pe La puñFon ty sé *: FNMHISTOIRE, NATURELLE DES POISSONS, Par LE CE* LACEPEDE. TOME SIXIÈME. . © ve | à É Lure Fa sonia an Îns eh DS RiCHMOND COLLECTION: pa un À Wationa” F7 men ange À PARI À LA LIBRAIRIE STÉRÉOTYPE | pE P. DIDOT L’AÎNÉ, GALERIES DU LOUVRE, N° 5, ET Firmin DIDOT, RUE DE THIONVILLE, N° 116. AN VII. Lg 1799. LÉ sons Ds à ne HISTOÏRE.: NATURELLE DES POISSONS. DES EFFETS DE L'ART DE L'HOMME SUR LA NATURE DES POISSONS. \, Gr t C'zs7 un beau spectacle que celui de l'intelligence humaine , disposant des forces de la Nature, les divisant , les réu- nissant , les combinant, les dirigeant à son gré, et, par l’usage habile que l’ex- périence et l’observation lui en ont ap- pris , modifiant les substances , transfor-. +4 mant les êtres, et irait , Pour ainsi dire; avec la puissance cré asie L’amour-propre, l'intérêt, le sentiment > et la raison applaudissent sur-tout à ce noble spectacle, lorsqu'il nous montre le génie de l’homme exerçant son empire, non seulement. sur la matière brute qui ne lui résiste que par sa masse , ou ne lui oppose que ce pouvoir des affinités qu’il lui suffit de connoître pour le maîtriser, mais encore sur la matière organisée et vive, sur les corps animés, sur les êtres sensibles, sur les propriétés dés espèces, sur ces attributs intérieurs, ces facultés secrètes , ces qualités profondes qu'il do- mine, sans même parvenir à dévoiler leur essence. De quelques êtres’organisés et vivans que l’on veuille dessiner l’image , on voit presque toujours sur quelques uns de leurs traits l'empreinte de l’art de l’homme. | Ur Sans doute l’histoire de son industrie n’est pas celle de la Nature: mais com- ment ne pas en écrire quelques pages , lorsque le récit de ses procédés nous OS A da Bb * SUR LES POISSONS. 7 montre Jusqu'à quel point la Nature peut être contrainte à agir sur elle-même, et que cette puissance admirable del tie s'applique à des objets d’une haute im- portance pour le bonheur public et pour la félicité privée ? Parmi ces objets si dignes de l’attention de l’'économe privé et de l’économe pu- blic , comptons , avec les sages de l’anti+ quité, ou, pour mieux dire, avec ceuà de tous les siècles qui ont ke plus réuni l'amour de l'humanité à la connoissance des productions de la Nature , la posses- sion des poissons les plus analogues aux besoins de l’homme. Deux grands moyens peuvent procu- rer ces poissons que l’on a toujours re- cherchés , mais auxquels, dans certains siècles et dans certaines contrées , on à attaché un si grand prix. Le premier de ces moyens, résultat re- marquable du perfectionnement de la navigation , multipliant chaque jour le nombre des marins audacieux, et accrois- sant les progrès de l’ädmirable industrie sans Jaqueile 1l n’auroit pas existé , Î ti La (Er 8 EFFETS DEL obtiendra toujoursles Phüsgrande encou: ragemens des chefs desnations éclairées : il consiste dans ces grandes pêches aux- _ quelles des hommes entreprenans et ex- périmentés vont se livrer sur des mers . lointaines et orageuses. Mais l’usage de ce moyen, limité par les vents, les courans et les frimas , et troublé fréquemment par les innombra- bles accidens de l’atmosphère et des mers, exige sans cesse une association cons- tante, prévoyante et puissante , une réu- nion difficile d'instrumens variés , une sorte d'alliance entre un grand nombre d'hommes que l’on ne peut rencontrer que très-rarement et rapprocher qu'avec peine. Il ne donne à nos ateliers qu’une partie des produits que l’on pourroit re- tirer des animaux poursuivis dans ces pêches éloignées et fameuses , et ne pro- cure pour la nourriture de l’homme que des préparations peu substantielles , peu agréables , ou peu salubres. Le second moyen convient à tous les temps , à tous les lieux , à tous les Here. Il ne demande te peu de pré- © SUR LES POISSONS. 9 CL cautions, que peu d'efforts, que peu d’ins- en: VE tans , que peu de dépenses. Il ne com- mande aucune absence du séjour que l’on affectionne , aucune interruption de ses habitudes , aucune suspension de ses affaires ; il se montre avec l’apparence d’un amusement varié, d’une distraction La $ LE À 49 agréable , d’un jeu plutôt que d’un tra- vail ; ct cette apparence n’est pas trom- É > s x SA peuse, Il doit plaire à tous les âges; il ne peut être étranger à aucune condition. Il se compose des soins par lesquels on par- vient aisément à transporter dans Îles eaux que l’on veut rendre fertiles, les poissons que nos goûts ou nos besoins ré- clament , à les y acclimater , à les y con- server , à les y multiplier, à les y amé- horer. | Nous traiterons des grandes pêches dans un discours particulier. Occupons-nous dans celui-ci de cet en- semble de soins qui nous rappelle ceux que les Xénophon , les Oppien , les Var- ron , les Ovide , les Columelle , les Au- sone , se plaisoient à proposer aux deux peuples les plus illustres de l'antiquité, je j he + int te xo BEFETS. DE L'ART 2 que la sagesse de leurs préceptes ; le charme de leur éloquence, la beauté de leur poésie et l’autorité de leur renommée inspiroient avec tant de facilité aux Grecs et aux Romains, et qui étoient en très- grand honneur chez ces vainqueurs de l’Asie et de l'Europe, que la gloire avoit couronnés de tant de lauriers. Me L'homme d'état doit les encourager ; commeune secondeagriculture: l’homme des champs doit les adopter , comme une nouvelle source de richesses et de plai- sirs. | | Enrendant en effet leseaux plus produc- tives que la terre , en répandant les se- mences d’une abondante et utile récolte, daus tous les lacs, dans les rivières, dans les ruisseaux, dans tous les endroits que la plus foible source arrose , ou qui con- servent sur leur surface le produit des rosées et des pluies, ces soins que nous allons tâcher d'indiquer, n’angmente= ront-ils pas beaucoup cette surface fer- tile et vourricière du globe, de laquelle nous tirons nos véritables trésors ? et l'ac- croissement que nous devrons à ces pro 7 ‘ ! b Ne MES MR TT SUR LES POISSONS. ti cédés simples et peu nombreux , ne sera- t-il pas d'autant plus considérable, que ces-eaux dans lesquelles on portera , en- tretiendra et multipliera le mouvement et la vie, offriront une profondeur bien plus grande que la couche sèche fécondée par la charrue , et à laquelle nous confions les graines des végétaux précieux ? Et.dans ses momenrs de loisir, lorsque l'ami de la Nature et des champs portera ses espérances , ses souvenirs, ses douces rêveries , sa mélancolie même, sur les rives des lacs , des ruisseaux ou des fon- taines ,et que , mollement étendu sur une herbe fleurie, à l'ombre d'arbres élevés et touffus, il goûtera cette sorte d’extase , cette quiétude touchante , cette volupté du repos , cet abandon de toute idée trop forte , cette absence de toute affection trop vive, dont le charme est si grand pour une ame sensible , n’éprouvera-t-1l pas une jouissance d’autant plus douce qu'il aura sous ses yeux, au lieu d’une onde stérile , déserte , inanimée , des eaux vivihées, pour ainsi dire, et embellies par la légéreté des formes, la vivacité des / | | CS ve re EFFETS DE L'ART couleurs , la variété des } jeux , la rapidité des Éntiaine! 2 Voyons donc comment on peut trans-. porter, acclimater, multiplier , perfec- tionner les-poissons ; ou, ce qui est la même chose, montrons vomi lart modifie leur nature. | Tâchons d’éclairer la route élevée oh physiologiste par les lumières de lexpé- rience, et de diriger l'expérience par les vues du physiologiste. Disons d’abord comment on trans- porte les poissons d’une eau dans une _ autre. De toutes les saisons, la plus favorable au transport de ces animaux est l'hiver, à moins que le froid ne soit très-rigou- reux. Le printemps et l'automne le sont beaucoup moins que la saison des frimas; mais il faut toujours les préférer à lété. La chaleur auroit bientôt fait périr des in- dividus accoutumés à une température assez douce; et d’ailleurs ils ne résiste- | roient pas à l'influence funeste des orages qui règnent si fréquemment pendant} été. À C’est en effet un beau sujet d’observa- SUR LES POISSONS. 13 _ tion pour le physicien, que l’action de ” l'électricité de l'atmosphère sur les habi- tans des eaux; action à laquelle ils sont soumis non seulement lorsqu'on les force à changer de séjour, mais encore lors- qu'ils vivent indépendans dans de larges fleuves, où dans des lacs immenses, dont la profondeur ne peut les dérober à la puissance de ce feu électrique. li ne faut exposer au danger du trans- port que des poissons assez forts pour ré- sister à la fatigue, à la contrainte, et aux autres inconvéniens de leur voyage. À un an, ces animaux seroient encore trop jeunes; l’âge le plus convenable pour les faire me d'une eau dans une autre est celui de trois ou quatre ans. On ne remplira pas entièrement d’eau les tonneaux dans lesquels on les renfer- mera. Sans cette précaution, les poissons, montant avec rapidité vers la surface de l’eau, blesseroient leur tête contre la par- tie supérieure du vaisseau dans lequel ils seront placés. Ces tonneaux devront d'ail- leurs présenter un assez grand espace, Bloch, qui a écrit des observations très Poissons, V Ie 3 “hu i4 EFFETS DE L'ART utiles sur l’art d'élever les animaux dont: nous nous occupons, demande qu'un tonneau destiné à transporter des poissons: du poids de cinquante kilogrammes (cent livres, ou à peu près) contienne trois cent vingt litres ou pintes d’eau. Ilest même nécessaire que vers la fin du printemps, ou au commencement de l'automne, c’est-à-dire, lorsque la cha- leur est vive au moins pendant plusieurs heures du jour, cétte quantité d’eau soit plus grande, et souvent double; et quelle que soit la température de l’air, il faut qu'il y ait toujours une communication libre entre l'atmosphère et l’intérieur du tonneau, soit pour procurer aux pois- sons, suivant l'opinion de quelques phy- sicieus, l’air qui peut leur être nécessaire, soit pour laisser échapper les miasmes malfaisans et les gaz funestes qui, ainsi que nous l'avons déja dit dans cette His- toire, se for ment en abondance dans tous les CALE où les habitans des eaux sont réunis en très-grand nombre , meme lors- que la chaleur n’est pas très-forte, et leur donnent la mort souvent dans un espace de temps extrémement court. SUR LES POISSONS. 15 Mais comme ces soupiraux si néces- saires aux poissons que l’on fait voyager, pourroient, s'ils étoient faits sans atten- tion, laisser à l’eau des mouvemens trop libres et trop violens qui la feroient jaillir, pousseroient les poissons les uns contre les autres, les froisseroient et les blesse- roient mortellement, ilsera bon desuivre, à cet égard, les conseils de Bloch, qui recommande de prévenir la trop grande agitation de l’eau par une couronne de paille ou de petites planches minces in- troduites dans le tonneau, ou en adap- tant à l’orifice qu’on He ouvert, un tuyau un peu long, terminé en pointe, et percé vers le haut de plusieurs trous qui établissent une communication suffi- sante entre l’air extérieur et l’intérieur du Vaisseau. Toutes les fois que la distance le per- mettra, on emploiera aussi des bêtes de somme tranquilles, ou même des por- teurs attentifs, plutôt que des voitures exposées à des cahots rudes et à des se- cousses brusques et fréquentes. On prendra encore d’autres précautions, AE LAN SAUT à on 16 EFFETS DE L'ART: LL. suivant les circonstances dans lesquelles on se trouvera, et les espèces dont on” voudra porter des individus vivans à un assez grand éloignement de leur premier séjour. : Si l’on veut, par exemple, conserver en vie, malgré un long trajet, des truites, des loches, ou d’autres poissons qui pé- rissent ficilement, et qui se plaisent au milieu d’une eau courante, on change souvent celle du tonneau dans lequel on _ les renferme, et on ne cesse de communi- quer à celle dans laquelle on les tient plongés, un mouvement doux, mais sen- sible, qui subsiste lors même que la voi- ture qui les porte s'arrête, et qui, bien inférieur à une agitation dangereuse, re- présente les courans naturels des rivières ou des r'UISSEAUX, | Pour peu que Von craigne les effets de la chaleur, on voyagera la nuit; et Pon évitera avec le plus grand soin, en ma- niant les poissons, de Les pres de les froisser , de les heurter. On ne les laissera hors de l’eau que pendant le temps le plus court possible, RO EE ER ra + Adi LO 4 L # " 176 7! SUR LES POISSONS. 7 sur-tout lorsqu'un soleilsansnuages pour- “xoit, en desséchant promptement leurs organes et particulièrement leurs bran- chies, les faire périr très-promptement. Cependant, lorsque le temps sera froid, on pourra transporter des auguilles, des carpes, des brèmes, et d’autres poissons qui vivent assez long-temps hors de l’eau, sans employer ni tonneau ni voiture, en les enveloppant dans de la neige et dans. des feuilles grandes, épaisses et fraîches, telles que celles du chou ou de la laitue. Un moyen presque semblable a réussi sur des brèmes que l’on a portées vivantes à plus de dix myriamètres (vingt lieues). On les avoit entourées de neige, et on. ‘avoit mis dans leur bouche un morceau de pain trempé dans de l’eau-de-vie. C’est avec des précautions analogues que dès le seizième siècle on a répandu dans plusieurs contrées de l’Europe, des espèces précieuses de poissons, dont on y étoit privé. C’est en les employant, qu’il paroît que Maschal a introduit la carpe en Angleterre en 1514; que Pierre Oxe l’a donnée au Danemarck en 1550 ; qu’à une AU Der AE ét à Doi : 8) EFFETS DE L'ART époque plus rapprochée on a naturalisé l'acipensère strelet en Suède, aiusi qu'en Poméranie, et qu’on a peuplé de cyprins dorés de la Chine les eaux non seulement de France, mais encore d'Angleterre, de Hollande et d'Allemagne. : Mais il est un procédé par le moyen duquel on parvient à son but avec bien plus de sûreté, de facilité et d'économie, quoique beaucoup plus lentement. Il consiste à transporter le poissen, non pas développé et parvenu à une taille plus ou moins grande, mais encore dans l’état d'embryonetrenfermé dans son œuf. Pour réussir plus aisément, on prend les herbes ou les pierres sur lesquelles les femelles ont déposé leurs œufs, et les mâles leur laite, et on les porte dans un-vase plein d’eau, jusqu’au lac, à l'étang, à la ri- vière, ou au Bésst que l’on desire de peupler. On apprend facilement à distin- guer les œufs fécondés, d'avec ceux qui n’ont pas été arrosés de la liquêur ‘proli- fique du mâle, et que l'on doit rejeter: les premiers paroissent toujours plus ; jaunes, plus clairs, plus diaphanes. On remarque SUR LES POISSONS. 9 cette différence dès le premier jour de leur fécondation, si l’on se sert d’une loupe; à ré } et dès le troisième ou le quatrième jour on n'a plus besoin de cet instrument pour voir que ceux qui n'ont pas été fécondés par le mâle, deviennent à chaque instant plus troubles, plus opaques, plus ternes: 1ls perdent tout leur éclat, s’altèrent, se décomposent; et dans cet état de demi- putréfactiôn , ils ont été comparés à de petits grains de grêle qui commencent à se fondre, Pour pouvoir employer ce transport des œufs fécondés, d'une eau dans une autre, il faudra s'attacher à connoître dans cha- que pays le véritable temps de la ponte de chaque espèce, et du passage des mâles au-dessus des œufs : et comme dans pres- que toutes les espèces de poissons on compte trois ou quatre époques du frai, les jeunes individus pondant leurs œufs plus tard que les femelles plus avancées en âge, et celles-ci plus tard que d’autres femelles plus âgées encore; que ces épo- ques sont ordinairement séparées par un intervalle de neuf ou dix jours, et que fr dE nt RP Ur CR PAT TR ET PROS RON PI die | 30 EFFETS DE L'ART * + d’ailleurs il s'écoule toujours au moins près de neuf jours entre l'instant de la fé- - condation et celui où le fœtus brise sa à + coque et vient à la lumière, on pourra chaque année, pendant un mois ou en- viron, chercher avec succès des œufs fé- condés de l'espèce qu’on voudra intro- duire dans une eau qui ne l’aura pas en- COre nourrie. AT Si le trajet est long, on change souvent l'eau du vase dans aoues les œufs sont transportés. Cette précaution a paru né- cessaire même dans les premiers Jours de la ponte, où l’embryon contenu dans l’œuf ne peut être supposé respirer en au- cune manière, puisque, dans ces premiers jours, non seulement le petit animal est renfermé dans ses enveloppes et dans la membrane qui entoure l’œuf, mais encore montre au microscope le cours de son sang , dirigé de manière à circuler sans passer par des branchies qui ne sont ni développées ni visibles. Elle ne sert donc dans ce premier temps qu’à préserver les œufs et les embryons de l’action des gaz ou miasmes qui se produiroient dans une = fi Ici SUR LES POISSONS. 2 eau que l’on ne renouvelleroït pas, et qui, pénétrant au travers de a membrane de l'œuf, agiroient d’une manière funeste sur les nerfs ou sur d’autres organes en- core extrèmement délicats des jeunes pois- sons. La nécessité de ce changement d’éau est donc une nouvelle preuve de ce que nous avons dit dans ce Discours, et dans celui que nous avons publié sur la nature des poissons, au sujet du besoin que l’on _a pour conserver ces animaux en Vie, d’entretenirune communication très-libre entre l'atmosphère et le fluide a à lequel ils sont plongés. $ : On. favorise le développement de l'œuf et la sortie du fœtus, en les plaçant après le transport dans un endroit éclairé par le soleil. Ou les hâte même par cette at- ‘tention ; et Bloch nous apprend dans l’In- troduction que nous avons déja citée, qu'ayant fait quatre paquets d'herbes chargées d'œufs de la même espèce, ayant exposé le premier au soleil du midi, le second au soleil levant, le troisième au couchant, et ayant fait mettre le qua- trième à l'abri du soleil, les œufs du PNA'E "a OUT S'ORRE,: T T RNT OTT NT . Li Dane | 22 EFFETS DE L’ART F premier paquet furent ouverts par le fœ= tus deux jours avant ceux du quatrième, et les œufs du second et du troisième un jour plutôt que ceux du quatrième pa- quet, que la chaleur du soleil n’avoit pas pénétrés.' | Cependant les eaux dans lesquelles vi- vent les poissons, peuvent être salées ou. douces, troubles ou limpides, chaudes ou froides , tranquilles ou agitées par des courans plus ou moins rapides. Elles doi- vent toujours présenter ces qualités com- binées quatre à quatre, la même eau de- vant être nécessairement courante ou tranquille, froide ou chaude, claire ou limoneuse , douce ou salée. Mais ces huit modifications réunies quatre à quatre ‘peuvent produire seize combinaisons : l’eau qui nourrit les poissons peut donc offrir seize manières d’être très-différentes l’une de l’autre, et très-faciles à distin- guer. Nous en trouverions un nombre im-, mense si nous voulions faire attention à toutes les nuances que chacune de ces modifications peut montrer, et à toutes les combinaisons qui peuvent résulter du A s | ’ | SUR LES POISSONS. 23 mélange de tous ces degrés. Néanmoins ne tenons compte que des seize caractères bien distincts qui peuvent appartenir à l’eau; et voyons l'influence de la nature des différentes eaux sur la conservation des poissons que l’on veut acclimater. Il est évident que si l’on jette les yeux au basard sur une des seize combinaisons qué nous veuons d'indiquer, on ne la verra pas séparée des quinze autres par un égal nombre de différences. Que l’on dépose donc les poissons que l’on viendra de transporter, dans les eaux les plus analogues à celles dans lesquelles ils auront vécu; et lorsqu’on sera embar- rassé pour trouver de ces eaux adaptées aux individus que l’on voudra conserver, que l’on préfère de les placer dans des lacs, où ils jouiront à leur volonté des eaux courantes qui s’y Jettent ou en sor- tent, et des eaux paisibles qui y séjour- nent, où ils rencontreront des touffes de végétaux aquatiques et des rochers nuds, des fonds de sable et des terrains vaseux, où ils jouiront d’une température douce en s’enfoncant dans les endroits Les plus ‘ 5, EFFETS DE SRE profonds, et où ils pourront se réchauffer. aux rayons du soleil, en s’élevant vers la surface. Que l’on choisisse néanmoins les lacs dont les rives sont unies, plutôt que ceux dont les rivages sont tr Es hihi et si l’on est obligé de se servir de ces lacs à bords très-exhaussés, et où par conséquent les œufs déposés sur des fonds trop éloignés de l’atmosphère ne peuvent pas recevoir l’heureuse influence de la lumière et de la chaleur, qu’on supplée aux côtes basses et aux pentes douces, en faisant cons- truire dans ces lacs et auprès de leurs. bords des espèces de parcs ou de viviers en bois, qui présenteront des plans inclinés très-voisins de la surface de l’eau , et que l’on garnira, dans la saison convenable, de branches et de rameaux sur lesquels: les femelles puissent frotter leur ventre et. se débarrasser de leurs œufs. Aura-t-on à sa disposition des eaux. thermales assez abondantes pour remplir ! de vastes réservoirs, et y couler constam- ment en si grand volume, que dans toutes les saisons la chaleur y soit très-sensible fs 1 SUR LES POISSONS. 25 On en profitera pour acclimater des es- pèces étrangères, utiles par la bonté de leur chair, ou agréables aux yeux par la e eo » L # L2 e vivacité de leurs couleurs, la beauté de leurs formes et l’agilité de leurs mouve- mens, et qui n’auront vécu jusqu’à ce moment que dans les contrées renfermées dans la zone torride ou très-voisines des tropiques. ; Lorsque les poissons ne sont pas déli- cats, ils peuvent néanmoins supporter très facilement le passage d’une eau à une eau très-différente de la première. On l’a remarqué particulièrement sur l’an- guille; et le citoyen De Septfontaines, observateur très-éclairé, que nous avons eu le plaisir de citer très-souvent dans nos ouvrages, nous a écrit dans le temps, ‘ qu'il avoit fait transporter des anguilles d’une eau bourbeuse dans le vivier le plus limpide , d’une eau froide dans une eau tempérée, d’une eau tempérée dans une eau froide, d’un vivier très-limpide dans une eau limoneuse, etc.; qu’il avoit fait supporter ces transmigrations à plus de trois cents individus ; qu'il les y avoit " ô Le 26 EFFETS DE L'ART soumis dans différentes saisons ; qu’il n’en étoit pas mort la vingtième partie; et que ceux qui avoient péri, n’avoient suc- combé qu'à la fatigue et à la gêne que leur avoit fait éprouver un séjour très- long dans des vaisseaux très-étroits. On pourroit croire, au premier coup d’œil, qu’une des habitudes les plus dif- ficiles à donner aux poissons seroit celle de vivre dans l’eau douce après avoir vécu dans l’eau salée , ou celle de n'être entourés que d’eau salée après avoir été continuellement plongés dans de l’eau douce. Cependant on ne conservera pas long- temps cette opinion , si l’on considère qu'à la vérité l’eau salée, comme plus pesante, soutient davantage le poisson qui nage , et dès-lors lui donne, tout égal d’ailleurs , plus d’agilité et de vitesse dans ses mouvemens , mais que lorsqu'elle se décompose dans les branchies pour entre- tenir par son oxygène la circulation du sang, ou seulement dans le canal intesti- al pour servir par son hydrogène à la nouriiture de l'animal , le sel dont elle ), # | SUR LES POISSONS. 279 est imprégnée , n’altère ni l’un ni l’autre produit de cette décomposition. L’oxy- gène et l'hydrogène retirés de l’eau salée, ou obtenus par le moyen de l’eau douce, offrent les mêmes propriétés ‘produisent les mêmes effets. Si le poisson est plus gêné dans ses mouvemens du milieu d’un lac d’eau douce que dans le sein de l'océan , il tire de l’eau de la mer et de celle du lac la même nourriture ; et il peut, au milieu de l’eau douce, n'être privé que de cette sorte de modification qu’impriment la substance saline et peut- être une matière particulière bitumineuse ou de toute autre nature, contenues dans l’eau de l'océan, et qui l’environ- nant sans cesse, lorsqu'il vit dans la mer, peuvent traverser ses tégumens, pénétrer sa masse, et s'identifier avec ses organes. De plus, un très-grand nombre de pois- sons ne passent-iis pas la moitié de l’an- née dans l'océan , et l’autre moitié dans les rivières ainsi que dans les fleuves? et ces poissons voyageurs ne paroissent-ils pas avoir absolument la même organisa- RE À se nm TP in : dd WU ; | + L 38 EFFETS:DE LARTA", 04 tion que ceux qui, plus sédentaires ; n’a4- bandonnent dans aucune saison les ri vières ou la mer ? A . Quant à la température, les eaux , au moins les eaux profondes , présentent presque la même, dans quelque contrée qu'on les examine. D'ailleurs les animaux s’accoutument beaucoup plus aisément qu’on ne le croit, à des températures très-différentes de celle à laquelle la Na- ture les avoit soumis. Ils s’y habituent même lorsque, vivant dans une très- grande indépendance, ils pourroient trou- ver dans des contrées plus chaudes ou plus froides que leur nouveau séjour, une sûreté aussi grande, un espace aussi libre, une habitation aussi adaptée à leur or- ganisation , une nourriture aussi abon- dante. Nous en avons un exemple frap- : pant dans l'espèce du cheval. Lors de la | découverte de l’Amérique méridionale, plusieurs individus de cette espèce , ame- nés dans cette partie du nouveau conti- nent, furent abandonnés, ou s’échap- _pèrent dans des contrées inhabitées voi- sines du rivage sur lequel on les avoit dé- SUR LES POISSONS 29 barqués : ils s’y multiplièrent ; et de leur postérité sont.déscendues des troupes très- nombreuses de chevaux sauvages , qui se sont répandus à des distances très-consi- dérables de la mer , se sont très-éloignés de.la ligne équinoxiale, sont parvenus très-près de l'extrémité australe de PAmé- rique , y occupent. de vastes déserts, n’y ont perde: aucun de leurs attributs , ont été plutôt améliorés qu'altérés par leur. ‘ nouvelle. manière de vivre , y sont ex- posés à un froid, assez Étie eux pour qu'ils soient souvent obligés de chercher leur nourriture sous la neige qu’ils écar- tent avec leurs pieds ; et néanmoins on ne peut guère disconvenir que le cheval ne soit originaire du climat bruülant de l'Arabie. à Il n’y a que les animaux nés dans les environs des cercles polaires , qui ont dès leurs premières années supporté le poids des hivers les plus rigoureux , et dont la nature, modifiée par les frimas, non seu- lementdans eux, mais encore dans plu- sieurs des générations qui les ont précédés, est devenue , pour ainsi dire, analogue à * STE ' 30 EFFETS DE L'ART tous les effets d’un froid extrème ,quine paroissent pas pouvoir résister à une tem- pérature très-différente de celle à laquélle ils ont toujours été exposés. Il semble que la räréfaction produite dans les solides et dans les liquides par une grande éléva- tion dans la température, est'pour les animaux un changement bien plus dah- D io l'accroissement de‘ton , d'ix- ritabilité et de force, que les ie peu- ventrecevoir de l'augmentation du froid ; et voilà pourquoi on n'a pas encore pu parvenir à faire vivre pendantloug-temps dans le climat tempéré de la Fiarice les rennes qu’on y avoit amenés dés con- trées boréales de l'Europe. On doit donc, tout égal d'ailleurs , es- sayer de ianspértés féé poissons du midi dans les lacs ou les rivières du nord, plu- tôt que ceux des contrées septentrionales dans les eaux du midi. Lors même que les rivières ou les lacs dans lesquels on aura transporté les poissons méridionaux, seront situés de manière à avoir leur sur- face glacée pendant une partie plus ow moins longue de l’année , ces animaux é ne à il RE SE - -- : SUR LES POISSONS 3x pourront y vivre. Îls se tiendront dans le fond de leurs habitations pendant que l'hiver régnera; et si dans cette retraite profonde ils manquent d’une communi- cation suffisante avec l'air de l’atmos- phère , ou si la gelée, pénétrant trop. avant ; leur fait subir son influence, des- cend jusqu'à eux et les saisit, ils tom- beront dans cette torpeur plus ou moins prolongée, qui conservera leur existence en..en ralentissant les principaux res- sorts *. Combien d'individus etmême com- bien d'espèces cet engourdissement re- marquable ne préserve-t-il pas de la des- truction en concentrant la vie dans l’in- térieur del’animal, en l’éloignant de la surface où elle seroit trop fortement atta- quée, en la renfermant, pour ainsi dire, dans ure enveloppe qui ne conserve de la vitalité que ce qu’il faut pour ne pas éprouver de grandes décompositions, et en la réduisant, en quelque sorte , à uvue circulation si lente et si limitée, qu’elle peut être indépendante des objets * Voyez l’article du scombre maquereau. 39 EFFETS DE L'ART. extérieurs *! S'il ne répare pas, comme L1 L 1 e F3 v le sommeil journalier, des organes usés par la fatigue , il maintient ces organes; s'il ne ot pat de nouvelles forces , il garantit de l’anéantissement; s’il ne ra-: nime pas lé souffle de la vie, il brise les traits de la mort. Quelles que soient la cause , la force ou la durée du sommeil, il est donc toujours un grand bienfait de la Nature; et pendant qu'il charme les : eunuis de l'être pensant et sensible, non seulement il guérit ou suspend les dou- leurs , mais il prévient et écarte les maux de l’animal, qui, réduit à un instinct borné ; n'existe que dans le présent, ne rappelle aucun souvenir, et ne concoit aucun espoir. La qualité et l'abondance de la nour- riture, ces grandes causes des migrations volontaires de tous les animaux qui quit- tent leur pays, sont aussi les objets aux- quels on doit faire le plus d'attention k lorsqu'on cherche à conserver des ani- maux. en vie dans un autre séjour que vi Voyez le Discours sur la nature des quadrus pêdes vvipares. } SUR LES POISSONS. 3 leur pays natal , et par conséquent lors- qu'on el acclimater des espèces de poisson. L’aliment auquel le poisson que lon vient de dépayser est le plus habitué, est celui qu'il faudra lui procurer ; il retrouvera sa patrie par-tout où il aura sa nourriture famihère. Par le moyen d'herbes , de feuilles , d'amas de végé- taux , de fuiniers de toute sorte , on don- nera uu aliment très - convenable aux espèces qui se nourrissent de débris de corps organisés ; on cherchera, on ras- semblera des larves et des vers pour celles qui les préfèrent; et lorsqu'on aura trans- porté des brochets ou d’autres poissons voraces , il faudra mettre dans les eaux qui les auront recus , ceux dont ils ai- ment à faire leur proie, qui se plaisent dans les mêmes habitations que ces ani- maux carnassiers , Ou qui sont peu recher- chés par les pecheurs ,‘comme des éper- lans, des cyprins goujons , des eyprins sibèles, des cyprins bordelières, etc. On trouvera, en parcourant les diffé- rens articles de cette Histoire , un grand L' RE TER AT CO TR CRE TN 1 34 EFFETS DE L’ART nombre d'espèces remarquables par leur beauté , par leur grandeur et par le goût exquis de leur chair, qui manquent aux eaux douces de notre.patrie, et qu’on pourroit aisément acclimater en France, avec les précautions ou par les moyens que nous venons d'indiquer , ou en em- ployant des procédés analogues à ceux que nous venons de décrire, et qu’on préféreroit d’après la longueur du trajet, la nature du voyage , le climat que les poissons auroient quitté , la saison que l’on auroit été obligé de choisir, et plu-. sieurs autres circonstances. De ce nom- bre seroient , par exemple , le centro- pome sandat de la Prusse , l’holocentre post des contrées septentrionales de lAI- lemagne ; et on ne devroit même pas être effrayé par la grandeur de la distance, -sur-tout lorsque le transport pourroit avoir lieu par mer, ou par des rivières , ou des canaux. On peut en effet, lors- qu'on nayigue sur l’océan, sur des ca- naux ou sur des fleuves , attacher à Par- rière du batiment une sorte de vaisseau , ou, pour mieux dire, dé grande caisse, vN: SUR LES POISSONS 35 que l’on rend assez pesante pour qu’elle soit presque entièrement plongée dans l’eau , et dont les parois sont percées de manière que les poissons qui y sont ren- fermés recoivent tout le fluide qui leur est nécessaire , et communiquent avec l'atmosphère de la manière la plus avan- tageuse , sans pouvoir s'échapper et sans avoir rien à craindre de la dent des squales ou des autresanimaux aquatiques et féroces. Nous indiquons donc à la suite du post et du sandat, et entre plusieurs autres que les bornes de ce Discours ne nous permettent pas de rappeler ici, l’os- phronème goramy, déja apporté de la Chine à l’île de France, le bodian aya des lacs du Bresil, et l'holocentre sogo des grandes Indes, de l'Afrique et des Antilles. Quand on n’aura pas une eau courante à donuer à ces poissons arrivés d’une terre-étrangère , et principalement lors- que ces nouveaux hôtes auront vécu, jus- qu’à leur migration, dans des fleuves ou des rivières, on compensera le renouvel- lement perpétuel du fluide environnant que le courant procure , par une grande ROSES L'opicts ne, LL Si en I. LUZ A \ ‘38 . EFFETS DE L'ART étendue donnéeà l'habitation. Ici, comme dans plusieurs autres phénomènes , un grand volume en repos tiendra lieu d’un petit volume en mouvement: et dans uu espace de temps déterminé , l'animal jouira de la même quantité de molécules de fluide, différentes de celles dont il aura déja recu l'influence. Sans cette précaution, les poissons que l’on voudroit acclimater, éprouveroient les mêmes accidens que ceux de nos con- trées que l’on enlève aux petites rivières, et particulièrement à la partie de ces ri- vières la plus voisine de la source, et qu’on veut conserver dans des vaisseaux, où même dans des bassins très-étroits. On est obligé de renouveler très -souvent l’eau qui les entoure ; sans cela , les diverses émanations de leur corps, et l'effet néces- saire du rapprochement d’une grande quantité de substances animales, vicient l’eau , la corrompent par la production de gaz que l’on voits’élever en petites bulles, et la rendent si funeste pour eux, qu'ils périssent s’ils ne viennent pas à la surface ehercher le voisinage de l'atmosphère, et SUR LES POISSONS. 