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JACME 1

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LE CONQUÉRANT

ETUDES

SUR LA MAISON DE BARGKLONE

JACME I

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LE CONQUÉRANT

COITK Dl BAIGILORI , SII6NIDR IK lOHTPELLlER

D'AJPRÈS LES CHRONIQUES ET LES DOCUMEI^TS INÉDITS

PAR

Ch de tourtoulon

Membre correspondant de rAcadémle royale d'Histoire de Madrid

SECONDE PARTIE

(1238 II 1276)

MONTPELLIER

JMIMUMIJUK TUHHiUArinnI I-: !)K «iflAS , KlUTKi II

MDGCCLXVII

^(a<flt/^ H-5S.7''o

Des circonstances indépendantes de notre volonté ont retardé la publication de ce volume. Ce retard n'aura pas été sans profit pour notre œuyre ; le temps seul devait nous permettre, en effet, de résoudre quelques difficultés imprévues. De nouvelles re- cherches nous ont fourni les moyens de compléter notre travail , et de prouver comment nous compre- nions les obligations que nous imposait Taccueil ines^ péré fait en France, en Espagne et en Allemagne^ à la première partie de cette étude.

Nous ne saurions trop remercier les écrivains qui ont bien voulu s'occuper de notre ouvrage. JNous

n

avons puisé de précieux encouragements dans leurs éloges , et plus encore, peut-être, dans leurs bienveil- lantes critiques.

Un de nos juges les plus indulgents* a semblé s^étonner du développement que nous donnons à l'histoire de Jacme 1" ; nous espérons que cette se- conde partie nous servira de justification.

Si nous n'avions voulu écrire que la biographie du conquérant des Baléares, de Valence et de Murcie , un volume eût suffi certainement. Mais, quelque in- fluence que les événements de ce règne aient exercée sur les destinées de l'Espagne et de la France méri- dionale, un intérêt plus général les domine, et dans l'histoire des pays d'Aragon et de langue d'Oc, comme dans celle de l'Europe entière au xm' siècle , il est une étude plus fructueuse que celle des faits : c'est celle des idées qui s'élaborent durant cette époque féconde.

Au temps de saint Louis et de Jacme 1", le choc des armées a moins d'importance que le choc des prin- cipes. Cette dernière lutte offre partout à peu près les mêmes caractères; mais nulle part elle ne se pré- sente avec la physionomie saisissante que lui donnent,

dans les Etats de la maison de Barcelone, les vieilles

*

traditions de liberté du pays de Sobrarbe , la diversité

< M. Ch. de Mouy, dans la Presse du 24 août 4863.

III des mœurs des peuples soumis au sceptre aragonais , le génie essentiellement pratique et conciliant du souverain. 11 n^est pas une seule des grandes idées qui ont agité le xiii* siècle qui ne vienne s'offrir à nos regards, durant les soixante-huit années de la vie du Conquistador. La lumière jetée sur ce point se re- flète sur l'ensemble du tableau et éclaire l'histoire de la civilisation européenne.

Compris ainsi , le règne de Jacme 1" a une plus grande importance que ne le ferait supposer Tétendue des possessions de ce prince

Tels sont les motifs qui nous ont fait insister sur Tétude de législation que Ton trouvera dans ce vo- lume. C'est, croyons-nous, un travail entièrement oeuf. Nous ne connaissons du moins aucune étude comparative des divers codes en vigueur sous Jacme I".

Pour les lois, comme pour les institutions et les mœurs des peuples de la couronne d'Aragon , une étrange confusion règne chez presque tous les histo- riens. Quelques-uns , il est vrai ce ne sont guère que des Espagnols reconnaissent en principe la division

* Les pays sur lesquels Jacme I*' domina directement occupent une superficie d'environ 175,000 kilomètres carrés et renferment de nos jours une population de plus de trois millions et demi d'habitants ; mais, en réalité, l'influence du souverain aragonais s'exerçait en Espagne et en France, comme on le voit par le traité de Gorbeil, sur une étendue de plus de 270,000 kilomètres carrés, peuplés aujour- d'hui d'environ neuf millions d'habitants.

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des pays dépendants des monarques aragonais en plusieurs Etats distincts. « La Catalogne , TÂragon et Yalenee , dit par exemple Modesto Lafoente ^ ces trois ^œurs vivant sous une même couronne, constituaient comme trois états anséatiques, régis par des lois et des institutions particulières^ ^. Mais la plupart, faisant un singulier mélange des noms, des lois, des lan* gages et des mœurs de ces peuples, peignent sous de fausses couleurs ce qu^ils appellent le royaume d'Aragon.

Afin de réagir contre une erreur par trop accré** ditée, nous nous sommes attaché adonner autant que possible aux choses et aux hommes la dénomination sous laquelle ils étaient connus dans leur pays; à dis* tinguer, par exemple, les corts des cartes, les richs homens des ficos homes , les personnages titrés de Ven catalan de ceux qui avaient droit au don aragonais ; à restituer enfin à notre héros son nom tel qu'il Ta

«

presque toujours porté.

11 eût été puéril de s'attacher à ces détails si nous n'avions voulu mettre sans cesse le lecteur en garde contre une confusion dont il est difficile de se dé- fendre, et qui a enfanté de nombreuses erreurs. Parmi les plus graves, il faut compter la fausse appré- ciation du mouvement législatif qui signale te règne de Jacme I".

*Historia gênerai deEspana^ Discursopreliminar, IX.

La plupart àes historiens ont tu dans les F^êeroê de Hoeoea la loi commone de tons les Etats araf onais, et ont, par eonsëqneiit, ignoré l'existence d'on code spécial an royaume valeocien; or, comme les jF'Was sont fort en retard sur la eirilisation du nn* siècle , tout le mérite de Jacroe eonime législateur s'est trouvé réduit à une imitation mal réussie des Partida» et des EuMisêemenU,

Mais , si Ton remarque que le roi conquérant n'a ja- mais songé à donner ii ses peuples Tonité législative , tout aussi irréalisable de son temps que Punité poli- tique, on reconnaîtra aisément dans les Ftieras le code de TAragon proprement dît, dans les Constitutions de Catalogne celui du comté de Barcelone , et Ton sera inévitablement conduit à rechercher le recueil légal du royaume de Valence, que Ton découvrira, comme nous Pavons fait, dans la prétendue charte municipale c[ui porte le nom de Ftirs.

En étudiant ces divers codes jusque dans leurs moindres détails, en comparant leurs dispositions sur une même matière, nous avons vu le Conquistador se transformer peu à peu, et le soldat couronné des chro- niques et des histoires devenir pour nous un politique profond, un souverain aux idées larges et progres- sives.

Ce n^est point du reste une découverte, mais seulement la confirmation d'une tradition qui vit

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encore de nos jours dans les pays dominait , il y a six cents ans, le législateur de Valence. Les historiens Pont acceptée àprimH; mais, par une contradiction singulière, leurs récits et leurs appréciations semblent destinés à la combattre bien plus qu^à Tappuyer.

La faute nVii est point à ces écrivains, que le carac- tère même de leurs ouvrages a emoèchés de recourir aux documents originaux; mais aux biographes du roi Jacme , qui ne se sont guère préoccupés que de ses faits d^armes et de ses conquêtes.

Un seul livre nous a offert un jugement d'une exac- titude frappante sur le grand monarque aragonais , et ce nVstpoint un livre d'histoire. M. Cambouliù, retra- çant le tableau des origines et du développement de la littérature catalane , consacre à Jacme 1" cette page, qui n^est pas la moins remarquable de son excellent livre:

« Contemporain d'Alfonse X de Castille et de saint Louis , à côté desquels il ne faut pas craindre de le nommer, guerrier et législateur comme eux, il fit peut- être encore plus qu'eux pour hâter la grande révolu- tion qui devait fonder dans toute l'Europe le pouvoir royal et l'unité nationale sur les ruines de la féodalité. Moins spéculatif que le premier, moins chevaleresque que le second, il l'emporte sur tous les deux par l'étendue de ses vues politiques, par la hardiesse de

r éformes, par son aptitude gouvernementale. Tout

vu

jeune encore > il dompte une révolte de la noblesse.. . / Il s'appuie sur le peuple, sur la bourgeoisie; il s'as- sied à la table des marchands de Barcelone, et les associe à ses projets de conquête. 11 réforme et régula- rise la législation. 11 ordonne que la loi est

mnette on v supplée, non par le droit canon ou le droit romain , mais par la raison naturelle. Enfin il met en honneur la langue nationale % négligée ou dé- daignée jusqu'à lui, en l'employant dans sa correspon- dance, dans ses ordonnances de justice et dans ses œuvres littéraires. On lui a reproché d'avoir toléré l'éta- blissement de l'Inquisition dans ses Etats, et d'avoir abandonné à ses. rigueurs les hérétiques qui avaient cherché un refuge au delà des Pyrénées : reproche injuste, si l'on songe que la puissance de l'Eglise était alors à son apogée et qu'elle venait de faire sur un Etat voisin le plus terrible exemple. 11 faudrait, en outre , lui tenir compte des eiîorls qu'il fit pour atténuer les effets da cette concession , soit en récom- pensant magnifiquement les efforts des missionnaires chargés de convertir par la parole, soit en établissant à Barcelone des conférences publiques, les docteurs juifs, arabes étaient admis à discuter contre les

* Nous avons supprimé quelques phrases renfermant des Inexac- titudes de faits qu'il ne faut pas reprocher à M. Gamhouliù, mais aux historiens qui les ont acci éditées.

'Il faudrait ajouter: de la Catalogne.

ihéologieiiB catholiques. Ajoutonft ^^au concile de Lyon il refusa formellement de renouveler Thommctge que ses ancêtres avaient jadis prèle an SainVSiëge , an qualité de rois d'Aragon \ »

Pour arriver À reconstituer, avec un art remar- quable , la vraie physionomie du règne de Jaome I^ , à Taide des traits épars dans les monuments littéraireis du temps , Tauleur des lignes qui précèdent a se dégager des idées mises en circulation avant lui , et rechercher la vérité avec la plus grande indépendance d^esprit. C'est aussi ce que nous nous sommes efforcé de faire f et ce qui nous a conduit à un résultat afna- logue.

Pénétré de cette conviction , que , pour cenx qui se sont donné la tâche de reconstruire pièce à pièce le passé de rhnmanité « la vérité est un patrimoine commun dont nul n'a le droit de garder pour lui seuL la plus minime parcelle, nous avons considéré comme un devoir de n'omettre aucun fait nouveau se rattachant^ même indirectement , à notre sujet ; sans nous in- quiéter d'ailleurs de l'effet qu'il pourrait produire, sans rechercher dans la vérité autre chose que la vérité elle- même, sans désirde plaire ou de déplaire, sans arrière- pensée de flatterie ou de critique. Le même sentiment nous a fait relever, avec une entière J)onne foi, les er-

* Essai sur Vhistoire de la liUérature catalane 0858)ohap. IIL

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reurs souvent inévitables d'écrivains dont nous esti- mons et dont nous respectons le talent.

Nous avons puisé à des sources qui leur étaient incon- nues. Le premier, peut-être, nous avons interrogé des milliers de documents contemporains du roi Jacme\ et Ton ne doit accuser que notre faiblesse si nous nV vous pas traduit exactement leurs réponses pleines de révélations sur Tune des périodes les plus intéres- santes pour l'histoire de la génération des idées mo- dernes.

Août i867.

* Les archives d^Aragon fournissent à elles seules, pour le règne de Jacme I", 2,300 acles sur parchemin et 36 registres sur papier, dont le plus ancien est le livre de répartition de Valence. H nous a été Impossible > on le comprend, de lire ou même de parcourir tous ces documents; mais leur excellent classement, les index qui les analysent et les copies modernes d'un certain nombre d'entre eux, tout imparfaites qu'elles sont , nous ont permis de faire un choix au milieu de ces richesses.

On trouve en tète de quelques vieux livres , à côté de Ténu- méralion des sources écrites , un paragraphe qui porte . à quel- ques variantes près^ le titre suivant : Quorum opéra sum ddjutus, quique mihi libros suppeditarunl. C'est un hommage rendu à la douce confraternité de ces auxiliaires bienveillants sans lesquels un travail historique de quelque étendue serait certainement impossible. Le chercheur désintéressé qui met au service d'autrui les résultats qu'il a obtenus , le savant qui éclaire le dédale des archives et des bibliothèques, le bibliophile qui indique et rend facile à consulter l'ouvrage se trouve le renseignemenl cherché, sont autant de collaborateurs auxquels l'auteur, s'il a quelque succès, le lecteur, si le livre lui procure quelque plaisir, doivent une bonne part de remercîments.

Voilà pourquoi , nous souvenant du vieil usage , nous sommés heureux de consacrer celte note à payer le tribut de notre recon- naissance à ceux qui ont bien voulu rendre notre tâche moins aride par leur secours obligeant et leurs gracieuses communi- cations.

Ce sont :

A Barcelone , D. Manuel de BofaruU y de Sarlorio , archiviste en chef de la couronne d'Aragon ; D. Antonio de Bofarull , des mêmes archives; D. Manuel Milà y Fontanals, professeur à la Faculté des lettres ;

A Madrid, D. Modeste Lafuenle , des Académies royales d'his- toire et des sciences morales et politiques; D. José Âmador de

XII

los Rio8 et D. Valentin Carderera y Solano, des Académies d'his- toire et des beaux-arls ; D. Emilio Lafuenle y Alcanlara , de rAcadémie d'histoire, directeur delà bibliothèque deSan-Isidro; D. Juan-Eugenio Hartzenbusch, de l'Académie espagnole, direc- teur de la bibliothèque nationale de Madrid; D. José -Maria Escudero, de la même bibliothèque;

A Saragosse, D. Pascual Savall y Dronda, avocat général ( teniente fiscal); D. Santiago Penen y Debesa, avocat;

A Valence , D. Pedro Salva , bibliophile ;

A Mayorque, D. José-Haria Quadrado , archiviste du royaume de Mayorque ; D. Joaquin-Maria Bover ; D. Fernando Weyier y Laviûa;

A Stuttgart (Wurtemberg), M. le baron Léo deReîschach, chambellan de S. M. le roi de Wurtemberg;

A Marbourg (ancienne Hesse-Électorale), M. le docteur Lemcke, professeur à l'Université , directeur du Jahrbuch fur romanische und englische Literatur ;

A Paris, M. Claude, de la Bibliothèque impériale;

A Montpellier, MM. Kûhnholtz-Lordat , professeur agrégé et bibliothécaire de la Faculté de médecine ; Mondot, professeur à la Faculté des lettres; Blanc , Gandin etLéotard , de la biblio* thèque du musée Fabre ; l'abbé Laplagne, supérieur du grand séminaire; Desmazes, archiviste de la mairie;

A Carpentras , M. Lambert , conservateur de la bibliothèque de la ville ;

A Rodez , M. Att're , archiviste du département de l'Aveyron ;

A Garcassonne, M. Mouynès, archiviste du département de l'Aude.

JACME I

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LE G ONQUÉR ANT

ROI D'ARAGON GOITB DE BARCELONE, SEIGNEUR DE MONTPELLIER

LIVRE TROISIÈME

JACME A L'APOGÉE DE SA PUISSANCE (1238 a 1258)

CHAPITRE PREMIER

État de la France méridionale et de la seigneurie de Montpellier. Hostilités entre le comte de Toulouse et le roi d'Aragon. L'opinion publique dans le Midi. Rôle politique des troubadours. Jacme i Montpellier. Conspiration réprimée. Entrevue du roi d'Aragon et des seigneurs méridionaux. Corts catalanes, à Girone.

Au moment de la prise de Valence , il n*y avait pas en Europe un souverain dont la gloire militaire pût être comparée à celle de Jacme I". Fernand III de Castille, le seul qui semblât vouloir rivaliser avec son voisin d*Âra. gon , ne comptait en 1238 qu'une conquête importante,

T. n. 1

2 LITRE III, CHAPITRE I

celle de Cordoue, etc*était peu à côté des expéditions des Baléares et de Valence.

Le Conquistador dut, à plus d'un titre, s'estimer heu- reux de ses succès , car, sans raldmiration et le respect que son nom inspirait à tous, les événements qui se pas- saient au nord des Pyrénées au moment même il gagnait un royauuie, auraient pu lui donner des craintes sérieuses pour ses possessions de la France méridionale.

On sait qu'à la suite d'une lutte acharnée entre Ray- mond VII et Humbertde Beanjeu, « estant dans ces pays de la part du seigneur roi de France* » un traité, négocié à Meaux, avait été signé et juré à Paris, devant le grand portail de Notre-Dame, le jeudi saint, 12 avril , de l'an 1220. Depuis que le comte avait souscrit à cette désas- treuse capitulation , qui le dépouillait en l'humiliant *,

* Voyez noire tome I, p. 220, note 1.

2 Par ce trnitê. Ray moud, après s'Alre engngé à fnvorispr de (oui son pouvoir l'Eglbe rontaiite, à pour.Miivre rexUncliuii de ^llélé^ie cl à prendre la croix contre les Sarrasins d'outre- mer. promet de remetlie sa fille au roi de France, qui la mariera à un de >es frères. Ce dernier lieriiera, à l^exclusion des enfants du comte, du diocèse de Tuulou^e que le roi consent à laisser au vaincu, à l'exception de 'a torre du maréchal do Lhvis. Si la flile de Raymond meurl sans po>îerilé, Toulouse el son diocèse appartiendront au roi de Frafire. I/Ag* nois, le Rouer^^ue, la pa'iie de l'Albigeois située au iiord du Tarn el le Quercy, à rexceplion de la ville de Cahors, sont laissés au comte pour retourner, si celui-cî meurl !-aiiS antres enfants, à fa Olle, qui aura épousé le frère du roi. Tous les autres pays du patrimoine louiou>ain a la droile du Rhône restent au roi de France; ceux qu[ sont ^iluésà la gauche de ce fleuve sont cédés à FEgli^o. Raymond s'oblige, en outre, à détruire les mursel à conihlcr les fo-sésde Tou- louse, à traiter de même trente autres de ses Tilles ou châteaux , en prenant rengagement de ne jamais con^t^uire de forteresse. (Voyez ce traité au tome lll, Pr., n' hSi de VHistoire de Languedoc, édil in-f».; aXîaisàquel jeu, dit un vieil historien de Provence, b Pape el le Roy ont-ils gagné de si belles terres que celles que Raimond comte de Tolose leur remet aujourd'huy ? Certes, je suis bien en

RAYMOND Vil ET RAMON BERENGCEE 3

les murmures de son peuple livré à la « tyrannie des gens de France «et aux rigueurs deTInquisition, lacooscience de son abaissement, peut-élre aussi de perfides conseils, Pavaient poussé à essayer de laver, à tout prix, les souil- lures ineffaçables que venait de recevoir sa couronne comtale, vain simulacre laissé sur son fronl; comme par une insultante pitié.

En ce moment, Raroon Berenguer de Provence était en hostilité avec plusieurs villes de ses Etats.qui s'étaient déclarées indépendantes, et s'attirait la colère de l'empe- reur Frédéric II, son suzerain , soit pour avoir soustrait la ville d'Arles à Tautorité impériale \ soit à cause de sa sympathie évidente pour la Papauté dans la guerre qui se rallumait entre TEmpire et le Saint-Siège.

Par $uite de cette fatale rivalité de deux princes

auxquels leur- propre intérêt commandait Tunion, Ray-

' mond VII , dont TinteUigence politique était loin. d'égaler

peine de trouver un nom propre à celle sorle d'accord ou de conlral failà ParisTan 1228 (4229) et, pour l'honneur et la conscience du Pape et du Roy, de trouver aussi un bon et valable titre pour leur faire justement posséder un bien qui leur est aujourd'iiuy délaissé par un prince dansTextrême nécessité de ses affiûres. » (Bouche, Histoire de Provence^ i, II, p. 224.) « Le roi saint Louis, écrit dom Vaissèle, réunit à la couronne par le traité ce l'an 422d , le domaine médiat ou immédiat de plus des deux tiers de la province.... L'Eglise ro- maine ne proûia guères moins des dépouilles do Raymond... Mais le papeGrég'iire IX eut honte enfin de s'être prévalu de la situation violenleoCi se trouvait le comte Raymond pour s'enrichir à ses dé- pen<i, et il lui rendit, en 1 234, le marquisat de Provence, que ce prince avait cède d'ailleurs à l'Eglise romaine sans la participation de l'au- torité de l'empereur Frédéric, souverain du pays. » (Histoire de Languedoc^ liv. xxiv, chap. xlvi.J En vertu des conventions do 1229, Jeanne de Toulouse, fille de Raymond Vil, fut mariée à Alphonse de France, comte de Poitiers et d'Auvergne, frère de saint Louis.

< Histoire de Languedoc, liv. XXIV, chap. Lxxiv et Pr., t. III, col.407, édit. in-f*.

4 LITRE Illy CHAPITRE I

le courage, espéra s'enrichir des dépouilles de Ramon Berenguer. Il accepta la donation des comtés de For- calquier et de Sisteron , que Tempereur lui fit après les avoir enlevés au comte de Provence \ et alla secourir la ville libre de Marseille, assiégée par son ancien seigneur'.

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La guerre entre les deux comtes, apaisée par Tinter- vention de saint Louis, au moment du mariage du roi avec Marguerite de Provence (1234), fut reprise en 1237«. Jacme ne répondit qu'avec très-peu d'empressement aux demandes de secours de son cousin de Provence. Avant de se jeter dans des luttes stériles, il importait au roi d'Aragon d'acquérir, par ses hauts faits et ses conquêtes, l'influence à laquelle il avait droit dans les affaires de l'Europe chrétienne. Il tenta cependant une diversion sur Millau, que le traité de Paris, au mépris de ses droits, avait donné au comte de Toulouse. Ses troupes , secon- dées probablement par les habitants \ s'emparèrent de

* Hist. deLang» t. III, Pr. , col. 407, édil in-^.

^ Les Maràeillais, reconnaissants envers le comte de Toulouse , qui les avait djUvrés des attaques de Ranion-Berenguer, donnèrent à Raymond la possession viagère de la paitie basse ou vicomtale de leur ville. (Hist. de Lanj., édil. in-f, l. lil, Pr. n*202.)

^ Le 20 mai 4237, Grégoire IX écrivit à saint Louis pour le prier d'empêcher le comte Toulouse de secourir les Marseillais. Le Saint-Père avait appris Tagression de Raymond par a son très- cher ûis Jacme, roi d'Aragon, et le noble comte de Provent;e s qui l'avaient prié d'intervenir, Jacme ne pouvant abandonner le siège de Valence pour aider son cousin par les armes. Le Souverain Pontife énumère ensuite quelques griefs particuliers qu'il a conire le comte de Tou- louse et pour lesquels il demande réparation par l'intermédiaire du roi de France. Grégoire IX écrivit encore pour le même objet à la reine de France, aux comtes de Bretagne et de la Marche et à Ray- mond VII lui-môme. L'intervention du Pape suspendit la guerre pour quelque temps. (Voyez RnynMi, Annales ecclés., adann. 1237, n»» 34, 35, 36 et 37.)

* Voyez notre tomel, p. 220, note 2. Dans un acte qu'on peut lire au tome III (Pr. n* 320) de VHist. de Lang,^ Alphonse de France,

JACME ET BATliO!n> TII 5

cette yille ; mais Raymond ne tarda pas à la reprendre ^ A quelque temps de , une occasion de représailles se présenta au comte. L'évéque de Maguelone venait de déclarer la seigneurie de Montpellier tombée en commise* pour cause de félonie. Jacrae, en effet, tout en paraissant courber la tête sous Tordre du Pape , qui le* forçait à re* connaître la suzeraineté épiscopale ', avait recommencé une lutte plus opiniâtre que jamais contre le prélat assez audacieux pour se mesurer avec le vainqueur des Sarra* sins. Tandis que le royal seigneur de Montpellier battait en brèche Tautorité de son adversaire par des règle- ments et des ordonnances, ses officiers, soutenus par les habitants de la ville, toujours prêts à combattre leurs supérieurs féodaux., procédaient d'une façon plus bru- tale et en venaient aux voies de fait contre les représen- tants de Tévéque.

Jean de Montlaur, poussé à bout par ces attaques et sollicité, sans doute, parle comte de Toulouse, donna à celui-ci , par un traité conclu à Millau le 28 août 1238 \ la seigneurie qu*il enlevait au roi d*Aragon.

Raymond ne parait pas avoir songé en ce moment à

comte de Toulouse, réclamant la garantie de son frère Louis IX contre les prétentions du roi d'Aragon an sujet de la vicomte de Millau, s*exprime en ces termes: « Qnod post pacem parUiensem et poêt quitationem factam a D. regecomiti Tolosœ de episcopatu ruthe- nensi, lam in feudis quam in domaniis , idem rex Aragonum qui nunc est obsedit dictam villamde Amiliano et cepit. »

* Le4 des kalendesdcjuillet(28 juin) 1237, le comte Raymond reçut un hommage au camp devant Millau. (Hist. de Lang.^ édit. in-^, t. III, Pr. 320.)

3 La commise était, selon le droit féodal, la saisie du fief par le suzerain pour certains délits. » Voyez notre tome I, p. 369.

* Gallia chri^iana^ t. VI, Instr. col. 368 etGariel, Séries prœsu lum Magalan,, V partie, p. 351.

6 LITRE ni, CHÂPITnB I

faiire valoir les droits que cette donation lui conféralit ; mais il ne fat certainement pas étranger à l'agitation que produisirent à Montpellier, vers le même temps, les menées d*un parti hostile au pouvoir seigneurial.

Quelques bourgeois de cette ville , devenus riches et influents, avaient senti leurs tendances démocratiques augmenter avec leur importance. La puissance du sei- gneur leur faisait ombrage, et, suivant le procédé usité en pareil cas, ils avaient recruté des adhérents dans les classes inférieures, sous le prétexte que le peuple se trou- verait bien d'un affaiblissement de Tautorité seigneuriale, tandis qu*au fond ils avaient pour but de rabaisser ce qui était au-dessus d*eui tout juste assez pour se trouver les premiers. Heureusement le bon sens pratique et les sen- timents loyaux de la plus grande partie de la population triomphèrent de ces excitations perfides, et les factieux se firent plus remarquer par leur turbulence que par leur nombre.

On comptait à la tête de ce parti Pierre Bonifazi ouBo- niface, « qui , en ce temps, était réputé Thomme le plus puissant de la ville * »; Guerau de la Barca, d'une fa- mille alliée à celle des anciens seigneurs de Montpellier; Berenguer de Regordana , « bon clerc en lois > ; Ramon Bessède; Guillem de Anglada ou de Langlade et Guillem de Regordana *. Depuis pi usieurs années, la ville de Mont-

* Chronique de Jacme, ch. cxcyiii.

^ La Chronique royale (chap. cxcxixj nementionoe ni Guillem de Anglada ni Guillem de Regordnna. Elle aUribue aux quatk^ autres la qualitéde consuls de Montpellier en 4239. Aucun d'eux cepen- dant ne figure comme investi do ces fonctions durant cette année , dans la liste chronologique des consuls,» publiée dans V Histoire de la commune de Montpellier (t. I, p. 377), d'après le Petit Thalamus, Peut-èire leurs noms ont-ils été omis à dessein sur la Iisl6 afûoielle,

COKSriBATIOA DE. MONZPSLMER 7

pellior était sourdement agitée par ces meneurs. Ils avaient pris pour point de mire la juridiclLon du bayle^

dont il^ voulaient affaiblir Timportance; leur haine pour- suivait lebayle Albrand, avec d*aulant plus de vioiçnce que ce magistrat éiait leur compatriote et, dit le roi, « Tan des hommest tes plus bonorés et du meilleur lignage de la ville ^.»

Atbrand exerçait-il les fonctions de bayle ou celles de lieutenant du roi ? I( y a quelque incertitude sur ce point. Dans la liste des bayles^, le nom d*Âlbrand est mentionné eu 123â et 12â8 , mais non en 1239, époque se sont passés les faits racontés par la chronique royale. D -après cette liste, P. de Mûries était alors investi de celte ma- gistrature. Uu document des archives d'Aragon prouve que deux années auparavant Atbrand était lieutenant du roi à Montpellier^. D*un autre côté , il est appelé bayle dans la chronique, et un acte du 17octobre 1239, qui mit fin aux troubles dont nous parlons , lui donne à la fois les qualifications de bayle et de lieutenant du roi. Quoi qu*il en soit, comme bayle ou comme lieutenant, Atbrand

Ton aura mentionné seulement les noms de ceux qui leur succé- dèrent après leur pro?cnplion. Remarquons cependant que Pierre Bontfazi était consul en 1238, ce qui, aux tornics de |a charte com- munale de Montpellier, l'cxcluaildu con>ulat pour Tannée suivante.

* Le bayle élailà Monlpellicrler.ht'firune cour de jusiicequi con- naissait de toutes les causes civiles et criminelles dans retendue do la seigneurie; il était nommé annuellement par le seigneur, d'après ravis des consuls. (Y. plus bai, cliap, vi.)

^ Chron. de Jacme, cbap. cxcix.

* Germain, Histoire de la commune de Montpellier, lomo I, p. 377.

* On lit dans cetacto, daté de la veille des ides de juin (12 juin) 1237 :

« Atbrandus gerens vices et locum tenens in Montepessulano et eftJLt dominaciQne tota D.omini Jacobi Dei gracia régis ArQgonum. » (Parchemins do Jacme 1", 697.;

g LITRB III , CUAPITRB I

étaitle représentant du pouvoirseignenrial, et c'est contre ce pouvoir qoe les conjurés dirigeaient leurs attaques. Dans son agression contre la suprématie de l'évéque de Maguelone, le roi d*Aragon oubliait qn*un souverain ne donne jamais impunément Texemple du mépris de Tau- torité; ses vassaux, profitant de la leçon, semblaient vou- loir le faire repentir de sa faute, en essayant leurs forces contre lui-même.

Ainsi , tandis que Tépée du roi conquérant traçait sur le sol de la Péninsule Tépopée grandiose que nous nous sommes efforcé de raconter, de Tautre côté des Pyrénées, l'autorité des princes nationaux du Midi recevait de pro- fondes atteintes.

Ici la noble lignée des comtes de Toulouse s'éteignait dans une agonie sans gloire ; là-bas la maison de Provence tournait toutes ses forces contre l'esprit d'indépen- dance que le voisinage de ritalie inspirait aux grandes villes de ses États, sans prendre garde que sa royale alliance avec la dynastie française, présage de ruine bien plus que de régénération , Téblouissait en lui cachant le côté d'où venait pour elle le véritable danger. Le roi d'Aragon , mêlé malgré lui à cette lutte aveugle qui achevait de détruire l'une par l'autre les deux grandes races méridionales , Toulouse et Barcelone * , souffrait d'une situation qu'il n'avait pas faite, et, au milieu de ces déchirements, la puissance capétienne , représentée par un roi juste et bon, mais servie par des hommes haineux et violents, s'appesantissait chaque jour davantage sur les pays de la langue d'oc. Désolées par la guerre ci- vile , opprimées par les hommes d'outre-Loire, écrasées

* Une faut pas oublier que les comtes de Provence étaient de la maison de Barcelone,

ROLE POLITIQUE DES TROUBADOUBS 9

par rinquisition, ces malheureuses provinces s'agitaient dans de suprêmes convulsions.

La poésie provençale, cette liberté de la presse des temps féodaux, suivant Texpression d'un éloquent écri- vain S la poésie provençale apportait aux princes méri- dionaux les prières et les imprécations de leurs peuples abandonnés. Aujourd'hui encore, la voix des troubadours nous fait entendre à travers les siècles les cris de douleur et de révolte d'une nationalité expirante *.

« Je ne veux plus garder, dit Tardent Bernard de

* Villemain , Tableau de la littérature au moyen âge, ^ C'est à l'époquo delà croisade contre les Albigeois que se des- sine le rôle politique et national des troubndours. Nous avons parlé (t. I, p . 403 et 4 16) de la Canzo de la crozada contr^els ereiges d^Al- beges; les mêmes événements inspirèrent une quantité de poèmes d'une bien moindre importance, empreints des mêmes sentiments. Tandis que Jacme était encore entre les mains de Simon de Mont- fort. Tomiers et Palazis de Tàrascon, chantaient, dans les sirventes qu'ils composaient en commun, la réaction méridionale et la déli- vrance du flis de Pierre lo Catholique. Mais, avouent-ils dans un moment de découragement, a auprès des Âragonais, j'ai perdu mes efforts et mes sirventes, et en Catalogne, le roi, qui est jeune, ne trouve personne qui Texcite. » ( Voyez VHistoire littéraire de la France, publiée par TAcadémie des inscriptions et belles-lettres , t . XVJl, p. 597 ; VHist. liltéraire des Troubadours, par Pabbé Millot, t. III, p. 45, et rintéressant travail intitulé : De los Trovadores en Es- pana, parD. Manuel Miià y Fontanals, professeur à rUniversité de fiari'elone, p. 165.) Vers le même temps, Bertrand do Born , fils du célèbre poifte de ce noin, interpellait en ces termes les sujets du mo- narque âragonais: a Maintenant, dites-moi , Catalans obtus , est votre valeur d'autrefois. Vdus vivrez sous l'opprobre jusqu'à ce que la guerre vous excuse envers le bon roi qui vous tenait honorés. Vous plaignez son malheur et ne le vengez point, et celui qui Ta tué dort à votre côté. Quel quUl fut et quel qu'il soit, celui qui s'en souvient peut maintenant condamner votre conduite. Aragonais, ne faites pas les irrités tant que je n'en dirai pas davantage. Mais, du moins, je veux que vous sachiez combien vous avez perdu avec le roi et com- bien vos honteux propos sur sa mort ajoutent à vos torts. » (V. Milà, De los Trovadores, p. 466.)

Roveohac, don ni faveur ni bienfait des riche» à la fausse sagesse, car j'ai à cœur de les réprimander sur leurs actions viles et maladroites; etjeneveu]^ pas qu^ mon sirventd soit agréable aux lâches paresseux, pauvres de cœur et puissants d*avoir.

> Jb prie le roi anglais de m'entendre, car, pour trop craindre, il fait déchoir le peu de mérite qu*il a; et il ne lui plait pas de défendre les siens; au contraire, il es! si lâche et si faible qa*il parait endormi, tandis que le roi français lui enlève, avec plein pardon, Tours et l'Anjou, et Normands et Bretons.

» Le roi d* Aragon, sans conteste, doit bien avoir nom Jacme \ car trop il veut rester couché, et qui que ce soit qui lui prenne sa terre, il est si lâche et si déchu qu'il ne le contredit même pas; et chèrement il vend bas aui Sarrasins félons la honte et le dommage qu'il recueille ici vers Limoux.

» Tant qu'il n'aura pas fait payer chèrement (la mort de) son père ', il ne peut guère valoir; et qu'il ne pense pas que je lui dise des choses agréables jusqu'à ce que le feu embrase et consume et que de grands coups soient frappés. Donc, il sera (homme) de bon et parfait mérite

* Jacme, je suis gisant.

3 Liltéralement : jusqirù ce qu'il vende chèrement son père ,

Ja tro son payre car venda.

La slrofhe précédente finit par ces deux vers:

E ca^^ ven lay aïs sarrazis fellos L'anta e'I dan que pren sai vas Limos.

Malgré Tautorité de noire savant ami D. Manuel Milà y Fontanals (delos Trovadaresen Espana, p. 178), les deux temps ven et venda nous paraissent appartenir au verbe oendre, vendre, et non au verbe vengar ouvenjar, venger. M. Milà, comme l'avait déjà fait Fabbé MWloi (Ilist, Un. des Troubadours, t. II, p. 312), a reculé sans doute devant la hardie^se de IMmage Ja tro son payre car venfia.

si du roi français il restreint les possessions ; car en Anfos* veut hériter de son fief.

> Comte de Toulouse, la rente que vous aviez à Beau* Caire vous doit douloir; si pour réclamer vous faites^ lon- gue attente, vous et le roi qui vous est allié, Tentreprise sera honteuse, si nous ne voyons dès à présent tentes et pavillons, et murs crouler et hautes tours s* abattre.

* Riches hommes mal avisés, tout le monde voit le mal qu*on peut dire de vous*; je vous laisserais (en repos) si je vous voyais hardis et preux; mais je ne vous crains pas tant que vous me laissez quelque chose i dire '. >

Tandis que Bernard de Rovenhac flagellait les seigneurs méridionaux, le mantouan Sordello s'attaquait à tous les souverains de la chrétienté dans sa célèbre complainte sur la mort de Blaeas *. Cette amère satire a une trop grande importance historique pour que nous ne la repro- duisions pas ici en entier.

^ Je veux en ce rapide chant, d*un cœur triste et marri, plaindre le seigneur Blacas, et j*en ai bien raison. Car, en lui, j*ai perdu un seigneur et on bon ami; et les plus nobles vertus sont éteintes en lui. Le dommage est si grand que je n'ai pas soupçon qu'on le répare jamais, à

' Alphonse de Poitiers. ' Cestainsi que M. Milà traduit levers : En vey hom vostres malz ditz

en ayant soin d'indiquer que le sens en est obscur.

' Le texte complet de ce .>irvente se trouve dans Raynouard, Choix de poésies des Troubadours, t. IV, p. 204, et dans Mile, De los Trw. en Esp.y p. 478.

* Quoique en Italie, Sordello, à Texemple d'un grand nombre de poëtds de son pays, avait adopté la langue et les idées des Pro- vençaux. Pendant la guerre des Albigeois, U avait bU trouver des acceuls indignés pour flétrir ravidité des compagnons de Monlfort.

i 2 UTBB III, GHAPITREI

moins qu*on ne lui tire le cœur et qu*oa ne le fasse man- ger à ces barons qai vivent sans cœur; et alors ils en auront beaucoup.

> Que (l*abord Tempereur de Rome * mange de ce cœur; il en a grand besoin, s*il veut conquérir par la force les Milanais, qui maintenant le tiennent conquis lui-même; et il vit déshérité malgré ses Allemands.

> Qu*aprè3 lui mange de ce cœur le roi français, et il recouvrera la Castille qu*il a perdue par niaiserie ; mais s*il pense à sa mère il n*en mangera pas; car il parait bien par sa conduite qu*il ne fait rien qui lui déplaise.

» Je veux que le roi anglais mange de ce cœur, et il deviendra vaillant et bon, et il recouvrera la terre que le roi de France lui a ravie parce qu*il le sait faible et lâche.

> Et le roi de Castille, il convient qu*il en mange pour deux, car il tient deux royaumes et n*est pas assez preux pour un seul; mais s*il en veut manger, il faut qu1l en mange en cachette; car si sa mère le savait elle le battrait avec des verges.

Je veux que le roi d*Aragon mange de ce cœur. Gela le délivrera de la honte qu*il recueille à Marseille* et à Millau, car il ne peut s^honorer autrement en actions ou en paroles.

> Je veux ensuite que Ton donne de ce cœur au roi navarrais, qui valait mieux comte que roi; je Tentends dire ainsi. G*est un mal quand Dieu fait monter un homibe à haute puissance et que le défaut de cœur le fait baisser de prix.

^ L'empereur Frédéric II.

* Le roi d'Aragon, cbef delà maison qui poss<*dait la Provence, se prétendant suzerain et héritier de ce pays à défaut de descendants màles de son cousin » était considéré comme atteint par les coups qui ébranlaient l'autorité de Ramon Bérenguer. '

L'oPimON PUBLIQUE DANS LB MIDI 18

> Au comte de Toulouse il inoporte d'en manger aussi, s*il se souvient de ce qu'il avait et de ce qu'il lui reste, car s'il ne recouvre sa perle à l'aide d'un autre cœur, il me semble bien qu'il ne la réparera jamais avec celui qu'il porte maintenant ^

> £t le comte provençal, il convient qu'il en mange s'il lui souvient qu'un comte déshérité vit malheureux et ne vaut rien. Et b:en quavec courage il se défende et se conduise , il est besoin qu'il mange de ce cœur pour soutenir ce pesant fardeau.

> Les barons m'en voudront de ce que je leur dis si bien, mais qu'ils sachent que je les estime aussi peu qu'ils m'estiment.

> Belh RestaurV je souhaite qu'auprès de vous je puisse trouver merci . A me fai re du tort contribu^ chacun qui ne me tient pas pour ami '.»

A l'exception de quelques poètes courtisans qui cher- chaient, en se faisant les adulateurs des grands, une servitude plus productive que le < doux vasselage d'à. mour *, les troubadours, chevaliers ou plébéiens, cou. rant le pays pour combattre ou pour chanter, accueillis hier dans la maison du bourgeois, aujourd'hui dans le manoir seigneurial, demain peut-être dans la chaumière

* C'est ici que M. Villemain arrête sa traduction, que nous avons empruntée à son remarquable Tableau de la littérature au moyen âge,

^ Surnom que le troubadour donne à sa dame.

^ Le texte de celte étrange complainte a été publié par Kaynouard [Choix de poésies , t lY, p. 67.). Dans une autre pièce composée 9 selon toute évidence, au moment le roi d'Aragon venait de rem- porter son éphémère succès à Millau, Sordello loue Jacme d'avoir recouvré cette viile^ et le comte de Toulouse d'avoir obtenu le pardon de l'Eglise. (Miilot, Histoire littéraire des Troubadours, 1. 11,

p. ^.}

14 UVRB/UI, OHAPIfRE I

da paysan , entoorés, interrogés, consultés sur les affaires du jour, témoins des regrets, des vœux et des espé- rances de toutes les classes, puisaient dans ce commerce continuel le sentiment national, profond et exalté qui prenait une forme dans leurs sirvontes et revenait animer ceux mémo qui, à leur insu, Tavaient inspiré.

Les chantres de la nationalité méridioncile dirigeaient et interprétaient à la fois Topinion publique; car cette puissance existait alors dans nos provinces, n*en déplaise à rillustre écrivain qui, après avoir si bien caractérisé le rôle de la poésie provençale par le rapprochement heureux que nous rappelions tout à Theure , nie d'une manière trop absolue Texistence de Topinion publique au moyen âge. Elle est pourtant manifeste, cette force de Topinion dans notre libre Midi , libre quand on com- pare ses mœurs tolérantes avec la rigidité du joug qui, dans le Nord^ asservit à la fois les corps et les esprits.

Comment les sentiments de ces populations à l'in- telligence prompte, au cœurardent, chez qui les rigueurs et les supplices ne parvenaient point à étouffer les manifestations de la pensée ; comment les appréciations que répandaient autour d*eux les bourgeois éclairés de nos grandes villes ; comment les relations commerciales et politiques continuellement établies entre de floris- santes ci lés : Barcelone, Toulouse, Narbonne, Montpel- lier, Nîmes, Marseille, Nice; comment tant de causes agissant sans relâche n*auraient-elles pas produit dans le Midi un irrésistible courant d'idées que contrariaient seules les rivalités aveugles des princes, sans parvenir à l'arrêter ou à le dévier? Cette puissance de l'opinion se manifeste dans les mouvements spontanés et tout populaires qui, en dehors de l'influence de la noblesse, éclatent sur divers points à la fois contre les institutions

ROLE PilEmOUE DKS IIHmBADOURS <l5

îôiposées par Ifts Frawçate; elle' se ïnaaifësle dans le rôle peliUqac deâ troubadours, dans la violence de leurs attaques, si éloignée de la malignité naïve et contenue des trouvères , dans la conviction qu'ils montrent d'être soutenus par une force contre laquelle viendraient écbouer les armes des plus puissants barons.

Chaque leiïtalivede réaction trouve un chantre pour l'en'coufager ou la célébrer ; chaque progrès de la domi- nation capétienne soulève Tindignation des poètes contre la faiblesse ou Tincapacité des seigneurs impuissants à l'arrêter.

« Seigneur comte , disait Guy de Cavaillon, poussant Raymond VII à une lutte à outrance, seigneur comte ^ je voudrais savoir lequel vous tiendriez pour meilleur si fapostolo^ vous rendait votfe terre par amour, ou si, par chevalerie, vous la conquerriez avec honneur, souf- frant froid et chaleur. Et je sais bien lequel je voudrais, si j'étais homme de si grande valeur; c'est que la peine tournât en pfaisir. »

Le comte, qui cultivait aussi la poésie provençale, tépondil au couplet qui précède :

« Par Dieu, Gui, mieux aimerais-je conquérir mérite et valeur que toute autre richesse qui me tournât à déshonneur. Je ne dis pas ceci contre le clergé ni ne le rétracterai par peur , mais je ne veux château ni tour si je ne les acquiers par conquête, et que mes honorés défenseurs sachent que le gain est pour eux *. »

< Le Pape.

* Voyez Rochegude (Parnasse occitanien, t. I.p. 271); Raynouard ^Choix de poésies, l. V, p. 123 el 473;, ^WHisi. litt. de la France , publif^e par rAcadémie des inscriptioas et belles lettres. Dans* ce dernier ouvrage, on attribue ce couplet à Rn)^ond Vf, par ce motif que « les Etats de ce comte fureilt reconquis nvant sa mort et que

16 LIVBB III , CHAPITBE I

Les événements ne justifièrent pas ces paroles , car ce ne fnt pas en conquérant mais en vainca gracié que Raymond rentra en possession du Comtat Venaissin ^ à la restitution duquel ces couplets font évidemment allusion.

 mesure que Tautorité des hommes du Nord s'en- racinait plus fortement dans nos provinces, les appels aux armes des troubadours devenaient plus énergiques, et leur indignation , croissant avec les souffrances du pays , atteignait le ton d'exaspération brutale dont Ber- nard de Rovenhac nous a donné un exemple.

Ces attaques hardies avaient pour but évident de pro- voquer une alliance des seigneurs du Midi, auxquels devait se joindre, à plus d*un titre, le roi d'Angleterre, suc- cesseur des ducs d'Aquitaine, gendre du comte Ramon Berenguer* et ennemi naturel du roi de France. Voir Toulouse, la Provence, 1* Aragon et l'Angleterre solide- ment unis contre l'adversaire commun, c'élait le vœu dont les troubadours se faisaient les chaleureux inter- prètes.

Un prince plus actif et moins incapable que Henri III aurait certainement profité de ces dispositions pour se mettre à la tête d'une ligue méridionale , et relever la

Raymond VII, son ûls, les obtint par droit d'héritage. 9 II nous pa- rait plus naturel d'admettre que Gui. seigneur de Cavail|on, au Comiat-Yenaissin, et Pun des plus zélés partisans de la maison de Toulouse dans la guerre faite par Raymond Vil à Ramon Rerenguer, se préoccupait, en adressant son couplet au comte, du sort du mar- quisat de Provence, son pays, et composait ces yers au moment Tempereur Frédéric et le roi saint Louis essayaient d'obtenir du Papeuno restitution à laquelle Grégoire IX ne se montrait pas encore disposé. (V. Hist,deLang,, liv. XXIV, ch. lxxxi.)

* Le roi Henri III d'Angleterre avait épousé, en 1236, Léonor de Provence» fille de Ramon Bérenguer.

JAGltB A HORTPELLIER 17

DatioDalité de la langue d*oc au profit de sa propre in- fluBDce ; mais oous verrous bientôt une tentative de ce genre avorter au détriment du monarque anglais. A défaut de Henri, c'est à Jacme qu'appartenait le rôle de chef de la confédération : nous connaissons les motifs qui jusqu'à présent ont obligé le roi d'Aragon à concentrer toute son attention et toutes ses forces sur la Péninsule ^ ; mais, lorsqu'il eut rendu sa nouvelle conquête définitive par une sage organisation , soin qui le retint à Valence jus- qu'à la fin de mai lâ39, les bruits sinistres qui lui arri- vaient du côté de la France l'engagèrent à aller observer les événements de plus près et, avant tout, à rétablir dans sa ville natale l'ordre troublé parles manœuvres dont nous parlions tout à l'heure.

* L'abbé MiHot (Hist, litt. des Troub , t. H, p. 229), aUribue à Durand, tailleur de la petite ville de Pernes , au Gomtat-Venaissin , un sirvente contre les Français, qui contiendrait une allusion à la conquête de Valence par Jacme I. M. Raynouarda donné le texte de cette pièce {Choix de poésies des Troubadours, t. IV, p. 263), sous le nom de Bertrand deBorn, le père Ce chant de guerre, par son éner- gie, son éclat, ses tournures, ses expressions même, rappelle, en effet, ia manière de ce valeureux chevalier-poëte. H serait donc an- térieur au règne de Jacme. Quant à la prétendue allusion au siège de Valence, nous ne savons comment Tauteur de VHistoire littéraire des Troubadours a pu la voir dans ces vers :

Ges non crei Frances ses deman Tengan lo deseret que fan  tort a mant baron presan ; Pero meravilha m don gran Del seinhor dels Aragones,

Quar ab lor dan non destacha

Pues sai nos ades a pacha Desmandat a coms, duc, marques.

L'expression de comie^ duc, marquis pour désigner le comte de Toulouse, n'était plus employée depuis que le duché de Narbonne avait été enlevé au comte Raymond VIL Ce ne fut qu'en 4242, au moment de sa révolte contre le roi de France, que Raymond reprit pendant quelque temps le titre de duc dei^arbonne.

T. n. 2

16 Liy&i III, goâpitbb i

« Nous fîmes, dit-il , armer une galée , parce qae ooas YOulioQS aller à Moatpellier lear demander de qous aider eo quelque chose, car nous avions beaucoup dépensé à la conquête de Valence V

Le royal chroniqueur passe sous silence les principaux motifs de son voyage. S*il raconte en détail , quelques lignes plus bas , la dernière phase de la conspiration de Montpellier pour constater son propre triomphe, il semble éviter avec soin de consigner dans ses mémoires celles de ses tentatives politiques qui n*ont pas été couronnées de succès. Quant à ses démêlés avec Tévêque de Mague- lone , on comprend que le pieux et fidèle ami du Saint- Siège ait été peu désireux d*en transmettre le souvenir à la postérité.

Le jeudi 2 juin 1239, la galée qui portait le roi d'Ara- gon aborda au port de Lattes^, Tattendaient les douze consuls de Montpellier, accompagnés d'une centaine des plus notables bourgeois , tous à cheval , et suivis d'une foule immense, qui Qt éclater sa joie en recevant au milieu d'elle son glorieux compatriote^. L'arrivée du roi et le prestige que sa personne seule exerçait avaient déjà enlevé aux factieux tout ascendant sur cette population enthousiaste. Mais les chefs du complot n'étaient pas assez maladroits pour s'at laquer au Conquistador lui- même; c'est en protestant de leur attachement pour sa personne qu'ils voulaient l'amener à se dépouiller d'une partie de son autorité.

Le roi , entouré de la foule qui était venue à sa ren-

* Chronique de Jacme, chap. >cxctii.

* Lattes est aujourd'hui un petit ytllage à 7 kilomôtres de Mont- pellier. Son port, ensablé depuis longtemps, communiquait avec la mer par des étangs et des canaux.

3 Voy. Zurita, Anales, \iy. NI, chap. xxxvi.

contre, prit le chemin de Montpellier, ayant à ses côtés le rico home don Pedro Feroandez de Azagra et le me^ maûferodon Assalit de Gudal. Lorsque Pierre Bonifazi, le chef delà conspiration, vit le roi entre les deux sei- gnears Aragonais , il dit à don Assalit :

« Laissez-noQs le roi à noas antres , car il y a moult temps que nous ne Tavons vu , et pour cela nous devons aller à côté de lui \ »

Le fier bourgeois invoquait un ancien usage en verjt^ijL duquel le seigneur, en mettant le pied sur le territoire de Montpellier, ne devait avoir à ses côtés que des habi- tants de la seigneurie.

On ne pourrait blâmer Pierre Bonifazi d'avoir réclanp^é contre la hautaine aristocratie d* Aragon un privilège qui rapprocl^ait le vassal du seigneur, si le vr^i but de ses paroles n'eût été de provoquer dans la foule une mani- festation dirigée conti*e tous les représentants de Tautorité royale. Jacme, sans paraître prendre garde à la discus- sion engagée à ses côtés, pensait cependant que « grand était Torgueil d*e» Pierre Bonifazi^; > mais ce ;i'était pas le moment de laisser deviner son opinion , e.t sur un signe du roi, le mesnadero dut céder la place au bourgeois de Montpellier, un peu désappointé sans doute de son trop rapide triomphe.

Le roi mit pied à terre devant la maison d'Atbrand, il avait fait préparer son logement, pour donner sans doute une nouvelle marque de sa confiance à celui qui le représentait, et prouver qu'il était prêt à le soutenir dans la lutte. La haine contre Atbrand était poussée à ce point qu'on avait résolu « dans le consulat > de détruire sa

* Chroniq. de Jacme, chap. cicviii. » Ibid,

20 LIVRE III , CHAPlTaB I

maison et celles de ses principanx adhérents. Des ma- chines avaient été préparées dans ce bat; la présence de Jacme arrêta seule Texécution de ces projets.

Le roi était à peine arrivé, qu'âne vingtaine d*individQS, ayant à leur tête Pierre Bonifazi et Guerau de la Barca, demandèrent à lui parler en secret.

« Nous montâmes alors , dit le chroniqueur, à une petite terrasse d'en Atbrand, qui était un lieu convenable pour cela, et en Père Bonifazi se leva en pied et nous dit: c Seigneur, les consuls et une partie du conseil de Montpellier sont venus ici, et votre arrivée nous plaît fort. Maintenant nous voulons vous dire, et je vous le dis pour eux et pour nous, que nous avons à cœur de vous honorer et de vous garder notre amour ainsi que nous devons le faire pour notre seigneur. Et maintenant , nous savons qiïen Atbrand vous fait croire qu'il peut vous donner Montpellier; or, sachez que cela n'est pas vrai, il n'a pas le pouvoir de faire le tort ou le droit dans Montpellier pas plus qu'un autre habi- tant de la ville ; car en vous est ce pouvoir et vous l'avez. Et si ce n'était pour vous, il n'y a pas si puant cloaque dans cette ville d'où on ne le fit sortir lui et ceux qui voudraient le défendre. Et tout ce que fious souffrons, nous le souffrons pour vous, car nous sommes puissants d'hommes et d'armes et de richesses, et tout son pou- voir ne serait rien à côté du nôtre. Et tout cela nous vous prions de le croire.» Et sur cela, Guerau de la Barca se leva et parla de la même manière. Quand ils eurent parlé, nous leur répon- dîmes ainsi :

« Barons, ces paroles que vous nous avez dites mainte- » nant sont paroles que vous n'auriez pas nous dire, car nous croyons bien que vous avez à cœur de nous

JACME A MONTPELLIER 21

servir: maison Atbrand ooasa servi et nous sert autant qnMllepeat, et il est votre concitoyen et Tundes hommes les plas honorés et du meilleur lignage de cette ville. Et si vous voulez bien faire, voici la route que vous devez suivre vous, lui et tous ceux qui pourront le faire: c*est de garder nos droits et notre autorité de seigneur, car vous êtes unis avec nous très-étroitement par les liens naturels que nous avons avec vous et que vous avez avec nous. Et à cause de notre autorité et aussi parce que la ville s* est améliorée depuis que Notre Seigneur a voulu qu'elle vint en notre pouvoir, il ne doit point y avoir lutte entre vous, si ce n'est pour notre service, c'est-à-dire pour que chacun nous serve du mieux qu'il pourra. Et nous agirons avec vous comme on doit le faire avec ses hommes et ses compatriotesV >

Pierre Bonifazi elles siens se retirèrent mécontents. Cependant Atbrand, à qui Jacme communiqua ce qui s*était passé dans cette entrevue, voulut prouver au roi qu'il n'était pas aussi impopulaire que les factieux l'a- vaient affirmé: « Bientôt, dit-il à Jacme, vous pourrez

vous venger de ceux qui veulent vous enlever la ville

Nous lui répondîmes, ajoute le roi, que bon était ce qu'il disait; mais qu'il agit doucement et avec prudence jusqu'à ce que nous fussions assuré de tout notre pou- voir*. >

Jacme par ces paroles, comme dans tout le récit qu'il nous a laissé de cet événement, fait voir clairement com- bien la conspiration de Montpellier lui inspirait de craintes pour son autorité.

A l'instigation d' Atbrand, quelques-unes des échelles *

* Chron. de Jacme, chap. cxax. 3 Chron. de Jacme, chap. ce.

* Pour rendre plus faciles et plub réguliers Texercice des droits

22 LttiiE ni ; cj^APrhtË i

la ville avaient organisé ane manifestation en favéui^ du roi et de son bayle. Dès que la nuit fut venue, des dépu- tations des divers corps de métier se présentèrent Tune après Tautre devant la maison d*Âtbrand pour dire à leur seigneur qu'il était « le bienvenu cent mille fois comme le beau jour de Pâques* > , etprotester de leur affection et de leur fidélité. Atbrand les présentait au roi : celui-ci ré- pondait par quelques-unes de ces paroles qui lui gagnaient les cœurs.

Les terrassiers et les corroyeurs furent reçus le pre- mier soir; le lendemain, à la nuit, les potiers etleshabi- tants du quartier de la Saunerie* se succédèrent à l'au- dience royale. Cette démarche d'un grand notiibre des habitants de la ville fut agréable à Jacme et lui persuada « que si Montpellier manqUaitàsauvegardet^sès droits, ce n'était pas que en Atbrand n'eût réglé leschoses du mieux possible. »

Le surlendemain de son arrivée, le roi, sortatit de la chapelle des Frères prêcheurs, il venait d'entendre la messe, se trouva en face d'une foule qu'il ë\^àlueàcinq mille personnes de différentes classes, et qui, à sa vue , démanda à grande cris la poursuite et la punition des conjurés. Jacme calma cette effervescence par quelques paroles affectueuses; il manda devant lui les chefs de la conspiration, qui, loin d'obéir à cette injonction, se hi- tènenl de quitter la ville.

Trois jours après l'arrivée du roi à Montpellier, la con-

muDÎcipaux et raccomplissemeat des obligations qui en résultaient , les habitants de Montpellier étaient répartis d'après leur profession en sept catégories ou échelles (escalas). (Voy. Petit Thalamus de Montpellier, p. 95.)

* Cfaron. de Jacme, chap. ccn.

^ Quartier étaient situés les greniers à sel.

^ Cbron. de Jacme, chap. cciv.

JAGHE A BOnrPILLIIB 2S

juratioD était rédaite à néant. On procéda contre les chefs selon les formes jadiciaires. lis farent sommés à son de trompe d*aYoir à comparaître devant le tribunal du roi dansledélai d*un mois. Le délai expiré, lenrs biens furent confisqués, et, avec la même machine qu'ils avaient pré- parée pour s* en servir contre Atbrand, on détruisit trois ou quatre maisons des principaux coupables.

Le 17 octobre suivant, une amnistie fut proclamée, dont furent seuls exceptés les chefs que nous avons nom- més plus haut, tandis que, pour donner une certaine satis* faction à ce qu'avaient de légitime quelques réclamations de la commune, le roi, par la même ordonnance, confir- mait en plusieurs points la charte octroyée le 15 août 1204 par son père Pierre H ^

Atbrand triompha donc, et ce fut parmi ses adhérents qu'à partir de ce moment, dit la chronique royale, furent choisis les consuls, les conseillers et le bayle, « à la place de ceux qu'on nommait auparavant V >

Cependant, sept ans après ces événements, un Pierre Bonifazi était bayle de Montpellier, et, en 1253, un Gueran de la Barca remplissait les mêmes fonctions*. Etaient«ce les factieux de 1239 qui, rentrés en gr&ce auprès de leur seigneur, avaient accepté cette dignité contre laquelle ils s'étaient acharnés avant d'avoir pu l'obtenir?

La participation du comte de Toulouse au mouvement que Jacme venait d'étouffer n'était un mystère pour per- sonne. Dans un sirvente de l'année 1240, sur lequel nous

* Archives municipales de Montpellier , Grand Thalamus, fol. 36 et Livre noir y fol. 45. Gariel^ Ser. prœsul., 1^* partie, p. 355.

> Ghron. de Jacme, chap. gcyi.

* Voyez la liste des oonsuis «t bayles de If ontpellter. ( Germain , Hiit.de la commune de MotUp.y L 1, p. 386 61387.)

24 LiTBB m , diàPiniB i

aurons Toccasion de reyenir, Bertrand de Born, le fils, s*exprime en ces termes :

< Je ferai un sirvente plus nouvel et plaisant que jamais je ne fis, et je ne serai pas retenu par la peur de répéter ce que j'entends dire parmi nous de notre roi \ qui perd si malheureusement bas à Millau ce qu*il pos- sédait. Carie comte (de Toulouse) le dépouille sans droits et à grand tort, et lui enlève Marseille avec grand mépris (de ses droits), et a pensé lui prendre Montpellier l'an passé '. »

Raymond, vojant s'évanouir l'espoir qu'il avait pu caresser un instant d'enlever Montpellier au roi d'Ara- gon, craignit sans doute d'avoir excité la colère d'un adversaire aussi redoutable; il se h&ta de se rendre auprès de lui pour essayer peut-être de se justifier et pour renon- cer au bénéfice de la donation qu'il tenait de Tévéque de Maguelone. Les velléités de résistance du pauvre prélat n'aboutirent donc qu'à le priver d'une prérogative de plus : celle d'assister à l'élection des consuls et de rece- voir leur serment. Ce droit d'intervention de l'autorité épiscopale , consacré par un long usage, fut aboli par l'ordonnance du 17 octobre 1239.

Jacme, qui devait donner bientôt des preuves plus manifestes encore de son désir d'entretenir l'union parmi les seigneurs du Midi , accueillit favorablement Ray- mond VII, alors en paix avec le comte de Provence.

Ramon Berenguer alla visiter aussi son royal cousin, et, à l'exemple des deux comtes, les principaux seigneurs des pays environnants accoururent auprès du grand roi

* Quoique originaire du diocèse de Périgueux, Bertrand de Born vivait dans les Etats du roi d'Aragon.

^ Voy. Raynouard, Ckoiœ de poéHes des Troub.. t. IV, p. 484, et Milà, De los Trov. enEep., p. 170 et 171.

GOBTS DE GmORB 25

qu'ils regardaient comme leur suzerain naturel. Des projets d*alliance contre les septentrionaux et de déli- vrance du Midi durent être certainement agités dans ces entrevues, sons Finspiration du monarque aragonais. C'est en ce moment que Théritier des comtes de Barce- lone commence à prendre d'nne manière active le rôle de souverain de la France méridionale que lui ont légué ses ancêtres, et prépare les plans dont il va tenter bientôt la réalisation.

Après un séjour d'environ cinq mois dans sa ville natale ^, Jacme partit à bord d'un navire de Montpellier « qui était bien de quatre-vingts rames > et alla débarquer à Collioures, dans le Roussillon, d'où il se rendit à Girone. Au mois de février 1240, il tint dans celte ville les corts de Catalogne, qui édictèrent entre autres mesures utiles, des lois contre l'usure * , et retourna à Valence, l'impatiente ardeur de quelques chefs chrétiens ren- dait sa présence nécessaire.

* Ghron.deJacme, chap. ce vu.

3 Le roi rapporte dans sa chronique qu'une éclipse de soleil eut lieu pendant quUl se trouvait à Montpellier, un vendredi, entre midi et rheure de nones. Ce fut la plus complète que ceux qui vivaient alors eussent jamais vue, a car la lune couvrit tout le soleU, et Pon pouvait voir sept étoiles au ciel. 9 Ce fut le vendredi 3 juin, le len- demain de l'arrivée du roi, qu'eut lieu ce phénomène astronomique, ainsi que le constate la chronique romane du Petit Thalamus^ dans laquelleon lit : a En Tan 1239, le premier vendredi de juin, le soleil mourut entre midi et l'heure de none.>. »

' Voyez Marca hispanioa, col. 528, et Appendix, col. 4433.

CHAPITRE ÏI

Stpèdition de Ouilletn de Aguilô dôntre les Maures du royauniè de Valence.— Le miradedes sainte corpotaui. Reddition ib\h Tallée de Bairen. Première conquête dans le royaume de Murde. Mariage d'Yolande d'Aragon avec Alîonse de Castille. Premier siège de Xativa; reddition de Castellô. Droit d'asile des chevaliers d'Aragon; la tente de don Garcia Romeu. Tentatives du roi contre la puissance des rieos bornes. Les légistes en Aragon. Le favori ](iïA6no Perez. -^Qoup d'État; création des rieos haines de mestalidi.

Tandis qae le roi d'Aragon s* occupait de rétablir l'ordre à Montpellier et tentait d'amener une alliance durable entre les seigneurs du Midi, Guillem de Âguilô, s*étant mis en campagne à la tête d'une troupe de cava- liers, de fantassins et d'almogavares, avait enlevé le châ- teau de Rebolledo aux Maures voisins de Valence, et leur avait détruit celai de Gbio. Devant cette dernière place se serait opéré, dit-on, le miracle célèbre des sairUs cor- porauxs pieuse tradition dont les chroniques contempo- raines n'offrent pourtant aucune trace.

Sii chevaliers allaient, dit la légende, reoen)ir la to/m- munîôû; c'étai^bt GbilteMi de Aguilô et cinq ses coïn- pagnons: Berenguer de Entenza, Pernand Sancho de

28 LITRB ni » CHAPITAB II

Ayerbe, Pedro Ximen de Carroz, Pedro et Raimando de Luna. Tout à coap une attaque imprévue de rennemi oblige les chrétieus à courir aux armes. Le prêtre enve- loppe daus les corporaux les six hosties qu'il vient de consacrer, et les cache ; mais lorsque , après une victoire longtemps disputée par un ennemi supérieur en nombre, les chevaliei^ reviennent s'agenouiller au pied de l'autel, on trouve les hosties adhérentes aux corporaux et tachées de sang. Ces linges sacrés furent portés à Daroca; on les vénère encore aujourd'hui dans l'église collégiale de cette ville*.

Lalgarade de Guillem de Aguilô ne paraissait dirigée d*abord que contre les Sarrasins insoumis; mais, pour beaucoup dechrétiens de cette époque, les infidèles même alliés étaient des ennemis qu'il n'était pas bon de laisser en paix ; aussi la troupe de Guillem pilla-t^elle indistinc- tement tous les biens des musulmans qu'elle trouva sur son passage.

En arrivant à Valence, le roi reçut les plaintes des victimes de ces dévastations ; il cita les coupables à son tribunal ; mais ils prirent tous la fuite , à l'exception de Guillem de Aguilô, qui offrit de réparer les torts qu'il avait occasionnés. Une ordonnance de confiscation de ses biens ne put être mise à exécution, car tous ses domaines du royaume de Valence étaient engagés pour le payement de ses dettes; néanmoins la conduite du roi en cette cir- constance et les assurances loyales qu'il donna aux musul. mans rendirent la sécurité au pays , confiant dans la jus- tice de son souverain.

Pour la première fois depuis qu'il avait entrepris sa

* Voyez Bouter, Cor<mica gênerai de Espafia ; Zurila , Anale* , 1. 1, fol. 456 ; Miedes, Vida de donJayme, Ub. XlIT; Raynaldi, Ann, écoles.^ ad annum 4240, n" 26.

LA VALLÀB DB BâIBEM 29

croisade contre les Sarrasins « Jacme venait de passer plus d*ane année hors de la tente, et, quoique ce temps D*ent pas été consacré au repos, il n'avait pas eu pour les armes aragonaises des résultats qui pussent suffire à contenter le cœur du ConquisUzdor. Aussi la guerre fut- elle reprise sous la direction du roi. Il ne s'agissait pour le moment que de soumettre quelques gouverneurs de places fortes qui , malgré la cession faite par Ben Zeyan au roi d'Aragon lors de la capitulation de Valence , con- tinuaient la résistance pour leur propre compte, espérant rester indépendants. La petite armée aragonaise com- mença ses opérations dans la vallée de Bairen , se trouvaient, outre le château de ce nom, ceux de Villa- longa, Borrô, Vilella et Palma.

En ce moment, Ben Zeyan demanda à Jacme une entrevue qui eut lieu à la Ràpita de Bairen , l'émir vint débarquer. Là, il offrit à celui qui lui avait enlevé sa capitale de lui céder encore te château d*Âlicante en échange d'une somme de cinq mille besants et de la sei- gneurie de Minorque > qu'il s'engageait à tenir en fief du roi d'Aragon.

Jacme remercia le Sarrasin « du dévouement et de l'affection qu'il lui montrait >; mais, en vertu des traités par lesquels les princes chrétiens de la Péninsule s'étaient partagés éventuellement les pays à conquérir, Alicante était de la conquête de Gastille et non de celle d'Aragon, et Jacme , décidé à respecter scrupuleusement ces con- ventions, dut refuser l'offre de Ben Zeyan.

Cependant, à la suite des négociations suivies avec les alcaydes, ou gouverneurs des châteaux de la vallée de Bairen , on avait obtenu d'eux la promesse de se rendre dès que Bairen, « qui est un bon château * «, aurait capi-

* Chron. de Muntaoer, cbap. ix.

tulé ; mais ee fut seulement après de long^ pourparlers que Ton parvint à faire coDseDtir le gouverneur de cette dernière place à se rendre dans le délai de sept mois, et à donner comme arrhes une tour isolée appelée Albar- rana, devant laquelle les Sarrasins durent construire des ouvrages de défense. Le roi d'Aragon promit en échange trois chevaux et un vêtement d*écarlate à Talcayde appelé Àbencedrel , un vêtement vert à chacun de ses deux ne- veux, nngi jonadas* de terre pour Talcayde, ses neveux et leur Camille . et des vêtements de laine incarnats pour cinquante hommes.

Malgré ces conventions , ce ne fut pas sans quelque hésitation que, au mois d*août 1240, à Texpiration du délai accordé , le chef sarrasin consentit à livrer la place après uo nouveau traité de capitulation.

Vers cette époque, Tûàfant don Fernand, les cheva- liers de Calatrava, Pedro Cornel, Artal de Luna et Rodrigo de Lizana échouèrent dans une expédition diri- gée contre Villena, ville du royaume de Murcie, que, peu de temps après la conquête de Valence , Ramon Folch de Gardona avait attaquée vainement.

Mais le commandeur d*Alcaniz , de Tordre de Cala- trava, revint bientôt avec quelques-uns de ses chevaliers et un corps d'almogavares mettre une troisième fois le siège devant la place qui se déclara enfin prête à capituler, à la condition que le roi lui-même lui en adresserait la sommation. Tel fut le premier pas des Aragonais dans le royaume de Murcie.

Jacme , obligé de retourner en Catalogne et en Aragon, nomma Rodrigo de Uzauason lieutenant da,ns le royaume

* La jovada ou yugada, correspond au jugerum des Romains ; c^est rétendue de terrain quUm couple de bœufs peut labourer en un jour.

tiias M xAfiVÀ SI

da Valence. €e départ parait avoir été motifé par le ma- riage projeté entre Yolande , fille du roi d'Aragon , avec rinfant de Castilie , Alfonse , fils et héritier présomptif du roiFemand III. D'après ZurilaS cette union aurait été célébrée à Valladolid, au mois de novembre 1246; Miedes ' place après la prise de Yilletia , c'est-à-dire en 1240 , le mariage des deux filles de Jacme , Yolande et Constance, avec les deux fils du roi Fernand de Castilie , Alfonse et Manuel .

Dans son testament du l*' janvier 1242 , Jacme men-* tionne, en effet, sa fille « Yolande, femme d' Alfonse, premier de l'illustre roi Fernand de Castilie'»; il nomme aussi Constance, mais sans indiquer qu'elle soit mariée. Il est évident par que le mariage d^olaDde fut conclu en 1240 ; mais il ae lut célébré qu'en 1246, à cause du jeune âge de la princesse *.

Le roi ae tarda pas à revenir à Valence, où, Maures et chrétiens, sans trop s'inquiéter des trêves conclues, con- tinuaient leurs attaques réciproques. Un cousin de Ro- drigo de Lizana, Pedro de Alcala, avait pillé et ravagé plusieurs fois la campagne des environs de Xativa , ville importante de l'ancien émirat de Valence, située au sud du Xncar. Dans une de leurs expéditions, Pedro de Alcala et cinq obevaliers de sa compagnie, surpris par

^ Anahs e\ Indices adannum 1246.

< Vida de don Jayme, lib. XlII. Au livre XIV, Miedes parle delà célébration de ce mariage à Yalladodid, en 4246.

Voy. Pièces justifie, n* V.

^ Yolande devait avoir quatre ans en 4240. Une double erreur typographique nous a fait dire (t. 1, p. 377, note;, au moment eu nous racontions les événements de l'année 4238 et quelques pages après avoir parlé du deuxième mariage de Jacme, célébré en 423^, que rinfante , aînée des enfants issus de cette union, avait environ trois ans en 4237 ; il faut lire: deuao ans en 4238.

Si LIVRE m , CHAPITRE II

uoe sortie de la garnison, avaient été faits prisonniers.

De leur côté , les habitants de Xativa faisaient des incursions sur le territoire chrétien, guidés par un che- valier aragonais, Berenguer de Entenza, qui, après avoir secondé, ainsi que nous Tavons vu, Guillem de Âguilo dans ses attaques contre les Maures soumis des environs de Valence , s'était réfugié à Xativa pour échap- per à la justice de son roi et pillait les chrétiens à la tête des troupes musulmanes. L'histoire de la Péninsule à cette époque nous offre malheureusement plus d'un exemple de ces tristes défections.

Jacme , à la prière de Rodrigo de Lizana et de l'arche- vêque de Tarragone, Pedro de Albalat \ résolut d'aller délivrer Pedro de Âlcala et ses cinq compagnons. Il se mit donc en marche sur Xativa avec un petit corps de troupes, et somma le gouverneur de cette ville de lui rendre les captifs en proposant, pour prouver son désir de respecter la trêve, de faire indemniser les Sarrasins des dommages qui leur avaient été causés.

On a reproché à Jacme l'attaque de Xativa comme une violation du traité conclu avec Ben Zeyan au moment de la capitulation de Valence. La trêve stipulée dans cet acte * ne concernait que les villes de Dénia et de GuUera avec leur territoire; il n'y est fait aucune mention des autres districts de l'ancien émirat de Valence , situés au sud du Xucar , qui, d'ailleurs , s'étaient à peu près tous constitués en États indépendants sous le gouvernement de leurs alcaydes. La trêve que le roi se déclare prêt à

* Pedro de Albalat était le successeur de Guillem de Montgriu, ar- chevêque élu, qui avait renoncé à la dignité archiépiscopale. (Voyez t. 1, p. 36S. )

^ Voyez ce traité dans les Pièces justificatives de notre 4'* partie , 1. 1, p. 464.

I

SIEGE DE XATIYâ 53

respecter résultait saos doute d'un traité particulier conclu avec le gouverneur de Xativa. L'alcayde, mal inspiré, fit répondre qu'il ne pouvait mettre les prison- niers en liberté, parce qu'ils avaient été vendus à un particulier qui demandait pour leur rançon une somme exorbitante.

« Cela nous plut beaucoup lorsqu'il nous le dit, avoue

Jacme car mieux nous convenait le ch&teau que

les chevaliers*. »

Le roi avait fait la nuit précédente une reconnaissance dans les environs , et le spectacle qui s'était offert à ses yeux l'avait saisi d'admiration. Du haut d'une colline, son regard avait pu embrasser la plus belle et la plus fertile partie de la belle et fertile huerta, appelée par les Maures le Paradis de V Occident. Cette délicieuse plaine se déroulait au pied de Xativa, la seconde ville du royaume de Valence, bâtie sur le versant d'une mon- tagne du sommet de laquelle une imposante forteresse commandait à tout le pays. « Ce château, dit Muntaner, est un des plus beaux que possède aucun roi ; la ville est grande, bonne, riche et entourée de fortes mu. railles V » « Il n'y a pas au monde, d'après l'opinion de d'Esclot, de château si fort ni si royal. Ce sont deux châteaux sur une montagne, et la montagne est si forte qu'aucun homme ne peut y monter, si ce n'est par un endroit que garderaient vingt hommes à pied contre dix mille , et il est bien clos de fortes murailles et de fortes tours. . . . , et la ville est moult bonne et grande*. »

Dès ce moment, Jacme ne désira qu'un prétexte qui lui permit de se rendre maître de cette riche contrée ,

< Chron. de Jacme, chap. ccxiii.

3 ChroD. de Muntaner, trad. de M. Buchon, chap. ix.

2 Chron. de d^Esclot, chap. xlix.

T. u. 3

Don^seQlemeDt , ditii, a&i de délivrer Pedro de Atoala , mais eocore afin de conquérir le château au profit du nom chrétien , et de faire honorer Dieu dans un aussi beau pays \

Aussi la réponse de Talcayde de Xativa lui causi-I^Ue une joie qu*il ne chercha pas à dissimuler. Lorsque le Sarrasin vit les Aragonais décidés à commencer leurs opérations contre la ville, il voulut revenir sur son refus et proposa de rendre les captifs ; le roi rejeta cette offre, retrancha ses troupes dans une forte position, et, ne pouvant entreprendre un siège en règle à cause du petit nombre d'hommes qu'il avait sous ses ordres , fit ravager la campagne, attaquer les châteaux des environs, dé- tourner les cours d*eau qui alimentaient Xativa, détruire les moulins qui servaient à l'approvisionner ; si bien que, au bout de quelque temps , la nombreuse population de la ville commença à souffrir de la famine. La garnison « malgré sa supériorité numérique, n*osait attaquer le camp chrétien, protégé par la présence du Conquistador plus encore que par ses retranchements. Une nouvelle dé- marche de Talcayde pour obtenir la paix moyennant la restitution des prisonniers fut accueillie par un nouveau refus; enfin Jacme, ayant déclaré qu'il ne cesserait pas les hostilités avant de s'être rendu maître du château de Xativa ou tout au moins de celui de Castellô , situé dans les environs , le chef maure offrit au roi de lui céder cette dernière place, de le reconnaître pour son seigneur, de s'engager à ne rendre Xativa qu'à lui, et de remettre en liberté Pedro de Alcala et ses compagnons. Ces con- ditions furent acceptées; l'alcayde, accompagné des prin- cipaux de la ville , se rendit au camp ; le roi le reçut dans la tente de l'évêque de Valence, le traité fut

* Chron. de Jacme, cbap. ccxui.

LV IM^ ^ ^S 94CP0 HOMES S5

concla et le âenueait 4e ^délité prMé pa^ lU gom^erpftajr sàr^astiQ^

Tout autre que le héros aragoûais !n*eût ppÂnt osé espérer nn pareil résultat d*une expédition .entreprise avec des forces inssUjEfisantes ; m^is Jacme , gâté par la fortune» n'était pas satisfait; son ioteotiçn avait d'abord été de se rendre maître de Xaliya et de tQO^ le.terTitoîr0 de cette ville , la cr^n^te de se voir jLrahi pa.r .un ,d^ ses ricos homes l'avait seule contraint d'abrégeir la Jjutle ^t de se contenter de la pos^ssÂon ài& Cast^Uo.

L'aristocratie d'A^ragon ressentait profondément )e coup que Je joi lui av^U porté naguèriO en p^cceptant malgré elle, et po^r ainsi dijre contre elle, la capitula- tion de Valence. Si elle ne s'était pas révoltée .en recevant cette grave al,teinte., c'est que le temps n'était plus .où les barons pouvaient faire .ropqntir Jlçur rpi enfant de ses velléités d'indépendance; pour le moment, ils avaient du se soumettre ; mais ils ne parvenaient point à cacher la rancune qui s*amass2^it dans leur cœur, attendant une circonstance favorable pour faire explosion.

C'est ainsi qu'après la capitulation de Valence ils avaient forcé le roi à nommer, comme répartiteurs des terres conquises , deux prélats et deux ricos homes à la place de deux mesnaderos qu'il avait d'abord désignés * ;

* D'après Zurita, la reddtion de.Castellô aurait eu lieu en Pan- née 1^0. Diago (Anales delReyno de Valenoia^ lib. VII, cap.xxxvi) place cet événement en 4244.

> Ces deux mesnaderos étaient iXimeno Ferez de Tarazona, alors trésorier du royaume d'Aragon , et Âssalit de Gudal , tous deux a bons et savants en droit i> ; sur les instances des ricos homes et des prélats, le roi dut les remplacer par Pedro Fernandez de Aza- gra, Ximeno de Urrea, Tévêque de Barcelone et celui de Huesca ; maiS| comme don Assalit et don ](imeno Ferez se plaignaient d'avoir été mis (le côté d'une manière humiliapte pour eux, a Nous savons,

36 LITRE III 9 CHAPITRE n

c'est ainsi qae, quelque temps avant la reddition de Bairen, une mésintelligence, dont on ignore les motifs, était survenue entre le roi et cinq de ses barons , Pedro Fernandez de Azagra, Pedro Gornel, majordome d* Ara- gon, Artal de Luna, Garcia Romeu et Ximeno de UrreaS et que, enfin , au siège de Xativa, la colère du rico home Garcia Romeu avait fait craindre un instant pour le succès de Texpédition. Voici le fait qui avait motivé rirritation de don Garcia:

Le roi , traversant un jour le camp , avait vu un adalid, dans une violente discussion avec un soldat, frapper son adversaire de son épée et prendre la fuite vers la tente de Garcia Romeu. Jacme indigné s'était mis à la poursuite du coupable, l'avait saisi par les cheveux au moment il posait le pied sur le seuil de la tente , et, le tirant violemment au dehors, l'avait fait conduire en prison.

leur répondit Jacme, que les lerres ne suffisent pas pour toutes les donations, et ils (les répartiteurs) seront forcés de renoncer, ne sa- chant comipeni faire. » C'est ce qui arriva en effet : les quatre pré- lats et ricos homes, no trouvant pas le moyen de concilier les dona- tions excessives faites par le roi avec rétendue insuffisante des terres à partager, mécontentèrent tout le monde et furent obligés de donner leur démis>ioQ. Jacme nomma de nouveau, pour les rem- placer, les deux mesnadêros qu'il avait choisis dans le principe. « Maintenant, dit-il à ces derniers, nous vous montrerons comment vous devez faire la répartition et vous la ferez de la môme manière qu'on la fit à Mayorque, car c'est la seule qui puisse être adoptée. Vous diminuerez la jovadd de six cahiz, ainsi elle aura le nom de ;ot;adaet ne le sera pas, et d'autre pari, tous ceux à qui nous avons trop doimé se verrou l forcés de mesurer de nouveau et auront à se conformera la nouvelle valeur que nous donnons à la terre, t Cet expédient mit fin aux difficultés qu'avait fait naître le partage de la conquête et qui menaçaient de dégénérer en troubles sérieux. (Voy. les chap. cxciii et cxciv de la Chron. de Jacme.)

* L'acle par lequel le roi d'Aragon se réconcilie avec ses ricos ho* mese^i daté du 7 des kalendes d'aoClt (26 juillet) 4240. 11 est con* serve aux archives d'Aragon, parchemins de Jacme 1*% n*807.

I

DOn . GAfifiU ROMED 37

Or, eD vertu des fueros, la demeure d'un chevalier était lien d*asile; il est vrai que la teute occupée par don Garcia appartenait au roi, à qui elle avait été envoyée par le sultan d*£gypte, et qui Tavait prêtée à son rico home*; malgré cette circonstance, malgré les faveurs qu'il avait reçues « en honneurs et argent » , le fier baron n'était pas homme à laisser échapper une occasion de tenir tête à son souverain , et il envoya sur-le-champ deux de ses chevaliers signifier à Jacme qu'il se quittait ' de lui. En vain le roi lui reprocha- t-il de compromettre le succès d'une expédition aussi importante que celle de Xativa en cherchant des prétextes de discorde, don Garcia fut inflexible et abandonna le camp chrétien avec les cent chevaliers qu'il avait amenés à sa suite. Sur ces entrefaites , des sarrasins de Xativa firent dire au roi que Garcia Romeu avait l'intention de passer de leur côté et de défendre la ville contre son suzerain. « Nous donnâmes à entendre, dit le chroniqueur, que nous regardions cela comme chose de peu d'importance et que c'était la même chose pour nous que don Garcia allât dans la ville ou restât dehors. » Ce fut néanmoins à partir de ce moment que les agents du roi amenèrent avec adresse l'alcayde de Xativa à proposer le traité qui fut accepté. Pour l'hon- neur de don Garcia , rien ne prouve que le rico home eut réellement la pensée de trahir son souverain et sa

* « D'ailleurs, dit Miedes, un camp ne doit pas être considéré comme une réunion d^babitations appartenant à divers individus, mais bien comme la demeure seule du général, sous les ordres du- quel tous les autres combattent et à qui ils doivent obéir.» (L. XIII.) C'est le développement de ces paroles de la chronique royale : « Ce lieu n'était pas la demeure de don Garcia Romeu, mais bien une tente. (Chap. ccxiv.j

> Voyez ce que nous avons dit du droit de desnaturalizaeUmf Ul,p 2^7et278.

TS hmm iB, eaânmn

foi ; ce qu'il y a de certain , c'est qu'il ne tarda pas à se réconcilier arec le roi, et qve son fils, appelé Oarcia comme lui, fat marié par Jacme , qui voulait s'attacher cette famille, à Teresa Ferez , fille naturelle de l'infant Pierre*.

Le roi, qui atait subjugué les armées sarrasines, essayait vainement de tous les moyens pour réduire à l'inaction , par la persuasion ou par la force , cette caste redoutable des rieos homes, qui élevait satis cesse 4es obstacles sous ses pas pour entraver sa marche de Con- quérant et de réformateur.

Tantôt il cherchait à les rallier à sa politique en )euf prodiguant les richesses et les honneui's que leâ barons acceptaient comme des faveurs dues à leur position , sans se croire liés par la reconnaissance, puisqu'il étaH de leur devoir de défendre la nation contre la royauté. D'autres fois Jacme tentait d'amoindrir leur influencei de les éloigner de ses conseils, de s'appuyer sur les mesnaderos, les chevaliers , les légistes, mais les fueros l'obligeaient à garder auprès de lui ces dangereux sur- veillants , à les consulter dans les affaires de haute im- portance, à laisser se concentrer dans leurs mains la puissance territoriale et militaire. Qu'il essayât de les flatter ou de les combattre, les douze ricos homes* étaient toujours là, Impassibles et menaçants, s'appuyant sur les fueros et sur leur épée , et suivis de la foule de pré-

* Ce Garcia Romeu mourut sans enfants ; Teresa Pères , s8( véùve, hérita de ses domaines et épousa en secondes noces Artal Âlagon.

3 Nous avons nommé (t. ], p. 436) les neuf maisons dont W chefs, avec ceux de deux branches cadettes des Luna et de Itt deuxième branche des Urrea, constituaient la classe des douze Hooè homes Mturù^lêza. (Voyez Blancas , Rerum aràgomnHtM cdm- ment.)

lats, de noblea» de bourgeois:, qui se Eaageaieni sous lear bannière.

La constitQtion aragonaise, chef^d'osuvre de Tesprit aristocratiqae , donnait le beau rôle à ces barons défen- seurs de la loi contre un souverain qui , emprisonné dans, de rigides prescriptions , ne pouvait faire un mouvement sans se heurter aux fueroset à leurs implacables gardiens.

Ofi comprend combien un prince tel que le Conquis^ tador devait souffrir impatiemment de pareilles entraves. Jacme, comme tous les esprits élevés, aimait à s'entourer d'hommes intelligents et éclairés; il aurait voulu assu- rer l'influence aux nobles instruits qui abondaient à sa cour et dans ses États^ , et même, autant que l'esprit de l'époque le lui permettait, aux bourgeois et aux plébéiens distinguée par leurs connaissances. Il seconda, l'un des^ premiers parmi les souverains de l'Europe, le mouvement en faveur des études judiciaires qui se manifesta avec tant de force an XIIP siècle, et, en cela , il parait avoir devancé Louis IX.

Nous avons vu Jacme à Valence préférer aux barons , pour les fonctions de répartiteurs de la conquête^ deux chevaliers de sa mesnad(t «! savants en droit » . L'un d'eux, Ximeno Ferez de tarazona, était en grande faveur auprès du roi, qui estimait son talent et son dévouement et lui

* c Les gens de la plus haute qualité et de la position la plus éniineDte se faisaient gloire, dit Zurita, de posséder la science du droit et des lois civiles et canooiques. » (Annaleê^ lib. IIJ, cap. xxxiv.) Voyez aussi, pour ce qui concerne le nombre et rimporlanre des légistes en Aragon au XtU* siècle, le remarquable Discours pr^lt- minaire de l'édition des Fueros y ob$erpancias del reino de Aragon^ publiée dans ces derniers temps par D. Pascual Savall y Dronda etD, Santiago Penen y Debesa. L'influence accordée aux légistes est l'un des gnet^ principaux que les rioos homes invoquecont plus tard dans une de leurs révoltes contre le roi.

40 LIYBE III , CHAPITRE II

avait doDDé plusieurs fois des preuves de sa confiance V Pedro Ferez, frère de Ximeno, était jmticia d'Aragon; Ximeno lui-même avait été créé trésorier général du royaume ; sa haute naissance pouvait lui permettre de mar- cher de pair avec les grands seigneurs du pays: mais il n'é- tait pas rîco home, il ne possédait pas de baronnie à titre d^honneur, et ne pouvait, par conséquent, comme conseil- ler de la couronne ou comme seigneur féodal, prêter au roi un secours de quelque importance contre les adver- saires de l'autorité souveraine.

Ce qui faisait la force de cette aristocratie d'Aragon , si peu nombreuse et si puissante , c'était son caractère de caste inaccessible qui ne pouvait ni diminuer par le défaut de postérité de l'un des siens \ ni s'augmenter par l'ad- jonction d'un nouveau membre. Si le roi avait eu le droit de créer des ricos homes , et de faire entrer dans Vesta- mento de la haute noblesse des hommes dévoués à ses idées, Tindépendance de cet ordre eût été profondément atteinte, sa puissance considérablement amoindrie. Con- quérir ce droit, que lui refusaient les fueros, tel fut le but que se proposa l'ambition deJacmeT'.

Le Conquistador avait montré plusieurs fois son dessein arrêté de se dégager des liens qui gênaient l'action du pouvoir souverain ; mais, au lieu de les relâcher par des efforts successifs, il voulut essayer de les rompre d'un seul coup ; au lieu d'arracher et d'anéantir une à une les prérogatives de la haute noblesse , il résolut de lui en- lever par un coup d'Etat une partie de sa force et de son prestige, et de mettre, dans les mains de la royauté, cette épée de Damoclès suspendue sur sa tête.

* Voyez notre tome I, p. 345 et 347.

^ Le rico home pouvait transmettre sa rica hombria à un de ses proches parents.

COUP d'état 41

Après le traité codcIq avec Talcayde de Xativa , Jacme, glorieux et fort, avait assuré à ses Etats une paix qui ne devait pas être de longue durée, laais dont il parais- sait le seul arbitre. Il choisit ce moment pour la ten- tative qu'il méditait. En confiant à Ximeno Ferez le gouvernement de son royaume de Valence, qu'il allait quitter pour quelque temps S il éleva son favori à la dignité de rko home et lui donna la baronnie d*Arenos, dont Ximeno et ses descendants portèrent le nom *.

Devant cette innovation sans précédent, les barons se récrièrent, « moins pour le fait en lui-même que pour le danger que cet exemple pouvait avoir dans Tavenir' » ; mais ils ne paraissent pas avoir voulu, dès cette époque, rappeler le roi à l'observation ie^fiseros. Dans la lutte

* Ximeno était lieutenant du roi à Valence depuis la prise de cette ville. Nous trouvons en effet, à la date du U des kalendes de janvier de l'année de rère espagnole 4276(19 décembre 4238), une confirmation royale des donations et établissements faits et à faire par Ximeno Ferez. (Voyez Privilèges de Valence ^ f* If, n* 5.)

* Zurita, préoccupé de justifier le roi du reproche de violationdes fueras aragonais admet, comme existant de temps immémorial, l'usage de créer des ricos homes pris dans la classe des mesnaderos. Ce qui prouve Terreur de rannaliste aragonais, c^est non-seulement la protestation des barons qu'il mentionne lui-même a l'année 4264 {Annales^ lib. 111, cap. lxvi.), mais aussi le livre de Geronimo de Blancas,. son successeur dans la charge d'historiographe d'Aragon. Blancas s'est particulièrement occupé des institutions de son pays, et il résulte clairement de plusieurs passages de ses commentaires , qu'on ne peut pas citer un seul exemple de la création d'un rtco home avant Jacme !•% et que la faveur accordée à Ximeno Ferez de Tarazona souleva les réclamations de la haute noblesse dès qu'elle fat connue, bien qu'on ne trouve qu'à partir de 4264 des traces d'une protestation régulière contre cette usurpation. (Voyez Blan- cas, i^rapon^n^ttim rerum commentarii, dipwd Hispania illustrata , t. III, p. 737, 739, 742 et 795.)

* Bilnness^Âragonensiumrer, comment, apud Hisp^illust,, U III , p. 795.

4t UTBft Vf. CHAMniB n

qui se coati noait entre un sonveraiB» yictodenx et ane aristocratie puissante , la preoûàre condition de succès était desavoir profiter des circoustaoces. En ce moment , UM protestation appuyée par les armes , comme savai^it en {aiire les rico» homes^ n'aurait serri qu*à assurer un triomphe plus complet et peut-être définitif à leur glo- rieux adversaire. Les barons se contentèrent de montrer individuellement leur mécontentement, et ajoutèrent ce nouveau grief à ceux qu'ils se promettaient bien de faire valoir quand 1* heure favorable aurait sonné* Cette heure se fit attendre plus de vingt ans ; mais les ricos homes n'oubliaient pas; nous les verrons en 1264 se redresser menaçants devant leur roi et lui imposer une rétractation qui ne sera qu'apparente. En fait, avec le nouveau baron d'Arenos, la classe des ricos homes de mesnada est créée et s' accroît rapidement*. Dès que sa composition est soumise an bon plaisir dn souverain , le premier e«tom6n(o deTÂragon, malgré les sièges séparés qu'il conserve aux Gortès, a perdu sa puissante indivi- dualité. Dans le vieux royaume héritier de Sobrarbe, il y aura désormais, comme partout ailleurs en Europe, des chefs de la noblesse luttant avec la royauté , tantôt peur le bien de la nation , tantôt à son détriment ; mais la fica hombria n'est plus l'antique magistrature qui faisait et défaisait les rois » la caste sacrée gardienne séculaire des fueros^ l'inébranlable soutien des privilèges et des libertés publiques contre lequel venaient se briser la puissance du temps et celle des souverains. Jacme vient de porter le premier coup de hache dans les racines de la vigoureuse constitution aragonaise.

* Nous avons déjà fait remarquer (t. I, p. 276), que six ricos ho- mes de mesnada figurent dans un document de Tannée 1260.

CHAPITRE III

Caraôtère du comte Raymond VII . Reprise de la guene entre le comte de Toulouse et le comte de Provence. Tentative avortée de réaction méridionale. Le vicomte de Wziers. Soumission stibite de Raymond VIL Donation du comtat Vcnaissin èi Gédle de Baux. Sirvente politique de Bertrand deBorn, le fils. Réclamations du comte d'Urgel. Transaction entre Jacme et Tévêque de Maguelone. Tentative pour relever la maison de Toulouse. Sancha d'Aragon et Sancha de Provence. Espérances ruinées. Coalition contre le roi de France. Conduite durci d'Aragon.— Défaite du roi # Angleterre et du comtede la Marche. Soumission du comte Toulouse.

La présence roi d'Aragoû semblait nécessaire au maÎDtien de la paix dans la France méridionale. A peine Jacme avaitMl quitté Montpellier, en 1339, que le comte de Toulouse se faisait de nouveau Tagresseur de Ramon Berenguer de Provence.

An milieu des brillantes qualités qui rendent si sympa-» tbique sa noble infortune , Raymond VII avait un im-* mense défaut , celui d'être dépourvu de toute capacité politique.

On n'a pas assez insisté, croyons-nous, sur la légèreté de cet esprit ardent, inégal , excessif en toutes choses , prompt à entreprendre, plus prompt à se décourager, agissant par caprices , cédant sans réfleiioa m% iDspir»*

44 LIVRE III 9 CHAPITRE lU

lions da moment , sans plan déterminé, sans ligne de conduite arrêtée , sans prévision de Tavenir. C*est dans ce caractère, et non comme Ta fait un écrivain trop sé- vère pour ce malheureux prince, dans un mélange odieax de lâcheté et d'égoïsme *, qu'il faut chercher l'explica- tion des inconséquences étranges de Raymond VII, de ses révoltes inconsidérées , de ses humiliations volontaires , et surtout du prompt abaissement des pays de Langue- doc, qui conservaient encore assez de vitalité, sinon pour reconquérir leur indépendance, du moins pour opposer aux éléments destructeurs une résistance plus régulière et plus soutenue.

La honte que lui avait infligée le traité de Paris sem- blait avoir ôté à Raymond tout reste de discernement. Dominé par deux idées opposées , le désir de se relever à tout prix et la crainte de se voir arracher les derniers lambeaux de sa puissance , il saisissait avec un empresse- ment fatal le moindre prétexte de guerre ou de conquête, puis s'arrêtait brusquement comme épouvanté de sa propre audace.

Le roi d'Aragon , médiateur naturel entre ses deux parents de Toulouse et de Provence , et véritable chef de la France méridionale, usait de toute son influence pour modérer et diriger le fougueux comte toulousain. Mais, dès que Jacme avait repassé les Pyrénées , Raymond, obéissant à de mesquines rancunes, à des inspirations aveugles , se jetait tête baissée dans des entreprises qui

< Mary-Lafon , Histoire politique , religiewe et littéraire du Midi de la France, \. m.

Il est à regretter que Pauteur de cet ouvrage ait laissé entièrement dans Tombre le rôle si important qu'a joué le roi Jacme dans l'his- toire de no» provinces.

RATMOIfl) TU ET RAMON BERBNfiUER 45

ne pouvaient avoir d'autre résultat que celui de précipiter sa chute.

En 1239, l'empereur d'Allemagne , plus que jamais irrité contre Ramon Berenguer, allié fidèle du Saint-Slége, mettait pour la seconde fois son vassal au ban de l'empire, et renouvelait en faveur du comte de Toulouse la donation des comtés de Forcalquier et de Sisteron, qu'il lui avait déjà faite neuf ans auparavant.

Les deux comtes rivaux se trouvaient donc engagés dans la grande querelle des Guelfes et des Gibelins, qui pas- sionnait et divisait la chrétienté.

En héritant des traditions libérales , de l'esprit sage , des goûts éclairés de ses ancêtres, les comtes de Barcelone, le doux et populaire Ramon Berenguer, qu'un célèbre historien appelle assez mal à propos l'oppresseur des communes \ avait hérité aussi de la sympathie des princes de laCatalogoe et de l'Âragon pour la papauté, leur amie et leur bienfaitrice. Son intérêt, d'ailleurs, lui traçait la route à suivre. Avec le secours du Pape et l'appui moral

^ c 11 fut si louable en sa vie, tant valeureux en tous ses gestes et ses héroïques faits d-armes, que le saint et grand roy Louis, qua*- rante-quatriesme monarque des François, son gendre, soûlait dire plusieurs fois que Berenguier estoit digne d^estre mis au rang des plus sages et des plus illustres princes du monde.... Ce grand et ma- gnanime prince fut plein de toute douceur, clémence et humanité.» (Gaesar de Nostradamus, Hisl. etchron, de Provence.)

Les attaques de Ramon Berenguer contre les cités libres de Pro- vence n'avaient pas pour but d'enlever à ces villes leurs libertés et leurs coutumes pour les soumeUre au pouvoir absolu du comte. Ce que demandait Berenguer, c'était la reconnaissance de sa suzerai- neté comme seigneur de la Provence, et c'est ce que refusaient les républiques.

N'est-ce pas se montrer trop sévère pour un prince du XIH* siècle que de le flétrir du nom d'oppresseur parce qu'il n'a pas spontané- ment renoncé à toute espèce d'autorité sur les plus belles parties du territoire dont ses ancêtres lui avaient transmis l'héritage ?

46 ^ui^B m^ OHàVW ni

4e ses deoxigôndres, les cots de France et d'Angleterre, il opposait aax ordres de l*empereiir une résistanoe pas- sive sans rapture ouverte, car le comte de PfX)veQce cherchait à vivre en p^w avec tous, bien qa*il eût sau- vent donnéides preuves de son courage et de son habileté dans la guerre.

Raymond VII, voyant se rapprocher et s*unir le roi en faveur duquel il avait été dépouillé , le Saint-Siège, qui , presque involontairement et sans la .comprendre , avait aidé à cette grande injustice , Oit le comte pour lequeil il ressentait une de ces haines de voisin doutant plus vi- vaces , dans certains esprits , qu'elles prennent ordinai- rement leur source dans des sentiments de jalousie per- sonnelle , Raymond YII se rangea instinctivement dans le camp opposé. Ce n*est pas .qu'il fût réellement ennemi de l'Église , quoi qu'en ait dit le chroniqueur Mouskes\ jugeant des affaires méridionales comme pouvait le faire au XIII* siècle un habitant de Tournay ; mais , sans cal- culer la portée de ses actes , sans peser les .ch^^nces de succès , Raymond se crut assez fort de l'appui éloigné de Tempereur pour reprendre la guerre contre Ramon Berenguer *.

Vers le même temps, un secours, dont tout autre que le comte toulousain eût certainement tiré profit , arriva à Raymond VU du côté de l'Espagne. Le vicomte spolié de Béziers , d'Âlby, de Garcassonne et, de Rasez, le fils

' Et si vint li quens de Saint-GiUe

Qui n'amoit mierEvangilie.

Vers 30697 et 30698 delà Gbronique rimée de Philippe Mouskes. publiée par le baron de Reiffemberg.

3 Chronique de Guillaume de Puy-Laurens, chapelain de Ray- mond YII, chap. jun.

LB nCOKTE 4IB BÉIIBRS. 47

da vaillant et iofortané Raymand Roger \ Raymond Trencaval II , quittait subitement la Catalogne «t passait les Pyrénées à la tète d'nne troupe dans laquelle les Lan- guedociens proscrits (faydUs), yictimes de la guerre des Albigeois , se mêlaient aux Catalans et aux Aragonais *.

Durant Tété de l'année 1240, tandis que le comte de Toulouse remportait des succès sur le comte de Provence et sur quelques seigneurs français venus en aide au beau-<père de leur roi; au moment l'on pou<- vait croire saint Louis occupé de porter secours à Ramon Berenguer, la petite armée de Trencavel envahissait les diocèses de Narbonne et de Carcassonne. A l'approche de leur seigneur, les vassaux des vicomtes de Béziers se soulevèrent par un mouvement spontané , et, en un clin d'oeil , le fils de Raymond Roger eut reconquis une partie des États de son père. Des Pyrénées aux Alpes , le midi de la France était en feu ; mais le comte de Toulouse , après avoir à dessein allumé l'incendie , ne sut pas pro- fiter du trouble qu'il avait fait naître. Effrayé de se voir en face d'adversaires dont il semblait n'avoir jamais encore mesuré la force ,' redoutant la colère du Pape et celle du roi de France , il recula tout à coup, retira son armée et revint à Toulouse. Bien qa'il fût certainement de conni- vence avec le vicomte de Béziers , il l'abandonna , comme il l'avait déjà abandonné en d'autres circonstances ; mais il refusa cependant de se joindre au sénéchal de Carcas-

* V. notre tome 1, p. 409, note.

» Dans une première expédition (4220 à 4227), Trencavel, aidé de son tuteur, le comte de Foix, avait repris la plus grande partie des domaines de sa famille; mais bientôt, vaincu par les Français, il s'était refusé à tonte transaction avec ses spoliateurs et avait été contraint dechercher un refuge dans les Etats du roi d'Aragon.

48 LIVRB m , CHAPITRE Ul

soDne pour le combattre \ Louis IX , débarrassé de tout souci du côté de la Provence, eut bientôt raison de Tren- cayel, qui, pour la seconde fois proscrit et déshérité, retourna chercher un asile dans les États hospitaliers du roi Jacme d'Aragon. Quant à Raymond VII , il se h&ta de conclure avec le Pape un traité par lequel il promit de seconder l'Église romaine contre Frédéric, a se disant empereur * » , puis il courut à Montargis prêter à saint Louis serment d'homme-lige, et fit la paix avec le comte Ramon Rerenguer. Mais, comme s'il eût prisa tâcha de faire douter de la sincérité de tous sea actes et de toutes ses paroles , il choisit le moment il allait porter aux pieds de Louis IX ses protestations de fidélité , pour donner une preuve du peu de sympathie que lui inspirait la maison de France. En passant à Monteil (aujourd'hui Montélimart), le 6 des kalendes de mars 1240 (26 février 1241), Raymond fit donation à sa petite-nièce Cécile de Baux, fille de Barrai de Baux , de tous les domaines qu'il possédait ou devait posséder sur la rive gauche du Rhône t dans l'empire >, pour en prendre possession seulement dans le cas il mourrait sans enfant mâle.

Cette donation , constatée par un acte qui parait avoir échappé aux historiens de la Provence ', est un nouvel

^ Chronique de Guillaume de Puy-Laurens, chap. xuii.

^ Histoire de Languedoc, in-^, l. fU, pr. n* 234.

' Nous donnons ce document dans nos Pièces jusliflcatives(n*f), d'après Toriginal que nous avons retrouvé dans les archives de la couronne d'Aragon. II nous a semblé utile pour l'histoire méridio- nale d'appuyer sur un document authentique el inédit ce que nous avons avancé au sujet des idées et de la conduite du dernier des comtes de Toulouse. Cécile de Baux éleva plus tard des prétentions sur le comtat Venaissin, se fondant, disent les historiens de ce pays, sur les droits de son aïeule maternelle, Constance de Toulouse, sœur de Raymond YII. L'acte que nous publions ne fut pas étranger, sans doute, à celte revendication-

SIRTENTE DE BERTRAND Dti BORN 49

exemple des contradictions continuelles du comte de Toulouse sans cesse ballotté entre ses désirs et ses craintes. I.e traité de Paris, en enlevant à Raymond la libre dispo- sition des biens qu*on lui laissait, n'avait pas prévu le cas le comtat Yenaissin serait rendu parle Saint-Père. Cette restitution accomplie par Tintervention de saint Louis, Raymond profita de Toubli des rédacteurs du traité pour enlever le comtat, seul domaine dont il pût disposer, à sa fille et, par suite, à la maison de France, et le donner à la fille de Barrai de Baux TexcommuniéS de Barrai qui l'avait puissamment secondé dans ses tentatives contre le Pape et contre Ramon Berenguer. Ce qui mérite d*étre remarqué, c'est que le comte de Toulouse fit cette dona- tion précisément à Tépoque il cherchait à se réconci- lier avec le Saint-Père, Louis IX et le comte de Provence.

Cet acte, que révoqua d'ailleurs le dernier testament de Raymond YII, fut sans doute tenu secret, car sa divuU galion aurait rendu moins facile la réconciliation du comte avec ses puissants adversaires.

Le nom de Jacme n'est prononcé par aucun historien à propos de l'imprudente expédition dont nous venons de parler ; le roi d'Aragon ressentait cependant le contre coup de toutes les attaques dirigées contre la Provence Ses droits sur ce pays, rendus illusoires par l'accroisse ment de la puissance capétienne et presque ignorés au jourd'hui, n'en étaient pas moins alors réels et fondés; aussi n'est-cepassansraisonqu'au sujet de ces événements, Bertrand de Born, le fils, disait dans le sirvente dont nous ^vons cité plus haut la première strophe V

^ Barrai de Baux, sénécbal du comte deToulouse pour le marqui- sat de Provence, fut excommunié par le légat du Pape pour avoir tenté de reconquérir le comtat Yenaissin, lorsque le Saint-Siège hé- sitait a le restituer.

* V. ci-dessus, p. 24.

T. n. « 4

50 LiyRB Ifl , GHAPITIE Hl

t Comte de Toalonse, mauvaise récompense atteod celai qui vous sert, d'où je vois naître grande douleur ; car servir mérite quelque récompense. Or, bien vous a servi le vaillant roi Pierre qui avec ses gens vous alla sou- tenir et mourut là-bas, et ce fut un grand deuil. Mais à ceux qui lui firent du tort vous allez donnant des forces, et affaiblissant le roi Jacme.

» Au comte de Provence je dis qu'il n*ait crainte, que bientôt il aura secours de notre roi qui grandement est désireux de Taider, quand il sera maitre de Chiva. Car je lui fais savoir que en Bereoguer ' lui a pris ce ch&teau, et je lui dis qu*un roi qui va donnant son bien et s'en retourne fait action d^enfant.

> Comte d*Urgel, ajoute le poète, vous avez assez de froment et d'avoine et de bons châteaux avec des tours pour que vous ne soyez pas craintif de cœur. Demandez au roi tout l'honneur qu'au delà d'Urgel vous teniez et ne lui laissez champ, ni vigne, ni jardin. Et si vous ne le faites (je souhaite) que vous ne voyez pas l'autre (fête de) Saint-Jean, si auparavant vous ne réclamez.

> Notre roi a assez de force avec les Sarrasins, mais là-bas, du côté de Mootfort, je voudrais voir aujourd'hui encore sa bannière (marcher) contre tous ceux qui vont rabaissant son honneur *. >

Les paroles du troubadour, ami et probablement vas- sal du comte d'Urgel, nous révèlent de nouvelles préten- tions de la turbulente maison de Cabrera. Pons, non con-

^ Berenguerd« Entenza qui, au moment du siège de lativa, se trouvait en guerre avec le roi d'Aragon (V. ci-dessus, p. 32). Le baron révolté s'était fortifié dans le château de Chiva, que Jacnielui avait donné autrefois; mais il ne tarda pas à se soumettre.

^ Kiky noudifà^ Choix de poésies des Troubadours y i. IN fP 484, et Milà, de los Trovadores en Espana^ p. 470.

TBANSACTION AVEC l'ÉVÊQUE DE VAGCELONE 51

tent d'ayoir obteau en fief Théritage de la comtesse Aurembiaix, regrettait les concessions qu'il avait été obligé de faire au roi et réclamait sans doute les villes de Lérida et de Balaguer*. A cet événement parait se rap- porter un accord du 4 des ides de février 1240 (10 fé- vrier 1241) par lequel un Guerau, qui s'intitule vicomte de Cabrera, promet d'empêcber ses hommes de taire aacuQ mal aux hommes du roi '.

Les réclamations du comte d'Urgel se renouvelèrent en 1242, époque Jacme, pour y mettre fin, céda à Pons de Cabrera le château et la ville de Balaguer '. Mais , -en 1241, ce débat ne préoccupait pas assez le roi d'Aragon pour lui faire perdre de vue ce qui se passait en Langue- doc et en Provence. Aussi, à peine eut-il quitté le royau- me de Valence après la reddition de Castello et l'élévation de Ximeno Perez à la dignité de rico home, qu'il accou«' rut en toute bâte à Montpellier. Lorsqu'il arriva dans celle ville, le comte de Toulouse était à Montargis auprès du roi de France.

Le 12 mars 124 1\ Jacme, par la médiation de Bernard de Cuxac, évéque de Béziers, signait un accord qui ter-

* V. notre tome 1, p. 364.

^ Archives d'Aragon, parchemins de Jacme 1", n* 829.

* Diego Moofar y Sors, Historia de los coudes de Urgel, dans la Colleçicn de doeumentos ineditos del archiva de Aragon.

* a Quarto Idus Martii anno Domini 12ii. n Telle est la date de ce document. D'après ces expressions , et en tenant compte de l'usage le plus général, qui était de dater d'après les années de l'incarnation commençant au 25 mars, cet acte paraîtrait se rapporter à l'année 4242. Dom Yaûisète lui assigne cependant la date de 4244 , par ce mo- tif concluant que Bernard, évêque de Béziers, qui y est mentionné, mourut le 23 janvier de l'an 4242 de la Nativité. D'ailleurs il est constant, par un document des archives d'Aragon (Parchemins de Jacme I*', n* 878), que le roi se trouvait dans ses Etats de la Pénin- sule, le 44 mars 4242.

52 ^JVRB m, CHAPITBB III

minait ses différends avec l*évêque de Magaelone d'une façon qae Ténergie déployée jusqu à ce moment par Jean de Montlaur était loin de faire prévoir. Le prélat, content de quelques concessions de peu d*importance et de la reconnaissance de sa suzeraineté, renonce par cet acte à tous les droits qu*il pourrait avoir sur le consulat de Montpellier, àtoute immixtion dans la juridiction seigneu- riale; bien plus, il cède au roi non-seulement le droit de rendre la justice criminelle et de percevoir certaines rede- vances dans Monlpelliéret, partie épiscopale de la ville de Montpellier qui n*avait jamais été soumise au seigneur, mais encore celui de recevoir le serment de fidélité de ses habitants et de les forcer au service àeVhost en même temps que les bourgeois de la ville seigneuriale. Le roi s*oblige à tenir le tout en fief de Tévéque. « sous h même forme qu il tient le fief de Montpellier.*»

Jacme triomphait de Tévéqup de Maguelone ; mais ce n*était pas le plus redoutable des adversaires qu*il était venu combattre au nord des Pyrénées. 11 était autrement difficile d'arrêter les progrès de la maison de France, de guérir ou d'adoucir les blessures faites à la nationalité méridionale par le traité de 1229, et d'empêcher les dé- plorables écarts par lesquels le comte de Toulouse sem- blait se plaire à compromettre sa propre cause.

Un prince moins scrupuleux que Louis IX n'eût pas manqué de profiter des prétextes que lui fournissait Raymond lui-même pour consommer la ruine du vassal insubordonné ; mais le saint roi accepta les protestations du comte , bien que leur sincérité put lui paraître dou- teuse. Personne n'ignorait, en effet, que Tunique préoc-

* Voyez cet accord dans le Spicilegium de d^Àchery ; édit. in-f^, t. III, p. 622.

SANGHA d' ARAGON 53

cnpatioD de Raymond était d'éluder le traité de Paris lorsqu'il perdait Tespoir de le déchirer. Il ne pouvait se résigner à Tidée de ne laisser après lui qu'une iille , cette Jeanne de Toulouse qui devait faire entrer le riche patri- moine de sa maison dans la famille des rois d'outre- Loire.

Raymond aurait supporté ses malheurs avec plus de calme, s'il avait pu léguer à un lils, avec les quelques domaines dont il lui était permis de disposer, sa haine des septentrionaux , ses désirs de vengeance et ce rôle de prince du Midi si peu fait pour sa faiblesse. Il suffisait que la bannière de Toulouse restât debout au milieu de ces pays qu'elle avait si longtemps protégés de son ombre, pour que, dans un moment favorable, on put voir les populations méridionales se serrer tout à coup autour d'elle et repousser, par un violent effort, la domination étrangère.

Cet héritier de ses droits et de ses haines , Raymond n'espérait plus l'avoir de sa femme, Sancha d'Aragon, plus âgée que lui ^ aussi , peu de temps après le traité

* Sancha était fille du roi d'Aragon, Alfonse II, le Chaste, qui avait eu pour enfants : 1* Pierre il, roi d'Aragon; 2* Alfonse, comle de Provence et père de Ramon Berenguer V ; 3* Fernand, abbé de Montaragon, dont nous avons souvent fait mention; 4* Constance, mariée en premières nocesà Emeric, roi de Hongrie, puisa l'empereur Frédéric II, et morte en 1222; 5* Léonor, femme de Raymond VI, comte de Toulouse; 6" Sancha, femme de Raymond VU; T Dulcia, religieuse.

Sancha d'Aragon, comtesse de Toulouse, était donc la tante du roi Jacme et du comte Ramon Berenguer. Elle devait avoir dix-huit ou vingt ans lorsqu'elle épousa, en 4211, Raymond VU, qui n'en avait que quatorze. (V. notre tome I, p. 63; BofaruU, los condes de Barceloiiay t. H, p. 2U ; Histoire de Languedoc, édit. in-f^, t. III, note 35.)

54 LITRE III, CHAPITRE 111

de Paris, avait-il résolu de la répudier et s'était-il séparé d'elle *.

La princesse aragonaise, chassée par son époux, s'était réfugiée auprès de son neveu le comte de Provence, bien décidée à s'opposer de toutes ses forces à l'annu- lation de son mariage.

Les instances , les ordres mêmes du Souverain Pontife n'avaient pu décider le comte à se rapprocher de sa femme *. Il alléguait que son père , Raymond VI , avait tenu Sancha sur les fonts baptismaux , ce qui constituait une parenté spirituelle, incompatible avec les liens du mariage. Le Pape avait ordonné une enquête, qui n'abou- tissait point par suite du défaut de preuves. La séparation des deux époux était consommée de fait depuis onze ans , le scandale avait éclaté sans profit pour personne , lorsque Jacme , convaincu qu'il n'y avait plus rien à attendre de la légèreté de Raymond VU , se décida à prêter les mains à une combinaison qui seule encore pouvait sauver la cause méridionale , mais devant laquelle il avait long- temps hésité par attachement ou par respect pour la sœur de son père. Il s'agissait d'obtenir du Saint-Siège l'annu- lation du mariage du comte de Toulouse avec Sancha d'Aragon et de marier Raymond à Sancia ou Sancha de Provence, troisième fille du comte Ramon Rerenguer.

La réalisation de ce plan eût menacé d'un coup formi- dable la puissance capétienne dans le Midi. Malgré le mariage de la fille aînée du comte de Provence avec le roi Louis IX, un fils du comte de Toulouse et de la princesse provençale eût hérité, non-seulement des do- maines de son père, que le traité de Paris ne réservait pas

* Raymond et Sancha étaient du moins séparés au mois d'août '1Î30. (V. Hist. de Long., liv. XXTV, chap. LXXii.) •2 \oy. Hist, de Lan^., iiv. XXIV, chap. Lxxii.

TRAITÉS ERimE JACMB ET RAYMOND VU 5K

eKclasiTement à ïa femme d'Alfonse de Poitiers, mais aossi de tons les États de Hamon Berenguér, Jacme, qui avait rintentioD de réclamer la Provence si son cousin moarait sans enfants mâles , aorait certainement con- senti, dans ce cas , à ne conserver d'antres droits sur ce pays que ceux de simple suzerain. La dynastie de Ton* lo»e, régénérée par sa fusion avec celle de Provence, se serait redressée en face de la maison de France. Sous son ombre et sous la protection de TAragon , le Midi , qui n'oubliait ni son passé glorieux , ni ses vieilles affections , aurait vu ses forces épuisées renaître peu à peu jusqu'au jour toutes ses parties , sortant tout à coup de leur torpeur et unissant leurs efforts , auraient mis en pièces le traité de Paris , acclamé leurs princes nationaux et rx^QStîtué enin, après tant de luttes et de déchirements, une nation unie et compacte.

G*est pour tenter la réalisation de ce rêve que Jacme était accouru à Montpellier, il attendait le moment d'avoir une entrevue avec le comte de Toulouse. Celui-ci, eu quittant Montargis, se dirigea vers Marseille ; il devait s'embarquer dans le port de cette ville pour aller recevoir à Rome même son absolution définitive et sceller sa ré- conciliation avec le Saint-Siège.

A son passage à Lunel , Raymond trouva le roi d'Ara- gon, qui désirait avoir avec lui une conférence dont les résultats sont constatés par an certain nombre de docu- ments datés de Montpellier les 18, 23 avril, 5 et 7 juin 1241.

Par le premier de ces actes , le roi et le comte font alliance < eu toutes choses et spécialement pour la défense de la foi catholique et de la Sainte Église romaine^ , qu'ils s'engagent à secourir de tout leur pou- voir « contre tous ses adversaires et contre tous les

56 LITRE III, CHAPITRE III

hérétiques des terres et lieux qui sont sous leur dépen* dauce. > Ils promettent de s'aider envers tous et contre tous , excepté contre les rois de France et de Gastille et le comte de Provence. Raymond ajoute, d'ailleurs, cette restriction : « sauf toutefois la volonté et les ordres du roi de France en ce qui nous concerne V »

L'acte du 23 avril est une trêve jurée par les deux princes pour deux ans à partir de la Toussaint *, et celui du 7 juin, un engagement pris par Jacme d*agir auprès du Saint-Siège pour obtenir l'absolution du comte, les dispenses nécessaires au mariage de ce dernier avec Sancba de Provence , la sépulture ecclésiastique pour le feu comte Raymond YI , la dispense pour Raymond YII de prendre la croix et d'exécuter certaines clauses secon- daires du traité de Paris , enfin des réformes destinées à

^ Dom Yaissète (Hist de Lang.^ liv. XXV, chap. ilit) mentionne un traité conclu, le 48 avril, à Lunel, et[qui réunirait aux clauses de celui-ci celles de Tacte du 7 juin. Ce document se serait trouvé, d'après Thistorien du Languedoc, parmi les manuscrits de M. de Coislin, sous le n* 686. Nos recherches pour le découvrir dans le fonds Goislin, à la Bihliothèque impériale, sont restées infruc- tueuses.

Les traités du 48 et du 23 avril, dont on trouvera le texte dans nos Pièces justificatives (n<" II et III) , figurent dans la coHeetion de manuscrits delà bibliothèque de Garpentras. M. Lambert, conserva- teur de ce riche dépôt, a bien voulu, avec une obligeance dont nous ne saurions trop le remercier, nous envoyer la copie, faite par ses soins, de ces deux documents si importants pour Thistoire du midi de la France.

L'acte du 7 juin est conservé aux archives de TEmpire , carton J, 587. (Voy. Pièces just., n*> IV bis.)

* Les lieux compris dans la trêve sont ainsi désignés . a La terre du roi d'Aragon et des siens du Rhône à Valence ; tout le royaume de Valence et tout le royaume de Mayorque par mer et par terre ; toute la terre du comte de Toulouse et des siens en deçà du Rhône et au delà, quelle qu'elle soit, et spécialement Marseille et !c châ- teau de Braganson, par mer et par terre.»

SEIfTBIfCB CONTRE SÀNGHA D'aRAGON 57

rendre l'inquisition < tolérable à la terre » da comte.

Si le roi ne réussit pas dans ses démarches > Raymond sera dégagé de la promesse qu'il a faite à Jacme de se liguer avec lui pour défendre l'Eglise contre l'empereur.

Les traités que nous venons d'analyser s'attachaient habilement à désarmer les deux principaux adversaires du comte , et particulièrement le roi de France, contre lequel ils étaient secrètement dirigés. Le projet d'union avec la princesse provençale semblait n'être qu'une affaire de famille à laquelle les étrangers devaient rester indifférents. C'était cependant le vrai motif de l'al- liance; mais l'exécution de cette clause était rendue diffi- cile parla résistance obstinée de Saucha d'Aragon, qui opposait les dénégations les plus formelles au fait sur lequel le comte de Toulouse appuyait sa demande de divorce.

Peu de jours avant l'acte du 7 juin, Ramon Berenguer était venu rejoindre à Montpellier Jacme et Raymond VU, qui avait renoncé à son voyage à Rome. Les trois princes s'étaient occupés d'assurer le succès de la demande qu'on allait porter aux pieds du Saint-Siège, et, pour atteindre ce but, ils n'avaient pas reculé devant l'injustice et la violence des moyens. Le roi d'Aragon , Raymond Gaucelin ou Gaucelm, seigneur de Lunel, et un troi- sième arbitre, désigné seulement sous le nom d'Albeta\ avaient rendu, le jour des nones de juin (5 juin) 1244,

* Le nom de ce personnage est Âlbeta et non Albesa, comme l'ont dit par erreur Zurita, Miedes et Dom Yaissète. Un sceau d^Albeta de Tarascon, conseiller du roi Charles !•' d'Anjou, comte de Provence, a été publié par M. Blancard dans son Iconographie des sceaux et bulles des archives du département des Bouches-du Rhâne (texte, p. 60, et planche XXX). Ce sceau est apposé à un acte de 4250. L'individu auquel il appartient, évidemment le même qu'Âlbeta de Tarascon . Tun des conseillers de Ramon Berenguer V qui préparèrent l'avéne-

SB LnmB ni, gbapitrr m

UM sentence qai ordonnait : 1* au comte de Provence, d'en^ger la reine* Sancba à demander elle-même la cassation de son Qiariage et, si elle refusait, delà chasser de la Provence, de lai enlever ce qu'il lui avait donné et de ne lai accorder aucun secours, soit public, soit secret ; â"" au oomte de Toulouse, de solliciter de son côté la déclaration de divorce et de donner à Sancba d* Aragon, pour remplacer son douaire, une somme de mille marcs d'argent et une pension viagère de cent marcs par an; 3"" aux deux comtes conjointement, de faire demander au Saint-Siège, par des ambassadeurs spéciaux, les dispenses « qui leur paraîtront nécessaires. * > On évitait avec soin de mentionner en termes exprès le projet de mariage de Raymond VII avec la fille de Ramon Berenguer.

Le comte de Provence et le comte de Toulouse avaient approuvé la décision des arbitres et promis de s'y conformer. C'est pour faciliter l'exécution de cette sen- tence que, le surlendemain, 7 juin, le roi d'Aragon avait pris l'engagement dont nous parlions tout àl'heure.

menl de la maison d^Anjou en Provence, n^est probablement pas dif- férent de celui qui a figuré dans la sentence arbitrale du 5 {ain 1244. Des fautes de copie et des erreurs de lecture ont fait donner aussi au conseiller du comte de Provence les noms d'Albera et d'Albert.

^ Le titre de reine était quelquefois porté par des filles de roi.

^ Voyez cette sentence dans nos Pièces justificatives, n* IV. Dem Vaissète a commis quelques erreurs en essayant de rectifier, par les vagues indications de la chronique de Puy-Laurens, le passage très-précis dans lequel Zuriia {Anales^ 1. 1, f* 45S^ a rendu compte delà décision arbitrale du Bjuin 1241 qu'il avait certainement sous tes yeux. L'historien du Languedoc donne à cet acte le caractère d'un traité dont Jacme , Raymond Gaucelin et Albeta auraient été les ga- rants, et y fait figurer l'évêque de Toulouse, bien que oe prélat ait toujours refusé de s'associer aux actes d'injustice dont Sancha d'Ara- gon était la victime.

SEIfTEmSE CONTRE SAfICHA d'aBAGON 59

Dominé par ses idées de reconstitaticm nationale, entraîné, aveuglé par le désir de réaliser les rêves qu*il avait caressés, Jacme venait de fonler aux pieds dans un intérêt politique les sentiments et les devoirs les pins sacrés. Il ne s'agissait plus d'obtenir par dés moyens loyaux nne^ de ces sentences de divorce si fréquentes à cette époque, on osait employer les menaces pour con- traindre une malheureuse femme à agir contre elle-même et à suppléer par ses instances à ce qu'avaient d'insuffi* sant et de suspect les témoignages invoqués devant Tau- torité ecclésiastique.

Vainement Miedes essaye-t*il de justifier le roi d'Ara- gon par ces raisons naïves que les prières importunes des deux comtes et la crainte de mettre en danger la vie de sa tante, l'avaient forcé de souscrire malgré lui à celte « inique et cruelle sentence \ »

L'histoire ne peut admettre de pareilles excuses pour un prince dont la volonté, clairement et énergiquement manifestée, eût suffi à empêcher cette injustice, et qui pouvait recueillir chez lui sa parente, chassée par le comte de Provence. On ne peut oublier, d'ailleurs, que Jacme a joué le principal rôle dans cette affaire , repa- rait la politique matrimoniale de la maison de Barcelone; c'est Jacme qui , allant trouver Raymond VII à Lunel , reprit le projet de divorce ; c'est lui qui servit d'inter- médiaire entre le comte de Toulouse et Ramon Beren** guer ; c'est chez lui, à Montpellier même, que fut arrêtée l'inique décision dans laquelle il figure comme premier arbitre, et ce n'est pas là, nous le verrons bientôt» que s'arrêta son intervention beaucoup trop laissée dans l'ombre parles historiens modernes.

^ Miedes, Vida d^dùn Jayme, ïïb. Xlil.

60 LITRE III , CHAPITRE IH

L' amour de la patrie méridionale , le désir de rendre l'indépendance à nos provinces, sont les seules excuses que Ton puisse invoquer pour atténuer les torts du roi d'Aragon et de tous ceux qui participèrent à l'acte du 5 juin 1241.

Cette convention, « honteuse et marquée du sceau de l'infamie* », souleva l'indignation dans ces pays mêmes qu'elle voulait affranchir de l'oppression étrangère. Le peuple ne comprend guère la morale à double face des hommes politiques ; il ne vit dans cette circonstance que l'insulte infligée à la parente, à l'épouse, à la femme, et son instinct de justice se révolta.

« Comte provençal, dit le troubadour Rambaud d'Hières à Ramon Berenguer, comte provençal, sidona Sancha s'en va, nous ne vous tiendrons pas pour homme d'autant de valeur ni d'autant de prix que nous le ferions si elle séjournait ici parmi nous , préférant la Provence à l'Aragon. Cette dame est belle, courtoise et franche, et elle embellira toute notre contrée. Bien prospère l'arbre duquel naît si belle branche ; qu'il se maintienne tel qu'il est avec une saison favorable*. >

< Zurita , Indicés apud Hispania illuatrata^ t. III, p. 85.

^ Voyez Raynouard, Choix de poésies des Troubadours^ t. V, p. 404 ; Hist. litt. de la France^ publiée par l'Académie des inscrip- tions et belles-lettres, t. XVIII, p. 671. Don Manuel Milà y Fon- tanalsesl le seul qui donne {de los Trov, en Esp., p. 60) le texte complet de cette pièce, différent en quelques points de celui des deux ouvrages qui précèdent. D'après le savant professeur de Barce- lone, ce couplet aurait été adressé à don Sanche d'Aragon, comte commandataire de Provence, dans une occasion sa femme, San- cha Nudez de Lara, se disposait à passer en Aragon. Â notre avis, le vers : No vos tenrem tan valen ni tan pro^ ou, selon la version de M. Milà, No-us tenrem mais per gaillart ni per pro, renferme un blâme trop sévère à l'adresse du comte, pour quUl puisse se rappor- ter à un événement aussi simple, auquel d'ailleurs don Sanche paraît

DIVORCE DE RAYMOND VU 61

Ces protestations D^empéchërent pas les princes mé- ridionaux de poursuivre leur œuvre. L*enquôte ayant eu lieu devant les juges désignés par le Saint-Père , des témoins établirent que Raymond YI avait tenu Sancba d'Aragon sur les fonts baptismaux. Il est vrai que la sincérité de ces déclarations fut révoquée en doute par l'évéque de Toulouse, et que ce prélat refusa, malgré les prières du comte Raymond , de prendre part à Tenquéte ; mais rintimidation qui n'avait pu forcer Sancba à témoi- gner contre elle-même lui ôta du moins le courage de se défendre; la sœur de Pierre le Catholique comparut devant les juges ecclésiastiques accompagnée de ses deux neveux, le roi d* Aragon et le comte de Provence, dont la présence était plutôt une menace qu*un appui ; son silence répondit seul aux affirmations des témoins, et le divorce fut prononcé*-

Le principal obstacle ainsi renversé, il ne s'agissait plus que d'obtenir du Saint-Siège les dispenses néces- saires pour que Raymond VU pût épouser Sancba de Provence. Des ambassadeurs furent envoyés à cet effet auprès de Grégoire IX; mais le roi d'Aragon et les deux comtes, confiants dans les bonnes dispositions du Saint- Père à leur égard , avaient une telle hâte d'assurer le succès de leur combinaison , qu'ils résolurent de célé- brer le mariage sans attendre la décision pontificale, et, le 3 des ides d'août (il août) 1241, le roi Jacme r% en qualité de procureur fondé du comte de Toulouse, épousa à Aix , en Provence , la fille de Ramon Berenguer, sous

avoir été à peu près étranger. Nous n'hésitons pas à nous ranger à i^opinion de l'abbé Papon (Histoire générale de Provence, t. Il, p. 327), et de l'auteur de l'article Raimbaud d'Hières, dans VHist, litt. de la France,

4 Voyez la Chronique de Guillaume de Puy-Laurens, chap. xlit.

62 UVRB lU , GHiPlTA£ Ul

U coaditiiOD cependant que la dispense serait accordée avant la Septaagésime ^

Le roi d*Âragon et ses alliés touchaient au but, lors^ qu'un événement inoprévu vint renverser l^édifice qu*iU avaient si péniblement écbaffaudé sur une injustice. En arrivant à Pise, les ambassadeurs de Jacme, de Raymond et de Ramon Berenguer apprirent que Grégoire IX venait de mourir. Le siège pontifical resta vacant pendant vingt mois environ; dans cet intervalle, Sancha de Provence épousait Richard , frère du roi d'Angleterre , et, tandis que Jacm6 retournait en Catalogne, Raymond VII, livré à lui-même, changeait encore une fois de ligne de con- duite.

C'était le moment saint Louis , essayant de faire reconnaître dans le Poitou Tautorité de son frère Al- phonse , soulevait les haines des barons de ce pays , à la tète desquels se plaçait Hugues de Lusignan , comte de la Marche. La femme de Hugues , Taltlère Isabeau d'Ao- gouléme , mère du roi d'Angleterre , essayait de former une puissante coalition de tous ceux qui avaient contre le roi de France un sujet de mécontentement ou de haine. Raymond se laissa prendre aisément aux avances de l'ambitieuse comtesse. On lui promit en mariage la fille du comte de la Marche , et, au mois d'octobre 1241 % un traité secret le liait à Hugues de Lusignan.

Raymond se chargea d'entraîner dans la ligue le roi d'Aragon et le vicomte Trencavei ; il fit , à cet effet , un voyage en Catalogne qui eut un plein succès auprès de

^ Cet acte de mariage a été publié pardom Luc d'Achéry, dans son Spicileginm, édil. in-f, t. Ilï, p. 621.

^ Chronique de Guillaume de Puy-Laurens, chap. xlv, el Hist, 4e Lang,^ l. XXV, chap. lu.

» (

GOALItlOfl GOlVTitB LE HÛI DB FRANCE 6S

raDciea vkomtede Béziers^ mais, malgré le» assertioos de quelques contemporains, il nous est permis de douter que le comte de Toulouse ait aussi bien réa&si auprès de Jacme et obtenu de celui-ci une promesse formelle de secours contre le roi de France.

La prudence du roi d'Aragon , la sâreté de son juge- ment « les idées de conciliation que , par un remarquable contraste, Tinfatigable guerroyeur des Sarrasins appor- tait dans ses relations avec les princes chrétiens , la né- cessité de surveiller sans cesse les Musulmans imparfai- tement soumis de ses nouveaux royaumes, tout enfin dans sa conduite, comme dans son caractère, contredit cette affirmation hasardée. Autant il est aisé de recon- oaltre les traditions catalanes dans la combioai^n ma- trimoniale qui venait d'échouer, autant il est difficile de croire que, avec une caution telle que rincooséquent Raymond VII, Jacme se soit lancé dans une guerre dont Tissue était plus qu'incertaine, dont la durée et la violence pouvaient atteindre des proportions désastreuses. Les vœux du roi d'Aragon, comme ceux des rois de Gastille et de Navarre, étaient certainement favorables à la cause du Midi ; mais il y a loin de à une promesse d'inter- vention. Le bnut se répandit pourtant que ces princes étaient entrés dans la coalition; propagées sans doute habilement par Raymond et le comte de la Marche , ces rumeurs vagues et sans fondement prirent un corps dans

^ Par un acte en date du 46 des kalendes de novembire (47 octobre) 4244 , « Trencavel, par la grâce de Dieu, yicorate de Béziers » , s'en remet à la décision et à la volonté du roi d'Aragon et du comte de Toulouse, jurant de ratifier ce qu'ils délermineront à son sujet et» au sujet de sa terre et de ses hommes. 11 fait hommage manuel à Jacme selon les fueros d'Aragon (Voyez EUtoire de Lang,^ liv. XXV, chap. Ln.)

64 UtRB III , CHiPlTHB Ht

quelques écrits de l*époque. Nous pouvons citer cepeo* dant à l'appui de notre opinion la chronique de Guillaume de Puy-Laurens, chapelain de Raymond YII, qui ne mentionne point les rois espagnols au nombre des alliés du comte S et les paroles que Mathieu Paris prête à Hugues de Lusignan dans la discussion que celui-ci eut avec le roi d'Angleterre au moment de la bataille de Taillebourg :

« sont, demandait Henri, ces nombreuses troupes qui pouvaient s'opposer aisément au roi de France et lui résister sans frayeur?. . . . Est-ce ce que tu m'as promis?

» Jamais pareille chose n'a été promise de mon aveu, répondit Hugues, prenez-vous-en à votre mère, ma femme. Par la gorge de Dieu ! tout cela a été machiné à mon insu*. >

Lorsque le comte de la Marche et Raymond se crurent assurés de l'appui des principaux barons de Poitou, d'Aquitaine et de Languedoc, ils commencèrent les hos- tilités contre saint Louis et appelèrent à leur secours le roi d'Angleterre.

c Adont avinl apriès la Paske , De cuer boiséour et de laske ' Li quens de la Marce et li sien ,

* «ilnterea oriuntur contractus inter eosdem eomites Tolosœet Mar- chiœ et regem Angliœ, de facienda yuerra régi Franciœ, pluribus aliis conseniientibus in idipsum,^ (Guillaume de Puy-Laurens, chap. XLV.) Plus bas le chroniqueur nomme les adhérents du comte de Toulouse : Âmalric de Narbonne, Raymond Gaucelin de Lunel, les comtes d'Armagnac et de Foix ; il ne mentionne pas les rois, qui au- raient dû figurer au premier rang.

' Mathieu Paris, Grande Chronique, ad ann.4242.

' De cœur trompeur et lâche.

SOULÈVEMENT DU MIDI 65

Ki le roi n'amoient de rien , Mandèrent au roi d'Engletière Qu'il passast il r'aroit sa tière. Le roi d'Arragonne en estoit Voellans et bien s'i asenloit*, El li rois de Navarre ausi , El li quens de Toulouse ensi ; C'esloit auques' sor la fiance De l'Empereur, mais deffîance^ N*ot pas mandé à Loeys^. »

On sait comment Henri III , cédant aux instances de la comtesse de la Marche, sa mère, passa en France, malgré ses barons , avec un corps de troupes peu nom- breux, se mit à la tête des Poitevins et des Gascons et vint se faire battre à Taillebourg et à Saintes (juillet 1242).

Pendant ce temps, une grande partie du Midi se sou- levait à la voix de ses seigneurs : Amalric, vicomte de Narbonne ; Trencavel de Béziers , les comtes de Foix , deComminges, d* Armagnac, de Rodez, et se rangeait sous l'autorité de Raymond VII, qui avait repris le titre de duc de Narbonne ^ Mais , tandis que le comte de Tou-

^ Voulant et bien y consentait.

^ Aussi.

3 Défi, gage de combat.

* Chron. rimée de Philippe Mouskes, publiée par M. le baron de Reiftemberg, vers 30841 à 30853.

s Si le sirvenle dont nous avons parlé plushaut (page il ,nole 1) est de Durand de Perneâ et non de Bertrand de Born, c'est à celte datequMl faut le placer :

a Guerre rend le vilain courtois^ dit le troubadour, et pour cela me plall guerre bien faite, et j'aime quand la trêve est rompue entre les sterlings et les tournois.

9 Slerlings et tournois changeant, prenant, mettant et donnant , nous verrons avant un an, ù mon avis, lequel des deux rois est le moins lâche .

» Pourtant le seigneur comte, duc, marquis a bien jeté son gage T. n. 5

66 LivKB III , t!&jLprrRB m

louse poursuivait le cours de ses succès , Hugues de la Marche, vaincu, s'humiliait aux pieds de saint Louis et promettait même de joindre ses armes aux armes fran- çaises pour combattre son allié de la veille. Bientôt celui des conseillers de Raymond qui Tavait le plus vivement poussé à la révolte, le comte de Foix , se détacha de la coalition méridionale et fut suivi dans sa défection par le comte de Rodez. C'est en ce moment que le troubadour Guillem de MontagnagoP s*écriait :

« Il m'est agréable d'entendre les fanfares des trompes des hommes d'armes au milieu du combat, quand les meilleurs archers des deux armées tirent avec adresse et que je vois se confondre les bannières. Alors tressaille le cœur du vassal, si bien que son corps s'enhardit.

» Comte de Toulouse, l'on éprouve les puissants,

(de combat), mais on dit que Gascons et Anglais le font mettre pour sentinelle.

» Bientôl nous verrons lesquels pourront le mieux souffrir la fa- tigue et le fracas ; nous verrons maint dieval bai et maint gris, et maint heaume et mainte épée, et niniut coup frappé fort et ferme, maint bras, mainte tele fracassée, mainte muraille, mainte tour détruite, maint château forcé et conquis.

» Personne ne croit que sans réclamalion les Français gardent ce qu'ils ont ravi injustement à maint baron e^limé. Mais je suis gran- dement étonné (de la conduite) du seigneur des Âragonais ; car pour leur (faire du) dommage il n'abandonne pas (ses entreprises) et il n'adhère pas ici au traité que propose le comte, duc, marquis.»

Celte dernière phrase prouverait que Jacme n'entra point dans la coalition de 4241, si toutefois c'est à ces événements qu'il faut rapporter la pièce qui précède. (V. Raynouard, Choix de poésies des Troub,, t. IV, p. 263.)

* Ce Iroubadour est appelé dans les manuscrits Montagnagoul, Monlagnaçot et Montanhagol Je Toloza. Muntanerlui doime le nom de Munleyagol. C'est probablement lui qui figure à iJlusieurs re- prises dans la répartiiion du royaume de Valence sous le nom de G. deMontaynagol. (V. à la lin de volume, Nomenclature des familles des Elatsdelaciûel".—Voy. aussi Milà, de t<w Trovadores, p. 473et259.)

SOULEYEMENT EU M»l 67

je TOUS vois au faite de Thonneur, et je prie que Dieu me dooue son amour aussi certaioemeut que votre richç renommée s*éiève au milieu des louanges. Mais que oelyi qui maintenant vous fait défaut ne trouve jamais pr^s de vous bon accueil.

« Nous avons vu la Marche , Foix et Rodez, faillir les premiers à nous porter secours; c*est pourquoi je les flagelle au nom de Tbonneur et du courage dont ih se sont dépouillés; car, dans une telle cloche, ils ont mis le battant^ qu'ils ne peuvent plus espérer bon renom.

» Je ne crois point que jamais ils effacent leur crime ; car il se charge d*un forfait pire que celui de Caïn , celui qui maintenant se sépare du puissant seigneur de Tour louse. Il est difficile que celui qui fait défaut et manque à son seigneur ne soit point puni.

» Si le roi Jacme, à qui nous n*avQns point menti, tient ce que lui et nous nous sommes promis , â*après ce que j'ai ouï dire*, grand chagrin et pleurs auront les Français, en dépit de tous ceux qui voudraient Tempécher. Mais, comme il fait défaut et qu'il ne parait pas , tout le monde le regarde de mauvais œil.

> Anglais, de fleurs et de feuilles couronnez^vous; ne vous donnez point de peine, ne prenez point garde à qui vous attaque, jusqu'à ce qu'on vous ait entièrement dé- pouillés ^ >

^ Expression proverbiale qui sigEifie: ils ont prêté leur aide a une t6i]e cause.

2 Le doute exprimé par ces paroles prouve que Texistence du prétendu traité avec le roi d'Aragon était loin d'être admise par les contemporains.

» Voy. pour le texte de ce sirvenle : Rochegude, Parnasse occtta* ffiûn, p. âl78 ; Raynouard , CKoix de poésies des Troub<idours, t. lY, p. 212 , et pour te texte et la Iraduction espagnole, Milà, de Iùs Trovadares ^ p. 173.

68 LIVRE III , CHAPITRE III

Henri III , on effet , réfugié à Bordeaux après ses désastres, dépeusait, au milieu des plaisirs, Tor qu'il avait apporté pour la guerre, et négligeait de profiter du secours inattendu que venaient lui donner la maladie et la famine, s*abattant tout à coup sur Tarmée de saint Louis. Le comte de Toulouse était accouru pourtant dans la capitale de la Guyenne pour s'assurer l'aide du roi d'An- gleterre ; un traité avait été conclu^ , mais il resta sans effet. Les rois d'Aragon , de Navarre et de Castille ne firent aucun mouvement qui pût prouver leur connivence avec les adversaires de Louis IX, et Raymond, abandonné de tous, fut contraint d'implorer humblement la paix et de s'en remettre à la miséricorde du roi de France. Celui-ci , usant d'indulgence, se contenta d'exiger du vaincu le serment de fidélité et la confirmation du traité de 1239 (janvier 1243).

Sur les bords du Rhône comme au pied des Pyrénées, la triste issue de cette campagne fit gronder dans les cœurs les vieilles passions méridionales, qui inspirèrent probablement alors au tailleur de Pernes* ce chant vigou- reux :

J'ai à cœur d'encocher un sirvente pour le décocher sur ceux qui ont renversé l'honneur, car ils soutiennent le non et ont trahi le oui, et, puisque j'ai arbalète et croc, je piquerai des éperons pour tirer sur les plus hauts lieux : sur le roi anglais, que l'on tient pour sot, car il souffre honteusement qu'on le dépouille de son bien; aussi ai-je à cœur de l'atteindre le premier. J'aurai toujours ressen-

* Voyez l'analyse de ce traité dans VHistoire de Languedoc, liv. XXV, chap. Lxi.

* Le troubadour Durand, dont nous avons parlé plus haut à propos d^un autre sirvente que M. Raynouard attribue avec raison, selon nous, au célèbre Bertrand de Born.

SIBTEIVTE DE BUBAND DE PEBNES 69

timeDt et haine pour le roi Jacme , qui tient mal ses pro- messes: les serments qu'il fait sont lâches et perfides. Â mon avis, Amalric^ de Narbonne a mieux tenu les siens; c'est pour cela que je suis son ami. Sa conduite est celle d*un homme riche en courage ; l'autre a agi comme un roi pauvre de cœur ; c*est pourquoi je serais content s'il lui venait dommage et malheur. Son secours nous aurait fortifiés et délivrés, et les Français en auraient été déconfits, pris et tuésV »

* Les textes imprimés de ce sirvente portent Aimerics; mais 41- meri, vicomte de Narbonne, était mort en 4239, et les paroles du troubadour paraissent se rapporter au mouvement de 4242. Nous pensons qu'il doit y avoir une erreur de copiste et quUl faut lire Amalrics.

^ Raynouard, Choix de poésies , t. V, p. 437 ; Milà, de los Trov,, p. 469.

CHAPITRE IV

Soucis domestiques duroi d'Aragon. Testament inconnu. Importance de ses dispositions. Mort de Njmyo Sanchez. Ses domaines font retour au roi d'Aragon, Expédition sur les bords du Mijares et dans les sierras d'Eslidaet d'Espadan. Prise d'Alcira. Voyage du roi à Montpellier. Naissance de l'infant Jacme. Prétenduç con- férence avec saint Louis, Intentions du roi d'Aragon relativement au partage de ses États. -- Exigences de la reine Yolande. Nouveau partage. Cortès de Daroca. Difficultés pour la délimitation de rÀragon et de la Catalogne. Menaces de guerre civile. Expli- cation de la conduite duroi.— Erreur des historiens sur les sentiments de Jacme pour son fils Alfonse. Influence du roi Femand et de Tinfant Alfonse de Gastille. Siège de Xativa. Hostilités avec l'in- fant de Gastille. Entrevue d'Almizra. Capitulation de Xaliva.— Siège et reddition de Biar.— Le Conqaisladof maître de tout le royaume de Valence.

Le roi d'Aragon , rentré en Catalogne vers le mois de septembre de Tannée 1241, suivait des yeux cette guerre imprudente à laquelle il avait refusé de se mêler active^ ment, et, tandis que son âme de prince s'attristait des échecs au devant desquels Raymond VU semblait courir, de plus vives souffrances se préparaient pour son cœur de père.

Bientôt va s'ouvrir une période douloureuse pour le héros que la fortune a jusqu'ici comblé de se^ faveurs.

72 LITilE TU , CHAPITRE IT

Dès l'année 4242, il prélude, par un nouveau partage de ses Etats, aux peines et aux discordes domestiques qui vont empoisonner ses derniers jours, et faire une triste compensation aux succès inespérés de ses jeunes années.

En épousant la fille du roi de Hongrie, Jacme, con- traint d'assurer aux enfants à naître de cette alliance un patrimoine digne des deux races royales qui s'unissaient, avait modifier son testament de Tannée 1232 et for- merde ses conquêtes de la Péninsule et de ses possessions d^outre-Pyrénées un lot distinct de TAragon et de la Catalogne, réservés à son fils aine Alfonse*. En 1241, trois enfants étaient nés de la princesse de Hongrie, Yolande, dont le mariage avec Alfonse, héritier pré- somptif de la couronne de Castille, était conclu sinon célébré ; Pierre, en 1239', et Constance, qui devait épouser plus tard l'infant de Castille^ don Manuel. Le moment était donc venu de transformer en un partage ou en un testament solennel les promesses faites par le roi à l'époque de son mariage. La reine l'y poussait et usait de toute son influence pour que la part de ses enfants s'accrût au préjudice du fils de Léonor. Mais Jacme résistait à ces suggestions qui tendaient à lui arracher un acte impolitique. C'était compromettre gra- vement l'avenir de ses Etats que d'aller au delà de ses engagements de 1235; aussi se borna-t-il à leur donner une nouvelle sanction par un deuxième testament, rédigé à Barcelone le jour des kalendes de janvier 1241 (l""' jan- vier 1242).

Cet acte n'était point aux archives d'Aragon lorsque Zuritâ écrivait ses Anales, car l'exact historiographe,

* Voy. noire tome I, p. 358 et 359.

^ Miedes (Vida de donJayme, lib. XIY) donne, par erreur, huitans à Pinfant Pierre en 4243.

DE17XIÈIIE TBSTAMEPiT DC ROI 75

et, après lui, tous les auteurs aragonais et catalans ne l'eussent pas entièrement passé sous silence*.

Par ce testament, Alfonse, fils de Léonor, doit avoir « tout le royaume d'Aragon et toute la Catalogne, Riba- gorza,Pallars, Aran et la suzeraineté du comté d'Urgel », c'est-à-dire un Etat fort et prospère en lui-même, mais qui, enclavé de toutes parts, ne pourra s'étendre ni vers la France, ni vers les terres des Sarrasins; car Pierre, fils d'Yolande, possédera, d'un côté. Valence et les Baléares, de l'autre, la seigneurie de Montpellier avec toutes ses dépendances, les droits de la maison de Barcelone sur le Carcassez , le Termenois , le Rasez , les pays de Fenoillèdes, de Millau, de Gevaudan, et, après la mort deNunyo Sanchez, le Roussillon, la Cerdagne, le Gonflant et le Valespir. Les deux infants sont sub- stitués l'un à l'autre, dans le cas l'un d'eux n'aurait pas de postérité, et, s'ils meurent tous les deux sans enfants , leur sœur Yolande , femme d'Alfonse de Cas- tille, et ses descendants légitimes, sont appelés à la suc- cession de tous les Etats du roi d'Aragon .

Après avoir donné à sa fille Constance une somme de soixante mille morabatins ; fait de nombreux legs pieux '; ordonné le payement de ses dettes et la réparation de ses torts; prescrit à ses fils de garder auprès d'eux les « hommes de sa cour » ; désigné l'archevêque de Tar- ragone , l'évoque de Barcelone , avec les frères prêcheurs

* Lesarcbives d'Aragon doivent sans doute la possession de cet im- portant document, que nous publions pour la première fois (Pièces juiitificatives, V}, au zèle éclairé et infatigable de don Prospère deBofarull.

^ Au milieudes legs faits par le roi pour le repos de son âme, on remarque celui-ci : a Au monastère de Saint-Victorlen... mille mora- batins pour le repos de l'âme de doua Toda Ladron, que nous lui avons promis selon sa dernière volonté.»

74 LITRB illy GHAPITEB

Ramon de Penyafort, Berenguer de Castellbisbal , G, de Barbera et Miguel de Fabra, pour veiller à TexécutioD de certaines clauses, et prié les infants et < les reines de ne point attaquer ses dispositions , Jacme met son testament sous la protection du Saint-Père, avec prière d*excommunier ceux qui y contreviendraient , il confie à son oncle Fernand, infant d*Aragon , son fils Pierre jusqu'à ce qu*il ait atteint Tâge de quinze ans, délai pendant lequel la reine Yolande devra percevoir les revenus du royaume de Valence , et recommande enfin l'infant Pierre et la reine Yolande au roi Fernand de Gastille.

Outre certains détails chronologiques jusqu'ici discutés, tels que la date de la mort de Nunyo Sanchez , l'époque approximative du mariage de Tinfante Yolande, celle de la naissance de Constance, pour lesquels ce document fournit des données irrécusables , nous trouvons dans ce testament, en le comparant à celui de 1232, Tindice d'un changement notable qui s'opéra vers cette époque dans l'opinion publique et que reflètent les dernières dis- positions du roi. Jacme n'y nomme pas une seule fois les Templiers et les Hospitaliers, auxquels il donnait un si grand rôle dix années auparavant. C'est que les ordres militaires, trop avides des biens de ce monde , perdent chaque jour en force morale ce qu'ils gagnent en puis- sance matérielle; tandis qu'à leurs côtés les Frères prê- cheurs, par leur pauvreté, l'ascendant de leur parole, l'autorité de leur vie austère , croissent en popularité et en influence.

Une révolution tend à s'opérer au proUt de la démo- cratie du monde monastique , et à relever les religieux qui portent la besace au préjudice de ceux qui ceignent leurs flancs d'une épée. Lus richesses amassées par ces

DEtroèME TEBTAMENT DU AOI 75

derniers , en excitant l'envie dans les hautes régions du clergé et de la noblesse , sont une cause d'isolement pour les ordres militaires, en butte à des attaques qui, dans moins d'un siècle, doivent entraîner la chute du plus puis- sant d'entre eux.

Jacme n'oubliait pas ce qu'il devait aux guides de sa jeunesse, mais il ne pouvait plus sans danger confier aux Templiers une autorité qui certainement leur aurait été contestée. L'appui moral du Saint-Siège leur eût même fait défaut , car les faveurs de la cour de Rome se por- taient presque exclusivement sur les Dominicains, investis depuislâ33 des fonctions inquisitoriales. Le roi agit donc sagement en donnant à cet ordre une preuve de sa con- fiance , à défaut d'un rôle politique apparent qui ne pou- vait convenir aux humbles fils de saint Dominique.

Des quatre Frères prêcheurs nommés dans le testa- ment royal, deux s'étaient fait remarquer au siège de Mayorque: c'était Berenguer de Gastellbisbal, bientôt évêque de Girone, et Miguel de Fabra, fondateur du cou- vent des Dominicains de la capitale des Baléares^; G. de Barbera appartenait à une famille dont plusieurs membres s'étaient distingués dans les armées aragonaises ; enfin, au-dessus de ces noms connus et aimés, rayonnait le nom vénéré de l'illustre Ramon de Penyafort.

Après avoir professé avec éclat la philosophie et la jurisprudence, après avoir refusé l'archevêché de Tarra- gone et s'être démis des hautes fonctions de général de son ordre qa'il n'avait acceptées qu'avec des larmes, Ramon, parent du roi et autrefois grand pénitencier de Gré- goire IX, venait de reprendre à soixante-six ans ses tra-

* Voy. notre tome I. p. 289. C'est par erreur que Miguel de Fabra est quelquefois appelé Miguel de Fabia.

76 LIYBE III , CHAPITRE IT

vaux évaDgéliqaes , dans lesquels brillaient d*un vif éclat ses lumières et ses vertus.

Une autre mesure habile fut la désignation de don Fer- nand d'Aragon comme tuteur de Tinfant Pierre. Lorsque Jacme n'avait encore qu'un fils, il se garda bien de le confiera son oncle , dont la réputation n*était pas pure de tout soupçon de crime ^ mais Pierre n'était pas Tunique enfant du roi, et sa mort n'eût ouvert en faveur de Fer- nand aucun droit à la succession de la couronne. En accordant spontanément à l'ambitieux abbé une préroga- tive qu'il n'eût pas hésité à réclamer les armes à la main , on lui ôtait un prétexte de jeter le trouble dans l'État.

Enfin il ressort avec évidence du testament de 1242 que la séparation de TÂragon et de la Catalogne n'était point dans les projets du roi. Il fallut les arguments des légistes, joints aux pleurs et aux supplications de la reine Yolande, pour triompher, après une longue résistance , des sages résolutions du monarque aragonais. Mais, dans l'intervalle qui sépare la rédaction du testament que nous venons d'analyser de l'annulation du même acte , se pla-

' Voy. notre tome I, page 95. Nous trouvons un singulier exemple de la façon dont Tabbé de Montaragon entendait les devoirs de son état dans un acte par lequel Fernand, ayant reçu en don de son neveu la ville et le cbâteau de Liria, et >oulant lui en témoigner sa gratitude, ordonne que ce domaine fera relour au donateur, si le donataire meurt sans enfants issus d^un légitime mariage, 0 legali matrimonio. (Ârch. de la couronne d'Aragon, parch. de Jacme I", no 78o.)On pourrait supposer, d'après ces paroles, que, malgré le tes- tament d'Àlfonse II, son père, qui le destinait à être moine de Poblet (Voy. ce testament dans Touvrage de BofaruU, los condes de Barce- lona^ t. II, p. 2t6), Fernand n'embrassa pas l'état ecclésiastique, et fut seulement abbé laïque de Montaragon. Tous les historiens le con- sidèrent cependant comme engagé dans les ordres. Il parait, du reste, qu'il ne se maria point.

NUNYO SANGHEZ 77

cent des événements d'une certaine importance, auxquels nous devons restituer leur vraie date, méconnue par la plupart des historiens *.

Les pays de Roussillon, Cerdagné, Gonflant etValespir, dont le roi d'Aragon n'avait encore que la suzeraineté le V janvier 4242, et qu'il laissait à son fils Pierre pour en prendre possession seulement à la mort de son cousin Nunyo Sanchez, firent retour quelques jours plus tard à la couronne d'Aragon par la mort de don Nunyo , qui ne laissait pas d'enfant.

On sait que le domaine utile de ces pays avait été donné en apanage parAlphonse le Chaste à son frère don Sanche, qui devait, paraît-il, en jouir seulement durant sa vie*. Plus tard cette donation fut renouvelée en faveur du fils

* Arrivé au milieu de l'année 1241, Zurila, n'ayant plus à sa dis- position des documents suffîsanls, perd pour quelque temps le fil conducteur de son récit et commet de graves erreurs chronolo- giques. Diago, plus heureux, en écrivant l'histoire du royaume de Valence, d'après les archive^ de ce pays, trouve l'occasion de redres- ser en partie les erreurs de son collègue d'Aragon et de combler quelques lacunes. Uest à remarquer que Zurita, nous ne savons pour quels motifs, s'éloigne notablement des données de la chronique royale, à laquelle pourtant il accorde en général une grande con- fiance. Diago s'en rapproche au contraire et, non content d'appuyer ses assertions sur les actes authentiques qu'il a consultés, il invoque aussi, pour rétablir certaines dates, le texte même de la chronique deJacme. Pour nous, bien que, ù l'exemple de presque tous ceux qui se sont occupés sérieusement de cette œuvre, nous n'ayons aucun doute sur son authenticité, nous avons cru devoir puisera d'autres sources les indications chronologiques, qui demandent une précision toute particulière. Les documents des archives de Valence, cités par Diago, ceux que nous avons eus sous les yeux à Barcelone et ailleurs, nous permettent de renouer la chaîne des événements, et il est à re- marquer que le résultat auquel nous arrivons de cette manière con- corde parraitement avec le récit delà chronique royale.

* Voy. notre tome I, p. 439, note 1, et Chronique de Jacme, cbap. }ux.

78 LIVRE Itl , CHAPITRE 1?

de Sanche , ce Nunyo Sanchez * que nous avons vu quel- quefois parmi les adversaires , souvent parmi les amis dévoués de son roi. Soldai intrépide, il avait été armé che- valier surle champ de bataille de las Navas par Pierre II, son cousin germain, et sa conduite aux conquêtes de Mayorque, d*Iviza et deValence avait été digne d'un aussi brillant début. Mais, dans la guerre des Albigeois , la crainte de perdre ses domaines ou le désir de les aug- menter lui inspira une coupable faiblesse. Après avoir d'abord embrassé le parti de son suzerain le roi Pierre*, et combattu Simon de Montfort, pour l'obliger à rendre Jacme enfant à ses peuples, il avait tout à coup déserté la cause du Midi et agrandi ses domaines aux dépens de ses compatriotes, en se soumettant l'un des premiers à l'au- torité des rois de France. A la fin de ses jours , Nunyo , dont la santé était déjà ébranlée à l'époque de la conquête de Valence, entra dans les ordres et mourut' chanoine du chapitre d'Elne , en Roussillon , le 19 janvier 1242 '*. Le

* \.e plus souvent Nunyo s'Intitule seulement seigneur de Rous- slMon, de Confiant, etc.; il ne prend ie litre deeomleque dans quel- ques acles postérieurs à la transaclion conclue avec le roi en 4i3o. (Voy. noire loine I, p. 364 , note.)

^ lacme, racontant ia bataille de Muret, dit au chapitre viii de la Chronique :

« Don Nunyo Sanchez et en Guillern de Moncada, fils de Guilleni Ramon et de Guillerma de Castellvi, envoyèrent un message au roi afin qu'il les attendit : mais le roi ne ie voulut pas, et ainsi ils ne se trouvèrent pas à la bataille. »

^ La mort de Nunyo Sanchez a inspiré ù Aimeric de Belenoi , troubadourdu Bordelais établi en Catalogne, un chant empreintd'une profonde et pieusi' tristesse. La valeur de coite composilion, la place occupée par celui qui en e>l ie Iwro.^ dan? l'histoire de la Catalogne et de la province aujourd'hui française de Roussillon, nous enga- gent à donner à la fin de ce volume la traduction de celte remar- quable «complainte. » (Voy. Appendice, noie C.)

* La date du jour nous est donnée par D. loaquin-Maria Bover, dans son Historia de la casa real de Mallorca (p. 20} ; nous ne savons

NOtrVfiLLCS e&P^DlTtONB 79

surlendemain, 21 janvier, Bernard, évéque d'Agde, et les autres exécuteurs testamentaires de Nunyo San- chez *, mettaient le roi d'Aragon en possession du Rous- sillon , de la Cerdagne, du Gonflant , du Valespir *, et le 5 des ides de mars 1241 (11 mars 1242), Jacme se trou- vait à Malioles en Roussiilon , il faisait jurer paix et trêve aux seigneurs de ses nouveaux domaines entre les mains de Guillem de San-Roman , chanoine de Barce- lone ^.

Deux mois après, le Conquistador continuait la guerre dans le royaume de Valence, en attaquant quelques places situées au nord de la capitale, sur les bords du Mijares et

d*où est extraite cet te indication, fort vraisemblable du reste, si l'on considère que le 24 janvier Jacme était mis en possession des biens de Nunvo par les exécuteurs testamentaires du défunt. Quant ù la date de l'année, à peu près tous les historiens sont tombés dans la même erreur. M. Bover et M. Henry [Histoire de lioussiUonA I, p. 403). trompés par une assertion erronée de Bosch (Titols dehonor de Cathalunya,^ p. 195), et par une inadvertance de dom Vaissôle (Histoire de Languedoc^ liv. XXV, chap xxx), n'ont pas pris garde à leur tour que les documents sur lesquels ils s'appuyaient se rappor- taient au mois de janvier 4 2i4 de l'Incarnation, correspondant au mois dejdnvier1242, d'après la manière de compter adoptée de nos jours. Le le>lamenl du roi du jour des kalendes de janvier 4 2il (4* janvier 4212), dans lequel Nunyo Sanchezest mentionné comme vivant, ne peut laisser aucun doute à cet égard. Beuler seul (Coro- nica gênerai de Espana, lib. Il, cap. 37) fait vivre don Nunyo jus- qu'en 4243.

' Don Nunyo avait fait son testament le 4 6 des kalendes de jan- vier (47 décembre) 4244. (Henry, Hwfoirc de Roussiilon, \. I, p. 105.)

2 Si Ton en croit Bosch, qui s'appuie sur des documents des ar- chives de Perpignan, le roi Jacme aurait agi, dès 1240, en qualité de comte et seigneur de Roussiilon, ce qui ferait supposer que, en em- brassant la vie ecclésiastique, Nunyo Sanchez avait remis au roi le gouvernement de ses domaines.

' Henry, Bist. de Rouss., t. I, p. 40b.

80 LIVRE III , CHAPITRE IV

dans les Sierras d'Eslidaetd'Espadan. Après s* être emparé d'Artana, il reçut la soumission des maures d'Eslida, d*A- hin, deVeo, de Sengueyr, de Pelmes etdeZuera, qui, par acte passé à Artana,- le 4 des kalendes de juin (29 mai) 1242, se rangèrent sous Tautorité du roi chrétien à des conditions dont une seule clause peut donner une idée : il fut stipulé qu* aucun homme professant une autre reli- gion que celle de Mahomet ne pourrait être reçu dans ces territoires et y demeurer sans la permission des habitants, fùt-il envoyé par le roi lui-même ^

Toute la partie du royaume de Valence située au nord du Xucar était soumise aux armes aragonaises; Jacme songea dès lors à pousser activement la conquête au delà de ce fleuve. La première place qui se présentait à lui était Alcira *, ville forte, située « entre deux cours d'eau navigables', et nul homme ne peut entrer qu'en tra- versant des ponts *.

^ Cet acte était conservé au temps de Diago, dans les archives de la Baylie de Valence, premier grand livre des aliénations du patri- moine royal, 238. Les témoins furent les maîtres du Temple et de rilôpital, Guillem de Entenza, Ladron, Ximeno Ferez, Ximeno de las nozes et le commandeur d' Alcaniz. (Voy. Diago, Hist. del reyno de Valencia^ 334, recto.) Ce document confirme le passage suivant delà chronique royale: a Après cela (la reddition de Castello en liit) nous allâmes en Aragon. Dans ce royaume et en Catalogne, nous restâmes plus d'un an, ayant laissé à Valence Ximeno Ferez de Tarazona, pour tenir notre place pendant notre absence , et au bout de ce temps, nous retournâmes à Valence pour terminer ce qui était commencé. )D (Chron. de Jacme, chap. ccxvii.)

Zurita place le retour du roi dans le royaume de Valence en 1244, c'est-à-dire trois ans environ après la prise de Castello.

'^ Alcira ou Alziia, appelée aussi Alzezira ou Algizira, a été quel- quefois confondue avec Algesiras en Andalousie, sur le détroit de Gibraltar.

^ Deux bras du Xucar.

^ Chron. de Bernai d'Esclot, chap. XLix.

NAISSANCE DE l'iNFANT JACME 81

Bien qa'Alcira fût delà conquête crÂragon, le roi de Castille désirait ardemment s*en rendre maître: il avait entamé à ce sujet des négociations avec le commandant de la placée mais, en apprenant que le roi d'Aragon s'avan- çait, le Maure, saisi de terreur, abandonna la ville. Les habitants se rendirent à Jacme sous la double condition qu'ils conserveraient le libre exercice de leur religion, et que tout captif Sarrasin qui mettrait les pieds sur le sol d'Alcira deviendrait libre sans que le roi lui-même put le réclamer. (Juillet 1242) *.

De retour à Valence au mois d'août suivant % Jacme, après avoir séjourné quelques mois dans cette ville, se dirigea vers les pays d'outre-Pyrénées, il devait, disent quelques historiens, avoir une entrevue avec le roi de France *. Il était accompagné dans ce voyage de la reine

* Varraez^ arrayaz onarraz. Le premier de ces noms s'appli- que plus parliculièrement au capitaine d'un navire ; le second, au commandant d'une place frontière.

^ Zurita assigne à la prise d'Alcira la date de 4245. Mais cet auteur, d^accord en cela avec tous les historiens, place col événement envi- ron un an et demi avant le dernier siège de Xativa, et nous prouve- rons plus bas que ce siège eut lieu en 4244.

3 Le 45 des kaiendes de septembre (18 août) 4242,1e roi cédait à révéquede Valence plusieurs des maisons qu'il possédait dans cette ville en échange d'une somme de 5,000 besans d'argent. Le 3 des kaiendes de décembre (29 novembre) de la môme année, il donnait un château en fief, selon la coutume de Barcelone , à Pedro Sanz , frère de Jacques Sanz (Archives de la Baylie de Valence, 4* grand livre des aliénations du patrimoine royal» f°499. Diogo, 336.)

* Peut êVe est-ce à ce voyage qu'il faut rapporter les paroles de Ifuntaneria Lorsqu'il eut fait toutes ces conquêtes et miset rétabli le bon ordre partout, il voulut aller visiter les royaumes d'Aragon et de Catalogne, les comtés de Roussillon, de Gerdagne et de Con- fiant , que son cousin, le comte Nunyo Sanchez, qui était passé à Mayorquo avec lui, lui avait laissés. Ilalia aussi visiter Montpellier, visite quMl avait grand plaisir à faire. Dans tous les lieux il se ren- dait, il faisait do grandes processions et rendait grâces au Seigneur,

T. n, 6

89 UTRS lU , CHAPITRB IT

Yolande, sa femme, qui> arrivée à Montpellier, mit an monde un fils, le 20 mai 1243.

< En Tan de M e CC e XUII, la vigilia de Pantacosta, nasquet à Montpellier en Jacme lo bon rey, » dit la Chro- nique romane de celte ville V Cet enfant fut, en effet, appelé Jacme ou Jacques, comme son père, et cen*esl peut-être pas sans intention que le fils de Marie de Mont- pellier, désireux de ne point laisser se relâcher les liens qui unissaient sa famille à sa ville natale, voulut qu*un de ses enfants au moins naquit dans la cité des Guillem. Les événements devaient faire de ce fils le suc- cesseur de son père dans la seigneurie de Montpellier, le royaume de Mayorque et les Etats de.Roussillon.

Quelques jours après la naissance du jeune prince, si Ton en croit dom Vaissète, s*appuyant sur un document cité par Marca ', le roi d'Aragon se serait rendu au Puy- en-Velay, il aurait rencontré saint Louis de France. Aucun historien contemporain ne parle de cette entrevue restée, sans doute, à Tétat de projet.

quiTavail garanti de tous les dangers. Parloia on îuî offrait des jeux, des bals, des fêles, car chacun s'empre.Nsail de Phonorer et de lui plaire. Do son côlé , il accordait des faveurs el faisait des présents en si grande quaniilé que ceux qui les ont reçus ou leurs héritiers en ressentent encore les bons effets » (Chron. de RamonMnn!aner,ch.ix.) Le 2^'ï février 124^5. Jacme se trouvait à Perpignan et faisait don aux Frères prêcheurs de la léproserie de cette ville pour y fonder une maison de leur ordre. (Voy. Marca Hispanica, col. 5Î9.)

* Chronique romane du Petit 77ia{amti« de Montpellier, adannum 1243.

^ On trouve à la colonne 529 de la Marca hispanica^ la mention du leslamenl fait le jour des nones de juin ;5 juin) 1243, par Pons, comte dlJrgel, personaliier pergens ad curiam venerabilium Régis Francorum et Régis Aragonum apud sanctam Mariam de Podio. Zu- rita fixccetts entrevue à Tannée 4245, sans indiquer sur quelles bases Il appuie Tauthenticité du fait et l'exactitude de la date.

SODCIS DOMESTIQtES Dt; KOI S3

Oatre les difficultés néesentre les deax rois dès 1234*, il y avait certâiDement à cette époque, dans le midi de la France, dans toute l'Europe et jusqu*en Orient, bien des sujets de préoccupation qui devaient faire désirer une entente des deux grands princes chrétiens ; mais est-il permis de croire que les contemporains aient gardé te silence sur un fait de cette nature? Quoi qu'il en soit, iacme était à Montpellier le 29 juin 1243, car ce jour là, par son ordre, les consuls et le peuple de la ville prêtèrent serment de fidélité à Tinfant Pierre, comme héritier présomptif de la seigneurie et à la reine Yolande, comme régente, en cas de mort du roi, avant la majorité du prince*.

La naissance d*un nouvel enfant n*avait donc pas d'abord madiOé les dispositions de Jacme au sujet du par- tage de ses Etats; mais h reine exigeait que son second fils pût aussi porter une couronne, et ses plaintes sur la préférence dont Alfonse était, d'après elle, l'objet, vin- rent de nouveau assaillir son royal époux « Aussi disait- il souvent que les soucis du gouvernement, en guerre comme en paix, sont beaucoup plus tolérables que ceux àe la famille; car les premiers permettent à l'esprit de se reposer par intervalles et de reprendre haleine; les autres, au contraire, ne donnent aucune trêve. Au milieu de ses ennuis domestiques, il ne pouvait souvent s'empêcher de sourire en pensant que, maître de tant de royaumes, il éprouvait beaucoup plus de peines et de déboires à régler le sort des cinq enfants qu'il avait alors, que n'en aurait

* Voy. notre tome I, p. 363.

^ a Item eodem anno (12l3j infesto B. B, Pétri et Pauli, consuîeM et populus hujusvUlœ,mandato domini régis juraverunt ,Petro filio ipsius domini régis etreginœ Yoles, 9 (Cbron. du Petit Thalamus de MontpeUier.;

84 LITRE Illf CHAPITRE IV

éprouvé certainement un pauvre homme chargé d'une nombreuse famille > ^ Jacme céda enfin devant la téna- cité dTolande, à laquelle, par flallerie ou par conviclion, les légistes de la cour prêtèrent sans doute, comme nous le verrons bientôt, le secours de leur opinion ; à son retour en Aragon, il résolut d*enlever la Catalogne à son fils aîné, Alfonse, afin d*en accroître la part de Pierre qui, de son côté, devait, selon toute probabilité, céder une partie de ses Etats à Jacme son frère nouveau*né *.

Pour consacrer ce nouveau partage, les cortès arago- naises furent convoquée» à Daroca dans les derniers mois de Tannée 1243. Elles durent reconnaître Tinfant Alfonse pour héritier présomptif du royaume d*Aragon , tandis que les corts catalanes, que le roi se proposait d*assembler peu de temps après, devaient jurer fidélité à Pierre comme héritier de Tancien domaine des comtes de Barcelone.

Les syndics de la ville de Lérida assistèrent aux cortès de Daroca et prêtèrent serment à Alfonse. C'était recon-

* Miedes, Vida de don Jayme, lib. XIV.

^ Aucun historien n'a encore aperçu le rapport qui existe entre la naissance de iUnfant Jacme el la convocation des corlès de Da- roca en i243. C'est que le testament de 42i2est resté ignoré jusqu'à aujourd'hui, et que le partage de 4243, considéré comme le premier qui ait eu lieu depuis le mariage du roi avec Yolande, semble n'être que la mise en pratique d'une idée arrêtéedans l'esprit de Jacma de* puis le jour il voulut se séparer de Léonor. iVoy. notre tome 1 , p. 251.) Mais, si l'on fait attention que le Conquistador^ maître du royaume de Mayorque et d'une partie de celui de Valence, renonce, en 4235. àsiiparer la Catalogne de TAragon (t. 1, p. 358); qu'en 4242, il persiste dans i>a nouvelle résolution, et qu'en 4243, quelques mois après la naissance de son troisième ON, il revient à son fdlal projet de morcellement, qu'il doit exagérer encore dans son testament de 42i8, on restera convaincu que notre manière d'expliquer ces revi- rements est la seule vraisemblable, la seule qui puisse se justifier à l'aide des documents de l'époque.

TROCBLCS EN ARAGON 85

naitre que leur ville appartenait à TAragon et assigner la Ségre pour limite à ce royaume. Les Catalans protes- tèrent avec énergie contre cette atteinte portée à l'inté- grité de leur territoire; dans les corts tenues à Barce- lone au mois de janvier 1244, le roi se vit contraint de déclarer solennellement que la' Catalogne s'étendait de Salsas à la Cinca , et TÂragon de la Cinca à la ville de Hariza; que, par conséquent, la ville de Lérida et tout le territoire compris entro la Ségre et la Cinca faisaient partie de la Catalogne et devaient appartenir à l'infant Pierre *.

A cette nouvelle, les réclamations éclatèrent en Arrigon. Alfonse, sourdement irrité depuis qu'il voyait diminuer sa part d'héritage, profita du mécontentement des Ara- gonais et du secours que lui promettait sous main la Castille, pour rompre ouvertement avec son père.

Au mois de février 1244, il était à Calatayud à la tête d'un corps de troupes, dans lequel figuraient aux premiers rangs, outre l'abbé de Montaragon, toujours prêt à la révolte, l'infant don Pedro de Portugal , Pedro Fernandez de Azagra et un grand nombre de seigneurs

* Voyez, aux archives de la couronne d'Aragon, parchemins de iacme !•% n«* 935, 936 et 937, divers documents relalifs à celte affaire. Par le premier (n° 935), en date du 42 des kalendes de février 4243 {21 janvier 1244), le roi fixe les limites de la Catalogne et celles de TAragon ;• par le second (n" 936), il donne la Catalogne ainsi délimitée à son fils Pierre ; par le troisième enfin (n* 937), il déclare que dans les cortès tenues à Daroca, se trouvaient alesévéques, les nobles et les conseils des cilés d'Aragon et, entre autres, les hommes delà cité de Lérida», il n'a pas eu rintenlion de donner celte dernière ville, ni le territoire compris entre la Sègt*e et la Cinca, à son fils Alfonse, et que, d'ailleurs, il annule ce quMl aurait pu faire dans ce sens. Ces deux derniers actes, rédigés le même jour que le premier, sont datés de a la veille de la fôte de Saint-Vincent 4243 9, qui correspond également au 24 janvier 42U.

86 LIVBB III, CBAPITRB H

aragonais et castillans. Toutes les villes d'Aragon, la plupart de celles du royaume de Valence, embrassèrent la cause d'Alfonse. Il ne fallait qu'une étincelle pour allumer la guerre civile préparée par Timprudence du roi , mais non par son injustice.

En distribuant à ses -fils des États distincts que les successions ou les conquêtes avaient réunis sous un sceptre unique , Jacme usait d'un droit reconnu à tous les souverains de son temps, et croyait remplir une obli- gation légale. Au moment de son divorce avec Léonor deCastille, il n'avait promis à Alfonse que le royaume d'Aragon * ; il avait voulu cependant à plusieurs reprises aller au delà de sa promesse, et, en lâ43 encore, les syndics de Lérida s'étaient présentés aux cortès arago- naises sans qu'il y Tit aucune opposition. Mais, en pré- sence des anciens édits de paix et de trêve qui fixaient les limites de la Catalogne, il ne fut plus possible de soutenir que Lérida appartint à l'Aragon , et l'infant se trouva réduit à la stricte portion qui lui avait été réservée en 1229.

Il est essentiel de remarquer que , au temps et dans les pays qui nous occupent, les mœurs et la loi, bien loin d'être favorables au droit d'ainesse, prescrivaient le partage des biens du père entre les enfants*. Il ne

« Voy. notre 1. 1, p. 250 et ^54.

^ En 4307 seulement, aux cortès d'Àlagou, Jacmc II, sur les in- stances des « barons, tnesnaderos^ chevaliers et tn/anz<mes», afin de remédier aux inconvénients qu'entraîne le partage des domaines , permit aux noblesde toutes classes detransmeUre leur héritage à un seul de leurs fils. La même permission fut accordée, en 43M, aux a bourgeois et aux autres hommes des villes et villages d'Aragon. » (Voy. Fuerosde Aragon, t. I, Ub. VI, tit. de TestamentU nobUium et de Testamentis çivium; voyez aussi les chapitres que nous con:^aeroQs plus bas à l'élude des diverses législations en vigueur dans ie* Etau de la couronne aragonaise.)

JACSe IT L'ilfFANT ALFONSE M

fant pas oublier, en oatre, combien la position de Jacrae était différente de celle d'un souverain placé à la tôte d*une nation unifiée. Maître de divers royaumes, comtés ei seigneuries unis par un seul lien, la communauté de chef, il était obligé, à en croire les légistes qui confon- daient aisément les devoirs de la souveraineté avec ceux de la propriété , de distribuer à ses fils ces domaines distincts et indépendants. Pour n'avoir pas eu ces deux observations présentes à Tesprit, tous les historiens qui ont voulu juger la conduite de Jacrae sont tombés dans la même erreur. Persuadés que le roi d'Aragon était soumis, pour l'ensemble de ses États » aux exigences du droit d'aines&e, ils ont cherché à expliquer une déro* gation qu'ils ne comprenaient peint, par de prétendus sentiments d'aversion de Jacme à l'égard de son fils aîné. On est allé jusqu'à dire que l'injustice du roi et les dégoûts dont il aurait abreuvé Alfonse n'auraient pas été étrangers à la mort prématurée de l'infant. Il est inutile d'avoir recours à de pareilles suppositions pour comprendre une situation si simple en elle-même, que nous nous étonnons d'être le premier à attirer l'attention sur ce point*.

Jacme se trouvait placé entre sa sagesse instinctive, qui lui faisait voir les dangers du morcellement de ses possessions, et les prières d'Yolande, secondées par les arguments légaux que nous venons de rapporter. Sa faute fut de ne pas savoir ou de ne pas oser dégager suffisam- ment Tintérêt politique de l'intérêt de famille, et de se laisser trop facilement persuader, comme le prouvent

* La conduite du roi paraissait si naturelle aux anciens auteurs , qu'aucun d'eux ne songe à la blâmer ou à la justifier. Quelques moderne^ seuls se sont faits âoeuiioleurs, nous ne savons sur quelles présomptions, et leur opinion a été trop vite acceptée.

88 LIVRE III, CBAPITBE

d'aillears les passages de Miedes mentionnés pins haut , qu*il était soumis pour le partage de ses biens aux mêmes lois et aux mêmes devoirs qu*un «^ pauvre homme chargé d*une nombreuse famille. > Après une longue résistance inspirée par son instinct politique, il céda par respect pour la loi et par affection pour la reine. Il voulut être trop juste comme homme privé et commit une grave faute comme souverain.

En invoquant le partage de 1243 pour prouver Tin- justice du roi d'Aragon envers le fils de Léonor , on ne songe pasqu*en 4248 un nouveau^testament, pour assurer Tavenir des deux jeunes infants , Jacme et Fernand , va enlever à Pierre le royaume de Valence, le Roussillon, le Gonflant, la Gerdagne , la seigneurie de Montpellier, et tous les droits de la maison d'Aragon au nord des Pyré- nées. Verra-t-on dans cet acte une preuve de l'aversion du roi pour son fils Pierre? N'est-ce pas plutôt l'indice d'une sollicitude très-naturelle chez un père, bien que regrettable chez un souverain ?

Le partage de 1248 et celui de 1243 sont dictés par les mêmes sentiments. Âlfonse comprenait si bien qu'il n'avait nul droit à se plaindre des dispositions du roi, que, en 1244, sa rébellion eut pour unique prétexte la revendication, dans un intérêt purement national, des comtés de Ribagorza et de Pallars, compris entre la Ségreet laGinca, et que les Âragonais réclamaient comme partie intégrante de leur pays^

Le fils de Léonor parait cependant, nous devons l'a- vouer, avoir été moins sympathique à son père que les enfants d'Yolande ; mais il y a loin de aux sentiments

* Zurita, Anales et lndiee$, ad annum 1244 ; Miedes, Vida don Jayme, Ub. XIY.

SHiGB DE XATIVA 89

qnel'on prête aa Conquistador. La position exception- nelle où le divorce de ses parents avait placé AITonse dès ses premières années développa chez lui un caractère sombre et concentré, qui contrastait avec les qualités bril- lantes de l'infant Pierre*. Il se trouvait, en outre, entiè- rement soumis à rinfluence de laCaslille, qui n'était pas, nous Tavons dit, étrangère à sa rébellion. On assure, il est vrai, que l'intervention du roi don Fernand arrêta cette révolte prête à éclater. 11 est permis de croire tou- tefois, sans vouloir méconnaître la modération et l'esprit de justice du saint roi de Gastille, qu'Âifonse d'Aragon recula de lui-même au moment d'attaquer son père, si Ton songe surtout que Fernand fut impuissant à empê- cher les actes d'hostilité commis par son propre fils contre T Aragon.

L'infant héritier de Gastille, intraitable pour Jacme son beau-père, envenimait les difficultés qui s'étaient élevées entre les deux grandes monarchies espagnoles. L'Aragon, se développant dans le royaume de Valence, et la Gastille dans celui de Murcie, avaient rapproché leurs frontières à forient de la Péninsule. Il s'agissait de déterminer, d'après les anciens traités, la ligne exacte jusqu'à laquelle chaque souverain pouvait étendre ses conquêtes.

Après avoir essayé d'enlever Alcira à l'Aragon , AlfonsedeCastille voulait s'emparer de la belle et riche cité deXativa. A la fin de novembre 1243, le Conquista- dor était venu pour la seconde fois mettre le siège devant cette place.

Les habitants de Xativa avaient attaqué sans juste motif an corps de cavaliers et d'almogavares , que Rodrigo de Lizana conduisait contre des Sarrasins insoumis. L'al-

< Miedes, Vida dêdonJaymê, Hb. XIV.

M LITRE IH, CHàPim r?

cayde, soutenu par llnfaot de CasUlle, refusa les satis- factions exigées par le roi d'Aragon \ et la ?iUe fut assiégée V

Dès les premiers jours du siège, un parent de Tévéque de Cuenca obtint de Jacmela permission d'entrer dans Xativa sous le prétexte d*y faire fabriquer, pour Tinfant Alfonse de Castille, une de ces tentes barbare$ques si recherchées des seigneurs occidentaux, mais en réalité pour négocier la reddition de la ville au prince castillan. Instruit de ces menées, le roi fitpublierune défense abso- lue à tout chrétien d*avoir aucun rapport avec les assiégés. A quelques jours de là, Tagent de la Castille, surpris en couférence avec des Sarrasins de la place, fut fait prison- nier etamené au camp. A ses protestations, Jacme se con- tenta de répondre: « Puisque c'est vous qui nous avez apporté des lettres de Tévéque de Cuenca, qui faisiez construire la tente pour don Alfonse , et qui, sous ce prétexte, traitiez avec les Maures à notre préjudice pour que la ville capitulât avec lui, ce que nous savons d'une manière certaine par les assiégés eux-mêmes, vous con-

* Avnnt d'attaquer Xativa, Jacme ordonna â Talcayde de compa- raître devant lui à Aleira. Le Sarrasin s'y rendit; le roi, lui ayant fait des reproches sévères, le somma de livrer la ville et le château. Le Maure se crut prisonnier et la frayeur Tempecha de prononcer un seul mot. Mais Jacme, remarquant son émotion, lui dit : a Alcayde, voes ne devez rien craindre, car en sûreté vous êtes ici anssi bien que dans le château de Xativa. Et vous devez >avoir que, si cou- pables qu'ils soient, jamais nous ne retenons captifs ceux à qui nous ordonnons de comparaître pour avoir avec eux une entrevue. » (Cbron. de Jacme, chap. ccxx. )

3 Les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem, sous la conduite de Hugues de Forcalquier, châtelain d'Ampo^ta, figuraient dans Tar- méc royale. Pedro de Vilargut, chevalier de cet ordre, Ximeno Ferez de Pina, Garcia de Aguero et Guillem de Pax se distinguèreot au siège do Xativa. (Voy. Zuritaj Amies ^Iniiçêê,)

BÉIIBLXS AYBC ALF0N4E DE GASTILLB 04

naissez Tordre que nous avons donné et que ne peut i{no* rer aucun de ceux qui se trouvent dans Vhoêt; pour cala et en punition de ce que vous avez fait, et puisque nous ne pouvons plus nous fier à vous, nous vous châtierons de manière que vous puissiez bientôt servir d'exemple à quiconque essayerait de nous enlever laplacedeXativa.» Cela dit, ajoute le chroniqueur, nous ordonnâmes à nos huissiers de le saisir, de le faire confesser et communier et de le pendre à un arbre*. »

Les projets de Tinfant de Castiile sur Xativa étaient déjoués; mais Enguera, place située à une très^petite distance de celle que Jacme assiégeait, se rendit à AlfoDse ; le roi, irrité de voir son gendre empiéter sur ses droits « presque en sa présence «>, envoya un corps de cavalerie contre Enguera. Dix-sept Sarrasins furent pris. Jacme alla en personne sommer les habitants de la ville de se rendre s'ils ne voulaient élre cause de la mort de leurs compagnonscaptifs. Les Sarrasins refusèrent, et les prisonniers furent mis à mort. Il ne faut pas oublier que les habitants d'Enguera étaient considérés comme traîtres pour s'être rendus à la Castiile au mépris des droits de l'Âragon. Par suite des traités qui limitaient la conquête de chaque royaume chrétien , les Sarrasins étaient devenus, soit en réalité, soit fictivement, les sujets du souverain dans la part duquel ils se trouvaient. On admettait comme loyale la lutte soutenue par eux pour défendre leur indépendance, mais on considérait comme un crime toute tentative faite pour se donner à un souverain chrétien dans la conquéle duquel leur pays n'était pas situé.

Bientôt le roi d'Aragon s'empara par représailles de

* Chronique de Jacme, chap. ccxxui.

93 LITBE III, CHAPITRE IV

quatre places de la conquête de Castille : Villena, Saii, Gapdets et Bugarra, et consentit à une entrevue que son gendre lui demandait.

Jacme et AUonse se rencontrèrent à Almizra; la reine Yolande y vint pour interposer sa médiation. L*infant réclama Xativa comme faisant partie de la dot que lui avait promise, disait-il, Ovieto Garcia, négociateur de son mariage avec la princesse aragonaise.

»I1 est certain, répondit le roi aux envoyés d'Alfonse, que tant nous que la reine avons bien marié notre fille, mais il ne Test pas que nous ayons dit à Ovieto Garcia ni à personne au monde ce qu*on prétend que nous avons dit, c'est-à-dire que nous donnerions en dot Xativa ou tout autre lieu. Est-ce que, lorsque nous avons épousé la tante de Tinfant, la reine dona Léonor, on nous a donné terres, Iwnors ou bien quelconque? Par notre foi , nous ne croyons pas être tenu à donner à aucun roi avec notre fille plus qu*on ne nous a donné avec notre

première épouse Dieu et nous, ajouta-t-il , savons

combien il est certain que l'infant n'a aucun droit à nous demander des terres comme dot de notre fille. S'il a besoin d'autres secours , grands et importants sont ceux que nous pouvons lui donner pour son honneur et son profit, car nous sommes prêt à le servir avec mille et même deux mille chevaliers, non pas une fois, mais deux , trois et dix fois s'il en a besoin , et certes plus lui vaudra cela avec notre amitié que de devenir notre ennemi pour ce qu'il nous demande ^ » Dans ces der- nières paroles se trouve en germe l'idée qui amènera plus tard les armées aragonaises et catalanes dans le royaume de Murcie au profit de la Castille.

Chronique de Jacme, chap. ccxxvi.

D^MÊL^S AVEC ALPHONSE DE GASTILLB 93

I^s pourparlers furent longs; les envoyés de l'infant, qui étaient le maître de Tordre de Saint-Jacques et don Diego de Haro , seigneur de Biscaye , eurent la mal- adresse de menacer le roi de prendre Xativa malgré lui.

Nous n'avons aucune crainte qu'on nous l'enlève, répliqua le roi avec colère, l'alcayde n'osera pas la livrer et personne ne sera assez hardi pour la prendre ; car sachez bien que sur notre corps devra passer qui- conque prétendra entrer dans Xativa. Quoique vous autres Castillans croyiez effrayer tout le monde avec vos menaces, mettez-les en œuvre et vous verrez le cas que nous eu faisons. Donc , si vous avez autre chose à nous dire , dites-le , et qu'on ne parle plus de cette affaire. Nous poursuivrons notre chemin, faites ceque vous pourrez *. » Et il ordonna à sa suite de se préparer au départ, tandis que la reine fondait en larmes.

Les chevaux étaient sellés et le roi allait reprendre la route de Xativa lorsque Tinfant fit une nouvelle démarche, qui fut appuyée par la reine. Alfonse, renon- çant à ses prétentions, se bornait à réclamer Yillena , Saix, Capdets etBugarra , offrant de céder en échange Enguera* etMuxent. Ces propositions furent acceptées, on dressa acte de la délimitation des deux conquêtes, et les deux priuces se séparèrent amis ^ Ce ne fut point

* Chroniquede Jacme, chap. ccxxvn.

' Le 25 mars 4244, le roi, se trouvant à Almizra, donna Ënguera à Tordre d'Uclès ou de Saint-Jacques, représenté par son grand- maître Pelay Ferez Correa , le même probablement qui avait servi dlnterroédiaire dans les pourparlers dont il est ici question (Dlago, Anales del reyno de Valencia , ^339; Zurïitiy Anales.) C'est une présomption de plus à l'appui de la date que nous assignons à l'en- trevue d'Almizra.

* En vertu de cet acte, l'infant eut Âlmansa, Sarazull et la rivière

M LiTIt 111, CHâMTRK It

pour sceiller une réconciliation , comme le prétend Zurita,- mais pour exécuter les conventions matrimo- niales depuis longtemps arrêtées d*une manière irrévo- cable, que deux ans plus tard, en novembre 4^:46, Tinfante Yolande d'Aragon fut conduite à Valladolid et remise solennellement à son époux.

La bonne intelligence rétablie entre Tinfant de Cas- tille et son beau-père laissait Alfonse d'Aragon privé de son secours le plus puissant ; aussi , en attendant qu*nne occasion se présentât de prendre Toffensive , se borna«t4i à un rôle passif en apparence, encourageant sous main les habitants de Lérida à refuser le serment de fidélité à son frère Pierre. C'est ce qui eut lieu en effet ; mais, en 1246, une sentence arbitrale, qui nous est inconnue, parait avoir terminé la première phase de cette affaire, destinée à renaître bientôt avec plus de violence *.

En quittant Almizra, le roi et la reine d'Aragon étaient retournés devant Xaliva, et, deux mois après, Talcayde demandait à capituler. Il offrit de livrer Tun des deux châteaux de la ville, se réservant l'autre pendant deux ans â partir de la fête de la Pentecôte, et demanda en échange les places de Montesa et de Vallada. Un conseil

deCabriol, el le roi, Castalla, Riar, SeKona, Âlareh, Flneslrat , Torres, Polop , la Mola, près d'Aynès, Allea , Tormos et leur terri- toire. (Chronique de iacme, chap. ccxxviii.)

