Digitized by the Internet Archive in 2017 with funding from IMLS LG-70-15-0138-15 https://archive.org/details/iconographiedescOOunse jftaljttgAiWAT, ICONOGRAPHIE DES COQUILLES TERTIAIRES REPUTEES IDENTIQUES AYEC LES ESPECES VIVANTES OU DANS DIFFERENS TERRAINS DE l’ePOQUE TERTIAIRE, ACCOMPAGNEE DE LA DESCRIPTION DES ESPECES NOUVELLES. PAR \\ on -\f.V\AL-wv, ^>cC- . ^ i S' . PREFACE. 11 y a longtemps que j’ai par (levers inoi la conviction que la plupart des coquilles fossiles que Ton signale comme identiques dans differens etages des formations tertiaires et meme avec leurs analogues de notre epoque , offrent des differences plus ou moins sensibles, lorsqu’on les compare de tres-pres. Le de- sir de savoir quelle pouvait etre la valeur de ces differences, m’a engage a revoir les listes que Ton a publiees des especes identiques dans differens terrains tertiaires et dans nos mers acluelles. Ainsi que je 1’avais prevu , les resultats aux- quels je suis arrives , different notablemen t de ceux qui ont ete enonces par les conchyliologistes les plus justement estimes de notre epoque. Pour que ces resul- tats n encourent pas d’entree la defiance des naturalistes , je vais dire en pen de mots comment j’ai procede a cet examen, et rappeler en meme temps quels sont les principes qui ont dirige les conchyliologistes dans leurs recherches critiques. On jugera ensuite si je suis fonde dans mes conclusions. On s’est generalement habitue a envisager comme identiques loutes coquilles vivantes et fossiles qui ne different pas davantage entre elles que les varietes des especes vivantes dont on connait avec certitude l’identite specifique. Ce principe est-il vrai dans sa generality ? Je ne le pense pas ; je suis au contraire convaincu qu’il est destine a subir des modifications importantes , par la raison que la me- sure des variations n’est pas la meme dans tons les genres et dans toutes les fa- milies. 11 y a des groupes dont les especes different beaucoup entre elles, et dont chaque espece presente des varietes nombreuses et en apparence tr6s-tranchees , mais qui n’en rentrent pas moins dans un meme type specifique lorsqu’on les etu- die sur une grande echelle. II est d’autres groupes oil les especes, tout en etant tres-voisines , sont douees de caracteres constans, quoique moins saillans. Ici , le cercle que les varietes peuvent parcourir est par consequent tres-limite , et de plus le nombre des especes constantes est ordinairement beaucoup plus conside- rable que dans le premier groupe. Enfin il est d’autres groupes qui tiennent a tous egards le milieu entre les precedens. Cette verite une fois reconnue, il est incontestable que si Ton voulait appliquer la meme mesure a toutes les families et a tous les genres , on courrait risque de multiplier beaucoup trop les especes dans le premier groupe et d’en confondre souvent de tres-distinctes dans le second. Pour ecarter ces chances d’erreur , j’ai commence , toutes les fois que j’ai voulu connaitre la valeur des distinctions etablies dans un genre quelconque, par etudier les variations de quelques especes communes , dont je pouvais me procurer un grand nombre d’exemplaires , et ce n’est qu’apres m’etre assure des limites que presentaient les variations d’une espece semblable , que j’ai procede a la compa- raison des autres especes du meme genre. Ces memes principes m’ont guide, lors- que j’ai examine de nouveau la question de 1’identite des especes fossiles entre elles et avec les especes vivantes. J’ai ainsi ete conduit a ce double resultat , 1° c’est qu’?7 existe des differences notables entre les coquilles vivantes et les especes tertiaires et meme 2° que dans les terrains tertiaires , les differens etayes offrent des faunes distinctes. -ri- Ce resultat, on le voit, est en contradiction directe avec les classifications des terrains tertiaires qui ont pour base la proportion d’especes vivantes qu’ils ren- ferment ; d’ou je conclus que cette classiticalion est purement artificielle et de- vra etre abandonnee. Ceci ne veut pas dire pourtant que j’envisage comme inutile ce genre de comparaisons. Je crois seulement que l’erreur consiste a en- visager comine identiques des especes qui ne sont qu ’analogues. Qu’on nous les donne a l’avenir coniine specifiquement differentes , 1’analogie n’en subsistera pas moins , et cette analogic pourra toujours servir a apprecier le degre de ressemblance qui existe entre les faunes des differens etages de l’epoque tertiaire et cedes de notre epoque. On pourrait m’objecter que ces resultats dependent essentiellement de la maniere d’envisager l’espece en general, mais ce que j’ai dit plus haut, me permet d’affirmer que, dans un sens absolu , les principes que j’ai enonces sur les limites des especes , ne different point de ceux qui sont generalement admis en zoologie, et qui consistent a etudier toutes les phases de la vie d’une espece, pour s’assurer si les varietes qu’on lui rapporte rentrent tou- tes dans la serie des modifications qu’elle parcourt avec l’age ou qu'elle produit dans une suite de generations. Or, dans cette etude une classe ou une famille ne peut pas donner la mesure d’une autre classe ou d’une autre famille. Les genres eux-memes ne le peuvent pas. 11 faut pour juger de la valeur des deter- minations d’espece, se familiariser avec les limites de leurs variations dans cha- que genre, de la meme maniere qu’il faut apprendre a connaitre dans chaque classe la valeur des caracteres qui s’y presentent avant de pouvoir entreprendre 1’etude des especes. Un exemple justifiera cette assertion. II n’est aucun zoolo- giste, s’occupant d’une maniere serieuse de I’etude de plusieurs classes d’ani- maux , qui en passant de l’une a I’autre, n’ait senti le besoin de s’orienter avant de penetrer dans l’etude approfondie des especes. On se tromperait fort si 1’on croyait que 1’ornithologiste pourra sans hesitation commencer 1’etude des poissons 6 par la determination des genres et des especes. Avant d’y parvenir il devra se familiariser avec l’importance des variations innombrables qu’offrent dans d’e- troites limites, la forme et la disposition des os de la tete, les nageoires, les ecail- Ies, etc. Celui qui , apres avoir etudie tres en detail la structure des polypiers, s’adonnera a celle des coquilles , verra bientot qu’il ne peut plus attacher la meme importance a tous ces feuillets calcaires dont l’arrangement , le nombre et meme les decoupures Iui avaient offert les caracteres les plus constans dans la classe des polypes Ce qui est vrai dans des limites aussi etendues, trouve encore son application dans l’etude des diverses families et meme des genres de la meme famille. Le conchyliologisle attache maintenant aussi peu d’importance aux varia- tions que lui offrent les lmitres dans leur forme generale , qu’il en attache beau- coup a celles qu’il rencontre parmi les bivalves symetriques. L’histoire de la paleontologie nous donne d’ailleurs la clef de la plupart des identites que nous combattons. Les premiers paleontologistes, par suite des idees cosmogoniques de 1’epoque, avaient une tendance naturelle a identifier les especes fossiles avec les vivantes. II suftisait a leurs yeux qu’un fossile eut quelque ressem- blance avec une espece de la Mediterannee on de l'Ocean, pour qu’ils l’admissent comme identique. Les geologues se sont, pour la plupart, contentes de ces determi- nations vagucs. Ces pretendues identites sont devenues a leur tour le point de depart d’autres determinations plus hazardees encore, sans<]ue Ton se soit donne la peine de recourir toujours aux coquilles vivantes. Ainsi , au lieu de comparer telle coquille des terrains tertiaires d’ltalie avec son analogue de l’Ocean ou de la Mediterannee , on l’a delerminee d’apres le fossile analogue de Bordeaux ou de Paris. De la sorte il n’est pas etonnant que Ton soit arrive a trouver des especes fossiles identiques avec celles de notre epoque , jusque dans des terrains relativement tres-anciens ; temoin les poissons de Mont-Bolca et de Glaris, parmi lesquels on a cru , jusque dans ces derniers temps , reconnaitre des especes de notre epoque. 7 Malgre cela on s’obstinea maintenir une foule d’identites, parce qu’on craint de voir les especes se multiplier a l’infini et devenir ainsi d’un einploi difficile dans la determination de l’age des terrains. A ce sujet, je ne puis m’empecher de fa ire une remarque: c’est que 1’on a elrangement abuse decet axiome d’un illustre geologue quiadit « que les fossiles sont ala geologic ce que les monnaies soul a I’archeolo- gie. » Les fossiles nous offrent en effet le grand avail tage d’etre le criterium le plus sur pour determiner 1’epoque a laquelle appartient le terrain qui les ren ferine. Mais ce n’est pas la leur seul ni memo leur principal litre a 1’attention du natu- raliste. Ce qu’ils sont surtout destines a nous enseigner, c’est la maniere dont la vie s’est developpee a la surface de la terre , et les varietes de formes et d’aspect que 1’animalite a revetue aux differentes epoques. Si en creant les animaux des epoques anterieures , le createur s’est plu a en diversifier les types, est-ce une raison pour que nous nous refusions a etudier les lois de leur organisation ? Vou- loir s’insurger contre la multiplicity des especes que conferment les differens ter- rains , me parait aussi irrationnel que si 1’on voulait negliger 1’etude de certains mollusques, des Huitres , par exemple , ou des Terebratules , parce que les especes en sont nombreuses et uniformes. A mon sens le but de la paleontologie, et elle n’en n’a pas d’autre, doit etre de reconstruire l’histoirede la terre, a 1’aidede tous lesdocumens que les generations successives nous ont laisses des conditions de leur existence et de leur association. En etudiant cet ensemble de creatures, la maniere dont elles se groupent, ainsi que le perfectionnement qui se revele en elles par l’apparition de nouveaux types a chacune des grandes epoques geologiques , nous assistons reellement au developpement de la pensee du createur, qui en destinant des l’origine notre terre a devenir la demeure de 1'homme, a voulu l’y preparer par une serie de creations animales et vegetales de plus en plus parfaites. Chaque etre, a quelque coucbe qu’il appartienne , a par consequent du vivre dans les conditions particlieres qui n’existaient sans doute ni avant ni apres, et c’est par l’etude de ces differens etres, c’est-a-dire en ne tenant pas seulement compte de leur forme et de leur physio- nomie exterieures , mais en s’enquerant encore de leur mode dissociation , de leur frequence et de leur repartition, que Ton pourra esperer arrivera un tableau vrai de l’aspect de la terre aux diflferentes epoques. Si le principe que nous venons de poser est vrai, et si comme tendent a le de- montrer les recherches des geologues les plus eminens de notre epoque, les chan- gemens qu’on remarque dans la population des differens depots ont ete precedes par des catastrophes qui ont donne naissance aux chaines de montagnes , il nous semble qu’il n’y a aucune raison d’admettre que ces catastrophes n’aient frapp6 qu’une partie des etres vivans, tandis que d’autres auraient ete epargnes, surtout dans les epoques anciennes ou les conditions d’existence etaient a-peu-pres les me- mes sur toute la surface de la terre. D’ailleurs, comme les faunes et les flores des depots qui succedent aux grands bouleversemens dont nous venons de parler, ne renferment pas seulement des especes differentes mais contiennent aussi des types entierement nouveaux , sans aucun analogue dans les epoques anterieures, nous avons dans ce fait la preuve manifeste qu’il y a eu une intervention directe de la puissance creatrice. Or, cette proposition une fois demontree, l’idee d’un renou- vellement complet de la creation a toutes les grandes epoques, n’a plus rien d’in- solite, par la raison que la volonte qui appela a l’existence des etres d’une orga- nisation tout-a-fait nouvelle , ne devait pas eprouver plus de difficultes a en creer d’aulres plus ou moins semblables a ceux des creations anterieures. Je ne pretends pas affirmer par la que le fait de l’intervention reiteree de la puissance creatrice, implique necessairement et absolument une difference speci- fique entre les etres des differens depots; je veux seulement montrer que la theorie qui attribue a des influences exterieures les variations que presentent les faunes fossiles d’un terrain a l’autre, est insuffisante , puisque, a supposer meme — 9 — qu’elle parvint a demontrer que certaines variations dans l’aspect exterieur de certains animaux sont dues a des influences climateriques on autres, elle ne sau- rait en aucun cas expliquer la transformation d’un poisson en un reptile, ni d’un reptile en un mammifere, non plus que d’une etoile de mer en un oursin. Cela pose et apres avoir donne mon assentiment a la maniere generalement adoptee dans la distinction des especes , j’espere faire voir par de bonnes figures comparatives, que Ies especes que j’ai distinguees dans les terrains terliaires, de meme que celles que j’envisage comme differentes de leurs analogues de l’epoque actuelle, sont bien reellement des especes dans le sens ordinaire du mot, et j’ose croire que Ton reconnaitra un jour que si on ne les a pas distinguees depuis longtemps , c’est parce que dans la determination , on n’a pas assez eu egard aux particularity qui caracterisent les groupes auxquels elles appartiennent. Pour faire mieux ressortir 1’importance du genre d’etude auquel je vais me li- vrer, j’ai choisi de preference des genres ou les especes reputees identiques, different assez pour qu’on puisse qualifier leur identification de determinations precipitees. Dans ce nombre il y en a bien aussi quelques-unes dont les differen- ces sont peu sensibles et peuvent echapper meme a l’ceil le plus exerce. Peut-etre meme existe-t-il des especes tellement voisines qu’il est impossible de les distin- guer; mais cela fut-il , ce ne serait pas encore a mes yeux une preuve qu’elles sont identiques ; cela prouverait seulement I’insuffisance de nos moyens d’obser- vation. II ne faut pas perdre de vue non plus, que les animaux dont nous nous occupons ici , ne nous sont pas connus en entier et que nous n’en voyons le plus souvent que les parties les plus grossieres , c’est-a-dire , l’enveloppe calcaire ; tan- dis que si nous pouvions comparer des animaux complets , les differences se trahi- raient probablement d’elles-memes. Les fails que j’ai a discuter etant de nature a me jeter continuellement dans le domaine de la polemique, j'espere qu’on me saura gre si je m’abstiens de toule 2 remarque qui pourrait avoir la moindre apparence de personnalite. Je sens trop bien que si mes observations n’etaient pas fondees, je n’en raclieterais pas les defauts en depreciant les travaux de mes devanciers, pour vouloir me donner un tort de plus. Quoique j’aie etendu ces comparaisons a l’ensembledescoquillestertiaires, mon intention n’est point d’en presser la publication. Je me bornerai a faire paraitre de temps en temps, a des epoques indeterminees, un memoire renfermant autant que possible une monographic. L’inegalite qui resultera par-la dans l’etendue et l’importance de ces communications sera amplement compensee par 1’avantage de livrer chaque fois un travail complet, quel que soit le nombre des memoires qui auront paru. Pour qu’une publication de ce genre ait une utilite reelle , il faut que les descriptions aussi bien que les figures soient empreintes d’une rigoureuse exacti- tude. Je m’estimerai heureux si les geologues et les zoologistes qui sont en etat d’apprecier les difficultes d’une oeuvre pareille , trouvent que sous ce rapport , aussi je ne suis pas reste trop au dessous de la tache que je me suis imposee. Enfin je crois devoir faire remarquer que ces etudes m’ayant fait reconnaitre, dans plusieurs genres, diverses especes vivantes qui sont restees jusqu’ici con- fondues avec leurs congeneres , je les decrirai egalement toutes les fois que I’oc- casion s’en presentera. INTRODUCTION. J’ai commence ces etudes par les Acephales, parce que c’est dans cette classe que Ton a signale le plus d’identites entre les especes fossiles ct les especes vi- vantes. Le groupe des Venus m’aparu, entre autres, tres-approprie aux recher- ches que je poursuis; car si les especes sont peu accidentees, leurs caracteres n’en sont que plus constans. Aussi n’ai-je compris dans ce memoire que des es- peces appartenant a la famille des Conques marines et quelques especes de Lu- cines (de la famille des Nymphacees de