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FRANÇAISE.

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ICHTHYOLOGIE

FRANÇAISE.

OCTEl'R EN MEDECIl

ÏCÎÎTÏIIOLOGIE FRANÇAISE

OU

HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS D'EAU DOUCE

DE LA FRANGE , PAR J.-N. VALLOT,

nOCTEUR EN MÉDECINE , PROFESSEUR A l'ÉCOLE SECONDAIRE DE MEDECINE DE DIJON, PROFESSEUR d'hiSTOIRE NATURELLE, MEMBRE DE PLUSIEURS SOCIÉTÉS SAVANTES, NATIONALES ET ÉTRANGÈRES,

DIJON,

I)E L'IMPRIMERIE DE E. FRANTIN. M. DCCC. XXXVII.

HARVAfîD UîîiYERSlTf]

TCÏITHYOLOGIE FRAI\CA1SE ,

ou

HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS D EAU DOUCE

DE LA FRANGE.

L'étude de l'histoire naturelle a de tout temps été cultivée à Dijon ; il est aisé de s'en assurer en recourant aux Mémoires , tant anciens que nouveaux , de l'Aca- démie des Sciences , Arts et Belles-Lettres de Dijon , et aux différens ouvrages ex professe publiés à Dijon sur diverses parties des sciences naturelles.

Le développement acquis, par les sciences depuis quelques années , exijje que chacune de leurs parties soit traitée à part ^ jusqu'à ce jour l'ichthyologie du dé- partement de la Cole-d'Or n'ayant occupé les loisirs d'aucun de nos compatriotes ^ , je l'ai choisie comme

' ce Cette classe utile (des poissons) , qui n'a pas encore été observée pour notre département, dans un aussi grand détail que les autres, n'est ordinairement connue que par les espèces qu'elle fournit sur nos tables, et par le plaisir

(6)

objet d'un travail neuf, puisque l'histoire des poissons d'eau douce de la France n'a pas encore été faite.

Notre département placé entre les bassins de la Seine, de la Loire et du Rhône ' , ( par la Saône ) , se trouve un des plus riches de France en ichthyologie.

Pour donner à mon ouvraçfe toute la certitude dé- sirable , je me suis aidé d'une foule de renseignemens ^, je me suis procuré tous les poissons de notre pays , je les

que procurent les moyens de les prendre. » Vaillant, Sta- tistique du département de la Côte-d'Or, mss. , tome i , p. ig6.

Dans la liste des 17 poissons dV)nl Vaillant donne les noms, cet auteur indique sous le n" 4 ^'^ Loche fninclie, et sous le 5 la Moutelle ; il ignorait que ces deux noms désignaient le même poisson.

' La pente du Rliône est communément par mètre, de —^ de millimètre.

* MM. Boudot , professeur de FEcoIe des cliartres , et archiviste du Département 5 Baudot , juge honoraire du tri- bunal de première instance 5 Roger, directeur de la poste à Auxonne , m'ont donné la liste des poissons de la Saône 5 M. Andriot, docteur-médecin à Fontaine-Française, m'a procuré celle des poissons de la Vingeanne ( Vigenna, nom qui désigne aussi la rivière de Yienne ) et de la Venelle 5 M. le docteur Bourée , médecin à ChûtilIon-sur-Seine , m'a communiqué celle des poissons de cet ari-ondissenient ; en- fin M. Quentin, archiviste à Aiixerre , m'a envoyé la liste des poissons de l'Yonne. Je ne saurais trop reconnaître l'o- tligeance de tous ces Messieurs, auxquels j'adresse de sin- cères remercîmens. Je me suis également adressé aux meil- leurs pêcheurs de Dijon , près desquels j'ai recueilli diverses dénominations que j'ai toutes rapportées au nom scienti- fique.

( ' )

ai déterminés exactemcnl -, aussi mon ouvrajje fait d'après nature, contient des observations neuves et des éclair- cissemens curieux sur divers points d'ichthyologie. M. Pa taille père , propriétaire à Maxilly-sur-Saône , et amateur zélé de la science , a eu la complaisance de me procurer tous les poissons de la Saône ; je le prie d'a- gréer ici mes reraercîmens et de recevoir les témoi- gnages de ma reconnaissance. Tous les autres poissons, dont je parle , ont été trouvés sur le marché. Il est assez didicile de se procurer toutes les espèces de pois- sons , en les demandant aux pêcheurs , parce que les noms n'étant point fixés , chacun en impose à sa volonté; aussi le même nom est-il appliqué à des poissons bien différens. Voici ce qu'à ce sujet me mandait M. Pataille.

(( Vainement , m'écrit-il , on demande aux pécheurs « d'habitude, même aux plus anciens , s'ils ont remarqué « tels ou tels poissons, etc.-, la plupart se bornent à ré- « pondre que les poissons pris, ils se hâtent de les jeter « à la boutique , d'où ils les retirent pour les livrer aux « particuliers ; que s'ils en rapportent à la maison pour « leur usage personnel , ils les remettent , sans les '( examiner , à la femme qui les écaille , les vide à l'ins- -( tant , puis les met sur le gril ou les jette dans la i( poêle. )) Lettre du i5 m'iU 1806.

Ainsi , lorsque l'on voudra se procurer les diverses espèces de poissons, le meilleur moyen sera d'accom- pagner les pécheurs, et d'examiner ce qu'ils ramènent dans leurs filets , parce que sous le nom générique de frituie , ils confondent tous les petits poissons, dont ils ne peuvent pas se défaire utilement sur le marché : ils ne s'attachent qu'aux poissons dont la taille ou la qua- lité leur fait espérer un débit avantageux.

J'ai eu le soin de signaler et d'éviter les doubles em-

( 8 ) plois , « ce fléau de l'histoire naturelle , toujours prêt a <( s'introduire , dit Cuvier , Hist. nat. des poissons , tom. « 1 , p. 78 , sitôt qu'on n'apporte pas dans une compila- « lion la critique la plus sévère -, doubles emplois si nui- « sibles aux vrais progrès de la science , » comme il le ré^hieouv. cité, p. 128.

AUeon Dulac , dans ses Mémoires pour servir à l'his- toire natuj'elle du Lyonnais , en fournit la preuve ; compilant Rondelet et Artedi , sans soin et sans choix , il confond tout , jusqu'au point de donner des poissons marins pour des poissons d'eau douce. On en trouve de nouvelles preuves dans plusieurs ouvrages récens , comme il est facile de s'en assurer en consultant les annales agricoles, littéraires et industrielles de l' A- riège, Foix , i836, p. 087-390.

Sous le litre : 4^ classe d'animaux a sang rouge , on cite les poissons de ce département, sans en assigner les caractères , et sans donner leur nom scientifique. A cette occasion , je ferai les observations suivantes sur quatre poissons dont les noms vagues rendent assez diffi- cile leur détermination exacte.

« Le 3Ieûn'er ou Têtu , ainsi appelé parce qu'on le « trouve en quantité à l'entour des moulins , est un « poisson blanc d'eau douce que l'on trouve en abon- « dance dans le Bas Salai , surtout du temps de son frai <c en mars. On l'appelle aussi en français Têtu , et en (( patois Cap Beyré , parce que sa tête à museau poin- « lu est \^erte comme du verre , » p. 089.

Ce poisson peut être ou la Dobule, Cyprinus Dobula, ou mon Cvprin bouche en croissant , Cjprinus toxos- toma j l'auteur n'ayant point parlé de la couleur noire du Péritoine , me laisse à penser que son Meunier ou Têtu est notre chevanne, Cjprinus Dobula: ce dont il

(0 ) pourra s'assurer par Texanien des dents pharyngiennes; le nom de Meunier n'a été donné à ce poisson , qu'à cause de sa blancheur.

a Le Gardon , vulf^airement la Siège, a comme le « Meunier , le corps larj^e et couvert d'écaillcs, le dos « bleu , la tète verdàtre , le ventre blanc et les yeux « grands 5 mais il n'a pas le museau aussi pointu , » « p. 389.

Cette description , copiée de Rondelet , n'apprend rien. Ce poisson peut être ou le Cjprinus rutilus, Lia., ou mon Cjprinus rufus,\A\\. , ou mon CYprinusfiiscns , ou le Cyprinus erjtlirophthalmus , Lin. ; l'inspeciion des dents pharyngiennes pourra seule déterminer auquel de ces quatre poissons appartient le Gardon de l'Ariège.

(( IjA Sardine de rivière , en patois Sophio , est un « autre petit poisson blanc, diiïerent du Gardon; c'est « le moins estimé des poissons du Bas Salât, » p. 090.

Cette Sardine peut être ou mon Cyprinus toxostoma, Vall. , ou mon Cyprinus mugil ^ Vall., ou le Cyprinus jaculus , Jurine; la couleur du Péritoine et l'examen des dents pharyngiennes feront disparaître l'incertitude.

« Le Satro7i , vulgairement appelé Rabote, est un (( très-petit poisson , peu estimé , d'environ deux pouces

« de long; on le prend en abondance avec des

« bouteilles percées par le fond et renfermant de la mie « de pain pour l'attirer. Il est abondant dans le ruisseau « de la Gouarège , ^. 090. »

Ce poisson est le Vairon, Cjprinus phoxinus , Lin.

Le docteur Despine fils , Manuel de l'étranger aux Eaux d'Aix en Savoie, i834, pp^ 8 e^ 9 , donne la liste des poissons des environs d'Aix, avec une syno- nymie défectueuse pour les suivans :

« 2. Truite, Salmofatio.

( io )

« 3. Truite saumonée, Salmo iriita.

« 4- Trulle saumonée noire, Salmo alpinus , \u[q. truite des Alpes. »

D'après Jurine , ces trois espèces de poissons se ré- duisent k celle de la truite ordinaire.

« 5. Umble chevalier, Salmo thjmallus , vulgaire- ment Ombre chevalier. »

Il paraît que la liste des poissons des environs d'Aix a été formée d'après le Concentrateur suisse , guide très- infidèle , comme le fait remarquer Jurine , Hist. des poissons du lac Léman, p. i86 , dans le passage sui- vant :

« Dans le Consen'ateur suisse , dit-il , on a commis « une double faute d'impression , en nommant Ombre « chevalier le Salmo umbla, et Umble, le Salmo thj ~ « mallus. »

« 6, Carpcau, Salmo cyprinoïdes. »

Le Salmo cjprinoides est un poisson de Surinam ; le Carpeau, dont parle l'auteur, est le Salmo carpione , Linn.

« \j. Meunier, Cyprinus cephalus ,\u\^. Chevène. »

L'examen des dents pharyngiennes de ce poisson ap- prendra si c'est la dobule , Cjprinus dobula , ou le Che- vène du lac Léman , Cjprinus idus , Bloch.

« i8. Sardine, Clupea sardinia , vulg. Mirandiile. »

Ayant demandé infructueusement quelques échan- tillons de ce poisson , il m'est impossible de dire s'il ap- partient à ma Clupea sardinella, on aa C y prinus albur- nus , qui porte en Savoie le nom de Sardine.

Les naturalistes d'Aix sont invités à éclaircir ce point d'ichthyologie,

(( 21. Lamproie , Peîromjzon fluvlatilis , vulg. Lauipray . »

( H )

Ne serait-ce pas plutôt le Pelromycon ornnchinlis , Linn. , Ammocete Lamproyon?

« 22. Corydale.

« 23, Dormille, vul.<^. Dremillon, w

Quels sont ces deux poissons indiqués sans dénomina- tion systématique ?

« 24. Barbotte, Cobills barbatida.

« 25. Loche franche , Cobitis lœnia. »

Ces deux derniers poissons sont-ils désip^nés avec leur véritable dénomination systématique ? Cela est douteux , surtout en ayant suivi le Conseivateur suisse.

<( 26. Misp;uri : lisez 3Iissurn. )>

P. 9. « On a vu dans le lac quelques raies et même des esturgeons; mais ils sont devenus très-rares depuis que les sels, qui se consomment dans le pays, n'arrivent plus par le Rhône. »

Il serait curieux et intéressant de connaître les cir- constances qui ont fait croire à la présence des Raies dans le lac. Les savans d'Aix peuvent seuls indiquer la source de cette assertion singulière. Les Raies étant des poissons essentiellement marins, quelque malin n'aurait- il pas jeté une Raie dans le lac pour faire croire à l'exis- tence de ce poisson dans la Savoie?

Ce serait une nouvelle mystification à ajouter à celles assez multipliées faites aux naturalistes.

Jean-Daniel Meyer , peintre en miniature à Nurem- berg , a publié en 1748 , dans cette ville , un ouvrage ' pour représenter d'après nature (excepté cependant les lièvres cornus, Act. Divioji., i835, p. 79), des mam- mifères j des oiseaux , des reptiles et des poissons , avec

' Johan Daniel Meyers Yorstelliingea allerley lliiere îuit iliren gerippen.

( Ï2 ) leurs squelettes 5 les figures sont disposées sans ordre. Cuvier , Hisl. nal. des poissons , loin, i , p. 3o2 , note 5 , a dénommé toutes celles relatives aux poissons ^ mais s'en rapportant , soit au nom de chaque figure , soit à la description correspondante , il est tombé dans quelques erreurs très-importantes à signaler.

La planche 53 du tome 2 est intitulée : Die ro- tliaiige , appelé dans le texte Rubellio.

D'après ces deux noms, Cuvier rapporte la figure au Cjprimis ery throphlhabnus .

Mais dans cette figure , la position de la nageoire dorsale correspond à celle des ventrales 5 aussi convien- drait-elle plutôt au Cypiinus blicca, Bloch , planche X , à raison de la longueur de la nageoire anale et de la couleur safrannée de l'iris ' .

La planche 93 du même volume a pour titre : Der lieseling , qui suivant Cuvier représenterait le Gardon, Cjprinus jeses.

Dans cet article , Cuvier attribue le nom de Gardon au Cjprinus jeses ; et dans le Règne animal, édit. 2, tom. 2 , p. 275 , il donne le nom de Gardon au Cjprinus idus.

Laquelle de ces deux synonymies doit-on adopter?

Le Heseling de Meyer ne serait-il pas le Cjprinus erj ihroph th alm us ?

La planche 96 présente la figure supérieure, inti- tulée : Der steinbeisser y rapportée par Cuvier au Cobi- îis tœnia.

' Il est difficile de déterminer exactement le poisson re- présenté dans celte figure-, les naturalistes de Nuremberg pourront seuls le reconnaître par la comparaison et par rinspecliou des d<uits pliaryngiennes.

( 13 )

En lisant dans le texte allemand , la description in- complète de ce poisson -, en s'assurant que le dessin ne représente aucun aiguillon -, puis en comparant la figure donnée par Meyer , avec celles de Bloch , de Jurine , etc. , on s'assure que ce poisson est la Loche franche, Cobilis barhalula, Linn. , dont 3Ieyer avait déjà donné une figure sur la planche 74 f^« fom. 1 .

A la vérité en comparant les deux squelettes dessinés par Meyer, on y trouve des différences marquées, surtout pour le crâne. Il faudrait donc revoir ces deux espèces en nature.

La figure inférieure de la planche 96 est certaine- ment celle du Vèron , Cjprinus phoxinus , indiqué avec doute par Cuvier , dont fincertitude provenait du texte obscur de Meyer.

Ce peintre , ayant reçu d'un pêcheur , ce poisson sans être nommé, crut le reconnaître dans le Rj série , 7?j^^5/m^, dont parle Gesner, de Aqiiatilib. ,p. ^'y<^,linea 12, et dont la figure se trouve sur la même page , au- dessous de la ligne 2.5. Mais il s'est évidemment trompé, car le traducteur ^ allemand de Gesner dit positive- ment : « Ce poisson a le péritoine noir , comme le « nase , le dos vert-bleu , les cotés et le ventre a blancs. « Or ces caractères ne se trouvent point dans le Vèron, mais bien dans le Cjprinus jaculus, Jurine, auquel la figure de Gesner convient parfaitement.

La figure supérieure de la planche 97 est intitulée ; Die Laugele. Cuvier la rapporte à la Vandoise, sans en donner le nom systématique latin.

Le Laugele de Meyer est effectivement le Cyprl-

" Voyez Neue Schauplatz dernatur. Leipsig, 1779 , tom. VII j p. 335.

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mis jaculus, auquel Jurine attribue une nageoire anale à XIV rayons , et Meyer sv.

Gesner dit avoir trouvé dans le Laugele, dont il donne la figure, p. 3o , cinq dents pharyngiennes, comme dans le Ballerus, la Bordelière des Lyonnais, dé- crite p. 28.

Gesner se sera probablement borné à signaler les dents extérieures, et il aura négligé les dents inté- rieures. Il a fait le même oubli dans la denture du Cyprinus erj llivophtlialmus .

La figure inférieure de la planche 97 , intitulée : Die Neinauge, représente le Petromjzon branchialis Linn. , ainmocete lamprojon , Cuv.

Ayant vu tous les poissons dont je parle, j'aurais pu me dispenser de citer les auteurs; mais ra'étant fait une loi du suiun cuicjue , et d'ailleurs persuadé que la science se compose non-seulement des faits, mais encore des observations auxquelles ils ont donné lieu, j'ai regardé leur rapprochement comme d'autant plus nécessaire , qu'il fournit le moyen d'éclaircir beaucoup de récits équivoques. Ainsi on peut recon- naître que Jean Hermann , sous le titre de Cjprinus jutilus , consigné dans ses Obse/vationes zoologicœ, page 3^3 , s'en rapportant avec confiance au nom donné par les pêcheurs, a décrit le Cjprinus i-utilus , le Cjprinus rufus, Nob. , et le Cjprinus erj'ilirophlhahnus ; ce dont on peut s'assurer à Strasbourg, en comparant les échan- tillons laissés par Hermann, et en examinant leur appa- reil dentaire pharyngien. Jurine , fJist. des poissons du lac Léman, p. 2,i3 , dans son article Rosse , a de même confondu sous le même nom le Cjprinus rulilus , le Cj- prinus rufus, Nob. , et peut-être le Cjprinus fulvus, !Nob. ; et dans ses Remarques sur la sjnonj'mie de la

(15) Rosse, il reconnaît que ce nom a été donne à plusieurs îspèces de poissons diflërcns. Aussi Cuvier , Bègjie inimal, édit. 2, tom. 3, p. 276, à l'occasion des Cj- mnus grislagine et Cyprinus jeses cites à la note (i), (it-il : « La dilïiculté de reconnaître les figures données tar les auteurs, d'espèces si semblables, est encore ugmentée , parce qu'il y a dans les rivières d'Europe lusieurs autres espèces qui n'ont pas encore été repré- entées. »

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jaculus, auquel Jurine attribue une nap-eoire anale à XIV rayons , et Meyer xv.

Gesner dit avoir trouvé dans le Laugele, dont il donne la figure, p. 3o , cinq dents pharyngiennes, comme dans le Ballerus, la Bordelière des Lyonnais, dé- crite p. 28.

Gesner se sera probablement borné à signaler les dents extérieures, et il aura négligé les dents inté- rieures. Il a fait le même oubli dans la denture du Cjprinus erjthroph tJialm us .

La figure inférieure de la planche 97 , intitulée : Die Neinauge, représente le Pelroniyzon branchialis Linn. , arnmocete lamproyon , Cuv.

Ayant vu tous les poissons dont je parle, j'aurais pu me dispenser de citer les auteurs; mais m'étant fait une loi du suiun cidque , et d'ailleurs persuadé que la science se compose non-seulement des faits, mais encore des observations auxquelles ils ont donné lieu, j'ai regardé leur rapprochement comme d'autant plus nécessaire , qu'il fournit le moyen d'éclaircir beaucoup de récits équivoques. Ainsi on peut recon- naître que Jean Hermann , sous le titre de Cjprinus Tutilus , consigné dans ses Ohservationes zoologicœ, page 023 , s'en rapportant avec confiance au nom donné par les pêcheurs, a décrit le Cjprinus rutilus , le Cjprinus rufus, Nob. , et le Cjprinus erjthrophtJiabnus ; ce dont on peut s'assurer à Strasbourg, en comparant les échan- tillons laissés par Hermann, et en examinant leur appa- reil dentaire pharyngien. Jurine, Hist. des poissons du lac Léman, p. 2i3 , dans son article Rosse , a de même confondu sous le même nom le Cjprinus rutilus , le Cj- prinus rufus, Nob., et peut-être le Cjprinus fuh'us, ^ob. 5 et dans ses Remarques sur la sjnonjmie de la

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Lorsqu'on se bornera à déterminer les Cyprins seu- lement d'après les figures données par les autours , on multipliera les causes de confusion. Si l'on veut éviter les erreurs, il ftiudra adopter la méthode que j'ai choisie , et baser les caractères des espèces sur la forme , le nombre et la disposition des dents pharyngiennes , dont la considération importante a été négligée jusqu'à nous. Je suis parvenu , de cette manière , à préciser avec la plus grande exactitude tous les cyprins du sous-genre Ahle , dans lequel la confusion était excessive.

L'iclîthyologie des eaux douces de la France n'a été traitée , ex professa , que par trois auteurs , dont deux , Belon et RoKDELET , vivalcnt au seizième siècle , et le troisième , Duhamel du Monceau , au xviu*.

L'importance des poissons dans l'économie domeslique et dans les arts , aurait cependant stimuler le zèle des naturalistes français , et les déterminer à s'occuper d'une partie qu'ils ont entièrement négligée -, plusieurs à la vérité , ont voulu traiter des poissons , mais ils se sont bornés à copier les anciennes descriptions , sans avoir eu le soin de les rattacher aux objets réels , qu'ils ne cherchaient pas même à se procurer , et encore moins à examiner. Basant leur travail sur des noms , ils ont introduit dans l'ichthyologie une confusion extraor-

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Gesner dit avoir trouvé dans le Laugele, dont il donne la fig^ure, p. 3o , cinq dents pharyngiennes, comme dans le Ballerus, la Bordelière des Lyonnais, dé- crite p. 28.

Gesner se sera probablement borné à signaler les dents extérieures, et il aura négligé les dents inté- rieures. Il a fait le même oubli dans la denture du Cjprinus eryihrophtlialmus.

La figure inférieure de la planche 97 , intitulée : Die Neinauge , représente le Petromjzon hrarichialis Linn. , ammocete lamprojon , Cuv.

Ayant vu tous les poissons dont je parle , j'aurais pu me dispenser de citer les auteurs; mais m'élant fait une loi du suwn cuique , et d'ailleurs persuadé que la science se compose non-seulement des faits, mais encore des observations auxquelles ils ont donné lieu, j'ai regardé leur rapprochement comme d'autant plus nécessaire , qu'il fournit le moyen d'éclaircir beaucoup de récits équivoques. Ainsi on peut recon- naître que Jean Hermann , sous le titre de Cjprinus jiitilus , consigné dans ses Obseivationes zoologicœ^ page 020 , s'en rapportant avec confiance au nom donné par les pêcheurs, a décrit le Cyprinusrutilus, le Cjprinus rufus, Nob. , et le Cjprinus erjlhrophtJialmus ; ce dont on peut s'assurer à Strasbourg, en comparant les échan- tillons laissés par Hermann, et en examinant leur appa- reil dentaire pharyngien. Jurine, fJist. des poissons du lac Léman, p. 2i3 , dans son article Rosse , a de même confondu sous le même nom le Cjprinus rulilus , le Cj- prinus rufus, Nob,, et peut-être le Cjprinus fulvus, Nob. 5 et dans ses Remarques sur la sjnonjmie de la

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(15) Bosse, il reconnaît que ce nom a été donné à plusieurs espèces de poissons différcns. Aussi Cuvier , Rc£;Tie animal, édit. 2, toni. 2, p. 276, à l'occasion des Cy- prinus gn'slagine et Cypiinus jcses cités à la note ( i ) , dit-il : « La difïiculté de reconnaître les figures données par les auteurs, d'espèces si semblables, est encore augmentée , parce qu'il y a dans les rivières d'Europe plusieurs autres espèces qui n'ont pas encore été repré- sentées. »

Lorsqu'on se bornera à déterminer les Cyprins seu- lement d'après les figures données par les auteurs, on multipliera les causes de confusion. Si l'on veut éviter les erreurs, il faudra adopter la méthode que j'ai choisie, et baser les caractères des espèces sur la foruie , le nombre et la disposition des dents pharyngiennes , dont la considération importante a été négligée jusqu'à nous. Je suis parvenu , de cette manière , à préciser avec la plus grande exactitude tous les cyprins du sous-genre Ahle , dans lequel la confusion était excessive.

L'ichthyologie des eaux douces de la France n'a été traitée , ex professa , que par trois auteurs , dont deux , Belon et Rondelet , vivaient au seizième siècle , et le troisième , Duhamel du Monceau , au xvin*.

L'importance des poissons dans l'économie domestique et dans les arts , aurait cependant stimuler le zèle des naturalistes français , et les déterminer à s'occuper d'une partie qu'ils ont entièrement négligée 5 plusieurs à la vérité, ont voulu traiter des poissons, mais ils se sont bornés à copier les anciennes descriptions , sans avoir eu le soin de les rattacher aux objets réels , qu'ils ne cherchaient pas même à se procurer , et encore moins à examiner. Basant leur travail sur des noms , ils ont introduit dans l'ichthyologie une confusion extraor-

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( 10) flinalre : il su (lit pour s'en assurer de lire le court traité trAlléon du Lac, sur les poissons du Lyonnais, et de parcourir V Histoire iialurelle des poissons, par Lacépède, et celle de Bosc , son copiste.

Depuis le seizième siècle , les noms ont été ou altérés, ou chanîjés, ou transposés; aussi en est-il résulté une dilliculté assez grande pour retrouver les véritables objets dont les auteurs de cette époque voulaient parler. Ainsi, d'après Olivit:r de Serres' , on aurait élevé de son temps beaucoup plus d'espèces de poissons qu'au- jourd'hui : voici le passage se trouve le nom des poissons qui, suivant le père de notre agriculture, étaient nourris dans les viviers ou les étangs. (Voy. le cliap. xiii du cinquième lieu du Théâtre d'agriculture et mesnage des champs. J'y ajoute entre parenthèses les noms systématiques.

« Il est vrai qu'en général , l'on sait bien que les « terroirs pierreux et sablonneux nourrissent les Truites, « ( Salmofario, Linn. ) ; Loches , ( Cohitis harhatula ^ « Linn. ) ; Brochets , ( Esox lucius, Linn. ); Perches, « { Perça Jïuviatilis , Linn.); Barbeaux, { Cjprinus « barbus, Linn. ) -, Gardons, ( Cyprimis idus, d'après u Cuvierj , (Cjpr. erydirophthal., d'après Rondelet ) ; « Carpes, ( Cypiinus carpio , Linn. ) ; Goujons , « ( Cyprinus gobio , Linn. ); Dorades ^ ; {la Dorée .

' à Yi!leneuve-de-Berg , petite ville du "Vivarais, en Languedoc ( aujourd'hui département de l'Ardèclie).

* Il paraît que ce nom a été aussi donné à un autre poisson. Dorade, c'est le Gardou-Roscies des Anglais. Ses œufs sont en masse un peu ferme, roussâtres et estimés par heaucoup de personnes. Aldrovandl , p. 608. Les Roscics des Anglais ne seraient-ils pas les Rosières de Picardie?

Les Cheviniaux f Aleùnicis et Dahles sont des Cyprins

(17) « Carpe qui se trouve clans l'Ognon )•, Chabots, ( Cotius (( gohio , Linn. ) \ Cheviniaux , ( Cjprinus ) \ Meusniers, « ( Çyprinus ) -, Esperlans , ( Cjprinus bipunctatus ) ; « Dables, ( Cyprinus dobula) , et les limoneux et fan- « genx, aussi des Carpes, ( Cjprinus cai-pio , Linn. ) , (c et Barbeaux, ( Cjprinus barbus , Linn.); la Tanche, « ( Cyprinus tineaj Linn.); la Bourbetle, ( Gaclus « Iota ) -, le Lanceron , ( Esox lucius , Linn. , jeune ) ;

« rAnguille,( Murœna anguilla), et autres, le

h Brochet , la truite ( estimée la Perdrix d'eau douce ) « et la perche , les trois poissons plus désirables qui se « nourrissent en eau douce. »

Depuis ce temps , l'étude de l'histoire naturelle a fait de si grands progrès , elle a procédé à une distinction tellement précise des objets, confondus jadis sous un même nom , que les descriptions, assez souvent vap^ues, données par les Anciens , ne peuvent plus être adaptées, qu'avec la plus grande réserve , aux espèces admises aujourd'hui par les naturalistes modernes.

Malgré cela , les ouvrages de Rondelet ^ et de Be-

(lu sous-genre Ahle , dont les espèces ne peuvent être dé- terminées qu'en les retrouvant dans le pays écrivait Oli- vier DE Serres.

L'ouvrage original de Rondelet parut à Lyon en i554. La traduction , qui a été publiée en i558, fut entreprise par Joubert, à la sollicitation de Rondelet. L'épître du traducteur à l'auteur ne laisse aucun doute à ce sujet. J'i- gnore sur quelle base Amoreux s'est appuyé pour attribuer cette traduction à Dumoulin 5 opinion qui a été adoptée parCuvler, Biographie, et par Barbier, Dict. des Ano- nymes. Si Amoreux eût consulté Haller, Bibl. anat. , tom. X , p. 2o5; et mieux encore, s'il eût lu la préface de la

( 18 ) ]oii ^ n'en sont pas moins précieux, parce que ces auteurs ont parlé de ce qu'ils ont vu ; et les localités dans lesquelles leurs observations ont été faites , fourniraient le moyen de retrouver les objets dont ils se sont occupés. Mais jusqu'à cette heure , de pareilles recherches n'ont pas même été tentées ; et malgré le grand travail de Duhamel intitulé : Traité général des pèches , beaucoup restait à faire pour compléter l'histoire de nos poissons d'eau douce , principalement de ceux rangés dans le sous-genre Able , dont toutes les espèces sont confondues sous les noms de Meunier, Poisson blanc ^ , etc.

Ayant comparé soigneusement toutes ces espèces , et m'étant procuré dans les localités indiquées , des ren- seignemens précis , je suis parvenu à porter la lumière

traduction , intitulée Le traducteur m l'auteur , il aurait re- connu que le traducteur était réellement Laurent Jouberl ,

ce non usité à traduire les escris d'autrui en françois é

ce tellement conjuré par l'amitié d'entre nous deux (joint ce aussi plusieurs plaisirs que j'ai reçu de vous , lesquels je ce ne mesconnaîtrai jamais), que j'ai été contraint avec ce l'importunité de quelques autres , de promettre cette tra- ce duction , etc. «

Une assertion aussi positive ne laisse plus de doute.

* Dans le Levant, les poissons ont toujours été très-esti- més 5 mais jadis les liaLitans de l'Europe continentale en faisaient très-peu de cas. Voy. Belon, Observations de plus, singular. , lih. i, chap. lxxii.

^ Le nom de Poissons blancs est très-vague. Je lis en effet dans la Statistique du département de la Drame , par M. Delacroix , i835, p. 234 '• On pêche dans l'étang de Chavannes des Carpes , des Tanches , des Brochets et des Goujons , vulgairement appelés poissons blancs.

( 19 )

dans cette partie de riclithyologle restée jusqu'à ce mo- ment fort obscure , ou plutôt fort embrouillée.

Les poissons ne sont entrés que tard , comme néces- sité , dans le régime alimentaire desEuropéens occiden- taux; on en trouve la preuve en lisant le cliapitrc in- diqué ci-dessus et intitulé par Belon : Les nations du Levant aiment mieux manger du poisson que de la chair. De son temps , on ne voyait guère de gibier au marcbé de Constantinopîe , le poisson y abondait. Cela est changé maintenant , d'après Olivier : a Les Turcs , « dit-il , font très-peu d'usage de poisson, aujourd'hui^ « le poisson salé qui vient par le commerce de la Mer « Noire ou de quelque contrée de la Grèce , étant à vil « prix , est recherché par les Grecs , les Arméniens et <( les Juifs pauvres , et la consommation en est con- te sidérable. » Koyage dans lEmpiie Othoman , tom. 1 , p. i35. Le même auteur répète : « Les Arabes « et les Turcs mangent , en général, peu de poisson. » Ouv. cit., tom. /}. , p. /['2.2.

Le voisinage de la mer , Fabondance du poisson dans ces parages , la facilité de s'en procurer , et de le con- server au moyen du sel , expliquent la préférence que les nations du Levant donnent à ce genre de nourriture; d'ailleurs de tout temps les orientaux ont été de prands jeûneurs.

Dans les pays méditerranéens de l'Europe , l'abon- dance du gibier , la multiplicité des troupeaux d'a- nimaux ruminans, engagèrent les peuples à les faire servira leur nourriture, et à ne recourir au poisson que rarement et par extraordinaire. Dans ce cas même , ils ne mangeaient pas indistinctement toutes leseFpècesj ils faisaient un choix, et ne servaient sur leurs tables

( 20 ) que les plus savoureuses , et celles qui offraient le moins d*arêtes.

L'Eglise ayant fait une obligation de s'abstenir à certaines époques del'année, ^ de la chairdes animaux à sang chaud ; pour se conformer à la règle , on fut obligé de se nourrir de la chair des animaux à sang froid. On choisit lespoissonsquifburnissaient aux peuples ichthyo- phages, une nourriture abondante. On crut, à cette époque , que tous les animaux qui .vivaient dans l'eau , et qu'une partie de ceux qui se nourrissaient de poissons, se trouvaient nécessairement dans cette dernière caté- gorie 5 en conséquence , la chair des cétacés ^ , celle

' Les moines latius faisaient trois carêmes de quarante jours chacun , et en outre les vendredis et samedis du restant de l'année, ce qui donnait 190 jours maigres.

^ Longtemps le Dauphin vulgaire et le Marsouin com- mun figurèrent avec honneur sur nos tables , et ils sont en- core une heureuse proie pour les populations pauvres dont les ressources sont précaires. La chair de ces cétacés était connue sous le nom de Graspois, Crassus Piscis ou Grassus piscis y c'est-à-dire poisson épais, ou poisson gras.

Dans le Bosphore de Thrace, ou Détroit de Constanti- nople , le Dauphin, tantôt seul, tantôt en troupes, vient, en bondissant tout près de son Kaïk , effrayer le voyageur novice et quelquefois l'amuser en le rendant témoin de sa lutte avec un poisson plat qu'il a saisi, mais qu'il ne peut avaler. Neuf années à Constantinople par A. B rayer, D, M. P. j 836 , tom. I , />. 11 5.

Il est fâcheux que l'auteur n'ait pas précisé les animaux dont il parle , le nom de Dauphin ayant été donné au Cor- moran, à des mammifères et à plusieurs poissons, et celui de poisson plat étant trop vague.

( 21 ) des Loutres, et de certains oiseaux d'eau ' , etc. 5 celle des grenouilles , des écrevisses et de certains coquil- lages, entrèrent dans le régime alimentaire des jours d'abstinence, qui étaient d'au moins 190 par année.

On recourut d'abord au poisson de mer et surtout à celui salé , dont on faisait depuis longtemps usage en Orient ; ce qui aura amené la pêche du hareng , qui prit une grande extension et devint une importante branche de commerce. Sous Saint-Louis, des droits étaient déjà établis sur la vente de cette espèce de poisson.

Beaucoup d'individus ne pouvant se procurer ce genre de nourriture, faute de moyens pécuniaires, se rejetèrent sur les poissons de rivières 5 il s'écoula sans doute beaucoup de temps avant que l'on se fût assuré de la qualité de chacun d'eux ; car à l'époque écri- vait Albert-le-Grand . la Carpe ne jouissait d'aucune estime, on n'attachait de prix qu'à sa langue. Peu à peu , on se familiarisa avec l'usage des diverses espèces de poissons , et on se décida à les faire entrer presque toutes dans le régime alimentaire. L'habitude une fois

' Martin Lister , en parlant de la nouri'iture très-frugale des Parisiens , s'élève contre la multiplicité des ragoûts; et, après avoir signalé les inconvéniens qu'ils ont occasionnés à plusieurs de ses compatriotes, ajoute : « Je recommande- cc rai cependant la Macreuse, espèce de poule d'eau qui, « préparée à la sauce piquante, est d'excellent goût, sur- tc tout quand on l'arrose de quelques verres de vieux Bour- « gogne. Ce gibier a, comme on sait, le privilège d'être « classé parmi les poissons : aussi les prélats et les dévotes et en font-ils leurs mets de prédilection pendant le carême. « Revue britannique ) i836 , tom. iVj p, i5(j.

( 22 ) contractée se continua et s'entretint comme on la voit de nos jours. Il est cependant des pays de l'Europe le préjugé contre certains animaux aquatiques * s'est soutenu. Ainsi, par exemple en Angleterre, les gre- nouilles sont en horreur : de vient aussi le nom de frog ealer , employé comme injure par la populace anglaise pour désigner les Français.

« Quand l'anglomanie se répandait en France , les «( Anglais, par leur instinct de haine pour nous, de- « vinrent anti-français ; plus nous nous rapprochions « d'eux, dit Chateaubriand , Essai sur la litlérai. an- « glaise, i836, toni. 2,/^. 289, plus ils s'éloignaient <i de nous. Un Anglais sur notre scène était toujours « un railord ou un capitaine, héros de sentiment et de « générosité. Sur le théâtre anglais, on voyait dans « toutes les parades de John Bull , un Français maigre , « air de danseur ou de perruquier affamé ; on le tirait a par le nez , et il mangeait des grenouilles. »

Le prince Puclder-Muskau , dans son ouvrage alle- mand TuUifrutti , partage cette horreur ; on en a la preuve dans le passage suivant fort peu poli : « Le u peuple français avec son bavardage et ses cuisses de <c grenouilles à la broche, m'a paru pitoyable. » Voyez la traduction intitulée : De tout un peu, i835 , tom. 3 , ]}. 202. Il revient un peu de ce jugement, dans un autre passage il parle de l'ignorance des Français rela- tivement aux mœurs allemandes : « Il serait aussi vrai « de représenter déjeunes et élégans Français de Paris

' Malgré cela dans quelques pays les TétarJî du Bufo fusciis,<\vi\. atteignent jusqu'à la grosseur d'un œuf de poule, sont mangés comme des poissons; ils ont été pris pour tels par les auteurs, dans leurs fables de phiies de poissons.

( 23 ) « ou de Lyon , discourir près d'une fricassée de p^re- « nouilles en buvant du Cognac. » Chroniques , lettres ei journal de V^oyage, ion6, ioni. i , /?. 3o6.

Le même auteur , en rendant compte de sa visite au musée d'Oxford , on lui fit voir la tête et le bec tout- à-fait extraordinaire du Dodo, Didus ineptus , Linn. , parle d'un oiseau curieux qui a les ailes garnies de piquans, à l'aide desquels il embroche de petits poissons comme sur une lance. Mémoires et Koyages du prince Puchler-Muskau , iSSa, tom. i, p. 2.68.

Le prince Puckler-Muskau répète ici un conte ri- dicule : l'oiseau dont il parle est une espèce de Jacana. Ce serait le Pana brasiliensis , Gmel. , Sjst. nat. , edil. xiu , p. 708, sp. II, si cette espèce existait au- trement que sur l'autorité équivoque de Marcgrave. Quoi qu'il en soit , c'est réellement un Vanneau armé , mais qui n'embroche pas les poissons avec l'éperon de son aile. C'est un conte dans le prenre de celui relatif au Jieuersus squa7nosus , ( Diodoji spijiosissinius , défiguré par l'empaillage ) que j'ai expliqué. Act. Dii^ion., 1829,

De tous les départemens français , celui de la Cote- d'Or , dominant les trois bassins de la Seine qui com- munique à la Manche, de la Loire qui communique à l'Océan , et du Ilhonc qui se rend à la Méditerranée , est le plus riche en poissons d'eau douce 5 aussi son ichthyologie peut-elle avec raison passer pour celle de toutes les rivières de France. En effet , à part le Mal , Silurus glanis , Linn., que l'on pèche dans le Rhin, et peut-être encore une ou deux espèces confinées dans quelques rivières , on peut regarder l'ichthyologie du département de la Cole-d'Or comme celle de tous les départemens non maritimes.

( 24 )

Si dans quelques rivières de la France on trouve des espèces qui ne sont point indiquées dans le présent ou- vrage, il sera important de les faire connaître , afin de compléter l'histoire des poissons d'eau douce de la France.

Le point le plus difïicile était de bien caractériser les espèces confondues jusqu'à ce jour sous un nom géné- rique commun , et c'est ce à quoi nous nous sommes appliqués. Pour les espèces du sous-genre Ahle, désignées vulgairement sous le nom de Poissons blancs , Meu- niers ", etc. , j'ai remédié à la confusion introduite dans l'histoire de ces poissons , dont le même nom est donné à des espèces bien différentes et bien distinctes. Quoique ces noms varient suivant les localités , les caractères dont j'ai fait usage en les fondant sur les dents pharyn- giennes, fourniront à tous les lecteurs le moyen de trouver le véritable nom des différens poissons qu'on pourra leur présenter.

L'étude des poissons procure un double résultat : celui de l'utilité et celui de l'agrément.

' Cette dénomination de Meuniers a été donnée à ces poissons , non point à cause qu'ils se trouvent près des chutes d'eau , ou dans le voisinage des usines , coninie^on se plaît à le répéter, mais à cause de leur couleur blanche, comparée à celle de la farine qui couvre les vêteraeus des meuniers ou farineurs. C'est ainsi que dans le siècle dernier, lorsque la mode exigeait que l'on se couvrît les cheveux d'amidon pulvérisé , les perruquiers étaient désignés par le sobriquet de Merlans à frire , à raison de ce que leurs vê- temens, blanchis par Xapoudre, étaient comparés à la cou- leur du Merlan, Gadus Merlangus , Linn. , couvert de fa- rine avant d'être mis dans la poêle.

( 25 )

Les poissons , dont beaucoup sont employés Iiahitucl- loment dans récononiie domestique comme aliiiunl , deviennent, pour certains jours et pour diverses époques de l'année, une nourriture oblij^ée , voilà pour l'utilité j puis, la connaissance des particularités qu'offrent plu- sieurs d'entre eux , la manière de se les procurer , sont une satisfaction pour l'esprit, une occupation pour le corps, voilà l'agrément.

Parmi les agrémens que peut procurer la connais- sance des poissons , il faut ranger le plaisir de la pèche, dont elle indique les procédés.

Plusieurs ouvrages ont été publiés sur cet exercice. On trouvera de très-grands détails à ce sujet dans le Traité des pêches , par Duhamel, tom. t , sect. i'^. Cet auteur traite des différens filets , et n'oublie pas la pêche à la canne, vulgairement appelée dans notre pays, pêche à la ligne. Il existait à Florence une Academia degVUmidi, dont chaque membre adoptait le nom d'un poisson. Cette Académie, fondée en i549 par Corne P', fut plus tard incorporée dans l'Académie délia Crusca. Voy. Bei^. brilan. , i836 , tom. v, p. o\'j.

A. -F. de Coupigny, célèbre par ses bons mots et par quelques romances, a fait un Traité de la pêche que l'on dit fort spirituel et fort piquant. Cet auteur, sur la fin de sa vie , devint un des plus déterminés pécheurs que l'on connût 5 il lui arrivait souvent de faire cent lieues dans les chaises de poste de ses amis, afin d'aller pêcher quelque poisson qui ne se trouvait pas dans la Seine. Voy. Mém. encyclop., i835, p. 55'j , n" 298.

Une Notice sur la vie et les ouvrages de M. André- François de Coupigny est insérée dans le Journal de la Société de la morale chrétienne y i836, no^'., tom. x, 71° 6, pp. oo8-33o.

( 26 )

Suivant l'auteur de la notice, Coupigny avait le goût le plus prononcé, que jamais homme ait eu, pour la pêche à la ligne ; c'était en lui une véritable manie , assuré- ment la plus innocente de toutes; elle lui fit donner le nom de Roi pêcheur, en souvenir de celui de la Tahle- Ronde.

Le Traité de la pêche , publié sous le nom de Cou- pigny, est encore une de ces spéculations de libraires qui se servent sans cesse de faux noms pour attirer des acheteurs. Ce Traité n'est point de Coupigny , il est de M. Horace Raisson. Oiiv. cit., p. 027.

Cette passion de la pêche n'était pas le partage du seul Coupigny ; on la retrouve encore dans un célèbre chimiste anfflais.

o

Humphry Davy eut dès son enfance un goût très- prononcé pour la pêche, Rev. britan., i836, totn. v, p. 268 5 et dans l'année de sa mort, malgré ses souf- frances , il eut le courage d'achever son Traité de la pêcheÇSalmoiiia) , petit chef-d'œuvre de patience, d'observation , l'on trouve les détails les plus curieux sur les mœurs des poissons. Oiw. cit., p. 287.

Dans le Laos , pays situé à l'est du royaume de Siam , M. Pallegoix a souvent admiré la dextérité des enfans qui , d'un long javelot , perçaient le poisson dans les eaux claires des torrens , et revenaient le soir à leur cabane chargés du fruit de leur pêche. Bulletin de la Société de géographie , i836 , tom. 5, p. 60.

Ce procédé a un certain rapport avec celui employé dans nos pays par les enfans , qui se servent d'une four- chette solidement attachée au bout d'un bâton pour transpercer le Chabot.

Pour découvrir plus facilement la place les han- netons de la pêche ont été déposés, les pêcheurs indi-

( 27) gènes de l'Archipel des Iles Carolines, avant do chorchor à les retirer, commencent par mâcher de la noix de coco qu'ils crachent dans la mer, pour en rendre l'eau , par le moyen de Thuile qui s'en détache , plus calme et plus transparente. Bihl. unh\, i835 , Llttér. ; mai , pag. 62.

Ainsi les Sauvages des Iles Carolines savaient , avant Franklin, rendre unie la surface de la mer.

Les Russes , en Sibérie , font entrer le poisson dans leurs filets , au moyen de boules d'argile chauffées au leu , qu'ils déposent sur le bord de la rivière. Jie^. hrit., 1837, tojn. vil, p. 340.

Il est fâcheux que le professeur Hansleen , de Chris- tiania , n'ait pas donné des détails plus précis sur ce pro- cédé de pèche.

Obo, poisson d'Afrique , remarquable par une très- grande quantité d'arêtes. Il paraît appartenir au genre Chipe. Y o\ez Fables Sénégalaises , par Roger, p. 180.

Espèce de poisson qui ressemble à la Carpe , ayant de même beaucoup d'arêtes , vu par Caillié à Couroussa. Les habitans le font sécher à la fumée et en vendent à leurs voisins et aux marchands qui passent chez eux. Vojage à Tomboctou, tom. i, p. 368. Ce poisson, es- pèce de Carpe, est long de huit pouces sur quatre ou cinq de large 5 il contient beaucoup d'arêtes, pag. 369.

Pour réussir à la pêche à la ligne ou à la canne , il faut, dit Bloch , Ichthjologie ' , p. 20 , avoir égard au goût des poissons , pour employer un appât convenable.

' Iclithyologie ou Histoire naturelle générale et particu- lière des poissons, avec des figures enluminées d'après na- ture, par MarcEliezer Bloch (traduit par Laveaux). Berlin, 1785, 1786; trois parties in-folio.

(28) On prend le Vilain avec des pois cuits ^ TOrphe avec un morceau de hareng , et la Carpe avec un ver.

M. Bourée , dans la note qu'il a eu la bonté de m'en- voyer, a inséré des considérations importantes sur la population des rivières. « Les eaux de nos contrées, dit-il, sont beaucoup moins poissonneuses qu'autrefois^ indépendamment de l'abus de la pêche qui a amené une véritable dépopulation , il s'élève de toutes parts des plaintes contre la multiplication des lavoirs à minerai , qui ont l'inconvénient de porter , dans nos rivières et nos ruisseaux , des eaux troubles et de donner lieu à un dépôt limoneux abondant qui bouche les trous cer- tains poissons aiment à se retirer. »

M- Baudot père , juge honoraire au Tribunal de pre- mière instance , qui a eu la complaisance de me donner le nom des poissons connus par les pêcheurs de Pagny- la-Ville , m'écrit ( i3 no^. i835 ) : « Il y a environ douze ans, la pêche dans la Saône était fructueuse; actuel- lement elle a beaucoup perdu de son produit. »

Deux causes contribuent à la diminution du produit de la pêche : la première vient de la multitude des pêcheurs , la «econde vient de l'établissement des ba- teaux à vapeur qui efFraient le poisson et rejettent le frai sur le terrain.

Avant que l'immortel Linné eut fixé les bases de l'étude des animaux, on rangeait parmi les poissons tous ceux qui vivaient dans l'eau, quelle que fût leur or- ganisation intérieure. Ainsi la Loutre, le Castor, plu- sieurs oiseaux palmipèdes , les Grenouilles , les Ecre- visses , les Coquillages , etc. , étaient rangés parmi les poissons, et leur chair regardée comme aliment maigre.

Il suflit de parcourir les ouvrages d'ALBERT-LE-GRAKD, tom. VI , lib. XXIV , de Vikceivt de Beauvais , et même

(29) ceux des fondateurs de la science , Rondelet , Belon , Gesneu, de leurs copistes et commentateurs, Aldro- VAwui , JowsTON , etc. , pour se convaincre de l'exactitude de cette assertion, confirmée par l'extrait suivant , d'autant plus important à publier, que les naturalistes modernes ont entièrement négligé , dans leurs travaux , de signaler les recherches de ces premiers observateurs.

Rondelet, de Piscib. flin^iaùl. , lib. p. 208, cap. xxxiv , sous le titre de Cancro fluviat'di , donne la figure et la description de V Ocypoda fluviatilis , Latr., répé- tées par Gesner , Alduovandi , Jonston.

P. 210, cap. XXXV, de Astaco fluviaiili. L'écrevisse, cancer asiacus , Linn.

Nos pêcheurs , qui se soucient fort peu des distinc- tions établies par les savans, continuent à regarder l'écrevisse comme un poisson , dont la pêche leur est très-productive ; ce crustacé offrant plusieurs particula- rités intéressantes , je rapporterai d'abord la note qui m'a été transmise à son sujet, par mon estimable con- frère , le docteur Bourée.

« L'Ecrevisse, me marque-t-il , se trouve dans toutes « les rivières et tous les ruisseaux de l'arrondisse- « ment de Chàtillon-sur-Seine , oii elle présente des « variétés de couleurs : il en est de presque noires , ' qui « conservent celte couleur même après la cuisson 5 « elles sont plus dures -, il en est dont les pattes sont « rouges ; on en pêche dans l'Ource qui sont entière- « ment rouges ; celles-ci et les précédentes sont recher- « chées des connaisseurs qui trouvent leur chair plus « délicate. »

' Elles ressemblent à celle figurée et décrite par Marsi- gli Danub. , toni. iv , p. 86, tab. xxx, fig. 1 , sous le nom. de Schwartz Krops ^ Cancer Mger.

( 30 )

Notre confrère k l'Acadéinie , feu M. Picardct qui , au talent du poëlc , joignait celui du peintre, avait dessiné pour son usage , des fleurs , des insectes , et différens animaux dont il désirait conserver le souvenir.

Parmi ces dessins , il en est un qui représente une « Ecrevisse de huit pouces de longueur , du ruisseau « de Merceuil, hameau dans le bailliage de Saulieu « en Bourgogne, )> Telle est l'inscription mise par l'auteur au bas du dessin qui , mesuré , donne celte étendue depuis l'extrémité des nageoires de la queue , jusqu'à celle de la pince gauche. Ce dessin offre sur le coté gauche de la carapace , région stomacale , les mêmes tubercules que ceux indiqués par Marsigli, page précédente , note '^ .

Lucas Antoine Portius a donné sur l'Ecrcvisse , des détails anatomiques , que l'on peut consulter avec fruit 5 on les trouvera dans la Collection académique , pari, étrang., tom. iv , p. 12,7-106, pL m et iv -, il sera facile de les comparer à ceux représentés dans le Dict. des Se. 7iat. , atlas, crustacés , pi. 1 .,Jig. 3-4, et décrits toui. 2,8 , p. 169 , do8.

Je ne quitterai pas l'histoire de l'Ecrcvisse ^ , sans rappeller 1" un des usages auxquels on l'emploie pour la chasse des lapins , une expérience assez singulière sur ce cruslacé.

' Foin, duvet blanc on brun qu'on trouve sous l'enve- loppe crustacée des écrevisses. Ency. méth, , Desc. des pêches, p. 63.

Ce sont les branchies de ces crustacés, branchies qui, par leurs parties externes, sont encore bien plus apparentes dans les entoinostracés et dans quelques larves aquatiques d'éphémères. Act. Divion., i836, p. 233 et 234.

(31 )

Parmi les moyens , [extrails du noiw. Dict. cfhist. nat. , éd. 2, iom. 17, /). 607-611 , et copiés sans en avertir, par le Comte Français (de Nantes)] indiqués pour chasser le lapin, il est dit : « Nous avons l'Ecre- (( visse. Elle s'avance jusqu'au fond du terrier « elle trouve l'animal ^ elle étend sur lui la patte , le « serre sans perdre prise, en sorte que se sentant « ainsi piqué , il l'entraîne avec lui jusque dans la « poche qui l'attend à l'issue du terrier. » 'j

« Avec la patte du Crabe on fait un appeau qui « imite parfaitement le cri du lapin , et si l'on sait « s'en servir avec intelligence , saisir le lieu , le temps, «( la circonstance et se cacher soigneusement, on « réussit à faire une chasse abondante. » Le Cultiva- leur , jouJJial des progrès agricoles, i836, tom. 12, p. 36.

L'expérience suivante est relative à un phéno- mène naturel observé sur les Ecrevisses , par le doc- teur Heinemann , à Schwerin. -

Qu'on prenne une Ecrevisse fraîchement pêchée , entre les doigts de la main gauche , de manière à ce qu'un doigt tienne la tête , et que deux autres serrent un peu la poitrine ; que l'on passe ensuite le bout d'un doifft de la main droite sur le dos de l'animal , on le verra d'abord après quelques frottemens, faire beau- coup de résistance; peu à peu son agitation diminuera, et elle cessera au bout d'une minute ; si l'on relire alors tout doucement les mains , l'animal restera immobile et sans donner aucun signe de vie. Cette immobilité dure pourtant rarement au delà d'un quart d'heure , etc., etc. Bulletin Férussac, 1825. Se. niathém., tom. IV, p. 253 , n" 21 3.

Dans les environs de Santiago, M. Gay a découvert

(32) une espèce de Sangsue qui vit sur les branchies de l'Ecrevisse; il a aussi découvert une très-petite espèce de Branchiobdelle , qui a la sinfjulière habitude de vivre dans la cavité pulmonaire de l'Auricula dombeii. Institut, Séance du 2 a\'ril i836.

Les petites Tonnes , indiquées par Delamarre, Act. Divion., 1827, p. 172, sont l Apus canciifornùs , indiqué bien exactement dans un passage de Mouffet , négligé par tous les entomologistes.

« Christophorus Leustnerus , se scarabcEum in loco quodam invenisse, scripsit ad Gesnerum , vaginaria (uti soient) crustula,cui quasi formicae caput subluteum , atque ake multœ erant afîixae ; ventre inferiore pinnœ spargebantur , caudis astacorum similes, quibus (ceu in aquis rémiges) divagabantur. Cauda prominebat pro sua munitione exigua sed in longissimas setas divisa. Ex aqua palustri in fontanam conjectus, paucis interjectis diebus vita excessit. » Moufeti insector. Theatrum, p. 164; Jonston , Ins., p. y4> col. 2.

P. 211, cap. XXXVI. De Astaco paivo.

Cette deuxième espèce de Homard, dit Latreille , Hist. nat. des insecl. et crustac. , tom. 6 , p. 284, n'est point citée par les modernes. Depuis , Risso en a fait un genre sous le nom de Melia (Voy. le Nouv. Bullet. de la Société philomatique , Ji" 66 , 18 13, mars, tom. 3, pag. 233), et l'a désignée ensuite sous le nom de CaVpso dangereuse ^ elle n'est, suivant M. Desmarest, Dict. des se. nat. , tom. 28, p. 296 (1) , que la Galathée , soit la Spinigera , soit la Squamifera.

V. 212, cap. XXXVII. De Squilla fuviatili.

Sous ce titre , l'auteur donne la figure et la descrip- tion de la larve du grand Hydrophile. Gesner dit, De Aquatilibus, p. 5^5 : De Squilla fluviatili, (gryllura flu-

( 33) viatilem forte commodius nominabimiis); et p. 546, lin. 44? sous le titre de Wassergugen , il désigne les Dytiques et les Hydrophiles.

V. 212, cap. xxxviu. De Cicada fluviatili. Rondelet parle dans ce chapitre, delà Naucore, Nau- coris chnicoïdes , Fab.

P. 21 3, cap. XXXIX. De Libella flu\>iatili. On reconnaît facilement la larve d'une Libellule. P. 21 3, cap. XL. De Musca flianatili. Dans ce chapitre , Rondelet donne de la Grande punaise à Agirons, Gtco^., Notonecta glauca, \Ànn.^ une description très-exacte, à la fin de laquelle il invite les sa vans et les amis de la nature à s'occuper de l'étude des animaux aquatiques et à publier le résultat de leurs re- cherches.

P. 214, cap. XLi. De Musculis aquœ dulcis. L'auteur, dans ce chapitre, indique toutes les coquilles bivalves d'eau douce, telles que la Mye des peintres, les Anodontes , et figure celle désignée sous le nom d'Ano- donte de canard, 3Ijtilus anatinas , Linn. P. 214, cap. XLU. De Cochleis flimaûlibus. Le commencement de ce chapitre indique les uni- valves d'eau douce , mais surtout les Limnées. Trois fi- gures grossières sont représentées : celle à gauche ap- partient à une Limnée , Testa longiuscula in acutmn deficiens siromborum modo ; celle du milieu ressemble au Cyclostoma impunun, Drap. ; et la troisième, dési- gnée dans le texte de la manière suivante : Harum poslrema depressa est magis , aculeis aspera, et placée à droite, est le Planorbis nautileus. Gmel. , syst. nat., tom. xni, p. 36i2, sp. 98.

Gesner, De Aquat^, p. 546, Ugn, 60, parle des Tineœ vel Scrçphulœ aqualicœ, Agrouelles , Escroëîles 5

(34 ) Ganimarus pulex , Linn. ; p. 5^6 , lign. 44 5 ^^s Can- tharides aquaùcœ , aujourd'hui Naucoris cimicoïdes , Linn. ^ p. 545, de Phiyganio casam sibi construente , avec sa fij^ure, pag. 1200, charrée , non à cause de sa ressemblance avec les cendres lessivées, mais à cause de Tallemand Kerder o\i Karder, mot générique employé pour désigner tous les insectes aquatiques dont les poissons sont avides. Ces larves de Pliryganes sont appelées AzeroUes aux environs de Dijon 5 elles sont em- ployées, parles pêcheurs à la ligne, pour amorcer. Elles sont encore dési.o;nées sous le nom de Cazets . du mot casula ou theca, à cause du logement qu'elles se cons- truisent. L'étymologie àiAzeroUe vient du grec ««raforop ^ ouvrage de mosaïque, parce que les tuyaux de larves de Pliryganes sont formés par le rapprochement de grains de sable , de coquillages , de brins de végétaux , de portions de feuilles , etc.

Azerotte , Azellote , peut aussi venir de Casula , Casulellde. Duham., tom. i, p. 29, sous le nom de petites loges renfermant des vers, page 56, sect. 1, pi. xvi , figures 11, 12, 1 9-25 , parle des larves de Phryganes.

P. 3 14. Gesner , sous le titre de Conchœ longœ spe- <ies in dulcibus aquis reperituv , donne une figure très- reconnaissable de VUjiIo sinuaia, Lam.

Si nous avions à parler des poissons étrangers, je signalerais de graves erreurs échappées à Lacépède, pour n'avoir pas voulu révoquer en doute le témoignage d'un autre écrivain, reproche juste qui lui est adressé dans les Mémoires de l'Institut , Act. Paris. , 1829, tom. vin, p. ccxv. Je me bornerai à celle relative au Pois- son teinturier dont parle Lacépède , Hist. nal. des pois- sons, édit. 12, tom. 5, pp. 55-59 , d'après Charvet, qui n'avait pas reconnu dans ce prétendu poisson VApljsia prolea, Rang, Monograph. Api) s., p. 56, sp. i3

( 35 ) appelé Baiil-de-vin par les Nègres pécheurs de la Martinique.

Dans les u4ct. Dwion., 1829,/?. i43, j'avais rap- porté , à lort, ce Poisson teinturier à une Sèche.

On aura une idée exacte de la nature du travail de Lacépède , en consultant Cuvier , Hisl. iiat. des polss. ^ tom. I , pp. 1171-181 .

Je ne parlerai point non plus d'un poisson qui enivre, comme si on avait bu du vin par excès, et qui donne la mort si on en mange beaucoup. Duterfre, Hist. nat. desAnOlles, tom. 2,/^. ao5, n'ayant obtenu sur lui aucun renseignement, je ferai seulement remarquer qu'il pourrait appartenir aux poissons formant le genre Caranx. Le Coulirou, Caranx de Plumier, la fausse Carangue, Caranx fallax , sont sujets à devenir veni- meux, Ciivier , Hist. nat., Poiss. , tom. 9, p. 67, p. 95. Plusieurs Tetrodons , Diodons , Ostracions , le Sparus Erjthrinus , le Mégalope Cailleu-Tassart, Clupea J7?/ma^ Linn., dans certaines saisons , dans certains parages , deviennent vénéneux à un point incroyable. D'ict. Se. nat. , tom. 29, p. 412. D'autres poissons sont dans le même cas. Dicl. Se. nat., tom. 2.-2., p. 553.

Linné a le premier , de concert avec Artédi , fixé les caractères de cette classe d'animaux vertébrés * : il les

* Linué a divisé les animaux vertébrés de la manière sui- vante :

Cœur à deux ventricules et à deux oreillettes ; sang l'ouge

, ( vivipares, mammifères.

«t cliaud , s .

g. I ovipares , oiseaux. '

Cœur à un ventricule et aune oreillette; sang rouge et

... ( poumons vésiculeux, amphibies.

ftoid , < r . .

(^ nrancliies , poissons. On reconnaît les vertèbres des poissons, à Ja fosse co-

(36) a fondés sur des dispositions extérieures tellement en rapport avec la structure intérieure , qu'elles deviennent des signes constans.

Les poissons, animaux vertébrés à sang rouge et froid, sont destinés à vivre dans un élément autre que l'air 5 ils sont doués d'une organisation spéciale, dont la tlifierence avec celle des autres animaux , devient sur- tout frappante dans les systèmes de respiration , de locomotion et d'appareil tégumentaire.

Les poumons vésiculeux des animaux supérieurs, qui reçoivent immédiatement Tair atmosphérique , sont

nique, dont chacune des faces de leur corps est creusée ; ces fosses sont remplies par une substance membraneuse et gélatineuse molle qui passe d'un de ces vides à l'autre par un trou dont chacune des vertèbres est presque toujours percée dans son centre. Ces portions molles forment un cordon ou chapelet gélatineux alternativement mince et épais, qui enfile toutes les vertèbres.

Dans quelques chondroptérygieus, les corps des vertèbres peuvent être considérés comme des anneaux ; et le cordon qui les enfile n'ayant point d'inégalités dans son diamètre, ressemble à une véritable corde , dont il porte , aussi depuis longtemps, le nom dans la Lamproie. Cui>. , Hist. nat. des poiss, y tom. 1 5 f. 357.

La partie antérieure de l'épine dans les Loches, les Cy- prins, présente une structure très-singulière; p. 36 1.

Dans les Cyprins , les côtes portent en appendice un ou deux stylets adhérens à quelque point de leur longueur , qui se dirigent en dehors et pénètrent dans les chairs. Il y a aussi de ces stylets qui partent du corps de la vertèbre en dessus de la côte pour pénétrer dans les chairs. C'est ainsi que les arêtes des poissons se multiplient, p. 362 j et de le proverbe Dos de Brochet, 'ventre de Carpe.

(37) chez les poissons remplacés par des branchies , c'esl-à- dire par des arcs garnis d'une membrane muqueuse frangée , dont l'action sépare l'air contenu dans l'eau , que les poissons avalent par la bouche, et rejettent par les ouïes.

En effet , les poissons ont aux deux cotés du cou un appareil nommé branchies , lequel consiste en ieuillets suspendus à des arceaux qui tiennent à l'os byôïde et. composés chacun d'un grand nombre de lames placée^' à la fde et recouvertes d'un tissu d'innombrables vais- seaux sanguins. L'eau que le poisson avale s\'>chappo entre ces lames et agit , au moyen de l'air qu'elle con- tient , sur le sang continuellement envoyé aux branchies par le cœur * .

Outre l'appareil des arcs branchiaux , l'os hyoïde - porte de chaque coté des rayons qui soutiennent la membrane branchiale. Une sorte de battant composé de trois pièces osseuses , V Opercule , le Subopercule et V Interopercule , se joint à cette membrane pour fermer la grande ouverture des ouïes ^ il s'articule à l'os tym- panique et joue sur une pièce nommée le Préopercule. Plusieurs chondroptérygiens manquent de cet appa- reil.

' Voyez , sur la respiration des poissons , le Mémoire de M. Flourens. Act. PaiLs., i83i , tnm. x,/?. 53-7i.

^ Geoftroi St.-Hilaire , Philosoph. anatom. , p. 87, a une autre opinion. Il regarde V opercule , V intéropercule , \o. préo- percule et le subopercule , comme correspondans de Vétrier^ de V enclume , du lenticulaire et du marteau , les quatre os du conduit auditif dans les animaux à respiration aérienne. Ceîte opinion est réfutée par Cuvier. Hist. nat. des poissons ^

( 38 )

Les organes de la locomotion sont les nageoires, c'est- à-dire des expansions flabelliformes , situées sur le corps du poisson, qui peut les plier ou les étendre à sa vo- lonté. Ces expansions sont formées d'une membrane soutenue par des rayons ^ 5 ces rayons sont de deux sortes : les uns consistent en une seule pièce osseuse , ordinairement dure et pointue, quelquefois flexible et élastique, divisée longitudinalement; on les nomme rajons osseux. Les autres sont composés d'un grand nombre de petites articulations, et se divisent d'ordi- naire en rameaux à l'extrémité \ ils s'appellent rayons mous , articulés ou hrajichus.

Artédi , le fondateur de l'icbthyologie et dont les ou- vrages doivent être médités par toute personne qui veut s'occuper de l'histoire des poissons, s'est servi de la considération des nageoires pour classer ces animaux ; il les a considérées d'après la place qu elles occupent sur le corps , place qui détermine le nom sous lequel elles sont désignées.

On appelle nageoire dorsale ou simplement Dorsale , la nageoire placée sur le dos 5 il y en a quelquefois deux; alors celle du coté de la tête prend le nom de première dorsale , et celle du coté de la queue , celui de seconde dorsale.

Les nageoires situées sur les parties latérales du corps , près des ouïes , c'est-à-dire de ces ouvertures qui laissent apercevoir les branchies ou les organes de la respiration, dans les poissons, portent le nom de pectorales -^ elles

' Ces rayons, qu'ils aient des brandies ou des articula- tions, ou qu'ils soient simplement épineux, se laissent tou- jours divlseren deux moitiés sur leur longueur. Cuv., H. N, Poiss.f tom. 1 ^p. 3o5 , 36 j, 378, 549»

.V

( 39 ) sont paires et correspondent aux extrémités antérieures ou thorachiques des animaux d'un ordre supérieur.

Les nageoires placées sous le ventre sont également doubles 5 elles répondent aux extrémités postérieures ou pelviennes de* animaux dont nous venons de parler et sont désignées sous le nom de {centrales ou injérlcurcs ; mais on emploie rarement cette dernière désignation , la première seule est usitée.

L'existence et la position des nageoires ventrales osi des ventrales est très-variée; aussi cette variété esî- clle d'un grand secours dans la classification des pois- sons comme nous allons l'indiquer.

Les poissons , chez lesquels les nageoires ventrales n'existent pas, constituent la classe des Apodes, par suite de la comparaison ou de l'analogie des nageoires ventrales avec les pieds ou les extrémités pelviennes des animaux qui en sont pourvus.

Si les nageoires ventrales sont situées en avant ou au-dessous de l'ouverture des ouies , elles caractérisent ^

la classe des T^o\?,sons jugulaires .

Lorsque les nageoires ventrales sont placées sous les pectorales , les poissons sont appelés thorachiques .

Enfin les nageoires ventrales situées en arrière des pectorales constituent la classe des poissons abdomi- naux.

On appelle nageoire de l'anus ou nageoire anale , ou simplement Anale, celle qui est située en arrière de l'anus ; elle est impaire.

La nageoire de la queue , ou simplement caudale , aussi impaire , termine le corps du poisson.

Dans les descriptions , les nageoires sont indiquées d'une manière abrégée par la lettre initiale de leurs M

(40) caractères ; et comme ces nageoires offrent des rayons ' dont le nombre est souvent employé pour déterminer les espèces, on le fixe par des chiffres placés à la suite de l'indication des nageoires, ainsi D. 32 : P. i5 : V. 10 : A. 8 : C. 2.^. signifient que la nageoire dorsale a vingt-deux rayons ; la pectorale quinze ; la \>enlrale dix ; Y anale huit , et la caudale vingt-quatre.

L'oreille des poissons consiste en un sac qui repré- sente le vestibule , et contient en suspension de petites masses le plus souvent d'une dureté pierreuse , aux- quelles on attribuait jadis des propriétés merveilleuses.

Le corps des poissons est recouvert d'écaillés cartila- gineuses, disposées h recouvrement, de dimensions variables , depuis la Lamproie qui ne présente rien de ressemblant à des écailles , ou l'Anguille qui les a petites, minces et comme noyées sous un épiderme épais, jusqu'à celles , de près de trois pouces de diamètre , vues par Broussonet , qui n'a pas désigné dans son Mémoire consigné, Journ. phjs. 1707, juillet, p. lo , le poisson qui me paraît être le Chœlodon Macrolepido- tus. Ces écailles sont presque toujours enduites d'une li- queur mucilagineuse , sécrétée par des glandes , dont la réunion sur les flancs des poissons constitue la ligne laté- rale, qui commence à l'extrémité des opercules et se ter- mine à la nageoire de la queue.

' Il y a souvent des variations dans le nombre de ces rayons, peut-être à cause de la manière de les compter, ainsi que Blocli le fait observer dans son avant-propos , à l'occasion du rayon dentelé de la nageoire dorsale de la Carpe, que Linné dit êire le second, ArtéJi , Gronow et Leske le troisième, parce qu'ils ont compté le premier rayon court, caché en grande partie dans la membrane adipeuse et négligé par Linné.

( 41 )

La différence de structure dans les appareils de la respiration , de la locomotion et dans l'appareil tef^u- menlaire, en entraîne nécessairement une dans la disposition des organes internes des autres fonctions. Cette observation n'avait point échappé aux anciens naturalistes. Aldrovandi , dont les ouvrages seraient bien plus utiles s'ils étaient moins diffus , a donné le premier des gravures grossières il est vrai , relatives à la structure interne du Brochet et de la Carpe. Parali- pomen, pp. 88-c)3.

Artédi , dans la seconde partie de son Ichthyologie, donne des détails très - étendus sur la structure de toutes les parties des poissons.

Depuis, l'anatomie a occupé plusieurs savans. Fran- Tols Petit a donné , ^ct. Paris. , lySS, p. 197, pi. 12- 17, celle de la Carpe, et c'est dans ce travail qu'ont été prises les planches données par Bonnaterre, Tableau encjclopéd. et méthodique des trois règnes de la nature, Ichthyologie, 1788, pi. A. B.

Duhamel , Traité général des pèches , a donné le squelette et quelques détails anatomiques de plusieurs poissons. On trouve , mais sans explication , le squelette de la Carpe , 2," part., p. i52, sect. 1 , pi. m , copié dans l'Encyclopédie méthodique; celui du Carrelet, 2.'' part. ^ p. 3 19, sect. IX, pi. xn-, celui de la Baie bouclée, 2^ part., p. •2.'j5, sect. ix , pi. vn , Jig. 3-, celui de la Torpille, 2" part., sect. ix, pi. xni,Jig. 5-6.

Duhamel donne aussi quelques détails splanchno- logiques relatifs à la Baie grise, 1" part. , p. 019, pi. \in, Jig. 5-10 ; aux œufs et reins de Baie, pi. xxii ,Jig. 4-7', aux œufs de Boussette , ScjlUum. Cuv.

Marsigli , Danub., tom. vi, tab. ix-xxi , a figuré les détails anatomiques de l'Esturgeon.

( 42

Un travail plus étendu a été donné par Vicq d'Azir dans le Recueil des Mémoires des savans étrangers , 1773 , iom. \n, p. 18 , pi. i ,11 et p. 233 , pi. iv-viu.

Si l'on désirait des détails plus étendus sur la struc- ture et la physiologie des poissons , il faudrait recourir à l'ouvrage intitulé : The structure and phjsiology of i^/.y^e5 &j Alexander Monro, M. D. Edimburg., 1785, fol. pi., sans négliger TEncyclopédie méthodique, Sys- tème anatom., tom. 4, pp. 174-285.

Gouan, Hist. des Poissons, a donné aussi quelques détails anatomiques ^ et tab. in,Jig. r , il représente le p;rand muscle latéral dont la chair est feuilletée , comme je le rappelle à l'article Brochet.

M. Geoffroi Saint-Hilaire s'est aussi beaucoup occupé de l'ostéologie des poissons dans sa Philosophie anato- mique , tom. 1 , p. /\.ji , pi. ^ , Jig. 107 5 il a fait con- naître les os slyloïdes de l'épaule des Amphacanthes, Cuv. , H.N., Poiss.^tom.n., p. 117-, les secondes pièces des stylets de l'épaule de l'Amphacanthe à chaînettes , Cuv., ouv. cit., p. 127.

Meckel donne des preuves que la concordance des os n'existe point. Cuv. , Hist. nat. , Poiss. , tom. 1 , pp. ^43-543.

Mais ces recherches d'anatomie transcendante , fort du goût des Allemands , si amateurs de spéculations théorétiques ou abstraites ^ , n'ont pas encore trouvé en France d'échos pour les faire prévaloir.

' Toute découverte en Allemagne s'y produit à l'état de rêve ou d'utopie. Les plus grands philosophes y bâtissent dans le vide. Ce sont de beaux monumens auxquels il ne manque qu'une chose , en vérité : la base. Génie spéculatiff

( ^'3 )

Popuis la rédaction de ce passafje, les jouniatix ont annoncé que M. Jourdan a traduit de rallemand la se- conde édition de l'ouvrage de C.-G. Carus, intitule : Traité élémentaire d'anatomie comparée , suivi de re- cherches d'a/iatouiie pliilosopliique ou transcendante sur les parties primaires du système ners^eux et du squelette intérieur et extérieur.

L'auteur pousse son système jusqu'aux dernières con- , séquences; il ramène tout animal au squelette, repré- senté par la coquille de l'œuf, par le test des animaux inférieurs et par la réunion des os dans les animaux su- périeurs. Il regarde la coquille de l'œuf, origine,

Yollà en un mot le trait distinctif de l'Allemagne. France littéraire , i835, torn. ■s.xii ^ p. 71.

Les Allemands aiment à planer dans les espacés imagi- naires; la rêverie et le long travail intellectuel sont leurs plus vives jouissances ; ils ne s'attachent pas à ce qui est réel ; ils concluent de la possibilité à Vacte y et se perdent dans des théories métaphysiques fondées sur le vague.

Il y eut un temps toutes les hypothèses , pourvu qu'elles arrivassent d'Allemagne , étaient acceptées par nous en France sans presque aucun contrôle. Il semblait qu'elles portassent au front le signe visible de l'infiillibilité. Plus elles sortaient des habitudes reçues , plus ces filles de la ré- vélation nouvelle étaient accueillies avec avidité. JVlais ces temps sont passés ; un trop grand nombre de ces lanlômes nous ont trompés. Rei'ue des Deux Mondes, it>j6, tom. Ml, p. 487.

Par suite des idées allemandes , M. Geoffroi St.-Ililaire , Principes de pldlosophie zoologique, i83o, prétend que le poulpe est analogue à un animal vertébré plié par le dos, de manière à ce que le cloaque soit applique sur la nuque.

Cuvier a réfuté cette singulière opinion.

