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■\ r<s

JOURNAL ASIATIQUE

DIXIÈME SÉRIE

TOME VII

u

JOURNAL ASIATIQUE

OU

RECUEIL DE MÉMOIRES

D'EXTRAITS ET DE NOTICES

RELATIFS À L'HISTOIRE, À LA PHILOSOPHIE, AUX LANGUES

ET À LA LITTÉRATURE DES PEUPLES ORIENTAUX

mioioi

PAR MU. BARBIER DE UETHARD, A. BAHTH , R. BASSET

CHAVANNES, CURMONT -6ARNEAU, HALévT, BOUDAS, MASPERO

RUBBNS DUVAL, i, SENART, ETC.

ET PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE

DIXIÈME SÉRIE TOME VII

PARIS

IMPRIMERIE NATIONALE

ERNEST LEROUX, ÉDITEUR

RUB BONIPABTE, 38

MDCCCCVI

JON^V

JOURNAL ASIATIQUE.

JANVIER-FÉVRIER 1906. UNE AMULETTE

JUDÉp-ARAMÉENNE,

PAR

M. SCHWAB.

De Beyrouth, îe R. P. Ronzevalle, professeur à l'Université française de Syrie, a bien voulu nous adresser un monument des plus intéressants pour Tarchéologie, la philologie et la paléographie sémi- tiques , imis à la disposition de notre correspondant par le P. Giacinto des Franciscains de Terre-Sainte, secrétaire actuel du délégué de Syrie en Europe.

Voici presque textuellement la lettre d envoi du R. P. Ronzevalle, sauf omission de quelques lignes, trop élogieuses pour le destinataire :

, ft Monsieur, je npie permets de vous adresser ci- inclus la copie, aussi exacte que possible, d un cu- rieux n)onument trouvé dans une tombe des envi- rons d'Alep. C'est une lamelle d'argent, enroulée dans un petit tuyau de bronze, et portant, au re- poussé, plus 87 lignes d'écriture hébraïque. « Cette amulette , -— car c'en est une , et c'est le

157548

6 . , JASVIER-FÉVRIER 1906.

mot mênàc par'lequd commence le texte, ^ offre, si je ne me trompe, un intérêt égal, sinon supé- rieur, à tous les textes magiques publiés, soit dans les Proceedings ofthe Society of biblical Archœology^ , soit dans les Mémoires de V Académie des Inscriptions et Belles-- Lettres (jSàvants! étrangers^). Il s agit de ré- soudre les, petites diilicultés quçCDre ce texte, évi- demment apparetïté aux autres , mai^ constituant une catégorie à part, encore peu connue jusqulci. . . Le texte est facile à déchiffrer, malgré les fréquentes confusions de lettres similaires ...»

Un autre religieux du même ordre, le P. Jala- bert, a eu lamabililé de tirer deux photographies de cette amulette, Tune de face et l'autre de revers, d'uqe telle netteté que leur reproduction équivaudra au texte et facilitera la lecture.

Elle intéresse d'abord l'archéologie , car si les in- scriptions magiques des premiers siècles de l'ère chrétienne ne sont pas rares lorsqu'elles sont écrites dans le creux de coupes en terre cuite, on a fort peu d'exemples de la forme adoptée pour la présente amulette. Elles étaient fréquentes dans l'antiquité grecque et romaine^, mais non en Orient. Pour la première fois, dans ses Étades phéniciennes'^, C. Brus-

^ Cahiers d'ayril 1890 et juin 1891.

* Vocabulaire de tangélologie , 1" série, t. X, 1897; Supplément am vocaJbmUûre, dam les NoilceB et extrait» des mamuerkt, t XXXVI i899«in-4%

' Dejixionum tabellae atticae (Corpas inscriptionum atticarum, Appendix): Beriin, 18^7.

* n* série (P. 1904), p. 9B-97. Cfr Cam^ nnéms de tAeadé-

UNE AMULÊTTKi JDDÉO-À»AMÉENNE. 7

ton à publia tine Tahèila de^otiorth '-. punique , gravée surHirurauleiau de piomb trouvé il y a quelques ann nées dans une des nécropoles do Carthage. Cette toWlo esb unie' «exédratioàrf: adressée k Elathy divi- nitjàjdu nialheui»^ert de la mort, comme V Allât haby- Ionienne était lai déeissedôs'régiominférie^réd, sem^ bUbleà rMKÏat'^9 ArA!>e5^ : ^ . i j

••* >Notre teî^te^stndn moim mtéres^antpour tahV gîlis^que^' H .présente un curieux assemblage d'erx- presMonsoKaJ^aïques , suivies de citbtioriahébraïque*, énapruittées à te Bible, mais déformées < corrompue^ comme estropiées à plaisir, par lin e bizarrerie peut- être, voulue y non par ignorance , mais consciemment , dans le. but de dérouter les démons et d obvier à leurs maléfices»

En outre, cette pièce a un intérêt paléographique; selon la juste remarque faîte par le R. P. Rôn^e- valle, on trouve dans textie, souvent prises i une pcÀjr Tautre, les lettres n, n, n, le ^ et le 3, le i et ie •), tt^op souvent 1 et s et môme n pour fi final. On notera , à la fin de la ligne 4 et au premier mot de la' ligne 5 , la forme bizarre H p<^^r n et n : la ligne horizontale coupe, au tiers de la hauteur, ie^ deux hastès verticales; elle rappelle ainsi Toriginé phénicienne de la lettre, devenue H en grec et en

mie des Inscriptions et Belles-lettres, 1899, p. 173, 179, 186, 307, article de M. Pli. Berger; ibid,, p. 490-492, article de M. Clermont-Ganneau ; du même. Recueil d'archéologie orientale, III, p. 3o4-3i9; IV, p. 87-97; hiDZBARSM^ Ephemeris fur sémit. Epigraphik; Répertoire d'épigraphie sémitique, 18.

8 JÂNVIER-FÉVRIER 1906.

] atin. C'est une particidarité déjà notée par M. Gier* mont-Ganneau pour Tépitaphe de Juda ben Try- phon^ en Palestine.

Il en résulte qu'au lieu d'attribuer notre document au vil* siècle de l'ère vulgaire, comme on le suppo- serait de prime abord, il faut remonter au v* siècle, peut-être même au iv* siècle. Toutefois le langage adopté n'entre guère en ligne de compte; car, cela va de soi , les formules arcliaïques employées par le scribe étaient usitées , en ce cas , de préférence aux formes plus modernes, d'un emploi courant et vul- gaire , donc impropres aux mystères.

On le constate également pour les textes analogues inscrits sur des coupes en terre cuite, qui depuis 25 ans commencent a anîver de la Mésopotamie jusqu'en France; celles-ci sont ainsi réparties cbez nous : deux au Cabinet des Médailles de la Biblio- thèque nationale; sept au Louvre; deux au Musée Lycklama à Cannes; une chez un numismate. To- tal : 12^. Mais aucune d'elles n'atteint l'intérêt de notre texte.

Sous le bénéfice de ces remarques, essayons de lire et de traduire notre curieux document, qui par le fond ressemble aux autres fonnules de conjura- tion, sollicitant les bons esprits contre les mauvais.

* Procecdings of biblical Archœology, i884, t. VI, p. i a 3- 128. ^ Voir Bapport sur les inscriptions héhraï(jues en France, j). ifi.4- 181.

!|0 |w . JlkMVIIER.F£VRIIËA I90«l; i/ )

'* ^ * * *

. ::.'■:.; •<:- . . nwD p navV.n3t:;D p3 3o

. •Jn1nWl.1J^^^w'»p^1pw^ D3'»^y '»:n 32 nwamo,]'»3>miT2'mo^iDpin 33

■■•; 1. ".:■:■•■ ; î . ... . ^Kl»V. '^H^K mN3[S 34

.. '-.-; .,^./., .... .,,1{?n-0''''n^ 35

i'^' fragment : -rpn; prih TW:f ^nK:' 2* fragment I i5Wn pt?3D WV"

TR^PUCTION. ,

1 Bonne amulette^ dam .laquelle est gravé Ténoncé sui-

vant ; .

2 0 saint, par les grands, et parmi les saints son nom

honoré ,

3 Dieu sublime , exalté , mon secours , Ehyeh ,

4 Ahmah, Ëhyeh, Ahmab, Hasdiah (= ma grâce est

Dieu).

5 11 estDieii vivant, venu du feu; s*est agenouillée (bais-

sée) . •. .

6 mon on4)re, et comme dans les ténèbres, elle a pénétré.

7 11 est Jehoyab, je suis, Jehovah, Dieu tout-puissant,

que

8 Dieu Yâschi (?) ....... Ehyeh , et de

(? les milliers de ciéux, vivairrt'. . .et roi de).

9 la course des concurrents , cp^ par ea fureur

UNE AMULETTE JUBÉO-ARAMÉENNE. 11

10 a fait trembler if( terre. ainsi que ce chef, et icebienlÀt^

11 tandis que lui vivra à perpétuité, d'une génération à

Tautre, certes. . > , ' . m '

12 n est à jamais , jusqu ^u Sud et en face ( Esl) , ' •■ i3 à gaucbç (Nord) et à l'Ouest, pour saisir ie.s angles , i4 de la terre. Les méchants seront rejetjé^,I,9ifi|d*eUj^;,itiA9!i

1 5 sera . rejetée 1 x)mbreii&e et le souffle . vit^ , inide oui fe-

melle,

1 6 d'Akmô fille d'Amarban , de ses deux cent

17 quarante-huit membres , et même des quatre

18 cents, y: compris lés entrailles; Que cœur d'un bodime

vii ne sepose^pas. ,.. i- -Ui.i ., , ":- : i.-»;,!

19 sur, elle, dans sa bouche;, qu'elle brille hors de lui, à

Tooibrç .(éclat ) : . , .< ... = ,, |

30 du soleil, pomme }e style (rayon) de la luneet.coinme les planètes, et soit

3 1-32 (? par ordre de Hafsiahj, .....•• .

23 Amen, Amen, Selah, Alléluia.

a 4 Dieu des séjours (célestes), au nom d'Ougrith (démon), du i

25 maître Mautita (l'obscur), et par le règne de la pâle (U

lune)

26 .... . appi*opi*iée à la ventte de Tépidémie et du vide,

27 \ l*as]()ecf de splendeur ( puis , l o planètes ) . * 2 8 Je vous conjure , tous , la i^osée et le froid , *

29 et le feu, et les nuées, soit d un jour àTâutre,

30 soit d'une semaine à l'autre, soît d'une aimée

3i à Tautre, soit d'un mois à l'autre. J'impose la conjura- tion , : ).

3i à vous, au nom de sa main droite, de son pouvoir,' la force

12 JANVIER-FEVRIER 1906.

3S de sa puissance, pariJehovah, Jehbvah, Jehovah, Je- hovah

34 Sebaoth, Dieu dlsrael. ...

35 .... Dieu de la- vie, ie saint. . . ^ . '

Premier fragment : « Eternel, agis (favorablement) en vertu ton noin.»

Deuxième fragment : « . . . . smeiit assujettis. Mon salut

OBSERVATIONS.

Ligne -^ Le premier mot, le terme néo-hé- breu y"'Dp « amulette » , est rarement ainsi placé en tête du texte. -^ troisième mot est^ ou fautif de la lettre initiale, pour mnn « scellé », ou la finale, pour sirD « écrit ». Le dernier mot suggère la ré- marque que, le plus souvent, mais pas toujours, le 1 angulé dififère du "i arrondi.

Ligne 3. Peut-être '?N''n-) « Élévation de Dieu » [Vocabulaire d'angélologie, p. 36o). Pour hmk, voir ligne 7.

Ligne 4. Le dernier mot nnt:?n\ moins le*» initial , se retrouve sur une coupe à inscription ma- gique du British Muséum (Layard, Nineveh, etc., p. SgS, plnXXi; Jos.Halévy, dans Chwolson , Cor. 1ns. Hebr., p. 1 15; Proceedings, S B, p. i5 et ly).

Toutefois , M. Max Seligsohn consulté a bien voulu concourir au déchiffrement de ce texte et nous don- ner de .prjécieuses indications. S^lon lui, à la fin de celte ligne Zi, il faut certainement lire "^i^ n*»,

UNE AMULETTE JUDEO-ARAMEENNE. 13

deux noms deDieu; ce sontdes nom& propres, norw est probablement un nom cabalistique, coniposé d'après lesystème de la 'Gema^ria.: Quant àia lettreH à la fin de cette ligne; elle jou« le mémei rôl^ que le K à la fin de la ligne pr'écédente; \ -

Ligne 5. M. Seligsohn est d'avis de traduire : « Mon Dieu, il est avec moi » (lisant '»rïK) , « par suite de son feu se met à genouît mon image. »

, Lignes 6 et xb. t^t- J'pte.pour '»3'?û, par extension du.sensd'o/nère^, signifie; k démons de ïpmbrç»Qu du soir, 4ont le sens est p^icisQ par le cp^texte.jians la version cbaldée^ne du Gaptiqu^e, ,iu , , 8 et iv, 6{, Voir Mor. Grûnbaimi , Z^iUchrift far K^ilschrijifor^ schi^ng^, t. II, p. 228. Les, 3* Qt 4' mots sont em- pruntés au verset 2 djii psaume xi ; «Pour tireir de Tobscurité », c est-à-dire en embuscade,, traîtreuse- ment, de façon diabolique. M. Seligsohn lit : ^D^S, «mon image».

Ligne 7. L'expression n\iN «je suis» est la première désignation de la Divinité dans le mono- théisme biblique, telle quelle est exprimée dans l'Éxode (iii, i/i), »lors de, la révélation mosaïque dans le buisson jardent. .

Ligne 8. Après le mot hi< « Dieu » , on voit un signe bizarre 3 7 un qviqsi précvu*seur de TE grec ; ou latin I jtourné à gauche.. Qn trouve ce.^gije ainsi fi- guré- 32 fqjs, occupaoït te» miiieu du. cercle d'une

14 JANVIER.FEVRIBR l»oe:

eoupe à incantation au musée du Louvre, et for- mant au loti^l une circonférence inachevée. Voir Proceedings , ihid. , p. 4 1 * -. Dans cette même ligne, des points: remplacent, ks lettres non lues, figurées par un sigle. Après ih il y a le s^neastrologicfue de la pjanète Vénus 9, mais un peu déformé.

Ligne 9. Le premier mot V^'^^. laissé au sih- gulier après le nombre mille, n est peut-être pas une faute de grammaire, selon lusage assez fréquent de kisser subsister le singulier après les nombres cent ôtr mille; d ailleurs, la Bible (Ecblésiaste, ix, 11) remploie àitisi , à Tétat abstrait. - Le dernier mot de cette ligne semble de prime abord être une alté- ration de '»'»Spt5, en apposition avec le mot suivant : « des extrémités de la terre » (Isaïe, xxvi , 1 5 ; Psaumes xtvm, 1 1); mais la suite rappelle, quoicjuun peu confusément , le verset Jérémie (x , 1 o ) :

V^xn c;ynn iDSpD D^iy ^^D1 ...

... et le roi de l'Univers ; par suite de son irritation la terre tremble.

Le mot précédent D^nxiD^ se retrouve avec la même acception, sauf la forme du singulier, sur une coujpe riiagîque du British Muséum et sur une autre du musée du Louvre [Proceedings , p. 20 et

'Ligne 10. —^ On remarque les deux variantes pn !el »nn pour rendre le démonstratif ce, appliqué à des indications différentes Tune de 1 autre, Tune

UNE ÂMULEirrE^FCDEO-'ARAMIEENNE. »

paursùn ôtre^ J autre pour» un fait, j La fin de cette iigAe4emUec6mportep la moitié dua inpt^ oomplétp en tètetidè la ligne;suivant6; on ne saurait toutefois dissitnuien^que la ibihiiùia ^^nira semble empruntée

à/rrw©3^;;.....v; .•;• ./.-n ...i- :■/ ■■.^■■. ^: i'-^-'i

' Lîgrle'i'i. 7-^Le S^ipot.'se compose d'un sigle ^ sùîVi de -îâ let'tre n ; en" se référant au contexte il est loisible 'd y lii^ inot nx:? «à jaimaïs». -Dans le mot suivant "TilD, la dernière lettre "i manque, ainsi que l^.lettjre-iK du idernier mot m (sil est mis pour

Lignés' i3-i4l—^ Les deux derniers mots , lî^ne i3, joints à la ligne suivante, constituent deux hé- mistiobes d^ Jol^ (xxxvni, i3), par allusion aux (juatre poi^ats câjrdinavix énoncés précédemn^ent, .

Ligne 18'. —-Dans le second mot, nu^»n, la forme chaldaïque avec z est plus grammaticdement correcte qp à la . ligne 6. L'idée de « souffle ^ital de mâle ou de femelle » se retrouve dans deux ooupes magiques du British Muséum (Proceedings , p. ili

Ligne 1 6. —7 nrçiDpK gérait une mauvaise ortho- graphe (p pour d). avec redoublement ou tëgaie- mçnt dela'sylJabp'JD, dxjj} terme i^ité dans la vei;- sîôn chaldéenne de TËcclésiaste (xi, 10). On ïe retrQUVf^dan&.4e§^ textes similajures sur coupes eiji terre cuite. 4^ la cqUççtipnDipulçifoy, au Musée duLoUjVre {Proceedf.ngs , i^Qi., p., 9 et 17^). . ,. ,^.

16 JANVIER-FÉVRIER 1Q06.

Ligne 17. La mention des « a 48 membres » ^ que ron supposait jadis constituer lanàtomie hu- maine, se retrouve sur une coupe à inscription ma- gique du Cabinet des médailles et antiques de la Bibliothèque nationale [Revue des études juives, 188a, IV, p. i65). Seulement, lauteur du présent texte pousse le compte plus loin , et il suppose que ce compte atteint le chiflfre.4oo, en y comprenant les entrailles.

Ligne ig. L expression n^D^ n^^y, au lieu d'être un complément indirect de la phrase précé- dente, pourrait être une apposition : «une feuille

au bec » (Genèse , viii 1 1 )• .

Ligne 20. Le premier mot précédé de ^Xtl (dernier de la ligne 19), fait songer à l'expression die TEcclésiaste (vu, 12) nDDnn bn « à Tombre de la sa- gesse ».

Lignes 2 1-22. Observations pour les H, déjà faites ci-dessus , ligne 8 .

Ligne 26. nn>w = n-):iK (litt. : fente =- nap:), nom de démon femelle, cité par le Talmud B., tr. Pesahim, f. 1 1 1*, et le ZoJiar, IIÏ, f. 1 1 4*. Cî, Vo- cabulaire d'aRCjélologie, p. i33. Il est apparenté au «Bar^Agro» de FÉvangile (Saipt Matthieu, iv, 2 4).

Lîgiie 2'5. ^XD>ni>:D-)D=(?) ^«••ônD, Mitaji-El ce lang'e frappeur' » ; triais si f avârif-dêriiière lettre est un Id, on y verrait volontiers une altération de KD^ûtD

UNE AMULETTE JUDEO-ARAMEENNE. 17

Matitha « lobscur » , mot d une coupe au British Mu- séum [Proceedings y p. i5 et 18).

Ligne 26. Le premier mot, n'?3'?î>c, est peut- être un synonyme du précédent.

Entre les lignes 27 et -28 sont figurées 10 pla- nètes, dont les trois premières, bien plus grosses que les autres, sont dessinées probablement pour re- présenter le soleil , la lune et la terre presque égaux, comme on les supposait avant les théories astrono- miques de Galilée.

vu. 2

laraiiinH lAnoniui.

UNE VERSION NOUVELLE DE LA BRHATKATHÂ. 19

UNE VERSION NOUVELLE

DE

LA BRHATKATHÂ DE GUiyÂDHYA,

PAR

M. FÉLIX LACÔTE.

I

La découverte d'un texte anonyme, jusqu'ici in- connu , contenant la première partie d'une troisième version de la Brhatkathâ , tout à fait différente du Kathâsaritsâgara de Somadeva et de la Brhatkathâ- manjarï de Ksemendra, jette un jour nouveau sur l'œuvre de Gunâdhya et permet de reprendre par le pied les questions qui la concernent. Je me pro- pose de publier prochainement ce texte , avec une traduction , et de le faire précéder d'une étude d'en- semble sur l'origine et la composition de la Brhat- kathâ, les rapports des trois versions entre elles et le cycle de la Brhatkathâ dans îa littérature in- dienne.

La célébrité de cet ouvrage , attestée tant par la difl'usion de la légende de Gunâdhya que par les emprunts qu'y ont faits le théâtre et le roman et les nombreuses allusions aux aventures de ses héros

20 JANVIER-FEVRIER 1906.

qu'on trouve dans les textes les plus divers, notam- ment dans la littérature bouddhicjue, en rend éton- nante et fort regrettable la disparition. De source moins aristocratique que les grandes épopées, de forme moins savante que les kâvyas , la Brhatkathâ devait probablement sa renommée à une heureuse association de folklore naïf et de raffinenient litté- raire , aux mêmes qualités qui ont fait le succès du Kathâsaritsâgara ; festime font tenue des lettrés comme Subandhu, Ksemendra, Somadeva, nous garantit qu elle n'était pas complètement exempte de rhétorique; mais, somme toute, il semble bien quelle ait eu à se faire pardonner d'être écrite en langue paiçâci , de donner trop grande place à Ku- vera et aux Vidyâdharas, dont les dévots ne pa- raissent pas s'être recrutés dans une société très aristocratique, peut-être aussi de manquer de dis- tinction en admettant trop de détails de mœurs populaires. L'histoire de Gunâdhya semble inven- tée pour l'excuser d'avoir employé un prâkrit; je ne serais pas étonné que, tout en l'admirant, on l'ait taxé de quelque grossièreté et que les auteurs qui ont imité la Brhatkathâ aient voulu, en l'abrégeant, peut-être, on le verra, en la remaniant, lui rendre le service de la décrasser de sa roture. On s'étonne moins alors que Gunâdhya soit resté un grand nom , mais que son œuvre ait été supplantée par des re- maniements.

Notre nouveau texte montrera, je l'espère, que je n'avance aucune hypothèse gratuite. Le pré-

UNE VERSION NOUVELLE DE LA BRHATKATHÂ. 21

sent article ne doit être regardé que comme Tamorce d une étude complète.

II

MANUSCRITS.

L'existence de cette nouvelle version est connue depuis 1893, année Mahâmahopâdhyâya Hara Prasàd Shâstri la signalait^ dans un lot de vieux manuscrits népalais acquis par TAsiatic Society of Bengal. Un manuscrit non daté, et disait-il, vrai- semblablement fort ancien, contenait une portion d'un texte inconnu , mais qui portait , au colophon de certains sargas, le titre significatif de Brhatkathâ- çlokasamgraha. Il ajoutait que cet ouvrage devait être dune étendue considérable, car le premier adhyàya seul renfermait plus de 4i,2 0o çlokas et il évaluait la partie contenue dans le manuscrit au dixième du total ; il avait lu le premier sarga , qui traitait du roi Gopàla renonçant au monde parce que ses sujets Taccusent injustement de parricide, et abdiquant en faveur de son frère Pâlaka , malgré les remontrances des brahmanes; cette histoire ne se trouve ni dans Somadeva , ni dans Ksemendra. A la suite de ces indications, Hara Prasâd donnait les colophons des 26 sargas contenus dans son manu- scrit : on y lisait des noms propres dont plusieurs, contrairement à ce qu'il croyait, se retrouvent dans le Kathâsaritsàgara et dans la Brhatkathâmanjarï.

' J.Â.S.o/B., LXII(i893)J,n» 3.

22 JANVIER-FÉVRIER 1906.

En 1898, M. Sylvain Lévi rapportait du Népâi un autre manuscrit du Brhatkathâçlokasamgraha , non daté , renfermant les sargas 1 à 1 o du premier adhyâya, et le signalait dans un rapport à l'Acadé- mie des Inscriptions et Belles-lettres ^

On peut espérer que la fin n'est pas irrémédia- blement perdue; des trouvailles sont encore possibles au Népal : la Brhatkathà y fut célèbre, comme le montre Texistence d'une légende locale de Gunâ- dhya dans le Nepâlamàhâtmya ^; et elle y a été connue sous différentes versions : tout récemment ou y signalait une copie ancienne de la Brhatkathâ- manjari^.

Les deux manuscrits existants ont été à ma dis- position; mais c'est sur celui de M. S. Lévi qu'a été fondé d'abord mon travail. H avait bien voulu me le confier, quelque temps après son retour du Népal , et je ne saurais assez lui témoigner ma gratitude, tant pour le long crédit qu'il m'a fait que pour les con- seils qu'il n'a cessé de me prodiguer avec le plus généreux dévouement. Je n'avais aucun espoir de pouvoir utiliser celui de l'Asiatic Sociely of Bengal, lorsque, récemment, j'ai obtenu de cette société qu'elle en consentît le prêt à la Bibliothèque de l'Université de Paris. Ma publication s'en trouve un peu retardée, mais cet inconvénient sera plus que -compensé par l'amélioration de mon texte. Qu'il me

^ Comptes rendus, séance du 27 janvier 1899. * S. LÉVI, Le Népal, I , p. ^87 et suiv. ^ Communication de M. S. Lévi.

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soit permis de remercier ici TAsiatic Society of Ben- gal de sa générosité et de reporter tout le mérite de cette négociation sur M. E. Senart et M. S. Lévi , sans Tentremise desquels elle n*auraifc sans doute pas abouti.

AGE DES MANUSCRITS.

Les deux manuscrits, sur feuilles de palmier, d'une belle écriture ancienne , appartiennent au type bien connu des manuscrits népalais du \if siècle. Il serait diflficile d'affirmer, daprès le seul caractère paléographique, lequel est le plus ancien. Cepen- dant l'écriture du ms. de l'Asiatic Society of Bengal semble plus archaïque.

Elle est fort nette, rigoureusement verticale et ressemble beaucouj) en somme à celle du ms. de Cambridge 1686 {Bendall, Catalogue, PI. Il, 3), 1 165 A. D.; pourtant l'aspect général plus carré et le trait oblique, de gauche à droite, finement tracé , qui orne souvent , quoique irrégulièrement , la partie inférieure des hampes, rappelleraient un peu les manuscrits bengalis de la même époque, si le som- met des lettres ne portait le crochet qui dénonce la main népalaise. Je n'y relève rien qui se rapproche nettement du type gupta , comme le dit Hara Prasâd. Les caractères ont presque tous leurs similaires par- faits dans les mss. de Cambridge n°* 1686; 1691, Q et 1699, 1-2, qui sont respectivement de 1 i65, 1 1 79 et 1 1 98 A. D. Mais il est certain que quelques- uns présentent un type assez archaïque : le pha ,

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le dha dont la boucle fait un angle très accusé h gauche, surtout le dlia à la boucle très longue, étroite avec un léger renflement à la base, fort semblable à celui du ms. de Cambridge n" 86() [Bûhler, M. Pal T. VI), 1008 A.D. , et le ça qui se confondrait avec le sa, si la partie gauche était toujours jointe à la hampe par un trait horizontal et si elle ne faisait en haut un petit crochet rentrant. En dépit de ces indires, la consen^ation de types archaïques à côté d(> types ])lus modernes est si fréquente dans les manuscrits du Népal que je ne saurais suivre Uara Prasad et admettre Thypothèse que ce manuscrit est antérieur au xii'' siècle et à Tépoque même écrivait Somadeva.

Le manuscrit de M. S. Lévi , d une écriture qui est belle, mais un peu plus fine et moins régu- lière, ressemble assez au ms. de Cambridge n" 1691 [Bendall, Cat, PI. HT, 1); c'est un bon spécimen d'écriture népalaise du type du xn" siècle. Il ne présente pas, comme l'autre, de traces d'ar- chaïsme; au contraire il a certains types qui se rap- prochent des modernes : le tha est largement omert par le haut; le dha, le ija, le 11a en ligature [iika), le lia en ligature {nca) sous sa forme la plus fréquente, le ça sont pareils aux caractères corres- pondants dans le ms. du Brit. Mus. n" 1/489 {Bûh- ler, L P., T. VI), 1286 A.D.

Sans attribuer à ces indices une valeur décisive, il serait permis d'accorder au manuscrit de Calcutta une antériorité d'au moins un siècle. Cela ne permet

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A première vue on juge que A et B ont été copiés sur le même archétype, mais B avec plus de soin.

Il faut aller plus loin et dire que A est une copie de B. Les particularités orthographiques de B, la forme quil donne à certaines lettres (notamment ^, f et dh), enfin ses malformations accidentelles de caractères se traduisent dans A par des fautes dues à des erreurs de lecture. Quelques exemples :

B écrit le plus souvent par fannsvâra toute na- sale devant consonne; soit I, ix, 3o drcyamtam ; A garde lanusvâra sur -c^a- tout en rétablissant un groupe -nia- : drçyainntam.

B écrit quelquefois 1 anusvâra par un trait oblique muni d une boucle à gauche , au-dessous d un cercle (cf. Bàhler, /. P. T. VI, i5 x); A lit un visarga.

Le dh de B ressemble beapcoup à p ou j (voir supra) : 1, 1 , 87 dharam B, puram A; en revanche, A croit lire dh il y a j ; I, iv, 1 28 palâyitah B, /)a- Iddhitah A.

A cause du petit trait oblique qui orne souvent la partie inférieure des lettres , A lit un jf quelque- fois s : I, ïv, io4 jaciannâlha B, jasannâtha A; quelquefois m : I, v, 34 bhujageçvara B, bhujameçvara A. En revanche il lui arrive de lire (j il y a 5 : I, v, 100 gatâsati B, gatàgati A. D autres fois, A confond ce petit trait avec un a, lorsqu'il est plus épais que d'habitude ; I, iv, i 25 rosa B, rasa A.

Le V dans B porte souvent un petit trait oblique

UNE VERSION NOUVELLE DE LA BRHATKATHÂ. 27

à gauche en haut de la boucle ; A le lit dh parce que c'est ainsi qu il a Thabitude de figurer cette lettre : I,v, 1^7 vïnâh, dhlnâA.

Ces erreurs, qui sont fort nombreuses, peuvent s'expliquer dans fhypothèse A serait la copie du même archétype que B; beaucoup d'autres ne le peuvent pas , car elles sont dues à des malformations purement accidentelles dans B; le copiste de A a fait les fautes que nous pourrions faire nous-mêmes dans ime lecture superficielle de B. Quelques exemples parmi beaucoup :

B dra mal formé, A a : I, vni, 5 B cancadrakta- , A caiica

ukta,

B tra mal formé, A : I, v, 267 B trastam, A tustam, B ntra mal formé, A /im ; I, v, 264 B yantra, Ayanu, B no mal formé, A ma : I^ v, 282 B nodyanam^ A ma-

dyanam,

B fiu mal formé, AnçZi.'I, v, io4 B venabhil).^A veri^ibhih, B casvi mol formé, A ramvi : I, v, 2 10 B nacamdyanti, A

naram vidyantî.

Deux exemples typiques : I, iv, 126 B dpftvây A drsivâm; or dans B drstvd est placé au-dessous du mot likhan de la ligne précédente; le virâma de n se trouve juste au-dessus de IVî de drsivd; ce virâma étant figuré par un point très apparent accompagné d'im trait peu visible, A l'a pris pour un anusvâra se rapportant à l'a. Le çloka I, vu, 26 est suivi dans A d'un çloka évidemment mal placé; le sens indique qu'il faut le faire remonter de deux rangs (ià); or dans B, ce çloka 2^, d'abord oublié par le copiste.

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a été ajouté par lui ou un reviseur contemporain (récriture est la même) dans la marge, et il est suivi du chiflre 2 , ce qui signifie qu il est à intercaler dans la deuxième ligne de la page, c est-à-dire après 23; mais, dans le texte, le signe de renvoi a été placé par inadvertance dans la troisième ligne, après le çloka 26; A reproduit fidèlement cette erreur; il est difficile de trouver un meilleur indice que A est une copie de B.

S'il en fallait un surcroît de preuve , il nous serait fourni par la présence dans B , à partir de la feuille g (correspondant à A 1 1), de petits traits verticaux, d'ime encre très ancienne, au-dessus et au-dessous des lignes, qui con^espondent exactement à toutes les fins de page de A; le copiste de A marquait ainsi , avant de tourner sa feuille ou d en prendre une nou- velle , le point de son modèle il en restait.

Après ces constatations, ne faut-il pas laisser A complètement de côté, sauf pour combler les la- cunes de B, dont la première feuille est perdue, dont quelques autres feuilles sont noircies , rongées , en partie illisibles.^ Ce serait imprudent. Il semble que pour les feuilles 1-11^ (B 2-g) et à partir de la feuille 5 G environ, le scribe ait consulté, quoique très accessoirement, un second modèle. On note quelques divergences, minimes il est vrai, et qui peuvent être, à la rigueur, des conjectures person- nelles au scribe et généralement peu heureuses,

* Voir la notel, 1, 29.

UNE VERSION NOUVELLE DE LA BRHATKATHÂ. 29

dans des passages corrompus , mais qui peuvent aussi provenir d une autre source. Je me suis donc décidé à donner toutes les leçons de A , aussi bien que de B, et même, mais tout à fait exceptionnellement, à suivre A contre B.

Somme toute, le texte de B ne serait pas encore excellent, s'il n avait bénéficié du travail d'au moins deux reviseurs. Je désigne le premier par B^. Il était en possession dun bon manuscrit, car il a corrigé beaucoup d erreurs de B' dune manière très heu- reuse; son écriture est ancienne, de type népalais, à peu près pareille à celle de B ^ ; mais cette revision est cependant postérieure à la copie A, car A coïn- cide avec BS non avec B^. Le ou plutôt les seconds reviseurs sont plus modernes; je ne saurais dire s'ils avaient devant eux d'autres manuscrits ou si ce sont des lecteurs qui ont procédé par conjecture; leurs corrections m'ont paru sujettes à caution; il est im- possible de distinguer toutes les mains; il est visible que le manuscrit a beaucoup servi.

En résumé je me représente ainsi la relation de nos diverses sources :

Archétype (en écriture gupta^)

W-

^ Pour ne pas surcharger cet article , j'exposerai ailleurs pour- quoi j'estime que Tarchétype de B était da type gupta*

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III

CONTENU DU BRHATKATHÂÇLOKASAMGRAHA.

Le sujet du poème , annoncé au début du A* sarga , après les 3 sargas d'introduction, est Thistoire de Naravâhanadatta , fils d'Udayana, empereur des Vi- dyàdharas. C'est en somme le même que le sujet principal du Kathàsaritsâgara et de la Brhatkathâ- mafijarî. Mais la disposition des matières et, en grande partie, les matières mêmes sont tout autres. Il ne s'agit plus ici de légères différences dans Tordre des livres, comme celles qu'on remarque entre le K. S. S et la B. K. M. qui, en dépit de leurs diver- gences, laissent aisément transparaître l'original commun. Nous avons affaire à un poème com- plètement différent; s'il a le même ancêtre que les deux autres, comme il me parait certain, -sa parenté avec eux ne peut s'exprimer que par un nombre considérable de degrés.

Il est beaucoup plus long : si toutes les parties ont le même développement que celle qui nous est restée, l'évaluation de Hara Prasad^ me paraît juste. Naravâbanadatta annonce qu'il va raconter l'histoire de ses vingt-six mariages et de la conquête de son empire; or nous ne possédons guère que la sixième partie de la première moitié ; le total ne devait pas comprendre moins de 5o,ooo dokas.

* Voir supra p. ai.

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li est beaucoup plus simple. Autant qu'on peut fonder un jugement d'ensemble sur un court frag- ment, il ne se compose pas d'une collection de contes variés. Dans le K. S. S. et Ja B. K. M. , l'histoire prin- cipale n'est qu'un fil ténu souvent négligeable, destiné à lier tant bien que mal des collections dis- parates. Celles-ci n'ont le plus souvent qu'im rapport fort lointain avec leur cadre, quelquefois aucun : « Dis-nous qui te fit prendre patience quand Mâna- savega eut enlevé la reine Madanamaiicukâ, et com- ment il fit pour te distraire. C'est Gomukha; . . .il me raconta l'histoire suivante ^ v Ci, un livre de contes qui n'avaient rien à faire avec le sujet. C'est d'une manière aussi dénuée d'artifice que sont introduits le Pancatantra, la Vetàlapancavimça- tikâ , etc . . . Le roman de Naravàhanadatta est noyé dans des flots de hors-d'œuvre; Somadeva a bien choisi son titre en appelant son poème un « océan » ; les « rivières » de sources les plus diverses y apportent leur tribut, mais dans cette masse prodigieuse il ne faut pas chercher d'autre unité que le goût et l'art du conteur.

Tout autre est le Brhatkathâçlokasamgraha : le souci de l'ordre et de la composition y est évident; le sujet y est exactement limité; sans doute les héros y écoutent des histoires, mais ce sont contes, sinon brefs, du moins étroitement liés à l'action et mieux fondus dans le récit. On ne risque guère d'oublier

» K. S. S., XVII, I, 6... i6.

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le sujet essentiel, car ce sont les aventures propres des héros qui sont le plus développées. Défalquez du K. S. S. tous les hors-d'œuvre , y compris la légende de Gunâdhya et les livres II-III , qui sont une manière d'Udayanacarita, aisément détachable, il restera un squelette qui, assemblé autrement et mieux, plus complet et plus cohérent, est le bâti de notre poème.

Cela ne veut pas dire que tout conte accessoire en soit absent; mais, outre quiis sont mieux amenés, ils ne sont pas pris de toutes mains; on aura le plaisir den lire d'originaux, empreints dune forte saveur populaire, abondants en détails de vie cou- rante. Au risque d'étendre imprudemment à l'ouvrage entier un jugement fondé sur une si faible portion , je dirai que ce goût pour les realia me paraît être la marque distinctive de cette Brhatkathà.

Elle a une forte couleur locale ; plus que le K. S. S. et la B. K. M., elle porte la marque de cette région de Kauçâmbi et du Pratisthâna la tradition fait vivre Gunâdhya : Kauçâmbi, ses environs, ses jar- dins et ses fêtes sont familiers à l'auteur : non content d'en savoir les légendes , il connaît les lieux : la porte de Bhadravati * ; le square « des-peaux-d'antilopes » et son bassin aménagé pour les jeux où, sous l'œil effaré des gardiens , le jeune Udayana tombé du ciel joua à la padmabhanjikâ^ ; ce « Bois-des-serpents , qui

^ I, V, 324.

2 I, V, i56. Cf. kâç. ad Pàiiini, ii, 2 , 17; lu, 3, 109; vi. 2 , 74 : padniabhanjikâ est à ajouter à la série uddâlakapiispabhan.' jikà, çâlablianjikâ, tâlablianjikâ : ce sont des noms de jeux chez les

UNE VERSION NOUVELLE DE LA BRHATKATHÂ. 33

ferait honte au paradis », se dérouie la belle yàtrà qui donnera à Naravâhanadatta adolescent sa pre- mière occasion de connaître le monde et les ma- nières galantes; l'auteur note les distances et décrit l'itinéraire : la grand'rue, la route, la Yamunâ qu'on traverse en bac, le temple, la forêt, et^ sur le bord de la rivière, les bancs de sable déserts les jeunes gens cherchent, pour les interpréter malicieusement , les traces de pas laissés par les coureurs de bonnes fortunes ^ Si l'histoire est fantastique, le cadre a quelque réalité.

La langue est simple , généralement tout unie et quelquefois un peu plate, mais en somme de très bonne qualité, maniée par un auteur qui en sait les ressources; il a peu le goût des artifices et ne cherche pas à faire montre de virtuosité; de temps à autre, il se permet une petite description im peu maniérée , juste ce qu'il faut pour donner à l'œuvre une allure littéraire; puis vite le récit reprend : « Foin de l'oc- casion de vous faire désirer mon histoire ! Si je vou- lais achever la description , jamais le conte ne serait conté 2 ! »

En somme l'ouvrage est estimable et se lira sans ennui. Est-il un portrait plus fidèle de la Brhatkathâ

peuples de l'Est [prâcàni kridàyàm P. vi, a , 74). On trouvera dans le Brhatkathâçlokasamgraha un assez grand nombre de mots qui n*étaient jusqu'ici attestés que par les scholiastes de Pâniui ou leiicographes , et plus d'une fois on notera la sûreté d'information de Pânini.

^ I, vm.

* I, IV, i5. . . 17.

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de Gunâdhya que le Kàthàsaritsâgara et la Brhatka- thâmanjarî? Je m'expliquerai ultérieurement sur cette question. Mais il est dès maintenant certain qu'il devient une pièce essentielle dans le procès de la Brhatkathâ. L'étude de sa composition , comparée avec celle du K. S. S. et de la B. K. M. , fera appa- raître dans ces deux versions de graves étrangetés qui en décèlent à mes yeux Torigine composite. Je ne m'inscris pas en faux contre les affirmations de Somadeva et j'admets ja fidélité dont il se targue; mais je pense qu'il travaillait sur un Gunâdhya déjà transformé , quoique encore rédigé en paiçâcî , à la fois réduit et amplifié, amputé dune grande partie de son texte primitif et augmenté dune masse de hors-d'œuvre, devenu le réceptacle de tout ce qu'on connaissait de contes célèbres. Les mœurs littéraires de l'Inde ne s'opposent nullement à ce qu'on ait con- tinué d'inscrire le nom de Gunâdhya sur une com* pilation postérieure, souvent remaniée peut-être, mais dont son œuvre formait toujours le cadre.

IV

Je donne ci-dessouç le texte et la traduction du premier sarga; il n'est pas le meilleur, mais je n'au- rais pu en donner un autre qu'en le faisant précé- der d'une analyse détaillée qui serait sans utilité, en raison de la publication prochaine de l'ensemble. Sont en italique toutes les syllabes restituées ou cor- rigées par conjecture.

UNE VERSION NOUVELLE DE BRHATKÂTHÂ. 35 BRHATKATHÂÇLOKASAMGRAHA.

I

OUI namo Vighnântakâya || mahàkhâtâ mahâsâlà pury asly Ujjayanîti | mahâmbodhimahàçailamekhaleva mahâmahï || 1 1| prâsâdâd yatra paçyantah samtatâfi haimarà/atân | merukailàsakûtebhyah sprhayanti na nâgaràh II 2 II vedamaurvivipa^mâm dhvanayah pratimandiram j yatra samnipatanto pi na bâdhante parasparam || 3 II krtam var^anayâ tasyâ yasyâm satatam âsate j mabàkâiaprabhrtayàs tyaktvâ çivapuram ganàl> i 4 II tasyâm àsin Mabâseno mahâsenah ksitïçvarah | yasya devïsahasrâni sodaça çrïpater iva || 5 II ciram pâlayatas tasya prajâ^ çâstroktakârina^i I Pàlako Gopâlaç ceti sutau jâtau gunâmbudhï || 6 II

La première feuille étant perdue^ B commence à 13,,.

prâmçor. namah A. 2. prâsâdât A. santatânahai-

marâjyatân A. 3. vipancândvaaayah A. 4. satanam A. 6. kârinali | gopsdaç A.

1-4. La description d'Ujjayinî ressemble assez à celle qui se trouve dans K,S.S, VI, i, i35-i37.

1. Ujjayanï : cf. Gan, ia4, 43 ad Pâiu IV, 2, 127 et 206, 16 cd Pàn. IV, a, 8a (Ujjayinî Kâcikâ).

Mahâ° : cf. purîin . . . sumahâçâlamekhalâ B. Gorr. 1 , 5 , 12 (mahatîm sâlamekhalàm éd, Bombay).

2. HaimarâjaUn : je sous^eutends kûtân.

4. iCrtam varnanayâ : cf. krtam girà (= vamanayâ Mali,) Ra^h, XI. 4i.'

3.

36 ANVIER-FEVRIER 1906.

brhaspatisa/naç càsya mantrî Bharatarohakah | Rohantakah Surohaç ca tasyâstàm tatsamao sutau II 7 1 narendramantriputrânàm caturvidyârthavedinâm | prayogesu ca daksânàm yânti sma divasàh sukham

11811" atha gàm pâlayâm âsa Gopâlah pitrpâlitàm | Pâlako pi yaviyastvâd yauvarâjyam apâlaya^ || 9 II mantripu/rau tu mantrilvam atha bhûmir naveçvarâ | navamantrikrtâraksâ jâyate sma punar navâ II 10 || gajarâjam atho râjâ dânarâjivirâjitam | adhisthâya jagatsâram nirjagâma bahih purah II 1 1 tl taddarçanâçayâ yâtam anekam nrkadambakam | bibhyad vyâdâd gajàt tasmâd itaç cetaç ca vidru-

tam II 12 \\

kanyakânyatamâ tatra gi hyamânâtha hastinà j prâmfttprâkâratah pràmçor agamyâm parikhàm

agàtlIlSIl khâtapâtavyathâjâtasamjnânâ sa ksanam tatah | tatasthâ hastiprsthasthain sàbhâsata rusa nrpam II 1 4 II avadhyam avadhir yas tvain pitaram tasya kim

maya | adhïtavedam yo hariti bràhmanain tasya ke

mrgâhiri5||

7. samâç A; tatsamo A. 9. apâlayata A. 10. pu- tro A. 13. prâiiisu A; agît A. 15. veda A.

II. Jagatsâram : je conserve cette expression bizarre en la rap- portant à gajarâjam ; mais je serais plus tente d y voir Tindication de l'endroit vers lequel se dirige le roi.

UNE VERSION NOUVELLE DE LA BRHATKATHÂ. 37

iti kanyâvacah çrutvâ duhçravain çvapacair api i cittesu bhinnahrdayah praviveça niveçanam || 1 6 II adpravâhya Juhkhena dinaçesam samâsamam | janavâdopalambhâya pradose niryayau grhât II 1 7 II kâlakambalasamvîtah sâsicarniâsiputrikah | samantâgadasamnâhah samcacàra çanaih ^anaih || 1 8 II atha çuçrâva kasmimç cid devatâyatane dhvanim | abhisârikayâ sârdham bhàsamânasya kâminah II 1 9 || hatam mustibhir âkàçam tusânâm kandanam krtam | maya yena tvayâ sârdbam baddhâ prilir abuddhi-

II 2011 iyam etâvatï velâ khidyamânena yâpitâ j maya tvam tu grhâd eva na niryàsi pativratâ II 2 1 |i kaumârah subhago bhartà yadi nâma tava priyah j khaiïkrtaih kim asmàbhir vrtheva kulaputra-

kaih||22||

16. çcapacer A; pariveça A. 17. vâhyacaduhkhena.

18. sanaih. 19. kasmimddevatâ- B*; devatàyane A.

22. khalîkrteh A; putraitrakaih B.

16. Çvapacair : ia construction de duhçravam avec un instru- naental n*a rien de plus extraordinaire que celle de dusprâpam; cf. çrngam çrïman mahac caiva dusprâpam çakunair api R, Gorr, VI, i5, 2i; et la même construction avec dustara- (prâkrtaih) fl. Gorr. V, 86, .5.

18. Samantâgadasamnâhah : ie sens adopté est le plus vraisem- blable; cependant on pourrait songer pour agada au sens de «simples» en se référant aux détails donnés infra I, ix, 63 sq,, sur les simples qui doivent faire partie de l'équipement; ce sens de agada se justifierait par Manu VII, 218 : visaghnair agadaic (=ausadhaih KulL) câsya sarvadravyâiii yojayet.

20. Baddhâ prïtir : cf. na babandha ratim kva cit jr.5.5. 1, 3 , 29.

22. Khaiïkrtaih : cf. kuttanyâ prasahya sa khalîkrtah K,S*S, I, 12 , 106. khalîkâra ibidem 176, infra I, 11, 66 eiP.fF. s. u.

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evamâdi tatah çrutvâ sa pragalbhàbhisârikâ | vihadya vitam âha sma tvâdrçâ hi hatatrapàh II 23 || na nu citCani mayârâdhyam tasyàpi bhavatah krte | na hi bhàrtfn aviçvàsya ramante kidatà vîtaih II 24 1| atha nirmafoikam bhadra madhu pâtum manora-

thah I jahi ghàtaya vâtam mepatim nity^âpramâdinam II 25 II

atha pâpâd asi trastah sphutam nâham tava priyâ | na nu durvârarâgândhah sutâm yâti Prajâpatih II 26 II atha vâiam vicàrena Gopâ/am kim na paçyasi | yena râjyasukhândhena prajâpâlah pitâ hatah II 27 II suduhçravam idam çrutvâ Gopâlo duryacam vacah | gacchann anyatra çuçrâva dhvanim viprasya jalpa-

tah II 28 II ayi brâhmani jâgam nandini krandate çiçu^ | tvaritam dayite dehi stanyam kantho 'sya ma çu-

sat II 29 II

23. pralbhâbhisârikâ A prâgalbhâ- B. trayâh A. 24. krto B; bhartftaviçvâsya A. 25. nirmâksakatn A nirmâ. . B [déchirure); jahi. . . trastah lacune dans B [dé- chirure); nitya- A. 26. pâpad A. 27. atha . . . kin lacune dans B [déchirure); gopâla A. 28. prajâpâla. . . midam lacune dans B [déchirure); golo A; gacchanta- A; su- cra va B. . 29. ayibrâ. . .ndate lacune dans B [déchirure); jàgarthi A; çiçutadehistanyankanthosyamàsusat (tadehi- stanya sur un grattage; les 3 premiers caractères grattés impar-

25. Nityâpramâdinam : j*ai hasardé la correction, le texte n'étant donné ici que par A; nitya- pourrait se défendre : «(Il est facile de le tuer car) il n*est jamais sur ses gardes.»

25-26. Atha=yadi : cf. fl. II, 6o, 3.

UNE VERSION NOUVELLE DE LA BRHATKATHÂ. 30

iti çrutvâ giram bhartur vinidrâ brâhmanï sutani | pitrghàtin mriyasveti nirdayam nirabhartsayat || 30 II âh pape kim asambaddham pitrghâtinn iti tvayâ | bàlo yam ukta ity enâm brâhmanah kupito 'bra-

vit II 31.11 kim âryaputra putrena yadâ râjnàpitâ hatah | çrutismrtividety etad uvâca brâhmanï patim II 32 || çnitvaîvamâdi kauhnam pravijrj'ânto/ipuram nrpah | anaya^ ksanadâçesam asanimîlitalocanah || 33 II atha gâdhândhakârâyâm velâyàm mantrinau rahah j aprcchat ko yam asmâsu pravâdah kathyatàm

iti II 34 II tatas tàv ûcatU5 irastau samtrâsam nrpacoditau | kaulïnahetuçrutaye cittani tavâvadhîyatâm II 35 II

faitement paraissent être tvaritam) A çiçutedehistanyankan- thosyamâçusat B; en haut de la page, B^ a ajouté des carac- tères dont les 2 premiers sont entiers, tvari la rigueur tva- ma), le 3' affleure une déchirure mais se lit suffisamment, tam; les suivants ont disparu dans la déchirure, mais il reste encore rextrême bord inférieur de 3 caractères dont le premier parait être da ; dans le texte il semble y avoir un signe de renvoi après çiçu et après stanya (? la feuille est noircie); A semble avoir hésité entre B\ évidemment incomplet, et un autre modèle ou le pada, peut-être incorrect, commençait par tvaritaip, puis s'être décidé pour B^ 30. mriyaçceti A; nirabhatsayat A nir- bhartsayat B nirarbhartsayat B*. 32. itismrti A. 33. praviçyatihpuram; anayata. 35. ûcatutrastau.

35* Samtrâse nrpacoditau : pour la construction, cf. Whitney, S. G.. i3i*6.

40 JANVIER-FEVRIER 1906.

sugrhîtâbhidhânasya Pradyotasya pitus tava | âsann avyabhicârïny aristâny astaumumûrsatah li 36 il uddhârye dhavaie keçe pramâdât krsna uddhfte | uddhartâram mahîpàlah kartayâm âsa nâpitam || 37 il bhunjânena ca pâsâne daçanâgrena khandite | kuiakramâgato vrddhah sùpakâro/^ pramâpitah II 38 II prakrter viparîtatvam jânann apy evamâdibhih | prabho vidher Yidhevatvâd brâbmanân apy abâdha-

ta II 39 II bhartur idrçi vrttânte mantri tasyâvayoh pila | adrstabhartrvyasanah pûrvam evâgamad divam 1 40 fl çrutamantrivinâças tu sa râjâ râjayaksmanâ | guruçokasahâyena sahasaivâbhyabhûyata II 41 |

36. tavah. 38. kâram.

36. Pradyota désigne Mahâsena; de même injra I, n, 49; dans le K,S,S. et la B.K.M., le nom de Pradyota est réservé aa roi da Magadha, père de Padmâvatï.

Sugrhîtâbhidhânasya : comme sugrhîtauâman ; formuie de res- pect employée le plus souvent pour mentionner un ancêtre décédé; elle implique bénédiction pour le mort et les vivants. V. S. Lévi, J. As», 1902 , 1, p. 100 sq., et Ind, Ant, 1904 (XXXUI) , p. i63 sq.

Aristâny astau : je traduis huit et non les huit car je n^ai trouvé nulle part qu*ils soient réduits à ce nombre.

36 sq. : les traits de férocité attribués à Mahâsena, et ceox qui seront rapportés infra f , 11 , justiOent le surnom de canda- qa*il porte sans qu*on nous dise pourquoi, constamment dans le K.S.S. et souvent dans la B, K, M..

37. Kartayâm âsa : inconnu en ce sens réservé à anu- et ava- kart-.

39. Viparîtatvam = viparitatâ «le fait (pour ses sujets prakrtch) de lui devenir hostiles».

41. La mort de Mahâsena est mentionnée, K,S,S, XVI, 1, 55- 56 ; B, K. M. XVIII, 3o-3 1 , dans le récit des faits qui ont précédé la

UNE VERSION NOUVELLE DE LA BRHATKATHA. 41

tatas tâte divam yâte yâtukâme ca bhùpatau | prajàsu ca viraktâsu jâtau svah kimkriyâkulau II 42 || prâptakâlam idam çreya iti huddhvà prasâritam | kaulînam idam avâbhyâm saparyantesv Âvantisu || 43 II krodhabâdhitabodhatvâd bâdhamânam nijàh pra-

jàhi

bandhayâm âsa râjànam râjaputrah priyapra-

jah II 44 II çrnkhalàtan^acaranah svalantràd bhrairiçitah pa-

dât I sukhasya mahato dadhyau sa râjendro gajendra-

vat II 45 II cintàmusitanidratvâd âhâravirahena ca | sa ksapàh ksapayan ksinah samvatsaraçatâyatâh || 46 II pu^enaivainavastho pi prajâpriyacikïrsunâ | na mukta eva muktaç ca yâvat prânaih priyair

iti II 47 II nidânam idam etasya kaulînasya vigarhitam | itarad vâdhunâ devah prabhurity atha bhûpatih II 48 II

42. tâtreA. 43. budhvâ. 45. tatra; bhraçitah A. 46. ksayâh A. 47. putrainaivam ; cikïsunya A.

mort d'Udayana, sans aucune des circonstances rapportées ici. Dans K,S,S, et B.K.M.» Angâravatï meurt avec son mari; ici elle reste vivante, comme on le verra infra I, m.

46. Dadhyau î Sur le génitif avec dhyâ- cf. Speijer, 5.5. , 120 d, lai. Le génitif se trouve avec les verbes signifiant désirer, se sou- venir de, penser à [Pân, If, 3, 82); cette construction est déve- loppée en védique; Speijer doute à tort d*après le présent exemple qu'il en existe en classique des exemples avec d'autres verbes que smar-.

42 JANVIER-FÉVRIER 1906.

adhomukba^ ksanam sthitvâ talâbataniahltaiah | drstvâ ca sâsram âkàçam anàtha idam abravït II 49 II tuîyau Çukrabrhaspatyor yuvâm muktvâ suhrtta-

ttiauj anapâyam upâyam kah prayunjîtaitam îdrçam || 50 || kim tu sa^^vavatâm esa çankâçûnyadhiyâm kra-

mahl drstâdrstabhayagrastacetasâm na tu mâdrçâm II 51 II tasmât pâlayatam bhadrau Pàlakam pâlakam bhu-

vab I idam tv alîkakaulînam açakto 'bam upeksitum || 52 || tasyaivarn bhâsamânasya vridàdhomukhamantrinah | kûjafi prakâ^ayâm âsa ksînâm tâmraçikbah ksa-

pâm II 53 II atba çuçruvire vâcah sûtamâgadhabandinâm | yaçodhavalitânantadigantodbudbyatâm iti II 54 II dînadînani tad âkarnya karnaradânam apriyani | pidhâya pârthivah karnàv uttamângam akampa-

yat||55|| sa càvocat pratîbârim nirvâryantâiii amï marna | ksate ksàrâvasekena kim pbalam bbavatâm ili || 56 || âsïc câsyàtha va dhin màm evam.âtmâpavâdinam | na nu praçasyaui âtmânam nâham arhâmi nindi-

lum II 57 II

49. mukha. 51. satvavatâm. 52. pâlayanam A. 53. kûjana (jana sur un grattage A); tâmraçicah A. 57. ahâmi A.

53. Tàmraçikhah (mot nouveau) tâmracikbin attesté unique- ment par Jatâdhara.

UNE VERSION NOUVELLE DE LA BRHATKATHÂ.

niryantranavihâre na cirajîvini râjani | ràjaputrena laditam kenânyena yathâ maya II 58 II samucchinnadurucchedabâhyâbhyantaravairinâ | varnâframâh svadharmebhyah kim va vicaiitâ ma- ya II 59 II* avantîvardhanasamo nijâhâryagunâkarah | putrah pumnarakât Iràlâ kasyânyasya yathâ ma- rna || 60 1| atlta vàstâm idam sarvam ekenaivâsmi vardhitah | Naravâhanadevena jâmâtrâ cakravartinâ || 61 II eka eva tu me nâsïd gunah so 'py ayam âgatah | prasàdâTi mantrivrsayor yat tapovanasevanam || 62 II iti niskampasamkalpaç codayâm âsa mantnnau | sasimhftsanam âstbânam mandape dîyatâm iti || 63 II tayos tu gatayoh keçàn vâpayitvà savalkalah | kamandalusanâthaç oa bhûpâ/o niryayau grhàt II 64 ||

58. jïvina A. 59. varnnâsramâh ; kivâ A. 62. pra- sâdâta; vrçayo. 64. gatayo; bhûpâlau.

58. Laditam : lad Dhàtupâtha I, 38i iada vilâse; laditam = la- litam Mahâvyutpatti.

60. Nijâhâryagunâkarah : la platitude et la composition étrange de cette expression me suggèrent des doutes sur la pureté du texte ou sur le sens que je me suis vu contraint d*adopter; il semble qu'il y ait un jeu de mots sur gnna.

61. La seule allusion que j*aie jusqu'ici rencontrée à ce fait se trouve infra I, ni, 107 : Naravàhanadatta , le cakravartin, avec ses femmes , salue les rsis et « son beau-père » qui , dans la circonstance , ne peut être que Pâlaka; K,S.S. et B,K.M, sont muets sur ce point. C'est le seul passage de notre texte le nom du cakravartin ioit Naravâhana (toujours Naravâhanadatti , comme dans K,S,S*: les deux formes alternent dans B.K,M.). On pourrait à la rigueur adm«ttre un autre sens: fj'ai été gratifié... par Naravâhana (=^Ktiverft) d^ati gendre qui ett eakrattrtiti »,

44 JANVIER-FEVRIER 1906.

visâdavipulâksena vaksoniksiptapâninâ { drçyaiïiâno* varodhena viveçàsthânamandapam || 65 || trâsamlânakapolena drstah prtliulacaksusâ | Pâlakenâbravî^ iam ca sthita eva sthitosthitim || 66 || prasâdât tàta tâtasya vatsarâjasya ca tvayâ | buddheh svasyâç ca çuddhâyâh kini nâma na pari-

ksitam II 67 II '

ato 'nuçâsitârani tvâm anuçâsati bâliçâh | yena loke ta ucyante viyâtâh pitrçiksakâh || 68 II etâvat tu maya vâcyam pitryam simhâsanam tvayâ | Varnâf ramaparitrârtham idam adhyâsyatâm iti II 69 II tac cdL\açyam anustheyam asmâkïnam vacas tvayâ | mâdrçâm hi na vâkyâni vimrsanti bhavâdrçâh II 70 II itîdam Pâlakah çrutvà sthitvâ câdhomukhah ksa-

nam | uttaram cintayâni âsa nâ5âgrâhitalocanah || 71 II

65. pâninâ A; drçyamânevirodhena A. ^ 66. caksu- sâh A; pâlakenâbravïtanca; sthitam. 67. prâsâdât AB* ; kînnâmena. 68. lokena. 69. etâvantu A etâvamtu B' -valu B*; vâcyaA; varnnâsrama. 70. taccâvasyam ; nâçâ- grâhita.

67. Allusion au séjour d'Udayana (Vatsarâja) prisonnier à la cour de Mahâsena ; Taventure est assez connue.

69. Paritrâ : mot nouveau , d'ailleurs régulier.

70. Asmâkïnam : Pân. enseigne âsmâkîna- (IV, 3, i, 2); idem Vopadeva, 7, 22.

71. Nàsâgrâhitalocanah : nâçâ- pourrait s*entendre désespoir», mais il n'y a aucun exemple d*un composa analogue avec -âgrâhita- ; la correction de en sa est insignifiante; outre que le sens obtenu va bien avec le contexte (Pâlaka est adhomukhab), Texpression se retrouve en d'autres passages de notre texte , sous la forme nâsâ- ;

UNE VERSION NOUVELLE DE LA BRHATKATHÂ. 45

krtakrtrimarosas tu râjâ Pâlakam abravît I bhoh simhâsanatn âroha kim tavottaracintayâ II 72 II kim cottaraçatenâpi t\rayâliam sopapattînâ | vegahprâvrsi Çopasya «araneneva durdharah II 73 II iti dvijâtayah çrutvâ purobitapurahsarâh | visâdagadgadagirah prasrjyâçru babbâsire II 74 II Pâlakas te niyojyatvâd âjnâin ma sma vicâraya^ | tvanniyogân niyoktârah kasmâd vayam udâsma-

he II 75 II dhriyamâne prajâpàle jyestbabhrâtari Pâlakah | inrgendrâsanam âroban khatvârûdho bhoven na *nu II 76 II

72. siiphâsanamahâroha A. 73. conasya. 74. pu- rahsarà A; prasrjyâsni B. 75. âjnâ( jnâtp B) mâsmavi- càrayata. 76. jyesta A; àrohana.

l'un d'entre eux est décisif : tûsnïmbhûtâ ksaiiam drstim nâsâgre niçcaiâm adhât (I, x, 120).

73. Vegah. . .çonasya : cf. çoua ivottaramgah , Ragh, VU, 56; laSone, quelquefois à sec pendant la sécheresse , roule jusqu'à 5o,ooo mètres cubes à la seconde pendant la saison des pluies.

76. Khatvârûdho : Ce mot n'était pas jusqu^ici attesté dans les textes ; le sens que lui donnent les dictionnaire» qui se conduit in- congrûment » est trop vague. La traduction que j'ai adoptée m*est inspirée par Patan/o/i (ad Pân, II, 1, 26, khatvâ ksepe) : khatvâ- rûdho jâlmah | ksepa ity ucyate kah ksepo nâma adhîtya snâtvâ gurubhir anujnâtena khatvârodhavyâ | ya idânim ito 'nyathâ karoti sa ucyate khatvârûdho yam jâlmah | nâtivratavân iti. G*est le mau- vais élève qui trouve toujours qu'il est assez tard pour quitter le travail et aller se coucher, le contraire de l'élève zélé \f^ ce sera l'homme qui ignore les castras parce qu'il a été paresseux dans sa jeunesse; ù Pàlaka montait sur le trône, on le traiterait à juste titre de khatvàrûdha; il pécherait, non par ambition, puisqu'il ne tient pas au pouvoir, mais par ignorance. Il est superflu de

46 JANVIERFÉVRIER 1906.

râjyâgnim âdadhad vâpi tvayi varsaçatâyufî | parivettâram âtmânam ayam manyeta ninditatn II 77 H tasniàd asmân nivartasva samkalpâd atibhîsanât | çokajâny açruvârîni bhavan^v ânandajâni nah II 78 H baddhânjalir athovâca kimcinnamitakandharah | alamvahpïdayitvâ mâm vacobhîr iti pârthivah II 79 H mayàyam abhyanujnâlo raksane ca ksamah ksiteh | khatvârûdho nabhavitâ ninditah çaddavedibhih II 80 H asamarthe ca râjyâgne^ pâlane patite mayi | parivettâpi naivâyam bhavisyati narâdhipah II 8 1 II

77. çanâyusi A çatôyusi B. 78 .bhavatvâ-. 80. ma- yâyamabhya- sic B sur grattaye mayâmayabhyanujnâto A. 81. râgne A râjyâgne B.

faire remarquer la saveur vulgaire de TexpreMioii ; le fait que Pânini lui consacre un sûtra montre combien est vivante la langue qu'il enseigne.

77. Râjyâgnim ici et 8i paraît avoir un sens purement symbo- lique; cependant il peut s'agir aussi du feu établi dans le hdl, devant le palais, le roi, par la main du purohita accomplit las rites incombant à sa fonction et destinés à assurer le succès d'une campagne, a attirer la malecbance sur lennemi, ete. (cf. ApasL II, lo, a5, 4, 7*1 Gant. XI, 17).

80. Je traduis en ponctuant après bhavitâ. On pourrait traduire : < il ne sera pas blâmé comme étant un khatvàrâdha par les çabda- vedins*; mais, outre que ce serait plat, on serait embarrassé pour donner à çabdavedibbih un sens acceptable ( à moins qu'on y veuille voir « les gens habiles à imposer des sobriquets I » ) ; çabdavidyâ est la grammaire , un çabdavedin doit être un grammairien ; je ne crois pas trcp m aventurer en donnant ici au mot un sens défavorable «ceux qui jugent les choses d'après la lettre des castras»; I, vu, 76 on se moquera des «sots dont Tesprit est prisonnier de la lettre» (piistakavinyastagranthabaddhândhabuddhayah) qui ne sont que «de la fausse monnaie de conseillers» (kiitamantrinah).

UNE VERSION NOUVELLE DE LA BRHATKATHÀ. 47

yac câpi pihitâh karnâ àkarnya patiiadhvanim | prajâbhis tac ca na mrsâ maya nihatah pitâ II 82 || tad idani pâtakam krtvâ yusmatpîdâpraçântaye | pràyaçcittam vrajan kartum na nivâryo 'smi kena

cit II 83 II maya càtyakladharmena yal prajânâm krte krtam I tasya pratyupakârâya Pâlakah pàlyatâm ayam || 84 || itîdam prakriïr uktvâ Pâlakam punar abravït | Avantivardhanam putram matprîlyâ pâlayeriti II 85 II vilaksahasitam krtvâ Gopâlam Pâlako 'bravît | Avantivardhano râjâ râjan kasmân na jâyatâm II 86 II satsu bhrâtrsu bhûpâla gunavatsv api bhûbhujah || niksiptavantah çrùyante putresv eva gurum dhu-

ram||87ir * ' '

Gopâlas tam athovâca bhavisyati yuvâ yadâ | tvam ca vrddhas tadâ yuktam gvayam eva kari-

syasi || 88 II evam niruttarâh krtvâ prakrtis tàh sapâlakâh | sarvalîrthâmbiikalaçair abhyasincat sa Pâlakam || 89 II âropya cainâm tvaritam simhâsanam udanmukhah | nirjagâma puràt svasmâd ekaràtrosito yathâ || 90 II

82. nihitah A; pilâh. 84. mayâcâtyakta AB" mayâ- tyakta B\ 85. pâlayedibhih A pâlayediti B (c/*.!, ii, 89, les mêmes mots sont repris avec palayer iti). 86. vitaksa A. 87. param A. 89. kalaçer A; asincansa A. 90. tva- ritali B\

83. Yu^matpîjâ : Il 8*agit , je pense , des conséquences funestes qu'aurait pour le peuple la présence d*un roi criminel.

84. Atyaktadharmena . . . krtam == Texpiation qu'il s'impose » conformément aox castras (?).

48 JANVlEll-FÉVRIEK 1900.

atha râjani kànanâvrf^ puram âspanditalokaloca-

nâm I nibhrtapasitàmayadhvanim mrtakalpâm praviveça

PàlakahlIQlll

Bbrhakathâyâm çlokasamgrahe prathamah sar-

gahiini ' '

i

9 1 . kànanâvrtte ; âspandita AB" aspandita B^ ; svasità ; dans B , avant brhatkathâyâm , ^lne main postérieure a noté un renvoi et ajouté en marge 10 caractères qui ont été ensuite effacés in- complètement, mais restent illisibles.

91. Vrte : v^ ; la correction est nécessaire pour rétablir le mètre (vaitâlîya).

BRHATKATHAÇLOKASAMGRAHA.

Oin! Hommage à Celui qui détruit les obstacles!

Livre Premier. I

PREMIER CHAPITRE DE LUNTRODUCTION.

(1-4) Il est une ville, Ujjayanï, ceinte de fossés immenses comme les mers, de murailles immenses comme les monts qui ceignent la Terre immense. Là, de leur terrasse contemplant les chaînes de

UNE VERSION NOUVELLE DE LA BRHATKATHÀ. 49

clochetons d'or et d'argent, les citadins n'ont pas à envier les pics du Meru et du Kailâsa. Védas , cordes d*arcs et luths s entendent dans chaque maison et, par leur assemblage, pourtant, ne se font pas tort mutuellement. Trêve à la description : c est qu'en tout temps, à la suite de Mahàkâla, siègent les Ganas, ayant délaissé la ville de Çiva.

(5-10) C'est dans cette ville que vécut Mahâsena, puissant roi qui avait seize mille femmes, comme l'Epoux de Çn. Longtemps il gouverna un peuple obéissant aux lois des castras; deux fils lui étaient nés, Gopâla et Pâlaka, océans de vertus; son ministre Bharatarohaka, pareil à Brhaspatî, avait aussi deux (ils, pareils à lui-même, Rohantaka et Suroha. Le roi, le ministre et leurs enfants, versés dans la quadruple science et adroits dans la pra- tique, coulèrent des jours heureux. Puis Gopâla gouverna la terre qu'avait gouvernée son père; Pâ- laka, étant le cadet, prit le titre de prince héritier, les fils du ministre les fonctions de ministres; et le royaume, pourvu d'un nouveau maître, gardé par de nouveaux ministres, sembla renaître , rénové.

(11-16) Or le roi, monté sur un grand éléphant, élite des êtres , sur qui brillaient les raies du mada , sortit de la ville. Pour le voir était accourue une foule nombreuse ; la peur de cet éléphant sauvage la fit se disperser en tous sens. Mais il y eut une jeune fille atteinte par lui; de la haute muraille elle se jeta dans le fossé , inaccessible à l'animal , si haut qu'il fut; à la suite de cette chute doidoureuse la

imKB» BATIOBAI.X.

50 JANVIER-FÉVRIER 1906.

présence d'esprit lui revint sur-le-champ; dressée sur le revers du fossé, elle cria avec rage au roi sur le dos de son âiéphant : « Toi qui as tué ton père, tète inviolable, pour combien me comptes-tuP Pour qui tue un savant brahmane, combien comptent les gazelles?» Ces paroles de la jeune fille, blessantes même pour des mangeurs-de-chiens , déchirèrent le coeur du roi; en proie à ses pensées il rentra dans son palais.

(17-27) Il y traîna dans le chagrin le reste du jour aussi lent quune année. Pour recueillir les bruits publics, à la brune il sortit de chez lui : un manteau noir autour du corps , avec épée , bouclier et poignard, équipement complet sauf la massue, il se promena à petits pas. Or il entendit en certain sanctuaire la voix dun amant causant avec une gourgandine : «J'ai frappé du poing le vide, battu de la balle, quand jai mis mon plaisir en toi, sot que je suis! Voilà une grande heure que je passe à me tourmenter! Mais toi, tu ne sors seulement pas de chez toi - par devoir conjugal! Voilà un mari chanceux! Si tu Taimes, qu'as-tu besoin de nous, pour nous maltraiter? On dirait que ce n est pas la peine d'être fils de famille! » Il continua sur ce ton; alors l'effrontée éclata de rire et dit au galant : « Les hommes comme toi, vraiment, ont un aplomb! Ne devais-je pas me prêter à sa fantaisie, dans ton propre intérêt? Ce n'est pas sans avoir donné con- fiance aux maris que les infidèles s'amusent avec les galants! Après tout, mon cher, tu veux boire le

UNE VERSION NOUVELLE DE LA BRHATKATHA. 51

miel sans mouches? Tue ou fais tuer ce mari tou- jours assidu. Tu as peur du crime? Évidemment tu ne m'aimes pas! Vois : une passion invincible Tenivre : Prajàpati possède sa fille; sans aller plus loin, ne vois-tu pas Gopàla? L'appétit du pouvoir l'enivrait : il a tué son père! »

(28-33) Entendant ces mots affreux, si blessants pour ses oreilles, Gopàla s'enfuit. AUleurs il entendit un prêtre qui parlait : « Eh femme! Veilles-tu sur l'enfant? Le petit crie; vite, ma chère, donne-lui le sein; qu'il n'ait pas le gosier sec!» A la voix du mari, la femme éveillée gourmanda violemment son fils : «Meurs donc, parricide! Ah, mér chante! A quoi rime cela? Tu as appelé ce petit parricide? », dit le brahmane avec colère. « De quoi sert un fils, mon ami? Le roi a tué son père, et il n'ignorait ni Livres saints, ni Tradition! » Voilà quelle fut la réplique de la femme ! Le roi recueillit d'autres rumeurs analogues, puis rentra dans son appartement et y passa le reste de ia nuit sans fer- mer l'œil.

(34-48) L'obscurité était encore profonde à l'heure il tint un conseil secret : « Que signifient ces mauvais bruits sur mon compte? Expliquez-le moi», dit-il à ses ministres. Alors, tous deux, jetés dans l'angoisse , lui dirent avec frayeur : « Voici la cause de ces rumeurs. Écoute avec attention. Ton père Pradyota que ce soit bénédiction de le nom- mer! — présentait huit symptômes indiscutables de mort prochaine. Son barbier devant lui arracher

52 JANVIER-FEVRIER 1906.

un cheveu blanc, lui en arracha un noir par inad- vertance; il le fit couper en morceaux. En mangeant il broya un gravier sous la dent : le vieux cuisinier, serviteur héréditaire, fut mis à mort. Bien qu'il comprît qu'il s aliénait Tamour de son peuple par des actes de ce genre, il alla, possédé par la desti- née, jusqu'à torturer des brahmanes. Lors de ces évé- nements, son ministre, notre père, venait de mon- ter au ciel, avant d'avoir vu la dénience de spn maître. A la nouvelle de cette mort, le rçi fut acca- blé d'un tel chagrin que, sur-le-champ, il tomba en consomption. Notre père parti au ciel, le roi sur le point d'y partir, le peuple désafFectionné du trône ^ nous nous trouvâmes bien embarrassés : « Ce que commande la situation, voilà le meilleur parti », pensâmes-nous , et nous répandîmes le bruit suivant dans le pays d'Avantï et les environs : la fureur avait saisi l'esprit du roi; il torturait ses propres sujets; son fds l'a fait enchaîner, par amour pour eux; comme un grand éléphant qui a la chaîne au pied , déchu de sa liberté , il n'a fait que rêver à son bonheur passé; l'ennui lui a ôté le sommeil, il ne s'est plus nourri; à passer les nuits il s'est consumé, car elles étaient pour lui conmie des siècles; mais son fils, en dépit de cet état, par désir de faire plai- sir au peuple, ne l'a délivré que quand la mort l'a eu délivré de la vie. Voilà le fondement de ce bruit. Faut-il blâmer ou louer? Maintenant le roi en est maître. »

(49-56) Alors Gopâla demeura un instant tête

UNE VERSION NOUVELLE DE LA BRHATKATHÂ. 53

baissée , frappa ia terre du pied , leva vers le ciel en pleurant un regard de détresse et dit : « Vous égalez Çukra et Brhaspati ; hors vous deux, excel- lents amis, qui donc aurait usé d un stratagème infaillible, comme celui-là? Mais cette manière d'agir est le fait d'esprits courageux, exempts de crainte, non celui dames dévorées par ia peur de ce monde et de l'autre, comme la mienne. Aussi mes amis, c'est de Pâlaka que vous protégerez désor- mais le règne; mais pour moi, je suis incapable de me mettre au-dessus de cette calomnie. » Tandis qu'il pariait ainsi et que ses conseillers, confus, étaient tête basse, le chant du coq annonça la fin de la nuit , et ils entendirent la voix des hérauts , chan- teurs et bardes : « 0 toi , dont la gloire fait blanchir le bord de l'horizon infini, éveille-toi! » Triste, triste, le roi trouva ce chant, déchirant pour ses oreilles, odieux; il se boucha les oreilles, secoua la tête et aria à la portière : « Eloigne ces gens ! A quoi bon jeter du sel sur ma blessure? »

(57-62) Puis il songea : « Mais baste! Me blâme- rai-je ainsi? Ne sont-ce pas des éloges, non des reproches que je me dois? Sous un roi effréné dans ses plaisirs, et dont ia vie se prolongeait, quel autre prince s'est privé de tout amusement, comme je l'ai fait ? J'ai détruit tâche diJBBcile mes ennemis au dedans et au dehors; ai-je détourné les castes de leurs devoirs? Avantivardhana possède en lui-même une masse de ressources qu'on ne sau- rait lui ravir; quel autre que moi a un pareil fils.

54 JANVIER-FEVRIER H>0(V.

pour le sauver de Tenfer? Et laissons cda. «Tai été gratifié d*un bien unique : j'ai pour gendre le prince Naravâhana , qui est cakravartin. Un seul mârite me manquait, et le voici venu, grâce à mes deux excel- lents conseillers : la vie ascétique. »

(63-73) Ferme était sa résolution; il ordonna à ses conseillers de préparer le trône et une audience solennelle dans le hall. Eux partis, il se fit couper les cheveux, prit la robe d*écorce et la cruche des ermites, et sortit de sa demeure, sous les yeux e£Parés de ses femmes , qui se frappaient la poitrine. Quand il entra dans le hall d'audience, Pâlaka, pâle de terreur, le regarda en ouvrant de grands yeux. 11 dit, sans s asseoir, à Pâlaka debout : « Père, grâce à ton père et au roi des Vatsas, ainsi quala clarté de ta propre intelligence, en quelle matière n es-tu pas expert.^ Aussi te faire la leçon à toi qui dois la faire, cest être fou; car, dit le proverbe : t effronté qui en remontre à son père ». Je n'ai qu'un mot à dire : monte sur ce trône paternel pour pro- téger les castes et les ermitages. Bon gré , mal gré , tu suivras ma parole : un homme comme toi ne discute pas avec un homme comme moi. » Pâlaka resta un moment tête basse, méditant une réponse, les yeux fixés sur le bout de son nez. Le roi feignit la colère : «Allons, dit-il, monte sur le trône! A quoi bon méditer une réponse.»^ Même avec un cent de réponses tu ne pourrais pas plus retourner ma volonté qu'avec le pied remonter le courant du Çona pendant la saison des pluies. »

UNE VERSION NOUVELLE DE LA BÇHATKATHÂ. 55

(74-84) A ces mots, le chapelain et les brah- manes, la voix tremblante d'émotion, lui dirent en pleurant : «Que Pâlaka, puisqu'il est ton subor- donné, ne critique pas ton ordre! Mais, quand tu commandes, nous à qui revient le commande- ment, comment resterions-nous indifférents? Tu es vivant, tu règnes et tu es le frère aîné; si Pâlaka montait âur le trône, ce serait un homme qui na jamais appris ses leçons, n est-il pas vrai? S'il allu- mait le feu royal , aurais-tu cent ans , qu il croirait encourir le même reproche que le cadet marié avant son aîné. Reviens donc sur ce projet» trop cruel 1 Que nos larmes de doulem* se changent en larmes de joie! » Le roi les salua et, le cou un peu penché : «Assez me broyer le cœur, dit-il, taisez- vous! Autorisé par moi et capable de protéger le royaume, il ne sera pas Thomme qui na jamais appris ses leçons, quand même il serait blâmé par les grimauds. Moi, incapable d'entretenir le feu royal, puisque je suis déchu, il n encourra pas, en devenant roi , le même reproche que le cadet marié avant laîné. Que mes sujets se soient bouché les oreilles en entendant le mot déchu, ce mot nen est pas moins juste, car j ai tué mon père. Après un tel crime commis, quand, pour apaiser votre propre tourment, je m'en vais accomplir une expiation, personne ne m'en doit empêcher. En reconnais- sance de ce que j'ai fait, fidèle observateur de la loi, pour le bien de mon peuple , accordez votre faveur à Pâlaka. »

56 JANVIER-FEVRIER 1^06'.

(85-88) Ayant ainsi parié à ses sujets, il s'adressa de nouveau à son frère : « Sur mon fils Avantivar- dhana veille pour Tamour de moi. » Avec un sou- rire confus Pâlaka lui répondit : «Sire, pourquoi Avantivardhana ne deviendrait-il pas roi? Il est des rois, ayant pourtant des frères capables, qu'on cite comme ayant confié à leur fils seul le lourd fardeau du pouvoir. Quand il sera jeime homme, dit Gopâla, et toi vieillard, alors de ton propre gré tu feras ce qui sera convenable. »

(88-91) Ayant ainsi fermé la bouche à ses sujets et à son frère, il sacra Pâlaka avec l'eau de vases emplis à tous les tîrthas; puis, l'ayant fait en hâte monter sur le trône , il prit le Nord et sortit de sa ville comme un passant qui n'y aurait logé qu'une nuit. Quand il eut disparu dans la forêt, Pâlaka rentra dans la ville qui semblait une mourante,, tant vacillaient les regards du peuple, tant ses sou- pirs étouffés disaient la gravité de son mal.

LA FEMME DANS ^ANTIQUITE. 57

LA FEMMp DANS VANTÏQUITÉ

(SECONDE PARTIE )f^',

PAR M. E. REVILLOUT.

Il faiit distinguer devix périodes dan^ rhistoirç de rbuin^nité : celle les mœurs font les. lois et ceiïe les lois transforment les mœurs.

Noms en arrivons à la seconde», cdle des faiseurs de codes, quinaugura en Ghaldée Hammourabi, en Egypte Ramsès II, Bocchoris et Amasîs^ en. Grèce Lycurgue et Solpn , à Rome les décemyirs. Nous ne parlons pas des législateurs essentiellement religieux» comme Nuina, Moïse, Sas^chis; car ceux-là ét^aient s]Lirtout des traditionnalistes , s inspirant du devoir et non du pouvoir, ,

^ Dans mon étude sur la fimnie dans V antiquité ^m, pendant deuxans, a ^té le. sujet démon cours de droit égyptien à TÉçoie du Louvre , je me suis servi à la fois des représentations figurées projetées devant mes élèves , et des textes. Ces représentations figu- rées ont été surtout excessivement abondantes dans la première partie, dont je remets,, à cause de cela, la publication à plus tard. Pour la seconde partie, dles étaient moins nombreuses, j^ai nécessairement les faire disparaître pour le Journal Asiatique^ et me borner à un exposé beaucoup plus bref des textes. Je n*ai pas renoncé pourtant k la publication intégrale de la première partie. Si je ne puis la faire , j'en rédigerai du moins un résumé conte- nant les documents écrits et analysant très sommairement les autres.

98 JANVIER-FEVRIER 1906.

I

LA FEMME EN CHALDiÊE

DEPUIS HAHMOURABI.

En Chaldée , la période secondaire du droit com- mence beaucoup plus tôt qu'ailleurs. Mais encore faut-il faire ici une distinction; et cela en vertu du vieil axiome de droit comparé : locus régit àctam. C'est ce qua fort bien fait voir notre illustre maître Oppert, dans ses documents juridiques, à propos dés contrats remontant au roi babylonien Marduk- iddin-akhi, c est-à-dire à Tan iioo environ avant nôtre ère. Ce monarque, en eflFet, avait soumis à sa puissance, au moins en partie, le pays d'Assur. Mais il en conserva soigneusement les coutumes ju- ridiques, totalement différentes - nous le savons maintenant avec certitude des lois en vigueur dans son pays, coutumes juridiques qui reposaient alors foncièrement, non pas sur la propriété indivi- duelle , comme déjà alors à Babylone , mais sur la propriété collective de la tribu ^ tout à fait ana- logue à la tribu arabe. Or les documents de cette époque particulièrement celui d'Ada, Tun des plus nets dans le sens juiidique indiqué plus haut - nous apprennent expressément que Marduk- iddin-akhi statuait d'après lés lois « du paysd'Assur » , tout en se servant de l'épha du roi de Babylone pour étalon des mesures agraires.

LA FBMME DANS LANTIQUITÉ. 59

Eh bieal ce que faisait encore le roi babylonien Marduk-iddinr-akhi iors de ses conquêtes, son loin* tain prédécesseur, ie roi babylonien Hammourabi, le faisait déjà lors des siennes dans une région beau^ coup plus proche de sa capitale : les contrats de Warka, de Larsham, de Shippara, etc., nous l'ont démontré.

A Warka, à Ur en Ghaldée (la patrie d'Abraham, dont la race conserva, d'ailleurs, avec tant de ^in les anciennes habitudes traditionnelles), Hammou- rabi avait eu à lutter longtemps , avant de vaincre, avec le souv^ain du pays nommé Rimsin. Celui-ci, dans les formules remplaçant chez lui, pour les dates , les magistratures épony mes de TAssyrie , traitait Hammourabi, qu'il combattait, « d'ennemi mauvais » jusqu'au moment cette qualification lui fut donnée par son adversaire vainqueur (ainsi que mon frère et moi nous l'avons démontré , après Smith , dans notre notice sur deux contrats du règne d'Hammourabi et siu* les données historiques que nous fournissent les contrats de ce temps). Or, tant dans cette brochure que dans le supplément babylonien de notre livre sur les obligations en droit égyptien comparé aux autres droits de l'antiquité , nous avons établi aussi que le droit ne différait pas à ces deux périodes, par- ticulièrement en ce qui concerne l'état de la femme : et cependant Hammourabi venait de promulguer à Babyione un code très dissemblable.

La même remarque s'applique à Larsham et à Shippara. Dans tous ces pays , bien chaldéens pour-

60 JANVIER^FEVRIER 1^06.

tant, la législation continuait sous Hammourabi à être, oomme auparavant, très favorable àlafemmèf Celle i- ci se comportait, je l'ai dit dans la première partie de ce travail, « avec une indépendance bien égyptienne », soit comme fille, soit comme épouse, et elle jouissait de droits égaux à ceux de ses frères et même de son conjoint.

Au contraire, dans son code^, destiné d'abord ^ uniquem^it à la cité de Marduk, au pays propre de Babyloné, bien que précédé dune préface et suivi d'un épilogue le roi se vante de ses conquêtes et de ses travaux , tant à Shippara qu'à Warka , à Lârsham, etc., Hammourabi se propose surtout d'abaisser la femme et de lui enlever la plupart dels prérogatives qui lui avaient été jusque-là conservées, au moins dans la majeure partie de son empire.: La première de ces réformes consiste à établir le prin- cipe que les fils seuls et non les filles étaient les légi- times héritiers du père.

On n'alla cependant pas jusqu'à ôter aux femmes toute participation à l'héritage familial. Non ! le mot participation représente assez bien la racine babylo-^ nienne qui, soit sous la forme verbale saraka^ soit

^ . Je n*ai qak peine besoin de rappeler que ce code , découvert par M. de Morgan, a été d'abord public par le P, Scheil, notre ancien élève et très cber ami.

^ 11 faut d'ailleurs remarquer que les lois n ont jamais d*effets rétroactifs , et que , même en admettant qu'à une époque déterminée le code d'Hammourabi dût être en vigueur dans ses nouvelles con- quêtes, les femmes de ces contrées n'avaient pu voir modifier d'un seul coup leur statut personnel.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 61

SOUS ia forme nominale dérivée «mfea, apparentées à i arabe dsraka {sàJSA) , consortem, participemfacere, sert à désigner et à limiter ies droits de la femme dans rhérédité pertemelle.

La valeur jm^idiqne du verbe iaraka a été signalée pour la première fois par notre illustre maître Op- pert dans ses documents juridiques, p. 89- et 1 02 , a propos de deux contrats archaïques remontant au roi babylonien Marduk-iddin-akhi dont nous parlions tout à l'heure. L'un est précisément Tacte d'Ada mentionné précédemmentpar nous, l'autre le caillou de Michau. Il s'agit, dans les deux cas , de la formule relative à l'éviction et on prévoit celle qui résulte- rait, soit d'une ingérence du dieu , soit d'une ingérence du roi.

Nous avons longuement indiqué, dans notre Pré- cis da droit égyptien ^ en traitant des périodes d'Apriès et d'Amasis, en quoi consistait, dans le droit com- paré antique, l'intervention sacrée dans les alié- nations. Toutes les fois, en effet, que les droits de propriété de l'acquéreur pouvaient être légitimement contestés , on avait rhabitude de faire participer une divinité au dominium , et par suite aux bénéfices , ce qui les rendait inviolables. Cela se faisait en Egypte par la formule suten ti hotep « royal don d'ofifrande ». En Chaldée on avait recours à l'action appelée saraka ^ dont le but était également de constater la copropriété du dieu , devenu ainsi le protecteur du

^ Oppert a traduit iaraka, employé isolément, par vouer, et qaand il est suivi de ana eli « à un dieu», par donner en don.

62 JANVIER'FÉVAIEE 1006.

contractant. C'est pour cda que fon emploie, dans les contrats de Marduk-iddin-aklii, les adjurations sa- crées les plus terribles contre ceux qui useraient à Tavenir d'un pareil procédé , aussi bient que contre ceux qui revendiqueraient au nom du roi ou âm- planent en leur propre nom. Mais il fiiut noter que dans ces deux derniers cas les expressions employées sont toutes différentes, parce qu'il ne s'agirait pas d'une participation, mais d'ime usucapion portant sur le tout.

Dans le code d'Hammourabi iaraku, d'ailleurs très fréquent, n'a que deux acceptions : tantôt ii désigne encore la participation divine, mais ôelte fois celle dont le roi bénéficie dans les pouvoirs ou les droits des dieux ^; tantôt, pour les individus, il s'applique presque exclusivement à la femme.

Une fois cependant, dans l'article 34« la forme dé- rivée ei-sa-ra-ak , identique à la 8* voix verbale des arabes , désigne l'action criminelle du préfet ou du juge qui s'associe à un homme puissant pour frau- der, en faveur de ce dernier, un officier des droits ou de la solde concédée par le roi. Le préfet est dors puni de mort.

Une autre fois, dans l'article i65, il s'agit, pour

^ Nous le trouvons avec cette acception dans les colonnes de répilogue auxquelles on donne le n'xxiv ou xl etle n' xxv ou XLi. La première fois , il s'agit du gonvernement des hommes dont Bel a rendu Hammourabi participant [iaraku) et que Marduk lui a effectivement donné {i-din)\ la seconde fois, de la rectitude (ou la justice divine) à laqudie, Samas a fait également parti- ciper (loroilca) HammourabL

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 63

saraka, de lassooiation dans certains biens fonciers que ie père a établie , pendant sa vie , par écrit, en faveur d'un de ses fiîss et c[ui après sa mort doit grossir ia part (zit-ta) de celui-ci, dans le partage avec ses frères (partage qui^ sans cela, doit être toujours égal).

En ce qui concerne la femme , ie verbe iaraka est souvent joint au nom verbal dérivé ierikta. Dans les articles 1 78 , 179, 180, 181, 18a, i83, 18/i, rhypothèse dun père donnant ou ne don- nant pas à sa fille une participation dans ses biens pour la marier est toujours exprimée à la fois , avec ou sans négation, par le verbe iaraka et par le substantif ierikta. On sait d ailleurs combien sémi- tique est cet usage, si constant en hébreu, et consis- tant à répéter ainsi sous deux formes parallèles une même action.