37 respirer , pour ainsi dire, des couches de fluide ptus s pures. Ces faits sont conformes à de belles expériences faites par mon confrère le citoyen Silvestre le fils, et à celles qui furent dans le temps communiquées à Buffon par uné note que ce grand natu- raliste me remit quelques années après, et qui avoient été tentées sur des gades lotes, des cottes chabots , des cyprins goujons , et d’autres cyprins , tels que des gardons , des vérous et des vau- -doises. Les poissons que l’on veut acclimater sont plus exposés queles anciens habitans des eaux dans lesquelles on les a placés, non seulement aux altérations dont nous venons de parler, mais encore à toutes es maladies auxquelles leurs diverses tri- bus sont sujettes. Ces maladies assaillent ces tribus aqua- tiques, même lorsque les individus sont encore renfermés dans l’œuf, On a observé que des embryons de saumon, de truite et de beaucoup d’autres uen , péris- soient lorsque des. substances grasses , 4 ts | 38 EFFETS DE L’ART: onctueuses, et celles que l’on désigne par lenom de sal/etés et d’ordures, s’attachoient . à l'enveloppe qui les contenoit, et qu’une eau courante ne nettoyoit at prompte- ment cette membrane. On suppléera facilement à cette eau courante par une attention soutenue et divers petits moyens que les circons- tances suggéreront. Lorsque les poissons sont vieux , ils ‘éprouvent souvent une altération parti- culière qui se mauifeste à la surface de l'animal ; lescanaux destinés à entretenir ou renouveler les écailles s’obstruent ou se déforment ; les organes qui filtrent la substance nourricière et réparatrice de ces lames , s’oblitèrent ou se dérangent ; les écailles changent dans leurs dimen- sions ; la matière quiles compose n’a plus les mêmes propriétés; elles ne sont plus niaussi luisantes , ni aussi transparentes, ni aussi colorées ; elles sont clair-semées sur la peau de l’animal vieilli; elles se dé- tachent avec facilité ; elles ne sont pas remplacées par de nouvelles lames , où elles cèdent la place, en tombant, à des V4 SUR'LES POISSONS. % excroissances difformes , produites par une matière. écaiileuse de mauvaise qua- lité , mélangée avec des élémens hétéro- gènes , et mal élaborée dans des parties sans force, et dans des tuyaux qui ont perdu leur première figure. Cette altéra- tion est sans remède : il n'ya rien à op- poser aux effets nécessaires d’un âge très avancé. Si dans les poissons, comme dans les autres animaux, l’art peut reculer l’é- poque de la décomposition des fluides, de l’affoiblisseinent des solides , de la di- mipution de la vitalité, il ne peut pas détruire l'influence de ces grands change- mens , lorsqu'ils ont été opérés. S'il peut retarder la rapidité du cours de la vie, il ne peut pas la faire remonter vers sa source. Àf Mais les maux irréparables de la vieil- lesse ne sont pas à craindre pour les pois- sons que l’on cherche à acclimater : dans Ja plupart des espèces de ces animaux, ils ne se font sentir qu'après des siècles, et l'éducation des individus que l’on trans- porte d’un pays dans un autre , est ter- minée lonug-temps avant la fin de ces nom- Lu EE d—< ;: 40 EFFETS DE L'ART breuses années. Leurs habitudes sont d'autant plus modifiées , leur nature ést d'autant plus changée avant qu'ils ap- prochent du terme de leur existence ; -qu’on acommencé d'agir sur eux pendant qu'ils étoieut encore très-jeunes. C'est d'autres maladies que celles de la décrépitude qu'il faut chercher à pré server ou à guérir les poissons que l’on élève. Et maintenant nous agrandissons le sujet de nos pensées; et tout ce que nous allons dire, doit s'appliquer non seulement aux poissons que l’on veut acclimater dans telle ou telle contrée , mais encore à tous ceux que la Nature fait naître sans le secours de Part. | Ces maladies qui rendent les poissons languissans et les conduisent à la mort, proviennent quelquelois de la mauvaise qualité des plantes aquatiques ou des autres végétaux qui croissent près des bords des fleuves ou des lacs, et dont les feuilles, les fleurs ou les fruits sont saisis par l'animal qui sé dresse, pour aiusi dire, sur la rive, où tombent dans l'eau , y flottent , et vont ensuite former el + SUR LES POISSONS 4t au fond du lac ou de la rivière un sé- diment de débris de corps organisés. Ces plantes peuveut être, dans certaines sai- sons de l’année, viciées au point de ne fourûir qu'une substance mal-saine , non seulement aux poissons qui en mangent, mais encore à ceux qui dévorent les pe- tits animaux dont elles ont composé la nourriture. On prévient où on arrête te suites funestes de la décomposition de ces végétaux en détruisant ces plantes auprès des rives de l'habitation des pois- sons , et en les remplacant par des herbes ou Le fruits choisis que l’on jette dans l'eau peuplée de ces animaux. | La plus terrible des maladies des pois- sons est celle qu'il faut rapporter aux miasmes produits dans le fluide qui Les environne. C’est à ces miasmes qu'il faut attri- buer la mortalité qui régna parmi ces animaux dans les grands et nombreux étangs des environs de Bourg, chef-lieu - du département de l'Ain, lors de l'hiver rigoureux de la fin de 1788 et du com- mencement de 1789, et dont l’estimable 4 42 EFFETS DE L'ART À Varenne de Fenille donna une notice très-bien faite dans le Journal de physique de novembre 1789. Dès le 26 nov embre 1788, suivant ce très-bon observateur, la surface des étangs fut profondément ge- lée; la glace ne foudit que, vers la fin de Janvier. Dans le moment du déget, les. rives des étangs furent couvertes d'une quantité prodigieuse de cadavres de poissons, rejetés par les eaux. Parmi ces animaux morts, on compta beau- coup plus de carpes que de perches, de brochets ct de tanches. Les étangs blancs, c’est à-dire ceux dont les eaux reposoient : sur un sol dur, ferme et argilleux, n’of- frirent qu'un petit nombre de signes de cette mortalité; ceux qu’on avoit récem- ment réparés et nettoyés, montrèrent aussi sur leurs bords très-peu de vic- times : mais presque tous les poissons renfermés dans des étangs vaseux, en- coiubres de Jonucs ou de roseaux , et sur- chargés de débris de végétaux, périrent peudant la gelée. Ce qui prouve évidem- ment que la mort de ces derniers ani- maux n’a pas été l’cffet du défaut de SUR LES POISSONS. 43 l'air de l'atmosphère, comme le pense- roient plusieurs physiciens , et qu’elle ne doit être rapportée qu’à la production de gaz délétères qui n’ont pas pu s’é- chapper au travers de la croûte de glace, c'est que la gelée a été aussi forte à la superficie. des étangs blancs et des étangs nouvellement nettoyés, qu’à celle des étangs vaseux. L’air de l'atmosphère n’a pas pu pénétrer plus aisément dans les premiers que dans les derniers ; et ce- pendant les poissons de ces étangs blancs ou récemment réparés ont vécu , parce que le fond de leur séjour, n'étant pas couvert de substances végétales , n’a pas pu produire les gaz funestes qui se sont développés dans les étangs vaseux. Et ce qui achève, d’un autre côté, de prouver l'opinion que nous exposons à ce sujet, et qui est importante pour la physique des poissons , c’est que des oiseaux de _ proie , des loups, des chiens et des co- chons mangèrent les restes des animaux rejetés après le dégel sur les rivages des étangs remplis de joncs, sans éprouver les inconvéniens auxquels ils auroient De der ie dde : DU EFFETS DE L'ART 4 été exposés s'ils s’étoient nourris d'ani- maux morts d’une maladie vér itablement pestilentielle. Ce sout eucore ces gaz Rare que | nous idevons regarder comme la véri- table origine d’une maladie épizootique qui fit de grands ravages, en 1757, dans les environs de la forêt de Crécy. M. de Chaignebrun , qui a donné dans le temps un très-bon traité sur cette épizootie, rapporte qu'elle se mamifesta sur tous les animaux ; qu’elle atteignit les chiens, les poules, et s'étendit jusqu'aux pois-! sons de plusieurs étangs. Il nomme cette maladie fièvre épidémique contagieuse, in flarmmatoire, putride et gangréneuse. Un médecin d’un excellent esprit, dont les connoissances sont très-variées , et qui sera bientôt célèbre par des ouvrages importans , le citoyen Chavassieu-Dau- debert, lui donne, dans sa Nosologie com- parée, le nom de charbon symptomatique. Je pense que cette épizootie ne seroit pas parvenue jusqu'aux poissons, si elle n’avoit pas tiré son origine de gaz dé- létères. Je crois, ayec Aristote, que les peint Red té Si SUR LES POISSONS. 45 poissons revêtus d’écailles , se nourris- saut presque toujours de substances la- vées par de grands volumes d’eau , res- piraut par un organe particulier, se ser- vant , pour cet acte de la respiration, de l'oxygène de l’eau bien plus fréquem- ment que de celui de l'air, et toujours environnés du fluide Le plus propre à arrêter la plupart des contagions , ne peuvent pas recevoir de maladie pesti- lentielle des animaux qui vivent dans Patmosphère. Mais les poissons des envi- rons de Crécy n’ont pas été à l’abri de l’épizootie |, au - dessous des couches d'eau qui les recouvroient, parce qu’en même temps que les marais voisins de la foret exhäaloient les miasmes qui don- noient la mort aux chiens , aux poules, ‘et à d’autres espèces terrestres, le fond des étangs produisoit des gaz aussi fu- mestes que ces miasmes. Il n’y a pas eu de communication de maladie; mais deux causes analogues, agissant en même temps , l’une sous l’eau, et l’autre dans l’atmosphère , ont produit des ef- fets semblables. 8 Æ ANR PE ES RON SRE AE acts di tetr :: j » L r 46 EFFETS DE ÆAARm On peut prévenir presque toutes ces mortalités que causent des gaz destruc- teurs, en ne laissant pas dans le fond des étangs ou des rivières , des tas de corps organisés qui puissent, en se dé- composant, produire des émanations pestilentielles , en les entraïuant par de l'eau courante que l’on introduit dans ces étangs, et par, de l’eau très-pure et très-rapide que l’on conduit dans ces rivières pour en renouveler le fluide, de la même manière que l'on renouvelle celui ides temples, des salles de spec- tacle et d’autres grands édifices par les courans d'air que l’on y dirige, et enfin en brisant pendant l'hiver les glaces qui se forment sur la surface des étangs et des rivières, et qui retiendroient les gaz pernicieux dans l'habitation des poissons. | Il paroît que lorsque la chaleur est très-sgrande , elle agit sur les poissons indépendaminent des fermentations , des: décompositious et des exhälaisons qu’elle” peut faire naître. Elle influe directement sur ces animaux , sur-tout lorsqu'ils sont SUR LES POISSONS. 47 renfermés dans des réservoirs qui ne con- tiennent qu'un petit volume d’eau. Elle parvient alors jusqu’au fond du réser- voir , qu'elle pénètre, ainsi que les pa- rois; et réfléchie ensuite par ce fond et ces parois très échauftés, elle attaque de toutes parts les poissons, qui se trouvent dès-lors placés comme dans un foyer, et elle leur nuit au point de leur douner des maladies graves. C’est ainsi qu’on à vu des anguilles mises pendant l’été dans / des bassins trop peu étendus, gagner une maladie qu’elles se communiquoient, et qui se mauifestoit par des taches blanches. On dit qu’on les a guéries par le moyen du sel, et de la planté nommée stratioïdes aloïdes. Mais quoi qu’il en soit, il vaut mieux empêcher cette maladie de naître, en préservant les poissons de l'excès dé la chaleur, en pratiquant dans leur habitation des ‘endroits profonds où ils puissent trouver un abri contre les feux de l’astre du jour, en plantant sur une partie du rivage des arbres touffus qui leur donnent une ombre salutaire. Et comme il est très-rare que tous les ( Li Ne 1 NS TO, > LAN LR. DL NE. + dan : 7, ELA 4 & # «61 } \ Q | (a. -48 EFFETS DE __#n extrêmes ne soient pas nuisibles, parce qu’ils sont le plus éloignés possible de la combinaison la plus commune et par conséquent la plus naturelle des forces et des résistances ; pendant que les eaux trop échauffées ou trop impures donnent la mort à leurs habitans, celles qui sont trop froides et trop vivestles font aussi périr, ou du moins les soumettent à diverses incommodités , et particulière- ment les rendent MM “im trouvons à ce sujet, dans les Mémoires de l’acadé- mie des sciences pour 1748 , des obser- vations curieuses du général Montalem- . bert, faites sur des brochets ; et le comte d’Achard en adressa d’analogues à Buf- fon , en 1779, dans une lettre , dont mon illustre ami m'a remis dans le-temps un extrait. « Dans une terre que j'ai en « Normandie, dit le comte d’Achard, ïl « existe une fontaine abondante dans les # plus grandes sécheresses. Je suis par- «venu, au moyen de canaux de terre « cuite, à amener Peau de cette source « dans Cu bassins que J'ai dans mon « parterre. Ces bassins sont murés ct SUR. LES POISSONS. 49 « pavés à à P+ 1 et à sable; mais on n’y « a mis l’eau qu'après qu'ils ont été par- « faitement secs. Après les avoir bien « nettoyés et fait écouler la première «eau, on y a laissé séjourner celle qui « y est venue depuis , et qui coule con- _« tinuellement, Dans les deux premiers « bassins , j'ai mis des carpes de la plus « grande Fees avec des tanches ; dans « le: troisième , Fe poissons de la Chine « (des srbriil dorés ): tout cela existe « depuis trois ans. Aujourd’hui les carpes, « précieuses par leur beauté et leur gran- « deur vraiment prodigieuse , sont atta- « quées d’une maladie cruelle et dont «elles meurent journellement. Elles se « couvrent peu à peu d’un limon sur « tout le corps, et sur-tout sur les yeux, « où il y a en sus une espèce de taie « blanche qui se forme peu à peu, « comme le limon, jusqu’à l'épaisseur « de deux ou trois lignes. Elles perdent « d’abord un œil , puis l’autre, et ensuite «crèvent.… Les tauches et les poissons « chinois ne sont pas attaqués de cette « maladie. Est-elle particulière aux Poissons, VI. 5 ÿo EFFETS DE L'ART « carpes ? quel en est le remède ? d'où « cela peut-il venir? de la vivacité de « l'eau , etc. etc. etc. » Cette dernière conjecture nous paroît très-fondée ; et ce que nous venons de dire devra faire trouver aisément Île moyen de garantir ces poissons de cette cécité que la mort suit souvent. Ces poissons sont aussi quelquefois menacés de périr, parce qu’un de leurs organes les plus essentiels est attaqué. Les branchies par lesquelles ils respirent, et que composent des membranes si déli- cates et des vaisseaux sanguins si nom- breux et si déliés, peuvent ètre déchirées par dés insectes ou des vers aquatiques qui s’y attachent, et dont ils ne peuvent pas se débarrasser. Peut-être, apres avoir bien reconnu l'espèce de ces vers ou de ces insectes, parviendra-t-on à trouver un moyen d’en empécher la multiplica- tion dans les étangs, et dans plusieurs autres habitations des poissons que l’on voudra préserver de ce fléau. Les poissons étant presque tous revêtus d'écailles dures et placées en partie les SUAULIENNP OTSS OMR Er unes au-dessus des autres, ou couverts d’une peau épaisse et visqueuse, ne sont sensibles que dans une très-petite étendue de leur surface. Mais lorsque quelque 1in- secte, ou quelque ver, s’acharne contre la portion de cette surface qui n’est pas défendue, et qu’il s’y place et s’y accroche de manière que le poisson ne peut , en se frottant contre des végétaux, des pierres, du sable, ou de la vase, l’écraser, ou le détacher et le faire tomber, la grandeur, la force , l’agilité, les dents du poisson, ne sont plus qu’un secoursinutile. En vain il s’agite, se secoue, se contourne, va, revient, s'échappe, s'enfuit avec la rapi- dité de l'éclair; il porte toujours avec lui l'ennemi attaché à ses organes; tous ses efforts sont impuissans; et le ver où l’in-. secte est pour lui au milieu des flots ce que la mouche du désert est dans les sables brülans de l’Afrique, non seulement pour la timide gazelle, mais encore pour le tigre sanguinaire et pour le fier lion, qu’elle perce, tourmente et poursuit de son dard acéré, malgré leurs bonds vio- lens, leurs mouvemens impétueux et leur rugissement terrible. Mais ce n’est pas assez pour l'intelli- gence humaine de conserver ce que la Na- ture produit : que, rivale de cette puis- sance admirable, elle ajoute à la fécondité ordinaire des espèces ; qu’elle multiplie les ouvrages de la Nature. d On a remarquéque, dans presque toutes les espèces de poissons, le nombre des mâles étoit plus grand et même quel- quefois double de celui des femelles ; et comme cependant un seul mâle peut fé- conder des millions d'œufs, et par consé- quent le produit de la ponte de plusieurs femelles, il est évitent que l'on favorisera beaucoup la multiplication desindividus, si on a le soin, lorsqu'on péchera, de me garder que les mâles, et de rendre à l’eau les femelles. On distinguera facilement, dans plusieurs espèces, les femelles des mâles, sans risquer de les blesser, ou de nuire à la reproduction, et sans chercher, par exemple, dans le temps voisin du frai , à faire sortir de leur corps quelques œufs plus ou moins avancés. En eflet, dans ces espèces, les femelles sont plus grandes que les mâles; et d’ailleurs elles Te ÿ SUR LES POISSONS. 53 offrent dans les proportions de leurs par- ties, dans la disposition de leurs couleurs, ou dans la nuance de leurs teintes, des signes distinctifs qu'il faudra tâcher de bien connoître, et que nous ne néglige- yons Jamais d'indiquer en écrivant l’his- toire de ces espèces particulières. - Lorsqu'on ne voudra pas rendre à leur séjour natal toutes les femelles que l’on pêchera, on préférera de conserver pour la reproduction Îles plus longues et les plus grosses, comme pondant une plus grande quantité d'œufs. De plus, et si des circonstances impé= rieuses ne s’y opposent pas , que l’on en- toure les étangs et les viviers de claies ou de filets qui, dans le temps du frai, re- tiennent les herbes ou les branches char- gées d'œufs, et les empêchent d’être en- traînéeswhors de ces réservoirs par Îles débordemens fréquens à de 50 de la ponte. Que l’on éloigne, autant qu ’on le pourra, les friganes, et les autres insectes aqua- tiques voraces qui détruisent les œufs et les poissons qui viennent d’éclore. & w | ' 54 EFFETS) DE L'ART Que l’on construise quelquefois dans les viviers différentes enceintes, l’une pour les œufs, et les autres pour les jeunes poissons, que l’on séparera en plusieurs. bandes, formées d’après la diversité de leurs âges, et renfermées chacune dans un réservoir particulier. | Il est des viviers et des étangs dans lesquels des poissons très-recherchés , et, par exemple, des truites, vivroient tiès- bien, et parviendroient à une grosseur considérable : mais le fond de ces étangs étant, très-vaseux, c’est en vain que les fem®iles le frottent avec leur ventre avant d’y déposer leurs œufs; la vase reparoît bientôt, salit les œufs, les altère, les cor- rompt, et les fœtus périssent avant d’é- clore. | Cet inconvénient a fait imaginer une manière de faire venir à la lumière ces poissons, et particulièrement les saumons et les truites, qui d’ailleurs ne servira pas peu, dans beaucoup de circonstances, à multiplier les individus des espèces les plus utiles ou les plus agréables. M. de Marolle, capitaine dans le régiment de la SUR LIE 8 PO FS'SON'S. 55 Marine, tempérant les austérités des camps parle charme de l'étude des sciences utiles à l'humanité, écrivit la description de ce procédé à Haineln en Allemagne, pendant la guerre de sept ans. Il rédigea cette des- cription sur les mémoires de M. J. L. Ja- cobi, lHeutenant des miliciens du comté de Lippe-Detmold, et l’envoya à Buffon, qui me la remit lorsqu'il voulut bien m'engager à continuer l'Histoire natu- relle. On construit une grande caisse à la- quelle on donne ordinairement quatre mètres de longueur, un demi-mètre de largeur, et seize centimètres de hauteur. A un bout de cette longue caïsse, on pratique un trou carré, que l’on ferme avec un treillis de fer, dont les fils sont éloignés les uns des autres de cinq ou six millimètres. | On ménage un trou à peu près sem- blable dans la planche du bout ie et vers le fond de la caisse. Et enfin on en perce un troisième dans le couvercle de la caisse; et on le garnit, ainsi que le second, d’un treillis pareil à celui du premier. "+ #6. EFFETS DE L’ART : \ | # « * NN 10 Ces trous servent et à soumettre lesfo: tus ou les jeunes poissons à l'influence des rayons du soleil, et à les préserver de gros insectes et de campagnols aqua- tiques, qui mangeroient et les œufs et les poissons éclos. Un petit tuyau fait entrer l’eau Mo ruisseau ou d'une source par le premier treillis ; et cette eau courante s'échappe par la seconde ouverture. . On couvre tout le fond de la caisse d’uu gravier bien lavé de la hauteur de deux ou trois centimètres, et on étend sur ce gravier de petits ss bien serrés, de dimensions semblables à celles d’une noi- sette, et parmi lesquels on place d’autres cailloux de la grosseur d’une noix. A l’époque du frai de l’espèce dont on veut multiplier les individus , on se pro- cure un mâle et une femelle de cette es- pèce, et, par exemple, de celle du saumo®. On prend un vase bien net, dans le- quel on met deux ou trois litres d'a biens claire. On tient le saumon femelle dans une situation verticale, et la tête en haut au-dessus du vase. Si el œufs sont déja x PP %, Ve 4 D. SUR LES POISSONS. 57 bien développés, ou bien z#rs, ilscoulent d'eux-mêmes ; sinon on facilite leur chûte en frottant le ventre de la femelle douce- ment de haut en bas, et avec la paume de la main. Dans plusieurs espèces de poissons, on peut voir un organe particulier que nous avons remarqué avec soin, qui n’a été observé que par un petit nombre de na- turalistes , dont très-peu de zoologues ont connu le véritable usage, et que le savant Bloch a nommé rombril. Cet organe est une sorte d’appendice d’une forme alon- gée et un peu conique, et dont la place la plus ordinaire est auprès et au-delà de l'anus. Cet appendice, creux et percé par les deux bouts, communique avec les ré- servoirs de la laite dans les mâles, et les ovaires dans les femelles. Ce petit tuyau est le conduit par lequel les œufs sortent et la liqueur séminale s'échappe : nous le nommons en conséquence appendice gé- nital. L’urine du poisson sort aussi par cet appendice; ce qui donne à cet or- gane une analogie de plus avec les parties sexuelles et extérieures des mammifères, A 3 ÿ 58 EFFETS DE L’ART Il ne peut pas servir à distinguer les sexes, puisqu'il appartient au mâle aussi-bien qu’à la femelle : mais sa présence ou son absence, et ensuite ses proportions et sa figure particulière, peuvent étre: em- ployées avec beaucoup d'avantage: pour établir une ligne de démarcation exacte et constante entre des espèces voisines, ainsi que nous le montrerons daws la suite de l’histoire que nous écrivons. C’est par cet appendice génital que, dans la méthode de reproduction, en quel- que sorte artificielle, que nous déerivons, les femelles qui sont pourvues de cet or- gance extérieur, laissent couler leurs œufs. Lorsque les œufs sont tombés dansleau, on prend le mâle, on le tient verticale- ment au-dessus de ses œufs; et pour peu que cela soit nécessaire, on aide par un léger frottement l’épanchement de la li- queur prolifique, dont on peut arrêter l'écoulement au moment où l’eau est de- venue blanchäâtre par son mélange avec cette liqueur spermatique. Il est des espèces de poissons, et no= à tamment de cyprins, comme le nase,, le ! Er à SUR LES POISSONS. 59 roethens, dans lesquelles on peut choisir avec facilité un mâle pour la fécondation des œufs que l’on a obtenus. Dans ces es- pèces , les mâles, sur-tout lorsqu'ils sont jeunes, présentent des taches, de petites protubérances, ou d’autres signes exté- rieurs qui annoucent qu'ils sont déja sur- chargés d’une laite abondante. . On met dans la grande caisse les œufs fécondés; on les y distribue de manière qu'ils soient toujours couverts par l’eau courante; on empêche que le mouvement de cette eau ne soit trop rapide, afin qu'il ne puisse pas entraîner les œufs. On écarte soigneusement avec des plumes, ou par tout autre moyen, les saletés qui pour- roient s’introduire dans la caisse; et au bout d’un temps qui varie suivant les es- pèces, la température de l’eau, et la cha- leur de l'atmosphère, on voit éclore les poissons que l’on desiroit. Au reste, la sorte de fécondation arti- fcielle opérée avec succès par M. Jacobi, peut avoir lieu sans la présence de la femelle : il suffit de ramasser les œufs qu’elle dépose daus son séjour naturel; AL, jiibut SUAUNNE di (6 EFFETS DE L'AREN Le il seroit même possible de con km à. l'instant où on les recueilleroit , au roient été déja fécondés par le male, ou s'ils n’auroient pas recu sa liqueur pol fique. M. Jacobi assure en effet que lors- qu'on observe avec un bon microscope des œufs de poisson arrosés de la eue séminale du mâle, on peut appercevoir très-distinctement dans ces œufs une pe-- tite ouverture qui ne paroissoit presque. pas, ou étoit presque insensible avant la. fécondation, et dont il rapporte lexten- sion à l'introduction dans l'œuf d’une portion du fluide de la laite. Quoi qu'il en soit, on peut aussi, en suivant le procédé de M. Jacobi, se passer de la présence du mâle. On peut n’em- ployer la liqueur prolifique que quelque temps après sa sortie du corps de l’ani- mal, pourvu qu'un froid excessif ou uné chaleur violentene dessèchent pas promp- tement ce fluide vivifiant; et même la mort du mâle, pourvu qu’elle soit ré- cente, n'empêche pas de se servir de sa laite pour la fécondation des œufs. : On a écrit que Les digues par le moy ei, OMRLES ER OISSONS. 6£t desquelles on retient les eaux des petites rivières, duminuoient la multiplication des‘poissons dans les contrées arrosées par _cés eaux. Cela n’est vrai cependant que pour les poissons qui ont besoin, à cer- taines époques, de remonter dans les eaux courantes Jusqu'à une distance très- grande des lacs ou de la mer, et qui ne peuvent pas, comme les saumons, s’élan- cer facilement à de grandes hauteurs, et franchir l'obstacle queles digues opposent à leur voyage périodique. Les chaussées transversales doivent, au contraire, être très- favorables à la multiplication des cissons sédentaires , qui se plaisent dans ? À des eaux peu agitées. Au-dessus de chaque digue , la rivière forme naturellement une sorte de vivier ou de grand réservoir, dont l’eau tranquille, quoique suffisam- ment renouvelée , pourra donner à un grand nombre d'individus d’espèces très- utiles le volume de fluide, lPabri, l’ali- ment et la température le plus conve- nables. | Quelle est, en effet, la pièce d’eau que l'art ne puisse pas féconder et vivier ? | 6 tu h n Os: 62 EFFETS DE L'ART On a vu quelquefois des poissons re marquables par leur grosseur vivre dans de petites mares. Nous avons déja dit daus cet ouvrage *, que le citoyen De Septfontaines s’étoitassuré qu’une grande anguille avoit passé un temps assez long, … sans perdre non seulement la vie, mais méme une-partie de sa graisse, dans une fosse qui ne contenoit pas une moitié de mètre cube d’eau; et il est des contrées où des cyprins, et particulièrement des carassins, réussissent assez bien dans de petits amas d’eau dormante, pour y don- ner une nourriture abondante aux habi- tans de la campagne. On a bien senti les avantages de cette grande multiplication des poissons utiles, dans presque tous les pays où le progrès des lumières a mis l’économie publique en honneur, et où les gouvernemens, pro- fitant avec'soin de tous les secours des, sciences perfectionnées , ont cherché à faire fleurir toutes les branches de l’in- dustrie humaine. C’est principalement Arucle de l’anguille. ï LT De " SUR LES POISSONS. 63 dans quelques états du nord de l’Europe, et notamment en Prusse et en Suède, qu'on s’est attaché àaugmenterle nombre des individus dans ces espèces précieuses; et comme un gouvernement paternel ne néglige rien de ce qui peut accroître la subsistance du peuple dont le bonheur lui est confié, et que les soins en appa- rence les plus minutieux prennent un grand caractère dès le moment où ils sont dirigés vers l'utilité publique, on a porté eu Suède l’attention pour l’accroissement du nombre des poissons jusqu’à ne pas sonner les cloches pendant le temps du frai des cyprins brèmes, qui y sont très- recherchés, parce qu'on avoit cru s’ap- percevoir que ces animaux, effrayés par le son de ces cloches, ne se livroient pas d’une manière convenable aux opérations nécessaires à La reproduction de leur es- pèce. Aussi y a-t-on souvent recueilli de grands fruits de cette vigilance étendue aux plus petits détails, et, par exemple, en 1749, a-t-on pris d’un seul coup de filet, dans un lac voisin de Nordkiæpivg, cinquante mille brèmes, qui pesoient plus de neuf miile kilogrammes, L des animaux si nécess: \ du riche et aux bes sd té pauvre, qu'il / 64 EFFETS DE que tous les pays ci seroit plus aisé à l'homme de se passer de la classe entière des oiseaux , et d’une grande partie de celle des mammifères, que de la classe des poissons? . Eu effet, il n’est, pour ainsi dire, au- cune espèce de ces habitans des eaux douces ou salées, dont la chair ne soit une nourriture saine et très- Manche Cco- pieuse. d Délicate et savoureuse lorsqu'elle est fraîche, cette chair, recherchée avec tant de raison, devient, lorsqu'elle est trans- formée en garum , un assaisonnément pi- quant; fait les délices des tables somp- tueuses, même très-loin du rivage où le poisson a été pêché, quand elle a été ma- rinée; peut être transportée à de plus grandes distances, si on a éu le soin de limbiber d’une grande quantité de sel ; se conserve pendant un temps très-long, x Q à sur r r . . 2 après qu'elle a été séchée, et, ainsi pré- SIBOTSSONS 065 2. à nourriture d’un; très- grand br Pho nmes:peu fortunés, qui ne soutiennent, leur ekistenc ce que par cet aliment äbondant: et très-peu cher. soi fl Les œufs de ce mêmes habitans des a Hnaserrenta faire becurier quiconvient au goût de tant de nations; et les na- geoires des espèces que l’on :croiroit les moins propres à satisfaire un goût délicat, sont regardées à la Chine et dans d'autres contrées de asie comme un mets des plus exquis * | dico rl Sur rate rivages peu fertiles, on ne peut compléter la nourriture de plu- sieurs animaux utiles, et, par exemple, celle des chiens du Kantihathe que la nécessité force d’atteler à des traîneaux, ou des vaches de Norvége, destinées à fournir une graude quantité de lait, que par le moyen des vertèbres et des arêtes de plusieurs espèces de poissons. Avec les écailles desanimaux dontnous nous occupons, on donne le brillant de * Relation de l’amhbassade de lord Macariney à la Chine, | 66 EFFETS DE la nacre ir ‘ murs ous s palais les pl pe rev ss Foie morphose dans les ateliers en fortes la nières, en couvertures solides et presque imperméables à l'humidité, en garnitures agréables de bijoux donnés au luxe par le goûté. 2 x + LES vessies natatoires et toutes les mem- braues des poissons peuvent être facile- À ment conver ties, dans toutes les contrées, en cette colie précieuse sans laquelle tes arts: cesser oient de produire le plus grand nombre de leurs ouvrages les plus dé- licats,. L'huile qu’on retire de ces animaux , assouplit, améliore ; et conserve duré presque toutes les manufactures, les subs- tances les plus nécessaires aux produits qu'elles doivent fournir; et dans ces con- * Voyez les articles de /a raie sephen, du squale requin, du squale roussette, des acipensères, etc $ … Me. * “ à @ ME er. 24 Er EN RS UE LES POISSONS. "6 ssl boréales où règnent de si longues nuits, entretenant seule la lampe. du pau- vre, Lee son travail au-delà de ‘ces tristes Jours qui fuient avec tant de rapidité, et lui donnant tout le temps que peuvent exiger. les soins nécessaires à sa subsistance et à celle de sa famille, elle tempère pour lui l'horreur de ces ets ri ténébreux et gelés, et l’affranchit lui.et ceux qui lui sont chers des hoïreurs plus grandes eucore d’une extrême misère. Que lou ne soit donc pas étonné que R Bellon, partageant l'opinion de plusieurs Namienre recommandables , tant anciens que modernes, ait écrit que la Propontide étoit plus utile par ses poissons, que des champs fertiles et de gras pâturages d’une égale étendue ne pourroient l'être par leurs fourrages et par leurs moissons. Ft douteroit-on maintenant de Pin- fluence prodigieuse d’une immense mul- tiplication des poissons sur la population des émpires? On doit voir. avec facilité comment cette merveilleuse multiplica- tiou soutient, par exemple, sur le terri- toire de la Chine, l’'innombrable quantité 6 EFFETS DE d’habitans qui y sont, ainsi dire assés. Et si des téraiss présens ot ; monte aux temps anciéns, on peut: ré= soudre un grand probléme historique ; on explique comment l'antique Égyptenour- rissoit la grande population sans laquelle les admirables et immenses monumens _ qui ont résisté au ravage de tant de _ siècles, et subsistent encoresur cette terre l élèbre n’auroient pas pu être élevés , et sans laquelle Sésostris n’auroit conquis ni les bords de l’Eupbrate, du Tigre , de l'Indus et du Gange, ni lés rives du Pon = Euxin, ni les monts de la Thrace. Nous connoissous l'étendue de l'Égypte: : lors- que ses pyramides ont été construites , lorsque ses armées ont soumis une grande partie de l'Asie, elle étoit bornée presque autant qu’ à pr és par les déserts ur riles qui la cirécnstrivet à l’orient et à l'occident; et néanmoins nous appre= À nons de Diodore que dix- sept cents Égyp* tiens étoient nés le même Jour que Sé- É sostris : on doit donc admettre en Égypte, à l’époque de la naissance de ce con- quérant fameux , au moins trente-quatre sil © lies “ «hi hi : » SUR LES POISSONS. 69 ions d’ habitans. Mais quel grand ombre de poissons ne de fric pas | alors et le fleuve et les canaux et les lacs d’une contrée où l’art de multiplier ces animaux étoit un des principaux objets de la sollicitude du gouvernement, et des soins de chaque famille ? IL est aisé de calculer que le seul lac Myris ou Mœris pouvoit nourrir plus de dix-huit cent mille millions de poissons de plus d’un _demi-mètre de longueur. Cependant , que l’homme ne se con- _ tente pas de transporter à son gré, d’ac- climater, de conserver, de multiplier les poissons qu'il préfère; que l’art prétende e. x REX = S à de nouveaux succès; qu'il se hvre à de nouveaux efforts; qu’il tente deremporter sur la Nature des victoires plus brillantes encore; qu'il perfectionne son ouvrage ; qu 1l améliore les individus qu'il se sera soumis. _ Onsait depuis long-temps que des “Ds sons de la même espèce ne donnent pas dans toutes les eaux une chair également délicate. Plusieurs observations prouvent que, parexemple, dans les mêmes rivières, 7m EFFETS DE L'ART leur chair est très-saine et très- bonn au-dessus des villes ou des torrens ad geux, et au contraire insalubre ét très= mauvaise au-dessous de ces torrens va- seux et des amas d’immondices, souvent inséparables des villes populeuses. Ces faits ont été remarqués par plusieurs au- teurs, notamment par Rondelet. Qu'on profite de ces résultats; qu’on recherche les qualités de l’eau les plus propres à donner un goût agréable ou des propriéés salutaires aux différentes espèces de pois. sons que l’on sera parvenu à multiplier ou à conserver. : Qu'on n'oublie pas qu'il est des moyens faciles et peu dispendieux d’engraisser promptement plusieurs poissons , et par- ticulièrement plusieurs cyprins. On aug- mente en très-peu de temps leur graisse, en leur donnant souvent du pain de chè- nevis, ou des féves ct des pois bouillis, ou du fumier , et notamment de celui de brebis. D'ailleurs une nourriture conve- pable et abondante développe les poissons avec rapidité, fait jouir beaucoup plutôt du fruit des soins que l’on a pris de ces —< RE = SUR L'ESN POISSONS. 7i animaux, et leur donne la faculté de pondre et de féconder une très-grande quantité d'œufs pendant un très-grand nombre d'années. } On a observé dans tous les temps que le repos et un aliment très-copieux en- graissoient beaucoup les animaux. On s’est servi de ce moyen pour quelques poissons; et on l’a employé d’une manière remarquable pour les carpes : on les a suspendues hors de l’eaw , de manière à leur interdire le plus foible mouvement de nageoires; et elles ont été enveloppées dans de la mousse épaisse qu'on a fré- quemment arrosée. Par ce procédé, ces cyprius ont été non seulement réduits à uu repos absolu , mais plongés perpétuel- lement dans une sorte d'humidité ou de fluide aqueux qui, parvenant très-divisé à leur surface, a été facilement pompé, absorbé, décomposé, combiné dans l'inté- rieur de l’anima!f, assimilé à sa substance, étmétamorphosé par conséquent en nour- riture très-abondante. Aussi ces carpes maintenues en l'air, mais retenues au milieu d’une mousse humectée presque à 7. EFFETS DEL’ART ‘' continuellement, ont-elles bientôt acquis une graisse copieuse , et de plus un goût très-agréable. | Dès le temps de Willughby, et même de celui de Gesner , on savoit que l’on pouvoit ouvrir le ventre à certains pois- sons, et sur-tout au brochet et à quelques autres ésoces , sans qu'ils en périssent, et méme sans qu’ils en parussent long-temps incommodés. Il suffit de séparer les mus- cles avec dextérité , de rapprocher les chairs et les tégumens avec adresse, et de les recoudre avec précaution, pour qu'ils puissent plus facilément se réunir, Cette facilité a donné lidée d'employer, pour éngraisser ces poissons, le même moyen dont on se sert pour donner un très-grand surcroît de graisse aux bœufs, aux moutons , aux chapons, aux pou lardes, etc. On a essayé, avec beaucoup de succès, d'enlever aux femelles leurs ovaires, et aux mâles leurs laites. La soustraction de ces organes, faite avec habileté et avec beaucoup d'attention, n’a dérangé que pendant un temps très- eourt la santé des poissons qui l’ont | SUR LES POISSONS. 3 éprouvée; et toute la partie de leur subs- tance qui se portoit vers leurs laites ou vers leurs ovaires, et qui y donnoit nais- sance ou à des centaines de milliers d'œufs, ou à une quantité très-considé- rable de liqueur fécondante, ne trouvant plus d’organe particulier pour l’élaborer ni même pour Î& recevoir, a reflué vers les autres portions du corps, s’est Jetée principalement dans le tissu cellulaire, et y a produit une graisse non seulement d’un goût exquis, mais encore d’un vo- lume extraordinaire. | | Mais que l’on ait sur-tout recours, pour l'amélioration des poissons, à ce moyen dont on a retiré de si grands avantages pour accroître les bonnes qualités et les belles formes de tant d’autres animaux utiles, et qui produit des phénomènes physiologiques dignes de toute l'attention du naturaliste : c’est le croisement des races, que nous recommandons: On sait que c’est par ce croisement que l’on est parvenu à perfectionner le belier, le bœuf, l’âne et le cheval. Les espèces de poisson , et principalement celles qui ï À RO AA :. 4 EFFETS DE L'ART vivent très-près de nous, qui préfèrent à la haute mer les rivages de l'océan, les fleuves, les rivières et les lacs, et qui, par la nature de leur séjour, sont plus sou- mises à l'influence de la nourriture, du climat, de la saison, ou de la qualité des eaux, présentent des races très-distinctes, et séparées l’une de l’autre, par leur gran: deur , leur force, leurs propriétés ou la nature de leurs organes. Qu'’ou les croise; c'est-à-dire, qu'on féconde les œufs de l’une avec la laite d’une autre. | Les individus qui proviennent du mé- lange de deux races, non seulement va- lent mieux que la race la moins bonne! des deux qui ont concouru à les former, mais encore sout préférables à la meil- leure de ces deux races qui se sont réunies. C’est un fait très-remarquable, tres-cons- taté, et dont on n'a donné jusqu’à présent aucune explication véritablement satis- faisante, parce qu'on ne l’avoit pas con sidéré dans la classe des poissons, dont l'acte de la génération est beaucoup plus soumis à l’examen dans quelques unes de ses circonstances, que celui des mamxmi- SUR LES POISSONS. 