^ Le 8 des kalendes d'octobre (2i septembre) 4246, à Lérida , Jacme déclare de nouveau qu'il n*a entendu donner à son fils Alfonse ni celle ville ni le lerriloire compris entre la Séf^re et la Cinca, et a comme les habitants de Lérida refusent de prêter bom- mas:e et serment de fidélité à son fils l'infant Pierre, créé comte de Barcelone et seigneur de la Catalogne de Salsas à la Ginca d , il nomme pour décider la question deux arbitres qui sont Mathieu, archidiacre deGirone, et Gueraude Cervera. (Arch. d' Aragon, par- chemins de Jacme 1*% n<^ 4054 et 4055.)

CAPITULATION DE XATITA 95

fat tena dans le camp chrétien. La reine , Hugues de Forcalquier, maître * de Saint-Jean de Jérusalem, Guillem de Moncada , Ximeno de Foces , Marco Ferriz, Pedro de Alcala, Ximeno Ferez de Arenos , et en Carroz, seigneur de ReboUedo, y assistèrent ; la reine donna d*abord son avis , qui était d'accepter les proposi- tions du Sarrasin. Les autres conseillers Tapprouvèrent, et le traité fut conclu (mai 1244 y.

* La Gbronîqoe royale désigne sous le nom de maUre d'un ordre militaire le chef de cet ordre en Aragon. Hugues 4e Forcatt|aier, châtelain d'Amposta, était chef de la langue d'Aragon dans l'ordre des Hospitaliers de Sainl-Jean de Jérusalem.

^ Zurita place la reddition de Xntiva en 4248 et Beuter en 4254. L' ignora nc<?de Pépoqueoù futréellemenl conclu le mariage d'Alfonse de Castille avec Yolande d'Aragon a causé Terreur des deux histo- riens. Il est certain que, lors de l'entrevue d'Almrzra et du traité inten'enu à cette ocea^ion entre l'Âragon et la Castille, Alfonse était déjà le gendre du roi d'Aragon. Or Beuter et Zurita , ne faisant dater le mariage de Tinfant que de la cérémonie qui eut lieu à Yalladolid en 4246, ont été obligés de placer après cette date les événements que nous venons de raconter. En face des actes qui con- statent la présence de Jacme devant Xativa en 42 i4, Zurita a sup- posé que le roi avait fait à cette époqoe une deuxième tentative in- fnictueuse contre cette ville. Diago, et avant lui Viciana ( Cronica de la inclyta y coronada ciudad de Valencia , part. Il, Libro de las familias , art. Sanz)^ ont assigné au dernier siège deXativa sa vraie date que Schmidta adoptée. Voici, du reste, les faits sur lesquels nous nous appuyons, elqiii nepeuvent, selon nous, laisser subsister aucun doute à ce sujet :

4* Tous les historiens s'accordent à reconnaître que la reddition de Xaliva a précédé lesiégede Biar. Or nous avons eonstaté l'existence aux archives d'Aragon (Parchemins de Jacme 1*', 907) d'un acte de concession en faveur des habitants de Casais, daté du joar des nones de septembre (5 septembre) 4244, m emercitu de Biar,

f^ Le 7 des îdes de janvier 1243 (7 janvier 4244 ) in obeidionê Xmiivm, le roi fit une éonation à Hiôpilal de Saint- Vincent, martyr, à Valence. (Archives de la Bayiie de Valence, ^ grajid liœ

% UYRE 111, CHAPITRE IV

Quelques mois plus tard , les Sarrasins de Biar , ville forte située sur la frontière du royaume de Murcie , firent savoir à Jacme qu*ils étaient prêts à se rendre s*il venait en personne devant leurs murs. Le roi y vint en effet, «car, dit-il, jamais aucun Sarrasin qui nous avait promis de nous livrer un château n'avait manqué à sa parole ^ » ; mais il trouva la garnison de Biar sur la défensive; un siège dut être entrepris, et, après cinq mois d'une vigoureuse résistance, Talcayde appelé, dit la chronique , Muza Almoravid , se rendit aux conditions ordinaires faites par le roi aux Sarrasins qui se soumet- taient (février 1245 •).

des aliénations du patrimoine royal, ^ 429. Diago, Anales del reyno de Valencia, f- 327 et 338.)

On lisait dans le livre de répartition du territoire de Xativa conservé, au temps de Diago, dans les archives de cette ville, que ce travail ne put être terminé qu'en 4247 à cause de son importance. (Diago, /• 340.)

4^ La découverte du testament de 4242, prouvant qu'à ceUe date le mariage d'Yolande d'Aragon avec Àlfonse de Gastiile était conclu, permet de placer l'entrevue d'Almizra et la reddition de Xativa bien avant 4246.

La Chronique royale dit que cette dernière place fut assiégée seize mois après la prise d'Âlcira, et ajoute que le roi s'en rendit maître la seconde fois qu'il l'assiégea, ce qui coïncide parfaitement avec ce que nous avançons.

^Ciironique de Jacme, chap. ccxxxui.

' D'après Zurila, le siège de Biar aurait eu lieu en 1253 et, d'après Beuter,en 4254. La date do cet événement est Ûxée d'une manière certaine par l'acte des archives d'Aragon (Parchemins de Jacme I^, n^ 967) que nous avons déjà mentionné et qui porte la date du 5 septembre Mii^inexercitude Biar. Le roi dit, dans sa Chronique, que ce siège dura du mois de septembre au mois de février (chap. ccixiiii). Quelque temps après la reddition de Biar, Ximeno Perez de Arenos, qui tenait la villa de Caslalla pour Abou-Seid, oiïril de la livrer au roi , du consentement de l'émir , qui reçut en échange les châteaux de Chest et de Villamarxant (Chronique de Jacme* chap. ccxxxiv).

JACME MAITRE DU ROYAUME DE VALENCE 97

Lorsque le roi d'Aragon fut maître de Xativa et de Biar , les autres places sarrasiues du royaume de Valence renoncèrent à la résistance et firent spontanément leur soumission. Dénia et Cullera , qui avaient été laissées à Ben-Zeyan lors de la capitulation de Valence , parais- sent avoir imité cet exemple, car rien ne prouve l'asser- tion de Conde, qui fait conquérir Dénia par le roi d'Aragon après un long siège en l'année 1243 S

Peu de temps après la reddition de Biar, et, quoi qu'en disent Zurita, Miedes et quelques autres, bien avant l'année 1253 , Jacme put se dire maître de tout le royaume de Valence. «Il le peupla de chrétiens , c'est-à- dire dans les cités, dans les villes, et fortifia les châteaux et les confia à des chevaliers chrétiens qui en étaient châtelains et en avaient la garde. Il laissa les Sarrasins dans les plaines , dans les montagnes , dans les vallées; ils labouraient la terre et donnaient un droit au seigneur- roi pour ce qu'ils cultivaient *. »

* Historia de la dominacion de los Arabes en Espafia, t. IH. Ce troisième volume, publié après la mort de Tauteur, contient des erreurs sans nombre. (Voy. Rosseeuw Sainl-Hilaire, Hist. d'Es- pagne, liv. Xl,chap. VI.) La trêve de sept ans, conclue en 1238, entre Jacrae et Ben^Zeyan, expirait en 1245 ; il n'y a pas de raison pour croire qu'elle ait été violée par Tune ou l'autre des deux parties. On accuse parfois trop légèrement les rois chrétiens de ne pas avoir observé leurs traités avec les inûdèles. Nous avoas trouvé à chaque pas dans i- histoire de Jacme la preuve du contraire. En ce qui con- cerne la prise de Dénia, il serait étonnant que la chronique royale, si exacte à relater dans tous leursdétails les faits de guerre du Conquis- tador, passât entièrement sous silence le siège de cette ville. Pres- que tous les auteurs sont muets sur ce point; il nous parait pins naturel de croire avec Schmidt {Geschichte aragonien's, p. 157.), qu'à Texplration delà trôve, l'ancien émir de Valence, se voyant dans l'impossibilité de résister, se soumit spontanément au roi d'Aragon.

^ Chronique de Bernât d'Esclot, chap. l.

T. n. 7

9S tiTRB in^ eiÂflTRB IT

En moins de vingt ans, le fils de Pierre le Catholique avait presque doublé Théritage quMl avait reçu de ses pères. Il avait étendu ses conquêtes aussi loin que le lui permettaient les traités conclus avec les autres puis- sances chrétiennes de TEspagne. Dès lors il songea à tourner son activité vers la France méridionale et vers les travaux de la paix. Affermir sa prépondérance sur le littoral méditerranéen des Pyrénées aux Alpes, en réunissant par les liens d*une forte solidarité la maison de Toulouse et les deux branches de la maison de Bar- celone , doter ses peuples d'une bonne législation , faire prospérer le commerce, les arts et les lettres , tels étaient ses désirs et son but. Ce qu*il a tenté prouve ce qu*il eût été capable de faire, si ses généreuses intentions n'eussent été paralysées par les querelles domestiques, les révoltes de ses sujets musulmans et l'opposition aveugle du parti féodal.

CHAPITRE V

Mariage du comte de Toulouse aveo Marguerite de la Marche. Rela- tions de Raymond VII avec le Pape et l'Empereur. Le roi d'Ara- gon et la cour de Rome. Politique de Jacme avec les princes chrétiens. Le comte de Toulouse et le comte de Provence. Tes- tament' de Ramon Berenguer V. Réconciliation des deux comtes. Projets de mariage. Mort de Ramon Berenguer. Conduite de Jacme et de Raymond VII. Echec de la politique méridionale en Provence. Le comté de Provence démembré de la nationalité du Midi. Plaintes et regrets des Provençaux. Droits du roi d'Aragon à la succession de Ramon Berenguer. Jacme fait couper la langue à Févêque de Girone. Excommunication et absolution. Teresa Oil de Vidaure.

Les affaires de la France méridionale étaient restées à pea près slationnaires pendant que Jacme achevait la conquête du royaume de Valence.

Le comte de Toulouse, après sa réconciliation avec saint Louis, n*en avait pas moins donné suite à son projet d alliance avec la fille du comte de la Marche; mais, comme les futurs époux étaient parents du troisième au quatrième degré , le mariage avait été célébré sous la réserve de Tobtentiou des dispenses nécessaires dans le délai d*un an. Cette condition ne fut pas exécutée , on ne

100 LITRE III, GHiPITRB T

sait ponr qnelle cause. Les parties , on tout au moins Raymond VII, conservaient, sans donte, quelque arrière- pensée de divorce ; car si , durant la vacance du Saint- Siège, les dispenses ne purent être obtenues, Tavène- ment d*Innocent IV et la liaison qui ne tarda pas à s*ètablir entre le nouveau Pontife et le comte de Toulouse auraient lever toutes les difficultés.

A la fin de Tannée 1243 , Raymond avait été absous de toutes les censures ecclésiastiques qu*il avait encourues. Le Pape, à la sollicitation de saint Louis, s*élait h&té d'accorder cette absolution au comte, <i:qui, suivant les expressions mêmes du Souverain Pontife , tenait un des premiers rangs entre les princes du monde > . Dès cet instant , Raymond , grâce à la souplesse de son carac- tère, plutôt qu*à son habileté, sut se tenir dans un parfait équilibre au milieu des agitations produites dans le monde chrétien par la querelle du sacerdoce et de l'Empire. Bien qu'il eût été , avec Pierre des Vignes et Thadée de Sessa, l'un des plénipotentiaires de l'empe- reur dans la conférence de 1244, essai de conciliation qui ne fit qu'envenimer les hostilités , le comte conserva l'amitié du Saint-Père sans rompre les liens d'intimité qui l'unissaient à Frédéric V

Rien n'était plus difficile pour un prince du midi de la France que de rester à la fois l'ami du Pape et de l'Empereur; rien n'était plus dangereux que d'avoir pour ennemi l'un ou l'autre de ces redoutables adversaires. Cette difficulté et ce danger paraissaient être moins grands pour un roi comme Jacme le Conquérant, dont les États étaient éloignés du théâtre de la lutte et dont les grandes

* Dom Yaissôte, Histoire de Languedoc, liv. XXV, chap, lxxvui et Lxxix.

JACNE ET LE SAINT-SIEGE 101

entreprises contre les Sarrasins d*Espagne justifiaient la neutralité dans les affaires de TEurope. Malheureu- sement pour l'indépendance des rois d'Aragon, mais heureusement sans doute pour Jacme P^, que la Papauté soutint durant les pénibles années de son enfance, Pierre le Catholique , jaloux d'ajouter à l'autorité royale le caractère sacré que lui imprime l'onction sainte , était allé recevoir sa couronne des mains d'Innocent III, et, en échange , avait rendu la royauté aragonaise vassale et tributaire du Saint-Siège. Nous avons vu * le Pape Gré- goire IX réclamer le secours de Jacme en vertu de ce serment de fidélité , et le Conquistador conclure un traité que des entreprises plus utiles pour la civilisation l'em- pêchèrent d'exécuter *.

Cet imprudent engagement est le dernier acte du règne de Jacme , nous pourrions presque dire le seul , l'esprit d'aventure naturel à la maison de Barcelone ne soit point modéré par un jugement droit et sûr. Dès ce moment , nous verrons toujours le grand roi, dans ses relations avec les autres puissances comme dans ses réformes intérieures, fuir les utopies dangereuses , s'éle- ver an-dessus des susceptibilités de l'amonr-propre , éviter tout ce qui pourrait le faire accuser de vaine ambi- tion , dédaigner la renommée stérile de ces conquérants qni mesurent leur gloire au sang qu'ils font répandre , et leur puissance aux lambeaux de terre qu'ils arrachent à leurs voisins sans aucun profit pour la civilisation.

* Tomel, p. 384.

^ Jacme devait passer en Italie avec 2,000 chevaliers et faire la guerre à lempereur, moyennant 150,000 livres et le payement via- ger des revenus et droits annuels levés par Pempire sur la Lombar- die. Les villes lombardes, ajoute Zurita, s^engagèrent, en outre, à reconnaître le roi d'Aragon pour a leur seigneur, défenseur et gou- verneur durant sa vie. » (Anales de Aragon, lib. III, cap. xxxn-}

102 LITKE UI, GBAPITAB

Avant de se lancer dans une entreprise quelque sédui- sante qu'elle se montre , il en embrasse du regard toute la portée , oubliant ses droits personnels pour ne se souvenir que de ses devoirs de prince. Faire régner Tordre , la paix , la justice dans ses États , avant de chercher à en reculer les limites , étendre Tempire de la . civilisation chrétienne plutôt que sa propre domination, et, pour cela, se montrer aussi conciliant avec les princes chrétiens qu*il est intraitable avec les Musulmans insoumis , telle est la double mission qu'il s*est donnée. Si les résultats probables d'une guerre sont hors de proportion avec les sacrifices qu'il devra imposer à ses sujets , il cède avec une générosité qui le grandit , même à un simple comte de Champagne; mais, s'il voit un pou- voir étranger essayer de s'immiscer dans l'administration de ses États , s'il craint de compromettre la tranquillité de son pays ou de faire peser une nouvelle charge sur son peuple, il sait, comme le saint roi Louis de France, résister avec fermeté même à son souverain spirituel , à ce Pontife suprême dont la main donne et retire les couronnes.

Après le traité signé au camp de Valence, Jacme fut une fois encore sur le point de se trouver mêlé à la grande querelle du Pape et de l'empereur. On se sou- vient, en effet, de l'alliance qu'il conclut à Montpellier, en 1241, avec Raymond VU, pour la défense de l'Église- Mais il s'agissait alors de se concilier la bienveillance du Saint-Siège, afin d'obtenir la sentence de divorce et les dispenses qui devaient favoriser les projets des princes méridionaux. Le roi d'Aragon n'eut pas cru payer trop chèrement par le secours de ses armes la réalisation de ces espérances si chèrement caressées. Trompé dans son attente, il évita dès lors de confondre ^ cause avec

celle daSaaFeraÎQ Pontife. Lorsque loDocent lY, fuyant Jlome, lui fit demander rbospitalité que lui refusaient les rois de France et d'Angleterre , le monarque arago* nais n'hésita pas à décliner ce dangereux honneur^ c'est alors que le chef de la chrétienté se réfugia à Lyon, ville indépendante et neutre, il tint le concile qui déposa Tempereur Frédéric. A cette occasion , les deux comtes Raymon de Toulouse et Ramon Berenguer de Provence se trouvèrent réunis auprès du Souverain Pontife.

Depuis que le mariage de Sancha de Provence avec Ri- chard d'Angleterre lui avait ôté l'espoir d'être le gendre et le successeur de Ramon Berenguer, Raymond était redevenu l'ennemi du comte provençal. Cependant la mé- diation de l'archevêque d'Arles, celle du roi d'Aragon et rinlerventionduPapelui^même avaient retardé la reprise des hostilités V II est permis de croire que pendant ce temps les négociations se poursuivaient pour reprendre , dans l'intérêt des provinces méridionales, les projets de fusion des deux races de Toulouse et de Provence. Ramon Berenguer avait une quatrième fille, Béatrix, avec laquelle pouvait s'effectuer le mariage qui n'avait pas réussi avec Sancha.

Eu vertu d'un testament de l'an 1238, Béatrix devait

< Jacme, tout en refusant au Pape ses Etats piéninsulaires, lui offrit pour asile la seigneurie de Montpellier, ou permit du moins aux consuls de sa ville natale de faire une démarche dans ce sens auprès du Saint-Père. C'est ce qui résulte d'une lettre dans laquelle Innocent lY remercie les cousuls et leur fait espérer sa visite pour le moment il quittera Lyon. Cette promesse ne fut pas exécutée. (Archives municipales de Montpellier, armoire E> casette Y, liasse 2bis, no 2.)

* Dom Yaissète, Hist.de Languedoc, lir- XXV, chap. Lxxviet Freuv. du tome III, éd. in-f», 25^. Rayaaîdi, Ann. eeclee., ad ann. 4244, n* 47.

104 LITRE III , CHAPmtB

hériter de tons les États de son père. Ce n*est point, comme le dit Mathieu Paris, qne les autres filles du comte « étant montées plus haut qu'on ne pouvait Tespé- rer, et ayant contracté des mariages qui faisaient Tadmi- ration de tous les chrétiens * >, Béatrix seule eût besoin d'une dot; ce n'est pas non plus que Ramon Berenguer ait voulu éviter de semer un nouveau germe de discorde entre le roi de France et le roi d'Angleterre*; le petit-fils des comtes de Barcelone n'avait d'autre but que de ména- ger à la nationalité du Midi le moyen de reconstituer son unité. Béatrix semblait destinée à épouser un prince méridional ; si elle n'avait pas de fils, ce n'étaient ni les enfants de Marguerite, reine de France, ni ceux de Léonor, reine d'Angleterre, que le testament appelait an comté de Provence, mais bien ceux de Sanchaqui, n'étant pas souverains, ne pouvaient fondre les États de Ramon Berenguer dans une plus grande nation. Si Sancha n'avait pas d'enfant mâle, la succession revenait à la fille ainée de Béatrix, et, à défaut, au roi Jacme d'Aragon et à celui de ses fils qui hériterait de sa couronne ^ Toutes ces clauses sont significatives et indiquent clairement le désir de Ramon Berenguer d'assurer soit l'indépendance des possessions provençales, soit leur union à un État méri- dional.

Les conséquences du mariage de Raymond VII avec Théritière delà Provence n'échappaient à personne, et l'espoir de cette alliance n'avait pas été étranger, sans doute, à la négligence que le comte de Toulouse avait

* Math. Paris, Grande Chronique, ad ann. 4^45.

* Papon, Hi8t. gén. de Prov., t. Il, p. 324.

* Le testament de Ramon Berenguer Y a été publié par Ruffi (Hiit des comtes de Provence.)

BÉATBIX DE PROVENCE iOS

mise à faire régulariser son union avec Marguerite de la Marche.

En effet, réunis au concile de Lyon, en présence d'In- nocent IV et avec son assentiment, les deux comtes con- clurent la paix et convinrent de l'alliance à laquelle se rattachait le dernier espoir de la France méridionale. Le Pape promit d'accorder la dispense de la parenté qui existait entre les futurs époux ; enfin le mariage de Raymond avec Marguerite de la Marche fut annulé du consentement même de la fille de Lusignan\

Pour la seconde fois , l'union des maisons de Toulouse et de Provence paraissait irrévocablement assurée. Mais, Celui qui, suivant l'expression de Bossuet, « préside à tous les temps et prévient tous les conseils ' » , a marqué à la nationalité méridionale le terme de son existence. Nos provinces sont arrivées à ce point un peuple » poussé par une force invisible , marche vers une fin qu'il redoute et qu'il est impuissant à éviter. Alors tout semble conspirer dans l'ordre moral et dans Tordre matériel pour hâter la crise fatale ; les causes ne pro- duisent plus leurs effets probables, les calculs les plus solides sont déjoués par des événements inattendus, les actions les mieux combinées pour conjurer le danger ne font qu'en augmenter la violence. La France du Nord, an contraire, est parvenue à une époque de rapide et vigoureux accroissement. La nation de saint Louis s'avance d'un pas ferme vers les limites qui lui sont assi-> gnées par la Providence , sans qu'un seul de ces actes injustes qui marquent trop souvent l'agrandissement des empires ternisse la pure auréole dont le nom de

* Gbron. deGoillaume de Puy-LaureDs,chap. xLvn; ^domVais* sète, Hist. de Lang.y liv. XXV, chap. xa.

* Discours sur l'histoire universelle, 3"' partie, ebap. vpii

I0# i«if»^ lu, «i4mi)B

Louis IX 6ist antooré. Cette pério(le est vlm de cplles se montrent le plas clairement les lois mystérieuses qui président à la formation des peuples : les provinces se groupent autour d'un centre , les grandes races seigneu- riales disparaissent , les races royales voient se dessiner les limites, trop souvent méconnues, dans lesquelles leur puissance doit se renfermer. La force providentielle qui entraîne les nations vers leurs destinées ne s*est jamais fait mieux sentir qu'au temps et dans les pays que nous étudions ; c'est elle qui fait réussir dans la Péninsule les entreprises les plus audacieuses de Jacme contre les Sar- rasins» c*est elle qui fait échouer, au moment leur succès semble le plus certain, les combinaisons de ce prince et de ses alliés dans la France méridionale.

Le comte de Toulouse et le comte de Provence , se croyant assurés du bon vouloir d'Innocent IV, retourné* rent dans leurs États sans avoir oblenif la dispepse néces- saire au mariage projeté, et quelques jours après (19 août 1245) mourait à Âix , en Provence, le comte Ramon Be- renguer, a cet homme illustre et fameux qui , par un effet prodigieux du caprice de la fortune, avait laissé au monde entier un sujet éternel d'admiration dans Félé- ¥atioa de ses enfants, c'est-à-dire de ses filles, dont la beauté était si éclatante V »

^ Grande Chronique de Mathieu Paris, ad ann. 4246, traduction de M. HuilIard-BréoUes, acoompagnée de noteset précédée d'une intro- duction par H- le duc de Luynes. a Ce ^rand et magnanime prince, dit Casar de Nostradamus, fut plein de toute douceur, clé- mence et humanité, éloquent en son parler, excellent et rare à com- poser en rithme vulgaire provençale comme celui qui avoit d'ordi- naire à sa cour plusieurs excellents et rares poètes prouvençaux qui faisoient des belles, doctes et ingénieuses poésies, à Texemple et imitation de leurs antiques progéniteurs et troubadours avec les- quels ce comte se délectoit taHeioeut, qu^it empk^t Aiae bonne

MOBT DB BAMOBT BBBKNGUEB 4#7

Il arait en BQoarant cofifirmé son testammt de 1338 ^ et Dommé pour tuteurs à sa fille Béalrix et régeuts de ses États , Romeu de Villeneuve et Albeta de Taras^çon, le môme , sans doute, que nous avons vu ^gurer dans la sentence arbitrale rendue contre Sancha d* Aragon \

A la nouvelle de cette mort , Jacme qui , en sa qualité de suzerain de la Provence et de cousin-germain paternel de Ramon Berenguer, avait des droits sur les États du comte défunt, accourut à la tète d'un corps de troupes, et garda à vue dans Aix la jeune Beatrix V Youlait-M, comme on l'a prétendu, marier la princesse à un de ses fils? Rien n'autorise cette supposition. Le but avoué de cette tentative d'occupation militaire était d'assurer la

partie de son temps et ses heunç desdies à Pesbat deTesprit en dis- putes et questions bien subtiles et très-gracieuses.» [Hist.et Chron, de Prauvenee, p. 204.) H reste en effet, do Ramon Berenguer V, deux pièces devers en langue romane provençale. L'une est un dialogue en forme de tenson, entre le comte et son Adèle cheval Cam-et-Ongla ; l'autre, un tenson avec un troubadour du nom d'Arnaut. Celte dernièFe peut donner une idée du mélange do grossièreté et de délicatesse qui inspirait souvent les discussions galantes du temps. En voici le sujet: eeot dames de baut parage entreprennent un voyage d'outre-mer, un calme plat arrête leur navire. Les nobles voyageuses ne peuvent ni poursuivre leur route ni revçnirau point de départ à moins 9;ue, dit le comte au troubadour ,

Un pet fassatz de que mova tal vent Parque la nau venga s a aaivament : Faretz o no, que saber o volria t

Arnaut répond affirmativement. (Voyez Hilà^ de IO0 Trovadori^ /sn Espana, p. 450, d'après le manu^crit 7225 de la Bibliothèque impé- riale.)

* Voy. diron. de ^uiilaume de Puy-^^aurens, chap. xlvh; Chron. MassiL ap. Labbe Biblioth., U 1, p. 342

* Mathieu Paris (Grandfi Chraniqi^e, adann. 4245} est seul chro- DÎquenr contemporain qui parle du prétendu enlèvement de Béatrix par un seigneur provençal peu riche en possessions.

108 LimB ni , CHAPITRE

réalisation des projets de Raymond VII. Qnelqaes chro- niqueurs, ne pouvant s'élever à la hauteur de la politiqae aragonaise, ont trouvé naturel d*expliquer par des motifs d'ambition personnelle des actes qu'ils ne comprenaient point. La vie entière du Conquistador proteste contre ces mesquines interprétations, qui, du reste, n*ontété hasar- dées que sons la forine du doute par les écrivains méri- dionaux de l'époque. La renonciation à tous ses droits sur la Provence , que le roi d'Aragon avait faite au mo- ment où se traitait le mariage de Sancha avec le comte de Toulouse, est une preuve du désintéressement de Jacme. Ce qu'il voulait, c'était surtout s'opposer aux em- piétements de la maison de France sur les pays de la langue d'Oc ; son union avec Raymond VII, dans l'intérêt de la patrie méridionale, était sincère et répondait aux aspirations populaires du Midi.

Mais ceux qui gouvernaient la Provence au nom de la jeune comtesse ne partageaient ni la haine de leurs com- patriotes pour les Français \ ni les espérances du roi d'Aragon. Romeu de Villeneuve, le plus illustre et le plus influent des conseillers de Ramon Rerenguer, voulut peut-être hâter un rapprochement qu'il prévoyait devoir s'opérer inévitablement entre la France du Nord et la France du Midi ; peut-être cherchait-il seulement à satis- faire l'orgueil maternel de la veuve de Ramon Berenguer, qui désirait pour sa quatrième fille un époux de race royale. Quoi qu'il en soit, il faut attribuera l'influence de Romeu autant qu'aux menées de la reine-mère de France, le succès de cette œuvre, qui a valu au conseiller de

* « Les Provençaux ont pour les Français une haioe inexorable. » (Grande Cbron. de Mathieu Paris, ad ann. 4345.)

ÉCHEC BN PROVENCE 109

RamoQ Bereogaer Thonneur de figarer dans le Paradis d'Alighieri *.

Pendant que les émissaires de la reine Blanche cher- chaient, par Targent, les promesses et les menaces, à créer en Provence un parti qui soutint les prétentions de Charles, frère de saint Louis, à la main de l'héritière du comté, des troupes françaises s'avançaient avec la double mission d*appuyer, selon les circonstances, soit les projets du prince Charles, soit une réclamation de la reine de France, Marguerite , en qualité de fille aînée du comte défunt ^.

Au lieu d*accourir en Provence à la tête d*une armée et de se joindre au roi d*Aragon , qui avait fait preuve en cette circonstance d*une remarquable activité, Ray- mond Vil , avec le défaut de pénétration qui le carac- térise, n'avait rien trouvé de mieux à faire que d'im- plorer par lettre Tappui du comte de Savoie , oncle de la jeune comtesse , et celui de la reine Blanche elle- même.

Il vint cependant en Provence ; mais, trompé par de perfides conseils, que le seigneur de Lunel lui avait donnés sous l'inspiration de Romeu et d'Albeta, il était seul et sans armée. Sur ces entrefaites , le Pape, cédant aux instances de la mère de saint Louis, refusait pour le mariage de Raymond et de Béatrix la dispense qu'il

^ Edentro alla présente Margherita

Lace la luce di Romeo, di oui

Fu l*opra grande e bella mal gradita t

* Ma i Provenzali che fer contra lui

Non hanno riso : e perd mal cammina

Quai si fa danno del ben fare altrui. Quatre flglie ebbe, et ciascuna reina ,

Ramondo Berlinghieri ; e ci6 11 fece

Romeo persona umile e peregrina.

(Dante, Paradiso, cant YI.) 3 Grande Chron. de Math. Paris, ad ann. 4246.

110 LITIB Ul f CHAPIfAI Y

avait promise ; enfin Charles se mettait à ia tète des troupes envoyées par son frère, et marchait vers Aix pour s'emparer de Béatrix. Les quelques hommes d'armes que Jacme avait rassemblés à la hâte n'étaient pas de force à résister aux Français; le roi d'Aragon avait compté sur l'appui du comte de Toulouse ; ce secours lui faisant défaut , il dut battre en retraite et abandonner au frère de saint Louis la riche proie que le Nord arrachait irré- vocablement au Midi\

Le 31 janvier 1246, Charles , à qui le roi son frère devait quelques mois plus tard donner en apanage les comtés d'Anjou et da Maine, épousait la fille de Ramoo Berenguer Y, et le plus beau domaine de la maison de Barcelone au nord des Pyrénées tombait au pouvoir de la famille capétienne.

La domination française pesa sur les Provençaux comme une honte. Tandis que les conseillers du dernier comte , oubliant les intentions de leur maitre , livraient la nation à un voisin qui était presque un ennemi , le peuple murmurait et espérait, tournant ses regards vers Toulouse et surtout vers l' Aragon.

On ne pouvait croire que le vainqueur des Sarrasins d'Espagne, le Conquistador y qui remplissait l'Europe du bruit de ses exploits, laissât les Français s'établir à jamais dans les pays avaient dominé ses ancêtres. On pensait voir bientôt le roi d'Aragon , le comte de Tou- louse, le roi d'Angleterre, se liguer contre la maison de France ; on attendait, et cette attente explique le calme apparent des premières années du règne de Charles d'Anjou en Provence.

' Voyez Chronique de Guill. de Puy--Laureas, obap. xlvii ; Chrtm. Massik apad Latbe, Bibliodi.j p. 342 ; Grande Chron. de llaih. Paris, ad ann. 4246.

PLAlMTBS BBS PROTBRÇàUX 111

Les tronbadoars, cependant, parcouraient le pays de château en château , entretenant dans le cœur des Pro- vençaux le souvenir si cher de leurs anciens seigneurs, et censurant indirectement les défauts du bouillant et impérieux Charles par Téloge des douces qualités de Ramon BerenguerV. « En quoy faisant, dit Jehan de Nostradamus à propos de Pierre Brémont de Noves , il gaigna un thrésor. Hais pour ce que par iceiuy chant il parloit contre la mayson d* Anjou et de ce que la Prou- vence estoit tombée entre mains de ceux de France , luy fut conseillé par ses grands seigneurs et amis de se taire *. »

« Désormais, chantait Aimeric dePegulha, les Pro- vençaux vivront dans la douleur, car d'un vaillant sei- gneur ils tombent sous un sire.... Hélas! Provençaux, en quelle désolation vous êtes restés et en quel déshon- neur! Vous avez perdu gaité, jeux et plaisirs. Vous êtes tombés aux mains de ceux de France; mieux vous vaudrait élre tout à fait morts. Celui par qui vous pourriez être délivrés ne trouve en vous ni loyauté ni confiance. Hélas ! mal pourvus de seigneurs et d'honneur , on ne vous bâtira plus villes ni châteaux-forts. Serfs des Fran- çais , pour le droit ni pour le tort vous n'oserez porter écu ni lance*. >

^ Jehan de Nostradamus , Vies des plus oélèhres et anciens poëtes provençaux qui ont floury du temps des comtes de Provence , pag. 12S.

* Âimeric de Pegulha était fils d'un marchand de drap de Tou- louse. Son allusion au seigneur qui pouvait délivrer les Provençaux peut se rapporter également à Raymond VII et au roi Jacme 1". ^ VEist. litt. de la France (t. XVIII, p. 694), a donné pour la pre- mière fois le texte de ce fragment, que l'abbé Millot avait inexacte- ment traduit. Celte pièce se trouve dans le manuscrit n<» 722S de la Bibliothèque impériale.

lli LIVRE m, CHAPITRE V

Tout autre que Jacme n'eût pas manqué de profiter de pareilles dispositions; mais, soit qu'il comptât peu sur Tappui du comte de Toulouse et du roi d'Angleterre, soit que la nationalité méridionale lui parût condamnée sans retour, et qu'il vit la main de Dieu dans les évé- nementsqni semblaient conspirer pour assurer l'extinction des dynasties méridionales\ il parait s'être résigné aus- sitôt à l'abandon delà Provence.

En vain les troubadours , ne comprenant pas qu'un roi conquérant hésitât à en appeler aux armes , exci- taient-ils le monarque aragonais à la guerre; en vain essayaient-ils de produire un soulèvement parmi les Provençaux , dans l'espoir de voir accourir au secours des révoltés les adversaires naturels de la maison de France. Une sage politique conseillait à Jacme l'inaction que l'incapacité et la légèreté d'esprit inspiraient à Ray- mond YII et à Henri III.

« Je crois que le roi anglais a le hoquet, s'écriait avec colère Boniface de Castellane , tant on le voit rester muet pour demander ses possessions.... tandis qu'il devrait conduire de tous côtés soldats et chevaux armés jusqu'à ce qu'il eût recouvré ses domaines.

p Le lâche roi auquel appartient l'Âragon fait toute l'année procès à maint pauvre diable ; il serait mieux , à mon avis, qu'il demandât avec ses barous (vengeance pour) son père, qui était preux et bon et qui fut tué chez ses

voisins •. »

* Quid hic dicam ? écrivait Guillaume de Puy-Laurens, chapelain de Raymond VII, jampridem per hœc antecedentia prœsumi poterat quod Deo non plciceret quod ultimus comês contraheret , aut plus ha- béret eobolem quam habebat. (Gbron. de Guili. de Puy-Laurens, chap. XLVii.)

^ Raynouard, Choix depoésiee des Troubadours, t. Y, p. 408.

PLAINTES DES PROVENÇAUX 113

NoDs ne savons à quels procès celte dernière strophe fait allusion, mais les réformes législatives dont lesirvente qui précède doit être à peu près contemporain, les inno- vations introduites dans la procédure, l'influence crois- sante des légistes en Aragon, pourraient bien avoir inspiré la boutade du guerroyeur Boniface. Homme d*épée avant tout, le noble troubadour avait voué une haine à mort « aux avocats qu*on voit se démener à grand bruit » . . . . et à « cesconseils de prélats que nul homme ne vitjamais contents et qui, lorsqu'on leur explique son droit, disent : «Tout cela n'est rien, tout appartient vraiment au comte»\ Charles d'Anjou faisait faire des recherches en Provence pour réunir à son domaine ce qui eu avait été démembré par l'usurpation des grands vassaux du pays ; de Tirri- tation de Boniface de Castellane, dont la famille, Tune des plus puissantes de Provence, était aussi Tune des plus tracassées par les commissaires du comte V

Le fougueux Boniface flagelle de ses vers non-seule- ment les princes qui abandonnent la cause du Midi, mais ses compatriotes eux-mêmes qui n'osent secouer un joug odieux :

< Je ferai un sirvente avec des paroles cuisantes, dans lequel, à la face de tous les lâches, je dirai aux Provençaux pauvres et abattus que ces Français ne laissent même pas leschausses à la gent paresseuse et sans courage. . . Si je me rencontre un jour avec leurs chefs et qu'ils m'atta-

* Raynouard, Choix de poésies des Troubadours, t. IV, p. âU.

« Un aulre poêle genlilhorameparlageraversion de Caslellane pour les gens de robe, c'est Bertrand d'Allamanon, dont on peut voir les sîrvenles dans le recueil de M. Raynouard,t. IV, p. 222. Papon (Hwt. génér. de Prov., t. lil, p. 438) et Millol {Hist. litt. des Troub,, 1. 1, p. 402.) ont donné la traduction de plusieurs pièces de cetrou- badour.

T. n. 8

qaenl, ils en seront dolenU; tant je les frapperai que DQOD épée en sera sanglante et qae de ma lance il ne restera qa*un tronçon.»

« Lemalhear des Provençaux roeplait, car aacnn d*eax n*y prend garde. Les Français sont si habiles que quelque jour ils les feront venir attachés avec un lien d* osier. Ils ne gardent avec eux aucun ménagement, tant ils les tien* nent pour lâches ^ »

Un autre poète, qui ne parait pas avoir eu les mêmes motifs personnels de colère contre les nouveaux domina- teurs, Guillem de Montagnagol, s'exprime en termes non moins énergiques :

« Ce pays ne doit plus s'appelerProenza (vaillance), mais il aura nom Falhenza (l&cheté), puisqu'il achangé une domination loyale et douce pour une cupide tyrannie V* Plus bas, Guillem souhaite que le roi d* Aragon, qui a mis en déroule les Sarrasins espagnols, vienne combattre les Français, < puisqu'il a vaincu leurs vainqueurs il en triomphera aisément. Cependant la domination française va grandissant ; le roi d'Aragon et le comte de Toulouse seronldéshoororés s'ils ne tirenlvengeance de leurs humi- liations '. >

Ce sirvefite, évidemment postérieur à la bataille de Mansourah, à laquelle il fait a lasion, prouve que l'espoir des Provençaux persistait après plusieurs années d'attente vaine. Charles d'Anjou semblait d'ailleurs avoir pris à tâche de jnstifier, par la dureté de sa domination, les

* Raynouard, Choix de poésies des Troubadours, t. V. p. 109, et t. IV p. 214.

2 Hist. liU. de la France, t. XIX, p. 49 t.

» Millot, Hist, lut. des Troubadours, t. III. p. 96 ; Papon, Hist. gén. deProv., t. 111, p. 447 ; Milà, de los Trov, en Espana , p. 475.

PLAINTES BBS PROVENÇAUX liK

plaintes de ses nonveani sujets, et de conserrer daDS leur coeur le souvenir de la palernetle administration des comtes de la maison de Barcelone. Vingt ans s*élaieat écoulés depoîs la mort de Ramon Berenguer, que la Provence implorait encore le secours des princes arago- nais, comme le prouve la pastorale suivante, dialogue entre une bergère et le troubadour Paulet, de Marseille :

Mais s'il tous ptait, seigneur, demande la bergère au poète, dites^moi^ au sujet du comte qui tient la ProveMe, pourquoi il tue les Provençaux et les détruit, lorsqu'ils ne lai ont forfait en rien, et pourquoi il veut et pense ainsi dépouiller le roi Manfred qui n'a, je crois, aucun tort, ne tient de lui aucune terre et n'a été pour rien, je pense, dans la mort du preux comte d'Artois *, . .

» Jouvencelle, répond le troubadour, par ^orgueil qu'il porte en soi, le comte d'Anjou est sans merci pour les Provençaux, et les clercs sont pour lui la pierre et le fusil *, et pourcela il croit dépouiller le roi, qui est habile, preux et qui soutient la véritable valeur. Mais ce qui m'encourage (c'est que) les Français n'arriveront là-bas*, à ce qu'il me paraît, que si avec les leurs s'aecorde le vaillant et puissant roi Manfred ^

' Par ceUo allusion, Paulel veut faire entendre que Charles d'An- jou aurait mieux fait de venger la mon de son frère Robert d'Ar- tois, tué par les Sarrasins, que de jeter le trouble dans la chré^. tienté.

^Colzefozil. (?ot2signifiaitpierreelplus particulièrement pierre à aiguiser. On appelait également fozil^ fusil, la pièce d'acier avec laquelle on bat la pierre pour en tirer du feu, et un morceau de fer ou d'acier qui sert à aiguiser les couleaux ; on peut donc traduire ce passage de deux manières : a Les clercs sont pour lui la pierre et le fusil dont il se sert pour allumer Tincendie n , ou bien : « Les clercs sont pour lui la pierre et Pacier sur lesquels il aiguise son glaive. »

'A Naples.

* Nous traduisons ces deux première? strophes d'après le t^xte

116 LITRE III, GHAPITHE Y

* nDites-moi, seignear, si le noble infant d'Aragon* demandera ce qai appartient à sa famille. Puisqu'il est bon et brave, je voudrais qu'il en donnât des preuves en chassant de notre pays les usurpateurs de son bien.

» Nous devons beaucoup espérer de l'attachement des Provençaux p'our l'infant dont ils revendiqueront les droits. Il serait à souhaiter que le Pape fût pour lui.

» Je voudrais voir le noble infant et Edouard* bien unis entre eux. Avec leurs grandes qualités, sortis de la même tige, chers à leurs amis, redoutés de leurs ennemis, ils acquerraient beaucoup plus de gloire en se soutenant l'un l'autre et feraient de grandes conquêtes.

» Je souhaite que le roi d'Aragon, lui qui a tant de sens, prenne garde au plus tôt à sa réputation et à sa gloire, car, s'il diffère, ni roi ni empereur ne daignera plus le regarder. Les deux jeunes princes, l'infant et Edouard, sont généreux, habiles, bien armés, il ne convient pas qu'ils restent dépouillés de leur héritage. Que ne dresse-t-on vite le jeu et la table maint heaume sera fendu et maint haubert démaillé.

» Seigneur Pierre , dit la bergère s'adressant au prince aragonais , que par vous les malheureux Proven- çaux soient protégés et honorés.

» Bergère, vous m'avez comblé de joie par les louanges que vous avez données à l'infant ; car je ne sais point de prince qui aime autant la vertu. »

qu'en a donné M. Raynouard {Choix de poésies des Troubadnursj t. Y, p. 277). Pour les suivantes, dont le texte nous manque, nous empruntons la traduction de Tabbé Miliot {Hist, litt. des Troub., t. m, p. 443).

* Pierre, fils aine de Jacme et d'Yolande.

* Edouard, fils aine du roi Henri III d'Angleterre et de Léonor de Provence.

LA PROVENCE A LA MAISON DE FRANGE 117

Lorsque ces vers se chantaient en Provence, il y avait longtemps qae Jacme avait définitivement renoncé à re- vendiquer rbéritage de son cousin Ramon Berenguer. Le 17 juillet 1258, aussitôt après la ratification du traité de Corbeil, le roi d* Aragon avait fait, en faveur de Mar- guerite, reine de France, cession définitive de tous ses droits sur les comtés de Provence et de Forcalquier*; droits très-réels, quoi qu'en aient dit quelques historiens français. Les règles de succession féodale les consacraient, et Jacme les rappelait encore dans une lettre ferme et digne qu'en Tannée 1262 il écrivait à Charles d'Anjou pour se plaindre de ce que des troupes provençales , con- duites par Charles lui-même , étaient venues poursuivre jusque dans le grau de Montpellier des Marseillais révoltés contre leur comte : « Vous devriez être satisfait de ce que nous avons fait au sujet du comté de Provence, que nous aurions pu avoir parce qu'il avait appartenu à notre famille , et que , cependant, à cause de l'amitié et de la parenté qui nous lient à l'illustre roi de France, votre frère et à vous, nous n'avons pas voulu recevoir*. »

Les vers du troubadour Paulet, que nous citions tout à l'heure, font supposer que la cession du 27 juillet 1258

* Les difficultés entre Marguerite, reine de France, et Béatrix, comtesse de Provence, au sujet de la succession de leur père, ne furent terminées qu'en 4284. (Voy. Mémoire touchant les réclama^' tions que Marguerite, reine de France^ et Elionor^ reine d'Angleterre, firent de leurs droits sur la Provence, etc., par M. de Bréquigny, p. 449 du tome XLIII (ancien) des Mém. de VAcad. des Inscrip. et Belles-Lettres)*

3 Voyez cette lettre dans nos Pièces justificatives, XVI. Elle ne porte aucune date dans le registre des archives d'Aragon elle existe en brouillon, mais la date des actes qui la précèdent et qui la suivent dans le même registre, jointe aux événements auxquels elle fait allusion, la place à Tan 4S62.

ii8 LIYRB ai f GHAPITEB V

fut tenue secrète, afin peut-être de laisser aux Provençaux un espoir qui leur faisait supporter plus patiemment la domination étrangère.

De 1246 à 1258 , pendant tout le temps que durèrent entre Jacme et saint Louis les démêlés dont nous parle- rons bientôt, la possibilité d*une revendication de la Provence par le roi d*Aragon resta suspendue comme une menace sur la maison de France , et contribua peut-être à hâter la conclusion du traité de Corbeil et du mariage qui en fut la conséquence.

Mais, en réalité, dès le 31 janvier i 246, la Provence est à jamais séparée de la grande nation méridionale ; après cette date, il y a encore des regrets, des désirs et des espérances , qui se manifestent par les plaintes des troubadours et par les agitations du peuple, mais plus de tentative apparente d'un souverain du Midi pour re- conquérir ce beau pays au profit d'une nationalité dont chaque jour voit disparaître un lambeau.

C'est probablement au retour de son infructueuse expé- dition en Provence, que Jacme fit à Montpellier le séjour dont parle Gariel à l'année 1246 ^ Le vicomte de Béziers Treocavel, qui jusqu'alors était resté à sa cour, l'accom- pagnait sans doute et demeura dans le pays, car, peu de temps après, il fit sa soumission au roi de France, qui lui donnasix cents livres de rentes en échange de tous ses droits sur les six vicomtes d'Âlbi, de Béziers , de Car- cassonne, deRazez, d'Agdeetde Nimes (4246-1247 ').

Durant cette fatale année 1246 , qui vit la couronne comtale de Provence échapper à la dynastie barcelonaise,

* Séries prmultÊm mog^hn, p. 3&9-

* Voy. Dom Vaissôte, Hist. de Lang.^ liv. XXY, ehap. xcvu, et Preuves du tome 111, in-^, n^ 275.

B&e llkchë, qtie aïs peut effacer l^éclat mâme la gloire, ▼int obscarcir la renommée da Conquistador. Voici le fait tel qu*il résulte des documents contemporains.

Berengner de Castetlbisbal , ce dominicain que Jacme avait désigné datis son testament de 1343 pour être Tun des exécuteurs de ses dernières tolontés , atait oublié ses devoirs de prêtre au point de révéler un secret que le roi lui avait avoué en confession. Il aurait même conspiré contre son Bodverain, si Ton en croit une lettre de Jacme à Innocent IV, que celui-ci rappelle dans sa réponse ^

Indigné de se voir trahi par un homme qu'il avait comblé de ses faveurs et « traité presque comme le plus honoré parmi les plus grands », le roi exila le frère prê- cheur. Mais, bientôt après, Berenguerfut nommé évéqué de Girone, et, fort de sa nouvelle dignité, il rentra en Catalogne sans Tautorisation royale pour prendre pos- session de son siège.

À cette nouvelle, Jacme irrité donna Tordre de s*èm- parer du prélat et de lui couper la langue. Cette sentence barbare fut exécutée; mais Rome ne fit pas longtemps attendre le châtiment. L'audacieux monarque fut ex- communié et rinterdit mis sur ses Etats.

Ce n'était pas la première fois que Jacme attirait sur loi les foudres de TÉglisei En 1237, le Pape Tavalt frappé d'anathème pour injures enverà Tévêqu^ de Sara- gosse. Une lettre de Grégoire IX est le seul document qoi mentionné cette excommunication sans donner d'au- tre détail ; elle nous apprend seulement que l'absolu- tion, implorée bientôt après par le roi pendant âne maladie, lui fut donnée par < Ramon, de l'ordre des

' « Alias qoamplura contra te graviamachinando. » (Innocent IV, /f6. 111, 0p. <mr» 27. -^ Raynaldiy Annales eeelesiaet. ad annum 4246.)

120 LITBK m , CBAPITBK

Frères prêcheurs, chapelain et péniteDcier du Souve- rain Pontife*. »

Innocent lY se montra moins prompt à pardonner que ne Tavait été Grégoire IX ; il est vrai que, en sollicitant rindulgence du Saint-Père, Jacme n'avait pas abjuré tout sentiment de colère contre Berenguer de Gastellbisbal, puisqu'il demandait au Pape d'éloigner Tévéque des États aragonais.

« Il n'est pas digne de la sagesse d'un roi, répond le Souverain Pontife, de croire légèrement que l'évéque ait trahi le secret de la confession , et de l'affirmer avec persistance. Cette accusation n'est pas vraisemblable, et l'on y croit d'autant moins que la preuve en est très-difficile à faire Nous ne pouvons ac- cueillir votre demande; car, d'après les termes de votre lettre, vous ne paraissez pas avoir l'esprit de pénitence, mais bien plutôt des sentiments de colère contre ledit

évéque Quand même il vous aurait offensé, il ne

vous était nullement permis d'en tirer vengeance, mais vous deviez aussitôt en demander justice à celui qui est

son maître et son juge Nous vous envoyons

frère Didier, notre pénitencier, pour vous représenter la grandeur de votre faute et vous donner un conseil salu- taire Revenez donc à vous Humiliez-vous

devant le roi céleste par lequel vous régnez ici-bas

Nous espérons que Celui qui désire la conversion et la vie du pécheur, tenant compte de vos bonnes actions passées, daignera se souvenir de vous et vous accorder la grâce de bien penser et de bien agir *... >

^ C^est saint Ramon de Penyafort. Yoy. Raynaldi, Annales eccUs., ad ann. i23^ 26. - Grég, IX, «6. X, ép, 35Ï.

* Donné à Lyon le «Odes kaiendes de juillet, an III du pontificat d'Innocent IV. (22 juin 1246). —Voy. Innoc. IV, «6. III, «p. eur. 27. Raynald., Ann. eocles» , ad ann. 4246.

ABSC^LUTIOM DE JAGME 431

Le roi se soamit. Il envoya à Lyoa Andréa de Âlbalat, qai fat plas tard évéqae de Valence S porter aax pieds da Saint-Père Texpression de son repentir *. Philippe, évèqae de Camerino, fat alors adjoint aa frère Didier poar terminer l'affaire. Une réunion des prélats, abbés et seignears da royaame fat con?oqaée à Lérida; là, en présence de toat le peaple, le roi confessa son crime à genoax en jarant de ne pins porter à Tavenir ane main téméraire sar < les clercs et les personnes religieuses. » Il promit, en expiation de sa faute, d*achever le monas- tère de Benifaza, de l'ordre de Giteaux, de le doter de telle façon que quarante moines passent y être entrete- nus, de dépenser deux cents marcs d'argent pour la con- struction de l'église de ce monastère, d'ajouter à la dotation de l'hôpital de Saint- Vincent de Valence ane somme annuelle de six cents marcs d'argent, et de fonder enfin une messe quotidienne et perpétuelle dans l'église de Girone.

À ces conditions, le Pape, par une bulle du 22 sep- tembre 1246, conféra à ses deux légats le pouvoir de donner l'absolution au roi; cette cérémonie eut liea solennellement àLéridale 19 octobre delà même année'.

Au récit que noas venons de faire, et sur l'authenticité

* Quoi qu'en aient dit Miedes, Raynaldi et quelques autres histo- riens, Andreude Albalat ne fut évoque de Valence que le 30 octobre 4 248 (Yoy. Diago, Anales del reyno de Valeneia^ t* 440, d'après les archives du chapitre de Valence. }

' Miedes {Vida de donJayme, liv. XIV) dit avoir vu dans les ar- chives du monastère de Benifaza la copie de deux lettres adressées par Jacme au Souverain Pontife. L'une était celle que porta Andreu de Albalat, Tautre contenait les reroerciments du roi à Innocent TV après avoir obtenu l'absolution .

* Voyez la sentence d'absolution dans nos Pièces justificatives, n* VI.

dù^ael lés lettres d'Innoôent lY ne peaveni laisser planer aucun dbute, iMiedes, Mariana et, après eui, Raynaldt et Tàbbé Fleury * ont ajouté des expiicatiôhs et dés détails qui, faute de preuves, ne peuvent être acceptés qu*avec la plus grande réserve V

Au moment souverain aragonais allait épouser Yolande de Hongrie, disent ces auteurs, la cour de Rome futsaisie d*ùne opposition faite par la maîtresse de Jacme, TeresaGil de Vidaure, qui prétendait aVoir reçu du roi Une promesse de mariage. Les preuves ayant fait défaut, la demande déTeresa d'û fut rejetée. Il y avait près de dix ans C^\ïe Yolande était rei ne d* Aragon, lorsque le bruit se répandit que la question du mariage de doâa Teresa allait être examinée de nouveau, à la suite de révélations faites au Saint-Père. De là, ches Jacme, cette colère qui eut de si funestes conséquences pour Berenguer de Cas- tellbisbal. « Quelques-uns, dit Ferreras, prétendent que ce fut le dessein qu*il avait formé et dont Tévéqueinstrui- âtt Pape, répudier Yolande et d*épouser dona Thé- rèse Vidauré dont il était épris ; d*autres veuUbt que c'ait été TeûVie qu*ll avait de âe reodarier atèc cette dame en caâ que la reine Vint à mourir : plusieurs enfin allèguent

* Hi$i. aocMff., liv. LKXXII » § 42. Voyez aussi Marca hispaniea , Ub. IV, eol.SSr

* Mariana {Hist. genetal déBêpana, Hb. XIII, cap. vi),apTèsavMr raconté, avec les plus grands détails, cetépisode du règne de Jacme, dit, d'une manière générale, et sans préciser aucun point en parti- éulier, 4ué son récit est tiré des archirés du monastère de fienifan; « ittfTîs, ajoutent*!!, les hititoriens espagnols gardent le silence à ce ^jét; le lecteur verra ce qu'il doit croire. » On peut juger pai" du degré de confiance de l'auteur dans les arehif es qu'U mentionne en passant < Mariana ne paraît pas avoir connu Miedes, dont le récit est assez semblable au sien.

TEBE8A GIL DB TIDAURE 123

d'autres raisons, sans qa*il soit possible de découvrir la ▼érité dans ce labyrinthe d'opinions * > .

Quelle que soit la cause de cet acte de barbarie, il n'est pas possible de le révoquer en doute *, et l'on doit blâmer Zurita de l'avoir passé sous silence. Plus vif est l'enthou- siasme dont l'historien se sent saisi en étudiant la vie d'un grand prince, et plus impérieux est son devoir de ne rien cacher des imperfections de son héros. Lorsqu'on a fait la part des défauts, des vices môme de la nature humaine, on peut avec plus de liberté admirer ce qui est digne d'admiration. Pour racheter quelques taches, que rien malheureusement ne doit faire oublier, les splen- deurs ne manquent pas dans le long et magnifique règne de Jacme le Conquérant, de Jacme le Législateur.

^ Ferreras, Histoire générale d* Espagne^ trad. de d^Hermiily, par- tie VI, adam. 42i6.

* Voyez les faibles objections rapportées par Villaroya ((/oleccton de carias hisioricO'Critieas, etc., p. 486).

CHAPITRE VI

Promulgation des fucroi de Huesca. Mouvement législatif du XIII* siècle. Caractère et division des travaux législatifs de Jacme I". Vital de Canellas. - LÉGISLATION DES PAYS DE DROIT ROMAIN.

Montpellier. Perpignan. LÉGISLATION DES PAYS CATA- LANS. — Le hero JQzgOy les nsalges, les lois de Jacme I".— Influence des principes romains. -7 Droit féodal. Lois successorales. Dot et screix. Procédure. La torture, le duel judiciaire. Lois d'ordre public. Lois somptuaires. Lois religieuses; les Juifs et les Sarrasins. Organisation judiciaire. La earla poebla de Figueras.

Le fœro de Mayorque.

Les premiers jours de Tannée 1247 , la plus calme peat-ôtre mais nou la moins glorieuse du règne agité qui nous occupe , furent marqués par la promulgation solen- nelle , au sein des certes réunies à Huesca, du code du droit privé de T Aragon *.

On connaît le mouvement législatif qui se produisit en Europe auXIIP siècle. A cette époque, la féodalité a , presque partout, accompli la mission qui lui était dévolue dausTœuvredu progrès social. Elle a attaché fortement

* Les /îu^rofd^Aragonfiirdot promulgués le 8 des ides de janvier (6 janvier)deran delà Natiyité 4247. (Yoy.Fueros d'Aragon; liste des rois qui ont tenu des certes générales.)

126 LIVRE III , CHAPITRE YI

an sol les destructeurs nomades des antiques civilisations, et en a fait une digue puissante pour arrêter de nouveaux envahisseurs. L'exagération même du principe de pro- priété a servi à poser plus solidement les bases sur les- quelles, après bien des tâtonnements et des reconstruc- tions, doit s*élever Tédifice de la civilisation moderne.

Le système féodal a donc rempli sa tâche ; tout le bien qu'il pouvait faire est réalisé; et, dès lors, sous son action trop prolongée , les abus auxquels il a donné nais- sance grandissent dans des proportions effrayantes. Les défenseurs^nés de la nation contre les ennemis du dehors allument au cœur même du pays des guerres désas- treuses. Oubliant les exemples de leurs ancêtres barbares, qui, eux du moins, obéissaient à des lois, les seigneurs terriens, affranchis de toute espèce d'autorité, parvien- nent à substituer à une loi protectrice la volonté du plus fort , tantôt franche dans sa brutalité , tantôt dissimulée sous des traditions obscures, sous des coutumes incer- taines, qui varient d'un fief à un autre , d'un village au village voisin.

Afin de remédier à ces désorires , les peuples et les rois se liguent contre une institution qui opprime les uns et annihile les autres. Mais il ne suffit pas de supprimer un rouage quelque imparfait qu'il puisse être , il faut le remplacer; or il restait encore à l'aristocratie deux rôles qui ne manquaient pas de grandeur, bien qu'elle les ait oubliés trop souvent : défendre le trône et le pays contre l'étranger , défendre les libertés publiques contre le trône. La réorganisation des milices communales*, les

^ On sait que l'origine des milices communales ou urbaines re- monte à Tempire romain , mais que ces troupes se réorganisèrent et acquirent une importance réelle à Pépoqjue de rétablissement des communes.

MOCTEMEl^'V V¥^lS(;A^ir QU XI|1« SIÈCLE 1)7

tentatives pour entretçair 49S coK)p9gn,ies. mercenaires et des troupes permanentes, portèrent des coups succès* sifs à eelle de ces deux prérogatives qaç Tesprit^ militaire de la noblesse rendait la plus difficile à détruire ; Tautre fat attaquée avec succès par les réformes qui tendaient k donner àchaque nation un corps de lois fixes et générales, basées, autant que Tesprit des populations le permettait, sur les principes de Tabsolutisme romain ; à instituer des tribunaux chargés de distribuer équitablement la justice aux faibles comme aux forts ; à remplacer , en un mot , par une plus grande somme de garanties individuelles, les libertés publiques confisquées au profit de la royauté.

G*est au XIII® siècle que ces essais de rénovation légis- lative, dirigés presque partout contrôla féodalité, se produisent dans les principaux États européens. En France , sous Tinfluence de Louis IX, le droit coutnmier cherche à se fixer et les Élabliseemenis sont réunis sous la forme d*un code, sinon d'après les ordres exprès du saint roi, du moins conformément à ses idées; en Allemagne , Frédéric II importe le droit romain de toutes pièces; en Italie, le même empereur trace un nouveau plan de législation ; en Castille , Fernand III lègue à son fils ses projets de réforme, qui sont mis en œuvre par Alfonse le Savant ; en Portugal , Alfonse II impose un nouveau code à ses peuples; enfin, comme contre-poids à Tautorité toujours croissante du droit civil, Grégoire IX fait recueillir par le catalan Ramon de Penyafort le corps de décrétâtes qui porte son nom. Un esprit ami du progrès, comme Tétait celui du plus grand roi de TAragon, ne pouvait rester en dehors de ce courant ; aussi voyons- nous le conquérant des Baléares et de Valence s'engager des pre.miers dans cette voie de réformes, qui dt^vait infailliblement conduire , apc^s ua temps plu3 ou mQiâ$

128 LITRE m , CHAPITRE VI

loDg , à rélévation de la royauté absolue sur les ruines du pouvoir féodal.

Les travaux législatifs de Jacme 1*% antérieurs àceni de saint Louis etd*Alfonse X, plus complets et d'une application plus générale que les Établissements, plus pratiques , mieux adaptés aux besoins et aux mœurs du temps que les Siele Partidas do Castille , ont eu, sur la plupart des recueils dont nous parlions tout à Theure , le double avantage de s*étre fait accepter immédiatement comme lois de TÉtat , et de renfermer assez d'éléments de vitalité pour que , de nos jours encore , quelques-unes de leurs dispositions soient invoquées dans les pays pour lesquels ils ont été promulgués.

Les États sur lesquels régnait Jacme le Conquérant n*étaient autre chose, nous Tavons déjà dit, qu'un groupe de peuples notablement différents entre eux de mœurs et de coutumes , malgré une certaine communauté d'ori- gine et de traditions.

La formule qu'on lit en tête des actes du Conquistador n'est pas un vain étalage de qualifications pompeuses , comme beaucoup de formules analogues , mais bien la constatation d'un fait sur lequel l'attention des historiens ne s'est peut-être pas assez arrêtée. Roi d'Aragon, roi de Mayorque , roi de Valence , comte de Barcelone , seigneur de Montpellier, ce sont cinq titres reposant sur la même tête, mais n'ayant d'autre connexion entre eux que ce rapprochement pour ainsi dire fortuit \ Si , à défaut d'une expression plus exacte et aussi concise ,

^ Nous devons cependant faire une réserve en ce qui touche le royaume de Mayorque. Malgré quelques différences dans Torganisa- lion et les lois, les Baléares, conquises au profit des Catalans et en grande partie peuplées par eux, peuvent être considérées comme réellement unies au comté de Barcelone.

LES ÉtATS DB JkCUE 1*' 129

on a rhabitnde do désigner Tensemble de ces divers pays sous les noms d*États de la couronne d*Âragon « États aragonais, ces expressions n*impliquent aucune supériorité politique , administrative ou législative du royaume dont Saragosse est la capitale sur les royaumes^ le comté et la seigneurie auxquels il est joint sans être uni , et qui conservent chacun leur capitale indépendante. Il n*est donc possible d'établir aucune ana- logie entre les effets de cette juxta- position de plusieurs sceptres dans les mains du même roi et ceux de la réunion de nos grandes provinces à la couronne de France.

Pour avoir oublié cette vérité , on a reproché à Jacme de prétendues atteintes à Tunité de ses États, àTindivi- sibilitédesa couronne. Indivisibilité chimérique, unité dangereuse, sinon impossible, à réaliser entre des pays qui ne voulaient à aucun prix d'une absorption mutuelle.

Un éminent historien, entre autres, a écrit à propos des partages de Jacm e entre ses fils et de la promulgation des fueros de Huesca que le roi a par une heureuse incon- séquence, résolut de doter TAragon* de l'unité législa- tive au moment même il lui enlevait l'unité politique.» Or la communauté de chef , caractère le moins essentiel de l'unité politique, était à peu près le seul lien qui eût jamais réuni les divers Etats de la couronne aragonaise', et, .quant à l'unité législative, essayer de l'imposer à ces peuples eût été une entreprise insensée, indigne du bon

^ Le nom d'Aragon ne peut désigner dans celte phrase que Pen- semblo des Etats aragonais, car Pidée de démembrer le royaume d'Aragon proprement dit ne yinl jamais à l'esprit de Jacme I*'.

2 Nous avons indiqué (t. I, p, 428} comment l'union ou, pour mieux dire, Tassociation de TAragon et de la Catalogne tirait ses principaux avantages des différences mêmes de caractère qui s'oppo-» salent à la fusion ^es deux peuples.

1 a. 9

n

190 LITM III, ClâPimi Tl

sens pratique du souverain dont nous retraçons ia vie. Sisescodesontvécubeaucoup ploslongtempsque les Eta- bliêsements, s*ils n*ont pasété accueillis par des murmures et des résistances comme celui d*Alfonse II de Portugal, s*ilsn*ont pas eu à lutter pendant près d'un siècle ponr se faire adopter par la nation comme les Siete Parlidas^ c'est que, arrivés en leur vrai temps, ni trop en avant ni trop en arrière de la civilisation à laquelle ils devaient s'appli- quer, ils n*ont pas tenté de faire passer sous le même niveau des mœurs et des institutions souvent opposées ; c*est qu'ils ont cherché leur base dans le droit tradition- nel et dans les coutumes de chaque peuple, et qu'enfin il j a eu autant de corps de lois distincts que de pays dif- férents à régir. Et cependant, à travers cette diversité forcée, on aperçoit le désir de Tunité qui utilise tous les traits communs au profit d'une unification future. C'est ce qui donne à l'œuvre du roi conquérant un intérêt tout particulier sous le double rapport de l'histoire et de la législation.

A ce dernier point de vue, nous diviserons les États de Jacme I*' en quatre groupes distincts : T les pays de droit romain ; 2"* les pays catalans; 3" l' Aragon ; 4"* le royaume de Valence.

Le premier groupe comprend les possessions arago- naises du midi de laFrance : la seigneurie de Montpellier, la ville de Perpignan et quelques autres localités du Roussillon^ La loi romaine y formait, en effet, la basede la législation, puisqu'elle servait à combler les lacunes considérables des coutumes locales. Entre ces coutumes d'un côté, et, de l'autre, un corps de lois plus complet que

* Voir, au sujet derautorilédudroit romain à PerpignaOi l'inlro- duction aux coutumes de cette ville, par M. Massot-Reynier , p. 37. (Publ. delà Société archéol. de Montpellier.)

TlUTAUi: LSGI6UTIFS PS MC|IE l^' 194

les besoins de l'époque oe l'exigeaient, il n'y avait place pour aucun nouveau travail législatif de quelque impor- tance.

La Catalogne et ses annexes ; les Baléares et le Rous- sillon, moins les localités régies par le droit romain , reconnaissaient l'autorité du code gothique ou fwrç juzgo, que le comte de Barcelone Ramon Bereoguer le Vieiêx avait tenté de compléter par les usatg^ ^ dès l'année 10C8. La rédaction d'un nouveau code powr ces pays eut eu plus d'inconvénients que d'avantages ; il suf- fisait d'ajouter à l'ancien les dispositions dont la nécessité se faisait sentir au milieu d'une société en progrés.

L* Aragon avait sa législation particulière dans ce célèbre /ii^ro de Sobrarbe, évidemment apocryphe en tant que loi écrite, mais très-réel si Ton désigne sous ce nom l'ensemble des coutumes acceptées à diverses époques comme lois du royaume. Ce droit national aragonais, épars dans les ordonnances des rois, dans les carUia pueblas, dans les traditions Jocales, avait besoin d'être recueilli, rédigé et coordonné; ce travail se fit par les ordres et sous la direction de Jacme, et donna pour résultat le code de 1247.

Le royaume de Valence, deux conquêtes avaient fait table rase de toute législation, le Koran, «tprès avoir remplacé le fuerojuzgo, était proscrit à son tour par les conquérants chrétiens, des populations accourues de tous les points de l'Europe n'avaient pu encore établir une coutume, le royaume de Valence laissait à son nou- veau roi la plus enviable liberté dont il ait jamais été donné à un législateur de jouir: celle d'élever son ouvjre de toutes pièces sur un terrain déblayé d'avance et ni

^ V. notre tomeP', Introd.j p. 51.

1S2 LITRE m, CHAPITRE fl

droits acqnis, ni usages antérieurs ne pouvaient entraver son action. Il eût semblé plus simple, dans rinlérêl de l'unité législative, de réunir Valence à T Aragon, comme on avait réuni les Baléares à la Catalogne; c'est ce que voulait la noblesse aragonaise. Nous verrons plus bas quelles considérations de haute politique engagèrent le roi à repousser cette demande et à faire rédiger le recueil Aesfurs* de Valence.

La division que nous venons d'établir, exacte d'une manière générale, est loin d'être aussi nette dans la pratique. Les nécessités de la conquête, les antiques concessions de privilèges, le respect des droits acquis, les exigences de la noblesse, produisent des exceptions sans nombre au droit commun de chaque pays; de là, un entrelacement de législations à peu près inextricable. Dans le Roussillon se mêlent les lois romaines et les lois catalanes; Mayorque a sa carta-puebla , qui modiCe en plusieurs points importants le droit de la Catalogne; à Valence, les ricos homes arrachent au roi l'autorisation de « peupler en fuero d'Aragon •» les villes qui leur sont données en honneur. Mais, après avoir constaté ces différences pour qu'on ne s'expose pas à attribuer à la législation de cette époque une netteté qui lui manque partout, nous n'avons que peu de compte à en tenir dans une étude générale.

Jamais peut-être législateur ne s'est trouvé dans une position plus propre à faire ressortir la souplesse de son génie. Réduit à peu près à l'inaction dans les pays de droit romain, entièrement libre à Valence, obligé en Catalogne d'ajouter de nouvelles assises à un vieil édifice,

^ Fur est l'équivalent valencien du castillan et de Tatagonais fwro.

VITAL DE GANELLAS 133

et, en Aragon , de mettre en œuvre des matériaux dès longtemps préparés, Jacme sut comprendre la tâche multiple que lui imposait sa situation, et atteindre le seul but qu'il dût raisonnablement se proposer : Tutilité pratique de ses peuples.

Il eut, comme on doit le supposer, des collaborateurs pour des travau?c de ce genre et de cette importance. L'initiative, les idées et les tendances générales, une certaine part dans des innovations de détail, lui appar- tiennent évidemment ; mais il avait à côté de lui un de ces coopéraleurs éminents sans lesquels les hommes de génie eux-mêmes seraient souvent impuissants à réaliser leurs projets les plus grandioses.

Au savant Vital de Canellas, évêque de Huesca\ parent et conseiller de Jacme, revient l'honneur d'une large participation aux travaux de son souverain. L'in- fluence du docte prélat ne s'est pas exercée seulement sur le code de l'Aragon et sur celui de Valence, dans le préambule desquels figure son nom, mais certainement aussi sur tous les actes législatits du règne de Jacme I" V

Parmi ces actes, il faut distinguer, outre les deux recueils fondamentaux dont nous venons de parler:

* Vital de Canellas ou de Gaûellas fut Pun des hommes de son temps les plus versés dans ^histoire et dans la science des lois ; il laissa sur les institutions aragonaises des écrits dont Blancas nous a conservé quelques fragments dans ses Commentaires.

3 On peut voir dans les préambules des codes aragonais et valen- cien que nous donnons dans nos Pièces justificatives (n** VII et VIII), les noms de quelques- uns des collaborateurs du roi Jacme 1***. Tous n'y sont pas nommés cependant. Les plus influents, tant à cause de leur valeur personnelle que de leurs relations fréquentes avec le souverain, paraissent avoir été, après Vital de Canellas :Ximeno Fo- rez de Tarazona et son frère Pedro, jusHcia d'Aragon ; le mesnadero, Assalit de Gudal; Ramon Uurfort, bayle de Barcelone : Père Hartell, Père Sanz et Ramon Mufloz.

134 tlTM m « QftA^lTRB YI

r \^ dispositions postérieures à leur promulgation et dei^tinées à les corriger ou à les complétôr; 2* les ad* ditions aux lois catalanes ; les ordonnances exécutoires à la fois dans plusieurs des États du roi d* Aragon.

Sans nous arrêter à ces distinctions, et pour ne pas scinder une étude dont les vues d'ensemble sont le prin- cipal intérêt, nous allons, à propos du code de 1247, examiner dans son entier, indépendamment de tout ordre chronologique, ToeuTre législative multiple du roi conquérant.

Dans les pays que nous avons appelés de droit romain, cette œuvre, nous venons de le dire, fut à peu près nulle. Les lois impériales, dont les ordonnances des rois wisi* goths avaient été impuissantes à étouffer Tesprit en Septioianie, avaient repris une nouvelle vigueur lorsque les Francs étaient venus rétablir dans cette province le libre usage des lois personnelles. Aussi, lorsque vers 1160 t^lacentin créa à Montpellier la première école de droit que la France ait possédée, Tillustre docteur trouva*t-il le terrain tout préparé à recevoir les doctrines anti- féodales de Bologne.

L'enthousiasme que la législation romaine ressuscitée inspirait à toute TEurope eut à Montpellier un de ses principaux foyers, d*où il rayonna sur le midi de la France. Le Roussillon cependant restait pays gothique, à rexception de Perpignan, dont la population, de race romaine \ conservait ses lois originaires.

Mais, durant la période de confusion la féodalité fractionnait à la fois les législations et les territoires, un nouvel élément s'était formé dans chaque ville des

* Yoy. Mâssat-oReyiiier, Coutumes ds Ferpignaf^f Introd., p. xl ;— Henri, Hist, de Roumllm^ U I, p. 70.

CODTVIIB DB MOirrPEtUSR IK

débris des vieilles lois soumis à Tinflaenoe des besoins locaax : c'était la coalume, œuvre da peuple que le peuple chérissait, et qu'il sentit le besoin de fixer et de conserver par écrit, lorsqu'un droit général essaya de se reformer dans chaque pays S

Montpellier, ville de droit et commune presque repu* blicaine,.a pour coutume un véritable code se retrouvent les doctrines romaines vivifiées par un souffle puissant de liberté V Liberté à chacun de tester selon ses désirs, liberté de manifester sa volonté par la parole seule dans tonte espèce d'actes ou de conventions ', suppression du formalisme romain , simplification de la procédure , diminution des délais et des frais, r^ermis- sement des deux grands principes sociaux de la famille et de la propriété, autorité et parfois juridiction du père de famille sur ses enfants non mariés et les gens de sa maison, jouissance des biens de la femme accordée au mari veuf *, retour des biens de Vintestat sans enfants

* La coutume de Montpellier prit la forme sous laquelle elle est connue de nos jours, en 4204, à l'occasion du mariage du roi Pierre d'Aragon. La rédaction de celle de Perpignan, faussement attribuée iJacme I**, se place, ainsi que Ta démontré fil. Massot-Reynier, entre les années 4 1 72 et 4 1 96.

^ Les coutumes de Montpellier ont été publiées en latin et en roman, par la Société archéologique de cette ville (Petit Thafamus), D'Âigrefeuille en avait déjà donné le texte latin avec une traduction ' et un commentaire (Hist de Montpellier, 1. 1, p. 647.)- En 4738, un jurisconsulte mpntpelliérain , Jean - Edmond Serres , publia une Explication des articles du statut municipal de la ville de Montpel" lier qui sont encore en usage. Voy. aussi Germain , Hist, de la commune de Montpellier, X. i, p. 53.

' L'influence du droit canon n'est pas étrangère sans doute à cette façon large de considérer les engagements contractés. (Voy. Décret, de Grégoire IX. liv, I, tit. XXXV , cbap. 4 et 3 ; liv. III, tit. XXV|, cbap. 4, 40. 44).

* En Catalogne et en Aragon, la veuve non remariée conserve la jouissance de l'béritagedu mari prédécédé. M. Rosseeuw Saint-Hi-

136 uniB m, ghàpitkb ti

à la ligne de laquelle ils lai sont écbus \ exagération des rigaears contre les débiteurs insolvables « voilà les prin- cipales bases sur lesquelles s'appnie le droit civil pro- prement dit de la contume de Montpellier.

Le droit féodal n*y est mentionné que pour réduire à leur expression la plus simple les prérogatives du sei- gneur de la ville. La procédure et la pénalité ont seules gardé Tempreinte des codes barbares. En effet, tout en constatant que les ordalies ou jugements de Dieu sont < désapprouvés par les décrets et les lois * > , la coutume les admet sous toutes leurs formes et, dans tous les cas, sous la seule condition du consentement mutuel des parties. «Les peines sont presque toutes arbitraires, c'est- à-dire déterminées par le juge et non par la loi ^ ; le droit de vengeance personnelle, reconnu dans certains cas, est mitigé par Tobligation d'une déclaration préalable faite par Toffensé au seigneur ou à la cour; la composition

laire (Hist.d^Espagne^ liv. 11, chap. iv), assure que, diaprés le code gothique, c les biens de celui des deux conjoints qui est mort ab in- testat appartiennent àTautre » ; mais la loi M du titre H, liv. IV du fuerojuzgo^ dit expressément que le conjoint n^bérite qu'à défaut de parents au septième degré. C'est à peu près la possession de biens undêvir etuxor du droit romain. Par la loi 14 du même titre , la veuve a droit à l'usufruit d'une portion d'enfant légitime.

* Celte disposition, contraire à la fois à la loi gothique, à la loi romaine et à la loi salique, se retrouve, comme nous le verrons plus bas, dans le code aragonais et dans les constitutions de Cata- logne. C'est ce qu'on appelait, dans certaines coutumes françaises , la succession des propres ou succession suivant la règle paterna pa- ternis, materna matemis,

3 Le droit canon et le droit romain.

' Une seule peine est réglée parla coutume,c'est celle des adul- tères, qui sont promenés nus dans la ville et fouettés. Ce châtiment bizarre est le même à Valence, en Aragon et à Perpignan; mais, dans ces deux derniers pays, les coupables peuvent se racheter en payant uoe amende au tribunal.

COUTUME DE PEBPIGNAN 137

est admise pour les injures et laissée à TappréciatioD du juge*.

La charte de Montpellier a été rédigée par des bour- geois à leur profit et contre Tunique seigneur féodal qui pût être partie dans cet acte, c'est-à-dire contre le sei- gneur de leur ville. Â Perpignan, au contraire, on voit que des nobles et des clercs se sont ligués avec les bourgeois contre leur seigneur commun , car ils n*ont pas oublié destipuler des privilèges en leur faveur, et de réglementer quelques points relatifs aux fiefs et aux guerres privées. Le droit civil occupe dans les coutumes de Perpignan une place infiniment restreinte. Il n*en est guère question que pour reconnaître la validité du testament verbal, pour admettre, à défaut d'enfants, les plus proches parents à rhéritage du défunt intestat sans aucune distinction de biens paternels et maternels, et surtout pour donner au créancier de nombreuses garanties contre son débiteur.

Sur ce dernier point, de même que pour les ordalies* et le droit criminel , les dispositions de la coutume de Perpignan sont à peu près semblables à celles du statut de Montpellier.

L'organisation judiciaire dans chacune de ces deux villes est des plus simples : un bayle^ juge toutes les

* Le fuero juzgo a inspiré la règle inique dUine punition corpo- relle pour la personne d'une condition inférieure qui ne peut payer la composition.

^ Les coutumes proprement dites ne parlent point des épreuves judiciaires. 11 en est question seulemenl dans un privilège de Tan 4462.

^ Les bayles (bajuli, tuteurs, nourriciers ; de bajulare^ porter) «sont ainsi nommés, dit Blancas, d'uprès Vital do Canellas, parce qu'ils remplacent les seigneurs, recueillent pour eux les revenus, et nourrissent ainsi les âls et les familles de leurs maîtres.» Le carao- ère essentiel de leurs fonctions est donc la gestion des domaines royaux ou seigneuriaux et la perception des revenus, avec une juri-

111 Limi RI, CBAPinB TI

causes en première instance; les appels sont portés devant le tribunal du seignear ou de son lieatenant *.

On voit qa'au moment Jacme l" monta sur le trône, les principes des lois impériales étaient en vigaeur pré* cîsément dans la partie de ses Etats ils ne pouvaient être d'aucune utilité pour la puissance royale. Tandis que dans la Péninsule ils auraient servi à battre en brèche une féodalité redoutable, à Montpellier, le roi était seigneur féodal bien plus que souverain , c'est contre lui et au profit d'une oligarchie bourgeoise que Ton invoquait la loi romaine. Nous avons vu' comment Pierre H s'était dessaisi du pouvoir législatif en faveur des consuls de sa ville seigneuriale en les autorisant à établir, & étendre et à réformer tout ce qui leur parai- trait toucher à l'utilité de la commune. Ce fut un droit dont les consuls ne se firent pas faute d'user. U ne resta donc à Jacme que le pouvoir de confirmer les coutumes de la ville et les privilèges octroyés par ses prédécesseurs, et celui de régler quelques points d'administration de concert avec l'autorité consulaire.

 Perpignan, la bourgeoisie était moins puis* santé et l'esprit d'indépendance moins énergique, le roi tenta quelques modifications aux coutumes. Un article, par e&emple , fut excepté de la confirmation royale, c'est celai qui reconnaissait aux témoins le droit abusif de ne

diction spéciale relative à leur administration. Mais, à Montpellier, à Perpignan et en Catalogne, les bayies, oommci du reste, les bail- lis des rois de France, avaient Fentière juridiction civile et criminelle dans rétendue de leur baylie.

* Les coutumes de Perpignan parlent d^un viguier auquel elles refusent toute juridiction dans la viUeet son territoire. C'était évi- demment le viguier de RoussiUon, qui rentre dans Torganisation judiciaire de la Catalogne.

3 Tome I, p. 99,

I

LÉ6I8LATI0M AS LA CATALOGNE 130

pouvoir être forcés à prêter témoignage*. Plus tard, Jacme , approuvant une coutume établie par les habi- tants, en imposa de sa seule autorité une nouvelle sur rappel des sentences interlocutoires, se fondant sur ce motif « que Ton en usait ainsi dans toute la Catalogne ^.>

Ces paroles semblaient présager une prochaine substi- tution du droit catalan aux coutumes locales du Rous- sillon; il n'en fut rien cependant, et Jacme lui-même donna un nouvel empire au statut de Perpignan en Toc- troyant à quelques autres localités '. Cette inconsé- quence pourrait bien n'être qu'apparente et se rattacher à l'exécution du plan commun à tous les législateurs du Xlir siècle : l'introduction des principes du droit romain dans le droit national de chaque peuple. Il eût été im- possible, en effet, d*imposer aux Catalans les lois impé- riales; mais, en profitant d*un contact fortuit pour tenter une fusion qui paraissait toute au bénéfice du droit de la Catalogne, on devait espérer glisser dans celui-ci quelques idées romaines dont le temps développerait un jour les conséquences pratiques.

Le comté de Barcelone et ses dépendances avaient pour droit commun le code gothique modifié par les Usalges. On a comparé les législations successives qui, daus le cours des siècles, s'imposent à un peuple, aux couches géologiques dont Tensemble constitue notre globe; mais les législations font plus que se superposer: elles s'amalgament, se combinent et produisent un nou- veau tout, dont les éléments générateurs ne se laissent

* GeUe réforme, qui paraii avoir été iatroduite en Catalogne par la méflM souveraiO) est intimement liée, comme nous le verrons plus bas, à la suppression du duel judiciaire des témoins.

s Massol-Reynier, Cautumei de Petfngnant p* 44 et 70.

' Idem^ p. 65 et 67.

140 LITRE III, GHAPIXaE Tl

souvent reconnaître qa*avec peine. C'est ce qui arriva en Espagne lorsque la législation nationale des Goths , après avoir vécu longtemps côte à côte avec celle de Rome, finit par se Tassimiler en grande partie, et, sous Faction dominante d'un clergé presque tout romain, par donner naissance à ce célèbre forum judicum* qui a régi la Péninsule pendant de longs siècles.

Sous son style boursouflé, sous son naïf pédantisme, on découvre dans le faero juzgo l'esprit du Code de Théodose en progrès vers la raison et l'équité , grâce aux lumières des évéques espagnols ses rédacteurs*. Tout ce qui a trait au droit civil y porte l'empreinte romaine avec quelques réminiscences germaniques qui s'accentuent plus nettement dans le droit criminel. La composition reparaît dans celui-ci à côté de quelques peines corporelles: le fouet, la décalvation ^, la réduction du condamné en esclavage', enfin la peine de mort dans des cas assez rares. Mais ce qui caractérise surtout -cette œuvre remar- quable, c'est l'appréciation du crime d'après l'intention du coupable et non d'après la matérialité du fait, l'ap-

^ Le code g^othique est désigné en latin sous les noms de codex toisigothorunij forum judicum, et en espagnol sous ceux de fuero juxgo,librode losjueces,

^ Voyez, sur la législation des Wisigoths, la remarquable élude pu- bliée par M. Guizot dans la Revue française (n* 6— novembre 4828); l'analyse du fuero juzgo dans la Historia del derecho espanol^ de don Juan Sempere ; dans la Historia gênerai de Espana^ de don Mo- deste Lafuenle, et dans V Histoire d'Espagnol de M. Rosseeuw Saint- Hilaire; leDiscurso sobre la legislacion de los Visigodos^ pardon Manuel de Lardlzabal, en tête de l'éditiondu code gothique, publiée en 4815 par TAcadémie royale de Madrid; le discours préliminaire des codigos espanoles concordados y anotados, par Pacheco ; enfin V Histoire du droit romain au moyen âge (Gescbicble des Rœmischen rechtiiim Millelalter),par M. de Savigny.

' Supplice qui consistait à enlever la peau de la tête du con- damné .

LE FUERO JUZGO I4l

paritioQ dn principe de Texpialion dans la pénalité et surtout une tendance marquée versTégalilé devant la loi, le rang de l'offensé libre* n'ayant aucune influence sur la nature du châtiment. D'ailleurs pas de jury, pas de jugement par l'assemblée des hommes libres, rachim- bourgs ou prud'hommes; aucune intervention de la na- tion ou de ses représentants pour empêcher les abus possibles de l'autorité^. Celle-ci émane en entier du roi, qui a reçu son pouvoir de Dieu par la main des évoques ^ En un mot, un roi absolu assisté par les prêtres « qui, dit le fuero juzgoy ont été établis par NotrorSeigneur

Jésus-Christ les recteurs et les hérauts des peuples;

qui ont reçu le pouvoir de lier et de délier, et dont la bénédiction et l'onction confirment les princes»; des sujets tous égaux légalement, et au-dessous d'eux des esclaves rejetés au rang des choses, bien que soumis à une législation plus douce que chez les Romains ; telle était, dans son ensemble, la société gothique aux yeux de la loi, et il est aisé de comprendre que son code devait mal s'adapter à Tordre de choses établi par les Francs dans la Marche espagnole après l'expulsion des Sarrasins. Le système féodal^, en s'organisant en Catalogne, se trouva mal à l'aise dans ces lois «qui jugent tous les hommes

* Il en était autrement de l'esclave, qui ne comptait presque pas au rang des hommes.

* La théorie du droit politique des Wisigotbs est parfaitement exposée par Pilluslre auteur de V Histoire de la civilisalion en Europe, dans les belles pages dont nous avons parié plus haut.

* L'opinion qui considère les conciles de Tolède comme de véri- tables assemblées nationales n'est plus soulenable aujourd'hui»

^ Il y avait chez les Goths des clients {buccelarii) et des patrons, une aristocratie de cour composée de fidèles du roi, de grands {pro- ceres) qui entouraient le prince et en recevaient des concessions de terres et d'argent ; mais ces institutions tenaient plus des traditions romaines que des coutumes germaniques.

il2 LITBS III9 GBAPITBB TI

également et ne décident rien entre vassal et seigneur S » Avec de nouvelles conditions sociales , des coutumes se formèrent pour suppléer à la loi et furent codifiées en 1068 par le comte Ramon Berenguer V le Vieux*.

Ce recueil tout spécial à la Catalogne, et dans lequel on aurait tort, quoi qu'en ait dit un savant historien fran- çais , d'aller chercher les bases de la constitution civile de TÂragon, a eu pour but, d'après les paroles mêmes de ses rédacteurs, de régler les droits et les devoirs réci- proques des seigneurs et des vassaux , et d'adoucir la rigueur de la loi gothique, qui rendait illusoire le bénéfice delà composition, en fixant un tarif devenu exorbitant par suite de l'augmentation des valeurs monétaires'.

La hiérarchie féodale y est établie depuis le comte souverain, appelé aussi le Prince ou le Pouvoir suprême, jusqu'au vilain (ruslicus). L'échelle des compositions suit l'échelle des dignités, selon le système germanique. La vie d'un vicomte est évaluée au double de celle d'un comdor*; le coindor, à son tour, vaut deux valvassors^ et

^ Constitutions y altres drets de Cathalunya, vol. \, lib. 1, tit. XIII. usatge 2. Nos renvois se rapportent à l'édition de 4588.

3 Les Usatges de Barcelona onX eu de nombreuses éditions. Hu- sieurs d^enlre elles sont enrichies de savants commentaires, parmi lesquels nous citerons ceux de Jaumede Monjuich^ de Jaume et de Guillem de Vallseca et de Jaume de Callis, publiés en 4544; ceux de Marquiiles, imprimés en 4505 ; ceux de Mieres et d'Oli va, postérieurs aux précédents. On peut consulter encore la traduction castillane du même recueil, par D. Pedro Nolasco Vives y de Cebria ; VEssai sur l'histoire du droit français, par M. Giraud et Pexcellente intro- duction à la coutume de Perpignan, de M. Massot-Reynier. Il est à regretter que ce dernier écrivain, si compétent en pareille matière, n'ait pas donné suite à son projet dUioe histoire du droit catalan.

> Const. de CataL, yol 1, liv. I, tit. XIII, us. 2.

* Voir, pour les dignités féodales de la Catalogne, notre tooie i, p. 130.

LES USAT«B6 DE BARGKL^KA i45

la valeur de ces derniers est proportionnelle an nombre de chevaliers qu'ils ont sous leur suzeraineté. Le bour- geois est assimilé au chevalier quant à la composition , et au valvas^or quant à l'amende à payer au comte\ Le meurtre du bayle noble» « qui mange du pain de froment tons les jours et va à cheval », se paye deux fois autant que celui du simple bayle V

Cette inégalité, introduite dans la loi à l'imitation des barbares , est la seule modification que les usalges aient fait subir à la théorie du droit criminel gothique. Celle-ci, sauf cette exception , est adoptée implicitement dans son entier par le code de Barcelone. La peine pécuniaire n'y est admise que pour les cas lefuerojuzgo la prononce loi-méme. En effet, tandis qu'une disposition empruntée à la loi gothique déclare qu'un individu convaincu d'ho- micide et qui ne veut ou ne peut payer la composition est remis aux parents de la victime < pour qu'ils en fassent leur volonté > sans pouvoir toutefois le mettre à mort% une antre réserve au comte souverain la haute justice sur les « homicides, adultères, empoisonneurs, voleurs, ravisseurs, traîtres et autres malfaiteurs », et le droit de leur « couper les pieds et les mains, arracher les yeux, de les tenir longtemps en prison , et , s'il le faut, enfin, de pendre leur corps. Pour les femmes, de leur couper

^ On sait que, d'après les lois germaniques, ta composition ou toe^r-pe/ddonnéàroffenséou aux parents de la victime était accom- pagnée d'une amende {fred) à payer au juge, et qui variait diaprés les mêmes bases que la composition.

^Const. de CataL; vol. I, Uv. IX, tit. XV, us. 4 à 23. Un tarif BDaloguo s'applique aux clercs des différents ordres, de l'évêque au sooB -diacre. (Idem, id., id , tit. III^ us. 4.)

' Id.. id., id., Ut. Vy us. !•

144 LIYRB III , CHAPITRE VI

le nez , les lèvres, les oreilles, les mamelles , et , s*il est nécessaire , de les brûler dans le feu *. »

Il résulte évidemment de la comparaison de ces pas- sages que la peine de mort s'applique au meurtre accom- pagné de circonstances aggravantes, tandis que la peine pécuniaire , qui peut être modérée par le juge, punit les autres espèces d*homicide. C*est donc à tort que Ton a reproché au recueil de Ramon Berenguer le Vieux d'avoir fait rétrograder la législation catalane jusqu'aux formes les plus grossières de la justice primitive : l'amende et le talion.

Pour n'avoir pas reculé jusqu'à ce point , les usalges n'en sont pas moins l'expression d'une société moins civilisée que celle qui a produit le fuero juzgo. Ils ont emprunté au droit germanique quelques-unes de ses for- mules \ et le système féodal y a introduit à sa suite plu- sieurs de ces iniquités qui ont fait sa honte eth&té sa ruine. Tels sont les droite d* exorquia ' et i^intestatio qui

* Const. de CataL, vol. I. liv. X, tit. I, us. 6. La cruauté do la plupart de ces chàliments n'est pas une innovation au code go- thique.

11 est inutile, croyons-nous, de faire remarquer que l'attribution exclusive de la haute justice au souverain , empruntée aux lois ro- maines et gothiques, était déjà, sans doute, contredite par la pra- tique, au temps même l'on insérait cette disposition dans les usatges. Il est certain, du moins, qu'au Xill* siècle il y avait en Catalogne, comme en France, des seigneurs hauts justiciers. Nous verrons en Aragou et à Valence Jacme I'^ revendiquer de nouveau la haute justice en vertu des mômes principes.

^ Ainsi l'accusation ne doltpa^ être faite par écrit, mais bien de a la propre voix de l'accusateur d, en présence de l'accusé. {Const. de Catal.yYol- 1, liv. (X, tit. I, us. 1 .)

3 Exorc, stérile, qui n'a pas de postérité. On serait tenté d'attri- buer à rétablissement du droit ù^exorquia^ un motif analogue à relui qui inspira les lois romaines contre les célibataires (cœlebes) , et les mariés sans enfants (or^i), bien qu'on ne doive en rechercher

LES dsatgbs de barcelona 145

attribuent au souverain ou au seigneur tout ou partie de rhéritage des individus qui meurent sans enfants ou sans avoir fait de testament \ Tel est encore le droit d'épave % et celui qui donne au seigneur la moitié des biens de la femme adultère ^

Les ordalies , qui figurent seulement dans le code gothique sous la forme de Tépreuve par Teau bouillante , sont admises sans restriction par les usatges. Le duel à cheval est réservé aux nobles , le duel à pied aux bour- geois ; les autres épreuves, dites vulgaires, restent seules à ia disposition des vilains \

Chaque seigneur juge les procès de ses vassaux < dans la porte de sa cour '. » Le tribunal du comte de Barce- lone se compose * d'évéques , abbés , comtes *, vicomtes, comdors, valvassors, philosophes, sages et juges '. » Voici donc, dès le XP siècle, les lettrés et les légistes occupant une place importante à la cour du souverain de la Marche espagnole. Ils ont concouru évidemment à la rédaction des usatgesj et c'est ce qui nous explique la physionomie

Torigine que dans les idées d'une féodalité abusive: mais ce qui est remarquable, c'est de voîV cet usage de la féodale Catalogne appuyé sur l'axiome romain : « Ce qui plaît au prince a force de loi. 9

* Pour Vexorquia et Vintestatio, que les Coutumes de Perpignan repoussaient en termes exprès, voir Const, de Catal., vol. 111,1. IV, tit. XI, us. 4 et 2, et liv. X, tit. I, us. 4.

* Const, de Catal., vol. I,1iv. IV, tit. XXIX, us. 2.

' Quelquefois même la totalité si « ce que Dieu ne veuille i dit le législateur catalan , la cugucia est commise par l'ordre ou avec le consentement du mari. j> [Const. deCatal.j vol. I, liv. lY, tit. XXIX, us. 4.)

* Const. de Catal., vol. I, liv. IX, tit. YIII, us. 2. 5 Id., id., liv. IIl',lit. II,us. 1.

* Vassaux du comte souverain de Barcelone.

7 Const. de Catal.. vol. I, liv. I, tit. XIII, us. 4 .

T. n. 10

146 UTBE lU , CHAPIXBS TI

étrai;ige de ce code féodal accompagné d'aoe théorie romaioe.

L'aristocratie catalane, d'origine franke, qui tenait de sa richesse territoriale une puissance inconnue à la no- blesse gothique , impose sa volonté au peuple et au sou- verain ; mais cette volonté, rédigée en articles par les « phi- losophes et les sages > , héritiers des traditions impériales, emprunte maladroitement une livrée romaine qui con- traste avec son caractère de farouche indépendance. Peu importe ; le fond domine la forme, le fait écrase la théo- rie , et Ton a beau décorer le comte de Barcelone du titre pompeux de Puissance suprême , on a beau proclamer comme un dogme Tautorité absolue de son bon plaisir, il n*en restera pas moins un vrai suzerain féodal, obligé de compter avec des vassaux plus puissants que lui \

Cependant, grâce aux légistes catalans , le principe de la toute puissance du souverain n*a pas péri en entier sous le flot des idées germaniques. Réduit à un simu- lacre, à une formule, il s*abrite sous Tégidemémede ses ennemis. Les magnats lui donnent asile dans leur code, avecTespoir sans doute de s'en servir pour assurer Tautorité sans limites du seignepr sur le vassal, et sans

* Tout noble peut faire la guerre à la potesias, après l'avoir défiée. (Çonst. dôCatal.^ vol. I, liv. Yill, lit. 11, us. %,) Gomme tout souve* rain féodal, le Prineeps de Barcelone est obligé a de tenir cour et grande compagnie,de donner de$ sauf-conduits, de distribuer des soldes, de redresser les torts, de rendre la justice, de juger selon le droit, de servir d^appui auxopprimés, desecourir les assiégés, et, quand il veut manger, de faire publier à son décor, que tous, nobles et non nobles, s'en viennent dîner ; et, en outre, de répartir des vêtements entre les magnats et sa compagnie, de conduire des ar- mées pour aller ravager l'Espagne (musulmane), et de faire de nouveaux cbevaliers. 9 {Const Catal, , vol. 1, liv. X, tit. I,us. 7.)

LEGISLATION DE hk CATALOGNE 147

soupçonner qu'ils font ainsi couver au colosse féodal le germe qui doit le détruire.

Bien que la Catalogne ne soit pas le point sur lequel la réaction romaine ait d*abord triomphé, on ne peut douter que les traditions impériales de ce pays n'aient eu une grande influence sur le mouvement législatif du règne de Jacme I" et, en particulier, sur la rédaction du code de Valence.

Entre Ramon Berenguer T' et Jacme le Conquérant, le droit privé de la Catalogne ne subit aucune modification importante. Les quelques actes émanés d'Âlfonse I" et de Pierre II , que renferme le recueil des Constitutions, ont pour but, à peu près tous, l'établissement de paix et de trêves et la répression du brigandage*. Il faut arriver à Jacme I" pour retrouver un génie organisateur qui essaye de donner un peu d'unité à la législation nationale, tout en la faisant servir à ses projets politiques.

Les actes législatifs de ce roi qui concernent la Cata- logne en général sont de trois sortes :

l"" Les usages , coutumes nationales confirmées , rédi- gées et ajoutées aux usages dont la promulgation remonte aux règnes précédents ^ ;

* Nous remarquerons seulement deux ordonnances du roi Pierre II. L'une permet au seigneur de maltraiter ses paysans (pagesos) et de leur enlever leurs biens, pourvu qu'ils ne dépendent pas d'un fief relevant du roi ou d'une église. {Const, de Catal.^ vol. 1, liv. X, tit. YIIl, const. 5] ; l'autre est la fameuse Constitutio adversus hœre- ticos, dont \qs Const. da ^at. donnent une traduction en langue ro- mane. (Vol. I, liv.I, tit. IX, const. 4.)

' Bien que le recueil des Constitutions y al très drets de Catha- lunya donne sous le nom de Ramon-Berenguer le Vieux^ les 474 tiiarjfe^ qu'il contient, les commentateurs rapportent généralement a Jacme 1*' ceux qui figurent sous les n<" U4 à 174.

iCette attribution nous paraît douteuse pour quelques-uns, par exemple pour les n" 446, 460 et 470. Le recueil législatif de la Cata- logne renferme, en outre, 44 constitutions et 9 pragmatiques de Jacme 1".

448 LIVBE m, CHAPITRE YI

2* Les constitutions, lois discutées et promulgaées dans les corts;

S"* Les pragmatiques , ordonnances , le plus souvent interprétatives , rendues par le roi seul sur la demande d'un magistrat , d*un corps ou d'une communauté V

Ce n*est pas sans raison que Jacme se borna à édicter des dispositions isolées pour le comté de Barcelone et ses dépendances. Refondre en un seul corps la législation nationale de la Marche espagnole , œuvre des féodaux de la cour de Ramon Berenguer, c'eût été justement donner une nouvelle force aux idées que le Conquistador eût voulu détruire ; au contraire, faire dans le nouveau code une large place aux principes romains , c'eût été soulever la noblesse et la nation entière contre une ré- forme redoutée par les uns, incomprise par lesautres.

Jacme savait que les lois sont condamnées d'avance lorsqu'elles s'engagent dans une voie les mœurs ne les ont pas précédées. Tandis qu'il faisait une concession à l'aristocratie et à l'esprit national en défendant aux avocats < d'alléguer aucunes lois les coutumes et les usages suffisent et abondent*», puis en excluant en termes exprès « des tribunaux séculiers , les lois ro- maines et gothiques , les décrets et décrétales > et en ordonnant de juger d'après la raison naturelle dans les cas non prévus par les usatges de Barcelone et la coutume du lieu% il fondait à Lérida une université où, de même qu'à Bologne et à Montpellier, on n'enseignait que le

4

Nousneparlons pas des privilèges (prtvato /e^M), qui ne s'ap- pliquent qu'à des individualités. On peut seulement trouver dans quelques-uns d'entre eux les premières traces de dispositions géné- ralisées dans la suite.

3 Corut, de Catal^ vol. II, liv. II, tit. III, pragmatique de 4243i

' Id., vol. III, liv. I, tit. YIII, const. de 4254.

LEGISLATION DE LA CATALOGNE 149

droit romaiDetledroit caDon% et il invoquait lui-même les lois impériales comme raison écrite , malgré les pro- testations de la noblesse.

Paraître éloigner du droit catalan tout élément étranger qui pourrait lui porter atteinte*, envelopper dans une même proscription apparente le droit canon , le droit gothique et le droit romain , mais laisser ce dernier se glisser dans les mœurs pour servir plus tard à une uni- fication législative au bénéfice du pouvoir royal , tel était le plan de Jacme , et, si ce grand prince eût eu des suc- cesseurs dignes de lui , le but qu'il avait marqué n'eût pas tardé à être atteint.

Les principes romains se propagèrent , en effet « avec rapidité , entraînant avec eux leurs avantages et leurs inconvénients, prolongeant les affaires , compliquant les procédures, favorisant la chicane, si bien que Ton dut défendre aux légistes de remplir l'office d'avocat dans les causes qui ne les concernaient pas directement *, ce qui n'empêcha pas leur science de dominer dans les tribunaux comme dans les conseils de la couronne.

II y a tel passage dans les lois édictées par Jacme P' pour ses États catalans, qui porte l'empreinte profonde de Rome, tel autre qui rappelle les gloses plus ou moins heureuses des docteurs de Bologne et de Montpellier :

< celui qui affirme doit prouver et non celui qui nie

serment n'est pas preuve, mais, à défaut de preuves, il est

* Const. de Catal, vol. I,liv. II, titre YIII, const. 4 de Philippe II.

> Const, de Catal, vol. III , liv. I , titre VIII, coost. de 4254. Le cbap. XXXYI de la Chronique de Jacme nous offre Texemple d'un procès entre un légiste, avocat de la comtesse d'Urgel, et un sei- gneur féodal qui traite dédaigneusement la plaidoirie de son ad- versaire de c bavardage de légiste importé de Bologne 9 (Voyez notre

X5).

150 LITRE m, CHAPITBE TI

déféré au demandeur ou au défendeur; à celui des deux que. le juge sait être le plus véridique ou qu'il croit res- pecter davantage le serment. La preuve se fait par témoins, ou par actes, ou par arguments, ou par indices de vraisemblance ; donc le serment n'est pas preuve *. » Mais, en somme, le temps n'était pas venu des emprunts essentiels aux lois impériales, et l'influence du droit romain se révèle moins parles quelques dispositions qu'il a fournies au sujet des biens ravis par violence, de l'acces- sion, de la défense d'aliéner la chose en litige, de la pres- cription de trente ans, et du serment de calomnie ', que par je ne sais quel parfum que Ton respire dans les usages, les constitutions et les pragmatiques émanées de Jacme V, et par l'affirmation, le plus souvent incidente, du pouvoir suprême du souverain ; affirmation moins nette dans la forme, mais au fond plus efficace que celle des usatges de Ramon Berenguer ^

D'un autre côté, le droit féodal déjà réglementé par ce comte, apparaît à peine dans trois ou quatre usages attribués au Conquistador et relatifs à la saisie des baylies et des fiefs et au combat judiciaire \ Mais, sous le règne àe Jacme, un chanoine de Barcelone, nommé Père Albert, recueillit les coutumes relatives au droit féodal qui n'étaient pas consignées dans les usatges. Ce travail, sous le titre de Costumas gênerais de Cathalunya entre las senyors e vassalls tenents castells e altres feus per

« Const. de Catal, vol. I, liv. HI, litre XIV, us. I.

^ Voyez pour ces diverses dispositions, Const, de Catal.. vol. I , liv. m, lit. X, us. 4 el const. 1 ; liv. VII, Ut. I, us. 4 et lit. II, us. 2 ; liv. Vin, tit. I, us. 4 et Ut. VI, us, 4 .

' Par exemple , dans la const. 4, au Ut. XXIII du liv. I, vol. I.

Const, de Catal, vol. I, liv. IV. Ut. XXVII, us 47 et 48, et liv. IX, Ut. XII, us. 3.

LÉGISLATION DB LA GAtALOGNE 151

senyùrs * fat inséré dans le recueil des Constitutions et obtint force de loi. Cette sanction officielle donnée à Tœavre privée d'un jarisconsuUe ne doit pas se rapporter, croyons-nous, au règne de Jacme le Conquérant, mais bien à la période de réaction durant laquelle la féodalité agonisante cherchait à prolonger, par tous les moyens, on ordre de choses que le progrès des idées avait irrévo- cablement condamné à périr.

jQuelques principes d*équité naturelle, quelques soute^ nirs des vieilles costumes indigènes ou germaniques, le désir de veiller au rétablissement et au maintien de Tordre matériel et moral, la nécessité de favoriser un clergé puissant , au joug duquel la royauté essayait timi- dement de se soustraire, ont inspiré les dispositions qui complètent le droit privé catalan deTépoque de Jacme P'.

La veuve, d'après un usage dont les commentateurs rapportent la promulgation à ce règne, conserve la jouis- sance des biens de son mari, tant qu'elle ne se remarie pas» qu'elle vit honnêtement et qu'elle pourvoit à l'en- tretien de ses enfants *.

Une constitution de 1260, dérogeant aux « anciennes lois » , c'est-à-dire aux lois romaines, et prouvant par cette mention même, le respect que l'on avait pour ce droit qu'on semblait proscrire, règle la succession des propres, c'est-à-dire le retour des biens du défunt intes- tat • kh ligne d'où ils lui sont venus. »

Ce système de succession des immeubles, commun à la plupart des coutumes françaises, repoussé par le droit romain et le droit gothique, reparait cependant à Mont« pellier, en Catalogne et en Aragon. Etait-ce, comme le

* Id., id., id., lit. XXVIl, p. 350.

' Cimst. de Caial, vol. I liv. V, tit. III, us. 4 .

152 LIVRE III , CHAPITRE TI

prétendent quelques auteurs* une antique tradition des pays gaulois? Faut-il, au contraire, aller en rechercher l'origine dans les forêts de la Germanie ? Cette dernière opinion, soutenue par Dumoulin, est en contradiction évidente avec les lois des Francs et des Burgundes, peu- ples auxquels le célèbre jurisconsulte attribue cette cou- tume, mais dont les codes se bornent à donner, à des degrés divers, la préférence au sexe mâle dans les ques- tions de succession d*immenbles \ IjSl législation succes- sorale des propres est née spontanément, croyons-nous, dans les pays Thomme et la terre sont étroitement unis, la famille et le sol auquel elle a donné ou emprunté son nom sont confondus dans la même véné- ration et le même attachement. C*est le caractère des pays féodaux; aussi ne devons-nous pas nous étonner de retrouver des lois de cette sorte en Catalogne et en Ara- gon. Leur présence dans la charte de Montpellier ne peut guère s'expliquer que par une importation catalane.

La constitution qui établit la succession des propres s'occupe aussi de garantir à la femme Taugment de dot fscreixj, < qui lui est à raison de sa virginité, > C'est, comme on le voit, une sorte de fusion de la donation à cause de noces des Romains avec le morgengabe germa- nique*.

La torture n'est pas mentionnée dans les usatges , et l'on pourrait croire à une honorable exception à la légis-

^ Voyez Lexêalicaf cap. LXII, de Alode ; lex Ripuariorum^ cap. LXVI, deAlodibus; lexBurgund.^c^p. XIV deSitceessùmibusetSanO' timonialibus.

3 Const de Catal,, vol. I, liv. VT, Ut. II, coDst. 4 . L'ensemble de celte constitution est déclarée applicable «à tous les sujets» du roi d'Ara- gon ; mais il ne parait pas que la partie relative à la succession des propres ait jamais été mise en vigueur dans le royaume de Valence.

LEGISLATION DE LA CATALOGNE 153

latioD générale dn temps, si une constitatioD de Jacme T' De constatait Texistence de cette coatame barbare en prescri?ant aux vigaiers de n^appliquer la question on la torture qu'en vertu d*une décision du juge ou d*un ordre du prince ^

En ce qui touche au combat judiciaire, il faut noter en Catalogne une restriction importante : les témoins ne paraissent pas y avoir été obligés de soutenir par les armes la sincérité de leur déposition. D*après des usages dont on attribue la promulgation à Jacme le Conquérant, nul ne pouvait, en effet, se dispenser d'apporter son témoignage à la justice ^ or, il était de principe dans les législations qui admettaient le duel des témoins, que ceux- ci ne fussent point forcés à venir prêter témoignage et, par conséquent, à affronter les hasards de l'épreuve judi-

ciaire ^.

Mais la préoccupation qui dominait dans l'esprit du législateur, au milieu des agitations dont le Xlir siècle nous offre l'exemple, c'était le maintien de l'ordre maté- riel et moral, la répression des abus de toute sorte : abus de la force, abus de la richesse, abus de la ruse, abus de l'ascendant. Il y a, à ce sujet, dans l'œuvre législative de Jacme I" diverses séries de dispositions, dont les unes ont un caractère particulier à certains pays, les autres sont générales et applicables à tous les Etats de la couroniie aragonaise.

Parmi les premières, nous en citerons deux relatives au comté de Barcelone et destinées à prévenir les per- turbations que les attraits des jeunes catalanes et les

« Consi. de CataL, liv. 1, lit. XLUI, const. 6. 3 Id. ,id., liv. lil, Ut. XV, us. 5 à 9.

' Beaunianoir, Coutumes de Beauvoisis, édit. de la Société de PHist. de France, chap . LXl, g 59, 60 et 64 .

154 biWE m , OHAFItlB ifl

obannes encore plas grande des richesses de lenrs pères pouvaient jeter dans la famille et dans la société. A fea prière des bourgeois de Barcelone, la stipulation pénale en cas de refus de conclure un mariage est déclarée obli- gatoire, « nonobstant la loi qui la prohibe ^, et toute damoiselle ou fille de prud*bomme qui se laisse enlever ou se marie sans le consentement de ses parents est privée de ses droits à la succession d^ biens paternels et mater- nels, tandis que le ravisseur est puni de Texil à perpé- tuité *.

Un certain nombre de dispositions qmî, à quelques modifications près, s'étendent à tous les Etats de la cou- ronne d'Aragon, réglementent Tordre public tel qu'où le comprenait alors, c'est«à-dire dans son acception la plas étendue. Les édits de paix et de trâve, les ordonnances contre l'usure, les lois somptuaires, les prescriptions qui règlent certains rapports sociaux, celles qui touchent aux questioqs religieuses, forment les divers degrés de cette échelle, qui s'élève de la répression des délits les plas vulgaires à la réglementation de faits du domaine exclusif de la vie privée ou de la conscience.

* Const, deCatal.j vol. I, liv. Y, tit. 1, const. 4. Ces paroles, t nonobstant la loi qui la probibe», font allusion à ce passage du Digeste : < Inhanêstwn visum est vinculo pema matrimonia astringi.^ (Liv. XLV, lit. 1, 1. Titia). Le droit canon est en cela conforme au droit romain. (Yoy. Décret, de Grég, IX ^ liv. IV, lit. \y cbap. ^^ et 29.)

^ Deux textes de cette ordonnance se trouvent dans le recueil légis- latif delà Catalogne: l'un, en catalan, est daté de Yaieooe le 44 des kalendes de septembre 4249 (vol. 1, liv. Y, tit. 1, const. 2. Cf. vol. II, liv. V, lit. I, privil. 4); c'est une erreur évidente, car celle constitution ne peut être antérieure à 4239, Jacme y prenant le titre de roi de Yalence et l'ayant promulguée dans cette capitale. Le se- cond texte est en latin ; il est inséré dans le recueil des pragmatiques {fiùMt.deCtkial., vol. II, liv. IX, lit. 111, prag* 1), et porte la date du 19 des kalendes de septembre 4244, fui doH être la véritable.

1.0IS C0IVr«E L*USDBE ,155

Les paix et les trêves proclamées par les rois .et par rÉglise ayaient pour but, non-seulement d'atténuer le^ maux occasionnés par les guerres privées , piais aussi d'arrêter les progrès du brigandage etd'assqrerla répres- sion des crimes les plus dangereux par divers moyens, dont le plus général fut la restriction du droit d*asile d^ns les églises ^

^L'usure avait atteint, à Tépoque des croisades, les proportions d*une calamité sociale. La pénurie du ninné- raire mettait les possesseurs et les cultivateurs de la terre, nobles ou colons, à la merci des gens qui fraisaient métiçr de prêter de l'argent à intérêt. Le roi lui*mâme, malgré les lois qu'il édictait contre cet abus, fut souvent obligé de subir des exigences qu'en fait il était impuis- sant à réprimer.

Ob sait qu'on désignait sous le nom d'usure le prêt à intérêt, qui, d'une manière générale, était prx>scrlt par l'Église comme contraire aux sentiments de ,1a charité chrétienne *. En France, Louis IX, imbu des principes du droit ecclésiastique, définit l'usure, dans upe ordon- i^nce de 1254, tout ce qu'on exige en si^s du capital ^, et l'interdit sévèrement aux chrétiens et aux juifs.

Il était difficile de prohiber absolument le prêt à

* Const. de Calai., vol. 1, liv. X, lit. VIH, const. 7 à 11, et vol. ^U, liv. X, lit. III , const. 1 et 2. Les constltutioA$ 4 ^ejl S .du til. UI, liv. II, vol. I, concernent les trêves ,co,nventioi?ne>Jes. Voyez aussi Marca hûpanica^ append., col. 440^, 1.406, H\i et f 433-

3 Voyez, pour le prêt à Intérêt s^u temps de Jacme l*'j d'après le drqjt canon : Gratiani decrelum, pars I, diêfinctio XLyiI, cawmes 4 , 2 et 8 ; pars II, causa XIV, qucBsHo 4, canones 7, 9, 40, 44 et 42 ; Greg. IX décrétai. , lib. V, cap. xix ; Sext., lib. V, cap. v.

3 c Toutes les convenences qui ^unt fêtes en t^le maniefp iiue li ereapçiers ne ,pot perdre ^t si pot gaaigner, par le cpnypi^^nce , snnt ^Lzures et qua^t ^ biu », dit ^uman<^ir f^Çqîftu9i(ifs i^e ^ciafi- vaisiêj cap. Lxvni, g 47).

156 LITRE III, CHAPITRE ?l

intérêt dans un pays commerçant comme la Catalogne. La loi civile semble le permettre aux chrétiens, pais- qa*ane constitution de 4234, promulguée dans les corts de Tarragone, auxquelles assistaient les prélats catalans, fixa rintérét de l'argent à douze pour cent, en autorisant expressément les juifs à recevoir vingt pour cent *. Hais cette partie de la constitution de 1234 n*a pas été insérée dans le recueil législatif de la Catalogne *, tandis qu'une autre ordonnance delà même année déclare nulles, comme usuraires et entachées de fraude, les ventes faites pour dissimuler un prêt à intérêt * : c'était proscrire la consti- tution de rente, que l'Église a presque toujours tolérée. De ce qui précède on peut conclure qu'en Catalogne le prêt à intérêt entre chrétiens était passé dans les mœurs, ' quoique implicitement désapprouvé par les lois. En Ara- gon et à Valence , la loi ne se bornait pas à garder le si- lence à ce sujet, elle refusait expressément aux chrétiens toute action en justice pour se faire payer les intérêts d'une somme prêtée; les nobles étaient en outre punis de la confiscation du capital, dont une moitié restait au débi- teur et l'autre était attribuée au roi. Le code de Valence prononce même cette peine contre tout noble qui ferait un trafic quelconque pour en retirer du profit, à moins qu'il ne s'agisse de vente ou d'échange de chevaux ^.

* A Valence, et probablement aussi en Catalogne et en Aragon , les Sarrasins jouissent du même privilège que les Juifs, relativement au taux de Tintérêt. (Furs de Valenda, lib. IV, rubrica XIV, fur 4 .)

3 Nous avons déjà parlé (t. I, p. 360) de Pacte qui renferme ces dispositions. On n'a admis, dans les CansiituHons de Cathalunya (vol. I,Uv. X, titre VIII, const. 44} que ce qui est relatif à la paix et tréie.

3 Contt. de CataL, vol. I, Hv. IV, tit. XX, const. 4.

* Fueros de Aragon, t. I, liv. IV, tit. de Usuris et de MUUeueura- rio ; - Pnvil de Val, fo IV, n* 4 3 ; Fur$ de Valeneia, lib. IV, rubriea XIV, /Vf<4, 40 et 44.

LOIS GORTIIB l'OSURË 157

Enfin, dans ces deux royaumes, les chrétiens qai prêtent à intérêt, les Juifs et Sarrasins qui perçoivent un taux supérieur à vingt pour cent, confondus sous le nom d*usuriers, sont déclarés infâmes et incapables de servir de témoins^ .

Ce taux de vingt pour cent avait été établi par une ordonnance de 1228, avec cette restriction que, dès que la somme des intérêts payés aurait égalé le capital, celui- ci cesserait de produire intérêt, ce qui limitait forcé- ment la durée des prêts à cinq ans. Ces mêmes règles furent confirmées par une ordonnance générale sur la question de Tusure, rendue à Girone le 5 des kalendes de mars 1240 (25 février 1241), et applicable « à tous les sujets des terres et royaumes > du souverain aragonais. Il y est dit que, « au moment la piété des chrétiens se décide à s*abstenir des extorsions usuraires, Tinsatiable avarice des juifs a recommencé à sévir au point, non-seu- lement d*exiger de ceux qui empruntent de l'argent pour leurs besoins des intérêts excessifs, dépassant le taux que les constitutions royales ont établi, mais encore de ne pas craindre, au grand détriment de toute la terre du roi, de réclamer les intérêts des intérêts. » Cette dernière stipulation est rigoureusement prohibée; des précau- tions sont prises pour éviter les infractions à cette ordon- nance: il est enjoint aux juifs de chaque localité de pro- mettre sous serment de se conformer à ces prescriptions, et les notaires ne peuvent rédiger un contrat de prêt qu'après s'être assurés que le juif prêteur est compris dans la liste de ceux qui ont juré l'observation de l'ordon- nance. S'il est prouvé qu'un juif a enfreint ou éludé ces

< Furt de Val, lib. II, ruMoa VU, fur 5, el lîv. IV, rubr. IX , /Wr3.

158 LtY. m, cSA^. n

prescriptions, il perd le capital, qui est partagé par moi- tié entre le dénoneiatenr et le trésor royal ^

En 124i et en 1242, le roi, ayant à se prononcer sur quelques difficultés spéciales au règlement des intérêts entre préleur et emprunteur, trancha toujours les ques- tions dans le sens à la fois le plus équitable , mais le plus favorable au débiteur V

L'ordonnance de Tarragone de 1234, dont nous par- lions tout à rheure , fixe le tarif du blé et de Torge, et interdit l'accaparement et Tachât en masse de la première de ces denrées; elle essaye d'imposer des limites au luxe de la table et des vêtements. Le roi, non plus qu'aucun de ses sujets , ne peut manger de plus de deux sortes de viande en un jour, non compris les viandes salées et le gibier, et, de ces deux espèces, une seule peut être accommodée en ragoût. Il est interdit au souverain, comme à tous, de porter des vêlements l'or, l'argent, la soie, les fourrares, soient employés comme ornement; l'hermine et la peau de loutre sont seules autorisées dans le capuchon et à l'ouverture des manches.

Les relations entre diverses catégories de personnes sont réglées par la même constitution. Aucun noble ne

^ Celte ordonnance a été insérée : 4<* dans les ConsU de Catal.^ vol. m, liv. lY, tu. VI, const. 2 (traduction catalane) ; ^«'dans les Fupro* d'Aragon , t. II, liv. IV, tit. de Usuris, p. 105 (texte latin); 30 dans les Privilèges de Valence, Ilf , n* 41 (texte latin). On la trouve aussi dans itf^arcaftt^amca, append., col. 1433. Jacine rendit encore pour sa seigneurie de Montpellier (5 avril 1259, 1*' marô 1262) et pour la ville de Torlose (22 janvier 1263), des ordonnances' qui renfermaient des dispositions analogues. (Germain, Histoire du commerce de Mrnitpellier, t. I, Pr., p. 240 Archives d'Aragon, reg. XII, fol. 13 et 39).

^ Priv, de VaL, ^ IV, 13, et Marca hispanicaf app. , col. 1436. Voyez encore, pour la question de Tusupe en Catalogne, Mèroa hisp.f app., col. 1415, 1420 et 1437.

LO» D^ORDU PUBLIC 159

peat entretefiir à sa suite pins d*UD joofglenr^; ceux-ci ne doivent point s*asseoir à la table des chevaliers. Une dame noble ne peut partager sa table ou son lit avec une jongleuse, ni lui donner un baiser. Le fils d*un chevalier, s*il n'est lui-même chevalier ni arbalétrier, ne peut s'asseoir à la table d'un chevalier ou d'une dame, ni porter les chausses rouges, à moins qu'il ne soit seigneur de chevaliers. La compagnie d'une dame noble est une sauvegarde pour tout homme, noble ou non, coupable de tout autre crime que celui d'homicide. Mais, de toutes les dispositions qui précèdent, aucune n'a été insérée dans le recueil des constitutions de Cata- logne*; on doit donc considérer quelques-unes d'entre elles comme des règlements transitoires, et le plus grand nombre comme des tentatives infructueuses pour sou- n^ttre à l'action de la loi des faits qui, par leur nature, doivent nécessairement lui échapper.

Chose singulière, et qui s'explique pourtant si Ton tient compte de l'état des esprits à cette époque de tran- sition , la société, qui ne croit pas avoir le droit de punir certains crimes s'ils ne sont poursuivis par une accusa- tion privée , cherche à pénétrer dans les actes les plus intimes de la vie , dans les replis les plus secrets de la conscience, pour y détruire dans leur germe des maux plus imaginaires que réels.

* On désignait ordinairement au Xlli* siècle, sous le nom de jon* ^Zeur, des troubadours de second ordre, qui réunissaient souvent à un médiocre talent de poêle une certaine habileté de bateleur et de baladin.

^ Voyez, pour le texte complet de la constitution de Tarragone de 1234 yUarca hisp.^ app., col. U28, et la collection des documents inédits des archives d'Aragon (t. VI, p. 404), qui reproduit ce docu- meot. d'après Toriginal conservé dans ce dépôt sous le <n^ Gdades parchemins de Jacme !«'.

160 LIVBE III, CHAPITBBVI

Il faut le reconDaiIre cependant , en ce moment TEarope entière s'essayait à une réorganisation qui , mal dirigée, pouvait lui être fatale, certaines questions, celle de l'orthodoxie entre autres, touchaient de trop près à l'ordre public et aux institutions politiques pour qu'un roi chrétien ne se laissât pas entraîner à des rigueurs contre les propagateurs des fausses doctrines. L'hérésie était alors un crime social autant que religieux, et la juridiction séculière s'unissait pour le frapper à celle de l'Église. La procédure se déroulait devant le juge ecclésiastique, seul compétent pour établir la culpabilité; mais, celle-ci une fois constatée , et le condamné soumis aux peines canoniques qui n'entraînent jamais reiïnsion du sang, le coupable était repris par le juge laïque, qui, acceptant l'instruction du premier juge, appliquait la loi écrite dans le code séculier. Par cette seconde sen- tence, l'hérétique était ordinairement condamné à la peine du feu, ses cendres jetées au vent, ses biens con- fisqués au profit du seigneur dominant ou du roi ; la maison qui lui avait donné asile était rasée*. Ces peines sont édictées en ces termes exprès dans le code de Valence et non dans celui de la Catalogne, qui ne parle que de châtiments corporels indéterminés et de la con- fiscation des biens; mais elles étaient également appli- quées partout. Les constitutions catalanes mettent hors la loi le suspect d'hérésie, en l'excluant du bénéfice des édits de paix et de trêve, et en lui refusant l'assistance, des tribunaux dans toute affaire civile ou criminelle; elles instituent des commissions inquisitoriales compo- sées d'un clerc nommé par l'évéque et de deux ou trois

* Fursde Valence, lib. IX, ru6. VII, furs 63, 66 et 72 ; lib. Ytll, r^b. II, fur%9.

LOIS RELIGIEUSES 161

laïques désigQés par le roi; elles imposent enfin les obli- gations les plas rigoureuses aux bayles et aux viguiers pour la poursuite des hérétiques et des suspects d'hé- résie *.

Il est essentiel de remarquer que le clergé de Catalogne et d'Aragon a, dans Tordre civil et politique, une im- portance qui est refusée à celui du royaume de Valence. Jacme a trouvé la suprématie cléricale fortement établie dans ses États patrimoniaux. Ainsi, par un souvenir de l'époque gothique, les évéques intervenaient, non- seulement pour faire observer les paix et les trêves , mais encore pour recevoir le serment de certains magistrats de Tordre civil*; ainsi Tacquisition des immeubles par les clercs { amortizacion) n'était pas prohibée en Cata- logne comme elle le fut à Valence ^

Durant les premières années de son règne , le Conquis- tador ne se sent pas la force de secouer le joug clérical ; en 1234 encore, au moment TÉglise lui prête un puissant concours moral et matériel pour la conquête de

* Voyez les ordonnances de paix et de trêve mentionnées ci- des- sus, elConst. de Catal., vol. I, liv. I, tit. IX, const. 2 à 7. il est curieux de rapprocher des peines sévères édictées au XIIK siècle contre les hérétiques le paragraphe des usatges Ramon Beren- guer 1^' déclare que «tous hommes, nobles ou non nobles, rois et princes, magnats et chevaliers, vilains et paysans, marchands et commerçants, pèlerins et voyageurs, amis et ennemis, chrétiens et Sarrasins, juifs et hérétiques, peuvent se lier à lui et à ses succes- seurs, et leur recommander leurs personnes, leurs femmes, leurs enfantset tous leurs biens. » {Const, deCatal-, vol. I, liv. 1, tit. XVIII, us. 4.) La différence de rigueur indique la différence des temps. Ce qui n^était au XI* siècle qu'une infraction aux lois de l'Eglise est devenu auXIlI» un danger pour la société, qui cherche à s'en préserver par tous les moyens en son pouvoir.

2 Const. de Cat.,\o\. I,liv.I,tit. XLllI, const. 4, et liv. Vil, tit. I, us. 4, et vol. 111, liv. X, tit. III, const. 2.

' Idem.^id. liv. 1, tit. III, us. 4 etcoost. 2.

T. u. Il

162 LIVRE 111^ dUPITRE YI

Valence, il se laisse dicter, par les prélats catalans apx corts de Tarragone, quelques dispositions qui n^auraient jamais trouver place dans la loi civile.

Il est défendu, par exemple , à tout laïque de discuter sur la foi catholique, eu public ou en particulier, sous peine d'excommunication et de suspicion d*hérésie ; per- sonne ne peut avoir de traduction en. langue vulgaire (romanç) des livres de l'Ancien ou du Nouveau Testa- ment, et celles qui existent doivent être remises à Tévéque pour être brûlées*. En présence des efforts que révèle le code de Valence pour tracer nettement la limite qui doit séparer le domaine temporel du spirituel*, il est impos- sible de ne pas attribuer les empiétements de ce dernier, si marqués dans les lois catalanes et même dans les fueros aragonais , à la pression exercée sur la législation

* Const, de Cat.^ vol. I, liv. I, til. I, consl. 1 el 2. Cf. Marcahispor nica^ append. col. 4425. Dans les mêmes corls, les antiques privi- lèges du clergé furent conûrinës et étendus. (Voy. Const, de Cat., vol. I, liv. I, lit. IV, const. 4 el2.) Le recueil Catalan ne renferme aucune disposition de Jacme l*"" relative aux blasphémateurs. Nous trouvons cependant aux archives d'Aragon (Reg. XIX, 4 62). une pragmatique datée de Barcelone le 43 des kalendes de septembre (20 août) 4274, rappelant le respect que «chrétiens, juifs el Sarra- sins doivent au corps de Jésus-Christ », el défendant tout blasphème.

^ Celte distinction préoccupe la plupart des législateurs el des jurisconsultes du XIII" siècle: aBonnecoze est, dit Beaumanoir et porfitavle, et selonc Dieu et selonc le siècle , que cil qui gardent le justice esperituel se mêlassent de ce qui aparlienl à respéritua* lilé tant .solement et laissassent justicier et esploitier à le laie justice les cas qui apartiennent à le temporalité , si que par le justice espe- rituel et par le justice temporel droit fust fes à çascun. » (^Cout. de Beauvoisis^ cap. xi, §1.) Voy. aussi les Établissements de saint Louis, liv. I, cap. XV, \yiUf Lxxxiv, cxxiii, el Andrew Bornes, the Myrror of justice, ca^. m , sect iv. Seul Alfonse X de Castille semble au contraire vouloir augmenter la confusion. {Siete Partidas^ passim, el en particulier Partida /.)

LES imVS ET LES SARRASINS 163

pur la puissance d'un clergé féodal et la force des tra- dîtioDS.

Jacme semble avoir voula se soustraire à ces influences dès qu'il eut affermi son autorité par la conquête d*un second royaume sarrasin ; mais, au milieu des agitations intérieures qui suivirent ce nouveau triomphe, une sorte de rétractation lui fut imposée par les prélats catalans et aragonais ; c*est du moins ce qui résulte de l'ensemble d'une constitution largeqient confirmative des privilèges du clergé, promulguée à Lérida le 2 des nones d'aTfil (4 avril) 1257*.

Il était un point touchant aux questions religieuses sur lequel l'autorité séculière ne pouvait, à cette époque, abdiquer son action: nous vouloos parler de ce qui con- cernait les juifs et les Sarrasins, tolérés dans tous les États aragonais, mais traités d'une manière assez inégale par les mœurs et par les lois. Nous parlerons ailleurs du rôle de ces deux catégories d'individus dans la société de ce temps et de ces pays ; il nous suffira de dire ici que les juifs, malgré les haines et les mépris populaires qui s'acharnaient spécialement contre eux, jouissaient d'une certaine faveur auprès du souverain, à cause de leur science» de leur industrie et de leurs richesses. Ils pour vaient remplir les offices qui ne leur donnaient aucune juridiction sur les chrétiens , tandis que tous les emplois publics étaient interdits aux Sarrasins*. Du reste, les uns

* Const. de CataL^ vol. I, liv. I, tU. lil, const, 4 : Marca Mapanicaj append., col. 4444.

2 Const. de Catal., vol. III, liv. I , tit. V, coost. 6. U parailrail qae, dans l'esprit du code de Valence , les juifs pouvaient être Dom- inés aux foDctiooâdehayle; mais les furs oe tardèrent pas à être cor- rigés sur ce point par les pi»iviléges. ( Voy. Furs de Val, liv. I, rubr,, 111, fur 83; PHvil. de Val., Xl¥, »• 44.)

164 LITRE ni, CHAPITfiE TI

et les antres avaient une situation légale, et certaines garanties les protégeaient dans leurs contestations avec les autres sujetsdu roiV

Il leur était interdit, il est vrai, d*aYoir des esclaves chrétiens , et de garder chez eux , à quelque titre que ce fût, des femmes chrétiennes*; un musulman ne pouvait se faire juif, un juif ne pouvait se faire musulman sous peine « de la perte de sa personne' » ; ceux d'entre eux qui étaient hommes du roi ne pouvaient se donner à un seigneur^; mais, en somme, malgré cet état d'infériorité, il n'était pas de pays dans TEurope chrétienne les sectateurs de ces deux croyances fussent mieux traités que dans ceux dominait le Conquistador. D'un autre côté, leur conversion au christianisme était favorisée par Tabolition de l'usage qui subsista en France jus- qu'en 1363, en vertu duquel les juifs, en embrassant la foi chrétienne, devaient renoncer à la totalité ou à une portion de leurs bien3^ Les nouveaux convertis furent

* Const. de Catal.^ vol. III, liv. III, lit. VI , us. 4; Fueros de Aragon^ t. 11, liv. 11 , de testibw; Purs de Val.^ liv. IV, rubr. IX, fur 51. —On trouve aux archives d'Aragon (Reg. XII, f* 420) une pragmatique relative à la forme des demandes en justice entre chré- tiens et juifs (5 novembre 4263).

2 Const. deCatal.^ vol. III, liv. I, tit. V, const. 7. L^ordonnanco de laquelle sont tirées cette constitution et les six qui la précèdent dans le recueil catalan se trouve dans Marca hispanica , append., col. 4 445. Voy. aussi Furs de Val., lib. I, rubr. VIII, fur. 4" et 2v

^ Const. de Catal., vol. 111 , liv. I, tit. V, const. 8.

* Fueros de Aragon y t. II., liv. IX, de judœis et Sarracenis; Furs de Val., liv. I, rubr. VIII, far 3.

^ Indépendamment des contributions générales , les juifs étaient soumis à un impôt particulier, dont leur conversion privait le sei- gneur ou le roi. De cette mesure inique , par laquelle on voulait sauvegarder les intérêts du fisc.

ORGAlflSATION JUDICIAIRE 165

protégés par la loi contre les insultes de leurs anciens coreligionnaires; mais, dépassant le but, un édit décide que, toutes les fois qu'un prélat, un frère prêcheur on un frère mineur voudra faire entendre la parole de Dieu dans les villes et les localités se trouvent des juifs et des Sarrasins , ceux-ci seront contraints par les officiers royaux d'aller écouter leur prédication , et ne pourront se dispenser de cette obligation sous aucun prétexte * .

Il faut remarquer encore que cette dernière disposi- tion, bien que figurant dans une ordonnance de 1243 applicable « tant àl'Aragon, à la Catalogne, àMayorque et à Montpellier qu'au royaume de Valence > , n'a été insérée ni dans les furs ni dans les privilèges de ce der- nier pays.

Il nous reste à parler de l'organisation judiciaire delà Catalogne ; c'est à peu près celle de la France méridio- nale. Les bayles et les viguiers se partagent les causes. Les premiers sont les juges ordinaires, et, en outre, comme les baillis français, ils exercent certaines fonc- tions administratives. A Barcelone et dans quelques villes ils ont sous leur dépendance les bayles des locali- tés moins importantes. Une partie de leurs pouvoirs est déléguée à des sous-bayles. Il y avait desbaylies inféodées, d'autres étaient données à temps V

* Voy. la traduction catalane de la constitution du 3 des ides de mars \%Vi (43 mars 4243), suivie de la bulle confirmative du Pape Innocent lY, dans XesConst, de Catal, vol. I, liv. I , lit. I, const. 3. Le texte latin de la même constitution se trouve dans les Fueros de Aragon, t. I, lib. I. deJudœiset Sarracenis baptizandis ; lesPrivi- légesde Valence contiennent seulement le premier paragraphe de cette loi (f« VI, nM5).

^ Les bayles avançaient souvent au roi le» sommes dont la percep- tion leur était confiée. Les archives d'Aragon ( Pi^rch. de Jacme I*' ,

:

166 UYfii lii , Giuraia ti

La jaridiction des vigaiers élait, selon la yieiile expres- sion, démembrée de la juridiction ordinaire des bayles; elle s^éteodait sur les nobles et les étrangers pour les questions de paii et de trêves, et embrassait quelques affaires civiles de peu d'importance. Les viguiers étaient chargés spécialement de veiller au maintien de Tordre, defaireexécuter certaines sentences des bayles et delà cour du roi; ils avaient quelquefois sous leurs ordres des sous-viguiers; ils relevaient des bayles et étaient assu* jétis à la surveillance des évêques en matière de pour- suite des hérétiques et d'observation des paix et trêves.

Les bayles et les viguiers devaient, lorsqu'ils ren- daient un jugement, être assistés des prud'hommes du lien.

La justice était publique. Il y avait deux appels. La

n"* 809, 83:2 , 83i ) renferment divers comptes des revenus de la baylie d3 Barcelone et des baylies qui en dépendaient. Ces comptes sont présentés par Ramon Dufort , bayle de Barcelone , auquel les revenus de sa baylie sont engagés par avance. Le document n* 83&. daté de Girone 40 des kalendesde mars 4240 (20 février 4244) donne des détails curieux sur les dépenses et Torganisation de la maison des souverains aragonais. La reine Yolande y reconnaît avoir reçu de Durfort : deux cannes et trois palmes de panno de Orvins (?) coûtant 34 sols, remises à Enricus et devant servir aux vêlements de la reine; 86 sols 4/2 de presseto ruheo pour les vêtements a des gens de la suite et de la chambre de la reine » et pour ceux de Pedro, majordome; de Garcia Arnalt, argentier de la reine; de maître Samzo, d*une lavan- dière (lavaneria) , de Torrion , ingénieur (enginierius) et de quelques autres; deux cannes parmi Narbone pour l'abbé de MinoreUs; une tunique de presseto rubeo pour Sancha Parez ; des vêtements pour Benedict, diacre de la reine, et pour A., son huissier; une tunique de presseto ruheo pour la reine , coûtant 83 sols 6 deniers ; dîfTérontes sommes employées aux vêtements d'André, cuisinier (cu^ùimio) , du flls de la nourrice , de deux hommes de cuisine {de cuzina)^ de la fille de Na Jacometa , et enfin 98 sols pour les vêtements du a fils de la reine. »

CARTÀ-PUEBLA DE FIGUERAlS 167

conrdn roi ou de son lieateDant décidait les causes en dernier ressort.

En 1265 et en i274, Jacme, organisant la commune de Barcelone, obligea les conseillers et les prud'hommes à prêter le secours de leurs lumières au bayle et au viguier toutes les fois qu'ils en seraient requis, et à veiller à la bonne administration de la justice, avec pouvoir d'en référer au souverain lui-même pour faire punir les juges négligents ou prévaricateurs *.

Avant de quitter les pays catalans, nous devons ajouter aux remarques qui précèdent, sur la législation générale du comté de Barcelone, quelques observations relatives aux privilèges ou cartas-pueblas qui modifiaient le droit commun en faveur de certaines fractions du territoire. Ces concessions n'étaient souvent que des exemptions de services' on d'impôts; d'autres fois cependant elles touchaient au droit privé. Deux documents de ce genre méritent seuls d'attirer notre attention pour la Catalogne et ses dépendances: ce sont la carta-puebla du royaume de Mayorque et celle de la ville royale de Figueras *.

Cette dernière, octroyée en 1257, ne contient en fait de droit que quelques dispositions de peu d'importance^ relatives à la procédure et à la pénalité. Il y est fait men-

* Voy. Archives d'Aragon, Reg. yu, f 280, el n- 19, f 129; Collecc. de doc. ined,, t. VIII, p. 137 et 143.

' La carta-puebla de Mayorque , conservée aux arctiives de ce royaume {Libro de franquezas y privilegios) , a été publiée par D. José-Maria Quadrado, dans son Historiade la œnquista de Mal- lorca, append. 4 ; celle de Figueras se trouve en double copie dans les Reg. xv, f" 56,etxVii, f 84 des archives d'Aragon. Elle a été imprimée dans la collection des documents inédits de ce dépôt, t. VIII, p. 124.

168 LITRE III, CB4P1TBE TI

tion d*un tribunal distinct de celai da bayle et da viguier: c*est celui de la cort^ institué également par Jacme à Mayorque et à Valence, à l'imitation des ju«/tcîa« des villes aragonaises. La cort est investie de la juridiction ordi- naire à laquelle ressortissent toutes les causes civiles et criminelles. Le tribunal du bayle ne conserve qu'une juridiction attributive sur les affaires du patrimoine et des revenus royaux.

Le privilège ou fuero de Mayorque^ daté du joar des kalendes de mars 1230 (1" mars i931), doit nousarrêter plus longtemps. C'est un diminutif de code, dans lequel les idées réformatrices de Jacme ont pu, pour la pre- mière fois se manifester sans trop de contrainte. Les ar- ticles clairs et précis de cette charte font pressentir déjà la législation de Valence. Ils répondent à un double besoin de ce temps et de ce pays, à un double désir du roi qui les édjcta : attirer par l'appât des franchises et des liber- tés de nombreux habitants chrétiens dans l'Ile conquise; affranchir la société et le pouvoir royal des entraves féodales si fortes en Catalogne, sans manquer à l'engage- ment d'étendre aux Baléares la législation du comté de Barcelone.

Les habitants de Mayorque, leurs biens, leurs denrées et leurs marchandises, furent exemptés de tous droits et de tous services tant dans leurs pays que dans les autres Etats du roi d'Aragon : point d'hosi ni de chevauchée, point de péages ni de douanes, libre jouissance des dépais- sances, des bois et des terrains communs ; droit de pèche dans les eaux douces et salées , à l'exception des étangs qui sont réservés au roi.

La propriété, qui, en Catalogne comme dans le midi de la France, était en partie féodale, en partie. allodiale, était presque exclusivement allodiale à Mayorque , du

FUERO DB MATORQUE 169

moins dans la portion royale, qai formait un peu moins de la moitié de^le^

D'après la convention qui précéda l'expédition de Mayorqne , le /î6ro de repartimiento et la cartapuebhj le roi ne se réserva le service féodal que sur les terres attri- buées aux magnats et sur les chevaleries *. Le reste fut « franc et libre >; la transmission des immeubles ne fut soumise à aucune restriction, si ce n'est en ce qui con- cernait les aliénations en faveur des gens de main- morte , nobles et clercs, à qui il fut interdit d'acquérir des biens de laïques et de non nobles. Jacme s'attachait à morceler la propriété , à supprimer les intermédiaires féodaux entre le possesseur immédiat du sol et le souve- rain ; or son œuvre eût été rapidement détruite par l'ac- cumulation des immeubles entre les mains des individus privilégiés, qui auraient agrandi leur influence aux dépens de l'autorité royale , et constitué , par les concessions de terres à charge de redevances et de services, une féodalité presque indépendante.

* Voy., pour la manière dont s'opéra la répartition de BIlayorque el pour quelques particularités omises]dans notre tome I, la note B de l'appendice.

' Voyez notre tome 1, Pièc. justiâcsrt., YllI ; Colleccion de doc. ined. del archiva de Aragon, t. XI , Repartitn. de Mallorca ; Qua- drado, Hist. de la conq. de Mallorca, append. n<> 4. Nous avons dil (t. 1, p. 274} que la chevalerie (cavalleria) aragonaise était un revenu de cinq cents sols de rente affecté à Tentretien d'un cheva- lier. La chevalerie de Mayorque représentait quelque chose d'ana- lugue; mais on ne sait si elle consistait en terres ou en revenus. En Catalogne, à Fépoque des premiers comtes, d'après Bosch , a le fief de chevalier, qui était dit chevalerie déterre, n'était qu'une con- cession d'une portion de terre de la valeur de dix setiers de blé , qui faisaient 80 carterées , chaque setier valant 8 carterées. » (7Vt. de honor de Cathal., p. 325). Lors de la conquête de Séviile, des immeubles furent concédés à titre de chevalerie. (V. Ortiz de Zuniga, Anales de Sevilla^ ad ann. 4252; Sempere, Hist. del derecho Esp,, lib. II, cap. XIV.)

\

170 LIYAE m, CHAPlTtlE ^I

Le dnel judiciaire , que sâiot Lottis de panriDt pas & détruire en France , que Jacme n^osa pas proscrire do royaume de Valence, est formellement aboli à Mayorque, ainsi que les ordalies de toute sorte.

Il est interdit d'exercer dans aucune partie de l'île le droit de naufrage ou de bris.

Les personnes et les biens sont protégés par la défense de retenir en prison préventive, si ce n'est pour « crime énorme » , l'accusé qui offre de donner caution; par l'obli- gation imposée aux magistrats et aux ofiiciers royaux de se faire assister de deux prud'hommes au moins lorsqu'ils sont obligés de pénétrer dans la demeure d'un particulier; par la suppression de la peine inique de la confiscation.

L'organisation judiciaire nous offre un nouvel exemple de cette remarquable institution de la cort fcuriaj, des- tinée à séparer le magistrat qui juge les affaires privées , de l'officier qui perçoit et administre les revenus de la couronne. De celte façon, le juge, affranchi d'une gestion financière importante, n'a plus intérêt à grossir les amendes et les frais.

Les fonctions du viguier sont les mêmes qu'en Cata- logne.

Les appels des tribunaux inférieurs sont portés à VAhnudaina, c'est-à-dire au palais du roi. Le souverain ou son délégué y décident les causes en dernier ressort.

Toutes les sentences sont rendues publiquement avec l'assistance des prud'hommes du lieu.

Enfin , 'avant de recourir à la justice , tous les citoyens peuvent taire décider amiablement leurs contestations civiles ou criminelles par des prud'hommes qu'ils choi- sissent.

Les autres articles de la charte de Mayorque sont in- spirés par le code de Barcelone, qui forme d'ailleurs le

FUBfiO DE MAYORQUE i7i

droit sappiétoire des Baléares ; mais, grâce à la législation donnée par le roi à ces iles, la féodalité catalane ne par- vint jamais à s'y implanter.

Nous n'avons pas encore abordé l'examen des deux œayres législatives fondamentales de JacmeP', et déjà, dans les lois isolées promulguées par ce prince , nous voyons se dessiner les traits principaux de la réforme qu'il poursuit. AfBrmation de l'autorité du souverain , affai- blissement des principes féodaux , constitution de la pe- tite propriété allodiale et roturière , suppression des entraves qui gênent le commerce et les transactions, abo- lition de droits iniques et de coutumes contraires à la raison, tolérance pour les Juifs et les Sarrasins et faveur pour ceux d'entre eux qui se recommandent par quelque mérite, tentatives pour séparer le pouvoir laïque du pou- voir ecclésiatique , les fonctions judiciaires de certaines fonctions administratives , et organiser des tribunau^i in- dépendants qui offrent des garanties égales à celles des tribunaux ecclésiastiques, supérieures à celles des jus- tices seigneuriales : tel est le programme que le Conquis- tador parvint à réaliser sans troubles et sans secousses dans diverses parties de ses États catalans.

CHAPITRE VII.

LÉGISLATION DE L' ARAGON. Paero de Sobrarbe. - Origine du droit ^litique aragonais. Origine du droit privé. Code de Huesca. Considérations générales. Organisation judiciaire.

Lejutieia; causes de T importance politique de ce magistral. Juges et officiers de justice. Lesjunlasetles jonleros. —Etat des personnes et des terres. Les alleus et les fiefs en Aragon. Les bourgeois. Les paysans et les serfs. Les Sarrasins et les juife.

ftocédure. La caution base de la procédure aragonaise. Les actes. Les témoins. Formes symboliques. Le serment

Abolition des ordalies vulgaires. Le duel judiciaire. Mino- rité , adoption et tutelle. Desaffliaeion. Régime de la dot. Successions. Testaments. Donations. Des contrats; cau- tions et gages. Prescription. Droit criminel. Homicide. Composition; frednm. Vengeance privée. Assorements. Guenes privées. Trahison, brigandage, faux. Crimes divers.

Procédure criminelle. Coup d'oeil d'ensemble sur le code de Huesca.

« En Aragon, il y eut d*abord des lois , puis des rois\ > D'après la tradition, en effet, lorsque les chrétiens retirés dans les montagnes de la Navarre, tou- Inrent s'organiser en Etat régulier, ils posèrent d*abord les bases de la constitution qui devait les régir, et, avant

* Préface des Fuérof d'Aragon, édit. de 4576.

176 LIYilB m 9 CHAPinS TIl

sépare par rincompatibilité des mœars , mot paissant et populaire en Espagne, mot souvent répété par les étrangers et souvent incompris par eux. For, tribunal , juridiction, loi, règle protectrice des droits publics et privés , privilège d'un corps , d'une ville , d'une pro- vince, décision souveraine du prince, tradition non moins souveraine du peuple , prescription écrite et cou- tume orale, ce sont autant de nuances du mot espa- gnol fuero .

Le fuero d'une ville est la charte à la fois politique et judiciaire octroyée à cette ville par le seigneur ou le roi. Les fueros d'une province sont les privilèges de cette province et les lois de toute sorte qui la régissent spécialement. En Aragon et à Valence, la législation poli* tique, judiciaire, administrative, prise dans son en- semble, constitue les /tiero^ du royaume; chaque pres- cription , chaque article esiun fuero distinct; mais on appelle encore ainsi un document législatif de peu d'é- tendue, bien qne renfermant des prescriptions diverses, par exemple le fuero de Sobrarbe. Enfin le nom de ville ou de pays qui sert à désigne^ chacune de ces chartes ou chacun de ces recueils, indique tantôt la région à laquelle ils s^appliquent , tantôt le lieu ils ont été promulgués. Ainsi les/uero«d'Huescade 1247, les fueros ou le fuero d'Exeade 1265, régissent le royaume d'Ara- gon en entier. Ce mot célèbre n'est donc pas le syno- nyme de l'expression privilèges communaux ou provin- ciaux, il ne désigne pas toujours une loi écrite applicable seulement à la ville dont le nom ' l'accompagne, et l'on aurait tort, par exemple, de prendre pour une charte communale, comme on Ta fait trop souvent, les /iir^ ou fueros de Valence, code du droit privé de tout un royaume.

rUEROS DE HUESGA 177

Jnsqa'eD 1247, il Q*exista, pour les /uero« politiques on judiciaires de TAragoD, aucun recueil général qui en flxàt netlement les termes et la portée. Il n'y avait pas ici, comme en Catalogne, un code suffisant pour le plus grand nombre de cas , malgré ses imperfections ; les lois gothiques et les lois romaines, trop éloignées des coutumes quasi-germaniques chères au peuple ara- gouais , ne pouvaient aucunement servir de droit supplé- toire à ce royaume.

Des inconvénients innombrables naissaient de cette confusion. Par esprit de patriotisme, les Aragonais avaient une tendance marquée à exagérer leurs coutumes dans le sens barbare, plutôt qu'à marcher vers les idées romaines, et la ténacité de leur caractère ne pouvait faire espérer des modifications assez profondes dans leurs mœurs pour rapprocher leur législation de l'idéal poursuivi par Jacme I".

Il fallut donc se borner à remédier à la confusion des lois en rédigeant un code, dans lequel cependant, grâce à l'ignorance de la plupart des seigneurs et des bour- geois appelés à le confirmer, Jacme et les légistes glis- sèrent quelques-uns des nouveaux principes , sous le prétexte de détruire des abus. Encore le roi dut-il déclarer qu'en corrigeant certains points que les anciennes lois, « non sans grand inconvénient pour les choses tempo- relles et grand péril pour les âmes, avaient faussés, moins par amour de la justice que par ambition per- verse », il ne voulait « absolument rien ajouter à son pouvoir ni rien retrancher aux libertés acceptables de ses sujets* «.

* Préambule de$ Fueros d^Âragon «Jaos nos Pièces justificatives

(n»YII).

T. n. 12

178 LiYAB lit , GttA^itiiE m

Mais, dâûs ce travail , les questions tonchant directe- ment à Torganisation politique furent prudemment écar- tées. Ce n'était qu'en l'absence d'une constitution nette- ment formulée que le roi pouvait, dans ses moments de force, se permettre des coups d'État pareils à ceux q«6 nous avons eu l'occasion de signaler. En fait de droit privé, la prévoyance des ricos homes n'allait pas Jwsqu'à se rendre compte des changements profonds qui peuvent naître d'un principe, en apparence inoffensif, introduit dans une loi civile; mais, quand il s'agissait de leurs fueros politiques, les fiers barons étaient intraitables. La rédaction de chaque article eût fait éclater une guerre entre eux et le roi , si celui-ci n'eût pas consenti à subir toutes les exigences féodales.

Dans cette situation , il était de l'intérêt de la no- blesse de demander la rédaction des fueros politiques > il était de l'intérêt du roi de refuser. Tant que Jacme domina les barons, il s'efforça de laisser tomber dans l'oubli la constitution aragonaise*; mais, à la suite d'évé- nements que nous raconterons plus tard, les tncos homes se sentirent assez forts pour imposer à leur souverain la confirmation expresse et la rédaction de quelques-unes de leurs lois politiques : ce sont-les ^iiero5 d'Exea de 4265. Ils se composent de dix articles, dont le recueil des lois aragonaises nous a conservé le sens et non le texte. Nous

* Quelques auteurs ont vu dans le silence des fueros de Huesea sur les questions politiques un oubli prémédité de l'évêque Vital de Canellas, chargé de préparer le projet de code; pour d'autres, Fomission dos lois relatives à la succession de la couronne serait Te résultat d-une transaction entre le roi et la nation. Ces deux opinions sont dénuées de preuves. (Voy. Fueros d'Aragon ; Discours préli- minaire, par MM. Savait et Penen. Marquis de Montôsa et Man- rique, Historia de la legislacion y reciiationes d§l derecho dvil de Espana.)

pnopos 14 légisUtipa g^oérale 4u royaume ; les ^utr^d tron^erop^ leur j^ace dans le coiirs de mivfi r^it.

Quant aux fuere^ de Hiiesca, }eur tex^ original $n Ungae aragODaise estt perdu aujow^^d'hui» e^t le#rs idiverseç dispositions, (traduites ep ladio, ^as avoir dépoui)i|^ J^r physionomie quAsl -barbare, (mi élé foivdaes .dan$ j^ reeaeil «iicore en jQ^age .4es fwtK^e y o^ervfmw ^ Aragon. Il est possible çependi^nt 4^ wtaMir, d*uAe pa- nière à jpett près oerlaine» la a^ri^e.de lew^ Mvres.et de leurs titres ^us Tordre primitif; c'est ce que nous avQf)s faii dans nos fkièces juâtificaitive$ \ Ia l^tor^ ^e <ç^tte table «niât i pronfver comhiein ie$ rédia^eurs d^ss fuefos étaient préoccupés d'imiter, aa moiips dans l^fu iovjfk^ j les fiaoaiiiients diu droit romain. Oblige» de codifier musiques dispositions qui A'avaÂeDt pas d*analogU9§ d?^

* Vil. Nous avons suivi pour celle reconstruction les inéi- eatioMëeHM. fiavaHetPdnen (Discours çrélinlnaioe de teur Hi- iMHi des Pmros y ofoé^vancio^} et ^lles du marq^i^ 4elRisoo,da!>s son opuscule intitulé : çtd nonnullos Aragoniœ foros emendationes.

D'après cederpierauleur, le code de Huesca aurait été divisé en quatre parties. I^a première se terminerait afec le ii/tre êe €(mtrqiti'' btuminorum du livre V; la seconde s'^(QO(jifpit i^y^qiM'^P MUe ^ Orimaef^Ui (liv. yUl) ; 1^ troisième ju^^U'à çelpi ^e Tabellionibus; tout ce qui suit ce dernier titre jusqu'à la un du recueil formerait la dernière partie. Celle divls;ion, très irrégulière ei tout à fait nrW- traire, m nous parait avoir été iBoUvée, si allé a r^lteinent axi^té « qm par d^ aâodâ^tés matérielles de.eopie. Les /L))ïr|qpa'; de^ titres, dont |K)U$ n'avons que la traduction latine, ont être primitive- meut rédigées en aragonais comme le code lui-même ; mais elles n'en ont pas moins été calquées sur lesriibriqaei d^s loi6 romaines. Nous Fenacquer^ps i Valence 1^ mèqie système de tr^ft^ic^Qn en langue vulgaire des titres du code de Juslinien. Lorsqu'il a fallu donner une forme au corps des fueros d'Aragon , celle des recueils impériaux, si familière aux légistes de l'époque, s'est naturellement présentée à l'esprit des légi^lateMcStd^^U^çca.

180 LIVfiE III, CHAPITRE TU

les lois impériales, ils s*e(]forceQt de les ranger, aa moyen de rapprochements puérils, sous des titres empruntés au code de Justinien ou au Digeste. C'est dire que, pour la méthode, le recueil d*Huesca est inférieur à ceux qui lui servent de modèles. Il est incomparablement moins com- plet qu'aucun d'entre eux. Un titre ne comprend souvent qu'une ou deux dispositions réglant des cas particuliers ; les principes généraux de la matière à laquelle ils se rap- portent n'y sont -presque jamais posés.

Faut-il attribuer les lacunes immenses des fiieros à l'impuissance de ses rédacteurs? Non, car c'est aux mêmes hommes que Valence doit son code à peu près complet pour l'époque. Il faut voir dans cette imper- fection, d'un côté, le désir du roi de donner la sanction des cortès et la sienne au plus petit nombre possible de coutumes aragonaises; de l'autre, le refus des repré- sentants de la nation de laisser combler les lacunes de leurs fueroB au moyen d'emprunts faits au droit romain. On trancha la difficulté en décidant que le bon sens et Téquité seraient seuls invoqués en cas de silence des fueros. Le préambule du code déclare coupables de lèse- majesté ceux qui contreviendront à cet ordre, et appelle sur eux la colère royale *.

Le droit romain avait encore gagné sa cause, puisque, de par les docteurs de Bologne , de Montpellier et de Lérida, il était le seul interprète de la saine raison et de l'équité. La porte était ouverte aux innovations; le pa- triotisme jaloux des Âragonais avait beau se tenir sur ses gardes, il pouvait retarder mais non empêcher l'in- troduction des idées romaines dans la législation na- tionale. En effet , la cour de justice présidée par le roi

^ Voy. Préambule des />Wr(» dcHuesca.

jw _>r <r

0BGANI9ATI0N JUDIGUIBE 181

continua à baser ses décisions plutôt sur les principes des lois impériales que sur ceux des fneros, et, en Aragon comme en Catalogne, ce fut un des sujets de plainte de la noblesse contre le Conquistador \

Cette imperfection du Gode aragonais, qui, loin d'obscurcir la gloire du législateur, rehausse son habileté politi()ue, nous oblige parfois à invoquer des secours étrangers aux fueros pour dégager de leurs dispositions certains principes généraux qu'elles cachent plutôt qu'elles ne les exposent '.

Avant tout, il convient de se faire une idée de l'orga-

* Lorsque, en4264,lesrtco« ^ome« aragonais révoltés reprochè- rent an roi de s'entourer de légistes qui décidaient les affaires d'après le droit romain et les dérrétales et non d'après les fueros, Jacme répondit « qu-un roi doit avoir toujours à sa cour des légistes, dé- erélîstes et foristes, pour l'éclairer sur les nombreux et divers pro- cès qu'il a à juger. Vous voyez, ajouta-t-il, qu'ayant sous notre au- torité trois ou quatre royaumes que Dieu nous a octroyés, nous avons àrendre des sentences sur des questions de nature très-diverse, principalement parce que tous nos Etats ne se gouvernent pas par le même fuero ni la môme coutume, et ce serait une honte que de ne pouvoir donner notre sentence faute de connaître le droit par nous- même ou par ceux qui nous accompagnent. Pour ce motif, nous avons à nos côtés les légistes et décrélistes dont vous vous plaignez; mais est-ce que jamais nous avons jugé par un autre fuero que celui d'Aragon lorsque celui-ci a suffi pour décider la question ? » (Ghro- niquede Jacme, cbap.ccL , voy. ci-après, liv. IV, chap. i.)

* Les Observancias (Observantiw consuetudinesque regni Arago- num), recueil de jurisprudence rédigé d'après les ordres du roi AI- fonse V, par le justicia Martin Diez de Aux , sont la source la plus authentique d'interprétation des fueros ] mais nous n'avons y recourir qu'avec précaution pour ne pas nous exposer à donner à certaines loisde Jacme I*' un sens qui souvent ne leur a été attribué que par la jurisprudence des siècles suivants Une observation ana- logue s'applique au Privilegio gênerai, imposée Pierre 111, en 4283, et à sa confirmation par Jacme II, en 4325, qui renferment des principes nouveaux mêlés aux usages anciens.

i62 LI?R« fil , GtfiPftHt m

DisatioD jiiéi(>ifilire de i* Aragon, sur laquelle le rdcoMl légal De fournit attcones donnée». La seule indtcalion (]ne Ton 7 roDGontre est Ténuraération qui lermine la for- mule exécutoire du pl^ambule: « Baylea , jw(wta«i çaf- médinas j jurés, juges ^ atcaydesi fuuteros et officiers auKjuels est confiée la charge de donoaitre les eausiea et de les juger. »

Au soQQHiet de la hiérarchie judiciaire se trouvait na- turellemeul le roi, qui, selon la coutuaie du moyeu à^e, rendait lui-même la justice, et pouvait intervenir d^ins toutes lés eauses soit seul, soit assisté de son conseiL Seul , il exerçait le droit de grâce en matière criminelle, et accordait, dans certains cas, des délais aux débiteurs. Tels sont à peu près les seuls pouvoirs de quelque impor- tance que les fueros laissent à la royauté.

Pour la plupart des affaires^ le souverain assemble son Conseil , composé des ricos homes et de tous tenx qu'il juge à propos de convoquer. Les ricos hotnês ne peuvent refuser de s*y rendre, car c ils doivent conseil- ler leur roi, dit Vital de Ganelias \ suivant la sagesse que Dieu leur a donnée. » A ce tribunal suprême appar- tient spécialement la connaissance des questions rela- tives aux preuves de noblesse, à la dégradation des thôvaliérs, à la iilialion des Uobles, à réhabililatiOb des individus condamnés à une peine qui entraîne avec elle rinfamie '.

Un juge qui ne se croit pas assez éclairé pour rendre

* Blancas, Rerum aragimensifim eommehêmrii «pud Hisp. Ulual^ , L IIÏ, p. 788.

' Lanote d'infèmie^châtîment d'origine romaine^ a'existait ^s en Aragok^tiu temps de Jacme i*' ; nwis il y avait natureilemeatUDe infamie de fait que ropinion publique» sinon la loi, tttaelNiit à cer- taines condamnations.

une sentence peut s'en remettre à la décision c|u roi ; d'ailleurs le fait seul de la présence de ce dernier dans Qoe yille évoque à sa cour toutes les causes dont les jus- tices du lieu sont saisies.

SoQS Jacme V\ Tinfant héritier de l2^ couronne n*a pas encore les fonctions administratives et judiciaires qui lui seront dévolues plus tard. Le gouverneur de T Aragon D*est pas institué. En l'absence du roi, il y a seulement un lieutenant général qui le représente, mais ne jouit pas entièrement de ses prérogatives.

An-dessous du roi se trouvent deux hauts dignitaires dont nous avons parlé plusieursfois, le majordome d'Ara- gon et le ;ti«/îm. Le premier, outre ses attributions mili- taires\ avait des fonctions judiciaires étendues; il jugeait toutes les causes relatives aux nobles qui n'étaient pas exclusivement réservées au roi, il pouvait faire compa- raître devant lui tous les laïques du royaume. Tous les tri- bunaux, excepté celui àujusticia d'Aragon, suspendaient leurs décisions dans les villes il se trouvait, n^ais sa juridiction « se taisait » à son tour en présence du roi.

On a beaucoup écrit et beaucoup disserté sur les ioùc- iion^ an justicia d'Aragon ^ Il reste encore bien des points à éclaircir, et notre tâche est rendue d'autant plus difficile, que nous avons à nous occuper de cette magistrature durant une période déterminée de son exis- tence, à une époque reculée, et au moment elle

* V. notre l. 1, p. 286.

* Parmi les auteurs qui se sont occupés avec le plus de développe- ment de celte institulion, nous citerons : en E^^pagne , Vital de Canellas, Martin Se^^arra et Juan Xinienez Cerdan , tous deux justi- das^le jurisconsulte Mictiael del Molino. Zurila, iilancas, Afso> Mudebto Lafuente , Senipere (Hist, del derecho espanol) ; en Angle- terre Uallam, Robertson ; en Âllen^gne , Schmidt, Gervinus; en France, M. Rosseeuw Saint-Hilaire.

184 LITRE III , CHiLpITRE TU

commence à peine à laisser quelques traces dans les docu- ments écrits.

Malgré le texte plus ou moins authentique de Blancas, que nous avons rapporté plus haut, et d'après lequel le fuero de Sobrarbe aurait institué un judex médius^ un magistrat intermédiaire entre le souveram et la nation, qui devait veiller au maintien des lois et rappeler au respect des libertés le roi lui-même, s!il venait à s'en écarter \ il est certain que le ju^^tcian'acquit une haute importance politique qu'au commencement du XIY^ siècle, àTépoque où, suivant les expressions de Blancas, < son pouvoir, qui avait dormi jusque-là commeun glaive dans le fourreau, en sortit pour n'y plus rentrer V » Ce prétendu réveil de la puissance Axijusiicia ne fut-il pas plutôt la naissance de ses attributions politiques? C'est l'opinion qui nous paraît la plus probable, à en juger par les ténèbres qui enveloppent les premiers âges de cette magistrature.

Sous Jacme I", en 1231 ', on trouve dans les docu- ments, la première trace duju«/im d'Aragon; c'est Pedro Ferez, frère aîné de Ximeno Ferez de Tarazona, premier rico home de mesnada *. Mais le juslicia dut exister de toute antiquité comme juge de la cour du roi. Malgré les phrases pompeuses de Blancas et de Zurita à propos du

^ Voy. la lettres de Juan Ximenez Cerdan, justicia d'Aragon , à Martin Diez de Aux, son successeur, dans les Faeros y observancias de Aragon,éiïii. SavalletPenen, t. II, p. 81.

* Blancas, apud Hisp, illustr.

3 Voy. nolret. I, Piècesjustific.,p. 458.

* La Chronique royale, à propos du siège de Burriana, qui eut lieu en 1233, parle de Pedro Perez « le iusticia^ fort entendu en fue' ro8 d'Aragon, à cause des diver;s cas qu'il avait continuellement à juger.» (Chronique de Jacme, chap. xxx.— Voyez aussi notre tome I, p. 3i7.)

LA JU8TIGIA 185

nom donné à ce magistrats c parce qn*il est la personnifi- cation de la justice > , ou bien parce que les Aragonais, « par respect ponr la royauté, n*ont pas voulu mettre entre eux et leur roi d'autre médiateur que la justice elle-même >, il est certain qu*on donnait le nom àejus- ticia à presque tous les juges ordinaires, y compris ceux que les ricos homes établissaient dans les villes possédées par eux à titre à'honneurs. Lorsque, sous Pierre II, les barons cédèrent la haute justice en échange de Thérédité des honneurs, \ejusticia voyd\, qu'on appelait aussi jusiù cia mayor on justicia de Saragosse, vit sa juridiction s*étendre, son importance grandir; c'est alors qu*il échangea son nom contre celui de justicia d'Aragon. Cependant ses attributions ne consistaient encore qu'à examiner les causes, soit en présence du roi, soit par son ordre, soit aussi en présence du majordome; à diriger la procédure, à donner son avis, et à prononcer la sen- tence que les autres membres du tribunal « mettent dans sa bouche >, suivant l'expression de l'évéque Vital. « Il n*a à craindre aucune peine, ajoute ce jurisconsulte, pour ce qu'il prononce ainsi, car ce n'est pas lui qui rend la sentence, mais ceux auquels, dans ce cas, il doit obéir V » Les procès entre nobles ', ceux le roi figuraitcomme

* Nous ne savons comment il se fait que plusieurs historiens étran- gers à TEspagne ont travesti ce nom en celui ùejustiza.

^ Blancas, Rerum aragonensium comment. ^ apud Hisp. illttstr., t. III, p. 722; Sempere , Hist. del derecho espanol ^Yib. III, cap. XX.

' Le tribunal du justicia ne connaissait de ces causes que lorsque les parties n'étalent pas soumises à la juridiction d'un seigneur par- ticulier ou du juge d'une ville autre que celle résidait la Cour. (Voy. Blaiicâo apud Hisp. illustr.^ t. 111, p. 732.) D'après le Privi- legio gênerai de 4283. qui invoque « le fuero et Panlique u^agei), les bourgeois et les prud'hommes des villes doivent aussi assister le juitida dans la décision des affaires. (Voy. Fueros , édit. Savait et PenoD, t. I, p. 12.)

iM LITRE Hl^ CBàFITRE TII

partie étaient jagés de cette manière ^ Des senteoees ainsi rendues on appelait aa souverain seul qai déléguait ordinairement un juge pour examiner de nouveau Taffaire. Après ce dernier arrêt, on pouvait recourir au roi par voie de supplication V

Le justicia était nommé à vie par le souverain et choisi dans Tordre des chevaliers; il ne pouvaitétre révoqué que

è

pour des motifs graves ; il suivait la cour tant quelle se trouvait dans le royaume d'Aragon et était nourri aux frais du roi '.

Voilà tout ce que nous savons de positif sur cette magis- trature au temps de Jacme l" *. Gomment un modeste

* Puero d'Exea; voy. Fueros^ 1. 1, lib. I , de Officio justitim Àra- gonum. Dans toutes les éditions publiées depuis 1547, les fueros de Jacnael*' encore en vigueur à cette derniè'-e ddte, ont été refondus dansunnouTeau classement; ceux qui étaient alors abrogés ou hors d'usage ont été rejetés vers la fin du recueil en conservant leur classification primitive. 11 y a donc deux séries de livres : 4 <> celle des lois en vigueur en 1547, insérée au tome 1 de l'édit. Savall et Penen; S<> celle des lois abrogées qui fait partie du tome H. Celte division étant celle des éditions les plus répandues des fueroi^ nous Tavons adoptée pour nos renvois.

^ Zurita, Anales^ liv. H, cap. lxiv.

* Fuero d'Exea. Voy. Fueros, t. 1, lib. I, de Officio jusHtia Àragonum; Blancas.p. 722.

* Len* 1122 des Parchemins de Jacme I*' aux archives d'Aragon, fait connaître, dans tous ses détails, la procédure usitée devant la /u^a'cta d'Aragon. 11 s'agit d^une cooteslalion entre le précepteur des Templiers de Monzon et un infanzon nommé Garcia de Orciva qui , en sa qualité de noble, refusait aux Templiers le service de Vhosi, pour une vigne située dans le territoire de la préceptorerie de Monzon. Après l'exposé des faits de la cause et des diverses pèases du procès, parmi lesquelles nous remarquerons la défense faite par Térêque de Huesca à deux avocats de cette ville de plaider pour les Tem- pliers, le dispositif de la sentence commence en ces termes:

« Nos vero M. Pétri, jtisiicia àragonum* auditis et intellectis ratio nibus et allegationibus partium universis et super bis omnibus dili- genti tractatu adtiièilo née non requisito diligenter atque soUiciC e

lA WSTMIA 487

âTitîKaîfe de la eonr da roi devint*)!, dans les 8ièele8 sui- vant!» le dépositaire d*un pouvoir presque égal à celui du souverain? Il nous parait facile de se rendre compte de oette transformation.

Au milieu de nobles et de prélats presque tous étran- gers i la science du droit, de légistes imbus des princi- pes romains, seul \ejuslicia représentait le droit national que^ mieux que tout autre, il devait connaître, car c*était lui qui recherchait, dans le dédale des fueroa et des cou- tumes, les textes applicables à chaque affaire, qui les interprétait et éclairait Topinion des vrais juges. Ces lois de leur pays, que les Aragonais mettaient au-dessus des rois, c'est par la bouche du justicia qu'elles parlaient; aussi le culte que la nation entière avait pour elles s'élen- dait-il jusqu'à cette magistrature qui en était la gardienne et l'interprète. De à faire de celle-ci le premier pouvoir politique, il n'y avait qu'un pas, et les rois eux-mêmes, à commencer par Jacme V\ facilitèrent cette transition.

Le Conquistador «— « on le voit par la faveur dont jouis- saient Pedro Ferez et son frère Ximeno se servait déjà àxx justicia pour agir sur l'esprit de la majorité dans les conseils du royaume. Aussi, aux certes d'Exea, les seigneurs voulurent-ils que les abus de pouvoir de ce magistrat pussent être sévèrement réprimés. Us exi- gèrent , en conséquence , que le justicia fût toujours choisi parmi les chevaliers et non parmi les ricos homes, ceux-ci ne pouvant jamais être assujettis à une peine corporelle *.

a Domino Hege Aragonis, a dompno P. Cornelii miijore doropno et tenente locum domini liegis Aragonis etab aliis quampluriniisjuris- ^iidentil>us tam richis bominibus quam civibus Aragonis de man- date «peciaii domini Regii> et dicU doxnpni P. Cornelii dicimus judioaodo, quod... d ^ Fueros^ 4. \, iiv, 1^ de OffiMiusHtiœ Aragonum; Hlancas, p. 756.

188 LITRE III, CHAPITRE YII

Jacme et ses successears augmentent les prérogatives et rindépendance du juslicia pour entraîner, avec Taide de ce puissant auxiliaire, les lois et la nation dans une voie toute favorable à la royauté. Ils ne prévoient pas que rallié d*aujourd*hui sera demain un rival et prêtera son concours à la haute noblesse, qu*il est destiné à com- battre. Si nous ajoutons .qu*une série d'hommes remar- quables par leur talent et leur caractère rehaussa Téclat de ces fonctions , on ne s'étonnera pas des proportions grandioses que cette institution atteignit insensiblement. Si le judex médius n'existait pas dans le royaume de Sobrarbe , il fut de tout temps en germe dans les fueros et dans le caractère du peuple aragonais , comme tout ce qui personnifiait la résistance de la nation à Tabsoln- tisme d*un seul. Il en est de même du fameux privilège de Yunion, qui autorisait l'opposition armée des sujets aux empiétements du pouvoir royal. Il ne fut reconnu expressément par la loi que de 1288 à 1348, et pour- tant, bien antérieurement à cette période, il s'affirme dans l'histoire d'Aragon, et en particulier durant le règne qui nous occupe.

La nation au-dessus du roi , les lois au-dessus de la nation, tel est l'idéal aragonais, et tout ce qui flatte

Gervinus prétend que les rois établirent cette règle pour se faire un appui du justicia contrôla haute noblesse. Cette erreur se réfute par cette seule observation que ce fut précisément la haute noblesse qui imposa les fueros d'Exea à Jacme 1*'. 11 était de l'intérêt de tous que \e justicia pût être puni s'il employait des moyens coupa- bles pour faire rendre des sentences iniques. Que les rois se soient servis de ce magistrat pour contre-balancer la puissance des rieos homes, c'est incontestable ; mais le fuero dont nous parlons a eu un but tout à fait opposé. Il s'agissait, au contraire, en ce moment d'en- lever à un allié de la royauté une prérogative dont il eût pu abuser.

OBGAfnSATlON lUDIGlAUE 189

ces aspirations est revéta par l'esprit public du prestige qui environne les fueros de Sobrarbe*.

Nous ne trouvons pas davantage dans les lois de Jacme V la trace des « deux plus fermes remparts des libertés aragonaises », l^jurisfirma et h manifestatio ^ , en vertu desquelles le justicia pouvait évoquer toutes les causes sur la demande des intéressés ; la jurisfirma s'appliquait aux biens , la manifestatio aux personnes. Par cette dernière , le condamné , même à l'instant il va subir sa peine, peut invoquer le secours du premier magistrat du royaume par la formule fuerza ! fuerza ! « comme s'il était prêt à succomber sous une attaque Tiolente »; dès lors il est remis au pouvoir du justicia, qui révise le procès.

Ces deux institutions sont mentionnées pour la pre- mière fois dans les fueros en 1398, mais dans des termes qui indiquent leur existence antérieure. Elles ne parais- sent pas cependant remonter au temps de Jacme ^'^

Ce n'est que postérieurement au règne de ce prince, lorsque les nobles et les prélats négligèrent de siéger pour la décision des procès ; lorsque le roi, absorbé par ses occupations politiques , se contenta de présider son

* Trois puissances, d'après Blancas, défendent les libertés arago- naises : le justicia y les ricos humes^ Tunion du peuple entier. « Le premier de ces moyens, ajoute rhistorien, est juridique; le second, domestique; le troisième, militaire et populaire. » Rerum arag. comment., apud Hisp.illust. p. 794.

* Le nom latin a prévalu ; on disait en vieille langue aragonaise firma de dreyto et manifestacion.

' Schmidt assure que la jurisfirma est mentionnée dans le Privi- legio gênerai (42S3). Il confond la firma de dreyto, firma juris diyec la fianza de dreyto, fidantia juris ^ caution de se présenter en jus- tice donnée par le défendeur. Celle-ci existait de toute antiquité î c^est une des bases de la procédure dans les fueros même de Huesca.

MO ufMt m, cBAMfM ra

tritmnftl particulier saas assister uk {rfaîds Iams eu présence du justiciay qM s'introdaisit dans le Uriboial de celui-ei l^usage, commun déjà à toutes les autres justices du royaume, en vertu duquel le juge décidait les causes après avoir demandé l'avis de tous les j«ris<- consultes du lieu, convoqués à cet effet. Plus tard encore, lorsque les procès se multiplièrent, les lieQto- nants dujusiicia furent institués.

Nous avons dit que, sur l'appel d*une partie, use affaire jugée au tribunal du jnstioU pouvait être porlée devant le roi seul. Dans ce cas, celui^i déléguait ordi- nairement un jurisconsulte pour connaître de la cause. Ce magistrat temporaire, nommé spécialement poiir«B procès déterminé, portait le nom de juge délégw \

Dans chaque cité, dans chaque localité de quelque importance, le roi établissait des juges permanents, dLipfe\ésjusHcùi9 dans les principales viHes , alo^ydes dM3 les autres ; « mais leur pouvoir et leur juridictiou sont toujours les mêmes » , dit Vital de Ganellas '. Ce sont les

* Ces juges sont appelés quelquefois judioes eurim , oftdiUtre^ ouriœ. Les premiers prononçaient des sentences, les seconds devaient seulement rendro compte au roi de ce qui avait été discuté devant eux afin que le souverain put décider. (Blancas, p. 785).

2 Vital de Canellas ne parle ici de Valcayde qu'au point de vue de ses attributions judiciaires, car le texte des chroniques et des docu- ments indique assez clairement que l'a/cayde joignait souvent aux fondions de juge celles d'administrateur, de chef militaire, ou, pour mieux dire, d'agent du pouvoir exécutif; il y avait quelquefois dans la môme ville un alcayde et un juge ordinaire. Ainsi, à Sara- gosse, le zalmedina jure de ne donner aux plaideurs aucun conseÂi qui « serve à Valcayde de la cour ou au seigneur. » (Voir le privilège accordé, en 4256, par Jacme 1" à la ville de Saragosse). D'autres fois, on nommait un alcayde pour juger les procès des Sarrasins et un zalmedina pour juger ceux des cbrétieiis. Ue jour des kaleudes de juin (4^' juin) 4 245 , le commandeur de Mlirabet, de l'ordre du Temple, le précepteur de Tortose, et Ramon de Moncada nomment, du con-

ORGAltlSlTIOIl JUDIClàlM IM

chefs de ta justice ordinaire dans leur ressort; ils déci- dent toutes les affaires civiles et crininelles avec Tas- sistance des jurisconsultes ou des prud'hommes du lieu la cause se juge ^

Lqs zalmedinas ou zavalmedinas* sont, d*après Tévêque Vital , des officiers nommés par le roi dans les cités. A cette explication fort insuffisante , nous joindro-os les indications fournies par un privilège que Jacme T' con- céda, le 15 juin iâ56, à la ville de Saragosse pour Télec- tion de son zalmedina. Ce fonctionnaire, choisi annuel- lement par le roi sur une liste de six candidats présentée par les prud'hommes, n'est autre chose que le juge ordinaire de la capitale , chargé de « juger, définir et déterminer toutes les causes *. »

Nous avons déjà parlé des fonctions defray/e, qui, en Aragon comme à Mayorque et à Valence, se réduisaient à la perception des cens , rentes et autres revenus royaux et à la décision des contestations relatives à ces revenus ^.

senlement de Vaîjama (communauté) des Sarrasins deTorlose, Talcayde sarrasin de cette ville, lui défendant de s'immiscer dans les questions qui sont du'ressort de a ValmedinaT^ lequel, à son tour, doit s'abstenir d'empiéter sur la juridiction de i'alcaydo (Archivée d'Aragon, parctiemins de Jacme !•', n* 43;.

* «Afin d'éloigner tout motif de soupçon , quiconque a été consulté par le juge ne doit donner conseil à aucune des parties , excepté à celle qui lui aurait déjà demandé son avis une première fois dans la même cause. Cela doit s'observer dans toutes les affaires., b {Fueros t. I, liv. III, de Judiciis] Cf. liv. II, de Procuratoribus,)

^ De l'arabe zaval, seigneur, et médina^ cité; vice-seigneurs des cités.

* Archives d'Aragon, parchemins de Jacme i", n* U49. CoUeocion de documentas ineditos, t. YIII^ p. IM.

* «Que le bayle ou ceux qui auront ou recevront nos rentes, cens et autres revenus ou qui auront l'administration d'une baylie,n'en^ tendent, ne décident, ne jugent ou ne terminent aucuns plaids cri- minels ou civils, si ce n'est seulement les plaids et les demandes qui

192 LIYRB III , GHAPmB VU

Les justictas et autres juges rendaient compte aux bayles de leur gestion sous ie rapport financier, c'est-à- dire de la perception des amendes et des frais de justice*.

Le préambule des fueros mentionne encore les jurés et les junteros : les premiers sont des officiers munici- paux qui n'ont pas, à proprement parler, de juridiction, mais qui doivent souvent faire exécuter la loi; les seconds, appelés aussi sobrejunteros ', avaient des fonc- tions analogues à celles des viguiers de France et de Catalogne. De même que la Marche espagnole était divisée en vigueries , une partie du royaume d'Aragon était divisée en districts appelés junlas^, réunions, parce que tous les hommes du district en état de porter les armes devaient se réunir sous les ordres du juntero oa

porteront sur nos cens ou nos autres rentes, lesquels plaids el demandes seuls ils doivent ouïr, juger et terminer.» (Purs de Val,^ liv.l, rubr. III, fur. 72.)

^ Schmidtse trompe lorsqu'il dit que « les^u^e^ ordinaires nom- més par le roi dans ses villes et dans se^ principaux bourgs s'appe- laient alcaydeSfZalmedineson hayles.n Le mot de hayle est pris quel- quefois dans le sf'ns étendu de représentant du roi. Par exemple, au titre de Jurisdictione omnium judicum (Fueros^ t. 1, lib. ill), tt il est défendu, à tout autre qu'au roi ou à ses bayles, de faire des jus- tices de sang», au {ï{Tededilationibus(i. 1, lib. il!), il est parlé des zalmedinas et autres bayles.

* Les £o&r<>juntero5 sont quelquefois appelés pactanï dans la tra* duction latine des /u£ro5.

^ C'étaient \csjuntas de Saragosse, fluesca, Sobrarbe, Exea, Tara- zona et Jaca; le comté de Ribagorza, formant une viguerie, selon les . constitutions de Catalogne, n'était pas compris dans cette division par j'unfa^, non plus que les villes de Calalayud, Daroca, Teruel. Celles-ci, situées sur les frontières de Caslille et de Valence, ren- fermaient une nombreuse garnison sous les ordres d'un chef mili- taire, qui joignait à son commandement les fonctions de chef de junta.

irxi DES PEB80N1IBS KT DES.TEBRBS 193

wbrefuntero^ afin de poursuivre les malfaiteurs , d'établir Tordre, de faire respecter les paix et les trêves , d*as* snrer Tesécntion des sentences lorsqu'il était nécessaire d'aB déploiement de forces. Les sobr^unieros devaient toos être chevaliers et expérimentés dans les armes; s'ils occasionnaient un dommage quelconque illégale'^ ment, ils le payaient au double. Le juge, de son côté; est responsable des ordres injustes qu il peut donner aux chefs des juntas*.

Au-dessous des officiers que nous venons d'énumérer se trouvait le merino % chargé de l'exécution des ordres du roi et des sentences des juges. Il faisait certains actes de procédure, mais ne rendait aucun jugement; il aviât au-dessous de lui des agents appelés sayones, sorte de sergents ou alguazils.

Après avoir jeté un coup d'oeil sur les interprètes et les instruments de la loi, il convient de nous occuper des objets hommes et choses sur lesquels s'exerce son action.

Nous avons déjà parlé de l'état des personnes et des terres en Aragon ^ ; il nous reste à compléter ce que nous

*■ Yoy. Vital de Canellas ap. Biancas, p. 784 ; Zurita, Anales , ad annum 4260. Les junlas et les sobrejunteras ^ existaient aussi dans le royaume de Valence ( Voyez Privil, de Valence, ^ xxvii, n* 88).

* De mcnrendo^ diaprés Vital, parce qu'ils sont forcés de réparer de leur argent et naturellement à regret {mœrendo) le dommage qu'ils onl pu causer en exerçant leurs fonctions ; ou bien encore, dit le même auteur, de merilo parce qu'on les récompense « suivant leur mérite en bien ou en mal. » Nous préférons à ces deux étymologies hasardées celle de mayorinOf diminutif de mayor; sayon ou algua- zil mayor^ mayoHno, (Voy. Lafuente, Hist. de Espana, Part. 11, Mb. 1, cap. XXV.) On appela quelquefois merino, surtout en Cas- tille, un juge royal , juez mayor, jwz mayofino .

» Voy. n. t. 1, p. 434 et 274.

ik 13

fM LtTlB XU , CBAMnB Vil

•si âvôDs dît par quelqoes netiooi qui se rappoiimi pNis parlicalièpement 3a droit.

H est iDooiite3ta|>le qoe, dans le royanoie d'Arafoo, la terre et l'komiae sent aiiis par les Heos les plos étroits. Dans ce pays agricole, tonte influence, tout pouvoir indi- vidaelt repose sur la propriété territoriale. Le se) et son possesseur se prêtent un mutuel appui : leur séparation par vente, échange oi) donation ne se présume pas ; ainsi, tandis que l*immeuble roturier acquis d^uo homme do roi par un infomon\ devieqt noble, Vmfanzon, à son tour, pour faire la preuve de sa noblesse {salw mfbn^ itooicB), doit le plus souvent joindre le témoignage de soo tnanoir (coanfo') an serment prêté par deux chevaliers sur les saints Évangiles en présence du souverain*. La seule preuve qu*un immeuble a appartenu à ra!enl de celui qui le réclame oblige le défendeur à établir la légi- timité de sa possession^.

Cependant , malgré cette puissance de la terre et ee respect que la loi professe pour elle, des historiens d^ne haute autorité ont nié l'existence d'une vraie féodalité en

* Le mot infanzon sert ordinairement à désigner le simple noble qui n^st ni rko bome^ ni memidero, ni ct^alier ; mais il est pris |Mr les/ÎMrai dans son «oception la plus éteadue et s'applique à tentea lu catégories da nobles, y compris les riooshomm.

^ Les cbevaliers qui prêtent serment doivent, «s'il est nécessaire, contrer le manoir d'où procède la nobl^asede Tin/MMa.» {Fmros, 1. 1, lib. VU, deConditùmêint^anlwn^tua.)

s i^fierof,, 1. 1, lib. lY, d$ Pn^UoniXm; \\b. VK, dk G^miWmê infationatw et Quomoda quis debetU «tiain in(9if^ti»niam MHwrf. Ge dernier titre renferme lui article du ffê0ro d'Ëiiaa. Aalérieuremeot iee dernier acte législatif, l^ deux chevaliers qui ati^slaient la aoblesaa <^^vaiont Atre parents paternels de celui qui fai:^l li^ preuve*

« FMfr^, t. ^, lib. m, FamUim Imcwundm, libu IV, di FrwiaHaim bus. 11 ne suffit pas 4^ prouver queVimm^vhto ^ apparteaf m Ua* aïeul du demandeur.

LA FliOBiLlMl SM ARAGON |96

•AimgOD» It ne 6*agit, au fond , que de s'entendre sur les mots.

De grands vassaux de la couronne, à peu près indé- ^ndants 4 vWant dans leurs domaines au milieu d*une cour plus brillante souvent que celle du monarque , faisant battre nonnaîe, donnant des lois particulières à leurs sujets, levant des impôts arbitraires\ jouissant, en un nat, de la plénitude des droits régaliens; c'est ce qu'on De v<rft ni en Aragon, ni en Castille, et en cela ces deux royaumes diffèrent profondément de la Catalogne, les choses sont organisées comme en France. Si Âifonse III d*Aragon disait qu'il y avait dans son pays autant de rois que de ricos homee, il faisait allusion non pas à la puis*- eance des barons en tant que seigneurs féodaux, mais à la part qu'ils prenaient tous au gouvernement de l'Élat. Chacun d'eux était, s'il est permis de s'exprimer ainsi , une fraction de roi d'Aragon et non le souverain unique d*une portion déterminée du royaume. En ce sens, on a pn dire avec raison que la vraie féodalité, celle qui repose mr la confusion absolue des droits du propriétaire et des droits du souverain, n'a jamais existé en Aragon. Il est remarquable encore que le mot flef , qui se trouve à toutes les pages du code catalan, qui s'est glissé dans celui de Valence, malgré le désir de Jacme de l'en «xclure, ne soit pas écrit une seule fois dans les fueros deHuèsûa^ non plus que dans ceux d'Exea.

L'Aonor^ la cavalleria, l'héritage noble ou roturier

* lArieohome ne peut im|K>ser aux hommes des honneurs et des cbftteaux qui lui ont été concédés, aucune charge ou exaction inso- Ule» ni opprimer ou iiggrftver leur position, sous peine d'être privé iêkonki leidooiaiDes qu*il iienidu roi ( Fueros^ 1. 1, lib. Vil, de Stipendiis et Stipendiuriie),

196 ' LIVRE 111 f CHAPITRE VU

( hœredUas infaniiona aut villana^), sont les seuls modes de propriété meationnés dans la loi. Dans ces terres Dobles, qai De sont ni honneurs ni chevaleries^ faut-il yoir desalleus, comme le voudraient ceux qui nient Texistence du fief en Aragon ; ou bien des fiefs , comme le croit ua savant historien qui ne trouve dans ce pays aucune trace de propriété allodiale? L*un etTautre, selon nous.

L*alleu est tout à fait conforme au caractère aragonais, qui souffre difficilement les entraves du vasselage et respecte trop la constitution du royaume pour favoriser l'établissement de petits États dans TÉtat. Mais là, comme ailleurs, les nécessités d*une époque de lutte n^ont-elles pas forcer le faible à rechercher Tappui du fort, le roturier et le simple noble à mettre leur alleu sous la protection d*un riche terrien, moyennant fidélité et pres- tation de redevances et de services? Les terres nobles ainsi recommandées ne sont-elles pas de vrais fiefs? C'est ce qu'on ne saurait contester, et, s'il fallait citer un exemple remarquable de fief aragonais, au milieu de tous ceux que nous offrent les chroniques et les histoires, nous nommerions la seigneurie d'Âlbarracin , fief de la Sainte- Vierge , disaient d'abord fièrement ses possesseurs, les ticos homes de la maison d'Âzagra, et, plus tard , fief de la couronne d'Aragon *.

Les honors , dont quelques-uns , malgré leur nom , ne sont autre chose que de grands fiefs, les cavallerias^ ^ les

* Voyez entre autres passages des Fuero»^ t. ],Hb. VII, de Immu* nitatemilitum et infantionumeorumque privilegiie (fuero à'E}Les)fei t. U, lîb. 111, de Pœna temere Utigantium*

^ Voyez noire 1. 1, p. 469.

3 La eavaleria était tantôt une terre, tantôt une simple rente (Voy. Observaneias de Aragon^ lib. VI, de Conditione infantUmaiue , g 2 et lib. IX, de Privilégie generali^ § 23).

LA NOBLESSE EN ARAGON 197

fiefs simples ou héritages nobles soumis à des devoirs de vasselage par rapport à d'autres terres , les allens no- bles, les allens roturiers, les fonds assujétis au cens, aux redevances et aux services vils, tel est Tensemble de la propriété aragonaise. On ne peut refuser d*y voir une organisation féodale , bien qu*on n*y reconnaisse pas tous les caractères politiques du système en vigueur à la même époque en Catalogne et en France.

I^s terres nobles et roturières qui n'étaient ni hon- neurs, m fiefs, ni chevaleries, pouvaient passer sans aucun empêchement dans les mains des individus de tonte classe. Il semblerait que Jacme essaya d'introduire en Aragon les prescriptions qui défendaient aux nobles d*acqnérir des immeubles, car le fuero d'Exea revendique pour les infanzons le droit d'acheterles terres des hommes du roi et de les posséder comme « nobles, franches et libres de tout service royal *. » Mais, si la terre soumise an cens est sous la suzeraineté d'un autre seigneur que le souverain, elle reste roturière en passant dans les mains d*un infanzon, et celui-ci doit en acquitter toutes les redevances •.

Nous avons parlé ailleurs des principaux privilèges des nobles aragonais, et du droit de desnaluralizacion , qui caractérise si étrangement la féodalité espagnole ' ;

Pueros, t. 1, lib. VII, de Immunitate militum et infantionum; cf. Ohservancias, lib. VI, de PrivUegiis militum^ § 1 el 2.