( 44 ) dit-il , delà vertèbre , comme la véritable protouertèhre , close encore de toutes parts et vésicideuse. Suivant lui , le squelette se rapporte à la vertèbre j d'où il s'ensuit, d'après son système , que la vertèbre procède de la co- quille de l'œuf. Ne serait-on pas dans le cas de lui appliquer l'observation suivante :

La vertèbre provient de la coquille de l'œuf, sans doute 5 mais il faut convenir qu'elle a bien changé sur la route.

On peut lire une Notice relative au travail de M. GeofTroi Saint-Hilaire sur la vertèbre , insérée dans les Mémoires de l'Institut, 1827, tom. vu, pp. clviij- clxiij.

Oken , par sa loi posée pour l'ostéologiepbilosopbique, admet que tout le squelette nest qu'une vertèbre répétée,

Spix et Oken trouvent dans les diverses parties de la tête la répétition des diverses parties du corps : dans le crâne , pris séparément , la tête de la tête -, dans le nez , le thorax ; dans l'hyoïde , le bassin ; dans les os maxillaires et les dents , tout l'appareil osseux des membres supérieur et inférieur. Voy. Annales des se. nat. , 1827, toni. xi , p. 5\.

M. Oken , dans un Mémoire sur le système dentaire , Bull, de M. de Férussac , 1824, Se. médic. , tom.i^ p. 97-, tom. 3, p. 97, a cherché h prouver que les mâ- choires sont des répétitions des bras et des jambes, et que les dents sont les analogues des doigts et des ongles , etc.

Meckel , de son coté , compare le gland et le clitoris à la langue-, le vagin aux fosses nasales; le petit bulbe, qui termine la moelle épinière, au cerveau.

Dans le Journal complémentaire du Dictionnaire des se. médic., 1821 , tom. xi^pp. i24-i3i , on lit quelques

(45) détails sur l'anatomle transcendante et sur les os suî- vans :

Les os wormiens , ou os occiplto-pariétal 5

L'os épineux , situé en avant dans la membrane vo- litante du pteromys;

L'os falciforme, dans les pattes antérieures de la taupe ;

Les os marsupiaux des didelphes , etc. -, 1

Les os du cœur chez le bœuf, le cerf j

Les os du pénis et du clitoris.

( L'os du pénis du morse servait aux Kamtscliadales de massue a la guerre. )

L'os du pénis a été comparé par Autenrieth à l'hyoïde, et Oken lui a donné le nom d'hjoïde des parties géni- tales, parce qu'il regardait autrefois le bassin et l'hyoïde comme des homotypes. Leuckart croit qu'on peut com- parer à plus juste titre Vos du pénis a la colonne verté- brale , et lui donner le nom de Rachis ou Squelette génital.

Dans le Bull, de M. de Férus sac , 18245 '^^- niédlc, tom. i, p. 193, se trouve annoncé le travail du docteur Weber,qui publie , iVot^. ^c/. Acad. Cœsar.-Léopold., jiatur. ciirios., tom. xi , 1823, p. 2., pi. 411 , en alle- mand , de nouveaux matériaux pour l'histoire de la conformation de la tête et du bassin. Le docteur Weber prétend que d'après les dimensions de la tête, on peut conclure celle du bassin. Un cas pathologique, indiqué dans le Bull, de M. de Férussac , 1829 , Se. niédic. ^ tom. XVII, p. 168, est employé pour confirmer ce sin- gulier rapprochement.

P. oi3 , Cuvier compare les sept vertèbres de la tête admises par GeofFroi , avec les os du crâne.

* *r

( 40)

Je suis entré dans les détails ci-dessus , qui rappellent involontairement l'ancien Vers latin :

Noscitur ex naso quanta sit hasta viro , et la comparaison des orifices transversal et vertical , dont plusieurs parties porlent le même nom , afin de mettre les lecteurs, qui désireraient s'assurer de l'abus du raisonnement , à même de consulter les sources ils pourront puiser pour asseoir leur jugement. Ils trouveront des animaux dont les uns vivent dans leur colonne vertébrale , tandis que les autres vivent en dehors \ et afin d'avoir le pour et le contre dans ce grand procès, ils pourront recourir au premier volume de V Histoire Jiaturelle des poissons , p. 307 et suivantes.

P. 4^2, se trouve appréciée l'opinion de ceux qui ont voulu retrouver dans les os de l'opercule des pois- sons les quatre osselets de l'oreille de l'homme , subi- tement et prodigieusement développés. P. 543 etsuiv., ou sont jugés les vaines spéculations métaphysiques et les rapprochemens très-superficiels, d'après lesquels on a voulu considérer la classe des poissons comme un développement , un perfectionnement , un anoblis- sement de celle des mollusques , ou comme une pre- mière ébauche, comme un état de fétus des autres classes des vertébrés ^ .

Cette dernière partie de phrase a pour but de rap- peler une nouvelle branche d'anatomie transcendante exposée dans un Mémoire de M. Serres, dont deux parties ont été publiées dans les Annales des Se. nat. , 1827, loin. XI, pp. 4770^ loin. XII5 pp. 83-143.

' Suivant quelques anatomistes, les poissons, dans leur premier âge, correspondent, eu égard à leur développe- luenl , aux mammifères dans leur état de foetus.

( 47 )

Une loi de symétrie, coAinie le démontre cet auteur, veut que les organes se développent par deux parties latérales qui , cessant de s'accroître , laissent un inter- valle et donnent lieu à un vice de conformation , comme on le voit dans le bec de lièvre.

Suivant M. Serres , les variations infinies de formes organiques que nous offre la série des animaux , sont reproduites par les variations nombreuses des formes organiques des embryons. Ainsi , par exemple , de la cinquième à la septième semaine , l'embryon humain a une queue qui disparaît dans le cours du troisième mois.

Chez les jeunes embryons humains la glande thyroïde est double ^ elle est double , permanente dans les mam- mifères.

Du deuxième au troisième mois de l'embryon hu- main, la matrice forme deux intestins isolés, comme dans les lièvres. ^

Du troisième au quatrième jour de la conception , l'embryon humain offre cinq pièces disîincles , concou- rant plus tard , par leur réunion , à la composition du maxillaire supérieur -, les crocodiles ont ces cinq pièces constamment séparées.

Je ne pousserai pas plus loin ces détails , d'après les- quels les anatomistes transcendans font passer succes- sivement l'embryon humain par toutes les classes de la zoologie , en commençant par celle des vers et par^ tant, comme on le voit, de la conclusion affirmative de la fameuse thèse soutenue le 1 3 novembre 1704, par Etienne-François Geoffroi , et ayant pour texte ; An hominis primonlia, uermis ? thèse dont la traduction se trouve dans l'ouvrage d'Andry, intitulé : De la généra- tion des uers , tom. 3 , p. 784 et sw'v. ; thèse dont le principe avait déjà été plaisanté d'une uianière aussi

^

4

( ^iS ) ingénieuse que san.glante par Plantade ^ , ( sous l'ana- gramme Dalenpa(ius) , comme on peut le voir dans les Nouvelles de la République des Lettres , mal 1609, p. 552. , art. v , avec une planche. Portai , Hist. de l'ana- tomie et de la chirurgie , tom. 4? /?• 281 , en a donné l'analyse , copiée dans le Dict. abrégé des se. médic. , tom. S, pp. 279-280. Panckoucke , 1820.

Mais des plaisanteries n'étant point des raisons , nous nous bornerons à répéter avec Cuvier , Ilist. nat. des poissons^ tom. 1, p. 5/[5 : « On pourrait toujours tout « rapprocher, comme on le voudrait; car enfin deux « êtres , quelqu'éloignés qu'ils soient , se ressemblent « toujours par quelque pohit , ne fût-ce que par l'exis- « tence. »

Toutes les fois que l'on a voulu sortir des définitions caractéristiques , on s'est e'garé dans les comparaisons les moins admissibles ; et l'on en a eu la preuve dans la considération de la Sèche ou du Poulpe représenté par M. GeofTroi St.-Hilaire comme l'analogue d'un animal vertébré , plié en deux par le dos , de manière à rap- procher le bassin de la télé. Voir les journaux du com,- mencementde 1802.

On trouvera d'excellens détails sur l'organisation des poissons dans le Diclionn. des Se. nat., tom. xui, pp. 148-240.

Le travail le plus complet sur l'anatomie des poissons

* Plantade, secrétaire de l'Académie des sciences de Montpellier, connaissant probablement le tour joué par Hartsoeclier à Leuwenoeck, latinisa son nom en ajoutant la terminaison ius , Plantadeius, et en fit l'anagramme Dalenpatius y ainsi qu'on peut s'en assurer en comparant toutes les lettres.

(49) _'

est sans contredit celui donné par Cuvier dans le ju-ernier \>oluine de son liist. liai, des Poissons , accom- pagné d'un superbe Jdas, ouvrage que la mort de l'auteur laisse incomplet, au grand regret de la science.

On trouve à la vérité des renseignemens curieux dans VAnatomie comparée et le Règne animal du même auteur 5 mais des ' observations postérieures à la publication de ces ouvrages, et les découvertes journalières qu'il faisait sont autant de détails qui ne nous sont point encore connus, tels par exemple que les appareils spéciaux relatifs à l'oreille des Cyprins, des Silures , etc. , promis dans YUist. nat. des poiss. , tom. I, p. 470.

Il me su (lit d'avoir indiqué les sources dans les- quelles pourront aller puiser les amateurs désireux de comparer la structure interne des poissons avec celle de tous les autres animaux ^ je me bornerai maintenant à indiquer les bases de deux classifications employées pour distribuer les poissons. Si l'on veut connaître toutes celles qui ont été établies , on pourra recourir au Dict. des sciences nat. , tom. xxii , p. 44^? ^t surtout à Cuvier, Hist. nat. des Poiss. , tom. 1, p. 10-2 et

Le petit nombre de poissons qui se trouvent dans nos rivières, quoiqu'elles aient des rapports avec les trois bassins du Rhône, de la Loire et de la Seine, aurait pu à la rigueur me dispenser d'adopter une distribution systématique; mais le désir de faciliter la détermination et surtout l'arrangement méthodique dans les collections de ces animaux , peu connus en général , m'a déterminé à exposer les bases de la clas- sification , créée de concert par Artedi et Linné , et

4

( -^0 ) de celle créée par Cuvier. On pourra à volonté choisir Tune ou l'autre.

Je commence par la plus ancienne , adoptée par Gmelin, p. ii3o,qui l'a modifiée dans son édition du Sjstema natures de Linné -, j'ai eu Tattention d'in- diquer dans chaque classe , les poissons de notre dé- partement qui y appartiennent.

SYSTÈME d'arTEDI ET LINNÉ.

I. Apodes. Nageoires ventrales nulles.

L'Anguille.

II. JuGULAïuES. Nageoires ventrales situées en avant des pectorales , c'est-à-dire articulées tant avec l'é- pisternal ' , qu'avec les clavicules furculaires , ( Hu- merai, Cuv. , p. 373.)

La Lotte. m. Thorachiques. Nageoires ventrales situées sous les pectorales , c'est-à-dire attachées sur les clavi- cules furculaires , {^Humerai, Cuv.) Le Chabot. Tète plus large que le corps. La Perche. Opercule des branchies denté en scie. L'Epinoche. Epines dorsales distinctes. IV. Abdominaux. Nageoires ventrales situées en arrière des pectorales.

La Loche. Corps d'égale dimension dans sa lon- gueur. La Truite. Nageoire dorsale postérieure adi- peuse. Sous le nom de Truites, les voyageurs en Suisse, confondent plusieurs poissons du lac Léman, bien

' Qui , suivant Cuvier, Hist, nat. des Poissons , tom, 1 , p. 35o, représente la queue de l'os hyoïde.

( 51 ) distingues par Jurine. Ce savant en a donné des des- criptions très-étendues et des dessins très-exacts que je dois indiquer pour éclaircir ce point d'histoire naturelle.

1. L'Omble chevalier, Salnio umhla , Linn.

Bloch , Ichihjol. , part, m, /?• i3i , pi. ci. L'Ombre chevalier.

Jurine, Hist. des poissons du lac Léman, p. 179, /j" 7 , pi. 5.

Duhamel, Pèches, 2* paît. , p. 220 , tom. o, p. 68 , section iv , pi. xiv.

Aldrovandi , de Piscibus, p. 649-651, signale cette es- pèce facilement reconnaissable par ses écailles plus petites que celles des autres-, sa chair, pins grasse et blanche, approche de celle de l'Anguille. L'Omble chevalier du lac de Genève, est surtout célèbre. Jurine n'en a pns vu au-dessus du poids do douze livres. Ce môme savant a fait sur ce poisson une observation trop importante pour la passer sous silence. Dans le mois de janvier 1814 , on lui apporta des Ombles , qui , après quelques jours de conservation dans l'arche d'un bateau et même dans un réservoir, placés dans une eau vive et courante , furent frappés de cataracte. Mém. de la Sociét. de pJiys. et d'hist. nat. de Genève, 182.5 , tom. in, 1'* part., p. i83.

2. La Fera ' , Corregonusfera, Jurine. Mém. de la Sociét. de phjs. et d'hist. nat. de Genève , tom. m, 1'^'' parte , p. 190 , /z" 9 , pi. 7.

Aldrovandi , de Piscibus , p. 663. r>

' Ce nom a du rapport avec celui de Fario , employé par Aiisone pour désigner les jeunes Saumons.

( 52 )

Cette espèce , dépourvue de dents , se nourrit essen- tiellement de coquillages et d'herbes-, la dernière limite de sa longueur paraît être de 18 pouces. 11 est rare de voir des Feras de trois à quatre livres.

Ce poisson est sujet à une affection grave , impro- prement nommée petite vérole des poissons, puisqu'elle n'a aucun rapport avec cette dernière et qu'elle a son siège dans les chairs et non sur la peau.

Cette maladie , qui ne tarde pas à faire périr la Fera , se reconnaît par des tumeurs irrégulièrement dissé- minées sous la peau qui fait saillie. Ces tumeurs , de la grosseur d'un pois à celle d'une noix , contiennent un liquide semblable à de la crème , et qui n'a ni goût jii odeur ^ les chairs environnantes sont violettes et décomposées, et les os complètement mis à nu. Hist. des poissons du lac Léman , p. 194^ ^9^.

o. La Gravenche , Corrego?ius hjemalis, Jurine. Ou- \^rag. cité , p. 200 , 10 , pi. 8.

Les Gravenches marchent en troupes ; on les entend de loin au bruit qu'elles font en ouvrant et fermant la bouche à fleur d'eau , de manière à imiter assez bien le barbotement des canards. La plus grande longueur qu'atteignent ces poissons, n'excède pas un pied-, alors ils pèsent une livre, p. 202.

On les pcche à la lanterne et à la serpe , au dire de M. Alexandre Duval , qui donne à ce sujet des détails anecdotiques très piquans dans ses Impres- sions de voyage , tom. ] , p. 10^-1 56. Il place la scène à l'auberge de Bex , et donne à ce poisson , qu'il dit délicieux , le nom de Truite.

Cette manière de pêcher est la même que celle signalée par Belon dans le chap, lxxv du livre 1 des iSingularités , p. i5<).

( .''>3 )

Les os des poissons n'ont ni épiphyscs ni can;il médullaire; mais il en est quelques-uns , comme ceux des Truites, le tissu de l'os ^ est plus ou moins pé- nétré d'un suc huileux.

Cette disposition est bien plus sensible dans un poisson des Indes orientales , appelé Escan bona ( au Heu de Ican bona ou Ikan bona) , par le rédacteur de l'article suivant :

« Escan bona des Malais , espèce de Chaetodon , (c dont les os sont accompagnés de tumeurs assez con- « sidérables, spongieuses, tendres, facilement atta- « quables au couteau et remplies d'huile. Hunter « avait dans sa collection des os semblables , qu'il attri- K buait tort) , à la colonne vertébrale de quelque « grande raie. » Magas. encjclop. , i'j^5,ioin. i, p. 148. Extrait des philosoph. irans., 1790, /J>«rt. 1, m.

Ce poisson est le Platax noduleux , Chœtodon arthri- tiens, dont Cuvier donne l'histoire dans son Ilist. nat. des poissons, tom. vn , p. 229-282. , ^^ '^

Il est du nombre de certains Chétodons dont les premiers interépineux , tant supérieurs qu'inférieurs, sont renflés en grosses massues.

'Le Brochet. Mandibule supérieure aplatie plus

courte. L'alose. Membrane branchiale à vni rayons. Les CvpraNoÏDEs. Membrane branchiale à m rayons. V. Brangiiiost£:ges. Point de rayons à la membrane

' J'ai trouvé la in(^me disposition du tissu de l'os pénétré d'un suc huileux , dans les os de la tête de l'Alose , du Bro- chet, des Cyprins j etc.

( 54 )

branchiale , ni d'os aux branchies , rayons articulés

seulement aux nageoires.

Artedi caractérisait les Branchiostèges , par l'absence de rayons à leur membrane branchiale.

« Branchiostegi in branchiis nuUa ossicula gerunt , » dit-il. Gen. pisc. , p. 85.

Cette division est rejetée aujourd'hui. Gmelin ^ y avait placé une partie des poissons, que Linné appelait : Ainpliihia liantes ,• la confiance du naturaliste suédois dans le docteur Garden qui avait pris les reins des Diodons et des Tetrodons, situés très-haut, pour des poumons , l'avait induit en erreur-, Ciu'ier , Règne animal, édit. 2,, tom. 3, p. 366 (2)5 cependant il avait désigné , d'une manière très -exacte , leurs caractères.

Gmelin range dans cette classe , mais fort mal à pro- pos : \q?, 3Ioinijres , poissons malacopterygiens-abdomi- naux, dontCuvier, Règne anim. , cit., p. 288, donne

' On n'est point surpris de la confusion adoptée par Gmelin, lorsque l'on sait la manière dont cet auteur s'y est pris pour donner une i3e édition réformée, dit-il, du Sys- tenta naturœ de Linné. Les amateurs de talenibourgs substi- tueraient un rf à l'r, et ne se tromperaient pas beaucoup.

Cuvier, Hist. nat. des poissons , tome 1 , p. j55-i58, donne des détails curieux et piquans sur 'a manière dont a été faite cette édition, qui est effectivement un ouvrage de fabrique dont les Allemands ont appris la méthode aux Français , et dont la librairie actuelle dire de si nombreux et de si fréquens exemples.

Si l'on est curieux de connaître le degré de confiance que l'on doit acco;der aux diflérens ouvrages publiés sur les poissons, on trouvera dans V Hist. naturelle de ces ani- maux par Cuvier, des renseignemeus exacts, consignés dans le tom. 1 , livre premier.

„^„

( 55 ) une bonne description, en éclaircissanl leur synonymie.

Il y place d'autres poissons que Cuvier répartit de la manière suivante dans sa méthode :

Sjîrgnailius , Pegasus , S"" ordre , les Lophobranchcs.

Diodon, Telraodon, Balistes, Ostracioii, 6*^ ordre , les Plectognaihes .

Lophius , dans la xiii^ famille , Pectorales pédiculèes , des poissons acanthoptérygiens.

Centviscus , dans la xv^ flimille , Bouches en fidie , des poissons acanthoptérygiens.

Cyclopterus , dans la 3* famille , Discoboles , des poissons malacoptérygiens subbrachiens.

Aucun des poissons, placés par Gmelin dans sa divi- sion des Branchiostèges , n'étant d'eau douce , ne peut se trouver dans l'ichtyologie de notre département. VI. Chondroptérygiens. Rayons des nageoires cartila- gineux.

L'Esturgeon. Events solitaires et linéaires.

La Lamproie. Sept évents ronds de chaque coté.

Par le secours de cette distribution , on parviendra facilement à déterminer tous les poissons de notre pays.

Système de Cuviek.

Cuvier a adopté la distribution suivante : il a séparé les poissons en deux séries, dont la première comprend tous les poissons osseux , c'est-à-dire tous ceux dont le squelette est osseux ; et la seconde réunit tous les poissons caitilagineux , c'est-à-dire ceux dont le squelette au lieu d'os ne présente que des cartilages. 1"^ série. Poissons osseux.

L'os intermaxillaire forme le bord de la mâchoire supérieure , et a derrière lui le maxillaire nommé communément os labial ou mystace : squelette

(56) osseux ou fibreux : mâchoires complètes libres ; branchies en forme de lames ou de peignes. Cette série fort nombreuse se partage en deux divi- sions qui forment six ordres , dont plusieurs ren- ferment des familles formées de genres , partagés eux-mêmes en sous-genres.

I- DIVISION. ACANTHOPTERYGIENS ' . Rayons des nageoires osseux , quelques-uns piquans. Rayons des nageoires épineux ou piquans ; cette pre- mière division forme aussi le premier ordre des pois- sons.

1" famille. Percoïdes. Ventrales thorachiques , sept rayons branchiaux.

Deux dorsales. Perche, ^pron.

Une seule dorsale : dents en velours. Gremille.

2* famille. Joues cuirassées. Cotte.

Epinoche.

IP division, malacopterygiens ^

Tous les rayons mous , excepté quelques rayons des nageoires osseux , mais non piquans, tels que le premier de la dorsale ou des pectorales.

' On appelle ainsi les poissons, dont une partie des rayons est simple et en forme d'épines. Cuv. , Hist. nat., Poiss. , tom. I , p. 292.

* Ce sont les poissons osseux , dont tous les rayons des nageoires sont articulés. Dans les Carpes la soudure des ar- ticulations donne à certains rayons l'apparence d'épines. Cuv., Hist. nat. des poissons , tom. 1 j />. 291 , 292.

( 57 ) - ^ '

II* ordre. MALACOPTERYGIENS abdominaxjx '. Nageoires ventrales situées en arrière des pectorales.

1'^ famille, Cyprinoïdes. Bouche peu fendue -, mâchoires faibles , sans dents ; os pharyngiens fortement dentés : rayons branchiaux peu nombreux.

Cyprins. Bouche petite , trois rayons plats à la mem- brane branchiale.

Carpe. D. longue et A. garnies d'une épine den- telée pour second rayon.

Barbeau. D. et A. courtes , forte épine pour 2,* et 3^ rayon de la dorsale 5 barbillons. :\.

Goujon. D. et A. courtes, sans épines : barbil- lons. Tanche, écailles très-petites. Brème, épines et barbillons nuls. A. longue , D.

courte. Ables. d. et A. courtes, épines et barbillons nuls. Loche , corps alongé , enduit de mucosité : lèvres propres à sucer.

2* famille. Esoces. Brochet.

3" famille. Siltjroïdes.

Aucun poisson de cette famille ne se trouve dans nos eaux.

' Dans les vrais abdominaux, l'os coxal (représentant l'os innoniiné , la cuisse, la jambe et le tarse), de forme triangulaire, a sa pointe libre dans les cbairsj son côté pos- térieur, comme dans tous les autres poissons , donne attache aux rayons de la nageoire ventrale. Cuvier, Hist. nat. des poiss, , tom, 1 j /7. 377,

(58 ) 4* famille. Salmones. Deuxième dorsale , petite , adipeuse , non soutenue par des rayons.

Saumon, dents très-apparentes.

Truite, àenxs très-apparentes.

Ombre, dents très-fines, à peine visibles.

famille. Clupes. Alose.

IIP ordre. MALACOPTERYGIENS subbrachiens.

Ventrales attachées sous les pectorales.

i" famille. Gadoïdes. Lotte.

IV ordre. MÀLÀCOPTERYGIENS apodes. Nageoires ventrales nulles. Anguille.

ordre. LOPHOBRANCHES.

Branchies en petites houppes rondes, disposées en

séries et par paires le long des arcs branchiaux. Cet ordre ne renferme que des poissons marins. VP ordre. PLECTOGNATHES.

Os maxillaire soudé au côté de l'intermaxiliaire. Petite fente branchiale.

Cet ordre ainsi que le précédent ne contient que des poissons marins.

IP série. Chondroptérygiens.

Squelette cartilagineux , parce que son tissu n'admet jamais assez de phosphate de chaux pour acquérir une consistance osseuse. Cette série se divise en deux ordres , qui sont les y' et 8^ des poissons.

VIÏ" ordre. CHONDROPTEllYGIENS à branchies libres par le bord externe.

STURONIENS : opercule , rayons nuls à la mem- brane branchiale. Esturgeon.

VIIl'' ordre. CHONDROPTERYGIENS à branchies fixes, adhérentes par le bord externe.

i" famille. Sélaciens * Cuv. , Plagiostomes ^ Dumer.

Les poissons qui composent cet ordre se reconnaissent à leurs branchies adhérant par le bord externe , lais- sant échapper l'eau par autant de trous percés k la peau, qu'il y a d'intervalles entre elles.

Cette famille , ne renfermant que des poissons marins, aurait pu être supprimée sans inconvénient dans notre travail ^ mais j'ai jugé convenable de la conserver, pour ne point rompre l'intégrité du tableau ; ensuite , parce qu'elle renferme i" les Squales, connus par leur voracité; parce que la fticilité et la promptitude des communi- cations rend actuellement très-communs à Dijon , plu- sieurs espèces de poissons de mer , tels que le Congre , le Merlan , le Maquereau , le Hareng , la Sole, la Li-

' Cuvier a donné à cette faniîlfe le nom de Sélaciens , du mot grec SE'AAXGS, employé parles Anciens pour dési- gner une espèce de poisson cartilagineux. Les parties dures des Sélaciens, c'est-à dire celles qui remplacent les os chez eux, consistent intérieurement en un cartilage homogène et demi-transparent qui se revêt, seulement à la surface, d'une couche de petits grains opaques et calcaires . serres les uns contre les autres.

* Duméril donne l'étyraologie de Plagiostoines, tirée des mots grecs TrAày/oç, transversal, <r7v^«, bouche.

( 60 ) mande, le Turbot, etc. , et plusieurs espèces de Raies que l'on voit aujourd'hui , non-seulement aux crochets des traiteurs , mais même sur notre marché.

Dans les poissons de cette famille , seulement, la cein- ture de l'épaule s'attache à de larges apophyses de l'épine : elle est d'une seule pièce qui entoure le corps. Cuv. , Hist. nat. des Poissons, t. i, 382.

La Raie bouclée , Raia clavata , Linn. , Dict. Se. nat. , lom. 44 •> P- 36i , p. oyS, Bloch, Ichilvyol. , part. m, p. 6o, plane, lxxxiu, l'une des plus estimées, se re- connaît à son âpreté et aux gros tubercules osseux , gar- nis chacun d'un aiguillon recourbé , qui hérissent irré- gulièrement ses deux surfaces.

Cette espèce de Raie est représentée par Duhamel , Traité général des pêches , a" part., sect. ix, pi. ')if^g- 1, 2, qui àonncfig. 3-6 de la même planche , la repré- sentation de ces tubercules , sous le nom de Boucles.

Les boucles de la Baie sont des écailles plus dévelop- pées , dont la nature est analogue à celle des dents. Leur base , ovale et renflée , est creuse à l'intérieur , et il y pénètre des vaisseaux qui y vivifient lïn noyau pul- peux , très-semblable à celui d'une dent. Cuv., Hist. nat., Poiss. , tom. i, p. 4B2.

Artedi a donné une bonne description anatomique de cette espèce. Ichthj . , pari. v. p. io3-ic6.

La Raie blanche ou cendrée, Raia balis, \Àni\.,Dict. des sciences naturelles , tom. 44 1 P- ^79 ; Bloch , Icli- thyologie , part, m , p. 5o , pi. lxxix , a le dessus du corps âpre , mais sans aiguillons , et une seule rangée d'aiguillons sur la queue : elle est tachetée dans sa jeu- nesse , et prend avec Tàge une teinte plus pâle et plus uniforme.

C 61 )

La chair ^ de ces deux espèces est très-délicate , parce que le voyage l'attendrit , et lui enlève son odeur repoussante et sa saveur forte. Elle fait pendant l'hiver, comme on le sait , les délices des tables délicates , et constitue un mets recherché , comme l'a dit jadis Al- bcrt-le-Grand , opéra , iom. vi , p. 65^ , sous le titre : linychœ, Raye.

L'anatomie de la Raie présente une foule de considé- rations intéressantes, qu'il n'entre pas dans mon plan de développer ; je me bornerai à indiquer la substance glanduleuse fort apparente qui se trouve dans l'épaisseur des parois de l'œsophage de la Raie , et je renvoie au travail de Cuvier, donné en grande partie dans le Dict. des Sciences naturelles , toni. 44 ? P- 363. C'est avec la Ronce, Jîaja rubus, Linn. , et plusieurs autres, que Ton fait les Basilics, etc. , Bloch, Ich. , part, m, p. 63 ; j'ai parlé des Raies , parce que leurs caractères les différen- cient de tous les poissons des autres classes.

On trouve dans le Manuel de l'étranger aux eaux dy^ix en Savoie , parle docteur De<tpine , fils, i834 , p. 8 et 9 , un tableau contenant le nom des poissons des environs d'Aix.

L'auteur dit : « On a vu dans le lac du Rourget « quelques Raies et même des Esturgeons : mais ils « sont devenus très-rares depuis que les sels , qui se con- « somment dans le pays , n'arrivent plus par le Rhône. »

' Dans ies poissons, les muscles de la nageoire pectorale présentent deux couches à chaque face. Ce sont ces couches qui, agrandies par degrés dans les squales, deviennent enfin les énormes muscles des ailes de la Raie, lesquels forment la plus grande partie de la chair mangeable de ce poisson.

(6-2)

II serait curieux de connaître Tobservalion , par suite de laquelle on a dit avoir vu quelques Piaies dans le lac^ les Raies n'étant point anadromes , ne peuvent se trouver dans l'eau douce. Kojcz ci-dessus , p. 1 1.

On ne sera donc pas surpris , si je ne fais aucune mention des Harengs frais , Clupea harengus, Linn., des Soles, des Liman-des, etc. , espècesde Pleuroneclcs,\À\\x\., des Merlans , Gadiis merlan gus , etc. , etc. , poissons de mer plus ou moins estimés , qui , depuis la rapidité des transports multipliés, se trouvent assez abondam- ment sur notre marché 5 h l'exception des Pleuronectes, ils appartiennent tous à quelques-uns des genres de nos poissons d'eau douce.

2." famille. SucEuns.

Corps alongé , terminé en avant par une lèvre char- nue, circulaire , ou semi-circulaire.

Lamproie.

^4mmocète.

1- ordre des poissons. ACÂNTHOPTERYGIENS.

Les poissons de cet ordre se reconnaissent, parce qu'ils ont toujours la première portion de la dorsale, ou la première dorsale, quand il y en a deux, soutenue par des rayons épineux, c'est-à-dire très-piquans. L'anale a aussi quelques épines pour premiers rayons , et il y en a généralement une à chaque ventrale.

Excepté le rayon externe de la ventrale dans ces poissons, les autres sont presque toujours tous articulés.

1'" famille. Percoïdes.

Cette famille qui a reçu ce nom parce qu'elle a pour type la Perche commune, comprend des poissons à

( 63 ) corps oblong , couvert d'ëcallles généralement dures ou âpres. L'opercule ou le préopercule et souvent tous les deux, ont les bords dentelés ou épineux; les mâchoires , le devant du Voraer et presque toujours les palatins sont garnis de dents.

1^"^ ffenre. Perche ^.

o

Car. gen. Préopercule dentelé, opercule osseux terminé en deux ou trois pointes aiguës , langue lisse. I. Perche commune. Perça Jluviatilis , Linn. Gmel. S. N., éd. xm, p. i3o6, sp. i.

Bloch , Ichthyologie , part. 2 , p. 62, planche lu.

Jurine, Hist. des pois s. du lac Léman , p. i52, pl- ^^

Dict. se. nat., atlas, ichthyologie, pl. yS, fig. 2. Persèque commune-

Cuvier, Hist. nat. des poiss. , toni. 2, p. 20. Perche iluviatile.

Lacépède , Hist. nat. des poiss. , tom. 8, p. 23. Persèque Perche.

Duhamel, Pêches , 2e part., sect. V,pl. y, fig. 1 , p. 98.

Meyer, Représentations , tom. 1 , pl. y'j.

Rondelet, de Piscib. fiuviatil. lib., cap. xxii , p. 196.

Gesncr , de ^quatilib. , p. 822.

Geoffroi , JUat. média. , in-^», tom. 3, p. 275.

Aldrovandi , de Piscib., p. 623.

P D. 16 : u.'^ D. 16 : P. 14, i5 : V. 6 : A. 12 : G.

20-24.

40-41 Vertèbres-, 19 paires de cotes.

Le nom de ce poisson thorachique vient du latin Perça, dérivé du grec TjpKo;, moucheté de noir, à cause des bandes noirâtres transversales de son corps. Aldro^^., de Piscib., p. /^5.

La Perche se reconnaît à sa couleur verdâtre , in- terrompue par des bandes verticales noirâtres , et re-

' Les perches ont de petites dents en crocliet, formant râpe, ou velours, aux deux mâchoires, à une plaque en avant du vonier; à une bande longitudinale de chaque pa- latin 5 mais elles en uiauquent à la langue.

(64 )

levée par le beau rdùge des nageoires ventrales et anale.

Ce poisson est très vorace ' ; il vit de petits poissons , de reptiles, d'insectes, etc. ; il attaque TEpinoclie, qui dès qu'elle est saisie , redresse ses arêtes , les enfonce dans le palais de la Perche , qui meurt de faim. Si on l'en débarrasse , elle reste toujours la bouche béante. La plus grande dimension à laquelle il puisse parvenir n'est que de 18 à 20 pouces ; et alors il pèse environ quatre livres. Bloch la fi.veà deux pieds , et au poids de trois à quatre livres. Il est rare de la voir de cette taille dans nos rivières.

Il fraie au commencement du printemps , en avril et en mai ; un des ovaires s'oblitère , et il ne s'en dé- veloppe qu'un 5 ses œufs sont réunis par de la viscosité en longs cordons entrelacés en réseaux ^ . Bloch , Ich~

' Les poissons mettent peu de choix dans leurs alimens, et leurs forces di^estives suffisent pour dissoudre tout ce qui a eu vie. Ils avalent d'autres poissons malgré leurs épines et leurs arêtes; les Crabes et les coquillages ne les effraient point, et on en trouve souvent les débris dans leurs intes- tins. Ils rejettent ces matières indigestes , comme les oiseaux de proie rejettent les plumes et les os des petits oiseaux qu'ils ont avalés. Ciiv. , Hist, nat. des poissons, tome 1 , p. 488.

* La peau qui renferme les œufs , et qui forme , dit Bloch, Tin boyau troué, est large de deux pouces, et longue de deux à trois aunes; considérée au microscope, on trouve toujours quatre à cinq œufs unis par une peau dure, et la peau forme un angle ces œufs se réunissent, de sorte qu'ils paraissent quarrés ou hexagones. Bloch , Ichth., p. 63. Pour se défaire de ses œufs, ce poisson se frotte l'auus cou-

( 65 ) thyologie , part, i , />. loi , /;/. xix , ftg. 18 , en donne la figure ; fig. 17 , il représente une petite masse de six œufs attachés ensemble et formant une fi^jureà six cotés \ le tout vu à la loupe.

Les rayons épineux de sa première nageoire dorsale sont pour la Perche une arme défensive ^ en effet , quand elle tient cette nageoire relevée, aucun autre poisson ne peut en faire sa proie , sans s'exposer à être grièvement blessé. Cette observation a été faite depuis très-longtemps par Vincent de Beau vais. Cet auteur, Spé- culum natural. , loin. 1 , lil>. xvu, cap. Lxxviu,en par-; l;mt de la Perche , suivant lui , le meilleur poisson d'eau douce , dit : u Au moyen de ses piquans , elle se dé- u fend contre tous les autres poissons ; si elle craint (( rapproche du Brochet , elle redresse ses épines et « échappe ainsi à la poursuite de son ennemi. »

La Perche , qui a la vie dure et qui , suivant Lacé- pède , ne fraie au printemps qu'à l'âge de trois ans , est un poisson d'une saveur délicate; il est assez fréquemment servi sur nos tables qu'il ne dépare point. On lui donne /|uelquefûis le nom de Perdrix d'eau douce. Cette dé-

tre un corps aîgu , auquel U fait adliérer le cordon de ses ceufs, puis se retire en fiiisant des nioiivemens alternatifs jusqu'à ce qu'il se soit débarrassé de la totalité.

Ces œufs, dit Marsigli , Danuh. , tom. iv , p. 66, sont Lianes, durs, sans saveur 5 ils cuisent difficilement 5 aussi ne les sert-on point sur les tables. Arnault de Nobleville et Salerne disent au contraire : les œufs de Perche srillés sont assez bons. Geoff., i'\^a#. médic.y tom. 3, p. 278, etLieutaud, Mat. médic.f tom. 3, p. 363, disent : les œufs de Perche sont assez estimés ; ils donnent cependant quelquefois des nausées.

( 66) nomination française me paraît avoir sa source dans une sorte de calembour. On lit en effet dans Gesner, (Je Aquaiil. , p. B2D , lin. 29 : a J'appellerais en grec « les petites Perches, Percidla ; les moyennes, Pei- « cidas ; et les grosses, Perças. » On a joué sur les mots Percidla, Percidas ; en transportant le^à la place du c, on a obtenu Perdicia, Perdicas , dont l'analogie avec le, mot .français Perdrix , saisie très-promptement, a fourni la dénomination dont Tétymologie a été encore fortifiée par la comparaison que l'on a faite de la déli- catesse de la chair de la Perche avec la délicatesse de la chair de la Perdrix.

« Dans le lac Léman, lorsqu'on pêche les Perches « en hiver, avec un grand fdet , sur un fond de à « 5o brassées , on en voit beaucoup flotter à la surface (( de l'eau avec l'estomac refoulé hors de la bouche ^ (( elles périssent au bout de quelques jours si on ne fait « pas rentrer cette vessie en la perçant avec une « épingle. » Jurine , Acl. Genes^. , Loin. 3 , i"^" part. . pag. i53.

Ce phénomène était connu d'Aldrovandi. Cet auteur, de Piscihus,p. 620, signale d'une manière très-positive la vésicule rouge sortant de la gueule des Perches ex- traites , pendant l'hiver , du lac de Genève.

Cet accident, que Bloch, Ichlfi. , part, ii, p. 65, appelle mal à propos Tjmpanitis, résultat du défaut d'équilibre entre l'air intérieur de la vessie natatoire du poisson et l'air atmosphérique , ne s'observe jamais dans notre pays , dont les rivières n'ont pas une pro- fondeur sutïisante pour lui donner lieu.

« Lorsque l'on retire assez vite d'une grande pro- « fondeur les poissons , ils n'ont pas le temps de com- « primer leur vessie ou de la vider de l'air qu'elle

( 67 )

« contient. Cet air, n'étant plus comprimé par la grande « colonne d'eau qui pesait sur lui, rompt la vessie et « se répand dans l'abdomen, ou bien il la dilate ex- « trêmement et fait saillir l'œsophage et Testomac dans « la bouche. « Cimer, Ilist. nat. des poiss. , tome i , page 52.6.

La Perche devient la proie, non-seulement des grands poissons , des grosses Anguilles , mais encore des canards et autres oiseaux d'eau. De petits animaux , et notam- ment des Cloportes ' , s'attachent quelquefois à ses branchies, déchirent ces organes et lui donnent la mort. Lacêpède , Bist. nat., Po'ss. , toni. 8, p. 38.

Les Perches bossues dont Linné fait ime espèce , ne le deviennent que par la courbure de l'épine dorsale , courbure dépendant d'une cause accidentelle comme dans le Brochet.

On trouve des Perches borgnes de l'œil gauche. Act. Paris., 1748,/?. 127, 2,8.

La Perche est victime d'une espèce de Cymothoé, qui , s'insinuant dans les branchies , dévore vivantes ces parties délicates et cause bientôt sa mort. On n'a pas donné le nom spécifique de ce crustacé dans le Dict. classique d'hist. nat., tom. xnr, p. 2o3, l'on en parle.

La Perche est tourmentée par plusieurs espèces de vers intestinaux, tels que

1. L'Ascaride de la Perche, Ascaris Percœ, Goeze, Gmel. , p. 3o36 , sp. 64.

' Lacêpède ne savait pas que c'est une espèce de Cimo- thoé ; il ignorait également la vraie cause du refoulement de l'estomac.

Les jeunes Perches sont connues sous le nom de A////e cantons^ c'est un mets délicat.

( 68 )

2. L'Echinorhynque de la Perche, Echinorhjnchus Percœ , Pallas, Gme/.^ Se. nat. , xiii , tom. i , jy. 3o48, sp. 3o.

3. Le Cuculan de la Perche, Cuculanus Laciist/is. 13. y Percœ, Goeze, Gmel., p. 3o5i .^sp. 6 , /?. Encycl., pi., Vers, pi. XXXI, fig. 6. Cuculanus elegans , Zeder. Dict. des se. nat. , tom. xii , p. \^i , tom. lvii , p. 5/^2,. Atlas, Vers, pi. 3o, fig. i3.

4 . La Fasciole houteille , Fasciola lagena, Braun, Gmel., p. 3o57 , sp. 3o, appelée Distoma nodulosum. Encycl. méth. , Vers, tom. a, p. 278, ii3.

5. Le Taenia noduleux, Tœnia nodulosa, Goeze, Gmel., p. 0072, sp. 3o. Encycl., Vers, tom. 2, p. ySo, Vers , pi. xLix, fig. 12-1 5. Trienophore noduleux. Dict. se. nat., tom. 55 , p. i85, tom. 5^, p. 5^6. Atlas, Vers, pi. 48,fig.3.

On prend dans les rivières , et notamment dans la Seine , un poisson qui semble tenir de la Perche et du Gardon , non-seulement par sa forme extérieure , mais encore par la consistance et le goût de sa chair. Ces points d'analogie ont engagé les pêcheurs à lui donner le nom de Perche gardonnée. Encycl. méth. , Dict. des Pêches, p. 218. C'est VAcérine i^ulgaire , p. ^5.

Cuvier, Flist. nat. des poiss. , tom. 2., p. 20, donne sur la Perche des détails anatomiques fort étendus. C'est sur elle qu'il a fait le travail anatomique contenu dans le 1*"^ volume de son Histoire naturelle. On pourra aussi consulter le Nouv. Dict. dhist. nat. , édit. 2, tom. xxv , p. 186, et le Dict. des se. nat., tom. xxxix, p. i45; mais surtout Artédi , Ichthjologia , pars v, pp. 74 76, qui donne la description des parties intérieures et exté- rieures de la Perche , à laquelle il attribue 41 vertèbres

( t>9 ) et 19 paires de cotes. Bloch ne lui accorde que 09 ver- tèbres.

On obtient avec la peau de la Perche une colle qui surpasse de beaucoup celle des autres poissons. Blocb , ]}ag. 65 , indique la manière de la préparer.

Les pierres de Perche , qui se trouvent dans la tête , près Torigine de la colonne vertébrale , Geojfroi , Mal. médic. , m-4" , tom. 3 , p. 278, se rapprochent de celles du Dorsch , qui sont les calculs auriculaires du Gadus Callarias.

II. L'Apro?} commun, Aspro vulgarls , Cuv. , Perça asper,\Àïin.^ Gmel., S. N., edit. xni , p. 1009, sp. 3.

Rondelet, De piscibus fluviat. lib. , ca\. xxxn, p. 207. De as- pero pisciculo.

Gesner, De aquatilibus , p. 478. Asper pisciculus Gobioni similis.

Aldrov. De piscib.j lib. v, cap. xxviii , p. 6i5.

Bloclî, Ichthyologie j, part, m, p. ]5i , pL cvii,fig. i , 2.

Bonnaterre , Tableau eiicyclop. Ichthyol. ,pl. Sj , fig. 206.

Lacépède, Hist. nat., Poiss., t. vu, p. 127. Le Dipterodoii apron. Nouu. Dict. d'il, nat., éd. 2, tom. ix, p. 493. Dipterodou apron.

Cîiviei", Hist. Jiat. des Foisso/is , tom. 2 , p. 188 , pi. 26.

1-^ D, 8 : 2^ D, i3 : P, 14 : V, 5 : A, 12 : C, 17.

Ce petit poisson, de la longueur de six à sept pouces , est verdàtre 5 il offre trois ou quatre bandes verticales noirâtres , et huit épines à la première dorsale.

Il a le corps alongé , la peau rude ou âpre , les deux dorsales séparées -, de l;irges ventrales ; des dents en velours, la tète déprimée 5 le museau plus avancé que la bouche , et terminé en pointe arrondie.

Le mot Apron du Dict. des Sciences nat., tom. 2, p. 3oi , renvoie au genre àipterodon ( au lieu de dipte- rodon), dont le mot renvoie à celui de cingle , où, lom. IX 5 p. 340, se trouve effectivement l'Apron.

( 70 )

Ce poisson facile à distinguer par la rudesse de ses écailles, vit de vers, d'insectes, de poissons plus petits; il a la vie dure , et fraie , dit-on , en mars ; cependant au mois de novembre j'ai vu les œufs fort gros et desti- nés à être pondus dès le courant de décembre ^ -, ses œufs, fort gros proportionnellement, sont d'un blanc sale et abondans -, suivant Artedi , il a quarante-deux ver- tèbres et seize paires de cotes.

Sa chair est blanche , légère , saine , de bon goût et estimée. Le Péritoine nacré ou argenté , est piqueté de noir.

Ce poisson, connu aujourd'hui à Lyon, d'après Cuvier, sous le nom de Sorcier , se trouve dans le Rhône et ses aflluens -, les pêcheurs des bords de la Saône, le désignent

* « Le Roi poisson, m'écrit M. Baudot, i3 novembre i835, fraie dans le mois de janvier; à cette époque il ré- pand une odeur, et a un goût d'urine; il ne les conserve que pendant la durée du frai. 55

L'opinion de M. Baudot , fondée sur le récit d'un pê- cheur, a pour base une observation mal faite; elle pourrait aussi être le résultat d'une confusion , car Lieutaud , Mat. médic. f tom. 3, p. 38o , dit : ce la chair du Goujon a une mauvaise odeur. »

A l'époque du frai , les poissons se frottent le ventre contre tous les corps qu'ils rencontrent. Les Aprons, dont parle M. Baudot, se seront frottés contre les pierres de fosses d'aisances établies sur la Saône, et se seront impré- gnés de leur odeur : ils auront ainsi donné lieu à l'odeur et à la saveur signalées par M. Baudot.

On sait que tous les poissons sont attirés par les matières fécales, et les pêcheurs n'ignorent pas l'avantage que leur procure cet appât.

( 71 )

sous la dénomination de Roi poisson , Roi des poissons , et quelques personnes à Dijon l'appellent Dauphin.

La figure de l'Apron , ses couleurs l'ont fait confondre par des observateurs peu attentifs , avec le Chabot et avec le Goujon , dont il diffère par sa peau rude comme celle de la Roussette, ( Squalus canicula, Linn.) -, telle est la source des noms vulgaires qui lui ont été donnés.

Le nom de Roi poisson ou de Roi des poissons ^ , est appliqué à ÏApron et au Chabot , soit à cause de la dé- licatesse de leur chair , soit plutôt à cause de ce que ces deux poissons ayant été pris l'un pour l'autre , au- ront été désignés par le même nom.

Le nom de Dauphin vient de la largeur de la partie postérieure de la tête de ce poisson , principalement lorsqu'il a été cuit , et de la comparaison qu'on en a faite avec la tête du Dauphin , fruit de l'imagination des peintres , des sculpteurs et autres artistes.

Les pêcheurs de la partie de la Saône qui traverse notre département , ont fait depuis longtemps une ob- servation d'après laquelle ils se sont assurés que la

* On a appliqué le nom de Piscis regf'iis à divers poissons. Voy. Nouv, Dict. Se. 7iat., éd. 2, toiii, 27, p. 228, et JDict. Se. nat. j tom. /[i. .^ pag. i^J.

Aldrovandi , de Piscibus , p. 79, en parlant du Maigre, ainsi appelé à cause de la blanclieur de sa chair , qui n'est nullement colorée par le sang, dit : la Daine en Provence est appelée Peis rei , c'est-à-dire Poisson-roi, oh Roi-pois- son, ou Poisson royal, nom, continue-t-il , que les plus instruits donnent au Piscis latus de Rondelet , appelé Daina, ffxioKva, Coracin , enfinCorbj et p. 49^? à l'article De Lato, il répète Peis rei, Poisson royal, c'est-à-dire digne d'être servi sur la table des rois.

( 72 ) pèche sera mauvaise , s'ils ramènent un Apron clans leurs filets : aussi mccontens de celte rencontre , pre- naient-ils le poisson , et le lançaient-ils avec dépit sur leur Bachot ' 5 ils n'en faisaient alors aucun cas : mais depuis , ayant connu la délicatesse de la chair de l'A- pron , analogue à celle de la Perche , ils ne le jettent plus , et se trouvent très-bien de le manger.

Le mécontentement des pécheurs, lorsqu'ils ramènent ce poisson dans leurs filets , vient de ce que sa présence est d'un très-mauvais augure ^ elle annonce en effet que la poche sera infructueuse , aussi la cessent-ils alors ^ -, c'est de cette circonstance que vient à l'Apron le nom de Sorcier , appliqué comme injure.

Ce poisson , qui se tient ordinairement au fond de l'eau , ne sort de son réduit , pour nager dans la rivière, que par le mauvais temps , c'est-à-dire , par le temps froid et par les vents de nord et d'ouest , époques aux- quelles les autres poissons ne vaguent point '^ . Cette

' Bachot; on appelle ainsi le coffre ou la huche de la Larque, destiné à recevoir le fruit de la pèche.

^ Un ancien pêcheur possédait une grève dans la Saône; lorsqu'il voulait pêcher, il jetait son filet dans cet endroit ; s'il ramenait un Apron, il remettait sa pêche à un autre jour.

' L'agitation de l'eau , contraire à la pêche des poissons d'eau douce , favorise celle des poissons de mer dans la Syrie.

M. De Lamartine décrit la manière dont les Arabes pè- chent le poisson , et dont il a été témoin dans le golfe de Caïpha.

« Un homme, dit-il, tenant un petit filet replié, élevé au-dessus de sa tête et prêt à. être lancé , s'avance à quelques

(73; considération a engagé à lui doinier le nom de Roi des poissons , parce qu'on le comparait ou à un souverain , dont la présence fait éloigner la foule , pour lui laisser la place libre , ou au lion ( roi des animaux ) , à la vue duquel fuient les mammifères.

De même l'Apron , ne vaguant qu'en l'absence des autres poissons , paraît les avoir fait retirer pour jouir du champ libre , ou leur avoir inspiré une sorte de ter- reur qui les aurait fait fuire 5 c'est la chouette des pois- sons , puisque , comme cet oiseau , il ne vague qu'en l'absence des autres.

Cette singulière circonstance , observée constamment par nos pêcheurs de la Saône , n'a été notée par aucun ichthyologiste , et comme elle est intéressante dans l'his- toire de l'Apron, j'ai jugé convenable de la publier , d'autant plus qu'elle est analogue à celle atfribuée au Grenouiller , Bletinius raninus , Linn. , Raniceps hlen- nioïdes , qui habite les lacs de la Suède, ou il semble

pas dans la mer, et choisit l'heure et la place le soleil est derrière lui et illumiue la vague, sans l'éblouir. 11 attend, les vagues qui viennent, en s'amoncelant et en se dressant, fondre à ses pieds sur l'écueil ou sur le sable. Il plonge un regard perçant et exercé dans chaque écume , et s'il aper- çoit qu'elle roule du poisson, il lance son filet au moment même elle se brise et entraînerait ce qu'elle apporte avec son reflux : le filet tombe , la vague se retire , et le poisson reste. Il faut un temps un peu gros pour que cette pêche ait lieu sur les côtes de Syrie 5 quand la mer est calme, le pêcheur n'y découvre rien 5 la vague ne devient transpa- rente qu'en se dressant au soleil à la surface de la mer.

Souvenirs , impressions , pensées et paysages , pendant un voyage en Orient, par M, Alphonse De Lamartine , i835, tom> 2 j p, 2^4 , 2(j5.

( 74 ) redouté des autres poissons , qui s'écartent le plus qu'ils peuvent des endroits fréquentés par lui.

Si , comme le dit Gesner , de Aquat. , pp. 354 ■> ^77 ■> layS ^ , le denii-charassius s'oppose au développement des Carpes , ( impediens enim incremenia et saginationes cjprinojum quos a pabulo depellit ), ce n'est point par antipathie, comme on pourrait le croire d'après un passage d'Hermann ^ . L'assertion des pêcheurs , citée par Marsigli ^ , et répétée par Hermann, Obseivat. zoo- logicœ , p. 017, est certainement fausse; puisque la Laite d'une espèce de poisson ne peut pas féconder les œufs d'une autre espèce.

ÏIL L'AcÉRiNE VULGAIRE , Grcmillc 4 commune , Perche

* Halhkaras (dimidlus C^x^ûxy^^ K arpkarass quoniam è Caraso et Carpa veluti compositus videtur, dit Gesner.

* Si verum est , quod Gesnerus refert carassos fugare Carpiones ( dit- il ) ^ falsurii erit quod piscatores référant de ovorum Carpionis lacté Carassii fecundatione.

Cette manière de s'exprimer ferait croire à une inimitié dont Gesner ne parle pas.

^ Cyprinus IIL Sitticli-Kharpfen , Tab. xxi , similitudi- ne inter Cyprinum et Carassium médiat, nam ex ovis Cy- prini, quantum piscatores asserunt, et semine vel lacté Carassii , aut è contra progeneratur. Marsili , Danub. , Pannon. , tom, iv , p. 61.

■* Un amateur , à Auxonne , a appelé Gremille un pois- son qu'il rangeait parmi les petites espèces; mais les pêcheurs de profession n'en connaissent point de ce nom.

Le particulier grand amateur de pêche , à Auxonne , qui m'avait parlé du poisson appelé Gremille y est mort, avant d'avoir pu m'en transmettre un échantillon; de sorte qu'il est impossible de rapporter celte Gremille à un genre.

( ^5 ) goLijonnière. Perça cernua, Linn. , Gmel. , S N. , p.

l3:20 , sp. 3o. \

Gesuer, de aquattllh. ,Tp. zij , icon ; cernua fiui'iatilis. Dcscnp- tio , p. 228. ^spredo Johann Cuii angli , p. 825, de percœ Jlu- viatilis génère minore.

Marsigli , Danub. , tom. iv, j». 6j , tab. \\n, fig. 2. Perça 11.

Duhamel, Pêches , z^ part. , sect. iv, p. 3i),pl. vin, fig. i. Perche gardouaée ( voyez ci-dessus, p. 68) ougoujouaière.

Blorh. Ichthyologie , part. 11, p. 68, pi. i.Mi, fig. 2. Petite perche.

Boniiaterre. Tabl. encyc. , Ichth. , pi. 67, /i/,'. 220. Le post.

Laccpède. Hist.nat. des Poiss. , toin. vu, p. 382. Le pcst , l'ho- locealre post.

Nouifeau dict. hist. nat. , édit. 2, toni. \\, p. 611. Holoceutre post, tom. i3 , p. 45o. Gremille.

Dict. des sciences nat. , tom. xix, p. 358. uétlas ichthyol. , pi. 48 , fig. 2, Gremille goujonnière.

Cuvier. Hist. nat- des poiss. , t. "h, p. 4. Acériiie vulgaire, pi. 4«-

Ce petit poisson , appelé k Auxerre Perche à goujon , est d'un goîit agréable , se reconnaît à son corps long et gluant , olivâtre , tacheté de brun , à des fossettes aux os de la tcte-, le préopercule et l'opercule n'ont que de petites épines sans dentelures.

L'Acérine, dont les dents .sont en velours , n'a qu'une dorsale à 27 ou 28 rayons; Artedi , Ichthjologie , part. V, p. 80, 81 , lui donne quinze paires de cotes, et 35 vertèbres, que Bloch, Ichthyol. , p. 70, réduit à 3o.

Ce poisson a la vie dure, il se nourrit des petits d'autres espèces, de vers, d'insectes, et devient la proie du Brochet , de l'Anguille , de la Perche , de la Lotte, des oiseaux d'eau ; sa chair tendre, de bon goût, est plus agréable et plus salubre que celle de la Perche, au dire de Bloch.

Ce poisson se trouve dans la Seine aux bouches des petites rivières tributaires ; il est long de 7 k 8 pouces et pèse 3 onces 5 il fraie aux mois de mars et d'avril , les œufs sont petits et d'un blanc jaunâtre.

( ^6 ;

Dans V Encyclopédie méthodique , Dict. des Pêches , p. 217, on lit: « Gremille , espèce de perche de ri- te vière , petite , qui a sur la tête ou auprès , des ardil- « Ions qu'elle relève à sa volonté et qu'on a comparé « à une couronne ; se plaît principalement dans les « petites rivières d'eau très-vive. »

L'auteur a-t-il voulu parler de l'Acérine, ou bien de la Loche de rivière , ou bien d'un autre acanlhoptéry- gien ? C'est ce qu'il est diflicile de décider d'après les vagues renseignemens qu'il fournit.

Grosley , dans ses Mémoires historiques sur Trojes , et dans ses Ephémérides , m* part., chap. 8, toin. 2 (1811), p. i63, parle d'un poisson signalé dans cette ville sous \e. nom àe, Chagrin ; les détails qu'il fournit et que nous allons rapporter, nous permettent de re- connaître dans ce poisson l'Acérine vulgaire.

« Chagrin , petit poisson dont la chair est très- « délicate.

« Nos pêcheurs de la Seine au-dessous de Troyes , « qui prétendent n'y voir ce poisson que depuis 3 « ou 4 ans, l'ont ainsi nommé à cause de la forme de « son écaille ; il a sur le dos et sous le ventre deux « crêtes hérissées et aussi fortes que celles de la Perche 5 « il porte sur le dos deux rangs parallèles de taches « d'un rouge noir, dont la teinte pénètre dans la <( chair; nos pêcheurs ont imagiué que ce poisson « vient de la mer. )>

Ce poisson est la Gremille commune ou Acérine vulgaire, dont la peau est effectivement rugueuse comme du chagrin , ou plutôt comme la peau de chien marin , Squahis catulus , Linn.

Bosc a donné la dénomination de Centropome san- dat , Perça iucio perça , Linn.; à l'Acérine vulgaire. Il

(77) dit en posséder un individu pris dans la Seine , JYouw, Dict. d'Hht. nat. , éd'il. 2 , iovi. 5 , p. 486.

Et Cuvier dit positivement en parlant du Sandre : (( il est inconnu à l'Italie , à la France et a TAngle- « terre. » Illst. nat. des Poissons, tom. 2, p. 110.

Bosc s'est trompé dans ce cas , comme il s'est trompé pour le Termes radicum , qm , suivant lui , ravageait ses confitures. Voy. ma note à ce sujet dans les y^cî. Dmon., 1827,/?. 72.

L'individu de Centropome Sandat pris dans la Seine , et possédé par Bosc , Nouv. Dict. dHist. nat., tom. v, p. 486 , était tout bonnement l'Acérine vulgaire , pois- son dans lequel on trouve plusieurs vers intestinaux , savoir :

Echinorhjnchus cernuœ, Gmel. , S. N. , p. 8048 , sp. 3i , Cucullanus lacustris ,^ cernuœ, Gmel., p. 3o5i, sp. 6, J. Fasciola luciopercœ , Percae Lagena, timel. ,

S. N. , édit. xni, p. 0067 5 sp. 28, 29, 3o; Disto-

ma nodulosum , Encycl. méth. , Dict des Vers, tom.

2 , p. 278, n" ii3. Tœnia iiodulosa, Gmel. , p. 8072, sp. 5o. Trienophore

noduleux, Encycl. , Vers, tom. 2, p. 753 , Atlas, pi.

xLix, fig. i2-i5; Dict. Se. nat., tom. 55, p. i85,

pi. 48,%. 3. Tœnia percœ cernuœ, Gmel., p. 8079 , sp. 77-79.1

Dict. Se. nat. , tom. 63, p. 6/[.

Deuxième famille. Joues cuirassées.

Cette famille comprend des poissons dont la tête , di, versement hérissée et cuirassée , offre un aspect sin- gulier, à raison des sous-orbitaires plus ou moins éten- dus sur la joue , et s'articulant en arrière avec le préo- percule.

( ^8 ;

ÎV. Le Chabot , CoUns ^ Gohio, Linn. , Gmel. , S. N. xin, p. 1211 , sp. 6.

Bloch , Ichihyolog. , part, u, pag. n, planche xxxix, fig. 1,2.

3 urine, Hist. des Poissons du lac Léman, p. i5o , 3, pi. 2. Sé- chot eiChassot ^.

Marsigli , Danub., tom . iv,/>. yS, tah. x\iv,fiq. 2. Gobio fluvia- tilis capitatus.

Tiahamel, Pêches, part. , sect. \ , p. iz'i , jil. xi , Jlg. 5, 6. Ca- bot testu. Sect. vi, p. iSy , Chabot.

Meyer, Représ., tom. 2 , pi. xii.

Cuvier, Hist. nat. des Poissons , tom, iv , p- i|5-i52.

Lacépède, Hist. nat. des Poissons, tom v, p. 324.

Prévost, .Annales des Sciences naturelles, i83o , tom, xix, p. 165-176, pi. 41. Mulus Gobio. Mém. de la Société de Physique et d'Hist. nat. de Genève , 1828, totii. iv, p. 171-183 , pi.

Fonuaterre, Tableau encyclop. , Ichthjologie , pi. ?'7 , fig- i49-

Rondelet, de Piscib.fluviatil. liber, cap. xs.y,p. 202. De Cotto.

Gesner, de Aquatilib. , p. 47^, p- 71 1- Boletrissia.

Nouw. JDict, d'Hist. nat., éd. 2, tom. viii , p. 192. Meunier.

Dict. des Se. nat. , tom. xi , p. 62. Le Chabot ou le Meunier.

3i vertèbres, lo paires de cotes. D. 7 : D. 16 : P. 14 : V. 4 : A. 12 : G. 14. Membrane brancbiale à 6 feuillets. Le Chabot a la tète large, déprimée, presque lisse et seulement une épine ^ au préopercule 5 la première

' Cottus de X07-7» , tête, d'après Hesychius. Ce nom a été donné à ce genre à cause du volume de la tête des espèces qui y sont contenues.

* Le Chabot porte en Savoie le nom de Chasso ou Chas- sât, qui , suivant Gesner, a du rapport avec celui de Scazort donné par les Italiens à ce poisson.

5 Blocli indique deux piqiians : l'un grand a la pointe tournée vers la bouche 5 l'autre, petit , a la pointe tournée vers le troue. Les auteurs ne parlent pas de ce dernier ; mais pour le sentir , il suffira de passer le doigt le long de la tête. Cuvier , p. 146, eu parle sous le nom de « très- petite dent cacUée sous la peau. »

( ^»)

dorsale est très-basse. La ligne latérale, un peu sail- lante , conserve cette disposition sur la peau du pois- son enlevée et séchée.

Ce poisson thorachique , noirâtre , de trois à cinq pouces de longueur, est connu depuis longtemps. Vin- cent de Beauvais, Spéculum naturœ , tom. i, lib. xvn, cap. XI, , en donne une description très-précise sous le nom de CapiLatus ,■ Albert le Grand lui donne le même nom ; l'un et Tautre en reparlent encore sous le nom de Gohio , qui depuis a été appliqué à plusieurs au- tres poissons.

Rondelet en donne une mauvaise figure et une des- cription sufïisante.

Le Chabot est un des poissons sur lesquels on a accu- mulé un si grand nombre de noms ^ , qu'il en est ré- sulté dans beaucoup d'ouvrages une confusion assez

' Les Français l'appellent Chabot , les Romains Misons^ les Manceaux un Musnier , parce qu'il se trouve dans les biefs des moulins; les Milanais, un ScatzoteX. Bot; les In- subriens , Strincius et Botetrissia. Botulus à grapaldo di- citur, liinc et Botetrissia, compositum ab Insubris vocabu- lum est. Gesner , p. 47^*

Clou de clieval , à cause de sa grosse tête.

Artédi , Iclithyologie , part, xs ^ p. 77, écrit Chalot j c'est sans doute par erreur typographique. Au surplus, part. V ,/»/>. 82-84 , il décrit très-exactement les parties ex- ternes et internes de ce poisson 5 il signale la membrane très-noire dans laquelle sont enveloppés, soit les laites , soit les ovaires, et n'oublie pas la couleur noirâtre du pé- ritoine.

11 indique 3i vertèbres assez comprimées sur les côtés , et environ io paires de côtes légèrement attachées aux ver- tèbres par un cartilage.

( 80 ) ilIfFicile à débrouiller. Cette multitude de noms recon- naît pour cause Texamen particulier que chacun a fait d'une des parties de ce poisson. Les uns , ne s'attacliant qu'à son énorme tête , l'ont appelé Capitatus , Testu, Testnrd ^, Teste d'aze, TeM d'ane"^, Chabot, etc. Sur la Bèze on lui donne le nom de Bdne ^ et , suivant M. Locquin , Jacquard , Gau.

Les noms de Jacquard, Gau , donnés sur la Bèze au Chabot , viennent des deux vieux mots , Jacquet

' Le nom de Te/a/w? ( vulg. Queue de casse, c'est-à-dire Queue de poêle à frire), est usité pour désigner les larves des Batraciens (Grenouilles , Crapauds et Rainettes ).

Pour se former une idée de la manière dont sont fîilts les livres, j'engage à lire daus VEncy cl. méthod., Dict. des Pêches, p. 35, l'article Chabot ou Tête d'une ^ on y trou- vera : « Le trait de ses ailerons a la rapidité de la flèche, » pour dire : Ce poisson nage avec la rapidité d'un trait.

^ Dans le Dict. théorique et pratique de Chasse et de Pêche, 1769, l'auteur, Delisle de Sales, publie l'article suivant :

Same. Poisson à nageoires épineuses, qu'on trouve assez communément dans le Rliùiie , dans la Loire et dans la Ga- ronne. Le peuple des naturalistes croit qu'il ne vit que de fange, tom. 2 ^ p. 33o.

Sous le nom de Sarne , les auteurs confondent des pois- sons de mer et des poissons d'( .lu douce; mais ce nom de Same venant du patois dauphinois Saumo , ûnesse, me jiorte à croire que le Same des rivières est le Chabot, ou peut-être VApron , ce qui est difficile à décider, par suite de l'indication inexacte donnée par les auteurs.

3 Le nom de Bane (borgne) , est donné à ce poisson par les pêcheurs de la Bèze , sans doute par antiphrase.

( 81 ) (petit coq), Gau (de gallus , coq), à raison de ses nageoires dorsales qui , redressées , sont comparées à la crête d'un coq.

D'autres , s'attachant uniquement à la forme de son corps enduit d'une mucosité visqueuse, comme l'An- guille , lui ont donné le nom de Trissia ; d'autres en- fin , considérant la forme générale du poisson , l'ont désigné par le mot de Boiatrissia : de Bole, Crapaud , à cause de la grandeur de sa gueule, et trissia, à raison de son corps anguilliforme. T^ojez Gesner , de Aquat. , p. 711, lin. 52. Rondelet, dont l'ouvrage doit toujours être consulté quand il s'agit d'ichthyologie, avait très- justement comparé le Chabot à la Grenouille pêcheuse ( Lophius piscatorius, Linn. ); il ressemble effectivement en petit à ce poisson, soit par le volume de sa tête et l'am- pleur de sa gueule , soit par son ensemble , soit par ses habitudes; d'autres enfin l'ont désigné d'après les lieux on le disait se trouver : « Les Manceaux , dit Belon , (( l'appellent un Musnier, parce qu'il se trouve dans ',< les biefs des moulins. » Gesner , de ^{jualil. , p. ^j 6. Je soupçonne ici une erreur de la part de Eelon qui aura confondu le Chabot avec le Chevanne , par suite de l'épiihèle Capitcaus donnée à l'un et à l'autre de CCS poissons , quoiqu'il y ait une grande différence de

t volume et de forme entre leurs têtes. Le Chabot est facile à reconnaître par sa tête plus large que son corps , par sa peau muqueuse , par ses écailles presque nulles.

Il se nourrit d'insectes aquatiques , de vers , de petits poissons; il sévit même, dit-on, contre sa propre espèce.

,.^ Il fraie à la fin de l'hiver , en mars et avril, éloigne

6

( 82) les pierres avec sa queue pour déposer ses œufs dans les petits enfoncemens qu'elles laissent.

Sur le Rhône on le nomme SecJwt, Chassot, quel- quefois Sorcier , ^ d'après Cw^^ier, Hist. nat. des Poiss., tom. IV, p, i5o.

Lorsque le Chabot est en danger , il gonfle la mem- brane de ses ouies , soulève son préopercule de manière à pouvoir blesser avec l'épine osseuse , aiguë , recou- verte de peau qui le termine.

Ce poisson , dont la chair délicate devient rouge , par la cuisson , comme celle du Saumon , constitue un aliment très-agréable et fort sain -, ^ il est après le Goujon le poisson que de mai en juillet, l'Anguille aime le plus; aussi s'en sert-on pour amorcer les lignes de fond.

Les Laites sont renfermées dans une membrane très- noire, comme le péritoine, Dict. Se. nat. , tom. xi , p. 62. Les sacs de ses ovaires sont teints en noir , Cuvier. La femelle pleine est fortement gonflée par les œufs petits et de couleur jaune.

Les enfans, pour prendre ce poisson , soulèvent avec précaution les pierres sous lesquelles il se blottit, et s'en emparent en les transperçant d'une fourchette solidement attachée au bout d'un bâton.

* A Lyon , le nom de Sorcier est aussi donné à V Apron ^ résultat de la confusion faite de ces deux poissons par les pêcheurs et par les marchands.

* Quelques personnes enlèvent la tête de ce poisson sous le prétexte qu'elle est amère ; ce qui n'est pas. Cette pré- caution est plutôt le résultat soit de la figure hideuse de cette tête , soit de l'absence de chairs dans cette même tête.

( 83 )

Le Chabot aime les eaux limpides , au fond desquelles il se tient immobile.

Dans les endroits très-pierreux de l'Isar , on pèche er Ton apporte au marché de Munich le Steinkresseji , (Goujon de pierres), Cyprinus uranoscopus ', qui meurt tout de suite hors de l'eau , ce en quoi il diffère du Goujon, qui perd ditïicilement la vie, et avec lequel on l'a confondu. Ballet. Feiuss. , 1839, iSci'e/îc. nat. , tom. XIX , p. ii5 , n" 61.

Ce Cyprinus uranoscopus est le Chabot désigné , par les anciens auteurs ^, sous le nom de Gobio, nom qui lui a été conservé par les modernes comme dénomination triviale , ou spécifique. Gronovius avait donné le nom (V Uranoscopus au Chabot , Cottus gobio , à raison de la forme de sa tête , comparée par lui à celle du Rat , Uranoscopus scaher , Linn. , désigné sous le nom de Cottus anostomus par Pallas, Zool. rossic, tom. 3, p. 128, n" 101.

Epinociie , Gasterosteus ^ , Bloch , Ichthy. , part. 11 , p. 71.

Epines dorsales libres, ne formant point une nageoire: le bassin se réunissant à des os huméraux plus larges

' Les yeux du Chabot , fort élevés sur la tête et tournés vers le ciel, ont porté quelques auteurs à ranger ce poisson avec les Uranoscopus, dit Duhamel, Pèches, ne part., p. 157.

* On peut s'en assurer en consultant Gesuer , de Aqua^ tilib. , p. 475 ) qui intitule le chapitre du Chabot : De Cotto Rondeletius : quem itidem Gohium Jluviatilem , abAusonii Gobio diversum , eruditi quidam appellant.

î De >«î>'p, ventre, et oUoi' , os, parce que le ventre de ce poisson est en partie osseux.

(84) qu'à l'ordinaire , garnit leur ventre d'une sorte de cui- rasse osseuse. Les ventrales placées plus en arrière que les pectorales , se réduisent à peu près à une seule épine.

Ces poissons , très-voraces , avalent des vers pres- qu'aussi gros que leur corps et les laissent digérer dans leur œsophage ; ils se nourrissent aussi de larves , de chrysalides, d'insectes, aquatiques, de petits poissons qui viennent d'éclore.

H Les pêcheurs de notre pays ne se sont point ap- (c pliqués à remarquer le nombre des épines du dos , » m'écrit M. Pa taille.

Cela n'est pas étonnant , parce que l'Epinoche , étant un poisson dont on ne fait aucun usage, n'a point fixer l'attention des pêcheurs qui s'attachent uniquement à distinguer les poissons dont ils sont assurésde tirer parti.

Cependant des Anciens avaient remarqué la diffé- rence de l'Epinoche et de l'Epinochette ^ d'autres en ont parlé sous une dénomination commune ; Gesner , de aquat'dib., p. 896 , parle des Epinochcs, sous le nom de Pung'tio, désignées, dif-il, à Lyon par le mot artière.

Alberl-le-Grand, o/?e7Yz ^ iom. VI , /?. 658, sous le nom de Pungit'ius , et Vincent de Beauvais , Spéculum iiatur. , iom. 1 , lih. xvii , cap. lxxxi , sous celui de Pungitii^us , parlent d'un petit poisson qui a deux épines pour nageoires ventrales.

On distingue plusieurs espèces dans ce genre.

V. La grande Epinoche , Gaslerosteus aculeatus , Linn., Gmelin, Se. nat. , édit. xiii, p. i'6-iô , sp. i.

Bloch, Ichtkyolof^ie , part, ii , p yi , pi. lui , Jig. 3. Belon donne à ce poisson le nom de Ripe. Rondelet, De piscib, fliiviatil. , p. 206, cap. xxx , fig. super. Lacépède , Hist. nat , Poiss , v , 385.

Aldrovandi , Ds piscib., Ub. y , cap, xxxvi, p. 628, de puiigitio pisce j4lbcrtL

( 85 )

Duhamel, Pdche.T , 2" part., sect. m, p. 5i6, pi. xxvi, fig. 6, Echarde Epinarde, iipinaiide, Savetier '. Boauaterre, Tableau Eticyclop., ichthyologie, pL. 5j ,fig. 222. Cuvier , Hist. nat. des poissons , tom. 4^ P- 48''4j^* Jincyclop. méthodiq., Hist. nat., tom. 3 , p. 409. Noui'. Dict. d'hist. nat , édit. 2, tom. xu , p. 461. Z)ict. des sciences naturelles, tom. wiii, p. 168.

Arledi, Ichthj. , part, v, />. 96 , dit, le Péritoine ta- cheté de points noirs 5 xv paires de cotes, 3o vertèbres.

Trois épines libres sur le dos , font facilement recon- uaître ce petit poisson dont la longueur varie de 1 pouce et demi à trois pouces; il fraie en avril et juin, et dépose ses œufs sur les pétioles des feuilles de nyuiphaea , ne vit que deux à trois ans , il pond fort peu d'œufs. Lacépède, p. 386 , pense que la durée de trois ans est supposée.

On confond sous ce nom deux espèces :

A. Gasterosteus f/ac/»//i<5, Cuv.,Blocb,pl. 53, fig. 3.

Tout le coté, jusqu'au bout de la queue , garni de plaques écailleuses.

(c C'est l'espèce qui se trouve en Saône , sur les bords « de laquelle elle est connue sous le nom d'Epinglôte.

Il vit de frai, de petits poissons, de vers, d'insectes, de demoiselles. Dansquelques pays employé comme engrais. Il n'y a que le peuple qui , dit-on, en fait usage à cause de ses œufs , opinion fondée sur le passage suivant :

Epinoche , petit poisson sans écailles , dont la plus grande espèce s'appelle poisson épinarde , parce que ses aiguillons ressemblent à la feuille d'épinards.

L'Epinocheestune nourriture qu'estiment les gens de

' Ce nom ïuî a été donné, dit Duhamel, à cause des pointes très-piquantes placées sur son dos, et comparées à une alêne ; voilà pourquoi , dans le départementde laCôte- d'Or , les petits enfaus lui donnent le nom de Cordonnier.

( «« )

la campagne. Dict. thcor. et pralujiie de chasse et de pêche, tom. i, p. 321.

M. Delisle de Sales, auteur de ce Dictionnaire , a été induit en erreur \ l'Epinocbe n'est nullement estimée.

(c On rencontre en très-grande quantité , dans la rivière de Bièvre , le petit Mulet remarquable par les deux aiguillons qu'il porte sur le dos. « Hygiène pu- blique , par P arent-du-Châtelet , i8d6 , tom. i, p. 1-^8.

