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Ayer, Cyprien

Introduction à l'étude des

dialectes du pays romand

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ACADÉMIE DE NEUCHATEL

ANNEE KS78-I879

SEMESTRE D'HIVER

INTRODUCTION

L'ÉTUDE DES DIALECTES DU PAYS ROMAND

PAR M. LE PROFESSEUR C. AYER, RECTEUR DE L'ACADÉMIE

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Catalogue des étudiants, semestre d'été 1878.

Programme des cours pour le semestre d'hiver 1878-1879.

Renseignements divers.

NEUCHATEL. IMPRIMERIE DE JAMES ATTINGER

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INTRODUCTION

L'ÉTUDE DES DIALECTES DU PAYS ROMAND

Les dialectes et les patois mo semblent des mines presmio intactes, et dont il est possible de tirer de granaes richesses historiques et philosophiques.

j. DE Maistre.

II était autrefois de mode de ne parler des patois qu'avec le plus profond dédain. Je me rappelle il y a de cela plus de trente ans qu'un honorable magistrat fri- bourgeois, qui cultivait les lettres dans ses moments de loisir, fit la leçon à M. L. Bornet, alors tout jeune, pour avoir écrit, en patois et non en français, sa charmante idylle des cevreirs (les Chevriers). Notre pauvre romand fut fort maltraité à cette occa- sion; on l'appela un langage inculte et barbare, un idiome informe et sans règles, en un mot un véritable baraguoin aussi indigne de l'attention du littérateur que de celle du grammairien.

Il s'ensuivit dans VEmulalion, revue qui se publiait à Fribourg, une polémique plus intéressante pour le littérateur que pour le philologue, mais qui me donna l'idée, un peu téméraire alors, d'une étude comparée de nos dialectes de la Suisse romande, embrassant à la fois la grammaire, le vocabulaire et l'histoire de ces dialectes.

C'est ce travail, fruit de longues et laborieuses recherches, que je me décide enfin à mettre au jour*. J'ai été devancé, il y a quelques années seulement, par deux écrivains suisses, MM. Fr. Hœfelin -, de Klingnau (Argovie), et J. Cornu ^, du canton de Vaud. Mais,

' Jusqu'ici je n'ai puMié que des fragments de ce travail, par exemple la Notice svr le patois frihour- geois, dans l'album de M. A. Bachelin Autour de deux lacs (1864), une autre notice sur l'étymologie du mot Creux-du-Yan, dans l'album qui porte ce titre (1866), enfin un certain nombre de remarques sur le romand de la Gruyère, qui ont paru en notes dans ma Phonologie de la langue française (1874).

Recherches svr les patois romans des cantons de Neuchdtel (en allemand, 1875) et de Frihotirg (en français, 1876).

' Le Ram des taches de la Gruyère et la chanson de Jean de la Bolliéta, dans les Romanische Stu- dien do Bœhmer, tome I"!" (1863), p. 358. Chants et contes populaires de la Gruyère, publiés dans la Ro- mania de 1875. Vna Panera de Revi frihordsei, proverbes recueillis par l'abbë J. Chenaux et publiés avec notes par J. Cornu dans la Remania de 1877. M. Cornu est un des hommes qui connaissent le mieux nos dia- lectes romands.

quelque remarquables que soient les publications de ces deux jeunes savants, elles ne rendent pas mon ouvrage inutile ou superflu; au contraire, et pour s'en convaincre, il suffira de lire le présent mémoire qui lui servira d'introduction en même temps qu'il doit préparer la voie à d'autres ti-avaux linguistiques, en donnant au romand ce qui lui a manqué jusqu'ici, c'est-à-dire une orthographe rationnelle qui puisse s'appliquer à tous ses dialectes, chose presque nécessaire si l'on veut que la méthode scientifique rem- place enfin l'empirisme dans l'étude comparative de nos idiomes populaires.

I. I/C romand et sa place parmi les langues romanes.

1. J'appelle romand l'ensemble des dialectes parlés dans ce qu'on appelait autre- fois le Pays romand ' et aujourd'hui la Suisse française, à l'exception peut-être du patois de Porrentruy^, qui se rattache au franc-comtois.

2. Le romand appartient par son origine à la famille des langues néo-latines ou romanes, parlées aujourd'hui par plus de 100 millions d'hommes» Les langues romanes ne sont pas, comme on l'a cru, une corruption du latin ou un mélange de celte langue avec d'autres idiomes; il faut, au contraire, les considérer comme un produit du déve- loppement organique du latin vulgaire ou populaire, de cet humble idiome que les écri- vains latins appellent avec dédain « la langue de la populace, des paysans et des soldats » [sermo plebeius, ruslicus, castrense verbum), et qui, parlé dans toutes les pro- vinces de l'Italie, fut transporté de par les légionnaires et les colons en Espagne," en Gaule et en Dacie, c'est-à-dire dans des contrées que la guerre et la politique impitoya- ble de Rome avaient à peu près dépeuplées ^.

S. Les langues romanes se ressemblent toutes d'une manière étonnante, soit pour les mots, soit pour les formes grammaticales. Mais, comme le fait remarquer .I.-J. Ampère, la ressemblance démontre la parenté, elle n'établit pas la filiation : la sœur ressemble à la sœur, aussi bien que la fille à la mère. En général, quand on s'est aperçu qu'un rapport existait entre deux langues, on a commencé toujours par supposer

' La seigneurie de Berne avait donné le nom do Pays romand au territoire qu'elle avait conquis en 1336 sur la Savoie. Le nom était encore en usage au temps de Voltaire, qui rétendait à toutes les contrées à l'orient du Jura l'on parle des dialectes néo-latins. V. E. Riller, Jean-Jacques et le Pays romand, p. XC.

' Le Porrentruy est la partie catholique du Jura bernois.

' Les Moldo-Valaques s'appellent non sans orgueil Roumains, c'est-à-dire descendants dos Romains ou colons italiens envoyés par Trajan pour repeupler la Dacie. Pourquoi, nous, Romands de la Suisse, répudions- nous cette noble origine et voulons-nous absolument avoir pour anctHres les quelques milliers d'Helvëtiens qui échapperont au désastre de Bibractc, ou les hordes clairsemées des Burgondes qui vinrent se fondre dans l'élé- ment romain, dont se composait presque uniquement la population si nombreuse de l'Helvélie occidentale? Le mot romand est pourtant aussi significatif cpio celui de roumain, à moins qu'on n'v voie encore du celte comme on l'a fait si longtemps pour nos patois. Mais quoi? cpiand il s'agit de ces questions d'origine, on n'a pas l'habitude d'y regarder de si près, chacun ayant son siège fait. Nos voisins les Français en sont aussi logés là, et se disent Gaulois ou Germains, selon les goùls et les systèmes, pour ne pas dire selon les couleurs. Du reste, celte question importante sera l'objet d'un e.xamcn si>écial dans la troisième partie de l'ouvrage ou Histoire dos dialectes romands.

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que l'une dérivait de l'aulre, au lieu (radnicUre, ce qui esl beaucoup plus ordinaire, qu'elles avaient une source commune ^

C'est ainsi que nos dialectes romands sont en {général considérés comme des patois du français; d'autres les rattachent au provençal ou langue d'oc; quelques-uns ont été frappés des ressemblances avec l'italien ou même l'espagnol, sans pouvoir les expli- quer. Us auraient été bien plus surpris, si on leur avait montré comment, dans certains cas, malgré la distance, le romand confine au roumain ou moldo-valaque (par exemple, romand jwarta, foarlu, roumain poartà et foarte) et celui-ci à l'espagnol ou au portu- gais (roumain coronà, espagnol et portugais corona: roumain ncgru, espagnol nc(jro). Que conclure de tout cela? Que le romand a emprunté des mots au roumain, ou le rou- main à l'espagnol ou au portugais? Non certes. « L'expérience, dit encore l'écrivain que nous venons de citer, l'expérience montre partout qu'une langue se transforme suivant des lois générales, mais avec des circonstances particulières dans les différents pays elle est parlée, que des dialectes locaux se forment indépendamment les uns des autres-. » Les ressemblances dont on s'étonne-sont donc toutes naturelles; elles exis- tent entre tous les idiomes romans, parce qu'ils sont issus de la même source et qu'ils ne sont en réalité que des variétés ou dialectes d'une seule et même langue. Et la simi- litude est d'autant plus grande que les dialectes sont plus rapprochés; c'est pourquoi, par exemple, le provençal diffère si peu du catalan et même du piémontais : c'est en définitive une simple question de géographie'.

4. Les langues romanes forment deux groupes distincts : le groupe de l'Est, com- prenant l'italien, le romanche et le roumain; et le groupe de l'Ouest, composé de l'es- pagnol, du portugais, du provençal et du français. Notre romand appartient naturelle- ment à ce second groupe; mais de tous les idiomes de l'Ouest c'est celui qui se rapproche le plus du groupe oriental. Les langues française et provençale le revendi- quent également; mais, si c'est avec elles qu'il a le plus de rapport, il est intermédiaire entre les deux et n'appartient proprement ni à l'une ni à l'autre. Il confine à la langue d'oil par le bourguignon, à la langue d'oc parle savoyard et le dauphinois, à l'italien par le valdotan et le piémontais, et le chaînon isolé du romanche le rattache de loin au roumain ou moldo-valaque; celte position si remaniuable du romand lui donne une importance linguistique qui n'a pas été constatée jusqu'ici.

IL Classification des dialectes ■•oinaiids.

4. M. Fr. Hœfelin a classé les idiomes romands par cantons, et après avoir donné une très bonne monographie de l'idiome neuchàtelois, il a étudié avec non moins de soin le patois fribourgeois dans ses trois principaux dialectes : le broyard, le cueéo et le gruvérin ou gruérin, qui correspondent avec trois divisions géographiques du canton

' Histoire de la fomiatiun de la langue française^ ëd. de <841, p. 23.

' Ampère, I. c, p. 33.

' V. Litlré, Histoire de la langue française, II, 35.

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do Fribourg: le bas-pays, le plateau et la montagne. Voici comment il indique les limites entre ces trois dialectes : « La frontière approximative du cueco et du broyard est une ligne menée de Moudon par Monlagny-la-Ville. Vers l'est, il se perd peu à peu dans le patois gruérin au fur et à mesure que la contrée devient plus montagneuse. Pour avoir une idée des limites du patois gruérin, imaginons une ligne qui a son point de départ à Fribourg. (^ette ligne se dirige de Fribourg à Arconcicl. Après avoir passé derrière Marly qu'elle laisse à sa droite et entre les deux localités Pont et Farvagny, elle s'approche du mont Gibloux. De elle se prolonge vers le sud-ouest jusqu'à Crêt, elle franchit les Alpeltes et atteint la rivière de la Trème. De ce dernier point, elle se dirige vers le sud jusqu'à la Dent de Jaman '. » Ces lignes de démarcation, quoiqu'un peu vagues, sont en somme assez exactes; mais si je comprends bien le passage cité, M. Hœfelin placerait Fribourg dans les limites du patois gruérin, erreur grossière qu'il lui eût été pourtant facile d'éviter en consultant les personnes qui pouvaient le mieux le renseigner sur ce dernier dialecte. Quant à la classification de nos idiomes par cantons, je la repousse comme tout à fait arbitraire et irrationnelle. Il y a bientôt trois siècles et demi qu'eut lieu le partage du comté de Gruyère, et on parle encore le même patois à Albeuve, dans le canton de Fribourg, qu'à Rossinière, qui appartient au canton de Vaud. Le parler de Cugy (Fribourg) est le même que celui de Payerne (Vaud) et diffère beaucoup moins du patois d'Orbe, d'Yverdon ou du vignoble neuchâlelois, que de celui de Bulle, de Châloau-d'Œx ou de la vallée des Ormonls.

6. Pour un naturaliste, un insecte vaut un éléphant, et pour le linguiste le romand, relégué au rang de patois, a autant d'importance que le français ou l'italien : c'est un idiome indépendant au même titre que le roumain, vivant de sa vie propre et parlé en plusieurs dialectes entre lesquels les différences ne portent que sur la prononciation, car ils ont une grammaire commune et leur vocabulaire est le même à peu de chose près. Or, dans une lang\ie qui n'est pas fixée par l'écriture, la prononciation ne dépend jamais des caprices de l'orthographe, comme ç*a été le cas pour le français, mais elle est soumise aux influences naturelles du milieu géographique, c'est-à-dire de l'altitude, du sol, du climat et par suite du genre de vie des populations qui la parlent.

7. A ce point de vue, les divers dialectes du romand peuvent se grouper comme suit :

L Dialectes du Jura (Berne: Val-de-Saint-lmier ; Neuchàtel : la Montagne et les

Vallons). IL Dialectes du Plateau (Neuchâtel : le Vignoble; Fribourg : le pays Broyard ; Vaud en grande partie).

' Jahrbuch dcr rom. und engl. Sprache, III, p. 135. M. J. Cornu commet une erreur d'un autre i,'enre lorstm'il dit : Les Grui^rins appellent cu^<'.o les habitants des environs do Fribourg, qui sont souvent pour eux un sujet de moquerie (Romanische Shcdien, I., p. 369). Le véritable pajs cue<5o est la contrée dont Romont est lo centre et qui a pour limite à l'est la ligne de faite du Gibloux.

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III. Dialectes des Alpes (Fribourg : la Gruyère en y raUachanl le pays cueéo; Vaud: la partie orientale à l'est de la Veveyse; leBas-Valais et la vallée d'Aoste). Le patois parlé dans le canton de Genève est en dehors de ces trois groupes; il forme la transition du vaudois au savoyard, mais il a plus de rapport avec ce der- nier, et d'ailleurs l'influence du français l'a singulièrement modifié ou plutôt corrompu.

III. Les sons du romand et leur transcription.

8. Jusqu'ici on a écrit en romand comme écrivent en français ceux qui ignorent l'orthographe, c'est-à-dire sans s'inquiéter le moins du monde de l'étymologie et encore moins de la grammaire; et, chose curieuse, ceux qui se montrent le plus féroces en orthographe quand il est question du français n'y ajoutent plus aucune importance s'il ne s'agit que du patois. On écrit donc ou l'on cherche à écrire comme on prononce, en se servant des procédés si imparfaits utilisés en français pour rendre certains sons, comme c/t,j, l mouillé, s (ss, c, ç, l), etc.- Le romand ainsi habillé a une physionomie étrange et barbare ()ui repousse tout d'abord. C'est absolument comme si un écrivait le français à la façon des phonographes. Avec un système pareil, la plus belle langue ressemble à un jargon.

Voyez, par exemple, ce que deviennent les formes grammaticales dans tous nos recueils de pièces paloises, en vers comme en prose. On écrit donc Vnu et zou; le tin fret, Vivue freide; Camé, no zamin, etc. En procédant de même en français on aurait : l'os et lé-zo; le Lan froi et Vu froide; tu ème et non zémon. Voilà donc le pluriel du subs- tantif qui se forme en lui préposant un z; c'est de même un z préposé qui marque le pluriel de certains verbes, comme aimer; enfin le e ne suffit pas pour former le féminin de beaucoup d'adjectifs, il faut encore faire précéder ce e de telle ou telle consonne, comme d dans froide, et pour quelle raison? c'est ce que le phonographe se garde bien d'expliquer!

9. A côté de celle phonographie vulgaire, qui fait de notre romand un véritable argot presque indéchiffrable, il y a la phonographie savante suivie par M. Uœfelin et qui ne vaut guère mieux, malgré ses prétentions. M. Heefelin ne s'est pas borné à distinguer les sons, il a voulu encore noter toutes les nuances de voyelles et de consonnes que présente notre patois, et il est arrivé ainsi à classer 18 voyelles pures et 31 consonnes pour lesquelles il y a autant de signes différents, dont l'ensemble forme l'alphabet le plus compliqué et le moins pratique qui se puisse imaginer. Je doute fort que jamais ce système devienne populaire chez nous, pas plus que celui qu'a proposé M. Bœhmer dans ses Romanische Studien^, et qui ne diffère du précédent que par le choix des signes destinés à représenter les sons et leurs variétés.

10. C'est d'après ce dernier système que M. Cornu a publié le Ranz des vaches de la Gruyère et la Chanson de Jean de la Bolliéta. Il s'est ravisé depuis, et pour la publica-

De sonis grarnmalicis accuralius distingucndis et noiandis, p. S95du tome I".

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lion du recueil de proverbes patois de l'abbé Chenaux, il a imaginé un nouveau nriode de transcription des sons du gruérin qui est certainement plus simple, mais beau- coup moins rationnel et en somme tout aussi peu pratique. En voici les principaux traits :

M. Cornu distingue par des signes particuliers deux espèces de a, trois espèces de e et deux espèces de o, et il marque par u le u des langues romanes du Sud et par il le u français. Il se sert du tilde pour rendre le son des voyelles nasales quand elles sont suivies de n ou ny, et il remplace par un a long (â) la diphthongue romande au, sous le prétexte que dans presque toute la Gruyère elle a cessé de se prononcer, ce qui ne me paraît pas prouvé du tout. Le système des consonnes est encore moins com- pliqué, mais M. Cornu donne à certaines lettres de l'alphabet une valeur toute nouvelle et sans aucun rapport avec l'étymologie : c et ont toujours le son guttural, même devant e et i; h= cA allemand àAns ich; y n \& même valeur qu'en espagnol, c'est le / des Allemands; ly et ny marquent le l et le n mouillés; pour les chuintantes, M. Cornu adopte les lettres x = ch français et; = / français et catalan, pour les dentales com- posées Is (= ch tel qu'on le prononce à Avignon) et dz, et pour les palatales te et dj; ç marque le (h dur des Anglais ou z espagnol devant a, o, u et c devant e et i; enfin w = w picard et vallon, son fréquent aussi en anglais. Du reste, M. Cornu supprime toujours la consonne finale, sauf dans la liaison, mais alors il la joint au mot suivant, et écrit au singulier \'d, Vâno, Vevi, Vomo, ïost, et au pluriel le jâ, di jâno, jevi, iomo, le josî, ce qui est, comme on l'a vu 8), la négation de toute grammaire. Voici quelques proverbes d'après l'orthographe adoptée par M. Cornu :

H. u mi d'ù la plyôdzé deri bu.

88. Ti le ciiU de talyon bon.

123. Moâ de fena, va de tsavô, ly e la tsevancé de l'ocô. 143. Ly e bon d'îçré fû, ma awi rejôn. 145. Xi ce balye la coârda a non entén xénâ tye xon xû.