Fueros, \. I, lib. IV,rf« Jure emphyteotico el de Rerum Testatione; cf. 0bêervanGia8f\ïb,\lfdeGenêralibu$ PrivUegiis totius regni Ara- goniœ, g ^3.

Tome I, p. 275 et suiv. Voy. aussi Fueros, t. I, lib. VII , de Ccmditiùm infantionatus, de Re militari ^ de Expeditione infantionis, de Cavalleriis . Observaneias , lib. VI, deCondilione infant., de PriviUgiis militum et nepotum militum. Le droit de se dégager des liens du vasselage est en germe dans le fuero juzgo (Liv. V, tit. III, 1. 4), et danslaloi des Lombards (Liv. III, tit. XIV, 1. unique.)*

196 uTum, oBAmBftTii

mais nous devons faire remarquer que, àé^k m temps Jacme r% le roi pouvait faire noble un individu isâu d*ttM famille roturière : de une noblesse de création à côté d'une noblesse de race, iesinfanzonesdecarta^kcùiéAw infanzone8ermunio8\ Le roi, ou son délégué spécial pou» vait fairechevalier quelqu'un qui n'était ni noble, ni boar* geois d'une ville privilégiée* ; mais un rico home qm an* rait tenté de s'arroger ce privilège aurait perdu son honùr et serait devenu incapable d'en posséder jamais. Si quel- ques chevaliers oublient « qu'ils ont été établis pour la défense des autres hommes et renoncent à cette hono* rable prérogative, dépouillant toute crainte de Dira, ensevelissant toute honte, ne craignant pas de souiller, par leurs brigandages et leurs méfaits, la dignité qui lent* a été transmise avec la ceinture militaire, > le pribce^ d'après un antique usage du pays de Sobrarbe, les 4é^ grade « en coupant leur ceinturon parderrière, au-dessus des reins , de telle sorte que, la courroie divisée, Tépée tombe à terre •. »

Tandis que la noblesse a son code dans les ftieros Huesca, et surtout dans ceux d'Exea, la boui'geoisie a le sien dans les cartas pueblas et les fueros municipaux » qtii accordent aux habitants de chaque ville des privilèges par^ ticuliersi Jaca *, Arguedas, Saragosse , sont les premières

' Voy. Vital deCanella^, ap. Blancas, p. 7^7. *^Brmumo (hêrm^ nius en latin) est synonyme d'ingénu.

3 Fueros, 1. 1, lib. VU, d$ Creati&ne militum. Sous Jean II, aux cortèsdeCalatayud, en 4451, le roî s'interdit ce pouvoir ainsi que celui de créer des nobles.

9 Fueros^ t. I, lib. VH, Re militari.

* Le roi Ramire II, le Moine^ accorda aux bourgeois de éaea le fuero de Montpellier, dont les privilèges étaient les plus étendus de Pépoque. (Scbmidl> Geschichte aragonien'ê im MiUelaltêry pv 995.) Le fuero de Jaca fut considéré en Espagne comme le type du lion fuero.

BOOnOSOiSi PifflANS ET IS11F8 tW

TÎU«s de TAragOD auxquelles ait été coneôdée «ne barto coDununale. La capitale du royaume jouissait sur- tout de privilèges étendus qui mettaient ses habitants sur le même rang que les in/nnzims. Ils avaient ^ en outre i le libre usage des forêts royales « des p&turages et des eaux qui avoisinaient leur ville. Ils étaient presque partout exempts des droits de leude , et évitaient la prison et la saisie en donnant caution de comparaître en justice* Enfin ils ne pouvaient être cités que devant les juges rojanx de leur ville ^

Les vilains se divisent en paysans (pagmm), habitants des bourgs et des villages , et en rustiques spécialement affectés à la culture du sol. On appelle ceux-ci quiAo- neros; ils sont soumis pour le lot de la terre (quinonj^ qa*ils cultivent à une redevance en argent ou en nature,- nommée , suivant la manière dont elle se perçoit, pr^cana oa novennaria. Il y a plusieurs catégories de quinoneros la plus infime est celle des vUlanos de parada ^ appelés primitivement du nom latin deco/Zatom^ ou coUati ien- delU ^ à une époque ils étaient à la merci de leurs maîtres, qui avaient sur eux droit de vie et de mort. Si le sol était partagé entre les fils du seigneur, les collaterii pouvaient être coupés en morceaux pour être divisés entre les enfants de leur maître (inter filios dominorum suorum gladio dividendi ^^

* Fueros^ t. 1, lib. Vil, de Creatiane militum, fuero de Jean 11; Observandatj lib. Vl^ de Conditioneinfantionatm, Ji ^.— Ve}. sur la bourgeoisie d'Aragon les excellentes recherches de Schmidt (G0#* fkichte aragonien's, p. 395 et suiv.j.

^ ObservanciaSy lib. VI, de PrivUegiis dominas infaniiimx^ g 9.

' Observancias, lib. VI, de PrivUegiis domin» infaniionad, § 9 ; Blancas, Rerum aragonensium comment .^ a|». Hisp. illustr.^^. 739. Schmidl prétead que les coUaUrii étaient lei dec^cendants des premierâ Sarrasins soumis parles armes chrétiennes.

900 LITBB m , CHAPITRE tn

Hais, à la suite <I*une révolte, ces infortuoés obtinrent quelque adoucissement à leur condition et changèrent leur nom en celui de vilains de parada S Plus heu- reux que les serfs de poursuite français et catalans, mais plus malheureux que les solariegos castillans, ils purent dès lors quitter leur seigneur en lui ahandonnant tout ce qu*ils possédaient. Ils étaient obligés de servir de caution à leur maître toutes les fois que celui-ci en avait besoin; mais cette obligation cessait si le seigneur ne les îndem- sait pas de cequMls avaient été forcés de payer à ce titre'. On prélevait sur eux un impôt personnel en nature, ap- pelé devèria •.

Tout individu réclamé comme serf doit prouver qu*il est libre par le serment de deux infanzons sur rÉvangile et la croix. Les enfants suivent la condition du père, ils sont nobles si le père est noble , serfs s*il est serf, quelle que soit la condition de la mère ; mais si , étant nobles, ils possèdent des terres roturières, ils doivent pour ces terres les redevances et services vils. Le vilain qui épouse une femme noble est libre tant qu'il vit sur les biens de sa femme. Celui qui demeure dans la maison d*uo infanzon est dispensé A'hosl et de chevauchée, excepté pour les terres qu'il peut tenir du roi *.

A côté , ou plutôt au-dessous du serf, se trouvent la Sarrasin et le Juif. Ils peuvent posséder et passer des con- trats, témoigner pour ou contre un chrétien dans les

* Parada, séjour, demeure. D'après les Observaneias (loco ettoto), ilssont ainsi nommés parce qu'ils ont arrêté (paraverunt) \es coudî' lions avec leurs maîtres, a De Parada, id est de Conventione » , dît Blancas, p. 732.

* Fueros L II, liv. ÏV, de Fidejussoribue . ' Blancas, p. 728 et 729.

^ Fueros, t. I, lib. Vil, de CondiHone inftmtionutus et de Procla^ mantibus in servitutem.

proeès^ Ton de leurs coreligionnaires est partie. Ils payent la dîme an roi pour tous ceax de leurs biens qai ont autrefois appartenu à des chrétiens. Car les terres des Sarrasins nonvellement soumis ne sont assujéties qu'aux diarges imposées par les traités. Ils ne peuvent Tendre leurs biens à des chrétiens sans le consentement du roi on de son bayle. Les Sarrasins qui n*ont pas été amenés captifs des pays étrangers par leur maître ont le droit de quitter celui-ci, en lui abandonnant tout ce ({ii*ils possèdent V

Si des considérations générales sur les personnes et les biens nous descendons à Texamen des formes judi- ciaires, nous sommes frappés d*abord du système adopté pour assurer la marche des affaires et Texécution des juge? ments. La caution est le pivot sur lequel se meut toute la procédure aragonaise: caution de comparaître en justice comme demandeur, comme défendeur ou simplement comme témoin, caution de prêter serment ou d'affronter répreuve du duel au jour fixé, caution de faire ou de ne pas faire, telle est à peu près Tunique sanction des contrats ainsi que des décisions judiciaires, qui ne sont au fond qu'une espècede contrat, car dans le peuple de Sobrarbe, comme dans toutes les sociétés primitives, la justice n'a guère que le caractère d'un arbitrage. Ainsi l'actionne doit jamais être intentée par le seigneur représentant FÉlat, mais par la partie lésée, et le seigneur doitjager d'après le fnero des deux parties*. On peut toujours

* FueroSy t. II, lib. VU, de Judœis et Sarracenis^de SarracenU fugitivU, de dedmis Judxorum et Sarracenorum, de non alienandis posHSêionitms tributariis Judœorum et Sarracenorum,

' Fueros. 1. 1, lib. 11, de Postulando, a Si le seigneur du lieu dit à quelqu'un : a Tu as mal agi en faisant cela 9, on ne doit rien lui ré- pondre, parce qu'il est le seigneur du lieu, et il peut dire tout ce qui luiplalt, soit en bien, soit en mal. »

soi LITBE Uii QBàflfBI TU

composer» au criminel comme au ei?il , excepté daAe iee ca» d* homicide manifeste et de trahison V La société ne dispose d'aacun moyen de faire respecter les Benteocas de ses représentants; il faut donc que tous ceux qui ont à jouer un rôle dans une affaire s'imposent par avance Tobligation d*obéir aux ordres du juge ; de les gages ef les cautions.

Dos qu'une plainte est portée, le défende^rou raccaeé donne caution de comparaître et de se conformer à la iew» tence ; c'est la fianza de dreyto (fidantia dediteHojl^i sînM le demandeur peut impunément se mettre. en poaseseion de ses biens. La fianza de dreyto donnée « le demandeur y répond par la fianza de redra^ caution de réparer le préjudice que peut causer au défendeur un procès îd« joste\ et de ne pas laisser reprendre Tinstance par quel- qu'un «de sa voix», c'est-à-dire soumis à son autorité, s'il s'agit d'une action mobilière, on par quelqu'un deaa descendance {de suo genulh), s'il s'agit d'un immeuble. La caution doit être un infanzon ou un bourgeois d'une grande ville, dans les procès entre nobles. Elle doit avoir, dans le lieu est situé l'immeuble en litige, une maison «avec habitant qui y fasse du feu» et un gage vivant, «cheval, jument, mule» mulet» roussin, àue ou àuesse, qui entre et sorte de cette maison.» Le cWal que monte le chevalier ne peut jamais servir de gage^.

Le droit accordé au simple particulier de s'emparer des biens du débiteur qui refuse de comparaître eu jnsh

* FueroSy t. H, lib. I, de Saiisdando.

3 Le malade n'est pas tenu de répondre à une action en justicei jusqu'à ce qu'il soit convalescent et « puisse aller à l'église ». (Aia^ rosy t. II, lib. I, quod cujusque universitatis .)

3 Fueros, t. 11, lib. U de Satùdando; lib. H, de Probaiionilm.

* /dM», t. Il, lib. 1, de Saiisdando,

tMt cosiplète le système des cautions et lai prête no paissant secours*.

Les ETocat^ sobt admis par les fuerM \ le jage donne « même eu matière civile, an avocat d*ofQce à la partie qui jure n'a?w pu en trouver un^ L* avocat seul doit parler ; ee Que toute autre personne, la partie elle-même, pourrait dire ou avouer, est déclaré non avenu; « la sentence est rendue d après les futroê et les dires de ravocat\»

code de Huesca admet quatre sortes de preuves: tes actes, les témoins, le serment et le duel judiciaire ^

Les actes, même passés par-devant notaire, ne sont valables que pendant vingt ans , lorsque le notaire qui a rédigé Tacte et les témoins qui Tont signé sont toud morts'' .

Pour établir la preuve testimoniale d*un fait, il fattt «deu& témoins légitimes, faisant un témoignage sufOsant.» On n*exige que Tâge de sept ans si le fait s* est passé daAs un lieu désert, «où il n^y a endroit arrosable ni ha* bttéV>

I^s témoins doivent donner caution decompabaltre an jour indiqué par le juge; ils sont entendus en présence des parties ; il doit y eu avoir un au moins de chaque religion lorsque les adversaires sont de religion différente ^

Au jour désigné pour Taudition des témoins produits par Tune des parties, si la partie adverse ne comparait

< Futiros^ 1. 1, Ii)3. lY, de RtrMm Tesiatiom; 11b. VIII, figmrihu»^ et t. Il, lib. I, de Pignoribus, ^ Idem,\. I, lib. Il, deAâvocatis.

* Idem, X 11, lib. I, Advoeatiê.

* Idem, t. i,lib. IV, de Tèstibus, de Fid$ kiHrumentorum, ^ Idem, t. J, lib. IV, de Tabellionibus.

* Idem, l. I, lib. IV, de Probaiionibu3 et de Testibus.

7 Idem, t.I, lib. IV, de Testibuê) t. Il, Kb. Il, TesHbnitMIe Tes' HbîueogendU,

204 LIYRB III , CHAnTRB TH

point, celai qui a amené les témoins doit attendre avec eux, avec les prud'hommes et avec le juge, jusqo^an mo* ment la première étoile apparaît au ciel . Alors il appelle

trois fois Tabsent en ces termes: « Toi , es- ta?

Viens te présenter , car je suis prêt à te douner les témoins selon le fuero et en vertu de la sentence rendue entre moi et toi.» Dès lors, Tabsent est condamné, à moins qu*il ne prouve un empêchement légitime*.

0,% fuero, dans lequel apparaît si vivement la couleur germanique, ou, pour mieux dire, le caractère figuré commun à toutes les législations primitives, est de ceux qui donnent au code aragonais sa physionomie si tran- chée à côté du code valencien , et même du fuero juzgo et des usatges catalans. Que ces coutumes symboliques soient passées d* Aquitaine en Aragon , ou qu'elles soient nées spontanément dans le pays de Sobrarbe, d'une situa- tion politique et d*une culture intellectuelle analogues à celles des barbares, il n'en est pas moins vrai qu*en plein XIIP siècle, au moment les législateurs et les juristes de toute TEurope faisaient des efforts souvent malheureux pour s'élever jusqu'aux abstractions et à la logique du droit de Jusiinien, les mœurs aragonaises obligeaient les rédacteurs des fueros à sanctionner des usages en retard de bien des siècles sur la civilisation de l'époque. C'est ainsi que l'Aragon seul, parmi tons les États de Jacme I", conservaitle dueijudiciaire des té- moins*. C'est ainsi que le serment se retrouve à chaque page des /u6ro« ; serment du demandeur, serment du défendeur, serment de l'une des parties assistée de té- moins qui jurent avec elle, rappelant jusqu'à un certain point les conjuralores germaniques *.

< Fuero$, t. II, lib. II, de Tâstibus.

3 Idem^ t. Il, Ub.II, de Testibus cogendis,

' Idmn., X. 1, lib. IV, de Teetilm.

LE 8EBMBIIT ^5

Si an laïque réclame comme loi appartenant un im- meuble possédé par une église, < les clercs de cette église doivent prendre de la terre de cet héritage et la mettre sur Tautel de ladite église ; et celui qui réclame jure sur Tautel que Théritage d*où a été tirée la terre qui est sur Tautel fut à lui et doit être à lui. Qu*ii prenne la terre qui estsur Taute^et ainsi Théritage lui appar- tient. Cependant les clercs de cette église , lorsque le laïque vient pour jurer, doivent dépouiller Tautel, Ten- toarer d*épines , poser au-dessus les reliques de l'église et sonner les cloches , et c*est ainsi que le laïque doit jurer*. > Cette singulière coutume parait avoir été em- pruntée aux populations de TAquitaine V

Le serment du défendeur est de beaucoup le plus fré- quent ; il décide le procès lorsque les actes et les témoins font défaut, et que le duel judiciaire ne peut ôlre admis'.

Si le défendeur est noble de race {infanzon ermunio) , sa parole seule, « sur sa bonne foi et son âme >, suffit lorsque Tobjet du litige est inférieur à dix sols. De dix à cent sols, il peut présenter « un homme qui jure par Tâme de Yinfanzon devant la porte de Téglise , sur le livre et la croix. > Au-dessus de cent sols, Yinfanzon doit jurer en personne. La femme noble est dispensée, dans tous les cas, de prêter serment en personne et de comparaître devant le ju^fîm; elle reste dans Téglise et envoie son procureur, « qui jure devant le prêtre en présence du juge *. >

* Pueroêy 1. 1, lib. III, de Fora eompetenti.

^ •Ex Aquitanis provenU », dit Franco de Yillalba {Forortm atque observantiarum Âragonix codex) ; voy. le discours prélîmi* naire de l'édilion des Fti«fo# de MM. Savait et Penen, gU.

* FueroSy t. II, lib. II, deSacramento deferendo.

* Fueros^i. l^ lib. II, de Procuratoribus , et t. II, lib. Il» deJure^ iu/rondo, L'mfanzon ne peut profiter qu'une seule fois du bénéfi($e

906 LITRE m, CBAflTIlB T1I

Le cbrétieo adversaire d'un jtiif doit Jnner, pour une seUAfine inférieure à sIk deniers, sar la tète de sofi pw^ rain; au-dessus, sar l*Éyangile et la croix. Le juif prête serment sar la loi de Moïse JQsqa*à douze deniers , et, au-dessus, sur Facte lui-même. Le Sarrasin doit jurer au chrétien et au juif per totum bUle, ylledi, leilkha UU- hna \ >

Le serment peut être déféré par le juge à Tune des parties ou par l*un des plaideurs à son adversaire ^.

Il y a dans chaque ville un autel sur lequel rindividu accusé d*un crime capital prèle serment pour se laver de raccusation *.

du seroentpar procureur. Lorsqu'il a repoussé une demande par ce pioyen, il doU jurer en pejsonne pour toutes les autres demandesqui peuvent lui Aire faites en justice.

* Ffê9rot,t. H, lij) II, de TestHms e\ de Saeramentodeferendo. CI. UerHy l, 1(, lib. Vlll, append. de Saeramento Sarracenorwn, —- Les /uifs ont deux formes de serment, l'une « sur la loi de Moïse ?t sur les dix commandements de la loi » ; l'autre, appelée serment des malédictions, établie par une ordonnance datée de Girone le 26 fé- vrier 4332, se trouve en latin dans les Ftierot d'Aragon et dans les Privilèges de Valence, et en catalan dans les Usatges, Cette longi|e formule était lue au Juif, qui, le livre des lois de Moïse surlecQU (rotulum incollo), répondait: Je le jure, ou Amen, en divers endroits. Parmi les malédictions, nous remarquerons celle-oi : a Si tu saisit

vérité et si tu jures le mensonge que l'étranger qui se trouve avec

toisur la terre s'élève au -dessus de toi et te domine. Tu descendras au-dessous de lui ; il te prêtera de l'argent à Intérêt et tu ne lui en prêteras pas.... Mange le fruit de tes entrailles et Ifi^ obair de le« îQs

et de tes filles Que ton âme erre dans les lieux les chiens

dépêtrent leurs ordures, a {Con$i. de CataL, vol. lU, Hb. I, lit. ?, «fi. 4. -— jPcMfos, t. II, lib. VU!, app. de Socramani« /fM/aorum ;— Prw.drKoi., ^v,nM4.)

^Fueroêf t. 11, lib. Il, de Jurejurundo ei de SùcrcutAenio de- ferendo .

< « AUare in quo oonsueliim «s t îorare pro ho&ijciJio. a {Fudros^ 1. 11^ Ub. U, ^0 ProbatUm^im,) Celte preuve, ne seBlb^ adniMe par (e

PMSCBfmOlf DB TOBTURE 209

aux serments, ou poar les corroborer, les léglslaltoos du isqyfiD ^ admettent généralement les épreutes Judi- çîairei qu ordalies , la torture et parfois la procédure par enquête, innoratioa empruntée aux tribunaux ecclésiaa^ tiques. A quel titre et dans quelle mesure ces diters moyens de oonyiction entrent-ils dans le système de pr^ oédpre de chaque peuple ? De la réponse à cette question $e déduit le degré de civilisation d*une sociélé et le génie 4e ses législateurs.

Quaet au législateur de T Aragon , c'est à Valence quMI iMit, te juger plutôt qu*à Huesca. des usages inflexibles gênent sqn action ; mais la société aragonaise nous appa* reit , fQ point de vue de la procédure , sous un jour plus favorable que celle de la plupart des autres États eH" f opéena du XIII* siècle. Ce n'est pas cependant à sa civir Ueation qu*il faut en faire honneur , mais plutôt à son génie indépendant et fier , antipathique à tout ee qui eeiabte attenter à la dignité de Thomme ou à la liberté de riedîvidu.

La torture n'est point nommée dans les fuerês de Jeoope I''; elle est évidemment enveloppée , comme le prouvant des documents législatifs postérieurs \ dans ia

texte des Fueros que dans le cas un noble est accusé du meurtre 4'Qn autre noble ; encore faut-il que ^accusateur consente à accep- lir le serinent de l'acousé. {Fueros, t. II, lib. VI, de Conditionêinfan^ tionaius.) Nous croyons cependant qu^elledoit être étendue a d^autret^ cas. La loi la rejette expressément lorsqu'il s'agit d'un homicide par trahison .

^ Un fuero de Jacme !«' déclare qu'il n'y a pas de pesquis a en Aragon (t. f, lib. IV, de Testibus) ; le Privilégia gênerai ùe 4283 (Fueros, t. I, lib. l,Privilegium générale Aragonum)ipro<^crïi Vinqui- sieh pour toutes le^ causes ; la confirmation du Privilégia gênerai par Jacme II, en hZ%ô(FueroSi t. T, lib. I, Declaratio privilegii gêner fioii«)i âéclare que la torture et l'tngut>tcio sont contraires au fuerq et à l'article du Privilégia gênerai que nous venons de Qtea«^ lionner.

M8 LtVR£ III, CHAPITRE YU

proscription du système d'eoqaéte {infummn \peêfitka) prononcée par ce code.

On sait que, d'après le système germanique* lorsque les parties avaient exposé leurs dires et fourni les preuves, le juge, s*il ne se trouvait pas assez éclairé, ordonnait, suivant les cas, le serment de Tun des plaideurs ou Id jugement de Dieu. L*Égli$e, justement ennemie de ces deux manières de procéder, dont Tune favorisait le par* jure, tandis que l'autre offensait à la fois Dieu et la raison, introduisit dans ses tribunaux Tenquéte, c*est-à«<lire l'examen minutieux des circonstances de la cause, des dires des parties, des preuves fournies par elles, de manièreàformer chez le juge une conviction qui sefor- mulait en une sentence. Malheureusement, d'nnexcelleot principe naquirent des conséquences détestables: les juges, pour dégager leur responsabilité en donnant à leurs décisions une base en apparence plus solide qae leurs propres appréciations, imaginèrent divers moyens d'arracher des aveux aux parties ; de là, les procédures secrètes, la torture des accusés et celle des témoins, ressuscitée des législations antiques.

Saint Louis, avec le sentiment instinctif de Téquité qui caractérise tousses actes, admet l'enquête en rejetant, au moins implicitement, la torture. Les mœurs arago* naises repoussaient à la fois Tune et l'autre, excepté lorsqu'il s'agissait du crime de fausse monnaie commis par un étranger ou un vagabond*; mais elles admet-

^ Des historiens, trompés par ce nom , ont cité des textes ùesfue- ros pour prouver que l'inquisition religieuse n'avait jamais existé en Aragon.

^ L'un des caractères de la procédure par enquête fut la substilu* lion de la société à rindividu, pour la poursuite do certains délits. C^est dans ce sens évidemment que les fueros de Huesca admettent la pesquisa pour le recouvrement des tributs supérieurs à dix sols. {Fu^roê, t. 1, Ub. iV, de Testibus.)

LE JUGBMBKT DB DIEU 209

talent à la fois, comme nous Tavons déjà dit, le sermamt et le jugement de Dieu sous la forme du combat.

Les ordalies vulgaires, c'est-à-dire les épreuves de Teau froide, de Tean bouillante, du fer chaud, du feu, de la croix , étaient tombées en désuétude au Xlir siècle \ JacmeestTundes premiers souverains qui lésaient abolies en termes formels * : « En l'honneur de celui qui a dit: < Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu » , nous abolis- sons entièrement, et pour tous les cas quels qu'ils soient, le jugement du fer chaud, de l'eau bouillante et autres semblables, de telle sorte que de cette heure à l'avenir, dans aucun lieu soumis à notre juridiction ou situé dans les limites de notre terre, de tels jugements ne soient jamais ordonnés, imposés, mis en pratique, ni volontai- rement subis'». La conséquence logique de cette dispo- sition devait être l'abolition du combat judiciaire, aboli- tion qu'Alfonse X décréta en Caslille, comme Louis IX

* Yoy. Lafuente, Hist. de Esp.^ pari. 11, Ub. 1, cap. xxvi.

* Le législateur aragonais a été devancé dans celte voie par Tem* pereur Frédéric 11, qui, dans ses conslilutions de Sicile/promulguées en 4224, aboli! non-seulement les ordalies vulgaires, mais aussi le dueijudiciaire. Celle dernière épreuve n'est conservée que pour les aecusalions de lèse-majesté, d^bomicide par guel-apens et d'em- poisonnement , a non à litre de preuve juridique, mais comme moyen dMntimidation ; car Notre Sérénité, ajoute le législateur, ne cousidère pas comme juste dans ces occasions ce qu'elle a déclaré injuste dans les autres; mais nous avons voulu, pour le cbâliment des coupables et Pexemple des autres, soumellre publiquement, et aux yeux de tous, à une épreuve redoutable ceux qui ne craignent pas d'attenter, par des moyens insidieux, à la vie humaine, que la Provi- dence divine peut seule créer.» {Constitutionum neapolilanarum fsive stcularum:, lib. II, lit. XXXIII.) Le duel judiciaire était plus facile à supprlmeren Italie qu'en Aragon ; encore parall-il que Frédéric ne parvint pas à en faire cesser Tusage parmi les habitants des Deux- Siciles, qui étaient d'origine française ou germanique.

' Pwros, 1. 1, lib. IX, de CandetUis ferri Judicio abolendo,

T. IL 14

SIC LfVBE ni , OfAnTRE Tll

6Q France, et que Ton et l'antre farent impuissants i faire observer.

C'est qu'il y avait dans eet usage qaelque chose de plus qu'un simple jugement de Dieu. Le combat judi- ciaire puise surtout sa force et sa vitalité dans le principe chevaleresque du point d'honneur * ; aussi les législateurs du XIIP siècle ne purent-ils triompher des mœurs de leur temps, et, si Jacme parvint à réduire notablement, dans le royaume de Valence, les cas dans lesquels le dnei fut autorisé par la loi, il fit de vains efforts pour atteindre le même but en Aragon. Le combat ne pouvait avoir liea si un clerc ou un laïque voué à la vie religieuse était partie au procès, non plus qu'entre adversaires de reli- gion différente, entre père et fils, gendre et beatf-père, entre les héritiers d'une partie et la partie adverse, à moins que cette dernière ne fut accusée d'avoir tué son adver* saire par trahison. 11 n'était pas autorisé lorsqu'il s'agis* sait d'un fait personnel à un individu mort, lorsque la valeur du litige était inférieure à dix sols, le défendeur n'étant pas noble, ou à cent sols, le défendeur étant noble, et dans quelques autres cas, que le juge avait souvent la liberté d'étendre, puisqu'il lui appartenait de décider si l'importance du procès permettait de recourir à ce genre de preuve*.

^ a La preuve par le combat singulier, a dit Montesquieu, avait qaelque raison fondée sur ^expérience. Dans une nation uniqoemeai guerrière, la poltronnerie suppose d'autres vices ; eWe prouve qu'on a résisté à Téducalion qu'on a reçue et que l'on n'a pas été sensible à rhonneur ni conduit par les principes qui ont gouverné les aylres hommes. 9 ( Esprit des lois^Wv. XXVIII. chap. 17.) En faisant la part du paradoxe dans celte justification du duel judiciaire, il reste ce- pendant quelque chose de vrai touchant les qualités morales que cette épreuve suppose à un bien plus haut degré que les ordalies vu^

gaires. 3 FueroB, t. I, lib. IV, de ProhtHiêmbus ; lib. Il, 9\M9; t. U.

Lte B«Ët ItDIClAtRÊ M

£&. somiiiB, les cas d6 duel on de bataille, comme on disait alors, ét^iieût à peu près les mêmes en Aragon qn*en France. Le combat pouvait avoir lieu indifféremment entfe hobles, bourgeois ou vilains. Le duel à cheval était réservé âtix nobles, le duel à pied, avec les armes dès fantassins, aux non-nobles, et enfin le duel « au bouclier et au bâton >, aux individus qui ne possédaient pas ube ▼aieuf mobilière de six cents sols ^

Les formes de cette épreuve, dont les furs de Valence s'occupent minutieusement, parce qu'ils tendaient à rendre aussi rare que possible, sont tellement connues de tous en Aragon, que le code de Huesca en parle à peitie. Le défendeur, disent seulement les fueros, doit amener avec lui deux hommes à pied, « lui troisième, s'il est apte à la bataille > , le demandeur en amène autant qu'il le veut ; dans ce nombre, des « fidèles élus par chacQne des parties » choisissent un combattant de cha- que eôté, de façon à ce que les deux champions soient aussi égaux que possible en force corporelle *.

Lorsqtte, après (rois jours de lutte, le résultat reste iûcertain, le défendeur a gagné sa cause \

Pour terminer ce qui a rapport à la procédure, nous constaterons le silence complet des fueros sur la forme et le nombre des appels \

lib. Il, de Testibus y de Jurejurando^ de Sacramento deferendo;\. VllI, de Duêllo.

* Fuero$, l. lï, lib. II, de Probationibu3.

' Il y ûvail le duel per parem , dans lequel les deux corabaltants devaient êlreég:adx en naissance, on fortune et en force, el le duel perconsimilem^poûv lequel on n'exigeait que l'égalité des fotces pby&iques. [Fueros, t. î, lib. IX, de Proditionibus .)

» Fuerosy 1. 1, lib. IX, de Duello\ t. II, lib. II, de ProbationibUs . ~ Yoyez aassi 1. 1, lib. Il, et t. Il, Ilb. I, Quodôujusque universi-

* Le titre de Àppeîlationibus (t. II, lib. VIII) ne parle que dtf dé^ lai de l'appel et des frais.

.* "

^

312 LITRE III, CHAPITRE TU

Si Dons recherchons dans le code de Hnesca les prin- cipes qni régissent la minorité, Tadoption, la tutelle, nons n*y trouvons que quelques indications vagues, emprunts imparfaits au droit romain. Nous remarque- rons seulement qu*il n*est question dans la loi aragonaise, comme dans le droit canonique, que d*une seule minorité, celle de quatorze ans ^

Gomme contre-partie de Tadoption, les /tiero« admet- tent la (ie$a/!/îaeion, peine plus forte que Teihérédation, et qui rompt tous les liens légaux du père au fils. La desa/iliacion ne peut avoir lieu que dans trois cas: si Ton attente à la vie de son père ou de sa mère, si roo néglige de les délivrer de la captivité, si Ton a commerce avec la femme légitime de son père '.

L'émancipation n'existe pas en Aragon. La puissance paternelle, dans le sens romain de ces mots, y est inconnue; mais Tautorité du père de famille, qui la remplace, u*est pas plus réglée, pas plus définie par le code de Huescaque Tadoption et la tutelle. La raison et Téquité, qui doivent seules, d'après le préambule des fueros, suppléer an silence de la loi, ne peuvent combler de telles lacunes. Il fallait évidemment recourir pour ces questions au droit ecclésiastique, toujours invoqué du reste pour les points qui touchent à l'organisation de la famille et aux devoirs réciproques de ses membres.

* FueroSf t. I, lib. V, de Contractibtu minorum,de Natis exdani' nato coitu;\ïb.y\\\^deAdopti(mibus, Le titre de Tutoribus, manu- missoribiis , spondalariis et cabeçalariis ne parle que des exécuteurs tevStomenlaires. Les Observancias (Lib. \^de Tutoribus, manumiS' soribusj etc., § 4i 7 el9) donnent quelques éclaircissements sur It tutelle, qui peuvent être acceptés comme se rapportant au règne de Jacme I*'.

^ Fuerosi t. I, lib. Vl, de Exhxredatione fiUorum, La ocnoOemç de l'ancienne Grèce était à peu près, parait-il , la desafiliacion des Ara- gonais.

BB6IME DE LA DOT 2(3

Le régime de la dot rappelle les coutumes germaniques reproduites en partie par le fuerojuzgo. Le mari consti- tae la dot (dos) de la femme; les biens apportés par celle- ci sont nommés axovar *; ce n'est pas d'après leur valeur que se règle la dot constituée par le mari^ mais bien uni- quement d*après le rang de la femme.

L*épouse noble reçoit en dot de son mari trois héri- tages [hoerediiates^) s'il les a, sinon il doit lui donner ceux qu'il possède.

La bourgeoise [francha, id est civitatis) a pour dot cinq cents sols au moins hypothéqués sur les biens du mari; mais lanaissance d'un enfant viable, quoiqu'il meure peu de temps après, lui enlève ses droits à cette dot.

Ia yihine {villana) doit recevoir une maison couverte de douze poutres, un arpent (arenzata) de vigne, un champ dans lequel on puisse semer une arro6e^ de froment Comme la bourgeoise, elle perd sa dot par la naissance d'un enfant viable; mais, si elle demeure veuve,' elle a droitàla moitié des immeubles acquis durant le mariage'.

La femme ne peut renoncer à la dot que du consentement de son père et d'un autre parent, ou de deux de ses plus proches parents, si le père est mort'.

Le mari ni la femme, qu'ils aient ou non des enfants, ne peuvent aliéner aucun de leurs biens que d'un com-

* Â Valence et en Catalogne, on appelle axovar ou exovar, une vraie dot apportée par la femme. Ce que le mari assure à celle-ci est \ecreix ou screiaf^ augment de dot. La dot aragonaise a, comme on levoit, plus d'un point de ressemblance avec le douaire des cou- tumes françaises.

^ On entend par héritage, ainsi que l'expliquent les Observancias (Lib. Y, de Jure dotium^ g 4), une ville, un château, une maison, uo champ ou une vigne, selon le rang du mari.

* Trente-doux livres.

* Fueros, 1. 1, lib. V, de Jure doHum.

* Jdem, id., td., de CorUractUms conjugum.

914 UTW lOi CBAVRIUlTn

man accord. Quant à Yaxovar, il est inaUênal^le t|nt qu'il D*j a pas d'enfants, à moins de remploi garanti pv des cautions ^

La veuve, lorsqu'elle ne se remarie pas et vit honnê- tement, conserve l'usufruit des biens de son mari. Son second mariage ou sa mauvaise conduite la privent égale- ment de la dot et de cet usufruit *.

La veuve noble non remariée peut mettre en gage pour vivre l'un des trois héritages qu'elle a reçus en dot^ si elle n'a pas d'enfants qui veuillent pourvoir à se^ besoins: elle peut aussi donner l'un de ces héritages à un de ses enfants, un autre à l'église son mari est. inhumé, pourvu qu'elle y choisisse elle-même sa sépulture, et par- tager le troisième entre ses enfants'.

Si la femme noble meurt avant son mari, les enfants héritent de la dot ; cependant, si le mari veut contracter un second mariage et qu'il n'ait pas d'autres biens, il peut leur enlever celui des trois héritages qui a le moins de valeur, et, s'il se marie une troisième fois, il peut encore leur prendre « le moins bon » des deux héritages qui leur restent ^.

Le veuf ou la veuye qui convole en secondes nocea doit , en présence des parents du conjoint défunt, p^rta- |[er tous les biens possédés en comniun durant ^e marrl^ge et en donner la moitié aux enfants nés de cette première UBion , déduction faite des frais de sépulture, d'un Ht garni des plus belles étoffes qu'il y ait dans la maison^ <^e i&x^Ji béte^ de labour avec leurs harpais , des vétemejpK et joyaux du survivant. La femme noble prélève, enoutro,

* FueroSf t. I, lib. IV, Ne vir sine lu^ove ; lib.|¥, d^ J.ux^ (Miêm^ ^ Idem, id,, lib. V, de Jure dotium,

* Idem, id., id,, id, ^ Idem, id,, id,, id.

SUGCGSftlOIfS M^

BU vase d'argent , mv» captive^ une mnle à chevaDcher , UD ustensile de chaque matière et la moitié de tous lesi autres meubles \

Le survivant des conjoints ne peut rien donuer » même de ses propres biens, à Tun des enfants issus du mariage, s*il y en a plusieurs, à moins que le défunt ne Vy ait autorisé par acte authentique. Ces dons sont permis cependant si, parla volonté de Tépoux survivant ou par suite de son second mariage, il a été procédé au partage dont nous venons de parler V

Dans les lois successorales nous retrouvons les princi- paux traits des coutumes françaises : la succession des propres, la substitution pupillaire, le retrait lignager^ La préoccupation constante du législateur semble avoir été d*empâcher le morcellement de la propriété immo- bilière et son passage d*une famille dans une autre *. Aiosi lorsque deux, frères possèdent par indivis un im« meuble provenant d'un ascendant, la part de celui qui meurt accroît au copropriétaire à Texclusion des autres frères et sœurs ^

Le droit d*ainesse n'existe pas en Aragon, les eufaDis partagent par portions égales les biens paternels et maternels; Tun d'eux néanmoins peut être, du consente- ment commun du père et de la mère,, avantagé d'un seul meuble ou d'un seul immeuble. Dans les familles

* FuerWf I. I, Ub. V, de Jure dotium, de Secundis Nuptiis,

» Afom, td., lib.VlIf, de Donationibus. Cf. Obser-vancias , lib. IV, dB IHmaHombus, ^ 43.

. * FuercSf l. I, Ub. YI, (2^ R^us vinculaiis; lib. V, tf« Natis ex dam- nato coïtu.

* Nous avons parle du fuera qui asireiot celui qui réclame la pro- priété d'un iounaubie à la saule preuve que l'objet du liiige a appap- teou à son aïeul.

5 Fueros, l. 1, Ub. III, de Communi dividendo.

fi« *•'.'■• p*-rt ^-a ^ n-^r». I^-mt f -tJ-îfw ie «erseat n JK- tf*^, lirr::".« i> Irr:rîiir» p«?rîr» >«r* bins, k«r douer «r« ^-rx^^ù p -L ..:. ii>§ ii.-ir par fes chevcsx*.

H t*>èl (i^i -Tae?::>* dkrs l«s /aerai de b saccessioi àf^, ^istt:. i^M^, et lajirlspraletize an^-3Baise éuil pei tkrorah.> a C'g gecre lieso^cessi-jD qa'eile aiait iDterprélé ajtiez arLitraireoieDt dd passade dn code de Hvesca dans \t itu^ d'o&e eicia^ioQ formeiie du père el de b mère, ménie ior^a'îl s'agisâaît des biens donnés par eoi i leur er.fdDt d^:^1é «6 imloMtX sans po5térité\

Le code de Hoesca admet deox sortes de testameot: le krèlament écrit et le testament Terbal, qoe les corn- mentaleors dn droit romain ont ap[ elé mrnmcmpëhf* ; mais ces deox manières de donner une faleor légale aux actes de dernière Tolooté ont été dépouillées des formalités qui les entouraient encore au temps de Justinien. Les Papes donnèrent les premiers Texemple de ces simplifications, que presque toutes les législations adoptèrent.

« Fwrot, l. I, lib. Vf, de Exfurredalwne /Uiorum: t. H, Hb. H, de

Dcnalionitms,

' IfUrrif id,, id., de ExharedaiioTU filiorum.

* Idnn, UL, id,, de Rebut vinculatis. Cf. fuero de Jacme II, au méine livre, i\U de Surces$oribus ab iniestaio, et Observaneias , lib.T, de Tesiamenliif g 6. La loi aragonaise s'est éloignée en ee point de loi.4 frankes, qui généralement lui servent de modèle, pour se rapprocher de celles des Burgundes. (Voy. Lex Burgundionum, cap. XIV, de SuccrstionibuSf § 2.)

* Aux XII* et XIII* siècles, on appelait souvent testament nuncu- patif, par opposition au testament olographe, celui qui était écrit sousla dictée du testateur. (V. le Glossaire de Du Gange, v Nuneu- paiivum,)

LES TESTAHENTS 217

Les fueros de Jacme V^ ne s'occupent que du testa- ment verbal; mais de leurs termes se déduit clairement l'existence du testament écrit, pour la validité duquel l'intervention d'un notaire, et , à défaut, du chapelain du lieu , assistés l'un et l'autre de deux témoins, est déclarée suffisante par les décrétalesV

Le testament verbal doit être fait en présence d'exé- cuteurs testamentaires { spondalarii , cabezalariis manu' missores). Ceux-ci , après la mort du testateur, jurent « par Dieu et leur àme > , en présence de deux témoins et d'un notaire , ^ui met le testament par écrit, que telle a été la dernière volonté du défunt.

Ces exécuteurs testamentaires peuvent être, soit le chapelain ou curé du lieu et deux habitants , majeurs et de bonne renommée, soit trois de ces derniers, soit encore, en cas de nécessité, le chapelain assisté d'une femme de bonne renommée, ou enfin , dans les endroits déserts, deux enfants de sept ans au moins.

Si le testament écrit ou verbal est argué de faux, les témoins ou les exécuteurs testamentaires en attestent la sineérité en levant les mains au ciel , et en jurant sur la croix et l'Évangile devant la porte de l'église, en pré- sence du justicia de la ville et des prud'hommes*.

La donation entre*vifs ne peut être faite que par acte public avec l'intervention de témoins et de cautions, qui garantissent l'exécution des clauses du contrat. Les rois, les princes et les membres du clergé, sont dispensés

* Greg. IX, Décret, lib. IÏI,Ul. XXVI, cap. <0 el 41 . Cf. Fueros, 1. 1, lib. V, de Tutoribus, Manumissoribus, elc.

> Pour tout ce qui concerne ie testament, voyez Fueros, t. I, !ib. V, de Tutoribust Manumissoribus^ etc., de Teslamentis ; lib. IV, de Fide instrumeniorvm, et Greg, TX, DecreL, lib. III, lit. XXVI, cap. 4, 40, 44 et43.

MS LIYU m « GHàHlMBi TU

de donner caution dès qa*ils apposent lew 9€ara à Tacte en présence de témoins \

La dation de caution est la garantie ées. conveotions de tout genre dans le droit aragonais» eomme elle est la base de la procédure; aussi fallait-il, dans un pareil système, pourvoir à ce qu'il fût possible de trouver des cautions et assurer des garanties à ceux qui voulaient en servir. Voilà pourquoi les vilains de parada étaient teMS d*étre cautions des engagements de leur seigneur, tant que celui-ci les indemnisait du dommage qui pouvait en résulter pour euxV

Voilà pourquoi encore la caution qui a payé pour le débiteur reçoit comme indemnité, outre le montant de k dette, le double des frais et dép6ns% et peut bypo* tbéquer les biens du débiteur et saisir ses meubles eu gage.

On comprend aisément que le titre des cautions ( de Fideju8soribu8 ) et celui des gages {de Ptgtwribu^)^ qui se complètent Tun par Tautre» soient, de tout te codj»de Huesca, ceux qui renferment le pins grand nombre d'ar- ticles. Du dernier, nous n*extraironsque trois disposifieus cacactéris tiques : l'une permet, daus un cas déterminé, de reprendre un gage en temps de jeune ^omuM: eu

* Le titre de Immensis et prohibitis DonaixonUbus (\. 11, lîb. V) con- teaiit ou 1\iiBrti unkjue, nouvelle preuvu du caraolètu saeitl (|ue la (iQiBaixM i^aitnioooial avait aux yeux dtt la loi : « De Vbéri^dgu 4e ae» aïeux nul ne peut faire donation s'il a une seule vigne, une seule maison , un seul champ. S'il a deux vignes ou trois, deux maisons oe UQi&» il peut on donner une à sob fits ou Lsa OUe (iiii.caatracCe mariage. Cependant, quand il n'a qu'une maison au (qu'une vtgn^, il p^it an donnée quelque cbose aux clercs ou aux égjU6a&,.pai4c son àmdoucaUa de sou père ou sa mère. »

3 Fueroi., t. Il» Ub. IV, de Fid^uuQribiéâ.

9 /d., Ul,Iib.VllI,id.

hM» 64GB8 Mt

^ù^^ ^^^Te tdoips»; une autre autorise )e créskQçidF qui saisit un gage vivait, ^ne, molet, rous^in ou cbevaU à le tuer ou à le laisser mourir, pour ne pas être oblige de payer $a nourriture. Mais, une fois la b^le mort«, < il doit eo garder le cuir entier avec la tdte, le^ quatre sabots, les oreilles et ta queue , noettre les pieda mr Le cuir, et jurer sur le li?re et la croix que le cuir qu'il tient sous ses pieds e3t celui de la béte qu'il a saisie et tuée selon le fuero du gage ^ ; d'après la troisième » enfin ^ le créancier que les fueros autorisent à saisir un gage vivant renfermé dans la maison du débiteurt doit envoyer quelqu*un < qui se tienne à la porte de celt^i qui lui fait tort pendant trois jours , jusqu'à ee que les éloilea apparaissent au ciel , et voie si le gage sort pour le saisir. S*il ne sort pas pendant ces trois jours, le seigneur de U ville peut, sans injustice, mettre le signale^ sur la maison du débiteur ou sur sa personne, sMl n*a pas de maison'.»

Les titres relatifs à la vente, au louage, au dépôt, au prêt, au mandat, aux engagements en général, au^ dom- mages causés par les hommes ou les animaux, ne contien- nent aucun trait saillant que Tbistoire puisse qtUiser,

fin ce qui touche la prescription, nous nous bornerouâ 2^ Caire remarquer que, fidèles à leur rôle de gardiens

* Les fueros appellent signale ou signum ngis^ uoa piarqu^ m^^ Ton mettait sur les biens ou sur la personne d'un individu pour le forcer à comparaître en justice: « S'il restait une nuit ainsi marqué», c'est-à-dire^ s'il ne se présentait pas devant le juge avant la fin de la journée, il était condamné à une amende de cinq sols. Le signetk ne peraitavoirété en usage que contre les vicias. Les panoiioea»x aux armes du roi, qui servaient a indiquer ea Franc» quhin inmeulil» étai^ jfr vendre par suite d'une saisie, rappeUeni la signak arafiMitia. ( "^oyFu^os, t I, lib. III. de Maiionibus; t. IJ, \ïh. VI, àe CêndU lio^infarUiomiuseàde froolamaniibus m servUutwn ; yih* VIII| de

3 Fueros, t. L, Uh. VIII, et 1 1|, lib. 1, de Pignoribus.

320 UTRB ni, GHAPITEB TU

sévères da principe de propriété , les fueros n'admettent pas l*acqaisition d*nn immeable par nne possession non interrompue de trente ans , à moins que le possesseur ne s*appuie sur un acte , et ne prouve que le réclamant , pen- dant tout le temps qu*a duré la possession , < entrait et sortait dans la ville est situé Théritage^ »

Le droit criminel de TAragon a gardé Tempreinte germanique qui marque le fuero juzgo et les matgcs de Catalogne. Comme eux, il admet la composition , la ven- geance privée, le talion, et, de plus, certains châtiments bizarres ou cruels, restes d'un état social plus voisin de la barbarie que celui des Golbs de Recceswinth ou des Catalans de Ramon Berenguer. Le code de Huesca ne parle qu*en passant* de la composition proprement dite, du wehr-geld payé à Toffeosé. Le fuero n'intervient pas pour en fixer le tarif'; il se borne à déterminer le fredum^ amende qui semble représenter à la fois les frais de jus- tice, la compensation du préjudice causé au roi ou au seigneur, et, parfois aussi, la satisfaction donnée à la société pour le scandale occasionné par un crime notoire.

Lorsqu'un meurtrier, en effet, est pris en flagrant délit ou désigné par le bruit public {per famam), il doit, bien qu'il n'y ait pas de poursuite privée , payer an roi on au seigneur l'amende (calonia) de Thomicide; < mais, ajoute le ftÂero, qu'il se garde des parents de la victime > ,

^ Fueros, t. 1, lib. VU, et t. Il, Ub. Il, de Pr^eriplùmUms.

* Idem, t. II, lib. I, de Satisdando.

* Gelarifest élabli quelquefois par les fueros locaux auxqnels le code général du royaume laissa toute leur force. Ainsi la carta-^puebla concédée à la ville de Calatayud, par Alfonse le Batailleur, détermine le taux de la composition, qui se partage entre le roi, la ville el Toffensé, et admet de plus comme moyen de défense, douze jura* tores qui attestent Tinnocence de Taccusë. (Voy. archives d'Aragon, reg. LXlv,^ 36. Collece, de doc. inéd^^ t. VI1I> p. 9.)

LB8 GUERRES PBITÉB8 321

car» pendaDt nn an et ud jour, ils ont le droit de lui in- fliger la peioe da talion. Après ce délai seulement, le coupable peut demander à être jugé , et, s*il est condamné à une peine corporelle, Tamende est restituée, le même délit ne pouvant entraîner deux châtiments *.

La peine de Thomicide volontaire et prémédité, lors- qu'il y a eu accusation privée, est la pendaison. Les ricos homes, en vertu de Tantique privilège qui les exempte de tout châtiment corporel , et les chevaliers, par une faveur spéciale, sont seulement remis à la merci du roi, qui peut les retenir prisonniers aussi longtemps qu*il le veut ^.

L*bomicide est permis non-seulement en cas de légi- time défense, mais aussi entre individus qui se sont régu- lièrement défiés. La guerre privée , ce fléau du moyen âge, devait être plus fréquente et plus terrible encore au milieu des énergiques populations de 1* Aragon.

Ici, comme en France, la royauté essaya, par le système des trêves et des assuremenls^, de réglementer une coutume qu elle était impuissante à détruire.

A Valence et en Aragon , la législation concernant les

FueroSr 1. 1, lib. VU, de Conditione infanlionatus ; lib> IX, de Ho- micidiis] t. Il, lib. I, de Sacro- sanclis Ecclesiiset eorum minislris; lib. YIII, de Homicidiis; Observancias ; lib. Vill , deHomicidio, g 2 et 5.

Fueros, t. I, lib. IX, de Confirmalionepacis ; Observancias, lib. Vni, de Homicidio, § 2.

'«Ha grant diference entre Irive et asseurement, car trives sunt à terme et asseurement dure à toz jors. » (Beaumanoir , Coutume de Beauvoisis, cap. lx, § 4.) On appelait asseurement on assurément (asse- euratio) en France, segurelat à Valence, l'assurance donnée de ne point poursuivre par lesarmes la réparation d'uneolTense ou la ven- geance d^un crime. L'assurement royal était la protection accordée parle souverain à tout individu qui, provoqué à une guerre privée, déclaraits'en remettre à la justice du roi. Les Fueros appellent cette derniôre espèce d'assurément protedio regalis.

LtTAB m , CHAPITRII Vil

gaefnes privées est à peu près la même; le code de Huescâ et le liffe des furs se complètent Tao par Taatre, et c*est aux deax qae nous allons emprunter les quelques mots que nous avons à dire à ce sujet.

Le droit de guerre privée semble en Aragon appartenir à toutes les classes , d*après les termes du fuero qui règle le défi entre nobles, bourgeois « et autres* > ; les fnn de Valence , au contraire, paraissent ne l'accorder qu*aui nobles et aux bourgeois honorés « qui ne font œuvre de leurs mains*. » Mais, dans les deux royaumes, le défi doit avoir lieu par l'intermédiaire de trois témoins du même rang que le provocateur^ et qui ne soient ni vas- saux, ni parents, ni « gens mangeant le pain > de Tune des deux parties. Dix jours sont accordés pour se pré* parer à la lutte. La guerre ne peut commencer qu'après ce délai ; dès qu*il est expiré, les adversaires, ainsi que les parents, vassaux et amis que chacun d'eux entraine à sa suite , peuvent s'attaquer et se tuer « sans être tenus Tun envers l'autre , ni envers le seigneur , ni envers les parents, ni envers la justice. > Mais < celui qui tue son ennemi ne doit rien prendre de ce qu'il trouve sur lui , de peur qu'il ne paraisse plutôt un voleur qu'un ennemi ^ »

I.es personnes des combattants sont seules engagées dans la lutte ; leurs biens , leurs femmes , leurs enfants et leurs hommes qui ne prennent pas part à la guerre, sont placés sous la sauvegarde du roi, ainsi que les laboureurs, les Sarrasins soumis, les clercs, les ordres reli. gieux, les veuves, les orphelins, les marchands, les voya- geurs, tous les neutres , et, en un mot, tout ce qui n'est

« Ptmros, t I, Ub. IX, de Forma diffidamentû 3 Purs de Valencia, lib. IX, rubr. VIIi,lurU. * Fueros, t. I,lib. IX, (2^ Homicidio.

Lift «irSMtES fRII'fM SSI$

fu gnerrayant, chevaux ou armes des guerroyanls. Qoiconqae viole cette protection «st, solvant lee cas, contraint de payer ie double du dommage causé , ou puni d*QDe peine corporelle et de la confiscation , partielle à Valence et totale en Aragon \

La guerre privée ne peut avoir lieu que du consen*^ tement des deux parties. Si Tune d'elles propose de faire régler ie différend par la justice royale , l'autre doit se soflmettre à cet arbitrage , sinon le roi porte secours à celai qui a invoqué son intervention , et les biens de celui qui rerufid de cesser les hostilités sont même quelquefois livrés à son ennemi.

D'ailleurs le roi peut encore de son autorité arrêter toute guerre privée en enjoignant aux deux adversaires de comparaître à sa cour, et en leur imposant un« ti^éve ou nu auurement '.

Nous avons dit ' comment , en vertu du droit de desna^' htnUzaeiûn , on peut faire la guerre à son seigneur et au roi lui-même* Les fars de Valence prescrivent de ne point « à tort défier ou affliger son seigneur » , mais sans ajouter aucune sanction à cet ordre.

Tout individu qui, soit dans les dix jours qui doivent précéder les hostilités , soit après avoir conclu une trêve

* Pueros^ l. I, llb. IX, de Pace et proieciione regali, de Violatoribu^ regalù proUctionU. Purs, lib. IX, rubr. VIII, fur 4 6 et 40, et rubf. XX, fur. 42. .

* Fueros, t. I, Hb. IX, de Confirmatione pacis; Furs, lib. IX, rubr. XX, fur 44. Au droit d'assurément se rattache le sauf-con- doit roynl oecordé quelquefois à un individu en guerre avecle roi lui-même ou sous le coup d'une poursuite judiciaire. Celui qui viole ee sauf- conduit est remis à la merci du roi et peut même être con- damné à la peine capitale.

* T. I, p. 277. Cf. Fiten», l. I, Ub. VII, de BfSpedUUme infan- tionum ; Furs, lib. IX, rubr. VIU, f. 42 et 43, rubr. IX^ f. 2.

S24 LITKE m, CHAPITBB Fil ^

on accordé un assurément , tue son ennemi, est déclaré traître et puni comme tel.

Il y a , d'après les fueros de Hoesca , denx sortes de trahison: la première comprend, outre le cas qni précède, le meurtre de son seigneur, les relations adultères avec la femme de ce dernier : la seconde , tout fait de guerre privée non précédé d'un défi régulier.

Les trahisons de la première espèce peuvent être prou- vées par témoins et , à défaut , par le duel entre adver- saires égaux en forces physiques : c*est le duel per con- similem; celles de la seconde doivent être prouvées par le duel per parem, c'est-à-dire entre combattants égaux en naissance , en fortune et en forces. Au provocateur incombeTobligation defournirun champion égalauproTo- qué; s'il ne le peut , il doit se dédire par trois fois dans le champ du combat en déclarant que son adversaire < ne mérite aucun mal. »

La trahison prouvée est punie de la mort et de la confis- cation des biensS elle est considérée comme offensant direc- tement la société, et compte au nombre des quatre délits de ce genre que prévoit le code de Huesca. Les crimes d'hérésie, de sodomie, de blasphème, de lèse-majesté, qui apparaissent aux premiers plans des législations du moyen âge , et contre lesquels s'épuisent ordinairement les rigueurs de la pénalité , ne sont pas mentionnés dans les fueros, et c'est avec raison , car les trois premiers sont du ressort de la justice ecclésiastique , à laquelle les mœurs aragonaises semblent refuser le secours du bras séculier; quant au dernier, dans un pays la personne du rico home est inviolable comme celle du souverain , les révoltes de la nation contre le roi sont autorisées,

< Fueroê, 1. 1, lib. IX, de Proditoribus, de Prodiliombtu, de Cùntir- maiione pacis.

LIS dUOlKS ET LBS DÙJTTS 225

noos dirions presque ordonoées, par les /lieras politiques, il joe peut y avoir de lèse^majesté ; aussi ce mot ne parait- il qu'une seule fois dans le code aragonais , à titre de réminiscence romaine , à la fin de la formule exécutoire qui termine le préambule.

Les délits contre la société se trouvent donc réduits à quatre: la trahison, dont nous venons de parler; la violation de la protection royale, dont il a été question au sujet des guerres privées; le brigandage et le faux.

Le brigandage, suivant les cas, est puni de la peine de mort, d*un autre ch&timent corporel , de la confiscation , de Texil perpétuel ou d*une amende au fisc après répa- ration des dommages. Mais le voleur de grand chemin, pris en flagrant délit, doit être sur-le-champ pendu sans jugement*.

Dans le crime de faux est compris le faux serment. Le faux témoin est marqué d'une double empreinte de croix. Uooe, sur la tète, n'est qu'une simple tonsure ; l'autre, sur le front, est faite avec un battant de cloche rougi au feu. Il est ensuite honteusement chassé de la ville il a commis son crime. Le simple parjure, que Jacme déclare, dans le code de Valence , devoir échapper à la justice hu- maine, est, en Aragon, chassé de la ville, privé du droit de témoigner , et déclaré incapable de remplir aucune fonction publique*.

En ce qui touche aux crimes d*un caractère purement privé, nous retrouvons dans le fuero qui traite de l'em- poisonnement une réminiscence marquée de la loi go- thique : si la victime ne succombe pas, le coupable |ui est livré pour qu'elle « en fasse à sa volonté'» .

* Fueros, t. ],1ib. IX, de OonfirmiUione pacis >

s Jdem, id., <d., et t. Il, Ub. TIII, de CHmine fàlsi.

* Idem^ id.y lib. IX, de Veneficis.

fV- ■i- •«»»

LtfHB m, OftAMMIl Ttif

Celai qui ?iote une femme non mariée doH l'épouser oa lui donner assez d'argent pour qo'elie puisse tfôuf^r in mari de son rang. La loi ne prévoit pas le cas cette dpr* niàre condition ne pourrait être remplie ; il faut sans doute compléter ces dispositions par celles des fart de Valence sur la même matière.

L'adultère surpris en flagrant délit, perd ses vé|e« ments et paye une amende. sMl veut éviter la fusligatîoi publique. La femme coupable de ce crime est privée de ses droits à la dot \

Les coups suivis d'effusion de sang sont punis d'une amende de deux cent cinquante sols, quelque soit le rang Toffensé. La peine varie d'ailleurs suivani la gra- vité de la blessure , l'instrument avec lequel elle a été faite, le lieu le délit a été commis; dans certàias qm , si le condamné ne peut payer l'amende , il a le poing eoupé.

C'est une injuredes plus graves, et qui s'expie par une amende de cinq cents sols , que d'arrêter par la bride k cheval d'un noble.

On offense une femme noble en frappant qaelqa'aa » sa présence. Celui qui s'est rendu coupable de ce délit doit aller, avec douze de ses pairs , trouver la dame qU fensée, et tous, en embrassant ses pieds, implorent d'elle un pardon qu'elle ne peut refuser. Si l'offenséeest la retna, le coupable doit < parer sa chambre de joyaux et d'orse- ments analogues à ceux qu'elle a coutume d'y avoir *««

La violation du domicile {intasio pakêii) d'un infimz^ est punie d'une amende de vingt-cinq sol^ «i au de^ cIq la «terra», et de soixante sols « en d^ ,éaeâ lepiiy^^p

« Fueros, X. I,lib. IX, et t. U. lib. \m^ de AdMlterio et Stt^io;Ul. lib. y, de Juredotiy^ïi. * Jdem, 1. 1, lib. IX, de Jnjuriis, ^ fofnis.

USft CHIWS ET tES vUjTS 9S7

pelé terre Qoavelle, c'est-à-dire noaveUement acquise \>» L'aatique pénalité da pays de Sobrarbe réparait avec sa physionomie de cruauté naïve dans le titre du vol.

Si Tobjet dérobé es| un chat , on plante un pieu en terre* on maintient l'animal dressé sur ses pattes de der- rière au moyen d'une corde qui le lie au pieu, et le cou- pable doit, en guise d'amende , couvrir de grains de mil le corps entier de l'animal ainsi attaché. Le condamné trop pauvre poursubir cette peine, doit traverser la ville partant uucbat sur ses épaules nues, tandis que le bour- reau frappe à la fois de coups redoublés l'homme et ranimai.

Quiconque vole un bélier portant sonnaille et con- duisant un troupeau < doit mettre la main dans la clo- chette, et tout ce qui peut y entrer est coupé par ordre du

On serait étonné de voir respecter par des législateurs éclairés ces restes d'une époque barbare , si l'on n'avait dans tws les pays de nombreux exemples de l'étrange vi- telité des lois pénales. L'imagination populaire s'attache avec une ténacité remarquable aux formes de châtiment qui flattent son goût pour les figures et les symboles. Aussi, loin de reprocher à Jacme V son respect forcé pour quel* qces-iines de ces coutumes, doit-on plutôt le féliciter d'être parvenu à déraciner certains préjugés ridicules ou ÎQÎques, conservés jusqu'à lui dans la législation arago- naise. Tel est celui qui rendait les animaux et les choses, < arbres ou maisons » , dit le fuero , responsables du mal qu'ils occasionnaient''; tel est encore celui qui faisait

* Fueros^ l.II, lib. YI, de Conditione infaniionalus. « /(fcwi, t. I, llb. IX, et l. U, Ub. Vm, dp Furto et ruminando an- tore. ' Idem, t. ly lib. DL, de Homicidio.

228 LITBE III y GHAPITBB TH

porter à la femme on aax parents d'an condamné la peine d*an méfait qa'ils n'avaient pas commis. Lorsque la con- fiscation est prononcée, ce qui n*a lieu, comme on a pu le voir, que pour les crimes qui attaquent directement Tordre social, les droits du conjoint et des créanciers sur les biens du coupable sont sauvegardés par la loiV

La procédure criminelle ne diffère pas essentiellement de la procédure civile. Quelques points cependant méri- tent d*étre notés.

La liberté sous caution parait être de droit pour les cas de crime manifeste ou avoué. Les Obgervancias accor- dent au juge qui instruit Taffaire le pouvoir d'ordonner l'arrestation de l'accusé dès que la culpabilité lui par^t suffisamment démontrée*. C'est une restriction intro- duite évidemment par la jurisprudence , lorsque la pro- cédure par enquête eut entièrement remplacé le système

accusatoire. Le privilège d'asile pour crimes autres que le vol , le

rapt et la trahison manifestes, s'étend non-seulement aux églises et aux lieux consacrés , mais encore aux demeures de tous les nobles ^

Enfin la loi réserve , sous des peines sévères, la haute justice, ou plutôt la « justice de sang » , au roi et aux ma- gistrats qu'il a institués. Mais, par une atroce subtilité , elle déclare que faire mourir un homme « en prison de faim , de soif et de froid » , n'est pas faire justice de sang, et , en conséquence , elle autorise tout noble à punir de cet horrible supplice celui de ses hommes qui se rendrait coupable d'homicide, pourvu toutefois que la victime soit

* Fxieros, id. , td., id.

* ObservandaSj Ub. IV, de Fidejussortbus^ § 9.

' Fueros, 1. 1, lib. I, de hi^ qui ad Eccîesias confugiurU vel pakUia Infantionum.

CONSIDBRATiOllS G^NIÙIALES 229

aussi un hommod' in fanzon, car, en dehors de ce cas, la justice appartient toujours au roi ; mais le seigneur du condamné ou celui de la victime a droit à la moitié de la peine pécuniaire qui pourrait être prononcée S

Après avoir groupé et mis en lumière les traits carac- téristiques de la législation aragonaise au Xlir siècle , nous n*avons pas besoin de réfuter Terreur de ceux qui , trompés par la forme romaine des titres du code de Huesca , ont vu dans cetle œuvre une simple compi- lation du droit de Justinien *.

S'il fallait rechercher dans TEurope du moyen âge un pays dont le droit privé pût être rapproché de celui de TAragon, nous trouverions dans ce que Beaumanoir ap- pelle < le droit qui est communs à toz es coutumes de France >,de nombreux points de ressemblance avec les lois de Huesca'. Mais il est plus exact de dire qneTAra- gon ne ressemble qu'à lui-même.

De la barbarie tardive furent replongés les chrétiens que l'invasion arabe refoula vers les monts de la Navarre, de l'énergie que donna à leur caractère une vie de pro- scription et de lutte, de la ténacité qu'ils puisèrent ensuite dans la culture d'un soi ingrat , auquel ils s'attachèrent

* Pueras, 1. 1, lib. III, de Jurisdieiione cmmixim judicum; Ub. IX, de Homicidio.

* Yoy. par exemple, Sempere, HisL del derecho espagnol, Ub. ni, cap. 9.

s Quelques auteurs ont semblé croire que les Fueros généraux promulgués en 1247 avalent aboli les Ftteros particuliers des villes. Ce serait mal connaître Tesprit du moyen-âge, et en particulier celui des populations aragonaises, que de supposer possible l'abolition des coutumes et des privilèges locaux. Le code de Huesca, appliqué par la cour du roi, par les tribunaux du majordome et du juslicia d'Aragon et par ceux des pays qui n'avaient pas de FtAcros parti- culiers, suppléait au silence de ces derniers. C'était le type auquel on ramenait autant que possible la législation du royaume.

iSO LtniB m, cHÂMnB ta

d'autant plas qa*ils Tavaient arrosé de pins d6 snear «t de plus de sang, naquit cette originalité saisissante qni marque les lois civiles des Aragonais, comme leurs mœure et leurs institutions politiques.

Ainsi s'explique cette organisation singulière qui fait résider Fautorité dans Tuniversalité des citoyens plutôt que dans les mandataires d'un pouvoir central, dépouillé de toute force coercitive, et substitue à l'action de celui-ei les cautions et les gages, simples contrats entre particu- liers. Il faut rapporter encore à la même origine la pro- scription de la torture, non que l'atrocité et le vice radical de cette institution apparaissent à ces esprits barbares « mais parce que la question leur semble une offense à la dignité humaine et à la foi que l'homme doit avoir dans la parole de l'homme.

De ces vieilles mœurs aragonaises et de coutumes im* portées des pays septentrionaux procèdent la publicité de la justice, la participation des prud'hommes à la déci- sion de la plupart des affaires , le duel judiciaire, quel- ques traces du système des conjuratores ^ certaines formes de serment, la composition et surtout la vigoureuse constitution de la famille basée sur une certaine commu- nauté de biens entre époux , sur l'usufruit de la veuve , sur l'attachement au sol et aux domaines patrimoniaux.

Pour le régime de la dot , la composition , le serment et plusieurs autres points de moindre importance , le code gothique a fourni quelques éléments aux ftteros d'Aragon ; mais son action se fait sentir principalement dans les dispositions qui ordonnent le partage égal des biens du défunt entre tous ses enfants.

Enfin c'est à Jacme, inspiré tantôt par le droit romain, tantôt par des sentiments de justice et de raison natu- relles, qu'il faut attribuer la suppression des ordalies

GOIfSlDBRATIOIfS GÊNÉBALES 231

Tulgaires, Tabolition d'antiques préjugés , des essais de séparation du pouvoir ecclésiastique et du pouvoir laïque, du droit politique et du droit civil ; Tintroduction des principes tendant à fortifier le pouvoir central ; les lacunes préméditées qui sont autant de brèches par les- quelles les idées romaines doivent pénétrer avec le secours des légistes et des juges.

On ne pouvait plus habilement composer un code de transition, qu'il fallait rendre compatible avec les pro- grès accomplis et à accomplir, tout en lui conservant cette physionomie d'antiquité et de rigidité nationales qui devait seule le faire accepter par le peuple.

Dans cette lutte pacifique, qui pouvait si facilement dégénérer en conflit sanglant, le Conquistador fut vain- queur du vieil esprit aragonais,en paraissant subir ses exigences; et, dans ce sens , on peut dire , avec un écri- vaÎQ espagnol, que « pour ce haut fait, Jacme mérite autant d'éloges que s'il eut pour la seconde fois conquis soD royaume ^ . »

* Quadrado, Recuerdos y Bellesas de Bspana^ Aragon, p. 44r

CHAPITRE VIII

LÉGISLATION DU ROYAUME DE VALENCE.- Les fun tombés dans l'oubli. Leur imporiance. But de lacme I". Préambule du code de Valence. Considérations générales. Lois religieuses. Lois stirle clergé. État des personnes et des terres; tendances vers l'éga- lité.— Droit de justice. Organisation judiciaire. Principes qui ré- gissent la procédure. Le serment. Restrictions au duel judiciaire. La torture.— Règles générales pour la décision des affaires.— Droit dvil. Filiation, puissance paternelle, minorité, tutelle, adoption. Régime de la dot. Successions. Testaments. Donations. Vente. Obligations. Droit criminel. Vengeance privée. Inéga- lités dans Tapplication des peines. Talion. Amende. Mutila- tion.- Respect de la liberté individuelle. Pénalité. Crimes contre la foi. Crimes contre la société. Crimes et délits contre les parti- culier.— Parallèle entre Tœuvre législative deJacme !•', celle de saint Louis et celle d'Alfonse X. Conclusion.

Moins original, moins curieux à étudier dans ses détails que les fueros d*Àragon , le code des furs de Valence git depuis longtemps dans la poudre des biblio- thèques, dédaigné des historiens et des jurisconsultes, qui n*y voient qu*une pâle imitation du code deJustinien. Et cependant, lumière oubliée sous le boisseau, c'est lui qui répand sur l'œuvre législative de Jacme P" une clarté inattendue. Par lui s'expliquent les fueros de Huesca, comme par le fuero de Mayorque, son précurseur, s* ex-

I

1/

234 LITRE m , CHAPITRE VIII

pliqoeDt les constitatioDs éparses ajoutées aux wtatges catalans.

Jetez les yeux sur le code aragonais, imparfait au fond, barbare dans la forme, et, si vous ignorez l'existence du recueil valencien, le Conquistador vous apparaîtra comme un législateur inhabile, méconnaissant les avantages de Tunilé, s*épuisant en efforts louables mais impuissants pour faire entrer une partie seulement de ses Etats dans le courant d'idées qui produira bientôt \gs Etablissemenls et les Sietepartidas. Jacme ne vous semblera qu'un com- parse dans la grande réforme dooi les premiers rôles appartiennent à saint Louis et à Alfoose

Mais relevez les furs de la poussière « lisez ser lears pages flétries par le temps tout un programme tégiâlltif inspiré par le même prince, rédigé parles mêmes hommes qui ont inspiré et écrit le code de Huesca, voyez-y Tessai que monarque et légistes ont fait de leurs forces» deman- dez-vous pourquoi ceux qui ont proclamé c^ principes à Valence ont semblé les ignorer en Aragon, l'blétoire des mœurs, mieux que celle des faits, vous répondra, et vous verrez briller de tout son éclat cette habileté politi- que qui place le nom du conquérant et du législateur de Valence parmi les plus grands noms du Xlir siècle.

Nous avons dit* comment, dès la prise de Valence, le roi avait résolu de donner des lois spéciales au royaivme qu'il enlevait à Ben-Zeyan. On s'attendait i le voir sou- mettre sa nouvelle conquête aux fueroê généraux de l'Aragon» tout en lui accordant, suivant Tusage, des pri- vilèges destinés à faciliter son repeuplemeat et à assurer sa défense % mais, dès que les nobles aragouaiscoonureiit

« Tome I, p. 389.

« Los hisloriôiis élttingers à l'Êâpajne n'ont vii' dans les PàT9 fie Tlrlén«e ^t^UM carta^uebla ou ad fuero muRMfal. Siloii

' L^S rats BB TALBI^CÈ S8S

fîMentiM de leur so^veraiti de faire ^rédiger tin bé/àè particolier poor le pays de Valence , ils protedtèrMtt avec cette énergie et cette persistance qa^ils sataient mettre dans lootes lenre réclamations.

Eot'il été possible de ptier anx mêmes lois des indi- Fidas accourus de tous les pays de l'Europe dans les fertiles campagnes de la ffuerta, et des populations qui semblaient avoir pris racine dans le sol aride de TAragon, que Jacme, ne pouvant faire avancer celles-ci vers la lumière, n'aurait eu garde de faire reculer ceux-là vers lesténèbresV II aimait mieux, avec raison, établir dans ce pays neuf un foyer qui peu à peu étendit son action sur les législations voisines , que de réaliser brusquement ane unité illusoire dans la barbarie.

D'ailleurs le droit civil aragonais était suivi de près par ce droit politique si odieux à la royauté. Jacme résis4adonc;la lutte fut opiniâtre, et le roi n'en sortit pas entièrement vainqueur, car, pour éviter d'en venir aux armes, il dut autoriser les nobles aragonais à établir la législation de leur pays dans les honneurs et les fiefs qui

uns, l'idiome employé pour la rédaction de celle prétendue charte municipale aurait été la seule cause des réclamations de fa noblesse aragonaise. Schmidt nous parait être le seul, à en juger par les deux phrases qu'il consacre au code de Valence, qui ait compris rimpor- tance de ce recueil elle caractère multiple de Tœuvre législative du Conquistador» ( V. Geschichte aragonien's im MiUelallert p. 4ÎHS.)

^ Voici un passage souvent cité, dans lequel Miedes apprécie d^une manière assez exacte les trois principaux peuples soumis au sceptre de& rois d'Aragon : « Les Aragonais, jaloux de leurs libertés plus que de leurs biens et de leur vie, flors de la gloire de leurs ancôtre», ne s*oceupentquedu passé; les Catalans, habitant un pays stérile, na* turelleroent tournés vers l'industrie et habitués à vivre d'épargnes et de travail , ne songent qu'à l'avenir ; enân les Valenciens» au sein de laurdélicieuse huerta, ne vivent que pour le présent et jouissent en enfants prodigues des dons de loutesorte dont la nature les a oom« blés. > ( Vida de don Jayme. lib. XU.)

336 UfBB m, CHAPITRB Tin

leur étaient échas. Ce furent là« ponr employer une expression de Tépoque, des domaines peuplés en fuero d* Aragon. Par saite de cette transaction regrettable et de la nécessité de déroger aux lois générales en faveur des populations et des seigneurs chargés de la défense des frontières, le royaume de Valence dut renoncer à la gloire d*étre le premier royaume européen qui ait joui d*une législation unifiée, sous Tempire du premier code complet qu'ait vu promulguer le XIIP siècle \

Malgré l'interdiction qui termine le préambule des furs*, le droit de 1* Aragon, celui de la Catalogne, les carifu- pueblasei surtout les idées féodales, dans leur lutte déses- pérée contre les principes romains, disputèrent le terrain pied à pied au droit de Valence , si bien qu*au XVP siècle ces lois, promulguées pour « tout le royaume et toutes les villes, châteaux, fermes, maisons de campagne et tous autres lieux édifiés ou à édifier dans le royaume > ne régissaient plus guère que la capitale et étaient des-

* Le code rédige par Frédéric II, en 4224, sous le titre de ConstUu- tiones neapolitana sive siculœ, ne traite guère que de la procédure, du droit criminel etdu droit féodal. On y voit qu^à cette époque le sys- tème des lois personnelles était encore en usage dans le royaume des Deux-Siciles, dont les habitants, a Français, Lombards ou Romainsi, suivaient la législation du pays de leur origine. (Voy., entre autres, lo titre XVn du liv. II et le titre XXIV, loi 2, du liv. lU.)

* A Valence, comme en Aragon et en Catalogne, Jacme, voulant préserver le droit du pays de tout autre mélange que celui des idées romaines professées dans les écoles, défend « qu'aucunes autres cou- tumes dans la cité ou dans aucun autre lieu du royaume de Valence, soient invoquées dans aucune cause Car la cort elles juges pour- ront convenablement distinguer, par les présentes coutumes, la chose Juste de celle qui ne sera pas juste et h cho^e licite de celle qui ne

sera pas liciic Et ces coutumes ne pourront suffire , ceux

qui jugeront pourront librement recourir au sens naturel et à réquité. «(Préambule des /ur* de Jacme l".— Voy. Pièces justifica- tives, n- VUI.)

LKS FUB8 DE TALE5CE SS7

cendaes au rang de fueros municipaiixV Si leur empire a été moins étendu que leurs rédacteurs ne l'auraient désiré, on ne saurait méconnaître , dès qu'on a jeté les yeux sur Tensemble de ce code, l'importance capitale qne sa date, son esprit, sa perfection relative, lui assignent dans rhistoire de la législation européenne.

En nous plaçant à un autre point de vae, nous trou- vons dans Tœnvre qni nous occupe l'un des monuments les plus curieux et peut-être les moins connus de la litté- rature catalane.

Un dialecte de cette langue d'Oc, si chère aux princes de la maison de Barcelone, de cet idiome dans lequel ils aimaient à s'entretenir avec leurs sujets, à raconter leurs exploits, à chanter leurs amours, fut choisi pour servir à la rédaction des nouvelles lois. Celles-ci, à leur tour, érigèrent le « romanç » en langue des tribunaux, et pres- crivirent son emploi exclusif ponr les actes de procédure, les plaidoiries des avocats, les sentences des juges ^ Le catalan était, en effet, plus généralement compris que Taragonais; mais, outre ce motif d'utilité pratique, outre

* Voyez répUre dédicatoire et la préface de Punique édition des furs (1547}. Ainsi s'explique Terreur des historiens qui ont attri- bué à ce recueil, dès son origine, un caractère qu'il n'a pris qu'avec le temps, tes Valenciens duXVI'' siècle ne paraissent pas, d'ailleurs, avoir eu une idée plus juste de leur code, etce n'est pas sans raison que le notaire Michael Fuster a dit, dans une pièce de vers imprimée en tête des furs :

Accipe nunc proprias, generosa Valentia, leges, Ni sis (lU sdHa es) nescia forte lui.

Purs, lib. n, rubr. VI, f.2; lib. Vil, rubr. II, f. 2. —Privilèges, t xni, n? 37 ; ^ xix, n* 65. Les avocats, par habitude d'école et probablement aussi pour rendre leur ministère indispensable aux plaideurs» s'obstinaient, malgré les prescriptions réitérées de la loi| à faire les actes de procédure on latin et à plaider dans la même langue.

VaffecUoD de Jacme pour sa langue materoelle, il est difficile de ne pas voir dans ces mesa^es rarrière-peosée de repoasser dans leurs limites naturelles la langue et les institutions de T Aragon « de donner, au contraire, la plus grande extension possible à la langue de ces popu- lations méditerranéennes dont le fils de Pierre le Cath(h lique teptait de reconstituer la nationalité.

Quoi qu*il en soit, le code valeucien de Jacme V\ plus l^eureux que les fueros de Huesca, est parvenu jusquà nous sans de trop nombreuses altérations V Ce n*est que douze ans après la conquête, c'est-à-dire en Tannée 1250, que le recueil des furs put être achevé et mis en vigueur. Vingt ans plus tard, il fut révisé, corrigé et confirmé par

* Les furs de Valence ont été imprimés en 45i7 par les soins du notaire Joan Pastor, quia respecté l'ordre et les divisions du code primitif, en se contentant d'ajouter après chaque fur les disposi- tio«s émanées des différents souverains qui Tout, à diverses époques, complété ou modifié. Les furs et les ordonnances qui n'ont pu trou- ver place sous les titres de Jacme I" forment un volume spécial ap- pelé volume des furs extravagants. La série des livres et celle des n^çfues ou titres sont donc les mêmes qu'au tevps de iaeme ; les numéros d'ordre des furs ou articles, rangés sous chaque rubrique, ont été seuls modifiés par suite de Tintercallation des dispositions législatives promulguées par les successeurs du Conquistador. C'est à ce code, ainsi modifié, que se rapportent nos renvois. Un autre re- cueil, qu'il ne faut pas confondre avec le précédent, sert «souvent à éclaircir et à compléter h? furs : c'est celui des Privilèges de Valence, imprimé en 4545î<ous le titre de Aureum Opus regalium privilegio^ rum civitalis et regni Valentix Les actes qu'il contient, presque tous ^édigé:^en latin, sont classés à pàu près par ordre chronologique, avec une série de numéros d'ordre pour chaque règne. C'est parmi ces documents que se trouvent les véritables fueros municipaux de la Tille de Valence. On y rencontre aussi des dispositions légales anté- rieures à la promulgation des furs , et qui ont été résumées, déve- loppées ou simplement traduites par ceux-ci; des ordonnances d'un earactère transitoire; enfin des actes qui ne oonoerneiit qu'un indi- vidu ou uo« ville. Nous désignons VAureum, Opus, daas nos reavois, sous le nom de Privilèges de Valence.

le roi, qsi décida qae toqs ses saceessearsseraieut tenus d^ra jurer TobserTation \

Le double préambule qui sert d'iotroduction au code de Yalenoe en dessine bien nettement la physionomie. Plus de cortès dont la sanction soit indispensable pour donner au recueil sa force légale, plus d'assemblée na- tionale d^auoune sorte * ; il n'y a qu'un souverain, entouré de conseillers dont il peut accepter op rejeter les avis. Cee canseiliers, il est vrai, sont, pour la plupart, des sei- gfiiursaragonais ou catalans qui n'ont que trop de moyens d'influencer la volonté royale; mais, en principe du moins, nous voilà revenus à Vimperàtor romain ' ou au roi gothique, qui tipnt «du Seigneur des créatures i^ le droit déjuger les hommes et dont émane toute autorité. li a daigné s'entourer des lumières « des sages » qu'il a pu réunir à sa cour. Au premier rang de ces sages sont les prélats, auxquels par déférence il demande « leur assootiment et leur avis» ; mais, dès qu'il s'agit de ses conseillers laïques, barons ou bourgeois, le roi, pour qu'on ne se méprenne point sur leur rôle, a soin d'iodi* qiier qu'il agit seulement avec leur avis.

Dans cette sorte d'introduction au code, écrite dans

* Vay. Privilèges de Valence, ^ xxiv, 84 . Les additions et les eorrecUons faites en 4270 sont indiquées dans le code par ces for- mules : Enadeix lo senyor rey Aquesl fur smena et romança la

Mnyor rey,

' Ce fut seulement sous les suoesseurs de Jacme I*' qu'il y eut 49ns le royaume de Valence des cortès investies des mêmes attribua lions que les cortès d'Aragon et les corts de Catalogne.

' En droit romain, Tempereur était censé avoir reçu son autorité 1)11 peuple^ en vertu de la loi même qui constituait Tempirç ; m^isi^e n'était qu'une théorie. Le prince qui appelait ses décisions « de3 ofSH^le^ V^mbés, de sa bouche divine 0, qui autorisait ses sujets <l à invoquQf sqn éternité 9, n'était guère disposé à considérer ^n poH- voir comme une simple délégation de celui di^ ^wlQ-

340 LmttlII, CHANTRfiTIN

le style naïvement sentencieux que le clergé et les écoles avaient mis en honnenr, se mêlent des idées et des phrases entières empruntées au Digeste, an code gothique et aux livres saints. Ici nous trouvons une véritable homélie sur la nécessité de la justice, sur Tamour et la crainte du Seigneur; le roi demande humblement pardon à Dieu des fautes qu*il a pu commettre dans l'exercice de son autorité de juge; plus loin nous rencontrons la traduc- tion catalane du précepte d*Ulpien: Honesiè vivere, alte- rum non Uedere, suum cuiqne tribuere; enfin un passage, semble revivre Tesprit des conciles de Tolède, nous fait connaître à quel point le sentiment du devoir mîli- geait les tendances absolutistes inspirées à Jacme par l'amour du bien public et non par une ambition égoïste: < La raison pour laquelle un roi doit régner, écrit le législateur de Valence, c*est principalement pour la justice, car elle lui est donnée S et, s'il n'y avait pas justice, les gens n*auraient pas besoin de roi ». Ijefuero juzgo avait dit : « C*est en faisant le droit que le roi doit avoir nom de roi; d*où les anciens ont eu ce proverbe: c Roi tu seras quand droit tu feras, et, si tu ne fais droit, tu ne seras roi. » D'où le roi doit avoir principalement en soi deux vertus, justice et vérité*. >

Entre le code gothique et les furs il y a la distance qui sépare une monarchie théocratique, le roi , nommé par les évéques, est menacé de « ne plus être roi > s'il ne marche dans la voie de la justice, que les prélats sont chargés de lui indiquer, et une monarchie héréditaire,

* Plus bas on lit que la justice est une grâce cachée que Dieu accorde aux rois.

^ Voyez le texte espagnol du Fuerojup^^o (édlt. publiée par PAcadé- mie de Madrid) ; Prologue, l. I, loi 4 . ^ Extrait des canons du sep- tième concile de Tolède.

LBS PURS DE YÀtSnCE 241

le souverain, recevant da ciel les grâces nécessaires pour gouverner, ne reconnaît aucun intermédiaire entre Dieu et lui.

Le préambule * des fars de Valence est la seule partie dececodeoùTon trouve ces dissertations pédantesques qui s'étalent à tontes les pages des Siete Partidas, et font ressembler Tœuvre d*Alfonse X à un traité de morale beaucoup pins qu*à un recueil de lois. Jacme a su se défendre de cet excès, et, après avoir payé un tribut, dans le morceau dont nous venons de parler, au caractère de son siècle et à ses propres goûts, il prend, autant que la langue catalane peut le lui permettre, le style concis, le ton impératif, qui conviennent au législateur. On ren- contre bien encore çà et quelques tendances à accom- pagner les prescriptions légales des motifs qui les ont dictées, quelque prolixité dans la rédaction, mais ces défauts sont bien moin^ apparents dans l'œuvre qui nous occupe que dans les autres codes de la même époque.

Pour base et pour modèle de leur travail, les rédac- teurs des /tir« ont choisi le code de Justinien réduit à ses neufs premiers livres, les trois derniers, qui traitent de matières administratives, ayant été, comme on le sait, retranchés de l'enseignement des écoles. Pour être appli- quée au royaume de Valence, l'c^uvre impériale a être extraordinairement abrégée. On en a extrait, et quelque fois traduit littéralement, les principes les plus saillants, négligeant à la fois les déductions trop subtiles pour les esprits du moyen âge et la multitude de cas particuliers prévus par les empereurs. Mais, comme on doit le penser,

* Nous donnons dans nos Pièces jusiiûcatives (n* VIfl) , en le fai- sant suivre de la table des livres el des rubriques^ le double préam* bule des furs qu'il est curieux de comparer avec celui des fueros

à^Angon.

T. n. 16

912 UTM m, CHAVItM mil

la logique la plas rigoureuse n'a pas présidé à ce travail ; on a procédé par retranchements plutôt que par conden- sation; quelques rares essais de généralisation ont été tentés assez gauchement ; la suppression d'un nombre infiniment considérable de titres et de lois a rapproché sous la même rubrique des dispositions qui n'ont aucun rapport entre elles, sans faire disparaître toutes les répé- titions et toutes les contradictions du modèle V

Il ne faudrait pas croire cependant que, pour n'avoir pas stt éviter des imperfections si communes de leur temps, les jurisconsultes de Valence n'aient été que les imitateurs maladroits et servîtes du code impérial. Non- seulement ils ont mis à contribution avec discernement et dans des proportions diverses , le Digeste, ^es Insii- tutes , le fuerû juzgo et les traditions germaniques ; mais, les grands principes de droit naturel et d'équité qui sem- blaient se conserver plus spécialement dans les déoré* taies, le besoin de simplifier les formes, la nécessité de plier les lois aux mœurs du temps et du pays, font sentir leur action dans lesfurs. Jacme, dominant de la hauteur de son génie les légistes qui travaillent par ses ordres, combine ces éléments, dirige ces influences, fait servir les uns et les autres à la réalisation de ses projets, donne à l'œuvre Toriginalité, l'unité, la sève enfin qui fait vivre un code nation al et qui manque toujours à une simple compilation.

Dès qu'on aborde l'étude de ce recueil, se mêlent.

* Après avoir suivi assez exactemenl l'ordre du code de Jusiinien, jusqu'à la fin du droil criminel, les rédacteurs des furs ont ajouté pêle-mêle au IX* livre des rubriques relatives au droit féodal, àTad- roinistratton. à Torgantsation judiciaire, à la police orbaine ou rurale, et aussi à des matières générales empruntées au Digestei qui eussent plus logiquement trouvé leur place en tdte du

UNf ■EUCIBDSB8 %IS

snmùt rasade d^ temps, le droit civil et le droit crimi- 09I9 l*adoiiaistraUoo ^et ia procédure, les principes de l'ordre le plii3 élevé et d^lDâmes détails de police, il est impossible de ne pas être frappé de l'habileté avec la- quelle, an milieu de cette confusion, le législateur a co* toyé, sans y échouer, les deux écueils les plus dangereux poorson œuvre : les lois sur le clergé et les lois politiques.

La difficulté n*était pas d'éviter ces questions, mais, en réduisant notablement l'influence démesurée du clergé dans l'ordre civil et dans l'ordre politique, en faisant des efforts remarquables pour se rapprocher d'une égalité relative dbs citoyens et des terres aux yeux de la loi, il ne fallait blesser aucune des deux puissances redou- tables (i^i, durant tout le moyen âge, ont tenu sous leur dMÛnation le monde matériel et le monde moral.

Les /tir« empiètent un peu plus qu'il ne conviendrait sur les matières qui touchent à la foi. On dirait que Jaciœ sent le besoin d'affirmer son orthodoxie au mo- ment où il porte la main sur les abus cléricaux.

Pour se conformer aux prescriptions du droit cano- nique, il autorise le fils à accuser son père du crime d'hé- résie \ il refuse la sépulture aux hérétiques '; il punit les blasphémateurs de peines pécuniaires ou corporelles ^ il défend de sculpter, de tracer, de peindre publiquement

* Fun, lib. VI, robr. IX. fur ib.

3 M, lib. VIU, rubr. Il, fur 29. C'est le seul cas qui légitime le refus de sépulture. Trois ans après la révision àesfurs, au concile de Lyon de 4273, Grégoire X défend de donner la sépulture ecclésias- tique aux usuriers qui n'ont pas restiiué. (Voy. Se^t, , lib. V, tit. Y^ eap. 11.)

* On paye cent sols pour avoir blasphémé Dieu ou sainte Marie, dnqtiaoïe sois pour a avoir mal parlé » des Apôtres , et vingt sols pour avoir oCbQsé ie>. saints mariyrs, sinon on est exposé tout un jour au pilori. (Furs^ lib. ia,rubr. XKII, f . 8.)

244 LITftE III, CBAPITRB TUI

et d'exposer en vente les images de Dieu et des Saints *; il interdit enfin anx juifs et aax musulmans tout travail public les jours , fort nombreux alors, de fêtes chômées par TEglise; mais, dans Tinlérét de Tagricnlture et pour ne pas aggraver la position des Sarrasins soumis, ceux-ci peuvent cultiver leurs terres ou celles quMls ont affer- mées sans être tenus d'observer d*autres fêtes que celles de « Noël, Pâques fleuries, Cinquagesma^ei Sainte-Harie du milieu d'août ' » .

On reconnaît dans ces prescriptions le prince ortho- doxe, soumis aux ordres partis de Rome en tout ce qui touche au spirituel; mais, dès qu*il s'agit de régler les droits et les devoirs des membres du clergé dans la société civile, l'attitude du législateur change d'une manière d'autant plus surprenante qu'un èvêque a été sou plus actif collaborateur \

Nul clerc, nulle personne engagée dans les ordres, nulle église ou < lieu religieux », ne peut acquérir à un

* Fu^-s, ]ib. I, rubr. XV, f. unique.

^ l.a Pentecôte. Le môme nom s'est appliqué au dimanche qui suit la fête de Pâques de cinquante jours et à celui qui la précède d'au- tant.

a Furs, lib. I, rubr. VIII, f. 2.

^ Parmi les furs que nous passons sous silence, se trouve une sentence arbitrale rendue en 1268 par le roi entre < l'évoque, le cha- pitre, les clercs do la cité et de Tévêché de Valence d'une part, et ifàs richs homeru, cbevaltors, bourgeois et autres habitants de la même cité et du même diocèse, d'autro part, au sujet des dîmes et prémices et des sacrements ecclésiastiques. » Ce document, inséré abusivement au nombre doi lois lors de la révision du code en 1S70, donne de curieuses indicutions sur la nature des producttoas du terriloirede Valence et sur leur valeur relative , d'après laquelle oo a évidemment établi la quantité à donnera titre de dime ou de pré- mices. Cet acte forme Ietur4 du titre XXIV^ liv. lV;soa texte primi- tif en latin, se trouve au T xxu, n* 77 des Privilèges , et sa confir- mation au f* xxvui, n"* 90 du même recueil.

LOIS GORTBe l'àmortizacion 245

titre qoelcoDqae un immeable, une rente foncière, cens ou < tribut d'argent ou de service » grevant un immeu" ble. Les églises seules sont autorisées à accepter, à titre de legs, les immeubles, à condition de les vendre dans Tannée, en acquittant les droits de mutation et en parti- ealier celui de hysme ^ si la terre est tenue en censive. Les personnesengagées dans les ordres ou entrées en reli* gion ne peuvent succéder à aucun de leurs parents, même à leur père ou à leur mère. Telle est la règle rigou» rense posée lors de la promulgation des furs, mais qui dut être adoucie bientôt après, car le code révisé autorise les constitutions de rente pour les fondations pieuses, et permet au clerc séculier de réclamer sa légitime et de succéder à tous les biens de son père et de sa mère, pourvu toutefois qu*il ne soit pas entré dans les ordres contre la volonté de ceux-ci ^ La règle fut maintenue dans tons ses autres points; les furs et les privilèges la rappel- lent toutes les fois qu*il est question d'aliénation d'im* meubles ou de rentes foncières ^.

Les inconvénients de Taccumnlation de la propriété immobilière dans les mains des corporations avaient été pressentis de bonne heure. Les mainmorlables , c'est-à- dire les gens qui , selon une expression de Tancien droit, avaient la main vive pour recevoir et la main morte pour rendre , privaient le roi ou le seigneur dominant de tout les droits auxquels la transmission d'un immeuble pouvait donner lieu , et mettaient hors du commerce une quan- tité considérable de biens * ; aussi , sans remonter à

* Lausime ou hdsen droit fraoçais.

^Furs, lib. IV, rubr. XIX, f. 5, 6 el 7; lib. VI, rubr. V, f. 5. s Par exemple, lib. IV, rubr. XXIII, f. 48, et lib. VI, rubr. IV, f. 37. ** La fiction de riiomme vivant r mourant et confisquant, que plu* sieurs coutumes françaises obligeaient les corporations à fournir,

246 uvm III , CBAFim ym

TEmpire romain et sans parler des lois d'Arcadios et d*Honorins, qni restreignaient la liberté de tester en faTenr des églises, tronvons-nous , dés le Xir siècle, en Espagne, des précautions prises par les rois contre Vamorlizacion*. Jacme avait tenté vainement d*introduire des lois analogues en Catalogne et en Aragon ; il ne par- vint à les établir qu*à Mayorque et à Valence, mais en lear donnant une extension considérable, puisqu'elles ne s'appliquaient pas seulement aux corporations, mais encore aux individus, clercs et chevaliers.

Cette dernière mesure se lie intimement à Thistoire des variations qu'a subies Tiètat des terres dans le royaume de Valence. Les furs et les privilèges nous fournissent sur ce dernier sujet la matière d'une étude intéressante. Il est curieux de suivre , dans la législation qui régissait

obviait au prerDier de ces inconvénients , mais non au second , qui était de beaucoup le plus considérable. On sait que l'homme vivant, mourant et confisquant, jouait, par rapport au seigneur dominant, le rôle du vrai propriétaire de Timmeuble. Les actes de sa vie et sa mort donnaient lieu à l'exercice des droits seigneuriaux; son crime pouvait entraîner la conflîcalion du Ûef.

* Voyez , entre autres , le fuero de los hijos dalgo , promulgué aux certes castillanes de Najera en 4138. Ce fuero, appelé aussi fuero de fazaâas y alvedrios (de sentences et arbitrages) ou fuero de Burgos^ parce qu'il était destiné à la Castille, dont Burgos était la capitale, fut refondu plus tard dans le fuero viejo de CasiiHa, avec lequel i( ne faut pas le confondre. (Voy. Lafuento, Historia gênerai de Espaça, part. II , lib. II , cap. xiu , § 3. } On lit dans le fuero de Cuenca , octroyé, en 4190, par Alfonse VllI de Castille: a J'ordonne qu'aux hommes engagés dafis les ordres et aux moines personne n'ait le pouvoir de vendre un immeuble : car, de même que leur ordre leur défend de nous donner ou vendre un héritage, de même le fuero et la cou- tume noua défendent la môme chose. » (Voy. Marina, Ensayocritieo sobre la anligua legUlacion y principales cuerpos légales de los reinos de Léon y Castilla , g 42G. Lafuente, Historia gênerai de BspaAa , pan. II, lib. U, cap. xm, §3. )

iTkT DBS TEftAKS 347

la propriété immobilière , les péripéties de la lutte eoga-* gée entre Tesprit féodal et les tendances égalitairesde la royauté.

Dés les premiers temps de la conquête « les propriétés distribuées par le roi furent de trois sortes : des hanors aax barons, des fiefs à trois cent quatre-vingts chevaliers; la masse des immeubles à la foule de nobles» bourgeois et plébéiens qui avaient pris part à Texpédition.

Les concessions A'honors étaient le résultat d*une mesure à la fois administrative et militaire: il s'agissait de défendre les villes et d*y organiser la justice , la per- ception des impôts , etc. Les fiefs n'étaient que des posi- tions militaires à la défense desquelles il était essentiel d'intéresser la classe belliqueuse des chevaliers. Honors et fiefs ne devaient être que l'exception. La plus grande partie de la propriété immobilière était constituée par les terres dont la distribution nécessita les libros de re*^ partimiento.

Celles-ci ne furent d'abord données qu'à la condition du payement d'un cens de dix sols pavjovala. La constitu- tion de la propriété allodiale était entravée par le désir de fournir de l'argent au trésor royal. Mais d'aussi étroites considérations ne pouvaient longtemps arrêter l'esprit de Jacme T'. Cette redevance ne tarda pas à être abolie^; dès lors la généralité des terres du royaume fut tenue en franc alleu, et , suivant les termes des furs , le roi n'eut cens , fadiga * y ni seigneurie, ni loysme, que sur les choses immeubles pour lesquelles il avait spécialement , expressément et nominalement retenu cens , fadiga,

* Privilèges, ^ xxv, 84, et errata, ccxlyiii.

^ Prélalion ; c'est le droit qu'on appelait, en France , retrait sei- gneurial al ceosier ou relrail féodal, suivant qu'il s'exerçait sur des biens roturiers ou sur des fiefs.

248 LiTBEUiy ClUprrBETin

certaine part de fruits, tribut oa service annuel*. » Ces alieux n*étaient par eux-mêmes ni nobles ni roturiers, et se trouvaient soumis, en règle générale, à certains services ou tributs, tels que hosl, chevauchée, queste, en un mot à toutes les charges « royales et vicinales , c'est-à-dire imposées dans Tintérét général du royaume et dans l'intérêt particulier des villes. Mais , en vertu d*un privilège spécial , les chevaliers et les membres du clergé étaient personnellement exempts de la plupart de ces contributions en argent ou en services. Par le fait, les terres suivaient donc la condition de leur possesseur. Un immeuble pouvait ainsi , en passant de main en mai ni s*élever de la roture à la noblesse ou tomber de noblesse en roture. Dès lors Taccroissement de la puissance ter' ritoriale des chevaliers et des clercs constituait à la fois un danger politique pour la royauté, un préjudice matériel pour TEtat et pour les villes.

On remédia en partie à ces inconvénients en interdisant, au moment de la répartition des terres , toute transaction immobilière pendant une période de cinq ans. Cette mesure avait encore pour but d*empécher la dépopula- tion du territoire nouvellement conquis. Elle ne fut point observée, et, en 1245, le roi dut approuver les transac- tions conclues au mépris de son ordonnance; mais il prohiba pour Tavenir les aliénations en faveur « des clercs , des personnes religieuses et des chevaliers *. » L'année suivante, il alla plus loin et assujettit aux charges et contributions les biens ayant appartenu à des bour- geois et acquis par des membres des deux classes privilé. giées. Tout immeuble passant des mains d'un chevalier

*Furs, lib. VIII, rubr. VIII, f. 26, et lib. IV, rubr. XXIII, f. 44. ^ Privilèges , vn , n* 17.

ÉTAT DES TERRES 249

ôa d*UD clerc dans celles d*uD bourgeois perdait ses immonités san spou voir jamais les recouvrer V

Le désir de favoriser Textension de la propriété rotu- rière avait dicté cet acte *; Tesprit féodal réagit contre cette tendance. Dans la pratique , le pouvoir ne fut pas assez fort pour faire respecter ses prescriptions; les che* valiers et les clercs continuèrent à acquérir des immeubles de bourgeois et, en vertu de leurs privilèges personnels, refusèrent de se soumettre aux charges. Les choses étaient dans cet état en 1250, lors de la rédaction du code. l^sfurs se bornèrent à renouveler, en retendant à tout le royaume, Tinterdiction d*aliéner en faveur des indivi- dus privilégiés, « nonobstant tout privilège ou permission octroyée par le roi*. » Les influences féodales et cléri- cales essayaient cependant de reconquérir pied à pied le terrain gagné par la royauté au profit des idées de progrès et d'égalité. En 1252, Jacme fut contraint de ratifier toutes les transactions accomplies , de déclarer franches de tout service les terres possédées par les chevaliers et les clercs , et de permettre les acquisitions futures hors du territoire de la capitale, pourvu que Ton eût obtenu préalablement une autorisation royale. L'interdiction absolue, telle que la prononçaient les fur$, se trouva res- treinte à Valence et à son territoire ^ Le code révisé consacra cet échec de la royauté , il Taggrava même en

* Privilèges , f* vni, 21 .

, ^ Ce privilège et celui de 4245 sont applicables seulement au ter- ritoire de la capitale. Le roi semble avoir voulu essayer sur cette partie du royaume les mesures qu'il devait généraliser plus tar^. La capitale et son district étaient, d'ailleurs, le point qu'il était le plus essentiel de soustraire aux empiétements des chevaliers et des clercs. « Fars, lib. IV, rubr. XIX, f. 8; lib. IX, rubr. XIX, f. 35.

* PrivUéges, ^ xvi, n- 47.

250 LIVBB Ul, GHàPlTBB YIU

aatorisant les échaDges et les rachats entre eheyaliers et boargeois , et en déclarant francs de tout service les im- meubles acquis de ces deux manières par les chevaliers *.

Si Jacme ne parait pas lutter avec succès sur le terrain pratique , il se relève dans la théorie , et pose dans son code, par des moyens détournés, des principes qui devront porter leurs fruits. Remarquons d*abord, comme un premier pas vers Tégalité des personnes, le silence des furs au sujet des simples nobles. Dans la Péninsule, le service militaire n*est pas, comme en France, Tapa- nage du corps de la noblesse. Les non-nobles, organisés en milices toujours prèles an combat dans les pays limi- trophes des possessions sarrasines, sont une force plus sérieuse que les simples nobles, exempts à'ho$t et de chevauchée.

Dans la noblesse , les ricos homes et les chevaliers seuls représentent la puissance territoriale et militaire; les autres, jouissant de quelques privilèges sans avoir d'in- fluence à mettre au service de TÉtat , n'ont aucune raison d^élre distingués de la bourgeoisie, et c'est pour ce motif que les furs ne font d'eux aucune mention spéciale.

La tendance à l'assimilation légale des nobles et des non nobles se révèle clairement dans le passage suivant: « Nous autorisons pour toujours les citoyens de la cité de Valence et tous les autres pobladores * du royaume à recevoir et posséder à titre de donation , d'échange et de toute autre manière et façon , à acquérir et à avoir terres labourées ou incultes et toutes antres possessions,

^Furs, lib. IV, rubr. XIX, f. 9 et 40.

^Les pobladores sont ceux qui ont fondé les premiers établisse- ments dans un pdys. Peut-être ce mot est-il pris ici dans un ï^ns plus général, et signifie- t*il tous les habitants fixés définitivement dans le royaume sans idée de départ.

ehoses et rentes venant de quelques personnes que ce soit, chefaliers, eleres, bourgeois et autres ^ »

En outre, les /*tfr9 assimilent, toutes les fois que cefai est possible , les alleux aux fiefs , les domaines nobles aux non nobles. Les immeubles , désignés le plus souvent par énnmération : c maisons, jardins « champs, vignes» fermes, villages, villes, châteaux, forteresses, honneurs *f sont considérés comme appartenant a un seul genre de propriétaires. Le mot senyor signifie à la fois maître , propriétaire et seigneur.

Cette façon de considérer la propriété simplifie con- sidérablement les matières, si compliquées en France, des fiefs, du bail à cens, du bail emphytéotique, du bail à locatairie perpétuelle.

A Texception de quelques règles spéciales aux fiefs , empruntées à peu près toutes aux coutumes françaises*,

* Furs. lib. VIII, rubr. VUÏ. f. 5.

^Tous les ûeU de Catalogne et de Valence sont fiefs rendables. On appelait ainsi en France ceux que le seigneur doroinani pouvait se faire remellre, a iralusvel paccatusu, disent les acteà dUnféoda- lion, e'est-à'dire mécontent ou non de son vassal. Le refus de ce dernier est qualifié trahison manifeste et autorise le suzerain û s'em- parer du fief par la force. Si le seigneur dominant ne réclame le fief que pour constater sa suzeraineté , il doit le rendre dix jours après ; sMi a un différend avec son vassal , il peut garder le domaine jusqu'à rentière décision du litige. Recevoir ainsi un fief, ctiâteau ou ville, c^ctait» suivant Pexpression catalane, reehre postai delcastell, delà vila. recevoir la puissance, Tautorité sur ce cbà'.eau, sur œtte ville. ( Voy. Constitutions de Cathalunya, vol. 1, lib. IX, lU. XXVII; Costumas gênerais, etc., de Père Albert; Furs, lib. IX, rubr. XXI, f. 4 à 4, 23 à 27.) Le fief rendable se rencontrait, dans la France méridionale et particulièrement en Dauphiné , avant le XVI* siède. (Salvaing, Traité de Vusage des fiefs, 1'« partie, cbop. vin.) Mais dans ces pays la condition de reddibilité no se présumait pas, tandis que, en Catalogne et à Valence, « il est entendu tacitement, bien que ce ne soit pas expressément dit, que le seigneur (suzerain) du fief doit avoir et a liostat, paix, guerre, fadiga et lousme, s'il n'y a expressément et nominativement renoncé, t {Purs, lib. IX , rubr. XXI, f. U.)

*. >

253 UVIE 111 , CHAPITRE Tin

ce qai est dit et établi poar la chose donnée à cens doit être etiteodu de la même manière pour tontes choses qni seront données à certaines portions de fruits , de services, de gain ou de profit* ». L'assimilation des différentes espèces de propriété immobilière .est donc aussi complète qu'elle pouvait l'être à cette époque. La juridiction, pour les contestations relatives aux biens tenus à charge de redevances ou de services , appartient au seigneur, ou, pour mieux dire, au propriétaire do- minant « senyor primer » de l'immeuble , sans distinction de possesseui*$ nobles ou non nobles, de terres possédées à titre d'alleu ou à titre de fief*.

En résumé, tout propriétaire d'un alleu ou d'un fief, qu'il soit noble ou non , est investi par la loi de certains droits, sur lesquels n'influent ni sa qualité ni celle de son immeuble. Il estmaitreet seigneur (ces deux mots sont réunis dans celui Ae senyor); « il peut faire sa vo- lonté de ses possessions, qu'il ait des enfants ou n'en ait pas, qu'il fasse ou non un testament, et en tout autre guise et manière* » ; il est libre de les démembrer à l'infini en concédant chaque portion à charge de services ou de redevances , pourvu que sa position ne change pas par rapport au souverain , c'est-à-dire qu'il « ne recon- naisse tenir maisons, jardins, honneurs, châteaux, villes, fermes ou autre chose du royaume de Valence pour aucun autre seigneur on prince ; comme si , par exemple, un rich hom, un chevalier ou un bourgeois, reconnaissait tenir quelqu'une des choses susdites pour le roi de Cas- tille ou pour l'évéque de Valence , ou pour tout autre homme ecclésiastique ou séculier*». Ainsi chaque pos-

*Furs,\ib. IV, rubr. XXIIl, f. 54. 2/d., id., id.J. 45, 46, 47. »/d., lib. VI, rubr. IV, f. 25.

^GeUe défense est faile « sous peine de la peisoone. » {Furs, lîb. IV, rubr. XXUI, f. 4.) . .

BBOIT DE JUSTICE 253

sessear A'honor, d'alleu oa de fief, pent bien avoir sous sa dépendance des vassaux liés à lui par un ensemble de devoirs et de droits réciproques ; mais la hiérarchie féodale ne peut s'organiser dans les degrés supérieurs , et fonder cet ensemble fort et compacte qui , dans les pays septentrionaux , lutte avec tant d'avantages contre le pouvoir royal. Dans les degrés inférieurs, l'action du seigneur de fief ou du propriétaire d'alleu sur ses vas- saux ou censitaires est notablement affaiblie par le droit qu'ont ces derniers de se dégager, soit en vertu de la demaiuralizacion , soit conformément aux furs, qui auto- risent tout individu tenant pour autrui un bien àcharge de cens « de tribut ou de service , à rendre au propriétaire l'immeuble qu'il en a reçu ^

Il reste encore au propriétaire un droit important , c'est celui de juridiction , que les mœurs ne peuvent pas s'habituer à regarder comme distinct du droit de propriété. Les* privilèges de Valence proclament cepen- dant que la haute justice , < la justice de sang ou jus- tice personnelle > , est « de mère empire , et que le prince ne doit et ne peut la céder à qui que ce soit » ; aussi est-il défendu à tout rico home , noble , chevalier , citoyen, prélat, clerc, et généralement à toute personne religieuse ou séculière », de s'attribuer une pareille juri- diction *.

* Furs, lib. lY, rubr. XXIIl, f. 47 et 24.

« Privilèges, xu, n- 35; Fur^, l. 111, robr. V, f. 73. —Mal- gré rinterdiclion écrite en propres termes dans la loi, les furs des successeurs de Jacme prouvent que la haute justice fut souvent con- cédée à des barons, a des cbevaliers et à des prélats. Jacme lui- même donna, sur ce point, un démenti aux principes qu'il avait po!^. (Voy. Pursj lib. IX, rubr. XXi, f. 40.) Le code de Valence a ooDservé 1 a trace des protestations de la bourgeoisie contre cea eoQCMsioos illégales. (Furs^ lib. lli| rubr. V, f. 77 et 78.)

854 LITRB 01, CHAPITRE ▼UI

Le priocipe de Tattribulion da droit de justice m âouveraia est ainsi nettement posé^ mais pour un cas seulement, celui qui entraine des punitions corporelles. S*il s*agit d*une contestation civile relative à une presta- tion d« redevances ou de services fonciers, le proprié- taire allodial ou le seigneur dominant décide Taffaire. S*il est partie au procès , il assigne i son vassal ou cen* si taire des juges non suspects pour le procès et « toates les appellations » , car, dit la loi, « pareille juridiction doit être sauve au premier seigneur, ainsi que loy^me et fadiga* > . Pour toutes les autres affaires , le seigneur ou propriétaire de la ville, du château ou du lieu, est compétent en première instance, même lorsqu'il s'agit de vignes, maisons ou champs possédés en alleu, s'ils sont compris dans le territoire de sa seigneurie. Les appels sont toujours portés devant lejuslicia de Valence*.

£n résumé , c'est en revenant dans une certaine me- sure vers le principe germanique primitif de l'égalité de tous les hommes libres propriétaires d'une portion du sol , mais en retranchant aux droits quasi-souverains du propriétaire tout ce que les mœurs permettent d'en re^ trancher, que Jacme essaye de reconstituer, d'après Je modèle romain , l'égalité de tous les sujets sous uo sou- verain absolu.

Cette différence radicale entre les principes en vigueur

< Le droU de souveraineté, sousle nom de mère empire, est eaeore invoqué dans les fnrs (iib. YIII, rubr. IV, f. 9), k propos des délais que le roi peut accorder aux débiteurs.

a Furs. llb. IV, rubr. XXII, f. 45, 46 et 47.

Pour ces règles de compélence un peu compliquées, voyez Fur*, Iib. III, rubr. V, f. 6, 8, et 68 à 74 . La juridiction attribuée au seigneur ou au propriétaire allodial comprend le pouvoir de faire des actes d'exécution sur les biens des condamnés avec riutervention des officiers royaux. {Furs, Iib. III, -fuiv. ¥, f. 43et 44.} -

OMAXIBAfiail jrUMCIAIIIE. SSS

êû AragOD et ceux que proclame le code de Valence en eotralne uoe non moins grande dans l'organisation judi- ciaire. La charge politique dujta/îaan*a pas d*analogQe à Valence *; un magistrat annuellement élu, que le code appelle la corl et qui, dans les additions de 1270 et dans les furs des successeurs de Jacme I", est nommé le justi- cia de Valence, décide avec Tassistance des prud'hommes toutes les causes civiles et criminelles* de la capitale et de son territoire. Il a le droit de se choisir un as- sesseur, s*il le juge nécessaire, et de nommer des juges délégués pour la décision de certaines affaires, ou pour le remplacer en cas d'absence ou d'empêchement. Chaque ville du royaume a son justida ou juge particulier investi des mêmes attributions et soumis aux mômes règles que celui de la capitale.

Les bayles, les junlas et les sobrejunieros sont établis dans le royaume de Valence sur le modèle de ceux de r Aragon ^

< LeroiPierrelVfulcoQlraint, en 4348, d'élablir dans le royaume de Valence un magistrat armé des mêmes pouvairs que lejusiieia d'Aragon. Cette institution ne parait pasavoir survécu à VUnion de Valence, confirmée par le même acte et abolie quelques mois plus lard.

* Jacme It institua , en 1324 , un second justida spécialement chargé des affaires criminelles. (Voy. Privilèges, ^lxix, nH23.)

' Pour la cort et le bayle, voyez Furs, lib. I, rubr. 111, dans laquelle eet foiiétie la rubr. XVIII du lib. IX. Pour les juntas et les sobre- junieros^ Privilèges, ^ xxvn, n<> 88. Les avocats de profession, d*abord admis par le code, ne tardèrent pas à être exclus des tribu- naux, à cause « des longueurs et des embarras qu'ils occai^ionnaieut dans les affaires, qui auraient pu se terminer plus facilement à Tavan- tage des plaideurs. » Cette mesure resta inexécutée et fut bientôt f^nivte dHm tarif destiné à mettre fin au la malice et aux tromperies» employées par les avocats pour grossir leur salaire. Quelque temps après, une nouvelle ordonnance de proscrrption n^eutpas plus d'effet i|U6 Ja première et dut être rapportée. Les avocats furent dès lors

S56 UTBB m » GHAPITBB TlIt

La procédure envisagée dans son ensemble est à peo près celle de Jastinien notablement simplifiée. Noas trouvons ici ni le système compliqué des cautions arago- naises, ni la théorie des actions du droit romain.

Les symboles et la procédure orale du droit primitif ont fait place à la procédure écrite , secrète dans queU ques-unesde ses parties, à Texemple des tribunaux ecclé- siastiques. Les témoins , par exemple, sont entendus par le juge seul, assisté de son scribe ; Tassignation en justice et Taccusation ne peuvent plus être orales*.

Trois grands principes de la législation germanique sont cependant encore maintenus : la publicité des débats, si ce n*est celle de Tinstruction ; la participation des prud'hommes aux jugements , et le système accusatoire en matière criminelle.

« La cour ne doit entendre d'aucun crime sans accusa- teur ou dénonciateur*. »

« Nous ne pouvons , dit ailleurs le roi , ni ne devons par droit ni pour aucune raison , ni pour aucune chose , accuser nos hommes d'aucun méfait , ni d'injure, ni de crime, car nous paraîtrions t si nous faisions cela , tenir et remplir deux rôles , le rôle déjuge et le rôle d'accu- teur; néanmoins cela ne doit point s'entendre de nos propres affaires et actions '. »

Malgré les termes en apparence absolus de ces deux fursy qui semblent exclure la procédure par voie d'accu*

astreints au serment d'exercer leur ministère a bien et fldèiement, et de n'agir jamais par malice, n (Voy. Furs, \\h. Il, rubr. YI ; Privi- lèges, r XIII, 37;fo XVII, no56; ^ xix, n*65, ^XXI, n*70.)

* Furs. Ub. IV, rubr. IX, f . 30 et 31 ; iib. I, rubr. VI, f . 9 ; et lib. IX, rubr. VU, f. 2. « Idem, Wh. IX, rubr. 4, f. 21. Idem. id„id., t 46.

Lk PROCEDURE A TALBNGB 257

satiôD publique, les magistrats doivent poursuivre d*of- fice, noa-seulement les coupables des trois délitssociaux, pour lesquels les législatioDS barbares admettent* cette façon de procéder: lèse-majesté, fausse monnaie et crime contre nature , mais encore les homicides, larrons, vo- leurs, ravisseurs, envahisseurs de maisons, brigands de grands chemins, dévastateurs de champs, de vignes , de jardins, incendiaires, et non autres >, ajoute le légis- lateur à la fin de cette énumération ^ Mais il faut que les accusés de ces crimes soient désignés par la voix pu- blique*.

Ajoutons, comme une nouvelle preuve de la tendance vers rintervention de la société dans les accusations cri- minelles, le droit accordé à tout individu d*arréter les malfaiteurs surpris en flagrant délit , et Tobligation de prêter main forte aux officiers royaux chargés d'une arrestation *.

Pour les crimes que nous venons d'énumérer, le. légis- lateur admet la procédure par enquête , c'est-à-dire que > le juge prononce d'après la conviction qu'il s'est formée par l'examen des faits de la cause, sans ordonner le combat , les épreuves judiciaires , ni le serment de Tac- cusé*.

Au civil , à défaut de preuves écrites ou de témoignages suffisants, le juge s'en rapporte au serment du défendeur,

* Un fur ajoute cependant à ces crimes celui d'émeute, (lib. £ rubr. lïl, f. 26.)

« Furs, lib. 11, rubr. VllI, f. 40.

« /d., lib. 1, rubr. Vil, f. 4 ; Privilèges, f" xii, 35, et f"* xxvii, il<» 88.-- Quelques années plus tard, le jurisconsulte français Beau* manoir écrivait : «C'est li communs porfls que çascuns soit sergans et ait pooir de penre et d'arrester les malfeteurs. d (Coût, de Beau- vàisis^ cap. XXXI, §44.)

* Fur*, lib. II, rubr. lU, f . 26.

X n. 17

< saûs que les témoins poissent ôlre éproufés par la ba* taillé, par le fer chaud, ni d'aacnne autre façonS

Cette foi dans le serment de Tune des parties , héritage des temps primitirs , Tbomme ne savait mentir, in- dique le désir du législateur de supprimer les ordalies. Cette tendance apparaît clairement encore dans les res* trictions sans nombre qu*ii apporte à Tusage virace du duel judiciaire *.

Ce genre de preuve est absolument prohibé en matière civile; en matière criminelle, on ne peut jamais y re- courir contre les témoins; les adversaires doivent toujours être égaux « en lignage et eu richesses; ils sont mesurés aux épaules, aux bras, aux cuisses et en hauteur ; et il est accordé (une différence de) un doigt de grosseur et deux doigts de hauteur. > Le combat per comimilem n'existe donc pas à Valence. Le duel n*est admis qu'à défaut d*au* très preuves, excepté pour le crime de trahison et les cas très-rares « il est accoutumé de faire bataille si les parties sont d'accord. » Enfin il est interdit pour toutes les causes portées devant le roi ou sou lieutenant '.

« FUrs, lib. iV, rubr. IX, f. 44.

* Dès le XI« siècle, on trouve en CastiHe une tendance à abolir répreuve par le combat. De nombreux /uerox communaux en dispen- sent les habitants des localités auxquelles ils sont octroyés. Ailleurs la réglementation du défi et du duel fut si minutieuse, qu'elle contri- bua à rendre cet usage plus rare. (Yoy. Lafuente, Hist. gêner, de Esp, , part. II, lib. 1, cap. xxvi.) La même cause produi;>it à Valence les mêmes effets.

^ «Fem fur nou que nos ne altre tenen nostre loch no puscain reebro baialla en nostre poder que aigu vulla fer ab altre per assalt ne per voluniat. » {Purs^ lib. IX, rubr. XXII, f. I}0n a quelquefois interprété ceA^r, ajouté au code en 4270, comme une abolition du duel judiciaire. Il nous paraît difficile de lui donner un autre sens que celui que nous lui attribuons. La rubrique XXfl do Uvre IX détaille minutieusement les règles du combat. «Ceux qui combattronl àdie^ val porteront chacun deux épées et deux masses sans poiiiles. W^Tïs

LA TORTURE 199

Anx épreaves judiciaires se rattache la torture, em- ployée comme moyen de conviction. Sous ce rapport, la législation de Valence est bien inférieure à celle d'Aragon qui , nous Tavons dit , proscrit cette coutume barbare. En devançant les autres législations de TEurope dans la voie des emprunts aux lois romaines et à la procédure ecclésiastique^ Jacme n*a pas su éviter un abus qu'ont exagéré des siècles encore plus éclairés que le sien. Lorsque saint Louis se contente de blâmer la torture par son silence, n*osant pas l'interdire en termes exprès; lorsque Alfonse X l'admet dans les Siete Partidas ; lors- qu'on voit enfin cet absurde et atroce moyen de conviction souillet durant des siècles tous ies codes du monde civilisé, on doit blâmer , non le souverain qui Ta admise à Valence , mais les mœurs qui la lui ont imposée. Les quelques lignes qui traitent « des questions et demandes faites avec tourments » sont une tache immense dans les furs. Plus injuste que la loi gothique, en vertu de laquelle personne n'était exempt de la torture, le code valencien en dispense les nobles et les bourgeois honorés.

revêtent le haubert avec cap (bonnel) de mailles et les chausses de fer, et n'aient ni couteau, ni miséricorde, ni aucune autre arme. QuUls ne mettent du sucre candi en aucun endrpit de leur ëeu ni en autre lieu, et ne portent noms, brefs, ni pierres précieuses, ni aucune autre machination» (f. 8). Comparez les règles du duel judi- ciaire à Yalence avec celles qui sont rapportées par les auteurs sui- vants : Jean d^lbelin , AssUes de Jérusalem ; P. de Fontoines, Conseil à mon amif cap. xxi ; Beaumanojr, Coulwn^s d^ Beauvoisis^ cap. \m à LXiv ; Formulaire des comhalsà outrance, rédigé par ordre de Phi- lippe-le-Bel, ap. Ordonnances des rois de France, t. 1, p. 437; Mon- tesquieu, Esprit des lois, liv.XXVllI, chap. xivà xxiii. Le porche- min n* 4760 de la collection de Jacme 1*^ aux archives d'Arogon , contient la décision d'une question relative aux formes du duel. (Voy. Colleccion de documentos ineditos del archvoo de Aragon^ t. VI, p. 459.)

260 LITRE m , CHAPITRE VIII

Les hommes libres de condition inférieure peuvent y être soumis , même à raison de leur témoignage dans une affaire civile , s'ils varient dans leurs dépositions et paraissent être de mauvaise foi ; le serf, comme Tesclave romain , échappe rarement à la question , lorsqu'il parait en justice comme partie ou comme témoin au criminel ou au civil. 11 est même permis dans les accusations de lèse-majesté, d'hérésie et de fausse monnaie, d'arracher à la douleur du fils la déposition qui doit faire condamner le père *.

Hâtons-nous de détourner les yeux de ce triste tableau, et, au moment de quitter la procédure, vestibule de l'édifice juridique, pour pénétrer plus avant dans la juris- prudence , reposons nos regards sur quelques axiomes de sagesse et d'équité que le législateur de Valence nous montre comme les bases de son œuvre et comme les règles à suivre pour la bonne administration de la justice. «Nous et la corl^ est-il dit dans un fur, devons, avant tous autres, maintenir dans leur droit sans aucun subterfuge, pupilles, veuves, hommes vieux et faibles, et tous ceux pour qui l'on doit avoir merci lorsqu'ils sont tombés dans la pauvreté ou la faiblesse par cas d'aven- ture ; car il ne doit y avoir pour nous ni pour la cort con- sidération de personnes ni de profit, et ainsi \^cort ouïra le petit comme le grand et le pauvre comme le riche *.»

«En choses semblables, il doit y avoir même jugement et même droit, et l'on doit procéder de choses sem- blables en choses semblables ^•

« Personne ne doit être condamné pour crime ou méfait par suspicion ou présomption, mais seulement lorsque le

* Voy., pour la torture, Furs, Ub. IX, rubr. VI. « Furs,\ib. I, rubr. 111, tà\%.

Idem, lU). IV, rubr. XVIII, f. 27.

FILUTIOrr ET PUISSANCE PATERNELLE 261

crime sera prouvé [)ar preuves vraies, loyales et claires ; car souvent il y a des présomptions par lesquelles un homme croit que certaines choses sont vraies, et cependant elles ne le sont point. Aussi serait-il de mauvais exemple que quelqu'un fût puni comme s'il était coupable et qu'il ne le fut pas ; et il serait mieux qu'on laissât aller ceux qui sont coupables et à qui on ne peut le prouver que si l'on condamnait sur soupçon ceux qui ne sont pas coupables*.

Mais voici une conséquence abusive d'un principe bon en lui-même :

« La cort ou le juge ne doit point décider selon sa conscience et selon ce qu'il sait, mais selon ce qui est légalement prouvé devant lui *. »

En matière criminelle, la nécessité d'avoir une preuve légale, comme l'entendent \esfurs, conduit à l'usage de la torture.

Nous avons dit, à propos de la législation aragonaise, que les questions de filiation, comme celles de mariage, étaient de la compétence exclusive de la juridiction ecclé- siastique ^; mais le droit de légitimer les bâtards et de leur conférer dans la société civile les droits des enfants légi- times appartient au souverain^. Ce cas, qui n'est pas prévu par les fueros d'Aragon, fournit la matière de plu- sieurs articles du code de Valence '.

* Fursj lib. IX, nibr. VII, f. 52.

> /(iem, lib. I, rubr. Iir,f. M.

> « Quelout homme laïque réponde au pouvoir do conr d'Egîisede battement de clercs, de mariage, d'usure, de sacrilège et autres sem- blables maléfices. » {Furs, lib. IIÏ, rubr. V, f. 38.) La légilimiléou la bâtardise n'est qu'une conséquence de la validité ou de la non-vali- d lié du mariage. {\oy. Greg. IX Décrétai., lib. IV, til. XVII, cap. v

elvii.)

* Voy. Greg. IX Décrétai,, lib. IV, til. XVII, cap. xm.

8 Furs, lib. VI, rubr. IX, f. 8 à ^2. Le règne de Jacme I*' nous fouruit un exemple remarquable de rexercice de ce droit dans

262 UTHE in , CHAPRftB TUI

En ce qui touche à la puissance paternelle» comme pour le droit civil presque tout entier, les furs semblent une sorte de transition entre la législation romaine et notre législation moderne. Le père de famille a la juri- diction sur sa femme, ses enfants, petits«enfants, serfs, domestiques, disciples et < tous hommes et femmes qui sont de sa compagnie » , pour les vols, larcins et injures domestiques. Il n*a pas droit de < justice de sang >; il peut seulement retenir le coupable en prison pendant dix jours V La puissance paternelle cesse non-seulement par la mort du père et l'émancipation du fils, mais aussi par le mariage de ce dernier ou sa majorité. Il s*agit ici d*une majorité spéciale, celle de vingt-deux ans V À Valence comme à Rome il j a, en effet, plusieurs majorités, bien que les conséquences de chacune d'elles ne soient pas les mêmes dans les deux pays. D'après les furs, la majorité de quinze ans fait cesser la tutelle pour les deux sexes; c'est alors que X^pufiUe devient adulte. Entre quinze et vingt ans, il peut y avoir lieu à la nomination d'un enra- ies leUres de légitimation que ce prince accorda à l'un des plus grands seigneurs de ses Etats, Guillem de Roquefeuil, son cousin. La minute de ce document, daté du jour des nones de mai (7 mai) 1263, est conservée aux archires d'Afagon (regist. XIl, V 19). Un privilège du 42 octobre 1260 (archives d^Aragon^ Parchemins de Jacme 1*^ n^ 4635), donnant une extension plus large à cette prérogative royale, autorise Pierre de Olone, fils adultérin de Milon de Lussano et d'ElissendedeOlone, femme de Berenguer de Eril, à hériter de son père et de sa mère commes'il était légitime; car , dit ce docu- ment, a naître d'un adultère n'est pas la faute de celui qui naît, mais bien de celui qui engendre, n Les deux actes que noua venons de mentionner ne se rapportent pas au royaume de Valence, mais ils ont été rendus en vertu de la souveraineté de la volonté royale. Ce principe romain, admis à la fois en Catalogne et à Valence, est nette- ment repoussé en Aragon.

« Fur*, lib. VI, rtibr. l,ï. 43 et 44.

^ /(i.,id.,rubr. II,f. 3 et 5.

teor, si f odtito aâmiaistre mal se» bieoâ ou doU $wte- oir UQ procès S Poor les actes faita avaût cette aee^ûde majorité, la restitution est accordée daas lamesare la plas large, < afio qae% par trop grande sobtUité, 1^ mioeurs ne paisseot souffrir dommage ^ »

Les femmes sont ei^eluea de la tutelle, mè$ie de celle de leurs enfants ^ .

L'adoption par l'autorité du prince adragatio du droit de Justinien n'existe pas à Valence; Tadoption ne peut se faire que de trois manières : en présence de la eorls par acte public ou par testament.

On peut non-seulement émanciper ses enfanta, mai^ encore, comme en Aragon et pour les mômes causes, les désaffilier \

Les règles de la dot sont empruntées en grande partie au droit romain, sur lequel cependant 6nt déteint, pour ainsi dire , les coutumes des pays voisins de Catalogne et d'Aragon. La femme apporte la dot, mais le mari, par une sorte de transaction entre l'usage romain et la ooemp* fia germanique etaragonàise, est tenu de constituer uq augment {creixou cremment) équivalent h la moitié de la dot, et qui n'est acquis à la femme, conformément à l'usage germanique, qu'après la consommation du ma- riage". Le mari ne se dessaisit point par cette donation de

« Purs y lîb. V; rubr. VI, (. 3i 40, U. Cf., f. 45 , promulgué ^U6 GharlesQuiot. » W., lii).II,rubr. XlY, (. 2. 3 Id., lib. V, rubr. VI, f. 6.

* Pour l'adoption el Pémancipation, voyez f^rs, lib.VIlI, rubr* VI; poar la deaafiliaeion^ lib. VI, rubr. IX, f. 46.

* Furs^ lib. V, rubr. I, f. 44 ^t 46. Un jurisconsulte arogonais, meotiopoant cet usage comme particulier è^ ^Allemagne, se félipite qu'une « aussi ridicule formalité » n^ soit pas exigée par les lois de soD pay9. [Manual del Abogado aragmmf por uo jurisconsuUo de Zaragoza, 4S42, p. 444.) Gett# Qb^ry^Uon e$t fondée^ en ee qui cpiji-r

264 LiTXE m , cHAPrniB tin

la propriété entière des biens qui en sont l'objet, mais, s'il vient à mourir, Tusafrait de Faugment appartient à sa venve, même si elle se remarie. A la mort de celle-ci, le creix retourne aux héritiers du mari qui Ta constitué.

La dot appartient à la femme, le mari l'administre sans pouvoir l'aliéner ; mais les furs ne suivent pas jus- qu'à sa dernière évolution le régime dotal des Romains, que notre droit s'est approprié dans toute sa rigueur, lie législateur de Valence a reculé devant l'inaliénabilité de la dot; il se borne à exiger de la femme un serment qui constate que son consentement ne lui a pas été arraché par la force.

La théorie de la dot profectice, adventice ou receplice ,est bannie du code de Valence comme toutes les subtili- tés romaines. Les furs se bornent à prévoir et à résoudre les principales difficultés qui peuvent surgir dans la pra- tique à l'occasion de la restitution de la dot.

Ce serait sortir des limites de notre travail et entrer dans le domaine de la jurisprudence que de relever les points secondaires dans lesquels le code de Valence s'est éloigné des lois de Justinien en cette matière comme dans toutes celles du droit civil V Le titre des successions ab intestat mérite cependant d'attirer notre attention, à cause

cerne PAragon, mais elle ne peut s'appliquer, comme on le voit, à Valence non plus qu'à la Catalogne, iacme, nous Tavons dit plus haut, établit la législation valencienne au sujet du a screix à la femme à raison de sa vi rginité. » Les Arabes avaient, de leur côté , introduit en Espagne l'usage d'un véritable morgengahe. (Voyez le Koran,cbap. iv, les Femmes,) La loi de Mahomet, comme celle des Germains, a puisé cette coutume dans le droit primitif, source com- mune de toutes les législations. Â Rome et dans le droit gothique, c'était le baiserdes fiançailles qui attribuait à la future épouse survi- vante la moitié des biens composant la donation à cause de noces. * Pour la dot et les donations entre époux, voyez Furi, lib. IV, rubr. XIX, f. 4 et 28 ; lib. V, rubr. 1 à ?.

LES SUCCESSIONS 265

dn mélange d*idé6sjastes et d* idées fausses qa*il a emprun- tées aux traditions gothiques.

Rien n'est plus conforme au droit naturel que le prin- cipe général qui régit cette matière : «C'est chose droite et juste que les biens des pères et des mères morts intes- tats, c'est-à-dire sans testament, soient partagés entre les fils et les filles par égales parts ^ > ; mais rien ne s'en éloigne davantage que la suppression du droit de repré- sentation en ligne directe descendante, de telle sorte que les fils excluent les petits-fils dont le père est prédécédé. > Et ainsi qu'à celui qui sera le premier en degré revien- nent les biens plutôt qa'aux autres qui seront plus éloi- gnés *. » Cette disposition a été empruntée au fuero juzgo ^, de même que celle qui règle la succession des ascendants par têtes et non par souches, avec ces trois différences essentielles que les frères et sœurs du défunt et leurs descendants sont appelés en concurrence avec les ascendants les plus proches ; que la représentation est admise en faveur des descendants des frères et sœurs, et qu'il n'y a aucune distinction à faire entre les propres 00 biens patrimoniaux et les biens acquis par le défunt ^.

Le fils naturel, s'iln'estni adultérin ni incestueux, suc- cède, à défaut de parents et par préférence, au conjoint. S'il n'y a ni parents ni conjoints, ce n'est point à l'Etat que revient la succession, mais à des églises, hôpitaux ou

Fun, lib. m, rubr. XVIH, f. 3.

'^ La représentation ne fut introduite dans le code de Valence que par le roi Alfonse V d'Aragon (III de Valence) en 4418. (Voy. Furs, lib. VI, rubr. V, f. 4 et 2.) Quelque* coutumes françaises, celles de Ponlhieu ^ntre autres, n'admettaient pas la représentation en ligne directe descendante.

»Lib. IV,til. 11,1.2.

* Fursj lib. VI, rubr. V, f. 1. Cf. Fuero juzgojih. IV, tit. II, 1, 2, 3, 5, 6,

M6 LIYRB Dit OBimU THI

antres « lieux religieux » désignés par le justicia et deux prud'hommes du pays du défunte

Il y a, d*après les fur$, quatre sortes de testaments : 1*" le testament écrit par un notaire (scrivapublich) en présence de trois témoins ; â"" le testament Terbat ou nuncupalif; S"" le testament secret ou mystique, que notre droit français a emprunté, presque sans y rien changer, aux constitutions des empereurs romains; Vie testament olographe, introduit dans \e$ furs lors delà révision de 1270. Les trois premières formes sont tirées de la législation romaine notablement simplifiée; la der- nière est passée du fuero juzgo dans le code valencien *.

Conformément à Tesprit des décrétales , la plus grande latitude est donnée , comme on le voit , pour la manifes- tation de la volonté des testateurs. Le testament peut ne pas contenir d'institution d'héritier ou ne contenir qu'une institution partielle. Le codicille, dans le sens romain de ce mot, n'a donc pas de raison d'être à Valence, 11 y a ici des exécuteurs testamentaires comme en Aragon, comme dans la France coutumière et contrairement aox usages romains. La substitution vulgaire , la substitution pupillaire et la substitution fidéicommissaire, sont égale- ment admises par les furs. En somme, pour tout ce quia rapport aux hérédités, àquelquesexceptionsprès, le légis- lateur de Valence, guidé par l'instinct de l'équité et par son désir d'éviter les complications de forme toujours favorables à la chicane, a su fusionner l'élément national

* En vertu des lois contre Vàmortizacion^ les immeubles sont ven- dus et le prix seulement en est donné aux c lieux religieux ». Pour toute la matière des successions, voyez Fursy lib. YI, rubr. VIUi rubr. III. f. 6, et rubr. IV, f. 47 et 50.

* Voy. fuero juzgo, iib. II, tit. V, 1. 16 rfe Holographis SeripiurU.

espagnol avee lod lois impériales ^ Celles^ti paraissent régir sans partage la matière des donations, très-incom- plélement traitée dans les furs V

Au titre de la vente , les rédacteurs du code yalencien s'élèvent au-dessus de la matérialité du fait de la tradi- tion ^ pour attribuer la propriété de la chose vendue au premier acquéreur , et non à celui qui a été mis le pre- mier en possession '.

Nous remarquons enfin « comme reste de la rigueur romaine contre les débiteurs insolvables ^ le droit at- tribué au créancier d'arrêter et de mettre aux fers sans jugement le débiteur qui veut se soustraire par la fuite à Tacquittement de son obligation *.

En matière de saisie immobilière pour dettes , des pri- vilèges égaux sont accordés aux chevaliers et aux citoyens honorés « qui demeurent dans les villes et lieux honorés du royaume '.

La pénalité est peut-être la partie du droit qui s'en- racine avec le plus de vigueur dans les mœurs popu- laires, et c'est seulement lorsque celles-ci se sont radica-

* Ce qui concerne les testaments , les legs, Pacceptation ou la répudiation des hérédités, les exhérédations, les héritiers indignes , est traité dans les ruhr. 111, IV, VI, VII, VllI^ IX, I et XI du liv. VI des /iir#, auxquelles il faut ajogter ]e fur 9 de la ruhr. V du même livre.

« Pure , lib. Vin , ruhr. VIII . »iii.,lih. III, ruhr. XVIIl.

* Id., lih. I, ruh. VU, f. 2.

B /(i., lih. VIII, ruhr. II, f. 38. « Nous entendons, dit un privilège (f* XVI, n* 47) reproduisant ce /or, par homme honoré celui qui ne fait œuvre de ses maios. » Nous citerons, comme un nouvel exemple de rassimitation des obevaliers aux bourgeois , Tohligation imposée aux premiers de se ranger, pourPélection dujt»ftcta, sous la ban- nière de la ville ou du district dans leqtel ils habitent, «mm (>eitie d'dire dé^hn» de leur droit d'élection. {¥urs^ lib. I^ ruhr. Ili^ I. 48.)

268 LITRE m, CHAPITRE TIIl

lement transformées, que de nouvelles pénalités surgissent de ce sol nouveau , tandis que les anciennes , après avoir donné trop de preuves de leur triste vitalité, se dessccheot et tombent. Aussi est-ce dans ce rameau de Tarbre juri- dique que les réformateurs ont le plus de peine à faire pénétrer la sève vivifiante des idées de progrès. L'Europe des derniers siècles nous fournirait , s*il en était besoin, d'éclatants exemples à l'appui de cette vérité.

Peut-on s'étonner, dès lors, que Jacme, abolissant en termes exprès le droit de vengeance privée, soit obligé, quelques pages plus bas> de reconnaître et même d'utiliser ce préjugé barbare comme moyen d'intimi- dation, afin de suppléer à la faiblesse des dépositaires de l'autorité?

« Les héritiers et successeurs, est-il dit dans un fur, qu'ils soient parents ou étrangers, ne sont tenus de venger ni ne doivent venger la mort du testateur qui aura été tué par autrui , ou de celui auquel ils succèdent , si ce n'est seulement en dénonçant le meurtrier à la corl ou en l'accusant en justice *. »

Plus bas , la loi autorise les parents jusqu'au qua- trième degré d'un individu frappé à mort dans une rixe, à tuer le meurtrier s'il ne s'exile pas pour toujours do lieu il a commis le crime *.

Le noble, le bourgeois ou le vilain qui refuse de donner assurément à son ennemi , est mis < au ban du royaume, et, s'il lui arrive quelque mal, celui qui l'a fait n'est pas puni *. »

* Furs, Ub. IX, rubr.î, f. 26. Personne ne peut Alfe conlrainl de se porter accusateur, exceplé le proche parent d'un individu assas- siné appelé à recueillir sa succession. (Voyez Purs, Uh. VI, rubr. IX, f. \.)

« Furs, lib. IX, rubr. VII, f. 42.

' Id.,id., rubr. XX, f . 21 . —La môme menaceest faite pour divers

j

IlfÉGALITÉS DàNS l'aPPLICATION DES PEINES 269

La composition, conséquence du droit de vengeance privée, est interdite cependant pour les principaux crimes*-

Dans la qualification des faits incriminés et dans la répartition des peines, les furs^ plus humains et plus justes en certains points que lesSietePartùlas, paraissent plus arriérés que les Èlablissemcnls.

Ainsi régalité des coupables devant le châtiment, consacrée par la législation de saint Louis, ne parait guère dans le code valencien qu*à Tétat de tendance. Il n*y a pas une peine particulière pour les nobles; mais dans certains cas qui entraînent la peine de mort, les chevaliers, cause des égards qu*on leur doit »,sont remis seulement à la merci du roi ^. Dans d*autres furs, le législateur, qui assimile le « citoyen honoré » au che- valier, ne peut arriver jusqu'à admettre que le corps d*un vilain ait la même valeur que celui d*un bourgeois ou d'un noble ; il ordonne donc que, entre individus de la même condition , celui qui aura occasionné à l'autre la perte d'un membre subira la peine du talion ; mais, si le coupable est un « homme honoré» et la victime un vilain, comme il y aurait disproportion entre le délit et le châ- timent, celui-ci est laissé à la discrétion du juge '.

Le cas dont nous venons de parler est le seul pour lequel le talion soit prononcé par la loi de Valence, à moins qu'on n'assimile au talion la {mnition de l'accu- sateur qui ne peut prouver les faits avancés par lui. La

cas analogues et pour le refus de jurer les paix et trêves ordonnées par le roi. (Voyez Furs, lib. IX, rubr. VII, f. 42; rubr. VIII, f. U; rubr. XX, f.-o ; Privilèges, f* xxvii, 88.)

Privilèges, f* xii, 35, modifiant le privilège n*8, xi, et le /"ur 12, rubr. IV du lib. I.

« Privilèges^ i* xxyii,n'> 88.

Furs, lib. IX, rubr. VU, f. 38.

S70 LimB Ht , 0HAPITB8 TIII

peine qai le frappe est celle qai aurait été pronoiM^ée coDtre l'accusé s'il avait été convaincu ^

L'amende , laissée le plus souvent à la discrétion da juge et des prud'hommes, et que le tribunal peut tou- jours modérer lorsqu'elle est fixée par la loi , telle est U base de la pénalité dans le droit valencien comme dan» presque toutes les législations contemporaines. Le retran- chement du coupable du milieu de la société par la mort ou l'exil est prononcé dans des cas assez rares ; la cou* fiscation est peu fréquente aussi , et ne s'applique qu'aux délits qui portent atteinte à Tordre social ; elle ne peut jamaispréjudicier aux droits duconjointet des créanciers, quelquefois même elle n'atteint pas la légitime des en- fants *. Concurremment avec l'amende, la note d'infamie frappe les usuriers , les meurtriers , les adultères, les vo- leurs,^ les ravisseurs « et autres semblables > . Cette peine flétrit aussi celui qui ne restitue un dépôt que contraint^ par une sentence du juge *.

La mutilation, reste des traditions barbares, n'est conservée que pour quatre délits : le vol , le faux commis par un notaire , les coups portés par an fils à son père ou à sa mère , et la fabrication d'une batiste saus l'autori- sation du roi. Presque toutes les fois que l'amende est prononcée, h loi, pour assurer Texécutioii de la sen- tence, menace le condamné qui refuserait de payer, d'un châtiment corporel, tel que la marqua du faux témoin sur la langue, le fouet, le pilori el quelquefois la mutilation; ce ne sont que des peines comminatoires, presque toutes hors de proportioa avec le délit et avec la peine

Fmn. Ub. IX, rubr, I, f. 2.

« Id. » Ub. I, nibr. Y, f . ^ et 23; Ub. IX, rubr. m, f . 4 , M rubr. vm, fr. 37. ' M.. Ub. U^ rubr. VU et Ub. 1?, rebr.XY, f. M.

271

pécuniaire qu'elles doivent remplacer. Le joge use lar- gemeoi da pouvoir de les réduire lorsqu'il s'agit d'an condamné trop pauvre pour satisfaire i la condamnation * .

Le trait caractéristique par lequel les furs s'éloignent du droit romain et du droit gothique pour se rappro- cher des coutumes germaines et aragonaises , c'est le res- pect de la liberté individuelle. Il n'y a i Valence rien qm, ressemble aux travaux des mines des Romains , à la perte de la liberté prononcée par le fuerojuzgo^ à la remise du coupable entre les mains de l'offensé, à la dépor- tation , aux galères. La prison n'existe pas comme peine *, si ce n*est contre les débiteui*s ou pour obliger un in- dividu â satisfaire à une condamnation pécuniaire. La prison préventive elle-même, qui ne doit pas, sauf ex- ception , se prolonger au delà de trente jours*, n'est obligatoire que pour les crimes de trahibon manifeste ou lorsqu'il y a de fortes présomptions de culpabilité dans une accusation capitale. Hors de cas deux cas, l'accusé peut rester en liberté sous caution. Les femmes furent même pendant quelque temps exemptées de la prison préventive sur leur simple serment *.

Pour échapper non-seulement à la prison, mais encore au châtiment, le coupable peut recourir en outre à l'asile

* Parmi les peioes usitées en Catalogne, il en estuneqni fut appii- q«ée a Montpellier en 4239 (voy. ci-Hles6us, p. 23), et que la roi abo- lit à Valence, «afin que la cité n'en fût pas enlaidie»; c'est celle qui coiisi>tait à raser les maisons des coupables du crime «Je lèsie-majesté ou de celui de trahison. (Voy. Furs, lib. IX, rubr. VIII, f. 33.)

* Il en était autrement en France. Beaumanoir parledu méfait qui « doit estre vengié par longue prison. » {Coutumes de Beautwisis , cap. XXX, § 1 .)

» Furs, lib. I, rubr. VU, f. 2; lib. IV, rubr. XV, f. 2 ; lib. IX, rubr. XXVU, f.22.

* W., id., rubr. V, t 20; fubc. VU, C. 6.

272 LITRE III, GHAMTBB TIII

dans les lieux saints. Ce privilège, que toutes les légis- lations de répoque essayaient de restreindre , n'appar- tenait à Valence qu'à l'église principale de chaque localité et aux deux églises de Sainte-Marie et de Saint-Vincent de la capitale. De plus, certains criminels ne pouvaient invoquer ce droit, c'étaient ceux qui avaient tué un homme dans un rayon de trente pas autour de l'église, les coupables de meurtre par trahison , les brigands de grands chemins , les dévastateurs de champs , et tous ceux qui « tuent comme on ne doit pas tuerV »

Voici maintenant, pour terminer celte analyse de Tun des codes les plus importants que nous ait laissés le Xlir siècle, le tableau sommaire des principes qui régissent la définition des crimes et l'application des

châtiments.

En Aragon, le roi, abrité derrière les traditions nationales, pouvait refuser le secours du bras séculier aux sentences des tribunaux ecclésiastiques contre les crimes qui outragent la foi; mais, à Valence, il ne pou- vait, sans faire soupçonner son orthodoxie , se soustraire aux exigences de l'Église à cet égard. Aussi voyons- nous les furs frapper de la peine du feu l'hérésie, l'ab- juration du christianisme, la sodomie, le commerce d'un Sarrasi^. ou d'un juif avec une chrétienne; celui d'un chrétien avec une juive; mais, par une exception qu'expliquent seuls les fréquents rapports des chrétiens avec les belles captives qu'ils enlevaient aux infidèles, les relations d'un chrétien avec une Sarrasine ne sont punies que du châtiment rarement appliqué de l'adultère.

L'hérésie et la sodomie sont, parmi les crimes contre la divinité, les seuls qui entraînent la confiscation des

* Pur8, Ub. I, rubrlX, f. 4. Privilèges, ^ xix, no67.

LiSE-^MAJESTé 273

biens V Chose remarquable, les /brs a'édictebt aucune peine contre la sorcellerie, que les Etablissements et les Siete Partidas çnmsseni sévèrement.

Nous avons parlé du blasphème et du faux témoi- gnage; le parjure, en dehors de ce dernier cas, demeure impuni, « car, dit un fur, cette peine-là sufQt que le parjure attend de Notre-Seigneur*».

Parmi les crimes qui , en dehors des délits religieux « portent atteinte à Tordre public , les deux principaux sont le crime de lèse-majesté et celui de trahison. Le fur qui déCnit le premier mérite d'être rapporté ici en entier:

« Celui-là commet le crime de lèse-majesté qui veut livrer la cité' aux ennemis, ou qui la veut brûler, ou qui la veut entièrement détruire, ou qui passe à Ten- nemi, ou qui donne à celui-ci aide d^armes, d'argent ou de conseil, ou qui pousse à la rébellion les châteaux et les villes qui sont soumis au prince, ou qui fabrique de la fausse monnaie, ou qui bat monnaie sans ordre du prince, ou qui livre des forteresses aux ennemis, ou qui communique avec eux par lettres, messages ou si- gnaux. Âce/ur, le seigneur roi a ajouté que personne ne puisse passer du côté de ses ennemis dès que la guerre sera commencée, ou s'il est de bruit public que la guerre va être faite. Et celui qui fait cela et ce qui est contenu dans les autres cas prévus par ce fur, nous jugeons qu'il fait crime de lèse-majesté, et il doit perdre la tête et tous les 'biens qu'il aura sur notre terre, excepté la donation à cause de noces et les droits de sa femme et les autres dettes. Dans les cas susdits seulement, nous

*Fur8, lib. IX, rubr. VII, f. 63, 66, 72; lib. VUI, rubr. U, f. 29; lib. IX, rubr. Il, f . 9 et 4 0. Privilèges, xii, 35. « Furs, lib. H, rubr. XVII, f. 43 ; lib. IV, rubr. IX, f. «4. ' Valence.

X. n. 18

9U LiTBE Kl, mMnx Tin

disons qu'il y a oriflie de lèeeiipajesté et non dtm Vautres * » .

Ainsi Tattentat contre la personne da soBverai«, qii« tous les peuples monarchiques placent au premier rang des crimes contre les hommes , D*est même pas pn^va par I4 code de Valence. C*est que, en présence d*ane noblesse en grande partie aragonaise , Jacme D*a piea \w\\jl innover au droit politique de Sobrarbe. Le roi n'est au milieu des nobles que pfnmus intetf pare», et les fittentats dirigés contre lui ne sont pas d^une autre nature que les crimes commis contre un autre homme libre. Seulement, comme d'après les principes de la pénalité ?alencienne. il y a toujours lieu à tenir compte du rang delà personne offensée, il est évident que, dans la pratique, la punition sera plus rigoureuse si Toffensé est le souverain.

tes feits qualifiés du nom de trahison sont bien pins nombreux d*aprës les furs qqe d*après les fueros arago- nais. On distingue à Valence la trahison envers le sei- gneur, qui sedivisd eu « tralyison qui ne se peut amen- der et tr^ihisQn qui se peut amender », et la trahison envers toute autre personne.

Celui qui tue ou ajde à tuer son seigneur, les enfants, la femme, le père ou la mère de son seigneur , qui aban** donqe ce dernier sur le champ de bataille ou combat contre lui en bataille rangée , qui a commerce avec sa femme ou sa fille, commet le crime de trahison, < qui ne se peut amender »; il tombe sous le coup de la loi dès qu*il a commis le fait incriminé. Si Ton refuse de livrer à son seigneur le château ou la place qu'on tient de lui , ou que l'on se serve de ce château et de cette place pour

^ Fur$f Ub. EL, rubr. IX, f. 4; voyez aussi mèmeU?re, rabr.TIi» f. 66.

GHttss 0r wàun Mfits 319^

hii faire la guerre, on est coupable de trabisM*; idaïs, pour cedélit, si fréquent alors, leeh&timeQtétaitillusoire/ car, dés que le vassal rebelle se voyait hors d*état ie soutenir la guerre contre son suzeraifir, il se déclatait prêt à faire droit à^es réclamatiovis, et, par ce faîl seul, il était « déchargé de la faute de trahison et de Vhtih famie .

Dans tous les cas qui pré^dent , le traître est oov-^ damné à une peine corporelle indéterminée , ses fiefi tombent en commise et ses alleux sont confisiqisés*.

La derrière espèce de trahison compreiMl' te meurtre prémédité d*ttn parent et celui d'un compagnon. CM crimes, ne porlaut pas une atteinte difeete à YoirAre public , n'entraînent pas \^ confiscation ; le second eet puni de la mort simple; mais, pour te premier,, le eou*- pableest enterré vivant sous sa victime'.

Les conspirations, les émeutes, l'excitation à Ti»- eendle et au pillage , le port d*arraes cachées^, la> fabri*' cation des armes et engins de guerre proMbé», te faux, la prévarication des magistrats , le brigandage SOQS pré- texte de guerre* privée , les ruiptares de trêves et d^as* swremenis , les coalitions cto B»arciianâs , les outrâgisif aux officiers du roi ou des seigneurs, sont autaoi de délits contre l'ordre public , prévus par les/iir<^ et pu/nis de peines diverses, parmi lesquelles la plus fréquemment appliquée est une amende,, dont le taux eat laissé à* la discrétion du jnsticia et des prud'homme».

Parmi les délits contre les particuliers, Tempoisônne-

* Fiirs, Mb. IX, Fubr. X, f. 4, et nibr. XXI, f, 4,44, 31 ei97..

* Id., id., rubr. VII, f. 78. Cet horrible supplice s'appliqu^ti toutes les espèoes dCbomloide simple dans plusiturs pays voiÂis de l'Aragon. (Voy. Mwti^et, Ort^îhes dufdiviàifran^ûi oK$rchées4$m les symboles et les formules du droi^uftitiéicsei^liv. !¥, chapu Ift)<

276 LITftB m, GHAPmiE VIII

ment, Tinfanticide, rayortement, sont panis de la peine da feu; c*est, au moyen, âge le châtiment de taas les crimes qae Ton suppose commis le plus souvent au moyen de breuvages enchantés et de maléfices ^

Le meurtre avec préméditation est puni de la pendai- son, si le coupable est d*un rang égal ou inférieur à celui de la victime. S*il est, au contraire, d'une condition supé- rieure, il est remis à la merci du roi. L'amende et Teiil de la ville le crime a été commis punissent le meurtre non prémédité V

La peine du viol est la même qu'en Aragon ; mais les /iir^ ajoutent que le coupable qui ne peut ou ne veut don- ner à la victime assez d'argent pour trouver un mari de son rang doit être pendu*. L'adultère du mari n'est pas puni par la loi; mais la femme mariée coupable de ce crime et son complice « courent tous deux ensemble nus, mais sans être battus, dans toutes les places de la cité, et ne souffrent aucune autre peine dans leurs personnes ni dans leurs biens ^. >

Le bigame est exilé pour toujours du royaume, après avoir été promené dans la ville par le bourreau qui le fouette en criant : t Voilà l'homme vil ''.qui a sciemment épousé deux femmes toutes deux vivantes *. >

On coupe l'oreille droite au voleur condamné pour la

* Furs, lib. IX, rubr. VII, f. 77 et 79.

Id., td., td., f. 42 ; Priv., f«xii, n^36.

* Furs, lib. IX, rubr. II, f. 4, 3, 4, 5, 41, 12, 43, 45 et 46.

* ïd,, id., rubr. Il, f. 6. U femme qui c commet, disent les fufs^ foriiicaiion ou adultère dans Tannée qui suit la mort de son mari ou môme après celte année» perd tout ce qu'elle tient de son mari, y compris la donation à cause de noces. {Fur$, lib. Y, rubr.U,

f. 8.)

^ Mal eatruch, au féminin mal struga ; cette expression parai avoir la même origine que le mot français malotru^

* Furs, Ub. IX, rubr. VU, f. 80.

LES FDRSy LES PÂRTIDA85 I«E8 ÉTABLISSEMBICT8 377

première fois; à deuxième fois, il perd le pied ; il est pendu à la seconde récidive *.

La nécessité d*assurer la loyauté des transactions dans un État naissant, qui paraissait appelé à un bel avenir commercial, a dicté des lois sévères contre les débiteurs et les commerçants de mauvaise foi ; la pljis remarquable est celle qui punit de mort les « marchands, banquiers, changeurs, drapiers, qu'ils soient chrétiens, juifs ou Sarrasins qui, à raison de prêt, de dépôt, d'achat ou de tout autre contrat, seront devenus débiteurs et obligés, s'ils s'en vont avec la chose d'autrui ou font banqueroute, à moins qu'ils ne prouvent clairement que, par cas d'aven- ture, ils ont pei Ju cette chose par terre ou par mer *. »

Tels sont les traits principaux de la législation valen- cienne. Malgré leurs imperfections, malgré leurs lacunes, les fars sont encore le code type du XIIP siècle.

Qu'on ne nous accuse pas de partialité pour cette œuvre trop dédaignée. Si l'immortel recueil des Siete Partidas^ que l'on n'a pas craint d'appeler le plus complet et le plus méthodique des codes connus ', est infiniment supérieur aux furs par l'ampleur de la conception , par la profon- deur des vues, par l'élégance, la correction et l'éclat du style, ce n'est en somme que l'utopie d'un philosophe couronné, à laquelle l'autorité de son origine parvient, après bien des luttes, à donner une valeur légale.

« Série de traités de législation, de morale et de reli- gion ', > les Partidas ont eu le tort, comme l'a fait remar-

« Privilèges, f* xxvh, n*88. 3 Furs, lib. VII, rubr. IX, f. 4.

* Elogio del rey dan Alfonso X, el Sahio, por D. José de Yargas Ponce.

* Histoire de la littérature espagnole^ par Ticknor, d'après Pédi- tion castillane de dooPascual de Gayangos, membre dePAcadémie royale d'Histoire, et de 0. Enriquede Vedia.

37B l4fUIB, CBUUTBE YBI

^ér QO célèbre historien \ < de n'avoir pas teoa asses de compte de Tétat du pays, d'avoir traDspIaoté ea Espa- gpé des lois étrangères, souvent en contradiction avec^ies coutumes et les moeurs profondément enracinées dans la société iastillane, de n'avoir pas cherché à concilier ce qu'elles créaient avec ce qui existait déjà, d'avoir enfin donné une sanction légale aux doctrines ultramontaines, Mlevant ainsi à la nation et au trône leurs prérogatives 0t leurs droits essentiels. > Aussi ce corps de lois n*a4-il jamais servi que de droit supplétoire au Digeste, aux décrétales, aux fuera$ nationaux et au droit gothique.

AlfonseX, devançant son époque, tente une révolution et dépasse le but. Saint Louis, au contraire, reste en deçà, embarrassé par des difficultés sans nombre. Ayant à lutter contra une féodalité plus forte, contre des coutnnoes qui échappent à toute action du pouvoir central, le pieux monarque, guidé par l'admirable droiture de son cDBur, dtfige ta législation française dans les voies de Téquité •tde la raison; mais ces deux bases éternelles de toute législation ne paraissent pas assez solides aux érudits coispilateurs qui, sous le nom de Louis IX, ont rédigé les ÉUiblis»etnent8. Pour mieux asseoir leur oeuvre, ils entassent les citations du droit canon sur celles du droit impérial, sans s'apercevoir qu'ils fontainsi remonter aces deux sources l'autorité qu'un code doit tirer de lui-même. Les ÉtaUmements, comme les Parlidas^ ne sont qu'un recueil supplétoire aux lois romaines, aux décrétales, au droit féodal et au droit coutumier. Ni Alfonse le Savant, ni saint Louis n'ont fait un vrai code.

Ce qu'une science un peu trop spéculative n'apprit pas au premier, ce que la résistance des mœurs féodales eldes

< Ufuente, HUtoria g$tmr9l 40 Cfpfl^i Part- IIilU)* III, («. n.

LES FIJB8, III8 ntnMM, LBB éTABUSSEMEim MW

ooBttnnes m ^emii pas an second ^e réaliser, la sagesse prattqae de lacfHè ràccoflaplil ea Aragoa^ à Vaienoe et mâmè jusqu'à un cei'taiD peint, en Catalogne. Le Conquis- iador comprit qa*an eode national doit s*assifiailer les diyers éléments qa il va puiser dans les législations anté- rieures, se nourrir en quelque sorte de la eubstance do ces dernières, se fortifier à leurs dépens^ puis se substi^ tuer entièrement à elles. Voilà pourquoi le premier^ et peut-être le seul, parmi les législateurs du XIIP siècle, il proscrit sévèrement le droit romain, les décrétales et le droit gothique, non-seulement dans les doux royaumes pour lesquels il a rédigé un code spécial, mais aussi pour la Marche espagnole, on il a fait siennes, en les complé- tant^ les lois de son illustre prédécesseur Ramon Beren- gaer le Vieuw.

Lès seules autorités qu'il reconnaisse en dehors dm recueil officiel de chacun de ces pays, sont « le bon sens et Téquité * .

Ce retour vers le droit naturel n'est, pas seulement la proclamation d'une vérité féconde, c'est encore un acte d'habile politique; car les principes romains, que la royauté veut introduire dans les mœurs, y pousseront ded racine» d'autant plus profondes que, grâce aux doc- trines de l'école, ils se présenteront comme issus de la raison et de la conscience humaines.

Jacme ne laissa subsister à c6té de son œuvre que ce qu'il ne pouvait abolir, les/i^fo^etles privilèges locaux, législation d'un caractère tout exeeptionneU ne déro- geant au droit commun que dans ses détailSf et respectant presque touj,oiir» ses bases essentielles.

Nous &e feron» pas un mévifte' au Conquistador d'avoir précédé de qjuelqoe» années^ Alfonse X et saint Louis dans la ttise en praliqiio dee principes qui dominent le Xm* siècle.

2M uraB ni, gbapitrb Tin -

Les grandes idées qui planent sur cette époque répon- dent à un certain développement de V humanité* à un certain degré de civilisation ; elles naissent spontanément sur divers points de TEurope ; elles ont pour ap ôlres des législatenps et des jurisconsultes étrangers les uns aux autres : Tévéque anglais Brilton et le monarque castillan AlfonseX; Beaumanoir, le bailli de Beauvoisis,et Jacmel*, le héros de Valence. Il importe peu de savoir quel est celui qui le premier lésa proclamées: elles n'appartiennent pas à un homme, elles appartiennent à leur temps.

La nécessité de fortifier le pouvoir central de façon à en faire le gardien de l'ordre public, le distributeur de la justice, le protecteur des faibles ; l'union de la royauté et du peuple contre les grands propriétaires' terriens, ayant à la fois pour moyen et pour but l'affranchissement des personnes et des terres, n'étaient que les effets d'une réaction nécessaire, qui se produisit partout le régime féodal faisait sentir le poids de ses abus.

Le droit romain, éblouissant l'Europe de l'éclat de ses doctrines rajeunies, parut à beaucoup l'auxiliaire le plus puissant de la réforme projetée; d'autres, plus logiques mais plus difficilement compris, parce qu'ils n'invoquaient pas une autorité visible et palpable, cherchèrent leur secoursdansle droit naturel; d'autres enfin combinèrent ce droit abstrait avec les lois impériales. Parmi ces der- niers, Jacme fut celui qui procéda avec le plus d'habileté. Divisant ses Etats en plusieurs groupes afin d'opérer dans des proportions diverses, selon les mœurs de chaque peuple, la fusion du droit national et du droit romain, il arrive, à la faveur des circonstances, à réaliser les parties les plus difficiles du difficile programme posé par son siècle ; nous n'en voulons pour exemple que les lois sur la libre circulation des terres à Valence et à Mayorque.

LES rURS, LES PARTIDÂS, LES ifTABLISSEVElfTS 281

Le code de Valence est, dans l'esprit de Jacme P', le centre vers lequel, en vertu de Tirrésistible attraction des idées de progrès, doivent converger les diverses législa- tions des Etats de la couronne aragonaise, pour se fondre un jour dans une durable unité.

Mais, dans ces pays, pas plus que dans le reste de l'Eu- rope, le XIH* siècle n'avait pour mission de réaliser l'unité législative; ildevaitluisuffire, selon les expressions d'un vieux jurisconsulte, « de rompre la glace et d'ouvrir le chemin \ > Malheureusement les générations qui vin- rent après lui perdirent de vue le but qu'il avait mar- qué. Exagérant les nouveaux principes dans ce qu'ils avaient de dangereux, négligeant d'en développer les conséquences bienfaisantes, elles s'égarèrent dans cette route si brillamment ouverte; aussi n'est-ce pas sans rai- son que, témoin des abus de l'absolutisme monarchique, un poète valencien s'écriait avec regre t :

« Ciiant ditxôs fora, 6 Jaume, si tornàs ' Dn temps corn el teu temps! Ây! cuant ditxôs Si el mon de vuy, el rnorx de Ion temps fos; Si el llibre de tas lleys vuy gobernâs * ! »

* c C'est luy qui a rompu la glace . et ouvert le chemin », a dit Antoine Loysel, parlant de Philippe deBenumanoir.

^ « Quel bonheur ce serait, ô Jacme, s'il revenait un temps comme ton temps ! Âh 1 quel bonheur, si le monde d'aujourd'hui était le monde de ton temps, si le livre dote> lois gouvernait aujourd'hui.» Ces vers servent d'épigraphe à la Historia de la casa reaide Mal- lorca, du regrettable D. Joaquin-Maria Bover, qui nous a écrit les avoir copiés d'un manuscrit anonyme conservé dans la Bibliothèque de TÂcadémie royale d'histoire.

CHAPITRE IX

EnteeRieotoqui ont suivi le promulgation du code de Hteia. -^ Soih lavement des Maures de Valence. -^ Al A^ardi. -- Expulsion de3 Sarrasins. Nouveau testament du roi. Différends de Jacme avec son fils Alfonse. Mort d* Yolande de Hongrie et de Leonor de Castille. Récondliation du roi avec son fils, Attitude du roi de CafltiUe Alfonse X. Soumission d'Al Azarch. Affaires de Mavarw. Guerre imminente avec la Castille. Paix. Mort de Raymond VIL

Ruine des espérances méridionales. -^ Troubles à Montpellier; les onilki de Lattes. Progrès de TinQu^ce française k Montpellier. ^ Négociations avec saint Louis. Traité de Corbeil et aotes afoessoiret.

Droits réciproques des deux parties, Fin de la nationalité méri- dionale.

Après avoir anticipé sur les années , afin de ponralr embrasser d*an seul coup d*œil l'ensemble des travaux législatifs de Jacme V\ nous devons reprendre le cours des événements au point nous Tavons laissé, c'est-à- dire au moment de la promulgation du code de Huesca.

Comme si un long repos avait suivre Tachèvement de cette œuvre glorieuse , les annales de TÂragon se taisent jusqu'en 1248; mais, à partir de cette année, les événements se pressent et s'entassent. Ce n*est pas un médiocre sujet d'admiration que l'infatigable activité de Jacme à mener de front les graves affaires qui rassailtent à la fois de tous les côtés.

ki Viutm AUop$6 d'Araigon rq^eud wa, M\\tn4/i

284 LITRE III y CHAPITRE IX

hostile; là, un redoutable soulèvement des Maures met en péril la domination chrétienne ; en Navarre, la mort de Thibault T' réveille d'anciennes ambitions; en Castille, Alfonse X se dresse menaçant; puis c*est une guerre avec le vicomte de GardonaS une révolte des habitants de Montpellier , de nouveaux démêlés et de longues négo- ciations avec saint Louis; et, tandis que le roi d*ÂragOD a Tœil à la fois sur Valence , sur la Catalogne, sur la Castille, sur la Navarre, sur la France , il trouve le temps de faire rédiger les fars de Valence, et d'ajouter d'im- portantes dispositions au recueil des constitutions cata* lanes.

Le soulèvement des Sarrasins de Valence parait avoir ouvert cette période agitée *. Un Maure nommé Al

^ Plusieurs lettres du roi, relatives à cette affoiro et adressées à Ramon et à Gulllemde Gardons, se trouvent au f* 70 du reg- Vm des archives d*Aragon.

' A l'exemple de Diago, nous plaçons cet événement à la fin de 42i7 ou au commencement de 12i8 etnonen425i, comme le veu- lent Beuler, Zurila et Miedes. L'auteur des Atiales del reytio de Fa/encta, s'appuie sur un passage de la Chronique royale (chap. ccxxxvii) il est dit que, lors de la révolte d'Âl Azarch, le siège épiscopal de Valence était occupé par Arnau de Peralta; or ce pré- lat fut remplacé par Andreu de Albnlal le 30 octobre 4248. (Archives du chapitre de Valence.) L'opinion de Diago est confirmée et celle deZurila détruite par deux actes des archives d'Aragon (Parcheii)- de Jacme l*% n*"^ IU6 ot 4150) sur lesquels nous reviendrons bientôt, et qui prouvent que les Sarrasins furent expulsés du royaume de Valence au commencement de l'année 4249. La détermination delà datedu soulèvement d'Al Azarch a une importance considérable ; d'abord elle confirme la date de la prise de Bi^r et de celle deXa- tiva, antérieures toutes deux à la révolte des Sarrasins (Voy. ci-des* sus, p. 95 et 96); en second lieu, elle concourt à établir l'exacti- lude de la Chronique royale ; enfin elle fait disparaître tous les doutes au sujet de l'époque de la mort de la reine Yolande. Le Chro- nicon Baroinonense (voy. Marca hispanicay col 756) et le Petit Thor lamuê de MùfUpêlU»r placent cette mort en 4254 ; d'après la Chro-

B^YOLTB o'aL AZARCB 285

Âzarch ou Al Azdrach, homme actif, intelligent et fourbe , que le roi connaissait déjà pour avoir failli laisser la vie daDs un piège traîtreusement préparé par lui S s*était mis à la tête des révoltés et avait enlevé plusieurs places fortes aux chrétiens.

La cour était alors à Calatayud; tout le monde con- naissait ces fâcheuses nouvelles, le roi seul, par une imprudence inconcevable, n*avait encore été prévenu de rien, lorsque son lieutenant dans le royaume de Va- lence, don Ximeno Ferez de Arenos, accourut lui de- mander du secours.

Après un moment de pénible surprise, Jacme se félicita de ces événements ; « car , dit-il , le seul motif pour lequel nous ne chassons pas les Sarrasins de notre terre, c*est . parce que nous leur avons promis de les y laisser par les traités que nou3 avons conclus avec eux ; mais puisqu'ils nous en donnent eux-mêmes Toccasion, cela doit plaire à Dieu et à nous, que si hautement on prononce le nom de Mahomet, on n*invoque plusà Tavenir que le nom de Jésus-Christ *. >

que du roi, Yolande aurait vécu au moment de la révolte d'Âl Àzarctv. Si Ton accepte pour cet événement la date da 4254, il faut qu^il y ait erreur soit dans le Chronicon Barcinonense et dans le Petit Thalamus, soil dans la Chronique royale. Dans ce dernier cas, raulheiiticilé de cette œuvre pourrait être gravement suspectée. Mais, au moyen des actes des archives d^Âragon que nous avons men- tionnés, tout s^éclaire et se justiQe.

*' Jacme raconte ce failaucliap. ccxLde sa Chronique. 11 dit ail- leurs (cbap. ccxxxui) qu'il n'a jamais été trahi que deux fois parles Sarrasins. Zurita fai< remarquer à ce propos que le roi s'aventurait souvent sans escorte parmi les Sarrasins du royaume de Valence, comme s'il se fut trouvé au milieu de ses vassaux d'Aragon et de Catalogne. Des Maures insoumis l'avaient plusieurs fois attaqué ; mai» l'action d'Âl Azarch avait été plus qu'un simple acte d'iiosti- liiéj il y avait eu une véritable trahison.

> Cliron.royaleyChap. Gcxixv.

SM LITRE m , CHAPITRE IX '

ArrÎTô à Valence, il ne tarda pas à s'apercevoir que, sons les dehors d*une entière soumission, les Maures qu'il croyait les plus dévoués cachaient un secret espoir de voir triompher les rebelles. La présence dans le royaume d*une pareille quantité d'ennemis était un danger per- manent pour la domination chrétienne ; à cette coosi- dération se joignaient les scrupules religieux que ta piété intolérante du temps cherchait à faire naître dans la conscience du roi catholique. Après avoir su d'abord résister à ces suggestions, Jacme finit par y obéir et par s'arrêter au parti décisif de l'expulsion des Sarrasins.

Les ricos homes et les chevaliers, se voyant menacés de perdre les abondants revenus que leur procurait l'iD* dustrie de leurs vassaux musulmans , s'opposèrent éner- giquement à cette mesure. Soutenu par le clergé* et la bouf^eoisie , le roi fit comprendre aux nobles que la crainte d^ voir diminuer leurs rentes les exposait à perdre un jour leurs terres elles-mêmes , « si les Sarra- sitis de ce côtè-ci se mettaient d'accord avec ceux de l'autre côté de la mer. Un seul baron refusa de sous- crire à la proposition de Jacme; ce fut l'inquiet et tou- jours mécontent don Pedro de Portugal, qui, en 124*, avait échangé à peu près tous ses droits sur les Baléares pour la possession viagère des villes de Morella , Mar- viedro, Alnienara, Caslellon de Burriana et Segorbe*. Après de vives contestations , auxquelles se mêlèrent les protestations armées des Sarrasins de don Pedro, lareiue

' Loin d'imiter la noblesse dans ses protestotions, le claifé de Catalogne et de VM^ence céda, de l'avis du Pape^ une partie da revenus au roi pour l'indemniser de la perte que rexpulsion des OUiuJmaiu allait foire subir au trésor royal. (Areh. d^Aragoo, 1^ chemins de Jacme 1", n'^i i6Q ; acte: du mars 4â49L}

' Archives d'Aragon, Parch. de Jao«e H», a«* 964' et 9I&S'.

BXPCLSfOIf ràs SàRRASIflB SW*

Yolande fat choisie pour arbitre de ce différend. Le 6 des kalendes de mars 1248 (S4 février 1249), la reine, assistée de P. . . , archevêque de Tarragone , de frère A. . , évéqae de Yatenee, de Ximeno Ferez de Arenos etd«> quelques autres des principaux personnages du royaume, rendit une sentence en vertu de laquelle Pinfant de Por- tugal reçut dix mille sols royaux pour réparation du dommage que lui causerait Texpulsion des Sarrasins. Le roi dut tenir garnison à ses frais, jusqu'à l'entière répression de la révolte, dans les châteaux de don P^dro; celui-ci fut dispensé du service militaire pendant Tannée pour les biens qu'il possédait dans la ville et le territoire de Tarragone*.

Cependant Jacme ne perdait pas de vue Texéculien des mesures énergiques quil avait résolues. Les principales places fortas du royaume avaient été occupées par des troupes chrétiennes , et un ordre du roi, écrit en arabe, faisait connaître à tous les Sarrasins que, dans le délai d'un mois, ils auraient à quitter les États aragonais. On leur permettait de prendre avec eux leurs vêtements, leurs meubles et tout ce qu'ils pourraient emporter.

Cette nouvelle jeta la consternation dans la population musulmane. Supplications, larmes, promesse de payer des tributs énormes, tout fut eoiployé pour obtenir la révocation de cet ordre rigoureux ; Jacme resta inflexible. Alors le mécontentement grossit les rangs des révoltés; Al Azarch compta bientôt une armée de soixante mille hommes.

Les chrétiens, ne suffisant plus à défendre toutes les places, en laissèrent tomber dix ou douze au pouvoir (tes rebelles.

* Arch. d'Aragon, Parch. de Jacait«kMif 1 4Afi>

288 tITRB m, CftAPITBB IX

Néanmoins la plus grande partie des Sarrasins, deux cent mille environ, se conforma à la volonté dn roi d*Aragon; mais, craignant d^étre pillés en route, ils offrirent la moitié de ce qu*ils emportaient en échange de la protection royale jusqu*à la frontière.

« Nous leurs dîmes, raconte le roi , d*aller en toatç sûreté confiants en notre parole ; car nous ne devions rien recevoir d*eui lorsqu ils perdaient Jeurs maisons, leurs champs et jusqu*à leur pays natal. Sur cette pro- messe , ils pouvaient donc sortir sains et saufs de notre terre; nous ne voulions retirer d'eux aucun avantage; car grand*pitié ressentions-nous du mal que nous leur faisiqns, et leur enlever encore une partie de ce qu*ils emportaient était chose que notre cœur ne pouvait souf- frir. Sur ce, nous les Times conduire jusqu'à Villena, et les chevaliers etnco^ homes, qui les escortaient pour nous, nous racontèrent que Ton pouvait certainement compter cinq lieues depuis Tavant-garde jusqu'à Tarriëre-garde ; ajoutant qu'on n'avait pas vu même à la bataille d'Ubeda ' une aussi grande multitude d'hommes, de femmes et d'enfants *. »

A Yillena, place castillane, commandait donFadrique, fils de Fernand III ; moins humain que le souverain arago- nais, l'infant de Gastille préleva un droit d'un besant par tête sur les exilés qui traversaient le territoire soumis à son commandement.

La troupe émigrante se dirigea vers Murcie: là, elle se divisa : les uns se disséminèrent dans les Etats da roi de Gastille, les autres trouvèrent un asile dans l'émirat de Grenade, dernier refuge de l'islamisme espagnol.

* Las Navas de Tolosa.

* ChroD. royale, chap. ccxxxvm.

J

NOtJVBAV IteSTAMfiNT'DU ROI 289

Quant aux Sarrasins qui s'étaient groupés autour d'Âl Azarch , ils combattirent avec une énergie désespérée ; les femmes elles-mêmes prenaient part à la lutte et aboyaient un courage égal à celui des hommes. Les troupes royales subirent au début un grave échec, bientôt suivi heureusement d*ûne éclatante victoire qui abattit l'ardeur des rebelles.' Néanmoins Thabileté d*Al Âzarch dervait encore prolonger la lutte durant trois ou quatre années.

Presque en même temps que le soulèvement des Maures valenoiens , une révolte d'autaut plus regrettable, qu'elle partait du sein môme de la famille royale , éclatait pour la seconde fois : nous voulons parler de celle de l'infant Atfbose-, qui avait failli , quatre ans auparavant , allumer la guerre civile dans les pays aragooais.

Le.roi avait alors de la reine 'Yolande quatre fils et autant de filles; fidèle à ses idées dMmprudente équité, il crut devoir , par un nouveau testament fait à Valence ield janvier 4248, partager sa succession entre ses enfants^-.

Par cet acte, le fils de Léonor hérite de TAragon, dont la Cinca doit former la limite du côté de la Gâta. logée , laissant en dehors les comtés de Ribagorza et de Pallars et la ville de Lérida; Pierre reçoit la Catalogne ainsi agrandie et y joint les Baléares; à Jacme appartient le royaume de Valence ; à Fernand , le Roussillon , le Gonflent, laGerdagne, la seigneurie de Montpellier et tous les droits du roi d'Aragon sur les pays situés au nord des Pyrénées; Sanche reçoit trois mille marcs

* Cet acte, mentionné par les historiens, ne se trouve pins de nos jours aux archives d'Aragon. L'index des parchemins en donne la substance, et constate quil portait le n* 758 de l'ancien classe- ment.

T. n. 19

390 UTRS m , cBAnxBB u

d*argeDt et doit entrer dans les ordres ; il devint en effet archidiacre de Bellchite , abbé de Valladolid , puis archevêque de Tolède * .

Le roi substitae les quatre premiers de ses fils Tan à Tautre; s*ils meurent sans enfants, la succession doit s'ouvrir au profit dTolande, femme de Tinfant héritier de Castille, à la condition expresse que les Etats arago- nais ne seront jamais réunis aux Etats castillans, et que celui des fils de Yolande qui héritera des premiers ne reconnaîtra point la suzeraineté du roi de Castille.

Jacme ordonne enfin que, s*il lui naît encore un fils, il soit chevalier du Temple, et, s'il lui nait une fille, qu'elle devienne religieuse au monastère deXixena*.

 la publication de ce testament, les ressentiments de rinfant Alfonse se manifestèrent avec une nouvelle vio- lence. Soutenu par don Pedro de Portugal , qui fit sou- lever contre le roi ses villes du royaume de Valeoce, le fils de Léonor essaya d'attirer à son parti le roi de Cas- tille. Il alla trouver Fernand III sous les murs de Séville; mais il ne rencontra pas auprès du sage monarque le secours que lui avait sans doute fait espérer Tinfant hé- ritier de Castille , toujours hostile au roi d'Aragon. Les partisans d'Alfonse et de don Pedro agitaient sourdement

* L^infant archevêque de Tolède fut pris par les Sarrasins el mou-' rutenlre leurs inaias le^l octobre 4i!75. (Voy. Bofarall, los Conân de Baroelona^ l. Il, p. 236.)

' Celte condition ne fut pas exécutée , puisque Tinfante Isabelle , née depuis ce testarneutf épousa Philippe /e Hardi, fils du roi de Franco Louis iX. En 12i8, les filles de Jacme étaient : Yolande , femme d'Âlfonse de Castille ; Constance, qui devait épouser Tinfaot Manuel, frère d'Alfonse; Saocha, qui dt ^ dit-on, un voyage en Terre Sainte sous un déguisement, et mourutà Jérasalem en odeur de sainteté ; Marie, qui fut religieuse. (Voy. BofaruUi lot Condês àê Baroehna, t. II, p. 236.)

DIFFÉHfiMDS AVBa l'iHFàHT ▲LFONSB 991

toas Us pays aragODais ; pour la seconde fois , la guerre civile était imminente. Xacme , espérant la prévenir par un acte qui mit sa respodsabitité ^ Tabri , réunit leseortès d'Aragon et de Catalogne à Alcaniz , au mois de février 1250, et leur demanda de nommer des arbitres pour terminer le différend, proposant, si tes infants Alfonse et Pedro ne voulaient pas accepter cet arrangement , de recourir au Pape et au ^tcré^CoUége \ L'assemblée envoya une ambassade solennelle, composée de prélats , denobles et de bourgeois , aux infants, qui se trouvaient auprès du roi de Castille. La médiation des cortès fut acceptée et an acte de paix et de trêve signé entre les deux partis, le i5 des kalendes de juin (48 mai) t250^

Le roi , tout en se tenant prêt à reprendre au besoin les hostilités, ne négligea rien pour que son testament ftt ratifié par les arbitres que rassemblée cataiano-ara* gonaise avait désignés ^

Ceux-ci rendirent enfin leur sentence V* elle donnait 4

f AjcbivAs d'AragOQ, Par«h.d9iacroe I", n* 1233.

« Idem,id., nH194.

' Aux démarcbes faites par le roi fiour se rendre les a/bitres favo- rables, se rapporte sans doute un acte des archives d'Aragon (Par-^ chemips 4e iaeme I«% qo I201) en date ,du 6 des ides d'aoûii (8 aoiU) iStôO, par leqtjielle roi «tla reine Yolande prometteat aide, protteo- tionet laveur à Guiljlem et à Pierre de MoncaAa^ à Pedro Gornel , à G. de EDleoKa, à G. Roineu, à Ximeno de Foces, à Xiimeno Ferez de Arenos, à S. dd Anlillon et à P. Martinez de Luna, lesquels pro* mettent en échange aide et ûdélilé au roi, à la reine et à leors en- Caots. Parmi les seigneurs dont les noms précèdent, .trois comp- taient au nombre des arbitres nommés par les cortès ; c'était Pe-r éro Cofuel, Garcia iKomeu et Ximeno de Foees.

* Cet acte nous est connu seulement par un passagp de Zunia, que plusieurs auteurs oat interprété daosle sens d'une modification dp testamoQt de 42lk9 iCt .de l'adjonction du royaume de Valence à la la purt d'Alfcmae^ Il nou3 seoxble au oonttraire» d'après Iq$ termesid^ l'annaliste aragonais, que les dispositions du roi furent eoaAciaées ,

29S LIVBBmy GHâMTBftn -^1(1

ÂlfoDse le gouverDemeot de TAragoa et da royaume da Valeoce, réservaat la Catalogne à Tialant Pierre. Alfoose se soamit, ainsi qulls^y était eogagé, et la mort de la reine Yolande, survenue peu de temps après, rétablit rbarmonie entre Jacme et le fils de LéonorS

Quoi qu'en aient dit quelques historiens, parmi lesquels il faut compter Zurita , c'est en 1254 qu^ mourut la reine Yolande, après avoir fait son testament àHuesca, le 4 des ides d'octobre (1 S octobre) de la même année*.

«Cette princesse, dit Miedes, fat très-verlueose, très^sage et douée de nombreuses et éminentes qualités. Le roi eut en elle, selon ses désirs, une épouse bien aimée et féconde, qui participa nQu^eulement à TaccfAis- semeot de sa race , mais encore à ses conseils et à ses travaux. Elle le suivit partout, en guerre comme en paix, sans être retenue par ses continuelles grossesses et ses

et que rinfant eut seulement, en qualité d-auié, le gouvemernenl de ^Aragon et du royaume de Valence pendant la vie de son père. C'est ce qui expliquerait comment Alfonse n'éleva point de réclamation contre la donalion de ce dernier royaume faite à son frère Jacme en 1264. . ' ^

^ Fernand, troisième iils d'Yolande, étant mort en bas âge (}uelque temps avant sa mère, sa portion fut divisée entre ses frères, Pierre et Jacme. Le Rous^illon, le Oonflent, la Gerdagne et le Vallespir appar- tinrent au premier ; l'autre eut Montpellier et les droits de la mai- son de Barcelone sur didérentes parties du midi de la France. (Ar- chives de la couronne d*Âragon, Parcb. de Jacme 1**. n* 4244 , acte du 7 des kalendos d'avril Mbi.)

Voy.ce testament dansnos Pièces justificatives, n* IX. L'er- reur de Zurita et de ceux qui partagent son opinion provient, comme nous Pavons déjà fait remarquer, delà date erronée attribuée à la révolte d'Al Azarch. Le Chronicon bareinonense et le Petit J%alam%t$ de Montpellier placent la mort d'Y^ilande à sa véritable date, du moins quanta l'année. Voici ce qu'en dit le dernier de ces documents : En lan M e CG e LL... el mes de selembre mon la dona Yoles re- glna d'Aragon molber del rei Jacme a Lerida. 9 LUodioation du mois est inexacre.

ifoinrEAu partâob 293

couches fréquentes ( elle en ent neaf en qninze ans }^ Dans tes (entes , àa miliea du bruit désarmes, elle donnait le jour à ses enfants. Elle fut, en un mot, tout à fait digne de la tendresse du roi, et mérita de voir ses fils enrichis de tant de royaumes*. »

Sans nous inscrire en faux-contre ces éloges , il nous sera permis de regretter que l'influence trop évidente d'Yolande sur son royal époux ait jeté la désunion entre Jacme et l'infant Alfonse. De son côté, Léonor de Castîlle contribuait peut-être à envenimer ces dissentiments par les conseils qu'elle donnait à son fils. Il est remarquable , en effet, que la mort des deux femmes du Conquistador^ ait élé presque immédiatement suiTîe d'un rapproche- ment entre le père et le fils.

Le 11 des kalendes de décembre (21 novembre 1251), Alfonse s'engagea à accepter et à confirmer publiquement le partage que son père devait faire entré ses deux frères, Pierre et Jacme, aux certes convoquées pour la pro- chaîne fête de Saint-Jean»Baptiste". C'est probablement à cette assemblée que l'infant Jacme reçut pour sa part , ainsi que nous l'apprend Zurita, le royaume de Valence, avec les Baléares et la ville de Montpellier. Mais , peu de temps après, le royaume de Valence fut enlevé à Jacme

* lliedes, Vida deD. Jayme\lih. XIV.

* Léonor de Gastille, première femme du roi Jaome, mourut en 1251 au monaslère des Huelgas de Bbrgpes 'où eUe s'était retirée Plusieurs troubadours ont cékébré cette prineesse; nous mentionne- rons : ArnoU Ptagués, Gaubert de PuegMbot et Arnalt Catalan. (Voy. Milà, De los Trovadores enEspana^ p. 484 et 3o0; Raynouard, Choix de Poésies des Troubadours^' X. V, p. bO ', Hiêtoir» littéraire de la France, i. XYllï, p. 535.)

* Archives de la couronne d'Aragon , Parchemins de Jacme I", n* 1267.

904 UYU m 9 GHAHtBE U

pour être donné à Alfonse* ; celai *ci confirma la donation que son père avail faîte à Pierre dn comté de Barcelone , ayant la Cinca pour limite, et à Jacme, du royaume de Mayorque et de la seigneurie de Montpelllier ( sep- tembre 1253*). Peut-être le roi reconnut-il la justice des réclamations du fils de Léonor; peut-être voulut-iU en donnant satisfaction à la fois à Alfonse d* Aragon et à don Pedro de Portugal, enlever deux alliés à la Gastille, afoc laquelle une guerre paraissait imminente*.

Le 30 mai 1252 était mort à Sé?ille le saint roi Fernand III , Tun des plus grands princes d*un siècle qui compte tant de héros. Un homme d*un esprit supérieur lui avait succédé; mais un homme qui semble d*autant plus petit dans ses actions qu'il est plusgrand par les con< ceptions de son génie.

Les qualités qui doivent faire absoudre Alfonse X de ses fautes ne sauraient les voiler aux yeux de rhistoire. Philosophe qui ne pouvait descendre des régions de l'idéal sans trébucher à chaque pas sur le soi de la réalité; législateur qui traça dans un code admirable les règles de la justice et obéit trop souvent à ses pas- sions, à sa vanité, à son égoïsme; historien qui légua

^ Par un acte signé à Barcelone le 42 des kalendes d^octobre (20 septembre) 4253, le roi scelle sa réconciliation avecÂlfonse et don Pedro de Portugal ; il donne à son fils le gouvernement de TAragon, le reconnaît pour héritier présomptif du royaume de Valence, et lui accorde une pension décent mille sols de Jaca. fArcb.d^ila couronne d'Aragon, Parch. de Jacme l*^, n*4346.)

* Archives de la couronne d'Aragon, Parchemins de Jacme I*", 4347 ; acte du 9 des kalendes d'octobre (23 septembre) 4253.

> En même temps que le roi se réconciliait aveosonflls, il soute- nait contre ie vicomte de Cardona, pour des discussions d'intérêt peu d'importance, uneguerre qui, après avoir duréeAvifon iio«n, se termina en septembre 4253. ( Archives de la couronne d'Ara- gon, Parchemins de Jacme I*', n«* 4305, 4346, 4323, 4349 et 4aM.>

âtwmm t DB ckpnuLE S$5

au annales de son pays une page faneste; astronome qai regrettait de n'avoir pas été appelé aux conseils du régaiatear de Tanivers, et ne sut pas goaverner le coin déterre qui lui était échu en partage; poète des can- tiques à la Vierge, qui implora le secours des sectateurs de Mahomet contre les enfants de Jésus-Christ; homme de génie et monarque incapable, intelligence vaste et caractère mesquin, Alfonse le Savant, appelé fort mal à propos Alfonse le Sage par des traducteurs inexacts, s*éUit de bonne heure montré jaloux des succès de son beaa-père Jacme le Conqmrant. Affranchi des sages con- seils de saint Fernand et devenu maître du royaume, il put donner un libre cours à ses sentiments d'hostilité contre la royauté aragonaise, rivale naturelle de la Cas- tille. Mais il n'osa point ouvrir avec le Conquistador une lutte franche, un de ces duels grandioses entre des géants qui trouvent trop étroit pour deux Tespace livré par la Providence à leur ambition ; les attaques d'Alfonse ne sont que les accès d'une envie mal contenue qui vient se briser contre la modération, la sagesse et la fermeté du grand monarque de l' Aragon.

Plusieurs historiens ont prétendu qu'à son avène- ment au trône, le roi philosophe, n'ayant encore aucun eofant de la fille de Jacme , avait voulu répudier (a prin- cesse aragonaise. De ce projet, dont la grossesse de la reine serait venue tout à coup arrêter l'exécution, aurait daté la mésintelligence qui divisa longtemps le Conquis^ tadar et son gendre.

Le marquis de Mondejar, dans ses Observaciones à la chronica antigua de don Alfonso el Sabio , dont les con- clusions ont été adoptées par D. Modesto LafuenteS a

^ Historia général de Espana, Part. II, lib. in, cap. i. Voyez aussi le savant ouvrage intitulé; Ut^racûmee à Mariana^ ^r D.

S96 uviBin, cBàMsnmvL

combaUn à l*aide de sérieux argaments ce prétendu projet de divorce. Ce qu'il y a de certaio, c'est que la conduite d*Alfonse, iafaut héritier de Castille, présageait la politique du roi Alfonse X, et qu*à peine monté sur le trône, le souverain castillan profita de la révolte d*Al Azaroh, qui n* était pas encore étouffée, pour susciter des embarras au roi d'Aragon.