Le petit Mulet est l'Epinoche caractérisée par l'au- teur , d'après Klein qui ne parle en effet que de deux aiguillons sur le dos , quoiqu'il y en ait certainement trois.

B. G asterosteus gjmnurus, Cux., Willugb. , 041. La région pectorale seule garnie de plaques écailleuses.

Le Binocle du Gasteroste s'attache à la peau de ces poissons et leur suce le sang.

Le Botriocépbale solide leur remplit quelquefois presque tout l'abdomen dont alors les intestins, compri- més , sont réduits à un fort petit espace. Cuvier , /fist. nat. des Poissons, tom. iv, p. 484-

Le Monosiomacarjophillinus vit dans leurs intestins. Bremser , Hist. des vers, p. 182, C'est YHrposloma caryophyllinum. Dict. Se. nat. , tom. 02 , p. 488 j tom. 57, p. 58i, pi. 41,%. 4.

On trouve encore dans l'Epinoche : V Ascaris globicola , 0. Fabr. , Gmel. , S. N. , xni , p. 3o36, sp. 65 ;

V Ascaris lacusiris, 0. Fabr., Gmel., p. 3od6 , sp. 66\

Le Tœnia solida , MuU. , Gmel. , 0079 , sp. 80. Tœ-

nia gasterostei, Mull. , Gmel. , p. 0079. Botriocéphale

solide, Dict. class. d'Hist. nat., tom. 2, p. 4^4, Encycl.

méthod., vers, tom. 2, p. 148 , sp. i4- Tœniajilicollis,

( 87 ) Ency. mëth. vers, tom. 2, p. 718, sp. 2.3^ Dict. Se' nat. , tom. 53, p. 64 ^ tooi. 67, p. 610.

VI. L'Epinochette , Gasterosteus pungitius , luum.^ Gmel. , Se. nai., edit. xiii , p. 1826 , sp. 8.

Bloch , Ichthyologie , part, ii , p. 76, planche lui , fig. 4.

Aldrovaudi , de Piscib. , p. 628. Aculeati alterum geuus.

Rondelet, de Plscib. JUiviatil, lib., cap. xxx, j;. ^06, fig. iiifer.

Lacépède, v , Sgi.

Bonuaterrc, Tableau encyclop., ichthyoîogie , pi. ^y^fig, 22.5.

Noiw. Dict. d'Hist. nat., édit. 2, tom. xii , p. 453.

Dict. Se. nat., tom. xviii, p. i6(). Atlas, ichthyoîogie, pi. 61, fig. i.

Cuvier, Hist. nat, des poiss. , tom. iv , p. 5o6-.5o8.

L'Epinochette n'a guère que 18 lignes de longueur : c'est notre plus petit poisson d'eau douce : elle a sur le dos neuf épines toutes fort courtes ; les cotés de sa queue ont des écailles carénées.

A. GasLerosleus Icevis , Cuv.

Cette espèce ne ditFère de la précédente que par l'ab- sence d'écaillés carénées à la queue ; c'est celle de la Seine.

L'Epinochette fraie en mai et juin ; elle est fréquem- ment attaquée par le Binocle de l' Epinoche ,• elle est sujette au Bolriocéphale solide qui , par sa présence , gonfle le ventre , en sort souvent spontanément par l'anus ou par une déchirure de l'abdomen , lorsqu'on le comprime ; alors on peut trouver ces vers dans l'eau. Bull. Fer, , 1829, Se. nat, , t. xviu , /?. '6i3 , n" 197.

L'Epinochette est très-bien indiquée sous le titre de Spinachia, par la phrase suivante de Vincent de Beau- vais, Spéculum natur., lib. xva , cap. xciv : L'Epino- chette , quoique petite, est hérissée d'épines de toutes parts, et conséquemment à l'abri de l'attaque de quelque poisson que ce soit.

En effet, aussitôt qu'elle craint du danger, elle hérisse

(88) SCS plqiians, de la même manière que la Perche redresse sa dorsale.

Le Brochet n'attaque jamais FF.pinoche j la Perche , au contraire , est si vorace qu'elle sc jette sur tout ce qu'elle peut attraper; l'Epinoclie , /xïj"'. 64, lorsqu'elle est prise , redresse ses rayons et les enfonce dans le pa- lais de la Perche. Bloch , ich. , part. 11 , p. 64.

Le Péritoine de l'Epinochetteest moucheté de points noirs. Artedi , IcJithy. , pars \ . p. 97 , 98.

L'Epinoche n'est pas le seul poisson qui se défende avec ses aiguillons. J. Hermann , Observât, zoologicœ, p. 309, propose le nom de Silurus ichneumon , pour désigner le poisson du Nil , appelé Gourgour ou Shahr, et au Caire Shalh, par Pococke.

L'épine de la première dorsale et des pectorales très-forte , peut causer la mort du Crocodile qui avale- rait ce poisson , décrit sous les noms de Silurus clarias par Hasselquist , Silurus schal par Schneider, Pimélode scliedan, parGeofiTr., poiss. d'Egypte, pi. xm ^fig. 3,4.

IP ordre. MÀLACOPTERYGIENS abdominaux.

Les ventrales sont suspendues sous l'abdomen en ar- rière des pectorales , parce que le bassin est sus- pendu dans les chairs du ventre. Cet ordre comprend la majeure partie de nos poissons d'eau douce.

' Pour appliquer exactement la dénomination de Mala- coptérygien, on est obligé de faire abstraction des premiers rayons de la dorsale ou des pectorales dans certains Cyprins , 011 ces rayons présentent des épines fortes et solides 5 à la vérité ces épines se forment de l'agglutination d'une mul- titude de petites articulations dont on voit les traces. Cuv,, Hist. nat. , Poiss., toni. 1 , />. bS'j.

( 89 ) Cuvicr le divise en cinq familles.

I" famille. Cyprinoïdes. Bloch, ichOiyologie , part, i^ ;?. 19, des Carpes.

Os pharyngiens fortement dentés. Rayons branchiaux peu nombreux.

Dans les Cyprins , l'un des premiers rayons de la dor- sale a quelquefois ses articles soudés en sorte que ce ne sont pas vraiment des rayons épineux , malgré cette apparence. Cuv. , Hisl. Jiat. des poissons, tom. 1, pag. 379.

\" genre. Cyprin '.

Trois rayons aux ouïes.

Les Cyprins n'ont de dents qu'au pharynx. L'os supérieur du pharynx présente une plaque unique , et les deux os inférieurs sont armés chacun d'un certain nombre de très-grosses dents , qui frottent en partie contre celles de l'os analogue , en partie contre l'os su- périeur.

\" sous-genre. Carpe.

Dorsale longue, ayant, ainsi que l'anale , un os plus ou moins fort pour deuxième rayon.

La denture des Cyprins est une partie importante de leur histoire , trop négligée par les naturalistes mo- dernes. Albert-le-Grand a, je crois, le premier parlé des dents des Cyprins, mais sans aucun détail.

Rondelet a parlé de l'appareil dentaire pharyngien

' Dans les Cyprins V interntaxiîlaire forme la presque to- talité du bord de la mâchoire supérieure. Le maxillaire forme ce qu'on appelle communément os labial ou os des

mystaces.

( 90 ) de la Bordeîière , Cjprinus latiis , Bl.; mais sans fixer le nombre des dents.

Gesner a fait une attention spéciale à cette organi- sation; il Ta décrite pour plusieurs espèces de poissons; aussi , en comparant ses notes avec mes propres re- cherches , je suis parvenu à reconnaître exactement les espèces de Cyprins dont il a parlé.

Cuvier, Leçons cF anatomîe comparée , tom. 3, pp. 190-192,3 indiqué le nombre et la forme des dents pharyngiennes de quelques Cyprins ; et Jurine , Mé- moires de la Société de phjsicjue et d'histoire naturelle de Genèi^e, tom. i, part, i, 1821 , ^. 19 , a publié une JYote sur les dents et la mastication des poissons appelés Cjprins ,• mais il s'est borné à peu d'espèces , et ne s'est pas même occupé de toutes celles du lac Léman.

Avant d'entrer dans le détail de la denture de tous les Cyprins mentionnés dans cette Ichthyologiefrançaisey je vais rappeler la disposition des dents dans les animaux à sang froid et dans un invertébré.

Le Lézard ordinaire , Lacerta agilis, Linn. , a le fond du palais armé de deux rangées de dents.

L'Orvet , Anguis fragilis , Linn. , a sur la moitié postérieure de chaque arcade palatine de très-petites et très-courtes dents, rangées sur deux rangs.

Dans la Couleuvre, Coluber natrix, Linn., chaque arcade palatine et mandibulaire est armée de dents coniques crochues , très-pointues , dirigées en arrière; il y a par conséquent quatre rangées, à peu près, de dents longitudinales à la mâchoire supérieure , et deux à l'in- férieure.

Dans la Salamandre , Lacerta Salamandra, Linn., on trouve au palais deux rangées longitudinales de

(91 )

dents nombreuses , petites, attachées aux os qui repré- sentent le vomer.

Dans les Crapauds et les Greiiouilles , les dents forment une ligne transverse interrompue dans son milieu ; elles sont implantées dans les os palatins.

Dans les Cyprins les dents font corps avec les arcs pharyngiens.

Dans le Coluher scaher , Linn., les dents sont situées sur la portion de l'œsophage appliquée contre les ver- tèbres le plus rapprochées de la tète.

Enfin dans l'Ecrevisse les dents sont placées sur Tes- tomac.

On voit, par ces détails, que les dents peuvent oc- cuper toutes les parties du canal alimentaire , depuis l'arc des mâchoires jusqu'à l'orifice de l'estomac.

Les dents des poissons ont besoin d'être examinées dans leur structure , pour s'assurer si elle a de l'ana- logie avec celle des dents des mammifères.

Ces dents ne sont point enchatonnées dans des al- véoles ; elles sont ou soudées à la mâchoire , ou quel- quefois seulement fixées à la gencive ou à d'autres parties molles.

Par la coction , la couronne des dents se détache quelquefois de leur corps et se présente alors comme une sorte de petite coupe. On ignore combien il doit s'écouler de temps pour qu'elle soit complètement adhé- irente avec le corps de la dent.

J'ai trouvé fréquemment , dans des Cyprins cuits , es dents qui vacillaient , probablement parce que le oyau osseux n'avait pas encore acquis une dureté suf- fisante.

Le nombre des dents chez chaque Cyprin est cons- tant \ mais il peut varier par la chute ou l'oblitération

( 92 ) d'une ou plusieurs d'entre elles. Jurine soupçonnait que les dents tombées étaient remplacées ^ je pense le con- traire , parce que ces dents , faisant partie des mâ- choires pharyngiennes, n'ont point de germe pulpeux. Au surplus , c'est une opinion sur laquelle on discutera longtemps à raison de l'impossibilité d'observer les dents pharyngiennes pendant la vie du poisson.

M. Isid. Geoffroi St.-Hilaire, Traité de Tératologie , tom. 1, 1802, p. ^36, dit : « On sait que chez un grand nombre de poissons, les dents sont , dans l'état normal, non pas implantées dans des alvéoles osseux 5 mais seu- lement adhérentes aux parties molles La dent

véritablement comparable à un poil , est une dépendance du système tégumentaire , et non, comme l'admettaient tous les anciens anatomistes, du système osseux. «

J'ignore comment il sera possible de faire cadrer les dents pharyngiennes des Cyprins avec V adhérence aux parties molles et avec la dépendance du sj sterne tégif mentaire.

TABLEAU DE LA DENTURE DES CYPRINS.

Neuf dents disposées sur trois rangées.

Le Barbeau, Cjprinus barbus , Lmn. Huit dents disposées sur deux rangées.

Cypjinus fuli^us , Nob. s

Le Rotengle , Cjprinus ejythrophthalmus, Linn. Le Goujon , Cjprinus gobio , Linn. Sept dents disposées sur deux rangs.

Le Spirlin, Cjprinus bipunctatus , Bl. Cjprinus mugilis , Nob. Cjprinus j'ufus, Nob. Le Meunier , Cjprinus dobula, Linn. Cyprinus jaculus , J urine .

(93) Six dents disposées sur deux rangs.

L'Ablette , Cyprinus alburnus, Linn. Le Vairon , Cjprînus phoxinus, Linn. Six dents sur un seul rang.

Le Vangeron , Cjprinus rutilas , Linn. Cjprimis fuscus , Nob. Cjprinus toxostoma, Nob. Cinq dents.

La Tanche , Cjprinus tinca, Linn.

La Bouvière , Cjprinus amarus , Blocli.

La Brème, Cyprinus brama , Linn.

Cjprinus xanthopterus , Nob. La Bordelière , Cjprinus latus ^ Bloch. Quatre dents.

La Dorade de la Chine , Cjprinus auratus, Linn. Dents à couronne plate sillonnée.

La Carpe , Cjprinus carpio, Linn. La forme des dents, jointe à l'examen de la figure de l'apophyse de l'os basilaire , dans laquelle est sertie la plaque pharyngienne supérieure , fournit le moyen de distinguer toutes les espèces que nous avons exa- minées , et dont nous donnons l'histoire.

VIL La Carpe, Cjprinus ^ Carpio, Linn. Gmel., S. N. , édit. XIII, p. 1411, sp. 2.

Blocb , Ichthyologic , part, i , p. 77, pi, xvr.

Jurine, Hist. des poiss. du lac Léman, p. 204, n*" 11, pi. 9.

Lacépède, Hist. nat. des poiss. , toni, x, p. 292.

Duhamel, Traité général des Pêches , 2e part-, p. 609 , sect. m , pi. XXVI , fig. 1 , tom. ?) , p. C9.

Bonnaterre, Tableau encyclopédique des trois règnes de la na- ture. Ichthjologie , pi. A , fig. 1 , extraite des .^ct. Paris., ijZ'5.

De "iTrpn, Vénus, à cause de la fécondité de ce poisson qui, dit-on , d'après Aristole , fraie cinq à six fois par an.

( 94 )

Meyer, Représentations , tom. i , pi. 7.

Rondelet, de Piscib, lacustrib. lib., cap. iv,p. i5o. De CypriDO,

Gesner , de Aquatilib. , p. 068.

Geoffroi , JUat. medic, in-/^°, tom. 3 , p. 2J9.

D. 22, 23 : P. 15-17 : V. 10 : A. 8 : C. 24.

Artédi en donne une description exacte et lui assigne 3y vertèbres et i3 à 14 cotes. Ichthjologle , tom. v, pp. 25-27. ^^ ^^^ ^^t répété par Bloch, p. 8 1 : Il y a 16 paires de cotes.

La Carpe , poisson bien connu aujourd'hui et - pandu dans toute l'Europe , n'a pas toujours eu la répu- tation de Nobllis piscis que lui accorde Linné , Sjsl. nat,., eclit. xa , p. 62.6.

A l'époque écrivait Albert-le-Grand , la Carpe n'était point estimée 5 on la regardait même comme malsaine, et on n'attachait d'importance qu'à sa langue, Albertimagn. Opéra, tom. \i, p. 65 1. C'est ainsi que l'on appelle son palais très-charnu , ou plutôt un tissu singulier qui se voit au palais de ce poisson , et qui , détaché, a la formeji'une langue.

Sans doute aussi la grande quantité d'arêtes dont la chair de ce poisson est lardée , contribuait à entretenir son peu d'estime. Marsigli , Dcuiub., tom. iv, p. 58, dit qu'en Hongrie la chair des grosses Carpes imite le lard.

Beaucoup d'ordres monastiques qui étaient astreints à la nourriture maigre, durent s'occuper des moyens de se la procurer en quantité suffisante , principalement pour ce qui concerne les animaux de cette catégorie; ils eurent l'idée de former des étangs, dont les premiers furent voisins des monastères. Aussi est-ce des moines que vient le proverbe : Dos de Brochet, ventre de Carpe.

La nourriture maigre, étant devenue obligatoire pour

(95) tous les fidèles, pendant les différens carêmes et certains jours de la semaine , dont la somme , à cette époque , comprenait environ la moitié de l'année, il fallut bien songer à la manière de pouvoir se conformer au pré- cepte.

Les Croisades ayant dépeuplé les campagnes , enlevé les bras à l'agriculture , les riclies propriétaires ou les barons virent une partie de leurs champs inculte 5 pour se dédommager, à l'imitation des moines, ils établirent des étangs , en grande partie par la puissance féodale. Ce genre d'exploitation , ayant réussi , par suite de la consommation abondante de poissons, éveilla la cupidité ou l'industrie, et les étangs se multiplièrent; mais à l'époque de la réforme , dans plusieurs pays , les pro- priétaires d'étangs , ainsi que la pêche en général , souffrirent de la suppression des carêmes et des jours maigres 5 alors quantité de terrains bas, dans le nord de l'Allemagne , qui étaient autrefois des étangs , furent convertis en prairies , comme on le voit encore aujour- d'hui.

L'établissement des étangs ^ contribua à dissiper le

' En parlant des étangs , je dois signaler deux faits dont la connaissance peut être fort utile.

Du charbon animal , jeté dans un étang dont l'eau cor- rompue avait donné aux Carpes des pustules rougeâtres qui les faisaient périr, assainit l'eau, et les poissons furent guéris.

Lowitz découvrit en 1790 la propriété désinfectante et décolorante du charbon : il lut son Mémoire à la Société économique de Saint-Pétersbourg le 28 septembre de la même année.

En 1 802 , Duburgua appliqua la découverte de Lowitz aux filtres inaltérables et aux fontaines dépuratoires.

En ibo3, Beitbolletfit connaître à i'iustitut l'expérience

( 96 ) préjugé qui existait contre les poissons , et notamment ' contre la Carpe , que l'on choisit de préférence pour les peupler aujourd'hui.

En effet , la très-grande fécondité de ce poisson , qui fraie en mai et en août , et dont les œufs, d'un jaune rouge , sont très-abondans -, la facilité de l'élever dans

de l'eau conservée dans un tonneau , cliarbonné intérieu- rement.

En 1804, M. Scliaub, chimiste de Cassel , employa la poudre de charbon végétal pour désinfecler une fosse d'ai- sances, abandonnée depuis longtemps parce que personne n'osait y descendre; et en i8o5, Krusenstern , capitaine de -vaisseau russe , employa le premier le procédé indiqué par BerthoUet, pour conserver l'eau pure et bonne dans les voyages de long cours.

En 1810, M. Figuier reconnut que le charbon d'os pos- sède à un plus haut degré que le charbon de bois , la pro- priété de décolorer et de désinfecter.

Vers j 81 2 , M. Desrone fit l'application de cette nouvelle découverte au raffinage du sucre de betteraves.

En 1823, M. Payen reconnut les grands avantages pour l'agriculture, de l'emploi du mélange du résidu des raffi- neries avec le dixième ou le quinzième de sang coagulé.

Pendant l'hiver, on est quelquefois obligé de pratiquer des ouvertures dans la glace de l'étang. Dés qu'on aper- çoit , dit Bloch , dans ces trous une espèce de ver noir et long, ou que les Carpes y viennent, il est nécessaire alors d'ôter un peu de l'ancienne eau , pour y en introduire de nouvelle. Bloch, Ichth. , part. 1 , p. 88. Comment cela pourrait-il se faire dans les étangs alimentés par les eaux pluviales?

Le ver noir et long dont parle Bloch est sans doute une larve de Ditique ou d'Hydrophile.

( 97 ) ' .

les étangs , la saveur de sa chair que l'on finit par ap- précier , le cas que Ton fait des œufs de ce poisson qui , suivant Lieutaud, passent même pour être sains, et la délicatesse des laites ou laitances , placèrent bientôt la Carpe au premier rang des poissons dont l'homme peut favoriser la reproduction pour ses propres besoins. Ce poisson devint en quelque sorte domestique.

La Carpe vit habituellement de larves d'insectes, de vers, de petits coquillages, de graines, de racines et déjeunes pousses de plantes '. Les feuilles et les graines de salade les engraissent promptement. Elle fait en- tendre , en mangeant , un bruit particulier qui est pro- duit , soit par le choc des mâchoires, soit par le cloque- ment de l'eau.

Dans la Carpe , les lobes du foie sont si longs , si profondément divisés , et tellement disposés , qu'il de- vient diilicile de les compter au milieu des trois circon- volutions et demie de l'intestin, dont ils remplissent tous les intervalles.

La vésicule du fiel est grosse. S'il arrive qu'on la crève en vidant le poisson , on peut , dit Bloch , p. Si , foire passer l'amertume avec du fort vinaigre.

Le temps les Carpes sont les meilleures , c'est de- puis l'automne jusqu'au printemps.

La Carpe fraie sur les herbes au milieu du printemps. Albert-le-Grand , Oper. , tom. \i, p. 65 1 , a signalé l'erreur de ceux qui prétendaient que la carpe femelle avalait la laite du mâle pour se féconder.

Ce poisson s'élance au-dessus de l'eau avec une adresse remarquable pour éviter le filet qui l'entoure

' Bloch, Ichthy. , part, i , p. 80, attribue à la Nayade vulgaire la grosseur des Carpes des étangs de M. Schlegel.

( 98 ) et le presse de toutes parts. Albert-le-Grand , Oper.^ tom. XI, p. 65 1 , et Vincent de Beauvals, Spéculum natur. , lib. xvn , cap. xl , parmi les ruses de la Carpe pour éviter les filets des pêcheurs , parlent des sauts qu'elle fait. Cette manière d'échapper oblige les pê- cheurs à placer deux ou trois filets , à une petite dis- tance les uns des autres-, de sorte que si les Carpes échappent au premier , elles sont prises dans le second ou le troisième , comme le dit Jurine , Act. Genev. ,, iom. 3, i" part. , p. 204.

Arnaultde Nobleville et Salerne, médecins d'Orléans , dans la continuation de \dt. Mal. médic. de Geoffroi , tom. 3, p. 2.66, parlent de deux os de forme ovale, placés au-dessus des yeux , auxquels ils attribuent les mêmes vertus qu'à la pierre de Carpe. Ce sont les pierres d'oreille.

La pierre de Carpe ^ , à laquelle on attachait jadis

' Habet et in medio capitis substantlam quandam , ma- jusculam , crassam, cordis fere figurae, duram sed tenacem et flexilem duni recens est , sub dentlbus mordentis : tan- quara in acetabulo quodam repositam^ similiter utleuciscus fliiviatilis quem Gardonutu vocant Galli. Gesner, p. ùji , liji . 12.

Suut autem in maxillse recurvse medio dentés quini fere accumulati, cliœraduni {saillies) instar, situ et niagni- tudine insequales, très majusciili , duo exigui , prœdiiri , cavij superficie suiuraa lata, sive plana, obtusa , sed li- neis quibusdam exasperata , unus tantutn et catididior cse» teris , et superficie lœvi est in niucronem brevissimum fastigiata. Gesn. , p. Syi , lin. 27.

On voit , par ces détails , que Gesner connaissait les dents pliaryngiennes de Ict Carpe aussi exactement que les iclithyo- logistes modernes.

(99) des vertus merveilleuses , remplace les dents pliaryn- {jieunes supérieures; c'est une plaque triangulaire , de substance dentaire ou d'émail, très-dure, qui est enchâs- sée et comme sertie dans une dilatation de l'os basilaire , et située à la face supérieure du pharynx ^ c'est contre elle que les pharyngiens inférieurs compriment et broient les alimens. Cuvier, Hist. nai. des poissons , tom. 1 , p. 494 1 P- 357.

La Carpe est un poisson lent , paresseux , peu disposé à se déplacer 5 ' pour les forcer à l'exercice , on leur associe le Brochet , qui en les poursuivant les sollicite à un exercice qui contribue à leur développement.

Dans les Chroniques , Lettres et Journal ds i^oyaqe extraits des papiers d'un défunt , i836 , tom. i, p. 66 , on lit :

« Dans la cour de la maison des bains d'Alexander- « bad , il y a un grand bassin rempli d'une eau de <( source fraîche, courante et limpide comme du cris- « tal , dans lequel on pêche un instant avant de les 'X cuire, les délicieuses Truites et les Carpes exquises 'X qui se servent journellement sur la table. Il n'y a en K effet aucune comparaison entre les Carpes que l'on « mange ailleurs , et celles-ci , ce qui peut s'attribuer « tant à la pureté et à la transparence de l'eau dans « laquelle elles vivent , qu'aux petites Truites dont elles « s'engraissent ; c'est au surplus une observation à vé- .( rifier, et que je recommande aux amateurs. »

Puckler Muskau avance une assertion erronée; en effet , les Carpes n'étant point voraces, ne peuvent

' Cependant elles forment des routes dans la vase, comme Duhamel s'en est assuré. Traité des Pèches , p, 5o<),

( 100 ) manger les Truites ; ce sont au contraire ces dernières qui mangent les Carpillons.

Un abonné du Bas-Rhin a envoyé au Cultivateur la note suivante :

« En 1792, il existait à Strasbourg une Carpe ayant au museau un anneau d'or , sur lequel était gravée l'année elle avait été mise dans le réservoir -, cette époque remontait à François I" 5 son poids dépassait 5o livres. Deux fois elle avait fait le voyage de Strasbourg à Paris, à l'aide du procédé qui vient d'être désigné, ( pain trempé dans de bon vin rouge sucré , mis dans la bouche , paille neuve humectée entourant le poisson ); la dernière fois, c'était au mariage de Louis XVL; le conventionnel Merlin de Thionville, en 1792, l'acheta 10,000 fr. et la fit servir sur sa table. » Le Cultivateur, Journal des progrès agricoles , i835 , Avril-, toni. XI, p. 2.5^.

L'action du conventionnel Merlin était simplement une bravade révolutionnaire, comme depuis il en a fait étant à Mayence 5 car la chair de ces Carpes, monstrueuses par leur grosseur , est courte , mollasse et insipide.

Il y en avait dans les fossés du château de Pont- chartrain qui étaient très-grosses ; beaucoup avant la mort de Louis XIV, M. le Comte de Maurepas a dit à Duhamel qu'il en avait fait pêcher une , pour con- naître quelle était la qualité de sa chair, qui ne s'est point trouvée bonne -, Duhamel a vu servir sur une table , une Carpe d'une grosseur monstrueuse 5 on con- vint unanimement que c'était un mets au-dessous du médiocre. Cependant les Carpes de 12 à i5 livres de l'é- tang auprès de Montreuil-sur-mer , et qui se vendaient

( 101 ; jusqu'à deux louis, étaient en grande réputation. Duhamel , Traité général des Pêches , p. 5ii.

La Carpe est du nombre des poissons indiqués dans t Ecole deSalerne. Le commentateur de l'édition 149-5, sous l'article 8 , dit : « La Carpe est un poisson d'eau « douce bien connu, mais très-visqueux ; aussi les gens « riches le font cuire avec le vin , pour lui enlever sa « viscosité. »

Ce mode de préparation , toujours usité , est connu en Bourgogne , sous le nom de môretie , prononcez (meurette), expression pittoresque dont le radical more désigne la couleur noire de la sauce ; notre mollette est appelée à Paris étuvée.

Suivant Arnauld de Villeneuve, auquel on doit la découverte de l'eau -de-vie , de Thuile de térébenthine, des eaux spiritueuses, dans son Commentaire de l'Ecole de Salerne , peu de poissons d'eau douce entraient encore au xiv* siècle dans le régime alimentaire.

Parmi les Carpes pêchéesen août i836 , dans la ligne du canal, depuis le bassin jusqu'à Larrey , se sont trouvées des Carpes plus courtes , plus épaisses , à dos bombé , ce qui les faisait paraître comme bossues. C'est suivant les pêcheurs une simple variété; serait-elle ana- logue aux Carpes à dos fort recourbé , du canton de Revermont? Les naturalistes du département de l'Ain pourront nous l'apprendre.

Il y a dans le canton de Revermont * en Bresse, deux

* Revermont 5 on donnait anciennement ce nom à une seigneurie du Bugey , dont les comtes de Savoie s'emparè- rent vers la fin du xi^ siècle. Cette seigneurie comprenait les terres qui se trouvent présentement entre les Mande- inens (remplacés par les Bailliages) de Coligny et de Pont d'Ain.

( 102 ^ lacs souterrains , qui se dégorgent dans les sécheresses, et inondent une grande étendue de pays 5 l'un s'appelle le Dion, l'autre Certines.

La terre qui couvre ce dernier lac souterrain , s'élève en certain temps , se détrempe , et l'on voit sortir de cette espèce de limon des Carpes dont le dos est, dit- on , fort recourbé. Après la vérification du fait , il fau- drait examiner si c'est une espèce particulière à cet étang , ou si la courbure de ces Carpes vient des lieux souterrains elles vivent.

Beguillet, Descript. de la France, gouvernement de Bourgogne , p. 264 , [i].

La Carpe est un poisson sur lequel on a beaucoup écrit 5 tous les ichtliyologistes en ont parlé. Voyez le JYoui^. Dict. d'hist. nal., éd. 2, Z. v, p. oao, et Dict. des se. nal. , toni. vu, p. i35. Elle est susceptible d'acquérir de grandes dimensions, p. 100, et d'offrir quelquefois des monstruosités par la difformité de la tête. Rondelet a donné la figure exacte d'une Carpe à front très-bombé et à museau très-court , sous le titre de Cjpiini mira specie. De Piscib. lacustrib. liber, cap. vu, p. i54. ./4ct. Div'ion. , i835, p. 19. Gesner, de Aqualilibus , p. 073 , donne aussi la figure d'une Carpe monstrueuse , sous le titre : Cjprimis rarus et monstrosus , f[\\ kXàvQ- vandi , Monsiror. historia , p. 142 , 352, a copiée , parce qu'on a dessiné une tète humaine pour remplacer celle de la Carpe.

Cette curieuse monstruosité de Carpe, ^ct. Divion., i835 , Se, pp. 77, 78, a reçu des Allemands le nom de Mopskarpfen. Elle résulte de la brièveté extrême de toute la région maxillaire supérieure , que la mâ- choire inférieure , seulement un peu plus courte qu'à l'ordinaire, dépasse de beaucoup en avant. La face se

( 103 ) termine presqu'immédlalement au devant de l'œii , par une surface assez large , quadrilatère , à peu près verticale, s'étendant depuis la bouche jusqu'au sommet delà tète. L'œil, de grandeur ordinaire, est placé presqu'à égale dislance du sommet de la tète et de l'ou- verture buccale. Traité de Tératologie , par M. Isidore Geoffroi St.-Hilaire , i832 , tom. i , p. 284-286 , pi. 1,

Cette monstruosité présente des variétés à raison de l'alongement ou de raccourcissement du museau. '

L'alongement du museau donne la Carpe à bec pointu semblable à celui d'un Hochequeue, dont il est parlé, Act. Paris. , 1747 •> tiisl., p. 52 , § iv.

Une autre monstruosité bien plus importante pour nos tables , est celle désignée sous le nom de Carpeau , renommée pour la délicatesse de sa chair , et indiquée par Duhamel , Pèches ^ n^ part. , sect. m, p. 5i3.

De Latourrette a publié des Recherches et observations sur le Carpeau ^ , dans le Journal de physique , 1776 , octobre , p. 271-280. Il a démontré que ce poisson n'est qu'une Carpe chez laquelle, par des circonstances par- ticulières, jusqu'à présent inconnues, les organes sexuels ne se sont pas développés, ou sont atrophiés ^. Le D' Gaspard , dans ces derniers temps , a confirmé d'une manière très-précise l'opinion de Latourrette.

Cette variété de Carpe se pèche dans la Saône et est

' Les petits Carpeaux d'une livre et au dessous sont nom- més à Lyon Pargneaux , siiiv. l'Encycl. méth., Dict. des Pêches , p. )43.

' Une autre monstruosité est produiîe par l'hermapliro- ditisme, accidentel dans la Carpe, quoique constant dans le Serran. Cuvier, Hist. nat. des Pois., tom. 1 , p. J70, 534«

( 104 ) très -recherchée ; elle offre , comme ses congénères , de grosses dents adhérentes aux os^ pharyngiens inférieurs, et pouvant presser les alimens entre elles et un bourrelet gélatineux qui tient à une plaque osseuse soudée sous la i" vertèbre 5 ce bourrelet, connu vulgairement sous le nom de langue de Carpe , recouvre la dernière pièce médiane de l'appareil hyoïdien qui fait saillie sous elle.

Pour engraisser les Carpes , on les renferme dans vn petit fdet , et on les nourrit de pain trempé dans du lait, comme le dit Derham , Théolog. physique, p. lo, et arrosé par intervalle de quelques gouttes d'eau de vie , comme l'indique l'Encj. métli., sjst. anal., t. 4 , p. 284.

Klein , Pisc. mise. 5 , tab. xi , J. /\, parle de poils très-fins que l'on remarque quelquefois sur la tête , les écailles, et les rayons des nageoires de Cyprinoïdes.

Ces poils sont des animaux parasites du genre Lernée et probablement la Lernœa clavata , Mull. , ZooL Danica , toin. i , p. 'j5.

La Carpe est quelquefois atteinte du Tœn'a laliceps , Pall. , Gmel., p. 3o8i, sp. 86, Caryophjllœus piscium, Goeze , Gmel. , p. 3o52, sp. 15 Géioflée changeante , Dict. Se. nat. , tora. 18, p. 496 , figurée et décrite dans la traduction de l'ouvrage , sur les vers de Bremser, p. ii5, 106. Appendix , pi. i, fig. 5.

M. Duquaire, dans un Mémoire suj' les Etangs, a exposé mieux qu'on ne l'avait fait avant lui les ravages de certains animaux ennemis des poissons; tels sont :

La Grenouille, qui ne se bornant pas au menu fretin , saute sur les plus grosses Carpes , se cramponne sur leur dos , leur implante dans les yeux ses deux ])attes de devant, leur ronge la peau du crâne, tantôt les fait périr, tantôt les laisse aveugles. On prévient

( 105 ) cet inconvénient par la présence des Brochets ^. Ces assertions sont dénuées de fondement.

' Les Brochets ne serviraient à rien dans ce cas (en sup- posant que M. Duquaire l'ait vu) , car, s'il faut en croire Diihravius y évêque de Bohême, le même malheur arrive au Brochet. Me promenant , dit-il , avec l'évêque Thurzo, sur le bord d'un étang, en Bohême, j'ai vu une Grenouille sauter sur un Brochet, lui enfoncer les pattes antérieures dans les yeux , les déchirer avec elles et ses dents; etc., etc.

Isaac Walton , dans son parfait Pêcheur, The compleat Angler of the Contemplative man's récréation , edit.^ London , 1668, p. 147, 14^5 rapporte les détails du com- bat de la Grenouille et du Brochet, et signale l'obstination de la première qui ne lâcha prise qu'après la mort de son adversaire.

Ce fait prouve l'inutilité de la présence des Brochets pour empêcher les Carpes de devenir la proie des Grenouilles. Au surplus Walton ajoute : « Cela paraît aussi peu pro- « bable que l'arrachement des yeux d'un chat par une sou- « ris. jj En effet c'est l'histoire de la souris qui niche dans i'oreille d'un chat.

Les Anglais ont contribué à répandre en Histoire natu- relle des opinions fort étranges , parmi lesquelles il faut ran- ger celle d'un naturaliste dont parle le prince Puckler Mus- kau , Mémoires et Voyages, i833, tom. 2 , p. 320.

« Les Crapauds, est-il dit , ont la faculté de se propager ce par les pattes de devant. Quand les Crapauds mâles ne ce trouvent pas de femelles, ils se posent, dans les étangs, « sur des Carpes, fixent leurs pattes sur les yeux du pois- ce son , et restent souvent dans cette position jusqu'à ce que ce les Carpes en perdent la vue. Notre naturaliste assurait c< qu'il avait été lui-même témoin de cette expérience, qu'il « appelait spirituellement de l'amour aveugle. »

H paraît que le naturaliste dont parle l'auteur a voulu, pour faire un calembour, et mystifier la société il était.

l

( 106 )

A l'article Carpe , Walton, ow^. cité, p. i6i, 1^2, rapporte l'assertion d'un propriétaire qui prétendait que toutes ses Carpes, conservées dans son étang, avaient été mangées par des grenouilles fixées si fortement à leur tête , qu'on ne pouvait les en séparer qu'avec beaucoup de peine, ou en les faisant périr.

Ne serait-ce pas cette assertion du propriétaire dont parle Walton , qui serait répétée par M. Duquaire ? Tout porte à le croire.

La Carpe à la vérité , n'attaque pas les grenouilles comme le Brochet , mais devient-elle la victime de ce Batracien, comme le dit le propriétaire anglais? Le fait, qui paraît au moins fort douteux , est fondé, je pense , sur un passage du Traité des alimens , par Louis Lémery, 2* édition, p. 378, à l'article Moltelle, se trouvent confondues les Loches et les Lottes; il dit au sujet de ces derniers poissons : « Il esta remarquer qu'on « les tire quelquefois de l'eau avec des grenouilles qui « leur pendent à la gueule , et qui s'y sont attachées « comme pour sucer de la nourriture , etc. »

Cette assertion singulière a pour base une observation mal faite. On aura péché une Lotte qui n'avait pas encore eu le temps d'avaler entièrement la grenouille dont elle s'était saisie, et l'on en aura conclu que le Batracien , pendant à la gueule de la Lotte , s'en nourrissait en la suçant.

Les observations mal faites sont ,1a source de toutes les opinions singulières répandues dans le monde.

n.° Le Chat.

Le Putois. Voyez le Mémoire sur les Etangs, par M. Duquaire , dans les Mém. de la Société d Agricul- ture de Ljon, 1834, pp. 46, 47.

( 107 )

L'auteur n'a signalé ni la Loutre ' , ni le Uat d'eau ^, snns doute parce que les habitudes de ces carnassieis sont assez connues. Mais il aurait parier du Canard, qui est un des plus grands ennemis du poisson et la peste des rivières et des réservoirs qu'il dépeuple.

Dans les forêts de l'Australie , le D. Morsten a décou- vert une espèce d'araignée , qui a neuf pouces d'enver- gure , huit pattes et six yeux , le corps d'un gris sale , zébré et tacheté de petits points rouges. Elle affecte particulièrement les endroits humides et marécageux, se retirant dans des troncs d'arbres pourris elle se creuse un trou tubuleux de six pouces de diamètre, grossièrement tapissé d'un enduit plastique et filan- dreux, qui ressemble assez à de l'amadou.

Ces araignées descendent de leur retraite , gagnent le fond de l'eau , d'où elles sortent souvent après une demi heure , emportant avec elles , tantôt de petits poissons, des larves ou gros vers. Revue biUannique , i835 , lom. xvii , p. 'i-'j'j.

La famille des araignées , qui offrait déjà une espèce chasseresse, en a donc une autre pêcheuse. C'est dans l'Auslralasie un nouvel ennemi des poissons, si l'obser- vation du docteur Morsten est exacte.

' Pour s'assurer si les ravages exercés dans un étang, sont le fait de la Loutre , il faut placer sur les bords de l'étang quelques pierres blanches, sur lesquelles les Loutres \'ien- nent fienter , ce qui donne la certitude que l'on désire.

* « Le Rat d'eau , m'écrit M. Baudot, se place dans les buissons qui se trouvent sur les bords de la Saône, pour y guetter sa proie, et n'attaque que le poisson de moyenne grosseur 5 11 est souvent attaqué lui-même par la Loutre , qui le saisit et le mange, li

( 108 ) A. Reine des Carpes -, Cyprin spéculaire ; Carpe à mi- roir; Carpe à Cuir. C/;jrma5 car/>zo, /3. macrolopido- tus, y, alepldotus , Gmel. , S. N. , édit. xiii , tom. i, p. 1411 , sp. 2, var. /3 , y.

Jonston, de Piscibus , tab. 29 , fig. a , Spiegeikarpf.

Marsili, Daniib. Pannon. , tom. iv, J). Sg , tab. ao. Cyprinus ir.

Duhamel , Traité général des Pêches , ne part. , sect. m, p. 5io, p. 55o , pi. XXVI , Jîg. 2.

Meyer , Représ., tom. i ,pl.S. Carpe Dauphin, à cause de la tête tronquée. Voyez ci-dessus, p. 102.

Bloch , Ichthyolvg. , part, i, pag. 89, pi. 17.

Boanaterre , Tabl Ichthyolog. , p. 189 , pi. 76 , fig. 3i8.

Lacépède , Hist. nat. des Poissons, tom. 10, p. 3-26.

Noui'. Dict. d'Hist. nat., éd. 2, tom. 5, p. Sag; tom. 9, p. 66, tom. 29 , p. 137.

Dict. Se. nat. , tom. vu , p. 1^2 , sp. 5 , j>. i43 , sp. 6 -, tom. xlv, p. 27, allas,/»/. 6(), fig. 2.

Cette variété accidentelle de Carpe ne peut pas cons- tituer une race ^ , encore moins une ou deux espèces , comme l'ont fait plusieurs auteurs : elle est à la Carpe ce que la Tanchor est à la Tanche. Elle est assez rare dans notre département , et c'est seulement par hasard que tous les ans on en rencontre une ou deux en péchant les étangs.

L'échantillon sur lequel j'ai fait mes observations, était laite , et de la taille de i3 pouces depuis l'extrémité

* Malgré l'assertion de Cuvier formulée dans les termes suivans :

ot L'on en (àe Carpe) élève une race à grandes écailles, ce dont certains individus ont la peau nue par places, ou « même entièrement, que l'on nomme Reine des Carpes, ce Carpe à Miroir, Carpe à Cuir, etc. y> Règne animal, tom. 2 , />. 271 .

Hermann, Observât, zoologicœ , p. 3i6, Si/, regardait le Cypria spéculaire comme une simple variété de Carpe.

( 109 )

de la tête , jusqu'à la naissance de la nageoire caudale^ il m'avait été donné par M. Dupuis , marchand de pois, son , qui l'avait trouvé dans les étangs fangeux de De- migny , empoissonnés depuis deux ans.

Cette variété diffère de la Carpe ordinaire par la pré- sence de larges écailles, placées sur les deux cotés de la crête dorsale, et celle de quelques autres disséminées irré- gulièrement sur le corps , dont la plus grande partie de la surface, lisse, d'un gris jaunâtre, ou couleur de glaise , imitait du cuir poli ; disposition qui explique un des noms donnés à cette variété.

La p-randeur des écailles, leur larwur, et leurs reflets les ont fait comparer à de petits miroirs , cause d'un autre nom sous lequel cette variété est connue.

La taille plus considérable de cette variété l'a fait appeler Reine des Carpes.

C'est donc bien à tort que Bonnaterre a joint un asté- risque au nom de ce poisson , comme espèce non in- diquée par Linné dans son Sjstenia naturœ.

Cette variété est plutôt remarquable par sa rareté que par l'excellence de sa chair , qui ne vaut pas mieux que celle d'une Carpe vulgaire de pareille taille.

Il serait curieux de savoir quelle est la disposition individuelle qui favorise le développement des écailles sur plusieurs parties du corps , et leur chute sur le reste, car à l'époque l'on empoissonne les étangs on ne re- marque aucune différence sur les individus qu'on y projette. On peut présumer que des organes digestifs, plus énergiques dans ces individus, favorisent d'une manière puissante leur développement , et celui d'un certain nombre d'écaillés , en provoquant la chute des autres. Cette cause est probable si l'on fait attention au nombre des dents pharyngiennes de cette variété ; j en

( 110 ) ai compté six à une mâchoire et huit à l'autre ; et Cuvier n'en accorde que quatre et quelquefois cinq à la Carpe ordinaire.

J'ai vu la couronne plate et sillonnée en travers de deux dents se détacher complètement de leur support , d'où je conclus que les couronnes des dents pharyn- giennes tombent. Il est diflicile de prouver si elles se re- nouvellent, comme le dit Jurine. Je suis porté à croire que les couronnes tombées, les dents s'oblitèrent , et j'attribue à cette cause la diminution du nombre des dents. On peut voir dans d'autres Cyprins la couronne se détacher de même : je m'en suis assuré plusieurs fois. On doit sans doute à cette chute la différence signalée dans le nombre des dents qu'il laut toujours fixer d'après le plus élevé.

Je ne parle pas de la plaque dentaire pharyngienne supérieure, enchatonnéedans la cavité triangulaire sphé- rique de l'apophyse de l'os basilaire , parce qu'elle res- semble à celle de la Carpe ordinaire-, les dents pharyn- giennes inférieures sont également à couronne plate sillonnée. Il en est de même de la structure singulière des apophyses des premières ^ vertèbres de la colonne dorsale ^ de celle de l'apophyse de la 3* vertèbre de l'épine , apophyse appelée Os viitral , par Petit, ^-dct. Paris., 1733, /?. 2i3, 22,1 , et regardée par Cuvier , comme formée par de simples déraembremens des apo-

' M. Weber voit les analogues des osselets de l'oreille des mammifères dans les pièces osseuses qui sont aux côtés des premières vertèbres , et qui soutiennent la vessie natoire des Cyprins. Ces pièces osseuses, qui sont de simples dé- membremens des apophyses transverses des premières ver- tèbres, ont luie connexion médiate avec le labyrinthe.

Koy. Cuv , Hist. nat. des Poissons, toni. 1 ^ p. 463.

( 111 )

pliyses transverses des premières vertèbres : cette struc- ture singulière n'ayant point été signalée à l'article de la Carpe ordinaire , je vais en donner une idée , puisqu'aucun naturaliste n'en a parlé.

Les Pariétaux se touchent sur une grande partie de leur longueur, l'os impair est en arrière d'eux, et peut être regardé comme un occipital supérieur ^ pourvu postérieurement d'une crête mince irrégulière- ment dentelée, et élargie supérieurement pour former un large sillon triangulaire.

L' Occipital inférieur ou B asilaire est remarquable par la dilatation de sa portion inférieure et par le prolongement de sa portion postérieure , imitant un prisme triangulaire creusé h sa face supérieure. A l'os basilaire appartient la facette articulaire , en forme de cône creux , par laquelle la tête s'attache au corps de la première vertèbre, très-mince et , seulement de chaque coté , munie d'une apophyse , épineuse trian- gulaire courte.

La a^ vertèbre est pourvue de cinq apophyses , dont quatre latérales, et une dorsale ; les deux latérales an- térieures dirigées horizontalement, sont aplaties à leur extrémité , rayée en dessus.

Les deux autres latérales postérieures très-larges, partent de la partie moyenne du corps de la vertèbre-, elles sont aplaties et imiient les aîles de fer blanc attachées aux Oiseaux de plaisir. Leur partie anté- rieure passe sur les deux apophyses antérieures de celte même vertèbre , et leur partie postérieure se dirige au-dessous des apophyses antérieures de la troi- sième vertèbre; mais elle se redresse pour ceindre leur base.

La 3* vertèbre est également pourvue de cinq apo-

( 112 ) physes , dont la dorsaîe confondue avec celle de même nom de la 2" vertèbre , concourt à la formation d'une énorme et large crête verticale dont l'écliancrure pos- térieure est bornée inférieurement par la petite pointe de l'apophyse dorsale de la 3* vertèbre.

Les quatre autres apophyses dirigées perpendiculai- rement en bas, paraissent n'en faire que deux; la base des plus longues apophyses part de l'apophyse dorsale.

Les apophyses les plus courtes prennent leur origine à la partie inférieure et moyenne de la vertèbre. Ces pédicules, après s'être avancés horizontalement, s'élar- gissent subitement en se dirigeant en bas , après avoir fait corps avec une portion des deux premières apo- physes.

Une suture réunit les apophyses les plus courtes , qui présentent alors une plaque terminée par un court prolongement , à l'extrémité duquel se trouve un petit bouton comprimé.

Cette plaque a été indiquée et figurée par Petit , Act. Paris., 1733 , p. 2i3 , 221 , sous le nom à' os mi- tral , à cause de sa forme.

C'est contre cette plaque que s'appuie la partie pos- térieure du prolongement de l'os basilaire dont nous avons parlé plus haut.

VIIL La DoTiAuE ' delà Chine, Cjpiinus auralus ^ Linn. , Gmel., S. N. , tom. xiii, p. 141^5 sp. 7.

' On lit dans le Dict. pittor. d'Hist. natur. , i835, tom» a , p. 674 Dorade (poiss. ), nom vulgaire du Cyprlnus amarus f Linn.

L'auteur a sans doute voulu dire Cyprinus auratus , Linn., car Linné n'a point de Cyprinus amanis ^ c'est Blocli q^ui a adopté ce dernier nom pour désigner la Bouvière.

( 113 )

Eastrr, Oper. suhsces., torii. 2, p. 78 , tah. 9.

Duliamel, Traite général des Pêehes , toin. 3, p. 5/, 122, ii» l^art. , sect. iv, pi. x.

LesKgures i -5 ont été copiées par Bonnatcrre, Tahl. eiicyc, Icht. , pi. 7^,fig. 324-;'>26, pi. 79 , /g^. 327.

Encyclopédie métliod. , Hist. iiat. , tom. 3 , p. 209. Poisson doré de la Chine , ;). 217 , Kin-yu.

RIoch. , Ichthyologie , part, m , j). 102, pi. xciii e^y;/. xciv , fig. 1-3.

Lacépède, Hist.nat. des Poiss. , édit. iii-12, tom. x, p. 36o. Le Cyprin doré.

Nouveau dict. d'hist. nat. , édit. 2, tom. ix, p. 69. Cyprin doré.

JDict. se. nat., tom. vu , p. i43.

Epines dorsale et anale dentelées. Ce poisson , d'abord noirâtre , prend par degré ce beau rouge doré qui le caractérise et lui a fait donner vulgairement le nom de Poisson rouge.

Ce Cyprin , transporté depuis plus de deux siècles, de la Chine en Europe , est actuellement assez répandu dans cette dernière partie du monde. Il supporte aisé- ment les variations de température de notre climat , et dans plusieurs localités on l'élève dans les bassins.

Les premiers Cyprins dorés que l'on a vus en France, y ont été apportés d'Angleterre , ils étaient connus depuis 1611 , pour la Pompadour ^ , dont les salons ambrés jouaient un si grand rôle sous Louis XV.

' Un assez joli conte, intitulé Le Pigeon blanc, dont Diderot avait fait quelques lectures à ses amis, et qui pou- vait alors contenir quelques applications sur le roi, M«ie de Pompadour et les ministres, avait éveillé, en juillet 1749» la sollicitude de M. Berrier, lieutenant de police à cette époque. Mémoires , correspondance et ouvrages inédits de Diderot, i83o, tom. i,/». 28.

Ce conte bleu, connue le désigne l'auteur, est publié sous le nom suivant : I^ Oiseau blanc ^ il pouvait avoir dans le

8

( 114 )

La bassesse de certains courtisans , dans l'espoir d'ob- tenir des faveurs du Souverain , a voulu conserver le nom de la favorite , en l'appliquant non-seulement à deux oiseaux : Columba Pompadora, Lath, , et Anj- pelis Pompadora , Linn. , mais encore k deux plantes , l'une le Caljrcanthus floridus , Linn. , et l'autre une es- pèce de Quadrelte, comme le dit Bosc, dans le Nouv, Dict. d'hist. nul., édll. a, tom. 27 , p. 56i .

On peut voir des poissons rouges ou des Cyprins dorés, dans les boutiques de plusieurs marchands, mais surtout dans le grand bassin du Jardin botanique de Dijon , ils passent l'hiver.

Lorsqu'on les élève dans des bocaux , on les nourrit avec des fragmens de petites oublies ou de la mie de pain.

Il est des amateurs qui , pour se procurer un spec- tacle extraordinaire, font fabriquer de vastes bocaux à doubles parois. Ils placent dans le centre une cage remplie d'oiseaux ^ l'intervalle entre les deux parois est rempli d'eau ; on y place des poissons dorés , et l'on a le

temps quelque sel 5 mais il est aujourd'hui fort insipide et surlout très-insiguiûant. On peut le lire dans les OEuvrts complètes de Diderot , 1819, t. v, \^^part.,p. 194-246.

Un M. de Resseguier s'est fait mettre à la Bastille, pour des vers très-violens et très-bien faits contre le Roi et M.^^ de Pompadour.

UEpitre de Satan à Voltaire est de ce même de Resse- guier : Tabbé d'Olivet a été l'éditeur de cette mauvaise Ëpî~ tre, et M. de Pompignan le censeur. Mém. cités, p. 256.

\J Epi tre du Diable à Voltaire est mise par Barbier, Dict. des Anonym. , sur le compte de M. Giraud , médecin. M^is l'assertion de Diderot doit être préférée.

( 115 ) plaisir de voir voler des oiseaux au milieu de poissons qui nagent.

Lorsque les Cyprins dorés sont enfermés dans des vases , ils n'atteignent guère que la taille de six à huit pouces-, mais dans les étangs, ils atteignent celle de douze à quatorze pouces.

J'ai vu deux échantillons de ce poisson , pris au mois d'octobre i836 , dans Tétans: de la commune de Saint- Gertoain-du-Bols , ( département de Saonc-et-Loire , arrondissement de Chàlon , canton de Buxi ). Les pê- cheurs les regardaient comme des variétés accidentelles, et ne recherchaient point à quelle espèce de poisson on pouvait les rapporter ; ils se contentaient de les dési- gner sous le nom de Poissotis rouges , Carpes rouges; la couleur en effet était aussi vive que celle des Cyprins de la Chine. On remarquait à la surface de leur corps des points dorés très-brilians et des reflets dorés fort éclatans.

Dans ce poisson, la dépression de la tête, au point de son adhérence à Tépine , est très-sensible 5 la mâ- choire inférieure est fort ascendante 5 la ligne latérale est droite , composée de 29 à 3o glandes j les écailles sont grandes.

Près de chaque narine , antérieurement et supé- rieurement , on remarque une membrane redressée quand le poisson est dans l'eau , et affaissée quand on l'en extrait ; c'est une valvule , ou une espèce de soupape qui recouvre l'ouverture de la narine , comme on le re- marque dans les Crocodiles. La longueur de la tête est trois fois dans celle du corps , à partir de l'opercule à l'origine de la queue.

La largeur du corps est deux fois et demie dans sa longueur totale , depuis l'extrémité du museau jusqu'à Forigiue de la queue.

( 116)

L'échantillon que j'ai examiné avait sept pouces et demi. La nageoire dorsale, composée de dix-neuf rayons, s'étend depuis l'origine des ventrales jusqu'au-delà du point antérieur de l'insertion de l'anale , à laquelle on ne trouve que six rayons 5 les ventrales en ont neuf. La caudale est fourchue. L'appareil dentaire pharyngien offre supérieurement une plaque ovoïde , sertie dans une cavité de même forme de l'os basilaire.

Les dents pharyngiennes inférieures , au nombre de quatre à chaque mâchoire , sont disposées sur un seul rang : trois ont la forme d'une hache dont le tranchant serait tronqué et imiterait le dos d'un couteau; la qua- trième est cylindracée.

Cette espèce , voisine du Carassin et de la Gibèle . diffère de l'un et de l'autre par des caractères impor- tans -, et pour en signaler la différence , je vais la mettre en regard des caractères comparatifs, des deux derniers poissons, donnés par Bloch, Ichlhyol. , pa^e 63.

Gibèle ' . Carassin ^ . Cyprin de la Chine.

Ecailles grandes. Ecailles plus petites. Ecailles grandes.

Ligue latérale courbée. Ligne latérale droite. Ligue latérale droite. Nag. caud. eu croissant. Nag. caud. droite. Nag. caud. fourchue.

A 8 ray., D. i-;. A. lo ray., D. 21. A. 6 ray , D. 19.

Double raugée de dents Rangée simple de Rangée simple de dents pointues , au nombre dents arrondies, au enformedehache,au de huit. nombre de cinq. nombre de quatre.

' La Gibèle est mentionnée par Cuvier dans les termes sulvans : « à corps un pey moins haut, à ligne latérale ar- ec quée vers le bas , à caudale coupée en croissant. »

Elle est plus commune autour de Paris. Règne anim. , édit. 2 , tom. ^ 1 p- 271 .

* ce Le Carreau f Carassin , à corps très-élevé , à ligne la-

( U7 )

Au premier coup-d'œll , on prendrait l'espèce que je décris pour une Gibèle ou pour un Carassin ; mais un examen plus attentif aura bientôt fait remarquer les différences.

Son corps est couvert de grosses écailles , même au ventre, qui , dans les autres espèces , n'en a que de petites ^ ses ovaires sont considérables , même au mois de novembre.

Laveaux , dans la traduction , fait dire à Bloch : « La « Gibèle n'a pour séjour que les petits lacs et les ma-

« rais, oiielle est exposée à être dévorée par les

« Grenouilles qui l'entourent. )>

MaisGmelin rétablit le texte en disant : Ovaparit a ranis sœpius devorata. Ce qui est conforme à l'assertio» de Bloch » .

Il paraît que Laveaux , en traduisant , se rappelait le préjugé signalé aux articles Carpe et Brochet.

La chair de la Carpe dorée est tendre , savoureuse.

Ce poisson offre , dans ses couleurs et dans ses na- geoires, de nombreuses variétés : tantôt il est sans dor- sale , d'autres fois il n'en a qu'une très-petite. La figure et la taille de la nageoire de la queue varient extraor- dinairement ; aussi ont-elles fourni à Martinet l'occasion

ce lérale droite, à tête petite , à caudale coupée carrément. 33 Il est rare dans nos environs , mais fort commun dans le Nord. Ouv. cité, p. iiji.

N. B. Dans le Dict. des Scienc. nat. , tom. xii, page 38, au mot Charassin, on est renvoyé à l'article Carpe , il n'est nullement question de Charassin.

' Bloch dit : Der Frosch seinen ( Cyprinus Gihelio ) laich verzehret. OEconomischae naturgeschichte der Frsche Deutschlands Erster theil , 1782,/?. ya.

( 118 ) de faire des gravures qui , réunies au nombre de 4^ planches, composent un ouvrage intitulé : Hist. nal. des Dorades de la Chine , 1780 , et dont le texte a été rédigé par de Sauvigny.

Le Cyprin doré a la vie dure -, sa chair , au dire de Bosc, est agréable à manger ; cependant , jusqu'à cette heure , on s'est contenté d'élever le poisson doré , seule- ment par curiosité. Il a quatre dents pharyngiennes comprimées et tranchantes ; il fraie en mai.

M. Malot, à Villers-les-Pots, élève dans les bassins de son jardin une grande quantité de ces poissons.

Le Cyprin doré , si recherché à la Chine , n'est pas le seul poisson que l'on puisse élever dans des vases , pour l'agrément.

Les habitans de Tenasserim et de Mergui en ont un autre. Dans ces provinces de l'Asie orientale, les combats de lutte , de pugilat, de buffles, de coqs, sont fort à la mode, « on élève pour le combat une espèce de poisson que les Siamois appellent Plakat. Ces poissons sont enfermés dans un grand vase , et quand on a fixé les termes du combat et que les paris sont arrêtés , chaque amateur met un poisson dans un bassin d'eau froide. Dès que les deux poissons s'aperçoivent, ils courent l'un sur l'autre, et le combat ne finit que lorsqu'un des poissons succombe sous les coups de son adversaire. » Nou^. Ann. des F^ojag. , i835 , tom. 3, pag. 09.5.

L'auteur n'indiquant d'aucune manière l'espèce de ce poisson ni les armes dont il fait usage, reporte invo- lontairement nos idées sur les combats ou duels de hannetons, avec lesquels s'amusent les enfans; ou sur les combats du Bourong-gema, Turnix combattant, Hemipodius pugnax, ïemming, oiseau très-recherché

( )

des Javanais pour son habitude des combats; ou enfin sur les combats de coqs , à l'occasion desquels les habltans de Bornéo n'achètent de Tacier de l'Europe que pour garnir les éperons des coqs, armure qu'ils préfèrent quand elle est faite d'un morceau de rasoir, au dire d'un voyageur cité dans les Nouvelles Annales des T^ojages , 1802, tom. i\ , p- i3.

Les combats de coqs étaient aussi de mode en Angle- terre , , pour augmenter l'ardeur de ces oiseaux dans les combats et les rendre vainqueurs , quelques cham- pions avaient le secret de leur faire avaler de l'aiL Journ. de pharmacie , 1819, sept. , p. 409

Les Chinois élèvent et dressent des cailles et même des grillons pour le combat.

Tous ces rapprochemens ne mettant pas sur la voie pour retrouver le poisson combattant , il faut diriger nos recherches d'un autre coté.

Il sudit de se rappeler un genre de poisson désigné sous le nom d'Acanthure , et dont le caractère se tire de la queue armée de chaque coté d'une ou plusieurs fortes épines mobiles. Dans l'état de repos, ces épines sont inclinées vers la tète et couchées contre le corps, dans une fossette longitudinale , dont le poisson la fait sortir à volonté pour la redresser perpendiculairement aux cotés de sa queue et la rendre une arme très-dan- gereuse.

Ces fortes épines mobiles , tranchantes comme une lancette , font de grandes blessures à ceux qui prennent ces poissons imprudemment.

C'est donc à une espèce d'Acanthure qu'il faut rap- porter le Plakat. On ne pourra la déterminer exacte- ment qu'à la vue du poisson 5 car le genre est trop nombreux , comme on pmt le voir dans Cuvier , HisU

C 120 ) 77al. des Poiss. , tom. x, pp. 166-2.56, pour réussir à bien nommer l'espèce en question.

C'est aussi au genre Acanthure qu'il faut rapporter le poisson vénéneux dont il est question dans le para- graphe suivant.

Le fleuve Bendjer, dans l'île de Bornéo, nourrit un poisson vénéneux qui pique les pieds des gens employés à traîner les bateaux par dessus la barre. Cette blessure fait aussitôt gonfler la jambe avec une inflammation violente et cause le délire qui est bientôt si^ivi de la mort 5 car, jusqu'à présent, les indigènes n'ont pas dé- couvert de remède pour guérir ces accidens terribles. Eyriès , Abrégé des F'ojages modernes , tom. xii , j^p. 177, 178. Ce poisson appartient au genre Acanthure, dont une espèce, (Acanthure bleu), est décrite et figurée par Duhamel, Pêches, tom. 3, sect. iv, p. 65, pi. XII , fig. 3 , sous le nom de Porte-lancette.

M. Isidore Geoffroi Saint-Hilaire a quelquefois pro- duit l'albinisme chez de jeunes Cyprins dorés de la Chine , nés avec leurs couleurs normales ; il lui sufïisait pour cela de les placer pendant quelques semaines dans de l'eau de puits. Si l'expérience durait trop longtemps, ils ne tardaient pas à dépérir et à mourir; si au con- traire on l'interrompait et qu'on replaçât les jeunes Cyprins dans de l'eau de rivière, on les voyait peu à peu reprendre, au moins en partie , leurs couleurs nor- males. Traité de Tératol. , 1802, tom. i, pp. 29^, 3 18.

IX. La BouviÈrxE ou la Péteuse. Cjprlnus amarus, Bloch, Gmel. , Syst. nat. , xm, p. i433 , sp. 49-

Gesner, De Aquatilibus , p. 27. De Bubulca Bellonii. A\àrow . De piscib ., p . 620. De 13tibulca Bellonii. Duhamel , Traité général des Pêches , part. , me sect. , p. 5 1 4 j pi. XXVI, /j. 5.

( 121 }

Boniiaterre, Encycl. rnéth. Tableau ichlhyol. , pi. 80, fig. 33ï,

liloch , Jc/ithyologie , part. \ , p. 4^ , pi. vui , fig. 3.

J. Herinauu, Observât, zoolog. , p. 320- Blickleiu.

Lacépède , Hiit. nat. des Poiss., tom. xi , p. 68.

Nouv. Dict. d'Hlst. nat., éd. 2, tom. 9, p. 76, tom, 4j /'• 286.

Dans le Dict. des sciences nat. , tom. v, p- 2809, on renvoie au mot Cyprin, on la Bouvière n'est pas mentionnée; c\ au mot Péteuse, lom. XXXIX, p. 2o5 , ou est renvoyé au mot Bouvière.

D, 10 : P, 7 : V, 7 : A, 11 : C, 20.

3o vertèbres, et 14 paires de cotes.

Le nom de Bouvière a été donné à ce poisson, parce qu'on le trouve dans la boue , ou plutôt parce qu'il a un goût de boue , ou peut-être à cause de la boue que Ton trouve dans son pharynx : de Boueière. Belon ne s'étant point rappelé cette circonstance , ni celle de la conversion du u voyelle en v consonne , a employé le féminin de Bubulcus , c'est-à-dire Bubulca, pour désigner ce poisson qui n'a aucun rapport avec un bouvier.

Duhamel, p. 5i4, dit : « Je ne sais pourquoi on « nomme ce poisson Péteuse. »

S'il eût consulté Gesner , de Aqual. , p. 27 , il aurait lu : ^liis Péteuse, à bombis obscœnis tracta, etc. Le bruissement produit par ce poisson lorsqu'on le saisit est la cause du nom qu'il porte.

Ce bruissement s'observe encore dans la Loche de rivière, Cobitis tœnia, Linn. , mais surtout dans le Misgurn, Cobitis fossilis , Linn. , poisson très-commun dans les fossés autour de Mayence.

Les pécheurs de la Saône ont tellement altéré le se- cond des noms de la Boueière , qu'ils l'ont presque ren- du méconnaissable 5 en effet ils emploient le mot Pel- letet, Peallet , pour désigner ce poisson : voici com- ment cela est arrivé :

Au lieu de Péteuse, féminin, ils auront dit Peteu,

( 122 ) masculin -, et en variant très-peu la prononciation , ils ont fait Peulteu, puis Peulté , en adoucissant la der- nière diphthongue -, et enfin Peiiltet, Pelletet. On sait combien l'orthographe des mots varie d'après la pro- nonciation. On en a la preuve journalière dans les re- lations des voyageurs les noms d'un même lieu sont, si différemment écrits, à raison de la prononciation.

Un pêcheur m'a apporté ce poisson sous le nom de petite Brème.

Gesner, de Aquatilib. , p. 37 , sous la rubrique Bii^ bulca Bellonii, rapporte les propres expressions de l'ichthyologiste français; et, p. ^'ji, Un. 49 ? i' parle du même poisson (sans le rapprocher de celui de Belon) dans les termes suivans : u In Albi flumine pisciculi a quidam , Carpis exiguis similes , capiuntur latiusculi , « amari, ingrati, Oberkottichen dicti : Piscibus albis « adnumerant ; « et p. 844 •> il 1^ note encore sous le nom de Riemling.

Chabuisseaa , nom que les pêcheurs du Poitou et d'Aunis donnent à un petit poisson de deux ou trois pouces de long, dont les écailles sont petites et blan- ches, qui a, depuis les ouïes jusqu'à la queue, une bande de deux à trois lignes de largeur , d'un bleu clair et luisant. Il a un petit aileron sur le dos, un ou deux derrière l'anus; l'aileron delà queue fendu , deux nageoires sous la gorge , une derrière chaque ouïe , et la tête petite. Encyclop. méth. , Dict. des Pêches, p. 35.

L'auteur ne dit pas si c'est un poisson de mer ou un poisson d'eau douce : dans ce dernier cas ce serait la Bouvière , à laquelle on donne à tort deux anales,

Duhamel , en parlant de la. Bou^ièt-e ou Péteuse, dit r « Petit poisson d'eau douce , qui , par la forme de son

( 123 ; corps , a , en petit , assez de ressemblance avec la Carpe. »

Malgré des caractères aussi précis , ce poisson a été confondu avec d'autres , par les auteurs qui se bornent à copier, sans examiner les objets. De la Chesnaye- des-liois, Dict. raisonné et universel des animaux, en fournit la preuve aux mots Bouvier, tom. i, p. 33o, et Péteuse, tom. 3 , p. 409 ? les descriptions ne con- viennent nullement au Cyprinus aniarus.

On trouve encore une autre preuve de cette confu- sion dans le Dict. théor. elpral. de chasse et de pèche , ( par Delisle de Sales) , , dans le tom. 1, p. loi , on lit : « Bouvier, poisson de rivière, couvert de petites écailles argentées et perlées, quoiqu'il se tienne ordi- nairement dans la vase -, il n'a que trois à quatre doigts de longueur; on le croit apéritif. Le peuple, qui s'en nourrit , lui a donné les noms de Péteuse et de Rosière, n

Dans le toui. 2, p. 32o , on lit : « Rosière, Cyprin long d'un demi pied ; sa chair est bonne à manger , quoique de diflicile digestion. »

Ce dernier passage , copié d'autres ouvrages , n'a pas de rapport avec le poisson qui nous occupe.

La Bouvière aime les eaux pures et courantes qui ont un fond de sable ; elle se reconnaît par sa couleur ver- dàtre en dessus et d'un bel aurore en dessous ; le deu- xième rayon de la dorsale forme une arête assez roide. C'est le plus petit des Cyprins d'Europe ; sa taille est de 12 à i5 lignes au plus ; il est transparent , comme presque tous les petits poissons.

Ce poisson ne fait pas un objet de gain pour les pécheurs; ils y font même si peu d'attention, que Bloch n'a pu apprendre d'eux le temps du fnii. Cet auteur donne comme synonyme du Cyprinus ainarus.

C 124 ) dontla chair est amère , le petit Phoxinus de Rondelet. de Piscib. fliiulatlL liber, p. ao^; mais c'est une erreur. Ce petit Phoxinus est une Boj'dellère , bien caractérisée psr la longueur de sa nageoire anale.

Bloch donne encore pour synonyme de la Bouvière , la petite Bambele à écailles , de Gesner , De Aquaûlib . , p. 843. Mais en recourant au texte du naturaliste suisse, on remarque que la taille assignée à la Bambèle , ne convient nullement à la Bouvière.

Malgré sa petitesse , la Bouvière se trouve quelque- fois enveloppée dans les filets ; mais les pécheurs ne daignent pas la ramasser , ils l'abandonnent sur place ; on la prend au printemps pêle-mêle avec les Ablettes. Elle fraie en avril et en mai -, à cette époque elle a une ligne d'un bleu d'acier , de chaque côté de la queue : ses œufs peu nombreux, sont fort gros , ainsi que j'ai eu occasion de l'observer.

Comme il faut vider ce très -petit poisson , ainsi que tous les autres , pour le manger , il est bien difficile de ne pas rompre la vésicule du fiel , de la grosseur d'un pois , située sous le lobe droit du foie qui est très-volu- mineux : alors , ce poisson est d'une amertume insup- portable ; il a d'ailleurs un goût de vase désagréable , ( cause de son nom Boueière ) ; aussi n'est-il jamais servi sur les tables.

Ce petit poisson a la tête plus large que le corps ; et au dessus des ouïes elle offre une grande résistance ; le front est aplati , les narines sont très-ouvertes et un peu saillantes, les yeux sont rouges.

Ces poissons vont ordinairement au nombre de trois ou quatre et se poursuivent continuellement.

L'appareil dentaire de la Bouvière présente supé- rieurement une plaque ovoïde encha tonnée dans l'os

( 125 ) basilaire , pourvu d'un appendice triangulaire horizon- tal , portant dans son milieu une lame perpendiculaire. Les deux mâchoires inférieures portent chacune cinq dents crochues placées sur une seule rangée.

2" sous-genre. Barbeaux. Barbus, Cuv.

Ce sous-genre a pour caractères : la dorsale et l'anale courtes -, une forte épine pour second ou troisième rayon de la dorsale ; quatre barbillons , dont deux sur le bout, et deux aux angles de la mâchoire supérieure.

Par les nageoires , dorsale et anale, très-courtes, ce poisson diffère des Carpes , la nageoire dorsale longue, a, ainsi que l'anale, une épine dentelée pour 2* rayon. Il se sépare naturellement des Goujons qui manquent d'épines à toutes leurs nageoires , des Tanches qui sont dans le même cas et dont les écailles sont très- menues , des Brèmes et des Ables dépourvues d'épines et de barbillons.

X. Le Barbeau commun. Cfpr'mus barbus , Linn. , Gmel., S. N., édit. xai , p. 1409 1 sp. i.

Bloch , Ichtkyologie , part, i , p. yt , planche xvur.

Duhamel, Pêchef , 2" part. , sect m, p. 5n),pL xxvii , fig. i* Barbeau ow Barbolte; Jig, 2, mâchoire intérieure vers le bas des branchies '.

' C'est un os pharyngien qui, dans les Cyprins, se recour- be pour entourer une partie de l'œsophage.

On trouve dans le Coluher scaber, Linn. , Gmel. , S. N.p éd. XIII , jo. i 109 , n** 2-2 , Anodon scaber, Smith (1' dno- don de Klein, suivant le Dict. Se. nat., t. 2., p. i83 5 Nouv. Dict. d'Hist. nat. , éd. 2 , t. 2 , /?. i25 , que les natura- listes postérieurs n'ont pas connu), outre ses petites dents maxillaires, des dents œsophagiennes, formées par les apo- physes additionnelles des premières vertèbres de l'épine. Par cet arrangement le serpent peut casser les œufs dont il fait sa nourriture , et se substanter ainsi.

( 1-^6 ;

Meyer, Reprcs- , totn. 2, pi. 10.

Marsili , Datiub. , tom. iv, p. 18, tab. \iiyfig. i.

Bounaterre, Tableau encjcl. des trois Règnes, icthyologie , pi. 76,

fig.'i\7-

Lacépède , Hist. nat. des Foiss., tom. x,p. 32o.

llondelet, de Piscihus fluviatilibus liber , cap. xi\, p. 19I.

AIdrovaudi , De piscibus , lib. v , cap. xvi , p. 5()y , de Barbo.

Nouv- Dict. d'h. nat., édit. 2, tom. 3 , p. 234.

Dict. Se. nat. , t. iv, supplém. , p. 6. ^tlas iciit. , pi. 70, fig. i.

XVI paires de cotes et 46 vertèbres.

Le nom de ce poisson lui a été donné à cause des bai'biîlons situés au bout et aux deux angles de la mâ- choire supérieure. Il n'y a jamais eu équivoque sur la détermination de ce poisson , quoique son nom de Bar- botte ait été donné à d'autres poissons.

Le Barbeau , qui croît fort vite , se nourrit de petits poissons , ( Bloch, p. 92, dit de Chélidoine ) : il avale des Perches , des mollusques , des vers , des insectes, des cadavres d'animaux submergés , des plantes en décom- position. Il a la vie dure , la chair blanche et de bon goût ^ c'est au mois de mai qu'il est le plus gras.

Suivant Marsili , Danuh. , tom. iv, /?. 19 , la chair de ce poisson est blanche , molle , regardée par les Alle- mands comme insalubre : aussi s'en abstiennent-ils pen- dant les mois de juin et juillet , époque pendant laquelle le Barbeau est couvert de tubercules, et sujet à la dys- senterie , ce qui avait fait dire qu'il était menslrué.

Dans roder, il y en a de deux à trois pieds de long qui pèsent six à huit livres. Il fraie au milieu duprintemps^ en mai et juin , et dépose ses œufs sur les pierres du fond , dans les endroits le courant est le plus rapide. On le sert sur les tables : la partie moyenne de son corps est celle que l'on mange. Cependant on dit télé de Bar- beau et queue de Truite, pour désigner les meilleurs morceaux de ces poissons.

*t

( 1-27 )

Tant qu'il est jeune , il a pour ennemis tous les pois- sons voraces et les oiseaux d'eau -, le fiel est jaune.

Les œufs de Barbeaux , comme ceux de la Lotte et du Brochet , sont nuisibles , et troublent les fonctions digestives. Voy. Mém. de l'Académ. des Sciences de Dijon, 1820, p. 240-^53. Aussi sont-ils rejetés soi- gneusement par les cuisinières attentives 5 cependant Blocli , /?. 93, dit en avoir mangé , ainsi que sa famille , sans en avoir été incommodés.

« Plusieurs Barbeaux se trouvent-ils réunis dans un réservoir ils manquent de nourriture -, ils sucent la queue les uns des autres , au point que les plus gros ont bientôt exténué les plus petits. » Lacépède, Hist. nal. des Poissons , tom. x, p. oa/j--

Le Barbeau a neuf dents pharyngiennes , placées sur trois rangs, quatre en bas, trois au milieu , deux au des- sus, en forme de massues, terminées par une pointe un peu crochue. Ciwier , Anal, comparée, tom. 3 ,

Cette disposition n'est pas constante , puisque dans le même individu j'ai vu une mâchoire qui portait cinq dents en bas , deux au milieu et deux au dessus. Le pro- longement de l'os basilaire est placé de champ. La cavité de l'os basilaire est en ogive élargie , et présente une saillie dans son milieu.