11. « Pour que l'orthographe fût complètement rationnelle, il faudrait: que chaque son eût son signe particulier, et que chaque signe ou lettre eût un son qui lui fût propre. Plusieurs essais de réforme ont été tentés dans ce sens afin de rappro- cher l'écriture le plus possible de la prononciation; mais ces tentatives ont toutes échoué, parce qu'elles ne tenaient pas assez compte, soit de l'étymologie, soit de la flexion et de la dérivation des mots K »

L'orthographe de l'ancien français était très simple et en somme beaucoup plus rationnelle que celle qui l'a remplacée après la Renaissance. Cette orthographe moderne

' Grammaire comparée de la langue fra)tçaise, p. 406. Depuis que j'ai écrit ces lignes a paru la sep- tième édition du Dictionnaire de l'Académie (2 vol. in-4n, 1878), qui ajourne |mur longtemps toute réforme do ror.thographe française. Non seulement l'Académie n'a pas fait disiwraltre les anciennes bizarreries de celte orthographe si peu rationnelle, mais elle y en a ajouté de nouvelles 'par exemple siège et eussé-je), et elle n'a pas même su éviter les contradictions (par exemple blanc-seing avec un IraitHl'union, et au mot seing, blanc seing sans trait d'union). V. la préface de ma Grammaire visuelle de la langue française (1878).

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(le Marol el de Rabelais, toute liérisséo do lettres étymologiques inutiles dont trois siè- cles n'ont pu nous débarrasser entièrement, est encore la nôtre aujourd'hui, sinon dans les détails, du moins dans l'onsoriihlo. Il y a une tradition d'autant plus puissante qu'elle remonte à une époque la langue française s'est fixée et est entrée dans la phase classique de son histoire, et c'est précisément à cause de cette tradition que toute réforme radicale de l'orthographe française est entourée de difficultés presque inextri- cables.

Il en est tout autrement de notre idiome romand. Ici il ne s'agit pas proprement de réforme, puisqu'il n'y a rien de fait, que la tradition n'existe pas et que chacun écrit le patois comme il l'entend; le terrain est bien préparé, d'autant mieux préparé, que la phonétique romande se prête admirablement à une orthographe rationnelle. C'est cette orthographe dont je vais essayer d'exposer les principes dans les pages suivantes que je recommande à l'attention de tous les amateurs de nos dialectes vulgaires et spécia- lement à celle des membres de la « Société des patois vaudois » qui s'est récemment constituée à Lausanne.

Le système orthographique que je propose se distingue complètement des autres, en ce qu'il est à la fois étymologique, phonétique et grammatical.

1. Il esl étymologique et n'emploie que les lettres latines, en leur conservant leur valeur originelle ou dérivée. J'entends par valeur dérivée celle qui est résultée pour telle ou telle lettre de ses transformations ou permutations organiques (par exemple c devenu é = Is dans canlare, é.autar).

2. Il est strictement yj/(0«e7/7ue en ce sens que, sauf pour c et pour s, chaque son a son signe particulier et chaque signe ou lettre a un son qui lui est propre et n'en a pas d'autre.

3. Il (isl grammatical, puisqu'il a conservé à la fin des mots tous les signes de flexion et en général toutes les consonnes finales dites muettes et qui seraient mieux appelées (juiesceiUes, parce que, si elles se reposent souvent, elles se font de nouveau entendre dans la liaison et dans la dérivation des mots.

Pour montrer les avantages de ce système, il fallait l'appliquer à un dialecte spé- cial. J'ai fait choix du gruvérin pour deux raisons : l'une subjective ou personnelle, c'est de tous les dialectes romands celui que je connais le mieux, puisque je l'ai parlé dès mon enfance; l'autre objective, le gruvérin s'est le mieux préservé de l'in- fluence du français qui est si grande sur les autres dialectes; il est d'ailleurs le plus riche en formes phonétiques ou flexionnelles el, comme tel, il est certainement de tous nos patois le plus difficile ii traiter au point de vue de la grammaire el de l'or- thographe.

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lY. Les lettres romandes ^.

A. Voyelles.

19. Voyelles pures. Le romand a la série naturelle des voyelles pures /, e, «, n, u, et possède, en outre, les deux sons dérivés et accessoires u et e. On peut les représenter

de cette manière :

a

e é 0

i ù u

Les voyelles supérieures a, e, o, sont des voix variables, dont le son est plus ou moins fermé ou ouvert. Les voyelles inférieures i et u sont, au contraire, des voix con- slanles, qui se prononcent toujours de la même manière.

Le romand ne connaît pas le eu français el le remplace par la diphtongue ou (v. §' 14), qui a la même origine, le o latin : lat. liora, rom. oura, fr. hewre. Mais, grâce à l'intluence croissante du français, le eu s'introduit peu à peu dans le vocalisme romand et menace d'en troubler l'admirable symétrie; ainsi beaucoup de personnes disent aujourd'hui maleur pour nialour et s'imaginent bien dire; mais celle prononciation n'est pas celle des vieillards de la Gruyère qui parlent le pur romand. Toutefois, comme le eu se trouve dans des pièces modernes pour ainsi dire classiques, comme les cevreirs de M. Bornet, nous représenterons ce son, quand cela sera nécessaire, par ô comme en allemand : ôrôs, heureux.

Voici l'origine des sept voyelles pures qui existent en romand :

1. Le a est presque exclusivement formé d'un a latin accentué ou inaccentué: mare, mar; nasus, nas: arbor, ahrn; panarium, paneir: lerra, tera; il. brammare, 6m- mar-; arave, ara/-, labourer, vf. arer'-\

2. Le c, son intermédiaire entre a el /, dérive de l'un et de l'autre, ainsi que d'un e originaire : a) a latin accentué, surtout après é : carnem, éer; macer, megro; ou

' J'ai cru être aj^réable à quelques-uns de mes lecteurs en ajoutant à ce travail plusieurs notes étymo- logiques extraites de mon Glossaire romand; j'y ai conservé les abréviations usitées pour désigner les langues el les ouvrages connus; par exemple: 1. ^ latin, it. = italien, esp. = espagnol, prov. = provençal, vf. =: vieux français, a. h. a. = ancien haut allemand, cf. = comparez, W b. pour le Dictionnaire des lan"uo. romanes de Diez, le signe * pour indiquer une forme hypothétique ou non classique. Les amateurs de celtiques et il y en a encore beaucoup dans noire Suisse romande, ne trouveront pas ici leur compte, je les en préviens ; il faut qu'ils s'adressent ailleurs, il y a assez de faiseurs et surtout de faiseurs d'étymologies qui seront en mesure de les satisfaire.

Le mot composé Brama- fam désigne un endroit dans le territoire d'Orbe et la tour de la cité d'Aoste (dans le Lépreux de X. de Maislre). Remarquons en passant que la composition par phrases en romand prouve à l'évidence que le verbe est à l'impératif, qui donne brama-fam, pana-man, bcla-fros, etc., et non pas à la troisième personne du présent de l'indicatif, qui donnerait paiwt-man ou pane-ma)i, etc. V. Grammaire comjiarre. § 348.

' Maisons firent, tères arerent. (R. de Brut, 53).

Il

inaccentué : rationem, rezon: b) /lalin accenlué, en position : 1/ttera, lelra, ou inac- centué : divisare, devczar; c) e latin accentué, dans certains cas: hcrba, rrba, ou inaccentué: peccare, pvéir.

3. Le o. son inlernédiaire entre a et », est formé de l'un et de l'autre, ainsi que d'un 0 originaire : a) o lalin accenlué devant Un / qui se change en u; on l'écrit alors au, à cause de i'élymologie : sal, san; ad vallem, uvau; calidus, à»nd; palus, p-Au, fr. pieu, d'où pan- fer, levier de fer; b) u lalin accenlué, en position : guUa, (jota, ou inac- centué : ruclare, rolar: tnidier, moli/c'; c) o lalin accenlué, dans quelques cas: domina (dom'na), dona-, ou inaccentué : potionem, pozon.

4. Le I vient : a) d'un i lalin accentué : iïlum, fil; b) d'un c. : ccra, cire; festa, /•lia.

5. Le II vient : a) d'un u lalin (ou allemand) accentué : Iwna, Inna; ail. swppe, sii/>a^, ou inaccentué: fftmare, fumar: b) d'uno: îosss, fusa; cosla, enta; collum, en; rosa, riizo; c) de la diphlhongue latine au : aura, nra. Le u romand est le m des langues romanes du Sud et sonne comme le on français ^

6. Le il, qui se prononce comme le h français, est un son intermédiaire entre u et i et dérive de l'un et de l'autre : a) u lalin accenlué, surtout quand il est long : cura, c&ra; durus, dur, ou inaccentué : cultellus, ciktil; mucere, mhzir, moisir; b)2 latin accentué : repa, rnva, ou inaccentué : sjbilare, snblyar, siffler''. Le u provient aussi d'un 0 bref accenlué ; focus, /ïi; jocus./yiï; locus, (yii.

7. Le é a le même son sourd que le e muet français. On pourrait tout aussi bien l'écrire '6, parce qu'il tient autant du o que du e. (1 dérive, du reste, de toutes les voyelles latines dont il est en quelque sorte le tombeau; mais il est presque toujours atone et ne se présente, en général, que dans les syllabes qui précèdent ou suivent la syllabe accentuée : cocha, coqya, noix, fr. coque (d'reuf); li/'bernus, éver: l/macem, lèmacc; dor- mire, drimir; p/rwm, péré', d/cere, doré; quod, r/c. Le é est moins sourd dans les mo- nosyllabes et au milieu des polysyllabes qu'à la fin, ainsi qu'on peut le remarquer dans les exemples cités **.

' Ce mot no s'applique pas aux |)ersonnes, mais aux jeunes Taches; vf. moillier (Brut, I., fl-<10) et muillei- (Tristan), femme; prov. niolhci; esp. tnojcr, il. moylic, mogliera, moyliere. Le dërivé amolyir se dit quand le pis d'une vache prête à mettre bas se gonfle; le franc-comtois dit dans le môme sens omulyir.

La dona, c'est la mère de famille; l'enfant en parlant à sa mère l'appelle dona. Le fr., qui est privé de ce nom, avait autrefois le masculin don (de dominiis): Don Père et don Fils et don Saint-Esi)erite (Berte axtx grans pii's, ch. .'ii). On trouve encore ce mot dans La Fontaine : hum Pourceau raisonnait en subtil person- nage.

' En [tareil cas, le u romand est très bref et se iirononce môme comme c dans la Basse-Gruyère. ' Le ■>! français avait dans l'origine celte prononciation commune aux autres langues romanes, ainsi qu'il résulte des textes : Je VJ^s battrei de grandismes balains. Li Livres dei Rets.

On trouve sublcr dans le vf. : 0 le nés fait subler l'alaine (Tristan, l. 178, v. 3712), Avec le nez fait siffler son haleine.

V. Grammaire comparée de la langue française, % .'iS.

la- is. Voyf.lks nasales. Les vovcll-s supérieures a, a, o, deviennent nasales quand

elles sont suivies d'un n (m) lerminani la syllabe. Devant les consonnes labiales b, p,

m, le /( est toujours remplacé par m.

\. La naëale du a se rend toujours par an, qui vient d'un a originaire snivi de n

ou m : ca/itus, casit; areaus, an; famés, /««" ^

2. La nasale du e s'écrit toujours en (= in français) et dérive d"un e ou d'un / latin : be/ie, 6cii; plenus, pUjcn; denteru, dent; sùie, scii; fmis, /en; l/'/igua, leuviia.

3. La nasale du o se rend toujours par on, qui est formé du o comme du u latin : boHus, bon', carbonem, carbon; cowputare, conlar-; mundus, mou(/o; ungula, «nlijé.

La nasalité disparaît, comme en français, dès que le n est suivi d'une voyelle et commence ainsi une nouvelle syllabe : anayé (de annula); plyena; sunar ^; comme on voit, le 0 en pareil cas devient u dont le bas gruvérin faite ; sénar. Mais, en romand, la voyelle nasale persiste lors même que la syllabe suivante commence par un n ou m: ainsi /a;ma, delana; sénanna, de seplimana; granna, de yrana; plyanna, dep/a/ia*; flyanma de flamma; bonnar, de bonus, se prononcent lan.na, bon.nar, etc. On sait qu'il en est autrement en français : flamme, renne, etc. ''.

Le romand n'ayant pas le son eu ne saurait avoir de voyelle nasale semblable à celle que l'on rend par un en français.

14. Diphlongues. Sauf au, qui a sa raison d'être ", le romand ne connaît pas ces monophtongues qui embarrassent et compliquent si inutilement l'orthographe fran- çaise (par ex. plaine et pleine; chaîne et chêne; faim, fin et il feint, etc.). En revanche, quelques dialectes, surtout le gruvérin, sont riches en diphtongues qui donnent de la variété et de l'harmonie au vocalisme romand. Il est à remarquer que, comme dans l'ancien français, les diphtongues ne se présentent guère que dans la .syllabe accentuée ''.

Le gruvérin, comme l'italien, dislingue deux espèces de diphtongues, selon que la voix appuie sur la première ou la seconde voyelle : ai ou *.

* Remarquez que l'expression ateir fam, signifiant désirer, se trouve aussi dans Montaigne.

' Contai- a lo double sens de conter et de compter, comme l'italien contare, l'espagnol contar. L'alle- mand dit do môme er:ahlen (conter), dérivé de zahlen (compter).

' lion fait de même btina au féminin. A cause de la liaison, il faut écrire bun devant un mot commen- çant par une voyelle : bun omo (bu-nomo),

' Ces exemples montrent que la voyelle nasale an peut naître d'un a latin, lors même que lo n suivant commence une nouvelle syllabe. On no trouve rien de pareil en français.

' V. Grammaire comjmriie, § 77.

Pourquoi cette exception? demandera-t-on. Je réponds: à cause de la dérivation et de la flexion verbale qui ramènent ou présentent al à coté de au z= o; par exemple mau et ma,lo>er; avaux et ava,\ar; i ra.\i/o, te v&us, il vsMt, nos vaXyem, vos vBiiyides, il vsHyonj ca.nd et dtHenar, faire des éclairs do chaleur, etc.

' C'est ainsi que la voyelle accentuée d'un mémo mol latin se diphtongue ou ne se diphtongue pas en romand, selon (]u'elle reste accentuée ou qu'elle devient atone, en d'autres termes, selon que le mot est en ro- mand un mot d'idée ou un mot de rapport; par exemple hora, qui a donné le substantif oura et l'adverbe ora et ses composés pyora et dyora. Même chose en français, heure est mot d'idée et or (conjonction), mot de rapport.

' V. ma Phonologie de la langue française, § lî.

13

1. Les diphtongues de la première espèce, que les grammairiens italiens appel- lent distesi, étendues, ont pour prépositive ou première voyelle c combiné avec /, ou o combiné avec u: el et on.

a) La diphtongue cl dérive : 1" de a latin dans le suffixe, arm, amm, aria : molinarium, moHHcIr, meunier; solanum (bas latin), soZci/'; //r/iamm* (dérivé de /u/nws, fumier), femelr; fmnaria, fumeire, fumée; 2" de e latin: me/, mcl; legem. Ici; teclum, teU; do / latin : liber, leivro; p/sum, pets; fr/gidus (frig' dus), freid.

I)J La diphtongue ou a le son du au allemand (par ex. liaum) et dérive: 1" de o latin : proba, prouva; honorem, anour: 2" de ît latin : lupus, /ou; Iwpa, louvu.

2. Les diphtongues de la seconde espèce, appelées en italien raccolli, contractées, ont pour prépositives les voyelles inférieures i et u : le el na. Ce sont des diplilhongues impropres dans lesquelles i el u ne sont plus de vraies voyelles el se confondent à peu près avec les consonnes correspondantes y el v.

a) La diphtongue le provient du e latin: feril, il fierl; feras, ficrl, fém. fierla; heri, yer.

b) La diphtongue ua s'écrit oa par raison d'élymologie el dérive : du o latin en position devant r : cornua, coarna; corpus, cour; mortem, moar/; morsus, mostr, bou- che (d'un animal); de m en position devant r : gurges, goar -, flaque d'eau, gouffre, cl goarjé, gorge; diurnus, j'oar; «rsus, car, ours. Au lieu de ou, le o latin donne quelquefois oe : porcus, poerc; porticus, poerco; eorium, roer; coquit, il coct.

Le 1/ forme diphtongue avec e dans quelques mots seulement, dérivés de l'alle- mand : warten, vià»rdar; werjan, vbcrir.

B. Consonnes.

15. Le système des consonnes romandes se présente comme suit :

'■ '■'r'. ■>

Qutturales

Palatales

Linguales

Dentales

Labiales

Explosives fortes

c (q, ô)

é

t

P

» faibles

S

j

d

b

Spirantes fortes

Ç

S

t

f

>* faibles

y

z

v

Liquides

r

1, n

m

Le romand n'a pas les lettres latines h el x, ni les lettres germaniques k et w : le

' Le soleil-, c'est le plancher A l'étage .supérieur d'une grange l'on entasse le foin ; c'est aussi le sens de solier en picard, en provençal, de sottli en franc-coinlois ; vf. solier, plancher, chambre haute, grenier, ga- lerie: Li borjois montent es soliers (Garin, II, 439); le soleir dans les Trois aveugles de Compiégne (Au- guls, I|.

Vf. gorc, rjort, gow, gorge, qorger, gorgoler. On a aussi le moi gor à NôUchâtel. V. Benoît, Mélan- ges, p. 109.

u

h lalin ou alletnand disparaît toujours : /lonor, anour; alyon, habit ' ; x devient* ou ù la;rare, Icmir et laéir; le îo allemand donne v ou g: wari, Tiœro, combien; werra, gj/era, guerre, etc.

te. liuthiralcs. Les gutturales romandes sont c (q) et g, qui restent gutturales même devant / et e.

1 . Le r latin devant o et u ou une consonne est resté guttural : recordari, recoi-dar^; colare, colar; c^nbitus, coudo; cogilare, eiidgir: creta, crei/a, tandis que, devant r et /, il est devenu lingual (= xj ." cerasea, cerizè; ecce-iste, céti, cet; ecce-ille, cil, cet. Mais le c reste encore guttural, d'une manière tout à fait exceptionnelle, devant un é provenant d'un 0 ou M latin, ainsi que devant e dans la conjugaison des verbes modernes en car; en pareil cas, pour que l'on ne donne pas h ce c le son du s, il convient de le marquer d'un signe particulier qui indique sa prononciation gutturale et empêche ainsi toute con- fusion : sculella, êétala, écuelle; i manco, te mances, il mancet, je manque, tu manques, il manque, etc.