Le chef des Sarrasins rebelles avait, en effet, trouvé protection et appui d'abord auprès de l'infant don Manuel, frère d' Alfonse, puis aupnès d'Alfoose lui-même , qai « cependant , n'osa point embrasser ouvertement le parti des musulmans contre son beau-père , et se borna en apparence au rôle de médiateur.

Un jour, raconte la chrouique, le roî de Castille se trouvant aux environs d'Alicante, désira avoir uneeo- trevue avec Al Azaroh ; le Maure se rendit aux ordres du fils de saint Feroand, et reucootra le roi à la chasse.

< Savez^vous chasser? demanda Alfonse au Sar- rasin.

* Seigneur, répondit celui-ci, sur un mot de vous, je pourrais chasser les châteaux du roi d'Aragon. »

Ces paroles furent rapportées à Jacmei, et, lorsque Al Azarch vaincu quitta le royaume de Valence, le roi d'Aragon écrivit à son gendre pour lui annoncer la coai* plète répression de la révolte, < et lui faire connaître, ajoute le chroniqueur, qu'en huit jours nous avioDS enlevé seize châteaux au Maure ; par quoi , il pouvait voir que nous aussi nous savions chasser, et que la chasse d'Al Azarch n'avait pas eu d'autre résultat \ > .

Pedro Sabau y Larroya, secrétaire perpétuel de l'Académie royale d'histoire de Madrid.

* Ghrooique de Jacme ,chap. ccxu.

Pour mettre fiQ à cette guerre de détail qai menaçaît de seprolonger indéfiaiment, Jacme avait employer la rose. Al Azarcfa , espérant que ta imédiation da roi de (kistitle lai ferait obtenir uoe trêve d*tin an,se laissa persnaderpariin de'Sescom.pagDot)s, qui<le trahissait, de vendre 'le blé qu'il avait ea abondance pour se procurer de l'argent; le roi d*Aragoi> prévemi refusa la trêve, et le ehef maure, dépourvu de vivres, fut réduit prompte- ment àcapituler;. Il pi^omit de quitter les États aragonais. po»rn*y plus rentrer: mais il^lemanda pouran de ses neveux le château de Poloo ou Polop, ce qui lui fut accordé. Ainsi se termina, peu de temps après P&tfue^ de Tannée iâ53v ce premier soulèvement des > Maures de Valence*. Mais presque aussitôt naissait un nouveau motif de discorde entre TAragon et laCastille.

Thibault }l\ roi de Navarre et comte de Champagne^ auquel Jacme-, cédant aux vœux de la nation navarraise* etaux inetanceef du Souverain PonUfe^ avait laissé prendre possession de T héritage de Sancbe U Reclm, Thibault P mourut à Pampeiune le 8 juillet iâS^j

La renonciation tacite de Jacme n'avait pu étre-que provisoire et concernait seulement le comte de Gham«* pagne; mais, avec une loyauté dont Alfonse de Castillè

* Voyez Cl^raniqae de Jacme, chap. ccxxxv à ccxu. Bernât d'Esclot parle de quelques troubles qui précédèrent la révolte d'Al Azarch. Un nègre nommé Albocor, simple berger rempli de courage, essaya de faire soulever les Sarrasins du royaume de Valence; eett^ tentative avortée aboutit à quelques actes de brigandage cruelle- ment punis par les ha^ilantsd'Aleira. Albœor, fait prisonnier par eux, lut promené dans le royaume et «^^hacunlui fil la justice qu'il lui plut , jusqu'à ee qu'il f(Û mort, et puis on le fit tirer par tout le pays par des roussins. » (Chronique de Bernât; d'Esclot, chap. xux.)

* Voyez M oret, ÀMhê Nùtmrra^ lib* XXI, cap. i, g 4 .

* Voy. notre tome p.. 363.

anrait dA s'inspirer en mainte circonstance, le roi d* Aragon resta i*anii sincère du monarque navarrais. Ni le départ de ce dernier pour la croisade, ni le désac* cord de Tliibault et du Saint*Siége au sujet de Févéqae de Pampelune ne servirent de prétexte au Conquiêkulor pour jeter le trouble dans un pays qu*il regardait comme dépendant de sa couronne. Aussi Thibault T' mourant ne crut-il pas pouvoir trouver de protection plus efficace pour ses fils que celle de son chevaleresque compétiteur. Ce n*était pas trop oser que de compter sur la gén^ rositéd*un prince chez lequel Tambition n*étouffa jamais le sentiment de la justice. En apprenant la mort de Thibault, Alfonse de Castille trouva le moment opportun pour réveiller d'anciennes prétentions sur une partie de la Navarre , et se mit en marche vers ce royaume , goo* verné par la veuve du roi défunt, au nom de son fils âgé de quatorze ans \ Mais Jacme se hâta d'envoyer vers la reine régente ripfant Alfonse avec lequel il venait de se réconcilier et, le i'^ août i253, un traité d'alliance offen- sive et défensive fut conclu à Tudela entre la Navarre et l'Aragon. Par cetactef l'infante aragonaise Constance on, à défaut, sa sœur Sancha, fut promise en mariage à celoi des infants navarrais qtii hériterait de la couronne*. Chacune des parties s'engagea à ne conclure aucun traité de mariage avec un parent du roi de Castille ou « quelque homme d'Espagne que ce soit, qui le fréquente ou lai parle*

* Thibaolt !«* leissait de Marguerite de l>ainpierr6, tUe d'Àrcham- boud deDampierre, sire de Bourbon, deux âis, Thibault ei Heiri.

' On voit qu^en 1^3, Constance n'était pa^ encore mariée à doo Manuel de CastiUe.

3 L'engagement conclu entre Marguerite, reine-régente de Navaro, et l'infant AlfoQsed^Aragen, a écééennéen partie par Monet. {Ana- les de Navarray lib. XXII, cap. i, g 3.) U traité dans satemt défi-

▲IVAMBS dDB IIÀVAIRB '899

Quelques mois aprôs, Thibault II , ayant atteint sa quinzième année, fut couronné à Pampelnne, et, dans une entrevue qu^il eut à Montagudo avec Jacme T' ^ Talliance des deuK souverains fut confirmée ^

L*Aragon et la Navarre étaient prêts à recevoir le cboc de la Castille; Alfonse X menaçait sans attaquer; ce* pendant des prélats et des ricos homes s^interposèrent, et une trêve fut conclue jusqu*à la prochaine fête de saint Michel.

Jacme, avecson activité habituelle, sut mettre à profit ce délai. Pour s'attacher sans retour son fils Alfonse, il lui fit accepter un traité par lequel « Tinfant premier et héritier d*Aragon» promettait à son père de ne point embrasser le parti du roi de Castille , tandis que Jacme s'engageait à ne jamais enlever à Tinfant ce qu'il lui avait donné dans les royaumes d'Aragon et de Valence*.

Vers la même époque , il se conciliait , par de riches donations d'Aofifieur^^ Taniitié d'Alvar Ferez de Azagra, seigneur d'Albarracin ; il avait une nouvelle entrevue avec le roi de Navarre à Estella ; il contractait des alliances offensives et défensives,' contre tous et en particulier contre le roi de Castille» , avec le puissant seigneur de Bis- caye, Diego Lopez de Haro, avec Ramiro Rodriguez et Ramiro Dies, ricos homes castillans qu' Alfonse X avait

nitive existe aux archives de la couronne d'Aragon, Parchemins de Jaeoie I*%.n* 1339 ; il a éié publié dans la collection des documents inédits dece dépôt(t. YI, p. 444).

* Par ce nouveau traité, daté du 5 des ides d'avril (9 avril) 4254, le roi d'Aragon s'engage à secourir le roi de Navarre contre tous, ex- cepté contre <t le comte de Provence, frère du roi de France , et ses frères.» (Archives de la couronne d'Aragon, Parch. de Jacme I**, n- 4363.)

* Archives de la couronne d'Aragon, Parch. de Jacme !*% n** 4974 et 4375 ; actes du 4S( juin 4^54.

300 itfKE m, CKànniE m

dépoaiHés de leur fiefs S et, à Texpiration de la tréVe, il se troavait à Tarazona à la tête de son armée. Le quartier général du roi de Navarre était à Tadela ; Alfonse X a?ait concentré ses troupe^ à Calahorra et à Âlfaro; les arant- poâtes de Tarmée castillane s'avançaient, au dire de d'Es- clot, jusqu'à une demi-lieue de Tarmée aragonaise.

Alfonse X, indécis ou manquant de confiance dans la justice de sa cause, hésitait à livrer bataille. Ses goûts pacifiques servaient mal son humeur inquiète et son am- bition irréfléchie. On s'en apercevait autour de lui , et son poëte favori, le génois Boniface Calvo, essayait de lui inspirer l'ardeur belliqueuse qui lui faisait défaut.

« Un nouveau sirvente je veux adresser au roi de CastiUe, disait le troubadour génois ; car il ne me parait pas, je ne pense ni ne crois, qu'il ait le cœur à guerroyer les Navarrais et le roi d*Aragon ; mais pourvu que je lui dise ce que je dois, qu'il fasse ce qu'il voudra. J'ai en- tendu dire qu'il ne veut point les attaquer, et cependant il lui conviendrait de mettre à cela ses soins et sa pensée,

son cœur et sou corps, son avoir et ses amis Il peut

trouver les deux rois sur le champ de bataille, s'il en a le désir. Et s'il ne fail voir son gonfanon sur cette terre au roi de Navarre et au roi d'Aragon , ceux qui disaient du bien de lui auront raison de chanter comme ils le font déjà, que le roi de Léon aime mieux chasser avec autour et faucon que revêtir haubert et cuirasse*.»

Les dispositions d' Alfonse X facilitèrent singnlîè- rement la lâche des prélats et des nobles, qui faisaient

* Archives de la couronne d'Aragon, Parchemins de Jacme l", n** 4382 et 4383 (8 août 4254).

^ M. Milà {De los Trovadores en Espana, p. 203), a donné le texte de ce fragment de poésie provençale mêlée de français et de cas- tiUan.

AFniRS9 PE NàVAERB 301

tous loors effort^ pour arrêter la guerre prête à éclater . Uq chevalier catalan , Bommé Beroat Vidal de Besalu, parviqt à ménager une entrevae entre Jacme et Âlfonse'; les deux rois continrent d^iy^e $uspensi.on d'armes; mais leur réconcilia tipuQjd semble pas avoir été aussi complète que Je disent le chroniqueur d*Ësclot et » après lui , TauT naliste Moret^ En effet, TÂragon , la Navarre et la Cas- tille ne cessent d*armer et de s*observer. Jacme resserre par de nouveaux traités les alliances déjà contractées ef rallie autour de, lui tous les ennemis de son gendre. En décembre 1254 ^ Tinfant Alfonse d* Aragon, s'engage à s'en rapporter au jugement de Ximeno de Foc^s, de Beroat Guillem d^ Entenza et de Ximeno Ferez de Arenos, pour le règlement définitif de ses anciens dif- férends avec le roi son père. Quelques mois plus tard, le3 ricos homes castillans Ramiro Rodriguez et Ramiro Diez renouvellent leur alliance avec Jacme; Lope Diaz de Haro, seigneur de Biscaye, vient, à Estella conclure avec le roi d'Aragon un traité qui confirme celui que son père, mort récemment, avait signé l'année précédente; enfin le frère même d' Alfonse X, l'infant Enrique, brouillé avec le roi de Castille, offre son aide à Jacme, entraînant avec lui un grand nombre de seigneurs castillans '.

Cependant les négociations pour la paix se pour- suivaient activement ; elles aboutirent enfin à un traité qui fut signé à Soria au mois de mars 1256, et con- firmé au mois d'août de l'année suivante ^

* Chronique de Bernai d^Esclot, chap. l^, Morel, Anales de Na-- varra^, lib. XXII, cap. ii, § 6.

2 Ces divers traités sont conservés aax archives de la couronne d'Aragon, Parchemins de Jacme !•% n«» 1427, 4428 et 1432. Voyez aussi Zurita, Anales de Aragon^ lib. 111, cap. 48 et 49 ; Moret, Ana- les de Havarra, lib. XXII, cap. m, g 3 et 4.

3 Archives de la couronne d'Aragon, reg. X, 6. > Un cartel de

90% LITRBItl, GHAPiniB S

AlfonseX, que préoceapaitviTemeDtson élection con- testée à Tempire d*Aiiemagne \ renonça à tontes ses pré- tentions snr la Navarre. Ce rojanme resta , si Ton en croit Znrita, sonmis an protectorat dn roi d*Aragon, et quelques tentatives faites pour secouer cette tutelle furent réprimées par Jacme au mois de novembre de ranoée 1257 V

Pendant que le roi d'Aragon affermissait son influence dans la Péninsule par sa sage conduite au milieu des événements que nous venons de raconter, le midi de la France échappait chaque jour davantage à l'action des souverains d*outre-Pyrénées.

Le seul espoir que les divers échecs de Raymond VII, rétablissement de la domination française en Provence , la soumission de Trencavel à saint Louis n'eussent pas enlevé au Midi, celui d'un mariagedu comte toulousain et de la naissance d'un héritier de ses droits, s'était évanoui par la mort du dernier des Raymond , survenue à MlUan

défi qu^Amalric, vicomte de NarboDoe, adressa en qualité de vassal du roi deCaUllIe, au roi d'Aragon, le 6 des ides de mars 4256 ( 10 marsli57), prouve qu'il y eut encore quelques aclesd*hosUlité entre les deux rois, après le traité de 4256« (Voy. D. Vaîsiète» Histoire di Languedoc, éd. in-f', t. [Il, Preuve sv GCGXXIl)

^ On sait qu à la mort de Guillaume de HoJtande la majorité des électeurs de l'Empire offrit la couronne de Gharlemagne à Alfonse X, tandis que les autres élisaient Richard d'Angleterre ; on sait encore que, malgré Tadhésioa as f»aint Louis, malgréies trésors qu^il arra* cha à ses peuples pour les prodiguer aux princes allemands, le roi de Castille ne parvint jamais à se faire reconnaître pour empereur légitime.

2 Archives de la couronne d'Aragon, reg. IX, ^ 46. -- Horetet d'Esclot ne parlent pas d'un protectorat, mais seiilementde la tutelle du jeune roi de Navarre pendant sa oàiBorité. Or TlUbauU U avaii atteint en 425i Tâge de quinze ans, qui était oelui de la oaajArité pourie^ souverains espagnols.

LB8 MAILLES DB LATTES 808

ea RoQergae, le 27 septembre 1249 S La famille cape- lienae , dans la personne d^Âlfonse de Poitiers , avait pris possessioQ de Théritage du comte défont.

Qae restait-il à la maison de Barcelone de son ancienne inflaence sur les belles contrées delà Gaule méridionale? Les regrets du peuple étouffés sous l'oppression des nouveaux dominateurs , quelques prétentions illusoires , quelques droits impossibles à soutenir en face des succès croissants de la maison de France. Au nord do Roossillon , Montpellier était à peu près le seul pays sur lequel Tautorité du roi d* Aragon fût reconnue en prin- cipe, bien que minée sourdement par les intrigues des agents français que secondait Taveuglement des habitants de la seigoeurie.

L'imprudence de Jacme , ou peut-être celle du gou- verneur établi par lut à Montpellier, occasionna des troubles dont l'avenir seul devait montrer les tristes conséquences; car, à chacun de ses mouvements, la ville républicaine h&tait la crise qui devait détruire à la fois

* « Gela parut en effet de la volonté divine, dit Guillaume de Puy- Laurens (GhroQ.,chap. xlviii), que, devant être transporté hors de son pays, le dernier comte de Toulouse dut descendre de la partie orientale de sa terre vers Toccident, laissant dans tous ses domaines sur son passage de nombreux regrets. Son corps fut embaumé, mis dans un cercueil et gardé avec soin. Conduit par Âlby, Gaillac, Ra- bastens, Toulouse, on le dirigea sur la Garonne vers le pays d'Agen: il fut déposé au monastère de Tordre de Fontevrault, appelé le Para- dis, et le printemps suivant, Thiver étant passé, on le transporta à Fontevrault il avait choisi sa sépulture. El c'était pitié que de voir, avant et après le cercueil, les peuples se lamenter et pleurer leur seigneur naturel sans pouvoir espérer un successeur de sa race. » Le testament de Raymond VU a été publié par Catel {Histoire des comtes de Tohse^ p. 373) , et par M. du liège, dans son édition de V Histoire de Languedoc (additions au livre XXV, n* 4 8). Une copie de eedocumeniest conservée aux archives de la couronne d'Aragon, Pareil, de Jacme I*', n*» 4173.

304 LvrkB m , chapitib ix

la domination aragonatse et les libertés de la fière com- mune.

Les consuls de mer de Montpellier percevaient on droit d*nne obole ou maille (mêalha) par Firre sur les marchandises transportées de Lattes à Montpellier et de Montpellier à Lattes. Le seigneur n'avait point à s'im^ miscerdans la perception de cet impôt, non plus que dans remploi dos fonds qui en provenaieni et qui étaienlcoD* sacrés* à des. travaux d'utilité publique. Or, en Tannée 1252, le roi tenta de percevoirles mailles de Lattes à son profit. Les bourgeois accueillirent oette violation des droits de ta commune par une révolte, et leur troupe en armes (la cloqua dels armait) se remiten possession de rimpôt dont Tautorité seigneuriale avait ''cra pouvoir s'emparer Macme assigna les ^consuls à comparaître en sa cour, siégeant alors à Barcelone, afin 4'y faire jugw le. différend. Les représentants de la commune répon-* dirent que le roi ne pouvait être juge dans^cette cause ; que, du reste, les habitants de MontpeUier n'étaient pas tenus de comparaître hors du territoire de leur ville, et qu'enfin ils en appelaient à l'évéque de Magueloae, suzerain de leur seigneur *.

La lutte était déclarée. Obéissant à Tesprit d^indépen- dance qui, de proche en proche, s'était étendu des répa- btiques italiennes aux villes de Provence, Montpellier coda au désir d'imiter Marseille, sa rivale, et, pendant quelques années , on voit la cité des Guillem nommer

^ « En l'an M e GC e Lit.... demandet lo rey Jacnae d'Aragon tas mealhasde Laïas e lendeman de l'Apareeilon cobreron las U bornens deMontpeyIer et la cloqua dels armatz. » {Pétii Thalmmm de MnU- pellier,)

* Voy. Germain, Histoire de la commune de MoiUpeUier , t. II, Pièces jusiiûcatives, p. 329.

LA vOLinovB prâuçaisb dans le midi 305

8on bayle sans la participation dn seigneur, s* allier au ficomte deNarbonne, vassal de la Gastille et ennemi du roi d'Aragon \ faire la gnerre aux Marseillais et signer la paix avec eux par Tentremise de Charles d* Anjou * ; en un mot, traiter son royal seigneur avec un mélange d'hostilité et d'indifférence plus signiGcatif qu'une révolte déclarée.

Jacme n'aurait peut-être pas supporté aussi patiem- ment de pareilles offenses s'il ne s*était senti en ce moment menacé, d'un côté par les armes de la Gastille , de l'autre parles intrigues qu'avait ourdies la reine-mére de France. Blanche était morte en 1252, mais sa poli- tique lui survivait. La veuve de Louis YIII avait tracé ses plans, choisi les hommes qui devaient les exécuter, mis en jeu les passions et les intérêts dont l'acUon com- binée devait nécessairement aboutir au résultat prévu par elle. La machine était montée ; elle avait reçu le mouvement: elle accomplissait son œuvre sans avoir besoin de l'intervention de Touvrier. Tout marchait en dehors de Louis IX, dont la droiture retarda souvent l'accomplissement des desseins ambitieux de sa mère.

Un délégué de Blanche de Gastille , le jurisconsulte Gai Foulques ou Folcueis, qui devait être plus tard le pape Clément IV, agissait depuis longtemps auprès de révéque de Maguelone, afin de décider le prélat à se reconnaître vassal de la couronne de France pour le fief de Montpellier. Ce fut seulement le 15 avril 1255,

^ 11 est difficUe de ne pas voir ane menace à l'adresse du roi d'Ara- gon dans le traité par lequel Amalric promet « do faire la guerre à tous ceux qui s'opposeront aux consuls, aux syndics ou à la commune ée Montpellier, à Texception des très-illustres seigneurs le roi de Fïmnce, ses frères et le roi de Gastille. »

> D. Vaissète, Hiêi. de Languedoc^ 1. XXYl, cbap. xxxi. T. n. 70

#00 UflE III , CHAMIPB iX

prè» de trois am après la mort d^ la reifle^mère , (^ Gai parviot à obtenir cette reconnaissaoce de Tév^ Pierre de Conques. Ce dernier déclara sole»Dell£meiit, en présence du sénéchal de Beaucaira et Nîmes et de Gui Foulques, envoyé du roi Louis IX, que la vîtie de Montpellier et le château de la Palu ou de Lattes étaietf tenus en fief de la couronne de France par les éféqncs de Maguelone , et en arrière-fief par le roi d'Aragon , f non pas comme roi , .mais comme seigneur de Hont- pellier*.

Le roi d* Aragon, arrière*yassal du roi de France! Le roi d*Aragon , forcé de subir la suzeraineté directe de son rival le jour celui-ci sera parvenu à soppriott* Tautorité intermédiaire de Tévôque! H serait superflu d'insister sur les conséquences d'une pareille déciaratioo, provoquée d'ailleurs, il faut Tavouer, par l'imprudente conduite de Jacme envers l'évéque et envers les habitaits de sa ville natale.

Les bourgeois de Montpellier, après s'être associés am entreprises du monarque aragonais contre l'éTêqiu de Maguelone , s'unissaient maintenant à l'éTéque et ai roi de France contre leur seigneur, usant de leur système traditionnel de bascule pour échapper à une dooutatioi trop directe, jusqu'au moment où, la balance penchaat tout à eoupdu côté du plus fort, les princes cipétieos écraseront les derniers restes d'indépendance ie ladté républicaine sous le poids de leur politique centfalisar Irice *.

* Cetaete a été publié dans la Gallia thriiii^na^ I. YI, inrt. ofll. 370 et dans la Séries pranulum magal<m*nÊium é9 Gariet, p. STI.

> La Galiia okristiana, Gariel {séries praauliim fiut^oian.) él §. Vaissète ont donné tous les détails do la lutte daroà d'Aragon cobItq révoque de Maguelone et publié les doetunent:» qui a*y> npporieol.

lÀCMB ET SAfRT LOCIS 897

Ainsi, tandis qae Jacme menaçait Louis IX d*QDe re- reodication de droits plas on moins fondés sar les anciens États de Ramon Berengaer , de Raymond VII et de Tren- ca;?e1 , sur les comtés de Millau, de Foix et de Fenollèdes, sur la vicomte de Gévaudan , la maison de France , non cootMte d*opposer au roi d'Aragon ce que Ton appelle au palais une demande reconventionnelle, en réclamant des droits de suzeraineté , depuis longtemps périmés, sur la Catalogne , le Ronssillon et leurs dépendances , pré- parait, avec une habileté impossible à déjouer, sa supré- matie sur l'un des pays la domination aragonaise semblait le plus légitimement établie.

Pour sortir de cette complication de prétentions ri<- vales , une guerre paraissait inévitable. L'opinion pu« blique poussait le roi d'Aragon vers ce parti violent; en ce moment , la voix énergique de Bernard de Rovenhac se fit entendre de nouveau :

« J*ai grande et irrévocable volonté de faire un sir^ veote, riches bommes sans courage, et je ne sais que Toas dire, car la louange ne serait pas ici à sa place et je D*ose vous jeter le blâme ; or bien peu vaut un sir- vente qui loue quand il devrait blâmer. Cependant , dut cela vous sembler folie, j*aime mieux vous blâmer en disant la vérité que mentir pour vous être agréable.

> Les deux rois, celui d'Aragon et celui des Anglais, ont résolu de ne dévaster aucune terre et de ne faire aucun mal à celui qui leur en fait; d*avoir, au contraire, pour lui merci et courtoisie ; car ils laissent le roi qui conquiert la Syrie ^, garder en paix leurs fiefs. Notre-Seigneur doit leur en savoir gré.

On acte du 7 février 4251 fait voir que les consuls de Montpellier, lignés avec révoque Guillaume Christophe, portaient devant le roi de France leurs griefs contre leur royal seigneur.

* Âliusioa ironique à la défaite de saint Louis eu Egypte.

308 LITRE 111, CHAPiniE IX

» La hoDte me gagne quand je vois une natioa ?aiDcae nous tenir ainsi vaincus et conquis. Pareille honte devrait aussi gagner le roi aragonais et le roi qui perd laNor- mandie; mais ils estiment tant une pareille amitié qa*ils refusent complètement de faire ce qu'ils doivent, et jamais je ne vis personne mettre tant de persistance à accomplir son devoir ^

» Puisqu'il (le roi d'Aragon) ne reprend pas la leade tournoise '^ qu'à Montpellier lui enlèvent ses bourgeois (il faut désirer), qu'on ne lui prenne pas le pays de Car- cassoone, car il ne se défendrait point et serait satisfait pourvu qu'on le laissât en paix. Seigneur puissant ne peut guère espérer la paix quand ses hontes lui tournent en nonchaloir.

» Je ne trouve rien à louer quand la valeur est en mauvaise voie ; et je n'appelle point cela paix, car c'est une mauvaise guerre , et jamais je ne prendrai pareille chose pour une paix. On devrait plutôt l'appeler joie de paysan et joie des puissants, qui perdent chaque jour leur renom, et cela ne doit point leur être pénible, car ils perdent peu et peu leur en doit douloir, car de peu Ton ne peut ôter beaucoup.

> Le roi en Âlfonse a laissé la convoitise aux autres rois; il n'en a pas besoin et, pour sa part, il a pris la

* Sous-entendu : quils en mettent à manquer au leur. Nous don- nons sous toutes réserves cette traduction d un vers obscur:

Et anc non vitz autre tan ben tener.

D. Manuel Milà le traduit ainsi, en indiquant ses doutes : c Et (cependaut) jamais on ne vit quelqu'un se présenter sous un meilleur aspect. »

* 11 s'agit ici de Pimpôtdes mailles de Lattes. On étendait le nom de leude k tout droit perçu à Toccasion du transport des denrées et marchandises et de leur entrée dans une viUe.

JA'CHB ET SAINT LOUIS 309

largesse II aurail tort celai qui, dans ud jeu-parti S voodrait Teo blâmer; car, je vous le dis, cela me parait Tilaioe action que de choisir le meilleur thème dans un jeo-parti. (Quant à Âlfonse) il n'a pas fait ce qui est défendu, puisqu'il a pris le rôle que personne ne veut *.

» Riches hommes méprisables^ si je connaissais quelque chose à louer en vous, je le louerais volontiers; mais ne pensez pas me faire mentir, car je ne veux ni votre amitié ni vos richesses *. »

Ces chants belliqueux ne trouvaient pas d'écho sur le trône. Nous sommes arrivés à une période, malheureu- sement trop courte , les rois n'aspirent qu'à la paix. Les luttes de nation à nation s'arrêtent; l'immense guerre civile qui désole l'Italie et l'Allemagne, les désordres au milieu desquels semble se plaire la turbulence des barons de tous pays agitent encore l'Europe, mais la royauté

(Le jeu-piirti ou tenson étaii un dialogue en vers dans lequel deux troubadours discutaient ordinairement sur une question de galanterie. On voit, d'après ce passage de Bernard de Rovenhac, que celui qui proposait le tenson ne devait jamais choisir le rôle le plus iiacU6. (Voy. à ca sujet Milà, de los Trovadores en Espana, p. 480 , noîe.)

* Ce couplet fait allusion à Texpédition tentée par Alfonse X , de concerl avec Gaston de Bloncada, vicomte de Béarn, pour arracher la Gascogne à la domination anglaise. Cette guerre, commencée avec grand éclat et chantée avec enthousiasme par le belliqueux trouba- dour Boniface Calvo, se termina brusquement par la renonciation que l6 roi de Castille fit de tous ses droits sur la Gascogne en faveur d'Edouard, héritier présomptif de la couronne d'Angleterre , auquel il donna en mariage sa fille Léonor. (Voy. Lafuente , HisL gênerai de EspanOf Part. II, lib. III, cap. i ; Milà, de los Trovadores en Es- pana, p, 204; Raynouard, Choix de poésies des Troubadours, t. IV, p. 228.)

' Le texte de ce sirvente a été publié par M. Raynouard (Choix de poésies des Troubadours, t. IV. p. 205) et par M. Milà (de los Trova^ dores en Espana^ p. 479), qui en a donné en outre une traduction espagnole.

310 ipmm m, cbamtw i%

sent partout le besoin de faire régner Tordre et la )a$tiG9t seul moyen d*âsseoir solidement son autorité , de légi* timer ses conquêtes» de rendre sa puissance populaire. Pour établir Tordre au dedans, il faut avoir ia paix au dehors, du moins avec ses voisins : à ce double résultat concourent les croisades, dérivatif à la guerre entre chrétiens Jes innovations législatives, les lois contrôles guerres privées et surtout la modération dans la politique internationale.

Saint Louis, Jacme V, Alfonse X sont les principaux représentants des tendances pacifiques de cette partie du XllP siècle. Saint Louis est poussé dans cette voie par sa piété, Alfonse X par ses goûts paisibles; Jacme, le plus belliqueux des trois et celui qui a le moins à gagner «D apparence aux traités conclus à cette époque , n*est guidé que par son génie politique.

Tout espoir de reconstituer la nationalité de la langue d*Oc semble perdu sans retour; les droits mal déterminés de la maison de Barcelone sur divers points de la Fraûce méridionale ne peuvent servir que de prétextes de guerre. Au nord du Roussillon , la possession de Mont- pellier a seule une valeur réelle pour T Aragon , et Jacme, espérant par une alliance avec saint Louis détourner de cette riche proie la convoitise des Français, se prête aux négociations qui doivent amener le traité de Corbeil, c'est-à-dire son abdication comme suzerain de la FraDce du Midi.

Au mois de juin 1255, un compromis fut passé par lequel Jacme et saint Louis choisissaient pour arbitres de leurs différends, Hébert, doyen de Bayeux, et Guillem de Montgriu, sacriste de Girone, qui devaient rendre leur sentence dans le délai d*un an *. En attendant cette

* Voy. le texte de ce document, apud Marea ^ûpantca, oui. UéO.

DirpÉnims a^ic sahit unjis 311

décision » le roî d'AragOD , désirant receorir aoi âmes ponr spamettre la ville de Montpellier à son autorité, à^ numda à Loors IX raotorisalion de passer sar ses terres, de s'y pounroir de vivres et de recevoir dans les rangs de Tarmée aragonaise les vassanx da roi de Franee qui von* draîent prendre part à Texpédilion. A l'exception de ce dernier point» auquel saint Loois refusa expressément de souscrire , la demande do roi d'Aragon fat agréée ; mais Jacnse ne profita pas de cette autorisation , car ses dîf- ficnltésavec Alfoose X le retenaient dans la Péninsule.

Le roi de France, intéressé à la fois à ne point se rendre impopulaire à Montpellier et à soutenir le toi de Catsttlleson proche parent, défendit à ses sujets Midi de prefidre part à ta guerre imminente entre te roî d'Aragon et la ville de Montpellier, et permit aux vassaux que le séuverain castillan avait sur le territoire français d'aller en personne servir leur suzerain ^

Cependant le doyen de Bayeux et le sacriste de Gîrone n'avaient pu parvenir à régler le différend dont la décisioa leur avait été confiée ; le délai d'un an expiré, les infants aragonaLs Pierre et Jacme % plus ardents que leur père et comprenant peu sa politique , entrèrent à main armée daos le territoire de Carcassonne ; saint Louis envoya des ambassadeurs au roi d'Aragon pour se plaindre de ces hostilités, que n'avait point précédées une décla- ration do guerre ; les seigneurs de la sénéchaussée furent convoqués, les milices communales mises sur pied , mais Jacme rappela tout à coup les infants et leurs troupes '.

* Voy. n.Yaissète, HisLdeLang., Ilv. XXVI, cbap. xxxv. Nous avons déjà parlé du défi adressé au roi d^Âragon par Amalric, vicomte de Narbonneet vassal de la Castille.

* L'infant Jacme n'élait âgé que de quatorze ans.

» Voy. I>. Vaîasètc, Hist. deLang.^ïiv, XXVI, chap. xxxv, et Preuves, t. m , éd. in-^, n* cccxxui.

312

LITRE lu , GHàPITlE H

Le roi d'Aragon désirait arriver par des voies pacifi- ques aa règlement de ces difficultés; de son côté, saint Louis ne tenait pas moins à éviter une rupture. Sa scrupuleuse loyauté conservait quelques doutes sur la légitimité des moyens employés pour assujettir à la France des pays ayant appartenu à la maison de Barce- lone. Les négociations furent reprises ; on parla de ci- menter par un mariage Taccord des deux familles sou- veraines de France et d'Aragon ; en effet , au mois de mars 1258 , Jacme , se trouvant à Tortose , nomma pour ses ambassadeurs auprès du roi de France : Arnaud , évéque de Barcelone; Guillem, prieur de Sainte-Marie- de-Corneillan \ et Guillem de Roquefeuil, son lieutenant à Montpellier, en les autorisant à transiger avec saint Louis sur les questions qui divisaient les deux princes, et à conclure le mariage d'Isabelle , fille du roi d'Aragon, avec Philippe, deuxième fils du roi de France. Cette union ne devait toutefois être célébrée que lorsque l'io- fante aurait atteint l'âge de douze ans.

Les ambassadeurs aragonais trouvèrent Louis IX à Corbeil , fut signé le double traité qui devait faire asseoir sur le trône de France une princesse de la race des Wifred et des Ramon Berenguer, mais qui refoulait à jamais ati delà des Pyrénées la souveraineté de la maison de Barcelone.

Deux mois plus tard , l'évéque Arnaud , le prieur de Corneillan et Guillem de Roquefeuil étaient de retour à Barcelone, accompagnés de Raymond Gaucelin , seigneur de Lunel, qui s'était trouvé à Corbeil, et parait avoir reçu du roi de France la mission de faire ratifier le traité

* Le château et le village de Corneillan faisaient partie des anciens domaines de Trencayel; ils étaient situés dans le diocôsa de Béziers.

TBAITB DE COBBEIL 313

parle roi d*Aragon. Le 16 juillet 1258, Jacme confirma ce qai avait été concla par ses ambassadaurs, et, poussant jasqu*an bout le désintéressement dont il avait fait preuve dans toute cette affaire, il céda de son plein gré, par un mouvement de galanterie chevaleresque , tous les droits qu*il avait sur la Provence, à la reine de France , Mar* guérite , sa cousine ^ Dès lors les monarques aragonais

* Le traité de Corbeil et ses annexes sont conservés aux archives de TEmpire (carton J, 587). Ces pièces sont au nombre de sept :

l<» La procuration du roi d* Aragon à ses ambassadeurs pour régler ' ses différends avec le roi de France, donnée àTortose le 2 des ides de mars 4257 (U mars 1258) ;

^ Le traité principal, dit traité de Corbeil , renfermant le texte de la procuration qui précède, et conclu le 5 des ides de mai (t t mai) 4258;

3o fji ratification de ce traité par le roi d'Aragon à Barcelone le 47 des kaiendes d'août (16 juillet) 4258 ;

40 La procuration donnée par le roi d'Aragon à ses ambassadeurs, pourconclure le mariage de Pinfante Isabelle avec le fils de Louis IX; mars 4258;

&> Le traité de mariage entre Philippe de France et Isabelle d'Aragon, conclu à Corbeil a le samedi veille delà Pentecôte de l'an 4258 » ;

La ratification de cet acte par le roi d'Aragon ; 16 juillet 4258 ;

70 La renonciation du roi d'Aragon à ses droits sur la Provence en faveur de Marguerite, reine de France , sa cousine; Barcelone, le 46 des kaiendes d'août (47 juillet) 4258.

Nous publions dans nos Pièces justificatives (n** X. XI et XII) le pre- mier, le deuxième, le cinquième et le septième de ces documents. On a imprimé plusieurs fois en France, non pas le traité de Corbeil lui-même, mais seulement sa ratification par le roi d'Aragon, qui répèle du reste, à peu de choses près, les clauses du traité. ( Voy. Catel, Mémoires sur V histoire du Languedoc, p. 29, et Marca his- panica, col. 4444.) L'importance de cette transaction entre saint Louis et Jacme I*' nous engage à en donner le texte complet, d'après la c^pie qui existe aux archives d'Aragon, et que D. Prospère de Bofamll a insérée dans sa Coleccion de do^^menios ineditos del arehivo de la corona de Aragon, Le traité de mariage de'Philippe de France et de l'infante Isabelle se trouve dans le Spieilegiumûe

314 LiTK m , cHAPirm n

n'eoreDt plus an nord du RoussilloD que te seigttMiie de MoDtpellier et la suzeraineté de la vteomté de Cariât» droit de peu de valeur que Jacme se réseru, ooasnesavws dans quel intérêt \

Le traité de Corbeil a été diversement apprécié. Lon de la réunion momentanée de la Catalogne à la France , sous le régne de Louis XIII , plusieurs écrivains français, préoccupés de trouver des arguments en faveur de leur pays , attaquèrent cette transaction avec une sorte d*achaf nement; Tun d'eux essaya de démontrer la fausseté de l'acte de 1258 ' ; an autre assura que le traité était préju- diciable à la couronne de France et le déclara nul, parce que, dit-il, il avait été conclu sans le consentement des États du royaume * ; on prétendit encore qoe les clauses n*en avaient jamais été exécutées^. Ces opinions obtin- rent d*abord quelque crédit; la saine critique du béné* dictin Vaisséte en a fait justice % et il serait siiperfla de les discuter aujourd'hui ; mais ce qui n'est pas sans im-

d'Acbery (éd. in•^, 1. 111, p. 634); nous le donnons d'apràs l'< conservé aux archives d'Aragon. Le premier des documents wnm* lionnes ei-dessoi a été publié par D. Vaisséte (Hist. êe LÊa^^t éd. ii- ^, t. m, Preuve cccxxyu.) On le trouvera dans le préambule du traité. (Pièces ju&tiflcatives» n* X.) Nous remarquerons ^ ceoime 1^ déjà fait le savant historien du Languedoc , que Zurita^ MaricM , Ferreras, Biluze, Gariel, le P. Daniel, ausquels nous àjoulerdÉs Miedes et Diago, ont commis de graves erreurs sujet des d»* positions du traité de Gorbcil ei des cireonstances qui ont wty- compagne sa conclusion. (Voy. Eist.de Languedoc» In-f*, t. III, note xxxix.)

* Voy. D. Vaisséte, Hitt. de Long,, Itv. XXVI, chep. u.

^ Louis de Mesplede, jacobin, professeur à TufiivorsHé da Gaherg, dans sa GolUa vtndtcafa, 4643.

' P. de Ga.<eBeuve, la Catalogne française , 4644.

^ Geseneuve, la Caêahgnê française; FiHeau de Laeliaise, JNft. éë saint Lsuiê,

^ Voy. ^si. de Langtsedos, éd. in*^, t. 111, noie xatxlx.

portante ponr notre SQJet, c'est TapprédatiM des droits rdeiproqaes abandonnés par les deaic souverains. Sar ce point, souvent controversé, nous nous éloignons de la manière de voir du savant historien do Languedoc*

Une considération générale domine cette question* Il est incontestable que, au XIIP siècle, les pays échangés par les deui souverains , ceux que saint Louis cède à Jacme, comme ceux que Jacme abandonne à saint Louis, appartiennent encore à la même nationalité. Leur origine, lefor langue, leurs traditions, leurs sympathies, les rap- prochent des comtes de Barcelone, dont ils acceptent tous également la suzeraineté ou Tinfluenee , tandis que tous répugnent à Tunion avec la France du Nord.

Les désirs ou les antipathies des peuples n'entrent pour rien , il est vrai , dans le droit public du moyen âge ; mais il n'en fallait pas moins alors, comme toujours, compter avec la résistance que ces sentiments opposent à qui tente de leur faire violence.

Si un enchaînement malheureux d*événements , si le défaut de chef et d'unité ont fait plier sous le joug fran* çais les pays de la langue d'Oc situés entre le Roussillon et les Alpes , la Catalogne et ses dépendances ne peu* vent craindre le même sort. Vainement invoque^t-on en faveur de la France les droits de Pépin , de Charlemagne et de leurs premiers successeurs. Avec la féodalité , le pouvoir des souverains d*outre*Loire s'est retiré vers la Nord ; le peuple a oublié ces rois qui ne le protègent plus pour se rallier autour dos comtes, défenseurs de ses intérêts et de sa foi. Aux arguments des juristes poli^ tiques, la Catalogne, identifiée à ses souverains de fait, peut opposer une prescription consacrée par des siècles de périls et de triomphes communs. Quel Catalan ,.plébéien on noblesse souciait , au Xlir siècle, desrois de Paris, et

316 LIVRE ni , CHAnTRB IX

qael écho eût troavé dans la Marche espagnole une re- vendication des droits périmés de Charlemagne on de Pépin ?

Qaels que puissent être les raisonnements des jaris- consultes, habitués à traiter les questions politiques comme de pures contestations d'intérêt privé , il est cer- tain qu*en abandonnant toute prétention sur les neuf comtés de Barcelone , Urgel , Besalu , Roussillon , Am- purias, Cerdagne , Gonflent, Girone et Ausone , saint Louisne renonçai ta aucun droit qui eût conservé quelque valeur; il enlevait seulement à ses successeurs un de ces mille prétextes que les rois ont toujours à' leur disposi* tion pour masquer les véritables motifs d'une déclaration de guerre.

Quant aux droits cédés par' Jacme au roi de (France , ils émanaient de sources diverses. Sur le comté de Tou- louse et de Saint-Gilles, comprenant leRonergue, le Quercy, le duché de Narbonne et, en outre, TAgenois et le marquisat de Provence , omis dans le traité , les prétentions du roi d'Aragon étaient à peu prés sans autre fondement que les relations créées entre la maison de Barcelone et celle de Toulouse par une communauté d'intérêts , et cimentées par des mariages et des al- liances.

Les vicomtes de Béziers , Agde , Nîmes , AIbi , Car- cassonne et Rèdes ; le Lauraguais , le Termenois , le Mi- nervois et le pays de Sault, relevaient du roi d'Aragon en vertu des anciens droits de sa famille et de divers hom- mages rendus par les Trencavel , seigneurs de ces pays. Mais, d'une part, Raymond Trencavel II avait cédé à saint Louis ce qu'on appelait en droit féodal le domaine utile, c'est-à-dire les droits de propriétaire immédiat; d'un autre côté , la souveraineté du roi de France sur

TRAITS DE GORBEIL !^17

ces pays était dÂfficile à contester. Jacme se trouvait doDC à la fois suzerain de Louis IX , eu tant que ce dernier représentait le vicomte Trencavel , mais vassal du roi de France » souverain du pays. Celte position singu- lière, résultat de la théorie féodale , n'avait aucun avan- tage pratique pour le roi d* Aragon.

Les pays de Fenoillédes et de Pierre-Pertuse ^ avec les chàtellenîes de Queribus \ Puy-Laurens et Castel-Fisel, étaient d'anciennes possessions de la maison de Barce- lone *, jadis cédées en fiefs au vicomte de Narbonne et au comte de Foix; mais Jacme n'en conservait pas moins la souveraineté sur ces domaines.

En Gévaudan, les rois d'Aragon n'avaient possédé que la vicomte de Grèzes ou de Gévaudan % distincte du comté de ce nom. Cette vicomte, de même que celle de Millau en Rouergne, avait été engagée, comme on le sait, par le roi Pierre II au comte de Toulouse Raymond YI, et Jacme se croyait en droit d'en revendiquer la possession sur Alfonse de Poitiers.

Enfin le comté de Foix, mentionné dans le traité de Corbeil, ne figure ni dans la procuration donnée par le roi d'Aragon, ni dans la ratification du traité ^. Evidem- ment les ambassadeurs aragonais avaient en ce point outrepassé leurs pouvoirs. Jacme refusa d'approuver cette partie de la transaction, et conserva intacts ses droits ou

* KeerbuZy dans le traité de Corbeil.

* Voy. notre tome I, Introd., p. 48 et 54.

* Credona et vioe-comitatus credonensis , dans le traité de Cor- beil. Les noms de Gavaldanum et comitatus Gavai dani ou Gtiial- dantf désignent évidemment la vicomte de Grczes, la maison de Bar- celone n'ayant jamais eu aucun droit sur le cumlé de Gévaudan.

* Le préambule seul de cette ratification mentionne par erreur, sans doute, le comté de Foix.

SIS unte m, CBirme ix

ses prétenUons sur le pays de Foix, qui sera bientôt Poe- casion de nouveanx différends aTec la France .

A les considérer dans leur stricte taleur, les droite auxquels le roi d*AragoD renonçait n'étaient guère supé* rieurs, on le Toit, à ceux qu'abandonnait saint Louis. Mais Jacme pouvait inToquer autre chose que des argu- neutB de légiste : il avait pour lui les aspirations et les sympathies decettenation méridionale mutilée, agonisante «t rédamant encore un chef pour la mener au combat.

Joignez aux pays mentionnés par le traité de Corbeil le comté de Provence, héritage légitime de la maison de Barcelone, en vertu de la loi féodale, et vous verrez jusqu'où s'étend sous lacme I** l'ioâuence aragonaise sar la terre de France. A l'est, elle n'est arrêtée que par les Alpes; i l'ouest, elle franchit le cours de la Garonne ; au nord, elle s'avance jusqu'aux montagnes du Vetay, de l'Auvergne et aux rives de la Dordogne. Plus dedix-sept de nos départements actuels, parmi lesquels quelques-uns des plus riches et des plus peuplés, sont compris dansces limites. Ces pays, qui attendaient un signal parti de Bar- celone pour se soulever contre leurs dominateurs, sont cédés gratuitement par celui qu'ils regardent comme leur suzerain.

Le fils du vaincu de Muret ne trahissait point cepen- dant la'caase pour laquelle sou pêne avait perdu la vie. Les conditions d'existence des nations étaient changées depuis qu'un pouvoir central, chaque jour plus fort, exerçait son action sur des peuples que leur position géographique rapprochait de lui. Avec la décadence de la féodalité, les frontières naturelles, ces limites que la Pro- vidence semble avoir tracées aux empires, reprennent toute leur importance. Jacme te comprenait-il? Nous n'oserions l'affirmer; mais il pressentait du moins qu'en

appeler au armes après avoir tu sa politiqae échoaer par lia iCOQtiOQrs d^événemaots proyideotiels, c'était jeter les pays de la langue d*Oc daas des luttes sauglaotes et sans issue.

A cet avenir de désastres certains et d'avantages dou- teux* il préféra Taiailié d*un puissant voisin, le maintien de sas droits seigneuriaux sur Montpellier, la paix de ses vassaux et de ses compatriotes^. L*acte arrêté i Corbeil, échange de droits à peu près illusoires, n'est au fond que la renonciation de Jacme au rôle de souverain du Midi ; la cession de la Provence le complète et le caractérise; c'est une abdication et non pas un traité.

Les paysde Provence et de Languedoc furent consternés en se voyant abandonnés sans retoar aux Français; c'est alors, sans doute, que Bernât Sicart de Marjévols ou de Marvéjols disait avec tristesse : « Partout je me tourne, j'entends la courtoise gent qui crie humblement aux Français : Sire ! Et les Français ont merci pourvu qu'ils voient des présents, car ils ne connaissent pas d'autre droit. Hélas! Toulouse et Provence, terre d'Âgen, de Béziers et de Carcassonne, qui vous vit jadis et qui vous voit aujourd'hui !

> Ainsi que l'oiseau sauvage fait entendre son chant pendant la tempête, ma résolution est de chanter désor- mais ; car la noblesse s'en va reculant, les bonnes races sont déchues et abâtardies ; l'iniquité grandit et les barons radoteurs, trompeurs et trompés, laissent derrière enx la valeur et font marcher le déshonneur en avant. Le riche lâche et méchant recueille un mauvais héritage ^ »

* Yoy. Rùynomrd, Choix de poésies des Troubadours^ t. IV, p. 491; Milà, de los Trovadores en Espana, p. 482 ; Hist. litt, de la France^ t. XVII, p. 590. Quelques auteurs croient que ce sirvente fut composé pendant la croisade contre les Albigeois.

320 LiniB III , GHAPITRB IX

La nation méridionale est morte sans retour. C'est ea vain que la Provence essayera, sous la maison d*AnjoQ, d*an semblant d'indépendance, dont le sonvenir entou- rera d*one auréole de popularité la mémoire du bon roi René; c* est en vain que Tesprit national égaré, per- verti se manifestera encore en Languedoc après plu- sieurs siècles; rien ne peut plus s'opposer à l'union de la France du Nord et de la France du Midi, union len- tement, péniblement opérée, sans doute, mais, grâces à Dieu, complète et indissoluble.

i

LIVRE QUATRIÈME

DERNIÈRES ANNÉES DE JACME (1258 à 1276;

CHAPITRE PREMIER

Politique du roi d'Aragon après le Uaité de Corbeil. Événements i l'in- térieur. — Projets sur l'Italie. Mariage de l'infant Pierre avec Con. stance de Sicile. Mort de l'infant Alfonse. Nouveau partage des Etats aragonais Différends avec le roi de Castille. Révolte des Sarrasins de l'Andalousie et du royaume de Murcie. Le roi de Cas- tille implore le secours du roi d'Aragon. Préparatifs de l'expédition.

' Goris à Barcelone. Certes à Saragosse. Révolte de la noblesse aragonaise. Proclamation de l' Union. •— Certes et fucro d'Exea.

Eq resserrant les limites dans lesquelles son autorité effective devait s*exercer, le roi d*ÂragoD avait étendu ses relations avec les souverains de la chrétienté. Il était entré plus intimement dans la grande famille des princes de l'Europe , au moment les rapports internationaux se formaient, la diplomatie se créait^ naissait une nouvelle politique qui faisait pressentir le futur équilibre earopéen .

T. IL 21

322 LITRE IV, CHAPITRE I

Il n'importait pas moins à Jacme d'assurer à sa maison le droit d'intervenir dans les conseils des soaverains.qae de raffermir son pouvoir sur les pays irrévocablement soumis à son sceptre.

Préoccupé de ce dernier soin , il se hâte de faire re- naître l'ordre à Montpellier en acceptant la soumission de ses vassaux , à la considération « de son cher ami Louis y illustre roi des Français^ > ; il fait appel aux sentiments d'équité du saint roi de France pour repousser une première attaque du sénéchal de Beaucaire contre sa juridiction sur sa ville seigneuriale'; il maintient le$ droits de son fils Alfonse sur certaines villes de l'Aragon, après l'avoir fait reconnaître , selon sa promesse, ponr héritier du royaume de Valence*; il tient tête aux barons

* Une amnistie générale fut proclamée, le 40 décembre 4258, par Jacme en personne , revenu à Montpellier « après s'être longtemps abstenu d-y rentrer. » Le texte de la charte d'amnistie a été publié par M. Germain. (Mis t. de la commune de ifoni^Lier , t. II, Piéees justificatives, p. 334.)^ «En Tan de M e GGLVIIL el mes de décem- bre, dit la chronique du Petit Thalamue, fon fâcha la composition entrel rey d'Aragon en Jacme e la vila de Montpeyler per lo fag de las mealhas de Latas. »

* Le sénéchal de Beaucaire et Nîmes avait interdit aux sujets du roi de France de porter des vivres à Montpellier. D. Vaissète veut voir danscetle prohibition rindicc do nouveaux différends eiitie saint Louis et Jacme. Le document sur lequel le savant bénédictin appuie celte assertion prouve au contraire que le roi de France n'était pour rien dans les actes d'hostilité du sénéchal. (Voy. Hist. de Lang,^ liv. XXVI, chap. xu, et Pr. du t. 111, éd. io-i^, ccgxxxiO C'est là, croyons-nous, le commencement d'un conflit de juridiction dont nous aurons à parler bientôt.

* Voyez, dans les Analee de Zurita (llb. Hl, cap. S7), une lettre de Jiacme \r à son fils Alfonse , au si\iei de difficultés survenues eotfe l'infant el les chefs de la maison de Luaa (26 février 4259J. Quant aa serment qui fut prêté en 4257 par les habitants du royaume de Va- lence au fils at du roi d'Aragon, il e^ ooMaié: i*parlediMNUMiit no 53, f<> xTu des Privilèges de Valence ; V par la lettre m^ la W

catalans révoltés sous la conduite du turbulent vicomte de Cardona, pour une prétendue violation des lois féo- dalas an préjudice du comte d'Urgel * ; il favorise enfin eo Aragon la création d*une hermandiid (confrérie), asso- ciation dont le but était d*obliger les habitants des villes et des villages à se prêter un mutuel appui pour arriver i Tei^tioclion du brigandage et des guerres privées*.

A l'étranger, Jacme, sans craindre d*offenser le juste et loyal Louis IX, embrassait la cause de la maison de

éorivit à ce sujet au prince Alfonse, et qui a été publiée dans la col- lection des documents inédits des archives d'Aragon (t. Vl, p. 426J , diaprés le brouillon ou la copie originale conleuue dans les regis- tres de cbancellerie de ce dépôt (Ueg. IX, 34) ; 3* par la formule de œ serment qui se trouve au f"» 3 du reg. X des mêmes archives.

* Mous donnons dans nos Pièces justificatives (n» XIII) une réponse du roi à la lettre par laquelle le vicomte de Cardona lui signifiait ^U$equiUaU delui. Jacme propose de faire décider la contesta- tion par une assemblée de riclis homens.

* On a quelquefois rapporté à la môme époque, en en faisant éga*- ment honneur aux communes , la création de Vhermandad et celle éesjuntas. C'estuneerreur. Dans les/'a€r(Mde[Iuescade 4247, il est question des ;unto5 comme d'une in>tilution existant déjà depuis longtemps; mais la faiblesse du pouvoir royal ne pouvait en assurer le funclionncment régulier, c est alors que l'iniliaiive privée Inter- vint et que les habilants des villes s'engagèrent les uns envers les autres àà'aider pour la repression du brigandage et le maintien de Tordre public. Nous avons parlé ùeijuntas à propos de Torganisa- tian judiciaire de TAragon eidu royaume de Valence. En tant que divisions administratives, elles étaient remplacées en Catalogne et dans le comté de Kibagorza par dos vigueries. Jacme voulant , sans doute, faciliter la création d'une hermandad en Catalogne , avait orduoné, en 4257, à tous les paysans des environs de Barcelone, d'avoir chez eux une arbalète avec cent traits ou bien une lance et une épée pour se défendre mutuellement contre les malfaiteurs. Une amende était infiigée à celui qui refusait d'aller au secours d'un voî>ifi attaqué. (Voy. archives de la couronne d'Aragon, reg. IX, f" 44 et Coleecion de doeumentos ineditos del archiva de la corona de Aragon^ X. Yi,p. 424.)

524 LIVRE !▼ « CBAPITEE I

Savoie contre les villes du PiémoDt révoltées, dont Charles d*Anjou cherchait perfidement à s'attribuer la seigoeorie.

La maison de France et la maison d*Aragon se relroa- valent donc en présence sur un nouveau terrain. LItalie, terre arrosée de tant de sang, allait être le théâtre de ce drame, dont le premier acte, obscurément commencé sous les murs d*Asti, devait finir au son lugubre de la cloche des vêpres siciliennes.

Des projets ambitieux s'étaient emparés de Pesprit du Conquistador. Il rêvait de faire tourner au profit de sa race la Intte gigantesque de la Papauté et de la maison de Souabe. L'Aragon et la Castille semblaient vouloir se partager ladjpouille des HobenstauTen; tandis qu'Ai- fonse X, séduit par Téclat du diadème impérial, essayait de se faire accepter comme successeur des Césars d'Aile* magne, Jacme prenait ses mesures pour assurer à sa famille , dans un avenir plus ou moins prochain , la partie italienne de l'héritage de Frédéric II. C'était la meillenre part et la plus accessible: l'avenir le prouva, en réalisant, au moins en partie, le rêve du grand monarque de TAragon.

Au moment nous sommes parvenus, le trône des Deux-Siciles était occupé par le bâtard Manfred , prioce impie et dissolu, mais brillant, chevaleresque, «vivant de la manière la plus magnifique. . . . grand dans ses actions et dans sesdépensesV > Le Saint-Siège poursuivait en lui « la race de vipères > des Hohenstaufen , et cher- chait dans la chrétienté un prince disposé à accepter le don périlleux du royaume des Deux-Siciles. Pourquoi ce prince ne serait-il point de la famille d'Aragon, si dévouée à la Papauté , si redoutée des Sarrasins amis

* Chronique de Ramon Muntaner, cbap. xi.

PROJETS SUR L'ITALIE 325

de Frédéric et de Mânfred? Mais il était pradent de donner one apparence de légitimité à cette substitution aux yeux des partisans de la maison deSouabe, et rien 06 pouvait mieux servir un pareil projet que le marifige dd l'infant Pierre d'Aragon avec Constance , fille de Manfred et de Béatrix de Savoie. Les relations d'ami lié que Jacme avait eu le soin de nouer avec le comte de Savoie contribuèrent certainement à faciliter la négo* ciation de cette affaire.

La politique matrimoniale de la maison de Barcelone ne se démentait pas en cette occasion. Après avoir choisi pour gendre le catholique roi de Castille et le saint roi de France, s'allier à Manfred le bâtard, à Manfred Texcommunié, ce n'était point une monstrueuse incon- séquence, mais bien un acte d'habile politique, qui faisait entrevoir à l'Italie, au Saint-Siège, à Manfred lui-même, 'apaisement d'une lutte formidable dans l'avènement au trône des Deux-Siciles d'un descendant des pieux mo- narques de l'Aragon.

En juillet 1260, les ambassadeurs de Manfred arri- vèrent à Barcelone, et, le 28 du même mois , le traité de mariage fut conclu^ au grand scandale de la chré- tienté. Alfonse X, le premier, écrivit à son beau-père et lui envoya un de ses ricos Iwmes pour le dissuader d*une pareille alliance*. A ce blâme , Jacme opposait le désir de Manfred de rentrer en grâce auprès du Saint-Siège. Sur ces entrefaites, Urbain iV monta sur le trône pon-

* Archives de la couronne d'Araq^on, Parchemins de Jacme !•' , ii®» 4619 et 1620 ; Cohccion de docamenios inedUos, t. VI, p. 151.

« Parla mômeleUre,ie roi de Camille ilûsapproiive un projet de voyage! oulre-m t dont Jacme lui avait parlé. Ce document se trouve aux archivci d'Aragon, Parchemins de Jacme I", n*» 4630. Il a été publié dans la collection des documents inédits deces archives, t. VI| p. 133.

826 uTife IV 9 cHAfmt I

tifical, 6t le roi d*Aragon envoya à Rome Ramoft Penyafort pourobteDirle pardon da bâtard de FrédéricH. Le Souverain Ponlife se montra inexorable. L*Egli€e, répondit Urbain, a pardonné plusieurs fois à Manfrêd et toujours il est retombé dans ses crimes; comme bâtard^ il est indigne de porter le sceptre; comme rebelle, dé* baucbé, meurtrier, oppresseur de TEglise, complice des Sarrasins, traître à sa tamille, il ne mérite aucone pitié. Que le roi d^Aragon , ajoute le Saint^Père , prenne bien garde de souiller la pureté de son antique et glo- rieuse race par une alliance avec un prince frappé de$ anathëmes de l'Eglise, et, après avoir combattu dès ses jeunes années les ennemis de la foi , de rechercher maintenant leur faveur et leur amitié V

Les instances du chef de la chrétienté ne purent modifier les résolutions du souverain aragonais , mais elles firent naître des scrupules dans la conscience de saint Louis, et il fut question un instant de rompre le mariage, non encore célébré, de Philippe de France avec rinfanle Isabelle. Jacme leva cette nouvelle difficulté eo déclarant que Tnnion projetée entre Tinfant Pierre et U fille de Manfred ne cachait aucune arrière-pensée hostile à TEglisede Rome ou au roi de France*.

Saint Louis rassuré consentit au mariage de son fils , et, au mois de mai 1262, la princesse Isabelle d'Aragon, qui atteignait sa douzième année, épousa, à ClermontfD Auvergne , le prince Philippe de France , devenu héritier

* Voy. la leUre d'Urbain IV dans les AnnaUt eceles. de Baynaldi, adann. 4262, n<^9à 45.

* Voy. Raynaldi, Annaleê eoeleê., ad ann. 4SC2, 46 et 47. U déclaration du roi d^Aragon est conservée aux archives de Tenipiret carton J, 587.

MARIAGB JDE h'rSVAfn PIERRE 329

delà cooroooe par la mort de Loais* sanfràre alné^ Le mois suivant , « se trouva à Montpellier le roi d*Aragon enJaume avec grande chevalerie» Tiofant^n Pierre, Tinfant en Jaume et leur sœur madame Marie« qui était fille et des plus belles femmes du monde; U cour fut moult grande et ri^he^ » La fille de Maofred venait de débarquer au port de Lattes, accompagnée de Boniface d*Ângiano , comte de Montalban, oncle de Hanfred , et des ambassadeurs que le roi d* Aragon avait envoyés en Sicile pour recevoir la princesse des mains de son père: c*élaient Fernand Sancbez, fils naturel de Jacme,et le chevalier catalan Guillemde Torroella.

Constance de Sicile avait quatorze ans, et « c'était bieB» dit Muntaner, la personne la plus belle , la plus sage et la plus honnête qu*on put trouver. » Quant au jeune prince d'Aragon , il comptait , au dire du même auteur» parmi les chevaliers du plus haut et du meilleur cœur qui furent jamais an monde et qui naîtront jamais'. »

Le mariage fut célébré, le 13 juin 1262, dans Téglise de Notre-Dame-des-Tables^, et suivi de fêtes magnifiques»

* Voy. Le Nain de Tilleroont, Vie de saint Louis, chap. cccxciv.— D. Vaissète, Hist. de Long,, liv. XXVI, chap. u. *-* L'acte par lequel saint Louis constitue le douaire d^lsabelle d'Aragon existe aux arcbi- ves de l'Empire (carloii J. 587} et aux archives d-Àragon (Parch. de Jacine I*', n<> 1709); nous le [publions dans nos Pièces justifica- tives, n*3UV.

* Chron. de Bernât d'Esolot, chap. li.

3 Chron. de Ramon Munlanor, chap. x et xi.

* r^ contrat de mariage de Pierre d'Aragon et ûe Constance de Sicile a été publié par D. Vaissète. {Hist. deLâng.^ éd. in«f», t. ill, Pr. n<>cccxLi.)L4n(àDt d'Aragon transféra à sa nouvelle épouse la pro- priété des biens qui font l'objet de la donation à causedes noces en lui éonnafit un couteau fermé (cultellum fUxum). On trouve aux er* ehives d* Aragon les actes suivants relatifs à ce maiiiage : l"» Pouvoir donné à Raymond Gaucelin, seigneur de Lunel, parent te roi et

S28 LITBB IV, CHAPiniB 1

car Pierre était depnis deux ans Théritier présomptif de la couronne aragonaise. L^infant Alphonse était mort od 1260 , au moment ou venait de se conclure son mariage avec Constance , fille de Gaston de Honcada , vicomte de Béarn .

Après Tunion qui venait d*étre bénie dans l'église de Notre-Dame-des-Tabies , le Conquistador put espérer voir bientôt le sceptre de Tltalie méridionale dans les mains de son fils Pierre. Mais on sait comment Ur- bain IV , « au grand dam de toute la chrétienté >, dit le Catalan dTsclot , donna le royaume des Deux-Siciles à Charles d'Anjou , et comment le grand Jacme descendit dans la tombe sans avoir pu assister au triomphe de ses combinaisons , que la tyrannie du meurtrier de Conradin se chargea de justifier.

Nous avons parlé de la mort de Tinfant Alfonse; c'est dire qu'un nouveau partage des États aragonais devint nécessaire. Pierre, prévoyant qu'il aurait à se plaindre de cet acte , mais n'osant pas résister aux volontés de son père, assembla secrètement, dès le 15 octobre 1260, quelques personnes recommandahles de Catalogne et d'Aragon , en tête desquelles il faut nommer le saint et docte Ramon de Penyafort, et , en leur présence, pro- testa contre tout partage dont le roi son père voudrait

son lieutenant à Montpellier, pour traiter avec le roi de Sicile du payement de la dot de Constance (Reg. XI, 226); Procura- tion à Fernand Saocbez, fiU du roi, pour conclure le mariage de Pierre avec Constance de Sicile, et Talliance de TAragou et de la Sicile contre la Casiille (Reg. XI, f. 244); Déclarulioii de Bo- niface d'Anglano au suj'ii du payement de la dot de Con5ianoe (Par- chemins de Jacme l*', 4708) ; Donation à cause de noces el affectation de certains domaines à la garantie de la dol de la pria- cesse de Sicile (/dem, Hoô); Modification à Tacte qui pré- cède (Idem^ no* 4786 et 4787).

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IfOUYEAU PARTAGE 329

Ini faire jurer l'observation, déclarant que, si un pareil serment lui était demandé, il obéirait par respect pour son père , par crainte de se voir déshériter ou de porter préjudice au royaume, mais qu'il ne se croirait pas- engagé *.

Ce fut le 21 août 1262 , à son retour de Montpellier, que le roi procéda à un nouveau partage de ses États: il donna à Pierre les royaumes d'Aragon et de Valence , avec le comté de Barcelone ; à Jacme , les Baléares , Montpellier, le Roussillon , le Confient, la Cerdagne, le Valespir, Collioure et la suzeraineté de la vicomte de Cariât. Mais , en séparant le Roussillon et ses dépendances de la Catalogne , il n'entend pas les soustraire à l'empire des lois catalanes; il veut, en outre, que la monnaie de Barcelone ait cours dans ces pays. II substitue ses fils l'un à l'autre, et, si les domaines qui forment la part de l'infant Jacme viennent à passera des possesseurs qui ne soient pas descendants mâles du testateur, ils devront être tenus en fief du comté de Barcelone. Pierre perdra ce droit éventuel de suzeraineté s'il attaque le partage sans y être provoqué par son frère. A la suite de ces disposi- tions, les infants se déclarent satisfaits et promettent de s'aimer et de se défendre mutuellement * ; promesse peu sincère de la part de l'ainé deâ deux princes , qui , néan- moins , sut dissimuler son mécontentement.

Tandis que le roi mettait tous ses soins à assurer l'ave- nir de ses enfants et à leur ôter tout sujet de discorde, il persistait dans sa politique de paix à l'égard des chré-

* Ârch. de la couronne d'Arngon, Parch. de Jacme !•', n*>4636; Colleceion de documentos ineditos^ t. Vf, p. 455.

Arctiive>de la couronne d'Aragon, Parch. de Jacme I*', n*> 4720. Ce partage ou testament a été publié par dWchery (Sptct/e^ium, t. UI, in-fo, p. 638) et par Marlène et Durand {Thésaurus novus anscdot., t. I, p. 4 439.)

330 LITmS Vf Y CBAHTIIB 1

tiens assez impradents poar essayer de faire sortir te iion de son repos dédaignenx.

A rintériear, ce sont les barons, pour qni la réfolteest rélénient vital * ; au dehors, c*est le roi de Castille , tou- jours mécontent et jaloax, tonjoars hésitant entre paix qui Thumilte et la guerre qu'il redoute. Comme pour se donner quelque droit à tenir le sceptre de Charte- magne, Alfonse X ressuscite une vieille prétention dessou- verains castillans au titre d'empereur des Espagnes; Jacme proteste *, Alfonse ne persiste point; le poids de deux couronnes impériales eût écrasé ce front de savant, trop faible pour soutenir dignement la seule couronne de Castille.

Dés les premières années de son règne , Alfonse avait paru décidé à [réaliser un projet conçu par saint Fer- nand : il s'agissait de porter la guerre en Afrique et

* Le 2 novembre 4259, le roi offre de terroineren justice sesdiffé- rends avec plusieurs seigneurs qui sont prêts à lui déclarer la guerre ; il écrit à ce sujet au vicomte de Cardona , Tun d'eux. (Ar- chives d'Aragon, Reg. XI, f^ 261 et 262.) Le 49 avril 4260,11 somme Alvar, comte dTrgel, d'avoir à comparaître à Barcelone pour sou- mettre la contestation qui les divise au jugement d'Olivier de Ter- mes et dePevôque de Rircelone. (Arcb. d'Aragon, reg. XI, ^278.] Le 5 juin de la môme année/ il ordonna aux officiers royaux de Perpignan, d'empêcher tout commerce de ses sujets de Roussilloe avecdiux qui lui font la guerre. (Arch. d'Aragon , reg. XI, p. 177.) Alvar, comte d'Urgei, qui figure au nombre des révoltés, avait en ee moment de grands démôlés avec l'autorité ecclésiastique, pour avoir épousé Cécile de Foix durant la vie de sa première femme, Constaoee de Moncada, dont il n'avait pas été régulièreraeni séparé. Les docu- ments no» 4740 à 4745, 4731, 4737, 4744, 4778 et 4810 ées Parche- mins de Jacme 1*' > aux archives d'Aragon , sooi relatif à oeUe affaire.

* Quelques lignes de celle protestation, datée de llora , 9 des kalendds d'odobre (23 septembre) 4259, peuvent se lire encore an 248 du reg. XI des archives d'Aragon.

I

PROJET DB CROISADE GASTltLANE 351

d*aDéaDtirl6 foyer de rislacnisme occideotal; mais lés nombreux événemeols de cette époque agitée avaient à plusieurs reprises contrarié l'expédition. En 1260, pour la quatrième fois depuis son avéoement, le monarque castillan était prêt à entreprendre la croisade. Les na* vires qu^il avait fait construire dans les chantiers de Se* ville et de la Biscaye attendaient pour mettre à la voile la multitude de guerriers chrétiens qu'ils devaient em- porter vers les rivages du Magreb. Alfonse fit prier son beau-père d'autoriser les seigneurs aragonais à prendre part à la guerre sainte. Cette permission fut accordée seulement aux ricos homes eismn chevaliers qui avaient reçu du roi des terres ou des rentes. Jacme demanda, en outre, que la croisade ne fût pas dirigée contre Témir de Tuois, avec lequel il avait conclu un traité de paix dans rîDtérét du commerce lucratif que la Catalogne et le royaume de Valence faisaient avec les pays soumis à ce prince. Le roi de Castille ne cacha pas son mécontente* ment en apprenant ces restrictions : « Si nous vous avons demandé cela, écrivait-il à son beau-père, ce n'est point, grâces à Dieu, que nous ayons besoin de votre aide, mais parce que nous voulions que dans un fait de celte impor- tance vous eussiez une part Nous pensons que vous

n'avez pas vu les lettres qu'on nous a adressées en votne

nom et nous vous prions à l'avenir de voir les

lettres que vous nous enverrez ou de les faire lire devant vous.'. . *

A ces aigres reproches, le Conquistador répondit avec le ton de calme fermeté dont il se départait rare- ment : « Eu ce qui concerne le Miralmofnùnin \ seigneur

* Corruption du titre ù^émir al moslêtnin, chef des musulmans , dignité qu'il ne faut pas confondre avec celle à*émir al fMmmmnm , chef des croyants, que s'allribuaient les kalifes comme chefs spi- rituels.

332 LIVRE IV9 CHAPITRE I

de Tanis, vous savez qu'il a tant de relations avec nous et qu*il a tant fait pour nous, qu*il ne serait pas bien que nos hommes partissent de notre terre pour aller lui faire du mal.... La meilleure force qui soit entre les rois, c*est la bonne foi, et nous savons que vous respecterez notre parole comme nous respecterions la vôtre*. Sur le chapitre de nos vassaux nous vous répondons que, par suite des conventions qui existent entre vous et nous, nous voulons veiller à ce qu en aucune façon vous ne puissiez avoir un motif de favoriser ceux à qui nous ne voulons pas du bien*.

On craignit un instant que ce désaccord n'amenât la rupture de la paix précédemment conclue à Soria et dont toutes les conditions n'avaient pas été entièrement accom- plies. De nouvelles difficultés surgirent à cette occasion au sujet des frontières de TAragon et de la Castille '. Alfonse renonça à sa croisade, et il aurait peut-être tourné contre son beau-père les préparatifs qu'il avait faits contre les musulmans d'Afrique, si, attaqué et battu par les Sarrasins espagnols, il ne s*était vu obligé d*implorer le secours du roi toujours victorieux.

L*émir de Grenade, Mohamed ben Alhamar, en appa- rence allié de la Castille, « voyait depuis longtemps, disent les chroniques musulmanes, que ce serait chose

* Nous avons vu que la conduite de Jncme ne démentit jamais cette déclaralion. Que deviuiit le reproche de perHJie, si Ic^èroiRâOt adressé au Cnn{uistadur comme à tou< les chrétiens de son temps, lorsqu'il s'agit de leurs rapports avec les miHulmans ? C'est uu emprunt malheureux f.iil snus contrôle aux chroniques aralies.

2 On trouve dans le registre X, f»* 470 et 471 do> archives d'Ara- gon, quatre documents relatifs à' cette aiï.iire. Les deux que nous mentionnons ci-dessus ont été publiés dans la Coleccion de docunun-' tosinedilos del archiva de Aragon^ t. VI, p. 449.

Archives d'Aragon,'reg. XI, ^ 472.

RÉVOLTE DB l'aMDAOUSIEL 533

difficile qae de faire durer son amitié avec les chré- tiens; car, comme ils sont nos ennemis naturels, pour le moindre prétexte, ils sont portés à nous faire du mal. Jamais Tabsinthe ni la coloqninte n'ont perdu leur amer- tume, et Ton ne doit point espérer que la ronce produise des raisins*.» Ben Alhamar n'avait jamais cessé de se tenir sur ses gardes, prévoyant une lutte prochaine, et encou- rageant secrètement à la révolte les Maures sujets ou tri- butaires de la Castille. En 1261, insurrection éclata dans TAndalousie et dans le royaume de Murcie. L'émir de Grenade hésita d'abord à soutenir ouvertement ses coreligionnaires, puis il entra résolument en campagne et battit Alphonse X près d'Alcala de Ben Zaide, aujour- d'hui Alcala la Real.

Après avoir essayé quelque temps de résister seul aux rebelles, le roi de Castiile se sentit impuissante com- primer un mouvement dès longtemps préparé, et au- quel des secours incessants, envoyés par les Mériniles d'Afrique, donnaient chaque jour une nouvelle force. C'est alors qu'Alfonse songea à implorer Taide du Con- quistador; mais « à cause des fauies dont il s'était rendu coupable envers son beau-père*», il n'osa s'adresser lui- même à Jacme et fit agir la reine sa femme Yolande supplia son père «de ne pas souffrir qu'on dépouillât ses enfants de leur bien.. . car les Maures leur avaient enlevé presque toutes leurs terres, à l'exception d'une petite partie *. »

L'occasion parut bonne aux conseillers de Jacme pour exiger d'Alfonse la satisfaction de tous les griefs de

* Conde, Historia de la dominadon de los Arabes en Espana ,

t. m. p. 43.

3 Ghron. de Jacme, chap. ccxui. » Id.,id.,id.

SS4 Liniv iv, GHAriT»

TAragon contre la Castiiie ; mais le roi refusa de foire tourner à son profit la détresse d*an prince cbrétienV D*ailleurs, si le roi de Castiiie perdait sa terre, dit-il à ses conseillers , nous serions peu en sûreté dans la nôtre. Mieux vaut donc aller lesecourir dans son royaume que de nous Toir bientôt obligés à défendre le nôtre *. »

Il convoqua les corts catalanes à Barcelone et les cortès aragonaises i Saragosse, pour leur demander des secours, mais non pour avoir leur avis : «car il n*y a pas chez tous ceux qui les composent autant de sagesse et de valeur qn*il le faudrait, et nous avons éprouvé qu*ils sont toujours opposés dans leurs opinions, lorsque nous les consultons sur quelque fait d*importance '. »

Sans attendre la réunion des deux assemblées natio- nales, dont les délibérations ne pouvaient en rien influer sur la décision irrévocable du Conquistador, on travailla avec activité aux préparatifs de Texpédition. Une flotte venait d'être construite et équipée pour servir sans doute à une croisade dontre-mer que Jacme projetait à cette époque. Pedro Fernandez, Tun des fils naturels du roi, en reçut le commandement avec le titre d*amiral des galées armées contre les Sarrasins^. Aroaltde Fontova,

^ Par une lettre datée du 3 mai 4263, Alfonse de Castiiie propose a Jacme de régler leurâdifforeiidsau moyen d'une sentence arbitrale. (Arch. d^Âragon, reg. XU, f** 33.) t.e roi d'Aragon avnit reçu le me5. nge de sa flile le dimanche des Rameaux de la même année , à Sixena, « nous célébrâmes cette fôte, dil-il, pour honorer le mo- na<(tèrequ*y avait fondé notre aïeule doua Sancba. » (Chronique de iacme, chap. ccxlii.)

* Ghron. de iacme, chap. ccxui. ' /d., id., td.

* Cette nomination du S des ides de février 4i63 (6 février ISSi], se trouve dans le registre XII, ^ Mt de^ archives d*Aragon ; elle fut renouvelée le S mai suivant et accooipagnée d^ua sauf-conduit en faveur de tous ceux qui suivraient Pedro Fernandezdansion eapédi-

PREPARATIFS DE l'BXPÉOITIOH DE MDRCIE 335

F4rm de Uzanoa, XimeDO Ferez de Ayerve, Fortun de Ahe, Fortun Per^ de Isaerre, furent mis à la tête des troupes aragonaises V

Les corts de Catalogne se réunirent à Barcelone, au mois de novembre 1204 ; dès le début de la session, le roi YJnt se heurter contre le formalisme des représentants de la nation catalane.

Dans les assemblées des Etats aragonais, dès que le roi afa^il prononcé le discours de la couronne (qu'on Dous permette cette expression moderne, parfaitement applicable aux assemblées nationales du Xlil* siècle), chaque ordre exposait les griefs de la partie de la nation qu*il représentait, contre le pouvoir exécutif ou ses agents. La discussion sur ces plaintes et sur les satisfac- tions à accorder devait précéder toute autredélibération; mais le roi, impatient d*aller combattre les infidèles, crut celte fois pouvoir passer outre. Le vicomte de Cardona, qui avait des griefs personnels à faire valoir, réclama avec insistance contre cette violation des formes ré- gulières, et fut soutenu par la majorité de rassemblée. Le roi, irrité, leva brusquement Ja séance, déclarant qa*il allait quitter Barcelone a aussi mécontent qu'un seigneur puisse Tétre de ses vassaux.» Les corts sup* plièrent Jacme de ne pointquitter la ville, lui promettant, s*il voulait bien accéder à la demande du vicomte de Cardona, non-seulement de le servir de tout leur pou- voir dans l'expédition projetée, mais encore de voter pour la quatrième fois l'impôt du bovatge, qui déjà lui

lion. (Arch. d'Aragon, reg. XIII, 467.} L\nrchevôque de Tarragone avait armé à ses fraisî une galère pour la croisade. Le 13 juillet 4264, le roi reconnut qu'il n avait le droit de rien prélever sur les prises que ferait ce navire. (Ârcii. d'Aragon, reg. XllI, P 49C.)

* Zurita, Anales, t. I, ^ 479.

336 LIVRE IV, CHAPITRE 1

avait été accordé trois foisV A ces conditions, la paix fat rétablie entre Jacme et ses vassaux catalans *.

Trois semaines après, le roi ouvrait les cortès d'Ara- gon dans Téglise des Frères prêcheurs de Saragosse. Non minor est virtus quœrcre quam qwB sunl parla tueri, tel fui le texte du discours dans lequel Jacme, exposant aux représentants de la nation aragonaise tons les périls de la situation, conclut en leur demandant des subsides dont il ne croyait pas devoir indiquer publiquement la forme. Il se réservait de la faire connaître à deux ou trois ricos homes, qui communiqueraient ses proposi- tions à rassemblée. Ce mystère ne parut pas de bon augure à la méfiante noblesse, et, lorsqu'un frère mineur eut pris la parole pour raconter qu'un ange était apparu à un moine de son ordre et lui avait annoncé la délivrance complète de l'Espagne par les armes du roi d'Aragon, les barons, malgré la foi vive de leur siècle , ne virent dans ce récit qu'un moyen de surprendre le vote des cortès.

« Tout cela est fort bon, dit Ximeno de Urrea, mais il faut d'abord délibérer. >

Après la séance, le roi réunit chez lui quelques rico$ homes, et, leur ayant raconté comment les Catalans lui avaient spontanément offert rimpôt àa bovalge, il cher, cba à arracher à leur émulation un subside pareil.

Ennemis instinctifs de toute nouveauté, les Aragonais avaient, comme tous les peuples, de puissantes raisons de se défier de la nouveauté en fait d*impôts. On voit naître des impôts, on en voit rarement mourir; ceux qui

' ^ Le bovaige fut, en effet, voté par les cortès le 23 novembre 4â6i. Cet impôt n'était dû, comme nous l'avons déjà dit, qu^une foispar règne. ^ Yoy. Chronique de Jacme, chap. ccxua.

RÉSISTANCE DES ARAdOMÀIS 337

TieoDent au monde sous l'apparence bénigne d*ane con- tribution transitoire sont quelquefois les plus vivaces. C*est une tradition ancienne» et TAragon du XIII® siècle n'échappait point sans doute à son influence, puisque, non-seulement les barons convoqués par Jacme, mais tous les nobles auxquels la proposition royale fut commu- niquée, déclarèrent énergiquement qu'ils préféraient perdre tous leurs biens que voter le havatge. Fernand Sanchez lui-môme, ce b&tard du roi que nous avons vu investi des fonctions d'ambassadeur auprès de Manfrcd à Toccasion du mariage de l'infant Pierre, Fernand Sanchez s* écria en s'ad ressaut à son père : « Si vous voulez mettre le feu à tout ce que j'ai, commencez dès à présent par une extrémité, je sortirai par l'autre. »

< Seigneur, dit Bernât Guillem de Entenza, tout ce qne vous voudrez de mes biens et de mes châteaux, je TOUS le donnerai volontiers, mais je ne puis consentir à ce que vous demandez. »

« En ce pays, nous ne savons pas seulement ce que signifie bovaige^ ajouta Ximeno de Urrea. »

Le roi ne put contenir sa colère : « Vous êtes une mau- vaise engeance, répliqua-t-il, et je m'émerveille fort que

▼ons soyez si durs à entendre raison Par la foi que

je dois à Dieu, je ne pouvais m'attendre à ce que vous qui tenez de moi des fiefs, qui de vingt, qui de trente, qui de quarante mille sols, vous refusiez d'accomplir votre devoir en me servant, tandis que cette obligation est rem- plie par cenx de la Catalogne, qui est le royaume le meil- leur» le plus honoré et le plus noble qu'il y ait en Es- pagne; car il y a quatre comtes, qui sont celui d'Urgel, celai d'Âmpurias, celui de Foix et celui de Pallars ; on y compte quatre barons pour un qu'il y a ici, cinq cheva- liers, dix clercs, cinq hommes de ville pour un ici, et l'on

SE8 ufM. XT, cauiRM^ 1

doit d'autant plas.s'étonner de votre refnSt.ai l/oir eom^ dère. le béûéfice.qao Yonis en retireriez. %

La colère de Jacme n'eqt. pa$: en, Aragpoje, résgltat qa!eUe avait eo à Barcelone. Au lien d'eatamerdes i^- cîatioQs, les oiembres des cortès sortirent eo. niasse de Saragosse et se retirèrent à Âlagoo, ville forte af^rtor nant à un rico.home et situéeà mi-chemia delaJroQti^a de Navarre* Là» ils proclamèrent F I/niofi^ c'est-MîlV . b^ ligue de<la.aationiContre la pouvoir roy^» DeofichevaUen seulemeut restèrent auprès de . Jacme, Abaodoi^Qiè de seai sujets, le roi dut faire le premier pas. Par la^ bouclie» de r&féque de Saragosse, Arnalt de Peralta, qu*il euvoja auprès des révoltés, ;1 se déclara prêt, à, réparer les torts qu'il pouvait avoir envers soo peuple. Inis- rieoê lunim furent chargés de faire connaître au souverain le^ griefs de ses sujets ou, pour mieux dire, cew de U noblesse^ car. la nation aragonaise identifiait ses intérêts . avec ceux de Taristocratie, gardiennejalouse des libertés ptubli^ifes»

Les ricos homes avaient de nombreux-s^jet5. de plainte contre le souverain qui mettait tou3 ses.sQinevà^iafiaîbUr leur influence, à s'affranchir de. leur^ tutelle, à, laisser tomber dans Toubli la constitution politique de TAragep* Leur rancune lentement amassée attendait deppÎ3 : loec temps le moment favorable pour déborder: TimpAt! du bovatge ne fut qu*nn prétexte; ils pensèrent qn^à^^^^rai qui demandait des subsides on pourrait tarraober-lateoor damnation formelle de sa conduite politique passée «elk-b reconnaissance de privilèges si souvent méc^o^us fjèx lui»

Bernât Guillem de Entenza, Artalr de^Ailagoa^ et Fèrriz de Lizana, tons trois envoyés par les TebeHes# alle^ rent trouver le roi àCalatayud. Jacme lesireont/damifa.

* Quelques auteurs disent Ârtal de l4uuu

(âAfi'édi^ie'dé^ cette' vlll'ë, oiisé ^Mài^M ^ins' dk idm'é pbrsoûi^eâ: Itiiëîirogés par le roi, les ricos hvthes sé'plai- gDirent de la violation des fueros dti royaume. Jacme, feignant dene'cotinaUre d^autres/ti^ros que code de lèiè civiles rédigé par son ordre en 1247, dit' alors aux envoyée : « Faites-nous voir en quoi nbus avons viole les fuéroil et vous nous trouverez pfôt à redresser tort. N'eus aVô'ns le livre dù/Uero d'Aragon, noué ordonnons' qu'on le lise devant vblis chapitre par chapitre; vous nous direz en quoi nous avons failli, afin que' nous' puissions réparer Tinjustice. »

-- «C'est inutile », répliquèrent les' barons, et ils rétiiiifèntàu roi un mémoiï'e dans lequel se trouvaient énu-' nàièrés'les griefs et les réclamations de la noblesse. Voici la' nôàienclature qu'en donne Ziirita dans ses Anales^ :

t' Le roi distribuait àès honora aux mesnaderos et aut étrangers, tandis que'lés domaines de cette sorte devaient être exclusivement ré^eirirés aux Âfagonais issus d'une' (diki\të àericoê' homes de nùturàleza. Aux prélats seuls il ériaif permis d^en posséder dans certains cas dont les cortès étaient juges. Le baron devait pouvoir 'transmettre paf ' testament son honàr à l'un' ses enfants ou de ses proches pki*énts ; le service de l'host et celuï de la chevau- chée ne pouvaient être exigés des domestiques et des côlons des rico's Konies.

2* Lé'roi, au lieu d'ajpjpliquer lé^ /ti^roi^ du royaume à la^ëcisién des pfôcès, basait ses jugements sur le droit romain et les décrétale^ ; il s'entottratt de légistes ati lieu

* Jacme parle seulement dans sa chronique du reproche qu'on lui faUPiU idle s'entourer de « sages en droit » et de soumettre les affaires à tanaV déôisioni'Il traite tous les autres griefs des ricos homes de «pirétcrittj^sanspiedsni tète, avec lesquels les rebelles voulaient justifier leorftnilé » (chap/ gcl).

340 LITRS lY, GHAPITBB I

d*appeler les ricos homes à ses conseils, selon Tantique coutume du royaume^; il nommait l^justicia sans deman- der Tavis des barons.

3** La solde des tnemaderos était insuffisante.

4"" Le royaume de Valence , compris dans la conquête d*Àragon , devait être régi par les fueros aragooais et divisé en chevaleries au bénéfice exclusif de la noblesse d* Aragon. En donnant à Valence des lois particulières, le roi avait donc abusé de son autorité.

5*" Les officiers royaux vexaient les nobles en faisant des perquisitions illégales dans leurs maisons, que les/fi6- ros déclaraient cependant lieu d*asile, en saisissant sans jugement les honneurs des ricos homes, en exigeant des infanzons des preuves de noblesse arbitraires, en ne respectant pas la sauvegarde accordée par les fueros aux biens et aux familles des ricos homes qui se quittent dn roi.

G"" Le roi était tenu d*élever les fils des ricos homes, de les marier et de les armer chevaliers.

T Tout noble possesseur de salines devait pouvoir transporter gratuitement son sel et le vendre dans les domaines dn roi.

S"* La tentative d'introduction en Aragon des tributs d'herbatge ei de bovatge, inconnus jusqu'alors dans le royaume , était une grande injure à la nation .

Le comte Ramon Berenguer , prince d'Aragon, avait aboli illégalement d'anciens /uero«^ approuvés jadis par les Aragonais dans le monastère de SanJiian de la Prâa ; la nation réclamait la mise en vigueur de ces lois.

iO° Les ricos homes n'étaient point tenus au service

* Yoy. ci-dessus, liv. III, chap. vn, p. 484, note 4. > Bernât Goll- lem de Entenza accusait en particulier les légistes de l'avoir fait frus- trer de certains droits auxquels il prétendait comme petit-fils du dernier seigneur de Montpellier de la maison des Goillem.

6BIBFS DBS NOBLES d'âBAGOH 341

militaire hors dn royaume et pour une guerre qui n'in- téressait pas directement la nation.

1 TLe comtéde Ribagorza avait été illégalement distrait du royaume d*Aragon pour être réuni à la Catalogne.

12^ Les fils du roi nés en légitime mariage ne devaient point posséder des honors V

Tels étaient les griefs des Âragonais contre leur sou- verain ; telles étaient les causes qui engageaient la noblesse à se séparer du roi afin de le rappeler à l'observation des fueros « qui ne peuvent dépendre d'aucune autre volonté que de la volonté de la nation. >

A ces plaintes et à ces reproches , le roi répondait en contestant quelques-unes des assertions des rebelles, en maintenant son droit sur certains points, en faisant des concessions sur d'autres, en donnant sur presque tous Texplication de sa conduite.

D'une part, il niait avoirjamais invoqué dans les causes civiles d'autres lois que les fueros, toutes les fois que ceux-ci avaient suffi à la décision du procès; il niait encore avoir manqué aux obligations que la coutume lui imposait à l'égard des ricos homes , de leur famille et de leurs biens. D'un autre côté, il affirmait avoir le droit d'enlever à son gré aux barons les honneurs qu'il leur avait donnés; de s'entourer de légistes afin de s'éclai- rer de leurs conseils ; de nommer seul et sans l'assen- timent desrtco^ homes \ejusticia du royaume; de main- tenir le royaume de Valence indépendant de T Aragon, et de lui donner des lois en harmonie avec l'esprit de ses habitants; il contestait l'exactitude de la tradition relative au fuero de San-Juan de la Pena , et refusait de revenir sur la prétendue illégalité commise par Ramon

* Zurila croit qiiMl s'agit seulemenl des fils âe Jacme nés de la reine Teresa Gil de Vidaare.

3^ ,VW» ^'

BerâDgqer I¥, il y avait plus A'un siàele. ilvlin kfffffi déclarait n'avoir octroyé des domaiiiies en iofior k^ 4il^ memocfero^ que parce qu*il ne pouvait plus icomplter lar les ricos homes, tonjoars prêts à s'affranchir de Jiams obligations envers le souverain; il renonçait au try^pts à'herbatgeetdebovatge, qu'il n'avait jam^^is voulu iii|i- poser contrôla volonté de la nation \; il cédaîjt spr tçus les autres points , et renouvelait sa promesse d'observer ^délement les fuerof, dont il n'avait jamais^ 4a reste l'intention de s'écarter.

< Barons , ajouta-t-il en^iite d'un ton c^Vjèr|9 * M W parait que vous en usez comme les juifs Mxec Nôtre- Seigneur, lorsque , l'ayant pris le jeudi , la uuit àa ^ Cène, ils l'amenèrent devait Pilate pour y être jugé e^ crièrent : Crucifige! crucifige ! Ainsi faites*vous , )orsqu9 vous dites que je vous désafuère , sans me faire cppn^^riB en quel point, et lorsque vous refuse^ d'accepter la satisfaction que je vous offre ; car jamais vas$au;i n'pn^ soulevé telles discussions avec leur seigneur. £t sachez, barons, que deux choses seulement favorisent votre obsti- nation à demeurçr en révolte sur notre terre : la pre* mière, c'est Tobligation nous sommes d'aller aider le roi de Castille à qui nous ne pouvons faillir aprè^ notre promesse ; la seconde , c'est notre sagesse, qui nqffs empêche de marcher contre vous en cette çonjoDctucfu Car, si ce n'était cela , il n'y aurait au monde montagne ni plaine, muraille ni rocher, dont vous ne fussiez chassés par nous , et pour un chevalier que vous auriez , nous en aurions trois, qui , loin d'être de votre parti » n's^^raient point de repos qu'ils n'eussent fait le plu^ de ^al po»-

* D'après D. Vaissete , Jacme aurait tenté à la même époque d'établir la bovatge à Montpellier ( Hist, de Lang.. liv. JVf\, chap. Lvi).

BRTJUnfUB n GâIiATi.TIID MS

sMa à ^M|Mrr80DiMS et à T08 biens ; et nous aurions en oifirb les cMfe d*ÂTagon et de (^tâtogne qui se déclarè- raièM ^(^ enfremies^ et qai entendent antant qae vons ft ^re^k'gvMte. Vous voyez donc que, ayant povir nous le pewtôir, ie savoir et ravoir, nous devons nous inquiéter peu votre révolte, qui n'a aucun fondement

Cette scène, dont h cathédrale de Galatayud fut l'im- posant théâtre , peint sur le vif la lutte sociale du Xlli* siècle : Qfte aristocratie attaquée par la royauté, supplantée dans les tribunaux par les légistes, égalée sur lei; éhampsâe bataille parles milices bourgeoises, s'atta- chantàses privilèges avecd'autant plus de ténacité qu'elle les veitplns sérieusement menacés, devenant d'autant plus inquiète et méfiante qu'elle se sent plus près de sa fin ; en faee^ une royauté calme, forte, sévère, invoquant la loi alors même qtL'elle l'élude, légitimant la hardiesse desee réformes par la droiture de ses intentions, abritant derrière la violence de sei adversaires la calme illégalité de sa conduite ; comme témoin de la lutte, le peuple, instinctivement sympathiq\ie, même dans cet immobile Aragon, au progrès que personnifie la royauté, mais n'osant se pronoucer contre les barons, défenseurs du vieil esprit national ; autour de ces agitations, l'idée reli- gieuse, qâi les enveloppe comme d'une atmosphère sacrée; Didtt se laissant entrevoir au-dessus des passions ce monde , et dirigeant l'humanité à travers les épreuves quMI lui a préparées : tel était le Xlir siècle, à quelques flttances près, su^ tous les points de l'Europe chrétienne, et tel il nous Apparaît dans la solennelle entrevue dés MMns rebelles et de leur roi , au milieu de la foule qui reai{itiss&U la né^ de Notrè-Dame-de-Galatàyiid.

* Gbroaique AbJwm, ebap. <:tL.

?44 LITRE IV , CHàPITBB 1

Après les paroles de Jacme, les trois envoyés se reti- rëreDt sans cacher leur mécontentemeot. Outre la ran- cune que la haute noblesse, prise en masse et comme caste, nourrissait contre un souverain réformateur, la plupart des ricos homes avaient à faire valoir quelques griefs particuliers : c*étaient des honors que le roi avait retirés à des barons , des vassaux révoltés qu*il avait soute- nus contre leur suzerain, des prétentions à une dignité on àun héritage qu*ii avait refusé de reconnaître. Ces plaintes toutes personnelles, qu*on présentait seulement en seconde ligne, étaient en réalité Tobstacle le plus sérieux à la réconciliation.

Parmi les ricos hotnes^ les plus ardents à la révolte étaient ceux qui tenaient de plus près au roi. Bernât Guillem de Entenza, le fils du héros du Puig Sainte- Marie, qui avait reçu de Jacme « tout ce qu*il possédait en ce monde > , ne se souvenait des services et de la fidé- lité de son père que pour y trouver un grief de plus contre son parent et son bienfaiteur. Le bâtard Fernand Sanchez , qui devait au roi son père, la baronnie de Castro et de nombreuses faveurs, allait publiant partout les prétendus torts de Jacme à son égard, et excitant Tar- deur des conjurés.

Cependant les négociations furent reprises peu de temps après Tentrevue de Calatayud ; le roi fit de nou- velles concessions et proposa de soumettre le différend à des arbitres; mais les ricos homes restèrent intraitables. Jacme résolut alors d'employer la force pour réduire les rebelles. A la tête des barons catalans et des milices communales, il s'empara de quelques places fortes et jeta l'effroi parmi les conjurés, qui demandèrent bientôt à négocier. Les évéques de Saragosse et de Huesca furent acceptés pour arbitres; une trêve fut conclue pour per-

FUBBO d'bxea 345

mettre an roi d'aller au secours d*AlfoDse de Gastille; elle devait expirer quinze jours après le retour de Jacme dans ses États. Le roi, de son côte, promit de rendre aux rebelles les biens qu*il leur avait enlevés.

Sur ces entrefaites, révoque de Huesca tomba malade, celui de Saragosse refusa de se prononcer. Jacme dé- sirait cependant hâter la conclusion de cette affaire; car, d'un côté, il importait de profiter des dispositions pacifiques des ricos homes^ et , de Tautre, Tépoque de la moisson étant arrivée, les combattants des milices commu- nales désertaient Tarmée pour courir à leur récolte. Le roi se décida alors à réunir les certes aragonaises dans la ville d'Exea pour leur soumettre son différend avec les barons (i 5 avril 1265).

La décision de l'assemblée fut rédigée en forme de fitero; voici la substance des dix articles qui composent cette charte :

I"* Les honora seront exclusivement réservés aux ricos homes de naturaleza aragonais et non étrangers ;

2* Les ricos homes, chevaliers et in/anzon^ d'Aragon, sont exempts à perpétuité des tributs A*herbatge et de bovatge ^ ;

y ne pourra jamais, dans les affaires judiciaires, procéder par voie d'enquête {inquisicion , pesquisa) contre des nobles aragonais ;

4"" Il suffira pour la preuve de noblesse, du témoignage de deux chevaliers parents ou non de la partie inté- ressée; le roi n'aura d'autre recours contre eux que de

* Par un acte en date du 47deska1endes de février 1264 (16 Jan- ▼ier 4265), le roi avait reconnu que les Aragonais devaient être exempU des impôts à'herbatge et de bovatge. Le môme documenl règle l'importation du sel et en prohibe Peiportation. (Ârch. d'Ara** gon, reg. XIII , fo 250.)

916 LIVBÊ IT, CBinTRB I

prrarer gif lis ont èt$ parjures ; les droits à payer ponrles lettres confirmatives de noblesse sont fixés à trente ïoIs^,

5* Le jnsticia d* Aragon, assisté des ricos hatneê et 4es chevaliers présents à la cour qui ne seront pas pattiie au procôs , sera juge des contestations civiles et criminelles entre le roi et les nobles. Avec la participalton du txA , des ricos homes , chevaliers et infanzons non intéressas dansf affaire, il jugera tous les procès entre nobles ;

6* Les infanzons pourront acquérir les immeubles ttei hommes du roi et les posséderont en franchise;

T Le roi ne pourra donner des terres ni des hone/fÈii ses fils nés de la reine ;

8* Les nobles possesseurs de salines continueront aies exploiter d*aprés Tusage qu'ils ont suivi jQsqu*i ce jiMr;

9* Le rico home qni conférera la chevalerie à un in- digne, devra être privé de son honor, et, s'il n'en apai, il sera déclaré incapable d'en posséder à Tavenif ;

lO*" Le justicia d* Aragon sera toujours pris dans la classe des chevaliers.

On voit que , sur presque tons les points , les coftès donnèrent gain de cause aux ricos homes^. Le fuero d*Exea renferme dans ses dix articles la condamnation de la conduite passée du roi et la confirmation des privi- lèges de la noblesse. C'était un échec pour lacme, mais un échec plus apparent que réel ; car aucune puissance humaine ne peut faire rétrograder les idées, et il n'était au pouvoir de personne d'enlever à la royauté la force et le prestige qu*elle acquérait chaque jour aux dépens de l'aristocratie.

* Yen la niêmeé|KNiii6 le roi se vit obligé d'autoristr les nobtai aragouaispostessloonÀ dans le rôyaniBe de Yaienoe à appliipMr dani leurs domaines te lois de l'Aragoo. Ge fut* dit Zurîta» ima source de quereUes entre les seigneurs et les oflbsiete rofUix.

CHAPITRE II

Rapports de Jacme^vec lecleijgé et le Sdnt-Siége. ^- Vie privée ^i^foi* 'quistador. Ses bâtards : Fernand Sanchez de Castro^ Pedro Fernande^ de Hijar. ^- Ses maîtresses : filanca de Antillon , Berenguela Feman- dep. Ses femmes morganatiques : GuiUenna de Cabrera , Teresa Gil 4e Videiire. rr Bei^e^gi^la Alfonso. -;- Confâsaion duroi.rrf Repaoebas diaPApe. GQrïqpèHfi ^u royaume à^ Mw^jç. -^ L^ infaa}? Pierre i9t jacme. -r Lettre de Clépent IV.

JPeqd^Dt la querelle du roi et des rim hm^$ , d^ se» rjja^ç^s djffiçiflté^ ^'étaioDt élevées entre le §^iQt-^i4gQ ej la coRjrpqpe çJ'Ar^gop.

Fils )r^^piBctQeaî de VEglisiB et fils repqnnaissaq^,. JACPia oe çroy^jt pas cependant que s^gratiti^de dût a)lçrjQ^ qjfk^ couf proipeMre par uqe aveqgle cpnde^cepd^nQû les iotéf éts (]Qqt un ^ouyeraiq doit çopapt^ h, Dieu etji ^^ peuples. Qd ^ t^e^ucqup parlé ()ps efQpiétemeDU da la cour de Rome ; le mQiqeQt uq nous trf^çoos ces ligU9$ sarf(i( mal ol^oi^î pour reyenirsurcq scuet ; mais, à (optes Ips époques, l'histoire impartiale applaudira aHji flffort* des Papes pour établir, môme au prix d*une centralisa- tion eléricale, l'ordre moral et matériel dans le chaos du moyenâge, elle applaudira aussi à la résistance opposée par quelques grands princes à (j^e^ %^us {[partis $iÇ|Uven((lo

348 LITBB IV, GHAPITBB H

clergé local , quelquefois de Rome , rarement da trône môme du Souverain Pontife. Jacme fut de ces princes. Toujours préoccupé de vivre en bon accord avec le Saint- Siège, il évite cependant de reconnaître en termes formels la suzeraineté temporelle du Pape sur le royaume d'Aragon. Une seule fois, il parait l'avoir nettement admise ; mais il s'agissait de s*abriter derrière le double pouvoir de ce suzerain pour révoquer, en toute sûreté de conscience, les aliénations du domaine royal trop libéralement con- senties par le prodigue Pierre II ^

Dans tontes les autres circonstancest Jacme sait habl* lement invoquer les services qu*il rend à la foi , pour se dispenser des tributs envers l'Eglise.

Au moment de partir pour la conquête de Hayorqne, il avait voulu, lui aussi, recevoir la couronne des mains du Souverain Pontife. Il avait envoyé à cet effet le catalan Joan Bocbados auprès de Grégoire IX , se gardant bien toutefois de rappeler les engagements contractés par Pierre le Catholiqtte en pareille circonstance. Le Pape s'était excusé en termes très-affectueux de ne pouvoir souscrire au désir du roi d'Aragon, et avait renvoyé à des temps plus calmes cette cérémonie, que les troubles du moment, disait-il, ne lui permettaient pas d'accomplir^

Les lettres des Souverains Pontifes à Jacme, celles même qui contiennent le blâme le plus sévère de sa conduite, témoignent de l'affection toute particulière des Papes pour cet infatigable guerroyeur de Sarrasins.

Le provençal Gui Foulques , élevé au trône pontifical sous le nom de Clément IV , ne se départit point de la

I

La bulle de Grégoire IX qui révoque ces aliénations est rappor*- tée par Raynaldi dans ses Annales eccles., ad ann. 4237, n* 26.

* Voy. Gregor, Papx IX, lib. III, ep. 9, et Raynaldi, Ânnaki êcdes., ad ann. 4229, n»* 48 et 49.

LOTTES ATEG LB GLBAO^ 549

bienveillance élogiease de ses prédécesseurs tontes les fois qu'il eut à parler des exploits du Conquistador contre les infidèles. Ainsi, approuvant avec chaleur l'expédition projetée contre les Maures du midi de TEspagne , et or« donnant de prêcher la croisade , il n'a pas assez d'éloges pour « le roi illustre qui combat depuis son adolescence, qui tient dans sa main le salut de la foi, qui étend au loin la gloire de son peuple, qui, pareil au lion rugissant en quête de sa proie, poursuit les impies, recherche les ennemis de la foi , courbe leurs fronts sous son empire et soumet à sa puissance les cités et les royaumesV >

Mais, dès qu'il s'agit des relations de Jacme avec les évêques et les clercs , le rigide Pontife montre dans ses lettres une sévérité que ne mitigent point les louanges.

Depuis quelque temps, le clergé des États aragonais se plaignait de vexations, dont il se disait l'objet de la part de Tautorité royale. Le roi réclamait, à son tour, contre les empiétements du clergé.

Peu de détails nous restent sur ces discussions, que les historiens espagnols ont prudemment passées sous silence. Quelques documents contemporains répandent seuls une faible clarté sur cette question. Ainsi nous voyons que, vers 1257, l'archevêque de Tarragone était accusé de s'être emparé de la juridiction de cette ville aa préjudice du pouvoir royal ; d'avoir fait mettre en liberté un homme détenu pour crime; d'avoir armé des galées contre les Sarrasins, au mépris des traités conclus par le roi avec l'émir de Tunis, et, enfin , ou- bliant < la réserve imposée à tout prélat > , de soudoyer des pirates qui écumaient la mer à son profit. Aux plaintes

^ Clément. Papa IV, lib. I, ep, II. Voy. Martône et Durand, Thésaurus novus anecdotorum, et Raynaldi, Annales eccles,, ad annum4S65, n^ 32, 33 et 34.

n

oatiDi» ;>iMti^^liE^ lioi jdaidsatt da (]fririlége ne pùwMt élre frappé d^atiàlhème que pit le Pape ou son dêTégfië spécftâl, et ii'eA appela au Souverain I^oritifé < et atiî apM^s^ » Qu'adviût-il de celle affaire? No^s l'ignortns; mms saYbns seuteifleAt ' que , vers cette époqtte , Tévéquè de Girotie fut envoyé à Rome par le monarque àragôtiais*. Bn 1&60, le même prélat* reçut une nouvelle mf&sioV anprte^tr 'Souverain Pontife *, et en 1264, au môtAient se préparait rexpédition contre les Maures du midi de TEspagne , le roi déclara qif il n'ihquiéterait point l'arohevéque de Tarragèoe au sujet de la galée armée par le^ prêtât contre les Sarrasins, e(qu*il ne prélèverait rien sur les priies dès hommes de Tarchevéque *.

Mais ce n'était qu*une querelle partif^ufiérév et, si l'on* en juge par une lettre pleine de reproches que Clé- laent IV adressa àJaem<e quelques mois après avôtrpris possession de la chaire de Saint-Pierre', lé' clei^^é toUI entier des pays» aragi^ttais aurait souffert' de graVes atteîntesà-sesdroitsetà ses libertés. Atssi, lorsque le ror voulut réclanier ' des églises désèk États lé^' subsides qu'il avaîtThabitude d'en retirer pôui^ la guërt-è conlfe lésînfidètes^ reçnt-i^lltt reAftS formel. Par la lettre dont DMB pftrlioQS t(!ratiàrheure<i le Pâpedotiné gain'die'eaûse aoclergé^en 'droit strict; uMis il l'éhgagè néài^m^itis^à payer le trîbilt réclamé; puis» s'adressant au roi d'Aragon, iM'ëxhortè à rendre au^gliâés leurs droite et léuri pri^ viléges i se réservant l'y contraindre psrr moyen qu'il'

*^Lte 'griefs roi sont énumérés dans le document 4498 des PAMK'dri JabineK atikài^shtvesd'Aftigod.'^t acte' béi daté Aujour des kalendes d'octobre (4"* octobre) 4257.

« 'A«li.'d»Aragofe, RèJ. VIII, 78.

•m; R«g. Xf,f496.

« Jd., Reg. XIII, fo496«

jpgeiïh le» plua^ ai^aatageiix pour la salst da ooapalitoi «<Gdr., ayonte. ClémeDt lY , dans, qiaelque position que nous noas soyons trouvé , nos amis nous ont été asaei (Aers pour que noas leur disions {dos Tolontiers ce qui l€^r est utile qjae ce qui leur est agréable, ce qpi leur déplaît qae ce qui leur nuit.\ ^ Le juste et sévère Pontife disait vrai; on sait les preuves qu'il en donna à l'égard d^ sa propre famâlle.

Gr&ce aux sagps conseils de Glém^nt IV', lai plupart des clercs consentirent, parait-il, à accorder les sub- sidesi et la querelle fat assoupie, sinon entièrement apaisée; car, d'un côté, nous voyons. encore le Pape, dans plusieurs de ses lettres , rappeler à Jacme le respiset qni'on doit aux églises et aux « personnesrecclésiastiqpes > , et^ l'injustice de certains, tributs que le roi a voulu leur imppser * ; d'autre part , quelques membres du clergé valencien^ ayant refusé de piayer à Jaome la dlme qua les bulles pontifioales lui avaient accordée en faveur de la ggerre contre les Maures , furent frappés d'excommufii* cation^, et Clément IV, voulant leur permettre de coa« courir à l'élection^ d'un nouvel archevêque, ne' leur donna l'absolution qu'à la condition qu'ils acquitteraient Irar dette envers le roi *.

Cane fut p^ seulement 4 l'occasion de ses différends aiee^ le clergé que Jacme s'attira les remontrancea dn SaiAt*Siég§. Sa conduite privée lui mérita , vers laméme époque , des réprimandes pjus sévères encore^

P«a. de temps appèa la mort de la reine Yolande , lea

^ ^ffûBlikf' Anmal$9 ^ôùleê.^ ad; ann« 4S65,' 34.

* fbÉynMï^ Armalêêeeclês., ad ami; 1S65, 35 ; 4SS6, 29i ^ Martène et Durand, Thoauruinovuê atiêcdotarumt t. II, col. 240 ef 244.

* Martône et Dumtd, Ti^ua^ruiiiQfvui anecdoUmm, t. U^ €ol. 60&<

353 LltBE IT f CHAPITRE II

faiblesses du Conquistador apparaissent toat à coup aa grand jour. Jusqne-là elles étaient restées dans Tombre , sinon pour les contemporains , da moins pour Tbistoire, puisque le plus ancien des documents connus dans les- quels Jacme désigne clairement ses maîtresses ou ses bâtards, date de Tannée 1252. Mais, depuis longtemps déjà, le roi d* Aragon avait deux fils naturels, Fernand Sanchez et Pedro Fernandez, qui en 1262 et en 1264 com- mencent à se mêler aux affaires de leur pays , Tun comme ambassadeur auprès du roi Manfred pour la conclusion du mariage de Constance de Sicile avec Tinfant Pierre, Tautre comme amiral des galées armées contre les Sar- rasins.

Fernand Sanchez était d*une fille noble d* Aragon, Blanca de Antillon ; il reçut du roi la baronniede Castro S nom sous lequel sa descendance s'est perpétuée et illus- trée en Espagne*. D*un caractère altier, envieux et tur- bulent , Fernand fut presque toujours en guerre ouverte avec son père ou ses frères. Nous Tavons déjà vu se mettre à la tète de la noblesse révoltée ; la suite des événements nous le montrera sous un jour encore plus défavorable .

D*une autre dame aragonaise, Berengnela Fernandez, Jacme avait eu Pedro Fernandez , «c jeune homme hardi et vaillant > au dire de Miedes , et qui sut s'attirer autant de sympathie que Fernand Sanchez excita de répulsion et dehaine. Jacme donna à Pedro Fernandez la baronnie d'Ixar ou Hijar et le maria avec Marquise , fille naturelle

* Le 5 des ides de mars (41 mars) 4241, Blanca de Antillon céda au roi cerlains droits qu'elle avait sur la ville el le château de Cas- tro. (Arch. d'Aragon, Parch. de Jacme I",n° 878.)

* Fernand Sancbez fut marié à la fille du rieo hom$ Ximeno de Urrea. (Voy. Ghron. de Bernât d'Esclot, chap. Lxvm.)

i

MARUfrES MORGiilfÀTIQDES DtJ ROI 355

da roi Thibault II de Navarre. De cette alliance est issue l'illustre maison des ducs de Hijar.

Une troisième maltresse du Conquistador fat Guillerma de Cabrera , la première , à ce qu'il nous semble , que le roi ait appelée publiquement sa < bien aimée dame >. C'est ainsi qu*il la qualifie dans un acte par lequel il lui fait don d'une ville, pour elle et pour les enfants qu'elle aura de lui^

Une donation conçue en termes analogues nous avait paru *une preuve à invoquer en faveur du mariage de Teresa Gil avec le roi. L'acte relatif à Guillerma de Cabrera affaiblit cet argument , que de plus solides rendent d'ailleurs superflu. Mais est-ce bien d'une mal- tresse que le roi parle ainsi dans un acte public? Seront- ils bâtards, ces enfants dont la naissance est prévue et le sort assuré d'avance? Ne doit-on pas croire plutôt qu'après la mort de la reine Yolande, Jacme voulût s'unir par des liens légitimes aune compagne qui n'aurait ni le rang ni les droits d'une reine? Ce titre d'épouse morganatique, on ne peut le refuser à Teresa Gil; mais il semble appartenir aussi à Guillerma de Cabrera, et nous verrons le roi s'efforcer de le faire reconnaître à la princesse castillane Berenguela Âlfooso , puis à cette femme même qui abandonna son mari pour vivre avec le Conquistador presque septuagénaire.

* « Et si a nobis fllium vel filiam habueritis, ille Ûlius vel filia si vixerit habeat post obitum vestrum dictum castrutn et villam cum omnibas et singulls supradiclis per alodium proprium, franchum et liberum in perpetuuin. 9 (Acte du 6 août 4252 conservé aux Ârch. d'Aragon, Parch. de Jacme l*% 1304.) Le n^ 4352 de la même col- lection est un privilège accordé par le roi, le 4*^ octobre 4253, « dilecte nostr$domne Guillermede Capraria, i>

> Tome I, p. 357.

T. n. 23

9S4 ufn ^i ouifpuia

Après Vmiïét id53« nous ne. troayonB plus ancane trace de Gaillerma de Cabrera » qui parall pts i?iir m d'enfants du roi d'Aragon. Peat-étre GsiHerma mourut-elle vers cette époque ; peut-être aussi les droits antérieurs de Teresa Gil ayant été recoanus pi^r TÉf Use, obligèrent-ils Jacme à rompre une liaison qui ne poufait plus avoir même Tapparence de la légitimité.

Parmi les maltresses ou les femmes morganatiques de Jacme le Conquérant, Teresa Gil a eu le privilège d'oc- cuper particulièrement les historiens ^ Presque teos croient devoir lui donner un rôle dans la vie de ce prince bien avant l'époque les documents conlemperakis mentiounent son nom pour la pre'mière fois.

C*est, disentMls, pendant sa jeunesse que te roi s*éprit de U fille de Juan Gil de Yidaure ; mais, nourrie éaas des sentiments de sévère piété, Teresa dédaigna les hommages de son royal adorateur. Ce flaonarqua , « si beau qu'il n'avait pas son pareil dans toute la ehrè^ tienté >, n'était pas habitué à de pareilles rigueurs; il jura de vaincre une résistance qui redoablaitsa passion.

Un soir, accompagné d'un chevalier, sou coufident, il pénètre dans la maison de Juan Gil, s'y cache , et, la nuit venue, se glisse jusqu'à la chambre de Teresa. A l'effroi de la jeune fiUe répondent d^s protestatîûBS de tendresse qui sont repoussées avec iadigaatioa; Jacme se voit déjà contraint de reculer, lorsque, dans ce qçiomeat la violence de ses désirs, et rh^milis^tion de sa défaite se disputent son cœur, il prononce le met de mariage. Sortie de la bouche d'un roi, cette parole ipagique doit triompher de tons les o})stacl6S , mais en-

* Yoyez, entre autres, Zurita, Hiedes, Ludo IttrtneaStBdo, Diago, Mariana , Ferreras, Raynaldi .

côrô faut-il qae le roi sait stncèfe, et Teresa reste ii^ erédale. Jacme appelle alors le ehevalier qui Ta sfoivi, et, deYant lai, jare solennellement de prendre pour femme la fille de Jaan Gil de Yidaure. Mais, hélas! ee prince^ si fidèle d'ordinaire à sa parole, crot pouvoir reléguer ee serment au nombre des serments d*amofir ; il feignit de raroir oublié lorsqu'il youlut épouser la fille du roi de Hongrie \ Teresa Gil réclama vainement auprès du Saint-Siège ; les preuves lui firent défaut, car le chevalier témoin de la royale promesse était mort depuis plusieurs années. Elle persista cependant, et ses protestations de^ vinrent si énergiques, qu*on lui fit craindre le ressen- timent de la reine Yolande pour elte et les deux fils qa*elte avait durer. Afin de mettre ses enfants à l*abri de toute entreprise criminelle , Teresa s* exila volontai- refment, mais sans renoncer à poursuivre auprès du Saint-Père ranuulation du mariage d'Yolande. C'est atofs qu'ette parvint à mettre dans ses intérêts le seul homme qui pèt lui prêter un appui efficace , le confesseur davor, et qu'elle décida Berenguer de Castellbisba) à la révélation dont il fut si cruellement puni.

Bien qu'après la mort d'Yolande , ajoutent les écri- vains auxquels nous empruntons ce récit, le Pape ait déclaré doua Teresa épouse légitime du roi d'Aragon , lacme refusa toujours de lui reconnaître ce titre; îl se ftorna à légitimer les fils ^n'il eu' avait eus.

Telle est l'histoire, ou, pour mieux dire, tel est le ramn des aonours de Teresa &il , d'après la plu^rt des

* Luclo Marioeo SicuIoCd^reôtM Eispan%3s memorabilihus , llb. X , apud Hispania illustraPa , t. I p. 383) place la seène que nous Tenons de raconter avant le mariage de Jacme avec Leonor de Casliller. L'Sge du roi à répoqne de son premier mariage ne permet pas dPacceptor cette assertion.

356 UTBB IT , CHAPITBB II

historioDS du roi Jacme. Le crédit dont a joui cette sorte de légende ne nous permettait pas de la passer sous silence. Gomme dans toutes les traditions, il y a sans doute là-dedans un fond de vérité. En appliquant une partie de ces aventures à une autre qu'à Teresa de Vidaure, en changeant Tordre des événements , peut-être se rap- procherait-on davantage de la vraisemblance, car voici maintenant ce que nous apprennent les documents qae nous avons interrogés :

Le 9 mai 1255, c'est-à-dire un an et demi environ après le dernier acte connu qui mentionne Guillerma de Cabrera, et trois ans et demi après. la mort de la reine Yolande, Jacme fait une donation à son «aimée dame Teresa Gil> et aux enfants qu'il pourra avoir d'elle S C'est encore une espèce de constitution de douaire comme celle que nous avons signalée à propos de Guil- lerma de Cabrera. Le roi n'avait donc pas d'enfants de Teresa en 1255, et, après cette année, qui pourrait bien être la première de leur liaison, il vécut avec elle, puis- qu'il en eut bientôt deux fils , considérés par leur père comme légitimes et appelés à recueillir éventuellement la couronne aragonaise à défaut des autres enfants du Conquistador. Les archives d'Aragon * renferment de nombreux actes de donation en faveur de doua Teresa et de ses fils, Jacme, qui devint seigneur d'Exerica, et Pierre, qui fut seigneur d'Ayerve *. En 1260 encore, le

* Archives d'Aragon, Parch. de Jacme I**", U46 et Coleccùm de documentos ineditos del archiva de Aragon, t. VI, p. 424 ; voyci aussi notre t- I, p. 357.

» Parch. de Jacme I«^ n»' 4473, 4 C02, 4648, 4643, 4647, 2239, Reg. VIII , fo 22 ; Reg. X , 459 ; Reg. , fo 497 et 204 ; Reg. XD, f«45.

^ Jacme, seigneur d'Exerica, épousa Elfa Alvarez de Azagra, fille du seigneur d'Aibarracin, à laquelle il avait été fiancé encore

ï

BERENGVELA iXFONSO 557

roi , snbstitnant l'un à l'autre dans les biens qu'il leur donne les « infants » Jacme et Pierre, nés de lui et de sa « très-chère et bien-aimée dame Teresa Gil de Vidaure » , ordonne que, s'ils meurent tous les deux sans enfants, leurs biens passent « aux autres fils ou filles nés ou à naître de lui et de Teresa Gil \ » Quelques mois plus tard , l'infant Pierre , héritier présomptif du royaume d'Aragon, confirme les donations faites par son père à doua Teresa et aux enfants « nés et à naître » d^lle et du roi •.

Mais bientôt, s'il faut en croire Jacme lui-même, la lèpre , cette hideuse maladie si commune au moyen âge et si justement redoutée, la lèpre vint infecter la mal- heureuse Teresa; le roi résolut alors de rompre son union morganatique pour en contracter une nouvelle avec une princesse de Castille , Bereoguela Âlfonso , fille de l'infant Àlfonse, seigneur de Molina et de Mesa, et uièce de saint Fernand. Berenguela était donc la cou- sine germaine du roi Alfonse X.

Sans trop se soucier du double empêchement cano- nique résultant de son mariage régulier avec une femme encore vivante et de sa parenté avec la cousine germaine du roi de Castille , Jacme se sépara de Teresa Gil et vécut avec Berenguela.

Le souverain de l'Aragon était arrivé à ce degré de puissance l'homme, enivré de sa propre gloire, se regarde comme supérieur aux lois que Dieu a imposées

enfant. (Arch. d'Aragon, Reg. XIV, fo 82.) Pedro, seigneur d'Âyerve, fut marié à Aldonza de Cervera. D. Prospère de BofaruU a fait connaître en détail la postérité ,de ces deux princes. (Los Condes de Barcelona vindicados ^ t. II , p. 237.)

* Archives d'Aragon, Parch. de Jacme V', n»* 4602 et 4618.

* Archives d'Aragon, Parch. de Jacme I«s n»* 4643 et 4 647.

9(8 u?Miv, cMàsvnmu

m commun des créatures. Ses flatteurs laîqnei; ou clercs avaient tellement exalté ses victoires» qu'ils eu étaieul venus au point de représenter Dieu comme Tobligéde celui qui avait conquis deux royaumes au profit de la religion chrétienne ; aussi Jacme finissait*il par se croire des droits à quelques faveurs particulières de la part du Souverain Juge. Cette confiance , à la fois présomp- tueuse et naïve , perce dans le récit que nous donne la chronique royale d*une confession faîte par W Conquis* tador au moment il se prépare à livrer une batailto dans le royaume de Murcie.

« En ce temps allait avec nous l'évéque de Barcelone, et nous lui demandâmes frère Ârnau de Sagarra qui était frère prêcheur. Celui-ci étant venu en notreprésenca, nous lui dîmes que nous voulions nous oonfasser à lui; il nous répondit que nous pouvions parler» et nous lui dîmes que nous ne croyions pas avoir commis d'autre péché contre Notre-Seigneur que celui de dona Beren- guela , mais que notre désir était de vivre avec elle libre de péché comme un homme doit vivre avec sa femme; qu*il savait notre projet de conquérir la cité et tout le royaume de Murcie» et qu'aussi bonne oeuvre que celle de conquérir ce royaume et de le donner aux chrétiens nova devait valoir quelque chose ; et que nous étions assurés que ce péché ne nous nuirait en rien dans bataille , surtout lorsque nous en demandions pardon.

» C'est chose grave que d*étre en péché mortel, répondit le frère , et il ajouta que» si nous promettions de ne plus commettre ce péché» il nous pardonnerait. Noua lui répondîmes qu'avec telle intention nous allions à la bataille, croyant que d'une façon ou d'une autre Dieu nous pardonnerait en ce jour , pour le grand service que nous lui rendions dans «ette cauquéte; car» Mcepté

Mttu lànte I prar le reste personne ne pouvait àivb ipk% B0td eMfÂOQs mMVdid vouloir eontre qui qoe ce fût aa nondei Le frère hésitait en entendait nqs paroles, îbzik flow Ittî dlines âe nous donner sa bénédiction, et que, qaattt à a#tre arrab|feâént avec Diea y il le laissât ft Aotre ebarge * . i^

AVatit Tépoqnë fal faite cette confession , Jaclne avait tenté d'arracbel^ & (a eonr de Rome tine décision qui régalarialt sa position scandaleuse. Oe n'était pas d*un Pontife tel que Clément IV que Ton pouvait atten^* d^a im acte de servile complaisance, c Loin de neus, vépondît le Pape i cette pensée criminelle de violer les Idls du Seigneur et plaire aux hommes en offensant tenr créateur et leur rédempteur ! . . . Tous n'avez pis pu espérer faire autoriser cette honte par le vicaire de Jésus'Ghrist qtii déteste tout ce qui est Honteux. Si voufc demandez ce qu'il Vous reste à faire , puisque vous ne pouvez , sans mettre votre corps en péril , cohabiter avec la première (Tet*esa Gil), notre réponse sera prête: résignez-'vons sous la main dd Seigneur.... Croyez-vous que si toutes les reines du ibonde étaierit atteintes de la Idpre, nous donnerions pour cela aux rois la permission de prendre d*autt*es épouses? Sachez bien qu'ils essuje- raient tous le même refus , dussent les races royales , privées de rejetons , se dessécher dans leurs racines et dans leurs rameaux. C*est pourquoi, très-cher fils, ayant Dieu dëvaïit vos yeax , et prenant pour exemple le trës-vertuêux roi de France avec lequel vous vous êtes lié d'amitié, voyez combien votre puissance s'est accrue du^àttt Votre vie ; voyez les bienfaits que vous ave^ reçus de la main du Très-Haut ; voyez la croix que vous avez

360 LItEB lY, GHAPITftB II

attachée sur yotre épaule ; voyez tes périls de la guerre auxquels vous vous exposez avec courage ; D*ajoutez pas Tadultëre à Tinceste, car vous rendriez stériles vos bonnes œuvres et vous amasseriez la colère du Seigneur pour le jour du jugement. Ne dites pas que vous ne pouvez observer la continence, car cette questiou est vidée depuis longtemps. Comment le Seigneur juste et bon ordonnerait-il à tous de s*abstenir de rapports illi- cites, si un seul pouvait objecter Timpossibilité d'observer le précepte*?... »

Nous venons de voir que Jacme ne tint aucun compte des justes et sévères remontrances de Clément IV ; pour toute réponse , il fit hâter les préparatifs de sa nouvelle expédition contre les Sarrasins , et crut peut*étre trouver une demi-absolution des scandales de sa vie privée dans les éloges que le Pape fut contraint de donner bientôt après à ses projets de conquérant chrétien.

Le temps approchait il fallait tenir la promesse faite au roi de Castille. Après avoir obtenu des prud - hommes de Teruel et de Valence des secours en nature que ces deux villes ne marchandèrent pas à leur souve- rain; après avoir réuni le plus grand nombre possible de vassaux ou de combattants soldés*, parmi lesquels

* Lettre du 47 février 4265. Voy. Raynaldi, Ànnalei eceUt.» adann. 4266, n»*27 et 28.

3 Le 25 juillet 4264, le roi autorise Guillem de Roquefeuil, son lieutenant à Montpellier, à retenir tous les droits perçus sur les chrétiens et les juifs de cette seigneurie pour payer les frais d'en- tretien des hommes que Guillem a doit conduire à la guerre de Gre- nade » (Archives d'Aragon, Reg. XIII, 204). Le 4*^ août suivant, Jacme reconnaît devoir au même Guiilem douze mille sols melgo- riens pour la solde des combattants et arbalétriers qui doivent pren- dre part à cette expédition sous son commandement. (Arch. d'Ara- gon, Reg. XIV, fo 60.) Aux mêmes préparatifs deguerre se rattache

GOMQVftTE DU BOTAiniE M VimCIB 361

an graod nombre firent défaut, Jacme, durant l'automne de Tannée iâ65, s*avança dans le royaume de Murcie, ou devaient se concentrer ses opérations, tandis que les Castillans tiendraient tête aux Maures de TÂndalousie et du royaume de Grenade \

Les premiers succès du Conquistador dans sa nouvelle expédition farent purement pacifiques: Villena, Elda, Petrer, Nompot , Elche , Grivillente, en un mot tontes les places situées entre Villena, Alicante et Orihuela se rendirent sans coup férir après quelques négociations habilement conduites par Jacme lui-même.

« Â tous ceux qui ont voulu vivre en paix avec nous,

sans doute la donation à titre à^honor selon le fuero d'Aragon, faite le 28 octobre 4265 à Ramon de Roquefeuil, de la somme de deux mille sols melgoriens à percevoir sur les revenus de Montpellier, f Archives d'Aragon, Reg. XIII, 284.) Ce Ramon de Roquefeuil est probablement le deuxième fils de Guillem. C^est de ce Ramon qu'est issue la branche des comtes de Peralada, en Espagne, éteinte en 1712.

* Si l'on en croyait les historiens arabes d'après lesquels Gonde a rédigé la partie de son livre ces événements sont mentionnés , « le roi Gacum (corruption du catalan Jacme], que d'autres appel- lent Gaymis (Jayme], prétendait faire la conquête deMurcie pour son propre compte, tandis que le roi Alfonse dirait que cette terre était sa première conquête .et voulait en faire roi son frère don Manuel qu'il aimait beaucoup. Cette rivalité les troublant dans Texécution de leurs desseins, les deux rois résolurent de marier don Manuel avec la fille de Gacum. La reine lolant, femme d'Alfonse, était fille de Gacum et sœur de celle qu'on voulait faire reine de Murcie. lolant était vaine et envieuse et moins belle que sa sœur, et elle se sentit blessée dans son âme quand elle apprit que cette conquête servirait à 4onner une couronnée celle qu'elle abhorrait ; aussi n'épargna-t- ellerien pour Tempêcher. » (Conde, Hisloriadeladominaciondeloi Arabes en Eapaûa^ Part. IV, cap. viii.) Ce récit n'est autre chose, on le voit, que l'écho des bruits sans fondements qui durent circuler dans la population musulmane à la nouvelle de l'expédition entr^ prise par le roi d'Aragon contre les Sarrasins de Murcie.

disaitN^il par eiemple ailx Sarrasins d'ElcHoi note afOM accordé merci et mainteou ce qae nons aVioAs promis» 4 moins qQ*il8 ne l'aient perdn par leur fante. Or û tant que TOUS sachiez qneeeax qui se sonlëferoat ocHQtra Mos, refusant notre merci, seront vaincus 0t pateés ao fil répée ; mats à tfeai qui se soiinettront à B9tre m«rèi , nottd la Imr octroierons de telle manière qa'ils potr^oot Tivre dans leurs maisons et posséder lettrs biens seleb ^r loi. Nous ferons que le roi de Gastille et don Manuel respectent les conventions conolnes avec euK , ainsi qjÊé leurs coutumes^ conformément aux traités^ et, s'ils y dnf manqué * nous obtiendrons qu'ils vous en tassetot satis- faction. :» Puis, prenant à part l'un des chefs, il lui promit de le faire nommer gouverneur de la ville et lui glissa trois cents besants dans la manche de sa robci Le lendemain, la ville était rentrée dans Tobéissabce *.

Avant de mettre le siège devant Murcie, Jaciné éttt une entrevue avec son gendre Alfonse X dans la petite ville d'Alcoraz. A cette occasion, le roi d'Aragâù fait remarquer avec complaisance qae plus de trois eèdts Chevaliers et de deux cents almogavares marchaient 4 sa suitOi « sans compter, ajoute-t-il^ que nous aurions pu amener en outre trois cents chevaliers que nous avions laissés & Ûrihûela », tandis que Tescortéf d' Alfonse composait à peine de soixante hommes achevai. La reine de Gastille et ses enfants se trouvèrent à cette «Étrevmt Jacme parnt ayant à ses côtés, Cdtttme uhe épàûSë légitime, l'infante Berenguela Atfbnso.

Les cours de Gastille et d'Aragon séjournèrent aii«

eeo&iûe â Alcora^ ; le ai décembre, Jacme retlot i

Ûrihuéla, d'où il partit le 2 janvier âaiVahl, i tétâ dd 1 Ghron. Jfâcâcné, dtt^. cOtx.

J

9MI» »i wmfB un

8011 armée , pour aller assiéger la capitale en royaume qu'il avait entrepris d^arracber aox Sarrasips.

La siège deMarcie ne fut guère qa*ao blaenaV On n'employa ni tranchées» ni mines, ni nàacbines guerre pour détruire les remparts; on se borna i coupe? les communications des assiégés avec le dehors et 4 ravager la campagne , afin de prendre la place par la famine. Pendant ce temps « le roi traitait secrètemont avec les habitants par T intermédiaire de son trucheman La Ejea , du juif en Astrug de Bonsenyor , sou seerétaire pour la langue arabe, etd*un chevalier de Mujrviedro, Domingo Lopez, qui parlait la même langue.

Après plusieurs entrevues du roi avec Vahmr ou alguacil, chef de la population de Mureie, il fu4 C0Q« venu que la ville se rendrait à la condition d*uo entier pardon et du maintien des franchises dont Réjouissait avant sa révolte. L*alcayde qui commandait la garnison pourTémirde Grenade fut chassé par les habitants , et bientôt le Conquistador put contempler avec une pieuse émotion sou royal étendard flottant sur TÂIcaaar de llurcie (février 1266).

Le traité conclu avec Talguacil portait que la ville serait divisée en deux parts» Tune pour les cbrélieea, l'autre pour les musulmans ; mais ce partage w put s*opérer sans de vifs débats. La grande mosquée fut sur* tout un sujet de longues contestations que le roi traneha en faveur des chrétiens.

* liM-sipoetes cbtëtiens arrivèreat derint Marcie, Pun des êéaiids chargés de marquer le eampemenl, plaça la tente du roi à une por- tée de baliate de la ville. « Adalid, lui dit Jacme,, sottement lu nous a logé, mais puisque ainsi tu as fait, sacbe bien que nous resteroni ici ou il nous en coûtera cher. » (Chronique de Jacme , chap. GGuuv.)

564 LITRE !▼, CHAPmiB II

« Votre mosquée, dit-il aux Maures » est à la porte derAIcazar,et,quancl je dormirai, je ne veux pas entendre

crier à ma tête : Allah lo sabba o Allah D'ailleurs

il vous en reste dix autres vous pouvez faire vos orai« sons , et il est bien juste que nous ayons au moins- une église. »

Jacme avait une dévotion particulière pour la mère de Dieu , et à Murcie , comme dans toutes les villes il ramenait la croix triomphante, il voulut que la pre- mière église fut dédiée à la Vierge. Les riches tentures et les objets précieux de la chapelle royale servirent aa nouveau sanctuaire , qui fut consacré en grande pompe par révéque de Barcelone , Arnau de Gurb, assisté de Tévéque de Carthagène.

Pendant que les prêtres, « revêtus de chapes de velours et de drap d*or, portant la croix haute et l'image de Notre- Dame >, entraient processionneliement dans Fancienne mosquée , retentissaient pour la première fois les belles prières du culte calholique , « nous fûmes pénétré, écrit le roi , d*une telle dévotion pour la grâce et merci que Dieu nous avait octroyée, à la prière de sa benoîte Mère , que , embrassant Tautel , nous fondîmes en larmes et restâmes plus d'un quart d*heure sans pouvoir nous arracher de ni contenir nos pleurs. Et il n*y a pas à s*étonner qu'il en fût ainsi, car jamais nous n'étions passé près de Murcie sans prier sainte Marie de nous permettre d'y voir son saint nom adoré , et, par son intercession , son bien-aimé fils avait voulu accomplir notre volonté *.•

Les chrétiens étaient maîtres de la capitale et de vingt- huit autres villes ou châteaux du royaume de Murcie. Jacme voulait pousser plus avant sa conquête et marcher

* Ghron. de Jacme, chap. cclxix.

LB8 inTAim pmuiB bt jâgmb 365

sorÂlmeria, mais les barons refusèrent de le suivre dans une expédition qui leur semblait pleine de périls. Le Conquistador dut rentrer dans ses États, après avoir loyalement remis à un rico home de Castille le comman- dement des troupes qu'il laissait à Murcie en attendant Tarrivée d*une garnison castillane.

Une grande part dans les succès que nous venons de raconter revient à la bravoure des infants aragonais , Pierre et Jacme V Un jour, au début de cette guerre, et au moment Ton se croyait sur le point de livrer ba- taille , le roi avait dit aux princes ses fils, en présence de toute l'armée : « Mes enfants, vous savez de quelle race vous sortez et quel est votre père ; comportez-vous donc dans ce fait d'armes de manière à ce que tout homme au monde puisse dire ce que vous valez et de qui vous des- cendez; sinon, j'en jure Dieu, je vous déshérite.de tout ce que je vous ai donné*. » Cette valeureuse exhortation avait porté ses fruits.

*■ Voy., pour les détails de la conquête de Murcie, Chronique de Jacme, chap. cclv à cclxxiii ; Chronique de Ramon Muntaner , chap. XII à XVII ; Chronique de Bernât d'Esclot, chap. lxv. Les principaux seigneurs qui prirent part à cette expédition furent, outre les deux infants Pierre et Jacme : Pedro Fernandez de Hijar, fils naturel du roi ; le maître de Tordre d'Uclôs ou de Saint-Jacques ; GulUem et Ramon de Roquefeuil ,* les Catalans Ramon Folch, vicomte de Cardona ; Ramon de Moncada, Bernât de Vilanova, Hugues de Malavespa , maître des hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusdlem ; Pierre de Queralt, lieutenant du maître du Temple ; Arnau de Gurb, évêque de Barcelone ; Hugues, comte d'Ampurias ; Joffre, vicomte de Rocaberti ; Carroz, seigneur de Rebolledo ; Berna t-Arnau de Angle- sola et Galceran de Pinos ; les Aragonais Blasco de Alagon, Artal de Luna et Ximeno de Urrea ; les Castillans don Manuel , frère d'Al- fonse X, Alonzo Garcia et Pedro de Guzroan. On voit qu'ici encore les Catalans étaient les plus nombreux.

' Ghron. de Jacme, chap. cclx.

Bii qualité d*fttfié, Tinfatil Pierre roeueHIH Ift plu beNepart de gloire: < Soyez asâorés^dUMuntaner, qa'iliie ftaquit janais fils de roi qo! fat plus brave, pltiscoiirageai, phtsbeaa, plas ftage ni plas adroit de tous ses membres. Aassi p6ttl*0Q dire de loi qa^ii n'est ni ange ni diable , mais homme parfait. Et e*est avec raison qQ*on loi applique ce vieux proverbe , puisqu'il est réellement m homme accompli en toutes grâces ^ Si les éloges Au chroniqueur à Tadresse de celui qui devint leroi Pierre h Grand peuvent être suspects de flatterie, il n*eu sau- rait être de même des félicitations de Clément lY. Le Pape écrivit à la fois à Tinfant Pierre et au roi Jacmie *; mais le père des fidèles ne put s'empêcher de joindre MX louanges des conseils salutaires pour le Conqtnstador^ « vainqueur des rois , qui se laissait subjuguer par une fsmmo.»

Considérez, nous vous en prions , disait Clément IV, qu'il se fait tard et que le jour déclin» pour vous. Teae courez, comme les autres , à cette fin inévitable que le Seigneur a marquée d'avance à toute créature charnelle. Il ne vous convient pas de souiller les derniers tempe àt votre vie , car, sr une fin sans tache ne la rehausse, vous ne pourrez être admis dans ce royaume il n'entrera

rîea d'inpor. ... . Éloignez de vous cette adultère

Renoncez à celte misérable .... » Ces paroles terent saM effet sur r&me du vieux monarque , plus attaché que JMûiais à. cette femme que son illustre origine ne pra* Mgeait pas contre l'implacable sévérité du pontifa de Rome.

^ ChroQ. 4q Ramoa Muotaner» chap. xv, tradttclioa de M. Buchoa.

^ Voy. Martène et Durand, Thesaurm novuB anecdolorum, t. U, eoL S40 et 244 ; Raynaldi, Annales eccks.^ ad aoA.y 4265 , 36^ et 4Se6, h^ 25 et 86.

CHAPITRE m

Qv^stioQs teKgiduses. -^ L'InquisiUoû. Les Sarrasins et les juib. <*^ fehwl^> trésorier génital duroyaumQ. Sermons et conférences poux la conversion des Sarrasins et des juifs. Saint Ramon de Penyaiort. Rabbi Moses ben Nachman. FVère Paul. Rabbi Bonastnig de Porta. Miracles rapportés au règne de Jaeme !•'. Fèndations pieuses. Ordres religieux. Pierre Nolasque et Perdre de la Ifcm. •»^ Prc^^ de croisade en Orient. -^ Relations avec Tempire xnopgpl 4pb&s$ades d'Abaga-Khan et de Uiohel Paléologue. Départ de Jacme jour la croisade. Tempête. Retour du roi. Les croisés aragonais en Syrie.

A peu près vers le temps il félicitait Jâcme de la conquête du royaume de Murcie , Clément IV engageait Femôo^e prince à expulser les Sarrasins de tous les pays aragonais, à éloigner les juifs des fonctions publiques et « à châtier Taudace de celui qui, après avoir forgé et entassé des mensonges dans une discussion soutenue en pf é$0uca cta roi contre frère Paul , de Tordre des Pré- cli0iir&, avait conposé on livre dont il répandait l^s exemplaires^.»

^ Zarita, tndieeSf ad ann. 4265 ; Raynaldi, Annales êêoiu. adano. 1266; Biago, Anales del reyno de Yalenûia^ ^ 373^ -- Zurita oWêH vtn passage cette lettre qtii se rapporte aux torts de lacme en* vers le clergé, « tels qu'imposition de bovatge, d'alberges ol oittrit exactions qui ne sont nuUement dues, »

368 UTIB IT , GUAPITHB lU

De pareilles rigueurs coQYeDaient peu à Tesprit large et tolérant de Jacme V,

C'est surtout en matière religieuse que Ton doit juger les hommes avec les idées de leur temps. Aussi n*est-OQ pas médiocrement surpris de voir des écrivains modernes s*élever contre l'intolérance de princes qui ont eu le tort de ne pas être en plein moyen âge des philosophes du XVIir siècle ou des libres penseurs du XIX*.

< Le mérite de ceux qui dirigent le vaisseau de l'Etat, a dit un éminent écrivain espagnol, c'est de gouverner les peuples conformément à leurs croyances et à leui^ in- térêts: les contrarier, c'est les jeter dans l'anarchie et le désordre^ » On ne saurait trop se pénétrer de cette pen- sée lorsqu'on aborde l'étude des questions d'histoire reli- gieuse.

Quand il s'est agi de poursuivre les hérétiques , cent fois plus redoutables pour l'Eglise et pour la société que les juifs ou les Sarrasins, Jacme, nous l'avons vu*, a ouvert les constitutions catalanes et le code de Valence aux prescriptions dictées par la cour de Rome à tous les princes chrétiens. En admettant qu'il ait compris le vice et le danger des rigueurs qu'il inscrivait dans ses lois, croit-on qu'il eût pu résister impunément aux ordres du Saint-Siège? N'eût-il pas été insensé le souverain qui

* Estudios historicos^ poHHcos y literarios sobre los judios de Em» pa/¥a, por D. José Amador de los Rios, individuo de numéro de las Reaies academias de la historia y nobles artes de San ^Fernando, decano de la Facullad de fiiosofia y letras de la universidad cen- tral. (Ensayo I , cap. ix.) Ce remarquable ouvrage du savant doyen de la faculté des lettres de Madrid a été traduit en français par H. Magnabal, oorrespondant de rAcadémie royale d^histoire : nous ne pouvons mieux faire que d'emprunter nos citations à cette traduction estimée.

* Voy. ci-dessus, p. 460 et 34^3.

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L'nvouisiTioif 369

aarait tenté de soutenir une latte dont le sort de la maison de Tonloase devait lui faire présager Tissue ?

La Papauté soufifrait même si peu la contradiction sur la question deThérésie, qu'elle agissait souvent en dehors du pouvoir séculier, instituant directement les tribunaux d'inquisition, donnant à ses délégués le droit de passer outre aux lois du pays et de destituer les officiers nommés par les princes.

Nous avons fait remarquer * cependant que, grâce à la défiance de la nation aragonaise pour toutes les nou- veautés, défiance qui la préserva à la fois du mal et de son terrible remède, les fueros de Hnesca ne font aucune mention ni de l'hérésie, ni des mesures destinées à la réprimer.

Il ne parait pas qu'à Valence l'inquisition ait fonctionné d*une manière régulière sous Jacme le Conquérant : la Catalogne seule fut soumise à ses rigueurs ; mais l'adjonc- tion de laïques nommés par le roi aux clercs institués par Tévéque avait évidemment pour but de faire entrer dans les commissions inquisitoriales un élément pon- dérateur destiné à en modérer les excès.

li y eut néanmoins dans la Marche espagnole quelques condamnations sévères. Les pays soumis aux comtes de Foix, anciens alliés de la maison de Toulouse, eurent surtout à souffrir du zèle des inquisiteurs*. La responsa-

^ Voy. cî-dessus, p. 224.

^ En 1237, plusieurs hérétiques de la vicomte de Oastelbon pé- rirent sur le bûcher, et les cadavres de dix-huit individus furent exhumés pour être livrés aux flammes. ;D. Vaissèle, Hist. de Lang, liv. XXV, chap. xvi, et Pr., t. III, ccxxiic de Tédit. in-f°.) Roger- Bernard II; comte de Foix et vicomte de Castelbon , plusieurs fois excommunié et absous, fut poursuivi même après sa mort ; mais ce dernier procès se termina par une sentence favorable à sa mémoire. {nist.de Long., éd. in-f", t. III, Pr. n*» cccxxxix.) Moins heureux que T. II. 24

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370 LIYRI» Vf, » GHàflTRB III

bilité de ces actes ne remonte point jusqu'au roi obligé de permettre ce qu'il ne pouvait empêcher. Mais* si nous considérons la conduite de Jacme à Tégard des Sarrasins et des juifs, nous y trouverons des preuves évidentes de la tolérance de ce grand prince.

Sur ce point, le Saint-Siège était moins sévère; lierai* gnait peu l'influence religieuse des infidèles, il exigeait seulement qu'on facilitât leur conversion, et, s'il de- mandait quelquefois des rigueurs, il ne les imposait jamais.

Le récit des conquêtes de Jacme l" nous a donné Toc- casion de faire connaître la façon d'agir du Conquistador à l'égard des musulmans. Après la tentative d'expulsion qui suivit la révolte d'Al Azarch , tentative que motivait seule la crainte de nouveaux soulèvements , Jacme s'était décidé à laisser en paix les Sarrasins soumis qui restaient encore sur le sol chrétien, sans leur enlever le libre exer- cice de leur culte et de leurs lois V

Roger-Bernard, Ermessende de Castelbon, sa femme, et Arnaad, vicomte de Gaslelbon, son beau-père, furent condamnés, en 4270, G^est-à-dire plus de quarante ans après leur mort, et leurs cendres exhumées furent jetées au vent. (Zurita, Anales^ lib. lil, cap. 76 Marca hispanica, lib. VIÏI, cap. 22, i. Hist. de Lang. » lib. XXIV, chap. lxi.) On trouve aux Archives d'Aragon (Parch.de Jacme l«s 940) une condamnation pour crime d'hérésie pronon- cée le 30 mars 4243, contre A. de Mutationibus, par frère Ferrarius, de Tordre des Prêcheurs, inquisiteur « des provinces de Narbonne, Alby, Roussillon et Auvergne.

* Voy. Coleccion de documentos ineditos del Archiva de Aragon, t. VI, p. 445; Privilège accordé aux Sarrasins de Saragosse. (Arch. d'Aragon, Reg. X, f" 4 38.) Blancas {Rerum aragon, cotor ment, ap. HUp.illust., t. III, p. 783) nous fait connaître le nom et les attributions des magistrats chargés de rendre la justice entre les Sarrasins. C'était: le Zavalachen izaval , seigneur; achen^ jugement), è la fois juge et tabellion. Gomme juge, il donnait les

ÉTAT Méiit DE6 SAlilTASIIfS 571

Dans le pt imipe, les mustilcrkafns ayaienl été asstrjettrs ao paiyemeat d'une contribntion particulière appelée impôt des basants ; mais les furs de Valence en avaient bientôt dispensé tous ceux d*entre eux dont les seigneurs introduisaient le nouveau code dans leurs domaines V Les pays peuplés en fnero d'Aragon étaient donc exceptés de cette faveur.

Parmi les fM^d^res, c'est ainsi que l'on appelait, en Espagne, les musulorans étaMis au milieti des con- quérants chrétiens, on ne remarque am;ûn homme éminent quie l'on puisse comparer à ceux que nous nom- merons tout à l'heure en nous occupant des juifs. C'est qne toutes les sommités de l'islamisme avaient suivi le croissant dans son mouvement de retraite; il était resté aentement sur les terres conquises, ceux qui ne sentant pas en eux les qualités suffisantes pour assilrer leur avenir et celui de leur famille, avaient préféré vivre comme colons sur le sol qui les avait vu naître. Les Sar- rasins étaient d'excellents agriculteurs* ; à ce titre , ils

citation^, rendait les sentences et les faisait exécuter; 2*" VAlamin .langue fidèle), juge des causes qui n'excédaient pas deux sols. Gomme le précédent, il exécutaitses propres sentences. Il servait en outre d'huissier au Zavalachen et veillait ù l'exacte perception de j'impôt royal sur ses coreligionnaires. Quelquefois les magistrats sarrasins portaient le titre ù^alcayde, comme nous l'avons vu ci-des^ sus (p. 490fnote2).

* Fursùe Valence, lib. VIII, rubr. VIII, fur 27. Le42avril 1263, Jacme exempta les sarrasins de Masones de tout impôt et de tout service, excepté du moneclat^e, du 6oi;at^e et des amendes pro- noncées par la justice, moyennant une redevance annuelle de quinze cents sols de Jaca imposée à la communauté musulmane. (Archives d'Aragon, Parch. de Jacme I", n*» 4738; Col. de docum. ineditas , t. VI, p. 457.)

^ Nous avons dit (p. 244) que les furs de Valence autorisent les Sarrasins à ^e livrer aux travaux des champs les jours de fôte, à

I

372 LIVAB IT f GHAntlIB Ut

rendaient au pays des services que tout le monde était à même d'apprécier; les propriétaires, nobles, bour- geois et même clercs, les protégeaient particulièrement; le peuple voyait en eux des producteurs utiles, vivantpresqne tous de leur travail; aussi était-il loin de nourrir contre eux cette haine qui a poursuivi les juifs jusqu'à des temps peu éloignés de nous, haine aveugle dont on ne saurait trop déplorer les terribles effets, mais que ceux-là mêmes qui en étaient les victimes semblaient se plaire à entre- tenir et à irriter.

Si les juifs, en tant que race, avaient besoin d'une réha- bilitation, elle serait complète aujourd'hui. Personne plus que nous n'applaudit à ce résultat de la civilisation ; mais reportons'uous un instant au moyen âge. Loin de chercher à passer inaperçus au milieu d'un peuple grossier, qui croit venger sur ces infortunés le meurtre de son Dieu, les fils d'Israël acceptent la lutte et, ren- dant le mal pour le mal, répondent à la violence par la ruse.

Unis par les liens d'une forte solidarité, formant une nation dans la nation, ayant à leur service une culture intellectuelle supérieure à celle de la masse de leurs adversaires, doués d'une rare aptitude au commerce et aux sciences, souples, astucieux, vindicatifs, ils ne cher- chent pas à vivre en paix avec les chrétiens; mais, con- vaincus de la supériorité de leur race, ils veulent, eux les moins nombreux et les moins forts , dominer la force par l'intelligence, écraser le nombre par la richesse*. Le

l'exception de Noël, Pâques, la Pentecôte et PÂssomption. (Fur* , lib. I, rubr. VIII, /ur 2.) Pareille faveur n'est pas accordée aux juifs, ce qui prouve que, quoiqu'on en ait dit, l'agriculture n'était pas leur occupation habituelle. * Les Israélites eu i( -mêmes avouent que leurs ooreligioonairos

ETAT SOCIAL BE8 JUIFS 373

but n'était pas sans quelque noblesse ; les moyens em- ployés pour Fatteindre furent trop souvent bas et vils.

Les juifs n'eurent pas exclusivement , il est vraî , le triste privilège de l'usure; mais, par goût ou par suite des circonstances qui leur fermaient la plupart des carrières , ils se trouvèrent mêlés aux affaires de banque, à la per« ception des impôts, à toutes les opérations qui, à tort ou à raison ) semblaient peser sur le peuple au profit de quelques individus. Le crime de leurs ancêtres, leur duplicité, leurs exactions , la supériorité suspecte de leur fortune ou de leur savoir, les rendirent odieux et expli- quent, sans les justifier, les mépris et les mauvais traite- ments auxquels ils furent en butte.

Il faut cependant le reconnaître , le XIIP siècle fut , sous le rapport de la tolérance, bien supérieur aux trois siècles qui le suivirent, comme les juifs de cette époque furent supérieurs à leurs premiers descendants.

Le XII* et le Xlir siècles constituent la période la plus brillante de l'histoire des juifs espagnols. C'est le temps se produit parmi eux le plus grand nombre d'hommes remarquables; leurs savants jouissent auprès des rois d'une faveur méritée ; on les voit, comme médecins, comme astronomes , comme écrivains , comme philo- sophes, comme commerçants, comme financiers , rendre des services signalés aux pays dans lesquels ils vivent et à la cause entière de la civilisation.

aimaient à se faire remarquer par leur luxe. Voy. Touvrage publié par M. J. Bedarride sous le titre de les Juifs en France, en Italie et en Espagne^ p. 191 . En montionDant cet intéressant travail, nous ne pouvons nous empêcher de faire nos réserves. Entraîné par un enthousiasme facile à comprendre, Pauteur nous parait un peu trop disposé à peindre les juifs comme les seuls représentants du progrès moral et inleUectuel au moyen âge.

374 iLTMt ly, GHAPiTius m

Les P^pes vealent eo vaio rçiAeUre eu ?îg9ieDr jlios canons des conciles qui leur interdisent Taccès des fonc- tions publiqiues et cherchent à les séparer des chrétiens ; malgré les préventions d*one grande partie da praple et du clergé , les souverains et les villes les accaeilleoi généralement avec faveur et leur offrent quelquefois des prérogatives exceptionnelles.

En Castille, par exemple, les fueros de quelques loca- lités les mettent sur le même rang que les hidalgo$ V Ed ^ragon, Jacme P' affranchit de tout tribut pour un temps plus ou n)oin$ long les juifs de Uocaslillo , de Tahnste et de Montclus * , et concède à ceux de Lérida plusieurs privilèges importants , tels que celui de ne pouvoir être jugés que par le roi ou son délégué relativement aux pré- tendus blasphèmes contenus dans les écrits de leurs rabbins ; de ne jamais être forcés de changer remplace- ment de leurs synagogues et de leurs cimetières; den*étre pas tenus d*àssister au:^ sermons chrétiens prédiés hors de leur jmverie'.

On a dit, nous ne savons d'après quelles données , que les rois d'Aragon avaient été moins favorables aux juifs que ceux de Castille^ Ce n*est pas à Jacme que ce re-

^ Yoy. Amador de los Rios, Estudios sobre losjudios de Espana^ ensayo I», cap. th. Le tableau de Pétat des juifs en Gastille do- rant le moyen âge a été tracé par |f Amador de los Ries avec une impartialité et un talent auquel des écrivains de nations et de reli* gions diverses se sont plu à rendre justice.

' Archives d'Aragon, Reg. XI, 153, et Parch. de Jacme I", n°4346.

' Charte du 9 novembre 4268, conservée aux archives d'Aragon, Parch. de Jacme I«', n<* 4955. Voy. Col. de documentes inédites, t. VI, p. 470.

^ L'auteur des Juifs en France^ en Italie et en Espagne, ^^nncé (p. 495) qu'à Barcelone les juifs étaient exclus du commerce. Nous

tfrit èr66fiL BÉs stifs 375

prCKîliepétitB'adrefssér, car, dans lespag^s qiie nous avons consacrées à la législation en vigueur sotts ce priniôe , on a pu voir que toutes les restrictions apportées à la liberté d*es juifs dans les Etats aragonais étaient générales en Europe, tandis que plusiearsdes garanties qui leur étaient accordées et des droits qui leur étaient riôtotthus par les constitutions catalanes, les ftteros d'Aragon ou les furs de Valence, étaient particulières à ces pays *. .

Non-seulement la masse de la population Israélite vivait tranquille dans ses jniveries, souttiise le plus sou- vent à ses lois et à ses magistrats* , mais le souverain veillait à ce qu'elle ne fut exposée ni aux exactions des officiers royaux, ni aux outrages des chrétiens. Divers documents attestent cette haute protection. Nous -citerons entre autres des lettres du 23 octobre 1252 * et un privi- lège du 21 janvier 1259* en faveur des juifs de Mont- pellier ; un article de la charte d'amnistie octroyée aux habitants de la même ville, le 10 décembre 1258*; le privilège accordé aux juifs de Lérida, dont nous par- lions tout à l'heure.

L^étude de la législation des pays aragonais nous a fait

avons vainement cherché une autorité sur laqueUe pat s'appuyer cette assertion, que Capmany dément implicitement. ( Memorias sobre la marina, el commereio y artes de Barceîana^ t. III, part. proe<n.,§ %)

* Voy. ci-dessus, p. 463, 464 , 20 1 et 244

^ Les magistrats des juifs étaient, d*après Blancas (Rerum arago^ nensium commentarii ap. Hispania illustrata, t. III , p. 783 et 784.) le ùaien, qui jugeait toutes les causes et dont les sentences étaient exécutées par VHédin. Celui-ci connaissait des litiges dotit la valeur n'excédait pas cinq sols ; mais le demandeur pouvait, s'il le vou- lait, porter directement les causes de ce genre devant le Daien.

^ Voyez Germain, Hist. du comm. de Montpellier, t. I, pr., p. 249.

* Arch. d'Arag., Reg. X, 48.

^ Voy. Germain, Hist. de la comm. de Montpellier, t. H, pr., p. 339.

576 LITBB !▼ f CaAPlTRB lU

connaître les garanties offertes par les tribunaux chré- tiens aux juifs et aux musulmans obligés de comparadtre devant euxV

Il ne suffisait pas au roi de faire tous ses efforts pour mettre ses sujets appartenant à ces deux classes, à Tabri de l'injustice et des vexations, il savait aussi récompenser leurs services et ménager aux plus distingués d*entre eux les moyens de sortir de l'infériorité à laquelle ils étaient condamnés par les mœurs plutôt que par les lois.

Les registres de répartition de Mayorque et de Valence nous font connaître un assez grand nombre de musul- mans et de juifs qni eurent part aux largesses royales. La profession des premiers n'est presque jamais indiquée ; ce sont sans doute à peu près tous des agriculteurs \ Parmi les fils d'Israël, il n'y apas seulement des usuriers ou des changeurs ; on y voit de simples artisans, tailleurs, corroyeurs , bouchers et surtout un grand nombre d'aï- faquis ', interprètes attachés souvent à la personne d*un

* Voy. ci-dessus, p. 203. Les lois des pays aragonais admet- taient les Juifs et les Sarrasins à prêter témoignage. iConst. deCat.» vol. ill, lib. III, tit. VI, us. 4. Fueros d^Àragon, t. II, lib. II, de Testibus. --Furs de Valence, lib. IV, rubr VIII, f. 21 et 54. ) En cela elles étaient moins sévères que la coutume générale de France, dont Beaumanoir s'est fait Tinterprète en ces termes : tCbil ne doivent pas esire oy en tesmongnage, qui sunt hors de le foy de crestienté, si come cil qui sunt juys. » {Coustumes de Beau^isis , cap. XXXIX, § 63.)

3 Les Sarrasins étaient d'excellents arbalétriers, et quelques-uns paraissent avoir été employés à ce titre dans les armées chrétiennes. Par exemple, un certain Mahomet, « arbalétrier », dont le fils, appelé Faraix, obtint un lot dans la répartition de Valence.

* Il ne faut pas confondre Val faky^ homme qui sait lire et écrire, secrétaire, trucheman, avec Val fakir, religieux mahométan que Ton appelait aussi en espagnol alfaquù Le premier a beaucoup plus de rapport avec Val fakkek (alfaqueque) « homme de vérité, disent les Partidas, choisi pour racheter les captifs et servir de trucheman avec les infidèles. »

ijàr 80GUL ims mis OT7

seigneur on d^an prince. Ainsi les libros de repartimiento nomment entre autres maître David Abnadayan , alfaqui de Tinfant don Fernand; maître David et maître Salomon, alfaquis du roi ; Astrug de Bonsenyor, principal secré- iaire de Jacme pour la langue arabe , plusieurs fois men- tionné dans la Chronique royale \

La médecine était surtout une science dans laquelle les fils d'Israël excellaient. « La réputation des médecins juifs étaitsi grande , a dit un savantprofesseur de TÉcole de Montpellier , que l'on a cru , à une certaine époque « que pour bien faire la médecine il fallait être d'extraction hébraïque ^ > C'est ce qui explique comment, malgré les défenses des conciles, tous les souverains du XIII* siècle avaient auprès d'eux des médecins juifs. L'un de ceux de Jacme P' s'appelait JucefAbentrevi. Le roi lui accorda, par acte du 13 janvier 1272, une pension an- nuelle de cinq cents sols de Jaca '.

Comme percepteurs d'impôts et administrateurs, nous trouvons, en 1225, Bondia, trésorier d'Aragon, et Âbraym , trésorier de Saragosse * ; en 1244 , Vital Salomon , bayle de Barcelone ^ Mais le juif qui jouit à la cour d'Aragon du crédit le plus grand et le plus mérité, fut Jahuda, bayle et trésorier général du royaume ^

* Un certain nombre de juifs sont désignés par la seule qualifica- tion de maître {magister\ qui est probablement la traduction du titre hébreu rabbi ; ainsi maître Samzo faisait partie de la maison de la reine, nous ne savons en quelle qualité. (Arch. d'Aragon , Parch. de Jacme I«^ 834 )

* Prunelle» de VInfluence de la médecine sur la renaissance des lettres.

s Arch. d'Aragon, Reg. XIV, U3.

4 Arch. d'Aragon, Parch. de Jacme I*', no 250.

^ Id., ûi.,no4420,

* Ximeno Perez de Tarazona avait été trésorier général du royaume. Il figure avec ce titre dans plusieurs documents, et, entre

C'était, dit Zorita, le plus riche et !e plus pohsaM jaif des pays aragoDais. Le roi le coosaltait sottv<eBt pour les affaires de i'État. « Il avait acquis, ajoute ranoaliste, tous les dons de la fortune , et rien ne lui manquait qoe d'être dans notre loi. » lahuda avait contribué puissam» ment à la construclion et à l-équipemeot de la flotte qni eut pour amiral don Pedro Fernandez de Hijar , ainsi qu'à Tapprovisionnement de l'armée aragonaise pen- dant la guerre de Murcie. On sait d'ailleurs que, durant to«te ta période des croisades, les sommes fournies, de gré ou de force, par les juife, facilitèrent singuliè- rement les expéditions des chrétiens en Espagne et eu Orient.

Si Jacme savait reconnaître et honorer le mérite, même chez ceux que les préjugés de son temps rejetaient dans les derniers rangs de la société, il était trop pro- fondément chrétien pour ne pas essayer de ramener d&os la bonne voie ses frères égarés. Aussi ne négllgea-t-ii , pour la conversion des juifs et des musulmans , rien de ce qui pouvait se concilier avec ses idées de tolérance et de douceur. La mesure la plus sévère fut l'obligation d'aller entendre les prédicateurs chrétiens ; mais nous avons vu que les lois de Valence ne reproduisirent pas cette prescription des constitutions catalanes et des fueros aragonais , et que des privilèges particuliers en

autres , dans le libro de repartimiiiUo de Valence. Jahuda TavaiMl remplacé dans cette charge ou bien n^était-il pas simplement la suc- cesseur de dondia, rapotitariuê Aragems, qiri parait avoir reiBf li des fonctions différentes de celles qu'exerçait le favori Ximeno ? Par une letlre sans date, mais qui, d'après la place qu'elle occupe dans un des registres des Archives d'Aragon (Aeg. Xn,f« 17) parait S3 rap- porter aux derniers mois de U74 ou aux premiers de 1275 , le roi donne l'ordre à « iuhadan » de lui envoyer des armet» et des engins de guerre.

SAIlfT lUMOll AB i^BKTArORT 9M

avaient vénAn r«xéc«tioo iplos iiciie dans certaines villes de Catalogne V

£o fait de toiéraace religieuse , Jacme était le digne diseîpie da tarant et ténérabie Ramon de Penyafort. Le MÎDt religieux condamnait sévèrement les violences à l'égard des juifs et des Sarrasius, et demandait qu'on les ranenàtà la vraie croyance parla persuasion et la douceur, lignant l'exemple au précepte , il parcourut l'Espagne et une partie du littoral africain pour faire entendre aux jofidèles la parole de Dieu , et il opéra ainsi des conver- gions nombreuses. Ceux-là mêmes qu'il ne parvenait pas à convaincre l'entouraient de leur respect et lui téiMig&aient leur reconnaissance , car c'est lui qui avait attiré sur ces parias du moyen âge la protection des lois et celle des souverains *.

Les convertisseurs du temps flottaient d'ordinaire entre deux systèmes opposés quant aux moyens , mais également déplorables quant aux résultats: les uns écrasaient sous les rigueurs les dissidents endurcis ; les antres promettaient des faveurs exceptionnelles aux néophytes. Il n'en était pas ainsi dans les États aragonais. Le pouvoir civil, équitable envers to«s, laissait aux pré- dicateurs le soin de convaincre ou de toucher les infi- dèles y et de les amener au christianisme par des moyens

* liB privilège o€lroyé aux juifs de Lerida le 9 novembre 4^es, les dispense d'aller entendre les sermons prêches hors de leurs « juive- ries », afin de les soustraire aux outrages de la multitude. Les reli-* gîeux qui voudront prêcher dans les synagogues ne devront être accompagnés que de dix prud'hommes chrétiens. (Archiv. d^Âragon, Parch. de Jacme I^^**, n^ 4955. Voy. Col. de documentos ineditos , t. VI, p. 470.)

3 Voy. le P. Touron, Hommes illustres de l'ordre de Saint Domt- niçiie, 1. 1, saint Raimond de Penyafort ; Basnage, Histoire des Juifs, liv. IX, cbap. xvil

380 UTRB IV 9 ciiHniE m

qai ne permissent pas de suspecter la sincérité de lenr conversion .

Poar atteindre ce bat , Ramon de Penyafort engageait les théologiens chrétiens à apprendre Tarabe et Thébreu. On lui doit , assure-l-on , la fondation de deux chaires d*arabe , Tune à Tunis , Tautre à Murcie.

Saint Ramon fut ainsi l'un des promoteurs des confé- rences publiques dans lesquelles les rabbins et les moines discutaient sur la religion. Pour les luttes de ce genre, on choisissait de préférence comme champion du chris- tianisme un rabbin converti, désireux de prouver Tardenr de sa nouvelle foi. D*ailleurs , comme Ta fait remarquer Tauteur des Études sur les juifs (t Espagne, le peu de rapport des théologiens chrétiens avec les talmudistes juifs, l'intolérance des premiers et la manière subtile d'argumenter des seconds, plus accoutumés à ce genre de dispute, eussent créé une multitude d'obstacles, rendu la discussion impossible et mis nos docteurs en danger d'être enveloppés dans de spécieux sophismes *. >

Le plus ardent provocateur de ces discussions dans les États du roi Jacme I" fut un juif converti , entré dans Tordre de Saint-Dominique sous le nom de frère Paul *.

Un savant docteur de Girone, rabbi Moses ben Nachman , plus connu sous le nom patronymique lati- nisé de Nachmanides , reçut un jour Tordre de se rendre à Barcelone pour y disputer sur la foi avec frère Paul.

* Amador de los Rios, Etudes sur les juifs d^spagne, traduct. de M. Magnabaly p. 94 .

2 Voy., à la page 54 de la DispuUitio A. Nackmanidis eum fralre Paulo (Wagenseil, TelaigneaSatanjej t. II), le passage le rabbin, répondant à un argument du dominicain, lui dit : «Est-ce lorsque tu étaisjuif que tu as découvert ce nouvel argument ? Est-ce pour cela que tu t'es laissé baptiser ? »

J

COlfPÉaBNQB DE BBA fVACailAN 581

Si Voû s'en rapporte aa compte reodu de cette confé- rence écrit par Ben Nachman lai-méme et publié en hébreu et en iatin par Wagenseil ^ , cinq séances furent tenues , dont une dans un couvent , une à la synagogue et trois dans le palais du roi. Jacme présida ta discussion entière et s'y mêla plusieurs fois V

Frère Paul se proposait de prouver au rabbin , en s'appuyant sur les livres sacrés des juifs : T que le Messie est arrivé; 2"" que, selon les Prophètes, le Messie, vrai Dieu et vrai homme , devait souffrir et mourir pour le salut du genre humain ; 3" que les figures ont cesser depuis Tavénement du Messie. Enfin il devait établir l'unité de l'essence divine et la trinité des personnes.

Les deux adversaires luttèrent avec des arguments qui, en général, font plus d'honneur à la subtilité de leur esprit qu'à la puissance de leur dialectique. Ben Nachtnan, réduit au silence par frère Paul , s'attira les huées de la foule de chrétiens et de juifs qui assistaient à la discus- sion , et , sans attendre la fin de la conférence , il quitta

* Tela ignea Satanœ^ t. II. Basnage (Histoire des Juifs, liv. IX, chap. xvu) a élevé quelques doutes sur l'authenticité 4e Touvrage publié par le savant orieutaliste allemand. Nous donnons dans nos Pièces justificatives (n*" XVI) le procès-verbal officiel de la même confé- rence. Ce document, trop succinct pour quMl soit possible de contrôler toutes les assertions du rabbin , coïncide avec la Disputatio Nachma- mdis deWagenseil quant aux points qui furent traités; il en diffère quant au résultat de la discussion, qu'il représente comme entière- ment favorable aux chrétiens, tandis que Ben Nachmans'attribueune complète victoire.

* Ben Nachman nomme encore, comme ayant pris la parole dans celte conférence, un maître Gilbanus, juge royal, et un frère Ramon qui peut être Ramon de Penyafort ou Ramon Martin, auteur du Pugiofidei. (Voy. Disputatio Nachmanidis, p. 24, 31 et 58, ap. Wa- genseil ; Basnage, Histoire des Juifs ^ 1. IX, chap. xvii, g 8.)

38S uYRB ffj ciiApmiB m

seerètement BarceloM. Telle est éa meîos la fersion da procès^yerbal ofieieL S'il fallait en croire le rabbin , aa contraire, le roi lui aurait peroiis de retoarner à Giirone^ en lui donnant trois ceols écm d'w poar ses frais (ie voyage*.

Un coreligionnaire de Ben Nachman , rabbi Samuel ben Yirgay a écrit qm cette discassioii fil tant d'beuaeur aux juifs, que le Pape blâma Jacme de ravoir autorisfée et frère Paul de l'avoir soutenue*. Ge qui prouve rinexae* titude de cette assertioû , c'est que le dominicain pour* suivit triomphalement le cours de ses conférences contre les rabbins. Un mois environ après la défiaîte de Ben NachmanS le roi rendit une ordonnance par laquelle il prescrivait aux juifs d'admettve frère Paul dane leurs maisons et dans leurs synagogues pour y prêcher et y discuter sur la foi , de répondfe à ses questions , de lai prêter les écrits de leurs decteurs dont il aurait besoin^ pottr les convaincre, et de payer les frais de transport de ses livres , en déduisant ces frais de leur quote-part d'impôt *.

L'année suivante^ frère Paul fut désigné pour recher- cher et faire effacer les blasphèmes que renfermaient les livres des juifs. Les contestations qui pouvaient naître de cette recherche durent être jugées par un tribunal

* Voy. Disputatio Nachmanidis, ap. Wagenseil, p. 60. Ben Nachman n'écrit pas une seule fols le nom de son adversaire sans le faire suivre d'une malédiction ou d'une injure : « Alors, répèle-t-11 souvent, cetàne ouvrit la bouche et me dit... »

^ Voy. Basnage, Histoire des Juifs, llv. IX, chap. xvu, § 40. ^ Le procès-verbal delà conférence de Bqïi Nacbman est daté du 20 août 4263, et cette ordonnance du 29 septembre.

* Voy. Lindenbrog, Codex legum antiquarum, ^ 235. Avant- propos de la Disputatio Nachmanidis, ap. Wagenseil. Oans cette ordonnance, le dominicain est appelé frater Paulus christiani.

J

GOlCFBRBMCe DA BONASSBUtt DX PORTA 395

dont les Hiembres étaient Té^ôquie daBarcelow, frère Ramon de PeDyafort, frère A. de Segarra « frère RanioD BCartin et frère P., da Gènes ^

Ed 1265, une nouvelle conférence eut lieu dans le palais du roi à Barceloo^^ sous la présidence de Jacme , entre frère Paul et rabbî Bonastmg de Porta, de Girone. A Texemple de Ben Nacbman , Bonastmg rédigea le compte rendu de la discussion. Il en donna même un exemplaire à Tévéque de Girone. Plusieurs frères prê- cheurs , parmi lesquels figuraient Ramon de Penyafort , A. de Segarra et frère Paul, accusèreut le juif d'avoir proféré et écrit des blasphèmes contre Dieu et la foi catholique. Bonastrug comparut devant le tribunal présidé par le roi , et prouva que les paroles qu'on lui reprochait avaient été prononcées par lui dans sa discussion avec frère Paul , après avoir obtenu du roi et de frère Ramon de Penyafort la permission de parler librement. Quant au livre , il avait été écrit à la prière de l'évéque de Girone. Néanmoins les dominicains persistaient à demander une punition sévère. Jacme, par une sorte de transaction , voulait éloigner pour deux ans le rabbin des États ara- gonais et faire brûler le livre incriminé ; mais, les frères prêcheurs ne se déclarant pas satisfaits, il ordonna^ sans prononcer ni condamnation ni absolution, que Bonastrug ne pourrait être poursuivi pour les faits dont on l'ac- cusait que devant la cour de justice présidée par le roi lui-même. En somme, le rabbin était absous et soustrait aux vexations des tribunaux laïques ou ecclésiastiques.

Cette sentence mérite d'autant plus d'être remarquée, que résister aux frères prêcheurs dans des questions

*- Arch. d'Aragon» Reg. Xlil, f*» 456; Coleccion de docummtos tneditof, t. VI, p. 467. Diago , Anales del reyno de Valencia , fo 373.

384 Livitfi IV , cHAntRE ni

de ce geare, c'était presque résister au Saint-Siège lui- même. La lettre de Clément IV, dont nous parlions au début de ce chapitre, fut motivée par cette décision du roi.

Les paroles mômes du Souverain Pontife ne purent faire dévier l'équitable monarque de la ligne de conduite qu'il s'était tracée.

Parmi les hommes de son époque, Jacme fut certai- nement Tun de ceux dont le zèle religieux sut le mieux éviter le fanatisme, et dont la piété fut le plus exempte de superstition. Sa Chronique ne mentionne qu'un seul des nombreux miracles que la tradition rapporte à son règne^ : c'est celui de la participation de saint Georges à la prise de Mayorque, raconté par le roi d'après le récil des Sarrasins. Mais on ne trouve dans l'œuvre royale aucune trace ni de la triple apparition de la Sainte Vierge, qui amena l'institution de Tordre de la Merci \ ni de la multiplication des sept pains à Mayorque \ ni de la décou-

* D. Gaspar Galceran de Castro y de Pinos^ comte de Guimera, a rappelé les principaux miracles qui ont signalé, dit*on^ le règne da Conquistador, dans son écrit intitulé : Exortadnn à la instancia de la canonizaciùn del rey D. Jaitne /*> de Aragon^ dont nous parlons en détail à la note E de l'Appendice.

' Voy. les biographies de saint Ramon de Penyafort et de saint Pierre deNoiasque, af)u<i Baillet , Vies des Saints; Godescard , Vies des Pères, des Martyrs, etc., et les Boliandisles, aux 7 et 29 janvier. Consulter aussi Helyot, Histoire des ordres monastiques, t. 111, chap. xxïiv; D. \Si[ssè\Qy Histoire de Languedoc, 1. XXIII, ch. xiv et note xx du t. III in-f*>, et Thistoire de l'ordre de la Merci, publiée par frère Manuel Mariano Ribera, religieux de cet ordre, sous le titre de la Milieia Mercenaria. Ramon de Penyafort, Pierre de Nolasque et Jacme l*^^ auraient eu simultanément la même vision le V' août 4218. Le roi avait alors dix ans.

' Le roi, racontant l'expédition qu'il fit contrôles Sarrasins réfu- giés dans les montagnes de Mayorque, après In prise de la capitale, a écrit au chapitre Lxxxix de sa Chronique : Mais pendant ce temps

1C1BAGLE8 DU REGNE DE JACME 385

Terte miraculeuse d'une image de la Vierge au Puig de la Cebolla, près de Valence*, ni de la traversée de saint Ramon de Penyafort, de Mayorque à Barcelone, sur son manteau, avec son bâton pour gouvernail*, ni enfin du prodige des saints corporaux, dont nous avons déjà parlé. L'écrivain qui a le plus vivement attaqué l'authenticité de la Chronique royale, D. José Villarroya', trouve dans ce silence un argument à l'appui de sa thèse. Nous y voyons , quant à nous, une preuve en faveur de l'opinion contraire. De tous ceux à qui l'on peut attribuer celte remarquable biographie , un seul devait être sobre des

nous nous trouvâmes en grande disette, car nous n'avions qu'un peu de pain pour tous vivres, et, le dernier jour, il faUut nourrir avec sept pains, Nous, don Nunyo et cent hommes qui mangeaient avec nous. » Là*dessus certains chroniqueurs ont déclaré que, pour suf- fire à tant de personnes, les sept pains avaient être multipliés, et le miracle s'est trouvé créé. Puis Timagination populaire l'a embelli et y a ajouté la miseen scène ; elle s'est représentée Guillem de Mon- cada portant sur son manteau de pourpre ces pains réduits à six, qui devaient désormais former son blason de gueules à six pains ou be- sants d'or ; un prêtre bénit cette insuffisante nourriture, et sous sa main elle augmenta assezpour pouvoir être distribuée, non plus à cent hommes, comme le veut la chronique, mais à l'armée entière. D. Juan Binimelis, qui a écrit une histoire de Mayorque dans les dernières années du XV1« siècle, a contribué pour beaucoup à accréditer ce récit merveilleux.

* La voix des anges, dit la tradition, se faisait entendre chaque samedi dans le ciel, au-dessus du Puig de la Cebolla ; des lueurs su rnatureUes voltigeaient sur un point de la colline; les chrétiens firent des fouilles en cet endroit et y découvrirent une cloche sous laquelle était cachée la sainte image.

* C'est après avoir tenté de vains efforts pour arracher le roi à une liaison coupable, que Ramon, fuyant la cour^ alors à Mayorque, ac- complit, raconte la légende, ce voyage miraculeux.

^ Coleccion de cartas historico-criticas en que se convence qiu et Rey don Jayme /<' de Aragonno fue el verdadero autor de la cronica o commentarios que correnasunombrej por D. Josef Yillarroya, Va- lencia, 4800.

386 LIYBE IJ, €BA«TBE lU

récits merveilleux chers aux imaginations du moyen iga, et c'est précisément le Conquistador. Nous reviendrons sur ce point en traitant, à la fin de ce volume, del'aa- thenticité de la Chronique royale^ Nous ne vouloas ici que faire ressortir la prudence et la sûreté de juj[emeûi de ce grand prince en matière de foi.

On connaît la piété de Jacme l" ; elle s*exhale, pour ainsi dire* de toutes les pages de son livre , de toutes les actions de sa vie ; elle a marqué de traces glorieuses le sol de la Péninsule et celui du midi de la France. Les monunirônts qui frappent les regards da voyageur et ceux, plus modestes et souvent plus durables, que This- torien découvre dans la poussière des archives, raconteal tout ce qu'il y eut de foi dans cette grande âme, tout ce qu'il y eut de solidité dans cet esprit éclairé.

Comme tous les monarques du moyen âge, Jacme le Conquérant fut bienfaiteur de « lieux religieux. » On lai attribue la fondation de plus de deux mille églises, monas- tères ou hôpitaux *. Il sut reconnaître les services rendus à la civilisation et à l'humanité souffrante par les ordres monastiques et les ordres militaires. Dominicains , fran- ciscains, frères de la Pénitence de Jésus-Christ', sœurs de

* Voy. à rAppendioe, noie D.

^ Les chroniqueurs et les vieux historiens d'Aragon, deCalalogiM, de Valence et des Baléares se plaisent à rappeler en détail les Ubéra- lues de Jacme aux églises de leur pays. Nous meotionoerons iol* comme se rapportant à la province de Languedoo, six actes ayant pour objet la reconstruction ou Pentretien de la chapelle royale de Montpellier, du sanctuaire de Noire-Dame de Vaavert, i(u diocèse de Nimes et de l'abbaye de Vàlmagne. (Arch. d'Aragon , Reg. XTVi fo 154 ; Reg. XXI, ^ 84 ; Reg. X, ^ 56 ; Paroh. de Jaome I*% n^ 4Sfe63 et Reg. XII, f* 88.)

' Les frères de la Pénitence de Jésus-Christ étaient aussi appelés frères des sacs. Ils avaient plusieurs couvents en Languedoc. (Yoy. D. Vaissète, Hist, deLang,, liv. XXVI,. ohtp. ijxix.}. Iieor maiaoD de Valence est mentionnée dans les Privilèges de cette viUe, xvia 64.

ORDIIB» RBLIOninL 887

Saint6«lf»rie«lUadeiein& S hospitaliers da Saint-Esprit de HoBtpellier V de Saint-Jean-de-Jérasaiem % chevaliers de la milice de Jésn&'Christ ^, de Saiat-Georges-d*Âlfama % de Calatrava% de Santiago, du Temple ^ de Notre*Dame* de-la-M#rci^ reçurent de lui de nombreuses favears, dont lee dooaments de son règne nous ont conservé le sou- venin

On peut douter que Jacme ait pris une part directe à la création de Tordre religieux et militaire de la Merci ; mais il est certain que cet ordre, dont le but était le

* Par acte du 46 octobre 4273, Jacme fonde à Alcira un couvent de Sainte-Marie-Madeleine, dépendant de la maison du môme ordre établie à Montpellier. (Pareh. de Jacme !«*-, n^* 2169.)

> Cet ordre compta pendant un certain temps des chevaliers laï- ques et des religieux profôs. II avait été fondé en 4498 par Guy, qui, selon l'opinion la plus répandue, appartenait à la famille des sei- gneurs de Montpellier. En 4249, Guillem de Moncada fit une dona- tion à Fhôpital du Saint-Esprit de Montpellier. (Archives d'Aragon, Pareh. de Jacme I", n^ 426.)

> Archives d'Aragon, index des Parchemins de Jacme I»', n^ 2236 ancien.

* L'ordre militaire de la milice de Jésus-Christ avait été institué lors de la croisade contre les Albigeois, pour combattre les héré- tiques. Jacme fit en 4258 une donation au recteur de cet ordre en Provence. (Arch. d'Aragon, Reg. X, f^'iS.)

' Le roi d'Aragon Pierre II avait créé en 4204 l'ordre militaire deSainU^eorges, qui figure plusieurs fois dans les registres de repar- Hmimto de Mayorque et de Valence, et auquel le roi Pierre le Céré- mofiieux donna de nouveaux statuts. Cet ordre fut réuni en 4400 à celui de Notre-Dame de Montesa. (Vôy. Capmany, Memorias sobre la marina, commercio y artes de Barcelona, t. II, Appendice, xxviu.)

* Pour l'ordre de Calalrava , nous mentionnerons entre autres le n* S33 des Pareh. de Jacme I^'.

^ Les Archives d'Aragon sont très-riches en documents relatifs à l'ordre du Temple. Pour le règne qui nous occupe on peut citer, outre ceux dont nous avons déjà fait mention, les n^ 43, 84, 4004 , 4363, 4445, 4554, 4667, 4805, 2436 et 2437 des Parch. de Jacme PS et Reg. Xlli, S»3.

388 LITRE lY, CH4P1TBE III

rachat des captifs chrétiens tombés entre les mains des infidèles, fat institué en 12i8, à Barcelone, par Pierre de Nolasqae S et protégé particulièrement par le roi d'Aragon.

Au moment notre récit est parvenu, Jacme avait formé le projet de mettre le couronnement à ses œuvres pieuses et à sa gloire militaire par une expédition contre les Sarrasins d'outre-mer.

Dès 4245, Innocent IV avait invoqué son aide pour mettre fin aux maux qui désolaient la Terre-Sainte V Jacme, retenu en Espagne, ne put répondre à Tinvitation du Souverain Pontife; mais, en 1260, nous le voyons préoccupé d'un voyage outre-mer que son gendre le roi de CastiUe désapprouve ^

Si Ton en croit Zurita, le roi d'Aragon voulait aller aider le grand khan des Mongols dans ses conquêtes ou dans la répression des révoltes de ses sujets.

C'est une histoire pleine d'intérêt, mais obscure en bien des points, que celle des relations de l'empire fondé par Gengis-Khan avec les pays occidentaux, auXIIP siècle*.

* Pierre de Nolasque étail en Languedoc. On prétend qu'il fut donné comme gouverneur au roi Jacme. Si le fait est vrai , ce ne peut être que pendant que ce prince était entre les mains de Simon de Montfort. La Chronique royale ne parle ni de Pierre de Nolasque, ni de Ramon de Penyafort, ni de la fondation de Tordre de la Merei. Dans la répartition de Valence figurent frère P. de Nonasch, frère P. de Monasch, a ordinis domus sanctœ ËulalûB Bafxhinonse » et frère J. Veudeta a commendator sanctx Eulaliœ Barchinonœ eapU- vorum A Le premier est peut-être Pierre de Nolasque.

' Voy. cette bulle dans le t. V des Mémoires de TÂcadémie royale d'histoire de Madrid, XII de l'Appendice delà Disertacion hUto^ rica sobre la parte que tuvieron los Espanoles en las guerras de Ultramar f por D. Martin Fernandez de Navarrete.

* Voy. ci-dessus, p. 35^5, note 2.

* Voy. les deux mémoires de M. Abel Rémusat sur les relations politiques des princes chrétiens avec les empereurs mongols. {Mé-

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LES MONGOLS 389

Le flot dévastateur de riovasion mongole, grossi de toas les peuples qu'il entraînait sur son passage, avait menacé un instant d'engloutir l'Europe entière. Ces Tar-- tarins qui, suivant l'expression d'un troubadour, venaient terminer toutes les querelles, imposer silence aux clercs et aux laïques et les « mettre tous à la même mesure * » , étaient arrivés en 1241 sur les frontières de l'empire d'Allemagne. Frédéric II, que l'on accusait de les avoir appelés *, implorait pour les repousser le secours de toutesles nations chrétiennes, tandis que, de leur côté, les Papes ordonnaient aux fidèles de prendre la croix contre ces payons*. Saint Louis attendait avec résignation, et, courbant d'avance la tête sous le nouveau fléau de Dieu, il disait à sa mère : « S'ils viennent, ceux que nous appe- lons les Tartares, ou nous les ferons rentrer dans le Tar- tare d'où ils sont sortis, ou ils nous enverront au ciel. » Mais, tout à coup, les hordes qui ravageaient la Hongrie,

moires de V Académie des Inscriptions et BeUes*'Lettres. Nouvelle série, t. VI et VII.) H. Rémusat ne s-esl guère occupé que de ce qui concernait Rome et la France ; il y aurait de curieuses recher- ches à faire sur le même sujet dans les autres archives de l'Eu- rope.

* « Mas er venon sai deves Orien

. Li Tartari, si Dieus non o defen , Qu'els faran totz estar d*una mensura. » (Guillemde Montagnagol. Voy. Raynouard, Choix de Poésies des TrotU>adours, t. IV, p. 333.)

* a Ë Hl par le monde retrait Que l'emperères pour son trait Frôdéris, les ot fait venir Pour crestientô ahounir. i

(Philippe Mouskes, vers 30967 à 30970 ; édit. de H. le baron de ReifiTenberg.)

< Voy. la lettre de Tempereur dans Mathieu Paris, ad ann. 4244^ et ceUes des Papes dans Raynaldi, ad ann. 1259, 40; 1260, n''39, 426S, n*30.

1

390 UTBB lY , CHAPIIBB HI

ehâssées par la famine ou rappeléds p»r les ré?olotioQS de leurpays, abandonnent TEorope, et l*on apprend bientôt après que les ehrétiens d'Orient attendent comme des libératears les Mongols du Midi qai s*a?ancent vers eax. Bien plus, le bruit se répand qu*an grand nombre de ces conquérants barbares professent la religion du Christ, que leurs princes mêmes sont chrétiens.

Le monothéisme indifférent des Mongols, leur alliance aVec les Arméniens, le mariage de plusieurs khans avec des princesses chrétiennes du pays des Keraîtes, la faveur dont jouissaient auprès de ces chefs plusiears prêtres syriens et nestoriens, un certain nombre de con- versions opérées parmi tes Tartares, enfin les difficultés de langage, occasionnèrent entre les chrétiens et les Mon- gols un long malentendu , que les derniers avaient tout intérêt à entretenir, afin de trouver en Orient et en Europe de puissants alliés contre les musulmaes y leurs adversaires immédiats. Même lorsqu'on sut à quoi s'en tenir sur le prétendu christianisme des khans, on con- tinua de les croire disposés à se convertir, et Ton se flatta de les voir abandonner la Terre-Sainte mu Occi- dentaux après l'avoir arrachée aux Sarrasins. Tel était l'espoir qui faisait persévérer les Papes et le roi de France dans leurs relations avec les souverains mongols. Ceux-ci, se considérant comme maîtres du monde, ne voyaient dans les ambassades et les lettres vetines de TOccidenl que des hommages rendus à leur puissance suprême*.

* Pour les relations de l'Occiâent arec Penopire mongol, voyez, outre les Mémoires de M. Rémusat, dont ucus avons parlé plus haut, Raynaldi et Mathieu Paris, à partir de l'année 42i1; de Guignes, Histoire des Huns, des Turcs et des Mongols, etc.; Bergeron, Voyagtt faits principalement en Asie.... par benjamin de Tudèle, Carpin, BebruquiSf etc.; Hayton, HistoHa onentolù; Ibn-Pérat, ap. Bi^kh thèque des Croisades,

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RELAnOlrS AV£G' LES MONGOLS 391

Cepe&dant, après la mort d*Houlagou» khan des Mongols de Perse , les successeurs de Geogis , divisés , affaiblis, comprirent que, pour contracter avec les chré- tiens des allianbes utiles, il fallait consentir à traiter d'égal à égal avec les souverains de l'Europe. Les khans prirent môme plusieurs fois l'initiative des négociations.

Abaga , fils d'Houlagou et gendre de Michel Paléo- logue, essaya, de concert avec son beau- père , de s'attirer la bienveillance du Pape et des princes occidentaux. Quoi qu'en ait dit Zurita, c'est seulement au règne d' Abaga , c'est-à-dire à l'année 1267 , que remontent les relations du roi d'Aragon avec les Tartares. Dans les premiers mois de cette année \ les ambassadeurs mongols reoûontrèrent à Perpignan Jacme qui revenait de Mont- pellier, et lui remirent une lettre « moult amicale de leur roi *. > Le souverain aragonais répondit à cette démarche en envoyant auprès d' Abaga un bourgeois de Perpignan nommé Jacme Alarich ^

* Jacme était à Montpellier le 4 4 d^ kalendes de février 4266 (16 janvier 4267). Voy. D. Yaissôle, Hist. de Languedoc, Uv. XXVI, chap. Lxv; Mahul, Cartulaireet archives de Vancien diocèse de Car- ca$gonne,i. II, p. 292. Un acte dos archives d'Aragon (Parche- mins do Jacme 1*% 4883) prouve qu'il était de retour à Barcelone le 3 des nones de mars 4266 (5m9rs 4267).

* Chronique de Jacme. chap. cclxxy.

' Le jour il donna audience aux envoyés mongols, Jacme reçut un cartel da déûde don Ferriz de Lizana. €e rico home, Fernand Sanctbez et Bernât Guiilem de Entenza, n'avaient pas accepté le /uero d'Exea comine une satisfaction suffisante. Ils avaient néanmoins con- clu avec le roi une trôve qui devait durer pendant toute l'expédi- tion deMurcie. (Arch. d'Aragon, Reg. YIII, ^69; Col. dedoc.ined.. t. Vly p. 46d.) Au retour de Jacme, Ferriz de Lixana fut le seul qui recommença la guerre. Le (^onçut^rador eut bientôt raison de son Tassai , grâce au secours des milices communales, et, comme les bourgeois de Lérida lui avaient reproché de pardonner toujours à la noblesse révoltée, il traita avec rigueur les hommes de don Ferriz.