Ajoutous d'ailleurs que le verbe seul Saraka peut servir pour exprimer la même idée de contrat en participation. Par exemple , il s'agit, dans l'article 1 5o, d'un mari faisant, pendant sa vie, participer (saraka) sa femme à un champ , un verger, ime maison ; dans l'article i65, d'un père faisant, également pen- dant sa vie, participer (^arafcu) son fils à des biens du même genre. On n'emploie pas alors le mot se- rikta pour désigner le contrat [kanuku) qu'il rédige; car ce mot ierikta avait pris im sens absolument déterminé; il ne votdait dire que la participation donnée à la fille en mariage dans les biens de son père : ce que le P. Scheil traduit par « trousseau »,

64 JANVIER-FÉVRIER 1006. /

et ce que Ton devrait plutôt traduire par «dot». Nous reviendrons tout à l'heure sur cette question demande de plus amples dévdoppementsw

Ce qu'il est bon de préciser dès maintjenant, c est que, dans lorigine, lors de la promulgation du code d'Hammourabi , Tidée dont on partait , c était odle des droits bien diminués, il est vrai mais enfin des droits de la femme dans Théritage patemd , et non celle de lutdité ou de la nécessité d'un apport pécuniaire pour lui trouver un mari.

Un mari, on pouvait lavoir d'une autre manière^. Il y avait encore le mariage religieux ne faisant d'abord primitivement nul état des biens donnés ou reçus ^ mais, nous Tavons dit dans la première partie de travail , nécessitant cependant une tablette , un kanaka , genre d'actes dont nous avons donné des exemples et sur lesquels nous reviendrons.

Ce mariage religieux , comparable à celui que nous avons trouvé en Chaldée et en Egypte, bien qu'il laissât primitivement à la femme en Chaldée la complète administration de ses biens, était toujours licite et le sera encore pendant de longs siècles, avec les modifications qu'entraînait, pour l'état des biens, le nouveau code. Mais il se trouvait peu à peu supplanté par l'usage des inariages civils.

Ce qu'exigeait seulement la loi, c'était un écrit. Le contrat [duppu, kunuka, ou rikùfta) devait tou- jouirs être écrit, du temps d'Hammourabi , pour constituer un mariage légitime ; car, d'après l'ar- ticle 128, que les rabbins ont textuellement repro-

LA FEMME DANS L'ANTIQUITE. 65

(luit plus tard, toule femme prise sans contrat [rikista, ce que les rabbins traduisent par ketaba) n*était pas épouse. Mais des femmes libres pou- vaient légitimement épouser certains esclaves vicdrii, en se faisant faire un écrit et, au besoin , reconnaître l'apport de leur serikta, qui restait à elles, en de-» hors de leur part dans les bénéfices des esclaves en question. Le contraire n'était, bien entendu, pas possible. La femme esclave ne pouvait être pour rhomme libre qu'une concubine ou la représentante de l'épouse sans enfant, sans aucun droitpropre, sice n'est que, quand elle était mère, elle ne pouvait être vendue. Quant au mariage par co^mptio , e'est-à-cUre par achat dune femme libre pour en faire une épouse, ana assati, nous ne le trouvons jamais en Chaldée, mais seulement en Assyrie du temps des grandes conquêtes ninivites.

Revenons-en au mariage civil le plus récemment employé et sur lequel s'étend surtout Hàmmourabi ; c est-à-dire à celui pour lequel il répète sans cesse îa mention du serïkta apporté au mari avec la femme. Qu'est-ce en définitive que ce seriktu ?

Pour moi ce n'est pas autre chose que la quote- part d'un associé dans une maison commerciale.

Le commerce était alors très développé et très scientifiquement développé à Babylone; le codé d'Hammourabi le démontre , aussi bien que la mul- titude des documents depuis longtemps étudiés par mon frère et par moi. Il était donc naturel de voir la femme, qui naguère avait dans toute la Chaldée

arUIMrRIR lATIOSiLC.

66 lANVIER.FRVRIER I(r06j

la libre disposition.de ses* biem>et dé» droite «égoiuK à\'Ceii3i;^ de :se$' frères, * réclamer encore et aj^erter dans son idiénage* une pdrtie moin»;de ce qu!eUe avait autrefdis pour^àider son ^lapi «dans son bégoce on «sesi' opérations», quelconques.'. G 'éUi%r tellement le»- «point de vue de tous , què^ .cette: partidipajtîpn de la femme ^ns Une riouvelie imaison*était^ géné^ ralement garantie par un» autre rapport versée par le «fiancé entre ilesj mains dti» père v garantie dont te caractère est d ailleurs nettement spécifié à plusieuri rq)rise$;; ;■ i •» '•• i.? ••• -, •. . -l'-ir.' ■■-.u .;'• :' ^ .r ' » Mais ^^-^,et c est en cela îqU'Hammourabi innovait grandement -^ le serikta , ]^tioipation*daf^â les* biens paternels confiés à. la femme ^ n'était oependant jdas pleinement à elle. Elle n'avait plus, le droit d'en 'dis- poser. Si elle mourait sans enfants, il retouiTiait' à ses frères. Elle n'avait plus même le droit de l'admis mistrerv Si elle se trouvait isolée, on devait la nourrir là-dessus ; mdis ladministratioa incombait ses frère» (leS" articles i 71, 178 et 182* sont tout à fait formels à ce point de vue). Si elle a des enfants, fe senktu est déjà à ses enfant» et le père ou les 'frèrfes ne peuvent plus le réclamer, pas plus que , dans anôun cas, le mari.

- Tout ceci est foncièrement différent de ce qui existait jusqu'alors en Ghaldée , la femme possé- dait, aliénait et administrait ses biens suivant s$a fantaisie. : '. .

Mais ce serikta, cette participation en jouissance aixx biens paternels, si limitée dans son usage ^ était*

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 67

elle au moins égale, comme quantam, à ce qu'elle était autrefois?

Non! Certains articles (181 et 182) Testiment à un tiers de part d'enfant. D'autres en laissent le taux à fixer par les héritiers vrais d'après leur for- tune : et dans ce dernier cas (art. i84), ce sont les frères, devant doter et marier leur sœur si le père ne Tapas fait. L'article i83 avait soin de spécifier, d'ail- leurs, que jamais la femme n'aurait rien à réclamer, en dehors de ce ierikta, dans les biens de son père.

Les seuls cas ou le législateur paraît un peu plus généreux, c'est :

S'il s'agit d'une femme ou d'une concubine libre renvoyée par l'époux ou qUasi époux et qui aura consacré sa jeunesse à élever ses enfants , tant à l'aide de son serikta qu'à l'aide de biens fonds livrés à cet effet par le père. Quand les enfants sont élevés , elle reçoit une part d'enfant dans les biens en ques- tion et elle peut alors seulement se marier (art. 1 3 7) ;

2** S'il s'agit d'une kallat ou fiancée qui n'a pu se marier parce que son père ne lui a pas donné de serikta : elle aura alors, pendant sa vieillesse, en jouissance, une part d'enfant, qui appartiendra à ses frères (art. 180).

S'il s'agit d'une zinnista zikra ou femme vouée, c'est-à-dire d'une sorte de vestale ou de religieuse assi- milée aux sal-nin-an ou prêtresses, et parmi les hommes aux nerse^a ou religieux, voués comme elles au céli- bat perpétuel. 11 faut bien se garder de confondre ces zinnisia zikra avec les kadisat ou kadista et les

68 JANVIER-FëVRIER 1905.

femmes de Marduk faisant à Babylone métier de pro- stituées sacrées. Le rôle des kadisatf qui ont été im- portées juscjue dans le temple de Jérusalem, et, tou- jours sous le même nom, jusqu'en Egypte, nous est parfaitement connu ; mais il n a de commun avec la profession des femmes vouées ou des religieuses que Tabsence d'enfants pouvant être réclamés. On ne donne , d'ailleurs , aux kadistay dans le cas ou un serikta ne leur aurait pas été fourni par le père, que le tiers d'une part d'enfant en jouissance, tandis que les femmes vouées au célibat recevaient, en ce cas, éga- lement en jouissance, part entière (art. 180). Notons, d'ailleurs, que les prêtresses sal-nin-an, auxquelles on les assimile dans d'autres passages, comme ici on les rapproche des fiancées (/raî/aitt) , étaient très protégées contre les calomnies mettant en cause leur pureté (art. 129, voir aussiles articles 1 1 o, 1 78 , 1 79 , 1 80 . 1 87, 192 et 1 98 pour toute cette question).

En ce qui touche le seriktu et les dispositions assez compliquées qui le règlent, toujours dans l'esprit d'hostilité contre la femme que nous avons décrit, on peut consulter les articles 187, i38, i42, i43, 1/19, 162, i63, i64, 167, 171, 172, 173, 174, 176, 177, 178, 179, 180, 181, 182, i83, i84 du code d'Hammourabi. On y admire une logique in- flexible et une véritable science juridique , mises au service d'une passion misogyne accentuée. Il en est de même d'ailleurs pour tout l'ensemble de Içi légis- lation relative à la femme et sur laquelle nous aurons à insister plus loin. Pour le moment, il nous faut

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 69

compléter ce que nous avons dit sur la société com- merciale qu'était alors le mariage et parler, en consé- quence, des apports du mari.

Au senktUf ou participation de la femme aux biens du père fournis pendant Tunion aux conjoints et ne restant dans la maison du mari ou même dans la possession de la femme que s'il y a des enfants, répond en effet le tirhata, ou l'apport que le futur mari , encore fiancé , verse dans la main de son beau- père en garantie et en équivalence du serihta.

Qu'est-ce que le tirhata? Est-ce une dot, comme le P. Scheil l'a prétendu? Est-ce un ancien prix d'achat de la femme, comme, dans l'Egypte clas- sique, je l'ai dit depuis bien longtemps, le shep ou don nuptial : on l'a prétendu également. On a dit aussi (notamment un savant professeur de la Faculté de droit de Paris) que, sans être un prix d'achat, cet argent confié au beau-père restait h celui-ci. Toutes ces solutions sont également inexactes.

Evidemment il ne s'agit pas d'une dot, puisque cette dot devait être constituée par les parents de la fille. On pourrait le comparer, ainsi que l'a fait à la Société asiatique notre savant maître Oppert, au don nuptial égyptien. Mais l'origine n'est pas la même. Jamais le mariage par coemptio, usité en As- syrie, comme plus tard en Egypte et à Rome, n'a existé en Chaldée propre : et l'union servile n'y était point considérée comme un mariage. Ajoutons que le tirhata ne restait pas entre les mains du beau-père , comme l'a d'ailleurs très bien dit Oppert.

70 JANVIER. FÉVRIER 1906.

Qu est-ce donc encore une fois que le tirhaiu?

A notre avis , le mot tirhata se rattache à la r3cine

arabe dakhara {J^^) signifiant reposuit in faturi tem- potismam. Il se retrouve, avec ce sens, dang plusieurs documents anciennement connus et utilisés par mon frère, entre autres dans un contrat de location de fan 17 de Nabonid, que M. Strassmaier a publié parmi les documents de ce prince, sous le io3/0. La signification en pareil cas convient parfaitement aux articles du code d'Hammourabi qui sont relatifs au mariage.

De même que le serikta est une participation aux biens du père laissés à la fille en dépôt, pour ainsi dire, afin de subvenir en partie à la société conju- gale, dé même le tirhata est aussi un dépôt fait en vue de l'avenir par le mari dans ks mêmes conditions et qui constitue désormais im fonds , intangible éga- lement , parce qu'il garantit le seriktu et d'une façon plus générale les droits de la femme et de ses hoirs. C'est ainsi qu'à propos de la répudiation il est dit, dans l'article i38, que, si quelqu'un veut fénvoyer une femme qui ne lui a pas donné d'enfant, il lui rendra ou donnera [nadin) tout l'argent de son tirhata (que le beau-père lui avait remis entre les mains après le mariage) ainsi que le serikta qu'elle avait apporté dans la maison de son père.

Si le mariage avait eu lieu sans tirhata (ce qui était aussi légitime que sans serikta), il lui donnera une mine d'argent pour la répudiation (art. iSg).

LA FEMME DANBL'îANTrQUITÉ. ^1

' •> A propos ' de mort* de la femittév il ôst* dit (Jiie^di ^elquurï a' i^ousé une feininequi lui a pas donné d'eîîfant et le beàu-père lui a^rerrdii $u>m0> ment mariage: son tirhata; ie x^tié réelainerà rien ail beau^èi^ sur le ^iériik (art; 1 6*3). Si fe béau-p'ère? ne lut a pas rendu alors ûrhata, le veuf te déduira sur le imfctii e)t rendra le- reste au beali- père (art^'TÔA-)"-' •' ^S'- -■'' ■•-•■'' ^''.'. -i -•-.''•: ''•<]

A propos des fiançailles de ces kaUat (dont le dode pafple longuement dans les articles ii55vi S6=et i 8&, et qui étaient déjà msentiontiées' par le caillou 'de Michau [ documents juridiques ; * p; ô8 J J aussi bien que par le contrat ïf 'j^ de Liverpoôli etc.)'^ les^ar- tibles 1B9, i5o et i6i en spécifient fort bien leisicoii- ditions. . » ts!

Si quelqu'un a fait apporter dans» la< maisoh de son futur beau-père imiifcfai ou a' donné un tirhàtu, et si ^isuiteii refuse d'épouser la fille; lepère dfe cetle fille gardera tout ce qui a été apporté. Si; c'est le père qui alors refuse, il est obligé de payerledotible de ce qui lui a été apporté. Si c'est un ami qui; par ses calomnies; ' a empêcfaé le mariage v* cet efmi tt^e pourra de plus épouser la fille. 1 ; » n

loi'biblu est distingué du tirhaéai Ce mtot^'qtie le Pi Scheil a traduit par « les meubles » , «© rattache' au verbe babcdu ^qu'on retrouve dans la préface du cdde et daris d'iautres textes^ et qui signifie k apporter » comûife la ratine aid/a dont: il 'dérive ^ Une autre transfor-

' * Aboiile éii emplayee" d'ams la. iàn^ûi^ vèrli» àVec rer kpiss.' ' •■

72 . JANVIER.FÉVRIER 1906.

mation delà racine babala existe dans le mot bMula signifiant les ^ produits » , par exemple ce dopt un champ nous f^it cadeau. Par ce qui précède, on voit qu il faut traduire biblu tout simplement par « pré- sent», comme la dit d ailleurs M. Harper. Le biblu est mis à part du tirkata qiiii sepcible avoir précédé, fl s agit sîms doute des petits cadeaux, des bibelots \, précédant les fiançailles et lapport du tirhatu.

Il nen est pas de même, à mon avis, d'un autre versement fait par le mari et cjue Ion rencontre dans le code spus la forme nndannu. Oppert . a pensé qu'il s'agissait d'un apport de lepoux après le m|iriage, apport qu'il a comparé aux paraphernaux. Le P. Sçheil le traduit par « don » , et je crois qu'il a raison.

Nadflnnu vient en effet du verbe nadanu signifiant « donner nde la façon la plus large et dont les dérivés se retrouvent en hébreu et dans toutes les langues sémitiques avec la même signification.

Dans l'espèce, je crois que nadanna est employé cpmnae synonyme de tirhata. Il faut remarquer en effet qu'au lieu d'accompagner ce mot, comme bïbbi, il le remplace.

Dans les articles 170 et suivants il est question d'un mari qui a eu à la fois des enfants de sa femme et d'une servante. Ce père peut reconnaître ou ne pas reconnaître authentiquement les enfants de la servante. S'il les reconaît par la formule « vous êtes mes enfants » , les enfants de l'esclave partageront par égales parts avec ceux de l'épouse. S'il n'en est pas

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 73

ainsi , les enfants de TAgar ne pourront être vendus et seront afiBranchis ainsi que leur mère, mais ils ne par- tageront pas aveC' ies fils légitimes. Après la mort de son mari, l'épouse prendra son serikta et le nudunnu (t don » que son mari lui a donné [nadanu) et inscrit sur tablette. Elle restera dans la demeure du mari, tant quelle vivra, en gardant le serikta et le nudunnu ^ mais sans pouvoir les aliéner. Après elle, ils sont a ses enfants.

Si son mari ne lui a pas donné {nadanu) de don [nudunnu) i elle reprendra son seriktu et jouira sur la fortune de son mari d'une part, comme un fils; Si elle veut sortir, elle laissera à ses enfants le nudunnu, que son mari lui a donné, emportera son serikta (it se mariera si elle veut.

Il me semble bien clair qu'ici le nudunnu n'est pas autre chose que le ^ir^to, joint, si on le veut, au bibla, c'est-à-dire désigne tous les apports faits parle mari à ce titre.

Il faut noter de plus que si nudunnu se rapporte au tirhatu dans le code d'Hammourabi , il en est venu dans la suite à se substituer au seriktu, autrement dit à traduire la dot de sa femme. C'est d'ailleurs à une époque il n'est plus du tout question , pour le mari, de tirhatu, parce que toute sa fortime reste pleinement entre ses mains , sans aucun de ces fonds de garantie qui avaient été autrefois établis en vue de l'union, pour la fortune de l'autre conjoint.

Ce nouveau sens de nudunnu « dot » a été conservé par les juifs dans le talmudique et le rabbinique

74 JANVrBB-FÉVBIER i*06. ^

après la fcaptivîté de Babylohe: On rfk qli'àmiVrfrtto îèbdque quelconque pour s'en assurer. Daiis le dlbâôn- nairechaldsiïque , talmudtqueet rabbiniqufédeBuxilbrf on lit," par exemple ; KjJnJ n^dooma 'r dos'tnttliehris quant niarito nuptiàram tempoté affètt; eetni orfinSHis àhianientis y inonUtbas et preciosis sp6nsàé\^éï il rétttbie ail Talniud et à Màïmonide. * * . ' '■ ' i 'î» Or cette signification est établie, 'àùmoiiid àxïsêi bien, par les contrats en cunéiformes datés de'NabOr chôdônosor bu de ses successeurs bàbyloiiietts et per- sans, comme tnori frère et moi Favoris prouté'dejiiiis longtemps avec im lilxe énorme de preuves; 'Au fond!, c'est une transformation très' nattÉréUte dtt di^tt. Du moment qtie l&tirhata n existait plus-, XéiénkiAriétimX. plus de raison d'être sous cette fôrtlie. L'tiii" était rél[jiii valent et la gararitie faùtre; nous l*atons déjà dît. Donc lun demandait lautré, et \€ seiikta sans tirhata perdait son caractère séparé et indépen- dant dans la fortune du mari , à laquelle il n^pp^t- tenait pas, pour devenir simplernerit lui &]f)^ofrt* fait audit mari et dotit celui-ci deVaît rendi*e'tDomptë, non plus uniquement à fattille de lai femme ;^^si elle n avait pas d'enfant, miais à femme effl«-mêriie, et, après elle seulement, à ses hoirs. C'était tin dbh [nudannu) de la femme, comme autrefois tirhata était un don [nudunna) du mari, ou plutôt (car miéti expression est ici inexacte) c'était un» don fait pdr les parenti de la fernme en vue et au bénéfice de celle-ci. En effet le ntuiunntt était livré alors, comme autrefois le serikta , pai* père , ou à défaut du pèi%.

LA FEMME ÙANS L'ANTIQUITÉ. IfS

par les frères de la fiancée , ctvec la femme eUe-mîêiïié', au moment des épousailles. ' •- »

Ce n'était plus une participation àlTiéritàge, d*étaït un don, je le repète, et par la la femme semblait perdt-é quelque chose de ce iqui lui restait de ses droits héréditaires. Mais don' était' fait sàtis'eiiprtt de retour, et par elle y gagnait en définitive/ Lii femme dotée était quelqu'un bu quelque chose/EUe s'engageait souvent solidairement avec son mari: de nombreux actes le prouvent. Elle avait dôhc reconduis im peu de seé anciens droits d'administration , voire même d* aliénation. Sa ^fof tune ; plus liqliide , et non itriniôbilîsée, comme Tâvàit comprise HammoUt^ , était devenue plus personnelle en quelque sorte.

N'exagérons rien pourtant. La femme , qtd c6ritihii'e à n hériter de rien en dehors de sa dot, ne jpossèdfe même pas alors cette dôt éri réalité, piiisque son mari Ta reçue àVec elle-même et en a jouissance.

Je le disais déjà dans ihoti volume siir La pro- priété en droit égyptien comparé anoù anirès droits de V antiquité y Y* ^ 9^ » *^^* ^®^^ rattache plutôt à Tidèe dune femme en tutelle, comme le fut jplus tard, à Tépoque classique , la femme athénienne , fenimé que père ou le frère dotait, qui était sous leur autorité tàiit qu'elle n'était pas sous ceiïë d'un mari,' (q[ùi y retombait quand elle était veuve, qui n'avait droit (ju'à des aliments, et dont la dot représentait pour elle l'équivalent de ses aliiiients.'

Beaucoup de tablettes babyloniennes de période en question ne s'expliquent bien que par cette idée.

76 JANVIERFÉYRIER 1906.

qui certainement se rapportait dans ce pays à une couche historique du droit, à on état d'organisation de la société , que je n'avais osé spécifier lors de mon volume cité ci-dessus, et qui me paraissait en con- tradiction avec les plus vieux usages de la Chaldée, mais qui maintenant s'explique très bien depuis la découverte du code d'Hammourabi.

Ajoutons-le d ailleurs, les droits de la famille sub^ sistaient toujours en droit civil selon les principes d'Hammourabi. Pour en neutraliser les effets dans une certaine limite, on était obligé d avoir recours au droit religieux par des adjurations et par des ana- thèmes solennels, appuyant une sorte de iioBrfKti comparable à celle des Grecs, Ce n'était nullement le testament romain , pas plus en Grèce qu'en Chaldée. L'héritier du sang ne pouvait pas être dépouillé ainsi de son titre de continuateur de la personne. Aussi voyons-nous à Babylone, à Tépoque classique, d'une part, un frère, après la mort de son frère, rédiger un acte formel pour approuver les dispositions prises par le défunt en faveur de sa femme, et qu'avait déjà prévues, mais à titre desimpie viager, Hammourabi dans l'article 1 5o de son code; d'une autre part, un procès s'engager entre le frère héritier naturel et les légataires du défunt, c est-à-dire sa femme, sa fille et son gendre. Les juges de Nabonid ratifièrent plei- nement, dans ce dernier cas, la Siadrfxrj, ainsi que le faisaient, en général, les juges d'Athènes, quand une StaOrfxri était attaquée devant eux par les héritiers du sang. Le droit civil validait donc ce qui n'avait eu

LA FEMME DANS LANTIQUITÉ. 77

d'abord sa force qu en droit religieux. Les juges rem- plaçaient alors les dieux.

Aussi ne faut-il pas nous étonner si , de la situation indécise de la femme en Babylonie , avait découlé un résultat inattendu.

A f époque classique de Thégémonie babylonienne , elle n'avait pas, comme les hommes, une succession légitime bien reconnue, des successeurs de sa per- sonne qui prenaient légalement la suite de ses droits, et qu'on ne pouvait écarter. Aussi le droit de dis- poser de sa fortune, droit si limité, nous l'avons prouvé dans un autre travail , pour les hommes qui avaient des fils ou qui avaient des frères, fut-il, au contraire, laissé à la femme d'une façon beaucoup plus large. Elle en disposait, reconnaissons-le, par un acte entre vifs, comme plus tard les Egyptiens. Mais cette donation entre vifs , avec réserve d'usufruit , était au fond l'équivalent d'un testament. J'ai publié plusieurs documents de ce genre , revêtus , il est vrai , d'anathèmes terribles pour en assurer l'exécution.

Dans ceux de SimiUstar, par exemple, la mère, pour enrichir sa fille, à laquelle elle transmet ses biens malgré la présence d'un fils, usait d'un pou- voir qu'un père n'aurait pas. Souvent aussi on voit une mère avantager de même un de ses fils.

Notons en outre que d'après le droit babylonien de cette époque, comme d'après la plupart des droits de la Grèce, Isocrate TaflBrme, une SiaOrfnff ne suflB- sait pas, quelles que fussent les imprécations dont on la garnît, pour constituer un héritier proprement

78 JANVIER-FÉVRIER 1006.

dit, un continuateur de la personne. D fallait que cet héritier entrât d'abord dans la famille par le moyen d une adoption.

.. L'adoption est dans la Chaldée une institution fort ancienne , car un vieux récit légendaire, un oonte nation^ des anciens Accadiens, reproduit et traduit (lans les bilingue^ du palais d'Assourbanipal , nous montre déjà un enfant trouvé pris en adoption, en état de fils , par Thomme charitable qui Tavait recueilli dans la rue..

Dans les actes de Warka que noi» avons cités au comencement de ce travail, il ca est un dans lequel le père et la mère, agissant ensemble, brisent par une abdication les liens légaux existant entre eux et un fils, afin qu'il devienne par adoption le fils dun autre. Enfin le code d'Hammourabi lui-mênpie prévoyait l'adoption dans les articles i85 à igS, en même temps dVilleurs que labdication du père par le fils ou du fils par le père.

En ce qui concerne l'époque classicpie, nous avons publié , mon frère et moi , dans les Proceedings de la société fondée par mon vieil ami Birch , un contrat venant de Shippara qui fait partie de notice collection personnelle et qui est relatif aune demande en adop- tion accueillie par les magistrats auxquels cette de- mande est adressée. C'est le seul acte d'adoption pro- prement dit que Ion possède jusqu a présent dans les tablettes chaldéennes. Mais il est question d'adoption dans d'autres documents du règne de Nabonid, particulièrement dans celui qu'a publié M. Pinches

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 79

dans la (re,vae; américaine .appelée ifeiraica. XJn fils émancipé, et flaarié cj^puis iprs à une veuvç y solli- cil»i'avM:oïri$ation 4e sfon père afin d adopter, à défaut daui. enfant de, lui, le fils que cette veuve avait engendré durant' sa première union. Il, indique qu'il aui^asojin , dans . l'acte (J adoption; d assurer ses . biens , ajcquis pai* lai Qv^ proyejaant du père , -k celui qui , de ç^tte . ipcianîèrç , . deviendrait sipi^ fils. ^ I^C; ,père; ref^$e de,:vdu' entrer/ un étranger dar^s! sa famille powen dev^r le jch^f , . l'^iéritier de . son, fils aîjaé. Il lie, les mains ; à j xjeiui-oi par un acte formel , dans ? lequel il d^éqjare.ïpiie^ sil. procrée; rédlemept des enfants, ces enfants Jiériterpnjtdies biens patrimoniaux comme des acquêts, mais que, dans le cas contraire, s'il n'a p^s d'enfants nés de lui-même , il n'aura le droit d'adopter |)ersôïine!, sauf son itéré, son bréritier sang, «le maître de sa part », selon rexprésàion nïêmedont fl se sert. " '' ' ' , .• ^ . ^ - .

Ainsi la puissance paternelle n était encore a cette époque pas nulle en Babylonie; un père pouvait lier les mains à son fils , même émancipé , quand celui-ci voulait changer, au moyen d'une fiction légale , 1 ordre de la nature en fait de succession et de continuation familiale. Ce n'était point, comme à Rome, le des- potisme d'un maître qu on accordait au cbef de fa- mille s^r ses enfants comme sur ses esclaves, niais c'était un pouvoir qui ressemblait beaucoup à l'auto- rité paternelle telle qu'elle existç aujourd'hui. Dans le code d'Hammourabi, cette puissance du pater fa- nUUçLs étçdt beaucoup plus développée , . puisqu'elle

80 JANVIER-FÉVRIER 1906.

lai permettait non seulement de modifier la trans- mission des biens en avantageant soit sa femme, soit l'un de ses fils, mais même de donner, s'il le voulait, aux enfants de l'esclave, la même situation et la même hérédité qu'aux enfants Intimes.

Le père babylonien qui, à l'époque secondaire, a conservé son fils dans la communauté de biens fami- liale, lui cherche lui-même une femme et fait la demande pour lui. Un des actes dont M. Strassmaier a publié le texte renferme une demande de ce genre comparable à celle que nous avons citée dans la pre- mière partie de ce travail , après l'avoir publiée dans notre notice sur les contrats de mariage et d'adop- tion :

« Nebonadinahi , fils de Belahi erib , parle ainsi à Sungina , fils de Musallimu :

« Ina Essaggil manaat, la vierge, ta fille, donne-la « en mariage à Upallitsugula , mon fils. »

Le scribe continue en ces termes :

« Sungina (le père de la fille) l'écouta et il donna Ina Essaggil manaat, la vierge, sa fille, à Upallitsu- gula , son fils. »

Après cela vient l'indication de la dot livrée au père du fiancé, avec la jeune fille, par le père de celle-ci, dot [nadnnnu) dont il est donné reçu.

Le père qui avait reçu la dot de sa bru en répon- dait d'ailleurs, comme autrefois le mari du serïkta de sa femme , et une autre tablette nous montre bien

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 81

les conséquences possibles de cette répondance, alors qu'il ny avait plus de tirhata. En eflet, la dot, cette fois , consistait en une somme d'argent , et , comme le père de famille avait voulu céder à un tiers une pro- priété patrimoniale qui était entrée pour beaucoup dans son crédit aux yeux de celui qui lui avait versé cette somme, la bini réclama : et elle obtint que cette propriété, malgré lacté formel d'aliénation, conti- nuerait à constituer son gage jusqu'au jour où, après la dissolution de l'union conjugale, on lui aurait rendu en entier son argent; que jusque-là aucun possesseur autre ne pourrait y mettre la main. Cela ressemble singulièrement à notre hypothèque légale; car il n'est pas dit qu'avant cela il y ait eu conven- tion formelle d'hypothèque établie au profit de la femme sur cet immeuble de famille; on tendrait donc à croire que quand le tirhata, c'est-à-dire le dépôt spécial fait par le mari en équivalence du se- rikiade la femme, avait été supprimé, il avait élc remplacé par un dfoit abstrait, par une hypothèque légale , s'étendant cette fois sur la totalité des biens du conjoint en question ^

' Sous Nabuchodonosor le Grand cl sus successeurs, la l'eumic chaidéenne a repris à peu près la siluation qu'elle occupait dans la famille deux mille ans plus lot, au moment Hammourabi fil son code. Cesl Tégale, l'associée, la compagne fidèle de son époux. Que celui-ci soit un commerçant ou un fermier, sa femme, nous l'avons déjà dit, s'oblige avec lui, le plus souvent d'une fa«,-on so- lidaire, relativement aux conséquences de son fermage ou de son négoce. Comme en France , le régime de la communauté est le ré- gime matrimonial le plus babiluel, celui qu'on suppose, à défaut de conventions autres. Aussi, dans les ventes, a-l-on soin de faire

VII. 6

iHnilNCME JlATIOSALC»

82 JAiNVlEU-FEVRIER 1906.

Nous savons d'ailleurs par la requête de Bunani- tum que , durant le mariage , la femme babylonienne,

intervenir la femme, soit comme co-vendeusc, soit au moins comme assistant à la confection de lacté et lapprouvant par sa présence. En effet, l'acheteur ne pouvait pas entrer dans 1 étude des conven- tions matrimoniales qui avaient pu intervenir dans la famille de son vendeur. Mais l'intervention de la femme , sa coopération à la vente, ou, pour le moins, l'approbation quelle manifestait en as- sistant à la confection de cet acte, sa présence était men- tionnée avec soin , suffisait pour le garantir contre toute éven- tualité,

Si le régime matrimonial était celui d'une communauté portant à la fois sur tous les biens des deux époux , on n'eût point admis en droit babylonien, tout était basé sur la bonne foi, que la femme vînt invoquer ses droits de co-propriétaire pour attaquer ensuite un acte auquel elle avait participé.

Si le régime matrimonial était, au contraire, un régime dotal, et si la femme avait acquis des droits réels sur cet immeuble, soit en garantie de sa dot, soit en échange de quelque bien faisant partie de cette dot ( car, ainsi que nous le verrons en étudiant par- ticulièrement les régimes matrimoniaux dans la Chaldée, toutes ces hypotlièses étaient également possibles] , le consentement formel de lu femme donné au contrat d*aliénation , lorsqu'il se faisait, suf- fisait pour valider cette aliénation.

Le droit babylonien admettait bien qu'on vendit par mandat sa cbose. L'adhésion à l'acte valait un mandat formel.

D'ailleurs uiêmc dans le droit romain de la dernière ép(Mju<*, ([uand le droit des gens y eut introduit l'hypothèque, cette insti- tution y tut admise n>cc les principes par lesquels les Babyloniens Taxaient réglée. Tout créancier hypothécaire qui assistait sans réclamation , sans opposition , à la vente faite devant lui , par son débiteur, du bien engagé, était censé avoir renoncé, par cela même, à son hypothèque. Il n'était nullement nécessaire que cette renonciation fût indiquée dans l'acte ou même qu'elle fût formulée d'une manière quelconque; la présence du créancier ne contredisant pas suffisait. C'était par excellence le cas Ton appliquait le proverbe i « Qui ne dit rien consent. » On peut même trouver que les Romains allèi*ent trop loin; car, par excès de ron-

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 83

quand elle croyait sa dot en danger, avait le dix)it de réclamer et d^obtenir ainsi des garanties réelles spéciales pour remplacer Tancienne garantie du tirhata.

Nous rappellerons également un acte curieux cité plus dune fois par nous, le procès-verbal des obser- vations faites par le beau-père d'Iddina Marduk, dont le père était sur le point de faire faillite, au su- jet de la dot qu'il n avait pas versée et qu'il ne vou- lait pas verser sans garantie réelle, de peur qu'elle ne fût saisie par les créanciers du failli, comme faisant partie du capital de la famille. Iddina Marduk, que son père avait certainement émancipé dans

fiance clans la preuve teslimoniale , ils n'exigèrent pas la mention pour le contrat de la présence du créancier ainsi dépouillé de ses droits réels : et ce dut devenir chez eux l'occasion de fraudes fré- quentes ; car, ne jouant aucun rôle dans l'acte et n'étant pas in- terpellé à son sujet, le créancier pouvait ne prêter aucune attention à cet acte, réduit souvent à des stipulations ou conventions ver- bales. Sur la plupart des points , le droit babylonien se montre beaucoup plus savant , beaucoup plus juridique à proprement parler, que ne le fut jamais le droit romain.

Ce que nous avons dit déjà sur les circonstances dans lesquelles se trouvaient les Babyloniens du temps de Nabuchodonosor nous u fait sentir quelle difficulté leurs jurisconsultes devaient rencontrer pour établir une jurisprudence un peu cohérente en ce qui tou- chait les situations relatives du chef de la famille, de ses frères cl de ses enfants.

L'égalité entre les deux sexes continuait à être un peu sacrifiée lorsque les droits des filles se trouvaient en conflit avec les droits des frères. Mais il y avait remède à cela dans le pouvoir accordé au père de fixer la dot de sa fille au moment il la donnait en mariage à un étranger. Nous avons vu aussi le jeu des quasi testaments basés sur le droit religieux et qui étaient accordés même aux mères.

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rintervalle, affecta des esclaves qui lui apparte- naient en propre et le reste de ce quii regardait comme sa fortune particulière en garantie spéciale de cette somme d'argent versée par son beau-père à cette condition.

Mais il est temps d'en venir maintenant à l'examen attentif de la question de la dot à l'époque classique , dot que nous avons dit s'appeler alors naàanna, c'est- à-dire du nom même qui servait de synonyme à rir- liait dans le code d'Hammourabi. Cela est d'autant plus urgent que, dans les derniers exemples cités par nous à propos de la situation de la femme ^ l'époque secondaire , il est sans cesse question de la dot , c'est- à-dire du nadanna.

Nous avons dit que, comme autrefois le seriktu, le nadannu était livré au mari avec la femme.

Un très bon exemple s'en trouve dans le i 1 5 de Liverpool daté de Nériglissar et portant :

« Marduk-sar-uzur donne [itdin) 5 mines d'ar- gent, plus tant d'esclaves et de bêtes de somme, avec [itti) la femme Suma-ibrisa, sa fille, comme dot [ana nadunnie) à Nebokanzir, fils de Bel balit. Nebo- kanzir reçoit sa dot [nadiimma) des mains de Mar- duk-sar-uzur. »

Je pourrais citer un grand nombre de textes ana- logues.

Parfois c'est le frère qui remplace le père.

Il en est ainsi dans le 2 58 de Nabonid et dans le n^'jg de la collection de Liverpool. Dans ce derrjîer, Musallim Marduk , fils de Nebosumaiskun , donne une

LA FEMME DANS L'ANTIQUITE. 85

propriété foncière en dot [nadunnaa) de la femme Habaranatam, fille de Nebosuma-iskun. Mussalim Marduk donne cela dans la satisfaction de son cœm^ avec la femme Habaranatum, sa sœm% à un fils de Marduk Nazir dont le nom est elTacé. Dans le 990 de Nabonid ce sont encore les frères qui dotent leur sœur.

Nous avons aussi parlé de femmes contribuant à doter leurs filles ou leurs petites filles : les n"" 363 et 368 de Nabuchodonosor en fournissent de bons exemples.

Parfois la dot [nadunmi) n est pas payée en entier; il y a un reliquat. Dans le i3o de Cyinis, la dot est en partie en nature d'immeubles , en partie dans la caisse du père. Le n" 9*7 de lâverpool (ou 3/i8 du nouveau numérotage) renferme aussi un reçu relatif au reliquat de la dot de la femme Sukaitum. Il en est de même du n" 1821 du Louvre, égale- ment relatif à un reliquat de dot.

Parfois il ny a eu quune dictio dotis. Le n" 2 1 4 de Cambyse porte ainsi : « Sur ce que Itti-marduk-baladu en dot [ana nadunnie), avec sa fille Tasmitum, à Itti- nebo-baladu avait dit [iqbuu), tout largent, à savoir 10 mines, 5 esclaves, un mobilier de maison, Itti nebo-baladu n'a pas reçu d'itti-marduk-baladu. « Les n°' 2 1 5 , 2 1 6 et 2 1 y sont relatifs au règlement de cette aflaire.

Il est aussi question d'une dot en paroles dans le i54 de Liverpool déjà visé plus haut, relatif il une garantie donnée pour une dot, et on y lit :

80 JANVIER-FÉVRIER 1900.

(tZiria, fils de Neboibni, à Iddina Mardiik, fils de Bazaa, a dit à savoir : 7 mines d'argent, 3 esclaves et la jouissance d'une maison, sans compter 3 mines d'argent qui en paroles [ina (jabba), avec la femme Ina Esiggai ramat, ma fille, en dot {nudanna)^ si je te remets, les créanciers gagistes, qui se sont précipi- tés sur Bazaa , ton père , feront être cela en compte. » Iddina Marduk répondit qu'en représentation (feanm) de la dot [nudnnnie] en question, il engage [iknuuk] tels ou tels biens meubles et immeubles et qu'il confie ces choses par devant la femme Esaggil ramat, sa femme.

C'est, on le voit, l'équivalent de l'ancien tirhata.

Le procès de Bunanitum , publié d'abord par Pin- ches, et dont j'ai donné une traduction rectifiée dans mes obligations, p. 358, est très intéressant à consulter sur l'emploi des fonds dotaux. J'y reviens, bien qu'y ayant déjà fait plus haut allusion. Voici la requête de Bunanitum fille d'Harizaia, qui parle ainsi aux juges de Nabonid, roi de Babylone :

« Binaddu Natanu m'a prise pour femme et a reçu ma dot [niidunna) de trois mines et demie d'argent. 11 m'a fait engendrer une fille. Moi et mon mari Bi- naddu Nataim nous fîmes vente et achat sur l'ar- gent de ma dot et nous achetâmes l'un et l'autre, en l'an 4 de Nabonid , huit perches d'une maison bâtie sur le territoire d'Ahougalla dans Borsippa, pour neuf mines et demie d'argent, que nous avons eues à titre de prêt de Tddina Marduk, fils de Bazai, de la race

LA FEMME DANS L'ANTIQUITE. 87

de Nursin, et que nous donnâmes sur le prix de cette maison. Gomme je réclamais sur ma dot à Binaddu Natanu, mon mari, Binaddu Natanu, dans la satisfaction de son cœur, fit un acte scellé sur les huit perches formant cette propriété qui est dans Borsippa et il me les confia pour les jours futurs. Dans mon contrat il s'exprima ainsi : Deux mines et demie d'argent que Binaddu Natanu et Bunanitum de la face de Iddina Marduk avaient empruntées et en prix de cette maison avaient données ensemble , ils les payeront. Il scella cette tablette et y écrivit ladjuration des grands dieux. Dans Tannée 5 de Nabonid, roi deBabyione, moi et Binaddu Natanu, mon mari, nous prîmes Bînaddu-amara à Tétat de fils, nous écrivîmes la tablette de son adoption et nous assignâmes deux mines dix sekels d argent et la possession d'une maison, en dot à la femme Nupta, ma fille. Le destin emporta mon mari, et par la suite Akabi-ilu, fils de mon beau-père, fit des revendications sur la maison et tout ce qui était garanti par son sceau et confié à moi , et sur Nebo- nurilani que nous avons acquis pour argent de Nebo-ahi-iddin.

« En votre présence j'ai apporté cela. Faites être son jugement. »

Le procès-verbal du jugement est ainsi conçu :

« Les juges écoutèrent leurs paroles. Ils se firent lire les tablettes et les obligations que la femme Bu- nanitum apportait en leur présence; et ils ne mirent

88 JANVIER-FKVRIER 1906.

pas en possession Akabi-îiu sur ia maison de Bor- sippa qui avait été confiée, pour représenter sa dot, à la femme Bunanitum et à Binaddu-amara d'après leurs contrats.

«En conséquence Iddina Marduk comparut et reçut deux mines et demie, son argent donné pour prix de cette maison , et ensuite Bunanitum reçut trois mines et demie de sa dot et la moitié quelle possédait sur Nebo-nurilani. Nupta reçut aussi selon le contrat de son père. »

Nous n'énumérerons pas ici la multitude de documents que nous avons recueillis sur la dot ^ toujours .traduite par le mot nudunnu, Quil me suf- fise de signaler encore : le i65 de Nabonid relatif à la reprise de la dot sur le père du mari; le n** 3 69 (le Nabuchodonosor sur une autre dot reprise et transmise; le n" i83 de Cyrus contenant une demande en mariage qui n est pas faite par le père du fiancé, comme celle que nous avons reproduite précédemment, mais par le futur mari lui-même. Celui-ci , après le consentement du père de la jeune fille et la fixation de la dot, s engage à payer six mines d'argent le jour il abandonnerait sa femme ot en prendrait une autre. La répudiation ici prévue se trouve effectuée dans d'autres actes de la même période. Je citerai aussi les n" 359-860, datés de Tan lio de Nabuchodonosor et constatant d'ailleurs

* LiVERp, i5, 55, 42, ^, 98, 162, 160; N«ibonid, 70, 3 '18, 387; Nabuchodonosor, 869 , 2^i5; Cyrus, l'n , 129. i3o, etc.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 89

l'absence d enfants nés de 1 union, depuis le mariage qui avait eu Heu en Tan 28; enfin ie n** 1 13 deNa- bonid relatif au contraire à un mariage qui n'avait pas été stérile.

Cette tablette est rédigée en présence d un magis- trat de Tétat civil, le scribe de la ville de Shippara.

La vie commune va cesser entre le mari , d une part, et, dune autre part, sa femme et son fils. Il est convenu que le mari payera désormais à titre de pension alimentaire , tant à sa femme qu à Tenfant qu'elle gardera avec elle, par jour, quatre mesures qa de céréales , trois mesures ka de boisson ; par an , un epha d'huile, un eplia de douceurs (probable- ment de miel ou de confitures), et en outre quinze mines pesant (c'est-à-dire environ i5 livres) de laine pour fabriquer leurs vêtements. Désormais l'au- torité soit maritale, soit paternelle lui est enlevée: a il n'ordonnera plus » ni itsibie , il ne pourra plus effectuer aucun prélèvement, c'est-à-dire qu'il ne pourra plus rien enlever ni à la femme ni à l'enfant de ce qui sera leur pécide. Ce n'est pas un divorce; car il n'y aurait pas besoin de dire qu'il n'aurait plus le pouvoir d'ordonner à qui ne serait plus sa femme. C'est la séparation de corps, motivée certainement parles fautes du mari, sans doute par sa brutalité; cardans ce cas, il est naturel que la garde de l'en- fant soit donnée à la femme, comme on le fait encore chez nous dans de semblables circonstances ; mais l'union conjugale subsiste.

H ne paraît pas en avoir été de même dans le

90 JANVIER-FEVRIER lOOft.

n" 'iyS de Gambyse. I^ femme, épouse de Belbalit, scribe de Samas , qui lui envoya le dappu , assistée de ses trois fds, s'adresse alors à son mari Belbalit, pour fixer ses obligations personnelles à dle-même, à partir de ce jour.

Qu'était d'abord le dappii qu'elle avait reçu de son mari?

Le mot dappa a des acceptions très larges. D'une façon générale, il désigne un acte authentique; par exemple, dans l'article i yy du code d'Hammourabi, l'arrêt d'un juge; dans l'artide 171, l'arrêt du père dérogeant à l'hérédité légale en faveur de son épouse; dans les articles 1 78 et 179, l'arrêt du père permet- tant à sa fille de léguer, contrairement à la loi, ce qu'elle détient, à qui elle voudra ; dans l'article 1 5 1 , l'acte authentique par lequel le mari, avant le ma- riage, protège sa femme contre les créanciers qu'il peut avoir; dans les articles 87 et 48, le titre qui doit être brisé ou qui ne recevra pas ses effets. Dap- pu a donc une valeur authentique plus accusée que rikistu (de la racine hébraïque rakas « lier ») signifiant une obligation ^ 11 ne se confond pas, non plus, avec knnnuka^ venant de la racine hanaku « sceller »^ dont

' Voir les articles 7, 47, 6a, 132, iâ3, ia8, 96^ du code d'Hammourabi. Conf, Liverp, 38, 7; 61, 12; 95, 17; 98, 89 et •j 9 ; Darius , 1 65 , Cyrus ,293, etc.

* Voir les articles 5, 150,179, 182,183 du code d^Hammourabi. Conf. LiYERP, 8, 20; 18, 3i; 29, 28; 6a, 39; 67, 4o; 69, 28; 71, 39; i36, 26; et pour la locution kima hanakisu «seloQ son contrat» , Livkrp, 87 , /|6 ; 175, 43.

^ LiYKRP, i5, 7; 42, 2i; A2, 12; 87, 7; 55, 8; 61, 12; 98,

LA FEMME DANS L'ANTIQUITE. 01

on retrouve un autre dérivé dans hanihi « consigna- tion d'argent ». Kunnaha est proprement un scelle- ment un document scellé. Il peut s'identifier soit avec un rikistvL , une obligation ordinaire ^ soit avec duppa, même dans le sens d'arrêt du juge^ ou du paterfa- milias^, magistrat dans sa famille.

H me semble certain que l'acte authentique, le duppUy délivré par le mari à sa femme et qui est l'occasion du document actuel, n'est autre que le repadiwn.

Continuons l'étude de notre tablette.

La femme de Belbalit , s'adressant à son mari , le scribe de Shippara, a la suite de ce dappa, lui dit donc : « Je n'entrerai pas avec mes fils dans la de- meure des hommes. J'habite avec mes fils. . . Ils grandiront... jusqu'à ce qu'ils demeurent avec les hommes. » Ensuite il est dit que le jour cette femme irait dans la maison des hommes pour y entrer, selon l'écrit de l'acte qui est à la face de Belbalit, scribe de Shippara, elle lui remettrait ses trois enfants.

Ceci est une application déjà un peu lointaine du code d'Hammourabi.

L'article 1 3 7 portait : « Si un homme se dispose à renvoyer soit une concubine , qui lui a donné des

2 et 17; iSa, 16; iS^, i5; i54; 1^; 157, 3. Nabiichorlonosor, iibzyik, etc.

' Art, 179. 182 . i83.

- Art. 5 du code.

^ Art. i5o et 66.

92 JANVIER-FEVRIER 1906.

enfants, soit une épouse que a produit des fils, il rendra son serihiu à cette femme et lui donnera l'usu- fruit de champ, verger, ou autre bien. Elle élèvera ses fils. Après qu'elle aura élevé ses fils, une pai't lui sera donnée, comme à un fils, de toutes les choses qui seront k ses enfants, et elle épousera répoux de son choix. »

L'article i38 ajoute que, s'il s'agit d'une femme qui n'a pas donné d'enfant a son mari , celui-ci lui laissera tout l'argent du tirhata ou don nuptial offert par lui , ainsi que le serikin ou la dot qu'il a reçue de la maison de son père , et qu'il pourra ensuite la renvoyer.

Enfin , d'après les articles i Sg et i /io , il est dit que , s'il n'y avait pas de tirhatu, il lui payera une mine d'argent pour son uzubba, l'action de la mettre dehors, ou le repudiam, quand il s'agit delà fille d'un homme libre ; et seulement un tiers de mine , quand il s'agit de la fille d'un masenkak, ce que M. Koehler a traduit avec raison par ministena/^, c'est-à-dire, d'après la comparaison des articles 8, i5, i6,i4o, lyS, 176, 177, 198, 201, 20A, 208, 211,216, 219, 2 2 2 du code , d'un homme employé a l'administra- tion, comme les affranchis ou les esclaves publics des Romains.

Le maJ^nfcafc jouissait, a ce titre, d'une situation intermédiaire fort curieuse. Il en résulte :

1*" Une aggravation de peine par rapport à l'homme libre si on lui vole ou on lui détourne ses bestiaux, sa barque, son esclave.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 93

Un abaissement , au contraire , dans 1 amende ou les tarifs, sH s'agit, soit d'un divorce dont il prend la responsabilité , soit des violences exercées contre lui- même , contre sa fille , etc. , soit des soins à payer au médecin. Il se trouve pour ce dernier article classé à côté de l'esclave. Dans certains cas spécifiés, un homme libre paye i o sicles, un masenkak 5 sicles, xm esclave 2 sicles. Dans d'autres cas moins graves, l'homme libre paye 5 sicles, le masenkak 3 sicles, l'esclave d'un homme libre 2 sicles. En revanche on coupe les mains au médecin qui n'a pas réussi, s'il s'agit d'un homme libre; s'il s'agit de l'esclave d'un masen- kak, le médecin rend esclave pour esclave.

Une remarque encore : les articles i-yS et 176 permettent à un esclave actor ou vicarias de masen- kak d'épouser la fille d'un homme libre aussi bien qu'à un esclave du palais. La situation était donc analogue et elle s'explique fort bien quand on se rap- pelle ce que nous avons développé longuement dans notre ouvrage sur « la créance et le droit commercial dans l'antiquité. » En somme il nous paraît probable que le masenkak éttiit un tarbana, c'est-à-dire, nous l'avons développé longuement dans un autre travail spécial, un affranchi. Les affranchis chaldéens qui, comme ceux de Rome, pouvaient être réclamés par leur ancien maître pour cause d'ingratitude , occu- paient, par conséquent, une place intermédiaire entre les hommes libres et les esclaves. Mais , comme les masenkak étaient des affranchis publics, on ga-

94 JANVIER-FÉVRIER 1900.

rantissait d'une façon spéciale les biens qu ils étaient chargés, d administrer .

Quant à leurs propres esclaves , associés par eux à ladministration , ils avaient une situation, somme toute , bien préférable à celle des esclaves ordinaires.

Mais nous voilà bien loin de la question du di- vorce — entraînés que nous avons été par i article relatif à lamende de divorce imposée au masenkak ou à sa progéniture mâle.

Quant aux femmes, bien entendu, elles ne pou- vaient envoyer le répudiant h leur mari, d'après le code, si dur pour elles, d'Hammourabi.

La législation promulguée par lui est , à ce point de vue, fort curieuse.

Voici d'abord les articles relatifs au désir de la femme de s'en aller,' qui suivent immédiatement ceux relatifs au repadiamde l'homme que nous avons i^produits plus haut.

Vrticle ifn, La femme demeurant dans la mai- son d'un homme qui dispose sa face pour sortir, produit division, ruine la maison, laisse son maii, sera citée en justice. Si le mari dit : « Je la fais sortir » , il lui laissera le chemin libre et ne lui donpera rien pour prix de son renvoi. Si le mari dit : « Je ne la ren- voie pas » , il pourra épouser une autre femme , et la première restera comme servante dans la maison de son mari.

Article i /12. Si une femme hait son mari et dît : « Tu ne me posséderas pas » , on examine son affaire;

LA FEMME DANS LANTIQUITE. 95

si elle est ménagère, sans faute, et que son mari sorte et la laisse, cette femme nest pas coupable. Elle prendra son ierihtu. et s en ira dans la maison de son père.

Article i43. Si elle n'est pas ménagère, mais coureuse, ruine sa maison et néglige son mari on la jettera à 1 eau.

Ainsi le divorce qui est laissé à la pleine disposi- tion de rhomme , sans qu'il soit besoin d'alléguer au- cun motif, n'est, au contraire, point licite dans ces conditions pour la femme. Le juge seul peut le pro- noncer pour les fautes graves du mari. Mais cette instance est bien dangereuse , puisque , si la femme ne réussit pas dans son procès, elle est, ou bien ré- duite à l'esclavage dans la maison même de son époux remarié, ou bien punie de mort, alors même qu'elle n'est point du tout accusée d'adultère.

Il va sans dire, que la femme qui a trompé son mari est punie de mort , comme d'ailleurs son com- plice, sauf le bon plaisir du mari pour la femme et du roi pour l'homme (art. 129). Le fait seul d'avoir été montrée au doigt à propos d'un autre homme est puni pour elle seule, tandis qu'on condamne sévè- rement, nous l'avons vu, celui qui a montré au doigt une prêtresse. Cependant, si la femme inno- cente prête serment , elle peut retourner chez elle (art. i3i et i32).

Les articles suivants concernent un cas dont il fut souvent question plus tard dans le jus gentiam

96 JANVIER-FEVRIER 1906.

grec ou romain , celle de la captivité des ingénues et du post liminianit avec ses effets légaux.

Art. i33. Si un homme a été lait captif et s'il y a de quoi manger chez lui , et que la femme sorte de sa maison pour entrer dans une autre maison parce que cette femme n a pas gardé son corps et est entrée dans une autre maison on la jettera à feau.

Art. 1 34. Si alors il ny a pas de quoi manger et qu elle sorte, il n y a pas de faute.

Art. i35. Si dans ce dernier cas elle a enfanté des enfants dans une autre maison, et si le mari revient à sa ville, la femme retournera vers son mari et les enfants suivront le père.

Art. i36. Si un homme a abandonné sa ville et s est enfui , et si sa femme est entrée dans une autre maison , sa femme ne le reprendra pas s'il revient , el restera elle est.

Au fond, de la volonté propre de la femme il n'est nullement question dans tout ceci. La femme est une sorte d'esclave qu on peut revendiquer ou non.

D'ailleurs, on ne suppose pas plus chez elle de sentiments affectueux cpie de volonté agissante. A-t-elle faim ou non ? Est-elle délaissée ou violen- tée pai' son mari , alors cpi'elle est pleinement inno- cente et dévouée à ses devoirs ? tout est là. Si Ton

LA FEMME DANS L'ANTIQUITE. 97

répond dans ces deux cas par rafiirmalive , on Tex- cuse. Dans le cas contraire, on s'en débarasse de la façon la plus brutale.

PourThomme, on est, au contraire, plein dm- dulgence. Si un homme a connu sa fille , on se bornera aie chasser de la ville (art. 1 54); s'il a connu la fiancée de son fils , il lui donnera une demie mine d'argent et tout ce qu'elle a apporté de la maison de son père, et elle pourra épouser qui elle voudra (art. i56). De l'adidtère dans la maison conjugale, adultère puni de mort s'il s'agit d'une femme , il ne peut être question pour lui.

Sa femme n'est d'ailleurs que pour avoir des enfants et remplir ses devoirs conjugaux. Si elle est malade, et que le mari veuille en épouser une autre , il le peut ; mais il ne renverra pas sa femme. Elle restera chez lui et sera nourrie pendant sa vie (art i48).

Si cependant elle veut s'en aller dans ces condi- tions, on lui rendra son serïktu (art. lAg).

Si la femme, bien portante, n'a pas d'enfant, et si son mari veut prendre dans sa maison une concu- bine, il le peut (art i/i5).

Si , pour éviter ce résultat , la femme a choisi elle- même une servante qu'elle a donnée à son mari pour en avoir des enfants , comme Sara fit pour Abraham , ilne pourra pas prendre de concubine. Mais si cette servante , devenue mère , rivah'se avec sa maî- vn, 7

XATtOXiLJI.

98 JANVIEH-FEVRIER 1900.

tresse, on la marquera et on la comptera parmi les servantes , sans pouvoir pomtant la vendre (art. 1 4 4 et 1 46). Si cette Agar na pas d'enfant, sa maîtresse pouiTa la vendre pour argent (art. i 47).

Nous avons déjà dit plus haut que la concubine, sagetim (mot qui se retrouve dans le chaldaïque de Daniel sous la forme sugela ou sugelet et qu on a alors traduit par nxor), était assimilée à Tépouse [assata) en ce qui concernait le repadium, si Tune ou lautre était mère (art iSy). Il en est sembla- blement ou à peu près pour la fille de la sage^- tim. ou la fille de Tépouse. L'ime et l'autre doivent recevoir un ierikia du père ou, à son défaut, des frères, seriktu (ormant son unique part dans fhéri- dite paternelle (art. i83-i84).

Quant aux enfants de la servante , ils peuvent de- venir héritiers, même quand cette servante n'a pas été donnée au mari par sa femme dans le but de la remplacer. L'article 170 décide, en effet, que, si à quelqu'un , son épouse a donné des enfants et aussi sa servante, et si le père, de son vivant, a dit à ces derniers : « Vous êtes mes enfants » et les a comptés avec ceux de l'épouse , ils partageront par égale part avec eux; s'il n'a pas fait cette déclaration , les enfants de l'esclave ne partageront pas, mais ne pourront être vendus.

Ceci rentrait dans la puissance du pater famitiu ^ pouvant, aussi de son vivant, donner un bien à sa

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. M

femme, à sa fiUe ou à son fils, donation qui, pour ce dernier, n'empêche pas son droit de partager à égales parts avec ses frères, dans ce qui reste de Thérédité. Mais ceci prouve aussi que l'union charnelle de l'homnie marié avec sa servante, non désignée par sa femme , était licite et n'était point comprise dans les interdictions relatives , en certains cas , à la con- cubine et dont nous avons parié déjà.

La pauvre épouse était donc obligée à supporter bien des choses. Elle avait beaucoup de devoirs et peu de droits; un des derniers privilèges quon lui laisse c'est de se faire garantir, avant le mariage, contre les créanciers du mari et d'éviter ainsi d'être livrée à l'état d'esclave ou de nexa [sirt. i5i). Il est vrai que si elle n'avait pas pris cette précaution , son es- clavage temporaire cessait, comme pour tous les ingénus, au bout de quatre ans : ce qui a fourni plus tard à Moïse l'idée du jubilé septennal , et à Amasis celui du cens quinquennal et de ses effets, également rdktifs à la libération des nexi.

L'article la-j spécifie, en effet, pour le père, le droit de livrer sa femme, son fils ou sa fille pour une dette sujétion dont ils sont affranchis la quatrième année.

Quant à l'esclave qui a donné des enfants au maître, celui^i est obligé de la racheter, tandis que les esclaves ordinaires sont aliénés pour toujours. Notons que l'usage de vendre pour un temps, en garantie d'une dette, son fils ou sa fille, a subsisté à Babylone jusqu'à l'époque classique.

100 JANVIER. FEVRIER 1906.

Le 70 de Nabuchodonosor concerne ainsi un fds vendu par ses parents pour prix compensé.

Le contrat 1812 du Louvre est un acte de gage conçu d'après le même principe :

« 5 sekels touchés en argent, capital de Nebokinziru, fils de Nebokinabal , sur la femme Ziraa , fille de Be- lahierib. La femme Riniut-nana, fille de la femme Ziraa, a été prise en gage de Nebokinziru. Possesseur autre sur cette femme ne mettra pas la main. La femme Rimut-nana habitera en présence de Nebo- kinziru à titre desclave, jusqu'à ce que Nebokinziru ait reçu son argent. La femme Ziraa donnera par jour 5 sahia h la femme Rimut-nana. Elle rendra l'argent à Nebokinziru, tel mois de telle année de Nériglissar. L'argent produira par mine 1 2 sekels à sa charge. »

Ce fait de confier une jeune fille à un homme à titre de gage paraît peut-être un peu dangereux. Mais la femme, son honneur et ses goûts com^p- taient pour si peu de chose sous l'empire du code d'Hammourabi que la mère, agissant ainsi sous Nériglissar, paraît seulement un peu trop conserva- trice de vieilles coutumes qui tendaient de plus en plus à s'adoucir.

Déjà, à l'égyptienne, des contrats de mariage du temps prévoyaient pour les interdire le mépris de la femme ou, l'adjonction d'une nouvelle épouse.

R se passait alors ce qui se passa quand, du temps des comiques de seconde période, l'épiclère d'Athènes était devenue une héritière.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 101

Mais avant den arriver à ce retour aux vieux usages il faudra de longs siècles.

En effet, à partir d'Hammourabi et longtemps encore, dans les dififérents pays, tous les législateurs se plaisent à qui mieux mieux à abaisser la femme.

[La suite au prochain cahier.)

NOTICE SUR DADtSÔ' QATRAYA. 103

NOTICE

SUR LA VIE ET LES OEUVRES DE DADÎSÔ' QATRAY4,

PAR

M"" ADDAI SCHER,

ARCHRVROUË CHALDBEN DR SlîlRT.

I

Kbec^ésus de Nisibe dans son Catalofine des Écri- vains syriens ^ s'exprime ainsi : i^\-ju.Mw=3 .b^Ajc»^-^

« Dadîsô* l*habile , annota le Paradis des Moines Occidentaux, et expliqua (le livre de) Tabbé Isaïo; il écrivit un livre sur la vie monastique, des traités sur la sanctification de la cellule, et des discours pathétiques consolation^; il composa aussi des lettres et des questions sur la paix du corps et de l'esprit. M

* Apud AssKMANï ,B.O,, t. TU, pari, ï, p. 98-99. 2 Discours funèbres.

104 JANVIER-FÉVRIER 1906.

Assemani, après avoir reproduit le passage d'Ebed- jésus, ajoute en note : «Dadjesu, Abrahami disci- pulus et in praefectura Cœnobii Izlensis successor, cujus vitam Thomas Margensis in Hist. monast. part. I, cap. 4, describit bis verbis. . [suit le pas- sage de Thomas de Marga^ et Assemani poursuit:] In Epitome Canonum Sobensis , part, vn , cap. 4 , post undecim Abrahami, cujus supra facta estmen- tio, Régulas, referuntur tredecim ejusdem Dadjesu Canones, quospro laudati cœnobii regimine condi- dit. Titulus : i^S.2oaSk.=3^ .^^ojt»':v^ >\20':v i^'oxn .•^jcn'vrDr^ ^-x-so-^ cnnVura -^xjotv : i^raS Canones Mar Dadjesu Abbatis Cœnobii Magni, qaiMar Abra- hamo successit. »

Assemani, ici, comme en d'autres endroits, iden- tifie deux écrivains syriaques du même nom ^.

Dadî§ô* , successeur d'Abraham dans la direction du monastère d'Izla , était originaire du Bêth Ara- mayê ^ et vivait à la fin du vf siècle ; il devînt supé- rieur du grand Couvent en Tan 899 des Grecs (588)*,

^ Dans BuDGE , The Book of Governors ^ t. II , p. 4 a et suiv. ( ch. v ).

^ J*ai déjà redressé cette erreur et d*autres dans mon ouvrage chaldéen intitulé : Jardin des Ecrivains, qui est sous presse; et dans mon opuscule arabe sur l'Ecole de Nisibe [Beyrouth, igoS).

^ Le Livre de la Chasteté, n" 38. Babai le Grand, dans la vie de Guiwarguis martyr (édition Bedjan, p. 424), dit que ce DadSSô' était de ia contrée de Bétli Darayê. Mais le Béth Darayé était une partie du pays de Béth Aramayé.

^ Date fournie par le livre d'Ébedjésus de Nisibe intitulé : Règles des jugements ecclésiastiques (cf. Labourt, Le Christianisme dans l'empire Perse, p. 817 ). D'après le même livre on lit : 8* année de llormizd, la date coïnciderait avec le 8 janvier 58fi.

NOTICE SUR DADlàÔ* QATRAYA. 105

Cette même année , au mois de janvier, il composa les canons monastiques, dont parle Assémani^ Il mourut en 60 4*. Sa vie a été écrite par son suc- cesseur, Babai le Grand ^. Thomas de Marga^ et Isô^dnah de Bassorah^ nous ont transmis une notice sur cet auteur.

Dadîsô* Qatraya, dont les ouvrages sont men- tionnés par Ébedjésus de Nisibe , dans le passage que nous avons cité, vivait environ un siècle après Dadî§ô* d'Izla. Quelques passages de son Commentaire sur le livre de labbé Isaïe de Scété, ne laissent aucun doute à ce sujet.

1 ° Dans le Traité XV, chap. v, Dadîsô' Qatraya cite Barhadbsabba*Arbaya®,qui vivait au commencement

* Ces canons , avec ceux de son prédécesseur Abraham , ont été publiés avec une traduction latine par M. Tabbé Chabot : Regulae monasticae ah Abrahamo et Dadjesn conditae, Rome , 1 898.

^ Date fournie par une compilation historique anonyme (voir A. ScHER , Catal. des manuscrits etc, , conservés dans la bibliothèque épiscopale de Séert , cod. 127]. Il y est dit que Babai le Grand, successeur de DadiSô', mourut la 38' année du roi Chosroès ( II ) , après avoir dirigé le couvent d*Izla 24 ans.

^ P. Bedjan, Histoire de Mar Jabalaha etc., 2* éd., p. 424-/126.

* Hist, Monast., liber I, cap. 5.

* Livre de la Chasteté, 38.

^ Barhadbsabba était originaire de la région de Bêth 'Arbayô , comme Tindique son surnom ; il était disciple de Henana d*Adia- bène , ainsi qu*il le déclare lui-même dans son traité sur les Écoles ; il a été consacré ensuite évéque pour Halwan , et c'est en cette qua- lité qu'il assista en 6o5 au concile de Grégoire (voir ChabcT', Syndicon Orient, , p. 479]. La chronique anonyme publiée par Guidi , mentionne aussi pendant la vacance forcée du siège patriar- cal de Séleucie (609-628), Barhadbsabba de Halwan comme un écrivain célèbre.

106 JANVIER. FÉVRIER 1906.

du VII* siècle. «De même, dit-il, BarhadbSabba, le docteur, dans son livre des Trésors, dans le long dis- cours qu'il écrivit sur la connaissance de Tâme, après sa sortie (du corps), dit beaucoup de choses qu*îl prouve par des témoignages tirés des ss. Livres et des Docteurs de l'Eglise . . . i i^*^ y*n^v^\^ A^

2" Dans le Traite^ XIII, le même Dadi§ô' cite Babai le Grand et dit : « Une telle multitude d'hymnes et d'antiennes n'était pas en usage au temps des Pères anciens ; il est prouvé que cet usage n'etistait pas même au temps de nos ss. Pères de la géné- ration précédente. Ainsi le b. Mar Babai le Grand, supérieur du couvent d'Ida, qui vivait au temps du roi Chosrau, fils d'Hormizd, dans le livre qu'il com- posa pour l'instruction des novices, n'impose pas au frère de réciter des hymnes dans sa cellule dans l'of- fice des Gomplies. » i^Wio^. Vordii^^ ^n vÀm-rv i^V\m-.i.=3i^ »— soR % -1 \iam i<lA x^ ïni no

•Vvocn ^2L«^ n^cn Kf'K-^ *^nA^ ••t^je»*^\i3 ^obcat^ en I *n\-=3 i^ôcn-^ ô<n : t^-Av.^1^^ r^\jsn<\»\m^

NOTICE SUR DADtSÔ* QATRAYA. 107

Or Babai le Grand , dont parie l'auteur du livre , fut le successeur de Dadl§ô* dans le couvent dl2^a^ qu'il gouverna depuis la mort de celui-ci , cVst-à dire depuis 60 4 , jusqu'en 628^.

Dans le Traité XV, il cite encore Babai le scribe, auteur qui vivait au vn* siècle^. « L'heure de la mort est comme la vision que vit au moment de sa mort un des vieillards négligents, que men- tionne Mar Babai le scribe , dans son livre ^ : Un des Père», dit-il, qui était un peu négligent, vit à l'heuro de sa mort les démons qui s'emparaient de lui . . . » r^SDjDo ^sn AM t^vMn t^ou» ^t^\^ t^^oso X^jco

k" Dans le même Traité, chap. ix, il cite aussi le patriarche iSô^yahb III d'Adiabène , qui monta sur

* Voir Hist, Monattica de Thomas de Marga, lib. I, cap. 6,7, a8, 35; Livre de la Chasteté, n" Sg; B.O., t. III, i" partie, p. 9/1 ; Cbaaot, PÉeoU de Nisibe, ton Hiitoire, etc. , p. 44 , 45-d7.

^ Voir ci-dessus, p. 106, n. 2.

^ Voir ie Livre de la Chasteté, n" 76, et la compilation historique anonyme de Séert.

* Le titre de son livre était : De distinctione prteceptorum (Ebkd JÉSUS deNîsibë, apud Assemani, B,0.. t. lïï, part, i, p. 188).

108 JANVJER-FEVRIER 1906.

le trône patriarcal en 65o et mourut en 660 ^ : « Voici , dit-il , queMar Jsô yahb le Catholicos , fils de Bastouh- mag , issu d'une famille riche et illustre , homme docte et érudit, porta dès sa jeunesse le joug du mona- chisme. Elu patriarche, pour mettre fin à la lutte que lui livraient les envieux 2, il fut obligé de prendre la liberté de parler de ses bonnes œuvres, de se glorifier devant toute la foule de ces deux choses, à savoir : du sang cjuHl tirait aux frères , et de sa foi orthodoxe : « Deux choses , disait-il devant tous , sont requises de celui qui est élu pour gouverner l'Église , c est-à-dire la connaissance parfaite de la vérité et la pratique de la vertu. Or, si vous voulez, vous pouvez vous rendre compte de 1 étendue de mon savoir, par mon livre intitulé : Réfutation des opinioiw (hérétiques); quant au témoignage de ma conduite, je n'en invoque- rai pas d'autre que les ventouses par lesquelles je tirais le sang des frères , et qu'on peut voir encore main- tenant dans ma ceUule au s. couvent de Bêth-^Abê.

^ B. 0. , t. in , part. ï , p. 1 1 3 et suiv.

^ On sait qu'Isô*yahb se fit élire patriarche par ruse (voir Liher Tnrris, *Amr etSlîba; textus, éd. Gismondi, 1896, p. 56).

NOTICE SUR DADÎSÔ* QATRAYA. 109

AjoJL^ i^jso^ira .y^.yrxr% cvA^ yy^\xy \<nr:àyyL\^

..x^

A.ju^n..^^ô •• i^li^i^A i^:=o-^ Vvscicn .Yn ^oxri'^v

Tout ce que nous savons de la vie de ce Dadîsô^ Qatraya nous est appris par un passage de ses œuvres. Il était originaire du Bêth Qatar, comme rindique son surnom. 11 embrassa la vie monastique dans le couvent de Rabkennarê , ainsi que le montre le titre de son ouvrage, li habita également dans le couvent de R. Sabôr ^ et dans celui des Apôtres :

« La cause , dit-il dans l'introduction du traité XIIl, qui m'a empêché de réaliser votre ordre sublime, ô moines christophiles et mes frères en N.-S. , Mar Zekaîsô^ et Mar lazîdost, ce n'est pas, à Dieu ne plaise! la négligence, mais mon état continu d'infir-

' Peut-être le couvent de R. Sabôr et celui de Rabkennarê ne faisaient-ils qu un. Les deux couvents de Rabkennarê et des Apôtres paraissent avoir été situés dans les montagnes du Bétb Houzayé; celui de R. Sabôr était situé aux environs de la ville de §oustar.

110 JANVIER-FËVRIËR 1006.

mité. Quand j'étais au s. couvent de Kabkennaré , les vénérables et charitables moines, Mar Ahôb et Mar Âbkôi m'ordonnèrent de leur écrire dans un livre l'explication des sens contenus dans le livre d'Isaïe le grand. Par obéissance à leurs ordres, j'ai expliqué les six premiers traités. Ayant été ensuite gravement malade, je n'ai pu expliquer les autres traités. Étant v enu chez votre révérence , au s. couvent des BB. Apôtres, vous m'avez ordonné d'accomplir ce qui avait été déjà commencé. Confondu par vos prières amicales, j'obéis à votre ordre sublime. Et quand, grâce au secours de vos pures prières, j'eus encore expliqué sept discours, je fus empêché pour la deuxième fois d'accomplir l'ouvrage, à cause de la maladie et d'autres obstacles qui survinrent. Main- tenant que le Seigneur a voulu que j'aie un peu de répit, je me propose d'accomplir avec le secours de Notre-Seigneur votre commandement avanta- geux. » Dans ce même traité XIII, il dit encore : a Et même quand j'étais (au couvent de R. Sabôr) , il se trouvait de nombreux frères , qui accomplissaient les règles ...»

Aâ^ .i^cnHo^Q rdrbi^a.rp'^ i^^\ijC731^ y^Vvo^cujso ><; y t^ .n ttfv i?ao<\ \h ta «v^oos 9«\.^iC *v % ^^

NOTICE SUR DADÎàÔ* QATRAYA. 111

^sp yA Vuxi^ %i<^wnv»>^, i^mnoajs ^^r^Vvt^-^

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KÎjcKr^ 1 >A i^ôcnô :»^j\.m r^^^-rv ^-rv t^jccn ^^^ '^ i^^iactA ^CL-sOi^^^ V\ ^ n \| Vk^ ? A, i> \ n . . .•:*«ÔP^^ ciM^-sic^v^D t^SVvom v^SaoOÀ.S3\ ViKiôs^ i^i£3\ ôcnca «ssx^ i^^cnci yi^JÂr<i ^^mVx ^^ Mm V\-»v^ : /no ^ y. ^-raS^

C'est donc dans la seconde moitié et vers la fin du vn* siècle qu il convient de placer notre auteur.

Outre les données précédentes nous pouvons en- core ajouter ceci: d'après un passage du traité XllI de son ouvrage, il aurait vu Rabban Sabôr /«sajy^ ajsl

€r

112 JANVIER-FEVRIER 1906.

•7>'vmc3). Et dans le traité XV, chap. ix , il men- tionne Rabban Khoudawi et Rabban Sabôr « de sainte mémoire ». (,^^oa-i\-^<i"^ t^'i*-vk^ »^^cn

i<2l»^ rAsooiw). Or, KôMenab de Bassorah nous apprend^ que R. Sabôr était contemporain de R. Khoudawi; et nous savons par ailleurs que celui- ci était contemporain du patriarche Georges (66 1- 68i)^, et mourut sous le calife Mo Wya (662-680)^.

II

Le seul des ouvrages de DadîSô^ Qatraya qui soit parvenu jusqua ce jour à notre connaissance est son Commentaire sur le livre de TabbélsaiedeScété*. Il

^ Livre de la Chasteté^ édit. Bbdjan, n°' 55, 79.

* Liber Tarris, ' Amr et Slîba , textus, édit. Gismoxdi, p. 57. ^ Compilation historique anT)nYme de Séert.

* [Isaîe de Scété passe pour avoir vécu au milieu du iv* siècle. Le texte grec de ses ouvrages est encore inédit, sauf quelques fragments publiés par Possinus dans son Thésaurus cuceticns (Paris, 1684), et reproduits dans la Patrologia Graeca de Migne, t. XL. Ces fragments sont tirés d*un ouvrage plus considérable, qui paraît être celui que Dadîsô' Qatraya a commenté , et dont une traduction latine a été réimprimée dans le même volume (Patr. Gr., t XL, col. 1 io5 et suiv.j. Les homélies ou discours [Orationes) sont au nombre de 29. Elles sont en général assez courtes et occupent en moyenne une ou deux pages, quelquefois moins. En voici les titres ; nquelques uns peuvent servir d'éclaircissement aux titres syriaques :

1. Praecepta adjratres qui cam ipso vivebant (cf. syr., tr. VUI). 2. Démente secundum naturam (syp. IX), 3. Ad frcUres ju- niores institutio (syr. X). 4. Quid în itinere observandam (syr.

NOTICE SUR DADisÔ' QATKAYA. 113

est conservé dans un manuscrit qui se trouve dans notre biblothèque de Séert; ce manuscrit mesure 1 7 centimètres sur 12; il est composé de 2 2 cahiers de 10 feuillets; un dernier cahier manque. Le titre est : Explication des Traités^ du livre de Vahhé Isaïe, faite par Dadîsô^ Qatraya, [moine) du couvent de Rab-

XI]. 5. Quœ observanda sant lis qui simul in fyacc hahitarc cupiunt (syr. XII). 6. Qui honcstam qaietem cunplecti volnnt eos esse curiosos non oportere , neqne omissa peccatorum suorum considc- ratione tempus in rébus inutilibus consumere (syr. XIII ]. ']. De virtntibas (syr. XIII). 8. B, Isaiae abbatis apopktegmata. 9. Ad cos qui mundo rennntiarunt (syr. V). 10. Ejusdem curgumenti, 11. De grano sinapi, 12, De vino. i3. Ad eos qui initiantur et lendunt ad perfectionem. i4. B. Isaiae abbatis luctus et lamen- tatio, ib. De mundi renantiatione, 16. Ejusdem argnmenû, 17. De gaudio animœ Deo servienti [syr. W), 18. De inju- riarum oblivione, 19. De morbis animi. 20, De hnmilitatr (syr. IV). ai. De pœnitentia (syr. XIV). 22. De operibus hominis novi, a 3. De perfectione. 2/1. De tranquillitate, 25. Ejusdem ad Petrum abbatem discipulum suam (syr. VII). 36. B. Isaiae dicta, quœ Petras abbas, discipulus ejus, ex illo accepit etlibris commendavit. 27. In illud : ii Attende tibi», 28. De malitiœ ramis, 29. Ejusdem lamentationes.

On a encore publié sous le nom dlsaïe de Scélé, et en latin seulement : Prœcepta sive consilia LXVIII posita tironibus in mona- ckatu, reproduits dans la Patr. lat,, t. CIII, col. 4 2 7.

II semble résulter de la comparaison de ces titres avec ceux du commentaire de Dadîsô* , que ce dernier lisait les œuvres d'Isaîc dans un ordre différent, et que les longs développements renfer- més dans le commentaire du XV* Traité doivent contenir Texpres- sien de la théologie nestorienne au tu' siècle. Un ms. syriaque du firit Mus. (add. 12170), daté de lan 6o4 , contient les œuvres d*Isaïe dans Tordre suivi par Dadiso*. Un autre ms. (add. 17262] contient des fragments d'un commentaire qui parait différent de celui-ci (J.-B. Chabot.)].

^ KfÂzm^SO signifie proprement Discours; mais il semble préférable de traduire ce mot par Traité pour éviter toute équivoque.

VII, 8

ATM^ALK.

114 JANVIER-FÉVRIER 1906.

hèkhat^. 1r<l=lvd'•^ vdrakj^k-^ Kf*S..:»¥il3ô^ KfltixeA

L'ouvrage est divisé en quinze traités, précédés d*un avant-propos, dans lequel hauteur déclare qu'il écrivit cet ouvrage à la demande de Mar Àhôb et de Mal" Abkô§. En voici l'analyse sommaire :

Premier Traita. A. Iniroduction. /«n^-^ f^^^^^^i^ n^Abonjo ii\±ryf^jsn'\) divisée en deux chapitres :

I. Origine et vie de i abbé S«Isaïe /M^i^so^ua x^jêts

II. But du trâdté ^oA*^ n^ma JL^k^ ••^n^^ \^jêj\ 1<lî75^^J^ r^?V:a3Ki>i^). B. Explicâtîôti du pre- mier traité /lilm^aa r^Ksfair^a^'^ ca\»^ r^jâjnoa^,

Ih Traité. Sur les œuvres bonnes et par&ites

IIP Traître. A. Introduction en délix cbiàpitrès : I. Comment les frères doivent saimer les uns les autres. j^^^jMMto^n yi<LiAT^ ^^j^m^ v^^\ vÛJk»v^-^ \^"^w T^xi^ «iraornaV ii. Comment les moines doîvetit combattre dans les pensées^ |fi<^î%*Mà\ ^a^ân t<!2^âtfti\ ;^-:\ V!:i6\^ ,\\- y B. Explication.

ÏV* Traité. De rhumîmè \ (K? W ^^^-^ Ai^)

' Le tommièntàlire est divi^ tn èeux pM^s i A. IhtrtMWlioii;

NOTICE StIR D\DÎàÔ' QATRAYA. Il5

V. Explication da cinquième traité de l'abbé Isaïe : Règles ptnir ceux qui séloignent du monde

VI. Explication du sixième traité de Tabbé Isaïe : Sur ce qu'il vit et apprit des vieillards ^.V \^ -n

Vil. Explication du septième traité de l'abbé Isaïe, qu'il écrivit pour son disciple Pierre. [VoA^ €fr\»so\ycK t<fv!^V A. Introduction. B. Expli- cation de ce qui est obscur dans le traité ^i^cacu

VIII. Explication du huitième traité : Conseils de l'abbé Ifiaïe aux fin^^es qui étaient avec lui /K^ï^^Doa dûQCk»^ «..^oi t<SÂi<l!i r^K^^jcr^ 11^=31^-^^.

IX. Explication du neuvième traité intitulé : Touchant l'intelligence dans son état natureL /,\\^no nâjâb£3^ x^am\.

X. Explication du dixième traité intitulé : Règles pour les novices, f tcUâk^h r<l ,m ."j^l-^ \,^ry>

XI. Explication du onzième traité intitulé : Tou- chant le but de ceux qui habitent les cellules ^ ( \\j*y^

Xn. Explication du douzième traité intitule :

* Division : A. Introduction. B. Explication de ce qui est obscur dans le traité.

8.

116 JANVIER-FÉVRIER 1906.

Préceptes fidèles et édification de ceux qui veulent habiter ensemble en paix^ /«UJ'i— joclJ^ A \^ *ia

I^V.Mf *1'gV ^jJ&-=3^ «^.^<»':\ I^JjOJraCI 1^JL=F3L»03aO

XIII. Explication du treizième traité intitulé : Touchant ceux qui veulent être en bonne paix ;qu ils doivent distinguer ce qui est utile pour leur ame, et ne pas passer mal leur temps et dans un amer escla- vage, ceux cjui sont convaincus que ces choses ne leur conviennent pas et qui se repentent de leurs péchés ^.

**Kf*"à\^ 1^JJL=3 I^ÔOQlSoA >i>\Tg\ w^^OQ ■\\^*lo\

^xTbX^ •^^ô-ictxA «."SÀro^ «^^âcnjtSim ^^^âôaxki

Tfc vV \ T^A'^ ^-kAo» T^^oia^ «^^«cnVvaraAA

XIV. Explication du quatorzième traité intittdé : Touchant la contrition, au sujet de laquelle l'abbé Pierre Finterrogea. ox-At^l-jc^ i<f^a-=3L^^ ,\\^no t<?0^ i<i3r^. A. Apologie adressée aux solli- citants. (rdV.^^Ar73 )^oA^ r^ô\:3 pA=n). 6. Introduction. C. Eclaircissement de ce qui est^ obscur dans le traité.

XV. Explication du quinzième traité intitulé : Touchant la joie que ressent i ame qui veut servir

* Division : A. Introduction. B. Explication de ce qui est obscur dans le traité.

NOTICE SUR DADÎàÔ' QATRAYA. 117

Dieu. (i<V\"n^ ym r^xAiA rc^cK»-^ i<f^ô^\M •^^«^^^'s r^osAi^A oAn^Xifyxi). A. Introduction. B. Explication du discours.

Ce traité développe longuement la question de Tétat des âmes après la mort; il est subdivisé en neuf chapitres:

I. Jusqu'où s*éleva, selon le bienheureux Athanase, Tàme de Tabbë Antoine et les autres âmes qu'il vit? y^L^xrs

II. Pourquoi S. Antoine, au moment, de l'ascension de son àme, vit de nombreux démons qui l'en empêchaient, tandis qu'au moment une grande foide montait, il vit un démon seul les en empêcher? /^avrs i<âao .W^no^y

III. Pourquoi un seul ange garde chacun de nous , ici et après notre sortie du monde jusqu'à la résurrection, pour honorer la ressemblance de Dieu , et pourquoi dit-on encore que plusieurs anges nous conduisent? /\^Lx..20 JL^-^O'^v

n.._v\,l r^oA ^<uA=3' i^rdXso ^30 am ^u& A^

U8 4ANVIEK.FKYHIER U06.

IV. Pourquoi rhpmme est-il oombattu tantôt par un seul démon, tantôt par plusieurs démons? {r^v m A\^*73tv

V. Quelle est la situation des âmes des pécheurs après la mort? Sentent-elles, souffrent-elles, s'attristent-elles, ou non? ^^Vx—r» r^ V \j v\^ r^Vv» ^ \ ^Rx i^â^ai^^

YI. habitent les âmes des justes après la mort? Sen- tent-ellet, glorifient-elles, on non? /^H.,jit^ x^j^^yid^

Vn. Les âmes des justes , qui sont au Paradis, voient-elles N.-S. par une manifestation de lumière, et glorifient-elles EHeu pour les mystères qui leur sont révélés , ou non ? f^^^r^^

■\. y i^oiL-li^A ^vrajcjsoci si^moi^ v^u\\p

VIII. Les âmes des saints , qui sont en Paradis , prient-elles , et leurs prières aident-elles ceux qui ont recours à dles, ou non? ^:t<Jùû^'3V'\Sk3-^ vdx»^U3^ t^Vx^ ^Vm «..^A

IX. Les âmes des justes jouissent-elles ou non en Paradis?

N0gY«l4fcRS ST MÉLANGES. U9

NOUVELLES ET MÉLANGES.

SÉANCE DU 12 JANVIER 1906.

La séaQçe est çmyerte à 4 heures et depiie sous U prési- sidence de M. Barbiei\ ps M^tnabd.

Etaient présent» :

MM. Senarï, vice-président; Al lotte de la Fuye, l*abbé BouRDAis, BouvAT, Cabra DE Vaux, Tabbé Chabot, Dus- SAUD, Rubens Duval, Faïtlovitch, Farjekel, Finot, Halévy, Ismaël Hamet, Qémept Hvart, Leroux, Sylvain LÉvi, Magler, Mangeaux-Demiau , Mayer-Lambebt, Mbrsibr , Schwab, Speght, Vinson, membres; Çha vannes, secrétaire.

hw procèft-yerbaux d^A ^é<IQces du \0 Qpveinl)r9 e( du 8 décembre igo5 sont im et aidopté^.

M. Allottb de la Fuif'E est nommé membre du Conseil sons réserve de la ratification de TAssemblée générale.

M. LE Prwp^nt annonce que, ^pri^ avoir ponsulté la commission des fonds , il est d'avis d'accorder 3oo francs à la fondation de Goeje et aoo franos à V Orientalische Biblio- graphie; ces deux propositions sont açceptée3,

M. Al LOTTE DE LA Fuf E présente un mémoire dont il est Tauteur sur les Monnaies de VElymaîie (Extrait du tome VIH des publications de la Mission Morgan).

M. HALBvy ^xpose quelle méthode ilft suivie daps ses re- cherches sur les alphabets berbères; iJ poncjut q^^ces alpha- bets sont dor^ine phénicienne etqnil n'iP^t ppini nécessaire de les expliquer par \\n alphabet ^afaïtiqne oij désertiqne.

U2 JANVIER-FÉVRIER 1906,

Par lb MinistIësb de l*Instrugtion publique ET DBS Beaux-Arts :

Bibliothèque des Ecoles françaises d'Athènes et de Rome. Fasc. 93 : G. (jOlin, Le Culte d'Apollon Pythien à Athènes^ Fasc, 94 : G. Colin , Rome et la Grèce de 200 à iiô avant Jésus-Christ, Paris, 1905 ; in-8".

Journal ^ savants^ décembre 1905. Paris, 1906;

Archives marocaines^ IV, 2-3; V, i. Paris, 1906; in-^*.

Sylvain Lévi. Le Népal, étude historique d'un royaume hindou, t. II. Paris, igoâ; ini-8*.

Revue de l'histoire des religions, LII, 2, Paris 1906; in-8\

J. DE Morgan. Mission scientifique en Perse, III, 1 : Études géologiques, Paris, igoS; în-8*.

Recueil de mémoires orientaux. Textes et traductions pu- bliés par les professeurs de l'Ecole spéciale des langues orien- tales vivantes à l'occasion du XIV* Congrès internationid des Orientalistes. Paris , 1 906 ; in-8*.

Musées et collections archéologiques de l'Algérie et de la Tu- nisie. — Musée de Tlemcen, par W. Marçais, Paris, 1906; in-folio.

Bulletin archéologique , 1 906 , 2 * livr. Paris , 1 906 ; in-8".

Par lb Gouvernement indien :

District Gazetteers, Statistics, 1901-1902 (Districts de Chittagong, Malda, Dacca, Mymensingh, Bogra, Faridpur, Backergunge , Pabna , Rajshahi , Rangpur, Noakhali , Tippera, Dinajpur, Japalguri, Chittagong Hifl Tracts), Calcutta, 1905, i5 vol. in-8\

H.-R. Nbvill. Sitapur, a Gazetteer (t. XL des District Gazetteers of the United Provinces of Agra and Oudli ). Allnhabad, i9o5; in-8%

W. Francis, Anantapar (Mudras District Gazetteers), Madras, igof); 2 vol. in-8\

NOUVELLES ET MÉLANGES. 121

Le Maséon, nouvelle série, VI, 3-4. Lou vain , 1906; m-8°.

A Commentary on the Book of Joh , from a Hehrew Manu- script in ihe University Library, Cambridge, translatée! by S. -A. HiRSH, Ph. d. London, igoS; in-8°.

Bulletin de Littérature ecclésiastique , décembre igoS. Paris, 1906; in-8*.

The Indian Antiquary, october 1905. Bo^ay, 1906; in-4".

N.-N. Pantousoff. Matériaux pour l'étude de la langue kozake-kirghize (en russe), 6* fasc. Kazan, 1903*, in-8*.

Zeitschijt fàr hehrœische Bibliographie, IX, 6. Frank- furt a. M., 1906; in-8°.

Par la Société :

Journal asiatique, septembre-octobre 1905. —Paris 1906; in-8'.

Mémoires de la Société de linguistique de Paris, XIII , 6. Paris , 1 906 ; in-8*.

The GeographicalJournal , XXVI , 6 ; XXVII , 1 . London , 1906-1906; in-8°.

The Asiatic and Impérial Quarterly Review, January 1906. London, 1906; in-8%

Journal of the Straits Branch of the Royal Asiatic Society, n" ào-iA, Singapore, 1904-1905; in-8°.

Comité de conservation des monuments de l'art arabe. Exer- cice 1904, fasc. 21. Le Caire, 1906; in-8".

La Géographie, XII, 6. Paris, 1906; gr. in-8*.

M AHÀMAHOPÀDHYÀYA Hara Prasad Sastri. A Cutulogue of Palm Leaf and Selected Paper Mss. belonging to the Durbar Library, Népal, With a critical introduction by Professor Cecil Bendall. Calcutta , 1906; in-8*.

Revue des études juives , n" 101. Paris, 1906; in-8*.

Revue biblique , ^Sinyier 1906. Paris, 1906; in-8*.

Revue africaine, n" 258 269. Alger, 1906; in-8°.

U2 JANVIER-FÉVRIER lftQ6.

Par lb Miifisiiu de lInstrugtion PUBLiQim ET DB6 Beaux-Arts :

Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome. Fasc. 95 : G. Colin , Le Calle d'Apollon Pytkiem à Athènes^ Fasc. 94 : G. Colin , Rome et la Grèce de 200 à iM avant Jésus-Christ. Paris, 190^; in-8'.

Journal dfis savants^ décembre igo5. Paris, 1906;

Archives marocaines^ IV, 2-3; V, i. Paris, 1906; in-^*.

Sylvain Lbvi. Le Népal, étude historique tun royaume hindou, t. II. Paris, igoâ; in-8*.

Revue de l'histoire des religions, LU, 2, Pari* 1906; in-8-.

J. DE Morgan. Mission scientifique en Perse, m, 1 : Études géologiques, Paris, 1906; în-8*.

Recueil de mémoires orientaux. Textes et traductions put- bliés par les professeurs de l'Ecole spéciale des langues orien- tales vivantes à l'occasion du XIV* Congrès international des Orientalistes. —Paris, 1906; in-8*.

Musées et collections archéologiques de l'Algérie et de la Tu- nisie. — Musée de Tlemcen , par W. Marçais, Paris , 1 906 ; in-folio.