Lamarck). ISTe pouvant cependant traiter toutes les especes reputees identiques, je me suis arrete de preference aux especes les plus communes et a celles de grande taille. D'apres les principes que j’ai pose dans la preface, il importe, avant d’entrer dans le detail des descriptions, de se faire une juste idee de la valeur des carac- teres sur lesquels sont fondees les distinctions generiques et speeifiques que I on analyse , ainsi que de la coordination de ces memes caracteres dans les differens groupes. En these generate, les caracteres sont d’autant plus importans qu’ils re- levent d’organes plus essentiels. Mais le plus souvent ces caracteres, qui servent admirablement pour les grandes coupes, tels que le nombre des attaches muscu- Iaires, la forme de l’empreinte du manteau, etc., n’offrent aucunc ressource au conchyliologiste , du moment qu’il veut entrer dans le detail des especes. II lui faut alors recourir a des particularites d’un ordre secondaire, tels que la forme et les ornemens du test, la position du ligament, la structure de la charniere. Or, 12 ces details sont loin d ’avoir la meme valour dans tons les groupes. Tel caractere sera un excellent guide dans un certain genre ou une certaine famille, qui cessera de 1’etre dans une autre. C’est alors que la sagacite du conchyliologiste doit venir en aide a l’observalion. Ceci s’applique surtout aux caracteres tires de la char- mere. Lamarck attribuait une valeur tres-grande a la charniere , puisqu’il I’a prise pour base de la pluparl de ses divisions, et il faut convenir qu’elle est en effet d’un tres-grand secours au conchyliologiste, puisqu’elle lui permet de distinguer dans beaucoup de cas, non-seulement le genre, mais aussi 1’espece. Mais malgre cela, elle n’est pas un organ e assez important pour que Ton ne dut pas quelque- fois courir le risque de s’egarer en la prenant pour seul guide dans la determi- nation des families et des genres. Les conchyliologistes modernes ont done eu raison, sinon de lui substituer , du moins , de lui associer d’autres caracteres plus directement en rapport avec 1’animal, comme, par exemple , 1’empreinle palleale. Cela etait d’autant plus necessaire , que dans certains groupes, la char- niere est soumise a des variations notables, par exemple, dans les Lucines , ou les dents de la charniere qui sont tres-fortes et bien accusees dans le jeune age, s’obliterent et finissent par disparaitre completement dans 1’age adulte. Dans la famille des Conques marines, nous n’avons rien a craindre de l’insta- bilite de la charniere; car il n’est aucun groupe dans lequel elle ait autant de fixite et fournisse d’aussi bons caracteres. Or, comme nous aurons souvent a en trailer dans ce memoire , j’ai cru utile de fixer d’abord d’une maniere irrevo- cable les differentes parties de cet appareil , en le designant sous des noms par- ticuliers. Interpretation de la charniere (Tab. A). On appelle charniere, un appareil d’engrenage ou d’articulation , propre aux Acephales, et destine a reunir les deux valves d’une coquille. Cet appareil com- pose de parties saillantes (les dents) et de creux (les fossettes), est invariablement situe au bord superieur, qu’on appelle aussi pour cette raison bord cardinal, et le plus souvent au-dessous des crochets. Dans nombre de groupes, les dents sont simplement implantees sur la tranche de la coquille, qui ne s’en trouve pas pour cela bien modifiee. 11 n’en est pas de meme dans la famille des Conques marines. La partie du bord qui porte la charniere, s’epaissit considerablement et donne lieu a une cloison tres-forte qui fait saillie dans I’interieur de la coquille et divise la region situee au-dessous des crochets en deux compartimens d’egale grandeur. Je designerai avec M. Des- hayes, cette cloison sous le nom de lame ou cloison cardinale; elle comprend non-seulement les dents cardinales et accessoires , inais encore les nymphes et toute cette partie de la charniere sur laquelle est fixe le ligament. Les contours de son bord varient suivant les especes et peuvent fournir sous ce rapport de bons caracteres pour les distinctions specifiques. Examinons maintenant les differentes parlies qui entrent dans la composition de cette cloison. Les dents ne sont pas toujours en nombre egal dans les deux valves; mais a cliaque dent correspond une fossette, de sorte que le nombre de ces dernieres dans une valve, doit necessairement etre egal a celui des dents dans l’autre valve. Si done il y a quatre dents dans la valve gauche et seulement trois dans la valve droite , comme, par exemple , dans les Cytherees et les Arthemis, il y aura par la meme raison , quatre fossetles dans la valve droite et trois dans la valve gauche. On a distingue jusqu’ici deux sortes de dents, les dents cardinales et les dents laterales. Les dents cardinales, qui constituent la plus forte articulation, sont si- tueessous les crochets et d’ordinaire perpendiculairesa la direction de la coquille; les dents laterales sont plus ou moins eloignees des crochets et toujours longitudi- nales. Dans la famille des Conques marines, les dents laterales ne jouent qu’un role tres-secondaire ; les dents cardinales sont, en revanche, d’autant plus de- veloppees , tanlot au nombre de trois, tantot au nombre de quatre. Comme les caracteres tires de leur forme et de leur position sont de la plus haute importance pour l’etude des genres et des especes, j’ai cru utile de les distinguer par des noms particuliers tires de leur position relativeinent aux autres parties de la coquille. Prenons, par exemple, les Venus qui ont trois dents cardinales (fig. 5 et 6). En placant une coquille de ce genre dans sa position anatomique le bord cardinal en liaut (*) : nous trouvons en allant d’avant en arriere, dans la falve droite, fig. (°) Pour introduce le plus d’uniformite possible duns la position des coquilles dimyaires en les figu- — Ik — une dent mince et saillante perpendiculaire ou oblique , quelquefois arquee en avant ; nous 1’appellerons dent lunulaire ( a) , parce qu’elle est situee en gene- ral au-dessous de la lunule; a cede dent succede une fossetle etroite et pro- fonde, destinee a loger la premiere dent de la valve gauche, c’est la fossette lunu- laire; vient ensuite une dent robuste egalement verticale , a laquelle je conserve Ie nom de dent cardinale (b); elle est suivie d’une fossette, moins profonde que la premiere et d’ordinaire legerement oblique en arriere, la fossette cardinale; puis vient la troisieme dent qui est alongee, moins saillante que les deux autres, ordinairement bifide et en general sensiblement parallele au ligament; je I’appel- lerai dent iigamentaire (c); elle est suivie d’une fossette parallele tres-alongee, etroite et en general peu profonde , la fossette Iigamentaire . Si nous examinons maintenant la valve gauche (fig. 6), nous aurons en suivant le meme ordre, d’abord une fossette assez etroite s’enfoncant sous la lunule, la fossette lunulaire , destinee a loger la dent lunulaire de la valve droite ; puis une dent en forme de petite lame saillante et un peu oblique en avant, la dent lunulaire (x), plus loin une fossette plus large destinee a la dent cardinale de l’autre valve, la fossette cardinale; ensuite la dent cardinale (y) qui est d’ordinaire un peu moins large que celle de la valve droite et legerement inclinee en arriere ; plus loin une fossette alongee et profonde, la fossette Iigamentaire ; et enfin une troisieme dent tres-mince et peu saillante, la dent Iigamentaire (z). Derriere les dents de la charniere, faisant egalement partie de la cloison car- dinale, se trouve Yappareil Iigamentaire fhj. Les conchyliologistes donnent le nom de nymphes a la partie superieure de cet apparei! , celle a laquelle est atta- che le ligament; la limite des nymphes est toujours aisement reconnaissable, parce que la partie fibro-calcaire du ligament y laisse son empreinte ordinaire- ment tres-distincte. La charniere des Cytherees differe de celle des Venus, en ce qu’une quatrieme dent (o) vient s’ajouter aux trois autres sur la valve gauche (fig. 2). Cette dent que Lamarck range parmi les dents cardinales, el que d’autres conchyliologistes envi- rant et faciliter par-la la coinparaison des especes, nous pensons qu’il serait utile de les aligner suivanl un plan qui couperait simultanement le milieu des deux impressions musculaires. 15 sagent comme une dent laterale , est situee au-dessous dc la lunule, en avant de la dent lunulaire; elle est ordinairement pyramidale, plutot longitudinaleque ver- ticale. Ses dimensions egalent souvent et depassent meme quelquefois celles des autres dents cardinales. Je la designerai sous Ie nomd e dent accesso ire, etj’appel- lerai fossette accessoire le creux auquel elle correspond dans la valve droite. Le genre Cyprine que Lamark distinguait surtout d’apres sa charniere , mais qui, comme nous Ie verrons plus loin, est reconnaissable a d’autres caracteres plus importans, a une charniere construite sur le meme plan que cede des Venus, seulement les dents sont plus inegales. La dent cardinale de la valve gauche est souvent presque obliteree (fig. 4), tandis que sur la valve droite (fig. 3) la dent ligamentaire et la dent cardinale ne forment pour ainsi dire qu’un seul bourrelet triangulaire fbj. En revanche, il y a generalement au-dessous de la lunule de la valve gauche une petite dent accessoire qui correspond a une fossette analogue sur la valve droite ( o ). Cette fossette est d’ordinaire accompagnee d’un bourrelet a son bord inferieur. Enfin il y a aussi une sorte de dent laterale posterieure , mais elle est le plus souvent obliteree. Les Lucines ont deja un type de charniere different; aussi les a-t-on rangees dans une autre famide. Ce qui les distingue surtout, c’est la preponderance des dents laterales relativement aux dents cardinales. Ces dernieres sont au nombre de deux seulement; edes sont en outre tres-petites et tres-rapprochees , surtout dans les especes voisines de la Lucina Columbella (fig. 7 et 8). Mais il est d’autres especes , telles que la Lucina tujerina (Tab. 12, fig. 1-12), qui rappedent da- vantage la charniere des Venus, et par la forme et par la disposition de leurs dents laterales. 16 DU GENRE ARTHEMIS Poli. Le genre Arthemis a ete etabli par Poli , pour quelques especes de Venus dont l’animal se distingue par la forme particuliere de son pied. M. Deshayes a demontre par la suite que les differences ne se bornaient pas seulement a l’animal , mais que les memes especes presentaient aussi des particularity cons- tantes dans la forme de la coquille. En effet , les Arthemis sont toutes des co- quilles orbiculaires , munies de sillons et de plis concentriques tres-reguliers ; elles ont une lunule tres-distincte, comme la plupart des Venus. Leur charniere est construite sur le plan de celle des Cytherees, mais l’impression palleale est beaucoup plus accusee et le sinus de cette impression sensiblement plus profond. I. Arthemis concentrica Desk. Tab. 1. Syn. Arthemis concentrica Desli. Traite elem. de Conch. Tab. 20, fig. 6-8. Cytherea concentrica Lam. Anim. s. vert. tom. VI, pag. 316. Histoire. L’ Arthemis concentrica est une espece assez frequente sur les cotes de l’Amerique tropicale et en particulier dans la baie de Bahia. Elle a ete decrite et figuree par plusieurs auteurs, ce qui n’a pas empeche les geoiogues de confondre plusieurs especes sous cette denomination. Divers auteurs 1’ont citee parmi les fossiles lertiaires, entre autres Brocchi dans les terrains sub- appenins, Bronn dans le terrain tertiaire de l’Astcsan, de Nice et de Plaisance, et enfin M. Dubois dans le terrain tertiaire de Podolie. Pour montrer que ces identifications ne reposenf pas sur une etude comparative des fossiles avec l’es- pece vivante, nous allons commencer par donner une description detaillee de cette derniere. 17 Description. Les caracteres que nous avons assignes ci-dessus an genre Arthe- mis sont toils parfaitement exprimes dans notre espece. C’est une coquille de grande taille, un pen plus longue que haute (I’exemplaire figure a pres de 1 1 cen- timetres de longueur et 9 centimetres de hauteur); mais comme son pourtour est arrondi , elle parait en general circulaire. Le diametre transversal egale les deux cinquiemes de la longueur, le test, sans elre mince, est cependant moins epais que dans la plupart des Venus, surtout pres de la charniere. La surface est ornee de rides concenlriques , tres-regulieres et arrondies , qui vont en augmen- tant insensiblemcnt de largeur du sommet vers le Lord ; il n’y a que les dernieres qui soient un peu confuses. D’espace en espace on remarque des arrets dans 1’ac- croissement qui se trahissent par des cotes intercalees. Les crochets se trouvent reportes en avant et ne forment pas le sommet de la coquille. Le bord superieur est le moins arque ; le cote anterieur a la forme d’un lobe arrondi qui parait etroit lorsqu’on le compare au cote posterieur. Les crochets sont petits, non contigus et arques en avant. La lunule est nettement circonscrite, cordiforme, mais beaucoup moins large que chez la plupart des Venus. Le ligament est bien visible a l’exte- rieur, quoiqu’il ne depasse pas le bord de la coquille. Les caracteres empruntes a la face interne ne sont pas moins significatifs , et dans le cas particular, ce sont eux qui semblent destines a nous fournir le critere le plus sur pour la distinction des especes. La charniere merite avant tout que nous nous y arretions. Nous appliquerons ici pour la premiere fois la nomencla- ture que nous avons adoptee plus haut. La cloison cardinale est assez haute, sans pourtant se detacher d’une maniere aussi sensible que dans les grandes Venus. Son bord inferieur n’est pas arque , mais plutot droit , quoique ondule. Nous avons, dans la valve gauche (fig. 3), d’abord une tres-pelite dent de la grosseur d’une tete d’epingle, evidemment 1’analogue de la quatrieme dent des Cytherees, au-dessus de laquelle se trouve la fosselte lunulaire; vient ensuite une dent tran- chante assez mince, placee a-peu-pres verticalement sous le crochet, c’est la dent lunulaire. A celte dent succede une fossette triangulaire , la fossette lunulaire; puis a celle-ci une forte dent dirigee obliquement en arriere et se combinant sous le crochet avec la dent lunulaire, c’est la dent cardinale, qui est accompagnee d’une fosselte parallele mais plus large, la fossette ligamentaire. Enfin, nous avons 3 — 18 — encore a la limite extreme de la charniere, une dent mince et tranchante, la dent ligamentaire. A la valve droite (fig. 2), nous trouvons, en suivant le memo ordre, une petite fossette, la fossette accessoire destinee a la petite dent accessoire, et au-dessus une lame saillante , la dent lunulaire; a la suite de celle-ci, la fossette lunulaire, destinee a la dent lunulaire d’autre part, puis une dent tres- saiHante , la dent cardinale , qui est presque verticale sous le crochet et qui se Ioge dans la fossette cardinale de l’autre cote ; elle est bordee en arriere par la fossette cardinale qui est tres-oblique et dans laquelle s’insere la dent cardinale de I’autre valve ; vient ensuite la plus forte dent de la charniere, la dent ligamentaire; elle est oblique , arquee a son bord superieur et munie d’un large et profond sillon , qui fait que chacun de ses bords ressemble a une carene. Enfin derriere cette dent se trouve une fossette etroite , mais assez profonde , la fossette liga- mentaire, destinee a loger la dent ligamentaire de la valve gauche. Le sillon du ligament est bien distinct et profond sur les deux valves; il va en s’elargissant d’avant en arriere. Les callosites nymphales sont larges ; elles sont divisees par une petite carene horizontale en deux parties , dont l’inferieure est lisse , tandis que la superieure, qui sert de support a la partie fibro-calcaire du ligament, est un peu plus large (*). Les impressions musculaires sont grandes ; les anterieures sont ovoides , les posterieures sont plus larges, notamment a leur base; les unes et les autres sont nacrees. L’on y distingue tres-bien une serie de lignes concentriques successives indiquant la marche des attaches des fibres musculaires. L’impression palleale est tres-accusee ; elle donne meme lieu a un sillon tres- sensible au toucher. Le sinus palleal s’etend jusqu’a la moitie del’espaceentre les deux impressions musculaires. II se termine en pointe obtuse; cependant sa longueur n’est pas beaucoup plus considerable que sa largeur. (*) Cette partie superieure des callosites nymphales , a laquelle est attache le ligament , est indiquee par une teinte un peu plus sombre sur les figures. 