Le qn latin devient c devant a, o, u : quatuor, calro: coguere, coeré: mais il subsiste sous la forme simple r/ devant e et / ; (/uindecim, m/enje, quinze; aliqwid, oqye, quelque chose; q»id, qye; quem, qé, que (pronom); q«od, qe, que (conjonction).

De ce qui précède, il résulte que la gutturale forte se rend en romand : 1" tou- jours par c devant une consonne ou l'une des voyelles a, o, u, û; par g devant e et /, et exceptionnellement parc devant e= o, ii latins, et devant e, signe de flexion verbale.

2. Le g romand vient d'un g et quelquefois d'un c guttural originaire: //uttur, golro: catulinre (pour catulire), galolyir, chatouiller; acrem, pgro, aigre. Le g est tou- jours gultnral, mais il ne se présente devant e et i (y) que dans peu de mots : harginyir, du bas latin harcaniare •\- gargieUt, diminutif de goarjé^; bagyc, outil (bas latin baga, du celtique bag, paquet), fr. bague (d'où bagage), encore usité dans cette locution: .sortir d'un danger vie et bagues sauves; sgera (de l'aha. loerra). guerre; gj/izè (aha. wisa), guise; ginyir, guigner.

17. Palatales. Le romand a comme palatales les explosives c et J, qui le rap- prochent du provençal, et les spirantes c et y.

' Oc mol n'a |)iis le sons déprc'ciatif de son congt'nèro français haillon. Il est d'origine germanique; c'est le diminutif d'un radical hypothétique haille, qui représente le h. ail. moyen hadel, a.h.a. hadara, selon Diez, Wb.

Rerordar veut dire : apprendre par cœur, expression qui vient de ce que cor, cordis, signifie : I" C(Pur; 2<> esprit, intelligence. Le vf. avait recorder: Recordoit par cuer (Barbezan, III, 129). Que vous m'orrez recorder [N. Recueil de Contes, p. p. Jubinal, I, 293). Avant que bon seigneur Roy se couchist, il avoit souvent decou.stumo do faire venir ses enfants devant lui, etlenr recordoit les biaux faits etditzdes Rois et autres Princes ansiens (Joinville).

' Barginyir signifie hésiter, barguigner, dans le vf. (encore dans Montaigne) marchander. Diez dérive Ijitrcaiiiare de harcn, navire qui ap|K)rte et emporte des marchandises, d'où l'idée de faire du commerce en général. Celte dérivation est d'autant plus probable que le vf. ftari/e signifiait barque, chaloupe.

* Vf. gargnte dans le Roman de Brut : La gargate li ont tranciée, p. <03. Cf. Diez, Wb. I, Î01 . Burguy, (irammaire de la langue d'oil, III, 180, 186.

in

1. Le c roiiinnd provient d'un c latin suivi de a: capulare, taplyar; caum^, iauma, lieu le bétail cluime à l'ombre '; castellum, tatil; mica, mccé; pacla (pi. de pactum), paéè; il dérive aussi d'un </ suivi de a dans (/amba, iamba: mais c'est sans doute le seul exemple de celle mutation.

2. Le j romand a deux sources : 1" il provient de la gutturale douce y, quelle que soit la voyelle qui suive : gralbinus, iauno; //auta* (formé de (/abala, écuelle, dans Martial), luta: (je\arc, ialar. r/entem, Jcn*; r/ermen, j^rnio.- cyin^iva, icniiina; 2" de la guiuirale ibrte c (rare): accaptare, ajclar; cathedra, iayirc; 3" il vient surtout du j latin ou d'un i consonnifié, el c'est pourquoi nous rendons toujours le son de la chuintante faible par j, qui n'a pas d'autre emploi en romand : iaculari, iiçyar, jaillir; janiya (substantif verbal formé de jorulari, qui a donné le verbe fraçais /o^y/c/'j, niensongn; jejunare, lonnar; c(/'urnus (de ciiurnus), joar; ru/yus (de rufteus), rojo; il vient enfin des com- binaisons de consonnes te, de, rc, le : damnaiicum*, dainaio; vinriicare, fCHj/r; medlcus, ineilo; pu/icem, pu\è; carricare, cer^ir.

Les consonnes é eij sont dérivées de gutturales qui sont devenues palatales sous l'influence de la voyelle /', qui est elle-même palatale et lend à s'assimiler les guttura- les (v. § 2G); c et y sont donc originairement des palatales el sont restées telles dans plusieurs dialectes (par ex. le jurassien); dans d'autres, comme le broyard elle vaudois (en partie), é et j sont devenus des linguales qui ont le son de ts et de dz; enfin, dans quelques dialectes, entre autres le gruvérin et le cuer'o, ces consonnes sont aussi lin- guales, en général, et ca<a, chatte, /cr//jo, germe, se prononcent tsata, dzenno; mais elles redeviennent palatales quand elles sont suivies d'un / dans la syllabe accentuée, ce qui n'a guère lieu que dans les verbes en éir et jù-, el alors éi elji sonnent comme ci el gi. en italien (Ich et dj): capra, civra; coaclare, caéir; moci, nioçya, participe passé de : muccare, mocïr; manducare, ??îejî'r; judicarc, y_)/(Vj/r, etc. Le son palatal se présente d'une manière exceptionnelle et par altraction, même quand la voyelle i n'est pas accen- tuée, lorsque la syllabe qui précède jV commence aussi par j; ainsi jyiijir se prononce djudji, tandis que i jiijo sonne dzudzo. De même le motj'a du latin jam devienl^j/a avec / palatal dans j'yame.?, jamais.

3. Le c gruvérin, qui se prononce comme le eh doux des Allemands (par ex. dans ich), dérive essentiellement d'un t ou c lingual originaire, c'est-à-dire suivi d'une voyelle composée commençant par i, et qui est devenu palatal sous l'influence de ce i : pa/icn^/a, paçyençe; gra</osus, gravions; renun//are, renonvir; quand le i originaire a disparu, c prend un son plus dur qui équivaut au (romand ou lli anglais (v.§ 18): lec//o- nem, /eçon (comme s'il y avait léton); gen^/ana, jeiieanna; lancia, lancé; il a aussi le son du l quand il dérive d'un s : falsa, fau^-a; pois, polvis, piiça. Le ç dérive ençprç :

Sur celle étymolojjie, v. Phonologie, p. 98.

' Ce mot s'emploit' dans les doux nombres: una jeu, dis jcns, tandis que yaiis en français ne se dit qu'au pluriel; cependant j'ai trouvé le singulier dans Louis Veuillot sous cette forme : un gendelcttre, et dans V. Cherbuliez : Il parait être une manière de gent de lettres.

16

■l» de c devant un e ou i originaire sous l'influence d'un i (e) postposé au c et qui est devenu y, lorsqu'il n'a pas disparu : cinerem, çycndra, de-ejlinguere, decyendré: cereus, eyerjo; cera, ciré; qu;ind i a disparu, c sonne comme le t romand : conlum, cen; 2" de c suivi de ly: circu/iis (circ'lus), cerelyo; c/arus, clyar. Le /"suivi de ly prend le son deç; florem, ttyour; inflare, cnttyar; su/flnrc, soByar; //agellum, fiyeyi; //amma, ûyanma.

Que le c romand se prononce ch ail. ou ih anglais en gruvérin, nous le rendons toujours par ce signe c, qui convient à tous nos dialectes; ainsi les mois latins natio- nem et factionein ont donné en romand naçion et façon (jui, en broyard et en vaudois, se prononcent à la française avec le c lingual (= s), tandis que, dans les dialectes gru- vérin et cueéo, ce c s'aspire et sonne devante comme le ch allemand: naçion, et ailleurs comme le th anglais : façon. C'est pour la même raison que nous avons maintenu le /' devant ly dans flyour ^ et quelques autres mots /"conserve le son qui lui est propre dans la plupart des dialectes, tandis qu'en cueco et gruvérin il se prononce comuie le c/i doux allemand.

4. Le y est une consonne qui a la même valeur que le j allemand ou italien; c'est \g y espagnol ou le y français tel qu'il se prononçait autrefois et tel qu'il se prononce encore dans quelques noms communs ou verbes : yaux, bayer, etc., et dans les noms propres : Bayonne, La Fayelle, Payerne^, etc. Le y romand a plusieurs sources : 1" il est d'origine latine et vient d'un i précédé d'une consonne et qui s'est consonnifié : dwbo- lus, (\yal)lyo: Mis, folyè; deus, dyii; ven/o, vinyo; tegula (teula), tyola, tuile; bctula, hyola; quelquefois de c/ dans gn qui se transpose en ny, d'où ny par vocalisation du y en i (y): copnosco, conyeso; quand y est précédé de v, cette consonne tombe et le y devient initial : v/dutus, yu (p. ryû), vu; viia, ya (p. vya), vie; il est d'origine ro- mande et ne représente aucune lettre latine, soit ([u'il intervienne entre deux voyelles pour éviter un hiatus : sela, scya, soie; secare, seyir, faucher; on peut aussi admettre que l ou c s'est changé en y; soit qu'il s'ajoute aux liquides / et n: sa/ire, salyir; /iodus, iiyo; nudus, ny», surtout quand le / figure comme second terme d'une combinaison de consonnes (II, cl, yl, pi, bl, fl): moWire, niolyir; ganiWa (pour gallina), ye'ni"/yé; corbi- cu/a, cn'hilyè; manicu/a, maniç/ya; g^/acies, lyas'c; plorare, plyorar; diato/us, dyahlyn; //avita, nyola.

18. Linguales. Les linguales h et z, viennent des consonnes latines s, c doux, œ ou t suivi des voyelles composées ia, ie, io, iu : sentire, ttenlre; rosa, ruia; ciconia, seco- nyé; acetum, am*; aucellus* (p. avicellus), ohU, vf. oisel; seasaginla, \smanla; sa/<onem (propr. semailles, puis temps des semailles), saion, etc.

' jj;ruviiriii a|)i.clle lii crème la fleur ((lyoïir! et le fromage le fruit (fret) du lait. Cette jolie métaphore n'existant pas en français, on a tort de traduire le fretyir par le fruitier; c'est fromager qu'il faut dire- (V. le Dictionnaire de V .Kcadi'mie .)

' V. (rrammaire comparée , § 9.5.

Acide plus puissant que la première présure ot qui donne une seconde levée, un second fromage, appelé seret. It. accto, roumain ot:et, romanche aschnid, ischeu, vf. ai.nl, aissil, vinaigre. Le même mot se trouve en anglais eisel, et déjà dans l'anglo-saxon aisil, eisile, goth. aheit. V. Diez, Wb., II 201.

17

S et 3 oui toujours eu gruvérin le son de la chuintante française forte ch ou faible) ; saxon = c/iajo», tandis que dans d'antres dialectes, par ex., le broyard, ces consonnes se prononcent absolument comme en français.

1». Dentales. Les explosives t el d ont toujours (mi romand le son qui leur est propre. La forte l vient du t latin : /abanus, tan; quelquefois d'un d: grandis, f/rania, f.

La douce d vient d'un (/originaire : rfrappum (dans les Capitulaires de Charlemagne), Ara: rfe-intiis , den, quehjucfois d'un I originaire : canla<is, {•anlndex: cantate, ('««- tade, etc.; pio^jsus*. /«'doux, h. piotoso, esp. piadosu, piteux; sani^atem, xendd.

Le * dérive de la combinaison latine ,s','. Dans beaucoup de dialectes, par ex., le broyard cl le vaudois, ce } conserve le son du t pur, tandis qu'en cueco el gruvérin il se prononce comme le t/i anglais : lesta (pot cassé, crâne, dans .4usone), lita; disturbare, detorhar, détourner quelqu'un de ses alfaires, le troubler', et comme le ch allemand devant un /accentué : minis<erium, m/tir; monas/erium, motir, vf. moustier'^.

«O. Labiales. Les labiales, tant explosives que spirantes, conservent toujours le son (jui leur est propre. Le p vient du latin ; pauper, puro, et de ;;.'; ; sulp/iur, sùpro, soufre, comme en prov. solpre (de sulphur) et en esp. soplar (de siifflare). Le b vient d'un b latin : 6ibere, heire: d'un p originaire : co/jula, cohbja; d'un v : curvare, corhar.

Le f vient du latin f: ^marium, ietneir; de b dans fafteola (de faba), fantiula. Le v vient de v latin : pat^onem, pavon: de b : faba, fava; de p : ripa, rih-a.

91. IJcjuides. Les liquides i*, I, n, ni, persistent presque toujours; mais ces con- sonnes, étant les moins articulées, peuvent passer d'un ordre à l'autre et se permuter t^nlre elles; ainsi r devient / dans cribrare, crubxyar, et / devient r dans u/mus, ormo; n devient /'dans anima, arma: a«imalia, avmalyè^; etc. Les liquides se prononcent toujours de la même manière; mais / el n suivis de y ont le son dit mouillé *, et à la fin des mots ou devant une consonne, la liquide n ou m disparaît comme son articulé, mais non sans communiquer quelque chose de sa nature à la voyelle précédente 13).

' Vf. de.itorber, d'où ilcsturbance , trouble: Sire, qui vos a destorbé (Tristan , I, 237). L'uns a ferir l'autre destorbé (Brut, II, 200). Tos me porreïoni desturber (Mario de Franco). Oii'z pitusc desturbance (Tristan, II, 74).

' Le s attire lo t à la spirante, mèmci lorsque les doux lettres ne sont pas dans le inônie mot, par exem- ple dans les verbes, à la deuxième personne du sini^ulier, dans la forme interrogalivc: te vas et ras-té? Ce (lu'il y a de curieux, c'est que cette forme ^ a évincé le pronom de la troisième personne, tant du singulier que du pluriel : Vat-tr? Yan-t/?

' Pièce de i;ros bétail, surtout bœuf ou vache; romanche armai, wallon ama, vf. almaille (par exem- ple dans Garin, II, 71), d'où niimaitle; v. Ducangc, V armentum. Ménage, V aumailli:. Ce mot vient, non pas A'armcntvm, ce qui est inipo.ssiblo d'après les lois phonétiques dos langues romanes, mais de nnimalia, les bêles à cornes étant les animaux par excellence. Dérivé armalyir, s. m., berger, vacher, celui qui conduit les nrmalyes.

* Ces sons mouillés se rendent de difTérentcs manières dans les langues romanes; mais la manière fran- çaise est certainement la moins rationnelle. Il en était autrement dans l'ancien français, l'on se servait très .souvent de H |)our ly et ny pour ny : De folie elle s'cntrcmist (Guerre de Troie, par Brunet). Un éditeur mo- derne a corrigé folie par faille.'

;s

JS

V. Histoire des iettres latines

«a. Rappelons ce principe que nous avons exposé ailleurs*: quelles que soient les luodifications que subit le mol latin en passant au romand, il conserve ses parties essentielles, qui sont la syllabe (|ui a l'accent ionique et la syllabe initiale du mot.

1. La syllabe accentuée en latin subsiste donc en romand et de plus elle conserve l'accent originel; mais comme cet accent frappe la voyelle et non pas la consonne, c'est la voyelle qui persiste el se développe môme en diphtongue, tandis que la consonne médiale, c'est-à-dire placée entre deux voyelles, si c'est une explosive ou la spiranle v, se déyrade, c'est-à-dire descend d'un degré (la forte passe à la faible et l'explosive à la spirante) ou tombe complètement : mo/are* (movilare de movere), modar, partir; ama- 6am, amato; vi/a, via, ya (p. vya).

2. La partie essentielle de la syllabe initiale est la consonne et non pas la voyelle; mais on ne peut appuyer sur la consonne sans appuyer sur la voyelle, el c'est pourquoi la syllabe initiale se maintient en général très ferme, mais souvent avec une modifica- tion de la voyelle : praedicare, prijir.

Il s'établit ainsi dans les polysyllabes une espèce d'équilibre entre la syllabe accen- tuée, où la voix appuie sur la voyelle, et la syllabe initiale, domine la consonne. Celle loi d'équilibre entre les éléments phonétiques du mot est la cause principale de la .syn- cope ou élision des voyelles el des consonnes.

A. Voyelles.

îî". Un autre principe qu'il convient de rappeler ici-', c'est que, dans les langues romanes, la quantité dépend entièrement de l'accent, el qu'une voyelle ne peut être longue que si elle appartient à la s)/llabe tonique.

De ce principe il résuite que les voyelles longues deviennent brèves quand elles sont placées avatit ou après la syllabe tonique; c'est ce qui a toujours lieu en romand. as. Voyelles accentuées. Les voyelles latines accentuées se maintiennent toujours en romand, soit intactes, soit plus ou moins uîodifiées. Il faut distinguer les brèves, les longues elles voyelles de position, c'esl-à-dire les voyelles suivies de deux consonnes, dont la seconde commence une nouvelle syllabe. La position peut être latine ou origi- nelle, comme dans fortis, et romane ou dérivée, c'est-à-dire amenée par l'élision d'une voyelle ou son durcissement en une consonne //ou échangé en î/^, par. ex. anfijma, prov. et romand arma; linja (de linea), romand linyé, fr. ligne.

Nous nous bornons ici aux généralités nécessaires pour faire comprendre le vocalisme ou le conson- nanlisme romand, renvoyant pour les détails ;\ la première partie de l'ouvrage ou (r/-am)«a!>.iî-o»îa;idi;. Cf. PAo- nologie de la langue française, p. 56-<23.

Phonologie, p. 4<. ' Phonologie, p. 60.

19

1. Le a persiste toujours, qu'il soit bref, long ou en position, sauf dans quelques cas particuliers qui s'expliquent par l'influence de la consonne qui précède (v. § 28) : cava, cnv(t; râpa, rat-a; «rbor, nbro.

2. Les voyelles intermédiaires c cl o so traitent de la manière suivante :

a) Le c et le o brefs se diphtonguenl avec les voyelles inférieures correspondantes, comme postposilives, d'où ei: febris, [vivra, et ou : mola, mon/a; rota, roava.

h) Le e et le o longs se comportent comme les brèves correspondantes, et 6" se con- fond presque iivec ê et ô avec ô, d'où les diphtongues et ; lela, (eilu, et ou: hora, onra.

c) Le c et le o en position ne se traitent pas de la même manière. Le e en position persiste devant /• ; terra, fera, ou devient i devant ss, si, sp ou ny : bestia, blté; v^-sper, viprn; vcnio (venjo), vlnyo. Il se diphtongue rarement : mr'dicus (nied'cus), meijo. Le 0 en position se diphtongue devant /•, le plus souvent en oa, conmie en roumain : porta, poarta, quelquefois en oe : porticus, paerco; il se change souvent en u devant d'au- tres consonnes : cosla, cata; fossa, fusa; il se maintient très rarement : dom'na, dona. Une curieuse permutation, c'est celle due en position devant U qui i^e change en i, si // devient final p;ir la chute de la terminaison latine : agnellus, anyil; br'llus; hll; pellis, pil, et en «, si, au contraire, // reste médial : bella, huila; bas latin, macellarius, inas»- leir'; femella, feniala. Une mutation semblable existe en romanche : daller ou tsc/ialler, de cellarium.