Bulletin archéologique , 1906, 2* livr. Paris, 1906; in-8^

Par lb GonvBRNBMBirr indien :

District Gazetteers, Statistics, 1901-1902 (Districts de Clnttagong, Maida,Dacca, Mymensingh , Bogra, Faridpur, Backergunge, Pabna , Rajshahi , Rangpur, Noakhali , Tippera, Dinajpur, Japalguri, Chittagong HiÛ Tracts), Calcutta, 1905, i5 vol. in-8°.

H.-R. Nkvill. Sitapur, a Gazetteer (t. XL des District Gazetteers of the United Provinces of Agra and Oudh ), AHaliabad, 1906; in-8*,

W. Fnwcis. Anantapar [Mvdras District Gazetteers), Madras, ic^oï}\ 2 vol. in*8\

NOUVELLES £T MÉLANGES. m

Madrés Dhtrkt GrazêUeer*. &flti$tiad Appwdiaifof Cnàda- pah District. Madras, igoB; in-8'.

Kamal bd-Din Ahmad and Abdu *l-Muqtadir. Catalogue of Arabie and PersianManascripts in the Lihrary ofthe Calcutta Madrassah, With an Introduction by E. Dbnison Ross. Calcutta , 1 goS ; în-8*.

Arekaeologica} Survey rf Wêsiem India, vol. VIII. The Sâmhammadim Architectare of Ahmadahad , fstri, II, by Jas. BviiGBf». LoQdon , 1 goS ; gr, in4*.

Par la Bibuotuèque nationale csiitiuix db Fi/)Iiibncb :

Bolktiino deU^ puhblicazioni italiane ricevute per diritto di sUimpa^ num, 60. Firenie, igo5; in-8**.

Par l'Université Saint-Joseph , À Beyrouth : Al-Maçhiq, VII, aS, a4. Beyrouth, 1906; în-8*.

Par l*Uiiitbrsité Harvard, X Cambridge (Massachusetts) :

The liittle ClayÇari (Mrcchakatika) ^ a hindu Drania, attri- buted to Ring Shûdraka, translated. . . by Arthur William Rydbb, Ph. D. Cambridge (Massachusetts), igoS; in-8\

SEANCE DU 9 FRVWER 1906.

La séance est ouverte à 4 heures et demie, sous Ja prési- dence de M. Barbier de Meynard.

Etaient présents :

MM. Senart, vice-président; Allotte de la Foye, Bas-

MADJIAN, BOURDAIS, BoUVAT, CaBATOX , J.-B. ChABOT, de

Chabbngey, Rubens Duval, Fargenel, Finot, Graffin, Gdimet, Haliévy, Ismaël Hamet, Victor Henry, Clé- ment HuART, Labourt, Manceaux-Demiai) , Meillet, Mer- siER, Nau, Revillout, Schwab, Specht, Tamamchef, Vin- son, membres, Ch aw aunes ^ . secrétaire.

124 JANVIER-FÉVRIER 1906.

Le procès-verbal de la séance du 12 janvier est lu et adopté.

Est reçu membre de la Société :

M. Fevrbt (André), attaché à la Bibliothèque Nationale, 8, rue Renault; présenté par MM. Moret et Schwab.

M. r.E Président donne lecture d*une lettre dans laquelle M. Gabriel Ferrand sollicite une subvention pour une publi- cation relative à des documents arabico^malgaches de la Bi- bliothèque Nationale. Cette demande est renvoyée à la Com- mission des fonds qui statuera.

M. GuiMET présente le tome XVII des Conférences faites au Musée qui porte son nom; M. Guimet est Tauteur de toutes les conférences contenues dans ce volume.

M. Tabbé Nau présente en son nom un article extrait de la Revue de ï Orient chrétien et intitulé Le Chapitre sur les saints anachorètes et les sources de la vie de saint Paul de Thèhes, M. Nau dépose ensuite sur le bureau les épreuves du premier fascicule de ï Histoire des Patriarches d'Alexandrie, publiée par le D' Evetts.

M. Sylvain Lévi, qui était inscrit comme devant faire une communication , s'est excusé par letlre de ne pouvoir assister à la séance. La parole est donnée à M. Tabbé Chabot qui propose diverses corrections de texte élucidant des gloses de Bar Bahloul et du Thésaurus syriacus,

M. Rubens Du val approuve ces restitutions.

M. DE Charengey signale des indices de parenté entre r ancien susien des Achéménides et divers idiomes caucasiques, notamment le géorgien.

M. Senart propose une traduction nouvelle d une petite inscription trouvée près Je Kapilavastu et déjà étudiée par plusieurs indianistes. Ces deux communications paraîtront dans le Journal,

La séance est levée à 6 heures.

NOUVELLES ET MÉLANGES. 125

OUVftAGES OFFERTS X LA SOClÉïÉ.

Par les autecrs :

Allotte de la Fuyb. Monnaies de VElymaîde. Chartres , 1906; in-4*, avec adas.

Sri Kalinath Murer ji. Popular Hinda Astronomy, Calcutta, 1906; in-16, avec atlas in-^".

M'hammed Bel Khodja. Roznémé Tounsié ou Annuaire tu- nisien pour Vannée 1323 de Vliégire. Paris, 1906; in-8".

A. Wiedbmann. Jacob Kraal (Extrait). Paris, 1906; in-8-. Die Anfànge der dramatischen Poésie im allen Àgypten

(Extrait). Genève, 1906; in-S**.

Comte de Charencet. Epreuves et châtiments de Vautre vie d'après les Mexicains et les Boaddliistes. Caen, 1905, in-8^

0. Olufsen. a Vocabulary of the Dialect of Bokhara. S. 1., 1906; gr. in-8°.

Ch. Clermont Ganneau. Recueil d'archéologie orientale, VII, 8-12. Paris, i9o5; in-8^

K.-J. Basmadjian. Les Ecritures cunéiformes ^ chaldéennes et assyriennes (en turc). Constantinopie , i3i2 ; in-16.

F. Nau. Le Chapitre sur les saints anachorètes et les sources de la vie de saint Paul de Thèbes (Extrait). Paris, 1906; in-8".

Edouard Chavannbs. Fables et contes de Vlnde extraits du Tripitaka chinois (Extrait). Paris, 1906; in-S".

Emile GuiMET. Conférences faites au Musée Guimet, tome XVIL -^ Paris, 1906, in- 18.

Par les Editeurs :

Revue critique, 39* année, Sa. Paris, 1906; in-8°. 4o' année, n*' i-4.. Paris, 1906, in-8''. The Korea Review, V, 10. Séoul, 1906; in-8".

126 JANVIER-FEVRIER 1906.

i^o/j6i6/io7i, janvier 1906 (parties littéraire et technique).

Paris, 1906; in 8*.

Victor Chauvin. Bibliographie des ouvrages arabes, IX. Liège et Leipzig, 1906 ; in- 8*.

7%tf Journal <f ihe Bombay Brandi of tke Royal AsitUic So- ciety, n** LX. Bombay, 1906; in-8"*

Kekti Szemle, VI, 2-3. Budapest, 1906 , in-8'.

Antoine Dard. Chet les ennemis d'Israël, Paris, 1906; in-i8é

Bbba-Ullah. Lés Préceptes du Bekaisme, traduit du persan par Hippolite Dreyfus et Mirza Habib-UUah Qûraû. •—* Paris , 1906; in'8.

Joseph Darian (Mgr.). Grammaire iyria^ae (en airabô). Beyrouth, 1906; in-12.

ThelniismAnii^aary, November and December (Part I), 1906. Bombay, i905; ifi-4°*

Revue archéologique , nov.-déc. 1 906. Paris , 1 906 ; in-S®.

Par la Société :

Tijdschrift voor Indische Taah» Land- en Volkesikmnée, XLVllï, a. -- Batavia, 1906; in*8'.

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ANNEXE AU PROCES- VERBAL. (Séance du 9 f<*vrier 1906.]

1. Sur une glosb de Bar Bahloul : i^xdoi^- A^aoooi^.

On trouve dans le Leadqae de Bar Bahloul, éd. Du val, col. 55 , 1. 1 5 , la glose suivante :

NOUVELLES ET MÉLANGES. 129

et col. 76, 1. 8 :

Ces passages ne sont évidemment que la répétition d'une même ^ose, mal transcrite dans lun ou Tautre cas. M. Imm. Loew, influencé sans doute par l'explication , avait suggéré , comme simple conjecture , de voir dans le premier cas le mot latin exsaL Cette hypothèse suppose une mauvaise graphie à cori'jger en ^^CLùty^r^; cette supposition serait assez plau- sible paléographiquement ; mais elle se helirte à plusieurs diflicultés : L'emprunt direct d'un mot latin; passé en syriaque une époque ancienne) sans l'intermédiaire du grec , est un fait presque sans exemple qui ne doit pas être admis sans des preuves solides; t^ScLûo^l^ ne signifie pas exsttl, mais exUium; 3" la seconde glose (qui paraît iden- tique à la première) peut difficilement être ramenée à la lecture AgfA^M^; tandis qu'au contraire, dans l'écriture jacobite surtout f'^uvoo) peut facilement être une corruption de U^o] ; enfin , 4* la seconde glose est vocalisée : ce qui suppose plus d'attention de la part du copiste, et lui donne à priori plus de chances d'être la leçon correcte.

Je crois avoir retrouvé le texte même qui a servi de base au lexicographe , dans une lettre du catholicos Isô yahb III ; il en résulte : i* que la bonne leçon est bien r^ùùCkX^* que ce mot est synonyme d'exilium, dans le passage in- diqué; et que le lexicographe ne paraît pas avoir compris l'étymologie du mot, qui n'est autre chose que le nom même de la ville d'Egypte Oasis , en grec >; Ôaais ou ^ A^ijacris.

Le texte auquel je fais allusion se trouve dans la dernière lettre du recueil épistolaire de 'Isô'yahb '. Elle est adressée au clergé et aux fidèles de l'Eglise d'f^desse (jtw'Hai^-^).

On y lit (p. 283, 1. 22) : rd— » ^orcf orcf A -A . ■■aki

* R. Du VAL, Isû*yahb Liber Epistularuni [Corpus Scr, Chr. Or., Script. Syri, ser. II, t. LXIV, p. 283 etsuiv,).

draiMr.uiB aATloaALKï

130 JA>V1KR-FÉVR1KR lyUH.

Et un pea plus loin (p. a84, L 4) : ^^-=^^ \jiX^<à^ . t^-MuiL^^ r^\>xnf ^ sSiàiM^ .^^^^% i^ito^ttf^

Le mot K^iLfiooi^ est en syriaque U transcription du grec owtU Si on ]ui donne ici cette signiGcation « on n'ob- tient aucun sens satisfaisant , dans ces deux passages paral- lèles. Mais si on lit avec Bar Bahloul r^iopoir^^ et si on re- connaît là le nom de la ville d'Oasis, qui était sous les empereurs byzantins un lieu habituel d*cûl"« surtcmt pour le clergé d'Egypte , on obtient un sens très précb et très clair, et les deux passages parallèles sVipUquent mutucdlement. |ja traduction servile serait la sni vante :

Et pro Oasifamosa in Edrfsa dilccta n\<ini rommirtavit nMs Deits exiHam ( in ) hcam qaiefis

/'ro cnim Soba ' nostnt, qaar fit if nobis Oasis per pkrrs mr/r.ccy, m Ktlrssa rcstra commntttfas est nabis locms tpii^iê. . .

< jue le patriarche nesiorien ait pris le noA d*Oasia pour symboliser Teiil, cela est d'autant moiifs surprenant que T^estofHis lui-mémo avait été eiilé eif cet endroit.

La seule difttcuUé réelle porte non sur le sens^ qui paruil indubitable^ mais sur la lecture matérieUe. On Kt en effiEfi

' kSs^ax. L*uuteui% qui a employé ><M'Slt1^ dans te iHre, em- ploie irr le nom grec à cause de la consoimaiMT entre YisierW^

' Le tente du ms. porte l^^^ki^n y^\caxM^f^ fCf'îîkll^,

luais le sens el le second passage paraissent iadiquer qu*il y a eu transposition.

^ Cf. Zos., V, i\; D'uj,, MI, 5; Jlstin., 9, 17, 26.

^ ( '/e»t-à-chre Nitilie [hébr. : r017); il l'appelle AwriiM»» parc;» «ju'il axait l'-ti' l'Icxr à rKrole 4e rettc rille.

NOUVELLES Et MÈLAMOftS. i^l

f^^kfitfoh^ ar^i Que faire des lettres 01^? On peut cunjdc- tiirôr qnc nous avons Tartide grec ^ , qui aurait été tran- scrit cifw ou li^u de 9^1 ou bien réunir le tout en un seul mot et lire l<lûfiôttfcW^. Cette dernière forme ne s'écarte pas beaucoup des différentes orthographes connues du nom d'Oasis. Ori le trouve écrit «iûboi^ (ZiHIHah., éd. Mai, Seripté Vet, N, CoU»i p. 332$ éd« Land, p. 100, 119); i^x»rdcir^ (liici., p. 1^4, 217); «ouLûordor^ (Athana»«, EpUt.i Ij 18). Mais y quelle que soit la lecture quon pré- fère, il semble bors de doute qu'on doive reconnaître sous cette graphie le nom propre Ai;a<T«.

On atira reoiârqiië que ce nom est appliqué métaf^ri- quefifênt k ViUe de Nisibe; Or, d'après une note citée dans le Thesaaraê syriacas, col. 1670, Nisibe serait appelée à'nû nom d'apparence très étrange : oôt^ofÀufioitmAy N'y aurait-îl pas une déformation maladroite de éùtKÙàcoi^ ><n ? C'est une simple hypothèse que j'émets, sans y attacher plus d'im- portance é[tl'élle ne comporte.

II. KfXsACi^Vy. [Thés, syr,, col. 4197).

Ce mot signifie vessie, gr. k^xtIis. Parmi tes exemples cité* sot» €5« nlot dan* le Thësaarus syr* ^ on lit ? « //i média €adà siia est terra mI i^&tààj^ v4^VvMèA\se. » i. e^ ^ ut vesica if^ata.

Cette locution stngulièie n'est poini exacte* La phrase est tirée du Cbmmentaire de Bar Salîbî sar les Evakgiles, on le cotitcctte donné un sens tout différeht; Voici le passage en- tk» ^ et âa traduction mot h moi :

»^"^•H t^vv^in rr\ \ y^ '^\ \ ^^\^ \'^ ^\tnHfél

^ Bar Saîïhï, Ccntm. ifi ktancfelia. ctl. Sedîafcek, {Corfms Scti Chr. Or. . Sriipl. S\ii, Scr. Il, t. XCVIIÎ, p. 99).

o

132 JANVIER-FÉVRIER 1906.

Ils disent (les Chaldéens, en pariant des astres) quil y en a sept qui vont de l'Occident à l'Orient, et douze de l Orient à V Occident, avec le corps des deux qui entoure, comme le cercle d'aune roue, le circuit de la terre, et la terre se trouve au milieu; comme une vessie goiiflée , et au milieu d'elle (de cette vessie) un grain de millet.

Nous avons ainsi une explication plausible et très natu- relle. La terre occupe le centre des corps célestes; ceux-ci l'entourent conmie une roue; tout cet ensemble peut être comparé à une vessie gonflée au milieu de laquelle se trou- verait un grain de millet figurant la terre.

J.-B, Chabot.

NOTE SUR L'INSCRIPTION DE PIPRAWA.

Les services qu*a rendus M. Fleet et Tautorité quil s*est acquise en matière d'épigraphie indienne sont trop connus pour que rien de ce qui vient de lui paraisse négli- geable. Le Journal* Asiatique de Londres nous a apporté récemment (oct. 1906 et janv. 190G) deux notes qu*il a consacrées au vase de Piprâwâ. Avec une observation très précieuse et tout à fait décisive , elles contiennent des inter- prétations et des commentaires que j'estime moins heureux. La haute compétence de M. Fleet risquerait de les accrédi- ter. Je croîs .bien faire de résumer rapidement qu^ffoes uns de mes scrupules. Je n entends pas (*ntrer dans une discu^: sion étendue ; je voudi*ais simplement essayer de fournir une petite contribution a Tintelligence de ce texte eourt, mais curieux.

NOUVELLES ET MÉLANGES. 133

J*en rappelle d*abord les termes :

Sukitibliatinam sabhaginikanam saputadalanam iyam salilani- dhane budhasa bbagavate sakiyanam.

11 ne semble pas que la lecture laisse place à aucun doute grave. Elle avait, pour tout l'essentiel, été d'abord parfaite- ment établie. Mais M. Fleet a eu le grand mérite de démon- trer que l'épigraphe commence, non par iyaik, mais par sukiti", que sakiyanam en est le dernier mot. Ceci posé, il s'en déduit des conséquences importantes.

1* Et d'abord si sakiyanam a été ainsi soigrneusement séparé des génitifs pluriels qui ouvrent la phrase, c'est évidemment de propos délibéré et pour bien marquer que la relation grammaticale n'est pas la même dans les deux cas. Il n'est donc pas permis de prendre sakiyanam comme un qualificatif de 5iiAri<i6/m^inam. *

2** Quant k la fonction du génitif initial, elle est précisée par d'abondantes analogies. Les dédicaces comparables sont nombreuses, notamment dans les grottes de l'ouest. Tou- jours, autant qu'il m'en souvienne, quand l'objet de donation est exprimé et qu'il l'est sans addition de dànam ou deyadharma, le génitif par elles commencent désigne le donateur. Pourquoi en serait-il autrement* ici? C'est d'autant plus improblable que les épithètes sabhaginika, sapntadala, des équivalents ou des similaires , reparaissent plus fréquem- ment dans les formules pour associer les parents dénommés au mérite delà fondation pieuse. Ces considérations sont, je pense, péremptoires. Mais, même a priori, ne sèrait-on pas fondé à s'étonner que comme ce serait le cas si l'interpré- tation de M. Fleet était exacte on eût , dans une urne d^ dimension ordinairement affectée à des reliques indivi- duelles, prétendu enfermer les restes d'un tel nombre de défunts ? que , les honorant d'une inscription funéraire , on les eut enveloppés dans un commun anonymat?

y L'expression salilanidhana est d'ailleurs incompatible avec lidée de simples restes morUiaires. Nous retrouvons

J34 JAWVIBH-FKVRiKIi lilOÔ,

hrîra dans inscription àp T«|^fa#|{â, df|9|l ripiisrip^ÛHi do vase de Bimaran; comme ici il y est rapproché da nom de bhagavat; ici comme il s'applique à des «relicpes» do Bouddha. Le mot nidhâna implique une Idée de trésor, de dêpdt précieux. Assurément éarîra a d*||^ort} ^^dji la langue commune le sens général de « eorps ». Mm jp doute que , dans la Ungue tKmddhique , il fat posnilile , MM vçl pç^t de vue des idées , soit nu point de vue de TeiqpreMion , d^ jus- tifier par dei analogies 4uflSsante4 Temploî supposé de Sarîranidhâna pour désigner dei restes oiOFtels boq non- sacrés par le cuite, Certainement nous «omm^f en présence d*nn «dépôt de reliques du Bouddha bienbenrau^ »,

i^ Reste $akiyanam. J'ai dit pourquoi nou» ne le pmvens construire en apposition a suHiihhaiintm et que la positûm même des termes e^^clut cette hypothèse. M* V\^ a*est donné beaucoup de peine pour présenter le mot comme « non pas sàkya» ainsi que lavaient tout liatnrpilement entendu ies précédente interprètes, mais^i?^^; U ny aurait en eflet nulle impossibilité formelle. En revanche, s*il faut, comme je viens de rétablir, rattacher le génitif ^a^oM bhagavaie à saliknidhm0» fvakfya employé absolument me présenterait ii;i aucun sens défini, H y a plus. Faisoni abs- traction de cette «diffîcnlté et des observations ^nt^rieurea; je serais bien surpris qu'aucun philologue tint pour admis- sible une locution bhayHvaliib ù'akïya pour dire hhag^vtHo JHâtayali, SvakivQ « les siens », se peiit bien employer, fliomme équivalent de f> parents >• , dans une pbraie , comnie dans le vers du MBh« cité par M- Fleet , il f st question des pafents du sujet : svaktyân nijfiyknuh «ils ont tué les leurs» ; pe n*est pas une raiion pour qu'il soit loisible d'écrire ffoidhasya ive- kîye pour dire «parents du Bouddha», pas pli}< qn'on ne pourrait en français dire les siens di) Bouddha ». Sakija est bien = iàkya, tout simplement.

r.a fonction de ce génitif n'est pas plus my&iéneiise *.

^ .raurais, pour rraiitres raisons, bien d'autros r^senos à frife

NOUVELLES ET MÉLANGES. 135

Dans ma notice iur les inscriptions de Karie (Epigr. Jnd^, VU , p. 5o ), J*ai fait allusion à Tusage en vertu duquel up génitif pluriel est parfois attaché a un nom d^homme poiir définir la popidation , le clan , la seote a laquelle il appar- tenait. Il serfiit aisé de multiplier les exemples (comm^ Bedsa , n' 3 ; Kuda , n* 3 ; Kaiie , n" 8^9 , dans Cave iempk^ Inscript,). Il en est de même ici, et sakiyanam «des Sâl^yasi, désigne le Bouddha comme un rejeton de la race des Sâkyas. La mention est particulièrement naturelle en une inscription gravée peut-ôtre par des gens de sa race, en tous cas posée en une région voisine de Kapilavastu et le nom de Sâkya était en honneur. La littérature bouddhique du Nord a généralisé Tapi^cation au Bouddha du nom de Sâky^muni ; c'est donc que de vieille date on rappelait volon- tiers r origine ethnique du maître. 11 est vrai que , dans les exemples que j^en puis alléguer, le gépitif ainsi employé pré- cède le nom; mais rien ne s'oppose à ce que, placé après, il remplisse le n^ème rôle, et Ton voit as-ez que, dans ce cas p^rtipuUer, le déplacement était inévitable,

Une seule obscurité demeure ; c'est celle qui enveloppe le mot sukitibhatinarh. Etant établi que les génitifs du com- mencement doivent viser le ou les donateurs, i^t le sens des épitjiètes suivantes ét^nt parfaitement limpide, siMi doit-étre un nom propre. Sakitibhalinam ne se peut en- tendre que t Sukiti et ses frères ». Si on a pris la peine d'inscrire ce vase, cest que l'on prétendait perpétuer le souvenir de ceux qui avaient eu l'honneur de la fonda- tion ; il serait paradoxal d'imaginer que Ton ait tenu à sign.Q- 1er des soeurs, des fils, des fenimes sans mém^e donner un nom auquel ces parentés se pussent référer. Qu*un cerUiin doute subsiste sur U forme étymologique sujtîHi, mkjii <W toute autre , il importe assez peu puisque , de tonte fliçQn , et

sur la thèse générale de M. Fieet qui dans le nom des Sâkyas ne veut voir qu'une restitution erronée en sanskrit du prâkrit sahiyn pour svalnya. Mais je serais i)ien surpris si cette conjerturr Taisait beaucoup d'adeptes, et je m'en tiens à mon objet immédiat.

136 JANV1£H-FKVH1ËK 1906.

comme ii arrive d*ordioaire pour les donateurs non princiers qae nous révèlent les inscriptions, le personnage, quel qu'il soit, ne nous est pas connu par la littérature, Smiârti semble, a tout prendre , la restitution la plus probable. Ce n*est pas à dire que Ton le puisse prendre, ainsi que le proposa M. Flect, comme un appellatif du Bouddha : «rUliisIre». Indépendamment des raisons préjudicielles que je viens d'indiquer, une pareille conjecture serait singuUèrement suspecte. G)mment supposer qu'une formule consacrée comme celle-ci ait aux noms et aux titres connus du Boud- dha substitué une épithète arbitrairement choisie et d'ailleurs bien peu significative? Comment croire que les auteurs du don se seraient désignés eux-mêmes en des termes si imprécis, si peu en harmonie avec le caractère simple et sobre de l'épigraphe ?

La traduction en parait en somme certaine et satisfai- sante :

« Ce dépôt de reliques du bienheureux Bouddha [de la race] des Sâkyas est [l'œuvre pieuse] de Sukitî et de ses frères , avec leurs sœurs , leurs fds et leurs fenunes. »

Dans quelle mesure cette fondation se ratt^iche à cette première distribution des reliques du Bouddha qu'atteste la tradition , nous n'avons aucun moyen de le contrôler. Ce qui est sur c'est que notre monument n'a rien à voir avec la légende quelle qu'en puisse être la valeur histo- rique — qui relate la destruction partielle ou totale des Sâkyas.

J'ajoute que , autant qu'il m'est permis d'en juger par les reproductions qui me sont accessibles, je ne vois aucune raison solide qui assigne à cette inscription une date anté- rieure a l'époque d'Asoka.

£. Senart,

NOUVELLES ET MELANGES. 137

LE SENS DU MOT HEBREU ^DÇf .

La traduction admise presque universellement par les lexicographes et les traducteurs modernes de l'Ancien Testa- ment est « hauteur dénudée » . On dérive le mot de nstî^ « être ]isse, chauve». Cette étymologie est exacte, mais ne justifie nullement l'idée de haatear. Nous croyons que la significa- tion de ^DC^ est «un chemin battu, une piste». En admet- tant ce sens, tous les passages se trouve le mot ^DC^ s'expliquent sans difficulté, tandis que le sens de «hauteur dénudée » se heurte parfois à une véritable impossibilité. Les anciennes versions sont dans Tensemble favorables au sens de «chemin battu». Enfin le parallélisme et le contexte four- nissent en faveur de ce même sens des probabilités très fortes, si fortes que plusieurs diront certitude.

Passons eu revue les neuf passages ( en omettant Job, jaxui , 2 1 : texte corrompu) ^DC^ se présente :

Is., XLi, i8 :

Je creuserai des fleuves le long des pisteÈ et des sources au miheu des plaines;

Je changerai ie désert en iac,

les terres desséchées en eaux jaillissantes.

LXX : èiri t6ôv ôpéaûv; Pesh.: )>a^; Targum: pl^i; Valg.: in supinis collibus.

Le Prophète décrit le retour des exilés par le désert. Dieu poussera les soins affectueux jusqu'à transformer le désert aride en une terre abondante en eaux. Les images sont ex- trêmement hardies, mais il est injuste de prêter au poète la métaphore grotesque de fleuves creusés sur des mon'- tagnes \

' Au verset Is. , xxx , 2 5 , je lis D^DI sang, au lieu de Q^D eau. Cette

138 JANVIER-FÉVRIER 1906.

Le ïargum a bien vu qu'il s'agissait de chemins, 11 tra- duira toujours par ce même mot KIHJ {bslqî Nombres, xxiii, 5) qui sij^niûe selon les cas o chemin» ou o cours (d'eau)» (cf. Jas- trow, A Dîctionary of the Targamim., . s. k. v.). Le sens de «montagne» est d*autant plus inadmissible que le dé- sert sera miraculeusement nivelé pour le passage des exilés (XL, 34).

Is. , XLix, 9 h'C :

Le long de tous leurs chemins (d^5*^t) ils pourront paître, le long de toutes les pistes ils auront des pâturages.

LXX : <f«r9 rpi€ott; Pesh.: nua*.; Vulg, : in omnibus planis.

Ici, les versions sont d'accord pour traduire : «chemin, chemin battu, piste. » Dans ce texte et dans tous les suivants, sauf Nombt^s, xxiii, 3, la Peshitta traduit fort bien par^V^A* « chemin , semita ».

Le parallélisme avec 0^3*11 «chemins» est parfait. Le sens « hauteur dénudée» est insoutenable , car i*le désert que doivent traverser les exilés pour revenir dans la Terre pro- mise ne consiste ni exclusivement ni principalement en

correction, que je ne trouve nulle part, me semble impérieuse- ment exigée, par le contexte :

Alors, sur toute haute montagne,

(»t sur toute colline élevée,

il Y oura des puisseaux, des «fleuves de sang»,.

au JQur du grand ma£sacre ,

(juand les tours tomberont.

Lq prophète représente les collines couronnées de tour» fwti- fiées : i'fnnf^pii jes renverser» at )e massacre sera tel que le sang coulera en ruisseaux sur les pentes. Les «fleuves d'eau» sont donr à rejeter.

Au Ps. civ, 10, les fleuves « niarrlient entre les monta<;nos», ■coinmc il convient» •. -..•..

NOl)Vt:L.HîiS ET MÉLANGES. J39

hauteurs (dénudées) , et 2" les pâturages que Dieu prorpet ne peuvent pas se trouver sur des collines pelées.

JÉR. , III , a :

Lève les yeux vers. les pistes (du déserl)

et vois tu ne t'es pas accouplée. Tu t'asseyais le long des chemins pour les (guetter) ,

comme ùâ\. TArabe dans ie désert,

Israël infidèle est comparée ici à une fi^mme de mauvaise vie épiant les passants près des grands chemins, dans des endroits écartés, «comme fait l'Arabe dans le désert». Jé- rémie semble penser à l'épisode de Thamar [Getu, xxxviii, i4 sq.). C'est donc bien h tort qu'on a voulu voir ici le ta- bleau si fréquent de l'idolâtrie , tel qu'on le rencontre, par exemple au v. 6 : «As-tu vu ce qu'a fait l'infidèle Israël? E^e est allée sur toute montagne élevée et sous tout arbre vert, et elle s'est prostituée.» Même en donnant à *Dt^ la signification de «hauteur dénudée» , on ne peut pas y voir facilement les collines boisées se pratiquaient les cultes idolâtriques.

LXX : eis eiSeîav. Ont-ils songé à un chemin dtvit, ou bien ont-ils lu un autre mot, par exemple : D>*1tf>D ? Vuly. : in directum. Remarquer encore ici le parallélisme avec che- min (D>3-n).

JéR.,''iii, 21 :

Une clameur* se fait entendre sur les pistes (du désert) : ce sont les pleurs suppliants des enfants dlsraêL

Car ils. avaipnt perverti leur ijoic (d^^t), -

ils avaient oublié Jéhovab leur Dieu.

Les exilés sont représentés comme errants (iv, i) dans up désert (m, 12, 22), mais invités à revenir : ils sont inôine déjà en route (v. 23).

Encore le parallélisme avec 'ÎJ'IT «chemin, roinn,

ïi\\ ont lu à tort Ç^PSfc* -)($i}^é(ûVi

140 JANVIER-FKVRIKR 1906.

JÉR. IV, 1 1 :

Un vent brûlant (souffle) sur les pistes, dans le désert, (sur) ie chemin ('H^l) <le la (ille de mon peuple.

Ce vent brûlant représente la marche rapide des armées (v. 7 sqq.) se dirigeant par le désert contre Jérusalem (cf. ijifra, XII, la).

LXX omettent; Valg. : in viis. Le Targain prend ici ie mot Nl^i^ bien arbitrairement, au sens de cours d*eau : h^* p>Dl pirii ^^1 «près des sources des cours d'eau».

Encore le parallélisme avec Ipl,

JÉR. VII, 29 :

Coupe ta chevelure vierge et jette-là :

entonne sur les pistes (du désert) (ta) lamentation.

C'est le seul passage il ne s'agisse pas expressément du désert. Mais comme dans tous les autres cas ^DI2f désigne frun chemin battu dans le déseit», il n'est pas téméraire d'admettre qu'il s*agit é<>alement ici du désert, Israël, comme une femme esclave , coupera sa chevelure et sera emn^enée captive par le désert.

LXX ont encore lu ici D^rStT = ^eiXéœv. Vnlg. : in direc- tum.

JÉR, XII, I 2 :

Sur toutes les pistes, dans le désert, arrivent les dévastateurs; oui , le glaive de Jéhovab dévore le pays d'une extrémité à l'autre : aucun vivant n'est sauvé.

LXX : heK^oXijv « passage , défilé » ; Valg, : omnes vias.

Il s'agit, comme dans iv, 1 1 (sapra), des armées arrivant par le désert pour ravager le pays.

JÉR. XIV, 6 :

Les onagres se tiennent immobiles sur les pitiés (du désert), ils aspirent fair comme des « dragons » , leurs yeux s'éteignent, car il n'y a plus d'herbe.

NOUVELLES ET MÉLANGES. I4l

11 s'agit encore du désert ou steppe syrien (v. 5 : Dlfe^).

LXX : vàiras t vallon boisé î » ; Valg. : in nipibus(î). Remarquer Talll ration : ^S5<^ D^St^. Lire probablement D>:>^ri. Le TM (— chacals) donne un sens difficilement justifiable.

Nombres, xxiii, 3 :

et ( Balaam ) . . . partit sur un chemin.

LXX : eiSetav; Pesh, : J^LBjk, « avec sincérité I » ; Targum : ^l>n> « seul » ; Vulg. : velociter.

On le voit, il n'y a ici aucun accord entre les versions.

Les modernes font monter Balaam sm^ une hauteur dénu- dée, parce que, dit-on ingénieusement. Dieu s'y révélait de préférence. Le sens est beaucoup plus simple. Balaam demande a s'écarter afin de « rencontrer » Dieu dans la soli- tude. Et pour s'écarter, il fit ce que tout le monde aurait fait à sa place, il s'engage dans un chemin , il se met en route sur une des pistes battues qui sillonnent le désert ou le steppe. Pour la construction, comparer l'emploi analogue de 1]")T Nombres, xx, 17 : « nous irons (par) la grande route »; II Rois, m, 8; /s./xxxv, 8 (si le texte est correct); Jéi\, XVIII, i5.

En résumé, le sens «chemin battu, piste» convient par- faitement à tous les passages. Il a pour lui le témoignage des anciennes versions qui ont admis ce sens ou un sens voisin dans la plupart des cas : LXX: 2 (ou 4) fois; Pesh, : 7 fois; Targum : 'j fois; Vulg,: 3 (ou 4) fois. Le mot se trouve A fois en parallélisme avec Ipl «chemin».

Quant à l'étymologie , on a raison de rapprocher ^92^ de nDtCf «être lisse», racine qui a du reste iin développement plus considérable en araméen qu'en hébreu. Le ^9t^ est un chemin battu, rendu lisse par le fréquent passage des antnaux ou des hommes. L'oiiglne du mot r ssemble donc à celle de notre mot fdste, emprunté de l'italien pista.

142 JANVIER^FKVHIKK PJ06.

variatste de pestai substantif verbal de pislare, pesiaret « pres- ser, piWr» (Darmesteter)j Cette étymologie est confirmée par l'emploi de Tadjectif ^Dtf en aram<^en dans des phrases comme : K^DC^ '♦snm KnniK »le cbemin des justes est lisse (bien aplani, bien battu)», Targam : Prov,, xv^ 19.

L'origine des traductions « montagne , hauteur, sommet dénudé » , ne serait- elle pas un rapprochelnefît âtèiitliî'èux quon aura fait entre ^^}^ et nDt2fiJ"")n «montagne chauve •, dlsaïe XIII, 2 ?

Paul Joùœi.

Les linguistes qui se sont occupes spécialement du vieil idiome dit « Médique » , mais auquel conviendrait mieux sads doute TappéUation de « Néo-Susieti», semblent aujottrd^hui asse^ d'accord pcrur le rapprocher^ non pas des dildeetes ^taïques ou Ougro-Finnois , malgré sa structure aggluti- nante , mais bien de ceux qui se parlent danf le CàucMè et que Ton désigne parfois sous le nom de » DioscUriens ».

Âutamt qu il est permis de former des cofvjetftures au 9tijet de langues encore imparfaitement étudiées, nous nous ra»- gérions volontiers à cette manière de voir, du moins jusquà noovel ordre. A Texem^ide de M* J. Hdévy, baa^ crains, retrcrciTer entre le pétendu Médique et les psiters da Geo- emm qnel^aes pmnts de cicmtiKt qoe Fon ftttriiniennt diffîri- lement soit au pur hasard , soit à un eriiprafit. H est vrai que nos rechercher ont porté à pett prè» exclusivement sur la grammaire, non sur lexique. Quoi qo'il en mt, voici les ressétÉiblances que nous croyons pouvoir fme ressortir.

Le fduriei du Mèdè (voir Jides Ofprrt, Le ptufle et Ut langue âéi Mèdes, Paris, 1^79) est formé géneralemeiit par Fadjonction d'un p oU d'une syllabe finale. El. : t:=f K=f ^Knf ^<*— tclni ncirvfftier*^ el td^ip tfdavsHefS»; -^^ sak « ftlnis *, et êâkpe t fdii #j - ^^ Madtt # k Mède * , €t MAdapé * les

NCJDVÊLLKS ET MELA?CGES. Ii3

Mëdfs». Cep, signe de piaraiisation, se reûcortlre parfois même dan» le yerbe; es^ : tiriki ttti disx^ et tïtikiff^ yaû» dites ». Souvent, toutefois, il se ircfwré intercalé, ex. : çaktird «in adlais», eiçaktipfa « tous aUiez ».

Un phénomèile tout sèÉnblabie se itianifeste dans les iangnes du Caucase , au moîtis dans celles du groupe loiéré-' thien. G*est la désinence hi ou ébi qui le plus souvent, mai» non tox^ours, se trouve indice de pluralité en Géorgien; ex. : ^^i> mamà * père <►, et ^i*"^^» mamébi « pères» ; on^^rf thawi «têtéf, et <w»g3Ïw ihawéhi ê iéiesii ; j^i^ hiho «écre visse*, «ît ^#>V3^« hihaébi «écrévisses» (voir Brosset, Éléments de Utngae géorgienne, PkA», 1887).

La ressemblance serait plus étroite enèore entre le Mède et eertains idiomes, du reste apparentés de près au Géorgien. C'est, par etemple, la sylinhe finale pe en Laie, eiphi en Mlngféiien, qm marque normalement le pluriel.

D^kilportaiites âtffîmtës peuvent également étte signalées entre les pronoms de ces différents parlers. Ainsi c'est , eii Mède, r=: llf u qui indique le singulier du protiom de Ici première personne. Le Géorgien, de son côté, emploie let^ mm èên de marquer celte personne dans le verbe; ex. : g*(5i uar je suis», et ^tn warth « nous sommes «, par oppo^ sition à kkar « ttt es *, et b(^^ ors « il est ». Sauvent, d'aiUeursy ce w se trouve intercalé ; e\. î^33"g3^<^3^ chewiqwareb «J'aime », à côlé de '^<jj|j*^D^ cheqwareh «tu aimes». La labiale préfixée ou intercalée joue le même rôle en Laze ; ex. igieisch « battre », ei giebtschare «je bats»; ehaschk «travailler à la bêche», et bchaschkare «je trav aillé k la bêche ».

Quant à la gutturale , son rôle dans les dialectes ici étu- diés, c'est de marquer la deuxième personne du verbe, et cela tant au singulier quau pluriel. Le Mède, par exemple, dira rf/a «j'écrivis», et riliiki «tu écrivis». Parfois cette syllabe ki sera intercalée, ex.: rilnkip «vous écrivîtes», à côté de ri/ttva^ «nous écrivîmes».

La gtittar.*lé, sort préfixe^ soit infixe, rempdit parf<Hs le même fô^e chesi les Géoi^erts, eomme nous l'avofis vu p€Fr

144 JANVIEK-FEVRIER 1906.

lexempie de khar «lu es», par opposition à war «je cuis». On peut citer également celui de *§fl»g5snr> mowal «je viens i, à côté de *>ï«nlj«^5çnr> mokkooal « tu viens ».

La troisième personne, en Géorgien tout comme en Mède, a s fmal ou intercalé pour caractéristique. Le dernier de ces idiomes , par exemple , nous offrira d'une part rilu , riluva «j'écrivis» , rilaki « tu écrivis », et , de Tautre , ri7a5 « il écrivit» , rilavas, rilus «ils écrivirent», rilura «j'écrivais» eirilasra «il écrivait». De m^me en Géorgien, g^^-^^a^ walchoukeh «je donne, je fais présent de», et ^^-^j^^'» atchoukehs «il donne, fait présent de»; gogo» wiqo «je serai», et «g<nlj iqos «il sera ». Celle sifflante est, sans doute, en relation directe avec le pronom géorgien «jt es ou ol» is « il, celui ».

Terminons en signalant une dernière coïncidence et qui vraisemblablement ne saurait être tenue pour purement for- luitf, c'est celle de la finale di ou ii marquant Je plus-que- parfait en Susien, l'imparfait en Géorgien; ex. : Médique lurnati ou turnata «j'avais su», du radical turna «scire?, et Géorgien '^3gj<^32ço chewk'rewdi «je liais», à comparer avec '^«)2j<^52 cAewÂrVao; «je lie».

Bien que limités en nombre, ces rapprochements nous ont paru valoir la peine d'être signalés. Nul doute qu'un examen plus approfondi ne nous eût permis d'en augmenter le nombre.

De Charbngey.

BIBLIOGRAPHIE.

Tbe Naka*id of Jarir and al-Farazdak» edited by Anthony Ashley Bevan. Vol. I .part i; grand in-d", xxra-i56 p. Leiden, laleE.-J. Brill, 1905.

Les luttes poétiques de Djérîr et de Férazdaq sont con- nues de toute personne tant soit peu au courant du dévelop-

NOUVELLES ET MELANGES. 145

pement de la littérature arabe. Le regretté William Wright s'était proposé de publier les Naqâîd, et en i883 il avait fait insérer dans le journal de la Société orientale alle- mande un avis annonçant son intention et sollicitant Ten- Yoi d'informations au sujet de manuscrits de cet ouvrage, déjà signalé dans le Fihrist, Malheureusement son décès, survenu en 1 889 , fit avorter ce projet. Les copies qu il avait faites du manuscrit de la Bodléienne et de celui do Spitta- bey, qui est aujourd'hui dans la Bibliothèque de Strasbourg, ont été remises à M. Bevan, de Trinity Collège (Cambridge), qui en a entrepns la publication. Renonçant toutefois au plan primitif de Wright, qui voulait publier à la fois la re- cension de Soukkarî , la plus longue , et celle d'Abou-'Obéïda, plus abrégée, et profilant d'un manuscrit récemment acquis par le British Muséum , il s'est donné la tâche de constiniire un texte basé sur la copie de la Bodléienne , qui est la plus complète, en profitant des renseignements et éclaircisse- ments que fournissent les deux autres ouvrages. C'était une œuvre difficile , et on peut dire que M. Bevan s'en est tiré à la satisfaction du public savant.

L'éditeur, grâce aux textes qu'il nous fait connaître , a pu fixer quelques dates qui ne sont pas sans importance. Ainsi la première indication de ce genre qu'il rencontre est une allusion au siège de la Mecque en 64 de l'hégire (683) et aux troubles de Baçra peu de temps après. Aucune mention n'étant encore faite de Férazdaq dans les trente premiers poèmes du recueil, qui paraissent appartenir à la première moitié de la vie de Djérir, l'éditeur en tire avec raison la conclusion que le fameux échange de satires entre les deux poètes ne peut avoir commencé avant la mort du Khalife Yézid. De même la célèbre anecdote rapportée par VAghâni (xix, 6) au sujet du vœu de Férazdaq de ne plus composer de satires et de porter des chaînes, comme un prisonnier, jusqu'à ce qu'il eût appris le Qoràn par cœur, doit être re- portée, non à sa jeunesse, mais au début de son âge mûr, puisque, d'après son propre dire, il avait dépensé trente ans

vn. 10

lurmiiriiIK HATIOIALti

146 JANVIEH-FÉVRIER 1906.

d^ (m vie i la poursuite de sottises (amâya = djahàla , p. 1 37,

D'autres dates ont encore été réunies par M. Bevan (p. XVIII ) Y qui fait remarquer une pièce de vers de Féraxdaq consacrée à Téloge du Khalife Hichâm, dans laquelle le poète s'attribue Tàge de 80 ans; que ce soit un nombre rond, comme ie veut i éditeur, ou que le poète, suivant lusage des musulmans, ait compté en années lunaires, ce qui lui ferait à peu près deux ans et demi de trop d'après notre manière de calculer, il ne s'ensuit pas moins que Férazdaq a naître vers Tan 35 de Tbégire (6^5-6d6). Les Naqâïd em- brassent une période d'une quarantaine d'années. M. Bevan a établi également d'une manière indiscutable que Tédition du divan de Djérir publiée au Caire en 1 3 1 3 de l'hégire a été faite en grande partie d'après le manuscrit des Naqâïd de Spitta-bey.

En dehors des remarques philologiques , le commentaire est intéressant par les renseignements qu'il fournit sur les journ^ef ou batailles fameuses des Arabes, par exemple sur celle de Qochâwa (p. 16) la tribu dp Chéïbàn vainquit celle de Témim , récit plus complet et plus clair que celui d'Ibn-el-Athlr (I, 446), sur l'histoire d'Ël-^aufeitân , qui se rattache à la bataille de Dhoû- Toloûl.i (p*47); sur la bataille de Dhàt-Kahf ou de Xikhfa (p. 66) les Benoû-Yarbou* défirent les troupes réglées d'Ël-Moundhir III , 61s de Ma* es-Sémâ(et non d'En-No'piân , comme le dit Ibn-el-Atbir); Ton y remarque des détails sur lu ridâfa à la cour ^ira; sur la journée d'Ël-:Marroùt (p. 70) et celle d"Acb- châch ou de Sahrà-Feldj, appelée aussi de Ghablt, fut fait prisonnier Bistâm ben Qaïs , de la tribu de Chéï- bàn (p. 76); sur la fameuse guerre de Dàhis (p* 83) et sur la mort d'EzrZobéïr (p. 80). Nous trouvons aussi (p. ii3) un récit dp la journée d"Obéïd-ailah ben Ziyâd ben Abiht, sous le règne de Yézid I*^ l'on remarque ui^e conversa- tion en langue persane entre MâhParwardin , chef des quatre cents chevaliers rencontrés sur ]a route* et cinq cents

NOUVELLES ET MÉLANGES. 147

oavaiien des Bénûû -Riyàb de Téoum ; « Braver gem , dit \^ chef perse, qu avez-YOus à ne pa» partir ?9 -^ « Ils ne nou^ laissent pas eombattre» (le ms. de Londres » m{jS kanêm), -7- «Donne -leur des pendjagàn9, cest^Mire des suives de oinq flèches par personne, ainsi que l*e](plique le commen^ tateur; ef. aussi le glossaire de T^i"); ^ rapprocher de fatteredjân = pendj père dans le Livre de la Créaiion ^t de ^histoires t. III, p. 19^, note a; et en effet deux mille flèches furent lancées par les Perses.

Page 5, ligne 1 C&JU^ et ligne a ^Uj^^l sont deux leçons contradictoires; il fallait choisir Tune ou Tautre. h^Li- sân-el-Arah , viii , 1 70 donne ce mot avec un ^ , mais il indique qu'on le rencontre aussi avec un ^ ; une annotation dans cet ordre d'idées n'aurait pas été de trop.Le sens n est pas douteux : « Gratter avec ses pattes le tas de sable û se dresse , en parlant du coq; se gonfler, en parlant de la grosse couleuvre du Yèmâma houffâtk (i£>\liL 1. is et 3 sont des fautes dUfn- pression, cf. Lisàn, II, MS) quand elle est en colère. »

Nous nous abstiendrons d'apprécier les mérites littéraires de la lutte entre Djérir et Férazdaq ; notre jugement sera mieux assis quand nous posséderons Tœuvre en son entier. Néanmoins , dès à présent , il est aisé de se rendre compte que ces vers sont intéressants par les mots rares cju'on y ren- contre. Il faut faire abstraction de la grossièreté de ces satires; Tatticisme n'est point dans les sables du désert; squs la tente , l'injure doit être violente pour porter.

Cl. HUART.

Dmm vom Hbmmml oMFALLMfis UiiiEf Qn^sfi ia sçifieii morgen- lândisçheii Yeniiia^ii und Hecenzioae^ voa Prof, Maxiauiiaa BiffîKEa mit 8 TllfcdQi Denkschriftep der Kaiserlichen Akademie dor Wiss(msç)|çitea in Wien , philosophisçh-historische liasse , Baod LL Vienne , igoS, in-4% 2^0 pages.

La légende de la lettre du Christ tombée da ciel pour recommander l'observance du dimanche est relativement

148 JANVIER-FEVRIER 1906.

moderne , elle ne remonte pas plus haut que le viii* siècle de notre ère. Cependant celte légende acquit promptement un développement inconnu aux anciens livres apocryphes, juifs ou chrétiens. Elle se répandit en Occident et en Orient dans de nombreuses recensions, qui diffèrent tellement entre elles qu'il est difficile aujourd'hui de reconnaître la source primitive.

M. Bittner a étudié cette légende pendant de longues an- nées, et il vient d'éditer les textes grecs et orientaux qu'il a recherchés et recueillis avec un soin minutieux. Sa publica- tion jette un jour nouveau sur le processus de la légende , mais les conclusions qu'il a tirées de l'examen des textes ne sont pas, nous semble-t-il, aussi définitives qu'il le croit. Les obscurités ne disparaîtront que le jour, qui n'est peut- être pas proche, l'on aura réussi à déterminer à quelle occasion, dans quel lieu et à quel moment s'est formée la légende. C'est le point essentiel, que M. Bittner n'a pas élucidé, et sur lequel on ne peut faire actuellement que des hypothèses. Le grand mérite de l'éditeur, c'est d'avoir mis sous les yeux des historiens de l'Eglise une importante col- lection de textes en grande partie inédîis, qu'il a publiés avec une exactitude et une méthode dignes de tous éloges.

Pour faciliter la comparaison des nombreuses recensions, l'éditeur a divisé les textes en trois paragraphes : le premier comprend le prologue de la lettre; le second, la lettre elle- même; et le troisième, l'épilogue. Chaque paragraphe est subdivisé en numéros de correspondance , qui permettent de se reporter d'un document à un autre.

Voici le processus admis par M. Bittner : la légende ne comprenait d'abord qu'une seule lettre écrite en grec, mais l'original ne s'est pas conservé intégralement dans les recen- sions grecques qui nous sont parvenues. On trouve cet ori- ginal mieux reproduit par la version arménienne et la ver- sion svriaque, mais ces deux versions n'ont pas été faites sur le même manuscrit grec. Le manuscrit qui a servi pour la version arménienne était plus près de l'original grec que le

NOUVELLES ET MÉLANGES. 149

manuscrit utilisé par le traducteur syriaque. De la version arménienne procèdent les différentes recensions arméniennes que nous possédons. En Syrie s*est ensuite développée la légende, et sur le terrain syrien est née la recension qui porte le titre de deuxième lettre et quelquefois de troisième lettre. Celte nouvelle recension a lait fortune en Orient; on la retrouve en carschouni , en arabe , en éthiopien ; mais elle n a pénétré ni en Grèce ni en Arménie.

Ce qui rend ce processus vraisemblable , c*est que le lieu la deuxième lettre tombe du ciel est différent de celui descend la première lettre. Celle-ci est suspendue au-dessus de l'ég^e de Saint-Pierre à Rome; celle-là est gravée sur une pierre qui tombe à Jérusalem ou dans les environs de cette ville, parfois même à Constantinople. Cependant les recensions et versions des deux lettres sont actuellement trop mêlées les unes dans les autres pour qu on puisse établir entre elles une ligne de démarcation bien nette.

En effet, si la recension de la deuxième (ou troisième) lettre a été écrite en syriaque et ne s'est répandue qu'en Orient, à l'exclusion de l'Occident , on se s'attendrait pas à la trouver mentionnée dans les textes grecs. On est surpris de lire dans a, p. 1 1 : Ôri èvt<TloXii /xou y' «ma troisième lettre » , voir note 1 1 ; malheureusement ces mots suivent une lacune regrettable. Dans a^, p. 22, 1. 5 : oOx othare rffv "Sfpérrfv èvioloXiiv, ifv èirét/JetXa ^apàs (*(iaç, xai ovh èirt- (rleycrare. Dans le groupe |3, la lettre tombe à Jérusalem, il est fait mention de la deuxième lettre qui a suivi la pre- mière, p. 27, |S et (S^ : xai viàXiv èiturloX'ifv aléXXûû tarpôç ècràs TOUS àvdpdyjrovs, htÔTi adis èaleikoL tyjv ^apdnrjv éir<- (/JoXijv xai oihe oUtûjs èfieravoijfTaTe ovhè èititrleùtTare. De même, p. 26, jS* (Bibl. Bodieiana) : éalsiXa jspàûra Ttfv tni-

(rloXriv xai isàXiv ievrépav èittaloXr^v (rléXXeÊ) ^pos

vfiàs; et |S* (Ambros.) : Ôri 'apeiyrrjv xai hevjépav èitialoX'ilv ^Tre/x^st "opàç vfias.

D'autre part, si la recension de la deuxième lettre est syriaque et ne procède pas du grec , comment expliquer les

150 iANVlËRFÉVRIER 1906.

heliënismes t|u*on y constaté? 106, col. ^i(i\ Cm lit «mI il|y» qui n'est pas syriaque 4 il faudrait Hk^>^ li^^m^; ^ est traductioil dti grec ris; p^ 107, note i4f f»}g»^o^P\ p. 1 1 a , n" 6 , dans a et S , ^àl;«fio*èi II "^^^m est une cou- stniction grecque et non syriaque = ««i rr^ èïïî&1idiv^ rtfv êX^rif dàiis a^, p. aa < L 8.

On ne devrait pas non plus rencontrer des iidlénismeà dans les versions arabes de la deuxième lettre, si cet YCtrsiotis procèdent du syriaque. Or^ dans y, p. 196, >^>i4|») est la iranscription de 1) èirt&lbM « qui ne peut venir du syriaque ni du eopte, puisque lusage du copte avait cessé à cette basse époque, coinp. p. 196, note 4 « et p. a 1 7^ L id et kiiv.

Il n*est donc pas évident que première lettre sevde ait été bomposéë en grec« et que deuxième (ou tréisième) lettre ait été écrite en syriaque. La question reste encore ou- verte. Cette légende tardif e mérite-t-elle de fixer si Ibhglemps Tattention deû criticpiés ?

M. Dittneri en éditant ces documents, a montré une don- naissance profonde des langues dans lesquelles ils sont ré- digés. Il s*est révélé comme Un phiicdogue distingué par lefc notes dans lesquelles il signale les particularités dialectaleè de ces textes merdernes^ Oh lui saUra gré de la tifadnctioh alleiUande qu*il a faite de quelques-unes des recensions ou versions les plus inipôrtantes , mais le savalit qui voudra de nouveau étudier à fond la légeiide, devra posséder les mêmes connaissances linguistiques que Téditeur.

En appendice, M. Bitlner a ajduté une intéressante Lettre hébraïque sur le Sabbat, composée au xtr siècle par analogie de la légende chrétienne. '

R.D.

Persian H/storical Texts. Volume IÎI. Part I of thfe Tadhkirà- tu*l-Awliyà [Meiïiôirs of the Saints] of Muhatnmad ibn IbrâU^ Faridud-Din 'Attâr, edited in the original Persiah , l^ith Wèfftcé, Iridiceë atid Variants, by Reynold A. NiQlÉotS02f, Mi A.^ Lécturer in Persian in the University of Cambridge 4 and toiHe time Fd-

NOUVELLES ET MELANGES. 151

low of Triniiy Geliege , with a critical Introduction by Mmsi MuuAMMAD B. 'ÀBt>u'L-WAiiuAB-i QÂzWiifi. Loiidon, Luzao add C°\ Leide, Librairie et imprimerie ci-devant E.-J. Brill, 1900, in-8", 66-357 P*gcs.

Noilè ne reviendrioiis pas sui* ce qui a été dit ici de la coi- ieciion des Pérsiàn Historical Teœts, dont il serait superflu de faire un nouvel éloge. Bornons-noUs à constater^ une fois de plus, i*heureux choix des texteë qui la composent et le soin avec lequel ils sont édités.

Le Tèzkèrè'i Ëvliyâ ou Mémorial des Maints de Ferîd ed- Din 'Attar, dont Pavet de Courtéille publiait et traduisait ^ il y a dix-sept ans , la version turque conservée dans le fameux manuscrit ouïgour la Bibliothèque nationale , est d*uhe importance capitale pour qui veut comjprèndre i*èsprit dès Persans ou étudier leur littérature. C'est le pltis ancien do- cument que nous possédiotis sur le mysticisme en Perse; c'est en méUie temps Tun des plus anciens ouvragée peï*sàhs en prose ; il a de grands mérites littéraires et attire l'atten- tion des philologues par de curieuses particularités linguis- tiques. Sachons donc gré à M. Nicholson de nous en avoir donné une édition correcte et d'un emploi commode.

Ce premier volume comprend quarante biographies de saints musulmans, de DjaTar As-Sàdik à Mansoûr *Ammàr. Le second volume comprendra, avec les trente-deux der nières biographies, le supplément, écrit à une époque an- cienne , que l'on trouve dans quelques manuscrits du Tèzkèrè, Pout établir sbn texte « M* Nicholson à utilisé six manuscrits. Le plus inlportânt de tous , et celui qui a servi de base à cette publication, est conservé à Leide (n" îi8i du Legs Wàrrie- rien, ^9^9 du catalogue actuel); de date àneiehne, il se fait remarquer par sd belle exéeiltibn et la pureté de son texte. Viennent efasuite les Uianuscrits 19,806 du British Mu- séum (Rieu, 34Â)f remontant au xiv* siècle et d'une élégante calligraphie; 678 de Beiiin (en voir la description dans Pertzsch, Verzeichniss , p. 548), ancien, mais défec- tueux; 1108 du supplément persan de la Bibliothèque na-

152 JANVIER-FÉVRIEU 1906.

tionale , qui remonterait à la fin du vu' ou au commencement du viii' siècle de riiégire ; io5i de Tlndia Office (voir le catalogue de M. Ethé) comprenant, avec son supplément, un total de 97 biographies; auxquels on peut ajouter un beau manuscrit copié à Constantinople en 1809 de Thégire par 'Abd Ei-Hoseïn Kermâni pour le compte de M. Browne. Toutes les variantes de ces manuscrits ont été relevées avec le plus grand soin; elles ne tiennent pas moins de 5o pages.

M. Nicholson a tenu à conserver au texte sa physionomie archaïcpe. On y trouvera donc des formes telles que ji^^ pour tf*>^, ^U*>^et ^b^^pour ^^^et ^^o<^,>^au con- ditionnel passé ; osî pour jsî À la deuxième personne du plu- riel ; (^ ( forme dialectale ) pour ^^. Moins respectueux des manuscrits, les éditeurs précédents, celui de Lahore sur- tout, avaient par trop modernisé l'ouvrage de Ferid ed-Dln *Attâr. Trois index : des personnes, des lieux et des tiibus, des ouvrages cités, complètent l'édition du savant anglais.

Lucien Bouvat.

W. Caland et V. Henry. f/ÂGNis^roMA. Description complète de la forme normale du Sacrifice de Soma dans^le culte védique. Tome premier. Paris, 1906.

En 1897, dans le Grundriss der indo-arischen Philologie (lil, 2 : Ritaal-Litteratur; Vedische Opfer und Zauber, p. a4), M. Hillebrandt, après avoir signalé son étude sur le sacrifice de la pleine et la nouvelle lune [Dos altindische Nea-und VoUmondsopfer, Jena, 1880) et celle de Schwab sur le sacri- fice animai (Dos altindische Thieropfer, Erlangen, 1886), ajoutait : «11 ne manque plus qu'une description du sacrifice de Soma et nous aurons alors un aperçu général de ce qu était le sacrifice védique. »

Ce vœu est aujourd'hui comblé, du moins en partie, par

NOUVELLES ET MELANGES. 153

la publication du premier volume de ïAgni§ioma de MM. Ca- land et V. Henry.

Dans les cathédrales immenses, aux jours de grande fête, îors d*un office solennel, il arrive à plus d'un fidèle d'admirer la pompe et Tordonnance magnifique des cérémonies, sans en comprendre ni le sens ni la portée. Il ne devait pas en être autrement du sacrifice de soma aux yeux des anciens Indous : c'était pour eux un spectacle à peu près inintelli- gible. 11 est même douteux que Haug, malgré sa science consommée , lorsqu'un jour il fil célébrer à ses frais un service de ce genre, en ait saisi tous les éléments et tous les rites.

Le sacrifice de soma était en effet une solennité extra- ordinaire. Suivant certaines règles, tardives pour la plupart, on devait le célébrer au retour de chaque printemps. Mais, en fait, il n'y avait sans doute rien d'absolument fixe dans cette prescription, et c'était plutôt au gré et suivant le bon vouloir de quelque personnage riche et puissant qu'on pro- cédait à la cérémonie.

G*était une cérémonie compliquée. MM. Hillebrandt (iîi- iual-Litteratiir, p. i24-i34) et Oldenberg [La Religion du Véda, trad. franc., Paris, igoS, p. 385-394) en ont donné une description résumée et synthétique, qu'il ne sera pas inutile de relire surtout celle de M. Hillebrandt avant d'aborder le livre de MM. Caland et Henry.

L'agnistoma était un ekâha, cest-à-dire un sacrifice d'un seul jour, car les trois pressurages de soma qui en constituaient les opérations essentielles et fondamentales avaient lieu la même journée, le matin, à midi et le soir. Mais ce jour solennel était précédé d'une série de cérémonies qui s'éten- daient sur au moins quatre journées, employées à l'achat du soma et à ce qu'on pourrait appeler les rites introductifs et préparatoires.

Le premier volume de MM. Caland et Henry est consacré à la description de ces rites et à celle du premier pressurage. Le lecteur est conduit de la sorte jusqu'aux préliminaires du pressurage de midi.

154 JANVIER.FÉVRIER 1906.

CW M. Calftnd qui s'est chargé de k dlMcriptioD géné- rale des opérations liturgiques. Il Ta fait diaprés rénsemfale des ifauta-sûtras. H n*en a laissé qa*nn seul côlé, le Vai- khénésa-iranta'SÛtm , appartenant au Yajur-Yéda nmr« et dont on connaît foft peu de manuscrits.

La tâche de M. V. Henry a consisté dans la tradactîon des mantrns , c'est-à-dire des formules et des stances empnuitées aux différents Védas et dont la récitation on le chant accom- pagnent les opérations liturgiques. Il a donné en outre à la rédaction de rouvrage sa forme définitive.

Cet ouvrage, comme il fallait s'y attendre, est hériitéde termes techniques, qui trop souvetit résistent à une traduction française pi'écise. Un répertoire de ces mots a été |dacé en tète du volume, dont il facilitera la lecture, non ssnlonent aux non indianistes, mais aussi à plus d'un initié» 11 y aurait quelques remarques n faire sur l'économie de ce glossaire. 11 eût été possible de le réduire dans une certaine mesitfe. Il n'était pas très utile , par exemple, d'y insérer le mot amft. « tige [de soma], puisque ce mot est rendu partout, si je ne me trompe , ))ar son équivalent iVançais t tige ». 11 en est de même de dhûnya, exprimé pat* le français foyer partout également il en est question , mais dont oïl chercherait en vain la signification n son ordre alphabétique.

Ce premier volume renferme quatre planches. Trois d entré celles-ci consistent en des reproductions d'ustensiles liturgiques, accompagnées de brèves notices descriptives. (jCS phototypics complètent ou rectifient de la plus heureuse façon les trop rares documents du même genre dont on pou- vait disposer jusqu'ici. La planche IV est d'un intérêt jUxëè considérable encore : c'est un plan du terrain sacré qui permet de se rendre compte d'un coup d'œil de la place occupée par les autels ou les foyers et par les divers prêtres ou officiants.

Il coUvieht de tne borner à cette description sommaire et tout extérieure du livre de MM. Caland et V. Henry, et de laisser à de plus autorisés que moi le soin de l'étudier «i|

NOUVELLES ET MÉLAÎ^GÊS. J65

pbihi de rué du fofid. Miiis il n'e^t pas dcmieiit qti*on tie mb plaise à j>Monhaltré dâtid cet oiirra^e, eu même tempi qu*ùne très grande daiié datiê reipolition , la icience et l'autorité deê deux vëdlsânts (|ui Tout ftigdé.

A. Ou^RlNOT.

G. Lb Strangk. The Lands of tue Eastern Cauphate. Meso-

POTÀMIA» PeESIA and CeNTRÀL AsIA FROM THE MoSLEM CON-

QUEST TO THE TIME OF TiMVR. Cambridge, at the University Press, igoS, pet. in-8' de vii-536 pages avec lo cartes.

Vôioi la contiiitiation la iiéHe d*ëttides inaugurée en 1890 par M. Le Strarige àVec sa Pateitine under the Mosléms, suivie dix anspltts tard de Baghdâd uhder the Abbaêide Cali- phate. Dans sa préface Tauteur, avec une modeétie qui nous semble excessive , se défend d'avoir voulu écrire autre cliosc qti'nti esitti, qil'uti aperça de la géographie historique de la Mésopotamie, de ia Perse et d'ttrte partie de l'Asie centrale aux premiers siècles de domination musulmane. Jugeant qtie nous n*avons paii encore une base asëez solide pour trai- ter à fond de pareilles questions, M. Le Strange n'avait d'autre intention que de préparer les voies aux savants futui^. En dépit deë déclarations du savant anglais, nous estimons que son livre, fruit d'un travail des plus considérables, de- viendra le vode-mecum obligé de quiconque abordera l'étude de la géographie des provinces orientales du khalifat abbaside et qtie, quels que soient lés travaux futurs publiée sur le même sujet, on le constdterà toujours utilement.

M. Le Strànge a composé son livre d'après des sources pu- rement musulmanes , ce qui a ehtrainer quelques erreurs dont il s'excuse dès le début. La lotigite liste de gëogfaphes et d'historiens qu'il a dépouiller va d'Ibn Rhourdadbeh (864) à Aboû'l-Ghâzî (i6o4). Il a renoncé, pour plus de concision, h donner la traduction intégrale des itinéraires, et omis la géographie historique de l'Arabie ainsi (pe la

156 JANVIER-FKVRIER 1906.

description des deux villes saintes au temps des Abbasides. 11 se propose , du reste, d'aborder plus tard ce sujet.

Le premier «bapitre est une introduction consacrée surtout aux sources utilisées. Ayant , dans sa Palestine under tke Mos- lems, longuement parlé des géographes arabes, Tauteur s'est borné, cette fois, à dire sur eux Tessentiel. Puis viennent quatre chapitres consacrés à Tlrak. La Mésopotamie est dé- crite dans les chapitres vi et vu. Viennent ensuite le cours supérieur de TEuphrate , le pays de I\oum , 1* Azerbeïdjan , le Guilan et les provinces du Nord-Ouest, le Djibal ou Irak Adjemi, le Khouzistan, le Fars (chapitres xvii-xx), le Ker- man , le grand désert de Mekran , le Seïstan , le Kouhistan , Koumis, le Tabaristan et le Gourgan. Les chapitres xxvii à XXX sont consacrés au Khorassan ; les quatre derniers à la région de TOxus , au Kharezm , à ]a Sogdiane et aux pro- vinces du Jaxarte.

Ce volume , qui est un résumé fait avec autant d'intelli- gence que de soin des données géographiques fournies par les auteurs musulmans, donne des détails historiques et archéologiques , les divisions politiques et administratives et aussi la situation économique de chaque région jusqu'à la fin du XV* siècle. Tout ce qui concerne le commerce, l'agriculture ou rindustrie y a été indiqué d'une manière sommaire , mais exacte et suffisante. Dix cartes et un index complètent cet utile manuel.

M. Le Strange se propose de publier, dans la suite, des monographies consacrées, l'une à l'Egypte et à l'Arabie sous les Fatimites, l'autre à l'Afrique du Nord à Tépoque des khalifes espagnols. Ces deux ouvrages formeront, avec ceux édiles jusqu'ici, une véritable encyclopédie géographique des pays musulmans, et M. le Strange aura, de la sorte, bien mérité de l'orientalisme.

Lucien Bouvat.

NOUVELLES ET MÉLANGES. 157

A.-W. Ryder, The little cliy Cart (MncCBAKATiKA). A hindu Drama translated from ihe original sanskrit and prâkrits into english prose and verse. [Harvard Oriental Séries, vol. IX.) Cambridge, Massachusetts, igoS.

Grâce à Tinfatigable activité de son directeur, M. Ch.-R. Lanman, la Harvard Oriental Séries est arrivée en peu de temps à son neuvième volume.

Ce volume consiste en une traduction , par M. A.-W. Ryder, Instructor in Sanskrit à la Harvard University, d'un drame indou bien connu, le Mrcchakatika.

L'édition sur laquelle M. Ryder a établi sa version est à la fois la plus récente et la meilleure : c'est celle que M. K.-P. Parab a publiée à Bombay en 1 900. Le texte y est accompa- gné du commentaire de Prthvîdhara.

Cette nouvelle traduction du Mrcchakatika est précédée d'une introduction dans laquelle M. Ryder analyse la pièce, apprécie la valeur littéraire de l'auteur à qui elle est attri- buée, le roi Sûdraka, et donne enfin quelques éclaircisse- ments sur les principes qui l'ont guidé dans sa tâcbe.

11 admet volontiers qu'une traduction sous forme métrique ne saurait être aussi littérale qu'une version en prose. Pour- tant il n'a pas hésité à traduire en vers, voire même en stances rimées, les parties versifiées du drame indou. C'était s'imposer bien gratuitement, il faut l'avouer un sur- croit de difficultés auquel il a vaillamment fait face. Nul ne se refusera sans doute à reconnaître la puissante harmonie de vers tels que ceux-ci (p. 62) :

Those men are fools, it seems to me,

Who trust to women or to gold; For gold and girls, *t is plain to see.

Are false as virgin snakes and cold.

La plupart des stances sont aussi savamment élégantes et contribuent, on le conçoit, à faire de la traduction de M. Ryder une œuvre d'un très grand mérite littéraire.

Cette qualité d'ailleurs n'est pas obtenue au détriment de

158 JANVIEfl-FÉVRIDR lOOÙ,

1 exactitude. M. Ryder a toajours eu le souci de rester fidMe au texte, et, sauf quelques écarts, on peut affirmer qu*il y a réussi.

En résumé, ce volume de la Harvard Oriental Séries, sans offrir au lecteur l'appareil scientifique qui caractérise certains volumes précédents, mais qui n'était pas de mise en cette circonstance , n*en sera pas moins apprécié et tiendra digne- ment sa jdace dans la collection.

A. GUBRINOT.

NOUVELLES BIBLIOGRAPHIQUES.

Coumiencée en 189 a , la Uibliogrt^hie des ««vrajfei «iwief ou relatifs aux Arabes, puUies dans l'Europe chrétienne de 18 iO à 1885 de M. Victor Chauvik en est maintc»mt à son neu- vième fascicule , dont voiei le sommaire : Pierre Alphonse. Secundus. Recueils orientaux. Tables de Henning et de Mardrus. Contes occidentaux. ^^ Les Maqàmet. Dans ce fascicule, qui ne compte pas moins de i36 pages, nous retrouvons , au même degré , toutes les qualités qui ont assuré le succès de cette excellente publication.

Le Gibb Mémorial F and, auquel noqs avons consacré quelques lignes dans un de nos précédents comptes rendus , a déjii publié deux volumes de textes ou de traductiop^* Le premier est une édition , la seconde, du Baber-Nameh» ou mémoires du sultan Baber, reproduisant en fac-similé un précieux manuscrit conservé actuellement à Haîderabad et qui, de Tavis de M"' Bbvbridgb, à qui nous devons cette édition , serait le meilleur des manuscrits actuel- lement connus. Une longue préface et deux index, Tun historique , l'autre géographique , ouvrent ce beau volume (The BàbarNàma, being fhe Autobiegraphy of ihe Rmperor Bàbar thefounder ofihe Moghol Dynasty in India, wriiten in Chagatày Turkish; note reprodaeêd in fac-simiU jrom t^ Ma- nascript belonging io the late sir Sâlar Jang of Hmydaràbàd,

NOUVELLES ET MELANGES. 159

and edited with a Préface uni Indexes hy Ana^ta S. 6|iVi^- RiDGB. Leyden, E.-J. Brill, an4 London, Bernard Quaritoh, 1906, în-8°, XX- 107 pages et 38a feuillets de texte). Depuis i'iqfipreMion de ce volume M"" Beybjvipge a fait paraître , dans le Journal of the Royal Asiatic Society (Oetober igoô, p. 741*762, et January 1906, p. 79-93), une étude dé- taillée sur ce manuscrit. Le second volume, du à M. Browoe, Féminent professeur de Cambridge , est la traduction abré- gée d un important texte historique persan du commence- ment du XIII* siècle, THistoire du Tabaristan d'ibq Isfendiar (An abmged Translation ofthe Hislory of Taharistdn compiled about A, H. 613 (A, D. 1216) hy Muhamnmd h. Al-Ifasan h, Isfandiyàr, based on the India Office Ms. compared with two Mss, in the British Muséum, hy Edward G. Brownb, 1906, xiVr356 pages). D autres textes arabes et persans, publiés et traduits par MM. Browne, Blochet, Eilis, Le Strange et

Mare^oliouth , continueront cette série. _ ^

" Lucien Bouvat.

UN ÉPITROPE ROYAL NABATÉEN X MILET.

M. Mordtmann vient de faire connaître [Sitz.-her, Akad. Berlin, 1906, p. 260) un très intéressant fragment d'in- scription bilingue, nabatéenne et grecque, découvert d'une façon bien inattendue ... à Milet 1 11 le lit :

î'ïjD'^niD ND^DHN ihpl

n3]iD m^2 KD^Dmnv vn ^y nd-iid.?

, ? ZoL^Çjq^m dis)<^àç ^cunX[é(k)s

.,.,,,..,.. .avédïfxev ^U ^Qv[(ràp$t

Jl s'agirait donc en somme d'une dédicace faite au grand dieu national des Nabatéens, Dusarès, identifié ici avec Zeus ( au lieu de Dionysos ) , par «... klû , frère du roi , fils de Taim(ù) ? pour le salut du roi Obodas (I"), au mois de Tebet. . . •. La Içictiire et le commentaire de M. Mordtmann

160 JANVIER. FÉVRIER 1900.

prêtent à plus d'une critique. Je me bornerai pour l*instant à l'essentiel . Le personnage, à mon avis, n'est autre chose que le premier ministre; c'est ce qu'indique ce titre de « frère du roi » qui, ainsi que je l'ai démontré jadis à propos du C. /. 5. , IT , n" 35 1 ( Rec. d'Arch. OrienL , 1 , 6 1 , II , 38o) t'), revenait de droit aux épilropes nabatéens , et ne répondait pas à une parenté réelle. Peut-être faut-il lire ^7[^] ^*^ au lieu de 1?p ? (cf. l'erreur évidente VU pour "'^D 7^ = virèp <t«t>;- pioLs), et, parlant, restituer [2uAA]aro5 au lieu de [Za€€]oLToSy restitution de M. Mordtmann qui, de toute façon, est en désaccord avec la leçon nabatéenne. Nous aurions affaire alors à un personnage vraiment historique , le fameux Syl- iaeus, épitrope d'Obodas II (25-9 av. J.-C; cf. les passages bien connus de Nicolas de Damas , Josèphe et Strabon). Nous savons que ce Syllaeus, ennemi acharné d'Hérode, avait fait le voyage de Rome pour plaider sa cause devant Auguste. Il a pu parfaitement, pour une raison ou pour une autre, faire un crochet, toucher à Miiet et y élever un monument votif pour le succès de sa mission acte de piété qui ne lui réus- sit guère , car fmalement il fut condamné à mort par l'em- pereur. Après la mention du mou de Tebet devait venir celle de l'année du règne du roi. Le patronymique peut être un théophore quelconque avec D^D pour premier élément. Espé- rons qu*on nous donnera prochainement de ce texte d'un si rare intérêt une copie figurée qui nous permeltra peut-être d'en pousser plus loin la restitution.

Clermont-Ganneau.

(') « *Onaicho«i , frère de Chouqaiial reine de Nahatène, fils de. . . On remarquera qu'ici aussi le titre est placé avant le patronymique, ce qui indique bien qu'il ne s'agit pas d'une parenté réelle.

^^^ La confusion paiéographique de t? et p est facile dans un texte mal conservé, comme l'est celui-ci.

Le gérant : RuBENS DuVAL.

JOURNAL ASIATIQUE.

MARS-AVRIL 1906. LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ

(SECONDE PARTIE), PAR

M. E. REVILLOUT.

( SUITE ^.)

II

SOLON ET SON CONCEPT DE LA SITUATION DE LA FEMME.

Parmi ces législateurs , au point de vue spécial nous nous plaçons , nous ne mentionnerons que pour mémoire Sésostris et Bocchoris qui se sont surtout occupés de Tétat des biens. Sous Bocchoris encore , Ja femme paraît avoir à peu près la même situation que sous les dynasties amoniennes. Nous la voyons acter seule dans les transmissions de propriété. Il n en est pas de même sous Amasis qui , par esprit de réaction contre la dynastie éthiopienne, s'inspira surtout de Bocchoris , en ce qui touche la propriété , en accentuant encore ses réformes dans un sens plus révolutionnaire. Mais, nous le verrons, en ce

* Voir le numéro de janvier-février 1906, p. 57-101.

VII. 1 1

iHraiHrBiK iatiosalb.

162 MARS-AVRIL 1906.

qui touche la femme, il alla chercher ailleurs ses modèles. Ce roi, proclamé tel par suite d'un mou- vement national contre les Hellènes, trop protégés en Egypte depuis Psammétique, était, une fois arrivé au trône, « devenu fort ami des Greos », ainsi que nous la dit Hérodote.

C est donc par la Grèce qu'il nous faut com- mencer, ce qu'indiquait d ailleurs la simple chrono- logie, plaçant Solon avant Âmasis^

Or, depuis Tinvasion dorienne si brutale, les vieilles institutions ioniennes qu'a chantées Homère avaient été singulièrement transformées. C'était l'âge de fer succédant à 1 âge d'or. Certes je ne veux pas dire que tout était parfait dans l'antique Hellade. Toutes les fois que la guerre intervenait, par exemple et elle était fréquente, la femme libre, der^ nue esclave, éprouvait pire destin. Mais, à l'état de paix, les mœurs étaient douces et la femme très considérée.

Dans les coutumes légales, nous constatons dès lors une pénétration orientale ou chaldéenne. Cela est tout naturel, car l'hégémonie qui se fit tout d'abord le plus sentir dans cette région fat d^orighie chaldéenne; aussi voyons-nous les Grecs des pé- riodes archaïques revêtus toujours de ces longues robes auxquelles fait encore allusion Thucydide, et

' Voir mon Précis da droit égyptien, p. di^-ÂaS.Lv code^AiMi*^ sis, promulgué en 554, est à peu près contempwtu de k oMurt (le Solon arrivée environ cinq ans auparavant, mais le code de Scdon est bien antérieur (ôgS).

LA FEMME DANS L'ANTIQUITE. 1Ô3

quUs n abandonnèrent que quand, à une période secondaire, à Timitation de leurs nouveaux alliés, les Egyptiens , ils prirent Tusage de se dévêtir.

De même trouvons-nous dans Homère , à part cer- taines exceptions {Iliade, IX, i45, XVI, 178-190) à la base de Tunion matrimoniale, 1 argent, spécifié, jusque pour les dieux cela est dit dans ¥Ody$$ée poui' Vuicain et Vénus (voir aussi Iliade y IX, 46, 288) soit à titre de don nuptial analogue au tirhata, soit à titre de dot, comparable au ierikta ou au nadunnUf et que la famille de fépoux était obligée de rendre cela est prévu par Télémaque pour sa mère en cas de dissolution du mariage ou dune nouvelle union, absolument comme cela se pratiquait, tant d'après le Code de Hammou- rabi^ que siutout d après celui qui était pratiqué sous Nabuohodonosor.

Mais combien maîtresse d elle-même, combien honorée était Tépouse, la Pénélope que l'immortel chantre des Grecs a si bien peinte, et les autres femmes de la même période! Quon relise dans Y Odyssée l'arrivée d'Ulysse chez les Phéniciens et sa réc^[^n la reine tient autant de place que le roi^;

^ Notons d*aUieurfl q«e > comme cUos ia Gbaldée àe Uêmmonr^hi et dans TEgypte de la XII" dynastie , à côté de Tépouse , en Grèce aussi bien qu'à Troie (Athénée, LXin) les concubines esclaves pou- vaient esisler. Priain , Achille , Nestor même en eurent.

^ Ulysse dit alors à leur fille Nausicaa : «Que las dieux, ea v4M1s donnant un époux , répandent entre vous et lui cette tendresse qui fait le bonheur des familles. Il nest pas de bien plus graod que celui de deux époux qui, n'ayant qu'une même pensée, goaversent

16'4 MARSAVRIL 1906.

1 arrivée de Télémaque dans la ville de Sparte il est accueilli par la célèbre Hélène; Tapparition de Péné- lope dans la salle les prétendants s'inclinent devant elle, etc. Certes la femme alors est libre. De cette liberté elle pouvait sans doute abuser, comme la belle Hélène ou comme la femme d'Agamemnon, dont le veuvage se prolongeait trop à son avis. Mais cet abus lui-même prouve le droit : et d'ailleurs les poètes tra- giques, s inspirant des mêmes traditions antiques que le vieil aveugle, nous ont aussi peint des Ântigones et d'autres héroïnes non moins aimables et non moins courageuses.

Tout autre et bien autrement triste est le spectade que nous offre la période ayant suivi l'invasion do- rienne.

Il y a des choses qu'on ne peut exposer en détail publiquement. Aussi glisserai-je légèrement sur la ci- vilisation qui se substitua à celle à laquelle apparte- nait Ménélas, dans sa propre patrie, c est-à-dire à Lacédémone ou Sparte, quand toute lancienne po- pulation fut transformée en Ilotes, et quand, après cela, en pleine paix, le jeune Spartiate fut autorisé, pour s'exercer aux armes , à traquer et à tuer, en par- lie de chasse, celui qu'il voulait des sujets ou plu- tôt des esclaves de sa race. Le droit de la gtterre avait purement et simplement amené avec lui, d'une façon continue , le droit du plus fort. Aussi la femme perdit-elle toute dignité , même chez les vainqueurs.

avec sagesse leur maison et leur famille. » L'Iliade fait tenir à Achille un langage très analogue.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 165

Le ménage ne fut quun vain mot pour des familles dont chaque individu vivait à part, bien qu'avec une table commune soit pour les hommes, soit pour les femmes, les enfants étaient la propriété de TEtat, qui choisissait et élevait les plus beaux individus en jetant les autres dans TEurotas, et oii un beau gars pouvait choisir, pour en avoir une progéniture, même ime femme mariée dont il faisait la demande aux magistrats. Aussi ne faut-il pas nous étonnor si , à Tépqque romaine, on venait encore curieusement à Sparte pour voir lutter des femmes entièrement nues, ayant laissé toute la pudeur de leur sexe.

Tirons le voile sur ces choses et, laissant les Do- riens et Lycurgue, venons-en à ce qui restait des Ioniens eux-mêmes, libres encore, c'est-à-dire aux Athéniens et à Solon.

Solon avait longtemps séjourné en Egypte. Il en avait admiré les institutions ; et , pour fétat des biens , il imita en très grande partie dans son code celui de Bocchoris, en le développant à sa manière.

Mais, en ce qui concerne la femme, il fut forte- ment scandalisé par la grande liberté qu on lui laissait encore en Egypte : ce qui s'expliquait fort bien par suite du mouvement général qui entraînait dans un sens tout opposé les gens de même souche que lui. En effet, chez les différents peuples de la race gréco- latine, la plupart des législateurs, sinon tous, dans leurs imaginations si diverses d'ailleurs, s'accordaient sur un point : celui d'abaisser, d'annihiler, d'avilir la femme d'une façon quelconque, mais beaucoup

166 MARS-AVRIL 1006.

plus bas encore que ne l'avait fait Hammourabi. Imbu des mêmes idées, Solon avait donc enlevé aux femmes toute part d'hérédité quand elles avaient des frères; et quand elles n'en avaient pas, il en avait fait un accessoire, une charge de l'hérédité. Le père qui laissait après lui des fils ne pouvait tester sur quoi que ce fût. Ses biens appartenaient en entier à ses fils à l'instant même il mourait, comme ils lui avaient appartenu jusqu'à ce moment à lui-^méme. S'il n'avait point de (ils, mais seulement une fille ^ Solon lui permettait de tester^ aussi bien que s'il n'avait pas eu d'enfants. Seulement il était obligé de ne pas séparer la fille de l'héritage. Il devait donner l'une avec l'autre. Son héritier ne pouvait pas ne pas être en même temps son gendre.

Si le père n'avait pas testé, l'hérédité allait aux parents les plus proches , mais avec la fille. Poiu* en- trer en possession des biens auxquels la parenté lui donnait droit, l'héritier devait s'adresser aux magis- trats qui , après avoir fait demander solennellement par le héraut si personne ne se présentait pour invo- quer une parenté plus proche , lui donnait le droit de posséder à la fois les biens et la fille.

' Pour toutes les questions relatives à rhërédité non testamen- taire dans le droit de Solon, voir ce que j'ai dit dans mon volume sur la « propriété » p. 221 et suiv. On distinguait entre la branche paternité et la branche maternelle. L'héritier m Aie ou l'épiclère était pris jusqu'au degré de cousin germain dans la première, ou, à défaut de celle-ci, dans la seconde, en donnant même la pré- férence au mâle plus éloigné qu'une femme d*un seul degré. Ensuite un en revenait définitivement à la première.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITE. 167

Cette adjudication n était que provisoire. Dès le lendemain, un autre pouvait se présenter; un procès s'engageait alors , et le nouveau venu, s'il l'emportait , prenait à la fois la fille et le bien. Il n y avait pas d'ailleurs de limite pour ces réclamations successives, car Solon avait établi, de la manière la plus for> melle, que le possesseur d*un héritage ainsi adjugé par le magistrat ^ et de l'orpheline, attachée comme

* Avant d'adjuger la possession à un héritier prétendu , le ma- gistrat faisait demander par le héraut si , parmi les personnes pré- sentes, ne se trouvait pas de compétiteur; et après cela l'adjudication n'était encore que provisoire , tous ceux qui le voulaient pouvaient agir contre le possesseur de l'héritage et le revendiquer sur lui. Tel qui ne s'était pas présenté d'abord ou qui , présent , n'avait rien dit lors de Tappel fait par le héraut, n'en pouvait pas moins, se ravisant, faire valoir ses droits à son tour après des semaines ou des mois. A défaut d'actes de l'état civil, avec cette donnée que les témoignages avaient plus de force probante que l'inscription sur les registres soit de la phratrie , soit du dème, il n'était pas toujours facile d'établir nettement les degrés de parenté ; et , quand il s'agis- sait d'une succession riche, il ne manquait pas d'intrigants qui se forgeaient une généalogie, appuyée sur des témoignages facilement prêtés pour un bon prix ; parfois les héritiers sérieux ne venaient qu'en dernière ligne, quand la malheureuse épiclère, adjugée à l'un puis à l'autre, avait passé de main en main. Et celui qui la con- servait en définitive , qu'était-il souvent ? Un viveur, perdu de dé- bauches , qui , après avoir dissipé avec des hétaïres ses biens person- nels , s'était souvenu un beau jour d'une parenté négligée et d'une épiclère richement pourvue. Il devait avoir l'usufruit des biens jusqu'à ce qu'un enfant de l'épidère fût parvenu à l'âge d'homme et délivrât ainsi de son tyran sa mère , la pauvre victime. D'après cela , une loi de Solon , que Plutarque rapporte en s'en in- dignant fort, nous paraît être le complément bien calculé, presque indispensable, de toute celte législation contre nature sur les épiclères. Quand cette femme, qui soupirait après la naissance d'un enfant, se trouvait frustrée de cette espérance par l'homme

168 MARS-AVRIL 1906.

épiclère à cet héritage, resterait toujours exposé aux revendications des tiers.

On ne s était pas occupé le moins du monde de la dignité, de la pudeur^ des sentiments intimes, répid-

avide qui la possédait , elle pouvait appeler à son aide , sans être accusée d'adultère, un parent quelconque. L'important était que son choix ne s'égarât pas hors de la famille, puisque le désir de resserrer le plus possible les liens de famille avait inspiré toutes ces lois (comme celles qui réglaient le lévirat des Hébreux et dont le livre de Ruth nous a conservé un bon exemple).

^ Selon n'avait d'ailleurs pas estimé à un taux élevé la pudeur de la femme. L'homme qui violait une femme libre était seulement condamné à une amende de dix drachmes, tandis que cdui qui en abusait sans violence, après l'avoir séduite, avait à payer le double : vingt drachmes. Hâtons-nous de dire que les lois de Dracon sur le meurtre, lois plus anciennes, impliquaient une sanction tout autre pour l'adultère et le stnprmn. Ces lois , qui res- taient en vigueur à l'époque de Démosthène, couvraient d'une excuse légitime celui qui , emporté par une juste colère , tuait sur le fait le coupable surpris avec sa femme, avec sa fille, avec sa sœur, avec sa mère , ou même avec une «raAAaxYf d'une certaine catégorie. De leur côté , les lois religieuses interdisaient l'entrée des temples aux femmes adultères et donnaient à quiconque les y trouvait le droit de les punir corporellement , comme ils l'entendaient , la mort ex- ceptée. L'indulgence de Selon n'en est que plus choquante, et l'explication que l'orateur Lysias dans son plaidoyer sur le meurtre d'Ëratosthènes a donnée au sujet de la punition plus forte pour la séduction que pour le viol montre mieux encore , s'il est possible , le peu de cas qu'on faisait de la femme et de sa pudeur. Suivant lui , ie viol ^ peu de conséquence , puisque la femme irritée de la violence qu'elle subit n'en appartient pas moins à son mari , à son x^ptos*y tandis que, les séducteurs, en corrompant les âmes de leurs maîtresses, les rendent plus attachées, plus domestiquées à eux qu'aux maris, etc. Toutes ces considérations, se rapportant exclu- sivement à l'homme, à sa maîtrise, à son intérêt, ne sauraient d'ailleurs expliquer la loi de Selon comparée à celle de Dracon. L'explication est que les lois de Solon résultiiient d'un nouvel état

LA FEMME DANS L^ANTIQUITE. 169

sîfs ou tendres, de la pauvre femme, qui passait ainsi de main en main.

Peu importait d'ailleurs qu'elle eût été mariée par le père lui-même de son vivant, si le père avait ou- blié, ou, pour une raison quelconque, n'avait pas voulu instituer son gendre héritier. Dans ce cas, rhéritierdu sang, à défaut de testament formel, in- voquait ses droits sur les biens et sur la femme, Tar- rachant ainsi aux bras de son époux. Et n'allez pas croire que c'était un cas très rare , une de ces lé- gislations contraires aux mœurs, et qui ne s'ap- pliquent pas en pratique. Au contraire, l'orateur Isée, qui lut, dit -on, l'un des principaux maîtres de Démosthène, signale expressément, dans un de ses plaidoyers, la grande fréquence de ces ruptures de l'union conjugale, malgré l'affection la plus sin- cère et la plus profonde de part et d'autre, parce que le mari n'était pas l'héritier du sang, ni l'héri- tier testamentaire du père de sa femme.

C'est même pour cela que les Athéniens avaient contracté l'habitude d'épouser toujours leur plus proche parente , celle qu'ils auraient pu revendiquer d'après la loi même de Solon, si leur beau-père n'avait pas testé.

Hs allaient même très loin dans ce sens; car on avait admis qu'un frère pouvait épouser sa sœur de père quand elle n'était pas en même temps sa sœur

de choses, coïncidant avec un changement de gouvernement, et dans lequel la femme était abaissée autant que possible, à l'inverse de ce qui existait en Egypte.

170 MARS-AVRIL 1906.

de mère^. Aussi les proches parents, pour plus de sûreté , se faisaient-ils encore adopter par leur beau- père de son vivant. Us devenaient ainsi le frère de père de leur femme; et nul ne pouvait jamais invo- quer une parenté plus proche que celle-là,

La femme était d ailleurs toujours dans une dé* pendance absolue d après les lois de Solon.

Soumise d'abord à son père, elle Tétait ensuite à ses frères, si elle n'était point encore mariée, à son époux, si elle Tétait.

Ce n est pas tout. Si Torpheline qui n avait point de frère, et qui par cela même était attachée à ITié- ritage de son père, engendrait un (ils dun de ceux qui Tavaient légitimement possédée avec Théritage, ce fils, dès qu'il atteignait Tâge de la majorité lé- gale, devenait le maître, le xvptoç^ le propriétaire, Théritier de tout. Jusque-là les maris de Tépiclère, de la femme attachée à cet héritage, nen avaient joui que pour le lui passer le jour il deviendrait un citoyen. Ce jour-là, cette femme, sa mère, avait en- core à suivre Théritage , car elle tombait sous la puis- sance de son fds , qui lui mesarait désormais la noor- ritare, suivant les termes mêmes de la loi de Solon.