392 LIVRB !▼, CHAPITRE III

Environ deux ans plus tard , le roi d*Âragon se trou- vait en Castiile, il venait d'assister à la première messe de son fils Sanche , nommé archevêque de Tolède , lors- qu'il apprit qu'Alarich était débarqué à Barcelone. L'en- voyé catalan amenait avec lui des ambassadeurs du khan des Tartares et de l'empereur Michel Paléologue , « les- quels, dit la chronique, apportaient de bonnes non- velles. > Il s'agissait de la croisade en Terre-Sainte, projet aventureux auquel Jacme, malgré ses soixante ans, s'attachait avec une ardeur toute juvénile. Alfonse X désapprouvait le dessein de son beau-père ; mais, comme celui-ci s'obstinait à voir un ordre de Dieu dans ceUe ambassade qui lui arrivait de pays inconnus pour l'en- gager à passer en Orient, le roi savant ne put faire pré- valoir les conseils de la prudence, et, afin de ne pas rester étranger à cette œuvre pieuse, il offrit cent mille morabatins d'or et cent chevaliers.

C'est à Valence que Jacme donna audience aux envoyés d'Âbaga et à ceux de Paléologue. Il fut convenu que les troupes aragonaises débarqueraient à Alayaz ^ ou snr tout autre point du territoire soumis aux Mongols. Le khan promettait d'aller lui-même recevoir son nouvel allié et de se joindre à lui pour marcher sur la Terre^ Sainte. L'empereur grec , de son côté, devait approvi- sionner l'armée de tout ce qui serait nécessaire.

Avec ces assurances , Jacme se prépara au départ, sans se laisser arrêter par les supplications et les pleurs de ses enTants, accourus tous ensemble auprès de lui pour

Quelques-uns d^entre eux, a qui étaient de grand» malfaiteurs *, fu- rent pendus sur les murs du château de Lizana. (Voy. Chroniqae de Jacme, chap. cclxx, et Zurita, Anales^ lib. III, cap. lxxi)

^ Probablement Alafa ou Âlanieh, ville de la Turquie d'Asie, dans le pachaUk d^Adaoa sur la Méditerranée.

CROISADE EN OBIElfT 393

le conjurer de renoncer à son projet. Malgré de nom- breuses désapprobations, le roi se sentait soutenu dans son dessein par les conseils et Texemple de plusieurs princes chrétiens, et par les encouragements d*une grande partie de ses sujets , qui se plaisaient à voir dans le conquérant de Mayorque , de Valence et de Murcie, le libérateur du saint Sépulcre.

« Roi d'Aragon , disait Olivier le Templier , roi d'A- ragon, qui faites peu de cas du péril, qui.avez conquis Majorque et tout ce qui s'étend de Tortose à Biar \ sou- venez-vous du pays d'outre-mer, car nul autre n'est digne de posséder ce Temple que vous avez si bien servi. Et puisque vous êtes l'homme le plus hardi du monde en faits d'armes et que Rome vous y convie, accourez tout le monde vous appelle. Si le roi Jacme avec une compagnie de ses gens passait là-bas, bientôt il pourrait réparer la perte et le dommage et recouvrer le Sépulcre, car contre lui les Turcs arment en vain. Il en a tant dé- confits, pris, garrottés, tués, blessés, détruits en bataille rangée , et il a tant conquis de pays, pour les années qu'il a vécu '!.,.. »

Contrairement à ce qui se passait dans le reste de l'Europe, il y avait en ce moment dans les pays de la cou- ronne aragonaise un redoublement de zèle pour la guerre sainte.

«Je voudrais, armé de toutes pièces, passer la mer

* M. Milà dit Biame^ probablement par suite d'une erreur dans le manuscrit d'où cette pièce est tirée. Le pays de Tortose au Béarn serait la Catalogne et l'Aragon, que Jacme ne conquit pas sur les Sarrasins ; le pays de Tortose à Biar est le royaume de Valence. D'ailleurs Biar rime mieux avec outramar que Biam ou Biame,

> Yoy. Milà, De los Travadores en Espana, p. 366. M. Raynouard D'à donné qu'un fragment de. cette pièce. {Choix de poésies des Trou» badùursj t. V, p. 272)

âM LMIE W, OHAPmBflI

avec les troî$ rois , ehantoît Gaillem de Certera^Ces trois rois étaient saint Louis, Jacme d* Aragon et Thibault de Navarre, qui , par les soins da Pape Clément IV *, avaient concerté cette nouvelle expédition .

Louis IX désirait d'ailleurs voir sa seconde croisade appuyée par un prince de la réputation de Jacme le Con- quérant '.

Dès le mois de janvier 1269 , le roi d'Aragon conclut des trêves avço les émirs de Grenade et de Ceuta , afin de pouvoir abandonner ses États sans craindre une attaque des musulmans d'Espagne ou de cettx d'Afrique ^. Au mois de mai suivant, il traita avec plusieurs chevaliers, qui s*eD- gagèrent à conduire sous ses ordres des compagnies de combattants à cheval ; il nolisa un certain nombre de na- vires ', et, après avoir obtenu des subsides de plusieurs villes d'Aragon, de Catalogne et du royaume de Valence %

^ Milà, De los Trovadores, p. 353. Voy. aussi la jolie pièce de Guiilem ou Galceran de San-Didier oudeSaint-Leyâier, dans le Choix depoéiiêideê Trùubadourê de Raypouard, t. IV, p. 433 ; Gf. Milà, Ik las Trovadore9^ p. 497.

* Martène et Durand, Thesaums novus anecdot,^ t.Il,col.564et574.

* Voy. D. Vaissôte, Hist, de Lang.j liv. XXVI, chap. lxxti.

* Archives d'Aragon, reg. XY, (<» 430 et 434.

^ Les traités avec les chefs des compagnies et avec les proprié- taires des navires se trouvent aux archives d*Aragon, Parchemins de Jacme 1*', n*»» 4974 et suivants. Deux d'entre eux ont été publiés dans la ColêocUm de documentos ineditoe (t. VI, p. 472 et 475). Les noms de oeux ^ui ont passé ces contrats avec le roi sont meotiofmés dans ce dernier recueil (t. VI. p. 474, note) et dans la disserlaiion de D. Martin Fernaadez de Navarrete (Memorias de la Real aeadetma 4e la Hi$ioria^\.y). Celui de Bernât Carbo, habitant de Tortose et pro- priétaire d'un navire y a été omis. (Arch. d'Aragon, Parchemins de Jacme 1*% n<> 4977.) Chacun de ces noms ligure à son rang alphabé- tique dans notre Nomenclature des familles et despersotmesles plus Qonnties des États de Jacme /*'.

^ Barcelone donna quatre- vingt mille sols (Appendice, n" xin de la dissertation deD. Martin Fernandez de Navarrete) ; Morell9, di^ mille (Diago, Anales del reyno de Valenoia^ lib. VII, cap. iix).

il passa à Majropque , dont les habitants lai donnèrent de bon gré cinquante miïte sols. Puis, revenu en Catalogne, il nomma lieutenant général de ses États pendant son ab- sence , riftfant Pierre, ^ui confia , à son tour, à don Atbo de Foees le gouvernement du royaume d'Aragon.

Le mercredi 4 septembre 1369, la flotte, composée de trente gros vaisseaux, de douze galées et d'un grand Nombre de navires de plus petite dimension, quitta le port de Barcelone. Elle avait à bord, outre plusieurs milliers de fantassins et d*aimogavares, plus de huit cents bommes d'armes parmi lesquels on comptait des Tem- pliers, des Hospitaliers, des chevaliers de Galatrava, Tévèque de Barcelone, le sacriste de Lérida, plus tard évéque de Huesca, et les deux fils naturels du roi, Fer* nand Sanchez et Pedro Fernandez.

On était en mer depuis deux jours lorsqu'un vent con- traire s*éleva et divisa la flotte. Le lundi 9 septembre, une violente tempête éclata; pendant trois jours et trois nuits, la galée royale, ayant pour capitaine le catalan Ramon Marquet \ fut ballottée < par les quatre vents qui se heurtaient et se combattaient. » Poussée vers les côtes de Languedoc, elle courut des bordées entre Agde et Aiguesmortes jusqu'au moment elle put entrer dans ce dernier port, suivie de trois navires que montaient le sacriste de Lérida, les chevaliers de Galatrava et en Pierre de Queralt.

11 faut lire dans la Chronique royale * le récit détaillé de cette émouvante traversée, pour comprendre quels sentiments agitaient le ConquUtador, hésitant entre le

* (Quelques auteurs assurent que Ramon Marquet avait le com- mandement génératie la floUe, avec le titre d'amiral de Catalogne. (Voy. Capmany, Jlfemoft(w, t. I, part. I, p. \%S.)

3 Gbap. ccLxxxui.

396 LITRE IT GHAPITBB III

désir de poursuivre sou entreprise et la crainte d*agir contre la volonté de Dieu, qui, plusieurs fois déjà, avait semblé se montrer contraire à Texpédilion projetée, âq milieu de ses ferventes prières à la Mère du Sauveur, Jacme se rappelait sans doute ces mots que le Souverain Pontife lui avait adressés naguère: «Bien que nous ayons appris avec joie que vous vous proposiez d'aller au secours de la Terre-Sainte, nous voulons que vous sachiez que le Crucifié n'accepte point les hommages de celui qui le crucifie de nouveau en se souillant par une union incestueuse S > La liaison qui avait motivé ces reproches n'avait pas été rompue, et cette tempête qui rejetait au rivage le monarque coupable, semblait se charger de justifier la parole du vicaire de Jésus-Christ.

Jacme ne consentit point cependant à se séparer de Berenguela. Après son débarquement à Aiguesmortes, il parut, pour quelque temps du moins, renoncer à la croisade. C'est ce qui fit dire que le roi d'Aragon, pareil au Jupiter de la fable, avait abandonné le ciel pour suivre une génisse V

Ou avait blâmé Jacme d'entreprendre son expédition, on le blâma plus encore d'y renoncer. L'évéque de Ma- guelone et Rousselin, fils du seigneur de Lunel, allèrent le trouvera Sainte-Marie-de-Vauvert, il était accouru rendre grâces à Dieu d'avoir échappé au danger, etl'enga-

* Voy. Raynaldi, Anales eeclesiast., ad. ann. 4267, 33. Le Pape termine sa lettre en menaçant Jacme des censures ecclésias- tiques s'il ne se sépare pas de Berenguela Alfonso.

^ Guillaume de Puy-Laurens (Ghron., chap. l) et Bernard Guide (Annales pontif.) donnent à Berenguela une influence directe sur la résolution de Jacme de renoncer à l'expédition. Ce.^ auteurs ont été les interprètes inexacts de Topinion populaire qui, d'après les paroles du Pape, attribuait l'insuccès de la croisade aragonaise à l'attache- ment iUégitime du Conquistador,

LES ARAG0NAI8 EN STRIE 397

gèrent vainement à s*embarquer de nouveau pour la Terre- Sainte, lui offrant de l'accompagner, Tun avec vingt chevaliers, Tautre avec dix. Les habitants de Montpellier, auxquels il demanda des secours en argent, se montrè- rent disposés à lui prêter soixante mille sols tournois à la condition qu'il persévérerait dans la sainte entreprise; mais le roi repassa les Pyrénées fort mécontent de ses vassaux, « qui offraient plus d'argent à leur seigneur pour le faire aller outre-mer, il pouvait être tué ou pris, que pour le garder au milieu d'eux * » .

Pendant que Jacme regagnait par terre ses États de la Péninsule, une partie de la flotte aragonaise, séparée de la galée royale et des trois autres navires qui avaient abordé à Âiguesmortes, continuait sa route vers l'Orient. Quelques bâtiments avaient péri dans la tempête, quel- ques autres avaient jeté l'ancre sur les côtes de Sardaigne; mais un certain nombre, ayant pour amiral don Pedro Fernandez, arrivèrent jusqu'à Saint-Jean-d'Acre. La renommée du vainqueur des musulmans d'Espagne avait précédé en Syrie les armes aragonaises. Les Sarrasins, assure un historien catalan *, avaient déjà fait un mouve- ment de retraite en apprenant que le Conquistador s'avan- çait vers eux. Les chrétiens, reprenant courage, espéraient la fin de leurs maux. Ce fut en vain que Pedro Fernandez

^ Chronique de Jacme, chap. cclxxxiv. M. Rosseeuw Saint- llilaire dit que le roi, après son débarquement ù Âiguesmortes, es- snya de reprendre la mer, el qu'une nouvelle tempête, qui ne dura pas moins de dix-sept jours, l'empêcha de continuer sa roule. C'est une erreur causée par une fausse interprétation du chapitre cclxxxiv de la Chronique royale. Jacme y parle d'une tentative de voyage outre-mer antérieure à celle que nous venons de raconter. Un vent contraire avait soufflé pendant dix-sept jours et avait empêché les navires de quitter le port de Barcelone.

^ Narciso Feliu^ Anales, t. H. lib. XI, cap. xu.

39S lilVRB lY , CHAPITKE III

etFatnandSancbiea.aUdnâireAt leur père dont ik îgao- rai^t to sort. Voyaot bientôt que ni le kbaa des Tartares ni l'empereur Paléologue ne paraissaient décidés à se joindre à eux \ ils laissèrent aux chrétiens de Syrie des sec<MLrs en bomnàes, en vivres et en argent ' et reprirent la route de l'Espagne, s'arrétauit w Crète et en Sicile. Dans ce dernier pays< Charles d* Anjou les reçut avec dis« tioction et se lia d*an;àitié avec Fernand Sanchez, qa*il arma chevalier. Cette liaison du b&tard aragonais avec le vainqueur de Manfred fit éclater entre Tinfaut Pierre et PernaDd Saochez une haine implacable» dont nous raconteroas bientôt les terribles effets.

Quant à Jacme, il ne parlait plus de passer en Terre-Sainte, et sa gloire recevait une grave atteinte de ce prompt découragement, que Ton attribuait à des motifs peu louables'. «Je prie Tarchevéque à qui est

* L'historien arabe Ibn-Férat, qui parle de rarrivée des croisés aragonais en Syrie, assure qu'un envoyé chrétien alla trouver le khan des Tartares pour lui annoncer le prochain débarquement do roi Jacme. (Voy. Michaud, Bibliot, des Croisades, t. IV J II parail , d'après un acte des archives d'A.ragoo (Reg. XVII), que Vêmpereur de Trébizonde envoya un ambassadeur à Saint-Jean-d'Acre. (Voy. la dissertation de D. Martin Fernandez de Navarrote.)

3 Le registre XVli des archives d'Aragon (Reg. X de la collection de Jacme l*') contient plusieurs documents qui indiquent la nature et la quantité des secours laissés en Orient par les Aragonais. D. Mar- tin Fernandez de Navarrete a analysé ces documents. {Memorias de la Real academia de la Historia, t. V, p. 77.)

^ Voici en quels termes le continuateur de Guillaume de Tyr ra- conte la croisade aragonaiso : « En cel an dut passer le roid'Arragon en Surie et monta sor mer il et ses os. Et quant vint au quart jor, une forlun grand le prist et rompi sa nave. Et quand il vit ce, si s'en retorna arrière au port o tout autres II naves, et toute l'autre navie vint en Acre et si dui enfant bastars car il cuidoient que le roi veoisi et il estoit retorués. Ne oncques pus ne veut monter sor mer por paor qu'il out de la fortune et por l'amer de sa mie dame fieren-

RETOUB DE JAGMB S99

Tolède \ disait le Catalan Gnillem de Mar, d'exhorter le bon roi d'Aragon à se mettre en mer pour accomplir son vœu et pour garder en paix son bon renom *. » L'amant de Berenguela resta sourd aux prières comme aux re- proches. N'ayant pas la force d'arracher de son cœur une coupable passion, il craignit d'affronter de nouveau la colère du Dieu qui repoussait son secours.

guiere. Dont ce fu a lui grant honte et grant reproche. » {Recueil des hietariens des Croisades j publié par l'Académie des Inscriptions et Belles^Lettres ; HisUnriens occidentaux, t. II, p. 457.)

* UinfantSanche d'Aragon.

' Yoy. Raynouard, Choix de poésies des Troubadours^ t. V, p. SOS; Milà , De los Trov. en Esp.y p. 360.

CHAPITRE IV

Organisation des pays aragonais. La maison du roi. Les grands dignitaires de la couronne. Système d'administration. Lieutenants ou pnemtenn généraux. Institutions municipales de Saragosse, Perpignan, Barcelone, Valence et Mayorque. Régime financier ; impôts. Agriculture, industrie et commerce. Vues de Jacme sur la Sardaigne. Missions commerciales. Relations avec l'Egypte et les Etals barbaresques. Consuls à l'étranger, consuls de mer et consuls sur mer. Lois maritimes ; les Gostames de la mar. Monnaies ; faux- monnayeurs. Les arts, les lettres et les sciences. Efforts du roi pour créer une langue nationale. Idiomes en usage dans les États d'Aragon. Jacme écrivain : la Chronique, le Libre de la savicsa, les Fura. Les troubadours. Les poètes catalans. Université de Lérida. École de Valence. Écoles de Montpellier. Théologiens, philosophes et savants : frère Paul, Ramon Martin, Ramon de Penyafort, Vital de Canelas, Ramon Lull, Arnaud de Villeneuve. Prospérité générale des pays aragonais.

A SOD retour dans la Péninsule, le roi d'Aragon, en paix avec ses voisins et avec la noblesse, put s'occuper ex- clusivement de l'organisation de ses États et de la prospé- rité de ses peuples. Un demi-siècle de luttes semblait lui avoir acquis le droit de se consacrer sans partage aux travaux de la paix; mais deux ans s'étaient à peine écoulés que des préoccupations graves et douloureuses venaient troubler ce repos fécond, sans détourner cepen- dant le Conquistador de l'œuvre de civilisation qu'il avait toujours regardée comme le but principal dosa vie.

T. u. 26

402 LIVRE I?, CHAPITRE lY

Noas allons profiter de la trop courte période de calme qui s*étend des derniers mois de li69 aux premiers de 1272, pour compléter ce que nous avons à dire de la situation intérieure des pays aragonais au temps de Jacme V\ et pour nous rendre compte des progrès de tout genre réalisés sous ce règne.

Nous connaissons le jeu dûfi grandes institutions politiques et judiciaires ; la royauté et la nation se sont montrées à nous dans leurs rapports de chaque jour; nous avons pu apprécier les forces dont dispose ia pre- mière, les éléments qui composent la seconde: nous les avons suivies Tune et Tautre dans les camps, dans les tri- bunaux, dans les assemblées politiques * ; il nous reste à jeter un coupd'œil sur Tensemble de rorganisàtion admi- nistrative, — s*il est permis d*appliquercette expression moderne au mécanisme confus d'un gouvernement du XIII® siècle, à voir comment le pouvoir central exerce son action, d'une manière souvent fort indirecte, sur la masse des citoyens, et favorise le développement moral, intellectuel et matériel de la nation.

Dans cette esquisse trouveront place l'administration des finances, les-institutions municipales, le commerce, rindustrie,ragricuUure, les arts, les sciences et les lettres.

Au centre de la machine gouvernementale, comme moteur et surtout comme régulateur, se trouve le roi, entouré d*une cour la physionomie propre au régime monarchique pur commence à se dessiner sur le fond

* Ce que nous avons dit des cortès d'Aragon et des corts de Cata- logne en plusieurs endroits de cet ouvragé suffit pour fairacooDaître leur composition et leur manière de procéder sous le règne de Jacme ^^ â cette époque, les sessions de ces assemblées n'étaient pas encore soumises au cérémonial minutieux que Blaocas a décrit dans son Uvre inlituiié : Modo de frocêder en cartes de Aragm,

MAISON DU ROI 405

des traditions féodales. L'hospitalité large da moyen âge y réonit clercs, barons, chevaliers, simples nobles^ bourgeois, savants, troubadours. Dans ce nombre, le souverain choisit ses conseillers ; mais il se dégage de robligalion de n*agir qu'avec l'assentiment des prélats et des barons. Il compose son conseil privé en quelque sorte au jour le jour, selon son bon plaisir et le besoin des affaires. Il y admet le plus souvent de simples nobles et des bourgeois.

A côté de ces vassaux sans fonctions déterminées, vestiges de l'ancienne institution des convives du roi , se placent en premier lieu les grands dignitaires de la couronne, c'est-à-dire le chancelier du roi, le justicia d'Aragon, le majordome d'Aragon, le sénéchal de Catalogne , le trésorier général ; en second lieu, les chevaliers et les écuyers de la mesnada, espèce de maison militaire d'un monarque féodal*. Au-dessous, s'éche- lonnent, d'après leur rang hiérarchique , les différents serviteurs du roi, de la reine et des princes : le major- dome du palais *, le majordome de la reine % les chape-

* 11 faut ranger dansia catégorie des employés militaires Vingénieur du roi. Magisier Nicoloso, ingeniaritAS domini régis, est mentionné dans la répartition de Valence. ^Voy. aussi, 1. 1, p. 343, et 1. 11, p. 466, note.

^ I! ne faut pas confondre le majordome du palais, simple inten- dant de la maison du roi, avec le majordome d'Aragon, haut digni- taire de la couronne, devenu plus tard le connétable. Zurita , Elan- cas et tous les historiens aragonais qui ont écrit en latin, donnent à ce dernier le nom deau/cB regiœ prœfectus, qui aide à la confusion. La charge de majordome du palais était un démembrement de celle de sénéchal de Catalogne. Le sénéchal nommait le majordome et lui inféodait ses fonctions. (Arch. d'Aragon, Parch. de Jacme, n^ 1760, et Reg.XIX, f^ 443; Cf. Colecdon des documentos ineditoSj t. VI, p. 159.)

On lit dans le Libro de repartimiento de Valence : Roigf major* domus reginœ.

404 LIVRE IV , CHAPITRE IV

lains S les secrétaires, les interprètes, les employés de la chambre', les médecins et les chirargiens', Targentier*, le boQtellier, le maitre-queux {supercocy, le roi des ribauds \ les huissiers, les courriers, etc. '

Parmi les grands dignitaires que nous avons énumé- rés plus haut, il n'en est aucun qui paraisse chargé de diriger une branche de l'administration et qui ait sons sa dépendance tous les fonctionnaires d'un certain ordre.

Le chancelier, qui est toujours un évéque dans les

^ Monso, chapelain du roi, est mentionné dans la répartition de Valence. Jacroe, dans ses codicilles, recommande à ses fils son cha- pelain Ârnald Gaynnot et lui fait un legs. (Voy. Pièces justificatives, n»* XXI et XXII.)

* Pïir exemple, Simon, de Caméra; J. Travi, de Camerâ reginjp {Répart, de Valence).

3 Outre Jueef Àbeutrevi, dont nous avons déjà parlé (t. Il p. 377), nous trouvons : maître Guido, médecin du roi {Répart, de Valence], et maître Joan, chirurgien et a physicien » du roi. (Arch. d'Aragon, Reg. XIX, V 95, et Reg. XX, 304.)

^ Le 25 juillet 4264, Garcia Arnalt, argentier du roi, rend tous les vases d'or et d'argent qui lui ont été confiés. (Ârch. d'Arag., Reg. Xin, ^214.)

' Guirald, boiiller, et Guillem, supercoc, figurent dans la réparti- tion de Valence.

^ Get officier, qui avait dans ses attributions la police intérieure du palais et de Vhosi royal, avec la surveillance des maisons de jeu, des tavernes et des filles de joie, porte dans la répartition de Va- lence, le titre de rexarlolorum ou irloiorum. On voit, par le même document, que celui qui remplissait ces fonctions au moment de la conquête de Valence, s'appelait Garcia. Quelques-unes des femmes que le rex arloturum avait sous son autorité dgurent avec leur quali- fication de quesluaria ou de meretrix, dans la liste officielle des per- sonnes auxquelles le roi distribue des maisons à Valence.

^ Nous avons analysé (t. II, p. 166) un document des archives d'Aragon qui donne quelques détails sur la maison du roi et celle de la reine. Nous mentionnerons encore les actes suivants du même dépôt : Parchemins de Jacme I", n*» 249 et 4U6; Reg. IX, f 75; Reg. X, fo4Set les libros cfer^^'^HimtVn/o de Mayorque et de Valence, passim.

GRANDS DIGNITAIRES DE LA COURONNE 405

pays aragonaisS a la garde da sceau royal ; il Tappose aux Charles et veille à la transcription des documents émanés du souverain.

Nous avons parlé des attributions dujusticia*, de celles du majordome d*Âragon et du sénéchal de Cata- logne'. Quant au trésorier général, au sujet duquel les documents nous font défaut, nous le croirions volontiers préposé seulement à la haute surveillance du trésor public, et distinct d*un autre fonctionnaire, appelé aussi trésorier d'Aragon ou trésorier général, qui se bornait sans doute à réunir dans sa caisse les sommes versées par les divers agents chargés de la perception des impôts et des revenus royaux. Il nous parait difficile d'admettre, en effet, que Ximeno Ferez , grand seigneur et favori du roi, ait été investi des mêmes fonctions que les juifs Jahuda etBondia*.

Ed dehors de leurs attributions spéciales , les hauts dignitaires étaient les conseillers ordinaires de la cou- ronne. Presque toujours appelés à donner leur avis dans les affaires de quelque importance, à peu près tous nom- més par le roi , leur influence était grande sur les déci- sions du souverain.

En ce qui concerne l'impulsion et la direction à donner aux affaires, il ne faut pas perdre de vue la division des pays aragonais en cinq États distincts : le royaume

* Nous citerons parmi les chanceliers de Jacme 1*', Vital de Ca- nellas, évèqne de Huesca, l'un des rédacteurs des Fuef^os d'Âragoo et des Purs de Valence; Andreu de Albalat, évêque do Valence (Arch. d'Aragon, Parch. de Jacme P, n»' U66 et 4473); Joan de Roca ou de Za Roca, évêque de Huesca, que le roi recommande à ses fils dans un de ses codicilles. (Voy. Pièces justif., n'>' XXI et XXII).

3 Voy. ci-dessus, p. 183 et suiv. » Voy. 1. 1, p. 286, et t. If, p. 183.

* Voy. ci-dessus, p. 377, noie 5.

406 LITRE lY , CBAPITRE IV

d* Aragon , le royaume de Mayorqoe , le royaume de Valence , le comté de Catalogne et la seigneurie de Montpellier. Lorsque le roi se trouvait dans an de ces États , il n*y avait pas d'intermédiaire entre lui et les chefs , les magistrats ou les fonctionnaires des grands et des moyens centres de population. Vassaux de la cou- ronne , membres des Cortès , magistrats municipaux , justicias^ bayles des villes, viguiers, junteros, recevaient les ordres immédiats du roi. Ce n*est que dans le fief, dans la commune, dans le district juridictionnel , ordi- nairement assez restreint, ànjusticia, du bayle ou du viguier , que se rencontraient quelques fonctionnaires ou magistrats subordonnés les uns aux autres. L'adminis- tration avait donc conservé un caractère essentiellement local. Il n'y avait ici aucune de ces grandes divisions en bailliages ou sénéchaussées rendues nécessaires en France par rétendue du territoire et par l'œuvre d'unification à laquelle travaillait déjà la royauté capétienne. Dans celui des paysd'Âragon, de Catalogne, de Valence, de Mayorque ou de Montpellier , le souverain résidait , sa surveil- lance s'exerçait directement et de près. On a pu voir combien Jacme avait l'habitude de partager son temps entre ses divers États.

Lorsqu'il quittait pour quelque temps son comté ou l'un de ses royaumes , il y nommait un lieutenant ou procurateur général , chargé de le remplacer pendant son absence, mais qui n'avait pas la plénitude de l'auto- rité souveraine. Montpellier , moins souvent visité par te roi , ne restait jamais dépourvu de lieutenant ; seulement le pouvoir de cet officier était suspendu dès que le roi arrivait dans la seigneurie *.

* Nous avons parlé plusieurs fois des lieutenants ou procunUmr^ généraux; nous mentionnerons encore pour la Catalogne, Guillam

MBimium» «ÉiiéRAVx 407

Il y afait n^e aubère espèce de lientenancè ob de p^eeu- ration générale : c'était celle âe& ih An roi , associés aa geaverfiement des États dont ils devaient hériter. Jaeme ¥' imangare cet excellent système, deyenn après lui une institatioii nationate , en vertB duquel Tinfant héritier fait, dès sa jeunesse, l'apprentissage du métier de roi sous la haute direction de son père. Mavs, au temps de Jacme le Conquérant, Vinhvki procura4eur général n*a pas d'autres prérogatives que celtes que le souverain veut bien lui accdrder. Ellbs sont erdinairemeiit à peu près égales à celles du roi lui-même.

Nous avons va déjà des exemples de cette prùcuraiion!^ . Nous saurons roôcasion d'en donner de nouveaux dans le obapitre suivant.

Quant à la simple lieutenanoe générale, qui place un seigneur à la tète de l'un des États de la couronne d'Ara- gon peodant l'aj^sence du roi , elleeonstilue nn degré de plus dans l'addiinistf*aUon y le souverain conservant tou-

deMoDcada en 4^0. (AiH^h. d'Aragon, Pareb. de JaomàV", n<> 438); Ximeno de Foces en 4253 (Id., id., id., n^ 4329); pour TAragon , l'infant don Fernand, oncle du roi, en 4245 (Id., id., n" 4044); pour ¥alen«e, Ximeno de Poces en 4257 (Id., Reg. IX, P 34 ; Ooleccion de dèomnMtos inëdilos^ f. YI, p. 428) ; pour &fohtpellîer, Guillem de Pave, en 4251 (Id., Pareh. de iacme 1", \v 4263); Guillem de Roqfue- Heuil 4257, 4256 et 4263 (Id.^ Reg. IX, ^ 32 ; Reg. X, f" 49, 94 et 407; Reg. XII, ^ 30); Raymond Gaucelin, seigneur de Lunel, 4264 (Id., Reg. XI, P 244); BerCran de Bellpuig, remplacé en 4276 ptr Arnald Ferrand(Id.* Reg. XX, f> 348). M. Bover a donné la liste chronologique des lieutenants du roi à Bf ayorque {NotUias de Mal- lortAy 2* édil., p. 341).

* Yey. ci-dessas, p. 291, note 4; 292, 294, note 4 et 395.

kn commeneement de l'année 1 254 , la reine Yolande s'intitule lieu- tenante générale du royanm^e. (Benry, Histoire de Roussillon, t. fl, p. 497.) Il devint d'usage en Aragon de donner oe titre à la reine pendant ra[bBeiiee èù roi, lorsque to prince bérltier n'avait pfas en- oore l'âge suffcant pour gouverner.

408 LITRE Vf , CHAPmS ÏW

jours le droit de réviser les décisions de tonte nature prises par son lieutenant V

Un certain nombre de magistratures locales nous sont déjà connues ; mais il n*en est pas de plus intéressantes à étudier que celles qui ont un caractère purement com- munal.

Dans les fueroft ou carias pueblas octroyés par les sou- verains espagnols aux villes et aux bourgs soumis à leur domination, il faut distinguer des dispositions de trois sortes : les unes ont pour but d'affranchir , dans une mesure plus ou moins large, les personnes et les biens des impôts , des redevances et des services ; les autres posent certaines règles de droit civil et criminel , qui sont le plus souvent la confirmation d*anciennescoutumes; les dernières , enfin , instituent des magistratures munici- pales et organisent Tadministration communale propre- ment dite. Il s'en faut de beaucoup que toutes lescartas pueblas renferment ces trois espèces de concessions. Nous n'avons à nous occuper ici que de celles de la der- nière espèce , les moins nombreuses de toutes '.

< La comparaison de deux documents conservés aux archives d'Aragon, Reg. IX» f»* 34 et 36, et publiés dans le t. YI, p. 4S7 et4SS de la Coleccion de documentos inedilos, peut donner une idée de la différence des pouvoirs conférés à Tinfant héritier ou à un simple lieutenant général.

* Les cartas'pu^las, qui ne règlent pas Torganisation communale, sont loin de l'interdire. Qu'elles accordent en termes exprès aux habitants le droit de « faire une confrérie entre eux selon les coo- venllons qu'ils pourront arrêter », ainsi que nous le voyons dans la charte accordée en 4485 par Alfonse II, aux habitants de Villagrassa (Arch. d'Aragon, Reg. 11, 53; Coleccion de documentos inédites. t. YIII, p. 74), ou bien qu'elles gardent le silence sur ce point, elles favorisent toujours la création des communes par les privilèges qu'elles octroient à presque tous les centres de population. Aussi est-il vrai de dire avec un illustre historien qu'en Espagne « loute

ORGANISATION NDNICIFALE 409

Le roi Pierre II fat peut-être le souverain qui accorda aux villes de ses États les libertés les plus étendues. Lorsque le besoin d*argent lui faisait consacrer Tindé- pendance presque absolue de la commune de Montpel- lier \ il avait déjà concédé aux habitants de Fraga lo droit d*élire vingt prud'hommes pour « diriger, orga- niser et gouverner la ville»', établi cinq consuls à Per- pignan , et octroyé aux jurés de Saragosse le privilège exorbitant de faire tout ce qui leur paraîtrait nécessaire «pour le bien du roi et pour l'honneur d'eux-mêmes et de tout le peuple > , sans pouvoir jamais être poursuivis même pour avoir mis quelqu'un à mort, sive faciatis homicidia sive quœcumque alia '.

Il y avait de l'imprudence à désarmer ainsi le pouvoir royal en face de la bourgeoisie , lorsqu*il était déjà impuissant vis-à-vis de la noblesse. Jacme agit plus sage- ment. Il procéda par essais successifs et posa , après des tâtonnements nécessaires , les bases de solides institu- tions.

Nous ne pouvons étudier en particulier l'organisation de chaque cité et de chaque ville des États aragonais * ; il

viUe repeuplée de chrétiens devint une commune, c'est-à-dire une association jurée sous des magistrats librement élus, b (Augustin Thierry, Dix ans d'études historiques, partie, XV. ^

* Voy. t. I, p. 99.

* Archivesdela couronne d'Aragon, parchemins de Pierre 1*' (de Catalogne), 420; Goleccionde document, ined., i. VIII, p. 92.

' Cet acte a été publié par Miguel del Molino (Bepertorium foro- rum , verb. Privilegium)^ par Munoz y Romero {Coleccion de fueros y ccrtas puehlasy p. 456), et en dernier lieu par donModesto Lafuente, d'après la copie conservée aux archives royales de Simancas (Historia gênerai de Espana^ part. I], lib. u, cap. 43.)

* Le titre de cité semble avoir appartenu aux capitales des trois royaumes, à celle de la Catalogne et, en outre, à Huesca, à laça et à

410 UTRK IV , GAiPlXBB IT

nous suffira de choisir comme type dans chaque région le centre de population le plus important, c'est dire que nous nous occuperons seulement des municipalités de Saragosse, Barcelone , Perpignan, Valence et Majorque. La cooomune de Montpellier a acquis tout son déTelop- pement avant Jacme V , et» sous le règne de ce prince, elle échappe à peu près entièrement à Taction de la royauté *.

Pour Saragosse et Perpi|;nan, les innovations de Jacme paraissent de peu d'importance. Il ne fit que régulariser cequi existaitdéjà, en ordonnant qu'il y eût dans la capi- tale de TAragon douze jures fjuradosj nommés annuel- lement par le roi sur la présentation des jurés sortants*, et qu'à Perpignan, l'assemblée de tous les prud'hommes de la ville, appelée de temps immémorial à donner son

Tarragone. Les villes se divisaient en grandes et petites; Perpignan, Girone, Torieee, Lerida paraissent avoir été les grandes villea eala- lanes sous Jacme I*'. Zurita nous apprend que Ton reconnaissait Galatayud, Daroca, Teruel, Exea , Borja , Barbastro et Uncaslillo comme viFkis mayores d'Aragon, dès règne de Wefre II. Il résulte d'unesentenoa afbittalo retotive aux Aknos et aux prémisses, et insé^ rée dans le recueil des Privilèges de Valence (f» xxii, 77), que les principales communes {universitats) du rjoyaume valencien élaieni en 4268, outre la capitale, les villes deXativa, Murviedro, Alcira, Liria, Dénia et Gandia.

* Nous avons mentionné la tradition diaprés laquelle Ramire le Moine aurait concédé à la ville de Jaca le fuero de Montpellier. Le fait peut Ure exact en ce qm oonterne le àtoU oivit et erimiael; mais les consuls Jaca n'eurent en aucun temps rautorité des cbefe de la eoiBnHine languedocienne. Iles! vrai (|u'à Tépoque de Ramire II kl ebarte de Montpellier n'avait pas ene(we pris )a forme sous lit- qiieUe noua la oennaiss^^ns aujourd'hui.

^ Friviléfe ée l'année i!r74 (Areh. d'Arag., parcb. de Jacme !••, n* 2099; Coleccion de document ined,, t. VI, p. 477). D'aprè» unns»§e «neien^ les bcMtants de la ville pouvaient être quelquefois féanis en assevUé^gteÉrate.

MUmCiPALirB DE BARCELONE 411

avis dans les affaires municipales, fût remplacée par on nombre déterminé de conseillers \

Le réformateur aragonais porta plus particulièrement son attention sur Barcelone, la ville la plus peuplée et la plus riche de ses États. Jadis, dans la capitale catalane, tes chefs de famille, les anciens, réunis en assemblée publique, traitaient les affaires de la cité sous la prési- dence du représentant du comte souverain. Lorsque la Catalogne fut uuieau royaume d*Aragon, le nom de ces conseillers changea; ce ne furent plus les seniores, mais bien les probi homines qui formèrent rassemblée com- munale. En 1249, Jacme l" nomma « quatre pahers (pairs ') de la cité et université de Barcelone », lesquels étaient autorisés à s'adjoindre un certain nombre de conseillers pour l'administration de la ville. Le pouvoir exécutif restait entre les mains du viguier représentant le roi. Cet acte ne statuait que pour une année, et ne posait aucune règle pour l'avenir '.

En 1257, un privilège royal établit que, pour un temps indéterminé et tant qu'il plaira au roi et à ses succes- seurs de maintenir cette concession, il y aura à Bar- celone « huit prud'hommes conseillers du viguier » qui se réuniront chaque samedi pour traiter des affaires com- munales. Ces huit conseillers devront, de concert avec le viguier, élire une assemblée de deux cents membres qui pourra être convoquée toutes les fois que le conseil

ê

* Boscby Titols de honor de Cathalunya, p. 410, d'après le Ih'^re major vert des archives de la commune de Perpignan , 45.

^ Les pahert sont appelés dans les acies latins paciarii. Lerida a aussi ses paciarii et son conseil des prud'hommes. (Voy. MemoHas sobre el aniiguo commerciode Barcelona parCapmany, t. IV, Coleccion diplonuUica, p. 5.)

* Ce document a été publié par Capmany, MevMyrias, t. Il,, col, dipl.^ p. 357.

412 LIVRE Vf , CHAPITRE lY

des huit ou le roi le jugera convenable. Les huit con- seillers n*exercent leurs fonctions que pendant un an. Pour la première fois, ils sont nommés par le roi; mais ils doivent à la fin de Tannée choisir leurs successeurs, qui, en entrant en charge, nomment à leur tour les deux cents membres du grand conseil. Le viguier est tenu de suivre en tout Tavis des prud* hommes qui forment soit le petit, soit le grand conseil ^ Parmi les huit conseillers nommés par la charte royale, la noblesse était représentée par deux chevaliers, la main majeure *, par trois bour- geois honorés; la main moyenne, par un marchand (mercader); la main mineure, par un épicier et un tail- leur*.

De ce privilège date l'organisation municipale qui valut plus lard aux magistrats de la commune de Bar- celone une autorité presque souveraine et des honneurs royaux \ Cependant le nombre des membres des deux conseils subit de nombreuses variations. Le roi réduisit les conseillers proprement dits à six, en 1260, puis à quatre, en 1265. Par cette dernière ordonnance, il autorisa la commune à choisir ceux qui devaient exercer leur charge pendant la première année, mais pour l'avenir, les conseillers sortants conservaient le droit d'élire leurs successeurs. Le grand conseil ne compta plus que cent membres. Cette assemblée prit dès lors le nom de Conseil des cent, qu'elle a conservé pendant plusieurs siècles, bien que le nombre de ses membres

* Cet acte se trouve aux archives d'Aragon, Reg. IX, 44. 11 a été publié dans les Af^mortVu de Capmany, t. Il, col. dipLy p. 464, et dans la Colec. de document, ined., t. VIII, p. 420.

« Yoy. 1. 1, p. 434.

^ Voy. Gapmany, Memorias, l. II, app.^ p. 68.

/d., l. II, app,, p. 408.

MimiCIPALITÉ DE TAlEIfCB 413

ait été augmenté sous les règnes soivaDts. La eharte de 1265 obligeait le bayle, comme le viguier, à n*agir qu'avec rasseotimeot des magistrats municipaux, et attribuait à ces derniers un droit de surveillance sur les officiers royaux ; mais cette organisation n*était pas définitive. Elle ne devait durer que dix ans, d*après les termes de Tacte même de concession \

Avant Texpirationde ce délai, le 3 novembre 1274, un nouveau privilège vint prolonger pour dix années encore re£fet de Tordonnance qui précède, et éleva à cinq le nombre des conseillers ^ Tel fut, à quelques modifications près, le système d'administration qui se maintint à Bar- celone durant tout le moyen âge.

L'organisation municipale de Valence sous le règne qui nous occupe est mal connue. Schmidt ^ a été induit en erreur par quelques anciens auteurs, qui, s'intéressant fort peu à tout ce qui touche au régime communal, ont évidemment confondu les institutions nées à des époques différentes. Nous avons sous les yeux les chartes publiées en 1515 dans le recueil des Privilèges de Valence, et il résulte clairement de leur texte que la plus grande lati- tude est laissée par le roi aux habitants de cette capitale pour l'administration de leurs intérêts communs. Ici plus de restrictions et presque plus de tâtonnements. Le 13 septembre 1245^, le roi autorise la nomination de

* Cdpmany, Memorias, l. 11, app,, p 68, et roL dipl. , p. 466: Colec. de document ined., t. VIII, p. 437.

^ Cet acte n'était pas connu de Capmany. On en trouve une copie contemporaine de Toriginai dans le Reg IX, 492 des archives d'Aragon. Il a été publié dans le t, VIIl de la Col. de document, ined,

* Geschichte ar agonîmes, p. 399.

* Privilèges de Valence, VII, 18.

414 U?BB IV , CHAPITRE IT

quatre magistrats qui ne sont plus seulement, comme à Barcelone, les conseillers d'un bayle ou â*un viguier, mais auxquels appartient le pouvoir exécutif dans tonte son étendue pour ce qui concerne le gouvernement de la cité. Ils portent le nom de jurés (jurais) et peuvent s'adjoindre des conseillers en nombre indéterminé *, qui sont contraints au besoin par le justicia de venir apporter le concours de leurs lumières aux magistrats munici- paux *.

Les jurés et les conseillers délibèrent et agissent en dehors de toute interrention du pouvoir royaP. Ils ne sont pas tenus de révéler au roi le secret de leurs délibé- rations, ni de lui rendre compte des motifs qui ont dicté leurs décisions. Ils ne peuvent jamais être poursuivis pour les actes accomplis en vertu de leur charge.

Les fonctions de juré sont gratuites et annuelles ; ou ne peut les refuser sous aucun prétexte; elles obligent celui qui en est investi à abandonner ses propres affaires pour veiller à celles de la cité. Les jurés sortants choisis- sent leurs successeurs. Deux habitants de la même maison ne peuvent remplir à la fois ces fonctions. Par la der- nière clause de ce statut, le souverain se réserve le droit de révoquer ces concessions et de retirer, lorsqu'il le jugera convenable, les libertés qu'il vient d'accorder

Cette restriction ne fut pas maintenue. Un privilège du 15 avril 1266 mit la ville de Valence en possession irrévocable de ses franchises municipales. La charte de 1245 ne fut modifiée qu'en un point: les conseillers

* Quot et quos voluennt, dit le Privilège.

^ Priv. de Valence, xxiv, 82.

' Le bayle et la cort peuvent néanmoins pour les actes de leur adminislralion requérir Tavis des jurés, qui sont tenus de le leur donner.

MUNICIPALITE BB MàTORQVB 415

cfraisîs par les jurés en ex^ereree furent appelés à con- courir avec ces deraiers à Téleclion des aouveaux jurés*.

'On voit, d'après ce qtri précède , combi^ le système d-admifiislration eommanaleétabli à Yalence par Jaome I** diffère de cetui que Schmidt a décrit sur la foi de Beuter et d^'Escohtio ^, et qui a fait dire à un historien français » é^ré à son tour,* qu'à Yaience « Tempreinte féodale efface toutes les autres. » L'examen des /i^rnous a montré ce qu'il faut penser de la féodalité vatencienne. Quant à son influence dans U commune, elle se serait exercée, d'après Schmidt, par l'intermédiaire des quatre jurés, choisis de droit, as8ure-t*il, parmi les chevaliers. Des syndics représentant la haute noblesse, la haute, la moyenne et la petite bourgeoisie, auraient été chargés de surTeiller la gestion des jurés, qui ne pouvaient, d'ailleurs, prendre aucune décision sans l'avis d'un con- seil composé de citoyens de toutes les classes ^

Ce que nous connaissons deà idées de Jacme I" suf- firait pour nous faire hésiter à lui attribuer l'institution d*an régime municipal dans lequel la noblesse a une prépondérance marquée sur la bourgeoisie. Les docu- ments que nous avons analysés plus haut viennent donner raison à nos doutes.

A IMby orque, un privilège royal du 7 juillet 1240'Créa six jurés, dont nn noble, deux bourgeois honorés, deux marchands et un artisan. Les jurés sortants éliraient leurs successeurs. Un grand conseil, composé d'un nombre

* Privil. de Val., xxi, 71.

* HUlona de la ciudad y reyno de Valencia, 1610.

^ Geschichiearagoniens,\). 399. QuelquCï^ lignes plus bas, Schmidt fait remonter jusqu'à Jacme 1*' rinstllullon du justieia criminal, qui date seulement de 4321. (Voy. Privil. de Valence, f"» lxix* n*» 423.)

416 LIVRE IV, CHAPITRE IV

indétermiDé démembres de toutes les classes, prétait son concours aux magistrats municipaux \

Les traits généraux du système communal se retrou- vent, comme on le voit , dans les États de la couronne d'Aragon. Il faut remarquer cependant que, dans ces pays , les attributions des magistrats municipaux n'em- piètent jamais, du moins en principe, sur l'autorité judiciaire. Le roi n'abdique nulle part son droit de jus- tice en faveur des consuls ou des jurés; mais ces derniers comprennent dans un sens si étendu leur droit d'admi- nistration, qu'à Barcelone, par exemple, le pouvoir exé- cutif, réservé en théorie au viguier, finit par être tout à fait annihilé, et qu'à Montpellier les consuls devien- nent de véritables législateurs ^ Dans ces deux villes, les représentants de la commune jouissent, entre autres pré- rogatives, du droit de nommer les agents chargés de veiller aux intérêts du commerce indigène dans les pays étrangers'. Jacme T permet, en outre, aux conseillers de Barcelone de faire battre monnaie V

Parmi les fonctionnaires municipaux inférieurs aux consuls, jurés ou conseillers , quelques-uns méritent une mention. Ce senties consuls des corporations, existant à Montpellier et à Barcelone au temps de Jacme le Con- quérant*; les inspecteurs des métiers, institués à Valence

^ Nous empruntons ces indications à l'ouvrage intitulé : Noticias hisiorico-topographicas de la isUi de MaUorca , par D. Joaquin-Maria Bover, 2* édil., p. 497 et 362.

^ Voy. Germain , Histoire de la commune de Montpellier , t. I , p. 445.

* Capmany, MemoHas, t. II, app,, p. 444 ; Germain, Histoire de la commune de Montpellier, t. 1, p. 4 47.

* Capmany, Memorias, t. II, app.^ p, 441.

^On trouve aux archives d'Aragon (Reg. XI, ^»273 et 274) Je procès-verbal de l'élection des consuls de métier de Montpellier,

FINANCES 417

par ce prince* ; les consuls de mer de Montpellier* ; les oaVriers de la commune clôtare de la même ville'; les réparliteurs des impôts^ ; les inspecteurs des rues, égouts et canaux'; le mustazaf ou almotacenj préposé à la sur- veillance des rues, des denrées mises en vente, des poids, des mesures^ et chargé de « châtier les faussetés et trom- peries de tous les marchands et artisans de la cité* >; les cequiers, gardes des canaux d'irrigation dans le royaume de Valence ^

Nous venons de mentionner les répartiteurs d*impôts. Bien que nommés par la commune, ils concourent aussi au prélèvement des contributions royales. Ceci nous

faite le l*' mars 4259 en présence du roi. (Voy., pour Barcelone, Capmany, Ifemon'â^, t. I,part. m, p. 32.)

* Privil. de Val., f* xxiv, 83. Ils doivent veiller à ce que les marchands et ouvriers ne commettent aucune fraude. Il est pro- bable que l'institution des gardes de métiers de Montpellier remonte aussi au XIII* siècle. (Voy. Germain, Histoire de la commune de Mont- pelHer.X, î, p. 466, et t. III, p. 478.)

' Voy. Germain, Histoire de la commune de Montpellier et Histoire du commerce de Montpellier. Les consuls de mer de Barcelone ne furent créés qu'en 4279. (Gapmany,. Memorias, t. I, part, u^ p. 453.} 'Il y avait à Valence une «œuvre des ponts et des murs» dont nous gnorons Torganisation. ( Voy. Furs, liv. I, rubr. III, f. xvi.) Il est dit dans les Privilèges de cette ville (^ xiii, 38) que les nobles et les clercs ne sont pas dispensés de contribuer à la construction et à la réparation des murs, des fossés , des chemins, des ponts et des canaux, les contributions de cette nature n'étant pas comptées au nombre des services vils.

* Priv. de Val., f°xiv, n^ 43: et^ xix, n? 64.

' Les officiers municipaux établis à Valence en ISI57 (Priv., P xvu, n* 56) avaient aussi Tinspection des corps de métiers. Leurs attribu- tions furent réparties en 4270 entre les inspecteurs (vehedors) des métiers et le mustazaf.

* Furs, lib. IX, rubr. XXVI.

' Purs, lib. IX, rubr. XXXI; Priv. de Val., ^ xi, n* 34, et xiti, n* 38.

T.n. 27

418 LIVBK iV , CbA^ITRE IT

tiiàène à dire quelques mots dn régime fmaDcier des pftys ^ragonais an XIIP siècle.

Le roi ne parait pas avoir un domaine privé ^ Ob a pa cependant donner ce notn aux fiefs et aux honars dont le souverain se réservait la jouissance directe, et qui for- maient une sorte de dotation de la couronne. Les revenus de ces biens peuvent être considérés comme composant le trésor particulier du rôi , tandis que les impârts levés sur le reste du territoire formeraient le trésor public. Mais nous ne croyons pas que Ton trouve des traces de cette distinction, même en Aragon, la nation séparait si nettement ses intérêts de ceux de la royauté.

Les sommes qui devaient en temps ordinaire faire face aux dépenses du roi et à celles de TËtat provenaient de quatre sources différentes :

r Les revenus et redevances féodales des domaines possédés directement par le souverain en qualité de sei- gneur. Parmi les plus importants de ces revenus , il faut compter le produit des salines royales ;

2*" Les amendes et frais de justice;

3"* Les impôts généraux, auxquels on pourrait appliquer la division moderne en impôts directs, frappant la ri- chesse acquise sur ses possesseurs actuels, et impôts indirects, frappant certains faits de production, de cir- culation ou de consommation de la richesse. Dans la pre- mière classe se rangent la taille {peyta on pécha en Aragon), la queste, \esprecaria, novennaria et deveria*^ le droit de maravédis', le monedatge, Texemptiou pécii-

* Il en était autrement en Gastille, d'après lesPartidas (Part. II, tit. xvn, 1. 1).

^ Voy. ci-dessus, p. 499. Les precaria, novennaria et deoaria étaient généralement assignés aux ricos homes et aux metnaderos à titre ù^honors et (le cavallerias.

Voy. notre t. i, p. 368.

Biaire de Vhost et de la chevauchée , les diverses taxes sur le bétail , appelées en catalan camalge , aseadura, herbatge, bovatgeK Parmi les impôts indirects, nous mentionn«roi>s les droits de leude , de péage , d'entrée, de passage, de mesorage, de pesage, de rivage*;

4** Les taxes snr les juifs % les droits de besant et de quini sur les Sarrasins *.

Quelque nombreux que fussent ces revenus, lear produit était peu considérable à cause des innombra- bles franchises qui dispensaient du payement des impôts certaines classes de personnes et de biens, et quelque- fois des pays tout entiers. Outre les nobles et les clercs, exempts de droit , une grande quantité ^e non nobles laïques étaient affranchis des charges publiques par con- cession royale. D*un autre côté, Tintérét du commerce et celui de leur repeuplement valurent souvent aux villes et aux pays nouvellement conquis des franchises plus ou

* Vherbatge et le bovaige sont particuliers à la Catalogne (Voy. 1. 1, p. 453, note 4 et ^38 ; t. II, p. 345.} Le premier est une taxe d'un denier par brebis ou par chèvre. Le droit d'assadura est mentionné dans les Privilèges de Valence (t° xxvii, n<* 87), et celui de camatge icamaticum) , dans la oaria-puebla de Mayorque.

^ Ces contributions sont énumérées dans la carta-puebla de Mayor- que, sous les noms de lezda, pedaticunit portaticum, passaticum, men- suraticum, pensvm, tibaUcum. Le droit de rivage (ribaticum) est une taxe sur Rembarquement et le débarquement des marchandises. Le môme document parle aussi d'un droit de quarentenum dont nous ignorons la nature.

' Par privilège de Tannée 1247 , les juifs a des royaumes de Valence, d'Aragon, de Catalogne, de Mayorque et de toute la juridic^ tien 9 du roi d'Aragon , furent exemptés à perpétuité des péages avilissants qui, dans plusieurs pays, les assimilaient à certains ani^ maux. (Priv de YaL, f* x, n^ 24.) Il faut rapprocher ce document de eeux que nous avons d^à mentionnés au chapitre III du présent livre, à propos de l'état social des juifs.

* Voy. ci-de93us,.p. 371 et Privil. de Val., foX,;nrX5,

420 UVRB I? 9 CHAPITRE IV

moÎDS étendues en matière de contributions. Ainsi « les. habitants du royaume de Mayorque furent exemptés de tout impôt dans les États du roi d* Aragon *; ceux de Barcelone et de la seigneurie de Montpellier , des droits de leude et de péage *; ceux de Valence» des droits de leude, péage, pesage, mesurage, rivage, dans rétendue de ce royaume seulement '. Presque toutes les cartas pueblas renferment des privilèges de ce genre. Si Ton retranche maintenant des sommes perçues la part qui revenait aux communes et ce que le roi concédait à ses ricos homes ou à ses mesnaderos à titre d*honors et de cavallerias, on ne sera pas étonné que Jacme ait été réduit pendant toute sa vie à une grande pénurie d'argent. Sa générosité ajoutait aux embarras *^ car elle ne s'arrêtait jamais devant de pareils obstacles , et les revenus de ses domaines étaient ordinairement dépensés longtemps avant d*étre perçus '.

Aussi Tavons-nous vu, pour toutes ses conquêtes, demander des ressources extraordinaires aux cortès et aux conseils communaux. En 1268, Clément IV, écri-

^ Voy. la car<(i-ptc«&/a de Mayorque, ap. Quadrado, Historiade lu conquista de Mallorca, p. 424.

* Capmany, Memorias, t. H, col. dipl.^ P- 44 ; GerroaiD , Histoire du commerce de Montpellier ^ 1. 1, pièces Jostiflcatives , p. 494.

* Privil. de Val., f^ ii, 7; Furs, lib. IX, rub. XXXIH f. 4 et %.

* Nous citerons, entre autres, le parchemin n* 2242 de lacoUection de Jacme I*' aux archives d'Aragon, n contient des aumônes consi- dérables aux pauvres à prendre sur les revenus des baylies.

" On trouve aux archives d'Aragon une quantité innombrable d'actes d'emprunts ou d'engagements de rentes royales. Outre les documents dont nous avons déjà parlé, nous mentionnerons les parchemins de Jacme P', n«* 204 , 246 , 444 , 439 , 450 , 832 , 834, 4220 ancien, 4574, 4589, etc.; les Reg. X, £«442; Reg. XI, f<» 479, 4^0 ; Reg. XIV, ^ 84. En 4266, Jacme fut obligé d^engager son écu royalpourse procurer du blé. (Voy. Pièces justificatives lYII.)

RBPABTITlOlf UB8 IMPÔTS 421

▼ant à saint Louis pour organiser la croisade , disait qne le roi d* Aragon serait prêt à entreprendre la guerre sainte si Targent ne lui manquait pas ^ Le Sainl-Siége aidait du reste aux expéditions contre les Maures en autorisant les souverains à percevoir un impôt d'un dixième sur les biens du clergé. Cette contribution ne pro- duisait dans les États aragonais, au temps de Jacme V, que dix mille livres*.

Voici maintenant ce que nous savons sur la manière dont s'opérait la répartition et le recouvrement des impôts qui ne se percevaient pas au moyen d'un tarif :

En Aragon et en Catalogne , lorsque l'assemblée nationale octroyait au souverain un impôt pour sub- venir aux besoins de l'État, elle fixait quelquefois le taux per solidum et libram d'après lequel chaque con- tribuable aurait à participer aux charges publiques. C'est ainsi qu'elle avait établi le droit de maravédis à raison d'un maravédis par dix ducats de revenu. D'autres fois, chaque membre faisait connaître quel était le secours en argent ou en nature que le pays qu il représentait était disposé à fournir. Ainsi les seigneurs s'enga- geaient pour leurs fiefs et leurs honors; les prélats, pour leur église ; les membres de la bourgeoisie , pour leur commune. Quelquefois , du reste , les conseils des villes n'ayant pas été préalablement consultés , leurs représen- tants ne faisaient qu'une promesse indéterminée, sans fixer le chiffre de la prestation '.

Dans les pays il n'y avait pas d'assemblée natio- nale , par exemple dans les royaumes de Mayorque et

' Martène et Durand, Thesaurw navus anecdot, t. ii, col. 564. > M. Id.

' Voyez par exemple la session des coris, qui décide la conquête de Mayorque.

49B LIVBE Vf 9 GRAFim I?

de Valence » le roi demandait directemeiit les séceurs à chaqae ville.

Une fois la somme à payer par la eommaoe déter- minée, les magistrats municipaux élisaient des pru- d'hommes qui faisaient la répartition individuelle* entre les habitants de la commune , « de telle sorte , dit un privilège de Tannée 1251, statuant seulement pour la ville de Valence , que Ton donne le double pour les meubles que pour les immeubles. Ainsi, s*il faut donner deux deniers ou plus ou moins par livre pour un im- meuble, on donnera quatre deniers, c'est-à-dire le double par livre pour un meuble V »

La fortune de chaque contribuable est évaluée d'après la déclaration qu'il fait lui-même sous la foi du serment. Les dettes sont déduites de la valeur des biens. Les répartiteurs perçoivent l'impôt. Il leur est interdit, sous peine de confiscation de leurs biens, de faire connaître, même au roi, quelle est la somme à laquelle chaque habi- tant a été taxé par eux '.

L'argent recueilli est remis au bajle ou peut-être à l'un des trésoriers freposiUrih olavigeri) nommés par le roi dans les principales villes d'Aragon ^. Les bayles concentrent dans leurs mains le produit des justices de leur circonscription , et les sommes perçues par les

* Le nombre de ces prud'hommes a varié suivant les temps et les villes. (Voy. Privil. de Val., ^ xiv, 43, et /• xix, 64.)

* Privil. de Val., î* xiv, n«43.

^ Voyez, pour la répartition et la perception des impôts à Valence, le recueil de Privilèges de ce royaume f<» xir, n*> 43, xvi, 48 et f> XIX, n** 64. Un système analogue devait sans doute être employé dans les autres parties des États aragonais.

^ Nous avons déjà parlé de ces trésoriers royaux (t. I, p. 2U}. k Ofnnis villa in qua rex hahet clavigerum est sedes , » dit un fuero d'Aragon. {Fueros^ t. II, liv. I, de Pignoribus.)

feag$rsi^ les l^a^^ircis et les s^nlresi cplfe^^tepi;; çtes iqipôts que nous appeloDs. indirects ^

S'il fallait mesurer le chiffre de Timpôt à la ricbessj^ di) pays qui le paye, la Catalogne, Mayorque, Valence , Montpellier, auraient à peu près sepis alimenter le trésor royal.

Quant à TAr^gon , auquel rindépendançe tenait lieu de richesse , une agriculti^re primitive , dont les procédés n'ont presque pas progressé jusqu'à nos. jours, Télève des troupeau,]^, Texploitation des saline^*, étaient se$ principales ressources. Jacme I" essaya. 4.e les développe^ autant que le |ui permit l'immobilité traditionnelle dq ce peuple , immobilité qui n'est p^s Timpuissance du mouvement , mais le dédain <jlu mieux et la persuasion que 1/a liberté mérite seul^ en monde des sacrifices et des efforts.

Par les fwros de Huesça, Jacme donne les plus grandes facilités pour le défrichement des terres incultes'; par un privilège de 1218., il établit un juge spécial civil et criminel ppur toutes les contestations qui pourront S|' élever ai^ sujet des troupeaux *; pa^ une ordonnança de 12Q& et par lefuero d'Exea, i,| réglemente le trans- port et le commerce du s§.l ^

* Voy. Privil de Val., P x, n'* 25 et 26. \\ semble résulter d'un passi|ge (^ docunieot 94 , f», ^xvpi du recueil 46s PrivUéges, que le^ impôtsi iQ^ifiscts étaient affermés apx agents chargés de le^ p^cevoir.

3 11 y avait en Aragon un assez grand nombre de mines 46 sel

5c|f9n\e, ma^ (çs principales dei^ l^tats de Jacme Y^ étaient à Car- ona, en Ca^logne.

3 Fueros, l\\. 1, 1^). lU, de Scaliis et lib. Vn, de ExpedUione infan- iion.

* Fua^Qi u. oUfs^rvqnd^ deAroc^qn, édi. Sai^U et I^oen, D^H^rso prélim, ^ 15.

>^ Yoy. ci-dessus, p. 345 note, et 34§.

424 LITRB IV, GHAPITRB lY

L'agriculture des pays de la couronoe d'Aragon au Xlir siècle a atteint son plus haut degré de perfee- tionnement dans le royaume de Valence. C'est aux sys- tèmes de culture importés par les Sarrasins, presque autant qu'à sa fertilité naturelle, que la Huerta était rede- vable de cette prospérité. Jacme s'appliqua à la main- tenir par de sages ordonnances ^. Les canaux d'irriga- tion établis par les Arabes furent entretenus avec soio et soumis à une législation spéciale *. Fidèle à son système de libéralité bien entendue, le roi renonça à percevoir les droits de cequiage sur la plupart de ces canaux , appelés cequias dans la langue du pays. Nous trouvons encore à Valence des règlements relatifs aux troupeaux *, à la vente du sel \ à celle du vin '.

C'est sur l'industrie et le commerce que se portait surtout la sollicitude d'un prince dont les États devaient leur principale importance à leur position privilégiée Maître d'une grande partie de la côte orientale de l'Es- pagne, de Montpellier et des Baléares, Jacme voyait la Méditerranée s'ouvrir devant lui. Nous* allons le suivre rapidement dans ses heureuses tentatives pour disputer cette mer aux républiques commerçantes de l'Italie.

Il fallait tout d'abord, pour donner un aliment au com-

* Le /tir 4 , rubr. XXIV du livre IX du code de Valence, et les docu- ments n«> 77, f<» XXII, et n»»0, ^ xxviii du recueil des Privilèges coo- tiennent l'énumération de presque tous les produits de lacampag^ne de Valence.

> Fursy lib. IX, rubr. XXXI; Privil., n, n*> 8 ; P xi, n<» 34; f<»xni, 38; f«xxui,n»78.

Priv. de Val., fo n, 9, et fo ccxxxiv , Pnfv in extra- vag., n®l.

^ Priv., t> XII, 36. Les salines de Valence appartenaient au roi. » Priv. de Val, fo xxn, 76, ^

INDUSTRIE 425

m^rce, favoriser la production indigène. Les ordonnances agricoles dont nous venons de parler, l'organisation des corps de métiers, la surveillance exercée, soit directement soit indirectement, par Tautorité royale pour empêcher que la fraude ou la négligence ne fissent déchoir Tindus- trie nationale, furent autant de moyens employés pour atteindre ce but. Nous n'énumérerons pas ici les produits que la Catalogne et Montpellier jetaient sur les marchés de l'Europe, du Levant et duHagreb. Capmany, dans son beau travail sur Barcelone S et M. Germain, dans son Histoire du commerce de Montpellier, donnent sur ce point des renseignements auxquels il nous suffira de ren- voyer le lecteur. L* Aragon joignait aux productions dont nous parlions tout à l'heure, ses tanneries d'Albarracin et ses fabriques de drap de Jaca et de Huesca. A Valence, la fabrication et la teinture des draps et de quelques autres étoffes ' semble avoir occupé à peu près exclusive- ment le peu d'ouvriers que n'absorbaient pas les travaux de l'agriculture ^ Les fruits et les denrées que les fertiles plaines de la Huerta donnent en si grande abondance,

* Memorias historicas sobre la marina, comercioy artesdela an-- liffua ciudad de Barcelona,,. por D. Antonio deCapmany y de Mon- palau , secretario perpétue de la real Academia de la Historia.

^ [.a fabrication et la teinture des draps était une industrie im*^ portante à Montpellier et en Catalogne. A Valence, le roi se réservait le monopole de la teinture en ëcarlate et en bleu des Indes (de Jndi). [Furs, lib. Vlll, rubr. VllI, f. ii.)

' L.a grande quantité d'objets manufacturés qui sont dispensés par les Furs de tout droit d'importation est un indice du peu do variété des produits de l'industrie valencienne. {Furs^ lib IX, rubr. XXXIY.) Voyez encore, pour l'industrie et le commerce du royaume de Valence, Furs^ lib. I, rubr. IV, f. xxiv; lib. II, rubr. 111, f fu, lib. VIII, rubr. VIII, f. xiv; lib. IX, rubr. XXIII, XXVD, XXIX et XXX ; Priv., t^ xvi, 46 ; xix, 66; xxiv , n<» 83 et 84.

496 LITEB 19 j QBANnB I?

étaient en eflétles principales productions de ce roy.âiiBe« Les Baléares avaient aussi pour richesse lears champs et leurs troupeaux.

Pour faciliter les transactions commerciales, nous voyons Jacme affranchir an graiid nombre de s^es sujets des droits qui frappent la circulation des produits agri- coles et industriels S bien que chaque concession de ce genre enlève au trésor royal, déjà si pauvre, une partie de ses ressources. Des marchés, de» entrepôts se créent sur les points les plus favorables *. Enfin, de Montpellier à Dénia, s'ouvrent au coimuerce une quantité de ports de différente importance ', dont plusieurs doivent leur agrandissement à Jacme I*' ^. Toutes les conquêtes de ce prince avaient eu pour résultat d'accroître la richesse commercialedesÉtats aragonais. Resserrés entre la France

* Outre les documents de ce genre que nous avons déjà signalé^;, nous mentionnerons pour Valence le n<'74, xxi et le n^ 94, xxviii des Privil. de YaleBoe; pour Barcelone, les privilèges publiés par Capmany (Memorias, 1. 11^ col. dipl.^ p. 12 et 44).

^ Voy. Privil. de Valence, xviii, 61 , et f*» m, n*» 73. Tortose servait d'entrepôf aux blés et aux vins qui descendaient de TAragon par PEbre

' Un traité conclu en 4270 entre Jacme et Témir de Tunis ooo- tient rénumératîon suivante^ évidemment incomplète, des villes el bourgs maritimes des piiys aragonais : Montpellier, Gaoet, Col- lioures, Cadoffuers (?), Roses, CasIeUon-d^Ampuria^, Tormelk-de- Ifongriu , San-Feliu , Bareetone , Tamarit , Tarragoae , Toirtose , Peniscola, Burriana, Valence , Cullera , Dénia, Mayorque et Iviaa. Ce doGument a été publié par M. Cbampollion-Figes^e dans la coJleo- tion des Documents inédits de Vhistoire de . France (Métonges , t. 0). Quelques noms y ont été altérés. Plusieurs des villes menlioniiéas ci-dessus ne faisaient pas partie du domaine royal et appartenaiaol à des seigneurs ou à des ordres militaires.

^ Par son deraier testament, le roi recommande à son àls Jaema d'entretenir le pert de Port-Yendres et d'achever oohii de Gol? lioures.

64 la CastUle^ ces pays n'avaient d'ayenir qae pair tow marine ; JacHie I0 compreBait lorsque, malgré le Pape et te roi de France, il {^réparait la domination de ça dynas- tie sar la Sicile, et lorsque, vers 1S67, il essayait de mettre an pied en Sardaigne, à la favem de la latte dft Saint-Siège avec la république de Pise.

GléjaentlY voulait reprendre aux Pisaus cette Ue qu'ils lui avaient enlevée. Charles d'Anjou., roi de Sicile, don Elnriquejrère du roi de Castille, et le roi d'Aragon, pour le compte de son second filsi Jacme, se disputaient l'bou- ueur lucratif d'être en cette circonstance le champion de l'Église. L'investiture du royaume de Sardaigne, sous la suzeraineté pontificale, devait être la récompense du secours prêté au Saint-Siège. Mais une lettre de Clé- ment IV au souverain de l' Aragon nous apprend que, pour éviter de semer la discorde entre des princes chrétiens, le Saint-Père refusa également aux trois compétiteurs l'autorisation d'entreprendre la guerre en son nom \

Ne pouvant s'agrandir hors de la terre espagnole, Jacme chercha du moins à étendre ses rapports commer- ciaux avec les nations étrangères *. Il ne se borna pas à

^ Cette lettre a été publiée par Raynaldi {AnnaUs eccUs. ad. ann. 4267, n<> 47) et t>ar Martène et Durand {Thésaurus rumus anecdot, t. Il, coL 509).

* On ne doit pas s'étonner de trouver, dans les lois qui règlent les rapports des sujets aragonais avec les étrangers, des traces de régoîsme national dont les esprits les plus élevés du moyen âge ne peuvent se défendre. Ainsi, en 4227, Jacme interdit à tout navire étranger de prendre cargaison dans le port de Barcelone pour le Levant et la Barbarie lorsqu'un bâtiment national se dispose â entre- prendre le môme voyage; en 4265, il expulse de la capitale cata*- lane tous les Lombards, Florentins , Siennois et Lucquois qui y faisaient la banque et probablement aussi l'usure ; en 42es, il défend aux étrangers de tenir dans cette ville des comptoirs decbanga et d*y charger des navires étrangers avec des marchandises iniigè.n#s, (Voy.

428 LITBB !▼, GH4PITIIB IT

maintenir et à régalariser les relations de ses sajets avec la NavarreS laChampagne, la France*, la Sicile', les États mnsnlmansde l'Andalousie* et les républiques italiennes*; il voulut disputer à ces dernières la prépondérance dans les marchés du Levant, et ouvrir au commerce catalan tous les ports africains de la Méditerranée.

Afin d'atteindre ce double but, il se mit en rapport par des ambassades fréquentes avec les souverains de ces pays. L'Egypte semble avoir surtout attiré son attention. Avant l'année 1241 , il était déjà en bonnes relations avec

Capmany, Memorias, t. UfCol. dipl., p. H, 34 et 34.) Ces mesures paraissent n'avoir été que transitoires et n'empècbenl pas Barce- lone de coropler au nombre des villes les plus libérales du temps.

* Les produits de PAragon arrivaient en Navarre en remontant le cours de TEbre.

* Barcelone, Valence, Lérida, Montpellier, avaient des consuls ou capitaines de leurs marchands aux foires de France et de Champagne. (Capmany , MemoHas, t. IV, col, dipL, p. B ; Germain , Histoire du commerce de Montpellier^ t. I, Pièces justificatives, p. 2<M , tOt et 203.)

> En 4263, Jazpert deCastellnou fut envoyé par Jacme auprès da roi Manfred de Sicile (Zurita,ina^j, lib. III, cap. LXXIV); en mai 4263, un sauf -conduit fut donné à Ramon de Conques, ambassadeur du roi d*Aragon en Sicile et en Egypte (Arcb. d'Aragon , Reg. XIII, 475) ; par acte du 24 juillet de la môme année, le roi se déclara satisfait de la manière dont Garcia Ortiz de Azagra sMtait acquitté d'une mission en Sicile et à Tunis (Arcb. d'Arag. Reg. XIV , f64).

* Voy. Capmany, Memorias , t. II. col. dipL^ p. 45.

> On trouve aux archives d'Aragon : divers actes relatifs à la république de Gênes (Parch. de Jacme I"% n»* 402, 403, 697; Reg. XXiV. fo 49 à 57) ; un sauf-conduit à Origueto Spinola, marchand de Gènes (Parch. de Jacme l*',no2049); 3<» des a^o- cessions et des franchises en faveur des Pisans (Parch. de Jacme 1*^ » n* 496; Reg. XII, ^ 424); une exemption dedroits en faveur d'un certain nombre de marchands de Plaisance (Reg. XIII, 266). Voy. aussi Germain, Histoire du commerce de Montpellier , 1. 1; justif., p. 263.

▲MBASSADBS BIf B6TPTE 429

les sqIUds égyptiens, puisque la tente qnMl occupait au premier siège de Xativa lui avait été donnée par un prince ayoubite ^ Lorsque les mamelouks eurent renversé la dynastie des descendants d'Ayoub, Jacme se hâta d'assu- rer à ses sujets le maintien des avantages dont ils jouis- saient dans les ports égyptiens. Bernât Porter, chambel- lan du roi, et Ramon Ricart, bourgeois de Barcelone, tous deux marins expérimentés, furent chargés d'une mission auprès du nouveau Soudan d'Alexandrie ou de Babylone; c'est ainsi que les Occidentaux appelaient indif- féremment les souverains de TÉgypte. Le chef musulman fit une réception splendide aux ambassadeurs du conqué- rant de Mayorque et de Valence. Il voulut même que son fils fût armé chevalier avec les cérémonies usitées parmi les chrétiens, et Bernât Porter, si Ton en croit Zurita et Miedes *, donna l'accolade au jeune prince, au nom du roi d'Aragon

Cette mission eut un excellent résultat pour le com- merce des États aragonais, puisque le sultan consentit à ce qu'à l'avenir les navires de ces pays fussent exempts de tout droit à leur arrivée dans le port d'Alexandrie '.

A quelques années de là, Ramon de Conques, bour- geois de Montpellier, fut chargé par le roi d'une mission à Alexandrie, avec pouvoir d'y nommer un consul qui eût juridiction sur tous les sujets de la couronne d'Aragon

* Voy. ci-dessus, p. 37

* Zurita, Indicés, ad. ann. <262; Miedes, Vida de D. Jayme, lib. XVI.

' Cela résulte d'un acte inséré au Reg. X, ^ 42 des archives d'Aragon, et daté du 4 des kalendes de décembre (28 novembre) 4257. Zurita et Miedes ont probablement commis une erreur en plaçant la mission de Bernât Porter en 4262. 11 n'y a aux archives d'Aragon aucune trace d'une ambassade en Egypte entrç les années 4257 614264.

^ >

4S0 Ltvns fy, chapitre vt

résidaiït dans les domaines du sondan de Babylone^.

En 1266, une ambassade de ce prmce vint débarquer à Barcelone'', et, Vannée suivante, le roi envoya de nou- veau en Egypte deui bourgeois de Montpellier, appelés dans )eurs lettres de provisions Bemardus de Molendinis et Bemardus de Piano *.

Presque tous les souverains musulmans ou chrétiens de rOrient paraissent avoir reçu des ambassades du roi d* Aragon, si Ton en juge par le nombre de pays avec lesquels les sujets de Jacme K entretenaient dès-relations commerciales suivies \ Barcelone et Montpellier faisaient une concurrence sérieuse à Gènes et à Pisedaos taplupart des ports du Levant, mais elles étaient sans rivales en Egypte ". A plus forte raison en fut-il de même dans les

^RamoQ de Conques reçut ses lettres de nominalion, accompagnées d'un sauf-conduit, au mois de mai 4264 (Ârch. d'Ârag., Reg. xm, f<> 4 75). A la fin de juillet de la même année, il fut chargé de transiger au sujet des marchandises perdues par des bourgeois de Barcelone et d'exercer au besoin des représailles sur les habitants d'Alexandrie, {Id. Reg. XUl, f«* 206 et 208.) C'est l'indice de quelque acte de piraterie des Musulmans contre les chrétiens. Par leUres du même mois, Ramon de Conques fut autorisé à prélever pour son compte deux cents besants sur les droits perçus par le consulat et la chancellerie ($m6a7ita) d'Alexandrie, (/d., id,» f°» 20G et 209). On trouve dans les Pièces justificatives de VHisloire du commerce de Montpellier ( t. I , p. 253 ) un document qui a rapport à cette mission.

* Par acte du 16 août 4266, le roi reconnaît devoir à Guiiiem Gruny la somme de 4856 sols barcelonais remise à Bernât de Bellpuig et aux ambassadeurs du soudan d'Alexandrie. (Ârch. d'Arag. , Reg. XIY, 83.)

' Capmany , Memorias, t. lY, coL dipl. , p. 6 et 7. Il est accordé a ces envoyés 5,000 sols melgoriens pour leurs frais de voyage.

* Voy. C»pmmy, Memorias, t. Il, coL dipl,» p. 3, 44, 15, 32 et 34; Germain, Histoire du commerce de Montpellier ^ 1. 1. Pièces jusL, p. 220.

^ Le commerce des chrétiens avec les pays musulmans fut paralysé.

MMUNK 4SI

États barbaresques. L'habitude d'anci^DS rapports avec la Péniosttle, Tespoir d'y faire quelque jour triompher Tislamisme ou la crainte de se voir poursuivis jusque chez eux par les souverains espagnols, engagèrent les émirs de Tunis, de TIemcen, de Maroc, à conclure avec le Cofkquistador des traités qui ne furent pas toujours res- pectés par les marins musulmans ou chrétiens, mais dont, en somme, les pays d'Aragon retiraient un grand profit*.

La marine militaire catalane, qui s'organisa sous Jacme S et les armements en course', autorisés par ce

»

à certaines époques, par la défense que firent les conciles et le Salnt- Siége d'apporter chez les Sarrasins des vivres ou des objets pouvant servir à construire des machines de gruerre. Néanmoins des dis- penses furent souvent accordées par les Papes. Le texte de l'une d'elles, datant du pontificat de Clément IV, est conservé au f"* 37 du Reg. XXiy des Arch. d'Arag. Mais Grégoire X renouvela Pinterdic- tion avec plus de sévérité. (Voy. Capmany , Memorias, t. 1, part, n, p. 47, et t. Il, col. dipL, p. 36.)

* Antérieurement à l'année 4260, Jacme avait déjà conclu , ainsi que nous l'avons dit plus haut (p. 331), un traité avec Témir de l'unis, à la suite d'une ambassade dont il est fait mention au 15 du Heg. IX des stfehites d'Aragon. En 1264, Garcia Ottizde Azagra fut chargé d'une mission dans le même pays. (Arch. d'Arag., Reg. XIV, fo62); mais le plus ancien traité du roi d'Aragon avec une puissance barbaresque dont le texte soit parvenujusqu'à nous, est celui que M. Champollion-Figeac a publié dans le recueil des Docu- ments inédits sur Vhistoire de France (Mélanges, t. II). H porte la date du 14 février 4270 et a été conclu avec l'émir de Tunis Abou-Abd- Allah-Hohamed. Nous parlerons dans le chapitre suivant d'une alliance entre Jacme 1*' et l'émir de Maroc Abou-Jucef. Pour l'émirat de TIemcen, voyez Capmany, Memorias, t. III, p. 216. Il y avait à Bougie, en 1274, un consul du roi d'Aragon (Arch. d'Arag., Reg. XIX, 423, 448, et 449.)

^ Capmany, Memorias, t. I, part.i, p. 27 et 57, et t. U, ooL dipL, p. 30.

* Les armements en course avaient été supprimés en 4250 par une ordonnnance insérée au recueil des Privilèges de Valence

432 LIVRE IV, CHAPITRE 1?

prince contre les pirates des côtes de Barbarie, firent res- pecter le pavillon aragonais sar tons les points de la Méditerranée.

Ce développement rapide de la marine nécessitait toa te une législation nouvelle et la création d'une quantité de magistrats et d*agents,. non-seulement pour le service des ports nationaux \ mais aussi pour la protection et la surveillance des sujets de la couronne d'Aragon dans les pays étrangers.

Les consulats de mer de Barcelone, de Valence, de Mayorque et de Perpignan ne remontent pas cependant à ce règne. Celui de Montpellier était établi bien avant Jacme I". Dans cette dernière ville et à Barcelone une partie de l'administration maritime est abandonnée par le roi aux magistrats municipaux, qui ont le droit de nommer les consuls ou viguiers chargés de représenter à l'étranger les intérêts du commerce national. Les con- suls institués par la commune de Barcelone ont droit de juridiction sur tous les sujets du roi d'Aragon *.

Outre les consuls de mer et les consuls à l'étranger, il y avait encore des < prud'hommes ou consuls des marchands qui vont par mer. . Ces magistrats, embar- qués sur les navires qui entreprenaient une longue tra-

(f* xt, no 32). Ils furent rétablis plus tard, ainsi que cela résulte d'un ordre qui fut donné aux corsaires des Etats aragonais de respecter les navires de Pinfantdoa Manuel de Gastilte; février 4274 (Arch. d'Arag., Reg., XlX, f*> 98).

* Voy. entre autres Coleccion de doc . xned. del archiva de Aragon, t. YIII, p. 449.

^ Voy. Capmany, Memorias, t. IF, col. dipL, p. 32, 34 et 366. Le roi se réserva néanmoins le droit de nommer les consuls des Etals barbaresques, ainsi que le prouvent les provisions dont le texte se trouve aux archives d'Aragon ( Reg. XVIII, f** 34 et Reg. XIX , f»*423, 448 et 449.)

COSTUMES DE LA lUR 433

Tersée, avaient autorité et jaridiction sur Téquipage et les passagers. Ils devaient veiller, pendant toute la durée du voyage, aux intérêts communs des divers propriétaires de la cargaison. Ils étaient élus à Montpellier par les consuls de la ville, à Barcelone par les passagers. Leur, création dans la première de ces villes est antérieure à 1246 * ; dans la seconde, elle parait dater d'une ordon- nance rédigée en 1258 par les prud'hommes de la capitale catalane et sanctionnée par le roi.

Cette ordonnance, dont Capmany a publié le texte et la traduction castillane *, est un des plus anciens docu- ments législatifs concernant la police maritime. Les Con- stitutions de Catalogne, les Furs^ les Privilèges de Valence* renferment à peine quelques dispositions applicables au commerce par mer; mais le plus beau monument de ce genre est, sans contredit, le fameux recueil des Costumes de la mar, appelé plus tard Llibre del consolât de la mar.

Cet ouvrage, malgré son importance, malgré l'époque et le lieu de son origine, ne doit pas nous arrêter long- temps, parce qu'il n'est point une œuvre à laquelle le roi dont nous retraçons la vie ait pris une part directe. Les Costumes de la mar ne sont pas un code, c'est-à-dire un corps de lois sanctionnées et promulguées par un pouvoir constitué ; c'est seulement une compilation sans nom d'auteur des usages acceptés par les divers peuples mari- times.

* Germain , Histoire du commerce de Monipellier^ t. II , p. 85 , note 1 .

^ Memorias , l. II, col. dipl, p. 29, et Codigo de las costumbres marilimas de Barcelona, app., p. 21.

»Voy. entre autres, Furs, lib. I, rubr. V, f. 24;lib. II, rubr.XVI; lib. IX, rubr. XII, f. 7; rubr. XVII; rubr. XX, f. 40; rubr. XXVII; - Privil. de Val., f XIV, n<» 46.

TU. 28

434 LITBB IV, CHAPITRE IV

' ''^

Néanmoins Jacme ne peut être considéré cooaime tont à fait étranger à ce travail. En montrant à ses sujets les avantages de la codification .des lois et des nsages, en donnant Texemple de l'emploi de la langue vulgaire dans les documents officiels, en contribuant puissamment à l'extension du commerce de la Catalogne, en posant, dans son ordonnance de 1258, les premières règles de police maritime, il a, sans aucun doute, préparé la rédaction du Llibre del consolât, s'il ne l'a conseillée ou ordonnée. Ce n'est pas une coïncidence fortuite qui a fait naître ce recueil dans les pays et sous le règne du rédac- teur des codes de Huesca et de Valence *.

Il est une question qui se lie intimement au commerce et qui préoccupa souvent au moyen âge les souverains et les peuples : nous voulons parler de la question des monnaies. Plusieurs actes du règne de Jacme V se rapportent à la réglementation des valeurs monétaires, parmi les- quelles régnait une confusion très-préjudiciable aux transactions de tout genre. La richesse publique, que Muntaner se plall à vanter *, ne consistait certainement pas dans l'abondance des capitaux, presque tous con- centrés dans les mains ides juifs.

On a pu juger de la rareté du numéraire par l'élévation du taux de l'intérêt. La variété des espèces ayant cours et les modifications qu'elles subissaient trop souvent ^aggravaient encore les inconvénients nés de cette pénurie.

* Les Costumes de la mar paraissent avoir été rédigées entre les années 4258 et 4266. Leur texte primitif est calalan; elles ont été traduites dans presque toutes les langues de l'Europe. Capmany les a publiées en catalan et en espagnol sous le titre de Codigo de las costumbres marilimas de Barcelona. On peut consulter aussi les Memorias du môme auteur, t. I, part. II, p. 470 et t. II, app. p. 79.

* Ghap. xxn. xxm et zxix.

MONNAIEB 435

Nous di?iserans en trois catégories les moBDâies en nsage dans les Etats de Jacme * : V les monnaies qae Ton peat appeler nationales, c'est-à-dire fabriquées dans l*an des pays de la couronne d* Aragon et ayant une effîgre ^t un nam particuliers à ces pays; 2*" les monnaies étrangères de nom et d* effigie, mais frappées néanmoins dans les domaines du roi Jacme pour les besoins du com- merce extérieur; S*" les monnaies de fabrication étran- gère ayant cours dans les Etats aragonais.

A la première de ces catégories appartiennent la monnaie de Jaca, celle de Barcelone, les réaux de Va- lence, les gros d'argent de Montpellier, et, à la rigueur, lamonnaieme]gorienne,qui, bien que frappée par Tévéque de Maguelone, était en réalité une monnaie nationale pour la seigneurie de Montpellier '.

Nous avons déjà parlé ' de la monnaie de Jaca et de sa confirmation, qui fut renouvelée plusieurs fois pendant le règne de Jacme le Conquérant *. Celle de Barcelone

* Nous n'avons pas à parler ici des monnaies épiscopales et seigneu- riales telles que la monnaie de Saint-Pierre d'Ausone, pour laquelle révêquede Vich rendit une ordonnance en 4â56 (Arch. d'Arag., Parch. de Jacme P'', n^' U62;.

< Si Ton en excepte le gros de Montpellier, admis dans tous les Ëlats d^ Aragon, chacune de ces monnaies devait avoir cours, à Tex- clusion de toute autre, dans le pays pour lequel elle avait été frappée. A Valence, avant la création des réaux , les espèces aragonaises , ^ catalanes et montpelliéraines étaient également en usage. L'exclusion ne parait pas d'ailleurs avoir jamais porté sur les monnaies d'or, morabatins et mazmodines , Nous verrons plus bas qu'il y eut eiïcore une exception à Montpellier en faveur des tournois et des sterlings. Les autres monnaies ne servaient que pour le commerce extérieur.

» T. I, p. 463.

* Arch. d'Arag., Parch. de Jacme P', n^ 220 ; Fueros de Aragon^' t. I, lib. IX, de Conflrmatione monetœ ; Zurita (Anales, lib. III, cap. 74); LucioMarineo Siculo (De rébus Hisp. meinorab,, lib. X) et Blancas {Her. Aragon, comment,) donnent quelques détails sur la monnaie de Jaca.

I

436 LITBE IT, CHAPITBB lY

varia souvent de titre et prit à chaque variation une dési- gnation spéciale. C'est ainsi qu'en 1221 fut créée par ordonnance royale la monnaie barcelonaise de duplo, et en 1258, celle de terno \ Cette dernière fut confir- mée , dans l'année qui suivit sa création , par le pape Alexandre IV V

L'unification de la monnaie des pays de la couronne d'Aragon n'était pas plus réalisable que celle de leurs lois, de leurs mœurs et de leurs langues ; Jacme essaya du moins d'obtenir en partie ce résultat dans les pays arrachés par lui aux Sarrasins. Tel fut le but d'une ordon- nance de l'année 1247 qui prescrit la création d'une monnaie nouvelle, dite monnaie de réaux, qui doit rem- placer dans le royaume de Valence et dans les Baléares toutes les autres espèces d'argent, de cuivre ou de billon en circulation dans ces deux royaumes '. Jusqu'à l'an 1300, Mayorque ne parait pas avoir eu de monnaie par- ticulière. Le roi conquérant et Tinfant don Pedro de Portugal essayèrent vainement d'y établir des ateliers monétaires^.

La «grosse monnaie d'argent» de Montpellier fut créée en 1273, afin de suppléer à Tinsuffisance de la monnaie melgorienne pour les transactions commerciales '.

^ L'ordonnanée qui créa la monnaie de terno se trouve aux archives d'Aragon, Parchemins de Jacme I»', 4554 el Reg. IX. f«64 ; Cf. Col. de doc, ined., t. VI, p. 141. Voy., pour les monnaies de Barce- lone, Capmany, Memarias, t. II, p. 122.

Raynaldi, Annales eclesiast. ad. ann. 1259, n°18.

' Privil. de Val., ix, n«» 22 et 23.

* Voy. Bover, Historia de la casa real de Mallorca y noiicia de las monedas propi-s de esta isla, p. 29.

* Voy. au t. III des Mémoires de la Société archéologique de Montpel- lier, p. 133, le travail de M. Germain sur les anciennes monnaies seigneuriales de Melgueil et de Montpellier.

ifONffÂiBS 437

Les monnaies étrangères frappées dans les pays ara- gonais sont les morabatins* ^ les mazmodines ou masmu' Unes, les millares et peut-être les besants*. Elles sont tontes d*origine arabe et destinées au commerce avec les peuples musulmans. Les mazmodines et les morabatins étaient d*or ; il y en avait de plusieurs espèces, dont les plus répandues étaient le morabalin alfonsin et la maz- modine jmefie ^ Le millares et le besant étaient d'ar- gent.

Tandis que Jacme faisait battre surtout les mazmo^ dines dans le royaume de Valence pour les besoins d*un pays d'où les usages sarrasins n'avaient pas encore dis- paru^, il faisait fabriquer les millares à Montpellier, afin de faciliter le commerce de cette ville avec le Levant ^

* On a beaucoup discuté sur le morabalin ou mardbotin. Les uns veulent y voir une monnaie de l'Espagne chrétienne, d'autres une monnaie mahométane. Le nom A^alfonsius donné à une espèce de morabatins, indique déjà qu'on les frappait dans un Etat chrétien; mais nous trouvons une nouvelle preuve de ce fait au chapi- tre ccLxxvi de la Chronique royale, Jacme parle des fabricants de faux morabatins de Castille et d'Aragon ; toutefois cette monnaie est très-vraisemblablement d'origine muf^ulmane. Quoi qu'il en soit, il faut se garder de confondre le morabalin, que l'on a quelquefois appelé par corruption marmotin, avec la mazmodine.

a Voy. Furs de Valence, lib. IV, rubr. XXIII, (^ 5 et 53.

» Jd, id, et Privil, de Val., f" ix. 22. Il est question dans ce docu- ment de la mazmodine contrefaite qui vaut trois sols six deniers de réaux valenciens, tandis que la mazmodinejuce/S« vaut quatre sols -de la même monnaie. Les mazmodines contrefaites pouvaient bien être celles qu'on fabriquait dans -les pays chrétiens, et les mazmodines jucefles celles qui venaient des États musulmans.

* Il existe aux archives d'Aragon (Reg. XXI, f^* 32) un acte de Tannée 4272 octroyant un sauf-conduit et certaines franchises aux fabricants de a monnaie masmuline. »

^ Voy. le travail de M. Germain sur la Monnaie mahométane allri- quée à unévêque de Maguelone, ap. Mémoires delà Société archéologique de Montpellier, t. III, p. 683.- On y trouvera quelques . extraits des

438 LITRE IV, CH4P1TRÉ IT

Parmi les moDnaies entièremeût étraDgôres en usage dans les Etats du roi d*AragOD, nous meûtionoerons, outre les pièces d*or et d*argent d*origine musulmane, les réaux de Marseille, les génovines, les < grosses géno' trtne« d'argent» , les tournois et les sterlings. Ces derniers paraissent n'avoir eu cours qu'à Montpellier, un privi- lège du 22 mai 1273 autorise leur circulation à raison de quatre deniers melgo riens pour un denier sterling ^

Un fléau dont l'Espagne souffre encore de nos jours, sévissait au temps de Jacme I*' sur les transactions com- merciales: c'était celui de la faussemonnaie. A uneépoque les rois eux-mêmes ont été flétris du nom de ' faux* monnayeurs, les coupables de ce crime étaient souvent de hauts barons , qui abusaient de leur puissance pour se livrer sans péril à ce honteux trafic. La falsifica- tion des pièces barcelonaises de duplo par « des nobles et des gens puissants'», avait entièrement discrédité cette monnaie, et força Jacme, qui en avait juré le main-, tien, à se faire relever de son serment par le Saint-Siège , afin de pouvoir établir en Catalogne la monnaie de temo*. Par l'ordonnance qui crée cette dernière, le roi et l'in- fant héritier s'engagent à en poursuivre les falsificateurs « de toutes leurs forces» et à les punir de châtiments

documents des archives d'Aragon relatifs à la fabrication des mii*' lares. Jacme permit en 4268 de frapper cette monnaie à Mayorque uod illam legem quam voluerint mercalorts qui eam (mondam) emere vohiêrint, » Rien n^ndique qu'on ait profite de cette autorisation.

* Arch. d'Arag. Reg. XXI, U9. La même ordonnance admet les tournois dans la seigneurie de Montpellier, et en fixe la valiur à on denier tournois pour un denier melgorien.

3 Bulle du Pape Alexandre IV (7 Juillet 4257) rapportée dans le document 4497 des Parchemins de Jacme 1«" aux archives d'Aragon.

* Ardh. d'Arag., Parch. de Jacme I«, n«44Q7/

FAUX-MONNATEURS 439

corporels ^ Nous ne savons si Jâcme eut l'occasion de n&ôttre à exécution cette menace, mais quelques années plus tard, il donna en Aragon un salutaire exemple de sévérité contre les faux-monnayeurs.

Des quantités faux morabatins de Gastille et d'Ara- gon étaient mises en circulation dans les environs de Tarazona. A la suite d^une enquête, ouverte en présence du roi% les coupables furent découverts. Les principaux étaient Pedro Ferez, seigneur de Trasmoz, et Blasco Ferez, sacriste de Tarazona, tous deux fils ànjusticia Fedro Ferez; Fedro Jordan, seigneur de Santa-Olalla, sa fem'me,donaElfade Toroella, et leurs enfants ; un certain Pedro Ramirez et son fils. Fedro Jordan venait de mourir'; ses enfants avaient pris la fuite ainsi que Pedro Feriez; maisdona EÏfa, Fedro Ramirez avec quelques-uns de leurs complices furent condamnés à mort, et, selon un antique usage ^, cousus dans un sac et jetés dans TEbre. Blasco Ferez, en sa qualité de clerc, fut remis à Tévéque de' Tarazona, « qui le garda en prison jusqu'à ce qu il y mourut.' > Plusieurs individus qui avaient participé au crime furent punis de peines diverses; tous les biens des coupables, présents ou contumaces, furent confisqués ^

« Arcb. d'Arag., Parch. de Jacme 1*', no4554, etReg. IX, f^ 64 et Col. de doc, ined.^X, VI, p. U4.

^ Jacme avait confié rinstrocUon de cette affaire à deux jugés délé- gués, dont l^un, dit la Chronique^ s'appelait micer UmberL

* a More majorum », dit Zurita (Indices,, 2ià ann. 1267).

* Voy. le récit de cette affaire au chapitre cclxxti de la Chronique de Jacme. Blancas (Rerum aragon, comment.^ ap. Hispania illus» iraia, t. III, p. 794), confondant Pedro Perez avec Pedro RamireZi assure que le premier fut misa mort; mais on conserve aux archives d^Aragon (Parch. de Jac^me 1*% n* 1905) la sentence qui condamne par contumace Pedro Perez de Tarazona, et de laquelle il résulté que celui-ci avait pris la fuite dès le commencement de Penqoête. Cette sentence est datée 1*' octobre 126"^.

440 LITRE nr, chapitre it

Le roi ne parait pas avoir persisté dans ce système de rigueurs, insuffisant d'ailleurs pour déraciner le mal, car nous le voyons, en 1273, donner des lettres de rémission pour le crime de fausse monnaie à un bourgeois de Montpellier nommé Berenguer de Conques *.

Nous venons de montrer comment l'action bienfai- sante de Jacme I*' s*est exercée dans le domaine des inté- rêts matériels ; ce grand prince va nous apparaître main- tenant imprimant à la culture intellectuelle de ses peuples le cachet de sa puissante initiative.

Il ne lui suffit pas de donner à la nation dont il pré- pare Tunité une organisation forte, des institutions utiles, les éléments d'une bonne législation, un com- merce prospère, une marine puissante, la sécurité au dedans et au dehors; il veut encore qu'elle ne soit point tributaire de l'étranger pour les sciences ou pour les let- tres, qu'elle ait ses foyers scientifiques qui lui soient pro- pres, qu'elle possède sa langue et sa littérature. Les beaux- arts seuls paraissent être restés en dehors de l'influence personnelle et directe du monarque réformateur. Ce n'est point qu'ils fussent privés sous son règne des encou- ragements dus à tout ce qui contribue au progrès et à la gloire des peuples. ^ Jacme, mieux que toutautre, compre- nait et aimait ce qui est beau et ce qui est grand ; aussi sa piété, comme fondateur d'églises, sa magnificence, comme souverain, durent-elles fournir aux architectes, aux sculpteurs, aux peintres \ aux verriers, aux argen- tiers, de fréquentes occasions de lutter de talent et de développer leur génie.

« Ârch. d'Arag. Reg. XXI, 424 .

^ Un fur du Code valencien (lib. I, rub. XV, f. 4} défend, sous peine d'une amende de vingt sols, de sculpter ou de peindre en public a les figures et les images de Dieu et des saints », de lesexpo^ ser ou de les vendre dans les rue» ou sur les places.

BEAUX-ARTS 441

C'étaient pent-étre de grands artistes que frère Bernard et maître Bartolomé, < maîtres de Tœuvre » de la cathé- drale de Tarragone^ et ce Martin, < maître de pierres de la maison du roi*», que Jacme chargea, en 1258, de reconstruire Téglise de Sainte-Marie de Vauvert et la chapelle royale de Montpellier, aux gages de quatre sols melgoriens par jour'; et cet argentier qui avait ouvré les objets « précieux par la matière, plus précieux encore par le travail » au sujet desquels le pape Clément IV adressa au roi d* Aragon une lettre de remerciments \ Mais, quels que fussent les encouragements donnés aux individus, quelle que fût la réglementation à laquelle l'art se trouvât soumis par son côté purement industriel, ce qu'il y a en lui de supérieur, de quasi-divin, échappait à toute influence de l'autorité royale ou communale. S'il y avait des confréries d'architectes et de peintres, comme des corporations de merciers et de corroyeurs , les maîtres enseignaient leur métier aux apprentis , il n'exis- tait et ne pouvait exister aucune école d'art proprement dit, surtout aucune école d'art national.

 une époque chaque croyance se symbolisait dans ses monuments, le chrétien semblait communiquer à la pierre ses élans de foi ardente, ses aspirations ^vers

* Voy. Piferrer, Recuerdos y bellezas de Espana ; Caialunat t. I, p. 234. 235 et 239. Ce volume est à la plume d'un jeune écri- vain trop tôt enlevé aux succès qui avaient signalé son début dans la carrière des lettres. On est peu habitué à rencontrer, dans une publication Tœuvre du dessinateur semble devoir tenir la pre- mière place, les recherches sérieuses, Pérudition solide que don Pablo Piferrer a su revêtir des charmes de son style si profondément empreint du sentiment artistique.

3 « De domo et creatione nostrâ. » « Arch. d'Arag., Reg. X, 56.

* Cette lettre est du 43 août 4265. Marténe et Durand Tont publiée dans le Thésaurus novus anecdot.^ t. Il, col. 482.

riofini, le mosûlman cherchait à impressioDoer les sens et laissart r&me insensible , le juif, réservant ses richesses pour le commerce , bannissait de ses temples toute représentation des imaj^es sacrées^ Tart était re- ligieux et non pas national*. Â quelques nuances près , Tart chrétien était partout le même. Des artistes voya- geurs en répandaient les principes sur tous les points de TEurope ; partout ses évolutions se faisaient dans le même sens avec plus on moins de rapidité , suivant le géûiB de ses interprètes ou les ressources matérielles dont ils dis- posaient y et il est à remarquer que , parmi les peuples de même croyance, les plus différents de mœurs et d*idées ne sont pasceux dont les œuvres artistiques offrent entre elles le moins de ressemblance. Il ne venait donc à Tesprit de personne que Ton pût nationaliser ren- seignement des beaux-arts V lien était autrement des lettres et des sciences ; c'est à elles que Ton demandait surtout de développer le& forces intellectuelles de la nation .

L'une des préoccupations pHncipales de Jacmel*' semble avoir été de mettre un terme à la diversité des langues

* M. Amador de los Rios a fait remarquer que les juif^ n^at eu en Espagne ni peinture, ni sculpture, ni architecture qui leur fût propre. L'art architectural employé par eux est mudijar, c^est-à- dire mabométan. {Estudios sobre los judios de Espanà, ensayo U introd.) Il y avait néanmoins dans les synagogues des sculptures d'or- nementation, ainsi que le prouve ce passage du Libre de la saviisade Jacroe I*' : « E per aquesta raho fan los juheos molts entalaments en les sinagoges, els crestians fan moTtes figures en les eglesieseatressi los Sarrainé pinteh les lurs mesquiles. »

3 La musique profane seule faisait exception! Il serait curieut de rechercher les caractères de la musique nationale des pays de la langue d'oc dans les chants adaptés par les troubadours à leurs poésies. Mais les éléments d'une pareille étude feraient sans doute défaut.

LAlfOVE dViG t&

nsitéés dans ses États. En cela il soivait les idées de son* siècle, auxquelles saint Louis et Âlfonse {^ Savant obéissaient de leur c6té lorsqu'ils favorisaient, à* des degrés divers, les progrès de la langue vulgaire en France et €D Gastillé. C'était encore une réforme dans le sens de Tégalité : ruuité de langage abaissait la barrière der- rière laquelle s'abritait caste des initiés à la langue scientifique.

Entre les pays Louis IX s'essayait à traduire la Bible en roman du' Nord , et ceux AUbdse X écrivait \2i, E^taria de Espanna y s'étendaient les belles contrées qui ont donné à l'Europe de ce temps sa langue littéraire. Ce < doux parler», à la fois un et multiple, arrivé de bonne beure à une perfection relative, étouffé par le développement en 'sens inverse du Nord et du Midi, et ne pouVailt encore, aprë^ de longs siècles, ni vivre ni mourir tout à fait, est l'image fidèle de Ja nationalité qui lui a donné naissance. La langue' d'Oc* semblait ap- pelée à devenir l'organe d'un grand peuple. Ceux qui ont refnsé de lui - reconnaître les qualités nécessaires à l'accomplissement de cette destinée ne l'avaient point sans doute étudiée dans son ensemble', etcroyàient trouver sa plus haute expression dans le langage conventionnel des troubadours'.

* On est vraimeïit fort embarrassé pour désigner la langèé parlée à l'époqne qur nous occupe dans la France méridionale et la Gata- Idgne. Rbman, provençal, limonsirl ou lemosin, langue d*Oc, sont des noms également usités et également inexacts. On est bependant foreé de les employer à défaut de meilleurs; mais il e^t nécessaire qoe le lecteur ne puisse pas avoir de doute sur le sens qu'on leur attribue.

^Daunott, entre autres, dans son Discours sur Vétat des lettres au XMI* siècle (HisL littér\ de France, t.'XYi)','juge la liangue delà Frsoee méridionale sur les poésies des troubadours.

' Il est généralement admis aujourd'hui que la langue' déS' trou-

444 LIVRE I?9 CBAFITIB IT

Il est impossible de porter on jugement exact sar ravenir qa'aorait pu avoir la langae d*Oc si Ton D*em- brasse point d*an seul coap d*œil les divers éléments qae Tosage n'a pas eu le temps de combiner en un tout homo- gène. Ce travail , par lequel la physionomie d'une langue nationale se dessine et se fixe, aurait certainement modifié le vague poétique et Téclat un peu superficiel de ridiome des troubadours au contact de la netteté et de la vigueur catalanes. C*est le « romanç > de la France méridionale et de la Catalogne , pris dans Tensemble de ses dialectes, que Jacme I*' voulut d*abord élever an rang de langue officielle. Le catalan, parlé par une population éminemment pratique , empruntant une certaine dignité au contact des Arabes, des Aragonais et des Castillans , épuré par le roi et la cour, réunissait les qualités qui devaient le faire accepter par les prosateurs; la langoe des troubadours, en possession d*une phraséologie de convention , s'adaptant parfaitement aux idées galantes et chevaleresques du temps , était réservée à la poésie* ; les dialectes locaux devaient servir aux relations ordi- naires de la vie dans leurs pays respectifs, et étaient appelés forcément à se rapprocher peu à peu des deoi

badours ne fut usuelle en aucun pays. C'était, comme Va très-bien dit Paulûur de V Essai sur Vhistoire de la liiléralure catalane, « une langue littéraire en possession d'exprimer un certain ordre d'idées et de sentiments, à peu prés comme le latiii était, dans l'opinion de tous, l'organe obligé de la science.^ ( Gambouliu, Essai surVkistoiré de la littérat. calai. )— Voy., eo outre, Antonio de Bofarull, laUngua caialana considerada hisloricamente (Mémoire lu à l'Académie royale des Bonnes-Lettres de Barcelone; ) Milà, de los Trovadôres en Espana.

* La langue des troubadours était considérée comme la langue poé- tique de toute l'Europe. Âu XIH* siècle, les Italiens n'écrivaient guère en vers que dans cet idiome, et en prose qu'en latin ou en langue d'oil.

IDIOMES DBS PATS ARAGOIIÀIS 445

langues littéraires , destinées à se fondre un jour en une seule. Telle est la pensée que nous sommes autorisé à prêter à Jacme I'% si nous en jugeons du moins par ce que nous savons de ses idées, hostiles à toute brusque uni^cation , et par Tensemble de Thistoire littéraire de son règne.

Mais, à mesure que Tinfluence de ce prince se retire de ia France méridionale , le catalan devient la langue domi- nante dans ses Etats. Plus que jamais alors, Jacme s'at- tache à en étendre Tempire : avec son aide, il espère faire naître, d*un débris de la nationalité de la langue d*Oc, une nouvelle nation ayant Barcelone pour capitale et la Méditerranée pour la première de ses provinces.

Rien de ce que nous venons de dire ne s'applique à TAragon , dont la langue et la littérature, comme les institutions, les mœurs, les lois, cantonnées par le Conquistador id^ns d'étroites limites , ont leur mouvement propre, mouvement presque insensible, grâce à la rési- stance que ce pays oppose à toute action réformatrice. Au sujet de la langue et de la littérature , nous déplorerons une fois encore l'étrange confusion que la juxtaposition de l'Aragon et de la Catalogne, sous le sceptre du même roi, a jetée dans l'esprit de la plupart des historiens. Il n'est pas plus exact de dire que l'on parlait catalan à Saragosse ou à Huesca* que d'aller chercher dans le code d'Aragon les lois qui régissaient Barcelone ou Valence.

^ M. Adolphe Ebert, dans un article sur Phistoire de la liUératura catalane, publié par le Jahrbuch fur romanische und englische Lite- ratur (t. II), assure que lo catalan était la langue employée dans les Certes générales des pays aragonais. U est probable que le roi y par- lait en effet cet idiome, mais il est fort vraisemblable aussi que cha- cun des membres de rassemblée s'exprimait dans sa langue. Quant aux actes des certes, ils étaient, sous Jacme I^', rédigés en latin.

446 LIVBE IV, CHAHVRB !▼

L*aragonais était an idiome trôs*diffèrent de la langue d'Oc et presque identique avec le vieux navarrais «et le vieux castillan V Voici , du reste, quels étaient les prin- cipaux idiomes ou dialectes usités dans les États de Jacme P' après le traité de Corbeil :

VLq latin, langue de Téglise, de la science, des relations internationales , des actes officiels, et souvent aussi des tribunaux , malgré les efforts du roi pour y introduire la langue vulgaire;

2** Le catalan , parlé dans le comté de Barcelone et ses annexes , dans le royaume de Mayorque et dans ia plus grande partie de celui.de Valence;

S"* La langue d'Oc du nord des Pyrénées , repré- sentée par le dialecte de Montpellier ;

i"" La langue des troubadours , employée Molement en poésie ;

^ Dès le début de nos études sur le règne de Jacme !•', la lecture de la Chronique royale et de quelques documents de ce temps nous avait réyélé Terreur des écrivains, assez nombreux du reste, qui regardent le catalan comme la langue nationale de tous les pays de la couronne d^Aragon. Cette erreur ne pouvait échapper au savant auteur de la Historia cHiiea de la literatura espanola, qui a donné (t. II, app. I, g %) quatre documents en langue aragonaUe do XIII* et du XIV* siècles. En plusieurs endroits de sa Chronique, Jacme fait parler les Âragonais dans leur propre langue. Voici, entre autres, les paroles qu'il met dans la bouche de Gil Sanchez Munoz, bour- geois de Teruei, répondant au nom de ses concitoyens à la demande de secours faite par le roi pour Texpédition de Hurcie: «Senyor, bien sabets vos en lo que vos mandastes ne nos rogastes que nuncba trovastes de no en nos ni lo fizistes ni lo faredes agora. Decimosvos que vos emprestaremos très mil cargas de pan et mil de trigo edos mil dordio et veynte mil carneros e dos mil vaques. E si queredes masprendet de nos. » (Chronique de Jacme, chap. cclv.) Comparez ce passage avec les Pièces justificatives xif** vm et xiii du préseat volume, écrites en catalan, et les deux actes en navarrais publiés d«09 notre 1. 1, Pièces JusUf., n^ x et».

IDIQUKS AB8,PATS ABAGOlfAIS 447

5** L'aragooa^is , parféen Aragon et diaqs l68.?illes et bourgs du royaume de Valence peuplés par des Axa- gonais ^ ;

6** L'hébreu , parlé et écrit par les docteurs juifs ;

7* L'arabe , à Tusage des Musulmans ;

S^Laljan^ia, sorte de patois des Mudejares, c'est-à- dire des Sarrasins établis depuis longtemps au milieu des chrétiens. C'était de l'^abe corrompu au coqtact de Tune des langues néolatines V

Le latin , l'hébreu ^t ^ar4))^ sont surtout des langues scientifiques ; le dialecte de Montpellier, au contraire , n'est guère employé comme langue écrite que dans les actes émanés des magistrats municipaux de cette ville ; l'aragonais , en usage dans les lettres et dans les docu- qaeqts d'un caractère privé, tout spéciaux à l' Aragon, ne parait avoir produit , en fait d'œuvres écrites de quelque importance , que les fueros de Huesca dont le texte original est perdu ; Yaljamia était uniquen^ept un langage parlé.

Il semblait donc, à première vue, que l'avenir dans les États d'Aragon appartint au catalan , comme langue de la prose , au provençal des troubadours , comme langue de la poésie. Mais, en réalité, le rôle réservé à ce dernier idiome , depuis que l'influence aragonaise se concentrait au sud des Pyrénées , n'était sans doute que

^ Les villes et Les villages du royaume de Valence peuplés au XIlI* siècle par des Âragonais, se reconnaissenl encore aujourd'hui à ce que, bien que disséminés dans un pays le peuple parle un dia- lecte catalan, ils ont conservé la langue de TAragon .(Voy. Âmador de los Rios, Historia critica de la literàlura espanola, t. II, p. 403, et app. I, g %).

^ Voy. Âmadèr de los Rios, Hist. crit. de la liUrat. ^spoft., \. il, p. 397.

448 LITRE IV, CHAPITRE I?

de façonner le catalan aux formes et aux idées poéti- ques. C'est, du moins, ce qu'on est tenté de supposer en Yoyant le « romanç > de la Catalogne faire sa première apparition sérieuse dans le domaine de la poésie sous le règne de Jacme I*' \

Si maintenant on nous demande les preuves de la sol- licitude du roi conquérant pour la langue nationale de la plus grande partie de ses peuples , nous le montrerons forçant cet idiome à la précision législative dans le code de Valence, l'imposant comme organe des sentences juridiques et de l'éloquence du barreau S le brisant en aphorismes philosophiques dans le Libre de la Saviem^ lui donnant , dans ses mémoires , l'allure ferme , la souplesse , la couleur qui conviennent au récit histo- rique. En trois genres différents , Jacme a été le créateur de la prose catalane. Il ne serait pas impossible, en outre, que la tradition vague qui lui attribue des vers proven- çaux eût pour origine quelques essais poétiques du Con* quistador dans l'idiome du comté de Barcelone. Ce n'est qu'une hypothèse pour laquelle militent seulement deux présomptions : la faveur accordée par Jacme aux poètes, et son désir évident de faire un jour du catalan la langue à la fois usuelle , scientifique, officielle et litté* raire de ses peuples*.

* Voy. Gambouliu, Essai sur Vhistoire de la littérature catalane, cbap. m.

^ Voy. ci-dessus, p. 237.

' La défense de posséder des traductions en a romanç » des lirres de l'Ancien et du Nouveau Testament (Voy. ci-dessus, p. 462), fut une mesure purement religieuse et qui s'explique aisément. La traduction plus ou moins inexacte des livres saints en langue vuN gaire était le plus puissant instrument de la propagande albigeoise. Il était impossible de soumettre à la vérification du clergé chaque manuscrit en particulier; on trouva plus sûr de proscrire en masse toutes les traductions.

LA CHRONIQUE DE JAGMB 449

L'œuvre la plus remarquable du royal écrivain est, sans contredit, sa Chronique ou Commentari; c'est aussi la plus connue. Nous en avons donné une idée générale parce que nous en avons déjà dit\ et surtout par les larges emprunts que nous lui avons faits ; mais la lecture de ce livre dans le texte original peut seule permettre d'en apprécier la simplicité pittoresque , la fraîcheur de détails, la vigueur et la variété de style, l'élévation d'idées et de sentiments exempte de toute recherche, l'étonnante justesse d'expressions résultant d'une con- stante préoccupation d'exactitude. Il se reflète dans ces pages un héroïsme naïf qui s'ignore lui-même. A l'inverse delà plupart des auteurs de mémoires, qui cherchent avant tout à se grandir aux yeux de la postérité , Jacme se montre d'autant plus grand qu'il s'inquiète peu de le paraître. Sa Chronique, du reste, n'est qu'un récit d'é- vénements et non l'explication ou la justification de sa politique.

Cette œuvre a fait naître deux questions : l'une , celle de l'authenticité , a été soulevée au commencement de ce siècle par un de ces esprits amis de la nouveauté, qui ne peuvent résister à la tentation de contester ce que tout le monde admet , d'admettre ce que tout le monde conteste. Nous verrons , dans l'appendice de ce volume *, ce qu'il faut penser de ses objections.

La seconde question , celle de l'époque Jacme I" a écrire sa Chronique , n'a au fond qu'assez peu d'in- térêt. Qu'importe que le Commentari du roi d'Aragon ait précédé \2l Estoria de Espanna du roi de Castille ? L'heure d'une renaissance intellectuelle avait sonné. Une

* Tome I, avanl-prop., p. XII et 426. 2 Note D.

T. n. ^

laqgae 4Uit nécessaire poqr qqe ce oionvement des çsprits pût se maDifester ; les nwjt idioipes agoai^ieat : c*est la gloire d*ÂiphoDse X e| de Jacme le Cçnquérant d*avoir sq dégager les nouveaux des langes de la barbarie, e( d'a?oir obéi en cela à la voix de leur siècle et noi) à un d^sir mesquin d*iiQitation. S'il faut maintenant donner notre avis sur la date que Ton doit assigner à la rédaction de la Chronique royale , nous dirons qu*il n*est possible de formuler sur ce point qu'une seule affirmation : c*est que le chapitre cuv , qui se trouve à peu près au milieu du livre, n*a pas été écrit avant Tavénement d*Âlfoo8e e'e8t*à*dire avant Tannée 1252; puisque Tauteur» men* tionnant dans ce chapitre sa fille Yolande , ajoute : < Qui an moment ou nous écrivons est reine de Castille. » On remarquera, en outre, queJacme, en parlant despre^ mières années de son règne, dit parfois qu'il a oublié le nom dequelques-uns des personnages qui figurent dansson récit. Mais à quel moment le roi a-t-il entrepris de rédiger cette autobiographie ? Â quel moment a-t-il commencé a raconter les événements jour par jour ? C'est ce qu'on ne pourrait dire, même d'une manière approximative, saps se hasarder dans le domaine des pures hypotbèsea. Il est plus difficile encore de donner quelques indica- tions sur l'époque exacte et les circonstances au milieu desquelles a été écrit le Libre de la Savie^a ou Libre d^ DoctrtM.Hel ouvrage n'a jamais été imprimé. Des trois manuscrits dont nous connaissons l'existence, aucun ne parait être complet. La bibliothèque de l'Escurial en possède deux qui remontent au Xlir siècle * ; le troisième,

^ La meilleure des deux copies de TEscurial est cotée J. H. 29. Elles portent l'une et Tautre pour titre: Le Libre de la saviez. Nous sommes redevable à M. Âmaior do los Hios , non-seulement des indications que nous a fournies sa remarquable Ilistoria çritiea

La LIBRE DB LA SiYIBaA 451

datant sealemeot duXIV^ siècle, est conservé à la biblio- tbëqae nationale de Madrid. C'est d'après ce dernier, le seal que nous ayons pa parcourir avec soin \ que nous allons donner une idée du deuxième ouvrage attribué à Jacme le Conquérant.

Le livre débute par un préambule dans lequel le « roi en Jacme d'Aragon » fait connaître les motifs qui l'ont engagé à réunir < pour son profit et pour le profil de ceux qui voudront les entendre. . . les bonnes paroles

des philosophes anciens car, bien que l'ensemble

de tous les bons conseils se trouve dans la théologie, les bonnes paroles que les anciens philosophes ont dites et les bons avis qu'ils ont donnés ne sont pas nuisibles à nous qui sommes chrétiens; mais au contraire il y a profit à les connaître et à s'en enquérir. »

Un second préambule explique l'utilité de « ce livre de sagesse » qui sert à distinguer le bien du mal et que les « sages doivent apprendre et retenir, et ceux qui ne sont sages méditer et étudier en détail, afin que s'ils voulaient faillir, ce livro les en empêche. >

Cette double préface, dont nous publions le texte dans nos Pièces justificatives, semble constituer la partie la plus originale de l'œuvre. Le reste n'est guère qu'une compilation de sentences morales tantôt disposées en dialogues à peine esquissés, tantôt encadrées dans une

«-•■

de la ÎUeralura espanola, mais encore de plusieurs renseignements qud réminent écrivain a bien voulu nous donner par lettre avec la plus gracieuse obligeance, et dont nous sommes heureux de le remercier.

^ Ce maouscril est intitulé : Lo Libre de Doclrinaf ainsi qu'on peut l4 voir dans nos Pièces justiûcalives, XVIIl. Don José Maria Escudero, de la Bibliothèque nationale de Madrid, a eu la bonté de faire copier en entier pour nous ce précieux document. Nous lui en témoignons ici notre reconnaissance.

453 LIVBB lY , CHAPITRE IV

ébauche de récit, d'autres fois rassemblées sans encbal- nement et sans ordre. Dans Tensemble informe de ce livre, un examen minutieux permet de distinguer, outre les deux préambules dont nous avons parlé, six parties qu'on croirait avoir été rapprochées par un simple effet du hasard ; ce sont :

1* La série « des bons proverbes et des bons exemples que les sages avaient écrits sur leurs sceaux » ;

2* Une suite de dialogues, dont les interlocuteurs ne sont désignés que sous la dénomination générale de philosophes et quelquefoisde < philosophes des Grecs * »;

3* Un certain nombre de maximes, que Tauteursemble attribuer à Socrate ;

4*" Le résumé d*Qne lettre d'Alexandre à Âristote et la réponse du philosophe ;

5"" La traduction d'une lettre d'Àristote à Alexandre renfermant deux parties d'un traité sur les devoirs des rois ' ;

* Chacun de c^s dialogues porte le titre de ajustament, réunion. Quelques-uns sont précédés d'une véritable mise en scène, par exemple : « Réunion de treize philosophes des Grecs dans le doUre des rois. Et au bout du cloître les cercueils des rois morts et sur les cercueils les images des rois morts , couvertes d'étoffes moult pré- cieuses , les capuchons et le tour des manches ornés d'or, comme si sur les cercueils étalent leurs chairs bien faites et luisantes. Pub les philosophes s'assirent de telle manière qu'ils étaient auprès des rois, et ils dirent les uns aux autres : a Disons quelque chose de la «sagesse qui soit un enseignement et une prédication pour ceux qui »l'ouîront. D Au milieu de ces dialogues est intercalée une anecdote sur la manière dont Âristote enfant profita des leçons que Platon donnait à « Milaforius, fils de Rafusta, roi des Grecs.»

3 Cette partie est précédée d'un fragment de préface, dans lequel, «Joannicide Ysach, celui qui a traduit ce livre», raconte qu'il fat chargé par le ^miramomoni de chercher le livre écrit en lettres d'or», et que, l'ayant trouvé dans un temple, grâce aux indications d'un sage ermite, il le traduisit «du langage des gentils en latin et

LO UBBB DE LA SAVIBSA 455

6"* Ua grand nombre de sentences réunies pêle-mêle sons la rubrique Exemples de Socrate.

A cette sixième partie, le copiste du manuscrit de Madrid a ajouté une prédiction d'éclipsés pour les années 1290 et 1293, une « oracio per V anima salvar » et huit sentences sur le danger de révéler son secret, après quoi la formule finilo libro referamus gloria Chrislo est venue donner à cet exemplaire l'apparence trompeuse d'un tout complet.

A TexceptiondeSalomon, mentionné dans le préam- bule, et de deux ou trois autres personnages, dont les noms méconnaissables ont conservé cependant quelques traces de physionomie hébraïque ou arabe, les sages nommés dans ce livre appartiennent tous à l'antiquité païenne, ce qui n'empêche pas qu'un grand nombre des maximes qu'on leur prête ne portent l'empreinte arabe, juive et chrétienne ^

L'aspect général du Libre de la Saviesa est celui d'un assemblage provisoire de matériaux qui devaient servir plus tard à la composition d'un ouvrage. L'auteur avait pris pour modèles de son travail, resté inachevé, des recueils analogues juifs et arabes, assez nombreux e

du latin en hébreu.» Joannici de Ysach est, sans doute, PÂrabe nestorien Honaïn ben Ishak, qui vivait au IX« siècle et fut choisi par les premiers khalifes abbassides pour traduire en arabe, et non en hébreu, les ouvrages scientifiques des Grecs. On lui doit un livre Intitulé : ApophUiegmala philosophorum, auquel le Libre de la Saviesa a faire de nombreux emprunts. (Voy. À. Heifferich, Raymund Lull und die Anfange der catalanischen Lileratur. Berlin, 1858)

* Ainsi on peut lire sous la rubrique Exemples de Socrate, une recommandation de dire les grâces après le repas, et des pensées du genre de celle-ci : « C'est chose périlleuse pour Thomme que de vivre dans un état il ne voudrait pas être au moment de sa mort » ; ou bien : « Prenez garde, pour les choses de la terre, de ne pas perdre ceUes du ciel. »

454 LlfBE IT, CfiAMTBK IT

Espagne, ils avaient introduit et popularisé i^usage des sentences et des proverbes. Dès le règne de Fernand III, la langue castillane avait donné le Lihro de los docesabios on tractado de la noblença et lealtança et les Flore» de Filosofia. Sous Alfonse X, on avait vu paraître el Bo- nium ^ ou Bocados de oro et Poridat de Poridades * on Ensenamiento et castigos de Alexandre^. Le Libre de la Saviesa procède des mêmes origines que ces imitations ou traductions de traités orientaux. Il ne serait pas impos- sible que Fauteur catalan eût misa profit les travaux faits en Gastille, se dispensant ainsi de recourir aux origi- naux ; mais il est plus probable que Jacme a été aidé par des docteurs juifs, chargés de recueillir les matériaux de son livre dans les écrits hébreux et arabes.

On sait tout ce que le progrès intellectuel doit à la race juive. La littérature rabbi nique, qui contribua à la For- mation de la langue nationale de la Gastille, exerça, selon toute apparence, une action analogue dans les pays cata- lans. C'est à elle que Ton peut, croyons-nous, rattacher jusqu'à un certain point le Libre de la Saviesa. Il n'est pas trop téméraire de supposer qu'un rabbin prit une part assez active à la composition de ce recueil ; car un docteur nommé Rabbi Jona fut chargé par le roi Jacme d'écrire deux traités, l'un sur la Crainte de Dieu, Tautre destiné «à instruire les hommes des devoirs de la religion

^ C'est le nom du héros de la action dans laquelle sont encadrés les préceptes des philosophes. El Bonium est Panagramme de Muy ndbU; Tautcur de la iraduction a voulu sans doute désigner le roi Âlfonse X.

3 Secret des secrets.

* Voy., pour les quatre ouvrages qui paraissent avoir servi de modèles à Jacme P*', Amador de los Bios, Hisioria critiea de la Hle- ratura espanola, t. III, chap. viiiet x.

et de la piété ^ » Dans les ouvrages de ce genre, le rôle des rabbiûs se borbàit probablement & rassembler et à traduire les passages des écrits en langues orleU taies ^ui se rapportaient àa sujet proposé ; des clercs faisaient un travail analogue sur les textes chrétiens k et de ceâ maté*" riàat combinés sortait l'œnTrè définitive. Tel est le pr6' cédé appliqué sans doute au Libre de Ui SàvièBây dont itt rédaction, telle qu'elle est arrivée jusqu'à nous, peut être attribuée sans invraisemblance à Jacme le Ck)nqdéraut. Ainsi s'6]iplique la présence de maximes chrétiennes au milieu de citations des moralistes païens, juifs oU musul- mans ; ainsi se concilient Taffirlnation du roi, qui se donne comme Tauteur du livre ; et Térudition êteùdUU que suppose un pareil travail*.

Quoiqu'on en ait dit, d'ailleurs, Jactae n'était pas dépourvu d'instruclito. Rien ne proure, il enivrai, qu'il ait eu pour précepteur Ramon de Pen jafort on Pierre Nolasque. Jeté dès son enfance dans la vie active, il dut recevoir une éducation plus négligée encore que celle défS princes ses contemporains; mais sa haute intelligence et ractivité son esprit lui permirent d'acquérir par lui« ttiéme ce que des maîtres n'avaient pu lui donner. Par la lecture des livres saints, par ses conversations avec IM religieux, les savants et les poètes dont il aimait à s'eU^ tourer, il put se créer un fonds de connaissantes litté*> raires et scientifiques dont il savait faire usage à propos.

< Ce dernier ouvrage fut composé vers 4264. Voy. Bariholoccius, Bmiaffieca raèhinica, el Basmge^ HUi. desivifs, Hv. IX, dh«p. XVII,

Me.

*Viltarroya {Coleccian à» carias**,^ p. S) ne peut admettre que laeme ait éeril un ouvrage qui nécessite une si grande Instruction. Cet argument, le seul que Pauteur des Garta» hisioriofhorUicat tenee à Tadresse du Libre de la Saviesa, n'a pas, comme on le voit, uite bien grande portée.

456 LITRE IV, GHÀPiniB lY

Il est peu de ses discours qui ne commencent par un teite latin, le plus souvent emprunté aux Écritures < qu'il savait, dit naïvement un chroniqueur, par don spécial du Saint-Esprit, de lui-même et sans maîtres, si bien qu'il prêchait à toutes les fêtes de Tannée , citant à chaque instant les textes sacrés comme eut pu le faire le meilleur maître de théologie ^ >

On n'attribue généralement au Conquistador que la Chronique et le Libre de la Saviesa; nous croyons cepen- dant que le code de Valence doit compter parmi les œuvres qui témoignent des efforts de ce prince en faveur de la langue catalane. Les Fur^ ont été trop peu connus jusqu'ici pour qu'on ait pris garde à la diversité des matières qu'ils embrassent, aux difficultés qu'il a fallu surmonter pour donner à leurs articles le degré de préci- sion et de clarté nécessaire à un travail de réformation législative. En effet, bien différent d'une charte commu- nale, qui transforme d'ordinaire en loi écrite, avec plus ou moins de bonheur, quelques usages déjà connus , ce recueil prévoit presque toutes les questions de droit et leur donne parfois une solution inattendue, qui demande à être nettement comprise. Les Furs ne sont pas, au même titre que les Partidas, une œuvre littéraire; mais ils ont leur place marquée dans l'histoire de la langue catalane. L'analyse que nous en avons faite, et le frag- ment que nous en publions dans nos Pièces justificatives ', permettent d'en avoir une idée générale. Il nous suffira

* Le vieil historien auquel nous empruntons ces lignes ajoute : a Et jamais il ne voulut entendre messe sous un dais; au contraire, il restait tout le temps agenouillé à deux genoux loin de l^autel, comme indigne, et il empochait que ceux de sa maison n'ouïssent la messe comme les femmes dans les tribunes grillées. » (Carbonell, Chroniques de Ëspanya.)

» No VIII.

LES LBTTRE8 SOUS JÂGME I*' 457

de faire remarquer ici que le roi a évidemment pris à leur rédaction une part au moins aussi active qu'à celle du Libre de la Saviesa.

Après les premiers essais de Jacme pour ériger le cata- lan en langue officielle et littéraire, il y eut un moment d'hésitation et de résistance. Les gens du palais, des écoles et des chancelleries , qui formaient comme un monde à part, initié aux mystères du langage abâtardi qu'on décorait du nom de latin, ne purent se décider à se servir de la langue rude, mais pleine de sève, que le vul- gaire employait, et qu'un roi venait d'élever jusqu'à lui. Nous avons vu que Jacme ne put contraindre les avocats à plaider en «romançV > Les livres des savants et les actes mêmes de la chancellerie royale continuèrent à être écrits en latin. Cependant l'exemple donné par le Conquis» tador ne pouvait manquer de porter ses fruits.

Ce furent d'abord les marins catalans qui, avec leurs Costumes de la maty donnèrent le premier travail de quelque étendue qui ait suivi les œuvres royales ; mais, à cette exception près, il faut aller chercher hors des limites du règne de Jacme P' les émules de l'illustre écrivain du Commentari. Bernât d'Esclot, Ramon Muntaner, Rabbi Jahuda ben Astrug, sont ses contemporains , mais ils n'écrivent que sous ses successeurs. Les chroniques des deux premiers ' ne font pas oublier les qualités atta- chantes de la Chronique de Jacme, et le recueil des « paroles des sages et des philosophes > extraites des

* Voy. ci-dessus, p. 237, noie 2.

3 Nous avons donné dans notre tome I (Appendice, p. 428) un jugement comparatif sur ces deux chroniques, diaprés VEssai sur Vhisloire de la littérature catalane de M. Cambouliù. Voy. aussi Ama- dor de los Rios, Historia critica de la literalura espanola» t. IV# cbap. XV.

4Sê LtTRfe IV, CHlMtAÉ IT

livres arabes par Jahada, jaif de Barcelone, flii d'M Àstrug de Bonsenyor > , n*est gaëre sapérieur pour U langue aa Libre de la Saviesa ^

Sous Jacme I*', la littérature catalane a fourni setile- ment, outre les œuvres royales, quelques pièces de Vers, dont les seules connues de nos jours ont pour auteùf philosophe Ramon Lull.

Nous avons dit plus haut que Tidiome poétiqne XIII* siècle était le provençal des troubadours. Toutes les cours de l'Europe avaient entendu résonner cette langue harmonieuse ; plusieurs princes de la maisoil de Barcelone s*étaient essayés à la modeler en cansof. Quoi qu*on en ait dit, le conquérant de Valence ne parait pas avoir imité en cela son père et son aïeul. Mais, à leur exemple , il combla de faveurs les poètes qui venaient chercher un asile dans ses États, étendant sa généreuse protection sur ceux-là mômes qui Pavaient le plus vive- ment attaqué dans leurs sirventes. Il est peu de trouba- dours de ce temps dont les œuvres ne touchent à This- toire de Jacme I*' V Tomiers et Palazis, Guillem de Mon-

* Quelques auteurs ont confondu le recueil de Jahuda avec le Libre de la Saviesa, Les deux ouvrages se trouvent réunis à la bibliothèque nationale de Madrid, dans le même manu<tcri( (in-f« L. S). Le pre^ roier commence au f<» 83. Il y est dit expressément quUl a été Gom- posé par les ordres de a en Jacme, par la grâce de Dieu, roi d*ÂragOD, de Sicile, etc. », c'est-à-dire de Jacme II. Il est possible, d^ailleurs, que Jatinda ait travaillé au Libre de la Saxnesa, et qo^îl ait été employé par Jacme le Conquérant à traduire des écrivains arabes, ainsi qu'on l'a avancé en se fondant sur une simple tradition.

3 Les troubadours, dans leurs rapports avec l'Espagne, font Pobjet de Pétude intéressante de don Manuel Mila y Fontanalf, que nous avons mentionnée plusieurs fois. Nous ne saurions mieux faire que d'y renvoyer le lecteur. En éclairant Thistoire littéraire de la langue d'Oc par l'histoire politique de sa patrie, le savtint professeur Barcelone a rectifié en bien des points importants les écrivains 4^

LË8 ÏROtBADOtRft 4S9

tâgnagol *, Bernard de Rovenhac, Bertrand de Born le fils, Durand de Pernes, Boniface de Castellane, Bernât Sicart de Marjévols, Sordello, Guillem Anelier, Arnalt Plaguès, Elias Cairel, Ganbert de Puegsibot, Aimeric de Belenoi, Nat de Mons, Guiralt Riquier, Pierre Bosô, Mathieu de Quercy, tous nés hors de la Péninsule, ont nommé dans leurs vers le roi d'Aragon, les uns pour louer ses hautes qualités, les autres pour censurer sa conduite ; ceux-ci pour se faire gloire de compter au nombre de ses vassaux, ceux-là pour implorer ses bienfaits. Mais nom domine cette foule poétique , c'est celui du fameux Pierre Cardinal, qui, par la vigueur et Toriginalité de ses satires, a mérité d'être appelé le Juvénal du XIII* siècle. «Il fut, dit un de ses biographes, moult honoré et récompensé par monseigneur le bon roi Jacme d'Ara- gon. > Le souverain admit le poëte à une telle intimité, que souvent, assure la tradition, le lit de Pierre Cardi- nal fut dressé dans la chambre royale.

Les troubadours d'outre-Pyrénées avaient dans les pays catalans des émules qui cultivaient la poésie pro^ vençale. Tels étaient Guillem de Cervera, Arnalt Catalan, Guillem de Murs, Serveri de Girone, Olivier le Templier. Mais la langne des troubadours, née dans la France méri- dionale , dépérissait avec la nationalité dont elle était l'organe ; l'idiome catalan, au contraire, vigoureux et

ravalent précédé. Ainsi nous avons dû, diaprés ses indications, retrancher de la liste des poêles contemporains de Jacde t«^, tiuUletn de Bergadan et Hugues de Mataplana.

* Un Guillem de Montaynagol, qui n'est probablement pas différent du poêle de ce nom, reçut des biens à Valence, lors de la réparlî- Uon. Ferrand, jongleur, ei B. Carbonell, figurent aussi dans le repar- limienlo. Ce dernier pourrait bien être le troubadour Bertran Car- bonell, conleraporain de Jacme, mais qui cependant ne parle dd ce prince dans aucune de ses pièces que nous connaissions.

460 LIYBB IT , CHAPITRE IT

jeune, en tant que langue écrite, plus apte à interpréter les idées nouvelles, réclamait sa place dans le domaine de la poésie. Si Jacme n'a pas travaillé lui-même à la lui faire, il a évidemment encouragé tous les efforts tentés dans ce sens.

Les premiers vers catalans dont Tauteur soit connu, portent le nom de Ramon LuU. On sait que l'ardeur des passions avait troublé les jeunes années de l'austère phi- losophe ; c'est peut-être le seul fondement de l'opinion qui lui attribue des poésies erotiques, dont il ne resterait d'ailleurs aucunes traces. Parmi ses vers religieux ou phi- losophiques, quelques-uns seulement paraissent avoir été composés, au temps de Jacme V \ Ils constituent à peu près tout le bagage de la poésie catalane sous ce règne ' ; mais ils suffisent à démontrer que l'idiome du comté de Barcelone naquit à la pleine vie littéraire sous le prince qui a écrit le Commentaris les Furs et le Libre de la Saviesa.

Du reste , la langue vulgaire n'eut pas seule le privi- lège d'attirer les faveurs de Jacme r% malgré la sympa- thie particulière qu'elle inspira à ce roi. Le latin, langue

* Don Geronimo RosseilOi écrivalo et poëte mayorquin, a donné en 1859 une édition des poésies de Ramon Lull, accompagnée de nof^s intéressantes sur la vie et les œuvres du célèbre auteur deVArs magna. On doit aussi à M. Rossello une Biblioteca Luliana, restée manuscrite, croyons-nous, mais que M. Âmador de los Rios men- tionne quelquefois dans son HUloria critica de la literatura espanolay t. IV, chap. XV.

2 Muntaner, auteur d'un discours en deux cent quarante vers sur la conquête de la Sardaigne, adressé au roi Jacme II, et Jaume Febrer, qui composa, sur la demande de Pierre III, les Trobasdels linatges de la conquista de Valencia^ ne peuvent être comptés parmi les poètes du temps de Jacme le Conquérant, bien qu'ils aient vécu sous le règne de ce prince. Nous parlerons de l'ouvrage de Febreré la note À de PÂppendlce.

UNITER81TBS ET ÉCOLES 461

internationale et, par conséquent, langue scientifique par excellence, était à peu près seul en usage dans les écoles que Jacme lui-même avait créées. Deux centres princi- paux d'enseignement doivent leur existence au Conquis- tador. L'un, établi à Lérida, était une université ou, comme on disait alors, une « étude générale » (studi gêne- rai, générale studium *J. On y professait le droit canon, le droit civil et, probablement aussi, les arte, c'est-à-dire la grammaire et la dialectique. Nous ne pensons pas que la théologie et la médecine fussent comprises dans ren- seignement de Tuniversité de Lérida. À Valence, Jacme institua un studium qui ne parait avoir été qu'une école de théologie annexée à la cathédrale de cette ville. Inno- cent lY félicita vivement le roi d'Aragon de cette créa- tion, et dota l'école de Valence de privilèges importants '. Montpellier était le centre enseignant le plus considé- rable dépendant de la couronne aragonaise ; c'était aussi Ton des plus renommés de l'Europe. On sait de quel éclat brillaient déjà sous les Guillem ses Écoles de méde- cine et de droit. La Faculté des arfo' y prit de l'impor-

* Il semble résulter d^un passage de Zurita {Anales» lib. V, c&p. XLiv) que Jacme II aurait créé PUniversité de Lérida, tandis qu'en réalité ce roi n'en fut que le réorganisateur, ainsi que cela résulte implicitement des termes d'un privilège de Pan 4300, publié par M . Massot-Reynier dans l'appendice des coutumes de Perpignan. Une loi de Philippe II, insérée dans les Constitutions de Catalogne (vol. I, lib. II, tit. Yui, const. 1), attribue expressément la fondation de rUniversité de Lérida à Jacme le Conquérant.

3 Privilèges de Valence, f»ccxxxYiu, n* 45; Raynaldi, Annales eccles,^ ad. ann. 4245, n^ 76.

' M. Fauciilon , membre de la Société archéologique et de l'Aca- démie des sciences et lettres de Montpellier, a publié l'histoire de l'École de droit et celle de la Faculté des arts de cette ville. Pour l'École de médecine, voy. Astruc^ Mémoires pour servir à VHisloire de la Faculté de médecine de Montpellier,

tance au Xlir siècle par les soins de Tévéqne de Hague* lone Jean de Monllaur, car personne n*ignore qu*à cette époque tout enseignement était placé sons la dépendance directe de raatorilé ecclésiastique. Jacme V essaya de faire intervenir le pouvoir laïque dans la nomination des professeurs, principalement de ceux de TËcole de droit, dont les doctrines pouvait exercer une si grande ia*^ fluencesur lesquestions politiques. Un maître nommé par lui, G. Seguer, fut excommunié par Tévéque de Magne- lone, et le pape Clément IV, approuvant la conduite du prélat, reconnaît celui-ci comme principal chef de TUni- versité, < episcopmest capiU studii principale^ » Malgré le principe, le pouvoir royal avait une grande influence sur les écoles de la Péninsule; mais à Montpellier, ou le roi comptait pour si peu, même dans Tordre politique, il u*est pas étonnant de le voir rarement mêlé aux questions d'enseignement. Nous ne connaissons en ce genre qu'un seulacle de Jacme l" : c'est son privilège de l'année 1272, qui réglemente l'exercice de la médecine dans saseignea* rie languedocienne '.

L'importance de l'Université de Montpellier et la créa- tion de celle de Lérida n'empêchèrent pas les étudiants des pays aragonais d'aller compléter leur instruction à Toulouse, à Paris et en Italie. On accourait surtout dans les écoles italiennes, et particulièrement à Bologne, pour y puiser dans les leçons de maîtres renommés les vrais principes de la jurisprudence romaine.

Si maintenant nous embrassons du regard l'ensemble des principales sciences cultivées à cette époque, il nous sera facile de nous convaincre qu'aucune d'elles n'est restée stationnaire sous le règne de Jacme ¥\ La démon*

* Martèneet Durand, Thésaurus novus anecdot., t. Il, col. 603. ' Germain, Histoire de la commune (k Montpellier, i. Ul, p. 4^7.

LES QGIEPrCES SOUS MGME I*' 46?

strfttioQ pourrait paraître superflue en ce^qui touche ^ la théologie. Ce u'est pas au Xlir siècle , au temps de saiut Sonaveuture etde saiotTboipasd*Âquin, au momentoù les QFdresde Saint-François etde Saint-Dominique brillaient de toute leur splendeur, que cette science put déchoir quelque part dans la chrétienté? Mais, en Espagne, les conférences publiques pour la conversion des juifs et des Musulmans donnèrent une physionomie tonte particulière à la controverse religieuse. Frère Paul, Ramon Martin, auteur du Pugio fidei^ Ramon de Penyafort, étaient les principaux athlètes de ces joutes, auxquelles le roi lui-même, nous Tavons vu \ ne craignit pas de se mêler. Les frères prêcheurs et les frères mineurs d'un côté; Tautre, les écrits d'Ârislote et de ses nombreux com- mentateurs, répandus dans la Péninsule par les Arabes et traduits par les juifs, entretiennent le goût des éludes philosophiques, et font naître, vers lafmdu règne qui nous occupe, les doctrines du savant et vertueux Ramon Lull *. Mais, avec le bon sens qui dirige toutes ses actions, Jacme, laissant àTécole les discussions abstraites, s*at-

* Yoy. ci«dessus,p. 381.

« Unérudit roayorquin, M. le docteur Fernando Weylery Lavina, . ohef de service de la santé militaire dans l^s îles Baléares j a publié dernièrement sous le titre de Raimundo Lulio jusgadopor si mismot un volume qui aUeste de sérieuses et intelligentes études. M. Weyier, rendant la justice qui est due aux vertus et aux intentions élevées de l'homme, ne trouve guère dans les œuvres du philosophe, du savant et 4e récrivain que a des combinaisons par trop subtiles et obscurçs, des prétentions exagérées , des conceptions triviales, puériles et parfois ridicules, un langage vulgaire.... » De plus compétents que nous pourront apprécier la valeur de ce jugement sévère; il suffit à n^re làohe de constater que les doctrines de l'auteur de VArs magna, auxquelles on ne peut refuser une large place dans Phistoire du déve- loppement de Tesprit humain, se sont produites pour la première toi$ d9n$ les Ëlats de Jacme i*'*, vers 4272. Ramon LuU avait été, dit-on, dans sa jeunesse, m^ordome du palais du roi d'Aragpn.

464 LITRE IV, CHAnTRE IT

tache à vaigariser ceqa'il y a de réellement pratique daDS les enseignements des philosophes, c'est-à-dire les préceptes de la morale. Ace genre de travaux se rattache le ModiÂ8 jmtè negoUandi, traité de morale appliquée au commerce, dont Tautenr est saint Ramon de Penya- fort*.

Nous n'avons pas besoin de revenir sur la jurispru* dence après les chapitres que nous lui avons consacrés. L*histoire des institutions judiciaires doit à Vital de Ganellas un ouvrage connu sous le nom de livre In Ex- cekis*^ dont quelques fragments ont été sauvés de Toubli par les Commentaires de Blancas.

La célébrité de TÉcole de Montpellier , le grand nombre d'écrits scientifiques d'origine arabe ou juive qui circulaient en Espagne, le voisinage de la Castille, ud roi savant donnait une impulsion extraordinaire à l'en- semble des connaissances humaines, sont des indices suffisants de l'état relativement avancé dans lequel se trouvaient sous Jacme V les sciences médicales, physiques et mathématiques. Deux noms illustres se rattachent à ces études dans les pays aragonais, c'est celui de Ramon Lullet celui de son maître Arnaud de Villeneuve, selon les uns en Catalogne, selon les autres au petit village de Villeneuve-lez-Magueloue, près de Montpellier.

L'impression que laisse à l'esprit l'étude d'ensemble à laquelle nous avons consacré ce chapitre , c'est que le régne de Jacme le Conquérant doit être rangé au nombre de ceux qui caractérisent le plus nettement cette ère de progrès général et de transformation sociale que l'on appelle le Xlir siècle, époque féconde qui a fait luire sur

* Gapmaoy, Meniorias.. X. I, part, ii, p. 28.

* On a donné pour titre à Touvrage les premiers mots du préam- bule qui débute ainsi : In excelsis Dei thesauris.

PROSPÉRITÉ DES PATS ARAG05AIS 465

la vieille Earope l*aarore de la civilisation moderne. Sage législation, qu'anime le sonrfle de la liberté, l'égalité commence à se faire jour, la royauté n'a encore introduit que sa force régulatrice et non ses tyran- niques abus ; administration supérieure à celle de la plu- part des États voisins S grâce aux principes qui la ré- gissent et à la sagesse qui dicte au souverain le choix de ses agents '; commerce prospère ; richesse publique rela- tivement florissante en certains points du territoire ; mouvement intellectuel fortement accusé, voilà ce que les pays de la couronne d'Aragon doivent au plus grand de leurs rois. Si l'on joint à ces avantages la loyauté, la franchise, la cordialité des mœurs aragonaises et cata- lanes, la beauté du climat sur les riantes plages que baigne la Méditerranée, on ne sera pas surpris de voir des habi- tants de toutes les parties du monde civilisé venir de- mander à ces belles et industrieuses contrées l'espérance d'an brillant avenir ou l'oubli d'un passé malheureux. Nous ne parlons pas seulement de ceux que l'appât de la conquête attira à Mayorque ou à Valence, mais aussi

* Notamment à celle de la Castille. (Voy. Lafuente. Hist. geiheral de Sspana^ part. II, lib. II, cap. 43, g 4.)

* c Je ne crois pas qu'il y ait jamais eu, ditCarbonell, un roi autant aimé de son peuple que le fut celui-ci. Car il craignait Dieu, U trai- tait ses vassaux moult humainement et avec amour, il leur donnait force libertés et franchises, et il prenait bien garde à qui il accordait les dignités et les emplois dans ses royaumes et terres. D'abord il examinait avec soin la vie do la personne à qui il confiait direction ou administration , et souvent il advenait que tel avait dignité , emploi ou bénéfice qui ne le pensait point. Il les payait et ne voulait pumt donner ces charges à hommes vicieux ou de mauvais re- nom ou de qui il reçut de Targent. Et, ainsi, les dignités et les em- plois restaient en tout temps dans les mains de vertueuses etbonnes personnes, et chacun alors s'étudiait à être bon et vertueux et les choses publiques étaient mieux régies.»

T. n. 30

466 LITRE IV, CHAPITRE 19

de ces marchands étrangers qai sollicitent Tbonneulr d'être admis an nombre de^ citoyens de Barceloïie^; de ces princesses auxquelles les troubles politiques eût ràti une couronne, et qui trouvent l'accueil le pluscbeya- lercsque dans les Etats du généreux souyeraiû. Irène, fille de Théodore Lascaris le Jeune, et veuve de Guiîlaume Pierre, comte de Vintimille; Constance, sœur de Maû- fred, roi de Sicile, et veuve de Jean Vatace, empereur de Nicée \ vinrent également se réfugier àTombre dn trône d'Aragon, et reçurent de riches domaines*. Il semblait que les Majestés déchues ne pussent pas trouver un asile plus digne d'elles qu'un pays dont les souverains se glorifiaient, selon les expressions moine Fab^icio^ d'avoir pour sujets des rois et non des esclaves.

* Ainsi, en 4263, Guillem Borrel, de Narbonne , est reçu citoyen et marchand de Barcelone. (Archives d-Àragon, Parch. de Jacme K n»« 4742 el 4752.)

^ Voy. Zurila, Anales, lib. III, cap. LXXV; Indices, ad. ann. 4269; Diago, Anales de Valencia, Jib. VII , cap. 59.

' Les archives d'Aragon (Reg. XXXV, f- 46 et 49 et Reg. XXXVIl, 69) contiennent des donations en faveur de Constance, « impéra- trice des Grecs», en Aragon et à Valence. Le 4 6 août 4 306, Constance cédaà Jacme lises droilsau trône de Conslantinople. (Â.rch. d'Arag., Reg. XXIV , fo 58.) Cette princesse mourut à Valence et fut enterrée dans la chapelle des Hospitaliers de cetle ville.

* Voy. la chronique de Gauberie Fabricio de Bagdad, citée par D. Modeste Lafuente d'après Tunique et très-rare édition de 4499.

CHAPITRE V

Agitations en Castille. Conseils de Jacme i Alfonse X. Événements en France et en Navarre. Mort d'Isabelle d'Aragon, reine de France. Affaires de Montpellier. Projet d'expédition de l'infant Pierre dans le comté de Toulouse. Querelle entre l'infant Pierre et Femand Sanchez. Guerre du comte de Foix contre le roi de France. Mort de Berenguela Alfonso. Dernier testament de Jacme. Dis- sentiment avec les barons catalans. Succession du comté d'Urgel. Jacme au concile de Lyon. Conduite privée du roi. Démarches pour l'annulation du mariage de Teresa Cil. La dernière maîtresse du Gonqmslador. Troubles en Catalogne et en Aragon. Rupture entre le roi et Femand Sanchez. Femand noyé par l'ordre de son trère. Pacification de TAragon et de la Catalogne. Affaires de Navarre. Pierre d'Aragon reconnu pour héritier de la couronne de Navarre. Invasion des Musulmans d'Afrique. Révolte des Maures de Valence. Mort d'Al-Azarch. Maladie du roi. Défaite des chrétiens. Derniers conseils du roi à ses fils. Codicilles. Mort de Jacme I*^ Complainte de Mathieu de Quercy. Conclusion.

Tandis que les pays de la couronne aragonaise s'éle- vaient à un haut degré de prospérité sous Tadminis- tration ferme et habile du roi Jacme I", la Castille était en proie à de sourdes agitations, et déjà Ton pouvait près, sentir les malheurs qui devaient abréger les jours d' Al- fonse le Savant.

A peine revenu dans ses Etats, après sa tentative de croisade eu Terre-Sainte , Jacme avait été invité par son

468 LIVBB IV , CHAPITRE T

geodre à assister aa mariage de Tiafant Fernand de Cas- tille avec Blanche de France, fille de saint Loais. Le roi d'Aragon, pendant son séjour à Bargos, n*eat pas de peine à s'apercevoir de Forage qui s'amassait sur la tête d'Âlfonse X. Les mécontents de Castille firent même quel- ques démarches pour l'attirer à leur parti : mais Jacme, loin de se prêter à ces combinaisons, essaya loyalement de réconcilier les ricos homes castillans avec leur roi. Ses efforts furent vains, et comme Alfonse, que l'âge, la ré- flexion et le malheur avaient définitivement rapproché de son beau-pére, lui confiait un jour ses chagrins, « nous lui dîmes, écrit le roi d'Aragon , que nous le priions d*agir d'après nos conseils dans ce qu'il voudrait faire , et que s'il se trompait il nous le dit , et que nous réparerions sa faute. De quoi il nous fut moult reconnaissant, comme il nous le prouva en nous assurant qu'il ferait ce que nous

lui disions Et son séjour avec nous fut de sept jours,

et dans ces sept jours nous lui donnâmes sept conseils, pour qu'il s'y conformât dans ses affaires. Le premier conseil fut de tenir en tous points sa parole lorsqu'il l'aurait donnée à quelqu'un ; car il valait mieux avoir l'ennui de dire non à qui demande que souffrir la dou- leur de ne pouvoir tenir ce qu'on a promis. Le second conseil fut de bien regarder, avant de passer ou d'oc- troyer un acte, ce qu'on voulait en faire ou n'en pas faire. Le troisième conseil fut de tâcher de conserver tout son peuple en son pouvoir; car il était bon et convenable que tout roi sut conserver l'amour et s'attirer la bienveillance de tous ceux que Dieu lui avait confiés. Le quatrième conseil fut, s'il ne lui était pas possible de conserver l'affection de tous ses sujets , de garder au moins celle de deux classes, qui étaient Téglise et le peuple avec les bourgeois de sa terre ; car ce sont gens que Dieu aime

CONSEILS DE JAGHE A ALPHONSE X 4C9

mieax qoe les chevaliers , parce qae les chevaliers sont plas prompts que les autres à se soulever contre leur seigoeur. Il serait bon, ajoutâmes-nous, de s'attacher tontes les classes, s*il était possible; mais, s*il ne le pou- vait, il devait conserver ces deux classes, car avec elles il soumettrait les autres. Le cinquième conseil fut de lui dire que, puisque Dieu lui avait donné Murcie, et que nous avec Notre-Seigneur Tavions aidé à la prendre et à la gagner, il fit respecter les traités que nous avions

passés avec les habitants Nous lui dîmes encore

que jamais Murcie ne vaudrait rien s'il ne faisait une chose que nous lui expliquâmes ainsi : ce que vous devez faire , c'est de laisser dans la ville centhommes de qualité qui sachent vous y faire l'accueil qui vous convient quand vous y allez , et que ces cent hommes y vivent avec un patrimoine suffisant Le reste donnez-le aux ar- tisans, et ainsi vous ferez une bonne ville. . . Le dernier conseil fut de ne jamais faire justice en secret, car il n'était pas séant à un roi de faire telle chose dans sa maison ^ >

Ces remarquables parolesjustifient ceque nous avons dit de la politique intérieure de Jacme P". Malheureuse- ment Âlfonse X, qui comprenait la sagesse de ces con- seils, manquait de l'énergie nécessaire pour les mettre en pratique. Les chefs de la rébellion, parmi lesquels on comptait don Felipe, frère du roi deCastille, et le puis- sant rico homeNuho Gonzalez de Lara, étaient parvenus

* Chronique de Jacme, chap. cglxxxt et cclxxxvii. Rappro- chez du dernier conseil de Jacme à Âlfonse X ces paroles du confes- seur de la reine Marguerite au sujet de saint Louis: ail voloit que toute justice fût fête des maiféteurs par tout son royaume en apert et devant le pueple, et que nule justice ne fût fête en report (secret). »

470 UTILE IV, CSAPITRR T

à former udo ligne de la principale noblesse casUUaM, el à s'assnrer Tappni delà Navarre, du Portugal et de réi^ir de Grenade Ben-Alhamar. On prétendait même que les ricos homes aragonais étaient d*accord avec ceux de Cas- tille, et qu'au premier signal, Maures et barons allaient se soulever contre les deux rois. Pour défendre sa puis- sance sérieusement menacée par la royauté, raristocrati^ ne reculait pas devant une alliance monstrueuse. Cepen- dant les ricos homes castillans eurent seuls le tristes courage d*unir leur cause à celle des ennemis^ du non chrétien, et, après avoircombattu plus de trois ans sous le«i étendards de 1* islam, ils se réconcilièrent avec Alfonse, en même temps que Témir Mohamed II, fils et successeur de Ben-Âlhamar (1274).

Pendant que ces événements agitaient la Castille, le roi d^Âragon jouissait d*un repos auquel il était peu habitué. En paix avec les Musulmans d'Espagne et avec ceux d'Afrique, ses seules préoccupations lui venaient du côté de la France.

La funeste croisade que Louis IX avait entreprise en 1270 s'était terminée par la mort du saint roi, de Thi- bault II de Navarre, d'Alphonse, comte de Toulouse, et de la comtesse Jeanne, sa femme. LMnfante Isabelle d'Aragon, reine de France depuis quelques mois à peine, venait également de mourir à son retour d'Afrique \

* Isabelle, étant enceinte, mourut d^ne chute de cheval à Gosenza en C&Iabre, le 28 janvier 1274. Jacme perdit quatre de ses filles en quelques années. Sancha avait trouvé la mort d'une sainte à Jérusalem, elle prodiguait des secours aux malades de l'hôpital de Saint-Jean (Zurita, Anales, lib. III, cap. xlvi); Marie, qui avait épouser d'abord le fils de Jlobert, comte d'Artois, puis le fils du duc de Bourgogne (Zurita, Anales, lib. III, cap. lxv), s'était faite religieuse et était morte à Saragosse en 4268. Le peuple de cette ville, ne voulant pas se dessaisir de la dépouille mortelle de la

AFPAIIIBS p^ )fO?ITPELLIER 4T}

Gj^t^es^ri^ dQ nialheufeux évépeipepts Q*était pas sans importance politique pour l*ÂragoD.

D^pne part, Jacme, qnj p*avait pu défendre qu'avec peine son autorité sur J^fonlpeilier, même au tepipsdu sçrHpulgn^ Louis V^, avajt à craindre 4e sérieusjBs atta- ques d*un souverain plifs entreprenant. En second lieu, le roi de Navarre Thibault II ne. laissant pas d'epfapf, Ifppri, spp frère, lui avait succédé saps opposition Set cettç transmission Régulière et paisible {de }a couronne dans la igi^aisop ^e Champagne établissait un précédenf qui deyait renjdre les droits du roi d* Aragon* difficiles à ressusciter, Ip jour il lui conviendrait de les faire v^lpif:. Enfin la mort sans héritiers directs d' Alphonse de Poitiçrs et de Jeapne de Toulouse réunissait définiti- vement à la couronne de Frapce tous les domaines de Raymond Y}!, en vertu dii traité de |221.

J^cm.ç se voyait de plus en plus jrefoulé vers la Pénin- sule; il sentait même sa riche seigneurie de Montpellier éçbapppr insensiblement à son autorité. Vainement ^ av;^t espéré que son alliance avec Louis IX et les senti- ments d'équité du roi de France arrêteraient l'exécution des plans préparés par Blanche de Gastille. Le traité de Gorbeil était à peine signé que saint Louis lui-mcme devait intervenir pour mettre fin aux actes d'hostilité de

princesse, que le roi avait Tinlention de faire transporter au monas- tère de Vallbona, l'inhuma de force dans Vëglise de San Salvador (Chronique de Jacme, chap- cclxxvii). Enfin Constance, feihme de don Manuel de Gastille, ne vivait plus lorsque le roi fit soh testament de Tannée 4272.

* Zurita (Anales de Aragon, lib. III, cap. Lxxiii) assure qu'à Pavé- nement de fienri I*', Jacme se préparait à récfamer la Navarre, maïs qu'il fut détourné de son entreprise par la querelle de ses fils Pierre et ('ernand Sanchez. Moret conteste l'assertion de rhistorien arago- nais. [Anales de Navarra^ lib. XXIII, cap. i, g 5.) -

1

473 LIYIIB IV , CBAPITBB T

son sénéchal de Beaucaire et Nimes contre le roi d'Ara- gon \ Hais le sénéchal ne se tint pas poar battu, et il ne tarda pas à déclarernettement que la seigneurie de Mont- pellier était soumise à sa juridiction. Celait une consé- quence de Tacte par lequel Tévéque de Maguelone avait reconnu que Montpellier était un fief de la couronne de France V

Quoi qu*én ait dit dom Vaissëte, la prétention était nouvelle. Arnaud, évéque de Barcelone, et le comte d*Ampurias furent envoyés par Jacme auprès de saint Louis pour réclamer contre cet empiétement'. Le roi de France « n*étantpasinstruitdelavérité dans cette affaire, d*une manière complète », promit d'en délibérer « dans le prochain parlement avec Tévéque de Sabine \ ami des deux rois, qui s*était employé pour négocier la paix entre eux et pour conclure le mariage de leurs enfants» . Saint Louis ajoutait « qu*il avait une telle affec- tion pour le roi d*Aragon et qn*il désirait si vivement conserver son amitié, qu*il aimait mieux quele roi d'Ara- gon eût quelque chose appartenant à lui, roi de France,

* Voy. ci-de3SU8, p. 322, note 2.

* Voy. ci-dessus, p. 306. La revendication de juridiclion dont il s'agit ici ne s\')ppiiyail point sur un prétendu droit du roi de France comme héritier des comtes de Toulouse et des vicomtes de Béziers. Le procès-verbal du 25 mai I2C4 ne fait nullement porter la discussion sur ce point. Il s'agissait, pour les légistes français» de faire prévaloir dans la pratique un principe qu'ils s'efTorgnienl de représenter comme ayant été de tout temps admis sans contestation, celui delà souveraineté du roi de France sur tous les points du ter- ritoire compris dans les limites du royaume, telles que les souverains d'outre-Loire se croyaient en droit de les tracer.

» Il existe aux archives d'Arai^^on (Reg. XIV, 47) un acte da 4* janvier 1264, par lequel le roi reconnaît devoir à Bcnveni>to de Porta la somme de quinze mille sols payée à Tévêque de Barcelooe et au comte d'Ampurias pour leur voyage auprès du roi de France.

* Le cardinal Gui Foulques, qui n'était pas encore Pape.

AFFAIRBS DB MONTPBLLIBII 473

qae d*avoir, lui roi de France, quelqae chose qui appar- tint an roi d* Aragon ^ »

Louis IX délibéra, en effet, sur celte affaire dans un parlement qu'il tint en 1264; on ignore la décision qui fut prise*. Ce qu'il y a de certain, c'est que l'autorité du sénéchal de Beaucaire s'implantait chaque jour da- vantage à Montpellier, tandis qu'une succession de petites luttes entre le roi d'Aragon , d'un côté , et les bourgeois de cette ville ou l'évéque de Maguelone, de l'antre, affaiblissaient de plus en plus l'influence du souverain d'outre-Pyrénées sur sa seigneurie languedo- cienne ^ Le roi s'en apercevait, sans doute, et il essayait

^ Voy. le procès-verbal du 25 mai 4264, constatant le résultat de l'ambassade envoyé,e par le roi d'Aragon à saint Louis, dans V Histoire de Langued,^ éd. in-f°, t. III, Pr. n* cccxlvii

Voy. D. Vaissèle, Histoire de Langued.^ liv. XXVI, chap. lvi.

' La question des mailles de Lattes avait été réveillée en 4264, et» par acte du 23 juillet de celte année, le roi avait renoncé a ses pré- tentions sur cet impôt. (Arch. d'Aragon, Reg. XIII, f*» 202.— Cf. Chronique romane du Petit Thalamus, ad. ann. 4264, et Ger- main, Histoire de la commune de Montpellier y t. II, p. 346.) Le même jour, Guillem de Roquefeuil reçut le pouvoir de traiter avec les habitants de Montpellier relativement au «service » de six mille sols melgoriens qu'ils devaient au roi. (Reg. XIV, !• 60.) Le 12 novembre suivant, Jacme donna procuration au même Guillem de Roquefeuil de régler les diiïérends de Tautorité royale avec Pévêque de Mague- lone. (Reg. XIII, f* 244.) En 4267, Clément IV écrivil à Jaeme pour l'engager à faire respecter par ses officiers le traité conclu avec les batiitanisde Montpellier, traité que Clément lui-même avait négocié avant son élévation au Pontificat. (D. Vaissète, Histoire de Langued., liv. XXVI, chap. lxv.) Enfin, dans les premiers jours de l'année 4273, le roi d'Aragon termina par une transaction ses différends avec Pévêque de Maguelone, et pardonna aux habitants qui s'étaient encore une fois révoltés contre lui. (D. Vaissète, Histoire de Lan" guedoc, liv. XXVII, chap. xtiii.) On conserve aux archives d'Aragon (Reg. XXI, f* 41o) la copie originale de la lettre qu'il écrivit à son fils Jacme, le 24 mars 4273, en lui envoyant divers actes relatifs l'affaire de Montpellier. >

474 UKKV IT» CVAWfiB T

de resserrer les liens qui anissaieut iy[oQ,tpeliUer à la^ maison d*Aragon« en confiant de bonne heure le gouYcr- nement de celle ville à Tinfanl Jacme qai deyait en hériter ^ D*un autre côté, le Conquistador ne négligeait aucune occasion d'affirmer son autorité sur cette partie de ses domaines. En 1262, par exemple, Charles d-Aojou, en guerre avec les habitants de Marseille, était Tenu poursuivre les hommes et les vaisseaux de cette YÎlle jusque dans le port de Lattes, ils avaient trouvé ou refuge^ grâce à Talliance des Marseillais aveo ta contmuue de Montpellier. Instruit de cette violation de son terd« toire, le roi d* Aragon avait protesté en termes éner- giques', et, le 31 octobre 1262, un traité avait mis fin au différend ^

* L'infant Jacme fui nommé, à diverses époques, lieufenant du roi, gouverneur ou procurateur général des pays que son père lui avai^ assurés par laslamenl. (Arch. d'Àrag;., Re^. XII, ^ 96; Reg. XIII, f»4i; Reg. XVI, 454.) ,Le 49 juillet 4274, un privilège spécial lui attribua sur la ville de Montpellier une jur|diclion égale à celle du roi. [Arch. d'Arag., Reg. XIX, 439. Cf. D. Yaissèl^, Histoire ^e Languedoc , liv. XXVII, chap. xXf.)

3 Voy., dans nos Pièces justificatives, XV, un frago^ent san9 date de la première lettre écrite à ce sujet par Jacme à Cbarle$ d'Anjou. Le f*^ 2 du Reg. XIII des archives d^Aragon conjtieal trois autres lettres du roi sur la même affaire. Deux sont adressées aa

I 'A

comte de Provence et une à Tinfant Jacme.

' Ce traité a été publié dans V Histoire du commerce de Montpellier , par )f . Gerpnain (t. I, p. 249). Mais Tbonorable écrivain y voit (U II, p. 34) un accord qui met fin à un différend entre les habil^Dlsde Montpellier et ceux de Marseille. Il résulte, au contraire, ^u t^xte même de ce document, quePalliance des Marseillais avec les vassaux languedociens de Jacme avait attiré sur ces derniers la colère de Charles d'Anjou. On lit dans la chronique du Petit Thalamus : <£d lan do M eCCLXII.. el mes de novembre, venc Karles çoms de Proen3a contrais liomes ^e Masselba al gra do Magalona, els fes reculhir a L^tas f}) lursgaleas: e denfra aquel ^mes feron pas ab lo comte.» Yoy., en outre, Gau/ridi, Hist, de Prov,, liv. y, çjtiap. v.

SUGCBSSIQIf Ml GOUTB Bf KOPtOUSE 4T|

Malgré ses efforts pour maintenir Montpellier sous sa dépendance , Jacme , lorsqu'il vit Philippe le Hardi monter sur le trône de France, ne put manquer de pré- voir le moment les questions agitées avec saint Louis renaîtraient pour être tranchées dans un sens fav^vi^ble à la politique capétienne. Tout semblait d'ailleurs cona^n pirer contre le roi d'Aragon. Un accident venait d'd.ter la vie à sa fille Isabelle, sur l'ascendant de laquelle il avait compté sans doute pour modérer raipbition d9 Philippe, et le simulacre d'autonomie qu'avait conservé le comté de Toulouse sous Alphonse et Jeanne, s^éva- PQuissait pour laisser le royaume de France étreindre la seigneurie de Montpellier et menacer les pays pyrén néens.

Il parait qu'au moment de tomber sous le sceptre daa souverains du Nord, les habitants du comté de Toqlouse adressèrent un dernier appel au petit-fils de celui qui était mort à Muret pour la cause méridionale. L'infant Pierre, que son père avait associé au gouvernement avec le titre de procurateur général d'Âragqn, de Cata*» logne et de Valence \ s'apprêtait déjà à disputer au roi de France la succession des Raymond et les forces dont il disposait lui permettaient , s'il faut en croire Zui rita, de tenter la lutte avec avantage lorsque le roi Jaeme, désireux de faire respecter le traité de Gorbeil, s'opposa énergiquement à cette expédition insepsée. I|

* Dès le 6 septembre 4257, Pierre avait été nommé gouverneur général de la Catalogne. Un acte de la même date avait conféré à Ximeno de Foces des fonctions analogues pour le royaume de Yalence, mais avec des pouvoirs moins étendus, (ArCtb. d'Ar^g., Reg. IX, f"* 34 et 36. Coleccion de docy,menlos inediioSy p. 427 et 428.) En 4260, l'infant Pierre s'intitule «bsres in Ciilaloni^ et proourator Aragonum-» (Arcb. d'Arag., P^rcUemins de 4ficme 1*^, 4647.)

476 LITBE IT , CBAPITEE

dut m6me,poarvaincre Tobstination de Tinfant, adresser aux ricos homes et aux chevaliers d*Aragon une défense formelle de le seconder dans son entreprise *. C*est ainsi que, grâce à la sage intervention de Jacme le Conquérant, la domination française put s^établir paisiblement dans les domaines des comtes de Toulouse.

A cette époque, le Conquistador eut la douleur de voir éclater, au sein de sa propre famille, une haine violente qui couvait depuis le jour Fernand Sanchez, revenant de la Terre-Sainte , s*était lié d*amitié avec le roi de Sicile, Charles d*Anjou. L^antagonisme des maisons d*Aragon et de Sicile se dessinait déjà. Tout ami de Tune ne pouvait être que Tennemi de Tautre. De plus, Fernand Sanchez, comme la plupart des cadets des maisons souveraines de ce temps , s'était déclaré le chef du parti féodal, se mettant ainsi en lutte ouverte avec le procurateur général^ héritier présomptif de la couronne,

* Cet ordre fut adressé le 45 octobre 1274 aux ricos homes et le 47 aux jusHcias qui devaient le communiquer à tous les chevaUers d'Aragon. (Arcli- d'Arag., Reg. XVIII, 82.) •— Quelques jours plus tard, le roi convoqua les ricos homes y les chevaliers et les milices communales pour combattre Arlal de Luna qui, ayant en quelques démêlés avec les habitants de Zuera, avait tué vingt-sept d*entre eux. Le roi avait prononcé la conûscation des honors et des fiefs de don Artal; mais celui-ci refusait d'accepter la sentence et en appelait au sort des armes. Bientôt après cependant, il consentit à se mettre à la merci du roi, qui Tobligea a payer une amende de vingt mille sols, dont dix mille furent distribués aux enfants et aux veuves des victimes. Artal fut en outre condamné à un exil de cinq ans qu'il ne parait pas avoir subi, puisque l'année même de sa condamnation (4272) il se trouva aux coi tes générales convoquées à Alcira. Plu- sieurs complices du rico home furent également frappés de la peine de l'exil pour un temps plus ou moins long. Les archives d'Aragon (Reg. XVIII, fo* 83, 8i et 85) renferment plusieurs actes relatifs à ces événements. (Voy. aussi Chronique de Jacmct cbap. cclxxxix ; Zurila, Anales, liv. 111, cap. Lxxx.)

QORBELLB ENTRE PIERRE ET FERNAND SAIfCHEZ 477

et, à ce double titre, le représentant le plus actif de Tantorité royale.

Encouragés par le bâtard d*Âragon , les barons re- prirent leurs guerres privées et leurs brigandages; Pierre prononça quelques condamnations sévères qui augmen- tèrent le nombre des mécontents. Fernand, secondé par son beau-pèreXimenode Urrea, compta bientôt autour de lui presque toute la noblesse de Catalogne et une grande partie de celle d* Aragon. L* esprit ardent de Pierre s^exagéra le danger; Tinfant héritier se crut déjà victime d*une conspiration ourdie de concert par Charles d*Ànjou et Fernand Sanchez, qui en voulait, croyait-il, à sa couronne et à sa vie. Obsédé par cette pensée, il D*hésita pas à recourir à un crime pour échapper au péril qui le menaçait. Une nuit, suivi de plusieurs de ses hommes, il envahit Tépée à la main la maison Fernand Sanchez dormait. Celui-ci put s'échapper et vint chercher protection auprès de son père , qui crut devoir porter l'affaire devant les cortès. L'assemblée fut réunie à Lérida ^ (mars 1272). Pierre y comparut après trois citations *; il se défendit mal, refusa de se récon- cilier avec son frère et fut privé de la lieutenance géné- rale du royaume ^ Par une lettre, dont une copie est conservée aux archives d'Aragon \ Jacme fit connaître.

' D'après Zurita, ces cortès auraient été réunies à Exea, et, d'après la Chronique de Jactne, à Lérida. L*acte de convocation est con- servé aux archives d'Aragon (Reg. XVIII, ^ 89); il est daté d'Exea ; mais il assigne la ville de Lérida pour lieu de réunion à l'assemblée. Les assertions de la Chronique royale se trouvent donc confirmées une fois de plus.

« Archiv. d'Arag.,Reg. XVIII, ^ 90.

» Archiv. d'Arag., Reg. XVIU, ^ 84.

* Arch. d'Arag., Reg. XVIII, 75.

itè LITRK n t CBAPITBB T

aux villes de ses États les motifs de sa rupture avec son fils alué.

Au fond , le roi ne condamnait chez ce dernier que la violence des procédés , et ajoutait foi aux accusations portées contre Fernand Sanchez*. Mais, afin de main- tenir la paix dans sa famille, il voulait que Pierre par- donnât à Fernand. L*infant refusait. Deux tentatives de réconciliation, faites par plusieurs membres des cortès réunies à Alcira^ n'eurent aucun résultat. Berenguer de Almenara, maître des Hospitaliers en Aragon, essaya de s'entremettre et fat retenu prisonnier par l'infant*. Enfin, celui-ci , se lassant de sa propre obstination, vint se jeter aux genoux de son père, et promit par écrit de ne rien entreprendre contre Fernand Sanchez*.

Cependant, de l'autre côté des Pyrénées, quelques

* Après les corlès de Lérida, des envoyés du prince héritier dirent au roi : « Seigneur, Fernand Sanchez ne mérite pas que vous inter- cédiez pour que l'infant lui pardonne ; car il a dit que vous ne deviez pas régner, il a essayé de faire empoisonner Tinfant, et » enfin il a conspiré avec quelques richs homens pour que voire terre > se soulevât contre vous.x> (Chronique de Jacme, chap. ccxci.) Le récit ded'Esclot, partisan décidé de Tinfant, est suspect; mais il est évident, d'après plusieurs passages de la Chronique de Jacme, que le roi avait de Fernand Sanchez une opinion très- défavorable. (Voy. Chronique de Bernât d'Esdot, chap. ixvm et Lxix; Chronique do Jacme, chap. ccxc à ccxgiy et cccv.)

^ C'est sans doute pour éloigner les cortès des pays troublés par les discordes de ses fils, que le roi les réunit dans une ville du royaume de Valence. On sait que cet État n'avait pas encore d'assem- blée nationale.

' Le roi écrivit à ce sujet une lettre à Parchevêque de Tarragone et aux évoques d'Aragon et de Catalogne. (Arch. d'Arag., Reg. XVIII, 53.)

^ Les archives d'Aragon contiennent l'engagement de Pierre et la lettre par laquelle le roi fait connaître aux prélats, aux ricos hoiries, aux chevaliers et aux villes la soumission de l'infant. (Reg. XYIII, i^ 74 et 75.)

LE COMTÉ DE FOIX 479

seignéars méridionaux ne craignaièût pas de s*expàser à une gnërre avec le puissant roi de France , dont ils souf- fraient impatiemment le voisinage et la domination. Un seul fut assez fort pour tenir tête quelque temps à Philippe le Hardi : ce fut Roger-Bernard , comte de Foix , qui se croyait assuré de Tappui d'il roi d'Aragon, son suzerain , et comptait sur la position inexpugnable -de quelques- unes de ses forteresses. Ses calculs furent déjoués, car, d'un côté, Jacme défendit à ses sujets de lui porter secours (!•' mars 1272*), et, de Tautre , Philippe, entré en campagne avec une armée capable de conquérir un royaume, attaqua vigoureusement le château de Foix , fit couper les rochers qui s'opposaient à ses opérations , et entama jusqu'à la montagne sur laquelle la forteresse était bâtie. Boger-Bernard, dont tes exigences avaient venàû infructueuse une démarche conciliatrice tentée par Jacme ', dut se rendre à discrétion '.

Cette affaire avait réveillé une difficulté laissée sans solution par le traité de Corbeil : c'était celle de la suze- raineté du roi d'Aragon sur le comté de Foix.

Jacme abandonnait au roi de France le bas pays de iPoix; mais il prétendait conserver ses droits sur le haut pays, partie montagneuse du comté V De Montpellier, il s'était rendu pour observer les événements et pour

< Arçhiv. d'Arag., Reg. XVllI, f 89.

2 Le roi d'Aragon alla trouver le roi de France à Tabbaye de Bol- bonne, entre Toulouse etPamiers.

^Yoy. D. Yaissète, Hist. de Langued,, liv. XXVII, cbap. viii, ix et XI, et note 2 du t. IV, éd. in-^.

* Les droits du roi d'Aragon en qualité de comte de Barcelone sur une partie au moins du pays de Foix ne paraissent pas douteux. Les archivés d'Aragon contiennent plusieurs hommages des comtes de foix; nous citerons entre autres lesn^^' 998 et 4 959 des Parchemins de Jacme !*'• Le dernier est daté de 4269.

480 LIVRB IV, .CHAPITRE Y

terminer quelques différends avec 1*évéque de Magne- lone et les habitants de sa seigneurie S il débattit cette question avec le roi de France* ; cependant il finit par céder, dans Tintérét de Roger-Bernard, que Philippe rete- nait prisonnier (février 13173 ').

Dans ce voyage au nord des Pyrénées, Jacme était accompagné de Berenguela Alfonso, qui , arrivée à Nar- bonne» y mourut le 17 juin 1272 ^ Le vieux roi lui-même tomba dangereusement malade, durant son séjour dans sa ville natale, et sa guérison, disent les anciens auteurs,

* Voy. ci-dessus, p. 473, note 3.

^ Le 25 et le 27 octobre 4272, Jacme écrivit à Gaston de Moncada vicomte de Béarn, à Roger-Bernord, comte de Foix, et à Ramon de Cardona au sujet des châteaux du comté de Foix. Ces lettres existent aux archives d'Aragon (Reg. XXI, f""* 438 et 439). Le 5 novembre de la môme année, il envoya révoque de Barcelone, le maltredu Temple et Guillem de Ga>tellnou auprès du roi de France pour la même affaire. (Arch. d'Arag., Reg. XXI, ^ 72.)

' A peu près vers le temps le comte de Foix était en guerre avec le roi de France, Gaston de Moncada, vicomte de Béarn, beau-père de Roger-Bernard, guerroyait de son côté contre Edouard, roi d'An- gleterre, son suzerain. Les domaines que la maison de Moncada pos- sédait en Gascogne étaient Toccasion de fréquentes dissensions entre les vicomtes de Béarn et les rois d'Angleterre. Un document des archives d'Aragon (Reg. XIX, T* 88) prouve que Jacme intervint dans ces différends en 4273.

4 Les 88 et 89 du Reg. XVIIl des archives d'Aragon con- tiennent une note relative ù la mort de Berenguela Alfonso et à Texé- cution des clauses de son testament. Elle fit le roi Jacme héritier des domaines qu'elle avait en Galice. On trouve, dans les registres du môme dépôt (Reg. XIV, f^ 8G, 4 03 et 442, et Reg. XXf, 45) la mention de diverses donations en faveur de Berenguela et des enfants qu'elle pourrait avoir du roi. Zurita {Anales, lib. III, cap. lxxxu; assure, contrairement à yLieùes(Vidad€ DJaymcy lib.XVl) que plusieurs enfants naquirent de celte union irrégulière. Leur nom cependant n'est mentionné par aucun historien, et il n'en reste pas de trace dans les documents de l'époque. Berenguela fut inhumée dans le monastère des frères mineurs de Narbonne.

DBRlflER TESTAMEffT DB JAGMB 481

ne fat dae qu'à na miracle de la Sainte-Vierge V Pendant sa maladie « le 26 août 1272, il confirma, par nn nouveau testament, qui devait être le dernier, le partage de ses États fait en 1262, et renouvelé en 1270*. Mais cette fois, reconnaissant expressément pour légitimes les enfants qu'il avait eus de Teresa Gil , il les substitue , par ordre de primogéniture, à leurs frères nés d*Yo'ande, si ces derniers meurent sans enfants. A défaut des fils de Teresa Gil et de leurs descendants mâles , il appelle à sa succes- sion les fils d'Yolande, reine de Castille, puis ceux de Constance, femme de don Manuel, puis encore ceux d'Isabelle , reine de France , et , enfin , le plus proche parent mâle issu en ligne directe et légitime de la famille du testateur. Il exclut à tout jamais les femmes de sa suc- cession, et ordonne que les États qu'il laisse à Pierre , son fils aîné, ne puissent jamais être divisés, non plus que ceux qu'il donne â Jacme, son second fils '.

* Yoy. Beuter, Coronica gênerai de Espana^ lib. II, cap. uv.

a Ce renouvellement de Tacte de 4262, daté du 27 mars 4270, se trouve aux archives d'Aragon sous le n<> 2048 des Parchemins de Jacme 1".

' Il faut remarquer encore dans ce testament la confirmation de donations faites à Fernand Sanchez et à Pedro Fernandez, « fils natu- rels» du roi, quelques détails sur la manière dont se fit la réparti- tion des terres à Valence, et la recommandation d'entretenir le port de Port-Vendres et d'achever celui de Collioures. Jacme veut être inhumé à Sainte-Marie de Poblet, à côté d'Alfonse, son aïeul, mais après lui, « de sorte que le monument d'Alfonse soit le premier. » Ce testament est le neuvième acte connu (y compris celui de 4270) par lequel Jacme partage ses États entre ses enfants. (Voyez dans le présent ouvrage, t. ï, p. 324; t. II, p. 72, 289, 292, 293, 294 et 329.) La copie de ce document est conservée aux archives d'Aragon, Parchemins de Jacme I", 2126. Le texte en a été publié par d'Achery dans son Spicilegium, éd. in-f°, t. III, p. 673, et, d'une manière très-incorrecte, par Martène et Durand, dans le Thésaurus novus anecdoL, 1. 1, col. 4439.

T. n. ^^

4Sft Ljnfn m^ fiHjyvTw y^

Cas deto etouses coRstitapnl xm iminense progn^sor les tesiamenteaniérieDrsdQ Ja€iB9l*'. l^n i242« il apgdlait sa fille Yolaacto ^ reiDd de €as(iHe , 4 bériler évaotiieUt- meot de ses ro7aaiBe&; en ii48, modi^pt cea dispo- âiiioDâ, il sabstiiaait directement à ses. fils les entajats BKàles dTolande, àTexcIasioD de leor mère; mais, eo 1372, il généralise et prononce en termes fonnels Tex,- closien des femmes de la succession au trône, garaatîe d*ordre public dans un temps ou le pouvoir royal était engagé, dans une lutte corps à corps ^vec la féodalité. De plus, il établit, pour la première fois, rindi?isibili4é de chacune des deux couronnes d*Aragon et de Majorqoe.

Ainsi le sens politique du législateur de Huesc2^ et de Valence l'amène à proclamer des principes encore noii- iieaux pour son pays. Les historiens qui Taccusent d* avoir Okéconnu les avantages de Tunité oublient sans donte qu*il en a le premier posé les bases dans son testamept de 1272. Mais pourquoi n*en a-t-il pas jusqu'au bout développé les conséquences ? Pourquoi n*a*t-il paa légué à un seul de ses fils tous ses États réunis > sinon unifiés? Pourquoi , devançant les siècles, semble-t-il assigner d^jà aux Pyrénées leur rôle de limite politique entre les pays français et les pays espagnols ? Le Conquistador pensait sans doute que le roi de Mayorque, résidant à Montpellier ou en Roussillon, pourrait mieux défendre ces domaines contre les empiétements de la France, qu'un roi d* Aragon toujours occupé dans la Péninsule.

Jacme était complètement rétabli au commencement de Tannée 1273. Au moment de regagner la Catalogne , il adressa aux nobles de ce pays Tordre de se tenir prêts à le suivre < en Espagne, au secours de la foi chrétienne et de son très-cher gendre le roi de Castille , contre les Sarrasins et les perfides chrétiens ligués avec le roi de

GreDâda > (30 janvier 1273*). C'était le moment^ en effet, ùik AlfonseX luttait contre Ben Alhamar, que soa- tenaÎMt le^ ricos howèe» castillans rebelles. Les barons eatalans , à la tôte desquels était le vicomte de Cardona, refosèrent d*obéir à la convocation de leur roi , alléguant qii*ils n*étaient pas tenus au service militaire hors des Etats aragonais. Les seigneurs de Catalogne, et princi- palement ceux du parti de Cardona, s^étaient fait remar- quer longtemps par une fidélité qui contrastait avec la turbulence de leurs voisins , les ricos Iwme$ aragonais. Hais, en présence des progrés continuels de la royauté, la noblesse catalane s'était prise à craindre pour sa puissance , et avait dés lors cherché toutes les occasions de tenir son souverain en échec. Le comté dTrgel avait fourni plusieurs prétextes de révolte aux partisans de la roaisou de Cabrera, parmi lesquels le vicomte de Cardooa tenait le premier rang*. Ces affaires d*Urgel D*étaient peut-être pas étrangères à la lutte qui s'enga- geait de nouveau entre le roi et ses barons.

En i368, la mort d'Alvar de Cabrera , comte d*Urgel, avait mis en présence les prétentions rivales des enfants de deux femmes du comte ^ et celles de Guerau, son frère. Le roi d'Aragon essaya de profiter de ces embarras pour ajouter quelques avantages réels à sa suzeraineté sur le comté d'Urgel. Il prêta aux exécuteurs testamentaires d*Alvâr l'argent dont ils avaient besoin pour payer les dettes du défunt , et se fit céder à titre de gage plusieurs places du comté, il mit garnison (novembre t268).

* Déjà, en 4270 et en 1274, il avait adressé une convocation ana* logueaux seigneurs aragonais et catalans; mais l'expédition dut être différée. (Arcli. d'Arag., Reg. XVIII, f^M à 45 et 82.)

^ Voy. ci-dessus, 1. 1, p. 21 i, et t. Il, p. 323 et 330.

> Voy. ci-dessus, p. 330, note 4.

484 LITRB IT, CHAPITRE Y

Il obtint ensuite de Gueran une renonciation en sa favear; dès lors il n*eut en face de lui qu'un seul ad?ersaire de quelque importance, le vicomte de Gardona, qui défendait les droits d*ArmengoL fils aîné d^Ahar et de Gécile de Foix. Gependant les deux compétiteurs n'osè- rent pas en venir aux mains S et les choses étaient encore dans cet état lorsque éclata le différend de 1273.

Nomination d'un juge restée sans résultat*; somma- tions réitérées au vicomte de Gardona et à ses adbé- rents de rendre au roi les fiefs qu'ils tenaient pour lui; refus du vicomte, sous le prétexte que plusieurs domaines réclamés étaient des alleux et non des fiefs; sentence interlocutoire , à laquelle la partie condamnée refusa de se soumettre ', tels furent les premiers actes de cette lutte, pareille à toutes les contestations moitié militaires, ' moitié judiciaires , entre le roi et ses grands vassaux. Jacme cependant ne discontinuait point ses préparatifs pour aller au secours d*Alfonse X * ; mais , avant d*entre-

* Le 23 avnl 1274, Jacme, craignant sans doute que Tinfant Pedro de Portugal ne fût entraîné dans le débat, exigea de lui la promesse de respecter et de faire respecter les conventions conclues entre le roi et la comtesse Âurembiaix. (Arch. d'Arag , Parch. de Jacme 1**, 2072.)

> Le juge nommé fut l^archevèque de Tarragone. (Ârch. d'Ârag., Parcb. de Jacme 1**, 2146 et Coleccion de documentas xneditos, t. VI, p. 478.)

' La question fut débattue en présence du roi devant lesconseîN 1ers de la couronne, au mois de mars 4274. (Arcb. d'Arag.» Parch. de Jacme I", n°* 2486 el 2187.)

* Diverses convocations adressées aux seigneurs et aux villes des États aragonais, durant l'année 4273 et les premiers mois de 4274.se trouvcpl aux archives d'Aragon, Reg. XVIII, f»» 50, 61, 52 et 65. Le roi éiait à Miircie en janvier 4274. Il voulait se rendre compte par lui-môme des dispositions des habitants chrétiens et musulmans de ce pays et s'assurer qu'on n'avait à craindre aucun soulèvement de ce côté. Jacme fut reçu à Murcie avec les plus grandes démoostra-

JAGMB AU CONCILE DE LTOlf 485

prendre cette expédition, il laissa à son fils Pierre Ma direction de la guerre prêle à éclater en Catalogne, et se mit en route pour Lyon, il devait assister au concile œcuménique convoqué par Grégoire X.

Tbibaud Visconti, successeur de Guy Foulques sur le trône pontifical , avait à cœur trois grandes entreprises : secourir la Terre-Sainte, réunir TÉglise grecque à rÉglise latine , réformer les abus qui s*étaient glissés dans le clergé. Pour traiter ces importantes questions, il avait d'abord songé à convoquer un concile à Mont- pellier; mais Lyon fut définitivement choisi pour être le siège de Tauguste assemblée , à laquelle furent appelés tous les souverains de la chrétienté ^ Le Pape parait avoir surtout désiré la présence du roi d'Aragon. On cooiptait sur l'exemple du vieux Conquistador, l'un des

lions d'enthousiasme. U fut satisfait en tous points de Tétat dans lequel il trouva le royaume, a Nous ressentions, écrit-il, une grande joie de la prospérité de ses habilants, que nous regardions comme DOS propres sujets, b (Chronique de Jacme, chap. ccxcv.)

* On trouve, dans le Reg. XYIli des archives d'Aragon , les actes suivants: Ordre aux seigneurs aragonais et à quelques seigneurs catalans de se réunir sous le commandement de l'infant Pierre pour la guerre contre Ramon, vicomte deCardona, et plusieurs nobles ca- talans; MontpeUier, 47 avril 4 274 (f** 65 et 66) ; 2* Ordre aux bayles de plusieurs villes de donner à l'infant Pierre Targent qu'il leur demandera; même date (f« 66); Défense faite par Tinfant Pierre de vendre des vivres et des armes aux nobles qui sont eu guerre avec le roi et l'infant; Perpignan, 48 mai 4274 (f»* 6tf et 70); 4* Convocation des seigneurs aragonais, 24 mai 4274 (f^ 66).

3 Jacme fut le seul qui s'y rendit en personne. Les autres s'y firent représenter par leurs ambassadeurs. Muntaner se trompe lorsqu'U assure que le roi de Castille assista au concile. Alfonse eut seulement aoe entrevue avec le Pape à Beaucaire, au moment Grégoire X revenait de Lyon. Philippe le Hardi alla trouver le Souverain Pontife dans cette dernière ville, avant l'ouverture du concile. C'est alors qu'il consentit à céder au Saint-Siège le comtat Venaissin et une partie de la ville d'Avignon.

4M UTRC IT 9 CHAFITUB V

derniers représentants de Tesprit chevaleresque des eroi* sades , pour raviver le zèle déjà éteint des antres princes de t'Earope.

Jacme accepta avec empressement Tinvitation dn Son- verain Pontife. Dès le 20 février 1274, nous le voyons cherchant à se procurer les sommes nécessaires pour figurer dignement dans Timposante réunion* Il en appeito aux ressources de toute espèce : contributions ordinaires, taxes extraordinaires, emprunts*; mais aussi, en arrivant le 1** mai aux portes de Lyon , put-il jeter un regard de satisfaction sur la brillante cour qui l'accompagnait, et an milieu de laquelle on remarquait Tarchevéque de Tarra- gone, les évéques de Barcelone, de Valence, de Mayorqne et de Maguelone.

La réception faite an roi conquérant fut magnifique. Les cardinaux, les prélats et les seigneurs qui se trou- vaient dans la ville, vinrent au devant de lui à une lieae de Lyon; la foule couvrait les chemins et les rues sur le parcours dn cortège ; elle était si compacte, que « pour marcher Tespace d*une lieue, il fallut lutter depuis le malin jusqu^à midi. >

Le roi d*Aragon raconte en grand détail, dans sa Chro- nique, toutes ses entrevues avec le Saint-Père '.