3. Les voyelles inférieures I et u subissent les permutations suivantes :

a) Le I et le ii brefs se transforment d'abord en ("et û, ce qui amène ensuite leur diphtongaison avec les voyelles inférieures correspondantes i el u, d'où ei : p/per, petvro, el ou : cwprum, couvro.

b) Le I et le u longs se maintiennent généralement, mais u perd le plus souvent le son qui lui est propre pour devenir û : crmien, crlnio; pasU/ra, ;>ffYnra; m»rus, jniir; t devient aussi il devant une labiale : ^xngi'Vi^, jcnjûva.

c) Le I et le n en position se transforment respectivement en c. et en o ; ïïrmus, fcrmo; mnsca, i7iocé, el les voyelles e et o se diphlonguenl souvent, e en ei : d/g'tus, dvit, et 0 en oa (devant r) : dii/rnus,yoar.

Une règle générale, qui n'a pas d'exception, c'est que, devant un n terminant la syllabe, les voyelles accentuées persistent, i et u devenant alors c et o ; m«nus, insrn; campus, éaimp; pulliccnus, /)w/'en; vicmus, vézen; fronlem, front; avwnculus, onçlyé.

Voici le tableau des permutations des voyelles accentuées, pour lesquelles on n'in- dique que les formes principales :

Bref.

Lony.

K>i position.

A

a

a

a

E

ei

ei

e, i

0

ou

' ou

oa, u

1

ei

i,ù

e, ei

U

ou

u, ù

0, oa

' Ce mot signifie bouclier; \erbe tuaxnlnv, tuer une vache, un porc, une chèvre, pour l'usage du mé- nage. Le vf. maisel signifie ninssacrc, boucherie, dan.s Brut, I, 34a.

20

Tour conipléler cet aperou, ajoutons : 1" que le y, f]tii avait le son de u en grec ot probabletTienl aussi en latin, a suivi en romand le sort du u lalin : crypta, cmla^;

qu(3 la diphtongue latine œ devient en rotiiaii e dans fœnuin, /en, d'où fmar; 3" que au devient u en romand : laHra, Itira, génisse de deux à trois ans; awdio, iizo;

(juehpiefois û: cauda, cïtva; que M( perd aussi le u: ruina, rina.

C'est peut-être ici le lieu de faire remarquer combien le vocalisme romand est à la

fois simple et harmonieux, grâce à l'abondance des sons pleins et à l'heureux mélange

des longues et des brèves, des voyelles simples et des diphtongues. C'est ce qui rend si

beaux quelques vers du poêle Python, dans ses Egloyues, traduites de Virgile, par ex.

Fiirnidcs, soinljros joars, d'una pidousa va. Mu éanto ; avuo graçé, lo, incincs la flyota. Den les desers don viido a l'azard répondus.

Ora, le vois la vadé ciioia à lombro

El le linzer caéi dcso l'arbiisto soinbro.

24. Voyelles inaccentuées ou atones. Il convient de distinguer les voyelles atones simples et les voyelles atones composées.

I. Voyelles atones simples. La règle gcriéralc est une loi d'équilibre, en vertu de laquelle les syllabes inaccentuées sont d'autant plus gravement atteintes qu'elles sont plus voisines de la tonique.

A. Les voyelles qui pmjè^,'rt< la syllabe accentuée olfreiit une résistance fort ini'gale, selon que la tonique est précédée d'^ne seule ou (\e plnsieurs syllabes.

1. Lorsque la tonique ou syllabe accentuée est précédée d'une seule syllabe qui se trouve être ainsi l'initiale du mot, cette dernière est généralement très ferme; elle per- siste, comme dans articulus, sale, ou subit des modifications analogues à celles de la voyelle tonique, comme vestire, i'l|/V; sonare,.VHnar; fr«menlum, fromen; mais elle s'affai- blit souvent en e; Vi'cinus, vèzcn; roaianus, ré)nand, etc. Le o devient a dans : orphanus, arfeno-; honorem, sinour, comme dans le vf. Sans desanor (Tristan 1, H2); gmnarium donne r/urneir.

2. Lorsque la tonique est précédée de deu.r syllabes, c'est une règle presque inva- riable que la première persiste : maslicare, niacïr; tandis que la voyelle de la seconde, qui précède immédiatement la tonique, disparaît quand elle est brève : ma6t(?)care, maéir; hosp(e)lale, otau (epélau est moderne), et persiste ou plutôt s'assourdit quand elle est longue : acceplare, ajélar. L'élision de la voyelle initiale atone, très rare en fran-

* Crota, caveau, trou en terre l'on enfouit les légumes en hiver ; croton, cachot ; crotli, marqué de la petite vérole: tous ces mois viennent du 1. crypta, comme le prov. cropta, le vf. crotc et le fr. mod. grotte. Crotu a été cmplojo par J.-J. Rousseau : Un visai,'o noir et crotu, qui a passé quatre fois sous le soleil et vu lo pays des épicos (Nouvelle Hdloïse, IV, 8). De crota dérive le vorbe encrotar, mellre en terre le cada\re d'un animal ; le vf. avait encroter (V. une citation dans Romanid, 1, 43-3), qui esl resté dans le bourguignon cl le franc-comtois.

' Le vf. avait orfe, prov. et catalan orfe, forme remarquable à côté de orféne, esp. huerfano, il. or- fano, du 1. orplmmis, et orfenin, orphenin, orfelin, du I. orphanisius, dérivé de orphanus. Le fr. comtois a arfeunot.

21

çHis, esl plus fréquente en ronianci : ebriacus, l/riuco '; /jorologiuni, relojé, esp. rclox; htriinilo, ryondeina, prov. randola.

B. Les voyelles qui suivent la syllabe accentuée ne peuvent occuper, d'après la règle (le l'accentuation latine, que deux places, l'avant-dernière, connue u dans tabula, ou la dernière, connue u dans luerailuin.

I. Lorsque l'accent porte sur la pénultième, la finale se maintient : aima, arma, s'as- sourdit : coxa, cïisv-, ou disparaît: niolina, ntulen: inanus, )jui/i; laïups, fiim; aniarc, ainar; pedem, j)it: puWus, pu.

i. Lorsque l'accent porte sur Vanlépénultiènte. l'application de la règle n'est pas moins rigoureuse, mais elle esl soumise à la loi d'équilibre déjà indiquée.

a) La pénultiàne, étant la plus voisine de la syllabe accentuée, disparaît en romand: tabC(()la, trablya.

b) La voyelle atone fmale, étant mieux protégée par son éloigneinent iiiènie de la tonique, se maintient: littera, lelrA, ou s'aU'aiblit en é : régula, rebjv.

Il faut remarquer: 1" (Jue a final ne devient ê qu'après un i originaire ou un y romand (v. § 28); 2" que o et a apparaissent très souvent h. la fin des mots à la place d'autres voyelles atones pour distinguer les substantifs et adjectifs masculins ou fémi- nins: inedic;t.v, nieijo; ïaber, facro-; febre»*, feicnt; trislt.v, Irislo et trisla.

II. Voyelles atones composées. L'biatus, qui se produit par la rencontre de deux voyelles, présente trois cas différents : ou bien il existait déjà dans les mots siiiq)les latins, ou bien il a été produit soit par la composition latine ou roinano, soit pur la sup- pression d'une consonne dans le passage du latin au romand.

L'hiatus répugne encore plus au romand qu'au français. Voici les moyens qui ont été employés pour l'éviter.

1" Vélision de l'une des deux voyelles, ordinairement la première: suum, son; ditos, dus: facl/onem, façon; ant(;-aimum, antan.

L'épenthèse, soit l'intercalation d'une consonne entre les deux voyelles qui for- ment l'hiatus : pluere, plyoneir; tua, lu\a; ro(t)a, rouva; ru(g)a, râ^a; inlerro(g)are, enlre- rar: cau(d)a, ciiva, queue; a(q)ua, ivue.

La mélathàse, en vertu de laquelle la première voyelle est attirée par la tonique et forme avec elle un son simple ou une diphi:ongue : conlrar/us, conlrcro; tegularta (de tegula), tyolciré; oleum (olium, oilum), elo.

La consonnification de la première voyelle, i (ou c) atone, qui se transforme dans la consonne homonyme / = y et mouille la consonne précédente (l, n): fil/a, jilié; palea, palyc; vinea, vinyé, ou devient l'une des deux consonnes palatales y et é: vinde- m«a, veneniii; salvj'a, soie: prop/us, pruôë. Le u atone dans celte position éprouve le

' Co mol signiTiu dcorvclé, braque, qui agit comiiio un liommo ivre; it. briaco, ivro; esp. brio, vif, étourdi; vf. bris, un peu fou : Li quons Froinons qui est et fous el bris (R. de Garin. II, 2i).

' Cf. it. fabbro, prov. fabi-c, vf. favre. Ce mot s'est conservé en fr. dans orfiivre ot dans les noms pro- pres Favre, Faivre, Fêvre, Faurc, Fabre, Faibre, Le Fébwe, Le Févre, Le Fcbtrc, Fatai-ger, etc.

22

même sort que i el se consonnifie en v: mais les exemples sont rares : vIcImus, a, vevo et ve\a * .

B. Consonnes.

25. Pour éludier convenablement les permutations des consonnes latines, il faut les distinguer, comme les voyelles, en consonnes simples et consonnes composées ou con- Si'cutives.

À. Los consonnes simples peuvent être initiales, médiales ou finales ; Les conson- nes m/</r//es subsislonl presque toujours. 2" Pour les consonnes m^rf/ates, il faut dis- tinguer : a) les liquides, qui se permutent entre elles 21); b) les explosives et spirantes, qui s'affaiblissent et se dégradent plus ou moins et finissent même par disparaître, selon qu'elles sont gutturales, linguales (dentales) nu labiales. Les consonnes lati- nes finales ont toujours disparu en romand; mais nous les conservons souvent par raison de flexion ou de dérivation.

R. Une consonne peut se joindre à elle-même (terra) ou à une autre consonne (spica); dans le premier cas, il y a (jémination, et dans le second combinaison.

\. Les consonnes latines çjéminées se sont mieux conservées que les simples; mais comme les consonnes doubles compliquent l'orthographe sans avantage pour la pro- nonciation, nous n'en avons conservé aucune dans notre transcription des sons ro- mands-, excepté quand le n est précédé d'une voyelle nasale: tanna^ (prononcez tan.na); c'est pourquoi il faut écrire fena et non fenna, de femina^: il n'y a pas ici de voyelle nasale.

2. Dans les combinaisons de consonnes il faut compter non seulement les combi- naisons de deux articulations différentes qui existaient en latin conformément aux lois phonétiques propres h cette langue (spina, faclus), mais encore les réunions de deux ou trois consonnes qui ont été amenées dans les langues romanes par l'élision d'une voyelle (par ex. de àansjad'care ilejudicare, Ivr dans solv're de solverej. Or, cette rencon- tre d'articulations différentes a le même sort que l'hiatus ou rencontre de deux voyelles; dans l'un et l'autre cas, la langue tend à simplifier les éléments phonétiques par des moyens divers: l'élision (asinus, as'nus, a)!o;, l'addition de lettres au commencement

« De tiduKs, a, dérive encore par métatlièse l'adjectif ri<do, rûda. Sur cette double formation, v. Pho- nologie, p. 82.

' L'Académie el tous les dictionnaires, depuis celui de Boiste jusqu'à celui de Littré, disent qu'on pro- nonce qiiehiuefois les lettres doubles, comme pp dans app/'fence, mm dans irnmacvié. Il dans illustre, etc. Pour moi, je voudrais bien savoir comment on peut prononcer les deux l du mot illustre, à moins de les séparer par une voyelle, si faible qu'elle soit, comme le e muet dans le lustre.

» Ce mol signifie tanière, grotte, terrier de renard, caverne dans les rochers : la tanna a Vura; il., esp., prov. et romanche tana. V. Diez, Wh. II, 7.3.

* Ce mol signifie femme mariée ; en dauphinois ferma, vf. fenne dans R. de Brut, 73. Si M. Leroux de Lincy eût connu le romand fena, il n'aurait pas fait suivre ce mot fenne de cette .singulière remarque : «Fenne pour femme; on trouve en ce roman quelques exemples de mots à la fin de vers dont la terminaison a été changée par le poète pour rimer plus facilement! »

23

du mol ou prosllièse ('.vcnbellum, escahil: smla, ef:\\ai), ou dans le corps du mol ou épen- ihèse (essere pour osse, os.s'n>, itre; caméra, cam'ra, <'amttra)K- la permulalion (la/pa, taupa), la Iransposilioii ou uiétalli('se (ar/uellus, a«c/ellus, el par l'adoucissisinenl du 7 en !/ : anjil); el si, pour détruire l'hialus elle change des voyelles en consonnes (con- sonnificalion), par un procédé semblable elle éviie le choc des arliculalions en Iranslbr- mant les consonnes en voyelles (vocalisalion) : c'est ainsi que rajp a été l'orme de rabies par le changement d'une voyelle fj) en consonne (j), et lyà de lectum par le change- ment inverse d'une consonne (c) en voyelle (i).

Nous n'entrerons pas dans les détails sur ces divers procédés qui seront étudiés ailleurs; mais nous devons donner quelques explications sur la formation des palatales.

«6. Le développement histoVique des gutturales latines comprend trois périodes successives qu'on peul représenter dans le tableau suivant où, pour plus de clarté, nous distinguons les spiranles linguales (chuintantes) s el d des spirantes dentales v el z (sont en italitpie les sons romands actuels).

Gulturales bliiics

1" période

2»« périiide

3"'

p.riodi;

j = y

- dy

di* dz

7.

7.

g

gy dy

di dz

1 L

Z

c = k

ky ly

is ts

1 S

S

ca

kya tya

txa tsa

éa

sa

ga

gva dva

dia dsa

i!a

za

Dans la première période, les deux sons restent distincts, comme ils le sont dans le romand coqi/a, fiyera, dyû, lyo;' mais la spirante y est subordonnée à l'explosive guttu- rale (g, c) ou dentale (d, t.) Dans la seconde période, y se transforme en spirante lin- guale (z et s = chuintantes françaises) ou denlale (z el s) et domine l'explosive den- tale (de\. l), qui disparaît complétemenl dans la troisième période. Toutes les langues roaianes ne parcourent pas la série complète de ces transformations; c'est ainsi que le romand s'est arrêté à la deuxième phase, sauf pour le c (latin) devant e el i qui est de- venu s ou s, selon les dialectes; le français, au contraire, n'a plus que les sons simples de la troisième période, les uns ne franchissant pas le premier degré, celui des lingua- les ou chuintantes (j et ch), tandis que le c arrive à lu limite extrême des dentales pures (par ex. dans ceci).

Si maintenant nous examinons séparément le sort de chacune des gutturales latines, nous voyons, en ce qui concerne le / consonne ou j, que les Latins n'en faisaient pas un son simple comme le j allemand, mais qu'ils le prononçaient en le faisant précéder de la denlale d, qui ne s'écrivait point, quoiqu'on ail diurnum, c'esl-à-dire djurnum, à'on il. giorno, esp. jornado, romand joar^, fr. jour. Il est resté un débris de ce monde pri-

' Le romand ajoute souvent un r sans qu'il y ait rencontre de consonnes : tabula, trablya. ' C'est peut-être diy el t'sy qu'il faudrait écrire. (V. la note du § 27.) . ' Il y a en romand un autre dérivé do dies, c'est di, qui no se présente qu'en com|)Osition dans les noms des différents jours do la semaine. Ainsi qu'en provençal, le di se plaça d'abord, dans l'ancien français, à la tête

2i

niilif flans lo mol romand dtjiislo ('grnvérin), à côlé de dzusto (broyard), du htin justus: et di/iistisé à côlé de dziistisé (grnvérin) el dziistisé (broyard), du lalin jtislilia. Quanl au cbangemenl de (/yen dzon dz, selon les dialecles, il s'explique par la prédominance de la denlalo (pii a alliré à soi le y el l'a transformé en son lingual ou dental, limite que le romand n'a pas franchie.

On peut s'expliquer de la même manière le changement du g ou du c devant e et /. Le c, qui, .'i l'origine, était guttural devant toutes les voyelles, devint n/ (= ky), soit par la consonnification d'un i suivi d'une voyelle, comme dans glac<a * (de f/laciex), fjlacya, soit surtout par l'addition de y devant e et i\ comme dons cerasea, cyerasea (= kye- rasea). Le ;/ devint de même ç/y pour l'addition du y-; ainsi genu a donner sycnu; mais entre 5fyc?iM el dyvnu, la différence de son esl très peu sensible 3, et l'on vient de voir comment dî/ est devenu dz dans le gruvérin (comme dans le provençal et l'italien), el dz dans le vaudois el le broyard : dans celle combinaison romane de dz ou dz, on peut tirer le (/ du r/ latin, el le z an j (y); l'articulation est restée au même degré, mais elle a changé d'organe. Le c a suivi la même marche, cl cyerasea (kyerasea) a d'abord donné tycrasca; puis ty a pris le son ts (qu'il a conservé en italien : cicérone, et en roman- che : cima ou tschima, de cima) ou ts; mais la transformation ne s'est pas arrêtée l<^ comme pour le g, el le c =: li ou ts a fait un pas de plus en avant el est devenu le son simple s ou s (selon les dialectes) que, par raison d'étymologie, nous rendons par c : cerise; cerebella (pi. de cerebellum), cervala.

Il esl tout aussi facile de rendre compte du changement, particulier à quelques lan- gues de l'Ouest, de la gutturale c ou g devant a; ici encore c (k) ou y est devenu ky ou gy par l'addition du y palatal, el ce qui le prouve, c'est que cy el gy sonl restés dans quelques mots, témoins d'une époque qui n'est plus : capsa, v.yesé; pasc/o, paéje; coc/in, coqya; bas latin haga, basje 16). Mais l'évolution n'eu esl pas restée là, el kya ou gya esl devenu (ya ou dya, puis a donné les sons Isa ou d'za, tsa ou dza, le romand s'est enfin arrêté.