79 fères et des oiseaux qui avoient été les objets de l'étude et de la recherche des zoologues. Rapprochons donc ce qu’on peut dire de ce curieux phénomène. Premièrement, une race qui se réunit à une seconde, éprouve, relativement à l'influence qu’elle tend à exercer, une sorte de résistance que produisent les dis- parités et les disconvenances de ces deux races : cette résistance est cependant vain- cué, parce qu'elle est très-limitée. Et l’on ne peut plus. ignorer en physiologie, qu’il n’en est pas des corps organisés et vivans comme de la matière brute et des subs- tances mortes. Un obstacle tend les res- sorts du corps organisé, de manière que son énergie vitale en est augmentée, au point que lorsque cet obstacle est écarté, nou seulement la puissance du corps vi- vant ést égale à ce qu’elle-étoit avant la résistance, mais même qu’elle est supé- rieure à la force dont il Jouissoit. Les disconvenances de deux races qui se rap- prochent, font donc naître un accroisse- ment de vitalité, d'action et de dévelop 76 EFFETS DE L’ART | pement, dans le produit de leur réunion) Secondement , dans un, mâle et une femelle d’une race, il n’y a que certaines portions analogues les unes aux autres qui agissent directement ou indirecte- ment pour la reproduction de l’espèce. Lorsqu'une nouvelle race s’en approche, elle met en mouvement d’autres portions qui, à cause de leur repos antérieur, doivent produire de plus grands effets Me les premières. é Troisièmement , les denx races mêlées l’une avec Cr ont entre elles des rap- ports desquels résulte un grand dévelop= pement dans les fruits de leur union, parce que ce développement ne doit pas être considéré comme la somme de l’addi- tion des qualités de l’une et de l’autre des deux races, mais comme le produit d’une multiplication, et, ce qui est la même chose, comme l'effet d’une sorte d’intus- susception et de combinaison intime , au lieu d’une simple juxta-position et d’une jonction superficielle. C'est un fait semblable à celui qu’ob- servent les chimistes, lorsque , par une SURALE SUP OISSONS. : 77 suite d’une pénétration plus ou moins grande, le poids de deux substances qu'ils ont combinées l’une avec l’autre, est plus grand que la somme des poids de ces deux substances avant leur combinaison. Lerésultat du croisement de deux races n’est cependant pas nécessairement , et dans toutes les circonstances, le perfec- tionnement des espèces : il peut arriver et il arrive quelquefois que ce croisement les détériore au lieu de les améliorer. En effet , et indépendamment d'autre rai- son , chacun des deux individus qui se rapprochent dans l’acte de la génération, peut être regardé comme imprimant la forme à l'être qui provient de leur union à ou comme fournissant la matière quidoit être faconnée , ou comme influant à la fois sur le fend et sur la forme: maisnous ne pouvons avoir aucune raison de sup- poser qu'après la réunion de deux races, il y ait nécessairement entre la matière qui doit servir au développement et le moule dans lequel elle doit être figurée, plus de convenance qu’il n’y en avoit avant cette même réunion, dans les x 7 75 EFFETS DE L'ART individus de chacune de ces deux races considérées séparément. | IL y a donc dans l'éloignement des races l'une de l’autre, c’est-à-dire , dans le nombre des différences qui les-séparent, une limite en-decà et au-delà. de laquelle le croisement est par lui-même box puis sible qu'avantageux. L'expérience seule peut faire connoître cette limite : mais on sera toujours sûre d'éviter tous les inconvéniens qui peuvent résulter du croisement considéré en lui- méme, si dans cette opération on n'em- ploie jamais que les meilleures races jet 1, par exemple, en mélant les races des poissons ; on ne cesse de rechercher celles qui offrent le plus de propriétés utiles soit pour obtenir les œufs que l’on voudra féconder, soit pour se procurer la liqueur active par le moyen de laquelle on bi rera de vivifier ces œufs. Voilà à quoi se réduit ce que nous pou- vons dire du croisement des races, après avoir réuni dans notre pensée les vérités déja publiées sur cette partie de la phy- siologie , les avoir dégagées de tout appa- SUR LES POISSONS. 79 reil scientifique , les avoir débarrassées de toute idée étrangère, les avoir compa- rées ; et y avoir ajouté le résultat de quel- Le” réflexions et de pan dé observa- . tions nouvelles. - Considérons maintenant de plus haut ce qué‘peut l’homme pour l'amélioration des poissons. Tâchons de voir dans toute son étendue l'influence qu'il peut exercer sur ces animaux par l’emploi des quatre grandsmoyens dont on s'est servi, toutes les fois qu'il a voulu modifier la Nature vivante. Ces quatre moyens si puissans sont , la nourriture abondante et conve- nable qu’il a donnée, l'abri qu'il a pro- curé , la contrainte qu'il a imposée, le choix qu'il a fait des mâles et des femelles pour la propagation de l'espèce. En réunissant ou en employant séparé- ment ces quatre instrumens de son pou- voir, l’homme a modifié les poissons d’une manière bien plus profonde qu’on “ne le croiroit au premier coup d'œil. En rapprochant un grand nombre de germes, il à resserré dans un espace assez étroit les œufs de ces animaux, pour que plu- s féle) EFFETS DE L'ART: sieurs de ces œufs se soient collés l’un à l’autre, comprimés, pénétrés, entière- ment réunis, et, pour ainsi dire, identi- hés ; et de cette iritroduction d’un œuf dans un autre, si Je puis parler ainsi, il, est résulté.une confusion si grande de deux fœtus , que l’on a vu écloredes pois- sons monstrueux, dont les uns avoient deux tétes.et deux avant-corps, pendant que d’autres présentoient deux têtes, deux * corps et deux queues liés ensemble par le ventre ou par un côté qui! appartenoit aux deux corps, et attachés même quel- quefois par cet organe commun, de ma- nière à représenter une Croix. | Mais laissons ces écarts que la Nature, contrainte d’obéir à l’art de l’homme, peut présenter , comme lorsqu'indépen- dante de cet art,-elle n’est soumise qu'aux hasards des accidens : les produits de cette sorte d’accouplement extraordinaire neconstituent aucune amélioration ni de l'espèce , ni même de l'individu ; ils ne se perpétuent pas par la génération ; ils n’ont en général qu’une courte existence ; is sont étrangers à notre suyJet. SUR LES POISSONS. êt Examinons des effets bien différens de ces phénomènes, ef par leur durée, et par leur essence. Voici tous les attributs des poissons que la domesticité a déja pu changer: Les couleurs; elles ont été variées et dans leurs nuances et dans ss distribu- tion. v® Les écailles ; elles ont acquis ou perdu de leur épaisseur et de leur opacité ; leur figure a été altérée ; leur surface tiendue ou rétrécie; leur be FH ME à la peau affoi- blie ou fortifiée; leur nombre diminué ou augmenté. Les dimensions générales ; elles ont été agrandies ou rapetissées. . Les proportions des principales parties de la tête, du corps ou de la queue; elles ont montré de nouveaux rapports. La nageoire dorsale ; elle a disparu. La nageoire de la queue; elle a offert une nouvelle forme , et de plus elle a été ou doublée ou triplée, comme on a pu le voir, par exemple, en examinant les modifications que le cyprin doré a subies dans les bassins d'Europe, et sur- y L k 0 eo? ë2 EFFETS DE L'ART tout dans ceux de la Chine, oùilest élevé. avec soin depuis un Ha nombre de siècles. L'art a donc dés remanié , pour ainsi. dire, non seulement les sévirininué des. poissons, ct même un des plus puissans instrumens de leur natation, maisencore. presque tous leurs organes, puisqu'il en & changé les proportions ainsi que l'éten- due. | | \ C’est par ces grandes modifications qu'il a produit des variétés remarquables. A mesure que l'influence a été forte, que l'impression a été vive, qu'elle a gro plus avant, le changement à été plus profond, a par conséquent plus dur able, La nouvelle manière d’éètre, produite par l'empire de l’homme, a été assez inté: rieure , assez empreinte dans tous les or- _ganes qui concourent à la génération, assez liée avec toutes les forces qui éon- tribuent à cet acte, pour qu'elle ait été transmise , au moins en grande partie, aux individus proveuus de mâles et de femelles déja modifiés. Les variétés sont devenues des races plus ou moins dus SUR LES POISSONS. gi rables ; et lorsque , par la constance des soins de l’homme, elles auront acquis tous les caractères de la stabilité, c’est- à-dire, lorsque toutes les parties de l’a- nimal qui, par une suite de leur dépen- dance mutuelle, peuvent agir les unes sur les autres, auront recu une modih= cation proportionnelle , et que par con- séquent il n’existera plus de cause inté- rieure qui tende à ramener les variétés vers leur état primitif, ces mêmes va- riétés, au moins si elles_sont séparées par d'assez grandes différences, de la souche dont elles auront été détachées, constitueront de véritables espèces per- manentes et distinctes, : | C’est alors que l'homme aura réelle ment exercé une puissance rivale de celle de la Nature, et qu'il aura conquis l'usage d'un mode nouveau et bien important d'améliorer les poissons. . Mais il peut déja avoir recours à ce mode, d’unemanière quimarquera moins la puissance de son aït, mais qui sera bien plus courte et bien plus facile. Qu'il fasse pour les espèces ce que nous * G4 EFFETS DË L'ART. | avons dit quil devoit faire pour les races qu'il mêle une espèce avec une autre; qu’il emploie la laite de l’une à féconder les œufs de l’autre. Il ne craindra dans ses tentatives aucun des obstacles que l'on a dû vaincre, toutes les fois qu ’on a voulu tenter l’accouplement d’un mâle ou d’une femelle avec une femelle on un. mâle d’une espèce étrangère, et que l'on” a choisi les objets de ses essais parmi les mammifères , ou parmi les oiseaux. On dispose avee tant de facilité de la laite et des œufs ! En renouvelant ses 'eflorts, non seule- ment on obtiendra des mulets, mais des mulets féconds, et qui transmettront leurs qualités qux g générations qui leur devront le Pr On aura des espèces métives, mais durables, distinctes, et étant par diète + … Onsait que la carpe produit facilement M9 des métis avec la gibèle, ou avec d’autres -cyprins. Qu'on suive cette indication. __ Pour éprouver moins de diflicultés, qu'on cherche d’abord à réunir deux espèces qui fraient dans le même temps, | titi tint dans si nl a on d. : til | SUR LES:POISSONS. 85 ou dont les époques du frai arrivent de manière que le commencement de l’une de ces deux époques se rencontre avec la fin de l’autre. | Si l’on ne peut pas se procurer faci- lement de la liqueur séminale de l’une des deux espèces, et l’obteniravant qu’elle n'ait perdu , en se desséchant ou en s’ai- térant, sa qualité vivihante, qu’on place des œufs de la seconde à une profondeur couvenable , et à une exposition favo- rable , dans les eaux fréquentées par les mâles de la première. Qu'on les y arrange de manière; que! leur odeur attire facile- ment ces mâles, et que leur position les invite, pouf aihsi dire: à les arroser de leur fluide fécondant: Dans-quelques cir- constances ,.on pourroitles y contraindre, ei quelque sorte, en détruisant autour de leur habitation ordinaire, et à une. distance asséz grande, les œufs de:leurs propres femelles. Dans d’autres circons- tances, on pourroit essayer de les faire arriver en grand nombre au-dessus de ces œufs étrangers que l’on voudroit les voir viviher , en mélant à ces œufs une subs- Poissons. V I: | 8 96 EFFETS DE L’ART tance composée, factice et odorante ; que plusieurs tentatives feroient décou- vrir, et qui, agissant sur leur odorat comme les œufs de leur espèce, les dé- termineroit aussi efficacement que ces derniers à se débarrasser de leur laite, et à la répandre abondamment. Voudra-t-on se livrer à des essais plus basardeux , et réunir deux espèces de poissons dont les époques du frai sont séparées par un intérvalle de quelques jours ? Que l’on gardé des œufs de l’es- pèce qui fraie le:plus tôt; que l’on se souvienue que l’on peut les préserver du degré de décomposition qui s’opposerôit à leur fécondation, et qu'on les répande, avec les précautions nécessaires , à la por- tée des mâles de fa seconde espèce, lors- que ces derniers sont arrivés au terme de la maturité. Aureste, les soins multipliés que l’on est obligé de se donner pour faire réus- sir ces unions que l’on pourroit nommer artilicielles, expliquent pourquoi des réu- nions analogues sont très-peu fréquentés dans la Nature, et par conséquent pour- SUR LES POISSONS. 8 , quoi cette Nature, quelque puissante qu’elle soit, ne produit cependant que très-rarement des espèces nouvelles par le mélange des espèces anciennes. Cepen- dant, depuis que l’on observe avec plus d'attention les -poissous, on remarque dans plusieurs genres de ces animaux, ‘des individus qui , présentant des carac- tères de deux espèces différentes et plus ou moins voisines, paroissent appartenir à une race intermédiaire que l’on devra regarder comme une espèce métive et distincte, lorsqu'on laura vue se mainte- mir pendant un temps très - long avec toutes ses propriétés particulières , et du moins avec ses attributs essentiels. Nous avons commencé de recueillir des faits curieux au sujet de ces espèces, pour ainsi dire, mi-parties, dans les lettres de plusieurs de nos savans correspondans, et notamment du citoyeu Noël de Rouen. Ce dernier naturaliste pense, par exemple, que les nombreuses espèces de raies qui se rencontrent sur les rives françoises de la Manche, lors du temps de la fécon- dation des œufs , doivent , en se mélant L'ufés. … di Li 80 EFFETS DE L'ART ensemble , avoir donné ou donner le jour à des éérs ou races mouvelles. Cette : opinion du citoyen Noël. rappelle celle des anciens au sujet des monstres de l’A- frique. Ils croyoient que les grands mam.- mifères de cette partie du monde, qui habitent lesenvironsdes déserts, etque la chaleur et la soif dévorantes D ur de se rassembler fréquemment en troupes très-nombreuses autour des amas d’eau qui résistent aux rayons ardens du soleil dans ces régions voisines des tropiques, doivent souvent s’accoupier les uns avec les autres, et que de leur union résultent des mulets féconds ou inféconds , qui, par le mélange extraordinaire de diverses formes remarquables et de différens attri- buts singuliers, méritent ce nom impo- sant de monstres africains. | Cependant ne cessons pas de nous oc- cuper de ces poissons mulets que l’art peut produire ou que la. Nature fait naître chaque jour par l'union de la carpe avec la gibèle, ou par celle de plusieurs autres espèces, sans faire une réflexion impor- tante relativement à la génération des f ss SUR LES POISSONS. . 89 animaux dont nous écrivons l’histoire, et même à.celle de presque tous les ani- maux. r Des ‘auteurs d’une grande autorité ont écrit que; dans la reproduction des pois- sons, la femelle exercoit uñe si grande influence , que le fœtus étoit entièrement formé dans l'œuf avant l'émission de la laite du mâle , et que la liqueur séminale dont l’œuf étoit arrosé, imbibé et péné- tré, ne devoit être considérée que comme une sorte de stimulus propre à donner le mouvement et la vie à l'embryon préexis- tant. Cette opinion a été étendue et généra- lisée au point de devenir une théorie sur la génération des animaux, et même sur celle de l’homme. Mais l'existence des métis ne détruit-elle pas cette hypothèse? ne doit-on pas voir que si la liqueur fécondante du mâle n’étoit qu’un fluide excitateur, n’influoit en rien sur la forme du fœtus, ne donnoit aucune partie à l'embryon, les œufs de la méme femelle, de quelque laite qu’ils fussent arrosés , feroient toujours naître des individus ee ÿ EFFETS DE L’ART semblables ? le stimulus pourroit être plus ou moins actif; l'embryon seroit plus fort ou plus foible; le fœtus écloroit plus tôt ou plus tard ; l'animal ; Jouiroit d’une vi- talité plus ou moins grande ; mais ses formes seroient toujours les mêmes; le nombre de ses organes ne varieroïit pas; les dimensions pourroient être agrandies ou diminuées ; mais les proportions , les attributs , les signes distinctifs, ne mon- treroientaucun changement, aucune mo- dification; aucun individu ne présente: roit en même temps et des traits du mâle et des traits de la femelle ; il ne pourroit, dans aucune circonstance, exister un vé- ritable métis. | Quoi qu'il en soit, les espèces que l’homme produira , soit par l’influence qu'il exercera sur les individus soumis à son empire, soit par les alliances qu'il établira entre des espèces voisines ou éloi- gnées ,| seront un grand moyen dé com- paraison pour juger de celles quela Nature a pu ou pourra faire naître dans le cours des siècles. Les modifications que l'homme imprime , serviront à déterminer celles ) SUR LES POISSONS. or que la Nature impose. La connoissance que l’on aura du point où aura com- mencé le développement des premières, et de celui où il se sera arrêté, dévoilera l’origine et l'étendue des secondes. Les espèces artificieiles seront la mesure des espèces naturelles. On sait, par'exemple, -que le cyprin doré de la Chine perd dans la domesticité , non seulement des traits de son espèce par l’altération de la forme de sa nageoire caudale , mais encore des. signes distinctifs du groupe principal ou du genre auquel 1l appartient, puisque la nageoire du dos lui est ôtée par l’art, etméme des caractères de la grande famille ou de l’ordre dans lequel il doit étre com- pris, puisque la main de l’homme le prive de ses nageoires inférieures dont la posi- tion ou l’absence dE le les ordres des poissons. A la vérité, l’action de l'homme n’a pas encore pénétré assez avant dans l'inté- rieur de ce eyprin doré, pour y changer ces proportions générales de l’estomac, des intestins, du foie, des reins, des ovaires , ctc. qui constituent véritable- #V\ l'O SR nd) si 4: Lu y + ; Û : à “ t Cie + L “4 4 92 EFFETS DE L'ART ‘ ment la diversité des ordres , pendant que : l'absence ou là position des. nageoires “ inférieures n’est qu'un signe extéricurquis par ses relations avec la formetet les di= mensions des organes internes , annoncé ces ordres sans en produire la diversité.t> Mais que sont quelques milliers d’an: nées , pendant lesquels les Chinois ont manié, pour ainsi dire, leurcyprin doré, lorsqu'on les compare au temps dont la Nature dispose ? C'est cette lenteur dans le travail, c’est cette série infinie d’ac- tions successives, c’est cette accumula- tion perpétuelle d’efforts dirigés dans le même sens, c’est cette constance et dans l'intensité et dans la tendance de la force, c’est cet emploi de tous les instans dans une durée non interrompue de milliers de siècles, qui, survivant à tous les obstacles qu'elle n’a pu n1 dissoudre ni écarter, est le véritable principe de la puissance irré- sistible de la Nature. En cesens, la Nature est le temps, qui règne sans contrainte sur la matière qu'elle faconne et sur l’es- pace dans lequel elle distribue les ou- vrages de’ses mains immortelles. (4 SUR! LES POISSONS. 03 Ce sera donc toujours bien au-delà de la limite du pouvoir de l'homme, qu'il faudra placer celle de la force victorieuse qui appartient à la Nature. Mais les juge- mens que nous porterons de cette force d’après l'étendue de l’art, n’en seront que plus fondés; nous n’aurons que plus de raison de dire que les espèces artificielles, excellentes mesures des espèces naturelles produites dans la suite des âges, sont aussi le mètre d’après lequel nous pour- rons évaluer avec précision le nombre des espèces perdues, le nombre de celles qui ont disparu avec les siècles. Deux grandes manières de considérer l'univers animé sont dignes de toute l'attention du véritable naturaliste. D'un côté, on peut voir, dans les temps très-anciens , tous les animaux n’existant encore que dans quelques espèces primi- tives, qui, par des moyens analogues à ceux que l’art de l'homme peut employer, ont produit , par la force de la nature, des espèces secondaires, lesquelles par elles-mêmes , ou par leurunion avec les primitives , ont fait naître des espèces Mn À 94 EFFETS DE L’ART tertiaires, etc. Chaque degré de cet ac: croissementsuccessifoffrant un plusgrand nombre d'objets que le degré précédent , les a montrés séparés les uns des autres par des intervalles plus petits , et distin- gués par des caractères moins sensibles 5 et c’est ainsi que les produits animés de la création sont parvenus à cette multi- tude innombrable et à ceite admirable variété qui étonnent et,enchantent l'ob- servateur. D'un autre côté, on peutsupposer que, dans les premiers âges , toutes les manières d'être ont été employées par la Nature, qu'elle a réalisé toutes les formes ;:déve- loppé tous les organes , mis en Jeu toutes les facultés, donné le jour à tous Les êtres vivans que l'imagination la plus bizarre peut concevoir; que dans ce nombreinfint d'espèces , celles qui n’avoient recuique des moyens imparfaits de pourvoir à leur nourriture , à leur conservation , à-leur reproduction, sont tombées successive- ment dans le néant; et que tout s’est réduit énfin à ces espèces majeures, à ces êtres mieux partagés, qui figurent encore sur le globe. SUR'LES POISSONS. 05 Quelque opinion qu’il faille préférer sur le point du départ de la Nature créa- trice, sur cette multiplication croissante, ou sur cette réduction graduelle, l’état actuel des choses ne nous permet pas de ne pas considérer la Nature vivantecomme se balancant entreies deux grandes limites que lui opposeroïent à une extrémité un petit nombre ‘d'espèces primitives, et à l'autre extrémité l’infinité de toutes les espèces que l’on peut imaginer. Elle tend continuellement vers l’une ou vers l’autre de ces deux limites, sans pouvoir main- . tenant en approcher, parce qu’elle obéit à des causes qui agissent en sens contraire les unes des autres , et qui, tour-à-tour victorieuses et vaincues, ne cèdent, lors de quelques époques , que pour reparoitre ensuite avec leur première supériorité. | Quel spectacle que celui de ces alter- natives ! quelle étude que celle de ces phénomènes ! quelle recherche que celle de ces causes ! quelle histoire que celle de ces époques ! Et pour les bien décrire, ou plutôt pour les conudître dans toute leur éten- runs À né dE * 06 EFFETS DE LYARTE due , il faut les contempler sous.les diffé- . rens points de vue que :donnent strois « suppositions , parmi lesquelles le-natu- raliste doit choisir , lorsqu'il examine: l’é:. tat passé, présent et futur du globesur lequel s'opère ce balancement merveil- leux. tante, comme on l’a cru pendant:long- temps ? ou la chaleur dontelle est péné- trée, va-t-elle en croissant, ainsi que La température de la terre est-elle cons-« quelques physiciens l’ont pensé ? ou cette \ chaleur décroît-elle chaque jour, comme l'ont écrit de grands naturalistes et de grands géomètres, les Leibnitz, les Buf-… fon, les Lapiace ? Présentons la question sous un aspect plus direct. La Nature vivante est-elle +74 toujours animée par la même tempéra-. ture ? ou la chaleur, ce grand principe“ de son énergie, diminue-t-elle ou s’ac- croît-elle à mesure que les siècles aug- imentent ? Quels sujets sublimes pour la médita-w tion du géologue ct du zoolagiste !-quelle # immensité d'objets ! quelle noble fierté” —— {l © SUR LES POISSONS 07 _ l’homme devra ressentir , lorsqu’après les avoir contemplés, son génie les verra sans nuage , les peindra sans erreur, et, mettant chaque événement à sa place, fera la part et des temps écoulés et des temps quis’avancent! SOIXANTE-DEUXIÈME GENRE. PAAENE SCAN RENE Deux nageoires dorsales ; point de petites nageoires au-dessus ni au-dessous dela queue; les côtés de la queue relevés longi- tudinalement en carène, ou une petite na- geoire composée de deux aiguillons et d’une membrane, au-devant de la nageoire de l'anus. | PREMIER SOUS-GENRE. + € Point d’aiguillon isolé entre les deux na- geoires dorsales. ESPÈCES. CARACTÈRES. Trente-quatre rayons à la seconde nageoire du dos; x LE caArAnx | ‘rente rayons à la nageoire HHAMÉU Dies de l’auus ; la ligne latérale : garnie de petites plaques, A dont chacune est armée d’un aiguillon. pe} . HISTOIRE NATURELLE. 9 ESPÈCES. CARACTÈRES. Trente-quatre rayons à la | seconde nageoire du dos ; 2. LE CGARANX}) le dernier rayon de cette AMIE. nageoire , très-Long ; vingt- quatre rayons à la nageoire de Janus. fxr° Q | ingt-six raYONS à la seconde nageoire dorsale ; trente 3. LE CARANX) rayons à celle de l'anus; QUEUE-JAUNE.) de très-petites dents, ou point de dents, aux mâ- choires. Vingt-six rayons à la seconde . nageoire dorsale ; le se- 4 LE CARANX}) cond rayon de cette na- GLAUQUE. geoire, très-long ; vingt- | cinq rayons à la nageoire de Fanus. Vingt-cinq rayons à la se- coude nageoire du dos; vingt rayons à celle de Janus; la queue non ca- rente latéralement ; la couleur générale blanche ; - "0. DE CARANX BLANC. les côtés de la-queue et la du caudale jaunes. 100 HISTOIRE NATURELVE ESPÈCES. CARACTÈRES. Vingt-deux rayons à la se- conde nageoire du dos ; 6. LE CARANX quarante rayons à celle QUEUE-ROUGE.) de lanus; une tache noire sur la partie postérieure de chaque opercule. ‘ Vingt-deux rayons à la se- | conde nageoire du dos; 7. LE CARANX). WILAMENTEUX: dix-huit à celle de anus; des filamens à la seconde nageoire du dos et à celle de lanus. Vingt-deux rayons à la se- conde nageoire du dos; 8. De Ca sie jp Tree ele de nus, les deux mâchoires Éga- DAUBENTON. lement avancées ; la higne latérale rude, tortueuse, ei dorée. Vingt rayons à la seconde nageoire dorsale ; dix-sept rayons à celle de. l'anus; un, grand nombre de bandes transversales et 4 g. LE CARANX TRÈS-BE AU. uoires sur un fond couleur d’or. DES, CAR: AINXAIIT ‘ao SECOND SOUS-GENRE. Un ou plusieurs aiguillons isolés entre les deux nageoires dorsales. ESPÈCES. CARACTÈRES. Trois aiguillons garnis cha« cun d’une petite mem- brane , et placés entre les 30. LE CARANX) , DUO . | | deux nageoires dorsales; CARANGUE. CIOR MAO | les pectorales alongées jus= qu'à la seconde nageoire du dos, 4 Vingt-neuf rayons à la se- conde nageoire dorsale ; vingt- quatre à celle de EL 6 CNE ANPanus : la couleur, géné- té HR Ame D on / ‘rale argentée ; des taches FERDAU. Lo, dorées; cinq bandes trans versalés brunes; un seul aiguillon isolé entre les deux nageoires du dos. | Vingt-buit rayons à la se- 124. LE CARANX conde nageoire dorsale ; GÆSS. vingt-cinq à celle de anus; une membrane lJuisante \ 9 02 HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. CARACTÈRES. Un sur la nuque ; la couleur _ générale bleuâtre ; des tas ches dorées; un seul ai- guillon isolé entre les deux nageoires dorsales. 32, LE CARANXx GÆZ Z. Vingi-deux rayons à la se- à conde nageoire du dos ; seize à celle de l’anus; les cartnes Jatérales de la #3. LE cARANXx SANSUN. queue , très-relevées ; la | couleur générale argentée, - à éclatante, et sans taches ; | un seul aiguillon isolé ! entre les deux nageoires du \ dos. Vingt rayons à la seconde { nageoire dorsale ; dix-sept à celle de l’anus; la cou- T4 LE CARANX KORAB. leur générale argentée; le dos bleuâtre ; un seul ai- guilon isolé entre les deux napeoires du dos. DES CAR AN X. 103 LE CARANX TRACHURE *, I, Es Caranx sont très-voisins des scom- bres ; ils leur ressemblent par beaucoup de traits; 1ls présentent presque toutes leurs habitudes : ils ont été confondus ayec ces osseux par le plus grand nombre des naturalistes ; et il est cependant très- aisé de les distinguer des poissons dont nous venons de nous occuper. Tous les scombres ont en effet de petites nageoires * Saurel, sieurel, sicurel, dans plusieurs dé- partemens méridionaux de France; gascon, gas- canet, sur plusieurs rivages de France ; chicha- rou , sur plusieurs côtes voisines de lembouchure de la Garonne, et de celle de la pr El ma guereau bétari, dans plusieurs départemens de France ; sauro, aux environs de Rome; pesce di Spagna, paramia , strombolo, dans la Li- gurie ; scad , horse mackrell, en Angleterre; anüseken , en Allemagne; ne dans quelques aontrées à à Nord. r04 HISTOIRE NATURELLE au-dessus et au-dessous de la queue: les caranx en sont entièrement privés. Nous leur avons conservé le nom générique de caranx, qui leur a été donné par Commerson , et qui vient du mot grec xapa, lequel signifie féte. Ce voyageur les a nommés ainsi à cause de l'espèce de proéminence que présente leur tête, de la force de cette partie, de l'éclat dont elle brille, et d’ailleurs pour annoncer la sorte de puissance et de domination que plusieurs osseux de ce genre exercent sur un grand nombre de poissons qui fré- quentent les rivages. Parmi ces animaux voraces et dange- reux pour ceux des habitans de la mer. qui sont trop Jeunes ou mal armés, on doit sur-tout remarquer le trachure. Sa dénomination, qui signihe queue aiguil- lonnée, vient du grand nombre de pi- quaus dont sa ligne latérale est hérissée sur sa queue, aussi bien que sur son corps: chacun de ces dards est recourbé en ar- rière , ct attaché à une petite plaque écailleuse , que l’on a comparée, pour la orme, à une sorte de bouclier; et la série DES CAR AN X. 109 longitudinale de ces plaques recouvre et indique la ligne latérale. Lorsque l'animal ‘agite vivement. sa queue, et en frappe violemment sa proie, nou seulement il peut l’'étourdir, lassom- mer, l’écraser sous ses coups redoublés, mais encore la blesser avec scs pointes latérales, la déchirer profondément ; lui faire perdre tout son sang. D'ailleurs ce caranx parvient à une grandeur assez con- sidérable, quoiqu'il ne présente jamais une longueur égale à celle du thon : 1l m'est pas rare de le voir long d’un mètre. On le trouve dans l'Océan atlantique, dans le grand Océan ou mer Range dans la Méditerranée : par-tout il s’avance par grandes troupes, lorsqu'il s'approche des rivages pour déposer ses œufs ou sa liqueur fécondante. Sa chair est bonne à manger , quoique moins tendre et moins agréable que celle du maquereau. Du temps de Bellon, les habitans de Cons- tantinople recherchoient beaucoup le ga- rum fait avec les intestins de ce poisson. Les écailles qui couvrent le trachure, sont petites, rondes et molles. Sa couleur 06 HISTOIRE NATURELLE générale est argentée. Un bleu verdâtre règnesur sa partie supérieure. L'iris brille d’un blanc rougeâtre. Une tache noire est placée sur chaque opercule. Les nageoires sont blanches * ; et une teinte noire dis- tingue Îles premiers rayons de la seconde dorsale. La caudale est en croissant ; l’ensemble de l’animal comprimé ; la tête grande; la mâchoire inférieure recourbée vers le haut, plus longue que la supérieure , et gornie, ainsi que cette dernière, de dents aiguës ; le palais rude ; la langue lisse; chaque opercule composé de deux lames; et la nagcoire de l'anus précédée d’une petite nageoire composée de deux rayons et d’une membrane. * A la première nageoïire du dos.. 8 rayons. à T4 seconde, tr. ULTRA Ne à chacune des pectorales. ....... 20 à chacune des thoracines....... 6 à celle ide l'anus. salue dalle à celle. de la queué..duss,.s., s180 4 anna nrte Sd s à } DES CARANX. | 107 LE CARANX AMIE*, E T | LÉ CARANX QUEUE-JAUNEÉ. Ex nombre des rayons que présentent les nageoires du caranx amie, peut servir à le distinguer des autres poissons de ce genre , indépendamment des caractères * Il est utile d'observer que les passages des auteurs et les figures des dessinateurs, rapportés par Artédi, et d’après [ui par Daubenton, à leur scombre amie, sont relatifs, non pas à ce poisson, mais au caranx glauque, ou au centronote lyzan, ainsi que nous l'indiquerons en détail dans la sy- nonymie des articles dans lesquels nous traiterous du glauque et du lyzan. Cette fausse apphcation faite par Artédi a trompé aussi le pro'esseur Bon- naierre, qui à fait graver, pour son scombre amie, une figure que Salvian. a publiée pour un poisson nommé amia, Mais qui Cependant ne peut appar= tenir qu'à un centronote |yzan. 108 HISTOIRE NATURELLE à particuliers à cette espèce que nous ve- nons d’ exposer dans le tableau descaranx. | La queue- Jaune habite dans la Caro line ; elle y a été observée par Garden. Son nom vient de la couleur de sa queue, qui est d’un Jaune plus ou moins doré, ainsi que quelques unes de ses nageoires. Ses dents sont très- petites , “très-difficiles à voir. On a même écrit que ses mâchoires étoient entièrement dénuées de dents. Une petite nageoire à deux rayons est placée au-devant de celle de l'anus * * À la première nageoire du dos du CATAUX QUE, es ve done stone ICT à. SecONdE, 5. ES A NURS à chacune des pectorales.. Sd d'et 20 à chacuné des thoracines....:..., 6 à celle de. l'amnast,.2 1240802 JS A Ja première nageoire dorsale du caranx queue-Jaune....:...... Q TaÿONSs à laisecondes;xqat sole bee. 0180 à chacune des pectorales........ 19 à chacune des thoracines..…....,. 6 à (celle: de dl’anus:: 24028 1:46 te à celle de la queues. haie" us 28 D ES CARANX 109 LE CARANX GLAUQUE *. Cz poisson, qu'Osbeck a vu dans l'Océan atlantique, auprès de l’île de l’Ascension, a été observé par Commerson dans le grand Océan, vers les rivages de Mada- gascar , et particulièrement dans les en- vions du fort Dauphin élevé dans cette dernière île. 11 habite aussi dans la Médi- terranée, où 1l étoit très-connu du temps de Pline, et même de celui d’Aristote, qui avoit entendu dire que ce caranx se te= noit caché dans les profondeurs de ia mer pendant les très-grandes chaleurs de l’été. La couleur générale de cet osseux est in-. diquée par le nom qu’il porte : elle est en effet d’un bleu clair mêlé d’une teinte ver- dâtre; quelquefois cependant elle paroît * Leccia ; sur les côtes de la Ligurie ; po/anda, en esclavon ; Yhavuor, en grec ; derbio , biche, ca= érole , damo, dans plusieurs dns IMÉTI= éionaux de France, 10 ro HISTOIRE NATURELLE d’un bleu foncé , et semblable à celui que présente la mer agitée par un vent impé-. tueux. La partie inférieure de l'animal est blanche. On voit souvent une tache noire à l’origine de la seconde nagcoire dorsale et à celle de la nagcoire de l’anus; et quatre autres taches noires, dont les deux premières sont les plus grandes, sont aussi placées ordinairement sur chaque ligne latérale. Le second rayon de la seconde nageoire du dos est très-haut , et le premier ai- güillon de la première nageoire dorsale est tourné, incliné, et même couché vers la tête. Une petite nageoire à deux rayons précède celle de l'anus *. La chair du glauque est blanche, grasse, et communément de bon goût. * À la nageoire du dos .......,.. "7 rayons 4. la é6ohde tn RS ES à chacune des pectorales.......,. 20 à chacune des thoracines........ 5 ä.celle de l'anus, Nes. à celle de la queue, qui est très- jourchue 4e ie ER D'E'S CA KE AN X: 1IT EE CARANX BLANC, | ka | LE CARANX QUEUE-ROUGE. La mer Rouge nourrit le caranx blanc , que Fôrskael a décrit le premier , et dont la couleur générale blanche ou argentée est relevée par le jaune qui règne sur les côtés de l’animal et sur la nageoïire cau- dale *.Un rang de petites dents garnitcha- que mâchoire. Chaque ligne latérale est revêtue, vers la queue, de petites pièces écailleuses. Les écailles proprement dites * À la membrane des branclies du Caraux blanc 0 ee 0. A . s 8 TAYONSs la ‘premiere nageoire dorsale. 8 Hrsstontie. ! AUCUNE SAP ee 25 chacune des pécioraless. st 1.22 chacune des thoracines.....,..' 5 ele de lonus le. :.: 20 ver ide a queue, 5, ,,.0.1.27 ps py av fu pis 4 12 HISTOIRE NATURELLE qui recouvrent le caranx , sont fortement attachées. La première nageoire du dos forme un triangle équilatéral. On voit une petite nageoire composée de deux rayons au-devant de l’anus du blanc, aussi-bien qu’au-devant de l’anus du caranx queue-rougé, Ce dernier a été observé dans la Caroline par Garden, et à l’île de Tahiti par Forster. Ilmontre une tache noire sur chacun de.ses opercules. Sa seconde nageoire du dos est rouge, comme celle “ la queue ; les thoracines et l’anale sont jaunes. La Sri posté- rieure de chaque ligne latérale est comme hérissée de petites pointes. Les deux dents de devant sont, dans Sara mâchoire, plus grandes que les autres * * A la première nageoire dorsale du ru Caranx queue-r OUSE . . 0.00. 7 rayons. à Ja ae TPE MENT 22 à chacune des. pectorales... ..... 22 à chacune des thoracines'....... 6 ‘à celle de Panus. "000 40 à celle de la queue. ........... 30 Lena DES CARANX. 113 ec LE CARANX FILAMENTEUX. C: EST au Lies PAR Mungo Park que l’on doit la description de ce caranx, que l’on trouve en Asie, auprès des ri- vages de Sumatra. Le nom de f/amenteux que Mungo Park lui a donné, vient des filamens qui garnissent la seconde na- geoire dorsale , ainsi que celle de l'anus. La couleur générale de ce poisson est ar- gentée, et son dos est bleuâtre ; ses écailles sont petites, mais fortement attachées. Le museau est arrondi ; l'œil grand ; l'iris jaune ; chaque mâchoire hérissée de dents courtes et serrées ; chaque opercule formé de trois lames dénuées d’écailles sembla- bles à celles du dos; la nageoire caudale fourchue; la petite nageoire qui précède celle de l’anus, composée de deux rayons, dont l’antérieur est le moins grand. Les pectoräles sont en forme de faux; la pre- 10 114 HISTOIRE NATURELLE mière du dos peut être recue dans be a 4 fossette longitudinale *. 