19 II. Arthemis orbicularis Agass. Tab. 2. Syn. Cytherea concentrica Bronn Ital. Tert. pag. 98, n° 556. Venus concentrica Brocchi Foss, subap. pag. 550. Histoire. On trouve dans bon nonibre de collections, etiquetee du nom de Cytherea ou d’ Arthemis concentrica , une espece fossile des terrains subapennins, que plusieurs auteurs ont signalee comme identique avec l’espece vivante et qui en effet rappelle tout a-fait cette derniere, et par ses dimensions et par sa physionomie generale. C’est celle dont nous avons a nous occuper ici. Comme les exemplaires sont en general bien conserves, j’ai pu etablir une comparaison minutieuse entre les deux especes et j’ai ainsi ete conduit a constater des diffe- rences qui me paraissent suffisantes pour etablir une separation specifique. Rapports et differences. L’espece fossile des terrains subappenins est sensible- ment plus renflee que l’espece vivante, si bien que dans notre exemplaire, qui est moins grand que V A. concentrica de pi. 1 , le diametre transversal est cependant plus considerable (comparez les fig. i sur les planches 1,2). C’est par consequent une coquille plus lourde et plus massive; elle est en meme temps plus circulaire, et la difference entre le cote anterieur et le cote posterieur moins sensible. La Iunule est iin peu plus large; mais de tous les caracteres exterieurs, le plus sail- lant. C’est sans contredit celui que nous empruntons aux ornemens de la surface. Les plis conccntriques sont non-seulement plus fins et plus serres, et partant plus nombreux que dans l’espece vivante; leur forme est aussi differente: ce sont des lames emboitees dont le bord superieur est releve et presque tranchant , tandis que, dans 1’ espece vivante, ces memes lames sont a la fois plus grosses, plus plates et moins redressees. Sinouspassonsal’interieur, nous y trouverons des differences encore plus mar- quees, dans la charniere aussi bien que dans les impressions des parties molles. Et d’abord la cloison cardinale est moins epaisse, et son bord, au lieu d’etre rectiligne, est sensiblement arque. Examinons d’abord la valve gauche (fig. 3). La dent accessoire et la dent lunulaire ont, a la verite, la meme forme que dans 20 YA. concentrica , mais elles sontl’une etl’autreplus developpees. La dentcardinale, en revanche, est beaucoup plus mince et plus courte. La fossette ligamentaire est plus etroite et moins oblique; la dent ligamentaire n’est qu’une lame tres-mince. Sur la valve droite (fig. 2) les dissemblances sont encore plus fortes. La dent lunulaire est tres-mince, precedee de la fossette du meme nom qui est tres-pro- fonde. La dent cardinale est robuste; la fossette cardinale, en revanche, est assez etroite, en rapport avec la dent d’autre part. Mais c’esl surtout la dent ligamen- taire qui differe le plus; elle n’a plus rien de cette preponderance qui la carac- terise dans l’autre espece, et loin de I’emporter sur la dent cardinale, elle est au contraire beaucoup plus faible. Cependant elle se reconnait toujours a sa forme alongee et bifide. En somme , l’espace occupe par les dents est moins etendu que dans l’espece vivante. Le sillon destine au ligament est profond. Les nymphes qui constituent la partie superieure de la lame cardinale ont conserve des traces de la partie fibro-calcaire du ligament (fig. 5). Les impressions musculaires sont en general un peu plus courtes que dans l’espece vivante; comme d’ordinaire, les lignes concentriques des faisceaux mus- culaires sont tres-serrees sur le muscle anterieur, tandis qu’elles sont beaucoup plus espacees sur le muscle posterieur. Le sinus palleal est a la fois plus etroit et plus alonge que dans l’espece pre- cedente, ce qui lui donne une apparence beaucoup plus grele. Ce seul caractere suffirait au besoin pour differencier les deux especes. Ces differences m’ont paru suffisantes pour que je pusse me croire en droit d’envisager 1’espece fossile du Piemont comme une espece particuliere. III. Arthemis exoleta Poli. Tab. 3, fig. 15-17. Syn. Arthemis exoleta Poli Test. 2, Tab. 21, fig. 9-11. — Desli. Tr.elem. deConch. Tab. 20, fig. 9-11. Cytherea exoleta Lam. Anim. sans Yert. tom. VI, pag. 314. Venus exoleta Lin. Syst. Nat. pag. 1134. Histoire. L’espece a laquelle les auteurs ont donne dans 1’origine le nom d 'exoleta est frequente dans la Mediterrannee et la mer du Nord ; aussi la rencon- 21 tre-l-on dans presque toutes les collections. Mais comme il est arrive si souvent , on a confondu avec le temps plusieurs especes sous cette denomination. Deja La- marck en a separe Y Arthemis lincta , dont il a indique les caracteres distinctifs. Mais ce premier demembrement ne devait pas suffire, et a I’heure qu’il est, on comprend encore sous le nom d ’exoleta plusieurs especes qu’il importe de distin- guer. Dans le nombre , il y en a des vivantes et des fossiles. Afin de mettre les naturalistes en demeure d’apprecier les differences qui les distinguent , je vais commencer par decrire le veritable Arthemis exoleta, celui qui a servi de type a Linne, et auquel il convient par consequent de conserver le nom ft Arthemis exoletci. Description. C’est one coquille de taille moyenne , de forme orbiculaire , comme toutes les Arthemis, proportionnellement plus renflee quel ’A. concentrica , et rappelanl a bien des egards V A. orbicularis , que nous venons de decrire. Le cote anterieur se releve fortement vers la lunule , et comme les crochets sont tres-depn'mes , il en resulte que le cercle que decrit le pourtour de la coquille n’en parait que plus regulier. La lunule est plus haute que large et renflee au milieu. Les plis concentriques sont fins relativement a ceux de VA. concentrica , mais cependant plus marques que dans aucune des especes suivantes. Les arrets d’accroissement sont aussi fort reguliers et a egale distance fes uns des autres. Il y a dix ou douze plis entre chaque arret. Enfin il existe aussi des traces de quelques stries rayonnantes qui cependant ne sont pas reconnaissables sur tous les individus , et qui dans notre exemplaire ne se trahissent qu’a la face interieure , en dehors de {’impression palleale (fig. 16). La charniere est massive. Le bord de la cloison cardinale n’est pas droit , mais ondule et rentrant sous le sommet. On y retrouve les quatre dents qui sont propres a toutes les Arthemis, savoir, dans la valve gauche (fig. 1 6), la dent accessoire qui est bien developpee ; puis la dent lunulaire qui est la plus forte et la plus saillante de toutes. Vient ensuite la fossette cardinale, a laquelle succede la dent cardinale qui est oblique en avant et moins forte que la dent lunulaire, apres elle la fossette ligamentaire qui est etroite et enfin la dent ligamentaire qui est une lame tres-mince et tres-oblique. Les dents de la valve droite correspondent exactement, dans leur developpement, aux fossettes de la valve gauche. Les impressions musculaires ne presentent rien de particulier ; comme dans la 22 plupart des autres especes , l’impression anterieure est marquee de lignes plus distanles que cedes de I’impression posterieure. Le sinus palleal est tres-regulier et a bords a-peu-pres paralleles. Ses limites sont tres-netlement accusees. En resume, les caracteres distinctifs de Y Arthemis exoleta telle que je la comprends, consistent dans l’epaisseur assez considerable de son test, la largeur du cote anterieur , la forme deprimee de ses crochets, la grosseur des stries de sa surface, la forme massive de sa charniere. Elle differe en particular de YA. complanata par son epaisseur plus considerable et sa charniere plus robuste ; de YA. lincta par ses crochets plus deprimes et sa forme moins massive, de YA. Basteroti par les memes particularity, et de YA. Philippii par ses dimensions. IV. Arthemis lincta Desk. Tab. 3, fig. 11-14. Syn. Arthemis lincta Desh. Trait, elem. de Conch. Tab. 20 , fig. 12 et!3. Cytherea lincta Lam. Anim. sans vert. tom. VI , pag. 315. Histoire. G’est, comme nous l’avons dit plus haut, Lamarck quia le pre- mier distingue celte espece sous le nom de Cytherea lincta , en la demembrant de YA. exoleta. Cette distinction etait cependant a peine admise qu’on la compliqua de nouveau en rapportant a YA. lincta des especes qui lui sont etrangeres et particulierement des fossiles. C’est ainsi que Basterot et M. Marcel de Serres Font citee dans le terrain de Bordeaux, M. Bronn dans le depot ter- tiaire de Castel-Arquato et de Nice, M. le comte de Munster dans le terrain ter- tiaire de Cassel, M. Dujardin dans les faluns de la Touraine et M. Philippi dans les environs de Naples. Or, pour voir jusqu’a quel point ces identifications sont fondees , commen- cons par indiquer les caracteres du veritable A. lincta. Nous procederons ensuite a 1’examen comparatif de plusieurs de ces especes. Description. D’apres la diagnose de Lamarck, ce qui distingue YA. lincta , ce sont ses stries concentriques tres-fines; elle est de plus blanche et sans taches, tandis que YA. exoleta est ornee de taches et de rayes rouges. Mais comme ces 23 tlerniers caracteres ne sont pas applicables a la determination des fossiles , nous ne nous en occuperons pas ici. La forme de la coquille n’est pas non plus la meme ; elle est moins circulaire et Ies crochets en particular sont plus sail- lans. Outre les stries concentriques qui sont si fines, qu’on a de la peine a les distinguer a 1’oeil nu , on remarque des zones plus accusees qui sont de- terminees par les arrets d’accroissement ; elles sont plus nombreuses et a la fois plus irregulieres que dans VA. exoleta. La charniere se distingue aussi par plusieurs particularity . Et d’abord , la cloison cardinale est tres-large, massive et en rapport avec l’epaisseur de la coquille, qui va croissant vers les bords, et ce qui prouve bien que ce develop- pement n’est point un caractere d’age ou d’individu , c’est que les dimensions de la cloison sont plus considerables que dans les A. exoleta et complanata , alorsjneme que la coquille est sensiblement plus petite. Le bord de la cloison est aussi bien moins arque. Les dents sont assez fortes, sans etre bien saillantes. A la valve gauche (fig. 13), nous trouvons d’abord une sorte de petite dent accessoire tout-a-fait rudimentaire ; puis une dent Iunulaire assez faible, precedee d’une fossette Iunulaire encore plus etroite ; plus loin la fossette cardinale qui est large, mais pen profonde ; ensuite la dent cardinale egalement tres-large et pen saillante; plus loin la fossette ligamentaire, etroite, profonde et oblique et la dent ligamentaire qui est longue, oblique et tranchante. A la valve droite (fig. 12), nous avons un rudiment de fossette accessoire, une dent Iunulaire petite , une fossette Iunulaire profonde et etroite , une dent cardinale saillante, une fossette cardinale tres-plate et une dent ligamentaire tres-oblique et un peu arquee. Le sinus palleal est tres-profond. Les deux bords ne sont pas paralleles , mais le bord superieur presente une courbure tres-marquee , qui se retrouve dans tous les exemplaires. Le fond du sinus est tronque. D’apres ces details, il sera toujours facile de distinguer VA. lincta de toutes ses congeneres. Elle differe des.^. exoleta et complanata par sa forme, des A. Baste- roti et Philippii par ses sillons d’arrets tres-marques et sa forte charniere , et de toutes par 1’epaisseur de son test et par la forme particuliere de son sinus palleal. Lamark indique comme patrie de cette espece les coles d’Angleterre. J en ai de beaux exemplaires de la baie de Belfast. 2k V. Artiiemis Basteroti Agass. Tab. 3, fig. 7-10. Syn. Cytherea lincta Bast. Mem. Soc. Hist. nat. II , pag. 90. — Marcel de Sevres, Terr. tert. p. 147. IIistoire. Nous avons dit plus liaut qu’on avait confondu plusieurs especes fossiles avec YA. lincta. Parmi ce nombre il y en a qui sont en effet tres- voisines de Fespece vivante , et d’autres dont l’identification n’est que le re- sultat d’une elude tout-a-fait superficiellc. Ne pouvant les passer toutes en revue , je me bornerai a examiner ici celle qui est le plus generalement citee eomme idcnlique , celle des terrains tertiaires de Bordeaux , qui a ete signa- lee en premier lieu par Basterot, Rapports et differences. II est evident que c’est de YA. lincta qu’elle se rap- proche le plus, surtout par sa forme et sa physionomie generale. Ses crochets sont saillans comme dans cette derniere espece et non pas deprimes comme dans YA. exoleta. La surface est ornee de rides tres-fines et fort regulieres, mais qui cependant, sont loin d’atteindre la finesse de celles de YA. lincta , car on les dis- tingue toujours parfaitement a Pceil nu. La charniere presente aussi quelques particularites dignes de remarque. Et d’abord la cloison cardinale est propor- tionnellement bien moins forte ; sa base est aussi bien plus arquee. A la valve gauche (fig. 9), la dent accessoire est tres-developpee et a-peu-pres aussi forte que la dent lunulaire , qui est reduite a une tres-petite lame. La dent cardi- nale, sans etre bien large, est cependant la plus forte de toutes, et Ton peut meme dire qu’elle est bifide. La dent ligamentaire est tres-mince et se de- tache a peine des callosites nymphales. La charniere de la valve droite (fig. 8) repond exactement a cette structure. Nous avons ici une premiere fossette qui est pour ainsi dire double , en ce qu’elle recoit a la fois la dent accessoire et la dent ligamentaire. Puis vient la dent lunulaire qui est une lame oblique et assez mince. A celle-ci succede la fossette cardinale qui est large et triangulaire. Vient ensuite la dent ligamentaire, qui est oblique, arquee et a-peu-pres parallele au bord de la coquille. Enfin en dernier lieu la fossette ligamentaire qui est tres- — 2S — etroite. La face interne a conserve quelques traces de stries ravonnantes sur le bord de la coquille , dans la partie qui n’etait pas tapissee par le manteau. Le sinus palleal est grele et s’enfonce profondement dans les empreintes dn manteau. VI. Aiithemis complanata Ay ass. Tab. 3, fig. 18-21 . En comparant entre elles les differentes coquilles qui passent pour appar- tenir a YA. exoleta , j’ai reconnu que non-seulement les fossiles etaient difff- rentes , mais qu’on confondait encore sous ce nom plusieurs especes vivantes; de ce nombre est entr’autres notre A. complanata. Au premier abord elle ressemble fort a YA. exoleta. Sa forme et ses dimensions sont a-peu-pres les memes. Les stries concentriques ne different pas non plus d’une maniere bien sensible , si ce n’est peut-etre qu’elles sont un peu plus fines , sans pour- tant 1’etre autant que dans YA. lincta. Mais il est un caractere qui la distin- gue entre toutes ses congeneres , c’est sa faible epaisseur (fig. 18). Je n’ai ete rendu attentif a ce caractere , qu’en comparant un certain nombre d’exem- plaires. Je me suis alors assure que cette forme grele est un caractere cons- tant qui se reproduit dans tous les details de la coquille. La charniere offre des differences non moins importantes. La cloison cardinale est petite et frele, comparativement a ce qu’elle est dans d’autres especes ; sa base est fortement ondulee. Les dents de la charniere sont toutes tres-minces. La dent accessoire de la valve gauche (fig. 21) n’existe pas ou du moins est excessivement rudi- mentaire, la dent lunulaire est la plus saillante ; elle est tres-oblique en avant. La dent cardinale est tout aussi mince , mais arquee en arriere , de maniere qu’il y a entre ces deux dents un large espace triangulaire. La fossette liga- mentaire qui succede a la dent cardinale est profonde, limitee en arriere par la dent ligamentaire qui est une petite lame mince. La charniere de la valve droite correspond en tous points a celle de la valve gauche. La fossette lunulaire comprise entre la dent lunulaire et la dent cardinale , se fait remarquer par sa profondeur; la dent lunulaire par sa hauteur. La dent ligamentaire est plus forte que dans la valve gauche. 