*î. Ce qui précède suffit pour expliquer pourquoi la terminaison verbale are se change en ir el non pas en ar après les palatales romandes é el j. Ce changement esl ii l'action du y palatal poslposé à la gutturale primitive dans la première période de

(le la composilion, il est resté dans dimanche; on disait donc dihtn, dimars, etc. C'est aussi le j)rocédé romand, l'on a di'lon, drmar, drmicro, drjou, dri-endro, dcsando, drmenjè (fcm.). En catalan on dit de mémo diluns (dies hina3), dimars, dimacres, dijovs, divendres, disabde. Il on est ainsi dans tous les dialec- tes du midi de la Franco, et en dau|)liinois nous trouvons les mômes formes qu'en romand : dilun, dimar, dijou, divendre, dissando. L'ancien romand disait également di el non pîis de: Le marcliié de Jaex (Ocx), lyquel e.st le di Ions, la marchié de Divonnc laquelle est le di mars et marcliié de Saint-Jean de Govillies lequel Rsl le di mesc.re. Hommage de Gox, 130t> (dans J.-'de Muller, t. H, cli. 1er, note 409 do la traduction).

' C'esl encore le cas pour quelques mots : qyenje, etc.

' On trouve encore jry dans gyena (de vayiim) et dans quelques autres mot8(§ 15).

' Au Canada, les gens du peuple ont coutume de confondre t et k et disent moikù: pour moitid. (V. aussi le Médecin maigre lui). Dans la prononciation populaire de cintièmc pour cinqrticme, nous trouvons le chan- gement in%erso qui est devenu la règle en romand, oÙQijent, quel, i/yern, guerre, se prononcent tyent, dyura.

25

l'histoire de la langue (,§ i6). Ce ij, se trouvant dans la syllabe accentuée, a alliré le a à soi en le Iranslorniant d'abord en c, comnne dans le vieux fran(;ais; puis le e s'çst changé en /, ce qui a amené la chute du y palatal ou peut-être sa fusion avec le i accen- tué ' : masticare, )na<:ir (pour marier); calcare, coueir, presser-; praedicarc, imiir (pour prijier, v. fr. prècliier). La même chose arrive quand le / originaire est devenu lui- même palatal : cainbiare, caniir. Il faut encore citer baptizare, qui a donné ùat'sir, d'où baéir. En dehors des verbes en are, dans les syllabes accentuées, on trouve tantôt le y h côté du (' : carus, ci/er (fém. cara, cyira), d'où carilateni, n/ertà, tantôt le / seul : cara, cyira: capra, élvra: scala, alla, mais le plus souvent le c seul : carrus, \écer; car- nem, la cor, etc.

La transformation de are en ir a également toujours lieu après y, Uj, ny : appodiare (bas latin, de podium 3), apiiyir: conlrariare *, contreyir: bayulare (bay'lare, balyare), balyir: balneare, hanyir: regulare (reg'lare) relyir'' (g^/ appelle toujours y en romand); mais après .s-, z et ç, seulement quand. en latin la terminaison are était précédée d'un /; bromir. de brosa, bas \aùn bitistia, de l'aha. bruslia: bas/are, bexir; captmre, éaçir, chasser, mais: passare* [de passuni, supin de pandere), pasar: accnsare, accusar. Après t, are donne toujours ar : embitar, de bité (de beslia); entetar, de tita (de testa); prelar, de prœstare. E.rclarare a donné eçleirir, ce qui laisse supposer une forme ancienne avec i: exclariare.

'ta. Il y a enfin le changement de a atone final en é qui a lieu dans les mêmes con- ditions, c'est-à-dire sous l'influence d'un i (e) originaire ou d'un y romand : t" Après y, ly, ny, c et/ (toujours) : troja, tniyé, laubia (loge dans les textes du moyen àgc, de l'aha. lauhja, hutte), luyé, galerie de bois devant le premier étage d'une maison; ranon- cula, renalyé [cl amène toujours y en romand); aranea, aranyé; furca, forée; pagine, pajè: sont exceptés : régula, reily»; creta, rreya; après s et z, c el t (quelquefois) : coxa, ciisè; pulicem, /j/yè, it. pulce; platea, plyeçè; beslia, bitè: mais: fossa, /'«sa; rosa, ruza; pulvis (pulvs, puis), piiça, pr. poix, v. fr. polce, fr. mod. pousse, d'où poussière: Costa, cu^.

' S'il n'y avait pas chute, mais fusion (ce que jc> ne puis encore décider), il faudrait dire que r et j res- tent consonnw palatales dans certains dialectes romands quand ils sont sui\is d'un y qui i)eut être fondu dans le î acctinUié : ryer, éher; l'ivi-a ^ cyivra, chèvre, ; jyaî«ra, jamais ; mejir =: nif^jyir, manger; c'est à peu jirès comme en italien ci et ^t.

» De ce verbe est formé le nom composé coiicé-rilyé (= chausse-vieille), en prov. chaucha-vieilha (Ho- norât, cauchemar sous la forme d'une vieille <iui, dans le sommeil, vous met im pied sur la siorge pour vous étouffer. V. dans le Glossaire romand les autres mots qui se rapportent aux vieilles croyances populaires, par exemple la seta (du 1. sabatta), le luderu, le beru, etc.

« De dérive /;oya, montée, colline, vf. puij (Puy-de-Dôme), d'où pinjir, monter, alper, et apùyir; vf. puier, d'où appuyer, it. poggiare.

» Citons encore le mot apleyir, atteler bœufs ou chevaux à la charrue, au char, fr.-comlois applier, opplaï, de applicare, par la suppression remarquable du c.

26

VI. Accent tonique. Quantité.

•89. Kn romand, comme en franijais, l'accenl Ionique tombe toujours sur la der- nière s^'llabe du mol, à moins que celte syllabe ne soit terminée par un a ou un n brefs, par un é, ou aussi par une voyelle nasale dans la flexion verbale ou par un c suivi d'un signe de flexion {s, t], dans quel cas c'est l'avant-dernière syllabe qui a l'accent; arma, comba ^ ceyo, coriace (de l'ail, zàhj, uyé, oie (de auca), il canlel, nos cantem -, // éanlon, etc.

1. Si l'accent tombe sur la dernière syllabe, celle syllabe peut être longue, comme dans ainar, aimer; amâ, aimé; vitir, vêtir; ou brève, comme dans î7î/ atnerel, etc., et elle est toujours terminée élymologiquement par une consonne, qui ne se prononce jamais, ainsi que cela avait lieu dans l'ancien français, l'on disait /i/u' (finir), comme nous disons encore aimé (aimer), comba (combat)-', etc. Mais celle consonne finale est souvent un signe de flexion, ou bien elle reparaît, soit dans la liaison, soit dans la flexion ou la dérivation; dans tous ces cas-là il convient de la conserver dans l'ortbo- graphe, comme dans amar, ily ameret; fiert, fém. fierla; cal, cala; paya, payisan V gales, galesa' ;gros, grosa: put, pula''; diir, diira; caud, éaudeyir; pot, potet; jour, forêt, jorela: il faut aussi maintenir la consonne finale pour éviter une trop grande profusion d'ho- monymes, par ex. le pid, le pied; lapil, la peau; pis, le pis (de la vache); pis, le pis (le plus mauvais). Enfin, il y a des mots dont la consonne finale, consacrée par l'u- sage, ne pourrait êlre supprimée sans inconvénient, par ex. m«3(dans Ranzdes Vaches),

' Comba est aussi nom propre : Comba: (Friboiirg), comme ranet, ranil, dans Duvanel (Neuchàlelj. Vf. combe, plaine prolongée et pour ainsi dire creusée au travers des montagnes : Li os clievauelie par tertres et par combes (Garin, 96'. Ce mot est usité dans le même sens en Daupliiné et en Savoie (Abbaye de Havte- Combe, sur le bord du lac du Bourget). Sur le vrai sons de combe comparé à na!, chtte et nt^, v. Revue suisse, 1856, p. 17, et surtout Desor, Orographie des Alpes, p. .570.

' il est à remarquer qu'à la première personne du pluriel l'accent a reculé sur Tavant-dernière syllabe, qui est l'antépénultième latine: cantàmus- est devenu cdtHamns, et ce qui prouve C(^ déplacement de l'accent, c'est la conjugaison des verbes romands dont la voyelle radicale .se diphtliongui! quand elle est accentuée, par exemple trorar, qui fait au présent trouva, trouves, trouvet, trouvem, trora.des, trouvon.

' Il y a cependant quelques mots dont la dernière syllabe, quoique accentuée, n'est pas sui\ie d'une con- sonne étymologique : i re, je vais; yi, vie.

* Du lat. pagensis* (dérivé de pagits, canton;; vf. 2)ais: Li cuers d'un homme vaut tout l'or (Wm pais. (Garin, II, i18;.

» Ce mot, (fui signiûo en romand joli, gracieux, charmant, dérive de l'anglo-saxon gdl, gai, réjoui, d'où le vf. galer, se réjouir, dont il est resté le participe galant, et peut-être galerie dans le sens que ce mot avait encore du temps do La Fontaine : Des fos.sés du château faisant leurs (/a ;e;-itf4- (divertissements.) Contes, III 12.

Pxtt (de pulidus, puani, d'où le fr, putois, béte puante) signifie laid; il en est de même dans le vf, Puite aire, dans Tri.stan, II, 1.13, et dans la plupart des patois: la poetè-mancé, en neuchàtelois (Musée neuchdteluis, 18().'i, p, 'idij, peit el^ont.- en franc-comlois (Tis.sot, le Patois des Fovrqs, p. 180). De put dérive putanna, qui a le même sens que putain en français.

27

bot', etc. Mois quand les lettres finales sont complètement inutiles, il vaut mieux les supprimer; dans ce cas, toutefois, on doit distinguer le a accentué en le marquant de l'accent aigu- : â (de apis), abeille; sema (de setiior), père; crii, cru; ocre, vrai; lyil, lit, etc.

Les consonnes finales présentent deux cas :

a) Si le mot n'est terminé que par une consonne, celle consonne ne peut être qu'une liquide (r, /, n, m), la spirante .v, les explosives fortes t, c, ou l'explosive faible d. Les liquides finales ne se suppriment jamais, s subsiste presque toujours, et nous ne con- servons les explosives que lorsque cela est nécessaire.

b) Si le mot est terminé par deux consonnes, la première ne peul être que r ou n et la seconde t, rf ou c: tnoart, a, mort; rwrd, a, vert; pocrr, porc, porcet; (jranl, a, grand; njond, a, rond; blyanc, blyanœ, blanc.

2. Si l'accent tombe sur l'avant-dernière syllabe, la dernière est formée, comme on l'a vu plus baut, par a ou o brefs, par é ou par c suivi d'un signe de tlexion. Quant à la syllabe accentuée, elle peul être formée par toute voyelle ou diphtongue : ajo, âge; pedré, perdre; fi{a, fête; i jiiyo, je joue; piyo, joie; leivro, livre; lropa'\ troupe; pyola, patte*; oitio, poarta, poerço, etc. Le e lui-même peul être accentué, ce qui arrive sur- tout dans le bas-gruvérin ou é remplace souvent le « ; déré, dire; péré, poire; téna, lune; fanièna: persèna; paféra. La voyelle accentuée peut être longue, comme dans ano, /lia, rusa, ura, ou brève, comme dans lama, roba, snpa, rusa, etc. Comparez ajo (a long), âge, et ajé (a bref), haie; oar{a long), or, et oar {a bref), ours; toar (a long),

' Le crapaud est désigné en romand par deux mots également significatifs: 1" crapo, fr. crapaud, de l'ancien verbe crapar, fr. cr«/)ec (ramper), d'origine germanique (islandais cranp, ramper). t" Bot, vf. bot, lios, botte (dans R. du Roiard, II, 1o2)-, il. botta, champenois et dauphinois bote, du h. ail. moyen bôsen, pou.sser, heurter, frapper, c'est-à-dire que le crapaud est un animal poussé, gonflé, boursouflé. De cette racine germanique sont sortis bien d'autres mots appartenant aux langues romanes, ainsi : romand hutar ou betar, |)Oser, déposer, vf. bouter : (En sen sain les a boutés. Aucassin. Le feu i boutent. Gcirin. I, 201 . Si leus bota la teste avant. Cli. de Roland), (V romand het, fr. bout (propr. la partie d'un corps qui boute, qui heurte la première); boton, fr. bouton (ce qui pousse, ce qui boute aux plantes). « Buter est une variante dialectale de bouter et a donné but (propr. le point l'on vise, l'on veut buter), rebuter, rebut, début, débuter, et la forme féminine hutte, vf. bute.» (Brachet, Dict., buter.] L'esp. et l'it. boto, tronqué, émoussé, et le fr. bot., dans pied bot, paraissent se rattacher à cette racine, qui se retrouve dans le fr. bosse, bo.s:n<, et dans l'it. boii-iri. bouton ; bo:za et hos:o en italien signifient aussi une pierre grossièrement taillée, c'est-à-dire informe. N'oublions pas de rappeler ici le bloc erratique qui se trouve près de Neuchàtel, dans un endroit appelé Pierre n Bot. V. Guide du voyageur à Neuchàtel (par MM. L. F'avre et Dr Guillaume), p. S9.

' Sans cela on pourrait le confondre avec le a atone final : arma,, âme. Cette confusion ne peut d'ailleurs (•\i.stcr que pour la voyelle a, le o final accentué ne se i)résentant que dans les monosyllabes.

' Ce mot, dérivé du latin barbare trojipa, forme féminine de troppus, s'emploie aussi pour désigner une certaine quantité. Dérivés : tropil, troupeau ; ti-upar, vf. treper, fr. -comtois trcpai, fouler aux pieds, écra- ser en piétinant : trupar l'erba; on esp. ntropeUar, tropellar dérive de même de tropa, fropel; prov. atro- jielar, de trop; vf. attropeler, de trv]!. Il est probable que le mot de rapport trii, fr. trop, a la même origine. Cf. Dicz, Wb., I, 429, 11, 443.

Ce mot se trouve en dauphinois planta, en piémontais/)jo<n. Dante (Inf. 19, 20) emploie /)io<a dans le sens à<i pied. Origine inconnue. V. ce|)endant Die/., Wb., II. .'U.

28

la tour, el todr {a bref), le tour, de tornar, tourner; moart (a long), la mort, et m.oar{a bref), le mors, la bouche.

11 y a quelquefois entre les voyelles longues et brèves des deux ou trois dernières syllabes une espèce d'équilibre qui ne se maintient souvent que par une transformation delà voyelle, comme cela a lieu dans la conjugaison, par ex. crosir, i crouso: nos mherem, vos innrides; loyir, i Inyo; trovar, i trowivo: dnrar (dérur en bas-gruvérin), i (Inro.

30. De ce qui précède, il résulte que la voix en romand ne se repose jamais à la fin d'un mol sur une consonne, et que tout mot se termine nécessairement, pour l'o- reille, par un son voyelle, qui est long ou très bref, selon que la syllabe finale est accentuée : porlar = porta, ou ne l'est pas : / poarlu. Cette remarque est importante pour la vieille versification romande dans laquelle les longues et les brèves rem- placent les syllabes masculines ou féminines, comme on peut le voir dans le Ranz des Vaches.

VII. Réwmnr.

31. .4, 0, (', se prononcent comme en français et ont toujours le même son, tantôt fermé, tantôt ouvert; ainsi vinide (impératif) et vinides {itid. présent) se prononcent vf- nidé. Le i est toujours voyelle el ne doit pas être confondu avec y consonne.

IJ = ou français; ù = u français; é = e muet français.

Au = al latin se prononce toujours o long.

Les voyelles nasales an, on et en sonnent comme an, on et in en français.

Les diphtongues ei el ou se prononcent comme ai et au en allemand.

Les consonnes se prononcent en général comme en français; elles ont toujours la même valeur, sauf c qui a le son de s devante et i. S el z sonnent toujours comme r/i et /français dans certains dialectes (par ex. le gruvérin) el comme s et ; français dans d'autres.

c elj sont des sons composés équivalant tantôt à tch et dj, tantôt à fs el dz.

ç = ch allemand doux el | = <A anglais dur.

r indique le c dur devant p et t.

y r= j ail. el italien ; ly et ny marquent les / el n mouillés.

Les consonnes finales ne se prononcent que dans la liaison. '

' La manio, déjà signalée par Litlré dans la préface de son Dictionnaire (p. xii et s.,, d'articuler des lettres qui doivent rester muettes ou d'exagérer la liaison des consonnes, n'est nulle part poussée plus loin que dans certains cantons de la Suisse romande, l'on fait sonner le s de fila, jadis, Ducis, Pasquier, Bealay, VOIS commun, le t de />ut, le i; Ae joug, le /'de cert, le n de Bmm, etc. Quelques personnes, qui se piquent pourtant de bien parler, ne vont-elles pas jusqu'à dire /f.« rjens, le temps, il arait, etc.? De l'usage admis dans U' canton de Frilmurg d'estro|)ier les noms des localités finissant en ens et de prononcer, par ex. Vitadens, comme s'il y avait Vundanse, tandis (pi'en patois on dit correctement Vuadin. At/er, village romand du val des Anniviers (Valais), doit se prononcer comme dans E.fta>^a.yer; mais cela parait trop simple à quelques personnes qui font sonner ce mol comme l'espagnol aijer ou même comme dans l'allemand Mayer.

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VIII. Application.

S«. Pour que l'on ne nous reproclie pas <le faire uniciuoinent de la ihéorie, nous allons appliquer noire système orlliographique à trois poésies célèbres, représentant trois époques de l'histoire de nos dialectes et que nous détachons de la dernière partie de l'ouvrage ou Glossaire romand, auquel nous sommes obligé de renvoyer pour toutes les explications de naols.

A. Ranz dis Vaces

Dialecte de la Bauxe-Gruy&re

i . Les armalyirs dis Golombetes ' De bon matin se son levas.

A! a! a! a! Lyoba, lyoba ' Por aryar. Refrain : Vinide totes,

Pitites, grosses*, BHances, neires, Rojes, moteiles, Deso ceti éano Yo vos aryo, Deso cèti tremblyo Yo i^ trenéo. Lyoba, lyoba Por ariar.

Outre ce grand refrain, il y en a un plus court qu'on fait alterner quelquefois avec le premier, en le mettant après chaquo couplet pair.

Les senalyires Van les premires, Les totes neires Van les dereires *.