7 * A la membrane des branchies... 17 rayons. à la première nageoire dorsale 6 rayons ai- guillonnés. - la seconde nageoïre du dos. .... 22 rayons, chacune des pectorales.....,. 19 chacune. des thoracines....... 5 4 cellé de l'anus... 4 42. 4..ta8i ‘celle de la queue............ 22 ps © oc 7 pv Î RL 3 3 CU a DES CARANX m5 LE CARANX DAUBENTON. Novs consacrons à la mémoire de notre illustre ami Daubenton, ce beau caranx représenté d’après Plumier dans les pein- tures sur vélin du Muséum d'histoire na- turelle. Ce caranx a ses deux nageoires dorsales très-rapprochées : la première est trian- gulaire, et soutenue par six rayons ai- guillonnés ; la seconde est très-alongée et un peu en forme de faux *. Deux aiguil- Jons sont placés au-devant de la nageoire de l’anus, Les deux mâchoires sont éga- lement avancées. On voit, à chaqueoper- cule branchial, au moins trois pièces , dont les deux dernières sont découpées en * 3 rayons aiguillonnés et 19 rayons articulés à la seconde nageoire du dos. I rayon dillone et 13 rayons articulés à celle de l'anus. La nageoïre de la queue est fourchue. Las Ch ddl | à (4 x16 HISTOIRE. NATURELLE pointe du côté de la queue. La ligne laté- rale est tortueuse, rude et dorée. Des ta. in ches couleur d’or sont répandues, sur les nagéoires. La partie supérieure duc corps | est bleue , et l’ inférieure argentée. 1. CARANX : Tres-beaw 2.LABREÆ Digramme.. 3.HOLOGYMNOSEÆ Fasce : #4 Longue ni DES CARANX. Y17 LE CARANX TRÉS-BEAU. } Cr poisson mérite son nom. Ses écailles, petités et foiblement attachées, brillent de Péclat de Por sur le dos , et de celui de l'argent sur sa partie HE: Ces deux riches nuances sont variées par des bandes transversales, ordinairement au nombre de sept, d’un beau noir, et dont chacune est communément suivie d’une autre bande également d'un beau noir et trans- versale |, mais beaucoup plus étroite. Les nageoires du dos sont bleues , et les autres Jaunes. Trois lames cbinposent chaque oper- cule. Les nageoires pectorales, beaucoup plus longues que les thoracines , sont en forme de faux. Celle de la queue est fourchue. J | Forskael à vu ce caranx dans la mer Rouge. Commerson , qui l’a observé dans la partie du grand Océan qui baigne l'ile "h À hs: Ed. 118 HISTOIRE NATURELLE ; de France et la côte orientale d'Afrique ; « rapporte dans ses manuscrits, que les deux individus de cetteespèce qu'il a exa- minés, n’avoient pas plus de six ou sept pouces ( deux décimètres ) de longueur, que les deux pointes de la nageoire cau- dale étoient très - noires, .que les. deux mâchoires étoient à peu près également avancées, et qu’on une sentoit aucunedent le long de ces mâchoires *. Indépendamment de ces particularités, dont les deux dernières ont été aussi in- diquées par Forskael , Commerson dit que la membrane branchiale étoit soutenue par sept rayons; que la partie concave de l'arc osseux de la Hremière branchie étoit dentée en forme de peigne ; que la partie * A la première nageoire dorsale 7 rayons aiguil= : lonnés. A a k à la seconde nageoire dorsale , 21 rayons. à chacune des pectorales,. dl à chacune des thoracines.... 5 ou 6 à celle de l’anus, qui est pré- cédée d’une petite nageoire à 2 TAYONSesessosssssses 2Y à celle de là queue, :.. 4:49! Li à. de À RC. d - DES CARAN X. 119 analogue des trois autres arcs ne présen- toit que deux rangs de tubercules assez courts ; et que la ligne latérale étoit, vers la queue, hérissée de petits aiguilions, et bordée, pour ainsi dire, d’écailles plus grandes que celles du dos. 120 HISTOIRE NATURELLE 1 LE CARANX CARANGUE. Nous avons conservé à ce caranx le nom spécifique de carangue, qu ila porté à la Martinique, suivant Plumier. La pre- mière nageoire du dos est soutenue par sept ou huit'aiguillons. Deux aiguillons paroissent au-devant de celle de l’anus. La ligne latérale est courbe et rude; la partie supérieure du poisson bleue ; l’in- férieure argentée ; et presque toutes les nageoires resplendissent de l'éclat de l'or. DES CARANX, 12i LE CARANX FERDAU, LE CARANX GÆSS, / LE CARANX SANSUN, HT LE CARANX KORAB, 2 À Css quatre caranx composent un sotis: genre particulier et distingué du premier sous-genre par la présence d’un aiguillon isolé placé entre les deux nageoires dor- sales. On les trouve tous les quatre dans lä iner Rouge ou mer d'Arabie: ils y ont été observés par Forskael. Le tableau imé- thodique du genre caranx expose les diffé- rénces qui les séparent l’un de l’auütre ; il nous suffira maintenant d'ajouter quel: ques traits à ceux que présente ce tableau. Le ferdau montre un grand nombre de dents petites, déliées et flexibles ; le som Poissons, Ÿ I Le 122 HISTOIRE NATURELLE met de la tête est dénué d’écailles propres ment dites , et osseux dans son milieu ; l'opercule ct écailleux ; la ligne latérale presque droite; la nageoire caudale four- chue et glauque. Les pectorales dont la forme ressemble à celle d’une faux , sont blanchâtres ; et une variété de ftedpèce que nous décrivons , les a transparentes. On voit de des narines un petit barbillon conique ? / Le gæss, qui reisÉubié beaucoup au ferdau, a une petite cavité sur la tête ; il peut baisser et renfermer dans une fos- sette longitudinale sa première nageoire dorsale? ; sa nageoire caudale est très-four- L'A la première nageoire dorsale 6 rayons aï- guillonnés. | à chacune des pectorales 27 rayons. : à chacune des thoracines I rayon aiguillonné et 5 rayous articulés. à celle de la queue 15 ou 16 rayons. SA le première nageoire dorsale 7 rayons ai- guillonnés. chacune des pectorales x rayon aiguillonné et 20 rayons articulés. à chacune des thoracines 5 rayon aiguillonné et rayons articulés. | à celle de la queue 18 ou 19 rayons. FU à + Ir Æu6t) € a RAA Nr XX ! 123 chue ; et sa ligne latérale est caurbe vers la tête et droite vers la queue. Lesansun, qui a beaucoup de rapports avec le gæss et avec le ferdau, présente des ramifications sur le sommet de la tête; une rangée de dents arme chaque mâchoire ; la mâchoire supérieure est d’ailleurs garnie d’une grande quantité de dents petites et flexibles, placées en seconde ligne. Les nageoires pectorales et les thoracines sont blanches, celle de Pauus et le lobe inférieur de la caudale sont jaunes ; le lobe supérieur de cette même caudale est brun comme les dor- sales , qui, d’ailleurs , sont bordées de hour *. Le korab a chaque mâchoire hérissée d’une rangée de dents courtes , et comme renflées ; la ligne latérale est ondulée vers * A la première nageoire dorsale du sansun, 7 rayons aiguillonnés. à chacune des pectorales x rayon aiguillonné et 20 rayons articulés. à chacune des thoracines 1 rayon aiguillonné et 5 rayons articulés. à celle de la queue 17 ou 18 rayons. “ of 124 HISTOIRE NATURELLE. | la nuq et droite ainsi que marquée par des FT particulières auprès de la queue. Les nageoires pectorales et les tho- racines sont roussâtres ; Les dorsales glau- ques; l’anale trans past à et comme bor- dée de jaune ; le lobe inférieur de la caudale jaune , et le supérieur d’un bleu verdâtre *, _ * A la membrane branchiale du korab, 8 rayons, à la première nageoire dorsale 7 rayous ai- guillonnés. chacune des pectorales I rayon aiguillonné et 20 rayons articulés. chacune des thoracines I rayon aiguillonné et 5 rayons articulés, à celle de la re 17 @u 10 rayons, Es gum we A | es - wo à & Ÿ Ke LE: na) j'en “app A AEREX. SOIXANTE-TROISIÈME GENRE, LES TRACHINOTES. Deux nageoires Prahs ; point de us _ nageoires au-dessus ni au-dessous de lg queue; les côtés de la queue relevés lon- gitudinalement en carène, ou une petite nageoire composée de deux aiguillons ef d’une membrane, au-devant de la nageoire de l'anus; des aiguillons cachés sous la peau, au-devant des nageoires dorsales. ESPÈCE. CARACTÈRES. {La seconde nageoire du dos? LE TRACHINOTE et celle le l'anus, repré- FAYCHEUR. sentant la forme d’uxe faux. Lennon: d 1) } l 126 HISTOIRE NATURELLE LE TRACHINOTE FAUCHEUR. # C:ssr dans la mer d’Arabie qu'habite ce poisson , que Forskael, en le décou- vrant, crut devoir comprendre parmi les scombres , mais que l’état actuel de la science ichthyologique et nos principes de distribution méthodique et régulière nous obligent à séparer de ces mêmes. scombres , et à inscrire dans un genre par- ticulier. Nous donnons à cet osseux le nom générique de #rachinote, qui veut dire aiguillons sur le dos, pour désigner l’un des traits les plus distinctifs de sa conformation. Cet animal a toujours en effet auprès de la nuque , des aiguillons cachés sous la peau, et au-devant des- quels un piquant très-fort , couché hori- zontalement, est tourné vers le museau , et quelquefois recouvert par le tégument le plus extérieur du poisson. La première nageoire dorsale, dont lamembranen’est = DES TRACHINOTES. +27 soutenue que par des rayons aiguillonnés, et dont la peau recouvre quelquefois le premier rayon, peut se baisser et se cou- cher dans une fossette. La seconde nageoire dorsale et celle de l'anus * ont la forme d’une sorte de faux; et voilà d’où vient le nom spécifique que nous avons conservé au trachinote que nous décrivons. Ce faucheur , dont la hauteur égale souvent la moitié de la longueur , est revêtu , sur le corps et sur la queue, d'écailles minces et fortement attachées ; on ne voit pas d’écailles proprement dites sur les opercules ; on n’appercoit pas de dents aux mâchoires, mais on remarque des aspérités à la mâchoire inférieure ; la * À la première nageoire dorsale 5 Re ai- guillonnés. à Ja seconde x rayon aiguillonné et 19 rayons articulés. à FA des peciorales 16 rayons. à chacune dés thoracines 6 rayons. à celle de l'anus # rayon aiguillonné et 17 rayons articulés. | à celle de la queue, qui est fourchue, 6 rayons. | *x28 HISTOIRE NATURELLE. lèvre supérieure est extensible ; la ligne latérale est un peu ondulée; les thora- cines , plus longues que les pectorales ; sont comme tronquées obliquement ; il y a au-devant de l'anus une petite nageoire à deux rayons. La couleur générale de ce trachinote est argentée avec une teinte brune sur lé dos. Une nuance Jaunâtre paroît sur le front. La nageoire caudale est peinte de trois couleurs ; elle montre du brun, du glauque et du jaune : les thoracines sont blanchâtres en dedans, et dorées ou jau- nâtres en dehors; ce qui s'accorde avec les principes que nous avons exposés au sujet des couleurs des poissons et même du plus grand nombre d'animaux ; et les pertonnten ne pésement qu'une nuance brune. * I paroït par une note très-courte que J'ai trouvée dans les papiers de Commer- son, que ce naturaliste avoit vu auprès du fort Dauphin de Madagascar, motre tra- chinote faucheur, qu’il regardoit comme. un caranx , et ae il attribuoit une Jongueur d’un demi-mètre. SOIXANTE-QUATRIÈME GENRE. LES CARANXOMORES. Une seule nageoïire dorsale ; point de petites nageoires au-dessus ni au-dessous de là queue ; les côtés de la queue relevés longi- tudinalement en carène, ou une petite na- geoire composée de deux aiguillons ef d’une meml:ane au-devant de la nageoire de l’anus, ou la nageoire dorsale très-pro- longée veis celle de la queue ; la lèvre su= périeure très-peu extensible, ou non exten- sible; point d’aiguillons isolés au-devant de la nageoire du dos. ESPÈCES, CARACTÈRES. TI. LE CARA tps rayons à Ja PÉLAGIQUE. nageoire du dos. Les pectorales une pa fois 2, LE CARANXOMORE plus longues que ni uit les thoracines : |: PLUMIÉRIEN. “A : dorsale et l’anale en forme de faux. 130 HISTOIRE NATURELLE : $ \ LE CARANXOMORE PÉLAGMNOME Lzs caranxomores diffèrent des caranx ; en ce qu’ils n’ont qu’une seule nageoire dorsale ; ils leur ressemblent d’ailleurs par un très-grand nombre de traits, ainsi que leur nom l'indique. Le nombre des rayons de ia nageoire du dos distingue le pélagique , auquel on ne doit avoir donné le nom qu'il porte , que pour désigner l’habitude de se tenir fréquemment.en pleine mer *. * À Ja nageoire dorsale du pélagique 40 vayons. à chacune des pectorales......... 19 à chacune des thoracines...#...., 5 à celle de l’anusd. ....:8. 2 22 à celle de la queue, qui esL très aug fourche... 4.08 CROSS A REED 1 CARANKOMORZ Péumierten . 2.LABRE Plumierten . 9.LABRE ÆZnsanglante l - à; Jaugret. PR DES CARANXOMORES. 13: “ LE CARANXOMORE PLUMIÉRIEN. | rates les peintures sur y vélin du Mu- séum d'histoire naturelle, se trouve l'1 mage de ce poisson, out on doit le dessin au voyageur Plumier. Ce caranxo- more parvient à une grandeur. considé- rable, et n’est couvert que d’écailles très-petites. La nageoire dorsale ne com- mence que vers le milieu dela longueur totale de l'animal; elle ressemble presque en tout.à celle de l'anus, au-dessus de laquelle elle est située. La nuque pré- sente un enfoncement qui rend le crâne convexe; la ligne latérale est courbe et rude ; trois lames composent chaque opercule ; les mâchoires sont aussi avan- cées l’une que l’autre ; le dessus du pois- son est bleu, et le RE d’un blanc argenté et mélé de rougeûtre. ne A à SOIXANTE-CINQUIÈME GENRE, . NW: HA LAS LES CAR SR ON 1 Une seule nageoire dorsale; point de petites zageoires au-dessus ni au-dessous de la queue; les côtés de la queue relevés longi- tudinalement en carène, ou une peliie nd= geoire composée de deux aiguillons et d’une membrane au-devant de la nageoiré de l'anus, ou la nageoire dorsale très-prolon- gée vers célle de la queue: la lèvre Supé- rieure très-extensiblé; point d’aiguillons isolés au-devant de la rageoire du dos. à ME ÆSPÉCES. | CARACTÈRES. {L’opercule hranchial recou- ” vert d'écailles semblables à celles du dos , ct placées les unes au-dessus des autres. 4 F 4 LE cÆSI0O AZUROÔR. Une fossette callense et une bosse osseuse au-devant des nageoires thoraciness LE CcÆSsio POULAIN. CE ES \ 2 HISTOIRE NATURELLE, 1% LE CÆSIO AZUROR. ., C sro est le nom générique donné par Commerson au poisson que nous dési- gnons par la dénomination spécifique d’azuror, laquelle annonce l'éclat de l’or et de l’azur dont il est revêtu. Le natura- liste voyageur a tiré ce nom de cæsio, de la couleur bleuâtre, en latin cæsius, de l’animal qu’il avoit sous ses yeux. En. reconnoissant les grands rapports qui lient les cæsio avec les seombres, il a cru cependant devoir les en séparer. Et c’est en adoptant son opinion que nous avons étabh le genre particulier dont nous mous occupons , que nous avons cherché à circonscrire dans des limites précises, et auquel nous avons cru devoir rappor— ter non seulement le cæsio azuror décrit par Commerson , mais encore le poulain placé par Forskael , et d’après lui par Bonnaterre , au milieu des scombres , et 12 we v | M | 34 HISTOIRE NATURELLE inscrit par Gmelin parmi les centrogas- fi tères. 71 L’azuror est très - beau. Le dessus de ce poisson est d’un bleu céleste des plus agréables à la vue , et qui, s'étendant sur les côtés de l'aciiéel : encadre, pour ainsi dire, une bande longitudinale d’un jaune doré qui règneau-déssus de la ligne latérale, suit sa courbure, et en parcourt toute l'étendue. La partie inférieure du cæsio est d’un blanc brillant et argenté. Une tache d'un noir très-pur est placée à la base de chaque nageoire péctorale , _ qui la cache en partie, mais en laisse À Héoitr eo une portion , laquelle présente la forme que lon désigne pr le nom de chevron brisé. La nageoire de la queue est brune, et bordée dans presque toute sa circonfé- rence d’un rouge élégant. L’anale est peinte de la même nuance que cette bor- dure. On retrouve la même téinte au mi- Heu du brun des pectorales ;' la dorsale est brune , et les thoracines sont blan- châtres. | | L'or , l'argent , le rouge, le bleu cé. k 1 D nl 4, .# Lee ‘ Dons CASE Or © ui leste, le noir , sont donc répandus avec variété et magnificence sur le cæsio que nous considérons; et des nuances brunes sont distribuées au milieu de ces couleurs brillantes , comme pour les faire ressor- tir, et terminer l'effet du tableau par des ee rai Cette parure frappe da plus les yeux de l'observateur, qu’elle est réunie avec un volume un peu considérable, lazuror étant à peu près de la grandeur du maquereau, avec lequel il a d'ailleurs plusieurs rapports. | Au reste , n'oublions pas de remar quex que cet éclat et cette diversité de cou- leurs que nous admirons en tâchant de les peindre, appartiennent à un poisson qui vit dans l’archipel des grandes Indes, particulièrement dans le voisinage des Moluques , et par conséquent dans ces contrées où une heureuse combinaison de la lumière, de la chaleur, de l'air, et des autres élémens de la coloration, donne aux perroquets, aux oiseaux de paradis, aux quadrupèdes ovipares , aux serpens, aux fleurs des grands arbres , et à celles CO 7. a 1 Li à 136 HISTOIRE NATURELLE des humbles végétaux, l’orresplendissant du soleil des tropiques, et les tons animés des sept couleurs de l’arc céleste. L’azuror brilloit parmi les poissons que les naturels des Moluques apportoient au vaisseau de Commerson ; et le goût de sa chair étoit agréable. Le museau de ce cœæsio est pointu; la lèvre supérieure très-extensible ; la mâ- choire inférieure plus avancée que celle de dessus, lorsque la bouche est ouverte; chaque mâchoire garnie de dents si pe- tites, que le tact seul les fait distinguer ; la langue très-petite, cartilagineuse, lisse, et peu mobile; le palais aussi lisse que la langue ; l'œil ovale et très-grand; chaque opercule composé de deux lames, recou- vert de petites écailles, excepté sur ses bords, et comme ciselé par des rayons ou lignes convergentes ; la lame postérieure de cet opercule conformée en triangle ; -cet opercule branchial placé au-dessus du rudiment d'une cinquième branchie ; la concavité des arcs osseux qui soutiennent les branchies, dentée comme un peigne ; 2 Ne / CE : DES CÆSIO. 137 \ la nageoire dorsale très-longue; et celle de la queue profondément échancrée *. * À la membrane branchiale 7 rayons. la nageoire du dos 9 rayons aïgtullonnés et 15 rayons articulés. chacune des pectorales 24 rayons. 4 C4 à chacune des thoracines 6 rayons. à celle de l'anus 2 rayons aiguillonnés et 13 rayons articulés. ! ä celle de la queue 17 rayons. LI 12 138 HISTOIRE NATURÉLLE LE CÆSIO POULAIN. Cr poisson a une conformation peu com- mune. | 6 Sa tête est relevée par deux petites sail- lies alongées qui convergent et se réunis- sent sur le front; un ou deux aiguillons tournés vers la queue sont placés au- dessus de chaque œil ; les dents sont me- nues, flexibles, et, pour ainsi dire, ca- pillaires ou séfacées ; l’opercule est comme collé à la membrane branchiale; on voit une dentelure à la pièce antérieure de ce même opercule ; une membrane lancéolée est attachée à la partie supérieure de cha- que nageoire thoracine ; la dorsale et la nageoire de l'anus s’étendent jusqu’à celle de la queue, qui est divisée et présente deux lobes distincts; et enfin, au-devant des nageoires thoracines, paroît une sorte de bosse ou de tubercule osseux, aigu, £t shivi d’une petite cavité linéaire , et DES CÆSI OO. 139 également osseuse ou calleuse. Ces deux callosités réunies , cette éminence, et cet enfoncement , ont été comparés à une: selle de cheval ; on a cru qu'ils en rappe- loient vaguement la forme ; et voilà d’où viennent les noms de peif cheval, de petite jument, de poulain et de pouline , donnés au poisson que nous eXaminons *. Au reste, ce cæsio est revêtu d’écailles ts potes , mais brillantes de l'éclat de l'argent. Il parvient à la longueur de deux décimètres. Forskael l’a vu dans la mer d'Arabie, où il a observé aussi d’autres poissons presque entièrement semblables au poulain, qui n’en diffèrent d’une ma- mière très-sensible que par un ou deux rayons de moins aux nageoires dorsale, * À la membrane des branchies 4 rayons. à la nageoire du dos 8 rayons aiguillonnés et 16 rayons articulés. chacune des pectorales 18 rayons. chacune des thoracines x rayon aiguillonné et 5 rayons articulés. à celle de anus 3 rayons aiguillonnés et 25 rayons articulés. | à celle de la queue 17 rayons. à a > d f rx HISTOIRE NATURELLE. pectorales et caudale, ainsi que par la couleur glauque et la bordure jaune de ces mêmes nageoires, des thoracines , et dé celle de l’anus , et que nous considé- rerons , quant à présent et de même que les naturalistes Gmelin et Bonnaterre , à comme une simple variété de l’espèce que nous venons de décrire. pes SOIXANTE-SIXIÈME GENRE. LES CÆSIOMORES. Une seule nageoire dorsale; point de petiles nageoires au-dessus ni au-dessous de la queue ; point de carène latérale à la queue, ni de petite nageoire au-devant de celle de l'anus; des aiguillons isolés au-devant de la nageoire du dos. ESPÈCES, CARACTÈRES. Deux aiguillons isolés au- devant de la nageoire dor- ZT, LE CÆSIOMORE BAILLON. sale ; le corps et la queue revêtus d’écailles assez grandes, Cinq aiguillons isolés au- devant de la nageoiïre dor- 2. LE CÆSIOMORE sale; le corps et la queue BLOCH. 4 P 4 dénués d’écailles faciles ment visibles. # x42 HISTOIRE NATURELLE 1 € Li | LE CÆSIOMORE BAILLON. LI Nouws allons faire connoître deux cæ- siomores ; aucune de ces deux espèces n’a encore été décrite. Nous.en avons trouvé la figure dans les manuscrits de Commer- son ; et elle a été gravée avec soin sous nos yeux. Nous dédions l’une de ces es- pèces au citoyen Baïllon , l’un des plus zélés et des plus habiles correspondans du Muséum national d'histoire naturelle, qui rend chaque jour de nouveaux services à la science que nous cultivons, par ses re- cherches, ses observations, et les nom- breux objets dont il enrichit les collections de la République ,' et dont Buffon a con- signé le juste éloge dans tant de pages de cette Histoire naturelle. il Nous consacrons l’autre espèce à la mé-" moire du savaut et célèbre ichthyologiste le docteur Bloch de Berlin, comme un» Zome . 0. PA à 220: 1 Zage .Lf2, 1zCŒÆSZOMORZ, Baillon . 2 CŒASZOMORZ lo cA 3.LABRE Chapelet . / Sauguet nd DES CÆSIOMORES.:: 143 nouvel hommage de l'estime et de l’ami- tié qu'il nous avoit inspirées. | Le cæsiomore baillon a, le corps et la queue couverts d’écailles assez grandes, arrondies , et placées lés unes au-dessus des autres. On n’en voit pas de semblables sur la tête ni sur les opercules, qui ne sont revêtus que de grandes lames. Des dents pointues et un peu séparées les unes des autres garnissent les deux mâchoires, dont l’inférieure est plus avancée que la supérieure. On voit le long de la ligne la- térale , qui est courbe jusque vers le mi- lieu de la longueur totale de l'animal, quatre taches presque rondes et d’une couleur très-foncée. Deux aiguillons forts, isolés, et tournés en arrière , paroissent au-devant de la nageoire du dos, laquelle ne commence qu’au-delà de l'endroit où le poisson montre la plus grande hauteur, et qui, conformée comme une faux, s'é- tend presque jusqu’à la nageoire caudale. La nageoire de l’anus , placée au-des- sous de la dorsale, est à peu près de le . même étendue et de la même forme que cette dernière, et précédée, de même, de db dite 144 HISTOIRE NATURELLE deux aiguillons assez grauds et tournés vers la queue. FR, La nageoire caucifi est très-fourchue : les thoracines sont re ps petites que les pectorales. ME DES CÆSIOMORES 14 L LE CÆSIOMORE BLOCH. Cr poisson a beaucoup de ressemblance avec le baïillon : la nageoire dorsale et celle de l'anus sont en forme de faux dans cette espèce, comme dans le cæsiomore dont nous venons de parler; deux aiguil- Jlons isolés hérissent le devant de la na- gcoire de l'anus ; la nageoire caudale est Xourchue , et les thoracines sont moins grandes que les pectorales dans les deux espèces : mais les deux lobes de la na- geoire caudale du bloch sont beaucoup plus écartés que ceux de la nageoire dela queue du baillon ; la nageoire dorsale du bloch s'étend vers la tête Jusqu’au-delà du plus grand diamètre vertical de l’ani- mal ; cinq aiguillons isolés et très-forts sont placés au-devant de cette même na- geoire du dos. La nuque est arrondie; la tète grosse et relevée; la mâchoire supé- rieure terminée en avant, comme l'infé- 13 2 1 TENRRI 146 HISTOIRE NATURELLE. rieure , par une portion très-haute , très- peu courbée , et presque verticale ; deux lames au moins composent chaque oper- cule; on ne voit pas de tache sur la ligne latérale, qui de plus est tortueuse ; et enfin , les tégumens les plus extérieurs du bloch ne sont recouverts d'aucune écaille facilement visible. 20 nt SOIXANTE-SEPTIÈME GENRE. hums.: 0.0 BI S. La téte grosse et plus élevée que Le corps ; le corps cornprimé et très-alongé; le pre- mier ou le second rayon de chacune des nageoires thoracines, une ou deux fois plus alongé que les autres ; point d’écailles semblables à celles du dos sur les opercules ni sur la tête, dont la couverture lamel- leuse et d'une seule pièce représente une sorte de casque. | à! ESPÈCES. CARACTÈRES: | Le premier rayon de la na- 1 geoire du dos, une où deux 44: LEncOoREs: | fois plus long que les au- AIGRETIUTE. tres; l’opercule terminé par une ligne courbe ; une bosse au-dessus des yeux. Le premier rayon de la na- geoire du dos, un peu plus | court que les autres , ou ne 2, LE CORIS les surpassant pas en lon- ANGULÉ, gueur ; l’opercule terminé par une ligne anguleuse ; point de bosse au-dessus des yeux. 14 HISTOIRE NATURELLE 54 LE CORIS AIGRETTE. + Qorrres obligations les naturalistes n’ont-ils pas au célèbre Commerson ! Com- bien de genres de poissons dont ses ma- nuscrits nous ont présenté la description ou la figure, et qui, sans les recherches multipliées auxquelles son zèle n’a cessé de se livrer , seroient inconnus des amis des sciences naturelles! Il a donné à celui dont nous allons parler, le nom de coris, qui, engrec, signilie so7zmer, téle , etc. , à cause de l'espèce de casque qui enve- loppe et surmonte la tête des animaux compris dans cette famille. Cette sorte de casque , qui embrasse le haut , les côtés et le dessous du crâne, des yeux et des. mâchoires , est formée d’une substance écailleuse , d’une grande lame , d’une seule pièce, qui même est réunie aux opercules , de manière à ne faire qu’un tout avec ces couvercles des organes ress. | PE à : si : ’ C 2 3LABRE Trilob 74 hi TT ; 12 ci Gp ft. 4 DES CORIS. 149 piratoires. L'ensemble que ce casque ren- ferme, ou la tête proprement dite, s'élève plus haut que le dos de l’animal , dans tous les coris; mais dans l'espèce qui fait le sujet de cet article , il est un peu plus exhaussé encore : le sommet du crâne s’arrondit de manière à produire une bosse ou grosse loupe au-dessus des yeux ;' et le premier rayon de la nageoire dorsale , une ou deux fois plus grand que les au- tres, étant placé précisément derrière cette loupe , paroît comme une aigrette desti- née à orner le casque du poisson. Chaque opercule est terminé du côté de la queue par une ligne courbe. La lèvre supérieure est double ; la mâchoire infé- rieure plus avancée que la supérieure ; chacune des deux mâchoires garnie d’un rang de dents fortes, pointues , triangu- laires et inclinées. La ligne latérale suit de très-près la courbure du dos. Le pre- mier rayon de chaque thoracine, qui en renferme sept, est une fois plus alongé que les autres. La nageoire dorsale est très-longue , très-basse , et de la même hauteur, dans presque toute son étendue. | | | | 15 # ! FO 159 HISTOIRE NATURELLE Celle de l’anus présente des dimensions bien différentes ; elle est beaucoup plus courte que la dorsale: ses rayons, plus longs que ceux de cette dernière, lui don- nent plus de largeur ; sa figure se rap- proche de celle d'un trapèze. Et enfin la nageoire caudale est rectiligune , et ses rayons dépassent de beaucoup la mem- brane qui les réunit *. * À la nageoire du dos........ «.. 21 rayons, à chacune des pectorales........ IE à chacune des thoracines....... 7 à celle dé lan. LL MMA LE I4 à celle dela queue... :.4..44.4 70: "D'E'S COR 6. 10E À LE CORIS ANGULEU X. C E Coris diffère du précédent par six traits principaux : son corps e$t beaucoup plus alongé que celui de l’'aigrette ; le premier rayon de la nageoire dorsale ne dépasse pas les autres; la ligne latérale ne suit pas dans toute son étendue la cour- bure du dos, ellese fléchit en en-bas, àune assez petite distance de la nageoire cau- dale, et tend ensuite directement vers cette nageoire ; le sommet du crâne ne présente pas de loupe ou de bosse ; cha- que opercule se prolonge vers la queue, de manière à former un angle saillant, au lieu de n’offrir qu’un contour arrondi ; et les deux mâchoires sont également avancées *. * À la nageoïire du dos....,....... 20 rayons à chacune des pectorales......... 15 à la nageoire de l’anus......... 15 à celle de la queue.,.,.,.,.,,.. 10 a ————————— | | “ SOIXANTE-HUITIÈME GENRE. La 14 LES GOMPHOSES. ; PI + Le museau alongé en forme de clou ou de. masse; la tête et les opercules dénués d’écailles semblables à celles du dos. ESPÈCES. CARACTÈRES. r. LE coMPHosE (Toute la surface du poisson, BLEU. d’une couleur bleue foncée. 2. LE GOMPHOSE couleur générale mélée de VARIÉ. rouge , de jaune et de bleu, y: f : FS N AS AT RE ru { t{U el pee fer NULE, Re eh ° GOMPHOSE Varie # ( Mar ôr \ 2 © à SS < Mon LU 3.LABRE l nn nl 2 HISTOIRE NATURELLE. 153 LE GOMPHOSE BLEU. x EC \ Lotion a laissé dans ses manuscrits la description de ce poisson qu'il a ob- servé dans ses voyages, que nous avons cru , ainsi que lui, devoir inscrire dans un genre particulier, mais auquel nous avousdonnéle nom générique de gomphos, plutôt que celui d’elops, qui lui a été as- signé par ce naturaliste. Le mot gomphos désigne, aussi-bien que celui d’elops, la forme du museau de ce poisson , qui re- présente une sorte de clou; et en em- ployant la dénomination que nous avons préférée , on évite toute confusion du genre que nous décrivons, avec une pe- tite famille d’abdominaux connue depuis Jong-temps sous le nom d'éops. | Le gomphose bleu est, suivant Com- merson , de la grandeur du cyprin tanche. Toute sa surface présente une couleur L. sd w PAT | "AU ”" à AA | anis | 154 HISTOIRE NATURELLE bleue sans tache, un peu foncée ou noi- râtre sur les nageoires pectorales , et très- claire sur les autres nageoires. L’œil seul “montre des nuances différentes du bleu; la prunelle est bordée d’un cercle blanc, autour duquel l'iris présente une belle couleur d’émeraude ou d’aigue-marine. Le corps est un peu arqué sur le dos , ét beaucoup plus au-dessous du ventre. La tête, d’une grosseur médiocre, se terminé, en devant par une prolongation du mu- seau , que Commerson a comparée à ur clou, dont la longueur est égale au sep- tième de la longueur totale de l’animat, et qui a quelque rapport avec le boutoit du sanglier. La mâchoire supériéure est uu peu extensible , et quelquefois un peu plus avancée que linférieuré ; ce qui n'empêche pas que l’avant-bouche, dont l'ouverture est étroite, ne forme unesorte de tuyau. Chaque mâchoire est composée d’un os garni d'un seul rang de dents très-petites et très-serrées l’une contre l’autre : et les deux dents les plus avan- cées dé la mâchoire d’en-haut sont aussi plus grandes que celles qui les suivent, DES GOMPHOSES. 159 Tout l'intérieur de la bouche est d’ail- leurs lisse , et d’une couleur bleuâtre. Les yeux sont petits et très-proches des orifices des narines, qui sont doubles de chaque côté. On ne voit aucune écaille proprement dite, ou semblable à celle du dos, sur la tête ni sur les opercules du gomphose bleu. Ces opercules ne sont hérissés d'au- cun piquant. Deux lames les composent : la seconde de ces pièces s’avance vers la queue , en forme de pointe; et une partie de sa circonférence est bordée d’une mem- brane. On voit quelques dentelures sur la par- tie concave des arcs osseux qui soutien- nent les branchies. La portion de la nageoire dorsale qui comprend des rayons aiguillonnés , est plus basse que la partie de cette nageoire dans laquelle on observe des rayons ar- ticulés. La nageoire caudale forme un: croissant dont les deux pointes sont très- alongées. La ligne latérale, qui suit la courbure du dos jusqu'à la bi de la nageoire dor- nn CRC, à S LA 156 HISTOIRE CR sale, où elle se fléchit vers” bas pour tendre ensuite directement vers la na- geoire caudale , a son cours marqué par une suite de petites raies disposées de manière à imiter des caractères chinois. Les écailles qui recouvrent lé corps et la queue du gomphose bleu, sont asséz larges ; et les petites lignes qu’elles mon- trent , les font paroître comme ciselées *. * 6 rayons à la membrane des branchies. l 8rayons aiguillonnés ét #4 PSY ARS articulés à la nagcoire du dos. I4 rayons à chacune des pectorales. 6 rayons à chacune des thoracines. (Le second se prolonge en un filament.). 2 rayons aiguillonnés et 12 rayons aruculés à la nageoire de l’anus, 34 rayons à celle de la queuce Pi x \ CE 9 Z, VARIZ TÆ du GComphose bleu, 2.LABRE demi-disque 3.LABRE Cercle , À Jauquet Pa t DES GOMPHOSES. 157 $ LE GOMPHOSE VARIÉ. Sun les bords charmans de la fameuse île de Taïti, Commerson a observé une seconde espèce de gomphose, bien digne, par la beauté ainsi que par l’éclat de ses couleurs , d’habiter ces rivages embellis avec tant de soin par la Nature. Elle est principalement distinguée de la première par cés riches nuances qui la décorent ; elle montre un brillant et agréable mé- lange de rouge , de jaune et de bleu. Le jaune domine dans cette réunion de tons resplendissans ; mais l’azur y est assez marqué pour être un nouvel indice de la parenté du varié avec le gomphose bleu. Poissons. V Î 14 + ER RE RTE TES TETE RETENU. METAL — UC NC à UN r / à CU SOIXANTE-NEUVIÈME GENRE. LES NASONS. ‘Une protubérance en forme de corne ou de grosse loupe sur le nez; deux plaques ow boucliers de chaque côté de l'extrémité de la queue; le corps et la queue recouverts d'une peau rude et comme chagrinée. ESPÈCES. | CARACTÈRES. Une protubérance cylindrt- que , horizontale, et en I. LE NASON | forme de corne au-devant LICORNET. à , des yeux; une ligne laté- rale très-sensible. Une proéminence en forme de 2rosse loupe, au-dessus 2 LE NASON é LE _de la machoire supérieures; LOUPE: point de ligue laterale vi- sible. | a sabre ete ot 4er dre dt ri O0 Ce 2m Je de 2 Ann age Je er te à de gene rie à de À ken j ER LE 2 DENON NER AE A RN OL LOS EM TEE sen TR te N put : de - - L ES \ . 0 fe 4 * 4 ; 6 ë LEE PODRYTE ' fe A EN 4 BALISTEÆ Bourse. 2 NASON Licornet. 3. VAS ON Loupe. J PTT US. HISTOIRE NATURELLE. 1:59 ve x 10 , LE NASON LICORNET. DSAns les observations de l’infatigable Commerson , nous ne convoîtrions pas tous les traits de l'espèce du licornet , et _nous ignorerions l'existence du poisson loupe , que nous avons cru , avec cet ha- bile voyageur, devoir renfermer, ainsi que le licornet, dans un genre particu- lier , distingué par le nom de zason. La première de ces deux espèces frappe aisémevut les regards par la sirgularité de la forme de sa tête; elie attire l'attention de ceux méme qui s'occupent le moins des sciences naturelles. Aussi avoit-elle été très-remarquée par les matelots de l'expédition dont Coinimerson faisoit par- tie : ils lavoient examinée assez souvent pour lui donner un nom ; et comine ils avoient facilement saisi un rapport trés- marqué que présente son museau avec le front des animaux fabuleux auxquels 160 HISTOIRE NATURELLE lamour du merveilleux a depuis long: temps attaché la dénomination de Zicorne, ils l’avoient appelée la perite licorne, oule licornet, appellation que j'ai cru devoir conserver. En effet , de l’entre-deux des yeux de ce poisson part une protubérance presque cylindrique , renflée à son extrémité, di- rigée horizontalement vers le bout du museau, et attachée à la tete proprement dite par une base assez large. C’est sur cette même base que l’on voit de chaque côté deux orifices de narines, dont l’antérieur est le plus grand. Les yeux sont assez gros. Le museau proprement dit est un peu pointu ; l'ouverture de la bouche étroite ; la lèvre supérieure foiblement extensible ; la mâchoire d'en-haut un peu plus courte que celle d’en-bas , et garnie, comme cette dernière, de dents très-petites, ai- gués , et peu serrées les unes contre les autres, Des lames osseuses composent les oper- cules , au-dessous desquels des arcs den- telés dans leur partie concavesoutienneñt DES NASONS. 164 de chaque côté les quatre branchies * Le corps et la queue sont très-compri- més, carenés en haut ainsi qu’en bas, et recouverts d’une peau rude , que l’on peut comparer à celle de plusieurs carti- lagineux , et notamment de la plupart des ere La couleur que présente la surface pres- que entière de l’animal, est d’un gris brun ; mais la nageoire du dos, ainsi que celle de l’anus , sont agréablement variées par des raies courbes, jaunes ou dorées. Cette même nageoire dorsale s'étend de- puis la nuque jusqu’à une assez petite dis- tance de la nageoire caudale. La ligne latérale est voisine du dos, dont elle suit la courbure; l’anus est situé très-près de la base des thoracines , et par _* 4 rayous à la membrane des branchies. a 6 aigwillons et 30 rayons articulés à la nageoire 4lu dos. | 17 rayons à chaque nageoire pectorale. - Z aïguillon et 3 rayons articulés à chacune des thoracines. 