* Le même désir qui avait fait permettre à Athènes le mariage entre frères et sœurs consanguins , avait rendu extrêmement fré- quents les mariages entre oncle et nièce. Cest à ce point qu*an orateur, pour montrer Tâpreté de Tanimôsité régnant entre deux frères , insiste beaucoup sur ce fait que , le plus âgé ayant des filles , il n'y avait pas eu de mariage entre une de ces filles et leur oncle. 11 rappelle complaisamment combien souvent les haines de famille s'étaient apaisées à Toccasion d'unions semblables, qui étaient de règle pour ainsi dire.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITE. 171

H ny avait donc jamais d affranchissement pos- sible pour ia femme sous cette loi. Fille, sœur, épouse ou mère, elle ne jouissait jamais d aucun des privilèges de la condition libre ^

' Dans les récits de Démosthène, la femme est entièrement passive. De ses désirs , de ses affections , nul ne s'occupe. En effet , la femme à Athènes et chez ceux des Greci qui avaient adopté un droit analogue avait toujours un rôle complètement effacé. On n'admettait pas qu'elle pût manifester par elle-même une vo> lonté efficace. Il fallait qu'un maître l'eût livrée au mari pour que son union fût légitime : et son mari devenait son maître , si son père ne Tétait plus. C'est pourquoi on voit des maris , jouant le rôle de xipioSy livrer eux-mêmes leur femme à d'autres comme épouse, ou la leur léguer par testament. Un banquier d'Égine, Strimodore, pour mieux s'attacher un serviteur qui était en même temps son mandataire et son caissier, lui fit épouser, de son vivant, sa propre femme, et, après que celle-ci fut morte, il lui fit épou- ser sa fille. De même, pour des motifs semblables, plusieurs ban- quiers d'Athènes cédèrent aussi leurs femmes à des commis qui faisaient leurs affaires, tenaient leurs livres, maniaient leur ar- gent et qui avaient été affranchis par eux : Socrate à Satyros , So- dés à Timodéme , etc. Le célèbre banquier Pasion , père d'Apol- lûdore , avait disposé testamentairement de sa femme au profit de son ancien caissier, de son successeur dans sa banque, de Taffran- chi Phormion pour lequel plaida Démosthène. Le père de Démos- thène lui-même dans l'intérêt, non point de sa caisse, puis- qu'il ne possédait pas de banque , mais de ses enfants en tutelle légua à un de leurs tuteurs sa femme , avec une bdle dot , et à un des autres sa fille.

Ces sortes de dispositions entre vifs et testamentaires paraissaient toutes naturelles. Quelquefois elles étaient dictées par une intention bienveillante pour ia femme que l'on cédait et la famille de cette femme. Isée, par exemple, raconte comment un vieillard, n'espé- rant plus avoir d'enfants d'une femme qu'il aimait beaucoup , la fit marier à un autre homme afin de pouvoir en adopter le frère, qu'il voulait avoir pour héritier. En effet, une loi de Solon annu- lait tous les testaments faits par l'influence d'une femme.

Il avait espéré qu'en éloignant de lui celle qu'il avait surtout

172 MARS-AVRIL 1906.

Si c'était une femme honnête, elle devait rester renfermée dans un gynécée, dans un quartier de la rtïaison fermé à tous les visiteurs. Elle ne devait jamais paraître à aucun repas se trouvait un homme, quelque ami fût-il. C'était là, disait-on, le fait des courtisanes.

Les courtisanes étaient généralement des étran- gères, souvent des affranchies, et elles avaient pris, à Athènes, d'autant plus de place dans la vie pu- blique, dans la vie sociale et souvent aussi dans la vie privée que la femme honnête en avait moins.

Ce n'était pas sans doute ce qu'avait vouloir le sage Solon. Je le pense du moins, quoique des poésies amoureuses, d'un genre bien léger, aient été mentionnées ou textuellement citées comme de ce grave législateur par un grand nombre d'auteurs classiques. Suivant Plu tarque, Solon, qui d'ailleurs se défiait des femmes à un tel degré qu'il annulait tous les testaments ou les actes faits sous leur in- fluence , Solon , dis-je , interdit qu'elles fussent dotées , comme cela se pratiquait aux temps homériques, ou

en vue lorsque, par affection, il en choisissait le frère pour maître (le ses biens après sa mort et pour son fils , il pourrait craindre par qu'on annulât le testament fait en faveur de celui-ci. Il y eut pourtant procès et c'est ainsi qu'Isée nous a conservé cette histoire. A Athènes, les droits du mari disposant de sa femme sans la consulter, et même ceux du père rompant sans motif Tunion con- jugale de sa fille, malgré l'amour des deux époux l'un pour Tautre, choquaient d'autant moins que le jeu des institutions relatives aux héritages et aux épiclères amenait natarellement des résultats semblables quand le père s'était abstenu.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITE. 173

qu elles eussent un trousseau qui comptât. 11 voulait que, pour être complètement à la merci de Thomme, 1 épouse qui n'était pas livrée à Théritier par-dessus rhiîritage en qualité d'épiclère, n apportât rien à son mari, nen reçût rien en propriété, ne devînt maî- tresse de rien. Craignant qu elle n allégeât ce joug , il se défiait avec raison des dots.

Ce fut en effet par les dots, rétablies bientôt à Athènes sous finfluence du droit des gens et en imi- tation des mœurs chaldéennes de la période clas- sique qui se répandaient de proche en proche, ce fut par les questions d'intérêt que les femmes , mal- gré les lois , reprirent comme autrefois une certaine influence.

Nous aurons à revenir bientôt sur toute cette ques- tion des dots et sur la situation relativement plus favorable et le franc parler que Tépouse richement dotée finit par avoir toujours et partout. Peu impor- tait d'ailleurs que la dot ne dût pas lui être remise à elle-même en cas de divorce, quelle dût revenir à son père ou à ses frères. Le mari n'en avait pas moins la crainte d'être alors dépouillé de sommes importantes qu'il lui faudrait rendre aussitôt le mariage dissous. D'ailleurs, une fois la dot admise dans les coutumes, elle fut sauvegardée à Athènes, comme partout elle exista, par un ensemble de règles spéciales. Ceux qui la détenaient indûment devaient en payer les intérêts à un taux élevé. Ils étaient en outre exposés à une action en pension alimentaire et, de plus, comme cela se faisait en Chaldée, ils devaient

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donner en garantie une hypothèque sur leurs biens. La rondeur de lapport dotal son im- portance proportionnelle relativement à la for- tune du mari était donc ce qui pouvait le mieux bien que d une manière indirecte relever la dignité de la femme. Mais la plupart des dots qu on trouve mentionnées dans les plaidoyers d'Isée, de Lysias, de Démosthène, sont encore très faibles; et la fenune, du moins d'ime façon générale, parait rester à cette époque singulièrement avilie. D fallait qu'elle le fut bien , que les mœurs publiques fussent tombées bien bas, pour quon pût faire licitement, sans rougir, rédiger et signer en (pialité d'arbitres, accepter en qualité d'intéressés , lire en public devant cinq cents juges, des transactions telles que celles qui sont rapportées dans le procès contre Néréa, dans laffaire parallèle de Phano et dans certains plaidoyers de Lysias.

Nous ne saluions citer ici le texte de ces transac- tions et nous renverrons pour les deux premières à la traduction qu en a donnée M. Dareste dans sa publication des plaidoyers civils de Démosthène. Ce que nous pouvons dire seulement, cest qaom disposait de la femme, sans la coosuiter, axnme dun animal, comme d'un être absolument passif; que le père ou le Kupios ne s engageait pas seulement pour des mariages proprement dits; et qu entre plusieurs compétiteurs on tenait compte à la fois des prétentions rivales.

Après cda , faut-il s'étonner de voir des femmes

LA FEMME DANS L*ANTIQUITÉ. 175

libres, tombées entre les mains de pirates ou d'en- nemis et rachetées par des Athéniens au lieu d'être aussitôt rendues à la situation de femmes libres par leffet immédiat d'un post-Uminiam , au lieu d'être , au moins, protégées dans leur dignité et dans leur vertu rester au même titre que des esclaves vérita- bles, en la possession de leurs rédempteurs. Jusqu'à ce qu'elles les eussent remboursés, elles n'avaient, par rapport aux esclaves véritables , d'autre privilège que celui de n'être pas mises à la torture pour prêter témoignage, même par la volonté de ceux qui les possédaient. £t encore un client de l'orateur Lysias trouve-t-il que cette distinction est abusive et déraisonnable. En effet, si les Athéniens avaient eu le moins du monde le respect de la femme, ils eussent certainement préféré mettre son corps à la torture, que sa pudeur à ia merci de libérateurs prétendus.

Au point de vue moral, mille fois mieux valait la liberté , excessive sans doute , toujours labsée à la femme par les mœurs en Egypte, que cette dépen- dance perpétuelle qu'on lui imposait à Athènes. Même quand, par suite des réformes juridiques qui se suc- cédèrent, aura disparu le mariage religieux essentiel- lement monogame que nous avons décrit dans la première partie de cette étude , la fenune égyptienne, habituée à traiter elle-même ses affaires , à aller chez le notaire y débattre ses intérêts , acquerra une |)ré- voyance, un savoir-faire, un esprit de conduite qui l'empêchera d'être victime et lui fera transformer

176 MARS-AVRIL J906.

une séduction possible en une union solide et durable. La science des contrats fera ainsi pour elle, plus efficacement encore peut-être, ce que les coutumes et les lois font en Angleterre pour les jeunes filles qui , aussi, peuvent s unir en mariage —*• et par consé- quent être courtisées sans le consentement, ou même Tavis , d'aucun membre de la famille.

Nous vous montrerons en elfet bientôt comment les Égyptiennes, parle simple jeu des contrats, par- viendront alors à abolir en fait la polygamie existant en droit et dont les familles de choachytes , etc. , si bien connues dans leur histoire par Tensembie de leurs papiers ne nous ofiFrent aucime trace.

A Athènes, au contraire, la pluralité des épouses et des ménages, permise par une loi du peuple, suivant le témoignage d'Athénée et d'Aulu-Grelle, était non moins admise en fait, par les mœurs, qu'en droit, par la législation. Certains détails des plaidoyers des orateurs de la grande époque nous en donnent la preuve évidente.

Quand, après les lois d'Euclide, les Athéniens devinrent le plus exigeants sur les conditions d'une filiation légitime, tout ce qu'ils demandèrent au père, ce fut le serment que le fils, présenté par lui à la phratrie, était d'une Athénienne, garantie telle par un KÔpios, Athénien lui-même. Nous ne pouvons pas entrer ici dans l'exposé des variations de la législation sur ce sujet. Mais il est certain que, pendant tout le temps Athènes fut organisée comme une cité guerrière ayant des aspirations

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. J77

pour la conquête c est-à-dire depuis Soion jus- qu'à Alexandre, la femme y tint si peu de place qu un maris^e ne relevait guère sa dignité.

Elle ne tenait pas, d'ailleurs, beaucoup plus de place dans les autres contrées de la Grèce.

Athènes n'était pas, en effet, la seule ville qui fît des épiclères une annexe de l'héritage et appelât les parents les plus proches k recueillir à la fois le tout.

S'inspirant peut-être de ses lois, alors qu'elle avait l'hégémonie , d'autres cités et états grecs avaient établi un droit semblable. Les épiclères y étaient également attribuées par sentences sans être con- sultées en rien à ceux que Ion jugeait venir en pre- mier rang dans les successeurs du défunt. La preuve testimoniale^ avec l'incertitude et les contradictions qui peuvent en résulter y était , du reste , égale- ment ' prépondérante en tout ce qui touchait l'his- toire des familles , les alliances et les parentés. Par suite donc, naturellement, dans une revendication d'hé- ritage avec épiclère, ceux qui voyaient leurs compé- titeurs l'emporter sur eux pouvaient prétendre qu'on leur avait fait injustice en le sachant bien , par inimitié.

Une guerre acharnée n'eut pas d'autre cause, à ce que prétend Aristote au livre v de sa Politique. Le représentant, le consul, ainsi qu'on dirait au- jourd'hui, d'Athènes, ^pé^vns rris vrSXecjs, à Mity- lène, Mitylénien de race, du nom de Dixandre, n'avait pas pu faire reconnaître les droits de ses fils sur l'héritage d'un nommé Timarque et sur les filles de ce Timarque qui, en qualité d'épiclères,

vu. 1 2

IMtBIHCKIK ■ATIOXALR.

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devaient suivre cet héritage. 11 se crut lésé, et il parut croire qae sa situation de représentant at- titré d'Athènes avait indisposé les esprits contre lui. G était une injure faite à TEtat qui lavait choisi pour proxène. Les Athéniens, excités par lui, en- trèrent en campagne et Mitylène finit par être prise par Pachis, un de leurs généraux. Os y tenaient encore garnison quand, dans la aS"" année de la guerre du Péloponèse , à ce que rapporte Xénophon dans son histoire grecque, Gallistrate, général lacédé- monien, s'étant emparé de cette ville de vive force, vendit comme esclaves les gamisaires athéniens* Peu après, Gonon reprit Mitylène, et il y était assiégé par Gallistrate lorsquç fut livrée, par la flotte quon en- voyait à son secours , la fameuse bataille des Arginuses.

Mais je me laisse entraîner trop loin. Ge n est pas le lieu de raconter toutes les conséquence^ éloi- gnées de cette guerre de Mitylène, née à Toocasion dune épiclère; ni comment Ly sandre établit dans cette ville, suivant le système général des Spartiates pour tous les États soumis par eux, un gouverne- ment décemviral , ni comment elle fut le théâtre des derniers exploits de Thrasybule.

Revenons-en au droit athénien sur le mariage et sur les femmes.

Quand, après l'avoir étudié dans les plaidoyers

c'est-à-dire dans les plus certains des documents contemporains, on en vient à lire le traité des Lois de Platon , on est frappé de voir à quel point le philosophe, dans sa conception tout artificidle.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITE. 179

avait su refléter l'esprit des lois de Soion et des autres lois de la démocratie athénienne. C est en cda que Cicéron Ta merveilleusement imité dans son propre traité des lois bien que leurs con- ceptions, dans tous les détails, soient absolument dissemblables. Lun et Tautre, ils ont pris pour bases les vieilles lois de leur pays et, dans leurs innovations mêmes, ils en tiennent le plus grand compte. Aussi leurs œuvres ont-elles une haute im- portance, chacune pour Thistoire d'un droit natio- nal. Elles ont leur place dans un milieu et dans un temps déterminés. Victor Cousin lavait du reste déjà soupçonné et indiqué, dans sa préface du traité des Lois de Platon.

Platon fait parler un Athénien vivant sous une démocratie libre et puissante encore , mais déjà bien déchue. 11 n'a en vue que la cité grecque, égalitaire, étroite et fermée. Ses rêves sont semblables à ceux de la plupart des législateurs de ces petites répu- bliques. Ses souvenirs sont ici de droit athénien. Lorsque, par exemple, il veut qu'on excuse le mari, le père, le frère ou le fils qui tuent l'honune surpris avec sa femme, sa fille, sa sœur ou sa mère, il ne fait que reproduire les dispositions principales de la loi de Dracon sur les excuses du meurtre, encore en vigueur de son temps. 11 se montre aussi imprégné de droit athénien lorsqu'il traite du xôpios de la jeune fille, de son mariage par ëxSoms, de l'hérédité assurée par l'adoption, etc.*

Cicéron, lui, a soin de mettre en scène un noble

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Romain d'une époque Rome était devenue sans rivale pour ia domination du monde. 11 légifère en songeant au monde à absorber dans le nom romain. Mais il se garde bien de faire table rase des tradi- tions et des lois des Quintes. Dans ce livre qui nous est parvenu malheureusement mutilé il cite fréquemment les lois des XII Tables; et il a soin de faire remarquer qu'en formulant certaines règles, notamment en ce qui concerne le droit reli- gieux, il a conservé, pour le fond, sans modification notable, ce qui existait alors à Rome. Cependant, tout en s appuyant sur les lois romaines , Cicéron , voyant dans le monde une annexe de Rome, se rappelle en même temps celles des peuples nom- breux dont le prêteur pérégrin avait tenir compte pour appliquer le droit des gens, suivant l'expression en usage.

Platon, au contraire, ne sort pas des cités grecques. En méditant sur les lois d'Athènes , il en rapproche exclusivement celles des hommes qui organisèrent dans quelque autre démocratie un gouvernement analogue : les lois égalitaires du vieux législateur de Corinthe, Phidon; celles du Corin- thien Philolaûs, portées à Thèbes, etc.; lois mention- nées par Aristote , fixant les limites étroites entre les- quelles pouvait osciller la fortune de chacun; dé- terminant le nombre des maisons, celui de^ citoyens, les moyens d'assurer ce nombre, d'activer ou de ralentir la prolifération, de manière à maintenir toujours le cadre, tel qu'il était à jamais fixé. Dans

LA FEJVIME DANS L'ANTIQUITÉ. 181

ces combinaisons artiticielles , la communauté deve- nait le régulateur et le maître de chaque individu dans tous ses actes.

Chez les Spartiates, les lois de Lycurgue, aux- quelles nous avons fait allusion , faisaient également litière des sentiments individuels dans Tîntérêt de la communauté, oblitérant même ce que l'homme a de plus précieux; la conscience; ordonnant le vol et le meurtre comme exercice préparatoire en vue de la guerre; enlevant la pudeur aux femmes dans leurs gymnases, dans leurs casernes les maris ne les visitaient que par accident et les magistrats pouvaient intervenir de la façon qui nous paraît la plus révoltante du monde. L'idée qui domine dans toutes ces lois, celle qui les explique et les exigeait en quelque sorte, c'est celle de la communauté pensant, possédant, agissant, voulant, ayant vie complète et se substituant partout à l'homme.

Platon a su s'en rendre compte en véritable juris- consulte : et, par une formule saisissante, il a fait ressortir l'esprit de toutes les vieilles législations des cités et surtout des démocraties grecques. SeiJement , il faut suivre sa pensée dans ses développements successifs, pour la pénétrer sans méprise et pour interpréter dans leur vrai sens les expressions dont il se sert.

Tandis que, dans la République, il s'est inspiré des lois de Sparte , il veut comme dans cette ville au moins pour la classe des guerriers, un

182 MARS-AVRIL 1906.

réel communisme , une mise en commun , un partage en jouissance de tout, dans ie traité des Lois, au contraire, il prend pour base la législation athénienne, le mot commun ne signifie plus qu*ap- partenantàla communauté, sous le pouvoir de la communauté, et non livré à 1 usage de tous. La communauté, c'est un être à part, formé par l'en- semble des citoyens, mais prenant personnalité, pos- sédant ses biens et ses droits, en dehors des biens et des droits individuels.

même qua Rome, le pater fajmUas,^évi- in- vesti de toutes les capacités, de tous les pouvoirs dans Ia/ami7ia7maître de ses enfants et de ses e^ claves, comme de ses biens meubles et immeubles, pouvjait assigner à lun d'eux sans en perdre la possession ou la libre disposition si la fantaisie lui prenait d'en disposer, une partie de ses biens à titre de pécule, de même la communauté grecque du traité des Lois sans en perdre le domiaimn compris dans toutes ses conséquences plus ou moins éloignées livrait à chaque individu une partie de ses biens à titre de quasi-pécule.

Quand donc Platon dit que les femmes sont com- munes, les enfants communs, il faut se donner la peine de voir un peu plus loin ce qu'il entend par ces expressions.

Ce qu'il veut dire, c'est que la communauté ne perd jamais ses droits sur les femmes et sur les en- fants. Elle pourrait marier elle-même les jeunes filles ; et si elle laisse ce soin au père ou au xtiptos.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 183

c est par une sorte de délégation , qui n'empêche ni la surveillance, ni Tintervention en cas de besoin; Les femmes dans les Lois de Platon, comme à Athènes ~ ont des époux qui les possèdent lé- gitimement et les gouvernent. Seulement, quand Tintérêt de la communauté , de la conservation des familles, etc., veut qu'on les reprenne à ces époux, pour les donner à d autres, il ny a pas à hésiter; elles sont biens de communauté , dont la communauté dispose. De même, tout enfant en mariage a un père désigné. Mais si , dans l'intérêt de la commu- nauté, il vaut mieux qu'il soit attribué à un autre père— pour que celui-ci ait un successeur, qu'une maison ne reste pas vide, que le cadre soit au com- plet— cette attribution se fera en vertu du pouvoir de maître appartenant à la communauté. Entre toutes les paternités , naturelles ou non , reconnues par la loi, il ne sera pas fait de différence, puisque le père, par rapport au fils, n'est que le délégué de la com- munauté.

Non! Platon, dans le traité des Lois, n a. rien édicté de plus monstrueux que les lois d'Athènes - dont nous ne pouvons exposer ici les applications les plus choquantes connues de nous par les récits des orateurs. Au contraire, il a présenté la théorie la plus savante pour faire excuser par un principe ce qui nous révolte dans celles-ci.

Même en ce qui regarde les biens , dans la Répu- blique d'Athènes , ne voit-on pas invoquer sans cesse l'intérêt public : à propos d'une attribution d'héri-

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tage, dune succession légitime ou teslainentaire, d'une permutation de patrimoine demandée par qui doit subir, au profit de la communauté, des appels de fonds trop considérables, parce quil est classé parmi les riches ?

«Tu me payeras cela cruellement, dit le déma- gogue Gléon, dans les Chevaliers d'Aristophane, à un charcutier qui Tinsulte; tu seras écrasé sous les contributions : car je trouverai bien le moyen de te faire inscrire au nombre des riches! »

En pareil cas, même lorsqu'il s'agît, ce qui n'est pas rare , d'une confiscation poursuivie par un syco- phante, les avocats font toujours ressortir les sommes dépensées pour la communauté, les avantages que la communauté pourra retirer de l'usage des biens laissés à celui qui les possède, ou, au contraire, soit transférés à un autre qui les demande , soit rentrant dans la masse de la communauté.

Les fonds de terre abandonnés à la possession in- dividuelle ne constituent pas des domaines dont le maître ait le droit d'abuser. Ce /usatatendi— qui en droit romain caractérise la propriété et la distingue de l'usufruit simple la communauté , dans la cité grecque, ne le concède jamais à personne. C'est elle qui fixe, par des règlements, la ^manière dont le sol doit être cultivé; et, dans un texte du Corpus inscrifh tionnm atticarum , on voit des inspecteurs spéciaux vérifier, chaque année deux fois, la manière dont ces règlements sont appliqués dans chaque ferme.

L'acquéreur n'en peut faire disparaître un oliviei',

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 185

un plant de vigne, etc. Il nen peut couper même un tronc sec, sans tomber sous le coup des lois qui édictent contre lui les peines les plus graves.

Mais nous aurons Toccasion de revenir sur tout ceci dans un autre travail et nous nen avons dit quelques mots que pour faire entrevoir comment, le principe de Haton une fois bien saisi, le droit athénien devient un système chaque détail prend sa place.

Si l'héritage ne passe point aux fdles , c'est que ce n est pas un héritage, proprement dit, mais la conti- nuation d'une délégation qui ne peut revenir qu'à des hommes. Cette délégation, la communauté l'a, pour ainsi dire, assurée d'avance au fils agréé déjà par elle pour être le continuateur de son père. Nous disons « agréé par elle ». En efifet, en droit athénien , il faut que le père présente son fils à la phratrie et la fasse voter sur son admission. La phratrie pouvait repousser cet enfant qu'on lui proposait, ne pas le reconnaître pour un fils légitime; et, même quand elle l'avait admis, le peuple représenté par la grande assemblée de cinq cents héliastes tirés au sort pouvait encore refuser ce fils à ce père.

Aussi quand on a , sans opposition , définitivement inscrit ce fils sur les registres et de la phratrie et du dème, est-ce le cas unique les héritages ne sont pas soumis à jugement , ne sont pas èitlSixot c'est-à- dire « à adjuger » ; ils passent directement du mort à celui qui lui succède, sans que la communauté ait à intervenir par aucim de ses représentants.

186 MARS-AVRIL 1906.

Au contraire, à défaut de fds, quil y ait ou non des épiclères , il faut une formelle attribution pour in- vestir des biens quelque autre homme appelé à sup» porter les charges à son tour.

La communauté primait tout dans ces petites cités grecques souvent une guerre malheureuse abou* tissait à l'esclavage pour Tensemble des individus^. On n avait rien qui ne fût détruit le jour la communauté était atteinte dans son existence. L'in- dividu, en tant qu'appartenant à l'espèce humaine, n'avait aucun droit reconnu. H ne peut y avoir de droits de l'homme indépendants des droits de la communauté quand la communauté seule protè^ contre l'imminence de l'esclavage. Le salut public est alors la loi suprême ; et les droits de la commu- nauté deviennent d'alitant plus absorbants que la cité est à la fois plus petite et plus belliqueuse. Tout y doit être calcidé pour l'attaque et pour la défense, pour ime classe prépondérante qui, s exerçant à l'art de la guerre, en fait son étude exclusive et «e veut que de bons soldats. En elTet, à tous les instants ^ pose la question d'existence. Tel fut le cas de Sparte dont la théorie se trouve dans la République de Haton.

Athènes, ville plus vaste, plus florissante, plus avancée au point de vue intellectuel, ne poussa ja- mais aussi loin l'annihilation individuelle ; et, à mesure que son importance militaire devint moins grande, les applications tyranniques de ces principes de despotisme collectiviste s'y firent de moins en moins sentir.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 187

Quand Alexandre eut soumis les Barbares contre lesquels les Grecs étaient en lutte , quand , en présence des nouvelles monarchies qui étaient sorties de cette conquête, les villes grecques, cessant d aspirer iso- lément à rhégénionie, songèrent d abord a se grou- per au moyen de fédérations égalitaires, dans cha- cune d'elles, la communauté primitive lut rejetée au second plan par une nouvelle communauté , celle de la ligue, et ce quelle y perdit de terrain fut autant de gagné pour les individus.

Bientôt d'ailleurs la paix romaine devait enlever toute raison d'êti'e au système de concentration des forces actives dans les minuscules démocraties grecques.

Mais la transformation des mœurs ne devait pas tarder jusque-là. Déjà, bien peu de temps après les victoires d'Alexandre , dans les comédies de l'Athé- nien Ménandre, comme dans les écrits d'Aristote le Macédonien, le mot épiclère se présente avec un sens tout à fait nouveau : il signifie bien cette fois et signifiera désormais une héritière propre- ment dite, comme les lexiques le traduisent, traduc- tion critiquée avec tant de raison quand il s'agit des plaidoyers d'Isée, de Lysias, de Démosthène, etc. Maintenant, l'héritage appartient bien à celle qui, jusqu'alors, en faisait partie en quelque sorte comme un accessoire surajouté.

Pour opérer cette révolution, il avait suffi d'ac- corder un peu de libre arbitre à cette épiclère , de lui permettre de repousser l'homme qui, d'après les

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liens de parenté , la réclamait, elle et ses biens, de ne pas borner son recours contre le mari imposé à la licence accordée par Solon quand il n'avait pas d autre but que de conserver les héritages dans les familles.

C'était venu graduellement; et la galanterie des archontes avait peut-être influé beaucoup sur ce- résultat , comme la galanterie des prêteurs sur la situa- tion des femmes à Rome.

Vous vous rappelez sans doute combien Cicéron plaisantait agréablement sur ce quêtait devenue, à Rome, la tutelle des femmes, quand les magistrats, en intervenant, en vertu de leur imperium, avec les pouvoirs souverains du peuple, pour leur désigner un tuteur, eurent pris Thabitude de choisir les tuteurs mêmes qu'elles leur indiquaient, et de les changer toutes les fois qu'elles le désiraient.

Les magistrats athéniens qui , de leur côté , inter- venaient dans les familles, qui pouvaient rompre une adoption, rompre un mariage, au nom du peuple , sur la requête des intéressés , s'inspirèrent bientôt davantage du droit des gens que de ceux des lois athéniennes : et l'affranchissement des femmes fut en très grande partie leur œuvre.

Le fait est que, dans les comédies de Ménandre, les épiclères sont, par excellence, des femmes riches, dominant leurs maris du haut de leur richesse, des héritières, ayant leurs biens à elles et faisant souvent cruellement sentir à leurs maris pauvres le poids lourd du joug supporté pour la possession d'une dot

LA FEMME DANS L'ANTIQUITE. 189

relativement considérable. Il en était exactement de même en Italie, du temps de Caton lancien, quand celui-ci , pour faire cesser cet abus contraire au code des XII Tables, proposa une loi dont nous aurons à parler en traitant de la femme à Rome.

Pour le moment restons en Grèce et notons, pour fmir, que, même dans les contrées helléniques qui ne s'inspirèrent pas soit d'Athènes, soit de Sparte, le même mouvement législatif, tendant à l'abaissement de la femme, se remarque partout à l'époque classique.

Dans les pays du nord de la Grèce , nous voyons que la femme fut soumise à un système de tutelle perpétuelle, et que quand beaucoup plus tard on la fit figurer dans les actes, à titre de partie contrac- tuelle, ce ne fut jamais sans l'assistance d'un xvptos, d'un homme complétant sa personnalité juridique et portant encore par rapport à elle le titre de maître, alors même qu'il ne jouait même plus pour elle le rôle de tuteur.

Mais je m'aperçois que j'anticipe sur les événe- ments , et j'en reviens à Tordre purement historique du droit comparé , en passant de Solon à son imita- teur Amasis, cet ami des Grecs, dont nous avons parlé plus haut.

190 MARS-ÂVRlL 1900.

III

AMASIS ET SES RÉFORMES RELATIVEMENT À LA SITUATION DE LA FEMME.

Qu Amasis ait connu les législations grecques sur la femme, cela me paraît indéniable.

Tout en s'en inspirant pour rabaissement de celle qui, jusque-là, avait été en Egypte si puissante, il ne voulut pas pourtant faire œuvre de plagiaire.

A ce point de vue, son code , que paraissent avoir copié plus tard les décemvirs romains, bien qu in- spiré de diverses sources , a une originalité incontes- table.

L'objectif était lasservissement de la femme. Mais cet asservissement dut avoir une base volontaire. Pour cela Amasis s'inspira d'un vieux contrat du jus gentium, d'origine ninivite, dont mon illustre maître , Oppert , a publié un excellent exemple , et sur lequel nous reviendrons dans la suite. Seulement ce ne furent pas les parents qui vendirent leur fille, ce fut la fille elle-même qui se vendit, dans ce que les Romains ont appelé une coemptio. Par le même pro- cédé de la mancipation se substituant à l'adrogation par loi autrefois employée en Egypte, on se pro- curait un fils adoptif, absolument comme par le même procédé on acquérait un bœuf ou un im- meuble. Bref, comme en Chaldée et en Assyrie, c'était l'argent, si abhorré jusque-là par les législa-

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 191

teuTs égyptiens, alors qull s agissait soit de ietat des biens, soit de l'état des personnes, c était l'argent, dis-je, qui devenait contractuellement la base de tout.

Le code de Soion avait également proclamé que le contrat, l'expression de la volonté libre, faisait la loi entre les parties. Mais Sol on avait enc-ore réservé les droits de la famille pour les propriétés déclarées inaliénables, tandis que, pour Amasis, rien n'était mis en dehors de la volonté de l'homme. Je dis de l'homme, car aux yeux d' Amasis la femme ne devait pratiquement compter pour rien, sauf quand son consentement primitif était lié aune abdication d'elle- même et des siens. Celle qui se vendait à son époux vendait en même temps sa progéniture : et une loi sévère frappait d'une amende arbitraire ceux qui ré- clamaient, soit parents, soit même juges voulant décider autrement. La même loi s'appliquait, du reste, à l'adoption par mancipation , à la mancipation du débiteur, devenant un nexus, bref à toutes les aliénations quelconques, aliénations pour argent jusque-là interdites en droit égyptien.

Le but était de faire du mari, du père de famille, un paier familias conçu comme on le concevra plus tard à Rome lors des Xll Tables : c'est-à dire Un maître despotique possédant tout et réglant tout.

C'était le chef-d'œuvre de l'égoïsme masculin , du possesseur de la force, encore plus féroce qu'en Grèce , puisqu'en Grèce , du moins , les fils étaient traités en hommes libres.

192 MAHS-AVRIL 1906.

Mais , pour arriver à ce résultat, il fallait lutter, car dans la vallée du Nil on avait affaire à forte partie : les temples et un corps sacerdotal puissamment or- ganisé.

La plus grosse difficulté consistait donc, non à faire un code , mais à laïciser le droit.

Cela ne se fit pas en im jour.

Jusque-là les prêtres étaient à la fois les législateurs et les juges. Les législateurs , puisque , même après le code des contrats deBocchoris, tout avait été remanié sous leur influence par une dynastie prétendant des- cendre des prêtres- rois de la vingt -et- unième; les juges , puisque les contrats individuels qu avait per- mis le réformateur, tout limités aux arrangements in tra-familiaux qu ils étaient devenus, devaient en- core , pour être légaux , être soumis à lapprobation du prêtre d'Amon , prêtre du roi , chargé de dire le droit ; et puisque les procès résidtant soit de ces actes , soit d'autres litiges, étaient décidés à Thèbes par les juges prêtres d'Amon , et , dans la cour d'appel , par les trente juges élus dans les trois plus grands sanc- tuaires de rÉgypte. On ne s'étonnera pas après cela si Amasis commença par enlever sa juridiction au prêtre d'Amon, prêtre du roi, qui n eut plus à intervenir dahs les contrats , mais seulement dans la cérémonie du mariage religieux, et si, dune autre part, il frappa plus tard les juges eux-mêmes des amendes arbi- traires dont nous avons parlé , dans le cas ils ren- daient des arrêts, dans les litiges, autrement qu*il le voulait.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 193

Mais cela ne suffisait pas encore. Il fallait , autant que possible, ôter aux prêtres tout prétexte d'inter- venir dans les unions matrimoniales, car, d après les anciens formulaires, ils réglaient Tétat des personnes d'une manière bien différente de celle que rêvait le roi. Nous avons dit que le principe adopté par lui, comme par Solon, était que la volonté des parties déci- dait de tout. On devait donc à tout prix ôter aux prêtres leur influence. Pour cela le moyen était bien simple : dune part, proclamer Imutili de toute cérémonie religieuse ou même civile pour établir la légitimité du mariage; d'une autre part, charger des censeurs laïques du service des constatations.

C'était une nouvelle révolution, cette fois sur le terrain administratif. En effet, ainsi que la noté d ailleurs Hérodote, le temple principal du nome avait jusque-là centralisé toutes les indications rela- tives soit aux terres , soit aux gens. Nous nommons les terres d'abord , car c'étaient les terres auxquelles les gens du nome étaient attachés et non , comme maintenant dfiez nous, les terres qui étaient atta- chées aux gens.

Le registre officiel des terres, le journal ou. herit^ était encore soigneusement tenu à jour sous les Ethiopiens. Toutes les mutations d usage y étaient soigneusement indiquées , ainsi que dans le registre officiel institué par le nouveau code allemand et fai- sant seule preuve. Mais on y joignait aussi Tétat des familles, les unions, les naissances, etc., ainsi que dans notre état civil actuel , mais avec cette différence VII. i3

turmiirair iitrioi*i.r..

194 MÂHS-AVRIL 1906.

que, comme les personnes étaient liée^» à ieur nome, cet état civil faisait dénombrement de la population.

Âmasis changea tout cda. Les registres des t^nj^es perdirent tout caractère officiel. Ils n eurent plus d effets quau point de vue des liturgies religieuses, et il fut ordonné que, tous^les cinq ans, un censeur laïque viendrait dans le palais , le hat, ou la grande maison de chaque district, peut-être même de chaque bourgade, inventorier la population en no- tant la situation exacte des membres des diverses familles.

G est lors du cens quinquennal que , par suite de leur déclaration , les ingénus , devenus des neai en con séquence d'une dette ou de tout autre engagement volontaire, reprenaient leur situation primitive, à moins d'une renonciation formelle de leur part, nous en avons des exemples.

G est lors du cens quinquennal que les mariages, condus par la seule volonté des parties et compor- tant dès lors tous leurs efiets légaux pour les enfants, etc. , étaient officiellement constatés à ia suite dWe question analogue à celle que posera plus tard le censeur romain : Hahesneexanimi tnisententiauxormi, Uberoram procreand(frum caasa? Nous en avons aussi des exemples.

Évidemment le délai de cinq ans fixé ainsi par Amasis pour le cens avait été inspiré , non par aucune loi grecque (car il n'en existe aucune analogue) , mais par ie jubilé septennal de la loi de Moïse, qui, en

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 195

ce cpii touche les nexi de race ingénue, produisait des effets identiques à ceux du code d'Amasis et analogues à ceux que produisait, dans le code de Hammourabi, non un cycle officiel fixe, mais le terme de quatre ans depuis la vente. Notons d'ailleurs que le législateur égyptien avait fortement agrandi et transformé le cadre légal mosaïque en ce qui touche fétat des personnes. Notons aussi que Imstitution nouvelle ne venait (comme les dispositions de Ham- mourabi sur le délai de quatre ans dont bénéficiaient les nexi) rien changer à Tétat des biens immeubles, ce que faisait, au contraire, le jubilé septennal mo- saïque, et ce que ferait plus tard en Egypte une loi d*Amyrtée et de Mautrut essayant d*en revenir, par des moyens détournés , au vieux principe de copro- priété familiale. Pour Amasîs , en effet, la propriété foncière était devenue pleinement individuelle et ses aliénations, effectuées par un simple contrat, étaient définitives. L'état civil intermittent, et validant , d'ail- leurs , les faits accomplis dans fintervalle , était donc réglé tout à fait à part, à la différence de ce qui se pratiquait autrefois.

En ce qm touche la femme , elle avait encore la latitude de pouvoir, pour son union religieuse, s'adresser au prêtre d'Amon et du roi. Mais cette cérémonie était inutile au point de vue civil , et la déclaration au censeur comptait seide.

C'est ce que nous voyons dans un acte de l'an 1 2 d'Amasis et dont le formulaire est semblable à celui de Psammétique II, que nous avons reproduit dans

i3.

196 MARS-AVRIL 1906.

la partie précédente; sauf une phrase surajoutée fort significative. Le voici :

«An 12, méchir, 5 du roi Ahmès; à lui vie! santé! force!

« En ce jour, entra dans le temple le choachyte Téos , fils du gardien Ekhepratuf , vers la femme Hatu- set, fiUe de Petuèsé, laquelle lui plut en épouse, en femme établie en conjonction, en mère apportant les droits de famille à leur filiation, en épouse depuis le jour de facte.

« Pour le bien dont il a dit : « Je le lui donnerai », elle la reçu en mains, cette femme, tout terrain en part établie. Le prêtre d'Amon , prêtre du roi floris- sant, à qui Amon a donné la puissance, lui a dit : « Elst-ce que tu l'aimeras en femme établie en conjonc- «tion,en mère transmettant les droits de famille, « ô mon frère? »

« Lequel répond : « Moi, je lui transmets par don de <c donation, leur transmission, lapport de ces choses, « dans le plan d'amour dans lequel je Taime. Si, au « contraire , j aime une autre femme qu elle , à f instant « de cette vilenie, Ton me trouvera avec une auti^ « femme, moi, je lui donne à elle ma femme), mon « terrain et rétablissement de part qui est écrit plus « haut, à l'instant, devant toute vilenie au monde de « ce genre!

« Tous les biens que je ferai être (que j'acquerrai) « par transmission ou par hérédité dans les biens de « père et de mère seront à mes enfants que j'engen-

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 197

« drerai et que cette femme enfantera , comme épouse « depuis Tan 1 2, 5 méchir ci-dessus (la date mention- « née dans le protocole), jusqua la fin magénéra- tt tîon d'épouse que cette femme fera. »

Tout ceci, est identique à ce que nous connaissons déjà d'après les documents de la dynastie précédente. Mais ensuite on Ht cette addition , se référant à Fobli- gation de la déclaration lors du cens quinquennal , trois ans après , ce qui n'empêchait pas les enfants nés dans l'intervalle d'être légitimes :

« En l'an 1 5 du roi Ahmès , à qui , vie ! santé ! force ! je dirai ceci dans la grande maison. »

Deux prophètes et plusieurs témoins signent à cet acte, essentiellement différent comme style des con* trats contemporains du règne d'Amasis , parce que , suivant les anciennes coutumes, il était rédigé dans le sanctuaire. Mais c'était la déclaration faite au censeur qui comptait seule pour la constatation du Hen conjugal d'autant plus qu'elle se référait tou- jours à un fait accompli. Or, dans une loi spéciale, faisant dès lors partie de la législation égyptienne, et que le Corpus juris des Romains cite , à ce titre , parce que ce genre de lois était entré dans le droit coutumier régional , Amasis avait déclaré que toute union constatée par écrit, mais qui n'avait pas été suivie, ou était censée n'avoir pas été suivie de la consommation physique du mariage, était nulle. On pouvait, en tout état de cause, prétendre la chose

198 MAKS-AVRIL 1906.

quand on n avait en main que lacté religieux de mariage, toujours antérieur à cette consommation. 11 n en était pas de même pour la déclaration au censeur contenant Taveu formel du chef de la fa- mille, et répondant à une question très précise, alors même qu'aucun enfant n'était encore né.

C'était là, en définitive, une machine de guerre très efficace contre le mariage religieux. Aussi ne faut-il pas s'étonner si , peu à peu , il tomba en désuétude et ne fut bientôt plus conservé qu'en vue des sacer- doces — absolument comme cela se pratiqua plus tard à Rome pour le mariage par confarreatio. ^

Le roi poussait d'ailleurs très énergiquement vers un autre mode d'union qu'il protégeait, nous l'avons vu, comme d'ailleurs tous les autres usages de la mancipation, par des lois et des clauses pénales très sévères.

Encore ici, nous constatons, pour l'origine, un emprunt fait au. jus gentium.

En Chaldée (comme en Egypte, comme en Grèce, comme généralement dans tous les pays antiques) , on commença par la propriété de la race et en dessous d'elle par la propriété de la famille. Quand ensuite, avec certains consentements, on admit certaines aliénations pour payer les dettes ou subvenir à des besoins pressants, ces aliénations furent tempo- raires. Le retrait lignager fut de règle , et nous le voyons d'abord d'un fréquent emploi; puis il cessa

^ Aniyrtée et Mautriit le réintroduisirent plus tard en Egypte, nous l'avons vu.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. lî>9

d'être d'usage habituel : et la vente définitive s'intro- duisit. Mais, même aux basses époques, du temps de Nabuchodonosor, le contemporain et le patron d'Amasis, et du temps de Nabonid, lantiobrèse, la cession temporaire de Tusage contre largent , : ori- gine première de l'idée de vente, continua à être très largement employée. On pourra consulter à ce sujet le chapitre intitidé « antichrèse, location , gage », dans le supplément babylonien de mes Obligations en droit comparé.

Elle remontait très haut, cette antichrèse chal- déenne. On la trouve dans les vieux bihngues de la bibliothèque d'Assurbanipal , remontant aux origines mêmes du droit chaldéen^

« n a établi l'équivalence entre sa maison et de l'argent; il a établi Téquîvalence entre son champ et de l'argent; il a établi l'équivalence entre son esclave et de l'argent; il a établi l'équivalence entre sa ser- vante et de l'argent. . .Quand il rapportera l'argent, il rentrera dans sa maison ; quand il rapportera l'ar- gent, il sera remis en possession de son champ; quand il rapportera l'argent, etc. . . »

Je l'ai dit ailleurs, il est impossible de mieux ré- sumer le droit qui ressort de tout l'ensemble des actes de Warka : et, dans les transformations néces- saires qu'a éprouvées la législation de la Babylonie, on sent toujours l'antique empreinte.

^ Voir mon livre intitulé : La propriété en droit comparé ^ p, a6 et suivantes.

200 MARS-AVRIL 1906.

En ce qui touche la femme , elle en subit le contre- coup. La servante esténumérée parmi les biens sou- mis à lantichrèse et par suite à la vente. Or, la ser- vante devint souvent épouse , même dans le droit mosaïque , fils du droit chaldéen , et f épouse née libre devint servante dans le mariage par coemptio. Nous avons dit que ce pas, que les Bab^oniens ne voulurent jamais franchir ^ , Tétait déjà chez les Ninivites et que Ton y vendit Tépouse aussi bien que le champ ou la maison.

Cette conception secondaire étant inconnue aux fondateurs de la civilisation chaldéenne, quoi qu'en aient dit certains spécialistes , cités encore tout der- nièrement par le professeur Cuq, et qui veulent voir dans le tirhatu une transformation du prix dachat de la femme. Nous avons démontré plus haut que cette opinion (dérivée de celle que nous avions, depuis longtemps , exprimée à propos du sep ou don nuptial , usité dans certains mariages égyptiens, certainement sortis de fancienne coemptio égyptienne) était abso- lument fausse en Ghaldée pour le tirhatu. A fin- verse de M. Cuq^, nous croyons même que la cœmp-

^ Les Babyloniens purent avoir une concubine ou des servantes maîti^ses , mais Thomme n*y épousa jamais une servante ou une femmô achetée par coemptio,

^ Dans la lecture qu'il a faite à l'Académie des Inscriptions, le vendredi 34 marsigoS, une discussion sW engagée à ce sujet avec M. Oppert : et M. Cuq a été obligé de renoncer à ses condusions. Bien qu ayant assisté à mes lectures du Congrès de Thistoire du droit en 1900, M. le Professeur Cuq semblait, d'ailleurs, vouloir ijçnorer mes découvertes (tout autant que cd!es de mon frère dans le droit babylonien, dont il parlait, sans en bien connaître l'en-

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 201

tio, loin d'être une forme de mariage en usage chez les peuples primitifs, nest, dans toute Tanliquité connue, quun abus de période secondaire.

Mais il n'en est pas moins vrai qu'à Ninive, pendant la période de brutalité sauvage de l'empire assyrien , elle était d'un fréquent usage. Dans un acte inédit de Londres, copié par mon frère à Londres, et qui est daté de l'éponymie de Sennachérib, roi d'Assyrie, nous voyons ainsi une femme acheter, pour une mine d'argent, prix complètement payé , une autre femme qu'elle destine à son fils et qu'elle s'est fait céder ana adsaati, comme épouse. Le for- mulaire de ce fragment est du reste fort analogue à celui d'un autre acte , beaucoup mieux conservé , que mon savant maître Oppert a publié dans la partie surajoutée à la thèse de mon élève Paturet et que nous avons déjà visé plus haut. En voici le texte accompagnant les cachets des parties :

«Cachet de Nabu-rikta-usur, fds d'Akhardise, le

Haséen , qui assiste Ardu-Istar , dans la ville

Cachet de Tebitaï, son fils, Cachet de Silim-Bin, idem, maîtres de leur [sic) fille vendue qui est Tavas- hasina, fille de Nabu-rikta-usur.

semble). En ce qui touche la vente par coemptio dont il ne voulait faire qu'une institution des peuples sauvages, j*ai lui rappeler aussi la coemptio égyptienne du temps d'Âmasis, qu^il oubliait de parti pris. Quant à la coemptio romaine , dont il a essayé de se débarrasser, ses assertions étaient tout aussi inexactes ; nous revien- drons là-dessus. Pour tout le reste de sa communication relative au mariage babylonien, il se bornait à répéter et à commenter ce que M. Oppert, nous-même et d'autres savants, nous avions dit.

202 MARS-AVRIL 1906.

« Et Ta acquise, la femme Nikht-eqarrau (Nitocris) pour 18 drachmes d argent (67 fr. 5o). Elle la ache- tée pour son fiis Siha (Tachos); elle sera la femme de Siha.

« Le prix a été définitivement fixé.

« Qui que ce soit, dans un avenir quelconque , con- testera : soit Nabu-rikta-usur , soit ses fils et ses petits- fils, soit ses frères ou les frères de ses frères, soit quelqu un des siens , soit son ayant droit , et qui vou- dra faire annuler le marché contre Nitocris ou fun des fils ou ses petits-fils , payera dix mines d'argent (2,2 5o fr.). Il aura réclamé en justice et néanmoins il n'acquerra pas la chose.

« Sahpi-mayu, le marin , Bel-sum-idin , Gis deYu- danani,Rimtavat, fils d'Até le kapar: voilà les trois répondants de la femme pour le liement des mains ^e mariage) et pour l'intérêt du nantissement. ELarmeom lui aussi est répondant (pour gai'antir facquéreuse).

« En présence d' Akhardise , de ... Nepiqalanti- kar, de Mulhumhepu , de Halbaa, de (cinq noms manquent), d'Ululaï.

« Le premier élul de Tannée Assur-sadu-sagil. « Par-devant Nur-Samas, Puthu(an)païli, Até, Nabu idin-akhé, président. »

Ce contrat est de la grande époque assyrienne.

Il est presque contemporain d'un contrat égyptien de l'an 1 o de Shabaka que j'ai publié dans mon Prém , p. 2 4 '2 et suiv. Ce contrat offre du reste, avec lui et

LA FEMME DANS L'ANTIQUITE. 203

les autres contrats assyriens de ce type, les plus grandes analogies de formulaire, en ce qui concerne les actes parallèles de celui qui aliène et de celui qui acquiert, en ce qui concerne la clause relative aux cautions , etc.

Mais, dans les actes égyptiens de cette époque, tous réduits d'ailleurs à être des arrangements intra- familiaux par voie d'échange, avec exclusion d'un prix en argent, il ne pouvait être question que da- liénations de biens immeubles et non de personnes libres et ingénues, ce que Bocchoris avait interdit formellement dans son code. La vente par coemptio était donc aussi impossible que la vente des nexi et que ladoption per aes et libram ou par mancipation dont nous parle Suétone, comme certains textes égyptiens.

Tout cela ne lut introduit que par Amasîs , d'après un jus gentium qu'il connaissait d'autant mieux que les Egyptiens emmenés captifs à Ninive par Assurbani- pal s'en étaient servis , nous le voyons par le document même que nous venons de reproduire, puisque c'est une Egyptienne, Nitocris, qui y achète, pour son fils au norn également parfaitement égyptien, Tachos, la fille ninivite qui doit devenir l'épouse de celui-ci. Ajoutons que les textes chaldéens et égyptiens , aussi bien que les prophètes hébreux, l'historien Josèphe , etc., nous ont prouvé, ce que nous avons essayé de bien démontrer dans un autre travail, qu'Amasis était devenu roi comme client de Nabuchodonosor, qui a fait en Egypte deux expéditions successives. Comme Bocchoris et plus que Bocchoris, ce nou-

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veau réformateur était donc un admirateur et un imitateur des Orientaux, parmi lesquels ii choi- sissait ses modèles. Mais son imitation, nous Tavons dit, fut très savante: et elle s appliqua autant aux institutions des Grecs, dont, en dehors même de la colonie de Naucratis, le roi s'était entouré, qu'à celles de ses bons amis les Orientaux. On peut aflir- mer qu en tout ce qui touche l'organisation des effets légaux de la mancipation et du cens, imaginé par lui, ce fut un véritable chef-d'œuvre, que n'eurent plus qu'à copier les décemvirs.

Mais il est temps d'en venir au formulaire de l'acte de coemptio, tel qu'il fut introduit dans le droit égyp- tien. Le voici :

« L'an tant, tel mois et tel quantième du roi. . .

« La femme une telle, fdle d'un tel, dit à un tel, fils d'un tel :

« Tu as donné et mon cœur est satisfait mon argent pour me faire à toi servante (pour deve- nir ta servante). Moi je suis à ton service.

« Point à pouvoir homme quelconque du monde (personne au monde ne pourra) m'écarter de ton service. Je ne pourrai y échapper.

« Je ferai être à toi, en outre , jusqu'à argent quel- conque , totalité de mes biens au monde : et mes en- fants que j'enfanterai et totalité de ce que je possède et les choses que je ferai être (que j'acquerrai) et mes vêtements qui sont sur mon dos, depuis telle date (la date de l'acte) jusqu'à jamais et pour toujours.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITE. 205

« Celui qui viendra à toi (l'inquiéter) à cause de moi en disant : « Ce n'est pas ta servante encore » , de- puis père, mère, frère, sœur, fils, fiiie, hir,hirt, jus- qu'à grande assemblée de justice ou moi-même , il te donnera, celui-là, argent quelconque, blé quel- conque qui plairont à ton cœur. En ta servitude sera ta servante encore. Et mes enfants tu seras sur eux en tout lieu tu les trouveras.

« Adjuré soit A mon ! Adjuré soit le roi !

« Point n a à te servir servante autre : ne prends pas servante quelconque en outre. 11 n y a point à dire : « 11 me plaît de faire en toute similitude que « ci-dessus. » Il nya point à m' écarter, par cette simi- litude de ces choses. Il n y a point à dire que tu prends femme pour le service de ton lit dans lequel tu es.

« A écrit un tel , etc. »

Il faut remarquer que cette aliénation est faite par la femme elle-même et non par les parents de la jeune fille comme celle que négocia Nitocris. On s'adresse également au fiancé et non à ses parents. De plus, la partie acceptante na pas à intervenir comme à Tépoque assyrienne et éthiopienne. En effet , dans le nouveau droit égyptien, tel qu'il était promul- gué par Amasis, les actes n étaient plus bipartites dans leurs formes, à la façon de leurs prototypes chaldéens et plus tard des cessions gréco-macédo niennes. Le vendeur seul parlait : et comme la vente

206 MARS-AVRIL 1906.

était toujours faite au comptant, 1 acheteur n'avait qu'à payer.

Toutes ces règles, et même toute la première partie des formules que nous avons reproduites , on les retrouve également dans les actes d adoption par mancipation , et jusque dans les mancipations d'im- meubles. Toujours alors la clause pénale contre les tiers évicteurs est à taux arbitraire au gré du preneur, au lieu d'être fixée d'avance et de iie concerner que le vendeur seul. En eflPet, une loi d'Amasis dont nous avons déjà eu l'occasion de parler, loi ayant pour but de protéger des contrats introduits par lui et qui répugnaient aux usages reçus , avait introduit obligatoirement cette sanction, que n'auraient pu fixer les parties , telles que celles qui interviennent dans l'acte de Nitocris.

Dans l'espèce du mariage par coemptio, le mari, recevant la manus sur sa femme , se trouvait donc ga- ranti au même titre que les acheteurs égyptiens <»dî- naires. Mai» Id pauvre épouse ne l'était en aucune façon. Son époux ne pouvait acter à son égard par un contrat parallèle pour lui assurer cette monogamie à laquelle les Egyptiennes tenaient tant et qui était si bien protégée par le formulante de l'acte religieux de mariage. En effet, réduite à la condition d'es- clave, elle devenait incapable d'être, à n'importe quel degré , partie civile. C'est pourquoi , une fois l'aliénation sans condition, seule légale, alors effec- tuée , la fiancée , dans la seconde partie de l'écrit de coemptio, est-elle oWigée d'avoir recours, non au

LA FEMME DANS l/ANTIQUITE. 207

droit civil, mais au droit sacré, par une adjuration aux dieux.

Misérable ressource en vérité et qui montre com- bien la femme était déchue dans cette Egypte qui lui avait fait autrefois la part si grande et si belle 1

Il ne parait pas qu'il y ait eu, du reste, à cette époque, d'autres actes authentiques faisant preuve, par écrit, du début de l'union conjugale que le vieil acte public du mariage religieux , dépouillé dès lors de son caractère oflBciel d'acte de Tétat ciAâl, et que le contrat privé de coemptio. Le contrat dotal n'existait certaine- ment pas encore, à l'imitation du droit chaldéen, tel qu'il se pratiquait à cette époque à Babylone; car, en donnant à la femme une personnalité inquiétante, il aurait été à l'encontre de toute la législation d'Amasis , ayant pour but d'imiter les Grecs et particulièrement Solon, hostile, nous l'avons va aussi, aux dots, dans l'abaissement auquel il voulait semblablement la réduire.

Mais dans les mariages qui, plus tard à Rome, de- puis les XII Tables, devaient avoir pour seule con- statation légale et officielle le cens quinquennal, on devait faire la triple distinction des unions: i"* par une confarreatio y privée aussi de ses anciens effets légaux , en ce qui touche , soit l'égalité du Gains avec la GaiUy soit la copropriété des biens, dont témoigne Denys d'Halicarnasse, comme nos documents relatifs aux mariages sacrée égyptiens ; parla coemptio, dont l'essence était de soumettre la femme à l'homme, possédant h mamu, puisqu'il possédait la femme

208 MARS-AVRIL 1906.

elle-même; par 1*0505, c esl-à-dire par i usucapion , prescription annuelle de la femme, acquise ainsi comme les autres biens , quand elle n avait pas eu la précaution d'employer le trinoctium, en découchant trois nuits.

Le nouveau code des décemvirs devait, dans ce dernier cas aussi, donner la manas au mari, dont la déclaration faisait, d'ailleurs, preuve lors du cens quinquennal.

Tout ceci me paraît évidemment emprunté au code d'Amasis, qui n avait reconnaître, lui aussi, que ces trois formes, non pas de mariage, car les deux premières sont les seules qu'on puisse traiter ainsi, mais de modalités pour acquérir la puissance mari- tale. Quant au mariage, le cens quinquennal seul le constatait d'une façon tout à fait officielle et tout à fait exempte de préjugés , puisqu'en Egypte comme à Rome, les enfants, même nés d'unions libres, étaient légitimes, si le père, au moment de cette union , avait bien eu ce but.

Nous aurons bientôt l'occasion de voir que, dans les deux pays, à une époque plus secondaire, ces unions libres, laissant aux femmes leur liberté civile, devinrent les mariages les plus en usage , ce qui n'avait pas été du tout le but cherché ou même prévu par Amasis et par les décemvirs , partisans déclarés de l'omnipotence maritale ou virile.

Evidemment, dans l'origine, ils comptaient que les maris feraient rechercher par les gendarmes les femmes voulant user du trinoctium. Il n*y a guère de

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 209

doute qua Rome, sous Tempire du vrai droit civii, alors que le pater familias usait volontiers de son droit de vie et de mort sur sa femme et sur ses enfants , comme sur ses esclaves , il devait en être ainsi. Mais , en Egypte , les mœurs étaient beaucoup plus douces et elles devaient, bien plus tôt qu'à Rome, faire tomber en désuétude les mesures trop brutales de la légis- lation qu'avait rêvée Amasis.

Cette législation pourtant resta longtemps en usage , au moins en apparence , protégée qu'elle était par les lois pénales que nous avons décrites.

En ce qui touche le cens quinquennal et ses effets relatifs au mariage, nous pouvons le constater, en Egypte, au moins jusqu'à l'époque des décemvirs romains. Ceux-ci l'adoptèrent, ainsi que beaucoup d'autres articles du code d' Amasis , après une mission dans les différents pays grecs que nous ont décrite les historiens latins et qui avait pour but de cher- cher des modèles pour la législation qu'ils rêvaient. Aussi peut-il être intéressant de relever ici quelques- uns des jalons historiques qui attestent la continuité des traditions légales.

En l'an 9 de Darius, correspondant à l'an 2 36 deNabonassar et à l'an 60 d' Amasis, année de cens quinquennal, qui a commencé en l'an 5 d'Amasis, nous avons ainsi cet extrait du registre du censeur, authentifié par les greffiers royaux :

a An 9, épiphi, du roi Darius. Le choachyte Pete- nofré hotep, fils de Nesamen hotep, ayant pour

vu. i4

lUrmlMEMB lATIOaAtB.

210 MARS-AVRÏL 1906.

mère Seiteirbon , dit à ia femme Tahei , fille d'Un- nofré, dont la mère est Khasuosor :

« Je Vai établie pom* femme. Je n'ai aticime pà^ « rolé à t opposer à ce sujet. Toute chose au monde « relativement à mon faire à toi mari (c est-à-dire à « cet état de mari que j'ai par rapport à toi), je te « l'abandonne depuis le jour ci-dessus à jamais. »

«A écrit (un tel), A écrit Pethorsuten nt pa, Petuamenapî, fils de Pnofré, Penekht, fdsd'Ahemudja. »

Notons que, dans le langage juridique du temps (nous aurons Tocoasion de prouver dans la suite), rétablissement pour femme désignait la consomma-- tion physique mariage. Or, cet établissement pour femme est mis ici au passé, tandis que, dans les contrats de mariage faits d'avance, en vue de f Union, il est toujours mis au futur.

Ce dont il est ici question, c'est donc bien cette déclaration faite après coup au censeur, lors du cens quinquennal et qui était prévue comme obligatoire dans l'acte de J'an 12 d'Amasis, spécifiant d'ailleurs que les rapports conjugaux commenceraient à partir de Tan 12 avec leurs conséquences relatives à la légîtiniité des enfants.

Tout ceci est attesté par la signature de cinq fonc- tionnaires, au bas du document, comme dans toutes les pièces officielles, tandis que, dans les céntrats privés, les noms des témoins sont écrits au revers.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 211

En Tan 3 3 d'Artaxerxès , correspondant à Tan 3 1 6 de Nabonassar et à l'an i ko d'Amasis , année du cens quinquennal, nous trouvons un extrait du même genre :

«An 33, épiphi, du roi Artaxerxès, le choachyte de Içi nécropole occidentale Petirum, fils d*Amen hotep, dont la mère est Seteirban, dit à la femme Taba, fille du choachyte de la nécropole occidentale de Thèbes, Ounnofré, dont la mère est Khasuèsé :

a Je Vai établie pour femme. En ce jour, je n*ai « plus aucune parole au monde à t'objecter à ce « sujet. C'est moi qui donne à toi le faire à toi mari « en tout lieu tu iras. Personne n a à en connaître « depuis le jour ci-dessus. »

Ceci est encore attesté par cinq fonctionnaires.

Quand il en exista, les contrats de mariage rela- tifs aux biens , et faits soit avant l'union , soit long- temps après, sont aussi différents de ces déclarations, lors du cens , que les deux actes , seuls d'abord au- thentiques , de mariage par coemptio ou par confar- reatio (nous nous servons ici du terme romain pour désigner le mariage religieux et cela d'autant plus qu'une communion nous paraît avoir clos la céré- monie, comme à Rome).

Mais ce n'est pas encore le moment de parler de ces contrats de mariage relatifs aux biens qui se référaient à une nouvelle transformation du droit.

De l'Egypte, nous passerons donc, dans ce mo- ment , à Rome. C'est d'autant plus naturel au point

a.

212 MARS-AVRIL 1906.

de vue chronologique, que le dernier exennple qui nous soit parvenu du cens quinquennal, c'est-à-dire lextrait de l'an 33 d'Artaxerxès , correspondant à Tan 3 1 6 de Nabonassar, 43 1 av. J.-C. , est postérieur de 2 G ans à la proclamation du code des XII Tables de Fan ASi av. J.-C, tandis que, nous lavons vu, celle-ci est postérieure de plus de i 20 ans à la légis- lation d'Amasis et de plus de 160 ans à celle de Solon, à laquelle les décemvirs firent aussi de larges emprunts. Toutes ces lois font évidemment série.

IV LES DÉCEMVIRS ET LA FEMME.

Nous ne voulons pas nous prévaloir de l'axiome « Post hoc , ergo propter hoc ». Non ! nos raisons sont plus sérieuses et nous les avons longuement déve- loppées lors du Congrès de l'histoire du droit de 1 900, dans V Intermédiaire des curieux et dans notre livre intitulé : Les rapports historiques et légaux des Qui" rites et des Egyptiens depuis la fondation de Rome jusqu'aux emprunts faits par les décemvirs au code d'Amasis^.

Lai discussion sérieuse des faits nous paraît ap- puyer d'une façon incontestable nos conclusions. Mais enfin le «post hoc» est certain, alors même qu on n'admettrait pas le « propter hoc ». Je suis résolu

Ml a été édité par Maisonneuve.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 213

à m'en contenter aujourd'hui, dans cette histoire de la femme, qui ne nous permet pas de longs dévelop- pements étrangers à ce sujet spécial."

Sur ce terrain , d ailleurs , Tanalogie est frappante entre les institutions d'Amasis et celles des dëcemvirs ou, si Ton préfère, celles que nous trouvons depuis cette époque à Rome. Dans les deux législations, le mariage sacré se trouve complètement transformé. Il na plus d'importance, plus de valeur au point de vue civil. C'est la réponse faite à cette question du censeur lors du cens quinquennal : Habesne ex animi tai sententia axorerriy liberornm procreandorum causa? qui décide de tout. La manus du mari rem- place l'égalité entre les deux sexes, telle qu'elle était si énergiquement rendue par la vieille formule : ubi tu Gains et ego Gaia, «où tu es le maître, je suis, moi aussi, la maîtresse», dans des conditions identiques.

Il n'y a pas de doute que , pour les vieux compa- gnons de Romulus, pour les vieux citoyens dont Numa a été le législateur, pour le popalus distribué en gentes ou phratries et tout différent de la plebs, c'est- à-dire des étrangers domiciliés, que les Athéniens appelaient les métèques et pour lesquels avait été in- stitué le praetor peregrinus à côté du praetor urbis, le mariage sacré par confarreatio était primitivement le seul en usage. Ce mariage sacré , symbolisé par une commimion des époux , et qui les unifiait tellement qu'il fallut plus tard une sorte de cérémonie funèbre, la diffareatioy pour les disjoindre, idée dont lapossi-

214 MARS-AVRIL 1006.

bilité n'était même pas admise par les vieux Romains; ce mariage sacré, dis-je, comportait, selon Taffirma^ tion formelle de Denys d'Halicamasse , la commu- nauté de biens entre les époux. Il en fut tout autre- ment après la retraite de la plebs ou des métèques sur le mont Aventin et la révolution qui avait pris pour devise : aequanda libertcLs. Au nom de ce principe d'égtdité, on appliq[ua au mariage par confarreatio , devenu facultatif et qui fut surtout conservé par les familles aspirant aux vieux sacerdoce, les règles propres au mariage par coemptio et particulièrement la manas , c est-à-dire le pouvoir despotique du mari sur sa femme.

Ce mariage était, d ailleurs, le seul que put bien comprendre la plebs des métèques, les vainqueurs du jour. C'étaient les quirites, les hommes de la lance, ne croyant bien à eux, nous dit Gains, que ce qu'ils avaient acquis par cette lance : ce qui leur fit même donner le nom de inancipatio , manu captio « prise avec la main » , lacquisition per des et libram avec prix en- tièrement payé d avance, qu'ils avaient empruntée, comme la plus grande partie de la loi des XII Tables (excepté la part prise à Solon , etc.) au code d'Amasis. Il va sans dire que la ma/iiw, sortie de l'idée de co- emptio y et étendue déjà abusivement à la confarreatio, fut appliquée également aux mariages sans cérémo- nies initiales , par simple usage [asus) et que validait légalement seule la question faite par le censeur et dont nous avons parlé précédemment.

Au fond, ce mariage per usam était une consé-

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. S15

quenoe naturelle de la brutalité de la plebs romaine brutalité qu'à un degré plus ou moins accentué nous retrouvons hélas 1 chess toutes les plèbes dans les moments de révolution , surtout si cette révolur tion, toute puissante au dedans, devient guerrière et victorieuse au dehors. Le Quirite qui ne croyait bien à lui que ce qu'il avait pris avec sa lance, mb hasta^ ^t qui, même dans sa patrie, avait établi le principe de YasuGopion par un usage d'un an des hé-, redites, etc., trouvait tout naturel dusuoaper sa femme comme le bien d autrui. Ce bien d'autrui ne pouvait pas résister à sa main violente. Il en était souvent de même pour celle dont il voulait faire sa femme : la légende des Sabines en fait foi; et, une fois prise, il lui était bien difficile de s échapper, même pour découcher trois nuits.

Notons d'ailleurs que, comme en Egypte, sous le code d'Anoasis, lors du cens quinquennal, le censeur ne la faisait pas venir pour la consulter. Le mari seul était interrogé et il répondait ce qu'il voulait. Il lui était même &cile de dire que cette femme qu'il détenait, ce n'était pas pour en avoir des enfants, mais à titre de concubine.

Seuls désormais les hommes comptaient, seuls ils étaient écoutés par le magistrat, comme par exemple l'ingénu qui , lors du cens quinquennal, faisait valoir ses droits d'homme libre, après avoir été réduit à l'état de nexas pour payer ses dettes, et par suite d'une vente , et cela à Rome aussi bien qu'en Egypte. Quant à la femme , en tutelle perpétuelle, soit de son

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père, soit de ses frères, soit de son mari, elle devait être sans doute réclamée par eux en cas pareil , sans avoir personnellement rien à dire. Si Tingénu ou Kn- génue avait encore son père, il ou elle retombait sous sa puissance. Ce n'était qu'au bout de trois mancipations successives, suivies d affranchissement, que le fils —r- et le fils seul se trouvait émancipé.

A Rome, après les XII Tables, comme en Egypte depuis Amasis, s'était aussi introduit, et cela très tôt sans doute , l'adoption par mancipatio, per aes et libram, dont usait encore Auguste pour un de ses petits-fils , au dire de Suétone, tandis qu'il adoptait l'autre par adrogation , c'est-à-dire par une loi curiate genre d'adoption en usage en Egypte avant Amasis. Mais l'adoption ne paraît pas avoir été employée pour les filles sous l'empire du code des décemvirs.

Au point de l'état des biens, la loi desXU Tables, suivant en cela l'exemple d' Amasis, n'avait pas, comme la loi de Solon , enlevé à la femme sa part d'héritage dans les biens du père, quand elle se trouvait en concours avec des frères, mais elle l'avait placée en perpétuelle tutelle ^

Tant que le père vivait, la question n'avait pas à se soulever puisque le pater familias romain était, comme le pater familias égyptien rêvé par Amasis, un despote ayant tout pouvoir, et même droit de vie et de mort sur ses fils comme sur ses filles.

Mais quand il mourait, tandis que ses fils deve-

^ Pour toutes ces questions, voir mon ouvrage intitulé : La pro- priété, p. 2 24 et suiv.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 217

naient à leur tour des despotes, maîtres sans con- trôle, possédant chacun sa famille dont il était paier familiaSy les filles, ayant reçu leur part, ne pouvaient disposer de rien sans Xaactoriias de leurs firères, et sous cette tutelle familiale très efficace alors , elles ne jouissaient pas du moindre atome de libre arbitre. i

Quand elles se mariaient, c'était, nous l'avons vu, sous un des modes qui les mettaient à l'instant même sous la puissance despotique de leurs maris , puissance si grande, si abusive, que, s'il faut en croire le censeur Caton , les vieux Romains ces sages ancêtres dont il admire tant les mœurs, mettaient aussitôt leurs femmes à mort s'ils s'aperce- vaient par leur haleine qu'elles avaient bu un peu de vin. Eh bien! le censeur Caton lui-même , dans le discours prononcé à l'occasion de la loi Voconia, en se plaignant amèrement de la décadence de son siècle, nous trace, des femmes héritières telles qu'on les voyait alors à Rome, un tableau analogue à celui du comique Ménandre pour l'ancienne épiclère^

^ A Athènes , il y eut à ce sujet des hauts et des bas pour ainsi dire. Nous avons plus haut décrit ce qu'était à ce point de vue ]a législation solonienne. Mais, déjà du temps de la première hégé- monie de cette ville , quand les Athéniens avaient pour sujets , sous le nom d'alliés « la plupart des autres peuples de la Grèce, quand les étrangers y affluaient en nombre immense, quand un de ces étrangers, le métèque Aristophane y faisait jouer ses inimitables comédies , Tesprit public tendait à s*écarter un peu de Tesprit des lois de Solon.

Puis vinrent les désastres.

Sparte, la brutale, après avoir habilement excité toutes les ja-

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devenue rhéritière greccjue de son temps, flçst ia. maîtresse la maison. Elle tient le mari sous son

lousies, toutes les envies basses contre la superbe ville d'Athènes < devenue la plus belle, la plus riche, la plus brillante, à toiis les points de vue, de toutes les cités du monde, Tisola, sou* leva contre elle ceux mêmes qui lui devaient d*étre libres, la vaia^ quit à divers reprises au inilieu des péripéties d'une résiataiice héroïque, puis après un siège la famine avait joué le rôle prin- ' cipal, d'après le récit de Lysias qui était alors dans la vîUe, et enfin lui imposa la capitulation la plus douloureuse.

Quand les Athéniens se ressaisirent, quand le gouvernement im< posé par l'ennemi eut été renversé, quand la garnison étrangère eut abandonné l'Acropole, quand les patriotes, revenant pat le Pi- rée, eurent rétabli la démocratie, la première choae qu'on fit, ee fut de proclamer à nouveau les lois de Solon. On abolissait tout ce qui s'était fait dans l'intervalle. On en avait assez pour le mo- ment d'un panhellénisme qui avait abouti à de teUes déceptions: On voulait redevenir Athéniens , Athéniens purs. Et dans les dames, dans les différents bourgs dépendant d'Athènes, dans les différents quartiers cette ville, toutes les listes de citoyens furent revisées avec soin. Ceux (ju'on en rayait confime n-étant pas de race athé- nienne et comme n'ayant pas été créés Athéniens par décret du peuple après le vote des gens de leur quartiers qui les excluait, pouvaient en appeler devant le grand jury des hélîastes. Mais, s'ils échouaient dans ce pi^ès, on les vendait aussitôt comme esclaves:' tant on tenait à se débarrasser de toute . cette masse d'étrangers , frères de ces alliés , de ces protégés de la veille , si ingrats aux jours des défaites , qui, dans la période précédente de bienveillance univer- selle, s'étaient glissés un peu partout, usurpant tous les privilèges^ les droits civils et politiques des citoyens.

Dans ces conditions , il est évident que ia femme devait retomber sous la dépendance la plus étroite. Et, en effet, c'est à cette époque que se rapportent les témoignages les plus certains, les plus ex- plicites sur l'application effective des lois de Soion dans toute leur rigueur.

Un peu plus tard, déjà vers la fin de la seconde hégémonie, certains plaidoyers des grands orateurs nous laissent une impres- sion tout autre. Les lois de Solon existent encore. Mais dans la

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 219

joug. Elle lui fait faire ce quelle veut, tant il a peur qu elle ne divorce et qu elle n'emport€j son argent.

Cela s est fait malgré les lois, malgré cette loi, dont j'ai déjà parlé, qui donne au mari, après im an, lusucapion , la prise de maîtrise sur sa femme par possession ininterrompue, si pendant ce. laps d'une an^ée elle n'a pas couché dehors trois nuits de suite. S'il avait jamais obtenu cela pendant un an, il devenait par ce fait même, nous lavons vu, non seulement le maître absolu de sa femme ce qui lui importait plus ou moins, mais à jamais le do- minas, le propriétaire de ses biens. C'était lui qui était l'héritier de son héritage, et le lendemain il pouvait, si cela lui plaisait, se débarrasser de sa femme par une mancipation, par une vente fictive pour, un sou de cuivre dont on frappait une balance.

Eh bien! Rome était devenue une des villes les femmes riches avaient habituellement le plus de liberté trop de liberté souvent peut-être.

On voit combien est puissant l'exemple des peuples voisins et quelle influence il exerce par les mœurs et l'esprit public. En effet, un nouveau courant légsd

pratique on tient plus de compte de la femme. Cest elle qui est devenue la question principale. L'héritage n'est plus que l'acces- soire, tandis qu autrefois Tépiclère était l'accessoire de l'héritage.

Encore un peu et cette épiclère sera la riche héritière des co- médies de Ménandre, maîtresse de la maison, dominant son mari par la crainte d'une rupture, ayant le divorce facile et emportant. ses biens avec elle.

C'est le nouveau mouvement juridique contre lequel voulut réagir à Rome la loi Voconia , comme nous le disons dans le texte au-dessous duquel est placée cette note.

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S était produit , analogue comme épanouissement à celui qui avait abaissé la femme, courant dont nous pouvons percevoir les effets aussi bien en Egypte quen Babyionie et quen Grèce. C'est en Egypte, par esprit de réaction contre le code d'Amasis, si contraire aux vieilles traditions, quil s accentua le plus, si même ce ne fut pas qu'il prit son origine, ainsi que j'ai tendance à le croire. C'est donc en Egypte que nous allons l'étudier encore.

LE DERNIER CODE ÉGYPTIEN ET LA FEMME.

Si le mouvement qui allait aboutir dans tout le monde civilisé antique à relever la situation de la femme fut égyptien d'origine fondé qu'il était sur la vieille morale toute de charité ou de protection des faibles, tant en honneur à toute époque dans la vallée du Nil, et sur les traditions primitives mieux conservées dans les mœurs , il faut bien re- connaître que les prétextes qu'on employa pour arri- ver à ce résultat, en Egypte même, furent souvent asiatiques.

Il y eut, à ce point de vue, choc en retour; car continuels furent les rapports entre l'Egypte de la XVIII* dynastie, d'une part, et, d'une autre part, l'Asie, la Chaldée, le Naharain, dont les rois occupent tant de place dans la correspondance d'Aménophis IV et

LA FEMME DANS L'ANTIQUITE. 221

qui, bien peu de temps auparavant, sous la XVIP dy- nastie, avait été lune des conquêtes des grands monarques égyptiens, tels que Thoutmès III, vain- queur de Babel et des pays circon voisins. Puis encore, après la XVIIP dynastie , les Ramessides et les She- shonkides Ramsès II, Sésostris et Sheshonk P' sur- tout — recommencèrent des exploits analogues , soit à regard des Chetas ou Hétéens , qui avaient eu leur heure d'hégémonie orientale, soit contre les autres peuples asiatiques que dominèrent bientôt les ter- ribles rois d'Assur, envahissant TEgypte même.

Cette ère de guerres réciproques fut généralement peu favorable, je ne dis pas au développement, mais au maintien complet de la civilisation toujours pacifique d'allure. Elle eut cependant ses effets utiles en faisant se bien connaître des peuples également éclairés alors. Au moment de la décadence de l'Empire des successeurs d'Assurbanipal , TEgypte fit , avec Babylone et les Mèdes , partie de la confédé- ration des vaincus de la veille , qui , arrivant par les routes mêmes qu'avaient établies leurs oppresseurs, en finirent avec eux en détruisant Ninive.

C'était du temps de la seconde dynastie ammo- nienne, qui avait succédéà la première branche des pharaons éthiopiens.

La femme jouissait en Egypte de cette situation priviligiée, de cette prépondérance qui devait encore tant choquer Solon pendant les dix ans que, selon Aristote, il passa à Naucratis. Mais l'impression ne fut évidemment pas la même pour les Babyloniens, chez

222 MARS-AVRIL 1006.

lesquels Hammourabi avait cependant autrefois tant abaissé la femme; car une multitude de preuves, dont je ne puis donner ici rémunération trop détaillée, m ont fait voir des emprunts directs des Babyloniens de cette époque au droit égyptien. Je citerai seule- ment : 1*^ la mention des contrats de mariage inter- disant de mépriser sa femme ou d'en prendre une autre , sous peine d une grosse clause pénale; a*" la fa- culté, de plus en plus grande, donnée à la femme d*agir en communauté, même pour les aliénations d'immeubles , avec son mari , et la liberté plus éten* due déjà décrite précédemment par nous et qui lui fut accordée.

Nous avons dit qu'Amasis était une créature de Nabuchodonosor, et qu'à son tour il s'inspira en partie de ce qui , dans les droits orientaux , restait encore dans le sens de rabaissement de la femme, comme il s'inspira encore plus il est vrai de son modèle grec contemporain Solon.

Ce fut sous Amasis que la guerre fut déclarée entre l'Egypte et la Perse, qui avait succédé à Baby- ione et à la Médie dans l'hégémonie orientale. Gam- byse l'emporta et mit à mort Psammétique lU. H ne changea rien au code alors en vigueur, tel que l'avait proclamé l'assemblée nationale convoquée par Ama- sis — la chronique démotique elle-même a soin de nous le dire. Mais les mœurs commencèrent à réagir contre les lois surtout quand on n'eut plus afiaire à la volonté de fer du réformateur et au prétoire formé par lui.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 223

C'est à ce moment que, pour en revenir presque aux vieilles coutumes d'entente familiale et cTëgalité des deux sexes, on saisit tous les prétextes : même ceux qui étaient tirés de ia législation propre aux en- vahisseurs.

Un de ces prétextes fut celui que fournissait Tar- tiçle du code de Han^mourabi qui était relatif à la reconnaissance des enfants naturels faite par le père par acte authentique, avec la formule: «Vous êtes parmi mes enfants », ce qui leur donnait le droit de partager avec les fils légitimes.

Eh bien! nous voyons, dès le commencement du règne de Darius, un Egyptien procéder absolument de même.

Voici lacté en question.

« L'an 5 , athyr, du roi Darius.

« Le choachyte de la nécropole Psénèse , fils de Herirem, dont la mère est]Beneuteh, dit à la femme Ruru, fille du choachyte de la nécropole Psénèse -— laquelle a. pour mère Tsenhor :

« Toi , tu es la compagne de partage de mes en- « fants que j'ai engendrés, de ceux que j'engendrerai , « pour moi, pour totî^lité des choses qui sont à moi et « de celles que je ferai être (de tous mes biens présents « et à venir) : maisons, terres cultivées, esclaves, ar- « gent , airain , étoffes , bœufs , ânes , bestiaux, contrats « quelconques , totalité de biens au monde. A toi ime « part de ces choses à toi en plus de mes enfants « qui seront à jamais ainsi que pour mes liturgies

224 MARS-AVRIL 1906.

« dans le hat de la montagne. Â toi aussi une part de « ces choses. »

L'enfant ainsi reconnu par un contrat dujas gen- tiam et associé aux enfants légitimes antérieurs, on songea à reconnaître également, et cela aussi par un contrat imité de ceux dujas gentium, celle qui jusque n'avait été qu'une concubine, gardant comme telle, sans aucune manas, toute son indépendance. On écrivît donc , sur la même feuille de papyrus, un acte dans ce but , acte certainement inspiré par les contrats dotaux constituant un nudannu versé au mari par la femme, et qui étaient si usités en Baby- ionie sous le règne de Darius; seulement le nudannu en question n'est point une dot, puisqu'il est donné bien longtemps après « l'établissement pour femme », c'est-à-dire, selon l'esprit du code d'Amasis, après la consommation physique de l'union. C'est une cré- ance comparable aux créances babyloniennes, por- tant intérêts fixés d'avance, pesant sur [ina eli) le débiteur, créance dont l'origine est d'ailleurs ici toute psychique, reposant imiquement sur le pré- judice fait à la femme qu'on a rendue mère.

Voici le contrat en question tout à fait distinct de l'autre, bien que réuni matériellement :

« Au 5 athyr du roi Darius.

« Le choachyte de la nécropole Psénèse, fils de He- rirem, dont la mère est Beneuteh, dit à la femme Tsenhor, fille du coachyte Nesmin, dont la mère est Ruru :

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 225

« Tu mas donné trois argenteus du temple de « Ptah . . . quand je t ai établie comme « femme ».

« Que je te méprise (c est-à-dire si je te répudie), « moi je te donnerai en argenteus fondus du temple « de Ptah que tu m as donnés et qui sont indiqués « plus haut.

«Prélève le tiers de la totalité des biens que je «ferai être (que j'acquerrai). En les recevant que «je te les donne. »

Le tiers des acquêts ou des revenus en question remplaçait l'intérêt de la somme qui était censée prêtée. Aussi la trouvons-nous plus tard, dans les actes analogues qui ne cessèrent plus désormais d'être en usage en Egypte , et cela très tardivement jusqu'à l'époque romaine, fréquemment remplacée par une pension alimentaire à payer annuellement ou mensuellement en partie en argent , en partie en nature (blé, huile, etc.). 11 était naturel en effet de nourrir la femme à laquelle on avait imposé des charges nouvelles et qu'on avait rendue incapable d'un travail continu.

Au fond, c'était l'union libre qui l'emportait, tant sur le vieux mariage religieux que sur le mariage civil réglé par Amasis tout à l'avantage du mari et qui réduisait la femme en servitude , en tout état de cause, soit qu'il ait été contracté par coemptio, par confarreatio ou par usus. Cet usus entraînant la ma- nus, les femmes n'en voulaient plus. Elles ne repous- saient pas Viisus autrement compris et qui les rendait

iinrikir. xiTiniii

220 MARS-AVRIL 1906.

mères. Mais, comme les Romaines, elles savaient se servir de quelque trinoctium. Par suite, elles avaient eu soin de refuser la déclaration au censeur, décla- ration qui aurait constaté la prise en mains du mari. Elles préféraient, je le répète, nêtre que con- cubines, puisque la loi d'Amasis ne donnait plus aucun privilège à la chaste épouse et qu'elle portait même expressément, d'après le témoignage de Dio- dore , confirmé par les documents contemporains , que les enfants, quels quils fussent, même nés de lesclave, étaient légitimes et avaient des droits égaux à ceux nés dans le mariage s'ils avaient été reconnus.

Le code de Hammourabi avait autrefois, dans les articles iSy, i44, i45, etc., fait de la sugeiim ou concubine, quelque chose d'intermédiaire entre Yassata ou épouse et la simple maîtresse de ren- contre (ce que les Romains firent égalemefit plus tard pour la concubina). C'était devenu une sorte d'épouse de seconde catégorie à ce point que le même mot sous la forme shegal {b^^ ^) , plur. shegalai [nb^v) , est traduit par axor dans le livre chaldaïque de Daniel (5, 2; 3, 28), En hébreu, le mot cor- respondant à sugetim est pilegesh (c^.J^B«- uroÛlXaÇ),

^ Au pluriel avec Taffixe de la 3* pers. DP/^C^, et avec Taff. de la 3* ^Pv^lS?. Les ialmndistes ont encore grossi la forme en n^lv^^. On attribue 7^^ «concubina», k la racine v^JÛ tcon-

T V - T

cubuitcura muliere , compressit eam » (Deuléronome, 98, 3o;l8a{e, 1 3 , 1 6 ; Zacharie , 1 4 , ^ 1 ).

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 227

qui dans la Genèse (35, aa), dans Ézéchiel (q3, 2"»), etc., est traduit tantôt par concubina, tantôt par pellex.

Les Rabbins, s inspirant d'une loi chaldéenne qu'on retrouve également dans le code de Hammou- rabi , citée précédemment par nous , ont fait une dis- tinction bien simple entre l'épouse et la concu- bine/laûfta biketoubah pilegesh bila ketoubah [n^Vin n^^n:^ nh^ ^^bs na^npn) « Tépouse est avec un con- trat dotal, la concubine sans contrat dotal »^.

^ li faut remarquer que la première forme du mariage hébreu est celle dont le symbole était le 17)12 ou don nuptial comparable au Sep du droit égyptien secondaire (voir Genèse, 34, n; Exode, 22, i6^ I Sam., i8, 2 5). Gesenius fait à ce sujet une très judi- cieuse constatation; c'est que inD est tout à fait di£Pérent comme

sens de Tarabe L^ désignant, non pas le don nuptial fait par le mari , mais la dot constituée par les parents de la femme ( alors que ,^^0k4o désigne le don nuptial). Evidemment, comme le éep, le mohar est la trace d'une très ancienne coemptio, bien qu'il ne faille pas voir dans inD (dont Tunique sens est celui de festinavit en dehors de celui de « constituer un don nuptial ») un adoucissement de intD IDtD avec la valeur de émit iixorem. Mais c'était une forme usée , comme le iep lui-même , et dont Torigine doit être cherchée ailleurs, peut-être en Assyrie ou dans un pays qui, comme laPhé- nicie « le pays d'arrière » , ne nous a pas laissé ses archives. Ce qui est certain , c'est que les textes déjà cités ne prouvent pas que les parents qui mariaient la fille gardaient Targent. Dans le droit rab- binique le mohar, comme le Sep dans le droit égyptien , est donné à la femme elle-même pour sa virginité (quelque chose d'analogue à ce que nous trouverons eu Egypte sous Darius). Selden [Uxor hebraîca , p. 96 ) a reproduit le formulaire du contrat de mariage par simple mokar dont le taux est toujours fixé à 200 drachmes ou 100 sekels. Comnie en Egypte aussi , on trouve (Selden , ibidem , p. 119) un formulaire intitulé n!}in3n DD1tD « type de &eton6a •, et d'après lequel le mohar ou don nuptial était associé : à la dot

228 MARS-AVRIL 1906.

On pourrait dire exactement le contraire en Egypte. La concubine était celle qui se prévalait d'un contrat dotal emprunté au jus gentiam. L'épouse était celle qui n'avait pas de contrat dotal.

Ajoutons-le d'ailleurs, si le mariage par créance nuptiale continua toujours à être employé toutes les fois qu'il s'agissait de valider un mariage déjà, ac- compli matériellement, et de légitimer des enfants déjà nés (on prit seulement l'habitude de réunir en un seul les deux actes primitifs), le contrat propre- ment dotal, constatant, avant l'établissement pour

X^^ll^ nedounia, à la pension alimentaire, pouvant chez les Juifs se payer en tout lieu , puisque les domiciles des époux pouvaient être distincls, comme dans le droit égyptien d*époque secondaire, mais absolument obligatoire, puisque dans les deux droits le mari de\ait subvenir à lentretien de sa femme ; 3** à Thypothèque générale sur les biens du mari , hypothèque prévue aussi en Egypte , mais dont les rabbins savaient fort bien annuler les effets ( voir mon livre sur la Propriété, p. a3o). Cet écrit de ketoubah, écrit en chalda!que, est pourtant chaldéen d*origine. Le nedounia a exactement la valeur du niu£unna babylonien d'époque secondaire , dans le sens de dot, et na d'ailleurs pas d'autre origine philologique, comme le p3Ç*P ou K^3l^P pignvu des rabbins, dont mon frère a indiqué aussi Torigine dans le maskanu « gage des Babyloniens de même pénode , pour la première fois compris et identifié par lui. Peut-être est-ce aussi à une influence babylonienne qu'il faut attribuer l'origine du libellum repndii riH^'ID "ÎDD du chapitre a^, i, du Deutéronome livre très postérieur à l'Ëxode libellum repudii sans cesse men- tionné à l'époque des prophètes , et qui n'est accordé qu'à l'homme (sauf l'exception des femmes impubères; v. Selden, p. ici). Encore aujourd'hui, à Paris, une Juive autrichienne s'est vu refuser le droit de divorce , par cette raison , d'après son statut personnel. En ce qui touche le mari , xvptos de sa femme chez les Juifs , voir aussi mon livre sur la Propriété» p. q Q9. En somme , en dépit des formulaires

LA FEMME DANS L*ANTIQUITÉ. 229

femme , l'apport réel de Tépouse , ne fut emprunté , sous la forme chaldéenne, que beaucoup plus tardi- vement surtout à Memphis et dans la Basse Egypte. Comme Je mariage par créance nuptiale, dont il était issu, il comportait également, soit la part de commimauté du tiers dans les acquêts , soit la pen- sion alimentaire et généralement toutes les for- mules dont lusage s'était introduit pour le contrat primitif, avec quelques additions dont nous aurons à reparler.

La communauté du tiers dans les acquêts se re- trouve également, d ailleurs, mais retournée, dans un contrat daté de Darius et qui a également pour but de constater un mariage , cette fois avant Tunion charnelle.

Ce contrat nest pas emprunté au jus gentinm, mais dérive de celui qu'Amasis avait lui-même établi dans son code, c est-à-dire de la coemptio. Seulement, au lieu de se vendre elle-même, la femme ne vend plus à son mari que le neb himt, c'est-à-dire le droit de maîtrise de femme qu'il doit exercer sur elle. On peut donc comparer cette vente à une vente d'usage. Qu'on me permette de citer ici ce que je disais à propos de cet acte dans mon Précis de droit égyptien y p. 5/45 et suivantes, après Favoir enseigné depuis bien des années dans mon cours de l'Ecole du Louvre :

(les contrats de mariage , tout différait entre le droit égyptien , même d'époque secondaire, et le droit rabbinique, qui lui a pourtant tant emprunté, comme au droit chaldéen, et d'ailleurs au droit grec.

230 MARS-AVHIL 1906.

« Nous avons déjà vu des actes dans lesquels le mari pariait et s engageait envers sa femme. Nous en avons vu dans lesquels il assurait à sa femme un tiers dans ses acquêts. Ici , dans un contrat daté de Tan 3o du roi Darius, ce n'est pas le mari qui prend la parole ; c'est au contraire la femme , comme dans le mariage par coemptio , écrit sur une assiette sous le règne du Bis d'Amasis.