Arch. d'Arag., Reg. XVIII, i^ 40^ e( 406; Reg. XIX, f^ 4l9el 410. Une laxe extraordinaire fut levée sur les juifs a celte oceasioB. (Arch. d'Arag., Reg. XVIIÎ, f"** 63 et 64.)

' c En nous avançant vers Vaposlole, nous lui fîmes celte révéreoce que les rois font à Vaposlole et qu*il est coutume de faire. On nous avait préparé un siège à côté de lui pour que nous nous y asseyions auprès du sien, du côié droit.... Alors nous nous levâmes en pied et nous allions nous décou? rlr, mais Vapostole nous dit de ne le point faire, de nous asseoir et de nous couvrir la tète, ce que les cardinaux nous dirent aussi tous d'une seule voix.» (Givonique de Jacme, chap. ccxcvii.)

JAGKA W7 COf^GILV M LTOPf 417

fi(M«t[ilMl fût question 4e la Terre-Sainte, Jâome àp- proQTA arec feu 4*6 projet de croisade et pro|)fosa sm pUn d'exécution. H offrit au Pape la dioie de tous Idt re- venus de ses États ou bien son assistance en personie àia tête de mille chefaliers. Mais aucun des seigneurs qm étaient pt*êsents ne répondit à son euttioustasme. Le gran^ maUré d^s Templiers iui-m^me n*eat que â«B paroles décourageanles. Le Canquièiêd&r se lëvattt alors avec dépita dit au Pape: ^ Saint-Pére, pui^ue per- sonne ne veut s'expliquer clairement, je crois que^e pui^s iHWB quitter. »

« Allët arec la bénédiction d6 Dieu », répondit le Pontife.

-^«Barons, ajoutaiacme en s'adressanti sa suite, nous pouvons partir, car du moins aujourd*boi nous laissons bien établi l'honneur de toute TEspagne > ; et il sortit.

Le peuple qui l'attendait au dehors fut charmé de la bonue grâce avec laquelle ce roi de soixante-six ans »suta en selle et fit faire à son cheval < des sauts monlt plaisants en le piquant de l'éperon ; si bien que les Frau* çais étonnés ne purent s'empêcher de dire: II n'est pais tant vieux qu'on nous l'avait dit, ce roi, et il pourrait encore dé{)arlir de bons coups de lance aux Turcs ^ >

MaisTun des motifs qui avaient attiré Jacme à Lyon était le désir de se faire couronner par le Pape. Dans cet espoir, il avait apporté « une couronne ouvrée d'or et de pierreries valant plus de cent mille sols tournois. >

Avant de se rendre à la prière du roi, Grégoire X voulut exiger le renouvellement du serment de vasselage prêtêjadis par Pierre II, l'engagement de payer exacte- ment à l'avenir le tribut promis parce prince auSaint-Siége

* Chronique de Jacme, chap. ccxcix.

488 LimE IV , CHAPITRE

et racquittement de tout Tarriéré S Jacme avait trop de souci de Tindépendance de ses Étals pour accepter de pareilles conditions. « Les services que nous avons rendus à Dieu et à TÉglise de Ronae, dit-il, méritaient bien, i notre avis, que Ton renonçât pour nous à d'aussi mes- quines exigences. » Une nouvelle démarche fut tentée auprès du Pape, qui répondit d*une manière évasive. « Eh bien ! répliqua le roi, puisqu'il ne veut nous cou* ronner sans cette condition, il nous importe peu de nous en retourner sans couronne *. »

Néanmoins, dans la seconde session du concile, qui eut lieu le 18 mai et à laquelle Jacme assista, le Pape prodigua les éloges au vainqueur des Sarrasins d'Espa- gne, exalta son zèle pour l'expédition d'outre-mer; puis il ordonna d'ajouter, à toutes les messes chantées, une oraison spéciale pour le roi d'Aragon, et de célébrer une messe du Saint-Esprit pour attirer les bénédictions do ciel sur les entreprises du pieux monarque. Trois jours après, Jacme, voyant qu'il n*y avait aucun espoir d'orga- niser la croisade, alla prendre définitivement congé de Grégoire X '.

* Le tribut promis par Pierre II était de deux cents mazmodines jucefles par an. L'arriéré s^élevait àplus de onze mille mazmodioes.

* Chronique de Jacme, cbap. ccxcix.

* Leconcile se prolongea jusqu'au 47 juillet. Ce fut le plus nom- breux qui ait jamais été réuni. On n'y comptait pas moins de 4600 prélats ou dignitaires ecclésiastiques, les grands maîtres des Tem* pliers et des Hospitaliers, les ambassadeurs des principaux souve- rains de l'Europe, ceux de Michel Paléologue, empereur d'Orient, et ceux du khan Abaga. Parmi ces derniers, qui étaient au nombre de seize, quelques-uns reçurent le baptôme. On lit dans le continua- teur de Guillaume de Tyr, à propos du concile de Lyon : « La fu dan Jame le roid'Arragon qui vint en espérance d'eslre coronésduPape, si comme si ancessor avoient esté. Mais il i failli et fist moult, grant offre selonc son pooir [au secors de la Sainte-Terre. » (Lib. XXXIY cbap.xxv, ap. Rec. des Historiens des Croisades; Histor. occident,, t. H-]

. JACHE AU C05CILE DE LYON 489

« Saint-Père, lui dit-il, nous voulons partir, mais pour qu*il ne nous arrive pas ce que dit le proverbe: < Qui fou à Rome va, fou reviendra », et puisque nous n^avons jamais eu la satisfaction de voir d'autre Apostole que vous, nous désirerions nous confesser et prendre pénitence de vous. > Il nous répondit, ajoute le chroni- queur, qu'il le ferait de bon gré, et ainsi nous lui décla- râmes nos bonnes et nos mauvaises actions autant que notre mémoire pût se les rappeler, et il nous donna l'absolution sans nous imposer d'autre pénitence que de persévérer dans le bien et de nous garder du mal. Sur ce, nous pliâmes les genoux, et lui, nous posant la main sur la tête, nous donna par cinq fois sa bénédiction, et nous lui baisâmes la main et nous primes congé de lui pour revenir dans notre terre \ »

* Chronique de Jacme , chap. ccc. Le même chapitre nous apprend que, pendant son séjour à Lyon, Jacme pria le Pape d^inter- céder auprès de Charles d'Anjou pour faire mettre en liberté Plnfant Enrique, frère du roi de Castille. En 4254 , Enrique s'était révolté contre son frère. Nous l'avons vu (p. 304) faire alliance avec le roi d'Aragon, au moment la guerre semblait prête à éclater entreles deux grandes monarchies espagnoles. Mais la réconcUiation de Jacme avec son gendre avait laissé don Enrique privé de secours. Battu par les troupes d'AlfonseX, l'infant rebeUese réfugia auprès de l'émir de Tunis, puis en Italie, il obtint le titre de sénateur de Rome. Il embrassa d'abord le parti de Charles d'Anjou , se tourna bientôt contre lui, combattit à Tagliacozzo dans l'armée de Conradin, et chercha un asile, après la défaite des siens , dans le monastère du Mont-Cassin, dont l'abbé le livra à Gharlesd'Anjou à condition qu il aurait la vie sauve. Charles le retint prisonnier. Cettevie d'aventures avait donné une certaine popularité à don Enrique. On trouva mauvais qu'Alfonse X et surtout Jacme l^', dont il avait été l'allié, n'exigeassent point par les armes sa mise en liberté. A ce sujet, les Castillans firent contre le roi d'Aragon un chant, dont le refrain, peu intelligible pour nous, était:

Rey bello, que Deo confonda, Très son esta con'a Malonda.

(Vov. la Cr<micaabreviadaàe lUnfant don Juan Manuel de Castille,

4W uvm n, imrifftB <?

lacme arriva à MontpeHter le 29 mai. Ponr H seconde foie il y tomba dangereasement malade. On désest)étilh de le saaver, lorsqu'il voviut, comne deox ans a«parà- vaut, se faire porter dans le sanctuaire de Notre-Dame- dee-Tables, pour y implorer de la Mère de Dieu une guérison qui ne pouvait être, assnre-t-on, que le résultat d'un Miracle. Le miracle eut lieu, et le vieux roi reiioo* naissant en consacra le souvenir par un tableau, qu'on voyait encore au XVr siècle dans Téglise de Nolrè-DaiiA* des-Tables *.

Malgré son ige, malgré la maladie qui semblait Ta* vertirdese tenir prêt à paraître devant Dieu, le C&nqnk' tador ne songeait nullement à réformer sa coudnite priv^. Depuis la mort de Berenguela Alfousa, UM Aoii« velle passion s'était emparée de son cceur, et il voulut essayer d'obtenir de Grégoire X ce que Clément IV loi avait énergiquement refusé, la rupture de son mariaga avec Teresa Gil' Il avait sans doute, durant sou séjour

neveu d'AlfonseX; Amador de los Rios, Historia eritica éf la UleNi" tura npoAola, t. III, p. 607; et, sur la captivité de don Enrique, le sirvente de Paulet de Marseille, ap. HaynouMrd, Choix depoéties, t. IV, p. 72, et Milà, de lo* Trovadoree, p. 214.)

^Beoter, Coronica gênerai de Espana, lib. Il , cap. uv; d'Aigre- feuille, Histoire de Montpellier^ t. I, p. 89 ; D. Vaissète, Histoire de Languedoc, liv. XXVII, chap. xxx ; Germain, Histoire de la comnuim d4 Montpellier, t. II, p. 31. Voyez aussi l'intéressant ouvrage inti- tulé : Notre-Dame des Tables» histoire détaillée de ce sanctuaire , par M. Tabbé Vinas^ vicaire générai , curé-doyen de Nolre-Oame des TableSi

>0n peut conclure de deux lettres de Gléroeot IV^ publiées à pce près en entier par Marlène et Durand {Thésaurus navus ameedol»' rwn^ t. Il) col. tT^ et 448), que Jacme appuyait sa demande ea divorce : Sur ce que Teresa Cil élail atteinte de la lèpre; sor le défaut de célébration de leur mariage; a«sur ee qu'il avait eudes rapports avec une cousine de Tereea avant de connaître oelle-à. Noms avoD3 vu(j>. 359) ce que Clément IV avait répondu au preaitf

LA OEBlflJM HitalBSSB DtS JAGMB 4M

à Lyon, arraché aa Pape la promesse d'examiner de tion- veau sa demande; car, à peine arrivé à Perpignan, il chargea Joan de Torrefreyia, chanoine de Lérida, de poursuivre cette affaire en cour de RomeV 11 résulte, d'une lettre de Grégoire X, que, au mois de septem- bre 1275, aucune décision n'avait encore été prise *.

Cependant Teresa s* était depuis longtemps retirée au couvent des Bernardines de iaiZûydia de Valence, qu'elle avait fondé. Elle y passa le reste de ses jours dans les pratiques de la plus austère dévotion, et y mourut en odeur de sainteté'. Son corps, que Ton conserve dans l'église du monastère, est encore aujourd'hui l'objet de la vénération publique^.

La femme qui succédait à Berenguela Alfonso dans ie ccBur du vieux Jacme avait abandonné son mari ' ; mais ceiai-ci était encore, assure-t*on, engagé daus les liens d'un premier mariage, lorsqu'il avait 4^ontracté<e second, ai l'on espérait de Rome une double sentence qui reudit libres à la fois le roi et celle qu'il voulait élever au rang d'épouse morganatique.

de ces moyens; il avait repoussé le second par ce motif qu^une pro- messe de inariuge suivie de cohaiiilalion équivaut à un mariage régulier ; quant au troisième , la preuve n'en avait pas élé laite.

* Nous pul>lions dans nos Pièces jusUûcalives, XiX, la procura- lion donnée à Juan deTorrcfreyta. Elle esl dalêedu 2 des kalendes de juillet (30 Juin) 4^74.

* Voy. Raynaldt, Annales ecclesiasi, , ad. ann. 427$, n* 39.

' Teresa Gil parait avoir survécu au roi. f^ martyrologe deCiteaax en parle comme d'unesainle sous la rubriquedu 45 juillet Jour jauni- versaire de sa mort.

^ Voy. Bofarull, los Cjondes de Barcelona, t. II, p. 237. Cf. DiagO, Anales delreyno de ValendCy lib. Vif, cap. Liv.

* On ignore lenemdela dernière maîtresficde Jacme. Ne :»rait- ce pas la « noble dame Sybilla de Saga>*, que, par son eodioille du 20 juillet 4276| il recommande particulièremeni à son tis MerfeV (Voy. Pièces justificatives^ XXI.)

498 IITBB TV 9 CHAPITRE

Le Pape n'avait pas encore quitté la France lorsqu'il fat instrait des désordres qui souillaient la vieillesse da souverain de l'Aragon. Il lui adressa à ce sujet une lettre de paternelles remontrances, qui excitèrent le mécon- tentement de Jacme. Le roi essaya de se justifier, il eut même la singulière pensée d'alléguer, entre autres excuses , la beauté de sa maîtresse ; mais ses explications et ses plaintes lui attirèrent de la part du Souverain Pontife des reproches plus vifs et Tordre formel de se séparer sur-le-champ de sa concubine, sous peine d'ex- communication (septembre 1275*).

Le Pape fut sans doute obéi, car, dès ce moment, on ne découvre plus rien d*irrégulier dans la conduite du monarque aragonais.

Nous avons perdu de vue un instant les affaires publi- ques pour pénétrer une dernière fois dans la vie privée de notre héros; tournons maintenant nos regards vers la Catalogne, où,. durant l'absence de Jacme, les barons et le prince héritier avaient continué à s'observer sans en venir aux hostilités ouvertes. L'infant Pierre avait néanmoins envenimé le différend , en essayant d'intro- duire dans le comté de Barcelone le principe de Tin- capacité des femmes à posséder des fiefs. Les seigneurs catalans s'étaient réunis à Solsona, jurant de défendre leurs droits par les armes. Le roi qui , de Montpellier et de Perpignan , avait adressé de nouvelles convocations aux Aragonais et à ses autres sujets restés fidèles *, fut instruit en arrivant à Girone des prétentions injustes de son fils, et se hâta de les désavouer par une lettre que

* Voyez les lettres de Grégoire X à Jacme, à rarchevéque de Tarra- gone ei à l'évêque de Tortose dans les AnnaUs ectUesiasl, de Rayoaldl« ad. ann., 4275, 28 à 34.

3 Archives d'Aragon, Reg. XYlIl, i^ 67 et 68.

i

TROUBLES EN CATALOGNE ET EN ARAGON 493

Bernât de Sant-Vicensfut chargé de porter aux seigneurs réunis à SolsonaV Ceux-ci répondirent en protestant de leur fidélité au roi , mais ils ajoutèrent qu'ils étaient décidés à faire respecter les droits qu'ils tenaient de leurs ancêtres et auxquels on ne cessait de porter atteinte. Jacme renouvela par trois fois la sommation au vicomte Ramon Foich d'avoir à lui rendre le château de Cardona*. Non-seulement l'intraitable baron refusa d'o- béir, mais il donna asile à Bertran de Ganellas, poursuivi pour avoir tué le justicia d'Aragon, Rodrigo de Castel- lezuelo.

Tandis que presque tous les nobles catalans, à la tête desquels, outre le vicomte de Cardona^ on comptait les comtes d'Âmpurias , de Pallars et d'Urgel , renouvelaient à Ager leur confédération , le bâtard Fernand Sanchez, se concertant avec eux, organisait à Estadilla une ligue aragonaise, dans laquelle entraient Artal de Luna, Pedro Cornel et plusieurs autres ricos homes (septembre 1274). L^infant Pierre commença lalutte en Aragon, en assiégeant

' CeUe lettre est datée du 17 des kalendesde juillet (45 juin) 4274. Les barons y répondirent le 2 juillet suivant. (Archives d'Aragon, RegXXIl, l'* partie, f»* 44 et 42.)

> Arch. d'Arag.,Reg. XXII, I'* partie, ^'^ 12, 43 et 44. Des somma- tions analogues furent adressées à d'autres seigneurs (Id.,id., 1*43). A ces événements se rapporte sans doute un sirvente de Bernât de Rovenhac que D. Manuel Milà fait remonter, à tort selon nous, aux premières aimées du règne de Jacme. Le iroubadour y excile les barons catalans, et en particulier le vicomte de Cardona «valeureux à régal d'un roi», à la guerre contre Tinfanl d'Aragon, «appelé infant avec raison, car il arrive souvent aux enfants de faillir.» Il est ques- tion, dans celle pièce, d'un baron du nom de Ramon Guillem, que rinfant aurait tué ou, selon la version de M. Miià, outragé. Le poète se plaint amèrement que le roi et le « trailre infant » ne respectent pas les trêves (Yoy. Milà, de los Trouadores, p. 458, et Rayoouard, Choix de poésies des troubad.^ t. IV, p. 305)

194 hVn,E Vf , GBàVITM f

ld& «hàt6aa& da acN> frère. En Catalogue , le vicomte de GardoBai et ses aâbérents envoyèrent des lettres de diâMimeni^ aa roi et àriarant héritier; puis, refoiant de soumettre le différend à. des arbitres , ils attaquèrent et détrnisirent de fond en comble la ville de Fîgaeras qui appartenait à Pierre.

On eu voulait moins au roi qu à T infant , dans lequel la noblesse pressentait déjà le souverain entreprenant et dominateur contre lequel elle aurait à lutter bientôt.

Les documents de Tépoque prouvent combien Jacine était inquiet des résultats possibles d'une guerre civile qui épuisait les finances et menaçait le pays des plus grands malheurs*. Il proposa à Fernand Sanchez et aux Aragonaisia médiation des certes; pour toute réponse, Fernand signifia à son père qu'il se quittait de lui (dé- cembre 1274). Jusqu'ici le bâtard d* Aragon s'était attaqué seulement à son frère Pierre; mais, irrité de voir le roi réconcilié avec Tinfant^ il ne craignit pas de tourner ses armes contre sou père, qui l'avait cependanl comblé de bienfaits'.

En Catalogne, l'évéque de Barcelone et le grand-maître

Arch. d'Arag., Reg. XXU, partie, 1^ f6, 47 el 48. nimt est le mot catalan qui correspond à Texpression aragonaise dematuraltMtscion,

' Les documents sur cette guerre abondent aux archives d'Aragon. Outre ceux quonousavons déjàciién, nous mentionnerons les lettres de défl, réponsesi eonvocalions pour le service militaire et le> certes, trêves, demandes d'argent, etc., qui se trouvent dans les Reg. XVill (f^ 56 à 63) ; XXII, Ir* part. ((•>• 14 à 34), el XXIli {(^ 3 à 96) Entre autres documents qui font connaître l'état des finances pendant cette périoile, nous ferons remarquer les lettres par lesquelles le rot ordonne aux baylee de suspendre le payement des dettes à rextioc- tion desquelles les revenus de leurs baylies avaient été affeclés ; 45 septembre 4274 ( Reg. XVllI, 63).

> Arch. d'Arag , Parch. de Jaeme !«** , n»* 4e2M , 4883 el 244e.

« ^

TB0UBLB9 BB OAàLOGIie WT EN ABAGON

de rtMrdra^ de SaiinxJaeqiies paraissaient avoir décidé la pliiparldes méemileafs à s'en rapporter au jagement des Qf»rlësv Um trêve fub conclue. Les barons n.'avabnt en réalité nulle envie de se réconcilier avec leur côi:. Malgré iMMiufs-cooduits qui leur furent donnés ^ ils refusèrent 4e rendre aux certes générales réunies à Lérida '. Ils y envoyèrent cependant leurs députés; mais rassemble dot se séparer sans avoir rien terminé, et la guerre reprit avee un nouvel acharnement.

Le comte d*Ampurias, Tun des seigneurs catalans les plus irritéscoolreTinfant Pierre, affectait de considérer le Doi comme étranger à la querelle; mais celui-ci ^ afin de dessiner franchement les positions, envoya défier te comte et, avec Taide de son fils Jacme% continua la

< Les letlFes de convocalion de celle assemblée , conservées aux archives d^Âragon (Reg. XXIII, f"' 45 et 46J, sont dalées du 7 des kalendes de février 4274 (26 janvier 4275).

' Le second ûls de Jacme le Conquérant eét mentionné rarement dans Thistoire des dernières années de son père. Les documents qui concernent cettç période de la vie du futur roi de Mayorque n'ont 'aliène rapport qu ase^projetide mariage, asdez nombreux du reste: £n i363, Guillem de Roquefeuil et Miguel Violetla furent ciiargés de négocier le mariage de Tinfant Jacine avec Beatrix, nièce du oorote Pierre do Savoie (Arch. d'Arag., Reg. XII, f^ 33, et Reg. XV, f> 24). La dot de la jeune princosse avait été constituée el hypothé- quée 8ur le comté de Roussillon (Id., Reg. XV, f^ 22). Mais cette ttiiion n'eut pas lieu. En 4264, ii fut question de faire épouser à riiibnt un& fille du duc de Bourgogne; Arnaud , évêque de Barce- lone, et le comte d'Ampurias devaient traitée en même temps le mariage de la princesse Marie d'Aragon (Voy. oi-dessus p. 470, note] el celui de son frère Jacme. Cette alliance ne s'étant pas réalisée, le ni iacme, par lettres données à Barcelone le 2 aoCit 4269, permit à son fils de se marier avec la femme qu'ilchoisirait. (Arch. d'Arag., Reg. XVI, 486.) En 4269, le roi et la reine de France s'occupe*- rentdemarierlUnfant avec Yolande, comtesse de Nevers. petite* fille du duc de Bourgogne et veuve de Jean de France, fils de saint Louis. Lé2& aeùi 4^274, le roiJaome confirma la donation à cause de neaes

r

496 LITRE IT , GHAPITEB T

guerre en Catalogne. De son côté, Pierre poursuivait, avec racbarnement de la haine, Fernand Sancbez, que de fréquentes lettres du roi n'avaient pu ramener dans le devoir*.

C'était un duel à mort entre les deux frères. Traqué par les hommes de l'infant et cerné dans son château de Pomar, le b&tard s'échappa déguisé en pâtre, tandis que les assiégeants se mettaient à la poursuite d'un de ses écuyers, qui fuyait à toute bride, revêtu de ses habits et monté sur Asenyallat, son meilleur cheval. Le strata- gème fut bientôt découvert , et Fernand , pris dans un champ de blé il s'était blotti après avoir tenté vai- nement de passer la Cinca à la nage, fut amené devant Pierre qui le fil noyer V Cet acte d'odieuse justice a inspiré au roi des paroles d'une révoltante dureté, que, pour l'honneur de Jacme, nous voudrions croire le ré- sultat d'une erreur de copie dans ce passage de sa Chro- nique ' : « Nous apprîmes comment l'infant en Père avait

jBile par son fils à sa future épouse, (Arcb. d'Arag. , Reg. XXXVU , h 25.) Ce projet échoua comme les précédents, et, enfin, le 4 octobre 4275, Théritier du royaume de Mayorque épousa Esdarmonde, sœur du comte de Foix Roger-Bernard II.

* Les copies des lettres échangées entre le roi et Fernand Sancbez se trouvent aux archives d'Aragon, Rcg. XXII, P* partie, t»* 44, 23, 24 et 25; Reg. XXIIT, f»» 94 à 96.

* « fi'înfant en Père, dit d'Esclot, aurait bien voulu qu'il s'en fût allé, mais, puisqu'il en était ainsi, il ne voulut pas quUl échappât à la justice qu'il avait violée. » (Chronique, chap. lxx.}

' Quiconque a pu comparer lescopies différentes d'un môme texte, ne trouvera pas impossible une altération de ce genre, si Ton remarque surtout l'analogie qui existe, au moins pour les yeux, entre le passé défini du verbe plazer^ plaire (pïach) et le même temps du verbe p/an/i«r, plaindre (planch), et même entre 1e> deux conjonc- tions car, car, et ja ou ta, quoique. Nous ne hasardons, du reste, cette explication qu'à titre de pure hypothèse. D'Esclot, parlant du même lait, dit: « Et quand le roi sut que l'infant en Père avait fait

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Pm DB LA GinftRE ATEG LBS BARONS 497

tenu assiégé on châteaa de Ferran Sanches, et avait pris celai-ci et l'avait fait noyer. Et cela nous plut fort quand ou nous le dit, car c'était dure chose qu'étant notre fils et après que nous lui avions fait tant de bien et l'avions honoré d'un si riche patrimoine, il se fût levé contre nons\ >

La mort de Fernand Sanchez apaisa presque instanta- nément la révolte aragonaise, qui n'était qu'une lulte personnelle entre les deux fils de Jacme, et toutes les forces du parti royal purent dès lors être dirigées contre les mécontents de Catalogne. Le comte d'Xmpurias, devenu le principal chef de ces derniers, ne tarda pas à comprendre que la résistance était inutile et vint se remettre à la merci du roi. Jacme, toujours disposé à donner des preuves de son respect pour la justice, con- sentit à faire décider par les certes tous ses différends avec les barons*. Mais devant l'assemblée, réunie quelque temps après à Lérida ', de nouvelles difficultés s'éle- vèrent. Pierre de Berga, l'un des rebelles, venait de

noyer en Ferran Sanches , cela le chagrina fort, parce qu'il était son flls. Et d'autre part il s'en consola bien parce qu'il avait machiné si grande mauvaùf^^ contre lui et contre Tinfant en Père, son frère. » (Chronique, chap. lxx.) Le fragment qui suit, extrait d'un vieil auteur, semble bien fait pour justifier notre défiance : a H refusait aussi longtemps qu'il pouvait de signer une sentence de mort, et, quand il fallait donner cours à la justice, il était malade le jour il condamnait, et pleurait souventes fois du grand souci qu'il avait de faire mourir un homme, t (Chronique de Gauberte Fabricio de Bagdad, citée par M. Rosseuw Saint-Hiiaire, Hist. d^ Espagne, liv. XI, chap. IV.)

* Chronique de Jacme, chap. cccv.

a Arch. d'Arag., Reg. XX, f 282.

' Les certes furent convoquées pour aie quinzième jour après Saint-Michel de septembre > de Tan 4275. Elles ne purent se réunir que le l"* novembre. (Arch. d'Arag., Reg XXUI, ^ 33.)

T. IL 32

496 UTRB lY , CBâFITEE

mourir saos héritier légitime et ayait dooDé par testa- ment ses fieiis au comte de Pallars ; on voulait que le roi ratifiât ces dispositions. L'infant Pierre s*y opposa. Les seigneurs reprirent lear attitude hostile et qaittèreDt Lérida. Néanmoins la guerre ne recommença pas pour le moment ; mais le roi dut dissoudre les cortès, après avoir, par une double déclaration, assuré la couronne aragonaise à Alfonse, fils aîné de l'infant Pierre, quand même celui-ci viendrait à mourir avant le roi son père (novembre 1275*).

Nous Verrons bientôt quelles préoccupations avaient engagé Tinfant à réclamer du roi cette déclaration solen- nelle en présence des cortès ; mais il faut d*abord revenir de quelques pas en arrière, afin de pouvoir suivre les événements qui se déroulaient en Navarre et en Castille parallèlement à ceux que nous venons de raconter.

Henri P', roi de Navarre, était mort le 22 juillet 1274, laissant pour unique héritière sa fille Jeanne , qu il avait fait reconnaître pour reine avant de mourir, et dont il avait confié la tutelle à sa femme Blanche, nièce de saint Louis. Trois partis se formèrent aussitôt en Navarre: l'un , ayant à sa tête Pedro Sanchez de Montagudo , seigneur de Chascant, gouverneur du royaume, désirait la réunion à TAragon et le mariage de la jeune reine avec un petit-fils de Jacme le Conquérant; Tautre , dirigé par le rico home Garcia Almoravid, travaillait à la con- clusion d'un mariage castillan; le troisième enfin était d'avis de respecter à la lettre le testament d'Henri I", et de laisser à la reine douairière le soin d'administrer le royaume et de marier sa fille à son gré. Il est inutile

* Archiv. d'Arag., Parchemins de Jacme i", ii«» 2252 el 22S3; Coleccion de documentos ineditos^ t. YI, p. 492.

APFAIR18 DB NAVARRE 49ft

d*ajoater que la Dièce de Louis IX appelait de taos ses ?œnx une réoDÎon à la Franee. 11 ne s'agissait plus pour la Navarre de conserver son indépendance. Â laquelle de ces trois monarcbies, Aragon, Gastille ou France, sa destinée allait-elie être uniefTelle était toute la question. Dan» ces conjonctures, la communauté d'origine, la res- semblance des moBurs et de la constitution politique militaient pour TAragon, et c'était TAragon, en effet, qui paraissait avoir le plus de chances de succès.

Malgré sa loyale amitié avec les rois de Navarre de la maison de Champagne, Jacme, nous Tavons vu, n'avait jamais renoncé à ses droits sur ce pays. Une série de traités et de trêves * avait maintenu entre les deux royaumes une paix provisoire qui n'avait jamais été sérieusement troublée. Cependant, sur la in du règne de Henri V\ l'infant Pierre, auquel son père avait cédé ses droits sur la Navarre au moment d'entreprendre sa croisade outre-mer ', avait élevé quelques réclamations pécuniaires*, qui auraient peut-être amené une rupture si la mort de Henri n'était venue donner à l'infant l'es- poir d'hériter d'une nouvelle couronne.

Dès le 29 juillet 1274, Pierre se rendit en Navarre, mani de lettres de son père qui priaient les prélats ,

* Ainsi l'on trouve aux archives d'Aragou, outre les traités de ce genre que nous avons déjà mentionnés (Voy. ci-dessus, p. 298 et 299) : Paix et trêve pour quatre ans avec Thibault, roi de Navarre (Thibault !•'), septembre 4243 (Parch. de Jacme I«', n-923) ; 2" Lettre au roi de Navarre pour qu'il ordonne à ses gens de ne pas faire de mal aux Aragonais, aoûH263 (Reg. XII, fM04); 3* Trêve avec Thi- bault, roi de Navarre (Thibault II), juillet 4266 (Reg. XV, f* 24); Trêve pour deux ans avec Henri, roi de Navarre, août 4272 (Reg. XXI, 53).

Arch. d'Arag., Parch. de Jacme I«', 1991. 3 Id., id,. no' 2483 et 2484.

500 LIVBE IV, CHAPITRB T '

ricos homes, seigneurs et bourgeois navarrais de recon- naître rinfant d'Aragon pour leur roi * . D*un autre côté, Alfonse X crut faire un acte d'habile politique en proposant, comme mesure de conciliation, de fusionner les droits de l' Aragon et ceux de la Castille sur la tête de son fils Fernand. Celui-ci envoya même un chevalier de sa maison auprès dn roi son aïeul. Mais Jacme n'a- gissait pas seulement dans cette affaire pour son propre compte. On a pu voir que, conformément à un usage dont les souverains aragonais ne doivent plus se départir, le roi, en associant l'infant héritier au gouvernement de ses États, lui accordait une très-grande initiative. Depuis plusieurs années déjà, c'est Pierre qui gouverne sous la surveillance de son père. Les troubles causés par sou caractère entier ne le prouvent que trop. Le roi n'inter- vient guère que pour rappeler parfois l'infant au respect de la justice ou pour modérer son ardeur imprudente. La succession de Navarre était donc l'affaire de Pierre, et le prince au profit duquel devaient se faire les Vêpres siciliennes, n'était pas d'humeur à renoncer aisément à un royaume. Jacme dut répondre par un refus à son petit-fils Fernand *.

Cependant l'infant aragonais, par ses menées habiles, s'était fait un parti puissant. Invoquant les droits de son père et ceux de ses aïeux % flattant les goûts des Navarrais pour l'indépendance, il parvint à obtenir des cortèsdu

* Archives d'Arag., Reg. XXin t^ 99 et 400.

' Lettres écrites par le roi d'Aragon à Fernand, infant de CasUile, à Alfonse X et à Pierre au sujet de la Navarre. (Arch. d'Arai^., Reg. XXlil, fo* 96 à 98.)

' Pierre était allé rechercher dans les archives du monastère de San Juan de la Pena les actes établissant les droits de la maison d* Aragon sur la Navarre. (Arch. d^Arag , Parchemins de Jacme I*', 2498.)

AFFAIRES DE NAVARRE 501

royaame, réanïQS k PuenU de laReyna, ane décision favorable à ses prétentions^ Pois, tandis qae le roi Jacme réclamait par lettre l'appui de Philippe {^Hardi^, il partit incognito pour la France, afin de plaider lui-môme sa cause auprès de son beau-frère, qui avait donné asile à la veuve de Henri T', et se préparait à fiancer la jeune princesse de Navarre avec l'héritier de la couronne de France. Philippe accueillit Pierre avec les marques de la plus vive amitié.* Ils parlèrent moultes fois ensemble privément, sans que nul homme, pour si intimé qu'ilfut, pût rien savoir de leur entretien '. » « Il se forma entre eux une telle intimité, dit Muntaner, qu'ils communièrent l'un et l'autre d'une môme hostie consacrée. > Mais, bien que le chroniqueur fît partie delà suite de l'infant^, il parait s'être mépris sur la portée des témoignages de courtoisie échangés entre les deux princes, lorsqu'il assure qu'ils firent serment de ne jamais s'armer l'un

* La sommation adressée par l'infant aux certes navarraises, ses engagements à leur égard et décision de l'assemblée en sa faveur ont été publiés dans la CoUccion de documentos ineditos (t. VI, p. 480, 4 83 et 4 89), d'après les Parchemins n<» 2205, 2206 et 2207 du règne de Jacme I**, aux archives d'Aragon. Nous mentionnerons encore les documents suivants: r Confirmation de la trêve accordée par l'in- fant Pierre aux vassaux de Navarre, 4 septembre 4274 ; 2* Commis- sion donnée à l'infant Pierre de connaître des dommages réciproques del'Âragon et de la Navarre. (Reg. XIX, f<» 468 et 469.) Moret s'at- tache beaucoup à diminuer l'importance du parti aragonais (Anales <2e i^Tovarra, lib. XXIV, cap. m, g V.)

' Voy., dans nos Pièces justificatives, XX, la lettre de Jacme P' à Philippe le Hardi. > Chronique de Bernât d'Ësclot, chap. lxx.

* « J'ai vu de mes yeux, dit Muntaner, le roi de France porter à la selle de son cheval, sur un canton, les armes du roi d'Aragon en ^ témoignage d'amitié envers ledit infant, et de l'autre ses propres fleurs de lys; et l'infant en faisait de môme- » (Chronique de Ramon Muntaner, chap. xxxvu.)

contre Taatre . Ea effet, Pierre avait à peine refiassé i«s Pyrénées, qa*on célébrait à Paris les fiançailles de Phi- lippe le Bel avec Jeanne de Navarre, et qn^une armée française s*avançait vers le royaume qui formait la dot de la princesse. De son côté, Fernand de Castille com» roençait les hostilités. Une |[aerre terrible allait éclaler; car Pierre, soutenu par les Nayarrats , n'était pas dis* posé à abandonner la partie, lorsqu'un danger comma appela subitement vers le sud toutes les forces de l' Aragon et de la Castille, et permit à la France de s'agrandir aui dépens de la terre espagnole ^

Depuis quelque temps, Témir de Maroc Yaoub Aben Jucef, appelé en Espagne par l'émir de Grenade^ Mohamed II, attendait le moment favorable pMr tenter un débarquement sur les plages d'Algésiras et de Tarifa. AQn de masquer son projet, Aben Jucef feignait de diriger ses armements contre l'émir de Ceata. Il avait même conclu à ce sujet une alliance avec Jacme le Conquérant V Dans le mois d'avril de l'année 1275, tandis que l'Aragon et la Castille avaient les yeux tournés vers la Navarre, et

* Guillem Anelier, troubadour de Toulouse, a coosacré à la révo- lution navarraise de 4276 un long poëme que M. Francieque Mkbel a publié avec la traduction française dans ia Collection des doomnenU inédits de Ffiistoire de France. D. P. llarregui, membre de la oora- mission des monuments de Navarre, avait donné une édition du texte ^original en 4847. Voy., surGuillem Ânelier et ses œuvres, llilà,<ie /os TrovadoreSy p. 247. Bien que le troubadour jette un r^ard rélro* spectif sur Tbistoire de Navarre et parle de l'adoption mutuelle de Sancbe le Reclus et de Jacroe I*% il passe sous silence les évéaements des années 4274 et 4275.

3 Le traité d'alliance de Jacme avec « iucef, mtramomefe'n, seigneur de Maroc et de Fez, au sujet de la conquête deCeuta », ae irotive aux arcbives d'Aragon (Reg. XIX, 6); il est daté du 4 4 des kalendes de décembre (48 novembre) 4274. Gapmany l'a publié dans le i. IV (Coleccion diplomatica ^ p. 7) de se:^ .^etiiorias sobre la Marina, comcrcio y arles de Barcelona.

IlfYASION IM58 MUSCLMANS dVfRIQUE 505

qn'Alfonse X , s'acharnant à la poarsnite d'une chimère , abandonnait ses États pour aller supplier le Pape de con- firmer ses prétentions à l'Empire \ les Africains passèrent le détroit, et, réunis aux Musulmans de Grenade, en- vahirent FAndalousie. Les premiers engagements furent désastreux pour les chrétiens. Les plus vaillants y per- dirent la vie, entre autres Sanche, archevêque de Tolède et 'fils du roi d'Aragon V

L'infant héritier de Castille , Fernand , gouverneur général du royaume pendant l'absence de son père, accou- rait vers les pays attaqués lorsqu'il tomba fualade et mourut à Villa^Real' (août 4275).

On sait comment Sanche, secondais d'Alfonse X , se fit reconnaître pourhéritier de la couroone au préjudice des fils de Fernand, les infants de la Cerda, et légitima en quelque sorte son usurpation par les exploits qui lui valurent le surnom de Bravê.

Les succès des Musulmans avaient mis l'Espagne entière

* On sait que l'entrevue du Pape et du roi de GaatUle eut. lieu à Beaucaire.

3 L'infant archevêque de Tolède s'était mis à la tête des milices castillanes pour défendre le pays de Jaen contre les Musulmans. Il fat battu et fait prisonnier. Les soldats d'Àben Jucef et ceux de Mohamed 3e disputaient le précieux captif et allaient en venir aux mains, lorsque Varraez de Malaga, poussant son cheval contre l'ar- chevêque, le perça de sa lance en s'écriant : « A Dieu ne plaise que pour un chien meurent tant de braves combattants. » (Conde, His^ toria de la dominadon de los Arabes en Espana, t. III, cap. x.) L'in- fant Sanche a fut bon et pieux, dit Muntaner, et réputé dans son temps comme l'un des plus dignes, des plus saints et des plus hon- nêtes prélats du monde. Il aida beaucoup à accroître la sainte foi calholique en Espagne, causa beaucoup de mal et d'abaissement aux Sarrasins, et finit par périr en les combattant; aussi peut-on le mettre au rang des martyrs, puisqu'il mourut en voulant maintenir el élever la foi catholique. » (Chronique, chap. xi.)

^ Aujourd'hui Ciudad-Real.

504 hPm IV, GHAPITBB y

en péril. Le roi d'Aragon ordonna à son fils alnédemar- cher au secours de la Castille contre Tennemi commiiD. G*esi alors qae Pierre , craignant pour ses fils le sort des infants de la Gerda, s'il venait à mourir dans cette expé- dition , exigea , comme nous Tavons dit, que son père , en présence des certes de Lérida, reconnut Alfonse pour héritier du trône d*Âragon \

A la fin de Tannée 1275, Tinfant aragonais se mit en marche vers la frontière de Grenade, à la tête d'une armée de mille chevaliers et de cinq mille fantassins. Le vieux Conquistador lui-même, Teffroi des Sarrasins, se préparait à venger la mort de son fils Tarchevéque de Tolède, lorsquMl fut obligé d'aller à Valence réprimer une émeute dirigée contre les prud'hommes de la capi- tale \ et punir des chrétiens qui pillaient les Sarrasins soumis.

Sur ces entrefaites, le maure Al Azarch, le chef de la précédente révolte de Valence, rentra dans le royaume et en fit soulever la population musulmane. Ce mouve- ment, concerté avec les émirs de Maroc et de Grenade, fut mal secondé par ceux-ci, qui conclurent précisément à cette époque une trêve avec le roi de Gastille, et ren- dirent ainsi disponibles les forces commandées par l'in- fant d'Aragon. Mais, tandis que Jacme convoquait les seigneurs et les milices pour repousser le danger qui

* Voy. ci-dessus, p. 498 Les craintes de Pierre étaient d'autant plus fondées que, dans le Code de Valence, le roi, s'inspirant du fuero jujgo, s'était prononcé contre le droit de représentation en ligne directe descendante- (Voy. ci-dessus, p. 265.)

* Âu commencement de Tannée 1275, des désordres de même nature avaient ensanglanté Saragosse Gil Tarin, juré de cetle ville, perdit la vie dans une émeute. Les meurtriers furent condamnés à mort.

SOCLÈVBIIBIIT DBS HAUBES DB VALENCE 505

menaçait la domination chrétienne en Espagne \ Pierre, par an aveuglement étrange, réveillait son ancienne que- relle avecle comte d'Âmparias. Heureusement le comte s'offrit à porter le différend devant la justice, et, sur Tordre du roi, Tinfant dut cesser les hostilités.

Cependant la croisade s'organisait contre les Musul- mans révoltés '; Le Pape avait octroyé à Jacme les dîmes ecclésiastiques à condition qu'il expulserait les Sarrasins de ses États. Le roi l'avait juré solennellement sur l'autel de Notre-Dame de Valence,* ; la nouvelle insurrection lui faisait craindre des soulèvements continuels tant que tous les Maures jusqu'au dernier ne seraient pas rejetés hors du territoire espagnol. .

Au mois d'avril 1276, les troupes aragonaises attaquè- rent les rebelles. Al Azarch fut tué dans une rencontre près d'Alcoy; mais les chrétiens payèrent chèrement leurs premiers succès. Jamais, depuis le commencement du règne, on n'avait vu les Sarrasins résister avec autant d'énergie et de bonheur. C'est qjie \e Conquistador n'était plus sur le champ de bataille, et nul ne savait comme lui diriger les combattants, ménager leur action, modérer, leur ardeur imprudente ou leur donner l'élan et la confiance an moment décisif, en un mot décupler leurs forces par son habileté et son calme courage. Le vieux roi venait d'être saisi par la maladie et s'était fait porter à Xativa, d'où il veillait sur toutes les opérations de l'armée, que commandait son fils naturel Pedro Fer- nandez deHijar, secondé par les principaux barons et le

' Arch. d'Ârag., Reg. XXIII, f°* 48 et 49, convocations du 22 mars <276.

> Voy. Raynaldi, Annales ecclesiasL, ad. ann. 1276, n^ 20 et suiv.

' Voy. le premier codicille de Jacme dans nos Pièces justifica- tives,'n« XXI.

506 LmiE lY, oBAPirius t

maUre du Temple. Va jour, près de Lnobente, les cbré- tians furent batUis avec ées pertes eu ormes; plusieurs de leurs chefs restèrent sur le ohamp de bataille, et les milices de Xativa, qui avaient pris part à Taction, Airent taillées en pièces, au point, disent les chroniqueurs, que la ville en resta presque dépeuplée. Am temps de Marsilio, on parlait encore avec tristesse de ce jour néfaste, qu'on appelait 40 mardi de malheur.

« Aussitôt que le roi, qai était dans son lit, apprit cette défaite, il s'écria : « Sus, sus, amenez«moi mon che- - val et préparee-moi mes armes ! je veux marcher contre ces traîtres de Sarrasins qui ne croient mort. Ils ne se

> doutent pas que je saurai encore les exterminer tous. > Et il était si résolu que, dans sa colère, il voulait se dresser sur son lit; mais il ne le put pas. Il leva alors les mains au ciel etdit : « Seigneur, pourquoi permettes- » vous q«e je soie ainsi privé de mes forces ?)Eh bien

> donc ! ajontatt-il, puisque je ne puis me lever, faites » .sortir ma banniène, et qu'onme porte sur une litière » .jusqu'aux lieux sont ces Maures perfides. Ils ne

> pensent plus que je suis de ce monde; mais ils n'aa- » iront pas plutôt . aperçu la litière qui me porte, qu'à » l'instant nous des aurons vaincus, et tous seront bien-

> tôt .pris eu tués \ >

^ Gbitmi^e de Ramon 4funUin6r« chop. xxvi et xxvii, trad. de M.Aucbon. i»e obroniqueur ajoute que le;Joi fut efm ; mUs, lorsque la litière arriva sur le lieu du combat, Tinfant Piecre venait de tailler en pièces les Sarrasins. Le désir de dramatiser son récit et surtout de rehausser les exploits de Pierre III, semble avoir inspiré a Mvntaner ce passege, qui est en contradietien avec la Chronique royale. Il est vrai que les derniers chapitres de cette œuvre, bien que rédigés, sans doute, du vivant de Jaeme, n'Ont pu être sur- veillés par loi ; mais leur concordance parfaite avec les documents contemporains et, eu particulier, avec le premier codieitle du roi

DERIflERS mùmXWi BU OftNQKJISTADOR WT

L'iofaot héritier, mandé par son père, vîot le re- joiDd^re avecde nombreux renforts. Le roi dirigeaift itoat, malgré ia jQQLaladle qui empirait cJbiaque jour. Il se fit transportera Alcira, afin de surveiller l'ebrai des vivres à SM armée. Bientôt îles progrès du mal ne laissèrent {>l«ts d'espoir. Le C&nquietador vit sans effroi s'avancer cette mort qu'il avait si souvent affrontée. Il reçut les sacrements, fit venir auprès de lui l'infaiyt Pierre, .qu'il avait laissé à Xativa, et, devait une&âmJDreuse .assemblée de pF^ats, de seigneurs et de bourgeois, il adressa ses dernières recommandations à celui qui allait Lui succéder dans la tâche glonieuse et |>émble de gouverner l'A- ragon. .

Aimer et secourir son frère Jacme; faire en sorte « que ni traître ni adulateur ne puisse semer entre eux la discorde» ; aimer et protéger tous ses sujets, non- seulement les clercs, les barons et les chevaliers, mais aussi les bourgeois et le peuple, « car les rois trouvent honneur .et secours chez les habitants des villes et des villages»; faire régner la justice et veiller à ce que les grands n'oppriment pas les petits ; ne lever des impôts que de l'assentiment des peuples, et ne jamais accabler ceux-ci de charges trop lourdes, « car une mauvaise domination détruit et perd les royaumes », tandis que si les rois aiment leurs peuples, < Dieu les aime particuliè- remeutet ils réussissent dans leurs eutrafurises»; chasser les Sarrasins du royaume de Valence, « de telle sorte qu'il n'en reste pas un seul, sous quelque prétexte que ce soit » , parce qu'ils ont toujours trahi le roi >et cherché

(Toy. Pièces justificatives, XXI), est une preuve de leur exacti- tude. Il est possible que le secrétaire ehargé d'écrire ces mémoires sous la dictée du roi, ait continué seul le travail pendant la<lernière maladie de son maître.

508 LITRB IT, CHAPITBS

à lui rendre le mal pour le bien» ; enfin retourner im- médiatement à la tête de son armée, poursuivre la guerre à outrance jusqu'à rentière pacification du pays, sans s'arrêter même pour assister aux derniers moments de son père ou lui donner la sépulture; tels furent les conseils et les ordres que l'infant reçut du héros arago- nais, et quecelui-ci consigna presque en entier dans un de ses codicilles'.

Le 2i juillet, Jacme abdiqua en faveur de ses deux fils, revêtit l'habit des moines de Giteaux et fit le vœu de pas- ser sous la bure, dans le monastère de Poblet, les jours que Dieu voudrait encore lui accorder *. Puis, présentant

* Voyez les deux, codicilles de Jacme dans nos Pièces justifica- tives, n<>* XXl et XXII. Il est curieux de comparer le premier de ces documents avec le chap. cccix de la Chronique royale et le chap. lxxhi de la Chronique de d'Esclot. Ce dernier, préoccupé de représenter le roi Pierre Ili comme le modèle des hommes et des souverains* fait dire à Jacme : c Don infant, je vous ai fait moult mal et moults torts, à cause de faux flatteurs qui vous accusaient auprès de moi, et maintenant il m'en repend, car onques ï\ n'y eut roi qui eut meiUeur fils que vous ne l'avez été pour moi, ni aussi obéissant à son père; car onques en nul temps vous ne m'avez peiné ni n'avez dépassé ma volonté en rien... Âh! beau fils, pensez à bien gouverner voire peuple et soyez miséricordieux, et aimez et honorez tous les barons et les chevaliers, et tenez-les en soin et donnez-leur du vôtre, ei tenez la terre en justice et en droiture, et faites votre pouvoir pour jeter les Sarrasins hors du royaume de Valence. » D'Esclot n'a rien oublié de ce qui concerne la noblesse, mais il passe entièrement sous silence les recommandations qui s'appliquent spécialement à la bourgeoisie, au peuple et même au clergé.

^ Le 24 juillet, le roi fit connaître son abdication et son entrée en religion à Tarchevôque de Tarragone, comme seigneur de l'Ile d'Iviza, aux feudataires du royaume de. Ma yorque, aux consuls de Montpel- lier et à ceux de Perpignan, afin qu'ils eussent a reconnaître son fils Jacme pour leur roi. (Voy. d'Achery, SpicUegium, éd. in-f», t. III, p. 682; Blartène et Durand, Thésaurus novus anecdoL, t. Il, col. 4455.) Une communication analogue dut être faite aux siyets de l'infant Pierre, devenu le roi Pierre lii.

MORT DB JAGME 1*^ 509.

à Pierr6;S0Q épée: « Prenez, lui dit-il, et portez digne- ment ce fer avec lequel, soutenu par la main de Dieu, j'ai été vainqueur de tous mes ennemis\ et Tinfant, pour obéir à son père, dut retourner à Xativa, tandis que la cour s'acheminait tristement vers le monastère de Ppblet, Jacme voulait être transporté sans retard.. Mais, en arrivant à Valence, Tétat du malade s'aggrava an point qu'il fut impossible d'aller plus avant *. L'infant Jacme, les filles et les petits-enfants du Conquistador, et

* Chronique de P. Marsilio. —On conserve cette épée à l'hôtel de ville de Valence. Tous les cent ans ont lieu les fêtes commémora- tives de la conquôte, pendant lesquelles Pépée du Conquistador est portée en grande pompe à la cathédrale et conduite processionnelle- ment dans les principales rues de la ville. Une autre épée que Ton dit avoir appartenu à Jacme I**, figure dans la riche collection delMr- meria Real de Madrid. Lors de la profanation des sépultures royales de Poblet, en 4835, on trouva, dit-on, dans le tombeau du Conquis- tador, une épée à garniture d'émail, qui fut vendue en Angleterre. VArmeria Real renferme un certain nombre d'objets que la tradition attribue au héros aragonais: M. Achille Jubinalena donné le dessin et la description dans son bel ouvrage sur la collection d'armes de Madrid. Ce sont, outre l'épée que nous avons mentionnée, des étriers, une selle, un grelot, un fragment de sous-ventriôre, qui paraissent en effet remonter au XIII* siècle; deux canons à main, une cuirasse et un pavois recouvert de peau, qui sont évidemment postérieurs à l'époque de Jacme 1** ; enfin le casque en quelque sorte légendaire que la ville de Valence a adopté, dès le XIIl* siècle, comme timbre de ses arinoiries, et qui porte pour cimier les ailes et la partie antérieure du corps d*un dragon. (Voy. Jubinal, La Àrmeria Real, 1. 1, pi. 44 ; t. II, pi. 2 et 7 ; t. III, pi. 30.)

^ « Au bout de quelques jours, persistant dans notre dessein de nous retirer à Poblet pour servir la Mère de Dieu dans ce monastère, nous partîmes d'Alcira et nous arrivâmes jusqu'à Valence , et notre mal s'aggrava et le Seigneur ne permit pas que nous conti- nuassions notre voyage. » Telles sont les dernières paroles de la Chronique de Jacme. Ainsi que nous l'avons déjà dit, les derniers chapitres peuvent être l'œuvre d'un secrétaire et non celle du roi lui-même.

M^ LIVRE rv, cflAPinnsv

probablement aussi Tiofant Pierre* accoururent auprèsda mourant. « Il leur donna à tous sa bénédiction et les endoctrina et prêcha, car il avait tout son bon sens et toute sa mémoire; il les recommanda tons à Dieu, croisases mains sur sa poitrine et dit Foraison que Notre* Seigneur trai Dieu prononça sur la croix, et, aussitôt cette oraison terminée, son &me se dégagea de son corps et, joyeuse et satisfaite, gagna le sarnt paradis*.»

Ce fut le mercredi 27 juillet 1276, à minuit', que mourut Jacme le Conquérant, dans sa soixante-neuvième année *.

A cette nouTelle, la douleur fut générale dans les pays aragonais. Le clergé et la noblesse, malgré leurs luttes avec le Conquistador, se souvenaient de sa piété, de sa douceur, des bienfaits qa*il répandait autour de lui, et se prenaient à craindre le caractère inflexible, entreprenant, opiniâtre du nouveau roi. La bourgeoisie et le peuple comprenaient combien les progrès réalisés par le législateur de Valence étaient compromis sons le

* n résulte du récit de Muntaner (chap. xxvui) et de celui de d'EscloC (otiap. I.X1III) que Pierre assista aux derniers moments de son père.

^ Chronique de Ramon Muntaner, diap. xxTin. D^Esdot dit: « Les anges du oiel irinrent avec grande aUégresse et lui prirent l'àme du corps et l'emportèrent au ciel derant Dieu. »

' Les Gbr(miqoes ne sont pas d^accord sur la date du jour. Celle que nous donnons est la plus généralement adoplée. La façon de compter par kalendes, les négligences des copistes, Theure même de la mort du roi, ont occasionné de noMbrenses erreurs. (Voy. Chro- nique de Ramon Muntaner, chap. xxviti; Chronique de Bemat d'Es- ciot, chap. LXXiu ; Chroniœn Ulùinense, ap. Marea kispcmica^ cd. 739: Gesta camiium Barcinonensium, ap. Marca hispanica, col. 557; PHM Thalamiu de Montpellier ^ ad. ann. 4276, et la note ajoutée à la fin de la plupart des copies de la Chronique de Jacme.)

* Pour les détails relatifs à Pinhumation de Jacme 1*' et aux diverses exhumations de ses restes, voy. la note F de l'Appendiee.

COMPLAINTE' DE MATHIBU M QCERGT 511

règne â*uD prince pou^ qni lo'nl devait s'effac^er devant l'ambition personnelle. Les Aragonàis, les Catalans , les Valenûiens poaioaient espérer avoir dai» Pierre un grand roU seloD le sens ordinaire de ces mots, c'est-à-dire uii monarque ambitieux, entreprenant et heorenx ; les ha* bitants des Baléares, da Roùssillon et de Montpellier, voyaient dans l'infant Jacme un seigneur bon et « droi- turier » ; mais, chez aucun de ces deux princes, on ne pressentait cet ensemble de qualités qui fait à la fois la gloire et le bonheur des peuples. Aussi, à la mort du roi conquérant, < les gémissements et les cris retentirent-ih

aussitôt par toute la cité , et tout le monde allait

pleurant et criant Et nous pouvons bien dire de ce

seigneur, ajoute Muntaner, qu^il fut heureux, même avant que de naître , que sa vie fut de mémo et que sa fin fut encore meilleure * .

Au milieu du deuil public, la poésie provençale ne pouvait faillir à son rôle d'interprète des sentiments populaires. Elle avait une double dette à payer, celle de la nation et la sienne, au souverain qui l'avait aimée et protégée. Cependant une seule pièce de vers sur la mort de Jacme P est arrivée jusqu'à nous '. Elle est due au troubadour Mathieu de Quercy. Quelques traits, inspirés par une douleur profonde et une admiration naïve, ra^ chètent l'ensemble médiocre de cette ceuvre.

< La joie me manque et la douleur m'accable, dit le poëte, et rien ne me tourne en bien ni en profit, quand il me souvient du bon roi d'Aragon : alors je me prends

* Chronique de Ramon Muntaner, chap. xxviii.

^ « Si le roi Jacme était encore vivant, dit Serveri de Girone dans une de ses pièces, je ferais des chants ingénieux ; mais à présent, l'en ai perdu le courage. 9- (Milà, De los Trovadores en Espana, p. 39ii.)

512 LIVRE !▼ , GHAPimE Y

fortement à soupirer, et j*estime le monde aussi peu que de la boue. Car il' était franc et doux, de peu de mots et de grands faits, et, sur tous les autres rois que l'on ait jamais Yus en Espagne, il était le plus grand pour con- quérir la gloire. Et puisque ce roi savait tant valoir, il est juste que tout le monde le pleure.

> Par droit et par raison, tout le monde doit se lamenter et pleurer la mort du roi, car jamais prince meilleur ne fut de notre temps en deçà ni au delà de la mer, ni aucun qui ait tant fait contre la gent perfide, ni tant exalté la croix Jésus*Christ fut mis pour nous tous. Hélas ! Aragon, Catalogne, Cerdagne et Lérida, venez pleurer avec moi, car. autant de douleur vous devez bien avoir que ceux de Bretagne en eurent pour la mort d*Artos.

> En l'an mille pour qui sait bien compter depuis que Jésus*Christ prit la forme incarnée, deux cent et soixante-seize, le roi Jacme mourut le sept des kalendes d'août * ; prions que Jésus ait compassion de lui, le garde du profond abîme Dieu plonge les mauvais anges, lui donne les joies dans lesquelles l'âme se conforte, le cou- ronne et le fasse asseoir dans ce royaume il n'y a point de déplaisir, car je crois qu'un tel lieu lui convient.

» A toutes gens je vais donner un enseignement en peu de mots : ce roi est appelé par tous Jacme, et Dieu Ta mis en la compagnie de saint Jacme, puisqu'il est mort le lendemain de la fête de saint Jacme * ; de sorte qu'avec raison nous avons la double fête de deux Jacme.

* Le 7 des kalendes d'août correspondrait au 26 juillet.

3 Le 25 juillet est le jour de la fête de saint Jacques le Majeur. En mettant le Conquistador dans la compagnie du patron de l'Espagoe. le troubadour Mathieu ne cherchait pas seulement un rapprochement ingénieux. Muntaner dit expressément au chapitre xxvui de sa Chronique : « Je suis bien assuré qu'il est au nombre des saints du

CONCLUSION SIS

> Mathieu a fait par deuil et par tristesse sa complainte sur le roi qu'il aimait plus que tous les autres rois, pour que tous eu pleurent et que son nom puisse rester dans le monde, et afin d'obtenir des fils du roi et de ses amis quelque chose qui lui plaise et le console ^ »

Le roi Jacme V conquit trois royaumes , gagna trente batailles rangées , fonda plus de deux mille églises ; il fut vaillant, pieux , < de gentille apparence », généreux, miséricordieux et magnifique. Tel est le portrait que les historiens se sont transmis de siècle en siècle , et auquel le Conquistador a sa renommée dans un temps un grand souverain devait être avant tout un chevalier ac- compli. Mais cet ensemble de qualités n'est pas ce qui mérite le plus l'admiration de notre époque^ Â nos yeux, c'est peu pour un roi du XIIP siècle que d'avoir brillé au premier rang des hommes de guerre, c'est beaucoup que de compter parmi les hommes d'Etat, les réformateurs

paradis, et chacun doit ainsi le croire. » Âu XVII* siècle, le comte de Guîmera proposa la canonisation du roi Jacme. (Voy. la note E de l'Appendice.;

* Voy. Raynouard. Chois de Poésies des troubadours, t. V, p. 264 ; Milà, De los Trovadores, p. 492 ; Histoire littéraire de lu Finance, t. XIX, p. 607 (fragments.) Dans les siècles suivants, Jacme le Conquérant a été souvent célébré par les poètes ; nous citerons entre autres les vers de VÀrcadia de Lope de Vega :

De los Moros la arrogancia Sujeta à mis plantas vi : Très reinas tienen por mi Portugal, Gastllla y Francia.

Ganô à Mallorca y Yalencia , Ganara la casa santa, 6i el Uempo oon furia tanta No me hiciera resistencia.

TH. 53

514 LITRE IT, GBIPITRB Y

et les bienfaiteurs des peuples , <f a^oir pFesseBli tr»Dsfonnatiofis nécessaires de h soeiété , ef de les aroir secondées plus eKkacemeot peut-éKre qii*aBciin anfre sov- yeraiD de son temps.

Une phrase de son codiciife exptiqmi h; eatiére de ce prince : « Dieu aime les rois qui aiment leurs peuples. > Toute la politique de ce grand règne, est dans ces belles et simples paroles.

lacme a aimé soù peuple jiisqa*à Tabnégatico de lai- méme ; car, pour lui , Tunique mission, Cuarque raisev d'élre des rois en ce monde , c'est de veiller au bonfaear et au perfectionnement moral de leurs sujets. La sanctieff de ce devoir immense, c'est de Dieu seul qu'il Tattend, ef cbez un héros de ces srëcies de foi , cette sanction est bien plus efficace que la tutelle d'unearistocratie mquiéte, méfiante , ennemie du progrès. Aussi n'entre-t-il ni o^ gueil de despote, ni désir d'une indépendance dér^Me dans le sentiment qui pousse Jacme i se soustraire an contrôle de la nation et à proclamer Torigine drvine da pouvoir royal. Il sent dans son co&ur de nobles aspirations, dans son intelligence la puissance du bien ; ce cœur et cette intelligence , qu'il a reçus de Dieu , il demande à Dieu de les diriger. Ce serait « à ses yeux , profaner ces dons sublimes que de les mettre au service exclusif d'une mesquine ambition de personne ou de famille. Sans s'io- quiéter outre mesure d'acquérir de la gloire ou d'aug- menter sa puissance , il marche résolument dans la voto que lui montre la Inmvàre d'en baraii, persuadé que s'il obtient la protection divine , gloire et puissance lui seront données par surcroît.

T^lle est la clé de h conduite du sourerain , abstraction faite des erreurs et diâSi faiUâsaes âel*hamAie. Ainsi s'ex- pliquent à la fois ses guerres âe^ conquête contre les

Haares et soq désiiitéredsemeDt avec les princes chré- tiens, ses lattes contiûuelles par Tépée ou par les lois contre rarbitmire féodal et ses méDagemeots pour des adfersaires vaiûcns qoi sont des compatriotes , son ar« dear à foire observer la justice et son habileté à éluder les andennes coutumes qu'il croit funestes au progrés de ses Etats, sa soumission k l'autorité spirituelle des Papes et son refus de reconnaître leur suprématie temporelle, ses tentatives enfin pour effacer certaines inégalités so* ciales, pour établir la libre circulation des immeubles, pour favoriser une répartition plus équitable de la ri- chesse.

Les idées qui ont inspiré à Jacme ses conquêtes et ses réformes ne lui appartiennent pas en propre, elles sont un produit de Tétat social du XIIP siècle ; mais, à l'œuvre de rénovation qui s'accomplit, les uns apportent leur haine du passé et leur désir du changement , les autres l'espoir d'un profit personnel , quelques-uns seulement l'amour du bien , le dévouement à l'humanité. Parmi ces derniers, dominent les nobles figures de saint Louis, de saint Femand , d'Alfonse X et de Jacme I".

Ces grands princes, qu'une même foi éclaire, qu'une mâme conviction anime, marchent vers un même but, par des voies analogues ; mais, comme ils différent de caraetère et d'aptitudes, ils doivent différer aussi par lenr manière de procéder et par les résultats qu'ils ob^ tiennent. C'est en ceci que s'accentue plus nettement la physionomie du monarque aragonais.

Homine d'action avant tout, doué d'une prodigieuse actîvsié d'esprit et de corps, menant de front les affaires de CcMitenatsra, réformes; au dedans et guerres au dehors, essais de reconstitution nationale de la France do Midi et iisUes ce&tre des sujets rebelles, uégociations avec

516 LITRB IV, GHAPITBB

saint Louis et rivalité avec Âlfonse X, il soDge à tout, il yeille à toat, il n'oublie que lui -môme, mais il s'oublie à ce point, qu'il ne semble même pas se préoccuper de son perfectionnement moral, et que, suivant l'expressiou du papeClément IV, ce vainqueur de tant d'ennemis se laisse vaincre par les passions. On dirait, à le voir agir, que Dieu ne demande compte aux rois que de leur vie publique et les absout d'avance de leurs fautes privées. Aussi ne faut-il point chercher en lui autre chose que le souverain ; rien ne le distrait de ses préoccupations de roi ; rien ne l'arrache à ce monde pour le transpor- ter dans les sphères de la sainteté ou de la science spécu- lative. Il n'a ni la candeur sublime de saint Louis, ui la vaste érudition d' Alfonse X; mais il possède la con- naissance de l'humanité, le coup d'œil du grand capi- taine, le jugement sûr de l'homme d'Etat.

Pour le saint roi de France , la vertu est une atmo- sphère qui semble aussi nécessaire à la vie de son àme que l'air est nécessaire à la vie de son corps. Louis IX fait le bien comme par besoin, et presque sans s'in- quiéter du résultat humain de ses actions. Jacme, sans cesser de regarder le ciel, ne se détache jamais de la terre ; il suit le droit chemin de l'honneur et de la loyauté par instinct, par devoir et aussi parce que c'est la voie la plus sûre. Les plus nobles élans de son cœur ne lui font jamais perdre de vue les combinaisons de la politique.

Le philosophe couronné de Gastille cherche daos l'étude un refuge pour échapper aux soucis de la vie réelle, et, lorsque le savant, redevenant roi, veut faire profiler son peuple du résultat de ses travaux, il jette sans ménagements la lumière au milieu des ténèbres, il éblouit et n'éclaire pas. Dans les lettres et les sciences,

CONCLUSION 517

ie législateur de KAragOD ne voit ni une distraction ni on but. Âmi du progrès en toutes choses, il favorise par son exemple le progrès intellectuel, puissant auxi- liaire pour les réformes qu*il médite, mais qui veut être dirigé par une main prudente et habile. Jacme ne léguera pas à la postérité des œuvres scientifiques admirables, il laissera à ses peuples des institutions utiles.

Entre Jacme et Fernand III, tous deux grands capi- taines, conquérants heureux et législateurs, les points de ressemblance paraissent plus nombreux; mais, au fond, est-il facile de comparer la valeur politique de deux princes placés dans des situations très-différentes ? Le premier, livré dès l'enfance à ses propres forces, lutte durant toute sa vie contre des difficultés sans nombre qui surgissent à la fois de tous les côtés ; le second, sou- tenu par la sagesse et le talent de sa mère, n*a à faire face qu'à des événements, graves sans doute, mais qui se déroulent, pour ainsi dire, un à un. Tandis que l'auteur des Furs de Valence et des Fueros d'Aragon soumet ses codes à répreuve décisive de la pratique, le promoteur de la réforme législative en Castille n'a le temps de mettre en œuvre que les moins hardis de ses projets. Les occasions lui manquent de déployer les ressources, l'acti- vité, la souplesse d'esprit qui distinguent son émule d'Aragon. Du reste, Fernand domine Jacme de l'incom- mensurable hauteur de la sainteté. Grand homme de guerre, grand législateur et grand saint, il paraîtrait sans doute plus grand encore s'il avait été moins heu- reux.

A côté de Louis, de Fernand et d'Alfonse, Jacme a une place à part. Malheureusement pour lui, il n'est pas saint; heureusement pour ses sujets, il n'est pas savant; il est roi, il n'est que roi, mais il l'est dans la plus belle

618 UYRB IT^ CUJjntBM T

acception de ce mot, rex; il est celai qui dirige son peuple dans les voies de la justice et de la civilisation. Jacme est par excellence rbomme de Taction, de Taction intel- ligente» noble, dévouée, se proposant un bat élevé ; s'il lui manque des vertus privées, il a au plus haut d^ré ce que Ton a appelé les vertus du métier, et, pardessus tout, un sens pratique poussé jusqu*au génie.

Quelle que soit la diversité de leurs caractères, ces grands rois, auxquels revient la gloire d'avoir dirigé le mouvement réformateur de leur temps, se prêtant un mutuel appui en réunissant leurs efforts pour le triomphe des mêmes principes. Le peuple, habitué à se ranger de confiance à l'opinion de ceux qu'il admire ou qu'il aime, a vu dans la sainteté de Louis IX et de Fernand III, dans la loyauté chevaleresque de Jacme I". dans la haute intelligence d'Alfonse X, dans le dévouement aa bien public de ces quatre princes, les meilleures preuves de la légitimité de la cause qu'ils patronnent. La popularité des hommes a fait la popularité des idées.

Parmi ces idées, il en est d'éternellement vraies, il en est d'autres qui auraient servir uniquement de moyen de transition et qui, élevées à la hauteur d'un principe, ont fait rétrograder la société, bien loin de contribuera son progrès ; car, par rapport aux institutions politiques et judiciaires, l'époque des Elabligsemenls.Aes Partida» et des FwB est certainement plus près de nous que celles qui lui ont succédé.

Lorsqu'on voit au Xlir siècle , en Aragon et dans quel- ques autres pays, la nation affirmer sasouveraineté, voter l'impôt, participer au gouvernement et à l'administration de la justice , les libertés communales se développer, la résistance aux abus du pouvoir s'organiser légalement ; lorsque, en face de ces restes des anciennes institutions.

€ÛIICL1IBiail Kl 9

4Uk imt k royauté prasseotir et faYoriser TayéMoneat de l'égalité civile^ dégager la propriété des entraves féo- dales , donner des garanties de bonne justice» de sécurité iadividoelle et publique, se rendre accessible aiu petits comme aux grands» prêter Toreille aux conseils et aux plaintes; permettre aux poètes politiques le bi&me aussi bien que la louange , faire même quelques pas dans la foie de la toléranee religieuse ^ ne semble*-t-il pas que le moment approche le bon sens des peuples et des sou- verains, se gardant 4 la fois des périls de la licence féodale ou populaire et de ceux de l'absolutisme , va fusionner les idées justes sorties de deux sources opposées et s*élever à la compréhension plus nette de principes encore mal déterminés? Ne croit-on pas apercevoir déjà les premières lueurs du jour qui , cinq cents ans plus tard, doit éclairer le monde, et n* est-on pas étonné, par exemple , en descendant le cours de notre histoire , qu'il ait fallu taat de sîèdes de grandeurs, de misères, de despotisme et de révolutions , pour que la France de saint Louis devint la France de 1789?

Lamonarchie absolue aeu sa raison d'être et son utilité. Pareille au balancier qui , écrasant le métal sous son poids , lui donne une forme , un nom , une valeur, elle a créé les unités nationales , leur a imprimé leur physio- nomie et souvent même leur nom ; mais elle a fait chère- ment payer ses services et ses splendeurs.

SMls étaient sortis de leur tombe après un long som- meil , ces glorieux chefs d'une grande époque : Louis IX, le génie de la vertu ; Alfonse X, le génie de la science ; Jacme I", le génie de l'action , ils auraient sans doute regretté d'avoir tiré du vieil arsenal romain l'arme à deux tranchants de l'absolutisme, en voyant les peuples livrés en pâture à l'ambition de quelques hommes, la

520 LITRE IT, GHàPITBE V

justice embarrassée dans les replis d'ane procédure tor- tnense et inique, le pouvoir royal trônant sur les ruines de la liberté.

Mais les grands principes de yérité et de justice ne périssent point. Si, en attendant leur triomphe définitif , ils se voilent parfois , ils reparaissent plus éclatants d*àge en&gepour éclairer la marche inégale de rhumanité, comme un phare perce par instants les vapeurs qui Tob- scurcissent et jette aux navigateurs une lumière plus vive à mesure qu'ils approchent du port.

FIN DE LA SECONDE ET DERNIÈRE PARTIE

APPENDICE

IVOXES

SOURCES DE L'HISTOIRE DE lAGME I*'

(Suite)

Nous donnons ici l'indication d*un certain nombre d'ouvrages qui, pour la plupart» se rapportent spécialement aux matières traitées dans cette seconde partie. Quelques-uns cependant auraient été utilisés pour la première, s'il nous avait été pos- sible de nous les procurer ou de les consulter.

Il faut d'abord ranger dans la catégorie des chroniques con- temporaines des événements que nous racontons, les poésies historiques des troubadours, très-nombreuses pour la période

du règne de Jacme I*' comprise dans ce second volume. Les textes nous ont été fournis par Baynouard {Choix de foésm àen trwthadour$) , par Rochegude [Panuuu ùeeiianien)^ parTAù- ioire liUéraire de la France, et surtout par don Manuel Milà y Fontanals (De hs Trovadores en Espana). Hais la première con- dition pour pouvoir tirer quelque profit de ces textes est lear exacte classification chronologique* Il ne faut demander sur ce point que des indications assez vagues aux anciens biographes des troubadours et à Grescimbeni [Istoria délia volgar poeiia), qui a traduit Nostradamus, l'un d*entre eux. L* Histoire littéraire des troubadours^ de l'abbé Hillot, renferme de nombreuses erreurs; quelques-unes ont été reproduites par rJïtstatreitlf^mtre de la France. Notre guide le plus sûr a été Fexcellent ouvrage de H. Milà; mais, comme on peut le voir dans nos diverses cita- tions des poètes provençaux* nous avons mis le plus grand soin à contrôler les assertions de nos devanciers, et à ne donner jamais comme certaine une attribution chronologique sur la- quelle pourraient planer quelques doutes.

Nous devons encore placer an rang des sources les chroniques arabes d'après lesquelles D. José-Antonio Gonde, membre de l'Académie espagnole et de l'Académie d'histoire, a composé sa célèbre HistoHa de la dominadon de los Arabes en Espana^ que nous avons omis de meqtionner à la note B de noire première partie.

11 est une œuvre à laquelle on ne saurait se passer de recourir toutes les fois qu'<mtottëhe ti Fhiftloire de te Péninsule: nous voulons parler de la < Hisloria genercU de Espana^ por don Hodesto Lafuente, consejero de tlslado, individuo de numéro de las Beales Academias de la historia y de ciencias morales y poli- ticas» etc. » G'est seulement tl^uis la publication du premier volume de notre étude qu'il nous a été permis d'apprécier par MUBr-m&me la talent de l'otivrage dont nous vomr dt thnmer ietitr«y et les éminenies qualité» qui» chex dott Hodesto Lafiieafee, étevaient le comit k k hauleur du talents Nom ne ptMifons nous défendre d'm profond seMimeni de AMileur en paywnt le tribut de nos regrets 4 la mémoire de riltastre et^Mipulairv ht»' lorien^ I la place même nous espérions le remiMier des fiécwux encouragements i|u« nous éenms à ea iMfrrefilWie mm.

1

Nwsafoos comiiité en «cwtre :

Moret, Anales deNavarra^ Pampeinne, 1684;

ConêtUutim^i y mltns érBtêde CAlkaltmyay «dit. de 1586;

Messoi-Bejioier, les Coutumes de Perpignan {PtA^Hcet^ île h Sodéié archëotogtque de Montpellier)^ 1848 ;

Fueros y observancias de Aragon, édit. de MM. SâtuK et PiBûttt; fiaffagotse, 1861 ;

Fori regni VaUntiœ; Valence, 1M7, édition «nique des Fwrs de Vuéenee ;

Aureum opus regalium prwilegierûm àeUaiUs el regni VbMi- Hm; Valence^ 1515. Précédé de la pariie de \h Chronique royale qai a rapporl à la conquête de Valence. G'eat grâce à VÔUH" geance de doo Pedro Salvà, de Valence^ que nova amna pu noua procurer oei ouvrage et le précédent^ détenus Imia led doia d'une extrèfBO raillé ;

Juan Sempere^ Historia éel dereùho eêpM^ ;

Auionio 4e Capmany, Memorias Jiisioricai wbre ta marîM, €ommêr€iô y àrtes de la antigna <iiudad deBareelona; Madrid, 177» à 1702 ;

Antonio de Gapnaaay^ Codigo de las costumbrès tnariéima» de Bareelona\ Madrid^ 1791. Les travaux de Gapuiany sont osiez eonnuii pour que noua nous dispensions d'inaister sur leur vateur.

Amador de Riosi Hisknia aHUca de ia Uieratum iepim$ia ; Madrid, 1861 à 1866. Honument digne du talent de réorivalb qui rélève et des foires auxquelles il est consacré*

G. Ticknor, Historia de la literaimra espanola^ tmducidiel casleilano con adiciones y notas criticas, por D. Pascual de Gtyaii-' gos, îadividuo de la Real Academia de la hiatoria» y D% Eoriqiie deVedia ; Madrid, 1851 ;

Cambouliù, Essai sur f histoire de la Httératufe caimlane ;

Eugène Baret^ les Troubadmirs et Uur influence sfir la lii^ iéraiure du midi de V Europe ; Paris ; 1867.

Fernando Weyler y Lavina, Raknund^ Lulio juigado por èi iiiwfM;Palma, 1866;

Fernando Weyler y Lavina, Historia orgauica de las fuètsas miliiures de Mallorca: Palma, 1862;

Joaquin-Haria Bover, Historia de la casa real de MaUeràs y nùtieias de las monedae propias de esta isla ; Palmai 1855 1

524 APPKNDICB

Joaquin-Maria Bover, Noticias hiitaricihtapagrafieas dekbk deMallorca, édit.; Palma, 1864;

Villaroya, Colecdon de cariai hisUmco-eriticas en que $9 con- venue que el rey don Jayme /<> de Aragon no fue el v9rdadero auior de la cronica o comentarios que eorren a su nembrt; Valence, 1800.

Pascual Savall y Dronda, Exhoriacion à la instancia dek canoni%acion delrey D. Jaime l"" de Aragon^ llamado el Conqm' tador^ obra postuma del senor Gaspar Galceran de Castro y ck Pinos eonde de Guitnerà; Saragosse, 1861 ;

Jaume Febrer, Trobas dels linatges de la conquista de Fafeii- cia, édition de don Joaquin-Haria Boyer ; Palma, 1848.

Cet ouvrage, et les six dont les titres suivent, nous ont seni pour le travail qui forme le complément de ce volume et porte pour titre : Nom*mclature et armoriai des familles et des f»- sonnes les plus connues des États de Jacme P"". L'œuvre de Febrer est un poème catalan en sirophes de onze vers, dont chacune fait connaître les exploits et les armoiries de Tnn des conquérants de Valence. Il a été composé à la demande du roi Pierre UI par Jaume Febrer, inspecteur général des armées aragonaises. Nous disions, dans un travail publié sous le titre de les Fran- çais aux expéditions de Mayorque et de Valence sous Jacme I" le Conquérant : c Les Trobas , telles quelles sont arrivées jusqu'à nous , sont pour la plupart apocryphes quant à la forme. Des copies successives ont eu pour résultat de les moderniser peu à peu; mais il est probable que le fonds d'un très-grand nombre d'entre elles n'a subi que fort peu d'altérations. Quelques strophes, ajoutées sans doute dans l'intérêt de certaines familles, ont notablement affaibli Timporlance historique de l'ouvrage dans son ensemble ; mais il n'en est pas moins fort curieux sous bien des points de vue et conserve encore une certaine valeur de tradition, surtout lorsque ses assertions sont confirmées par d'autres documents, ou bien lorsqu'il s'agit d'un individu dont la postérité est éteinte ou a quitté l'Espagne depuis trop long- temps pour qu'on puisse croire à une falsification intéressée. >

Martin de Viciana , Cronica de la inclyta y coronada duded de Valencia, part. 11% libro de las familias, 1564. Cet ouvrage t été publié en quatre parties ; les deux premières ont été sup- primées avec tant de soin, qu'on peut les compter, dit an biblio-

]

NOTES 525

graphe espagnol , au nombre des livres les plus rares qui soient au monde. Nous possédons un n^anuscrit de la deuxième partie , comprenant le nobiliaire de Valence.

Francisco-Xavier de Garma, Adarga catalana; Barcelone, 1753;

Imhof, Recherches historiques et généalogiques des grands ^Espagne ; Amsterdam , 1707 ;

Imhof , Genealogiœ viginti illustrium in Hispania familiarum; Lcipsick, 1712;

Joaquin-Maria Bover , Nobiliario mallorquin; Palma , 1850;

Joaquin-Maria Bover, Memoria de los Pobladores de Mallorca ; Palma, 1838.

Nous avons trouvé encore des renseignements utiles dans la publication intitulée Recuerdos y Rellezas de Espana. La partie relative à la Catalogne est rédigée par don Pablo Piferrer; celle qui concerne FAragon, pardon José-MariaQuadrado.

Parmi les Sociétés savantes dont les travaux nous ont servi à éclairer certaines parties de notre étude, nous mentionnerons l'Académie royale d'histoire , fondée à Madrid par Philippe Y , et l'Académie royale des bonnes-lettres de Barcelone.

Enfin , pour compléter autant que possible la bibliographie du règne de Jacme P% nous donnerons les titres de quelques ouvrages que nous n*avons pu consulter , mais qui , au témoignage des personnes compétentes , ne nous auraient fourni aucun rensei- gnement nouveau. Ce sont :

Escolano, Historia de la ciudad y reyno de Valencia, 4610 ;

Pedro Tomich , Historiés e conquestes dels reys de Arago y comtes de Rarcelona;

Tornamira, Historia del rey don Jaime /<> el Conquistador;

Les parties introuvables de Fouvrage de Viciana cité plus haut; et la Chronique ou Histoire d^ Aragon du moine Gauberte Fabricio de Bagdad ou de Yagad, imprimée en 1499, dont les ouvrages de MM. Lafuente et Rosseuw Saint-flilaire nous ont fait connaître quelques fragments.

B

ADinnONS ET COimBCTIORS A LA PREfUËKE PAETffi

I . Da (Icheux conire-lcntps nous a empêché d'«Toir à iiolr« disposilion la Histaria de la conquigta de Mallorca de D. Jo6&- Maria Quadrado au moment nous rédigions notre premier volume. Nous avions , il est vrai , parcouru cet ouvrage dimat notre séjour en E«pagne ; mais qudques noies qui ne manquent pas d'importance nous avaient échappé. M. Quadrado a bien voulu , en nous envoyant son intéressant travail , nous mettre à même d'ajouter quelques éelaircissem«nts à notre récit de la conquête de Mayorque.

Au chapitre II du livre II, nous avons dit , d*aprës les indi- cations assez vagues des chroniqueurs » que l'armée royale était arrivée devant Mayorque le soir même de la bataille de Portupi , appelée par M. Quadrado bataille de Santa«Ponza. Le savant ar- clûviste mayorquin , cherchant à éclaircir les récits des chro- niques par l'examen topographique de la route que suivit l'ar* mée arrive au résultat suivant :

Mercredi , 12 septembre. Grande bataille ; mort des Moacada ; victoire des chrétiens ; campement au pied des monts de Portupi; dîner du roi dans la tente d'Olivier de Termes.

Jeudi 13. On retranche le camp; préparatifs de rinfaumation des Moncada.

Vendredi 14. Funérailles des Moncada; arrivée devait Mayorque*

Au sujet du siège de cette ville , on trouve , aux pages 371 et 276 de l'ouvrage de M. Quadrado, des indications chronologiques qui ont moins d'importance pour nous.

II. Nous avons dit ( page 282^ note 1 ), sur la foi de plu- sieurs écrivains , que les abareas étaient des sandales retenues par des bandelettes de laine , et nous avons reproduit (page 283)

SS7

UA passage littehon Iraduil cemot par catoi à'eipariUln.

il y a one errant t|ue doa Fernando Weyler y Lavina noua fûBmil les moyens de rectifier. L'aterce est un morceau de cuôr de bsBuf reoatt?frt de son poil, et percé sur les bords trous par leaqttris passent des lanières de coir. Lorsque le pied , na ou enveloppé de morceaux de drap, est posé sur cette peau étendue ^ on serre lcs( lanières, et les borda du cuii se relèvent sur la ém d«t pied. On se aevL encore de cette chaussure à Haynrqifea et dans If intérieur de rEspagne. LeiBalpargaéa$ ou s*- pmiiUas sont des sandales de chanvre ou de sparte; les premières soBi ea usage ea Catalogne et dans quelques au4res provinces; les secondes , k Iviza et dans le Riff , M. Weyler nous écrii les avoir vues.

ID. G'esl encore au savant auteur de la Hisloria de las fuerzas mMiaru de MaUorea que nous devons les renseiguemenla sui- vants au sujet de la Almudaina de la capitale des Baléares.

La Ahnudaiim était une sorte de petite ville dans la grande. Des remparts rentonraiem et en (aisaienlune espèce de citadelle. Mais* h l'intérieur , il y a^vaic, outre le palais des rois elle grande mosquée devenue la cathédrale , plusieurs rues demeuraient les principaux de la ville et ceux que leurs fonctions mettaient en relaiions fréquentes avec le souverain ou son lieutenant (Voy. aosBÎ Quadradû , Historia de la eonquieta de Mallorca, p. 385 , note 139.)

Vf. L'iqfipendice 6 de la Ethiaria de la cenquista de Mal* lowem nons donne quelques détails curieux sur la manière dent s'est opérée la répartition de Ttle conquise. Pour facilites cette opération, les principaux chefs de la conquête se diviaèrent d'abord en deux groupes. Dans Tun se trouvaient le roî,.6uiUem de Moncada j RamonAlamany,. les héritiers de GuiUem de Gla- nmoni,. les Templiecs , le prévôt de Tarragone et qqelqjues autres; le second comprenait Nunyo Sanchez, Benengner da Ager, le comte d'Àmpurias le vicomte de Béarn, Bernât de Santa-Eugenia, les évêques de Barcelone et de Girone , Tabbé de Sant-Feliu , le sacriste de Barcelone, etc. L'Ile fut partagée en huit parties dont quatre ftarent attribuées au premier groupe et quatre au second.

Dans chaque groupe se fit une sous-répartition entre les prin- cipaux chefs, lesquels, à leur tour, distribuèrent la part qui leur

I

528 APPEIIDICB

était échue aux combattants qu'ils avaient sous leurs ordres* La part réelle du souverain , après la sous«répartition opérée entre les seigneurs qui faisaient avec lui partie du premier groupe, fut à peu près du quart de Tile. Le Libro de repariimiento de Majorque contient la distribution de cette partie faite par le roi.

Outre la répartition générale des terres , il y eut aussi une dis- tribution de chevaleries. Ces chevaleries consistaient-elles en terres ou en rentes? C'est ce que l'on ignore. On sait seulement qu'à Mayorque on n'était tenu de fournir qu'un chevalier armé pour cent trente chevaleries. Les navires de Gènes, les hommes de Narbonne, de Marseille et d'un grand nombre de villes oo villages des pays aragonais reçurent des chevaleries.

y. Il résulte de l'acte par lequel le roi cède la seigneurie de Mayorque à don Pedro de Portugal , en échange du comté d'Urgel , que l'infant portugais pouvait disposer par testament du tiers des terres qui formaient la portion du roi. (Quadrado, Hist. de la conquistadeMalL, append. n** 5 et p. 445.)

VL Nous devons à Fobligeance de D. Yalentin Cardcrera y Solano, membre des Académies royales d'histoire et des beaux- arts, un renseignement qu'il ne sera pas sans intérêt de men- tionner ici. Le savant académicien que nous venons de nommer a cherché pendant plus de vingt-cinq ans un portrait de Jacmel*' qui pût figurer dans son excellente Iconografia espanola ; il n'en a trouvé aucun qui offrit des garanties suffisantes d'authenlicilé. On doit donc renoncer à l'espoir d'avoir une reproduction exacte des traits du Conquistador, Il est impossible d'attribuer ce carac- tère aux miniatures qui ornent quelques vieux manuscrits , et aux gravures sur bois qu*on peut voir en tète de plusieurs ou* vrages imprimés à Valence au WV^^ siècle, tels que la Chro- nique royale, la Coronica de Beuter et VAureum opus regaUum privilegiarum.

NOTES 529

COMPLAINTE D'AIMERIG DE BELENOI SUR LA MORT

DE NUNYO SANCHEZ

« Héias! pourquoi vit-il longtemps, pourquoi se conserve- t-il celui qui chaque jour voit croître sa douleur ? Toutes mes joies se tournent en pleurs; car un deuil cruel pénètre mon âme, et aujourd'hui il n'y a joie si grande qui puisse, quand j'y songe, éteindre ma douleur. Aussi ne puis-je mettre d'accord ni les mots ni les sons; car celui qui pleure ne peut bien chanter.

n Mon chant est pareil à celui que le cygne fait entendre tris- tement au moment de la mort. Je chante avec deuil et gémis- sements, pleurant le soigneur que je n'ai plus,Nunyo Sanchez, pour qui J'aurais mourir lorsque je Tai perdu , s'il était permis à Thomme de se donner la mort. Lorsqu'on perd son bon et cher seigneur, on devrait mourir, puisqu'on ne peut le recouvrer.

9 Mais je ne veux plus tenir un tel langage , seigneur Nunyo , quelque grande que soit ma douleur de vous savoir mort; car ce serait parler en insensé. Celui-là seul est mort dont Dieu n'a pas souci; mais Dieu vous a ordonné de venir à lui parce que vous avez su le servir, en servant la joie et l'honneur. Ceux-là sont roorls qui s'étaient habitués à vous aimer et qui vous ont perdu, seigneur, sans espoir de vous recouvrer.

B Avec vous sont morts bon sens, franchise et prudence; tout homme doit en avoir douleur, car toutes les vertus qui touchent à la valeur sont mortes avec vous . La fourberie revit ici au milieu de ceux qui ne cherchent point à se faire estimer. Mais que celui que l'honneur attire considère vos hauts faits ; ainsi il saura gagner Dieu et bon renom , s'honorer et honorer toutes choses.

S30 APPENDICE

» Maintenant je puis bien dire que le inonde entier va en empirant, qu'aujourd'hui il n'y a joie qui ne tourne en tristesse, si ce n'est la riche joie qui vient de Notre-Seigneur. Aussi fou me paraît celui qui espère et se repose dans une autre joie que celle d*obéir à Dieu . Monde pervers , tout ce que lu fais finit dans la douleur; aussi l'homme ne doit-il pas se fier à ton amour , mais rechercher son propre bonheur.

» Seigneur Nunyo, de vous je puis dire que jamais vous ne Tavez aimé que pour servir Dieu, que pour élever et honorer les siens, et pour confondre et rabaisser les méchants.

» Seigneur, je prie Dieu de donner asile à votre âme. Ici-bas vous ne m'avez que trop laissé de sujets de pleurs. »

(Voyez, pour le texte de cette pièce, Raynouard, Choix de poésies des troubadours , i. IV, p. 59; pour le texte et la tra- duction espagnole, Milà, de las Trovadores en Espatux^ p. 194.)

NOTES 531

D

DE LAUTHENT1GITË DE LA CHRONIQUE ATTRIBUÉE A JAGME !•'

Nous croyons que la question derauthenlicilé de la Glironique royale est tranchée déjà pour quiconque aura bien voulu nous suivre dans l'étude du règne du Conquistador. Cependant per- sonne, que nous sachions, ne s'est encore occupé de peser un à un les arguments ayant quelque apparence de valeur que Ton a dirigés contre cette œuvre. Il est vrai qu'une pareille discus- sion nécessitait l'examen préalable, à l'aide de documents authen- tiques, de certains points d'Iiistoire un peu trop légèrement sou* tenus par Yillarroya, le premier et le principal adversaire de la Chronique. Ces questions historiques ont trouvé leur solution dans le courant de notre élude; nous y reviendrons tout à Theure.

Pour mettre le plus de clarté possible dans le sujet auquel nous consacrons cette note , nous allons exposer succinctement : i^' les bases sur lesquelles repose la tradition généralement adoptée, qui admet l'authenticité de l'autobiographie du roi Jacme; 2o les objections qui ont été opposées à celte tradition; ^"^ la réfutation de ces objections; le résumé des preuves que nous apportons à l'appui de l'opinion générale.

I. Le roi d'Aragon , Jacme II, voulant faire connaître, dans les pays l'on ne parlait pas le catalan, les détails de l'histoire de son glorieux aïeul , chargea le dominicain Pedro Harsilio de composer en latin un volume qui serait à la fois « une histoire et une chronique ' , et pour lequel l'auteur mettrait à profit le recueil des hauts faits du roi conquérant, écrïi jadis en langue vulgaire et conservé dans les archives de la maison royale, u Vic- r> toriosissimi avi sui gesta , pristinis tempoHbus veraci stylo » sed vnigari collecta , ac in archivis domûs regiœ ad perpetoam » suae felicitalis memoriam reposita. » Telles sont les paroles.

532 APPENDICE

que Harsilio a mises en tête de son œuvre, terminée avant Tannée 1314*.

En 1325, un contemporain du Conquistador^ Hunlaner, écri- vant sa chronique, renvoie le lecteur au « livre que le roi com- posa sur la prise de Mayorque *, et au « livre de la conquête de Valence'», comme à une œuvre populaire dans les Etats d'Aragon, et sur Tauthenticité de laquelle il ne planait aucun doute.

Nous avons dit' que le manuscrit original de la Chronique royale, ou tout au moins un manuscrit du XIIP siècle, était resté à Poblet jusqu*en 1650, et qu'on en conserve k Barcelone une copie datée de 1343.

Aulhontique ou apocryphe, cette œuvre, que Marsilio disait avoir été rédigée depuis longtemps, pristinis temporibus^ remonte donc évidemment à une époque existaient encore des per- sonnes qui avaient vu Jacme P', qui avaient même été admises dans son intimité. Le grand roi , dont la vie s'était presque tout entière passée sous la tente, avait peu de mystères pour ses sujets. On connaissait ses goûts et ses habitudes, et Ton se serait délié de mémoires qui auraient paru après sa mort, sans que pendant sa vie on eût su qu'il y travaillait.

Déplus, la Chronique royale abonde en détails minutieux: les allées et les venues du roi, les villes il passe , les personnes qui l'accompagnent S celles à qui il parle, quelquefois même les costumes et les armes qu'elles portent font l'objet de remarques qui indiquent dans l'écrivain, non-seulement un témoin oculaire des événements, mais un acteur principal , pour lequel les plus petits indices ont souvent de l'importance. A moins de supposer que l'auteur inconnu n'a pas quitté Jacme un seul instant, on doit reconnaître qu'il lui était bien difficilede ne pas commettre, au milieu de ces détails , quelque erreur qui eût révélé la super- cherie aux contemporains.

Cependant nous voyons le Commentari accepté dès son origine

' Voy. Quadrado, Hist. de la conquista de Mail. Prologo, p. 8 et 9. Chronique de Ramon Muntaner, chap. VII et IX. 'Tome I, préf., p. xvi, note, et p. 426.

<Aa chapitre XV, par exemple, l'auteur dit , en parlant d'unGoillan de Pueyo, « lequel est avec nous au moment nous écrivons oe Uvre. >

NOTBS 533

comme l'œuvre du roi, cl tous les chroniqueurs et les historiens , depuis le XllP siècle jusqu'au XV1I1% depuis Muntaner jusqu'à dom Vaissèle, l'admeltre comme une autorité. De nos Jours encore, tous les écrivains espagnols et français qui s'en sont occupés avec quelque soin lui reconnaissent ce titre , se fondant à la fois sur l'anciennelé d*une tradition non démentie et sur le cachet de vérité saisissante qui marque toutes les pages de ce livre.

IL—Alafin du siècle dernier, donJosefVillarroya, de Valence, travaillait à une traducfion castillane de la Chronique royale, lorsqu'il fut assailli par la pensée que le roi Jacme pourrait bien ue pas être Tauteur de cet écrit. Séduit par la nouveauté de ridée, Villarroya abandonna sa traduction, et, après avoir tourné et retourné le Commentari avec plus de persistance que de saine critique, il finit par se former une conviction dont il fit part au public dans un ouvrage intitulé : Coleccion de cartas historico- criticas en que se convence que et rey don Jayme h de Aragon no fue el verdadero autor de la Cronica o commenlarios que carren à su nombre.

Les arguments mis en avant dans ce volume peuvent se con- denser ainsi :

1^ Comment le roi Jacme II aurait-il fait écrire l'histoire de son aïeul par le père Marsilio, si le Conquistador avait écrit lui- même sa propre histoire ?

2^ La Chronique affirme que le roi Pierre perdit la bataille do Muret par défaut de prévoyance et de soin dans Tordonnance de ses troupes, assertion au moins étrange dans la bouche d'un fils ; 3^ La prise de Valence eut lieu le 4 des kalendes d'octobre (28 septembre) 1238, et non, comme on le fait dire au roi, le jour de Saint-Michel 1239;

4* L'auteur du Commentari assure que Yolande d'Aragon était reine de Castille en 1238 et en 1244 ; or le Pape ne donna la dispense du mariage entre Alfonse et Yolande que le 25 janvier 1249, el le fils de Fernand III ne monta sur le trône que le 30 mai 1252;

5* On ne peut admettre que le roi ait raconté dans son livre sa confession au sujet do dona Berenguela ;

6* Jacme n'a pu écrire le dnrnier chapitre il est question de sa mort ;

554 APPENDICE

11 n*a pas non plus écrire la préface , qui n'a été faite qu'une fois Touvrage terminé ;

8"^ Des faits de peu d*importance ont dans la Chronique un développement exagéré; par exemple, la session descorts qui décidèrent la conquête de Hayorque ;

On y raconte des puérilités, telles que Thisloire de rhiron- dello qui avait fait son nid sous la tente du roi ;

10"^ On y omet, au contraire, des événements importants, comme le mariage de Jacme avec Teresa Gil et ses procès en divorce ;

11'' Il n*y est pas question des miracles qui ont eu lieu sous le règne de Jacme I'' ;

IS"" On n'y parle pas non plus de la fondation de Tordre de la Merci.

De tout cela, Villarroya conclut que le roi Jacme a peut-être laissé des notes qu'un écrivain inconnu a coordonnées, délayées et arrangées à sa fantaisie; peut-être aussi la prétendue Chro- nique royale n'est-elle que Tabrégé catalan du livre écrit en latin par Harsilio.

Tels sont, dans toute leur force, les arguments qui ont en- traîné à la suite de Villarroya quelques auteurs, parmi lesquels nous citerons M. Cervinus {Historische Schriften^ p. 278, notej. C'est en Allemagne, en effet, que les Carias historico-<:nUcas onl fait surtout des prosélytes; mais aucun d'eux, que nous sachions, n'a été à même de vérifier la portée des objections de l'écrivaio valencien. Quelques-uns ont cherché h découvrir dans le style de la Chronique, au moyen d'une analyse minutieuse, des in- dices qui, en réalité, échappent à toute appréciation, el qui n'ont d'ailleurs été mis en avant qu'à titre desimpies conjectures.

Un seul de ces arguments a assez de corps pour pouvoir être saisi et discuté; il appartient à H. HelfTerich, auteur d'one étude sur Ramon Lull el les origines de la liilératurecatalanei

* Raymund LtUl und die Anfange der catalanischen LUeraiur . Beriio, 1858. M. Adolphe Ebert a donné une, appréciation de cet ouvrage et de VEssai sur l histoire de la littérature catalane de M. Gambouliù, dans no article intitulé : Zur Geschichte der cutalanischm Literalur, inséré au tome II du Jahrhuch , fur romanische und engtisehe Literatury publié à Marbourg. M. Ebert ne se prononce point au sujet de Tauthenticité de la Chronique royale; il se borno à indiquer toute l'importance de la questioc au double point de vue littéraire et historique.

r

NOTES 535

L'honorable écrivain trouve étonnant que Jacme , avec le genre d*inslruction que les mœurs de son temps permettent de lui attribuer, avec le goût des citations classiques et des proverbes orientaux que révèle le Libre de la Saviesa , ait pu , d'un seul coup, arriver à la simplicité et au naturel qui distinguent le style de sa Chronique. H. HelfTerich pense que cette œuvre a pu être composée sous le règne de Pierre III, de fragments divers, dont quelques-uns ont été, sans doute, écrits par Jacme I". Cette opinion lui est suggérée par un manuscrit de la bibliothèque nationale de Madrid qui offre quelques- différences de fond et de forme (ttach Inhall und Anordnung) avec l'édition imprimée de la Chronique royale , ut se termine par cette mention : « Ego Johannes de Barbastro escribaino Hegis Pétri in civitate Bar- chinone anno a nativilate Domini millesimo CC octogesimo scripsi »

m. Noua allons examiner une à une et dans le môme ordre les objections que nous venons d'énumérer :

L'ouvrage de Marsilio, que Villarroya avoue ne pas con- naître, débute par une courte préface dans laquelle l'auteur explique la pensée du roi qui lui a commandé ce travail. Jacme II voulait un livre qui fût à la fois une histoire et une chronique, cunum historialem et chronicum codicem ^ ^ ei pour lequel on employât la langue latine. 11 s'agissait évidemment de rendre les hauts faits du Conquistador populaires dans tous les pays le catalan n'était pas compris, et de faire une œuvre littéraire, caractère que n'avait point, aux yeux de Jacme II, le manuscrit en langue vulgaire conservé dans les archives royales.

"2^ Jacme I" ne rejette point sur son père la mauvaise tactique des troupes à la bataille de Muret, mais bien sur les barons, « qui combattaient chacun pour soi contre la loi des armes >. Il est vrai que le chroniqueur attribue aux excès de la nuit la fatigue qu'éprouva le roi au moment de livrer la bataille ^ ; mais on connaît l'indulgence de l'époque, et celle de Jacme en parti- culier, pour le défaut que Pierre II transmit à son fils.

' (t E aquel dia que feu la batalla, es cert avia jagut ab una dona, si que

hoym decir per Gil son reboster que anch al Evangeli no poch

star de p-^us ans sr; asscch a son siti montre quel doyen , » (Chronique de Jacme, chap. VIII.)

536 ÀPPBNDIGE

La prise de Valence eut lieu, d'après la Chronique, la veille du jour de Saint-Hichel, ce qui correspond exactement au 4 des kalendos d'octobre, date de la capitulation signée à Ruzafa ^ Quant à la différence de l'année, elle s'explique parfailemenl en admettant que Jacme a adopté Tère de l'Incarnation qui, logi- quement, aurait précéder de neuf mois celle de la Nativité, au lieu de la suivre de trois, comme cela avait lieu. Il est donc | facile de comprendre que le rédacteur de la Chronique ait cru que le mois de septembre 1238 de la Nativité coïncidait avec le mois de septembre 1239 de l'Incarnation. Des erreurs do ce genre sont on ne peut plus fréquentes dans les anciens livires et même dans les actes. Il n'est pas probable d'ailleurs que Taoteur de la Chronique, quel qu'il soit, qui connaissait si bien la date du Jour de la capitulation de Valence, ait ignoré celle de l'année ;

4o En nommant, à propos des événements de 1238, sa fille Yolande, le roi ne dit pas qu'elle fût à cette époque reine de Caslille, mais bien qu'elle l'était au moment il écrivait son livre '. En 1244, il dit seulement qu'elle était femme deTinfani Alfonse de Castille, et cette assertion, qui a embarrassé les historiens et causé des erreurs chronologiques •, est entièrement justifiée par le testament de Jacme que nous publions parmi les Pièces justificatives de ce volume *. Le mariage d'Yolande d* Aragon avec Alfonse de Castille était conclu en 1241; il fut célébré en 1246, sans attendre la dispense pontificale, accordée seulement, s'il faut en croire Villarroya, le 25 janvier 1349.

Le roi prenait si peu la peine de cacher ses relations avec Berenguela Alfonso, qu'il amena cette princesse à l'entrevue d'AIcoraz, se trouva Alfonse X^ cousin germain de Beren- guela '. Le récit de la confession royale n'est pas autre chose qu'une tentative de justification de la conduite du Conquistador. C'est un de ces détails qu'une main étrangère n'aurait certai- nement pas songé à introduire dans une œuvre apocryphe, fjes

' Voy. 1. 1, Pièces justificatives, p. 464.

' Cliapitre GLXV de la Chronique. Voy. notre 1. 1, p. 3/7, note, et t. II, p. 450. » Voy. ci-dessus, p. 95, note 2. i V. * Voy. ci-dessus, p. 362.

NOTES 537

préoccupations d'une conscience troublée ont pu seules dicter celle page. Villarroya suppose, sans aucune preuve, que la Beren- guela dont il s'agit est Berenguela Fernandez. Nous avons vu qu'à peu près vers le tenips le roi fit celle confession, Clément IV reprochait à Jacme de « joindre l'inceste à l'adultère ^ » ; or l'infante castillane Berenguela Âlfonso était en effet parente du roi d'Aragon.

6^ Il faudrait supposer un çrand fonds de naïveté à l'écrivain qui, pour mieux faire accepter son livre comme une œuvre authentique de son héros, ferait raconter à celui-ci les détails de sa propre mort. Le premier qui a cru découvrir cette singu- larité dans la Chronique du roi Jacme est don José Rodriguez de Castro, auteur d'une £t6{io{6ca espanola. Ce bibliographe a tout simplement pris le manuscrit de d'Esclol pour celui de l'œuvre royale, et ne s'est pas aperçu, ainsi que l'a fait remarquer H. Amador de los Bios, que les chapitres qui suivent le récit de la mort de Jacme sont consacrés au règne de Pierre III. Villarroya, qui nous paraît connaître un peu trop superficielle- ment l'œuvre qu'il discute, a accepté l'assertion de Rodriguez de Castro. Nous avons donné, ci-dessus *, les dernières lignes de la Chronique. A la suite, presque tous les copistes ont ajouté une note il est dit que: « Le noble roi en Jacme mourut à Valence le six des kalendes d'août 1276. » La différence de rédaction ne permet pas de confondre celle note avec le corps de l'ouvrage, l'on ne parle jamais du roi à la troisième personne. Nous avons exposé nos doutes ' sur la parfaite authenticité des der- nières phrases du Cammontari. Bien qu'il ne soit pas absolument impossible que le roi qui dictait, quatre jours avant sa mort, les clauses minutieuses de son codicille, ail donné les indications nécessaires pour que sa Chronique, son journal, fût tenu au courant, il n'y a point d'invraisemblance à attribuer à un secré- taire la rédaction des deux ou trois chapitres qui contiennent seulement le récit de la dernière maladie du roi, et ne se font plus remarquer par l'abondance caractéristique des détails.

7o En supposant que la préface, entièrement distincte du corps

* Voy. ci-dessup, p. 359. « Voy. p. 509.

Voy. ci-dessus, p.'^506, note.

538 APPENDICE

de Touvra^'e, n^eût pas été écrile par Jacme, cela n'infirmerait en rien raulhenticitédela Chronique elle-même. Hais de ce que celle préface n'a pu être rédigée avant les dernières années du règne de Jacme le Conquéranty de ce que le roi y fait connaître sa résolution de se retirer du monde pour servir Dieu, est-il permis de conclure, comme Ta fait Tauteur des Carias historico* criticaSf qu'elle est évidemment postérieure à la mort de Jacme ?

Les objections 8 et 9 méritent à peine une réfutation. D. José Villarroya était peu familiarisé , sans doute, comme Ta dit M. Quadrado S « avec la saveur et le caractère des chroniques. » Il n'avait pas remarqué que les événements n'ont pas la même physionomie pour l'écrivain qui les regarde à distance et pour celui qui s'y trouve mêlé; que le premier voit seulement Ten- semble et les résultats, tandis que le second s'arrête aux détails; qu'enfin, dans les mémoires de tous les temps, les anecdotes tiennent plus de place que les grands faits historiques. D'ail- leurs ces objections n'attaquent pas raulhenticité, ce sont des critiques adressées à l'œuvre, quel qu'en soit l'auteur. Si elles prouvent quelque chose dans la question, c'est précisément le contraire de ce que Villarroya s'efforce d'établir.

10*^ Un raisonnement analogue peut s'appliquer à l'argument tiré du silence de la Chronique au sujet de Teresa Gil. Il était difficile à Jacme de parler en termes convenables d'un mariage dont la validité fut, jusqu'aux dernières années de sa vie, un sujet de dissentiment entre lui et la cour de Rome.

Uo Si, au temps de Jacme I'% il était réellement question des miracles que la tradition rapporte au règne de ce prince, le silence de l'auteur de la Chronique ne peut guère se comprendre qu'en supposant précisément que cet auteur est le roi lui-même, c'est-à-dire un esprit éclairé, habitué à n'ajouter foi qu'aux faits parfaitement constatés. En effet, puisqu'on ne peut nier que le Commentari ne date au moins des premières années du Xiy<* siècle, quel est, parmi ceux qui ont pu l'écrire, moines, clercs, secrétaires, celui qui n'aurait pas saisi avec empressement l'occasion d'augmenter l'intérêt de son livre en y introduisant le récit de quelques miracles? Jacme seul comprenait peut-être qu'il était plus prudent de s'abstenir.

1 Hisi. de la conquista de McUl. Prol., p. 9.

Enfin, comme la plupart de ceux qui précèdent, le .dernier argument de Villarroya se retourne contre l'écrivain qui Tin- Yoque. Esl-il plus facile, en effet, d'expliquer le silence d*un auteur inconnu que le silence du roi lui-même au sujet de la fondation de Tordre de la Merci ? Ne serait-ce point que la par* (icipation du monarque aragonais à la fondation de Pierre de Noiasque a été moins directe qu'on ne l'a cru plus tard?

On voit ce que- devient l'argumenlation délayée dans le volume des Cctrtas hi»ÈoricO'CriHcas. Les conclusions de ce livre ne sup- portent pas davantage l'examen. Si Jacme a laissé des notes sur son règne, ces notes ne sont pas autre chose que la Chronique - telle que nous la connaissons. Le Cammentari ainsi nommé dans les siècles suivants par allusion sans doute à l'ouvrage de César n'est qu'un recueil de faits racontés sans le moindre artifice de style. On se figure difficilement un langage plus simple. On y voit l'homme d'action qui raconte simplement ce qu'il a fait simplement. Rédiger les notes de quelqu'un, c'est donner la forme à ses idées ; or il est impossible que les idées de Fauteur primitif de la Chronique ne se soient pas produites de premier jet avec leur physionomie actuelle. Ce serait en vain que l'on obercherait, dans ces trois cent onze chapitres , les traces d'une préoccupation purement littéraire. Ou Jacme n'a jamais écrit de notes sur son règne, ou il leur a donné la forme que nous leur connaissons.

Quant à la supposition que la Chronique royale pourrait bien être l'abrégé de l'histoire du P. Marsilio, elle paraîtrait inexpli- cable si Villarroya n'avouait qu'il ne connaît point Touvrage du dominicain. Marsilio, nous l'avons vu , dit avoir mis à profit un manuscrit des archives de la maison royale d'Aragon ; quand raème Ton ignorerait cette particularité , un simple coup d'œil jeté sur les deux livres suffirait pour leur assigner leur date rela- tive.

L'argument que M. Helfferich a mis en avant sous toutes ré- serves, se trouve bien faible, privé de l'appui que lui prêtait l'opi- nion de Villarroya. Nous recommanderons néanmoins à l'écrivain allemand la comparaison attentive des diverses œuvres attribuées kiacmele Conquérant, Il reconnaître la même siflipliGité déforme appliquée à des matières différentes. Le ton sentencieux du Libre de la Saviesa n'appartient pas à Jrtcme^ maii»aux moralistes qu'il

542 APPBIIDIGE

contemporaiD du Canquisiadar^ il ne Ta pas abandonné un insiant pendant plus d'un demi -siècle, rédigeant son œuvre à côté et à rinsu du roi ; ou qu'enfin, ce qui est plus simple, cet auteur n'est autre que le roi lui-même.

j

190TES 545

E

PROJET DE CANONISATION DE JACME LE CONQUÉRANT

Vers Tan 1653 ou 1654, un descendant de Jacme P% don Gaspar Galceran de Castro, de Pinos , de Gurrea y de Aragon, comte de Guimera, reprenant une idée que nous avons vue mise en avant, dès le XIIP siècle, par le troubadour Mathieu de Quercy et le chroniqueur Muntaner, demanda la canonisation de son illustre aïeul . La Castille s'occupait en ce moment de faire admettre au rang des saints le roi Alphonse le Noble^ Tun des héros de Las Navas de Tolosa. Fernand III était canonisé par la voix du peuple avant de Tètre par celle de TÉglise ; il s*en fallait de peu que les Aragonais ne rendissent des honneurs du même genre au plus grand et au plus populaire de leurs rois. Mais autant il était facile de prouver les droits du conquérant des Baléares, de Valence et de Murcie, du législateur des Fueros et des Furs à la reconnaissance des peuples, autant il était malaisé de lui trouver des titres à la vénération de TÉglise. Le comte de Guirnerane recula pas devant cette entreprise ardue. Il écrivit un long mémoire, dlont le manuscrit original, le seul peut-être qui ait jamais existé, a été retrouvé en partie, il y a huit ou neuf ans, par don Pascual Savait y Dronda, avocat géné- ral (teniente fiscal) à Saragosse. L'érudit aragonais s'empressa de faire part au public de sa trouvaille , qu'il enrichit d'une introduction et de notes ^ Malheureusement ce n'est qu'un fragment de l'ouvrage. La table, qui s'y trouve jointe, donne le titre d'un grand nombre de chapitres entièrement perdus^ ce qui est d'autant plus regrettable que les pièces justificatives, copiées, à ce qu'il parait, à la fin du mémoire, auraient eu pour nous le plus grand intérêt. D'après ce que don Pascual Savait a arraché à l'oubli, on peut voir quels efforts ont été nécessaires pour

^ Exhortacion à la instancia de îa canonizacion, etc. voy. ci-dessus note A.

544 APPEFIDIGE

arriver à réunir quelques arguments spécieux , qui pussent donner une apparence de solidilé au projet de canonisation du roi Jacme. Les vertus et les mérites de la reine Marie, ss. mère ; de dona Sancha, femme d'Alphonse le Chaste, son aïeule ; de ses filles Sancha et Marie; de son fils Sanche, archevêque de Tolède; de sa petite-fille, sainte Isabelle, reine de Portugal, ont été groupés avec une certaine habileté. L'auteur du mé- moire fait ressortir ensuite les prétendus miracles dont le Con- quistador a été, d*après lui, le héros ou le témoin : la naissance du fils de Marie de Montpellier, la manière dont le nom du patron de l'Espagne lui fut donné, son éducation, sa valeur et son intelligence précoces, ses conquêtes rapides, et enfin tous les faits merveilleux que nous avons énumérés plus haut^ Le titre de l'un des chapitres perdus fait même supposer qu'on a attri- bué à Jacme le don de prophélie. Le comte de Guimera marche sur un terrain plus solide lorsqu'il vante la sagesse de son glo- rieux ancêtre, sa modération, l'utilité de ses réformes, sa piété, ses nombreuses fondations d'églises, ses encouragements aux ordres religieux. Il tente de justifier quelques-unes des fautes qu'on impute à Jacme, fautes rachetées d'ailleurs, dit-il, par des pénitences publiques et une sainte mort. Enfin il cherche à in- téresser au succès de son entreprise le plus grand nombre pos- sible de prélats, d'ordres religieux, de pays et de princes; mais tant d'eflbrls furent vains, et il ne paraît pas que la cause de la canonisation de Jacme le Conquérant ait reçu même un commen- cement d'instruction.

' Voy. ci-dessus, p. 384.

TTOTES 545

F

DÉTAILS SUR LES INHUMATIONS ET LES EXHUMATIONS

DES RESTES DE JAGME I"

Le Contjuistador avait ordonné à son fils Pierre de ne pas s'occuper de ses funérailles tant que la révolte de Valence ne serait pas entièrement réprimée. Pour se conformera ces ordres, Pierre III fil déposer provisoirement le corps de son père dans la cathédrale do Valence, devant le maitre-autel , et, en 1278, après le complot apaisement de la guerre contre les Maures rebelles , les restes mortels du glorieux monarque furent trans- portés au monastère de Poblet. On célélira à celle occasion de pompeuses funérailles , au milieu d'une « afflucnce si grande , dit MuntanerS qu'on n'a jamais vu une foule si considérable assister aux' obsèques d'un seigneur quel qu'il soit.... et qu'à six lieues de distance, les bourgs et les chemins ne pouvaient con- tenir les rois , reines, princes, princesses, archevêques, évoques, abbés, prieurs, abbesses, prieuresses , religieuses, comtes, barons, varlets de suite, chevaliers, citoyens, bourgeois et gens de toute condition » accourus à la cérémonie. La dépouille mortelle de Jacme fut placée dans un tombeau de bois , vis-à-vis celui d'Alfonse II d'Aragon. En 1390, un magnifique monument, construit par les ordres de Pierre le Cérémonieux, fut destiné à recevoir les restes des rois d'Aragon. Le cercueil de Jacme y occupa la place la plus rapprochée du chœur, du côté de l'évan- gile; il était renfermé dans un tombeau que surmontaient deux statues de marbre, représentant le Conquistador ^ Tune avec les vêtements royaux, l'autre dans le costume des moines de Giteaux. L'épitaphe était ainsi conçue :

ANNO DOMINI MCCLXXVl , YIGILIA BEAT^ MARIiE MAGDALEN.^ , ILLUSTRISSIMUS AC VIRTUOSISSÏMUS JAGOBUS, REX ARAGONUM , MAJORICARUM , VALENTI^ , GOMESQUË BARGINONiË ,

' Ghap. XXVIIL

X. n. 35

546 APPBNJ»1GE

ET URGELLl , ET DOMINUS MONTISPESSULANI

AGGEPIT HABITUM ORDINIS GtSTEBCIENCIS

IN VILLA ALGECIR^, ET OBHT VALENTIiE VI KAL.

AUGUSTl. HIC CONTRA SARR^GENOS SEBfPER PR/EVALUIT

BT ABSTULIT EIS REGNA MAJORIGARUM . VALENTIiE

ET MURTIiE , ET REGNA VIT LXI! ANNIS, X MENSIBUS,

ET XXV DIEBUS, BT TRANSLATUS EST DE CIVITAT^

VALENTliE AD MONASTERIUM POPCLETI , LBI SEPULTUS FUIT ,

PRiESENTIBUS REGE PETRO , FILIÔ SL'O , EJLS UXORE

CONSTANTÏA , REGINA ARAGONUM , ET VIOLANTE

REGINA GASTELLiE . FILIA REGIS JACOBI

PRiËDICTI , ET ARGHIEPISGOPO TERRAGONiË , ET IIULTtS

EPISGOPIS , ET ABBATIBUS AG NOBILIBUS VIRIS.

HIG iEDIFICAVIT MONASTERIUM BENIF.\ZANI , ET

FECIT MULTA BONA MONASTERÏO POPULETI.

EJUS ANIMA REQUIESCAT IN PAGE. AMEN.

En 1835, pendant les (roubles qui désoièrcnl TEspagne, une bande de forcenés s'acharna sur le splendide sanctuaire repo- saient quelques-uns des plus grands monarques de TAragon. Pobletfut envahi, saccagé et livré aux flammes; une partie des richesses amassées dans cette enceinte , par la piété de sept siècles, devint la proie d'ignobles spéculateurs ; le reste demeura enseveli sous les ruines du monastère. Cependant les dépouilles royales furent pieusement recueillies par les habitants et le curé d'un village voisin appelé La Espluga deFrancoli. Ces précieux débris restèrent déposés dans réglisc de cette paroisse jusqu'au 18 janvier 1843, jour ils furent remis à don Pedro Gil, négo- ciant de Barcelone , qui avait reçu de l'autorité le mandat de le:^ faire transportera Tarragone. Un procès-verbal fut dressé à celle occasion, et, parmi les resles qui y sont énumérés, figure le cadavre momifié de Jacme le Conquérant, qua Ton reconnut à sa haute stature et à la cicatrice de la blesFurc qu'il avait reçue au front pendant le siège de Valence. Si Ton en croît un article qui fut publié en 1848 par un journal de la Havane, et que nous lisons dans rédilion espagnole de VHistoire liUéraire de M. Ticknor, la figure du roi conquérant était encore parfaitement conservée.

Aujourd'hui la dépouille Mortelle de celui que l'on a appelé le meilleur roi du monde repose en paix dans la cathédrale de Tarragone.

pnBM::E]is «ruisxiFie^xivE:»

DONATION DU COMTAT VENAI8S1N FAITE A CECILE DE BAUX PAR BATMOND VII, COMTE DE TOULOUSE

Manifeslum sil omnibus presenlibus el fuluris quodanno Do- inini M". CC**. XL. Videlicot VI kalendas Marcii. Nos Raymun- dus Cornes Tholoso et Marchio Provencic non decepli non cir- cunspecli non circumvcnli non dolo non molu aliquo inducli sed mea propria et spontanea voluntale litiilo donacionis inlcr vivos donamus et concedimus omni causa îngralitudinis ces- sante et omni alia causa post obilum noslnim si continuât nos decedere sine filio masculo de uxorc procrealo dilecle et caris- sirae nepli noslre Cecilie filie nobilis viri dilecli Barrai dcBaucio et heredibus suis tolam tcrram quam habomus tencmus et pos- sidemus vel nobis habere tenere et possidere debemus cilra Rodanum in imperio cum caslris villis fcudis et proprietatibus juribus ralionibus et rébus aliis omnibus nobis in dicta terra competentibus et compeliluris ad habendum tenendum et possi- dendum et quidquid inde placuerit faciendum. Dicto Domino Barrali presentietrecipienli diclamdonacionem in nomine dicte Cecilie niie sue et. .. ejusdem Cecilie prefate promitentes bona Gde et per sacramentum a nobis corporaliter inde prestatum su-

548 APPENDICE

per sancta Dei Evaogelia quod contra diclam donacionein per nosnec peraliquam aiiam personam inlerposilam aliqua ora nec aliquo (empore contraveniemus. Sed volumus illam esseralainet firinan et perpetuo duraturam pro ut superius conUnelur. El ul dicta donalio niajus robur oblineal firmilalis. Nos prediclus Co- rnes promilimus bona fide nos curatnros et effecturos de po.-^se Dostro quod Dominus imperalor predictam donacionem super omnia predicla accordel et confirmet et inde privilegium suum det et faciat prefate Cecilie nepte noslre. Renunciantes in lioc facto onini exceptioni et omni juri canonico et civili promulgalo seu promulgando nobis competenti seu compelitnro et specialiler interdicenti donacionem excedenlem summam quingenlorum aureorum. Sive in sumalione non valente omni jure per quod prefala donacio posset impediri. Actom est hoc apud Montelium in Venexi in Castro superiori quod est Giraudi Audemari. Testes interfucrunt Raymundus deBaucio = 6uilIelmus deBau- cio = Dragonelus de Monte-Albano = Raymundus Gaacelmi de Lunello = Guillelmus de Sabrano = Lambertus de Montelio = Guillelmus de Barreria = Guillelmus Aogueris = Pelnis de

Podio Alto =:Pelrus Anguerris Guillelmus Anguerris =

Guillelmus Cavallerie et plures. In cujus rei testiroonium nos diclus Raymundus Cornes Tholose et Marchio Provincie présen- tera carlam fecimus sigilli noslri munimine roborari.

(Archives de la couronne d'Aragfoni parchemins de Jacme I*' , n* 835.)

PIÈGES JUSTIFkCATIYBS 549

II

TRAITÉ d'alliance ENTRE JAGMB ET RAYMOND Vil ^

In nomine Domini nostri Jesu Christi. Nos Jacobus , Deigratia, rex Aragonum, et nos Raymundus, comcs Tholoi», facimus inler nospacem ettoncordiam et firmatam confaderationem ut simus ad invicera adjutores et convalitores in omnibus etspecialiterad defeosionem fidei calholic» et Sanct» Rooiana^ Ecclesi» quam semper lotis viribus promittimus defendere et juvare conlra orones impugnatores suos et contra omnes hsereticos de terris et locls nobis subjeclLs. Juxla voluntatem EccIesisB omnem hœre- sim curabimus exlirpare et salvo in omnibus honore Ecclesias , erimus ad invicem coadjutores et convalitores contra omnes ho- mines, bona Gde; sedex his nos rex praediclusexcipimus regem CaslellsB et comitem Provinciœ, ilaquod contra istos non tenea- mur nos comitem juvare, immo possimus eos coadjuvare, et nos cornes prœdictus excipimus regem PrancisB et regem Càstella) , ita quod contra istos non teneamurnosdictum regem Aragonum adjuvare, salva tamen voluntate et mandato régis Pranciae, quan- tum ad nos, et ista sic tractata et ordinata curabimus juvare et assecurabimus complere et observare. Dalum Montipessulano , XIIII kal. maii anno Domini HCCXL primo.

(Bibliothèque de Garpentras, collection Peiresc, n* xliv, tome I, ^ 34. Copie portant la mention suivante : « SceUéenlacs de soye rouge du grand sceau du roy Jacques d'A'^agcm séant en son lict de justice et tenant l'espée à la main d'un costé, ooec Vinscripiion : »{« S. lA. DI. GRÂ. REG. ÂRAG. MAIORICARVM VALNCIË. Et au revfrs, le mesme roy sur son cheval bardé et palissé^ portant son escusson d'Aragon, à la gauche ; sa lance avec la banderole de mesme , à la droicte ; et autour les deux costés la couronne en teste^ n'estant que de quatre pointes perlées àlacime, et l'inscription : * GOMITIS BARGH. VRGELLI DNI MON- TISPLANl. —Delà layette d'Aragon^ en l'armoire^ près de la porte, »)

* Pour cet acte et le suivant, nous avons cru devoir accepter l'ortho- graphe et la ponctuation des copies conservées à la Bibliothèque de Gar- pentras. Nous avons seulement rectifié un certain nombre de noms propres.

550 APPENDICE

III

' TRÂTE ENTEE JAGIIE ET EAYMOND VU

Noverinl universi quod inleriacobiiin Dei gratia regem Ara- gonum et Raymundurn eadem gralia comitem Tholosanum sunt treugTB initaBet pacta conventa in hune modum infra scriptum , videlicet quod inler eos et suos et terram eorundem el suorum est et esse débet firma et incorruptibilis treuga et concordia bona fide contracta a festo omnium sanctonim usque ad duos annos continuoset completos, et inlerius et inlra praedictuin teiopus uterque. ipsorum et sui debent a molestatione, injuria et damno alterius et suorum abstinere. Yerum si contingeret quod intra tempus diclorum duorum annorum seroel vel saepius aliquid ab aliqua parte vel suorum contra ipsas treugas vel pactioncs dictarum treugarum qualitércunque fieret, injurias et damna illata arbi- trio seu arbitragio duorum virorum qui a partibus eligerentur de- bent plenarie resarciri intra quadraginta dies, treugis pr^ediclis usque ad duos annos pra^dictos nihilominus in sua firmitate ma- nentibus. In praedictisautem Ireugisest tota terra régis Aragonum et suorum a Rhodano usque ad Valentiam et totum regnum Va- lentisB et totum regimen Majoricarum per mare et per terram et tota terra comitisTholosani et suorum citra Rhodanum el ultra et ubicuroque sit el specialiler Massilia el castrum de Braganson per mare et terram . In aliis vero locisquae non sunt in treugis, si rex Aragonum faceret vel moverel guerram vel guerras contra quamcumque vel quascumque personas vel aliquis seu aJiqui facerent vel moverent guerram contra ipsum regem vel suos vel terram suam vel suorum, cornes Tholosanusnon débet defendere vel juvare illam vel ilUs personas, nec debe^ esse per se vel per suos contra regem Aragonum vel suos in guerra vel guerris. Eo- dera modo, si cornes Tholosanus moveret vel faceret guerram vel guerras contra quamcumque personam vel quascumque perso- nas, vel aliquis seu aliqui facerent vel moverent guerram cootra ipsum comitem vel suos vel terram suam vel suorum rex Arago- num non débet defendere vel juvare illam vel illas personas, nec

PIÈGES JUSTIFICATIVES 551

débet esse per se vel suos contra comitem Thôlosanum vel suos in guerra vel guerris. Trcugae vero praedict» valid» et firmas esse debent et erunt usque ad praBdictOs duos annos , nec viola- buntur necviolari debent modo aliquo vel infVingi etiam jussu majoris privilegio indulgentia mandato vel remissione qualîbet indolta vel indulgenda etiam a Domino Papa vel ejus legato. Si vero intra praedictos duos annos rex Aragonum haberet manda- lum summi ponlificis quod impugnaret comitem Thôlosanum, vel cornes Tholosanus baberet mandalum régis Franciac de im- pugnando ipso rege Aragonum, alter alteri posset desmandare treugas, ita tamen quod post desmandationem ipsam treugae prae- dictaB firmae durent et durare debent per sex menses continuos et completos. Pro praedictis aulem treugis firmiter observandis de- bent jurare viginti barones ex parte régis Aragonum et quinqua- gintaprobi homincs Montispessulani ; ex parte vero comitis Tho- losani debent jurare viginti alii barones et quinquaginta probi hominesper se etsinguli quinquaginta singularum ipsarum uni- versitalum mandato jurabuni et jurare tenebuntur omnia praedicta et singula observare. Et est sciendum quod a Narbona versus Ros- silionem et Cathaloniam vicarius Rossilionis et senescallus Ru- Ihinensis debent arbitrari de piano de damnis et injuriis resli- tuendis et emendandis, a Narbona vero ultra versus Tholosam et Calurcum et alias partes versus Montempessulanum debent arbi- trari de piano senescallus Vainaissini et tenens locum régis in Montepessulano et vicarius Massilias ; in praedictis vero treugis est et esseintelliguntur R. Gaucelmi dominus Lunelli et sui et nos memorati Jacobus rex Aragonum et Raymundus, comes Tho- losanus praediclas treugas et omnia supra dicta et singula lauda- musetconfirmamus etbona fidepromitlimus et omnia et singula servare et adimplere per nos et pernostros et contra non venire perhaec Sancta Dei Ëvangelia a nobis corporaliler lacta. Actum in Montepessulano YIUI kal. maii, anno Dominic» incarnationis M ce XL primo. Testes sunt : P. CJgo comes Ëmpuriarum, G. de Capraria, R. de Fossibus, Barralus de Baucio, P. de Villanova, 6. de Barreria in quoruir testium praesentia, anno et die prae- scriptis, juraverunt omnia prapscripta et singula mandato dicli Domini régis, scilicel G. Johannin bajulus Montispessulani et UgoPulverelli, J. Frolgerii, B. Deleclio, R. de Melgorio, G. de Albalerra, P. do Posqueriis, V. Lamberti, G. Garnerii, D. de

552 APPENDICE

Mesoa, P. Ricardi, 6. de Yilari, J. de Ginnacho consules, P. Ri- galdi, P. Ricardi, B. de Ândusia, P. Gros Cambaforl, R. Lam- berti, R. Arbrandi, J. Tabernarius, G. de Murlis^ G. deHairano, R. Comte, Freminus Burgensis, D. Faber den Raffina (?), G. Re- cherii, S. Bovici, R. Hue, P. Salvador, G. de Sancto Martino, B. de Sancto Paulo, G.Rogerii, P. de Fonvivis, Firminus Dieus lo fes,F. deRibalta, T. Vesiano, Jo. Dalaus, Po. Garmi, UgoFab., G. Guillelmi, G. Rorneri, G. de Yincio, Guillermus Fab., D. Fotrii{t) G... de Cumballotis C^)^ Ëlyas Garnerii, R. Lamberli frat. Bereng. Lamberli. Signum Guillelmoni scribaî qui de volun- laie el mandato ulrius^que hoc scribi fecil, loco, die et anno prae- fixis.

(Bibliothèque de Garpentras ; manuscrits , n* 636. Liasse iotitulée : Documents relatifs à l'histoire de Provence. Copie vidimêe portant la men- tion suivante : « Scellé en doubles lacs de soye rouge du grand scH de Jacques, roy d'Aragon. Extrait de la Sainte-Chapdle de Paris, 1612, en la layette d'Aragon, en entrant, contre la fforte, à main droite. CoUationné par nous con* ' secrétaire du roi en la (^noOterie de Provence. MoUin.9)

PIlkcES JUSTIFICATIVES 553

IV

SENTENCE ARBITRALE AU SUJET DU DIVORCE DE RAYMOND VII

ET DE SANCHA d'aRAGON

Noverial universi quod nos Jacobus Dei gracia Rex Aragonis Haioricanim el Valencie Gomes Barchinooe et Drgolli et Dominus Honlispesulani et nos R. Gaucelmi dominus Lunelli et nos Albela mandatnus ac precipimus quod Cornes Provincie faciat Reginam Sanciam super separatione ipsius et Comitis Tolose pelere divorcium celebrari inter se el Comilcra Tolose coram judicibus a scdc aposlolica deiegalis. Alioquin expellat eam de Provincia et auferat ab ca omne quod dédit ei nec preslct ex lune ei clam vel palam auxilium consilium et favorem. Item pre- cipimus quod Comes Tolose det operam ad dicUim divorcium faciendum quam polerit et quod Comes Tolose in locum dotalicii quod habebat dicta Regina a Comité Tolose det mille marchas argenti de presenli et centum marchas argenli quandiu vixerit annualim et quas assignet ei in loco competenli ad cognicionem Régis Aragonis et Comitis Provincie. Item precipimus quod nuncii initantur ab utroque Comité ad sedem apostolicam pro dispensacione pelenda in hiis que dictis comitibus videbitur expedire. Et nos predicli Comités auditis omnibus supradictis approbamus et recipimus supradicta et promitimus nos atendere et complere. Datum Hontipesulano nonas Junii anno Domini M^ CC^'XL^' primo := Testes sunt Comes Empurii = Eximinus de Focibus = Sordellus = Rostangnus de Podio Alto. »= 6. de Labarrera. = Berlrandus Alamandoni = Et ego Guillelmonus scriba, qui mandato predictorum el voluntate hoc scripsi loco die el anno prefixis.

(Archives de la ooaroiine d'Aragon, parchomins de Jacme I*% n* 845.)

&54 APPENDICE

Vf bis

PROMESSE DE JACME A RAYMOND VII

Noverinl universi quod nos Jacobus Dei gracia rex Aragonie Maioricarum et Valencie Cornes Barchinone el Urgelli el doininus Monlispcssulaiii profitemur vobis viro nobiii R. eadem Coroili Tolosano et marchioni Provincie nos suscepisse peliciones ves* Iras infrascriplas in Romana curia promovendas : videlicet quod dominus Papa ab omnibus senlenciis excommunicalionis el in- terdicti vos et terram vesiram absolvat cl omnes iilos qui pro vestra valenlia sunl excoramunicati. Item quod dominus Papa dispensât super matrimonio contrahendo inter vos et Saociam filiam Dobilis viri Gomitis Provincie. Item quod palri veslro concedatur ecclesiastica sepultura si per inquisicionero consti- lerit signa in eo penitencie precessisse. Item quod remitatur vobis crux vobis per dominum Romanum imposita et nécessitas transfretandi et ibidem morandi propter obsequium quod in deflencione Romane ecclesie exibere debeiis. Item quod reroi- tantur vobis a domino Papa illa decem milia marcharum et alie summe pecunie que et quas secundum formam pacis Parisiensis ecclesie Romane et aliis ecclesiis seu personis ecolesiaslicis sol- vere debuistis. Item quod remitatur vobis destruccio domo- rum Tholose que de mandato domini Romani destrui debuenint. Item quod super querimoniis et controversiis quas habetis cum ecclesiis et ecclesiasticis personis terre vestre Gai inquisicio de piano de mandalo domini Pape super possessione et pro- prietate per viros suspicione carentes per quos dicte conlro- versie lerminentur. Item quod inquisiciones que contra here- ticos credentes fautores vei receptatores eorum fiunt vel tient ad formam redigantur terre tolerabiiem et quod super condempna- tionibus faclis contra jurisdictionem et penilenciis injunclis salubre remedium apponatur. Nos igitur rex predictus pro- mitimusbona fide vobis prefato RaimundoComiti Tholosano nos curaturos et effecturos pro viribus noslris cum domino Papa quod in modum prescripUim omnes peliciones supradicte et

PliCES JCJ9TIF1GAT1TS8 555.

siogule compleantur. Quod si forte oblinere a Sede Apostolica ea non possemus absolvimus vos et liberamns a promissione juramento et homagio que nobis pridie fecislis super deffencione Romane ecclesi^t. conUa. In9p^ra(or?ia et valîtorAs ipsius assu- menda nobiscum. Datum Montipessulano, YII^ idus junii^ anno Domini M* CC* XL^ primo, Testes sunt hujus rei R. Berengarius Comes Provincie P. Hugo Cornes Empuriarum Exiroinus de Focibus R. Gaucelmi Albeta. Signura lïi Guil- Iclmoni scribe qui mandato domini régis hoc scripsit loco die et anno prefixis.

( Archives de l'Empire français, carton J, 5S7. Aragon, I, n* 4. )

556 APPENDICE

DEUXIEME TESTAMENT DU ROI JACME

Qoniam in conjugio rnarilali plurima bona concurrunt inter que maximum esl procrealio filiorum ad servicium hominum Salvaloris : id circo nos Jacobus Dei gracia Rex Aragonum Maioricarum el Valencie Cornes Barchinone el Urgelli el Domious Honlispesulani disposuimus in plena roemoria noslre libère sanilatis inicr fîlios quos de diversis matrimoniis habere dinos- cimnr bona que Deus nobis conlulit distinclis patrimonibus dividcre pariter et parliri ne forte questionis dicenlio possit oriri inter filios et de jure succedentes nobis in posterum. Dignura duximus inter eos dividere noslra prout convenit sepa- ratim. Preoipimus ilaquc corpus meum sepeliri in Monasterio Populeti et in tumulo non depiclo sed sub terram anle altare Sancte Marie ejusdem Monasterii et in loco per quera vadeaot ad allare transeuntes. Beliquimus Alfonso primo genito nostro et Régine Alionor lotum Regnum Aragonis et lotam Calaloniaoi Rippam Corciam Palars Aran et dominium comitatus Urgelli cum omnibus ad predicla loca perlinenlibus. Et relinquimus post obitum consanguinei nostri Nunonis Sancii Petro filio nostro et Régine Yoles conjugis nostre Rossilionem Conflueotera Cerri- taniam et Vale spirium cum omnibus eisdem pertinentibus : el relinquimus dicto Petro filio nostro totum Regnum Valencie a Biar usque ad Rivum Hul de Cona et a Rivo de AWentosausque in mare et sicut dividit terminus Rachene cum Castella usque in mare: Et relinquimus dicto Petro filio nostro Regnum Maio- ricarum et Minoricham et totum jus quod P. Infans Portcgale dédit nobis in Eviza. Et relinquimus eliam dicto Petro filio nostro Gastrum Habib et Adamus et dominacionem et villam Monlispesulani et Castrum novum cum tota dominacione ejus- dem et Castrum de Latis et dominacionem et Castrum de Pron- tinya et totum quod ibi modo adquisivimus et Castrum de Omelaç et totum Omelades et Castrum de Basaluc et jura que habemus in comitatu Melgorii et de Honte Ferran et Castrum de Pozola quod 6. de Montpestler tenet in vîta sua et jura que habemus in Lupian et in Castro de Huntferrer et omnîa jura voces et acciones quas habemus et iiabere debemus in Carcasses

PIÈCES JUStlFlCATlYES 557

Termen et Termenes Rases el Fonoleâes Âmiliavo Âmiliaves el Gavalda. Si unus aulem nostrorum predictorum filiorum absque legitimi conjugii filio decederet omnia Régna loca ville et castra et prediclas dorninaciones revertantur alteri filiorum: et si ambo decedeient sine legiliroo filio revertantur predicla omnia filie nostre Yoles conjugis Alfonsi primogeniti illustris FF. Régis Castelle et filiis ex eadem Tôles filia nostra légitime decenden- tibus. Relinquimus insuper Gonstancie filie nostre et Régine Tôles conjugis nostre sexaginla millia morabelinorum alfonsi- norum quorum Iriginta millia donet ei Alfonsus prediclus filius Doster et alia triginla millia morabetinorum donet ei dictus Petrus filius nosler et intérim ipsa Gonstancia teneat tandiu castrum de Muntclus et de Roda cum omnibus reddilibus quousque ipse Alfonsus dederit sibi dicta triginla millia mora* belinorum et teneat scilicet ipsa Gonstancia tandiu castrum et villam de Morcla et de Xerica cum omnibus reddilibus quousque dictus Petrus filius nosler dederit supra alia triginla morabeli-* norum : qui ambo predicli filii noslri infra spaciun unius anni post obilum noslrum induant mille paupcres pro remedio anime nostre. Mandamus siquidem quod omnia débita nostra solvantur lia quod Alfonsus omnes exilus et reddilus Barchinone donet in solucionem debilorum nostrorum quos reddilus aliquis fidelis Barchinone teneat et percipiat annuatim in tanlo tempore quous- que débita sint soluta et injurie restitule et Petrus filius nosler donet omnes reddilus civitalis Yalencie in solulione debilorum nostrorum quos reddilus teneat aliquis fidelis Yalencie el per- cipiat annuatim tanlo tempore quousque débita sint soluta et injurie restitule. Si quod aulem castrum Sarracenorum ex illis que ad manus nostras non tenemus occasione mortis nostre perderetur sive se absolvent prediclus P. filius noster et Regina Yoles conjux mea douent tanlum viginti mille solidos prc remedio anime nostre si ab hoc cognoverint plura dare non posse. Gonquerentes autem de nobis undecumquefuerint veniant ante presenciam venerabilium et dilectorum nostrorum Archie- piscopi Terrachone et Episcopi Barchinone quos constituimus ad injurias emendandas et solvenda débita et ad alias inferius exsequenda. Si forsan unus predictorum prelalorum decederet alius possit facere soluciones et si ambo vixerint el inter esse non potuerint unus eorum omnia scripta tam superius quam

558 APPENDICE

inferius exsequatur. Archiepiscopus aiilem Terrachone eligat iinum virum fidelem 61 Episcopus Bai'chinone ad jpercipiendos rcddilus locorum prediclorum pro anime noslrc rctnedio assi- gnatos solulis aulem debilis nostris el injuriis emendalis exilus Barchinonc reverlanlur Régi Aragonls el redditus Yalencie Régi Valcncie. Mandamus etiam quod predicU fliii noslri Alfonsus el P. douent Monasterio Populeti duo millia morabetinoruro alfon- sinorum Monasterio Sanctarum Crucuin mille morabetinos Monaslerio de Scarpio dao millia morabetinorum Sexene mille morabetinos Sanlo Ilario Ilerde quingentos morabetinos Operi minorum Yalencie mille morabetinos Domui de Berola mille morabetinos Monasterio de Roda mille morabetinos ol de Yal- bona mille morabetinos et de Franchedis quingentos morabe- (inos de Benifassi quingentos morabetinos de Pedregalio dacentos morabetinos de Ripol ducentos morabetinos Monasterio Sancti Johannis juxla Ripol ducentos morabetinos de Amer ducentos morabetinos de Casues ducentos morabetinos Monasterio Sanc- tarum Crucum juxta Sanctum Johannem de Lapena ducentos morabetinos Monasterio Sancti Yictoriani ducentos morabetinos et mille morabetinos pro remedio anime dompne Tode Ladre quos sibi promisimus in sua ultima voluntate. Predictos aulem omnes morabetinos dentur de redditibus Barchinone el Yalencie et per médium. Rogamus igitur Honachos Populeti quod pro remedio anime nostre faciant celebrari quinque mille missas et illi Sanctarum Crucum tria rtiillia missas el illi de Scarpio tria millia missas domus de Sexena mille missas illi Sancti Ilari Ilerdc ducenlas missas Predicatores Yalencie mille missas mi- nores Yalencie mille missas illi de Berola tria millia missas illi de Roda tria millia missas domus de Yalbona ittillè mlkias illi de Franchedis quingenlas missas illi de Benirassi duo millia missas domus de Pedregalio mille missas illi de Ripol duo millia missas illi de Sanclo Johantie juxta Ripol mille missas illi de Amer quin- gontas missas illi de Banyoles seplingenlas missas illi de Sanclo Felice de Guixols quingenlas missas illi de Yillabërlran trecf nias missas illi de Bellopodio nfiille lï^issas illi sancti Rudi Ilerde ducenlas itiissa^s illi de Sanclo Johanne de Lapena niille missa:} Domus de Casoes mille missas illi Sanctarum Crucum juxta Sanctum Johannem de La Pena trescentas missas illi Sancti Yictoriani duo millia missas. Rogamus etiam fralrem R. de

■■I

P]È«ES mSTIFIGATIVES SS9

Penna-forli fratrem Berengarium de Castro Episcopali fratrem G. de Barbera el fratrem Michaelein de Fabra predicatorum quod présentent Archiepiscopo Terrachone et Episcopo Barchinone conquerentes de nobis et super iis ipsis predicatoribus credatur el consulant filiis nostris predictis qiiod leneant secum et habeant quamdiii vixerint omnes homines noslre curie sive creaoionis et per médium. Ponimus siquidem animam nostram in tutelamet posse domini Pape supplicantes eidem quod prcsens testamen- tura faciat observari et venientes contra ipsum excomonicet et precipial Archiepiscopo Terrachone et Episcopo Barchinone quod si filii predicti vel alii contravenire atteraptaverint vel prescripta omnia non compleverint eosdem habeant licenciam excomonicandi. Comendamus insuper filium nostrum P. cum loto Regno Valencie FF. Infanti Aragonis patruo nostro ita ut ipse eum usque ad quindecim annos teneat in potestate sua infra quos annos Regina Tôles conjux raea teneat et percipiat omnes redditus Valencie. Comendamus etiam dictum ISlium nostrum P. et Reginam Yoles conjugem nostram et ponimus in defTensione FF. Uiustris Régis Casteile. Rogantes eum ut eosdem et eorum loca et bona non permitat ab aliquibus molesiari. Assignamus insuper Régine Yoles conjugi nostrc pro arris suis castra et villas de Segorb deOnda de Xerica de Horella de Alma- nara de Murvedre et de Peniscola cum omnibus pertinenciis et redditibus universis in quibus omnibus et singulis locis predictis istis teneat ipsa quamdiu vixeril suas arras et viduagium post obitum nostrum. Mandamus itaque universis aliqua predictorum castrorum et villarum tenentibus quatenus faciant ralione Pétri filii noslri homagium Régine Yoles conjugi nostre salvis tamen ipsi Régine Yoles arris suis sicut superius est expressum. Datum Barchinone kalendas Januarii anno Iccarnationis Domini Millesi simo Ducentessimo quadragessimo primo Sig ^ num Jacobi Dei gracia Régis Aragonum Maioricarum el Valencie Gomilis Barchinone et Urgelli et Domini Montispesulani = Uujus rei- lestes sunt : = 6. de Enlença= Eximinus de Focibus= A. de Gudal= Eximinus de Luna.= Ferricius de Liçan£^= Sig i^i Dum Guillelmoni scribe qui mandato Domini Régis pro domino Barengario Barchinone Episcopo cancellario suo hoc scribi fecit loco die et anno prefixis= Lecta fuit Régi. (Archives de la couronne d'Aragon, parchemins de Jacme I*% n" 867.)

:

560 APPENDICE

VI

ABSOLUTION DE L* EXCOMMUNICATION ENCOURUE PAR JACME POUR OFFENSE ENVERS l'ÉVÊQUE DE GIRONE

Noverint Univers! quod Nos Philipus Episcopus Gainerineosis el fraler Desiderius de ordine Hinorum Domini Pape Penilen- ciarius aucioritale Domini Pape qua fungimur super absolutione Vobis Jacobo Régi Aragonum impertienda de excommuoica- lione quam incurristis propler oflensam in personam Episcopi Gerunde comissam mandarous Vobis in virtute a Vobis prestili juramenli quod de cetero in clericos vel personas religiosas oxceplis casibus a jure pcrmisis non mitatis vcl ab aliquo roili lacialis manus Lcmere violentas. Et acceplamus satisfaccionem quam oblulistis spontaneus pro offensa predicta : videlicel qiiod monasterium de Benifassa ordinis Gisterciensis per vos féliciter inchoalum dolando el ediflcando laliter consumctis ut cum ad presens non possint ibi plus quam viginli duo monacbi esse valeant ibidem quadraginla commode sub^tenlali : et quod fabrice ejusdem Ecclesie ducenlas marchas argcnli impcndalis. Et hospitali Sancli Vincencii de Valencia per vos simiiiler jam inceplum de lot et talibus possessionibus dotetis ul redditum sexcentarum marcliarum argenli annuarum habeat completuro. Et nichilominus stabiliatis de vestris redditibus unura sacerdo- tem qui pcrpcluo deservial et celebret in Ecclesia Gerundensi. Dalum lllerde anno Domini M.GG.XLVI. XIIII kalendas no- vembris.

(Archives d'Aragon, parchemins de Jacme I", 1059.)

PIÈGES JUSTIFICATIVES 561

vn

PBBAlfBULB ET TITRES DES FUEROS D*ARAGON ^

Nos lacobus Dei gratia Rex Aragonura, Haioricarum et Ya- lenlisBy Cornes Barchinon»et Urgelli, el Dominus Monlispesulani. Peraclis conquists noslraB Sairacenorum acquisilionibus : et quid- quid cilra mare Orientale : fines debilse acquisitionis noslrsB conlinent miseratione divina nostro dominio vendicantcs; quare nos, armoruin proviso tempore , intendentes pacis providere temporibus , solicitudinem noslram ad Foros Aragonum : per quos ipsum Regnum regatur primo poreximus: eo quod Regnum illud sitcaput noslrsBcelsitudinis principale. Yerum ut actiones nostr» condiantur maturius : et fori Aragonum addendo, de- trahendo, supplendo , exponendove necessario vel uliliter corri- ganlur : in urbe nostra Oscensi generalem Curiam duximus inducendam : ubi praesenlibus Illuslri patruo nostro domino Ferrando Infante Aragonise, et vencrabilibus B. Cesaraugusta- nensi, Y. Oscensi Episcopis : et Nobilibus Richis hominibus domno P. Carnelii Maiordomo Aragonum , 6. Dentença, 6. Romei, R. de Liçana, A. de Luna, Eximino de Focibus, et plu- ribus Militibus, et Infantionibus, et Proceribus, et Civibus Civi- tatum et Yillarum, pro suis Gonciliis destinatis, Foros Arago- num (prout ex variis predecessorum nostrorum scriptis colle- gîmus) in nostro fecimus Auditorio recilari : quorum singulis CDllationibus, discussis omnibus subtilius, e\ detractis super- vacuis et inutilibus , compietis minus bene loquenlibus , et obscuris compelenlibus interprelationibus expositis, sub volu- mine, et certis titulis antiquorum Fororum : quosdam amovimus, correximus, supplevimus, ac eorum obscurilatem elucidavimus, omnium dictarum personarum consitio et convenientia penilus

* n ne faut pas oublier que le texte primitif, aujourd'hui perdu, des Pueros de Huesca était en aragonais. Les copistes et les imprimeurs ont fait subir quelques altérations à la traduction latine, que nous donnons d*après l'édition Savall et-Penen. On s'apercevra aisément de certaines incorrections qu'il faut imputer sans doute aux anciennes éditions et qu'il nous a été impossible de rectifier.

T. n. 36

562 APPEIfOIGE

annuente.Per hos Foros in plnribus quos antiqui Fori non sine magno temporalium rerum incommodo, ac animaruni periculo, non zelo justitis, sed ambiliosa malitia infligebant, dominio nostro per eos nihil accrescendo penitus, nec subditoruro nos- (rorum libertatibus acceptabilibus detrahendo. In virlute ilaqae débit» nobis fidei omnibus Baiulis, lusliciis, ÇalmedinisJaralis, ludicibus, Alcaidis, lunctariis, oflicialibus quibus ofGcium cog* noscendi, et iudicandi de causis commillilur : et cunctis nostris fidelibus iniungimus, quod bis Foris tantum ulantur in omnibus et singulis causarum discussionibus, et terminationibus eanin- dem. Ubi autem dicti Fori non sufTecerint, ad naluralem sensum. Tel 8Bqni(atem recurratur. Profeclo qui secus contraversati fue- rint, ipsos tanquam reos laesae Majeslalis noslr» animadversione débita puniemus.

Liber primus

De Sacro Sanclis Ecclesiis et corum minislris *.

De His qui ad Ëcclesia confugiunl, vel palatia Inranlionum.

De Pignoribus.

De Rerum testatione.

De Postulando.

De Procuratoribus.

Quod cujusque Universitatis.

De Negoliis gestis.

De Dilationibus.

De Advocatis.

De Edendo.

De Pedianda baereditate.

De Jurisdictione omnium judicum

De Salisdando.

Liber secundus

De Privilegio abseulium causa Beipublicae. Ne Pater, vel mater pro filio lencatur.

* Les titres de fueros ne portant aucun nmnéro d'ordre.

PIÈGES JUSTIFIGATITES 563

NeFilius pro pâtre, vel maire leneaiur.

De Filiis illegitimis.

Ne Vir sine u?[ore, aul uxor sine viro alienare possii.

De Foro competenti.

De Praescriptionibus.

De Mutuis pelilionibus.

De Probalionibus.

De Testibus.

De Testibus cogcndis.

De Confessis.

De Fide instrumenlorum.

De Jure jurando.

De Feriis.

De Sacramento deferendo.

De Yerborum significatione.

De Re judicata.

Liber tertius

De Pœna temerè litigantium.

De Lege Aquilia.

De Re militari.

Si Quadrupes pauperiem fecisse dicalur.

De flasliludio.

De Scaliis.

De Arboribus incidendis.

FamiliaB herciscund».

Gommuni dividundo.

De Consorlibus ejusdem rei.

Finium regundorum.

De Confmalibus arboribus.

Liber quarius

Mandati. Gommodati. De Usuris. Locati et conducti. DeMercenariis.

564 APPENDICE

De Deposito.

De Emptione et venditione.

DePaclis inter emptorem et venditorem.

De Jure einphiteotico.

De Fidejussoribus.

De Haeredibus fidejussoruro et malefaclorum.

De DoDBtionibus.

De SolutioDibus.

fie Alimentis praeslandis.

Liber quintus

De Immensis et prohibitis donationibus.

De CoDtraclibus coDJugum.

De Jure dotium.

De Secundis nupliis.

Rcrum ainotarurn.

De Teslamenlis.

De Tuloribus, manumissoribus, spondalariis et cabeçalariis.

De Natis ex damnato coKu.

De Contractibus minorura.

De Exhœredatione filiorum.

De Rébus vinclatis.

De Juslida reddenda et non vendenda.

De Adoptionibus.

Liber sextus

DeConditione infanlionalus et de proclamantibus in servitulem

De Re mililari *,

De Stipendis et Stipendiariis.

De Hommagio.

De Promissione sine causa.

De Forma difTidamenti.

' Il y a aussi dans le livre /// un titre de Re militari» Il contient un seul fuero relatif à la dégradation du chevalier coupable de brigandage. Celui du livre VI a rapport aux devoirs du chevalier et à la défense de conférer cette dignité au Ûls d'un vilain.

PIEGES JUSTIFICATIVES 565

De Munitione et construclionc miinilionum. De Huneribus agnoscendis. De Expedilionibus.

«

Liber septimiLS

De Pace et proleclione Regali. De Confirmatione pacis. De Fabricalione monetae. De Confirmatione monetse . De Lezdis.

De Moderatione rerum venalium. De JudaBis et Sarracenis baptizandis. De Judaeis et Sarracenis. De Sarracenis fugitivis. De Decimis judaeorum et Sarracenorum. De Decimis chrislianorum.

De Non alienandis possessionibus iributariis judaeorum et Sar- racenorum. De Aqua pluviali arcenda. De Pascuis, gregibus etcapannis. De Yenatoribus. De Rivis, furnis et molendinis. De Taberna, balneo, furno et molendino. De Âccusationibus. De Gonsiliariis.

Liber octavus

De Gustodîbus carcerum.

De Prodiloribus.

De Yeneficis.

De Invasoribus viarum publicarum.

De Yiolatoribus Regalis protectionis.

De Grimine falsi.

De Homicidîo.

De Adulterio et stupro.

De Yi bonorum raptorum.

De Haeredibus furum.

De Furto et nominando antore,

566 APPENDICE

De Receptoribua. De Pœnis.

De Divisione pecunisD pœnalis. De Injuriis. De Modo mulctarum. De Duello.

De Gandentis ferri judicio abolendo. De Tabellionibus. De Appellationibus. De Milite usurario. De GoDluniacibus.

De Consiructione, substentalione et reparatione fossatuurn et muronim. De Expeditione infantionum. De Proditionibus. De Furlo avium. De Furto canum.

Appendice aux ruEROS de Huesca ^

De Sacramento judsorum.

Hfld sunt maledictiones.

De Sacramento Sarracenorum.

Quomodo debent examinari testes.

De Elongatione debitorum.

* Nous considérons comme appendice au code d'Aragon cinq fueros qui ne paraissent pas faire partie intégrante du recueil de Huesca. Ce sont trois formules de serment, une instruction sur la manière d'interroger les témoins et une loi sur la prolongation des délais accordés aux débiteurs, qui M promulguée séparément en 1259. (Voy. Disc, prélim. de Tédit. des Fwros de MM. Savall et Penen, p. 18.)

PIÈCES JUSTIFICATIVES 567

VIII

9RBAMBULB ET RUBRIQUES DES PURS DE VALEflGE *

En ]o any de noslre Senyor H. CC. XXXVIil. nou dies de Octu- bre * près lo Senyor en laurae per la gracia de Deu Rey Darago la ciutat de Yalencia.

Oomençament de sauiea si es la temor de Deus, et natural* roenl lo deuem temer e amar : la temor perque ell es poderos : com aquellqains feu de nient : ens desfara, com a ell vendra de plaer : car res non podem fer sens ell, segons la paraula quens retrau sent loan en la Euangeli. Amar lo deuem de tôt nostre cor, e tota noslra pensa: car ell es donador de gracies, e debens spirituals et teroporals. Et majorment lo deuem temer, e amar los Reys : temer perque es tôt poderos : et amar per lo be quens dona: car per eli regnen et han bones costumes et maior poder et maior riquea. Et la raho perque Rey deu regnar maior- ment: si es per justicia : car.aquestali esdonada, que si justicia nofos^ les gentsnohaurien mester Rey. Primerament es neces. saria que menys de« justicia no poden viure los homens en aquest mon: car no tan solament se deuen julgar los homens per los Reys, o per aquells qui tenen en lur loch : hon los es donat poder del Senyor de les créatures : e nul hom no pot viure en verilat ni endrelura si donchs no ten justicia en si raatex: car si hom no julgaua a si tam be com al altre : no poria hauer vida de manera de home : ne segoos la noblesa ne dignitat que Deus volch donar a home quant lo feu a semblança de si. Donchs car justicia es illuminament de les coses que son spiri- tuals et temporals. Car nul hom pot venir a saluacio, si prime- rament no repren a si delà faliments que fara, ne pot ben gouer- nar ço que Deus li ha donat si ab fe y ab justicia, et ab carrera damor no guarda sa gent aquel a qui es donada : que a aquells que faran

* Nous copions textuellement l'édition unique de 1547.

* C'est la date de l'entrée des chrétiens à Valence, et non celle de la capi- iulatioD. (Voy. t. I. p. m.)

568 APPENDICE

be rela gardo de be : e aïs que faran mal reta guardo de mal, bauenl misericordia migancera quanl yeura que loch sia. Car lum terrenal en los homens poden veer et guardar si et allruy de errar ve per justicia. Donchs aquesla no pot esser bea tenguda si no es per los maiors : car si cascun podia fer ço que ha en ▼olentat a allruy: aquest seigle no séria, mas ténèbres et dolor: car aço es declararoent de cor, e de pensa del hom : car nos donara duble que alcun li faça mal si donchs no fahia perque. Et silosReysson de bones costumes en lotescoses, o enpariida: nol? tendria prou tola aquella gracia que Deus los haura dada : si donchs no vsauen de justicia et de drelura : car aquest es lur offici de veritat. Et fahen be aquesla gracia de justicia, perque noslre Senyor los hi ha meses molles allres bones costumes poden passar etencobrir: car aquesla es gracia coberla delsReys. Eaxi com nos en lacme per la gracia de Deu Rey Darago« de Mallorques, de Yalencia, compte de Barcelona, et de Yrgell, et Senyor de Honpesler, volenls que noslre Senyor nos julge hauen a nos misericordia : en aquesla roanera deuem nos jutgar nostres soUmeses : oras la misericordia no ha obs de ser tanta que eximplede mal pogues donar als allres ques volguessen venjar et emparar per sa aucloritat propria de ço que es oifici noslre dels venjaments. Etjalsia que nossiam necligenls alcunes vegades en justicia pus que a nos no hauria mesler : ne a aquells qui noslre Senyor nos ha comanals claman merce a aquell qui aquesla gra- cia et aquest poder nos ha lan gran donat que ell quens ho per- don. Car algun hom en aquest mon no pot viure sens peccat : et si nos hauem errai conlra lo ofTici que nos tenim per ell hauem Yolontat que daqui a auant no errem plus. El per aquesla raho hauem fet aquest libre de dret : el quai melem noslra pensa et de nostres sauis aquells que nos poguem hauer Bisbes, e richs homens, Cauallers et homens de ciutat : Et pregam e manam a (ois aquells qui seran, o volran esser dins aquests furs, que guarden e obscruen, e manlenguen aquests furs : et per aquests se jutgen per tols temps.

Comencen les costumes et els slabliments de la Ciutat, et del Règne de Yalencia : del Senyor en lacme per la gracia de Deu Rey Darago et de Mallorques el deValencia, compte de Barceiona

PIÈGES JUSTIFICATIVES 569

et de Trgell, et Senyor de Monipesler : axi com dauall son orde- nades daquell qui la Giutat, e lot lo Règne ab gran vicloria guanya. Les quais costumes, e Furs per aquel foren fets en lo any M. CG. L. Dolze anys après la dita Ciutat y Règne per aquell fonch guanyal.

Com manamenls sien de dret honeslamenl viure : e a altre no agroujar, e son dret a cascu donar : els princeps de les terres per la misericordia de Deu hajen rehebuts los gouernaments dels règnes: perço que donassen egualment son dret tarobe al pobre coro al rich : e que purgassen de mais homens ab gran diligencia les prouincies a ells comanades no departen de bon fossen aquells mais homens. Emperaço Nos en lacme per la gracia de Deu Rey de Arago de Mallorques e de Valencia, Compte de Bar- celona, e Durgell, e Senyor de Monipesler: cobejanls dur a aca- bament les deuant dites coses : hauent Deus dauant nostres vulls» costumes en aquesta Real Ciutat de Valencia, een tôt lo Règne, e en totes les viles, e castells, alquerîes, toires, e en tots altres lochs en aquest règne edificats , o a editicar sotsmeses nouellament per la voluntat de Deu al nostre gouernament fem, e ordenam ab voluntat, e ab conseil den Père per la gracia de Deu Arquebisbe de Tarragona, e dels bisbes de Arago, e de Cata- lunya : ço es a saber den Bercnguer bisbe de Barcclona, e den Vidal bisbe Dosca, e den Bernât bisbe de Çaragoça', e den Pons bisbe de Torlosa, e den Garcia bisbe de Taraçona, e den Bernât bisbe de ViCh: e ab conseil dels nobles barons den Ramon Foich vescomple de Gardona, e den Père de Moncada, e den Guillem de Moncada, e den Ramon Berenguer, e den Ramon de Peralla, e den Père Ferrandez Dalbarrazi, e den Père Cornell, e den Garcia Romeu, e den Examen Dorrea, e den Arlal de Luna*^ e den Examen Periz : e dels prohomens de la Ciulal : ço es a saber den Ramon Père de Leyda, e den Ramon Ramon, e den Père Sanç, eden Guillem QeBelloch,e den Bernât Gisbert, e den Thomas Garridell, e den Guillem Moragues, e den Perc de Bala- guer, e den Marimon de Plegamans, e den Ramon Durfort, c den Guillem de Lacera, e den Bernât çaplana, e den Père Hartell, e den Guillem Bou, e den Sleue de la Geferia, e den Vch Marti, e den Ramon Hunyos, e den Ferran Periz, e den Andreu de Linya, e de moll altres. Mas empero si costumes no

570

APPBIIDICB

eren posades en scril : porie esser entre aquells qui pledejen gran confusio: e porien exirgran malaria de contendre. Per ço com memoria de hom molt es lenegable : e la flebea de hom es roolt aparellada a vblidança. Et per aço aquestes costumes Ebid mètre en scril a perdurable memoria : car hauer memoria de tôles coses, e que en ninguna cosa hom no desuias majormenl perlany a Deu que a horoens. Yedam doncbs que Dingones altres costumes en la Ciiitat, o en algun aitre loch del règne de Yalencia en alguna cosa no hajen loch : mas per aquestes costu- mes la Cort els lulges dejen los pleyls jutgar e delermenar. Car asals conuenienlment poran départir per aquestes costumes la cosa egual de aquella que no sera egual : e la co^a leeriua de aquella que no sera leeriua. El aquestes coses en axi sobredi<> tes volem que lia bon aquestes costumes no poran abaslar: aquells que jutgaran puixen leeriuaroent recorrer a nalural seay eaegualtat.

Libre primer

Rubrica I.

~ IL

m.

IV.

V. -

VI.

VIL

vra.

IX.

X. -

- XL -

xn. -

xin. -

Del terme del règne de la ciutat de Yalencia*.

De les pastures y del vedat.

De la Corl e del Balle.

Del quart e pencs de la Corl.

De Segurelat et de donar fermança.

De clam que no sia mudat.

Quais perso'nes e coses puixen esser preses

sens manament de la Cort. Que luheu ne Sarrahi ne heretge no haja

seruu Chrislia. Daquells que tugiran a les sglesies. De Stablimenls e dels manamentsdel princep. De ignorancia de dret e de feyt. De prechs feyls al Princep. Que pendent e durant lo pleyl aigu nos

pusqua appellar.

' U faut lire : Del terme del règne e delà ciuUa de Valencia.

PIECliS JUSTIFICATIVES

571

Rubrica XIY. XV.

Si contra dret alguna cosa sera impetrada. Dels vults e de les ymatges.

Rubrica I.

II.

m.

IV.

V.

VI.

VII.

VIII

IX.

X.

XI.

XII.

XIII.

XIV.

XV. XVL XVII.

Libre segon

De moslrar publiques scriplures o comunes.

De aquells qui seran appellats en dret.

De conuinences et de conspiracions , ço es

de mais empreniments. De transactions e de composicions. De errada de compte. Dels aduocats. De quais coses infamia sia donada» o posada

a aigu. De procuradors. Que aigu no pusqua les sues actions , o

demandes donar necomanara pus poderos

de si. Dels negocis o dels aflTers que per aigu sien

menais , o feyts. Daquelles coses nue seran feyts per força,

0 per paor. De mal engan. De reslitucio de menors. Si ludor 0 curador sera els jeyts dels me- nors. De arbitres rebuis e de dar seguretats. De nauxers, de tauerners e doslalers. De sagramenl de calumnia.

Libre tercer

Rubrica I.

II. -

-- m.

De luhins , e orde de aquells.

Que negu per força no sia tengut de acusar

ne demanar altre. De contestacione/ litis , ço es de començar

lo pleyt.

572 APPBIfDICK

Rubrica IV. De dilacions ço es de allongamenl , e de

feries ço es de dies en que hom no deu pledejar.

V, De jurisdictio ço es de poder de lois julges

e de for conuinent ço es de corl conuinenl. E de conlencio de jurisdictio. VI. En quai loch déjà esser fêta demanda de crims, o de possessions , o de lexes feyfes en darrera voluntat.

VII. On deu esser deinanat aquell qui promes

donar, o pagar alcuna cosa en cerl loch.

VIII. En quai loch déjà esser fêta demanda de

coses.

IX. En quai loch heretal deje esser demanada.

X. En quai loch deu esser demanal conle de

alcuna adminislracio.

XI. De donacions que seran fêles coDlra ofGci

de pietat.

XII. De demanda de herelat.

XIII. En quai manera deu e pol hom recobrar la

sua cosa que allre le.

XIV. De Vsufruyt ço es daquell qui a drel el

fruyt a rebre da quella cosa, e no ha drel en la proprietal.

XV. De clauegueres, e de slremeres, el dal-

bêlions.

XVI De seruilut daygua e dallres coses.

XVII. De dan donat.

XVIII. De diuisio e parlicio dels hereus.

XIX. De les coses comunes a partir.

XX. De aquells que seran companyons de huo

maleyx pleyl .

XXI. De demoslrar aquella cosa moble en juhi

que sera demanada.

XXII. De jochs jugadors o blasfemadors.

Libre quart Rubrica I. Si certa cosa sera demanada.

PIEGES JUSTIFICATIVES 573

Rubrica II. Per quai raho deu hom demanar ço que no

sera degut , e sera pagat , e ço que per leja raho , e desonesta sera promes.

III. De coDdicio furtîua ço es de cosa qui sera

eroblada.

IV. De demandes e de obligacions.

V. Que la muller per lo marit, nil raarit per

la muller, ni la mare per lo fill no sien demanals.

VI. Nel fin per lo pare nel pare per lo Gll éman-

cipât , nel Hberl per lo palro sia demanal.

Vn. Daquells qui se stablexen pagadors dalcun

hauer, o dalcuna cosa per allre.

VIII. De proues.

IX. De lestimonis.

X. Mes val ço que en verilal es feyt que ço que

fenctament es scrit.

XI. Per quai raho deu hom demanar penyora

que haja mesa aaltre.

. Xn. Dauer que sera promes de prestar, e no sera

prestat.

Xin. De compensacio.

XIV. De Vsures.

XV. De deposit ço es de comanda, el de les coses

de les quais no deu esser feyta comanda. ^ XVI. -- De manament que alcu fa a altre per sos

pleyls a menar, o per allres coses a fer.

XVII. De companyia.

^- XVIII. En quai guisa compra e venda sia feyta.

XIX. Quais coses no dcuen esser alionades.

XX. Per quai raho se deu nés pot venda deffer

ni Irencar. '^ XXI. De les fires e dels mercats. -^ XXn. De les coses logades o de aquelles que son

preses a loguer.

XXIII. De dret de cosa que sera donada a cens.

XXIV. De décimes e premicies.

574

APPBIfOICB

Rubrica I.

H.

m.

IV.

V.

VI

Libre cinque

De arres e desposalles.

Si la muller a qui lo marit lexa lo vsufnijl

pendra altre marit.

De proinissio de exouars e del dret dek

exouars.

De donacioDs que seran feytes enlro inaril e muller.

En quai manera sia demanat lexouar quant lo malrimoni sera soit e départit.

De tudoria que sera donada ab testament , 0 sens testament.

Rubrica I.

n.

- in. -

IV, V.

VI.

vn. vm.

IX.

X. XI.

Libre si$e

Dels seruus que fugen e dels furts.

De collacio de bens.

Quais poden fer testament , o no , e quais lo

poden tenir, o no. De testaments. De aquells qui rooien sens que no haniaD

feyt testament. En quai guisa hereus sien feyts. Del dret que lian los hereus de delliberar si

seran hereus , o no. De rebujar beretat. De aquells als quais les heretats son toiles

axi com a persones indignes. De lexes que seran feytes per lo testador. De coses dubtoses.

Rubrica I. IL

Libre sete

De prescripcions.

De sentencies e actes de citacions, e de des-

pesés necessariés, et vtils, e que seran

feytes de voluntat.

PIEGES JD8T1P1QATITES

575

Rubrica III.

IV.

V.

VI.

VU.

Vffl.

IX.

X.

XI.

De pena del jatge qui mal julgara.

De execucio de sen tendes.

A quais no nou cosa jutjada.

Si per falses caries o per falsos Icslimonis

«era juljat. Daquells qui confessen en drel alcuna cosa. De appelacioDs. De aqueh qui poden renunciar, e lexar sos

bens. Dels bens que son possehils per auctoritat

de jutge. Del priuilegi del fisch ço es daqucll qui le loch del Princep.

Rubrica I.

IL

m.

IV.

V.

VI.

VII.

Vin,

Rubrica I.

- n.

m.

- IV.

V. VI.

Libre VIII

De força ode violencia que sia feyla a algun.

De penyores.

De fermances.

De pagues com deuen asser feyles.

De euiclions ço es daquelles coses que altri

haura guanyades per dret en juhi. Com pusca hom e dege altre affillar, e

emancipar. Daquells que son remuts de poder de lurs enemichs. >

De donacions.

Libre IX

Quais poden accusar.

De adulteris e de aquells qui sen menaran

fembres vergens per força. De crim de fais e de falsa moneda. De crim destellional ço es daquels qui a molts

vendran, o obligaran una mateiia cosa

per falsia. ' De injuries. De questions e de demandes feytes ab tur-

ments.

576

APPBNOICB

Rubrica

vn.

De crims.

viu.

De maUeytors y de guerrejar.

IX.

De crim de lésa magestat.

X.

De crim de tracio.

XI.

De denunciacio de nouella obra.

Xil.

De departiraent de coses.

XIII.

De feellat et de sagrament de fecllal.

XIV.

De guanyar senyoria de coses.

XV.

De significacio de paraules.

XVI.

De règles de dret.

XVII.

De naufraig e dcncant.

XVIII.

Del balle et de la cort.

XIX.

De noiaris scriuan^ e de salaris.

XX.

De guialge e de treues.

XXT.

De feus.

XXII.

Debatalles.

XXIII.

De molins e de forns el de banys.

~—

XXIV.

-9- De pa qui es de menor pes ede les mesures que son pus minues que no deuen esser.

XXV.

Del offici del pes e de les mesures.

XXVI.

Del offici de mustaçaf.

XXVII.

De mariners.

XXVIII.

Dels saigs e porters e del carcelalge.

XXIX.

De drapers e sastres e de vestirs.

XXX.

De draps e de fuslanis.

XXXI.

De cequiers.

XXXII.

De melges apolecaris e speciers.

•—

XXXIII.

De aquells que rebuguen morabalms, o mazmodines.

XXXIV.

De leuda e hoslalatge e allres drets Reals y de corredors .

^

XXXV.

De la mesura del pa.

—•

XXXVI.

Dl' preu de march de liura, donça, dalna , e de faneca.

XXXVII.

Delà mesura delvi.

XXXVUI

.— - De corda de soguejar la Urra . e del preu de les jouades.

PIBCB8 JUSTinCATlVES 577

IX

TESTAMENT D YOLANDE DE HONGRIE, REINE D ARAGON

Yanilatem vanilalum vanis mortalibus derelinquens et ad ▼itam vivencium ia secula pemnansuram spe cerla el in domino meo Jesu-Christo defixa perlransiens : Ego Yoles Dei gracia Regina Aragone Maioricanim ctValencie Comilissa Barchinooe el Urgelli el Domina Hontispessulani facio disposicionem meam ullimam in qua in primis eligo sepulluram meam inMonasterio Vallis bone ordinis Cislerciensis et volo ul fiât mihi sepultura plana ante allare Béate Virginis. De inde mando quod omnia débita mea solvanlur et injurie restiluanlur super quo rogo Dominum meum et roaritum Jacobum Dei gracia Regcm Aragone ut ea solvat et restituai et insuper legala infra scripla persolvat. Item comendo Domino meo Régi specialiîer filios meosel filias et Comîtem Dionisium de Ungria et Comilissam uxorcm ejus et omnes dominas domus mee et domicella? et Gregorium et Ar- chimbaldum cl Hagistrum Guidonem Phisicum qui mihi el fîliis meis multum servivit et Nicholaum Capellanum meum et do- micellos et scutiferos et omnem aliam familiam meam rogans ipsum Dominum Regem quatinus donet eis consilium el auxi- lium sicut ipse noveril justum esse taliter ut ipsi semper bene- dicant anime mee et regracienlur ei bonum quod ipse faciet eis amore mei. Item dimito filiis meis Pelro Jacobo Sancio comi- Utum de Posane quem tenet Rex Ungarie frater meus quem dimissit mii mater mea (.'t ipsi solvant débita el resliluant in- jurias que michi mandavlt mater mea solvenda el restiluenda sicut scil ea Episcopus Quinque Ecclesiensis. Item dimillo joyas meas quas habeo in Cardenio et ubicumque alibi el lapides preciosos filiabus meis Gonstancie Sancie Marie Helisabel dividcndas inter eaa adarvitrium Domini Régis. El est sciendum quod filiemee Tôles uxori domini Alfonsi primogeniti Régis Caslelle jam dedi partein joyis meis. Item instituo in Monaslerio Vallis bone apud quod elegi sepulluram meam quinque Capellanos qui semper célèbrent missarum solemnia el orent pro anima mea el Doinini T. n 37

578 APFJBMDIQB

Régis. Item dimitto eidem Monasterio mille morabetinos et Ho* nasterio Petregale centum morabetinos et Monasterio Fran- quesiano centum morabetitios et Monasterio Yallis viridis tri- ginta morabetinos et Monasterio Domnarum Sancli Damiani in Valencia ducentos morabetinos et Monasterio Dompnaram Sancli Damiani in Illerde quinquaginta morabetinos. Item rogo quod dominus Rex donet vestes mille pauperibus. Item detcivaria triginta milibus pauperum. Item dimitto fratribus Miuoribus Monlispesulani Perpiniani Barchinone Maioricarum Tcrra€l;one Illerde César Auguste Valenciecuilibet domui istarum centum ibo- rabetinos. Item fratribus predicatoribus cuUibet domui in eisdeiD locis centum morabetinos. Item fratribus minoribus Osce quin- quaginta morabetinos Item Ecclesie Sancte Marie de Sales de Oscba quinquaginta morabetinos de quibiis fiant casule et fronlalia altaris gloriose Virginis. Item Monasterio Sexene centum morabe- tinos pro camisiis ad opus domnarum. Item Monasterio de Gasues quinquaginta morabetinos. Item dimitto mantellum meum de serico cum sentis signi Regalis et supertunicale ejusdem pannifra- tribus predicatoribus Ilcrde ut fiat inde casula. Item alium man- tellum meum de amoret violât et supertunicale ejusdem panniMo- nasterio domnarum Sancli Damiani in Valencia: penne vero pre* dictorum manlellorum et supertunicalium vendanturct deprecio vestiantur pauperes. Item mantellum meum et supertunicale de pers dimilto Ermengaude uxori Pelri Martini. Item mantellam meum et supertunicale de scarlelo dimitto alicui domne pauperi ▼erecunde cui ea dare voluerildominusRex. Item duos roantelioâ de seda qui fuerint Domini Régis dimillo Ecclesie Sancti Vin- cencii de Valencia cui eos reservabam. Item dimitto Magislro Gerando Phisico Lombardo tria millia solidorum Jacccnsium. Item rogo Dominum regem qualenus servet indi'mpnem Ber- nardum scriplorem de denariis quos michi mutavit et assignafi sibi super bajuliam de Pratis. Et Kos Jacobus Dei gracia Bei Aragonum Maioricarum et Valencie Cornes Barchinone et Urgelli et Dominus Monlispesulani promiltimusvobisdomna Yoles uxori nostre dilecte et in qua plurimum confidebamus quod faciemos que poslulatis et débita veslra solvemus et injurias vestras resli- tuemus et legala predicta dabimus et insuper promittimus vobis quod davimus duo millia marcharum argenti pro anima vestra de illis duodecim millibus marcharum que Rex Ungarie fiater

PIÈGES JUSTIFICATIVES !^

vester promissit nobis in dotem pro vobis si ea poterimus ab ipso habere : et propter preces veslras recipimus omnes personas quas superius nominaslis in noslram cuslodiam et defenssionem et in spem beneficii quod eis faciemus taliter quod seroper possint benedicere Deo el anime veslre cl nostre de comenda quam facilis nobis de ipsis. Aclum est hoc in Oscha quarto Idus octobris anno Domini millessimo ducentessimo quinquagessimo primo. Sigifinum Yoles Dei gracia Régine Àragonum Maio- ricanim et Yalencie Comitisse Barchinone et Urgelli et Domine Montispesulani = Sigiimura Jacobi Dei gratia Régis Aragonum Maioricarum et Yalencie Comitis Barchinone et Urgelli et Domini Montispesulani qui predicla omnia et singula laudamus conce- dimus approbamus et per omnia confirmamus. = Testes sunt Sancius de Antillo = Bertrandus de Aones = Martinus Pétri Justiciu Aragonc = Marlinus de Ruiles = Ëximinus Almoravit =: Sig^num Guillclmi Scribe Domini Régis nostri qui mandato Domine Régine et Domini Régis hec scribi fecit loco die et anno prefixis.

(Archives de la couronne d'Aragon , parchemins de Jacme I*', 1964.

B80 APPERDICB

I 1

TBÀini DE GORBBIL

Hoc est translatum sumptum fideliler a quadam carta perga- menea si|{illala sigillo magno cereo viridi pendenli cum serico nibeo illuslris régis Francic in quo sigillo est imago régis se- dentis in ca(edra lenen(is in manu sinistra effigiem baculi com flore in capile et in dextera florero : et llKere ipsius sigiili sunt : Ludovicus Dei gracia francorum rex. Cujus carte séries sic sehabet. Ludovicus Dei gracia francorum rex universis pré- sentes iitteras inspecluris salulçm. Nolum facirous quod com inter nos ex parte una et dileclum amicum nostrum Jacobum eadem gracia illuslrem regem Aragone Maiorice et Vaiencie co- mitem Barcliinonc cl Urgelli et doroinum Montispessulani ex altéra suborta esset maleria quesiionis super eo quod nos dice- bamus comilalus Barchinone Urgelli Bisulduni Rosilionis Em- purdani Ceritanie et Confluenlis Gironde et Ëusone cum eorum perlinenciis de regno Francie et de feudis noslris esse et idem rex Aragone ex adverso dicebat se jus habere in Carcassona et Carcasses in Rcde et Redensi Terminis et Terminensi Biterrb et vicecomilalu Biterrensi Agadlia et Agadhensi Albi et Albigen» Ra- chineetRuchinensi comitatu Fuxcii Canlurco et Canturcino R ar^ bona et ducatu Narbone Minerba et Minerbensi FonoUelo et Fo- nolledes terra de Sallu Petraperlusa et Petrapertuscnsi Amilliano cum toto comitatu Amilliani Credone cum vice-comitalu Gredo- nensi Gavaldano Nemaus et Nemauscensi Tolosa cum loto comi- tatu Tholoseel Sancti Egidiicum honoribus districtibus et juribos universis ac pertinenciis eorundem : poslmodum acccdenlesad nos sollempnes procuralores et nuncii predicli régis Aragone ab eodem super hoc specialiter ad nos missi venerabilis videlicet Arnaldus Barchinone cpiscopus Guillermus prior Beale Marie deCorniliano et Guillermus deRocafole tenens locum ipsius régis in Honlepessulano nobis exhibuerunl Iitteras ipsius régis pro- curatorias in bec verba. Noverint universi quod nos Jacobos Dei gracia rex Aragonum Maioricarum et Vaiencie cornes Barcfai-

PliCES JUgTIFIGATITCS 581

none et Urgelli et dominus Montispessulani constituimus et ordinamus vos venerabilem Arnaldum Dei gratia Barchinone episcopum et dilectos Guiilermum priorem Sancte Marie de Cor* neliano et Guiilermum de Rocafole tementem locum noslrum in Montepessulano procuratores nostros dantcs et concedentes ▼obis omoibus predictis et cuilibet vestrum plenam et liberam posleslatem auctorilatem etlicenciam transigendi et componendi vice nostra et nomine cum Ludovico Dei gratia illustri rege Francie super omni jure quod habemuset haberedebemus in Carcassona et Garcassonensi et in Rede et in Redensi in Laurago et Lauragine et Terme et Termenense et in Menerba et Mener* bense et in Fonolleto et Fonolladense et in Perapertusa et Peraperlusense et in comitatu Amilliani et Gavaldani et in Nemause et in Nemausense et in comitatu Tholose et Sancti Egidii et in omni aiia terra et Jurisdiccione Raymondi quondam comilis Tholosani et fructibus inde perceplis et quod vos omnes et singuH supradicti possilis vice nostra et nomine cedere remiltere perpeluo et relaxare prediclo illustri régi et suis quic- quid juris nos habemus et habere debemus quoquo modo vel racione in predictis omnibus et singulis. Damus etiam et con- cedimus vobis omnibus et singulis spéciale mandatum auctori- tatem et licenciam et poleslatem- jurandi ex parle nostra super animam nostram de omnibus ot singulis supradictis a nobis obsenrandis et complendis prout per vos erit super eis cum dicto rege promissum ordinatum compositum et Iransactum: renun- ciantes scienter et consulte omni juri divino et humano canonico civili et consuetudinario et omni privilegio reali et personali ac omni alio auxilio generali seu speciah quibus conlra predicta seu aliqua ex predictis juvari possemus. Item damus vobis omnibus et singulis supradictis et concedimus spéciale man« dalura quod vice nostra et nomine transigalis et componalis cum dicto illustri rege Francie et accipiatisab eodem rege cessionem remissionem et relaxacionem de omni jure quod idem rex Francie asseret se habere in comitatu Barchinone et de omni jure siquid habet vel habere crédit in comitatu de Bisulduno de Rossiiione de Empurdano de Ceritania de Confluente vel in aliquo loco terrarum quas nos hodie tenemus et habemus et quod in omnibus et singulis supradictis tractelis et procuretis faciatis et recipiatis quicquid vobis videbitur expedire. Promit-

582 APPENDICE

timns iirsiiper bona fide ciim hoc auUnlico instmin^nlo sigiMo Doslro pcndcnti munilo nos raturo habere complere «l servare perpetuo quicquid cum dicto rege per vos omnes vel duos aut unum ex vobis super prediclis omnibus et singulis faclum fueht ordinaUim coroposilum seu Iransaclum. Datum Derluse Y idus marcii anno Dcmini MCC quinquagessino septimo. Tandem vero posl muUos traclalus habilos hinc et inde bonorum medianle Gonsilio cum diclis procuraloribus nomine procuralorio et vice predicLi régis Âragone ad hanc composicionem el IransaccioBem devenimus : quod nos pro nobis el heredibus et successoribus nostris prediclo régi Aragone el heredibus ac successoribus suis imperpeluum el ab ipso el anlecessoribus suis causam haben- tibuscl prediclis procuraloribus pro ipso rege Aragone et nomîoe el vice ipsius definimus quillamus cedimus el omnino remit- limus quicquid juris el possesionis vel quasi habebamus siquid habebamus vei habere poteramus seu etiam dieebamus bos habere tam in doroiniis sive dominicaturis quam feudis cl aliis quibuscumque in prediclis comitalibus Barchinone el Ui^Ui Bisuldune Rossilionis Empurdanc Ceritanie Confluenlis Genm- dcnsi et Ausone cum omnibus honoribus homagiis disirictibus jurisdiccionibus cl juribus universis et perlinenciis eorundem et cum omnibus fruclibus el provenlibus per ipsum regem Arago* num el anteccssores ejusdem indo perceplis el qui pereipi potuerint: promillcnles et ad hoc nos et heredes ac successores nostros imperpeluum obliganles quod in prediclis omnibus et singulis nichil de cetero per nos vel per alium reclaraabimus vel petemus renuncianles omnino specialiler et expresse pro nobk et heredibus ac successoribus nostris omnibus carlis et iostro- mentis sique super hiis habebamus volenles et decernentes ea penilus esse nulla ac promiUentes quod ea omnia reddennis régi Aragonum anlediclo. Renunciamus insuper pro nobis et here- dibus nostris ac successoribus omni juris auxilio tam canonici quam civilis nec non et consuetudinarii el omni privilegio reali el personali quibus contra predicta vel aliquid de prediclis nos juvare possemus. Prenominati aulem proom- torespro sepedicto rege Aragonum et heredibus ac successoribos ejusdem et vice ipsius Domine procuralorio nobis et heredibus ac successoribus nostris et a nobis et antecessoribos nostris eau- sam habentibus vice versa quitlaverunt cessemm diffinieruDl ^

PlisCBS JUSTIFICATIVES 583

remisseruDt omniao specialiler et expresse quicquid juris et pos- sessionis vel quasi idem rex Aragone habebat si quid habebat vel baberc polerat seii dicebat etiam se habere tam in dominiis et dominicaturis quam in feodis et aliis quibuscumque in Car- cassona et in Garcassense in Rede et in Bedense in Laurago et in Lauragense in Terrnene et Termenense in Menerba et Mener- bense in FonoUelo cl Fonolledensc in Petra-pcrtusa et in Petra- pertusense in comilalu Âmilliani et Guialdane et in Nemauso et in Memausense et in comitatu Tholose cl Sanctii Egidii et in omni alia terra et jurisdiccione Raymundi qiiondam comitis Tholosani et fruclibus et provenlibus per nos vel anlecessores Dostros indc perceplis. Gondictnm est tamen et ordinatiim quod si aliqua feuda movencia de dominacionc Fonolledensi sita sint infra lerminos coirilatus Rossillionis vel Bisulduni sen aliorum comilaluum predictoruin do quibiis comitatibus ipsi régi Ara- gone quittacionem et derfinicioncm fecimus pênes ipsum regem Aragonum et heredes ac succcssores suos perpeluo remanebunt et ea sibi et heredibus ac successoribus suis cedimus et omnino quitamus salvo lainen jure siquid fuerit alieno. Simililer si aliqua feuda movencia de dominacione ipsorum comitaluum sita sint infra terminos Fonoledenses pênes nos et heredes ac successores noslros perpetuo remanebunt et ea nobis et heredibus et succes- soribus nostris diffmiverunt et quitaverunt omnino nomine pro- curatorio pro ipso rege Aragone et vice ipsius procuratorcs pre- dicti salvo tamen jure siquid fuerit alieno. De Amilliano aulem et comitatu Amilliani sciendum est dictos procuratores nomine procuratorio et vice dicti régis Aragonum quittasse et diffinisse ea Dobis et heredibus ac successoribus nostris et a nobis et ante- cessoribus nostris causam habentibus sicut ea tenemus et possi- demus et a nobis et nostris tenentur et possidentur. Preterea procuratores prenominati promisserunt et tenentur bona fide procurare quodpredictus rex Aragone pro se et heredibus suis ac successoribus nobis et heredibus ac successoribus nostris et a nobis et antecessoribus nostris causam habentibus difGniet qui- tabit cedet et remitet omnino quicquid juris possessionis vel quasi habet siquid habet vel habere potest scu dicet etiam se liabere tam in dominiis seu dominicaturis quam in fendis et aliis quibuscumque in prediclis omnibus supranominatis que procuratorio nomine et vice ipsius régis Aragonum diffiniverunt

584 ArpBivDicB

quillaveninl et remisserunl nobis procnratores predicli cl inso- per in hiis que inferius nominanlur videlicel Billerris cum vice- comilatii Bilcrrense Agda elÂgadense AIbi et Albigense Ruchine et Ruchinense comilalu Fuixense Galurceel Calurcense Narbone et diicalu Narbonense Podio Laurence Keerbuz Castro-fideli torr? de Sallu Gredono et vice comilalu Credonense: et quod idem rex Aragone ccdel penilus et concedet expresse pro se et heredibus ac successoribus suis nobis et heredibus ac successo- ribus nostris et a nobis causam habenlibus omnem accionem el jus repciendi pignoris que dicil se babere in prediclis Amilliano et comilalu Amilliani Credone et vice comilalu Credonense et io Gavaldane cum perlinenciis eorundem ; que quidem bone mémo- rie Petru3 quondam rex Aragone genilor ipsius olim titulo pig- noris obligavcral Raymundo quondam comiti Tbolosane. El per banc composicionem idem rex Aragone reddet. nobis plenarie omnes carias el instrumenta que habet super dicta obligacione confecta. Geterum procuralorcs prcnominati procura lorio nomine et vice ipsius régis Aragone deflfiniverunt quiltaverunt cesse- runt et remisserunl omnino et promisserunt et tenenlur boni fide procurare quod prediclus rex Aragone cedet et conce- det specialiler ac donabil imperpetuum pro se et heredi- bus ac successoribus suis nobis et heredibus ac successo- ribus noslris et a nobis causam habenlibus quicquid juris sibi compelit si quod competit vel quocumque casu seu re- lione vel lilulo posset ad ipsum vel ad heredes et successores suos nunc vel in fulurum aliquatenus devenire in Tholosa et loto comilalu Tholose et Sancli Egidii et in terris Agenense el Tene- sinense ac in tola alia terra jurisdiccione et poleslale Raymundi quondam comilis Tholosani. Insuper procuralores predicli pro- curatorio nomine pro diclo rege Aragone et vice ipsius nobis et lieredibus ac successoribus noslris et a nobis et antecessoribus noslris causam habenlibus dilTmiverunt quitaverunt cesserunt et omnino remisserunl el promisserunt et tenenlur bona fide pro* curare quod idem rex Aragone pro se et heredibus suis ac suc- cessoribus difOniet quilabii cedet el remillel penitus et expresse predicla omnia et singuia eo modo quo superius conlinetur cum omnibus honoribus homagiis districlibus jurisdiccionibus et juribus universis ac perlinenciis eorundem el cum omnibus frue- libus et provenlibus per nos vel antecessores nostros vel per

PliCES JUSTIFIGATITES 585

alios inde perceptis et qui eliam percipi potuerint : et ad hoc se et heredes ac successores suos specialiter obligavit (sic) quod in predictis omnibus et singulis nichil de cetero per se vel per alium reclamavil (sic) nec nos vel heredes aut successores nos- tros seu causam a nobis vel anlecessoribus nostris habentea super prediclis aut aliquo prediclorum per se vel per alium ira* poslerum moleslabil. Renunciavcrunl autem onmino specialiter et expresse procuratores predicti nomine procuratorio pro ipsoi rege Aragone et vice ipsius et promisscrunt et tenentur bona fide procuraro quod idem rex Aragonum renunciabit penitus et e;[presse pro se et hercdibus ac successoribus suis omnibus carti» et instrumenlis sique super premissis habet vel habuit et volet eliam decernet ea penitus esse nulla quoad nostrum prejudicium et noslrorum et quod ea omnia reddet nobis. Renunciavit eliam idem rex Aragone penitus et expresse pro se et heredibus ac successoribus suis et eliam predicli procuratores procuratorio nomine pro ipso et vice ipsius renunciaverunt omni juris auxilia tam canonici quam civilis ac consueludinarii et omni privilegio reali et personali quibus idem rex Aragone aut heredes aut suc* cessores sui conlra premissa vel aliquid premissorum juvare se possent et quod idem rex Aragonum nobis super premissis om- nibus palenles littcras suas dabit. De supradiclis autem omnibus obscrvandis et complendis prout superius continentur procura- tores predicti prestiterunt in nostra presencia in animam prefati régis Aragone super sacrosancla evangelia juramentum. In cujus rei testimonium présentera cartara sigilii nostri fecimus irapres* sione muniri. Acta sunt hec apud Corbolium in palacio noslro presenlibus episcopo Aplensi Ludovico primogenito et Filipo fiiiis nostris Rairaondo Gancelrai doraino Lunelli Simone de Claromonte domino NigelleEgidioFrancieconstableario Johanne de Ronquerolis Ansello de Braya Gervasio de Cranneis militibus; magislro Rade Ihesaurario sancli Franbondi Silvanoclense ma*^ gistro Odone de Lorialo magistro Johanne de Nemesio magistro Philipo de Canturco raagistro Johanne de Dlbiato F. de Lauro sacrista Barchinone A. de Gualba canonico Vicensi quinlo idus madii anno Doraini MCC quinquagessimo oclavo. Signum Pelri Arnaldi de Cervaria vicarii Barchinone et Yallesii qui huiQ translate suraplo fideliter ab originali sue non cancellato nec iq aliqua parte sui viciato et cura eodem légitime comprobato ex

58fr ApmmcB

parle domini régis et auctoritate officii quo fuDgimur aucton- tatem impendimus et decrelum ut ei lanquam originali suo fides plenaria ab omnibus impendatur apposilum per manum mei Bernardi de Cumbis nolaiii subscripli in cujus manu elposse dictus vicai ius hanc (irmam lecil tercio decimo kalendas marcii anno subscriplo prcsenlibus leslibus Bercngario de Manso Ar- naldo Saivatge cl Bernardo de Tune. Nos PonciusDei gracia eleclus confirmatus in episcopum Barchinone presens Iraasla- tum ciim originali fideliter comprobavimus et vidimus conlineri in origiqali sicut in presenti translate conlinelur et ideo fidem facimus de prediclis et ad majorem ildem habendam presenti carte nostre sigillum apponi fecimus et manu propria subscrip- simus undecimo kalendas marcii anno Domini H Irecentessimo. Signum )S< Bernardi de Cumbis notarii publici Barchinona regenlisquo scribaniam curie vicarii ejusdcm civitulis qui hoc Iranslalum sumplum ûdelitcr ab originali suo non cancellato nec in aliqua parle suivicialo et cum oodem légitime comprobatum scribi fccit et clausit tercio decimo kalendas marcii anno Domini millcssimo trecenlessimo cum lilleris suprapositis in lineaXlI ubi scribilur super et cum lilleris rasis et emmendatis in

linea XVI ubi dicitur ac et in linea XX prima in

linea XX sexla ubi dicitur ac. Preterea de mandalo Pétri Ârnaldi de Gervaria jamdicti ûrmam et decrelum ejus supra manu pro- propria scripsit. Et ad majorem rei evidenciam et fidem haben- dam in presenti translato apposuil sigillum officii vicarii supra- dicti.