2 aiguillons et 30 rayons articulés à la nageoire de l’anus. 29 rayops à la nageoire de la queue. ! 14 162 HISTOIRE NATURELLE conséquent plus éloigné de la ageoire caudale que de la gorge. à La nagcoire de lautés est un peu plus basse et presque aussi longue que celle du dos. | | La caudale est échancrée en forme de croissant , et les deux cornes qui la ter- minent sont composées de rayons $i alon- gés, que lorsqu'ils se rapprochent, ils représeutent presque un cercle parfait, au lieu de ne montrer qu'un demi-cercle. De plus , on vait auprès de la base de cette nagcoire, et de chaque côté de la queue, deux plaques osseuses , que Com- merson nome de petits boucliers, dont chacune est grande, dit ce voyageur, comme l’ongle du petit doigt de l'homme, et composée d’une lame un peu relevée en carène et échancrée par-devant. On doit appercevoir d'autant plus aisé- ment ces deux pièces qui forment un ca- ractère remarquable, que la longueur to- tale de l'animal n’excède pas quelquefois trente-cinq centimètres. Alors le plus grand diamètre vertical du corps propre- ment dit, celui que l’on peut mesurer LU D L MODES NÂASONS. 163 au-dessus de lanus, est de dix ou onze centimètres ; la plus grande épaisseur du poisson est de quatre centimètres ; et la partie de la corne frontale et horizontale, qui est entièrement dégagée du front , a un centimètre de longueur. Commerson a vu le licornet auprès des rivages de l’île de France; et si les dimen- sions que nous venons d'indiquer d’après le manuscrit de ce naturaliste, sont celles que ce nason présente le plus souvent daus les parages que ce voyageur a fré- quentés , il faut que cette espèce soit bien plus favorisée pour son développement dans la mer Rouge ou mer d'Arabie. En effet , Forskael , qui l’a décrite, et qui a cru devoir la placer parmi celles de la fa- milie des chétodons, au milieu desquels elle a été laissée par le savant Gmelin et par le citoyen Bonnaterre , dit qu’elle parvient à la longueur de cent dix-huit centimètres ( une aune ou environ). Les licornets vont par troupes nombreuses dans cette même mer d'Arabie; on en voit depuis deux cents jusqu’à quatre cents ensemble; et l'on doit en être d’au- Nr 164 HISTOIRE NATURELLE tant moins surpris, que l’on assure qu'ils ne se nourrissent que des plantes qu'ils peuvent rencontrer sous les eaux. Quoi- qu'ils n'aient le besoin ni l'habitude d’at- taquer une proie , 1ls usent avec courage des avantages que leur donnent leur gran- deur et la conformation de leur tête; ils se défendent avec succès contre des en- memis dangereux ; des pêcheurs arabes ont même dit avoir vu une troupe de ces thoracins entourer avec audace un aigle qui s’étoit précipité sur ces poissons comme sur des animaux faciles à vaincre, opposer le nombre à la force, assaillir l'oiseau carnassier avec une sorte de con- cert, et le combattre avec assez de cons+ tance pour lui donner la mort. + DES NASONS. 165 LE NASON LOUPE. C ETTE espèce de nason, observée, dé- crite et dessinée, comme la première, par Commerson , qui l’a vue dans les mêmes contrées , ressemble au licornet par la compression de son corps et de sa queue, et par la nature de sa peau rude et cha- grinée ainsi que celle des squales. Sa cou- leur générale est d’un gris plus ou moins mélé de brun, et par conséquent très- voisine de celle du licornet; mais on dis- tingue sur la partie supérieure de l’ani- mal , sur sa nageoire dorsale et sur la na- geoire de la queue, un grand nombre de taches petites, lenticulaires et noires. Celles de ces taches que l’on remarque auprès des nageoires pectorales, sont un peu plus larges que les autres; et entre ces mêmes nageoires et les orifices des branchies, on voit une place noirâtre et très-rude au toucher, | | Lt 166 HISTOIRE NATURELLE La tête est plus grosse, à proportion du reste du corps, que celle du licornet. La protubérance nasale ne se détache pas du museau autant que la corne de ce dernier nason : elle s'étend vers le haut ainsi que vers Îes côtés; clle représente une loupe ou véritable bosse. Un sillon particulier, dont la couleur est très-obs- cure, qui part de l’augle antérieur dé l'œil, et qui règne jusqu'à l'extrémité du museau, circonscrit cette grosse tubéro- sité; et c’est au-dessus de l’origine de ce sillon, et par conséquent très-près de l'œil, que sont situés, de chaque côté, deux orifices de narines , dont l’antérieur est le plus sensible. Les yeux sont grands et assez rappro- chés du sominet de la tete; les lèvres sont coriaces ; la mâchoire supérieure est plus avancée que linférieure, la déborde, lembrasse, n’est point du tout extensible, et montre, comme la mâchoire d'en bas, un contour arrondi, et un seul rang de dents éncisives. + Le palais et le gosier présentent des plaques hérissées de petites dents. ( DES -.N À S ON S. 167 Chaque opercule est composé de deux lames. | Les arcs des branchies sont tuberculeux et dentelés dans leur concavité. Les aiguillons de la nageoire du dos et des thoracines sont très-rudes * ; le pre- mier aiguillon de la nageoire dorsale est d’ailleurs très-large à sa base; la nageoire caudale est en forme de croissant, mais peu échancrée, On n'’appercoit pas de ligne latérale; mais on trouve, de chaque côté de la queue, deux plaques ou bou- cliers analogues à ceux du licornet, Le nason loupe devient plus grand que le licornet; il parvient jusqu’à la lon- gueur de cinquante centimètres. * 4 rayons à la membrane des branchies. 9 rayons aiouillonnés et 30 rayons articulés à la nageoire da dos. 17 rayons à chacune des pectorales. 2 aiguillons et 26 rayons articulés à la nageoire de l'anus. ; 16 rayons à la nageoiïre de Ja queue. \ SOIXANTE-DIXIÈME GENRE. LES KYPHOSES: Le dos très-élevé au-dessus d’une ligne tirée depuis le bout du museau jusqu’au milieu de la nageoire caudale ; une bosse sur la nuque ; des écailles semblables à celles du dos, sur la totalité ou une grande partie des opercules qui ne sont pas dentelés. ESPÈCE. CARACTÈRES. Une bosse sur la nuque ;une LE KYPHOSE bosse entre les yeux; la DOUBLE-BOSSE.) nageoire de la queue four- chue. &.Page.16g #. à al anuw , Gor TRICHOPODE Merdto ! 1 HAYPHOSE Double Bosse . OSPHRONZEME 2. 3 » / / LAS HISTOIRE NATURELLE. 169 LE KYPHOSE DOUBLE-BOSSE *. C OMMERSON noûs a transmis la figure de cet animal. La bosse que ce poisson a sur la nuque, est grosse, arrondie, et placée sur une partie du corps tellement élevée, que si on tire une ligne droite du museau au milieu de la nageoire caudale, la haüteur du sommet de la bosse au- dessus de cette ligne horizontale est au moins égale au quart de la longueur to- tale de ce thoracin. La seconde bosse, qui nous a suggéré son nom spécifique, est conformée, à peu près, comme la pre- mière, mais moins grande, et située entre les yeux. La ligne latérale suit la cour- * Le nom générique kyphose, KYPHOSUS, que nous avons donné à ce poisson, vient du mot kyphos , qui en grec signifie bosse , aussi-bien que kyrtos , expression dont Bloch a fait dériver le nom d'un genre de jugulaires , ainsi que nous l'avons vu | 19 z70 HISTOIRE NATURELLE: 1 bure du dos, dont elle est très-voisine. Les nageoires sectéralés sont alongéés et tef- minées en pointe. La longueur de la na- gcoire de l'anus n ‘égale que la moitié,ou euviron, de coHede la nageoire doter. La nageoire de la queue est très-fourchue. Des écailles semblables à celles du dos re- couvrent au moins Une gran pa tie opercules *. #43 aiguillons et 12 rayons articulés à la na- geoire dote, 13 ou 14 rayons à chacune des pectorales. 5 ou 6 rayons à chacune des thoracines. +4 ou 19 à celle de l’anus. # SOIXANTE-ONZIÈME GENRE. LES OSPHRONÈMES. Cing ou six rayons à chaque nageoire thora- cine; le premier de ces rayons aiguillonné, et le second terminé par un filament très- Tong. ESPÈCES. | CARACTÈRES. La partie postérieure du dos 1. L’OSPHRONÈME très-élevée ; la ligne laté- GORAMY. rale droite ; la nageoire de la queue arrondie. r': :. f La Jèvre inférieure plissée de chaque côté; les na: 2, L'OSPHRONÈME geoires du dos et de l’anus GAL. où | tres-basses ; celle de la queue fourchue. 172 HISTOIRE NATURELLE L° L'OSPHRONÈME GORAMY *. Nous conservons à ce poisson le nom générique qui lui a été donné par Com- merson, dans les manuscrits duquel nous avons trouvé la description et la figure de ce thoracin. ON Cet osphronème est remarquable par sx forme, par sa grandeur, et par la bonté de sa chair. Il peut parvenir jusqu’à la longueur de deux mètres; et comme sa hauteur est très-grande à proportion de ses autres dimensions, il fournit un ali- ment aussi copieux qu’agréable. Commer- son l’a observé dans l’île de France, er février 1770, par les soins de Seré, com- mandant des troupes nationales. Ce pois- * Po; 4 Poisson gouramie ‘ou gouramy. (1 faut ob- server que ce nom de poisson gouramie , Où gou= ramy , Où goramy, à été aussi donné, dans le grand Océan, au trichopode mentonnier.) | "+ DES OSPHRONÈMES. z73 son y avoit été apporté de la Chine, où il est indigène, et de Batavia, où on le trouve aussi, selon l’estimable citoyen Cossigny. On l’avoit d’abord élevé dans des viviers; et il s’étoit ensuite répandu dans les rivières, où il s'étoit multiplié avec une grande facilité, et où il avoit assez conservé toutes ses qualités pour être, dit Commerson, le plus recherché des poissons d’eau douce. Il seroit bien à desirer que quelque ami des sciences na- turelles, jaloux de favoriser l’accroisse- ment des objets véritablement utiles, se donnât le peu de soins nécessaires pour le faire arriver en vie en France, l’y accli- mater dans nos rivières, et procurer ainsi à notre patrie une nourriture peu chère, exquise, salubre, et très-abondante. Voyons quelle est la conformation de cet osphronème goramy. Le corps est très-comprimé et très-haut, Le dessous du ventre et de la queue et la partie postérieure du dos présentent une carène aiguë. Cette même extrémité pos- térieure du dos montre une sorte d’échan- crure, qui diminue beaucoup la hauteur | 15 r74 HISTOIRE NATURELLE de l'animal, à une petite distance de la nageoire cundale; et lorsqu'on n’a sous les yeux qu'un des côtés de cet osphro- nème, on voit facilement que sa partie inférieure est plus arrondie, et s'étend au- dessous du diamètre longitudinal qui va du bout du museau à la fin de la queue, beaucoup plus que sa partie supérieure ne s'élève au-dessus de ce même dia- mètre * De Saru écailles couvrent L'or ps, a queue, Les opercules et la tête; et d'autres écailles plus petites revêtent une portion assez considérable des nageoires du dos et de l’anus. Le dessus de la tête, incliné vers le museau, offre d’ailleurs deux lé- sers enfoncemens. La mâchoire su pé- * 6 rayons à la membrane des branchies. 13 aiguillons et 12 rayons articulés à la nageoiré du dos. 14 rayons à chacune des pectorales. Z aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 10 aiguillons et 20 rayons articulés à la nageoire de l’anus. 16 rayons à celle de la queue. Li DES OSPHRONÈMES. 175 rieuire Fe extensible ; l’inférieure plus | avancée que celle d’eu-haut : toutes les deux sont garuies d’une double rangée de dents; le rang extérieur est composé de dents couftes et un peu recourbées en dedaus ; l’intérieur n'est formé que de dents plus petites et plus serrées. On appercoit une callosité au palais; la Jangue cst blanchätre, retirée, pour ainsi dire, dans le fond de qu EuSbTe auquel elle est attachée : les orifices des narines sont doubles ; aute opercule est formé de deux lames, dont la première est ex- cavée vers le bas par deux ou trois petites fossettes, et dont la seconde s’avance en pointe vers lés nageoires pectorales, et de plus est bordée d’une membrane. On appercoit dans l’intérieur de la bou- _ che, et au-dessus des branchies, une sorte d'os ethmoïde, Zabyrinthiforme , pour em- ployer l'expression de Commerson, et placé dans une cavité particulière. L'usage de cet os a paru au voyageur que nous venons de citer, très-digne d’être recher- ché, et nous nous en occuperons de nouveau dans notre Discours sur les parties solides des poissons. hr. EN he à : r 176 HISTOIRE NATURELLE. La nageoire du dos commence loin de la nuque, et s'élève ensuite à mesure qu’elle s'approche de la caudale , auprès de laquelle elle est PR de De 2: y Chaque nageoir e thoracine renferme six rayons. Le premier est un aiguillon très- fort ; le second se termine par un flament qui s'étend jusqu’à l'extrémité de la na- QE | ï æ = 9 0 geoire de la queue, ce qui donne à l'os phronème un rapport très-marqué avec les trichopodes : mais dans ces derniers ce fillament est la continuation d’un rayon unique, au lieu que, dans l’osphronème, chaque thoracine présente au moius cinq rayons. ë wi L’anus est deux fois plus près | de la gorge que de l'extrémité de la queue : : la nageoire qui le suit a une forme très- analogue à celle de la dorsale; mais, ce qui est particulièrement à remarquer, elle est beaucoup plus étendue. On ne compte au-dessus ni au- dessous de la caudale, qui est arrondie, aucun de ces rayons articulés, très-courts et inégaux, qu’on a nommés faux rayons, ou zayons bétards, et qui accompagnent ne à 7) -4e DES OSPHRONÈMES. 77 la nageoire de la queue d’un si grand nombre de poissons. À Enfin la ligne latérale, plus voisine du dos que du ventre, n'offre pas de cour- bure très-sensible. Au reste, le goramy est brun avec des teintes rougeâtres plus claires sur les na- geoires que sur le. dos; etiles écailles de ses côtés et de sa partie inférieure, qui sont argentées et bordées de brun, font paroître ces mêmes portions comme us vertes de mailles. \ + # 178 HISTOIRE NATURELLE k dl œu ; k 3 Sig r TE D L'OSPHRONÈME GAL. Forskarr a vu sur les côtes d'Arabie cet osphronème , qu’il a inscrit parmi les | scares, et que le professeur Gmelin a en- suite transporté parmi les labres, mais dont la véritable place nous paroît être à côté du goramy. Ce poisson est regardé comme très-venimeux par les habitans des rivages qu'il fréquente ; et dès-lors on peut présumer qu’il se nourrit de mollus- ques , de vers , et d'autres animaux ma- rins , imprégnés de sucs malfaisans ou même délétères pour l’homme. Mais s'il est dangereux de manger de la chair du gal, il doit être très-agréable de voir cet osphronème : il offre des nuances gra- cieuses , variées et brillantes ; et ces hu- meurs funestes, dérobées aux regards par des écailles qui resplendissent des cou- leurs qui émaillent nos parterres , offrent une nouvelle image du poison que la Na- ture a si souvent placé sous des fleurs. DES OSPHRONÈMES. 3:79 Le gal est d’un verd foncé; et chacune de ses De étant marquée ae petite ligne transversale violette ou pourpre ; Le ome paroît rayé de pourpre ou de violet sur presque toute sa surface. Deux bandes bleues règnent de plus sur son abdomen. Les nageoires du dos et de l'anus sont violettes à leur base, et bleues dans leur bord extérieur ; les pectorales bleues et violettes dans leur centre; les thoracines bleues ; la caudale est jaune et aurore dans le milieu, violette sur les côtés , bleue dans sa ue. 5, et l'iris of rouge autour de la prunelle, et verd dans Le reste de son disque. Le rouge, l'orangé, le jaune, le verd, le bleu, le pourpre et le violet, c’est-à- dire, les sept couleursque donne le prisme , solaire, et que nous voyons briller dans l’arc-en-ciel , sont donc distribuées sur le gal, qui les montre d’ailleurs disposées avec goût, et fondueés les unes dans les autres par des nuances très-douces. Ajoutons, pour achever de donner une idée de cet osphronème, que sa lèvre in- férieure est plissée de chaque côté; que 18 HISTOIRE NATURELLE. ses dents ne forment qu'une rangée ; que celles de devant sont plus grandes qué celles qui les suivent, et un peu écartées l'une de l’autre ; que la ligne latérale se courbe vers le bas, auprès de la fin de la nageoire dorsale; et que les écailles sont striées , foiblement attachées à l'animal, et membraneuses dans une grande partie de leur contour * * 5 rayons à la membrane des branchies. 8 aiguillons et 14 rayons articulés à la nageoire du dos. 14 rayons à chacune des pectorales. 1 aiguillon et 5 rayons articulés à chacune des thoracines. 3 aiguillons et 12 rayons articulés à celle de l'anus. 45 rayons à celle de la queue. #1 > SOIXANTE-DOUZIÈME GENRE. SA M LES TRICHOPODES. Un seul x. 4 beaucoup plus long que le corps, à chacune des nageoires thoracines ; une seule nageoire dorsale. Te CARACTÈÉRES. ; . f La bouche dans la partie su- 1. LE TRICHOPODE périeure de la tête ; la mâ- choire ‘inférieure avancée MENTONNIER. x de manière à représenter une sorte de menton. La tête couverte de petites | fe écailles : les ravons des 2. LE TRICHOPODE ; ÿ nageoires pectorales pro- TRICHOPTÈRE. He P P longés en très-longs fila- mens. 16 532 HISTOIRE NATURELLE « Le LE TRICHOPODE MENTONNIER*. } Css T encore le savant Commerson qui a observé ce poisson , dont nous avons. trouvé un dessin fait avec beaucoup de. soin et d’exactitude dans ses précieux ma- nuscrits. | La tête de cet animal est extrèmement remarquable; elle est le produit bien plu- tôt singulier que bizarre d’une de ces com- binaisons de formes plus rares qu’extraor- dinaires , que l’on est surpris de rencon- trer, mais que l’on devroit être bien plus étonné de ne pas avoir fréquemment sous les yeux , et qui n'étant que de nouvelles preuves de ce grand principe que nous ne cessons de chercher à établir , fout ce qui peut étre, existe , méritent néanmoins notre * Gouramy ; Ou gouramie, = DES TRICHOPODES. 163 examen le plus attentif et nos réflexions les plüs profondes. Elle présente d’une ma- nière frappante les principaux caractères de la plus noble des espèces, Les traits les plus reconnoissables de la face auguste du suprème dominateur des êtres ; elle rap- pelle le chef-d'œuvre de la création ; elle montre en quelque sorte un exemplaire: de la figure humaine. La conformation de la mâchoire inférieure, qui s’avance, s’arrondit, se relève et se recourbe, pour représenter une sorte de menton; le léger ceufoncement qui suit cette saillie ; la po- sition de la bouche, et ses dimensions ; la forme des lèvres ; la place des yeux, et leur diamètre ; des opercules à deux la- mes, que l’on est tenté de comparer à des joues ; la convexité du front ; l'absence de toute écaiile proprement dite de dessus l’ensemble de la face, qui, revêtue uni- quement de grandes lamés, paroît comme couverte d’une peau; toutes les parties de la tète du mentonnier se réunissent pour produire cette image du visage de l’hom- me , aux yeux de ceux sur-tout qui re- gardent ce trichopode de profil, Mais cette: 7 184 HISTOIRE NATURELLE image n’est pas complète, Les s Principaux linéamens sont tracés : mais Latrlene: semble n’a pas recu de la justesse des proportions une véritable ressemblance ; ils ne produisent qu'une copie grotesque, qu’un portrait chargé de détails exagérés. Ce n’est donc pas une tête humaine que Jimagination place au bout du corps du poisson mentonuier ; elle y suppose plu- tôt une tête de singe ou de paresseux ; et ce n’est même qu’un instant qu’elle peut être séduite par un commencement d’illusion. Le défaut de jeu dans cette tête qui la frappe , l'absence de toute physio- nomie , la privation de toute expression sensible d’un mouvement intérieur , font bientôt disparoître toute idée d’être pri- vilégié, et ne laissent voir qu’un animal dont quelques portions de la face ont dans leurs dimeusions les rapports peu com- muns que nous venons d'indiquer. C’est le plus sailiant de ces rapports que J'ai cru devoir désigner par le nom spécifique de mentonnier, de même que J'ai fait allu- sion par le mot /richopode ( pieds en forme se filamens) au caractère de la famille { DES TRICHOPODES. 185 particulière dans laquelle j’ai pensé qu'il falloit l’inscrire. Chacune des nageoires thoracines des poissons de cette famille, et par consé- quent du mentonnier, n’est composée en eilet que d’un rayon ou filament très-dé- lié. Mais cette prolongation très-molle , au lieu d’être très-courte et à peine vi- sible, comme dans les monodactyles, est si étendue , qu'elle surpasse ou du moins : égale en longueur le corps et la queue réunis. Le mentonnier a d’ailleurs ce corps et cette queue très-comprimés , assez hauts vers le milieu de la longueur totale de l'animal ; la nageoire dorsale et celle de l'anus, basses, et presque égales l’une à l’autre ; la caudale rectiligne ; et les pec- torales courtes , larges et arrondies*. * A Ja nageoire du dos............ 18 rayons. à chacune des thoracines........ x à la nageoïre de l'anus. ..….....,.. 18 16 j er 4 sad « % Es Re « L: ei 586 HISTOIRE NATURELLE nt À =." k 77 #8 | À L'ÉÔTRICHOPONE + TRICHOPTÈRE. Ce trichopode est distingué du précé- dent par plusieurs traits que l’on saisira avec facilité en lisant la description sui- vante. Il en diffère sur-tout par la forme de sa tête, qui ne présente pas cette sorte de masque que nous avons vu sur le men- tonnier. Cette partie de l’animal est petite et couverte d’écailles semblables à celles du dos. L'ouverture de la bouche est. étroite , et située vers la portion supé- rieure du museau proprement dit. : Les lèvres sont extensibles. La nageoire du dos est courte, pointue , ne com- mence qu'à l'endroit où le corps a le plus de hauteur, et se termine à une grande distance de la nagcoire de la queue. Il est à remarquer que celle de l'anus est, au contraire , très-longue; qu’elle renferme, Lo DES TRICHOPODES. 187!. à très-peu près, quatre fois plus de rayons que la dorsale ; qu'elle touche‘presque la caudale; qu'elle s'étend beaucoup vers la tête , etque, par une suite de cette dis- PATAR l'orifice de l'anus, qui la pré- cède , est très-près de la base des thora- cines. | Ces dernières nageoires ne consistent chacune que dans un rayon ou filament plus long que le corps et la queue consi- dérés ensemble * ; et de plus, chaque pec- torale, qui est très-étroite, se termine par un autre filament très-alougé; ce qui a fait donner au poisson dont nous parlons le nom de #richopière, ou d’aile à filament. Nous lui avons conservé ce nom spéci- fique; mais au lieu de le laisser dans le genre des labres ou des spares, nous avons cru, d’après les principes qui nous +" * 4 aiguillons et 7 rayons articulés à la nageoire du dos. 9 rayons à chacune des pectorales. x rayon à chacune des thoracines. 4 rayons et 38 rayons articulés à la nageoire de anus. 16 rayons à celle de la queue, qui est fourchue, ; de" _ 288 HISTOIRE NATURELLE dirigent dans nos distributions métho- à | diques, devoir le comprendre dans une petite famille particulière, et le placer. dans le même genre que le mentonuier. Letrichoptère est ondé de diversesnuan- ces de brun. On voit de chaque côté sur le corps et sur la queue, une tache ronde, _noire, et bordée d’unecouleur plus claire. Des taches brunes sont répandues sur la tête, dont la teinte est, pour ainsi dire, livide; et la nagcoire de la queue, ainsi que celle de l’anus , sont pointillées de blanc. Ce trichopode ne parvient guère qu'à un décimètre de longueur. On le trouve dans la mer qui baigne les grandes Indes. N EURE “ SOIXANTE-TREIZIÈME GENRE. LES MONODACTYLES. Un seul rayon très-court ef à peine visible à chaque nageoire thoracine ; une seule nageoire dorsale. ESPÈCE. CARACTÈRES. A La nageoire du dos, et celle Lx MONODACTYLE) de l'anus, en forme de FALCIFORME. faux; celle de la queuc en croissant. Hi Ÿ 199 HISTOIRE NATURELLE LE MONODACTYLE FALCIFORME. Nous donnons ce nom à une espèce de poisson dont nous avons trouvé la des- cription et la figure dans les manuscrits ! de Commerson. Nous l’avons placé dans un genre particulier que nous avons ap- pelé monodactyle, c'est à-dire, à un seul doigt, parce que chacuue de ses nageoires thoracines, qui AE sr ou en quelque sorte ses pieds , n’a qu'un rayon très-couré et aiguillonné, ou, pour parler le lan- gage de plusieurs naturalistes, n’a qu'un doigt tres-petit. Le nom spécifique par le-. quel nous avons cru devoir d’ailleurs dis- tinguer cet animal, nous a été indiqué par la forme de ses nageoires du dos et de l'anus, dont la figure ressemble un peu à ééllé d’une faux. Ces deux nageoires, sont de plus assez égales en étendue, et gt ù DES MONODACTYLES. xgr touchent presque la nageoire de la queue, qui est en croissant. L’anus est presque au- dessous des nageoires pectorales, qui sont pointues. La ligne latérale suit la cour- bure du dos, dont elle est peu éloignée. L’opercule des branchies est composé de deux lames, dont la postérieure paroît irrégulièrement festonnée. Les yeux sont gros. L'ouverture de la bouche ést petite: la mâchoire supérieure présente une for- me demnt-circulaire, et des dents courtes, aiguës et serrées ; elle est d’ailleurs exten- sible et embrasse l'inférieure. La langue est large, arrondie à son extrémité, amin- cie daus ses bords, rude sur presque toute sa surface. On voit, de chaque côté du museau, deux orifices de narines, dont l’antérieur est le plus petit et quelquefois le plus élevé. | _ La concavité des ares osseux qui sou- tiennent les branchies, présente des pro- tubérances semblables à des dents, et plus sensibles dans les trois antérieurs. Le corps et la queue sont très-comprimés, couverts -d’écailles petites, arrondies et lisses , que l’on retrouve avec des dimen- #92 HISTOIRE NATURELLE. sions plus petites encore sur une partie des nageoires du dos et de l’anus, et res- plendissans d'une couleur d'argent, mêlée sur le dos avec des teintes brunes, Ces mêmes nuances obscures se montrent aussi sur la portion antérieure de la na- geoire de l’anus et de celle du dos, ainsi. que sur les pectorales, qui néanmoins offrent souvent une couleur incarnate. Le monodactyle falciforme ne parvient erdi- nairement qu’à une longueur de vingt-six centimètres *. | * 7 rayons à la membrane des branchies, 33 rayons à la nageoire du dos. 27 rayons à chacune des pectorales. z rayon aiguillonné à chacune des thoracines. 8 aiguillous et 30 rayons à celle de l'anus. 1 è é \ K / { 1 . smbé SOIXANTE-QUATORZIÈME GENRE. ÿ a, ? LES PLECTORHINQUES. “Tne seule nageoire dorsale; poini FPE dons isolés au-devant de la nageoire du dos, de carène latérale, ni de petite na- geoire au-devant de celle de lanus; les lèvres plissées ef contournées; une ou plu- sieurs lames de 4} Kpteéé branchia, ‘den telées. ESPÈCE. CARACTÈRES. Treize aiguillons à la na- La “geoire du dos; de grandes PLECTORHINQUE taches irrégulières, char- GHÉTODONOÏDE. gées de taches au plus foncées , inégales ; et presque rondes. « Ca Poissons, V I: 1 38 504 HISTOIRE NATURELLE. LÉ PLECTORHINQUE CHÉTODONOÏDE. ! Lx mot plectorhinque désigne les plis extraordinaires que présente le museau de ce poisson, et qui forment, avec la dentelure de ses opercules, un de ses principaux caractères génériques. Nous . avons employé de plus, pour cet osseux, le nom spécifique de ckétodonoïde , parce que l’ensemble de sa conformation lux donne de très-grands rapports avec les chétodons , dont l’histoire ne sera pas très- éloignée de la description du plecto- rhinque. Ce dernier animal leur ressemble d’ailleurs par la beauté de sa parure. Sur un fond d’une couleur très-foncée, pa- j roissent, en effet, de chaque côté, sept « ou huit taches très-étendues, inégales, . irrégulières, mais d’une nuance claire et# très-éclatante, variées par leur contour , “ à La DES CHÉTODONOIDES. 1:05 agréables par leur disposition , relevées par des taches plus petites, foncées, et presque toutes arrondies, qu’elles ren- ferment en nombre plus ou moins grand. On peut voir aisément, par le moyen du dessin que nous avous fait graver, le bel effet qui résulte de leur figure, de leur ton, de leur distribution, d'autant plus qu’on appercoit des taches qui ont beau- . coup d’analogie avec ces premières, À l'extrémité de toutes les nageoires, et sur- tout de la partie postérieure de la na- geoire du dos. Cette nageoire dorsale montre une sorte d’échancrure ‘arrondie qui la divise en deux portions très-contiguës, mais faciles à distinguer , dont l’une est soutenue par 15 rayons aiguillonnés, et l’autre par 20 rayons articulés *. Les thoracines et la nageoire de l’anus présentent à peu près la même forme et la même surface l’une _que l’autre : les deux premiers rayons * 15 rayons à chacune des nageoires pectorales. _ 2 rayons aiguillonnés et 13 rayons articulés à celle de l’anus. 18 rayons à celle de la queue. 196 HISTOIRE NATURELLE. qu’elles comprennent, sont aiguillonnés ; et le second de ces deux piquans est très- long et très-fort. La nageoire caudale est rectiligne ou arrondie. Il n'y a pas de ligne latérale sensible. La tête est grosse, comprimée comme le corps et la queue, et revêtue, ainsi que ces dernières parties, d’écailles petites et placées les unes au-dessus des autres. Des écailles semblables recouvrent des appendices charnus auxquels sont attachées les nageoires thoracines , les pectorales , et celle de l’anus. L'œil est grand; l'ouverture de la bou- che petite; le museau un peu avancé, et comme caché dans les plis et les contours charnus ou membraneux des deux mâ- . choires. | Nous avons déerit cette espèce encore inconnue des naturalistes, d’après un in- dividu dela collection hollandoise donnée à la France. fs d |: SOIXANTE-QUINZIÈME GENRE. RS POCONIAS Une seule nageoire dorsale; point d'aiguil- _ dons isolés au-devant de la nageoire du . dos, de càrène latérale, ni de petite na- geoire au-devant de celle de l'anus; un irès-orand nombre de petits barbillons à la mächoire inférieure. ESPÈCE. CARACTÈRES. / Les opercules recouverts d'é- cailles semblables à celles LE POGONIAS du dos; quatre bandes FASCÉ. \ transversales, et d’une cou- leur très-foncée ou très- «| vive. Last “2 ait r98 HISTOIRE NATURELLE LE POGONIAS FASCÉ.. pa = Novs donnons ce nom de pogonias à un genre dont aucun individu n’a encore été connu des naturalistes. Cette dénomi- nation signifie barbu, et désigne le grand nombre de barbillons qui garnissent la mâchoire inférieure, et, pour ainsi dire, le menton de l'animal. Nous avons décrit ét fait figurer l’espèce que nous distin- guons par l’épithète de fascé, d'après un poisson très-bien conservé, qui faisoit partie de la collection du stathouder à la Haye, et qui se trouve maintenant dans. celle du Muséum national d'histoire na- turelle. _ Ce pogonias a la tête grosse; les yeux grands ; la bouche large; les lèvres dou- bles ; les dents des deux mâchoires aiguës, égales, et peu serrées; la mâchoire su- ‘ périeure plus avancée que l'inférieure; . ÿ EN © DES POGONI AS. 199 l'opercule composé de deux lames et re- couvert d’écailles arrondies comme celles du dos, auxquelles elles ressemblent d’ail- Jeurs en tout; la seconde lame de cet opercule branchial terminée en pointe; la nageoire du dos * étendue depuis l’en- droit le plus haut du corps jusqu’à une distance assez petite de Fextrémité de la queue, et presque partagée en deux por- tions inégales par une sorte d’échancrure cependant peu profonde; un aiguillon presque détaché au-devant de cette na- geoire dorsale et de celle de l'anus; cette dernière nageoire très-petite et inférieure méme en surface aux thoracines, qui . néanmoins sont moins grandes que les pectorales; la caudale rectiligne ou ar- _ rondie; les côtés dénués de ligne latérale; la mâchoire inférieure garn'e de plus de vingt filamens déliés, assez courts, rap- prochés deux à deux, ou trois à trois, et M A la nascoire dorsale... ,.,,..:. 33 rayons NA phacune dés pociorales....... 15 à chacune des thoracines. ...,... 6 2 ae Damas iii 8 Alec laduene,.......,,,, 19 L 0 HISTOIRE NATUREBLE: w* r LA : y . d'T A LE à Sie _. représentant assez bien ‘une barbe maisi : | . x "4 sante. | AU EE RON FN TT ON - Quatre bandes foncées ou vives, é dite | | mais très-distinctes, règnent de haut en … _ bas de chaque côté du pogonias fascé; f NP de petits points sont disséminés sur une grande partie de la surface de l'animal. _ SOIXANTE-SEIZIÈME GENRE. ni » ’ . 0 #:, LES BOSTRYCHES: Le corps alongé et serpentiforme; deux na- geoires dorsales; la seconde séparée de celle de la queue; deux barbillons à la mdächoire supérieure; les yeux assez grands et sans voile. ESPÈCES. CARACTÉÈÉRES. I. LE BOSTRYCHEÏ. La couleur brune. CHINOIS. & 2, LE BOSTRYCHE De très-petites taches vertes TACHETÉ., sur tout le corps. "1 be RAR Ci LOS Al. “ $ AQU jn . ANS LT ; TA 22 HISTOIRE NATURELLE | wir | La . ÿ } > ri LE BOSTRYCHE CHINOIS. LA x C'zs7 dans les dessins chinois dont nous avons déja parlé, que nous avons trouvé la figure de ce bostryche, ainsi que celle _du bostryche tacheté. Les barbillons que ces poissons ont à lamâchoire supérieure, et qui nous ont indiqué leur nom géné- rique *, les distingueroient seuls des go- bies, des gobioïdes, des gobiomores et des gobiomoroïdes, avec lesquels ils ont cependant beaucoup de rapports par leur conformation générale. Nous ne doutons pas que ces osseux n'aient des nagcoires au-dessous du corps, et ne doivent être compris parmi les thoracius, quoique la position dans laquelle ils sont représentés, ne permette pas de distinguer ces na- geoires. Au reste, si de nouvelles obser- vations apprenoient que les bostryches * Bostrychos en grec veut dire filament, bar billon, etc. Es . 4 DES D OSTRYCHES. 203 w’ont pas de nageoires inférieures , ils n’en devroient pas moins former un genre re, LA »° - séparé des autres genres déja connus; il sufhroit de les retrancher de la coloune des thoracins, et de les porter sur celle des apodés. On les y rapprocheroit des murènes, dont il seroit néanmoins facile de les distinguer par la forme de leurs yeux et les dimensions ainsi que la posi- tion de leurs nageoires. Ajoutons quecette remarque relative à l'absence de na- geoires inférieures et au déplacement qui en seroit le seul résultat, s'applique au genre des bostrychoïdes dont nous allons parler. | ; Le bostryche chinois est d’une couleur brune. On voit de chaque côté de la queue, et auprès de la nageoire qui ter- nine cette partie, une belle tache bleue, entourée d’un cercle jaune vers le corps et rouge vers la nageoire. L’animal ne paroît revêtu d'aucune écaille facile à voir. Sa tête est grosse ; l'ouverture de sa bouche arrondie; l’opercule branchial d’une seule pièce ; la première nageoire dorsale très-courte relativement à la En : PA tas ue) 204 HISTOIRE y 7 seconde ; celle de l'anus, ie ribiie ble Bi ‘presque fugue à la première dorsale: se _ montre au-dessous de la seconde nageoïré du dos; celle de la:queuc-est lancéolée. Les mouvemens et les habitudes du bos- tryche chinois doivent ressembler beau- eyes à ceux des murèniés. ol) somme | _ My ut = à pes À } 291 «- —ESÉBOSTRYCOHES "505 e LE BOSTRYCHE TACHETÉ. Cr bostryche diffère du chinois par quelques unes de ses proportions, par plusieurs de ces traits vagues de confor- _ mation que l'œil saisit et que la parole rend difficilement, et par les nuances ainsi que la disposition de ses couleurs. Ii est, en eftet, parsemé de très-petites taches vertes. SOIXANTE-DIX-SEPTIÈME GENRE. LES BOSTRYCHOÏDES. Le corps alongé et serpentiforme; une seule nageoire dorsale; celle de la queue séparée de celle du dos; deux barbillons à la md= choire supérieure; les yeux assez grands, et sans voile. it de | $ ESPÈCE. CARACTÈRES.. La nageoire de l’anus basse et longue ; celle du des, LE gosrrycaoïing | Passe et très-longue; une e pe $ A , GŒILLÉ. tache verte entourée d’un cercle rouge, de chaque côté de l'extrémité de la queue. HISTOIRE NATURELLE. 207 LE BOSTRYCHOÏDE ŒILLÉ. C: poisson est figuré dans les dessins chinois arrivés par la Hollande au Mu- séum d'histoire naturelle de France. Sa tête, son corps et sa queue sont couverts de petites écailles ;sa tête est moins grosse que la partie antérieure du corps. Les na- geoires pectorales sont petites et arron- dies; celle de la queue est lancéolée. La couleur de l'animal est brune, avec des bandes transversales plus foncées, et un très-grand nombre de petites taches vertes. Une tache verte plus grande, placée dans un cercle rouge, et semblable à une pru- nelle entourée de son iris, paroît de cha- que côté de l’extrémité de la queue. La conformation générale de ce poisson doit faire présumer que sa manière de vivre, ainsi que celle des bostryches, a beaucoup de rapports avec les habitudes des mu-> rènes. SOIXANTE-DIX-HUITIÈME GENRE. On LES É CHAN EH NT Une plaque très-grande, ovale , composée de lames transversales, et glitds sur la téte,. CE qui est déprimée. ESPÈCES. _ CARACTÈRES. 3. L’ÉCHÉNÉIS seize paires de lames, à la REMORA. plaque de la tête. 2. L’ÉCHÉNÉIS Un de vingt-deux paires de lames à la plaque de la N'AUCRATE. ; têtes Moins de douée paires de lames à la nt du de la tête, 3 L’'ÉCHÉNÉIS RAYÉ, 1 de Moins de vingt et plus dé A De PE 2ECHENEIS Rémora. __ 2. ECHENEIS Naucrale.. "| LABRE Large queue’. LT auquer Ÿ. ? , 6) ni _ PL.9 Page.209. HISTOIRE NATURELLE # v : ; L + æ s . 