« 11 est vrai que la nouvelle épouse, en Tan 3o de Darius, ne déclare pas avoir reçu le prix même de sa liberté et ne se livre pas à son mari à titre d'esclave, en lui livrant, en même temps, ses biens présents et futurs et jusqu'aux vêtements qu'elle a ou aura sur son dos , ainsi que ses enfants à naître. Tout cela aussi est passé de mode. La femme est rede- venue l'égale du mari. Elle conserve dans le mariage

alors même que ce mariage a eu pour base une sorte de mancipation , le versement par le mari d'une somme d'argent comme s'il achetait sa femme

elle conserve, dis-je,même alors, sa liberté d'ac- tion absolue , son individualité civile indépendante , tous les droits qu'elle aurait si elle ne se vendait pas.

« La domination du mari est peut-être ce qui a dure le moins longtemps de toutes les œuvres légis- latives dAmasis. De cette maîtrise conjugale, du pouvoir du chef de famille sur sa femme , le nom seul se conserve dans la forme de mancipation ma- trimoniale que nous avons ici.

«La femme, dans notre acte comme dans Taçte

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 231

de coemptio imaginé sous Amasis , déclare avoir reçu une somme d'argent à titre de prix de quelque ohose. Mais ce quelque chose, ce n'est pas elle-même, cest le titre tout honoraire de neb, de maître, de seigneur, qu elle cède en qualité d'épouse à celui qui deviendra son mari :

« Tu m as prise pour femme aujourd'hui , dit-elle. « Tu m'as donné un kati fondu de la double maison <c de vie pour mon neb himet (c'est à-dire pour le droit «de maîtrise d'un mari sur sa femme) en t'établis- « sant mari ».

« Mais ce droit du mari sur sa femme , ce neb himet ne ressemble guère à ce qu'il était sous Ama- sis. En effet, la nouvelle épouse peut abandonner son époux quand elle voudra :

« Que je te méprise, dit-elle dans cette prévision, «que j'aime pour moi un autre homme que toi, « c'est moi qui te donnerai 9 katis fondus d'argent de « la double maison de vie , en plus de ce kati que tu « m'as donné pour mon neb himet ci-dessus. »

« Ainsi l'amende pour l'infidélité de la femme , pour la répudiation qu'elle ferait par caprice, sera dix fois plus forte que la très petite somme par laquelle le mari achète son droit de neb himet, son droit de maîtrise. Il est vrai que ce droit de maî- trise était si peu de chose que franchement il ne valait pas davantage.

« Comme dans beaucoup de nos anciens contrats de mariage, Ja partie qui porte la parole, assure à

232 MARS-AVRIL 1905.

Tautre une part déterminée de communauté dans ses biens :

«J'abandonnerai pour toi, dit la femme dans la ftdernièi*e clause du contrat, le tiers de totalité de K biens quelconques au monde que je ferai être; sans « alléguer aucun acte, aucune parole au monde ».

[La suite au prochain cahier.)

CULTE DES ROIS PRÉHISTORIQUES D'ABYDOS. 233

LE CULTE

DES

ROIS PRÉHISTORIQUES D'ABYDOS

SOUS L'ANCIEN EMPIRE ÉGYPTIEN.

PAR

M. E. AMÉLINEAU.

L'un des plus grands étonnements des dix der- nières années , dans le clan peu nombreax des Égyp- tologues , a été causé par lapparition soudaine à la réalité historique de rois qu'on s'était doucement habitué à regarder comme des êtres chimériques, n'ayant aucun droit à revendiquer dans l'histoire scientifique et qu'on devait traiter comme des êtres . vaporeux qu'il suffisait d'un souffle pour faire évanouir dans l'air. Quand, dans la séance du a 9 mai 1896, j'annonçai à l'Académie des Inscrip- tions et Belles-Lettres, que je croyais avoir retrouvé les rois dont je parle, il n'y eut guère que des signes de surprise significatifs , et je vois encore un acadé- micien que la mort vient, hélas! d'emporter, lever les bras au ciel pour le prendre à témoin de ma témérité. Cette témérité, comme celle de l'agneau, ne devait pas tarder à être châtiée. Quand le châti- ment eut été longuement expliqué, il ne me resta

234 MARS-AVRIL 1906.

plus guère qu!'d courber le dos sous le flot ... et à continuer mes découvertes. C'est ce que je fis pen- dant deux années , et c'est ce que fit , après moi , M. FI. Pétrie , sans réussir à trouver des noms de rois nouveaux autrement que dans son imagination. Ayant retrouvé les rois que j avais fait sortir à la lumière, il admit que certains d'entre eux avaient précédé toute histoire, c est-à-dire avaient vécu avant Menés, qu'on les nomme préhistoriques ou qu'on les désigne sous le nom de rois antéhistoriques. Moins téméraire que je ne l'avais été, il n'admettait que trois ou quatre de ces rois. Depuis, la question a fait son chemin.

Jusqu'à présent on s'est contenté d'argumenter avec des raisons plus ou moins convaincantes prises de la question même en litige, je veux dire des documents fournis par les fouilles d'Abydos, car, sauf le monument connu sous le nom de Pierre de Païenne, et sauf aussi la stèle célèbre de Schera, aucun autre document n'a été versé aux débats. Par une malencontreuse aventure, ces deux documents n'étaient d'aucim secours et ne produisaient aucune lumière pour éclairer la question : la Pierre de Pa- lerme, quelle qu'en soit l'interprétation, ne men- tionne que le nom de Kha-Sekhemoui, et la stèle de Schera ne contient que le nom de Perabsen placé après celui d'un roi de la IP dynastie, Sent, ce qui a paru suffisant pour motiver son entrée dans cette dynastie à la suite de ce roi, jusqu'au jour M. FI. Pétrie découvrit, en son caprice, de nouvelles raisons

CULTE DES ROIS PRÉHISTORIQUES D'ABYDOS. 235

qui l'incitèrent à le déplacer pour en faire le dernier roi de cette même dynastie.

Parmi les auteurs qui, ayant droit de cité en égyptologie, se sont occupés de la question des deux ou trois premières dynasties égyptiennes, nul ne s est donné la peine de chercher si, d'aventure, les noms de certains de ces rois d'Abydos n'auraient pas survécu dans des monuments connus, se trouvant ou pouvant se trouver entre les mains de tout Je monde, servant de thème aux plus doctes leçons. Cependant M. Pierret , dans les leçons qu'il professe à Y École du Louvre ^ a expliqué les monuments qui sont en question , mais il n'a pas su les reconnaître et il ne le pouvait guère , puisque la publication de ses leçons date de l'année 1890 et que les do- cuments d'Abydos n'ont été découverts qu'en l'an- née 1896.

Les monuments dont je parle sont publiés dans l'ouvrage de la Commission prussienne connu sous le nom de Denkmàler aus Mgypten und jEthiopien, édités sous la direction du grand savant qui eut nom Lepsius. Je les ignorais comme tous mes autres confrères en égyptologie, ne possédant pas l'ouvrage, et, quand j'eus pu me le procurer, pressé que j'étais de courir à ce qui m'intéressait tout d'abord, je m'absorbai presque tout entier en d'autres travaux ; mais, du moment que je dus entrer dans la lice, me devant à moi-même et devant aussi à mes lecteurs d'être armé de pied en cap pour affronter les combats auxquels m'appelait cette discussion , et de plus pour

236 MARSAVRIL 1906.

d'autres études que j'ai entreprises et que j'espère mener à bonne fin, j ai voulu, la plume à la main, chercher tout ce qui pouvait me servir d'arme dans la discussion afin d'afiSrmer et de prouver mon bon droit. C'est ainsi que j'ai été frappé par les docu* ments que je vais faire passer sous l'œil du lecteur,

I

De la IV* jusqu'à la XP dynastie , on rencontre firé- quemment dans les tombeaux de cette époque, de grands personnages, ayant rempli de hautes chaînes à la cour du Pharaon pendant sa vie et la leur, qui mettent au nombre de leurs plus glorieux titres celui de "^ J. On traduit d'ordinaire ce titre par prophète, parce que les premiers égyptologues, l'ayant trouvé et n'en sachant pas le sens , ont saisi avec empresse- ment l'application qu'en avaient faite les Grecs à une série de prêtres dénommés par eux prophètes, quoi- que leurs fonctions ne semblent se rapporter en rien à ce qu'exigerait l'étymologie du mot grec. Le mot "] se traduisant par Dieu et le mot J signifiant serviteur et esclave, le mot d'origine grecque hiérodule me semblerait avoir autrement de droit à traduire l'ex- pression égyptienne "^ J. Cette expression, qui, sous l'Ancien Empire, s'applique aussi bien aux o£Bciers attachés au culte des Dieux proprement dits qu'à celui des rois , est bien plus fréquente dans le premier cas que dans le second. Quand il s'agit des Dieux ou des personnes auxquelles on accole ce qualificatif

CULTE DES ROIS PRÉHISTORIQUES D'ABYDOS. 237

Diea^, on le trouve, dans les Mastabas de Mariette et dans les tomes III et IV des Denkmàler de Lepsius , employé environ deux cent vingt fois; quand il 5 agit au contraire des rois ou des pyramides royales, ce qui pour nous revient au même , on le trouve seule- ment une centaine de fois. Les Dieux qui ont des hiérodules spécialement attachés à leur culte sont indistinctement : Ekhnoum , Seb, Safekh, Jjt , Hathor, ^-j-^, 1|J, Toiseau Doscher, lepervier de Ra, les deux Dieux dans khenti her, . . [[ffî ''''^ n i i Ptah, Sokar, Tanen, le Dad vénérable, Ra dans Rasche- pou, Khenti-Aanoutef, Emkhentou, Ra dans le double horizon, Horkhentiour, Ra dans le lieu de son cœur, c est-à-dire dans les temples d'Héliopolis , Maït, Kherbaqef (celui qui est sans son arbre baq), Khentimiritef (celui qui est dans ses deux yeux, tra- duction ordinaire, mais qui est loin de me paraître satisfaisante), Thot, le Taureau en rut, le dieu ^, Horus, Anubis dans la salle divine, Ra0O, j^® © n (c'est-à-dire Tépervier de Ra0 o), Heqet, la déesse grenouille, Renentou, Nekhabit ^ , Ra dans I, Anubis dans Scheset, Hor- Anubis dans le château de Scheset , Ra dans Schephati , Horus ouserkaou (c est- à-dire Horus, ou mieux Tépervier riche en doubles), Senbet dans la maison de Thot, le Dieu grand, Khenti-Tanen (celui qui est dans Tanen), Khenti- emtef(?), Hathor dame d*Ont, Khentiemtotef (celui

* Si c'était ici la place, je pourrais démontrer que le mot | désigne les hommes s'étant acquittés de la vie et parvenus à celte qualité à la suite d^avatars non encore signalés.

238 MARS-AVRIL 1906.

qui est dans sa main), son Chacal, Osiris, 4a#0^

(peut-être le bois de la montagne de vérité, c est-à- dire les arbres qui ombrageaient les tombes de la nécropole), Hathor dans le lieu de son cœur (c est-à- dire dans le temple d'Héliopolis), Mehit, Âpouaï- tou, Anubis, KJienti Sap (c'est-à-dire Anubis dans la ville de Sap) , Neit Touvreuse de chemins.

Pour les rois et leurs pyramides , on trouve men- tionnés : Khoufou, Ouserkaf, Ranouser, Ounas, Khafra, Menkaoura, Tépervier Qa, le roi Nebka, Arnoferkara, Tépervier Sekhem et Fépervier Kheper, Sent , Perabsen ; parmi les pyramides sont nommés : Isiou, la pyramide de Ranouser, un autre endroit nommé le lieu ^ n P î ^ ^^ pyramide de Sahoura , la pyramide de Noferkara , celle d'Assa , celle de Ra- nofer, celle de Teti, celle de Dadkara, celle de Rameri, celle de Menkaouhor et enfin le château du double dun roi Pepi, auquel était attaché un hiérodule qui se dénommait hiérodule réel, cest-à- dire remplissant réellement les fonctions d'hiérodule, et qui se distinguait ainsi de ceux qu'on nommait hiérodules à la suite J "] ^ ^ .

11 y avait donc sous l'Ancien Empire, et j'entends par de la IV*' à la VP dynastie , un culte établi en Egypte avec im clergé spécialement attaché à ce culte, et parmi les prêtres en relevant il y a d'autres fonctions religieuses s'y rattachant, notam- ment les fj, c'est-à-dire les purificateurs, mot qui plus tard, dans son évolution séculaire, a fini par

CULTE DES ROIS PRÉHISTORIQUES D'ABYDOS. 239

devenir le synonyme de prêtre les | "]. Ce culte s'adressait aussi bien à ceux qu'on est convenu d'ap- peler les grands dieux de l'Egypte , aux dieux locaux de certains centres réputés , à certaines personnalités divines qui devaient plus tard être rangées parmi les génies funéraires, qu'à des êtres réputés inférieurs, le taureau, l'oiseau Doscher, l'épervier, le chacal, les arbres, ou à des hommes ayant réellement vécu, comme les Pharaons des I V , et VP dynasties , ou aux monuments énormes qu'ils avaient ou qu'on avait élevés pendant ce même laps de temps pour leur servir de tombeaux après que la vie aurait fait place à la mort^ De ce fait, je pourrais déjà con- clure à la parité de condition entre les Dieux d une part et les morts de l'autre; mais il faudrait élargir la démonstration et les développements seraient hors du sujet que je veux traiter.

Pour m'en tenir aux noms des rois des IV% V* et VI* dynasties, je dois dire qu'ils sont tous écrits dans l'ellipse du cartouche si connu même en dehors des égyptologues de métier. Il n'y a pas d'exception à cette règle, ou du moins je n'en connais pas; on fait même plus en certains cas spéciaux, on allonge dé- mesurément l'ellipse pour y faire entrer tout entier ce qu'on nomme le protocole des Pharaons. Cet usage s'est conservé jusqu'à la dernière période de

* Je n'examine pas ici s'il y avait identité complète entre le Pha- raon et sa pyramide dans le culte qui m'occupe, et par conséquent entre le prêtre du Pharaon et celui de sa pyramide. Il me suffit de constater que le culte des pyramides existait avec ses | I .

240 MARS-AVRIL 1906

Tempire égyptien, puisque sous les Ptolémées on trouve un monument du Sérapéum de M emphis au

nom dun prêtre de Menés, ( j!!!!!!J 1, et deM 2! 1 *• De

même le nom du roi delà IP dynastie , Sent , est écrit

M^<^J au dedans de l'enroulement ellipsoïdal

dans la stèle célèbre de Schera, au musée du Caire, stèle qui remonte jusqu a la III* dynastie. Aussi ne serons-nous pas étonnés que, dans les dynasties sub- séquentes , les Pharaons auxquels sont attribués des hiérodules, J"], aient leurs noms écrits dans un semblable enroulement, comme Khéops, Khafra, Menkara, Assa, Sahoura, Ranouser, etc. Lliabitude en était si bien prise, même dès les plus anciennes dynasties, que le graveur de la stèle de Schera, ayant à joindre au sacerdoce de Sent celui d un roi plus ancien à mon avis et dont j'ai eu la chance de trouver la tombe dans mes fouilles d'Abydos, Perabsen, en a fait entrer le nom dans \m semblable enroulement

r^ f- 1 A--^ 1 ^ alors que, dans les très nombreux mo-

numents sortis de son tombeau, ce nom se trouve toujours inscrit dans le rectangle dit rectangle da nom de double, et cela sans, aucune exception. H faut conclure de ce fait que, dès la III' dynastie, on s'était habitué à écrire les noms des Pharaons qui avaient régné sur TEgypte dans l'enroulement

* E. DE RotJGÉ, Mémoire sur les monuments qum pemt aux slv premières dynasties , p. 3o.

CULTE DES ROIS PREHISTORIQUES D'ABYDOS. 241

ellipsoïdal qu'on appelle cartouche. Quant à Perab- sen , nous verrons plus tard s'il est de la IP dynastie ou s'il ne faut point le ranger parmi les rois ayant précédé Mènes.

II

Parmi les noms de Pharaons ainsi dotés de prêtres hiérodules, le lecteur aura remarqué les trois noms de TépervierQa, de Tépervier Kheper et de l'éper- vier Sekhem. Ces noms se trouvent dans les Denk- màler de Lepsius, deuxième partie, aux planches 27, 29, ^8, 83 et 89. A la planche 27, première men- tion du roi Qa , dont Samnofer, le propriétaire du tombeau, était J"] ou hiérodule. Cette mention est ainsi faite j^ J^ | J , et le culte de ce Pharaon est allié à celui de la déesse grenouille | j^^^ J et à celui du dieu Arbre dans la nécropole \a|iJ^. A la planche 29, dans le même tombeau, le nom de Tépervier Qa est précédé d un signe ^ ^ jL^ 1 » ^' le sacerdoce de ce roi est accompagné du sacerdoce d*Anubis et des deux autres précédents. Dans les deux planches, ces divers sacerdoces sont précédés de la

cha^aei.i,avecl.diffé„„ce,r.Wfo«-

c'est à la planche 27 le rectangle a la porte Q et que dans l'autre il ne l'a pas , ce qui est plus favo- rable à la thèse que je soutiendrai plus loin. A la planche 48, la mention, par deux fois, est faite de

VII. 16

242 MARS-AVRIL 1906.

la m^me façon avec les même» divinités } ^^^ W#î' ^\i^lî- ^ '• planche 83 «t men- tionné un hîérodule de Sekhem f | f- A la planche 89 enfin, nous retrouvons l'épervier Qa deux fois mentionné sous cette forme ^^ ^1 \ » '^ âgne ^ suivant Tépervier au lieu de le précéder comme aux planches 39 et 48, ce qui, surtout si Ton ûdt atten- tion à son absence à la planche 27. nous permet de condure en toute sécurité que c'est ud signe adven- tice, ayant sans doute sa raison détre, mais nulle- ment nécessaire à la mention de f épervier Qa.

\L Pierret, dans 1 explication qu'il a donnée des planches de Lepsius aux cours qu*il a professés au Louvre, rencontrant la mention de Tépervier Qa, y a cru reconnaître un surnom donné au dieu Honis ^. LVrreur lui était permise . quoique la comparaison do ct^ titre a>ec celui de ^ 1|[ eut pu fan indiquer une aulnî explication ; ma» aujoardlnii* el même dès iî^96« après la découverte de la stèle et de la toud>e du ivn Q;i. on ne peut raisonnablement douter q\i*î! s a4:isse du Pliaraon qui avait nom Qa. J*aî en oflet ivm\>ntrt* une grande stèle de granit jjris au nom de ^v ivî . on double exemjjaire : le pre- mier, ivntonant le nom et la maison du roi. est resté au mu>e^ du C«miv ; ht second , constrtant en quelques fragments Ton jHHnait cependant lire encore le nom du l^araon . a^ ait oie laissé dans Tan^ sud-

CULTE DES ROI» PRÉHISTORIQUES D'ABYDOS. 243

est du tombeau^ M^ Pétrie n a pas eu grand'peine à le rencontrer, ce qui lui a donné lieu d'enregistrer Tun de o6S crimes épouvantables qaé j'ai cOnnnis en si grand nombre pendant mes fouilles d'Abydûs.

11 y a en effet identité d'appellation ;

ffl

«tV^-

H s*agît bien du même persotinage ; Ton tie petit en douter, malgré toute la bonne volonté possible.

Il en est sans doute de même des deax autres, Sekhem et l'^pervîer fcheper. Le fait que j'ai trouvé dans la tombe de Perabsen un nom de rôi ou de double du roî -^ je n'examine pas ici cette question nommé Sekhemab ; cet autre que M. Qulbdî , k Hiérakonpolis, a trouvé un autre roi du nom de Khâ-Sekhem ; enfin ce dernier fait que M. Quibell et moi, à Hiérakonpolis et en Abydos, avons trouvé le nom de Kbâ-Sekhemoui , quil attribue à un roi pendant que j*en fais la désignation de Set et de Horus^ tout cet ensemble montre bien, je Crois, que le tiom de Sekhem peut avoir été celui d un roî préhistorique ou autre, car aux dynasties historiques il n*esl pas rare de voir plusieurs rois porter le même nom, avec quelque addition qui empêche de les confondre. Cette conclusion peut auSsî s'appliquer a Tépervîer Kheper; mais je dois dire que c*est ici le seul exemple de ce nom âùttné à tm rot, quoiqu'il

^ QoiBiLL, Hiéraeo n polis , pi. 58-5^. Ë. AUbLinuau, Les nouvelles fouilles d'Abjdas, 1 896- 1^9 7 « p. Soi^

lO.

244 MARS-AVRIL 1906.

y ait des exemples de particidiers nommés Kheper ou Khepra. Cependant la présence de l'épervier dans le Q et devant le signe qui se lit kheper est à elle seule une preuve qu'il y eut bien \m roi ayant eu ce nom^ puisque cet épervier ne se met en Egypte que devant les noms de rois à toutes les époques ^ La présence de ce nom dans l'hiéroglyphe [~J me semble une preuve de plus qu'il s'agit d'un nom très ancien , car le roi Nebka , le troisième de la IP dynastie, avait une sépulture qui s'appelait le Château, Q^. A plus forte raison, si le signe Q est fautif et s'il faut lire Q , le rectangle dans lequel est enfermé le nom du roi Kheper apporte un argu- ment de plus en faveur de mon raisonnement.

III

Mais le nom Qa est-il le seul nom que portait ce roi, ou bien en avait-il d'autres? En d'autres termes, ce qu'on appelle le protocole des rois égyptiens était-il déjà connu? Ce protocole, je le rappelle ici pour le besoin de ma démonstration, contenait d'abord le nom d'épervier (c est-à-dire le nom de double), le nom de vautour et d'urœus (ce que l'on nomme depuis quelque temps le nom de nebii ou des deux couronnes), le nom d'épervier d'or ou

^ Les rois de Nubie se vantaient, et à aussi bon droit que les éperviers d*Égypte, c'est-à-dire les Pharaons, d*être de véritables épervicrs.

* Même à la VI* dynastie, pour l'un des Pépis de cette époque, la sépulture royale est encore désignée par le nom de chAtean.

CULTE DES ROIS PREHISTORIQUES D^ABYDOS. 245

d'épervier triomphant, le tout suivi de la désigna- tion de roseau du midi et d'abeille du nord, avec le prénom du roi, et terminé par le titre officiel de fils de Ra , avec le nom officiel du roi. Ce protocole se composait donc d'au moins cinq désignations, con- courant toutes à personnifier le même roi; mais ce serait se tromper que de croire que , ainsi résumé , il est complet et que les rois d'Egypte l'ont ainsi com- plet, même sous cette quintuple forme, à toutes les époques de l'histoire pharaonique. Tout d'abord il y avait une série de noms ou de qualificatifs séparant les trois premiers des cinq noms que je viens de rap- peler, comme taureau vaillant, etc., et de plus, ce protocole à cinq compartiments eut, comme toute chose ici-bas, une naissance modeste; il grandit, de- vint complet, et ne fut adopté définitivement qu*au cours de la XII* dynastie ^ Pendant longtemps, de la IIP à la VP dynastie , le nom d'épervier, le nom de vautour-urœus et même les premières fois qu ap- paraît le nom d'épervier sur l'or, nous voyons que , si les titres sont différents, le même nom qualificatif sert pour tous. Ainsi le premier que nous rencontrons avec certitude avec un protocole multiple est un roi de la m* dynastie, Djeser, dont longtemps on ne connut que le nom d'épervier "] ^ ^ il a pour nom de vautour-urœus les mêmes signes, et l'on n'a pas encore trouvé son nom d'épervier d'or, s'il en eut jamais un. Après lui vient Snefrou, dont les noms

^ Je Tai démontré tout au long dans le tome V de mes Nouvelles fouilles d'Abydos, 1898-1899, 2* partie, p. 595-699.

fA6 Uk%%^à%%ÎL If M.

J'êpenirr. de Tautour-oraen» sont ^ ^ : il a le titiY d'epemer d'or, mais «ans nom |f tkulitr. Ut

m'^lD'^ Kh:ulVHi : .^^ -j^j^ j^- mus o^jOI aprv!»

r*: d-riii-^r titre. Kluifra a poor nom «Tteerri^r '^^i on n'a pa* rnçor»=r rencontré son nom de Taatoar-

upjeoï. mai» il a U titre de Vs^r œ qui me waàit

étr- un*f % ariante de "W : épamcr dominatwor;

il n a pa.^ ponr cr titr? de nom puikidier entrant dan* !e pr:?*o<':!'». A la V* druasde. Ooserkaf et 5»- Ynum in* un n-m d'épervier. mais on n*a pa» «*«- f^TT* rroii^4 l^ur^ ncms de Tautour-anTOs et Jéper- ^-i^r d mînat-iir. Ranooser. le VP roi de cette

d^i-na-i*:!* . a pjur n:^m d-^pervier ■♦. pour oom 4* va'iV_r-ur7:U5 J^, orr qui me parait qne forme îri'.'.mpUt- du nom pr:«:»^dent; mais au titra de

jjy il n^ Went «adjoindre aucmi nom paniairii»!r. A !i Vi* dvnAç»!**. :•=■ Phara>n Pépi iT a poor nom

f-prr.:-: i \ . p.îir nom de vaatom'-m^Xftç.

îàr/. :*: i i ^^ ri Tinto: | i ^ - ^t aucon nom parti-

.i:>f i ' p«Ê:i'>icr d jminatêur '^jl^- ^n socccueor M-:..: jjêiii'^î a p:':ir r^ jtii d'epenier {-$« de méipft [«•ju: Tf m li^ 'iuX'ur-urttu:». et ie titre d'épcnrior

î.rnîr.i-.r il ■:?": r».:!*: i \ . ti^ qu: me parait, non

p.-!* un- ".-f^ra*.:-.^ î- •l-:.Mmini:L:-n nouTelle. mais -L- ''^ri^r::- «ir? :îtfrî que n-'-U.- avon^ liU* préce^

CULTE DES ROIS PREHISTORIQUES D'ABYDOS. 247

demment : T\v, jjk. Pour Pépî II, le nom d'éper-

Yxer et celui de vautour-uroeus sont les mêmes, "] Ç ;

le titre suivant, L», na pas de nqm particufier,

A la XI' dynastie, le troisième des Mentouho^p ^ le même nom d'épervier et de vautour-urœus , **[ à . sans autre titre; son successeur, Mentouhôtep IV., a le même nom d*épervier et de vautour-uroçus , 31,

et le titre III , correspondant à celui d'épervier do- minateur, n'a pas de nom particulier; de même Mentouhô|;ep V et Mentoiitiôtep VI. A la Xfl[* dv^ nastie, pour les deux premiers rois Amenemhat rLl et Ousortesen P", les noms d'épervier, de vautour- urœus et d'épervier d'or sont les mémeb ' / fil •* ^ pour le premier et •^^•^ pour le aecond. Amen* emhat II a pour noais d'épervier et de vautQur-urceus

1^^^ et son nom d'épervier d'or est Ifjl^: et,

à partir du successeur de ce roi, Ousortesen II, une révolution s'accomplit dans le protocole : à chaque titre correspond un qualificatif particulier; ainsi, pour Ousortesen II, le nom d'épervier est ^, le nom de vautour -urœus est P::^^\ et le .nom dépervier sur l'or || ] ; dès lors l'usage est établi et se continuera jusqu'à la fin de l'empire égyptien, sans aucune exception.

Ainsi, si nous résumons nos renseignements, nous voyons tout d'abord qu'à l'époque historique les noms d'épervier et de vautour-uroeus sont toujours

248 MARS-AVRIL 1900.

les mêmes; que le nom d'épervier d'or n'a pas existé d'abord, que le titre s'est timidement ajouté aux deux précédents , puis s'est associé d'abord les qualificatifs f ' "1 » 1 1 1 ' 1 1 ' p'sic^s uniformément avant le sym- bole Jk; qu'au commencement de la XII* dynastie le nom est absolument le même que ceux des deux autres titres et se place avant le symbole d'abord, puis après dans le protocole complet enfermé dans l'ellipse du cartouche :

Ce sont des faits. De cette constatation on pour- rait conclure que, toutes les fois que le qualificatif

n'accompagne pas le symbole '^, c'est parce que

ce qualificatif était le même que pour les noms d'épervier et de vautour-urœus. A l'époque historique , de la I** à la XII* dynastie, le protocole se composait donc de deux ou trois noms , le nom d'ëpervîer-vau- tour-urœus et ce qui est devenu plus tard le prénom du roi, en attendant que Tadjonction du titre 7^ accompagnât ce que nous appelons le nom du Hia- raon égyptien. Si l'on n a pas encore retrouvé l'un ou l'autre de ces trois noms, on peut toujours espérer qu'un heureux hasard rendra ces noms à la lumière, comme ce fut le cas pour le roi Djeser, de la IIP dynastie, le constructeur de la pyramide à

CULTE DES ROIS PREHISTORIQUES D'ABYDOS. 249

degrés de Saqqarah. Ce premier point est donc bien établi.

Mais ne serait-ii pas possible d aller plus loin et de montrer que primitivement les rois d*Egypte n'avaient qu'un seul nom?

Je crois que cest très possible; je crois même en avoir la certitude, et je vais m efforcer de la faire partager au lecteur.

Lorsque M. Maspero écrivit en 1896 le premier de ses articles au sujet de mes fouilles d'Abydos, il crut pouvoir railler ce que j'avais écrit dans ma pre- mière brochure, j'avais déjà entrevu ce que je vais faire ressortir, en disant : 0 Je recommande sur- tout aux égyptologues une assez longue dissertation sur les noms de bannière des Pharaons , M. Améli- neau, faute de s'être reporté aux documents origi- naux, a confondu avec ces noms mystiques, qui sont renfermés dans un rectangle, le nom et le car- touche de quatre barons thébains de la XI* dynastie : une méprise de Brugsch-Bouriant dans le Livre des rois lui a fait identifier Tépervier qu'on voit au-dessus de ce rectangle avec le titre particulier d'Horon, Horou tapi, qui appartient en propre à ces quatre personnages. H voit une preuve qu'aux temps il se place le double du mort n'avait pas un nom dif- férent de celui de la personne, par suite que les noms de double par lui signalés sont les noms réels des rois €[ui les portaient, ce qui nous rejetterait dans une antiquité très reculée; c'est toute une histoire écha- faudée à grand renfort de phrases, et sans autre

250 MARSAVRIL 1 QOÔ.

appui qu'une faute d'attention ou d'impression dans un livre de seconde main ^ »

Je demande au lecteur de placer sous ses yeux les paroles qui avaient motivé cette critique ; n Leis rois dont le nom est gravé dans ces bannières ont le titre de Horus; mais ce titre est-il un emblème, un titré réel, et le nom est-il bien celui d'un persout nage? Ce n'est pas un emblème, c'est un titre réd, et le nom est peut-être celui d'un personnage» Je tais le prouver de mon mieux. On a dit que le titre de Horus ne se trouvait jamais seul; il me semble ce^ pendant qu'il y a des exemples célèbres , même à des époques beaucoup plus rapprochées de nous, même sous cette XP dynastie dont il a été si souvent question dans ces dernières pages. « Le premier « des princes fondateurs de la XP dynastie dont nous « sachions le nom, Entef ^^ n'avait pas droit au car- « touche : il était simplement noble {erpâ), sans plus « de titres que les autres grandes familles égyptiennes. « Son tils Montouhotpou I*", tout en prenant le cajv « touche, n'est encore qu'un souverain partiel, chef « des pays du sud, sous la suzeraineté des rois légi-» « tiraes. Trois générations après lui , Entouf IV rompît «le dernier vasselage et se fit appeler le Dieu bon, «maître des deux pays 2.» ^^ Qui parie ainsi P M. Maspero, Par conséquent on peut trouver, avec le

^ Revue critique d'histoire et de littérature» 1897, 8 février, n'^t

* Maspkro, Histoire ancienne des peuples de VOri<tnt, \* édition, p. 91-95.

CULTE DES ROIS PREfflSTORIQUES D ABYDOS. 251

nom de Horus , le nom véritable porté parle prince et , de fait, les quatre premiers rois de la XI* dynastie, sans compter le fondateur, qui a simplement le titre d'erpà, ont le titre de Horus et leur nom est inscrit dans le cartouche : ce sont Mentouhôtep I*' et trois Antef ^ » Il me semble que ces paroles ne prouvent pas que j'aie confondu quoi que ce soit, ni que je me sois servi dun ouvrage de seconde main, et par conséquent que je ne sois pas reporté aux docu- ments originaux. Et cependant| je ne lavais pas fait, et si M. Maspero le savait^ c est que je le lui avais dit moi-même. Depuis 1 896 , je me suis procuré ces documents originaux : nulle part il ny a mention du Horou tapi dont a parié JVf. Maspero, et cette mention y eût-elle été faite que, je dois le dire en toute franchise, je n aurais pas abandonné mon opi- nion. Tout d'abord, dans cette XP dynastie, je trouve un prénom de roi, ceiui d'Antef-ââ, renfermé dans le même cartouche aveo son nom d'épervier, et il est surmonté du titre de roi du midi et du nord : + ^^

(?f \^V^â)"^^\'^^J' ^^ ^^ montre au moins que ce nom pouvait entrer dans le cartouche au même titre que le prénom du roi et être précédé de ^ ^ , titre impliquant la royauté sur toute TEgypte. D'ailleurs ce nom d'épervier ne devait pas nécessai- rement s'écrire dans le rectangle figurant son château; on le trouve aussi écrit tout seul, comme ce devint

^ E. Amélineau, Les nouvelles fonilles d'Ahydos, Angers, Burdin,

p. 4..

252

MARS-AVRIL 1906.

une coutume sous les dynasties suivantes, Xll*, XVIP, XVIIP, XIX^ etc. , dans les protocoles comme dans les stèles royales. Si nous voulons remonter plus haut, nous trouverons que, sous la VI* dy- nastie, le nom du roi Pépi I*' est écrit :

ou simplement :

Il en est de même sous la VP dynastie, le nom de Ranouser est enfermé dans le même rectangle avec son nom d epervier :

CULTE DES ROIS PREHISTORIQUES D'ABYDOS. 253

ce qui suffisait amplement à le différencier de ses confrères, soit en cette vie, soit en l'autre ^ On com- mence déjà à voir dans ces divers cas que la partie importante du nom était, non pas le nom ou prénom du roi , mais son nom d'épervier. Ce nom est d'abord mis le premier et nous avons vu quon l'employait tout seul; de plus, quand on commença de distin- guer les divers noms du protocole royal, on donna au prénom du roi la même forme à peu près qu'au nom d'épervier : ainsi, à la XP dynastie, l'un des Mentouhôtep , ayant pour nom d'épervier ^, a

pour prénom ^ ; l'avant-dernier des rois de ce

nom, qui avait pour nom d'épervier _#_, a pour prénom ^|; le dernier, dont jusqu'à mes fouilles d'Abydos on ignorait le prénom , a pour nom d'éper- vier p ^ ^ et pour prénom ® P ^ |J.

Mais je n'en suis pas réduit à ces raisons par à peu près, quoiqu'elles me semblent un reste de la coutume primitive; je peux apporter à ma cause des arguments probants. Lorsqu'on découvrit le nom de Perabsen dans la stèle de Scheri , ce nom était écrit

dans le cartouche ( ^ f p ^--^ ; quand je le recueillis

à des centaines d'exemplaires , je ne le trouvai pas une seule fois écrit dans un cartouche, mais toujours

dans le rectangle

tX

. Il est vrai que ce nom

^ Tous ces protocoles, ainsi que ceux qui précèdent, sont pris du Kônigsbnch de Lepsius, pi. V-Xïl, et du Livre des rois publié par MM. E. Rrugsch et Rouriant, p. 4-19.

254 MARS-AVRIL 1900.

n était pas donné comme un nom d'épervier^ mais comme un nom de ^, laniniai typhonien; maïs personne n a hésité à reconnaître un roi, D'aiiieurs ii est qualifié de^ ^^^^ En outre le musée du Caire, le musée Guimet, le musée de Bcaiin^ ie musée àt Bruxelles et les musées d'Angleterre et d'Amérique , ayant eu part aux résultats des fouilles faîtes par M. Pétrie, possèdent aussi k un grand nûnjbre d'exemplaires le nom du roi Qa écrit simplement V

.J ; mais à côté de ce premier nom qui semMe

n'être qu'un nom d'épervier, nous avons les titres de ^ift et de ^i;^ avec le nom ^^. c'estrà-dire : t ^^^ji» ce qui veut dire fort clairement : le roi de la Haute et Basse Egypte, le VaUtOUf de la Haute Egypte et iTJrœus de la Basse Egypte Qa^. Dans le premier volume de mes Nvuvelle$ fouilles d'Ahydos j'ai m'en tenir à un seul exemplaire, et le musée Guimet possède les autres; M. Pétrie en a publié dix exemplaires dont deux seulement con- tiennent le nom d'épervier Qa^ et les huit autres donnent invariablemeait les titres deTJfe j tv ^,. Qa^ est donc bien le nom d'épervier, le nom de vautour-uroBus et le nom de royauté du roi , il n'y

1 Fl. Pétrie, tlie royal tombs of ihe first dynasty, U, pi. XXD, 190.

^ £. Amkliskau, Nouvelles fouilles d:Ahydùi, I, pi. VDI; H. Pbtrib, Tomhs of the first djnSLstp II, pL VIU. n°' 3, 6, eil, pi. VIll, 1-3, 910, lî? , }/i ; pL IX, a, 3, 6, 7, 9, 10 et is.

CULTE DES ROIS PREHISTORIQUES D'ABYDOS. 255

a pa» à en douter, comme aussi Perabsen est le nom d'animai typhonien et le nom de royauté du Pharaon Perabsen pour lequel on n'a pas encore découvert le titre de vautour-urœus. Il en était de même du roi ou des rois Khâ^ekhemoui , suit qu'il y ait un roi de ce nom, comme les autres égyptologues le disent , soit que sous ce nom on désigne Set et Horus , comme je le crois toujours. Le fait est que le nom de ce roi, ou de ces rois» ^•'f f ^ ®*^ surmonté des deux symboles, Tépervier et Tanimal typhonien, ^ jy , et que dans d'autres exemples il est précédé des titres de 4; ^ et de ^ ^ sans que le nom change. La manière dont sont disposés les signes de l'inscription est intéressante et digne d'être notée, car à elle seule elle fournirait un argument en faveur de la thèse que je soutiens . ^ Ife ^ j^ 48»"^ m. -Jt-^; les deux éperviers indiquant que les deux Sekhemoui sont des Dieux sont affrontés, de même aussi le vautour et l'urœus et il est bien probable que le roseau et l'abeille doivent Tétre de même. En tout cas les Sekhemoui n ont qu'un seul qualificatif pour noms d*épervîer et d*animal typhonien, de vautour-urœus et de royauté sur l'Egypte entière. Ce nom je le traduis ainsi : V apparition des deux Sekhemoui cesse dans le tombeau; en mot à mot : Le lever rayonnant des deux dieux SekhemoUi se couche en lui (le tombeau) ^

^ Cette traduction me semble meilleure que celle <{ue j'avalB d'abord donnée : ont apparu les devuB Dieux comhaUdnï avec les deux

256 MARS-AVRIL 1006.

Pour conclure ce paragraphe, je dirai donc que pour certains rois d'Abydos, pour tous ceux dont nous avons les trois noms d'épervier, de vautour- urœus et de royauté, ces noms répondant à un triple titre sont les mêmes pour chacun de ces titres, c est-à-dire qu a ce triple titre ne répond qu*un seul nom, le nom d'épervier. Je suis donc en droit de tirer cette conclusion : primitivement les rois d^Ëgypte n avaient qu*un nom. Quand on aura trouvé des exemples montrant qu'à partir de la XII* dynastie , ou même de la I"*, un roi est désigné par son naai depenner avec les titres de vautour -urœus et de Souten-\et (ou Souten-Qab), alors ma conclusion sera infirmée, mais alors seulement; jusque-là ccst moi qui suis en possession, et je le serai sans doute longtemps encore.

IV

Les conclusions qui précèdent sont de la plus haute importance, car, si les Pharaons qui portaient les noms que je viens de signaler n en avaient qu'un tout d'abord, il est complètement impossible d'iden- tifier ces rois avec lun quelconque des rois appar- tenant aux dynasties historiques, et c'est que la crainte exprimée plus haut par M. Maspero : « ce

ause-tite Sekhem , repos ici, car il nV a qa*ane seule phrase. Les mots 41^ et _!. sont consacrés à toutes les époques de rhîstoire égyptienne pour exprimer le le\pr et le coucher an soleil an on compare ici les clieu\ Sekhemoui.

CULTE DES KOlS PRÉHISTORIQUES D'ABYDOS. 257

qui nous rejetterait dans une antiquité très reculée » est complètement justifiée. Ces noms nous indiquent en effet une période touchant à une antiquité bien plus reculée que ne pouvaient être la IP et même la I"* des dynasties égyptiennes. Ainsi quand M. Pétrie identifie le roi Qa avec Qebeh, le dernier roi de la I"* dynastie selon la liste d'Abydos; quand il identifie le roi Den avec Hesepti, le sixième roi.de la même dynastie selon la même liste, le roi ^^ dont on ne sait encore lire sûrement le nom, et qu'il dénomme indûment Zer-ta, avec le roi Teta, le deuxième de la I"* dynastie; quand il ne craint pas d'identifier les deux Sekhemoui ou Khâ-Sekhemoui avec Djadja, le dernier roi de la IP dynastie, etc., il s'arroge un droit qu'il n'a pas, il va même contre toutes les données scientifiques qu'il eût pu amasser à loisir, s'il s'était donné la peine d'étudier les monuments qu'il avait entre les mains. Les rois de la I** dynastie n'ont rien à faire avec les rois antéhistoriques , quoi qu'il en ait cru. Il est vrai que pour deux cas , pour le roi qu'il appelle Den-Setoui et Azab-Merbapa , il s'est appuyé sur des monuments qui semblent lui donner raison tout d'abord. Le premier de ces mo- numents est un bouchon avec un sceau de nature tout à fait particulière. Il contient d'abord fépervier

A.

sur le rectangle

, puis le nom du roi Merbapa ;

^ }fe *çc ^ , et M. Pétrie en a conclu que c'est le même roi qui a pour nom d'épervier Ad, , , (je lirais vo-

17

turaiariiK «m

258 MARS-AVRIL 190IL

iontîers Ad-arep) et pour nom de royauté Merbapa ou Merbapen, comme dit la table d*AbydoB. Fort heureusement il est une autre explication, à savoir que le roi Merbapa fit des offrandes au tombeau du roi Adarep. Cette explication que j u déjà donnée * est corroborée par ce fait : dans d autres monuments du même genre, le nom du donateur est écrit der- rière le nom du Pbaraon, puis le nom du Pharac» et le nom du donateur, ainsi de suite ^ Pour le

roi Den

H

, le nom du dédicateur de la planchette

dlvoire est un fonctionnaire pour la Basse Egypte, Hemaka. Le nom du roi Merbapa est donc d'après les monuments ie donateur des offrandes» et il en avait donné en si grande quantité qu'on lui avait résen é des chambres entières. Si réeUement il avait été le même que ie roi Adarep ou Azab, conune Ton voudra, comment aurais-je pu trouver le nom de ce roi sur un \ ase en schiste ardoisier au fond de f uAe des nombreuses chambres du tombeau des Khâ- Sekhemoui ', que M. Pétrie place d'office à la fin de la II* dynastie? Poser ainsi la question, c'est la ré- soudre, car enfin il n'est pas naturel qu'un roi ayant \ écu environ deux ou trois cents ans avant un autre

^ E. Amélineau, Les nouvelles fouilles dAhyâos, III-IV, 1897- i>>r)8, 2* partie, p. 692.

' Fi. PiTAB, TAr raya/ iowïbi ofthefirst éyMtiy. 1, pL XXfll, n" 39.

' £. ÀMKLiTiEAU, Les nouvelles JottilUs d^Afydos, i8Q0*lf97« p. i7i.Ce«l au fond de la rhambre 87 que je fai trouvé, que j<* Tai Dob^

CULTE DES ROIS PREHISTORIQUES D'ABYDOS. 35Q

roi ait pu lui faire des offrandes. La même réponse suffira pour ruiner l'identification du roi Semenptah , le septième de la I'* dynastie avec le roi que M. Pétrie lit Mersekha , au lieu d avouer tout simplement qu il ne sait pas le lire.

Jusqu'ici les divers savants qui ont traité la question des rois d'Abydos n'ont pas voulu tenir compte du culte des ancêtres qui joua cependant un si grand rôle en Egypte; il faudra cependant bien en arriver tôt ou tard à en avoir souci. J'ai eu la chance de trouver dans mes fouilles de la seconde amiée les noms des rois qui sont inscrits sur l'épaule d'une statue du musée du Caire, laquelle portait le i au musée de Gizeh; M. Pétrie les a retrouvés après moi^. La statue passe pour avoir été trouvée à Memphis^ et rien ne l'infirme. Au cours de l'année j 90a , M. Maspero fit exécuter des fouilles autour de la pyramide d'Ounas , et sous les tombes au niveau de cette pyramide on en trouva d'autres antérieures , et dans ces tombes des vases bouchés et scellés au nom des deux rois Hotep-Sekhemoui et Ra-neb, précisément deux des noms inscrits sur la statue 1 du Caire. Et pour l'un des deux rois dont le nom d'épervier est bien Hotep-Sekhemoui, le nom de royauté et de vautour-urœus est donné, et ce nom c'est le même que le nom d'épervier, abrégé en _i-

^ E. Amblinsau, Les nouvelles foailles d'Abjdos, 1896-1897, pi. XXJ, n*" 6 et 7; FL Pkthib, The royal tombs of thefirst dynasiy, II, pi. VIU, n"* i, 8, 19.

^ Catalocfue du musée de Gizeh , i .

260 MARS-AVRIL 1906.

au lieu de FI, et M. Maspero lui-même l'admet^. Or, je le demande , comment se fait-il que les noms de ces rois aient pu être trouvés à la fois à Abydos d abord et ensuite à Memphis? Les tombeaux de ces rois ne pouvaient pas être à la fois à Memphis et à Abydos. Et si j'ai trouvé les noms de ces rois dans le tombeau de Set et Horus ou des deux Sekhemoui, c'est qu'apparemment ils avaient fait des offrandes aux Sekhemoui ou au roi Khà-Sekhemoui. Je n'ai pas besoin d'insister sur la nouvelle confirmation que la découverte de M. Maspero apporte à ma thèse. Enfin les monuments d' Abydos nous renseignent explicitement sur l'époque à laquelle nous devons placer ces rois qui sont tout à coup montés au jour. Pour le roi Qa en particulier, on accole à son nom la mention qu'il était un j\^. Le signe que je lis j est ainsi fait ^ , ce qui à première vue semblerait donner une autre lecture; mais quand, sur la même planche du premier volume de M. Pétrie sur les tombes royales de la F* dynastie, il se trouve au n** 29, on le rapproche d'un passage tout à fait parallèle il est fait j et est accolé au même signe 1||j^, il me semble impossible de ne pas reconnaître exactement le même signe ^ V- 2, car tous les deux sont suivis du même traîneau. Les tablettes sur lesquelles

^ Bulletin de l'Institut Égyptien, avril 1902, p. io5-ii6. tTun Hotpou-Sakhmoui abrégé en Hotpou», p. 110.

* Ces signes se trouvent sur deux tablettes en ivoire dont Tune est dédiée à lepervier Qa (le n" 29), et l'autre (le n" a6), Test à un roi dont j*ignore le nom.

COLTK DES ROIS PREHISTORIQUES D'ABYDOS. 261

ces signes se trouvent sont dune explication fort difficile; rien nen a été tiré jusqu'à présent et leur intelligence demandera encore beaucoup de temps et de patientes recherches; mais il me semble indu^ bitable qu'elles commencent toutes les deux par j^. M. Pétrie, à propos de la seconde, a conclu, de la présence des signes ^ ^ * ^H affrontés à

Tépervier Qa , que le roi Qa avait poiu* nom de royauté Sert; s'il avait fait attention aux autres tablettes que

lui-même a publiées , il aurait vu que les signes 7

y sont remplacés par d'autres sans que le nom du roi Qa change, et que, par conséquent il n'y a nulle sûreté à nommer Qa-sen , comme il l'a fait , le Pha- raon Qa^ La seule conclusion qu'il soit licite de tirer de ces deux documents , c'est que le roi Qa était un j\^. Nous retrouvons ainsi tout à coup sur des monuments authentiques, ajant appartenu à des rois qui ont réellement régné, l'appellation qualifi- cative de Schesou Hor que le papyrus de Turin et d'autres monuments donnent aux dynasties ayant précédé Menés et que Manéthon appelait les Mânes, N/xye?. « Des personnages humains plus anciens que Menés sont cités dans le fragment du papyrus de Turin qui résume ces temps divins. Leur nom se lit \^ i 1 P ^ ^ âl HorSesu. Je le trouve également clans une inscription de Toutmès P' comme le terme

^ FL Pétrie, The royal tombs ofthefirst dynastyA, pK XII, n"' 1 et2,et pî.XVIl, n*»' 26eta7îet II, pi. VIII, n** 3, et pi. XII, n" 6.

202 MARS-AVRIL 1006.

de la plus haute antiquité connue : ^ ^ JP ^ -^ J*« » Ces paroles du grand restaurateur des études ^;ypto* logiques, Ë. de Rougé^ me tiendront lieu de conclu- sion; la seule différence qu'il y ait entre les textes des documents archaïques et ceux que cite Ë. de Rougé, cest qua 1 époque les premiers furent sculptés dans ilvoire Técriture ne faisait que naître, tandis qu a Tépoque de la XIX* ou XX' dynastie et à celle fut gravée la stèle de Tombos sous Tothmès 1*, récriture était stéréotypée et la loi de majesté régis- sait le groupe \^ j ] P ^ v^ j .

Il me faut revenir à présent aux inscriptions des Denkmàler qui font le sujet de ce mémoire, car il reste encore deux points qui doivent être expliqués.

Le premier a trait au signe ^ qui se trouve placé soit avant, soit après le signe 1||j^, ^ 1||j^ ou j^Y signe est très embarrassant, parce qu'il est très rare, n existant que dans les endroits cités et dans les textes des Pyramides. H semble tout d abord quon doive le rapprocher du signe fort connu \ et que ce n en est quune variante épigraphique ; mais si Ton veut appliquer les sons reconnus à ce signe, soit qu'on le lise -^-"^ï "^^^^ ^^ !œ' ^^ s aperçoit bien vite qu aucun sens ne peut s'appliquer à i'épervier avant ou après lequel il est placé. Si l'on se tourne vers les

^ K. De RoUGB, Mémoire sur leê monuments qu'on pêUt atùibuer (iu,T six premières dynusties, p. 12, note 1.

CULTE DES ROIS PRÉfflSTORIQUES D'ABYiX)S. 365

mots dans lesquels entre ce signe "j, soit comme syliabique^ soit comme détefminatif» on voit qu'il entre dans un mot A \ i qui est sans doute le métne que le nom du roi Qa , que je lis Qa pour en donner une lecture, car il se peut très bien que le signe ««-^ doive se lire autrement, par exemple comwie un idéogramme. Ce mot ^"j se retrouve dans les textes des Pyramides et M. Maspero la traduit par lancer, ce qui pourrait très bien s'appliquer au Dieu Hôrui* , s'il s'agissait du Dieu Horus; mais il ne s'agit pas de lui, puisque dans deux autres cas îl s'agît d'un roi Sekhem et d'un roi Kheper, comme le montre

péremptoirement l'expression ïh le château (ici le

tombeau) de fépervier Kheper. Dft même, le mot nègre s'écrit ) p \\ quelquefois , et oe serait si favorable à une opinion qui m'est chère, à savoir que les Kgyptiens sont venus de l'intérieur de l'Afrique, que ce serait trop beau dt peu vraisemblable : je la laisse donc de côté. Les textes des Pyramides contiennent aussi fréquemment un mot ^ ^ ayant pour déter- minatif le signe qui m'occupe; M. Maspero a rendu oe mot par séparer, oe qui ne me paraît pas non plus expliquer ce signe dans ^ ^. Il reste une autre expli* cation qui n'a aucune chance d*êtré admise, c'est que le signe ^ serait le même que ] , sans la partie mé- diane : le scribe n'aurait pas pu lire le signe hléra*

' Cette idée m'a été suggérée par M. Lefébure dans une iettre, fiinsi que pour le mot ] H \\ .

264 MARS-AVRIL 1005.

tique archaïque et l'aurait transcrit par ^, ce qui donnerait exactrrment le J ^ et ce qui exj^queraît la place du signe soit avant, soit après le nom de Tépervier, selon lemploi ou le rejet de la loi de ma- jesté. Je suis donc obligé de laisser ce signe sans explication plausible, et j*espère que fun de mes collègues sera plus heureux que moi.

Il reste encore à expliquer, non plus un signe, mais un groupe tout entier qui se trouve souvent à toutes les époques de lliistoire de TÉgypte, depuis Tépoque antéhistorique d*Âbydos jusqu'aux temps ptolémaïques ou romains. Cest le groupe j[ ^. On en a donné déjà plusieurs explications qui, toutes, sont différentes les unes des autres; je ne citerai ici que celle de M. Erman qui traduit ce titre par le pre- mier sous le roi, cest-à<dire le premier personnage de rÉgypte après le roi, le plus grand des offiders civils, militaires et religieux ^ M. Maspero, dans son étude sur la Carrière administrative de deux grands fonctionnaires égyptiens, traduit ce titre par le pre- mier de la chambre royale, mais il explique ensuite que le sens attribué par M. Erman à cette expression peut .«•e soutenir et qu il ne donne son interprétation qu a titre de conjecture ^. M. Erman regarde comme le mot le plus important de cette expression le mot #, tep, et range ces mots dans Tordre suivant #/D 4^; je me permettrai de les ranger dans un ordre on peu différent et de les lire comme il suit : /n#4^,

' ERMA5, JEgypten nnd AUgyptischet Lehen, I, p. \^k*

^ Maspero, op. rit,, p. a 66, dans U^s Etudet égypiiennês, 9* vol*

OULTE DES ROIS PRÉHISTORIQUES D'ABYDOS. 265

cest-à-dire : avec la tête royale, ou sous la tête royale, et d y reconnaître celui qui était chargé de porter la tête da roi dans les cérémonies publiques primitives. Je ne prétends pas que ce sens soit a priori plus juste que celui admis par mes devanciers, mais je demande à exposer les raisons qui me semblent mi- liter en faveur de cette interprétation, après avoir averti qu'elle ne m'est pas uniquement personnelle, car M. Lefébure y est arrivé de son côté dans des études parallèles et m'a donné toute permission de faire connaître cette manière de voir *. Je me bornerai toutefois à signaler les arguments que je trouve probants, laissant à M. Lefébure le soin d'exposer tout au long , car ils sont nombreux , les textes et les représentations qui l'ont amené à cette interpréta- tion, ainsi que ses arguments personnels, que je ne connais pas.

Quiconque a étudié tant soit peu les détails du culte égyptien aura observé que fort souvent dans les temples égyptiens le double du roi est précédé d'une longue hampe au sommet de laquelle se trouve le buste du roi. Hampe et buste sont tenus par des mains sortant du rectangle qui contient le nom d'épervier du roi ainsi désigné et derrière lequel se trouve la conjuration magique assurant au roi que iejlaide de vie ne s'éteindra pas en lui. Au-dessus du buste se lit cette légende iUf fflfiActl' ^'^^^'^ dire : le ka (double) royal vivant dans la caisse. Le

* Dans une leUre datée du 26 décembre igoS.

206 MARS- AVRIL 1000.

mot ^ ^ est très connu : c est odui qu*on emploie pour désigner les coffres, les sarcophages dans les- quels on dépose les corps des défunts; il est alon déterminé par le signe tsjcpii est le tombeau même. Ce sarcophage était probablement fait en bois de larbre nommé '^*-J\^^V^' '^^ dernier sens ne peut rappliquer, mais celui de coffre, de cAosse s*aj^ique meneilleusement, châsse pour envelopper le crine« et elle avait sans doute la forme d*un busie comme le montre la représentation. était placée cette châsse? Un autre texte nous 1 apprend, car sur une représentation analogue également du temps du roi

Thotmès II. on lit : i^f V^fllfi-Â J-^Jl- ^. C est-à-dire : le double royal vivant du maître des terres dans la châsse dans la DdU Ce mot ^^ a un double sens : il signifie ce qu'on nonune ordinaire- ment très mal à propos ï hémisphère it^érieur, ou Tenfer, puis il sert aussi à nommer une partie ^pédale (le la demeure royale dont le temple nétait quun exemplaire plus riche destiné aux rois s'étant acquittés de la vie terrestre après avoir rendu de très grands services à 1 Kg^-pte , comme je fai déjà démontré ^. Si l'on veut remonter à lorigine de cette coutume, il faut la prendre matériellement et dire que primi- tivement cétait le crâne du roi que Ton conservait dans cette châsse , tout comme Ton consen-ait le crâne (fOsiris dans une châsse quelque peu difi^érente, mais dont la forme et la d*^stination avaient beaucoup

- K. AiiELi^EAi'. Histoire g^n'-rnh de la sépalturt ei des fmmê- vdlU* en E'jvpte, I. p. 37 et *ui*.

CULTE DES ROIS PREHISTORIQUES D'ABYDOS. 267

d'analogie avec remblèmequi nous occupe. En effet, si Ton prend les textes qui semblent les plus anciens queTEgypte nous ait conservés, on voit, par exemple dans le sarcophage de Hor-hotep, lequel date de la XP dynastie mais qui nous a conservé des textes que Ion retrouve dans les Pyramides , qu il y est fait men- tion d un chapitre singulier : « Chapitre pour que ne lui soit point arrachée la tête de quelqu'un ^ » On y lit à deux reprises différentes : « Je suis le Grand, fds du Feu , celui à qui Von rend sa tête après l'avoir coupée; qu'on enlève sa tête à qui on Ta coupée (sans) qu'on

m'enlève ma tête après l'avoir' tranchée » ^ ^ J^

^0^ JP^,;^^^^. Ces paroles nous mettent évidem-

' U teite imprimé porte ^'i^^l^Z-lia^C!' """'* tout le chapitre ne parle que de la tête Jîi. D*où il me semble im- possible que le texte eût •#• , à moins d*une faute. Mémoires de la mission archéologique française du Caire, I, fasc. ii, Trois années de fouilles, par M. Maspero, p. iSg.

* Mémoires de la mission archéologique française du Caire, l, fasc. Il, p. 169, 1. 367-368, 370-371.

268 MARS-AVRIL 1906.

ment en face d une époque à laquelle on divisait les corps en morceaux, comme Set découpa le corps d'Osiris. Ce quil y a d'intéressant, cest que cette coutume s'est probablement conservée jusqua l'époque l'Egypte était habitée, car dans leurs fouilles de Neggadeh et de Ballas, MM. Pétrie et Quibell l'ont trouvée encore existante et le crâne était mis à part sur une brique^; mais à l'époque des rois d'Abydos cette coutume avait disparu, car, dans tous les tombeaux j'ai trouvé des squelettes, et il y en avait dans presque tous, ces squelettes étaient encore enfermés dans des cercueils en bois de cèdre, ou l'avaient été, puisque, le cercueil ayant disparu pour une cause ou pour une autre, on voyait encore les traces qu'il avait laissées sur les murs près desquels il se trouvait, traces fort apparentes qui m'ont maintes fois permis de mesurer la longueur, la largeur et la hauteur du cercueil. Je dois cepen- dant dire que l'un des deux squelettes trouvés dans la tombe de Set et de Horus, ou des Khâ-Sekhemoui avait les os dispersés et que le crâne était absent.

Ce qu'il y a de plus intéressant encore c'est que dans le premier tiers du xix* siècle la coutume existait toujours en Afrique , car, dans la relation de leur aven- tureux voyage dans la boucle du Niger, les frères Lànder, gens très simples, mais très curieux et ayant eu de fort bons yeux , ce qui est important quand on veut voir, racontent au sujet d'un certain Adouly,

^ FI. Pétrie, Nœgada and Ballas, p. 19- 3 5, Si.

CULTE DES ROIS PREHISTORIQUES D'ABYDOS. 269

roi de Badagny, que « craignant les suites de ses revers , Adouiy , qui avait tendrement aimé son père et qui en chérissait ia mémoire autant que sa propre vie, dun sentiment filial qui n est pas rare parmi les sauvages , déterra la tête du vieux roi et l'emporta avec lui dans sa fuite , afin qu il ne pût lui être fait aucune insulte pendant son absence. Le corps du chef avait été envoyé à Bénin , comme ceux de ses ancêtres, pour orner avec les ossements le temple sacré de ce lieu, c'est im ancien usage, religieuse- ment observé par les naturels de Lagos ^ » 11 n y a donc pas moyen de douter que, depuis des temps immémoriaux jusqu'au xix* siècle, la coutume de sé- parer la tête du reste du cadavre s'est maintenue en Afrique; nous ne pouvons donc guère nous étonner de la retrouver en Egypte sous une forme mitigée et de voir que la tête du roi d'Egypte était une aorte de palladium pour les temples, tout comme les osse- ments des rois du Lagos étaient conservés pour l'or- nement des temples de Bénin : c'est la même idée (|ui a traversé les siècles.

Je dois encore ajouter ici une particularité qui fera mieux ressortir ce que j'avance. Il s'est rencontré dans les constructions faites par les rois de la XVIIP dynastie au cours de leurs conquêtes en Nubie, que certains rois de cette dynastie rebâtirent des temples primitivement construits par des Pha-

^ Richard et John Lander, Journal d'une expédition entreprise dans le but d'explorer le cours et l'embouchure du Niger, II, p. io4- io5, trad. française.

270 MARS-AVRIL 1906.

raons de la XIP : ce fut en particulier le cas pour Thotmès III qui reconstruisit à Semneh le temple bâti tout d abord par Ousortesen III. Or, il se ren- contre que le doahle du roi Thoutmès III est repré- senté dans ce temple ^ pendant que le roi lui-même est représenté casqué, armé du bâton et du casse- tétc , d au milieu des doubles de tous les vivants comme

RaétemeHement:^wp|}tJtJfH>iri®2 ^; et sur la même paroi Est (partie extérieure), assis sous un édicule en forme de dais est le roi Ousor- tesen III lui-même, ayant en arrière son doahle et derrière le double le nom d'épervier renfermé dans un rectangle et porté sur la tête du roi qui tient à la main la hampe au sommet de laquelle est le buste d un roi , c est-à-dire la châsse dans laquelle est l'en- fermé ou censé renfermé le crâne d'Ousortesen III. Ce buste est surmonté de Tinscription suivante : ^i^

^OrDÂnO^-n^l® ^^^^^ ^y^ vivant dans la châsse dans la Daït^.

Pour en finir avec Thistoire de ce doahle, c'est ainsi que Ramsès III est représenté à Medinet-Habou ayant la même inscription au-dessus du buste; quà 1 époque ptolémaïque Philippe Arrhidée, Ptolé- mée XII Dionysos sont représentés de la sorte; de même aussi César, Auguste, Tibère, Caiigula et Vespasien pour ne citer que ceux-là'. La légende qui accompagne la représentation de la ohâsse est

^ LtPsius, Denkmàler, III, Abth. pi. 5i.

^ Ihùl. IV, pi. 3, 5i, 52, 53, 54, 69, 70, 74. 76 et Si.

CULTE DES ROIS PRÉHISTORIQUES D'ABYDOS. 271

toujours la même, elle ne présente pour les derniers empereurs romains que des changements peu im- portants. La fonction de + ^ , que nous retrouvons en Egypte sous les Romains, avant Imvasion du Christianisme, existait dès les plus anciens temps, dès le temps des tombes d'Abydos , car le roi Sekhem- ab, dont le nom a été retrouvé dans le tombeau de Perabsen , avait un ^^ ^ ^| ,J]^ , et il y en avait probablement aussi un autre sous le règne des Sekhemoui ou de Khâ-Sekhemoui ^.

Elst'Ce à dire que je préconise la croyance d après laquelle les crânes des rois que j ai cités auraient été conservés dans une châsse placée dans les temples égyptiens? Nullement, et il serait trop facile de me convaincre de folie. On a retrouvé la momie de Ramsès III et elle n était point acéphale; de même les empereurs romains n ont pas légué, que je sache, leurs crânes pour être enchâssés dans les temples égyptiens. Mais la coutume primitive s'était modifiée à travers les siècles; de matérielle elle était devenue symbolique, et Ton portait toujours dans les pro- cessions religieuses les doubles des rois, comme on avait porté jadis les crânes des ancêtres. Il existe une bonne preuve de ces porte-crânes dsius la stèle C. i5 du Louvre non seulement Ton voit porté sur une barque le chef d'Osiris, mais encore trois autres têtes au sommet des hampes, au milieu des autres enseignes portées dans la cérémonie,

' FI. Pétrie, The royal toinbs of the first dynasty» II, pi. XXI, n" i65,elpl. XXIII, n** 169. *

272 MARS-AVRIL 1906.

et 1 une de ces dernières têtes a exactement la forme d un buste , c'est-à-dire d'une châsse k forme de buste^ Cette charge eut de nombreux titulaires , car sous la V* et la VP dynastie on trouve au moins 26 de ces titulaires rien que dans Touvrage de Mariette sur les Mastabas et dans les Denkmàler de Lepsius, sans compter ceux que nous ignorons. Elle existait dès les temps antéhîstorîques et c'est en ces temps-là surtout qu'on doit prendre f expression j[^ au pied de la lettre; elle se modifia sans doute, peut-être dès l'An- cien Empire, probablement sous le Moyen Empire, certainement sous le Nouvel Empire, mais elle dura tout l'empire égyptien.

Je crois avoir expliqué maintenant tout ce qui faisait le sujet de ce mémoire et avoir montré que le nom d'un roi d'Abydos se retrouvait sous l'Ancien Empire, avec deux autres noms de Pharaons ignorés jusqu'à présent, mais indiscutables, et dont l'un, Kheper, avait un fonctionnaire remplissant la charge si curieuse de porte-chef dans les cérémonies pu- bliques après sa mort.

Ghâteaudun, 31 mars 1906. 1 Gayet, Stèles de la XIV dynaslie, a* fasc pi. LIV.

LETTRE INÉDITE DE J.-B. TAVERNIER. 273

UNE LETTRE INÉDITE DU VOYAGEUR J.-B. TAVERNIER

(1664),

PUBLIÉE ET COMMENTÉE

PAR LE D* E.-T. IIAMT,

MEMBRE DE L*IIISTITUT.

Les lettres autographes du grand voyageur en Orient, Jean-Baptiste Tavernier, sont extrêmement rares, quoiqu'il ait prolongé sa longue existence jusqu'à lage de quatre-vingt-quatre ans, et son l)is- torien, M. Charles Joret, n'en a pu donner aucune dans le gros volume qu'il lui a consacré en 1886 ^ Plus heureux que ce savant confrère, M. le vicomte de Grouchy a découvert et copié dans la célèbre collection de feu M. Brenot, aujourd'hui dispersée, la lettre fort intéressante qu'on va lire et qui fut écrite par Tavernier, pendant son séjour à Smyme en 1 664 , au premier président Lamoignon, son pro- tecteur.

^ Ch, JoRËT, Jean-Baptiste Tavernier, écuyer, baron d'Aubonnc, chambellan du Grand Electeur, Paris, Pion, 1886, 1 vol. in-S* de \-4i3 p. - On trouve seulement dan» ce volume, en tête de^ pièces justiGcatives , deux lettres originales écrites aux Saumaise par Melchior Tavernier, le frère aîné de Jean'Bapti3te.

VII. 1 8

lii»aiMr.aiK «atiosalc.

il\ MARS.AVAIL 1006.

Tavernier était alors engagé dans son sixième voyage en Orient. H y avait trente-six ans déjà qu'il parcourait le inonde, et il avait successivement visité la Turquie et la Perse, l'empire Mogol et le royaume de Golconde , Java , le Cap , etc. Il avait pris femme en 1 662 et, dès Tannée suivante, il se mettait encore une fois en route, à l'âge de cinquante-huit ans, pour la longue exploration de cinq années qui devait ouvrir au commerce national la route de la Perae et de l'Inde ^.

Parti de Paris, le îiy novembre i663, avec son neveu Pierre, enfant de treize ans, un chirurgien, huit serNiteurs de diverses professions, orfèvre, hor- loger, etc., et une magnifique cai^îson, fl s'embar- quait à Marseille le 10 janvier 166&, et» après un certain nombre d ^incidents de toute nature, il entrait le a ^ avril suivant dans le port de Smyme.

Tavernier resta à Smyme soixant&<iil jours ^; que fit-il pendant ce long espace de temps» se demande M. Joret P Tavernier ne nous le dit point; h seul renseignement qu'il donne, c'est qu'il alla loger chez un Français , dont l'hôtel se trouvait au haut de la rue des Francs «ainsi nommée, parce que tonales Francs, c est4-dire les Européens y demeuroîent *• B parie aussi dun « furieux tremblement de terre qui -se fit si bien sentir » que son jeune neveu « tomba de son

^ Les six voyages de M, JeeM-Bapiitte Tavernier, £ci^er. haron (TAnboHue, tn Turqaie, en Ptrtê et amx Indes, etc. NauY. édil.. Rouen, 1713, in-ia ,T. I.,p.348 et suiv. Cf. Gk. Joret« op. cit., p. i64. 109.

^ Id., ihid,, p. 169.

LETTRE INÉDITE DE J.-B. TAVERNIER. 275

lit » et qu'il s'en fallut peu qu'il en fît autant lui- même »^ Encore cet événement est- il postérieur à la date de la lettre à Lamoignon que Ton va lire et qui n'y fait aucune allusion !

Le voyageur a rassemblé, par contre, toutes les nouvelles vraies ou fausses qu'apportaient à Smyrne les navires et les caravanes, depuis les crimes attribués à Si-Daracha, le prince Mogol qu'il nomme Cicfarîas Jusqu'aux désertions qui affaiblissent l'armée turque de Belgrade^; depuis le rassemblement de la flotte des Vénitiens à Milo ^ jusqu'à la campagne entreprise par le Shah de Perse contre les Uzbegs, ses turbulents voisins*. Le reste est une suite de turqueries qui courent depuis longtemps dans les écrits relatifs à l'Orient ', mais qui n'en semblent pas moins intéressants pour cela à Lamoignon et à son entourage.

Un mois plus tard , le lundi 9 juin , Tavernier quit- tera Smyrne avec une caravane de six cents chameaux et d'autant de gens à cheval, s'enfonçant dans Tinté- rieur pour gagner Erivan, Tauris , Ispahan et Delhi.

' Les six voyages, etc., éd. cit., p. 363.

2 Cf. Gaz,, i66à , p. 723-724.

' On peut saivre toute cette campagne des Vénitiens dans les numéros extraordinaires de la Gazette^ contenant l^, lettres d' Un Gentilhomme de la République (n° 88, etc.).

^ Cf. Lettre de Lalain à De Lionne du 1 8 mars 1 665 , ap. Estai de la Perse en i660 , par le P. Haphaèl du Mans, éd. Ch. Schefer, Paris, 1890, în-8", p. 307.

*. Cf. De la Répabliifue des Turcs et, F occasion s offrira, de meurs et loy de tous Muiiamédistes» Poitiers, Ë. de Marnef, i56o, in-4°, p. 2 , 17, etc. , de la tierce partie.

276 MARS-AVRIL 1906,

Voici sa lettre à Lamoignon :

Monseigneur,

Je croy que vous agréerez que je vous rende compte de ce que je déjà fait de mon voyage et qu aurez la bonté de me donner un quart d'heure de vostre loisir pour voir ce que je vous en escris. Le jeudi , sur le soir, ad' avril , nous somme arivés en sette ville , ajf anl demeuré en mère depuis Livoume jusque hissy, sans toucher aucune terre. Ma femme * aura l'honneur de vous présenter la relation des routes que nous avons faites jour par jour. Je vous dire , Monseigneur, pour nouvelles, on connoist icy à la mine des Turcs que leurs affaires vont mal avec TEmpereur, car ils ne sont pas si in- solents que de coutume; tous les jours, le grand vizir envoie Courier sur Courier, au grand Seigneur qui est à Adrînople, pour avoir des troupes et voudroit qu il vînt lui mesme à Belgrade afin de tenir en bride les soldatz qui tous les jours se débandent*. On doute fort s'il se pourra résoudre à ce voyage , car il n'a point d'argent et dans Constantinople et plusieurs autre ville de son empire , on euse de grande tirannie envers le peuple , aussi bien envers les Turcs que les crestiens ,

^ Madeleine Goisse, fille de Jean Goisse, joaillier, et d'Elitaheth Pitton «Jean Goisse, dit M. Ch. Joret, était parent par la femme du frère de Jean-Baptiste Tavernier, Mdchior, lequel avait épousé une demoiselle Pitton; il devait donc évidemment être connu du célèbre voyageur; d'ailleurs celui-ci qui, dans ses courses en Orient, s'était, d'une manière toute spéciale, occupé du commerce des pierres précieuses . . . devait avoir eu des relations avec plus d*un joaillier. . . > [op, cit.t p. 161-162).

* Sa Hautesse , écrit à la Gazette le Genùlhonune de la BéfM' blûfue, (n** 88 , p. 734 ) a esté long temps en disposition de se rendre à Bellegrade, pour inspirer par sa présence plus de vigœar et de courage à ses Troupes : et mesme on y avoit déjà préparé le serrail, tant pour Elle que pour ses Femmes. Mais depuis Elle a changé de résolution , à cause de différentes Factions tant a Constantinople qu'ailleurs auxquelles sa cruauté a donné lieu, t

LETTRE INÉDITE DE J.-B. TAVERNIER. 277

mes pour tout cela , ils n*ont trouvé gaire. Néantmolns , s*il faut qu'il mène une armée à Belgrade ; il faut qu'il trouve g à lO millions devant que de sortir d'Adrinople, car c'est la coutume que quand le Seigneur sort d'une ville il y a un siège Impérial pour aller den une il ny en a point, il doit payer, devant que de partir, à chaque cavalier cinquante mil aspres qui font cinquante piastres et à chaque fantassin , trois mil, qui font trente piastres. Et pour son honneur, il ne peut aller trouver son grand vizir qu'il n*ayt pour le moins 70 à 80 mil hommes. C'est pourquoy que depuis quelque tems, les grans seigneurs, quand ils sortent de G)nstan- tinople, ne vont qu'à Adrinople, à Burse, Monasir^ ou Smyrne , il y a serrail qui est la marque du siège Impé- rial. Tous les gens de gaire* avois ordre sous paine de la vie de se trouver, pour le i5 d'avril au rendez vous, mes la plus grande partie s'en sont fuys aus montagnes , et ne veule point s'y trouver ce cpii a tellement irrité le grand Seigneur qu'il a anvoié plusieurs commissaires d'un costé et d'autre. Et autant qu'ils en peuvent atraper, il les font mourir, c'est ce qui fait qu'à prësant on voit peu de canaille den les villes.

11 n'y a que une heure qu [est arrivé] un vaisseau venant de Sisille^ [qui] a touché dan l'île de Milo, il a veu l'armée vénisienne , composée de six galéasses et vingt cinq galères dans le port, elle attend son général avec un renfort. Tous leurs soldats sont françois , savoyards et alle- ments. Mais eux et leurs chiourmes sont fort mal nourris, le biscuit est si noir qu'il parroît de la terre , cela fait que ces pauvres gens semble des desterrés*.

Nous avons nouvelles touttes récente de Perse que les Usbecqs * ayant depuis longtems fort incommodé le Roy de

^ Andrinople , Brousse , M onastir. Guerre. ' Sicile.

^ Voir les correspondances déjà citf^es , envoyées de Venise à la Gazette,

^ llzbeg ou Euzbeg , peuple turc , qui constitue encore aujourd'hui

278 MARS-AVRIL 1906.

Perse en luy enlevant souvent son peuple, il s'est résolu d*y aller eiî personne , mes ce cpii a beaucoup contribué à lui faire entreprendre ce voyage c'est cpie les Molla de cour, qui y sont les astrologues , avcnent prédit qu'il arriveroit bientôt une grande mortalité en Hispaham. Mes par la grâce de Dieu, le tems est passé, sen que Ton s'en aye aperçu. Des Indes, la caravane qui est venue depuis peu, nous aprins que le grand mogol , qui est Gdarius *, tient tousiours son père en prison , et pour vivre en repos, ne c'est pas contenté de faire couper la teste à tous ces frères, il a aussi fait mou- rir sa sœur qui estoit le Dieu du père, car s'estoit sa fille et sa femme , à ce ion dit : il est vray que du tems qu'il régoit elle commandoit tout.

Monseigneur,

Vostre très humble et très obéissant serviteur J. Tavernier.

De Smyme, ce lo may 1664.

Monseigneur, depuis ma lettre escritte, il est venu une mauvaise nouvelle pour les pauvres chrestiens du pays , tant grecs que arméniens, qu'un bâcha doit venir pour enlever

le fond de la population pastorale de la Bouiharie , du Ferghanab et du Turkestan afghan.

«Je ne manquerai pas de vous informer, écrit De Lalain à De Lionne, de ce que j'aurai appris qui se sera passé entre les Persiens et les Uzsbegs; mais l'opinion commune n*est pas qu'il se doive répandre beaucoup de sang dans cette guerre, la coutume de ces derniers n'étant que de faire des courses, quand ib le peuvent avec avantage et non pas de se mettre en campagne quand ils ravent qu'on les cherche ou qu'on les attend.» (Estât de la Perse, etc., éd. cit. , p. 307.)

* Si-l)aracha, fils aîné de Chah Gehan-Guir. C'étaient de faux bruits dont se faisait ainsi l'écho notre voyageur. Voir le chap. xn (hi tome II de ses Voyages des Indes [Suite des Voyages de M, Jean- Baptiste Tavernier, etc., 1. 111, p. 279 et suiv., Rouen, 17U , in-8*).

LETTRE INÉDITE DE J.-B. TAVERNIER. 575

les enfans de tribut. Il y a bien 55 ans que cela ne s'étoit fait, en ces quartiers, ce qui fait croire à plusieurs quil manque de gens pour commander un jour, car ces enfans sont mis dans des serrailz on les fait aprendre à lire et à écrire et ce qui est de la loy. Puis , selon leur génie , soit pour la guerre , soit pour la police , on leur fait appi*endrtt et c'est d'eux que d ordinaire on en fait des cappitaine ou autres conmiandans '.

On lit au dos de la lettre : Monsieur le premier Président à Paris .

J ai déjà dît que c est de Lamoignon qu'il est ici question. Chrétien-François de Lamoignon protégeait Tavernier et c est son intervention qui décida quelque temps après le retour du voyageur, en 1 669 ou 1 670 , Samuel Ghappuzeau à lui prêter sa plume pour rédiger ses Six Voyages. « Quelque répugnance que j'eusse pour bien des raisons , disait ce dernier dans un pam- phlet fort rare que M, Jorel mentionne , à faire ce qu'il vouloit, de quoy plusieurs de mes amis ont été té- moins, il trouva enfin moyen de m y engager par une force supérieure. Il employa pour cela le crédit de Mon- sieur le Premier Président de Lamoignon qui ayant parié au Roy de cette affaire , à ce qu il me fit entendre , me dit que sa Majesté désiroit de voiries Voyages de Tavernier et que celuy-ci ne pouvant donner d'autre homme que moy, dont il pût s'accommoder pour ce travail, il ne falloit pas le reculer davantage.

' Voir la Tierce partie îles Orientales histoires de (luiHaume Poste! , cosmopolite.

280 MAHS-AVRIL 1906.

« M. de Lamoignon et M. de Baville , son fils , ajoute Chappuzeau, non sans quelque animosité « aimoient à Tentendre hâbler de ses voîages, et le premier étant d ailleurs curieux de médailles, il en avoit reçu un bon nombre de Taveniier, comme celuy-cy me la souvent dit, ce qui Tobligeoit par reconnais- sance à prendre ses intérêts. »

M. Joret ne pouvait pas savoir, quand il reprodui- sait ce texte, que notre voyageur avait entretenu une correspondance, dont le fonds fait passer la forme, avec le futur Académicien auquel il racontait plus tard , pour son plus grand plaisir, ses souvenirs de voyages à travers le monde orientale

Cf. Cb. JoRST, op, cît., p. 335-339.

MONUMENTS EPIGRAPfflQUES ARAMEENS. 281

NOTES

SUR

QUELQUES MONUMENTS ÉPIGRAPHIQUES

ARAMÉENS, PAR

M. J,-B. CHABOT,

I

SUR UNE MOSAÏQUE AVEC INSCRIPTION SYRIAQUE TROUVÉE X ÉDESSB ^

Le Fr. Raphaël de Ninîve, missionnaire de Tordre des Capucins , en résidence à Orfa , l'ancienne Edesse, a eu l'ingénieuse idée de publier un album de pho- tographies prises par lui , et représentant les vues de différents points de la- Mésopotamie (Edesse, Nisibe, Dara, Harran, etc.) 2. Parmi ces photographies il en est une qui reproduit une mosaïque portant une inscription syriaque. Dans l'album , elle est accom- pagnée de cette légende : « Tombeau d'Eftoha , fils d'Azmo, roi d'Edesse. » Cette interprétation, qui a

^ Communication faite à TAcadémie des Inscriptions et Belles- lettres, séance du 3o mars 1906.

* Albwn de la Mission de Mésopotamie et d'Arménie, confiée aux FF, MM, Capucins de la province de Lyon, ( Procure des Missions , 1 ^ , rue des Tourelles , Lyon. )

282 MARS-AVRIL 1906.

sans doute été donnée au Fr. Raphaël par un Syrien peu versé dans la paléographie, doit être modifiée comme je le dirai plus loin.

N'ayant aucun renseignement sur cette mosaïque, j'écrivis au Fr. Raphaël, qui se trouve actuellement à Lyon. En réponse à mes questions , il m'a adressé la note suivante :

« Cette mosaïque a été découverte en 1 90 1 , à l'oc- casion de la construction d'un khan , en dehors des murs de la ville, tout près de la porte de Samosate [Bab Samsât)^. Elle occupe tout le pavement d'une grotte souterraine, à 4 mètres environ au-dessous du sol. Cette grotte a environ 4 mètres de longueur sur 3 mètres de largeur. Autour de la grotte, il y a de grosses pierres taillées, de la longueur d'un homme. La mosaïque est en couleur. Le bruit court qu'avec la mosaïque on aurait découvert divers objets précieux, mais personne n'a de renseignements précis à ce sujet. Après la découverte, le gouvernement essaya de faire enlever la mosaïque pour la transporter à Constantinople ; mais l'opération n'a pas réussi, et la mosaïque a été en grande partie endommagée. Le gouvernement fit alors murer la grotte. Cet le grotte se trouve aujourd'hui à peu près au milieu de la cour du khan. »

La mosaïque est partagée en trois zones; celle du

I Celte porte est au N.-O. de la ville. Pour la topographie d'Edesse, voir Sachau, Reise in Syrien und Mesojwtamiea, p. 193 et suiv. (Leipzig, i883.)

MONUMENTS ÉPIGRAPHIQUES ARAMÉENS. J83

fond et celle du milieu sont divisées en deux cases, et dans chacune de ces cases est représenté le buste dun personnage; la première zone, la plus rappro- chée de rentrée , est partagée en trois cases ; à droite et à gauche sont des bustes analogues à ceux des cases supérieures, au milieu se trouve Tinscription syriaque. Elle se compose de huit lignes verticales, et est ainsi libellée :

X^\X^ Ego

x^ ^o ^^A1^ Aftôhd ,

a*rO"V^^^^*Vi3 Jilius Garma ,

oVaTS AA dX^viSJ^ki. fecidomam

X^ \<n X^ sr\ \^> aetemitatis hanc ,

»V*^\ O A mihi etfiliis meis

o\roaj\j dX'VjAo etheredibus meis y in dies

X^ zn \^. aetemitatis.

Les deux premières lignes se lisent sans difficulté. Le nom propre i^q^^^kT se rencontre d une ma- nière certaine pour la première fois dans Tépigraphie araméenne. On n'en connaît pas d'exemple dans la littérature syriaque. Il semble qu'on doive le rattacher à la racine nriD, « ouvrir », qui a fourni en nabatéen le nom propre nnDî< [CI, S., Il, 206, 207), ar.

j^!. Toutefois, d'autres hypothèses sur letymologie de ce nom sont encore possibles.

284 MARS-AVRIL 1906.

Je lis le nom du père oso-S.^^ , et non pas ojso\:w. comme il a été lu. Les lettres .^et .^ se confondent assez facilement dans Técriture cursive; mais un examen attentif de la mosaïque ne permet pas ici cette confusion; la position de la première lettre du nom est très différente de celle du .^ dans les mots Vxnrr^w, et r^=7>\^. De plus, la racine Ot:^ n existe pas en araméen; tandis que "îtD")3i est très fréquent dans Tonomastique araméenne [CL S., Il, 694, 790, etc.); gr. To[p(io§ (Waddington, îi5i3); c'est 1 abrégé (élément verbal) d'un nom théophore. A Edesse même, nous le trouvons dans le nom bien connu D'i:\C?tDC^ {^a(x4fiyépa(xos)^.

XD^jy n-^n tt demeure d'éternité » est le terme tech- nique des inscriptions palmyréniennes pour désigner un tombeau. On ne peut conclure de cette formule que le tombeau est d'origine païenne, car elle est employée à Édesse même, dans une inscription chrétienne datée du mois d'octobre 498 de notre ère^.

La lecture de la 7* ligne, la seule qui présente quelque difficulté à cause de la ligature des lettres, est absolument certaine. On doit couper ainsi : yV\\jAo « et pour mes héritiers » , r<im\>^ XzTaaA « pour les jours d'éternité » c'est-à-dire « à perpétuité •. yVxAj est un pluriel régidier avec le suffixe de

^ Sacbau, Edessenische Inschriften, n" 3. Z. D. Af. G., XXXVI, p. i58.

' Sachau, h , op. ciu» p. 169.

MONUMENTS ÉPIGRAPHIQUES ARAMÉENS. 285 1 " pers. du sing. , Vvmiu est une forme féminine d apparence, de l'état construit du pluriel du mot •jpo», forme qui s*emploie concurremment avec la forme mascidine >ma» .

En dehors de cette dédicace, chaque buste est accompagné d'une courte inscription donnant le nom du personnage. Le premier en haut, à droite, est celui du propriétaire du tombeau : « Aftôhd ,fls de Garmou. » Le buste qui est au-dessous représente « Garmou » , sans doute le père du précédent. Au- dessous de Garmou est un buste de femme dont le nom semble écrit, à première vue, i^<nAV\; mais un examen minutieux de la photographie montre les traces dune ou deux lettres qui précédaient le V\, de sorte que le nom est incomplet au commencement. 11 y a beaucoup de vraisemblance que ce nom soit i^cnAVvmi^ Amatallah « servante d'Allah ». On a

trouvé à Edesse ^ un nom de femme xjznjcmyi^, qui est transcrit en grec Aixa(7(Tdfxrj$ , évidemment pour AfÀdOdafÂV^; cest cette forme qui nous fournit l'éty- mologie du nom syriaque, modifié par l'assimilation du V\ avec la lettre suivante ; x.=OL5cmi^ est pour *-::73L3t.iiV3r>i^« servante de Sames ».

Le premier buste de gauche, en haut, représente une femme nommée omcoc Soainou, nom d'une étymologie douteuse , dont je ne connais pas d'autre exemple.

^ Sachâu, 11'' 1, op. cit,» p. i46.

286 MARS-AVRIL 1006.

Au-dessous, est un homme jeune nommé eu^ff^ 'Asoa. Ce nom peut être rattaché à la racine NDKqui signifie «• soigner, guérir ». Il est à rapprocher du na* batéenWX(C./. 5. ,11,499, 1 12^, 1 4a 9). L'échange des lettres DeXV n'a rien de surprenant; nous en avons des exemples en palmyrénien la même per- sonne est appelée XDJ et XC?J , et en nahatéen le même nom est écrit VBi^ et rs-îD (G. /. 5. , II, 1 663 , 2079).

Enfm , la femme dont le huste occupe le bas de la mosaïque, à gauche, portait le nom très répandu de XtAx. SalmaL

A propos de fécriture de l'inscription , on doit noter les particularités suivantes : la disposition ver- ticale des lignes, disposition connue par d'autres exemples épigraphiques (le baptistère de Dehhès [VoGiJÉ , Syr. centr.; Inscript. , pi. 38] , les restes de Tîn- scription syriaque de Siloé , signadée par M. Clermont- Ganneau) '; l'absence totale de points diacritiques pour les lettres â et ^; la forme particidière du o qui se rapproche de la forme palmyrënienne; l'abr sence de règle fixe dans la liaison ou la séparation des lettres. Ce dernier caractère tient peut-être à Tinhabileté de Touvrier, de même que la répétition du A devant VvjC3, à la l\'' ligne, à moins que le se- cond trait ne soit un défaut de la mosaïque.

^ Tont récemment M. Littmann en a fait connaîtrt d*a

exemples : Part IV oj the publications of an american archmological expédition to Syria in i 899-1900. Semitic Inscriptions (Princeton, 190/1). Inscr. syr. n°* /| , 5, 0, 7, 1/1 , i5.

MONUMENTS EPIGRAPfflQUES ARAMEENS. 287

L orthographe des noms, dont trois sur six sont terminés par ie waw, à la manière nabatéenne, mérite aussi d*être prise en considération. Nous savons d'ailleurs par les inscriptions de M. Sachau [op. supra cit.) que cette forme était fréquente à Ëdesse : <v%\"n , ( Mav W, gén.) ^ q'\\jl ( ^péSov , gén .) , cu^, etc. Il semble donc bien que nous ayons un caractère qui n'était pas particulier à l'ono- mastique nabatéenne, mais à tout un groupe ara- méen^ On peut en tirer un argument de plus pour contester Topinion de M. Nôldeke qui considère les Nabatéens comme des Arabes se servant de Técriture araméenne comme d'une écriture en quelque sorte épigraphique et monumentale.

L'âge de la mosaïque ne peut être fixé que très approximativement. Les caractères épigraphiques ne permettent pas d'en déterminer la date avec précision. On peut dire seulement avec probabilité qu'elle appartient à la seconde moitié du troisième siècle de notre ère ^,

J'avais espéré un instant pouvoir préciser davan- tage en comparant une autre inscription d'Edesse

^ On rencontre aussi celte terminaison assez fréquemment en palmyrénîen : ID^pD, IDvD, ^2^D^ etc.

^ Quand je communiquai cette noie à rAcadémie des Inscrip- tions, M. Clermont-Ganneau fit observer que la plupart des mo- saïques trouvées dans la région de TEuphrate doivent être attribuées an in* siècle, et même au commencement du siècle; Tune d*dles porte sa date. Les lettres 0A<I> qu'on avait prises pour un nom propre doivent en réalité se lire 0AO=539 (des Séleucides), 2a8 de notre ère.

288 MARSAVRIL 1906.

se trouve ie nom d'Aftôhà. Cette inscription , en partie mutilée, est gravée sur une des deux colonnes antiques qui se dressent encore aujourd'hui dans les ruines de la citadelle. Elle a été copiée et traduite par M. Sachau {op. cit., n" a). J'en ai pris moi- même une photographie en 1897; ^^*® photogra- phie permet de rectifier légèrement la lecture du premier éditeur. Je lis ainsi le texte :

i^ôVvÀi^ 1^1^ Ego AJtôï^â,

\rD|?S#ai N ,JHius

V .

i\'vr3i^l[x:soi)Iac"f\rD Bar Semés ,feci i<^<n i^â\-.^i^ colamnam hanc

€nisn\^^'\ is^J^Â'^i^o et stataam qaae saper eam

(est)

V\\r3 r^V\^\no XjtAjcX rff Salmat reginae , JiKae T^rxsa,"vÀ âxxTTd Mana p

^P. yVv-v^

Les différences entre ma lecture et celle de M. Sa- chau portent sur les points suivants : à la l'aligne, je lis distinctement le nom propre i^m<i^;v^y^, lec- ture garantie par Tinscription de la mosaïque; la 2"" lettre de la s"" ligne est un o et non un <n; c'est le commencement d'un nom honorifique ou d'un nom de fonction; à la 3* ligne, je dis- tingue les restes d'un t? mutilé, ce qui permet de rétablir un nom bien connu xj30JLr\r^ (Sachau,

6); c'est le nom du père de cet Aftôhâ, qui est

MONUMENTS ÉPIGRÂPHIQUES ARAMÉENS. 289

par conséquent différent de celui de la mosaïque; enfin la première lettre de la 5" ligne est aussi un ô et non un <n. Pour le reste de Tinscription , dans la partie mutilée , on ne peut rien conjecturer de certain.