Dans les intestins du Barbeau vivent :

1. JuEchinorynchusbarhi, Schranck, Gmel., p. 3o4o,

n°4i-

2. Le Carjophillœus piscium , Goeze , Gmel. , p. 3o52, sp. I. Géroflée cl langeante , Dict. Se. nat. , tom. xvni , p. 496. Caryophyllée des poissons, Dict. Se. nat., tom. uvii, p. 553,

( Î28 )

3. Monosloma coclileariforme , Dict. Se. nat., t. 32, p. 488.

4. Fasciolapiinctum, Dict. Se. nat., t. 5j , p. 586.

5. Scolex auriculaïus , Diet. Se. nat., t. 29, p. 0015 tom. B-j , p. 606 , pi. 46 , fig. I.

6. Tœnia rectangulum , Batseh,Gmel. , p. 3o8i , sp. 84. Botriocephalus rectangulum, Encyelop. mcthod. , Vers, tom. 2 , p. i47? n" 10. Botriocephalus rectangu- lum, Diet. Se. nat., t. ôy, p. 610.

3' sous- genre, (jovjo^ ., Gobio , Cuv.

Barbillons, dorsale et anale courtes, Tune et l'autre sans épines. ,

XI. Le Goujon, Cypjinus Gobio, Linn, , Gmel., S. N. , édit. XIII, p. 1412, sp. 3.

Bloch , IchthyoLogie , p. 49, /'/ viii,fig. 2.

Jurine, Hist. des Poissons du lac Léman , p. 217, 7Z** 16, pi. i^-

EncycL. Dict. des Pêches , p. 69. Goujon de rivière , Vairou , p. 292.

Bonnaterre , Tableau encycl. des trois règnes. Ichthyol. , pi. 77 , fig. 319.

Duhamel, ' Traité général des Pêches, n^ part,, sect. m , p. 497 , pi- xxui , fig. 5.

Lacépède , Hist. nat. Poiss. , tom. x, p. 333.

Rondelet, De piscibiis fliiviat. lib. , cap. \xxi , p. 206.

' Cet auteur, o.^ part, , p. 565^ dit : Chabot, voyez Goujon de rivière ; à ce mot, p. 566, 2^ col., on lit : te Goujon de rivière. Quelques-uns ont nommé le Cliabot ce Goujon de rivière ; il a un grand aileron sur le dos. » Duhamel, par ce caractère, désigne clairement le Goujon qui n'a qu'une nageoire dorsale, tandis que le Chabot en a deux : nouvel exemple de la fausse application des nomsj aussi Duhamel, dans le texte, p. 497 1 ^ Tarticle Goujon , lie lui donne pas pour synonyme le jiom de Chabot.

( 129 )

Meyer, Représent. , tom. \ , pi. y^j. ^ fig. sup.

Gesiier, de ^qiiatilib. , p. 47^, 474» donne, jK 479) une meilleure figure du Goujon ; c'est la seconde de cette page.

Aldrovaudi, de Pucib.,lib. v, cap. xxvii , De Gobio fiuviatili.

Marsigli , Danub., tom. iv , p. 23, tab. is., fig. 2. Mala , sed descriplio eximia.

Nouv. Dict. d'Hist. nnt., éd. 2, tom. xiir , p. 828 ; tom. ix, p. 66.

Au CypriniLs Benacensis , Pollini, Temolo des Italiens?

Dict. Se. liât, j tom. xix , p. 245.

D. 10 : P. 14. i5 : V. 8. 9 : A. 8 : G. 28. Cotes 14 paires.

Le nom français de ce poisson , qui a 09 ou ver- tèbres, vient évidemment du latin Gobio, attribué encore à d'autres poissons 5 on l'appelle à cause de cela et pour le distinguer , Goujon de rivière j à Lyon il est dit Goiff'on, GoeJJ'on.

Artedi , par erreur , appelle ce poisson Gonion et T^airon. Il donne une description des parties externes et internes, IcJilhjol. , part, v, /?. x3 , sp. 5.

Le Goujon le dispute au Vairon pour l'éclat et la va- riété des couleurs de son manteau , mais on le distingue- ra facilement à ses barbillons, à son front déprimé , à ses nageoires dorsale et anale, courtes et tigrées de noir. Sa taille est de cinq à sept pouces 5 suivant Du- hamel il en faut douze pour faire une livre.

« Dans cette espèce de poisson , le nombre des indi- « vidus femelles est cinq à six fois plus considérable « que celui des mâles. » Lacépède , Jjfist. mit. des Pois- sons, tom. X , y^. 338.

Le Goujon vit de vers , de larves , d'insectes aqua- tiques, de coquillages, de végétaux ; il est fort avide des charognes que l'on jetle dans les rivières, et on est toujours sûr d'en trouver beaucoup auprès d'elles-, on l'accuse de manger le fiai des autres poissons. Il fraie en mai, juin, dans ie courant des liviè-

9

( 130) les ; la couleur de ses œufs est bleuâtre , leur volume est très-petit ; la femelle les dépose contre les pierres , mais peu à peu , ce qui dure un mois.

A l'époque du frai , ces poissons voyagent en petites troupes et semblent se plaire les uns avec les autres.

Jurine n'accorde au Goujon que cinq dents pharyn- giennes , la première courte , les quatre autres longues, grêles et crochues à leur extrémité, Act. Gen., tom. i, part. 1 , 1821 , p. 24, parce qu'à l'imitation de Gesner, parlant du Cjprinus erjthrophthalmus , il a négligé les trois dents de la rangée intérieure , comme il est aisé de s'en assurer par l'inspection.

L'appareil dentaire piiaryngien du Goujon présente sur l'apophyse de l'os basilaire une cavité en ogive terminée par un prolongement en forme de sabre.

Les dents pharyngiennes inférieures sont au nombre de huit sur deux rangées à chaque mâchoire 5 cinq dents sont extérieures et trois intérieures.

La chair du Goujon est blanche , grasse , délicate , excellente et très-eslimée. Suivant Marsigli , les Alle- mands en font peu de cas. Dans certains cantons on les confond avec les Têtards du Bufo fuscus , dans les fritures.

Le Goujon perd diflicilement la vie, on peut le conserver en réservoir , mais en peu de temps son corps se couvre de mousse , ce qui le fait périr. C'est un des meilleurs poissons à introduire dans les étangs pour servir de nourriture aux Brochets et aux Truites.

Autour du foie de ce poisson , on trouve quelquefois l'Ascaris gobionis , Goeze , Gmel., S. N. xm, p. SoSy, sp. 74. Filaria ouata, Encycl. méthod. , vers, tom. 2, p. 096, sp. 17.

Dans son mésentère on rencontre un autre parasite

( 131 ; appelé Lîgula ahdominalls, a. gobionis , Bloch , Gmel. , p. 0043, sp. 2, (3i ^ a.

Schonevelde , Ichthjologie , p. 35, parle du Goujon sous le titre de fiindulo.

4^ sous-genre. Tanche , Tinca , Cuv.

Il joint aux caractères des Goujons, celui de n'avoir que de très-petites écailles et de très-petits barbillons.

Les opercules des branchies sont lisses et sans écailles : le ventre est arrondi ; nageoire du dos unique , courte et à rayons osseux : lèvres protactiles , barbillons.

Les Tanches différent des Goujons dont les écailles sont de grandeur ordinaire 5 des Ables et des Brèmes dépourvues de barbillons ^ des Carpes dont la nageoire dorsale est longue -, des Clupées , au ventre caréné.

XIL La Takche , Cjpn'jius tinca, Linn. , Gmel., Se. nat. , édit. xin,p. i4»3,sp. 4-

Arfedi, Iclhy., part, v, p. 27. Cypiiuus mucosus ' totus nigrescens extremitati? caudae seqiiali.

Juriue, Hi\t. des poissons du lac l.énian , p. 2o5 , 12, pi. 10.

Dict. des Se. nat , tom. 62 , p. i83, Atlas , Ichth., pi. 6y , Jig. i.

Bloch, Ichthyol., p. 70 , /)/. xiv.

Lacépède , Hist. nat. des poissons , tom. x , p, ^3g , 345,

Dr)hamel , Pêches , p. 5o6, 2^ part., sect. m , pi. xxv, Jïg. 2.

Marsi^li, Danub., tom. IV5 p. 47? ^^^ ^v.

Bouuatcrre, Tableau encyclop. des trois JRègnes, ichthyol., pi. 77, fig. 320.

Rondelet, de Piscib. lacustrib, liber , cap. x, p. i5y.

Geoffroi , Mat. médic , tom. 3 , p. 266.

Gesiier, de Aquatilihas , p 1178.

Mejer, Représ., tom. 2, pi. 5i,

' Cette humeur, ainsi que celle qui recouvre les au'res poi'îsons, est un mucus difficile à délayer dans l'eau. Cuv.^ Hist. nat. des Poissons , tom. 1 , p. 52 1,

( 132 )

Noiw. Dlct. d'hist. nat., édit.'z^ tom. ix, p. 66; tom. %-s.xiif p. 402.

D. 12 : P. 117 : V. 11 : A. 10 : C. 22-24-

Par erreur typographique , Linné , S. N., édit. xii , p. 62.6 , indique 25 rayons à la nageoire de l'anus. Cette faute est répétée, dit Bloch , part, i, p. 72, par plusieurs auteurs modernes, Wulft", Pennant, Zùckert, Fischer; elle est aussi répétée par Gmelin , Sjst. nat., tom. xni , p. 141 3, qui n'a pas eu l'attention de la rectifier, malgré l'avertissement de Bloch.

Le nom de ce poisson , que l'on écrit aussi Tenche, vient du mot latin Tinctus , à cause de son dos coloré d'un vert noir , comme s'il eût été teint. Ce poisson prend quelquefois une belle couleur dorée , comme on le verra dans l'article suivant , p. io5.

Les Tanches se nourrissent des mêmes alimens que les Carpes : de plus , elles avalent les sangsues et les dé- truisent , elles atteignent rarement la taille d'un pied.

Elles fraient à la fin de mai et en juin , autour des herbes marécageuses ; les œufs sont verdàtres , petits et excessivement nombreux. Ce poisson évite la Perche et le Brochet , en se cachant dans la boue -, il a 16 paires de côtes et 3c) vertèbres.

Les os sont attachées les pectorales et les ventrales sont très-forts * .

La Tanche a la vie dure , moins cependant que la Carpe; quand on la nourrit bien , elle croît promptement et devient assez grosse ; on en trouve de 7 à 8 livres ; quand le beau temps veut venir, elle saule hors de l'eau; .sa chair blanche , pleine d'arêtes , molle , fade , est im~

' Scapula et os iunominatum robustiora, quam aliis pis- i;ibus. Gmel. , /». i4'4'

( 133 ) prégnée fréquemment d'une odeur de limon et de boue. Vincent de Beauvais, Spéculum natur., tom. i, Ub. xvir, cap. xcvi , appelle la Tanche, Teucha. « Ce poisson , « dit-il , est de rivière ou d'étang ^ tout le monde le « connaît , il se tient dans la vase , comme l'Anguille , « dont il a la couleur , et la chair fade , ditïicile à di- « gérer. »

On est revenu de ce jugement pour l'Anguille , et même pour la Tanche , désignée par Ausonne sous le nom de Ressource du bas peuple , ( Solatla vulgi ) : en effet quand la Tanche est dégorgée ^ dans des eaux: vives , sa chair acquiert beaucoup de délicatesse , au

' Au sud d'Aix-la-Chapelle , non loin de la porte Mars- clxier, se trouve Borcelte ( de Porcetum) , remarquable par ses eaux chaudes , qui , après avoir servi à différens établis- semens de bains, vont se rendre à un petit lac en forme de carré long, bordé d'arbi'es , et sur lequel flottent de légères lumees. > , . ; •.

Le petit lac de Borcette , appelé l'Etang chaud, à cause des eaux chaudes qu'il reçoit , ne gèle jamais , nourrit quan- tité de poissons médiocres. On ne peut manger de ces pois- sons qu'après les avoir fait dégorger longtemps dans l'eau froide ; ils meurent à l'instant, si de l'eau froide on les re- jette dans Tétang ils sont nés. Revue de Paris , i836 , lom, 3i , p. 55.

11 est fâcheux que M. Nisard n'ait pas précisé le degré de température de l'étang chaud , et qu'il n'ait pas donné le véritable nom des poissons qui y pullulent ; ils sont sans doute différens de ceux observés : dans les eaux thermales de Los-Banos , près de Manille, par Marlon de Procé j dans une fontaine thermale près Fériane , par Bruce 5 dans les sources d'eau chaude dune pelile vallée située à moi- tié chemin de Mascate à Mathah , par Clodoré.

( 134 ) point qu'une Tanche de trois livres est fort recherchée. Il en est de même, au dire d'Alléon Dulac, Mém. pour seivir à l'hisi. nat. du Lyonnais , tom. i^ p. 120, de la peau épaisse de ce poisson , Encjcl. ntélh., Hist. nat. , tom. 3, p. 089.

La Tanche est fort sujette aux vers ; on y en trouve de plats et fort longs , indiqués sous le nom de f^er des Tanches , dans \e Journal des Sa'^ans , 173^, p. 79, J'g. , et reproduits par Andry, De La génération des vers dans le corps de C homme , 3* édit'on, 174^ 5 tom. i, p. 52 , fg.

GeofFroi en avait déjà parlé dans les Mémoires de tu4cadémie des Sciences , 1710 , Hist., p. 39, § 4-

C'est la Ligula simplicissima , Rudolph. , désignée par Gmelin , sous le nom de Ligula abdominal' s , Sjst. nat., xiii, tom. 1, p. 3o43 , sp. 2, p. b ; DiCt. Se. nat., tom. xxvi, p. 4o5, tom. 67, p. 611. Atlas, vers, pi. 4*^5 fig. 5.

En Italie , la Ligule très-simple d'une espèce de Cyprin du lac Facino, est connue sous le nom de Maca- ron'' pi ntv . et regardée comme un mets agréable.

Outre la Ligule très-simple, on trouve encore dans les intestins de la Tanche le Cary ophyllœus pisc'um , Goeze , Gmel. , p. 3o52, sp. i. Tœn'a laticeps , P;illas, Gmel., p. 3o8t , sp. 86. Carj ophyllœus mutahilis, Eiicy. mélh., vers, tom. 2, p 435. G éro fiée changeante, Dict. Se. nat., tom. 18, p. 49^- Atlas, vers, pi. 4'? hg- 11 , 12. Bremser, vers, p. ii5, p. i36, Appendix, pi. i , fig. 5.

Gesner, de apiatHib., p. 1177, décrit la Tanche, dont il donne la figure /?. \ 178, etpjrmi les singularités dont il pirle, j'ai remarqué la suivante : a Daiis la tète « des Tanches , on trouve deux petites pierres. »

>^

( 135 ) Arnault de Nobleville, et Salerne, parlent de deux pierres qu'ils ont trouvées dans la tête de la Tanche , Mat. jnedic, aut., Geoff'roi, tom. 3 , p. "i^d^ , mais sans les désigner.

Ce sont les osselets de l'ouïe , dont le grand a une forme presque ronde avec un angle rentrant.

L'appareil dentaire de la Tanche se reconnaît fa- cilement : la dent pharyngienne supérieure est pyri- forme , enchatonnée dans la cavité de l'os basilaire.

Les dents pharyngiennes inférieures sont au nombre de cinq sur une même ligne à chaque mâchoire ; il arrive quelquefois que l'on en trouve moins , par suite de la chute forcée de quelques-unes.

Ces dents portées sur im pédicule rétréci , s'élargissent à leur sommet qui est sécuriforme, et qui imite la der- nière articulation des palpes des coccinelles : elles sont terminées en dehors par un léger crochet \ et leur surface triturante offre un petit sillon.

A. La Douée d'étang, Cy/:'n>a« Zmcft mw«fu5.

Bloch, Hlst. nat. poiss., part, i, p.ji, lab. xv.

Nouv. JDict. d'Hist. nat., édit. 2 , tom. Sa , p. 404. Tanche tlcrée.

JJict. des Se. nat. , tom. 5-2 , p. i85. Tanchor.

Tableau encycl. des trois règnes. Poiss.,p. 191, ?i'> 8, pi. 77, fig. 321. Tanche dorée.

Gmel., S. N. xiii , tom. i, p. i4i4> ^P- 1^- Tinca aurea.

Lacépède, Hist. nat. Poiss. , tom. 10, p. 345. Cyprin tanchor.

L'éclat de la robe de ce poisson égale celui des poissons dorés de la Chine ; aussi plusieurs amateurs en Allemagne se sont-ils empressés de déposer, dans leurs viviers ou leurs réservoirs , cette belle variété.

La Tanche , dont la couleur est presque noire dans les marais fangeux, devient d'un jaune doré dans les

( 136 ) rivières dont le fond est sablonneux et le cours rapide , ou dans les étangs dont la pureté des eaux est remar- quable, ainsi qu'on le voit en Siiésie.

Au surplus les teintes de ce poisson ofFrent beaucoup de variétés de nuances, dépendantes de l'âge, du sexe, du genre de nourriture et du climat.

Bosc, en parlant de la Tanche dorée, qui se trouve dans certains étangs de la Siiésie, variété produite par la pureté des eaux de ces étangs, paraît ignorer que cette variété se rencontre en France.

31. Dupuis vient d'en trouver (mars i8/)6 ) quatre éch.inlillons au moulin des Etangs près Dijon ; précé- demment il avait vu des Tanches moins colorées que la commune 5 l'une offrait une teinte jaune, mais sans les taches qui caractérisent la Tanchor.

Je dois à sa complaisance l'échantillon que j'ai fait déposer dins le bassin du Jardin des plantes.

Suivant Bloch , p. 76, la Dorée d'étang a la vie dure : l'échantillon , qu'il élevait , a survécu au Goujon , à la Bordelière , au Rolengle , à la Rosse , et même à la Tanche ordinaire qu'il avait mise dans le même vase.

Lacépède regarde à tort comme espèce , cette variété de Tanche. Il la porte sous le n" \'z de son 1 1*" genre.

Bloch nous apprend que la reine de Prusse avait fait venir de Siiésie des Tanches dorées , pour les élever dans les canaux de Schernhausen. Un prince allemand et quelques grands , à l'imitation de la reine , en ont fait venir pour les conserver dans leurs bassins.

L'échantillon décrit et figuré par Bloch, lui avait été donné par la reine de Prusse.

Celte variété ne se propagerait pas par le frai , et M. Dupuis pense qu'elle reprendrait la teinte souibre delà Tanche ordinaire , parce que les quatre échanlil-

( 137 ) Ions qu'il a trouvés , se sont rencontrés parmi les Tanches communes qu^il avait pèchées dans le vaste réservoir du moulin des Etangs , commune de Saulon.

5* sous-genre. Les Brèmes, Abramis , Cuv.

Les poissons de ce sous-genre n'ont ni épines ni bar-f blllons', leur djrsile courte est placée en arrière des ventrales ; leur anale est Ion jue. Ils sont distingués des Carpes , des Barbeiux , des Goujons et des Tanches , par l'absence des barbillons j des Ables , par la longueur de l'anale.

XIÏI. La Brème, Cjprinus brama, Linn. , Gmel., Se. nat. , XIII, p. 1436 , sp. 27.

Bloch . Ichtliyolog. , part, i , p. 64, pi. xiii , p. 102 , pi. xix , fig. 9-12 , œufs -.fig. 14 » Brème éclose rccemmeiit; fig. i5, écailles.

Duhamel, Pêches , 2^ part. , sect. m, p. 5o^, pi. xxv, fig. i. Les lettres V. X.. représeutent l'os pharyugieu , gaïui de dents , de la Brème.

Marsigli, Danub. , tom. iv, p. 49» t^^l'- ''vr.

Lacépède, Hist. nat. des Poiss., tom. xi , p. 72.

Meyer , Représent., tom. i, pi. 73. -"'

Bounaterre, Tabl. encycL. des trois règnes, Icht., pi. S-l,fig. 346,

Koudelet, de Fisc, lacustr. liber, cap. vi , p. i5\. De Cypriuo lato.

Gesuer , de ^quatilib. , p. .S76. Cyprini lafi Icon accuratius.

Noiw. JDict fiist nat., édit. 2 , tom. iv, p. 35o , tom. ix , p. jj,

Dict. des Se. nat., tom. v, suppl., p. 72.

D. 12: P. 17 : V. 9 : A. 39 :C. 19.

Le nombre des rayons n'est pas un caractère cons- tant pour distinguer les poissons; en effet, Bloch en indifjue 29, et J. Hermann , Observât, zoolog. , pag. 027, n'en trouve que 26. Ce dernier naturaliste a vu la vessie natatoire épaisse et devenue presque cartilagi- neuse par la dessiccation. La Brème, dit-il, a deux moelles épinières placées l'une sur l'autre, mais sépa- rées. Pag. 028.

( 138 )

Le nom de Brème , Brama, vient évidemment par contraction à'^brands.

Ce poisson, qui a une longueur triple de sa largeur , qui a la vie assez dure , est facile à connaître par son corps large et aplati \ par son dos aminci en tranchant; par sa nageoire dorsale courte , placée en arrière des ventrales-, par son anale longue à 29 rayons. Artédi en compte 27 et quelquefois 28-, il annonce 44 vertèbres, Ichthyologie , lorn. v , pp. 20-20.

Tels sont les caractères de la Brème adulte , qui a 12-18 pouces de longueur, et pèse de 12-14 livres. Celle de la Saône ne pèse jamais plus de 3 ou 4 livres.

La Brème, dans sa jeunesse, est confondue, dit Bloch, Ichthjologie , p. 69, avec la Bordelière, à la- quelle elle ressemble beaucoup par son corps mince , de forme alongée, qui lui a fait donner le nom à'Eper- lan bâtard " par les pêcheurs parisiens. Elle est repré- sentée par la figure inférieure des Phoxini de Rondelet, de Piscib. fluvial. , p. 2c4 , caractérisée par la longueur de la nageoire anale.

« Les Brèmes gardonnées sont de jeunes Brèmes. »

' Il ne faut pas confondre les Eperlans bâtards (jeunes Brèmes) avec VEperlan bâtard dit Grasdos (jeune Atliérine ) figuré par Duhamel, Pêches, 2^ part., sect. vi, pL iv, fg. 5. Les faux Eperlans sont ^ dit Cuvier, Ilist. nat. des Foissons , tom. x, p, 4' 7? des Athérines qui vivent en grandes troupes et sont regardées comme un aliment assez délicat. Gesuer, de Aquatilibus, p. 432, donne, d'après Jean Caius , médecin anglais , la figure et la description d'une Atliérine; mais la figure, n'offrant qu'une nageoire dorsale, ne convient nullement aux Athérines; elle res- semble beaucoup à celle de la page précédente.

(139) Encycl. , D'ct. pèches , p. 22,. Ne seraient-elles pas plu- tôt (les Bordeiières , comme le dit Duhamel?

Gesner , de Aijuatilib, ^ p. 43 1, sous le litre: De Epelano Sequance seu fJimatili , Bcllonius , confond une jeune Brème, dont il donne la fi(^ure , avec le vé- ritable E perla n.

La Brème se plaît dans les eaux stagnantes et bour- beuses; elle se nourrit de plantes, de vers, etc. ; aussi mord-elle facilement à l'hameçon.

Suivant Vincent de Beauvais , Spéculum natur. , tom. I, lib. XVII , cap. XXXV, ce poisson , qu'il désigne sous le nom de Brena , se soustrait aux poursuites du Brochet en se plongeant dans la vase -, ce qui trouble le fluide et la cache à son ennemi. Assez bon poisson, fort abon- dant et qu'on multiplie aisément.

La Brème fraie au printemps, en mai , juin, et même dès la fin d'avril , s'il fait chaud ; les œufs sont petits et rougeâtres , déposés sur les herbes. Bloch , Ichthjolog. , pnj'f. 1, p. io'2, pL XIX, Jig. 1-12, 14, i5. A celte époque, les écailles du mâle sont chargées de tubercules dont on ignore l'usage. Lorsqu'il survient du froid à l'époque du frii , l'anus des femelles se referme , s'en- flamme , le poisson enfle, dépérit et meurt.

La chair de ce poisson , qui , bien nourri , croît aussi vite que la Carpe, est blanche, de bon goût, et assez généralement estimée.

Les Brèmes d'Auvergne, grasses et de grande taille, sont recherchées. De le proverbe : « Qui a brasme , peut bien brasincr( régaler) ses amis. » Gesner,/;. 377-

La Brème , dans sa jeunesse , est atteinte de la ligule très-siuiple , EncjcL niétlwd., l'ers, tom. 3, p. 494 5 sp. 6. L'gulaabdonimaUs, Gmel. , Sj st. nat. , tom. xiii, p. 3043, sp. 2, /3. g. Ligida cmgulum , liudolph. , qui

( 140 ) atteint jusqu'à cinq pieds de longueur. On regarde ces vers, dans quelques endroits de l'Italie, comme un mets agréable. Cuvier, Règn. anim. , édit. 2, tom. 3, p. 275. Ils sont connus sous le nom de Macaroni piatli. Encycl. méthod. , Vers, 11, 492. On trouve encore dans les intestins de la Brème :

1. Echinorjnchus bramœ , Goeze. Gmel. , p. do5o, sp. 46.

2. Caiyophjllœus pischan , Goeze. Gmel, p. ooSa, sp. 1. Tœnialaliceps, Pall., Gmel., p. 0081, sp. 86. Gé- roflée changeante ^ Dict. Se. nat. , tom. xviii , p. 49^- Caryophyllus mutabilis , Encycl. méth. , Vers, tom. 2, p. 435. Bremser , Vers , p. ii5,p. 1065 appendix, pL 1, fig. 5.

3. Fasciola bramœ , Mull. , Gmel. , p, 3o58, sp. 38. Disioma globiporum. Encycl. méthod. , Vers, tom. 2 , p. 261, n" 18.

La Brème est quelquefois contrefaite comme le Bro- chet et la Truite.

In Sleia , Cyprini lati sunt, caudam incurvatam vel sinuatam gerentes , ac si ea bis fracta fuisset ; piscatores vocant Leidbrassen , quasi reliquorum duces , quibus conspectus felici omine amplam capluram sibi polli- centur. Suntautem hi Cyprini inter reliquos quasi nani, contracti corporis , et in orbem fere recurti. Ichthyol. , auctore Stephano à Schonevelde , D. M. , p. 33.

Jurine paraît n'avoir eu aucune connaissance de cette observation faite par Schonevelde.

Bloch, p. 69, attribue la difformité signalée par Schonevelde , à ce que le poisson , étant encore jeune , s'est embarrassé dans des herbages et s'est forcé l'épine du dos en voulant se débarrasser. Linné a aussi parlé des Brèmes bossues et de Perches atteintes de la même

( 141 ) difformité. Bloch a vu la même chose dans le Sandre et dans la Rosse.

Hermann a vu aussi quelquefois des Brèmes bossues monstrueuses , c'est-à-dire que la partie du dos après la nageoire dorsale était concave , et la portion du ventre , qui portait la nageoire anale , était très-convexe. Oh~ se/vat. zoologicœ , p. 027.

L'appareil dentaire pharyngien de la Brème se com- pose d'une plaque ovale alongée , sertie dans une ca- vité de Tapophyse du basilaire. Cette cavité , en ogive pentagonale, est un peu élargie postérieurement. Le prolongement de l'apophyse basilaire est comprimé et de la même largeur dans toute son étendue.

Les dents pharyngiennes , au nombre de cinq à chaque mâchoire , sont assez fortes à leur base 5 elles sont com- primées à leur sommet , terminé par un crochet ; quatre de ces dents ont leur sommet entouré d'une bordure noire 5 la cinquième n'offre qu'une tache au sommet.

Dans une autre Brème dont j'ai examiné la denture , j'ai trouvé seulement sur les côtés , à la base du crochet, un point noir , sans doute origine de la ceinture dont j'ai parlé.

XIV. La BoRnEuiîKE, Cjprbius latus, Bloch., Grael., Se. nat. , xHi , p. 1438 , sp. 5o.

Bloch , Ichthyologie , part, i , /». 56, tab. x. Cyprinus blicca.

Duliamcl , Traité gén. des Pêches , part. 11, sect. m, p^ 5o6. Eperlan Lâtard. Planche xxvi , fig. 4 , Platane.

Duhamel, ouv. cit., p. 5i4,5 6. De la Boidtlière, Ballenis . Rondelet.

Rondelet , de Piscib. lacustrih. lib., cap. vni,p, 154. DeBallero,

Gesner, de ^quatilib. , p. 28. De Ballero.

Aldrovandi , de Piscib., lib, v , cap. xLiv , p. 645. De Ballero Aristotelis.

Bonuaterre, Tableau encyclop. et méthod. des trois règnes , ich- thyologie, p. 2o3, sp. 55, pi. ^\jfig. 348. Bordeliere.

( M-2 )

J. Hermann , Observât, zoologicœ , p.SaS. Cyprimis Mekeî. Noui/. Dlct. d'Hlst. nat , édit. a, tom. 4 , p. i5z , toin- l) , p. 78. Dict- Se. nat , tom v , p. 160, suppL, p. 74, 20. \hramis bJirca. Lacépède, Hist. nat. des poiss., tom 11 , pp. 8i-ii\. Cyprin large. N. B. La Synonjmie donnée par Lacépède est fort embrouillée.

Ce poisson , facile à reconnaître , porte aussi le nom de Petite Brème ou HazeVn, du mot allemand Haszle, Levrault, à raison de son agilité.

Les échantillons de ce poisson que j'ai examinés au mois de février et que je m'étais procurés sur le marché, avaient cinq pouces et demi de longueur depuis l'ex- trémité du museau , jusqu'à la naissance de la nageoire caudale. La tête qui offre, au-dessus des yeux, un léger enfoncement, outre la dépression marquée à l'origine du dos , est trois fois un quart dans la longueur du corps, et la largeur de ce poisson , qui est très aplati , se trouve trois fois dans la longueur totale.

La lèvre inférieure arquée, ou la mâchoire inférieure ascendante, est plus courte que la supérieure qui la recouvre.

La nageoire dorsale est située dans l'intervalle des nageoires an île et ventrale. Le dos est caréné avant la nageoire dorsale , et arrondi postérieurement à cette nageoire.

Les écailles qui recouvrent ce poisson, sont minces et plus petites que celles du Cypnnus fuscus , Nob.

D. 11 : P. 16 : V. 9 : A. 25-27 C- 22.

La ligne latérale est courbée, et formée de 5i glandes.

La membrane des nageoires dorsale et anale est finement piquetée de noir , ce qui n'a pas lieu dans la Brème.

Le péritoine est nacré avec quelques points noirs.

L'appareil dentaire pharyngien de ce poisson con- siste :

( 143 )

dans une petite plaque ovoïde , sertie dans une cavité en vallon étroit de la base de l'apophyse du basilaire ^ à la partie postérieure de cette cavité , est un prolongement droit inférieurement , et arrondi en sabre recourbé supérieurement 5 l'os mitral , accompa- gné de deux apophyses latérales descendantes, est lancéolé.

a" Les mâchoires pharyngiennes sont garnies chacune de cinq dents mignonnes, crochues à leur sommet, disposées sur un seul rang, comme dans la Brème ^ on y remarque aussi cette tendance à présenter une couleur noire , pour former couronne autour du som- met ; quelquefois cependant cette apparence noirâtre ne se tait pas remarquer d'une manière bien prononcée.

Ce poisson a été très-bien décrit par Rondelet ; ce savant avait signalé les dents pharyngiennes sans en préciser le nombre; mais en comparant la description qu'il a donnée avec tous les caractères que j'ai rap- portés , on acquerra la certitude qu'il avait bien examiné ce poisson , et que nul doute ne peut s'élever sur les détails dans lesquels il entre.

La Bordeiière , peu estimée , ne sert guère qu'à nourrir les poissons dans les viviers 5 elle se trouve dans la Saône , pèle-méle avec les autres poissons blancs.

Alléon Dulac, Mém. pour servir à l'hist. nat. du Lyonnais , tom. i, p. i58 , dit de la Bordeiière : « Elle <( est bonne à manger; elle est si semblable à la Brème, « qu'on a peine à distinguer l'une de l'autre. »

Rondelet avait dit seulement : « Bramae tara similis « est, ut parum cautis pro bramis saepe vendatur, sed « ab iis magnitudine corporis et squamarum distat , ac « pinnarum ac caudae colore. )i

( 144 )

On lit dans Duhamel , Traité général des Pèches , 3" paH. , 111^ sect. , p. 564 : « Ballerus , poisson d'eau « douce que Rondelet croit être la Bouvière. »

Cette erreur de Duhamel vient sans doute d'un lapsus calami , en vertu duquel le mot Boui^^'ére a été mis au lieu de Bordelière. Cela est d'autant plus pro- bable, qu'à cette même page 564, o" ^'^ " Bordelière, « ^a//erM5 d'Aristote et de Rondelet, ayant quelque « ressemblance avec la Brème -, on l'a appelée Cjprinus « laïus et tenuis.

Duhamel , Traité général des Pèches , ii" part'e , m* sect., p. 5o6 , donne à la Bordelière le nom de Brème g ordonné e , a cause de ses écailles brillantes comme celles du Gardon.

Le nom âî'Eperlan bâtard, donné , suivant Duhamel, à un petit poisson de la Seine, convient p:ufaitement à la Bordelière , dont la surface du corps a effectivement un éclat perlé ou nacré, bien plus apparent que celui du Spirlln ; aussi Gesner, de ylquatd'h. , p.'îq., dit : « Piscis blicca Germanorum , seu alburnus lacustris, « Sabaudis P latte , unde diminutivum Platlon , à Ge- « nève , Plateron ' B'ick à splendore. )>

Duhamel, Tra-'té général des Pèches, 2.^ part., sect. ni, pi. XKVi^Jig. 4, p. 5o6, § 3, parle du Plestia'^ ou Platane ; on pèche dans la Seine un petit poisson

' Aujourd'hui ce nom est employé à St-Sapliorin, pour désigner le Rotengle, Cyprinus erythrophthalmus. Voyez Ju- rine , Hist. des Poissons du lac Léman , p. 209.

* Si le poisson appelé par Duhamel Plei>tia est le même que le Cypnnus plestia , Leske, ce serait la Bordelière.

( 145 ) qu'on appelle Esperlan bâtard, et qui paraît res- sembler à de petites Brèmes , qu'il dit lui sembler être, le Plestia de Belon , ou le Platane , dont il donne la des- cription.

Nous ne pouvons prononcer sur cette ressemblance , puisque nous n'avons point vu le poisson de Grèce, dont parle Belon, Singularité z , liu. i, chap. lui , /7. 117, c/iap. LV, p, 12.5 , et que Gesner décrit d'après lui, de u4quatiiibus, p. 867, 482, 1225. Mais nous pouvons as- surer que le poisson représenté par Duhamel est la Bordelière. Voici comuie il le décrit ;

Tête petite , museau pointu , œil de médiocre grandeur, prunelle noire et iris blanc 5 le corps , assez semblable à celui de la Brème , est bombé du coté du dos, et encore plus sous le ventre; sa chair est blanche, moins estimée que celle delà Brème, Oa en trouve dans les lacs de Savoie , dans les étangs de la Bresse , dans le Pihone et la Saône. Duhamel, Pêches , n^ part., sect. m, p. 5i4.

Belon, Ohserv. de plus, singid. , lis^. i, chap. lui, p. 117, chap. LV, p. 125, parle d'un poisson nommé Plestia, aux embouchures du Slrymon *■ , et Platane , en Macédoine.

Gesner, de Aquatilih. , pp. 482 , 867 , 1225 , discute sur ce poisson; et Duhamel, ouv. cit. , p. 5o6, § 3, fait un article du PlesVa ou Platane , , en adoptant les détails donnés par Gesner, il regarde le Plestia ou le Platane comme le même poisson que la Bordelière. Les naturalistes grecs pourront seuls déterminer l'exactitude du rapprochement fait par Gesner et par Duhamel.

' Rarassou des Turcs.

( 146 )

6^ sons- genre. Les Ables, Leuciscus, Klein.

Vulg. Poissons blancs, Blanchaille.

Dorsale et anale courtes , épines et barbillons nuls.

Ce sous-genre contient des poissons dont la chair est peu estimée-, aussi les espèces sont-elles souvent confondues sous la dénomination commune de Poissons blancs; et dans quelques endroits on leur applique in- distinctement les noms de Meunier, Chevanne, etc. , Gardon.

Blocli et ses successeurs n'ont point suivi l'usage des environs de Paris , dans l'application de ces noms fran- çais , qu'ils ont répartis presqu'au hasard , comme le fait remarquer Cuvier , Règn. an., éd. 2, t. 2, p. 276(2).

Les Poissons blancs dont on fait peu de cas pour les tables , sont employés de préférence pour nourrir les poissons voraces dans les viviers. Tels sont la Rosse , la Bordclière et la Gibèle , Duhamel, Pèche, part. i,p.9.

XV. Cyprin brun. Cyprinus fuscus, Nob.

Ce poisson dont un échantillon pris sur le marché , m'a été désigné sous le nom de Blanc, avait sept pouces de longueur 5 et un autre , seulement quatre pouces et demi.

La longueur de la tète était trois fois un quart dans celle du corps , c'est-à-dire entre tête et queue 5 sa lar- geur était un peu plus de trois fois dans la longueur totale du corps.

Son corps aplati le fait ressembler à la Bordelière . mais il est plus épais que celui de cette dernière 5 les écailles qui le recouvrent sont aussi plus épaisses , plus larges et plus grandes.

(147 )

La mâchoire inférieure peu ascendante, est légère- ment dépassée par la mâchoire supérieure. i

La nageoire dorsale se trouve placée dans l'inter- valle des ventrales et de 1 anale , mais très-rappro- chée des premières.

La ligne latérale courbée , est composée de cinquante glandes^ j'ai compté douze rayons à la nageoire dorsale, neui à chacune des ventrales , et treize à l'anale.

Le péritoine nacré, est piqueté de points noirs très-fins.

L'appareil dentaire pharyngien a du rapport avec celui du CYpriniis rulihis ; mais il en dllFère parles dimensions.

La plaque pharyngienne ovoïde alongée , est sertie dans une cavité de la même forme dans l'apophyse de Fos basilaire ; le prolongement de cette apophyse paraît un peu aplati en dessus , et olFre en dessous une crête verticale transparente.

Les dents des mâchoires pharyngiennes sont au nom- bre de six sur une seule rangée ; mais elles sont plus me- nues, plus petites et plus délicates que celles de la Rosse,

C'est en effet par la comparaison des deux dentures qu'il est facile de s'assurer de la grande différence qui existe entre le Cyprinus rutilas , Linn. , et mon Cjpri- nus fuscus ; l'apparence extérieure de ces deux poissons ne permet pas d'ailleurs de les confondre.

De plus l'aplatissement et la forme trapue du corps de la dernière espèce , la situation de sa nageoire dor- sale la rapprochent de la forme des Brèmes.

Ce poisson fraie en mai. h

XVL Cyprin wageoire jaujve. Cyprinus xauthopLerus , N.

Cette espèce se rapproche de la Rousse, Cjpiinus rutilusp Linn.

( 148 )

L'échantillon sur lequel je fais cette description était long de cinq pouces à partir de l'origine de la nageoire caudale.

La ligne latérale est formée de 4<5 glandes.

La longueur de la tête est 3 fois 1/2 dans celle du corps.

La largeur du corps est environ 3 fois dans la longueur totale.

La dorsale à xi rayons , est située un peu en arrière des ventrales à ix rayons : l'anale offre xni rayons , la caudale , xix.

Ce poisson est court , ramassé ; son corps est aussi large que celui de la Bordelicre , dont il diffère par des écailles plus grandes.

La denture m'a offert cinq dents sur une seule ligne à chaque mâchoire. Quelquefois , je n'en ai vu que quatre sur l'une d'elles : à coté des plus élevées, j'ai vu une saillie osseuse : serait-elle une base de dent fracturée ? Il est difîicile de s'en assurer.

Plusieurs dents gingivales se remarquent dans cette espèce -, ces dents triangulaires, qui se retrouvent dans mon Cyprin bouche en croissant , n'ont encore été si- gnalées par aucun ichthyologiste : elles sont un nouveau sujet de recherches, aussi dois-je le signaler aux na- turalistes.

L'espèce de Cvprin dont je donne la description , se rapproche de la Bordelière avec laquelle cependant on ne peut la confondre; il y a en effet trop de différence dans le nombre des rayons de la nageoire anale.

Cette espèce, prise dans TOuche au dessous du Parc, nage avec une très-grande rapidité pour se soustraire à l'épervier que jette le pêcheur.

( l'i9 )

XVII. La DoEULE ^ , Cjpiinus dohula, Liiin. Ginel., Syst.nat., éd. xiii, tom, i, p, 1424, sp. i3.

Koiiflelct, De piscib. fliiviatil. , p. lyo, seulement la figure,

Dict. des sciences naturelles, tom. i, suppL, p. 3. Le Meùuier, Leuciscus dohula.

Eloch, Ichtkyologic , part, i, /). 36, tab. v.

Hermann , Observ. zoolog. , p. 322. Cyprinus orthonotus.

Cuvier , Règne anim. , édit. 2, tom. 2, p. 2y5. Le Meunier *.

Meyer, Représ., tom. 2 ,pl. 9».

Nouv. Dict. d'hist. liât , édit. 2, tom. 9./'. -2. Bosc a en grand tort de rapporter, ouv. cit. , p. 74, le Cyprin Chevaune au Cyprinus jeses , Liau.

Ce poisson est connu ici sous le nom de Chevanne , Clievanneau.

On le reconnaît à sa tête large , (d'où Chevanne , di- minutif de chef).^ à son museau rond , à ses pectorales et ventrales rouges. La mâchoire supérieure dépasse lé- gèrement l'inférieure.

La longueur de la tète est un peu plus de trois fois dans la longueur du corps -, le dos est large et arrondi ; les opercules des ouïes ne présentent pas les lignes de leurs divisions comme dans les autres Cyprins.

La ligne latérale offre 44 ou ^5 écailles.

' Le nom Dohule vient du mot saxon Dichel, ou du mot polonais Dubiel , employé pour désigner des poissons appelés Capitojliiviatilis.

* Il existe une confusion extraordinaire dans la nomen- clature de ce poisson , comme dans celle des poissons du même sous-genre ; aussi Bloch et ses successeurs n'ont point suivi l'usage des environs de Paris dans l'application des noms français, qu'ils ont répartis presque au hasard : les pêcheurs, donnant le même nom à des espèces diftérentes , contribuent à augmenter la confusion. j

( 150 )

La nageoire dorsale a sa |3arlie anlérieure insérée sur un point qui correspond à la partie postérieure de la base des ventrales.

D. lo : P. 17 : V. 9 : A. 9 : C. 18 , fourchue.

Péritoine nacré, marbré d'une grande quantité de points noirs très-fins et très-rapprochés -, dents pharyn- giennes au nombre de sept à chaque mâchoire : deux intérieures et cinq extérieures , toutes crochues à leur sommet.

On compte /\o vertèbres et i5 paires de cotes.

Ce poisson , dit B'.och , se nourrit d'herbages et de vers, tels que de petites sangsues noires * et de jeunes limaçons blancs ^ , qui s'attachent aux herbes ; il fraie , du milieu de mars au milieu de mai , sur les pierres des rivières ; il meurt promptement hors de l'eau.

Sa chair est blanche , saine , mais remplie d'arêtes , et par cette raison peu recherchée. L'intestin ne pré- sente qu'une circonvolution et demie , comme dans la Tanche.

Les Dobules de la Havel , dit Bloch, ne pèsent pas plus d'une demi livre ; celles de la Sprée pèsent jusqu'à une livre et demie.

Lacépède , Hist. nat. des Poissons , tom. x, p. 096 , indique le poids des Dobules de deux à quatre livres.

Un marchand de poisson m'a dit que le Chevanneau atteint quelquefois une taille de 18 à 20 pouces, et qu'alors il pèse quatre à cinq livres environ ; mais ces caractères ne conviennent point à notre Dobule.

Cependant voici ce que, d'après des renseignemens

' Blocli, sous le nom de petites sangsues noires et de jeunes limaçons blancs, n'indiquerait-il pas des Planaires {brune et lactée )%

C i.>i )

fort exacts, m'ocrit M. Pataille père , propriétaire à Maxilly-sur-Saone :

« Chevanne. Les plus gros de ces poissons pèsent 3 à 5 livres au plus ; dans ce dernier cas , leur longueur est de 14 à 16 pouces environ, (depuis, et y compris, latele qui se mange, jusqu'à l'origine de la caudale). Une circonstance particulière à ce poisson est la suivante : comme il est très-avide et vorace , il est presque le seul que l'on prenne la nuit au cordeau. On amorce principalement avec des Goujons. Sa chair est assez bonne à manger ; mais elle contient beaucoup de petites arêtes. » Ce passage a trait au Cyprinus dobula.

Il existe donc plusieurs espèces de Cyprins voraces : le Barbeau, (Oyprinus barbus, Linn. ) ; la Dobule, (C//<?t^a«ne de nos pécheurs) ; ensuite l'îde de Bloch, {Cjprinus jesesàe. Jurine 5 Gardon de Cuvier).

Le Chevanne de la Bèze a quelquefois 16 à 18 pouces ; il pèse alors jusqu'à 6 livres. Je ne puis qu'engager les naturalistes des bords de la Bèze , à s'assurer si le Chevanne de cette rivière est le même que celui de la Saône ' .

Le nom de Chevanneau , appliqué à plusieurs espèces

* Avant exposé mes doutes sur le Chevanne, à Pvl. Pa- taille , voici ce qu'il m'a répondu :

ce Le nommé Causerai fils, pêcheur à Heuilley, et raison- « nanl très-bien son état , m'a dit : Le Chevanne de la Saône ce et celui de la Bèze sont assurément Ae même espèce 5 mais ec ce dernier, à raison de la différence des eaux, devient « plus gros et beaucoup meilleur; et dans la Tille , rivière « de sable , il y est, ainsi que la Truite, beaucoup meil- « leur encore que celui àa la Bèze, toujours quoique de ce même espèce , et cela par la différence des oanx. jj Lettre du 22 août 1806.

( 152 ) de poissons , a induit en erreur tous les ichthyologistes.

On en a la preuve dans la citation suivante : « Je ne « sais, dit Bloch, Ichlhjol. , part, i, p. 24 -, si le Gar- « don ou la Vandoise sont le même poisson que la <( Dobule. »

Duhamel a même , sous ce nom , décrit et figuré mon Cyprin bouche en croissant. Quoi qu'il en soit, l'échantillon sur lequel j'ai fait la présente description, avait un pied de longueur, depuis rextrémité du mu- seau , jusqu'à l'origine de la queue , et pesait une livre six onces.

Le Dict. des Se. nat. , tom. i , suppl. , p. 3 , i" , et le Nouv. Dict. dhist. nat. , tom. 9 , p. 172 , ne contiennent que peu de renseignemens sur le Meunier on la Dolnde, qui a sept dents sur deux rangées, deux en haut, cinq en bas , toutes pointues et un peu crochues. Cuvier , jinat. conipar. , tom. 3, p. ic)i.

Lacépode, llist. nat. des Poiss., tom. x, p. 388, re- gnrde le Cjprinus dobula et le Cyprinus grislagine comme le même poisson. Cuvier , Règn. anim., éd. 2 , tom. 2 , pp. irjS et 'j.'j^ ^1)^ en fait deux espèces.

C'est un point à examiner.

Rondelet, de Piscihus flin^iatilib. liber, cap. xv, p. 190, dans son chapitre intitulé : De Cephalo fla- viatili , donne la figure de la Dobule , poisson appelé en latin Caj>ito, en français Mujver , parce qu'il se trouve , dit-il , dans le voisinage des moulins , ou au bas de ieur digne.

La véritable cause du nom Mewiier, donné à ce pois- son , vient de sa couleur blanche , comparée à celle des farineurs. lojez ci- dessus , p. 24 (0* C'est parla même raison , qu'avant la révolution , le sobriquet de Merlan était donné aux perruquiers à raison de la

( 153 j -*

poiîcîre dont leurs babils étaient coiiverls. Quelques personnes appellent ce poisson Baihoileau , à cause de ia ressemblance qu'on a cru lui trouver avec le Barbeau, d'où on a fait les noms Garbotin , Garbotteau.

On donne encore à ce poisson le nom de Vilain^ à raison de ce qu'il se plaît dans la iAWf^o. et les ordures , dont il se nourrit , ou plutôt à cause du peu de cas que l'on fait de ce vil poisson. Ce poisson est aussi connu sous les noms de Chevene ^ Chevane , Chavene , Cha- huisgeau ( sur la Loire ), Chahoisseau ( petit Chabot ) , dérivés de Chef^ à Angers on l'appelle Chouan, de l'AuPjlais Chus, Chieuen , d'oîi Cheuene.

D'autres lui ont donné le nom de Tes tard , à cause de la grosseur de sa tète , et à Rome il porte le nom de Squale.

Toutes ces dénominations vagues ont causé le plus grand désordre dans la nomenclature ichtbyologique , et les commentateurs qui se sont bornés à les admettre les ont appliquées à tort et à travers , à des poissons fort différens , comme il est facile de s'en assurer. Rondelet , lui-même, dans le cbapilre cité plus haut , a confondu la Dobule et mon Cyprin bouche en croissant.

Gesner, de ^quatilibus , p. 2.16 , 2,17, a décrit la Dobule sous le nom de Capito , pesant cinq livres et demie, ( livre de 18 onces ) , long de dix-huit pouces. L'origine de la dorsale à dix rayons , dit-il , se trouve à égale distance de l'origine de la télé et de l'origine de la queue. Les dents au nombre de sept , sur deux rangées, cinq en dehors et deux en dedans, sont légèrement cro- chues au sommet. Ce poisson fraie en mai. Dans les en- virons de Bàle , les pécheurs garnissent leurs hameçons avec un insecte appelé Aletmuggen, ( Capilouis uaisca, ïiiouche de Capito ); c'est une mouche grande, oblongue,

%:

l 154 ) noirâtre, qui pendnnt Thlver, est cachée clans Teau. Ne serait-ce pas une espèce de Phrygane , ou de Semblls ?

Les œufs de ce Capito, dit Gesner, sont bons à manger, Oi'a palato sapiunt.

Je vais décrire l'appareil dentaire pharyngien de ce poisson.

L'apophyse de l'os basilaire présente une cavité presque triangulaire , dans laquelle est sertie la plaque dentaire supérieure 5 celte apophyse est terminée posté- rieurement par un prolongement large et comprimé la- téralement ^ la première vertèbre a de chaque coté une apophyse assez longue et fort aiguë.

Les dents pharyngiennes inférieures au nombre de sept sur deux rangées , cinq en dehors , deux en dedans, sont toutes crochues à leur sommet. Le nombre de ces dents peut varier par suite de la chute de plusieurs d'entre elles. J'ai vu des mâchoires une dent man- quait à la rangée extérieure , d'autres il en manquait deux à la rangée extérieure et une à la rangée intérieure, d'autres une dent manquait à chaque rangée, dans d'autres enfin une dent ne manquait qu'à la rangée inté- rieure. La place des dents manquantes est très-visible sur le rang extérieur.

Les dents tombées se remplacent-elles chez les Cy- prins ? C'est ce que l'observation ne peut faire con- naître \ et comme les dents pharyngiennes des Cyprins paraissent être un prolongement recouvert d'émail , des mâchoires , il est bien à croire que les dents une fois tombées ne se remplacent plus. En effet dans les Squales le remplacement a lieu, il ne s'opère jamais dans la place vide, mais seulement par des dents posté- rieures couchées qui se redressent alors.

La description du Cypr'mus dobula , donnée par

J. îTeniiann , Observai, zoolog'tcœ, p. 02,1, sur nu étliantillon de huit pouces et demi, présente quekjue différence avec la notre. Cela dépendrait-il de la diffé- rence de taille des échantillons examinés?

On confond souvent le Cyprinus jeses avec le Cj- prinus dohula. Bloch a si^jnalé leurs différences, que nous allons mettre en parallèle.

YiLAiN ou MEuiviErw Cypri- Dobule. 0}^p ri nus dohula.

iiusjcses, Bl.,/;. o^,pL VI.

Devenant très-gros.

Tête beaucoup plus épaisse.

Corps plus gros, bleuâtre.

Largeur d'une Carpe. Lobes de la queue obtus. Ecailles grandes.

Bloch , pL v. Moins grosse.

Corps étroit , de couleur ver- dâtre.

l'oids jusqu'à dix livres ',

Lobes de la queue aigus. Ecailles petites. Poids ne dépassant jamais une livre et demie. Yie dure. 18 paires de côtes. Vie peu dure. i5 paires de

côtes. Chair grasse, garnie d'arêtes ,

paraissant jaune quand elle J'ajoute: Sept dents crochues est cuite. sur deux rangs.

' Le baron de Tschudy écrit à Duhamel, Poches, 1^ part., sect. m , p. 5o2 , qu'on prend dans la Moselle èi&s Chevannes qui pèsent dix à douze livres. Ce sont des Cypr. jeses. Elles ont été indiquées par Ausone , sous le nom de Capito .

\J Achon , Auchon ou Auron de la Moselle est un poisson blanc qui ressemble au Yilain j seulement il est un peu plus alongé. Il est médiocrement estimé. Duhamel, "2.^ part., scct. III , p. 492 , § 4' Ne serait-ce pas la Dohule ?

( 156 ;

 Toccasion du Cyprhius jeses , décrit et figure par Surine, Hist. des poiss. du lac Léman, p. 2.07, x?> ypl. 11, sous le nom de Chevène , je ferai remarquer que ce poisson est le Cyprinus idus, Bloch , Ichthiolog., part. I, p. 202, pi. 36, ainsi qu'il est facile de s'en as- surer par la comparaison des figures et par celle des mœurs et des habitudes.

L'Ide, appelé par Cuvier le Gardon, Règn. anira. , tom. 2, p. 275, habite les grands ' lacs 5 sa longueur

' Il faut rapporter à l'Ide le poisson appelé Cyprinus cla- valus sive Pigus par Rondelet , de Piscihus lacustrih. lib' , cap. y ^ p. i53 , Gesner, de Aquatil. , p. 3j5. C'est en effet le Cyprinus idus maie , au temps du frai, pris dans le lac de Côme et dans le lac Majeur, seulement il se trouve , au rapport des Milanais. Artédi, Ichthyol. , part, iv, Synon. , p. i3 , sp. 25, le signale sous le nom de Cyprinus piclo (ne faut il pas lire piclio?) Pigo et Pigus dictus. 11 dit : ce Des épines blanches et pyramidales paraissent à la £n du printemps et au commencement de l'été , sur le milieu des écailles, et durent environ quarante jours; passé ce temps on n'en observe plus. »

Duhamel, Traité des Pêches , xi^ part. , sect. m, p. 5i4y en parle , sous le nom de Carpe épineuse ; et Lacépède , Hist. nat. des Poiss. , t. iï,p. B6 , répète ce qu'en dit Rondelet.

On trouve peu de renseignemeus sur le Pigo j Cyprinus pigus, dans le I?ict. des Se. nat. , tom. 40 , p. ^Sj.

Pigo , poisson semblable à la Carpe , qu'on pêche en été dans le lac de Côme et le lac Majeur. Ce poisson a au milieu de chaque écaille, du côté de la tête, une espèce d'épine ou de boucle, piquant comme celle de la Raie ; sa queue est fourchue ; son ventre est blanc , tirant sur le ronge pâle; le dos d'un bleu noirâtre. Les plus grands de ces poissons pèsent cinq à six livres; la chair en est délicate. Encycl. méth.f Dict. des Pêches ^ p, 219.

( 157) est d'un à deux pieds, et son poids de six à huit livres ; il a la vie dure ; il mord surtout quand on prend pour appât des queues d'Ecrevisscs et des Grillons, Grjlliis canipestris ; sa chair hlanche est tendre et de bon goût ; ila 4i vertèbres et i5 paires de cotes.

Dans l'article consacré par Jurine à son Cypn'nus jeses ^ , on lit : C'est, je crois, le seul Cyprin ^ qui mange d'autres poissons et morde aux hameçons auxquels

tient un Chabot ou une Loche Il parvient à une

grosseur assez considérable , puisqu'il n'est pas rare d'en prendre de 4 à 6 livres. Quoique sa chrtir soit blanche et délicate , on la prise peu , à cause du nombre des arêtes.

On voit , par le rapprochement de ces passages et par la confrontation des figures , que le Cjpiinus jeses *

' Le nom de Jeses ne serait-il pas une altération de ce- lui de Jejunns ?

On lit en eflet dans le Traité des 4limens, par Lémery, 2^ édit. , p. 4i3 , au sujet du Mulet de rivière :

« Le Mulet, Cephalus , est encore nommé en latin Mu- es, gil, parce qu'il est fort agile; il est appelé par quelques- ce uns Jejunus , parce qu'il ne mange point de chair.

ce C'est pour cela , dit Jovius , que les poissons , qui comme ce lui n'en dévorent point d'autres, honorent et respectent ce très-fort le Mulet , le regardant comme un bon et sain ce poisson. 3)

^ Les détails contenus ci-dessus, p. i5i, dans notre article Dobule , prouvent qu'il y a plusieurs espèces de Cyprins qui mangent d'autres poissons.

Le basilaire auquel adhère la plaque pharyngienne de la Dobule a postérieurement une crête longue et large , placée de champ. La forme de la plaque est triangulaire.

( 158 ) de Jurine est Irès-difTérent du Cyprlnus jeses de Blocîi. Il est le même que le Cjprinus idus , Blocli.

Oypvinus jeses.

Celui de Jurine diffère de celui de Bloch :

D. à la partie post. des V. D. à l'origine des V.

C. à peine échancrée. C. l'oiirchue.

Corps alongé , droit de la D. Corps gonflé, boiuljé de la à la tête. D. à la tête.

Aussi la figure du Cyprinus jeses de Jurine est-elle la même que celle du Cjprinus idus, Bloch, pi. xxxvi, appelé Gardon par Cuvier , Hègn. anim. , édit. 2 , toni. 3, p. 27.5. Ainsi , le Gardon de Cuvier est différent du Gardon de Rondelet et de Duhamel.

Le Cjprinus dobula et le Cjprinus leuciscus , dit Bloch , se ressemblent beaucoup \ cependant le Meunier, Cjprinus dobula , est plus arrondi et a les nageoires pec- torales, ventrales et anales rouges, tandis que ces mêmes nageoires sont d'un rose très-pàle dans la Yandoise.

« Chahuisseau , nom que les pêcheurs de la Loire donnent à la Chevanne, en Poitou et en Aunis, à un petit poisson de deux à trois pouces de long , dont les écailles sont petites et blanches, qui a depuis les ouies jusqu'à la queue une bande de deux à trois lignes de largeur, d'un bleu clair et luisant; il a un petit aileron sur le dos , un ou deux derrière l'anus ( ces deux derrière l'anus sont de la part de Duhamel une erreur dépendant d'une déchirure de la nageoire anale ) , l'aileron de la queue fendu , deux nageoires sous la gorge , une derrière chaque ouie , la tête petite. Quelques-uns le nomment Chabisseau ,• on le nomme aussi en patois des bords de la Loire , Qarbotin , Garbaiteau. » Duha- Hic , Traité gén. des Pêches, u" part., sect. m , p. ^65.

( 159)

(( Un excellent correspondant que j'ai au bord de la Loire , et qui me recommande fort de ne le pas nommer , m'écrit que les uns nomment la Chevanne Garbottln, d'autres GarboUeau , et d'autres Chabois- seau. » Ouu. cité, p. 5 02.

Cet article est une nouvelle preuve de la confusion introduite dans la nomenclature des poissons, lorsqu'on se rapporte uniquement aux noms , pour les indiquer. Aussi Duhamel n'a-t-il pas reconnu dans le Cliabuisseau du Poitou et de l'Aunis , la Bouvière , s'oyez ci-dessus , p. 122, ou plutôt le Cyprinas jacuhis ; ce dont pourront s'assurer les naturalistes des bords de la Loire , en exa- minant la denture de ce poisson.

iV. B. Le nom de Chaboisseau est employé par Cuvier , pour désigner les Chabots marins, Cottus, Linn. Lacépède l'attribue ( mais bien à tort ) , à son Cyprin jesse.

Dans cet ouvrage j'ai eu à plusieurs reprises , p. 7 , p. 74, l'occasion de signaler la dilficulté de se procurer pour l'étude, les poissons que l'on désirerait-, je reviens encore ici sur ce sujet. Toutes les espèces du sous-genre ^è/e, Guy. , ont été confondues jusqu'à ce jour; j'ai précisé les caractères de toutes celles que j'ai examinées ; le nombre et la disposition des dents pharyngiennes m'ont servi de base fixe. Aussi je regrette beaucoup de n'avoir pu obtenir , malgré des demandes réitérées, les deux espèces suivantes , connues dans l'arrondis- sement de Châtillon , et sur lesquelles mon estimable confrère, le docteur Bourée, m'a envoyé la note suivante :

« Meunier^ vulg. Kila'n , Cjpiiiius oblongus, ou « Dobula, commun dans la Laigne, oîi il acquiert de (( grandes dimensions ; rare dans nos autres rivières.

« Ce poisson est connu sous le nom de Vilna dans « l'arrondissement de Ghâlillon.

( ICO )

« CheuaJot, Chavigneau, sans doute le Clievanne , « Leuclscus jeses ; très-abondant dans toutes nos ri- « vières , ce poisson blanc acquiert quelquefois le « poids de trois livres. » Lellre de M. Bourèe , n novembre i835.

Mais il suffira de comparer Tappireil dentaire pharyn- gien de ces deux poissons , dont Tun est certainement la Dobule , pour reconnaître leur différence , indiquer leurs caractères et appliquer les noms.

« La difficulté, dit Cuvicr, de reconnaître les « figures données par les auteurs d'espèces si semblables, « dans le sous-genre Able, est encore augmentée, « parce qu'il y a dans les rivières d'Europe plusieurs « autres espèces qui n'ont pas encore été représentées. » Cuvier, règn. animal, éd. 2,, tom. 2, , p. 276, à la noie.

Les descriptions que je donne n'auront pas l'incon- vénient que Cuvier attribue aux figures j et l'on peut s'assurer de 1 Inexactitude de l'article suivant , inséré par Bosc dans le Nouv. Dicl. dllist. nal. , édlt. 2 , tom. VI, p. 4i4'

« Clievanne, poisson du genre Cyprin, qu'on appelle « aussi Meunier, f'^ilain, TesLard, et qu'on trouve « dans les rivières et les ruisseaux ; c'est le Cjprinus « Jeses ' de Linnaeus , et non le Cyprinus ceuhalus « du même auteur, comme Duhamel ^ et d'autres l'ont « cru. Voy. au mot Cyprin. »

* Bosc aurait du citer les autorités sur lesquelles II s'ap- puie pour dire que notre Chevamie est le Cyprinus Jeses , Liun. ; ce qui n'est pas.

^ Duhamel, dans sotj Traité général des Pêches y n'a point rapporté la Clievanne au Cyprinus ccp'ialus , lAïin- J'ignore s'il l'a fuit dans quelqu'autre ouvrage.

( 161 )

J'ai prouvé que la Clie vanne de nos pays est le Cy- prlnus dùhula , Bloch; et la Chevene de Jurine, le Cjpnnus 'dus , Bloch ; on verra plus bas que le Che- vanne de Duhamel est mon Cyprin bouche en croissant.

Le Chevenne niàle , au temps du frai , en mars et avril , a sur ses écailles des épines très-prononcées. Duhamel en parle Pêches, /?. 5 1 4 , sous le nom de Pi go, et lui donne le nom de Carpe épineuse; au surplus les mâles de beaucoup de Cyprins, du sous-genre Able , offrent à l'époque du frai des écailles chargées d'épines.

La Chevanne offre quelquefois dans son intérieur :

1 " La Giroflée changeante ;

Le Distoma inflexum , Encycl. méih., vers, t. 2, p. 272 , n" 79 ;

3" Le Tœiva torulosa, Batsch , Gmel. , Syst. nat. , édit. xni, p. 3o8i , sp. 85, Dict. Se. nat., t. 53, p. 64.

Je n'ai pu encore, malgré des demandes multipliées, parvenir à me procurer les poissons dont îes noms suivent:

Aleu9e, Cote d'Or.

Bouille, petit poisson rond, blanc, et très-bon, Yonne. Carpe beurnole , Càted'Or. Carpe tanche, id. Carrelet, poisson plat , Yonne.

Chatouille, ayant la peau de l'Anguille , et sur les côtés de la tête , deux crochets, id. Chevalot, Côte-d'Or. Gardon , id. Gardon carpe , id. GreuilUe, id. Landoise , id.

Louvotte, petit poisson blanc plus court que l'Ablette , Yonne. Meùuler, Côte-d'Or et Yonne.

Il

( 162 ) Rotisson, Meunier, Villena , Yonne. Rousse courte et large , Côte-d'Or. Rousse longue aux yeux rouges , id.

Roussel, Gardon rouge, ayant les panneaux rouges, Yonne. Seufle rousse , Côte-d'Or. Yandoise , id.

Vandoise imitant le Rotisson , mais plus petit , Yonne, Vilna , Côte-d'Or et Yonne.

Il me serait facile de rapporter plusieurs de ces pois- sons aux espèces dont j'ai tracé l'histoire 5 mais les noms ont donné lieu à trop d'équivoques , pour les appli- quer sans voir les objets-, il n'y a d'ailleurs point de certitude , parce que les pêcheurs ne sont point d'ac- cord entre eux -, d'ailleurs m'étant fait une loi de ne parler que des poissons soumis à mon examen , je m'in- terdis tout rapprochement jusqu'à ce qu'il me soit per- mis de vérifier par moi-même les caractères de ceux compris dans cette liste.

XVIII. La Rosse, Cjprinus rutilus, Linn. , Gmelin, Syst. nat. , xui , p. 1^2.6, sp. 16.

Rondtlet, de Piscibus lacustribus liber, p. i56, cap. ix , en re- jetaut le titre et la figure ', mais adoptant le nom de p^angeron.

L'incurie de l'imprimeur a placé en tête de ce chapitre, qui contient une description exacte de la Rosse , appelée Vangeron par notre auteur, le nom et la figure de la Féra^ Coregonus Fera , Jurine , Act. Genev. , iSaS, tom. 3, 1^^ part, f p. 190, n" g^ pi. 7, décrite au chapitre xviii , p. 164, en tête duquel se trouve la figure du Vangeron. Cette transposition de figures a été signalée par Gesner, de Aquat. , p. 35 , et ensuite par Aldrovandi j de Piscibus , p. 620.

( 163 )

Gesner, De ^qiiatil., p. y65. De Rutilo , sive Rubello fluviatili. Marigli , £)atuib. Pannon. , lom. iv, p. 41 > ''î^- '''■'m^ fig- 4- Duhamel, Traité généial des Pêches, \i« part. , sect, m , p. 499? pi. XXIV , fig- «•

Bloch , Ichthyologie , part. 1 , p. 28 , pL. 2.

Bonuaterre, Tableau Encyclop., ichthyologie, pi. Zo, fig. 334.

Lacépède , Hist. nat. des Poiss., tout, s., p. 397.

Jurine, Hist. des poiss.- du lac Léman , p. 211, i5, pi. i3.

Ce poisson , dont Tépine a 44 vertèbres , est connu , dans ce pays , sous le nom de Rousse. Quelques pê- cheurs l'appellent Dresson ( dénomination altérée de Rousse ou Rousseau).

On le reconnaît par la couleur rougeâtre ou orangée de ses nageoires. Les N. A. et C. sont d'une couleur orange bien plus prononcée sur les ventrales ; l'extré- mité de la D. est d'un vert foncé. Le dos est caréné depuis l'occiput à la nageoire dorsale, et arrondi depuis cette nageoire à la queue ^ le corps a une forme ovale , un peu resserrée depuis l'anus.

La nageoire dorsale correspond , à peu près , à la partie postérieure des nageoires ventrales.

D. 12 : V. 9 : A. 13; ligne latérale un peu courbée , formée de 44 glandes -, longueur de la tête : 3 fois i/4 dans celle du corps.

La mâchoire inférieure, légèrement ascendante, ob- tuse et dépassée sensiblement par la mâchoire supé- rieure.

Péritoine nacré, piqueté de points noirs nombreux. L'appareil dentaire pharyngien consiste en une plaque en poire, sertie dans lac.wité de même forme de l'apo- pjiyse de l'os basilaire, terminée par un prolongement aplati, disposé horizontalement, et muni d'une crête médiane, imitant la saillie du sternum de poulet.

Les mâchoires pharyngiennes inférieures sont, cha-

( 161 ) cime, pourvues de six dents, (quelquefois une * ou deux avortent, comme je l'ai vu), disposées sur un seul rang.

Cuvier, Anat. comjyar. , tom. o , p. 191, se borne à dire : a La Rosse , Cjprinus rutilus , a les dents comme « la Tanche, et encore plus grosses à proportion. » MaisJurine, Act. Genev., torn.i, part.i, 1821, p. 24 > en précise le nombre. « La Rosse ou le Vangeron, « Cjprinus rutilus , dit-il , a cinq dents qui ressemblent « à celles de la Tanche. » Jurine n'a vu qu'un indi- vidu à mâchoires incomplètes par l'avortement ou la destruction de la sixième dent, à moins qu'il n'ait exa- miné mon Cjpiinus xanthopterus.Y. ci-dessus, p. 147.

Suivant Duhamel, la Rosse de rivière a ordinairement dix pouces de longueur. On en trouve quelquefois d'un pied et demi et du poids d'une à deux livres. Bloch dit une livre , ou tout au plus une livre et demie.

Voici le passage de Duhamel :

« De la Rosse de rivière, Roce , Rose , Roche.

' Graelin , S. N. , éd. xiii , p. 1427, ne donnant que cinq dents à chaque mâchoire pharyngienne du Cyprinus rutilus y Linn., me fait croire qu'il a fait son observation sur mon Cyprinus xanthoptenis , qu'il est facile de confon- dre avec la Rosse quand on néglige le caractère fourni par les dents. Gesner en a fait usage assez fréquemment, comme on peut s'en assurer par le passage suivant :

« De capitone anadromo illo quem Miseni Zerte vel Blicke Dominant, n

« Maxilla utrinque valida , dentibus senis oblongis val- ce lata. Maxiuii qui apud Misenos capiuntur bilibres sunt. >: Gesner, G^e Aquatil.,p 1270.

Les dents du poisson mentionné par Gesner sont en mêm« nombre que celles du Vangeron.

( 165 ;

Elle confine beaucoup avec le Gardon ; elle a quel- quefois 1 1/2 piedde long., et pèse 1 1/2 livre. Nageoires d'un rouge beaucoup plus vif que dans les Gardons.

Rosse , plus large que le Gardon 5 trois et demi de largeur faisaient plus que la longueur ^ beaucoup plus courte et plus large que la Chevanne ou le Vilain. Ecailles de la Rosse approchant beaucoup de la gran- deur et de la couleur de celles de la Carpe.

Longueur, 10 pouces.

Iris de couleur d'or ; dessus de la tête d'un brun oli- vâtre foncé , chargé de noir 5 gueule petite -, mâchoire inférieure paraît un peu plus longue que la supérieure. (Ce doit être le contraire.)

Chair moins délicate que celle du Gardon. »

Duhamel, Trait, gén. Pêch.,p. 499, pi. xxiv^Jig. 2.

« Rosse, poisson de rivière fort commun en Suède; il est de la grandeur d'une Carpe , et de même genre 5 ses nageoires et ses ailerons sont d'un rouge vif; l'iris de ses yeux est de couleur d'or ; le dessus de la tête et le dos d'un brun olivâtre foncé ; les cotés d'un jaune clair. Sa gueule est petite et sans dents ; sa chair est bonne , mais un peu amère. » Encjcl. niéthod. , Dicl. des Pêches , p. 244.

« Rosière , poisson d'eau douce à nageoires molles et du genre des Carpes ; sa tête est grosse 5 ses yeux sont grands; sa chair est bonne à manger , mais de difficile digestion. » Op. cit. , p. 244-

Il est difficile de dire auquel des Cyprinus rufuS:) Nob. , ou du Cyprinus rut'lus, Jur. , appartiennent la Jiosseet la /îo^'ère citées par l'Encyclopédie méthodique.

Les échantillons que j'ai observés avaient neuf pouces de longueur, depuis l'extrémité du museau jusqu'à l'o- rigine de la queue 5 ils n'étaient pas du même sexe ; aussi

( 166 ) ai -je remarqué de très-grandes différences dans la pro- portion de la tête avec le reste du corps , et dans celle de la largeur , comparée à la longueur totale. Le nombre des rayons des nageoires n'était pas le même non plus dans les deux sexes ^ tel est le motif pour lequel on ne doit pas beaucoup compter sur les caractères des pois- sons, tirés du nombre des rayons des nageoires, dans les Cyprins du sous-geure Able. L'appareil dentaire pha- ryngien m'a fouini des caractères invariables et constans, que l'habitude et l'exercice ne tardent pas à familiariser avec l'aspect extérieur des poissons, aspect plus facile à saisir qu'à décrire. Il ne faut donc point être étonné si dans le Dict. des Se. val. , iom. \ , siippL, p. 4, sp. 2 , tom. xLvi, p. ^92, et dans le Nouv. Dict. dhist. nat. , édll. 2, tom. i\ ., p. 78, les auteurs ont confondu la Rosse avec le Gnrdoji ; c'est le résultat des mêmes noms donnés par les pêcheurs aux différentes espèces de la sotis-livision du genre Cyprin, désignée par Cuvier, Règn. anim. , écî'l. 2, tom. 2, p. 276, sous le titre : des Ables, et par le vulgaire , sous celui àe Poisson blancs.

La Rosse est aussi connue sous le nom de Vangeron, du mot suisse TVinger , dont le radical WnJi , clin-d'œil, désigne la ripidité avec laquelle nage ce poisson, qui a la vie dure et se nourrit de substances végétales et même animales.

A l'époque du fr li , on rencontre souvent des Van- gerons couverts d'aspérités. Ce phénomène s'observe dans plusieurs autres espèces de Cyprins : le i hevene , le Gardon, etc. Je i'ai remarqué dans le Vairon.

Ce poisson fraie en avril et au commencement de mai, ordinairement vers midi ; la femelle dépose ses œufs, verdâlres , auxquels la cuisson donne une couleur rouge,

( 167 ) dans les endroits couverts d'herbages ou de branches- « C'est , dit Bloch , le plus rusé de tous les poissons « de nos contrées ; il reste toujours caché dans le fond « de l'eau, tant qu'il entend quelqu'un sur l'eau. »

De jeunes Vangerons , ayant à peine deux pouces de longueur, ont déjà leur ovaire et leur laite tout à fait développés. Cette disposition sert à éclaircir le chapitre de Rondelet, intitulé : de Phoxinis.Y. ci-dessous, p. 168.

On recherche peu le Vangeron , à cause de ses nom- breuses arêtes, petites et fourchues, quoique sa chair soit délicate et légère ; et lorsqu'on se décide à le servir sur les tables , on le fait frire.

Les Truites et les Brochets font une guerre continuelle à ce poisson, employé avec avantage pour amorcer-, il est très-sujet aux vers.

« On trouve fréquemment dans les Vangerons, dit « Jurine, oiw. cité, /?. 31 3, un Taenia logé hors des « intestins ; ce qui distend leur ventre au point que les « pêcheurs ont fait de ces individus une espèce parti- « culière , à laquelle ils ont donné le nom de P^entru ou « Goitreux. »

Jurine n'a pas indiqué si ce Tœnia était VEchi- norynchus rutili , Mu!l. , Gmel., Syst. nat., xni, p. 3o5o, sp. 45- Encycl. mélhod. , Vers, tom. 2, p. 3o3, sp. 9, ou V Echinorjjichus a^' nis , MuW. , Gmel., Se nat., XHi, p. 3o5o, sp. 42, 44 5 P* 3048, sp. 32. Encyclop. méthod. , Vers, tom. 2, p. 3o3, sp. 10.

C'est aux observateurs à décider.

Jurine , ou^. cit. , p. 21 3, a publié des remarques sur îa synonymie de la Rosse. Suivant lui , Rondelet a , le premier, fait connaître ce poisson sous le nom de P^an- geron.