' On ne connail pas encore la vérilablo signilication ilo ce mol. L'albanais a le mol liopa, vache ; mais •cela ne veut rien dire, puisque l'albanais n'appartient pas à la famille dos langues romanes. Parmi toutes les «^tymologies proposf^es, celle (pii me sourit le plus a éié donnée par M. Cornu, qui croit (jue l'on a affaire ici à un mol lalin i/lohare, dont le composé Ir^s usité r»l ali/ohar, in unum compellerc. Lyoba serait un impéra- tif adressé aux garçons (bhebo) par les armahjirs. On peut comparer aculyir (ad colligere), qui a la même signification. ,

' Les substantifs féminins terminés par « ou '' = « font leur pluriel en es (le »• s'entend devant les mots commençant par une voyelle]; il en est de même des adjectifs féminins, qui .sont toujours terminés par a ou é au singulier et par es au pluriel : la cruyi- dona, la mauvaise mère, les rmiyes dîmes; la hnln bitè, les haies bitcs.

' Le pronom sujet de la première personne du singulier al i devant les consonnes, i;/ ou y devant les Noyelles.

* La version publiée par M. Cornu renferme plus d'une faute; ainsi dans les refrains, oii la rime es' exactement ob.servée et consiste dans l'identité de la voyelle accentuée, M. Cornu n'a pas tenu compte de la règle et a fait suivre les deux vers : Les loties nei'ros. Van les dar/res, qui ne riment guère; et ailleurs :dans le Iroi.sième refrain, il y a ce vers : Jones e autres, qui ne rime a\(^c rii^n du tout. V. aussi Jya)i de la Jioliela, •(piatorzième couplet.

30

2. Can son vinyeis is Bases-ivucs', Jyames ne lei y-an pi'i pasar :

3. Qye fam-nos icé, mon puro Piero? Nos ne sem pas rnau enremblyas.

4. Te faut alar tapar a la poarta, A la poarta de l'encurâ.

5. Qye voleia-vos lei dyeso

A noton bravo l'encurà -

•t

6. Il faut nos dyeset una mesa Por nos lei puesem pasar.

7. Ly' et z-élâ' fierè à le poarta E ly at det dense a l'encurà :

8. Il faut vos dyeses una mesa

Por no lei puesem pasar.

L'encuni lei fit'' responsa :

Puro frare, se te vous pasar,

Te faut me balyir una moteta,

Ma te faut pas l'eflyorar.

9

40

H. Envuyis-nos vota serventa; Nos lei farem on bon pris gras.

12. Ma serventa ly et trii galesa : Vos pora ben vos la vi'iardar.

13. N'osis pas poeré, noton prite ; Nos n'en sem pas tan afamas.

14. De trù molar vota serventa Fûdreit epei nos confesar;

15. De prendre ben de l'Elyisé Nos ne séram pas pardénas.

16. Retourna-t'en. mon puro Piero; Deri por vos on ave Maria :

17. Prou ben, prou pris i vos sueto; Ma vini me soven trovar.

18. Piero revent is Bases-ivues, E tôt dreit ly an pu pasar.

19. Ly an met le cUo a la coudeiré n'avan pas a mi aryà.

En Ciiaço wer Trémeta,

De cuçè Molezon,

Ly aveit Jyan de la Bolyeta

fazeit gyerçon.

Il saveit vuardar les vaces

Ou mitem dis ôalours

San qè, pécayes deis moées

Jyame jilyi ii'an z-ou

B. Cançon de Jyan de la Bolieta ° 3

On rejerjilyivet de poere Can on veyeit cétous vanils. Tôt ou plyè bon por fayeiré, De vaces tôt garnis. 4. Jyan, permi totes cous roces, Menavet son tropil Tôt cèmen se dis eçaces Li osan tiini'i le pid.

' Liltéraiomenl lex Basses-eavx. C'est une prairie soinent inondée à l'endroit ou le Ryo dou Mont (ruisseau du Mont; se jette dans la Jogne. Elle est à cinq lieues environ des Colombetles. S'il est permis de lire |ilus (ju'il n'y a dans le texte, je suppose que le lieu Pierre est allé demander secours au curé était le village le plus rapproché, qui est Charmey (J. Cornu). Les Colombettcs sont un hameau et pàtnraare près de Vuadens. V. le Pinsoor des Colomheftcs, par M. L. Favre.

Pour éviter l'hiatus, on met l'article devant encurà, qui est déjà déterminé par le pronom possessif noton ou nofron.

' Le pronom-sujet de la troisième personne, tant du singulier que du pluriel, est ?'/ devant les consonnes et ily, ly devant les voyelles.

' Le romand évite l'hiatus entre deux mots qui se suivent et (pii sont intimement unis parle sens, et pour cela il em|)loic tantôt l'élision. comme saj'enfan pour«a/o enfan, fax pour tp as; tantôt l'addition d'une lettre euphonique (!5 24) : ly et = e z-ela pour ly e ela, su z'-ou (litt. je suis eu), ley y-at oqyé. L'article ou le pronom de la troisième ptTSonne peut aussi servir à éviter l'hiatus : « noton bravo l'enctirà, ma serranta ly et trii i/alesa, comme si Ion disait en français : à notre brave le aire'; ma servante elle est trop jolie. La liaison du s. qui se fait avec le son du ;. remplit le même but : rus-ario se lit : ro-xario. V. la Grammaire romande.

" Variante : L'enntrâ ht y-at feit responsa, le parfait au lieu du prétérit.

La chanson de Jean de la Bolieta est à coup sûr une chanson savante. La versification et les inversions le font voir assez clairement. Néanmoins elle ne manque pas d'intérêt, parce qu'elle traite une légende popu- laire (J. Cornu). L'original, qu'on n'a pas encore retrouvé, date du commencement de ce sièclev

31

5. Cil esprit per siir les frites Ily alavet en ôatn;

11 semblyavet qo ses bites Devan Ibtre le cam.

6. Can ses vaoes ly-iran suies, Vinyeit bas per le (''emenét E il ramenavet; ou ôalet

Le tropil san qyé net '

7. Tôt parei Jyan por ses peines Li falyeit de la tlyour; N'eteit pas ôemen les foenes, Il mèjivet c'en * lou.

8. Il falyeit li mètre on gyeôo Desos les trapénas; Adon il se creyet reôo

E vinyeit dejonnar.

9. Ma un joar l'armalyir du calet S'et cri'i cil esprit Port*avet dis trii feines aies Por sentre l'apetit :

'lO. Ou lyii de tlyour den le gyeco Ly a béta certens eus le pure co reco Leiset cisir den le crous.

il . Ma una voei raoôeranda Qyiret per ver la mine Per le pertet de la boarna : France, ecoarée cetane.

l'i! A l'enstan Franôé se leivet Por veire son tropil ; La poerè son cour soleivet, Il sent gûrlar ses pids.

13. Den una rayé ses vaôes, fasan tôt son ben, Derucies dou aut dis roces, Crévavan le teren .

14. ^France ly-at ecordi ses vaôes '

E les at meses ou crous ; Ly et dii adon cous roées Se nonmon l'Ecoréious.

15. Di'i ceti tem jyames les vaôes N'an pu en Cuaço

Alar en cam per les roces Et travesir les ôaus.

16. Dïi le mei d'ut den le ôalet Nyon ne pout me tinir.

Cil espri vout q'on s'end aie Dou font de cous vanils.

C. Les Cevreirs

Cunto ijrnvcrin, par Louix liontpl.

Pris de l'ivue étendu, du Grèvire en amont. Tût le gales pays fumet à Monbovon, Yo les filies, que dyon, ne son pas dis gaucires, Peré grant deseit, ly et le payis dis civres ; (Galeses d'Encyamont \ ne parlo pas de vos) Ma son rares co tôt dïi Grèvire en avau. Adon, per le d'amont n'eteit pas de meinajo Qe n'oset sa bédieta, u le mendré vèlajo n'oset son tropil; d'acopajo ou d'aôet Ne tropil ne cevreir n'alavet sen bocet.

^ .Va» qtjt' net, .sain et (que) net, c'est-à-rlirc aussi sain (|iic iu;t.

* C" ou co pour éémen.

* Dans la version publiée par M Cornu, il y a ici bites, qui ne rime pas avec rocas.

* C'est-à-flire nncn (I. lilnc; amont, d'où enc'amont et par addition do y : Eniyamont.

32

On yajo don ly avait den le fon d'una crousa, Pris de Velar-sûr-Mont, une bala graçiousa, Juneta, ragotenta, et dus valyens cevreirs : L'on de Vélar-sur-Mont, et plis l'autre d'Ennei. Gan le dever-le-ne, revûnùs des montanyes, Ly iran debarasis de lous pitites banyes, Ly alavan la trovar. Vos fi'idreit ren qye veire Cémen les dus marcians se clidan fere a veiré. L'on se gabet de socè et pïis l'autro de cen ; Lon d'en etrèlyir catro il se fat pas posen; L'autro soutet a pids jyens una valienta maya E pout levar bres francs la plye pesanta faya. Se le Piero d'Ennei cantet mi qye Colas, Le Colas, cen dyon. coarnet mi por galyâ.

Por qye tan tarlatar, por qye tan ferè atendre?

Il m'en faut prendre l'on, ma se pas qyent prendre,

se deseit Goton : son dis graçious relyis,

Sûr mun'arma', gales cèmen dis armalyirs,

Rècos, tis dus pareis : cacon ly at son boéet,

Sa coarna por cornar et pïitet"- on sacotet..

Qye lou fudreit-tè me ? Can modon dou vèlajo.

De moteta e de pan, por gutar me d'on yajo,

Le sacet ly et garni ; soven la payisanna

Li' fécet du linzu Dyiï bénéset l'ançyanna !

Qye lou fudreit-tè me? On bocon de meinajo.

Por vinir caqye ne se terir la semosa. Notes dus gaberis jyames ne tyesan mosa. En aplianen Minon qc burgavet ou cacet. Colas se betet a dérè : Veis-to, ton bil boéet, De cute mon motu, n'et ren qye on bocaton. Prinnyo ce por temoen la graçiousa Goton mon pitit Bigot seret plye yaut du droblyo. Ton Bigot ly et co te, de t'ure ly et terublyo;

' V. S i:^, notes.

C'est-à-dire piis-tet, formé de ji'in, puis, et de tet (origine inconnue), dont le t est devenu t sous l'in- fluence du *(§ 10, note ï).

Lei, li, y, en cet ondroit-ià.

33

Te fares, ôémen li, on prou tristo motii,

So nos prennyam la peina... Uf ! le qyent gros potïi!

Lese-me te drolyir... Colas, put vyero,

S'en alavet lyetar trapo, gros Piero,

Can la bala d'on mot les at dcscparas :

Voleis-vos, por dis boôés, retornar depoeras?

Vos arei jyames crû dis omos prou deleinas

Por vos decusérir, me ferè tant de peina.

De vos viinyir por cen vos seras ben matus.

Feide batré les boôés, vos sareis qyent dis dus

Seret le plye renyâ; per enco on poret veiré

Qyent de vos ly at rezon, qyent dis dus me faut creiré.

Pas plyè tard qye deman, ou plyanet dis Camos,*

Nos aren yïi qyent pout de votes sonna-mau;

Le jyu n'en vaut la peina; et cil ganyeret,

Se la deginyet pas, t'enco ma man, l'aret.

X peina salou doravet les niontanyes,

Les ombros s'etendan den le fon dis campanyes;

Ou plyanet dis Gamos, ver le pid du vanil,

Asétayé en musen si'ir le cul du bornil,

Goton ly atendeit ja. Deis blyances margérites,

Deis gales pécozis, deis freyes délicates,

Il garnet ses bils peis et son blyanc baveri ;

Piis se miret den l'ivue, e pïite adon se rit.

f).

Avoe les dus tropils, Piero et Colas ly aruvon. Asc tôt se son yus, les dus bodets se ruvon; Se reculon tis dus, piïs ravanton ; grant tem Se fan dis puts yes blyôs-; et pute en mimo tem Se ginyon de traver, se fan la groba pota; De coleré tis dus demeinon la barbeta; Il se bouron le front; se releivon tôt dreit... Den cil rido momen, la bala, les cevreirs Senton le bate-cour 1 Ly areit falyù les vciré n'uzavan soflyar d'esperençé et de poeré.

' Le plateau des Chamoix, au-dessous (le Villars-soiis-Mont, an pied d'une montagne l'on trouve encore dos chamois.

* Il y a dans ce polit chef-d'œux re de pofeie bucolique qucUpies mots fran^-ais, comme bli/6j anfen, (irôs, ritorios, que M. Bornct aurait bien remplacer par de véritables mots romands. Est-ce qu'au lieu do yes hlyiis, il n'aurait pas vieux valu dire: yen peis, comme dans le vieux français yeux pers ?

5

Si- se son tapas : Bigot reculet damboten ; Son métré ôemen H s'aboçlyet en jéinoten. Anfen ramosalà contro on boson de l'ajc. De colère il besalet, il se leivot de rajé ; Can mimo motïi lyiretun fiert Itotornâ. Lei te balyet on tôt eu, cjé tôt entatornà, lo le qe rubatet a reidevei siir l'erba, Ne teren pid ne éamba una piisenta vûerba. Colas, tôt vergonyous, d'on bon tricot d'epena, En juren c'on cevreir, li inezeret la péna : Te prennyet les motus ! t'en balyeri ben nied... Et 16 puro molû n'en poet portan pas mes. Ma Piero, l'ôrôs Piero, en canton sa cançon, S'en va prendre la man de Goton sen façon.

7.

La Cançon dou Vitoriôs.

Gales grengot, ren mes crennyo; T'as sotiinij on fiert asau. Te remarçyen, ly et me ganyo... Goton, balyé-lei la sau.

Breinade, bédyetes,

Votes sènalyetes,

Fede on gales bris;

Soutade, cèvretes,

Soutade, cévrils,

Can Goton vos rit.

Tôt joar ben tranqilo e conten, I revendri, per cétous rocetes, Ménar en cam mes pures bietes ; Li revendri tis les matins . Breinade, etc.

Goton, resteris ou vélajo; En ôantolen fèleris ; faris mon pitit meinajo, La supa por can revendri. Breinade, etc.

Can veri fumar nota boarna, Can desendri ver bornil, La retrunayé de ma coarna Faret glïrlar tôt le vanil. Breinade, bédyetes. Votes sènalyetes, Fede on gales bris; Soutade, cèvretes, Soutade, éévrils, Can Goton vos rit.

IX. Divers.

Extraits de vieilles chansons.

Us-Je desû cétous brances Cémen plyout sen boéir! Le tem et neir co l'enôo ; Gèmençet d'enliijir.

Den tis les tems, tis les payis On a soven de qye tremblyar, Can les jens son tôt ebayis De sen l'ivue on sat troblyar.

3r.

Faut alar ou prà Se vos savas vuero m'ennuyo

Por ei métré l'ivué, Den cé.li folii put payis :

L'ivuo ; Les diicas n'en son pas cruyos, Faut alar ou prâ Ma por lesjuyos

Por ben l'arosar. Son restas sur noies vanils.

Extraits des Revis friborjeis de M. l'abbé Chenaux.

08. Cen q'on balyct a la poarta redesent par la boarna.

82. Cil n'a ren de Caten n'a ren de sagren.

84. Tis les cayons ne son pas den les bïietons.

92. Il ne faut pas se devilir devan d'alar dromir. 102. Les ianlves so motron, la vérétû ristet a couma. 407. La jénilyé deit pa cantar devan pii. 125. Moart de fena, va de ôavau, ly et la ôévançé de l'otau. 128. Tôt me fas tôt te fari, doscit la civra a son cévril. 143. Ly et bon d'itre fui, ma avue rezon. 155. Gota sur gota se fat la mota. 160. Dis grobis nos end am tis. 164. Can on parlet dou lou, il saut la jour. 170. Les liiis d'oar maryon les ciils toars.

178. A la cueté se mariet, a lizir se repent.

179. Por se pendre et se inariar il faut pas gran tem lei muzar. 185. Cil ly et metrè se oïiéet yo vont.

188. La mizeré ameinet la nyezé.

202. La plyé cruy'ombro por la mezon d'on payizan ly et on caçil.

204. Ly et per tôt lei y-at oqye, fro ver no nos nos batem tis les joars.

211 . Ly et totavi la pançé moinet la dançé.

214. Les paées fan les eçaées.

215. On ne fat pas de mendrè paéé qyé ou motir.

226. Pitit a pitit l'ozil fat son ni.

227. Plyan vat lyen céménet.

238. Cen vent de rapéna il s'en vat do ruvéna.

247. Revis des ançyans, revis de tïicans; revis des junes jens, revis de ren.

249. Les rémases nouves ecouvon totevi ben.

257. tren méjet ben.

260. Trii lyet trii.

265. Il faut non éaçyours por en niïrir y-on.

270. Les éens sen ciiva n'an pa poeré de motrar le ciil.

274. Ven jalet, bizé dejalet, fena qe pu parlet, son très ôuzes galya rares.

275. Ven sur laci poartet profit; laçi si'ir ven poartet vénen. 277. Caqye vélajo. caqye lengajo.

279. Cil modet ôemen vil revent cémen mojon. 283. Ou puro sa.

36

284. On ne saut dou sa qye sen lei y-at.

289. On sat ne vat ne vont.

290. A tem u tard tôt se sat.

294. Lei y-at pas de sents valyon le bon Dyïi. 300. Se la ye éézeit, tis les ozils seran preis.

Autres proverbes.

Il fat tan ben mèjir ben des prîtes. lou n'a jyames mèji l'éver. Jyames poeriour n'ût bala mia. Il ne faut jyames tôt tyar. Q'a tôt fam, tôt pan.

S3. Une dernière observation à propos du Ilanz des Vaches. Rien n'est plus contraire au vrai génie romand que de forcer les Ions comme d'outrer les idées ou d'exagérer les sentiments. Mais, il faut bien le constater, le vieil esprit de nos pères s'en va avec leur vieille langue. Même le patois est encore l'idiome usuel, comme dans la Gruyère, il se meurt et ne sera bientôt plus qu'un souvenir : déjà proscrit à l'école (peut-être à tort, la comparaison du patois avec la langue française serait un puissant moyen pour bien apprendre cette dernière), il est méprisé par ceux-là même qui le parlent tous les jours; car, dans les réunions et dans les fêles, si l'on cause en patois, on chante ou plutôt on crie et l'on braille en français. C'est ainsi que nos chansons romandes, cette poésie fille du sol, se perdent ou ne subsistent que défigurées. A ceux donc qui voudraient retenir quelque chose de la tradition nationale, nous dirions volontiers : Chantez le Ranz des Vaches, ne le beuglez pas, et sous le prétexte de lui donner de l'expression, ne prenez pas une voix de tonnerre pour dire : Ma seroenta ly et trii yalesa,el n'embouchez pas la trompette du jugement dernier pour lyoher le troupeau, comme s'il s'agissait d'appeler les vivants et les morts à la vallée de Josaphat. On se croit original; on n'est que plat et ridicule. Allez donc entendre le Hanz des Vaches h l'orgue de Fribourg pour apprendre à connaître le vrai caractère de cette mélodie si originale dans sa suave simplicité.