209 L’ÉCHÉNÉIS RÉMORA *. ] \ L *’HISTOIRE de ce poisson présente un phénomène relatif à l’espèce humaine, et que la philosophie ne dédaignera pas. Depuis le temps d’Aristote ] jusqu’ à nos jours, cet animal à été l’objet d’une at- tention constante; on l’a examiné dans ses formes, observé dans ses habitudes, * considéré dans ses effets : on ne s’est pas contenté de lu: attribuer des propriétés merveilleuses , des facultés absurdes, des forces ridicules ; on l’a regardé comme. un exemple frappant des qualités occultes départies par la Nature à ses diverses pro- ductions ; il a paru une preuve convain- cante de l'existence de ces qualités secrètes dans leur origine et inconnues dans leur L * Rémore, sucet, arrête-nef, pilote , remeligo. Fr Sucking fish, en Angleterre; sugger, dans plu- sieurs sudroits de la Belsique et dé la Hollande; piexe pogador, de pioltho , en Portu sal ; 18 Cru SAW 4 _SS 10 HISTOIRE NATURELLE essence. Il a figuré avec honneur dans les | tableaux des poètes, dans les comparai- sons des orateurs, dans les récits des voya- geurs, dans les descriptions des natura- listes ; et cependant à peine , dans le mo- ment où nous écrivons, l’image de ses traits, de ses mœurs ses effets, a-t- elle été re avec qu clque fidélité. Éocupunii} par exemple, au sujet de ce rémora, l’un des plus beaux génies de l’antiquité. « L'échénéis, dit Pline, est un petit « poisson accoutumé à vivre au milieu « des rochers : on croit que lorsqu'il s’at- « tache à la carène des vaisseaux, il en « retarde la marche; et de là vient le nom « qu "11 porte, et qui est formé de deux « mots grecs, dont l'un signifie Je retiens, «< et l’autre, zavire. Il sert à composer des « poisons capables d’amortir et d’éteindre « les feux de l'amour. Doué d’une puis- « sance bien plus étonnante, agissant par «une faculté morale, il arrête l’action de « la Justice et la Hard des tribunaux ; « CoMmpensant cependant ces qualités fu: « nestes par des propriétés utiles, il dé- « livre les femmes enceintes des accidens - Ps És Ma { DES ECHÉNÉIS. 21r « qui pourroient trop hâter la naissance « de leurs enfans ; et lorsqu'on le con- « serve dans du sel, son approche seule « suffit pour utinet du fond des puits « les plus profonds l'or qui peut y ètré « tombé. » \ Maisle naturatiite romain ajoute,avant la fin de la célèbre histoire qu'il a écrite, une peinture bien plus étonnante des at- tributs du rémora; et voyons comment il s'exprime au commencement de son trente-deuxième livre. « Nous voici parvenus au plus haut des « forces de la Nature, au sommet de tous « les exemples de son pouvoir. Une im- « mense manifestation de sa puissance «occulte se présente d’elle-même; ne « cherchons rien au-delà , n’en espérons «< pas d’égale ni de semblable : ici la Na- « ture se surmonte elle-même, et le dé- _« clare par des effets nombreux. Qu'y a-t-il \ « de plus violent que la mer, les vents, les « tourbillons et les tempêtes ? Quels plus « grands auxiliaires le génie de l’homme # S "est- il donnés queles voiles etles rames? < Ajoutez la force inexprimable des flux 3 « alternatifs qui font un fleuve de tout « l'Océan. Toutes ces puissances et toutes . LT os HISTOIRE NATURELLE «celles qui pourroient se réunir à leurs. « efforts, sont enchaînées par un seulet | / « très-petit poisson qu’on nomme éché- | « néis. Que les vents se précipitent, que. « les tempêtes bouleversent les flots, il «< commande à leurs fureurs, il brise leurs <'eflorts , il contraint de rester immobiles «des vaisseaux que n’auroit pu retenir « aucune chaîne, aucune ancre précipitée « dans la mer, et assez pesante pour ne { « pouvoir pas en être retirée. Il donne . « ainsi un frein à la violence, il domte « la rage des élémens, sans travail, sans « peine, sans chercher à retenir , etseu- # «< lement en adhérant : il lui suffit, pour « fendre aux navires d'avancer. Cepen- « dant les flottes armées pour la guerre se « chargent de tours et de remparts qui < s'élèvent pour que l’on combaitte au mi- « lieu des mers comme du haut des murs. « O vanité humaine! un poisson très*petit « contient leurs éperons armés de fer et « de bronze, et les tient enchaînées! On «surmonter tant d'impétuosité, de dé- MONEMSI ÉIOUN É NÉ TS »13 « rapporte que, lors de la bataille d’Ac- « tium, ce fut un échénéis qui, arrétant « le navire d'Antoine au moment où il etque l’on voit souvent attachée au même pois- ; son, ét, par exemple, au même Rare que les individus bruns, est distinguée par sa couleur blanchâtre. | Le corps et la queue sont couverts d’une peau molle et visqueuse, sur laquelle on ne peut appercevoir aucune parcelle écail- leuse qu'après la mort de l’animal, et lorsque les tégumens sont desséchés; et l’ensembie formé par la queue et le corps proprement dit, est d’ailleurs très-alongé et presque conique. La tête est très-volumineuse, très-ap- M platie, et chargée dans sa Aa supé= * rieure d'une sorte de bouclier ou degrande plaque. .: ù Cette plaque estalongée, ovale, amincie “ 4e DES ÉCHÉNÉIS 217 ct membraneuse dans ses bords. Son dis- que est garni ou plutôt armé de petites lam lacées transversalement et atta- chées des deux côtés d’une arète ou saillie longitudinale qui partage le disque en deux. Ces lames Ads La et arrangées ainsi par paires, sont ordinairement au nombre de trente-six, ou de dix-huit paires : leur longueur diminue d’autant plus qu’elles sont situées plus près de l'une ou de l’autre des deux extrémités du bouclier ovale. De plus, ces lames sont solides, osseuses, presque parallèles les unes aux autres, très-applaties , couchées obliquement, susceptibles d’être un peu relevées, hérissées, comme une scie, de très-petites dents , et retenues par une sorte de clou articulé. _Le museau est très-arrondi, et la mâ- choire inférieure beaucoup plus avancée _ que celle d’en-haut, qui d’anileurs est sim- 2 ple, et ne peut pas s’alonger à la volonté de l’animal : l’une et l’autre ressemblent à une lime, à cause d’un grand nombre de rangs de dents très-petites qui y sont attachées. 19 À! ah 218 HISTOIRE NATURELLE D'autres dents également très-petites sont placées autour du gosier 2 éminence osseuse faite en forme d fer-à- cheval et attachée au palais, et sur la langue, qui est courte, large, arrondie par-devant, dure, à demi cartilagineuse, et retenue en dessous par un frein assez court. | : Au reste, l'intérieur de la bouche cst d’un incarnat communément très-vif, et l'ouverture de cet organe a beaucoup de rapports, par sa forme et par sa grandeur proportionnelle, avec l’ouverture de la bouche de la lophie baudroie. L’orifice des narines est double de cha- que côté. Les yeux, placés sur les côtés de la tête, et séparés par toute la largeur du bou- clier, ne sont mi voilés ni très-saillans. Deux lames composent chaque oper- cule des branchies, ct une peau légère | le recouvre. La membrane branchiale est soutenue par neul rayons. À Les branchies sont au nombre de quatre de chaque côté, et la partie concave de leurs arcs est denticuléc. L dr DES ÉCHÉNÉIS. 219 Les : nageoires thoracines offrent la mème “ai , mais non pas la même largeur , que Îles pectorales : elles com- prennent chacune six rayons; le plus ex- térieur cependant touche de si près le rayon voisin, qu'il est très- difficile de l'appercevoir. _ La nageoire du dos et celle de l’anus présentent à peu près la même figure, la même étendue et le mème décroissement en hauteur, à mesure qu'elles sont plus près de celle de la queue, qui est four- chue *. | L’orifice de l’anus consiste dans une fente dont les bords sont blanchâtres. La ligne latérale est composée d'une série de points saillans; elle part de la base des nageoires pectorales, s'élève vers le dos, descend auprès du milieu du * À la naéeoire du .dos...,:...:..-22 rayons, chacune des pectorales.....,. 25 à chacuue des thoracines.., ... 6 HP AE l'anus, 0 Un 0" 22 celle de la queue. resssesseee 17 Vertèbres dorsales, 12. Verièbres caudales, 15, [272 2° Ex corps , et tend ensuite directemen la nageoire de la queue. Pr Telle est la figure du rémora, tracée d’après le vivant par Commerson, et dont J'ai pu vériñer les traits principaux, en examinant un grand nombre d'individus de cette espèce conservés avec soin dans diverses collections. Ce poisson présente les mêmes formes dans les diverses parties, non seulement de la Méditerranée, mais encore de l’O- céani, soit qu’on l’observe à des latitudes élevées, ou dans les portions de cet Océan comprises entre les deux tropiques. _ Il s’attache souvent aux cétacées et aux poissons d’une très-grande taille, tels que les squales, et particulièrement le squale requin. Il y adhère très-fortement par le moyen des lames de son bouclier, dont les petites dents lui servent, comme au- tant de crochets, à se tenir amponné. Ces dents, qui hérissent le bord de.toutes les lames, sont si nombreuses, et muiti- plient à un tel degré les points de contact et d'adhésion du rémora, que toute la force d’un homme très-vigoureux ne peut : à 6 ‘ds » pas suffire pour arracher ce petit poisson du côté du squale $ur lequel il s’est ac- croché, tant qu’on veut l’en séparer dans un sens opposé à la direction des lames. Ce n’est que lorsqu'on cherche à suivre | cette direction et à s’aider de l'inclinai- son de ces mêmes lames, qu’on parvient aisément à détacher l’échénéis du squale, ou plutôt à le faire glisser sur la surface du requin-, et à l’en écarter ensuite. Commerson rapporte * qu'ayant voulu approcher son pouce du bouclier d’un ré- mora vivant qu'il observoit, il éprouva une force de cohésion si grande, qu’une stupeur remarquable et même une sorte . de paralysie saisit son doigt, et ne se dis- sipa que long-temps après qu'il eut cessé de toucher l’échénéis. , Le même naturaliste ajoute, avec rai- son , ques.dans cette adhésion du rémora au squale , le premier de ces deux pois- sons n’opère aucune succion , COMME on l'avoit pensé ; et la cohérence de l’éché- néis ne lui sert pas immédiatement à se * Manuscrits déja cités. 19. Da PAS ET net RE DT. MMA à LS ah OIRE NATUREUT nourrir , puisqu'il n’y a aucune commu nication proprement dite entre les lames: de la plaque ovale et l'intérieur de la bouche ou du canal alimentaire, ainsi que je m'en suis assuré, après Commer- son, par la dissection attentive de plu- Ê sieurs individus. Le rémora ne s'attache, par le moyen des nombreux crochets qui hérissent son bouclier, que pour naviguer sans peine, profiter, dans ses déplace- mens, de mouvemens étrangers, et se nourrir des restes de la proie du requin, comme presque tous les marins le disent, et comme Commerson lui-même l’a cru vraisemblable. Au reste , il demeure collé avec tant de constance à son conducteur, que lorsque le requin est pris , et quece squale , avant d'être jeté sur le pont , _ éprouve des frottemens violens contre les bords du vaisseau , il arrive LPO Tee que le rémora ne cherche pas à s'échap- per, mais qu'il demeure cramponné aw corps de son terrible compagnon jusqu’à la mort de ce dernier et redoutable ani- mal, Commerson dit aussi que lorsqu'on met is il 40 aur de ie a à ” (mi ÿ ‘4 Me s ÉCHÉNÉIS 223 ün rémora daus un récipientrempli d'eau de mer plusieurs fois renouvelée en très- peu de temps, on peut le conserver en vie pendant quelques heures , et que l'on voit presque toujours cet échénéis, privé _dessoutien et de corps étranger auquel il puisse adhérer, se tenir renversé sur le dos, et ne nager que dans cette position très-extraordinaire. On doit conclure de ce fait très-curieux, et qui a été observé par un naturaliste des plus habiles et des ris dignes de foi, que lorsque le rémora change dé place au milieu de l'Océan par le seul effet de ses propres forces, qu'il se meut sans appui, qu'il n’est pas trans- porté par un squale, par uu cétacée ou par tout autre moteur analogue , et qu’il nage véritablement, il s’avance le plus souvent couché sur son dos, et par con- séquent dans une position contraire à celle que presque tous les poissons pré- sentent dans leurs mouvemens. L’inspec- tion de la figure générale des rémoras, et particulièrement la considération de la grandeur , de la forme, de la nature et de la situation de leur bouclier, doivent 224 mr IRE RARE “ 4 faire pré ésumer que leur centre délgravitdl est placé de telle sorte, qu'il les déter- mine à voguer sur le dos plutôt que sur. le ventre; et c’est ainsi que leur p inférieure étant très-fréquemment ex . sée, pendant leur natation, à une quam- tité de lumière plus corsidlételé que leur partie supérieure , et d’ailleurs recevant également un très-grand nombre de rayons lumineux , lorsque l’anima est. attaché par son bouclier à un squale ou à un cétacée, 1l n’est pas surprenant que le dessous du corps de ces échénéis pré- sente une nuance aussi foncée que le dessus de ces poissons. Lorsque les rémoras ne sont pas à portée de se coller contre quelque grand habi- tant des eaux, ils s’accrochent à la ca- rène des vaisseaux ; et c’est de cette habi-. tude que sont nés tous les contes que l'antiquité a imaginés sur ces animaux, et qui ont été transmis avec beaucoup de soin, ainsi que tant d’autres ab-, surdités, au travers des siècles d'igno- rance. Du milieu de ces suppositions ridicules LL. ti ñ LUE | \ CPU AT | AT a Ù send de DIE S ÉCHÉNETS . 225 À Al jaillit cependant une vérité : c’est que dans les instans où la carène d’un-vaisseau est hérissée , Pour ainsi dire, d’un très- % nd nombre d’échénéis, elle éprouve, en*Ciuglant au milieu des eaux, une ré istance semblable à celle que feroient à des animaux à coquille tres-nom- breux et attachés également à sa sur- face, qu’elle glisse avec moins de facilité au travers d’un fluide que choquent des aspérités, et qu’elle ne présente plus la ne vitesse. Etilne faut pas croire queles ‘circonstances où les échénéis se trouvent ainsi accumulés contre la charpente ex- térieure d’un navire, soient extrêmement rares dans tous les parages : il est des mers où l’on a vu ces poissons nager en grand nombre autour des vaisseaux, ct les suivre ainsi en troupes pour saisir les matières animales que l’on jette hors du bâtiment, pour se nourrir des substances corrompuss dont on se débarrasse , et même pour recueillir jusqu'aux excré- mens. C’est ce qu’on a observé particu- lièrement dans le golfe de Guinée; et voilà pourquoi, suivant Barbot, les Hol- Din dE in 226 HISTOIRE NATURELBE landois qui fréquéntent la côte.occidens tale d'Afrique, ont nommé les rémords poissons d’ordures. Des rassemblemens sem- blables de ces échénéis ont été apperçus quelquefois autour des grands squales,, et sur-tout des requins, qu'ils paroissent suivre , envirouner et précéder sans crainte, et dont on dit qu'ils sont alors les pilotes ; soit que ces poissons redou- tables aient , ainsi qu'on l'a écrit ,, une sorte d’antipathie contre le goût ou l’o- deur de leur chair, et dès-lors ne cher- « chent pas à les dévorer ; soit que les ré- à. moras aient assez d’agilité, d'adresse ou de ruse , pour échapper aux dents meur- trières des squales, en cherchant, par exemple, un asyle sur la surface même de ces grands animaux, à laquelle ils peuvent se coller dans les instans de leur plus grand danger, aussi-bien que dans les momens de leur plus grande fatigue. Ce sont encore de: réunions analogues et par conséquent nombreuses de ces éché- néis, que l’on a remarquées sur des ro- chers auxquels ils adhéroient comme sur la carène d’un vaisseau, ou le corps d’un Fe nr . 4 1 DES ÉCHÉNEÉIS. 27 requin ,sur-tout lorsque l'oragé avoit bou- leyersé la mer, qu’ils craignoient de se livrer à la fureur des ondes, et que d’ail- leurs la tempête avoit déja brisé leurs forces. : pe rs NO A LR 228 HISTOIRE NATURELLE A L’ÉCHÉNÉIS NAUCRATE. { Oxtrouve dans presque toûtes les mers ; et particulièrement dans celles qui sont comprises entre les deux tropiques, cette espèce d’échénéis, qui ressemble + 4 coup au rémora, et qui en diffère cepen- dant non seulement par sa grandeur, mais encore par le nombre des paires de lames que son bouclier comprend, et par quelques aütres traits de sa conforma- tion. On lui a donné le nom de zaucrate, ou de raucrates, qui, en grec, signifie pilote, ou conducteur de s'aisseau. Les in- dividus qui la composent , parviennent quelquefois jusqu’à la longueur de vingt- trois décimètres, suivant des mémoites manuscrits cités par le professeur Bloch, et rédigés par le prince Maurice de Nas- sau, qui avoit fait quelque séjour dans M plusieurs contrées maritimes de J'Amé- rique méridionale. Le bouclier placé au- CS CRT + L DES ÉCHÉNÉIS. 2% dessus de leur tête présente toujours plus de vingt-deux et quelquefois vingt-six paires de lames transversales et dentelées, D'ailleurs la nageoire de la queue du naucrate , au lieu d’être fourchue comme celle du rémora , est arrondie ou recti- ligne. De plus, les nagcoires du dos et de l'anus, plus longues à proportion que sur le rémora, montrent un peu la forme d’une faux *. ; La figure de l’une de ces deux nageoires est semblable à celle de Pautre. L’ouver- ture de l'anus est alongée, et située, à peu près, vers le milieu de la longueur totale de l’échénéis ; et la ligne ut composée de points très-peu sensibles, s’approche d’abord du dos, change en- suite de direction, et tend vers la queue, à l'extrémité de laquelle elle parvient. Le naucrate offre des habitudes très- * À la membrane des branchies.… Q rayons. M la \aseorre du dust st..24,.: 40 à chacune des péclorales.: 0... 20 à chacune des thoracines......., 4 ou 5 ocelle dé) ans. das sus je sauce, 4 None dé queue... ..,.. 20 Poissons. VI. 20 sd à dsl di di id V4 #30 HISTOIRE NATURELLE . ‘analogues à celles du rémora ; on le ret- contre de même en assez grand nombre autour des requins. $e$ mouvemeéns ne sont pas toujours faciles : mais comme il est plus grand et plus fort que le rémora , il se uourrit quelquefois d'animaux à co. quille et de crabes; et lorsqu’ il adhère à un corps vivant ou inanimé, il faut des eforts bien plus grands pour l’en déta- cher que pour séparer un rémora de son appui. Commerson , qui l'a obEVE sur les rivages de l'île de France, a écrit que ce poisson fréquentoit très-souvent la côte de Mozambique, et qu’auprès de cette côte on employoit pour la péche des tor- tues marines, ét d’une manière bien re- marquable, la facilité de se cramponnér dont jouit cet échénéis. Nous croyons devoir rapporter ici ce que Commerson a recueilli au sujet de ce fait très-curieux, le seul du même genre que l’on ait encore observé. On attache à la quete d’un naucrate vivant, un anneau d’un diamètre assez large pour ne pas incommoder le pois- fr A Er ail DESLÉCHÉNÉIS , 23% son, et assez étroit pour être retenu par la nageoirecaudale.: Une corde très-longue tient à cet anneau. Lorsque l’échénéis est ainsi préparé, on le renferme dans un vase plein d’eau salée , qu'on renouvelle très-souvent ; et les pêcheurs mettent le vase dans leur barque. Ils voguent ensuite vers les parages fréquentés par les tortues marines. Ces tortues ont l'habitude de dormir souvent à la surface de l’eau sur laquelle elles flottent ; et leur sommeil est alors si léger, que l'approche la moins bruyante d’un bateau pêcheur sufiroit pour les réveiller et les faire fuir à de grandes distances ,ou plonger à degrandes profondeurs. Mais voici le piége que l’on tend de loin à la première tortue que l'on appercoit endormie. On remet daus la mer le naucrate garni de sa longue corde: l'animal , délivré en partie de sa capti- vité, cherche à s'échapper en nageant de tous les côtés. On lui lâcheune longueur de corde égale à la distance qui sépare la tortue marine, de la barque des pêcheurs. Le naucrate, retenu par ce lien, fait d’a- bord de nouveaux efforts pour se sous- a of He |A Éd à d'éd si ANS tua dé URLS dE QU ai 232 HISTOIRE NATURELLE traire à la main qui le maîtrise ; sentant bientôt cependant qu'il s'agite en vain, et qu’il ne peut se dégager , il parcourt tout le cercle dont la corde est en quel- que sorte le rayon, pour rencontrer un point d'adhésion , et par conséquent uæ peu de repos. Il trouve cette sorte d’asyle sous le plastron de la tortue flottante, Sy attache fortement par le moyen de son bouclier , et donne ainsi aux peécheurs, auxquels il sert de crampon, le moyen de tirer à eux la tortue en retirant la corde. On voit tout de suite la différence re- marquable qui sépare cet emploi du nau- crate, de l’usage analogue auquel on fait PAU plusieurs oiseaux d'eau ou de rivage , et particulièrement des cormo- rans, des hérons et des butors. Dans la pêche des tortues faite par le moyen d’un échénéis, on n’a sous les yeux qu'un poisson contraint dans ses mouvemens, mais conservant( la méme tendance, fai- sant lesmémes efforts , répétant lesmêmes : actes que lorsqu'il nage en liberté, etn'é- | tant qu’uu prisonnier qui cherche à bri- A de on M oui M dot HP à Leading ; | | ; | | DES ÉCHÉNÉITS)\ 283: ser ses chaînes, tandis que les oiseaux élevés pour la Déehe sont altérés dans leurs habitudes, et modilés par l’art de l'homme, au point de servir en esclaves - volontaires ses caprices.et ses besoins. On a pu entrevoir dans deux de nos Dis- cours généraux *, la cause decette diffé- rence ,; qui mérite toute l'attention des physiciens. s * Discours sur la nature des poissons, et Dis- cours sur la durée des espèces. “ Sn de tr « ET RON IE 74 SON PA. OO NE Pt 1 # SAUT £ F % 234 HISTOIRE NATURELLE 2) ' ef L’ÉCHÉNÉIS RAYÉ. Ls naturaliste anglois, Archibald Men- zies, a donné, dans le premier volume des Transactions de la société Linnéenne de Londres, la description de ce poisson, qui diffère des deux échénéis dont nous venons de parler, par le nombre des lames qui composent sa plaque ovale. En effet, cet osseux n’a que dix paires de stries transversales, dans l’espèce de bou- clier dont sa tête est couverte. D'ailleurs sa nageoire caudale , au liéu d’être four- chue comme celle du rémora, ou recti- ligne, ou arrondie comme celle du nau- crate , se termine en pointe. Sa mâchoire inférieure est plus longue que la supé- rieure. Les dents des deux mâchoires sont petites, ainsi que les écailles qui reveétent l'animal. La couleur générale est d’un brun foncé , et relevée de chaque côté par deux raies blanches qui s'étendent AA ec 21 CO D LE L ï \ » j ' DES ÉCHÉÈNÉIS 2% depuis les yeux jusque vers le bout de la queue. L'échénéis rayé se trouve dans le grand Océan , connu sous le nom de »”1er Pacifique : on l'y a vu adhérer à des tor- tues. L'individu décrit par l’auteur an- glois avoit treize centimètres de loug*. * À la membrane branchiale......, 10 rayons. à la Device dorsale.0...044733 à ne des ‘pettorales. .....:. 18 à chacune des thoragines. .L.... 5 arelleude anus 1,2... 33 aechlé delaqueue...}...,..., 14 € SOIRANTE-DIX-NEUVIÈME-GENRE. | LES MACROURES. … Deux nageoires sur de dos; la queue deux Jois plus longue que le corps. f ESPÈCE. CARACTÈRES. Le premier rayon de la pre« RD ? mivre, nageolre dorsale, À. .dentelé par-devant; les BERGLAX. en | : écailles aiguillonnées, et relevées en carène. \ 1 MACROURE Berglaæ - { 2.CORYPHENE Doradon - 3, CONDUCTEUR Centronote : ERREURS ET x 4 Jauquer. , € HISTOIRE NATURELLE. 237 LE MACROURE BERGLAX. Auprès des rivages du Groenland et de l'Islande, habite ce macroure que Bloch et Gunner ont cru, avec raison, devoir placer dans un genre particulier. La lon- gueur de sa queue sépare sa forme de celle des autres poissons thoracins, et donne un caractère particulier à ses habi- tudes, en accroissant l’étendue de son principal instrument de natation, et en douant cet osseux d’une force particulière poursemouvoir avec vitesse au milieu des mers hyperboréennes. Long d’un mètre, ou environ , il fournit un aliment utile et quelquefois même abondant aux peu- plades de ces côtes groenlandoises et islan- doises , si peu favorisées par la Nature, et condamnées, pendant une si grande partie de l’année, à tous les effets funestes d’un froid excessif. Son nom de berslax vient des rapports qu'il a paru présenter avec le saumon que l’on nomime /achs, ou laz, dans plusieurs lavgues du Nord, Ne re NMÉOL AVS CARS 4 OA LL Lit Éd US D nn et UE À \ 238 HISTOIRE NATURELLE : et des rochers au milieu desquels il sé- journe fréquemment. Sa tête est grande et large; ses yeux sont ronds et saillans; les ouvertures des narines doubles de chaque côté ; et les deux mâchoires pro prement dites, à peu près égales. Cepen- dant le museau est très-avancé au-dessus de la mâchoire supérieure, qui est armée ordinairement de cinq rangées de dents; et la mâchoire inférieure, qui n’en montre que trois rangées, estgarnie d’un filament ou barbillon semblable , par sa forme, sa nature et sa longueur, à celui de SR sieurs gades. La langue est courte, épaisse, cartilagineuse, blanche, et lioue comme le palais. Un opercule d’une seule pièce couvre une grande ouverture branchiale. L’anus est plus près de la tête que de l’ex- trémité de la queue. La ligne latérale se rapproche du haut du corps, dans une grande partie de sa direction, Deux na- gcoires s'élèvent sur le dos; la seconde est réunie avec celle de la queue, qui touche aussi celle de l'anus; et les écailles qui recouvrent ce 72acroure, OU, C6 Qui est la même chose , ce poisson à longue « DES MACROURES. 239 queue, sont relevées par une arête qui se termine en pointe ou en aiguillon !. Présentant d’ailleurs un éclat argentin, ces écailles donnent une teinte très-bril- Jante au berglax , dont la partie supé- rieure montre néanmoins une couleur plus foncée ou plus bleuâtre que l’infé- rieure ; et les nageoires ajoutent quelque- fois à la parure de l’animal, en offrant une nuance d’un assez beau jaune, et une bordure bleue qui fait ressortir ce fond presque doré. à Le berglax fraye assez tard. On le pêche avec des lignes de fond ? : lorsqu'il est pris, il se débat violemment, agite avec force sa longue queue, anime ses gros yeux, et se gonfle d’une manière assez analogue à celle que nous avons observée en parlant des tétrodons. 3 À la membrane des branchies., 6 rayons. à la première nageoire du dos... 11 ebaden ia . LL. er ta à chacune des pectorales....... 19 à chacune des. thoracines...,... "7 Joie de lanus.. ie dans. T4 ? Voyez ce que nous avons dit des lignes de fond, daus histoire de LR rmurène congre. st DL. . RL QUATRE-VINGTIÈME GENRE. | LES CORYPHÈNES. Le sommet de la téte très-comprimé et comme tranchant par le haut, ou très élevé et finissant sur le devant par un plan presque: vertical, ou terminé antérieurement par un quart de cercle, ou garni d’écailles semblables à celles du dos; une seule na= geoire dorsale; et cetté nageoire. du dos presque aussi longue que le corps et la queue. | PREMIER SOUS-GENRE. La nageoire de la queue, fourchue. ESPÈCES. CARACTÈRES. ! Soixante rayons, ou envi= ron , à la nageoire du dos ; plus de six rayons à 14 | membrane des branchies ; TI. LE CORYPHÈNE plus d’un rang de denis à HIPPURUS. chaque mâchoire ; une seule lame à chaque oper- cule ; des taches sur la plus grande partie du corps et de la queue. pe, Mr Lis sud : dd $ br AL RARE : me * [4 HISTOIRE NATURELLE. 9241 ESPÈCES. CARACTÈRES. + Cinquante rayons, ou envi= rou , à la nagcoire du dos; 2. LE CORYPHÈNE six rayons à la membrane DORADON. brancliale ; des taches sur la partie supérieure du corps et de la queue. Cinquante-buit rayons à la nageoire du dos ;six rayons à la membrane des bran- F chies ; la langue osseuse | dans le milieu, et cartila= 8: LE CORYPHÈNE CHRYSURUS. gineuse dans les bords; un seul rang de dents à cliaque mâchoire ; deux James à chaque opercule; des ta- ches sur la plus grande pratie du corps et de la queuc. Cinquante-cinq rayons, ou environ, à la nageoire du | dos; cette nageoire dor- 4. LE CORYPHÈNE Ÿ sale très-festonnée au-des- SCOMBÉROIÏDE: sus de la queue ; la langue bisanguleuse par-devant, osseuse dans son mibeu, et carlilagineuse dans ses 21 0 # 242 HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. #. LE CORYPHÈNE SCOMBÉROIDE. CARACTÈRES. bords; point de dents sur le devant du palais; point de taches sur le corps ni sur [a queue. fCinquante-quatre rayons, ou environ, à la nageoire du dos ; la ligne latérale droite ; des bandes trans- versales placées sur Ja na- geoire dorsale, et s’éten- ‘dant sur le dos et les cô- iés, où elles ondulent et se réunissent les unes aux autres. { Trente-cinq rayons, ou en= 6. LE CORYPHÈNE POMPILE. / viron, à la nageoïre du dos; la mâchoire infé- rieure plus avancée que la supérieure ; la ligne laté- rale courbe; des/bandes transversales et étroites, DES CORYPHÈ MONTS de SECOND SOUS-GENRE. La nageoire de la queue en croissant. ESPÈCES. CARACTÈRES. Dix-neuf rayons, ou envi- ron, à la uageoire du dos; 7, LE CORYPHÈNE les écailles grandes; toute cents Ja surface du poisson, d’une couleur bleue. Quatre-vingts rayons, ou en- viron, à la nageoire du $ | [PHÈNE 9. LE CORY dos ; un grand nombre de PLUMIER. 2 : . raies étroites, courbes et bleues, situées sur le dose TROISIEME SOUS-GENRE. \ La nageoire de la queue, rectiligne. ESPÈCES. CARACTÈRES. La partie supérieure termi- née par une arête aiguë; des raies bleuâtres, et croisées sur la tête et sur les nageoires. 0. LE CORYPHÈNE | RASOIR. | 2 48n) Mo EN dl dd bd + en LÉ LOT M a oo a 244 HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. __ CARACTÈRES. La nageoire dorsale com- mencani à locciput, com- posée de trente rayons, ou environ , et très-basse, 30. LE CORYPHÈNE à. PERROQUET: … ainsi que celle de l’anus; la ligne latérale interrom= pue; des raies longitudi= nales et vivement colorées sur les nageoires. | Trente-deux rayons à la na- 31, LE CORYPHÈNE}) geoire du dos; la levre 1in- CAMUS. À férieure plus avancée que la supérieure, QUATRIÈME SOUS-GENRE. La nageoire de la queue, arrondie, ESPÈCES. CARACTÈRES. L’extrénuté antérieure de chaque mâchoire garnie de 32. LE CORYPHÈNE deux dents ngués, tres- RAYÉ. longues, et écar tées l’une de l'autre ; les écailles grandes; la tête dénuée défini nada ds DES CORYPHÈNES. ESPECES: Ai Mare) RAYÉ. Î dite: D ae, qta 7. L'iéi Pndadtat fi 1, DE, ARR É VA \ el L' LU Dan 5 7:17 545 C AR ACTERES. décailles semblables x celles du dos, et présen- tant plusieurs transversales. bandes La nageoire du. dos très- 3. LE CORYPHÈNE CHINOIS. longue ; celle de l'anus as- sez courte; Ja mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure , et re- levée ; de grandes écailles sur le corps et sur les opercules ; la couleur gé- nérale d'un verd argentine CINQUIÈME SOUS-GENRE. La nageoire de la queue, lancéolée. ESPÈCE. 14. LE CORYPHÈNE POINTU. CARACTÉÈÉRES. Quarante-cinq rayons à la nageoire du dos; la ligne latérale courbe. 21 ee, Pos ZE As PE PAM RTE NET RL TO PNEU VO TRE 246 HISTOIRE NATURELLE . Espèces dont la forme de la nageoire de la queue n’est pas encore connue. ‘à ESPÈCES. - CARACTÈRES, La nageoire du dos, celle de 15.LE CORYPHÈNE À .l’anus, et les thoracines, VERD. À garnies chacune d’un long filament. Trente-deux rayons à la na 16. LE CORYPHÈNE } geoire du dos; une lame CASQUÉ. osseuse sur: le sommet de Ja tête. | | DES CORYPHÈNES., 24 LE CORYPHENE HIPPURUS *. D; tous les poissons qui habitent Ia haute mer, aucun ne paroît avoir recu de parure plus magnifique que les cory- phènes. Revêtus d’écailles grandes et po- lies , réfléchissant avec vivacité les rayons du soleil, brillant des couleurs les plus variées, couverts d'or, pour ainsi dire, et resplendissant de tous les feux du dia- mant et des pierres orientales les plus pré- cieuses, ils ajoutent d'autant plus, ces coryphènes privilégiés, à la beauté du spectacle de l'Océan, lorsque , sous un ciel sans nuages, de légers zéphyrs com- mandent seuls aux ondes, qu'ils agent fréquemment à la surface de eaux, qu'on les voit, en quelque sorte, sur le sommet des vagues, que leurs mouvemens très- + Drède | ; rondanino , sur ha côte de Gênes; lampugo , en Espagne; dolphin , en Anpgleterre ; dorado , dans plusieurs autres endroiis de} Europe, “8 HISTOIRE NATURELLE | agiles et très-répétés multiplient sans cessé | les aspects sous lesquels on les considère, ainsi que les reflets éclatans qui les dé- corent, et que, voraces et audacieux , ils: ntbbLete en grandes WpuRes les vais- seaux qu ‘ils rencontrent, et s'en appro- chent d'assez près pour ne rien dérober à l'œil du spectateur, de la variété ni de la richesse des nuances qu'ils étalent. C’est pour indiquer cette prééminence des co= ryphènes dans l'éclat et dans la diversité de leurs couleurs, ainsi que dans la vélo- cité de leur course et la rapidité de leurs évolutions, et pour faire allusion!d’ail- leurs à la Ladies à laquelle ils se plai- sent à nager, que J suivant plusieurs écri- vains , ils ont reçu Île nom générique qu'ils portent, et qui vient de deux mots grecs, dont l’un, »opvon, Veut dire som- met, et l’autre, ww, signiñe je rage. On a également prétendu que la dénomina- tion de coryphène, employée dès le temps des anciens naturalistes, désignoit une des formes les plus remarquables des pois- sons dont nous parlons, c'est-à-dire, la position de leur nageoire dorsale, qui DES CORYPHÈNES. 24 commence très-près du haut de la tête. Quelque opinion que l’on adopte à cet égard, on ne peut pas*douter que le nom particulier d’Aëppurus, ou de queue de che- val, donné à l’une des plus belles espèces de coryphène, ne vienne de la conforma- tion de cette même nageoire dorsale, dont les rayons très-nombreux ont quelques rapports avec les crins du cheval. Cet hippurus, qui est l’objet de cet article, parvient quelquefois jusqu’à une lon- gueur d’un mètre et demi. Son corps est comprimé aussi-bien que sa tête; l’ou- verture de sa bouche très-grande; sa langue courte; ses lèvres sont épaisses; ses mâchoires garnies de quatre rangs de dents aiguës et recourbées en arrière. Un opercule composé d’une seule pièce couvre uue large ouverture branchiale *; la ligne latérale est fléchie vers la poitrine, * À Ja membrane des branchies.... 10 rayons, A4 maseoime du dos:, .:...,... Co à chacune des pectorales........ 20 à chacune des thoracines......., 6 rene de launs ip 0, 0 26 ancelle dela queue,, .::.,,..,.4,2e M DEN Pr VAR Peu PTS, ve St Ni NÉE RAD à ; 250 HISTOIRE NATURELLE. et droite ensuite jusqu’à la nageoire.cau: dale, qui est fourchue; les écailles sont « minces, mais fortement attachées. À l'indication des formes ajoutons : l'exposition des nuances , pour achever … de donner une idée de ce sûperbe cory- phène. Lorsqu'il est vivant, dans l’eau, et en mouvement, il AUTA sur le doé d’une couleur d’or très-éclatante, mélée à une belle teinte de bleu ou de verd de mer, que relèvent des taches dorées et le jaune doré de la ligne latérale. Le dessous du corps est argenté. Les nageoires pecto- rales et thoracines présentent un Jaune très-vif, à la splendeur duquel ajoute la teinte brune de leur base ; la nageoire caudale, qui offre la méme nuance de jaune, d’ailleurs bordée de verd; celle de l’anus est dorée ; et une PH des plus riches fait remarquer lcs nombreux rayons de la nageoire dorsale , au milieu de la membrane d’un bleu céleste qui les réunit. C'est ce magnifique assortiment de cou- leurs d’or et d'azur qui trahit de loin le coryphène hi purus, lorsque, cédant à DES CORYPHÈNES. 251 sa voracité naturelle , il poursuit sans relâche les trigles et les exoccts, dont 1l aime à se nourrir, contraint ces pois-7 sons volans à s'elancer hors de l’eau , les suit d'un regard assuré , pendant que ces animaux bi mé parcourent dans Pair leur demi-cercle , et les recoit, pour ainsi dire, dans sa gueule, à l’instant où, fati- sgués d’agiter leurs nageoires pectorales, etne pouvant plus soutenir dans l’atmos- phère leurcorps trop pesant, ilsretombent au milieu de leur fluide natal, sans pou- voir y trouver un asyle. Non seulement les hipparus cherchent ainsi à satisfaire le besoin impérieux de la faim qui les presse, au milieu des bandes nombreuses de poissons moins grands et plus foibles qu'eux; mais e- core, peu difbciles dans le choix de _Jéurs alimens , ils voguent eh grandes troupes Jess des vaisseaux , Îles ac- compaguent avec constance, et saisissent avec tant d’avidité tout ce que les pas- sagers jettent dans la mer, qu'on a trouvé dans l'estomac d’un de ces poissens jus- qu’à quatre clous de fer, dont un avoit A NS ARS M RU LL M A NP X Li 252 HISTOIRE NATURELLE - plus de quinze centimètres de longueur: On profite d'autant plus de leur glou- tonnerie pour les prendre, que leur chair w est ferme, et très-agréable au goût. Pen dant le de de leur frai, c’est-à-dire, dans le printemps et dans l’automne, on les pêche avecdesfilets auprès des rivages, vers lesquels ils vont déposer ou féconder leurs œufs ; et dans les autressaisons, où _ ils préfèrent la haute mer, on se sert de lignes de fond*, que la voracité de ces coryphènes rend très - dangereuses pour cesanimaux. Ce qui fait d’ailleurs que leur recherche est facile et avantageuse, c’est qu’ils sont en très-grand nombre dans les parties de la mer qui leur conviennent, parce qu'indépendamment de leur fécon- dité, ils croissent si vite, qu’on les voit grandir d'une manière très-prompte dans les nasses où on les renferme après les avoir pris en vie. Ils vivent dans presque toutes les mers chaudes etmême tempérées. On les trouve * Voyez, sur les lignes de fond , l’article de law raie bouclée, et celui de la murène congre. R vs non seulement dans le grand Océan équa- torial, improprement appelé mer Paci- fique, mais encore dans une grande por- tion de l'Océan atlantique, et jusque dans la Méditerranée. | A2 DES CORYPHÈNES 292 2 rw - Nous conservons ce nom de doradon À à un coryphène qui a plusieurs traits | communs avec l’hippurus, mais qui en i diffère par plusieurs autres. Ilen estséparé par le nombre des rayons de la nageoire” dorsale, qui n’en renferme que cinquante: ou environ, par celui des rayons de la membraue des branchies, qui n’en com- prend que six , pendant que la membraneh branchiale de l’hippurus en présente sept et quelquefois dix, et de plus par la dis-\ position des taches couleur d’or qui ne sout disséminées que sur la partie supé-# rieure du corps et de la queue. D'ailleurs. « en jetant les yeux sur une peinture exé-M cutée d’après les dessins coloriés et origi=. maux du célèbre Plumier, laquelle fait partie de la belle ae de peinture sur vélin déposées dans le Muséuin d’his= toire naturelie, et qui représen ite ave DES CORYPHÈNES. 