Selon dit peu de chose sur la Rosse , qu'il croit être

( 168 ) quelque bâtard de la Brème , constituant cependant une esp'ce difTi^rente.

C'est effectivement le Cfjvvnus la'us, G nel., S\s:. N., toiii. i, p. i4'^8, sp. 5o , appelé Rosière par Rondelet , qui en avait déjà p;ir!é sous le nom de Ballerus.

Sous le titre de Phox'n-s , Rondelet parle d'un petit poisson qui , suivant Aristote , a des œufs dès qu'il est né.

« Cette disposition, dit Rondelet , se remarque dans « plusieurs espèces de poissons ; je l'ai rencontrée sou- « vent en Picardie sur le poisson appelé Rosière, ^ dont « la taille ne dépasse jimais six p auces; son corps estlarge « et comprimé; ses yeux sont (jrands relativement à son <c corps; il est de couleur jaune, et ressenjble enlière- « ment à de petites Brèmes ; quelque petit qu'on le « prenne, il a toujours des œufs ; ^ aussi Ls pécheurs les « plus instruits disent qu'il naît avec des œufs. » Ron- delet . de fvsc^b. ^m>. Ib. , cap. xxvni , p. io\.

La i?o.v'è/e esl représentée par la fi'jure inférieure, dont la naj^eoire anale fort longue ressemble à celle de la Brème.

K Rosière , poisson d'eau douce du genre des Carpes;

' Ce nom ne viendrait il pas de Roscies , dénomination par laquelle les Anglais désignent le Gardon?

De Lencisco allero , seu j)rinio , Rondelet. Aidiov. , de Piscibus , lib. v, cap. xxiii , /?. 608, Gardon. Ah Aiiglis, Roscies; Helvetiis, e/n Swal ; Beilonius, Sargum , Sago- nemve ; Mouspeliensibus , Siège, p. 608.

' Déjeunes Vangerons, Cypri'us rutilus , ayant à peine denx poures de longueur, ont déjà leur ovaire et leur laite tout-à-fait développés. Jurine , Hist. Poiss. du lac Lé- man y p. 212.

( 1G9 ) « il est long d'un demi pied . et sa ch;iir est bonne à « manger quoique de dilUcile digestion. » Dicl. théor. et p rat. de Citasse , tom. 2 , p. Bao.

« Belon parle aussi d'un poisson qu^il nomme Rosse, « qui est moins grand que la Biène , que les Anglais « nomment Hochiez ,• '■ il inclinerait à penser que c'est « une espèce de Brème ; mais comme il a le dos brun « de même que le Gardon , et les ailerons ainsi que « les nageoires rouges , ce qui ne s'aperçoit point à la « Brème, il en conclut qu'il ne faut pas confondre ces «( deux poissons, d'autant plus que son corps est plus « épais que celui de la Brème; sa tête ressemble assez « à celle du Gardon , ses écailles sont plus grandes et « moins brillantes, et sa cliair moins délicate. » Duha- mel, Pêche> , 11^ pajt. , sect. ni , p. 499*

Dans cet article Duhamel confond deux poissons , sivoir : le Cjprinus laïus , Bosière de Picardie , et le Cjprinus rufus , Rosse de Belon, ce dont pourront s'assurer les naturalistes de l'ancienne province de Picardie.

Dans le même chapitre , Rondelet rappelle la Rose qui ressemble à la Rosière, mais elle est un peu plus grande ^ elle a la queue rouge , son corps est moins large et de couleur bleue. Ce poisson est toujours plein d'cenfs. Rondelet, toc. cit. , p. o-oS ,jig. super. ; c'est le Cyprinusrulilus, vid. supr. p. 167.

Dans la traduction française , part. 2.,p. \5i , il y a deux infidélités. Voici la première. « Vous le voyez tel qu'il est au premier pour trait. » Phrase qui n'est point

' Je rappellerai que le Gardon est appelé en anglais Roscics , en Suisse Swal, à Montpellier Siège. Belon lui donne le nom de Sargiis ou Sago. Aldr. , de Fisc, p. 608.

( 170) dans le texte, il fîiut lire : au second pourtrait. « Celui de dessous, » lisez : celui de dessus. Le texte latin porte :

« Huic qui subjungitur non multuni absimilis

« est Rose. » Ce qui si.ofnifie : la Rose ressemble à la Rosière qui est dessous.

La seconde inexactitude est bien plus forte ; elle dit : « moindre que le premier » et le texte latin porte : Paulo major, ce qui signifie : la Rose ressemble beaucoup au poisson représenté à la a* figure ou à la figure inférieure , mais elle est un peu plus grande.

Cette petite explication était nécessaire pour rectifier le passage suivant de Gesner. « Omnino inversae sunt « figurae , et nomina quoque mutanda , nam figuram « Rose plscis subjungi ait , quae major sit et minus « lata. » Gesner, de Aquatilib. p. %^\.

Gesner n'a pas compris la phrase de Rondelet •, les mots /iw'c qui subjungilur , ne se rapportent pas à la Rose , mais à la Rosière , ce dont il est facile de s'assurer par la confrontation du texte avec les figures.

La figure intérieure ou celle de la Rosière , à raison de l'étendue de sa nageoire anale , ressemble beaucoup à celle du poisson décrit et figuré par Duhamel , Traité gêner, des Pêches , n' part. , sect. m, p. 5o6, pi. xxvi,

f§-4-

La figure supérieure est effectivement celle d'un jeune Cjprinus rutilus.

Si l'on a trouvé de l'équivoque dans le texte de Ron- delet , c'est pour n'y avoir pas fait attention et pour s'être arrêté à la proportion des figures sans avoir comparé les descriptions.

Siego.

Rondelet n'ayant pas donné de description exacte de ses Mugiles, Leucisci, rend très-dillicile la déter-

( 171 ;

niinaùon des espèces de poissons qu'il a mentionnés sous ces titres-, cependant en les cherchant dans les lieux il les indique , on parviendra à les retrouver comme je l'ai fait pour le Cypn'nus erjtJirophthalmiis , et pour le Cjfvinus bipunctalus.

Rondelet, dans un chapitre, de Piscib. fluviatilib. lib.> cap. xviii .p. 193 , parle du Siego, Siège, poisson extrêmement fréquent dans les ruisseaux et les rivières des Cévennes, dans l'Hérault; sa taille est d'une cou- dée ' ; il ressemble aux Mugiles , seulement il a le mu- seau plus pointu.

Cette description, donnée par Rondelet, est aussi inexacte que la figure supérieure de ce chapitre ; figure dans laquelle est oubliée la nageoire anale, et oii le placement des nageoires ventrales bien en arrière de la dorsale, ne conviendrait qu'au Cjpjinus eiythrophtlial' mus . si la figure n'était pas aussi alongée.

L'ensemble de cette figure se rapporterait à mon Cj- prinus imig-'tis , ou peut-être au Cyprinus jaculus , Jurine : les naturalistes des Cévennes peuvent seuls con- firmer ou infirmer cette synonymie , par l'examen des dents pharyngiennes du Siego , poisson dont plusieurs auteurs ont parlé plus ou moins exactement d'après Rondelet.

Voici ce que Delisle de Sales dit de ce poisson :

« Siège , espèce de Muge d'eau douce , qu'on trouve d-ans les rivières , proche des Cavernes. » Dict. iliéor. et pratique de l basse et de Pécbe , 1769, loin. 2, p. 359.

D'après cette indication il serait ditlicile de savoir

' Cette mesure est erronée , et la figure donnée par Rondelet ne jjeut servir à aucune déleruunation ; elle est trop incomplète.

( 172 ) oîi se trouve le Slego ,• car il ne viendrait à personne l'idée que les Ceuennes ont été converties en Cavernes par l'auteur du Dictionn. cité. Au surplus les bévues des traducteurs sont connues depuis longtemps et con- firment l'exactitude du proverbe italien : Traduiore , Traditore.

« Le Siego , écrivait Dalechamp à Gf.snek , ne se trouve pas dans noire Saône, mais dans l'Hérault qui se jette dans la mer à Agde. » Nomenclator aquatil. animant., per Conradum Gesnerum, i56o,p. 3o5.

Cette assertion de Dalechamp est contredite par celle très-positive deBoussuET, qui dans son ouvrage in- titulé : Da natura aquatil. carmen in altéra parte , p. 104, dit expressément : a Ce poisson se trouve dans la Saône. »

Aussi je suis porté à croire que ce poisson est, comme je l'ai insinué plus haut , ou mon Cjprinus niugilis , ou le Cjprinus jaculas , Jurine.

« Le Friton et le S'ege , dit Alleon Dulac , sont l'un et l'autre des espèces de Muges de rivière ; leur manière de vivre est la même, leur chair a le même goût et le même suc. Le bec du Siège est un peu plus pointu que celui du Friton^ c'est ce que nous ap- prennent Rondelet et Gesner. » Hist. naturelle du Lyonnais , etc., tom. i , p. i58.

Duhamel pirle aussi du Siège 5 loin de le faire con- naître exactement , il en augmente la confusion.

« Siège j on nomme ainsi en Languedoc de petits poissons, qui ressemblent au Gardon et encore plus à la Vandoise \ vojez Fritons. » Traité général des Pêches , tom. 2, p. Syo,

« Il me semble , dit Duhamel , que le Siège approche

( 173 ) plus de la Vandoise. » Ou^r. cité , ii^ pmt., sect. m , p. 556.

Lacépcde ne parle pas du Siego dans son Histoire naturelle des Poissons ; aussi les Dictionnaires modernes d'Histoire Jiaturelle ne font aucune mention du Siège.

XIX. Le RoTENGLE , Cjprinus erythrophthalmus , Linn. , Gmel. , S. N. xiu , p. 1429 , sp. 19.

Roudelet, de Piscib.fliwiat. Liber , cap. xvi , p. 191. De Leucisco. Le Ganiou. '. La forme de la lête, lu directioa de la mâchoire infé- rieure ne laissent aucun doute.

Aldrovandi , de Pitcih. p. 608, Lib. v, cap. xxiii. De Leucisco altère seu primo Rondeletii.

Duhamel, Pêches j:!" part., p. /\<)Z , sect. m y pi. xxiv , fig. 1. Le Gardon. "

Bloch , Ichthyol., part. i,p. sS , sp. i,pl. t.

Bonuaterre , 2'ableau encyclop. des trois Règnes, ichthjol., p. 199^ sp. 38, pi. 81 ^ fig- 337, La Sarve. "

Lacépède , Hlst. nat. des poiss. , torii. x , p. 400-

Jurine, Hlst. des poissons du lac I.énian , p. 209, \^\,pl. 12.

Nouv. Dict. d'Hist. nat-, édit. 2, tom. 9 , 7'. 7^.

Ce poisson parfaitement décrit parArtedi,/c/2//y o/. , pars V, /?. 9, ^ sous le nom suédois Sar^ ou Sarf, est désigné par nos pêcheurs sous les noms de Cherin,

* Cuvier, TXègne animal, 2^ édit., tom. 2,^. 275, rap- porte le nom de Gardon an Cyvrinus idus , entièrement différent du Cyprinus erythrophthalmus; et Bosc , N. D. H. N. , éd. 2, tom. 9 , /?• 73, au Cyprinus rutilus. Dans le Dict. des Se. nat., tom. xvrir , p. 54 5 tom. xLvi , p. 292, on appelle aussi , par erreur, le Gardon Lemiscus ( lisez Leuciscus ) rutilus.

* Le nom de Sarve , altéré de Sargus , est donné au Gar- don par quelques auteurs.

' Bramisaffinis. Icouliujus nulla extat. Artedi, /c^/^yo/.; pars ly , p. 4r sp. d. -. . h,.-

( l'4 ) Chairin, Charin, Scher'n , df^rivps probiblement du suédois; à Genève on l'appelle Raufe, à Evian Platelle, à St.-Saphorin Plateron.

D'après Alléon Dalac, le Gardon , poisson blanc mat , peu estimé , a le corps large , le dos bleu , la tête verdàtre , le ventre blanc et les yeux grands. Mémoires pour servir à l' Hist. nal. du Lyonnais , ioni. \^ p. i^\.

Cette description vague convient à plusieurs pois- sons.

Rolengle , poisson assez semblable à la Brème , fort connu en Allemagne ; ses nageoires sont rouges, son corps et ses yeux sont tachetés de la même couleur. Encjclop. niélh., Dicl. des Pèches , p. 244*

Rot'ele , poisson de rivière et de lac, blanc, plus large que la Rose et la Carpe et plus épais que la Brème. Sa couleur est d'un brun j^iune; il a la queue et les na- geoires du ventre rouges:; il a aussi une tache rouge sur les ouies. On pèche de ces poissons dans le Rhin et dans plusieurs lacs d'AngleJerre ; il s'en trouve qui ont douze à seize pouces de longueur. Encycl. niédi. , Dicl. des Pêches , p. 244-

Duhamel est plus précis ; le Gardon, dit cet auteur, est semblable à la Vandoise , dont il diffère par la rougeur des yeux , par le corps moins large et le museau moins aigu 5 ses œufs fermes et roux sont déli- cats; il a le dos bleuâtre , voûté, les cotés argentés et brillans.

Ce poisson blanc est aussi appelé G ardo ou Sargus ; il est long de huit pouces, quelquefois, mais rarement, de onze pouces ; il a reçu le nom de Gardon , parce qu'il vit plus longtemps que beiucoup d'autres dans un vase plein d'eau; la largeur de son corps est quatre fois dans sa longueur, les écailles paraissent distin-

( 175 ) guées par des traits bruns qui forment des lozanges ^ , la chair est blanche et délicate , mais elle n'a pas beau- coup de goût ; néanmoins elle est assez bonne quand on apprête ce poisson au sortir de l'eau et lorsqu'il a été péché dans une eau très-vive ; quand il est gros on le fait griller, s'il est petit on le fait frire. On en prend quelquefois qui ont près de douze pouces de longueur : Ceux-là sont les plus estimés parce que leurs arêtes sont moins incommodes. Voy. Duhamel, p. 49^*

Ce poisson est distingué depuis longtemps comme le prouve la citation suivante :

« Gardo piscis est fluviatilis, gralissimi saporis den- desiœ (lisez Vendosiœ ) similis, sed per ruborem oculorum ab ea discernitur. Uterque autem mediocris quantitatis (//5e^ qualitatis) est. « f^incentde Beaui^aîi, Specul. natiirœ , tom. i, lib. xvu, cap. lv.

Gesner répète ce passage en ces termes : Gardus piscis Vendosiœ similis est : sed rubore oculorum ab ea difFert^ uterque mediocris est magnitudine.

J. Cuça parle aussi du Gardon. « Ce poisson, dit-il, a le corps large , le dos bleu , voûté , la tête verdàtre . les côtés argentés et brillans , le ventre blanc mat. Sa chair est blanche.

Lacépède n'a point parlé du Gardon.

Le Rotengle est facile à reconnaître par sa mâchoire inférieure ascendante, par la dépression à la partie postérieure de la tête, résultat de la saillie brusque de l'origine du dos. La longueur de la têle est trois fois et demie dans celle du corps.

Le pêcheur Noblot m'a donné ce poisson sous le nom

Jurine attribue le même caractère au Cypnnus rutilas.

( 176 ) de Vanâoise ; ainsi est confirmée la note suivante d'Al- léon Dulac ' .

Le pêcheur Reverdy me l'a donné sous le nom de Rousse^ c'est, d'après M. Patai'le, sous ce même nom de Rousse , que ce poisson est connu sur la Bèze.

Le Rotengle est aî^ile et vivace , d'oîi vient le pro- verbe des Français, parlant d'un homme dispos etsain : Il est sain comme un Qnrdon.

M dgré la description que Duhamel a donnée du Gardon . cet auteur l'a confondu avec d'autres poissons. <c Gardo, Gardon, petit poisson assez estimé, dit-il 5 « suivant Rondelet on le nomme en Liinf^uedoc Siège « et les petits Fn'toîis , mais il me semble que le Siège « approche plus de la Vandoise. » Duhamel, Pèches, p. 566.

Dans cet article , Duhamel confond le Gardon de Rondelet , avec le S'ège et le Friton du même auteur , qui en sont bien différens.

D'après la description du Gai-don, faite par Ronde- let, Belon et Duhamel, Jurine avait soupçonné que ce poisson pouvait être son Vangeron {^C^prinus jutHus). Afin de dissiper ses doutes à ce sujet il consulta divers auteurs français j et ne trouvant le nom de ce poisson

' La Vandoise, dit Alléon Dulac, est un petit poisson qui a le corps large et le museau pointu. Il est rouvert d'é- cailies niovennes et de petites lignes. Sa couleur est entre le brun , le vert et le jaune ; il a Pestoniac petit, et le foie Liane, est attachée la tioiirse du fiel. Il devient fort gros. Sa chair est molle et assez agréable au gont. Mémoires pour servir à l'histoire nat. du Lyonnais , toni. 1 , p. 147. Voi'à la source de l'opinion de l'auteur du Dictionnaire des Se. nat.

( 177 ) ni dans le tableau encyclopédique de Bonnaterre , ni dans l'ouvrage de Lacépède, il se détermina à faire venir de Paris , dans de l'eau-de-vie , quelques-uns de ces poissons. En les examinant, il reconnut que quoi(jue ces deux espèces fussent très-voisines , elles étaient néanmoins dilférentes. Le corps du Gardon lui a paru un peu plus étroit que celui du Vangerorty la tète bien plus épaisse , et le dos rond plutôt que ca- réné -, outre cela la nageoire anale est moins longue , n'étant composée que de onze rayons , de même que la dorsale. Quant à la couleur des écailles et des na- geoires, il ne peut en rien dire, parce que l'eau- de-vie les avait altérées. Mêm. de la Société de Phy- sique et d' Hist. nat. de Genève , ^ 3 , i""* part. , p. 2i(j. J'ai démontré que le Gardon de Rondelet et le Gar- don de Duhamel se rapportaient au Cjprinus erj- dirophthalniiis ,• on en a aussi la preuve dans le passage suivant de Gesner.

« Gardus, dit-il, piscis Vendosiae similis est; sed (c rubore oculorum ab ea differt , uterque mediocris est « magnlludinis, obscurus. » Gesn., de Aquat. , p. B2.

u Argenlinae Gardon dicitur Retlel vel Botang. « Ova soiidiuscula et rufa liabet, quaî multis in cibo « grata sunt. » Gesn. , p. 3o.

U dit ensuite : « Le Gardon des Français est appelé « Schwal à Zurich ; sur les bords du lac de Gons- « tance ( Acroniuni lacus ) ein Furn , dans lequel les « yeux sont plutôt jaunes. Sarge, Sargon , Gardon, u Rosries des Anglais, Schwal des Suisses. Calculum^ (( quemdam , vel similem calculo, sed molliorem sub- fc stantiam in capite habet Gardus noster. » P. 3o , lin. 2,6.

Celui envoyé de Paris à Jurine était probablement

( 17-8 ) notre Cjpnniis rufus. Si Jurine eût examiné les dents, il ne lui serait point resté d'incertitude.

Le liotengle se reconnaît à la couleur dorée de son iris , à sa léte petite , relativement à son corps large et plat, se rétrécissant subitement de l'anus à la queue ; les nageoires ventrales , anale, caudale, sont d'un rouge de cinabre 5 les écailles sont grandes et striées ; la ligne latérale est courbée du coté" du ventre ; et la nageoire dorsale est insérée beaucoup plus en arrière que les ventrales. Dans leur jeunesse on pourrait confondre les Cherins avec le Spirlin ; mais on les distinguera fa- cilement parce que dans le Spirlin, la base de la na- geoire est colorée , tandis que dans les jeunes Chérins c'est l'extrémité.

Les nageoires du Rotengle sont rouges comme celles de la Rosse , mais le corps est plus haut et plus épais.

Ce poisson, dont la longueur est de 10 pouces à 12 , et le poids rarement d'une livre , se nourrit de plantes, de coquillages et de substances animales ; c'est de tous les Cyprins , celui qui se prend le plus aisément à toutes sortes d'appâts. Il parvient quelquefois à un pied de long.

Il fraie en mai , en avril , suivant Bloch ; à cette époque on voit sur les écailles du mâle de petites ex- croissances dures, pointues, qui disparaissent après ; la chair cassante est peu estimée 5 d'ailleurs, remplie d'a- rêtes, elle est pénible à manger.

Le meilleur emploi que l'on puisse faire de ce poisson qui a la vie dure , est de l'employer à la nourriture des Brochets , des Perches et autres poissons voraces qu'on élève dans les étangs , ou que l'on conserve dans des viviers.

On le prend dans toutes les saisons de l'année.

( 1^9)

Le Rotengle fraie en avril ; lorsqu'il fait chaud pour la saison , le frai ne dure communément que quatre jours i les œufs sont déposés sur toutes sortes de plantes aquatiques ; ces œufs ne sont point pondus en mat,ses , mais peu à peu , de manière que si une partie est perdue par quelque cause , l'autre se trouve conservée.

Dans le temps du frai et en hiver , ce poisson est ordinairement maigre-, mais en été, il est gras, et sa chair est blanche et de bon goût, surtout s'il est jeune. Cependant comme il a beaucoup d'arêtes, il n'y a guère que les gens du peuple qui s'en nourrissent. Bloch , icJit., part, i, p. 26.

Il a 3/ vertèbres et xvi paires de côtes. Artédi a dit : « Ce poisson a 14 ou i5 cotes longues 5 celui que j'ai « décrit avait huit pouces neuf lignes. »

Dans le DIcl. des Se. nat., au mot Gardon, tom. xvni, p. i54 , on renvoie au mot Able, tom. i , siipplém. , il n'est nullement parlé du Gardon. Au mot Rosse, tom. 46 5 P' 292 , l'on est de même renvoyé aux mots Able et Gardon. Au mot Rotengle, toifi. 4^ > p. 3io , on est encore renvoyé au mot Ab!e.

Jurine , Hist^ des poissons du lac Léman, p. 216 , . s'est assuré de la différence qui existe entre le Gardon , décrit par Rondelet ' , Belon et Duhamel , et le f^an-

' Les erreurs qui, avant l'invention de l'imprimei'ie , naissaient de la négligence ou de l'ignorance des scribes, sont, en ce qui touche l'histoire naturelle, extrêmement fréquentes -^ et comme les fautes allaient toujours en crois- sant dans les copies qui se faisaient d'un même livre, l'er- reur, loin de disparaître, se fortifiait davantage. C'est à cette cause qu'il faut attribuer les noms défigurés qui se

C 180 ) geron, ou la Rosse , Cjprinus rutilus , Lin. : le corps du Gardon lui a paru un peu plus étroit que celui du Vangeron , la tête bien plus épaisse , et le dos rond plutôt que caréné \ outre cela , la nageoire anale est moins longue , n'étant composée que de onze rayons, de même que la dorsale 5 tandis que la Rosse ou le Van- < geron a treize ou quatorze rayons à sa nageoire anale , et douze à la dorsale , comme on peut le voir p. 177.

Plus haut Jurine avait dit : Duhamel , Traité des Pèches , art. 5 ^ p. 3io , a décrit la Rosse de rivière et le Gardon, de manière à faire apprécier la différence qu'il y a entre ces deux espèces de Cyprins 5 mais la description qu'il fait du premier de ces poissons laisserait croire qu'il a en vue V Erythrophthalmus , plutôt que le Rutilus, quoique la figure qu'il en donne appartienne plus au Rutilus par la position de la nageoire dorsale presque opposée à la ventrale. Jurine , ouv. cit., p. 214.

Le Gardon est accidentellement épineux , Magaz. encycl. , i8o5, iom. 6 , p. 210. Cette observation a été faite sur le mâle qui perd ses épines après avoir rendu sa laite, coin n3 la R)ss8, le Ghevène. Cette remarque ancienne a produit : De Gyprino clavato, sive Pigo. Rondelet, de P'scih. locustr. llb., cap. v, p. i53.

Le Gardon a le corps large , le dos bleu , voûté ; sa chair est blanche et déiicate. Quand on parle d'un homme bien portant, ou dit qu'il est frais et vif comme un Gardon. On l'appelle Gardon , parce qu'il se garde très-longtemps dans un vase plein d'eau. Deleuze dit

trouvent dans Albert le Grand , Vincent de Beaiivais, etc. Beaucoup de ces erreurs ont pour origine la substitution d'une lettre, comme on le voit dans Bufo , mis ^onv Bubo; Hirundo , pour Jiirudo ^ etc.

r isi )

que ce poisson paraît être k* même que le Vengeron du lac (le Lauzanne. Pisciceptologie , par J. *** (J. Cuca) , ^^ édit., 1828, p. 142.

L'ostéologie du Rotengle, Cyprinus eiyihrophilialmus, offre quelques singularités que je vais faire connaître.

L'o.v impair ou occipital supérieur est pourvu d'une crête triangulaire mince , dentelée irrégulièrement à son coté postérieur.

L'o5 basilaire ou occipital inférieur e?,i remarquable par son apophyse, dont la partie antérieure, creusée en val- lon, reçoit la plaque dentaire pharyngienne supérieure.

La partie postérieure de l'apophyse, disposée de champ, imite un sabre obtus légèrement recourbé, dont le dos élargi présente à sa base une cavité ouverte des deux cotés.

Les dents pharyngiennes inférieures sont au nombre de huit , disposées sur deux rangs , cinq sur l'extérieur et trois sur l'intérieur.

Sur une mâchoire pharyngienne je n'en ai trouvé que six , par suite de l'oblitération ou de la chute d'une dent de chaque rangée.

Ces dents terminées en crochet recourbé sont com- primées à leur partie supérieure, garnies intérieurement de dentelures peu apparentes il est vrai sur les dents de la rangée intérieure.

La première vertèbre a de chaque coté une apophyse très aiguë disposée horizontalement.

La seconde vertèbre, plus longue que les autres, a cinq apophyses dont une verticale et quatre horizon- tales. Ladorsaîe, évasée à son sommet, présente une cavité irrégulière sur ses bords et imite un verre à pâte ; la base de cette apophyse , assez volumineuse, se projette en avant.

( 182 )

Les deux apophyses antérieures sont comprimées, lancéolées et dirigées horizontalement.

Les deux apophyses postérieures, étjalement horizon- tales, partent de la purtie médiane de la vertèbre ; elles imitent les ailes de ces oiseaux de plaisir inventés pour provoquer l'adresse des tireurs; la pirtie antérieure de ces larges apophyses est aiguë et dirigée sur les apo- physes antérieures, et la partie postérieure , également aiguë , se dirige sous la base des apophyses de la troi- sième vertèbre , base qu'elle enveloppe.

La troisième vertèbre présente quatre apophyses dirigées en bas et dont celles d'un même coté se réu- nissent par leur base.

Les antérieures , plus longues, sont comprimées laté- ralement à leur extrémité , et les postérieures, compri- mées de devant en arrière, forment une sorte de lame triangulaire, contre laquelle porte le sommet de l'apo- physe de Voca'pital itiféiHeur ou de i'os basilaire. Cette lame triangulaire occupe la place de Vos milral , indi- qué dans la carpe, par Petit.

Sous la rubrique de Butlo sive Bubello fluviatili i^Cjprinus l'util us) ^Gesner donne unedescriplion exacte du Cyprinw: en throphihalnuis , et il le caractérise dans les termes suivons : « Deiilibus quinis(i), qui ab infe- « riore parte singuli serrae instar asp< rantur \ quod in « aliorum piscium dentibus nondum memini animad-

Gesner n'a parlé que des cinq dents du rang extérieur, parce que les dentelures, peu apparentes sur les trois dents de la rangée inférieure, l(^s lui auront fait négliger. Cependant Gnielin , S N., édit. \iii , p i 43o , n" 19, dit positivement : MandibuLœ cpqnales duplici dentium serra- Éoruni incurvorum série annatœ , inferior incurva.

( 183 ) « vertlsse. Plscis s.itîs vivax, parit junio mcnse. Miis- ((. caruni fliivialiliain ( sive Lacustrium ) genus quod- « dam magnum , oblongo , terete , varioque corporls « alveo ( Tufeischossz ' vulgus nostrum appellant ). « Has infigunt hamls ad inescandos rutilos. » Gesner, de aqual'd. p. ^66 , Im. 48-66.

XX. Cyphin fauve, Cyprimis fuhiis , Nob.

Cette espèce de Cvprin , confondue avec beaucoup d'autres sous le nom vulgaire de Blanc , se rapproche de la Rosse par son apparence extérieure.

Le museau de ce Cyprin est plus obtus, la mâchoire inférieure est légèrement ascendante.

Le poisson mâle que j'ai examiné avait cinq pouces quatre lignes de longueur depuis l'extrémité du museau jusqu'à l'origine de la nageoire caudale.

La tète est contenue 3 i/4 dans la longueur du corps, c'est-à-dire dans l'espace compris entre l'extrémité de l'opercule des ouies et la naissance de la nageoire cau- dale : proportion que j'ai toujours conservée dans toutes mes mesures.

La largeur du corps est contenue un peu plus de quatre fois dans la longueur totale, c'est-à-dire depuis l'extrémité du museau jusqu'à l'origine de la nageoire caudale.

La ligne latérale, moins courbée, offre au moins 5o glandes.

La nageoire dorsale est placée de manière que son premier rayon correspond au dernier des ventrales.

D. 9. V. 10. A. 10.

' Ne serait-ce pas des Libellules?

( 184 )

Le péritoine est nacré , piqueté de points noirs assez larges.

L'appareil dentaire pharyngien de ce Cyprin se comp ise de la p'aque sertie dans la cavité de l'apophyse de Tos basilaire , et des dents placées sur les arcs pha- ryngiens,

La cavité de Tapophyse de l'os basilaire présente un contour pentagonal , et une surface comparable à celle d'un ogive ; cette surface est traversée par une ligne saillante et arquée.

Les dents pharyngiennc^s sont au nombre de huit sur chaque mâchoire ^ elles sont crochues à leur sommet; disposées sur deux rangs , on en volt cinq extérieures et trois intérieures , ou six extérieures et deux inté- rieures , comme je Tai remarqué dans l'individu sou- mis à mon examen ; une des mâchoires offrait la pre- mière disposition , et l'autre la seconde.

N'ayant encore observé qu'un individu de Cyprinus ful'^us , je ne puis assurer si la même irrégularité a lieu dans d'autres.

Ce poisson a été trouvé au marché, il était mêlé avec des Rousses, Cyprmu'i rul'lus , Llnn. , pour former des fritures. Sachiir, fircie d'arêtes comme c^Ue de ses congénères, conserve toujours une saveur de vase.

J'engage les naturalistes à examiner attentivement tous les poissons qu'on leur présentera sons le nom de Jîousse ; ils trouveront probablement de nouvelles espèces, dont il sera nécessaire de fonder les caractères sur la disposition de l'appireil dentaire pharyngien ; cette base est la seule certaine et la seule exempte d'équivoques.

Le nombre des rayons des nageoires est sujet à varier ; celui des glandes de la ligne latérale n'est pas

( 185 ) cnrtsfant. Les rapports enlre la longueur de la têle et celle du corps, ceux de la largeur avec la longueur totale sont trop incertains pour ne pas laisser beaucoup à Tarbitraire ; l'inspection de la denture pbaryngienne est le seul moyen pour préciser les espèces d'une ma- nière constante.

Gesner s'en doutait : mais il n'en a point fait usage pour distinguer les poissons dont il parlait ; aussi dans son article de Riitilo , il en a confondu plusieurs comme je le dis ci-dessus.

XXI. Cyprin roux , Cyprinus rufus, Nob.

J'ai reçu de Dijon , de Pontailler et d'Auxonne , sous le nom de Presson , un poisson que quelques pêcheurs appelent Feurtou , d'autres Rousse, à raison de la res- semblance qu'il offre au premier aspect , a\ec le Cj- prinus rutilus , Linn.

Il faut en effet beaucoup d'habitude pour ne pas confondre ces deux espèces , et si je n'eusse pas choisi l'appareil dentaire pharyngien pour servir de caractère, j'aurais été fort embarrassé pour préciser exactement cette espèce , qui présente une sinuosité sur le bord postérieur de la pièce principale de l'opercule.

La mâchoire inférieure est ascendante , un peu dé- passée par la mâchoire supérieure ; la dépression de la tète à la nuque est très-apparente et imite celle de la figure intitulée de ZeumcO;, donnée par Rondelet, f/« Piscib. fluviaiil. lib., cap. xvi , p. 191', fîg. que j'ai rapportée à Vejj throphlhalmus et qui conviendrait peut-être mieux à notre Cyprinus rufus.

Ce poisson , appelé par nos pêcheurs Dresson ,

C 1^^6 ) Dreuçon ^ , sans doute par corruption du moi Rousseau, a le péritoine nacré , piqueté de noir.

La cavité de l'os basilaire , qui reçoit la plaque dentaire pharyngienne , est en ogive élargi , traversé par une crête ; la queue ou l'apophyse postérieure de l'os basilaire, comprimée latéralement, est placée de champ.

Les dents pharyngiennes inférieures sont au nombre de sept sur deux rangées à chaque mâchoire ; savoir : cinq à la rangée extérieure, et deux à la rangée inté- rieure.

Les deux dents les plus grosses ne présentent pas des crochets aussi pointus que les autres.

Cette espèce de poisson est peu estimée 5 la multitude d arêtes qui farcissent sa chair , la rendent incommode à manger. Aussi n'en fait-on usage qu'en friture.

On n'avait rien de positif sur l'époque du frai de ce poisson, qui jusqu'à présent a été confondu avec la Rousse-, si , comme dans ce dernier poisson , les jeunes étaient pourvus d'œufs et de laitance, on aurait retrou- vé tous les Phoxini indiqués par Rondelet , de Piscib. fîuuiat'.L liber, p. 204 , cap. 28.

Le péritoine est nacré , on y remarque des points noirs très-fins et rares.

J'ai trouvé , sur le marché , des échantillons de ce poisson , désignés sous le nom vulgaire de Blanc.

Les échantillons que j'ai examinés avaient l'un cinq pouces neuf lignes de longueur , l'autre six pouces trois quarts. La tète grosse offrait un museau un peu saillant , des narines larges et enfoncées , des yeux gros , une

' Ce nom vulgaire pourrait aussi venir du grec 6fifftrct,k cause (les nombreuses et fines arêtes, comparées à des cheveux , dont sa chair est farcie.

( 187 ) bouche ovrIc-, la mâchoire supérieure recouvre l'infé- rieure un peu remontante et arquée sans rebord. Celle tète éi;iif comprise trois fois et demie dans la longueur du corp«, dont la largeur était près de quatre fois dans ia lonj^ueur totale, c'est-à-dire y compris la tète.

La mâchoire inférieure plus courte que la supérieure, était un peu ascendante , et la dépression de la tête à la naissance du dos était moins marquée que dans le Cy- pr'nus rulilus , Linn.

La lif^ne latérale jaune un peu arquée en avant . était composée de cinquante glandes. Les nageoires P. V. A. sont rouges.

L'origine de la nageoire dorsale correspond à peu près au milieu des ventrales, dont le disque offre une légère teinte orangée, tandis que le sommet et la base sont blanchâtres.

J'ai con)pté 8 rayons h la nageoire dorsale , loà l'a- nale, et ic à chacune des ventrales.

On reconnaîtra focilement ce poisson aux caractères signalés ci-dessus ; et aux suivans : sous un certain jour la surface de ce poisson offre un aspect nacré , frappant ; sous un autre, il présente une couleur bleue admirable entre la ligne latérale et le dos, qui examiné perpendi- culairement est d'un gris verdàlre.

Le péritoine est nacré et piqueté de points noirs rares. Je me suis assuré de l'époque du frai de ce poisson, il a lieu en janvier, février et mars.

Toutes ces différences entre les caractères de ce pois- son et ceux de ia Rousse , Cy pri/ius j^ililus , ne peuvent laisser les plus légers doutes sur la constance de cette espèce.

Jurine, Hist. des poissons du lac Léman, p. 2io, annonce avoir vu souvent des Yangcrons , Cjptinus

( 188 ) rutilas, Linn. , dont le corps était sensiblement plus large et les nageoires bien plus colorées que chez d'autres de même grandeur.... Il a supposé que le frai de ce poisson pouvait être fécondé quelquefois par des raufes , Cjpri- nus erjilirophihalmus , Linn. , qui habitent les mêmes lieux, et produire ainsi une espèce de métis.

Jurine, n'ayant point examiné les dents pharyn- giennes de ces métis, nous met dans l'impossibilité de prononcer sur eux. De plus, il est une loi certaine dans la nature, c'est que la promiscuité des espèces n'est que le résultat de l'influence de l'homme et de l'état de domesticité auquel il réduit les animaux; que d'ailleurs cette promiscuité ne réussit que dans des cas fort rares. Autrement il n'existerait nulle constance dans les es- pèces, et le désordre le plus complet se ferait remarquer dans la nature. Or c'est ce qu'on n'observe pas , et c'est d'ailleurs ce à quoi s'oppose l'ordre établi par la volonté du Créateur.

XXII. Cyprin bouche-en-croissant , Cyprinus toxos- ioma , Nob. '.

Ce poisson est connu sous les noms de Seiiffe , Seufle, Seuffre, etc., évidemment dérivés du mot grec KEtAAH, prononcé d'une manière vive et contractée , en adou- cissant la première syllabe, Seffle , et ensuite Seffe , d'où Saiffe.

Le nom de Cephalus a été appliqué sans distinction à plusieurs poissons du sous-genre Able , à raison du volume de leur tête.

' Pour éviter d'augmenter la confusion de la nomencla- ture ichtliyolo^ique , j'ai adopté des dénominations parti- culières et précises, au lieu des noms anciens, causes de beaucoup d'équivoques.

(189)

Le Cyprin bouche-en-croissant , se reconnaît par sa bouche arquée ou en croissant et située en dessous ; la mâchoire supérieure dépasse d'une manière très-sen- sible l'inférieure, dont la lèvre amincie a Tair d'être tranchante sur les bords.

La longueur de la tête est contenue quatre fois dans celle du corps, depuis la partie postérieure de l'opercule jusqu'à la naissance de la nageoire caudale ; la largeur du corps est cinq fois dans la longueur '■ totale du pois- son.

La ligne latérale légèrement inclinée , en partant de la tête, est presque droite dans le reste de son étendue ; elle est formée par 55 à 57 glandes. L'insertion du rayon antérieur de la nageoire dorsale correspond au milieu de la base des ventrales 5 le lobe supérieur de la nageoire caudale est plus court que l'inférieur.

Hors le temps du frai , l'orifice du cloaque est dans une espèce de fossette ovale formée par deux replis laté- raux de la peau du ventre.

Le Péritoine est noir : telle est la cause du nom d'Orne noire donné à ce poisson par quelques-uns de nos pê- cheurs , dont l'un m'a apporté ce poisson sous le nom de Seufle grise, Alonge ; il en faut cinq à six pour la livre, lorsqu'il n'a que cinq à six pouces de long ; j'en ai vu un de la taille de huit pouces , pesant cinq onces. Sa chair est fade et peu estimée ; mais, dit liondelet, con- fite dans le sel, elle devient meilleure ; aussi rappelle- t-il l'usage l'on est de la traiter ainsi.

Cette espèce fraie en mars et avril.

L'appareil dentaire pharyngien de ce poisson se distingue par l'apophyse de l'os basilaire élargie en

' Je ne compte jamais la longueur de la nageoire anale.

( 190 ) ovale , pour recevoir la plaque de même forme , tenant lieu des dents pharyni^flennes supérieures, contre laquelle viennent jouer les inférieures; l'apophyse est terminée par un prolongement aplati , dont Textrémité s'appuie sur les apophyses de la 3* vertèbre dorsale, comme dans tous les autres Cyprins.

Les dents pharyni^iennes inférieures , au nombre de six , sont disposées sur un seul rang •, leur tige assez longue est terminée par un élargissement securiforme , ressemblant beaucoup au dernier article des palpes de la Coccinelle.

Une mâchoire ne m'a présenté quelquefois que quatre dents , suite de la chute de quelques-unes , comme on l'observe dans bien des poissons.

Dans les villages des bords de la Saône , du coté de Pontailler , le Cyprin bouche-en-croissant est salé, comme le hareng , par les gens de la campagne , mais jamais avant le mois de septembre, à cause des chaleurs j après avoir vidé le poisson , ils le placent dans un vase ou baquet sur une couche de sel , alternativement : après une quinzaine de jours, ils le suspendent à la che- minée pour le sécher , et ils le conservent pour l'usage.

Rondelet , dans son chapitre de Cephalo fl aviatili , a bien décrit ce poisson, fort commun dans uos rivières j voyez de Piscib. flimaliL liber, p. 191.

Ce Cephalus fîui^iatilis de Rondelet est très- certaine- ment notre Cjpr'nus toxoftoma, caractérisé par son péritoine noir, [Peràoneum m^ricans, la toile du ventre noire, voj. la traduction franc., p. i38) , par son genre de vie et par la nourriture dont il fait usage : Vescitur cœno et aqua, a carne abstinet, ut ex fiequenti dissec- tione et ventriculi inspectione cognouimus. Rondelet , de Piscib. fhiv. , p. 191,

Or la Dobuie , Cj prlnus dobula ; la Chevesne , ( Cj-

( 191 ) prinus jeses, Jurine, non Linn., non Bl. , Cyprinusîdus, Bloch) , etc. , et les autres Cyprins auxquels on a rap- porté à tort le Cephalus J/uuiatilis de Rondelet, sont carnaciers et voraces. A la vérité la figure placée en tête du chapitre de Rondelet , ne convient point à notre Cyprin bouche -en-croissant ; elle ressemble à notre Chevenne, Cyprinus dobala, Linn.; mais Rondelet l'a confondu avec la Dobule, Cyprhms dobula, dont il donne la figure, et avec le Cnpito d'Ausonne, ( Cj- prinus jeses , Bloch) , dont il cite les vers. C'est ce dont aucun ichthyologiste ne s'est douté ; aussi ne doit-on pas être surpris de la confusion observée dans la no- menclature ichthyologique.

Gesner, de Aquaùlihus , a donné une description bien plus exacte de mon Cyprin bouche-en-croissant, dans son chapitre intitulé : De naso pisce fl uviatdi -, il suflit de parcourir le texte suivant pour en être con- vaincu.

Cyprinus nasus duorum triumve palmorum magni- tudine(^7-io pouces), seni utrinque dentés, pixidatim in se invicera infixi. Venter intrinsecus nigcrrima mem- brana ambitur. Mihi specie, squamis et colore capito- nem fl. referre videntur. Sed ad eam magnitudinem non perveniunt , et oris formam peculiarem habent.

Gesner n'a pas indiqué cette forme particulière, c'est- à-dire la bouche en croissant et située en dessous, comme dans les squales , d'où le nom de Squalus donné à ce poisson par quelques auteurs.

Verno tempore prseferuntur et pinguescunt , apud nos tamen noverabri mense laudantur : si modo unquam laudandi sunt , nam caro eorum semper laxa et insipi- da est , quamobrem assare cos potius quam elixare peritiores coqui soient. Gesner, p. ySi , De naso pisca /tu^iatlU, Cyprinus nasus, Herm., Obs, zooL, p. 32.6.

( 192 )

Aldrovandi , de Piscibas, lib. v, cap. xxiv, p. 610, indique notre Cyprin bouche en croissant , sous le x\on\ àe Simus , Pachyrhinchus , en italien S ai^eij. On le confond, dit-il, avec le Cap'to fluviatlis , auquel il ressemble, mais il est plus mince et a le nez épais; la couleur noire de son péritoine, dii-il , a porté les Alle- mands à donner , par plaisanterie , à ce poisson le nom d'Ecrivain , Scriha.

Tous ces caractères et le nom italien, analogue à Saïffe, conviennent à notre poisson \ mais lorsque Aldrovandi ajoute : « Cette couleur noire du péritoine se remarque « aussi dans le Capito fluv. » il me paraît alors désif^jner le Cyprinus nasusàe Bl. , dont nous parlerons plus bas.

Duhamel, Trailé général des pèches, 11* part., sect. m , p. 502. , pL XXIV , Jig. 4 , sous le nom de Chevanne ou Chevesne de Belon ; Meunier àe. Rondelet*, décrit notre Cyprin ; le péritoine noir , et la taille de dix pouces ' ne laissent aucun doute à ce sujet.

Les noms donnés par Duhamel sont fondés sur ceux indiqués par le pécheur duquel il tenait son échantillon.

Je ne saurais aiïirmer si le Cjprinus nasus d'Artedi est mon Cyprin bouche en croissant ,• je le pense d'après ce qu'il dit de son Cjprinus nasus ^.

' Dans cette longueur est comprise celle de la nageoire caudale, dont je ne fais aucun usage dans mes mesures.

* Cyprinus rostro nasiforme prorainente, piana ani ossi- culorum xiv.

Nasus Auctorum , T^ase Germanorum.

Figura Leucisci. Venter planus lattis.

Pinnae omnes pronae partis aliquantùm rubescnnt.

Squauiae amplae. Linea lateralis ventri propior.

Peritonaeuui nigrum. Parit aprlli iu fluviis.

Pétri Arledi gênera piscium, p. 5, sp. i5.

( 1^3 )

Blocîi , sous le nom de Nase ( Crprinus jiasus) , IchtJt. ]}. 3 1-33, a décrit et fij^furé un poisson différent du notre , par sa forte taille ' et son poids 5 Meyer, Lacé- pède et Bosc , copistes de Bloch , n'ont rien donné de certain sur ce poisson , propre au Rhin , disent-ils, Gmelin , S. N. , p. i43i , sp. 21 , ne donne non plus rien de précis sur le Nase.

Cuvier donne au Nase un caractère qui l'éloigné en- tièrement de notre Cyprin , c'est le nombre des dents qu'il fixe à une vingtaine, f'^^oj. ci-dessous , p. ic^S.

Le IVasus fœnvna minor, Marsili , Daji. , pi. 3 , fg. 2, me paraît pouvoir se rapporter à mon Cyprin bouche-en-croissant.

Meyer, Représ. , tom. i , p. 4 5 ^^^- ^^ ? figure un nase long de 1 3 pouces -, il donne , fi g. i , le dessin des dents , qui ont l'air de ressembler à celles de notre Cy- prin bouche-en-croissant pi rappelle la dénomination vulgaire du nase , qui , à raison de sa chair peu délicate et farcie d'arétcs , est connu sous le nom de poisson de tailleuj . Meyer fait observer que le Nase a aussi le pé- ritoine noir et six dents , représentées sur la même planche^ elles diffèrent peu de celles de mon Cyprin bouche-en-croissant.

La couleur noire du péritoine était un caractère trop saillant pour être négligé ^ aussi a-t-il été signalé par tous les observateurs qui ont vu le poisson en nature. Je l'avais remarqué avant de savoir qu'il dût me servir à distinguer mon Cjprinus ioxoslonia et le Cjprimis jaculus des autres espèces du sous-genre Able.

Ayant retrouvé ce signalement dans plusieurs au-

' C'est le Nase de Willngby , long d'un pied 5 le Nase de Marsili j Danub, , tom, iv , p. 9 , pi. ^ ^ fig- i.

o

ID

( lt4 ) leurs, je dois les mentionner pour mettre les natura- listes à même de s'assurer si les Cyprins, dont ils parlent, sont différens de notre Cyprin bouche-en-croissant , car nous verrons un autre petit poisson du même sous- genre nous offrir le péritoine noir.

Artedi , dans la troisième partie de son Ichthyologie, Gêner, et specier. , p. 5, sp. i5, parle d'un Cyprinus roslro nasifornii prominenle , pinna ani ossicidoruni quatuordecim , rapporté, dans sa Synonymie, Ichthy, pars IV , /:>. 6, sp. y , au Cjprlnas nasus , Linn. C'est, dit-il, le Nasus des auteurs, le Nase des Allemands; les Italiens l'appellent Savella, et les habitans de Ver^ raveSueia. Celui de Belon seulement a un demi-pied , il ressemble au Leuciscus ( figura leucisci ) , il a le ventre plane et large, son péritoine est noir.

De tous les Cyprins qu'a disséqués Artedi , le Nase est le seul il ait rencontré ce caractère. 11 me paraît que dans cet article le savant Suédois parle de mon Cj' prin bouche' en-croissant.

JidLnsV Encyclopédie méthodique, hist. nat. , tom. 3, p. 274, on lit : « Le Nase a la gueule très-étroite , et l'endroit elle est fendue représente un arc de cercle n'a ordinairement qu'un demi-pied de lon- gueur. )>

C'est bien certainement de notre Cyprin bouche- en-croissant qu'il est question dans ce passage.

Lacépède qui parle des poissons , sans les avoir vus , et qui s'est contenté de copier Bloch avec plus ou moins de fidélité, dit : « Le Nase a le péritoine noir Lors- « que ce Cyprin pèse un kilogramme ( deux livres, ce <( qui arrive quand il a vingt pouces de longueur « comme celui dont parle Bloch), il arrive souvent (( que ses nageoires offrent une couleur grise. » Hist,

( 19^ ;

nat. des poissons , iom. xi , p. 65. « On lui donne , dit- « il p. 55 , le nom d'Ecjwain ventre noir ' . ))

Cet article de Lacépède , copié par Bosc , suivant lequel , d'après Bloch , Nous^. dict. hist. nat. , édit. 3 , tom. IX , /). 75 , les deux mâchoires du Cyprin nase sont armées de six dénis , ne convient à notre Cyprinus ioxostoma qu'à raison de la couleur noire du péritoine, et des six dents pharyngiennes , sur une seule ligne , à chaque arc pharyngien.

Les naturalistes allemands sont invités à examiner de nouveau le Cj prinus nasus , décrit et figuré par Bloch, dans la description duquel, Ichthyol. , part, i, p. 02, je trouve des caractères bien difiercns de ceux de noire Cvprin bouche-en-croissant. Bloch annonce « bouche « carrée ; il y a , dit-il , h chaque mâchoire six dents « aplaties des deux cotés et qui engrainent les unes « dans les autres. L'individu que j'ai examiné avait « un pied trois pouces de long, il pesait une livre. » Cette taille diffère beaucoup de celle de notre poisson- D'ailleurs, d'après Cuvier, le Nase a une vingtaine de dents pharyngiennes , toutes comprimées , et qui vont en diminuant vers le haut \ les inférieures seules sont un peu grosses. Cuvier, Anai. comparée , tom. 3, p. 191 , comme on l'a vu plus haut, p. ipS.

La couleur noire du péritoine se remarque non seu- lement dans quelques-uns de nos poissons d'eau douce ,

' Lacépède n'a fait que copier Aldrovand! , qui, Hist. Fisc, p. 601 , dit : Le Capito d'Ausone a le péritoine noir; et p. 6 1 1 : Le Nase d'Albert se trouve dans Je Bas-Rhin. Sa longueur est de deux à trois palmes. Le péritoine est très- noir : de là, en plaisantant , les Allemands gnt appelé ce poisson Ecrivain, . ' '

( 106 ) mais aussi dans des poissons de mer. Je me bornerai à celui signalé par Muîîer, sous le nom de Clupea villosa, Gmel. S. N., p. 1409, sp. 14*, Salmo groenlandicus , Bloch,pl. 38 1-, Salmone Loclde, Lacép.,Hist. nat. pois., tom. IX, p. 279; Salmo arcftcu^, Cormack ^ Bidlet. Féj'uss.) 1828, Sciences nat., tom. xv, p. 104. C'est le Capelan, Duhamel, Histoire générale des Pêches, sect. I, pi. XXVI, petit poisson employé pour appât à la pêche de la Morue ^ sa taille est de 6 à 7 pouces au plus. Il arrive vers la fin de juin , en se formant par essaims de plus de 60 milles de longueur sur plusieurs milles de largeur \ il part vers le commencement d'août j son péritoine est noir.

Linné, S. N. , p. 53i , sp. 25, à l'art. Vimha , dit d'après Kramer : Abdomen intns mgruni 5 c'est certai- nement par un lapsus calami, car Artedi , en parlant du Cjprinus vimba, dit positivement : Peritoneum ar- genti coloris ,• aussi Gmelin , S. N. , p. xêfiS , sp. 2.5 , C. Viniba, a supprimé la note de Linné.

XX. CvpniN MuGiLE, Cjprinus mugilis ^ , Nob.'

Cette espèce , confondue par nos pécheurs avec notre Cyprin bouche-en-croissant , sous le nom de Seujfe donné à l'une et à l'autre, en diffère essentiellement.

Sa mâchoire supérieure, légèrement prolongée, forme un mufle ; la bouche est en dessous ^ mais la mâchoire inférieure se termine antérieurement par un ovale aigu , comme la petite pointe de l'œuf.

La tête est large, et le front légèrement déprimé.

' Ce nom vient de multum agilis , qui correspond au nom Dard donné à une espèce du sous-genre Able.

( 197 )

La longueur de la tête se trouve un peu plus de trois fois dans celle du corps , dont la largeur est le quart de la longueur totale ; le dos est arrondi ; la nageoire dor- sale est en arrière des ventrales.

La ligne latérale se compose de 45 glandes.

Le péritoine nacré est ponctué de noir.

L'appareil dentaire pharyngien présente la disposition suivante :

L'apophyse de l'os basilaire offre une cavité à ogive élargi , avec un petit enfoncement en arrière. Dans celte cavité est sertie la plaque rhomboïdalc formant la mâ- choire supérieure ; le prolongement de Tapophyse imite une lame mince, large , disposée verticalement, et tronquée à la partie postérieure.

Les mandibules pharyngiennes inférieures sont cha- cune garnies de sept dents alongées , crochues au som- met, et disposées sur deux rangs, savoir : cinq en dehors, et deux , plus courtes , en dedans.

Le Cyprin Mugile fraie en mars et avril.

On le sale sur les bords de la Saône.

M. Patallle m'a transmis sur ce poisson des rensei- gnemens précieux que je dois faire connaître.

w Malgré les caractères saillans que vous avez signalés « dans les deux espèces de Seiifles , m'écrit-il , les pê- « cheurs persistent à n'en reconnaître qu'une seule « espèce , dans laquelle ils les classent toutes , n'y « regardant pas de si près. Je vous envoie la descrip- « tion du procédé usité sur les bords de la Saône pour « saler et dessécher les Seufles.

« On prend un vase de terre, ou mieux encore un « baquet en chêne-, après avoir vidé le poisson et rem- « pli son corps de sel , on met d'abord un lit de Seufles , « puis un lit de sel , ensuite un autre lit de poisson ,

( 198 ) « puis un lit de sel , et ainsi de suite , jusqu'à ce qu'on « ait employé tout ce que l'on destine à la salaison. « Cette opération , à raison des chaleurs de l'été , ne se « fait qu'à commencer au mois de septembre. Lorsque « le poisson est bien saturé de sel , c'est-à-dire après « dix ou quinze jours au plus, on le retire du saloir et « sans l'essuyer on l'enfile par les ouïes dans de petites (c baguettes qu'on place dans les côtés de la cheminée, « il s'enfume , se dessèche et devient une espèce de « hareng sauret , après y être resté au moins une quin- « zaine de jours , ou plus, suivant le feu déterminé par « la saison d'hiver ou d'été. A mesure des besoins , on (c le détache de la cheminée. Lorsqu'il est bien desséché , « on pourrait le conserver dans un endroit très-sec, « près de la cheminée. L'hiver est la saison la chair <c de ce poisson est meilleure, étant alors plus ferme et « moins fade que l'été. Frais , ce poisson se mange ordi- (( nairenient grillé. Sa taille est de 5 à 6 pouces. »

Rondelet, de Piscib. fluviatll.lib. , cap. xvii,p. 192, me paraît avoir p irlé de notre poisson , sous le titre : (le Leucisci secundd specle ,• les traits suivans me portent à le croire : « A Gallis Vanâoise ^ , à Santonibus et « Pictonibus Dard, quod sagitîse modo sese vibret; à <( nostris (c'est-à-dire en Languedoc), Sophio; à Lug- « dunensibus 6'«(/,'*<=' , ))(ou plutôt Sa'JJ'e , comme il est dit dans ta traduction française , et comme il est prouvé par le nom de Seuffe , donné chez nous, non- seulement à cette espèce, mais encore à d'autres du sous-genre Ahle. )

' Artedi , Iclithyol. , pars iv^ p. 10, dit ; Ce poisson s'appelle en français J^andoise, Dard et Suisse. ( Il faut lire Saiffe. )

( ÏO'J )

« Piscis iste ex lis est qui sale condiuntur,et qui lacuslris est, itaconditusseipso melior efficitur. Rond., p. 193. » '

Duhamel , Traité gén. des Pêches , 11" paît. , iii"" sect,, p. 5oi, art. VI, de la Vandoise ou Dard, Leuciscus, Albicula , Jaculus , pi. xxiv , fig. 3 , parle de notre Cy- prin M ugile.

« La Vandoise , dit-il , est un petit poisson d'eau « douce , de la longueur d'un hareng , mais plus large ; « il est rare d'en prendre d'un pied de long ^ 5 il va si « vite dans l'eau, qu'il semble s'élancer comme uu « dard ; ce qui lui a fait donner ce nom par les pécheurs « de la Loire \ il devient fort gras ; sa chair est molle , « néanmoins d'un goût assez agréable \ elle passe « pour être fort saine.

« La Vandoise que je vais décrire avait huit pouces « quatre lignes de longueur ^ 5 son corps , propor- « tionnellement à sa longueur, est moins large que celui « du Gardon, Le museau est plus pointu-, la gueule (( n'est pas grande -, son ouverture est ronde, à peu près « comme celle de la Carpe •, la mâchoire supérieure est « un peu plus longue que l'inférieure \ la ligne latérale, « un peu courbée du coté des ouïes , se prolonge en « ligne droite du coté de la queue. Ce poisson se prê- te pare comme le Gardon -, et quand il est frais et péché « en bonne eau , il est assez bon. »

Cet article est répété dans \Encycl. inédiod. , Dict. des Pêches , p. 293.

' On pêche en grande quantité dans le Gange une petite espèce de Cyprin appelée Angana , pour être envoyée dans l'intérieur du pays. Tableau pittoresque de l'Inde , par Buckingham, i333, p. 243.

* Ici Duhamel confond ce poisson avec la Dobule.

^ En y comprenant la longueur de b nageoire caudale.

( 200 j

Notre Cyprinus jniigilis , la Vandoisf; de Rondelet et de Duhamel, est très-différente de la P^andoi^e de Ju- rine, Cyprinus jacidus , longue seulement de quatre pouces , et de la Vandoise à laquelle Lacépcde , qui certainement ne l'a pas vue et qui l'a appelée impro- prement P^audoise , Hist. nat. des Poiss. , tom. lo , pp. 3ij5 , 3^6 , attribue la taille de cinq à six décimètres (18-22 pouces).

Le JYoïii^. Dict. d' Hist. nat. , édit. 2 , tom. 9 , p. 172-, tom. 3i,/7. 099, a suivi Lacépède.

Le Dict. des Se. nat. , tom. i , siippl. , p. 4 •> ; tom. 49,/'. 4^75 ^^'^- 56, p. 46!>, dit : « La Vandoise ou Yaudûise '■ , corps élargi ^ j mais Cuvier , Bègn. anim.,

* Le nom de Va'idoise , ernplové dans VEncyclop. mêth, et répété par plusieurs copistes, est fautif; il faut lire Van- doise, de Vendosia. Les pêcheurs de Zug et de Lucerne , dit Gesner , appellent Winger la Vendoisc et le Dard des Français. Le nom Vendosia vient de l'allemand Winken , cligner, à cause de la rapidité de la natation de ce poisson.

* Le Rotengle, Cyprinus erythroplithalmus , Linn. , est désigné par plusieurs de nos pécheurs sous le nom de Van- doise : c'est ce nom 'jui a guidé Alléon Dalac, dont la des- cription a été adoptée dans le Dict. des Se. nattir.

ce La Vandoise, dit Alléon Dulac , est un petit poisson « qui a le corps large et le museau po'ntu. Il est couvert te d'écailles moyennes et de petites lignes 5 sa couleur est « entre le brun , le vert et le jaune; il a l'estomac p? tit et a le foie blinc, est attachée la bourse du fiel. 11 devient « fort gios. Sa chair est niolie et assez agréable au goiit. » Mémoires pour servir à V Histoire naturelle du Lyonnais ^ tom. \ 1 p- 147-

Ainsi, en employant le même nom, ou désigne deux poissons différons.

( 201 ) édit. 2 , iom. i , p. ayS, disant : « corps étroit » , carac- tère convenant à notre espèce comme à d'autres , prouve quelle confusion existe dans les descriptions, faites sur des noms, sans examiner lesobjcts. Nous indiquons dans la note (2) la cause de la contradiction entre corps élargi et corps clroil, attribué au même poisson , ou plutôt au même nom.

C'est une nouvelie preuve de la confusion qui existe dans la nomenclature des poissons et qui rend si ditlicile la détermination exacte de ceux mentionnés par divers auteurs.

Lemery , Tra-té des Alimens , -z^ édit. , p. \\'ji nous en fournit encore la preuve à l'occasion du Mulet, ap- pelé en latin Cephalus , Mugil. a L'os que l'on trouve « dans la tète de ce poisson, dit-il, se nomme en latin « Eclrnus et Sphondylus ah e.chinalâ specie , parce « qu'il est entouré de pointes , comme une châtaigne « ou comme un hérisson. »

Cet os ne serait-il pas la mâchoire pharyngienne gar- nie de ses dents? à moins qu'il ne soit l'osselet de l'o- reille ; mais ses dentelures sont presqu'imperceptibles.

Duhamel, Tra'lé des Pèches, u* part., vi" sect. , p. 1 46 , parle de noîre poisson dans les termes suivans :

(V Ind(''pendaniment des Muges qui passent dans les eaux douces, les auteurs parlent d'un petit Muge qui n'a gueie p'us d'un pied de longueur, qu'il nomme Muge de riv'ère , et qu'on appelle Sli\asbourg vil pois- son , Schnot^'isch ; ses écailles sont d'un vert argenté et sa chair molle , ce qui , comme je l'ai dit , convient aux ]\lugcs qui ont passé du temps dans les eaux douces-, ils ont l'avantage d'avoir la chair grasse et délicate , mais elle n'a pas autant de goût que celle de ceux qu'on pèche k la mer. « , . . .

( 202 )

Hermann, Observât, zoologlcœ , p. 332 , blâme, avec juste raison, Duhamel d'avoir rangé le Schnoifîsch parmi les poissons délicats.

A la même page, Duhamel parle d'un autre poisson, qu'on devrait peut-être rapporter à notre Cyprin Mugil.

« Il y a , dit-il , en Languedoc une espèce de Muge qu'on nomme Same ; il ne diffère du Cabot, que parce que sa tête est un peu moins grosse et son museau plus pointu ; on trouve sa chair plus molle, il est sujet à sauter par dessus les filets pour s'échapper ; à ces indices le Same paraît être, à peu de chose près, le Mulet dont nous avons parlé plus haut. On en prend dans la Ga- ronne, le Rhône, la Loire -, on dit qu'il se nourrit de vase. »

Same étant le nom vulgaire donné au Mulet de mer, Mag'tl cephalus , Linn. , pourrait faire soupçonner équi- voque de ma part dans la citation que j'extrais du Traité gên. des Pèches; mais des noms de poissons de mer ayant été plusieurs fois appliqués à des poissons d'eau douce , il est probable que celui de Same a été em- ployé aussi abusivement que ceux de Cabot, Chabot, Têtard, etc.

Gesner, de ^quatil. , p. 02, sous le titre De 3Iugilis vel cephali Jluuialdis génère minore quod piscibus albis adnumerandum \>idetur , a donné une bonne descrip- tion de ce poisson , mais sans figure. Non opus est, dit-il , icône. Nam per omTiia capitonem fluviatilem refert, nisi quod minor est. Voici le texte de Gesner.

Haselœ nostrœ ( quas cephales aut mugiîes fluviatiles minores dixerim , nam fluviatilem cephalum sive Squa- lum , multo magis quam leucisci supra dicti referunt ) piscicuU sunt molles , duos aut très palmos longi , albi- cantes, per dorsum in viridi nigricantes, cauda et pinna dorsi glaucis , ceeteris rubicundis 5 minime lati j

( 203 ) squamulis tenuibus , argentels , branchiis ternis. Caro eorum aristis referta est , ut muffilum fluviatilium ma- jorum. Ex his qui in fluvio apud nos capiuntur, oculis rubere audio : qui in lacu non item observavi , postea lacustres superna oculorum parte flavere. Dentés in faucibus utrinque conditos habet ut Caplto fluvia- tilis, in mandibula curva, exteriore ordine quinque majusculos, intérim binos minores , omnes ferè in summo leviter aduncos. Parère incipiunt medio apriii \el pauloante.

Suo tempore (maio et apriii prœcipue, deinde junio et julio ) satis grati in cibo et salubres habentur. Ali- quando vero vernies eis innascuntur ( ligulas nostri vocant, Neslel ) et omnino insalubres fiunt. Hyeme macri sunt ac minime placent. Fluviatiles etiam lacus- tribus prœferuntur. Elixari debout in yino fervido; circa initium novcmbris ova in lioc pisce reperi , quse magis quam piscis placebant.

Haselae noslrse dentés in faucibus utrinque conditos habet ut capito fluviatilis (Cyprinus dobula) in mandi- bula curva. Exteriore ordine quinque majusculos , in- terius binos minores , omnes fere in summo leviter aduncos. Gesner , de Aquat. , p. 33 , lin. lo.

Hermann, Observ. zoolof^icœ , p. 021 , dit : « le « poisson appelé Haesel à Bàlc, Schnotjhch à Stras- <( bourg, est le Cyprinus dohida. » C'est une erreur dé- montrée par le texte de Gesner , rapporté ci-dessus.

Le Schnoiftsch des pécheurs de Strasbourg est mon Cyprinus niiigilis.

En effet la dénomination allemande Schnotfisch , signifie t'// poisson, c'est-à-dire poisson de nulle valeur, non estimé, comme je Tai expliqué à l'article DobulCj p. i53, caractère convenant parfaitement au

( 204 ) Cjprinns mugllis , dont on fait peu de cas , comme de toutes les autres espèces du sous-genre Ahle.

XXIV. Le Ryssling^, Cjprinus jaculus, Jurine , T^andoise du même , Hist. des Pois s. du lac Léman, /?. 22,1, n" 18, pi. i/[.

Kondelet, De pis(:ib.fiuviatil.lib.,cap.xviu,p. iif?>,fig. supérieure. Gesuer, de u4quntilibus ,p, iyg, Riserle, Ryssliug, fig. passable. Meyer, Représ., tom. 2, pi. 97. Die Laugele.

Ce petit Cyprin , longtemps confondu avec l'Able , auquel il ressemble beaucoup , en diffère par la gran- deur (2) de sa nageoire anale qui n'offre que quatorze rayons.

D, 11 : P, i6, 17: V, 9, 10 : À, 14 : C, 28.

Ligne latérale formée de 44 glandes,

La tête de ce poisson est petite 5 sa longueur est un peu plus de 3 3/4 dans la longueur du corps-, l'ouverture des narines très-ample ; l'œil fort grand 5 l'iris argen- tin , jaune et pointillé de noir en haut ; les mâchoires sont d'égale longueur 5 et quand la bouche est ouverte, la mâchoire inférieure , qui est ascendante , ne dépasse pas la supérieure , comme chez l'Able. Le corps est plus épais et plus large que celui de l'Able.

Les écailles du dos ont , durant la vie de l'individu , une couleur olivâtre , qui passe promptement au bleu après la mort. Les nageoires à l'époque du frai , au prin- temps , sont fréquemment lavées d'une teinte rougeàtre.

' Pour éviter toute équivoque , j'ai substitué le nom al- lemand de ce poisson à celui de Vandoise adopté par Jurine.

* Dans la Vandoise , l'anale est plus saillante ou plus haute, mais moins étendue ou moins longue que dans l'A- blette, ou l'Able j c'est cette disposition que Jurine appelle grandeur.

( 205 ) La grandeur ordinaire de ce poisson est de quatre pouces , sa largeur est un peu plus de quatre fois dans sa longueur totale.

o

Péritoine noir comme dans mon Cjprinus toxostoma , dont le Cypiinus jaculas diffère par la taille , et surtout par la mâchoire inférieure ovale et sans rebord , imitant celle du Cypiinus mugills par sa denture. Aucune des descriptions données par les divers auteurs, (dont Jurine rapporte le tex(e), du poisson qu'ils appellent Pajidoise, ne convient à celui dont a parlé Jurine, et qui est le nôtre j la figure de BIocli, qu'il a citée, se rapprocherait plutôt de notre Cypiinus toxostonia.

Le petit Cyprin dont nous parlons dans cet article , est connu à Dijon sous le nom de Seiiff'e ,• et les enfans rappellent un Blanc. Il est très-abondant à l'aval du pont des moulins d'Ouchc , à raison du voisinage de la tuerie.

Lorsqu'on veut le pécher à la ligne , il suffit d'a- morcer avec des mouches dont il est très-friand.

La ligne latérale est jaune 5 elle commence à la partie supérieure de l'ouïe, descendant ensuite pour parcourir le milieu des côtés du poisson. Au dessus de cette ligne on remarque une bande assez large produite par une multitude de points noirs très-fins , placés sur les écailles.

La mâchoire supérieure dépasse un peu Tinférieure , ascendante et ovale 5 ce qui différencie le Cjprinus ja- culus, Jurine, du Cjprinus toxostonia , auquel on serait tenté de le rapporter , à cause de la couleur noire du Péritoine : mais en comparant la bouche de ces deux poissons , on verra que celle du Cjprin bouche-en-crois- sant est en croissant, avec la lèvre inférieure , bordée-, tandis que la bouche de notre Ryssling est ovale , avec la lèvre inférieure sans rebord.

( 206 )

Les dents pharyngiennes , crochues au sommet , sont sur deux rangs au nombre de sept , dont deux sont sur l'intérieur, et les cinq autres sur l'extérieur-, (dans le Cjprinus toxostoma , les dents pharyngiennes au nombre de six , sont sécuriformes, et sur un seul rang ) -, la cavité de l'os basilaire dans laquelle est sertie la plaque dentaire est en ogive élargi.

La queue du basilaire est en spatule disposée verti- calement.

De plus , l'anus est aux 2/3 de la longueur totale du poisson , dont le dos est olivâtre.

Il y a dans les anciens auteurs d'ichlhyologie , une si grande confusion dans les dénominations des poissons blancs , que je n'ai pu me décider à rapporter les synonymes d'Aldrovandi et des ichthyologistes subsé- quens.

Je me suis borné à bien décrire le poisson que j'ai eu sous les yeux. Son frai a lieu au printemps. Ce petit poisson se mange seulement en friture, c'est la seule manière de ne point être incommodé de la multitude de fines arêtes qui en farcissent la chair.

La couleur noire du Péritoine se remarque dans le Cottus gobio et dans les athérines , Cuv., Hist. nat. des Poissons, toin. x, p. 4^6 ? elle me rappelle que l'Am- phacanthe cordonnier , poisson des Sechelles , de l'Ile Bourbon , de la cote de Malabar , a la chair fort bonne quoique noirâtre. Cuv., op. cit., p. 149.

Le nom de Vaiidoise me paraît avoir été appliqué à différentes espèces de poissons ; aussi existe-t-il à ce sujet une grande confusion. Aldrovandi, Hisl. Piscium, p. 606 , en fournit la preuve dans le passage suivant :

« Leuciscus , en Français Vandoise , Vindosa d'Al- « bert : sur la Loire et dans le Poitou , on l'appelle un

( 207 ) « Dard ' ,• à Lyon Suijfe ,• sur les bords de quelques « lacs de Suisse, Tfinger ; en Savoie, Vengeron : il « diffère du J^angeron du lac Léman ^ , auquel les « Suisses ont donné un nom à cause de la couleur de « ses nageoires. » C'est effectivement , d'après Rondelet , le Cjprinus

' Vendosia velDardiisGallorum piscîculus est quem Ar- gentinae vocatur ein Lauck , Basileae Zaw^e/e , à Zug et Bie^ TVinger, en Savoie circa NeocomumY engeron. ( Dif- férent du Vangeron du lac de Genève , qui a les nageoires rouges , Cyprinus rutilus. )

Cum miniiuis densis agminibus natant , aninite à nostris dicuntur, aiunt enim pisciculos esse vix longiores }3alino , squamosos , quibus multi abstineant , quod circa latrinas pascantur.

Ego in fiucibus utrinque mandibulam curvam quinis ar- luatam denticulis reperi , ut in Ballero.

Comiuendantur strigiles aprili et maio mensibus. Meminî etiam februario edisse non insuaves, quo tempore lactés iu mare pleni erant et eodem mense laudanlur à nostris. Gesner, de Aquat. , p. "ài ^ 32.

C'est un Cyprinus jaculus , Jurine , dans lequel Cesner n'aura pas vu les deux dents de la rangée intérieure. En effet Gesner n'indiquait quelquefois que le nombre et la forme des dents extérieures, comme il est facile de s'en assurer dans sa description du Cyprinus erythrophthalmus.

* Vangeron , poisson des lacs de Lausanne et d^^ Neufchâ- tel. 11 a près des ouïes deux nageoires couleur d'or, deux sous le ventre qui sont jaunes 5 un aileron derrière l'anus, Tin sur le dos; celui de la queue est fourchu. Ce poisson a la figure et la chair semblables à celles de la Carpe. EncycL méth. , Die t. des Pêches, p. 2(^3.

Ce Vangeron est le Cyprinus rutilus , Linn.

( 208 ) rutUus , Linn. Malgré la distinction faite par Gesner , du Kangeron du lac Léman, ( Cjprinus rulilus) , cet auteur n'a pas moins, dans cet article, confondu les noms du Cyprinus jaculus , Jurine, et celui de plusieurs autres poissons.

Le Cyprinus jaculus , Jurine, est XeKj série, Ryssling de Gesner, dont la figure convient parfaitement à notre poisson : mais ce qui ne laisse aucun doute est la couleur noire du Péritoine.

On trouve dans le Ryssling , le Trinnophore nodu- leux , Dict. Se. nat., tom 55, p. 69, i85, p'. 48,fig. 3, tom. 57 , p. 696. Encyclop. méthod. , vers , tom. 2, p. 753, pi. xLix , fig. 12,-1 5.

XXV. L'Able, Cypr'.nus albiirnus , Linn., Gmel. , S. N. , édit. xiu , p. i4-^4 ■> sp- ^4'

Rondelet, pisciurn Jlmnat. lih ,cap. nxxiii , p. 208, de Alburno. Duhamel. Pêches, 2,« part. , sect m, p. ^.)i ^ pi. xxiii , Jig. 1, fig. 2, et /). 55o.

Bloch , Tchthyologie , p. 47, pi- vm , fig- 4-

Bonuaferre, Tableau encyclopédique des trois règnes. Ichthyol. ,

pi. ^^, fig. Mi

iariae , Hist. des Poissons du lac Lé//ian , p. 219, «° ^7i pi '4' Nouv. Dict. d'Hist nat., édit. 2, font, i , p. 5o, tom. y, p. 76. Dict. Se. nat- , tom. 1 , suppl., p. délias ickt. , pi. 70, fig. 2 , tom. i5 , /). 364.

Hermann , Observât, zoologicœ , p.ZiG. Cyprinus alburnus.

Ce poisson , dont il faut 20,00c pour obtenir une livre d'essence d'Orient, a reçu les noms .Ablette, ' yiblet, Aubet, du mot latin ^Ibus.

' Il y a quelques autres espèces de poissons que le peuple nouinie Ablettes ^ ce ne peut être qu'à cause de leur blan- cheur et de Targeut de leurs écailles, dit Delisle de Sales , auteur anonyme du Dict. théor. et pratique de Chasse et de Pêche } tom. i , p. 3.

( 209 ) On le reconnaît à son corps étroit , argenté , brillant. Les mâchoires sont égales quand la bouche est fermée, et quand elle est ouverte , la mâchoire inférieure, qui était ascendante, dépasse la supérieure; le front est droit , les nageoires sont pâles , le rayon antérieur de la nageoire pectorale est jaunâtre.

La nageoire anale, à 21 rayons, sullit pour distinguer ce poisson de celui appelé par nos pêcheurs sur le pont de rOuche, Seufle, et avec lequel, à raison de sa taille qui est aussi de 4 pouces , on pourrait le confondre 5 mais la 5eu/7e ayant son péritoine noir , et seulement 10 rayons à la nageoire anale, est suilisamment distinguée de l'Able.