4 26 Le sinus palleal est large et profond , a cotes presque parallels ; les impres- sions musculaires sont tres-grandes ; l’anterieure surtout se fait remarquer par sa hauteur. II existe aussi sur le bord interne des traces assez distinctes de stries rayonnantes qui s’etendent aussi aux impressions musculaires. Cette espece habile l’Ocean atlantique. L’original se trouve au musee de Neuchatel. VII. Arthemis Philippii Agass. Tab. 3, fig. 1-6. Syn. Cytherea lincta Phil. Faun. Moll. Regn. Sicil. vol. I, pag. 44; vol. II, pag. 32. Histoire. C’esl la plus petite espece du genre. On l’a generalement prise pour le jeune de V A. lincta. Cependant il est une consideration que l’on n’aurait pas du perdre de vue , ce me semble , c’est la quantite extraordinaire d’individus de me me taille qu’on trouve dans certaines localites , et meme la ou le verita- ble A. lincta manque. Or , une pareille distribution est contraire aux lois les plus generales du developpement des etres , et en these generate , ce sont les adultes qui doivent l’emporter par le nombre sur les jeunes. J’ai done voulu re- chercher s’il ne se trouvait pas quelque trait qui futpropre a cette petite coquille. Description. Parmi les caracteres exterieurs , il n’en est aucun qui m’ait paru suffisamment accuse pour la distinguer d’une maniere absolue. Sa forme est la meme que celle de VA. lincta. Les ornemens de sa surface ne different pas non plus d’une maniere sensible , et les stries concentriques en particulier sont tout aussi fines. Mais la charniere est moins massive , le bord de la cloison cardinale est arquee; enfin , les dents montrent aussi quelques particularity dont il im- porte de tenir compte. A la valve gauche (fig. h), la dent accessoire est bien dis- tincte, quoique tres-rapprochee de la dent lunulaire qui est une lame tres-mince; la dent cardinale est la plus forte des dents ; elle est legerement courbee en arriere. La dent ligamentaire est une petite lame alongee et a peine saillante. A la valve droite (fig. o), la fossette lunulaire est tres-grande , etant destinee a loger la dent ligamentaire et la dent accessoire de 1’autre valve. La dent cardi- nale n’est pas inclinee en arriere, mais en avant ; la dent ligamentaire est plus forte que celle de la valve gauche. 27 L’empreinle du manteau est distincte comme dans toutes les Arthemis. Le sinus palleal est non seulement tres-profond , puisqu’il s’etend jusque pres de l’impression musculaire anterieure; i! se fait en outre remarquer par sa iargeur, et ce qui merite surtout d’etre signale , il est plus large que le lobe inferieur du manteau, tandis que dans toutes les autres especes il est sensiblement plus etroit. II existe quelques faibles traces de stries rayonnantes a la face interne. Cette espece est tres-commune dans la Mediterrannee , surtout sur les cotes de Sidle. 28 DU GENRE VENUS Linn. Lam. — Le genre Venus, tel qu’il se trouve defini par Lamarck, comprend les especes de l’ancien genre Venus de Linne , qui n’ont que trois dents cardinales dans chaque valve; celles qui en ont quatre a la valve gauche composent le genre Cytheree du meme auteur. Ce n’est pas ici le lieu d’examiner si cette distinction, que plu- sieurs auteurs et en particulier M. Deshayes ont rejetee, parce qu’elle repose sur ce simple caractere de la charniere , si dis-je cette distinction est fondee , et si le genre Cytheree devra etre maintenu ou non. Je ferai seulement remarquer que meme apres cette separation, les Venus comptent encore un nombre si conside- rable d’especes, que I’on est naturellement porte a accueillir toute subdivision basee sur quelque caractere constant , alors meme que ce caractere ne releverait pas de parties essentielles. C’est ainsi qu’il conviendrait peut-etre de separer les Venus lisses telles que les Venus umbonaria, islandicoides , etc., des Venus tuber- culeuses, telles que les Venus rugosa et excentrica ; car quoiqu’elles ne different les unes des autres que par les ornemens de leur enveloppe solide , je ne puis ce- pendant me figurer que les animaux qui secretent des coquilles aussi dis- semblables , ne presentent pas aussi quelque difference dans leurs organes essen- tiels. N’est-il pas remarquable , par exemple, que toutes les Venus verruqueuses aient sur le bord cardinal de la valve gauche une zone lisse bien tranchee qui ne se retrouve pas dans les autres especes? Pour apprecicr a leur juste va- leur les caracteres que fournissent les ornemens de la coquille, il serait impor- tant d’etudier comparativement les differences qui existent dans la structure du bord du manteau chez les especes ou ces ornemens presentent des differences notables; mais ces recherches n’ont point encore ete faites. 29 Venus lisscs. I. Venus umbonaria Agass. Tab. 6. SYN. Cyprina umbonaria Lam. Anim. S. vert. tom. YI , pag. 292. Cyprina gigas Lam. Anim. s. vert. tom. VI , pag. 2S9. Venus Brochii Desh. (pro parte) dans Lam. Anim. s. vert. tom. VI , p. 289. Histoire. Cette espece est une de celles qui ont ete confondues parM. Deshayes, sous le nom de F. Brocchii. Tout en partageant l’opinion de mon savant ami sup la convenance de retirer cette espece, avec plusieurs autres, du genre Cyprine, ou l’avait placee Lamarck, pour la ranger dans Ie genre Venus, je ne saurais ce- pendant me ranger a son avis , lorsqu’il pretend que les C. gigas , umbonaria , pedemontana et islandico'ides de Lamarck, ne sont que des varietes d’une meme espece. Je n’ai point reussi, il est vrai, a me procurer des exemplaires de toutes les localites ou l’on cite des fossiles sous ces noms , mais ceux d'ltalie et de Bor- deaux que j’ai pu examiner m’ont paru differer suffisamment pour pouvoir etre consideres comme appartenant a des especes a part. Les C. umbonaria , pedemon- tana et islandico'ides en particulier me paraissent des types distincts. C’est ce que je vais essayer de demontrer dans les pages suivantes. Quant au C. gigas , dont je ne possede que des exemplaires incomplets, les caracteres que lui assigne Lamarck ne sont pas bien positifs , et il se pourrait reellement que ce ne fut qu’une grande variele de notre F. umbonaria. Le F. angulata Sow. du gres vert de Blackdown , que Lamarck rapporte avec doute, il est vrai, a notre espece, est completement different. Description. Le F . umbonaria est une coquille de grande taille , exlremement massive, remarquable par sa forme presque carree et par son test massif, qui dans certains exemplaires a pres d’un pouce d’epaisseur au-dessous des crochets. L’exemplaire figure n’est pas des plus grands. J’en ai d’autres sous les yeux, dont les dimensions sont a-peu-pres doubles. Une particularite qu’il ne faut pas passer sous silence, c’est la courbure elegante du dos, depuis les crochets jusqu’au bord posterieur, courbure qui est bien moins accusee dans les especes suivantes. 50 Les rides de la surface ou stries d’accroissement sont fines et regulieres , mais il y a de temps en temps des arrets d’accroissement qui en interrompent la regu- larite. Le ligament, quoique interne, est visible en dehors. Mais c’est surtout a la face interne qu’il faut aller chercher les veritables carac- teres specifiques de cette coquille. Et d’abord nous y trouvons un large sinus pal- leal qui nous dit assez que l’espece dont il s’agit n’est point une Cyprine, comme le croyait Lamarck. Ce sinus est peu profond et taille obliquement, de maniere que la pointe est en bas. Les impressions musculaires sont bien accusees et Ton y distingue d’une maniere tres-nette la succession de bandelettes concentriques in- diquant les points d’attache des fibres musculaires. La charniere est plus importante encore pour la delimitation des especes qui nous occupent. Celle a laquelle je conserve le nom de F. umbonaria n’a que trois dents cardinales ; la dent laterale posterieure des Cyprines manque com- pletement. Il en est de meme de la dent accessoire anterieure des Cytherees ; ensorte que sous ce rapport encore, c’est une Venus. La cloison cardinale est forte et sensiblement arquee. Les dents sont de dimensions tres-inegales. La dent lunulaire est petite et verticale sous le crochet. La dent cardinale est an contraire tres-robuste , pyramidale dans la valve droite (fig. 2), plus ou moins arquee dans la valve gauche. La dent ligamentaire est egalement tres-forte et distinctement bifide dans la valve droite ; elle est moins marquee dans la valve gauche (fig. d), ou elle se confond plus ou moins avec la base de la callosite nymphale. La partie superieure de cette callosite a conserve, dans les deux valves, des traces distinctes de la base fibro-calcaire du ligament. L’extremite anterieure des nymphes , pres des crochets , presente une cavite assez profonde ; mais , comme Fa demon t re M. Deshayes , ce caractere n’est d’aucune valeur puisque les nymphes se carrient dans plusieurs especes avec l’age. L’espece est frequente dans le terrain tertiaire de l’Astesan. 31 II. Venus islandicoides Agass. Tab. 7, fig. 5 et 6. Syn. Venus islandica Brocchi. Conch. Foss. Tab. 14 , fig. 5. Venus Brocchii Desh. (pro parte) dans Lam. Anim. s. vert. tom. VI , p. 289. Histoire. Cette espece , originaire du terrain subappenin de l’Astesan , est probablement celle que Brocchi a figuree et decrite comme une variete du Cyprina islandica. Or, d’apres la description tres-detaillee qu’en donne le con- chyliologiste italien, la coquille qu’il avait sous les yeux n’est pas une Cytheree, inais une veritable Venus. Lamarck l’a confondue avec une espece de Cytheree fossile , sous le nom de Cyprina islandicoides (notre Cytherea Lamarckii). M. Deshay es est alle plus loin encore et n’a vu en elle qu’une simple variete de son Venus Brocchii qui, comme nous 1’avons vu plus haul, comprend quatre es- peces de Lamarck. Rapports et differences. II suffit de jeter un coup-d’oeil sur l’interieur de celte coquille pour s’assurer que ce n’est ni une Cyprine, puisqu’elle a l’empreinte du manteau echancre , ni une Cytheree , puisqu’il lui manque la dent accessoire qui est propre a ce genre. C’est par consequent une veritable Venus. Voyons main- tenant en quoi elle differe du V. umbonaria que nous venons de decrire. Un premier trait qui lui est propre , c’est sa forme presque circulaire. Elle se dis- tingue en outre par la presence d’un sillon tres-evase sur les tlancs, qui s’etend des crochets jusque pres du bord poster ieur. Ce sillon que Brocchi signale d’une maniere tres-posilive , est un caractere d’autant plus precieux , qu’il ne se re- trouve dans aucune des autres especes fossiles. Le diametre transversal de la coquille est tres-considerable , quoique le test soit mince , d’ou nous concluons (jue l’animal qui l’habitait devait etre proportionnellement tres-gros. La charniere est une veritable charniere de Venus, car elle n’est composee que de trois dents, savoir : la dent lunulaire qui est courte et mince ; la dent cardinale qui est sensi- blement plus robuste et la dent ligamentaire qui est tres-oblique et bifide. II existe en outre dans la valve droite , en avant des dents cardinales , un petit — 32 — bourrelet alonge et tres-obtus (fig. 6) , qui rappelle jusqu’a un certain point la dent accessoire des Cytherees. Les impressions musculaires sont nettement circonscrites et distinctement fasciees. Le sinus palleal est large, mais ne s’etend pas au-dela du tiers de la surface. Venus tuberculcuses. III. Venus verrucosa Lin. Tab. 5 , fig. 1-8. Syn. Venus verrucosa, L. Svst. nat. p. 1130. — Gm. p. 3269, n° 6. — D’Argenville, lre edit., Tab. 24, fig. 9. — Lister Conch. Tab. 284, fig. 122. — Chemnitz Conch, tom. VI, Tab. 29 ) fig. 299-300. —Pennant Zool. brit. t. IV, Tab. 54, fig. 48. — Favanne Conch. Tab. 47, fig. E. G. — Poli Test. Sicil. tom. II, pag. 90, Tab. 21 , fig. 18, 19. — Deshayes Encycl. meth. Vers. tom. Ill , Tab. 113, n° 4. — Lamarck Anim. s. vert. tom. VI, p. 338. Venus Lemani Payr. Catal. p. 53, n° 91, Tab. 1, fig. 29-31 (jeune). Histoire. G’est une espece tres-commune dans les collections; aussi se trouve- t-elle decrite et figuree dans une foule d’auteurs. Lamarck en distingue trois va- rietes, qui sont probablement autant d’especes , ce qui expliquerait comment il se fait qu’il la cite a la fois dans les mers d’Europe , les mers australes et dans celles des Antilles. Je crois en particulier m’etre assure par des exemplaires ap- partenant au musee de Neuchatel , que la variete tres-verruqueuse des Antilles est distincte de celle de l’lnde. On la cite egalement a l’etat fossile dans plusieurs localites. Brocchi la mentionne parmi les fossiles tertiaires de la Toscane , Risso dans les terrains quaternaires de Nice et de Sicile ; Goldfuss dans la formation marine superieure (Tegel) des environs de Vienne. Nous allons commencer par decrire 1’espece vivante , en prenant pour type , la variete d’Europe , celle qui habite la Mediterrannee. Nous examinerons ensuite comparativement l’une de ces pretendues identites fossiles, en choisissant celle qui est la plus generalement repandue, celle du terrain subappenin d’ltalie. Description. Le nomde notre espece en indique lecaractere saillant, quiconsiste dans les grosses verrues dont sa surface est ornee, notamment au bord pos- terieur. Ces verrues resultent de l’entrecroisement de sillons verticaux avec les 33 rides concentriques ; si elles sont plus marquees du cote posterieur que du cote anterieur, c’est par ce que les sillons y sont beaucoup plus profonds. La di- rection des sillons n’est pas uniforme , ceux du bord posterieur sont arques en arrive ; ceux du bord anterieur en avant ; ceux du milieu des flancs sont irreguliers. Les uns et les autres n’apparaissent que lorsque la coquille a atteint une cerlaine taille ; ils manquent chez tous les jeunes individus , qui sont pour cette raison depourvus de grosses verrues. C’est du moins ce que l’on peut infe- rer de l’aspect de la coquille pres des crochets. L’exemplaire de fig. 1 a deja des sillons marques au bord posterieur et partant de grosses verrues. J’insisle sur ces particularites, car elles servent a distinguer surtout 1’espece yivante de l’espece fossile qu’on a confondue avec elle. Les individus adultes, tels que ceux de fig. 5 et 8 sont tresmiassifs ; les jeunes (fig. 1-4) sont proportionnellement bien plus minces et plus legers. Le ligament est externe , assez etroit , et lorsqu’il a dis- paru , on apercoit d’en haul, sous forme de deux bourrelets alonges, les nym- phes qui le supportent. Le bord de la coquille presente une bande lisse , ou du moins depourvue de verrues , le long du ligament. Cette bande est surtout sensible sur la valve gauche (fig. 3). J’ignore quelle est la cause de cette sin- guliere bande ; toujours est-il qu’on ne la rencontre que dans les especes ornees de cotes ou de tubercules et qu’elle n’existe pas dans les autres. La lunule est grande, en forme de coeur de carte, deprimee sur les bords, saillante au milieu; Ton y distingue d’une maniere tres-nette les stries d’accroissement. Sous le rapport de la charniere, notre espece est une veritable Venus. La cloison cardinale est moins massive qu’on ne devrait s’y attendre , a raison de l’epaisseur du test; il n’y a aucune trace de dent accessoire. Si nous examinons la valve gauche (fig. 6), nous trouverons d’abord une fossette assez petite et peu profonde , la fossette lunulaire destinee a recevoir la dent lunulaire de la valve droite. La dent qui succede a cette fossette n’est pas non plus proeminente ; la dent cardinale qui est auj milieu, sous le crochet, est la plus forte des trois ; elle est oblique en arriere. La dent ligamentaire n’est qu’une tres-petite lame. A la valve droite (fig. 7), nous avons, a la suite de la dent lunulaire, une fossette lunulaire tres-profonde ; la dent cardinale qui vient ensuite est large et forte; la dent ligamentaire est plus large que cede de la valve gauche et divisee 5 3k en deux par un sillon. L’empreinte du manteau est bien accusee, le sinus palleal est etroit et peu profond. Les empreintes musculaires sont distinctcment fasciees les posterieures out les bandelettes plus espacees que les anterieures. IV. Venus excentrica Agass. Tab. 5, fig. 9-11. Syn. Venus verrucosa Brocclii Conch, foss. subap. tom. II , p. 545. — • Bronn. Ital. tert. p. 99. Histoire. Parmi les fossilesque Ton identifie avec la V. verrucosa vivante, ceux qui proviennent des terrains subappenins de l’Astesan, sont les plus nombreux et les mieux conserves. Essayons de comparer cette pretendue V. verrucosa avec la coquille que nous venons de decrire. Rapports et differences. La forme et la physionomie generates sont en effet tres- semblables; le bord posterieur seulement est plus arrondi. Cependant si l’on se rappelle la maniere dont nous avons deceit la disposition des verrues dans l’espece precedente , on verra que si dans l’espece fossile les verrues ne sont pas aussi developpees an cote posterieur, ce n’est pas accidentellement. En effet , dans le V . verrucosa les fortes verrues du bord posterieur etaient accompagnees de sil- lons arques en arriere et faisant par consequent eventail avec ceux de l’avant. Dans 1’espece fossile , il n’existe aucune trace de ces sillons arques en arriere ; tous les sillons sont au contraire courbes en avant , plus ou moins paralleles et en general plus reguliers que dans 1’espece vivante. II en resulte que les orne- mens de la coquille sont plus reguliers et plus egaux entre eux. Sous tous les autres rapports, la ressemblance est tres-grande; e’est a peine si nous avons trouve quelques differences dans la charniere ; la dent mediane ou cardinale pro- prement dite de la valve gauche est fortement bifide , tandis qu’elle ne 1’est pas dans le F. verrucosa. Le sinus palleal est petit et etroit. 