255 autant d'exactitude que de vivacité les brillantes nuances du doradon, on ne peut pas douter que ce dernier coryphène n'ait chacun des opercules de ses bran- chies composé de deux lamés , pendant que l’opercule de l'hippurus est formé d’une seule pièce. On pourra s’en assurer en examinant la copie de cette peinture, que nous avons cru devoir faire graver. Au reste, l’agilité, la voracité et les autres qualités du doradon, ainsi que les diverses habitudes de ce poisson, sont à peu près les mêmes que celles de l’hippurus ; et on le trouve également dans un grand nombre de mers chaudes ou tempérées *. * À Ja membrane des branchies... 6 rayons. A lamasboire dorsale. ..,.....153 à chacune des pectorales......... 19 à chacune des thoracimes....,.: 6 da delangs ss cash del 22 20e de là queue... ni... «28 256 HISTOIRE NATURELLE \ LE CORYPHÈNE CHRYSURUS *. C’rsr dans la mer Pacifique , ou plu- tôt dans le grand Océan équatorial , que ce superbe coryphène a été vu par Com- merson, qui accompagnoit alors notre célèbre navigateur Bougainville. Il Pa observé sur la fin d'avril de 1768, vers le 16° degré de latitude australe, et le 170€ de longitude. Au premier coup d’œil, on croiroit devoir le rapporter à la même espèce que l’hippurus; mais en le décri- vant d’après Commerson , nous allons montrer aisément qu’il en diffère par un grand nombre de caractères. Toute la surface de ce coryphène, et particulièrement sa queue, brillent d’une couleur d’or très -éclatante. Quelques nuances d'argent sont seulement répan- dues sur la gorge et la poitrine; et quel- * Dorat de la mer du Sud. DÉS CORYPHÈNES. 257 ques teintes d’un bleu céleste jouent, pour ainsi dire, au milieu des reflets do- rés du sommet du dos. Une belle couleur d'azur paroît aussi sur ies nageoires , prin- cipalement sur celle du dos ét sur les pec- torales ; elle est relevée sur les thoracines par le jaune d’une partie des rayons, et sur celle de l’anus , par les teintes dorées avec lesquelles elle y est mêlée; mais elle ne se montre sur la nageoire de la queue que pour y former un léger liséré, et pour y encadrer, en quelque sorte, l’or resplen- dissant qui la recouvre, et qui a indiqué le nom du coryphène *. ne At Ajoutons, pour achever de peindre la magnifique parure du chrysurus, que des taches bleues et lenticulaires sont répau- dues sans ordre sur le dos, les côtés et la partie inférieure du poisson, etscintillent _ au milieu de l'or, comme autant desaphirs enchâssés dans le plus riche des métaux. L’admirable vêtement que la Nature a donné au chrysurus , est donc assez dif- férent de celui de l'hippurus, pour qu’on * Chrysurus signifie queue d’or. / 58 HISTOIRE NATURELLE ne se presse pas de les confondre danse. L même espèce. Nous allons les voir séparést par des caractères encore plus constans et plus remarquables. TE Mis VU UE Le corps du chrysurus, dent et» très-comprimé, est terminé dans ke haut » par une sorte de carène aiguë,quis'étend, depuis la tête jusqu’à la nageoire de la. queue ; et une semblable carène règne. en-dessous , depauis cetteanême nageoire caudale jusqu’à l'anus, La partie antérieure et supérieure des la tête représente assez exactement un: quart de cercle, et se termine dans.le. haut par une sorte d’arête aiguë. La mâchoire inférieure, qui se relève vers la supérieure, est un peu plus longue que cette dernière. Toutes les deux sont » # e | } composées d’un os qu'hérissent des dents: trés-petites ; trèés-courtes , très - aiguës, assez écartées l’une de l’autre, placées. -couune celles d’un peigne, et très-diffé- rentes, par leur forme, leur nombre et! leur disposition , de celles de lhippurus.: On voit d'ailleurs deux tubercules gar- mis de dents très-menues et très-serréés DES CORŸYPHÈNES. 259 “uprès de l'angle intérieur de la mâchoire supérieure, trois autres tubercules pres- que semblables vers le milieu du palais, et un sixième tubercule très - analogue presque au-dessus du gosier. La langue est large , courte, arrondie par-devant, osseuse dans son milieu, et cartilagineuse dans ses bords. L’ouver- ture de la bouche est peu étendue : on compte de chaque côté deux orifices des narines; uue sorte d’anneau membraneux entoure l’antérieur. Les opercules des branchies sont, comme la tête, dénués de petites écailles ; ils sont de plus assez grands, et composés chacun de deux pièces, dont celle de devant est arrondie vers la queue, et dont celle de derrière se “prolonge également vers la queue, en appendice quelquefois un peu recourbé. Six rayons applatis soutiennent de cha- que côté une membrane branchiale, au-. _ dessous de laquelle sont placées quatre. branchies très-rouges, formées chacune de deux rangées de filamens alongés : la partie concave de l’arc de cercle osseux de la première et de la seconde est garnie 260 HISTOIRE NATURELLE de longues dents arrangées comme celles d’un peigne ; la concavité de l'arc de la troisième et de la quatrième ne présente” kr des aspérités. La nageoire du dos, qui commence au-dessus des yeux, et s'étend presque jusqu’à celle de la queue, comprend cin- quante-huit rayons* : les huit premiers sont d'autant plus longs, qu’ils sont situés plus loin de la tête; et la longueur des autres est au contraire d'autant moindre, quoiqu’avec des différences peu sensibles, qu'ils sont plus près de la nageoire cau- dale. L’anus est placé vers le milieu de la longueur totale de l’animal ; et l’on voit entre cet orifice et la base des nageoires thoracines , un petit sillon longitudinal. La nageoiïire de la queue est fourchue, comme celle de tous les coryphènes du # A la membrane des branchies.... 6 rayons. à la nageoïire du:dos. 4.4 98 à chacune des pectorales.,..,... 20 à chacune des thoracines..…....... 5 à la nageoire de l’anus......... 26 à celle de la queue. ..,...,...., 19 \ À Ÿ DES CORYPHÈNES. 26€ premier sous-genre ; la ligne latérale ser- pente depuis le hautde l’ouverture bran- chiale, où elle prend son origine, jus- qu'auprès de l’extrémité des nageoires pectorales, et atteint ensuite la nageoire de la queue en ne se fléchissant que par de légères ondulations; et enfin les écailles qui recouvrent le poisson, sont alongées, arrondies à leur sommet, lisses et foité- ment attachées. On a donc pu remarquer sept traits prin- cipaux par lesquels le chrysurus diffère de l’hippurus : premièrement , le nombre des rayons n’est pas le même dans la plu- part des nageoires de ces deux coryphènes : secondement , la membrane branchiale du a Po ne renferme que six dr il y en a toujours depuis sept jusqu’à dix à celle de l’hippurus; troisièmement, le dos du premier estcarené, celui du second est convexe ; quatrièmement , l’ouver- ture de la bouche est peu étendue dans le chrysurus, elle est très-grande dans l'hip- purus; cinquièmement , les dents du chrysurus sont conformées et placées bien différemment que celles de l'hippurus ; «4 AA FE #62 HISTOIRE NATURELLE sixièmement ; l'opercule branchial. de chrysurus comprend deux lames, onmne voit qu’une pièce dans celui de l’hippu- rus ; et septièmement, nous avons déja montré une distribution de couleurs bien peu semblable sur l’un et sur l’autre de ces deux coryphènes. Ils doivent done constituer deux espèces différentes, dont une, c’est-à-dire, celle que nous décri- vons’, est encore inconnue des natura- listes ; car elle est aussi très - distincte du coryphène doradon, ainsi qu'on peut facilement s'en convaincre en comparant les formes du doradon et celles du chry- sur us. : _ Au reste, Îes ANA au coryphène qui fait le sujet de cet article , doivent se rapprocher beaucoup de celles de lhip- purus. En effet, Commerson ayant ouvert un chrysurus qui avoit plus de sept déci- mètres de longueur, il trouva son esto- mac qui étoit alongé et membraneux, rempli de petits poissons volans, etd’autres poissons très-peu volumineux. Il vit aussi s'agiter au mihiéu de cet estomac, ct dans une sorte de pâte ou de À DES CORYPHÈNES. 263 chyme, plusieurs vers filiformes , et de la longueur de deux ou trois centimètres. \ Ce voyageur rapporte d’aiileurs dans les manuscrits qui m'ont été confiés dans le temps par Buffon, que lorsque les ma- telots exercés à la pêche ont pris un chry- surus , ils l’attachent à une corde, et le suspendent à la proue du vaisseau, de manière que l’auimal paroît être encore en vie et nager à la surface de la mer. Ils attirent et réunissent, par ce procédé , un assez grand nombre d’autres chrysu- rus, qu'ils peuvent alors percer facile- ment avec une fouine*. * La fouine est un peigne de fer attaché à un long manche. On donne aussi ce nom, ainsi que celui de foëne et de fouanne , à une broche termi- née par un dard. Quelquefois on ajuste ensemble deux, trois ou ün plus grand nombre de lames, pour formerune fouanne, ou foène, ou fouine, D'autres fois on emploie ces noms pour désigner une sunple fourche. On attache l’instrument au bout d’une perche, et l’on s’en sert pour percer les poissons que l'on appercoit au fond de Peau, ou qui sont cachés dans la vase, les enfiler et les retirer. . 264 HISTOIRE NATURELLE ù . Commerson ajoute que les he | Jemportent sur presque tous les poissons de mer par le bon goût de leur chair, que l'on prépare de plusieurs manières, et particulièrement avec A beurre et des càpres. TA s *, TN DES CORYPHÈNES, 265 LE CORYPHENE SCOMBÉROIÏD E. KN ous avons trouvé dans les manuscrits de Comimerson la description de cette espèce de coryphène, que cesavant voya- geur avoit vue, au mois de mars 1768, dans la mer du Sud, ou, pour mieux dire, dansle grand Océan équatorial, vers le 18° degré de latitude australe, et le 134 degré de longitude, et par conséquent à une distance de la ligne très-peu différente de celle ou il observa, un ou deux mois après, le coryphène chrysurus. | Le scombéroïde est d’une longueur in- termédiaire entre celle du scombre ma- quereau et celle du hareng. Sa couleur totale est argentée et brillante; mais elle n’est pure que sur les côtes et sur le ventre. Une teinte brune, méelée de bleu cé- leste, est répandue sur le dos; cette teinte Poissons, VIe. 23 PNPP EDEN PSP RE FA 266 HISTOIRE NATURELLE s'étend aussi sur le sommet de la tête, où elle est plus foncée, plus noirâtre, et melée avec des reflets dorés que l’on voit également autour des yeux et sur les lames des opercules. Toutes les nageoires sont entiërement brunes , excepté les thoracines, dont la partie extérieure est bianche, et les pec- torales, qui sont un peu dorées. | 4 La mâchoire supérieure est plus courte que l’inférieure. Les os qui composent l’une et l’autre, sont hérissés d’un si grand 10mbre de petites dents tournées en ar- rière, qu'ils montrent la surface d’une lime, et qu'ils tiennent l’animal facile- ment suspendu à un doigt, par exemple, que l’on introduit dans la cavité de la bouche. La langue a une figure remarquable; elle ressemble en quelque sorte à un ongle humain : elle est large, un peu arrondie par-devant , et néanmoins terminée par un angle à chaque bout de son arc anté- rieur; de plus, celle présente dans son milieu un os presque quarré, et couvert &c pelites aspérités dirigées vers Le gosier; DES CORYPHÈNES. 267 sa circonférence est formée par un carti- lage qui s’amincit vers le bord ; et un frein large et épais la retient par-dessous. La voûte du palais estentièrement lisse, excepté l’endroit le plus voisin du gosier, où l’on voit de petites élévations osseuses et denticulées. | Deux lames arrondies par - derrière , grandes et lisses, composent chaque oper- cule:; sixrayonssoutiennentlamembrane branchiale; et les branchies sont assez semblables, par leur nombre et par leur conformation , à eelles du chrysurus. La ligne latérale offre plusieurs sinuo- sités qui décroissent à mesure qu'ellessont plus voisines de la nageoïire caudale. Les nageoires thoracines sont réunies à leur base par une membrane qui tient aussi à un sillon longitudinal placé sous le ventre, et dans lequel le poisson peut coucher à volonté ces mêmes nageoires. Elles renferment chacune cinq ou six rayons. | Le dessous de la queue est terminé par une carène très-aigueé. La nageoire dorsale règne depuis l’oc- À > or T'AS FRET fu FU 268 HISTOIRE NATURELLE ciput jusque vers l'extrémité de la quéué; elle est festonnée dans sa partie posté- rieure, de manière à imiter les très-pe- tites nageoires que l’on voit sur la queue des scombres ; la nageoire de l’anus offre une conformation analogue ; et ces traits particuliers au poisson.que nous déeri- vons , ue servant pas peu à le rapprocher des scombres , avec lesquels d’ailleurs où peut voir, dans cette Histoire, que les coryphènes ont beaucoup de rapports, j'ai cru devoir nommer scombéroïde, l'espèce que nous cherchons, dans cetarticle, à faire connoître des naturalhistes*, _ Commerson vit des milliers de ces scom= béroïdes suivre les vaisseaux françois avec assiduité, et pendant plusieurs jours. Ils vivoient de très-Jeunes ou très-petits pois- sons volans , qui, pendant ce temps, vol- * A [a membrane des branchies.. . 6 rayonse à la nageoire du, dos,. Je 00 à chacune des pecipraless he. à chacune des thoracines.. ...... 6 à celle de’ l'atfus..;, Horse à celle de la queue, qui est four- cho: , 2108 2 ANR DES CORYPHÈNES. 264 tigcoient autour des navires comme des nuées de papillons, qu'ils ne surpassoient guère en grosseur ; et c’est à cause de la petitesse de leurs dimensions, qu'ils pou- voient servir de proie aux scombéroïdes , dont la bouche étroite n’auroit pas pu admettre des animaux plus gros. En effet, l'un des plus grands de ces coryphènes ob- servés par Commerson, n’avoit qu’envi- ron trois décimètres de longueur. Cet indi- vidu étoit cependant adulte et femelle. Au reste, les ovaires de cette femelle, qui avoient une forme alongée, occu- poient la plus grande partie de l’intérieur du ventre, comme dans les cyprins, et contenoient une quantité innombrable d'œufs; ce qui prouve ce que nous avons déja dit au sujet de la grande fécondité des coryphènes. Lù 270 HISTOIRE NATURELLE D LE CORYPHÈNE ONDÉ. Pirras a décrit le premier cette espèce de coryphène. L’individu qu’il a observé, et qui avoit été péché dans les eaux de l’île d'Amboine , n’étoit long que de cinq centimètres ou environ. Les formes et les couleurs de cet animal étoient élégantes : très-alongé et un peu comprimé, il mon- troit sur la plus grande partie de sa sur- face une teinte agréable qui réunissoit la blancheur du lait à l’éclat de l’argent; une nuance grise varioit son dos ; la na- geoire dorsale et celle de l’anus étoient distinguées par de petites bandes trans- versales brunes ; les bandelettes de la pre- mière de ces deux nageoires s’étendoient sur la partie supérieure de l’anmmal, y onduloient, pour ainsi dire, s’y réunis- soient les unes aux autres, disparoissoient vers la partie inférieure du poisson ; et la nageoire de la queue, qui étoit fourchue, présentoit un croissant très-brun. DES CORYPHÈNES, 271. D'ailleurs ce coryphène avoit des yeux assez grands ; l'ouverture de sa bouche, étant très-large , laissoit voir facilement une langue lisse, et arrondie par-devant ; un opercule composé dé deux lames non découpées couvroit de chaque côté un grand orifice branchial ; la ligne latérale étoit droite et peu proéminente *. * A la membrane des branchies.... 6 rayons. à la nageoire dusdos Pa Lis detanist : ré à chacune des péctorales.urss 19 à chacune des thoraciues.......,. 5 Hicelle de l'anus ut 27 x A celeide guéue. 5.24...) 77 74 27: HISTOIRE NATURELLE r LE CORYPHÈNE POMPILE.. D: tous les côryphènes du premier sous- genre, le pompile est celui dont la na- geoire caudale est la moins fourchue ; et voilà pourquoi quelques naturalistes , et particulièrement Artedi, le comparant sans doute à l’hippurus , ont écrit que cette nageoire de la queue n’étoit pas échancrée. Cependant, lorsqu'on a sous, lés yeux un individu de cette espèce, non altéré , on s’appercoit aisément que sa nageoire caudale présente à son extré- mité un angle rentrant. Les anciens ont nommé pomnpile, le coryphène dont nous traitons dans cet article, parce que, se rapprochant beaucoup par ses habitudes de l’hippurus et du doradon, on diroît qu'il se plaît à accompagner les vaisseaux, et que pompe signibe en grec pornrpe ou cortége. Au reste , ilne faut pas êétreétonné qu'ils aient assez bien connu la manière = DES CORYPHÈNES. 273 de vivre de ce poisson osseux, puisqu'il habite dans la Méditerranée , aussi-bien que dans plusieurs portions chaudes ou tempérées de l'Océan atlantique et du grand Océan. L'ouverture de la bouche du pompile est très-grande ; sa mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure, et un peu relevée; les côtés de la tète présentent des dentelures et des enfoncemens ; la ligne latérale est courbe; les nageoires pectorales sont pointues *; des bandes - transversales , étroites, et communément jaunes , règnent sur les côtés. La dorure y) qui distingue uu si grand nombre de cory- phènes , se manifeste sur le pompile au- dessus de chaque œil; et voilà pourquoi on l’a nommé sourcil d’or, en grec XPUTODpus. i L * À Ja nageoire dorsale. ...,,...., 35 rayons, à chacune des pectorales.. ..,... 14 à chacune des thoracines........ 6 HiclEdelanus hi... 04 'eclle)de la queue... "10 { kr 274 HISTOIRE NATURELLE l LE CORYPHÈNE BLEU. L'or , l'argent et l’azur brillent sur les coryphènes que nous venons d'examiner ; la parure de celui que nous décrivons est plus simple , mais élégante. Il ne présente ni argent ni or; mais toute sa surface est d’un bleu nuancé par des teintes agréa- blement diversifiées, et fondues par de douces dégradations de clarté *. On le trouve dans les mers tempérées ou chaudes qui baignent les rivages orientaux de l’A- mérique. Ses écailles sont grandes ; celles qui revétent le dessus et les côtés de sa tête, sont assez semblables aux écailles du * A la membrane des branchies.... 4 rayons. à la Bageoire ‘du dus... 4000000 à chacune des pectorales. ...... 14 à cnacune des thoracines........ 95 à celle de l'anus. Rte à cellé de la queue, .4 4, eee Pat w ‘ DES CORYPHÈNES. 275 ioé. Une seule lame compose l’opercule des branchies, dont l'ouverture est très- large ; la ligne latérale est plus proche du dos que de la partie inférieure de l’ani- mal ; les yeux sont ronds et grands; et une rangée de dents fortes et pointues garnit chaque mâchoire. SA Ds 276 HISTOIRE NATURELLE 1 LE CORYPHÈNE PLUMIER. Cr coryphène, que le docteur Bloch a fait connoître, et qu’il a décrit d’après un. manuscrit de Plumier, habite à peu près dans les mêmes mers que le bleu : on le trouve particulièr ement, ainsi que le bleu, dans le bassin de Antilles. Mais PA il diffère de ce dernier poisson par la magnificence et la variété des cou- leurs dort il est revêtu ! C’est un des plus beaux habitans de l'Océan. Tachons de peindre son portrait avec fidélité. Son dos est brun; et sur ce fond que la Nature semble avoir préparé pour faire mieux ressortir les nuances qu'elle y a distribuées, on voit un grand nombre de petites raies bleues serpenter, s'éloigner les unes des autres, et se réunir dans quelques points. Cette éspèce de dessin est comme encadré dans l’or qui resplendit sur les côtés du poisson, et qui se change NN 4 7 + D “ DES CORYPHÈNES. 297. en argent éclatant sur la partie inférieure du coryphène. La tête est brune ; mais chaque œil est situé au-dessous d’une sorte de tache jaune, au-dessus d’une plaque argentée, et au centre de petits rayons d'azur. Une bordufe grise fait ressortir le jaune des nageoires pectorales et thora- cines; la nageoire de la queue, qui est jaune comme celle de l’anus, présente de _plus des teintes rouges et un liséré bleu ; et enfin une longue nageoire violette règne sur la partie supérieure du corps et de la queue*. Le coryphène plumier est d’ailleurs couvert de petites écailles ; il n’a qu’une lame à chacun de ses opercules; il parvient ordinairement à la longueur d’un demi-mètre ; et sa nageoire caudale est en croissant, comme celle du bleu. * À la membrane des branchies, ... 4 rayons. : : à la nageoire du OS Lis LESTANQUUE 77 à chacune des pectorales. M NE 1 à à chacune des thoracines........ 6 a celle de Pagus..:.... 0720... 55 À celle de la DT NN An 16 | 4 24 278 HISTOIRE NATURELLE | LE CORYPHÉNE RASOIR *. Cr poisson a sa partie supérieure ter- minée par une arête assez aiguë, pour qu'on n’ait pas balancé à lui donner le nom que nous avons cru devoir lui con- scrver. Il habite dans la Méditerranée; et voilà pourquoi il a étéconnu des anciens, et particulièrement de Pline. Il est très- beau ; on voit sur sa tête et sur plusieurs de ses nageoires , des raies qui se croisent en différens sens, et qui montrent cette couleur bleue que nous avons déja obser- vée sur les coryphènes : mais il est le pre- mier poisson de son genre qui nous pré- sente des nuances rouges éclatantes , et relevées par des teintes dorées. Ce rouge resplendissant est répandu sur la plus grande partie de la surface de l’animal ; et il y est réfléchi par des écailles très- * Pesce pettine, sur les côtes de Ja Ligurie ; rason , sur plusieurs côtes d'Espagne, A - DES CORYPHÈNES. 279 grandes. La chair du rasoir est tendre, délicate, et assez recherchée sur plusieurs rivages de la Méditerranée. Sa ligne laté- rale suit à peu près la courbure du dos, dont elle est très-voisine ; chacun de ses opercules est composé de deux lames ; et sa nageoire caudale étant rectiligne, nous l'avons placé dans le second sous-genre des coryphènes. Au reste, l’histoire de ce poisson nous fournit un exemple remar- quable de linfluence des mots. On l'a nommé zasoir long-temps avant le siècle $ ° « » = e \ de Pline : à cette époque, où les sciences physiques étoient extrémement peu avan- cées , cette dénomination a suffi pour faire attribuer à cet animal plusieurs des propriétés d’un véritable rasoir, et mème pour faire croire, ainsi que le rapporte le naturaliste romain, que ce coryphène donnoit un goût métallique, et particu- lièrement un goût de fer, à tout ce qu’il touchoit. | 239 HISTOIRE NATURELLE LE CORYPHÈNE PERROQUET. Eu forme rectiligne que présente la na- geoire caudale de ce poisson, détermine sa place dans le troisième sous-genre des coryphènes. Sa ligne latéraleestinterrom- pue ; et sa nageoire dorsale, assez basse et composée de trente rayons ou envi- ron , commence à l’occiput *. 11 a été observé par le docteur Garden dans les eaux de la Caroline. La beauté des couleurs dont il brille, lorsqu'il est animé par la chaleur de la vie ainsi que par les feux du soleil, a mérité qu’on le comparât aux oiseaux les plus distingués par la variété de leurs teintes , la vivacité de leurs nuances, la magnificence de # À (x mageoire du dos JR 0e rayons: x FRE des pectorales 400 me à chacune des thoracines....... 6 a de l'anus... 740 à celle de la queue..,,.,,.5,,0 26 x DES CORYPHÈNES. 26t leur parure, et particulièrement aux ptr- roquets. Les lames qui recouvrentsatête, montrent la diversité des reflets des mé- taux polis et des pierres précieuses ; son iris, couleur de feu , est bordé d’azur ; des raies longitudinales relèvent le fond des nageoires ; et l’on apperçoit vers le dos, au milieu du tronc, une tache remar- quable par ses couleurs aussi - bien ‘que par sa forme, faite en losange, et pré- sentant, en quelque sorte, toutes les teintes de l’arc-en-ciel, puisqu'elle offre du rouge, du jaune , du verd, du bleu et du pourpre. mt 24 \ 252 HISTOIRE NATURELLE - 1 Le LE CORYPHÈNE CAMUS. L > nombre des rayons de la nageoire dorsale , etla prolongation de la mâchoire inférieure plus avancée quela supérieure, servent à distinguer ce coryphène, qui habite dans les mers de l’Asie, et qui, par la forme rectiligne de sa nageoire cau- dale, appartient au troisième sous-genre des poissons que nous considérons *. * A Ja nageoire dorsale...,...... 32 rayons. à chacune des pectorales......... 16 à chacune des thoracines. ....... 6 à celle de. anus Sens 9 DES CORYPHÈNES. 283 LE CORYPHENE RAYÉ. Î Ls docteur Garden a fait connoître ce poisson , qui habite dans les eaux de la Caroline. Ce coryphène a Ia tête rayée trausversalement de couleurs assez vives: d’autres raies très-petites paroissent sur la nageoire du dos, ainsi que sur celle de l'anus *. Les écailles qui revêtent le corps et la queue, sont très-grandes. La tête : n’en présente pas de semblables; elle n’est couverte que de grandes lames. L’extré- mité antérieure de chaque mâchoire est garnie de deux dents aiguës, très-longues, et écartées l’une de l’autre ; et la forme de la nageoïire caudale, qui est arron- die, place le rayé dans le quatrième sous- genre des coryphènes. * À Ja nageoire du dos...-....... 21 rayons à chacune des peclorales.....:... x à chacune des thoracimes......... 6 mile dé arrus ns lines." Mééllede la quetiéals mis: sise 22 — (4 LÉ ‘ ? LT em 1 | 224 HISTOIRE NATURELLE “ LE CORYPHENE CHINOIS. Cr coryphène n’a pas encore été décrit. Nous en avons trouvé une figure coloriée et faite avec beaucoup de soin, dans ce recueil de peintures chinoises qui fait par- tie des collections du Muséum d'histoire naturelle, et que nous avous déja cité. plusieurs fois. Nous lui avons donné le nom de coryphène chinois, pour désigner : les rivages auprès desquels on le trouve, et l'ouvrage précieux auquel nous en de- vons la connoissance. Sa parureest riche, et en même temps simple, élégante et gracieuse. Sa couleur est d’un verd plus ou moins clair, suivant les parties dt corps sur lesquelles il paroît; mais ces nuances agréables et douces sont mêlées avec des reflets éclatans et argentins. Au reste, 1l n’est pas inutile de remar- quer qu’en rapprochant par la pensée les diverses peintures chinoises que l’on peut DES CORYPHÈNES 285 connoître en Europe, de ce qu’on a ap- pris au sujet des soins que les Chinois se donnent pour l’éducation des animaux, on se convaincra aisément que ce peuple n’a accordé une certaine attention, soit dans ses occupations économiques, soit dans les productions de ses beaux arts, qu'aux animaux utiles à la nourriture de l’homme, ou propres à charmer ses yeux par la beauté de leurs couleurs. Ce trait de caractère d’une nation si digne de l’ob- servation du philosophe, ne devoit-il pas être indiqué, mème aux naturalistes ? Le beau coryphène chinois montre une très-longue nageoire dorsale ; mais celle de l’anus est assez courte. La nageoire caudale est arrondie. De grandes écailles couvrent le corps, la queue et les oper- ‘cules. La mâchoire inférieure est relevée et plus avancée que la supérieure ; ce qui ajoute aux rapports du chinois avec le coryphène camus. À MR LU - 2866 HISTOIRE NATURELLE LE CORYPHENE POINTU. Lx nom de pointu, que Linné a donné à ce coryphène, vient de la forme lan- céolée de la nageoïire caudale de ce pois- son ; et c’est à cause de cette même forme, que nous avons placé cet osseux dans un cinquième sous-genre. Cet animal, qui habite dans les mers de l'Asie, a quarante- cinq rayons à la nageoire du dos, et sa ligne latérale est courbe *. * À la nageoire du dos... ...... «+. 49 raÿonse à chacune des pectorales. ....... . 16 | à chacune des thoracines....... 6 à la nageoire de l'anis........ . 16 à elle de la queue. ,....,..,14 QE 1 Gran ‘ FEU # A DES CORYPHÈNES. 28 LE CORYPHÈNE VERD, E T LE CORYPHÈNE CASQUÉ. Nots avons divisé le genre que nous examinons, en Cinq sous-genres ; et nous avons placé les coryphènes dans l’un où l’autre de ces groupes, suivant le degré d’étendue relative , et par conséquent de force proportionnelle, donnée à leur na- seoire caudale , ou, ce qui est la même chose , à un de leurs principaux instru- mens de natation, par la forme de cette même nageoire, ou fourchue, ou en croissant, ou rectiligne, ou arrondie, ou pointue. Nous n’avons vu aucun individu de l’espèce du coryphène verd, ni de celle du coryphène casqué ; aucun naturaliste n’a décrit ou figuré la forme de la nageoire caudale de l’un ni de l’autre de ces deux poissons : nous avons donc été obligés de 258 HISTOIRE NATURELLE: les présenter séparés des cinq sous-genres que nous avons établis ; et de nouvelles observations pourront seules les faire rap- porter à celle de ces petites sections à la- quelle ils doivent appartenir. Tous les deux vivent dans les mers de l'Asie ; et tous les deux sont faciles à distinguer des autres coryphènes : le premier, par un. long filament que présente chacune des nageoires du dos et de l'anus , ainsi quedes thoracines ! ; et le second, par une lame osseuse située au-dessus des yeux, et que l’on a comparée à une sorte de bouclier, ou plutôt de casque. On ignore la couleur du casqué ; celle du verd est indiquée par le nom de ce coryphène? ! 3 A Ja nageoire du dos........,... 26 rayons. à chacune des pectorales....... 13 à chacune des thoracines........ 6 à la nageoire de Janus. ......... 13 à: celle de la quene.. 44.145460 2 À la nageoire du dos..:........ 32 rayons à chacune des pectorales........ 14 à chacune des thoracines. ..-:4. 15 à celle de l'anus ser. sous. ete QUATRE-VINGT-UNIÈME GENRE. LES HÉMIPTÉRONOTES. Le sommet de la téle très-comprimé, et comme tranchant par le haut, ou très-élevé et finissant sur le devant par un plan presque vertical, ou terminé antérieure- ment par un quart de cercle, ou garni d’écailles semblables à celles du dos; une seule nageoire dorsale; et la longueur. de cette nageoire du dos ne surpassant pas, ou surpassant à peine, la moilié de la lon- £gueur du corps ef de la queue pris en- semble. ESPÈCES. CARACTÈRES. Vingt rayons, ou environ, 1. L’HÉMIPTÉ-) à la nageoire du dos; l’o- RONOTE percule branchial composé CINQ-TACHES. | de deux lames; cinq taches | de chaque côté. 2. L’HÉMIPTÉ- Quatorze rayons à la na- RONOTE geoire du dos ; huit rayons GMELIN. à chacune des 1horacimes. / 25 290 HISTOIRE NATURELLE L'HÉMIPTÉRONOTE CINQ-TACHES. La briéveté de la nageoire dorsale et sa position à une assez grande distance de l’occiput, distinguent le cinq-taches, et les autres poissons qui appartiennent au genre que nous décrivons, des cory-. phènes proprement dits. Le nom géné- rique d’hémipléronote * désigne ce peu de longueur de la nagcoire dorsale, et son rapport avec la nagcoire du dos des cory- phènes, qui est presque toujours une fois plus étendue. Les osseux que nous exami- mons maintenant yressemblent d’ailleurs, par beaucoup de formes et d’habitudes, à ces mêmes coryphènes avec lesquels on les a confondus jusqu’à présent. Le cinq- * Hémipiéronote vient de trois mots grecs qui signifient moitié , nageoire, €t dose bi LL ï DES HÉMIPTÉRONOTES. 21 taches , le poisson le plus connu des hé- miptéronotes , habite dans les fleuves de la Chine, des Moluques et de quelques autres îles de l'archipel indien. Il y par- vient communément à la longueur de six -décimètres ; sa tête est grande; ses yeux sont rapprochés l’un de l’autre, et par conséquent placés sur le sominet de la tête ; l'ouverture de la bôuche est mé- diocre ; les deux inâchoires sont garnies d’uncrangée de dents aiguës, et présentent deux dents crochues plus longues que les autres ; l’orifice branchial, qui est très- grand, est couvert par un opercule com- posé de deux lames ; la ligne latérale s’é- loigne moins du dos que du ventre; l’anus est plus près de la gorge que de la nageoire caudale, qui est fourchue* ; des écailles très-petites couvrent les joues, et d’autres écailles assez grandes revêtent presque * A la membrane des branchies.. 4 rayons. DL RCD OIL US. ehe secs 2L à chacune des pectorales....,.,. 13 A à chacune des thoracines........ 6 x à celle de Das PPT NE Une 15. dceile de) lataquenés, 44,5 49.81Ta + 92 HISTOIRE NATURELT tout le reste de la sur rsodiité euh Voici maintenant les couleurs dont la Nature a peint ces diverses formes. : La partie supérieure de l’animal est brune ; les côtés sont blancs, ainsi que la partie inférieure; une raie bleue règne sur la tête; l’iris est jaune : des cinq taches qui paroissent de chaque côté du corps, la première est noire, bordée de jaune, et ronde ; la seconde est noire, bordée de jaune, et ovale; les trois autres sont bleues et plus petites. Une belle cou- leur d'azur distingue la nageoiïire caudale et celle du dos, qui d’ailleurs montre un liséré orangé ; et deux taches blanches sont situées à la base des nageoires thora- Lee cines, lesquelles sont, comme les pecto- … rales et comme celle de l'anus, orangées, et bordées de violet ou de pourpre, Du brun, du blanc, du bleu, du jaune, du noir, de l’orangé, et du pourpre ou du violet, composent donc l’assortiment de nuances qui caractérise le cinq-taches, et qui est d'autant plus brillant, qu’il est animé par le poli.et le luisant ar- gentin des écailles. Mais cette espèce est W MIPTÉRONOTES. 293 aussi fécoude: que belle : aussi va-t-elle par très-grandes troupes ; et comme d’ail- leurs sa chair est agréable au goût, on la pêche avec soin ; on en prend méme un si grand nombre d'individus, qu’on ne peut pas les consommer tous auprès des eaux qu'ils habitent. On prépare de diverses manières ces individus surabon- dans; on les fait sécher ou saler; on les emporte au loin; et ils forment, dans plusieurs contrées orientales, une branche de commerce assez analogue à celle que fournit le gade morue dans les régions septentrionales de l’Europe et de l’Amé- rique. 17 294 HISTOIRE NATUR L'HÉMIPTÉRONOTE GMELIN. Csr hémiptéronote a la nageoire dor- sale encore plus courte que lecinq-taches; ses mâchoires sont d’ailleurs à peu près également avancées. On le pèche dans les mers d'Asie ; et nous avons cru devoir lui donner un nom qui rappelât la recon- noissance des naturalistes envers le sa- vant Gmelin, auquel ils ont obligation de la treizième édition du Systéme de La Nature par Linné. QUATRE-VINGT- DEUXIÈME GENRE. LES CORYPHÉNOÏDES. Le sommet de la tête très-comprimé, et comme tranchant par le haut, ou très-élevé et finissant sur le devant par un plan presque vertical, ou terminé antérieure- ment par un quart de cercle, ou garni d’écailles semblables à celles du dos; une seule nageoire dorsale; l'ouverture des branchies 1e consistant que dans une fente #ransversale. ESPÈCE. | CARACTÈRE. LE CORYPHÉNOIDE f Vingt-quatre rayons à la na- HOTTUYNIEN. gcoire du dos L 206 HISTOIRE ii ATURELLE Se # . LE CORYPHÉNOÏDE OT T GXN EEE O+ trouve dans la mer du Japon, et dans d’autres mers de l’Asie, ce poisson que l’on a inscrit parmi les coryphènes, mais qu'il faut en séparer, à cause de plusieurs différences essentielles, et par- ticulièrement à cause de la forme de ses ouvertures branchiales, qui ne consis- tent chacune que dans une fente trans- versale *. Nous le nommons coryphénoide pour désigner les rapports de conforma- tion qui cependant le lient avec les co- ryphènes proprement dits; et nous lui * A la nageoire du dos......,... 24 rayons. à chacune des pectorales......... 14 à chacune des thoracines........ 6 À celle dé d'anus.. amet de ee à celle de la queue.......,.... x@ | 4 k DES CORYPHÉNOIDES. 2,7 donnons le nom spécifique d’Aofuynien , parce que le naturaliste Hottuyn n’a pas peu contribué à le faire connoître. Il n’a communément que deux décimètres de longueur; les écailles qui le revêtent sont minces; sa couleur tire sur le jaune. % QUATRE-VINGT-TROISIÈME GENRE, LES ASPIDOPHORES, Le corps ef la queue couverts d’une sorte de cuirasse écailleuse: deux nageoires sur le dos ; moins de quatre ayons aux nageoires thoracines. ne mme PREMIER SOUS-GENRE. Un ou plusieurs barbillons à la ee znférieure. ESPÈCE. CARACTÈRES. Plusieurs barbillons à la mâ- 1. L’ASPIDOPHORE choire iniérieure: la cui- An rasse à buit pans; deux ARME. F , verrues échancrées sur le museau. SECOND SOUS-GENRE. Point de barbillons à la mâchoire in férieu re. | ESPÈCE. CARACTÈRES. D AE La cuirasse à huit ou plu- è ASPID ? "4 s LISIZA sieurs pans , et garnle el ai- ; guillons.' NY mm L BISTOIRE NATURELLE. 