Arledi , dans la diagnose de l'Able , donne 20 rayons à l'anale qui se fait remarquer par sa longueur, et 21 dans la description IclilhyoL , part, v , /?. 17 , sp. 7. La dorsale est située bien en arrière des ventrales 5 la j caudale est profondément échancrée. j La ligne latérale descendante antérieurement , droite I postérieurement , paraît dorée sous un certain jour sur ji le poisson vivant 5 les écailles finement striées, adhèrent peu à la peau et tombent au moindre attouchement.

La taille ordinaire de l'Able est communément de quatre pouces 5 elle atteint rarement celle de six pouces; ^ cependant je viens de voir un Ablede 5 pouces 3/4- La longueur de la tête était 3 3^4 dans la longueur du corps; la largeur de cet échantillon était un peu

' l'Able de ^*/Villngl\by , long de 6 pouces , large de deux , à dents comme la Carpe , plus longues et plus aiguës; à pa- lais garni d'un os triangulaire , cité dans VEncycL inéthod. y Hist. nat. y tom. 3 , jo. 3 , est-il le môme que le Cyprinus albumus^ Cela me paraît très- douteux.

14

C 2i>i ) pins de quatre fois dans sa longueur totale. Duhamel a donné à ïAble les noms à' Ablette, Qu'elle ' , Albula mlnor, ou Albiinius. Voyez Pêches , 2" part. , sect. 3 , p. 493 , et n* part. , sect. 11^ , p. 229 ; le même auteur dit : « l'Able est un petit poisson blanc qu'on prend au « haut de la Seine, et qu'on nomme à cause de la res- « semblance , mais mal à propos , Eperlan ^ d'eau « douce. »

« L'Ablette, dit Gesner, de Aquatil. , p. 27, est un « poisson de rivière de la grandeur du doigt, semblable <( aux petites aphyes^ \ il est vorace et se laisse facile- <c ment prendre à Ihameçon. Est-il le même que ces « petits poissons appelés en France des Blanches, à « cause de leur couleur et de leurs écailles ^ argentées « qu j tombent au plus léger contact ? »

* Ce nom (l'Oce//e vient , dit Gesner, de Aquat'd. , p. 43 1 , lia. 56 , de ce que ce poisson a des œufs en tout temps.

* Ne s'agirait-il pas Am Spirlin? que Duhamel appelle Able bordé, et qu'il dit, mais à tort, être une simple va- riété accidentelle de V Able. Il en est, suivant les pêcheurs, «ne espèce qui porte une raie sur les parties latérales, c'est V Able rayé i ou le rejette parce qne la couleur des écailles de cette raie ternirait l'essence d'Orient. Cet Able rayé est le Spirlln.

' C'est sans doute à raison de cette ressemblance que J. Hermann , Obscrv. zoolog., p. Siq, a désigné, suivant les naturalistes de Strasbourg, de jeunes Ablettes sous le nom de Cyprinus aphya, à moins que sous ce nom il n'ait voulu parler du Cyprinus jaculus de Jurine.

* Les cannelures des écailles de l'Able , dit Réaumur, sont au nombre de dis , dont six eu éventail; tournées du côté

( 211 )

MixrsigVi, Danuhius pannonicus , tom. iv , p. 54, tab. xviii ,Jîg- 2 , parle de l'Ablette sous le nom de Phoxinus squamosus , I"-\ Suivant Bloch , ce poisson , outre les noms dont nous avons parlé, porterait encore en France celui de Borde ,• à Genève on l'appelle Rondion ou Mange-Merde; dans le canton de Vaud et en Savoie, il porte le nom de Blanchet, Blanchaille , Sardine.

Ce dernier nom ne serait-il pas la cause de celui porté sous le n" i8 du tableau des poissons des en- virons d'Aix , inséré dans le Manuel de l étranger aux Eaux d Aix en Savoie , par le docteur Despine pis , 1834 1 /?. 8 , et mentionné ci-dessus , p, 10?

On y lit : Sardine , Clupea sardinia, le lac, Mirandele , vulg. *

de la queue, et quatre du côté de la tête. Act. Paris. , 1716, p. 236. On distingue sur l'Able deux lignes latérales ponc- tuées ^ibid. , signalées déjà par Rondelet, et revues par moi.

Dans son curieux Mémoire , Réaumur rappelle , p, 242 , ce un insecte qui se loge volontiers dans les livres rarement feuilletés, ressemblant fort aux Ajjles par sa couleur ar- gentée, et qui eu a aussi quelque air par sa figure, à ses jambes près. Son corps est couvert d'écaillés qui se déposent sur les doigts qui le touchent. »

Cet insecte, appelé vulgairement Poisson d'argent, est la Forblcine , Lcpisma saccharina , Linn. , indiquée par Al- drovandi , de Insect. , p. 5no , no 5.

' La Sardine, étant un poisson de mer non anadrome , ne peut se trouver dans le lac du Bourget. La Sardine de ce lac est ou 1' Able ou le Cyprinus agont , Scopoli , Deliciae Tlor. et Faun. Insuhriae , lyEiô ^ part. 1,0. 71 , dont je donne !e texte à l'article Clupea Sardinella.

C'est aux naturalistes d'Aix à nous apprendre auquel de ces deux poissons doit être rapportée leur Sardine.

( 212 ) ,îe seruis lente de le croire d'après la remarque suivante faite par Juriae. « L'Able , dit ce savant, porte « aux environs de Vevay le nom de Naze. » Hist. des Poissons du lac Léman, p. 221. Razoumowsky , Hist. nat. du Joral , 1789 , tom. 1, p. 102. , § 4^ , en a conclu que le Cjprinus nasus se trouvait dans le lac de Neufchàtel.

Des équivoques de cette nature se retrouvent dans tous les livres qui sont faits à coups de ciseaux , et dont les auteurs n'ont jamais vu les objets dont ils parlent.

L'Able est la proie des poissons voraces, et employé comme appât pour les prendre ^ comme il a beaucoup d'arêtes , il n'est acheté que par les gens du peuple qui le mangent en friture. Sa chair est d'assez bon goût, quoique peu estimée.

On compte 11 rayons dans la nageoire dorsale; 16 dans les pectorales 5 9 dans les ventrales j 31 dans l'a- nale ; et 24 dans la caudale.

L'appareil dentaire pharyngien de l'Ablette se re- connaît aux caractères suivans :

Plaque ' sertie dans l'espace pentagonal alongé de l'os basilaire , dont le prolongement dorsal est de champ et spatuliforme.

Les dents minces et algues, au nombre de six , sont placées sur deux rangs : savoir, quatre à l'extérieur , et deux à Tintérieur.

Le péritoine nacré est piqueté de points noirs.

Les Ables fraient en mai et juin , près du rivage,

" Cette plaque, qui adlière an basilaire par «ne mem- brane intermédiaire, se détache faciieineiit par la cuisson et tombe lorsqu'on enlevé les cliairs pour dénuder l'os. Cela arrive pour tous les Cyprins j dans Ja même circonstance.

(213) ils se rassemblent en troupe -, à cette époque on voit , chez les mâles , le dessus de la tête , du dos et même des opercules , hérissé de petites aspérités qui transforment la surface de ces parties en une espèce de râpe.

Tous les ans, à l'époque du frai, des particuliers de Lyon viennent dans notre département pêcher les Ables ' , pour s'en procurer les écailles, dont ils tirent l'essence d'Orient, (conservée par l'ammoniaque li- quide), et employée pour la fabrication des fausses perles ^ , genre d'industrie découvert en 1680 par un

' Les particuliers dont nous parlons rejettent avec soin V Ahle rayé , c'est-à-dire le Spirlin , Cyprinus bipunctatus. ^ \^ Argentiva sphyrœna est employée en Italie pour co- lorer les fausses perles.

C'est le derme qui sécrète sous les écailles cette matière d'un éclat métallique argenté, qui rend tant de poissons si. brillans; elle se compose de petites lames pâles comme de l'argent bruni , qui se laissent enlever par le lavage soit de la peau , soit de l'écaillé , dont elles vernissent la face infé- rieure. C'est cette matière qui colore les fausses perles. Voyez le Mémoire de Réaumur à ce sujet dans les Act. Paris, y 1716, p. 239.

Il se sécrète aussi de cette matière argentée dans beaucoup de poissons , dans l'épaisseur du péritoine et des enveloppes que le péritoine fournit à certains viscères, particulièrement à la vessie natatoire. Cuvier, Hist. nat. des Poiss. , tom. j, p. 483.

11 se sécrète aussi de cette matière argentée dans l'inlers- tice des muscles : je l'ai retrouvée sur les os de la mâchoire inférieure de TAlose et dans beaucoup d'autres poissons ; d'où je conclus que les membranes muqueuses sont les organes dans lesquels se sécrète la matière nacrée.

( 214) Parisien nommé Jacquin ^ , ainsi qu'en a acquis la cer- titude J. Hermann, Obserual. zoofog'cce , p. Say.

Les Lyonnais , après avoir détaché les écailles , aban- donnent sur le rivage les corps dépouillés de l'Able -, sa décomposition , excessivement rapide , rép.ind dans le voisinage une infection épouvantable , qu'un prompt enfouissement préviendrait ellicacement en procurant un engrais avantageux.

L'Able est tourmentée quelquefois par la Ligule très- simple.

XXVL Le Spirliiv^, Cjprinus hipunclatus , Bloch , Gmel. , Syst. nat. , édit. xni, p. x^'i?) , sp, 48.

Bloch, Ichthyologie , part, i, p. 4^, pi. viii,fig. i

Bouaaterre, Tableau encycl. des trois Règnes , icthyologie , pi. 82,

fis- Ho.

Jurine, Hist. des poiss. du lac Léman , p. 226, «» 19 , pi. \^. Rondelet, de Piscib. Jluviatil. lib., cap. xviii,p. i()'i,fig. infer, Fritou. Gesner, Z)e Aquatil., p. 844, Phoxiuus squamosus.

' Dans le Dîct. des Sciences natur. , tom. xS, p. 365, on appelle ce Parisien Janin , parce qu'on sVst contenté de copier la faute typographique du Dictionnaire du Commerce de Savary ; car ., dit J. Hf^ruiann , j'ai souvent entendu don- ner le nom de Jacqtii'i , au fils de l'inventeur. L'assertion d'Hermann est d'ailleurs confirmée par le témoignage plus ancien de V Encycl. méth. , Dictionn. des Arts et Métiers j tom. 2, 1780, /7. 4-0-

'^ Bloch, Ichthyologie , part, i ,p. 44i «i Ji* " M. Her- cc maan, professeur à Strasbourg, m'a envoyé ce poisson « sous le nom de Spidin »

Dans ses Obseri^at. loolog. , p. Sao , Hermann assure n'avoir jamais envoyé à Bloch de Cyprinus bipunctatus , ne connaissant ni ce poisson ni le nom de Spirlin.

C 215 )

tacépède , Hist. nat. des poissons , tom. xt , p. 67. Cuvier , Règne anim. , édit. 2, tom. 2, p. 276. Le Spirlia ou Eper» lau de Seine.

Ce poisson , dont la taille est d'environ 3 pouces , m'a été donné par le pêcheur Reverdy , sous le nom de J^airon de Saône.

On le connaît aux environs de Pontailler sous les noms de Lugnote ou Lignotte , à cause de sa ligne laté- rale fortement caractérisée , ce qui l'a fait aussi appeler Able rajé ou Able bordé.

a Quelques-uns nomment Ables bordés ^ ceux la partie colorée a plus d'étendue, et ils prétendent qu'ils sont moins alongés. J'avoue que je n'ai pas aperçu sen- siblement cette différence. » Duhaw., pag. 433.

Dans les environs de Dijon , les enfans le nomment Poisson blanc, et quelques pécheurs, Eperlan. Un autre pêcheur me l'a donné sous le nom de Chérin.

A Genève, on l'appelle Platet; à Coppet, Boroche.

Ce poisson est assez semblable à l'Ablette ; il en dif- fère par beaucoup de caractères , etentr'autrespar deux points noirs sur chacune des écailles de la ligne latérale.

Sa mâchoire inférieure , ascendante , est recouverte par la supérieure lorsque la bouche est fermée 5 ses na- geoires sont orangées à leur base 5 les yeux sont grands 5 le corps est aplati ; les écailles sont grandes etsillonnées5 une double rangée de points noirs accompagne les écailles de la ligne latérale sinueuse et arquée.

La dorsale, composée de 10 rayons, est en arrière des ventrales, qui en ont 9 : pectorales, 16 : anale, rouge à sa base, i8 : caudale, xxiv-xxvi.

' L'Able bordé a le corps moins alongé que l'Able. Du- hamel j 2*^ part, j sect. m j p. 493. Contradiction du texte.

( 216 )

La longueur de la tête est 3 iji fois dans celle du Corps 5 la largeur du Spirlin est 3 fois i/a dans sa lon- gueur totale.

Le Spirlin a 33 vertèbres et i5 paires de cotes. Le péritoine est nacré et piqueté de points noirs petits et rares.

Lacépède , ///.ff. iiat. des Poiss. , éd'it. in-12., iom. xr, p. 6'y , se borne à copier Bloch plus ou moins exac- tement.

Bosc, Noin^. Dict. d'Hist. nat. , édit. 2 , tom. 9, p. 76 , copie Lacépède.

Dans le Dict. des Se. nat. , tom. 5o , p. 296, on se borne à dire :

Spirlin , nom spécifique d'un Cyprin , Cjprinus hi- punctatus , du genre des Ables.

Rondelet, de Piscib. fluviat. lih. , cap. xviii, p. 193,

fig. infer. , parle d'un petit poisson appelé à Lyon Fritou

et Friteaa, semblable au Siego , mais plus petit. Sa

taille n'excède pas trois pouces 5 il est commun dans la

Saône. Loc. cil.

Dalecliamp avait envoyé à Gesner deux Frétas, Friion et Friteaa salés. Noniencl. , p. 3o6.

Ce poisson, jusqu'à ce jour, n'a pas été reconnu par les naturalistes. Tons les auteurs d'Ichthyologie se sont bornés à copier Rondelet ; loin d'éclaircir le passage ils l'ont embrouillé.

(( he Friton ou Fritan , est le nom qu'on donne à « Lyon, dit Rondelet, chap. t5, trad. franc., à un « petit poisson semblable au Siège. » Alléon Dulac , Ilist. nat. du Lyonnais , tom. i,p. i58.

« Fritons ou Friteaax. On nomme ainsi en Lan- « guedoc, suivant Rondelet, les petits Sièges, poisson

( 217 ) « qui tient beaucoup du Gardon ou de la Vandoise. » Duham.) Pèches, n^ part., sect. m, p. 566.

Dans celte citation , Duhamel a erré : les noms de Frit.ons (il i'aut lire F/ilous) , ou i^;v7ert»j" , sont em- ployés à Lyon et non en Languedoc. Rondelet n'a point dit que les petits 6'(è^p.? étaient appelés Fritous j il a dit seulement dans le chapitre cité : « Le Siego appartient « au genre des Muglles , de même que ce petit poisson « appelé à Lyon Fritou et F ri tenu. »

Lacépède et les Dict. d'Hlst. nat. les plus modernes (excepté celui de Lachenaye des Bois, tom. 2, p. 238), ne parlent point du Fritou ou Friteau. Ces noms ont un certain rapport ?i\ec fretin , mot employé pour désigner des choses de peu de valeur, et appliqué plus particu- lièrement aux petits poissons en général , sans doute parce qu'on les mange frits,

La chair du Spirlin est blanche , d'un bon goût , et se mange ordinairement en friture.

Ce poisson se plaît dans les ruisseaux d'eau vive et courante; il joue à leur surface; il fraie dans le mois de mai ; alors il cherche les endroits les plus rapides , afin de se frotter contre les petits cailloux. Hors ce temps, il se tient continuellement à la surface de l'eau. Il se nourrit d'herbes, de vers, et sert de nourriture à la Truite.

On le trouve dans la Saône , dans l'Ouche , etc.

Il vit longtemps dans des bocaux de verre, dont on renouvelle l'eau , et alors on l'entretient avec des subs- tances végétales,

La mâchoire pharyngienne supérieure offre une plaque sertie dans la cavité pentagonale élargie del'osbasilaire, dont le prolongement , placé de champ , est ovoïde.

Les dçnls pharyngiennes inférieures sont au nombre

( 218 ) de sept, dont cinq sur le rang extérieur, et âeux sur le rang intérieur-, elles sont crochues au sommet.

Je ne sais pourquoi Cuvier , Anat. comp. , tom. 3 , p. 191, ne donne que cinq dents au Cjprinus blpunc' talus; il n'aura, sans doute , examiné qu'un individu, chez lequel des dents étaient tombées, ainsi que je l'ai vu moi-même sur une des mâchoires d'un des Spirlins qui m'ont servi à faire ma description.

Duhamel a parlé du Spirlin, dont la ligne latérale, formée d'une suite de points géminés , imite effec- tivement une sorte de bordure. Il le désigne sous le nom èiAble bordé.

XXVII. Le Vairon, Cjprinus plioxinus y Linn. , Gmel. , p. 1423, sp. 10.

Bloch , Ichthyol. , part, i , p. 5i, pi. VIIT , fig. 5. Juriue, Histoire des Poissons du lac Léman, p. 229, w 20, pi. 14.

Duhamel, Pêches, 20 part ,sect. m, p. 5i5, pi. xxvi , fig. 7.

Bonuaterre, Tableau, Encycl. ichthyol. , pi. j^, fig. 328.

Lacépède , Hist. nat. Poissons , tom. x, p. 387.

Rondelet, de Pisc.fliiv. lib. , cap. xxix,/>. 2o5, de Pisciculo varia.

Meyer, Représ. , tom. 2, tab. ()6^fig- infér.

Gesner , de .Aqualilib. , p. 8J.1.

Aldrovandi , De piscib., lib. v , cap. x, p. 582.

Nouv. Dict. d'Hist. nat , édit. 2, tom. ix, p. 71.

J. Hermauu, Observât, zoolog. , p. 3i8.

D. 9. P. 14. V. 8. A. 10. G. 26-28.

Le nom français de ce poisson lui vient de la variété de ses couleurs , pisciculus varias , disent les anciens ; et nullement , comme le dit Duhamel , parce qu'il est de la grosseur à peu près d'un ver. Cet auteur, trompé par son orthographe , a écrit Véron , et de est tombé à son étymoîogie -, il aurait du indiquer le ver dont la grosseur peut servir de comparaison à celle du Vairon.

( 219 )

II est surprenant qu'un poisson, aussi commun et aussi bien caractérisé par ses écailles fort petites , poin- tillées de noir et irisées , par la variété de couleur des cinq bandes longitudinales des cotés du corps, ait été confondu avec d'autres 5 cela vient, comme Cuvier, Hist. nat. des poissons, tom. 10 , p. 4^3, Ta fait ob- server relativement à Lacépcde, de l'habitude l'on est de faire des livres avec des livres, et de ne pas étudier les objets dont on parle.

Dans le Dict. des sciences naturelles, tom. i, suppl. , jp. 4? en parlant du Véron, Leuciscus phoxinus , il est dit : « Sa chair est amère. » Cette assertion n'a d'autre autorité que le passage suivant de Duhamel : « Le « Véron a quelquefois deux pouces et demi delongueurj « on dit que sa chair est toujours un peu amère, peut- « être parce qu'on a de la peine à vider ce poisson sans « rompre la vésicule du fiel. » Pêches, 2." part., p. 5i5.

Duhamel dans ce passage a confondu le Vairon avec la Boui^ière ou Péteuse, Cyprinus amaiiis, Bloch ^ .

La chair du Vairon est au contraire fort délicate, comme l'a dit Rondelet depuis long-temps. Fellis mul-

luni habet , quare non nisi es^isceratus coquendus

Carne est molli et suai^i. Aussi a-t-on soin de vider ce poisson avant de le préparer pour la table.

Duhamel ne s'est pas contenté de confondre les pro- priétés du Vairon avec celles de la Bouvière j trompé

' Si Duhamel eût recouru à Artédi, Ichthyol. , pars v, />. 1 1 , sp. 20 , il aurait promptement reconnu le Goujon, 1 appelé par Schonevelde , Ichthyol. , p.?)5 ^ Fundulus , Gai- lis Govian , Ital. Vairon, Angl. Gudgion. Artédi, par er- reur sans doute j a dit : Gallis Gonion et Vairon.

( 220 ) par îe mot Phoxinm donné pnr Rondelet à la Rosière, et par Linné au P^airon , il a encore sous ce dernier nom rangé un autre poisson, qui , d'après sa détermina- tion , a fait naître un nouvel embarras , ainsi qu'il est aisé de s'en assurer par les passages suivans :

« Véron , petit poisson de rivière, qui n'est pas le « Vairon dont nous avons parlé, quoiqu'il ait des rap- « ports avec lui. » Dict. théor. eiprat. de chasse et de pêche (par Delisle de Sales), 1769 , tom. 2 , p. 418.

« Vairon , petit poisson blanc et à nageoires molles , « qu'on pèche dans les rivières -, c'est une espèce de « Goujon, n Tom. 2,, p. \\'6 -, tom. \ , p. 4^2.

La variété de couleur offerte par le Vairon , Cjprinus phoxinus , Lin., et par le Goujon, Cyprinus gobius , Lin. , est la cause du même nom donné à deux poissons très différens. Ce qui a engagé Gesner à dire : Galli veronem suura digiti ( palmi minoris ) longitudine faciunt.

Aussi Delisle de Sales, sous le titre Véron, indique le Cjprlnus phoxinus , et sous celui de Vairon, le Cjpri- nus gohio , Lin.

« Artedi semble penser qu'il y a des Vérons de cinq « pouces de longueur j je n'en ai point vu qui approche « de celte grandeur , ce qui me fait croire qu'il veut « parler de la Rose ou Rosière de Picardie, qui, sui- « vant Gesner, est un poisson à écailles assez ressemblant « au Goujon, et qui a quelquefois un demi-pied de « longueur : le coips est un peu aplati, l'iris des « yeux jaunes ; suivant lui , les plus petits ont des œufs 5 « il me paraît que toutes ces choses établissent plus de « ressemblance avec le Goujon , qu'avec le Vairon que « nous avons décrit. » Duham. , Traité des pèches , n" part., sect. ui , p. 5 1 5-5 16.

( 221 )

Duhamel a très bien vu.

« Les Vairons de cinq pouces ^ , suivant Artedi, dit « Duhamel, sont des Roses ou Rosières de Picardie, « décrites par Rondelet , de piscihus fluviatilibus liber. , « cap. xxviii,/?. 2o5 ,Phoxinus, Rosière, dont Gesner, « de aquatilibus , p. 27, rapporte les termes, et p. 8445 « donne une nouvelle description sous le titre Bambele; « ces Roses ou Rosières, suivant Gesner , ressemblent « au Goujon. » Duhamel, pèches, o.^ partie, p. 5 16.

Aussi dans le Dict. des Sciences naturelles , toni. 3, suppl. , p. 174, on lit :

<c Bambele (Ichlhyol.). Dans le canton de Zurich, « on appelle ainsi une espèce d'Able , très voisine du « Yéron (Leuciscus phoxinus). Voyez Able, »

N. B. Il n'est pas question de Bambele dans l'art. Able l'on est renvoyé.

« Rosière (^Ichthyol.) ., un des noms vulgaires du « Véron. Voyez ce mot et Able , dans le supplément du « tom. 1 de ce Dictionnaire. » D. S. IV., t. 4^ , p. 2C)i.

Dans ces deux articles, Able et Bambele ^ le nom de Rosière n'est pas rappelé.

On a eu tort dans le Dict. des Se. nat. , de donner le nom de Rosière , comme un des vulgaires du Vairon.

Pour débrouiller cette confusion il faut recourir aux texte originaux et les comparer.

Quelquefois d'après la remarque de Raj , Rondelet a parlé dans plusieurs endroits d'un même poisson sous difïérens noms. Artedi, Bibl. Ichthj.,p. 26.

Revenons actuellement au Vairon, dont la discussion précédente nous avait écarté.

Il est facile de distinguer le Vairon ( sous genre Able) de la Bouvière (sous-genre Cyprin). Les cara^ctères essen- tiels sont très-différeus. '

i^.-

( 222 )

Ce petit poisson, dii Rondelet, ressemble par la figure de son corps au Cephalas Jluviatilis , Rond., de Piscib. fuv. lib. , cap. xv, /?. 190, le Chevanne , Cjprinus dobula. La variété de couleur répandue sur sa robe a été signalée par tous les observateurs , et c'est elle qui a engagé Pazumot à signaler les Vairons sous le nom de petits Poisso7is de la belle fontœne de Vernianton, comme je l'ai déjà fait observer dans les uict. DivJon., i^'ij ^ p. 71.

Le Botriocépbale du Phoxin attaque le Vairon. Dict. Se. nat. , tom. 5^^, p. 71.

Le Vairon se nourrit de vers , de larves d'insectes aquatiques, de substances animales et végétales en dé- composition; il fraie à la fin du printemps, Blochdit àlafin de juin , et périt aussitôt qu'il est hors de l'eau ; sa taille surpasse rarement deux pouces et demi. Il préfère les petits ruisseaux il ne trouve pas autant d'ennemis que dans les rivières. Pendant l'hiver, il se cache au fond de l'eau autour des herbes qui y croissent -, aussitôt que l'atmosphère est réchauffée par les rayons solaires , les Vairons viennent en troupe, se jouer à la surface de l'eau en s'élançant souvent au dessus -, ce qui fait , dit Jurine , que lorsqu'on veut les conserver dans des bo- caux , oîi ils vivent fort longtemps , il faut avoir l'atten- tion de les couvrir. Dans les beaux jours d'été , lorsque le ruisseau qui traverse le jardin botanique n'est pas à sec , on peut se procurer le spectacle des jeux du Vai- ron au dessous du dernier barrage -, on volt les Vairons en troupe se presser en foule contre ce barrage , afin de jouir de l'eau qui s'échappe en cascade, et plusieurs d'entre eux s'élancent au dessus de la surface de l'eau , retombent et recommencent le même jeu.

Le Vairon aime beaucoup à remonter le cours des

( 223 ) ruisseaux , ei a recevoir de la nouvelle eau : aussi dans le grand bassin du Jardin Botanique , on les voit, réunis en masse considérable, se porter continuellement contre le grillage globuleux placé h l'extrémité du conduit qui l'alimente , lorsque les fontaines des Chartreux ne sont pas taries , ou plutôt , ne sont point rendues mal saines , par la quantité de savon employée par les laveuses; car dans ce dernier cas , presque tous ces poissons meurent, et on voit leurs cadavres flotter à la surface de l'eau.

L'étang de la Valduc , à deux lieues de la ville de Martigue en Languedoc , renferme , suivant Foderé , une espèce de petits poissons de la grosseur du petit doigt , le seul qui puisse y subsister, dont le frai très- abondant recouvre quelquefois une partie de la chaussée. Montfalcon, Hist. niéd. des mar., 1826, 2,'' éd., p. 70 (1).

Ne serait-ce pas le Vairon ?

Pazumot, Nouv. Mèm. Acad. de Dijon, 1702, a' semestre, p. 114, parle des petits poissons de la belle fontaine de Vermanton, sans leur don«er de nom. Ces petits poissons sont des Vairons, comme il est facile de s'en assurer. Le Péritoine nacré des Vairons est piqueté de très-petits points noirs.

L'appareil dentaire pharyngien du Vairon présente sur l'apophyse de l'os basilaire , un cavité pentagonale, aussi large que longue. Le prolongement postérieur de l'apophyse est en forme de sabre tronqué.

Les dents pharyngiennes inférieures sont crochues , au nombre de six à chaque mâchoire , et disposées sur deux rangs-, l'exlérieur montre quatre dénis, et l'in- térieur, deux beaucoup plus petites, plus minces, que la loupe fait distinguer très-facilement.

Sur une mâchoire j'ai vu seulement trois dents au

( 224 )

Sur d'autres , j'ai vu cinq dents extérieures et une intérieure. D'autres fois il y a quatre dents extérieures et seulement une intérieure.

Le Vairon de la Bèze a le dessous de la màclioire inférieure noir. Au mois d'avril on voit sur la tête du mâle des petites épines coniques ; j'ai revu à la fin de mai ces mêmes caractères sur des Vairons pris dans rOuclie, à l'aval du pont de l'hôpital. Un mâle avait sur la tète une multitude de ces petites épines coniques, si remarquables sur la majeure partie des mâles du genre Cyprin , à l'époque du frai.

« Véron , petit poisson de rivière , différent du Vairon dont nous avons parlé; il ressemble assez pour la forme du corps , à un petit Gardon -, mais il en diffère beaucoup par les couleurs, qui sont très-brillantes, surtout dans le temps du frai Ces couleurs appar- tiennent à la peau , car il n'a pas d'écaillés. » Encjcl. mélhod., Dict. des Pêches , p. 2C)3.

De cette description , il faut conclure que l'auteur n'avait jamais vu de Véron.

Ge^z/'e <fe5 Loches ou DoRMiLLES , Cobitis , "Lmn. Dru- milles, dans quelques parties du Dauphiné.

Bloch , IchthyoLogie , part. i,p. 172.

Tête petite , corps alongé , revêtu de petites écailles et enduit de mucosité ; les ventrales fort en arrière et au-dessus d'elles une seule petite dorsale ; la bouche au bout du museau , peu fendue , sans dents, mais en- tourée de lèvres propres à sucer , et de barbillons.

Les Loches sont sujettes à la ligula ahdoininalls , Bloch, Gmel. , S. N., xni, p. 3o43 , sp. 2, a. Ligule très-simple , Encyclop. métliod., Vers , tom. 2, p. 494? sp. 6;Dict. Se. nat. , tom. xxvi, p.4o3j lvii, 611. Atlas , Vers, pi. 46; %• 5.

( 225 )

XXVIÏÏ. La Loche fi'anche, Cohitis harhatala, Linn. ,

Gmcl. , S. N. , édit. xui, p. 1048, sp. 3.

Bloch , Ichthyol., pari. i,p. 179, pi. xxxi, fig. 3.

Juriue, Hist. des poissons du lac Léman ^ p. i56, «" 5 , pi. 2.

Marsili , IDaiiub. , loin, iv, p. 24, tab. ix , fig. 1. De Cobitide lluviatili, j>. yj, tab. xxv , fig. 1, Fuadulus.

Boiinaterre, Tableau encyclop,, ichthyol., pi, 61 ,fig- 241. 1

Lacépède, Hlst. nat. des poiss., tom. ix , /'. 10.

Rondelet, De piscibus fluv. lib., cap. xxvn , ' p. 204. Barbatula. Cap. XXVI, p. 20 5, de Cobite fluviatili ; la figure ne convient guère, à raison de l'absence des barbillons.

Belon, Lochia pinguis. Droniilla.

Aldrovandi , de Piscib. , lib. v, cap. xxix, p. 616. De Coljite \

fluviatili. Cap. xxxi, p. 618. iDe Cobite barbatula.

Me3fer, Représ., tom. 1 , pZ. 'j\,fig. irifer. die Grundel.

Dict. des se. nat., tom. ix, p.\Q\. Atlas. Ichthyol. , pi. 67 ., fig- !•

Nouv. Dict. d'hist. nat., édit. 2, tom. vu, p. a'iô.

Duhamel, Traité général des Pêches, 11^ part., sect. m, p. 521 , pi. xxvir y fig. 4-

Dans quelques communes du Lyonnais, Barhou.

40 vertèbres , 20 paires de cotes.

D. 10 : P. 11 : V. 7 : A. 7-8 : G. 24-26.

Ce poisson est appelé Dormille , ^ Baromètre, ^ à

La figure supérieure de ce cliapitre a une grande ressem- blance avec celle du Gobioïde Broussonnet, donnée dans le Nouv. Dict. d'Hist. nat. , édit. 2 , tom. xii , p. 454 ^ pL D. 3^ , ^V'-. 7. L''arcure de la nageoire de la queue, fort prononcée dans la figure donnée par Rondelet , ne s'observe pas dans le dessin du Gobioïde.

La figure aura peut-être été déplacée, comme il y en a plusieurs exemples dans l'ouvrage de Rondelet 5 cependant on y voit figuré raiguillon de la Perce.

* Avant les travaux de Gesner, la Moutelle s'appelait déjà Do' mille sur les bords du lac de Genève.

3 Le nom de Baromètre a été donné à la Loche franche , parce qu'à l'approche de l'orage elle se tient à la surface de

î5

( 2^G ) (jenèvc^ O/e/ncliclLe, à Roile-, Moulaile, Molaile de mis- seau, à Lutry 5 Moustache , petit Barbol, à Versoixet à

l'eau pour saisir les moucherons q^ui s'ea rapprochent da- vantage , ainsi que le dit Jurine.

Cetle habitude ne dépendrait-elle pas plutôt de l'organi- sation de la Loche qui la rendrait très sensible aux vicissi- tudes de l'atmosphère? On observe un pareil effet dans un de ses congénères , le Misgurne , Cohitis fossilis , Linn. ^ Loche d'étang, Bloch , /c/^^//j'o/., part, i ,p. xj'à^pl. sxxij ' yrg. 1 ; Lacépède, ix,jd. 225 Misgurne fossile ,applée Bw romètre vivant, que, par un lapsus ca'.ami , Linné ^ S. N. , éd. XII y p, 5oo , a dit Thermonietnun l'ivurn , désigné par Fi'isch, Miscell. Berolin., toni. vi, p. 119, Tab. iv, n" 2, sous le nom de Lampetra barhata.

Ce poisson monte à la surface de l'eau , l'agite et la trou- Lie au moment de l'orage; et cette habitude le fait conser- Ter, dans un vase plein d'eau, dans plusieurs officines de pharmaciens allemands ; il est appelé par Cuvier Loche d'étang , dans son Règne animal, éd. 1 , tom. 2, p. 278. Sa robe bleuâtre , chargée latéralement de ciuq lignes noires longitudinales , dislingue cette espèce de ses congénères.

Le Misgurne, Cobitis fossilis , Linn. , J. Hermann , Obs. zoologicae , p. 3o7, avale sans cesse de l'air atmosphérique, en convertit l'oxigène en acide carbonique , en le faisant passer au travers de ses intestins ; il le rend par l'anus. On peut consulter les curieuses expériences de M. Ehrmann à ce sujet. Voyez Cuvier , Hist. nat. des Poissons , tom. i^p- 5i9, et Règne animal , éd. 2, tom. 2 , p. 278.

Dans tous les poissons , il se fait à la peau et sous les écailles une transmutation semblable. Ibid.

Gabriel Clauder a donné à ce poisson , bien représenté par Meyer , tom. 2, pi. ^5 , le nom de Thermomefrum vi- viim, parce que, dit- il, lorsque la température de l'atmos- phère doit variev du chaud au froid ou du froid au chaud,

( 227 )

St. -Prix 5 Gaul, à Strasbourg. J. Hermann , Observ. zoolog. , p. Soy.

Dans notre pays ou lui donne le nom de Moutelle , parce qu'à raison de sa forme et des couleurs de sa peau, on l'a regardée comme une petite Lotte, Mustela, et on lui en a donné le nom 5 effectivement Gesner , de ^cfuatil. , p. 714 5 parle delà Loche franche sous le nom àc Mustela minima, ^ et p. 4^°? ^^ avait rappelé

ce poisson, dès la veille de ce cliangement, manifeste une agitation continuelle ; mais surtout lorsque le temps menace d'orage et de tonnerre , ce poisson Tannonce par une sorte de bruissement ( Sibilos edere solef).

C'est en suivant Clauder que Linné a mis Thernwine- trum vivum.

Le nom de Loche d'étang a fait commetti-e à Alléon Dulac , Mémoires pour servir à VHist. natur. du Lyonnais ^ totn. 1 , 77. 1 52 , une singulière bévue : s'attacliant aux mois Loche et Goujon, employés par Rondelet pour désigner les Gobies Aphye et Pagancl , il a cru que Rondelet voulait parler de nos poissons d'eau douce, désignés sous ce nom j et ne faisant point attention au titre du Jivre De Piscibus stagni marini , il a copié le chapitre, et l'a donné comme indiquant la Loche. Cependant Rondelet avait eu l'attention de dire : La Loche franche, c'est-à-dire Cobitisfltiviatilis , est plus longue et plusgrAle. Mais c'est ainsi qu'on faitdes livres avec des livres, comme le fait observer Cuvier, Histoire na- turelle des Poissons , tom. x , p. 4^3 , en parlant des tra- vaux de Lacépède , qu'il reclilie dans toutes les occasions.

Le même Alléon Dulac, Mémoires , p. i56, donne sous le nom de Chabot une description fort confuse de la Loche de rivière, Cobitis taenia, qu'il n'avait jamais vue.

Moteila ( sic vulgus profert pro Mustela ) dicitur pisciculusj magaitudiue fere piscis Chassot {id est Gobil

( 22g ) îa dénomination Moutelle (dérivée deMusteta), donnée en Bourgogne à ce poisson. Quelques-uns, dit-il, écrivent Moiitloile ; d'autres disent Estoile , par mauvaise pro- nonciation j à moins qu'on n'ait voulu par ce nom dési- gner les taches de son corps.

D'après ce passage , le nom 3fouttoile était employé pour désigner et la Lotte et spécialement la Loche franche " .

Les Loches , dit Albert-le-Grand , d'après Aldrov. , de Piscih., p. 6i8, sont de petits poissons qui portentles noms de Lostes ^, ou Loxes , on F undules , parce qu'ils s'enfoncent dans la vase pendant l'hiver.

Belon donne l'origine du nom Dormille. « Les Lyon- « nais , dit-il , par le déplacement de quelques lettres « du mot ^/?^/'om/5 , ont employé celui de Dromille, « pour désigner un petit poisson très-abondant en été , « rare en hiver, et dont la chair maigre et sèche est <c par cela même très-saine. » Gesner , de ^quatil. , p. 45. DeAndromide, Bellonius.

Lugdunenses detortis quibusdam ab Andromide lilteris Dromillam vulgo vocant, pisciculum quem aestate fréquentera habent, hyerae raro De fluvia-

capitati) : cinerei est coloris, et stellîs Insigni's; in deliciîs maxime et propter caritatem à divitibus tantum delicatulis emitur. Gesner , p. yi5.

Gesner, ea parlant rie la cher'.é de ce poisson, a été trompé par le nom Aîustela , qui était employé pour dési- gner la Lotte qui effectivement orne plutôt la table des ri- ches que celle du pauvre.

' Ce qui est prouvé par la note ci-dessus qui parle des étoiles sur la peau.

* Origine du mot français Lotte.

( 229 ) tilibus edant eum qui dlcitur andromis. Qulhus ex verbis intuli piscem hune raacra ac slcca , et ob id salubri carne constare, quo factura estulLugdunensiura Dromillam cura Plinii andromide contulerira. Gesner, de Aquatil. ,p. /^5. De Andromide , Bellonius. C'est bien la Loche franche.

Les mois mai greei sèche sont les opposés de visqueux tl mollasse , qualité de la chair des poissons dits lourds et indigestes.

La Loche franche ou Moutelle se reconnaît à son corps cylindroïde, nuage et pointillé de brun sur un fond jaunâtre, à ses six barbillons , à sa tête sans aiguillons, à ses écailles très-petites.

Sa longueur varie de trois à quatre pouces. Ce poisson commun dans nos ruisseaux, se tient comme le Chabot sous les pierres, d'où il s'échappe quand on les remue , avec une telle vitesse que l'œil peut à peine le suivre.

Il fraie au printemps , c'est-à-dire en mars et en mai , suivant Marsigli , qui dit que sa couleur à cette époque devient d'un rouge cinabre-, ses œufs sont nombreux , jaunes et petits ; ils sont déposés sur le sable et entre les pierres. Ils sont si abondans, dit Marsigli, qu'ils s'échappent du ventre de la mère , déchiré par la cuisson.

Il se nourrit de vers et d'insectes ; on peut le conser- ver longtemps en vie dans des bocaux, sans qu'il soit nécessaire de renouveler l'eau trop souvent , dit Jurine ; ce qui détruit l'assertion d'H, C, qui, dans le Dict. des Se. nat., x, p. 485, dit : il meurt très-rapidement dans un vase dont l'eau est dans un repos absolu , comme l'assure aussi Bloch, p. loo.

Sa chair est grasse , délicate et de fort bon goût , très-

( 230 ) recherchée en automne et au printemps , c'est-h-cîire en novembre et en mai 5 aussi Bloch a-t-il indiqué la ma- nière d'élever ce poisson dans les viviers. Elle est répétée dans le Dici. des Se. nat. , tom. ix, p. 485 , qui, pour faire réussir ces poissons dans une rivière ou dans un ruisseau , donne un extrait de Bloch , tiré de son Ichthyologie , part, i , /?. 180 , i8i .

On trouve quelquefois dans les intestins de ce poisson X Ecliinorh/yncus cobitidis , Goèze, Gmel. , p. 0048 , sp. 31. Echin. carpioms ,^^oe\re\M^ (jvneX. ^ p. 3o5o , sp, J['2. Echin. affinis, Mull. , Gmel., p. 3o5o, sp. 44* E china rhynque de la Loche , Encyc. raélh., vers, tom. 3 , p. 3o4, 10.

,. XXIX. La Loche de rivière. Cobiiis tœnia, Linn.

Bloch, Ichthyologie , part, i, /». 177, pi. xxxi ifig- 2. Bonuaterre, Tableau £ncjclop. des trois Règnes , ichthyologie ^

1>L 61, fig. 2J2.

Duhamel, Pêchet , ■2<i part., sect. m, p. 52i , pi. xxvn , fig. 3.

Marsili , Danub. , tom. iv, p. 5 , pi. 1 , fig. 2. Cauda perperam furcata de Cohilide aculeata.

Rondelet, de Piscib.fliu'iat. liber , cap. xxvii , p. 204-, de Cobitc aculeata ;^g-. super. Perce.

Laccpède , Hist. nat. Poiss. , tom. i%,p. 18.

Gesacr , de ^quati/ib. , p. 479- Cobiiis aculeata./Zo/it/eZef. Loche perce ' , de Bilan.

Meyer, Rcpréscnt., tom. 2, pi. ()6,fig. super. Der Steinbesser.

' Cette espèce est appelée Perce , parce que, par son corps oblong, cylindrique et gluant, elle a l'air de percer les pierres. Gesner , de Aqiiatil. , p. 479-

Ce nom me paraît plutôt venir du grec nïpxoç, moucheté de noir ^ caractère qu'olïre en effet ce poisson.

Gesner , p. 482 , sous le titre Cobitis aculeata , parle d'un Piscis mordens lapident , appelé en grec Dacolithus , en fran- r.ais Perce, et en Savoyard Mortpicrre (.lisez Alord- Pierre)^

(231)

NoM'. Dict. d'Hist. nat., éd. 2, tom. vu, p- 237. Dict. Se. nat. , tom. ix , /). 485.

Miscfll. Berolin. , tom. vi, i7Jo,p. 120 , tah. ly , fig, 3. Loche à piquaus.

40 vertèbres , 28 paires de côtes. ^

Cette espèce, beaucoup plus petite que la précédente, et dont Artédi donne une description très-étendue , IchtlijoL, part, v, p. /\.-6 , se reconnaît à ses six bar- billons , à son corps comprimé , orangé, marqué de séries de taches noires , et surtout à l'aiguillon fourchu et mobile que le sous-orbitaire forme en avant de l'œil. Schonevelde l'appelle Tœnia cornuta, Iclhyolog. p. y/f.

Les habitudes de ce poisson se rapprochent de celles de la Loche franche : il est beaucoup plus vif qu'elle 5 se tient entre les pierres 5 perd la vie diflicilement , et fait entendre une sorte de bruissement quand on le saisit. Il vit de vers, d'insectes aquatiques, de petits poissons , de frai 5 il fraie en avril et en mai.

Sa chair maigre , coriace et peu recherchée , est in- commode à manger à cause des aiguillons et des arêtes, fait signalé bien clairement par Rondelet , en indiquant le fraude des marchands de poissons , qui vendent la Loche de rivière , pour la Loche franche. Duhamel a donné à la Loche de rivière le nom deBai botte grasse ^ .

désigné ensuite sous le nom de Mustela Jliiviatilis parva imberhis.

Ou voit que dans cet article Gesner a fait une macédoine du Cohitis tœnia {^Ytivce) et de la Lamproie ( Mord-Pierre).

Aldrovandi , de Piscib,, lib. v, cap. xxx , jo. 617 , De Cobile aculeata , répète le dire de Gesner.

' Il ne faut pas s'arrêter à cette épithète , donnée par Du- hamel , et confondre cette espèce avec la Locliia pinguis de Selon, la Loche franche.

( 232 ) « Ce poisson , dit-il , long de quatre pouces, et lafgc d'un demi pouce , se plaisant dans la fange , est moins bon que \a franche Barbotte; » et p. .55o, il ajoute : « la Jigure 3 est une petite Barbotte , dite Grane , ( sans doute pour Grasse ). Elle est dilFérente du Barbeau , par sa grosseur , par la forme de sa tête, par le nombre de ses barbillons. Quelques-uns veulent que ce soit une Loche. »

C'est en effet la Loche de rhnère, Coh'tis tœrila, Linn., dont V Encyclopédie méthodique, H 'st. nat., lom. 3 ' , p. 232 , dit : « La Loche en Bourgogne , Mouteille. »

« La Loche de rivière a été trouvée dans un vivier « du hameau des Grands Moulins , bord de la Bèze. « ÎS^ote fournie par M. Pataiile.

M. Dumis, secrétaire perpétuel de l'Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, nous ap- prend que dans (juelques comaïunes dadépirtement du Hhone^ le CobUis tce<va. Lin. , est appelé Shatouillie. « Cette espèce, écrit-il, moins grosse que la Loche franche, en diffère essentiellement par une disposition remarquable de son sous orbitaire. Cet os pro'^ninent en dehors et en arrière se termine par un double ai- p-uillon : son articulation avec les autres os de la face est très mobile -, un muscle fixé à sa base lui fait éprouver un mouvement de bascule de dedans en dehors, d'où ré- sulte nécessairement la saillie des aiguillons ; ce petit ap- pareil de défense est surtout mis en jeu, lorsque l'animal

' Haiiv, auteur de ce Dietloiinaire , confirrae le proverbe Ne sutoT ultra crepidarn. Autant ses découvertes cristallo- ^raphiques l'ont rendu céK^bre , autant le Dictionnaire ichthyologique lui fait peu d'honneur. Cuvier, Hist. nat, des Poissons, toin, i ■, p- i52, en porte le même jugement.

( 233 ) est saisi ; les blessures qu'il peut faire sont bien légères ; c'est ce qui a valu sans doute au poisson qui le porte, le nom de Shatouillie ou Chatouille. » Voyez Lettre du 21 juin 1837, adi-essée à l'Académie de Dijon.

Les noms de Shatouillie , ou Chatouille, appliqués à cette Loche fournissent une nouvelle preuve de l'abus des noms, puisque celui de Chatouille a toujours été, et depuis longtemps , employé pour désigner l'Ammocète.

Je n'ai trouvé dans aucun des ouvrages d'Ichthyolo- gie que j'ai consultés le nom de Saiouille , Shatouillie ou Chatouille , donné à la Loche.

Ces noms ne se trouvent ni dans la table de Duhamel, ni dans celle de Lacépcde.

Aldrovande parle seulement du Chatillon, Chatillon.

Gesner dit Chatoile.

Dans VEncycl. niéth. , Poissons , Pêches, on trouve ChatiUon, Chatouille.

Mais tous ces noms désignent l'Ammocète.

Suivant Marsili , la chair de ce poisson est dure et tenace ; ce qui confirme le dire de Rondelet.

Les œufs de la Loche de rivière sont très-petits , peu nombreux et blanchâtres. id

Ce poisson fraie au mois de juin , entre les pierres , dans le courant des rivières.

Deuxième famille des Malacoptérjgiens abdominaux.

EsOCES.

Bord de la mâchoire supérieure formé par Tinter- maxillaire ; nageoire dorsale opposée à l'anale.

Bloch , Ichthyolog. g part, i, pag. 182.

Une description détaillée delà tête du Brochet est don- née par Cuvier , Règne animal, éd. 2, tom. 2, p. 282. •■

( 234 )

r XXX. Le Brochet , Esox ( peuNetre à^esitare , k cause de la voracité de ces poissons) lucius , Lion. , Gmel. , Se. nat. , xin, p. 1090, sp. 5.

Bloch , Ichthyologie , part, i , p. i83 , pi, xxxir.

Juriue , Hist. des Poissons du lac Léman , p. 23i, n" 21, pi. i5.

"Duhamel, iiB part. , p. 522, pZ. xxvii ,^^. 6, tom. s , p.yo,

Lacépède , Hist. nat. des Poiss., tom. x, p. 20.

Meyer, Keprétentations , tom. 1 , pi. 9. Bounaterre , Tabl. encycl., Ichthyol., pi. 72 , fig. 296,

Geoffroi , Mat. médic. , in-i^°, tom. 3 , p. 269.

Rondelet, de Piscibus JliwiatiL. liber , cap. xiii , p. 188.

Marsigli, Danub., tom. iv, p. 63, tab. xs.11, fi g. 1.

Nouv. Dict. d'h. nat.,édit. 2, tom. iv, p. 363. ^\ J. Hermann , Observ. zoolog. ,p. 3i3.

Dict. des Se. nat. , tom. xv, p. 807.

.r Vertèbres, 61 : paires de cotes, 3o. Bloch, p. 187.

D. 20 : P. i3 : V. 13 : A. 18 : C. 25. Membrane branchiale, 14 feuillets; vertèbres, 61; 39 paires de cotes, d'après Artédi , Ichthjolog. , pari, v, p. 53-55.

Le nom de ce poisson lui vient de sa forme alongée , comparée à une broche ; sa dénomination latine , Lucius , donnée par Ausone, vient du mot a «a, Lupus, altéré par ^es copistes , qui se contentaient souvent d'a- bréger les mots et de favoriser ainsi leur transformation. Dans le Dict. des Se. nat. , tom. xv , /?. 017, on dérive le mot Lucius de lucere.

Le Brochet ^ est , comme on le sait , d'une voracité

' Les Brocliets sont au nombre des poissons qui ont le plus de dents. Le Brochet ordinaire en a de très-grandes ea crochet; sa langue, ses deux os palatins en sont hérissés d'une multitude dont les palatines sont plus grandes; le vomer est tuberculeux comme une râpe. Cuvier , Anatom. comparée , tom. 3 , p. 192.

La conformation du sac de roreille dans le Brochet pré-

( 235 ) extrême; on pourrait l'appeler Requin deau douce, comme le fait observer Lacépède, et il mérite le noTu de Loup desrmères % qui lui est donné quelquefois. On tire parti de cette voracité pour entretenir dans les étangs une certaine proportion parmi les poissons qu'on y élève. C'est pour cela , par exemple , qu'on met du Brochet dans les étangs, pour modérer la multiplication excessive de la Carpe , dont la fécondité est si consi- dérable. Il sui'lit, pour atteindre ce but, de mettre dix Brochets pour cent Carpes.

On reconnaît facilement le Brochet à son museau oblong, obtus, large et déprimé.

a Les petits intermaxillaires sont garnis de petites « dents pointues , au milieu de la mâchoire supérieure, (( dont ils forment les deux tiers ; les maxillaires qui en « occupent les côtés, n'ont pas de dents. » Cuvier, Hègn. aiiim., édit. a, totn. 2, p. 28. Et dans son ylnaU comp. , loin. 3 , p. 5^8 , il dit : Le Brochet a des dents dans tous les endroits de la bouche il peut y en avoir.

sente une disposition qui n'a été trouvée jusqu'ici que dans ce seul poisson. Ouv. cite, tom. 3, p. 457.

C'est un petit appendice creux.

Le grand osselet de l'oreiile interne du Brochet offre deux tubercules ou avances à son extrémité antérieure. P. 458.

La partie antérieure du crâne offre un grand espace vide, au travers duquel passent les nerfs olfactifs. Dict.Sc. 7iai. , tom. 42 5/7. 168.

Les iiiteriïiaxillaires desBrockets sont très-petits, courts, triangulaires et aplatis. Uict. Se. nat., tom. 42 , /?. i/J*

' On appelle le jeune Brochet Lançon ou Lanceron , à cause , dit Belon j de la rapidité avec laquelle il s'élance sur sa proie.

( 236 )

Bans la tête , quelques parties demeurent toujours cartilagineuses * , quoique le reste du squelette ait une grande dureté ; par suite de cette disposition , on sépare facilement les os de la tête du Brochet , dans laquelle on a prétendu trouver tous les instrumens de la pas- sion , comme on a cru les démontrer dans la fleur de la grenadille. J^ojez ci-dessous , p. 248.

On distingue aisément sur ce poisson la manière dont les chairs sont disposées dans les animaux de cette classe, comme nous allons l'indiquer.

Les grands muscles ^ latéraux du tronc sont divisés

« La colle que Ton tire des mâchoires du Brochet a , suivant Spielmann , tant de ténacité , qu'elle enlève l'émail de la faïence. Digressions académiques , par Guy ton de Morveau , 1772, p. 284, (i)-

Notre conipatriole ne dit pas avoir vérifié la réalité de l'assertion de Spielmann , qu'il faut entendre de la manière suivante :

La colle tirée de la tête du Brocliet ( c'est ainsi qu'il faut entendre les nulchoires , indiquées par Spielmann ) n'est pas plus tenace que la colle de poisson ordinaire 5 elle peut en effet enlever de la faïence l'email qui la recouvre s'il n'y est pas très-adhérent.

* 11 est difficile, dit M. Geoffroi-St.-HIlaire, de faire de la myologîe avec des poissons : leurs muscles sont rapprochés par un tissu cellulaire si court et si serré qu'on hésite sou- vent sur leur réelle séparation. Pour savoir à quoi s'en te- nir, il faut observera la fois deux sujets delà même espèce, l'un frais, l'autre bouilli. Le feu agit vivement sur le tissu cellulaire et le déchire, et les muscles laissent apercevoir , d'une manière plus prononcée , leurs limites et leur encais- sement. Philosoph. anatomique , p. 96.

Cuvier n'a point été découragé par la difficulté signalée

C 237 ) transversalement par des lames aponévrotiques , en autant de couches de fibres qu'il y a de vertèbres. Ce sont ces couches, qui, détachées par la cuisson (lors- qu'elle a dissous la gélatine des tendons), font paraître la chair des poissons feuilletée. Cuvier, Hist. nat. des Poiss. , loin. 1, p. DC)x. On peut se former une idée très- exacte de cette disposition, en jetant un coupd'œil sur la tab. in,Jig. i, de V Hist. des Poiss., par Gouan.

Le Brochet , très-carnassier , avale des grenouilles , des serpens , des rats , des jeunes canards et autres oi- seaux d'eau , même àes chiens et des chats qu'on noie à leur naissance pour s'en débarrasser ; il est aussi goulu que le Requin ; sa nourriture habituelle consiste en poissons. Albert-le-Grand , Oper. , lom. vi, lib. xxiv, p. 656, et Vincent de Beauvais, Specul. naiar. , tom. I, lib. xva , cap. lxiv , donnent sur le Brochet des ren- seignemens assez exacts -, ils indiquent très-clairement la précaution employée par ce poisson pour avaler les poissons Acanthoptérygiens -, ils signalent sa voracité, qui lui a fait donner le nom de Loup des rluières , et qui pourrait le faire appeler le Crocodile de nos rivières ^ et cela avec d'autant plus de raison , que , pareil à ce saurien , pendant les chaleurs de Télé il se tient presque constamment à la surface de l'eau il dort des journées entières-, ce qui permet, suivant Jurine , de le pécher au harpon.

Le Brochet fraie, suivant Bloch , de février en avril, et, d'après Jurine, pendant les trois mois du printemps. Sa chair, dépourvue d'arêtes, forme une excellente

par M.Geoffroi-St.-Hilaire; et on peut lire une myologie très- savanle des poissons dans l'Histoire nai. de ces aniaiaux , îor/i. i , livre ir j cliap. IVj/». dij5.

( 238 ) nourriture 5 ses œufs sont nuisibles, comme ceux de la Lotte et du Barbeau 5 aussi a-t-on soin de les jeter. Mais le foie est estimé et recherché, au dire d'Arnault de Nobleville et Salerne , MM. D. D. d'Orléans , et au dire de Lieutaud.

Les Brochets de la Norge étaient jadis très-estimés , soit par leur grosseur , soit par la délicatesse de leur chair 5 aujourd'hui l'on n'en parle plus. Le Brochet a la vie dure , d'aprts Bloch.

Les Brochets truites de la fontaine sans fond près de Sablé en Anjou , et indiqués par l'infatigable compilateur Buchoz , Dici. min. et hydrograph. de la France , tom. I , p. 3i8, comme une espèce singulière qui ne se voit point ailleurs , ne sont , s'ils existent, qu'une variété.

<( Un de nos pêcheurs m'a assuré avoir vu, il y a envi- ron douze ans, un Brochet, pesant une livre et demie et sorti du Doubs , qui était absolument noir. Ce poisson ne fut vendu à Dijon qu'avec peine à cause de sa couleur. Le pécheur prétend que cette couleur provenait de ce que ce Brochet avait été retenu dans un creux d'eau bourbeuse. » Letlre de M. Baudot, i3 novembre i835.

Celte variété accidentelle de couleur ou cette méla- nose , que l'on remarque aussi dans l'écrevisse , se re- trouve encore dans la Truite , ( la Truite saumonée noire , Salmo alpinus ) , dans l'Omble chevalier , etc.

M. Dupuis , marchand de poissons en gros , a vu plu- sieurs fois des Brochets noirs , il en a aussi rencontré d'entièrement bleus.

Ces variétés de couleur , sur une espèce aussi tranchée que le Brochet , vient bien à l'appui de l'opinion de Jurine consignée à l'article Truite.

Suivant Hermann , Obiervat. zoologicœ^ p. 3 14 ? les

( 239 ) Brochets noirs se trouvent dans les eaux froides et dures *, dans les eaux stagnantes ils sont jaunes. On en voit de rouges.

Jurine , Mém. de la Société de phys. et d'hist. nat, de Genèwe , tom. m, i" part. , p. lyS , a vu un gros Brochet contrefait , de manière qu'à partir de l'occiput le dos s'arrondissait , puis le milieu du corps se courbait en sens inverse , pour se relever près de la queue , qui conservait toujours la rectitude naturelle. Il a examiné avec soin les vertèbres de ce poisson , sans pouvoir pé- nétrer la cause de celte déviation.

Cette difformité se remarque sur plusieurs espèces de poissons.

Dans la fontaine du Gabard , en Angoumois , on pêche souvent des Brochets aveugles ' , et jamais un qui ne soit borgne de l'œil droit, lequel, chez les aveugles, a été attaqué le premier, et est beaucoup plus endommagé que l'autre. Cette fontaine est une espèce de gouffre dont on ne peut trouver le fond. Act. Paris., 1748, Hist. ,p. 27, § i.

La cause de ce phénomène aurait-elle du rapport avec celle de la cécité de l'Ombie Chevalier {Saîmo umbla^^ tenu en réservoir? fjit dont Jurine, Mémoire cité , p. i83, s'est assuré par expérience. Cet auteur a vu de même les yeux des i^er«^ ( Corrego?ius fera) , commencer à blanchir au bout de quelques heures qu'elles étaient placées dans le réservoir , l'on peut à peine les garder un jour. Mém. cil. , pp. 198 , 194'

Ce phénomène de cécité at-il du rapport avec celui d^s canards de Valvasor, aveugles et sans plumes, dont M. Da- niel de Cf'tte a entretenu l'Académie des Sciences le 3o octobre 1806 ?

( 240 ) Ces différens phénomènes sont bien dignes de fixer l'attention des naturalistes.

Au dire de Bloch , Ichlhr^/olog. , part, i, p, i85, le Brochet est, de tous les poissons , celui qui croît le plus proraptement ' . A la fin de la première année , il a 8-10 pouces -, la troisième , de 18 à 20 -, un Brochet de six ans doit avoir une aune et demie de long^ un de douze ans, deux aunes. Il parvient jusqu'à la longueur de six à huit pieds.

L'œsophage et Testomac sont garnis de grands plis, qui donnent à ce poisson la facilité de rendre à son gré les corps qu'il a avalés , faculté qui , dit Bloch , ne lui est commune qu'avec le Cabeliau.

Cette assertion est inexacte , parce que tous les pois- sons voraces ont , comme les oiseaux de proie , la faculté de rejeter les matières indigestes qu'ils ont avalées.

« Le Brochet se trouve dans la Seine en descendant le fleuve depuis Chàtilîon ; il y est très-rare en remon- tant vers la source. Il est abondant dans l'Ource et assez fréquent dans l'Aube, m Note de M. Boiirée.

« Il n'est pas rare , dit J. C*** ( J. Cuça) , PiscisceptoL, « 1828, /7. 80, devoir des Brochets dont la grosse <c arèle et une partie de la chair sont de couleur verte. « Les gourmets estiment beaucoup cette variété. Le foie « du Brochet est très-bon à manger. »

» M. Duquaire , dans un Mémoire sur les Etangs , et les Moyens d'en tirer les meilleurs produits , rapporte le fait suivant :

ce On avait nais dans un étang du Beaujolais, de trois quarts « d'arpent, seize petits Brochets : au bout de deux ans « quelques-uns d'entr'eux pesaient cinq à six livres. » Méni. Sociclé d'Agriculture f d'IIisi, nat, de Lyon f i834 j p. ^S.

( 241 )

L'appareil de Paudition chez les poissons est logé sur les parties latérale et intérieure de la tête ; il se trouve à peine séparé de la cavité cérébrale par une mem- brane. Le Brochet seul , parmi les poissons , semble pré- senter une troisième division du sac auriculaire.

Pour envoyer les Carpes et les Brochets au loin , il faut leur emplir la gueule avec de la mie de pain gon- flée dans l'eau de vie , et leur verser ensuite dans la gueule un demi verre d'eau de vie ; arrivés au lieu on les envoie, on enlève le pain et l'on met le poisson dans l'eau. Décade philosoph. , 1806 , tom. l, p. 187.

Le Brochet est sujet à plusieurs espèces de vers in- testinaux.

On trouve dans son foie :

1"^ V Ascaris lacustiis, Fabr., Gordius lacuslris, Linn., Gmel. , Se. nai., xnr, p. 3o36 , sp. 66.

Dans ses intestins vivent :

2." V Ascaris aciis , Bloch , Gmel., p. 3007, sp. 71.

\J Eckyjiorj nchiis Lucii , MulL, Gmel. , p. 0040 , sp. 33.

4" he Tœjiia iiodulosa , Goèze , Gmel., p. 3072, sp. 5o , figuré dans l'Encyclop. , Atlas, vers, pi. 49 , fig. 12-1 5. Tricusjndaria , ^remscr, vers,/;. 196, 399. Triœnophorus nodulosLis , Bremscr ,/:>. i38. Trienophore noduleux , Encycl., vers, tom. 3, p. 763. Dict. Se. nat., tom. Lv , p. i85 , pi. 48 , fig. 3. Cuvier , Règne animal , édit. 2, tom. 3, p. 270.

Cette espèce de vers est très-abondante au printemps, on n'en trouve point en automne d'après la remarque de Bremser.

Dans résophage et l'estomac du Brochet vit la 'asciola Lucii, Muil., Gmel., p. 3o58, sp. 36. Distoma \terelicoîle , Encycl. méth. , vers, tom. 2, p. 268.

16

( 24-2 ) sp. 54' Douve à long col, Annal. Se. nal,, 1824 , tom. 3 , p. 490 5 ^^^^- 23. Mém. de la Société de physique et d'Hist. nat. de Genève, 1823, lom. 2, 1" part. , p. 145 , tab.

Dans le crâne du Brochet , à l'état frais, ( Ciw., hist. 1 , p. 333 ) , les solutions de continuité sont fermées par des membranes ou des cartilages 5 une solution de con- tinuité entre le pariétal , le mastoïdien et l'occipital ex- terne , se remarque dans le Brochet , qui en a encore une autre entre le frontal postérieur , la grande aile et le mastoïdien -, c'est même au milieu de ce cartilage dans le Brochet qu'est suspendu un très-petit vestige de rocher. Cuvier , IlisLoire naturelle des Poissons , tome 1 , page 333.

Cette disposition est la source d'une assertion dont tout le monde parle dans la société , et qu'il est assez ditlicile d'éclaircir, quand on veut s'en occuper.

Le Brochet est , comme on le sait , un des poissons que l'on sert sur les meilleures tables 5 du temps d'Au- sone , il n'était point estimé ; il était un mets de cabaret -, la conformation singulière de sa tête , dont le museau se rapproche de celui ou du canard , ou de l'ornitho- rinque , a donné lieu à des considérations variées, d'a- près l'une desquelles certains religieux, probablement des Jésuites , astreints au régime maigre , ont cru trou- ver , dans les pièces qui composent cette tête , les ins- trumens de la passion : peu de personnes sont dans le cas de les indiquer.

Désirant faire tourner à l'avantage de la science cet objet d'amusement , j'ai jugé utile de rapporter à cha- cune des pièces la dénomination anatomique des os qui entrent dans la composition de la tête de brochet, dénomination concordante qui n'a jamais été donnée ,

( 243 ) et qui servira a éviter des erreurs analogues à celles contenues dans le JYouu. D'ict. d'Hist. nat. , il est dit, édit. 2, tom. 20, />. 332. « Le Mésentère est ce « qu'on nomme le Riz de reflwchez le jeune animal -, » et tom. 22, p. 5^6^ a Nerf de bœuf: on nomme ainsi « les tendons de cet animal.... on prend ordinairement <{ pour cela les tendons de la jambe et du caîca- « neum , qui correspondent au tendon d'Achille dans « l'homme. »

Le Mésentère est connu dans les cuisines sous le nom de Fra'se.

Le Riz de veau est le Thymus du jeune animal, ainsi appelé parce qu'il offre des rides , ou à cause de sa blancheur comparée à celle du Riz.

Le Nerf de bœuf est la verge tendineuse, desséchée de cet animal , mentionnée dans le Moyen de parve/iir (par Beroalde de Varville) , tom. 2 , p. 3/[5.

Voyez pour de plus amples détails , ^ct. DivioJi. , 1818,;?. 5i , et 1819,/?. 68 (2).

1 . La portion désignée sous le nom de Lanterne par quelques personnes, et par d'autres sous celui de Colonne, de Poteau ou de Siège, parce qu'elles la comparaient au banc sur lequel on représente l'^'cce Homo assis ^ cette portion , dis-je , est formée par le crâne, auquel on \a\sse ad\iérGr\cs frontaux principaux, dont le long prolongement antérieur sert de suspensoir, si c'est une lanterne, ou imite une colonne, si l'on ad^ met la seconde comparaison.

On trouve dans cette masse les Frontaux postérieurs -, \e?, Mastoïdiens, reconnaissablesà leur longue apophyse 5 les Par'étaux ,• J'os impa-'r ou interpariétal ou occipital supérieur; les occ'p^taux externes remarquables par leur crête intermédiaire j les occipitaux latéraux flan-

( 244 j quant le Basila're; les Bochers , et les grandes ailes. 3. h' Echelle est représentée , suivant les uns , par le rapprochement des deux dentaires , dont les dents sont prises pour les échelons ; et suivant d'autres , par le rapprochement des maxillaires, dont plusieurs per- sonnes font ou une scie ou une lime.

3. Le Couteau ou la Hache est formé par la réu- nion de V Hjosternal et de VHyposternal.

4. Les Palmes sont représentées par les inter- maxillaires , pris par quelques personnes pour le Ro- seau, par d'autres pour le Fouet.

5. Le nom de Lance est donné au Sjdiénoïde ; quel- ques personnes croient trouver la Lance dans les inter~ maxillaii^es.

6. La Croix principale est Y Ethmolde , constamment cartilaj^ineux , qui , tronqué , est pris quelquefois pour le Marteau.

7. Les Croix des larrons se trouvent dans les Tem- poraux.

8. On appelle Marteau, le Jugal; il me pai'aîtrait plutôt se rencontrer dans le Sous-opercule ; d'autres personnes ont cru le trouver dans VEthmoïde tronqué.

9. Le Fouet, ou le Faisceau de verges , est la queue de Vos hyoïde.

, 10. Le Coq ,• on croit en trouver la ressemblance dans la réunion du Jugal avec le corps du Tympanal et le Ptérjgoïdien interne.

11. Le Soleil et la Lune sont représentés par les opercules , dont la forme orbiculaire et l'éclat nacré ont servi de points de comparaison.

12. Les Dez sont les premières vertèbres 5 quelques personnes les remplacent par des boules, c'est-à-dire , par le Ciistallin.

( 2-15 )

i3. Le J^ase du fiel est formé par la Sclérotique ou la tunique la plus extérieure de Toeil.

i4- La Couronne d'épines est trouvée dans la Rujs- chienne, qui forme effectivement un cercle de plis rayonnans et très fins.

i5. VEcj-iteau paraît représenté par le Cubital et le Radial; il le serait peut-être mieux par Vos lingual.

16. Les Cordes sont les tendons engagés dans les dentaires.

17. U Eponge est rapportée à une portion spon- gieuse située à la base de la queue de l'os hyoïde ; ne se trouvant plus dans l'échantillon qui m'a été envoyé , je n'ai pu la rapporter à sa véritable dénomination.

18. Les Clous: on appelle ainsi la pièce placée supé- rieurement à la partie postérieure des inter-maxillaircs. On ne trouve rien d'analogue à cette pièce, dans l§i Perche.

19. Les Tenailles : on prend pour cet instrument des portions osseuses particulières au brochet, et placées sur le prolongement des frontaux , et recouvrant leur extré- mité^ ces portions sont réunies par une substance car- tilagineuse.

On ne doit pas s'attendre à trouver dans toutes ces pièces une représentation fidèle des objets dont elles portent les noms 5 il faut nécessairement aider à la com- paraison qui n'a pu prendre naissance que dans quel- ques monastères.

Suivant la direction des idées des personnes qui vou- dront examiner les pièces osseuses et cartilagineuses de la tète du Brochet , prises isolément ou réunies , chacune d'elles pourra faire de nouvelles comparaisons et consc- quemmcnt donner un autre nom aux pièces désignées^ mais cela ne chansera rien à leur dénominalion anato-

( 246 )

niîque; ces comparaisons vulgaires rappellent un sin- gulier passage des Chroniques , Lettres et Journal de i>ojage ,ext/a\ts des papiers d'un défunt, i836, tom. 2, p. 224. C'est le suivant :

« A l'entrée du village (Poney) , s'élève une vieille « croix de bois;... un coq en couronne l'extrémilé , et « sur sa traverse sont attachés plusieurs objets, emblé- « matiques sans doute, tels qu'une coupe , un anneau, « des tenailles , un poignard , un flambeau , une petite « échelle, etc. , dont j'ai aussi peu compris la signification « que j'ai pu en obtenir l'explication de ceux à qui je <( l'ai demandée. Il y a , je crois , quelque chose de « maçoniqne, et ces usages, qu'on respecte sans en a connaître l'origine, sont peut-être un reste de ceux « des Templiers. »

Le prince Puckler Muskau , qui , d'après la France littéraire, nom', série, i836, totn. 1 , p. 2421, écrit avec une grande prétention à l'originalité, aurait pu, s'il eût voulu se donner la peine de consulter le premier paysan, reconnaître, dans ces objets, les instrumens de la passion : ce qu'il appelle anneau est la couronne ; ce à quoi il donne le nom de poignard est la lance ; le flambeau a bien du rapport avec la lanterne ; etc.

J'ai rapporté ce p iss.ige pour démontrer comment ies choses les plus simples et les plus vulgaires sont quelquefois converties en choses extraordinaires , par les voyageurs superficiels.

Les raisons suivantes me portent à soupçonner les Jésuites d'être les inventeurs de ces comparaisons.

1" Ces religieux avaient l'h ibitude de tout rapporter à la Croix et à sou myilère : ia Croix angéiique de St. Thomas d'Acquin et la fleur de la Grenadille (Pa^^^y/ora) en sont la preuve.

( 247 ) N'ayant trouvé la représentation de celte croix , ni dans l'ouvrage du Jésuite Gretser sur la croix , ni dans les Amusemens phylologiqucs de M. Peignot, je la donne ici.

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Cette Croix, composée, dit-on, par saint Thomas

( 248 ) (F Acquit! , contre le tonnerre qu'il appréhendait ex- iraordinairement, comprend le distique suivant , publié sans figure par le Jésuite Gretser. Jacobi Gretseri Opéra omnia de sancta cruce, p. 2.^63.

Crux mihi certa Salus; Crux est quam semper adoro : Crux Domini iiiecum ; Crux mihi refuaium.

En partant du centre est la lettre G , on trouve dans les quatre sens , et dans une multitude d'autres, les quatre parties du distique ci-dessus.

Nieremberg, Ilist. jiat. peregr. , p. 299, a donné la figure de la fleur de la Grenadille, reproduite par Parkinson, Parndisus, p. 094, avec le litre : The Je- siùLes figure ofthe maracoc ,• Granadillus frutex indiens Chrisli passionis imago.

Dans le dessin on a placé la couronne dV^pines au sommet, tandis qu'en réalité la couronne est à la base de la fleur. L'espèce qui a servi à faire cette figure de fantaisie , est la Passiflora laurifolia, Encycl. Botan. , tom. 3 , p. 34, sp. 9.

Voici les objets signalés dans l'épigramme latine, faite sur cette fleur par un Jésuite.

La colonne : c'est le pistil , Linn. , dans lequel on distingue le support colonniforme , droit et cylindrique de l'ovaire.

Les cinq plaies sont représentées par les anthères des cinq élamines.

Les trois clous sont les trois styles , ou nerfs épaissis vers leur sommet , ayant presque la forme de clous , ( clauœ très , Tourn.) terminés chacun par un stigmate en tête.

La couronne d'épines; on l'a trouvée dans cette cou- ronne {Nectaire f Linn. , Corolle frangée, Tournef. ) ,

( 249 ) composée d'un grand nombre de filamens {étamines ntdimentaires , Dunal ) contenus dans la iïeur.

Le fouet était supposé représenté par les vrilles.

La lance se trouvait dans la forme des feuilles simples de la Grenadille à feuilles de laurier , espèce très-dilFérentc de la Grenadille incarnate , Pfl55i//ora iîîcnrîiaia , Li nn .

Il faut lire dans l'épigramme latine , comment Fauteur a comparé la béatitude des élus , avec l odeur agréable et la pulpe très-suave du fruit (^^ulg. pomme de Liane), qui, dans la Passijlora laurifolia, succède à la fleur valnifiqiie ; c'est Tépithète adoptée par le Jésuite , dont les confrères attachaient beaucoup de prix à ces sortes de rapprochcmens.

Rirclicr , dans son 3Iundus suhtevraneiLS , p. 49 , H^- vni , sect. 2 , en donne un exemple frappant , à l'occa- sion d'une Ammonite , dans le centre de laquelle il a dessiné une A ierge , comme de nos jours Millin , f'oyage dans le midi de la France, tom. 1 , p. 66 , pi. 3 , a donné la figure d'une Vénus dans une coquille.

2°. Maîtres de leur temps, les Jésuites l'employaient fréquemment à des occupations plus ou moins sérieuses ou frivoles. Ne serait-ce pas à eux qu'est le procédé suivant , pour former d'un seul coup de ciseaux une croix en papier ?

Pour obtenir , d'un seul coup de ciseaux , une croix et divers accompagnemens, on prépare un carré long avec un papier, dont un des angles supérieurs est ramené contre le coté opposé 5 on agit de même pour l'autre angle 5 il en résulte une figure pentagone que l'on alonge en rapprochant les deux cotés parallèles , jusqu'à ce qu'ils s'a'ileurent. On plie alors le papV^r par le milieu, et l'on obtient un trapèze. En donnant un coup de ci-

( 250 ) seaux dans le milieu du coté droit opposé au coté oblique , et prolongeant la section parallèlement au plus long coté , le problême est résolu .

En dépliant les pièces , on trouve :

1" Une croix latine complète ;

2" Deux demi croix , c'est-à-dire deux tiges , avec chacune un seul croisillon ou une seule branche 5 on les dit croix des larrons j

3" Deux lances : celle de Longin et celle de l'éponge;

Deux morceaux de papier angulaires , comparés à des pierres qui retiendraient le pied de la croix -,

Deux morceaux imitant les dés avec lesquels fut jouée la tunique sans couture.