35 V. Venus rugosa Gmel. Tab. 4, fig. 1-6. Syn. Venus rugosa Gmel. p. 3276. — Lister Conch. Tab. 286, fig. 123. — Lam. Anim. s. vert. VI , p. 339. — Desh. Encycl. meth. Vers. tom. Ill, p. 1H4, n° 5. Venus dysera var p. Linn. Syst. nat. Edit. Xll , p. 1130, n°115. Venus rigida Dilwyn. Cat. ton. I, p. 164, n° 13. Histoire. Cette espece, originaire ties mers de 1’Inde , fut distinguee pour la premiere fois par Gmelin. Linne n’en faisait qu’une variete de son V. dysera. Depuis lors elle a figure dans tous les ouvrages de conchyliologie sous le nom de Venus rugosa. II n’y a que le V. rigida de Dilwyn qui fasse double emploi . du moins Lamarck le cite-t-il comme synonyme du Venus rugosa. Une espece aussi bien caracterisee ne devait pas rester sans analogues fossiles. Nous la trouvons en effet , mentionnee dans plusieurs auteurs ; Brocchi la cite dans le terrain subap- pennin de Plaisance et en Calabre; Pusch dans le terrain de Pologne; Eichwald dans ceux de Podolie et deVolhynie. Afin de faciliter la comparaison de ces diffe- rentes especes, nous commencerons par donner une description delaillee de l’espece vivante. Description. C’est une coquille renflee , massive et facilement reconnaissable a ses plis concenlriques. Ces plis sont tres-saillans et regulierement espaces. Les espaces intermediaires ne sont pas lisses, mais ornes de plis paralleles, plus fins, ordinairement au riombre de trois (fig. 6), quelquefois aussi de quatre. II y a, d’espace en espace, des arrets d’accroissement, mais ils sont en general pen marques. Le ligament est exterieur, de moyenne largeur. II y a en outre sur la valve gauche, a cote du sillon, un espace lisse, en forme de sillon plat (fig. 5), tout-a-fait semblable a celui que nous avons signale dans le V. verrucosa. La lu- nule es* plus large que haute, en forme de coeur de carte; elle est deprimee sur son pourtour , mais les bords de la coquille s’elevent au milieu d’elle , sous la forme d’une carene saillanle. La charniere se distingue par des parlicularites de structure qui lui sont propres. Ce qui merite surtout d'etre signale, c’est la pre- sence d’une dent accessoire sur la valve gauche (fig. 3). Malgre la presence de 36 cette dent, qu’il mentionne expressement , Lamarck n’a pas range notre espece dans son genre Cytheree , evidemment parce qu’elle est trop rudimentaire et qu’il aurait ete force, s’il avait voulu en tenir compte, d’eloigner le V. rugosa du V . verrucosa et des autres especes qui s’en rapprochent le plus. A la dent accessoire succede, dans la valve gauche, la dent lunulaire qui :est arquee et surmontee de la fossette lunulaire qui est tres-profonde ; vient ensuite la fossette cardinale , puis la dent cardinale qui est plus large el dirigee obliquement en arriere, et enfin la fossette ligamentaire qui est alongee et peu profonde ; la dent ligamentaire n’est qu’une lame tres-mince. A la valve droite (fig. 2), nous avons d’abord une fossette accessoire avec un petit bourrelet ; la dent lunulaire qui vient ensuite est une arete saillante , etroite , oblique en avant et tres-rapprochee de la dent cardinale, de maniere a faire ressortir d’autant mieux la fossette lunu- laire qui est entre les deux. La dent ligamentaire est beaucoup plus forte que dans la valve gauche et distinctement bifide. L’empreinte palleale est fort eloignee du bord , ensorte qu’il reste en dehors d’elle un large limbe ou bande lisse qui est borde par de fines crenelures. Le sinus palleal est court, mais assez large. Les impressions musculaires sont bien distinctes ; la posterieure est sensiblement plus grande que l’anterieure. VI. Venus cincta Agass . Tab. 4, fig. 7-10. Syn. Venus rugosa Brocchi Conch, foss. p. 548. — Bronn. Lethsea p. 955. Histoire. Ne pouvant pas passer en revue toutes les especes fossiles qui ont et6 confondues avec le V. rugosa , je me bornerai a examiner ici celle qui est la plus generalement citee comme identique, l’esp^ce du Plaisantin decrite par Brocchi, et pour laquelle je propose le nom de V. cincta Rapports et differences. La ressemblance de ce fossile avec l’espece vivante est sans contredit tres-grande ; aussi ne m’etonne-je pas qu’on les ait confondus. Sa physionomie et sa forme generales sont les memes. II n’y a, au premier abord , que la taille qui differe , la plupart des exemplaires n’ayant guere que quatre ou cinq centimetres de longueur , tandis que les individus de sept et huit centi- 37 — metres ne sont pas rares dans l’espece vivante. Les ornemens de la surface sont aussi en apparence les memes; ce sont des plis concentriques , regulierement espaces et plus etroits que les espaces intermediaires. Mais si 1’on examine ces sillons intermediaires a la loupe, on verra qu’au lieu de trois plis secondaires, il y en a un nombre bien plus considerable, qui tous sont presque invisibles a l’oeil nu , tant ils sont fins (fig. 10). Les plis principaux ne sont pas non plus arques en haut , comme c’est le cas dans le F. rucjosa. Lacharniere presente aussi quelques differences, surtout dans la valve gauche. La dent lunulaire que nous avons vu arquee dans l’espece vivante , ne Test pas dans notre fossile. La dent cardinale de cette meme valve n’est pas non plus bifide ou du moins elle n’a qu’une tres-legere depression. La dent accessoire existe , mais a l’etat rudimentaire. Le bord de la coquille est crenele sur tout sonpourtour, comme dansl’espece vivante. L’empreinte palleale est bien accusee; le sinus palleal est peu profond mais assez large. 38 DU GENRE C\ THERE A Lam. Ge genre a ete instilue par Lamarck, aux depends du genre Venus de Linne. II cornprend toutes les especes de Venus qui ont une quatrieme dent a la valve gauche. Cette dent, que nous appellerons la dent accessoire (Tab. A, fig. 2 o) et a laquelle correspond une fossette analogue (fig. d) dans la valve droite , est d’or- dinaire aussi forte et meme quelquefois plus saillante que les autres dents cardi- nales. Sous tous les autres rapports, les Cytherees sont parfaitement semblables aux vraies Venus; aussi est-il impossible, lorsqu’on ne connait pas la charniere, de dire si telle espece , qui possede d’ailleurs tous les caracleres des Venus , est une Cytheree ou une vraie Venus. Le genre Arlhemis dont nous avons traite plus haul, a ete defalque des Cythe- rees, dont il se rapproche a tous egards par sa charniere. I. Cytherea pedemontana Agass. Tab. 8. Syn. Cyprina pedemontana Lam. Anim. s. vert. tom. VI , pag. 291. Venus Broccliii Desh. (pro parte) dans Lam. Anim. s. vert. tom. VI, pag. 291. Histoire. Cette espece a ete distinguee par Lamarck sous le nom de Cyprine du Piemont, d’apres des exemplaires provenant des environs de Turin. Elle est an nombre de ces especes tertiaires que M. Deshayesa reunies comme de simples varietes sous le nom de Venus Broccliii. Nul doute cn effet qu’elle ne soit tres- differente des verilables Cyprines ; puisqu’elle a l impression palleale profon- dement echancree ; mais je ne saurais admettre pour cela qu’elle soil identique avec les especes precedentes. Loin de-la , I’etude detaillee et comparative de ces memes especes, m’a convaincu qu’elle en est tres-differente. 59 Description. G’est une espece de grande taille, de forme ovoide, a test massif, sans etre tres-epais. Le cote posterieur est plus on moins alonge, et comme le bord cardinal est assez pen arque , il en resulte que la coquille a une certaine apparence cuneiforme que n’ont ni le Venus umbonaria ni le Venus islandicoid.es . Mais en supposant meme que ce ne fut la qu’une difference d’age, comme le pense M. Deshayes, il reste encore les differences profondes de la charniere qui a quatre dents cardinales, tandis que les deux especes precedentes n’en ont que trois. Que 1’on recuse le nombre des dents comme caractere generique et que Ton reunisse les Venus et les Cytherees en un seul genre, je le comprends; mais qu’on refuse a ce caractere une valeur specifique, c’est ce que je ne saurais admettre. Or, le senl fait que le C. pedemontana a une dent de plus , suffit a mes yeux pour le distinguer. Voici quelle est la structure intime de la charniere. Si nous examinons la valve gauche (fig. 5), nous y trouverons d’abord une forte dent accessoire, en forme de pyramide alongee ; ensuite une fossette lunulaire tres- profonde immediatement au-dessous des crochets ; plus loin la dent lunulaire en forme de lame mince, perpendiculaire et tres-saillante ; ensuite la fossette car- dinal moins profonde que la fossette lunulaire, puis la dent cardinale tres-ro- buste, ensuite la fossette ligamentaire etroite et profonde, et enfm la dent liga- mentaire tres-mince et a peine detachee de la lame cardinale. A la valve droite (fig. h) les rapports sont un peu differens ; la dent lunulaire est plus saillanle ; la dent cardinale Test en revanche moins, enfin la dent ligamentaire est distinc- tement bifide, ce qu’elle n’est pas dans l’autre valve. II. Gytherea Lamarckis Ayass. Tab. 7, fig. 1-4. Syn. Cyprina islandicoides Lam. Anim. s. vert. tom. VI, pag. 292. — Bast. Mem. geol. sur les en- virons de Bordeaux, pag. 91. Venus Brocchii Desli. dans Lamrack Anim. s. vert. tom. VI, pag. 2S9. Histoire. La synonymie de cette espece s’explique en quelque sorte par son histoire. Lamarck avait reconnu que l’espece fossile de Plaisance , que Brocchi avait prise pour une simple variete du Cyprina islandica , etait une espece a — po- part et lui avait donne le nom de Cyprina islandicoides . Mais tout en la separant de l’espece vivante, il lui associait a tort une espece fossile de Bordeaux, celle dont il est ici question. Or, comme cette espece est completement different^ de celle d’ltalie, j’ai conserve le nom d’ islandicoides a cette derniere et je dedie a la memoire de Lamarck, celle de Bordeaux. Rapports et differences. Cette espece n’est pas plus une Cyprine que les especes precedentes; c’est ce que prouve son sinus palleal. Elle differe egalement du Venus islandicoides , en ce qu'elle a quatre dents a la charniere, au lieu de trois, elle rentre par consequent dans le genre Cytheree de Lamarck. S’il est une espece dont elle se rapproclie, c’est bien plutot du C. pedemontana que nous ve- nons de decrire. Si ses dimensions sont differentes , sa forme est la meme ; elle est alongee, ovoide ; le cote posterieur est plus ou moins retreci, le bord infe- rieur n’est pas tres-arque. Il n’y a qu’une particularite qui la distingue , c’est la presence de cotes rayonnantes distinctes , s’etendant depuis les crochets jusqu’au bord inferieur, tandis qu’on n’en rencontre que de faibles traces sur les exem- plaires les mieux conserves du C. pedemontana. Le ligament est exterieur, et iorsqu’il est enleve, les nymphes sont tres-distinctes (fig. 5). La charniere ne presenle pas de differences sensibles d’avec celle du C. pedemontana. La dent accessoire de la valve gauche (fig. 2) est tres-forte, mais moins alongee que dans 1’autre espece ; la dent lunulaire est au contraire fort mince , tranchante et verti- cal sous le crochet. La dent cardinale est deja legerement arquee en arriere ; la dent lunulaire enfin est une lame assez mince, parallele au bord cardinal. Dans la valve droite (fig. 4), nous avons d’abord une large et profonde fossette pour la dent accessoire , puis la dent lunulaire qui est trds-rapprochee de la dent cardi- nale ; ensuite une large fossette pour la dent cardinale de l’autre valve, et enfin la dent ligamenlaire meme, qui est moins alongee que celle de la valve gauche, mais plus large et distinctement bifide. Cette espece est, a ce qu’il parait, assez commune dans le terrain de Bordeaux. — kl III. Cytherea Braunii Ayass. Tab. 13, fig. 1-4. Histoire. Cette espece n’a point encore ete signalee d’une maniere precise ; il suffira par consequent d’en indiquer les principaux traits pour qu’a l’avenir on ne la confonde avec aucune autre. Description. C’est une espece de moyenne taille, de forme subcirculaire , re- marquable surtout par Ie pourtour arrondi de son bord posterieur. Elle ressem- ble sous ce rapport a la F. umbonaria que nous avons decrite plus liaut ; elle est en meme temps sensiblement renflee, et son diametre transversal depasse de beaucoup la moitie de la hauteur. La surface est marquee de zones concen- triques tres-distinctes et separees par des sillons indiquant des arrets dans l’ac- croissement. La charniere est bien developpee ; le bord inferieur de la cloison cardinale est ondule; la disposition des dents est la meme que dans l’espece precedente ; nous trouvons dans la valve gauche (fig. 3) une dent accessoire au-dessus de laquelle se remarque une fossette tres-profonde qui s’enfonce sous le crochet. La dent lunulaire est tres-saillante mais mince , la fossette cardinale est large et triangu- laire; la dent cardinale est large et robuste; la fossette ligamentaire est large et arquee ; vient ensuite la dent ligamentaire qui est une lame etroite. A la valve droite (fig. 2), nous retrouvons les memes parties constitutives , sauf la dent ac- cessoire qui est remplacee par une fossette. La fossette lunulaire est beaucoup plus etroite que dans l’autre valve , par la raison que la dent lunulaire et la dent car- dinale sont beaucoup plus rapprochees. D’un autre cote, la dent ligamentaire est plus large et distinctement bifide. En resume, le caractere essentiel qui distingue la charniere de cette espece , c’est la petitesse de la dent accessoire que j’ai trouvee la meme dans un grand nombre d’individus. Cette espece se trouve avec le Cyprina rotundata dans les sables tertiaires des environs d’Alzey, pres Mayence. 6 42 IV. Cytherea erycina Lam. Tab. 9, fig. 10-12. Syn. Cytherea erycina Lam. Anim. s. vert. tom. VI , p. 303. Venus erycina Lin. Syst. nat. p. 1131. — Encycl. meth. Tab. 264, fig. 2 ah. * Histoire. Cetle espece se fait remarquer entre toutes ses congeneres par sa forme elegante et ses belles couleurs , et comme elle est assez frequente dans les collections , il n’est pas etonnant qu’elle soit devenue le point de depart d’une foule de comparaisons avec les especes fossiles qu’on a identifies avec elle. En effet , nous la trouvons citee par Brocchi parmi les fossiles subappenins d’ltalie, par Basterot parmi les fossiles terliaires de Bordeaux ; par M. Deshayes, dans le calcaire grossier de Paris, etc. Nous allons par consequent etablir d’une maniere aussi precise que possible l’ensemble des caracteres de notre espece , afin d’apprecier d’autant mieux la valeur des caracteres qui la distinguent de ces pretendues analogues fossiles. Description. On cite ordinairement en premiere ligne parmi les caracteres de cette coquille, les bandes diversement colorees qui partent des crochets et gagnent le bord inferieur en silargissant toujours davantage. II y en a surtout deux qui frappent par leur largeur et leur teinte brune ; l’une occupe le milieu de la coquille et descend a-peu-pres verticalement ; l’autre, plus oblique et plus etroite, est rapprochee de 1’extremite posterieure. II existe en outre de nom- breuses bandes d’une teinte plus claire , qui suivent les memes directions. Mais l’on comprend que ces caracteres, si importans pour la confrontation des especes vivantes , n’aient plus la meme valeur, lorsqu’il s’agit d’especes fossiles. Les details de structure du test sont alors la chose essentielle a considered Sous ce rapport encore notre espece n’est pas moins bien caracterisee que les autres. Ses dimensions varient de trois a huit centimetres. L’exemplaire de fig. 10 est de moyenne taille ; celui de fig. 8 peut etre envisage comme un jeune. La hauteur est a la longueur comme trois a quatre. L’epaisseur est bien moindre. Le pourtour de la coquille est un ovale assez regulier. Les cotes anterieur et posterieur sont arrondis et a-peu-pres d’egale largeur. Les crochets situes au 43 tiers anterieur ne determinent pas une forte saillie ; la lunule est a fleur de test , sensiblement alongee dans le sens vertical. Le bord inferieur est regulierement arrondi ; le bord superieur , derriere les crochets , Test egalement, tout en elant un peu plus declive. Les flancs sont ornes de gros