Pour nous, nous ne saurions trop regretter que nos amis Bornel, Scioberet, Majeux, aient si tôt abandonné la muse romande. Enfants de la Gruyère, ils en connaissaient si bien la langue et le génie; ils nous auraient chanté ou raconté ce que disaient autre- fois à nos pères les vanils de la montagne ou les ryos de la vallée, nous aurions eu le lied romand et la ballade gruyérienne, toute une poésie nationale et populaire à la place de celte triste littérature du café-chanlanl qui envahit jusqu'à nos hameaux les plus reculés.

ERRATA

liijne j, liri Jiol. Pag d'autres faulcj de flexion verbale qui sont faciles à corriger

ou.

Page 10, note 1, ligne 4, lisez : langues; ligne ô, lisez : celtique. Page 13, ligne 19, au lieu de ■.,.., lisez : oa. Page W, ligne 1«, lisez : Jour, foret. Page 30, 2e col., ligne 4, lisez : Vos poras (Il y a

CATALOGUE DES ÉTUDIANTS

DK

L'ACADÉMIE DE NEUCHATEL

SEMESTRE D'ÉTÉ 1878

I. FACULTE DES LETTRES

Etudiaiiti».

1. Monlinollin, Albert, de Neuchâlel.

2. Calame, Henri, de Neuchâlel.

3. Brodmann, Paul, de BAle.

4. Dardel, James, de Sainl-Blaise.

5. Bourquin, William, de Coffrane 0. Schneider, Paul, de Berne.

7. Borel, Jules, de Neuchâlel.

8. Marchand, Kugène, de Berne.

Aiifliteurs.

1. Sanzenbacher, .4d., d'Odessa. 15.

2. Teichmann, Théodore, de Slultgart. 16.

3. Bachelin, Léopold, de Neuchâlel. 17.

4. Keller, Jacob, de Thurgovie. 1 8.

5. Barlcls, Guillaume, de Weslphalie. 19.

6. Bourcain, Arlhur, de Berne. 20.

7. Krieg, Ernesl, de Berne. 21 .

8. Wiesmann, Ernest, de Thurgovie. 22.

9. Richard, Charles, du Locle. 23.

10. Hùrsch, Frédéric, de Zofingue. 24.

11. Jaberg, Chrétien, de Berne. 25.

12. PeUold, Eugène, d'Argovie. 26.

13. Frech, Henri, de Bavière. 27.

14. Lebel, Louise, de Buttes. 28.

Richard, Edouard, de Neuchâlel. Béguin, Olivier, de Neuchûtel. Bourkhardt, GotUVied, de Thurgovie. Boillot, Abel, de Neuchâlel. Neuenschvvander, Elise, de Berne. Vasserol, Georges, de Boudry. Biihler, Emile, de Berne. Thomann, Georges, de Zurich. Widmer, Goltlieb, d'Argovie. Sleiger, Waltcr, de Berne. Siebel, Charles, de Cologne. Imobersteg, Richard, de Berne. Buttler, Charles, d'Angleterre. Mundwylcr, Ernesl, de Bûle.

38

IL FACULTÉ DES SCIENCES

G<ii(liaii(8.

1. Perregaiix, Jean, de Ncuchâtel.

2. Berlhoud, Aiig., de Neucliàtel. 'i. Lardy, Paul, de France.

4. Convert, Robert, de Neucliûtel.

5. Blank, Ernest, de Berne.

(i. Colomb, Kdmond, de Sauges.

7. Erni, Jean, de Thurgovie.

8. Jacotlet, Ang., de Neuchàlel..

9. Cornaz, Arth., de Neuchâlel.

10. Guillaume, Charles, des Verrières.

11. Schweilzer, Jean, de Thurgovie.

ilufliteurs.

2.

3.

4.

5.

(5.

7. " 8.

î). 10. 11. 12. V.i.

Zinlgraf, Hermann, de Sainl-Blaise. 14.

Haggenmaclier, Alex., de Zurich. 15.

StJBger, Bailliasar, de Glaris. 16.

Perthes, Bernhard, de Gotha. 17.

Lardy, Edmond, de Neuchàtel. 18.

Bally, Arnold, de Soleure. 19.

Bourquin, Alcide, des Verrières. 20.

Meuron, Louis, de Neuchruel. 21 .

Fischer, Jean, d'Argovie. 22.

Nicolet, Louis, de Berne. 23.

Fassbind, Joseph, de Schwylz. 24.

Seiler, Adolphe, de Bâle. 25.

(iugelmann, Jean, de Berne. 26.

Berger, Edouard, de Berne. Eizinger, Emile, de Neuchàtel. Dubois, Fernand, de Neuchàtel. Borel, Georges, de Neuchâlel. Pury, Jules, de Neuchàtel. Montmollin, Jacques, de Neuchâlel. Richard, Adrien, de Neuchâlel. Sandoz, Georges, de Donibresson. Dinkelmann, Jean, de Berne. Hammer, Charles, de Neuchâlel. Knœry, Henri, de Berne. Borel, Maurice, de Neuchâlel. Affoller, Jean, de Soleure.

m. FACULTÉ DE THÉOLOGIE

Etufliaiiti».

1. iMonnard, Alfred, de Vaud.

2. Morel, Ernest, des Hauts-Geneveys.

3. Ecklin, Charles, de Bâle.

4. Leidecker, Charles, de Neuchâlel. ô. Juillerat, Jean, de Berne.

6. Boubila, Philibert, de France.

7. Borel, Paul, de Neuchàtel.

8. Savary, Arlh., de Vaud.

9. Ribetli, Jean, du Piémont.

jLUflitcur.

1. Sandoz, Georges, des Ponts.

30

ÏV. FACULTE DE DUOIT

AiidUctirs.

1. Bonhôle, Eugène, de Neuchâlel.

2. Savoie, Eugène, (h\ Locle.

3. Jacol-Guillarmod, deChaux-de-Fonds.

4. Pelilpierre, Léon, de Couvel.

5. Vaucher, Henri, de Fleurier.

«i. Robert, Georges, du Locle.

7. DeBrol, de Brot.

8. Juvel, Edouard, de Bulles.

9. (iaucliat, Louis, de Lignières. 10. Zinlgraff, Léon, de Saint-Blaisc

r=iE:siLJ]VEE:

I. Facnlté dos Letlrcs.

A. Eludianls 8

B. Audileurs ..'.... 28

" 36

II. Facnlté ilcw Sciences.

A. Eludianls 11

B. Audileurs 26

37

III. Faculté «le Théologie.

A. Eludianls 9

B. Audileur 1

10 IV. Faculté <ic Droit.

Auditeurs 10

Tolal .... 93

Ces 93 étudiants et audileurs se répar- lis.senl comme suil, d'après leur origine :

A.

Neuchàtelois .

.

.

46

B.

Suisses d'autres cantons

>

37

flj Bernois ....

. . 16

b) Thurgovien?

. . 5

c) Argoviens

.

. . 4

d) Bâiois .

4

e) Zuricois .

.

. . 2

f) Soleuiois

,

. . 2

(l) Vaudois .

t

. 2

h) Schwyzois

.

. . 1

t^ Glaronais

.

i

37

C.

Etrangers

Tolal .

-

10

93

PROGRAMME DES COURS

I)K

L'ACADÉMIE DE NEUGHATEL

SEMESTRE D'HIVER 1878-1879

'X

I. FACULTÉ DES LETTRES

1. Lnngiic et Iltlcratnrc latincfii : Professeur, M. le D'' A.-W. Neumann. Tacite: La Gcriiiania (cdit. Teiibner), 2 heures. Histoire de la langue latine, 1 lieure. Antiquités : Les fouilles de Pompéi, 1 heure. Total : 4 heures.

2. Langue et llttératuec grecques: Professeur, M. le D"' A.-W. Neumann. Eschyle: Les Perses (édil. Teubner), 2 heures. Histoire de la littérature : Origines. 1 heure. Total : 3 heures.

3. Littérature française (en commun avec la Faculté des Sciences) : Professeur, M. A. Humberi. Depuis le WC siècle. 2 heures.

4. Littérature allemaiide (en allemand) : Professeur, M. le D"" Domeier. Histoire de la littérature allemande depuis ses origines jusqu'aux temps modernes 2 heures.

5. Littérature générale: Professeur, M. À. Humberi. Depuis la Renaissance.

2 heures.

(i. Philosophie et histoire de la |>liiloso|>lite : Professeur, M. H. -Adrien Naville.

Anthropologie, 2 heures. La philosophie grecque depuis Socrate et la pliilosophie des Pères de l'Eglise, 3 heures. Total : 5 heures.

41

7. HiNfoirr Kénéralo (en commun nvec la Facullé des Sciences': Trofesseur, M. A. de Chnmbrier. La guerre de trente ans. Los deux révolutions anglaises. Louis XIV. Le XVIII« siècle. 2 lieures.

8. iliNtoIrc n»tioii:iie (en commun avec In Faculté des Sciences! : Professeur, M. le D' .4. Datfuel. Coup d'oeil sur les destinées politiques et intellccluelles de la Suisse au XIX* siècle. 1 heure.

î'. (icoeraphir «-oiiipart^c : Professeur, M. C. Ayer. L'Europe. 1 heure.

10. PhyNiologic et anatomie rom[>nr4>'CM : Professeur, M. le D' Ph. de Hougcmonl.

Zoologie des invertébrés. 1 heure.

11. Economlp poiitif|ue ei statiM<ic|iic (en commun avec la Facutlé de Droit) : Professeur, M. C. Ayer. Distribution des richesses. Le socialisme et la politique, 2 heures. Statistique de la Suisse et du canton de Neuchâtel en particulier, 1 heure.

Total : 3 heures.

12. Droit public fédérai et cantonal (en commun avec la Faculté de Droit): Professeur extraordinaire, M. A. Jeanhenvy (v. le programme sous IV, 1).

13. Lingnistiqnc séiiéraic : Professeur, M. le D^ A. -H'. Ncumann. Origine du langage. Racines. Classification des langues. -- 1 heure.

14. Hieitoire de la iansne françainte : Professeur, M. C. Ai/er. Grammaire historique. Littérature de l'ancien français. 1 heure.

15. Archéologie: Professeur, M. le D' A. Daguel. Monuments de l'antiquité cel- tique et romaine en Helvétie. Elude de l'épigraphic d'après Mommsen cl les découvertes plus récentes (d'après Hahn). 1 heure.

16. Littérature anglaise (en anglais): Professeur, le Rév. B. 0' Meara Deane M. A.

Le XVIIl* siècle. Lecture et interprétation de quelques morceaux tirés des auteurs dont il sera fait mention. 2 heures.

17. Littérature italienne (en italien) : Professeur, M. l'millà. /" parité. Les écrivains au XVIII'' siècle. partie. Suite de l'Histoire de la littérature. 2 heures.

COURS LIBRE ET GRATUIT

nytliologle dcH prupicM gcrniani<|iie«. Professeur, M. le H' A.-W. Neumann. 2 heures.

42

II. FACULTÉ DES SCIENCES

1. ilatliéiiiatiqucs : Professeur, M. A. Vielle. Suite de la géométrie analytique à deux dimensions. Géométrie analytique à trois dimensions. Notions d'analyse infinité- simale. — 4 heures.

2. Géométrie descriptive: Professeur, M. L. Isely. Des surfaces. Surfaces de révolution. Surfaces gauches. Applications à la Stéréotomie. Projections coniques. 1 heure.

3. IMécanique : Professeur, M. le D'-' //. Sc/ineebeli. Statique et dynamique. Equi- libre et mouvement des systèmes matériels. 2 heures.

4. Dessin mathématique: Professeur, M. L. Favre. Dessin de machines. Dessin d'architecture. Topographie. 2 heures.

5. Astronomie : Professeur, M. le D^ Hirsch, Directeur de l'Observatoire. Astro- nomie du système solaire. 2 heures.

6. Physique du globe : Professeur, M. le D'' Hirsch. Océanographie et Météo- rologie. — \ heure.

7. Physique générale et expérimentale: Professeur, M. le D' R. Schneebeli. Physique générale. Chaleur et Electricité. Application. 4 heures.

8. Chimie : Professeur, M. le D"" 0. Hillcler. Chimie inorganique, théorique (et expérimentale), 2 heures. Exercices pratiques au Laboratoire (Analyse qualitative et quantitative, préparations), 4 heures. Total : 6 heures.

9. Minéralogie : Professeur, M. le ]y M. de Tribolet. Minéralogie appliquée à l'Industrie et aux Arts. 1 heure.

10. Géologie et paléontologie (avec excursions) : Professeur, M. Aug. Jaccard. Géologie des terrains sédimentaires. Hydrographie. Coup d'oeil sur le développement de la vie à la surface du globe. 3 heures.

43

11. Physiologie et nnntoiiile comiini^ew : Professeur, M. le D' Pli. de Rou-

(jemont. Suite de l'Iiisloire des iriverU'brés avec démonstrations au microscope. 3 lieures.

12. Botnniqne et phywioloffle végi'tale : Professeur, M. le D' P. Morlliier. Anatomie et pliysiologie végétales. Eléments de classification. 3 heures.

13. Littérature fr:iiiçnise (en commun avec la Faculté des Lettres): Professeur, M. A. Humhert. 2 heures.

14. Histoire généraie (en commun avec la Faculté des Lettres) : Professeur, M. A.

de Chambrier. 2 heures.

15. Histoire nntionnie (en commun avec la Faculté des lettres): Professeur, M. le D"" A. Daguet. 1 heure.

LABORATOIRE DE CHIMIE

Un règlement spécial fixe les conditions auxquelles des élèves chimistes sont admis à travailler au Laboratoire en dehors des cours réguliers (v. p. 51).

COURS LIBRES ET GRATUITS

1 . Pii.vsiqne (pour les instituteurs) : Professeur, M. le D' H. Sclineebeli. Entretiens sur des questions de physique. 1 heure.

2. Cliiinie : Professeur, M. le D"" 0. Billelcr. Chimie organique. (Chimie des com- binaisons aromatiques). 1 heure.

44

III. FACULTÉ DE THÉOLOGIE

A. Première division ou cours préparatoire [i" année).

1. En commun avec la Faculté des Lettres.

Les cours de: 1. Langue et lilléralure latines. 2. Langue et littérature grecques. 3. Littérature française. 4. Philosophie et histoire de la philosophie. 3. Histoire géné- rale. 6. Physiologie et anatomie comparées. 7. Economie politique et statistique.

2. Cours spéciaux à la Faculté de Théologie.

8. Encyclopédie des sciences tliéoiogifjnew : Professeur extraordinaire, M. le pasteur L. Nagel. Partie spéciale. 1 heure.

9. Histoire ecclésiawliqne : Professeur, M. le pasteur Ladaine. Histoire abrégée de l'Eglise depuis le l'f siècle à l'époque de Charleinagne. 1 heure.

10. Langue iiébi*aïquc : Professeur extraordinaire, M. le D' A.-W. Neumann. Histoire de la langue hébraïque, 2" partie : l'hébreu des livres bibliques. Gram- maire : répétition des flexions et de la syntaxe. Lecture du Cantique des Cantiques.

2 heures.

11. Archéologie biblique : Professeur extraordinaire, M. le D'^ A.-W. Neumann. Archéologie de la vie de Jésus, l""' partie : le milieu géographique et le milieu historique.

1 heure.

, B. Seconde division {i% .? el i" années).

Les étudiants de la î» année suivent les cours de langue hébraïque et d'archéologie biblique avec la

première division.

1. Exégèse de TAncIeu Testament: Professeur, M. le pasteur Ferrochel. Ge- nèse XI-XXV. 3 heures.

2. Exégèse du IVouveau Tcstunieut : Professeur, M. le pasteur Hollier. Epître aux Romains. 3 heures.

3. Critique sacrée : a) Ancien Testament : Professeur, M. le pasteur l'eirochet. Histoire et critique du texte. Les versions. 1 heure.

b) Nouveau Testament: Professeur, M. le pasteur Hollier. Introduction générale. (Histoire du texte et des versions). 1 heure.

45

4. Théoloftic NyMtéiuatiqur : Professeur, M. le pasleur H. Ihiliois. Morale : 2' et partie, la force inuraie, les réalilt^s morales, 3 heures. - - Histoire de la pensée chré- tienne : d'Origène à Jean de Damas, 1 heure. Total : 4 lieures.

5. Histoire ecel«»ia«Uqiie : Professeur, M. le patiieur Lad<ime. Du \I1I' siècle

à la Réformalion. 2 heures.

6. Tliéologie pratique: Professeur extraordinaire, M. le pasteur L. Nayrl. Caté- chétique ou théorie de l'enseignement religieux, i heures. Exercices homilétiques el catéchétiques, I heure. Total : 3 heures.

7. Hygiène : Professeur extraordinaire, M. le D"" L. Guillaume. Hygiène sociale : hygiène de la nutrition. 1 heure.

IV. FACULTÉ DE DROIT

1. Droit féiléral et cantonal (en commun avec la Faculté des Lettres] : Profes- seur extraordinaire, M. A. Jeanhcnry, Procureur général. La Constitution fédérale actuelle dans ses rapports avec la Constitution helvétique et le pacte de 1815. 1 heure.

2. Droit romain : Professeur, M. le D"" II. Cuurvoisier, avocat. Système du droit romain : l. Partie générale. IL Droits réels. 2 heures.

3. Droit civil : Professeur, M. /'. Jacoltet, avocat. Des personnes, C. C, liv. 1 1 heure. Successions, suite du cours, 1 heure. Total : 2 heures.

4. Proccdnre civile ; Professeur, M. /'. JacoUcl. Procédure contenlieuse (d'après la nouvelle loi). 1 heure.

0. Droit coiunicrcial : Professeur, M. P. JacoUet. De la lettre de change, du billet à ordre, commissionnaires de commerce. 1 heure.

6. Droit pénal : Professeur, M. le D' L. Michaud, vice-président de la Cour d'appel. Code pénal, 1 heure. Procédure pénale, 1 heure. Total : ï heures.