( Archives de la couronne d'Aragon, parchemins de Jacme I*', n* 152$. Cf. ibid. Reg. XXIV, (^ 64 ; Archives de l'Empire français, oarton J, 587; Bofarull, los Condes de Barcelona vindicados, t. I, p. 66; Coleccion de documentos inedUos del Archivo gênerai de la corona de Aragon^ t. VI, p. 129.)

1

PIÈCES JOSTIFIGATIYES 967

XI

TRAITÉ ENTRE JACME ET SAINT LOUIS STIPULANT LE MARIACE DE PHILIPPE DE FRANGE ATEG ISABELLE d'aRAGON

I

Ludovicus Dei gracia francie Rex universis présentes literas inspecluris salutem. Noverilis quod cum diversi tnictatus habili fuissent super malrimonio contrahendo inter Karissimum fllium noslrum Philipum et Isabellam filiam dulcis amici nostri Jacobi Dei gracia Illuslris Régis Âragone Maiorice et Valeacic comiLis Barchinone et Urgelli et domini Montispesulani post modum idem Rex ad nos solleropnes nuncios et procuralores suos missit videlicet venerabilem Arnaudum Barchinone Ëpiscopum Guil- lemum priorem Beale Marie de Corneliane et Giiillemnm de Roccafole tenentem locum ipsius Régis in Montepesulano cura quibus habilo diiigenli tractatu tandem nos et ipsi procura- tores p'rocuratorio nomine taies convenciones inivimus : quod idem Philipus filius noster Isabellam filiam dicli Régis Âra- gone infra annum postquam ipsa duodecimum annum elatis sue compleverit accipiet in uxorem et ipsa eum accipiel in ma- rilum si Sancta Ecclesia in hoc consenseritetdictusRex Âragone a domino Papa dispensacionem oblinuerit infra duos annos ex nunc compulandos super gradu consanguinilatis in quo ad in- vicem se contingunt et etiam dicta Isabella certo mandato noslro infra inslantem Nativitatem Béate Marie vel ipsa die corporaliter tradita fuerit apud Montempcsulanum et nisi impedimentum deformitalis vel corporis infirmitatis ante contraclum matri- monium eveneril vel evidenler apparuerit in aliqua persQ- narum ipsarum. Et nos quidcm hanc convencionem volumus et in hoc consentimus exprese qui vocalo eciam quoram nobis pre- diclo filio nostro Philipo precipimus eidem tamquam pater fîlio ut hanc convencionem bona fide teneat et observet qui precepto Boslro volun tarie oblemperans de consensu nostro et voluntate tactis sacro sanctis juravit bona fîdc quod infra annum postquam dicta Isabella duodecimum annum compleverit ipsam accipiet in uxorem si Sancta Ecclesia consenserit secundum convenciones

588 APPENDICE

antedicias. Simililer vice versa prenominati nunciî el procu- ralores in noslra presencia voluerunt et coDsenserunt exprese pro ipso Rege Âragone el vice ipsiiis nomine procuratorio ba« bentes super hoc ab ipso per patientes lilteras spéciale man- daturo quod dicta Isabella Glia ejusdem Régis Âragone predictum Philipum filium nostrum infra annum postquam ipsa duodc»- cimum annuro coropleveritaccipiel in raaritumsi Sancta Ecclesia consenseril secundum convenciones predictas: et ad hoc fa- ciendum el prccurandum iidem procuratores procuratorio nomine memoralum Regem Aragone spécial iter obligarunl et prestitoab eis juramento super sacro sancta Evangelia in animam diclî Régis Aragone firmaverunlspecialem ad hoc poteslatem habentes quod convenciones ipsas idem Rex quantum in ipso est bona fide servabit tenebit et complebit. De dolalicio aulem sive donatione propter nupcias est sciendum quod idem Philipus fiiius noster in con- tractu matrimonii assignare tenebilur ad usus et consuetudines Francie prefate Isabelle in dotalicium seu donacionem propler nupcias in terra plana absque forlericiis quintam partem Iccius terre suc quam eidem daturi sumus pro ut ipsi filio nostro melius expedire videbitur nisi forte contingent eumdem in Regoi dignilatem succedere quod si forsitan evenerit idem fiiius noster assignaret eidem Isabelle dolalicium pro ut ipsi filio nostro videretur bonum esse. In cujus rei tcstimonium presentibus iitteris nostrum fecimus apponi sigillum. Actum apud Carboliam sabbalo in vigilia Penthecoste anno Domini M. CC. quinqua* gessimo octavo.

(Archives de la couronne d'Aragon, parchemins de iacme I*', n* iS31. Cf. Archives de l'Empire français, carton J 587; CoUceion de doeu- merUoa ineditos del archiva général de la eorona de Aragon, t. VI, p. 139. )

PliciS JUSTlFIGATiySS 589

xn

RBRONGIÀTION DE JAGMB A SES DROITS SUR LA PROVENCE EN FATEUR

DE MARGUERITE, REINE DE FRANGE

Hoc est translatum de expresso mandato Serenissimi ac magniûci principis et domini Domini Peiri Dei gralia Régis Aragonie bene et fîdelîter sumptum de tcnore cujusdam carte doaacionis Pacte illuslrî domine Régine Ffrancie per sercnissimum dominum Regem Jacobum abavum dicli domini Régis inserlo in quodam libro pergameneo recondito in archivo regio Barchinonis in quoquidem libro simililer sunt inserli tenores diversarum cartarum et privilegiorum. Cujus quidem tenoris ipsius carte donacionis séries sic habetur. Noverint universi quod nos Jacobus Oei gracia Rex Aragonie Maiorice cl Yalencie cornes Barchinonis et Drgelli et dominus Montispessulani donavimus et in présent! concedimus et donamus dileclissime consanguinee noslre Har- garite eadem gracia nobilissime Régine Ffrancie et post ipsam filio suo cui id relinquere voluerit vel donare omnc jus nobis coropetens vel quod posset nobis occasione quacumque compelere in comilalibus Provincie et in dominio vel jure alio quocumque in civitatibus Arelate et Avinionis Massilie et earum adjacenciis seu pertinenciis. Omnem igituractlonem que nobis contra quam cumque personam dictas terras vel aliquid in eisdem tenentem aut possidentem compelit vel polest compelere sive ad cas vel aliquid de eisdem nobis reddendas vel recognocendas in eam translulimus ex causa predicle donacionis et transferimus ilerato. Et ut bec omnia perpétua fîrmilate uUanlur presentem paginam sigilli nostri plumbei munimine duximus roborandam. Datum Barchinone XYI kal. Augusli anno Domini millesimo ducen tesimo quinquagesimooclavo. Sig }^ num JacobiDei gracia Régis Aragonie Maiorice et Yalencie comitis Barchinone et Urgelli et Domini Monlispessulani. Testes sunt Berengarius de Sanclo Yin- cencio Petrus de Sanclo Minalo 6. de Terracia Eximinus Pelri de Arenoso 6. de Podio. Signum i^t Jacobi de Monte Judayco qui mandato domini Régis hoc scripsit loco die et anno prefixis.

(Archives de l'Empire français, carton J 291.)

8M

appbudicb

xni

LETimB DU ROI AU VICOMTE OB GARDONA *

Jacobus Dei gracia Rex viro nobili et dilcclo R. de Cardona Salutemeldileccionem. En leslelreslesqualstrasmesesanosera contengut que vos vos desexicts de nos que nousfossels tengat de peyora que ne fecessels. De la quai cosa nos molt nos maravel* lam car vos ni altre per vos no vent denant nos per aquel feyt

que a nos o propo fas bastantmenl et per ço car est

çert a nos se vos nos peyoravcts (|ue aisso sen segiria quissegiria per acuyndament que vos nos fecessels. El nossom aparellals de peyora et dalires coses fer drel a vos et pendre de vos a consel de nostres richs hoinens que sien a vos sens Iota sospila e dasso assignam vos en dia de fer drel e dépendre mixan jener a bar- çelona e si asso no volels fer ens peyoravets o feyets mal a nos- tres homens e a noslra terra car aylant es la un com lallre desexim nos en de vos de mal que a vos fecessem ne a voslres homens ne a voslra terra. Dalum Ilerde Kal. Octobris anno Domini M®. CC°. L®. nono.

(Archives d'Aragon, Reg. X, f* 123.)

' Nous devons mettre le lecteur en garde contre les nombreux lapsus qu'il pourra rencontrer dans les documents que nous fournissent les re- gistres de chancellerie des archives d'Aragon. La plupart ne sont, en effet, que des brouillons ou des copies faites & la hâte.

PIECB8 JUSUFIGATIYES Jii91

337

CONSTITUTION DU DOUAIRE d'iSABELLE d'aBAGON , FEMME DE PHILIPPE

LE HARDI

Ludovicus Dei gracia Francie Rex universis présentes litte- ras inspecluris salulem. Nolum facimusquod quando karissimus filius Dosler primogenilus Philippus cum Isabella filia illustris Régis Aragonum matrimonium contraxil nos eidem Isabelle Domine dotalicii seu donacionis propler nupcias assignavimus villam nostram de Laurano cum terminis et perlinenciis suis villam nostram de Angulis cum fortesa terminis et perlinenciis suis. Ilem silvam nostram de Cerviano cum terminis et perti- nenciis suis retenla tamen nobis villa ejusdem et insuper mille quinquaginta libras tUrone in salino noslro Carcassonensi annua- tim percipiendas. Si vero nos predicto filio noslro terram dare vel assignare contingat predicla Isabella oplionem habeat et in ejus sit voluntatc quod vel supradicto dotalicio sibi a nobis spe- cialiter assignato velit esse contenta vel quinlam partem tocius terre illius quam eidem filio noslro dederimus in dotalicium habeat sicut fuit inter nos et procuralores predicti Régis Ara- gonum in convenoione sponsalicium ordinatum. Si autem contin- gat eumdcm Philipum nobis in Regni dignitatem succedere promisit idem Philipus coram nobis et ad hoc nobis eidem con- sensum et auctorilatem prestanlibus sespecialiter obligavit quod eidem Isabelle nomine dotalicii seu donacionis propler nupcias assignabit usque ad valorem sex milium librarum turonensium annui redditus in terra ubi idem Philipus voluerit et ei videbitur expedire. Et tune assignacio supradicta a nobis facta penitus erit nulla. In cujus rei teslimonium présentes litteras sigiili nostri fecimus impressione muniri. Actumapud Glaremontem in Alver- nia anno Domini M». CCo. sexagesimo secundo mense Julio.

(Archives de la couronne d'Aragon, parchemins de Jacme I*% n* 1709 Cf. Archives de r£mpire français, carton J 587.)

59S APPBKDIGB

XV

LETTRE DU ROI JAGME A GBARLE8 D*A1U0C

Karissimo atque plurimum diligendo consanguineo et amico Karolo Dei gracia nobili Ândegavensi Provincie et Forcalquerii Comili et Harchioni Provincie Jacobus per camdem Rex Arago- num Maioricarum et Yalencie Cornes Barchinone et Urgelli el Dominus Monlispesulanisalulem et sincère dilectionis affèctum. Inteileximus quod cura vobis fuerat diclum quod aliqui homines de Harsilia eranl in gradu noslro Montispcsulani vos cum mili- tibus peditibus et equis armalis apud dictum graduai contra dictos homines festinaslis venire. Et quia salis credebamus esse ▼obis certum quod nos inimicis vestris contra vos nuUatenus juvarcmus de motu et adventu nostro predicla non modicum admiravirous cum in eo quod terram nostram inlraslis cum armis sine nostro assensu et volunlale nobis magnam injuriam fece- ralis. Maxime cum nos inimicos veslros de Marsilia nec eciam aliorum locorum vestrorum contra vos non proponebamus emparare nec in terra nostra aliqualenus retinere nec de armis equis vel viclualibus subvenire. Imo scialis quod antequam de Monlepesulano recederemus fecimus prohibicionem horoinibus Montispesulani et publiée per totam villam preconizare quod nuUus essel ausus dare vel vendere seu accoroodare hominibus de Harsilia equos arma nec aliqua viclualia dum essenl vcbis- cum in guerra. Quod proul inlelleximus beoe et oplime obser* vavcrunt. Si vero prcdicli homines noslri Monlispesulani ^ecerunt aliquod contra predicla cerlificelis illud nobis quoniam nos ipsos tailler corrigemus quod vos eritis a nobis inde paccati. Hercatores tum de Harsilia vel undecumque sint cum mercîbus seu mercaluris suis vcnientes ad dictum gradum ac résidentes ibidem quandiu fuerint in dicto gradu deffendere nos oporlet. Salis et enim debealis esse paccati a nobis de Comitatu Provincie quem nos habcre poluimus eo quod fuerat de génère nostro et propter amorem et propinquilatem quos cum Illustri Rege Francie fratre vestro et vobiscum habemus ipsum recipere

PIÈGES JUSTIFICATIVES 595

noillimus. Unde dilcccionem vesiram prout possuinus requir!- mus et rogarous quod amorc noslri el precibus a prediclo loco mora post ponita recédai is. Scialis quoil nisi. . ..... non posse-

mus sustinere quin demus eis victualia dum in dicto gradu

fuerint. El ipsos defTcndemus ibidem eciam

Geraldi d*en Cremals burgensis noslri Monlispesulani quem cap- tura tenelîà nos per alias lilleras noslras memoramus

ipsum absolvelis noslris precibus et amore eo quod non ibat

apud Marsiliam ut victualibus equis vel

tantum ad emendam aliquaro navem Honlispesuli

navigaret ullra mare unde

(Archives de la couronne d*Aragon, Reg. XII, f* 47.)

V. u. 38

594 APPENDICE

XVI

GOfiFEREMCft ENTKE Ftt«aj£ PAVL. ET BU9êl X0$E3 BEN IU£BMÀBi

Anno Domini M* CC LX"" III'' XII^ halendas augusti Pireseiiti* bus domino Begtt Aragonum et muttisaliU baronibus prelalis religiosis et mililibus in palacio domini Régis Barchinooe* Cum Moyses dictiis magisler judeus fuissel ab ipso domino Rege ad instanciam fralrum predicalorum de Gerunda vocalus el es^et ibidem presuns cum mullis aliis judeis qui videbantur et crede- banlur inler alios judeos periliores frater Paulus premissa deli- beralione cum domino Rege et quibusdam fratribus predicalori- bus ac minoribus qui crant présentes non ut Hdes domini Jhesu- cristi qui proptcr suam cerliludinem non est in dispulalione ponenda deduccrelur in médium quasi res dubia cum judeis sed ut ipsius fidei veritas manifestaretur propler destniendos judeorum errores et ad tollcndam confidenciam multorum judeorum qui cum non possent suos errores defendere diceban^ dictum magistrum judeum posse suGcienter respondere ad universa et singula que eis oponebantur proposuit dicto magis- tro judeo se cum Dei auxilio probaturum per scripluras cornu- nés et aulcnticas apud judeos ista per ordinem que sequntur. Yidelicct Hessiam qui interpretalur Chnslus quem ipsi judei expeclabant indubitanter venisse. Item ipsum Hessiam sicut prophetalum fuerat verum dominum et hominem debere esse. Item ipsum vcre passum et mortuum esse pro salule hamani gcneris. Ilem quod legaliasive cerimonialia cessaverunt etces- sare debuerunt post adventum dicti Messie. Cum ergo dictos Moyses interrogatus fuisset utrum ad ista que predicla sunt respondere vellet dixit et constanter asseruit quod sic et siesset necessarium remaneret propler bec Barchinonc non solum per unam diem vel seplimanam vel mensem sed eliamperaDoum unum. Et cum fuisset ei probatum quod non debebat vocari magister quoniam hoc noraine non debuit aliquis judeus vocari a tempore passionis Christi concessit ad minus boc quod Terum esset ab oclingenlis annis cilra. Tandem fuit ei propositum quod

PIÈGES lOStmCATITES i9&

CMI Aiater Paulus teirisset Gerundam causa conferendi cum ipso de htis qire périment ad salulem et inter alla expossuissel dili- g«ivCer de Me Saneie Trinitalts tara super unilate essencie divine qfuam sMpertrinilate personarum fidfm quam credunt et tenent Ghrîsliani. Ad quod cum respondere non posset victus nec('S- sariîs probfflionibu? e% auctoritali^biis concc^^sil Chrisliim sive Meesîailn jem sont tran^aclî M ann! naturn in I>ê(l>eliem fuisse et exînde Rome aViquibus aparuisse. E( cunr) qnereretur ab eo ubi est idteMessias quem dicitis nalum el Rome aparuisse rcspondit se ffesreire. Poslmodum vero dixit eum vivero in paradiso ter- refirCri ôum Helra. Dicebat atamen quod licet sit natus tamen Ddtiidmky vei^U qera Mesâiafs tene dicotur venisse cum acceperit doininitttti^ mpev judcôs etcôsliberabi^, et judoY cum sequentur. Gonlra quam rospônsionem addncla (\iitauclorr(asTlia)muth que iiWi<vi!fetite dieit quoâ éliam eis hodie veniet si* audierint vocem ejiis et non obduraverint eorda sua sicutdicitin Psalitiis Hodie si vocenv 6jit9 audieritis et cèlera. Addebatur eciam quod Mes* sfottf HMum ésse inter hoimin^s est eum venisse inter bomines neofdlesi aliter essenec intelligi. Et ad liée nichil potuil respon- dbi^e. Item inter probaciones proposilas de advenlu Messie adducta fuit itiia de Genèse non auferetnr sceptrum de Juda et oêtera. Guml ergo constet quod in Juda non est sceptrum M^e duX'Conâtat quod venit Messias qui mittendiis erat ad hoc reàpondebaft quod* sceptrum non est ablatum scd vacat sicut etînm fuit in tempore captivitatis Babitonie et probatum est ei quod in Babilone h^buerunt capila ca'^teritatum cum juredic- cîon>e sed post Ghi'îstr mortem nec ducem nec principem née caf>ita captevitatum secunduiti propheciam Danielis nec prophe- taiHnec aliquod regimen habuerunt sicut manifeste hodie patet: Ver quod certum e^t eis Messiam venisse. Ipse tamen dicebat qtiod probaret quod predicta capita habuerunt post eum sed ïM\\i\ pbtuitostendere de predictis. Imo confessus est quod non hebuerdni; préaicta capila ab DGCCLV annis cilra.... ergo patet>qiiod' venil Messias cum an. . . . mentiri non* possit. Hem cmA dicttm Moyses diceret Jhesum Ghristum non debere dici M«Miank quia Hosiias ut dicebat non' débet mori sicut dicilur in Psalmis ntfahiv pettit a te et'trib»isti<ei> et cetera sed débet vivere in eternum tam ipse quam illi quos libcraturus est quesitum fuit ab eo utrum iHtid* capituhim Ysate LUI Domine qnis oredidit

596 APPENDICE

quod secundum ebreos incipit in fine LII capituli ubi dicitur

ecce inlolligel servus meus el cèlera loqueretur de Hessia

conslanler afirmavil quod Dullo modo ioquiUir de Messia. Pro- batum fuit ei per mullas aucloritales de Thalamul que loquotur de passione Chrisliac morle quam probant per predictura com* plimentum quod de Cliristo inlelligitur predictum compliroen-

tum in quo mors Chriâti et passio et sepultura et ejus

resurreccio evidenlius conlinetur ipse vero tandem coaclus per auctoritates conTessus est quod de Chrislo inlelligilur et exponi- tur. Ex quopatet quod Messias dcbuit pati et mori. Item cum (noilet confileri vcrilalem nisi coaclus auclorilatibus cum aucto- ritales non posset exponeredicebatpublice quod iliis auctorila*

ibus que inducebantur licet sicut in libris judeorum

anliquis el autenlicis nec lamen credebant eis quod prout dice- bant sermones erant in quibus doctores eorum ad exortacionem populi multociens mcotiebantur pro quo arguebat tam doctores quam scripiores judeorum. Item omnia que conressus est el que ei probala su ni vel fere omnia prius negavil et poslea redargutus per aucloritales confusus coaclus est confiieri. Ilem cum non

m

posset respondere et essetpluries publiée confusus et tam judei quam christiani contra eum insultarent dixit perlinaciler coram omnibus quod nullo modo responderet quia judei ei prohibue*

rant et christiani f Traler P. de Janua et quidam probi

homines civitatis ei miserant dicere consulendo quod nullo modo responderet. De quo mendacio per dictum (ralrem P. el per probos homines fuit publiée redargutus unde palet quod per roendacia a dispulacione sublerfugere nilebalur. Ilem cum pro* misserel coram domino Rege et mullis aliis quod coram paucis responderet de fide sua et lege cum dominus rex essel extra civitaiem lalanler aufugil et recessit. Unde palet quod non audet nec polest suam erroneam credenciam defensare. Nos Jacobas Dei gracia rex Aragonum Maiorice et Valcncie Comes Barchi- none et Urgelli et dominus Honlispesulani veraciter conGlemar et recognoscimus universa et singula dicta et facta fuisse in prescncia noslra et aliorum muUorum sicut superius in hac presenii scriplura conlinenlur. In cujus rei testimonium sigillan nostrum ad perpetuam memoriam duximusapponeadam.

^Archives delà oouronne d'Aragon, registre XII, f 110.) ^

PIECES JUSTIFICATIVES 597

XVII

LE ROI RETIRE SON BOUCLIER QU*IL AVAIT DONNE EN GAGE

RecogAoscimus el confîtemur habuisse et récupérasse a vobis Thoniasio de Sanclo Clémente scuUim noslrum quem a nobis tenebalis in pignore obligalum pro sèxcentis caRciis bladi quos Dobis mutuaslis in Ilerda et ipsum [sic) tradislis frat. P.Peyroneti loco noslri. Quem sculum Iradidislis et reddidislis pro nobis Jacobo de Rocha nolario notro. Dalum Ilerde iiij Kal. Junii. anno Domini H<> GC^ LX^ sexto.

« (Archives de la couronne d'Aragon, registre XIY ^ 133).

^ ABFMPIGft

JtVHI

PflOLOGUE DU LIBBE QJP fJL 3iVIBS4

Açi comença lo prolech del libre dedoctrinae diu :

Dedi cor meum i|t scirem prudenciam alque doclrioaip erra- reaque et slulticiam. Salamo diu aquesles parades enl libr^qqe es dit eclesiasles elcnteniment de la parauU es aquest: yodoao mon cor que sabes prudencia ço es saviea proyada e que sabes doclrina e errors e follia. Car no ho vole saber per si ne per spp saber ans o vole apendre per doclrinas dels altres car eqtende vole errors e follia per si aguardar car daquesles coses no sab hom guardar si no lesenlen.

Ë yo rey en Jacmedaragoesforcem de fer e dapendre per a my aquestes coses^ que son precioses que Salamo vole per assi. E done mon cor per saber aquesles coses endemanant , e Irobe paraules bonesdo filosofs antichs et plac me ab ells. E jalsia aço que compliment de tu is bons conseils troba hom en telogiales boncs paraules els bons conseils que dixeren a nos quesom creslians no tenen dan mes que fan prov en saber ells dendema- nar elles.

Car ço diu Seneca : soleo transire in aliéna castra non tanquam tran^fuga sel tanquam exploraior.

Diu que yo si vull pasar per osts estraynes no axi com afe- ridor dellos mas per saber que y fon axi yo y tôt vull pasar de theolo^ia als bons dils dels philosofs no deseparan lo saber délia, mas per saber ells que dixeren. En aylant com be e verilat dixeren del espirit sanl o hageren car Iota verilat qui ques vulla la digua del espirit sanl la ha segons que diu un sant home: veruma quocumque dicalur a spirilu sancto est.

£ per aço yo Irobe molles bones paraules e metilesen est libre et vull les espondre a profit de mi e daquells qui lea voiran en- tendre.

Altre prolech Dues coses son en aquest mon per les quais hom pot viure

PIECES JOSTIPIGATiyES S99

honradament, la I es que tôt hom deu punnyr de haber vida du- rable, e no tan solamentque la vulla baver a benenançes mas soferir trebaylls e malenançes ^ baber la gloria de deu car si per benenançes la podia hom baver molt bom la bauria e la' volrien tant los avols com les bons, mas com es cosa que nostre senyor no vol que meyns de Ireball ab benenançes mesclades haia bom lo seu Règne per aquesla raho lo lexen los avols, e aquells queno an conexença ne saben delrar quai es lo poder de deu ni quai es lo poder dels homens car sil poder de nostre senyor no ajusia bom ab lo poder temporal null bom nol pot bauer. E quant los bomens fan obres que sien a plaer de nostre senyor aquella sao guanyen los bens terrenals. E quant los an guanyat multipliquen los ells crexen en bonor e en riquees e aquelles riquees duren a ells e alur linatge. Eper aquestes dues coses deu hom viure en aquest mon per baver la gloria de deu, e per baver bona fama en aquesla vida terrenal. Doncbs aquest qui aquestes dues coses vol baver esguart aquest libre de saviesa car qui bel voira guardar ni entendre no errara en nostre senyor ni en les coses terrenals. Car aquest libre es de conexença e de terarben de mal, et virtuts depecat, e ensenyament de vilanya, 6 castedat deluxuria, e bones ventures de non fer falliment, e coses dretes de coses necies, e amor e desamor que fan baver criançade paradis contre les pênes d'infern. Doncbs qui aytal libre pot baver ni retenir bon haber lo fa^ car qui ben lo voira esguardar quant li vendra algunes volenlals vanes ne voltra fer /alliment per aquest libre se pora corregir alerar lo be del mal. Peraço consellam a aquells que son savis que aquest libre apren- guen, e reteninguen e a aquells que no son savis que sonen e menut estudienenel per ço que si fallirvolien quel libre quels en reprengua, eque apreiiguen castich de les maies obres da- quest mon que noy puguen venir, per ço ment nos mou a aquest libre de doclrina.

(Bibliothèque nationale de Madrid, manuscrit in-f*. L. 2, f* 31).

600 APPENDICE

XIX

PROCURATION POUR 80CTBNIR LA DEMANDE EN DIfORCB

CONTRE TERS8A 6IL

Noyerint universi présentera paginam in specturi qaod nos Jacobus Dei gracia, etc., coslituinius citarous(?) et ordinamus ccrtum et specîalem procuralorem noslrum JohanDem de Torre- Treyta canonicum ilerdensem licet absentera in causa appella- cionis divorcii malrimonii quaro vertilur et verli speratur inler DOS ex una parle et nobilem dompnara Teresiara Egidii de Bidaure ex allera coram summo Ponlifice vel delegatis seu audi- toribus ab eo dalis et supei aliis quibus libet in romana CTiria

agendis et facieodis seu inspeclandis A nobis ad

agendum videlicet et defendendum ac impelrandum iilteras sirapliccs et legendas et contradicendum et ad jurandura de caluropnia in aniniam nosiram et veritale dicenda atque pres- tandum cujus libet allcrius generis juraraenlum et ad appellan- dum et prosequendum appellacionem et ad consliluendum seu subsliluendum alium vel alios procuratores et ad revocandum eosdem quociescumque opus erit et sibi videbilur expedire et omnia alia et singula facienda que nos posseraus facere si pré- sentes essemus. Promillentes nos abere ralum et firmum quic- quid per eumdem Johannem vel conslilutum seu subsliturum constilutos seu substiluros ab eo in premissis vel alîquo pre- roissorum actum procuralum impetralum vel contradiclum fuerit sive geslum acsi a nobis personaliler esset actum. Et volenles revelare (sic) dib honore salis dandi judicandum solvi dictum Johannem et consliluale conslilulura constilutos vel subtitutos ab eo promiltimus sub ipoteca bonorum noslrorum judicalum solvi omnibus illis quorum interesl vel intéresse polerit quo- quomodo. In cujusque rey teslimonium présentera paginam sigilli nostri pondmtis munimine fccimus roborari. Dalum Per- pinyani if kal. Julii anno Domini H^CC'*. LXX"* quarto.

( Archives de la couroaae d'Aragon, registre XIX, ^ 142. )

PIÈCES JUSTIFICATIVES 601

XX

LETTaS A PHILIPPE I ROI DE FRANGE, AU SUJET DE LA SUCCESSION

DE NAVARRE

lilustriRegi Ffrancie Philipo

Salutem el sincère dileccionnis aReclum

coDridemus voinmus non latere quod Regnum Navarre

antiquis temporibus ad predecessores noslros Reges Aragonis pertinuit pleno jureet ipsius regni continua posscssio usque ad ipsum Regem Alfonsuo) bone memorie sub ipsis Regibus Ara- gonis pacifîce perduravit. Que non sohim vulgala successive roemoria tenet verunf) eciam privilégia et alia inslrumcnla regia fam in terra Navarre quam in possessionibus noslris Aragonis indicant manifesle. Post ipsius nobilis Régis Âlfonsi predicti* violenter et contra jusliciam fuerunt aliqui in Regno Navarre intrusi qui usque ad prescns tempus per successores varians Regnum Navarre quidem indebite possiderunt. Item non solum nobis racione predicta Regnum Navarre juste debetur verum eciam ex pacto et conveniencia dilecli avunculi noslri dompni

Sancii Régis Navarre consensu scilicet ac juramento

baronum roilitum civium burgensium ejusdem regni firmata. Qui predictus Rcx Sancius nos sicut filium adoplavit et pacto et conveniencia adhibilis ut si prius nobis decederet ad nos ipsum Regnum Navarre pleno jure delralieretur. Sic instrumenta con- dam confecta que apud nos retinuimus el habemus evidenter élucidant et eorum tantum adbuc mcmoria qui présentes dictis convenienciis et homagiis nfTuerunt. Post ipsius vcro Régis Sancii obilum qui sine liberis el absque fralribus decessil Thi- baldus filius sororis dicti Régis Sancii regnum prediclum quod ad nos lam manifesle portinei)at violcnlor el indebite occupavit et ipsum regnum tam ipse quam duo filii sui successive usque ad tempora presencia tenuerunt. Verum cum jure tam multi-

* Il faut, sans doute, sui)plôer en cet endroit le mot ohUum,

602 APP£IIBICB

plici et racione communi nobis soli regnum ipsum debeatur karissimum filium nostrum primogenitum infantem Petram ad recuperandam ipsum regnam quod nobis sine aliquo justo im- pedimenlo reverti potestet débet duximus destinandum. Rogantes et requirentes afleclionem veslram quod super preroissis ?os inveniamus favorabiles et amicos ut ex hoc evidenler cogno3-

camur quod preces noslre in hujns ad jus nustnim

apud vos tanquam apud filium et amicum nostrum specialem locum obtineat et favoremsicut et nos. ... Tobis parati surous ad omnia queveslrum respicianl incrementum. Mittimus ad vos insuper dileclum nostrum Albericum de Hediooa roititeiii qui super predicta credere debeatis de iis que vobis ex par^ DOttn duxerii ref^renda. Aciuro Barehinone kal. Apritis^anno Domini If.CO. LXX'<|ointo.

( Awhmsde ia oouponne d'Aragon, rcgiatre XXin, ^ 96).

PlàCE^ ^P^Ttf ICATITB8 WSi

XXI

MIBMIER eODIGlLLB IMJ «01 JAGHE.

^oc est translatum sumptum fîde)iler a quadam carta perça- menea cisa seu fracla in novern locis in superiore parte altéra quarum inlrat inlus iitteram bene per unum palmum alie vero non inlrant neç langunt lilteram. In inferigri vero parte est fraeta dicla caria in sex locis seu parlibus dicte carte set non langunt in aliquo lilteram ipsius carte et ipsa eliam caria est sigillata sigillo seu bulla plumbea Illustrissimi Domini Jacobi quoqdam bone memorie Régis Aragonum Maiohcarum et Ya- lencie comitis Barchinone et Urgelli et Domini Hontispesulani et est dicta bulla imposita seu impresa in quadam membranula seu filis sirici crocei et vermilii ténor siquidem dicte carte sequitur per bec verba. Quoniam lioitum est cuilibet ante et

Îost confeccionem testamenli facere codicillos idcirco Nos 9Cobus Dei gracia Bex Aragonum Haioricarum et Yalencie Cornes Barcbinone et Urgelli et dominus Hontispesulani exis- tenles in Aigezira infirmitate delenti et ii; noslro bono sensu et bona memoria constituli présentes facimus codicillos. In quibus volumuset mandamus quodiidem codicilli habeant lanlum valo- rem quantum et lestamentum jam a nobis condilum quodest in M Qnasterio Populeti et quod eliam ila valeant sicut lestamentum et codicilli et que libet voluntas ullima possunt et debent valere. In primis siquidem eligimusnoslros manumissores InfanlemDomp- num Petrum et Infantem Dompnum Jacobun lilios noslros ; çt rogamus eos in fide Dei et nostra utipsi compleant lestamentum noslrum quod est in Populelo bullalum duabus vel tribus bullis et présentes codicillos noslros et si forte in ipso lestamenlo noslro continenlur alii manumissores nolumus quod ipsi sipl in dicta manumissoria set ipsos ambo solos noslros eligimus manumis- sores. Et rogamqs ac commitimus eos ut dictum le»lamcnluiii noslrum et présentes codicillos compleant et faciant compter} et debent hoc facere islis rationibus tum scilicet quia habueru^t in no))is bonum palrem, tum qui^ ultra illud quQi^ D^ter

604 APPENDICE

nbster nobis dimisitacrevimuscis inter conquesfas et empcionet et alia roelioraroenla dectiplumqiiam paler noster nobis dimiait, et tum eliam quia eos nulrivimus a puericia et dcbeni proplerea reducere roelius ad memoriam nosiram complere yoluotalem propter isla débita que habent Dobiscum. Et darous eis qui reda* cant eis ad memoriam execucionero teslamenli ac codiciiio- rum noslrorum Venerpbilem Terrachonensem Archiepiscopum et Abbalem Monaslerii Populeli. Quoniam nos in ipso Honaslerio nosiram cligimussepuKuram ac fieri volumusin eodem. Rogamos eliam prediclos filios noslros. et manumissores qaod illis qui tenent a nobis in pignore villas ac alia quelibet loca nostra ratione debili quod eis dcbemus quod ipsi ea loca non auferant nec forcienl eisdem. Immo faciant eos habere et

m

tenere ea loca que a nobis tenent obligata donec sint persoluU el integrali de debilis que eisdebemus. El si forte fuerit aliquis qui non tcneat pignus a nobis el oslenderil per testes vel carias debitum quod nos ci deberemus quod nicliilominus teneanlur persolvere ipsa dcbila cidem et illi credalur inde simpliciter et sine magna sollcmpnilate el sicul haberetur jus de uno siroplice homine sic jus babealur de eisdem. Ilcm staluimus etraandamus quod injuriis quibus tcnemur seu quas fecimus alicui seu ali- quibus audiant ipsi filii noslri bene et simpliciter et sine magna sollcmpnilate et habiia inde deliberacione cum hominibus sapienlibuseos conlincnli resiiluant etemendent. Et si forte nos alicui suam hercdilalem injuste emparavimus ipsam restituant eidem. Item dicimus cl volumus et mandamus quod illa legata que fecimus in noslro Icslamcnto prediclo quod est in Populeto persoivanUir de décima quam Dominus Papa nobis concessit. Et reljncmus ad solvendum ea que in noslro teslamento continenlur dccimam duorum primorum annorum ex illissex annis ad quos nobis per summum Ponlificcm est concessa, dccimam scilicet Arngonum cl Calalonie et Maiorice et Monlispessulani si ipsa Monlispessulani nobis est concessa, decimam Rossilionis Ceri- tanie et Conduenlis quia decimnm Regni Valencie diraittimus pro tcnenda Ironlaria conlra Sarracenos et quod Christiani ipsam babeanl conlra ipsos in servicio Jesu-Cbristi. Et si forte solulis prediclis aliquid superabit de dicta décima Aragonum Cathalonie Maiorice et Monlispessulani Rossilionis et Ceritanie et Confluenlis dictorum duorum annorum totum id quod supe-

PIECES JUSTIFICATIVES 605

rabit detur ad faciendum et perfloiendum Ecclesiam Béate Marie Vallis-viridis quam nos fieri facimus cl opori capelie nostre Montispesulani etoperi Beale Marie de Podio Yaiencie ullra illas sexcentas duplas auri quas nos nupcr dum eramiis in Xa'iva dedimus ad ipsum opns et quas Berengarius Ddlmacii tenct. Et quod eliam fiat inde opus Sancti Vincencii qnod nos empara* vimus et facimus fieri. Itascilicei qnod fiant quinqnedomussimi- liludini illius domus que jam est ibi facta et cum ipsa erunt sex domus. Et sit una in directo alterius , et inter unam et aliam fiai unus pons et super unumquemquc ipsorum poncium cons- truatur et fiat unum allare in unoquo()ue quorum stabilialur unus presbiler qui singulis diebus cclebret divina oHcia ibidem, tailler sciiicet quod infinni qui jacenl in hospitali possint ipsum vidcre. Mandamusetiamquod fiai ibi unum claustrum incorallo prope ecclesiam et unum refcciorium prope ecclesiam et unum dorroîlorium aliquaululum longius sicut fit et conslruitur in domibus ordinnm. Et si iiiis faclis et complelis et faclis quatuor lapiis seu parictibus in orio Sancti Vincencii uilra parieles qui jam sunt ibi qui quidem sint de crusta calcis ab lioc ut nemo possil ibi intrare, aliquid superaverit de dicta décima diclorum duorum annorum illud residuum dicte décime ipsorum primo- ram duorum annorum dimiltimus Infanli Dompno Pelro et Infanti Dompno Jacobo filiia nostris prediclis unicuique sciiicet decimam terre sue. Et si forte aliquo casu décima fuerit ralione aliqua impedita mandamus quod omnia débita noslra injurie et legata persolvanlur de reddilibus nostris. Volumus etiam et man- damus quod bona domus seu bospitalis Sancti Vincencii bestiare sciiicet et redditus millanlur omnia et expendanlur in illis qui serviunt in ecclesia Sancti Vincencii et in pauperibus ejusdem iDonasterii. Item volumus et mandamus et mullum kare dictos Dostros filios deprecamur quod diligant et defl'endant ordines et Ecclesias et quod caveant sibi quod per ipsos nec per alios non sint gravate nec maie traclate injuste. Nec non etiam et quod ament honorent deflendanl alque custodiant cum de lioc tenean- tur suos richos homines et milites qui sunt in terris cujusque ipsorum ipsis eis bene servientibus sicut debent. Sed nichilo- minus faciendo eis honores illos volumus quod in justicia teneant ipsos: ita quod majores non faciant injuriam minoribus. Roga- mus etiam eosdem et mandamus eis ut diligant suas civitates et

6Du kfntiMtE

eas cusfodiant et deffendant. Et hic idem diciiniis de ains popdb terre minoribus, qnoniam Reges honoranfur et jtrvanttirmDtloin per suas civitates et populos. Et id quod ab eis habeant babeant abeiscum gralitudine ipsorum et laliler quod possint iilud tole- rare quia per pravam dominacionem Regnum desiruiliir et perdi- tur. Et preterea si suum populum dilexerinl Deus dtligel eos ann pHus et tpsi melios facrenl facta sua. Insuper conGrmamus et laudarrras illam particionem quam nos fecimus in Barcbinone de regnis nostris inter dicfos Inrantem Dompnain Pelrum et Infan* tem Dûmpnam Jacobum filios nosrros. El rogamus eos ac man- dainus eisdem sicul pater potesl mandare filiis et eos rogare quodipsi se invicem diligant et lionorenl et quod aliqats IradHor nec aduhtor non possit inier eos seniinare discordiam nec eos eliann scparare quoniam ralionem habent diligendf se iuWcenr ctrm sint fliii ejusdeni palris et malris et debent se precordialiler plus quam alii homines peramare. Item roganr.us eos et itoan- (famus eisdem et Infanli Dorapno Pelro predicto speeialiler qtiod ilecordenlur de nobili Dompna Sibilia de Saga' el de Jacobo Deî gracia Oscensi Episcopo el de Hugone de Hataplana Arehidîacono Frgellensi el de Pelro de Rege Sacrisla Ilerdcnsi et de Ar- bcrio de Lavania judice curie nostre et de Capeltano nostro. Rogantes eumdiim Infantem Pctrum ut eidem GapeHano de Canonia Terrachone quam sibi promisseramus impettare faciar protideri. Et predictos omnes comendamus in fide ipsorom, et quod recordentur eliam de iota familianostra que nobiscum esse consueviH, et quod dicius Infans Petrus hereditet iflos omoesde familia nostra qui non sunt heredilati : ita quod possint iûàt vivere coinpetenter et quod recipiat eos pro suis. Insuper eliam dimitlimus eidem Infanli Pelro très falconerios noslros sci!icer Jbhanem de Peralta et Balagarium et Andreum Eyn^erici ut ipsos hereditet de terris Sarracenorum compelenler, et ipsitenent gruherios muUum bonos et volumus ut ipsos habeat dicius lofon? Peirns. Ilem rogamus dîctura Infantem Pelrura quod pro eo qui* nos promissimus sumnro Pontifici et missimus inde sibi cartam ût)dtram bullalam quod ejeceremus sarracenos de terra ooste et hoc idem jara promisseramus anle altare Dost!rei Domine' Sancte Marife Valencie et pro eo eliam quia sammas Pootifei nobis diclam declraam concessit ratidne predicta idem Intam Pôtnis prbreus ejiciat Sarracenos de regiw Valertcie : il» qvod<

PlkcES JVSTiriCâTlYES 0OT

ouHus ipsorum Sarracenorum remaneat ibi nec snus nec alterius pro peccunia vel censu aut pro redditu inde habendis vel afio modo 9 et quod hoc non mutel aliqua ratione. Capellam aulem nostram (aliter dividimus videlicet quod Crnx cum capmaseo delur monasterio Populeti cum omnibus rectabulis ejusdcm capeHe qui sunt ibi tam scilicel cum illo rectabulo Bealo Marie quod Rex CasleHe dédit nobis quam cum aliis. Et quod cap- maseu» predtctus sit semper dicli monasterli Populeli : ita quod iranqaaro posstt alienari dari vel vendi. Et dentur etiam eidem monaslerio sex calices argenli superaurali ejusdem capcUe nostre. Atitis vero duas cruces et capas officiandi el dalroaticas damus et dimilimiis Bedosie Sancti Yincvncii. Item Tolumus quod de illa amrtgtft que est in domo Populeti in comanda sit ipsius monas- terii Pbpuleti solulis prius tribus millibus solidis pro quibus est pignori obligata. Item dimittimus dicte Domui Populeti totatn vafxellam noslram argenli , ita ut inde Gant rectabuli ad opus ipsius monaslerii el Ëcclesie ejusdem. Ilem ad soivendum debrta et legata nostra et ad restituendum noslras injurias dimitlimus debilura quod débet nobis magisler hospitalis. Volentes nichi- lominua et mandantes quod omnes donaciones et assignaciones qua» nos fecimus et violaria que dedimus teneantur (irmiler et peiiitu» observeotur et non mutenlur aliquo paodo. Yotumus etiam et statuimus ac mandamus quod si conligerit quod débita nostra et legata atque injurie de noslris bonis persolvi defoeant ttt saperius continelur et non possinl persolvi de dicta décima lûfaos Dompnus PiBtrus et Infans Dompnus Jacobus filii nostri ea perseivere* et reslituere teneantur ita quod quisque ipsorum solvat er eis soam partem pro rata reddituum quos a nobis- babeat. Item dimittimus hospitali sancti Vincencii lectum' nos- Irnm et cortinas et coopertorias et senos ad opus pauperum et' folumus quod vestes nostre dbnentur et dividantur pan-^ peribus verecundis. Nec non etiam dimittimus damus et cedtmus- monnslerio P^ypuleli pro* anima nostra medietatem et lotum- quod habemus in villa Avinaxis quam Dguelus Angerlaria tenet. Recognoscentes quod illa vendicio que inde facta fuisse dicilur a nobis Raymundo Peiri civi Ilerde quondam fuii. flcta et non vera. Insuper etiam cum hiis codiciilis damus concedimus et cedimus jam dicto filio noslro Infanli Petro in nostra presencia constituto tolum plénum locum nostrum et

608 APPENDICE

omnia jura nostra et acciones alque demandas reales el personales etcujuscumquealleriiisgenerisel jurisdiccionem tolan) (ammeri quam mixli imperii quem que el quas habemus el habcre pos- sumus seu drbemns in comilalu el vicecomilalu Urgclli raliooe donacionis obligacioniscessionisaul aiia qualibel raiione el coq- Ira quascumque eliam personas lenenles aliquid de dicto comi- lalu vel vicecomilalu aul raiione ejusdera comilalusvel vicecoroi- lalus nobis obligaIssqnocum({U6 jure modo vel causa. Consli- tuentes inde eumdem ul heredem nosirura adorera et procura- torem in rem suam propriam ad agendum defendendum repii- candum el reconvenicndum el ad suam omnimodo volunlatem inde pcnilus faclendam. Âclum est hoc in Algeciria XIII kalendas Agusli anno Domini millesimo CC.LXX. sexto. Presenlibus leslibus et hec omnia videnlibus et audienlibus Jacobo Dei gracia Oscensi Episcopo = Hugone de Mataplana Urgellensi Ârchidiacono = P. de Rege sacrisla Ilerde = Âllierlo de Lava- neria legum proflessore et Arnaldo Caynnot Cjpellano Domini Régis ss Ego Simone de Sancto Felicio Domini Régis scriplor et publicus notarius prediclis inlorfui et ut publicus nolarius pré- sentes codicillos jam dicli Domini Régis scripsi mandate et hoc signum meum ut publicus nolarius apposui -{- =Sign. -f Bar- Iholomei de Villafrancha gerenlis vices Romei de Marimundo vicarii Barciiinono el Vallensis qui IHiic Iranslalo sumpto fide- liler ab originali suo ex parle Domini Régis et dicli vicarii et auclorilale qua nos (ungimur auclorilalem impcndimus etdecre- tum apponilum per manum mei Bernardi de Aversone nolarii publici Barchinone regenlisque scribaniam curie vicarii ejusdem civitalis in cujus posse diclus gerens vices vicarii hanc Grmam fecit kalendas Julii anno Domini millessimo CC. nonagcssimo tercio. Presenlibus leslibus Guillelmo Pelro Burgessii el Beren- gario de Villafrancha. Et ideo Ego Bernardus de Aversone nola* rius predictus hoc meum signum hic apposui -f = Ego Pelrus Aguilonis nolarius publicus de Tarrega hoc transcribi jussi et meum signum feci -[-•

(Archives de la Couronne d'Aragon, Parchemins de Jacme I*'. n* Î2d7.)

PIÈGES JUSTIFICATIVES 609

XXII

DEBNIER GODItilLE DU ROI JAGMB

Hoc est Iranslatum suDiptum fideliter a quodam instrumento sive a quibusdara codicillis quorum ténor talis est: Noverint uoiversi quod nos Jacobus dei gracia rcx Aragonum Maiorice et Yalencie cornes Barchinone et Urgelli et dominus Montispe- pesulani post testamentum jamdudum a nobis factum et post codicillosquosdam jama nobis confectos présentes facimus codi- cilios quos sicut leslamentum seu aliam ultimam voiuntatem nos- tram volumus observari. In quibusquidem mandamus ut tesla- mentum Dompne Berengarie Alfonsi quondam complealur et mandetur execucione per infantem Petrum etinfantem Jacobum filios nostros in eis in quibuscomplendum et exequendum est et per nos non extitit completum. Item in remissionem peccalo- rum nostrorum parcimus et remittimus Bertrando de Canellis et BernadodeCascalIisomnem odium etrencorem que habebamus eis. El ipsi faciant jus suis querelerantibus et absolvimus dictum Bernardum de Cascallis a sentencia lala contra ipsum ratione facti uxoris Pétri de Berga. Et mandamus restitui Berengario de Canellis bona que eiemparaveramus ratione dicti filiisui. Et parcimus etiam omnibus et singulisaliis contra quos nos ranco- remvel hodium haberemus. Ilem mandamus restitui Raimundo Ricardi civi Barchinone denariosquos ab eo habuimusin Yalencia seu deduximus de debito suo et Raimundo de Gastropoyl civi Ilerde denariosquos ab eo habuimus injuste. Item dimittimus Arnaldo Gaynot capellano noslro duo millia solidos melgorenses. Item mandamus ut recipiatur computum ab heredibus Arnaldi Scribe quondam de debito quod ei debemus et id quod ad solven- dum remanet persoIva(ur eis de bonis noslris. Item mandamus in utKarissimusGlius noslerlnfansPetrus provideat per très dies necessariis comeslioni fratribus minoribus qui congregali fuerint incapitulo generali fratrum minorumqui celebrari débet modo apud Cesaraugustam. Item mandamus restitui Pelro de Ager civi Ilerde quondam quicquid ipso ostendet nos teneri persolvere ei T. n. 39

610 APPENDICE

racione usure vel interesse cujusdam debiliquod nobis manule- vavit. Ilem mandamus persolvi Genesie lotumid quod ei restât ad solvendum de dote sua quam ei promissimus. Item confir- mamus Jazberto de Barbarano locum de Tallada quem sibi dedi- mus. Item rogamus Karissimum ûlium nostrum Infautem Petrum ut faciat Arnaldum de Paucis franchum in vita sua de omni questiaetexaccione ac servitute regali. Item mandamus exsequi et observari R. Falconerii de Algîzira cartam donacionis quam sibi fecimus dequodam fundico sito in Muroveteri prout inea continetur si injuste emparavimus ipsumei.Ilem mandamus res- titui Thomassio de Portu de Marsilla quadraginta et sex libras et mediam melgorenses in quibus ei tenemur et viginti et quinque libras pro mlssionibus quas inde fecit. Item mandamus dari dido Raimundo Falconerii hospiti nostro vestes complétas compétentes ci. Item mandamus restitui et dcemparari Munio Martini vel suis lieredibus illos mille soHdos quos recepit in sale nostro Yalencie prout eos recipere consuevit. Et mandamus etiam absoivi omnia emparamenta a nobis facta militibus Regni Yalencie si injuste sunt facta. Item mandamus restitui episcopo et Ecclesie Yalencie bladum totum et vinum et alia victualia que accipimus nobis ab eis. Et mandamus etiam restitui quibus libet aliis personis totum bladum et vinum et alia victualia que ab eis nobis accepimus in hac gracia. Item mandamus quod Astrugo den Bonseynnor alfa- quinio nostro non possit demandari aliquid ab aliqua Aljama ra- tione questie vel tributi aut cujuslibet exaccionis seu demande regalis pro tempore preterito usque modo pro aliquibus bonis suis cum ipsum inde quia sequebatur curiam noslram et eratde domo nostra franchum esse intellexerimus et velimus. Item in- franquimus et franchum esse volumus Guillemonum Dena Hon- taguda supercocum nostrum quantum adbona que habet in Alge- ciria et terminis suis ab omni questia et exaccioiie ac servitute regali toto tempore vite sue. Et rogamus infanlemPelrumprcdic- tum ut ipsam franchitatem concédai ei et facial observari. Item mandamus quod si que scnlencie invenientur per nos laie fuisse contra jus ipse senlencie revocentur et emendenlur per predictos filios noslros prout juris fuerit per unumquemque scilicet eorum in terris suis. Item damus et dimittimus Capelle nostre altaris Sancti Jacobi quod est in Ecclesia Majori Yalencie et Capelîaoo ejusdem presenti et futuris in perpetuum pro anima nostra

PIÈCES JCSTIPIGATiyes 611

fiaicam et laudimium ceasualis ipsius Gapellanie et operato- rioruin pro quibus ipsum fit ceosuale. Ilem cura nos dcdissemus hiis diebus monasterio Populeli Castra ot Villas de Coponis et de Yiciana et- de Payleroltoet de Sancto AntoHoo et de Timor pro anima nostra et inde fieri mandavisseraus ac fecissemus carlain eidem monasterio modo quidem cum hiis codicillis in cambium predictorum dimittimus et damus eidem monasterio imper- peluum villara Apiarie cum torminis et pertinences suis om- nibus et cum redditibus exilibus proventibus et juribus nostris omnibus ejusdem ville et terminorum suorum et cum omnibus que ibi babemus ethabere debomus. Item dimittimus supercoco et coquinariis nostris caldarias et omnia apparamenta coquine Dostre. Item dimittimus mulam nostram abbati et monasterio. Ilem mandamus dari Petro Garcez de domo nostra qui captivus a Sarracenis detinelur in auxilium sueredemplioniselemosinam quam dare consuevimus centum pauperibus singulis diebus quam debemus de tribus mensibus proxime preleritis exceptis centum solidos quos damus inde Jacobo Pa et Ayga de elemosina nostra. Item dimittimus ad caplivos domus nostre redimendos qui in bac guerra apul Luchente et aput Alcoy in posse Sarra* cenorum captivati sunt quinque mille solidorum regalium in auxilium sue redemplionis. Item dimittimus monasterio Populeti mille solidos regalium pro uno anulo quem ipsi Monasterio dede- ramus et volumus dare predicto Infanti Pelro filio noslro. Item dimittimus Poncio de Acdo racione servicii quod nobis fecit mille solidos regalium. Ilem mandamus restitui Petro Gortici civi Ilerde quingentos morabetinos quos ab ipso liabuimus racione cujusdam hominis nomine Petro Guasqui si ipsos injuste ba* buimus ab eodem. Item concedimus Guilaberto Sa Noguera Ha- jordomo nostro quod in vila sua non teneatur in regno Valencie residenciam facere nisi voluerit racione heredilatis quam habet in Uxone. Item mandamus persolvi Gerbordo debitum quod ei debemus et dimittimus ei racione intéresse ipsius debiti duo mille solidos regalium. Item de debito quod debei nobis Magisler hospilalis mandamus redirai vaxellara nostrara argenli et de re- siduo persolvi quantum sulficiat debilura Apiarie pro quo ipsa villa cstobligata. Et mandamus carlara prcdicli debiti hospilalis reddi monasterio Populeti. liera raandamus persolvi Archidiacono Urgelli debilura trium raille solidorum quod ei deberaus cum

612 APPENDICE

albarano modo facto. Item omnia débita nostra predicta et alia que debemus famille nostre vei qulbuslibet aliispersonis racione quilacionis vel alia racione mandamus persoivi afo Infante Petro et Infante Jacobo filiis nostris prorata reddiluum saorum quos habent a nobis = Actum est hoc in Algizira X kaiendas Âugosti anno Domini M. GG. LXX sexto. Presentibus Jacobo De! gracia Oscensi Episcopo. = Ugone de Hataplana archidiacono Orgelli =s P. de Rege sacrista Ilerde = Alberto de Lavania legum pro- fessore et Arnaldo Gaynnoli capellano jamdicti Domini Régis. Ego Simon de Sanclo Felicio Domini Régis scriplor et publicas notarius prediclis interfui et ut publicus notarius présentes co- dicilles jamdicti Domini Régis scripsi mandato ejusdem et hoc signum meum ut publicus notarius apposui lîi = Signum lii Guillelmi de Castro veteri vicarii Barchinone et Vallensis qui huic translato sumplo fideliter ab original! suo non caucellato nec in aliqua parle sui viciato ex parte Domini Régis et auclo- rilate olBcii quo fungimur aucioritatcm impendimus et decrelum ut ei tanquam originali suo ûdes pleniaria ab omnibus impeo- dalur appositum per manum moi Bcrnardi de Gumbis notarii publici Barchinone regenlisque scribaniam curie vicarii ejusdem civilalis in cujus manu et posse dictus vicarius hanc firmam fecit undecimo kaiendas Februarii anno Domini Hillessimo CGC. se- cundo. — Presentibus testibus Jacobo de Honlejudayco Bereo- gario Corlilio Jureperitis et Barlholomeo de Yillafrancha. Et ideo ego Bernardus de Gumbis notarius prcdictus bec scripsi et hoc meum signum hic apposui ^ Signum i^i Pétri Aprilis no- tarii publici Barchinone qui hoc translalum sumplum Bdeliter ab originali instrumento sive codicillis et cum eodem de verbo ad verbum comprobatum scripsil et clausit undecimo kaiendas Fe- bruarii anno Domini M. GGG. secundo cum litteris apposilis in linea tercia ubi scribitur non.

(Archives de la couronne d'Aragon, parchemins de Jacxné I*% n* 2289.)

COMPLÉMENT

NOMENCLATURE ET ÀRMORIAL DES FAMILLES ET DES PERSONNES LES PLUS CONNUES DES ÉTATS DE JAGME I"

Le travail qui suit n'est pas un nobiliaire. Toutes les catégories sociales y ont leurs représentants, depuis les princes du sang royal d'Aragon, jusqu'à Jacme Pa-et-Âyga (Jacques Pain-et-eau], le pauvre du roi {de elemosina nostra)^ auquel le Conquistador fait un legs dans son dernier codicille.

Nous avions voulu d'abord ne comprendre dans cette nomen- clature que des individus ayant rendu quelque service à leur pays pendant les grands événements du règne de Jacme I" ; mais le dépouillement des chroniques et des manuscrits nous a convaincu de Timpossibililé de ce triage. Nous avons donc résolu de relever les indications de personnes et de familles que nous fournissaient les principaux documents consultés par nous, et d'offrir, dans un ensemble de noms se coudoyant au hasard de Tordre alphabétique , une sorte de tableau abrégé de la nation

614 rrOMBNCLATURE DES FAMILLES

que gouvernait le roi conquérant ; tableau qui ne manque pas d'intérêt au point de vue historique , archéologique et philolo* gique, et qui contribue à faire connaître la physionomie de Tune des contrées les plus nettement caractérisées de l'Europe à une époque les mœurs, les idées, les lois, les noms de pays et les noms d'hommes se modifient et se transforment.

La nature et le nombre des documents que nous avons mis à contribution nous font espérer que nous aurons omis peu de noms d'individus marquants, bien que nous ne puissions pas nous flatter d'être même à peu près complets sous ce rapport. Nous n'avons pas d'autre prétention que de donner ici des matériaux exhumés dans le cours de nos recherches sur le règne de Jacmel*', et qui ne sont ni assez dénués d'utilité pour être rejetés dans l'oubli , ni assez importants pour être mis en œuvre avec le même soin que le reste de notre ouvrage. Nous les publions bruts et tels que nous les avons rencontrés y nous bornant à les coor- donner sommairement dans l'ordre alphabétique. Qu'on ne nous reproche donc ni des confusions de noms et de familles, ni des attributions douteuses d'armoiries, ni des omissions ou des erreurs dans l'indication des maisons existantes. La critique n'était pas noire fait ; elle nous eût entraîné à un travail que nous n'avions ni le temps ni le désir d'entreprendre. Nous offroos au lecteur des notes que le hasard nous a fourmes ; nous indi- quons nos sources, à chacun de les contrôler.

Tout informes qu'elles pourraient être, des listes pareilles à colle que nous publions, faites pour des temps et des pays divers, seraient d'un grand secours pour les études archéologiques; mais, à en juger par le seul travail matériel que nous a coûté celle-ci , nous comprenons que peu de gens consentent à se dévouer à une lâche aussi ingrate.

Les noms qui figurent dans notre nomenclature sont extraits des documents suivants :

1^ La Chronique royale et les chapitres de d'Esclot et de Muntaner qui se rapportent au règne de Jacme 1*' ;

Le lihro de repartimiento deMayorque (voy. à l'Appendice de noire tome II, la noteB, IV);

Le registre constatant la sons-répartition faite à Mayorque par le vicomte de Béarn aux hommes de sa suite. C'est le seul document que l'on connaisse qui se rapporte à la sous^répar-

DES ÉTATS DE JACME l" 615

tilionde la porlion d'un baron; il a été ulilisé par MU. Qua- drado et Bover ;

Les notes des arpenteurs désignés par le roi pour distribuer les terres arrosables des environs de la ville de Mayorque. Ces notes ont été mises à profit par M. Bover ( Meinoria sobre los pobladores ) ;

5" Le lihro de repartimiento de Valence, publié, comme celui de Mayorque, dans la Coleccion de documenios ineditos del archiva de Aragon (t. XI). Il ne comprend que le district de la capitale. Il y a eu pour les autres villes du royaume des répar- lilions particulières, sur lesquelles Viciana.FebreretDiagonous donnent quelques indications;

6"* Les Trobas dels linatges de la conquista de Valencia^ par Febrer, qui sont loin de renfermer tous les noms des chevaliers ouécuyers qui prirent part à la conquête;

T"* Viciana, Diago, Zurita et Blancas;

8** Le mémoire de don Martin Fernandez de Navarrele sur les croisades des Espagnols en Terre-Sainte {Memorias de la Realacademia de la historia, t. V); qu'il faut compléter par les documents XLVI et XLVII du lome VI de la Coleccion de documenios ineditos del archivo de Aragon , et la note de la page 174 du même volume ;

L'ordonnance de paix et de trêve promulguée aux cortès de Saragosse de 1255 et insérée au titre de Confirmatione pacis du livre IX (t. I) des Fueros d'Aragon. Cet acte a été signé par les principaux seigneurs aragonais et par quelques députés de villes. Nous n'y renvoyons que pour les noms qui ne figureiït pas dans d'autres documents cités par nous. Nous le désignons par ces mots : Paix de 1255.

10^ Nos Pièces justificatives et les actes analysés dans notre étude ; mais^ en ce qui touche ces derniers, nous faisons figurer seulement dans la nomenclature les noms que nous avons cru devoir mentionner déjà dans notre ouvrage.

Parmi les nombreux individus que nous allons nommer, tous ne sont pas originaires des Étals de Jacme P'. Il y a non- seulement des Français du Midi, des Castillans, des Navarrais, mais aussi des Français du Nord, des Italiens, des Allemands , des Anglais, tous devenus vassaux ou sujets du roi d'Aragon, en acceptant de lui des domaines dans les pays conquis.

616

NOMENGLATCBB DBS FAMILLISS

Noire travail aurait un développement beaucoup trop consi- dérable si nous donnions une notice pour chacune des familles ou chacun des personnages sur lesquels les auteurs nous four- nissent des renseignements; il nous suffira de renvoyer aux principaux passages des divers auteurs que nous avons consultés et de notre propre ouvrage.

Les armoiries sont décrites d*après les nobiliaires ou armo- riaux, dont nous avons indiqué seulement quelques-uns à la note A de l'appendice de notre second volume.

Voici la table des abréviations dont nous nous sommes servi :

i.— Adarga catalana (Armoriai de

Catalogne), par Garma. Jr.— Aragon. Auv. Auvergne, B. Blancas, Rerum aragonen-

sium commentariL Chapitre re- latif aux familles arragonaises Bo/.— Baléares. Bj. Blancas, Rerwn arcigonn^

sium commerUarii. Biographies

des ^fAStidas. Bp. Bover, Memoria sottre las

pobladores de MoVorca, Bn. Bover, NobUiario MaUor-

quin. Coi. —Catalogne. Casl, Castille.

D. Diago, Anales dd rayno de Valencia,

Doc ined, Documentos ineditos dei archivo de Aragon.

E. Chronique de (TEsclot. Bsp. —Espagne.

F.— Pebrer, Trobas

Fr.— France.

Go^c— Gascogne.

h). Iviza.

J. Chronique de Jacme.

long, Languedoc.

May, Mayorque.

Min. Minorque.

Montp. Montpellier.

M. Chronique de Muntaner.

Nao. Navarre.

Prov. Provence.

Port.— Portugal.

Q. Quadraoo , Historia de la

conquista de MaUorca. Rm. Li6ro de repartimierUo de

Mayorque. Rv. Ltbro de repartimiento de

Valence. Rouss. Roussillon. Toi Tolosa.

Totd —Toulouse.

TS. Mémoire de don Martin

Femandez de Mavarette sur les

expéditions en Terre-Sainte. V. Viciana, Libro de las fami-

lias. Val. Valenoe. Xat. Xativa. Z. Zurita, Anales de Aragon. Les

fol. indiqués se rapportent au

ab. signifie abaissé.

000.

affr. -

oj.

arg.

arr.

az.

bar.

bes.

bord.

boiU.

bq.

broch.

carU.

cam.

c^r.

chevr.

corU.

cour.

crén.

croiss.

dex.

éc.

écMq.

épi. -

âoi. -

fam.

fr. q. -

yu.

herm.

lamp.

accompagné.

afifronté.

ajouré.

argent.

arraché.

azur.

baron ou baitumie.

besant.

bordure

boutonné.

becqué.

brochant

cantonné.

carnation.

chargé.

chevron.

contourné.

couronne oucoun^mé

crénelé.

croissant

dextre.

écartelé.

échiqueté.

éployé.

étoile.

famille.

franc-quartier.

gueules.

hermine.

lampassé.

DES ÉTATS DE JAGME 1*'

los. signifie losange.

fnol. nat. nobL

molette, naturel . noblesse.

sa,

sauJt,

sin.

%^

orig,

ouv.

pass.

ramp,

renv.

originaire.

ouvert.

passant.

rampant.

renversé.

supp. surm. tourt vie.

rép. signifie répartition, sable, sautoir, sinople. supportant, surmonté, tourteau, vicomte.

617

N.-B.-^ Le chiffre romain elle chiffre arabe qui suivent im- médiatement un nom de famille ou d'individu indiquent le tome et la page de notre élude sur Jacme I".

Lorsque l'iniliale qui désigne un ouvrage est suivie de deux points et d'une description d'armoiries , cette description est extraite de Touvrage auquel se rapporte Tinitiale. Nous devons faire remarquer que , pour traduire les descriptions souvent incomplètes de Febrer, il n'est pas toujours possible d'employer la forme héraldique.

Les descriptions d'armoiries précédées d'un trait sont tirées de sources que nous avons jugé inutile d'indiquer. Beaucoup nous ont été fournies par Texcellent Armoriai général publié à Gouda en 1861, par M. Bielstap.

Lorsqu'un blason est précédé d'un astérisque*, il y a quelque doute sur son attribution.

Abad, Abat (P. del) Rv. F: d*az. au chien au nat.

Abadia (P. de), orig. d'Italie. F : de sin. au lion cTor.

Abarga ( Alf. de) F: de gu. à Yabarca d^or. B: de gu. à 2 àbarcas d'or Voy. Barca.

Abell\, Avella (Ramon de) F: d'or à 3 pals vivres de sa. J ch. CLXXv. Q. Bp. - (Bernât de) F : d'az. à 3 pals vivres d'or. (Père de) F : cTaz. à 3 bandes de sa bordées d'or. (Père et Jacme de) ori^. de Montp. F : de gu. à 3 fasc. vivrôes d'arg. (Joan de) F: de gu. à 3 abeilles d'or.

Abello (G. de) F : de gu. à la ruche d'arg. sommée d'un lis au nat. sur lequel est posée une abeille d'or.

Abenazo. Rv.

Abbncedrel Sarrasin , II, 30.

Abbngamer (Azmet) Rv. proba- blement Sarrasin.

Abenhayan (Manda r] Rv. Sarra- sin.

Abbnpesat (Sim. et Sam ), juifs, Rv.

Abbntreyi (Jucef) . médecin du roi II, 377. 404.

Abibent (Juffre) Rv.

Abiego (h.), bourgeois de Sara- gosse fait cnevalier par Jacme. D.: d'or à 2 pals d'arg. chargés de 2 lions de sa. armés et lamp de gu .

Abnadayan (David) juif, alfaqui de l'infant Femand. Il, 377. Rv. (Azach) juif. Rv

Abneluget Bp. probablement Sarrasin.

Abou-Seid, émir de Valence. I, 246. 332, 333, 340 : II, 96. D. 1* 299. Voy. Bblvis.

Abraham, changeur juif et Abra- ham fils de Vives, almqui. Rv. Abraym, trésorier de Saragosse. II, 377.

Abrines, Ëbrines, de Ehrinis

618

NOMENGLATURB DBS FAMIU.ES

(Bernât et Arnalt de) Rm. Bp.: a*arg. à l'arbre air. et elfeuillé au nal.

AcAQUER (G il de) Rv.

AcATA (P. de) Bp.

AcEYT (Furtado Perez et Toda del) Rv.

Adalgeir (P.) Rv.

Adam, huissier de la reine. Tiha, sa femme; Adam, écuyer de Sal- vator ; Adan. marchand. Rv.

Adanta (Andres do' Hv.

Adarro, Darro (Arnalt), orig. de ' at. Bp : de gu à Vé\)&o d arg. garnie d'or la pointe en haut et accostée de 2 6t d'or.

Ademar, deTortoso Rm.

AbiLLAN (Stevan de) Rm. proba- blement orig. do la vie. de Bé- ziers.

Adobador (Divers prénoms) de Jaca Rm.— Rv.

Agel (Ferrer et Guill de) Rv.

Agbr (Ramon-Berenguerde),run des principaux bar. catalans. I, 233, 243, 308. 386. Rm. Rv.

Z. 123. - F. : d'arg. à la ban- de los. d'or et de sa. Ar. de Ager ou Dager, de Lerida Rv. A : parti d'or au lion dogu. cour, du cnamp, et de gu. à l'ôguse d'arg. aj. de sa.

Ag.nos (Domingo de) Rv.

Agog, Agoch (B.) Rm feudataire du vie. de Béarn.

Agon, Dago (Pedro Martinez de) chevalier ; Rv.

Agramunt, Dagremont, de Acro- monte (A.. Br , G., R. de) Rv. (P. de) de Lerida, Rv. (Jacques do) orig de Fr. établi à Val V.

F.: d'az. au mont fleurdelisé d'or. Agramunt, orig de Nav. établi à May. Bn. F.: d'or à quatre pals [alias bandes) de sin .

Agrbda (Jean. Martin de) Rv.

Aguero (Garcia de) I, 90. —F.: d'or au lion au nat. tenant entre ses pattes la bannière royale d'Ar. et surm . d'un soleil de . . .

Agues. Aguas, Daguas (Miguel de) chevalier d'Alagon. I, 124. J. chap. XXVI. F. : d'or à l'é- pervier essorant au nat.

Aguilar. Deux familles impor- tantes ; l'une orig. de Gast. F.: d'or, à l'aigle épi. de sa. cour, du champ; l'autre de Nav. F.: d'arg. à l'aigle de gu . (Sancha, Perez etMongua de) Rv. Voy. aussi Z , lib . II, cap . 84 .

Aguilella (B. de), oammandeor des Templiers de Monzon. I, UL 442.

Aguilera (Joan) F.: d'az. à l'ai- gle d'or regardant un soleil du môme.

Aguilo, de ÂquUone (Guillem dej issu des princes de Tarragoneou de la maison de Cervera. I, 3Û, 369, 380, 389 ; II, 27, 32. - J. ch. cxLv. F.: d'or, à l'agle de sa.

Aguilo (divers prénoms)" Rv.— Nom porté par le comte de Ripalda^ marquis de Campo-Salinas.

Agusti, de Girone, Rm.

Agut (Berenguer) Rm.

Ahe (Fortun de), Aragonais. II. 335; à la conquête de May., d'après Z. J. en. lvu. B.—

Bj : de à deux chaudières

de...

Ahones, Dahones, de Aunmio (PedroU, liO, 143, 164, 175, 178. 180, 188. (Sancbe) évèque de Saragosse, I, 174, 188, 198, 204, 343. (S et Bertran de) Rv. - Illustre famille de mesn€uieros, ad- venus ricos homes, I, 276. B.: d'az. à la cloche d'arg.

Alnar. Rv.

Ajurol (Berthomeu) de Tortese, Rv.

Alabam'A (Amfos de) F.: éc. eo saut. 1 et 4 de gu. au lambel d'or, en flancs d'arff . a 3 pals de sa.

Aladren (J. de)Rv.

Alagon, Aiahon, Dalao, fam. de ricos homes de naturaleia, I, 136, 192. 248, 337; II, 33», 365. - J. ch. cxcv et ccxLvui. Z., lib. II, cap. 80. (Joan de) Rv. B.

F.: d'arg. à 6 tourt. d'az iaiias de sa.) (Gil de) I, 295. Q. p. 253.

Alamany, AJemany, AkmandL ^ Fam. importante issue de la maison de Cervello; I, 205, 206. 233, 256, 268, 306.— Rm. Q. -F.: d'or à 3 demi-vols de gu. mal o^ donnés. Oxova de Alaman, che- valier, et ses trois neveux Rv.

ALARA.N (Fer. de) Rv.

Alapont (Père de) F. : de sin. au pont au nat. ace. d'un demi-vol d'or.

Alarcon (Gil et Martin de) Rv.— (Femand de) F. : d'arg. à 3 fasc. de sa. à la bora. échiq. d'or et de gu.; à la croix de gu. bordée d'or.

Alarigh (Jacme ou Joan). bour- geois de Perpignan, ambassad.

DES ETATS DE JAGliE !•'

619

ftuprés du khan des Tartares. II, 391.

Alassar, mif, fils de Âcecri Abinjucef , dfe Huesca, et Alassar Albufach iaif deSarag. Rv.

Alava (Marie de) Rv.

Alavana; fam.j[ui figure à la

?rise d*Orlbuela ; T. : 6c. en saut, et 2 de go. à la fas. crén. d*or ; en flancs- d'arg. . à 3 pals de sa.

ÂLATAN (G ) de Besalu Rv

Alazaroh, sarrasin, II, 284 h 289, 296, 297, 504.

Albalat (M., s. , et Pelegrin di^) Rv. (Pedro de) archevêque de Tarragone. J. ch. ccxni. - II, 32. (Andreu de) évoque de Va- lence. II, 121, 284, 405. (Benêt de), frère do Tarchevôque et de révoque: F.: d'az. au demi-vol d'or

AtBAN(Xafat)Rv.

Albanell(6.) de Cet. F.: d'or à Toiseau d'a2. bq. et membre d'or et d'arg.

Albaterra (G. de) consul de Montp II.

Albayt, fauconnier ; S. Albei; Rv.

Albbrtgii (B ), Alberit, Dalverit (Martin de) Kv.

Albert, Albet, Àrhertus (P.) de Tarragone Rm. Rv. Un cha- noine de Barc. IT, 150. A : d'or au mont de gu. sommé d'un arbre de sin

Albogor, Sarrasin, II, 297.

Alboraghi, Rm.

Albornos (Garcia), appelé aussi Marinyes ; F.: d'or à la bande de sin.

AlcalAj Alcana, mesnaderos de> venus pins tard ricos homes. Un commandeur des hospitaliers. I, 85, 175 ; II, 31, 32,34, 95. Rv. J. ch. IV, ccxiii. B F.: d'arç. au lévrier au nat. '— Guillem ne Alcala s'engagea à suivre le roi en Terre-Sainte. Doc. inéd., VI. 174.

Alcastreles (Blasco de) deTe- ruel Rv.

Alcacham, Bp.

Alcatan (Aniç) Rv .

Alcayat (P.) de Teruel Rv.

Algayz (Arnau de) D. f* 357

Alcoer, Dalcoer; Alcover (P.) Rm. Bp. A. T. Alcocer, chevalier ; D. f 386.

Alcoleya (Renet de) Rv.

ÂLGOZ, Dasco (G.) de Teruel ; (8. de) Rv.

Aldana (Joan de), de Bordeaux; F.: de gu. à 5 fleurs de lis d'or. (Amfos de) F.: de sin. à l'épée ace. de 3 cour. d'or.

âldebert, provençal, Rv.

Aldrica, Rv.

Alegre (Joan) de Bilbao: F.: d'arg. au aemi-vol d'az. - Alegre, chapelier, Alegret, Rv.

Alen (Benedet) Hv.

Alepus (Père de), aventuner ara- gpnais; F.: d'or au demi-vol de sin. Iiope, D., Fernand de Alli- puez, Rv.

ALESA (Guillem de), Rv.

Alexandri, feudataire du vie. de Béarn; Q.— Bj).

ALFAi\T (Domingo Perez), châte- lain, Rv.

Alpager (J. de) ; Felipe Alfagen, Rv.

Alfaro (Aznar Perez de), che- valier, et quelques autres Rv. Parti d'or a deux chicots de sin. et d'az. au crois, versé d'arg. P. de Alfara. Rv.

ÂLFERZAS (P. de), Rv.

Alpo (Ar. et Guillem de), Rv. G. Dalfi, de Barc. Rm.

Alfocea (G. de) ; J. et B. Alfocea, de Tortose, Rv.

Alfonso (Teresa) Rv. Beren- guela Alfonso, maîtresse du roi, II, 353. 357, 362, 396, 480.

Alguayra, Dalgoayre (Nicolao, Pascual de), Rv.

Alhadmer (Br.), Rv.

Alhagen (Michael, Felipe), Rv.

Aliaga (Amfos de), de Jaca, F. : d'or & la bande de sa. D. Aliaga, Rv.

Alient (Guislabert de), Rv.

Allaco (Guillem de), maître du Temple; I, 174.

Almada(B. de), Rv.

Almanan (G. de) et Marie, sa sœur, Rv.

Almais'at (Bernât de), Rv.

Almater (Hahim), Hv.

Almenar (P.), dUrgel; F.: ôc. en saut aux 1 et 2 d'arg. au demi- vol de gu.; en flancs, aaz. au châ- teau d'or. P. et Bg. de Almenar, Rv.— Repart, de Xat. D. I* 341 .

Alhenara (Guillem), de Giîone ; F. : d'az. au mur crén. d'arg. ouv. de deux ou trois broches; une bannière d'arg. Guillem, Joan, R. do Almenara, ou Almanara, Rv. Berenguer de Almenara, maître des hospitaliers; II, 478.

620

NOMENCLATURE DES FAMILLES

Almbgabt, Rv.

Almodovar (Père de), F.: d'arg. à 2 pins et deux porcs épies ; les armes d'Ar. en cœur.

Almoravit, Almorabet(Ximeno), II, 579. Rv. Juan Almoravid, chevalier. D. f 385.

Almima (Père de), F. : d'or à 3 pins au nat.

Alori , Dalhori (Furtado de) , Rv.

Alos (Ramon), seigneur de Vi- naroz, F.: Paru d*orau d mi -vol de. . . et de gu. au cep de vigne au nat. ^ A. En 1866, cette noble et ancienne fam. catalane avait pour représentants: 1* Don Luis Carlos de Alos y Lopez de Haro, marquis de Alos, baron de Balsareny, chev. de Malte, gen- tilhomme de la chambre de 8a Majesté ; 2* D. José Maria de Alos y Lopez de Haro, frère du précé- dent, chev. de Malte et de plusieurs autres ordres, majordome de la reine, commissaire de la Terre- Sainte à Madrid; 3* D. Antonio de Alos Y, Lopez de Haro, colonel d'in- fanterie, frère des précédents. Les armes actuelles de la maison de Alos sont : d'arg. à 1 ours passant de sa. surm. d'un demi-vol du même.

Alpicat (Pcre de), de Bilbao. F.: parti d'or au demi- vol de gu. et d'az. à la pierre d'or.

Alpont (Père), F.: d'arc, au pont au nat.— Autre fam. Alpont P. : d'or au trident d'az.

Alporaghi, Bp.

Alquexemi, Alchichemi^P.), Rm.

Alquezar, Dalquezar (Mathieu, Garcia de). Rv.

Alrakl fBr.), Rv.

Altet, Daltet (P., Lorenz, A. de), Rv.

Altomiratl (Bg. de), Rv.

Altura (Gil ûeh Rv.

Alvareda, Albareda (P. de), Rv. ^

Avarbz, Alvaris (Femand,6arcia de), Rv.— * Huit points d'az. équi- poilés à 7 d'L'rg.

Alvero, Albero, Alvaro, Dalbero (Ximeno), chevalier, et J)lusieurs autres. 1, 168. Rv. Rm. J. ch. XIV.

Alzamora (Joan. Luis de), F. : d'ar^. au demi-vol de sa. et au mùner au nat.— V.: d'or au mû- rier de sin. ace. à dext. d'un lion

de gu., & sen. d un demi-vol de sa.

Alzet, Salcot (Bemat), Rm.

Amada (Gil de), Rv.

Ahador (Vital), Rv.

Amar (Bernardin), Bp.— Bm.: d'arg à 3 fas. ondées de sa. ^ Re- présenté par la fkm. Muntaner.

Amargos (R.) d'Almenara, Rv.

Amat (Bemat), de Barcel., F. : d'or à un oiseau à 7 tôtes. R. Amat. Rv. Le marquis de Cas- telbell et de Gastelmey& porte le nom d'Amat

Ambtla, Camélia (Armeneol ça * ), Rv. "Ramon Ça AmeUa, commandeur d'Aliaga', J. di. xxiu.

Amigon (Bernât), Rv.

Ampurias. Illustre et puissante (km. issue peut-être de la môms souche que la maison de Barcel. I, 233, 239, 289, 293, 306, 307, II, 337, 365, 472. 493, 497. 505. Rm. - Fascé d'or et de gu.

Amtell (Pierre), archevêque de Narbonne;!, 381. J. ch. clxxvi et CLxxviii.

Anata, Rv.

Anoodor (P.), de Teruel; Rv.

Andrauet, nepos J. Emerid, Rv

Andreu, Andres, Andréas. Divers individus : un Hongrois, un adahd, un scribe du roi; Br. Andréa, évoque de Huesca, Rm. Rv. Q. Bp. Fm.: d'arg. au griffon de sa. Andres, à Valence ; V. F . : d'az à la litière au nat André, cuisinier, II, 166.

Anduza (B. de), de Montpellier, II, 552.

Anbr, Daner (Jacme, Martin de), Rv.

Angaru (A. de), Rv.

Angebina (P. de), Rv.

Angbl (P.), Rv.

Angblasel (P. de). Rv.

Angbrtrina (P. de), Rv.

Anglada, Langlada (Guillem de) de Montp , II, 6.

Angleria (Alonso), Castillan. F.: d'arg. à l'ancre de sa.

* Ça ou Za va pi«e"^'*^ et eu ma plo- riel est an ancien article catalan poar te et les. n B'est formé du i>ronoin latin 9m, iptis employé an moyen âge dans le mCme sens. On UoaTe, par exempte, dans les anciens actes Untàertut d* ^tû AaOù pour Bwmbtri de e«$ Açudeê, N. . . de ^ms Oarrica pour N... de Ai Omrrig»,

DES ETATS DE JACIIE I

«I

621

Angles (J.)i Hv.

Anglesola, Anglerola, Engla- rola, Très-ancienne fam. catalane. 1,206; 11.365.— J. ch. cclxxiii. F.: d'or à 3 fas. engreslées de sa.

Angubra, Enguera, Angera, Dan- gera (A., R. de), Rv.

Angoilara, Angullera, deAngu- laria (P. ,Bg., G de). Rv Uguetus de AngiUaria, IL 607.

Anguiler (Ar.), Rv.

Ansa (Araalt de), Rv.

Ansaldo (Jacmede), F.: d'az. au lion cour. d'or.

Antillon ; fam. de mesnaderos devenus ricos homes; I, 276; II, 291. J. ch. XI. B. ~ F.: d'az. à 5 ôtoi. d'or. Blanca de Antillon, II, 352. Nom patronymique des comtes d'Antillon existant de nos jours.

AïSTiST (Arnalt de), orig. de France, d'après F.: degu. à la fleur de lis d or, et d'or à la tôle de Maure Orig. de Lérida d'après V.: de gu. à la fleur de lis d'or.

Antolin (Martin), Rv.

A>TON (Joan de) F.- d'az. à deux loups qui vomissent des flammes.

Anzano, Danzano (Vales, Joan Lope de), Rv. B. F.: d'arg. à la croix de Calatrava de gu.

AoLAs, Daulas (Bertran de), Rv

Apahici (D., p. Garcia), de Te- ruel, Rv.

Apiera (A. de), feudataire du vie. de Béarn. Q. Bp. G. et F. de Apiaria, Rv.

Apolideriz (Nicolas), Rv.

April, Abril (Valero), boucher, Rv.

Araca (Bernât de), de Marseille, Rm.

Arada (Gil de), Rv.

Arag (B.), Rv.

AR4GER (Berlomeu de , Rv.

Arago, Daragone (Rainon de), dsTortose Rm. Marti de Aragon, Rv.

Aragones (Joan), Rv. V. F.: d'arg. à la croix potencée de sa.

Aran, Daran {Burdus, S., Fer. de); G. Daran, portarius; P. Eran, de Tortose ; F. de Deran, Rv.

Arangis (R. de), Rv.

Ara.nda (Rodrigo de). Rv.

Arandego, Arandiga, (Rodrigo, Guillem de), Rv.

Arannon (Br ), Rv.

Arasel (Blasco), Rv.

Aebanes (P.), Rv.

Arbe (Sancho Aznarez de), J. ch.

CGXLVm.

Arbbysa (Martin de), Rv.

Arbizu (Père de), de Guipuzooa, secrétaire do Jacme P'. F.: d'arg. au loup au nat.

Abborser, Arbuisech (Père de), majordome de l'infant Femand; F.: d'arg. à l'arbousier fruité au nat.

Arboz (G. dez), Fer. Derbos. Rv.

Argez (Lop.), Rv. ÀrcessitASj scriptor Rm.

Archeist (Bernât^, Bp.

Arghimbalt (Br.), Rv. Ar- chimbald, de la suite de la reine, II, 577.

Abcs, Dezarchs, de Arcubtis [Guillem de); Marie de Gastello, sa femme ; Arbert Darchs, Rv.

Ardan (J ), Rv.

Arenillas (Martin Alonso), Z. 170.

Arenos. Voy. Tarazona.

Arens (Pons de); G. Darenes, Rv. Guillem de Arenys, chanoine de Val . D. 1* 366.

Arer (Amald), Rv.

Argentée (G.), Rv.

Argenzola (P. de) Rv. De gu. & 3 pommes de pins d'or.

Argert (Rodrigo), Rv.

Argilers (Ferrar de), Rv.

Arguixo (Mi( hael), Rv.

Arias (Ar.), Rv.

Ariolp(N.), Rv.

Arlet Darlet(A. de), Rm. Rv.

ARMENGOL'(Pere),se!disaitissu des c'»' de Barcel. F. : de gu. au griflbn d'or. Michael, R., Ex., Armen- gol, Armengou, Ermengau, Rv.

Armer (Pelegrin), Rv.

Arnau, Amald, Amalt. Divers individus : un écuyer de l'évoque de Barcel.; ilmoidu^ MontispesitUani Rv. Un écuyer de l'inlant de Port, à May. et deux de ses parents à Val.; Bn.: d'arg. au navire flottant sur une mer, le tout au nat. Père Amau, de Peralada, F.: d'az. au demi-vol d'or ace. d'une fleur de lis de... Garcia Arnalt, argentier du roi, 11,166, 404. Rv.— Amalt, scribaj II.

Arnedo, Damedo (Femand), che- valier, Rv.

Arode, Arude (Ferrer, Guill.), Rv.

AcQUER, Archer (P.), Bn.: d'arg. à l'yeuse arrach. au nat. chargé

622

NOMENCLATURE DBS FAMILLES

d'un arc tendu avec sa flèebe Devise: TeknditDeuaurcitmswJMi.

Arrom, Arron (Joan-Tomas) Rm. Bn: d'arg. à la bande degu. ace. de 2 étoi. à huit rais d'or.

Arrufat (Alfonse) F.-V. : taillé de gu. et d'or, au lion de l'un en l'autre.

ARTA80NA (Martin Ferez de), ;uff- Ucia d'Ar., et Pedro Martinez^ son fils, juslicia ^près son pèreBj.

Artan, Rv.

Artatjo (Joan de), seigneur d'Alfaro ; rieohome biacayen F. d'or à la bande de sa. charg. de deux loups et ace. de deux chau- dières.

Artbda (Tomas de), Bv.

Artbrs (Bnraat) , secrétaire de l'inf. de Port. àMay.,Bp.

Artbs, Dartes, Dartels, Darteps (P j J., Bertmnde), Hv. —F. : uchiq . d'or et de gu.

Artesa (Bernât de) et Saurina, sa femme; D. de Artesa Rv. Arnuld de Artesa s'engagea à suivre Jacme en Terre-Sainte. Doc ined, VI. m

Artiesca (Ximen Ferez de), D. f 352.

Artigua (Garcia) , châtelain d'Amposta; Z. lib. II cap. 71.

ARUnER (Garnie), Rv.

Arzinega (Jacme de) Galicien F.: de sin. à 3 tours d'arg.

AsGCOio (Fernand Sanchez de) , Rv.

ASLV, Dasy (J. de), Rv. - (Gui- Ihemde), J ch. cxxiv.— V.: parti d'arg. à la croix fleurdelisée de gu. ; et d'az. au château d'arg. maçonné d'or, aj. et crén. d'az. accosté de 2 lions aff. d'or.— Nom porté par le marquis de Dos-A^^uas .

Asio (Père do) F.: de. . l'alcyon de

AsPBS(P.} Rv.

AssALiT, de Aêsaldo (Guillemde), Rm. (G. » Cecilia, Martin Ferez).

Assalt, jongleur Rv.— d'à?, semé d'étoi. d'arg. au lion de même.

AssENSio (F. , S. de), Rv.

AsTOR, Daztor (G ), Rv. Aus- torch, de Jaca. I, 443.

ASTROER (Matheu), Rv.

ASTRUG, Astruch, de Tortose, Rm. Astruc, tailleur de Tortose, Rv.

Atares (Marta de) Rv. Fam. de mesnaderoi devenus plus tard ricos homes. On les disait issus du

sang royal d'Ar. B.: De

au D(Buf passant de . .

Atbrand, Arbran, lieutenant du roi ou baylek Montp. II, 7. 21 R. Arbrand, de Montp. II, 552.

Ategen (Dalmau de), de Tortose, Rv.

Atbnza (B., P., B. de), Rv. GuiUeœ Alienza, Aragonais- P-: d'az. à Taigle d'arg. Le nom d'Atienza est porté ])ar le marquis de Salvatierra.

Atrosillo, Atrosil, Datrodllo, Troxillo (Plusieurs prénoms); me^ naderas Hv Bp. J. ch. xxix. B. F.: d'arg. à 4 bâtons rom- pus de sin .

ACD1ARDA (B ). Rv.

Algbt, Rv.

Agustix, de Girone, Rm

Aulona (Berthomeu de), Rm .

AUNANACH (D.), Rv.

AURE.NGA (Bg. de), feudataire duvic. deBéam.Q. Bp.

Adricula (Matheu), Rv.

AuRO (Ximeno de), Garcia Daoro Rv.

AUSTEIG, Austoiff (G.). Rv.

Aux (Fernand Diez de), major- dome du palais. I. 343,378. J. ch. cix. Z. fM40. B.: de.... & l'étoile & 16 rais de...

Av ARCHER (Marc), Rv.

AVELLANAS, de Avellanis, Âvel- lano (D. Ferrm% G. Ruiz de), Rv.

AvELLANDBA (Joaude), Galiicien. F. d'or â 6 bes. de gu.-, d*arg. an loup dévorant un mouton*, à la co- quille d'azar.

AvENROS (Azach), juif. Rv.

AVERA (G. de), chevalier, Rv.

AVERNI (P ), Paix de 1235.

AvERO, Averon (P. Guill . , Blasno de), I, 442. Rv.

Avers (B. de), Rv.

AviLA, Avilla (Martina de), Rv. -^Alonso de) Castillan F. : d'az au lion de gu. bordé d'or. (Père de) orig. de Fr. F.: de gu. au tau d'ai. bordé d'or. Sancno DaviUa, Cas- tillan F.: d'or â 6 basants d'az. Le marquis de Casa-d*Avila , le marquis de Vi llamarta-d ' A vila . la comtesse de Ibangrande et quelques autres membres de la nobl. cspag. portent le nom d'.\vila.

AviNENT, feudataire du vie. de Béarn. Q. Bp.

AviMON. Avinnoo, de Avinkme (plusieurs prénoms), un jongleur. Probablement nom d'origine

DES ETATS DB JAGMB 1

■r

6i3

Ayirbr, Advirer, Aviver, Aviner (Berlhomeu), deTortose. Rv.

AvoLOGER, Avologuer (Bg.), de Barcelone, Km.

AVULQUER (J.), Rv.

AXESMA (G. de), Rv.

AxoGORBi (Maria filia), Rv.

Ayala (Pare), F. : d'arg.à l'yeuse de sin . accostée de 2 loups au nat

Ayera Dayera (P. de), Rv.

Ayerve. Ayerbe, Ayerp, Ajerp, Dayerp (Divers prénoms). II, 335.

Rv. Plusieurs fam. de ce nom : !• mesnaderos, B.—F.: fascé onde d'arg. eld'az. au fr. - quart. d*arg. chargé d'une fleur de lis de gu.; 2* fam. navarraise; F. : d'az. au château d'arg. accosté de deux lions contre-rampants d'or ; 3' des- cendant du second fils de Jàcme I" et de Teresa Gil; II, 356.- B.-F.: d'Ar. à la cro'X d'arg. br. sur le tout, char, de 5 écussons dar^. à la fasc d'az. qui est Gil. Lo titre de marquis d 'Ayerbe est porté par D. Juan-Nepomuceno Jordan ao Ur- ries, grand d'Espagne, marquis de Lierta et de Ruoi, comte de San- Clemente.

Ayesclis (R.de), ch&tolain d'Am- posta. I, 442.

Ayn (G. de) et sa femmo Prima, Rv.

Aynsa (P. de), ôcuyerdujtMficMi d'Ar. (Domingo, Bernardo de) Rv.

AYMANO (Sancbo de), Rv.

Aymar (J. de), Rv.

Ayvar (Martin Perez de), cheva- lier, D, f 386.

Azafar (D.), Rv.

Azagra, avec divers prénoms. Fam. de riœs homes, seigneurs d'Albarracin ; 1, 136, 143, 164, 168, 175, 248, 389; II, 35, 36, 196, 299, 356, 428, 569 Rv.— B. F.: d'az. à la croix de Galatrava char^. de 5 coquilles. On trouve aussi: y p. Azagra, de Teruel, Rv.— G. Ruiz de Azagra, de Ribagorza F. : de gu. à 5 croiss. d'arg. 3* Gil de Azagra, F .: do gu . à f croiss. versés d'arg.

Azannas (Benêt). Rv,

AzcoN (Guillem de), Rv.

Az ENOCH (Père de). Bp.

AzLOR (P., Blasco Perez de), Rv.

Deux fam. !l' Illustre maison d«j mesnaderoSf B. F.: d'or semé do clous d'az., à 3 marteaux du môme. 2* V. F.: d'or au laurier

de sin. surm. d'un saut. alesé.-*La 1" fam. est représentée aujour- d'hui, croyons-nous, par le duc de Villahermosa, le comte del Real et le comte de Sinarcas.

AzNAR (P., D., Michacl). Rv.

AZNAREZ (P , G.), Rv.— (Fortun), Z. f»14l.

Babot (P ), de Burriana, Rv.

Baburz (Ramon de), Rv.

Racine (Ar.), Rv.

Baco (Ramon), maître du Temple à May.; Bn. : d'hermines à deux croix alésées de gu. unies entre elles par leur branche horizontale.

Baeza (Bernât de), F. : de ^u. à la tour d'arg. surm. d'une pie et d'une bannière.

Bagas, Bajas, Bages.Baxes (Vital, Br., P de). I, 449.— Rv.

Bàgor. Bagur (Bg., Guillem de). Rm.— Rv.

Bahiel, Baiiel, alfaqui juif, Rv. J. ch. c et ccxv.

Baier (Ar.), Rv.

Balaguer. Plusieurs prénoms et plusieurs fam. Un pelletier de Lôrida.— Rv.— Bp. Père Balayer, F.: de... à trois ballots de.. Balagarius^ fauconnier du roi II, 606. - Père Balaguer, prud'homme de Val., IL 569.

Balari (Artal de), J ch. ccxcix.

Balbi (Pedro) s'engagea à suivre Jacme en Terre-Sainte. Doc ined , VI, 174.

Baldoni (Guillem), I, 323.

Baldovi, Baldovm, Badoin (Pele- grin et Geraubert), de Marseille, Km. Rv. Sancho Baldovi exé- cuteur testamentaire de l'infante Marie d'Ar., J.ch. cclxxvii.

Baldreser (Berthomeu), Rv.

Baleya( Bertnomeu, P, Martinez de), Rv.

Balfoxt (Lombart, Guillem de). Rv.

Balicho, Balico (Simon), de Gènes Rv.

Ballaran (J. de). Rv.

Balle ; fam. représentée encore de nos jours à May.; Bn. : d'arg. à 3 plantes de chardon fleuries au nat. P. et A. Balle, Rv.— A : * de sin. à la croix de deux traverses poten- cées, le pied formant les lettres A et B d'or, ace. en chef de 2 étoi. d'arg

B\LLBSTER,0a/(«5torm.9(Br.), Rm. Fam. distinguée de May.; une branche cadette éteinte dans la

624

NOKBNGLATimB DBS FAMILLES

maison de Togorres, représentée

r' le comte de Âyamans; une branche dans la fam. Oleza y Rossello: une 4* dans la maison Perello dont a hérité D. José de Villalonga y Âguirre, Bn. : d'or à l'arbalète au nat. P. Balester, de Jaca, et B. Balester, Hv. ~ F.: de gu. & l'arbalète au nat. cordée d'or.

Balmasan ou Balanrasa (Sancho Gomez de ) , Aragonais , J. ch.

[.— £im

1* 180.

CCXLVIII.

Balzarbny (B. de), chevalier, Rv.

BanahaqubiIi juir; Ûls de Ravi- zach (probablement Kabbi Isaach), Rv.

Banasto (Martin Ferez de;, Rv.

Banastre (Bernât), Bp.

Baiset (PJ, Rv.

Baneta (Femand Lopez de], Rv.

Bannero (Juan Dominguez de), Rv.

Banotf, Bp.

Baisyol , feudat.ire du vie. de Béam, Bp.

Bar (Père) de Montpellier, Rm. -> Quelques généalogistes en font le chef de la fam. Barcelo représentije à May. et dont les armes sont: d'az.au navire flottant sur une mer du même, ace. en chef de 3 étoi. d arg. et en pointe d'une tète de Maure traversée d'un cimeterre. Bn.

Babada (J.), Rv.

Barba, Barban (R., P.), Rv. (Antonio) de Huesca, F.: desin. a l'épée en bande, à la bord, d'arg. semée d'èpées de sa.

Barbastro , Barbastre ( Divers prénoms), un courrier du roi. Pro- Babiement nom d'origne.

Barbera , Barbara, Barbarans, de Barbarano (Divers prénoms). I. 255. 268, 287, 293 ; U, 74, 75. E. ch XXXII. J. ch. Lix. Z. f^ 128. Jacques Barbara, orig. de Marseille, d'après F. : fascé d'herminos et de gu. Ce sont les armes du village de Barbara en el VaUéSt en Gâtai. Jazpert de Barbera parait être le même que Chalberlus de Barhairano , sei- gneur du village de Barbairan, prés de Garcassonne (Voy. Mahul, Car- tulaire H archives'du D. de Car- ca«9on6.,t. I, p. 296, etD. Vaissète, Hist, de Langued,^ t. H, éd.inf". Pr. col. 254). Saint-Allais (NobU, univ, de France, t. VIII p. 297)

rattache à cette fam. celle de Bar- beyrac de Saint-Maurice existant de nos jours et dont les armes sont : de gUf au chevai gai d'arg. au chef cousu d'az. ch, d'un croUs. d'arg. accosté de 2 étoi. d'or.

Barbero (Garcia de). Rv.

Barga (Aspargo de la), archevê- que de Tarrag. et Guerau de la Ëarca, issus tous deux d'une fam. alliée à celles des seigneurs de Montp. I, 143, 151,164, 203,233, 239, àl8, 324, 326; II, a 20, 23. - Q. p. 165 Peut-être est-ce ia môme fam. que celle des mesnade' ros du nom d'Abarca B. : de gu. à 2 abarcas d'or.

Barcelo, Barcelon, Bardiino (P. de), de Barcelone, Rv.

Barchan ( D., Michael de] , de Torlose, Rv.

Barchelo'a, de Barchinona (Plu- sieurs prénoms). Un coumer du roi. B. de Barchelona, de Tor- tose, Rm. Rv.

Bardaxi. Bardexin (P., B., D.\ de Saragosse, Rv. B. Juan de Bardaxi, orig. de France, d'apr&s F. : d'or à fasc. de gu. Famille représentée de nos jours.

Bardina (G.), Rv.

Barrio novo (J. M., Bartohmeus de) Rv.

Uaro (Jehan), cordonnier, Rm. P. Barents, i. Baro, de Huesca ; J. de Baron, uv.

BABQrER. Barcher (Bg.<. Michael), Rv.

Barbaler (Bernât), Rv.

Barrarraquina (Gil de), Rv.

Barrellas (Guillem de), Rv.

Barri (G. et R. de) , Rv. - * d*or à 3 fasc. de gu. à la bord. d'az. char, de 8 châteaux d'or.

Barroya (Domingo), Rv.

Barrufet, Rv.

Bartholomé. Berthomeu. Un scribe, scriptor , un maçon, un pécheur, un courrier, un corroycur; Bartholomeus gêner D. efdscopi. Rv. Un maître de l'œuvre de la cathédrale de Tarragone, H, 441.

Baruch, juif, fils de Bonet Aben* baruch de Lénda, Rv.

Barull , Borul , BaruUus , de Manrôse, Rm.

Bas (Jacques), ong. de Paris, P.: d'az. au chevron d'arg. ace. d'une fleur de lis d'or. Ferrer Bas, che- valier , à la prise de Xat. V..

DES ETATS DE JAGME 1

«V

625

fgflcé d'arg. et d'az. au chéVron d*arg. brocb. ace. en pointe d'une fleur de lis aussi brocb. sur le fascô.

B\SCHA (Ferez), juge, Rv.

BASCHOLf feudatuire du vie. de Bôarn. Bp.

Bassa. Za Bassa (G. de), de Tor- tose; (Martin^ Bg., Ouilierma), Rv.

Bastal ou Restai de Marseille, Rm.

Bastart ( P. , Ârnald) , Rv. Une fam. de ce nonl ^ May. descend, dit-on, d'un fils naturel de Jacme 1"; Bn.: d'az. à la fleur de lis d'arg.

Baster ( Çg. , P,) , Rv. G. Baster, Bp.

Bastida (Arnnll) . Bp. A. * chevronné d*or et de gu. - Nom patronymique du comte de Robledo de Gardena.

Bataller (Ramon), de Toulouse. F.: de gu. à la lance d'or. ace. d'un bouclier d'arg. chargé d'une rose au nat.

Batam (Sans), de Jaca, Rv.

Baussarbxs, Bausscrens (G., F. de), Rv.

Bavest (P.), Rv.

Bax (Br. de ha), Rv.

Baylo, Bayo, Vaylo. del Bayo (Plusieurs prénoms), Rv.

Bayner, Bainer (Bemat, Vital), Rm. Rv.

Bayneras. Baineres, de Bagnariis (R , G., B. de). A.: d*or au rencon- tre de cerf chevillé de 8 pièces de gu.

Baynoles, Bayoles, de Baynolis (P., Gêner de), Rv.

Baztan ( Gonzûlo Ivanez de ) . rioo home navarrais, Z. f* 192.

Beamont (Sancho), issu des rois de Navarre, F. : de gu. aux chaînes d'or posées en croix, sautoir et dou- ble orle, avec une émeraude au centre. Echiqu. d'or et d'az.

BÂARN (Y** de) de la maison de Moncada, I, 176. D'or à 2 vaches passant degu. colletées, accornées et clarinées d'az.

Beberia (P. de), Rv.

Bedei, Beder (Bg.), Rm.

Bedens (Ramon de), Rv.

Bedorch (Tomas). Rv.

Bega (Pons, Ramon), I, 163.

Begl'r (Bg.), Rm.

Behat (J. Lopezde), Rv.

Bel (Johan). ~ B. de Nina Bella. Rv.

Belçes (S.). Rv

T. n.

Belchit, Belxit (P. Lopez de), chevalier (D. Lop de), Hv.

BELOOScn (Johan), Rv.

Belenoi (Aimeric do)i troubadour du Bordelais rptiré en Rouss. II, 78, 459, etappend. note G.

Bellamor (Maymon), Rv.

Bellbra (Guillem de). F.: d'or à 2 chèvres de (;u. colletées d'az.

Belloch, Belloc, de BdU) locOj de Pulchro loco (Divers prénoms). I, 256. Rv.— F.: de gu. à la maison entourée d'un verger au nat. A.; parti d'or et daz. au château donjonné de 3 tourelles de l'un on lauire. Guillem de Bel- loch, prud'homme de Val. Il, 569.

BSLLPUCH, Bellpuig, Belpug (B. de) seigneur de Polop. (Sancho de), II. 407, 430. Z. f 204. D'or au mont fleurdelisé de gu.

Bellveiii, Belvey, Belvezi (Arnall, Bg. de), 1, 308. Rm. Fam. éteinte dans celle de Zagarriga, c*' de Gpeixell ; Bn.: d'az. au tau- reau passant d'or, soutenant de sa patte gauche une houlette du môme.

Belmont, Belmunl (Astrug de), maître du Temple, I, 389. J. ch cxcviL Z. f 155. Ra- mon de Bellmont, provençal F.: de gu. au mont de... ace. d'étoi. d'or.

Bblunguer. Bp.

Belvis, de BeltovisuiG. de), Bv Arnaù de Belvis. P. : éc. avec des fasces et des barres d'or et de gu. et un quartier de sin. D'a- près V.j Abou-Seid aurait, après sa conversion, pris le nom de Vincent Belvis, et la fam. de Belvis de Val. descendrait d'une fllie de l'émir. D. f 370. 390 réfute cette opinion. Armes d'après V.: d'or à 2 pals de sa. A.- d'or à la bande d'az charg. de 3 croiss . d'arg. Les marquis de San-Juan de Piedas- Albas. «grands d'Espagne, portent le nom de Belvis.

Belverger (Guillem de), Rm.

Belviure, Beviure (R., Marchi- sius^ G., Januarius de) Rv.

Benabarre, Abenabarre (P. de), d'Almonara, Rv.

Benach, Benasc (P., Domingo de), Rv. Benac, en Bigorre : parti de de gu au lièvre d or courant en bande, et d'az. à 2 lapins d'or.

Benàfoz (Salomon), Rv.

Ben Ahabet, riche sarrasin de May., I, 291, 298. On le dit an-

40

626

NOMEIfCLATURE DES FAMILLES

cotre de la fkm. Bennassar existant encore à May., Bn.: d'or au Uon de gu.

Bbnasa (D. de), Rv.

Benaula (6. de) et son fils Martin, Hv.

Bena VENTE (Bernât, Gombald de), Z. f* 202. Mesnaderos , B. Pcre BenavHnte. de Carladès. F.. d'or au moulin à vent ouv. et &(}. d'az. ailé de gu.

Benayes (Gaston de), Rv.

Benbënguda (J. de), Rv. ~ Jaime Lizana dit Benvengut, F.: de. .. aux poissons d'az.; en cœur les armes d'Ar.

Benedet, Beneit, Benêt, Benedio tus (Divers prénoms). Un bou- cher ae Saragosae. Gil Benedtc- ttiSj de la suite de la reine, Rv. Benedict, diacre de la reine, II, 166. Ramon Beneilo, Fiunçais , F.: de ^u. à l'agneau pascal de... surmonté d'une fleur de lis d'or. Joan Beneito, d'Estramadure . F.: d'az. au fer à cheval d'or ace. d'une étoi. du même.

Benefia (Abrahim), Rv.

Benencasa (Bernât), de Baroel , Rm. Andréas Benencasa , Br. BenindomOj Rv.

Benes (Dulcia. fille deJ. de), Rv.

Bentallos (Guillem de). Rv.

Berach (P.) et Almandina, sa femme, Rv.

Beran (Amalt de), Bp.

Berart, Berat, nv. Ramon et Pedro Berard, de Burgos, vinrent s'établir à May. lors de la conquête, Bn . : éc. on saut d or et d'az.

Berenguer (Ramon). maître du Temple, Z. f ' U7 et 153. Avec divers prénoms : un justicia de Tarazone, un bouteiller, un maçon, Rv. Guillem Belenguer, de Toul. ou de Toi., F : éc d'or aii tau d'az. et degu. au château d'arg.— Ramon Berenguer, II, 569.

Berga (R. de) , Rm. Fem. orig. d'AUcm éteinte dans la mai- son de Zaforteza, Bn.: d'az. à 5 croiss. versés d'or, posés 2, 2 et l. P. de Berga, II, 497. - P., G , P. Uguel de Berga ou de Bergua. Rv. Z. f* 119. Confondue quelquefois avec la famille arago- naise de Vergaa.

Bergantera (R. de), Rv.

Bergedan, Rv. Bergada , de Yich, A.: d'az. au navire équipé, sur la mer, adextié d'un mont

sommé d'un phare. le tout d'arg.

Berger (A. de), Kv.

Bernabe, peintre, Rv

BERNAT, Bernai d (Divers pré- noms) ; un chanoine de Barcel.; un courrier du roi, Rv. kaàm Bernât, de Toul. ou de Toi., F.: tiercé en fasce, degu. au roc d'échiquier d'or; d*or au tau d'az.: d'arg. au chien passant au mat.

Frère Bernard, II, 441. Bbrnau (Guillem de), dit de Gss-

teilet, parent des Cervelle, F.: èc. d'az. au ch&teau d'or et d'or an cerf d'az.

Berola (Guillem de), Rv.

Bers (Bremon de), Rv.

Bertran (Divers prénoms); ua trésorier (doverius) de Castilion: un scribe, un boucher. Rv.

Besalu, de BisaUiuno (Divers prénoms^ Pour quelques-uns nom d'orig , Rm. Rv.

Bescoxpte (B. Guillem del); Matkeus de Vicecotnite, bottûtontu régis, Rv.

Besora (Guillem de), des 9 val- vassors Cal., F.~A.: de sa. à 3 pals d'arg.

Besseda, Beceda, Bazeda, (P.), Rv. ~ Ramon Besseda, de Montp. II, 6.

Bestruz. Besturs(P., A.,G.,R.. Bernât de ) Rv. A^ de gu. à l'autruche d'arg. tenant dans son bec un fer à cheval d'or.

Beterna (Ar. de), Rv.

Betra (Guillem), Rv.

Betxaironus, de Manrëse Rm.

Beuchin (P. Lopez de), Rv.

Béziehs ( Trencavel v *• de), coo- sin germain du roi ; II, 47, 62. 65.

Fascé d'or et d'hermines. P Beterrû Rv.

BiAYMA (Père de) feudataire da V** do Béam, Q. Bp.

BiDANGUEZ (Guillenor); Inigo Vi- danges, de Teruel, Rv.

BiELA (Guillem, Ramon de),RT.

BiELSSA (Guillem de), Rv. D'or à 2 ours passant de sa. l'un sur 1 autra; à la bord, de gu crén. de 8 pièces.

BlENDA (P y, Rv.

BiF (J.), Rv.

BiLA (G., Amald, G. Arander de), Rv.

BiLVESTRE (Marie de), Rv.

BiNANBFAR, Binelkr (R.. Amalt de}, Rv.

BiNNALBS (Martin Perez de), Rv

BiNNos (P. de). Rv. Binos, eo

DES irkTS DE JACME I**

627

Gascogne: d'or à la roue de gu. soutenant un chardon de sin. «

BioscHA (Br.. A. de). Rv.

BiOTA (P., G., Ferrera de), Rv.

BiSCARHON (G.), Rv.

BivBRNA, BiWna (Stevan, Pas- cuald«). Rv.

Blader (Ramon), de Lerida, Rin.

Blasc (J.), Rv. —• Blan de Per- pignan, A.: d'az à l'épée d*arg. garnie a'or.

Bla!«cafoiit. Blanchafori (R.), de Aimenara, Rv. ♦A.: coupé de

fi. et d'or à 6 fleurs de lis de l'un Fautre.

Blancas, deBlaneaiiOf Rm. —* Blancas. en Ara^.: de... à la tour donjonnée de 3 pièces de. . . devant laquelle combattent deux hommes d'armes vêtus et année d'arg.; à la bord, d'arg. sur laquelle sont écrits ces mots en lettres de sa : eon ar- mas blancas,

Blanbs (P., R , Ferrer, Jacme de). Rv. -— Pam. issue delà maison de Savoie; V.-F.: degu. à la croix d'arg.

Blasco, Blasoho (Inigo et P.), de Teniel, etquelques autres Blasco, de Tarazona, Rv. Gelacian Blasco, de Huesca. F.: d'arg. au bœuf de...

Blasgho ncBio (D. de), de Ter uel Rv.

BLA90 (J.), Rv.

Blasquez, Blascoz (Blasco), de Teruol, Rv.

BOAGAS (Guillem de), Rv.

BOANBT et sa femme Monteria, Rv.

BoBA (Guillem), Rm.

BOCBGUES, Bp.

BocERES, Boceri (Gil), Rv.

BocHONA (Ramon) reçut des biens à Onda, D. V" 346

BOPUER, Bp.

BOGA (Ar.), Rv.

Bol (Ar de), Rv Benêt Boil, F.: de gu. à la tour de. . et d'az. au bœuf au nat. Sancho Boil, F.: d'az. au château d'arg. au bœuf de gu.— Buyl, V.: éc. d'arg. au châ- teau de gu. maçonné d'or ouv. et aj. du champ, et de sin. au bœuf de

BoLAs (Pelegrin de), chevalier de lAtnesnada, I, 192, 207, 344.-^. ch. XXV. Z. f* lit. Divers pré- noms, Rv.

BoLCOBARSCH (Roboaud), de Hos- piSli, Rv.

BOLEIA , Bolea (P. tartinez de/, chevalier-, Dominffo, Andréas, Mi- chael Martinez de Bolejra, Rv.

Bolet (J. de), Rv. A. : parti au l' coupé de gu. à 3 pals d'arg. et d'or à 3 bolets au nat. ; au 2** d'or à. l'aigle de sa.

BOLLAT (P.), Rv.

BoLSSER (D. Perez) , Rv.

BONA, Bono(J.), Rv.

BoNAFfcU (Johan), Rm. Bona- feyna. Bp.

Bonales (Michael Perez de), Rv.

BoNANAT (Andreu), clerc; P. Marti Bonanat ; Bonaynas. Rv.

Bonastre (Berenguer), F.: d'arg. à l'étoi. d'or. Père Bonastre. F.: d'or au bœuf de gu. ; une montagne fleurdelisée d!or et une bande d az. ^ A. : de gu.; au bœuf d'or.

BONA VENTURA, Bp.

Bonavia (Tomas), Rv.

BoNDiA, Rv. Bondia, juif, tré- sorier d'Arag. 1 . 214 ; II , 377. Bondia, aventurier allemand, connu seulement par son surnom, F.: d'az. au soleil d or.

BONËNCONTRE , Rv.

BoNES GoMBES (Porc)/ de Montp., F. : de gu. à deux jambes qui se baignent dans la mer.

BoN'bT (Nicolas), marin catalan. I, 257. Fam. représentée encore à May. Bn. : d'or au monde d'az. au chef d'arg. char, de 3 éloi. d'or. G. Bonet, Pasdiasius de Boneta, de Teruel, Rv. Arnald Bonet, scriptor, I, 447.

Bo.NiFAZi (Père), bourgeois de Montp. II, 6, 19 à 23.— R. Bonifazi, BonifaciuSj scriptor, Rv.

BoNiG (Amaft de), aventurier

Srovençal; F. : d'arg. à la troupe e pécheurs tirant de la mer le Ulet appelé volig,

BONivKRX (Joan de); F.: éc. d'az. semé d'étoi. d'or, et de gu., & la cloche ace. d'un rameau ; a la croix de St-Georges brochant sur l'écar- télé. Bernât Bonivern, des envi- rons de Limoges, F : de gu., semé de fleurs de lis d'arg.

BoNMAGip, Bomassip (P); Bon Macip, de Tarragone, Rm.— Jacme Monmacip, Allemand. F. : de gu., à laigle épi. de sa.

BONPBRBR (P. de), Rv.

BoNSENYOR (Astrug de), juif, se- crétaire du roi, II, 263, 377. J.

Ch. CGLX.

Bonus fiuus(P. Hugone), Rv.

628

NOMENGLATCEE DES FAMILLES

BOQUINEDIC, (S.)t Rv. BOQUINNBN 1 0 ( D . ), Rv.

BoRAN , Borau (P.), Rv. Bordas (Ramon de), Rv. BoRDOLL, Bordoyl. bayle de Cas- tellsera J. ch. xl , lxiii . Lxrv.

* Bordoy à May. Bn. : d'or, à 2 massues de gu.» en saut.

BoRBLL (P.), Rv. •— Guiliem Borrell/ marchand . H, 466.

BORILLA (M.), Rv.

BORJA » Borgia ( P. 8lev«n , J. Dolça, femme de P. de), Rv. Illustre fam issue, dit-on, du sang royal d'Arag. par Ja maison Âtares. Une branche est devenue célèbre en Italie. Âlonzo et Felipe Bona recurent des terres à Xativa, D. i^ 340. F.: d'or au bœuf au nat.

Borgia . en Italie : d'or au bœuf do gu. passant sur une terrasse de sin. à la bord, de gu. char, de 8 flammes du champ. Za Boria (Guiliem), Rv.

BoRN (Bertrand de) le fils, trou- badour qui appelait Jacme notre roi , II , 50.

BoRNOS (Pascual). Rv.

BoRRAz de Foix . Bornas, repré- sentée de nos jours à May. Bn.: coupé d'arg. au taureau au nat. et losange d'or et de sa. Le comte de Greixell porte le nom de Borras.

BoRREDAN , Boreda ( Jordan) , tailleur ; A. Borreda, Rv

BORREZA (J. de), Rv.

BoRRUËZO (Martin de) ; Borroz , Rv.

BoRRUT (8. de) , Rv.

BoRT (B. de), commandeur d'Al- cala : Bort , de Lérida -, Bremon de Bors; Miguel Denbort, Rv.

BORVE es. de' , Rv.

BoRZA (Lorens de), de Jaca, Rv.

BosG , Bosch , Bosco ( Plusieurs prénoms). Un justioia de Xat., Rv.— Guiliem del Bosc,F. : d'az. au bois au nat. ace. de. . . croi- setles d'or. Père de Bosch . d*0- loron. F. V. : d'az. à 5 fleurs de lis dor en orle. Bernât del Bosco, Bourguignon, F.: de gu. et d'or autronc effeuillé de l'un en l'autre. —Bosch ou Dezboch à May. Bn.: coupé de gu. et d'or au tronc au nat. orochant.

Bosch KT (A.): Br. de Buschet: Bonaventura Bochet, Bocet ou Boquct, Rv. Bochelz, Rm.

BOSRA, Bp.

BoTA (J.) Rv.

BOTAR, Bp

BoTBLLER, de BotiUeria (P., Mar- tin, Guirald]. * De gu. aa baril d'or cerclé de sa. posé en pal.

BOTER, Botera(G., B., A. P.),Rv.

BOTET (B.. R.), Rv.

Bon (G.); J. de Boila, Rv.

BOTONACH, évoque de Val. D. P 388.

Bou (G.), de BarceU Btttraa Bou. de Tortose; Joan del Bue Rv— Guillen Bou, Prud'homme de Yal. II, 569. Ëstevan Bou. P.: de gu. au bœuf d'or . Le comte de Cas- trillo, marauis de la Vegadei Boe- cillo, grana d'Espagne, porte le nom de Bon.

BovER. Un archéologue mayor- quin, D. Ant. Ferrer v Casa, fiiit remonter celte fam. à l'époque de la conquête. Bn. : d'or au taureau contourné de sa.

BovET (G.), Rv.

Bovis (G.), Rm. G. Bovis, J. de Bove, boucher, Rv. S. Bovia, do Montpellier, 11, 552.

BoxADORS , Boixadors ( Bemat). valvassor de Gat. F. ; de gu. au oerf sans bois et blessé d'arg. Maison représentée, il y a qudque temps, par la marquise dj^ngid- sola, vicomtesse de Rocaberli.

Boxa DOS, Buxado (Berlhomea Stevan de), Rv. —Joan Bochados, ambassadeur du roi d'Ar. auprès du Pape, II, 348. A. :d*orau buis de sin. terrassé du même.

BoxART, Bochart (G. den), Rv.

BoY (Guiliem), Rv. J. <». xxi. •— Père Boix, de Pau F. : d*arg. au buts de sin. Bn.

BoTZA, Boysan, Buysia (Mingot . Felipe, Aparici de), tous les trois huissiers du roi, Rv*

Bhez, Briccius (Romeu), Rv.

Brioga (Marlin de) Rv. Jacme Brihuega, deDaroca, F. : degu. au château d'or posé sur un rocher battu par les flots, un lion ramiAOt Y. parti, de gu. au château d'or au lion fascé de gu. et d'or. Brega \Garcia de la). Rv.

Briones ( Jacques de ), Anglais. F. : de gu. au léopard d*or , ace. d'une rose d'arg.

Brota(P.), Kv.

Bru (G.), cordonnier; G. Bru, boucher ; P. Bru.

BnuGi-RA . Za Brugiiera(F. de), P. G. de BrugeriiSi Rv. Bur-

DES ETATS DE lACME I*'

629

guera à May. Bn. : d'arg. à la croix de Saint-Jacques de gu.

Brunet, Bp.

Brusca, Bruzca (Jacme), Catalan. V.— F. : d'or au buffle de sa. Paloma Bruscha, de Jaca , Rv.

BUFIL(P.),RV.

BuiXENA (Ferrand de),Rv.

BUNNOL (P.) Rv

Bu&GUES, Burges (Vidal), Rv Burgues & Mav. éteint dans Zafor- teza, Bn. :dor semé de croiss. versés d'arg. Ferminues Bur- gensiSt de Montp. II, 552

BuRGUET (Berenguer), Rm. Très- ancienne famille éteinte dans la maison de Villalonga, Bn. : d'arg. à 4 pals de gu. G., Bg. Burguet, Rv.

Bunoos. Burgus, Burgot (G.,Bg., Amada, P. Guiïlem de), Rv.

BuRGUNTO ( Père ), Breton. F. ; d*azur à... fleurs de is d'arg. po- sées en bande. Guillem Borgon- nan, Rv.

BuRRiANA (Fortz. G Fernandez de) Rv. Blrriol (P. Garcezde). Rv. BUHRU, Bnrro (Domingo), Sancho de Burrue, chevalier. Rv.

BiiRZAN (Folquet) Rm. On le dit ancêtre de la fam. Bauza, exis- tant h May. Bn. : d'az. à la iDande d'or. BURUNDA (Ximeno d^i), Rv. BuzANS. Bp.

BusER, Bp. Pierre Buse, trou- badour, II, 459. BusGATLLELO, boucher, Rv. BuYOL, Bujnol (P ) et sa femme Elvira, Rv.

Gabanellas (Guillem de), évoque de Girone, Q. p. 181. Gana- nyelles, de Barcel., A : de gu. au lévrier rampant darg. colleté do sa. Père CabaniUcs, F. : d'azur au livre d'or sur lequelest un agneau pascal d'arg. Cabere (D. de), Rv. Gabestany (Père), de Rouss. F : de gu. au serpent d'or qui se mord la queue, ace d'une tôte de Maure Cabeza, Cabessa (Ramon. Ro- meu. P.), Bernarda Cabota. Rv.

Gabosterrer ( xMatheu ) cordon- nier, Rv.

Cabra (G. de) de Tortose ; Ber- nât Gapra : Berdojo de Cabra ; A. Cabrer, Rv.

Cabrera, de Capraria, (V**% de). Illustre fam. des neuf vi-

comtes de Cat. I, 153, 211 à 218 1 319. 36t ; 11,51. 353. P., G., B. de Cabrera, de Cabreracb, Rv A. : d'or à la chèvre passant de sa. à la bord, componôe des deux émaux. C'est le nom patrony- mique du marquis do Yillaseca. Le titre do vie. ne Cabrera est porté par le duc de Médina- Cœli .

Cacalox (Pascual de), Rv.

Cadell (Joan), de Sardaigne. F. : de gu. au chien de sable et d'arg.

Cadena (G.) boucher; P. Cadena, Rv.

Cadreyta (Pedro de), inquisitenr en Araff. ot en Cat. Z. 1^ 199. - Martin Caderita, Rm.

CiGOLEâ. feudataire du v^* de Béarn, Bp.

Cago.n (Pas.), Matheu Cogon, Rv.

Cahorz (Ferrer de), boucher ; P. de Caorz, Rv.

Caixal (Lopede) F.: d'arg. à 3 dents molaires au nat.

Cal (Marti de), Rv.

Cala bacer( Matheu), Rv.

Calabri.nes (Bernai), Bp.

Calaceyt (D., Guillem ae)» Rv.

Calafat (Michael, P.), Rv.

Calamar, de Tarragone ; Gala- mara, Calamas, Rv.

Calanda (P. Ximenez ; P. Mar- tinnz de), Rv.

Cala.ndera (Guillem), Rv.

('ALAsanz (Bertran , Ramon de); mesnaderoSy devenus plus tard noos homes. B. J. ch. xxxvii Nom porté par le comte de Robres.

Calatarra (Bernât), D f 321.

Calatayi'B , Calatayud (Divers prénoms). L'un d'eux appelé Zapa^ lero Calatayuby Rm. Rv. D. !• 357, 387. Deux indi\adus dans F. 1** Zapata de Calatayud : de gu. à 3 souliers échiq. d'arg. et de sa.; 2' Jacme Zapata de Calatayud , des cendarit du roi Sancho Abarca: d'az. à Vabarca d'or. Le nom de Cala- tayud est porté par le baron de Agrès y Sella.

Calatrava (Domingo de), Rv.

Calcimis (R. de). Rv.

Calderer, Calderes, Caldero, Gal- deron (Divers prénoms). Rv.

Caldi£S, Caldas, fte Calidis {Divers prénoms), Bn.: d'az. au trépied d'or F. : d'arg. à 3 chaudières fascées vivrées d'or et de sa.

Galenc, Callent (P., J. de), R.

Calhkt, Celhet (Ramon), Bp.

Calm (Renald za), Rv.

630

NOMBNG^TURE 0E8 FAMILLES

Calmeta (Pons), Rv.

Gallbrs, de Callis, de Gaeliis (B.. P., Frère Joan de) Rv.

Calongia (Joan do), Rv.

C^lpën.na (Ramon de), Rv.

Galsahens (Frère B. de). Rv.

CUlvera , Galbera (B. dej, cheva- lier, RamoD de Calvera, Rv.

Calvet , Galbet (B., R.), Bp.

Galvillo (Juan Ferez) reçut des biens à Orihuela , D. f 335.

CALVO,Calbo(Joan, Miguel Ferez» V., A., Marti de). Rv. A.: éc. de

§u. à la coquille a'ar^.; d'az. à Tétoi. 'or : d'az. au lion d or et de gu. au château d'or.

Calvinnac (M. de), Rv.

Galza, Galza (Ârmengol, Bg.), de Tortose. Rv.

Caharada (P.), Rv.

Gaharkllas (Fascual de), Rv.

Gamatjo (Joan), F.: de gu. au château accosté de deux pins et 8urni. de 2 étoi.

Cambra, de Camara, de Caméra (Renaît, Simon , Dominco de la), Rv. * de gu. au saut a'or , à la bord, du môme char, de 8 flanchis du champ.

Cambres, de Camaris (Joan, Ber- thomeu de les), Rv.

Cambrils (F. de) Rv.

Camer (Domiu^a). Rv.

Camiador (Guiralt), Rv.

Camins (Berthomeu de), Rv.

Camos (Joan de), Rv.

Campanbt. Bp.

Gampcbntblles, Gapcentelles, de Campo CirUiUarum (Serengonera^ Guillermus de), Rv.

'Gampprangh (G.. Joan de), Rv.

Gamponal (p.), Rv.

Gampos (Alionso), de Bilbao , F.: de gu. au lion d'or , mantelé d'or à 2 croiss. d'arg.

Camp Pbbrat ( Aymerich ) et son frère, Rm.

Camps , Dezcamps (Guillem des) de Barcel. Rm. Représentée de nos jours à Minorque, Bn.: d'az. à l'aigle d*or couronnée du même. Bartholomeus de CampiSt Rv.

Camus (Joan de). Rv.

Ca.nadel (Maria aez), Rv.

.Canals, de CatuUi (Père de), Rm- Fam. représentée à May. Bn.: d'az. à la croix fleuronnée de gu. ace. en pointede3 coquille* darg. Bg. de CanAÏe, capMlanus episcopi BarMnone; Père Canal, Rv.

Canammas (P. de). Domingo Cnnamalt, Gannamach, Rv.

G^NGA (Guille r), Rv.

Ganctoli (Bemut). Bp.

Candeler ( Maître Nicolas) , Bp. -— Ramon Gandeier, Rv.

Canellas (Vital de), évéque de Huesca, 1, 389; II. 133, 1S2, 405.

Bertran de Canellas, II. 493. Ramon Ganhelas vint, dit-on , à la conquête de May. Canellas à May. Bn.: d'arg. à 3 roseaux de sin. empoignés par une main droite de carn. Bg., Bertran de CanelUs, deCaneles, deCannelas, Rv. D'or au canelier fleuri de 7 rameaux. Fere Ganelles, F.: d'arg. au vautour rongeant des os (canuku) de che- val.

Ganet (Ramon), î, 255, 310. G. et Joan de Ganet, Rm. Gar- cia Ganet , chevalier, D. f* 385. Maison distinguée éteinte. Titre de V** de Ganet porté par le duc de Qijar Bn.: d'or à la bande de gu char, d'un chien d'arg. Ganet, dés neuf premiers nobles de Cat. A.: d'az. au lion d'or lamp. et armé de gu. la queue nouée et pass^ en sam.

G., Ramon, J. de Ganet; G. Ganet» d' Andiize ; F. Ganet, boucher ; Fer. Dezcanet. Rv.

Canhan, Bp.

Canicer (Pascuaîet), Rv.

Can.nas (J. de), Rv.

Ganta (G.) , Rv.

Cantador (A.), de Tarragone, Rm.

Cantarelrs (Ramon, Pérores). Rv. F.: de sin. à 3 urnes (can- tareles) d'or.

Cantull (Guillem), Rm.

Capadella (Augustin de), Rv.

Capbon (Ar. deÏÏ Rv.

Capdëbou (P.), Kv.

Capdeperre, de Tortose, pro- priétaire et patron d'une barque. G , Amald Gapdeferre, Rv.

Capdella (Bertran de), Rv.

Capella (R.) , Rv.

Capellatis (P. , Bemardus de) , Rv.

Capo.ns (Ramon) de Perpignan. F.: d'arg. à 2 chapons becquetant une rose.

Capoter (J), Rv.

Capsir (Père), Bp.

Caqoons (Ar. dé), Rv.

Gara (Marti); Maria Gara, blan- chisseuse, Rv.

Caragnana (Stevan de), Rv.

DES jfTATS DE JAGME 1

•V

651

Caraman (P. de). Hv. Ber- tran Garamany, de Montp. F : de sin. au lion de.. .

Garauella (Bernât). Bp.

Garaut (Ferrer de), Rv.

Garbo (p.), Berenguer Carbon. Rv. Bernât Carbo, de Tortose, & Texpédilion en Terre-Sainte, II, 394.

Garbonel (B., Joan.) de Toito- se. Pons, Ar., Br. Garbonel, R v. Bertran Carbonell, troubadour II, 459. Pons Garbonell, de Rosas. F: de sin. au château d'arg.

Garcassona (Divers prénoms). Pour plusieurs évidemment nom d'origine. A. Carcasses, Rv. Bernât Carcasona, de Carcassone, F. : d'or à l'oiseau do gu et de sin. Carcasona, de Lérida, A. : d*or au lion de gu. ta queue fourchée.

Garcastiêllo (Martin de) et sa femme Gracia, Rv.

Gardadob, (Arnalt), Rm.

Cardinal (Pierre) , troubadour d'une famille noble du Vclay. vécut dansTintimilêdu roiJacme, II, 459.

Cardona (V*'» de\ lllustrb et puis- sante maison dont le nom patrony- mique est Folch. I, 144, 198. 202 à 207, 214 à 217, 344; 11.30, 28i, 294, 323, 330, 335, 569, 590. - D'après F., cette fam descendrait de Pépin- le-Bref. Le titre de duc de Caroona avec grandesse est porté aujourd'hui par le duc de Medinaceli. Une bran- che puînée, dont la filialion est établie par lettres -patentes de Henri IV. est représentée en Fr. par M. le baron de Gardon de Sandrans . Cardona en Espagne : de gu. à 3 chardons d'or. de Cardon, en Fr. : d'or à trois fleurs de cardon au nat. (Voy, Saint-Allais, Nobil univ.

t. xVi.)

Carles (Ramon), Bp.

Garmon (Nadal). Rv.

Carnazon (Bonafonal). Rv.

Garnicer, c'est-à-dire boucher. Peut-être nom de fam. et nom de profession. Rv.

Garo (Joan de), Biscayen: chef de l'illustre maison des marquis de la Romana, grands d'Espagne. Bn. F. : d'or au dextrochère armé tenant un poignard, le tout au nat.

Carrera (Bernât de), Rv. A. : d'or à 2 bœufs attelés a une charrue de gu.; au chef d'arg. char, de 3 éloi. d'or.

Garreter (P.), Rv.

Garrillo (Amfos), de Burgos,

F. : de gu. an château d'arg., à la porte duquel est attaché un chien.

Garrio, Carreio (P. de), Rv. * Carrion de Nizas : d az. à la tour d'arg. donjonnée de 3 pièces, ouv. et aj. de sa.

CARiiOZ , grand sei<?neur alle- mand. I, 25'r, 299: II, 95. Rm. Rv. Q p. 191. Bp. Bn. F. : d'arg. a la bord, d or, char, de 4 écussons d'or à 3 fasc. de gu. Ec. d'or à 2 fasces de gu. et d'or plein.

G ART A (Guillem), Rv.

Gartella, Cartaia (Fr. Juan de), maître du Temple, J. ch. ccxcix. Z. 164, 213.— A. : do gu. à 3 cartels d'arç. inscrits des mots Ave Maria

f^ratia plena, dominus tecum, en ettres d'az. Garvrren (RJ, Rv. Gasajusana (Bg. de), Rv.

Gasals (R. de), de Lérida. Rm.

Bn. : d'arg. au château donjonné de 2 tours cTaz. surm. d'une aigle de sa. Robert, P. Sanz de Casais. Rv.

Casanova (Pierre), de Paris. F.; de gu. à la maison sommée d une fleur de lis. Henet Casanova, de Barcel. F. : d'arç. au soleil de gu. ace. de 2 croiss. d'azur.

Casas, Casaas, Bn.: d'arg. à la bord de gu. char, de 8 têtes d'aigles d'or.

Casgail (A. de), Rv. Joan Cas- call, F.: éc. de gu. au pin au nat. et d'azur à cinq plantes de pavot {cas- call) d'or Bemardus de Cascal- lis, II, 6.

Cascant (8. de), chevalier; (P. Gil de), Rv. Ec. de gu. à Tarbre de sin. et d'az. à la plante de pavot d'or. Bemat Cascanet, J.ch. ccxcix.

G A SELLA. Caselles (Bertran de) de Barcel. Rm. Bp. P.Za Ca- zella Rv

Gasoes (Martin, F. de), che^•alie^s; Ximeno de Casius, Rv.

Gasseda, Casseta, Caslcda (P. Az- narez de), chevalier; A. de Caseda; Maria Casadera, Rv.

Casseras (P. Ar. de), Rv.

Gasta (R.), Rv.

Castelbon (V* de), I, 370. Z. f 119. —Père Castellbo, F : de sin, au château d'or.

CtSTELL fPcre de), de Barcel, Rm. Bn.: degu. au château d'arg.

Ar. de Caste! ; B. del Castel, Rv.

632

IfOMBNGLATURE DBS FAMILLES

Joaa Castells, F.: de gu. à 4 châ- teaux d'or.

Gastella, Gastalla, Castela. Cas- telan,Castelle (diversprônoms). Rv.

Marco Garcia de Ûaslalla, che- valiop, D. f* 385.— Raraon Gastella F.: de gu. au ch&teau d'oral, d'az.

Gastellar. Casteiares ( Murti, Berlhomau, Pemand Ferez de); Na Castallara, Rv.

Castellauli (Guillem, May mon), J. ceci. Z. f- 205.

Gastellbisbal, de Castro episco- pali, (Divers prénoms), un évoque de Gironn, mort à Naplesen 1254; un chevalier, I, 289, 11, 74, 75, 119. Rm. Rv. J. ch. LXiv. Fa- mille importante de Cat. A : d'az. au ch&teau donjonné de 3 tours d'arg. maçonné de sa. aj. de gu.

Gastellblanch (Bertomeu de) Rv.

Gastbllet (Divers prénoms) Rv. —Des neufs premiers nobles de Cat. A.: d az au ch&teau d'or, maçonné, ouv. et aj. de sa. Sancho de Cas- tellot, chevalier, et Pascual de Cas- teilot, Rv.

Gastellbzuello. Castelaçol (Pe- dro, Guillelmo de), mesnaderos de- venus plus tard ricos homes. Un jusiicia d'Ar., II, 493. Z., f 195.— B.— Bj.: de.... au château donjonné de 3 tours de...

Gastellfabib (Michael Diezde) Rv.

CASTELLNor (v*" de) des neuf v*** de Cat. II, 428 Z 1^ 205. A.: échiq. d'or et d'az. F.: de gu. au château d'arg.

Gastello (Gérard de) de Tortose ; Amaltde CastePo, Rm. Fam. représentée à May. Bn.: d'az. â la tour carrée et crén. d'arg. Gas- tello (D.vers prénoms) Rv. Deux individus nommés par F.: !• parti, d'az. au lion d'or et d'az. au châ- teau d'arg ; 2* d'argent au lion de sa.| et de sin. au château d'or.

Gastellvell, de Castro veteri P. de) chevalier. Rv. Deux fam.

.: 1* d'az. au château d'or, ma- çonné de sa., donjonné de 2 toui*s; z* d'arg. nu château donjonné et ruiné à di^xtre de sin., à la bord.' dentelée du môme.

Gastellvi, II, 78. Z. 1* 113. Benêt et Guillem de Gastellvi, orig. de Bourgogne. F.: d'az. au château d'arg. surmonté d'une tête do li-

if

corne . Castelvi, maison distinguée de Cat., A. : d'Azi au château d^arg. maçonné de sa. â la bord, compon- née d'arg. et d'az. Le comte de Villanutiva et le comte de Carlet porteni le nom de «'aslellvi.

Gastellbos, I, 255.

Castro. Plusieurs fam. Rm. Rv. 1* Issue de Fernand San- chez bâtard de Jacme T', II, 327, 337, 3i4, 3ô2, 391, 395. 398, 406. - F.:éc. d'Arag. et d'or à rétoî. de gu. 2* issue d'un fils naturel de Fernand Sanchez, F.: degii. à 6 besants d'or.— 3* Fam. castillane; F.: d'arg. à 6 tourteaux d'az. Le nom de Castro est porté par plu- sieurs membres de la nobl. espagn. entre autres par temanjuis de liam- po-Bermoso, le marquis de Gerona et le comte de la Rosa.

Gastropoyl (Raimundus de), de Lerida II, t)09.

Gatala (Divers prénoms), Rv.— Amalt Catalan, troubadour, II, 293. Arnalt Calhalan, reçut des biens à Xat. D. 3i1.— Ramon Calala, F.: d'az. au chien d'or. Jacme Catala, dit de Monsonis, F.: de gu. & 2 lévriers courant au nat.

Gatany. Bn.: d'az. à l'arbre à 3 branches de sin. devant lequel passe un chien au nat.

Gava, Caba (Amalt de). Rv. Père de), do Pau, F.: d'az. au châ- teau d'arg. entouré d'un fossé.

Gaynax, Rm.

GaYiNWOT (Arnalt), chapelûn du roi. II. 404, 606, 608, 612

Gayx, Caix, Cax (G), et Beren- guela, sa lille, Rv.

Gazador, (G.), Rv.

Cazina (Guillem de) Rv.

Gazola (A., P.), Rv.

Gebria, de Jaca, Rv.

Gëdribllas, Cediellas, Codriel- las Divers prénoms), Rv.

Gelart, Gelât (Pons, Br.), Rv.

Geleda (Abraym), Rv.

Geler (Bernât), de Tarragone, Rm. R. Seler, ,de Teruel ; Sancbo Seller, Rv.

Gella (Matheu de), Rm. J. Ceila, Rv.

Gellas, Celles, Lasceyles, de Cil- liis (Divers prénoms), Rv F.: d'az. â la carafe d'arg. qu'une main tient renversée.

Gblme, Gelma (P., Remondetde), Rv.

GELOM(Bg), Rv.

DBS ÉTATS DE JACMB 1*'

633

Gblort (6., B.), Rv.

Gbnpra (Pere), Frère prêcheur, I, 3Î4.

Centelles, Gentellas, Zes Cen- teyles, de SeintUlis (Pere. R. de), I, 206. Rm. Rv. Fam. dis- tiogiiée de Gat. Z. f 126 Bp.

Descendant, d'après la tradition, des ducs de Bourgogne D. f^ 340, 353. -> F. : losange d'arg. et de gueules.

Gbpibllo (R. de), Rv.

Gebao, Bp.

Ceralbo (Martin). Rv.

Cerbordus, II, 611.

Gerda, Gerdan (Divers prénoms), Bv. Plusieurs fam. !• à May. Bp. Bn. : d'az. au cerf rampant d*arg.; 2* en Araç. B.; F. : d'arc, à la fleur de lis aaz., sommée de 2 oiseaux, à la bord, componée d'or et de sa.; 3* F. : éc. de gu. au saut d'or et d'arg., au loup au nat.

Gères A (R de la), Rv. Durantus de Cereso^ Rv.

Gervan (Gasch de), de Teruel, Rv.

Gervato (Arnalt), provençal. F.: d*az. à 2 cerfs d'or.

Gërvello, Cervellon. Antique maison catalane alliéo aux Mon- cada. I, 175, 233, 243, 256, 306. Rv.— J. ch. Lxix, Lxxxi.— Z. !• 119. Issue des comtes do Zafa, F. : d'or an ceri d'az.

Gervera, de Cervaria. Deux maisons dés plus distinguées de Cal. 1, J40, 144, 163, 171, 180, 205, 213, 233, 308, 3!8, 324, 344; II, 94, 357, 394.— Rm. Rv.— Doc inéd. VI. 174. Q. 321. !• (tervera, issue d'après la tradition des ducs de Savoie. F. ; d'or au cerf de gu.

2** Gervera, représentée à May. Bn. F. d'arg. au sorbier au nat

Gervero (P. Sanchez), Rv.

Gervia, F.: de gu. à la biche d'or.

Gbrvinbr (G.) Rv.

Gerxan (G.) Rv.

Gespbnes (G.), de Tortose, Rv.

Gespina, 8espina(Bg , G. de), Rv.

Gespital, Ospitalcs, Spitalis, de OmlaUo (P., B. de).

Cesplanas (A.) Rv.

Gksposes, Sespozos (Bg. de) de Barcel. I, 327.— J. ch. xcix. Rv.

Gestrillbs, Gastrillas, de TriUiis (P., G. de) Rv.'

Gbylabo, Ceytalbo (Martin de), de Teruel, Rv.

T. II.

Ghahpans, Gampaines (Bg. de), lieutenant du maître du Temple. I, 254, 442.

Ghico, Xico (Jean), de Lerida , I, 294. Rm. Se distingua au siège d*Iviza J. ch cv. Bernât Ghico. Bp. P. Xicho, Maria Ghicot, Rv .

Christian (Pere), Rv. —Arnalt Christia, Bp.

Ghdlliella (Martin de) Rv.

GiDBTA (Scarp. de) Rv.

GiFRE (Ramon), de Lérida, Rm. représentée à Mav. Bn.: d'or au cyprès de sin. V. F.: d*ai. au griffon d'or.

GiGAR (P. de) Rv.

GiGO (P , A., Homdedeu), Rv.

GiGDENZA (D. , 6., Jordan de), Rv.

Gimballa (M. de), Rv.

GiNCA(R.de), I, 445

GiPRiA, Hm Rv.

GiRBRA (Arnalt). F.: d'arg. au ce- risier fruité au nat.

GiSA (Pascual de la), de Barcel. Rm.

ÇiTiNA (FortunGarcez de, écuyer, Rv.

GiTOLERA (Michael) ; Marti de Gi- tolero de la Cueva, Rv .

CIUR4NA, Sivrana, Sibrana(P. de) et son fils R. Rv. F.: d'Aragon et de gu. au ch&teau d'arg. aoc. de 5 besants d'or. V.: de gueules au château d'arg. aj. d'az. ace. de 9 besants d'or en orle.

GiUTADiA, Giptadia (Bg.. Miret), chevalier. Rv. Miro Ciuladella, F : de gu. & la fleur de lis d'or.

GivADA (Joan Perez de la), Rv.

GivADER, Cevadero (P., Jacme), Rv. ~ Civerio, 3 individus men- tionnés par F. 1" Ochoas Civerio, Biscayen: d'or à 5 roses de gu. —2" Pere Ochoas Civerio , Biscayen: éc. d'or au lion de.... et au loup ravissant au nat. 3' Joan do Cive- rio , de Saint-Jean-Pied-de-Port , parent de Saint-Roch et du roi Jac- me: d'or à l'yeuse & laquelle un chien est attaché.

GiVERA (Pere), Rv. Clarach, Glerach (P. de), Rv. Glaramunt, Glaramont. Fam. il- lustre qui tire, dit-on, son origine de France. I, 205, 233, 256. 306, 308. J. ch. Lxxxi. Rm. Rv. Plusieurs branches, F. V.: 1* de sa. au mont fleurdelisé d'or; 2* de gu. au mont fleurdelisé d'arg. Glaramunt, F.: d'arg. au roc d'échiquier d'az.

41

«S4

IfOMBRCLATURE DBS VAMILLBS

CLARAN'(Fer. de) Kv.

Claresvalles (Pons de), scribe deLerida. —A. de GlaresvaJs. Rv. A . : de gu au soleil d'or, en pointe, fascé onde d'arg. et d'az.

Clarbt (Fr. Bernât de), lieute- nant du maître du Temple. I, 151. 442. Bertran, R., et J. de Gla- ret, Ermessende Glaretta, Rv.

Clariana (P. de) chev. J. ch. CLxxxv. —A.: d'or à 3 bandes de

Claustho (Bertrande). Rv. Clavbl (Domingo), Rm. Joan et Berenguer Glavel, Rv. Bernât Glavel, I, 443.

Glavee (Berenguer, Miramon, Marti), Rm. Bp. J. Qaver, de Teruel, Rv.

Glémbnt. Rv. Joan Glim^it provençal, F.: degu. au chevron d*or, aoc de 3 poires du même.

Glochbr. Dez clocher (Ferrer de) et son fils Arnaldon, Rv.

Clusa (Ramon de sa), Rm . Bp.

Clusca (Bernât de), Bp.

Cluser (Amalt de) Bp.

GocALORA (Ivanez Sancho de) Bv.

GoBERTORBR j (Mathsu,^ iTomas), Rv.

GocH,}Goq (Duran), de Barcel., Rm. Bn.: de gu. à 3 besants U'or. Berenguer Coc; P. Gocho, Rv.

GoDiNA (G.), Rv. A.: parti, d*or à 5 fas. d ai. au château a'arg. brochant, etd*arg. à 5 fas degu. au mont fleurdelisé surm. d*un saut et d'une bannière, le tout d'or et brochant sur les fasoes

GoDiKATs (Bcnet), F.: d'or à 3 chevrons de gu.

GoDONOiL (Martin de), Rm.

GoPiBRO (Aznar), de Teruel, Rv.

GoGOLBS, Rm. ~ G. de Gogoyla, Rv.

GoGORDA, Gogorla (Guillem, P.), Rv.

GoooT (Salvador de), de Jaca,Rv.

GoLBNT (J. de), Rv.

GoLBRA (J. de), boucher, Rv.

Colin (Amat de), Rv.

GoLL, Delool, Dezcol (Divers pré- noms), Rv. GoU. à May. qu'on dit descendre de Ramon de GoUet, vivant en 1239. Bn.: d'az. à deux montagnes mouvantes des flancs et formant entre elles un défilé (coll.) ace. d'une étoi. d'or en chef GoU, A.: d*or au mont de deux coupeaux de sin. celui de dexi. sommé d'une

croix recroisaltéeaii pied fidié d'az.; celui de sen. d*un coâne de sin. Descoll, A : d'arg. au mont de 2 cou- peaux, celui de dextre fleurdeUsé.

GOLLADO (Jague det), Rv.

GoLLAN (J. de), Rv.

GoLLiBRE, de CauohoUbero{i. P. de), Rv.. ~- Joan de Golobrea de Barcel. Rm.

Goix>M (G.. D., Bernât), Maria de Colon, Na Goloma. Rv. Bernai Co- lon reçut des biens k Alcoy, D. T 355. Guillem Golom, proFon^al, F.: de sin. à la colombe d*arg.

GoLOif A (Pierre de), français. F.; d*az. à la bande d'or, ace. de z co- lombes au naU, à la bord, d'arg. à 8 taus d'az.

CoLOMER, (6.) d'Almenara, Bt.

A.: d'az, à 3 colombes d'arg. becq. et membrées de ^u. à la bord. engrélée d'arg.^ Guil&m Golomer, du Garladès, F.: d'az. au colombier

d'arg., et d'or au lion de

Joan Descolombers, de Barcel Rm.

J. de Columbario, Rm.

GoLONGO (Domingo de), Rv.

GoLOMGo (Fr. Guillem de) inqui- siteur. Z . 1^ 199

GoLSAM (R.) Hv. Golzaii. Bp.

COMABBLLA (P. de), de Vicn, Rm P., Berthomeu de Com»- belle, Rv. D'az. à la roue d'or.

GoMADOLMs, Gomadoms, Corne- doms (P. de) Rv.

GoMBA (Br. de la) Bertrandue de Cumbis, Rv.

GoMBAiLLADX , de CumboUotis (N.... de), de Montp. Il, 552.

GoMELLAs, Gomelles (Bernât de) Rv. Père de GomeltasBo.: d*or au pin de sin. entre 2 monts an naturel. Gomelles, Girone. A.: de gu. à la bande d'or rem-

S lie d'az. ace. en chef d'an lion *or, surm. de 3 roses d'arg. et en pointe d'un mont fleurdelisé de sin.

GoMPANT (Bg.; G.) sécrétants {Scriptores) le V' du roi, le 2^ dn v^ de Béam. Rm. Bn.: d'arg. à l'agneau pascal au nat. sa bande- rots de gu. -^ Gompayn, Gompun, Gompan (R., G., D.), Rv.

Comte (R.), de Montp. II, 552.

GoNDAMiNES, Gouaminas, Gona- mines (P. de), Rv.

GoNDOM (divers prénoms) Rv.

Go?iESA (P. de) Rv . A.: coupé d'or et d'az. au lion de Tun en l'autre.

Co.NOL (Guirald), Bp.

DES ÉTATS DB ^AGMB 1*'

635

GONQUA, Gonca, (Gonzalo Ferez, Lazare, I^scual, B., P. de) Rv.

GONQCTES, de Conquis (P., Ra- mon, Berenguer de), de Montp. II, 306. 429 à 430. 440. Rm. G., Marti de Goncas. Rv.

CONSTANTI (G.), boucher; R., P. Gostanti: Mose, Salomon Alffostanti, Rv. Ramon Gonstauti, Contesti, Bn. : d'or à la montagne au nat., mouvante du flanc dext. sunn. d'une tour d'az. et accostée d^uhe aigle de sa. de profil, tenant dans sa serre une croix de calvaire de

CoNTORAS (Benedictus), dommi regiêf Rv.

Contreras (Garcia Ruiz de) re- çut des biens à Orihuola. D. P 335.

Gonxel(J. de), Rv.

GOPONS (P., A. de), Rv. —A. : (te gu. à la coupe d'or, gringolée de 3 tètes de serpent de sin. ~ Joan de Ck>pons, de Barcel. F. : de gu à 3 coupes d'or. Le comte de Tarifa porte le nom de Gopons.

Çoquer (Pelegrin ), de Saragos. (Pons), Rv.

CoRB (Père), Rv.

GORBERA (Arnalt, Ramon de), Rv.

Corbera, de Far. A. : gironé d*or et de gu. Gorbera, doîAmpour- dan. A.: d'or à 9 corbeaux cfe sa.

Fermin Gorvera, navarrais, Bp.

F. : d'or à 2 corbeaux au nat. GoRBis (Br. de), Rv. GORBON (Guillem de). Rv. GoRELLA (Rodrigo de), chev., et

quelques autres ; (5. Perez de Gau- reia, ^v. D. f ' 352, 386. V-: de gu. au serpent à tôte de femme, s'entourant le cou de sa queue et vomissant des fltimm«.s. Ximeno Gorella, navarrais. F. : d'or à 3 pals de pu. et d'or à la cloche de Peîay Perez Correa. grand maître de St-Jacques, II. 93. Gorrea est le nom du marquis de Mos/grand d'Espagne.

GoRiRFO (Bernât), Bp.

CORHON (F ), Rv.

GORNEG (J.), Rv.

GoRNEL, Gomeyl, Corneili. Illus- tre fam. de rieos homes de natu- raUza. I, 136, 140, 144, 150, 164, 172, 204, 254. 295, 344, 384, 389; II, 30. 36, 291, 561, 569. Rm. Rv.

B. Issuelde la maison romaine CoHiItta, d après F. : d'or à 5 cor- neilles de sa.

GoRffBiXA, GomeUftD(Q'.tBr. de),

Rv. Z. f 141. A.: d'ai. à

3 huchets d'or l'un sur l'autre, vi- roles degu. Bernât Gornella. F.: d'argent au corbeau de sa.

GORNUDELA (J. de), Rv.

GoRPo (Blasco Joannez), de Te- ruel, Rv.

GoBRAL (G. de), Rv. Nom delà marquise de Narres

GORREDOR (J. Guill.), Rv.

CoRREGER, Gorriger (P. Boreo- guer), Rv.

CoBROZA, ^.orroçan (B de), Rv.

GoRsoR (G.), Rv.

GoRTAiLADA (Sancho de), Rv.

GORTBL (Bg.), Rv.

GoRTES (G., p., Amald, Marti), Rv. (Ramon) Bp. Arnalt de Gurte, de Curtibus, B. Za Cort., chevalier, Rv. Guillem de Cutie, Z. f 204, 214. Bertrand et Guillemiza Gort, s'engagèrent à suivre Jacme en Terre-Sainte. Doc. inéd. VI, 174.

GoRTici (Père) de Lerida,;II.

CoRTiT (Amald). I, 443.

CoRVANERAS (Pedro Laxano de), Z. f 205.

GORZA (J.), Rv.

GoRZAVi (Arnalt do), frère du v'* de Castelinou. Z. f 213. 222.

Gosco (A.), Marco Goxo, Rv Ramon Gorscos, Bp.

GoscoLA (l'ons do), de Tortose, Rv.

GosPiN (Domingo) et Ramonda, sa femme. Rv.

Costa, Za Gosta, la Gosla (divers prénoms ) . Rv. T.-S. Plu- sieurs fam. : 1* représentée à Mav. Bn.: degu. à 6 côtes d'arç. 2* Gosta , de Tortose , A. : d az. au mont au nat. sommé d'une croix d'arg. bordée d'or, accostée de 2 étoi. d'or et surm. d'une couronne du même. 3* Zacosta, de Len- torn, A. : d'or à 3 fasc. ondées de gu., à la bord, de sa. semée de besants d'or. 4* Ramon de Gosta, F. : d'arg. au mont au nat. sur le-

2uel grimpe un lion. Qu'une troupe e corbeaux empêche d'avancer. CosvALAN (D. Joannez de), de Teruel, Rv. GoXAN (Anselme), Rv. Covos (Alfonso), castillan, F. : d'az. à 5'Iionceaux d*or.

Greixbll^ (Jacme de), Rv.

GREiUDESjfA., R., P. de), Rv.— Gerald den Gremats, bourgeois de MoDtp. II, 508.

636

IfOMBlfCLATORB DES FAMILLI»

Grescheb, Greeques, Juif de Beau- caire, Rv.

Crbspi (divers prénoms), Rv. Diego de Grespi, de Girone, des- cendant de consuls de l'ancienne Rome, d'après F., reçut des biens à Xat. D. f 340. V. : d'or au pin de sin. Fam. dont le chef porte aujourd hui les titres de comte de Gastrillo, tVOrgaz et de Sumacaroei, marquis de la Vega del Boecillo, grand d'Espagne, etc.

Grbspo (Marti) de Teruel (P.), Rv.

Crbstinus (B.), Rv.

Gristovol (Domingo), Rv.

Gros, de Croso (Guillem de), Remat de Crois, Berenguer de Gro- sius, chev . de Tortose; Gerald Des- cros î J. de Greus, Rv.

Crudo (P.), Rv.

Gruilles, Groyles, Croillas. Gruel- las, Grevelas. t^m. distinguée do Gat. I, 233, 264. 308. Rm. F.— A : de gu. semé de croisettob d'arg. Nom porté par le marquis del Castillo del Torrente.

Gruxa (A. de), de Tortose, Rv.

CuBELLS (divers prénoms), Rv.— Joau Gubells, français, F.: d'arg à la fleur de lis de sin. Arnalt de Gubells, F.: d'az. au croiss. d'arg.

Cuc (Berenguer), T-S. Fr. Guch. Rv.

GucALO (Jacme), de Vich, F.: d'arg. à Toiseau dnsa.

Glxulels (B.), Rv.

CUEVA (Gilde la), Rv. *Goupô en chevron d'or à 2 pals do gu. et de sin. au dragon d'or.

GUGUILLADA, GoguUada (G.), Hv.

CUKADO (P.)i Rv.

CuMLLS, Gonills (Ramon) de Tor- tose, Rm., chef de la maison de Gu- Dilleras, Bn.: d'or au conil (lapin), sautant de sa. B. de Gonil, ae Tortose, Rv. Ramon Gonill, de Marseille, F.: d'arg. au lapin de sa.

Cdrteu^. GurtoUon, (P.), Rv.

GuiLMS (Ramon), juré de May. Bp

Dabrafim (B.), G. Ferrer Da- bralim, Rv.

Dacan (Guillem), huissier du roi. J. chap. XXXI.— Z. 1^ 117.

Dacheta (Martin Perez) navar> rais, Rv.

Dalantorn (Guirald), chevalier, Rv. Lentom, en Gat. A.: d'arg. h 3 vols abaissés d'az.

Dalaus (Jo.) de Montp. II, 552.

Dalcabbz (G.), Rv.

Dalgaviea, (Domingo), Rv.

Dalmau (R.) de Tortose, Br. I>al- maiio. Rv. —Bornât Dalmau, iuge à May. Bn.: d'az. à 6 coquilles darg.

Bemat Dalmau. F.: de gu. au lion de . . à l'orle de coquilies d'or.

En Dalmau, T-S. DALPEifES,Dalpenos (Ferrer), Rv. Daltafuila (P., A.) de Tortose,

Rv.

Daltura (GiI) de Teruel. Rv.

Dalzat, Datzat (B.), Rv.

Damiano, Damianos ^GaiUem), Rv.

Danils (P.), Rv.

Daraos (Garcia) chevalier, Rv.

Darchol (Pascual) de Teruel, Rv.

Darejens (Be[.), Rv.

Daribl (Dominffo), Rv.

Darnba (TomasJ, de la suite de don Rodriffo de Lizana. Rv.

Darno (Guillem), Rv.

Daroca (divers prénoms). Pour quelques-uns nom d'origine, Rv.

Dascasso (Miguel Perez). Rv.

Daspa (Miguel de), Rv.

Dasqueta (Martin PerezJ, Rv.

Dasskssa (Ferran), chevalier, Rv.

Daucks (Ferrer), Rv.

Daude (G.), de Moresa; Bertran, P. Dauder, Rv.

Davena (G.), Rv.

David (maffister), alfagui de don Fernand.— Magister David, alfaqui du roi. I, 377. Rv. ' Daviengo (J.), Rv.

Davoio (G ), Rv.

Davora (Garcia), P. Davoro, Rv.

Datrada (Rodrigo), de Teruel, Rv.

Dazcots (Lope Ximenez). chev. Daçots. Rv.

Dega (B.), Rv.

Delascitt (P.) de Jaca, Rv.

Delpi (Guillem^ de Barcel. Rm. Bp.

Delgat (Garcia), Dominga Del- gada, Rv.

Delgida (Garcia) et sa femme Marie, Rv.

Dembcn (E. Lopez). Paix de 1235.

Dbnbat (Joau), Rv.

Deolargas (Guillerma), Rv.

Derbna (Guillem) Rv.

Dermçi (J ). Rv.

Dero (A.), Rm.

Dbsbatns. des Banys, de Baineù (GuillenO, àe Barcel., Rm. TGuil* lerma, firmeogera), rte Baro^. Rv.

i

DES iTATS DE JACMB I"

657

^ * Desbanchs, en Gat.: d'az. au bœuf d'or, à la bord, deocbéo el cousue de gu.

Dbsbrull, de BruU, de Brulio (Stevan), Rm., auteur de la fam.des marquis de Casa Desbrull, à May. éteinte dans la maison de Villalonffa. Bn.: de gu. au griffon d'or. Ma- gi^ter Vgo DeibruliOf Rv.

Dbscos, Desco'S (Père, Ramon), Bn. : d'or à Tours passant de sa. snrmon. d'une fleur de lis de gu.

Desgrix (Francisco Johannez), de Teruel, Rv.

Dbsfobn (P. de B.), de Tortose, Rv.

Desmas (Guillem), Rm. (R.), Rv. * D'or à 3 fasc. de gu. charg. chacune de 3 fleurs de lis du champ.

Dbsmorer, Dezmorer (P.), Rv.

Desnoger (P.) de Berga, Rv.

Desoras (Guiralt), Rv.

Despen (J.), de Tortose, Rv. V. Père Despens. F. : d'or au griffon d'az. h la bord de sin.

Despiels (P.), Berenguer de Spiels, Rv.

Dbspoti (J.) de Jaca. Rv.

Desprats, Dezprat (Bg., Eyme- rich, B , Ripol), Jorda de Pratis, Geraldus de Prato, commandeur d*Âlfama, Rv. - Père Desprals, F. : de gu. à 3 roses d'or. Fam. distinguée. On trouve aussi Des- prat en Gat. A. : d'or à la bande de sin. ace. d'un pré fleuri au nat, à la bord, componéc de sin et d'or.

Despuig, Dezpug, Des Puchs, de Podio (divers prénoms), Rm. ^Rv.— Maison illustre, représentée de nos jours par le comte de Monténégro, grand d'Espagne. Â.. de gn. au mont fleurdehsé d'or, char, d'une étoi. du champ. Père Uespuijç; F. : de sin. au lion d'or, ace. d'une fleur de lis.

Despuin (R.), de Tortose, Rv.

•espuit(P., R.)i Rv.

Despujol (R.) Rv.— Fam. distin- guée de Gat. ayant aujourd'hui pour chef D. José Maria Despujol y Fer- rer de Sant Jordi, comte de Fonol- lar, marquis de Palmerola. —A.: de gu. au mont fleurdelisé d'or, à la bordure componnée d'or et de gu.

Destola ( P.), Rv.

Dbstornell, Desiomelio (ma- gister G.) Rv.

Destorrent (G.), B. Destorrentz de Fontrubia, Ry.

Destre (Matheu, Pedro Perez d'en), Rv.

Destbugon, Destrigo, Dastrugon (Simon, Simonin), Rv.

Destrum (Flor). Rv.

Des val, Desvalls, de Vais, deVal- libus (divers prénoms), Rv Fam. distinguée de Gat., représentée de nos jours par le marquis d'Alfarras et de Lupia.— A. : d'or à la rose de gu. Iwutonnée d'arg. char, en cœur de 5 tourteaux d'az.

Desvilar, de Vilarto (divers pré- noms), I, 255.— Rm.— Rv.

Deit , de Dèo ( Pericus . Guillem de), Tomas dena Deu. Rv.

Deusa (Guillem ), Rv.

DhuSDAT, Deodato (Don. Guillem).

Deuslosal (Guillem), Rv.

Develsa ( Garcia ) el sa femme , Rv.

Dbta , Daya, Dayans, Bp Bn. : de gu . au pal d'or char, d'une fau- cille au nat.

Deza (Bertran, P. Garcez de), P. Roiz Dadeza, Rv.; Gil Garcez de Deza, Z. f 159. Bernât deDaza, do Bilbao F. : d'or à 2 loups pas- sants au nat. Jacme de Daza, F : d arg. à la croix fleuronnée de gn. cantonnée de 4 chaudières an- sées de

Dezpar, de Far (Hugues), I, 269. A. : d'or k la chaudière d'az . remplie de flammes de gu.

Dezlegh. Deylet (R.), de Montp. Berthomeu Dezlec, Rv. B. De- lecho. conul de Montp. U, 551.

Dezluc, DesUuch (R.\ Rv. Premier mustazaf de Val. F. : d'or à la romaine au nat.

Dezhox (D.), Rv. Valero Des- mont, de Sarâgosse. F. : d'arg. à un mont, sur lequel un lion pour- suit un renard ravissant un lapin.

Dezlor, Desllor (divers prénoms), un chevalier, P. Dezlor, regine, Rv. J. ch. xLiv. A. : de gu. & 3 cartels d'or, chargés chacun d'une branche de laurier de sin.

Dezpi. Despi, Dezpin, de Spi (Br., Pelegrin), Rv.

Dezpisen (R.), Rv.

Dezplans, Desplan, Dezpla, de Planis (P. Dolza, B.); P. de Planes, Ar. zas Planas, Domingo de Plenas, Rv. Père Des Plans s'engagea à suivre Jacme en Terre-Sainte, Doc. inéd. VI, 174. Bemardus de PlanOy de Montp. II, 430.— Guillem Despla, F.— A.: * losange d'or et de

6S»

IfOMERGLAltmB DES FAMILLES

sa., à la bord, dejgu. char, de 8 roses d'or. - Père Planes, chef d'une fam. représentée à May. Bq.: d'or à l'aigle de gu., & la bord du même, chargée de 8 coquilles d'arg.

Dkzpont (G.) huissier du rot, (Ferrer, Berthomeu), Rv.

DiAGASTELLO (P. Iniguezde], Rv.

DiASSA (Domingo Perez), Rv.

DiAZ, Diez, Deiz, Diague, Didctci (divers prénoms) ; dos chevaliors. uo secrétaire du roi. I, 4'i3. Rv. Bp. D. f* 385. Fernand Diaz, F. : d'az. à la comète d'or. Âlvaro de Diez, castillan, F. : de gu. au saut. d'or. Fernand Diez, F. : d'or à 6 bandes d'az.

DiEus LO FBS (Firmin) de Montp. II, 552.

DiNOSA, Disona (Ar.) Rv.

DiOMS (te C^') grand seigneur hODgrois, parent de la reine Yo- lande, 1.358:11, 577— Rv.— Amor Oionis, son fils, reçut des b ens à, Orihuela. D. f 335.

DoLZASCAHNs (Fcraand de) Rv.

DOMENECH, Diomen^e , Domin- go, Dominguez, Dammici (divei's Ç rénoms). Plusieurs bourgeois de eruel, de ëaragoirse, de Jaca; un tailleur; un arbalétrier de Mora, Rm - Rv. V. Joan Dome- ndch, français, F. : de sin. au chien rampant d'arg. tenant une ban- nière de gu. et surm. d'une fleur de lis d'az. Arnalt de Na Do- mingua, de Tortose, Rm. Do- miaga, boulangère, Rv. Dôme- nech, à May. Bn.: d'or k 3 roses tigées au nat. liéeslpar une bande- lette de gu .

Dons, de (7/mts (Guillem) F. - Bn.: d'or à 3 fasc. do sa.

Don, Donad (Ramon) Rv.

DONATA , chevalier d'Epila et Miguel Lopez, son frère, Rv.

DONGISA (Gil) Rv.

DoEABUENA (S. Dominffo) Rv.

DoRDoiNo (Blasco) de Jaca, Rv

DoRLA (Martin), Rv.

DoRiLS (Jacques) chevalier fran- çais. F.: de gu. à la carafe d'or.

DOYZ (Jacme de) D. f 357

Drapeii (Lorens), Rm. (P., Bernât) Rv.

DuDALA (Gonzalvo Ruiz) Rv.

DciT (Fernand), de Jaca. Rv.

DunoL (P.) de Tortose, Rv.

DoL (Domingo) de Jaca, Rv,

DuoNA (Ferrer de) Rv.

PuRAN (divers prénoms) Rv.

F.: de sio. mi lion ace d'«a croiss.— Duranet, Rv. BCRPORT (Berenguer eiR«aioa),

I, 291, 299: II. 133 166, -^ Ranon Durfort. prud'homme de Val. Il, 569. Rv. —F. d'az. au cbatean do. . . . contre lequel nunpe un lioa <ror. Devis»:: Si eU mryofùH ^Sil est cUir, je suis fort). Proba- bl liment de la même souche que l'illustre maison française de Dur- fort - d'arg. à la bande d'az.

DcRG, Durt (Ramon, Galoeran, Armeogol), Z. 1- 164, 177. ^t . Bp. Durch, en Rouss. A: d'arg. à 3 losanges de gu. rangées en fasa surmont, chacune d une rose au nat: ù la bord, componnée d'ai^. etdegu.

DUASACH (B.) Rv.

Elart (R. dt) Rv,

Elias, tailleur, pelletier; ~ mc- <7i«tor Relias, Rv.

Embit, Dembit (Sancko Xime- nez) Rv.

E.MERICH, Emerig, Aymeric, Al- morich, Haymirius (seul ou avec divers prénoms) Rm.— Rv Ber- nât Eymerich. de Barcel Bp. Bn.: d'az. au soleil d'arg. Bernât Eimirici, arbalétrier ; maître Al- méric, périgourdin, Rv. And tes Bymeric, fauconnier du roi, II, 606.

Encxapes (Martin de) de Montp., F . : d'arg. à la balance en équiiiCrs de ..

Enecez, Ennegz (Divers prénoms), piusiïîurs chevariers. Rv.

Eneugua, Enecpia (P., M,), Rv.

Knric, de la suitede la reine, JRv.

Entenza, Antenza (divers pré- noms); un chevalier, un arbalétrier, Fam. de ricos homes aragonais, f, 136, 389; II, 27, 32, 50. B.: d'or au chef de sa. Bernai GuUlem, fils de Guillem VIII de MonlpeUier, prit le nom d*Entenza; I, 324. S44, 348, 366 à 372. 374; II, 80, 291, 301, 337 à 344, 391. G. de Ëntenia,

II, 561.— Ramon de Ëntenxa, fils de Bernai GuiUem. F.: ée. d'arg à 3 pals de gu. et ae gu plein. Be- renguer de Kntenxa, rico hmmê, F.: parti d'or et de gu.

Enveig (Joaa) catalan, F.: d'or plein.

Epila (Domingo de) de Hueaca, Rv.

Erill, Bril, d$ EHUo (P. de) des neuf barons de Cal. Rv. F.: d'or au lion d'az. Berenguer de Erà,

DBS «TATS DE #AC1IK I

«r

ÔYÀiue de Barcel. I. 343, 353.— Be- renguer de Eril, II, 262. A.: d'arg. aullion de gu. couronné d'or.

'Ermbnienoe (Maria de), Ermes- sende, couturière, Rv.

EsGALAS, Scala. Sescala, Sesesca- las (Bemat), Bp. Bn. : degu. à 6 échelles d'or, posées en bande, 1, 2, 2 et 1; sur le tout : parM|émanché 4*arg. et d'az.— 6. de Lescala, che- valier, Rv.

EscAMiLLA (Amfos de). F.: d'az. à la tour d'arg. sur les créneaux de laquelle sont}perchées deux oies du même.

EsGARPio (Fr. B., Fr. Andréas de), Rv.

ËSCHEDAS (Martin Lopcz). Rv.

EscHERDO. Eschierdo (jBertomeu), Rv. AdaJid. C'est lui que le roi arrêta de sa propre main sur le seuil de la tente de D. Garcia Ro- men (t. II. p. 36). J. ch. ccxiv.— Scherda, Rv.

EscLOT. Desclol (F.). Rv. Pro- bablement de la même fam. que le chroniqueur Bernât d'Esclot» Des- clot, Sclot, Aclot, I. 427, 428; II, 457.

EscoLANO, Scolano (P. de Vich.) G. Escola, Rv. Joan Escolano, de Jaca, F. : d'arg. à 3 bandes de sin., ace. de 8 besants de gu.

ESGORNA (Ramon), Rv. F. : d*arg. au bœuf de gu. entouré do clochettes de . . .

EsGRivA, S<?riba, Scriptor (divers

Ï)rônoms). Quelquefois nom ue pro- (sssion. Rv. Guillem Bscriva, chevalier, secrétaire du roi, orig. de Toul. d'après F., de Narbonne d'après V.. reçut en fief les revenus du greffe du jusUcia de Val. J. ch. ccLXXxvm. Z. f" 198.— D. f 377. Echiq. d'or et de gu. Escriva de Romani est le nom de famille du marquis de Monistrol de Noya et de San Dionis, baron de Béni- pareil.

ËSGUDER (P.), Rv.

BsLAVA, Esilava, Sllava, Deslava, Dez Lava (Lope de), Rm. (Di- vers prénoms), I, 303. F. : de sÎQ. à 3 écussons do gu. char, d'une fasc. d'or. De sin. à 3 écussons fasoês d'or et de gu.

EsPADA (Bemat de), de Madrid, F. : d'az. à l'épée au nat. & la bord. d*or semée de fleurs de lis.

ESPAILARGAS. Spallargas, Des- P^yJajTges (G. ae}, chev. Rv.

EsPANYAf Despayna, Spanva, de Hyspania (divers prénoms), Km. Rv.

EsPARZA (Lope de), memadero navarrais, F. : de sin. au soleil d'or.

EsPAYNOL , Spainol , Despennol (divers prénoms), I, 255. Rm. Rv. Espaûol à; May. éteint dans la fam. des Dameto. marquis de Bellpuig, Bn. : d'or à 3 oiseaux es- sorants do sa.

EsPEJO (Juan Ruiz de), F. : d'or 3 miroirs garnis d'ébène et d'ivoire au nat. Gelacian de ^spejo, chev . navarrais, F : d'arg. au griffon de sin.

EspiGOL, Spigol, Despigol (B., P., G. de), Rv. Père Espigol, de Gl- rone, F. : de gu. à 5 plantes d'aspic de sin.

EsPES (Père), de Toul. ou de Toi. s'embarqua avec le roi pour la Terre-Sainte. F : d'az. au griffon de gu. et de sa.

ESPLUGA , Aspluga , Gaspluga , Spluga (Ar., %.. G. de), Rv. Berenguer de Ësplu^ucs, de Pera- lada, F. •. de gu..'à la fleur de ils d'or. Bernât de Esplugues, orig. de France. P.: de gu. semé de fleurs do lis d'arg.

EsposA (Blasco. Gil do\ de Jaca,

Rv. V . .'

ËSTADA, Stada, Destada (divers prénoms). Plusieurs chevaliers. J. ch. XL. Rv.

ESTADELLA (J. de), Rv.

ESTANYA (Père), de Montp. F.: d'or à 2 cvgnes nageant dans un étang. Amet de Stayna, Rv.

EsTBLLA, Stella, Destella (Divers prénoms), Rv.

EsTEVA, Estevan, Stephani, de Stephano (divere prénoms), Rm. Rv. Estera, représentée de nos jours à Iviza Bn. : d'arg. à 2 bœufs attelés à une charrue, le tout au nat. Elias Esteva s'engagea à suivre Jacme en Terre-Sainte. Doc. inéd., VI, 174. Stephanus, /br- nerius; Stephanus, carnicer; Guil- lem et S. Stevanet: Stebania; G. d'en Estevaneta, Rv.

EsTiu (A., A. Perez de), Rv.

EsDN (Martin de), Rv.

EvA, nourrice de la reine. Rv.

EVELLE (P.), Rv.

Evi (mdgister), Rv.

ExABERRE, Exabarre (Lope de) Rv.

ExAKGH, Eizarc (Père) français

640

NOMENCLATURE DBS FAMILLES

P.: de gu. à la fleur de lis d*or.

ExfiA, Dexea, Degea, Exeya (di- vers prénoms). Plusieurs chevaliers, un cn&telain d'Amposta. Fain. re- présentée en Espagne et en Fran- ce — Echiq. d'or ei de gu .

KxERicA, Xerica (Jacme de] fils légitime du roi Jacme 1*' et de Téresa GÎTlI, 356. 481. - B. F.: dA- rag. à la bord. d*or, char, de 8 écussons d'arg. à la Fasc. d*az., qui est Gil de Vidaure.

ËxiBERT (Mahomet) Rv .

ExiHEw, Ëximeniz, Ximeno, Xi- menoz (divere prénoms), un arba- létrier, un chanoine de Saragosse; Ximenello. courrier, Rv.

Eyz(G.) Rv.

Fabkr (D. , Uc, Guillem) de Montp. II, 552. - Br. et Thibalt Febre. Rv.

Fabra (Frère Miguel), domini- cain, I, 289; II, 74,75. - D. f* 388.— Guillem de Fabra, frèrede Mi-

Suel. F.: éc. d'azau croiss. d'or et e gu. à 1 étoi. d'or.

l^BREGES, de Fabricis (A., R., B. de) Rv. * Fabreçes exis- tant encore à May. Bn.: d az. à la bande cousue de gu. ace. en chef d'une étoi. d'arg. et en pointe d'un château ruiné d^or, - Fahregues , en Languedoc; d'or au cor d'az, lié de sa . ' Fabregas est le nom de ftmilliî de la baronne de Fuente de Quinto.

Facaut (Br. de) Rv.

Fagunda. Rv.

Falcbs, Falchs, Falz, de Falcihus

i divers prénoms) Rv. Rodrigo falces, navarrais. F.: d'az. à 5 fau- cilles d'or.

Falcone (R.. Ar.) Falcus, Rv.- Le marquis de Oastel - Rodrigo, prince Pio do Saboya, grand d'Es- pagne ; le marquis de Almonacid de los Otoros ; le comte de Lumiares, portent le nom de Falco.

Falconbr (A., R., Andreu) Rv.— Ramon Falconer, d'Alcira, II, 610.

Fales fBr. de) Rv.

Falgubr, de Falgueriis (Bertho- meu. Bernât, Père) Bp. Le nom de Falguera ebt porté par le comte Santiago.

Falzet (F. de) Rm.

Faraix, lils de Mahomet, arbalé- trier. Il, 376. -Rv. . , ,

Fariza, Ferisa (Ona, Maria de)

Faxardo (Alvarez), galicien, F.:

d'arg. aux plantes d*ortie de sin. sur un mont battu par les flots.

Fazanias (Benêt de) de Teniel, Rv.

Febrer, Fabrer (D., Laurens), Rv. «Tacmc Febrer, I, 4G0 Guillem Febrer, inspecteur de l'ar- mée royale à Val., père de l'auteur des Trobas. Ce dernier Ait fillenl du roi Jacme. F.: d'or à la fleur de lis d az. A ces armes, Jacme Febrer ajouta par concession royale : d'aiig au lion au nat. Fabrer, à May. même fam. que la précédente. Bn.: coupé d'or à la fleur de lis d'az. et d'arg. au lion au nat.

Fedas (Uc de) Rv.

Fehet (Bertcmeu de), d'Alme- nara, Rv.

Felip (Domingo, Pascual de). Philippus Portartus, Rv.

Feliu (P.), Rv. * Feliu à May. Bn.: d'or & la croix de Calalrava de gu. , à la bordure compaaêe d'or et de gu.

Feltrer tP.), Rv.

Fenals (Miguel de), Rv.

Fenollers, Fenoylers, Fenuler (Ar. de), Rv. * Fonollar, à May. (Comté dans la maison Despujol). A.: bandé d'or et de sa. de 8 pièces,

Fbnollet, FonoUet Bp. Bn. Fam. importante orîg. d'après F. et V. do Sainl-Paul-de-Fenouillet dans le diocèse do Narbonne. Elle a possédé les vicomtes de Illa et de Canet. Son chef porte aujourd'hui les titres de comte de Olocau, mar- quis de Llanara et de GarboneIK grand d'Espagne. Le duc de Hijar a hérité du titre de vie. de Illa. Bn.: d'or à la plante de fenouil de trois fleurs au nat.— F. V.: parti d'or à la plante fenouil de sin. à la bord, componée d'or et de sin., et d'az. à la demi -fleur de lis d'or.

Fer, Feri (Anselm) de Marseille, Rni.— G. Ferre, Rm.— G., P. Ferre, J. Ferro ou Fierro, de Te-uel, Rv.

Ferigola (R. de), Rv.

Fernand, abbé de Montaragon. infant d'Ar.. oncle du roi, I et II passim. Ferrand et Ferra (divers prénoms), un jongleur, I, 459, Rm. Rv.— Arnalt Ferrand, lieutenant du roi à Montp., II, 407. Ferra de la Mola & May. Bn.: d'az. au fer à cheval d'arg. ace . en chef de 2 étoi. à 6 rais, du même.— Père Fa^ rando, F.: éc. en saut d'arg. au fôr à cheval d'az. et degu. à l'étoi. d'or.

DM irktlê 0B JAGBB I*'

641

Fbrnandbz, Ferrandiz (diTérs prénoms)^ an chevalier, on jardi- nier. Ferrandiz à May. d'nrig. por- tttgaise: parti d'or au chef daz. char, de 3 losanges du champ, et de gu. à 4 fasc. (T or. Berenguela Femandez, maîtresse du roi, II, 352; Pedro Fernande^ de Hyar, fils naturel du roi: voy. Hijar.

PERaADELA (Ramon) s'engagea à cuivre le roi en Terre-Sainle. Doo. in4d.; IV, p. 174

Fbbradi, Ferrado(Furtado Ferez. Marti), Rv.

Fbbbaout, de Ferro aciUo (Be- renguer, Miguel), Rm.;—Rv., Pore Ferragut de Jaca.P. : de gu. au fer à cheval d'or ace d'un clou du ménïe.

FEBBAMni (Marza), Rv.

Febber. Ferrar, Ferrarii (divers m^ùomâ), Rm. Rv. Ausias et Dérnat Ferrer reçurent des terres à Xdt D. ^ 340. Ferrer à May. Bn. et Bernât Ferrer, anglais. F. : ae gu. à 3 Jumelles en bande d'or.

Ausias Ferrer, écossais. P.: d'az. à la bande d'or, remplie de sin. et sin. à 3 fers à cheVal d'or. Le nom de Ferrer est porté par le mar- c(ais de Viilasegura et de Monte- muzo.

Ferbeba (Palaton, Garcia Ferez, Arsen), Rm., Rv.

FEBRBt (P.), Tortose. Rv.

Fbbbiols (G. de); Ferriol, trom- pette, irortuiidor.

Fbbbiz (Marco), I, 95. Rv. Ktfrriâ de Huesca, P.: de sa. à la cfoix d'arg. char, de 4 fers à che- val d'az. et au oentre d'un saut, de gu.

FiGAc (P. de) Rv.

Figbb, FigeroB, Figuera (divers prénoms), Rv. Benêt de Fijfuera, F.: de. . . à la feuille de ttgnier de stn., et d*az. à l'étoile d'or. *

FioiiBBOLA, Figerols, de Figerolis (divers prénoms). Rv.— P.— A.: d'or à 5 feuilles de figuier de sin. an saut.

FiLBBA (Ximenez de), Rm.

FlIfALLBBAS, Rv.

F1NE9TB8S (Berenguer de), J. ch.

XLII.

FiTA (Bg. de), Rv.

FiVALLBa, Fyvaller, Fiveler. Rv.

B». A. ; de gu. au lion d'arg. arme d'az. Le cnef de cette illus- tre famille catalane est aujourd'hui le duc d'AlmeiMira Alta, comte de

T. n.

Damius, marquis deVillel, grftnd d'Espagne.

Flababug , Hababug (Pelegii, Just, Miguel, J. Ferez, Joannez de), Rv.

Flanoina (P.), Rv.

Flix (Andriolo et Albert), neveux de Garroz, seigneur de ReboUedo.

Flochait, Rv.

Florejaciis (Salvator de), Rv.

FloreiNt, Rv.

Florbz, Floriz (Matheu , cheva- lier de Galatrava), Rv.

Plumez (Guiliem Ivanez de), Rv.

Fluvia (Guiliem de), Z. f^ 115.— A. : d'az. à 3 fasc. ondées d'arg., à la bord, de gu. char, de 8 ôcussons d'or & la fasc. de sa.

FocALD, Folcalt, Kolca (B.), bou- cher, G. Focaut, Rv.

Focbs, lam. de rioos homes de naturaleza, h 136, 175, 187, 197, •207. 307, 323; II, 95, 301. 395, 407.

B.— F. : d'az. à 5 faucilles d'arg. Foix (Pons et Bermond de) s'en-

ga^rent a suivre Jacme en Terre- Sainte. Doc. tn^d.; VI, 174.— Comtes de FoU, vassaux des comtes de Eteir- cel. I, 130; II. 64. 66, 337. 369, 479.

D'or à 3 pals de gu.

FoLGH, (Frère) maître de l'hôpi- tal. I, 174. Voy. Cardona.

FOLQUET (P.), Rv.

Fo."9T, za Font, de Fonte (A. de) Rv. G. de Fonte, prêtre, secré- taire du vie. de Gardona, I, 445 Ramon de Font. Bp. Bn.: d'or à 3 fasc. d'az. cnar. de 6 fleurs de lis du champ, 3, 2 et 1.

FoNTANET (B. de) Rv. * A.: de gu. à la fontaine d'or jaillissante d'arg. ombrée d'az.

Fonte RRODALiA (Marin), Rv.

FoNTESCALENTKS (Michael, Gar- cia de), de Teruel. Rv.

FoNTESCLARAS (Pascual de), Rv.

FoNTOVA. fam. de mesnaderoSt II, 334. Rv. B.

Fontbubia (Buguet de), chev., Rv.

Fonts, de Fontibus (G. de) che- valier. — Marti do Fuentes, Rv.

FoNViVES, de Fonvivie (P. de) deMontp. Il, 552.

FORBEYTR (R.), Rv.

FoRCALQUiER (Hugues de) maître des hospitaliers. I, 307, 343, 380, 389 ; il, 90, 95. - D'or au lion de

flM. cour, du même, allas : de gu. à a croix cléchée, vidée et pommelée d'or.

42

642

NOMENCLATURE DES FAMILLES

Fores (P., Ramonde), Rv.

FoRN (R. de) , de Fornos , Rv. Bernât del Forn s'engagea à suivre le roi en Terpe-bainte Doc, inéd.', VI, 174.

FoRNER (Pons, Marti, D.), Rv.

FoRXiCH (Marcho) Rv.

FoRQUiLLA (Martm Ruiz) reçut des biens à Orihuela. D 335.

FoRROS (Berthomeu), Rv.

Fort (Ramon), viguier de Cerda- gne,Z. f* 205 Père Fort du comté d'Urgol, F.: de sin.au nœud gor- dien de... Fort, de Barcel. A.: d'az. au rocher au nat. surm. d'un ctiâteau doi\jonnô de 3 tours d'arg.

FoRTER (Berenguer), Rv.

Fortes, de Saragosse. Rv.

FoRTUN (S., p., J.), Rv. For- tuny, de Tortose, A.: d'az. à 2 fasc. brétessées et contrebrétessées d'arg.

FoRz, de Burriana: G. Fuorz.,' Rv.

Fraga (G., R., Domingo, J.. Sanches. April, Br. de), un cheva- lier, un huissier du roi, Rm. Rv.

Francesa (J. de), de Jaca, Rv.

Franch (G.). Rv. Jacme Pranch, provençal, F.: de gu. à la Heur de lis d'arg.

Franculin ((;. dej, f aster tus, Rv.

Fhaner (G.), Rv.

Frau (Ferrer de) Rv. * Frau, représontô à May. Bn.: d'az. à la tour d'arg. senestréo d'un lion d'or tenant dans sa gueule une bande- rolle d'arg. char, du mot Frati. Mon- telô à dext. d'arg, au fraisier de sin. soutenu par une main d'arg., à sen. degu à l'étoi. d'or.

FfiANQrKZA (Arnau de), F.: d'or au lion de gu. ayant dans sa gueule une banderolle sur laquelle est écrit le mot: Hbertas,

Fraxino (Berengarius de) Rv.

Frexer (Joan, R.) de Girone, Rm.

Fresaria (Joanna), Rv.

Freschet , Fresche , Frescheti (R.), Rv.

Frexa (Nicolas), Rv. Fressa. de Tarragone. A. : d'arg. au lion de gu. rampant contre un frône arraché de sm.

Frigola (Giiillem de), F.: d'or à la plante de thym de sin.— R. de Pregola, Rv.

Frontin (Garcia), Z. f* 173. Frontinus, Rv.

Frogier, Frotgerii (J.), consul de Montp. U, 551.

Frote, Rv.

Fuentes (Marti de), Rv. Fcga (S. de. Rv. FuLGRAN (Gui Hem), consul de Montp. I, 173.

FoNBS (Lope Arces de), Rv. Pedro de Funes, d'une fumillede mesnaderos de Nav. et d'Ar., P. : coupé d'az. et d'herm. Bemardo de runes, de Huesca, F. V.: d'or au lion de gu. dans un lacs d'amour d az., & la aevise : Funes peccaUirum apprehenderunt me, en lettres de sa. posées en orlc.

FoMicuLO (Galdero de), Rv.

Fuster (Pelegrin), de Barcel, Rm., chef d'une fa m. représentée à May. Bn. : d'az. à Têtoi. à 8 rais d'or. Garcia, Berenguer, Père, Arsendis Fuster, Rv. Mifud Fuster, notaire. II, 237. —A. : ûTax. au loup ravissant d'or. Jacme Fuster, de Montpellier, F. : d'az. au soleil de . . . char, d'une lune de. . . Rcmon Fuster, de Barcel. F.: d'az.

à copeaux d'or (fuster signifie

en catalan tourneur). Arnaki Fuster, aragonais, F. : d*az. à la lune d'arg. ace. de 3 ôloi. d'or. Fuster est le nom de famille du comte de Rorhe.

Gabran (Guillem de), Rv.

Gacet (Guillem), D, f 376.

Gaenera (Marquesia), Rv.

Gaic (R. de), Rv.

Gailach, Gayllach, Galla (Bemi- ffuer, R., G.). Rv. *Gaillac en Lang.: d'az. à la comète à 16 rais d'or, caudée du mémo. Amald de Gailach, de Tortose. F. d'az. au coq d'or.

Gal, Rv.

Galabrun Relias), Rv.

Galacian, Km.

Galaubia, Galobia, Galabia, Rv.

Galbe (Bertomeu de). Rv. Benêt de Galves. de Tortose, F.: de gu. à l'aigle d'arg. beoq. d'or.

Galbert (P. de), Rv.

Galiana (Jacme de), Rm. Lo- sange d'or et do gu.

Galifa (Berenguer de), Rm. * Gallifa en Cat. A.: d'az. à la tour d'or, maçonnée, ouv. et aj. de sa. supportant un coq du même.

Gallnda, Galindo, Galida (J.}, juge de Daroca. P. Galindo, cor- donnier do Galatayud. Rv.