plis concentriques separes par des sillons peu larges , raais tres-profonds. La regularity des plis n’est inter- rompue ca-et-la que par un pli plus faible, resultant sans doute de quelque arret dans l’accroissement. La charniere est assez petite , si Ton considere 1’epaisseur de la coquille ; son bord est ondule , et la partie la plus developpee correspond a la dent accessoire. Ce qui frappe surtout , quand on compare cette charniere avec cede d’autres especes , c’est la faible epaisseur des callosites nymphales qui ne presentent qu’une lame tres-mince. La dent la plus massive est sans contredit la dent accessoire (fig. 9 et 12). La fossette qui recoit cette dent dans la valve droite (fig. 11) est non-seulement en rapport avec ces dimensions , mais elle est en outre entouree d’un renflement tres- notable qui la fait ressortir d’autant mieux. La dent lunulaire n’est qu’une lame tres-mince dans les deux valves ; elle est tres-rapprochee de la dent cardinale dans la valve droite (fig. 11). La dent Iigamentaire est une lame mince et parallele au bord cardinal. Enfin , j’ajouterai encore que toutes ces dents sont peu saillantes , et que le plus souvent elles debordent a peine le bord de la coquille. La limite du manteau est assez eloignee du bord, ensorte que le limbe est tres-large. Le sinus palleal penetre a-peu-pres jusqu’au milieu de la coquille, ou il se termine en pointe; la languette inferieure est tres-etroite. Cette espece est frequente dans l’Ocean indien , et c’est de la que proviennent les exemplaires figures. Lamarck en cite en outre deux varietes dans les mers de la Nouvelle-Hollande et de la Chine , qu’il ne distingue qu’a leur teinte. Ni l’une ni 1’aulre ne m’est connue. V. Cytherea erycinoides Lam. Tab. 9, fig. 4-7. Syn. Cytherea erycinoides Lam. Anim. s. vert. tom. VI, pag. 329. Cytherea erycina Bast. Mem. Soc. Hist. nat. Par. tom. II , pag. 89. Cytherea hurdigalensis Defr. Diet. Sc. nat. tom. XII, pag. 422. Histoire. On ne saurait contester la grande ressemblance qui existe entre cette espece et le C. erycina; aussi Lamarck , en la designant sous le nom de C. ery- cinoides, n’a-t-il pas entendu la distinguer specifiquement ; il se borne a exprimer son etonnement de la trouver fossile en France et au Montmarin pres de Rome, tandis que ses analogues vivans sont limites a l’Ocean indien. Defrance , de son cote , avait distingue une espece analogue sous le nom de C. hurdigalensis ; mais il ne parait pas qu’elle soit differente du C. erycinoides. Rapports et differences. Je reconnais un seul caractere distinctif de cette espece relativement au C. erycina , e’est sa forme plus alongee et plus ovoide. Le bord inferieur est meme quelquefois presque droit. La charniere est en somme aussi developpee que dans l’espece vivante ; mais il m’a paru que son bord inferieur etait moins flexueux. Sous tousles autres rapports, la ressemblance est complete. Il parait que cette espece est frequente dans le terrain de Bordeaux. VI. Cytherea suberycinoides Desk. Tab. 9|, fig. 1-3. Syn. Cytherea suberycinoides Desl). Coq. foss. tom. I, pag. 129, Tab. 22, fig. 8 et9. Histoire. Le nom de cette espece mdique assez que I’auteur qui l’a institute reconnaissait qu’il existait des differences entre elle et les C. erycina et erici- noides. Aussi bien , s’il en etait autrement, on ne comprendrait pas qu’il eut choisi un nom aussi peu conforme a une determination precise. Rapports et differences. Si Ton ne voulait tenir compte que de la charniere dans la determination des Conques marines, il est evident que 1’on devrait rap- porter cette espece au C. erycina , tant les charnieres se ressemblent ; mais, 45 d’un autre cote , il y a a cote de cette ressemblance une grande difference dans la forme de la coquille. Son pourtour ne presente plus une ellipse aussi re- guliere ; le cote posterieur se retr&ut considerablement et prend une forme tout- a-fait cuneiforme; de telle maniere que le cote anterieur, qui d’ordinaire est le plus faible , devient ici le plus large ; mais ce qui constitue le caractere essentiel de I’espece , c’est son peu d’epaisseur resultant de la forme aplatie de ses flancs (fig. 3). Une consequence de cet aplatissement , c’est I’etroitesse de la Iunule'et des callosites nymphales qui sont l’une et l’autre tres-alongees. Cette espece est propre au calcaire grossier des environs de Paris. VII. Cytherea chione Lam. Tab. 10, fig. 10-13. Syn. Cytherea Chiotie Lam. Anim. s. vert. tom. VI , pag. 305. Venus Chiotie Lin. Syst. Nat. pag. 1131. — Gmel, pag. 3272, n° 16. — Encycl. meth. tom. 266, f. 1 a, b. Histoire. Cette espece est encore plus frequente dans les collections que le Cytherea erycina ; mais ses teintes, plus sombres et plus uniformes, font qu’on la recherche moins. On prevoit d’apres cela , qu’elle a du etre identifiee bien des fois avec des especes fossiles des terrains tertiaires , et en effet nous la trou- vons citee dans le terrain subappennin d’ltalie, dans le calcaire marin du sud de la France , dans la molasse suisse , dans le sable coquillier de Volhynie, dans le Tegel de Transylvanie, dans le terrain quaternaire dePouzzoles, etc. Je ne pos- sedepas des echantillonsdetoutes ces localites, et nepuis par consequent pas affir- mer que I’espece soil differente partout, mais ceux que j’ai examines m’ont laisse peu de doute sur leur diversite specifique. Si les differences frappent peu au premier coup-d’ceil , elles n’en sont pas moins importantes a raison de l’unifor- mite generale de ce type. Description. Le Cytherea Chione est trop commun dans toutes les collections pour que je croie necessaire d’en donner une description detaillee. Je ferai seulement remarquer que l’espece appartient au type des Cytherees lisses , a bords non denteles, qui se distinguent par une charniere assez faible , relati- vement a ce qu’elle est dans d’autres especes de raeme taille , par exemple, dans le C. Pedemontana , (Tab. 8). Les flancs ont des ondulations concentriques assez regulieres , mais fort peu accusees ; et la teinte sombre , jointe a l’epiderme qui les recouvre, contribue encore a les rendre moins sensibles. Dans les especes fos- siles qui ont perdu leurs couleurs, ces memes ondulations sont beaucoup plus saillantes. VIII. Cytherea DuBoisi Andrz. Tab. 10, fig. 1-5. Syn. Cytherea DuBoisii Andrz. Bull. Soc. Mosc. VII, Tab. XII . fig. 3. Cytherea Chione Dub. Conch, foss. pag. 59, tom. V, f. 13, 14. Histoire. Cette espece a ete decrite par M. DuBois de Montpereux com me identique avec le C. Chione. C’est M. Andrzejowski qui l’a distinguee le premier comme une espece a part. Rapports et differences. Le Cytherea DuBois a tout-a-fait la forme du C. Chione; mais il en differe par ses ondulations concentriques qui sont bien plus accusees. A cet egard il tient le milieu entre le C. erycina et le C. Chione ; il differe a bien plus forte raison du C. erycino'ides , dans lequel les sillons concentriques sont le plus profonds. Sa forme est aussi un peu differente de celle du C. Chione , en ce qu’il est proportionnellement plus court et que le cdte anterieur est plus developpe. Cette espece parait etre propre au terrain tertiaire de Volhynie. IX. Cytherea laevis Agass. Tab. 10, fig 6-9. Syn. Venus Chione Brocch. Conch, foss. tom. II, pag. 547. — Bronn. catal. n° 184. Histoire. L’idee d’identifier cette espece avec le C. Chione etait assez naturelle, par la raison que cette derniere vit exclusivement dans la Mediterannee, et de fait , c’est aussi celle qui lui ressemble le plus. Cependant nous allons voir qu’elle en differe aussi bien que les autres. Rapports et differences. Ce sont encore les ornemens des flancs qui nous four- nissent les principaux caracteres distinctifs. Les sillons concentriques que nous avons vu etre plus accuses dans le C. DuBois que dans le C. Chione , le sont ici moins. Les flancs sont meme completement lisses sur toute la partie posterieure de la coquille , ou Ton ne distingue que de fines stries d’accroissement. II n’y a des traces de sillons que sur la partie anterieure des flancs. La forme generale rappelle tout-a-fait celle du C. DuBois , surtout par la forme du cote anterieur qui est assez large , tandis qu’il est proportionnellement plus retreci que dans le C. Chione. L’espece parait etre assez frequente dans 1’Astesan. 48 DU GENRE CYPRINA Lam. •^®^sn Le genre Cyprine est, comme celui des Cytherees, un demembrement du genre Venus de Linne. Lamarck qui l’a institue, Ie caracterise de la maniere suivante : « Coquille equivalve , inequilaterale , en coeurs obliques , a crochets pro^minens recourbes. Trois dents cardinales egales , rapprochees a leur base, un peu diver- gentes superieurement. Une dent laterale ecartee de la charniere, disposee sur le cote anterieur , quelquefois obsolete. Callosites nymphales grandes, arquees , terminees pres des crochets par une fossette. Ligament exterieur , s’enfoncant en partie sous les crochets. » M. Deshayes(*) a deja fait observer que tous ces caracteres ne sont pas d’une egale valeur; il remarque entr’autres que la fossette situee a l’extremite des callosites nymphales , n’est que l’effet d’une carie qui survient avec l’age et ne peut par consequent pas etre envisagee comme un carac- tere generique, car, a ce titre, il faudrait ranger parmi les Cyprines des Cytherees et des Venus. D’un autre cote , Lamarck passe sous silence un caractere tres-im- portant, la forme de 1’impression palleale qui est simple dans les Cyprines, tandis qu’elle a un sinus plus on moins profond dans les Venus. C’est meme la, de tous les caracteres des Cyprines , le plus significatif, parce qu’il indique une modifica- tion imporlante dans l’organisation de l’animal. La charniere est assez compliquee. Outre les dents cardinales , il existe une dent accessoire comme dans les Cytherees , mais avec cette difference , qu’elle est plus alongee et souvent crenelee a son sommet (Tab. A, fig. ho). Au des- sous de cette dent accessoire il existe , dans la valve gauche , une fossette assez (*) Dans Lamarck, Anixnaux sans vert£bres , 2e edit. tom. VI , page 288. profonde correspondant a une autre dent accessoire de la valve droite, qui n’existe que dans les Cyprines, et que j’ai indiquee par la lettre m dans la PI. A , fig. 3 et h. La dent lunulaire de la valve droite ( a ) et celle de la valve gauche (x) sont les memes que chez les Cytherees ; mais un trait qui est particulier aux Cyprines, c’est que dans la valve droite la dent cardinale et la dent ligamentaire se confon- dent en un seul bourrelet (6) , auquel correspond une vaste fossette dans la valve gauche , qui , par cette raison , n’a pas de dent cardinale , mais seulement une dent lunulaire (sc) et une dent ligamentaire (z). I. Cyprina islandica Lam. Tab. 1 3 , fig. 6 et 7. Syn. Cyprina, islandica Lam. Anim. sans vert. 2e edit. tom. VI, pag. 290. — Desh. Encycl. rneth. Vers. tom. II , pag. 46. Venus islandica Lin. Syst. nat. pag. 1131, n° 124. — Gmel. pag. 3271, n° 15. Cyprine d’Islande Blainv. Malac pi. 70 bis, fig. 5. Cyprina vulgaris Sow. Gen. of Shells. Genre Cyprine. — Lister Conch. Tab. 272, fig, 108. — Chemn. Conch, tom. VI , pag. 240, Tab. 32, fig. 341. — Muller Zool. Dan. tom. I , pag. 29. Tab. 28, fig. 1-5. Venus mercenaria Pennant Zool. Brit. tom. IV. Tab. 53, fig. 47. Histoire. Cette espece est propre aux mers qui baignent les c6tes septentrio- nales d’Europe , et comme sa grande taille la met naturellement en evidence au milieu des coquilles, en general petites, du Nord , on l’a depuis longtemps dis- tinguee comme l’une des especes les plus remarquables de la faune boreale. Elle ne descend guere plus bas que les cotes d’Ecosse; son siege principal est sur les cotes d’Islande. On ne fa jamais trouvee vivante dans la zone chaude , ni rneme dans la zone temperee proprement dite, d’oti nous concluons, que c’est un animal fait pour habiter les climats froids. Mais si ses limites actuelles sont res- treintes a une region et a un climat determine , il ne semble pas qu’il en ait ete de meme dans les temps ante-historiques. S’il fallait en croire les geologues, le C. islandica aurait ete tres-repandu dans f epoque tertiaire et quaternaire , et si nous voulions indiquer toutes les localites et les depots dans lesquels on a pre- tendu f avoir decouvert, il nous faudrait en citer un tres-grand nombre. C’est 50 ainsi que Brocchi l’a citee dans le terrain subappenin de 1’Italie ; M. Studer , dans la molasse suisse; Lamarck, dans le crag d’Angleterre ; M. Keilhau , dans les graviers coquilliers de Norwege ; Risso , dans les depots quaternaires des en- virons de Nice , etc. Je n’ai pas compare, j’en conviens , des exemplaires de toutes les localites ; mais , a en juger d’apres ceux que j’ai vus , je ne crains pas d’affirmer qu’un grand nombre de ces identites sont illusoires. Lamarck deja a determine plu- sieurs de ces coquilles, entr’autres , les F. umbonaria , islandico'ides et pedemon- tana , qui passaient toutes pour des Cyprines d’Islande. Quant a l’espece du crag, c’est une bonne espece (le C. cequalis de Sowerby) dont Lamarck con teste a tort la validite. Cependant il existe des coquilles de Cyprina islandica a l’etat fossile, et je crois pouvoir ranger dans ce nombre celles que M. Keilhau signale dans les graviers de Norwege. J’ai trouve moi-meme parmi les fossiles de deux localites tres-eloignees I’une de 1’autre , dans les argiles du Till des bords de la Clyde en Ecosse , et dans le terrain quaternaire de Palerme en Sicile , des coquilles que je n’ai pas pu distinguer de l’espece du Nord, taut elles lui ressemblent et par leur aspect general et par les details de leur structure. On ne m’accusera certes pas de rechercher les identites ; mais dans le cas particulier, sans pretendre affirmer qu’une absence de caracteres distinctifs implique necessairement et toujours une identite d’especes, la parente me parait si grande, surtout entre les coquilles d’E- cosse et celles du Nord , que je ne saurais douter de leur liaison directe. Or , un resultat pareil , surtout lorsqu’il s’agit d’un animal dont les limites actuelles sont aussi rigoureuses que celles du C. islandica , nous place en presence de ce di- lemme : ou bien cette espece n’etait pas liee d’une maniere aussi intime aux con- ditions climateriques, dans les temps anterieurs, ou bien le climat etait autre que de nos jours. Cette derniere alternative paraitra peut-etre un peu hasardee, et, en elTet, il semble temeraire au premier abord de conclure les conditions climateriques d’une periode geologique de la presence d’une coquille dans telle ou telle Iocalite ; mais d’un autre cote, il ne faut pas oublier que la repartition des animaux est soumise a des Iois non moins fixes que le climat. Nous discuterons ailleurs les raisons qui nous font croire qu’en effet, lorsque la Cyprine d’lslande vivait sur les cotes d’Ecosse et de Sicile, la temperature y etait plus basse, et que depuis lors 51 le climat s’est scnsiblement rechauffe. Nous n’avons ici a nous occuper que de la determination des especes et de leurs caracteres propres. Description. Le C. islandica est une espece de grande taille, qui atteint par- fois jusqu’a dix et douze centimetres de longueur, sur une hauteur de huit et neuf centimetres. Sa forme est ovoide; ses bords anterieur et posterieur sonl arrondis. Son diametre transversal ne depasse guere cinq ou six centimetres. L’epaisseur du test va en augmentant avec l’age, et les vieilles coquilles sont de beaucoup les plus massives. Les crochets sont gros et sensiblement arques en avant. Le ligament est exterieur ; lorsqu’il adisparu, les nymphes sont distinc- tement visibles d’en haut. La coquille est ornee a 1 ’exterieur de tines stries con- centriques , avec des arrets d’accroissement assez nombreux. La surface est en outre revelue d’un epiderme ou drap marin tres- mince, de couleur brune ou verdatre. La charniere resume au plus haut degre les particularity de structure qui caracterisent les Cyprines. Ainsi, en etudiant la valve droite (tig. 6 et 7), nous y trouvons d’abord une fossette alongee et assez large qui s’etend sous la lunule , parallelement au bord de la coquille. Cette fossette est bordee en arriere par deux dents, une petite en bas , que j’envisage comme une seconde dent acces- soire , et une plus grosse en haut , qui est la dent lunulaire ; cette derniere est tres-saillante , et limitee en arriere par une fossette tres-profonde , la fossette cardinale ; vientensuite la dent cardinale qui se confond avec la dent ligamentaire, pour ne former qu’un seul gros bourrelet a bords tranchants. La fossette