3°. Désirant charmer l'ennui, résultat de leur vie uniforme , les moines étaient forcés de recourir à une multitude de moyens pour se procurer des distractions nécessaires, témoin l'invention du solitaire qui était récente du temps de Leibnitz et qui consistait en 33 fiches disposées en croix. Voy. He^^ue de la Côte-d'Oi', i836 , tom. 2, p. 45.

S'il était démontré que la comparaison des pièces de la tête du Brochet avec les instrumens de la passion datât du moyen âge , on trouverait la source de cette opinion dans la légende du Saint-Graal , c'est-à-dire du vase mystique qui contient le sang du Christ, Voy. VEi>angile apocryphe de Nicodéme , cap. xiv et xv , et surtout l'histoire du Graal , racontée par M. Fauriel, et rapportée dans les Etudes sur Goethe, par X. Marmier, i835, p. 494-

(251 )

Quatrième fam. des Malacoptétygiens abdominaux.

Salmones, Cuv. Dermoptères , Dumer.

Bloch , Ichthyolog. , i^art. i , p. io3.

Ces poissons offrent une première dorsale à rayons mous , suivie d'une seconde petite adipeuse , c'est-à-dire formée simplement d'une peiu remplie de graisse et non soutenue par des rayons,

XXXI. Le Saumon , Salmo salar, Linn. , Grael. , Se. nat. , xi:i,p. 1864, sp. 1.

Bloch, Ichthyolog , part. 1 ,p. 106 , pi. xx , ^ , part, iir , p. laS, pi. xcviii, c?. (!' ^^

Duhamel, Pêches , part., scct. 11 , p. -84 , pi. 1, fig- 1-2.

Marsigli, Da nib. , tom. iv, p. 79, tab. xxvii.

Bonuaterre, Tabl. encycl. des trois règnes , Ichthyolog. , pl.65j

fig.-26\.

Lacépède, Hist. nat. Pois s. , tom. w , p. 197. Rondelet , de Piscib. fluviatilib . liber , cap. 11 , p. \6j. Le Saumon a des dents dans tous les endroits de la bouche U peut y eu avoir Cuv., Anat. camp., tom. 3, p. 178. GesneT , de Aquatilib. , p. Cf(v). J. Hermanu , Obseruat. zoologicca , p. 3io. Jioin'. Dict. d'Hiit. nat., édit. 2, tom. xxx,p. 25i. Geoffroi , JUat. média. , in-^°, tom. 3, p. 278. JJict. des Se. nat. , tom. i,v, p. 533. Arfedi, Icthy., part. v,p. 48-5o.

D. i5 : P. 14 : V. 9-10 : A. i2-i3.

Vertèbres , 36 , et 33 paires de cotes.

Le Saumon est un poisson de mer qui remonte les fleuves à l'époque du frai ' ; il le fait en troupe et en deux rangées qui forment les cotés d'un triangle ; il ne se trouve point dans la Méditerranée ; il se plaît dans

' 11 n'y a que les Truites et les Saumons , dit Bloch ^ j'aie vu des œufs de la grosseur d'un pois.

( 252 ) l'Océan, et affectionne surtout le voisinage de Tembou- cliure des grands fleuves , dont il habite les eaux douces et rapides pendant une partie de Tannée , et dont il re- monte le cours à des distances fort considérables ' ; voilà pourquoi on le trouve très-haut dans la Loire, dans la Seine, et même dans l'Arroux, etc. Les taches irrégu- lières brunes de son corps s'effacent promptement dans l'eau douce. Il fait, pendant l'hiver, l'ornement des tables délicates et somptueuses 5 il vit de petits poissons, d'insectes , de vers 5 il fraie en février, mars et avril ; sa natation est si rapide, qu'il peut parcourir i44°° toises (28066 mètres) par heure.

Ces poissons sont swjets à une maladie particulière dont on ignore la cause, et qui leur fait alors donner le nom de Ladres ; leur chair est mollasse et sans consistance. Si on garde les Saumons quelque tempsaprès leur mort, la chair se détache de l'épine dorsale et glisse sous la peau , comme dans un sac. Lacépcde , Hist. nat. des Poiss. , toni. 9 , p. 2.-2.6.

Dans le Saumon et dans les Truites, les intennaxil- laires sont situés sur le devant de la mâchoire supé- rieure, avec un peu de mobilité; les maxdlaires ou os labiaux , mysiaces, sur les côtés , jusqu'à la commis- sure , armés de dents qui continuent la série des dents interinaxillaires. Cuvier, Hist. nal. des Poiss. , Lom. r, p. 333 , pi. m ,fg. 5.

' Albert le Grand, Oper. , tom. vi , p. 65g, et V^incent de Beau vais, Specul. natur. , tom. 1, //Z». xvir, cap. lxxxvh, ont bien indiqué le moyen dont se sert le Saumon pour franchir les cataractes et pour surmonter les obstacles qu'on lui oppose.

A l'époque du frai, les mâles ont sur les écailles des ta- clies brunes et des petites émiiiences. Bloch 5/7. 114.

( 253 )

Le Saumon ordinaire et les Truites ont des dents en crochet aux deux mâchoires , sur la langue , aux arcades palatines, au vomer, au pharynx et même aux os qui représentent les arcades zygomatiques , et qui , dans les poissons , forment ce qu'on nomme les myslaces ou la lèvre extensible. Cuvier, Anatomie comparée , loin. 3, pp. i8c) , 190.

Les ovaires des Truites sont collés à la réi^ion de l'é- pine et divisés intérieurement en lames transverses. Ihid. , p. 534. j

Duhamel, Hist. gén. des Pèches , 2* part. , sect. ir, p. 294? pl- ^vi, fig. 1-19, donne la description et la figure très exactes d'un insecte qui s'attache au Saumon, sans en indiquer le nom.

Ce crustacé est le Caligus Blulleri, Leacîi. Encjclop, méthod.y Allas, Insectes , pi. 335 , Jig. 17-24. Dict. Se. nat. , toni. xiv, p. 536 , loin, xxviii , p. 092. Adas, Crustacés , pi. 5o, Jig. 4.

« M. Duraéril rapporte , au genre Bopyre un petit crustacé figuré par Duhamel , Pêches , pi. 16, f.g. 115 » Dict. Se. nat., toni. v, siippl. , p. 3i, tom. 2,8, pp. 388, 389 , sans doute par erreur.

Le Saumon n'a pas la vie dure 5 il a la chair rouge. Deslandes, par suite d'expériences faites pour tâ- cher de découvrir la cause de celle couleur, Talfribue à un petit corps rouge, assez semblable à une grappe de groseilles, s. tué dans l'estomac; il a reconnu en effet qu'elle s'observe dans la chair des Saumons cuits en- tiers, tandis qu'elle n'existe plus quand on les coupe par morceaux et qu'on les fait légèrement griller.

Alléon Dulac, 3Iém. j)our sentir à F hist. nat. du Lyonnais, tom. \-,pp. 166-188, parle avec beaucoup de détails du Saumon j il rapporte les expériences de

( S54 ) Deslandes, et décrit ensuite la pêche des Saumons dans la Loire, en donnant les dessins des avaloirs construits à cette occasion.

Cette pèche est en effet une branche d'industrie assez fructueuse ' .

Les œufs de Saumon sont enfermes par couches dans des membranes particulières , arrangées les unes sur les autres en forme de plis. Bloch, Ichthjolog. , part, i, p. lOi, pi. XIX, f g. i6. ^

Le foie est gros et rouge , mais nullement bon à manger. Bloch , ^. ii5.

La sclérotique est épaisse d'une ligne en arrière, et aussi dure qu'un os en avant.

' En Ecosse, dans le comté de Banff, le privilège de la pêche du Saumon , de la Spey , dans les limites des domai- nes du duc de Gordon , est affermé huit mille livres sterlings (300,000 fr. ) par an. Revua biitanniq., i835, xviii, p. i47*

Les Boothniens construisent leurs traîneaux avec des Saumons gelés, enveloppés de peaux et fixés par des tra- verses en os de Rennes. Ces traîneaux sont très-solides et très-coulans; et dès que le thermomètre remonte au point de glace, ils ne peuvent plus servir : les Boothniens les brisent alors. Ils mangent les Saumons, font des sacs avec les peaux et donnent les os aux chiens. Voy. du cap. Ross au pôle Nord.

2 La figure ix , planch. viii, de l'Atlas joint au premier volume de V Histoire natur. des Poissons par Cuvier, mon- tre un ovaire ( de Perche ) feuda longitudinalenient pour faire voir les nombreuses lames membraneuses dont il se compose , et qui se tapissent à chacune de leurs surfiices d'un nombre d'œut's si considérable, que lorsqu'ils ont acquis leur développement , ils cachent entièrement la membrane à la- quelle ils adhèrent.

( 255 ) Le Saumon nourrit dans son intérieur : 1. VEdiinorynchus Salmonis , Gmel. , p. 8048, sp. 33.

1. VEchinorjnchus suhlobatus , Gmel., p. 0049, sp. 34.

3. VEchinorjnchus quadrirostiis , Gmel., p. 8049, sp. 35. Telrarjnchus appendiculatus , Dict. Se. nat. , toni. 53, p. 3 16, tom. 57, p. 592.

4. Le Botnocephalus proboscideus , Dict. Se. nat., tom. 57, p. 610.

5. Le Cucullanus lacusliis, ^, Salaris, Gmel . , Se. nat. , édit. xni, tom. 1 , p. 3o52, sp, 6, t. Ascaris marina, Gmel. , p. 3o35 , sp. 61. Filocapsularia conimunis , Eneycl., vers, tom. 2, p. 399. Filaria piscium , Dict. Se. nat. , tom. 17 , p. 9 , 29.

6. ha. Fasciola uarica y Gmel., p. 3 057, 3i. Dis- toma ^^arica , Encyel. méth., vers, tom. 2, p. 272, 80.

7. Le Tœnia nodidosa, Gmel,, p. 8072, sp. 5o. Triœnophore nodideux , Dict. Se. nat. , tom. 55 , p. i85,pl. 48,fig. 3.

8. Le Tœnia Salmonis , Gmel., p. 3o8o, sp. 83, Botriocephalus proboscideus , Encyel. méth., vers , tom. 2, p. i4-^5 1^° 4*

9. est encore sujet au Leiiiœa salmonea, Linn. , qui adhère à ses ouïes.

Steele , compatriote de Swift , parvenu à la Chambre des Communes , en fut expulsé comme auteur de li- belles séditieux. A l'occasion de la création des douze Pairs , sous l'administration d'Oxford et de Bolingbrocke, il écrivit une lettre mordante à sir Milhes Wharton, sur les Pairs de circonstance. La liaison de Steele avec le grand corrupteur Walpole ne l'enrichit pas j faisant

( 256 ) Irève à ses pamphlets, il commença la littérature indus- trielle et inventa une machine pour transporter du Saumon frais à Londres. Chateaubriand, EasuI sur la littérature anglaise, tom. a , p. 267.

Sans cette machine, le Saumon frais parvient à toutes les villes de France. « On en fait rostir des darnes '■ sur le gril , lardées de clous de girofle , puis on i fait sauce avec sucre , canelleet vinaigre. « Rondelet, des Poissons de riuièie , p. i24-

Je ne quitterai pas l'histoire du Saumon sans rappeler que la queue d'un poisson de cette espèce a servi , avec la dépouille d'un orang-outang , à préparer la fameuse sirène achetée 26,000 francs, et placée dans le Musée du Collège des chirurgiens de Londres , le prince Puckler Muskau l'a vue en août 1827. Mém. et vojages , io33, tom. 2, p. i2(^.

Cette mystification va de pair , avec celle de l'hydre dcHambourg, dont la source reconnaît les disputes théo- logiques; avec celle AnGiœnia,e\. avec d'autres signalées dans les Act. Dii^ion. , 1817 , /;. 22, 1820 , /;. 3o4, 012.

Les Anglais visant toujours k l'originalité, cherchent toutes les manières de se distinguer 5 ils convertissent la pêche en chasse.

(c Dans les environs du mont Snowden , on prend « beaucoup d'excellens Saumons , et cela , d'une « manière fort originale. On les chasse à l'aide de « certains petits chiens , dressés à cet exercice , qui les « retirent de la vase dans laquelle ils s'enfoncent à « certaines époques. » Mémoires et i'oj âges du prince Puckler Muskau , i833 , tom. 3 , p. 4^.

' Nom véritaLle des tranches de Saumon y d'après le Dictionnaire de Trévoux , au mot Dalle,

( 257 ) La grande pêche de la Colombie a lieu au printemjjs lorsque les Saumons remontent le fleuve. Lorsqu'ils sont engagés dans un étroit passage du fleuve , les Lidiens debout sur les rochers ou sur des échafauds de bois , les pèchent avec de petits filets tendus sur des cerceaux, les vident , les dessèchent , les emballent , et en forment des colis pour les envoyer au loin. Revue britannique , i836 , loin, v , p. 3o4, 3o5.

XXXII. La Truite, Salmofario, Linn., Gmel., S. N., xni, p. 1367, sp. 4-

Bloch , Ichthy., part, i , p. 121 , pi. xxii , p. 127 , pi. xxiir.

Juriue, Hlst. des Poiss. du lac Léman, p. i58 , 6 , pi. 4. Salmo trutta.

Marsigli, Danuh., tom. iv , p. 77, tab. xxvi , fis:. 1 , 2.

Bouuaterre, Tableau eiicyclop., ichthy ologie , pi. 56,fig. 266, 267.

Lacépède, Hist. nat. des Poiss., toiii. ix, p. 236.

Duhamel, Pèches , 2^ part., sect. 11 , p. 196, pi. 11 , fig. 1 , 2.

J. Hernianu , Observât, zoologicœ , p. Sog.

Rondelet , De Piscib. lacustrib. liber , cap. xv , p. 162 , de Truttis. Z>e Piscib. fliiviatilib. lib.,cap. ly , p. 169, Z)e Trutta fluviatili.

Meyer, Représ., tom. i , pi. 44-

Geoffr., Mat. médic, 4°, tom. 3, p. 289,

Aldrovandi , De piscibns , p. .588.

Nouv. Dict. d'Hist. nat.,édit. 2, tom. 3o,p. 83, tom. 34, p. 562.

Dict. des Se. nat., tom. lv, p. 5/\\.

D. i3 : P. i3 : V. 9 : A. n : G. 0.6.

Jurine fait observer que ces nombres sont sujets à de fréquentes anomalies.

Membrane Branchiale à lo-ii feuillets.

60 Vertèbres et 3o paires de cotes. Bloch , p. 124. Peau de l'estomac très forte.

Le nom de Truite a été donné à ce poisson du mot Trutta, dérivé du mot Trudo (je pousse avec violence) à cause de l'impétuosité avec laquelle ce poisson se meut contre le courant.

17

( 258 )

Albert le Grand , Opéra, tom. vi , p. 66 1 , et Vincent de Beauvais, Spéculum natur. , tom. i , Ub. xvii, cap. xcvir , parlent de la Truite , sans cependant entrer dans de grands détails.

Duhamel et Jurine ont fait sur ce poisson des recher- ches multipliées pour s'assurer si les espèces en étaient aussi nombreuses , que l'ont avancé plusieurs natura- listes : ils ont l'un et l'autre reconnu le peu de certitude des caractères indiqués pour les désigner.

11 n'est pas de poisson qui se colore avec autant de facilité que la truite \ elle peut ensuite perdre la cou- leur qu'elle a prise et reprendre la première; les expé- riences de Jurine, ouvr, cité , p. i6o , ne laissent aucun doute à ce sujet ; aussi cet auteur regarde , comme appartenant à la Truite, les espèces désignées sous les noms de Truite ordinaire, Truite Saumonée , * Truite de lac et de riwière , Truite des Alpes , Truite Fario , Ivmic Carpione "^ . Dans le lac Lucendro, au Saint-

' La Truite saumonée est distinguée comme espèce dans le Dict. des Se. nat. , tom. 55^ p. 544 > Atlas, icJithyolog., pl- 7^» fg' 2.

* D'apiès des expériences très-multipllées, consignées dans les Mémoires de la Société de physique et d'histoire naturelle de Genève, tom. m , i"^*^ partie, p. 159-168 , et d'après des observations très-exactes, Jurine a conclu Tiden- lité de toutes les espèces signalées ci-dessus; en attribuant leurs différences à des modifications dépendantes de l'âge ^ du sexe, des saisons, de la nature des eaux , du genre d'a- liment et de l'influence de la lumière. Cuvier n'a proba- blement pas goûté ces raisons , puisque dans le Règne animal, édit. 2 , tom. 2 ^ p. 3o3, 3o4j il conserve comme espèces les trois suivantes :

La grande Truite du lac de Genève , ( Salmo Lemanus ,

( 259 ) \

Gothard , les Truitâ" étaient roUjfjes , tandis que celles de la Reuss, qui en sortent , sont blanches. La cupidité mat entendue d'un aubergiste du bourg de FHopiial , qui ayant afîijrmé le lac Lucendro , voulait rendre sa poche plus productive , en faisant jeter de la chaux en trop grande quantité, a détruit presque tout le poisson^ lorsque l'action de la chaux aura disparu dans ce lac ,

Cuv. ) , dont la chair est très-blanclie 5 il y en a de quarante et de cinquante livres , Ouv. cité, p. 3o3. C'est la Truite de lac, de Juriue j Jurlne n'en a pas vu au delà de trente- six livres.

La Truite saumonée , Dîct. Se. nat. , Atlas , iclitliy. ^ pi. 73, fig. 2, Salmo trutta , Linn. ; Bloch, iclithy. , part. I, p. 117, pi. XXI, a vu la tête jeter de la lumièrej dans l'obscurité.

La Truite pointillée, Salmo punctatus , Cuv., Bloch, iclithyo'.ogie , part, m, p. i35, pi. civ ; c'est celle des Alpes , de Jurine.

Il est assez difficile de juger entre Jurine et Cuvier. Le premier parle d'après les faits et ses observations; il a d'ailleurs pour lui l'autorilé d'Artédi , iclithy., part. 11 , /7. 76 , «" 2i4 î qu'il ue cite pas : le dernier est le repré- sentant de la science , au xix siècle.

De nouvelles recherches me paraissent nécessaires pour £xer ce point d'histoire naturelle; Cuvier, qui avait con- naissance de l'ouvrage d'Artédi , du travail consciencieux de Jurine, ne l'ayant pas adopté, fournit quelques motifs de doutes.

Les naturalistes de Genève sont invités à s'occuper de cette recherche : ce sera le moyen de caractériser les espèces coiifondues.

Arlédi regarde comme excellent caractère spécifique le nombre des vertèbres qui est constant : mais si l'on y

( 2G0 ) il sera curieuS de sassurer si les Truites s'y reprodui- ront rouges, Nouv. aiin. des voyages, i835, tom, 4? p. io3-io4.

C'est à croire d'après les expériences de Jurine. et d'après une lettre écrite par Pascli à Hermann , pour lui apprendre que les habitans des bords du lac de Thoun ( canton de Berne ) , disaient qu'au mois de décembre toutes les Truites étaient rouges , et qu'au mois d'août elles étaient toutes blanches. J. Her- mann, Ohserv. zoolog. , p. 3ii.

recourt, il faut se conformer aux indications qu'il trace.

ce Pour éviter toute erreur, dit-il, IchthyoL, part, ir , p. 76, jj ^ nP 2. 15-2.1 y, il faut faire cuire le poisson de manière à ce que la chair se sépare facilemsnt des arêtes et du squelette ; on enlève la colonne vertébrale, on la place sur une assiette et on sépare soigneusement les vertèbres au moyen d'un instrument tranchant ; il ne faut pas négliger de compter la vertèbre la plus rapprochée de la tête , ni celle quijointla queue. Pour plus grande sûreté, il faut répéter l'opération sur plusieurs échantillons de la même espèce. »

Quelquefois les espèces d'un même genre ont le même nombre de vertèbres ; mais alors leurs caractères extérieurs les différencient assez. D'ailleurs ce cas est rare , et Artédi xie l'a observé que dans le seul genre Cyprin.

Blocli , Ichthyologic , ( traduite en Français, par Dele- vaiix ), a donné le nombre de vertèbres et de paires de côtes de différens poissons : il n'est pas toujours d'accord, comme ou peut le voir, avec Artédi, d'où l'on pourrait conclure que l'assertion de ce dernier ichthyologiste n'est pas cons- tamment exacte ^ c'est pour cela que les naturalistes sont invités à répéter ces observations pour leur donner le degré de certitude désiré.

Il reste encore beaucoup à faire pour porter l'ichthyologie au point la science la souhaite.

( 261 ) Alors la température serait encore une cause du changement de couleur des Truites.

La couleur de la chair des Truites est trop variable pour pouvoir servir de caractères : M. de Courtivron s'en est assuré d'une manière positive sur les Truites de rignon qui traversait son jardin. Il a transmis sesf observations à Duhamel; elles sont consignées dans le Traité général des pêches, ii^ part. , sect. n, p. aoS-soy, p. 214, à Toccasion des Truites de Courtivron, et rappe- lées par Jurine, f/ist. des poiss. du lac Léman, p. \G/\. Or les Truites de Courtivron sont les Truites del'Ignon; elles ne diffèrent d^aucune manière de celles du Val- Suzon, de Sainte-Foi, de la Bèze ^ , et autres rivières du département de la Cote-d'Or.

a Ce poisson se trouve quelquefois dans la Saône -, il « provient du Doubs , lorsque cette rivière déborde « dans le temps du frai qui a lieu du i5 décembre au i5 « février. » Note de M. Pataille.

Ce poisson , d'après Bloch , fraie en septembre et en octobre, entre les racines des arbres et les grosses pierres.

Les œufs de truites sont de la grosseur d'un pois, d'une teinte orangée et d'une excellente saveur; ils dis- tendent fortement l'abdomen de la femelle à l'époque du frai. Bloch, Ichthjol. , part. 1, p. 102.-12.4 ■, pi' XIX, Jig. i3 , en donne la représentation.

Ce poisson parvient à la taille de douze à quinze pouces et pèse de douze à treize onces le plus commu-

' La truite est coionuine Jans la Haute-Bèze , jusqu'à Mi- reLeau. Noie de M. Boudot.

Pour pécher ce poisson à la ligne, il faut amorcer avec Je la chair d'écrevisses prise aux pattes ou à la queue.

( 262 ) nément -, il est très-vorace , et sévit même contre sa propre espèce 5 les truites mises en réservoir se mangent souvent les unes les autres, suivant Jurine , p. 169 (1). La rapidité avec laquelle les plus grosses Truites s"'élancent sur un hameçon couvert de plumes, atteste que les insectes sont du goût de ce poisson. Il vit de petits poissons , de coquillages , de crustacés , de vers et d'insectes ; il est surtout très avide de larves de pliryganes, connues aux environs de Dijon sous le nom d'Azerottes, mot dc'formé de Casellotles , Casellœ , di- minutif de Casa, fourreau dans lequel se tiennent ces larves.

M. Dupuis, l'année dernière , a pris dans TOuche , derrière le clos de M. Brugnot, une Truite qui pesait ai livres 1/2 et qui avait environ vlngt-hnlt pouces.

Jurine, Hlsl. cit. , p. 176 , a vu des Truites bossues et contrefiiires, diut la forme arquée et tout à fait en S, le surprit singulièrement -, depuis il a vu un Brochet contrefait de la même mnnlère, suis pouvoir pi'métrer la cause de cette déviation, malgré le soin avec lequel il avait examiné les vertèbres de ce poisson. Schone- velde a signdé une pareille dlfformilé sur la Brème.

La Truite fiif, comme on le siil, l'ornement des tables délicates; elle pisse pmr le roi des poissons d'eau douce, et fournit un aliment de bon goût et recher- ché-, accommodée en sortant de l'eau, elle est bien pré- férable.

(( La Truite domine dans la Seine , elle est commune dans l'Aube et dans l'Ource ; la variété dite Saumonée se trouve aussi dans ces rivières; mais elie est plus comnmne et surtout p'us belle dans les eaux vives des fontaines, corameà Touillon, à Thoires, àChàiillon, etc. , ou elle présente des taches œuiiietées, d'un rouge

( 2G3 ) plus ou moins ardent , qui varient en étendue. )> Note de M. Bourée.

La Truite aime une eau claire, froide, qui sorte des montagnes, qui coule avec rapidité et dont le fond soit pierreux j dans les viviers on la nourrit avec le foie des animaux.

« A l'entrée de l'hiver, on voit souvent attachés sur la Truite des espèces de vers à peu près semblables , pour la forme , à une épingle , qui la sucent ; la truite ne re- prend sa santé qu'en pénétrant dans les ruisseaux , en se frottant sur le sable , elle se débarrasse de ces vers incommodes. » Pisciceptologie par J. C*** , (^Ciiça), 4' édiU, 1828, p. 68.

Ne serait-ce pas VAscans farionls ou YAscaiis TruUœ , Goèze, Gmel. , p. 3o36 , sp. 68, 69?

Une observation analogue, faite anciennement sur l'A- lose, a donné lieu à la fable de ses arêtes qui la tuent.

La Truite est encore tourmentée par VEchinorhjn- chus Truttœ, Goèze, Gmel. ,S.JY., xni, p. 0049, sp. 36. Encyclop. raéth. , vers , tom. 3, p. 3o5 , sp. 18 ;

Par la Fasciola farionis , Mull. , Gmel. , p. 3o58, sp. 33. Fasciola TruUœ , Froelich, Gmel., p. 3o58, sp. 34, appelée Distoma laureatiim , Ency. mélh. , vers, tom. 2, p. 278, sp. 1145

Par la Fasciola Lucii , Mull., Gmel. , p. 3o58 , sp. 36. Act. Genev. , 1823, tom. 2, 1" part., p. i45, tab. Distoma ierelicolle , Ency. raéth. , vers, tom. 2, p. 268, sp. 54. Douve à long col , Ann. Se. nat. , 1824, tom. 2, p. 490 1 tab. 23 j

Vàr \q T ce nia Truttœ, Froelich, Gmel., p. 3064, sp. 3o.

Du temps de Rondelet, les habitans des Cevennes employaient les feuilles de noyer ou autres odorantes

( 264 ) pour conserver les Truites et les envoyer au loin , en imitant le procédé employé par les riverains du lac de Garde , pour transporter le Garpion , Salnio carpio ; après l'avoir fait frire dans la poêle, ilsTenveloppent de feuilles de laurier, l'arrosent de vinaigre, et le trans- portent dans les autres villes d'Italie. Rondelet , de Piscib. lacust. liber., cap. xn , p. i58, p. lyi.

XXXITT. L'Ombre, Coregonus thymallus , Linn, , Gmel. , Se. nat. , édit. xni , p. i 079 , sp. 17, siib Salmo.

Eloch , Ichthjol. , part, i , p. 128, pi. xxiv. L'Ombre d'Auvergne.

Jurine, Hlst. iiat. des Poissons du lac Léman , p. lîjy, /;° 8, pi. 6.

Marsigli , Danub. , tom, iv , p. ji , pi. xxv, fig- 2. Thymallus,

Bonuaterre ^ , Tableau encyclopédique des trois règnes. Ichthyol. , jd. 5'^ , fig. 202. Mauvaise figure faite sur un individu altéré, pi, 69, fig. 201, assez bonne.

Meyer, Représ., toni. 2 , pi. 52.

Geoffroi , JMat. médic, in-^^, tom. 3, p. 292.

Duhamel, Pêches, part., sect. 11, p. 218, pi. ni, fig. 2. XJmlire de Clermont-Ferraud.

Rondelet, De pisiùb . ftuuiatil. lib., cap. xii, p. 187. -DeThymo; cap> y, p. 172. Dt' Umbra fluviatili.

Gesuer, de Aquatilibus , p. 1233.

Aldrovandi , lib. v, cap xiv. De Thymallo.

Aldrovandi , de Piscib., lib. v, cap. xv, p. o<)6. De Umbra flu- viatili

Dict. Se. nat., tom. x , p. S5j. L'Ombre d'Auvergne. Atlas , Ichth., pi. 72, fig. I.

' De x5p«, pnpile de l'œil, et yana, angle, parce que la pru- nelle a l'air d'être anguleuse antérieurement.

Dans les poissons du genre Coregonus, les pierres de la tête sont oblongues et planes. Artédi , Ichthyol., pars \j page 39.

2 ce Bonnaterre s'est quelquefois perdu lui-même dans sa collection, au point de mettre (n"" 2 1 2) l'0/7zé/-e d'Auvergne, Salmo thymallus, à la place du Sciacna umbra. « Ciivier^ Ilist. nat, des Poiss,, tom. i, p. i53.

( 265 )

Now. Dict. d'Hist. nat., tom. viii , p. 5/, Corégone Thymale ; îom. XXIII, p. \(j5. Le nom seulement. ''

J. Hermann , Obseruat. zoologiccv , p jiz.

D. 20 : P. 16-17 : V. lo-ii : A. i3 : C. 28-30. L'Ombre a 69 vertèbres et 34 paires de côtes. Membrane branchiostèp^e à 1 o feuillets. Le nom de ce poisson vient , dit-on, de la rapidité avec laquelle il nage.

Effugiens oculos céleri levis Umbra natatu.

AuSONE.

Vincent de Beauvais, qui peut-être ne connaissait pas Ausone , dit : L'Ombre a reçu ce nom à cause de sa couleur d'ombre. Spéculum natnr. , tom. 1 , lib. xvii , cap. xcvni. Rondelet dit : A cause de sa couleur rem- brunie. Gesner, à cause de la ressemblance de ce poisson avec l'Ombre de mer.

Quoi qu'il en soit , on distinguera facilement du Sau- mon et de la Truite ce poisson , dont la première dorsale, aussi baute que le corps et du double plus longue que haute , est tachetée de noir et quelquefois de rouge.

L'Ombre vit d'insectes aquatiques , d'escargots , de coquillages , dont on trouve les tests en quantité dans son estomac, de petits poissons, de petits mollusques, de frai, et d'autres substances animales 5 il aime surtout les œufs de la Truite et du Saumon.

La femelle va déposer ses œufs sur les bords caillou- teux, en avril et mai. Ses œufs, de la grosseur d'un pois, sont jaunes, et leur présence augmente considé- rablement le ventre de la femelle.

La chair de l'Ombre est blanche , ferme et d'une sa- veur très-agréable, surtout dans les temps froids-, elle est plus grasse en automne que dans les autres saisons.

Jurinc donne sur l'Ombre du lac de Genève des dé-

( 266 ) taîls curieux que l'on peut voir dans son Histoire des Poissons du lac Léman.

Ce poisson croît fort vite ; il atteint la longueur d'un ou deux pieds et pèse alors deux ou trois livres ; il nage fort vite , et est par conséquent fort difficile à prendre hors le temps du frai.

Il meurt promptement hors de l'eau. Il n'y a , jusqu'à présent , rien de certain , dit Bloch , sur Todeur agréable que les Anciens disaient s'échapper du corps de ce poisson, odeur comparée au thym par Elien, au miel par Ambroise , etc.

Il est fîicile de s'assurer que cette opinion des Anciens est fondée sur une observation faite avec peu de soins. Sur le bord des rivières et souvent même dans leur lit , croissent plusieurs plantes aromatiques, et principa- lement celles désignées sous le nom vulgaire de baume, (ce sont des espèces de menthes, menilia aquaiica y Linn. , nientha hirsuta, Linn.), à raison de l'odeur qu'elles exhalent lorsqu'on les froisse.

A l'époque du frai , les Ombres se frottent le ventre contre tout ce qu'ils rencontrent -, si dans l'endroit , ils déposent leur frai , se trouvent quelques touffes de menthe , le frottement en dégage l'odeur qui adhère au corps du poisson ; et si dans cette circonstance le poisson est pris , il exhalera l'odeur de la plante labiée qu'il aura rencontrée.

En général , au moment du frai , la chair des poissons devient plus molle , moins savoureuse ; aussi les gour- mets se l'interdisent-ils à celte époque.

L'Ombre , dans la Loue qui tombe dans le Doubs , près de Dole , pèse 2 à 3 livres ; aussi bon manger que la Truite. Les pêcheurs d'Heuilley en pèchent quel^ quefois de cette taille.

( 267 )

« L'Umbre est bon à manger, dit Joiibert , quan3 rUmbre {lisez Ombre) est bonne. » Rondelet, des Poissons de rh'ière , p. 127.

« TocAN. Ce poisson qn'on pêche dans l'Allier et autres rivières, peut être comparé, pour la grandeur et la couleur, aux harengs de bonne saison -, son dos est vert d'olive, un peu plus foncé qu'aux harengs; cette teinte s'éclaircit sur les cotés ; et vers le tiers de sa circonfé- rence , elle devient changeante et brillante comme la nacre de perle ; ses écailles sont fort petites ; le haut de son dos est un peu voûté -, sa tête est petite -, et quand sa gueule est fermée, la mâchoire supérieure excède un peu l'inférieure; l'extrémité du museau est brune, ti- rant au noir, et dénuée d'écaillés jusqu'au haut de la tête ; l'œil est petit et vif; la prunelle est brune , et l'iris argenté ; les opercules des ouïes sont marquées des plus vives couleurs de nacre ; les nageoires sont placées comme à la Truite; les écailles étant en lozange, il semble , en regardant le poisson dans un certain sens , que son corps soit rayé; ce qui contribue à le rendre plus brillant. On en prend dans les eaux douces et dans les eaux salées. » Encjclop. métliod. , Dict. des Pêches , p. 279.

Le nom de Tocan désigne ordinairement les Saumo- iinux au-dessous d'un an. Rondelet, de Fisc. flav. lih., p. 169 , cap. ni , de parvo Salmone ; mais dans le cas pré- sent , il désigne le Thym, Thyniale on Themero, décrits èt'AWf.XF.ncyclop. médiod. , D'ct. des Pêches, p. 277, rOnibre fluviatile , Coregonus thj ma/lus , Jurine, comme il est aisé de s'en assurer par la description.

La peau de l'estomac est si dure dans ce poisson , qu'on croirait toucher un cartilage. Dans l'Ombre, l'œ- sophage donne du côlc droit la branche à l'extrépiité

( 268 ) de laquelle est le pylore. Cette branche, transverse ou même montante , prend tant d'épaisseur dans sa tunique charnue, qu'elle forme un véritable gésier, dont l'es- tomac ordinaire représente alors le jabot. Ciw. , tom. i, pag. 5 04.

A répoque du frai , c'est-à-dire au mois de mars , ce poisson marche en foule, par couple monogame ; il dé- tourne les pierres avec sa queue -, la femelle dépose dans les fossettes qu'elles laissent, ses œufs, que le mâle ar- rose immédiatement de sa laite. Le frai , dit Marsigli , est ensuite recouvert, et les petits poissons éclosent en juin.

Cinquième famille des Malacoptejy giens abdominaux.

CLUPES.

Corps écailleux , nageoire adipeuse nulle, mâchoire supérieure formée , comme dans les Truites , au milieu par des intermaxillaires sans pédicules, et sur les côtés par les maxillaires.

Dans les Clupées , le sternum consiste en une série d'os impurs, auxquels les cotes viennent se fixer j les côtes sont fines comme des cheveux.

XXXIV. L'Alose, Clupea alosa, Linn. Gmel. , S.

N. , xni , p. 1404 1 sp* 3-

N. B. Excluez Bloch , tab. 3o , fig. 1 , qui représente une feinte % dont le bas ventre était dépouillé de ses écailles. Celte figure a induit eu erreur J. Hermann dans sa Tabula affinltat. animal., p. 026 (s).

' Ce mot Feinte vient de Vint, d'où Ton a flxit Ficte ou Fenicte J pour désigner la Clupea ficta, appelée quelquefois Pucelle , de Pulchellay gentille , gracieuse , à cause de sa forme délicate.

( 269 )

Bloch annonce seulement z5 vertèbres à l'éju'ne du dos.

Artédi , Ichthy., part, v, p. 34 , 55 vertèbres et 3o paires de côtes.

Duhamel , Pcches , 2fi part,, sect. m , cap, i , /». 3i6 , pi. i ' , fig. i , p. 54 1.

Lacépède, Hist. nat. Foiss., tom. x, p. 218.

Bonnalerre, Tableau encjclop, des trois Règnes , ichthy olog, , pl- 75, fig- 3 12.

Jîoudelet, de Piscibus liber., vit , cap. xv , p. :iq.q. De Thrissa.

Geoffroi , Alat. médic, 40, tom. 3 , p, 235-239.

Gesner , de uéquatilib., p. ai. De Alausa , Clupca vcl Thrissa,

Mouv. Dict. d'Hist. nat., édit. 2 , tom. 1 , p, djj.

Dict. des Se. nat., tom. ix , p. 438.

Le nom de ce Poisson vient du mot Halsa emjjloyé par Albert-le-Grand , pour le désigner; suivant les Saxons, l'Alose est appelée Jesen. Dans la basse Alle- magne on l'appelle /"e/fc/z;, et en Ydlm ylristosius ow Arisiosus ^.

' Duhamel a figuré sur cette planche quelques détails ana- tomiques de l'Alose.

^ Albert-le-Grand, Opéra, tom. vr,/7. 661, parle, sous le nom de Yerich, d'un poisson désigné en latin sous le nom àî' Aristosius , à cause de la grande qurinlilé d'arêtes dont sa chair est lardée; aussi ce poisson est peu estimé ; et d'après Yincent de Beauvais, Specul. natur., tom. i, lib. xvir , cap. xcviii , qui écrit Venth au lieu de y trich , il est la nourriture seulement des gens pauvres.

Sa pêche se lait en usant du son d'une cloche , au dire de nos deux auteurs, répété par Blocii , Ichthyologie , part. 1 3, pag- 169. Gesner croit que ce poisson est une espèce d'Alose; mais la description donnée par Albert-le Grand et par Vin- cent de Beauvais est trop vague pour permettre une appli» cation exacte ; car cette description conuendrail également à presque tous les Cyprinoïdes , aux Clupes , etc. , etc.

Souvent les côtes , ou plusieurs d'entre elles , portent , en appendice, un ou deux, stylets adhérens à quelque pqint de

( 270)

L'Alose ' se reconnaît à l'écliancrure du milieu de la mâchoire supérieure, à l'absence de dents sensibles, et à une tache irré§,u!ière noire derrière les ouies.

Elle atteint jusqu'à trois pieds de longueur, et re- monte au prin'Ciups dans les rivières. Elle suit princi- palement les bateaux chargés de se! , et pendant le mois d'avril et aux mois de mai et juin ou en pêche dans la Saône elle vient frayer ; passé ce temps on n"'en trouve plus , elle retourne à la mer.

Ce poisson est simplement de passage dans notre dé- partement, c'est un excellent manger, mais la grande quantité de petites arêtes qui traversent sa chair le fait peu rechercher 5 aussi Albert-le-Grand , dit-il, à cause de ses nombreuses arrêtes, ce poisson n'est mangé

leur longueur, qui se dirigent en dehors et pénètrent dans les chairs. Il y a quelquefois aussi de ces stylets qui partent du corps de la vertèbre, au-dessus de la cote, pour péné- trer dans les chairs. C'est ainsi que les arctes des poissons se multiplient 5 on en voit un exemple notable dans la famille des Harengs, dont presque toute la chair est traversée d'a- rêtes fines comme des cheveux. Cuvier, flisi- nat. des Poissons , tom. i,/?. 362. Aussi H^rmann , après avoir dit, Observât, zoolog. , p. 3 1 5 : « Le squelette de l'Alose est « quelque chose d'ad:iiirable 5 mais on ne peut l'obtenir que « par le secours des insectes 33 , donne la description de celui qu'il possédait.

Cette disposition nous donne la facilité d'expliquer la multitude d'arêtes dont sont pourvus les Cyprinoïdes, surtout ceux appartenant à la division des Ables.

Parvam Alausam Galli Pucellam (Pucelle) nominant , velut transpositis litteris pro Clupella. Nomenclator acjiiat. animant. , per Conradum Qesneruni , i560; P. 022.

Telle est l'origine du nom Pucelle.

C 271 )

que par les pauvres. Il meurt promptement après son exlraclion de l'eau. Il se nourrit de vers , d'insectes et de petits poissons. Il a pour ennemi , le Brochet , la Perche.

Rondelet , Gesner , Aldrovandi , ont parlé de ce poisson 5 ils ont fait sur ses noms des commentaires assez étendus. Gesner assure positivement que le Tlirissa des Grecs est le Clupea des Latins 5 aussi , dit-i! , les Aloses adultes sont dites Thrissœ et les jeunes 7)-ichides , à cause de la grande quantité d'arêtes capillaires de ce poisson , appelé par Albert-le-Grand Aiistosius.

Aldrovandi signale la rugosité âpre du ventre, aminci en carène, si on la suit à rebours, et la couleur noire de la langue.

Il répète l'assertion de Rondelet qui avait dit : plus les Aloses sont pêchées loin de la mer , plus elles sont délicates , et c'est la raison pour laquelle on les mange meilleures à Lyon qu'à Marseille.

Gesner parle d'excellentes Aloses péchées dans la Loire. « Elles sont, dit-il, de la taille de grands Bar- « beaux 5 leur chair est tendre comme celle de TOmbre « ( Thjmallus^ »

Rondelet, en parlant de la grande quantité d'Aloseç que l'on pêche dans l'Allier, dit s'ê(re assuré du pouvoir de la musique sur ce poisson qui saute dans les filets tendus pour le prendre 5 il a fait ces observations à Ma- ringues , petite ville du département du Puy-de-Dome.

Si on peut ajouter foi à la narration de Rondelet , il a vu des Aloses accourir au son des violons , et sauter en nageant sur la surface de l'eau.

Il y a encore de l'exagération dans le trait qu'ajoute cet historien ; il dit avoir vu prendre dans l'Allier, d'un seul coup de filet , plus de laoo tant Aloses que poissons.

( 272 ) Dictionnaire théorique et pratique de chasse et de pêche (par Delisle de Sales) , tom. i , p. 18-19.

Je ne quitterai pas l'histoire de l'Alose sans rappeler ]a Clupea, dont les Anciens ont parlé d'après Galiis- îhenes de Sybaris, comme le dit Stobée.

« Callisthenes sybarita autor est , citante Stobœo , in ArariGaîiise fluvio nascitur magnus quidem piscis clupea ( tcMTaîct- ) nominatur ab incolis , qui crescente luna albus est : decrescente, totus nigrescit : et corpore nimium aucto a propriis spinis interimitur:; in hujus capite lapis reperitur similis grumo salis , qui optime facit ad quartanas sinistro lateri corporis alligatus de- crescente luna. Haec quidem an clupese iu Arari accidanty \'iri naturae sludiosi quibus cognoscendi facultatem flu- minis illius vicinitas prœbot, observabunt. Egoaliquan- do an de carpione polius hœc intelligenda essent, dubi- tavi. » Gesner, de Aquatilih. , p. 2.^.

Voici la traduction de ce passage par Gollut :

a Le philosophe Calisthene, ( ainsi qu'escript Stobé), dict , que y4rar est appelle , pour autant qu'il se raesle dedans le Rhosne , II- ç^ç« To çî^<i»i, et adiouste , que ce fleuve de y:/rar nourrit un poisson , qu'il appelle Clupea, ( que nostre du Pinet , traduict Alose ), lequel hat en la teste, une petite pierre, comme un grain de sel, laquelle sert pour les fiebures quartes , si Ton l'attache au costé gauche , sur le défaut de la lune. Mais je ne peux penser, que ce soit une alose 5 car le mesme autheur escript, que ce poisson est blanc au croissant de la lune , et noiraslre au défaut ; et qu'il devient si gras, que enfui il se tue de ses arestes, et espines pro- pres. » Gollut , p. 75, 76, /iV. n, ch. IX 5 sous les titres : . Poisson admirable en la Saône.

Poisson de mirable nature.

( 273 )

Gollut , ne s'occiipant nullement triclithyologie , n'avait jamais examiné soigneusement l'Alose : il ne connaissait pas la pierre d'oreille de ce poisson ; aussi a-t-il traduit Similis griuno salis, semblable à un morceau de sel , par les mots : Comme un gram de sel , ce qui offre un sens entièrement différent, et totale- ment opposé au texte de Gesncr , et conséquemment à celui de Stobée,

Gesner , à la suite de la citation de ce passage, dit : « Hœc qiddem an C'iupeœ in ytirari accidanl , obseiva- hunt, etc. , c'est-à-dire, les naturalistes rapprochés de la Saône , sont invités à nous dire si les Aloses de cette rivière ont toutes les qualités dont parle Callisthènes. )> Jusqu'à présent ce passag^e est resté obscur, mais il est facile de l'éclaircir comme nous allons le démontrer.

La petite pierre ' , comme un >o;rain de sel , existant dans la tête de l'Alose, est l'os de l'oreille.

Callisthènes avait certainement vu la pierre d'oreille de l'Alose ; sa forme et sa blancheur lui avaient rappelé les grains de sel blanc auxquels il l'a comparée , et cette comparaison n'est pas entièrement dénuée d'exactitude.

Les vertus, attribuées aux pierres d'oreille de l'Alose, pardifférens auteurs de matière médicale et entre autres par Geoffroi , ne laissent aucun doute sur la nature et

* Os saltem illiid petrosutn , qiiod in capite ejusdeni {Alosae) deteghnus, ad propellenduni calculum et arenam, imo virtutis suœ alkalinae eri;o, ad absorbenda primaruin ■vianiin aclda lUilissinuini jitdiratur. St Fr. Geoffroy ^ Tractatus Je Mat. inedic. , toni. 3 ^ /)• 208.

Les médecuis d'Orléans se donnent à tort comme ayant découvert la pierre d'Alose 5 elle était connue longtemps avant eux.

( 274 ) sur le caractère de cette fameuse pierre , dont Gesner n'avait aucune idée.

On attribuait à ce poisson une petite pierre " , comme un grain de sel , merveilleuse amulette contre la fièvre quarte -, on disait ce poisson , blanc au croissant de la lune, et noirâtre à son défaut; enfin on ajoutait : ce poisson devient si gras qu'il se tue par ses propres arêtes, ainsi que le répète Jan Pierius Valerian, Comment, sur les Hyerogliphiques par Gabriel Chappuis , tom. i, p. 533.

Passons aux autres merveilles attribuées à l'Alose , blanche , disait-on , au croît de la lune , et noire à son déclin.

A l'époque l'astrologie était très-fort en vogue , ou attribuait à la lune un pouvoir extraordinaire ; mais en examinant avec un peu plus de soin , on reconnut l'abus , fondé seulement sur certaines époques.

L'Alose, comme on le sait , est de couleur blanche , avec une tache noire derrière les ouïes -, mais lorsqu'elle est écaillée , elle laisse voir quelquefois sur ses cotés des taches noires dont le nombre est très-variable.

Si à l'époque de la nouvelle lune un pêcheur a pris une Alose pourvue seulement des deux taches noires, il la regardera comme blanche; si trois semaines après , il en prend une autre chargée d'une grande quantité de taches noires , il regardera cette dernière comme noire -, il attribuera alors h l'influence de la lune cette différence de couleur , dépendant uniquement de la dis- position individuelle de ces poissons.

' On trouve dans la tête de l'Alose un os qui est estimé, etc. , dit Lémery, Traité des Alimens, 2*^ édit. , p. 4o3 j JDict. Se, nat. ^ tom. ix , je>. 44°

( 275 )

Le changement de couleur de TAlose a lieu par sa desquan)ation ^ en efTct la chute des écailles laisse apercevoir les taches de la peau.

Le changement de couleur du poisson suivant les phases de la lune, préjuoé fondé sur l'influence attri- buée jadis par les Astrologues, au satellite de la terre, était le résultat de la présence des taches sur les flancs de ce poisson , taches dont le nombre est très variable.

Lorsque ce poisson est écaillé, on voit sur ses cotés des taches dont le nombre varie : Hermann en a compté sept d'un coté et huit de l'autre 5 j'en ai vu quatre d'un côté et six de l'autre.

Sur des Aloses non écaillées, j'ai compté huit taches d'un coté et six de l'autre, outre celles placées derrière les ouïes. Quelquefois je n'en ai vu que quatre et même trois; d'autres fois six sur un coté, et seulement cinq sur l'autre . en général , il y a une très-grande variété dans le nombre des taches.

La troisième merveille de l'Alose est son excessif embonpoint, cause de sa mort amenée par les arêtes.

Ces prétendues arêtes sont tout simplement des vers intestinaux dont la trop grande abondance entraîne la mort du poisson.

L'Alose nourrit en effet dans son intérieur une sorte de vers filiforme, appelé par les naturalistes EchjjiO' rjyichus alosœ , Herm., Gmel., syst. nat., xui, p. 3o49, sp. 4°i EncYcl. niéth., vers, tom. 2., p. '612, , 5z.

Ce ver filiforme, trouvé dans une Alose, dont il aura percé la peau , aura été pris pour une arête par des observateurs superficiels et ignorans : la fable, bâtie sur cette erreur, se sera ensuite propagée, comme beau- coup d'autres , puis on l'aura admise comme un fait positif. Cette explication est confirmée par des observa-

( 2TG )

tions analogues faites dans PEpinoche et l'Epinoclietle,

à l'occasion du Botryocépliale solide^ ro) . ci-dessus,

pp. 86, 875 et dans la Truite, à Toccasion de V^scaris

farionis, ou de V Ascaris Trutlce. V^oy. ci-dess., p. 2,63.

Les prétendues arêtes ou épines qui tuent TAlose de- venue grasse, c'est-à-dire gonflée, sont simplement des vers intestinaux , dont la trop grande abondance dans ce poisson lui donne la mort.

L'Alose en effet nourrit dans son intérieur une sorte de vers fdiforme, appelé par les naturalistes Echino- rjncJius Alosœ , Herm. Gmel. S. N. xui, p. 0049, sp. 3o. Encyclopéd. méthodique , vers , toni. 2, p. 3i2, 11" 52-, le Botliriocéphale de l'Alose, Dict, Se. nat, , tom. 57 , p. 610.

Ce ver filiforme , trouvé dans une Alose morte , aura été pris pour une arête par des observateurs ignorans, et la fable bâtie sur cette erreur , se sera ensuite pro- pagée comme beaucoup d'autres , puis aura été admise comme un fait positif.

Les Aloses qui se sont rétablies de la maladie que le frai leur a occasionnée , retournent à la mer. Duliamel , Traité amener, des pêches , 11* pari. , sec t. m, p. 319.

OctosLonia Alosœ, Douve qui se trouve en abondance dans les branchies de l'Alose; elle est repliée entre les lames branchiales et imite de petits flocons de mucosité. Kuhn, Mém.du Mus.d' liist. iiat., t. 18, p. 358, sp. 1.

La longueur de la tète de l'Alose est 3 1/2 fois dans eelle du corps 5 à la base de la langue assez courte , on remarque l'appareil pectine des arcs branchiaux qui présente un aspect très agréable , ce dont il est facile de s'assurer en ouvrant les mâchoires.

Le cœur est tétraèdre , les appendices caecales très- nombreuses sont appliquées contre Testomac.

( ni )

J'ai toujours été surpris que les ichtliyoîogistes ne se soient jamais occupés de rechercher les faits réels sur lesquels les commentateurs ont disserté long^uemcnt et inutilement, à l'occasion des récits merveilleux rap- portés d'après les Anciens.

A la vérité , Cuvier , à plusieurs reprises , est parvenu à reconnaître les véritables objets défigurés dans les anciens auteurs. J'ai eu aussi la satisfaction de retrouver plusieurs objets mentionnés par Pline, voy. Act. Div.y i835 , p. 84 ; par Rondelet , Op. cit. , p. 28 5 et dans la circonstance actuelle, j'ai accepté l'invitation, faite dans le xvi^ siècle, par Gesner aux naturalistes rapprochés de la Saône , et j'ai ramené les merveilles annoncées par Callisthènes , à leurs véritables causes.

XXXV. L'Agone , Clupea sardlnella, Nob.

Rondelet, dePisclb. lacust. lib. , cap. ii. De Chalcide.

Ce poisson , commun dans les lacs du Dauphiné , et vendu, jadis, à Lyon, sous le nom de Célerin ' , n'a pas été décrit d'une manière exacte par les ichtliyoîogistes modernes. La figure, que Rondelet en a donnée , est la répétition de celle placée de Piscib. , lib. vu , cap. xii, p. 217 , alléguée au Clupea sprattus , Linn. , par Lacé-

' On péclie dans les lacs de Savoie des poissons qu'on nomme Célerins , parce qu'ils ressemblent beaucoup aux Célerins de mer ; leurs écailles sont menues , luisantes et peu adhérentes. Ils sont très-gras 5 on les prend au prin- temps, et on sale les plus petits, parce qu'ils se conservent mieux, ayant moins d'huile que les gros. EncycL, Diction, de toutes les Pêches, an iv ( 1796 ), /». 35 , extrait de Ron- delet, Hist. des Poissons des lacs ^ chap, 3 , p. io5.

( 278 ) pède, Hist. nat. des Poiss. , loin. io,p. 216 , signalée depuis longtemps par Gesner, de Aquatilibus , p. 990, comme une mauvaise figure de Sardine , et mentionnée par Cuvier, Règn. anim. , édit. 3, tom. 2, p. 235.

« Dans les lacs des Alpes françaises , dit Bosc , on « nomme aussi Célerins des poissons très-probablement « delà famille des Cyprins, mais dont on n'a point dé- « terminé l'espèce, m Nouu. Dict. dHist. nat., éd. 2, ioni, 5, p. 462. Dict. Se. nat., tom. 'iip. 35 1.

En rédigeant cet arlicle, Bosc ne sVst pas rappelé l'article Agon, qu'il avait placé dans le tome premier.

« Agon , poisson qu'on pêcbe en abondance dans les <( lacs de Garde et de Corne en Italie. On l'appelle <( Sardine sur le premier de ces lacs , parce qu'il a la <( grosseur et la saveur de ce poisson de mer : comme la <( Sardine, il perd de sa bonté peu d'instans après sa « mort. Aussi n'est-ce qu'à Garde et à Corne que j'en « ai mangé d'excellens. Il est décrit sous le nom de Cy~ « prnus agone dans les Delici'e Insubriœ de Scopoli *, « mais il n'a pas été figuré. » JYouu. Dict. dHist. nat., tom. 1 , p. 209.

<( La Sardine du lac de Garde, dans la Lombardie , « est une espèce de Cyprin , le même que celui appelé « Agone sur le lac de Corne , également dans la Lom- « bardie, et mentionné sous ce nom, page 71 de la « première partie de la Fauna Insuhria de Scopoli. » Noiis>. Ihct. d' Hist. nat. , édit. 2, tom. 3o , p. 197.

Dans ces trois passages, Bosc s'est borné à adopter, sans critique, le nom donné par Scopoli à son Cyprin Agone-, mais la description de l' Agone donnée par Cu- vier , cadre avec celle de la Finte, {Clupea Ji nia , Cn\ . , C/upea Jicta, Lacépède ; il aurait fallu dire Cliipea fallax, car Lacépède n'a point de Clupeajîcta)-^ Venlh

( 279 ) des Flamands , ^gone de Lombardie , Lacliia « alachia d'Italie.

« La Finte , dit Cuvler , est plus alongée que l'Alose « et a des dents très-marquées aux deux mâchoires et <c cinq à six taches noires le lono; des flancs -, son goût « est de beaucoup inférieur. » Ciwier, Rcgn. anim. , a** édit. , tom. 2, p. Sao.

Les auteurs ne s'accordent point sur les dents de ce poisson. Scopoli lui en refuse , parce qu'il le rapporte au Cyprin et non à une Clupe. Voici la description qu'il donne :

Cyprinus (y4gone) lanceolatus , quinque uncialis , compressus-, pinna dorsali anique i3 radiata. Corpus totum argenteis squammulis obtectum , vix semipedale : dorsum fuscum , latera pallidiora fusco raaculata; ma- culis octo aut novem -, venter attenuatus , albidus 5 dentés nulli. Maxilla inferior lonfrior, irides arî^entcae macula nigra hgemisphserica prope branchias linea in- sidens. Membrana branchiostega , radis 3.

Nomen à Bellonio datum retineo : nam infer Cyprinos Linneei, Gronovii aliorumque nullum invenio cujus dif- ferentia specifica nostro huic conveniat. Descriptus tamen extat apud Willughby , IchthyoL , lih. ^^ g. 9, § 8. Ejusque iconem dédit nuper Clariss. Bertrand , Traité des Pêches , p. 11, § v, pi. iif'g- 5. IIujus duplex varietas occurrit quarum una major in lacu Verbano, alia vero minor in Lario, utraque à nostris Agone vo- cata. Inter Cyprinos clarissimi Leske hanc speciem non

' Rondelet , de Viscih . Jlmdatil. liber. , cap. xvi , en par- lant du Gardon , dit qu'en Italie on l'appelle Lascha , et en Languedoc Siège. Le rapport de Lascha avec Lachia a pu causer plus d'une équivoque.

( 280 ) invenlo , neque inter illas qiias Linnsens recenseî cirrhis destltutas, etcaudi bi(iJa instruclas. Sola est idus et orfus, inquibus pinnaani constat radilstredecim, àquibustamen nostrahaec pluribuscaracteribusdifFerre videtur. Gaveetiam ne confundas cuni Clupea Harengo, cui Salvianus et Larius Agoni nomen dederunt, cujus liabitum quodaramodo refert. Job. An;. Scopoli , Dell- ciœ florœ et faunœ Insubriœ , pars \. Ticinl , 17B6,

PP- 7»: 72-

Il est à croire que Scopali a fut cette singulière des- cription sur notre Clupea sardmella ,• mais en la rappor- tant au genre Cyprin, il rend (rès-dillicile son adoption.

Le lacus Kerhanas est le lac Majeur ; et le Larus est le lac de Côaie. Rondelet avait déjà dit que le Cbalcis se trouvait dans ces deux lacs.

« Petits poissons ressemblant à de grosses Sardines, « apportés d'Italie par Fougeroux de Bondaroy , pècbés c( dans le lac de Guarda '. Denis nulles au bord des mâ- « cboires; longs de 7 à huit pouces. En passant îe doigt « sous le tranchant du ventre, depuis l'anus jusqu'à la u gorge , on sentait des dents à peu près semblables à « celles d'une faucille, de même qu'aux Aloses, aux « Feintes, aux Harengs, aux Sardines, etc. On les confit « avec une saumure. Fougeroux de Bondaroy , qui a « mangé de ce poisson en Italie, dit qu'il est fort bon.

(c Les Agonsde Be!on se trouvent dans le lac Majeur, <c celui de Corne, de Garde, de Lugano, etc. On ne

" La pêclie du lac de Garde fournit en abondance des poissons d'espèces très-variées et d\in goût délicat , qui j des ports de L)esenz.ano , de Salo el de Pctichieia , sont portés dans les pays environnans. Voyages d'un exilé , par le baron d'Haussezj i835, tovi. \ip> 25i.

( 281 ) K peut assurer si ce sont lesSardanelles du lac Grigole, « à une petite distance de Véronne. » Duhamel , Traité gén. des Pèches , ii" pari. , m* sect. , p. 490 , § 1 , § 2.

« Gesner dit qu'un pécheur l'avait assuré qu'on nom- « mait vulgairement Gohioni les petits Agons -, qu'on « conservait la dénomination A' Agons , pour ceux de « moyenne taille , et que les plus grands s'appelaient « Aloses ou Cepiœ. » Duhamel, Oia'. cit. , p. 49 1-

Yoici le texte de Gesner : « Piscator Lacarncnsis Agonos minimos , vulgo Gabianos dici mihi asserebat , majusculos Agonos, maximes Cepias. Sed Cepiœ videntur esse Clupege, genus ab Agonis diversum , et à mari ascendens quod Agoni non faciunt. » Gesjier, de Aquatilib. , /^. 19.

Ce passage est une preuve de la confusion qui existe partout en ichthyologie ; car les petits Agons, Gohioni, sont de véritables Goujons , méconnus par Pollini , qui les a décrits et figurés sous le nom de Oyprinus hena- censis, dans son ouvrage intitulé : J^iaggio al lago di Garda. Les Agons sont notre Clupea sardinella , Vall., elles Aloses le Clupea alosa, Linn.

« Du Liparis de Belon , trouvé dans un lac de « Macédoine, appelé Covios ou Limnous pischiac, « ayant les mâchoires garnies d'aspérités , et a des as- « pérités sous le ventre. )) Duham. , Ouw. cit., p. /[^2..

J. Hermann , Ohserv. zoolog. , p. 3i6 , a parlé de la Clupea sardinella sous le nom de 3Iisoltinij il décrit des individus salés dans lesquels il ne peut saisir tous les caractères-, cependant il indique l'abdomen non-seule- ment caréné, mais denté en scie. « On les prend au mois <c de mai, dit-il , dans le lac de Come, et on les nomme <c Agones j on les vide derrière les ouïes du côté droit. <t On en prend de plus petits ., au mois de septembre ,

( 282 ) « dans les profondeurs du lac; on les appelle alors « Agones gras. Etant salés , on leur donne le nom de « Misoltini. » Hermann , Ouu. cit., p. 3i6.

Les renseignemens fournis à Hermann ne sont point conformes à ceux donnés par Aldrovandi. « Ces poissons, « dit-il , sont exquis dans les mois de juillet , août , sep- « tembre et octobre. » Ils les décrit sous la rubrique de Saracho , et y rapporte le Chalcis de Rondelet, yiqao xuX'^. Aldrou. , de Piscib., lih. v, cap. lvih , p. 665-66^.

Suivant Gesner, de Aquatllih.,p. 19, p. aSy, le nom à^Jlco ou Atjuo, radical à'Agone ' , a été donné à la Clupea sard'nella, Nob , à cause des petits aiguillons ou des écailles aiguës qui, sous le ventre, forment une ligne rude et épineuse. Cet auteur , p. 3^ , décrit ce poisson sous le nom A'Albida mmlma: et p. 26, lin. 3, il parle d'un poisson blanc ( TFeissfich des lacs de Carin- thie), si gras, qu'il est inutile d'employer d'autre graisse pour le faire rôtir; et Rondelet, de Piscib. lacuslrib. , p. 149, dit des Agones : Ces poissons s'engraissent tel- lement dans le lac de Come et dans le lac Majeur, que placés sur le gril , leur graisse coule comme de l'huile. Ces deux poissons seraient-i's les mêmes? Je le croirais. Lacépède, qui n'avait jamais vu d'Agone, n'en a pas inscrit le nom dans son Hisl. nat. des Poiss. ,• seulement tom. X, p. 386, il dit : A gonen , Lagonen , noms donnés en Suisse au Cjprinus leuciscus (SaifFe) , quand il approche de tout son développement.

C'est donc par erreur que Scopoli et Rose son copiste ont rangé l'Agone parmi les Cyprins.

Agone , ab acu , eo quoJ sub ventre liaeam habet ser- ratatu. Gesner.

( 283 )

Comment Bosc , en mangeant ces poissons, n'a-t-il pas reconnu les caractères des Clupées , que Rondelet , Belon , AIdrovandi , Fougeroux de Bondaroy et Duha- mel, avaient très-bien déterminés? Scopoli , en ran- geant PAgone dans le genre Cyprin , a augmenté la confusion parmi les poissons des environs d'Aix , signalés dans le Manuel de V étranger aux Eaux d'^Jix, par le docteur Despine fis, iSS.j,;?. 8. Je trouve, n" 18, Sardine, Clupea sardiwa, le lac, vulg. Mirandèle.

S'agit-il de la Clupea sardinella, Vall. , ou bien n'a- t-on voulu qu'indiquer , soit le Cjprinus alburnus , Linn. , l'Ablette appelée Sardine en Savoie, soit le Goujon, Cjprinus gobio ?

C'est une question à résoudre par les naturalistes de la Savoie.

III" ordre des poissons malacoptéryciens subbrachiens.

Nageoires ventrales attachées sous les pectorales, parce que le bassin des poissons de cet ordre est immé- diaiement suspendu aux os de l'épaule.

L'os coxal , représentant l'os innominé , la cuisse , la jambe et le tarse , est de forme triangulaire ; la pointe du triangle est en avant et s'attache à la symphise des os appelés Humérus , par Guv., Poiss., i , p. 077.

Notre département ne possède qu'un seul poisson de cet ordre ^ c'est la Lote, espèce du genre Gade, Gadus, Linn. , reconnaissable à ses ventrales, attachées sous la gorge , et aiguisées en pointe.

Bloch , Ichthjol. , part, u, p. 12.2. aigrefins.

XXXVL La Lotte. Lotte commune ou de rivière, Gadus Iota, Lmn.,Gme\., S. ^., éd. xni, p. 1173, sp. 14»

Bloch , Ichtfiyologie , part. 11 , p. i58 , pi. lxs.

( 284 )

Marsîgîi , Danuh., tom. iv, p. 71 , tab. xxiv ^ fig. i. Juriiie , Hist. des Poissons du lac Léman , p. 148, s, pi. 2. Lacépède , Hist. nat des Poissons , tom. iv , p. 209. Dict. des Se. nat., tom. 27, p. 2^2. Atlas, ichthyoL, pi. 35 ,fig. 2. Bouuateire , Tableau encycl., pi. 3o , fig. 1 10. Meyer , Représ., tom. i , pi. 71.

Rondekt , De Piscib. lacustrib. liber,, cap. xix , de Lota, cap. xx> de pisce qui a viilgo Barbota dicitur. Gesner , de Aquatilib., p. 707. Nouv. Dict. d'Hist. nat., tom, xyiii^ p. 204.

1" D. i3 : dorsale, 76 : P. 21 : V. 7 : A. 55.

58 vertèbres , 18 paires de cotes.

Ce poisson jugulaire couvert d'une mucosité gluante, se reconnaît facilement à sa forme alongée, à son corps presque cylindrique , jaune , mai^bré de brun , à la longueur de la deuxième nageoire dorsale, à la longueur de l'anale , à sa tête un peu déprimée, à un seul barbil- lon au menton. Les Gades ont des dents, en crochets, nombreuses et fortes partout , excepté h la langue et aux arcades palatines-, leur vomer n'en a qu^une bande transverse en avant.

Ce poisson a reçu une foule de noms , Motelle , Mouielle , Barboile , source de la confusion qui se re- marque dans les ouvrages des anciens ichthyologistes 5 pour s'en fiire une idée , il sufïit de recourir à Belon , Rondelet , Willughby , qui l'ont regardé comme deux espèces différentes. Gesner en fait six espèces ; d'après lui, Aldrovandi, Jonston , en font de même six espèces. Il suHit de parcourir l'article Mustela , donné par Gesner dans son ouvrage intitulé : De ^quatllihus , ■p, 696-720 : sous ce titre l'auteur range la Lamproie , de Mustela sive Lampetia , fig. qui, p. 699, est désignée sous le nom d'anguille étrangère-, p. 708 , sous celui de !Nùneugaal, novem oculorum anguilla 5 la Lotte, et à

( 285 ) Toccaslon de ce dernier poisson il dit , p. 70c; : « A (( Sens on l'appelle Boidlause , à cause des bulles con- <( tenues dans son ventre \ en Savoie on la désigne « sous le nom de Moustelle , Mouttoille , Moiistoile ^ « sur le Rlione , dans le \alais Setchot ^ . »

Rondelet a parle deux fois de ce poisson , d'abord , p. 164, sous le nom de Lota, et ensuite, p. i65, sous celui de De pisce qui à i^ulgo Barbota vocatur. Malgré la mauvaise figure faite d'après un individu desséché , on ne peut méconnaître la Lotte dont tous les caractères se retrouvent non-seulement dans la figure , mais encore dans la description. La différence de nom en avait imposé h Rondelet.

Le nom de Barhola ^ donné à ce poisson, vient du barbillon de son menton. Les Grecs appellent la Lotte Claria ,■ on peut lire dans Belon , p. 117, Observât, de plus. Singularité z , lii>. i, chap. lui , l'anecdote de ces Juifs qui , se disputant sur les écailles de ce poisson , furent sur le point d'en venir aux mains.

« Le nom Setchot, donné à la Lotie, est évidemmenS corrompu de Septcm oculi. En effet le corps alongé de la Lotte, de la Lamproie, de l'Anguille, du Mal, du Misgurn, et de beaucoup d'autres poissons les a fait ranger sous la même dénomination, Mustela. On conçoit alors comment leurs synonymes ont été transposés, et comment le nom de la Lamproie , Sept œils, a été appliqué à la Lotte ; celui de Neunaiige , au Misgurn fossile, etc., etc.

Aussi Gesner avait-il déjà signalé l'inconvénient de donner le même nom à des poissons différens.

- Barbotte, parce qu'il se plaît à barbotter dans l'eau trouble. Uict. théor. et pratique de Chasse et de Pêche ^ ( par Delisle de Sales) , tovi' ij/'. 76. Lote , tom, 2 .p. 120, JMustele j p. 196.

( 286 ) Aldrovandi psrle aussi plusieurs fois de la Lotte , d'abord sous le nom de Barbota Gallorum, Aldrov., de Piscib. lib. v, cap. vi, p. 5^5^ ensuite sous celui de Lotta Gallorum, lib. v, cap. xlvi, p. 648 ; puis sous les noms de Bolatrissia ^ fluviatJlis , à cause de sa grande gueule et de son corps anguilliforme , et de 3Iuslela flm'iatilis et lacustres Gesneri , il donne la figuie d'une Lotte de la plus grande taille \ à la page 578 il l'appelle Trissia flui^iatilis.

Albert-îe-Grand , opéra, tom. vi , désigne la Lotte sous le nom de Borhocha , et Vincent de Beauvais , Spe.c. nat., tom. 1, lib. xvii, cap. xxxv, sous celui de Borhotha ^.

Albert-le-Grand a formé le nom Borbocha de Barba et Boca, pour caractériser le barbillon sous-mentonier de ce poisson.

Gesncr , De Aquat., p. 712 , dit : « On donne le « nom de Borboche à tous poissons qui se tiennent « toujours au fond des rivières ou des lacs , et dont la « forme, imitant celîede l'Anguille, est cependant plus « courie et plus renflée. )> Il dit ensuite : « Bar' « boite désigne un poisson pourvu de barbillons. » Et enfin les Borbotes sont des poissons visqueux , comme l'Anguille , et que l'on dépouille comme elle. Sous ce nom sont désignés , le S'iurus glanis , la Lotte , l'Esturgeon. Gesner, de Aquatdib. , p. 1048.

Cardan donne de la Lotte une description très-exacte : il lui impose le nom de Botta, outre , à laquelle les

' Botatrissia désigne aussi le Chabot, chez Gesner , fi^e Aquatil., p. 711 , ligne 5%.

2 Vincent de Beauvals a fré(juemment altéré la véritable orthographe des noms.

( 287 )

3Iilanais Font comparée. La première lettre de ce mot ayant été remplacée par une /, devient l'origine du nom Lotie, sous lequel ce poisson est aujourd'hui connu. Comme la tète , dit Bloch , a beaucoup de rapport avec celle de la grenouille , et le tronc avec celui de l'anguille, les Hollandais l'ont appelé Put ael, et les Anglais Eelpout.

Les anciens auteurs, dépourvus de la connaissance des véritables caractères des êtres , s'en rapportaient seulement aux noms dont on se servait pour les désigner, et comme ces noms étaient imposés arbitrairement , les mêmes étaient employés pour désigner des objets très- difFérens ; c'est ce qui rend si diilicile la détermination de ceux dont les Anciens ont parlé.

Ainsi par exemple AIdrovaudi , de Piscih. , p. SyS, au chapitre àcBaihoia GaUoruw , après avoir indiqué tort je pense) que le nom Barbote avait été donné à la Lotte, non à cause de son barbillon, mais parce qu'elle barbotte dans la vase comme le canard , ajoute : « Ce poisson n'a jamais plus de six pouces , et a de très grands rapports avec la Lotte des Lyonnais. » Il est cer- tain que dans ce chapitre il a confondu ce qui regarde la Lotte, et ce qui regarde la Loche, Corbilis harhatida^ Linn. , ou plutôt le Cohitis tœnia, Linn. , dont la lon- gueur n'est effectivement que de six pouces.

La Lotte , dont la cornée est très convexe , a été dési- gnée anciennement par le mot Musiela (radical de 3/oiUelle qu'on lui donnait dans quelques endroits); appliqué encore à beaucoup d'espèces de poissons , soiî marins, soit d'eau douce. Le motif de cette dénomina- tion se lire, dit Gesner, de AijuatWb. p. 70a, de la longueur du corps de ces poissons, jaune sur îe dos, blanc sous le ventre, comme dans les Belettes , p. 69S.

( 288 ) lig. 16^ il le tirait, à musteUno colore id est suhlivido ^ ; et dans un autre endroit , il l'attribuait à l'habitude qu'a la Lotte de se tenir en embuscade dans des trous ,

' Rondelet, de Piacibus marinis , lih . xiv, pag. /\oo ^ avait déjà parlé de la couleur sublivide, cause du nom Mustcla.

Voici le texte de Gesuer : De Mustela , sive Lampetra , Bellouius.

Hune piscem, Mustelam , nominant Latini , à maculatî Iiujus nomiuis quadrupedis tegminis similitudiiie , p. 6^6, lin. 17.

Dans ce passage , il est évidemment question de la Lotte, dont la peau offre des marbrures bien prononcées.

Quod si Mnstelae, Lanipetrœ sint, a niustellino colore, id est, sublivido ( quid si a corpore oblongo potius? ut marinae etiam puto ) dictas fuisse arbitrer, pag. 6\.j^ ^ lin. 1 6.

On ne peut méconnaître à ces traits la Lamproie.

Mustela, dicitur nam ut Gale { yaK-, , id est Mustela) serpentes persequitur , /?. 700, lin. 53.

Cette phrase a trait à des espèces de Squales , dont le nom Mustela a été donné à la Lotte, poisson rusé , se te- nant, disait on , en embuscade comme les Belettes et les Chats.

La Lolte aime particulièrement une eau claire , dit Blocli , et se cache au fond dans les creux formés par les pierres , d'où elle épie les poissons sur lesquels elle se jette avec ra- pidité. Sa cornée transparente, dit Jurine , Act. Gen.^ 1821 , tom. I ,p. 2 , (2), est très-convexe, tandis que dans la plupart des poissons l'œil est aplati en avant et convexe en arrière.

Les pierres d'oreille des Gades sont elliptiques, crénelées dans leur bord, relevées dans leur milieu.

L'orifice antérieur des nariues dans la Lotte a ses bords

( 289 ) et de s'élancer sur la proie qu'elle guette , avec une agilité comparée à celle des Chats et des Belettes , if/u.v- lela, d'où le nom de Moutelle , employé dans quelques lieux ^ mais borné en Bourgogne aux Loches.

On nourrit la Lotte dans les viviers avec le foie de bœuf haché.

La Lotte est si vorace, dit Jurine, qu'on a trouve dans l'estomac d'une, qui ne pesait qu'une demi-livre , jusqu'à quinze Perchettes presque entières, Act. Ge?iei\ , toin. 3, i'^ part. , p. 149- Elle détruit le frai des autres poissons, et beaucoup de fretin 5 elle s'attache même à l'Epinoche qui lui enfonce ses arêtes dans le gosier^ elle chasse pendant la nuit-, la meilleure amorce pour la prendre est le Séchot et le Goujo/i ,• prise sa cent brasses et au-dessous, les Lottes ont souvent leur vessie à air atrophiée , elles sont alors complètement aveugles.

Ce poisson qui a la vie dure , fraie en février , sui- vant Jurine , et décembre et janvier, suivant Bloch. Ses œufs * sont nuisibles comme ceux du Brochet et du Barbeau -, mais son foie -volumineux est regardé comme un mets délicat; aussi a-t-il donné lieu au dit-on

vulgaire :

Pour un foie de Lotte

Femme donne sa cotte.

tubuleiix, et la tubulure du bord se prolonge, par un de ses côtés, en un tentacule.

La Lotte , longue de plus de douze décimètres , apportée du Danube à Chantilly, vue par Valmont de Bomare , et citée par Lacépède , Hist. nat. des Poissons, tom. iv, p. 2i5, était certainement un Mal, Silurus glanis , Linn.

' Ova alba, exilia, moUia, obiter perquirenti lactés \i- dentur. Marsili, Dan. Pannon. , tom. ly ^ p. 72.

2 Hepar pro illecebrâ exîstimatur. Marsili, /oc. cit,

^9

( 290 )

Au dire de Bloch , une comtesse de Beuchlingen em- ployait la pins grande partie de ses revenus pour se procurer des foies de Lotte.