M. Sacliau a établi que cette colonne avait être édifiée entre les années 206, date de la con- struction du palais d*Abgar VIII à l'emplacement de la citadelle actuelle, et 2 1 6 , date de la fin du règne de Ma^nou IX, dernier roi d'Edesse. Notre mosaïque paraît un peu plus jeune d'après la forme des carac- tères, notamment du ac etdu <n.

Le costume des personnages représentés dans la mosaïque, et spécialement la coiffure, méritent de fixer l'attention. Les femmes ont la tête couverte d'un voile, comme beaucoup de bustes palmyréniens ; les hommes sont coiffés d'une sorte de bonnet pointu dont le sommet est rabattu tantôt à droite tantôt à gauche. Renan a jadis parlé de cette coif- fure dans un article du Journal asiatique, il pu- blia, en i883, «Deux monuments épigraphiques d'Edesse » ^ : une sculpture dont M. S. Reinach lui avait communiqué la photographie , et le dessin d'une mosaïque, avec inscription, rapporté par M. Clermont-Ganneau. Il en conclut que la dispo- sition de coiffure appelée xpcôëvXos (ou x6pv(x€o$) par les Grecs était une mode à Edesse. « Ce sont bien, dit-il, les cheveux qui, rebroussés de gauche à

' Jonrn. iu., VIIÎ séi»., t. I, p. a 46 (févr.-mars i883). VIT. 19

twritiMrftir ii«Tio^%i.r.

âOO MARS^AVRIL 1005.

droite, forment le crobyle qui* d«n$la{^otO{|;raphie de M. Reinaoh, peut être pris pour un bonnet Notre mosaïque montre « au contraire, de la façon la plus évidente que, quelle que soit la disposition des cheveux, ceux-ci étaient néanmoins recouverts d'un bonnet,

La mosaïque est trop grossière pour qu on puisse insister sur les autres détails du vêtement; il devait ressembler, à peu de chose près, au vêtement des palmyréxûens, tel quil nous est connu par les bustes funéraires.

II

SUR UNE INSCRIPTION SYRIAQUE DIT SINAÏ.

Levy de Breslau a pubiié en 1860 une petite inscription de cinq lignes, qu'il qudy£e da ailiiubcfc [Z. D.M. G. » t. XIV). La oopia reproduite dans m planche (tab. li > n*" LVI) est empruntée à un ouvrage assez rare, publié à Saint-Pétersbourg en 1&&7 par rarcbimandrite russe Porphyrios Uspensky ^

^ Col ouvrage porte pour UVre BoçmotEk sepnçmJMWKJA» l CaKaû , c*est-à dire : L'Orient chrâlien , l'E^pte et h Sinaî, U ne sera pas inutâe, à ce propos, de donner ici des ÎBdîcatîons Inbfio- grapkiqnes exactes sur ka dififôreols owtnfgm et rTftiiiBamliilB Porpk^rio» relatifs au SinaÂ^ Cet auteur Et. cm &9âo, aftpxwnitr voyage dont il publia la relation à S* Pétersboorg en 1^56 sous ce titre : Uepeoe nymemecmeîe eb cuHaûciciû MOHOcmuph n tSâS 2ochr, iii-8*, pw S&i. Cet ontrage ne cooliant aucttaa iaacripftiMu "—- Vm second volume donne le récit d'un autre voyage accompli en i85o; il parut à S^ Pétersbourg» aussi en i&56l, et a ptmr titre : Bmopoe

292 MARS-AVRIL 1906.

OU sept ^ J en ai rencontré deux autres dans le cabi- net de M, le secrétaire perpétuel de TAcadémie des Inscriptions, et Tun de ceux-ci est précisément celui de notre inscription syriaque. A Taide de ce moulage, j ai pu lire le texte qui est ainsi conçu :

rdbaArd» + + 0 Dieu, ^'8^3^,^^ As^ Qocui aie pitié de tes serviteurs

\or%<v% Sahlon et Sa*d ^^^ÂoiL^oo'VrDô et. .......

+ rdik^^ aXts ^3o de Béled , pécheurs i

L'inscription est donc' Tœuvre de trois pèlerins syriens qui visitaient les lieux saints du Sinaï. Ils étaient originaires d'un lieu nommé Béled, ou Balad, peut-être de la ville de ce nom située sur le Tigre, au nord de Mossoul.

Les deux premiers noms ne sont pas inconnus dans l'onomastique syriaque. Nous trouvons un certain «^^aiosLûo \:d \ijo4, au x* siècle (Wright,

Cat of syr. ms., p. aSs); ^vâb.fio (arabe *yim) est un nom très fréquent.

La lecture du troisième est un peu douteuse. Entre la 4* et la 5* lettre, on a intercalé un petit » très distinct. Je croirais volontiers qu'il est des- tiné à corriger la lettre suivante qui a l'aspect un

^ Ils sont reproduits dans le Corpus înser, Sem,, II, tofkiel, pi. CVI.

MONUMENTS ÉPIGRAPHIQUES ARAMÉENS. 293 peu confus d'un .^3. Le nom serait alors à lire ^.^SoaLSOAra , quelque chose comme Barmahrân. Le dernier mot i<?V.\^v\ doit évidemment être

lu au pluriel.

La date de Tinscription ne peut être fixée d après récriture. Elle n'est pas d'une haute antiquité.

III

DIX INSCRIPTIONS PALMYRENIENNES.

M. Emile Bertone m'a communiqué une série de photographies prises par lui à Copenhague , à la fin de l'année 1901, et représentant des monuments palmyréniens qui se trouvent dans la collection de M. Jacobsen, à Ny-Carlsberg. Quelques-uns des mo- numents photographiés par M. Bertone sont entrés dans cette collection depuis la publication du cata- logue de M. Simonsen^ Je donne ici l'interprétation de ceux qui portent des inscriptions, en faisant précéder chacun d'eux de la description rédigée par M. Bertone lui-même.

1 . « Buste de femme dont le costume modeste contraste avec la richesse habituelle des portraits de palmyrénîennes. Ses cheveux séparés en bandeaux horizontaux forment touffes sur les oreilles et paraissent de chaque côté du cou en mèches ondulées. Uhimation , qui drape les épaules et la poitrine , couvre le sonmiet de la tète. Aucun bijou.

Le buste, qui ne comprend , pas les bras est entouré d*une

^ Sculptures et inscriptions de Palmyre, 1889.

294

MARS-AVRIL lOOÔ.

large et riche couronne, compotée de feuiUage, de firuiti et de rubans; elle passe derrière la tête à hauteur du cou et donne un aspect particidier au monument. C*est le seul de la collection qui smt représenté ainsi. Au-dessus de la eouronne , le bas-relief est encadré d'une moulure en creuiL Pierre cal- caire. Hauteur, o m. 62; largeur, o m. 47*» (E. Bbrtonb.) L'inscription est gravée de chaque côté de la tête :

ic/^\ahhic

i^^^^y,

iCi\y^ViV ^^vll

v.ySx^}i^^^:^

—»J}V >\i\>

v}i^ ai^a

;;y-^3

Kjna nnK

Kin Van

Knnai na

«nVu ma

GCGG row

K^iat 13

XXXVII

Helas 1 Hadd.

femme de Ber'â,

fittedeBoM.

fU

de ZaUatâ,

fih de Zabdelâ,

Année MO

+ 57

xin est, je crois, un nom nouveau en palmyré- nien. Les lectures xVl3T et î<nvi3T avec x à la fin, sont garanties par un excellent moulage que j'ai sous les yeux. 437*= i a6 après J.-C.

2 . « Fragment de statue provenant d'un sarcophage. Ce bas- relief représente un homme couché et appuyé sur le coude gauche. La main gauche, ornée d'une bague, tient un vase k anses et à pied sur lequel sont des cannelures obliques. La main droite, appuyée sur le genou droit qui est légèreioent plié.

MONUMENTS ÉPI6RAPHIQUES ARAMËENS. 195

tient une branche de laurier avec ses firuitt. La tunica dont est vêtu le personnage e«t agrémentée de bandes brodées courent des rinceaux bien et régulièrement dessinés ; une gar- niture semblable se voit au bas des mancheà, on y a ajouté un rang de perles en bordure. Le visage est ftssez jeanê, im- berbe. Les cheveux sont cachés par une petite ealotte et par le modius ceint d*uiie couronne de laurier ayant pour agrafe un petit buste semblable au portrait lui-même. Sur lepaule droite, fibule circulaire. Dans le champ, à hauteur de la tète et au-dessus du genou droit, est une tête de hyène tenant dans la gueule un gros anneau qui pend. Une bande d'oves surmonte le bas-relief; au-dessus règne un bandeau sur le- quel est gravée Tinscription. Ce fragment « d*une exécution très soignée, est en pierre calcaire; il est très bien conservé, le nei seul du personnage est un peu cassé à l'extrémité. Hauteur, o m. 76; laideur, o m. 8i«»(£. Bbrtoni.)

LVIII t\y^ '•a:;^ h^iT\ nn y^tith ni id*?û

. . . ldaKkott,JHs de LimmaKJih de Ifannahel A'bai (?). Année 58.

Un morceau de rinsoription a disparu à droite. Il est impossible de savoir si 13^d est le nom du personnage figuré dans le bas-relief, ou le nom de son ascendant.

?33n « misertus est Bel ». Ce nom est nouveau en pahnyrénien. D y a après ie ^ un petit espace qui paraît marquer la coupe du mot. Comp. le nab. 'jNan , gr. Arw^^os.

*>3yK, ou peut-être à la rigueur lavMi la dernière

290 MARS-AVRIL 1900.

lettre n'étant pas très distincte; ce nom ou surnom parait se rattacher à la racine Msy «densus, spissus fuit ». Nous connaissons déjà en paimyrénien le nom pr. K3y (Vogué, p. 86, loa).

Les chiffres qui suivent le mot r)W , sont â lire JJjy ""^33 (—58). 11 est possible qu'on doive y reconnaître Tâge du défunt; cependant il est plus probable que nous avons la date du monument avec omission du chi£Gre marquant les centaines.

3. Fragment de bas-relief provenant d*iin sarcophage, d*un grand piédestal ou d'une décoration murale. Il repré- sente une femme asi^ise dans un fauteuil capitonné ou mar- queté , comme l'indiquent les losanges qui le couvrent. EDe est simplement coiffée du bandeau, du turban, et de la palla, et n'a d'autres parures qu'une fibule sur Tépaule gauche et des pendants d'oreilles en forme de grappes de raisin. Elle est vêtue de la stola, du péplum et de lapnfla. Sa main droite, levée à hauteur du visage, retient lapnfla^ la gauche repose sur les genoux, un pan de ce vêtement entre les doigts. Les pieds manquent. Le bii-rdief était entouré d'un cadre d'oves , qui subsiste sur le côté gauche et en haut. Au-dessus, un bandeau sur lequd est gravée l'in- scription. Cet intéressant fragment, d'un joli ensemble, parait appartenir au même monument que le précédent Pierre calcaire. Hauteur, o m. 8o; largeur, o m. 5o. » (E. B.)

nnnx ^tr^t p'»n i3 pyotr [n^ia ]

. . .deSimSon, fibde Hairan, (jiU de) pSJsj, sa femme, 11 est presque certain que Tinscription fait suite

MONUMENTS ÉPIGRAPHIQUES ARAMÉENS. 297

à la précédente. Mais, il manque un morceau entre les deux fragments. Le portrait est donc celui de la femme du personnage représenté à desni couché; le nom de cette femme a disparu. Siméon est pro- bablement le nom de son père.

^c^iiD ou ^c^iiD est un nom nouveau, dont Téty- mologie m'est inconnue ^

4. Bas-relief représentant un adolescent debout, vêtu d*un chiton et d un péplum. Dans la main droite il tient la tige d*une grappe de raisin qui tombe sur le péplum. L*objet c|u*il tenait dans Tautre main est trop détérioré pour qu*on puisse bien le reconnaître , mais il me semble que c'était un oiseau , emblème que l*on voit souvent avec la grappe de rai- sin entre les mains des enfants. Les pieds sont chaussés. Ce bas-relief est bien conservé ; il est en pierre calcaire , et me- sure o m. 4^ xo m. a4-» (1^* B.)

Au-dessus et à côté de Tépaule gauche est gravée cette inscription :

^iUH ^3n Helasl

^ia^'Ki ^3-)U Nourhel,

jiojri M^ [«X]îD>n -)3 fiUde Taim[ça],

ai>ji '•^HD {fis de) MatnaL

Cette sculpture provient évidemment du tombeau dont la dédicace (datée de Tan 406 = 95) a été publiée par M. Clermont^Ganneau , Étades d'arch.

^ M. Blochet me suggère le rapprochement avec le nom pehlvi Firdoiui, en persan (^«9^^. Je ne sais pas jusqu^à quel point la date de notre inscription permet d'y insister. D'autant plus que nous ne savons pas exactement si le mot est employé ici comme nom propre ou comme surnom.

398 MARS-AVRIL 1006.

or., t. U, p. 55. On y rencontre les mêmes noms. Par suite, le nom de notre 3* ligne, dont les deux dernières lettres , dissimulées par la sculpture, n*ap- paraissent pas sur la photographie, doit 6tre sûre- ment lu î<stD'»n ; et "^iPO doit être considéré comone le* père de ce dernier.

5. «Buste d*homme barbu, à chevelure boudée, dont le caractère est plutôt levantin ou alexandrin que palmyréoien. La main droite sort des plis de Vhimation et reposé sur la poitrine; la gauche tient le liber : un anneau orna le petit doigt de cette main. L*iris est teinté en noir. Ce portrait est bien dessiné et peut être placé parmi \m meillèars bustes d*hommes barbus et sans coiffiire de cette collection. Bas-relief en pierre calcaire. Hauteur, o m. 5o; lar- geur, o m. 3e.. (E. B.) ;

De chaque côté de la tête se trouve une. inscrip- tion; mais lune délies appartenait à un autre. buste qui devait être à côté de celui-ci.

L'inscription de droite se lit sans difficulté :

Yedndjhde Moqîmu, {Jils de) Kalbu, Hélas!

La cassure a enlevé quelques lettres. La restitu- tion des noms propres bien connus ^ayn^ et ip^ptD n'est pas douteuse. La dernière lettre de la a* ligne

MONUMENTS EPIGRAPHIQUES ARAMEENS. IWi

ne parait ni sur la photographie ni sur le moulage.

li faut lire n^D ou peut-être '»n^D. Ce nom, n^D « canîs », est assez fréquent en nabatéen; mais il ne s'est pas encore rencontré , je crois, en palmyrénien.

L'inscription de gauche est plus difficile à lire, parce que la pierre a souffert davantage. Elle est ainsi libellée :

'Xii^jJi 13^0 Malikou^

\S 2^*^ . '^U '?K>[n] in fis de Hayel V^y h^^ Hélas!

ID^D, lecture à peu près certaine; la dernière lettre pourrait toutefois être im > au lieu d un ^ . Dans ^K^^n , excellente forme de nom propre , la pre- mière lettre n*estpas certaine sur la pierre. Il semble que le lapicide ait négligé le jambage de droite et ait joint celui de gauche au ^ de "13 . Mais , comme les trois lettres suivantes sont certaines , il parait diffi- cile de proposer une autre restitution.

Le dernier mot est positivement écrit ^3^, et non '?3n , ainsi que j'ai pu m'en assurer sur \m moulage.

Je dois encore à M. Bertone la communication d'un Catalogne d'antiquités qui ont été vendues aux enchères, à Paris, les 2 et 3 mars igoS. Parmi ces antiquités se trouvaient quatre bustes palmyréniens. Leur description est accompagnée d'une reproduc- tion photofypique à très petite échelle l'aide de

300 MARSAVRIL 1906.

laquelle j*ai pu néanmoins déchiffrer ce qui suit :

6. « Haut relief en*calcaire représentant un hooune à mi- corps; barbu, les cheveux relevés et ondulés; drapé dans une ehlamyde retenue par la main droite , la main gauche posée sur la poitrine. Inscription palmyrénienne en quatre lignes, gravée sur le fond. Hauteur, o m. 6o; largeur, G m. 45. »

N* 153 du Catalogue de vente. Ce buste a été acquis pour une collection américaine.

L'inscription gravée à droite de la tète se lit ainsi :

'aaK

San

Hélas!

iCi-ii^

K3'<Jn

Htmtnâ.

iCi^iK ^a

KJ'»3n na

fis de Hantnà.

rt^-» i^KY

p^> K5»

'Oggâ iBQ

L'inscription est très nette, et la lecture maté- rielle en est certaine à Texception des deux dernières lettres.

Kiun, comp. Rép. d'épigr. sém., xf* ^'j'j^ ij^^li ne peut y avoir ici aucun doute sur la lecture du ^.

Le dernier mot paraît être un surnom ; peut-être Jlavas (?), de la racine araméenne p'ïV La seconde lettre est i ou n , la dernière est bien plutôt un W (p) qu'un ji (d). 11 est possible, mais peu probable, qu'une dernière lettre se trouve dissimulée par la sculpture.

7. «Haut relief en pierre calcaire représentant un homme à mi-corps; barbu, les cheveux relevés; il est vêtu d*une ehla- myde dont un pan est rejeté sur l'épaule gauche , laissant la

MONUMENTS ÉPIGRAPHIQUES ARAMÉENS. 301

main droite découverte; la main gauche est ramenée contre la poitrine. Hauteur, o m. 60 ; largeur, o m. 45. »

1 54 du Catalogue. Ce buste a été acheté pour une col- lection américaine.

A gauche de la tète :

M^ 0j^<\0 niW Yark,ai,fiUâs

ÎC\>. K«rW Neia[?).

, , Oji . DC>]''p[0] Moqîmou

L'inscription reproduite à une très petite échelle est dune lecture difficile. La i** ligne est très dis- tincte. Au commencement de la seconde, le nom HV^ est très probable, bien qua première vue le Y/ paraisse lié avec un y : \y. 11 n est pas sûr que le nom soit suivi d'autres caractères. Je restitue la 3* ligne : [io]''P[d] par conjecture; c'est la lecture qui me paraît la plus probable. Toutefois [l3]''p[y] n'est pas impossible.

8. «Haut relief en pierre calcaire, représentant un jeune homme à mi-corps drapé dans une chlamyde dont il tient les plis de la main droite. La main gauche porte un fruit. La tète est frisée, la figure imberbe. Hauteur, o m. 47; largeur, o m. 4o. »

i55 du Catalogue; acheté pour une collection amé-

^ui lie.

A droite de la tète :

'aai^

bn

Hélas l

Km 13

fils de Nesa,

\>\>K

»»n

{fils de) Hasas.

302

MARS-AVRIL 1006.

La seconde ligne D*est pts iisibie sur la reprodoo- tion. Elle renferme te nom propre du défont, cpri paraît commencer par im n.

Une inscription bilingue honorifique, datée de l'an ai de J.-C. , publiée par Euting, Epigr. Mis- celL, n^ 102, mentionne on certain Wtz "D wn. [Rép. d'épigr. sém,, n* &&i.) Ktr^ y est transcrit Neo-de (gén.)» et ^vn À.aéaw (gén.).

9. Buste de jeiiiie homme, imberlM, emSé dvne katite couronne ronde (sorte de modk»), dnpé dans mit dbl»- niyde retenue sur Tépaule droite par une iibiile circulake* Haut relief en marbre blanc. Hauteur, o m. 5o; lar- geur, o m. 4o. »

N* i56 do CotaJogoe, Acqun par If. fknie Berlenei.

A gvnche de la ièie ou

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CGC r\w

aiw«e3(W

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LUI

+ 43.

A droite r

^ai\

bn

Hélas 1

Vj^Vyo^o

"wri*

ïtâTM.

awxhx ^

apyny la

fils de 'AUaqah .

^va/oM.o

^avT»

(fiU de) YedtM.

a«X3^X

apyny

{/thie)'Ate'aqab.

vjrty

npy

(fb de)'Aqiboa.

Tous les noms de rinscription sont connus,

MONUMENTS ÉPIGRAPHIQDES ARAMÉENS. 303

excepté Je dernier, up3>, qui est à rapprocher de iO'*p3^, cf. Journ. as.^ avr. 1901; Rép. d'épigr. sém.^ n* 160.

La désignation du joxir du mois dans ies dates est rare en palmyrénien. Ici, les cbifires qui luarquent les unités ne sont pas absolumeot certains.

Kanoun 353 = nov. 4i après J.-C.

10. Inscription copiée par moi-même, à Damas, au mois de juin iSgS, dans une maison particulière. A droite d'un buste d'homme. Les lettres sont parfaitement gravées et du type reproduit ici par les caractères typographiques , sauf le lamed final qui est du type cursif , et formé d'une tige droite munie d'un crochet à son extrémité supérieure.

'>a'>aK

"•aian

Ifabtbt.

i^w ^a

Kv: ^^

Jils de Nesa,

ia^ax

phs

{fils de)'Olban.

\jai^

•jan

Hélas!

Cette inscription appartient évidemment à la même famille que celles qui ont été publiées par le P. Ronzevalle, et qui sont reproduites dans le Rép. d'épigr. sém., n" 44. Elles accompagnent les bustes géminés de jeunes gens, et se lisent :

B : ^3n p'jy NDi ■)n Kpnn.

Notre copie confirme très distinctement la lecture du nom p^v, que le P. Ronzevalle a rapproché du

304 MARS-AVRIL 1906.

nom biblique p3^3^ ^3K (II Sam. , xuii , 3 1) et M. Cler- mont-Ganneau du nabatéen 13^3^ et du grec OXSapof (Wadd., Qiio, 2111). A noter le changement d'orthographe du nom KD: = HV2 , qui s'était d'ail- leurs déjà rencontré sous ces deux formes, comme nous l'avons dit plus haut.

NOUVELLES ET MÉLANGES. 305

NOUVELLES ET MÉLANGES.

SEANCE DU 9 MARS 1906. ^

La séance est ouverte à à heures trois quarts sous la pré- sidence de M. Barbier db Meynard.

Étaient présents :

MM. Senart, vice-président; Allotte de la Fuye, Bas-

MADJIAN, BOURDAIS, BOUVÀT, CaBATON, CÀRRÀ DE VaUX,

J.-B. Chabot, de Charencey, Combe, Degourdemanche , DussAUD, RubensDuvAL, FAÏTLOvitcu, Farjenel, Finot, Gaudefroy-Dbmombynes, Grimault, Guimet, Halévy, Clément Huart, Ismaïl Hàmet, .Sylvain Lévi, Manceaux- Demiau , ' Magler , Margais , Mayêr - Lambert, Meillet , Revillout; DE Saussure, Sghwab, Vissièrb, membres; ChA VANNES, 5CcrA(iirc.

Le procès-verbal de la séance du g février est lu et adopté <■:':■.

Après la lecture du procès-verbal M. le Président prend la parole en ces termes :

Messieurs ,

Aujourd'hui encore j'ai à constater un vide cruel que la mort a fait dans nos rangs. Elle vient de nous enlever un de nos confrères les plus anciens et les plus dévoués au bon renom et à la prospérité de notre société. Edouard Specht a succombé, il y a huit jours, à la suite d'une courte maladie.

Tll. 20

tMVaillRB» lATtOIAtl.

506 . /M116-AïVWfc;lEW»/:jM/

Par la volonté dêfùhf,riiïôttéSté^'j^ par delà la vie , aucun discours n a été prononcé sur sa

derniers adieux et les regrets de la société qu il a si bien servie pendant de kmgues années.

Specht , que la destinée vient de frapper à peine au seuil de la 'vieillesse i* apipâï¥ehàît à la Société a&iatiquQ depuis quar^tçj §Ln^,.;a,pepdant<,plu5ide vingt années, en qualité de: ti*éaonerv il U^vintm finances avec une vigilante sollicitu4e.>Si'jU»g^;pfipn- tiait parcimonieux . po.ijr ça qui'il aj)pe?^a^^ penses del\ixo r, çt iious,nôA,'(ai^po^.gîafre^y7-Tn^ revandie, il était d'une libéraJilé'sans JnniMpbuir tout ce (|ui pouvait contribuer 'àii^plri^hs'èêiié^ études. Lui-même y paftîcip^ f\àr tîirife cèl^ol^lîç^^ mesuré^ , qui ne. Iiyr?ii(. rîén à fj^vei;jtlu;Ç|jBt qÇJÎJtJ» march(^ prqdâate était 4'autali]^t•piuâ'j^»|tifié^^q;mJf terrain exploré par lui était alors à pekie^léfiridiébi'!) . L*histoii:e,da bouddhisme A^m «e^ .irçLaitiions ayec la Chine attira de bonne heure sa curiosité.So*i»âa direct^Q de SrtaLni9ia& Julien et. dei P^Mthîop iHwift il sut concilier fantagonisme, il «adoDnà'HYeolMraeu^ à fétude de la langue chinoise , convaincu que dans ce vaste amas de traductions et de rtlài!i6rii aes pè- lerins dbincm^ qui signalèrent iesrpramidriirèi^ de notre ère et en particnlier le iv^- sièdé^: Mc^cadÉôn^t dmestknab^es renseignements sur ie^poteéuiel^^lm oëntralei Son espoir ne fîit pa» déçu. Ea ]88Sv^î) publia dans notre Journal-'uh preinler essM^d^après les historien^ «chinois.^ Par un examereiappKofoipdidcB

NOU VELUES BTrMÈLAWGES. «Oî

tedm' chinois et fiônseïrits, il rôiissit à débrouiller le chdo» ïethndgraphie asiatique mi i^ siècle dfel'ère chrétîentie'et signsdft fes profondes' dilTéreiices d'ori- gine et de mbeafs (jui sépèii^iept ie^'dau ttîht^s pr^ndéfantës dans riiîstoire de» TAsie eenWade^à cette 'époque*' ' " ••-• ".:.^/r:.;;*î '!

' Dans un mémoire qu'il' nous ddnpa eh t-^ go il siit , grâce à l'ëtude compai'ée des documents <M^ nois et des înseriptions indo-scytheâ , firer «^vec oert tihidela date die la'conquéle de riïîdë*par te^^Yué- tdiî.'Ge tïeèt , il'«st -vrai , ^e la prémièris partie df'uâ tt^rHV auqiael il s'étsât oèndacré dépùîi longôès bnpées; Mais' tdut récehânent j'àtaiii obtenu- de lai la promesse qu'il le continuerait tsrt^Jë' sais- qu'iJ y travaillait dans ces dernières semaines:, il est donc permis d'espérer qupi la suite de son enquête scienti- nque se retrouvera dan» ses papiers et sera pas perdue pour nous. , . , : -

En 1899, Sp/ôcht nous compiuniqua Sjon es&ai (ïe lecture d*une légende scytnique qui avait 4té. si- gnalée sur uûe monnaie d'argent de l'époque indp- sa^sanide. Enfin sa dernière contribution au recueil de la Société est un mémoire sur Une série de mon-; naies auxquelles jusque-là on avait attribué une proventooe toùranienne et que notre 'confrère iap- peia arVeo plus de précisioti sindo^ephtalite; Gettef étude rédigée avec le soin et la prudente rés;^pver qu'il apportait à > tous ses travaùi fournit de préeîecn:'' matériaux à l'histoire de la vaiiée de l'Indus avR? premiers- siècles de notre ère. » . ^ r

308 MARS-AVRIL 1906.

Exempt par sa situation de fortane des préoc- cupations de la vie quotidienne; et cultivant la science que pour, les satisfactions intellectuelles qu*dle procure, Spècht accepta de faire un cours libre de sanscrit-chinois à TEcole des hautes études. Il finaugura en 1891 et Ta poursuivi avec une méri- toire assiduité jusqu'aux derniers jours de sa vie. H y eut, comme élèves et comme coUabôratéurs,, de jeimes savants qui sont devenus des maîtres et aV^e lesquels il put rechercher dans les documents indi- gènes les plus sûrs, notamment dans le Tripitaka chinois , Téclaircissement des hauts problèmes d eth- nographie et d'histoire qui furent le but principal de ses investigations.

Telle fut, Messieurs, la carrière scientifique du confrère que nous regrettons : douce, paisible, peu soucieuse de renommée et d'éclat. Mais les' résultats qu elle a produits garderont leur place dans l'orien- talisme français, de même que l'homme revivra dans le cœur de ceux qui l'ont connu plus intime- ment, confrère serviable, dévoué, donnant aux travaux autant qu'aux intérêts matériels de notre Société le meilleur de son temps.

Je ne doute pas qu'un de ses anciens collabora- teurs ne tienne à rappeler bientôt, et avec la com- pétence qui me manque, les services qu'Edouard Specht a rendus à l'histoire du bouddhisme chinois et à la numismatique de l'Extrême-Orient. Aujour- d'hui je dois me borner à adresser, en notre nom

NOUVELLES ET MÉLANGES. 309

à tous, à la mémoire de ce confrère estimé nos adieux les plus sympathiques et Thommage d une gratitude que le temps n efFacera pas.

Est reçu membre de la Société :

M. Mohammed ben Cheneb, professem* k la Médersa d'Alger, chargé dune conférence à TÉcole supé- rieure des Lettres d* Alger, présenté par MM. Basset et Gaudefroy-Démbmhynes.

M. HuART, membre de la Commission des fonds , est nom- mé trésorier, en remplacement de M. Specht, décédé. Il lui est donné pouvoir de déposer et retirer les fonds en compte courant, signer toutes pièces et tous chèques au nom et comme mandataire de la Conunission des fonds.

M. DE Charencey est nommé membre de la Commission des fonds, en remplacement de M. Specht, décédé.

M. Meillet, professeur au.ÇoHège de France, est nommé membre du Conseil, en remplacement de M. Huart (qui est, en qualité de membre de la Commission des fonds, membre de droit du Conseil).

M. Gaudefroy-Demombynes, secrétaire de l'Ecole des Langues orientales vivantes, est nommé membre du Conseil, en remplacement de M. de Charencey, nommé membre de la Commission des fonds.

M. GuiMET présente un exemplaire de son mémoire in- titulé :Le diea aux bourgeons,

M. Tabbé Chabot dépose, en ajoutant quelques observa- tions, une brochure de M. A. Mingana intitulée : Réponse à M. Vabhé Chabot à propos de la chronique de Barhadh- bsabba,

M. IsMAËL Hamet présente un exemplaire de son livre sur les Musulmans français du nord de l'Afrique.

310 MAHS-AYRIL '100§. »

M. FA^iBNEL étudie, d'apr^l ie TaTUng kouei ti^Bitief^ v}Xes dn ,^and sacrifice offert âu Ciel p^ i empereur, ^f| Chine. ; . : . . .

M. Sylvain Lévi décrit un manuscrit du Sùtrâlamkâra qu'il a eu la bonne fortune piïuyoiçîfaira copier w N^^; cet ouycage a être composé enjre, 4^0 et 5 20 ^ de l'ère chrétienne par Asahga; il renferme un exposé ^«temalîqae de la .doctrine du Mahâyâna. Iji^ Sylvain Lévi a pu rectifier les incorrections du manuscrit népalais en se §ervant de la version chinoise faite en Tan 5âo de notre ère par Pra- bhàkeramitra ; il publiera prochainement et inidàirk' ce teinté qui était resté jusqu'ici inconnu des indianiftet;- 'ni

' M. Hàlévy eludie quelques niôts 'séihitîqués ét'éïjpliâui Yiotâriirtient le nom (Je Gennesaret, donné aii lac de Tîbï?- riade, comme signifiant «jardin de oésbstrîs». ' ' ~

' M. DE Charence^ présenté une observation iur 'dn mot basque dont il croit pouvoir étabfii^ rbrigîrié befbèfel '" ' " '

'Là «éance e^t levée à 6 heures un quart. ' ' ' ^'•

•; >'iJ«i '(Il

OUVRAGES 6fFERTS X LA SpClélé. .. ' !* .^^^

, . PAa L«g ^UTsu«6 I ;/

Annétte s. Beverioge , Tifee Haydartéad CadéàDof'éké^Bk' '6flr-iV«ma( Extrait). London, 1906; in-8". •i-'j - ••

Colonel G. E. Gerini, llistorical Rett-ospect ofJmikciyl&n Idand (Extrait). S. 1, (Bangkok), igpS; ia-8°. . , -.r

Kanhiya Lal Tï^ivk-ïiii, Shiksha-Darpam [K Manualof Education). Bankipore, 1905; iri-18. ' Julien Vtn SON 4 L'Inde et le Mahométisme (Extrait). —*15. 1. n. d.;'in-8*. . ' ^ .• î

TÀici(*n BorvAT, Monsieur Jourdan, le botaniste parisien dans le Karahâgh , et le derviche Mèst 'AU Chah, célèbre ma jf- çjen; çpi^édie ep 4 actes de MînzÀ Fèth^al} ÂKHÙ^infÂDB , fraduile du turc aiéfu Paris, 199.6; in-iS* . . '. ...i.

NOUVfiLCËSnErp/MfiliANGES. 311

Dr. Alfred \VlBDEMAN:^;il/iiini»:a/s HéilmUel (<Ëxtndt)V -

Éusèbe Vassel, La Littérature populaire des Israélites. ttàm^ ?ieRi;v>^* foflo- -r-;Rfiwîsv.|.9oft;\itt-f8^ >\-.vr;\ -•..^v r.Ao :-).;r>:\ IsMAÊL Hamet, Les MuiiUmtmi JmLÇêMiAda Mord-ldlb

A. MiNGANA , Réponse à M. Vahhé J.-B, Chabot A f/te^f^de la Chronique it,BawhidkhsMà\ S. Ii5tu<i*i.l%8% xV? .A E. GuiMET, Le dieu aux bourgeons (Extrait). S. 1. n. d.,

'^]e\lédreê[Beviéw; V\ »5v'i l . ♦^^'Seouâî ^1^4 ; în-8*» i Polybiblion, février 1906, parties ILttéraire «t teAnîcpeL --i* Pâtis.-, 'tgôfi't in-Bf^ ■\-> ••.■«• r,w-, A , ' ■.•. •• ^ .: = . 1 . * ,' >

/4 nthropos , revue internatioiiale d^tlmolQ^e éi de liagiàihr 4iqtu^, l>Vi »'^- Sai^uifgrvigo6v Ift-Ô-V v. •• "■• ;;.^ -./. .J . èJRàrv^fBthiopfcédam icrij^ùtei^ ocadentàlsi ineè^i'^séeuh ^xVé;\adx^;,.càraiaey\Q...hB(iQAti,^ 6. J- <Vol. -IH,..Pi-»Betri PAwi, S-sf.1, JÏMfairfa^/W«^fcp,libèï:ITI.etxIV. - Rom», .i©a6vin?^?.,^-i.:4 .1'-?;^ -iMi-i ..V.-....' :. ^■^■•vv^>^. ./.Ui-D, BABNEti;; Some^aymgsjhm UfHudikads^ ^ London, 1905; pet. in-8°. ' :• ' >

.^itsdùiftfù^ikèbrmsche BibbliàgvdpMe;JK:^\6» r- Emnk- .ftiPfc â.i Mv, igoB.; in-8%. ..s, •.. ; ■. i . : '" î •' ;. •; : The Adyar Library Report for i 905. -v- Madrés, 1908;

Orientalische Bibliographie, XVIII, 3. Berlin, 1906; in-8^ . , ., , ..;, .

- v^-»^ :-'.-. y •-• ^ ^--^ PAUtA-SoCÎÉti: " •■ ■■•- •:. -ï. '

:, Ji^uHetiu' de ,lHmtitikt égyptiefi, année 1.904.». f«^» 3»6« Le Caire, 1904-1905; in-8". . =: .z* . .? ' .y^..

312 MAHS-AVaiL 1906.

7 Bessarione, fasc. 87. Roma, 1906; in-S*.

The Geographical Journal, XXYil, 3. London, 1906: in-8'.

Rendîconti deUa Reale Accademia dei lAncei, série quinta, XIV, 7-8. Roma, i9o5;in-8*.

Bulletin de littérature ecclésiastique, février 1906.— Paris, i9o6;m-8*. ' \ '

La Géographie, XIII, a. Paris, 1906; in-8*.

Par le Miiostere de l'Instruction puruqub bt dis Braux-Arts s

Délégation en Perse, Mémoires, Tome VIU. Recherches ar- chéologiques, 3' série. Paris, igoB; in-4*.

K.-F. Karjalainen, Zur ostjakischen Lautgeschichte , I. Helsingfors , 1 904 ; m-8*.

Tore ToRBiORNSSON , Die gemeinslavische Liquidmetatkese ^ II. Upsala, 1908; m-8*.

G.-F. Ternling , Fôrsta Kapitlet af Misnatraktaten Pireke Abote. Upsala , 1 904 ; in-8*. ...

E. Andersson, Ausgewàhlte Bemerkungen àher den hohai- irischen Dialekt im Pentateuch koptisch, Upsala, 190^; in-8*.

Gustaf Karlberg, Den lànga historiska Inskr^Uni Ram- ses III : s . Tempel i MédineUHahn, Upsala, 1906; in-ia.

Journal des Savants, février 1906. Paris, 1906; iii-4*.

Bulletin de correspondance hellénique, XXX, i-a. -^ Paris, 1906, in-8°.

Bibliothèque de V École des hautes études, i54* fasc., 2* partie : L. Serbat, Les Assemblées du clergé de France^ Paris, 1906; in-8°.

Archives marocaines, VI, 3-4. Paris, 1906, in-8*.

Par la Bibliothèque nationale :

Catalogue raisonné des manuscrits éthiopiens appartenant à Antoine d'Ahbadie. Paris, 1859; ^"^"4".

Catalogue des manuscrits mexicains de la Bibliothèque natio- nale. — Paris, 1899; i^"S°«

NOUVELLES ET MÉLANGES. 313

Ë. Bloghet, Catalogue des manascrils persans de la Biblio- thèque nationale, tome I". Paris, 1906; in-8*.

Par LlIicnrERsiTB d'Oipord :

G. H. PoPK, A Handhook of the ordinary Dialect of the TamU Language, seventh édition. Part V. Oxford, 1906; in-8*.

A Cateckism of Tamil Grammar, n* a. Oxford, 1905, pet. in-8\

Par la « Bibliotbca nazionale centrale » de Florence :

Bollettino délie pubhlicazioni italiane ricevuie per diritto di stampa,Tïvan, 6a. Firenze, 1906; in-S*.

Par le Gouyernement Indien :

Seshagiri Sastri and M. Rangagharya , A Descriptive Catalogue of Sanskrit Manuscripts in the Government Orien- tal Manu scripts Lihrary, Madras, I, 3. Madras, 1906; in^*.

Par L*UNiYERsrrÉ Saint-Joseph, à Beyrouth : Al-Machriq, IX, 3-4- Beyrouth, 1906; in-8*.

ANNEXE AU PROCES- VER BAL. (Séance du 9 mars 1906.)

UN MOT BASQUE D'ORIGINE BERB&RE.

Dans de précédentes communications, nous nous sommes efforcé d'établir combien sont rares les cas d'emprunts faits directement par le basque aux idiomes sémitiques (phéni>

'■' - I / r

314 HARS-AYUIIi IftOU»

cieii atuci Jbâaa qu arabe). peine «YOti»A#ufl àîtpiin^erer deux ou trais.- Tous les autres?, à peu |irès mm.\vsi^9fHj^ aucune , ont eu lieu par l'intermédiaire de Tespagnol.

Moins fréquents eucore seraient ^ mds diopte, les emprunts du basque aux dialectes chamitiqoes, du moins à partir du moyen &ge. En voici un pouitant que ndus crd^fttîîs -pbiM>ir signaler. " ■' ■\ ■:■'■ '■'- *-'-«''"^

Dans son grand dictionnaire trilingue (espagnol-baM|te«i^ lâtîn"^, Larramendi cite alkanéora comilie délJiîg|iiÀt tue chemise d'homme chez les habitants du Guipiâfcofli',<.et'<C!4* par opposition à kamisa, kamisea, ou même en dialecte bas- navamn, mHmthor, rfvqui détigoeraienl spéddemcofe une chemise de femme.

On ne nbus accusera pas, esjperdQs-)e, d^uné' excessive témérité , si nous croyons retrouver dans cet alkànJù^ qd*on chercherait vainement à expliquer par le nëo-latin , le ger- manique ou le celtique , simplement ihâghrébin ^«xiS on jfy^^s^ ga^dwra^ guiuiour^ et an pluôel gtunfu^r^ ç^\é»^^ la JiMS, par.Mr.Marçellin Beaussier {DicfM0Mqir9pivltiq9^^^^[j^ y^^llfUIV,4t^ger, 187 1) etpar i autf^ur auonjme^n VçtÇfJkf.M^ parle dans les pays barbaresqaes (Paris et Limoges, i8^]} Ce terme très usité au Maghreb ne se retrouve point en arabe oriental, encore' moins dans la lângiiè classique, ce qui semble bien juiliter en faveur, d'une, origine berbéR^io^l ka- bvle à lui attribuer.

Le gandoar ou gandoura, ii^iis dit M. Beaussier, est «une longue et large blouse sans manche , en laine fine ou étoffe de coton que portent les Maures •• j^BuftODs qu^il est géné- ralement de couleur blanche , ce qui le rend d un emploi plus confortable dans les régions chaudes du Maroc et de r Algérie.

Les Basques , sans doute , furent frappés de surprise à la vue de ce costumé porté par les conquérants musulmans de TEspagne, presque tous kabyles d origine, jet qi^irapp^flait effeciivçtmQnt assez une chemise. liien 4'étonQ4ba|«ptr-4Kii|f , à <^ qu'ils aient tire de s>on nom «celui d^leur v^twifll^

NOtJV^LiLf:&iK>T MÉLAf^GES. 315

pirates ' scantiÎQ^firès qUâiiûèrent' lft< ragiim^ l>«pbài*esiqiië'

En tout cas , le fiéùxe «|2 dVz^As/i^arcKi'noti^vccoaii^wftoiM l'article arabe, démontre clairement que le terme a été transmis àUJè triohtëgnards pyrénéens par l'intermédiaire de gens dont l'arabe était , pour hrmoins , devenu l'idiome usuel.

La mutation de la gutturale douce en forte chez les Basques ne doit pas trop ijpj»^ é^pner.^ Optrcf, raç Içs lois de permu- tation phonétique ne sont pas toujours très rigoureusement

o^jf^i^çe*. 4%"^;^!*^®^^*. f4i9P^ étra^^gèr^* rpi^ reucp^tre quelquefois, bien que d'up^e /ff^ .^ss.Ç;5 ,jp*jégi}Jièpe,, a primitif devenant un k ou kh en Ëuskarien. Citons par exemple kotera « gouttière ». aker, ra ouiaMdriirfii»boiic », du ijieux ffaulqjs ^^o-f, m^is avec l'afîjoiirtlon d'im^iipale er. somme toute, plutôt euphonique. Bekhaîn, a «sour- eu», hïL.uqaoa super aculumn, .de pebi «ocumâK et qcan ^ SMper ». dohakabe. a «malheureux » , ktt. » sina dono, sine gTsdia ».,. de dohain « donum et oaot; , pnvatu , etc. , .

iNous n hésitons pas, maigre la dinorence de sensi, a re- connaître encore ce même mot gàndotira dans le jji^^^ gah- Aun éfM, pbiië > l^rGhês^kiré rdes ,mpU iftpagnQls et ■. poi^ais empruntés à V arabe (J}fixy et;ËiigeliQaii^4i3*i édit*, Vam pX Leyde , 1 869 ) et qui devient aandul dans certaines provinces de l'Espagne. Inconnu, riobs dit-oni^ aiik'fe!dqiiéi^ def àfabe savèknt , 1 il -. est \ttk yigueuk!. « aussi bien (partai ;left i^sf^ans du, Maroc .ei; dËgypte que parmi l^ft chrétiens >de Malte, de Grenade et de* >Viïénceiiv S^n/cpie 3liri0n fteiïde gandour par o^rave.», ce sflbs^tantif reyèt d'ordinaire un sen^ visible- ment péjoratif^ il ,e^t synonyme de «bellâtre, freluquet » et, par extension « entrémetteur, proxénète». Son féminin gan- doura possède , du reste , à peu près la même valeur.

: ,Q^e le nooi d!i|n vétem^t aijL fini pai? i*appliquer > h. .une certaine onlégorie de per30BAe»j cela i|i«, .sembler paA.dJtffîçJle àicOmprendre. Eet-Qe . que so»s ,1e. premier En^ij»;. io\^\<çfi ipû oIél«xt pas militaire ne' se Irouyaitfpas giiaitUiédu tit)^4e

316 MARS-AVRIL 1906.

pékm / à cause des étoffes d'origine chinoise dont s*habillaient les civils? Ràppelons-nous égalemeiit les chapeaux et les hùà- mis, ces deux partis politiques qui se disputaient le pouvoir en Suède , pendant le cours du XYiii" siècle. V.

De Chabkngbt.

SEANCE DU 6 AVRIL 1906.

La séance est ouverte à 4 heures et demie sous la prési- dence de M. Barbier de Metnard.

Etaient présents :

MM. Allotte de la Fuye, Basmadjian, Bourdais, Bou- VAT, Carra de Vaux, J.-B. Chabot, de Charengbt, Combe, Demiau, Dussaud, R. Duval, Faïtlovitch, Faribnbl, Fevret, Finot, Gaudefroy-Demombynes, Graffin, Q. HuART, Ismaël Hamet, Sylvain Lévi, Isidore LivY, W. Mab- çAis, Revilloijt, ViNSON, membres.

Lecture est donnée du procès-veii)aI de la séance du 9 mars 1 906 ; la rédaction en est adoptée.

Sont reçus membres de la Société :

MM. Marcel CuiNET, vice-consul, interprète de Tambas- sade de France à Constantinople, présenté par MM. Barbier de Meynard et Vilbert.

Georges Coedès, boulevard de Courcelles, 83, à Paris (viir), présenté par MM. Sylvain Lévî et Finot.

M.Carra DE Vaux lit une étude sur la littérature arabe chrétienne dans laquelle il passe en revue les différents tra- vaux consacrés à cette littérature , notamment ceux de ITJni* versité catholique de Beyrouth. Il fait ensuite connaître à la

NOUVELLES ET MÉLANGES. 317

Société le plan du Corpus qu*il se propose de publier avec M. Tabbé J.-B. Chabot.

M. Cl. HuART fait quelques remarques à propos dlbn El- Mokaffa\

M. YiNSON retrace la carrière du P. Beschi , missionnaire dans rinde,< il arriva en 1711 et mourut en 1747. H examine les légendes qui se sont formées autour de son nom et fait la critique de sa rédaction tamoule du Gourou Para- marta , ainsi que des diverses traductions qui en ont été faites.

M. le capitaine Demiau lit une étude sur la sémantique du lait et du beurre dans les langues chamitiques.

M. Revillout approuve les conclusions de M. le capitaine Demiau.

Avant^de lever la séance, M. le Pr^sidext annonce que l'impression du fascicule de janvier-février, est terminée. Ce fascicule va être très prochainement distribué.

La séance est levée à 5 heures trois quarts.

OUVRAGES OFFERTS X LA SOCIETE.

Par les auteurs :

PoPESGU-CiOGANEL (Gheorghc), Ghîalistan. , . traducere libéra, Ploesti, 1906; in -8°.

W. GoLÉNiSGHEFF , Le Pupyras n" 1115 de V Ermitage impérial de Saint-Pétershoarg (Extrait). Paris, 1906; gr. in-8'.

R. Du VAL, Notice sar la Rhétorique d'Antoine de Tagrit (Extrait). Giessen, 1906; in-8*.

Par les ËDrrEORS :

Revue critique jio^Sinnée, n" 9-12. Paris, 1906; in-8'. The Korea Review, V, 1 2 ; VI, 1 . Séoul, 1906-06 ; în-S**.

318 '^ M ARS^AYRI L 1 ^MJ O /

Polybiitim,' partie littéràife et ptt:tie-teehii|qde(«J 1906. Paris, 1906; in-S". •• •' i ^ » î>''uU'\ .1/

. ,jR.-f* .WiLKiNSON, Malay Beliefs, London ||^d JLeid|Bii , i9oè;ïn-â°. ' ' '" ? '"

Berne archéologique, janvier-février 1906. Paris', 1^00;

Mémoires de la Spciété de JAngaistique, XIII (iii^tides

mémbres);^XlY| 1. --^Paris, igqS-iQopiJn-o^ ' : , -' I k

Journal of the Ànthropologîcal Society oj Bombay^ Vu, 5.

■;*-t-B0fHbay,y905?Wl»8'.-'î = -. *•■;' //rM-.-M;;:.- •.;:(•. i?î..::;î M

Bulletin de l'Institut égyptien, 4' série, n" 6, fasc. i«»5|y-U. L^ÇaJre^i^Qo^, ij^:iB^. : ;y ..^^^^^ ...:.: iJ^Uuyf

. Journal oj the À meriçari Orien tali J^aciety^ ._ .X^VÎji. ..ff ., -77 New-Haven, iQo!5>î in-d*. ... i \.

Analecta Bollandiana, XXV, I. Bmxellis, 1906;

Académie des Inscriptions et Belles- Lettres, Comptes rendus des séances , nQv^emhre^déoeinJbre i^^oS. -:— .X(^(^ ^^ mhj^^hh 1857-1900 dressée par IVf. G. Ledos. Paris, 1905-1906;

in-8^ . ..•...:;. ..... :J\

The Impérial and A^&iatic Quarterh Review, Apfil 1 906,. London, 1906^; in-8*. '.^ ' . '\^^, ,,.

Cjiornflle délia, Società Asiaticd îtal&ana, vol. XYIÏL-— Roma, Pirenze»Torino, 1906; in-8*, , .'.

Le Giohe^ tome XLVl Êùlleiin, i. Cenève,' loièiël

m-8\ , - « . . -^ » / rii ï

Tne Geographicaï Journal , XXlyiI, i, t^naon^ioofi;

Atti délia R, Accademia dei Lincei. Série Quinta. Nothne, Il , 8-9. Roma, 1906; in-4".

IkiUetin de Utiérature ecclésiasti^me,; mars i^â;'"-^ Pfina. J506; in-fS*». :• » ' .' . »■ •%-v,A MV

NOUYBLIiE^. ET/ MJBUi/NGES. 31^

Bulletin des séances de la Société philologique , tome III. Paris, 1906; in-8°.,;., ! , r ^'•^.^■

Par le Ministère de l Instruction publique et des Beaux-Arts :

Journal des Sqiiàiits, oiars 1906. -;-, Fans, 1906 ; in-4*'. . Nouvelles Archives des Missîçns.scîfmtifiQuésetlîiïeraîrés, Xm, 2. Pans, iûo5; in-8*.

. ï».,.; s- :-.H . i ;,' j;., . ■;. .;,.;. :^ \, .- ^ .^ \ ;.,. .^^ ;,y

Par le Gouvernement indien :

^i''i4itflii«^îldmàii5(rstioft fUpovtofthe FoK^DêpêrJLeml^itfof the^'HéutraS: Presidekcy,, i^ai-k^hti -^ Madmst,:? 19061

Epigrapkià indicÊi, YIH', 3. 4.- 'Çdbàttas^ «906 ;>iiié8'.v,; ;f ;

în»::".: ;r «m Pja L'UniYIilftiarÉVÛ^OilQrrsfr ::.':. - fi;, i;.,.

Dubois and de éEÀucHAMP* Hindu' Sfanhèfs , t^usiorÀs àhâ Cérémonies, Third Edition. Oxford , 1906 j petît* îii'-^. '^'•

Pa'r l'a « BiBLtOTÈCA NAziôNALB CKJïTRALeV i)E Ï*L^ ! '

■Ai-.: »v '^t.iri ,,::, U} :\y^'.'. >f t.: -.,;•:..*. "i ;.. . ^V.»>"-.-:'/

< ' ^^Hekiino ddie pmbblioÊtzkmi . ikdiamritêf^Êie ^0r diriUo. 4i ÈibUothecà ïndîca, fasc. lîaS-ijSÔ.* r— Càîdittaf,'i'<i'ôSi

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320 MARS-AVRIL 1906.

NOTE SUR LES ETUDES DE LITTÉRATURE ARABE CHRETIENNE.

I. Cette note a surtout pour but de signaler un inven- taire des œuvres de la littérature arabe chrétienne, que nous avons préparé, M. J.-B. Chabot et moi, en vue de Torgani- sation du Corpus des auteurs chrétiens orientaux.

Il y a quelques années, au Congrès d'Histoire des reli- gions de 1900, voyant la littérature arabe chrétienne un peu délaissée7j*avais demandé au Congrès d'émettre.le Vœu qu*un tel inventaire fut fait /afin que Ton sût au moins ce que cette littérature contenait , et que Ton pût lui faire sa juste place dans le champ de Témidition orientale.

Depuis lors sans que je veuUle me flatter que ce soit en conséquehce de ce vœu,'— ^ tout un mouvement s*est produit dans cet ordre d*études. Et voici Tindication de quelques ouvrages récents. .... .',.,,

lî. La littérature arabe chrétienne jusqu*â Tépoque des Croisades \ par Georges Graf, 1906 , est une étude très inté- ressante. Ce n*est pas exactement Tin ventaire ,q<ie nous avions réclamé; cest plutôt une histoire de cette littérature ^ d'ailleurs très documentée.

La première partie est consacrée à la littérature dite ano* nyme, comprenant des traductions de TAncien et du Non- veau Testament, dont les auteurs sont presque toujours ignorés , ainsi que des Vies de Saints. L'auteur a cru devoir distinguer dans cette production deux groupes :' on groupe palestinien et un groupe syrien ; le groupe palestinien ayant son centre au sud de la Palestine, au monastère de S. Saba, à 3 heures au sud-est de Jérusalem , et au monastère du Sinaï , et le groupe syrien comprenant les villes et les cou-

* Die christlich-arabische Literatnr bis znr Jrânhischen Zeit, eine litterar historische Skizze, von Dr. Georg Graf, Freiburg, iqoS.

NOUVELLES ET MÉLANGES. 321

vents du Nord. On peut remarquer que celte division dé- pend en réalité de la culture des lettres syriaques et de l'organisation monastique. 11 n*eùt pas été possible d*en fonder une sur la répartition des populations arabes chré- tiennes dans les contrées orientales, d'après laquelle on trouve à Tépoque des origines de Tlslam , des Arabes chré- tiens dans la région de Hirah au nord -est de TArabie, d'autres à la frontière de Syrie chez les Gassanides, d'autres en Arabie, sur différents points du Yémen, à Nedjrân, et du côté golfe persique dans le pays de Katar \

Au reste , la division employée par M. Graf ne parait pas avoir un intérêt majeur ; nous ne l'utiliserons pas dans notre inventaire.

La seconde partie de l'ouvrage de M. Graf est consacrée à une série d'auteurs, exactement 18, dont les plus connus sont : Théodore Abou Rorrah, Eutychius, Sévère ibn el-Mo- kaffa', évéque d'Ëchmounaïn , qu'il ne faut pas confondre avec ibn-el-Mokaffa*, le traducteur de Kallla et Dimna, Jahya , fils d'Adi , et le syrien nestorien Elie de Nisibe qui écrivit également en syriaque et en arabe, ir est souvent difficile de se procurer des renseignements sur les vies de ces auteurs; nous n'avons pas pour la littérature^ arabe chré- tienne de grande collection biographique comme celles que nous avons pour la littérature musulmane. Nous sommes obligés de chercher des renseignements dans les auteurs d'histœres générales , et dans les écrits mêmes des auteurs étudiés, quand par hasard ils en contiennent; l'ancien cata- logue du Vatican, de Mai, a groupé déjà pas mal d'indica- tions de ce genre.

m. Je viens de dire que nous n'avons pas de grand ou- vrage bibliographique pour les auteurs arabes chrétiens. Nous avons cependant un morceau assez important d'Abou 1-

^ Voir la mention de cette dernière colonie chrétienne dans les Synodes Nestoriens , éd. et trad. J.-B. Chabot, p. 48o.

VII. ai

tHrBIMr.KH ■ATIOIIALB.

322 M\RS-ÂVR1L 1906.

Barakàt, écrivain daxiv* siècle (mort i363 Ch.) qui, dans le chapitre vu dune encyclopédie théologique intitulée «La lampe des ténèbres , nous a donné un catalogue de la litté- rature arabe chrétienne qu'il pouvait connaître. Ce catalogue a été édité et traduit par W. Riedel S 190a. La partie bio- graphique y est nidle; la partie bibliographique est très ap- préciable. L*anteur a pourtant mêlé aux écrivains propre- ment arabes des Pères grecs et des auteurs syriens traduits en arabe. En défalquant ces déments étrangers, le nombre des auteurs arabes mentionnés n'est guère de |rius d'une vingtaine; en dehors des noms célèbres que nous indiquions précédemment , on y trouve ceux d'Els-Safi et d*Ibn el-'Ass&l.

IV. L'étude de la littérature arabe chrétienne a été culti- vée-en- Orient autour du centre formé par l'Université de Bey- routh. Depuis longtemps les savants de Beyrouth se sont préoccupés de faire au christianisme sa pwt dans la littéra- ture arabe. On connaît leun travaux sur les poètes, et l'on sait comment ils ont étudié ceux d entre eux qui furent sûre- ment chrétiens, et conunent ils en ont revendiqué pour le christianisme plusieurs qui le furent d'une fwjon mokas cer- taine.

Leurs travaux en ce sens ont été favorisés par la fondation de leur revue Al-Machriq, Cette revue qui en est, en 1906, a sa neuvième année, a fait, dès le début, une aaseï large place aux recherches sur la littérature arabe chrétienne. C'est ainsi qu'elle publiait en 1903, de Malonf, une édition du traité De Deo ano et trino, écrit en arabe par ÉUe de Nisibe; en igoSyde L. Cheïkho, un traité inédit attribué à Aristote, traduit par le chrétien jacobite Ibn Zora'a (mort 398 H.); en i^oà, du même, des traités pkilosorphiques de Paul de Sidon ou Paul le Moine; en 190^» de C Eddé, La logique d'ibn el-'Assal; en 1906, du P. L. Gheïkho, la

* Der Katalog der christlichen Sckriften in oro^ifcAer Spraeke von AbnI-BarahAt, éd. et trad. Wilheim Riedel, 190s, Gôttînges.

NOUVELLES ET MÉLANGES. 323

légende arabe de saint Aleids , etc. ; sans parler des rensei- gnements donnés dans la Revue sur la belle collection de manuscrits arabes de TUniversité.

V. A la même période d'études (1900-1906) appartient la publication d'un ouvrage qui serait le plus ancien docu- ment de la littérature arabe chrétienne, les Homélies de Théodore Abou Korrah, évêque de.Harran, écrivain du viii" siècle de Tère chrétienne \

VI. Le plan du Corpus des auteurs chrétiens orientaux comprend naturellement la publication des auteurs arabes chrétiens, tant historiens que théologiens. Cette publication se trouve avoir commencé par des historiens; ce sont eux, d'ailleurs, qui avaient attiré dès l'abord l'attention des savants, puisque Eutychius est connu depuis Pococke, qui travaillait vers 1700, et que l'étude d'EIl-Makin nous fait remonter à une époque très haute dans l'histoire de l'éru- dition orientale, son Historia Saracenica ayant été éditée et traduite par Erpénius en 1625. Quant à l'histoire des Patriarches d'Alexandrie, de Sévère d'Echmouneïn , elle a été déjà exploitée depuis longtemps par Renaudot.

Les éditeurs du Corpus ont commencé à publier une édi- tion complète des Patriarclies d'Alexandrie ; ils ont préparé une nouvelle édition d'Eutychius dont le premier volume va bientôt paraître, d'après des manuscrits meilleurs et plus complets que celui de Pococke, plus corrects notamment en ce qui concerne les listes des patriarches des divers sièges ; à cette édition sera joint le supplément encore inédit de Jean d'Antioche.

VII. L'œuvre du Corpus nécessitait l'inventaire que j'avais réclamé dès 1900. Cet inventaire, nous l'avons préparé de

^ Majâmir Thâoudouros Abi Korrah, éd. et trad. ' Constantin BAchA, Beyrouth, 190/1. Citons encore : Die arabischen Bibel- iiber-setzungen , par Paul Kahle, Leipzig, 1904.

324 MARS-AVRIL 1906.

façon qu'il puisse rendre les mêmes services qae celui de Brockelmann rend dans les études musulmanes; nous apporterons tout ie soin possible à la rédaction des notes bio- graphiques et bibliographiques. Voici quel en serait le plan ; ce plan pourrait être retouché d'après les observations et les avis des savants compétents.

I

APOCRYPHA. LITURGIGA. GANONIGA.

A. Apocrypha sacra. ( Nous considëroos comme teites bibliques tous ceux qui sont contenus dans le canon de la Vulgate.)

Ancien Testament : a. Textes pseudo-épigraphiqaes; 6. Récits et histoires concernant TA. T.

Nouveau Testament : a. Textes ; (. Histoires et récits concer- nant le Christ.

3** Textes et récits concernant : a. Les Anges; (. La Vierge Marie; c. Les Apôtres et les disciples; d, La Croix.

B. LitvLr(jica. Anaphores et Rituels : i* Sdon le riteja- cobite; 2** Selon le rite mdkite.

Appendix : Prières (apocryphes et superstitieuses].

C. Canonica. i* Généralités. Histoires des Condles; a* Ca- nons dits apostoliques; 3** Canons des Conciles; 4* Canons et règles attribués à divers personnages; Canons des empereurs; 6** Traités de droit canonique.

II

EXEGETIGA. THEOLOGIGA.

A. Tliéoloyiens Grecs (dont les œuvres ont été traduites eo arabe, par ex. : Basile, Grégoire de Nysse, Chrysostome, etc.).

B. Théologiens syriens, traduits du syriaque (comme Bar Saiibi, Kphrem , Jacques de Saroug , etc. ] , ou ayant écrit en arabe ( AbouH- Faradj, Elias deNisibe, etc).

C. Théologiens arabes.

Dans chacune de ces catégories les auteurs sont classés par ordre

NOUVELLES ET MELANGES. 325

alphabétique, sans distinction des sectes auxquelles ils appar- tiennent (jacobites, nestoriens, melkites).

D. Ouvrages anonymes, i" Commentaires sur TA. et le N. T.; 2" Traités de théologie dogmatique. Professions de foi; 3" Traités de morale. Homélies; 4** Controverses et théologie polémique.

III

HISTORIGA. HAGIOGRÂPHIGA.

A. Histoire. 1" Chroniques et Histoires générales; a* His- toires particulières. Description des villes et des Lieux saints.

B. Hagiographie, i** S^naxaires et collections de vies de saints; Vies des martyrs et des saints; 3* Histoires et récits concernant la vie monastique : a. Apophtegmata ; b. Collections d^histoires ascétiques; c. Récits et anecdotes isolés.

B"*" Carra de Vaux.

BIBLIOGRAPHIE.

NOUVELLES BIBLIOGRAPHIQUES.

Sous le titre suivant : Les Préceptes du Behaisme (Paris, Ernest Leroux, 1906, in- 18, x-'j2 pages. Prix: 2 fr. 5o), MM. Hippolyte Dreyfus et Mirza Habib-Ullah Chirazi donnent la traduction de quelques textes beliaïs recueillis dans les communautés hindoues et dont voici l'énuméra- tion : Les Ornements Les Paroles du Paradis Les Splen- deurs — Les Révélations, Ils sont précédés de la curieuse lettre qu'écrivit Beha-Ullah au sultan Abdul Aziz après son arrivée à Saint-Jean d'Acre dans lautomne de 1868. Dans l'introduction , les traducteurs combattent lopinion d'après

326 MAHS-AVRIL 1906.

laquelle le behaïsme se rattacherait à la secte des Horoûfis. L accueil fait aux nombreuses publications qui, depuis quelques années, ont été consacrées aux religions du Bab et de Beha-Ullah nous font bien augurer du succès de cette intéressante plaquette.

M. Ch. René-Leglerc faisait dernièrement lithographier à Médéah une carte du Maroc avec légende en arabe, qui ne saurait manquer d*étre appréciée par les indigènes de TAfrique du Nord. En même temps il publiait une intéressante étude sur un sujet qui, bien que plein d'ac- tualité, était encore peu connu : L* Armée marocaine (Al- ger, Léon, 1905, in-8", 29 pages avec carte. Extrait du Bulletin de la Société de Géographie d'Alger et de V Afrique du Nord),

M. A. Raox, professeur au lycée de Constantine, nous envoie La Moallaka de Zohaïr, suivie de la Lâmiyya d'Ihn El Ouardi et de quelques poésies extraites du Divan de 'Ali hen Ahi Tâlib (Alger, Adolphe Jourdan, 1906, in-S"). Les textes arabes de ces poèmes, entièrement vocalises, sont accompagnés d'un commentaire arabe et d'une traduction française.

Les Leipziger Semitische Studien, publiés par MM. A. Fis- cher et H. Zimmem à la librairie J. C. Hinrichs, de Leip- zig , viennent de s'enricliir de deux fascicules dus à M. Hans Stumme , Tarabisant bien connu. Tous les deux sont consa- crés à la littérature maltaise. Ce sont d*abord des Maltesiscke Studien, eine Sammlung prosaischer und poetischer Texte in maltesischer Spiache nehst Erlàuterungen (1904» în-8*, 124 pages. Prix: 4 marks), puis des Maltesiscke Màrcken, Gedichte und RàtseV in dentcher Uehersetzung (1904 in -8*, XVI- io3 pages. Prix : 3 m. 5o).

La librairie Victor LecofFre donnait, il y a qudques mois, dans sa Bibliothèque de l'enseignement de l'histoire eeeUsias''

NOUVELLES ET MELANGES. 327

tùjue, un remarquable travail duR.P.J. Parooire ils'È^ise byzantine de 527 à 8U1 [ 1906, in-12, xc-4o5 pages. Prix' 5 3 fr. 5o) excellent résumé de tout ce que nous connaissoni sur ce sujet. Bien diflérent de cet ouvrage est le dernier volume qu'elle a édité : Chez les ennemis d'Israël : Amoiy rhêens. Philistins, de M. labbé Antoine Dard (1906, in>'i6, 333 pages avec figures et cartes hors texte. Prix : 3 fr.5o); C*csl un journal de voyage en Palestine dans lequel Tauteur nous retrace avec un talent réel la situation actuelle de ce pays et Thistoire de ses luttes passées.

Un livre fort curieux et dune lecture captivante, c'élt celui que le D' Binbt-Sanglé , professeur à TEcole de psycho^ logie« vient de faire paraître dans la Bibliothèque de cette école sous le titre suivant.: Les Prophètes juifs, étude de psy- chologie morbide (Des origines à Elie) [Paris, Dujarrie et €'% 1905, in- 18, 324 pages. Prix : 3 fr. 5o].

M. Martin Lbwin vient de donner une utile contribation aux études syriaques par son édition critique des gloses de Théodore Bar Kôni sur les chapitres xii-l de la Genèse ( Die Scolien des Theodor Bar Kânî zur Patriarchengeschichte (Genesis xij-l), heraasgegeben und mit einer Einleitung uni Anmerkangen versehen, Berlin, Mayer und Mûller, 1906, in-S", xxxvii-35 pages).

Nous recevons le premier fascicule d'un important ouvrage de M. MoritzSteinschneider, Die Geschichtslitteratur der Juden in Druckwerken und Handschriften ( Frankfurt a. M. , Kaufi- mann, 1906, in-8°, 190 pages. Prix : 6 marks). Ce fascicule est consacré à la bibliographie des ouvrages en langue hé- braïque; nous espérons que les autres suivront rapidement. Rapprochons de cet ouvrage La Littérature populaire des Israélites tunisiens de M. Eusèbe Vassel, dont le premier fascicule, comprenant les pages 6-96, a paru récemment (Paris, Ernest Leroux, 1906, in-8°. Prix : a fr«5o).

328 MARS-AVRIL 1906.

Traduit dans toutes les langues de TËurope, le Code de Hammourabi de Têtre en persan, et le journal Tèrbiyit de Téhéran publie cette nouvelle version depuis quelques mois. Rappelons, à ce propos, que ce fut M.K.-J. Basmadjian qui, il y a une dizaine d'annés, introduisit rassyriologie en Turquie avec sa brochure Atoârî Kaldânilèrè makhsoâs khatt-i mîkht ( Constantinople , Bibliothèque de TÂst, i3ia, in- 16 de 27 pages).

Sept traductions différentes du Chapitre sur les vies des saints anachorètes avaient été publiées. Aujourd'hui M. Tabbé F. Nau nous en donne le texte grec original précédé d'une savante introduction et suivi de deux appendices ( Le Chapitre sar les saints anachorètes et les sources de la vie de 5. Paul de Thèbes [Extrait de la Revue de l'Orient chrétien]. Paris, Alphonse Picard et fds, 1906, in-8', 3i pages).

Le British Muséum vient d'éditer, avec un luxe véritable- ment remarquable , un recueil de textes coptes et grecs de l'époque chrétienne relevés dans cet établissement par l'un des conservateurs, M. R. Hall {Coptic and Greek Texts af the Christian Period from ostraka, stelae, etc, in the British Muséum, London, 1906, in-folio, xi-159 pages avec 101 planches). Reproduits en fac-similé et en caractères d'impression , les nombreux textes contenus dans ce beau volume sont accompagnés d'une traduction anglaise.

Lucien Bouvat.

The private diàry of Ananda Ranga pillai, dubash to J. F. Dupleix . . . Translated from the tamil and edited by Sir J.-F. Pricb and K. Rangosari. Vol. I. Madras, Gov. Press, 1905. In-8°, xlij-445 pages et un portrait.

Le 2 1 novembre 1 844 débarquait à Pondichéry un jeune commissaire de la marine , Edouard Ariel , qui avait suivi les

NOUVELLES ET MELANGES. 329

cours d*Eug. Burnouf à Paris et qui avait demandé à être envoyé dans l'Inde pour y continuer ses études. 11 ne tarda pas à apprendre à fond et le sanskrit et le tamoul; il réunit bientôt une fort belle collection de livres et de manuscrits. Au cours de ses recherches, il découvrit, dans une maison de la ville noire, de très importants documents, fort intéres- sants pour rhistoire des Français dans Tlnde, qu'il fit copier. Cette copie , conservée aujourd'hui à la Bibliothèque natio- nale, à Paris, forme seize volumes grand in-folio. Onze de ces volumes (n" lài à i54) ^ contiennent le journal d*Anan- darangappoullé , courtier, c'est-à-dire agent général, de la Compagnie des Indes, qui embrasse une période de 25 ans, de 1736 à 1761. C'est l'époque la plus importante de l'his- toire moderne de l'Inde.

Un autre jeune fonctionnaire de Pondichéry, M. Arthur Gallois Montbrun, signala ce journal dans une petite bro- chure qu'il publia en 1847. En 1^70» à l'occasion de l'érec- tion de la statue de Dupleix à Pondichéry, M. F.-N. Laude, Procureur Général, fit paraître des extraits de ce journal re- latifs au siège de 17^8, traduits en français par ses ordres : mais cette traduction est assez médiocre et incomplète. En 1889, j'en ai traduit quelques passages dans un volume publié par l'Ecole des langues orientales à l'occasion du Congrès des Orientalistes de Stockolm; en 189^, j'ai publié un volimie intitulé Les Français dans V Inde, qui contient la tra- duction de plusieurs morceaux du journal, de 1786 à 17^8. J'ai donné un spécimen du texte dans mon Manuel de la langue tamoule publié en 1908. On trouve de tout dans ce journal : des histoires de famille , des cancans , des conversa- tions , des observations , des détails de conmierce , etc.

Aujourd'hui , le gouvernement anglais a prescrit la publi-

^ En 1 900 , un nouveau volume fat découvert à Pondichéry et une copie en fut envoyée par les soins de M. A. Bourgoin , conser- vateur des Archives de l'Inde française, à la Bibliothèque natio- nale, où eile a reçu le i54 bis.

330 l^ARS-AVRIL 1906.

cation compiète de ce mémorial et le premier volume de cette traduction vient de paraitre.

Le volume est fort élégamment imprimé , avec des som- maires en marges, un index alphabétique à la fin, une table analytique des chapitres entre lesquels on a divisé le jooF^ nal , une fort intéressante introduction et deux appendices. En regard du titre est la i^eproduction photographique d*un portrait -^ œuvre évidemment d'un artiste médiocre conservé dans la famille d'AnandarangappouUé. La traduction m*a paru exacte et fidèle; elle est édairée de temps en temps par quelques notes discrètes. Mais j*ai pu constater que la copie de Paris, exécutée il y a déjà cîn* quante ou soixante ans sur des originaux mieux conservé», pourrait combler certaines lacunes de la copie dont s'est servi M. Price.

Le premier appendice traite du nom Maçukkarei par le* quel Tauteur désigne Bourbon et Maurice ; M. Price adopte ma traduction Mascareigne » ; c'est que, à Tépoque, .on disait , en parlant de ces deux îles : « les Mascareignes t simplement «lesiles»; Mascareigne était d'ailleurs le nom primitif de Bourbon.

M. Price paraît désireux de savoir quelle est exactement la consistance de la copie Ariel (Bibliothèque nationale). Après l'addition du ms. supplémentaire n** 1 54. qui « été copié par les soins de M. A. Bourgoin, conservateur de ia Bibliothèque de Pondichéry, sur un registre nouveau dé- couvert en 1900, le manuscrit va du 6 septembre 1736 au 13 juillet 1761 \ et présente les lacunes suivantes : du S) 5 novembre 1748 au a 4 juin 1749^ du 20 décembre 17&O au i5 avril 1761, du 7 mars au a3 avril 175a, du 10 dér cembre 17 53 au 5 septembre 1754, du a 3 septembre 1758 au 4 janvier 1759 et du 12 mars au 9 avril 1759.

Julien VwîJOH.

^ ÂnandarangappouHé mourut ic la janvier 1761, trois jours

avant ia capitulation de Pondichéry.

NOUVELLES ET MELANGES. 331

M.-A. Stein. Report of Arciimological Survey work in tue NortH'Western Frontier Province and Balvchistan , for the period from January 2**, 1904» to March 3i*\ 1906. Peshawar, 1906; in-fol. 56 pages.

Le D*^ M.-A. Stein, dont l'activité méthodique sufTit à toutes les tâches, a joint récemment aux fonctions d'inspecteur général de renseignement, qu'il exerçait auparavant, celles Ôl Archœological Surveyor, Nul assurément n'était mieux qua- lifié que ce sagace et heureux explorateur pour rechercher, sur le sol du Gandhâra et de l'Udyâna , les restes de cette antique culture buddhique dont il a su retrouver les vestiges jusque dans les sables du Turkestan. Le présent rapport, qui contient la relation des tournées effectuées par M. Stein pendant l'année 1 god > nous apporte déjà des résultats pleins d*intérét sur les antiquités du district de Kohat, du Mahaban et du Baluchistan.

Kohat est un district situé sur la frontière afghane, entre ceux de Peshawar au nord et de Bannu au sud. Ces deux derniers forment le bassin de la rivière Kurram, une des plus anciennement connues parmi les rivières de l'Inde, car elle est mentionnée , sous le nom de Kramu dans la nadîstuti, RV. , X, 76. Cette région lut traversée, au v* et au vu* siècle, par les pèlerins chinois Fa-hian et Hiuan-tsang. Fa-hian, partant de Hai-lo (Hidda, 5 m. S. de Jalalabad), sur la frontière du pays de Nagara (Nangrahar), franchit les Petites Montagnes neigeuses (le Safed-Koh) et arriva au royaume de Lo-i (haute vallée du Kurram) , habitaient 3ooo moines étudiant les deux Yânas. De il descendit vers le Sud et arriva au pays de Po-na (Banna) qui comptait à peu près autant de moines, mais tous adhérents du Hînayàna ^

Hiuan-lsang, retournant de l'Inde vers Kabul et la Chine, passa à Lan-po ( sk. Lampaka = Laghman ) , d'où il marcha i5 jours vers le Sud jusqu'à Fa-la-na (Bannu). Ce pays était

^ Fa-hian, trad. Legge, p. 36 et suiv.

332 MARS-AVHIL 1906.

sous la dépendance du Kapiça; il était limitrophe, à TGaest, du Ki-kiang-na (le Kikan des Arabes), région montagneuse habitée par des tribus indépendantes (= Waziristan). La route suivie par le pèlerin était la grande route qui joignait la région de Kabul au cours moyen de Tlndus : elle traversait le Safed-Koh et suivait la vallée du Kurram jusqu^à son confluent avec Tlndus. Quant à la capitale du pays de FaAa-na, M. Slein croit en retrouver la trace à Akra, 7 m. S. S. O. de Bannu, de nombreux monticules paraissent témoigner de Texistence dune ancienne cité. Cette hypothèse devra être vérifiée par des fouilles, car il ne reste sur le sol aucun vestige caractéristique.

11 n'en est pas de même à Kaiirkot. Sur un platean isolé du Kliasor Range, qui domine le confluent du Kurram avec rindus, se trouvent les ruines d'une ancienne forteresse, consistant principalement en un mur bastionné qui fait le tour du plateau. La surface délimitée par ce mur parait être d une vingtaine d'hectares. La maçonnerie est d'nne curieuse diversité : tantôt des pierres de dimensions énormes, gros- sièrement épannelées vers Textérieur, mais de formes et de dimensions irrégulières , sont empilées les unes sur les autres, les interstices étant comblés par des cailloux (type très commun dans le Gandhâra et TUdyâna); tantôt les pierres, de dimensions inégales, sont taillées de manière à former des assises horizontales , les plus grandes formant la base des murs, les plus petites le parapet; tantôt enfin un noyau de moellons est revêtu de deux parements de grès soigneusement appareillés. Dans cette enceinte se trouvent les ruines de quatre petits sanctuaires et d une maison d'habitation à deux étages ; un cinquième temple est à l'extérieur du fort , sur le bord de la rivière.

(]es constructions paraissent dater du viii' au x* siècle; elles ne portent aucune trace d'occupation musulmane.

Dans le district de Hazara , M. Stetn a fait une curieuse oliscrvation concernant le rocher de Mansehra, qui porte une inscription d*Açoka. Le choix de ce site parait d'abord étrange.

NOUVELLES ET MÉLANGES. 333

car les environs sont déserts. Mais au pied du rocher passe un vieux sentier qui conduit de Mansehra au tïrtha de Breri (5 m. N. 0. de Mansehra) , on se rend en pèlerinage pour vénérer un grand rocher qui est une forme naturelle (sva- yainbhû) de Durgâ (Breri = Bhattarikâ, i. e. Durgâ). La présence de l'inscription sur le chemin d'un pèlerinage sans doute fort ancien s'explique facilement; c'est ainsi que les édits sur roc de Junagadh sont sur la route des sanctuaires du mont Girnar.

Nous arrivons au chapitre le plus curieux du rapport de M. Stein : l'exploration du Mahahan. On donne ce nom au massif montagneux qui s'enfonce comme un coin dans la frontière indienne, entre les districts de Peshawar et de Hazara, et qui domine la rive droite de l'indus, en face d'Ab- bottabad. Il ne jouissait que d'une notoriété modeste lorsque, en 1 848 , le général Abbott crut y retrouver le roc fortifié d'Aornos qui fut assiégé et pris par Alexandre. En Angleterre , tout ce qui touche de près ou de loin à la Grèce est assuré d'une célébrité immédiate : le Mahaban devint donc célèbre, en attendant le jour oii le D"^ Stein devait le dépouiller de son auréole classique. La chose s'est faite très simplement. Abbott avait regardé le Mahaban de fort loin : comme il n'en pouvait distinguer les détails, il s'était facilement persuadé que le site répondait exactement aux descriptions des historiens d'Alexandre. Il se plaisait notamment à y voir in his mind's eye un grand plateau abondamment arrosé. Or quand M. Stein, après de laborieuses négociations avec les tribus, réussit à mettre le pied sur le prétendu Aornos , que vit-il ? Au point d'intersection de quatre longues arêtes rocheuses, une petite terrasse d'environ i3o-i3o mètres de long sur 25-6o mètres de large. L'escorte n'y était pas à l'aise , d'autant que la source d'eau pure promise par Arrien était aussi invi- sible que les terres arablei4dont ia culture, selon le même auteur, exigeait le travail d'un millier d'hommes. En somme, la question que M. Vincent Smith, dans sa récente Histoire de VInde, considérait comme «defmitely setlled», Test en effet,

334 MARS-AVRIL 1906.

mais dans le sens négatif : le M ahaban n'est pas TÂornos. Sar ([uel rocher se posera désormais ce nom flottant? M. Stdn n'est pas éloigné de croire que le fameux siège n*a eu lieu que dans le pays chimérique Alexandre accomplit tant de miraculeuses prouesses. C'est peut-être pousser on peu loin le scepticisme. Sur un autre point encore , M. Stein tient un langage inquiétant. On sait cpie la région de Peshawar a fourni a Tépigraphie un assez grand nombre d'inscriptions en caractères inconnus. Suivant les renseignements donnés par leurs inventeurs, les unes provenaient du Mahaban, les autres du Buner. Or M. Stein a été au Buner et au M ahaban, sans pouvoir trouver nulle part la moindre trace, le moindre souvenir de ces inscriptions. Un émule d'Islam Akhun aorait-ii été à l'œuvre de ce côté ?

La seconde découverte de M. Stein est la localisation du stiipa du «Don du corps». Il y avait dans l'Inde du Nord « quatre grands stupas » marquant respectivement les endroits le Bodhisattva avait donné par charité un morceau de sa chair, ses yeux, sa tète et son corps. Le stûpa do Don de ia tête était à Taksaçilâ (Shah-ki-Dheri , près Peshawar); celui du Don des yeux a été localisé par M. Foucher à Poskaravati, aujourd'hui Charsadda (BEFËO., I, Sâg); celui do Don é& la chair, par M. Stein , à Girarai (Buner). Restait le quatrième, que Cunningham plaçait à Manikyâla, près de RawalpindL Pour des raisons que nous ne pouvons examiner en détafl, mais qui paraissent probantes , il faudrait le chercher sur le mont Banj , au sud de la chaîne principale du Mahaban,

Nous ne suivrons pas le D' Stein dans son voyage aux ruines d'Asgram (probablement VAsigramma de Ptolémée) et dans le Baluchistan. Nous en avons dit assez pour montrer que le travail archéologique est vigoureusement poussé sur ia frontière du Nord-Ouest. Nous faisons des voeux pofnr (}u une œuvre aussi bien commencée ne soit pas arrêtée par le manque de temps ou de ressources. Le monde savant aurait une grande joie à apprendre que le Gouvernement de rinde a donné au D' Stein les moyens de fouiller un grand

NOUVELLES ET MÉLANGES. 335

site historique, tel que ceîui de la vieille Taksaçilâ. 11 est presque sûr que des trésors scientifiques dorment à portée de la main. Lord Curzon avait un goût peut-être excessif pour les restaurations : puisse , sous le nouveau règne , la pioche hériter de la faveur dont la truelle hënéficiait sous Tancien !

Ajoutons que le point de vue archéologique n'est pas le seul qui ait retenu Tattention du D' Stein. 11 s*e»t préoccupé aussi de réunir des matériaux pour la géographie ancienne de rinde du Nord, qui est sa part contrihutive au Grundriss der indo-arischen Philologie, On apprendra avec satisfaction que le Grandriss n'est pas mort et enterré, comme on avait pu le craindre, mais qu'il est simplement tombé dans une léthargie dont il ne serait pas impossible qu'il se réveillât dans un avenir plus ou moins éloigné. Du vivant de Bûhler, il en parut 4 ou 5 fascicules par an ; après sa mort , un ou deux ; depuis quatre ans il n'en parait plus du tout. L'héritage d'Alexandre est lourd sans doute : il semble cependant qu'avec quelques e£Ports on parviendrait à achever l'œuvre que sa mort a interrompue.

L. FiNOT.

Orientalische Studien Theodor Nôldeke zum siebzigstcn Geburtstag {2 Màrz 1906) geividmet von Freunden und Sckûlcrn und in ihrem Aujtrag keraiisgegcben von Cari Bezold. Mit dem Bild- niss Th. Nôldeke s , einer Tafel und zwôlf Abbildangen. 2 Bande. Veriag von Aifred Tôpelmann, Giessen, 1906. (Druck von W. DruguHn in Leipzig.)

A l'occasion du soixante-dixième anniversaire de M. Nôl- deke, un grand nombre de ses amis et anciens élèves lui ont présenté un recueil de mémoires qui dans leur ensemble sont l'image du vaste domaine de la science littéraire ce savant règne en maître d'une autorité non contestée. Je suis un des quatre-vingt-six contribuants et je n'oserais en-

336 MARS-AVRIL ig06.

treprendre de rendre compte du livre, si je ne devais ajou- ter en touU^ humilité : quorum pan exiguafài.

Le recueil commence par un catcdogue des écrits de M. Nôldeke, dressé par M. Kuhn, et qui embrasse aussi ses critiques d'ouvrages d'autres auteurs. Le totcd s^élève au chiffre respectacle de 56 & numéros, et encore M. Kuhn m'écrit qu'il n*est pas complet.

Les essais de la première partie (p. i-46i) ont tous rap- port à la langue , la littérature, la religion et l'histoire des Arabes. Ils débutent par le mien qui contient une hypo- thèse sur la vocation du Prophète. M. Buhl a soumis à un examen critique excellent les traditions sur les préliminaires de la bataille de Bedr, et celles sur l'émigration des Musid- mans en Abyssin ie. M. Nicholson décrit le fragment d*une biographie de Mohammed par al Mottawwil (v* siècle de THég. ) (jui n'a pas encore été consulté par les savants euro- péens et dont le seul manuscrit connu se trouve dans sa bibliothèque. M. Fischer tâche de démontrer que les versets 7 et 8 de la sourate loi sont une interpolation exégétique et non pas des paroles coraniques mal placées» M. Geyer traite des vers anciens la vitesse de la chamelle est attri- buée à sa frayeur, causée par un chat qui s*est attaché à ses lianes , doublé parfois d'un co(| ou d'un porc. 11 croit qu'on ne saurait penser à ces animaux mêmes, mais qu'ils figurent des êtres démoniaques, des djinn. M. Schulthess a fourni un très bon mémoire sur ie poète ancien Omaya ibn abi'ç-Çait et l'authenticité des vers qu'on lui attribue. Ce poète était hanif, terme ({ue M. Schulthess considère comme étant arabe, non pas emprunté à l'araméen, et signifiant séces- sioniste. L'auteur pense que ce poète devait ses connais- sances bibli((ues aux Juifs du Yémen. M. Houtsma fûgnaie une version poéticjue du Kalila wa Dimna par Ibn al-Hab- bâriya (t r>o4 de THég.) qu'on croyait perdue, mais qui s'est retrouvée en Inde, elle a été lithographiée en 1900 à Bombay. M. Snouck Hurgronje communique une qa^Sda

NOUVELLES ET MÉLANGES. 55*3

d\in poète du Hadramôt avec traduetion et notes. M. Broc- kelmann a recueilli les fragments du livre de Mohammed ibn Sallâm al-Djomahi ( f aSi ) snr les poètes. M. Lyidl pu- blie un extrait du Commentaire d*Ibn al-AnbirI sur les Mofaddallyàt dont il prépare une édition. Cet extrait con- tient le récit de la bataille d*al-Kolâb ' par Ibn al-KelbL M. G. Rothstein a trouvé dans le livre de Shiboshtl (i Sgo) sur les monastères un épisode intéressant sur les Tâhirides dont il donne un aperçu. M. Barthold souniet à un examen critique tout ce qu'on sait sur les premières années de Ya'qoub le premier prince SaSaride. M. Derenbourg re* dresse un passage tronqué du Fakhrî , en insérant un en-tète qui manque dans le manuscrit. M. Max van Berchem donne une édition sommaire des inscriptions de Tatâbek Loulou de Mossoul. M. Torrey publie d'après le manuscrit de Paris un petit traité d'Ibn Barrï (+ 58a) sur les locutions vi- cieuses, et M. Brûnnow le traité d*Ibn F&ris (i 596) stir Taliitération en arabe. M. Mez parie de quelques classes de verbes trilitères de formation secondaire , conune ceux com- mençant par un 5 et qui ont été dérivés de la 1 o* forme ou bien d une forme saj^al, d'autres commençant par un k qui ont été formés de la A* forme , etc. M. Reckendorf traite de l'emploi du participe en arabe. M. Friedlânder fait ressortir les hautes qualités du «Livre des religions et des sectes» par Ibn Hazm et en analyse la c(Hnposition. M. de Boer ex- pose la polémique d'ai-Kindî contre le dogme de la Trinité. M. Cheikho publie un petit traité rdigieux et philosophique de Honein. M. Fraenkel décrit en détail le droit d'asile ches les Arabes. M. Goldziher fournit une étude intéressante sur les éléments magiques de la prière musulmane. M. Becker donne un article remarquable sur l'usage dumjm^r (chaire) aux premiers temps de l'islamisme. M. Juynboll sWcupe de la signification primitive du mot *amm (oncle paternel). M. Macdonald publie l'Histoire du pécheur et du djinnî d'après le manuscrit des Mille et une Nuits emjdoyé par Galland. M. Rhodokanakis décrit trois manuscrits de Çons-

vu. a 3

338 MARS-AVRIL ig06.

tantînople. M. Eating dessine et décrit la seUe de chameau des Bédouins. M. Yahuda donne on recueil de proverlNis baghdadiens avec traduction et explication. M. Schwdij fait k description de certaines coutumes superstitieuses qu*3 a observées au Caire. M. Marçais paile de reuphémisme et Tantiphrase dans les dialectes arabes d* Algérie. M. Basset a pris pour sujet de son article les mots arabes passés en berbère. M. Stumme donne un spécimen d*un poème géogra- phique en shilhi de &di Hammou, Berbère qui vécut au XVII* siècle. M. Grimme croit avoir découvert Texistence de la doctrine du «Logos», à part de la doctrine chrétienne, en Arabie méridionale et en trouve des traces dans le G>ran.

La seconde partie du recueil commence par une commu- nication de M. Braun sur des textes syriens qui ont rapport au premier synode de Constantinople. M. Duval donne une notice sur la Rhétorique d*Antoine de Tagrit. M. Chabot décrit un ouvrage syriaque d'origine nesUxienne intitidé Le Jardin des Délices, et qui explique le texte des leçons des Dimanches et Fêtes du cycle liturgique annuel. M. Zetlerstéen publie un dialogue en vers entre le diaUe et la pécheresse dans le dialecte araméen appelé fellihî. M. Landauer donne des notes critiques sur Tédition de Lagarde du Targnm des Lamentations. M. Gaster traite des accents dans le Penta- teuque samaritain et de la division en sections. M. Lidxbar- ski explique les noms d*ange mandéens Uthra et Mdakha. M. Lôw a dressé une liste très utile des noms des potsaons en araméen. M. Hjelt a compilé les noms de plante qui se trouvent dans le Hexaêmeron de Jacques d*£desse. M. Bevan examine Torigine du verbe araméen kalles « louer ». M. J.-W. Rothstein insère un Spécimen criticam sur le texte hânnâqiie de Jésus Sirah; M. Ginzberg donne des notes eiqdicatÎTes sur te même texte. M. Stade reconstruit la forme poétique dn psaume xl. M. Witton Davies présente des notes critiqiiét et explicatives sur divers psaumes. M. Budde ^g^min^ le

NOUVELLES ET MÉLANGES. 33^

système de vocalisation hébraïque de l'école de Tibérias. M. Nowack s'occupe de la question toujours brûlante de savoir si la littérature hébraïque a connu un mètre et quel en est le caractère. Sa réponse à la première question est affirmative et il croit que ce mètre se basait sur l'accent. M. Ëerdmans traite de la fête israélite des mazzoth (pain azyme) qu'il considère comme étant originellement indépen- dante de la fête de Pâques. M. Marti trace le tableau des événements du temps suprême selon l'Ancien Testament. M. Sellin étudie la question très discutée de l'ephod des prêtres israélites qu'il croit avoir été toujours une espèce de tablier. M. Westphal étudie la signification originelle de l'expression «armée céleste» chez les Hébreux. M. Baudissin tâche d'éclaircir la question de l'identification du dieu phé- nicien Esmoun avec Esculape. M. Seybold explique les mots hébreux herîth « alliance » , rôsk keleh « tête de chien » et rôsh hamôr « tête d'àne ». M. Moore démontre que par le yotèret de la foi dans le sacrifice il faut entendre le «Lobus caudatus». M. Kautzsch expose les raisons pour lesquelles on a attribué à tort à l'influence de l'araméen le doublement du premier radical des verbes mediœ geminatœ en hébreu. M. D.-H: MûUer parle des substantifs verbaux et en donne des exemples en mahrï et en soqotrî. M. Barth signale les changements que les mots subissent par suite de leur accouplement avec d'autres mots. M. Toy a intitulé son mémoire : La conception sémitique d'ane loi absolue. Il entend par la loi divine comme elle a été révélée à Moïse et à Mohammed.