ligamen- taire qui vient ensuite est tres-profonde. La callosite nymphale qui borde cette derniere , est soumise a des variations notables : etroite dans les jeunes , elle s’elargit considerablement dans les vieilles coquilles , et se prolonge en arriere jusqu’a l’empreinte musculaire posterieure, ou elle se renfle une derniere fois pres de son extremite en une sorte de bourrelet alonge, qui est la dent laterale posterieure des Cyprines. C’est dans le sillon compris entre les callosites nym- phales ainsi prolongees et le bord superieur de la coquille, qu’est situele ligament qui s’etend fort loin en arriere. L’impression du manteau se reconnait d’une maniere tres-distincte dans tous les exemplaires vivans et fossiles. Elle est simple , comme dans toutes les Cyprines, et ne subit qu’une legere inflexion au-dessous de l’empreinte mus- culaire posterieure. Lelimbe ou bord in ferieur, en dehors du manteau, est etroit. Les empreintes musculaires sont a-peu-pres d’egale grandeur; elles sontl’une et l’autre distinctement fasciees. II. Cyprina aequalis Agass. Tab. 13, fig. 5. Syn. Venus cequalis Sow. Min. Conch. Tab. 21. — Wood Brit. Rem. Cyprina cequalis Agass. Trad. all. et fr. de la Conch, min. de Sow. par E. Desor, pag. 43. Cyprina islandicoides Lam. Anim. S. vert. tom. VI , pag. 292. Histoire. Cette espece est propre aucrag; elle aete distinguee pour la premiere fois par Sowerby ; mais cela n’a pas empeche Lamarck de la confondre avec les especes tertiaires, entre autres avec celle de l’Astesan , que Brocchi avait de- crite comme une variete du C. islandica , et dont Lamarck a fait son C. islan- dicoides (notre V. islandicoides decrit ci-dessus). Nous avons deja demontre plus haut que l’espece d’ltalie est une Venus , et que par consequent il ne saurait etre question de l’identifier avec 1’espece d’Angleterre , qui est une veritable Cyprine. II suffit pour combattre 1’identite que suppose Lamarck, de rappeler que la premiere a l’impression du manteau largement echancre, tandis que l’espece d’Angleterre l’a entier. S’il pouvait y avoir des doutes sur la validite du C. cequalis , ce serait du C. islandica qu’il faudrait la rapprocher. Cependant je crois m’etre assure qu’elle difif^re suffisamment pour pouvoir etre maintenue comme une espece a part , ainsi que nous allons le voir. Rapports et differences. Le C. cequalis atteint des dimensions tout aussi consi- derables, sinon plus considerables que le C. islandica , ainsi qu’on peut le voir par le fragment figure , qui evidemment provient d’un exemplaire plus grand que celui de fig. 6 qui est a cote. Or, malgre cela, le test est moins epais que dans les Cyprines d’Islande de meme taille. La coquille est en outre plus bombee, surtout pres des crochets qui sont aussi plus proeminens ; la charniere est bien construite sur le meme plan, mais il existe cependant quelques differences. La dent cardinale et la dent ligamentaire ne sont pas aussi intimement unies , et la 55 largeur de ces deux dents est moins considerable qu’elle ne 1’est dans le C. ialan- dica , ou elles ne forment qu’un seul bourrelet. Les callosites nymphales sont aussi proportionnellement moins developpees. L’exemplaire figure provient du crag de Scavig. Bronn a cite cette memo espece dans les terrains tertiaires de Castel-Arquato ; M. le comte de Munster, dans le terrain tertiaire de Biinde , et Philippi, dans le calcaire de Syracuse. Gomme je n’ai pas vu des originaux de toutes ces loca- lites, je ne saurais decider de leur identite. Peut-etre aurai-je quelque jour l’oc- casion de combler cette lacune. Quant aux exemplaires de Sicile, je puis affirmer, d’apres l’inspection d’un grand nombre d’exemplaires, qu’ils appartiennent au C. islandica des mers du Nord. III. Cyprina rotundata Braun. Tab. 14. Histoire. Je ne sache pas que cette espece ait ete mentionnee nulle part par les auteurs ; elle a ete decouverte dans les sables marins tertiaires d’Alzey , sur les bords du Rhin , par M. Alex. Braun, qui l’a deposee au musee de Garlsruhe, ou elle est etiquetee du nom de Cyprina rotundata. Jusqu’ici je n’entrevois au- cune espece dont on puisse la rapprocher, meme de loin. Description. Le caractere le plus saillant de cette espece consiste dans sa forme extremement renflee. Le diametre transversal egale les trois quarts de la hauteur et de la longueur. Elle acquiert des dimensions considerables , et d’apres les renseignemens que m’a transmis M. Braun, on trouve des exemplaires d’un tiers plus grands que celui que j’ai figure. Les crochets , sans etre petits , ne sont ce- pendant pas en rapport avec l’epaisseur de la coquille. La surface est ornee de fines rides concentriques, et, d’espace en espace, on remarque des arrets qui sont indiques par une forme particuliere de 1’usure qui occasionne des cercles franges ou perles. Une autre particularile non moins importante, c’est la presence de stries tres-vagues , il est vrai , qui s’etendent et rayonnent vers le bord posterieur , de maniere a rappeler un peu le corselet des Myes et des Bucardes (fig. 2). Le liga- ment etait exterieur , comme on peut en juger par la forme des callosites nym- phales , qui sont visibles d’en haut dans toute leur largeur. La charniere est extremement massive, en rapport avec l’epaisseur du test. La cloison cardinale est tres-developpee. Son bord estfortementonduleux et largement echancre enarriere des crochets. Si nous examinons les dents de la valve droite (fig. 3), nous serons frappes du developpement extraordinaire de la dent ligamentaire et de la dent cardinale, qui ne forment ensemble qu’une grande piece triangulaire et oblique. La dent lunulaire est tres-saillante, sans etre bien longue. La dent accessoire, situee un peu en avant et au-dessous de la dent lunulaire , est la moins saillante de toutes. Sur la valve gauche (fig. 4) nous remarquons , d’avant en arriere , une dent accessoire triangulaire et peu proeminente , puis une fossette tres-pro- fonde , la fossette lunulaire ; puis une dent enorme , la dent lunulaire ; apres celle-ci une large fossette destinee a recevoir les dents ligamentaire et cardinale reunies de la valve droite , et enfin la dent ligamentaire , qui est une lame sail- lante, alongee et un peu arquee. La dent laterale est tres - obsolete , surtout dans les vieux exemplaires ; cependant il en reste toujours des traces plus ou moins distinctes. 55 DU GENRE LUCINA Brug. Ce genre a ete etabli par Bruguiere , et comprend un nombre assez consi- derable d’especes, tant vivantes que fossiles. Ses principaux caracteres, tels qu’ils ont ete resumes par Lamarck , sont la forme circulaire de la coquille ; la presence de deux dents cardinales et de deux dents laterales divergentes, dont l’anterieure est la plus rapprochee du sommet; deux impressions musculaires , dont l’exte- rieure forme un prolongement en forme de bandelette quelquefois fort long. A cette diagnose M. Deshayes ajoute un caractere essentiel , dont Lamarck n’a pas tenu compte , c’est la forme de 1’ impression palleale qui est toujours simple ; de plus, la face interieure des valves est ordinairement ponctuee on striee. Se fondant sur ces caracteres , M. Deshayes a reporte dans le genre Lucine plusieurs especes assez communes que Lamarck rangeait parmi ses Cytherees, entre autres , les L. punctata et tigerina. Malgre cela , le genre Lucine n’offre point un groupe aussi homogene qu’on pourrait le croire; et parmi les especes qu’on lui rapporte, il en est plusieurs qui cadrent mal entre elles. Telles sont, entre autres, les deux especes que nous venons de mentionner , les L. punctata et tigerina. Non seu- lement leur forme et leur physionomie generates sont differentes, mais la char- mere presente aussi des particularity qu’on ne saurait passer sous silence. Tandis que les Lucines du groupe du L. columbella ont de tres-petites dents cardinales , savoir deux dans la valve gauche (Tab. A. fig. 8) et une dans la valve droite (fig* 7) (#), et de fortes dents laterales, dont une a l’avant et l’autre a l’arriere ; la L. tigerina et ses analogues ont les dents cardinales bien plus developpees, et (*) Ces dents sont si petites, que pour les mieux faire ressortir dans la PI. A , j’ai grossi de moitie les fig. 7 et 8. d6 de plus une forte dent accessoire sur la valve droite , tandis que les dents late- rales manquent completement. II est probable des-lors qu’on en fera 'quelque jour un genre a part , lorsqu’on aura fait une etude comparative des animaux des differentes esp^ces. Pour le moment , il serait peut-etre hasarde d’etablir cette distinction sur des caracteres tires uniquement de la coquille, d’autant plus que les dents de la charniere sont en general tres-inconstantes dans ce groupe. En tout cas, M. Deshayes a ete bien inspire en les eloignant des Cytherees de Lamarck. I. Lucina columbella Lam. Tab. 11 , fig. 13-27. Syn. Lucina columbella Lam. Anim. s. vert. tom. VI , p. 230. — Sow. Gen. of Shells , n° 27, fig. 6. Histoire. Cette espece, decrite pour la premiere fois par Lamarck, et au- jourd’hui tres-repandue dans les collections , est I’une des plus caracteristiques du genre. Elle est trop facilement recon naissable pour qu’on ait jamais songe a la confondre avec aucune autre espece vivante. Les differences sont moins tran- chees entre elle et certaines especes fossiles. Aussi les geologues ont-ils pretendu l’avoir retrouvee dans plusieurs terrains a la fois. Basterot la signale dans le ter- rain tertiaire de Bordeaux ; Lamarck, dans les faluns de la Tourraine ; M. DuBois de Montpereux, parmi les fossiles de la Volhynie; M. Boue , dans les marnes sa- bleuses de Steinbrunn en Autriche ; Schneider, dans les sables marins de Holo- zubinc ; Hauer, dans le Tegel de Bujtur en Transylvanie, et de Tarnopol en Ga- licie. On l’a aussi indiquee dans le tuf basaltique de Sortino , etc. Mais tous ces fossiles n’ont pas le meme degre de ressemblance avec le veri- table L. columbella de Lamarck ; il y en a meme qui sont si dififerens que Ton en est a se demander comment il se fait qu’on ait songe a les identifier. Ne pou- vant les passer tous en revue, je veux au moins mettre les geologues a meme d’apprecier jusque dans leurs details les caracteres du veritable L. columbella. Description. C’est une coquille tres-renflee , aussi haute que longue. Vue de profil elle parait plutot carree qu’orbiculaire , grace aux saillies et aux rentrees de son pourtour (fig. 15, 19, 23). Le diametre transversal egale les deux tiers 57 de la hauteur dans Ies jeunes exemplaires ; il est encore plus considerable dans les individus de grande taille (fig. 24). Les crochets sont gros , fortement arques en avanl et plus ou moins contigus. La lunule est a-peu-pres aussi large que haute , renfi^e au milieu et nettement circonscrite sur tout son pourtour. Les plis de la surface sont fins, tranchans et regulierement espaces; les espaces in- termediaires ressemblent a des sillons eyases. 11 y a en outre, d’espace en espace , des sillons plus larges indiquant un accroissement irregulier ; mais de tous les caracteres exterieurs le plus saillant, c’est un large sillon qui s’etend sur la partie posterieure, depuis les crochets jusqu’au bord inferieur et divise ainsi la coquille en deux compartimens. Sans etre tres-profond , ce sillon est cependant tres-apparent, parce que toute la portion qui est en arriere est moins renflee , ce qui determine aussi la presence d’un sinus assez notable au bord in- fero-posterieur. C’est surtout en examinant la coquille par derriere que ce sinus est apparent: on dirait alors deux disques superposes (fig. 4 5, 24 et 25). La face interne de la coquille reunit tous les caracteres des veritables Lucines. L’impression du manteau est entiere. Tout l’espace compris dans son pourtour est lisse , mais le limbe ou bord externe qui n’en est pas revetu , est marque d’un grand nombre de sillons aboutissant a de petites dentelures ou a de petits points saillans au bord de la coquille (fig. 4 8, 27). Les impressions musculaires ne sont pas moins caracteristiques ; l’anterieure est longue, etroite et souvent assez mal definie ; la posterieure est plus courte, en forme de poire et mieux circonscrite. La charniere, quoique massive, n’est cependant pas en rapport avec I’e- paisseur du test. Les dents cardinales sont deux bourrelets assez obtus et moins accuses dans les vieux exemplaires que dans les jeunes. La dent laterale ante- rieure, situee au-dessous du milieu de la lunule, est la plus developpee, surtout celle de la valve droite (fig. 4 8 et 27). La dent laterale posterieure est bien plus eloignee des dents cardinales ; elle est aussi beaucoup plus obtuse (fig. 4 7 et 26). Le sillon ligamentaire est profond sans etre bien large. Le ligament est visible entre le bord des valves. C’est une espece tres-frequente aux Antilles. 8 II. Lucina Basteroti. Agass. Tab. 1 1 , fig. 1-6. Syn. Lucina columbella Bast. Mem. Soc. Hist. nat. Paris. Histoire. II est pen de fossiles qui aient ete aussi souvent cites que le L. colum- bella du terrain de Bordeaux. On devrait croire, d’aprds cela, que la ressemblance entre cette coquille et la vivante est tres-grande , et pourtant rien n’est plus distinct que ces deux coquilles. Aussi ne puis-je croire que tous ceux qui ont adopte et signale cette pretendue identite aient reellement compare des exem- plaires fossiles avec l’espece vivante. II suffira de peu de mots pour faire ressortir les differences profondes qui separent les deux especes. Rapports et differences. Nous avons dit plus haut, en decrivantle L. columbella que la surface de la coquille etait ornee de stries minces, fines et peu sail- lantes. Dans l’espece fossile de Bordeaux , pour laquelle je propose le nom de L. Basteroti , en l’honneur du savant geologue qui nous l’a le premier fait connaitre , ces memos stries sont au contraire toujours fortes et tres-saillantes , ou plutdt ce ne sont plus des stries, ce sont de gros plis tres-accuses sur toute la surface de la coquille , et s’etendant meme jusqu’au sommet des crochets, ou ils sont encore aussi marques que sur le milieu des flancs du L. columbella. Les dimensions de la coquille sont en general plus petites ; je ne connais du moins aucun echantillon qui approclie de la taille des grands individus du L. colum- bella. La forme generate est a-peu-pres la meme; le sillon du cote posterieur est tres-accuse et occasionne une forte flexion dans la direction des plis. La char- niere, enfin, offre des particularity remarquables. Les dents laterales sont extre- mement developpees ; mais ce qui est surtout frappant, c’est le contraste qu’elles forment sous ce rapport avec les dents cardinales qui sont excessivement petites et tres-rapprocliees (fig. 5 et 6). Enfin, la position des dents laterales n’est pas non plus la meme que dans le L. columbella; les anterieures sont moins rappro- chees, et les posterieures moins eloignees des dents cardinales. 59 III. Lucina Candida Eichw. Tab. 11 , fig. 7-13. Syn. Lucina Candida Eichw. Skizze , p. 206. — Karsten's Archiv. II, pag. 131. Lucina columbella DnBois Foss, de Volhynie, Tab. 6, fig. 8-11. Histoire. Autant le L. Basteroti est different du L. columbella , autant la res- semblance est grande entre ce dernier et l’espece fossile de Podolie et de Vol- hynie, que M. Eichwald a decrite sous le nom de L. Candida. Nous convenons meme que les caracteres distinctifs ne sont pas tels que nous puissions esperer que la distinction faite par M. Eichwald soil admise sans contestation par tous les paleontologistes. Et pourtant il existe entre les deux especes quelques diffe- rences que nous allons essayer de faire ressortir. Rapports et differences. Le L. Candida est de plus petite taille que le veritable L. columbella ; les plus grands exemplaires nesurpassent guere en dimension les plus petits du L. columbella. Le diametre transversal de la coquille est aussi pro- portionnellement plus considerable. Enfin ce qui constitue lecaractere essentiel, les stries concenlriques sont tres-accusees, a-peu-pres aussi fortes que dans le L. Bas- teroti , et en meme temps beaucoup moins regulieres que dans les deux especes. Les arrets d’accroissement sont frequens , et souvent une fine strie se trouve associee a un gros plis. La face interne ne presente rien de particular; les dents laterales et les dents cardinales sont a-peu-pres de meme grandeur , et sous ce rapport la difference est assez grande d’avec l’espece de Bordeaux. Le test est epais, excepte vers le bord , ou il s’amincit et devient tranchant. Le limbe ou la portion du bord situee en dehors du manteau est marquee de fines stries rayon- nan tes qui se terminent par one guirlande de petites crenelures semblable a un colier. L’empreinte musculaire anterieure est , comme d’ordinaire , de beaucoup la plus considerable. L’exemplaire figure provient de Szuskowce. D’apres M. DuBois , il en existe une variete plus petite, moins bombee et avec des stries plus fines a Jukowce. 