299 d |! L’ASPIDOPHORE ARMÉ *. N OUS avons séparé des cottes, les pois- sons osseux et thoracins dont le corps et la queue sont couverts de plaques ou boucliers très-durs disposés de manière à former un grand nombre d’anneaux so- lides, et dont l’ensemble compose une sorte de cutirasse, ou de fourreau à plu- sieurs faces longitudinales. Nous leur avons donné le nom générique d’aspido- phore, qui veut dire porte-bouclier, et qui désigne leur conformation extérieure. Ils ont beaucoup de rapports, par les traits extérieurs qui les distinguent, avec les synguathes et les pégases. Nous ne con- noissons encore que deux espèces dans le genre qu'ils forment; et la plus ancien- nément ainsi que la plus généralement connue des deux, est celle à laquelle * Æ pogge, dans le nord de l'Angleterre, et qui se trouve dans l'Océan atlantique. | 300 HISTOIRE N JRELLE nousconservons le nom a spécifi que d'arme, Elle y habite au milieu des rochers voi-. sins des sables du rivage; elle y dépose ou féconde ses œufs vers le printemps; et c’est le plus souvent d'insectes marins, de moilusques ou de vers, et particu- lièrement de crabes, qu’elle cherche à. faire sa nourriture. La couleur générale de l’armé est brune par-dessus et blanche par-dessous. On voit plusieurs taches noi- râtres sur le dos ou sur les côtés; d’autres taches noires et presque quarrées sont ré- pandues sur les deux nageoires du dos, dont le fond est gris; les nageoïires pec- torales sont blanchâtres et tachetées de noir ; et cette même teinte noire occupe la base de la nageoire de l'anus. . Unesorte de bouclier ou de casque très- solide, écailleux, et même presque osseux; creusé en petites cavités irrégulières et relevé par des pointes ou des tubercules, garantit le dessus de la tête. Les deux mâchoires et le palais sont hérissés de plusieurs rangs de dents petites et aiguës ; un grand nombre de barbillons garnissent :. ÉRR. AHRS DES ASPIDOPHORES. 3or le contour arrondi de la mâchoire infé- rieure , qui est plus courte que la supé- rieure ; l’opercule bianchial n’est com- posé que d'une seule lame; un piquant recourbé termine chaque pièce des an- neaux solides dont se forme la cuirasse générale de Panimal ; cette même cuirasse présente huit pans longitudinaux, qui se réduisent à six autour de la partie posté- rieure de la queue; la ligne latérale est droite; l’anus situé à peu près au-dessous de la première nageoire du dos; la na- geoire caudale arrondie ; les pectorales sont grandes, et les thoracines longues et étroites *. | L’aspidophore armé parvient commu- nément à une longueur de deux ou trois décimètres. Nous pensons que l’on doit rapporter à * 5 rayons non articulés à la prémière nagcoire du dos. 7 rayons artculés à la seconde. 15 rayons à chacune des pectorales. 3 à chacane des thoracines, 6 à celle de l'anus. 10 à celle de la queue. Puissons. VW Ie 20 t È = 14 , V ÿ t L À »/ à < 302 HISTOIRE NATURELLE cette espèce le poisson auquel Olaffen et” Müller ont donné le nom de cofte brodame, et qui ne paroît différer par aucun trait important du thoracin qui fait le sujet de cet article. f DES ASPIDOPHORES. 303 L’ASPIDOPHORE LISIZA. Pizzas a fait connoître ce poisson , qui vit auprès du Japonet des îles Kuriles, et qui a beaucoup derapports avec l’armé. La tête de cet aspidophore est alongée, comprimée et applatie dans sa partie supé- rieure , qui présente d’ailleurs une sorte de gouttière longitudinale. De chaque côté du museau , qui est obtus, et par- tagé en deux lobes, on voit une lame à deux ou trois échancrures, et garnie sur le devant d’un petit barbillon. Les bords des mâchoires sont hérissés d’un grand nombre de dents ; les yeux situés assez près de l’extrémité du museau, et sur- montés chacun par une sorte de petite Æorne ou de protubérance osseuse ; et les opercules dentelés ou découpés. Une pointe ou épine relève presque toutes les pièces dont se composent les anneaux et par conséquent l’ensemble 34 HISTOIRE NATURELLE dé la cuirasse, dans lesquels le corps et la queue sont r UT à Ces pièces offrent d’ailleurs des stries disposées comme des rayons autour d’un centre; et les anneaux sont conformés de manière à donner à la cuirasse ou à l’étui général une très-grande ressemblance avec une pyramide à huit faces, où à un pius grand nombre de côtés , qui se réduisent à cinq, six ou sept, vers le sommet de la pyramide. La première nagecoiïre du dos corres- pond , à peu près, aux pectorales et aux thoxacines , et la seconde à celle de l’a- nus. Chacune des thoracines ne com- prend que deux rayons ; ceux de toutes les nageoires sont, en général, forts et non articulés; et l’orifice de l’anus est un peu plus près de la gorge que de la na- geoire caudale. | = Le fond de la couleur de aspidophore que nous décrivons, est d’un blanc jau- nâtre ; mais le dos, plusieurs petites raies placées sur les nageoires, une grande tache rayonnante située auprès de la, nuque, et des bandes distribuées trans- versalement, ou dans d’autres directions, DES ASPIDOPHORES. 305 sur le corps ou sur la queue, offrent une teinte brunâtre *. La longueur ordinaire du lisiza est de trois ou quatre décimètres. . * A la membrane des branchies.. ‘6 rayons. à la première nageoire du dos.... 6 à la seconde nageoire dorsale... 77 à chacune des nageoires pectorales 12 à chacune des thoracines....... 2 mecllé.de l'anus Li 6 myroelle (de queue. 0.2... 72 26 UNE À = QUATRE-VINGT-QUATRIÈME GENRE. LES ASPIDOPHOROÏDES. Le corps ct la queue couverts d’une sorte de cuirasse écailleuse ; une seu le nageoire s sur le dos; moins de quatre rayons aux na- geoires thoracines. ESPÈCE. . CARACTÈRES. Quatre rayons à cha- " cune des nageoires L'ASPIDOPHOROÏDE ë TRANQUEBAR pectorales, et deux à chacune des tho- racines, \ HISTOIRE NATURELLE. 307 L’ASPIDOPHOROIDE TRANQUEBAR. # ra Lzs aspidophoroïdes sont séparés des aspidophores par plusieurs caractères, et particulièrement par l’unité de la nageoire dorsale. Ils. ont cependant beaucoup de | rapports avec ces derniers ; et ce sout ces ressembiances que leur nom générique indique. Le tranquebar est d’ailleurs.re- marquable par le très-petit nombre de rayons que renferment ses diverses na- geoires ; et ce trait de la conformation de ce poisson est si sensible, que tous les rayons de Ja nageoiïre du dos, de celle de l’anus, de celle de la queue, des deux pectorales, et des deux thoracines, ne montent ensemble qu’à trente-deux. Cet aspidophoroïde vit dans les eaux de Tranquebar, ainsi que l'annonce son nom spécifique. Sa nourriture ordinaire est composée de Jeunes cancres, et de pe- tits mollusques, ou vers aquatiques. Il est 308 HISTOIRE ! NATURELLE: brun par-dessus, gris sur les côtés ;. et l’on voit sur ces mêmes côtés des bandes transversales et des points bruns, ainsi que des taches blanches sur la partie infé- reure de l’animal, et des taches brunes sur la nageoire de la queue et sur les pec- torales *. | ù Sa cuirasse est à huit pans longitudi- maux, qui se réunissent de manière à n’en former que six vers la nageoire cau- dale ; les yeux sont rapprochés du som- met de la tête ; la mâchoire supérieure, plus longue que linférieure , présente deux piquans récourbés en arrière; une seule lame compose l’opercule des bran- chics, dont l'ouverture est très-grande ; on appercoit sur le dos une sorte de petite excavation longitudinale ; la’ nageoire dorsale est au-dessus de celle de l'anus, et celle de la queue est arrondie. * A la membrane des branchies.. 6 rayons. à la maceOire du dos... 425,0. à à charune des pectorales...,.... 14 4 'chäcune des ihoracmeés: 22420772 celle. de l'anus. 214400 00 Sens nr dé la /queué 2.51 835 6. QUATRE-VINGT-CINQUIÈME GENRE. LES COTTES. Ja téte plus large que le corps; la forme générale un peu conique; deux nageoires sur le dos ; des aiguillors ou des tubercules sur la téte ou sur les opercules des bran- chies ; plus de trois rayons aux nageoires thoracines. PREMIER SOUS-GENRE: Des barbillons à la méchoire inférieure. ESPÈCE. CARACTÈRES. { Plusieurs barbillons à la mâ- 3. LE COTTE choire , inférieure ; cette GROGNANT:. mâchoire plus avancée que la supérieure. SECOND SOUS-GENR_E. Point de barbillons à la méchoire inférieure. ESPÈCES. CARACTÈRES. Plusieurs aiguillons sur la 2. LE COTTE tête; le corps parsemé de SCORPION. petites verrues Épineuses. 1 $ro HISTOIRE NATURELLE ESPÈCES. 3. LE CO'TTE QUATRE-CORNES. re 4. LE COTTE RABOTEUX. B LE CORRE AUSTRAL. 6. LE COTTE CARACTÈRES. 4 Quatre protubérances 08 seuses sur le sommet de : pour 7. LE COTTE MADÉGASSE. &. LE COTTE NOIR. | la tête. guillons. Des aiguillons sur la tête; des bandes transversales, et des raies longitudinales. Deux aiguillons de chaque La ligne latérale garnie d’ai- côté de la tête; ‘des stries sur cette même partie de l’animal. Deux aïguiilons recourbés de chaque côté de la tête ; un sillon longitudinal, large et profond, entre les yeux ; des écailles assez grandes sur le corps et sur la queue. Un aiguillon de chaque côté de la 1ête; la mächorre inférieure plus avancée que la supérieure ; le corps couvert d’écailles rudes ; la couleur générale noire, OU noirâlre. MESIGOTEERS!U 318 ESPÈCES. CARACTÈRES.. Deux aiguillons recourhés 9. LE COTTE sur chaque opercule; le CHABOT. corps couvert d'écailles à . peine visibles. 312 HISTOIRE NATURELLE D 9 . LE COTTE GROGNANT-M creme) Prrsqur tous les cottes ne présentent. que des couleurs ternes, des nuances obscures , des teintes monotones. Enduits’ d'une liqueur onctueuse qui retient su leur surface le sable et le limon , couverts. le plus souvent de vase et de boue, défi=n gurés par cette couche sale et irrégulière aussi peu agréables par leurs proportions! apparentes que par leurs tégumens, qu’ils diffèrent, dans leurs attributs extérieurs de ces magnifiques coryphènes sur les=w quels les feux des diamans, de l'or, des | rubis et des saphirs, scintillent de toutes parts, et auprès desquels on diroit que la” Nature les a placés, pour qu'ils + mieux ressortir l’éclatante parure de ces" poissons privilégiés ! On pourroitètre tenté de croire que s’ils ont été si peu favorisés® lorsque leur vêtement leur a été départ ils en sont , pour ainsi dire, dédommagéss D'ES C'OTTES. 313 par une faculté remarquable, et qui n’a été accordée qu’à un petit nombre d’habi- - tans des eaux, par celle de proférer des sons. Et en effet, plusieurs cottes, comme quelques balistes , des zées, des trigles et des cobites, font entendre , au milieu de certains de leurs mouvemens, une sorte de bruit particulier. Qu'il y a loin cepen- dant d’un simple bruissement assez foible, très-monotone , très-court, et fréquem- ment involontaire, non seulement à ces sons articulés dont les nuances variées et légères ne peuvent être produites que par un organe vocal très-composé , n1 saisies que par une oreille très-délicate, mais encore à ces accens expressifs et si diver- sifiés qui appartiennent à un si grand nombre d'oiseaux , et mème à quelques mammifères ! Ce n’est qu’un frôlement que les cottes , les cobites, les trigles , les zées, les’ balistes, font naître. Ce n’est que lorsque , saisis de crainte, ou agités par quelque autre affection vive, ils se con- tractent avec force, resserrent subitement leurs cavités intérieures, chassent avec violence les différens gaz renfermés dgns , NV: } 34 HISTOIRE NATURELLE ces cavités, que ces vapeurs, sortant avec. vîtesse, et s’échappant principalement par lesouvertures branchiales, en froissent les opercules élastiques, et, par ce frot- tement toujours peu soutenu, font naître des sons, dont le degré d’élévation est inappréciable, et qui par conséquent , n'étant pas une voix, et ne formant qu’un véritable bruit, sont même au-dessous du sifflement des reptiles *. Parmi les cottes, l’un de ceux qui. jouissent le plus de cette faculté de frôler et de bruire, a été nommé grognant, parce que l'envie de rapprocher les êtres sans discernement et d’après les rap- ports les plus vagues, qui l’a si souvent emporté sur l'utilité de comparer leurs propriétés avec convenance, a fait dire. qu’il y avoit quelque analogie entre le grognement du cochon et le bruissement un peu grave du cotte. Cepoisson est celux que nous allons décrire dans cet article. On le trouve dans les eaux de l’Amé- rique méridionale, ainsi que dans celles * Voyez le Discours sur la nature des poissuns,/ 4 D'ES COTTES. 315 des Indes orientales. Il est brun sur le dos, et mêlé de brun et de blanc sur les côtés, Des taches brunes sont répandues sur ses nageoires, qui sont grises, excepté les pectorales et les thoracines, sur lesquelles on appercoit une teinte rougeâtre * La surface du grognant est parsemée de pores d’où découle cette humeur vis- queuse et abondante dont ii est enduit, comme presque tous les autres cottes. Malgré la quantité decettematière gluante dont il est imprégné, sa chair est agréable au goût; on ne la dédaigne pas : on ne redoute que le foie, qui estregardé comme très-malfaisant , que l’on considère même comme une espèce de poison ; et n’est-1l pas à remarquer que, dans tous les pois- _ sons. ce viscère est la portion dé l’animal a laquelle les substances huileuses abondent le plus ? _La tête est grande, et les yeux sont * À la première nageoire du dos.. 3 rayons, enee n r 20 à chacune des nageoires pectorales 22 à chacune des thoracines........ 4 ALIEN gi ne + CONMRNEPARNREERRES 74 & "4 316 HISTOIRE NATURELLE : ‘ petits. L'ouverture de la bouche est très- large; la langue lisse, ainsi que le palais; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure, et hérissée. d’un grand nombre de barbillons, de même que les côtés de la tête ; les lèvres sont fortes ; les dents aiguës, recourbées , éloignées l’une de l'autre, et disposées sur plusieurs rangs. Les opercules, composés d’une seule lame, et garnis chacun de quatre aiguillons , recouvrent des orifices très- étendus. L’anus est à unedistance presque égale de la gorge et de la nageoire cau- dale, qui est arrondie. DES COTTES 31% LE COTTE SCORPION*. Crsr dans l'Océan atlantique, et à des distances plus ou moins grandes du cercle polaire, que l’on trouve ce cotte remar- quable par ses armes, par sa force, par son agilité. Il poursuit avec une grande rapidité, ét par conséquent avec un grand avantage , la proie qui fuit devant lui à * Caramassou , à l'embouchure de la Seine ; scorpion de mer, dans plusieurs départemens de France; rotsimpa, skrabba ; skjalryta, skial- ryia, skiolrista, pinulka , en Suède; fisksy mp, vid-kiefi, s0e scorpion , en Norvége ; kaniok ka- nininak, dans le Groenland ; kwrhahn , dans la Poméranie; donner krote, dans la Livonie; kamtscha , dans la Sibérie; u/k, ulka , en Da- nemarck ; wulk, dans quelques contrées du nord de l’Europe ; donderpad , en Hollande ; posthoest, posthonfdt , dans la Belgique; father-lasher, sur -plusieurs côtes d'Angleterre; sco/ping, à Terre- Neuve. qu 318 HISTOIRE NATURELLE la surface de la mer. Doué d’une vigueur \ très-digne d’attention dans ses muscles w caudaux, pourvu par cet attribut d’un. excellent instrument de natation, s’élan- cant comme un trait, très-vorace, hardi, audacieux même, il attaque avec promp- titude des blennies, des gades , des clu- pées , des saumons ; il les combat avec acharnement , les frappe vivement avec les piquans de sa tête, les aiguillons de ses nageoires, les tubercules aigus répan- dus sur son corps, et en triomphe le plus souvent avec d'autant plus de facilité, qu'il joint une assez grande taille à l’im-, pétuosité de ses mouvemens, au nombre de ses dards et à la supériorité de sa har- diesse. En effet, nous devons croire ,-en comparant tous les témoignages, et mal- gré l'opinion de plusieurs habiles natura- listes, que dans les mers où il est le plus à l'abri de ses ennemis , le cotte scorpion peut parvenir à une longueur de plus de deux mètres : ce n’est qu’auprès des côtes fréquentées par des animaux marins dan- gereux pour ce poisson, qu'il ne montre presque Jamais des dimensions très-consi- \ DES COTTES. 319 dérables. L'homme ne nuit guère à son eutier développement, en le faisant périr avant le terme naturel de sa vie. La chair de ce cotte, peu agréable au goût et à l'odorat, n’est pas recherchée par les pé- cheurs ; ce ne sont que les habitans peu délicats du Groenland, ainsi que de quel- ques autres froides et sauvages contrées du Nord, qui en font quelquefois leur nourriture ; et tout au plus tire-t-on parti de son foie pour en faire de l’huile, dans les endroits où, comme en Norvége, par exemple , il est très-répandu. Si d’ailleurs ce poisson est jeté par quel- que accident sur la grève, et que leretour des vagues, le reflux de la marée , ou ses propres efforts, neleramènent pas promp- tement au milieu du fluide nécessaire à son existence, il peut résister pendant assez long - temps au défaut d’eau, la nature et la conformation de ses oper- cules et de ses membranes branchiales lui donnant la faculté de clore presque entiè- rement les orifices de ses organes respira- toires , d’en interdire le contact à l'air de l'atmosphère, et de garantir ainsi ses 320 HISTOIRE NATURELLE organes essentiels et délicats de l'influence | trop active, trop desséchante et parcon- * séquent trop dangereuse, de.ce même fluide atmosphérique. | C’est pendant l'été que la plupart des cottes scorpions commencent à s’appro- cher des rivages de la mer; mais commu- nément l'hiver est déja avancé, lorsqu'ils déposent leurs œufs, dont la couleur est _rougeûtre. Tout leur corps est parsemé de éeren verrues en quelque sorte épineuses, et beaucoupmoinssensibles dansles femelles que dans les mâles. | La couleur de leur partie supérieure varie ; elle est ordinairement brune, avec des raies et des points blancs : leur partie inférieure est aussi très - fréquemment mélée de blanc et de brun. Les nageoires sont rouges avec des taches blanches; on distingue quelquefois les femelles par les nuances de ces mêmes nageoires, qui sont alors blanches et rayées de noir, et par le blanc assez pur du dessous de leur corps. | . La tête du scorpion est garnie de tuber- DES COTTES. 32x eules et d’aiguillons ; les yeux sontgrands, alongés | rapprochés l’un de l’autre, et placés sur le sommet de la tête; les mâ- choires sont extensibles, et hérissées, comme le palais, de dents aiguës ; la langue est épaisse , courte et dure ; l’ou- verture branchiale très-large ;. l’opercule composé de deux lames; la ligne latérale droite , formée communément d’une suite de petits corps écailleux faciles à distin- guer malgré la peau qui les recouvre, et placée le plus souvent au-dessous d’une seconde ligne produite par les pointes de petites arêtes : la nageoire caudale est arrondie, et chacune des thoracines assez longue *. * A la première nageoire du dos... to rayons. eo. 16 à chacune des pectorales.......°17 r'ieconde Lis naine, à chacune des thoracines. ...... 4 Moon anne... nc, T2 + CEUE de lquenc.......,.,..0 10 Vertèbres dorsales, 8. Vertèbres lombaires, 2. * Vertèbres caudales, 19, a 7 LI F. | Que 922 HISTOIRE NATURELLE # LE COTTE QUATRE-CORNES *. Qvourre tubercules osseux, rudes, poreux, s'élèvent et forment un quarré | sur le sommet de la tête de ce cotte ; ils y représentent, en quelque sorte, quatre cornes, dont les deux situées le plus près du museau sont plus hautes et plus ar- rondies que les deux postérieures. Plus de vingt apophyses osseuses et piquantes, mais recouvertes par une lé- gère pellicule, se font aussi remarquer sur différentes portions de la tête ou du corps : on en distingue sur-tout deux au- … dessus de la membrane des branchies, trois de chaque côté du quarré formé par les cornes, deux auprès des narines, deux sur la nuque, et une au-dessus de chaque nageoire pectorale. Le quatre-cornes ressemble d’ailleurs, :$# Horn SiMpPA. , cn Suède, Ÿ W'ESI CO T'TE'S. 323 par un très-grand nombre de traits, au cotte scorpion : il présente presque toutes les habitudes de ce dernier ; il habite de même das l’Océan atlantique septentrio- nal, et particulièrement dans la Baltique et auprès du Groenland; égalementarmé, fort, vorace, audacieux, imprudent, il nage avec d'autant plus de rapidité, qu'il _a de très-grandes nageoires pectorales*, et qu'il les remue très-vivement : 1l se tient quelquefois en embuscade au milieu des fucus et des autres plantes marines, où il dépose des œufs d’une couleur assez pâle ; et dans certaines saisons il remonte les fleuves pour y trouver avec plus de facilité les vers, les insectes aquatiques et les jeunes poissons dont il aime à se nourrir. On dit ‘au reste, que sa chair est plus * A la première nageoire dorsale... 9 rayons, ECM LU Re OU CU TE à chacune des pectorales....... 17 a chacune des thoracmes........ 4 cote de Pannes. ce LUE 1 celle de la queue, qui est ar- 151102 1.7 2 MAR Peas A REUTERS Das £D4 224 HISTOIRE NATURELLE agréable à manger que celle du scorpion ;“ äil ne parvient pas à une grandeur aussi M considérable que ce dernier cotte ; et les « couleurs brunes et nuageuses que pr | ‘le dos du quatre-cornes, sont plus | cées , sur-tout lorsque l’animal est re 5 que es nuances distribuées sur la partie supérieure du scorpion. Le dessous du ‘corps du cotte que nous décrivons , est d’un brun jaunûtre. | à Lorsqu'on ouvre un individu de cette espèce, on voit sept appendices ou cœ- cums auprès du pylore ; quarante ver- tèbres à l’épine dorsale; un foie grand, jaunâtre, non divisé en lobes, situé du côté gauche plus que du côté droit, et adhérent à la vésicule du fel qu’il re- couvre ; un canal intestinal recourbé deux fois; un péritoine noirâtre ; et les poches membraneuses des œufs sont de la même . couleur. DES COTTES. 325 LE COTTE RABOTEUX. Ces poisson habite dans le grand Océan ; et particulièrement auprès des rivages des Indes orientales, où il vit de mol- lusques et de erabes. C’est un des cottes dont les couleurs sont le moins obscures et le moins monotones : du bleuâtre règne sur son dos ; ses côtés sont argentés ; six _ousept bandesrougeâtres forment comme autant de ceintures autour de son corps ; ses nageoires sont bleues; on voit trois bandes jaunes sur les thoracines; et les pectorales présentent à leur base la même -nuance jaune *; * À la membrane des branchies..,. 6 rayons, à la première nageoire du dos.. 8 | “HN 2 ROMANS p à chacune des pectorales. .,..... 18 à chacune des thoracines....... 6 ob l'anus. 0,1... 12 droite la queue... 0..,,, 720 Lin 28 326 HISTOIRE NATURELLE Les écailles sont petites, mais forte | ment attachées, dures et dentelées ; la ligne latérale oi une rangée longitudi- nale d’aiguillons recourbés en arrière ; quatre piquans également recourbés pa- roissent sur la tête; et indépendamment des rayons aiguillonnés ou non articulés qui soutiennent la première nageoire dor- sale, voilà de quoi justiñer l’épithète de raboteux donnée au cotte qui fait le sujet de cet article. D'ailleurs la tête est alongée, la mâ- choire inférieure plus avancée que la su- périeure , la langue mince, l’ouverture de la bouche très-grande, et l’orifice bran- chial très-large. \ +. DES /OOT TD 8. 327 WEB COTTE AUSTRAL. Nous placons ici la notice d’un cotte observé dans le grand Océan équinoxial, et auquel nous conservons le nom spéci- fique d’austral, qui lui a été donné dans J'Appendix du Voyage de l’Anglois Jean White à la nouvelle Galles méridionale. Ce poisson est blanchâtre ; il présente des bandes transversales d’une couleur lhivide, et des raies longitudinales jaunâtres ; sa tête est armée d’aiguillons. L’individu de cette espèce dont on a donné la figure dans le Voyage que nous venons de citer, n’avoit guère qu’un décimètre de lon- gueur. 328 HISTOIRE NATURELLE LE COTTE INSIDIATEUR. C£ cotte se couche dans le sable sis tient en embuscade pour saisir avec plus de facilité les poissons dont il veut faire sa proie; et de là vient le nom qu’il porte. On le trouve en Arabie ; il y a été observé par Forskael , et il y parvient quelquefois jusqu’à la Crau de six ou sept déci- mètres. Sa tête présente des stries relevées, et deux aiguillons de chaque côté. Il est gris par-dessus et blanc par-dessous; la queue est blanche ; l’on voit d'otleltl sur cette même portion de l'animal une tache ; jaune et échancré ée , ainsi que deux raies inégales, obliques et noires; et de plus le dos est parsemé de taches et de points bruns * | . { # À la AE des branchies..: 8 rayous. à la premitre nageoire dorsale... 6 à IN eeCORHe. 1.0. 1 0a Sd à es à chacune des pectorales....... 19 à chacune des thoracines...... se 00 à celle de ;l'ants. 4,104 RAA + “H 4 celle de la queue. . 4,40 00 1. COT TZ À Madegasse vu par dessus. 2.lermémevu par dessous. 3. CYPRIN Commersonnien : d. Toaiquet L: D'EiSriC)O TT Œ Se : 1 859 LE COTTE MADÉGASSE. L, description de ce cotte n’a point encore été publiée; nous en avons trouvé une courte notice dans les manuscrits de Commerson, qui l’a observé auprès du fort Dauphin de lîle de Madagascar, et qui nous en a laissé deux dessins très- exacts, l’un représentant l’animal vu par- dessus, et l’autre le montrant vu par- dessous. Ce poisson, qui (ca du à quatre dé- cimètres ou environ de longueur, a la tête armée , de chaque côté, de deux aiguillons recourbés. De plus, cette tête, qui est applatie de haut en bas, pr ce | dans sa partie! supérieure un “Ton pro- fond et très-large , qui s'étend longitu- dinalement entre les yeux, ct continue de s’avancer entre les deux opercules , en s’y rétrécissant cependant. Ce trait 25 339 HISTOIRE NATURELLE seul suffiroit pour séparer le madégasse * des autres cottes. D'ailleurs son corps est couvert d'’é- cailles assez grandes ; son museau ar- rondi, et la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure. Les yeux, très- rapprochés l’un de l’autre, sont situés dans la partie supérieure de la tête: les opercules sont pointiilés; la première na- gcoire du dos est triangulaire ; lPanus plus proche de la gorge que de la nagecire caudale; et cette dernière nageoire paroît, dans les deux figures du madégasse réu- nies aux manuscrits de Commerson, et que nous avons fait graver, paroît, dis-je, doublement échancrée, c’est-à-dire, di- visée en trois lobes arrondis; ce qui don- neroit une conformation extrèmem ent rare parmi celles des poissons non élevés en domesticité*. Me * 6 rayons aiguillonnés à à la, première rRageoite du dos. 13 rayons arüculés à la seconde. 12 rayous arnculés à chacune des pectoräles. 5 ou 6 rayons'articulés à chacune des thoracines. La régcoire de l'anus eëtitrès-étroite, LE COTTE NOIR *. { Vorcrlie précis de ce que nous avons trouvé dans les manuscrits de Commer- son au sujet de ce cotte, qu’il a observé, et qu'il ne faut confondre avec aucune des espèces déja connues des naturalistes. La grandeur et le port de ce poisson sont assez semblables à ceux du gobie voir; sa longueur ne va pas à deux déci- mètres. La couleur générale est noire, ou d’un brun noirâtre : la seconde nageoire du dos, celle de l'anus et celle de la queue sont bordées d'un liséré plus foncé, ou pointillées de noir ; la première nagcoire dorsale présente plusieurs nuances de jaune, et deux bandes longitudinales noi- râtres; et le noir ou le noirâtre se re- trouve encore sur l'iris. | La tête épaisse, plus large par-derrière * Le petit cabot notr. di Us | 332 HISTOIRE NATURELLE * / que la partie antérieure du corps, et ar< mée d’un petit aiguillon de chaque côté, paroît comme gonflée à cause des dimen- sions et de la figure des muscles situés sur les joues, c’est-à-dire, au-dessus de la région des branchies. Le museau est ar- rondi ; l’ouverture ide la bouche très- grande; la mâchoire inférieure plus avan- cée que la supérieure; celle-ci facilement extensible ; chacune de ces deux mûâ- choires garnie de dents courtes, serrées, et semblables à celles que l’on voit sur deux éminences osseuses placées auprès du gosier; le palais très-lisse, et tout le corps revêtu, de même que la queue, d’écailles très-rudes au toucher. “à 5.4 à: | M FT 17e F 1 2 : DES COTTES, 33% LE COTTE CHABOT: Ox trouve ce cotte dans presque fous les fleuves et tous les ruisseaux de l'Eu- rope et de l’Asie septentrionale dont le fond est pierreux ou sablonneux. Il y par- vient jusqu'à la longueur de deux déci- mètres ?. Il s’y tient souvent caché parmi les pierres, ou dans une espèce de petit terrier ; et lorsqu'il sort de cet asyle ou 1 Sen simpa , sten lake , en Suède; bull-head, millers thumb , en Angleterre; messore, capo grosso, dans plusieurs contrées de lialie ; zéte d'âne, âne, dans plusieurs départemens méridio- uaux de France. | ? À la membrane des branchies... 4 rayons. la première nageoire dorsale.. "7 Ja seconde. ..... OR EI AR 17 chacune des pectorales......... 14 chacune des thoracines......., 4 pole ones Art T9 à celle de la EN EE 13 y Qu Eu pu € 334 HISTOIRE NATURELLE | de cette embuscade, c’est avec une très grande rapidité qu'il nage, soit pour at teindre Ja petite proie qu'il préfère, soit. pour échapper à ses nombreux ennemis Il aime à se nourrir de très-jeunes pois | sons, ainsi que de vers et d'insectes aqua-" | tiques; et lorsque cet aliment lui manque, il se jette sur Les œufs des diverses espèces” d'animaux qui habitent dans les eaux qu'il fréquente. Il est très-vorace : mais la vivacité de ses appétits est trop éloignée de pouvoir compenser les effets de la peti- tesse de sa taille, de ses mauvaises armes et de son peu de force; et il succombe fréquemment sous la dent des perches, des saumouns, et sur-tout des brochets. La bonté et la salubrité de sa chair, qui de-! vient rouge par la cuisson comme celle du saumon et de plusieurs autres pois- sons délicats ou agréables au goût, lui donnent aussi l’homme pour ennemi. Dès le temps d'Aristote, on savoit que pour le preudre avec plus de facilité, il falloit frapper sur les pierres qui lui servoient d'abri, qu’à l'instant il sortoit de sa re- traite, et que souvent il venoit, tout | @ DE SME O T'TES. 335 étourdi par le coup, se livrer lui-même à la main ou au filet du pêcheur. Le plus souvent ce dernier emploie la z2asse*, pour être plus sûr d'empêcher le chabot de s'échapper. Il faut saisir ce cotte avec pré- caution lorsqu'on veut le retenir avec la main : sa peau très-visqueuse lui donne en effet la faculté de glisser rapidement entre les doigts. Cependant , malgré tous les piéges qu’on lui tend, et le grand nombre d’ennemis qui le poursuivent, on le trouve fréquemment dans plusieurs rivières. Cette espèce est très-féconde. La femelle, plus grosse que le mâle, ainsi que celle de tant d’autres espèces de pois- sons, paroît comme gonflée dans le temps où ses œufs sont près d’être pondus. Les protubérances formées par les deux ovaires, qui se tuiméfhent, pour ainsi dire, à cette époque, en se remplissant d’un très-grand nombre d'œufs, sont assez élevées et assez arrondies pour qu’on les _ait comparées à des mamelles ; et comme une comparaison peu exacte conduit 7 * Voyez la description de Ja nasse dans l’article du pétromyzon lamproie, 336 . HISTOIRE NATURELLE souvent à une idée exagérée, et une idéé exagérée à une erreur, de celbbt és natu- 1 ralistes ont écrit que la femelle du Chabot. avoit non sculement un rapport de forme, | mais encore un rapport d'habitude, AVC0E | les animaux à mamelles , qu’elle couvoit ses œufs, et qu’elle per dE. plutôt la vie que | de les abandonner.Pour peu qu’on veuille”! rappeler ce que nous avons écrit* sur la manière dont les poissons se reproduisent, on verra aisément combien on s’est mé- pris sur le but de quelques actes acciden- tels d’un petit nombre d'individus soumis à l'influence de circonstances passagères et très-particulières. On a pu observer des chabots femelles et même des chabots. mâles se retirer, se presser, se cacher dans le même endroit où des œufs de leur espèce avoient été pondus, les couvrir dans cette attitude, et conserver leur po- sition malgré un grand nombre d'efforts pour la leur faire quitter. Mais ces ma nœuvres n’ont point été des soins atten- üfs pour les embryons qu ils avoient pu. * Voy F3 le Discours sur Ja nature des poissons, DES ÇCOTTES.: 337 produire; elles se réduisent à des signes de crainte, à des précautions pour leur sûreté; et peut-être même ces individus. auxquels on a cru devoir attribuer une tendresse constante et courageuse, n ’ont- ils été surpris que prêts à dévorer ces mêmes œufs qu'ils paroissoient vouloir réchauffer » garantir et défendre. Au reste, les écailles dont la peau mu- queuse du Het est revètue , ne sontun peu sensibles que par le moyen de quel- ques procédés ou dans certaines circons- tances : mais s1 la matière écailleuse ne s'étend pas sur son corps en lames bril- lantes et facilement visibles, elle s'y réunit en petits tubercules ou verrues ar- rondies. Le dessous de son corps est blanc: le mâle est, dans sa partie supérieure , gris avec des taches brunes ; et la femelle brune avec des taches noires. Les na- geoires sont le plus souvent bieuâtres et tachetées de noir; les thoracines de la femelle sont communément variées de jaune et de brun. | Les yeux sont très-rapprochés l’un de l'autre. Des dents aiguës hérissent lee Poissons. V I, 29 38 HISTOIRE NATURELLE. : mâchoires , le palais ét le gosier; mais la Jangue est tisse: Chaque opercule ne pré- sente qu’une seule pièce et deux aiguil- lons recourbés. La nageoire caudale +. arrondie, 1 On voit de chaque côté les deux bran- | chies intermédiaires garnies, dans leur partie concave, de deux rangs de tuber-. cules. Le foie ai grand , non divisé, jau- nâtre, et situé en grande partie du côté gauche de lanimal; l’estomac est vaste. Auprès du pylore sont attachés quatre cœcums ou appendices intestinaux ; le ca- nal intestinal n’est plié que deux fois; les deux laïtes des mâles et les deux ovaires des femelles se réunissent vers l'anus, et sont contenus dans une membrane dont Ja couleur est très-noire, ainsi que celle du péritoïne ; les reins et la vessie urinaire sont très-étendus et situés dans le fond de l'abdomen. On compte dans la charpente osseuse du chabot trente-une vertèbres; et il y a environ dix côtes de chaque côté. Fin du tome sixième. TRTLT Des articles contenus dans ce volume. Des grreTs de l’art de l'homme sur la na- ture des poissons, page 5. TABLEAU du genre des he 98. Le caranx trachure, 103. Le caranx anue, et le caranx quene-joune ; 107. Le caranx atié 109. Le caranx blanc, et le caranx queue-ronge , 111. Le caranx filamenteux, 113. ; Le caranx daubenton , 119. Le caranx irès-beau, 117. Le caranx carangue, 120. Le caranx ferdau , le caranx gæss, Île caranx sansun, et le caranx korab, I2I. TABLE AU du genre des trachinotes, 125. _ Le trachinote faucheur, 126. _TABLEAU du genre des caranxomores 129. Ni Le caranxomore pélagique, 130. Le caranxomore plunuiérien, 131. 340 ) T ABLE. TABLEAU du genre des cæsio , 132. Le cæsio azuror, 133. Le cæsio poulain, 138. TABLE AU du genre des cæsiomores , 14r. Le cæsiomore baillon, 142. Le cæsiomore bloch, 145. TABLEAU du genre des coris, 147. Le coris aigretle, 148. Le coris anguleux, 191. La s . rs eilil d . TABLEAU du genre des gomphoses, 152. . Le gomphose bleu, 153. Le gomphose varlé + 197e TABLEAU du genre des ni tar 158. Le nason licornet, 129. Le nason loupe, 165. TABLEAU du genre des kyphoses, 168. Le kyphose double-bosse , 169. - TABLEAU du genre des osphronèmes, 171. L’osphronème goramy, 172. L’osphronème gal, 178. æ TABLEAU du genre des {Ho pese 181. Le trichopode mentonnier, 182. Le trichopode trichoptère , 166. LUS TABLE. 347 TagLEAu du genre des monodactyles, 169. 4 - Le monodactyle faléiforme, 196. TaszEeAU du genre des plectorhinques, 193. Le plectorhinque ét OA RON: 194e TABLEAU du genre des pogonias, 197. Le pogonias fascé ; 196. TABLEAU du genre des bostryclies, 201. Le bostryche chinois, 202. Le bostryche tacheté, 205. TaBLEaAu du genre des bostrychoïdes ; 205, . Le bostrychoïide œillé, 207. TABLEAU du genre des échénéis, 208: L'échénéis rémora, 209. 1L’échénéis naucrate, 228. L’échénéis rayé, 234. LEY TasLrau du genre des macroures , 236. Le macroure Au LR 237. TABLEAU du genre des PC 240: Le coryphène hippurus, 247, | | - Le coryphène doradon, 254 L 5 M Le coryphène chrysurus, 256. Le coryphène scombéroide, 265. y LA , et EME 342 ; TABLE Le coryphène ondé, 270. Le coryphène pompif, 272.7 Le coryphène bleu, 274. Le coryphène plumier, 276. Le coryphène rasoir, 278. - Le coryphène perroquet, 28e. Le coryphène camus, 282. Le coryphène rayé #00: Le coryphène chinois, 284. Le coryphène pointu, 286. Le coryphène verd , et le coryphène casqné, 287. TABLEAU du genre des hémiptéronotes, 43 1 888: as | L’hémiptéronote cinq-taches, 290. L’hémiptéronote gmelin , 294. TABLEAU du genre des coryphénoïdes, 295. n " Le corÿyphénoide hottuynien, 296. ; È TaBLEAu du genre; des aspidophores, 298. | L’aspidophore au 299. EL ’aspidophore As 303. Ta BLEAU du genre. des aspidophoroïdes, 506. L’'aspidophoroide tranquebar > 307: sr TABLE, 343 TaABLEAU du genre des cottes, 309. . Le coue grognant, 3r2. Le coite scorpion, 317. Le cotte quatre-cornes, 322. Le-cotte raboteux, 325, 14. Le cotte anstral, 327. L.2N Zu pe Le coite insidiateur, 328. Le cotte madégasse, 329. Le cotte noir, 331. AA Le cotte chabot, 333. le & DE L'IMPRIMERIE DE PLASSAN. à , y ki " PA + PET se vf LM Diludl iére £ Luc 1 à Let APT CU : t re Le ñ { A \ à *, ë f re « = a PA 3 9088 00769 6420