Galiners (P. de), ftv,

Gallard (Nicolas), Bp. Bn.:

DES ^TâTS DB JACIIB I*'

643

d'az. à 3 fas. d'or, au chef cousu de gu. & 3 pals d'arg.

Gallbt (Ferrer na), Rv.

Gallisa (Guillem de), Rv.

Gallisa!<(T (R. de]. Paix de 1235*

Galoger (Pascual), Rv.

Galub, Gallur (J. Ferez), chev.

glartin Ferez, Fascual. Guillem erez de), Rv.

Galyis (Juan). Faix de 1235.

Gamarbl (B.), Rv.

Gamio.v (Rodfrigo), Rv.

Gamitnd (G.), Rv.

Ga!sd (Berenguer), Rv.

Gandesa (Br. de), Rv.

Ganter (p.), Rm.

Garau (Br.), Garaud, Rv. Ga- rau représentée à May. Bn. : d or au lion au nat. portant dans sa patte dexL un fouet d'arg.— Garcia Garay, de Tudela F. : de gu. au lion d'or portant une bannière d'arg.

Garbayo (P.), Rv.

Garcia (divers prénoms). Un grand nombre d'inaividus de tout rang; I, 404. Rm. Bv. Gar- cia, représentée aujourd'hui à May Bn. : de gu. à 3 châteaux d'arg. donjonnés de 3 tours.

Garces, Garcez, Garcis , Garz (di- vers prénoms). II, 611. J. ch. ccLXXXi.— Z, f* 149. D. f 355. Rv. - Bp. * Alfonso Garces, ara- gooais, F. : d'arg. à. . . fasc. de gu.

Gardei, Gardeny (Ferrer de), de Lérida, Rm.

Gardiola, Guardîola (P., Br., Guillem de), Rv. Guardiola de Barcel. A. : d'az. à bande d'arg. dentelée par le bas et ace. de 2 yeux de sa.

Garez (Ximeno. Toda), Rv.

Garfan (Gil). Rv.

GARf I (Miguel de), Rv.

Garcantore, Rv .

Garidel (Tomas) de Tortose. II, 569. Rv. - Fere Garidel, pro- vençal, F ; d'arg. à l'aigle do sa. tenant un oiseau dans ses serres.

Garin (Br. de) Rv. Pons Ga- rin, de Montp., II, 552.

Garnier, Garnerii (G., Elyas), de Montp., II, 551, 552.

Gabroz(P., Martin), Rv.

Garra (Pons), Rv.

Garraiz (Sanchez de), Rv,

Garrigosa (R. de), Rv.

Garsion (Bertomeu), Rv.

Gasca (Joan de ou de la). Rv.

Gasgh, Gua.sch, Gascho, Gaschon

Gascon (divers prénoms) ; un che- vaher, un marchand, un pelletier, Rm. Rv D. f 385. R. Gascon, I, 442.

Gaso* (Bertran), Rv.

Gasol, Gaçol (D.), Rv— Gassol, en Cat. A.: d'arç. au marc d'or surm. d'un soleil du même. Fam. distinguée de Cat. représentée au- jourdTiui par le marquis de Sen- menat, comte de Munter.

Gasqueta, Rv.

Gastavi, Rv.

Gaston, chevalier, Rv.

Gâta (Bertran de la), Rv.

Gac (Br. de), Rv. de gu. à la croix vidée et fleurdelisée d or, can- tonnée de 4 fleurs de lis du même.

Gaucelin, Gaucelm (^Ramon ), seigneur de Lunel. en Lang. , I, 57, 64; II, 312, 327.407. D'az. au croiss. versé d'arg.

Gaugeran. Galceran (G.), de Vil- labertran, Rv. R. Gausseran, I, 444.

GaI'PERT (Guerau), de Barcel., Rv.

Gauseces (G a Rv.

Gautaboya (G.), Rv.

Gauter, bouteiUer de la reine; Bg. Gauter, d'Almenara. Rv.

Gavarda, Gavarra (F. Matheu, Rodrigo. Gil Garcez), Rv. (G il de), chevalier, D., f 386.

Gaillon, Gayon (R. Ortizde), Rv.

Gayran, Gaeran (Berenguer), I. 260. J. ch. Lv et lvi,

Gayta (Joan), Rv.

Gazez (P.), Rv.

GebelIj Gebellin (G., P.), Rv. Algebilini, Bp.— Gebeii en Cat. A.: d'arg. à la zibeline passant au nat.

Geferia (Steve de la), prud'hom- me de Val., II, 569. Stevan de Aljafaria, Rv.

Gerget (J. de), chev. (Gonzalvo, Lopez de), Rv.

GELLAMiN, secrétaire de la reine. Jufre Gellamin, écuyer, Rv.

Gènes (G., Bertran), de Jaca, Rv.

Gejmsana, feudataire du v** de Béarn, à May., Bp.

Gbnua (Bartelin de), Rv.— Frère Pierre de Gènes, de Genua ou de Janua, II, 383, 596. J. ch. ccxci. Les marins Génois figurent dans la Rm.

Gbraix, Gorrayz (Ximeno San- chez de), Rv.

Gerald (P.), Rv. GerauduSf médecin lombard. II, 578.

644

IfOMBIfCLAICBB DBfl riMlUKS

Gerb (Bernât de), Rv.

Geama (R. den), de Tortose, Rv.

Gbrona (P. de), de Tortose ; F . de Girona, G. de Girones, P. Joan" nis de GerundOt Rv. * GiroDa, à Barcel. A.: tranché d*or au lion d'a2. armé et lamp. de gu., etfascô onde d*or et d*ag.

Geriur, Rv.

Gerret, Rv.

Gbrrin (Arnalt) de Saragosse, et son fils Huguet, Rv. -- Anfos Ge- rino issu de Pinfant Sanche, comte de Roussillon et de Gerdagne, P.: d'or à 4 pais de gu.

Gbrvasius, de Narbonne. Rv .

GiDASLA (A. de), Rv.

GiL (divers prénoms) un jusUok^ d*Ar., un ofUder de la maison de la reine, un boucher, un Sarrazin. ^ Juan et Ramon Gil ou Gili, J. ch. ccxcvii, ccxcix, ccciv. Joen Gil. F. : d'or au château de sin. sommé d'un Maure abaissant une bannière d'az., et accosté d'un lion contre rampant de sin. Vqy. Vidaurb.

GiLABERT, Gelabert, Gilbert (R.) de Tortose, Rm. (H., B., G.) Rv. Père Gilabert J . ch. cclxxxi. Gilabert, en Gat A.: d'or à 1 aiffle de sa. couronnée du champ. Ge- labert, à May. Bn.: d'arg. à l'ai- gle d'az. couronnée du même.

GiLBANUS, j uge royal, II, 381.

GiLLBRT (Br.) Rv.

GiNHAC (J. de), consul de Montp. II, 552.

GiRART (Beronguer) syndic de Barcel. I, 2à3. Ferrer Girat. Rv.

GiRBKRT, Gispert, de Tarragone, Rm. B. Girbert, de Tortose, Rv. Bernât Gisberi, prud'homme de Val. II, 569.

GlRVBT (J.) Rv.

GoD, de Tarragone, Rv . GoDAYL (P.. Stevan de), Rv. GODOLBST (P.), Rv. G0DINU8, Rv.

GoLMBRT, Golmersi Golmes (R., A. de), Rv.

GoMAB. Rv. •— A.: d'or à 4 fasc. ondées d'arg.

GoMBALH (R.), Rv. Jordi de Gombau, templier allemand, F.: d'az. à la t)ande d'or char, de i alérions de

GoMEZ, Gomiz (divers prénom,»), I, 463. Rm. Rv.

GONBSA (P.), Rv.

Gonzalez, Goozalvei, Gossalbis (diveis préDomsjunçhev., un tré-

sorier. Pedro GonsRlvax, matod* l'ordre de SaintnJaoqne^ Z.1^1^

GoBPON (G.). Rv. - Gordon tst le nom de famille de la comlesse de Torre Arias, marquise de fianUi- Marta.

GOBGO (P.), Rv.

GOTBRURBZ, Bp.

GoTOR (Blaaco Pères de) 1, 17&. Jacme fils du wali de May. ^ 304.

GoTUES (Bertran), Rv.

Gralla (Père de), F.: d'or à la pie au nat.

Gran (Marti de), J. Grand, Rv.

GRAKANA(Pere, Gueran), Z. M19. Grayana, Graynenena (R. de), Rv * Granyena, de Cervera, A.: d'az . à 3 fasc dentelées d*ar.

Granel fB., R., P.), Rv.

Granbra 'Salvador B.), de Tor- tose (P., F de), Rv.

Granisanxh (Père de), s'engagea à suivre Jacme en Tene-fiainte. Doc, inéd.; VI, 174.

Grannbn, Graine (P.), Rv.

Granotlbrs (P. de), chev., Rf.

GRANVLLAg, françau, P. d*or àl yeux au nat.

Granulles, ingénieur du roi, F.: de gu. à 2 tours d'or, surm. d'un œil au nat.

GRA6ECA (Magister G. de), Rv.

Orassa (P. de Za), Rv.

Grau, Graus, de Gradibu9 (R., Br., Martin de), Rv. Joflre de Grau, A.: d'az. au griffon cont d'or, et d'or à l'escalier d'az.

Gravalosa, Graveloea (A. de), Rv.

Grayllag (G. de), Rv.

Graz,(B lRv,—PhUifipusGT9aa, Scriptor, I. 449. * Gras, en Gbt A.: d'arg. à 3 geais de sa.' beoqu et membres degu.

Grbgorio, de la maison de la reine, II, 577. CtrMorius, Rv,

Grbsols (Ros de), Rv.

Gribes (P.)^ Rv.

Grillet (Pierre), français, F.: de ffu. à la la fUsc. ondée a*or^ aoc. de 3 besants et d'un lion d'or.

Grimalt (P,i ViUl), Rv.— * Gri- mau, de Perpignan, A.: d'or 4 3 coauiîles d'az.

âaiHON (J. de), Rv.

Gros (A., Bertemeu), Rv. * Gros, ea Cat A. : tiercé en pal d'az. À la grue cont au aat,, de gu. à ToiM» rampait au i^ajlt., et d'aik à

ftfiS ihrAYS Dfi liCKB I^

eiB

rétoi. d'arg. P. Gros Cambafdrt, de M(Hitp.) II, bb%

Grunt (Père, Guillem), bourgeois de Barcel. I, 233, 242 ; H, 430. - Jacme de Groyns, del Groyn, dez GroDS, Rv.

GuAAMiii (Guillem), Rv.

GUAINAS (Berenguer de), Rv.

GuAL (P. de), de Villamayor (A. de), Rv. Gual, représenté à May. Bn. d*arg. à 3 pals nébulés d*Bz. au chef oousu d'or. -- Le marquis de Gampo-fhinco porte le nom de Gual.

GuALBA (A. d(})- chanoine de Vich, II, 585.

GuALDm (Guillem), Rv.

GuALiT (D., Marti de), Rv.

GUALTBRONA, flM^ftCD, Rv.

GuARDER (Guillem). Rv.

GuARDiA (Guillem de), J. ch. cxlv. Pons ça Guardia, Z. 213. -- P. Ga^rdia, Rv. Guillem Za- guafdia. F. de gu. à la pertuisane d'or et d'arg. Za Guardia, à May. Bp. Bn. : d'az. à la montagne sommée d'un lis de jardin d'or.

GUARESCAS, Hv.

GuART (P.), de Roda, Rv. -

GfJDAL, Gudar ; Fam. de mesnct- deros, I, 175, 192, 324, 327, 344; II, 19, 35. 133. Rv. - F. : d'or au soleil de gu.

GtJSLLS, Desguells, Bp.— Bn.: d'or à 3 grues au nat . tenant dans leur patte dext. levée leur iHgUance du môme.

GUEBRA (Fortun), Rv.

GuKRRER (Domingo), Rv.

GuiBBRT (Nicolas), Bp.

GuiDo, Gui {magister), médecin du roi. n, 404, 517. Rv. P., O. Guidonis, Rv.

GuiGBLMA (Miguel de), Rv.

GuiLLAN (Miguel de), Rv.— Guilla. de Manrése, A.: degu. au besant d'or char. d*un renard Iguiila) sau- tant de sa. Guilla d'Urgel, A.: d'or au renard rampant de gu. adet- tré d'un genévrier de sin., le tout soutenu dline terrasse du môme.

Guillaume (Sire), bâtard de Na- varre; I, 267, 2Ô8.

Guillem. Guillaume. Nom porté comme prénom ou comme nom de fam. par une quantité d'individus de tous rangs et de toutes profe^ sions. I, 552. Rv. Nous mentionnerons seulement la fam. des sdgneurs de Montp. dont nous avons souvent parlé ; I, chap. I et

II. d'arg. au tourMan de gu ^ Voy. ErUmza,

Guillermo (Martinji. Rm. Gtxil- lermon, Scriba, II, 552, 555. Rv.

Guillermona. boulangère. GuiHERO (Père de), de Huesôa;

Bg. Gimera, Rv. Benêt Guime-" rans, P.: d'arg. à . . . ftisc. d'az. Guimera, des valvassors de Gat. A.: d'arg. à 2 fasc d'az.

GuiNi (Jacme), Z. i^ 214.

Gui^oM AN (G. de), Rv.

GuiOT (Bemat); P. Guiliot, Rv.

GuiRALD, Guiral, Guiraut. Pro- fessions diverses. I, 404. Rv.

GuiTARD (J., Br.), Rm , Rv., Bp.

Guitellon (Marti). Rv.

GuRB, Gurp (Berenguer, Amal de), I, 303; II. 364, 365. Bemat de Gurb, J. ch. Lxxv.^Amal dA Gurb, évéque de BaroeL J. ch. CCLXIX. Av. Bp.

Gurrea, ftim. distinguée d'Ar. Z. 202. - Bp. B. - F. : d'at. à 2 loups d'or.

GrzBERD,lailleur de pierres. Rv.

Hardero (Gil), Rv.

Heredia, Eredia. Deredia (Jdan Gonzalez de), Rv. Z. f IW. Fam. distinguée d'Ar. F.: de gu. à 8 tour» d'or. B. : de gu. à 5 tours d'or posées en saut. V. : de gu. à 7 châteaux d'or, à la bordure d'arg. char, de 4 heaumes de sa.— Maison représentée de nos jours par le mar- quis ide Heredia, grand d'Espagne, et par la marquise de A-^nales.

Éijar, Ijar, Ixar (Pedro Feman- dez de), fils naturel du roi ; tige de l'illustre maison des ducs de Hi}ar, épousa une princesse de Navarre, if, 334, 352, 353, 365, 396, 898.

B. V. F. : parti d'Aragon et de Navarre.

HoMDEDEU, Omdedeu, HomodêUi^ ffamo Dei (Miguel), R. Homdedeut de Tortose. Rv. A. : d'or au lion au nat. empoignant une épée.

HORRADRE (S. de), Rv.

BoRTA, Orta, Huerta, Duertai Dorta. Fàm. de mesnadêros, dove^ nus plus tai*d ricos ham$$. I, 175, 334. J. ch cvii. Z. f 139. 208.

Rv. B. : d'arg. à la bande de sa.— F.: 4 becades d'arg. sur obamp bleo foticé. Orta est le nom de fam. du vie. de Orta.

HospiTAL (Père del), Rm*^lMh rentius de HorpitaH» Rv.

HozRg (Ximeno de las), II, 60w D. f* 334. Le nom ûo Hozes est porté

646

IfOMEIfCLATURB DES VàHILLES

par le comte de Homachuelos, mar- quis de Santa-Gruz de Paniagua.

HUACA (P.). Rv.

HuALART (P. de), de Vilagrassa. Rv.

Hue (R), de Montp. II, 552. P. Uc, Rv.

HucAR (Gil de), Rv.

HucLES (Martin de), Rv.

HrEso(P. de), Rv.

HrESCA, Osca, Doacha (Pedro), arpenteur et taiUeur de pierres; Garcia de Huesca. Rm. Divers autr(*s prénoms et diverses profes- sions, entre autres Marcesia de OscOf questuaria^ Rv.

HuGUBT, Uget (divers prénoms), Rv.

HuMBBRT, Umbert (Bernât), de Manrèse, Bp. Bn. : de gu. au clocher d'or, à la bordure compo- née d'or et de gu. P. Umbert, de Barcel. Rv. Micer Umbert, juge délégué par le roi ; II. 439.

HuTRAN (Vital de), deTeruel, Rv.

HuTTURA (Lopez de). Paix de 1235.

Ibarra (Guiliem), de Huesca, F.: de... au pm contre lequel ramjpent 2 loups, au nat., à la bord. darg.

Ibratm, juif de Valence, Rv.

Illa (J. de la), Rv. Berenguer A malt de Instda Bp.

Illuminatus (Frater), frère-mi- neur, Rv.

Inganas (D. de], Rv.

Irena (G. de), Rv.

Irio (A.), Rv.

IsoR, Isuere (Miguel Perez de), J. cbap. CLXxxv (Fortun Perez de), II. 335.

ITIER, Jterii (B.), I, 442.

IvANBZ, Hyvaynes , Hyanes (P., Lorenzo, A.), Rm. Rv. Gon- z&lvo Valiez ou Ubaiiez, maître de Calatrava ou de Saint-Jacques, J, ch. cccvi.

IvoRRA (Guiliem de), Rv. Be- renguer Y verra, Bp, Ivorra, en Gat. A.: de gu, à 3 pommes de pin d'or, à 8 fleurs de lis d*arg. en orle.

Jaga, Jacces, Jachesius (divers prénoms), nom d'orig., Rv.

Jacme (Domingo. P. dcn), Rv.— Jacma, nourrice; Jaoobeta, Jaco- meta; II, 166. Rv. Jacobus de Montp., Rm. Uaqister Jacobus, médecin, Rv.

Jacobin us, Génois, Rv.

Japa (Arnalt, Ramon de); J. ch. XLm.

Japfia, Jahia, Zahia. Juif, Rm.

Jahuda, Jafuda, II, 377, 457. Jasuda Albala, juif, Rv .

Jazbert. Josbert (Gérald), Rm.— Bp.

JOFRE reçut des biens à Orihuela. D. 335. Jufre. Rv, Guide Jofre, descendant de Godefroy de Bouillon, F. : de . . semé de fleurs de lis de sa. Jofre, en Cat A.: d'or au saut, de sa., cantonné de 4 fleurs de lis d'az.

JoHAN. Juan (P.), Scrtplor, Rm. Coma Jouan, Rm. Bn.: d'az. à répi de blé arraché, soutenu par

2 lions afir. le tout d'or. Joau, Joannis (divers prénoms), Rv Maître Joan, chirurgien du roi. H, 404. Rodelin de «Tuan, allemand. F. : de gu. à l'aigle d'or.

JOHAMN (G.), bayle de Montp.

XI, Odl.

JoHER {P.). secrétaire de la reine Yolande, Rv.

JoHETA, fille de R., boulanger, Rv.

JoNA, rabbin, II, 454.

Jorba (Claramont de), Rv.

JORBOTA (G.), Rv.

JoRDAii, Jorda (Pedro), I. 180; II, 439. P. Jorda, d'Alfambra, F.: de sin. à 2 lions de. . . surm. de

3 melons d'or. Br. Jordan, de Tar- ragone, Rm. P. Jorda d'Alfam- bra , chev P. Jordan , d'Ëxéa , et divers autres parmi lesquels, un tailleur de Tortose, Rv. - Jorda, à May. Bn.: de gu. à 3 fasc. d'or Jordan est le nom de fam. du mar- quis d'Aycrbe. grand d'Espagne.

JORNET (R. de), Rv.

JosA (Guiliem Ramon de), Z. f 173. - Jossa, en Cat A.: d'arg. flanqué d'az.

JovER (B.), de Tarregua, Rv.

JucBF, alfaqui de Tortose; Jucef, filsd'Açat, changeur, Rv.

JuLiAN (Guiliem), de Tortose, Rv.

JULIOL (R.), Rv.

JcLLACH (P. de)— Julliac, Juillac en Langued.: d'arff. à la croix trê- flée de gu. surm. d'un lambel de 4 pendants d'az.

JuNEDA (Bertran do). Rv.

JuNQUERAS (Tomas de), juriscon- sulte, J. ch. ccxci. Astorg de Junqueras, Rv.

JussiBT (Arnalt). I, 443.

Jdst (Gauceran); Just, de Teruel, Rv.

DBS ETATS DE JAGME I

«r

647

îl

Labassa (G. de), Rv.

Labemgantera (R. de), Rv.

Labrador (Br.)t Rv.

Lagapblina (Berthomeu de), Rv.

Lacera (Guillem, Br., P. de), Rm. Rv. (Bg. de) D. f' 378, 385. Guillem de Lacera, prud - homme de Val. II. 569.— * Llasera, en Gat Â.: d'arg. au lion de sa. vi- lenô de gu. couronné d'or; à la bord, dentelée de sa.

Lagh (â. de), prévôt de . . . Rv.

Ladron, noble fam. d'Ar., orig. de Nav. L 175, 192, 197. 207, 265 Hm. Rv , F.: d*or à 4 pals de

u. Q. p. 211. Toda Ladron, I, 73, 558 Maison représentée de nos Jours par la comtesse de Prancos.

LaEjea, trucheman du roi, II, 363.

Lagostera (B., p. de), Rv.

Lagron (J. de), Rv.

Laguarres (J. de), Rv.

Laguerola (p.. Pascual do), Rv.

Lambbsa (Garcia), de Jaca, Rv.

Lambert (B., R., Bg.) de Montp. II, 551, 552.

Lan AIT (B. de), Rv.

Langa (m. de], Rv. Langa, en Nav.: d'az. au chevron d'arg. char, de 2 crois. d*or enquerre) et ace. de 3 étoi. aussi d'or,

Lantre (P. de), Rv.

Lanuza (Gil), F.: éc. de sin. au lion de. . . .' et d'az. au demi-vol d'or.

Lanza (Guillem de). Rv.— Llanza, en Gat. Â.: d'arg. au lion hérissé de gu. couronné d'or et armé de sa.

Lanzol. Llansol (Arnalt) , sei-

gneur de Romani en Ar. d'après i. f 363 : d'az. à la lune d'arg. Seigneur de Romany, en Provence d'après F.: d'az. au soleil d'or.

Larbasa (P.), Rv.

Larcon iAparici de), Rv.

Larder JAlbert), Rv.

Labey (Fere), Bp.

Lario, Rv.

Laron (Jacme), Rv.

Larraz (Benêt de), Rv.

Lattes, de Latis (Ramon de). I, 173 Rv.

Laurenz, drapier, Rm.

Lauria (Guillem de), F.: d'arg. à 3 bandes aaz.

Lauro (F. de), archidiacre de Barcel. II, 585. Rv. Guillem de Lor, Rv. Pierre de Loro, an- glais. F.: d'or au lion d'az. surm.

d'une fleur de lis de gu. * Laur, en Béarn: d'arg. à la tour d'az. surm. d'un croi3s. de gu.

Laus, (P.), Rv

LAVANbR (Bernai), de Barcel., Rv.

Lavama (Albert de), juge de la cour du roi; II, 606. 608.

Lavata (B. de). Rv.

Lazano (Guillem), Rv.

Lazard (J. de), Lazarus, Laza» reio, Rv.

Layn (Roldan), 1, 175, 267, 268. - Roldan, P. Layn , chev. Km. Rv. Q. 220 Bn. Une tradition dénuée de preuves ferait de Rol- dan Layn l'ancêtre d'une fam. dis- tmguôe du nom d'Aloy, représentée de nos jours à May. et dont les ar- mes sont: de gu. au bouclier d'or, à répée d'arg. garnie d'or, posée en pal, brochant sur le tout.

Layz (Na). Rv.

Lechon (D.), Rv.

Ledonzel (R., A. d(»), Rv. .

Lemosin (Dolza, J. de), Rv.

Lenas (P. de). Rv.

LliNGAXlJTA (Bg. de), Rv.

Léo (Guillem), Rm.— (Martade), Rv.

Lbrida, de Ilerda ( divers pré- noms). Rm.— Rv. (Frère Pierre de)

I, 376. Ramon Père de Leyda, prud'homme de Val II, 569.

Lkrz (Arnalt de), Z. 173.

Le Sol (Joan). seigneur de Ro- many, en Prov. F.: de.... au so- leil ae. . . ace. d'un croiss. de. . Le Sol, anglais, F.: de pourpre au soleil d'or.

Lesvaces (Marli de\ de Teruel, Rv.

Leu (Miguel de Na), Rv.

Leuda, de Levata (Père), Rv.

LiBiA (Ramon). F. : d'az. à la tète de lion a'or.

LiENDA (Sanciio de), navarrais, F.: d'or au lion de. . . ace. en pointe d'un croiss. d'az.

LiHORi (Hurtado), aragonais, Z. f 166. Fana, de mesnaderos B.: de a 3 croix pattées de. ... Représentée de nos jours par le baron de Alcahali y Mosquera,

LiNAN, Lignan, Linva (Andreu de), prud'homme de Val. I, 389;

II. 569. Rv.— Z. f 154.-Linyan (EnriqueJ, aragonais. F. : d'or à... bandes ae ^u.

LiNARES, Linars, LUnas (Guirald, Gil de), de Teruel, Rv. Jacme Linares, chevalier. D. f* 385.

64É

N0IIÈIfCf.At6RK DKè PkUWLEB

LtiÉKKÈ, Llbénrre (Lope de), Rv.

LtXAN (P.), flv.

LizANA. Maison de ricos homes de ruUuràlexa. L 136, 152, 168, 197. 306, 308, 343, 3i0; TI, 30. 89, 335, 338, 391. Rv. B.: d'or à 4 pals do gu , à la bord, d* hermines. Voy. Bbnbbicgdda.

Llanos (Alfonso), castillan, F. : pttriï d*K2. aa dhàteau d'arg. acoostô de 2 coquilles de... et de gu. à 4 bandes d*at et 6 besants.

Llbdon (Valen. de), Rv.

Lloeens (Pore), Bp.

Llupia (Arnalt, Tomos), Bp. Bn. : d*az. & la croix tréflée a'arg. bordée de gu. Lupia, en Rouss. A. : d'or à la croix vidée et tréflée «gu.

LoaebBi Loayre (G., Domingo, Br.), Rv.

LoAYSA (Jofrede], Rv.

Loba, vetula et paupera^ Rv.

LoBATO.N (Joan), feudataire du ¥*• de Béam, Rm. Q. Bp.

Lobera, Lopera, de Luparia (di- vers prénoms), un jurisconsulte, Rv. Pedro Lobera, mesna* dero^ J. ch. lvii, ocxxiii. Guillem LIobera, F. : de. . . . au pin accosté de 2 loups contre rampants de sa. LIobera, à May. et en Rouss. Bn -*• A. : d or à 2 loups de sa., passant l'un sur l'autre, celui du ^ef contourné ; au chef cousu d'or fou d'az.) char, d'une aigle de sa. (ou d'arg.)

LoBBT, Lupeti (Bernai) et son flrère (G., P , Bg., J.). Rm.— Rv.— Lobet, & Mkv. et en Gat. Bn . A.: d'arg. (ou d 0!^ , au loup passant de sa.

LoBO (J.), Rv.

LOBREGAD (F. de), de Tortose, Rv.

LocusTAN (P. de), Rv.

LoDRBN (Garcia), Rv.

LOBT (P.). Rv.

Lois (Domingo). I, 442.

LoMBERRE (Domingo de), Rv.

LOMOITGA (J. de), Rv.

LoNDA (A.), chevalier, Rv.

Lo.NGAC (G. de) Rv.

Lop. Lope, Lopez, Lopz, Lupi ( divers prénoms ) , radividus de toutes classes, Rm.— Rv. Diego Lopez. F. : d'or, à la bande de sa . ace. de 2 loups du même. Do- ftingo Lopet, II, 363. J. ch.

QGLXXVI.

LopABD, Ltpart (Berengaw de), Rv.

LoRAC, Lorttff, Loreg (GuiUbId), de Tarragone, Rv. Uoraeh, ea Gat. A.: d'or au laurier airacbéde Sin.

LoRGHA (Rasnon de), Rv.

LoRDA (Berenguer de). Pais- sante maison de Rouss. D'or fc la croix de gu. -

LoRDAN (Joan). Rm.

LoRBNT, Loreni (J., P., Ar. de), Rm.— Rv.— ,Bp.

LoAet (Benvat éé), I, 30B.— Rm.

Père de Lorot; Rv.-^-de Nar- bonne d'après F.: de gu^ au lion de... ace. d'un laurier de . Lloret, en Cat. A.: d'or au laari^ arraché de sin. nervô d'or.

LORiGA (Pascual), Rv.

LoRiz. Loris (divers prénoms), Plusieurs chevaliers, Rv.— D. ^341, 386 Fernand Llorîs, d'Ar. F.: d'az. à la bande de sin. char, d'un laurier d'or.

LoRNtBtLA (Sancho Buis de), re- çut des terres à Orihuela. D., f* 335.

LoROT (Domingo), de Jaoa, Rv.

Lot (Ar. de), Rv.

LoTGBR (Bertran de), Rv. ' LoviTO (B.), Rv.

LucERGA (Ënrique de), biscayen, F. : de gu. à 5 cœurs d'or.

LucH (Ramon de), de Saragosse

(Arnalt de), Rv.

IjVCIAn (Guiilemj, Rv Jean Lucien, bayle de Montp., 1, 173. LuBGAiA (Seba9tiano).deTenial,

rlv.

LUESIA. Lusîa, Lùcia (divers pré- noms), plusieurs chevaliers, Fam. d'Ar. I, 175, 268, 301, 344. 371. - Ximen Llucia, aragooais et son fils Berenguer. F.: d'or à i'épervierde sa.

LuLL, Lluli (Ramon), de Barcel. père du célèbre Ramon LulL Rm.^ Ramon LuU, philosophe, II, 458 à 464. La branche alnéb de cette fam. s'est éteinte dans la maison de Ballester, représentée par le comte de Avamans. Bn.: de gu. au croias. verse d'or (alias d'arg.).

Lu.NA. Illustre et puisBante mai- son de riœs homes de naiuraiem,

I, 136, 175, 188, 195, 197, 208, 389',

II, 28. 30, 36, 291, 322, 476, 493, 561, 569. —Trois branches honorées de la rim honibria. B.: MarUnes de lAtna: de gu. au crd^. versé d'arg., à la ohampagd^ du même;

DBS ETATS DE JAGMB I

•f

649

Ferrench de Luna\ d'arg. au croiss. versé échiq. d'or et de sa., à la. Champagne du mèm ; Lopez de Luna: de gu. au croiss. versé d'arg., & la champa^e du mèm?, à la bord. de. . . cnarg. de 8 écussons d'arg. à la fasc. d'az. Artal, de la branche de Ferrench; Ramon de Luna, F. Le titre de comte de Luna est porté à la fois par le duc de Villahermosa, grand d'Espagne et par le chef d'une branche de la maison Tellez Giron.

LUNETA (Marti de), Rv.

LuQUETA (R., P. de Na), Rv. Jœn Lluqui napolitain qui se di- sait issu des comtes de Malte, F : d*arg. au lion de gu. ace. de... allu- mettes {Uuquets) de

LuRGENiCH, Lucernic (Lope Fer- rench d«)), Rv.

LussANO (Milon de), II, 262.

Maalana, Rv.

Maghari. Macari fG.), Rv.

Macun, Maçia (Alfonse de), Rv.

Macip (Bon), de Tarragone, Rm. (P., Bg., G). Rv.— Macip. à Barcel. A.: de gu. au soleil d'or, cantonné de 4 étoi. du même, adex- tré d'une main d'arg. sur m. de 3 étoi. d'or, et senestred'un cyprès; à la bord d'or char, de 3 fleurs lis d'az.

Maconi (Domingo), justicia de Galatayub. Rv.

Madari (Br. de), Rv.

Madro.nyo (Antoni), F.: d'az. à l'arbousier (madrono) de sin.

Maenz (B.). Rv.

Marstre, Mestie, Magister (Bc- renguer, J.) Rm. Rv.

Magallon, Magailo (Romeu, Ra- mon de), Bv. Nom porté parle raar- 3uis de Gastellfuerte et le marquis e San-Adrian, grand d'Espagne.

Magax, Magaix (Andreu), Rv.

Magdalbna (R. de) et son frère, Rv.

Magin, Magrin, Mangri (Joan), Rm. Le comte de Torre-Saura porte le nom de Magin

Magnbt, Rm. Bp.

Magnon, Magnam (Guiralt). Rf .

Mahomet, Mahomad, arbalétrier. I, 376.

Maicas (Stevan de), Rv.

Mairan (G. de), de Montp. II. 552.

Majan, Majans (A. de), Rv.

Majayo, Majajo, Mayaya, (San- cho), Rv.

T. n.

Malavespa, La Vespa (Hugo de) maître des hospitaliers, I, 355.

Malbosch (Renovard) , juré de May. Bp.

Malet (Berenguer). Rv. (Guil- lem de) do Langued. F.: d'or à la fleur de lis d'az. - Malet en Cat. A.: éc. en saut, d'or à la main de carn , et d'az au vol abaissé d'or, à la bord, dentelée de l'un en l'autre.

Malferit (Bernât), Bp. Bn. : échiq. d'or et d'az. Père Malferit, F. : échiq. d'or et de sa.

Mali.ndre (Gil). Rv.

Mallen (Pascual do), Rv.

Mallon (Miguel, Marti de); Mayo, de Tortose, et son iils Samson ; Lva de Maya, Rv.

Mancha. Manchera, Manco (D.), de Teruel, Rv.

Mankribus (P. de), Rv.

Mânes (I).). Rv.

Mamch (G.), Rv.

Manomanna (Jarme), Rv.

Manresa. do Minorissa (divers prénoms). Pour beaucoup, indica- tion d'orig. Rv. Ferrer do Man- * resa, jugo de la cour de l'infant don Pedro de Port. Z. 211. Man- resa , en Cat. A. : d'az. à la main d'arg.

Maxso, Man son, Manjo (G., Do- mingo de), Rra. Rv. Le nom de Manso est porté par le comte de Llobregat, la comtesse del Prado, le V** ae Monserrat, et plusieurs autres membro:* de la nobl. espag .

MA>'TREZ*(Meni z), de Teruel. Rv.

Manui ( P. Nlartinez ,^ Domingo Perez do), Rv.

Manzuelo (Sancho Sanchez de). D. f- 339.

Marradel (B.) de Jaca. Rv. Père Marrados, F. : éc. de gu. à 2 pals ondes d'or, et d'az. à co- quilles d'or.

Marano (A do), Rv.

Mara>'Z (P.), chevalier, de Rida, Rv.

Marata (Martin de), Rv.

Marcbr (Bernât), Bn. : d'az. au cerf courant d'arg. ace. en pointe d'une mer du même.

March ( Borenguer), de Tarra- gone, Rm. P. Marrhi, Marcius^ adalid ; Man;lio. huissier du roi, Hv. Ramon Mardi. J. ch. clxxxiti et ccxGix. Jacme March. F. : d'az. au marc. d'or. Bn. A.: de gu. à 8 marcs (aliàs coins de monnayeur)

42

G50

NOHgNCUT^RE DES F4HIL|«ES

d*or. Jacme de Marco, F. : d'arg. à la tête de maure voilée. Marco, en Cat. A.: cbevronDé de 8 pièces de gu. et d'arg. Marcilla (Fermin), navarrais,

F. : d'arg. à 3 fasc. de gu. et une éloil. d'az. Le comte de Mote- zuma de Tulteneo, marquis de Te- nebron, grand d'Espagne, porte le nom do Marsdla de Terucl.

Marfa (Berenguer de), Rv.

Marens (B.), de Tarragoue. Rv.

MÀRELL (Guillem), Hv.

Margarit (Vicenl). F. : de gu. à 3 roses d'arg. A. : de gu. a 3 marguerites d'arg., au chef tierce en ual d'Arag., de î^icile et de Nav.

Marimo.n, Rv. A. : d'arg. au lion d'az. armé et lamp. de çxi. couronné d'or, à la bord, dencîiôe d'arg. Fam. des marquis de Serdafiola et de Boil, grands d'Es- pagne.

Marix (Sancho), Rv.

Marina OJacme), Bi).

Marlnkr (G.), de Lérida, Rv.

Mariscal, Menescalcus (Ponce), commandeur de Monzon, I, 4i7.

Marllana, Rv,

Maroma (Br. de Na^. Rv.

Marool'ina, Marraquia ^Maria);

G. Marrochi. Rv.

M.\rpi (Arnalt). F.: 6c. d'or à la mer de. . . et de. ... au pin au nat.

Marquëllo, de la suite du roi. Rv.

Marques, Marches (Sancho), che- valier, et divers autres. Rv. J. ch. ccLxxvi. - Marcht'sia, Rv.

Mahuikt, Marchet (Br., Ramon). 11,395. •Bp. A.: de gu. à 3 cartels d'or cnar. chacun d'un mar- teau d'az. emmanché de gu.

Marsa (P.), chanoine de Hiiesca; Maria de Marza, Hv Mai^a, en Lang. : d'arg. i\ 3 roses de gu.

Martell, Maiiel (Porc), I, 228 à 231, 389; II, 133, 569.— Q. p. 148. F. : de gu. au marteau et à Tenclume au nat.. A.: d'or au lambel de 3 pendants de gu. surm. de 3 fleurs de lis rangées d'az. Nom porté par le comte de Torres- Cabrera et (ff-l Menado.

Martin, Marti (divers prénoms). Nombreux personnages de loiis ran^a: un commandeur de Saiut- Jacques, des chevaliers, desartisans, un adalid, un hongrois. Rm. Hv. Ramon Martin, frère prêcheur, IT. 381, 383, 463. Marim «maître

de pierres» , II, 441. -*- Uch Marti, prud'homme, II, 569. - Garcia Marti s'engagea à suivre Jacme en Terre Sainte: Doc. inéd.; VXI, 174. Marti, à May. Bq.: d*a2. à la losange d'arg. char, de 2 fleurs de lis du champ, ace. eu poÎDle d'un renard au nat. Marti, en Cal. A.: parti de gu. à la tour donjon- née d'arg., et d'az. au soleil d'or; enté en uointe d'arg. a la mer d'ai agitée au champ,

Mauti.nez (nombreux prénoms). Plusieurs chevahers, un écuyer. Rm .— Rv. Pedro Martinez et sa femme. II, o7S MunyoMaxliaez. 11,610.

MARTonKLL , Marturel ( divers prénoms), Rv. F.: degu. au châ- teau d'urg. sommé d'une tête de coq de . . Martorell, marquis d'Al- branca, grands d'Espagne, à Min. Bn.: d'az. à la tour d ag, mouvante d'une mer du môme.

Marzagav (Br.), Rv.

Marzo (Amat), de Teruel; J. de Marc, do Jaca. Rv.

Mas (Guillem de), Rv. (Maleu del). I. 442.

Mascarel Mascharello (Rotger, P., Miguel), Rv.

Mascaron (Marti de), P. Masca- ros, Rv. Mascaro, de Barael. A*; do gu. à la main appaumée de carn.

Masco. Mazron (P., Bg.), Rv. (Firmin), navarrais. F.: de gu. à une tour et une cigogne.

Mass\>a (P., Alegre de Zamas- sana}. Rv. Bernât de Ma&sana. F.: d'or à la main de cam.

MAsyuEFA (PereJ de Daroca. F.: d'az. au château d arf .

Massotkrks (Geraid de), prêtre et sa lille Berga. Rv

Mata, Matha, La M^ta (Guillem, Armissen. Polo de), Rm. Rv. Matas, à May. et en Cat. Bn. A.: éc darg. à la demi-fleur de lis d'az. mouvant de la partition, et d'or au rameau do lentisque de sin. fleuri de gu.

Matalops (P. de), Malalo, Rv

Mataplana. Illustre fam. des 9 barons de Cat. 1 . 233, 256, 269. Ut'h de Mataplana, arciiidiacre d'UrgPl; II. 606, 608, 612. F. : d'or à l'aigl»^ de sa. A. : d'or à l'aigle éployée de sa., diadémée da. champ, becq. et membrée du même, charg. sur la poitrine d'un écu de gu. à 3 pailles d'or posées en bande.

biii ^ATS D* iAéiâ* r

m

MAtAno (Perfi^. Bjj. Amau et Ponco de Mataron, chevaliers. D. f* 385. F. : de gn. au lion au nal.

Maternas (Gonsalvo Perez do), Rv.

Matiiëi:-, Mateu (divers prénoms et diverses professions), Rv. (Do- mingo) chanoine de Val. D., f 36(5.

(Jacques) français, F. : d'or à

2 ours dévorant un bras. Mateu. de Nîmes, F. : d'az. au chevron d'or ace. d'un croiss. et de 2 ôtoi. Mateu. F.: d'arg. à la tôte de maure. Mathieu de Quercy, troubadour, II. 459, 511. Matnien. archidiacre de Girone, ï, 9i. Mateu, en Gat. A. : parti de gu. à la main appau- mée d'arg., et d'az. au lion d'or, armé et lamp. de gu.

Matoses, Matosas (Ferrer, Bor- nât), Rv. (Joan), Templier. F. : d'arg. à la touffe de bruyères (ma- torral) au nat. Père Matoses, de Toul. ou de Toi. F. : de gu. à la touffe de bruyères au nat.

Mauléo.v , de Malloleone (Bernât de), Rv. (Guillem). F. : de gu. au lion d'or.

Maurt, Maurin (R., Arnald), Rv.

Mata (Ramon de), Bp. A. : d'arg. au pal de sin.

Maymon; un boucher, un pelletier ou corroyeUr, Rm. Rv.

Maynar (Bertomeu do), do TerUcl, et sa femme Glaria; Ramon May- ner. Rv.

Mayol, May oies, Mallolas, Mailol (divers prénoms), Rv. - Bp.— Bu.: d'or au dextrochère de carn. vêtu d*arg. mouvant du flanc senestre et tenant une grappe de raisin au nat.

Mailol, en Cat. A.: d'arg. à 3 faux de gu.

Mayor (D. Perez) de Tnruol; J. Mayoral, de Molins, Rv.

M AZA. —Illustre fam. Aemesna- deros devenus ricos homes; I. 203, 276, S21, 323, 344. -Rv.— Q. p. 313.

B. do gu. à 3 masses d'armes d'or rangées. Aliàs, de gu. à la masse d'armes d'or, mise on pal, accostée de 2 chaînos du même aussi en pal. Maza de Lizana fFerris), de Gascogne. F.: de . à

3 masses d'armes de. . D.f*387. Le marqnis de Gasa-Blanca porte le nom de Maza; le marquis de la Bomana, grand d'Espagne, a hé- rité des titres de la maison Maza de

. Mazankllo (Olger), consul do Gènes, Rm.

Mazas (Bertomeu de Las), Rv.

Mazeller (Guillem), de Barre, Rv.

M Azo (G ), de Tortose: Miguel da Maso; E. Mason, trésorier, Rv. Masso en Cat. A.: d'arg. au lion au nat. tenant une masse d'armes d'or.

Mazot. d'Oller, Rm. (P.), cor- royour, (1«3 Tortose ; Mazot, pécheur, Rv

Me ALLA, Meaya, de Medalia. Rm. Rv.— *Malla, en Gat. A.: losange d'or et de sa.

Meoa (Alfonso), biscayen, F.: d'or au chien d'az. Meca, de Barcel. A.: d'or au lévrier rampant d'az. accolé de gu.

Mecixa (Br., J de), de Tortose. Rv.

Médian (Vital de). Rv

Medlna (divers prénoms). Rm. Rv.

Mediona, des 9 va'passors de Cat. I, 267; II, G02. F.: de sin. à 3 fasc. ondées d'arg. A.: d'arg^ à 3 fasc. ondées d'az .

Mege, Motgo, Medici (Berenguer), de Girone et son frère Rm.

Mejula (Felipe de), Rv.

MelkndI':z (Suer). I, 344. D. Melondo. Rv.

Melkr (G., Br.), Rv.

MiXGAR (R.), Rv. A.: de gu, au lion d'or, surm. d'un bras de carn. mouvant du flanc sen. tenant- une touffe de luzerne (mielga) au nat.

Melgukil (R. do) , consul de Montp. ; II, 551.

Mklio, Molion, Meyllo, Melaho (P., Guillom, Bg. de), *Rv.

Menaguscra (Ximen Perez de) reçut des tîrres à Sietaguas, D.. f* 36G.

Mexargi'es, de Balaguer. J. ch.

XL.

Menayre (Perc], Rv.

Mendo (J. de D.), Rv.

Me.ndoz.v (Lope). Z, f* 147. (Juan) rico home castillan. F.: de sin. à la bande de gu. bordée d'or.

Mengot, Rv. (Jacques), de Nîmr»s. F.: d'az. à 3 éperviers d'or, chaperonnas, longés et grillés du même. Mengot, en Poitou, porte ces armes. Mingot, huissier (por- tarius); Mingot, corroyeur. Rv.

Menoch (Père de), Rm.

662

NOMENGLàTURB DBS FAMILLES

Menor, Minor (P.), de Teruei, Rv.

Mergader (J.)t Rv. (Jorffe), Anglais. F. : de gii. à 3 mures d'or. I)(iviso : Res U fall. Nom porté par le marquis de Malferit.

Mercer (divers prénoms), Rv.— (Mateu). F. : d'or a 4 bandes d'az. au lion au nat. brochant.

MERiNo(Sancho, Domingo, Menga de ou (loi), Rv.

Mérita (R. de), Rv.

Mërola (Br. de), Rv.

Mësa (Gonzalvo de), Z. (* 159.— (Fernand), castillan. F. : de gu. au château d'or, et d'az. à 2 tables d'arg. chargées d'un pain et d'un couteau. Le marrjuis df» Casa- Hermosa porto lo nom de Mesa.

Mesclans (Guillem de), Rv.

Mesoa, iV!(>ze (D. de), consul de Montp. II, 552.

Mexia (Alfonso), galicien, F.: d'or à 3 fuse, d'az., ù Ta bord, de gu. charg. de . . . flanchis d'or.

Mkytats^ Meitad (A. de), de Te- niel, Rv. (Garcia Ferez de). I, 175, 2(H>, 306, 450.

Meyz ((iuillem), Rv.

Mezoi'ita, Mosquita (Domingo do)» Rv. (Martin P<toz de)i I, 195. * Mosquida, ropri'îsenté i May. Bn.: d az. à la mojfquéo d'arg. M(»squita, on Gat. A. : 6c. d or et d'az. au griffon du l'un en de l'autre.

MiCHAEL, Miguel (P.) de Toruel: Miguel, hospitalier; maître Miguel; Miguel, boulanger, Michalet, Rv.

MiEDES. Miedas fjust, P. Joannez de); D. do Miodes, belhî-lille de Xi- meno Pcroz, Rv. Alfonso de Mie- des, de Biibao. F.: éc. d'or à la croix de Galatrava, et d'az. au châ- teau d'arg.

MiLA, Slilan (Mateu, R.. Ugon de), Rv. (Jofre de), de Lang. parent des seigneurs de Montp. F.: d'or au milan au nat. Ramon et Hugues de Milan reçurent des terres à Xat. D., f 3iO, 3Î3.— Le man^uis do la Albaida, grand d'Espagne, porte le nom de Milan de Aragon.

MiLiA, femme de Gil de Hongrie. Rv. Pedro do Milia, D., t^ 357.

MiQUEL, F.: d'or au château de. . . sommé d'un soldat qui y plante une bannière et y anat le croissant. Miquel, en Gat. A.: do gu. à 3 Heurs do lis d'or, à la bord, componéo d'or et de gu.

MiR (B.). d'Almenara (P., Slsvan, G., Br. de), Rv. Berenguer Mît, de Pallars, descendant des comtes de Barcel. P. : d'arg. au grifTon de sin.

Ramon Miro , descendant des comtes de Pallars. F.: darg. au miroir carré de. . Mir, à VaL V : de gu. à 5 besants d'or en orle.

- * Mir, à May. Bn.: d'az, à la fasc cousue de gu. ab. sous une ëtoi. d'or, surm. d'une coquille d'arg.

* Mir, en Gat. A.: d'or au chevron d'az. ace. do 3 miroirs du même.

* Miro, à Val. V.: d'arg. au mirv-r de sin. * Miro, à May. Bn.: de gu. au château à 2 tours d'arg. sommé d'une cible du même.

Mira BEL, Mirambel (Ramon de), Rv., rt»çut des terres à Oribuela, I)., 1^ 335.— ♦Mirabel, en Lang. ei en Dauphin.: éc. d'or et de gu. & la fasc. en divise d'herm. brodiant sur le tout. Mirambel, en Limou- sin: d'az. â 3 miroirs arrondis d*arg.

Mirabët (Martin de). Rv.

Miracle, de Miracmo (P. Lopez, B. de na), Rv.

MiRAYLLES (R., Martin de). Rv. Père Mira lies, de Baroel. F.: d'arg. au miroir rond, garni débine. (Valero) F.: d'az. au miroir «in-ô. * Miralles, à Val.: 2 branches V.: !• d'az. au miroir d'arg.; 2* d'arg. au miroir d'az. * Miralles, à Val.: d'az. à 2 miroirs ar- rondis d'arg. garnis et emmanchés d'or.. * Mirrallos, à May. : de gu. à 2 fasc. cousuiis d'az. char, chacune d'une fasc. ondée d arg. et ace. de 5 miroirs d'or, 1, 3 et 1. - * Miralles en Cn. A.: d'az. k 2 miroirs ronds garnis d'or.

MlZANA, Rv.

MoAFAC, sarrasin, Rv.

Mocenius \GX Rv.

MocHACHO (Marti), Rv.

MociLA, (Felipe de). Rv.

MoFERRiz (D.), Rv.

MoGUDA, Mogada (Guillem, B. de). Rm. Bp.

MoHOTAN. Mohoyllan, Moellan, Mohaylla , (Tomas, B., Felipe de), Rv.

Moix (Père, Antonio). Bn : d'or au chat effarouché gris moucheté de noir.

MoLBRO (Vital), Rv. .

Moles (P., Januarius), Rv. Père de Moles, danois, marié à une

fa rente du roi d'Ar. F.: parti, au " d'az. à la croix partiiarcale

DBS RTAT8 DE MCNB I"

653

^

d'BTg, posée sur une meule de mou- lin; au 2* d'Aragon.

MoLUN (Martm de), boucher; Rv.

MoLiNA (Pascual), de Teruel. P., S. de), Rv. (Pedro de). Z. f

MoLiNBR, Molines, (Beraat), de Lerida, Rm. (P., Ramon), Rv. (Père). F.: d'arg. à la meule de moulin d'az. soutenue par deux lions de.. * Moliner, en Gat. A.: de ffu. à la meuie de moulin d'or.

MoLiNS, Molinos, (Felipe, Ber- tomeu, Br. de). J. de Molendo, Rv. Bernai de Molendinis^ de Montp. II. 430 * Molins, en Gat. A.: d'or à la croix fleuronnée de gu. cant de 4 meules de moulin d*az. percées de sa.

MOLLAC, MoUar, Moylag, Moylao (Stevan de), Rv.

Mollet, Molet (Bernât), Rv. T. -S. A : d'or au saumon ou mulet de gu. sur une mer au nat.

MoNCADA, de MorUe catano. Illus> tre maison des 9 barons de Gat I, 140, 172 à 178, 180. 187. 198, 204 à 208, 233, 236, 243, 255, 263 & 271. 286, 308, 324. 344; II, 78. 291, 309, 328, 330, 365, 385, 407. 480, 569. Rm. Rv. De gu. à 6 {aliàs 8) besanls d'or. Père de Moncada, orig. de Bavière. F.: fu- selé d'arg. et d'az. Guillem de Bfoncada. F.: de.... à sept pains (le. . . ., en souvenir de la multipli- cation des pains à May^

BfONCAYO (Jacme), F. : d'arg. à ryeuse de sin., et d az. à la fleur de lis de. . .

MONCBRTAUT (G. dej. Rv.

MOxNDOR (Aly Uuarat), Rv.

MoNBBA (Pedro de), Z. f 202.

MONFORT (Domingo), Rv.

MoNGisGART. Moiulscart (6. de), Rv. G. de Montiscard, Bp.

MONJO (P.), Rv. * A. : d'or, au monde d az., cintré et croiseté de gu.

Mon Matal (P.), Rv.

MONMB.NEU (Albert de), Rv.

Monpalau, de Monte pakUio (A. de), Rv.— Jacme Monpalau, d'orig. allemande. F. : de gu. au palais d'or.

MoxpAO. Montpaho, deMontepaon (Bg.), de Tortose; (Bg. de), che- valier; (P. de), Rv.

MoNRADA (A. de), courrier de la reine, Rv.

MONRAVA (G. de), d'Almenara; P., R. de Monraba ; P. de Montra- ban, d'Almenara. Rv.

Monréal (Berenguer de), Rm.— Rv (Gualter, Mateu), D, 385.

(Guillem). F. : d'arg. au lion de sa. soutenant de ses pattes un monde de... * Montréal, d'Ur- tubie, en Navarre : d'arg. à la croix de gu. charg. en cœur d'un lion lôopardô d'arg., ace. de 2 grififons rampants du môme, celui de dext. contourné.

Monrbdon (Guillem de), maître du Temple, I, 142. 145, l5a, 151.

Bernât Monredo, de Barcel. F.: d'arg. au lion de... soutenant un globe terrestre de...

MoNSAN, Monçan (P., D. de); Monsain, Rv.

MoNSERRAT (Molchior), F. : de. . . à la montagne de. . . Monserrat, de Gervera. A. : d'az. au mont de 2 coupeaux d'or, sommé d'une scie du même et entouré d'une palissade d'arg., à 8 fleurs de lis du même en orle. Monserrat, de Reus, A.: de gu. au mont de 2 coupeaux d'or, sommé d'une scie du même. Gelte dernière famille est représentée par le marquis do Tamarit.

MoNSo, Monlso, Monzon (divers prénoms ot diverses professions), I, 404. Rm. Rv. D. f 385. Montso, à May. Bn.: d'az. à 3 fleurs de lis mal ordonnées d'or. Monso, en Gat. : A d'or à. la tour au nat. ouv. et ai. de sa., ayant à^ la fe- nêtre un nomme enchaîné d'arg. et sur les créneaux une bannière de gu. avec les mots : pro fidelUate d'arg.: au chef de gu. char, d'un besant d'or.

MoNSORni (Pons de), chevalier, Rv. (Guillem), F. : de gu. au mont fleurdelisé d'or.

Monta (Guillem de Za), Rv.

MoNTAGUT, Montagudo, de MorUe cuiuto (divers prénoms). I, 323, 342, 389. Rv. D., 1* 340. Alfonso Montagut, navarrais. F. : losange d'or et de gu. - Guillem Montagut, catalan. F. : de gu. au château d'or du milieu duquel s'élève un mont de...— Bernât Montagut, rico home navarrais. F. : d'or à 2 monts de. . .

Montagut, en Gat.: d'az* au mont fleurdeliœ d'or, surm. d'une cou- ronne antique du môme. Guil- lelmon de na Montaguda. maître- queux du roi. II, 610.

«S4

ifoiibifbiAi^R^ DÈS fAMtLtus

MoNTALBA, Montûlban (Martin, Valero de), Rv.

MoNTALT (Bernât de), s'engagea à suivre Jacme en Terre-Sainte. Doc, inéd.; VI, 174.

MoNTALLET (Marie de), Rv.

Mo.Ni'ARAGON (Doibingo Gomex de), Rv.

MoNTAYNAGOL , Montannagol , Moniagnagol (G. do). 11,66, 113, 458. 459.- Rv.

Monta Y.NA.Ns , Montayn^, Mon- tanya, Montaannan. I, 255. Rv.

* Montaiians, à May. Bn.: d'or à J fasc. vivrées tlo gii.

Mo.NTBLAXCHj de MonU cHho (di- vers prénoms). Rm. Rv.

Mo.NTBRUx, Monbrii (Pascual. Si- mon de), s'enjragèrent à suivre Jacme en Terre-Sainte . Doc. inéd.; VI, 176.— 1-S.— Ar. de Monbrii, Rv.

MONTCLrs (Guillem dfi) des 9 nobles do Cat. I. 403 Z. f- 177,

Pore do Monclus. F.— A.- de sa. au mont fleurdelisé d'argN

Monte (R., Père do), Rv.

MoNTESOuiu, Mont-Squiu (Be- renguer ou Bernât d»^), 1, 2.i5. E. rh. XXXII. Montesquieu Fo- zensac, en France : d'or à 2 tour- teaux de gu. l'un sur l'autre.

MONTFALCO. Monf;ilj|uo, Monfal- con (Berenguer, Pore de), Rv. Montfalco, en Cat. A. de gu . au mont d*arg. sommé d'un faucon d'or, chaperonné d'az.— » Montfau- con, en Lang.: de gu. au mont d'arg. surm. (fun fauran du même.

MoNT-FLOuiT (Garcia de), Rv.

MONTGHii: (Guillem de) sacriste deGirone, archevêque élu de Tar- ragone, I. 365; II, 32, 310.

Mo.NT-JuicH, de Monte-Judayco (Jacme de), II, 589.

MoNTLAim (Hugues de), maître du Temple. J. passim.

MoNTMAJOR (P. de), et sa fille. Rv.

Mo.NTO, Monton (Marc) de Teruel; (Guillem de), Rv.

Mo.NTOLiu, chevalier (P., Vives de). Rv. (Ramon). F.: d'or à 3 lasc. de gu. A.: fascé d'or et de gu. * Montolieu, en Lang. et en ProV.: fascé d'or et d'az.

Rio.NTORis (P.), de Poitiers. F., de sin. m mont flelirdelisé de gu. bordé d'or.

ÏÉlONTORo (Alfonso), deCordone, F.: d'or au chône et au taubeati de. . . .

Mo.vt PErihôâ (P. de). RV.

Il y avait un*^ fam. de MontpeyroUX en'Rouergue portant: d'az. à 3 tonrs crénelées d'or; alias, d'or au poirier de.. . fruité d'arg. sûr une montar gne de sin.

Montpellier (Ramon de), filst de Guillem VIII, seigneur de Montp. Z. lib. Il, c 65. Rm. fJohan, Jacnï'^ de). Rm. Johan de Mon- tepessidano, Rv. G. de Mon*-

Sf*stler, II, 556. Los hommes de [ohtpollier, Rm. Rv. L>., 1^ 311. Seigneurs de MontpelKer; d'arg. au tourteau de gu. Voy. Entenza.

Mo.NTPEZAT, Mompeza (François de), maître du Temple, I, 209.* Z. f' 120, Monlpesit, en Lang.: de gu. à 3 bandes d'or, au chef cousu d'az. char, de 3 étoi. d'or. Montpezat, en Gascogne: de gu. à la balanœ ii'or.

Mo.xTPOT (Mij:Uel), Rv.

MoNTROô , Monroig , Mohros , Monro, de Ifonte ni6ôo fdivers pré- noms), Rm. Rv.

MoNTt LL (Père de), de Tonl. on de Toi. F.: degn. à la lledr de lis d'or.

MoRA (divers prénon's). Pbùr quelques uns, indication d'orig. Rm. Rv. Mora, à May. Bii.: de gu. h 7 châteaux d'or. Mora , en Gat. A.: éc. de gu. à labanded'or char de 3 mures de sa., el d'or ao mûrier arraché de sin. Le mfa^ quis de Tamaron et le comte "éë Santa- Anna portent lenoninde Mora.

MoRAGAL (Guillem de) , Rv.

MoRAGUES, Moragas (Giiflleiû, Domingo, Venrel def, Rv . Guil- lem de" Moragues, pinid'homme de Val. Il, 569. —F.: d'àrg. à la ronce de sin. fruitée au nal. Moragnes, May. Bn.: d'or au nïûrier art^- ché de sin.

MoRAtA (Martin de). Rv.

MoRATON (R., Perefa, Ai1Milé\ Rv.

MoRAZACH (G. de), Rv.

MoRKLL (Bemat), Bn.: d'ârg. à la muraille ci*énelée d'az. Ratnon Mcrel reçut des biens dans le î'oyaume de Val. D., f* 354. P. et Domingo Morello, Rv.

Morella (G., r , Faraix de). Rv

Mohena (A. de) de Tortose/Rv.

MoRERA (Domingo) et sa remme Dolza, Rv. Père Zamorera, F : de . . au mûrier au nat.

Qf|« lÉfATS DR MGVB 1^'

MORE^ (Miguel), Pv.

lioBfs^s (fiertran de). Rv.

MoRiELLO (P., D., H., Gil. Marti LoDe?, Valero de); P. Morgello, Rv.

HoRiELLA (Gil); Berènguer Mo- rilla, Rv.

MoRLAN, Morla (B,), chapelain de Rocamadour; Gerald et Guillem de Merlans» Rv Morla, provençal. F, : de gu. à la tétte de maure au nat.

* Morla, à May. Bn.: d'az. à 3 serpents se mordant la queue, 1 et 2.

MOROS, Morro (Fortun Garcez, Miguel, Br. de), Rv.

MOYA (divers prénoms), Rv. * Moya, à May. Bn.: d'arg. ù 4 fasces nébulées d'az., à la bande d'or char. de 3 rougets de gu. brocb. sur* le tout.

MoTNOS, Munnoz, Munoz, Muniz (divers prénoms). Un bourgeois de Teruel, un prud'homme do Val. I, 1^. 389, 44S; II, 133, 446, 569. - J. en. XXIV, ccLv. Rm. Rv. J^Huyoz, de Hinojera, F.: éc. d*or à la croix de Calatrava de gu. et de

gi. plein. Pedro de Munyoz, de urgos. F.: éc. d'or à la croix de Calatrava de gu. et d'or k la bande échiq. de gu et de sa.— Enrich Mu- nypz, aragonais. F.: d'or è 5 dés à jouer de pu. marqués chacun de 5 points de sa.

MuELLA (Jacme), Rp.

Mues (Martm Ferez Je), Rv.

MuGA (Berènguer Za), Rv.

MuiLERAT, Mulerat (J.), Rv.

MULER (Bg.). Rv.

Mulet (Berènguer, Ar. de), Rv.

* Mulet, à May. Bn. : coupé d'or & 2 têtes de carn. cour, d'or, et de sin. à 2 tours d'or-

MuLNE^io, Mulner (G., R., Bg., Arn., R.), Rv.

' MuNTANER, Montaner (Ramoij), de Peralada. I, 1?5, 428; II, 457, 460. Q. p. 399.— Bertomeu Mon- taner, Ramoueta Montanera, Rv.— Arnald Montaner, de Cerdagne, F.: d*arg. au mont fleurdelisé de.-. . Bn. : d'or au mont fleurdelisé d'az.

Une branche porte ces armes sur l'écu d'Arag. : aor à 4 pals de gu.

Le chef d'une branche do cette fam. établie & May. porte le titre de marquis del Reguer.

Mur (B. de), J. de Muro. bou- cher, Rv. Guillem de Mur. F. : de sin. au mur ouvert par une brèche. Guillem de Murs, trou- badPW. II, 399, 45q. * Mur ou

Dezmur, en Roussillon, A. : de gu. à la muraille crén. d'or.

MuRAYNON, Maraynon (P. San- chez de), Rv.

MuRËOiNA.— Un évéque de May., un chevalier, Bp.

MuREL, de Murea, de Murola (P. de), Rm. (R. de), Rv.

MuRLES (G. de), de Montp. Il, 7, 552.

Mut (G.), Rv.

MuzA, juii. Rv. Muza Almo- ravid, alcayde de Biar. II. 96.

Nachman (Moses ben] rabbin. II, 380 à 383, 594 à 596.

Nadal, adobadoryàe Jaca, et son frère Martin; Antoli et Domingo Natali. boucher. P. de Nanadana et sa femme Nadalia. Rv.

Najara (Joan de), Rv.

Nanglbsa (Domingo de), Rv.

Naniel (G. de), Rv.

Nanina (F. de),Rv.

Naraylac, Rv.

NARBON/i (Bg. de, R. de); Br, et GuilKm Narbones; Narbonet, Rv.

Narco (A. de) ; G. de Nargo, Rv.

Nareu (D.), Rv.

Narnu (Fray del), de Girone, Rm.

Narossa (Bç.), de Tortose, Rv.

Narvaez (Alphonse) , galicien , F.: de gu à 5 fleurs de lis d'arg., à la bord, d'arg. char, de chaînes en saut, de ... Le maréchal NaiTaez duc de Valencia, porte: parti de gu. à 5 fleurs de lis d'or, et d'arg. a 5écussons de Portugal, à la bord, de gu. char, de 8 flanchis d'or.

Nausa (P. de), Rv.

Navarra, Navarre (divers pré- noms), Rv.

Navarëllo (Gisbert); P. et J. Navarret, Rv.

Navarro (Domingo), templier, Rm. Avec divers prénoms; J. Navarron. Rv. Juan Navarro, de Huesca. F.: parti d'or à 2 fasc. de sin et de... à 4 lances d'az., & l'é- cusson de... au lion de... Firmin Navarro, F.: de gu. au coq et au serpent de..., ace. en pointe de 3 besants d'ar^.

Nayasa, Navaza (Gaston, Gascon de], Rv.

Navascos, Nabascas, Navasches (Miguel, Martin, P., Ximeno de), Rv fPere de), I, 442.

Navata (J.), Rv.

Naves (Bg. de), Rv. - * Naves. en Cat. A.: d'az. au vaisseau équipe

656

ROMBIIGLATUIIK DBS FAMILLES

d'arg. sur une mer du môme, adex- tré aun mouton passant d'arg. sur une terrasse au nat. et surm. d'une main de carn. ailée d'or.

Nata (Bertran de), che\'alier, I, 266. (Bernât de), F.: d'or au ckien blanc et noir. Le baron d'Alcala porte le nom de Naya.

Natalf, Rv.

Nbbot (Bff.). Rv. Nebot, à May. Bn.: d az. à la bande cousue de ffu. char, de 3 6toi. d'arg. et aoc. de X fleurs de lis du môme.

NEi>BZAN.(P. de), Rv.

Nela (D.), Rv.

NER(Br.). Rv.

Nexina, Rv.

NiGHOLAU, Nicoloso, Nicolas Un chapelam de D. Pedi o de For- tug., chanoine de Goimbre, Rm Un ingénieur du roi, I, 343 à 3-45 ; II| 40à. Rv. Un chapelain de la reme, II, 577 . Un ôcuyer castil- lan, et quelques autres, Hv. Nicolau. à May. Bn.: de gu. au lévrier d'erg.

NiNOT, Rv.— Ninot, en Gat. A : desin. ù la tour d'or, couverte do

fu. maçonnée et ai. de sa., à la ord. dor, char, ae 8 fouilles do lierre au nat. NoLASQUE (Pierre de), fondateur

455. Fr. P. de Nonasch, Fr. P. de Monasch, de rordn3 de la Merci, Rv.

NoRBLLA (Br. de), Rv.

Noria (B^rlomeu de). Rv.

No VA ILES, Nnaylies. Nova les, No- vellas, Novals (divers prénoms). Plusieurs chevaliers, unjusticia de Xerica. Rm. Rv.

NovEL (P.). Rv. * Novell, en Gat. A.: d'az au noyer arraché et fruité au nat , à la nlière de gu.

NuBZ (Pedro Garcez de) et son frère Oger. Z. f 205.

NuNiz, Nunez (Père), chevalier, Rm.— Bn : d'or à 4 bandes de gu.

NuNNO, Nuno (Martin, Pascual), de Teruel; magister J. Nunonis, Rv.

Oblster (Martin Perez), Rv.

Oblites , Oblitas , Ablitas , De Oblitis (divers prénoms); plusieurs chevaliers, Rv. J. ch. cclxxvii. Z. f^ 169. Père de Oblites, de Tahuste. F. : d'or à la bande de sa.

OCTAVIAN, Rv.

Odena, Hodena, (diversprônoms). Plusieurs chevaliers. I, 4o4. Rv.

Ë. ch. Lxvni; A.: d'az. seosé de croiseties d'arg. à la bande d*or broch. sur le tout.

Ofpsgat (Bg. de), chevalier, D., ^ 386.

Olalia (P. de), Rv.

Olavart (Br.). Rv.

Olcina (Bemat). F. . de gu. au chêne do sin. fruité d'or. A.: d*or au chêne arraché et fruité de sin. accosté de 2 chardons de 3 liges du même.

Oldesa (Br , Ar. de). Rv.

Olesa (Ferrer, J. de); F. Dolesa, de Barcel. Rv. Bn.: de gu. à la rose d'arg. Bemat et Guillem de Olesa, I, 449.

Oliola (Fr. Andréa de); Br. Do- liola, Rv.

Olit, Doiit, (divers prénoms), Rv.

Oliva (Br. de). Rv. ~ (Père de), de Tudela, F.: de... au hibou {olivà) de...

Olivblla, Golivella (ï^ere B^nat de}, Rv. Z.*. f^ 203.

Oliver, de Oiioario (Père, Beren- guer), Rv. * Olivar, à May. Bn.: d'or à l'olivier arr. desin. surm. d'un chevron alésé de sa. Le comte de Tarifa porte le nom d'Oliver.

Olives (Bemat), Z f^ t26. - (Guillem de), de Tortose. F.: d'ai^. à 1 olivier au nat.

Olivier le Templier, trouba- dour, II, 393. 459.

Ollbr, Ollarii, de OUerio (divers prénoms et diverses professions), Rm. Rv. Bp.

Olms (Guillem Père), de Rouss. F.: d'arg. à 3 ormeaux au nat.

Olocalvo (V., M. de), Rv.

Olone (Pierre, Elissende de), il, 262.

Oltra (J. de), Rv.

Olzbt, Dolzet, Solzet, Alzet, Sal- cet (divers prénoms), Rm . Rv.

Omedes (Sancho). chevalier de 8aint Jean-de-Jérusalem. F. : d'or à l'ormeau au nat.

Ondo (P. de), Rv.

Ongera (Guillem de), Rv.

Ongria, Ungria, Dungria (R., J., G., Martin de); quelques uns de Ja suite de la reine Yolande, Rv.

Opte (Pascual de), Rv.

Orabas (Ferrand de), Rv.

Orcau. Dorcau (Père de), Rm. 6.) d'Almenara, Rv. (Amald

e), F.: d'az. au soleil d'or.— Orcau.

S

r

DES BTATâ DE MCMB 1'

657

6Q Gat. Â.: de gu. à 8 roses d'or.

Orciva (Garcia de). II, 186.

Ordbna (Guillem de), Rv.

Ordi (Amalt de), F.: de gu., à la plante d'orbe d'or.

Ohe6a (Mateu de), Sancho, Ber- tomeu, P de Orenga, Rv.

Orella. Âtorella (Atho), tnesna- dero, I, 187. 204, 327, 340. —Rm.

Rv. Blasco Oreyla, chevalier, Rv.— Atorella, en Arag. Bn.: d'arff. à la croix de Calatrava de gu,, à Ta Champagne échiq. d'arg. et degu.

Obbxach(G. de;, Rv.— ^ Rexadi, en Gat. A. : d'arg. treilhssê d'az.

Oria (Pedro Ramirez de), cheva- lier aragonais, Z. f* 166.

Oriols, Uriols (Bernât de). J. ch. ceci. (Ramon de), français, F.: d'or à la fleur de lis d'az. ace. de deux oiseaux de... becq. et membres de gu.

Oriz (Inigo, Ximen Perez de), Z. ^'166. 205. D.f 357.

Gros (G. de}, Rv.

Obradrb (Sancho de), chevalier, D. f 386.

Ortella, Ortelle (Père de), Rm.

Rv.

OaTiN, d'Avila. F.: de gu. al'étoi. d'or.

Ortiz, Dortiz (divers prénoms), Rv. J. ch. cix. D. 386. Au moins- 2 fam. 1* mesnaderos d*Arag. B : d'arg. à la herse de sa.

2* Sancho Dortiz, Navarrais, Rv.

Rodrigo Ortiz, de Teruel, F.— V.: d*or au dextrochère de car. empoi-

f^nant 6 plantes d'orties fleuries et ruitèes au nat

Orto(A. del) Rv.

Ortolaxus (R., p., Jordan), Rv.

OnTO.NKnA (Guillem de) reçut des terres à Alcoy D. f 335.

Orts (P. de, Ramon des), Rv.

Osa. Dosa, Dossa (Ximeno Perez, Garcia Perez, Sancho Perez do\ Hv. D. f 346.

OssAL (Stevan de), Rv.

Osso, Dosso (P. Gonzalvez de). chevalier, Rv.

OSTIA (G.). Rv.

Oteyza (ximeno de), de Teruel ; Sancho do Hoteyça. Rv.

Oto (P. de); Zalema Iloto, sar- rasin de, Xat.; Otis, Rv.

OviECHO (Père), scriptor. I, 443.

OvoN (Joan de), Rv.

OXEA (Bernât) Bp.

Oxova, Otxova. Ochova (Lopo). arbalétrier; (Ximeno et D. P.j Rv.

Pabat (J.), Rv.

Pachal (P.) de Barcel. Rv.

Pacho (Ximeno de), chevalier, Rv.

PAGMbR (R.), Rt.

Padilla (Père de). F.: a'arg. à 3 poêles à frire d'az. cnarg. chacune de 3 croiss. de...

Pa-et-Ayga (Jacme), secouru par le roi, {de ^emosina nostra)^ II, 611.

Pagakot, Rv.

PAHB6A (Ar.), Rv.

Palafido (J. de), Rv.

Palafox, Palafols (Guillem de) . chevalier, 1, 256. E. oh. xxxni. Z. f* 126. Palafox. grand seigneur, d*une fam. d'ong. française établie en Arag. et en Gat. F.: de gu. à. . . fiasces (Targ. charg. de^^roisettes d'az. Palafox, en Espagne; de gu. à 3 fasc. d'arg. char, chacune de 2 croi- seites d'az. cUiàê : de gu. ô 2 fasc. d'arg. charg. chacune de3 croisettes de sa. et crénelées intérieurement du même. A cette maison appartient S. M. Marie-Eugénie de Palafox, de Porto-Carrero et de Guzman , Im- pératrice des Français. En publiant le tableau généalogique de la page 394 de notre tome I. nous n'avions pas dissimulé nos doutes au sujet de l'exactitude des derniers degrés de cette filiatio ^. Nous pouvons au- jourd'hui la rectifier d'une manière certaine. Ses parties essentielles n'ont d'ailleurs aucune modification à subir. 11 faut seulement rétablir ainsi c|u'il suit les derniers degrés à partir du XIX* :

XIX. Cristobal de Porto-Carrero et de Guzman, mort en 1704, avait épousé Marie Regalado de Villal- pando.

I

XX. Cristobal Grogoriode Porto- Carrero, Zuna , Guzman, Osorio, Enriquez, Almanza, Pacheco, Ara- gon et Monroy, comte de Montijo, marquis de Barcarota grand d'Es- pagne, chevalier de la Toison d'or et des ordres du roi de France, am- bassadeur extraordinaire et ministre plénipotentiaire d'Espagne à Lon- dres, nuis à Francfort en 1741, pour l'élection de l'empereur Charles Vil. avait épousé, le 15 mai 1717, Do- minga Fernandez.de Cordoba.

I

XXI. Cristobal Pedro de Porlo-

43

658

NOMBNCLATUBB DBS FAMILLES

Carrero, marquis de Valderrabano, marié à Maria-^osefa Lopez de Zu- liiga, comtesse de Mlranda.

I ' Maria-Francesca de Sa-

Iles de Porto-Garrero et Zuûiga. Philippe de Palafox et _ _ , , de Croy, fils de Joachim- ^^^^ Untoine-Xiroenes de Pa- ilafox, marquis d'Arizza, fffrand d'Espagne, et de I Marie- Anae-Cfiarlotte de \Croy.

I XXIII. GypnaDO de Palafox , Porto-Carrero et Guzman, comte de MoDtiio, de Mirauda et de Teba, duc de Pefiaranda, mort le 15 Jan- vier 1831» marié à Maria-Manuela deKirk-Patrick de Glasbum.

I Marie-Eugéuie de Pa- Vlafox, Porto-Garrero et

XXIV y^^^'''^^ I comtesse de 1 1 coa

/ NupoléoD II I, Empe- Ireur des Français.

I XX V . hi apoIéon-Eugène-lM)uis- Jean- Joseph, Prince impérial. le 16 mars 1856.

Palafre (J. de). Rv.

Palafurgell (Na, Guillem de, Palafrugel: Bg. Palaforger, Rv.

Palau. Palazi, de Palatio (divers prénoms). Rm.— Rv. J. ch. xl.

Q. Bp. Palau, représenté à May. Bn.: de su. au palais d'or. Palau, en Cal. F.— A. : d'or au palais i\ l'antique crénelé de sin., à la bord, componôe d'or et de sin. * Des- ))alau, en Cat. A.: d'or au palais d'az.

pALAVtciNu (Juan), Génois, h\: d'op à la croix potencée de sa. et échiq. de 12 pièces de. . . et de. ..— Palavicini, à Gènes: échiq . d'arg. et de' 2., au chef d'arg. char, d'un oiseau d'az.

l'ALAZiN (Arnald). Z. lib. II, ch. 68.

P. Palacinus, Maria Palaci, B. Palacini, boucher, Rv. P. ï aleci, chambellan du roi Jacme. J. ch. CLX. P.: de gu. au lion de . . à la bord, d'arg

Palencia (P.), Rv. Palerols [Janancius de), Rv. Palet (Hernal), de Barcel., Rv. Paliza (Guerau de), Rui.

Pallarb (G^** de), vassaux des comtes souverains de Barcel. I, 130, 464; II, 337, 493. 498. - Z. P* 119 et 154.— Guillem de Pailais, F : de gu. & 3 pailles d'or. Pallars, des 9 comtes de GaU A. : de gu. à 3 pailles en bande d'or. Bernât de Pallars; Br. de Pallai*s, corroyeur, Pavlars et Paylares, avec divers prénoms; probaolement noms d'orig.

Palmard (Hugues), Huguet Pal- maret, Rv.

Palme (Guerau), Rv.

Palomar (P. de), Rv.

Palou, Palasol. de PalaUoio fBe- renguer de), évéque de Barcel. 1, 233, 241, 255, 269. 308. J. ch. u.

Rm. - Z. P 126. Q. p. 179. Père Palasol. Rv. * Palou, re- présentée à May. Bn. : d'or au châ- teau à 2 tours d'az.

Pals (D. de), R. de Pauls, Rt. Pamplona (M., B., A. de), Rv.

Pando (P.). Paix de 1235. Pando est le nom patronymique du duc de Tamames et du marquis de Miraflores, grands d'Espagne.

Paradello (Bernât, Ramon), Bp.

Parapol, Rv.

Paratge, Parage (G.. B. de), Rv.

Pardlnera (P., G. de), de Jaca. Rv.

Pardo (Garcia), mesnadero doai la faro. fut élevée plus taitl à la rica hombria. I, 206, 444. Pedro de Pardo reçut des biens à Xat. D. !•• 340, 386. B. Bn. : d'or à 3 troncs écoles de sin. rangés, posés en pal et enflammés de gu. Azuar Pardo. F.: de. . . à 3 bâtons de sin.

Pedro Pardo, frère du précé- dent. F. : de. . . à 3 bâtons do sin. entlammés. Le marquis de San- Juan de Garbailo porte le nom de Pardo

Parellada. Zapareyiada (A., P. de), Felip Pareylados, do Tortose, I{v.

Parent (Ar.). Rv.

Pauets (B. de), de Villafranca, et son frèi^e Guillem, Rm. Parets, il May. lin. : d'arg. & la bande de pierres de taille maçonnées au nat.. au cheval cabré et contourné de sa. broch. sur le tout.

Paris (Joan de), de Teruel ; ma- gister Paris, Rv. B. de Paris 1,449.

Parois (J. de), Rv.

Parral (S. del), Rv.

DES ETATS DE JAGHE V^

659

Partidbn, Pertiden (Tomas), tailleur de Barcel. Rm.

Paschal , Pasqual , Pascasius fBg., Domingo, Marti), Rv. Janot Pascual, F. : éc. d'az. & 2 tours d'or, surm. d'une étoi. de., et d'az. à l'agneau pascal de . du flanc duquel sort une source.

Paterna (Martin Perez de). Rv.

Patot (Fr. Raymond), maître du Temple. I, 343. Z. f 141.

Pauch (P.), de Perpignan, Na Pocha, Rv. Arnaldwf de Pattcis, affranchi des tailles par le dernier codicille du roi. II, 6ll.

Paul (Frère), dominicain. II, 380 à 383, 463, 594 à 596. Fr. P. Pau- lus, de Poblet, Rv.

Paclbs (Domingo), Rv.

Pavia (B. de), Rm.— J. Perez de Pavia ou Pabia, chevalier. Rv.

Pavo (Ximeno de). Z. f 171. (Guiilem de), lieutenant du roi à Montp. II. 407. J., S. de Pabo; Marti del Pabo; D. de Pobo; Bg. de Pao, Rv.

Pax (Guiliem de), chevalier. II, 90. Rv. Joan de Pax, Bp. En. : de gu. au croiss. versé d'arg.

Patlaranch (J. de), de Jaca, Rv.

Patnera (J.), Rv.

Paza (Pj, Rv.

Pebrada (Guido) argentier, Rv.

Pedrix (R. de) et Anglesia, sa femme; P. Peirix , fils d'Huguot Martinez, deHuesca; Pedrux,Rv.

Peurixols, Petrisolus, de Tor- tose, Rv.

Pbdrol (Domingo), de Lérida; (D.), do Tortose. Rv.

Peguera (G. (le), chevalier, Rv. Roch Peguera. F.: d'arç. au lion de gu., & la bord, de sm. A.: d'arg. au léopard lionne {cUtàs lion) de gu. couronné d'or.

Peilla (A.), Rv.

Pelegri.n (R.), de Lattes; Pelé- arinus, écuvcr; G. Pelogrin, tail- leur ; Pons de Peregrina ; J. de Na Peregrina, de Jaca; Rv. Bernât Peregrin, Bp. Pelegri, en Gat. A. : d'az. à la bande d'arg. char, de 3 coquilles de gu.

Pellicer, Peliser (divers pré- noms). Quelquefois nom de profes- sion, Rm. Rv. Arnau Pellicer F. : parti, d'or au chabot (//wa) au nat.j et d'or & 3 fasc. ae gu. Pelliser, en Gat. A.: d'az. au chabot d*arg. en bande.

Pblo (Bertomeu), de Teruel, Rv.

PENAFLOn (G.), Rv.

Pbnedes (Bg., P. de), Rv.

Penna, Penya (Jordan de), frère utérin de Fernand Sanchez de Castro. Z. f* 213. (Marco Ferriz de). Z. 215.— Gelacian de Penya. de Toul. ou de Toi. F.: d'or au rocher {penya) au nat. ♦Penne, en Lang.: d'or à 3 fasc. de sa., au chef d'herm.

Penyafort (Saint Ramon de) , dominicain. II. 74, 75, 120. 127, 326, 328, 379. 383, 385, 455, 463, 464.- D f* 385.— A.: d'or à 4 pals Je gu., flanqué d'or au mont de sin. surm. d'une pomme de pin du môme.

Penyarotja iPere). de Montp. F. : de . . au château d'or entre deux rochers de gu.

Pepa (Br.), Rv.

Pera (Miguel), Rv.

Pbracblz, Peralcels ^G. Lopez , Sancho Lopez de), chevaliers, Rv.

Prralada ( Br. de), GutUelmits de Petral(ida, Rv.

Peralta (Alfonse, Domingo de), Rv. (Jordan de). I, 442. (Ramon de), J. ch. XXXIV.— (Arnau) , évoque de Val., puis df» Sarragosse, II, 284, 338.— D.f»336, J. ch. ccxxxvii. (Ramon de), II, 569.— (Joan de), fauconnier du roi. Il, 606 (Ximeno do), templier navarrais. F.: de gu. au griffon d'or. (Gil de). P.: éc. d'or et d'arg. Peralta, en Cat. A.: éc. d'or et de gu.

Peramilia (Jacme de). Rv.

Peramola (R. de). I, 444. —A.: d'or au chevron de gu. ace. en chef de 2 fleurs de lis d'az. et en pointe d'un moulin à huile du même.

Perancisa (Lope Ximenez, Gon- zalvo de), D. 1'* 366, 386

Peratre, Perer, de Pererio, de Peraria (R., Gozbert de), Rv.

Pbrdiguer (Tomas), Bp.

Père (Guiliem), Rv. Pedro, scribaj de Lerida, Rm. Pedro, ma- jordome du roi. II, 166, Rv.

Perea (Père), deTvrol. F.: d'arg. à Taigle de sa. ace. de 5 |)oires de sin.

Perecono, Rv.

Perello (Bernât, Ramon) frères, do Perpig. Bp. Bn.: d'arg. au dextrochère de carn . vêtu de gu . tenant une branche de poirier fruité de 4 pièces au nat. Perellos de Pachs. templier. Bp. Ramon Pe- rellos, de Toul. ou de Toi. F.: de gu. à 3 poires û'or.

«60

NOMEIfCLATUHI BE8 FAMILLES

Pbrera ou Perata, deManrôse, Rm.

Pbrbt (Duran, Bertran de), Bv.

Pbrkxknz, Peraxens(Bereaguer). i. ch. xLui. (Beraat). Z. f 115.— (Bertran) s'engagea à saivro Jacme en Terre-Sainte, Doc. inéd,\i, 174.

Pbrisz, Periz. Tantôt nom de fam.. tantôt simple nom patrony- mique, porté par une quantité d'in- dividus de toutes classes. II, 36, 166, 569, 606. Rm. Rv.— Per- nand Perez, deRibagorza. : P.: de gu. à 5 poires de sin. bordées d'or. Amala Perez, Navarrais. F.: d*az. à 3 poires d'or. Voy. TxRiLZONA.

PfSRPECTUS, Perfecta, Perfeyta (P.), Rv.

Pergaminer (Bernât, Bg.), Rm.

Përio (Gausbert), Rv.

Peroxolo (Martin de), merino da roi à Huesca. J. cb. xxx.

Perpinan, Pprpinya (divers pré- noms), Rv. F. : Je sin. à 3 pom- mes de pin d'or. * Perpiiia, à May. Bn. : d*az. à 3 pommes de pin d'arg. * Perpinya , de Girone , A.: d'arg. à 4 pointes flamboyantes de gu. mouvantes du flanc dext. * Perpinya, de La Bisbal, A.: d'az. à 4 étoi. d'arg. Le baron de la Torre porte le nom de Perpifian.

Pertagaz, Pertegans (Ramon). I, 308. - Rm.

Pertiner (Père), Bn.

Pertusa (Joan), de Rouss. F. ; éc. d'or au ier de pertuisane de. . et d'or à la poire de...

Pbrvix, (le Teruel, Rv.

Pes (Miguel del) ; B. Peso, Rv.

Pesador (B.). Rv.

Petrofavio {EUasendis de), Rv.

Petruxa, chevalier de la suite de Garroz, Rv.

Pevan (Ramon), Bp.

Pexonat (Ramon), de Marseille . Rm.

Peyra (Enrlque de), Rv.— Guil- lem de Peyre, évoque de Mende, cousin de Jfacme. I, 220. Peyre, en Gevaudan : d'arg. à l'aigle de sa.

Petrolas (Bertomeu de), Rv.

Peyronbt (Frère Pierre). Il, 597.

J. ch. CCLXXXI.

PiCANY (Jacme), Bp.

PICAYRB (PX Rv.

PIGH4CEN, Picacen (B., Martin, Miguel de), Rv PiGHER Vg., p.), Rv. PiERA (Ferrer de), Rv.

PiG (P. Elias), chevalier; P. Pkh; Bg. Pic, Rv.

Pila (Aznar de). Paix de 1235.

PiLis {Jacoinu de), Rv.

Pin (Br. del), Berenguer de PmU, Rv

Plna. Fam. de mesnaderos,

I. 207. 303, 327, 339, 344, 373. 374,

382 ; II, 90. Fernand de Pina.

K. : de gu. & la pomme de pin d'or.

Sancho de Pina, de Jaca. F. : d'or à 2 pommes de pin de sin., au bâton noueux. Ximeno Ferez de Pina. F. : d'arg. à 3 pommes de pin de gu. Jacques de Pina, Na- varrais. F. : de. . . au pin aa nat.. duquel descend un écnreuil portant dans sa bouche une pomme de pin.

PiNCHANAS (Berenguer), Rv- A. Pinxenes, Rm. PiiNBDA (Ramon de). Rv. Pixel (Père de), I, 308. Rm.

(G.) î B. Pinol, de Tortose, Rt. PiNOS. Des 9 barons de Cal.

I, 233; II, 365. 384. V. Bp.

Galceran de Pinos. F. : d'or à 3

r)mmes de pin de sin. - A. : d*or 3 pommes de pin de sin. à la bord, de gu.

PLNOSCi (A.), huissier, Rv.

PiNTENBR (Bonlftici); Pintener, jongleur, Rv.

Pi.\TO.T.-S.

PiNTOR (Marti del, J.) de Teruel, et quelques autres, Rv.

Piquer (Bernât), Bp.

PiSA (G. de). Paix de 1235.

PiSGATOR (Berthomeu, P.), Rv.

PiSTALERO (Domingo), Navarrais, Rv.

PiTARC, Pitarg (Ferriz de), Rv.

Plana, Za Plana (Bernât), II. 569. (Br., GuUlem de), Rv.

Plbgamans , de PUoamanibus (Ramon, G., M arimon de), I, 253, 311 : II, 569. Rv. F.: d'or 4 la foi ae...

PoBLBT (R., J. de), Rv. (Père de). F.: d'or aux branches d'or- meau au nat.

PocASANCH (Bernât), de Barcel.; Arnalt Pocasanc. Rm.

PoDio Alber (H. de), portariur. (Peretus de), Rv.

PoKS (Berenguera de Na), Rv.

Pogera (J. de), de Jaca, Rv.

POLA P. Jordan de). Rv.

PoLBiLA, Poreyla (banoho de), Rv.

Poligxera (J. de Na), de Tor- tose, Rv.

DES BTATS DB JACME 1

tr

661

POLLIGBN, Rv.

Polo (Stevan), Rv.

PoMAR' Fam. de mesnaderos^ I, 195, 198, 268. 334, 442. J. ch. XXIX.— Rv. Bp F.: de gu. è. 5

pommes d'or. Ce nom est porté par le marquis de Arifio et le comte de Pomar.

Pons , Ponce , Pon (divers pré- noms), Rm. Rv. Bp. Pon, représenté à May. Bn.: de gu. au poDt à 3 arches surm. d'un pignon et de 2 demi-pignons mouvants des Qancs, d'arg. maçonné de sa. Plusieurs fam. de ce nom en Gat.

Pont (Amalt). Bn.: d'az. au pont & 2 arches, surm. de 6 pignons d'arg., maçonné de sa. P., Ber- tomeu, Galceran, Guiliem de Pont, Rv. Père de Pont. F.: d'or au pont d'az. Pont, en Gat. A.: de gu. au lièvre courant en bande, poursuivi par 2 chiens, le tout d'arg. au chef de gu. au pont de 2 arches sur une rivière au nat. Le mar- ouis de Quinta-Roja et le comte del Palmar portent le nom de Pont.

Po^TBR (Bertomeu), Rv.

PoNTOiNS, de PonUmibus (B , B Femandez de), Rv.

Po.\zA (G., Pascual de Na), Rv.

PoQUfST (Ramon), de Marseille, Rm. Représentée de nos' jours à May. Bn.: de gu. au monde d'or cintré d'arg. surm. d'un paon rouant d'or.

PORCEL, feudataire du vie. de Béorn. Q.— Bp. Porcell, en Gat. A : d'or au cnêne de sia. devant lequel passe un sanglier de sa. dé- fendu d'arg. Nom porté par le marquis de Villa-Alegro et par le comte de las Lomas.

PoRGHBT (Domingo). Rv.

PORET (Br.\ Rv.

PoRGADER (J-); Domingo Por- gaderel, de Jaca. Rv.

PoRRES (Joan de), deHuesca. F.: d'ar^. à 5 fleurs de lis d'az.i ("t d'or, et d'arg. à. . . massues {porres) de sin. ace. de 2 tours.

PORRO (R ), Rv.

PoRSA.*^ (Berenguer de), Rm.

Porta (Guerau, P., D., 8. de), Domingo de la Porta, clerc de Te- ruel , Rv. - Bernât Saporta, T. -S. Benvenisto de Porta, IT, 472. Bonastrug de Porta, l'abbin, II, 388. * Saporta, en Provence, qu'on dit orig. d'Arag.: d'az. au

portail d'or, au chef cousu de gu., char, d'un lion léonardé d'or.

PoRTAGALESA (Maria); Portogor lesa^ merelrix, Rv.

PoRTAJOYES , Portajoya (divers prénoms), Rv.

PoHTALEs, chevalier, de Castro albo ; G. Portoles, père d'Artal de Foces ; Portules, habitant d'Arai, et sa femme Marie ; Portelesius et sa femme Gécile, Rv. * Portola, en Gat. A.: d'az. à la porte d'or, ou- verte de gu.

PoRTARBiG (Père) s'engagea à suivre Jacme en Terre-Sainte. Doc. inéd. VI, 174

PORTELL (Amalt), Rv Por^ tell, en Cat. A.: d'arg. au portail d'az. surm. d'une comète du même.

PORTELLA, Za Portella(G., B. de), B. de Saportella , chevalier , I , 462. - Rv. Z. r 1 19. Miguel Zaportella, do Monlp. F.: de sin. à la muraille ruinée percée d'une

Sorte. Zaportella, en Gat. A.: 'or à la bourse de gu frangée et houppée d'arg.

Porter (Bernât), chambellan du roi. II, 429. Z. f 178. Rm.

Portugal (Pedro, infant de), sei- gneur de Mayorque. 1, 318 a 320, 366 ; n, 85, 286, 290, 484. D'arg. à 5 écussons d'az. posés en croix, char, chacun de 5 bosanis d'arg posés en croix.

PoRZA, Preza (G. de). Rv.

PosQUiÈRES (P. do), consul de Montp. II, 551.

PoYA (Domingo', Rv.

Pradas (Ramon), Salvator, Bla-

§era de), Rv. - Probablement nom 'orig. * Prades, des 9 comtes de Gat. A. : d'or h 4 pals de gu.

Pradel (Ar. de); Frotter P. de Pradello, moine de Poblet, Rv.

Praxana,. Praxena (R. de), Rv.

Predixyano (P. de), Rv.

Prima, femme de la reine, Rv.

Princeps (J.), de la suite de la reine, Rv

Priva (Guiliem de), chevalier. D. 386.

Probois (Domingo de), Rv.

Prohet (Guiliem), de Lérida, et son frère. I, 294. Rm. Duran et J. Prohet, Rv.

Pbovenza, Proenza (Ramon, G., D., Aldebert de). Probablement nom d'origine, Hv. Domingo Prohensal, Rm.— J., Guiliem Pro-

662

flONENCLATIjaB DES FAMILLES

venzal, Rv. Ramon Andreu Pro- venial. Z. f* 214.

Proxita (Père), Sicilien. F.: de... au château d*arg. baigné par une mer au nat.

Prunera (J.). Rv. * Pruneres» ^n Cat. A.: d'or au prunier (nûU} au nat.

PccH (P. de). Rv.

Puci'LULL, Porulul (Bernât), dp Tortosp, Rm (P.. Br.). Rv.

PuEYO. Povo, Puio, Podii, de Po- dio. Fam. de mesnaderos ara- ffonais, êlevôo plus tard à la rica nombria. I, 276. Rm. Rv. J. eh. XXV. B. De gu. au mont fleurdelisé d'arg. issant d'une mer du môme, ombreed'az. àlià8:é& gu. au mont fleurdelisé d'arg.— Al fonse Despuig ou de Podio, Aragonais. F.: de ffu. à la ruche d'or surm. d'une fleur de lis, et ace. d'abeilles du môme.

PuiGALT (Guillem de) s'engagea à suivre Jacme en Terre-Sainte Doc, inéd. VI. 174 Pugalt (P. de), Rv.— Rodrigo Putjalt, F.: d'or à la montagne de . .

PuiGDORFiLA. Bu. : de gu. au mont fleurdelisé d'or. Devise: Huch mus in hostes,

Pdig-Gat (Guillem de), Breton. F : de ffu. à la montagne de . . surm. d'un chat sauvage de .. ayant à ses pieds un lapin de. .

PuiG-MoLTO (Jacme). F.: de gu. au ch&teau d'arg. contre lequel est posée une échelle de sa., en pointe un mouton au nat.— A.: d'or au mont fleurdelisé de gu. char, d'un mouton du champ, colleté de sa., clarine d*arg.

PuiGROiG (A. de). Paix de 1235.

PuiGVERT, Puybert, de Podio vi- rWt (divers prénoms), I, 443 462. Rv. D. f- 385 Bernât de Puig- Vert, de Rouss. F.: d'arg au mont de sin. surm. d'une fleur de lis d az. A.: d'or au mont sommé d'une fleur de lis florencée de sin.

PuiTMONSO (G. de), Rv

Puja6a, Za Pugada (Maria): R. de Puyades. Rv. Guillem Put- iades, F.: do gu. au mont fleurde- lisé d'or. Pujades à May. Bn.: d'or à la fasc. échiq. d'or et de sa. surm. d'une Heur do lis de gu., k la bord, échiq. d'or et de sa.

Pujo (Garcia de), chevalier, Rv.

PcjoL. Pujols (divers prénoms), Rv. Pujol, représenté à May.

Bn. : d'az. au mont fiemdelisé d'arg. Pujol, en Cat. A.: d'oz. au mont au nat. char, d'un léopard et sommé d'une croix de 2 traver- ses potencées d'arg., ace. en chef d<» 2 éioi. du même.

PuLizziES (N. de). Bp.

PuLVERBL, Pulverelti (Hue), d^ Monlp. I, 551.

Pr.N.N'ERA (Mnteu) ; J. Punera, Rv.

PuRTADORA (M. dej, Rv. Jac- me Portadora, de Montp. P.: de gu. à la comporte (portadora) d'or.

PUTJASOL (Père), F.: degu. à la montagne de. . . derrière laquelle se lève un soleil de .

Pdtjazons (Pierr*»), de Toul F.: de... au mont du calvaire de..., ace. d'un lion de...

PuTLi^A (Sancbo Miguel de), Na- varrais, Rv.

PcTNKT (J., Amalt) ; Puyneta. Rv.

QuADR.\ (G. de), Bg. Za Quadra, Rv.

QUARCER (P.), Rv.

Quart (Bernait de), Rv.

QuBRALT. Ancienne et puissante fam. de Cet. représentée de nos jours par le marquis de Vallehermoso et le comte de Santa Coloraa. I, 464; H , 365, 595. Hv. Pericon d-* Queralt s'engagea à suivre Jacme en Terre-Sainte. Doc. ined., VI, 174. A. : de gu. au léopard lionne d'or Autre fam. du même nom en Cat. A . : d'or au lévrier rampant de sa., colleté de gu . à la bord, dentelée de gu.

QuEROL (fifemat de), Rv.

QriNONETO (Ferrand Gil, J. del). de Teruel, Rv.

QuiNTANA (R. Perezde), chevalier. Rv.— - Quintana, de Barcel. A.: d'az. au saut rétréci d'argent, ace. en chef d'un mont d'or, surm. d'un besant du même : en flancs de 2 lions assis et affrontés d'or; en pointe du chiffre 4 d'or. » Quin- tana, de la Tallada. A.: de gu. à 3 dés à jouer d'arg. marqués chacun de 5 points de sa.

Rabadan (Domingo), Rv.

Rabaza, Rabassa , Rebassa, Ra- baticBy de RabaUa (P., Berenguer. Bernât de). Un secrétaire du roi;!. 203, 450.— Rm. Rv. Guillem Rabasa, de Montpellier. P.: d'or à une racine {rabasa) de sin. Ra- baza, à May. Bn : d'or à la racine

DES ÉTAT8 DB JACME 1

cr

663

de lentisque au nat., à la bord. compoDÔe d'or et de sa.

Raoa, Derrada, Darrada (P. Gar- ces. Aznar, Gil de), Rv.— Z. f^» 166, 167. - Valero de Rada. F. : d'or à la croix de Galatrava de sa. Nom de fam. des barons de Rada.

Rafals {BonettÂS de), Rv.

Raga (Pedro Dominguez de la), Rv.

Rahalet (B.) , Rv.

RAJAb£LL(Guilleinde), J. ch. cccr

Z. 1* 205.- Père RaljadelL F.- de gu. à la raie {ratjadà) au nal.— Bernât Ratjadeli, F. : d'or au soleil de gu. Kaxadell. en Gai. A.: de gu. à la comète d'or.

Rama , de la suite de la reine. Rv.

Rauirez . Remiriç ( P.], cheva- lier, et son frère Miguel. Rv. (Pedro). II, 439.

Ramon (divers prénoms et di- verses proressions). I, 214, 443: H, 569. Hm. Rv. Ramon exis- tant à May. Bn. et * Ramon, en Gat. A. : d'argent au monde d'az. cintré et croiseté du champ, brochant sur deux rameaux d'olivier passés en saut.

Ramondin (P.) ; Raimundet, Rv.

Raol, Raolf, chapelain de la reine, Rv.

Raolot (Br. de), Rv.

Rascle (Berenguer), Rv.

Rascora (P.); Marlm Perez de Rasquera, Rv.

Raseiiœ, Raserre (Ramon), Rv.

Ravan ÎPere), templier. Bp. F. Raba, Rv.

Raymunda , Remunda (A. de) de Gastellon de Ampurias, Rv.

Razole, Racoles, Rasole (Bg., Miquel Ximenez de), Rv.

Realp (D. de), Rv.

Rebollëdo (Alfonse), Aragonais, F. : d'or à 3 branches feuilTôes de chêne {reboUo) au nat.

Rebot (Ferrer), Rv.

Recher (G.), de Montp. II, 552.

R. de Richer. Rv.

Recover (P.); Recuero (Sébas- tian), Rv.

Redols (Guillem), Rv.

Reg, Reig, Rey, Rex^ de Rege (divers prénoms) ,* Rm. Rv. F. de Rege , sacristo de Lerida. II, 606, 608, 612.

Regali (Bonifaci de), Rv.

Regordana, Reguardan (Beren-

guer de), de Montp. II, 6. J. ch. cxcix. Z. 1* loS.

Rehedor. T.-S.

Rehes (Pons de), Rv.

Rëher (Fer., Br.). Rv.

Reholins (Ferrand, Bertomeu de), Rv. A.: coupé d'az. et fascé- ondé d'arg. et d'az. à la meule de moulin d'arg. percée de sa. broch. sur le tout; à la bord, componée d'arg. et d'az.

Renald, Renaît, Renau (divers prénoms). Rv.

Rrnder (Bertran), Rv.

Reparigo (Marti de), Rv.

Re9, Rees (Pons de). Rv.

Requësens (Père), grand seigneur catalan, se disait parent des Valois de B'rance. F : d'arg. à 3 rocs d échiquier d'az. A.: éc. d'Arag. et d'az. à 3 rocs d'échiquier d'or, h. la bord, engreslée du même.

RETAScno (Andres de), de Teruel, Rv.

Reus (Ar. de), Rv. (Joan de), chevalier. D. 1* 385. Reus, exis- tant à May. Bn.: d'or à la branche de rosier lleurie de 5 roses uu nai.

Revel, Rebel (Bg. de), Rv.

RbVERT (Bertomeu de), Rv.

Revestit (G.), Rv.

Revidana (Brun de;, Rv.

Reyelo (Martin Dominguez de), Rv.

RiAL (G.), de Sant-Giprian, Rv.

RiAMBAL (Guiliem), Rv.

Ri AU LA, Rv.

RiBA(G.), Rv.

RiBALTA (F. de), de Montp. Il, 552.

RiBAROJA (Garcia Perez), cheva- lier, Rv.

RiBELLAS, Ribelles (P. de), Rv. - (Divers prénoms). Z. f" 119, 147, 173. R. de RipeUis. 1, 445. Ra- mon de Ribelles. F.: d'or au lion de sin. et de gu. -- Ribelles, des 9 barons de Gat. A.: d'or au lion d'az. armé et lamp de gu.

RiBER (G., May mon de); Nicolau Ribera, Rv. * Ribera, représentée à May. Bn.: d'or à 3 fasc. de sin.

RiBES (Miguel, Pascual). R. de RippiSf Rv.

RiCART (Ramon) de Barcel. II, 428, 609. P. Ricart, de Montp.. II. 552. Magister Ricardus, de Barcel.; G. Ricardus; Maria Ri- carda, Rv. —Ricart, en Gat. A.: de gu. à 3 ckardons fleuris de 3 pièces d'or.

664

NOUÇNCLATUnB DBS FAMILLES

RiCLA (Domingo Lopez de)« Rv.

Rico (P. Marlm), Rv.

RihRA, Çarriera (R., Br.). Rv.—

Riera. en'Cat. A. : d'or à labando ondoyante d'az. resarcelée d'arg.

* Zarriera, en Cat. A. : d'or au mont fleurdelisé d'az. char, de 2 vergettes ondoyantes d'arg.

RiGALD (P.), deMontp. II, 552.

RiGLOS, de Rigolis, de Rigtiiis (Xi- meno , Martin Lopez de) , Rv. ( Ximcno Lopez, Fernand Lopez) . Z. 1^' 116, 147.

RlHA (P.), Rv.

RiONTZ (Arnall de) et sa femme Simona, Rv.

RiPOLL', Riupol , de Mpullo (di- vers prénoms) , Rm. Rv. Guil- lem Kipoli. F. : d'or au coq d'az. Ripoll existant à May. Bn.: coupé d'arg. au coq au nat., et d'or à 3 lasc. ondées d'az. RipoU, en Cat. A.: d'or au coq de sa. barbé etcrêlé de ga., en pointe îascé-on- d*arg. et d'az.

R I FOLLES (J . ) , R V . Bernât R i- poUes, de Perpignan. F.: d'arg. au coq de gu.

RiQUER (R. de), Rv.— (Ramon). J. ch. CLXxv.— Z., 151.— Ramon Requer. F. : d'arg. au lion de sa. brisant un»» flèche de. .. et ace. en l'ointo d'un carquois de. . * Ri- i{ucr, en Cat. A.: d'or & l'aigle de gu. becq. de sa., à la bord, compo- nàii d'or et de gu.

Ris (Pedro). Ï.-S.

Riu DE E.NEGA (Guillem Perez de), Rv.

Riu DE Mbya, Ruy de Meya (Bernât), appelé plus tard Bernât (le Argentona. I, '26 i.

RiUDiROGA, Hiudirucga. Rivi de Irroga, de Rivo de Oroaà (Garcia Perez, Fernand Perez de), Rv.

RiUDOLMS, Rioiolmorum (P. de),

do Tortose; (Br.); (Guiliem),_Rv.

Rm Ju.Ncos, Ri «le), Rm.

liu Jugos (Romeu

RiULOS (Martin Lopez de), Rv.

Rius (Père, Br.), Rv. Bn.: d'or à 2 bandes ondé«îs d'az. F.: d'arg. au lion de gu. A. : de gu. au lion d'or.

RiusECH (Arnat, Bernât, J. de), Rv. D. f- 340. Bn.: d'arg. à 4 fasc. ondées d'az. F. : de gu. ii 3 bandes d'or rcmpiios d'az. A. : fabcé-ondé d'arg. et d'az. de 8 piè- ces.

RivociRËSO (J. de), Rv.

RoBAu, Roboan (P.) Rv.

RoBËiiT ^Guillem); Rulbertuts, de Tarragone, Km. P Rubert^ de Lattes, et quelques autres, Rv. Bn. : d'or à l'étoi. d'az. ace. en pointe d'une pomme de gu.

RoBi, Rubi, de iîu6w (divers pré- noms), Rm. Rv. F.: d'az a la bague d'or, ayant pour chaton un rubis au nat. * Rubi, en Cat. A. : .d'arg. au lion de gu.

RoBiANA (Guillerma), reçut des biens à Val.^our son mariage, pfo casamentOf Rv.

RocA. La Rocba, Za Roca, Rodi (divers prénoms), Rv. Plusieurs sont de Montpellier, entre autres Jacme de Za Rocha, chancelier du roi et évéque de Huesca. II. 405, 606, 608, 612 Jacme de Roca, secrétaire du roi, est sans doute dif- férent du précédent. II, 597. Parmi ces divers personnages, quelques- uns étaient évidemment de la fani. de saint Roch. Guillem de Roca, Français. F. : d*az. au roc d'échi-

3uier d'or, accosté de H fleurs de lis u même. Père Roca . de Gar- lada. F. : de gu. au roc d'échiquier d'or. Le marquis de Molins. vie. de Rocamora, porte le nom de Roca, et le marquis de Angulo celui de La Rocha.

RocABERTi. Des 9 vicomtes de Cat. 1, 253; IL 365. E. ch. XXXII. Z. f 126, 170, 213. Bp— F.: de gu. à. 2 pals dor charg de 9 rocs d'échiquier de sa. A.: de gu. à 3 pals d or char-

§és chacun de 3 rocs d*ëchi(|uier 'az. Cette illustre fam. est re- présentée aujourd'hui par le mar- quis de Bellpuig

RocAFOBT, Rochafort. Rm. J. ch. XXXVIII, Lix. D. f* 346. Q p 215.

RocAMADOR (Elias, Br. de), Rv.

Rocamora (Père), languedocien. F. : d'or au roc d'échiquier d'az. Roche maure, en Lang.: d'az. à 3 rocs d'échiquier d'or.

RocAUTA (Br.), Rv.

RocRAVER (p. de), Rv.

RocHKTA, Roqueta (P. de). Rv.

Roda (divers prénoms), i, 327. Rv. Z.fM38.— Bp.

Roi)ELL.\R (Juan de), Z. !*• 1 16, 211.

Roden (Pedro Jordan de), Z. i* 205.

RoDBNRRio (R. de), Rv.

DBS RTATS^ DE J^CI^ I*'

m

^DAIGO, de Roderico (Arando- ga. G., Maria ), Rv.

ROGER (Guirad) ; Roger, jardi- nier, Rv.— G. Roger, de Montp. II, 552. Ramon Roger, Bp. * Rotger, h May. Bo. :de gu. au rencontré de taureau d'arg. Ro- ger, de Calella. A.: d'or à la bande a*az. char, de 3 poissons d'arg. lorrés de gu. Rogei , de Prenya- nosa. A.: d'or au lion de gu.

RoiG, Roy, Rubei (divers pré- noms). Plusieurs chevaliers, Rm.— Rv. Jacques Roig, provençal. F.: d*or au domi-soleilet au domi-roc d'échiauier de gu. Roig, repré- senté a May. Bn.: d'arg. à la co- mète degu.; aliàs, côupé-émnnchô d'arg. et de sa. Roig, de Perpi- gnan. A.: d'or & la comète de gu.

RoiGOiNiz. Paix de 1235.

Rois, Roiç, Roys (divers pré- noms). Plusieurs chevaliers et plu- sieurs écuyers, Rv. Z. 159. F.: de gu. à 5 écussons en forme de cœur d'or.

RojÀS, Roxas, Rogas ( Ërmes- sende de ) et ses âls; (Pierre de), Jacme de Roials, Rv. F.— V.: (Tor à 5 ôtoi. draz. en orle. Nom de fam. du comte de Casa-Rojas.

RoLDAN, Roldon (Bg. de\ Rv.— (Martin). Z. i^ 132. Huch RoUan ou Rullan, de Marseille. Rm. HuUan existant & Mav. Bn.: d'az. & la roue d'arg., nu chef cousu de gu. char, d'une fleur de lis d'or. Le comte de Taboada porte le nom de Roldan.

RoMA (Bertomeu de), Rv. '

ROICANBT. Rv.

Romani (Guillem de), archidiacre deXat. D. 366.

RoMAY.NAN (Seguin de), Rv.

RoMERA (Ramon de), Rv.

RoMEU. Fam. de ricos homes de naiuralexa ; I, 136, 387; II, 36 à 38. 291,569. - Z. t" Ul, 212.- F.i d'or au roc d'échiquier d'az., ace. de 3 tisons enflammés au nal. Autres fam.: Eximmus Romei^ de Teruel ; P. de Dona Romea, de Te- ruel, Rv. - Vasco de Romeu , orig. de Galice, F : coupé d'arg. à Taigle de sa. et d'or à la fleur de lis d'az. entre deux branches de romarin au nat.— C. Romeri, de Montp. II, 552

RONCAL (Rg.), Rv.

AoNÇAS VALLES , Roncidevalium IFrater Lupus), commandeur de Burfiana) Rv.

T. II.

RopBST (Ximeno de), Rv. RoQUEFEtJiLt Rocafuil, de Roch/a"

ccLXVii. D. f 333. F. : de gu au roc d'échiquier et au cornet dor.

Roquefeuil en Lang. : de gu. écartelé p r un fllet d'or en croix i, 12 cordelières d'or posées en forme de trèfle, 3 dans chaque quartier. Fam. représentée de nos jours en Lang.

Ros (divers prénoms), Sancius Rufus, Rv. Bp - T.-S. Roâ," en Cat. A : d'az. à la bande d'arg. char, d'un rosier de sin. fleuri de gu. et ace. do 2 étoi. d'arg Con- stantin de Ros , F. : éc. d'arg. au lion de. . . et d'or à 5 roses de gu.

Félix Ros de Ursi, romain. F.: d'arg. à l'ours ou au bceuf de . . surm. d'une rose de gu . Oflredo Ros de Urslno et ses frères, de la' fam. Orsini d'Italie. D.f»323.-i-V.:' d'arg. à la rose de gu.— Orsini, en Italie , et des Heurs de CalviaC et de Mandajors , en Lang. , por- tent: bandé d'arg. et de gu ,- au chef d'arg. à la rose de gu. soutenu d'une fasce en divise d'or , dhar: d'une anguille d'az.

RosA (Maria), Rv.

RosANES (B. de), chevalier : (Do- mmço, R. de), Rv. Z. f* 214, -^ A.: de gu. à 8 roses d'or.

RosELL. Rossell (divers prénoms et diverses professions), Rv. Bp F.: de... au château de gu. baigné d'une mer sur laquelle vole un oiseau de. . . Hosell , existant à May. Bn.: d'or à 5 rose-s de gu. 2. 2 et 1. Rosell , à Val. V: d'arg. au mont fleurdelisé d'az. issant d'une mer du même et surm. d'un oiseau posé au naU :

RosELLO , Rossello , Rossillion (divers prénoms), Rm, Rv. -^ J. ch. ccxcvi. Z. f 206. Fam. distinguée représentée de nos jours à May. Bn.: coupé de au, à S ar- balètes d'or, et d'or a la tète de Maure de carn. posée de front.

RossiNOL (Joanel), Rv. Bn : de gu. à 2 pals d'or char, chacun de deux rossignols volants au nat., coux de dext. cent .

ROSTEL (J.), Rv.

RoTGLA (Guillem), de Toul. ou de Toi. F.: d'arg. au rosier fleuri au nat. . -.

U

666

IfOMENGLATCEB DBS VAMILLBS

ROUDORS (6. de), Rv.

R0US8ILL0.N' (Sanche, c" de) et son fils Nunyo Sanchez, de la mai- son de Barcelone, sont trop souvent mentionnés dans notre ouvrage pour que nous puissions renvoyer le lec- teur à tous les passages il est question d'eux . Leurs armes sont celles de la maison de Barcel.: d'or à 4 pals de gu. F. parle dun Femand Sanchez, comte de Rous- sillon ; probablement l'infant don Fernand, abbé de Montaragon, qui ne f\it jamais comte de Houssillon. Fomand aurait eu un fils naturel dont les armes auraient été d'âpre F.: d'Aragon au lambel d'az.

RovENOT, Rovenet, Rv.

RoYiRA, Za Rovira, Sarrovira (G.. P., Bg. de), (R.) de Tortose; (F.) de Tarragone, Rv. —Plusieurs fam. de ce nom : 1* à Girone. A.: d'or au chêne de sin. dont le tronc est traversé par un dard d'arg. em-

d^. au pal d'arg. accosté do 2 lions " r. P.: d'or au loup au

ailr. d'or,

penné de gu. - 2* à Cardona. A: . aupald'arff. d'or, nat.

Rot (Bg.) de Moutp. (Donjoan, J.), Rv.

RuBio, de Rubione^ de Rovione (G., Joan, Arnalt de), Rv. J. ch. XL Z. f* 122. Le marquis de Piedrabuena porte Je nom de Rubion.

RuFA (Loreni); B. Rufar, Rv.

Ruiz (divers prénoms). Plusieurs chevaliers et écuyers , Rv. Gon- zalvo Ruyz, commandeur d'Alma- zan, Z. f* 159. Ruiz deCascant. Navarrais, F. V: éc. de gu. à 2 pals d'or, et d'or à la bande d'az. ace. de 2 fleurs de lis du même.

RuiLES (Martin de), II, 579.

RuLL (Bernai), F.: de gu à 3 têtes de rois maures au nat.

RuviELOS (J. de), de Teruel, Rv.

RuYLANS, Ruilans (P.), Rv.

Sabadell (Mateu) ; Bernât Sapa- tell, de Barcel. Rm.

Sabastia (Maria); Br. Çabatia, Rv.

Sabateb, Çabater, Zapater(divers

S rénoms). Différentes fam. Rv. acques Sabater, de Paris, F.: de., au soulier à l'antique de sa. ace. d'une ûeur de lis de.. Sabater, en Cat. A.: d'or à 2 souliers à l'antique l'un sur l'autre d'az. Sabater, à May. Bn.: d'or au sou-

lier à Tantique de sa., à la bord, componée des 2 émaux. Le mar- quis de Gapmany porte le nom de Sabater.

Sabela (Père), Rv

Sabisbal, Zaoisbal,<te£'pùoopalt (Père de), de Tarragone, Rm. Rv. De gu. à un évoque de cani. vêtu d'habits pontificaux d'or.

Saburgada (Benel), F.: d'or à... fasces ondêej a az. ace. de 3 roses de gu.; et de... à l'yeuse de sin.

Sacrista (P ), Rv.

SADAVA,Sadua (divers prénoms], Plusieurs chevaliers, Rv. J. di. CLvi. Z f 149. D. (* 335. - Bp. F.: d*az. à la cigogne d'arg. perchée sur un rocher de...

Sadaura (Fortun Lopez de), Rv.

Safparbig. Galareg (Jacme, Bg., J.), Rm. Rv.

Saga (Amaltde), Rv. (B. de). I, 444. (Sybilia de). II, 4SI, 606.

A. : de gu. à 3 cnnss. versés d'arg., 3 en pal et 2 à chaque Dana

Sala, Za Sala, Sasala (divers pré- noms). I, 214 à 217, 443, 453, 158.

Rm. Rv. Sala, à May. Bn.: d'az au palais d'or. Sasahi, en Gat. A. : d'or à une fieiçade de maison pignonnée de 2 pièces d*az.

Salas (Guillem de), chevalier. J. ch. CLiii. F. : de sin à la massue de... (Martin, Bamonet de), Rv.

Salarn (Guillem). Rv.

Salanova (Pedro), deSaragœse. F.: d'or au château de. . . ace d'un lion de ..

Salaverd, Çalavert (P., B. de). Rv. Le maVquis de Torredlla, de Navahermosa, etc., et le comte de San Rafaël, portent le nom de Salabert.

Salces (Garcia). Bp. P. de Salzes, Rv. Rodrifo de Salœs. F.: d'arg. à la fasc. a az. ace. d*uD chevreau et d'un coq de. . .

Saldo (Domingo Parez, Bnz, Joan Perez de), Rv.

Salellas , Salelas (P., Rostang de), Rv. F.: de. . . au salin de. . . dans lequel 2 nymphes prennent du sel. ~ Salelles, en Cat. A. : de gu. au chevron d*arg. aoc. de 3 croiss. versés du même.

Salena, Galena (Bg., F. de), Rv.

Sali, Salin (Stevan, Ramon del), Rv.

Salibnt, Salent (G., B. de)i Br.

J

DES ^TATS DE JACHE I**

667

A. : de gu. au cartel d*or charg. d*un saiMe de sin. *

Salijmas, de SaIinis(P., Ximeno de), Rv. (GuiUera), F.: de gu. au salia de... surm. d*un soleil d'or.

Salhast, Salmosi (J. de), Rv.

Salmo, Salmoy, Salmonz (Ste- van, R., J. de), Rv.

Salomon, Saiamo, juifs, I, 377. Rv.

Salort (Père de), F.: d'ar^. au salin de. ., et d*or au jardm au nat-

Salvador, Salvator (divers pré- noms et diverses professions). Rv. Père Salvador, ao Soria, F.: d'arg. à l'aigle de... à la bord. d*a2. char. de flanchis a*or. Père Salvador, de Vich, F.: d'az. au croiss. d'arg. ace. de 6 étoi. d'or.

Salvatre, Salvator (P.) » de Montp. U, 552.

Salvia (Joan de), de Montp. Rm.

Salcet, Saizet (B., F., Roboat de), Rm. Rv.

Samalaz (P., G. de), Rv.

Samatan, Sanmatan (A., D. de), Rv.

Samigo (Bg. de), Rv.

Samisan (R.), Rv.

Sanauja. Sanaugia, Senuga (di- vers prénoms), Rv. Sanabu^ja, en Cat. A.: de gu. à 2 lions adossés, les queues entrelacées d'or .

Sanchez, Sans, Sanz (divers pré- noms), Rm. Rv. J. ch XX. Jacques, Berenguer et Pierre Sanz, orig. d'Allemagne, d'après les uns, de Montp. d'après d'autres. I, 291, 299, 457; II, 8; 133, 569. a f^ 336, 340. F. —V.: coupé d*Arag. et d'ai^. au demi- vol de gu. Sans, en Cat. et & May. A Bn: coupé d*az & l'étoi. d'arg. surm. de 7 étoi. plus petites rangées en demi-cercle, et d'arg. à 2 palmes de sin. en saut, tenues chacune par un bras de cam. vôtu de gu. mouvant du flanc.

Sancho, Sancha (divers indivi- dus), Rv. Père Santjo. F.: d'az. à la bande d'or ace. d'un cygne d'arg. et de 5 étoi. d'or.— Frances San^o. F.: d'Arag. et de gu. au cygne d'arg. sur un rocher.

Sangarrbn (G., Père de). Rv.

SAN6BNES,Sandt Gene8i{G.f Bg., Br. de), Rv.

Sangosa (G.,P., J.| m. de), Rv.

Sanguatre (R), Rv.

Sanros (Bertomeu), Rv.

SAisSELLN (Simon), notaire, Bp

Sanson (Sans), Rv. Maître Samzo. II, 166, 377

Santa Agna (S. de), Rv.

Santa Cilia (Arualt de), Rv.— Bn. : d'arg. à 3 fasc. de gu. Santa-Giiia, en Gat. : d'arg. à la sphère de sa.

Santa Coloma (Bernât de), Rm.

Bp.

Santa Grux (G., Domingo. R., Diezde), Rv.

Santa Eulalia (Bg. de), Rv.

Santa Fb (Pons, Galceran de). Z. f^' 119, 213.

Santa Maria (divers prénoms), Rv.

Santa Mbra (Vital de), Rv.

Santa Oliva (divers prénoms), Rv. D. f 385.

Santa Pau (Hue de), viguier de Girone, Z. 1* 205. Des 9 nobles de Gat. A. : fascé d'arg. et de gu.

Santa Tecla, Rv.

Sant Andreu (Père de), Rm Rv. Bn.: de gu. è. 4 fasc. d'arg., à la bande du même brochant.

Sant Antoni (Domingo), Rm.

Sant Geloni, de Sancto Celi- donio (Guillem, Arnat de), Rm.

Rv. Bn. : de çu. à la tour d'or surm. d'un griffon rampant du môme et accostée de 2 chausses- trappes aussi d'or ; à. la fasce cousue et haussée d'az. broch. sur le griffon.

Sant Cir (Br., Bn. de), Rm.

Sant Clément, Sant Gliment (To- mas de). H, 597. Z. f 177. Sant Gliment, en Gat. et à May. A.

Bn. : d'arg. à la cloche d'az. Devise : Ave Maria, -r- Nom de fam. de la marquiso de Serdauola, de Boil, etc.

Sant Cucufat (A. de), Rv.

Sant Feliu, Sant Fehx (G. de), Rv. Bp. Simon de Sant Feliz, notaire et secrétaire du roi. II, 608, 612. Denis Sant Feliu, de Bor- deaux. F. : éc. d'or et de gu.

Sant Gaudens , Sengausens , Sancti Gaudencii (Pelegrin de), Rv.

Sant Gaugat (Ar.), Rv.

Sant Gil, de Sancto Egidio (Guillem, Eymerich de), Rv.

Sant Guillem (Brez de), Rv.

Sant Ipolit (G. de), Rv.

Sant Joan (Bn. de), Rm.— (Père

'éâ

••l I. -

IfOMENCLATURE DES FAMILLES

de), Bp. (Pflre, Ar., D. de), Rv.

Ramon de Sont Joan. F.: d'az. au livre d'arç. sur lequel se trouve un agneau de saint Jnan-Baptiste.

Une branche de la fam de Sant Joan existe à May.; les autres sont éteintes dans les maisons de Salas, 'Espaûol. Hossifiol et Villalonga. Bn : d'or à 3 fosc. de sa. -— A : d'arg. à l'aigle de sa. beoq. et mem- brée d'or, à la bord de gu.

Sant Just (B. de), de Lunel, Rv.

Un acte des archives d'Arag. (Parch. de Jacme 1", n* 767), con- tient une donation de maisons à Val. fhite à Bernât de Sant Just, frère l'évé^ d'Aade. De gu. à la croix dor. lïertran, Pascasius, Guillem de Sant Just. Rv Sam Just, en Gat. A.: d'or à la cloche d'az. bordée et bataillée d'arg. ace. de 2 étoi. d'az.—* Sant Just. à May. Bn.: éc. en saut, de gu. et d'arg. à la bord, échiq. d'nrg. et. d'az.

Sajct Marti (Ramon. Père, Guil- lem, Frances de). I, 233, 243, 256.

Rm.— Bp. (Ferrer de), prévôt de l'église de Tarragone, puisévéque de Val. II, 389. ^Rigol, B., A de Saut Marti, Rv. -^ Fam. distinguée de May. éteinte dans la maison de Morey. Bn.: éc. d'arg. à2fasc. de

§u., et d'or à la cloche de gu. ant Marti, en Gat. A.: d'or à la croix fleurdelisée de gii. G. de Sant Marti, de Montp. II. 552.

Sant Matheu (G. de). Rv.

Sant Mblio (Père de), secrétaire du roi.— (Br. de). Rm. (P., G. de), Rv.

Sant Miguel (G. de), de Tortose, Rm.

Santo Domingo (G.' de), Rv.

Sant Paul, de Sancto Paulo (B. de), de Montp. II. 552.

Sant Pbre, Senpere (Guillem de), chevalier; (Ar. de), corroyeur; (Ar., J. de), Rv.

Sant Ponz (Gulllerma de), Rv.

Sant Ramiao, de Sando Re- mt'rtd (G. Bcmat de), Rv.

Sant Ramon (Joan, Ramon de), Rv. Janot de Sent Ramon, orig. de Toscane. F. V . : coupé d'or à la cloche d'az . , et d'az. à l'étoi. d'or. >

Sant Homa, San Roman (G. Ber- nât de), chanoine de Barcel.; (P. I^opez de), Rv.— (Guillem de), cha- noine. II, 79.

Sant Vingbns, Sent Vicens (Guil-

lem de). I, 256, 308, 464. Rm.— (Bernât de). II, 493, 589. J.ch. ceci (Vicent), Français. F.: d*ar«. à la cloche d'az. ace. d'une fleur Se lis et de 2 oiseaux. Sant Viœns, en Gat. A : d'az. au lion d'or.

Sanxonavarro (Rodericus de), de Teruel, Rv.

Saquer (Père), Bp.

Saragoza (divers prénoms et di- verses professions). Nom d'orig. Rv.

Saratnena, Sarayana, Saraynan (G il, Dominço, A. de), Rv.

Saraza (Gil Perez de); P. de Za- rachs. de Tortose, Rv.

Sardina (BernaU Ramon), Rv.

Sardosa (P,), Rv.

Sarrëgal, Zarejal ( B. , Maria de), Rv.

Sarria (G. de], chevalier, P. Ka Saria; Arnalt^ Vital de Sarriano^ Rv. Bp. Joan Sarria, de Jaca. F.— V.: éc. de gu. à la fascéchiq. d'or et de sa., et d'or à l'oranger de sin. fruité d'or, au porc de sa.

f»assant et broch. sur le tronc de 'arbre. Guillem Sarria, Galicien. F.: de gu. à 5 coquilles d'or.

Sartanas (Sire Guillaume de), Rv.

Sar VISSE (P. Martinez de), Rv.

Sasso (Père de), Rm.

Sasthe, Sartre (Berenguer), de Marseille.— Rm.— Bn. : d'az. aux ciseaux d'or soutenus par 2 lions afl'r. du môme. R. Sartre, d'Al- menara ; P. Sartre, Rv. Sastre ou Sartre signifie tailleur.

Saudera (P J, Bp.

Saura (B., Pero), Rv.

Sauri, Saurinus (Pons) ; Guerau Saunna ou Sauzina, «Rv. Bp,

Saval (P.), Guillem Zaval, Rv.— Bernât Gavai reçut des terrée Al- coy. D. h 355.— Zavall» en Gat A.: d'az . au cheval cabré d'arg. harna- ché de gu., bouclé d*or.

Savaner (P.), Rv.

Savart (J. de). Rv.

Savassona (R. , A. , Benêt de), Rv.-^ A. : dor à 3 roses de gu. boutonnées du champ, au V de sa . en abîme.

Sax (Père de), Bp.

Say AS (Guillem, Ximeno de), Rr.

Sbbrt (Guillem), Bp.

Sgudellbr (B.), Rv.

Sebastia. Sebastianus, Rv.

Sec (Guillem),. Ry.

Sega (Domingo, Berenguer de)

DÉS itkts bk uciik i*'

m

recurent des biens à Olocau. D. T 379.

Seder (Mahomet), sarrasin ; Be- renguerona Seder et sa mère, Rv. Sbgahra, Çagarra (divers prénoms), Rv.— Arnau de Segarra, domini- cain, II. 358, 383.— J.y chap. cclx.

Sîagarra , en Gat. A.: de sin. au livre ouvert d'arg., recouvert d'or. à i'épée en pal, la pointe en bas broch. sur I9 livre ; le tout eantoniiô de 4 fleurs de lis d'arg.

Segars (P.), Rv.

Sbguer (G.), de 3arcel. Rm, 6. de Seger, chevalier ; G. Segiier de Rochafera ou de Rocafort, Rv

G. Seguer, professeur de droit à Montp. II, 462.

Sbgueyrolla (Bg. de). Rv. Seguy (divers prénoms). Un huis- sier du roi. Rv. Ramon de Se- fuino , noblo hongrois de la suite 0 la reine. F.: de sm. à 2 fasc. d'or.

* Segui, à May. En. : d'arg. à la bécasse au nat.

Secundo, Secundi (Père) , Rm.— Bp. Sbgura (plusieurs prénoms), Rv

(Gil Xamcnez de), chevalier; .(Pedro Ximenpz de), évoque de Se- gorjDO. D. 38,5.

Sbinoro (Arhalt de), de Teruel; D. de Seynero, Rv,

vres de sin. et sommé d'un char- donneret au nat.

Selvabona (G. de), Rv.

Sénat, Se'nado (P.), Rv.

Semeraz (P.), Rv.

Sbktia (Lope Ortiz de). Z. f^ 202.

Sentm ANAT, Sant , glanât, Senme- nat, de Sando Minato (divers pré- noms). II, 589.— Rv.—Bp.— Noble et ancienne maison de Gat. repré- sentée de nos jours par le marquis de Castelldosrius. grand d'Espagne, pardon Joaquin Marja Gasol y Sen- menat, marquis de Senmenat, comte de Munter, sénateur, et par don Ramon Maria de Senmenat y D^- puiol, marquis de Giutadilla, fils du précédent— A.: de gn. à 3 cartels d'ar^. char, chacui^ d'un demi-vol abaissé d'&z. {Aliàs bordé d'or). Qi- ipier: , un monde. Devise: Quien menas en U tuviere vivira cuando 'muriere.

Seppesa (G. (|e), Rv. ,

Sspulero (Domingo dé), Rv.

SERAbuRA (t>onllt); È., G., à. Serrador, Rv.

SERNATjfG-), de Tdrtose, Rv. , Serra, Sera (Père), de Montp,, G . Za Serra, Rm.— Serra, Za Serra (divers prénoms), Rv. (Ramon ', teinplier, L 327, 328 J. ch. xcix.

Bernât Serra. P.: d'arg. à la scie au nat. Serra, existant à May. Bp. Bn : degu. à la scie au nat.

* Serra, dePulg-Gerda.'A.: 4e gu. à la scie d'or cordée d'arjg., à la bord, coraponnée d'or et de gu.— ♦Serra, de Barcel. A.: d'arg. à '3 têtes d'aigles, arrachées dQ sa., col- letées d'une couronne antique d'or.

. Skrralon'ga (Bemat, Hugo de). Z. 119 A.: d'or au château donjonné d'az., aj . de sa., au lidn d'or sortant par la porte à demi fermée d'arg.

Serralta. Bn.: d'or à la bande de gu. char, de 9 petits monticules ae sin. surm. chacun d'un pin du même et posés en bande, 3, 3, 3; à la bord, cbmponée d'ôr et de gi>.

Serran, Serrano, Serrana (divers prénoms et diverses profesisions),

SERRfÀNO (Pon^ de), notaire, I, 449. .

Servent (Berenguer), de Perpi- gnan, F.: d'arg. au cerf d'az. tenant sous ses pattes de devant un croiss. de gu.

Sbrveri, de Girone, trotlbadôûr, IL 4^9, 511.

Servoles, Servolas (P. de). Rv.

Sese, Sesse. Sasse (divers pré- noms). Plusieurs chevaliers. Fap. domesnaderos devenus ricos homes. 1, 175, 206, 276.-: Z 1* ll2 141. B. F.: dW à 6'l)esàitts, d'or,

'Sé.tcastella fJ. de), Rv.

Setpons (Miguel de), de Jaca, Rv.

SKtj(G. deïa),Rv. , . Sbva (Arpalt), de Paris. F.: de gu. au cypie d'arg. entre 2 pals d'or remplis de sip. -r Arnalt jSeva, Catalan. F.:' de sin. et degu. au cygne de... Bérriat de Seva. F.: de... à Tanimal appelé «awa *(?) fuyant devant un lion de...

Kv.

SEVANNAN (Marti dé), Rv Setnos (Sancho ae).

de Jaca,

, Sicard. . Siscart, Gicart'(R:, *J., Pr. Gombald), Rv.' Bamon de Siscar s'engagea à sdlvre'JTacme km

670

NOmmCLATURB DBS FAMILLES

Terre-Sainte. Doc. jftMt. VL171 *Sicart, ODCat. A.: d*or àlarbras arrachés et ébranchés de gu . à la fasc. d'az. char, de 1 ôtoi. d'arg broch. sur le tout Siscar, en Gat. A.: d'or au roseau arraché de sin. veiné d'or.

SiciLiA, GlctUa, SecUie (Martin deT. Rv. ^

SiGNOS (Blasco), Rv.

SiLVESTRE (Romeu de) , de Te- ruel, Rv.

Simon (Guillem), Rv. Simon, II, 404.

Sipan(R.), Rv.

SiHOT, chevalier français, 1, 303

SiSTERNBS (Père de), ori^. de Bretagne , P. : d'arc, à 6 dée à jouer de gu. marques chacun de 3 points (ternes) d'or.

SOBECOSSBR (Tomas de), Bp.

SoBiRA.x (Guillem), Rv.— * Subi- ra, d'Eroies, A.: contrepalé d'or et d'az. Subira, de villafranca. A. : coupé d'arg. à l'arbre de sin. terrassé du même, soutenu par deux lions alTr. surm. chacun de 3 étoi. d'or, et yarti de gu. à 3 fasc. d*arg. et d'az. à 3 fleurs de lis d'arg.

SoBiRATS (Ramon de), Z. f* 112. * D'or au coq de sa. crête et barbé do gu. sur un mont de sa.

SoBRARBB (G. de),Rv.

SoLA, Solan, Dessola , de Solano (Guillem de), de Barcel. Rm.— A.: d'az. au soleil rayonnant d'or.

SoLANs (Arnalt de) s'engagea à suivre Jacme en Teire-Sainte. Doc. ined. VI, 174.— Bernât de Solanes. P.: de sin. au soleil d'or.

SOLER (Amaltde), Rm., s'engagea à suivre Jacme en Terre-Sainte. Doc. ined. VI, 174,— Soler, del Soler, avec divers prénoms . Rv. Soler, à May. Bn.: éc. en saut. d'az. à la maison d'arg., et d'or au chardon fleuri au nat. Joan Soler , P. : d'arg. à. . . plantes de pavot fruitées d'or, etdegu. à 2 tours d'or. Ra- mon de Soler, de Lyon. P.: d'az. au soleil d'or, et d'or au lion de. . . Alfonse Sbler, galicien. P.: de ru. à 3 tours d'arg. * Soler, en Gat. A.: d'az. ausoled d'or surm. de 3 étoi. d'arg. 1 et 2.

SoLOT (Bg. del), chevaliei", Rv.

SoLSONA [Ramon de), I, 255. [G. de); Bemardus de Solsona, har- hiUmsor, Rv.

SoLziNA, Sotzina, Çolcina (divers prénoms), Rv.

S

SoMEBBS, Someras (Joan de), de Tortose, Rm.

SoMOXS (R. de), Rv.

SORDELLUS, peut-ôtre le mAme

le le troubadour Sordello, II, 5S3.

.11,11, 13, 459.

SOBBLL (Amalt de). F.: d'or à 2 poissons (soreUes) de... Nom de ram. du comta de Albalat.

Sûres (A. de), abbé de Santas- Gruces; (Guillem de), de Mont- blanch; (Ramon dek Rv.

SORBSA (R. de), HT.

SoBiA (G.) d'AlmenarB: (Marti de); Dommgo Sorian, boucber, Rv.

SoRRiBAS (Bg. de), Rv.

Sos (Ximeno de), et safoouBM Berenguela. Rv.

SoTO (Alfonso de). P.: de... an bocage peuplés d'oiseaux et d*ani- maux.

SOVEN (G.), Rv.

Spancer (Guillem), Rv.

Sparsa (Lope de), Rv. Voy. Esparza.

Sparegeba, Desparegera (R.), tailleur de Lerida, Rv.

SPBRANOEu(Guillom, Sanchode), Rv. - (Lope Sanchez de). D. f* 357. * Speraneu, à May. Bn.: d'az. au lévrier rampant d'arff. surm. d'une étoi. d'or au canton dextre.

Spbtiatre (R.) , de Mootp. Rm. Probablement nom de pày- fession ; especiayre signifie épicier.

Staci, StaciuSf de Toul. Rv.

Starblla (P.), Rv.

Stradkl (P.), Rv.

Strbgo.ma (Simon de), Rv.

Struil (B. de), de Tortose, Rv.

SUAREZ, Suanz (Martin), Portu- gais, Rm.

SuAU (P. de), de Gervera, Rm. Suau. dfiSuat^» (plusieurs prénoms), Rv. (Joan do), d'DrgeLP-: tfor au filet en croix de sa. Suau, à May. Bn.: d'az. à 3 bandes d'arg. char, chacune de 3 mouchetures d'herm. de sa., au chef d'or char, de 4 pals de gu.

SuBRiPPi9(B. de), Rv.

Suera, Guera, Zuera (Nicolau, P., P. Gil de), Rv.

SiTiLOLS (B. de), Rv.

Suiner(J.), Rv.

SuMiDRiç (magister Fonekis de), Rv.

SuRBDA (Arnalt). Pam. distin- guée de May. représentée par le marquis de Vivot Bn. : d'or au chéne-liége arr. au nat

DBS ifTATS DE JAGJfE 1"

671

SuvizA (Sancho Lopez de), Rv.

Tabici (Jacme), Rv.

Tagain (J.)i d^Almenara, Rv.

Tadagnan (P.), Rv.

Tadbrina (P. de), de Tarrega, Rv.

Tagamanent (Père de), Bn.— A.: échiq. {aliàs losange) d'or et de sa.

Tahuste. Taust (P., Domingo Perez de), Rv.

Talavera (Bg.), Rv.

Talla (P. de), Rv.

Tallada, Tavlada, de Ta'lata (G., Beraat de), Rv.— (Guillem de). Français. F.: d'or à 3 fasces de sa.

(Bernât de) reçut des biens à Xat. D. f 340. V.

Taltevdl (Domingo de), Rv.

Tauarit (R., Bg. de), Rv. D. f 350. (RamonJ F. : d*or au lion de sa. couronné d arg. Tamarit. F.: éc. d'arg. au lion d'az. et d'or au lion de sa. A.: d'arg., au lion d'az. lamp de gu., cour. d'or. Nom de fam. des marquis de San Joaquiny Pastor. On trouve aussi dans la Rv. Tamarit. peUicer, et Iba Tamaret.

Tapiador (J.), deHuesca Rv.

Tapiola, Tapioles. Tapiols (Bg., P. de), Rv.

Tarragona, Terrachone^ de Ter- rachona (divers prénoms), Rm. Rv.

Tarasgon, chevalier, Rm.

Tarazona, Tarassona, de Tiras- jona.— Nom de fam. du mesruidero Ximeno Perez, créé baron d'Arenos et premier rico home de mesnada, et de son frère Pedro Perez, justicia.

I, 136, 175, 187 206. 276, 320, 324, 341 à 347: II, 35, 39 à 41, 80, 95, 96, 133, 184, 285, 287, 291, 377. 405, 439, 569. Z. f»171. B. BJ. F.: d*or au soulier à l'antique de sa. Tarazona, avec divers prénoms, Rm.

Rv.

Tarba (Gelacian de), de Jaca. F. ' de sîn. & D roues de cnar. Tares (Marti de), Rv. TARGUAffOVA (Bg. de), clerc. Rv. Targuer (R.. P., Joan), Rv. Taribo ^&.), Rv. Tarin (Estevan Gil, Juan Gil).

II , 504. J. ch. ccxxxix. Z. !*• 175, 211 —B.— F.: d'or plein et d'az. & 3 fasc. d'arg.

Tarrassa, Terrassa (Bg. de). Rm. G. de Terracia, II, 589. Br. Taracha. Rv. Bn.: d'az. au <âi&teau d'arg. posé sur un mont

d'or et sommé d'une bannière d'arg.

Tarrega, Tarraga, Rm.— (Divers prénoms); Guillem de Tarragan, Rv. V.: d'or à 3 branches de ta- maris de sin. liées et fruitées de gu. Tarrega, de Mont-Blanch. À.: 8 Doints d'or éguipolésà 7 de gu . Tarrega , de Villafranca . A . : d'arg. à 3 épis de sin. liés de gu.

Tavalina (Pedro Ruiz d^ reçut des terres à Orihuela. D. f 335.

Tavars (B. de), de Tortose, Rv.

Tavernbr (B.J, de Peralada. Rv.

J. TabernartuSt de Montp. II, 552.— Taverner. en Gat. A.: ec. de gu. au chevron d'or, ace. de 3 fleurs de lis du même, et d'arg. à l'arbre arr. de sin.

Tatava (Ramon de), I, 255.— E. cb. XXXI.

Tellot (R. de), Rv.

Tena (P.). Rv.— (Amalt de). Paix de 1235.

Tende (Marti) etDolza, sa femme; Pascual l'endo, Rv.

Tender (Balaguer). Rm. Adan Tendero, Kv.

Tenesin (R.), Rv.

Tenio, cuismierde la reine, Rv .

Terbilan (Stevan de) , Rv.

Terion , de la suite de la reine, Rv.

Terhens, Termes (Olivier de) , I, 255, 269 ; II, 330.— Z. !*• 128, 201 .

On a dit par erreur qu'Olivier de Termes était venu dans le Midi à la suite de Simon de Montfort ; on l'a confondu avec Alain de Roucy, créé seigneur de Termes par le chef de la croisade contre les Albigeois. Oli- vier était de la fam. des anciens seigneurs de Termes, chef-lieu du Termenois. qu'on disait issue des comtes de Barcel. Termens, à May., se disant issue d'Olivier, est repré- sentée , par substitution , par le comte d'Ayamans et le marquis de Vivot. Bn.: éc. en saut, de gu. à la fleur de lis d'arg., et d'arg. au croiss. versé d'az. Sceau d'après D. Vaissète : un lion et, au revers, 3 chevrons brochants sur un lam- bel. Armes, d'après la salle des croisades : d'arg. au lion de gu. Borracius , Pons de Termenes, de Termens. Rv. Guillem de Ter- mens, du comté d'Urgel. F-: d'or à 5 oiseaux de. . . Termens, des 9 nobles de Gat. A : d'or à 5 alouettes volant de gu. becq. et membrées d'az.

a7^

NOMSNGLAVVRE DP FàH;i,LE8

Tv^^k (Guiralt deV Bv.

TEaov£S (Bg. de), Rv.

TeaRAN (Bg. de), Rv.

Tbi^rbn, cordonnier, Rv.

TERRfB (Garcia), chevalier, Rv. GuiUem Terrer, non erat hic, dit la Rv.

lERao (fiomingo), de Galatayud. Rv.

Tbrcrl, Terol (divers prénon^s), Rv. Voy. Hargilla .

Teuls, teus (J., P. de), Rv.

Texbda. Texada (R.), Rv.— Bp.

IBYLET, Teillet, TeUet (8., R., 6. de), Rt.

TbtIiLA (Domingo de), Rv.

lETtLO, Tello (P. de), Rv.

ToMAS (Mateu); Tomas, tailleur, Rv . Fer^ Tomas. 1, 443.

TiBALT, tnenascalcus, Rv.

TiBissA (G , Bg), Rv.

Tiearo (Mateu de), Rv.

TiGAC (P. de), Rv.

TiHA, femme d'Adam, portier de la reine Rv

Tmo, Tion (A.), de Barcel.; (Bg.), Rv.

Timor lBurdu$ de), Rv. - (Dal- maOi Arnalt de) de la fam. de Que- ralt. Z. 119.

TfNTO (Marcb Antoni), noble génois. F.: d'az. au demi-vol d*or .

TiNTOHER (Bg.), Rm. B. Tm- turor. Rv.

Tizo. Tizon, Ticion. Fam. de mesnaderos élevés plus tard à la rica hombria ♦- Rm. F.: d'az à... tisons. B.: d'arg. à 5 tisons de sa. allumés de aa

TODONORM (P.)» Rv.

TocEL (P. de), Rv.

ToGORRfS,d« TtJtgurris (divers prénoms). Plusieurs chevaliers, Rm. Rv. F. Berthomeu de Togores s'engagea à suivre Jacme en Terre-Sainte. Doc. ined. VI, 174. Illustre fam. qu'on dit orig. de Gascogne, représentée par le comte de Ayamans, le comte de Pino-Hermoso, çrand d'Ëspa£;ne, et par le marquis de Molins. Bn.: de gu. au griffon d'arg. couronné du même.

ToLEDO (Martin de), Rv.

ToLO (P.), d'Almenara, Rv.

ToLOSA (Bernât de\ de Barcel. Rm. (Divers prénoms); Stasius et Riimundus Tolosanus, Rv.

ÏOLRA (Arnalt). Rv.

TOLSAfBg.G.), Rv.

TONA (R de), Rv.

To!(po (D.), Rv. p. Tonda. F., de sin. une tour 4'arg. et une tente de campagne.

TOPIRER (Guillem), Rv.

ToRAL{Bertran), Rv.

TORCAT, Rv.

ToREDEs(Francesde), Rv.

ToRELLo (Bg ) . Bn. : d'or au taureau de sa. oroch. sur une tour au nat.

ToRGET (Fer de), Rv.

TORINNA. Rv.

ToRNAMiRA, Tournemire. I, 85.— Rv.— Bp.— Fam. qui paraît avoir une orig. commune avec la maison de Tournemire d'Auvergne, dont elle portait les armes. A.: d*or à 3 bandes de sa., à la bord, de gu. char, de 10 besants d'arg., au firanc- guartier d'herm. Tomamira , à May. éteints dans la fam. d'Olesa. Bn.: d'az. au mont d'or surm. d'un lis de jardin d'arg. feuille du même.

ToB.NBL, de Tornello (Magister G. de), Rv.

ToR.NER (Pons, Père). Rv.— (Ra- mon;. F.: d'or au lion de sin.

ToRNERO.NS (R . de ) et sa femme Teresa Perez, Rv.

TORPI, Turpi (Joan), Rv.

ToRRAFREBR, de ToTTafresario (A., P. de). Rv.

ToRRALBi (Marques, Marchesia de), Rv. F.: de sin. à la tour d'arg.

ToRALLA, Torayla. Torrella, To- roella, Torrellas, Torrelles. Ces noms désignent au moins 3 fam. différentes; mais les inexactitudes d'orthographe empêchent le plus souvei.t de reconnaître à laquelle des trois appartiennent les person- nages désignés dans les documents. B(irnat , seigneur de Torroella, de Santa Ëugenia et de Montgriu ou Mongn , mt 1 un des principaux barons de la cour de Jacme. I. 233, 256, 264. 308, 309, 328, 365. Rm. Rv. Son frère est appelé dans les chroniques Pons Guiflem de Torredel , I, 365. J. ch. XX, XLv. Z. f" 113, 124. Ramon de Turricda ou Turrucela, premier évéque de May., était aussi frère des précédents, Bn. GuiUem de Toroela et Êlfa dd Torella parais- sent avoir appartenu à la même fam. II. 327, 439. Cette maison s'est éteinte & ^ay. dans celle de poms. ^ Çn. : trarg. à la tour ^*az., à la bord, compoiiôe des t

DlilS ÉTATS DE JACME i

«r

675

émaux. Torroelia ou Torrohella . en Gat. A. : de gu. à la lour crén. et (ionjonnée d'arg. Alfonse To- relia, mesnadero, F. : coupé d'or à la croix de Calatrava, et échiq. d'arg. et do gu. li. de Torraylla figure dans la Rv. Torralla, des 9 valuassors de Gat. F. A.: d'or à 2 taureaux passants l'uu sur l'au- tre de sa. P., Bg., Guillem de Torrellas, Torreiles, Turriles, Rv.

Z. 175. 176. Jacme de Torrellas, en Arag. F. ot Torrclles en Gat. A. : d'or à 3 tours crén. d*az.

TORRE. Tora, Ça Torre, Za Terre (J , P., G., Forz, Bertrau do la), Rv. Sancho de la Torre, Gali- cien. F.: de gu. au château d'or.

Torre de I'rats (V. de), Uv.

ToRREPiiEYTA (Joan d.) Il, 491.

Torre Mociia (G. d.), Rv.

Torrent (F-.m*., Raminda de) B. de Toirentibus; Torren, Rv.

Torres, de Turribus (B.. G., S., P. de ou de las), lU. -- Gonzalvo Ferez de Torres rp^'ut des biens à Orihucla. 1). f 335 Seslorres. Bn. : d'az. à 3 tours d'arg. aoc. on poiniP d'un cor du mènni. D»'\ ice : Vox clamantis in deserlo.— Vicent Satorres. F. : 6c. en saut, d'or à la lour do gu. et de sin. au lion de. . .

Berongucr do Torres. F.: d'arg. à 3 tours di' gu. Benel do Torres. F.: d'uz. ù 5 châteaux d'or.

ToRuio.v. iuL^énieur. II, 1G6. ToRRO (R.) de Poralada, Rv. ToRROZA (Na), Rv.

Tort, Torta (Arn., Pons, Gue- rau), Rv. A.: d'or a l'aigle éployôe do sa. chargée sur la poi- trine d'un écusson de gu. à 3 pailler d'or eu bande et sommée d'une grive [lordo).

ToRTOLO.N (P.), Rv. Une fam. de ce nom en Auvergne, près A<^. la seigneurie de Tournemire . por- tait pour armes au XllI" siècle : d'az. à la colombe cVarg.

'lORTOSA (liernal, A., GuiUcm , Bg. de), Hm. Rv.

Tors (P., Bernât de), Rv. F.: de sa à 2 fa se. d'arg. * 'lous. i May. Bn.: de gu. au chevron d'or, ace. en chef de 2 tans d'arg.

TovAiis (liîrnatde), Rm.

ToviA, Tobia (Bg., Ximeno, Mar- co de), Rv {Ximeno de), J. ch. ccxxx. F.: d'arg. à la bord, de

T. u.

gu char. d'écussoDs d'or, à la bande de sa.

Toz (B., R.) de Tortose, Rm. J., Febrer Tos, Rv. * Test, en Gat. A.: d'or à la fasc. de sa. char. de 3 losanges d'or.

Trahuquet, Trebuquet (Joan), Rv.

Tramacet (J. de). Paix de 1235. (Pedro). F.: fiiscô d'or et d'az.

TiiAPETE (Pascual), de Teruel, Rv.

Travi (J). II, 40i. Rv. A.: d'az. au château d arg. posé sur un mont au nat. et sommé d'un faucon d'or.

Tremi* (R.. R. Amad. Pedro Arnaldez de), Rv.

Trencamo.ntaynes, Tranca Mon- lann (B. dt»), de Burriana, Rv.

Trei'XER (R.), Rv.

Trias, Bp. Fam. représentée à May. Bn. : d'az. au saut, d'or cant. do i étoi. du môme.

Triergua , Trihergua , Tierga (Ximeno Perez de), J. ch. CLin. Z. 1^ l i8. F. : de sa. à 3 pals d'or.

Trincher (R.), arbalétrier du Temple, Rv.

Tripol (P. de), Rv.

Trobat (B.), Rv. *Trobat, à May Bn.: parti degu. à la bande d'arg., et de gu à la tour d'arg. issaiîte d'une mer du même , om- brée d'az.

Tron (Guillem), Rv.

Troves (Pons de), Rv.

Trlcher (R.), Rv.

Trulio ( Vitalis de) et sa femme Guillelma, Rv.

TuuYOLS ( Berenguer ), Bp. Fam. distinguée de May., repré- sentée j)ar D. Fernando Truyols y Villalonga, marquis de la Torre. Bn.: de gu. au moulin à huile d'or.

Ti'DELA (divers prénoms), Rv.

TiTRc (J. de), Rv.

TuR!ttO (Miguel de), Rv

TuH.NO (P. dt»), Rv.

liBBRCRALi f Père), Rv.

LcTOBiAN (Poreton d^), Rv.

L'go ((lUillMU), cousin du comte d'Ampurias, Bp.

LtiUERDA (P.). Rv.

Ulayet (Salomou); Rv. Lllana, Rv.

Ullaî^tres, Uilastroy (Guillem de). Rv. UiNCASTiLLO, Uncastcl, Duncas-

45

674

1V01IBNGLATIUI& I>B« FAMIUXS

t«l, d$ Una CoiWo, {Piusi«un pr^~ noms). Un chevalier, Rv.

Urce (GuiUeBtt de), Bp. Urch. des 9 nobles de Gat. A. : bandé d'arg. et do gu., au chef d'arg . charg. de 3 roses de gu.

Urgel (C^* d). vassaux du comte de Barcel I, 130. 211 à 218, 319; II, 50, 323, 330, 337, 493.— A.: ôc. en saut d*or à 4 pals de gu. etéchiq. d'or et de sa.

Urgelei (F., P.), Rv.

Urrba, Orrea, Dorrea.— Fam. de rioos homeg de naluraieza. Deux branches jouissaient de la rka tumMa- I, 136, 254, 344, 373, 384. 389; II, 35. 36, 38, 336, 352, 477, 5$9. Rv. T. -8. - 6. Issus des ducs de Bavière d'après P.: bandé d*arg. et d'az.

Urumbblla (Ramon de), des en- virons de Gènes et do Nice. F.— V.: d'arg. à 5 abeilles volant au nat. {alias de gu.)

Ursbt (Albert), de Barcel., Rm.

Uzs.NDA(b'emand de), Rv.

UZONl, Hv.

Vacher (P.. A.], Rv.

Vadell (Joan), Bp.— * A Bn.: d'arg. à la fasc. de ^\i ace. en chef d'une tour et en pomte d*un veau au nat.

Vagbna (Mateu de), Rv.

Valbona, Balbona (P. de), Rv.

Valcalquera (Joan de); D. de Valcarca, Hv. Peut-être Valcar- cel, représentée aujourd'hui par le comte de Pestagua .

Valdeperbts, Valdeperaz (Fer- rer de). Rm.

YA.LBNTIN, Rv.

Valenzuela (Sancho), F.: d'ar^?. au lion de sa. couronné d'or.

VAtEBiuLA (Père), navarrais. F.: de gu. à la fleur oe lis d'or, man- télé d'az. à. . . violeltes d'or. Va- leriola. Français. F.: d'or à la bande de gu. char de 3 fleurs de lis d or.

Valero. Valerius (J.). Un secré- taire du roi, UD secrétaire de l'in- Aint don Fernand ; Valera, sœur de Martin , Rv. Juan Valero de les Useres. F.: de gu. au ch&teau d'arg. ouvert du champ, ace. de. . . guéri- tes de gu. et d'une sentinelle de. . .

Valisiatna (P. de ) , chevalier (Borraz de), Rv.— * Vaimanya, en Cat. A.: de sin. au bras velu degu. empoignant 5 épis d'or, à la fasoe cousue et haussée d'aï . broch. sur

^

Vall, Val (D. BoDal de, nat del), Rv.

VAI4LATZ, Yalati, Bftllaz. Ballaft- que (Bertran, Bernât de) , Rv.

Valldaura, deVaUe de AureiOD^ 0. de). Rv.— (Benêt de), Pran^ i*. : de gu. au demi-vol de sa., et et de gu. à la demi-fleur de lis aor.

Vallebrbra, Vaiabrera, Balle- brera, Val Lebrera (G.. B., Bona- fonatde), Rv.— (Amalt). F.: d'az. à 3 bandes d'or, et de gu. au lévrîar courant en banae.

VALLES, de Valesio (Ar., 1^., 6. de), Rv.— (Ramon de), chanoinéde Lerida, J. ch. ccciv. * Bn. d'az. à 3 monts d'or formant 2 vallées, dans chaque vallée un pin au nat contre leouel rampe un hon d'or, celui de cfext. eont., en chef une étoi. d'or. * Vallès, en Navarre, A.: d'arg. à l'écusson d'az. aca 4e 8 roses de gu. en orle-

Vallfogo (Andres), B{).

Valuienor, Val nunoris (S. de), Rv.

Vallmol, Bal mol (divers pré- noms), Rv.

Vallobar (Inîgo de) s'engagea à suivre Jncme en Terre Sainte. A}C. ined, VI, 174.

Val Lobrega (Bs. de), Rv.

Vallo!<«qa, de VaUdonga (Bemat de], Rv.

VALSECA (GulUem). F.: d*arg. à 3 chevrons a az. (Juan). P.; de... à l'arbre efleuilié de. . entre 2 monts de...

Valseger (Br. de), Rv. JT" ruàdus de Valseeherio, I, 443.

Valseran (P. de) Rv.

Valtbrra, Vahierra (Pedro Xi- menez de). I. 463. D. f 334. Perot Vallterra. F.: éc d'az. à 4 fleurs de lis d*or, et d'az. à 3 iyarreb d'or. JoanValitera , Navarrais. F.: d'az. à 4 barres d'or.

Valvetds (S. de), Rv.

VARt A (G. Femandez) ; F. Lopes de Barea, Rv.

Vascbo, Vaschon (Ferrer, Bg.\ Rv.

Vassacz (AssaUt de), jongter, Rv.

Vatlû (Gii de). Rv.— (Lope de), chevalier. D. f^ 385. Lope VaiUo, dit de Caldero, Galicien. F.: de^siA. au chA^leau d'arg. et 7 ofaaadièras de sa. Vov. Batlo.

Vbgon» (i.), Hv.

DES ETATS DB JACME 1

»r

675

Vbdilla (Miguel); Vîcent Vedela, Rv.

Vbqa (Femand Ferez de la) . Z. 1* 170.

Yela (D., Pas de), Rv.

Veller (P., Robert de), Rv.

Vbllida (J. de), Rv.

Vbndbta (Fr. J.), commandeur de l'ordre de la Merci. II, 388. Rv.

Vendit (Pereton), Rv.

Yendrell (Père de). F.: d'az. à la fleur de ils d'arg., à, la bord, cousue de gu.

VbiNETO (Arnald), de Venise. F.: de gu. au lion de Saint-Marc d'or.

Vera (divers prénoms). Plusieurs chevaliers. Un jongleur. J. ch. ccxiv, ccxLviii. Z. f* 157. Fam. dis- tinguée d'Ârag. issue du roi Ra- mire, d'après F. V. : de vair plein. Devise : VineU veritcis. A. : d'arg. à l'aigle d'az. portant dans son bec une banderolle sur laquelle est écrite la devise : Veritas vincU.

VERBEG4L (Joanet de), Rv.

Vebdrra, Za Verdera, de Veri^ daria (Bernât, Ramon), Bn.: d'arg. à 3 tourteaux de sin. mal ordonnés.

Verdun, Verdu (divers prénoms), Rv.

Vbrgara (Fortun de) reçut des terres à Orihuela. D. f»335.

Vergua. Fam. distinguée d'Arag. I, 175, 324, 344. - Z. r-' 112, 147, 182. F.: d'az. à 3 colonnes d'arg., à la bord, de gu. charg. de... écussons d'Arag. Voy. Berga.

Veri (Joan de). Fam représen- tée de nos jours a May. Bn.: d'az. à 3 croiss. versés d'arg., à. la bord, componée d'az. et d'arg.

Verhetl (G.), Rv.

Vernet, Bernet (Arnald, Pons, R. de). 1,255, 308.— E.ch.xxxii. Rro. Rv.

Vert (Gonzalvo), Rv.

VESA (Eximen Perez de), Rv.

Vesiano (Guillem de); Visianus Rv. T. Vesiano y de Montp. I, 552

v'etl (B., Miguel); P. de Beyl; P. Biel, chevalier; Martin Perez de Biel ; P. Vihecho. Rv.

Via (Bg. de), Rv.

ViACAMP (P. de), Rv.

Viager (Acdreu de), Rv.

ViANA (J. de); Ar. Vianes. Rv.

Vîcent, Vincent, Vicient, Tin- cencii (divers prénoms et diverses

professions), Rv. Joan Vicent. F.: de gu. à la fontaine dans le bas- sin delaquelle boivent deux grues.

Vicens, en Gat. A.: d'or à la cloche de gu.

VicH, Vie, de Vicco (divers pré- noms), Rm. Rv. F.: d'or à 3 fasc. degu. Vich, à May. Bn.: d'or à 2 fasc. de gu. vich, en Gat. A.: de gu. à 5 fasc. d'or, à la bord, du même, char, de 8 écussons degu. à la croix d'or.

Vida (Berengaer) et ses frères, Rm. Bn.: de gu. à la coquille d'arg.

Vidal, Vital, Bidal, Vitalis (Père), de Barcel., Rm. Bn. : d'az. à l'autruche dor. Vidal (divers prénoms et diverses professions), Rv. P. Vital, archidiacre de Ta- razona et secrétaire du roi. I, 449.

Bernât Vidal, de Besalu, che- valier. I, 373, 374; II, 300. J. ch. cLxu. F. : éc. d'or au chien au nat., et d'or au demi- vol de sa.

Vidal, en Gat. A. : d'az. à la grue d'arg. avec sa vigilance d'or, posée sur un pré fleuri au nat.

ViDAURE(TeresaGilde), 3* femme du roi. I, 356; II, 122, 341, 353 à 357,481, 491.— Pedro Vidaure, frère de Teresa. F. : d'ar^. à la fasce d'az. Gorberan de Vidaure. Z. f 205.

ViEiRA (G. de), Rv.

ViGOROS (P.), Rv.

VlLAALBIIS (P. de), Rv.

Vilabërt (Br. de), Rv.

ViLACAVALs (A. de), Rv.

ViLAGRASSA (Vidal de), de Tor- tose, Rv . Narcis VilJagrasa, de Solsona. F. (Pas de description d'armoiries).

ViLALBA (Domingo), Rv. Joan Villalva. F. d'az. à la ville d'arg. surin, d'un soleil d'or. Villalba, en Gat. A.: d*or à la fasc. de gu.

ViLA MAJOR, Villamayor (Bg. de) et son frère, Rm. (Pelegrin de). Rv. (Arnalt de) s'engagea à sui- vre Jacme en Terre Sainte. Doc* inéd. VI, 174. Joan Villamayor. F. : d'or à 2 tours de gu. reliées par un pont au nat. sur une rivière du même.

ViLAMAYNA, Bilamanua (P.), che- valier, Rv.

Vilar, Villar (B., R. de); P. de Kitorto, Rv. »;. de VUari, consul de Montpellier. II, 552.

676

.NOMENCLATCRE DES FAMILLES

Vilar, en Cat. A.: d*az. & la ville d'or, essorée de ^u. aj., do sa.

ViLARAGt'T. Vilargut, de Vilari Acuto ( P. de), chevalier; (G., Gil Dominguez de ), Km. Rv. (Sancho de) reçut des biens à Xal. D. r- 340. (Pero de), chevalier de Saiul-Jean, II, 90. Z. f* 159.

Fam. issue des rois de Hongrie, d'après F.: échiq. d'arg. cl de gu. à Ju fleur de lis d<) l'un à Taulre.

F.: d'arg ù 3 fasces de gu. ViLARASA ((i. de), Hv. Pierre

VillLrasa, Français F. : d'az. à 5 roses d'arg. boulonnées dor.

ViLARCRËMADO (Garcia de), dd Teruel, Rv.

ViLARiG (Bernât). F.: fascô-ondô d'or et de sa. A.. : fascé-vivré d'arg. et de sa.

ViLASTROSA (G. de), Rv.

VlLATORRAUA (Ug. de), Rv.

ViLESPOSA (Aparici de), Rv.

ViLLA, Vila (bancho de), Rv. Vila, à May. Bn. : de gn. à la villti d'or, du milieu de laquelle s élevé une tour somméo d'une ban- nière il'arg. * Vila, en Cat. A.: de gu. à la ville d'arg. aj. cl ma- çonnée de Sii., au clocher sommé d une croix pallée dor a\'ec sa ban- derole d'arg. charg. d'une croJ.\ de gu.; i\ la bord, componée d'arg. et de gu.

ViLLABERTRAN (divers prénoms), JRv

Villa Colom (Perpinya de) , Rv.

Villa dkCaus (Ramon, Beren- guer de), Bp.

Villa de Majer (Arnall Ferrer de), Rv.

Villai>ema.\y, dos 0 valvassors de Cul. F.: de gu. à la croix aléaée et vidée d or. A.: d«> gu. à la cjoix lréfléi3 et vidée d'arg.

VlLLAKIiAHER (Bg. dd), Rv .

ViLLAFiU;NCA (divcrs prénoms), Rv. Z. IIO. Vilafranca. en Cat. A : d'az. h 8 b 'sants d'arg.

ViLLAGRANA, VUlogranato (Ber- nai df), Rm.

ViLL.'vLONCA('Arnaltde)vintAMay. à la suito du vicomte de Béarn , Q. Bp. Bn. L'une dos l'ani. les plus dislinguées des Baléares, a donné de nonibnnix chevaliers do Ciilalrava, «le Manlesa et de S' -Jean do Jérusalem, un vice-roi du Pérou , etc. La brani^he des comtes de la Cuova s'est éteinte au

siècle dernier dans la maison de Gonzales de Castejon, marquis de Belamazan , h laquelle a succédé la maison de Queralt de Santa Co- loma La maison de Vill îonga est aujourd'hui divisée en cinq brandies L'une d'elles est repré- sentée à May. par D. Francisco de Villa Ionga y Escalada ; à Montpel- lier, par M." le commandeur Tomas de ViUalonga y Escalada, anciea consul ; à Madiid, par D. Juan de Villalonga y Escalada, marauis del Maeztrazgo, vicomte de los Àldrui- des, lieutenant général et séna- teur. — Coupé, de gu. au château & 2 tours d'arg., et échiq. d'or et de sa.

Villa MARI (Ramon de), Rv. Vilamary , en Cat. A.: vergeté d'arg. et degu.

ViLLAMOSso (Joan de), Rv.

Villa MUR (Père, vie. de). Z. P 147. Vilamur, de? 9 vicomtes de Cat. A.: de gu. à la muraille créne- lée do 3 pièces et 2 demi -pièces d'arg.

Vill AND VA , Villœ nooœ (G., R., Père, Ar., Br.de), Bv.— f Henran. B3rnat de\ 11,365. J.ch. ccxur, ccLX. (Arnall de) , dit Arnaud de Villeneuve, H, 464. - (Beiiian de) reçut des biens à Orihuela. D. f-* 335. (Rodrigo de) reçut des ter- res à Xal. D. !• 3 il. Ramon de Vilanova, de la maison de Villeneu- ve-Trans, en Prov. F.: d'az. frellé d'or, à un écus>on d'or dans chaque claire-voie. Villeneuve-'Trans, en Prov.: rie gu. frellé de 6 lances d'or, semé dans les claires-voies d'éeussons du môme. Vilanova, d'Elne. A.: comme le précédent, à la boni. d'az. char, de 8 écussons d'arg. à la lasc« de sa. Quatre autres fam pn CaL A.: l* de gu. à la croix anillée d'or; î» d'or à G tour- teaux d'az. au chef d'az. au châ- teau darg. soutenu du ne fasc. on- dée d'arg. et d'az. de 4 piècpjt; 3* de gu. à la croix vidée , cléchéc et pommelée d'or; 4' d'or à la croix ancrée et vidée de gu. Le duc de Medinaceli porte le nom de Villa- nueva.

ViLLARLUEXGO (Martin do), Rv.

ViLLARNAU (Guillem). F.: d'az. & la ville au nal.

ViLLARON, Rv.

ViLLASEccA , Vilaseca, de Villa Sicca (Berlomeu de), Rv. *Viia-

DES ETATS DE JACMB I

«r

677

seca, en Gat A.: parti, d'az. au lion d'arg. armé et lampe de gu.. et d'az. & 6 fleurs de lis d'arg. 3, 2 et l. * Vilaseca, en Rouss. A. : d'az. à 3 tours d'arg. aj. de gu. surm. d'un lambel de 3 pendants d'or.

ViLLER (Bernât de), J.ch. cclxxv.

ViNA, Ça Vma (G.) d'Almenara; Miguel de Savina, adalid ; P. Sa- vinan, Rv.

Vi.XABELLA (R. de), Rv.

Vï.vALS (Miguel Ferez de), che- valier, Rv. Vinyals, en Gat. A.: d'or au lion de gu. à la vigne au nat. posée en orle.

VlNANDER (A.), Rv.

ViNATER, Vinatarius (Sébastian), Rv.

Vwcio (G. de), de Montp. II, 552.

ViNOLS (P. de). Rv.

VïNNON (Ar. dp), Rv.

ViOLETTA, Biolela, Vialeta (Mi- gu**!, J.). I. 495.— Rv.

Vit, de Vile (Bornât de) et son frère, Rm. F. «le Gavit, de To- rnel; F. Zavid; (renrM* do Gavic. Rv. Arnolt ça Vit. D. f 3/9.

ViTORiA (Joan de!, Rv.

Vius (Berenguela), Rv.

ViVANE-i (Migupl). Rv.

Vives, Vivas (Bernât); Guillem Bivas, de Tortoso, Rv. Joan Vivt^. dit do Gayamas. F.: de sa. à 3 chevrons d'or. Guillem de Vives. F. : d'arg. à la touffe d'im- mortelles do sin. fleurie U'or, et de. . . au phénix sur son bûcher de. . . Vivas de Gafiamas rpç<it des biens h Miirvi^dro. D. î* 347. Vives, oriç. de Franco, d'après V.: de sa. a 3 chevrons d'or. De- vise: Moriendo V'vea in spe resu- rectionis Maison représentée par le comte de Faura . * Vives, en Gat A. : vergeté de 12 pièces d'arg. et de gu., au lion de sa. broch. * Vives, en Rouss. A.: éc. d'or au lion de çu., et d'arg. à 3 f'hevrons d'az. Devise : Moriendo vives.

VivoT, Bn.: d'or au gnffon de

g"- VosciTs(R. de). Rv.

VOLSA.\(Bg.), Rv.

VoLTA (Albe tinode la\ seigneur d'Alboraya. chevalier. D. f* 3oG.

VOLTOUASCU, Oltorach (Roboald), Rv.

VcALARD (P.), de Vilagrassa, Rv.

VuALGAR (Ramon, Bg.), Bp.

VuLCOS (Garcia do), nrieur des frères prêcheurs de Saraçosse ; exécuteur testamentaire de l infant Alfonsed'Arag. D. f 3G5.

Xativa (Armer de), Rv.

XiARcn (Domingo de), Rv.

XiBONA (P.), Rv.

Xiu (Mateu), Rv.

Xivebre (Miguel de) et sa femme Maria; (Lope de) ; Garcia Lopez de Xiberi, Rv. Lope de Xi verre, chevalier. D. 385.

XUAIP. I. 320. 321.

Yana (F.). deJaca,Rv.

Yepks (Alfonso de), de Burgos, F.: d'nz. au Uon d'or, à U bord, de sin. char, décussonsd'orô la bande de gu.

YsARN (A.) Rv. * Isarn. en Rouergue: de sable à 3 tours d'arg ouv. de sin. au cor de chasse de. .. attaché i\ lun d'es créueiux de la to ir de dext.; aliàs, de gu. au lé- vrier coûtant d'arg., au chef cousu d'az. char, de 3 éloi. d'or.

YsMBYL, Sai-rasin, Rv.

Zacelaua (R. de), chevaucr, Rv.

Zagoma , Zacomas , Ses Gomes , Coma, Corne, Comas (divers pré- noms), Rv.— Bp. Zacoma, à May., Bn.: d'or au chevron ren- versé d'az. —Gomes, à May. Bn. : d'or a 4 farc. courbôes de sa., la convexité vers la pomlo.

Zaera (Guillem). F.: de f>u. à l'aire ronde d'arg. sur laquelle est uno gerbe <Io blé d'or.

Zafo.nt (Jacme). F.: d'arg. à la fontaino dans laquelle une licorne plonge sa corne. Arnalt Z ifont, Piémontiiis. F.: d'or au cerf blessé buvant dans une fontaine. Voy. Font.

Zafortea (Ramon). F.: d arg. au mont au nat. sommé d'une yeuse de sin., à la bord. d'az. char, de fleurs de lis de . .— Carbon de For- tea, Hv.— Znforteza, à May. Bn. A.: de gu. à 3 fleurs de lis épanouies d'or. Maison représentée par le comte de Santa-Maria de Formi- guera.

Zagarriga , Sagarriga , Garnira (P.), do Tarragono. Rm.— (P. de), ecuyer (F. de); Domenga de Garn- co, Rv. Benel Zaçarnga , do Rouss. F.: d'arg. au lion d'az Garriga, Sagarriga, à May., repré- sentée par le comte de Greixell, ba- ron de la Pobadilla. Bn. : d'or au

678

NOMENCLATURE DES FAMILLES

cyprès de sin. soutenu par2 lions af- front, au nat. D'au 1res branches de la même fam. Bn.: d'arg. à 3 arbres au nat. sur une terrasse de sin. Zagarriga, en Rouss. et en Cal.: d'or à la souche de garigue déracin^^e de sin. '

Z\GnAN4DA, Sagranata, Granada, Ornnala (Ferrer, Bn. de), Rm. Granada, Rv. Père de Granada : Père et Guerau de Granana. Z. f»' tl9, 147.— Zagranada, fam. dis- tinguée de May. éteinte dans celle do Hossiiiol, à laquelle a succédé la maison de Yillalonga. Bn.: degu. à la LTenaded'or, ouverte du champ. -> uranada, en Gat. A.: d'arg. à la grenade do sin. tigée et feuillée du même, ouv. de gu.; à la bord, com- ponêe d'arg. et de sin.

ZAGULLADAt Çaguliada , Rv. Agullana, en*Gat. A.: d'or à 3 pyramid s aiguisées au nat.

Zalavinera (P.), Rv.

Zalona (Berenguer de), Rv.

Zamudio (Père). F.: d'or à 3 fasc. ondées de gu.

Zanarra (J ), Rv.

Zanoouera, Ganongera, Sano- gera, Nogera f&uilabert de). Il, 611. Hv. —F.: d'or au noyer fruité au nat

Zanou (Bertomeu), de Marseille. F.: d'arg. au noyer de sa.

Zapata, Çabata (divers prénoms), un chevalieV, Rv. Z. 1* 205. Trois branches : !• d' Alcira ; 2* de Calahorra-, 3* de Xativa. D. P»386.

Joan Perez Zapata, Arugonais. F. : de gn. au soulier à l'antiaue de sa. Ramon Zabata, de Gala- tayud. F.: d'az. au soulier à Fan- tique d or. Voy. Calataixtd.

Zarzuela (Bernât). F.: de gu. à Tétoi. d'or.

Z4SPi!tA (Maria de) et son fils G. Rv. Voy CESPI5A.

Zatrilla (^Ferrer), Rv. A : de gu . à 3 jumelles en chevron d'or.

Voy. Cestrilles.

Zaydi, Çaidi, Gaedi (Br., J. de), Rv. Zelarn (G.), Rv. ZiLLA (6t6van de), Rv.

<i

TABLE DES MATIÈRES

ém

Atant-pkopos,

LIVRE TROISIÈME Jacme à l'apogée de sa pniasance (t23Ô & 1258).

Chàpitab I**.— Etat de la France méridioûale et delà seigneu- rie de Montpellier. Hostilités entre le comte de Toulouse el le roi d'Aragon. L'opinion publique dans le Midi.— Rôle politique dés troubadours. Jacme à Montpellier.— Conspiration réprimée. Entrevue du roi d'Aragon et des seigneurs méridionaux. Corts catalanes , à Gi- rone 4

Ghapithc II. Expédition de Guillem de Aguilo contre les Maures du royaume de Valence. Le miracle des saints corporaux. -^ Reddition de la vallée de Bairen. -^ Pre- mière conquête dans le royaume de Murcte. ^ Mariage d'Yolande d'Aragon avec Alfonse de Castille. Premier siège deXativa; reddition deCastello. ^ Droit d'asile des chevaliers d'Aragon ; la tente de don Garcia Romeu.— Tentatives du roi contre la puissance des rUos homes. Les légistes en Aragon. Le favori Ximeno Pefet. -^oiïp d'Btal ; créationdes rioMflèmès àe mesnàâa 27

680 TABLE DES MATIÈBES

Pi

Chapitre III. Caractère du comte Raymond VII. —Reprise de la guerre entre le amie de Toulouse et le comte de Provence. Tentative avortée de réaction méridionale. Le vicomte do B'.'ziers. Soumission subite de Ray- mond Vil .—- Donation du comtal Venaissin à Cécile de Baux. Sirvenle politique de Bertrand de Born, le fils. Réclamationii du comte d'Urgel. Transaction entre Jacme et l'évoque do Maguclone. Tentative pour rclovor la maison de Toulouse. Sancha d'Aragon et Sancha doProv^encc. E.»ipérances ruinées. Coalition contre le roi do France. Conduite du roi d'Aragon. Défaite du roi d'Angleterre et du comte de la Marche. Soumission du comte do Toulouse 43

Chapitre IV. Soucis domestiques du roi d'Aragon. Testa- ment inconnu. Importance do ses dispositions. Mort do Nunyo Sancliez. —Ses domaines font retour au roi d'Aragon. Expédition sur les bords du Mijarcs et dan.s les sierras d'E^liJa et dE.<padan. Prise d'Alcira.— Voyage du roi à Montpellier. Naissance de l'infant Jacme. Prétendue conférence avec saint Louis. In- tentions du roi d'Aragon relativement au partage de ses ElaLs. Exigence> do la reine Yolande. Nouveau par- tage.—Cortè> do Daroea. DifScultés pour la délimita- tion deTAragon et de la Catalogne. —Menaces de guerre civile.— Explication de la conduite du roi. Erreurs des historiens sur les sentiments de Jncroe pour son fils Alfonsô. Influence du roi Fcrnand et de l'infant Al- fonse deCaslille. Siège de Xaliva.— Hostilités avec rin«- fanl de Castille. Entrevue d'Almizra. Capitulation de Xativa, Siège et reddition de Biar. Le Conquis- tador maître de tout le royaume de Valence 7i

Chapitre V. Mariage du comte de Toulouse avec Margoeritft de la Marche. Relations de Raymond VII avtîc le Pape et lEmpereur. Le roi d'Aragon et la cour do Rome. Politique de Jacme avec les princes chrétiens.— Le comte do Toulouse et le comte do Provence Testament de Ramon Berenguer V. —Réconciliation des deux comtes. Projets de mariage. Mort de Ramon Berenguer. Conduite de iacme et deRaymond VII. —Echec de la poli» tique méridionale en Provence. Le comté de Provence démembré de la nationalité du Midi. Plaintes et rojcreta

TABLE DES MATIÈRES 681

FftgM

des Provençaux. Droits du roi d'Aragon à ta succession deRaroonBerenguer. Jacmefait couper la langue à l'évêque de Girone. Excommunication et absolution.

Teresa Gil de Vidaure 99

Chapitre VI. Promulgation des fueros deHuesca. Mou- vement législatif du XIII' siècle. Caractère et division des travaux législalifsde Jacme !«'. VilaldeCanellas. LÉGISLATION DES PATS DE DROIT rohaIn. Montpellier. Perpignan. Législation des pays catalans. Le/Wro juzgo, les uw/^f^j, les lois de Jacme I". Influence des principes romains. Droit féodal.— Lois successorales.— Dot et screix, Procédure. La torture , le duel judi- ciaire. — Lois d'ordre public. Lois sompluaires. Lois religieuses ; les Juifs et les Sarrasins. Organisation judiciaire. La caria pueola de Figueras. Le fucro de Mayorque <2o

Chapitre VII. - Législation de l'Aragon. Fuei^o de So- brarbe. Origine du droit politique aragonais. Ori- gine du droit privé. Code de Ihrsca. Considéra- tions générales. Organisaiion judiciaire. Lejusticia; causes de rimporlancepoliliquede ce magistrat. Juges et officiers de justice. —Lesjuntas et les junteros. Etat des personnes et des terres. Les alleux et les fiefs en Aragon. Les bourgeois. Les paysans et les serfs.

Le< Sarrazins et les Juifs. Procédure. —I^a caution, base delà procédure aragonaise. Les actes Les té- moins. — Formes symboliques. Le serment. Aboli- lion des ordalies vulgaires. Le duel judiciaire. Mino- rité, adoption et tutelle Desafiliadon.— Régime de la dot. Successions. Testaments. Donations. Dos contrats ; cautions et gages. Prescription. Droit cri- Hiinel. Homicide. Composition ; fredum, Ven- geance privée. Àssurements, Guerres privées. Trahison, brigandage, faux. Crimes divers. Procé- dure criminelle. Coup d'œil d'ensemble sur le code de Huesca n3

Chapitre VIII. Législation du royauxedb Valence.— Les furs tombés dans Poubli. Leur importance. But de Jacme I*. Préambule du code de Valence. Considé- rations générales. Lois religieuses. Lois sur le clergé. Etat des personnes et des terres ; tendances

483 EàBLB «Et MATIBBM

vars P^galiUl BroH deju^^ce. -* OrgaaistiioA ciaire. Principes qui régissent la prpoéâiire. sermeai. -— Rdstrictioos au duel judiciaire. La torUire.

Règles générales pour la décision des affaires. Droit civil. Filiation, puissance paternelle, minorité, tutelle, adoption. Régime de la dot. Successions. Testa- ments. — Donations. ~ Vente Obligations.— Droit criminel. Vengeance privée. Inégalités dans Tappli* cation des peines. Talion. Amende. Mulilatlon.

Respect de la liberté individuelle. Pénalité. Cn- mes contre la foi. Crimes contre la société. Crimes et délits contre les particuliers. —Parallèle entre Pœuvre législative de Jacmel*', celle de saint Louis et celle d^Âl- fonse X. Conclusion Î33

Chapitrk IX. Événements qui ont suivi ia promulgation du codede Huesca. Soulèvementdes Maures de Valeoee. -^ Âl Azarch.— Expulsion dos Sarrasins.— Nouveau testament du roi. Différends de Jacme avec son fils Alfonse. —Mort d'Yolande de Hongrie et de Léonor de Castille. Récon- ciliation de Jacme avec son fils. Attitude du roi de Cas- tille Alfonse X. Soumission d'Al Azarch. Affaires de Navarre. Guerre imminente avec la Castille. Paix. Mort de Raymond Vil. Ruine des espérances méridionales. Troubles à Montpellier; les mailles de Lattes. —Progrès de rinfluence française à Montpellier.

Négociations avec saint Louis. Traité de Corbeil et actes accessoires. Droits réciproques des deux parties.

Fin de la nationalité méridionale 2S3

LIVRE 12UATRIËME Dernitoes ftaaéet d# Jacme (1258 à 1276)

Chapitkb f^. Politique du roi d'Aragon après le traité de Corbeil. Événements àPintérieur. —Projets sur l'Ita- lie. ^ Mariage de rinfant Pierre avec Constance de Sicile. Mort de l'infant Alfonse Nouveau partage des Etats aragonais.-- Différends avec le roi de Castille. Révolte des Sarrasins de TAndalousie et du royaume de Murcie. Le roi de Castille implore le secours du rqî 4'Adrdgon. - Préparatifs de rexpé^lti^.. -^ Cocu.

TABhZ DES HATifcllES €(0

à BarceloDô. Cortès à Saragosse. -- Révolte de U no- blesse aragonaise. ProclamatioD de P [/nion. Corlès et fuero d'Eicea 324

Chapitre II. —Rapports de Jacme avec le clergé et le Saint- Siège. Vie privée du Conquistador. Ses bâtards : Fernand Sanchez de Castro, Pedro Fernandez de Hijar. ^ Ses maîtresses : Blanca de Ânlillon, Berenguela Fernan- doz. Ses femmes morganatiques : Guillerma de Cabrera, Teresa Gil de Vidaure. Berenguela Alfonso. Con- fession du roi. Reproches du Pape. Conquête du royaume de Murcle. Les infants Pierre et Jacme. Lettre de Clément IV 34T

Chapitre III. Questions religieuses.— L^Inquisition. -* Les Sarrasins et les Juifs. Jahuda, trésorier général du royaume. Sermons et conférences pour la conversion des Sarrasins et des Juifs. Saint Ramon de Penyafort.

Rabbi Moses ben Nachman. Frère Paul. Rabbi Bonastrug de Porta. Miracles rapportés au règne de Jacme !•'.— Fondations pieuses. Ordres religieux. Pierre Noiasque et Tordre de la Merci. Projet de croi- sade en Orient. Relations avec Tempire mongol. Ambassades d'Abaga-Khan et de Michel Paléologue. Dé- part de Jacme pour la croisade. Tempête. Retour du

roi. Les croisés aragonais enSyrie 367

Chapttre FV. '— Organisation des pays aragonais.-* La maison du roi. Les grands dignitaires de la couronne. Sys- tème d'administration. Lieutenants ou procurateurs généraux. Institutions municipales de Saragosse, Per- pignan, Barcelone, Valence et Mayorque. Régime fi- nancier ; impôts. Agriculture, industrie, commerce. Vues de Jacme sur la Sardaigne.— Missions commerciales.

Relations avec l'Egypte et les Etats barbaresques. Consuls à rétranger, consuls de mer et consuls sur mer.

Lois maritimes ; les Costumes de la mar, Monnaies ; faux-monnayeurs. Les arts, les lettres et les sciences.

Efforts du roi pour créer une langue nationale. Idiomes en usage dans les Etats d'Aragon. Jacme écri- vain : la Chronique, la Libre de la Saviesa, lesFurs. ^ Les troubadours Les poètes catalans. Université deLé- rida. Ecole de Valence. Écoles de Montpellier.

684 TABLE DES MATIERES

Théologiens, philosophes et savant : frère Paul, Ramon Mariin, Rarnon dd PenYafort, Vilal de Cancllas , Ramon Lui!, Arnaud de Villeneuve. Prospérité générale des pays aragonais 40<

Chapitre V. Agitations on Caslille. Conseils de Jacrae à Alfon^e X. Événemenis en France et en Naxarre. Mort d'Isabelle d'Aragon, reine do France. Affaires de Montpellier. Projet d'expédition de l'infant Pierre dans le comté de Toulouse. Querelle entre l'infant Pierre el Fernand Sanchez. Guerre du comte de Foix contre le roi de France. Mort de Berenguela AIfon^o. Dernier testament de Jacme. Dissentiment avec les barons cata- lans. — Succession du comté d'Urgel. Jacme au concile . de Lyon. Conduite privée du roi. Démarches pour 1 annulation du mariage de Tere>a Gil. La dernière maltresse du Conquistador. Troubles en Catalogne cl en Aragon. Rupture entre le roi et Fernand Sanchez. Fernand noyé par l'ordre do son frèro. Pacification de FAragon et de la Catalogne Affaires de Navarre. Pierre d'Aragon reconnu pour héritier de la couronne de Navarre. Invasion des musulmans d'Afrique. lié- voile des Maures ùà Valence. Mort d'Al Azarch. Ma- ladiedu roi.— Défaite des chrétiens. Derniers conseils du roi à ses fils. Codicilles. Mort de Jacme !•'. Complainte de Mathieu de Quercy. Conclu>ion 467

APPENDICE Notes

A. Sources de Thistoire de Jacme (suite) Sîl

B. Additions et corrections à la première partie 526

C Complainte d'Almeric de Belenoi sur la mort de Nunyo

Sanchez 529

D. De Tauthenticité de la chronique attribuée à Jacrae K.. 534

E. Projet de canonisation de Jacme le Conquérant 513

F. Détails sur les inhumations et les exhumations des restes

de Jacme I». '. 545

TABLB DE8 lUTlikRES 685

Pièces justiflcatlves

Pages

I. Donation du comiat Venaissin faite à Cécile de Baux

par Raymond VII, comte do Toulouse 547

II. Traité d'alliance entre Jacme et Raymond VII 5i9

m . Trêve entre Jacme et Raymond VII 550

IV. Sentence arbitrale au sujet du divorce de Ray-

mond VII et de Sanclia d'Aragon 553

IV bis. Promesse de Jacme à Raymond VIT 554

V. Deuxième testament du roi Jacme 556

VI. Absolution de roxcommunicaiioîi encourue par Jacme,

pour offense envers l'évêque ue Girone 560

VII . Préambule et litres des fueros d'Ai agon 561

VIII . Préambule et rubriques des furs de Valence 567

IX. Testament d'Yolande de Hongrie, reine d'Aragon .... 577

X. Traité de Corbeil 580

XI. Traité entre Jacme et sainl Louis, stipulant le ma-

riage de Philippe de France avec Isabelle d'Aragon . 587

XII. Renonciation de Jacme à ses droits sur la Provence

en favecr de Marguerite, reine de France 58»

XIII . Lettre du roi au vicomte de Cardona 590

XIV. Constitution du douaire d'Isabelle d'Aragon, femme

de Philippe le Hardi 591

XV. Lettre du roi Jacme à Charles d'Anjou 592

XVI. Confcrence entre frère Paul et Rabbi Mo-es ben

Nachman 594

XVII. i.e roi retire son bouclier qu'il avait donné en gage. 597

XVIII. Prologue du Libre de la Saviesa 598

XIX. Procuration pour soutenir la demande en divorce

contre Tcre.-a Cil 600

XX. Lettre à Philippe, roi de France, au sujet de la

succession de Navarre 601

XXI . Premier codicille du roi Jacme 603

XXII. Dernier codicille du roi Jacme 609

Tléfek DKi ÉMiMfié 686

Complément

Nomenclature el armoriai des familles et des personnes les plus connues des Etats de Jacme l"' 613

FIM IMI UL UCOMDI ET INEBNliaB PAWta

1

ERRATA ET ADDITIONS

TOiSE I

Pftg. m, \ïg. 2f7| après: de la maison de Barcelone, ajoutez: et seulement.

Pa0. 135, lig. 28, au lieu de: 1133, lisez : 1131.

Pag. 163, lig. 34, au lieu de: 1222, lises: 1221.

Pag. 179, lig. 29, au lieu àeimasmatin, lisez: fiNtrinoNn.

Pag. 179, lig. 32, au Heu de : la Constitution, lisez : les Constitutions.

Pâg. S05, lig. 23, supprimez : Tun de ses ricos homes,

Pag. 320, lig. 1, au lieu de: 1230, lisez: 1231.

Pag. 325. lig. 16, au lieu de : de la Catalogne , lisez : de Catalogi^.

Pag. 356, lig. 18 et 19, supprimez : du royaume de Valence.

Pag. 356, lig. 31, au lieu de: espagnol, lisez: d'Espagne.

Pag. 356, lig. 36, au lieu de: mémarobilium^ lisez: memorabUibuê,

Pag. 371, lig. 14, au lieu de: croyaient, lisez: croient.

Pag. 377, lig. 26, au lieu de: trois ans en 1237, Usez: deux ans en 12^8.

Pag. 391, lig. 26, au lieu de: Tarazona, lisez: Tarragone.

Pag. 430, lig. 8, au lieu de : memorabUium lisez : memorcibûilnu,

Pag. 430, lig. 11, au Heu de: Historia, lisez : AnaUs

Pag. 445, lig. 18, supprimez: scripsit.

Pag. 445, lig. 19, au lieu de: rasit, lisez: raais.

Pag. 445, lig. 20, après: emendatis, jouter: sorip^il.

TOMB II

Pag. 83, lig. 5, au lieu de : des deux, lisez : de ces deux.

Pag. 115, lig. 1, au lieu de: de conserver, lisez: d'entretenir.

Pag. 162, lig. 15, au lieu de: la législation, lisez: le législateur.

Pag, 167, lig. 21, au lieu de: 1257, lisez : 1267.

Pag. 228, lig. 10, au lieu de: parait être de droit pour, lisez: parait ètra

de droit, excepté pour.