60 IV. Lucina tigerina Desk. Tab. 12, fig. 1-2. Syn. Lucina tigerina Desh. Encyl. meth. vers. II. pag. 384, n° 37. — Sow. Gen. of Shells Cytlierea tigerina Lam. Anim, s. vert. tom. VI, pag. 319. Venus tigerina Linn. Syst. nat. p. 1 133. — Gm. p. 3283, n° 69. — Chemn. Conch. VII, p. 6, Tab. 37, fig. 390 , 391 .— Schrot. Einl. VII , p. 136 , n° 25. Histoire. Cette espece a ete connue de tout temps des conchiliologistes , car, outre Ies auteurs systematiques que nous venons de citer dans la synonymic , elle est plus oil moinsexactement decrile ou figuree dans une foule d’autres ouvrages, et comme elle n’est rien moins que rare , on la trouve aussi dans presque toutes les collections. Les moyens d’en faire une etude minutieuse n’ont par consequent pas manque , et s’il existe encore des doutes al’egard de certaines varietes, ce ne peut etre qu’autant qu’il s’agit d’individus isoles ou imparfaits. Nous I’avons deja repete, le meme esprit de critique n’a pas preside a la determination des fossiles, et nous allons essayer de demontrer que la coquille trouvee dans le terrain subappennin, que Ton a identifiee avec le L. tigerina , des Antilles, est une espece differente. Description. Nous avons dit plus haul que c’est a raison de ses caracteres interieurs que cette espece a ete transportee du genre Cytheree dans le genre Lucine ; mais si les raisons qui ont motive ce deplacement sont excellentes au point de vue systematique , il n’en est pas moins vrai que notre espece contraste a bien des egards avec les autres Lucines, et surtout avec celles du type du L. columbella que nous venons de decrire , ainsi qu’il est facile de s’en convaincre en comparant entre eux soil des originaux, soit de bonnes figures. Le L . tigerina est une coquille elegante. Son pourtour est en general circu- late, ou du nioins sa longueur l’emporte a peine sur la hauteur. Son epaisseur'est peu considerable, et n’egale guere que la moitie de la hauteur. Les crochets sont tres-petits et deprimes. La lunule est fort petite ou manque meme completement. La surface est ornee a la fois de stries concentriques serrees et de plis verticaux, qui en s’entrecroisant determinent un treillissage tres-elegant. Les plis verticaux 61 sont plus larges que les rides concentriques , et eela n’en rend la coquille quo plus elegante ; ils ne sont cependant pas toujours parfaitement egaux , il y en a qui n’ont que la moitie de la grosseur des autres ; ceux-la occasionnent naturellement des mailles plus petites. Vers le bord , les ornemens sont moins distincts. On re- marque en outre , d’espace en espace , quelques sillons circulaires plus profonds, qui resultent evidemment d’arrets temporaires dans I’accroissement. La face interne montre d’une maniere distincte les caracteres essenliels des Lucines : 1’empreinte palleale est depourvue de sinus ; les empreintes musculaires sont tres-inegales , et I’anterieure a jusqu’au double de la longueur de 1’empreinte posterieure. On remarque aussi des traces distinctes de fins sillons verticaux , qui ne se bornent pas seulement an limbe , mais s’etendent egalement a la partie de la coquille que tapissait le manteau. Le ligament s’apercoit fort bien d’en haul. Le bord de la coquille est teint de rose ou de pourpre, surtout aux environs de la charniere. La charniere dans son ensemble rappelle plutot cede des Cytherees et des Ar- themis que cede des Lucines ; et c’est pourquoi Lamarck , qui envisageait cette partie du test comme un caractere de premiere valeur , a place notre espece dans son genre Cytheree. Cependant, suivant la maniere dont on interprete les differentes parties de la charniere , on peut aussi y recon nait re une grande ana- logic avec cede des Lucines. Tout depend de la signification que i’on donne a la plus saillante des dents , cede qui dans la valve droite se trouve placee un peu en avant de la lunule (fig. 7 et 11). Si on l’envisage comme une dent late- rale, et c’est Interpretation qui nous para it la plus naturede , a cause de sa forme alongee et de son eloignement, il ne restera que deux dents cardin a les, et I’on aura le type des Lucines. Si , au contraire , on y voit une dent lunulaire, il est evident que I’oo aura un type de charniere plus voisin de celui des Cylhe- rees , et l’on pourrait , au besoin , citer a l’appui de cette opinion , le fait qu’elle est situee sur la valve droite et non sur la valve gauche, comme la dent lunulaire des Cytherees et des Ar them is. Quoi qu’il en soil, cette dent correspond sur la valve gauche a une profonde fossette bordee de deux renflemens ou bourrelets alonges (fig. h et 12) dont 1’inferieur est le plus saidant (*). Les deux dents (°) Si I’on voulait absolument retrouver le type des Cytherees dans la charniere de cette espece , il faudrait envisager 1’un de ces bourrelets comme la dent accessoire et l’autre comme la dent lunulaire. 62 cardinales situees droit au-dessous du sommet sont tres-rapprochees et forment entre elles un angle tres-aigu. Dans la valve gauche (fig. 12), c’est l’ante- rieure; dans la valve droite (fig. 11), la posterieure qui est la plus saillante. La callosite nymphale est tres-large , et sa partie inferieure , en forme de cro- chet , conserve ordinairement des traces de la partie fibro-calcaire du ligament , auquel elle sert de support. Le sillon ligamentaire est profond et s’elargit d'avant en arriere. Je doute que la charniere participe de l’inconstance de la charniere des autres Lucines; du moins n’en ai-je remarque aucun indice sur les exemplaires que j’ai eu l’occasion d’examiner. V. Lucina leonina Agass. Tab. 12, fig. 13-15. Syn. Cytherea leonina Bast., Mem. geol. sur les environs de Bordeaux, Tab. 6. fig. 1. Cytherea tiyerina Bronn. Ital. Tert. pag. 9S , n° 560. Venus tiyerina Brocch. Concli. foss. subapp. II , pag. 551. Histoire. Cette espece est generalement connue sous le nom de Cytherea tige- rina dans^ le terrain subappennin ditalie. Je conviens volontiers qu’entre toutes les identites que Ton a admises entre les especes tertiaires et les especes vivantes, celle-ci puisse paraitre au premier abord fondee. J’espere cependant demontrer que cette identite n’est qu’apparente , et que le fossile d’ltalie decrit par Brocchi et signale par M. Bronn est reellement different. Basterot, de son cote, a reconnu des differences analogues dans one espece des environs de Bordeaux , qu’il de- ceit sous le nom Cytherea leonina. N’ayant remarque aucune difference entre la figure qu’il en a donnee et les fossiles d’ltalie , j’ai reporte provisoiremerit a ces derniers le nom de Lucina leonina , en attendant que leur identite ou leur diffe- rence puisse etre constatee d’une maniere definitive. Rapports et differences . La forme de notre coquille est orbiculaire comme celle du L. tiyerina. Ses dimensions sont aussi a-peu-pres les memes. Le diametre transversal n’egale pas la moitie de la hauteur. Le test est mince. Les ornemens de la surface paraissent aussi , au premier abord, exactement semblables; mais quand on y regarde de pres , on trouve des differences notables. Non-seulement 63 les stries concentriques sont plus accusees ; mais les stries verticales qui , dans le L. tigerina , sont si developpees et aussi larges que les rides intermediates , sont ici extremement fines , ensorte que la surface de la coquille , au lieu de pre- senter des series verticales de petits bourrelets , senible plutot divisee en petites cases horizonlales. Enfin vers le bord inferieur , les stries concentriques lem- portent tellement sur les stries verticales, que ces dernieres disparaissent a-peu- pres completement. La charniere n’est pas non plus exactement semblable. La cloison cardinale est proportionnellement plus forte , et son bord est plus onduleux au-dessous des crochets (fig. do). La dent accessoire de la valve droite est forte et correspond a une fossette tres-large sur la valve gauche. La dent cardinale posterieure de la valve droite est aussi tres-robuste , et ne le cede en rien a la dent accessoire. La limite de rimpression du manteau est indiquee par un fort sillon. Les empreintes musculaires sont aussi tres-profondes. L’espece est assez frequente dans le terrain subappenin de 1’Astesan. VI. Luc, IN A divaricata. Lam. Cette espece , si bien caracterisee par ses rides onduleuses , a aussi ete cilee a 1’etat fossile dans une foule de localites, M. Deshayes pretend l’avoir retrouvee dans le calcaire grossier des environs de Paris; Basterot, dans le terrain de Bor- deaux; Sowerby, dans l’argile de Londres, M. Bronn, dans le terrain subappenin de Nice et du Plaisantin , M. DuBois de Montpereux , dans le terrain tertiaire de Volhynie; M. Wood, dans le crag de Bramerton ; M. le comte de Munster, dans le terrain tertiaire de Weinheim et de Bunde ; M. Hauer, dans le Tegel de Buj- tur ; M. Conrad dans le miocene de l’Amerique du Nord, etc. Pour quiconque a etudie avec quelque soin la repartition des Mollusques , soit dans les depots fossiliferes , soit dans l’epoque actuelle , une pareille distribution doit paraitre d’entree tres-suspecte. N’ayant pas encore reussi a me procurer des individus de toutes ces localites , je me reserve de traiter de cette espece dans une autre occasion. Je me bornerai a faire remarquer que le L. divaricata du cal- caire grossier de Paris , et celui de Bordeaux , sont deux especes bien distinctes de la vivante. L’une et I’autre ont les rides onduleuses beaucoup plus serrees que dans 1’espece vivante; dans Pune, cede de Paris, la flexion ou le coude que torment les rides de la surface est en outre sensiblement plus aigu. Je propose d’appeler Pespece du calcaire grossier Lucina pulchella , et celle de Bordeaux Lucina ornata. EXPLICATION DE LA PLANCHE A. Les figures de cette planche sont destinees a faciliter l’intelligence de la charniere dans les differens types dont il est traite dans ce memoire. Les lettres designent les memes parties de la charniere dans ces differens types. Ainsi les lettres ah c represented les dents de la valve droite avec leurs fossettes correspondantes dans la valve gauche. Les lettres x y z les dents de la valve gauche avec leurs fossettes correspondantes dans la valve droite. Fig. 4,2 et 2 his, Charniere de Cytheree. Les dents se succedent dans l’ordre suivant d’avant en arriere. o, Dent accessoire de la valve gauche; a, Dent lunulaire de la valve droite; a , Dent lunulaire de la valve gauche ; h , Dent cardinale de la valve droite ; Fig. 3 , 4 et 3 bis, Charniere de Cyprine. o , Dent accessoire de la valve gauche ; m , Dent accessoire de la valve droite ; a. Dent lunulaire de la valve droite: x , Dent lunulaire de la valve gauche ; y , Dent cardinale de la valve gauche ; c, Dent ligamentaire de la valve droite; z , Dent ligamentaire de la valve gauche ; k , Callosites nymphales. h , Dent cardinale de la valve droite ; z , Dent ligamentaire de la valve gauche ; a, Callosites nymphales; i , Carie des callosites nymphales. Il manque par consequent ici la dent c ou dent ligamentaire de la valve droite , et la dent y ou dent cardinale de la valve gauche , ou plutot la dent cardinale et la dent ligamentaire de la valve droite se confondent pour ne former qu’une seule grande dent, la dent h, qui correspond a une fossette fort large dans la valve gauche , dans laquelle il ne reste pas d’espace pour la dent cardinale qui demeure a l’etat rudimentaire au fond de la fossette. Fig. 5 , 6 , et 5 his , Charniere de Venus. C'est la charniere la plus normale de toute la famille des Conques marines. Elle ne differe de celle des Cytherees que par l’absence de la dent accessoire. Fig. 7 et 8 , Charniere de Lucine, ( Lucina columbella). Une dent cardinale a la valve droite , et deux a la valve gauche. Dents laterales tres-developpees. Les figures sont grossies du double. 65 J.1STE PAR ORDRE ALPIIABETIQUE DES GENRES, DES ESPECES ET DES SYNONYMES (*). DECRIES OU MENTIONNES DANS CE MEMOIRE. Arthemis Poli 16. Cytherea concenlrica Lam. 16. i> Basteroti Ag. 24. » concenlrica Bronn, 19. » complanata Ag. 25. » DuBoisi Andrz. 46. » concenlrica Desh. 16. » erycina Lam. 42. » exoleta Poli 20. » erycina Bast. 44. » orbicularis Ag. 19.' » erycinoides Lam. 44. » lincla Desh. 22. » exoleta Lam. 20. • u Philippii Ag. 26. » laevis Ag. 46. Cyprina Lam. 48. » Lamarekii Ag. 39. » sequalis Ag. 52. Iconina Bast. 62. » Gigas Lam. 29. » lincta Lam. 22. » islandica Lam. Blainv. 49. » lincla Bast. 24. » islandicoides Lam. 39, 52. » lincta Phil. 26. » pedemontana Lam. 38. » pedemontana Ag. 38. » rotundata Braun, 53. » suberycinoi'des Desh. 44. » umbonaria Lam. 29. » tiger ina Bronn, 62. O vulgaris Sow. 49. » ligcrina. Lam. 60. Cytherea Lara. 38. - Lucina Brug. 55. » Braunii Ag. 41. » Basteroti Ag. 58. » burdigalensis Defr. 44. » Candida Eichw. 59. » Chione DuB. 46. » col umbel la Lam. 56. » Chione Lam. 45. » columbella Bast. 58. (*) Lcs synonymes sont cn caracteres italiques. 9 66 Lucina columbella DuB. 59. Venus exoleta Linn. 20. » divaricata Lam. 63. )> islandica Broccli. 31. » leonina Ag. 62. » islandica Linn. 49. tigerina Desh. 60 )) islandico'ides Ag. 31. Venus Linn. Lam. 28. » Lemani Payr. 32. » cequalis Ag. 52. )> mercenaria Penn. 49. Broccliii. Desh. 29, 3 1 , 38, 39. » rigida Dilwyn , 35. Chione Broccli. 46. » rugosa Gml. 35. » Chione Linn. 45. )) rugosa Broccli. 36. cincta Ag. 36. » tigerina Linn. 60. )) concentrica Brocchi, 19. )> tigerina Broccli. 62. » dysera var. (5. Linn. 35. )> umhonaria Ag. 29. » ery cina Linn. 42. » verrucosa Linn. 32. )) excentrica Ag. 34. )> verrucosa Brocch. 34. EXPLICATION DES PLANCHES. Tab. A. — Voyez, p. 64. Tab. 1. — Artemis concenlrica Dcsb. Espece vivante, de la baie de Bahia. ' Tab. 2. — Artemis orbicularis Ag. Des terrains subappenins. Tab. 3. — Fig. 1-6. Artemis Philippii Ag. De la Mediterrannee. Fig. 7-10. Artemis Basleroti Ag. Des terrains tertiaires de Bordeaux. Fig. 11-14 Artemis lincla Desh. Des cotes d’Angleterre. Fig. 15-17 Artemis exoleta Poli. Habite la Mediterrannee et la mer du Nord Fig. 18-21. Artemis complanata Ag. De l’Ocean atlantique. Tab. 4. — Fig. 1-6. Venus rurjosa Gniel. De la mer des Indes. Fig. 7-10 Venus cincta Ag. Espece fossile du Plaisantiq. Tab. 5. — Fig. 1-8 Venus verrucosa Linn. Fig. 9-11. Venus excenlrica Ag. De 1’Astesan. Tab. 6. — Fem/s umbonaria Ag. Du terrain tertiaire de l’Astesan. Tab. 7. — Fig. 1-4. Cytherea Lamarckii Ag. Du terrain tertiaire de Bordeaux. Fig. 5 et 6. Venus islandicoides Ag. Del’Astesan. Tab. 8. — Cytherea pedemontana Ag. Tab. 9. — Fig. 1-3. Cytherea suberycino'ides Desh. Du caleaire grossier des environs Paris. Fig. 4.-7. Cytherea erycino'ides Lam. De Bordeaux. Fig. 8-12. Cytherea erycina Lam. De l’Ocean indien. Tab. IP. — Fig. 1-5. Cytherea DuBois Andrz. Du terrain tertiaire de Volhynie. Fig. 6.-9. Cytherea Icevis Ag. De l’Astesan. Fig. 10-13. Cytherea Chione Lam. De la Mediterrannee. Tab. 11. — Fig. 1-6. Lucina Basteroti Ag. Du terrain tertiaire de Bordeaux. Fig. 7-12. Lucina Candida Eiehw. De Szuskowce. Fig. 13-27. Lucina columbella Lam. Des Antilles. Tab. 12. — Fig. 1-12. Lucina tigerina Desh. Des Antilles. Fig. 13-15. L ucina leonina Ag. De I’Astesan. Tab. 13. — Fig. 1-4. Cytherea Braunii Ag. Des sables tertiaires des environs d’Alzey. Fig. 5. Cyprina oequalis Ag. Du crag de Scavig. Fig. 6 et 7. Cyprina islandica Lam. Tab. 14. — Cyprina rotundata Braun. Des sables tertiaires d’Alzey. Fitj.ldi. Lin.Sel 0 . Fnj ■ AV S. Litk de A S onrei a. INeueliatcl Tab. A. D i clcmanrL in Tap . del, Tab.3 tert Eietm aim-. Li th.delNicolet aNeuchatel. ( oq. tert. Fiy/hX jura.o Me < ij s-uwmm sxrasTOmmi m. © Cocf.Tert Tab. 7, Lilkde Nicolet aNeuck.«teI Dielcraaim. id- nat.m.la-p J T ai>. 8 Cocf.tert. Tab. 9. DieTcmann Lib . Xitb_ cleTJic olel ebateL jyj-3 cwmiffiiEA ®TOiEiEi’CiiKr®ni)iis n)»*.-%/^®irmBK¥®iiH®niMisiL«ik, ^./:/?®inni»isiEff(snm iu*. Tab. It). is (swfflimiEii m>TOE®ns Am ^iy.6y (mmjjftms mmeniiKMa iu*. Con. tori. Djelcmann aH ruit .mls-p lilkcJel'J.icolet i^Tcucbatel Cocptert Tab. J 1 Ivth •de'Njcolets^Jeuo^aiel. /;y./-6 WeiETA IMSTTEllOTir Ag?Jfy.7~J2 MRS Fy. 7,3-27 M@o ©®]LrariHIBIIIML& &,*. Coq. tert. Fab 12 I > L' iekmaim ad. riai.iiiJ ap. Fig. 4-11 MGMIV, OTGSSIflim ll)©glk. 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