7. Econoimie poli(i(|ne et atatiM(ir|ue (en commun avec la Faculté des Lettres) : Professeur, M. C. Ayer. 3 heures.

46

AUTORITÉS ACADÉMIQUES

I. Direction de rinstriiction publique. D' Roulet, conseiller d'Etal.

II. Commission d'Etat pour l'enscignemeut supérieur.

A. Bureau.

Président : D' Roulel, directeur de l'In- slruction publique.

Vice-Présidenl : D"" Desor, Edouard, con- seiller national, à Neuchâtel.

Secrétaire : Jeanhenry, Alfred, député, h Neuchâtel.

B. Membres.

Berthoud, Fritz, conseiller national, à Fleurier.J

Borel, Alfred, député, à Neuchâtel.

Brandt-Ducommun, Fritz, à la Chaux-de- Fonds.

Gerster, Charles, préfet, à Neuchâtel.

D"" Guillaume, Louis, directeur du péni- tencier, à Neuchâtel.

Jeanrenaud, P., député, à Neuchâtel.

Jurgensen, Alfred, négociant, au Locle.

Lambelet, Louis-Constant, conseiller na- tional, à Neuchâtel.

Nagel, Louis-Constant, pasteur, à Neu- châtel.

Savoie, Paul, diacre, à Neuchâtel.

NB. Le Directeur du Gvmnase et le liectcur de l'Académie assistent aux" séances de la Com- mission avec voix consultative. (Art. 47 de la Loi sur l'enseifïnement su|)érieur.)

III. Conseil de l'Académie.

A. Bureau. Président: Ayer, C, recteur. Vice-Président : y'\e\\e. Km., vice-recteur. Secrétaire: Naville, H. -A., professeur.

B. Membres. Les professeurs ordinaires des quatre Fa- cultés.

IV. Recteur de l'Académie.

Ayer., C, professeur à la Faculté des Lettres.

V. Conseils des Facultés. Faculté des Lettres. Président : D"" Daguel, Alexandre, profes- seur. Vice-Président : A. Humbert, professeur. Secrétaire : D"" Domeier, professeur.

Faculté des Sciences. Président : D-- Hirsch, Adolphe, professeur,

directeur de l'Observatoire. Secrétaire : Vielle, Amable, professeur.

Faculté de Théologie. Président : DuBois, Henri, professeur. Vice-Président: Rollier, F.-A., pasteur, à

Saint-Aubin. Secrétaire: Perrochel, Charles-Alexandre, pasteur, au Locle.

Faculté de Droit. Président : Jacollet, Paul, avocat, profes- seur. Secrétaire : D"" Courvoisier, Georges, avo- cat, professeur.

47 -

PROFESSEURS DE L'ACADÉMIE

ProfcsseiirM ordliiuIrcH.

Ayer, Cyprien, Boiite, 7.

D' Billeler, Ollo, Vieux Chiltel.

D"" Coiirvoisier, Georges, rue de l'Hôpi-

lal, 7. de Chambrier, Alf., rue du Coq-d'Inde, 1. D'^Daguel, Alex., faubourg du Crôl, 27. D"' Doineier, à INeucliùlcI. DuBois, Henri, rue de la Piace-d'Artnes.C. Favre, Louis, rue de l'Industrie, 3. D"" Ilirsch, Adolphe, Observatoire. Humberl, Aimé, Beau-séjour (Porl-Rou-

lant). Isely, Louis, h Neucliâlel. Jaccard, Auguste, au Locle. Jacoltel, Paul, Palais RougenioDl.

!)■' Micliaud. Louis, rue du Bassin, 14.

ly Moilhior, Paul, h Corcellcs.

Naville, IL-Adrien, faubourg du Lac, 5.

D' Neuniann, Adolplie-Willielni, Slation- Hill, Colombier.

Rev. O'Meare Deane. M. A. NcucliAtel.

Perrocliel, Al., pasteur, au Locle.

Hollier, F.-A., pasteur, à Saint-Aubin.

de Rougomont, Philippe, faubourg de l'Hô- pital, (iO.

D' Schiieebeli, Henri, Terreaux, 5.

D' de Tribolel, Maurice, Faubourg du Chilleau.

Uniilli^, Ang , ù Nouclifllel.

Vielle, Amable, faubourg du Crêl, 29.

l*i*ofc88eui*i!i e^iLli'uoi'diiiaircs.

D' Guillaume, directeur du Pénitencier. Jeanhenry, Alfred, procureur général. Râ- teau, 1.

Ladaine, E., pasteur, h Fleurier. Nagel, L.-Const., pasteur, à NeuchAtel.

BIBLIOTHÈQUE DE L'ACADÉMIE

Commission : Ayer, Recteur de l'Acadéniiei présidenL

Favre, Directeur du Gymnase cantonal, vice-président.

de Chambrier, représentant de la Faculté des Lettres.

I)' Sflineebcli, représentant de la Faculté des Sciences.

H. DuBois, représentant de la Faculté do Théologie.

D"" Michaud, représentant de la Faculté de Droit.

D"" Daguet, représentant du (lymnase cantonaL Bibliothécaire : A. Naville, secrétaire de la Commission, avec voix consultative.

48

EMPLOYÉS DE L'ACADÉMIE

Reinhard, Henri, préparateur au Laboratoire de Chimie. Guillaume, Kdouard, préparateur au Laboratoire de Physique. Schwab, Louis, huissier de l'Académie, rue Saint-Maurice, 11. Mohr, Charles, gargon du Laboratoire de Chimie. Concierges : Borel, Fritz, au Gymnase.

Loup, L.-Jules, au Laboratoire de Chimie.

^^V^VIS

Le semestre d'hiver commencera le mardi I'"'' octobre et durera jusqu'au 31 mars 1879.

Le premier jour du semestre est consa- cré aux inscriptions. Les examens d'ad- mission auront lieu le second jour. Los cours commenceront le lendemain

vent, par leur signature, accorder l'usage de ceilains livres aux étudiants.

La Bibliothèque publique de Neuchâtel est ouverte tous les jours ouvrables, à l'exception du lundi, de 10 heures à midi. Elle est également ouverte le mardi, jeudi et samedi après midi pour les personnes qui désirent y travailler.

La Bibliolhèque de l'Académie est ouverte aux professeurs du Gymnase et de l'Aca- démie tous les jours de la semaine, à l'heure fixée par la Bibliothécaire. Ils peu-

La lUbliotlièqiœ des étudiants, ouverte tous les jours à 10 heures, recevra avec reconnaisssance les livres utiles à l'élude qu'on voudra bien lui ofirir.

ti'H-j\'} l,' Observatoire astronomique est ouvert le vendredi, de 2 à 4 heures de l'après- midi.

Le Musée d'histoire naturelle est ouvert le jeudi matin, de 10 heures à midi, et le di- manche, de 2 à 4 heures du soir.

Le Musée de peinture est ouvert le di- manche, de 1 à 4 heures du soir.

Neuchâlel, le l"'' juillet 1878.

Le Recteur de H Académie : C. AYER, prof.

-5>»!a^eîi»«JSr-

49

EXTRAIT DU RÈGLEMENT DE L'ACADÉMIE

Admission.

Art. 70.

Los étudiiuils réjruliers sont ceux qui suivent au moins vin^rt ieçoii.'j dans une mémo Faculté.

Ain. 71. Sont admis conimo étudiants aux Farullés:

Les élèves âgés de 17 ans révolus, sorlaut du Gymnase avec le certilicat de maturité;

2" Les porteure du diplôme de Iwirlielier on de titres éi|uivalenls émanés des Cantons suisses ou d'autres EtJits:

3" (;eux qui, dans un examen d'admission, prouvent qu'ils possèdent les coiinaissimces sufli- santes.

Le ('onseil de l'Académie peut, dans des cas spéciaux, admettre des étudiants amlessous de l'âge réglementaire. Il peut aussi accorder excep- tionnellement des dispenses de fréfjuentalion de cours, sur le préavis du Uecteur.

Art. 7-2.

Outre les étudiants, d'autn« personnes adultes |)euvent étn- îidmises à suivre certains cours des Facultés en qualité d'auditeurs.

Les auditeurs suivent les cours de leur choix sans subir d'examen prénlable.

Pour éti-e admis comme auditeur aux diverses Facultés, il fiiut avoir 17 ans révolus.

Anr. 69.

Penveiit être autorisés à suivre certains cours du Gymna.se les étudiants réguliers des Facultés qui ne seraient pas suflisamment préparés [wur telle ou telle hranrlie du profrranitne des études.

Cette antorisalion est accordé*' (tiir le Conseil de l'Académie, sur le préavis du Recteur, et avec l'as- sentiment du Directeur du Gymnase.

Art. 73.

Les étudiants réguliers doivent, ù leur entrée dans l'une des Facultés, prendre leur feuille d'im- matriculation et, à l'ouverture de chaque .senics- ti-e, une inscription pour les coiirs de la Faculté à laquelle ils appartiennent.

Les auditeurs sont tenus de prendre une ins- cription pour chacun des cours qu'ils désirent suivre.

Si les parents ou tuteurs n'habitent pa.s le can- ton, l'étudiant doit, au moment de l'immatricula- tion, indiquer la persoime chargée de les repré- senter à Neuchàtel.

Examens.

Art. 8r>.

Il y a à r.Vcadémie des examens d'admi.ssion et des examens de sortie. Il y a en outre, pour les étudiants de la Faculté de Théologie, des examens annuels de promotion.

Tous ces examens sont publics.

Art. 86.

Les examens d'admission prévus à l'art. 71 ont lieu au commencement de chaque scmestiv, aux jours fixés par le Recteur.

Ils se font devant un jury nommé |»ar le Conseil de l'Académie.

Ils ont |)our base le programme du liaccalau- réat.

Art. 87.

A la fin de l'année académique, les étudiants (Miuvent se présenter à un examen de sortie pour obtenir un certificat d'études.

Les examens se font devant une commission com|K)sé<' du professeur enseignant, d'un profes- seur désigné |iar le Recteur et d'un ex|iert nommé par la Direction de l'Instruciion pubftque.

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Ils ont pour Ijasc le prosnimme dt-,s cours do l'auuée écoulée.

Les étudiants qui ont subi l'examea de sortie d'une manière satisfaisante reçoivent un cenilicat d'examens, signé par le Recteur de l'Académie.

Art. 88.

Les examens d'admission, de promotion et de sortie se composent d'épreuves orales et d'épreuves éci'ites.

Ces épreuves sont appréciées par des chiffres dont le maximum est 10.

L'examen n'est admis que si l'aspirant obtient les 'iio du maximum.

Contributions académiques.

Alix. 117 (modifié).

Les étudiants réguliers des Facultés paient une finame d'immalriculaUonàeir. 10 et une ^?iaHce d'études de fr. 30 pour le semestre d'été et de t'r. 50 pour le semestre d'hiver.

Les auditeurs des Facultés paient une finance d'études qui est calculée sur le nombre d'heures, à raison de l'r. 3 pour le semestre d'élé et de l'r. 5 pour le semestre d'hiver pour une heure de leçon par semaine.

Pour les instituteurs suisses et étrangei-s, la finance d'études est réduite de moitié.

AuT. 119.

Les étudiants et auditeurs qui suivent les cours pratiques de chimie paient, pour l'usage du labo- ratoire, une indemnité de fr. 20 pour le semestre d'été et de fr. 30 pour le semestre d'hiver. (Règle- ment pour le laboratoire de chimie, art. 12.)

AiiT. 120.

Les rétributions exigées pour les cours libres sont fixées par les personnes qui donneut ces cours, et le produit de ces rétributions leur appar- tient.

Art. 121.

Toutes les contributions scolaires sont payables d'avance.

La Direction de l'Instruction publique prononce, s'il y a lieu, sur les cas exceptionnels.

Art. 122.

Pour les diplômes de bachelier, il sera payé une finauce de fr. 30; ^wur ceux de licencié, une fi- nance de fr. 50.

Pour les candidats qui n'auraient pas fait leurs études régulières à l'Académie, la finance à payer est de fr. 60 pour le diplôme de bachelier et de fr. 100 pour le diplôme de licencié.

Pour les certificats d'examens de maturité mé- dicale et d'examens d'admission à l'Ecole poly- technique fédérale, il sera payé une financede 10 fr.

Les candidats qui auront échoué aux examens de grade de maturité paieront la moitié des droits prescrits ci-dessus.

Les certificats d'études ou d'examens sont déli- vrés gratuitement.

Subventions académiques.

Art. 123.

Il est institué, en faveur de jeunes gens appar- tenant à des familles pauvres ou peu aisées, des subsides ou bourses destinés à leur faciliter les moyens de poursuivre ou de terminer leurs études à l'Académie.

Ces bourses sont accordées pour un an par le Conseil d'Etat, sur le préavis de la Direction de l'Instruction |)ub!iqae. Elles peuvent être renou- velées.

Art. 124.

Les bourses sont accordées aux étudiants qui se distinguent par leur intelligence, leur appli- cation et leur conduite. On a de plus égard à l'âge, à la position de l'élève et à toutes les cir- constances qui peuvent déterminer l'étendue de ses besoins.

Art. 125.

Les étudiants qui veulent obtenir une bourse doivent adresser leur demande au Recteur. Cette demande doit être autorisée par les parents ou leurs représentants.

Art. 127.

Le Conseil d'Etat, sur le préavis de la Direction de l'Instruction publique, peut dispenser les étu- diants peu aisés de tout ou ijartie du paiement des contributions académiques.

51

Akt. 128.

Les demandes eu exemption totale ou partielle du |)aieinciit des coiitribiitiuii.s académiques doi- vent èlre motivées et signées par les parents ou leurs représentants.

Elles sont adressées au lieclcur, ijui les soumet à la Direction de l'Instruciion publii|ue.

Année académique.

Akt. j«. L'année académique est divisée en deux scnies- tivs : le semestre d'été, commençant au milieu d'avril et Unissant au milieu de juillet; et le sc-

niesti-e d'hiver, commençant le t" octobre et se terminant au commencement d'avril.

Iles deux seniesln>8 doivent conipi-endre iO se- maincti de leçons pour toutes les Facultés.

L'année scolaire commence jwur toutes les Fa- <ultés ave<; le semestre d'été, c'est-ii-dir»' au milieu d'avril.

Chacune des Facultés a douze semaines de va- cances, savoir :

Dix semaines en été;

Une semaine au nouvel-an;

ViK semaine entre le semestre d'hiver et le se- mestre d'été.

EXTRAIT DU RÈGLEMENT DU LABORATOIRE DE CHIMIE

Akt. 12.

Les étudiants et auditeurs de l'Académie qui suivent le cours de chimie pratique paient, ^wur l'usage du laboratoire, une indemnité do fr. 20 pour le semestre d'été et de fr. 30 pour le semestre d'hiver.

Art. 13.

Les élèves chimistes qui suivent le cours com- plémentaire de chimie prati(|ue, seront tenus de prendre un(! inscription, pour un cours au moins, à lu Faculté des Sciences, aux conditions régle- mentaires liiibituelles.

Quant à l'usage du laboratoire, ainsi que des drogues et appareils dont les élèves chimistes pourraient avoir besoin, il sera payé par chacun d'eux au bureau de l'.icadémie une indemnité de fr. 25 par mois. La moitié de cette contribution formera la rémunération du professeur et l'autre moitié sera versée dans la caisse de l'Etat par l'in- termédiaire du Recteur. Les élèves chimistes paie- ront à part les drogues exceptionuelleme,nl chères,

ainsi (jue tout ce qu'ils |K)urraicut casser ou gâter en fait d'ap|)areils.

Le professeur doit surveiller jiei-sonnelk'ment les travaux des élèves chimistes. Il peut se faire remplacer par son aide, qui aura droit à une in- demnité de sa (xtrt.

Le laboratoire sera ouvert aux élèves chimistes tous les jours de 8 heures du matin à midi et de 2 heures à 4 heures du soir, à . l'exception des jeudis et des samedis après midi.. ■' ■. :r-

Art. l'i.

Le professeur de chimie jHJurra être autorisé |iar la Direction de l'Instruction publi(jue à donner des leçons |)articuliôres dans le laboratoire; mais, dans chaque cas |)articulier, la contribution à |Kiyer par les élèves à l'Etat devra faire l'objet d'un préavis du Recteur de l'Académie ou du Directeur du Gymn;i.>;e. Elle ne peut être inférieure à (iO cen- times par heure de leçon, lavables d'avance au bureau du Recteur de l'Académie.

52

EXTRAIT DU RÈeLEMËiïT POUR LES CONCOURS ACADÉMIOUES

Concours académiques.

Art. 92. L'Etat offre annuellement quatre prix, chacun de fr. 100, pour les meilleurs travaux de con- cours présentés aux quatre Facultés de l'Aca- démie.

ART. 93.

Pour être admis au concours, il faut être ins- crit comme étudiant dans l'une des Facultés et suivre au moins dix leçons par semaine réfiuliù- rement.

Akt. 95.

La publication des sujets proposés a lieu en séance publique par le Recteur de l'Académie. Il les annonce en outre dans les programmes et les fait afficher publiquement.

AuT. 96.

Le (ioncours reste ouvert pendant neuf mois ; les travaux doivent être remis aux présidents des Facultés jusqu'au 31 décembre de l'année cou- rante.

Ancun travail n'est admis, s'il n'est pas livré avant le terme indiqué ci-dessus.

Le travail doit être anonyme : le nom de l'au- teur est indiqué dans une enveloppe cachetée, et (;elle-ci porte une épigraphe répétée sur le titre du travail.

Art. 97.

La langue française est de règle [wur les tra- vaux de concours.

Toutefois reni|)loi de l'alleniand, de l'anglais ou de l'italien est admis pour les sujets relatifs à ces langues; il en est de même de la langue latine pour les sujets de philologie.

Aiit. 98.

L'auteur doit indiquer d'une manière précise dans son travail les sources il a puisé.

Aiit. 99.

Les Facultés apprécient les travaux de concours par des chiffres dont le maximum est 10.

Aucun prix n'est décerné, si le chiffre définitif n'atteint pas 9. Pour les chiffres 7 et 8, il est ac- cordé une mention honorable qui sera publiée de la même manière que les prix.

S'il y a égalité de mérite, le prix est partagé entre les concurrents.

Aiit. 100.

La publication des prix .se fait en séance publi- que par le Recteur de l'Académie. Cette séance a lieu à la fin de l'année académique. Les jugements des Facultés seront annexés au rap|)ort annuel du Recteur.

PC Ayer, Gyprlen

908 Introduction à l'étui

A9 dialectes du pays roman

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