La chair de ce poisson , garnie d'arêtes, est blanche, agréable au goût.

Dans les appendices cœcales de la Lotte vit le Tœnia rugosa, Batsch, Gmel. , Syst. nat. , p. 0078 , sp. 75, Bolriocephalus ragosus , Encycl. méth. , vers, tom. 2, p. 146 , sp. 6.

On trouve encore dans la Lotte le Triaenophore nodu- leux. Dict. Se. nat., tom. 55 ^ p. i85,/?/. 6,^ .^ Jig, 3.

IV* Ordre des poissons malacoptérigiens. apodes.

Ces poissons ont tous une forme alongée , une peau épaisse et molle qui laisse peu paraître leurs écailles ; ils ont peu d'arêtes.

L'anguille -, Bloch , IchthjoL , pari, m, p. 1. Corps serpentiforme.

XXXVn. L'Angtjille, Murœna^ Anguilla, Linn., Gmel. , S. N. , xni, p. ii3d, sp. \.

Blocli, Ichtliyologie , part, m , p. 3, ;)/. Lxxin.

Juriiie , Hist. des Poissons du lac Léman , p. 1 17, i, pi. 1,

Marsili , Danub., tom. iv, p. 4, pi. i, fig. 3.

Boimaterre , Tabl. encycl., IchtfiyoL, pi. 24 ,Jîg. 81.

Laccpède , Hist. nat. Poiss. , tom. ?),p. 290.

Dict. des Se. nat. , Atlas , pi. 82, fig. i. Murène Anguille, tom, 2, p. 141.

Koudelet , de Piscib.fliwiat. liber , cap. xxiii , p. 198.

Meyer, Représentations , tom. i , pi. 42.

Gesiier , de Aqnatilib. , p. .\6.

L'Auguille manque des dents palatines et linguales; mais les deux mâchoires et le vomer sont-hérissés de petites dents droites, fortes, mousses, serrées.

' De /i*vçs;v, couler, glisser, parce qu'à raison de sa mu- cosité , elle glisse des mains.

( 291 )

AÎJjcri le Grand, Opéra , tom. vi, p. 6^3.

Nouv. Dict. d'Hist. nat., édit. 2, tom. i, p. 53o.

Geoffroi , Mat. médic. , 4°) tom. 3, p 193.

Dict. des Se. nat. N. B. Au mot Anguille, on est renvoyé à l'ar- ticle 3Iurène, il n'est point question du poisson dont nous parlons ninlgré la bonne figure insérée dans Vy^tlas, IchthyoL, pi. 82 , fig. i.

Artedi donne une description complète des parties internes et externes de ce poisson , IchthyoL , part, v , p. 66.

Le nom français de ce poisson vient de son nom grec ETXEATs qui lui a été donné soit parce qu'il se tient au fond de la vase , soit parce qu'on l'y pêche , soit parce que sa flexibilité lui permet de se rouler sur lui-même.

L'Anguille a le corps long, étroit, uni et couvert d'une mucosité visqueuse \ Xouie est petite et fort ea arrière.

Ce poisson connu depuis long-temps , et dont la forme ne laisse aucune incertitude pour sa détermination exacte, offre aux naturalistes un problême qui , jusqu'à ce jour, est demeuré insoluble malgré les travaux de Spallanzani.

Quelques naturalistes , £/j>/i. nat. Cur. , Dec, an/nis 1 , 1670, obs. 119 , Collect. Acad., part, étr., tom. 3, p, 19, regardent l'Anguille comme vivipare, et Elsener prétend avoir vu des jeunes dans le sein de la mère mais les naturalistes modernes n'ont pu s'assurer de cette assertion.

La chair de ce poisson fait les délices des tables succu- lentes ; je me bornerai seulement à dire que ce poisson a la vie très dure , et s'il faut en croire certains obser- vateurs , des Anguilles avalées par des Brochets ou par des Esturgeons, auraient été rejetées entières et pleines de vie.

On prétend avoir rappelé à la vie , en les plongeant dans l'eau froide , des Anguilles gelées depuis quatre jours. Archw. liliér. de l'Ewope , tom. 1 , /?. 80,

L'absence des nageoires ventrales a fait placer l'An-

( 292 )

gnlllc, par Linné , dans sa division des poissons Apodes.

On trouve de temps en temps des Anguilles borgnes de Toeil gauche. Act. Paris, , 1748 , p. 27, 28.

Ce poisson a , comme nous l'avons dit , la vie très dure; mais si on le pique à la queue, il périt sur le champ. M. Moreau , président du comité central d'a- p-riculture , en a fait souvent l'expérience , et il a indi- qué ce moyen à plusieurs pécheurs qui s'en sont servis avec avantage, pour extraire, de leurs trous, les An- guilles qui s'y étaient retirées.

M. Moreau a pris également sur un pré une énorme Anguille qui s'y était réfugiée , parce qu'on avait mis rouir du chanvre dans la rivière elle se tenait.

Elle se nourrit de vers, d'insectes , de petits poissons, du frai des gros , des cadavres en décomposition , de substances végétales , et même , dit-on , des pois nou- ■vellement semés , dont elle est très avide , et qu'elle va chercher ; elle ne va à la chasse que la nuit , dit Bloch ; pendant le jour elle se cache dans la bourbe, ou elle s'en- fonce en faisant deux ouvertures à sa retraite obscure, afin que si l'une se trouve par hasard bouchée , elle puisse s'échapper par l'autre. Dans les viviers , on la nourrit de foies de bœufs.

Le cœur de l'Anguille est carré.

L'Anguille est sujette à une éruption qui consiste dans des taches blanches, depuis la grandeur d'un grain de millet , jusqu'à celle d'une lentille; les pé- cheurs croient que cette maladie se guérit par le con- tact du S tratiotes aloïdes , Linn.

Dans l'Anguille et dans le Congre , l'ethmoïde reste lovijours à l'état cartilagineux, et disparaît quand les squelettes sont trop macérés.

( 293 )

Les pêcheurs, dit Cuvier, reconnaissent quatre sortes d'Anguilles communes , qu'ils prétendent former autant d'espèces, mais que les auteurs confondent sous le nom de Muvena anguilla, Linn.

Y!' anguille ^eniiaux , que Cuvier croit la plus com- mune.

V Anguille à long bec, dont le museau est plus comprimé et plus pointu.

h^ Anguille plat bec, grig-eel des Anglais ; le museau plus aplati et plus obtus; l'œil plus petit.

U' Anguille pi mpernaujc , glut-eel des Anglais; mu- seau plus court à proportion , yeux plus grands qu'aux autres sortes.

Cuvier , i?e^. animal, éd. i ., iom. 2, p. 049,(1), avait promis une description comparative et des figures exactes dans sa grande histoire des poissons ; mais la mort l'a empêché de tenir sa promesse.

« Les pêcheurs de la Saône , dans les environs de « Pontailler, distinguent deux espèces d'Anguilles, « la blanche et la grise rougeâlre. » A^ote de M. Pataille.

Les pêcheurs de la Saône, dans les environs de Seurre , distinguent quatre espèces d'Anguilles , l'ar- gentée sous le ventre , la jaune , la brune et la longue noire. Note de M. Baudot.

La différence de couleur n'est pas un caractère suffi- sant pour constituer des espèces; aussi je regarde comme de simples variétés les Anguilles blanche et grise rougeâtre.

Les Anguilles sont sujettes à plusieurs vers intesti- naux.

1. Ascaris anguillœ , Redi , Gmel., p. 3o35, sp. 60 j c'est un Liorhj nchus.

( 294 ) Zeder et Rudolphi ont vu dans l'estomac de l'An-

guiile le Liorhynque de l'Anguille. Liorhjnchus denli-

culatus, Rud. , Dict. Se. nat. , tom. Sy, p. 54B. Ne serait-ce pis V Ascaris anguillce vue par Redi.f* 3. Ecliinorhynchus anguillœ ,M.\i\\. , Gmel. , p. '30/{.6,

sp. 21, Encyclop. méthod. , vers, tom. 3, p. 3o4,

sp. 11.

3. Cucullanus lacustris, Mul. , Gmel., p. 3o5i , sp. 6, a. Vivipare suivant Leuwenoeck.

4. Fasciola anguillce, Leuw , Gmel. , p. 3o56, sp. ' 22, Ency. mélh. , vers , tom. 2, p. 261 , sp. 17.

5. Tœnia nodulosa, Goeze , Gmel. , p. 0072, sp. 5o. Triœnophore noduleux , Encv. , vers, tom. 2, p. 753 , Dict. Se. nat. , tom. lv, p. i85, atlas, pi. 4*^1 ^g- 3.

6. Tœnia anguillœ, Batsch. , Gmel. , p. 3078, sp. 74- Rhjtehninthus anguillœ, nouv. Dict. d'Hist. nah , éd. 2, tom. 29, p. 285. Botriocephalus claviceps , Eue, vers, tom. 2, p. i45, sp. 3. Dict. Se. nat., tom. 67, p. 610, tom. 5, suppl. , p. 47-

La peau d'Anguille, coupée en lanières, est employée par certains paysans pour attacher leurs fléaux , parce qu'elle a plus de ténacité que le meilleur cuir. La peau d'Anguille est souple et transparente \ les Tartares des confins de la Chine s'en servent au lieu de vitres à leurs fenêtres.

Il y a une cinquantaine d'années , lorsque la mode existait de porter les cheveux longs , soit roulés dans un ruban , soit renfermés dans une bourse de soie , on atta- chait les cheveux près de la tête avec une lanière de peau d'Anguille , pour les faire grandir , disaient les perruquiers.

; <c On voit quelquefois déjeunes Anguilles, dit Bloch , part, m, p. 6, sortir du derrière des Cicognes et des

( 295 ) Hérons qui les ont avalées ^ -, j'ai été, continuc-t-il , témoin d'un fait analogue : on avait mis par plaisante- rie une Loche de marais , Cob'tis fossilis , Lin. , dans la gueule d'une chèvre-, cette Loche s'était introduite dans les hoyaux à force de se démener , et enfin on la vit sortir par l'anus. »

Bloch, part, m, p. 6, note (y).

Bloch ne dit pas si les Anguilles et le Misgurn dont il parle , ont été rendus vivans ; je ne le crois pas, cela serait en effet une exception bien extraordinaire aux expériences de M. Flourens, consignées dans les annales

' ce L'Esturgeon avale l'Anguille tout entière, et souvent sans la blesser; dans ce dernier cas, il arrive que déliée, visqueuse et flexible, elle parcourt toutes les sinuosités du canal intestinal , sort par leur anus , et se dérobe par une prompte natation , à une nouvelle poursuite. Il n'est per- sonne qui n'ait vu un lombric avalé par des canards, sortir de même des intestins de cet oiseau , dont il avait suivi tous les replis. » Lacépède y Hist. nat. des Poiss. , tom. 3, p. 009 , 3io.

Est-ce réellement le lombric avalé par le canard qui est rendu? ne serait-ce pas plutôt l'a^caA/^ anatis?

Suivant Bœcler, les maquignons introduisent une An- guille dans l'anus des chevaux pour les rendre plus vifs, et les faire pai'aître plus gras. Quelques vétérinaires font avaler aux chevaux poussifs, une Anguille qui traverse leur canal alimentaire sans périr. Gesner dit avoir connu «ne per- sonne qui rendit entière une Anguille qu'elle avait avalée. L'essaiera qui voudra. Suivant quelques ornithologistes on fit avaler jusqu'à neuf fois la même Anguille à un plongeon qui la rendit entière chaque fois.

J'en appelle toujours aux expériences de M. Flourens, qui subiraient alors uue exceptiou bien singulière.

( 296 ) des Sciences naturelles 1802, iom. 27, p. 53, et dans les Mémoires de l Institut, i833 , tom. xii, p. 480, 5o2, 53 1.

L'orifice antérieur des narines de l'Anguille a ses bords tubuleux.

L'enveloppe générale du corps de ce poisson offre des écailles petites , minces et comme noyées sous un épiderrae épais.

Avant de quitter l'histoire de l'Anguille , je dois rappeler celle retirée du puits de la maison de déten- tion de Beaulieu au mois de juillet i83i, et dont M. Eudes des Longchamps a donné l'histoire et la figure dans les Mémoires de la Société Linnéenne de Norman- die , i833 , p. 47 , pi- 4 ' fi§- 4"^-

Cette Anguille était remarquable par le développe- ment extraordinaire de ses yeux, dont les orbites plus agrandis déformaient la tète. Cette monstruosité dépen- dait-elle de la profondeur du puits dans lequel vivait cette Anguille, ou était-elle congéniale ? C'est sur quoi l'auteur n'ose se prononcer ; il se contente seulement de faire observer que la Carpe commune , et le Cyprin doré de la Chine , ont quelquefois montré un dévelop- pement extraordinaire des yeux.

La faculté dont jouit l'Anguille de vivre hors de l'eau, pendant quatre et même cinq jours , surtout lorsque le vent du nord souflle, me fait penser qu'une d'elles, échappée de la petite rivière de l'Odon , éloignée d'un bon quart de lieue , avira gagné la maison de détention de Beaulieu, et sera tombée dans le puits.

Dans la séance de l'Académie des sciences (12 octo- bre i835 ) , M. Arago a montré des Anguilles de diverses grosseurs, prises dans un fleuve souterrain. Des poissons de même espèce, provenant d'un puits artésien creusé

( 297 ) a Elbeuf,ont été envoyés h rAcadcinieparM. Glrardin, professeur de chimie à Rouen. Act. Linn. , Budigal. , i836, tom. 2, p. 199.

ÏP série. Poissons Cartilagineux ou Ghonduoptéry- GiENS , ou , pour parler plus exactement , à Périoste GRENU, Cuv. , Hlsl. liai. , Poissons , tom. 1 , jj. 553.

Ces poissons manquent des os maxillaires et inter- maxillaires, ou plutôt, ils ne les ont qu'en vestiges cachés sous la peau , tandis que leurs fonctions sont remplies par les os analogues aux palatins , et même quelquefois par le vomer.

Le squelette de ces poissons est essentiellement carti- lagineux -, la matière calcaire s'y dépose par petits grains et non par filets.

La substance gélatineuse , qui , dans les autres pois- sons, remplit les intervalles des vertèbres et communique seulement de l'un à l'autre par un petit trou , forme dans plusieurs Chondroptérygiens , une corde qui enfile tous les corps des vertèbres sans presque varier de diamètre.

ï" ordre des Chondroptérygiens , ou VII* ordre ^ de la classe des poissons.

" Sturonieivs ou Chondroptérygiens à branchies libres.

Les ouïes n'offrent qu'un seul orifice très-ouvert et garni d'un opercule , mais sans rayons à la membrane branchiale.

' Les V'^ et VP ordres , les LophohrancTies et les Plec- tognathes , ne renferment que des poissons marins, étrangers à notre département et aux eaux douces de la France.

( 298 ) Genre. Esturgeon. Acipenser , Linn.

Bouche placée sous le museau , petite et dénuée de' dents 5 corps plus ou moins garni d'écussons osseux , implantés sur la peau en rangées longitudinales.

Bloch, Ichthyologie , part, m , p. 78.

XXXVIÏI. L'Esturgeon ordinaire. Acipenser slurîo, Linn. , Gmel., Se. nat., édit. xiii, p. i483 , sp. i.

Bloch, Ichthyologie , part, m, p. 80, pi. Lxxxviir. Duhamel, Pêches , part., sect. viii, p 220, pi. i et 11. Lacépède , Hist. nat. Poiss., torti. 2 , p. 257.

Nom'. Dict. d'Hist. nat., édit. 2, tom. i, p. i5o. Acipenser Esturgeon, tom. x, p. 479- Esturgeon. JJict. des Se. nat. , tom. xv , p. 071. ^tlas ,ichthyol., pi. 10. J. Hermauu , Observât, zoologicœ , p. 294. Geoffr., Alat. niédic, in-^° , tom. o,p. 187.

Ce poisson est connu depuis longtemps : les Anciens l'ont signalé ; dans le Moyen-Age , Albert-le Grand , Opéra, tom. vi, p. 65g, et Vincent de Beauvais , Spéculum naliir., tom. 1, lih. xvir , cap. xcv, ont parlé de TEsturgeon.

Rondelet , de Plscihus fluviatlUb. lib., cap. vi , p. 173 , De Aitdoy donne une mauvaise figure de rEsturp;eon.

L'Esturgeon ordinaire se reconnaît aux écussons forts et épineux disposés sur cinq rangs.

Ces écussons sont de véritables écailles dont la forme et la grosseur en font de vrais boucliers.

Il remonte les fleuves à l'époque du frai : il fréquente la Loire , le Rhône ; ainsi il n'est point surprenant qu'on en prenne quelquefois dans nos environs.

Il y a une trentaine d'années , à l'époque des Aloses, un Esturgeon a été pris dans le Doubs. M. Moreau ,

/

( 299 ) président du Comité central d'Agriculture , de Dijon , qui l'a vu , m'a dit qu'il avait environ huit pieds de longueur. Ce poisson suivant des bateaux de sel , avait remonté !e Rhône , la Saône , et s'était engagé dans la rivière du Doubs ^ . A peu près à la même époque un autre Esturgeon a été pris à Lyon , près de l'em- bouchure de la Saône. Sa chair est assez semblable à celle du veau.

L'Esturgeon peut avec sa mâchoire supérieure fouiller dans la bourbe et le sable , et faire passer dans sa gueule les poissons et les vers qu'il y trouve. Il se nourrit de I Harengs , de Maquereaux et de Gades ; engagé dans les fleuves , il attaque les Saumons ; sa chair est grasse et de bon goût, sa laite est surtout fort délicate; ce poisson fraie au printemps, c'est-à-dire en avril et en mai. Ses œufssontdela grosseurd'un grain de chenevis. L'épine dorsale de l'Esturgeon consiste en un car- tilage homogène et demi-transparent-, maisbeaucoupdes os de sa tête et de son épaule ont au moins une lame de leur surface, complètement durcie et ossifiée. On compte 28 vertèbres.

En partie , dans l'Esturgeon le trou de communica- tion des vertèbres est si large que les corps des vertèbres peuvent être considérés comme des anneaux , et que le cordon qui les enfile n'a point d'inégalités dans son dia- mètre.

Il se forme dans les reins de l'Esturgeon commun , et dans ceux du Hausen , une production calculeuse rayonnée du centre à la circonférence 5 le peuple Russe

' Il aurait pu tout aussi Lien remonter la Saône plus haut, et se laisser prendre dans la partie de cette rivière qui trayerse notre département.

( 300 )

lui attribue des vertus merveilleuses. Ballet. Féruss., io3o, Se. nat., loin, xxiii , p. i3i.

On trouve quelquefoisdans les intestins deTEsturgeon :

\SEchinoî'jnchus sturionis , Goèze, Gmel. , p. oo5o , sp, ^3.

h'Ouhiostome de l'Esturgeon , Dict. Se. nat., tom. 67, p. 540 , pi. 3o , fîg. 7.

Le MonostomafoUaceam , Dict. Se. nat., tom. 67, p. 583.

Sur les branchies et les opercules de ce poisson vit la Nitzscliie élégante, Dict. Se. nat., tom. 67 , p. 568.

VHP ordre des Poissons. IP ordre des CAr.TiLAGLNEux. CHOJNDROPTÉraGiENS à branchies fixes.

Dans ces poissons , les branchies sont attachées à la peau par leur bord extérieur 5 en sorte que l'eau ne sort de leurs intervalles que par des trous de la surface.

l*^® famille. Sélaciens.

Elle comprend les Squales; la peau de plusieurs d'en- tr'eux est employée dans les arts pour polir : et les Haies, dont la Bouclée et la Ronce se trouvent sur nos marchés et se voient fréquemment pendues aux crochets de nos restaurateurs.

2* famille. Suceurs.

Les poissons de celte famille n ont ni pectorales ni ventrales^ leurs parties dures ne consistent qu'en un cartilage homogène et demi-transparent ^ leur corps, alongé , se termine en avant par une lèvre charnue , circulaire ou demi-circulaire ; et l'anneau cartilagineux qui supporte cetle lèvre , résulte de la soudure des pa- latins et des mandibulaires.

( noi )

Le corps de toutes les vertèbres est traverse par un seul cordon tendineux , rempli intérieurement d'une substance mucilagineuse ( corde ) qui n'éprouve point d'étranglemens , et qui les réduit à la condition d'an- neaux cartilagineux à peine distincts les uns des autres.

Cette corde ne constitue pas l'épine-, elle représente seulement les cartilages intervertébraux, ^rf. Paris. ^ 1821, 1826, toin. v, Hist. , p. 188. Cuvier, Progrès des Se. nat. , i834 , tom. 4, p- 22, 23.

Genre Lamproye. Dlcl. Se. nat., tom. 09, p. 012. Petromyzon '.

L'enveloppe générale du corps ne paraît rien offrir qui ressemble à des écailles.

Caraetères génériques : Sept ouvertures branchiales de chaque coté ; la peau se relève au-dessus et au-des- sous de la queue , en une arête ou plutôt en une crête longitudinale qui tient lieu de nageoires , mais les rayons ne s'aperçoivent que comme des fibres à peine sensibles.

Les deux narines de la Lamproie sont rapprochées sur le sommet de la tête, et s'ouvrent par une petite ouver- ture commune.

XXXIX. La grande Lamproie, Lamproie marbrée, Lanrproie marine, Peiromjzon marinas^ Linn., Gmel.j Se. nat., xni , p. i5i3 , sp. 1.

Bloch , IchthyoLogie , part, m , p 3i , pi -Lxxyii. Bonuaterre, Tableau EncycL. , ichthyol, , tab. i,fig. 1.

' De TrjTfoç, pierre, et ^v^^, je suce 5 traduction grecque dépêtras lambere, d'où lamhens petrasj parce que ce pois- sou adLère aux pierres, par sa Jiouclie.

( 302 )

Laccpède , Tlist. Jiat. Poissons , tom. i,p. 3.

Roudelet, de Piscih. marin, , Lib. xiv, cap. iir. De Lampetrâ.

Gesner, De ^qiiatil. , p. 69-'. Lampetra ' major fluviatilis.

Aldrovaudi , de Piscib., p. 533. Larupetra major.

J. Hermaiin, Obsen'ot. zoolog. , p. 290

Alliert-Ie-Grand : Tertium ( Lampetra; geuus) est magnum ad spis- situdinem brachii homiuis , et ad longitudinem cuLiti vel araplius, et nou habet oculos. Gesner, de AquallUb. , p. 702 , lin. 3o.

Gesner n'a pas remarqué qu'Albert-le-Grand confondait la Lam- proie avec l'Anguille, qui efl'ectivenient n'a point d'évens (oculos) latéraux.

Au surplus , Gesner, de ^quatilih., p. 698 , parait confondre la Lamproie , la Lotte , le Mal , l'Auguillo. elc.

Nouv. Dict. d'hist. nat. , édit. 2, tom. 25, p. 435. Petromyzon Lamproie.

Dict. des Se. nat. , tom. 09, p. 3i8. La grande Lamproie. Atlas, Ichthyol.,pl. 17.

Le dos d'un vert brunâtre ou jaunâtre , marbré de brun ^ corps anguilliforme , uni , couvert d'une mucosité gluante ; deux nageoires dorsales bien distinctes et d'une couleur orangée pâle \ corps long de deux à trois pieds , marbré de brun sur un fond jaunâtre^ la première dorsale bien distincte de la seconde ; deux grosses dents rapprochées au haut de l'anneau maxillaire ^ les dents nombreuses , pyramidales , disposées en cercle dans la cavité de la bouche , sont des caractères sutlisans pour distinguer ce poisson de ses congénères.

La Lamproie marine remonte les rivières au prin- temps , à l'époque du frai , aux mois de mars , avril et inai , suivant Bloch -, lorsqu'elle commence à s'engager dans l'embouchure des fleuves , son squelette est géla- tineux ou à peine visible j plus tard il s'épaissit; c'est

' Lampetra luustela dicltur, nam ut gale, ( ya^^», id est BUistela ) , serpentes persequitur. Gesner, de âqiiatilihus y p. 700, lin. 62. Gesner attribue à la Lamproie une habitude de l'Anguille et de la Lotte.

\

( S03 ) ee que le vulgaire appelle la Corde, et il se durcit à la fin de la saison. Aussi , ce poisson , qui atteint la taille de deux à cinq pieds, a la chair très-délicate, surtout lorsqu'il y a peu de temps qu'il a quitté la mer. C'est un manger très-estimé.

Tous les ans, le jour de la St. Thomas d'Acquin, un Duc de Boursfoene régalait son confesseur avec une Lamproie ; et s'il n'était pas possible de se procurer un poisson de cette espèce, il lui taisait donner , en dédom- ma^jernent , une certaine somme.

Cette anecdote étant relative à notre département, je rapporte la pièce originale qui la constate :

Etat des Officiers et Do?nes tiques de Jean , Duc de Bourgogne. Confesseur :

Frère Jean Marchant , Evêque de Bethléem.

M. le Duc donna à M. de Bethléem, son confesseur, trois francs , le quatre mars , pour et en récompensation de la Lamproie saint Thomas d'Acquin (tombant le 7 mars) , dont on ne peut finer (trouver J à Provins il étoit , laquelle ledit confesseur a accoustumé d'avoir tous les ans. Compte de Jean de Noidenl, commençant le x^" janvier i^iià ,Jif7issant le dernier juin 1419-

Vovez Mémoires pour seivir à l'histo're de France et de Bourgogne , par 31. de la Barre. Paris , in-4''j 1729, tom. 2. , p. 92.

Ces Mémoires ont été recueillis par Dora des Salles , Bénédictin , et mis au jour par de la Barre. L'exemplaire de la Bibliothèque du Boi l'attribue àN. de Bois-Morel^ religieux de St. -Bénigne de Dijon , qui sefit protestant. Voy. Barbier, Dict. des Ouvrages anonymes , 2* édit.^. 1823 , tom. 2 , p. 393, 11713.

C 304 )

Les détails contenus dans la pièce que je viens de citer, sont bien plus exacts que ceux consignés dans le Dict. des Se. nat., tom. 09 , p. 32,a , et reproduits de la manière suivante :

(( Le confesseur de Philippe-le-Hardi était un domi- nicain , qui , d'après deux bulles d'Urbain V , pouvait se dispenser du jeûne et de Tabstinence de la cbair. On donnait à ce confesseur une Lamproie , le jour de la St. Thovnas d'Acquin, ou ^5 sols s'il ne s'en trouvait pas. » Il avait bouche à la Cour et 100 livres de pension, assignées sur la terre d'Arconcey. France lltiér. , i836, tom. 24, }>' 128.

Les Ducs de Bourgogne, Philippe-le-Hardi et ensuite Jean-sans-Peur , envoyaient chaque année, le 17 jan- vier, une offrande aux Antonins (religieux de saint Antoine ) de Norges près Dijon , Almanacli de la pro- vince, 1777, p- 2i5 , et celte offrande consistait en au- tant de porcs gras qu'il y avait de princes et de princesses dans leur maison. Philippe-le-Hardi en donna neuf en 1096. France littéraire , i836, tom. 24, pp. 128, 129.

M. Pataille , à l'occasion de la Lamproie , me transmet les renseignemens suivans, qu'il tenait d'un excellent pêcheur d'Heuilley : « La Lamproie , en quittant la mer « pour se rendre dans nos rivières, n'est point arrêtée « par les écluses j lorsqu'elle se trouve barrée par une « portière , d'après la conformation de sa bouche et de « ses dents , elle s'attache fortement à la portière , fait ({ un mouvement de la queue qui la jette et la lance « plus haut, elle s'attache de nouveau, et ainsi de « suite , jusqu'à ce qu'elle soit parvenue à franchir la (( barrière qui l'arrêtait. Quelquefois même elle s'at- « tache ainsi après les bateaux, elle est si fortement

( 305 ) « fixée, qu'on ne peut l'en arracher. » Lettre du 32 août i836.

La Lamproie peut perdre de très-grandes portions de son corps , sans être pour cela privée de la vie.

La Lamproie se nourrit de substances animales mortes ou vivantes ; faisant sa proie de petits poissons , elle devient elle-même celle des Brochets et d'autres poissons voraces , ainsi que des Loutres, aux poursuites desquels elle échappe par la fuite ou par une retraite dans quelque réduit obscur et étroit. Elle atteint une grosseur considérable 5 celle décrite par Bloch avait trois pieds de long et pesait trois livres 5 quelquefois elle pèse de quatre à six livres, et est grosse comme le bras.

Peut-être est-ce à cause du bon goût de ce poissop , que la ville de Glocester est dans l'usage de faire tous les ans présent au roi d'Angleterre , d'un pâté de Lamproie , aux fêtes de Noël ; Bloch , part, ni , p. 3si ; et comme elles sont très-rares dans cette saison , on donne quelquefois jusqu'à une guinée pour une seule Lamproie.

L'ovaire de ce poisson consiste en petits disques, ou plaques très-minces , attachées en arrière le long de l'épine du dos, à un vaisseau comme un lacet \ les œufs sont de couleur d'orange et de la grosseur de grains de pavot.

Thom. Bariholin donne, dans la centurie V , une note de Rhodius sur la couleur tantôt roupie , tantôt verte du foie de la Lamproie. Cuvier , Histoire natur. des Poissons, tom. i, p. 68.

Les dents de la Lamproie sont des cornets minces moulés sur des germes assez charnus ; il y en a sur les lèvres , sur les mâchoires et sur la langue , de formes f't de directions différentes , sur lesquelles Cuvier pro-

20

( 30G ) meitint , Ilist. nai. des Poissons, iom. i , p. 49^5 *^^ revenir. La mort de ce savant nous privera de tous les détails qu'on attendait de lui.

On trouve dans la Lamproie le Monosfoina tenuîcollis, Dict. Se. nat., tom. 5j , p. 682.

XL, La Satoille. Pelromyzon hrancliialis . Linn. , Gmel. , S. N. , éd. xni, tom. i , p. i5i5 , sp. 3.

Bloch , Ichth, fpart. m , p.3j , pi. lxviii , fig. z. Le Lamprilloa.

Bonnaterre, Tabl. Eiicyclop. , IchthyoLogie , pi. if fig. 3 (i).

Lacépède , Hlst. nat. des Poiss., tom. i, p. 3^.

J. Hermana , Observ. zoolog. , p. 291.

N. T). d'Hist. 71. , éd. 2, t. sS , p. 4^6. Pétromyzon Lamproyou.

Eondelet, de Piscibus flmdatil. liber, cap. xxiv, p. 202.

Meyer , Représent., tom. 2, pi. 97. Die Neiinauge.

Ce poisson , qui se tient dans la vase des ruisseaux , a beaucoup des habitudes des vers auxquels il ressemble tant par sa forme 5 il est connu depuis long-temps sous les noms de Chatouille, Chatoille , Chatillon, Civelle , Lamprillon , Lamprojon, etc.

Albert-le-Grand le signale par ces mots : unum par- vum generis Danubio quasi calami quantitalem et palmi longitudine non excedens. Gesner , /?. 702, lin. 28.

Gesner, de Aqualil. , p. 706, dit que le nom de Chatoille a été donné à ce poisson , parce que renfermé dans la main, il y produit, par ses raouvemens, une sorte de chatouillement particulier.

Gesner s'est trompé dans cette explication : les noms de Satoille, Salouille , Chatoille, Chatillon, dérivent tous par corruption de celui Sept œil, Sept-em ocnli , donné originairement à ce poisson , à cause de ses sept ouvertures branchiales de chaque coté.

Les Allemands le désignaient sous le nom de Neu-

( â07 ) neugen, Neunaugen * enneoj)htliahnus , à cause , dit Gesner , des sept ouvertures branchiales et des deux yeux , de u4qiiatiL , p. 'j/\o , lin. 60 , p. 1281 , 1282. Il valait mieux dire, à cause de sept ouvertures bran- chiales, de celle de l'œil, et de celle de la narine, aboutissant à un soupirail commun ^.

' Flemming, dans son Traité sur ia pécke , a fait repré- senter, pi. L , ce poisson, avec neuf ouvertures de chaque côté.

Si , comme on le dit dans le Dici. des Se. nai., tom. 34, p. 495 , le mot Neunatige est un des noms allemands du Mlsgurn fossile , Cobidsfossilis , Linn., c'est par suite d'une erreur dépendant de la confusion faite par les anciens ichtliyologistes , qui ont rangé , sous le titre Mustela, tous les poissons anguilliformes, c'est-à-dire, à corps alongé et cylindroïde, ou cylindrique.

A l'article Lote nous avons déjà signalé l'abus du même nom donné à différens poissons.

2 Bloch, et Bonnaterre son copiste, pour faire ressortir l'évent de l'Ammocète Lamproyon, ont représenté un jet d'eau sortant de cette partie, ainsi que l'avait déjà fait Rondelet.

En parlant du Petromyzon Pricka , Bosc , Nouv. Dicf., d'hist. nat. , édit. 2 , tom. iS , p. 436 , dit : « Duméril en « a fait un genre , sous le nom d'Ammocète. 33

Cet article prouve la négligence avec laquelle Bosc tra- vaillait, même sur les objets les plus communs. Dans le cas présent il a confondu la Pricka , ou Lamproie de rivière , que M. Duméril laisse dans le ^enve Petromyzon, avec le Lam- prillon , dont il a fait effectivement le genre Ammocète.

Le rédacteur de l'article Lamproie, Dict. pitlor. d'hist. nat. , i836, tom. 4, p. 34o, regarde , mais à tort, la petite Lamproie, Petromyzon plane ri , comme étant la SatoiMe,

( 308 )

On conçoit facilement le sens de Lamproyon , Lam- piillon, diminutif du mot Lamproie.

Le nom de (7tVe//e vient de Cwade, avoine, parce que les Ammocœtes se mangent en masse , comme les chevaux mangent l'avoine. Cette explication est donnée par Sachs Gammarol. P. 97 , à l'occasion de la Civade ( crangon vulgaire) \ e garumna , dit-il , copiose extra- hunt et pusillatim dévorant , sicut avenam veterinae.

Ce petit poisson long de six à huit pouces , gros comme un fort tuyau de plume , a été accusé à tort de sucer les branchies des poissons ^ .

Le corps est cylindrique, annelé, pointu aux deux extrémités; la bouche est dépourvue de dents 5 et par en bas , le bord en est coupé des deux cotés.

Gesner en a parlé sous les titres : Minimœ lampredœ icon, p. 706-, Miistela sive Lampetra minor Bellonii, p. 6c)6 ; Murœnce genus i^alde pan^um in Danubio quasi calami quanlitateni et palmi longitudine non excc' dens , p. 702; Lumbricus aquaticus , die Neûneugen, p. 700.

Âldrovandl, dePiscih., /?. 58i, de Lantpeirajluviatili,

Duhamel , Traité général des pêches , tom. i, sect. i, 77. 3o , se contente de dire : « la Chatouille est une espèce « de petite Lamproye , grosse seulement comme un « tuyau de plume à écrire et qui se trouve dans la vase; « c'est un excellent appât. »

Ce poisson est fort bon à manger en friture -, mais il est repoussé par beaucoup de personnes , à cause de sa ressemblance avec un Lombric.

< « On l'a accusé de sucer les branchies des poissons, peut- être parce qu'on le confondait avec le P etromyzon planeri . Cuvier j Règn. anitn. ^ édii. 3 , tom 1 j p. 406.

( 309 )

Rondelet désigne ce poisson sous le nom de Lam-^ proyon, de Chalillon, Lamprillon, et le caractérise par la phrase suivante : Alice (Lampetrae) , vermibus ierres- îribus , crassioribus assimilantur. Lampetra parva, et fluviatilis.

Dans le Dictionnaire des Sciences naturelles, tom. 3 , supplément, p. i5, n" 2, la Satoille est décrite sous le nom à''Ammoccete lamproyon; elle diffère des Pétro- myzons , parce que sa bouche est dépourvue de dents.

Le nom à'Ammocœte vient du grec «/-«/-'o? ( sable ) , et xoîTOî (lit), parce que l'animal vit ordinairement dans le sable, il se tient habituellement.

Mon confrère M. le docteur Bourrée, médecin à Cha- lillon, dit ce poisson très commun dans toutes les rivières du Châtillonnais , l'on s'en sert pour faire des appâts pour pêcher l'Anguille.

Un autre confrère, M. leD. Andriot, médecin à Fon- taine-Française, auquel j'avais écrit pour obtenir le nom des poissons de la Vingeanne , me dit dans sa ré- ponse très obligeante : « Dans mon jeune âge j'y (dans « la Venelle) ai souvent pris, surtout dans les fossés qui « avoisinent la rivière, une espèce de petite Anguille (( jaune qu'on appelle Satouille dans le pays. )>

Ces détails sufïisent pour faire reconnaître VAmmo- cœte lamproyon , désigné sous le nom de Branchiale dans VEncycl. méiliod., Hist. nat., tom. 3, Poissons.

Toutes les parties qui devraient constituer le squelette de la. Satoille, sont tellement molles et membraneuses ' ,

Les Ammocètes n'ont plus de squelette j tout leur ap- pareil musculaire n'a que des appuis tendineux ou membra- neux. Cuvier , Hist. nat. des Poissons, tom. i , p. 568.

D'autres poissons présenteut une structure aussi singu-

( 310 ) qu'on pourrait considérer ce poisson comme n'ayant point d'os du tout.

L'ouverture de la bouche, mince et accompagnée de deux lobes , est garnie d'une rangée de petits barbillons branchus -, sa lèvre charnue n'est que demi-circulaire , et ne couvre que le dessus de la bou- che -, aussi l'Ammocète , dont la forme générale et les trous extérieurs des branchies sont les mêmes que dans les Lamproies, ne peut-il se fixer comme les Lam- proies proprement dites, et lorsqu'on l'accusait de sucer les branchies des poissons , cette assertion venait de ce qu'on la confondait avec le Petromjzon Planeri.

Nageoires à peine visibles. Les dorsales sont unies entre elles et à la caudale , en forme de replis bas et sinueux.

lière; outre le Myxine glutinosa j Linn. , Gastrohranchus cœcus , Bloch , les Trachyptères et les Gymnètres en offrent une analooue.

o « Leur squelette, quoique fibreux, est, dans toutes ses

parties , tendre comme celui du Cycloptère ; les os de la tête ont à peine plus de consistance que du carton mouillé; les vertèbres tiennent si peu ensemble, que le corps se brise de lui-même par les efforts du poisson vivant, comme celui de rOrvet ou de l'Ophisaure , ou comme la queue du lézard. Ses longs rayons, dans le premier âge surtout, se rompent comme des fils de verre 5 la cbair est si molle , qu'elle se dé- compose en quelques heures, et que même dans l'esprit de vin le corps se conserve difficilement entier. >3 Cuvier, Hist. nat. des Poissons , toni. x ^ p. 325.

TABLE ALPHABÉTIQUE

DE L'HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS

D'EAU DOUCE DE LA FRANCE.

Abdominaux (poissons) , p. 09, 88. AlAe, p. i5, 24, i3i, 204, 208,

209, 21 1 , 21 2, 221. Aille bordé, p. 210, 2i5, 218. Aille rayé, p. 210, 21 3, 21. 5. Ables, p. 67, 146, 161, 166, 2i3,

270. Ablet , p. 208.

Ablette, p. 9?), 204, 208, 210. u^bramis, p. i38. u4bramis blicca , p. 142. Acaderaia degl'Umidi, p. 25. 'Acauthoptérygiens ( poissons ),

p. 56, 62. Acauthure, p. 119.

bleu, p. 120.

Acérine vulgaire, p. ()8, 74-77'

Achon, p. i55.

u4cipeiiser sturio ,Tp. 298.

^co , p. 282.

^cuLeati alterum genus , p. 87,

Agon, p. 278.

Agone, p. 277.

Agoueii, p. 282.

Agroeles , p. 33.

Alachia , p. 279.

u4lausa , p. 269.

^Ibicula , p. 199.

^Ibula minima , p. aSa.

iniiior , p. 210. ^Iburnus , p. 208, 210. Alet mugen , p. i53. Aleuse, p. 161. Alonge, p. 389. Alose, p. 53, 58, 268. Ame-noire , p. 189. Ammocèle, p. 233. Ammocèle Laniproyon, p. n, 14,

62 , p. 3o6-3io. Ampliacanthe, p. 42, 206. u4mpliibia tiantes , p. 54. y4 ndromis , p. 228. Aiigaua, p. 199. Anguille, p. 17, 5o, 58, 285,286,

290, 302.

Anguilles borgnes, p. 292.

Anguille retirée d'un puits, p. 296.

^riguis fragilLi , p. 90.

Anodon scabcr , p. 125.

Anodonte, p. 23.

u4plysia protea , p. 34-

Apodes ( poissons ), p. 39, 58, 290.

Apron, p. 56 , 6y, 80, 82.

ylpus cancriformis , p. 32.

Aquo , p 282.

Araignée irhtbyophage, p. 107.

pêcheuse, p. 107. Argentina spiryrœna , p. 2i3. Aristosius , p. 269. jdrLstosus , p 269. Artière , p. 84. Ascaride de la Perche, p. 67. Ascaris acus , p. 241.

anatis , p. 295.

anguillœ , p. 293, 29 [.

farionis , p. 263, 276. . globicola , p. 86.

gobionis , p. 1 3o.

lacustris , p. 86 , 241.

marina , p. 255.

percœ , p. 6j.

tnittœ , p. 263 , 276. Aspfr piiciculiis , p. 69. Aspredo Jchannœ , p. 75, Axpro vulgaris , p. 69. Astacus fluviatilis , p, 29.

parlons j p. 02. Athérine, p. i38. Atlilus , p. 298. Aubet, p. 208. Auchon , p. i55. Aucon, p. i55. Auricida Donibei , p. 32. Avaloirs , p. 254.

Aveugles (poissons), p. 239, 289. Azellottes, p. 34. Azerottes, p. 34- Batiste i , p. 55.

Ballerus,-p. 14, i4i> i44> ^^8, 207.

(31

KamLèle, p. 221.

Barobèle (petite), p. iâ>

BaUe, p. 80.

Barbatula , p. 226.

Barbeau, p. 16,17,57,92,125,

l5l, 232.

Barbeau (tète de), p. 126. Barbot ( petit) , p. 226. Barbota , p. i84» 285. Barbote, p. 11, 125,284, '■^^• Barliote (frauche), p. a32. Bar)>ote grasse , p. 23i. Barbou, p. 225. Barbus , p. 126. Baiil-de-vin, p. 35. Basilic , p. 61 . Baromètre vivant , p. 225. Biuocle de l'iipiiioche, p. 87.

du Gastérosté , p. 86. Blauc, p. i8j, 186, 2o5. Blanchaille, p. 146,211. Blanches , p. 210. Blanchet, p. 211. Blennius raniiius , p. yS. Blich, p. 1^4. Blicke , p. 164. Blickleia, p. 121. Bopyrc, p. 253. Borbocha , p. 286. Borlioche , p 286. Borbolha , p. 286. Borde, p 21 1. Bordelière, p. 14, 90, 93, 124,

i3(S, )4i, 145, 146. Borgnes , p. 2:59, z<)2. Boroche , p. 2i5. Bot, p. 79. Botatrissia , p. 81.

fluviatilis , p, 286. Botetrissia, p. 78, 79. Botriocéphale du phoxia, p. 222.

solide , p. 86 , 87, 276. Botriocephalus claviceps , p. 294.

pruboscideus , p. 255.

recta n gulus , p. 128.

rugosus , p. 290. Botte, p. 286. Bouches-en-flùte, p. 55. Boucles de la Raie , p. 60. Bouille, p. 161. Boullau^e, p. 285. Bourbetie , p. 17. Bouronggcma, p. 118. Bouvier , p. l'xj.

Bouvière, p. 9^, 120, 122, 124, i44; ^'9 > ^^1*

2 )

Branchies, p. 57. Branchiobdèle , p- 32. Brauchiostèges (poissons), p. 53, Brème, p. 57, 93, i3i, i37, 169,

gardonnée, p. i44'

(^ petite), p. 122 , 142- Brena , p. 139.

Brochet, p. 16, 41 , 42, 53, Sj , io5, 2^4-

aveugle , p. 239.

contrefait , p. 239. Bubulca Belioiiii , p. 120, 122. Bufu fiiscus , p. 22, i3o. Cabot , p. 202.

testu , p. 78. Caligus Midleri, p.a53. Calipso dangereuse, p. 32. Canard, p. 107.

Canards de Valvasor, p. 239. Cancer astacus , p- 29. fluviatilis , p. 29.

niger , p. 29. Cantharit aqiiatica, p. 34. Cap beyré , p. 8. Capelau , p. 196. Capitatus , p. 79-81.

Capito ^usonii , p. 191 , igS.

fluviatilis , p. 149 , i53, 20J. Carangue , p. 35. Caranx j p. 35. Cdrassin, p. ii6. Carreau , p. 116. Carpe , p. 16, 17,21, 28, 4i > 56, 67»

89, 93, i65, 296. Carpe à cuir , p. 108.

beuruote, p. 161.

dau| hin , p. 108.

épineuse, p. i56 , 161.

à miroir , p. 108.

monstrueuse , p. 102.

rouge, p. 1 i3.

tanche, p. 161. Carpeau , p. 10, io3. Carpion , p. 264. Carpioue, p. 258. Carrelet, p. 4' » '61. Cartilagineux (Poissons), p. 55,

297- Carjophyllœus mutabilis , p. k-)4>

140.

piscium, p. 104, 127, i34> ï4°* Castor, p. 28.

Cazets, p. 34. Céleriu , p. 277. Ccntriscus , p. 55. Centropome saadat , p. 76, 77.

(3

'Cephahis , p. \5j, 188, 201.

fluiiatilis , p. iSz, 190, 192, ao2 , 22a. Cepiœ , p. 281. Cliabisseau , p, i58. ChHboisseaii . p. \5?>, iSç. Chabot , p. 17, 26, ,5o, 5i, 71, 78,

81, 126, 202, 227. Chabuisstau , p. 122, i53, i58, 169. Chœiodun arthriticus , p. 5>. (J'uetodoii macroLepidotus , p. 40. Chagrin , p 76. Chairin , p. 173. Chalot , p. 'j(). Chalcis, p. 282. Charassiii , p. 117. Chariu, p. 173. Charrée , p. 34- Chasso, p. 78. Chassot, p. 78,82, 227. Chat , p. 106. Chatilion, p. 233. Chatillou , p. 233, 3o6. Chaloile , p. 233. Chatoille, p. 3o6. Chatouille, p. i6i, 233, 3o6. Chavigi.eau , p. 160. Cherin , p. J73, 178, 2i5. Chevalot , p. 160 , 161. Chevanne, p. 8, 81, 146, i49' ï5i,

1.52, 1.58, 160, 161, i65, 192. Chevanneau, p. 149. Chevène, p. 166. Chevenuedu lac Léman, p. 10, 161. Chevesne, p. 190, 192. Cheviniau, p. 17. Chien marin , p. ^6, Chieven, p. i5>. Chondroptérygiens ( Poissons ) ,

p. 55 , 58 , 297. Chouan , p i5 >. Chouette des poissons, p. 73. Chub, p. i53. Cicada Jliiviatilis , p. 33. Ciraolhoe , p. 67. Cingle, p. 69. Civade, p. 3o8. Civelle, p. 3o6,3o8. Claria , p. 285. Clou de cheval , p. 79. Cloporte , p. 67. Clupea , p. 58, 269, 271 , 272. L'iupca alosa , p. -268.

fallax , p. 278.

ficta , p. 268.

'— finta _, p, 278.

13)

Clupea karengus, p. 62.

Sardinella, p. 10, 211, 277, 2S0.

sardinia , p. 10 , 283.

sprattus , p. 277. trissa , p- 35.

villosa , p. 196. Clupée , p. i3i. Clupes , p. 268. Cobitis aculeata , p. 23o.

barbatula , p. ii , i3 , 16,

225 , 287.

fluiiatilis , p. 225 , 227. fossilis , p. 226 , 295 , 307.

tœina , p. 11 , 12, 227, 23o-

232 , 287.

Cochleœ flui'iatile.1 , p. 33. CoLuber iiatrir , p. 90.

scaber , p. 9', 125. Coticha lunga , p. 04. Congre, p. 292. Coracin , p 71.

Corb , p. 71. Cordonnier , p. 85. Coivgoiie thymale , p. 265. CorrcgoiLiis fera , p. 5i, 162, aSç.'

hjenialis ,Yt. 52.

thymaiiis, p. 264. Corydale , p. ii. Cotte , p. 56.

Cottus , p. 78.

Cottus anostomus , p. 83.

fiobio , p. 17 , 78, 206. Couleuvre , p. 90. Coulirou, p. 3.5. Craugon vulgaire , p. 3o8. Crapaud, p 91, io5. Crocodile de nos rivières , p. 237. Croix augélique de St. Thomas ,

p. 2 17.

obtenue d'un seul coup de ciseaux , p. 249.

Cuculan de la Perche, p. 68. Cucuhmus elegans , p. 68.

lacuitris ,\>. 77 , 255 , 294. CycLoplenis , p. 55, 3io. Oyclostoma impuruni , p. 33. Cyprin, p. 89.

Cyprin houche-en-croissant, p. 8, i52, 188, 193-196.

de la Chine , p. 116. doré, p. ii3, 296.

fauve, p. i83.

large , p. 142. .— mujjile, p. 196.

roux, p. i85.

( 314 )

Cypiin spt'culaire, p. 108.

taiichor , p. t?'5. Cypiiuoïdcs, p. 57, 89. Çypriiius agone, p. 211, 278, 27g.

albiirnus , p 10, 93, 208.

amarus , p y/î, 120, 123, 219.

apfiya , p. 210.

auratiis , p yj , 112.

barbus, p. 16, 17, 92, 125.

bcnace/isis , p. 129, 281.

bipunctatus , p. 17, y2, 171 , 2i3, 21.4, 216 , 218.

blicca,^. 12, 141.

brama , p. 90, 137. > carpio , p. 16, 17, 93. alepidotiLs , p. !o8.

macrolepidotus , p. io8.

cep/ialus , p 10, 160. ~~ cLuatiis , p. i56, 180.

dobula , p. 8, 10, 17, 92, i49» i5.'), 161, lyo, 2o3, 222.

erythrophtliaLinus, p. 9, 12, 14, 16,92, i3o, 144, 171, 173, loi , 188, 200, 207.

fiilvus, p, 14, 92, «83.

fuscus, p. 9, 93, 142, i4<J' '47*

gobio , p 16, 92, 128, 220.

gris'lagine, p. i5, j52.

iJus, p. 10, 12, 16, i56.

1 58 , 161, 173, 191.

' jaculus , p. 9, i3, I ^ , 92 ,

159, 171, 172, iy3, 200, 204, 2o5 , 20^, 208, 210.

' jcscs , p. 12, i5, 191, i55-

i58, 160. Latus , p. 90, 93, i37 , 141,

168, 169.

Icuciscits , p. i58, 282. mekel, p. i j2.

mucosuf , p. i3i.

miigili.s , p. q, 92, 171, 172, 196 , 200 , 2o5.

nasux , p. 191-195, 2 12.

oblongus , p. 159.

orlhonotus , p. 147-

phoxirius , p. 9, i3, 93, 220.

piclo , p. i5fî.

piestia , p. \\\.

rarus et mon^trosus , p. 102. ' rufus , p. 9, 14 , 92, i65, 169,

178, 18.5.

rutilus,^. 9, 14,93, 147, 162, i6'^, i65, 168, 170, 176, 180, 182,184, 185,187,207.

~- tinca , p. 17, 93. auratus, p. i35»

Cyprhius foxostoma , p- 8, g , 9?>, 188, 193 , 195 , 205.

uranoscopus , p. 83.

vimba , p. 196.

xanthoptcrus, p. gj , i47j 164.

Dable, p. 17.

Dacolithus , p. 23o.

Daine, p. 71

Dard , p. 198-200, 207.

JDardiis , p. 207.

Darue , p. 256.

Dauphin, p. 71.

Dauphiu viiiilgaire, p. 20.

Denii-charass, p- 74'

Dents , p. 90.

Denture des Cyprins, p. 90.

Dermoptèrcs , p. 25i.

JDidus ineptu.s , p. 23.

Diodon spi/iosissimus , p. 23, 54»

55. Dipterodon Aptou, p. 69. Discolioles , p 55. Dlstoma giobiporum , p. i4o-

injlexuin , p. 161.

laureatum , p. 263. riodulosuin , p. 68, 77-

tereticolle , p. 241, 263.

varica , p. 255. Dobule,p.8, 10, 149, i5i, 190,

191, 199 Dodo , p. 23. Dorade, p. 16.

Dorade de la Chine, p. 93, 112. Dorée , p. i6. Dorée d'étang, p. i35. Dormille, p. n, 224, 228. Dorsch , p 69. Douve à long col , p. 242, 263. Dremillon, p. 11 . Dresson, p. i63, i85. Dreiiçon , p. 186. Dromllla , p. 225. Dromille, p. 224, 225. Dytique, p. 33. Echarde, p. 85. Echinorhynchus affinis , p. 167,

23o.

alosce , p. 275.

aiigiiiUiB , p. 294»

barbi , p. 127.

bramœ, p. 140-

carpionis , p. 23o.

cernuce , p. 77-

i cobitidis , p. 23o.

lucil, p. 2^1.

(315)

Echinorhynchus quadrirostris , p. ■^55.

riitili , p. iCtj.

salnionit , p. 2.55.

stiirio/ii.s , p. 3oo.

sub/obatiis , p. :i55. triittœ , p. 263.

Echinorbynque de la Loche, p.

2.JO.

de la Perche , p. 68. Ecrcvisse, p. 21, 28, 29, 91. Ecrivaiu , p. 192, iy5. Eelpout , p 287 J£iiiiei)phtlialmus , p. 3o7. JEpelaiiiis Sequaiiœ ,1^. i3g. Eperlai) , p 21 5.

])àtard , p. i38, iji, i44*

d'eau douce, p. 210.

de Seine , p. 2i5. Epinarde , p. 8.5. Epiuande , p. 85. Epiiiglùte , p. 85.

Epiuoche , p. .5o, 56, 64 , 83 , 88.

( grande ), p. 84. Epinochefte , p. 87. Escau ljo;ia, p. 53. Escroëlles, p. 33. Esoce.s , p. 5j, 233. Esox lucius , p. 16, 17,234. Esperlau , \>. 17.

bâtard , p. 145. Essence d'Orient, p. 208, 2i3, Esloile, p. 228.

Esturgeon, p. 41, 55, 5^, 61, 286,

2(j5 , 298. Fasciula anguillœ , p. 294.

brama; , p. 140. •~- farioiiis , p. 263.

lucii , p. 241, 263.

luciopercœ , p. 77.

punctuni , p. 128.

truttœ , p. 263.

varica , p. 255. Fasciole bouteille, p. 68, 77. Feinte, p. 268.

Fera, p.5i, 162,239. Fcurtou, p. 185. Filaria 0{,ata , p. i3o.

piscium , p. 255. Filocapsularia cuuimunis , p. 255. Foie de Lotte, p. 289.

Foin des cru.sfacés, p. 3o. Fraise , p. 243. Fretin , p. 217. Fretus , p. 216. Fiitau , p. 216.

Friteau , p. 216, 217.

Frilon, p. 172 , 176, 216 , 217.

Fritou , p 214,216,217.

Frog-eater , p. 22.

Fuudule , p. 228.

Fuiidulus , p. i3i, 219, 225.

Fiu'u , p. 177.

Gadoïdes, p. 53.

Gadus callarias , p. 69*

Lotii , p. 17, 283.

Metlangiis , p. 24, 62. Galathée, p. 32, Gale , p. 3o2. Ga/iimarus put ex , p. 34. Garbotin , p. ]53, i58 , 159. Garbotteau , p. i53, i58, i5g. Gardon, p. 9, 12, 16, 146, i56, 161,

i65, 166,168, 169, 174-176,180.

carpe, p. 161, 177, 179.

rouge , p. 162, Gastcrostcus , p. 83.

aculeatus ^p. 8^.

gymmirus , p. 86.

lœuLs , p. 87.

' piirig! tilts , p. 87.

frachiirus , p. 85. Gastrobranchus cœcus,j>. 3lO. Gau , p. 80, 81. Gaul , p. 227. Géroflée changeante , p. 104, 127,

1 3 f , 1 40 , 161. Gibele , p. 1 16, 146. Giœiila , p. 256 Goiiie aphye , p. 227.

Paganel, p. 227. Gohio , p. 79, 83 , 129.

Gobio fliu'ialilis capitahLS ,Tp- 78.

Gobioïde Broussoauet , p. 226.

Gobio/ii , p. 281.

Gobius fluvlatilis , p. 129.

GoelTou , p. 129.

Goiif'fou , p. 129.

Gouion , p. 219.

Gordiiis lacustris , p. 241.

Goujon , p. 16, 57, 71 , 92, 128,

219, 220, 2i'7, 289. Goujon de rivière, p. 128, 129. Gourgour, p. 88. Coviaii , p. 219, Graue , p. 232. Grasdos, p. i38. Graspois , p. 20. Gravenche , p. 52. Gremille, p. .56, 74-76, 161. Greuiillette , p. 226, Greuadilîe j p. 248.

Grenouille , p. 28 , 91, 104.

pêcheuse, p. 81. Grenouiller, p. 73. Grillon , p. 137. Gruudel, p. 225. Gudgion , p. 210. Gy n)uètres, p. 3io. Haesel, p. 2o3. Halbkaras , p. y.^. Halsa , p. 269. Hareng , p. 62. Hazelœ , p, 202. Hnzeling , p. i^a. Jfemipi dius piignax, p. 118. Heseling, p. 12. Holoceutre post , p. 75. Hydie de Hamiiourg, p. z56. Hydrophile, p. "^3. HypostoTita caryophilLinum, p. 86. Ican bona , p. 53. Ikau bona , p. 53. Insecte qui s'attache au Saumon ,

p 253. ïnteropercule , p. 37. Jacana , p 23. Jacquard , p. 80. Jacîdus , p. 199. Jesen , p. 269.

Jugulaires ( poissons), p. 39. Karpkarass, p. 74. Kin-yu, p. 1 13. Jjncerta agilis , p. 90.

salamandra , p. 90. Larhia , p. 279. Ladres , p. 252. Lagouen , p. 282. Lampetra , p. 284, 3o2.

barbota , p. 226. Lampray , p. 10. Laniprillon , p. 3o6. Lamproie, p. 10, 55, 62, 23i, 284,

285, 288, 3oi. Lamproyon , p. 3o6. Lancerou , p. 17, 235. Lançon, p. 235. Landoise, p. i6». Langue de Carpe , p. 104. Latus , p. 71. Lascha , p. 279. Lauck, p 207. Laugele , p. i3, 14, 20 (, 207. Jjepisma saccharina , p. 211. Lcrnea salmonea , p. 255. Leruée, p. io4- Leucisciis , p, 170, 173, i85, 194?

199, 206.

( 316 )

ILeuciscus jeses , p. 160.

phoxiniis , p. 219-221.

sccundus , p. i(y8. Lézard ordinaire , p. 90, 3 10. Lignote , p. 21 5.

JLigula abdominalis , p. i3i, i34j. 139, 224. cingiilum , p. 139.

simplicl'i^ima , p. i34. Ligule très-simple, p. 214, 224- Limaçon blanc ( jeune ), p. i5o. Limande , p. 63.

Liniuée, p 33.

Ziiorhynchui denticulatits , p. 294.

Loche, p. 16 , 5o , 5y , 224, 227-

229, 232, 287, 28y.

. d'étang , p. 226, 227.

de marais, p. 295.

^ franche , p. 1 1, i3, 225, 227.

perce, p. 23o.

à piquans, p. 23i.

de rivière, p 121 , 23o, 232^ Lochia pinguis , p. 225 , 23i . Lophius, p. 55.

piscatoriiis j p. 8i. Lophobranches , p. 55, 58, 297. Loste, P- 228

Lotte, p. 5o, 58, 228, 283, 285, 3o2.

commune ow de rivière, p. 283.

aveugle , p. 289.

de 12 décimètres, p. 289, Loup des rivières, p. 235, ajj. Loutre, p 21, 28, 107. Louvotte , p. 161.

Loxe, p. 228. Liicius , p. 234. Luguôte , p. ai5. Macaroni piatti , p. i34 , l40' Macreuse, p. 21. Maigre, p, 71. Mal, p. 23, 285, 289, 3o2. Malacoptérygiens (Poissons), p. 56,88.

subbrachiens , p. 283. Mange-Merde , p. 211. Marsouin, p. 20.

Meiia , p. 32.

Merlan , p. 24, 62, i52.

Mésentère, p. 243.

Meunier, p. 8, 10, 17, 18, 24, 78,

92, 146, 149, i52, i59, 160-162,

192. Millecantons, p. 67. Miraudele, p. 10, 211, 283. Mi.'igurne, p. 11, 121, 226, 285,

•.>95, 307.

( 317 )

Misoltiai, p. 2810 Ocypoda fluviatilis , p 29.

Misoris, p. 79. OEufs de Truite, p. 261.

Jk[onostomacarvophyllinus,-p.86. Oiseau blanc (L' ), p. ii3.

cochleariforme , p. 128

foliaceum , p 3oo.

tenuicollis , p. 3o6. Mopskarpfen , p. 102. JMonnyre, p. 64. Mùrette , p. 101. Mord-Pierre, p. aSo. Mort -Pi erre, p. 23o. Motaile de ruisseaux, p. 226. Molelle, p. 284. Moustache , p. 226. Moustele, p. aSS. Moustoile , p 285. Mûutaile , p. 226. Mouteille, p. 232.

Moutelle, p. 227, 229, 284» 287,

28y, Moutoille , p. 228 , 285. Muge, p. 172, 201. Mflu^U, p. 167, 170, 201.

cephalus , p. 202. Mulet, p. 167, 201. Mulet ( Petit), p. 86. JVIulus ^obio j p. 78. Muixcna aii^uiLLa , p. 17, 290. Murène anguille, p. 290. JHusca flui-iatilis , p. 33. JMuscuLi aquce dulcis ^ p. 33. Musuier , p. 79, 81.

Jilustela , p. 284,285, 287, 289, 3o2, 307.

jliniatilis parva , p. 23i.

minima , p. 227, ^ Mye des peintres, p. 33. JHyxine glutinosa , p. 3io. Nageoires, p. 38.

Naucore , p. 33.

Aaucoris cimicoides ^ p. 34.

JVase , p. ii;3-i95.

Nasus , p. 191, 194'

Naze, p. 212.

Neiuauge, p. \^.

]SIerf de bœuf, p, 243.

JNeslel , p. 2o3.

JNeuuauge, p. 285.

Neiiaauge, p. 3o6.

Neiiuaiigeu , p. 307.

Weiineugeu, p. 284, 3o7.

Nototiecta glauca , p. 33.

IVuneugaal , p. 284.

Oljerkottichea , p. 122.

OLo, p. 27.

OcîQstoiiia aiosœ , p, 276. "

Omble chevalier, p. 5û, 239. Ombre, p. 58, 264. d'Auvergne , p. 264.

chevalier, p. 10, 5i. Opercule, p. 37.

Ophiostoiuede l'Esturgeon, p. 3oo. Ophisaure , p. 3 10.

Orphe, p. 28.

Orvet, p. 90, 3jo.

Os des mystaches , p. 89,

labial, p. 89.

mitral, p. 110. Osseu.x ( Poissons ), p. 55. Ostracion , p. 55. Ovaire de Perche , p. 254.

de Saumon, p. 254.

de Truite, p. 253. Ovelle , p. 210. Pacliyrinchus , p. 192, Pargneanx, p. io3. Pana brasilicnsis ^ p. 23. Pnsiiflora incarnata , p. 249.

laurifolia , p. 248. Passion ( lustrumeus de la), p.

243-246. Pectorales pédiculées, p. 55. Pe<^asus , p. 55. Peisrei, p. 71. Perça ceriiua , p. yS.

flui'iatilis , p. 16 , 63^

litcioperca , p. 76. Perças j p. 66. Perce, p. 23o , 23 1. Perche, p. 16, 17, 5o, 56, 62.

gardonnce, p. 68, 75.

à Goujon , p. 75. ~ goujonnière, p. 75.

( petite) , p. yS. Percidas , p. 66. Percidia , p. 66. Percoides, p. 56, 62. Perdicas , p. 66. Perdicia , p. 66.

Perdrix d'eau douce, p. 65. Persèque, p. 63. Péteuse, p. 120- 123, 219. P(;lite vérole des poissons, p. 52. Petromyzon braiichialis , p. 11 , j4» 3o6.

jluviatilis , p. 10.

marinus , p. 3oi.

planeri , p. 3o8, 3io.

priçka, p. Soj,

( 318 )

Pciiltef , p. 121. Phojiini , p. 168. Phoxinus , p. 124, i38, 167, i86, 220, 221.

squamosus , p. 211, 21 1. Phrygaiie , p. 34. Phry^anuni , p. 34.

Picot , p. 83.

Pierre de Carpe, p. 98.

df Perche, p. 69. Pigeon blanc (Le), p. ii3. Pigo, p. i56 ,161.

Vigus , p. 1.56 , 180. Pimclode scheilan , p. 88. PiscicuLus varius , p. 218. l'iscis latus , p. 71.

regius , p. 71 . Plngiostomes, p. 5,). Plakat, p. ii3. J^lanoibis iiautileus , p. 33. Platane, p. 14», 144» i4^* Platelle, p. 174. Plateron, p. i44> 174* Platet, p. 21.5.

l'Ialte , p. i44'

Plafton , p. i44'

Plectognathes ( Poissons) , p. 55,

58, 297. Plestia , p. 144 > '4^' Pleitronectcs , p. 62. Poisson admirable en la Saône , p. 272.

blanc , p. 18 , 24- d'argent, p. 211.

doré de la Chine, p. ii3.

de mirable nature, p. 272.

roi , p. 71-

rouge , p. ii3, 11 5.

rojal , p. 71-

de tailleur, p. I93. teinturier, p 34-

vil , p. 2o3.

Poissons blancs, p. 146, 166, 2i5.

cartilagineux, p. 55.

osseux , p. 55.

( Petits ) de la fontaine de Vcrinanton, p. 223, 225.

de l'ttaug de la Valduc ,

p. 222. Post , p. 75. Préopercule , p. 37. Pucclle, p. 268, 270. Punaise (Grande) à avirons , p. 33. Pungitius , p. 84- Pungitivns , p. 84. Putael, p. 287.

Putois , p. 106. Queue de casse, p. 80.

de Truite, p. 126. Rabote, p. 9.

Raie , p. 11, 60, 61.

bouclée , p. 41. Paniceps blervioïdcs , p. yS. Kat d'eau, p. 107.

Rauffe , p. 174.

Raychœ , p. 61 .

Reine des Carpes , p. io3.

Requin d'eau douce, p. 235.

Rettel , p. 177.

Keveisus squamosus , p. 23.

Khytclmitithus ariguillœ , p. ^')'\t

Riemling, p. 122.

Ripe , p. 84.

Riz-de-veau , p. 243.

Uiserle , p. 204.

Roce , p. 164.

Roche , p. i64-

Roi-poisson , p, 70.

Roi des poissons , p. 71, 73.

Rondiou , p. 211.

Roscie , p. 168, 177.

Rose, p. 164, 170, 220, 22Ï.

Rosière, p. i23, i65, 168-170, 220,

221. Rosse, p. i5, 146, 162, 164-167,

169, 179, 180. Rotangle , p. 144, 178, 179, 181. Rolaug, p. 177. Rotbauge , p. 12. Rotele , p. 174. Rotengle, p. 92, 173-175, 200. Rolisson , p. i6a. Rousse, p. 162, i63, 176, 184, i85,

187. Rousset, p. 163. Roussette, p. 4'^ 71- PubelUo , p. 12. RubclLus fLuuintiLi<! , p. i63 , 182, Putilus , p. i63, 182. Rjserle, p. i3, 208. Ryssling, p. i3, 204, 208. Sago , p. 168.

Saiffe , p. 188, 192, 198, 282, Salamandre, p. 90. Salmo alpi/iits , p. 10.

articus , p. 196.

carpio , p. 264-

carpionc , p. 10.

cyprinoïdes , i). 10.

Jario , p. 9, 16, 2.57.

f^ioenlnndicus , p. 196. : Icmanus , p. 258.

'( 319 )

Salmo jmnctatus , p. 259.

snlar , p. 25 J.

thymallus , p. 10.

tvutla , p. 10, a.'iy, 263.

iimbla , p. 239. Salmoue lodcle, p. 196. Salmoiies, p. 58-25i. Same, p. 80-202. Saudre, p. 77. Sangsue noire , p. i5o. Sarachus , p. 282. Sardine, p. 10,211,278,283.

de li vitre , p- 9. Sarf, p. ■i'jZ. Serge, p. 177. Sargou, p. 177- Savions , p 168 , 174. Sarv , p. 173. Sarve , p. 173. Satoille, p 3o6. Satouille, p. 233, 307. Satron , p. 9. Saumon , p. 58 , 25i. Saviij , p. 192. Savetier ,p. 85. Savelta , p 174. Scaizot , p. 79. Scazon , p. 78. Scherin , p. 173. Sclinolfisch, p. 201, 2o3. Schwal, p. 177. Schwarlz krops , p. 29. Sciœna , p. 71.

timbra , p. 264. Scolex aiiriculatus ,Tp. 128. Scriba , p. 192. Scropliulœ aquaticcB , p. 33. Scchol, p. 78, 82. Sélaciens , p. 59, 3oo. Séchot, p. 289. Sepf-œil , p. 307. Setchot , p. 285. Seuffe, p. 188, 198, 2o5, 209. Seutlle, p. 188, 197. Scufle grise, p. 189.

rousse, p. 162. Seuffre , p. 188. Shahr , p. 88. Shalh, p. 88. Shatouillie , p. 232 , 233. Siège, p. 9, 168, 171, 216, 279. Siego, p. 170-172 , 176, 216, ai Siluroïdes, p. 5/.

Hilurus clarias , p. 88.

glaiiis , p. 23, 286, 289, ' ichneumon , p. 88.

Sllurus schal , p. 88.

Sinius , p. 192.

Sirène , p. 256.

Siltich-kharpfen, p. 74.

Sole, p. 63.

Solitaire ( jeu de) , p. 25o.

Sopliio, p. 9, 198.

Sorcier, p. 70, 72, 82.

Spams crjthrinus , p. 35.

Spiegelkarpf , p. 108.

Spl/iacia , p. 87.

Spirlin , p. 92, 210, 2i3-2i6.

Spirling, p. 178.

Squale, p. i53, 2S8.

Squalus , p. 191 .

caiiicula j p. 71.

catiiLus , V. 76.

Squilla fluvlatilis , p. 32. Steinbeisser , p. 12. Steiubesser , p. 2'')o. Steinkressen , p. 8>. Stratiotes aloules, p. 292. Stri/icius , p. 79. Sturoniens , p. 59, 297. SuLbrachiens , p. 58. Subopercule, p. 37. Suceurs, p. 62 , 3oo.

Sueta , p. 194. Suiffe , p. 198 , 207. Svval, p. 168. Syng/ialhiis , p. 55. Tœiiia aiiguillce , p. 29}.

cornuta , p. 23 1.

filicoLLis , p. 86.

gasterostei ,'^.^6.

laticeps , p. 104, i34, i^o.

nodiilosa , p. 68 , 77, 2!':» 255 , 294.

percœ cerriuœ , p. 77. recta ngiiLum , p. 128.

ru go s a , p, 2yo.

salmoins , p. 255.

solida , p. 86.

. tonilosa , p. 161.

truttœ , p. 263.

Tanche, p. 17, 57, 93, 108, i3i,

dorée , p. i35. Tanchor , p: io8, i35. Temolo , p. 129. Tenche , p. i32. Termes radicum , p. 77. Testard , p. 80 , i53 , 160, 202. Teste d' Aze , p. 80.

Tcstu, p. 80. Tète d'âne , p. 80. Ti^traodon , p. 55.

( 320 )

Tetrarynchus appendiculatuSfp. Urabrc de Clermont-Ferrand , p.

264 TJmidi ( Academia deg l'), p. zS. Unio simiata , p. Bj. Uraiioscopus , p. 8i. 226. Vairon , p. 9, y3 , 128,129,166, p. 39. 2i8,2iy-222, 224.

de Saône , p. 2:5. Vangeron, p. 9^ , 162-164, '6^-

168, 176, 177, 180, 187, 207, 208.

ventru ou goitreux , p. 167, Vauneau armé , p. 23. Vandoise , p. i3 , 162 , 172, 173 ,

174, 176, 198-200, 204 206, 217. Vaudoise, p. 200. P^endosia , p. 175, 177, 200. Vengeron , p. 181, 207. Veiith , p. 269. 278.

2.1.').

Tctrodon , p. 5\. Têtu , p, 8. 7 eue ho , p. i33. Thennometrimi viuum , p. ThoracLiques ( poissons ) , Thrissa , p. 269, S7i. Tliymallus , p. 264 , 271. Thymus , p. 243. Tinca aurea , p. i35. TinecB aquaticcB , p. 33. Tocau , p. 267. Torpille , p. 41- Tortues ( Petites), p. 32.

7'rachyptères, p. 3io Triœrwphorus nodulosus , p. 241,

=94- ., . Triciispidana , p. 241. Triénophore noduleux , p. 68, •^j, Ver des Tanches , p. i34

2g8, 241, 255, 290, 294. Vtrich, p. 269

Tiissia Jluviatilis , p. 286. Truite , p. 9, 16, 17, 5o, 58, 257.

( Queue de ) , p. 126.

carpione, p. 258.

des Alpes, p. 10, 258.

de lac, p. 259.

de lac et de rivière , p. 258. ' saumonée, p. 10, 258, 269.

noire, p. 10. Tnitta fluviatiLis , p. 257. Tufel.schossz , p. i83. Turnix combattant, p. n8, Umble chevalier , p. 10. U/nbra Jïui/iatilis , p. 264.

Ver noir . p. 96.

Vérole (petite) des poissons, p. 5z.

Veron , p. i3, 218-221, 224.

Vcrtèl)re ( la ) , p. 44-

Vertèbres des poissons , p. i35.

Vilain, p. 28, i5i, i59, i6o, i65.

Villena , p. i6<!.

Vilna , p. 159, 162.

Vimba , p. 196.

f^indosia , p. i'o6.

A\'assergugeu , p. 33.

Weiss ûsch, p. 282.

Winger , p. 200 , 207.

Zerte , p. 164»

FIS DE LA TABLE.

( 321 ) CORRECTIO^SS ET ADDITIOISS.

p. i3 , supprimez les onze premières lignes.

P, 37 , note 2e , Geoffroi , lisez M . Geoffroi.

P. 52, ligue 26, Duval, lisez Dumas.

P. 83 , avant Epinoche , placez Genre.

P. 89, i»"" sous- genre , Carpe, et les deux lignes suivantes, à placer

p. 93 , avant Vil. La Ca^rpe. P. 108, lignes, Macrolopidotus, /fi-e;;: Macrolepidotus. P, 121 , ligne 6 , 2809 , lisez 289. P. 146, ligne 8 , etc. Gardon , lisez Gardon, etc.

P. i,5i , ligue 16, Jurine : lisez Jnrinc,

P. i53, ligne 12, Chus, lisez Chub.

P. i58, ligne pénultième, Garliatteau , lisez Garbotteau,

P. 195, ligu. 2 , Ecrivain ventre, lisez Ecrivain , de ventre,

P. i95,XX,Zùe3XXIir.

P. 221 , après la ligne 16 , ajoutez Bambele.

Bambele , Cyprin de 6 à 7 doigts long. Caroncule jaune à la join^-

ture de ses nageoires, ligne latérale oblique, brune; iris des yeux de

couleur d'or safraué ; daus le lac de Zuric. JDict. thcor. et pratiq. de

Chasse et de Pcche ( par Delislc de Sales ) , tom. 2 , p. 74.

P. 255, réunissez le 4 ^" "" <^-

P. 26c, ligne 25, Delevaux, lisez Laveaux.

P. 268, ligne dernière, ajoutez: cette étymologie n'est point exacte^

voy. p. 370. P. 284, ligne dernière, Nuneugaal, /wez IVeiincugen.

riN DES CORnECTIONS ET ADDITIONS.

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