M. Soltau s'occupe des légendes sur saint Pierre dans les Actes des Apôtres et de la composition de cet écrit. M. Niese a pris pour sujet de son mémoire la lettre du consid Gains Fannius à l'archonte de Kos en faveur d'une ambassade de* Juifs, qui se trouve dans le i4* livre de VArcliéologie de Josèphe. Il démontre que cette lettre a été donnée en 161/0 avant J.-C. et que l'ambassade est celle qui partit pour Rome après la victoire de Judas le Maccabé sur Nicanor. M. Neumann parle des causes de la persécution des chrétiens par Decius

340 MAI-JUIN 1906.

le temple, puis les questions et les réponses qui s'en- suivaient. Dans la iégisiation d'Amasis, c était ainsi que dans la législation romaine le verse- ment, réel ou fictif, d'un prix convenu, représenté par un poids du métal formant le numéraire.

« Dans notre acte , cette mancipation a encore les mêmes conséquences qu elle avait du temps d'Âma- sis. Elle constitue la cérémonie de ia prise pour femme et cest ce qu indique la phrase : « Tu m'as «prise pour femme aujourd'hui, tu mas donné un « kati fondu de la double maison de vie pour mon « neb himet en t'établissant mon mari. » Mais ce prix versé par le mari pour son droit de maîtrise n'est encore ici considéré que comme un apport matrimonial, remboursable dans certains cas, du moment ie mari n acquiert plus sur sa femme les droits de quasi -propriété que lui permettaient d'acquérir les lois d'Âmasis. Par cela même , le mari devient le créancier de sa femme; et o'èst oette-ci qui doit parier comme le fait toujours un débiteur.

« D'après les principes légaux du code de Boo- choris , rien de plus logique que cette première dé- rivation d'une législation transitoire dont certaines formes subsistaient encore, alors que le fond s'en allait, emporté par la réaction des mœurs publiques.

« Plus tard on ne voulut plus admettre que ce fut la femme qui s'obligeât comme débitrice envers son mari, tout en trouvant bon que le mari versât à sa nouvelle épouse une somme d'argent pour son neh himet Une des formes les plus fréquentes dos ooa-

NOUVELLES ET MÉLANGES. 341

sur son livre « Zoroaster the Propketn. M. Horn a recueilli tous les passages du Shahnameh sont décrits la pointe et la fin du jour, le midi , le soir, la nuit , le lever et le coucher de la lune. M. Jacob décrit le cabaret, le vin et toul ce qui y appartient d'après les Gazels de Hâfiz. M. Hùbschmann propose une nouvelle étymologie du mot grec xteis. M. Giese traduit deux épisodes d'un roman turc de Hûsën Rahmi, qui peignent la vie populaire à Constantinople. Le dernier article est celui de M. Spiegelberg qui examine ce que les monuments araméens de la période persane trouvés en Egypte nous apprennent sur la langue égyptienne.

J'ai fait cet exposé sommaire du contenu de ce recueil pour donner une idée de sa richesse. 11 est tout naturel que toutes les pièces n'aient pas la même importance, mais il n'y en a pas , ou presque pas , qui soient dépourvues d'intérêt , et celles qu'on peut considérer comme des bijoux ne sont pas rares. Ensemble elles forment un monument digne de l'illustre savant en l'honneur duquel il a été élevé.

M. Bezold a bien voulu se charger de la correspondance et de la rédaction et il s'est acquitté de cette tâche à merveille. Ensuite il a doublé la valeur pratique du recueil par deux index, l'un des noms propres, l'autre des mots expliqués. L'exécution typographique fait grand honneur à MM. Tôpel- mann à Giessen, et Baensch, de la maison Drugulin, à Leipzig. Le portrait de M. Nôldeke est très réussi. Leide, avril 1906.

M. J. DE GOEJE.

KunuKn-ENGiisn dictwnary. Part L By Rev. FercL Hahn, Ev. luth. Mission, Chota-Nagpore. Calcntta, Bengal Secrétariat Press, 1903, in-8°, (iv)-i84 pages.

Ce livre , qui fait suite à l'excellente grammaire du même auteur, devra rendre de grands services en contribuant à

342 MARS-AVRIL 1906.

faire connaître 1 une des langues dravîdiennes les plus inté- ressantes et les moins connues. Les mots sont en majorité dravidiens, comme il est naturel, mais il y en a un nombre important dont Torigine parait difficile à établir; on trouve aussi, mais moins souvent qu on ne s y serait attendu, des expressions empruntées aux langues gaudiennes environ- nantes : Hindi, Bengali, Urlya. L'auteur a droit à tous les remerciments et à toutes les félicitations.

Julien ViNSON.

KaLIN ATH MaKHBRJI. POPULAR BINDU ASTRONOMY. Part I. Cd-

cutta, igoS. Le même. Atlas of uindu Astronomy, Calcutta, 1901.

Depuis plus d'un siècle on étudie lastronomie indone. Les grands traités indigènes, entre autres le Sârya-Siddkânta , ont été publiés et traduits. On sait par quelles étapes cette science a passé , et il a été possible d en écrire Thistoire. Wus d'une question est cependant controversée, par exemple celle des origines du zodiaque lunaire.

M. Kalinatb Mukherji ne s'est pas proposé de résoudre de tels problèmes. Il a voulu écrire un livre accessible an grand public lettré et donner de Tastronomie indoue une elposi- tion « populaire ». Ces modestes prétentions ne Tont pas em- pêché de composer un ouvrage à la fois utile et scientifique. Les rapprochements variés dont il a su Tenrichir témoignent même d'une solide érudition.

La première partie de cet ouvrage traite des constellations et des naksatras ou astérismes lunaires. On sait quel rôle im- portant ont joué et jouent encore dans Tlnde ces nakçatras. Dès la période védique , ils servirent de base an calendrier. Ils constituèrent un zodiaque de 37 figures avec chacune des- quelles la pleine lune peut entrer en conjonction. Ces asté- rismes sont décrits avec beaucoup de soin dans le livre de

NOUVELLES ET MÉLANGES. 343

M . Kalinath Mukherji. Ils sont en outre l'objet d une notice dont les éléments sont empruntés à la littérature sanskrite , en particulier aux Védas et aux Purânas.

A ce titre d*ailleurs, toute Tintroduction est dun vif inté- rêt. C'est un chapitre très nourri de citations, l'auteur montre l'origine astronomique d'un grand nombre de mythes indous. Parmi les dix exemples réunis, le premier surtout est instructif; il s'agit de la voie lactée et des différentes conceptions que s'en firent les sages védiques.

L'atlas par lequel M. Kalinath Mukherji inaugura ses publications a pour objet d'illustrer les descriptions fournies par la Popular hinda Astronomy. Toutefois c'est un ouvrage qui se suffit à lui-même. Il comprend en effet une introduc- tion dans laquelle les étoiles de chaque partie de la sphère céleste sont systématiquement classées et leurs caractères brièvement indiqués.

L*atlas comprend lo planches. Les six premières repré- sentent la sphère céleste et les constellations qui la com- posent. Les quatre autres expliquent les phénomènes astro- nomiques, jour et nuit, saisons, éclipses, etc. 11 faut louer la finesse et la beauté de ces planches. Entres toutes, la cin- quième mérite un éloge sans réserve. Elle consiste dans la carte du ciel avec représentation figurée des constellations. C'est une véritable œuvre d'art qu'il sera di£5cile de surpasser.

A. GUÉRINOT.

344 MARS-AVRIL 1906.

RECUEIL D'ARCHÉOLOGIE ORIENTALE,

PUBLIÉ PAR M. GLERMONT-GANNEAU. (paris, S. LEROUX.)

TOME vir, LIVRAISONS 8-1 5. (Octobre igoS-Mars 1906.)

SOMMAIRE.

S 10. l-ne inscription néo-punique datée du proconsulat de L. Ae- lius Lamia (planche I). [Suite et fin.] S 11 . La relation de voyage de Benjamin deTudèle. S 12. Le pMerioage de Louis de Rochechouart S 13, Fiches et I^ottUes : L*inscription punique C, L S,, 1, n"* 293; Inscriptions judéo-grecques d^Alexandrie; Anses d'amphores estam- pillées découvertes à Carthage. S 14. L'Horacleion de Rahbat-Ammon Phikddphie et la déesse Aateria. S 15. Une nouvelle inscription nahatéenne de Bostra. S 16. Une qkazzia romaine contre les Agriophages. S 17. La fête de l'empereur Hadrien à Pidmyre. S 18. Le iâdj'ddr Imrou*l-Qais et la royauté gén^le des Arabes. S 19. Le dieu Echmoun. S 20. Infcrip- tions gi*ecques de Pdestiiîe. S 21. Nouvellea in- scriptions latines et grecques du Haurân. S 22, Inscrîp tion samaritaine de Gaza et inscriptions grecques aa Bersahée. S 23. Les Comptes rendus de TAcadteie des inscriptions et belles-lettres. S 24. Fiehei et Natulm : Inscription grecque Wadd. n** 22 10; Le dieu Ethaos; Le «priDcc héritier» en phénicien et en hébreu; aSSiSos^ Le mcmorion; Le comte Patricius; Gérard, de TOrdre de THôpital, évéque de Balanée de Syrie; Histoire d*Égypte, de Maqrîzi; Deux projets de croisades des zm* et zi?* siècles. S 25. Le sirr sanctifié. S 26. La Province d'Arabie. S 27. Inscription grecque de Esdoûd. S 28. L'expédition américaine dans la Syrie centrale. S 29. Inscriptions de la Haute Syrie et de Mésopotamie. S 30. Fiches et Notules : Le comte Anthimos, gouver- neur d'Arabie; Inscription byzantine de Sinope; L*édit d'Agrippa II; Abdalgas et Olbanès; L'ostrakon araméen Cowley. ( A suivre,)

Le gératU :

RuBENs Dotal.

JOURNAL ASIATIQUE.

MAI-JUIN 1906.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ

(SECONDE PARTIE).

PAR

M. E. REVILLOUT.

(suite et fin ^)

« Il ne faut pas perdre de vue que nous sommes ici, par excellence, dans une époque de transition. On avait des réminiscences de ce qui s'était fait avant qu'Amasis n'essayât de changer les bases de la société égyptienne ; on avait des réminiscences de ce qui s'était fait sous Amasis ou au commencement du règne de Darius; et on combinait cela souvent d'une façon bien singulière.

« Notre contrat tient à la fois de i acte civil et du contrat qui, précédant cet acte de l'état civil, était relatif aux biens.

« Comme les actes de l'état civil , il constate la céré- monie qui lie le lien conjugal. Dans la législation archaïque c'était la rencontre des deux parties dans

* Voit* les numéros de janvier-février 1906, p. 57*101, et mars* avril 1906, p, 161-233.

VII. a 3

tlirUlUaU ■ATIOIALB.

348 MAI-JUIN 1906.

« J'abandonnerai pour toi le tiers de la totalité de « biens quelconques que je ferai être, sans allouer « aucun acte , aucune parole au monde.

« Le tout est attesté par un notaire et quatre té- moins. »

Nous rayons vu dans fextrait du livre que nous venons de citer, de même que le contrat de mariage par créance nuptiale fut, d*une part, iodéGniment conservé , quand dans des unions qu*on authentifiait des enfants étaient déjà nés, et, d'une autre part, dans le cas contraire , devint forigine égyptienne du contrat proprement dotal; de même le contrat par vente du neb himet devint à son tour Forigiiie du contrat égyptien par don nuptial , qu*on a voulu, bien il tort, comparer au \-ieux tirhata babylonien. Le tir- hatu de Hammourabi n*est nullement un don nuptial fait à la femme, en dépit du nom de nadmum qu*on lui donne quelquefois : c'est un capital de garantie pour le serikta. Il ne faut pas, par conséquent. comme on fa fait, fui appliquer ce que nous avions dit pour le shep et y voir la trace permanente d*une untique coemptio , ce qui est incontestablement >Tai pour le don nuptial égyptien.

Reproduisons ici le formulaire d'uade cescontrats par don nuptial, que nous possédons en grand nombre pour une époque bien postérieure : le temps des Ptolémées.

« L'an 2 1 , épiphi , du roi Ptoiémée, fils de Ptolé- niée et dWrsinoé, les deux frères; CaUistos, fils de

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 349

Phiiistion, étant prêtre d'Alexandre et des dieux frères et des dieux Évergètes, Bérénice, fille de Sosipatre, étant canephore devant Arsinoé Philadelphe.

« Le Grec Mêlas, fils d'Apollonius, dont la mère est Chati, dit à la femme Tsetbast, fille de Ptolémée, dont la mère est Tsetamen :

«Je tai prise pour femme. Je tai donné un ar- « genteus {outen) , en sekels 5 , un argenteus en tout « pour ton don nuptial [shep en himet, mot à mot : ca- « deati de femme).

« Je t'établirai comme femme. Si je te méprise, si « je cherche une autre femme que toi , je te donnerai « a argentei, en sekels (statères) 10,2 argentei en « tout, en dehors de l'argenteus ci -dessus cpie je « t'ai donné pour ton don nuptial, ce qui fait 3 « argentei , en sekels 1 5 , 3 argentei en tout.

« Ton fils aine , mon fils aîné , sera le maître de « tous mes biens présents et de ceux que j'acquerrai.

« Que je te donne le tiers de tous mes biens pré- « sents et de ceux que j'acquerrai ...»

Ce contrat contient les mêmes éléments (pie celui de Darius dérivé de l'antique coemptio et relatif à l'achat du neb himet. L'argent du neb himet est devenu le shep en himet « don de femme ». Quant à toutes les autres clauses , elles sont retournées, car, dans l'inter- valle, était intervenu le code des dynasties natio- nales révoltées contre les Perses, et qui avait très écpiitablement réglé l'état des choses résultant des nouvelles coutumes.

350 MAI-JUIN 1906.

D après ce code, la puissance maritale était d ailleurs définitivement abolie. G était le mari qui toujours était obligé d'entretenir sa fenmie, et par conséquent de lui payer le tiers que la femme ver- sait après Tachât du neb himeL C'était lui qui devait aussi dédommager la femme en cas de divorce. Enfin un article surajouté spécifiait les droits des enfants -*- représentés par le fils aîné dstns rhérédité du père, absolument comme dans Tanden mariage religieux, comparable à la confarreatio romaine.

La transformation d'un prix d'achat - mâme d'usage de la femme en cadeau de femme i l'oc- casion de ses noces, était capitale. Elle remettait les choses il un point vue plus acceptable. Aussi lo don nuptial se généralisa-t-il pour beaucoup dépeuples voisins de l'Egypte. En Arabie, il devint de règle et fiit adopté plus tard par Mahomet. Il est encore de coutume chez les Arabes , et le taux minimum fixé par le droit musulman suit à peu près la moyenne des anciens tarifs égyptiens, telle quelle résulte des oon* trats de mariage ptolémaïques. Ce qui prouve d'ailleurs que ce n'était pas un emprunt aux usages sémi- tiques, mais bien au droit égyptien secondaire, c'est qu'on ne trouve rien de tel en Chaldée , je l'ai déjà dit à propos du tirliata.

Quant au tiers des acquêts , fourni d'abord sous Darius annuellement, tantôt par le mari, s'il s'agis- sait d'un mariage par créance nuptiale, tantôt paria femme, s'il s'agissait d'un mariage dérivé de l'antique coeniplio, il s'échangeait souvent, d'après le nouveau

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 351

code et cela dans les deux cas avec une pen- sion alimentaire au profit de la femme.

Je vais encore citer, au hasard, un contrat de shep en himet appartenant à ce type.

« An 1 4, épiphi , du roi Harmachis, vivant toujours, aimant Isis, aimant Amonrasouknt, le dieu grand.

« Le changeur, habitant de Thèbes, Petimaut, fils de Pabast, dont la mère est Tsetub, dit à la femme Tbal , fdle de Paret, dont la mère est Tsetimouth :

« Je t ai prise pour femme. Je t ai donné a argentei , «en sekels lo, a argentei en tout, pour ton don (c (nuptial) de femme.

« Que je te donne 36 artabes de blé , les deux tiers « a4i 36 artabes de blé en tout; plus a argentei « (outen) et 4 dixièmes (katis); en sekels (statères) 1 2, « a argentei et 4 dixièmes en tout; plus la xfiSs a d'huile de sésame, i a )(qvs d'huile de x/x<, ce qui « fait a 4 x^*'* de liquide , pour ta pension d une année. « Que je te donne cela par année quelconque, C est M toi qui prends puissance d exiger le payement de ta « pension, qui sera à ma charge. Que je te donne cela,

« Que les enfants que tu engendreras soient les a maîtres de la totalité des biens qui sont à moi et « que je posséderai,

«Je t'établirai pour femme. Que je te dédaigne, « que je cherche une autre femme que toi , je te ferai « 10 argentei, en sekels 5o, lo argentei en tout, « en dehors de tes a argentei ci-dessus , que je t'ai «donnés pour ton don nuptial de femme, ce qui

352 MAl-JUJN 1906.

« complète i s argentcî , en sekels 60 , 1 a argentei « en tout . sans all^[uer aucune pièce, aucune parole t au inonde avec toi.

De manas, il n était plus du tout question dans ce mariage, dérivé pourtant de lantique coemptio. IjSl manus avait été définitivement abolie dans le code promulgué par les rois nationaux révoltés contre les Perses, en même temps, du reste, que le cens quinquennal qui n'avait plus d'objet légal.

En effet , toutes les aliénations, réelles ou fictives, des personnes ingénues avaient été supprimées et cola en vertu de la loi de Bocchoris qu'a citée Dîodore de Sicile et qu on promulgua de nouveau.

Plus de nexi, par conséquent, pouvant réclamer leur liberté au cens quinquennal.

La constatation des mariages était, d'autre part. laissée aux notaires officiels rédigeant les contrats de mariage, toujours désormais à base pécuniaire comme dans la loi chaldéenne de HammouraliS. Seulement la base pécuniaire pouvait être Constatée, soit comme versée par le mari , soit comme versée par la femme. Les registres de Tétat civil et ceux du ypa^(ov n'étaient plus des livres intermittents , maïs ils étaient tenus à jour et, paraît-il, en même temps, soit par les basilicogrammates et leurs subordonnés, soit par les biérogrammates. En cela encore , on «e rapprochait de l'ancien régime, celui de la hêrit, usité sous les dynasties animoniennes, mais avec beau- coup moins de simplicité et d'unité.

LA FEMME DANS LANTIQUITÉ. 353

Le mariage, basé désormais suri union libre, dont les contrats de mariage n'étaient quun commence- ment de preuve par écrit, ne changeait quoi que ce fût à la situation delà femme, pas plus qu'à celte du mari , et ne transformait en rien l'état civil propre- ment dit: état civil réduit aux naissances et aux décès, dont on donnait officiellement des certificats.

Quant aux naissances , elles n'étaient plus jamais entachées de la marque de bâtardise , ainsi que l'ont fort bien dit les Grecs, et comme le prouvent les documents contemporains; il n'y avait plus de bâ- tards, plus de véOoi, mais seulement des gens sans père, des inùLTopes, et encore pouvaient-ils, sur le tard, avoir un père, par une reconnaissance faite après coup, par exemple par un sankh, c'est-à-dire par un mariage par créance nuptiale.

Disons-le d'ailleurs , ce sankh était par le nom assi- milé aux créances ordinaires, qui s'appelaient égale- ment sankh. Seulement c'étaient des créances qui , à côté des mes , ou des enfants de l'argent ( m hcg usura) qu'on stipulait, avaient déjà produit des mes ou des enfants [hixc^ puer) du débiteur et de la créancière.

Voici , pris au hasard , un exemple de ces contrats , imités (avec transformations ) de cdui de l'an 5 de Darius dont nous avons parlé précéden)ment :

« L'an 1 3, mésoré, du roi Ptolémée, le dieu Philo- pator Philadelphe, et des prêtres des rois qui sont inscrits à Raçoti (Alexandrie).

* Les deux mots s'écrivent de même en démotique , sauf le dé- terminatif de l'argent surajouté pour le mot MHCe usura.

3M MAI-JUIN 1900.

tt L archentaphiaste Hereius, fils de Pètesé, dont la mère est Tetoua. dit à la femme Tsetamen, fiUe de Petosor, dont la mère e^t Tetoua :

«Tu m*as donné, et mon cceur en est satisfait, " a 1 argentei fondus, du temple de Ptah, ou ao ar- « gentei plus 5/6 , i/io, i/3o, i/6o, i/6o, ai argen- « tel fondus, du temple de Ptah, en tout , pour ton « sankk (ta créance).

« L archentaphiaste Pète^, fils de Hereius, mon u fils aîné, ton iils aine, et Thomme du même rang, « Petosor, fils de Hereîus, mon fils, ton fils, les deux, u mes enfants , tes enfants, que tu m*as engendrés, et « les autres enfants que tu m*engendreras seront les « maîtres de tous mes biens présents et à venir.

«Quoje te donne 36 mesures d'olyre, dont les K deux tiers font 2^,36 mesures d'olyre en tout, plus « 2 ai'gentei et 4 katis fondus du temple dePtah, ou « I argenteus et 4 katis plus 5/6, i/io, i/3o, i/6o, « i/6o, 2 argentei et !i katîs en tout pour ta pension H alimentaire par an , au liea que ta vaudras. C'est à toi M qu'il appartient d'exiger le payement de ta pension n al imentaire qui sera h ma charge. Que je te donne cfda.

« La totalité de mes biens présents et à venir est a en garantie hypothécaire de ton sankh d-dessos. A « ton temps que tu le désireras , je te le donnerai. Je ne M puis faire de serment à fencontre de toi , en dehors « du lieu Ton en juge. »

On a pu remarquer l'expression relative à la pen- sion alimentaire à payer à la femme, au lieu elle

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 355

le voudra. L'union libre ainsi comprise ne compor- tait plus en effet de domicile conjugal. Chacun restait chez soi. Seulement la loi, nous lavons dit, consi- dérant rétat d'infériorité dans lequel la grossesse et la maternité mettaient la femme, obligeait à la nourrir celui qui l'avait rendue mère ou qui, disons- le, devait la rendre mère, car ceci était désormais commun à tous les régimes matrimoniaux.

Il paraît d ailleurs que cette obligation incombait au père même, quand il n'avait pas du tout l'inten- tion de contracter ainsi mariage : prescription légale qui, en définitive, était juste et pourrait être avanta- geusement imitée par les peuples modernes. Aussi le solitaire saint Macaire , faussement accusé d'avoir rendu mère une fille du bourg voisin, fut -il obligé, par les habitants, de la nourrir par son travail, et cela jusqu'au moment ia fille , près de mourir au moment de ses couches, avoua avoir calomnié le saint homme.

C'est une des très nombreuses coutume» juri- diqiies relatives au mariage, au quasi-mariage, à la séduction , etc., que nous voyons encore pratiquée en Egypte à l'époque chrétienne —^ comme elle l'était déjà dans le droit égyptien classique, ainsi que l'éta- blit la saisie-arrêt exercée, sous les Ptolémées, par le père d'une jeune fille contre celui qui l'avait séduite. La pension alimentaire est dans ce cas remplacée par la livraison de tout le fonds actuel de la boutique , par tous les esclaves du commerçant en question, qui est obligé de reconnaître pour sa femme celle

356 MAI-JUIN lOOG.

dont il devra rester séparé, sans se prévaloir jamais de son titre de mari.

Pour en revenii^ à Tabsence du domicile conjugal que nous constatons toujours dans le formulaire des actes de sankh, à propos de la pension alimentaire, nous la constatons aussi dans les régimes dotaux qui en sont sortis, et même dans les régimes mixtes, par don nuptial et par dot, bref, toutes les fois que la femme est censée avoir apporté quelque chose à son mari.

Dans le contrat par sankh on semble considérer comme impossible le mépris de la femme par son séducteur, la répudiation ou la prise d*une autre femme. Au lieu de spécifier une amende pour ce cas, on parait n admettre que le divorce provenant de la volonté de la femme. Le mari spécifie : « Je ne puis te dire : « Reçois ton sankh ci-dessus. Au temps « tu le voudras , je te le donnerai. » En d autres termes , la liquidation provenant de la dissolution du ma- riage ne peut exister qu'à ta volonté. C'est au fond la même chose que ce que porte, nous le verrons, Tacte dotal , quand le mari dit : « Je t'établirai pour femme ; à partir de ce jour, c est toi qui t en iras seule de toi-même. Je te donnerai fai^nt de ta dot dans le délai de 3o jours quand je t'établirai pour femme ou bien si tu t'en vas de toi-même. »

La mention « si tu t'en vas » n'exclut d*ailieurs pas, nous lavons fait remarquer, pour la femme, la faculté de se faire payer sa pension alimentaire au lieu elle voudra.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 357

Cette clause du domicile séparé possible , comme la clause connexe donnant à la femme uniquement le droit de rompre définitivement lunion, ne se retrouve pas dans le contrat par don nuptial , le mari seul est censé avoir apporté quelque chose. Mais alors il s'oblige à payer une forte amende dans le cas il provoquerait lui-même le divorce.

Les deux hypothèses du départ du mari ou du départ de la femme sont au contraire mentionnées dans les contrats mixtes, contenant d'abord les for- mules de Tunion pardon nuptial, y compris celle relative à l'abandon de la femme, puis la mention d'un trousseau en nature remis par celle-ci et estimé en aident, et enfin une sorte de post-scriptum por- tant : « J'ai reçu ces objets de ta main. Us sont au complet sans aucun reliquat. Mon cœur en est satis- fait. Si tu restes à Tintérieur, tu restes avec euiC; si tu t'en vas dehors, tu t'en iras avec eux. Je t'établirai comme femme; mais si tu veux t'en aller dehors, je te donnerai tes biens de femme énumérés ci-dessus mais en argent , comme il est écrit ci-desàus. » Celle formule était parallèle à celle qui plus haut portait : « Si je te méprise, si j'aime une autre femme que toi, je te donnerai tant. »

Citons ici deux exemples de ces xleux diverses sortes de contrats. Commençons par l'acte dotal, surtout usité à Memphis.

«L'an 5o, paophi, des rois Ptolémée et Cleo- pâtre sa femme , les dieux Evergètes , etc.

358 MAI-JUIN 1906.

« L archentaphiaste Petesis, fils de Ghonouphîs, dit à sa femme Tetoua, fille de farchentaphiaste Téos, dont la mère est Tetimouth :

«Je t*ai prise pour femme. Tu m'as donné, et « mon cœur en est satisfait, j5o ai^entei (outen) ou « sekels (statère^) 8750, en argentei 750 en tout, ce « qui fait deux kerker (talents), plus 1 5o argentei, en « argent dont f équivalent est de i& pour 1/1 o (kâtb} «d'argenteus (outen) dargent (c'est-à-dire i5ooo « drachmes de cuivre ou 2 talents de cuivre plus 3oo « drachmes^ ). Je les ai reçus de ta main. Mon coeur en « est satisfait. Ils sont au complet sans aucun reliquat.

« Je t'établirai pour femme. A partir du jour ci- « dessus, c^est toi qui t'en iras seule de toi-même. Je « te donnerai les 760 argentei ci-dessus dans le dtiai «de 3o jours (mot à mot : un jour dans les « 3o jours), quand je t'établirai pour femme, ou bien « quand tu t'en iras de toi-même (mot à mot : au « temps de rétablissement pour femme que je ferai, « au temps de t'en aller seule de toi-même que tu « feras), si je ne te donne pas les 760 argentei cî- « dessus dems les 3 o jours.

« Je donnerai aussi 4 chenices d'olyre par jour, « un )(pvs d'huile de tekem ou nixt et un ;^ofc d^liuile « fine (de sésame) par mois , plus 7 argentei 5/i o , en « sekels 87 et demi, 7 argentei 5/i o en tout, en airain « dont l'équivalence est de 26 pour 2/1 o (d'argenteus

^ Ce contrat est de l'époque de 1 étalon de cuivre, «accédant k Tantique étalon d'argent , avec la proportion de 1 à iso comme valeur.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 35r9

« d'argent, ceàt-à-dire 1 5o drachmes de cuivre), pour «ton argent de poche par mois (ce qui fait « 1800 drachmes par an). Tu toucheras de plus « !îoo argentei, en sekeis tétradrachmes 1000, « 200 argentei en tout, en airain dont Téquivaienoe «e«t de 2 à pour 2/10 d'argenteus d argent (cest-à- « dire 4ooo drachmes de cuivre) pour ton argent de « toilette d'une année , au lieu que tu voudras. C'est « toi qui prends puissance d'exiger le payement de «ton orge, de ton huile, de ton argent de poche, « de ton argent de toilette, qui seront à ma charge. « Que je te donne tout ce que je possède et tout « ce que j*acquerrai en hypothèque nuptiale (mot à « mot : en gage de femme) au nom du droit résultant « de récrit ci-dessus. Je ne puis te dire : « Je t'ai donné « l'argent de l'écrit ci-dessus en ta main (c'est-à-dire « de la main à la main en dehors de la façon fixée par «le contrat )^ »

Notons-le, l'hypothèque générale de la femme, que nous avons déjà vue dans les sankh matrimoniaux , comme idi dans nos actes dotaux, n'existe que très exceptionnellement (pour garantir la pension) dans un contrat par don nuptial , fait en vue d'une liqui- dation. Elle ne se rencontre même pas^ en dépit du trousseau apporté par la femme, dans les contrats mixtes dont nous avons déjà parlé et dont nous

^ En post-scripium la mèfe du futur mari adhère à ce contrat, ce qui permet de ne pas tenir compte de sa propre hypothèque nuptiale sur les biens héréditaires hypothéqués par son fils du moins en te qui cotitenie les droits résultant du cofitf«t actuel.

360 MAI-JUIN 1906.

allons donner un exemple (contemporain du double étalon d^argent et de cuivre, et de provenaDce thé- baine). D est vrai que la tirpaÇi^^ remplace ici l'hypo- thèque comme dans les actes gréco-égyptiens de cette époque.

« An 1 Q , 9 choïak, du roi Ptolémée, fils de Pto- lémée et de Cléopâtre, les dieux Épiphanes, etc.

«L'orfèvre Psemin, fils de Psechnum, dont la mère est Reri , dit à la femme Ta . . , dont la mère est Tsemaut :

« Je t'ai prise pour femme. Je t'ai donné i o argen- cc tei (d'argent), en sekels 5o, lo argentei d'argent « (200 drachmes d'argent) en tout, pour ton don de « femme.

«Que je te donne 18 cor de blé, leur moitié est «9,18 cor en tout, 36 argentei outen, en sekels 1 80, « 36 argentei en tout, en airain dont l'équivalence « est de 'i/i argentei outen pour a/io (a katis) d'ar- «genteus d'argent (ySo drachmes de cuivre) pour « ton argent de plaisir), 60 argentei, en sekels 3oo, « 60 argentei en tout , en airain , dont l'équivalence est «de ik pour i/io d'argenteus d'argent; la hin$ << d'huile iine de sésame et 1 a hins d'huile de tehem « ou x/xi , ce qui fait a k hins de liquide par année. « Que je te donne cela par année quelconque. C'est « toi qui pi*ends puissance pour le payement de ta « pension qui sera à ma charge pour une année. Que « je te donne c^ choses.

* \J exécution parée, comme on (lisait en \ieiu droit firança^.

LA FEMME DANS L'ANrriQUITÉ. âôt

«Ton fils aîné, mon fils aîné, parmi les enfants « que tu m'engendreras, et les autres enfants que tu « m'engendreras seront les maîtres de tous, les 'biens « qui sont à moi et de ceux que je ferai être (qbe «j acquerrai).

« Description des biens de femme que tu as appor- « tés à ma maison avec toi : un vêtement metich, ci M argentei 20; un autre vêtement menchf ci argentei « 10 ; une tunique, ci argentei 5o ; une autre tunique, «ci argentei 26; un manteau, ci argentei ào; des « parfums, ci argentei 1 5o; un plat, ci argentei 10; « une marmite d'airain , ci argentei 1 5 ; un vase à « onguents, ci argentei 5; une aiguille à collyre, ci « argentei 1 o ; un miroir, ci argentei 1 5 ; un ^^n udja « (porte- bonheur) faisant aureus i/3, 1/8; un anneau « cachet, argent 3 katis; un collier, 4 katis d'arçent; «ce qui fait au total 35o argentei, i ySo sekels, « 35o argentei en tout, en airain dont lequivalence « est de 2li pour 2/1 o d'argenteus d'argent « (7000 drachmes ou 1 talent et 1000 drachmes de « cuivre) ; plus en argent un total de y katis (ou 7/1 o « d'argenteus outen); en or i/3, 1/8 d'aureus; pour le « prix de tes biens de femme que tu as apportés à ma « maison avec toi. J'ai reçu ces objets de ta main. Ils « sont au complet sans aucun reliquat; mon cœur en « est satisfait. Si tu es dedans (si tu restes dans la mai- « son) , tu resteras avec eux; si tu es dehors (si tu sors « de la maison) , tu es dehors avec eux. Tu es pour eux « une créancière, moi je suis pour eux débiteur.

« Je t'établirai pour femme. Si je te méprise ^ si je

IMI-BIHralB lATIOSALB.

361 MAI-JUIN 190Ô.

«pr^uls une autre femme que toi, je te donnerai « Soargentei, en sekels qSo, ci 5o argentei d'argmt « (i ooo drachmes d aident), en dehors du payement « de ta pension alimentaire et de tes biens ds femme « (de ton trousseau). Si tu veux t*en aller, toi-même, N je te donnerai les biens ci-dessus , mais le prix en « argent comme il est écrit ci-dessus , en dehors du soi- « dément de ta pension. C'est toi qui prends puissance « pour largent de ces choses , sans qu^il y ait à alléguer « acte quelconque, pièce qudconque avec toi«

Parfois on ajoute que le mari ne pourra imposer à sa femme un serment sur la réalité des apports. Dans les actes de s€mkh il était de règle de dire qu^il n'en pourrait prêter lui-même.

Cette question du serment nous amène à cdie des liquidations judiciaires, faisant suite aux contrats matrimoniaux.

Ce chapitre du droit est très développé dans cette période juridique égyptienne.

La faiblesse originaire de la femme était devenue la cause de la plus tyrannique des puissances.

La transformation s'était faite d'ailleurs tout natu- rellement.

Du moment que, dans le contrat de samkh, par exemple, la femme était assimilée à un créancier ordinaire, elle pouvait, comme celui-ci, user de ses droits, à la rigueur en exécutant son délntenr.

Cette exécution , d'abord exceptionnelle et que nous ne trouvons pas du tout à la suite du contrat

LA FEMME DAI^S" L'ANTIQUITÉ. 303

desanhhy sous Darius, par exemple, et même encore sous Philippe Arrhidée , s'était peu à peu généralisée et elle était devenue de règle à l'époque ptolémaïque.

On avait même pris la coutume de rédiger un écrit poar argent ou de vente sur la totalité des biens du mari (hypothéqués dans Tacte de sankh) è la même date que cet acte de sankh.

Nous avons cité plus haut le contrat de sankh rédigé le 129 mésoré de Tan i3 du roi Ptolémée Philopator Philadelphe par Hereius , fils de Pètesé , à la femme Tsetamen , fille de Petosor. Eh bien ! en ce même joxu*, le même mari cédait également à cette femme tous ses biens.

«L'an i3, mésoré 29, du roi Ptolémée Philo- pator Philadelphe , sous les prêtres des rois qui sont inscrit» à R^coti.

« L archentaphiaste Hereius, fds de Pètesé, dont la mère est Tetoua , dit à la femme Tsetamen , fille de Petosor, dont la mère est Tetoua :

«Tu m'as donné, et mon cœur en est satisfait, « l'argent de la totsditédes biens qui m'appartiennent « et que je posséderai à lavenir : maisons, champs, t(Oureh {^tXo) tSttoi) kema (terrain de joncs), biens « d'appartement, or, argent, cuivre, obligations quel- « conques, paroles d'homme ou de femme, tout au « monde. A toi appartiennent tous les écrits que «Ton a faits h ce sujet, tous les écrits que l'on m'a « faits et tous les écrits dont je justifierai, lis sont « à toi, ainsi que le droit en résultant.

24.

364 MAI-JUIN 1906

« A toi îiussi ce dont j'aurai à justifier, c'est-à-dire «ie serment et l'établissement sur pied que Ton n fera pour toi dans le lieu de justice au nom du « droit de l'écrit ci-dessus que je t'ai fait. Tu m'obli- « géras, en outre, au droit de l'écrit de sankh de « 2 1 argentei que je t'ai fait au temps et jour ci- « dessus la même date que le présent acte) : ce qui « fait deux écrits. »

Tout ceci était devenu absolument de formule dans tous les mariages de ce genre. La femme se trouvait ainsi propriétaire des biens de son mari qui en gardait seulement la jouissance, car il fallait un second (ou plutôt un troisième) contrat, un écrit de cession pour donner l'usage immédiate

Le parallélisme absolu des écrits de sankh et de vente dans les mariages après séduction est d'ailleurs attesté par les œuvres littéraires aussi bien que psu: les documents juridiques de cette époque. Le roman de Setna nous en offre un bon exemple. Notons-le d'ailleurs, dans ce cas , comme dans l'acte daté de Philippe Arrhidée, que nous avons déjà cité plus haut, à propos du sankh isolé de l'écrit pour argent, la séduction, soit effectuée , soit projetée, n'avait pas encore produit tous ses effets. Aucun enfant n*était déjà né.

Dans l'acte de l'an 8 de Philippe Arrhidée, le tra-

' Dans toutes les ventes Técrit de cession était aatsi indispen- sable que i*écrit pour argent ou de reçu du prix pour conférer œt usage à l'acheteur. Mais dans les ventes rédks il se faisait au même instant.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 365

vaiiïeur Horbek, saisi par le père delà jeune fille sur le fait de la séduction effectuée , consent au mariage et lui dit ^ :

« Tu m*as donné 6 argentei du temple de Ptah... pour le sankh de la femme Djimmoou, ta fille, dont

* C'est un tuteur, proche parent sans doute, qui joue le même rôle et se présente comme créancier hypothécaire d'un sankh nup- tial dans un procès grec reproduit par le papyrus XIII de Turin et que j'ai rétabli et commenté dans ma Revue égjptologiqne. Dans ce cas, d'ailleurs, comme dans celui du contrat de Philippe Arrhidée , le contrat de sankh n'avait pas été accompagné de l'écrit pour argent, ce qui forçait à une liquidation judiciaire. C'était en effet resté la coutume, quand un tiers était intervenu au moment d'une séduction. La liquidation amiable par écrit pour argent n'était pas possible et Ton ne pouvait pas avoir recours à deux actes parallèles dont un, au moins, n'aurait pu être adressé à la même personne. Voici le procès en question :

« L'an 34 1 le 5 tybi , à Memphis du nome Memphite.

i Délibération des juges du palais.

«Alexandre, fils d'Alexandre, le philométorien , Héraclides, fils d'Héraclide , l'homme de loi , et Sogénès , fils de Sogénès , sont en conseil jugeant les affaires du roi , celles du fisc et celles des parti- culiers.

«Ayant pris place comme demandeur, Chonouphis, fils de Pétè- sis, et celui qui avait été cité, Psammeus, n'ayant pas obéi à la citation (n'ayant pas comparu], Chonouphis, par l'original d'une requête remise par lui , a déclaré qu'il avait prêté au prévenu , par un contrat alimentaire, lequel avait été transcrit au greffe, cinq cents drachmes d'argent, en faveur de la femme Tavé, sur- nommée Asclépias afin qu'il fût fourni par an à cette femme 6o mesures d'olyre et 72 drachmes d'argent et que la femme de Psammeus , Tavé, ayant donné son assentiment, ainsi que leur fils commun Zmanrès, tous les biens de Psammeus étaient hypothé- qués par ie droit du contrat. D'après cela, Chonouphis demanda qu'on lui remit les susdites cinq cents drachmes d argent, ainsi que celles qui représentaient les intérêts de quatre ans: 2 do mesures dolyre au taux de 2 drachmes d'argent par mesure, c'est-à-dire au

3Ô6 MAI-JUIN 190ft.

la mère est Djetenpun. Que je te donné tant mesures tfolyre et 5/io dargenteus (5 katis) du temple de Ptah, pour sa pension alimeintaire par année, aii lieu que tu voudras. C est à toi à exiger ie payement de sa pension alimentaire qui sera à ma charge. Que je te donne tous mes biens présents et à venir en garantie hypothécaire de son sankh.

total 1968 drachmes d*argent, et en outre, pour les frais et dé- pens, 5 talents de cuivre, afin que, si Psammeus ne comparaissait pas , il fut mandé au ^pdxTCûp tôSv (evtxSv, de poursuivre jusqu'à plein achèvement la perception des sommes susmentionnées.

« Le contenu de la requête était venu à la connaissance de Psam- meus , puisquMl en avait reçu publiquement copie par le ministère (le rhypi^rète Héraclide , fils d'Isidore. Cependant Taflaire Chonou- pliis-Psammeus s'étant présentée à Taudience, et antérieurement et le 2 du mois susmentionné, Psammeus avait également fait défaut. Il avait donc été cité par Thypérète, qui ravait sommé de comparaître au tribunal pour Tinstruction de Taffidre -*- tans quoi on donnerait raison à Chonouphis.

«Conformément donc à ces premières décisions, et peosioit noot on tenir à l'avis le plus approprié aux faits de la cause et qui en est la conséquence , nous déclarons qu'il a été donné raison à la partie présente et nous ordonnons au 'opcUreûp tap SevixAv de poursuivre jusqu'à plein achèvement la perception des articles rédamés,

« Plaise au roi !

« Qu'on montre le jugement à Artémidore.

Moi, Artémidore, j'ai vu le, . .

« Au 'opéxTvp tSv ^eviH&v à Memphia : ci-joint la copie de l'arrêt on question. Qu'il fasse comme il a été jugé.

«L'an 34, le 5 tybi.»

Au revers : «An ^pdxrap tvv (evixâv, à Memphis.»

On voit, que dans l'acte de snnhk, origine de oe JngeiAent, la i'emme et le fils du débiteur avaient figuré , en qualité de qaasi-co- débiteurs , comme consentant à l'acte que Chonouphis avait fait rédiger, à leur bénéfice en définitive.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 367

« Je ne puis faire de serment à {'encontre de toi. Qu*il soit à faire, tu ie feras dans ie lieu de justice. »

Dans le roman de Setna la séduction était seule- ment projetée et discutée. Nous avons affaire à un véritable marchandage et bien entendu au plus haut taux possible, c est-à-dire avec l'écrit pour argent transmettant à la fille la propriété de tous les biens de Tamoureux , comme cela se pratiquait quand Tenfant, cause légale réelle de cette transmission, était déjà né.

« Il arriva un jour que Setna, se promenant dans le dromos de Ptah, aperçut une femme extrêmement belle, qui n avait pas sa pareille en beauté, et qui était couverte d'espèces d'or en quantité. Des jeunes filles raccompagnaient, ainsi que cinquante-<ieux hommes de service qui lui étaient assignés.

« Quand Setna la vit, il ne sut plus le lieu du monde il était. Il appela son page et lui dit :

« Va au plus vite au lieu est cette femme, et « sache comment elle s appdle. »

« Le page ne tarda pas à aller au lieu était la la femme. 11 appela la femme servante qui marchait après elle. Il l'interrogea en lui disant : « Qui est « cette personne? Elle lui dit : « C'est Tabubu, ia « fille du prophète delà déesse Bast, dame d'Ankhta, «qui vient ici pour adorer devant Ptah, le dieu « grand. »

«Le jeune homme retourna vers Setna. Il lui raconta ce qu'elle avait dit.

368 MAI-JUIN 1906.

« Setna reprit : « Va dire à la jeune fille : « Setna « Kh«aeniuas, fils du roi Rausenna (Ramsès II), ni*»i' « voie te dire : « Je te donnerai dix pièces d'or pour « passer une heure avec toi. Sinon tu as annonce de « violence. Je l'accomplirai à ton égard. Je te ferai H emmener dans un lieu caché tu n'es connue de « persf^nne. »

« Le jeune homme retourna vers le lieu dans lequel était Tahubu. H appela la jeune servante. D lui paHa. EHc répondit rudement comme si c'était un blasphème qu*il avait dit.

« Tabubu dit au jeune homme : i Gesse de parier « à cette sotte fille. Viens parler avec moi. » Il lui dit : « Je te donnerai dix pièces d or pour passer tme « heure avex Setna Khaemuas , le fils du roi Rausenna. K Sinon tu as annonce de violence. Et puis il te fera « faire encore ceci : il te fera emmener vers un lieu « caché dans lequel personne ne te connaît. »

« Tabubu répondit : « Va! je dis ceci à Setna : M Moi, je suis sainte. Je ne suis pas une personne du « commun. Est-ce que, si tu veux faire ce que tu M sires avec moi, tu n'iras pas au temple de Bast, « dans ma maison? il y a tous les préparatifs néces- M sa ires pour que tu fasses ce que tu désires avec M moi , sans que personne au monde ne me recoii- « naisse, car je ne parle à aucune femme dans la « rue ».

« Le jeune homme retourna vers Setna. Il lui ra- conta tout ce qu'elle avait dit. il dit, ce qui est juste : « I lonte à quiconque est auprès de Setna ! »

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 369

« Setna fit amener une barque. Il y monta. H ne tarda pas d'arriver au temple de Bast. 11 se dirigea à loccîdent du terrain et vit une maison bien bâtie, entourée d'un mur et au nord de laquelle se trouvait un jardin. Il y avait un péristyle devant la porte. Setna demanda : « Cette maison , à qui est-elle On lui dit : « Cest la maison de Tabubu. » Setjia entra à Tinlérieur de l'enceinte; il se dirigea vers le pavillon du jardin.

« On en avertit Tabubu. Elle prit la main de Setna. Elle lui dit : « Jure de respecter la maison du pro- « phète de la déesse Bast à laquelle tu es parvenu. « Cela me sera très agréable. Viens avec moi. »

« Setna monta par Tescalier de la maison avec Tabubu pour faire une reconnaissance de l'apparte- ment supérieur de la maison. Il était bien propre, peint de couleurs variées , et son intérieur était in- crusté de lapis et de turquoises véritables. Il y avait aussi un grand nombre de lits couverts d'étoffes de byssus. Des coupes d'or étaient suspendues dans la chambre des purifications. Ils remplirent de vin une coupe d'or; ils la donnèrent à Setna.

« Tabubu lui dit : « Qu'il te plaise de faire ton « repas. » Il répondit : « Ce n'est pas ce que je te « demande. » On mit au feu la nourriture. On ap- porta de l'huile parfumée , comme c'est la coutume royale.

« Setna passa un jour heureux avec Tabubu, mais il ne vit pas encore sa figure. Il dit donc à Tabubu : « Finissons ce pourquoi nous sommes venus ici. »

370 MAI-JUIN 1900.

« Elle lui dit : « Tu y arriveras. Ta maison esk cdle « tu es. Est-ce que, si tu veux faire ce que tu dé- H sires avec moi , tu ne feras pas un écrit de Bonkh (de «créance) et un écrit pour argent (de mancipation) « sur ia totalité des biens qui t'appartiennent? »

« 11 lui dit : « Qu on amène le scribe de la maison tt d'enseignement. » On lamena à Tinstant. Il lui fit faire, en faveur de Tabubu, un écrit de tankh et un écrit pour argent sur la totalité des biens qui lui appartenaient ».

Je passe rapidement sur une scène de séduction dans laquelle Tabubu , usant de ses charmes qa*dle laissa entrevoir à travers une gaie transparente, ob- tint de Setna de faire d'abord adhérer ses enfimts aux actes consentis par lui (usage dont nous avons des preuves fréquentes à l'époque ptolémaaque), pois, bientôt de s'en débarrasser plus effectivement toujours, disait-elle au prince, «afin qu*ils n entre prennent pas de disputer avec mes enfants sur tes biens ».

Certes, Tabubu voulait, ainsi que le porte un vieux chant d'amour hiératique, « devenir maîtresse de ses biens en qualité d'épouse»; mais elle allait bien vite en besogne, et d'ailleurs les enfants dont elle pariait étaient loin d'être déjà nés **- ce qm ne lui donnait pas, je le répète, les droits complets des autres femmes mariées par sankh, à Tépoque de Darius, aussi bien qu'à celle des Lagides.

Notons-le, du reste, ce désir de devenir wudbresâe

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 371

des biens du mari en qualité d'épouse s'était alors géné- ralisé pour îes femmes égyptiennes, quel que fût leur régime matrimonial. Nous le retrouvons même quand la femme n'avait à exercer aucun droit ré- trospectif, quand , par exemple , il s'agissait d'une prise pour femme spécifiée par un contrat antérieur k rétablissement pour femme, c'est-à-dire aux rapports conjugaux même quand pour cet établissement comme femme, on ne constatait ou on ne suppo- sait aucun apport pécuniaire de la future épouse, apport pécuniaire dont les intérêts ou le non- payement à jour fixe auraient été l'origine d une dette légitime. La liquidation des biens du mari se produisait encore, dans ces conditions, après un des contrats par don nuptial, et, pour cela, on trouvait facilement des prétextes.

Après un contrat de ^anWi, la pension alimentaire , servant d'intérêts au taux de la créance, était sou- vent par son non-payement le papyrus grec XIII de Turin cité plus haut en note le prouve l'oc- casion d'une telle liquidation. Dans les actes par don nuptial , cette pension ne se rattachait en rien à un apport fait par la femme; mais elle n'en subsistait pas moins comme obligation imposée par la nouvelle législation que nous avons décrite. Pourquoi donc ne pas considérer cette obligation comme point de départ possible d'un véritable Sdvetov? C'est ce qu'on fit dans plusieurs contrats que nous avons sous les yeux. Je citerai , par exemple , la série qui concerne Patma et son épouse Taketem.

372 MAI-JUIN 1906.

En Tan 33 , choïak, du roi Ptolémée Philaddphe , Patma rédigea un contrat de shep ou « don nuptial » avec une pension alimentaire assez forte. Sauf ce dé- tail , il suit ie formulaire habituel. Mais il y ajoute une hypothèque générale garantissant toutes les paroles du contrat, et ia remise des titres de propriétés qu*il possède. Trois ans après, Tan 36, méchir, du roi Pbiladeiphe, il reconnaît, par suite du non-paye- ment d une partie de la pension , une dette de 3 ai^en- tei, i5 sekels, ou 6o drachmes d argent, qu'il s'en- gage à payer ti'ois ans après, en Tan 39, le 3o mé- chir. Ce capital , par suite de l'intérêt légal de 3o 0/0 , sera alors presque doublé , ce qui ne pouvait être dé- passé sans règlement, d'après la loi de Bocchoris. Si, au moment du terme, la créance n'est pas soldée, Patma s'engage à considérer tous ses biens comme vendus. Trois ans après, en l'an a d'E vergeté I*, Patma s'exécute et rédige un écrit pour argent et un écrit de cession sur la totalité de ses biens, c est-à dire qu'il abandonne non seulement la nue propriété de son héritage, comme le faisaient les maris memphites dont l'union avait eu pour origine un sankh, mais la jouissance actuelle elle-même.

C'est une coutume que nous trouvons «dors habi- tuelle à Thèbes. Beaucoup d'actes de ce genre nous sont parvenus, et nous y voyons souvent ajouter, comme dans un acte de l'an 3 d'Mexandre ie Grand, après les formules de l'acte de cession, cette clause vraiment touchante : « Désormais c est toi qui prendras soin de moi pendant ma vie; et si je

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 373

meurs, cest toi qui prendras soin de ma sépulture^ et de mon monument funéraire. »

Heureux encore , le pauvre mari , si sa femme vou- lait bien se souvenir de lui. Nous en connaissons qui . comme Nephoris, d'après la requête de ses propres fdles , ont abandonné ceux qui leur avaient tout donné pour courir après de nouveaux amants, quelque sol- dat de passage, par exemple, tandis que leur misé- rable conjoint mourait de la plus triste des manières.

C'est une exception , je le veux bien ; mais ce qui ne Test pas , c est le rôle infime qu'a l'homme pendant cette période de la civilisation égyptienne.

Déjà Hérodote, 1. II, ch. 35, disait (dans la vieille traduction de Salliat) : « Les Égyptiens donque, avec la faveur du ciel , qui leur est autre qu'a tous hommes , et avec leur rivière, qui est d'autre nature que toute autre, se sont étably loin et coutumes contraires à celles dont use le demeurant des hommes entre les- ([uelles ceste-cy est , que les femmes conduisant tout le train de leurs trafiques et marchandises et tiennent les ' tavernes et cabarets , tandis que les hommes demeurent assis dans leurs maisons à tistre. »

Alyvirltot olfxa oôpav^ r<p Karà ar^éas è6tfri ère" poifjf) xaï T<jj zjotoliâÇ ^licnv iWoirjv ^ape)(Ofxév(f) oi dtXXoi -oroTaf/o/, eoXXà vrdvra ifinaXiv roîa-i ctXkoicri

^ Deméme« dans le papyrus 2^29 bis du Louvre contenant un supplément de donation fait par Pchelchons à sa femme Neschons , nous retrouvons la même formule, avec un conseil donné aux enfants de ne pas disputer à ce sujet. Les textes de ce genre sont très communs.

374 MAI-JUIN 1906.

ivOpcû^oicrt éa1rf(ravro 0ed re xaï v6(âovs* iv Tofcri ai jciiv yvva7xes dyopd'Cova-i kûÙ xanmXmiovcri ' ol Se ipipesy narfoÏMOUt iivrti, ûC^a^uovcn.

De même Sophocle, dans son Œdipe à Cobnne, vers 337 à 34 1 , nous parle de ces hommes, quî, au lieu d'agir virilement, sont assis à la maison et s'oc- cupent Ix tisser, tandis que leurs épouses pourvoient à leurs besoins :

Ù ^cùfT^éKsivûJ To7s iv AlyM^ viyuois <t>i<Tiv xarstxaa-ôévTe, xal ^lov Tpo^és. Ëxe? yàp ol yj^v ipaevee xarà (rléyas &oixoS(Tiv laloupyovtnss ' al Se crévvofjm Ti^oj ^lov Tpo^sTa 'Cfopcrivova^dBi.

C'est pourquoi aussi Diodore de Sicile , 1. 1 , ch. 2 7, 2 , nous dit que « parmi les particuliers le. pouvoir est donné à la femme sur le mari et que, dans les contrats de mariage, les maris promettent de se soumettre en tout à la puissance de leurs femmes :

Ka) zsapà to7s iSioirais aupteieiv rijv yvvauxa 7*ivSp6sj èv Tfi Tris ^ufpoixbs crvyypa^p "apOfToyuokxh- yovTCûv T&v yafiovvTCûV aitama isfeiOapyvftreiv rfi ya^

Le témoignage d'Hérodote, qui écrivait en 45 1 pendant la seconde partie du règne d'Artaxerxès lon- gue-main , un peu après les glorieuses révoltes des rois égyptiens Khabash et Amyrtée , et vingt ans avant la loi des XII Tables, est surtout très curieux; car il nous prouve que, dès cette époque, le coded'Amasis,

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 373

qu imitèrent les décemvirs romains, n était plus, en ce qui concerne la femme, pratiqué que pour la forme en Egypte; ce que nous avons déjà constaté précédemment. La toute puissance de Tbomme avait déjà fait place, dans la réalité des choses, à la toute puissance de la femme. C'est ce qui am?e facilement quand on rompt Téquilibre. D un excès on passe à lautre, suitout quand on a voulu réagir contre des mœurs publiques depuis longtemps traditionnelles et invétérées. La vérité était 1 égalité des deux sexes d'après le code Ammonien, immédiatement avant Amasis. La tyrannie de la femme est aussi illogique et même bien davantage que la tyrannie de Tbomme. Du temps de la seconde hégémonie persane en Egypte, c est-à-dire postérieurement à la promulga- tion de la nouvelle législation des dynasties nationales révoltées contre les Perses, le mou\emQni féminUte , que nous avons déjà constaté du temps de la pre- mière, c est-à-dire tf Hérodote, s est encore accentué. Ce n est plus seulement la femme mariée que Ion protège, cest encore la fille et la sœur. Tandis que sous les Ammoniens eux-mêmes , le hir, le chef de la famille, était toujours un homme, d après le nou- veau code, ce chef, cet aîné, xvpioff peut être une femme. Nous possédons un contrat de fan a , athyr, de Darius Codoman , le roi que vainquit Alexandre , qui est très intéressant à ce point de vue. Il porte :

« La femme Isis , fille de Ha , dont la mère est Nes- borpkhrat, dit au choacbyte d'Amenapi de roocident

376 MAI-JUIN 1906.

de Thèbes Petamenapi , fiis de Nesmin, dont la mère est Isirashi :

«Je t'abandonne les droits siu* les maisons, les « terrains nus , tous les biens au monde , droits appar- « tenant au pastophore d*Amenapi de Toccident de « Thèbes , Ha , fils de Pchelchons , dont la mère est « Nesnebhathor, mon père, le frère cadet de Nesmin , « fils de Pchelchons , ton père. Je n ai plus aucun droit « d'action pour jugement, de serment et d'adjuration «judiciaire, de parole quelconque a te faire. Depuis « le jour ci-dessus , celui qui viendra à toi pour t'în- « ([uiéter, pour part de maisons , de terrains nus de « totalité des biens au monde appartenant à Ha , fils « de Pchelchons , mon père, celui, dis-je, qui viendra « parmi les enfants mâles, les enfants femelles, qui- « conque au monde provenant de Ha , fils de Pchel- « chons, mon père, je le ferai s'éloigner de toi. Si je « ne le fais pas s éloigner de bonne volonté, je le ferai « s'éloigner de force. Je t'obligerai de mon côté au « droit de l'écrit que tu m'as fait l'an 2 , athyr, du roi « Darius (la même date que celle qui est inscrite dans « le protocole de ce document) , sur le ttpooaiXiop et le « pavillon qui est derrière , et sur le terrain qui est sur « le pavillon et dont la porte s'ouvre sur le sol. Tu m'as « donné écrit sur ces choses pour ma part de maison « de terrain nu et de biens quelconques, et pour la « part de maison et de terrain nu de Pchelchons, fils « de Ha, de la femme Muamenra, fille de Ha, de la « femme Tamin , fille de Ha , et de la femme Tanofré , « fille de Ha ce qui complète cinq parts dans lei-

LA FEMME DANS LANTIQUITÉ. 377

« maisons, les terrains nus de Ha fils de Pchelchons, « notre père. Je n'ai plus aucune parole au monde « (aucune réclamation) sur toi depuis le jour ci-dsssus. « Que je ferme la porte qui ouvre à lorient de la « maison , que je m ouvre une porte au sud de la rue « du roi. »

Ici , cette fille ayant un frère légèrement plus jeune , sans compter des sœurs , use de tous les droits , fort étendus, que le code égyptien assurait à Taîné, xv- pios, non pas dans son propre intérêt, mais pour pro- téger l'hérédité commune à sa branche. Elle échange cette hérédité avec celle de son cousin , Taîné , xupios d'une autre branche , ou plutôt elle partage le bien commun, par cessions parallèles en interdisant désormais à ses frères comme à ses sœurs de jamais réclamer contre ce qu'elle a fait comme magistrat fiimilial. Le pouvoir quelle revendique ne lui est donc pas donné par un contrat librement consenti, comme celui dont il est question dans les contrats de mariage , mais il lui vient de la loi même , c est-à-dire du nou- veau code , en cela en opposition avec celui d'Amasis. On peut donc affirmer qu'il y a eu une réaction violente, une véritable révolution juridique comme sur beaucoup d'autres points d'ailleurs.

vil. 2.)

laraiHraii >Anoati.r.

378 MAI-JUIN 1906.

VI

LES MACÉDONIENS EN EGYPTE

ET LA FEMME.

Nous en sommes arrivés à lapogée de» droits de la femme, limite extrême qui ne pouvait vraiment plus être dépassée* Il faut maintenant que nous di- sions qudques mots des modiâcations que les do- minations grecques et romaines introduisirent, en Egypte, dans le code des dynasties nationales tou- jours, bien entendu, en ce qui touche la femme*

Quand les compagnons d'Alexandre conquirent sur les Perses f Egypte ( ils furent accueiUii d'abord comme des sauveurs), ils eurent smn de laisser sub- sister, à côté de la leur, la législation du pays» La distinction decesdeux lois parallèles est encore nette- ment spécifiée sous les enfants d'Épipkane par un passage du procès contenu dans le papyrus I de Turin, dont j ai fait voir la parfaite exactitude*

Or, pour la femme , ces deux lois étaient easen- tiellement différentes.

Les Macédoniens mettaient la femme en tntdie perpétuelle, en hii adj(rignant un xiptof pour tous les actes importants, ainsi que le prouvent une nuàr^ lilude de papyrus. lis durent donc trouver excessi& les droits accordés à la femme en Egypte.

En ce qui concerne les régimes matrimoniaux issus de la libre volonté des parties , ils ne voulurent et ne purent rien y toucher. Mais , tout en laissant aux

LA FEMlitfc l)Af«IS L'ANTIQUITÉ. 379

Égyptiens lelifs lois et leurs coutumes ^ les monarques se Crurent permis de foire, par décrets ou 'mpôalay^ (i&ffA, Certaines modifiCËtious au code égyptien, qui rendaient moins choquante Fantinomie. La première en date de teê ttlodificatiotis fut cdie par laquelle on sUppriitia la soBfur ainée, xàpêût, pour ne plus ad- mettre qu'un frère aîné^ képiCfs. Cette modificatioh dut avoir lieti dès le début de la conquête, car, depuis Alexandre^ nous n'avons plus jamais dacte analogue k Celui de Darius Gddotnan. La seconde mddification fut bdatîcoup jAm tardire. Elle ne re- monte qu'à Ptolénlée Phîlopator- Ce roi, si ami des femmes, dont il fut ftoûrent le très huml^ esclave, trouva pourtant que la femme mariée égyptienne avait trop d'indépendance^ Il rendit un mpàt/làyiioL exigeant le Cônsentctoiént An mari à tous les actes aCccrmpli* par sa femme.

Jusqu'à tei, sotts Al^andre, Philippe Arrhidée, Alexandre II, Ptdémée Soter, Ptolémée Phila- dèlphe, Ptolémée Évergète, et même dans ie ooni- mênCement an régime de Philopator, les contrats nous montrent les femmes mariées actant avec la plus grande îndë^ndance , san^i l'assistanœ de qui- conque. EHesf vendent, achètewt^ empruntent, sans que leur mari *ii k s'en méier. Ce titre de « mari n, de fcd, n'intervient nulle part, même quand ies fetortïes mariées traitent d'ttne affaire de ce genre afvec letff Conjdnt ce ^û\m font absoinmmt comme **H ^'agi^^it d'un étranger .^ A partir du epéôOâtyfiii de Philopator, au contraire, il n'en est

25.

380 MAI.JUIN 1906.

plus ainsi. Après l'acte rédigé par sa femme, & regard d'un étranger par exemple, le mari, à ce titre expressément allégué., intervient pour dire qu'il y consent.

Cette loi continua toujours à être pratiquée en Egypte , môme à Tépoque romaine et lorsque les Egyptiens eurent reçu le titre de citoyens romains c'est-à-dire quand le corpus jaris donnait aux femmes un tuteur autre que leur mari. Les con- trats coptes de la plus basse époque, aussi bien que les contrats grecs, nous montrent encore la néces- sité du consentement marital, tel que le code Napo- léon devait l'exiger plus tard, malgré l'opposition du consul Gambacérès.

Notons-le d'ailleurs , si , sur ce point, le droit grec exerça une véritable influence sur le droit égyptien, le contraire se produisit également. Même dans les actes grecs rédigés pour les conquérants, en vertu du droit macédonien , le xupio^ des femmes ne devint plus qu'une affaire de style. En fait, la Grecque jouissait en Egypte d'une liberté aussi grande que l'Egyptienne.

Les contrats grecs relatifs à la fenune se firent aussi habituellement suivant des modèles égyp- tiens : ce qui n'avait rien de contraire au droit, puisqu'en définitive , dans les questions qui n*étaient pas réglées par la législation, le contrat, ce que les Egyptiens nommaient l'acte libre, faisait la loi entre les parties , et cela aussi bien d'après les codes grecs , comme celui de Solon , que d'après celui de

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 381

Bocchoris. Or, tout naturellement, c'était le plus grand nombre dont les coutumes prévalaient.

Nous ne possédons , et cela à l'époque ptolémaïque , qu'un seul contrat de mariage gréco-macédonien pur.

Comme les contrats gréco-macédoniens d^dwtf" ^pôÛTiSy emptio-venditio , et d'emprunt-prêt que nous possédons, il est complètement bilatéral, au lieu d'être unilatéral dans sa forme, ainsi que cela se pratiquait pour tous les actes égyptiens.

Bien entendu aussi, suivant l'usage général des Grecs, il se rapporte au régime dotal pur. Mal- heureusement une lacune nous en a enlevé le com- mencement relatif à l'oflTre et à l'acceptation du mariage, à l'apport et au chiffre de la dot, etc.

Les autres clauses , encore subsistantes , se réfèrent , soit à la vie conjugale basée sur une communauté réelle, et non comme cela se pratiquait alors en Egypte sur une union libre , avec domiciles sépa- rés possibles, etc., soit à la rupture prévue de cette vie conjugale.

Bien entendu, il ne peut, dans ce régime fort simple, être question d'une pension alimentaire, mais simplement de l'entretien convenable de la femme par le mari :

« Menécrate fournira à Arsinoé toutes les choses nécessaires à son entretien, selon sa fortune, ainsi que les vêtements et tout ce qui convient à ime femme mariée.

M II ne sera pas permis à Menécrate d'introduire

382 MAI-JUIN 1006.

dans la maison une femme {yvpeuxa) , ni d entretenir une concubine (tvoXXoiej/v), ni d avoir des enfantsdu vivant d*Arsinoé, ni d^habiter une autre maison que celle dont Arsinoé est maîtresse avec lui, ni de la chasser, ni de Tinsulter, ni de ia maltraiter, ni (raliéner aucun bien , sans qu*Ârsinoé ait souscrit à la garantie.

« S'il est démontré qu*il a fait Tune de ces choses, ou s'il n a pas fourni les choses nécessaires et les vêtements, etc., comme il a été écrit plus haut, Menécrate payera à Arsinoé sa dot et Yhéniiotton (la moitié en plus).

« Réciproquement , il n est pas permis à Arsinoé do découcher ou de s*absenter un jour entier hors de ia maison de Menécrate, sans que Menécrate le sache, ni de s unir à un autre homme, ni de souiller la maison commune, ni de ùàve à Menécrate (fuelcjue chose de ce qui apporte de la honte à lui homme. Si Arsinoé, de son libre arbitre, veut se séparer do lui, Menécrate la renverra, en lui payant simplement sa dot , dans les 3o jours à partir de la d(».mande. S'il ne paye pas comme il est écrit, qu'il livre Vhémiolion en plus avec la dot.

«Qu'ils aient santé! Mais si lun deux souffre la destinée^ commune aux hommes et meurt, que tout ce qu'il a laissé appartienne au survivant et aux enfants qu ils auront eus ensemble. S'ils nont pas eu d'enfants ensemble ou si ceux qu'ils ont eus sont morts avant d'être en âge adulte, alors que les deux époux sont encore en vie , ou après la mort de l'un

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 383

d eux, on agira de la façon suivante : Si c'est Arsi- noé qui meurt la première, Menécrate versera toute la dot ... à sa mère (la mère d'Arsînoé) si elle vit, ou sinon à ceux qui représentent Arsinoé. S'il ne la paye pas comme il est écrit ci-dessus, il payera de plus la moitié en plus (le reste manque). »

Ce contrat est jusqu'ici unique en son genre. A peine en retrouve-t-on quelque formule de dé- tail dans d'autres contrats grecs rédigés à Tépoque romaine, d'après le type égyptien. Notons-le, en effet, dès l'époque ptolémaïque , c'étaient les actes de ce type que les Grecs employaient de préférence et cek en grec quand il s'agissait du mariage, tandis qu'ils avaient soigneusement conservé les formules macédoniennes pour la vente, le prêt, etc.

Nous citerons, par exemple, cette pièce ptolé- maïque, qui nous donne J'analyse exacte d'un contrat dotal du genre égyptien (en laissant de côté, bien entendu, les clauses périmées, dont l'exécution n'im- portait pas au demandeur, telle que la pension ali- mentaire , etc. ) :

« A Posidonius , chef des gardes du corps et stra- tège, de la part de Ptolémée, fds d'Amadocus, Thrace.

« Ma mère Asclépias s'était unie à un certain Isidore, du bourg de Pitou , par un contrat de reconnaissance que celui-ci lui donna et par lequel il reconnaissait, entre antres choses, avoir reçu d'elle la dot (^epi»i/) de 2 talents de cuivre apportés par elle , et s'enga-

.Wi MAT-JUIN 1906.

(jeait à régler avec elle dans V camée de cohabitation, Jusqiie-ià, ils devaient avoir avvowria ensemble (omme mari et femme, elle, Asclépias, étant mai- tresse en commun des biens. S*il ne faisait pas comme cela avait été écrit, Isidore devait lui rendre immédiatement la dot avec la moitié en plus. Mais, dans TintervaUe, Asclépias étant morte, et ses biens me revenant à moi, puis Isidore étant mort aussi, certaines gens appelés Ântibios, Isidore, Eudaiuios, se précipitèrent sur ces biens quils avaient laissés cl maintenant encore , s en étant emparés , les possèdent, sans me rendre la dot, etc. »

liC reste de la requête nous importe peu pour le moment. Il nous suffit de constater que ce docu- ment, écrit entre Tan a 5 et Tan 36 de Philometor, nous montn» l'emprunt fait, par des Grecs, du con- trat de mariage égyptien, unilatéral dans sa forme, ot mentionnant, après la dot, la clause par laquelle on s\»ngageait à la rendre et à régler avec la femme dans Tannée de cohabitation.

Dans Ifs contrats de sankh, le mari disait simple- ment qui! rendrait cette créance quand la femme le voudrait, et, dans les contrats de prise pour femme niemphi tes , qu'il la rendrait dans le délai de 3o jours , soit quand il établirait sa femme comme telle, soit (|uand elle s en irait d elle-même. Mais la suite por- tait , à propos de la pension alimentaire : « Je te don- nerai ceci ou cela pour ta nourriture, ton aident de poche ot pour ton argent de toilette d'une année.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 385

Dans les contrats par don nuptial, cette formule relative à Tannée de la pension, ne semblait bien souvent en prévoir qu une , avec continuation pos- sible , ce qui m'avait fait penser d'abord à une sorte d'année de noviciat matrimonial. Depuis j'ai renoncé à cette hypothèse. Mais il faut avouer que le contrat cité par Amadocus était bien rédigé dans cet esprit.

Je ne donnerai pas en détail les très nombreux contrats de mariages grecs de l'époque romaine , qui nous offrent toutes les clauses des contrats de ma- riages égyptiens, avec pension alimentaire, etc. Les curieux pourront en lire quelques-uns dans mon Précis. Qu'il me suffise de dire qu'à côté du type dotal, du type mixte également décrit plus haut et comprenant des SSv^ ou « dons nuptiaux » et un tafpw/Çtt dot », on trouve, et cela très souvent, le con- trat desankh ou de créance nuptiale, appelé en grec contrat de dépôt, ^apaOrfxn ou ^apoLxaTaOrfxti.

Ce contrat était surtout en usage pour les soldats auxquels la loi interdisait de se marier et qui avaient trouvé commode ce mode de (rwoïKéciov.

Sur ce point la jurisprudence était hésitante. En l'an 2 G d'Adrien , Gains Juiianus déclare nul ce Sdvetov èx ^apdvofjLOv ydfiov yevSfxevov. En l'an 20 de Trajan , Lupus dit : « Nous pensons que les ^mapaxaTâBrlKcu sont des dots. En de semblables causes , je ne donne pas de juges ; car il n'est pas permis à un soldat de se ma- rier. Mais, ajoute-t-il à la demanderesse, si tu ré- clames ta dot, tsrpoix»/, je donne un juge. Je penserai que tu as été persuadée que le mariage était légal. »

390 MAI.JUIN 1906.

Quant au contrat basé sur le seul don nuptial , sans apports vrais ou prétendus de la femme , je ne 1 ai pas encore trouvé en grec. Il parait être resté spécial au droit égyptien pur, et il continua à être rédigé, soit pour les payens, en démotique, soit pour les chrétiens, en copte. En copte, nous trou- vons également , et cela bien après la conquête mu- sulmane, les contrats mixtes spédfiant le schaat (cyxxT) ou don nuptial, la shedet (u^eexex) ou dot de la femme, et la rompe en ouom (ponne AoyuiH), année de nourriture ou pension alimentaire.

Notons cependant , à propos de la pension ali- mentaire , que si elle continua à être spédfiée habi- tuellement dans les contrats grecs et coptes, c était complètement illégal , depuis Tédit de Caracola éten- dant la cité romaine à tous les sujets de f empire, (iordien avait écrit formellement, peu de temps après cet édit de Garacalla (Dig., V, xvi, ii) : «Sicut cessât petitio quantitatis, quam de suoma- ritus uxori in menses singulos vel annos proprii usus gratia promittit, ita ex ea causa nummi soluti erogatique non dari repetitionem manifestum est. »

Mais, en cela, la coutume l'emporta sur le droit strict, comme en ce qui concerne lassistanoe légale, le quasi-tutelle du mari sur sa femme, instituée par Philopator, et qui ne cessa pas d'être pratiquée, etc.

Ces coutumes légales ou, en d'autres termes, ces vieilles lois égyptiennes , étaient soigneusement con- servées en Egypte, en ce qui touche le mariage, sur tous les points, avec une obstination digne de re-

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 387

marque; parfois même elles devenaient Torigine d'abus graves.

Il en fut ainsi, par exemple, pour la loi d'Amasis, faisant consister le mariage , en dehors de toute cé- rémonie, dans sa consommation charnelle. Cette petite condition de la consommation du mariage permettait aux Egyptiens d éluder la plupart des lois matrimoniales des empereurs. Ainsi, par exemple, une loi de Constantin avait interdit de contracter mariage avec Tëpouse d un frère mort. Or il se trou- vait que les Égyptiens, d après leur usage local sur la façon dont il fallait entendre le mariage, préten- dirent souvent que les femmes de leurs frères * étaient restées intactes après la mort de ceux-ci, que, par conséquent , ce mariage , officiellement et publique- ment célébré, n*était pas un vrai mariage, et qu'il leur était permis de ne pas en tenir compte.

L'empereur Zenon voulut couper court à cet abus, et il répondit en ces termes (Code, liv. V, titre v, 1. 8) : a Licet quidam Aegyptiorum idcirco mortuo- rum fratrum sibi conjuges matrimonio copulaverint , quod post illorum mortem mansisse virgines dice- bantur, arbitrati scilicet (quod certis legum condi- toribus placuit) cum corpore non convenirint, nuptias non videri esse contractas ; et hujusmodi

^ On sait d'ailleurs que les Egyptiens regardaient comme licites, je dirai plus, normaux, les mariages entre frères et sœurs l'imi- tation de celui d'Osiris et dlsis). Nous en avons des exem|^es innom- brables à toute époque jusqu'à l'édit de Garacalla. Ils n'avaient pas seulement lieu entre enfants du même père, comme à Athènes, mais entre enfants du même père et de la même mère.

^SS MAI-JUIN 1906.

ronnubia tune temporis celebrata firmata sunt, tamen praesenti lege sancimus , si quac hujusmodi nuptiae contractae fuerint, eas eanimque contractores, et ex his progenitos, antiquorum legum tenon subja cere, nec ad exemplum Aegyptiorum (de quibus supradiclum est) eas videri fuisse firmas vel esse firmandas. »

li me serait facile de montrer la permanence ac- tuelle des coutumes égyptiennes relatives tant au don nuptial qu*au trousseau de la femme, distinct de son avoir (meubles et immeubles) ne dépendant que d'elle, bien quen qualité de wiptos le mari dût par honneur être consulté, d après les textes légaux actuellement en vigueur (art. aa, îi3, 71, 76 et titre V, chap. v), et que mon ami, M. Attia Wahby* a bien voulu me communiquer. Rien n'est changé foncièrement sous ce rapport depuis deux mille ans. Mais cet atavisme juridique n*est pas plus étrange que celui qui fait conserver, nous a dit Oppert, par les chrétiens des environs de Mossoul, Tancienne Ninive, le contrat de coemptio ou d achat de la femme, que leurs ancêtres pratiquaient au temps d*Assourbanipal ou de Sennacherib,

Le contrat par coemptio , introduit par Amasis, et que rÉgypte donna à Rome , a au contraire disparu en Kgypte même, car il était par trop contraire aux

* M. Attia Wahby qui, à coté de sa traduction, m*« donné le teite arabe de tous los textes légaux et de lenr commentaire «ato- risé, m*a envoyé aussi les déclarations officielles de mariage fniUss au patriarchat copte et de très curieux procès contemporains.

LA FEMME DANS L'ANTIQUITÉ. 389

mœurs publiques , très douces et très féministes. Il est toujours permis à un législateur de tout changer pour un jour, mais ses réformes disparaissent, si lame du peuple n'en veut point.

Certes on peut la corrompre , cette âme du peuple. On peut lui faire abandonner la morale stricte, mais on ne peut lui imposer longtemps des choses qui répugnent trop à sa nature et à son tempérament ethnique.

VII POST-SCRIPTUM.

Il nous resterait à continuer cette histoire de la femme , tant en Orient qu en Occident. Peut-être le ferons-nous quelque jour, mais actuellement le temps nous manque.

Et cependant il serait fort intéressant de constater les transformations que le jus gentium, et spéciale- ment celui d'Egypte, a fait subir au vieux droit civil romain , devant aboutir un jour à ce droit écrit, paral- lèle au droit coutumier, et contre lequel les autem's du code civil eurent tant à lutter.

La lutte fut âpre, surtout pour la libre admi- nistration des paraphemaux par la femme mariée, sans intervention du mari, libre administration si analogue à ce qui existait en Egypte avant le ta'p^- (rlayfJLa de Philopator.

Bien curieuse aussi serait Tétude, relativement au mariage , des usages de ces Germains et de ces Bar-

390 MAI-JUIN 1900.

bares de tout genre qaî envahirent f empire romain , emportant avec eux leur droit coutumier, devenu, en partie « le nôtres Disons-le d'ailleurs , oe droit cou- tumier avait des analogies frappantes avec les plus YÎeux des droits orientaux. La raison en est bien simple. Aucun de ces législateurs, modifiant tout à leur fantaisie, n'était encore intervenu i et les institu- tions primitives restaient ce qu*eUes étaient.

En ce qui touche la femme , jouant un r^e bien supérieur à celui qu elle avait dans les codes dits classiques de l'antiquité ^ comme en ce qui touche les enfants , devant avoir parts égales dans les biens de leurs parents, ce droit coutumier, devenu le nôtre, se rapprochait singulièrement de Tétat des premières périodes des civilisations primitives de la Ghaldée, de. TEgypte (restée à ce point de vue le plus conser- vateur des pays antiques) , etc.

li ne faudrait pas ouUiar non plus Finflaence très rédle et très profonde du christianisnie --^ sans pourtant ^ejKagérer^ comme le font quelques-uns,

' Lors de la conversion au ctimfianisme on réagit inéme cfotite la AflnatîM» indépendants de U tmnmt ê» Egypte, etf ifiuipiiapt d'Atl«;urs de» iraditions de TAncien TeatAmest* Noos citoieiia ceUe rliarinante page de8 Gnomes :

« Une femme est aimée de Dieu et des hommes k cause dté sa sagcMc et de la bonne administraliMr de stf naisea; ccf Ift kMMMé vaine, il y a une xt.'n^canre qui la pouri«it«

« Orne-toi pour ton mari par les œuvres dfe tes mama et jper la sagesse de ta bouche : les saintes appellent leur mari mon teigkear»

« N'aini<> pas à tf parrer, ^ femme, fMâis atfai>Bu»lw Mites i*

LA FEMME DANS L'ANTIQUITE. 391

soutenant que le christianisme a seul donné à la femme son véritable rôle , inconnu à toutes les nations antiques.

belles qui sont dans \e séptdcre. Celles mêmes qui gisent sur le lit de la maladie, la beauté cesse en elles.

f Orne ton âme par Taniour de Diea et donne ton cowr à la pa- role de Dieu. £coote-le.

« Un homme sage ne s'attachera pas à une femme insensée.

«Mon fils, éloigne-toi d'une femme qui aime la parure; car ce sont sigfiaax d*adiiltére qne les étalages d^annetdx et de ciocliettes.

f Ta reconnattras une femme qui baii le péché à la pureté de son visage; quant à celle qui met du noir à ses yeux, elle montre par la sa futilité.

« Le soin da corps n*a pas besoin de ces choses. (Test vanité que de les perler* A quoi sert le noir de* yeux? On gâte une beUe image avec la fumée des lampes. »

Déjà , à la (in du premier ou au commencement du second siècle de notre ère , tm chrétien racbé , Pblbfbor, dans son admiraMe trmié de morale, montrait pour la femme égyptieuie, si libre d'allure» et si autoritaire, une défiance parfois méritée, en lui opposant son idéaf de fa femme chrétienne :

f Qoond une femme te frfolt , c*eft un mattre qui s'est rétélé en elle.

« Une femme qui n^aime pa» on autre par une liaison amonreuse (mot à mot : par une cousinerie masculine de femme) est nne per- sonne sage.

f Elles ne aont pas nombretise» le» femmes indifférentes à famour coupable (mot à mot : molles dans ce chemin en leur Ame).

« Que pour elles , soit un bon ordre venant de Dieu !

« 11 y a telle femme qui remplit sa maison d'approvisionnements sans payer.

«Il y a telle autre qui rend Dieu maître de son intérieur (de tout ce qui la regarde).

« Il y a telle autre que je ferai connaître pour le déshonneur, en qualité de femme molle et sensuelle.

< Je la crains celle-là , à cause de la crainte que j*ai de la ruine. »

L auteur d'un autre livre de morale, -copié sous les Ptolémée^par le reclus du Serapeum , Apollonius , disait simplement : Ne moleste pas ta femme. Elle entre en lutte. Qu'elle emporte son bien. »

392 MAI-JUIN 1906.

Non ! le christiaDÎsine n*a pas créé, mais îi a res- tauré la situation de la femme d*après les vieilles traditions primitives oubliées presque partout.

Il n en est pas moins vrai que , sans lui , ce que nous appelons la ci>îlisation moderne n'existerait pas ou aurait revêtu im caractère beaucoup plus égoïste.

C'est Jésus qui , par Tamour, a édairé fâme hu- maine.

A un autre point de vue, bien intéressante aussi serait l'étude du monde arabe et surtout des modifi- cations quy a apportées l'Islamisme, que M. Buart appelle , avec raison , une hérésie chrétienne. Du côté doctrinal , en effet , ce n'est guère autre chose qu'une espèce de nestorianisme remplaçant le Christ par Mahomet, Paraclet annoncé par lui, prétendait-il. Mais hérésie, Tlslaniisme le (îit aussi et surtout par la manière dont il considéra l'état de la femme; et peut-être peut-on mieux expliquer ainsi, par une réaction nécessaire contre l'ennemi religieux hérédi- taire des Croisés, le piédestal sur lequel les chevaliers francs élevèrent la femme, cette reine d'amour si libre parfois.

YAKS À. 393

YAKSÂ,

PAR

M. A.-M. BOYER.

M. Geldner a consacré à l'étude de ce terme un des articles des Vedische Stadien, III, p. 126-1 43. On trouvera là, p. 1 43, rénumération des sens quil lui a assignés, et je la reproduis en note^ Je crois, pour ma part , que yaksà exprime simplement une forme (visible de fait ou conçue comme telle) propre Il étonner le regard , et que son interprétation , sui- vant Toccurrence , par « fantôme » , « apparition » , « apparition merveilleuse » , « forme merveilleuse » , « merveille » , explique au mieux les textes et suffit à tous les cas^. Parce que, au contraire, le sens dTiom-

^ 1. - a. Erstaunen, Verwunderung, Neugierde. - b, Wuiitler, Ràlsel. 2. Wunder, Kunststûck, Zauber. - a. Hexerei, Zauberci. - b, Verzauberung , Verwandlung. - Gaukeleî, Blendwerk, H* lusion. - d, Wunderkraft, VVunderkur, Heiizauber. 3. Gegen- stand der Bewunderung oder Neugierde , Kuriositât -^ a. Wunder- tier. - b, Schaustûck, Fest, (vulgo Zauber). - c. Naturwunder, wie grosse Baume u. s.

* Yaksà, dans ie sens de « fantôme» , signifie le fantôme pris soit absolument , soit relativement à un possesseur : le fantôme de. De même yaksâ est employé dans le sens de forme mervéiUèusp » absolument ou avec un génitif. Dans le premier cas, il signifie nue forme merveilleuse prise concrètement, €*est-à-dire un objet en tant qu'offrant (ou imaginé comme offrant) aq regard une forme

VII, 26

394 MAI-JUIN 1906.

mage et les autres connexes à celuî-là ne conviennent pas à tous les cas, et qu'il serait, d'autre part, gratuit de supposer un second terme homonyme d*un pre- mier qui à lui seul suffit, je repousse dans sa totalité , comme on Ta déjà fait d'ailleurs , l'interpré- tation indigène, bien que ses gloses puissent de fait s'adapter à notre terme dans certains passages védi- ques, et que le qualificatif yd^a, en particulier, qui lui est peut-être apparenté et sur lequel je re- viendrai, donne lieu, en faveur du sens admis par le commentaire, à des rapprochements comme, h côté de hdtà pâvaha yàksyah (R. V., VIII, kg [60], 3) : agnih pâvaM ttfyah (III, 'jy, 4), Mdh pdvakà tdyah [Vil, i5, 10), Sdcih pàvaka vindyak (II, 7, &}• JTessaierai de justifier dans une revue des textes ce que j'ai dît du sens de yaksâ.

R.V.,lV,3,i3.

nii kàsya yakfàrp. sàdam id dlmré ma vesàsya praminatô mipéti \ ma bhritar agne ànjjor jrnAqi ver ma sàkhyur dàksog/i ripôr bhufema I

Que les Aryas de l'Inde redontassent le retour des

merveilleuse : «forme merveilleuse! est idor» éi[«îviiaii à tnflr- veiilei, au sens j*ettieiids ici ce mot (avec UmtafiHs TâYMitage d'eiprimer mieux la rdatioo de Tobjet au regard). Dana la WK9md cas, il signifie la forme merveilleuse par laqueik fM éln ae tt"^ fesie (ou est supposé se manifestar) à la vue. Ce lecaaé cm M ae présentera que dans Sat Br., XI, t, 5 : hMmmifmmuJmÉfmhté, à c6té du f«ste du piemier i /dl(|^ Moanti.

tAKsA. ^ 305

morts, eusserit-Hs été parents ou amis, est indiqué parles précautions contre ce retour que sont Certaines observances funéraire», effacement de la trace des pas sur la route suivie pso* la marche funèbre, pose d'une pierre sur ce même chemin, etc. , rites qui ont bien sans doute pour but d'empêcher la mort de poursuivre les vivants , mais la mort concrétée dans le défunt, en qui elle s'est, pour ainsi dire, incarnée, t) autre part on connaît le rôle d'Agni comme dé- fenseur contre les génies nuisibles (daiis cet hyrnhë même, au vers suivant, on Tinvite à ^er le Raksas : jahi ràksah etc.), et sa protection n'est pas moins efficace, sans doute, contre les revenants. Il est donc naturel qu'il lui soit demandé d'écarter tout fantôme , fïk^ce celui d'un amî. C'est le sens que me parait présenter notre texte.

Je vois avec Roth un adverbe dans huràs. Admet- tant sa dérivation de hvar^ je lui reoonnaia le sens de «sinueusement», «tortueusement». M. Olden- berg, traduisant le vers en question, a semblable^ ment adopté pour rendre ce terme « on a crooked way * ». Le sens de notre premier pâda sera donc qu'Agni ne doit janiab aller en ligne sinueuse à n'importe quel fantôme, ce qui veut dire qu'il doit lui courir sus tout droit* Je traduis :

Ne vas jamais par voie sinueuse au fantôme qui qae ce soit, ni d*un voisin travaillant à nous perdre ni d'un ami. Ne (nous) réclames pas, ô Agni, la dette d*un frère fourbe;

* Vedic Hymns, àTindex et p. 326. Yakfà est rendii par «spîrit».

26.

396 MAI-JUIN 1906.

que nous n^ayoDs pas à souffrir de l*adresse d'un compagnon trompeur I

R. V.,V, 70,4.

ma hàsyàdbhntakratà yàksàm bhajemà tanéblufi \ ma iésasâ ma tàruisà H

Ce vers est une prière à Mitra et Varuna, et je le crois encore inspiré par la crainte des reyenants et du mal qu'Us peuvent causer. M. Oldenberg a pro- posé pour le quatrième pâda du vers précédemment étudié une correction que je n'ai pas cru devoir admettre, et suivant laquelle cUftya se trouve diangé en yak§A^, Il traduit alors : «May we not hâve to suffer under the spirit which avenges », etc. C'est bien du moins dans un pareil sens qu'il faut entendre ici la relation de hhaj et de yaksà. Je traduis :

Que nous n ayons à souffrir, à merveilleusement sages, de la paii; du fantôme de qui que ce soit, ni par noos-mâmes , ni dans ceux que nous laisserons après nous, ni dans notre |N)Btërité !

R.V., VU, 61, 5.

àmûrà visvà vrsandv imâ vàm ydsa citràrp, dàdrée yaksàm \ drdhah sacante Anfiâjdnànârfi vdqi ninyAny acite abhûvan i

Comme le précédent, ce vers est adressé à Mitra et Varuna.

* Vedie Uymnt, p. 33o.

YAKSA. 3d7

Bien que le padapâtha interprète àmàrà eiviivâ comme duels , je crois plus probable qu'ils se rap- portent au même objet que imâh. Du reste ce point est secondaire dans la question qui nous occupe. Quant à 1 objet auquel se rapporte ÎTiidA, et ceci est pour nous capital , je ne puis le regarder avec Sâyana comme n étant pas formellement exprimé dans le vers : drdhah semble trop indiqué par le texte lui- même. Ces Druhs, comme il est dit au troisième pâda, suivent les iniquités des hommes; mais, de fait , leur marche est invisible , elles ne se manifestent sous aucune forme , qu il s'agisse d'une forme brillante ou même de celle plus obscure d'un fantôme; c'est ce qu'exprime le second pâda. Je traduirai donc, en accord pour le sens général avec Berga%ne [Religion védique, III, p. igS) :

Toutes ces avisées, vos Drahs, ô mâles, en qui n^apparait ni forme brillante ni fantôme, suivent les iniquités des hommes; les choses secrètes ne vous sont pas demeurées inconnues.

R.V.,X,88,i3.

vaisvànaràm kavàyo yajhiyâso 'gnirn devâ ajanayann ajuryàm \ nàksatrarn pratriàm àminac carimd yahsàsyMhyaksamtavisAmbphàntam B

L'astre en question est clairement le soleil, qui est une des formes d'Agni. Cet astre est ici qualifié deyaksâsyâdhyaksah, surveillant dnyàksA. Sans re-

dM MAI.JUIN 1006.

courir à ce fait que le soleil est une forme d*Agni, d nous ne cuvons conclure à priori qu'il ait comme celui-ci pouvoir contre les démons et génies malfaisants, nous savons par des textes positifs qu*il possède réellement cette puissance. G*est ainsi qu'il est dit, A. V. , VIII, 6 , que dans sa réycdution il les fait disparaître comme fombre ( 8 ) ^ ; qu'ils ne lui résistent pas , alors qu'il émet du ciel ses rayons bridants ( i a ) ^; et se glissent loin de lui, comme la bru loin de son beau-père (a 4)^. Et nous pouvons bien croire que cette même puissance du soleil s'étendait encore aux fantômes , qui d'ailleurs ont toujours préféré la nuit. Ceci posé, nous ne serons pas surpris que le soleil qui est célébré comme voyant toutes choses, qui embrasse du regard toutes les races (R. V. , VII , 6o , 3) ^ et épie tout le monde mobile {IV, i3 , 3)^, ait, suivant le sens du terme àdhyaksa , l'œil sur les fan- tômes, pour réprimer leur apparition et leurs entre- prises tout ie jour. Prenant ici ya^ci au sens collectif, je traduis :

Les sages adorables, les dieux (Hit fait Agni Vai&vânara naître Timpérissable , Tastre antique qui ne s*ëpiiise pas, qui marche, haut et puissant surveillant du monde des fantômes.

