la queue; et huit autres na- geoires analogues sont placées au-dessous. La dernière de ces petites nageoires, tant des supérieures que des inférieures, est très-longue, et faite en forme de faux. 348 HISTOIRE NATURELLE. La ligne latérale est un peu ondulée dans tout son cours : elle descend d’ail- leurs vers le ventre, lorsqu’elle est par- venuë à peu près au-dessus des nägédires _ pectorales. Deux aiguillons réunis par une membrane sont situés au-devant de | la nageoire de l’anus. Deux lames com- posent chaque opercule. La mâchoire in- férieures’avance au-delà de lasupérieure. On compte neuf rayons à la nageoire du ._dos et à chacune des pectorales*. Cette nageoire dorsale et celle de l'anus sont conformées de manière à représenter une faux. Au lieu d’une première nageoire du dos, on voit quatre aiguillons forts et recourbés qui ne sont pas réunis par une membrane éommune de manière à com- poser une véritable nageoire, mais qui étant garnis chacun d’une petite mem- brane triangulaire qui les retient et les empêclie d’être inclinés vers la tête, donuent à l'animal un nouveau AA + - avec les scombres proprement dits. * À chacune des thoracines....,... "7 rayons, à la nageoire de l’anus.......... 13 Jin du tome cinquième. E4:.B :L..E Des articles contenus dans ce Ha va Le gade callarias, le gade tacaud , et le gade ca- pelan, page $. Le gade colin, le gade pollack, etle Ai SEY 319. Le gade merlan, 22. Le gade molve, et le gade danois, 32. Le gade lote , 36. Le gade mustelle etle gade saine > 42e Le gade merlus, 48. Le gade brosme, 52.) TABLE Au du genre des batrachoïdes, 53. Le batrachoïde tau, 54. Le batrachoïide blennioide , 56. TAgz£eau du genre des blennies, 6o, Le blennie lièvre, 67. Le blennie phycis, 72. Le blennie méditerranéen, 74. Le blenmie gatiorugine, 75. Le blennie sourcilleux , 77. 50 “+ dis T'AB'D ES. ne Le blennie cornu, le-blennie tentaculé, le blen- nie sujéfien , et le blennie fascé, 80. Le blennie coquillade, 85. Le blennie sauteur, 87. Le blennie pinaru , 92. Le blennie gadoïde, le blennie belette, et le blennie tridactyle:, 93. Le blennie pholis , 09. Le blennie bosquien , 103. Le blennie ovovivipare, 107. Le blennie gunnel , 116: Le blennie pointilié, 120. Le blennie garamit, le blennie Re etle bieran Lrsk, 122. TABLEAU Fe genre des oligopodes, 1 195. L’oligopode vélifère " na ja TaBLEAU du genre des kurtes, LP Le kurte blochien , 132. | TABLEAU du denre des lépidopes,, 136. Le lépidope gouanien , 137. TABLEAU du genre des hiatules, 1 594 La hiatule gardénienne, 140. TABLE. D " A TAsLsau du genre des cépoles, 145. Le cépole tænia, 149e Le cépole serpentiforme, 140. Le cépole trachyptère, 150. TagzEeau du genre des tænioïdes, 151. Le tænioïde hermannien ,192. TagzEau du genre des gobies, 155. Le gobie pectinirostre , 162. Le gobie boddaert, 167. Le gobie lancéolé , 169. Le gobie apbye , 171. Le gobie paganel, le gobie ensanglanté, et le gobie noir-brun, 173. Le gobie boulerot , 177- Le gobie bosc, 180. Le gobie arabique, et le gobie ; j020 , 102. Le gohie bleu, 183. Le gobie plumier, 187. Le gobie éléotre, et le gobie nébuleux , 189. Le gobie awaou , IOI. Le Le uobie noir, 194. Le gobie oc le gobie menu , et le ne cyprinoide , 197- Le gobie schlosser , 201. “ Le NAT; un TABLE. U MY BLEAU du genre des gobioïdes k 204: Le gohioide anguillifonne , 205. D'EVE Le gobioïde smyrnéen » 207. % Le gobioïde bros bhaéf j 200 ! Le gobioïide queue-noire , 210. TABLEAU du genre des gobiomorés, 211: Le gobiomore gronovien, 2r3. Le gobiomore taiboa , 216. Le gohiomore dormeur, 219. | Le gobiomore koelreuter, 220. out TagLEAuU du genre des gobiomoraïdes, ù 223. ü Le gobiomoroïide pison, 224. TaBLEAU du genre des gobiésoces, 226. Le gobiésoce testar, 227. TABLEAU ie genre des scombres > 250. Le scombre commerson, 234. Le scombre guare, 239. Le scombre thon, 240. Le scombre germen, 277. Le scombre thazard, 297 Le scombre bonite, 294. Le scombre alatunge, 304. TABLE. | su | Le scombre chinois, 306. Le scombre maquereau , 307 | Le scombre japonois, 359. " Le scombre doré , 337. Le scowbre albacore , 339. TaszEeAu du genre des scombéroïdes ; 341. SN Le scombéroïde noël, 342. Le scombéroide Amersonnien, 349. Le scombéroïde sauteur, 347. EE DT SP re one rm mr eine LUS DE L’IMPRIMERIE DE PLASSAN x, LA * À | Je st Nr #1 Ee | UN NT 2 ù Pas FR S 97. L Ni 7 HUE 4 5 4 | #4 EPS sou din Le cg 5 / « l'a l'AS mr F à 14 à qe M & Mi MP 14 3 9088 00769 6