* chàyàin iva prà tant siiya^. parikrimtuin win^daU ' je sàiyar[i tltikmnta âtâpantam amum divà^.

^ sûryât parisàrpanti sniisêva ivàiuràd âdhî,

* sâT[i yûthéva jànimâni caste. ^ spÂéam vUwuya jégatah.

R.V., 1,190,4.

asyà ilôko divfyate piihivyâm àtyo yaîjisad yakfobhfd vicetàh \ mrgânâifi hetàyo yànti cemâ bfhaspàter àhimâyà/l ahhi dyén \\

Quelques remarques d'abord, relatives au sens de ce texte.

Il y est question du sloka , du chant de Brhaspati , et ridée de ce sloka commande tout le vers.

U faut donc comprendre ilokaiiiymiisai, le premier de ces deux termes étant sous-entendu. Cette inter- prétation est du reste confirmée par ce qui est dit au vers précédent : iWicaji yarpsat savitéva prà bàhâ. En ceci je suis d accord avec M. Geldner {op. cit., p.i37).

De même mrgândni hetdyah se rapporte au sloka. « (Son chant est) comme les javelines destinées aux bétes ». Pour l'assimilation de la parole de Brhas- pati à une arme de jet, comparer II, 24, 8 : « De ce contemplateur des hommes les flèches ont la vue juste ^ avec lesquelles il tire, qui ont pour place loreiUe »• Mrgânâm hetàyaii forme une proposition détachée; on peut comparer celles du

* Littéralement « sont justes pour voir » , en liant âriâye à sàdhvth. Les trois derniers termes du demi-vers, nrcàksaso driâye kàrna- yonayah , sont ainsi raj^rtés respectivemeot mox trois premiers , tâsya sâdhvtr isavah, Kàrnayondyak contient un jeu de mots sans doute intentionnel : irotnndriymia grâkyâ mantrabhûtà âkarnakrstâ va hânàh ( Sây. ).

hOO MAI-JUIN 1906.

infime genre de 1 , 65 , 6 : diyo nU^man sàrgaprataktah sindhar ksàdah irp, varéUe.

Relativement à la comparaison Atyond^ M. Geld- lier me semble avoir établi de la façon la plus pro- bable qu'elle vise le hennissement du cheval [ibid.]. Du reste le Seigneur de la prière est lui-même appelé dans un passage (X, 53 , 9) étaéa. Mais, par contre, je ne suis pas convaincu par Texplication que le même savant a donnée de abhi dyàn (0. c, p. i38). Le commentaire du Taitt. Bràh. sur R. V., I, 33, 11, reproduit dans H, 8, 3, & dudit brâhmana, glose : abhi dyûn pratidinam. De fait ahhi est une des pré- positions auxquelles Pânini reconnaît une valeur dîs- tributive (I, 4, 91). L'expression abhi dyûn prend ainsi place a côté à^àna dyun, avec une signification îmalogue. Que dans le texte du Rg Veda en dernier lieu allégué , savoir 1 , 33 , 1 1 , la valeur de « jour » ne puisse convenir à dfyun, ainsi que le veut M. Geld- ner, cest ce qu'il me parait difficile d*admettre. Ce texte dît : « Conformément à son propre pou- voir les eaux coulèrent, il s'accrut au milieu àe& (eaux devenues) navigables; avec un cœur propice Indra, d'un coup très vigoureux, le frappa chaque jour*. » Celui qu'Indra a frappé est sans doute le Dasyu dont il est question dans ce qui précède : cf. vers 4 , 7, 9. Si Indra peut , d'après un autre passage,

^ ânu tvadhdm aksarann âpQ tuyâr

vardhata mâdhya à nâvyànâm |. sadhrîdnena mànasà tâm indra ôjislkena hànmanâhcuin abhi dyûn ||.

M

YAKSA. 401

conquérir chaque jour les eaux : vfsapatntr apôjayd divé'dive (VIII, i5, 6), pourquoi pourrait-il pas frapper le Dasyu chaque jour ?

Interprétant de la même façon abhi dyun dans le vers qui nous occupe, je traduis finalement ce dernier :

Son chant va impëtueusement au cieî et sur la terre; comme un cheval qu*ii (r)allonge \ le sage qui porte une forme merveilleuse; on dirait des javelines destinées aux bétes, et ces (javelines) de Brhaspati s'en vont à qui a des prestiges d'Ahi , chaque jour.

Je dois maintenant justifier l'interprétation donnée de yaksabhft dans cette traduction.

Il ne saurait être ici question des richesses que porte comme son bien [bharate) Brhaspati (cf. II, aA , 9; 1 3). Ce trait semble assez banale et lui est si peu particulier quil est attribué en termes exclusifs à Indra ^. Il ne semble donc pas que nous ayons , à regard de Brhaspati , la matière d une épithète aussi spéciale que yaksabhft. Ce qui est particulier à ce dieu, c'est d'être le Seigneur de la prière, la prière est sa fonction propre, et cest elle aussi qui constitue la forme merveilleuse dont notre vers le fait porteur.

On sait que les poètes du Rg Veda ont souvent parié de Téclat brillant de la prière ^; Particulière- ment intéressants sont, dans cet ordre d'idée, les

* G*est-à-dire : «quii prolonge son chant, comme un cheval son hennissement ! »

' éko dhânâ bhcurate âpratîtah (V, 3^, 9).

' Voir les textes indiqués par Bérgaigne, Rel, Véd,, I, p. 285.

408 MAI-JOIN 1906.

textes relatifs à Brhaspati, qu'il s agisse de la prière même de ce dieu , ou de celle qu*il inspire on qui se rapporte à lui. Je ferai d'abord remarquer qu'un passage déjà cité (vers 3) du présent hymne met en r^ard le sloka de ce dieu et les bras de Savitar : (( Qu'il allonge son chant comme Savitar ses braa. » Or les bras de Savitar (comme autres choses enoore en son personnage) sont d'or : « Ses grands bras d'or déployés ont atteint en s'élevant les extrémités . du ciel» (VII, 45, 2, cf. VI, 71, i; 5); et leur mise en regard du chant de Brhaspati ne peut déjà que favoriser l'opinion qu'on considérait ce chant comme une forme brillante. Voici des témoignages plus précis.

«Brhaspati, dès que d'une grande iumièra dans le ciel suprême, dieu aux sept bouches, puissant , par son bruit , dieu aux sept rayons , dispersa les ténèbres » (IV, 5o, Ix)^. Les sept rayons corres- pondent naturellement aux sept bouches : le bruit mentionné indique qu'ils sont les prières. Bergaigne ( Quarante hymnes du R. V, 1 P' 89) traduit saptâraimi^ par « à sept rênes » , avec la note « pour conduire les sept prières» (n. i4). Gela est sans doute, tu ie sens propre du mot roimi, un second sens entendu par le poète; je ne crois pas que ce soit le sens obvie. Employé dans un texte qui parie de la dia-

^ bfh€upàtih prathamàifi jé^amâno

mahô jjrâtisah paramé vjàman | sapiàiyai iuvijâtô ràvêna vi tapiàraémir adkamat ténUâfisi |

YAKSÀ. 405

persion des ténèbres le mot semble porter, comme sens direct, celui de rayon.

« L adorable des demeures à la brillante clameui*, invoquons Tinviolable Brhaspati » (VII, 97, 5)^.

« Aspergeant de douce liqueur la matrice du jia, jetant du haut du ciel, lui chantre, comme un brandon , Brhaspati , arrachant de la pierre les vaches , a, pour ainsi dire, fendu avec Teau la peau de la terre» (X, 68, 4)^. Cette chose qui rappdle un brandon, jetée qu'elle est par le chantre, ne peut être que son hymne. Il est vrai que arhà possède dans le Rg Yeda d autres sens que celui de « chant » et de « chantre » : car, en ce qui concerne la valeur de ce mot, je crois trop exclusive l'opinion de Bergaigne*, combattue d ailleurs avec succès par M. Pischel^, dont cependant je ne puis adopter dans tous ses points Tinterprétation en ce qui concerne les textes par lui cités à ce sujet. Mais bien que arhà se rencontre dans les hymnes avec le sens de « lu- mière » ou même peut-être de « soleil », il n'est guère

* iàeikrandarfi yajatàip, pastjfànàmi bfkaspàtim antirvâncaii kuvema ||

^ âprufâyân màdhuna fiâsyayônim

avaksipànn arkà ulkâm iva dyàh | hfhaspàtir nddhârann âémano gd hhimyâ ndnéva vi tvàcam bibheda ||

' Bergaigne, après avoir dénié à arkâ toute autre signiGcation que celle d'i hymne et de chantre» (RêL Véd,» I,p. 279, n.), ne lui reconnaît plus que celle d'à hymne» dant J, A,, 1884, II, p. 194.

* Ved, Stnd., I, p. 93 et «liv.

404 MAI-JUIN 1906.

possibie de lui reconnaître une pareille valeur dans le vers en question : la lumière, en efifet, descend du ciel, mais ne jette rien de qui soit météore ou étincelle; le soleil jette du ciel sa clarté, mais fassi^ milation serait peu louangeuse, qui la ferait météore ou brandon; tandis qu'il y a toute raison d'admettre, par contre , que ]e Seigneur de la prière émette sous forme ignée son hymne, puisque la prière, ainsi que je le rappelais plus haut, est souvent conçue comme objet brillant.

Au surplus ce même hymne X, 68, évoque un peu plus loin, vers 6, en termes explicites Timage du feu pour qualifier les chants de Brhaspati : « Lorsque Brhaspati eut fendu avec des hymnes ar- dents comme Agni le gîte de Vala qui éclatait en in- sultes, et qu*il dévora (son adversaire) étreint jwir sa langue (c.-à-d. par les hymnes chantés par sa langue) comme par des dents , il fit apparaître les trésors de rouges ^ » Le sens d'hymne donné ici à arkà se justifie par la comparaison avec les passages suivants relatife au même exploit du même dieu : « Il fit sortir les vaches, il fendit par la prière [bràhmanà) Vala» (II, 24, 3). « Lui, avec la troupe aux bonnes lou- anges, lui, avec la troupe qui chante des vers, û a brisé Vala, le réservoir, par son bruit [ràvena)» (IV, 5o,5).

yadd valâsja pfyato jàtnxfi hhéd ' bfkatpâtir agnitàpobhir arkaUk | dadbhir nàjihvd pdrivistam âdad âvir nididnr akriwà usriyànâm, ||

YAKSA. 405

Je dois ajouter ici une observation au sujet du vers 9 du même hymne X, 68. H y est dit de Brhaspati : sôsâm avindat sa svàh sa agnim sa arkéna vi babàdhe tàmâriisi. M. Pischel (Ved. 5é., I, p. 26) nie que, dans ce texte, arkà ait le sens dliymne, et le ramène au sens de lumière. Je ne puis , pour ma part, me ranger à cet avis. De même que la nature d'Agni est d'agir par sa lumière ardente, celle de Brhaspati, qui est le Seigneur de la prière, est d'agir par l'hymne. Et dans le fait , c esl couramment par la prière que nous voyons Brhaspati accomplir ses œuvres. Nous en avons eu à l'instant des exemples. J'ai également parlé plus haut des richesses de ce dieu : mais c'est par la prière matt (II, a4, 9; i3) qu'il les possède.

D'ailleurs un texte analogue au passage en discus- sion, le vers 4 déjà cité de l'hymne IV, 5o, déclare formellement que Brhaspati a dispersé les ténèbres par son bruit, c'est-à-dire par le bruit de ses hymnes : ràvena vi saptàrasmir adhamat tàmâqisi. Et qu'il s'agisse réellement non d'un bruit accidentel à l'œuvre, mais d'un bruit par lequel elle s'opère, se trouve indiqué par l'insistance que met cet hymne à accompagner de l'expression ràvena l'énoncé des œuvres de Brhaspati. S'il a dispersé les ténèbres ràvena, U a aussi étayé les extrémités de la terre ràvena (vers 1), il a, comme nous l'avons vu, brisé. Vala ràvena (vers 5); ajoutons que, selon ce même vers, c'est à grande clameur, kànikradat , qu'il a fait sortir les rouges. Dans le texte en question, X, 68, 9,

40(J MAI-JOIN 1906.

nous avons donc à comprendre d'une façon sem- blable que Brhaspati a chassé les ténèbres par son hymne.

Mais, ceci posé, il demeiire possible que, dans ledit texte , outre le sens d'« hymne », qui s y trou?e pour arkà le sens direct, le poète ait visé aussi cdai de « lumière », et employé volontairement un mot à double entente, amené qu'il était, en mentionnant le triomphe de la prière du dieu sur les ténèbres, à suggérer }*idée de la splendeur de celle-ci. C'est ainsi qu'à propos du même fait nous avom vu au ren IV, 5o, d rappelé par fépithète saptàraJmi fédat brffiMit decetteprièi'e.Sion admet que dans le vers X, 68, 9 arkà réalise une telle intention , ce texte constituera un témoignage de plus du caractère lumineux qui s attache à la parole sacrée de Brhaspati.

Il est naturel que nous trouvions marquée d'un pareil trait la prière qu'inspire ce dieu : « Je te jdace (dit Brhaspati à Devâpi) une parole brillante dans la bouche» (X, 98, 2)*. «I^ace-nous une parole brillante dans la bouche, ô Brhaspati (î6., 3)*. De même celle qui se rapporte à lui :

« Le fortifiant de prières salutaires tandis qu'en son séjour il rugit comme un lion,. puissions-nous acclamer comme victorieux Brhaspati, le mâle, lors de la conquête des héros, en chaque prise de butin;

« Alors qu'il a conquis le butin.de toutes former,

^ dàdhâmi te dyamâtùfi vicam âsàn,

' asmé (Ihehi (fywndtîin vâcam àiàn hfkoipate.

YAKSA. 407

qu'il est monté au ciel, aux suprêmes demeures, fortifiant Brhaspati , le mâle , portant , quoique divers , la lumière dans la bouche » (X, 67, 9-10)^

H est bien dair que cette lumière qu'on porte dans la bouche alors qu on fortifie Brhaspati par des prières n est autre que la prière elle-même. Sur les lèvres des adorateurs de ce dieu Thymne est lumière, comme, nous lavons vu, sur les siennes, rayon.

C'est dans ce rayon, dans cette forme brillante que Brhaspati porte sur ses lèvres et peut jeter comme un brandon, qu'il est permis, à mon avis, de voir \eyaksa , la « forme merveilleuse » en question. Yaksabhft, quoi qu'il en soit différent par ]a notion qu'il exprime immédiatement, se trouve ainsi, quant au fond , analogue à aktliabhft , sdmabhft , de Vil ,33, 1 4 : ces deux épithètes ne se rapportent pas , il est vrai, à Brhaspati, mais si quelque autre être peut se trouver conçu comme portant la prière, à fortiori ce dieu. B est juste que le maître du brahman porte le brahman : car c'est bien du brahman qu*il est ici question ^ Rappdons-nous d'ailleurs qu'en dehors

* tdifi vaitlAijajito matlbhih éwàbhih siiphàm. iva ndaadataifi, sadhàsthe | hfhaspàtùjp. vfsanarfi iÈrasâiaa hhàre-hhare dnu madema jisnàm || j€dà véjam étanad viévàrûpam

d dyàm àruksad, uttaràiii sàdma | hfhaspàtnji vfsanaiii vardhâjanto ndnâ sânio hihhrato jyôtir âsd ||

* C*esl ce qu'a bien va M. Geldner [op. cit. y p. 137). Seafement pour lui yaksà ^ ici formeliement Zauberei v.

408 MÀI-JUIN 1906.

du Rg Veda on retrouve le brahman conçu comine lumière, et même alors qu'il est devenu le brahman des upanisads ; il sufifira de mentionner ici deux textes bien connus : kim svit suryasamamjyàixji. . . brdhma shytisamamjyàtih ( Vâj . Samh. , XXUl , Ay-iS ) ; hiran- nwye pare koée virajam brahma mfkalam \ tac chubhiiuii jyotisàifijyotis tadyad dtmavido vidah (Mund. Up., II, 'i , 9). Ajoutons aussi que la désignation par yaft|d du brahman n est pas ici un fait isolé : nous le verrons se reproduire dans les textes que nous avons à examiner; dans certains même, formellement.

R. V., VII,56, 16.

àtyàso mardtah svànco yaksadfso sabhàyania màryàït \ harmyesthàli éUavo ni iabhrà vatsâso prakrïlinah payodhâh |

Max MûUer, qui. rend yaksadfio par clike Yakshas» [S.B.E.y XXXII, p. Sy^), admet aussi, quoique avec réserve, pour yafoodri, la traduction « appearing as ghosts » (16., p. Syy). Je crob que cette dernière traduction approche de lexaclitude, seulement il ne s'agit pas ici d'apparition effrayante ou simplement fantastique, mais d'« apparition merveil- leuse » , le contexte étant laudatif. Suivant un sens que peut prendre dfê en composition , yaksadfi signifiera ainsi littéralement : « qui a laspect d une apparition merveilleuse », c est-à-dire, en somme, merveilleuse- ment beau (laccent comme dans tàdfé^ etc.). On

YâKSÀ. 409

peut, si Ton veut, rapprocher la présente expression du texte du Gobhiia G.S. : yaksam iva caJcfusah priyo vo bhàyàsam^, dont il sera question plus loin, et qui concerne un jeune homme, comme notre terme des jeunes gens. Toutefois, ainsi que je le dirai, le texte du sùtra semble contenir une intention mys- tique.

Je traduis :

tEax qui, les Manits rapides comme des coarsiera, bril- lèrent comme des jeunes hommes à f aspect d*apparition merveilleuse, ils sont charmants comme de jeunes enfants qui demeurent encore dans la maison , Mâtrâs comme des veaux qui tètent encore le lait.

Il y a tout lieu d'admettre que yakfin dérive de yaksà; et, morphologiquement, il est possible que yàksya en provienne aussi par le suffixe ya avec transport de laccent à la première syllabe. Nous ferons donc venir ici les deux textes suivants.

R.V., VII, 88,6.

àpir nityo varuna priyàh sàn tvàm âgàmsi krnàvat sàkhd te \ ma ta énasvanto yakfin hhyema yandhi smà vipra stavaté vàrûtham II

La prière md. . . yaksin bhujema, adressée à Va- runa, doit être rapprochée de celle déjà mentionnée

' J^admets que caksu^ah n*est pas régi par jaham, vn, 27

410 MAI-JUIN 1906.

ma kà^ya. ... yaksàm bhujenjia (V, 7.0, 4), adressée à Mitra et Varuna. La similitude d^eç deux formules rend fort probable que le qualificatif d'ailleurs inso- lite yafoin du premier texte, qui correspond comme position à yaksàm du second , lui correspond aussi comme sens. Par suite , yaksà dans V, 70 , 4 étant « fantôme », jafom sera ici « maître des fantômes^ ». Remarquons que remploi dans le présent texte de yaksin au lieu de yaksà favorise l'interprétation que nous avons admise dans V, 70, 4 , pour ce dernier terme : on ne .pouvait pas demander à Varuna immortel que 1 on n eût pas à souflFrir de la part de son fantôme. Mais on pouvait l'appeler maître des fantômes en vertu de cette relation spéciale qu'il semble dès l'époque du Rg Veda avoir eue avec la nuit^.

Je traduirai donc :

Si quelqu'un de tes propres aniis , ô Varuna , quoiqu'il te soit cher, vient à commettre contre toi des fautes , lai ton compagnon , que nous n'ayons , coupables à tes yeux , rien à souffrir, ô maître des fantômes; prêtre, offre au chanteur d'hymnes un abri.

R.V.,Vm,49(6o),3.

àgne kavir vedhà asi hàtdpâvakayàksyah |

^ Bergaigne adoptait : «maître des Yaksas» {Rel. Véd,, III, p. 194).

* Cf. sui ce sujet spécialement Oldenberg , Die Religion des Veda , p. 192.

YAKSA. 411

mandrà yùjisiho adhvarésv tdyo viprebhih éakra mànmabhih \\

YàksyUf comme dérivé de yaksà, pourra signifier « appartenant au monde des formes merveilleuses », c'est-à-dire « merveilleux de forme ». Ce sens se justifie-t-il ici?

En parlant au début de Tinterprétation indigène de yàksya, j'ai comparé, comme étant de nature à la faire valoir, quelques textes à celui actuellement en question. 11 est donc juste d'en citer maintenant quelques autres favorables à l'interprétation ci-dessus proposée. Nous trouvons dit d'Agni ou d'autres : sàcih pâvakô àdbhuto niàdhvd yajnùm mimiksati (I, 1 4 2 , 3 ) ; pàvasva vrtrahantamokthébhir anumàdyali | sdcilipâvakà àdbhutah (IX, 2/1, 6); sdcihpdvakà ucy- ate s6 àdbhutah (VIII, i3, 19); formules qui font suivre pâvakà d'un vocable, àdbhuta, de sens assez voisin de celui que nous attribuons à yàksya. Je n'insiste pas, d'ailleurs, sur ce rapprochement, qui ne constitue qu'une réplique à un autre de nature différente. Mais si l'on se souvient de l'admiration dont les poètes du Rg Veda multiplient les témoi- gnages à l'égard de la forme d'Agni , des expressions par lesquelles ils le proclament merveilleux, telles que àdbhuta dont il vient d'être question , pànistha , darsatàj vapasyà, on admettra, je pense, que le sens proposé pour yàksya ne trouve aucune contradic- tion dans l'emploi dudit terme pour qualifier ce dieu : sa dérivation de yaksà n'étant que possible,

37.

412 MAI-JOIN 1906.

nous ne pouvons en demander davantage. Notre vers se traduirait donc :

Agni, tu es le sage, l'adorateur, le hotar merveilleux de forme, ô purifiant, le ravissant, le meilleur sacrificateur, celui que dans les cérémonies sacrées doivent honorer le» prêtres , ô brillant , par leurs prières.

A.V., V1II,9, 8; 25-26.

8 yàm pràcyutâm ànuyajnâh pracyâvanta upaththanta upatisthamàndm | yàsyâ vraté prasavé yaksàm éjati sa viràd rsayalj paramé vybman \\

2 5 ko gadli ekarsih kim u dhâma ka âsisali \ yaksàm pjihivyàm ekavfd ekartàh katamà mi sàh \\

26 éko yaàr éka ekarsir

ékam dhâmaikadhâMsalj | yaksàm pjthivyàm ekavfd ekartùr nàli ricyate \\

Ces deux derniers vers terminent Thymne. Il est à croire que dans les deux passages ci-dessus, savoir, le vers 8 dune part, les vers 2 5- 26 de l'autre , le terme yaksà est pris dans un sens analogue , et en voici la raison. Que Thymme résulte ou non d'une compila- tion, les questions qui composent le vers 26, aux- quelles fait réponse le vers 26, paraissent, dans leur

YAKSÀ. 413

ensemble , suggérées par les idées répandues dans le texte qui les précède. Pour le mettre en évidence , prenons une à une chaque question.

gaàh. Le vers i parle des deux veaux de Virâj : vatsau virâjali, assimilée à une vache : kata- réna diigdhà. Au vers 2 nous lisons : vatsàh kâmadd' cfho vimjah^ « le veau de Virâj , laquelle donne pour lait tout ce qu'on désire »^ Au vers 1 5 : pùfica vyàs- tlr ànu pàfica clohâ gàm pàhcanâmnîm rtàvà 'nu pàfica « il y a cinq traites correspondant aux cinq splen- deurs, il y a cinq saisons correspondant à la vache aux cinq noms (c est-à-dire aux cinq noms de la vache) »; d'ailleurs Virâj est encore sans doute la vache, comme à Virâj aussi se réfèrent les cinq traites^, car tout ceci répond aux questions que pose à son sujet le vers 10. Enfin le vers 2 4 s exprime ainsi : kévaltndrdya daduhé hi grsiir vcisam pvyusam prathamàm dàhânâ \ àthâtarpayac catdras caturdhà devân manusyàn àsurdn ntà ffm « car ce n est que pour Indra que fut traite la génisse, tout d'abord qu elle laissa couler la grasse liqueur que fut son premier lait; ensuite en quatre fois elle rassasia les quatre (groupes suivants) : les devas, les hommes, les asuras et les rsis ». Notons que de nouveau cette génisse semble être Virâj, dont Indra est dit le

' En regardant kâniaduijliah comme génitif lîàmadàgli), ^ Du reste on retrouve ailleurs ie terme doha associé formelle- ment à Virâj : ainsi plusieurs Grliyasûtras intro<luisent dans la cérémonie de l'argha la formule virâjo doho 'si, par ex., Hiran. I, i3. 1 (éd. Kirste).

414 MAI-JUIN 1906.

veau au vers 1 2 de l'hymne suivant : tàsyà indro vatsà âsît.

eharsih. Notre hymne fait à plusieurs reprises mention des rsis. Au vers 7 six rsis interrogent Ka- syapa : sàt tvâ prchâma fsayah kasyapemé, duquel la réponse suit, et qui, ajouté aux six questionneurs, complète ici sans doute le groupe des sept rsis. Au vers 1 [\ : agnisàmâv adadhiir iattyâsid yajnàsya pahsAv fsayah kaipàyantah « les rsis constituèrent Agni et Soma ailes du sacrifice quand ils ordon- nèrent celle qui fut la quatrième »^ Au vers 2 3 : hliuan saptà saptadhâ «pour les rsis, sept en sept fois », expressions qui semblent encore viser le groupe des sept rsis 2. Au vers ai les rsis sont égale- ment cités , comme nous l'avons vu plus haut.

kim u (IMma. II est dit au vers 1 o en parlant de Virâj : asyâ dhâma [prà veda),

âiisah. Il nest point formellement question dans notre hymne de « vœux » ou de « bénédictions », c'est la seule demande du vers 2 5 qui semble intro- duire» une idée toute à part de ce qui précède. U faut noter, du reste, que cest peut-être la (piestion

' IjC vers finit ainsi : (jÛYatrim trisUibham jàgatJm anu.ftabhiian brhadarldm yâjamânâyn svàr âbhàrantJm la gâyatrî, la trîstnbh, la ja^atï, l'anustuhh au grand éclat, qui apporte le ciel au sacri- fiant». Il est possible que «celle qui fut la quatrième» soit dit dîs- trihutivoment de chacun des mMres ainsi énumérés, ceui-cî étant dans ce ras consid(>rés comme formant un groupe de qualm (rf. Ind, Sind., VIII, p. l'i], et chacun étant alors le quatrième par rapport aux autres.

* (if. aussi vers 17 : saptà suparnâli havâyo ni sedah.

YAKSÀ. 415

relative au dhâma qui amène celle relative aux âsi- sah : nous retrouvons, en eflFet, les deux mêmes termes mis en rapport dans un autre vers de TAthar- va Veda : ùpa érésihà na âsiso devàyor dMmann asthi- ran (IV, 2 5, 7). .

yaksàm prthivyâm ekavfd ekartdh kalamà sàh. Nous savons qneyaksà se rett'ouve au vers 8. 'En face de ekavft on peut citer les complexes contenus dans les passages suivants : yànim krtvà iribJidjam (vers 2); kaihàm gâyatrt trivftam vy àpa (vers 20), sans parler des autres noms de stomas contenus au même vers : par ailleurs les nombres jouent un grand rôle dans notre hymne. Il est enfin au cours de rhymne plusieurs fois question des saisons : au vers 1 o , on parle des rtà de Virâj ; au vers 1 5 , nous avons vu mentionner les « cinq saisons »; au vers 1 7, on demande de désigner la saison qui, entre toutes, se trouve en surplus : rtiiin no brûta yàtamà 'tiriktah; finalement au vers 1 8 : rtàvo ha saptà, « il y à sept saisons ».

Cet examen me semble justifier ce que je disais plus haut des deux derniers vers 26-26 de notre hymne. Dans ces vers il n entre presque exclusivement que des notions ou déjà énoncées, ou du moins appa- rentées à d'autres déjà énoncées dans ceux qui les précèdent. Il y a dans ce fait un indice réel dune similitude de sens de yaksà aux vers 2 5-2 6 et au vers 8. Seulement au vers 8 yaksà est pris en géné- ral; il est particularisé, au contraire, aux vers 2 5 2 6 , par Taddition du qualificatif ekavft et Tapposi-

416 MAI-JUIN 1906.

tion de ekajià. Je comprendrai donc qu'il s'agit dans le premier cas du « monde des formes merveil- leuses» en général, dun certaine «forme merveil- leuse » ou « merveille » dans le second. Et je traduis :

8. Celle à la suite de laquelle, si elle s*éloigne, les sacri- fices s'éloignent , s'approchent, si elle s*approche ; celle suivant la loi et rimpuision de laquelle se meut le inonde des formes merveilleuses , celle-là est Yirâj , ô rçis , dans le ciel suprême.

2b. Quel est donc le taureau? Qui, Tunique rsi? Quelle, la demeure? Quelles, les formules de bénédiction? La forme merveilleuse une sur la terre, celui qui na qu'une saison*, quel est-il entre toutes choses?

a6. Unique est le taureau; unique. Tunique rsi; unique, la demeure ; en un seul groupe sont les formules de béné- diction ; la forme merveilleuse une sur la terre , celui qui n*a qu'une saison , n'a rien qni le dépasse.

Les remarques suivantes contribueront à édaircir et justifier cette interprétation de yaksA dans les deux passages en question.

Vers 8 :

A côté du yaksà, le monde des formes merveil- leuses, se mouvant suivant la loi et Timpidsion de Virâj, il faut signaler le bhûtà et le bMtya, le monde des choses passées et celui des choses futures, soumis à la volonté de celle-ci , en tant il est vrai , qu^eile

» Comme M. Henry {f^f livres VIII et IX de T Aîkana-Véêa , p. 39), je vois dans ekartà un composé possessif. L'accent '< dans apartii.

YAKSÀ. 417

est identifiée à ia mort : viràn mrtydh sâdhyândmadhi- râjà babhâva Uisya bhûtàm bhàvyam vase (A. V. IX, i o , 2 4 ). La conception que prête au vers 8 notre interpré- tation de yaksà n'est après tout qu analogue à celle ex- primée dans ce texte ^ Quant aux entités que couvre ici dans sa généralité l'expression de « monde des formes merveilleuses » , sous la réserve de la re- marque qui va suivre elles ne sont autre chose sans doute que tout objet apte à frapper les yeux par son éclat, sa beauté ou quelque autre qualité singulière; et tout d'abord Agni, quoi qu'il soit d'ailleurs de Yéfithcie yàksya , Sûrya, Candramas : je cite à des- sein ces entités , car ce sont elles probablement que représentent les veaux de Virâj dont il est parlé au début de l'hymne (vers i et a)^, auquel cas, se

^ Quel que soille sens qu*ils y prennent, il est à propos de noter ici qu'un texte du Taitt. Br. (III, ii, i i et suiv.), que nous étudierons plus loin , rapproche le ya^.va et le bhûtà : visvajii yaksâm visvam bhûtâni vis'vam subhûtàm,

* D*accord avec M. Henry ( fjcs livres VIU et IX de l'Atharva' Véda. p. 65) je crois que, du moins selon toute probabilité, les deux veaux du vers i sont le soleil et la lune. Pour leur lever de la mer, cf. A. V. , XI , 4 , 2 1 : salilàd dhamsâ uccàran , liarfisâh désigne directement le soleil, comme l'indique le contexte, et comme aussi le comprend Sâyana. On retrouve d'ailleurs au vers \III , 1 , 33 , le soleil comme veau de Virâj. Les trois premiers pâ- das de ce vers pourraient à la vérité permettre de penser au feu terrestre, mais le quatrième, qui fait du veau le brabman, semble indiquer plutôt le soleil, que d'anciens textes identifient formellement au brabman : je rappelerai ici : tàd yài tàd bnili- niaitàt tàd yàd etàn mândalarp, tàpati (Sat. Br., VllI, 5, 3, 7); àdityo brahmety âdcsah (Chând. Up., IIÏ, 19, 1 ; cf. 4); et le com- mentaire du même Sat. Br. ( VII , 4 , 1 , 1 4 ; cf, XIV, i , 3 , 3 et Kaus. Br. , VIII , 4 ) sur le vers bien connu : bràhmajajnànàip, prathanuiqi pu-

418 MAI-JUIN 1906.

trouvant avec ceJJe-ci en relation étroite, elles mé- ritent , de ce chef, d'être spécialement mentionnées. J'annonçais à l'instant une remarque: je dois noter en effet que Temploi du verbe ejati semble restreindre ici l'amplitude du collectif yaksà. Ce

ràstâd vi sîmatàh suriico vend âvah etc., qui se retrouve dani presque toutes les samhitâs védiques; vers dans lequd il est à croire que puràstâd désigne Torient (ainsi queTentend le Sat. Br.), sîmatàh, la ligne qui sépare la terre du cid, c'est-à-dire rhoriion, en sorte que le brahman qui , dés que à rorient, manifeste de l'horizon ses splendeurs, semble bien de fait s'identifier dans ce texte avec le soleil.

Quant au vers 2 , je crois que le veau y désigne plutôt Agni qne le soleil. Le texte porte : àhrandayat saliîàifi makitvd yàniifn hrtvâ tribhàjaTp, sàyànah | vatsàlt liâniadàgho viràjah sa gûhà cakre ia- nvàh parûcaih. Sans doute, on trouve (appliquée au sema) la com- paraison : àkrân dei'ô sàryah c tu as clamé comme le diea Sû- rya» (R.V., IX, 64, 9); le soleil est, en outre , symbolisé par le cheval blanc, comme nous aurons occasion de le rappder; il est conçu parfois comme foudre (cf. Sat. Br., VI, 3, 3, 10; Vil, ?t, 2, 10); on peut donc dire qu'il fait résonner de son bruit les eaux célestes ; toutefois Tensemble du vers me parait convenir plus parfaitement à Agni sous la forme d'éclair. L'édair tonne avec les nuées : divônà ridynt stanàYunty ahhraih (R. V., IX, 87, 8); on peut dire aussi bien qu'il leur fait pousser une clameur. Les nuées, cVsl-à-dire la mer céleste. D ordinaire le bruit du tonnerre n'est perçu qu'après la disparition de l'éclair, alors qu'il semble s'être enfoncé et comme se tenir couché dans le sein des nuages; et, ne reparaissant pas , il peut aussi sembler s'être caché an UÀn, Nons avons toute la substance de notre vers : « Lui qui fit damer la mer par sa grandeur alors que, ayant fait à triple paroi la matriee, il était couché, le veau de Virâj qui donne pour lait tout ce que l'on désire a caché ses corps au loin. » Le plurid tanvèk rst usité à l'égard d'Agni; on sait aussi qu'Agni se cache; il y a pent- étiT dans YÔnini trihiu'ijam un souvenir des trois jôni il siège lors du sacrifice : autant de particularités qui nous reportent vers ce dieu.

YAKSÀ. 419

terme, dans le cas présent, ne vise donc, du moins directement, que des formes mobiles ou réputées telles : mais de ce genre sont justement les formes les plus propres à rentrer sous son acception. Rela- tivement à Agni, en particulier, et seulement à le prendre comme feu terrestre , on se souvient de tout ce qui est dit de la mobilité de ses flammes : il est , du reste, proprement qualifié de éjat^y de même que le soleil lest implicitement dans R. V., X, 3 7, 2. 11 est d'ailleurs évident que tous les astres, soumis quils sont au mouvement diurne, peuvent ici faire partie du yafod; sans parler de tout ce qu'on peut y ajouter iTaurore, par exemple, que la conception védique regarde comme mobile et dont elle loue nommément les bons chemins^; ou le soma, si vanté pour sa splendeur et Tagilité de ses gouttes.

Vers 26-26.

Il n'est d'abord nullement évident que toutes les questions du vers 28 se rapportent au même sujet. Quand dans la Mait. Sarnh., par exemple, se pose la série d'interrogations connue : svid âsït pùrvà- ciitih kirn svid âs'ul brluid vàyali \ svid âsU pilippilâ svid dsit pisangilâ (III, 12, 19), nous voyons par la réponse qu'il s'agit d'autant d'objets que de ques-

' Dans la devinette qui forme le vers 3o de R. V. ,1, 1G/4 (=A. V, , IX, 10, 8) : anâc chaye turdfjâtu jJrâm éjnd dhruvàm màdhya à pastyanâin | jîvô mrtdsya carati svadhâhliir ùmartyo mà- rtyenà sàyonih. Le mot est manifestement Agni.

^ sugôtd te supàthâ pân^atem (R. V. , VI, 64, ^i).

420 MAI-JUIN 1906.

lions : dyadli, àsvah, àvih, ràtrih. Nous n'avons donc pas à supposer ici à priori que notre texte vise un seul objet. Nous proposant maintenant de rechercher quelle est la forme merveilleuse dont il parle, il nous suffît, par conséquent, de nous en tenir aux pâdas qu'il consacre nuyahà. La solution détermi- née, nous pourrons examiner si elle s'applique de plus au reste du texte : mais sa convenance avec lui ne prouvera pas que nous ayons rencontré juste re- lativement au yaksà , pas plus que sa disconvenancc ne saurait nous convaincre d'erreur.

Je dirai de suite que je crois avec M. Henry {Les livres VIII et IX de l'Atliarva-Véda, p. 71) qu'il s'agit du soleil. Il n'est pas impossible, du reste, que le soleil soit ici le symbole d'une entité plus métaphysique; j'ai noté plus haut son équivalence au brahman. Il serait, dans ce cas, la forme visible sous laquelle est représentée cette entité. Mais ce que l'auteur nous a décrit , c'est cette forme prise en elle- même : avait-il Tintention de lui donner une valeur représentative, nous ne pouvons guère le décider.

Remarquons d'abord que la question portant sur un objet à trouver « sur la terre » il est naturel de le rechercher dans le domaine des choses physiques. A répondre par le soleil nous sommes d'ailleurs dans la question : le soleil est dit forme merveilleuse « sur la terre » dans le sens il est dit briller « sur la terre » prthivydrn ràcase (A. V., XIII, 2 , 3o). Et c'est sans nul doute comme brillant sur la terre qu'il y est une forme merveilleuse.

YAK s A. 421

Le qualificatif ekavft doit nous retenir quelque temps. Au quatrième hymne Rohita il se trouve appliqué à une divinité, nommée Savitar au pre- mier vers, Mahendra ensuite, qui, si elle n'est pas le soleil , est du moins décrite en des termes ^ qui la montrent identifiée avec lui. Je m'en tiens à ce dernier fait, estimant quil s'agit réellement sous le nom de Savitar et de Mahendra dune divinité transcendante : toujours est-il que cette divinité identifiée au soleil reçoit l'appellation d'ekavft. Et comme elle est décrite sous les traits même du soleil, et que c'est lui qui la représente, il reçoit en même temps la susdite appellation ; et nous sommes invités par même à la lui attribuer dans nos vers 2 5-2 6.

Cette conséquence n'est légitime qu'autant que l'identification ci-dessus affirmée existe. Pour la mettre en évidence parcourons donc les vers i - 1 3 du quatrième hymne Uohitii.

1 . sa eti savita svàr divàs pi'sthè ^vacâkasat ||

2 . rasmibhir nàbha dbhriam mahendra ety àvrtah ||

Il va au svar, Savitar, versant sa lumière sur le dos du ciel.

A la nuée chargée de (ses) rayons Mahendra va enve- loppé.

^ Je parle du texte pris en lui-même; et c'est ainsi que je l'en- visagerai dans ce qui suit, sans tirer avantage du fait que cet hymne est regardé comme consacré à Rohita, parce que ce der- nier n'y étant pas formellement nommé, on pourrait poser la ques- tion de savoir jusqu'à quel point sont d'accord le texte même et le titre qui lui est attribué.

422 MAI-JUIN 1906.

Mahendra est Indra avec le titre de grand, qu'il reçut, dit la légende ^ en raison de sa victoire sur Vrtra. L'identification du soleil et d'Indra se re- trouve ailleurs : « Que lui , le soleil , qu'autour des larges étendues Indra roule comme les roues de char» (R. V. , X, 89, 2)^. «Indra est ce soleil là- bas en vérité, les joueurs sont les rayons; en com- pagnie des rayons il s'avance pour vaincre. Les dieux ne distinguaient pas que Vrtra était tué; les Maruts, joueurs, se jouèrent sur lui, c'est pour cela qu'ils sont les joueurs» (Mait. Samh., I, 10, i6)', « Indra est ce soleil là-bas en vérité » (Taitt. Sacnh. , I, 7, 6, 3)'*. « Celui qui est Indra, c'est ce soleil la- bas» (Sat. Br., VIII, 5,3,2)^ Il va enveloppé, sans doute par l'espace : séfyasya càksû ràjasaity àvrtam{R.\.A. 164, i4 = A.V.,lX,'9, ih).

3. sa dhàtâ sa vidliartâ sa vàyur nàbha uchritam \\ à' sa 'ryamà sa vàrunah sa rudrâli sa mahâdevàff, H 5. agnili sa 11 sàryali sa a evâ mahàyamâl^ \\

Ji est le créateur, il est le porteur, il est Vâyu, la haute nuée,

Jl est Aryaman , il est Varuna, i] est Rudra, il est Ma- hâdeva ,

il est Agni, il est Sûrya, c'est lui qui est Mahâyama.

* Cf. par exemple Taitt. Saiph. , VI, 5, 5, 3.

* sa sûryah pàry nrà vàrài\\sy vndro vavrtyâd râthyeva ciUcri,

^ (uaû vd âdityâ indro rasinâyah hrîdâyah sâkàip, ras'mibhik prà caratl vijityai dei'â val vrtrdm hatàrp, nd vy àjânaint tai}i montta^ krîddyô 'dliy ahndams td.miât kvlddyalu

* asad va âdityd indrah,

^ dtha ydli sd indro *saû xd âditydL

YAK s A. 423

Rien h remarquer sur cette muitiple identifica- tion ; ékain sud viprâ bahudlià vadanti (R. V. , I , i6li, 46). Par ailleurs, à une divinité déjà identifiée au soleil par les vers i et i appliquer le nom de Sû- rya comme par hasard parmi la masse d'autres déno- minations divines nest pas plus étrange que, par exemple, demander à Agni d'amener Mitra, Varuna, Agni, etc. (R. V. , VII, 89, 5). Au sui^lus il se peut que Tauteur ait compilé, du moins partielle- ment, des vers faits d avance.

6. tàmvatsàûpatUthanlyèkaéïrsâno yutàdàsa ||

7. pascal prânca a tanvanti yàd udétivi bhàsati ||

Devant lui se tiennent en adoration les veaux , dix liés qui n'ont qu'une seule tête ,

De l'occident ils s'étendent vers l'orient : quand il se lève il rayonne au loin.

Ces dix veaux semblent être les dix doigts de l'adorateur qui adresse au soleil levant le salut de Tanjali. Tous les détails indiqués da«s notre texte sont vérifiés dans cette hypothèse. L'anjali adressé au soleil est un rite certainement ancien : àdiiydyânja- lim hrtvâ, dit le Hir. Gr. S* (1^6, 10). Je citerai aussi le texte suivant, bien qu'il ne mentionne pas le soleil, à cause de ses points de similitude avec le nôtre : paicàd ayneh prâncam anjalim karoti (Par. Gr. S.,III, 2, 8)1.

* Il convient de remarquer que le vers 1, i64 , i4 du R, V. cité plus haut à propos de âvrtali de notre vers 2 parle encore de dâm yulitdh qui rappeWeni le yatà dâsa du présent texte. Mais ils ont

424 MAI-JUIN 1906.

8. tâsyaisâ mâruto ganàhi sa eti éikydktiaff. \\

C'est à lui c[u*appartient cette troupe des Mamts; il va placé dans une suspension.

La souveraineté sur les Maruts appartient natu- rellement à une divinité désignée sous le nom de Mahendra, mais nous avons vu aussi, à propos du vers a , les Maruts identifiés (sous le nom de krïdis) aux rayons du soleil. Quant à éihyâhrta}i , je le regarde avec le texte pada comme égal à éikyà+kjiafji , et je comprends sikyàyàrn kriah. Sikyà doit être sans doute pris dans le sens de êikyà ou dans un sens ana logue. Nous sommes alors derechef ramenés au soleil , que le R. V., VII, 87, 5 assimile à une balançoire : gftso ràjâ vàrunas cakra eiàm divi preàkhàm hiranyà- yam subhé Mm (Sâyana : prefikham dolàvad digdvaya- sainsparsinam etam sûryam). D'ailleurs, le soleil étant une forme d'Agni, peut-être est-il possible devoir dans le fait d aller sikyàkrtah attribué au soleil une allusion à la marche d'Agni placé sur le iil^à, la natte de munja suspendue à des cordons en nombre déter- miné, reliés eux-mêmes à une corde, que Ton trouve employée rituellement pour le transport du feu. Pour une autre interprétation, voir Henry, Les Hymnes Rohitas, p. 18 et 82.

9. rasmibhir nâbha âbhrtam mahendra ety ivrta^, ||

10. tâsyemé nâva kôsâ vlstambhâ navadhà kitàl^ ||

11. sa prajàbhyo vi pasyati yâc caprânàtiyàc canà\\

par ra])port au soleil un autre rôle que nos dix veaux , celui de traîner son char : ils semblent donc figurer aussi autre chose.

YAK s À. 425

A la nuée chargée de (ses) rayons Mahendra va enve- loppé.

C'est à lui qu'appartiennent ces neuf cuves, les étais en neuf places posés*.

11 fait acte de vision pour les créatures , ce qui respire aussi bien que ce qui ne respire pas.

Prajàhhyah est datif : cf. sa sàrvasmai vi pasyati yàc ca, etc. , vers 19. Faire acte de vision appartient au soleil qui, dans la conception védique, est souvent identifié à un œil; dire quil fait cet acte pour les créatures n'est qu'exprimer une conception analogue a celle qui le regarde comuie l'œil unique de ce qui existe : suijo bhùU'isyaikam càksuli (A. V. , XIII, 1 , 45 ).

13. tàm idàtn nigalam sâhak sa esâ éka ekavfd éka evà \\

En lui est descendue cette force ; c'est lui le seul un , oui le seul.

J'adnmets , ainsi que M. Henry [Les Hymnes Roldtas , p. 52), que la force ici en question est celle contenue dans le rite célébré. Les brâhmanas nous offrent nombre dexemples de l'influence des rites sur le soleil. C'est ainsi qu'au moyen des rites les dieux ont transporté ie soleil de la terre au ciel, qu'ils l'y ont établi et fait briller (cf. par ex. Taitt. Samh. , VU, 3 , 10, 1 ; 5). C'est grâce au rite (de l'Agnihotra) accompli par les hommes que le soleil se lève, se dégageant des ténèbres comme un serpent de sa peau (Sat. Br. , II, 3, 1, 5; 6). Aussi la Maitrâyanî

* Neuf cuves : trois cieux , trois terres , trois espaci^s intermé- diaires ; à chacune de ces divisions correspond un étai.

vu. 28

iMramr.itiit iiATioiikLii.

426 MAI-JUIN 1906.

Saniliitâ Tappelle « celui que par Tobsei'vance reli- gieuse fortifienlv ceux qui la pratiquent, tous tant quiis sont, dieux, hommes et pères » (IV, 1 4 , 1 4) *.

i3. été asmiii devâ ekavfto bhavanti || En lui ces dieux sont un.

Ce vers ne fait qu'exprimer en une courte formule ridée identîficatrice détaillée aux vers 3,4,5.

Puis il est dit : klrtii ca yàéai càmbhaJ ca nàbhai ca brâhiiianavarcasàm cânnam cânnâdyam ca B i 4 II etàm devAm ekavftam véda || 1 5 II « La renommée

à la fois et la gloire à qui sait que ce dieu

est un ». La suite du texte, entrent des redites, n'apporte aucune lumière nouvelle.

De la discussion du précédent passage il résulte , semble-t-il, que la divinité qualifiée d'ehavft y est traitée en identifiée au soleil, lequel, en vertu du moins de cette identification , se trouve ainsi porter le qualificatif en question. Il n'est donc que juste, étant conduits, comme je fai dit, à chercher notre yaksci dans Tordre des choses physiques, que nous pensions à le reconnaître, en tant que ehavft, dans le soleil.

Quant à eharld , M. Henry l'explique conjectura- lement par le manque de phases du soleil [Les livres VIII et IX de l'A. V.y p. 71). J'admets, pour ma

* vratcna yâm vratino vardhàyanii

dei'à maniisyàh pitàras ca sdrve | tâsyâdiiyàsya prasavâin manâmake yàs ivjasà pmthcunajà vihhiti ||

YAKSA. 427

part, que ce terme exprime simplement, en opposi- tion aux divers changements produits au cours de i année sur la terre , qui nous font distinguer plusieurs saisons , l'invariabilité de Taspect du soleil.

Enfin il est bien clair que Ton peut dire de lui que rien ne le dépasse. Et c est justement son excel- lence dans le monde visible qui motive le choix qu on fait de lui pour des identifications comme celles au brahman et à Indra déjà mentionnées , pour ne parler que de celles-là.

La « forme merveilleuse » des vers 26-26 est donc selon toute vraisemblance le soleil. Il reste à examiner la première partie de ces deux vers : j ai dit plus haut ce qu'il fallait, à mon avis, lui attacher de valeur dans la question qui nous occupe. Je crois d'ailleurs que le soleil fournit encore une solution possible de toutes les énigmes.

Le nom de ne saurait guère faire difficulté. En faveur de la désignation dans notre texte du soleil par eharsi j apporterai les textes suivants.

Dans l'hynme XIII, 1 , de TA. V. , Rohita qui désigne , je ne dis pas exclusivement, mais en première ligne, le soleil, porte le nom de fsi : tàsmâd [yajhâd] dha jajiia idàm sàrvarn yàt kim cedàm viràcate rôhitena fsinàbhrtani \\ « De ce sacrifice est cet univers , et quoi que ce soit qui apparaît en ce monde, apporté par le rsi Rohita » (55). On peut comparer R. V. , X, 170, II, il est dit, comme il semble, de Sûrya : yéneinà visvâ bhdvanàny âbhjtâ.

Dans la Brh. Ar. Up. , on lit : hiraamayena pâtrem

38.

428 MAI-JUIN 1906.

satyasydpibitarn makhani \ iat tvam pâscmn apâvma satyadhai^mâya àniaye || pûsann ékarse yama sùrya prdjàpatya vyûlia rasmîn samûha tejo yat te ràpam kalydiiatamam tai te pasyâmi yo 'sâv dsaa purasah so 'liant asmi (V, i5) : «Par une coupe d'or est cou- verte la face de la vérité : toi, Pùsan, découvre- la pour celui dont la loi est la vérité, afin qu'il la contemple I Pùsan, ekîirsi, Yama, Sûrya, fils de Prajâpali, écarte les rayons, contracte la splendeur! Ta forme la plus belle, je la vois.Gelui qui est là-bas, ce purusa de là-bas, je suis lui.» Mani- festement, il s agit du purusa qui est dans le soleil, purusa présenté d'abord par notre texte comme le satya (qui peut ici être le brahman)^ recouvert du vase d'or, c'est-à-dire du disque brillant du soleil, puis comme la forme la plus belle d'une divinité invoquée sous les multiples dénominations de Pûsan , ekarsi , etc. Maintenant il parait bien que la divinité qui reçoit ces dénomina- tions parmi lesquelles se trouve celle de Sûrya soit le soleil lui-même, invité à écarter ses rayons et à découvrir le purusa. Nous avons ici, par suite, le nom d' ekarsi attribué au soleil , même si Ton regarde dans notre texte ekarse comme apposé à jm^an^ puisque Pûsan s'y trouve identique au soleil. Da reste que le soleil l'eçoive dans ce texte le nom de

' Dans la même upanisad nous lisons : satyaifi ky eva brakma (V, 4; cf. V, 5, i). Cf. Chûnd. Up. : tajtya ha i>â etcujra brahmano nfima sattiram iti (VllI, 3, 4); Taitt. Dp,: satjtanjnânam antMitan hralimu yo veda (H, i, i); etc.

YAKSÀ. - 429

Pûsan n est pas un fait anormal : quoi que Ton pense de la nature originelle de cette divinité, que je n ai pas à discuter ici , il demeure que plus d un trait la met dès le Rg Veda en relation avec le soleil, et que nous trouvons son nom attribué d'assez bonne heure à celui-ci. Quant à Tidentifi cation ici implicite de Yama au soleil , elle est formellement exprimée dans le texte suivant du Sat. Br. : esà vai yamô esà làpati[WS ^ 1,3,4). Pour le qualificatif Prâjâpa- tya, il va de soi.

La Prâriâgnihotra Upanisad parlant des feux qui sont dans Thomme s'exprime ainsi : sàijo 'gnir nâma sûryamaiidalâkrtih sahtsrarasmibhiii parivrla ckarsir bhâtvâ mûrdhani tisthati « Le soleil , feu assurément en forme de disque solaire, entouré de mille rayons, étant devenu Tekarsi, se tient dans la tête » (2). C'est- à-dire que le soleil est identifié à ïekarsi. Et cest bien ainsi que semble le comprendre Nârâyana qui , commentant le passage suivant du premier khanda de la même upanisad : tûsnlm ekâm ekarsaujahoii, explique : ekarsâv agnau tadnâmni sûiye.

De tout ceci semble résulter que Yekarsi de nos vers 25-26 peut fort bien être le soleil. Dhâman, quen l'absence de toute indication précise je ne traduis que conjecturalement par « demeure », peut, dans ce sens, y être également dit de lui. Car renonciation, dans notre texte, de ce terme sans addition de déterminatif semble alors indiquer qu'il s'agit de la demeure par excellence, la demeure divine qui est le svarga loka : siivargô lokô divyàm

430 MAI-JUIN 1906.

dhâma (Taitt. Samh., Il, 6, 7, 6); or ridentîlîcation du svarga loka ou, ce qui revient au même, do devaloka au soleil se rencontre çà et dans les textes védiques : asaà va àdiiyàh svargô hhâh (Maît. SaiTih., III, 6, 1); devaloko va àdityah (Kaus. Br., V, 7,); asdd khàla va àditydh suvargô lokàh (Taitt, Àr. , V, 9 , 11); svargà vai lokàh séryojyétir nttanuim (Sat. Br., XII, 9, 2, 8). On se rappelle aussi que certains vers du Rg Veda (cf. X , 107, 2 ; 1 , 126, 6) donnent une demeure solaire aux trépassés qui Tont méritée par leurs œuvres.

Reste à parler des formules de bénédiction que Ton déclare réunies en un seul groupe. Admis que dans le passage déjà cité de TA. V. (IV, 25 , 7) : àpa irésihà na âsiso devàyor dhâmann asthiranfdhàman signifie demeure , nous avons une indication pour finterprétation de notre texte : de même que les formules de bénédiction sont réunies dans la demeure des dieux Savitar et Vâyu, ici nous pouvons com- prendre qu'elles sont en un seul groupe en tant qu elles se trouvent toutes ensemble dans le soleil. Laissant de coté les textes qui mettent en relation plus ou moins intime les mètres et le soleil, nous pouvons en noter, en effet, qui font expressément de celui-ci le lieu des paroles et en particulier des paroles sacrées : « en vérité, à ce soleil qui est là-bas vont toutes les paroles; quand il se lève, elles sont toutes émises» (Mait. Samh. III, 6, lo)^ t Celle

anuh» vd âditYàm sdirâ vâro (jarlianti ta udyati sànSh srjjrantê.

YAK s À. 431

qui est cette Vâc, cest ce soleil de là-bas les

les sont le disque Ce qui étant ce disque luit

ardemment, c'est le Mahaduktha , c'est les rcs, cest le lieu des rcs » (Sat. Br. ,X,5, i,/i;5;2,i)^ « Ce soleil, en vérité, qui est ce disque, luit ardem- ment; en lui sont ces rcs, il est le disque des rcs, il est le lieu des rcs» (Mahânâr. Up., 12, 2', éd. G. A. Jacob) ^. Il ne répugne dpnc pas que les formules de bénédiction se trouvent en un seul groupe en tant que réunies dans le soleil.

A. V., X, 2, 32.

L'hymne X , 2 se termine par les vers suivants le sens de « forme merveilleuse » s'applique au mieux à yaksà :

29. yàvai tâm hràhmano védâmftenâvrtdTn pûram \ tàsmai bràhma ca bràhmâs ca càhsuh prànàm prajâm

àadnh ||

30. vai tâm càksar jahâti nd prânà jaràsah para \ pùram hràhmano véda yàsyâh pûrusa ucyàte ||

3 1 . asiâcahrd nàvadvârâ devândm pur ayodhyà \ tàsyâm hiranyàyah kàsah svargà jyàtisâvrtah \\

3 2 . tàsmin hiranyàye kàse tryàre tripratisthite \ iâsmin yàd yaksàm dtinanvàt iàd vai brahmavido vidah \\

' sa yrt sa vâg asau sa âdityàli jruindalam evà rcak

yàd etàn màndalam tàpati lân makàduktham ta fcah sa rcâm lokàh,

^ âdilyo va esa etan màndalam tapati tatra rcas tad rcâm man- dnlnm sa rcâm lohah.

432 MAI-JUIN 190C.

33. prabliràjamândm hàrinîm yàiasâ sampànvftàm \ pùram hiranyàyim bràhmâ viveiâpcu*yitâm |

Je traduis :

Celui , en vérité , qui connaît cette citadelle du brahman entourée d*immortaiité , à celui-là et le brahman et ceux qui ^ont au brahman donnent la vue , le souffle , la postérité.

Ni la vue, en vérité, ne Tabandonne, ni le souffle, avant la vieillesse, celui qui connaît la citadelle (pur) du brahman d'où il tire le nom de purusa.

A huit roues, à neuf portes est la citadelle det dieux inexpugnable ; dans celle-ci est un coffre d'or, céleste , entouré de lumière.

Dans ce coffre d'or, à trois rais, triplement soutenu, la forme merveilleuse animée qui est dans lui , en vérité ceux qui connaissent le brahman la connaissent.

Dans la rayonnante, jaune, tout entourée de ^ire, dans la citadelle d'or, invincible , est entré le brahman.

Nous avons à déterminer quel objet couvre cette expression : « forme merveilleuse ». Pour M. Geldner [op cil., p. l28)^ le hàSa est le cœur; ieyakfà, le brahman. Pour M. Henry [Les livres X, XI et XII de VA. F. , p. 52 , 53 ) le kôsa et ]eyaks(i sont le soleil. Il faudrait cependant distinguer, semble-t-il : car le yaksâ étant renfermé dans le kôSa, ils ne peuvent guère représenter tous les deux identiquement la même chose. Pour ma part, il ne me parsdt pas, de fait, qu'il y ait, étant donnée la teneur du texte, h chercher la solution de notre problème ailleurs que

' Cf. aussi ScHERMAN, PhUosoph, Hymn,, p. 46 suiv.; Dbdsss!I,

Allq. Gesch. der PhiL, I, i, p. 370.

YAK s A. 433

du côté de Thomme ou du côté du ciel. Nous dis- cuterons successivement ces deux modes d'inter- prétation.

Mais d abord je noterai qu à mon avis c est bien la citadelle du brahman qu'entendent décrire les vers 3 1-33 , quoique le sujet de début de la descrip- tion soit devàndrn j>uh, non bràhmanah pâh, car tout le passage se conclut par raflirmation de rétablisse- ment du brahman dans la pur àparâjiiâ, laquelle se présente comme une réplique de la pur ayodhyà qui est celle des dieux ^ Ceci ne préjuge en rien la con- tinuité de composition de ces vers, ou, pour parler de tout le passage cité, des vers 29-3*3 : y eût-il compilation, on ne peut affirmer, en quelque mésestime qu on ait les hymnes philosophiques de TAtharva Veda, qu'elle s'est faite complètement au hasard , et le plus sage est , je crois , de prendre comme rapporté au même sujet ce qui se présente comme tel. Du reste les vers 29 , 3 1 , 33 se retrouvent réunis (dans l'ordre suivant 3i, 29, 33) dans le Taitt. Ar. (I, 27, 2; 3; 4) : et malgré les divergences que l'on note dans ce dernier texte ^, le fait de cette réunion répétée constitue du moins une indication en faveur de Fappartenance de nos vers au même cycle d'idées.

Ceci posé, je viens d'abord à l'interprétation de

^ Relativement à 1 équivalence de la pur du brahman et de celle des dieux voir d*ailleurs plus bas, p. 443.

* En particulier brahmà au lieu de brâhmd du vers 33 de TA. V., et rinterpolation de lokâh au dernier pâda du vers 3i, ainsi : svargo lokô jjôtisàvrtah.

434 MAI-JUIN 1906.

notre texte comme se rapportant h lliomme, d'après laquelle, le kàsa est le cœur: la pur du brahman qui le renferme , l'homme lui-même. Une pareille con- ception est entrée, de fait, dans la pensée hindoue, et elle s*affirme en même temps comme suffisamment ancienne : on se souvient du texte fameux de la Chând. Lp. relatif au petit lotus renfermé dans le brahniapura. et contenant lui même un petit espace VIII, 1, 1 et suiv.^'. Mais cette conception est-elle celle de notre texte ?

11 est certain que le vers 3o rapproche de la par du brahman Thomme en déclarant que cest d'elle quil prend son nom. Car c'est bien l'homme que désigne dans ci^ vers le mot piimsa. L'hymne a pour objet . dans son ensemble , le purusa. La plupart des expressions qui dépeignent ce purusa s'appliquent à rhomme réel; quelques-unes, au contraire, ne con- viennent qu au punisa mythique dont il est question R. V.. X, 90 :cf. A. V., XIX, 6); mais pour ce qui concerne IVmploi do piini^a au vers 3o, ce terme s*applique naturellement à Thomme réel, à qui re- viennent les avantages que procure la connaissance de la citadelle du brahman. Mais d'où vient ici que rhomme tire son nom de cette pur du brahman P Le rédacteur de notre texte la r^ardait-il comme intrinsèque à rhomme ; ou ne concevait-il entre die et rhomme qu'une relation d'ordre extérieur; et n'avons-nous pas , surtout , un pur jeu d'étymologie ? N'ayant , de la part de notre texte , aucune réponse directe à ces cjuestions, il nous reste à nous référer

YAK s A. 435

à la description de la citadelle du brahman, telle qu'il la donne , et à voir avant tout, si elle comporte l'équivalence de cette citadelle à Thomme.

D'abord, c'est donc l'homme qui, dans ce cas, porte l'appellation de devànâm péh. Le passage de la Chànd. Up. rappelé plus haut déclare précisément que l'espace renfermé dans le lotus qui est dans la demeure du brahman , c'est-à-dire l'espace renfermé dans le cœur qui est dans l'homme , contient le ciel et la terre, et toutes choses (VIII, i , 3 ). II suffit de ce souvenir pour justifier l'attribution à l'homme de la susdite appellation. Notons d'ailleurs qu'il y a dans l'Atharva Veda d'autres exemples d'objets nommés demeure des dieux : la maison de la nouvelle mariée , comme il semble, dans XIV, i , 64 ^; dans V, q8 , les trois métaux qui forment l'amulette ( i o ) , et spécia- lement lun deux, l'or : pûram devànâm amftam hi- ranyam (i i). C'est à dessein que je néglige, dans le cas présent, des témoignages aussi expressifs que ceux d'A. V. , XI, 8, d'après lesquels les dieux sont entrés dans le purusa (i3 et 29), les divinités y habitent comme les vaches dans l'étable (32 ), sont entrées dans le sarîra (3o) : dans cet hymne, en effet, n'apparaît pas assez immédiatement la part de l'homme réel.

Les deux épithètes nàvddvâra, astâcakra s'appli- quent à l'homme en tant que corporel. Pour la première, pas de difficulté : les neuf portes senties

anàvyâdhàm deimpnrâm prapàdya

sivâ syonà patiloh' vi râja j|

436 MAI-JUIN 1906.

neuf orifices du corps. Quant à astàcakra, dans son commentaire sur le Taitt. Ar. se retrouve, comme jefaidit, une partie de notre texte, Sâyana, qui inter* prête piir par sarlra, explique cette épithète ainsi : cakravad àvaranabhntds tvagiisriimàmsamedosthirnaj' jàsukraajorùpâ astaa dhâtavo ya^dh seyam astàcakra. Ainsi les huit cakra sont les huit éléments considérés comme enveloppes à la façon de cerdes. D après son commentaire sur le vers 22 de A. V. , XI, 4 , qui con- tient le même terme , les huit cakra sont encore les huit éléments, considérés comme roues du char qui est le corps : te 'tra rathdtmanà vartianiyasya iarirasya cakratvena rûpyante. Je ne discuterai pas ces inter- prétations , et retiens seulement d'elles que Ton peut dire , en ce qui concerne notre texte , que Thomme est astàcakra parce qu'il possède huit éléments cor- porels. Au surplus, si nous traduisons, comme je fai fait, astàcakra par «à huit roues», auquel cas rhomme qui est la devàndrn puli se trouve implicite- ment assimilé à un char, sans recourir au témoignage se référant directement au corps tiré par Sâyana de la Katha Up. dans son commentaire sur A. V., XI, 4 , 22, ci-dessus cité , nous pouvons justifier cette assimilation par TAtharva Veda même : «Lève-toi, marche, cours, (devenu) char aux bonnes roues, aux bonnes jantes, aux bons moyeux , tiens-toi ferme debout ' » , y est-il dit au patient (IV, 12, 6).

^ sa lit tistha prélii prâ drava

ràthah sucahràh supavih snnàhhih | pràti tlsihordhvàh {|

YAK s À. 437

Venons au qualificatif ayodhyà. Appliqué ainsi à l'homme , en manière d'attribut caractéristique , il sur- prend bien quelque peu. On peut dire que l'homme reçoit cette épithète en tant qu'elle convient à l'âtman qui est en lui , comme il recevait les deux précédentes en tant qu'elles conviennent au corps. Et, pour n'avoir pas à y revenir, c'est aussi de la sorte qu'on pourrait expliquer que l'homme , ainsi que le dit de la citadelle du brahman le vers 29, est entouré d'immortalité.

C'est encore en vertu de l'âtman qui est en lui qu'au vers 33 l'homme sera àparâjita, comme il est ayodhyà; et entouré de gloire, comme il l'est d'im- mortalité ; qu'il aura l'éclat d'un astre et de l'or. Car si , dans les textes anciens qui nous occupent actuelle- ment, dépareilles qualités sont attribuées à l'homme , il n est d'usage de les lui accorder que comme con- séquence d'une science ou d'un rite dont elles sont le prix : laissant voir ainsi qu'on les conçoit comme n'étant pas propres à l'homme et lui venant d'ailleurs ; c'est ainsi , pour citer un exemple entre tant d'autres , que le vers 26 d'A. V., XI, 5 , nous représente sous une même image la splendeur du soleil et de qui s'est soumis aux pratiques du brahmacarya. Mais dans notre texte rien de tel : un énoncé pur et simple des qualités que possède la demeure l'on dit qu'est entré le brahman; sans qu'il soit suggéré même qu'elle les possède en vertu de cette entrée; énumérées, en un mot, comme lui étant propres. Il ne nous reste qu'à imaginer qu'elles sont ainsi dites de l'homme en vertu de l'âtman.

438 MAI-JUIN 1900.

Maintenant, il faut avouer que cette appellation multiple dans notre vers 33 de rhomme par les qua- lités de latman parait bien forcée, et qu'en fin de compte, toute la brillante description contenue ne semble guère lui convenir. On pourrait, il est vrai, se souvenant de la distinction donnée par la Chând. Up. entre le brahmapura (qui est Thomme) et le vrai brahmapura qui est Tâtman (VIII, i, 5), dire quil s'agit au vers 3i du premier, au vers 33 du second ; et cette explication conviendrait suffi- samment, en effet, aux deux vers pris à part l'un de l'autre. Seulement, admise cette interprétation, et toutes les autres similaires (celle, par exemple, de la pur àparâjiiâ par le cœur lui-même) dont le détail serait fastidieux, il faut renoncer à. ne voir qu'un seul et même objet dans la pur ayodhyà qui contient le kàsa et la pur dparâjitâ : pour moi il me parait plutôt, ainsi que je 1 ai déjà dit , que ces deux expressions, réunies dans ce passage de telle sorte que la seconde ne semble que répéter la première, ont en vue un unique objet.

Le premier mode d'interprétation paraissant ainsi défectueux, arrêtons son examen, et venons au second qui nous permettra, je crois, une explication plus satisfaisante de notre texte.

Une demeure désignée par le même terme aparâr jita et en relation avec le brahman nous est, comme on sait, connue d'ailleurs, et elle est au dd. Arant de parler des textes ici en cause, je dois, pour les

YAKSA. 439

mettre dans toute leur valeur, présenter quelques brèves observations

Dans les bràhmanas, l'homme désire se fixer fina- lement dans le svarga loka, qui est le devaloka : région lumineuse, plus ou moins complexe, située dans les hauteurs de l'espace. Cependant nous y voyons déjà poindre la pensée d'atteindre le brahman et de demeurer avec lui, et Ton conçut dès lors un brah- maloka. La notion du brahmaloka devait s'affiner par l'exercice des spéculations, gagnant désormais en importance, sur le brahman lui-même: il n'en est pas moins vrai que tout d'abord elle ne put que ressembler fort à celle qu'on se formait du devaloka , dont le monde du brahman ne représentait sans doute guère qu'im aspect nouveau et meilleur ou un étage surajouté. Et naturellement se transportèrent au monde du brahman les idées qu on se faisait du monde des devas : or dans le ciel védique, qui ne consistait nullement dans la contemplation de la vérité pure^ les formes matérielles, imitées de ce monde, ne pouvaient manquer. Déplus, le monde du brahman étant conçu comme le couronnement du monde des devas, il était indiqué qu'on y accédât par le chemin qui menait chez les dieux , le deva- yâna, dont la notion nous apparaît suffisamment définie, quant à sa substance, dans les plus vieilles upanisads.

^ Sur ce [)oint il sulTil de renvoyer à Muir, Sanscrit tcxls, V, p. 3o7 et suiv.

440 MAI-JUIN 1906.

11 est clair qu en tout ceci les détails pouvaient se diversifier à Tinfini suivant les esprits et les écoles , quil pouvait même se produire sur des points impor- tants des opinions divergentes; mais je crois qu*en somme tel fut le processus doctrinal : je crois aussi que le premier adhyâya de la Kausïtaki Up. nous livre au sujet du brahmaloka une théorie appartenant a la phase que je viens de décrire.

D'après la dite upanisad on accède donc au monde du brahman par le devayâna, étant devayânam pan- thânam âsddya. Au-delà du monde du feu, du monde de Vâyu, etc., on atteint le brahmaloka. Indra et Prajâpati^ les Apsaras même, ont leur place en ce monde suréminent. Vers le nouveau venu qui sy présente celles-ci accourent au nombre de cinq cents, portant en leurs mains couronnes, onguents, etc., et le revêtent de la parure du brahman. C'est ainsi paré quil s avance vers le brahman lui-même, brahmaivâbhipraiti ( I , k)^^- Or tout le long de sa marche il rencontre , et notre upanisad les énumère , un certain nombre d'objets remarquables contenus dans ce monde : Tétang Ara, larbre Ilya, etc., et,

' Désignés comme portiers , mais placés en même temps, par la nomenclature que je rappellerai à Tinstant au milieu même des objets qui se trouvent dans le monde du brahman.

^ Et c'est devant Brahman qu*il arrive; ici le brahman sous la forme personnelle parce qu'on lui prête la parole : toiii brahmâ prcchati ho 'siti (I, 5). Même avec la leçon : taifi 6raAiiiâAa ko *sîti, l'interprétation par Brahman demeure encore ceUe qui s'in- dique. On peut comparer la Ghând. Up. : tad dkaitad brahmâ pra- jâpataja uvâca (111, 1 1, i et Vlll, i5, i).

YAKSA. kh\

parmi tous, celui qui nous intéresse ici, le palais Aparâjita, apardjitam àyatanam (I, 5).

Dont nous avons, comme on sait, une réplique dans la Chând. Up. (VIII, 5, 3). Il nous est dit là, et ceci appartient clairement au courant d'idées d pro- cède la précédente description, qu'il y a danslebrahma- loka deux mers. Ara et Nya, et que ce brahmaloka est dans le troisième ciel à partir d'ici-bas. Et se trouve la citadelle du brahman Aparâjita : aparâjita pur brahmanah. Nous avons déjà rencontré l'étang Àra et ce n'est pas la seule ressemblance entre la description de la Kausïtaki Up. et celle de la Chândo- gya. Ici encore se trouve un arbre , de nom différent, il est vrai : c'est un figuier, appelé Somasavana. Et il paraît bien que l'expression prabhavimitam , qu'on peut lire prabhu vimitam, corresponde, comme on l'a fait remarquer dès longtemps ^ au vihha pramUani , la salle Vibhu, contenu dans fénumération de la Kausïtaki. Du reste , si les Apsaras ne sont pas ici mentionnées, celui qui atteint le brahmaloka n'y perd rien : car il a toute liberté dans tous les mondes [ib., 4), et parmi les mondes dont peut jouir après cette vie celui qui connaît ici-bas fâtman (VIII, i, 6), le strïloka n'est pas oublié (VIII, 2,9).

De ces citations, jointes aux remarques qui les ont précédées , nous pouvons conclure à une vieille conception plaçant dans le monde du brahman, situé dans les hauteurs des cieux, une demeure,

^ Cf. Ind. Stud,y 1. p. 397, n. 3.

vu. 29

443 MAI-JUIN 1905.

citadelle ou palais ou quoi ce soit du même genre, désignée par le terme aparâjiia ^. Je regarde oomme bien probable que la citadelle qualifiée par le même ternu» au vers 33 de notre texte n est autre chose que cette même demeure. Et quelle se trouve être à la fois Tinexpugnable citadelle des devas n y saurait faire obstacle. La conception du brahmaloka ne se forma pas, ainsi que je Tai noté, comme celle d'nn monde séparé du svarga loka : qu*il en soit la plus haute cinip, comme parait le supposer la Kausîtaki l-p., il donne place cependant, nous lavons \u^ non pas seulement à des dieux suprêmes, hidra etPrajàpati. mais aux Apsaras; la Chând. Up. nous parle des dieux qui sf)nt dans le brahmaloka (VIII, la. 6); la Brh. Ar. L'p. déclare qu'il y a trois mondes, celui des hommes, celui des Pères, celui des devas, et (pie ce dernier est le meilleur, ievaloko vai lokânàm sresthah ( 1 , 5 , 1 6 ) , regardant ainsi , dans ce passage , le inonde du brahman comme inclus dans oeluî des devas. Maintes fois d ailleurs, dans les anciennes upanisads, revient la pensée d*aller chei les dimix, d atteindre le svarga loka, laquelle atteste que 1 on a l'impression de trouver les dieux dans le mcmde du brahman ''^. Dans ces conditions, c était chose fort

^ Dont U cooceplion a pu être empruntée aa mande apv^ùm d'Indra (Kaus. Br. , \X, i ).

« Ainsi :

kaus. Up., U^ : sa tad tfacchati yatraUe dmpm tmt ^riftym ymd lunrtâ dnâs lad amrto bliaiati va cvam rtila.

If'id., II, i3 : svanjâhl lohân kâmân âpnnhi [dit le fils au père dans la cérémonie du intâptilrh'am saif^pnLdÂnBm).-

YAK s A. 443

naturelle quil advînt que la citadelle du brahman fût aussi regardée comme citadelle des dieux.

Nous plaçons ainsi la citadelle du brahman et des dieux dans le ciel. Qu'elle soit environnée d'im- mortalité, rayonnante, etc., ne fait pas difficulté. Quant aux deux épithètes astâcakray nàvadvâraf il faut convenir qu'il n'y a aucune raison de rejeter leur application à une citadelle céleste. Que cette citadelle soit conçue comme munie de roues , c'est-à-dire ca- pable de se déplacer, peut provenir de cette idée, vieille dans l'Inde , qu'une des qualités de la béatitude consiste à se mouvoir au gré de son désir : le Rg \ eda compte Yanukdmàm càranam parmi les sujets de félicité que l'on trouve dans le ciel (IX , i 1 3 , 9). Que les dieux jouissent dudit privilège sans quitter leur citadelle, qu'elle ait ainsi quelque chose des divins vimânas qui abondent dans la littérature plus tardive, ne peut, je crois, soulever d'invincible objection. Quant au motif cpii a fait choisir ici un composé formé avec asta plutôt qu'avec tout autre nombre , 2)eut-être repose-t-il sur une comparaison d'ordre cosmique; on pourrait, par exemple, penser aux dis comptées au nombre de huit, mais toute conjec- ture sur ce point reste nécessairement incertaine : il se peut aussi d'ailleurs qiiastàcakra n'indique ici

Ait. Up. , V, /i : sa etena prajnenâtmanâsniâl lokâd utkramyâmus' mint svarije loke sarvân hâniâti àptvâmrtah samabhavat.

Brli. Ar. Up. , I, 5 , i t yo vai tâm aksitîrii veda so 'nnam atti pra- tïkena | sa devân apigacchati sa ûrjam upajtvati |{

Chând. Up., VIII, 3, 3 et 5 : ahar-ahar va evamvit svaryarfi fnimm cii.

29-

YAK s A. 445

retrouvent ces deux vers explique atharvanah sirah par etad grantharûpam : il n'y a pas à insister. C est une interprétation beaucoup plus sérieuse que celle admise par M. Deussen dans Allg. Gesch. der PhU. , I, 1, p. 269 : je dois dire, toutefois, qu'elle n'en- traîne pas ma conviction. En tout cas, pour lui, le devakosà est la tête de Thomme, non pas, comme il ladmet pour le kàsa en question , le cœur.

Que le terme kôéa puisse désigner le cœur, cela est incontestable : à Tappui de quoi je ne voudrais cependant pas citer le vers bien connu de la Mund. Up., IL , 2, 9 : hiranmaye pare kosè virajarn brahma niskalaniy etc., parce qu'il ne m'est pas démontré que le texte entend parler du cœur. Mais, d'autre part , rien ne s'oppose à ce que ce même terme s'ap- plique au soleil, que nous avons déjà vu figurer comme pâtra dans Brh. Àr. Up. , V, 1 5 ; de la même façon qu'il s'applique, semble-t-il, à la lune (cf. le commentaire de Sâyana) dans le vers III, 1 1, 4-5 du Taitt. Àr. *; le rapprochement de cette seizième partie [kalà) désignée comme « kosa d'or entouré de l'espace » et du pied [pàda) du saddhotar semble in- diquer qu'il s'agit d'une kalâ de ce pied, de même qu'il est question, dans la Chând. Up., IV, 5-8, des quatre kalâs de chacun des quatre pieds du brah- man, parmi lesquelles, justement, sont comptés la

* suvàrnam kôéam râjasâ jMrlvrtam |

devdnâm vasudhdnîjn viràjam | amftcLsya pûrnâip, tdm u kaldm vl caksate | pàdajfi sàddhotVLT hilâ vivitse \\

446 MAI-JUIN 1906.

lune et le soleil (et aussi le manas, etc. , mais non le cœur).

Je crois donc vraiment* probable que ie hôia qui se trouve dans la citadelle des dieux et du brahman est le soleil. Et sans doute celui-ci, que l'on a iden- tifié au brahman lui-même, a bien pu être aussi conçu comme placé dans le monde du brahman. U est clair que cette conception ne répond pas à nos idées cosmographiques; il suffit toutefois de remarquer que, dans le cas présent, la position du soleil n'est guère plus extraordinaire que cdiie, par exemple, que lui assigne Ja Brh. Àr. Up. , VI, a , 1 5, en le plaçant entre le monde des devas et, après un intermédiaire, les mondes du brahman. Quant aux épithètes du kàêa, celles du vers 3 1 , à savoir qu'il est d'or, céleste , entouré de lumière , s'appliquent par- faitement au soleil : reste à en examiner deux autres, données par le vers Sa, tryàra, triprati'- sfhita,

La seconde s'explique assez facilement. On se sou- vient que les textes védiques nous parlent parfois du soleil comme consolidé ou comme solidement établi. Ce dernier point de vue se trouve en particulier exposé sous différentes formes par Sat. Br. , X, q , 4 , 3-6. Or le paragraphe 4 dudit texte déclare que ie soleil est prâtisthita sur les quatre régions cardinales et les trois inondes, qui, dans ce passage, sont dits les sept mondes des dieux: [asâv àdityàh) saptàsa devalokéfu pràtislhitah saptâ vai àevalokàs cdtasro diéas tnfya imé lolat été vai saptâ devalokâs tésv esà pràtifthitali. Nous

YAK s A. 447

pouvons ainsi croire que tripratisihita se réfère au kàsa soleil comme fondé sur les trois mondes.

L epithète iryàra trouvera son explication dans la relation inverse. Nous lisons, R. V., I, i6Zi, i4, que tous les mondes ont leur point d attache au so- leil : sàiyasya càksà ràjasaity àvrtam U'isminn ârpità bhàvanâni visvà. Il est permis de penser que tryàra exprime la même idée : le soleil a trois rais, parce que les trois mondes s y attachent comme les rais au moyeu. Ou peut-être encore tryàra doit-il s'entendre des trois saisons : cest ainsi que pei/icâra , qui semble désigner les cinq saisons, exprime un attribut so- laire dans Taitt. Ar. ,111, 11,8 (où prthd est, selon moi, adverbe) ipàncârarn cakràrn pari vartate prthà hiranyajyotih sarirçuya màdhye « J^a roue à cinq rais accomplit sa large révolution , brillante comme lor, au milieu de Tocéan (céleste). » . \

Quant au yaksà, la forme merveilleuse qui est animée et se trouve dans le soleil , il n est pas difficile me semble-t-il , de la désigner. C'est le purusa qu'il contient, que nous apprenons à connaître dès les brâhmanas (Cf. Kaus.Br., VIH, 3; î^at. Br., VII, 4 , 1 , 1 7 ; X , 5 , 2 , passim) , ' et dont la Chànd. Up. , le décrivant (1,6, 6-7) , nous dit qu'il est d'or jus- qu'au bout des ongles, y compris la barbe et la che- velure. C'est ce même purusa que nous avons vu recouvert par le disque brillant du soleil qualifié de vase d'or : le pâtra de Brh. Ar. Up. , V, 1 5 , est ici un kosa. Et qu'ici encore il soit possible que ce pu- rusa représente le brahman, représentation dont

448 MAI-JUIN 1906.

ridée semble d'ailleurs suilisamment ancienne, comme l'indique le passage du Kaus. Br. ci-dessus allégué ^ rien ny contredit, semble-t-il; et je ne voudrais pas le nier.

A.V.,X, 7, 38.

mahàdyaksàm bhdvanasya màdhye tàpasi krdntàm salilàsya pfsthé \ tàsndm chrayanteyà u ca devâ vrksàsya skàndhah parita iva sàkhàh ||

C'est au skambha , Tétai , qu'est consacré l'hymne X , 7 , lequel est regardé comme formant un tout avec X, 8. Dégagée des considérations incidentes, la notion de ce skambha , telle qu'elle semble résulter de notre hymne (X, 8 , n'y ajoute rien ), est la sui- vante. Le skambha est le soubassement universel sur lequel repose toute chose : terre , atmosphère . ciel, et le temps, et les astres, et les dieux. Non qu'il soit conçu comme un support extérieur aux êtres qu'il soutient : il est en eux, au contraire, les ayant pénétrés, sans qu'à les pénétrer, toutefois, il épuise toute son étendue (cf. vers 8). Mais, d'autre part , de même qu'il est en toute être comme soutien , tout être est aussi en lui : skambha (padapâtha : skambhé) idàmvUvam bhdvanain â vivesa (35); àsac ca yàtra sàc càntah (10). Toutefois il n'est pas conçu

* yam etam âditye purmam redayanfe sa indrah sa prajâpatis tad hrahma.

YAK s A. 449

comme l'émetteur de Têtre : celui-ci est Prajâpati dis- tingué du skambha au vers 7, ce dieu est dit avoir fondé tous les mondes sur le skambha; au vers 8 où, en propres termes, est attribuée à ce dieu rémission de toutes choses , celles d'en haut, celles d'en bas, celles du milieu, dans lesquelles a pénétré en partie le skambha; on peut ajouter le vers 4 1 , le Prajâpati secret [gûhyah prajdpatih) est dit celui qui connaît le roseau d'or, image du shambha^ Mais si le skambha n'est pas l'auteur de l'imivers, il est, d'après tout ce qui précède, le principe sur lequel repose l'existence de l'univers et qui , pour lui soutenir cette existence, le pénètre de telle sorte que tout ce qui le compose y est réciproquement plongé et contenu.

Tout ceci regarde le monde physique : mais il

* Je dois reconnaître cependant qu'au vers 1 7 il est dit : véda parcLmesihinam yàs ca véda prajdpatim | jyesihài\i bràhmanam vidas skambhàm aniisâmviduh. Ainsi qui connaît Prajâpati con- naît consécutivement (c'est le sens qui me semble le plus exact) le skambha. Mais je dois dire aussi qu'une pareille formule n'éta- blit pas inévitablement l'identité des objets connus, c'est-à-dire pour le cas présent , de Prajâpati et du skambha. Je ne me place pas au point de vue logique, de ce côté c'est assez évident, je parle du fait. C'est ainsi que dans un chapitre de la Brh. Âr. Dp. , sur lequel j'aurai à revenir plus loin , il est dit que celui qui con- naît le sûtra et l'antaryàmin connaît les mondes [sa lokavit)^ les êtres [sa bhûtavit) etc., mais à l'explication il se trouve que le sûtra est Vâyu et que l'antaryàmin qui est Tàtman est différent de chaque chose : prthivyâ antarah, e'c. (B. A. U., m, 7). Parlant t*ut à l'heure de l'équivalence du skambha aiajyesthâm bràhma je n'ap- porterai donc pas en témoignage ce vers 17, d'autant que je ne suis nullement sûr que dans nos deux hymnes brdhmana et bràh- man soient de sens identique.

450 MAI-JDIN 1900.

faut s attendre à ce que le skambha de l'univers soit aussi celui des choses religieuses et morales, la liturgie, lascétisme, etc., et il en est en efiet ainsi.

Quant à Tentité couverte par ce nom d*étai, il semble bien d'après les vers 82, 33, 34, 36, cf. ^4; cf. X, 8 , 1 , que ce soit lejyesthàm bràhma. En tout cas, il me paraît beaucoup moins certain qu*à M. Deussen [Allg. Gesch. der Phil, I, 1, p. 3i4) que le skambha soit réellement 1 atman mentionné au vers final (44) de X, 8. Que cette longue suite de quatre-vingt-huit vers formée par les deux hymnes ait voulu réserver pour son dernier mot le vrai nom de Tétai, cela nest pas impossible sans doute : mais rien ne le prouve, et il est, à dire le moins, tout aussi possible que la mention de i'âtman vienne audit vers simplement parce que le pré- cédent (X, 8, 43) a parié du yàksàm âtmanvdt et que ridée d'âtmanvàt a amené celle de ïâtmàn. Nous aurons à revenir sur ce vers X, 8, 43.

Pour terminer ce qui regarde la notion du skam- bha, je ne vois pas, pour ma part, que cet hymne X, 7, se prête à une conclusion d'identité du skam- bha et du soleil ; ils sont même distingués formelle- ment ciu vers 1 2 : ydtrâgnis candràmàfi séryo vâtas listhanty ârpità skambhàrn tàm, etc. Notre vers 38 peut sans doute s'entendre du soleil, et je reviendrai sur ce point tout à l'heure , mais il peut aussi sug- gérer l'image d'une colonne qui s'élève sur la sur&ce de l'océan céleste , et cette interprétation est favo- risée par la seconde njoilié du vers.

YAKSA. ^51

Queie vers, par ailleurs, ait pour objet le skam- bha , résulte de sa teneur même , puisqu'il s'agit de l'ap- pui des dieux. Le yaksà sera donc cejyesthàm bràhma qu'est le skambha. La traduction de yaksà par « forme merveilleuse » ou « merveille » se justifie ici par la description même que donne du skambha notre vers, que je rends comme il suit :

La grande merveille au mUieu du monde s*est élevée au sein d'un éclat brûlant (ou de l'ascétisme, cf. 36) sur le dos de Tocéan (céleste); les dieux, quels qu'ils soient, s'y appuient, comme au faîte de l'arbre, tout à l'entour, les branches.

Ainsi que je le disais plus haut, nous pouvons entendre que le skambha est conçu comme co- lonne ardente , de même qu'il est représenté comme colonne brillante au vers 4 1 qui en fait un roseau d'or debout sur l'océan : vetasàm hiraiiyàyani tisthan- iam salilé. Il faut toutefois reconnaître que dans ces dernières expressions on peut voir représentation du skambha sous l'image d' Agni ou du soleil , sur- tout si l'on admet avec Sàyana que dans le vers R. V., IV, 58, 5, dernier pâda : hiraiiyàyo vetasô màdhya âsdm (les torrents de ghrta), le roseau dor est Agni éclair ou Agni soleils

Et maintenant, en ce qui concerne le soleil, il est clair que notre vers, même traduit comme ci-dessus, s'applique fort bien à lui : à plus forte raison , si l'on traduit kram par « cheminer ». Que le soleil soit au

' Noter cependant la variante /m/(/Aje ary/jé/i . Vâj. Samli., XIII, 38; Mail. Samh., II, 7. 17.

452 MAI-JUIN 1906.

milieu du inonde ne fait pas difficulté : esà imaà lokàv àntarena tapati. . . . vyàdhve hy èsà itdh, dit lé* Sat. Br., IX, 2, 3, i4-i5. En outre, la fonction d'étai n'est pas étrangère au soleil : j'ai eu déjà l'oc- casion de citer le vers du Rg Veda (I, 16&, i/i) d'après lequel tous les mondes s*y appuient, et dans le même recueil il est proprement qualifié de skam- bha : divâ skambhàh sàmitah pâti nàkam « dressé en étai du ciel il garde la voûte céleste» (IV, i3, 5). Nous allons voir du reste en traitant du vers X , 8 , 1 5 , à quel point cette notion d'étai peut se rattacher au soleil. Cependant, à mon avis, la composition du présent hymne X, 7, qui serre d'assez près son objet principal et ne semble se relâcher que vers la fin , ne nous autoriserait pas à supposer ici une di- gression en faveur du soleil. Mais ce qui est possible c'est que, bien que le skambha soit, comme nous l'avons vu, tout autre chose que le soleil, nous ayons dans notre vers une description de ce skambha sous les traits du soleil-étai ; il est possible même que le vers , composé d'abord en l'honneur du soleil , ait été introduit tout fait dans Thyume pour y être ap- pliqué au skambha. Dans ces conjonctures, yak^ désignerait directement le soleil, indirectement le skambha; le sens du terme d'ailleurs demeure le même. Et la supposition que tel soit ici le rôle du terme yaksà est à son tour favorisée par le fait que si , au vers X , 8 , 1 5 , le mahùd yaksàm hhàvanasya màdhye (la même expression que dans notre vers X, 7, 38) désigne le skambha, il ne le désigne que

YAK s À. 453

de cette façon , c est-à-dire indirectement , et se réfère directement au soleil. C'est ce que nous allons main- tenant exposer.

A.V.,X, 8, i5.

duré pûrnéna vasati

(làrà ûnéna hlyate \

mahàd yaksàm bhdvanasya mcidhye

tàsmni balim râstrabhfto bharanti |

J'ai déjà rappelé que Thymne X, 8 est regardé comme également consacré au skambha et faisant suite au précédent. Il importe de se souvenir toute- fois que les deux hymnes différent notablement. Ij'hymneX, 8 ne s'occupe ouvertement du skam- bha que dans les deux premiers vers , dont le pre- mier le désigne sous l'appellation àejyesthàm biAhma. Suivent quarante et un vers plus ou moins énigma- tiques , suivis eux-mêmes du vers final est nom- mé l'âtman. Dans cette série de quarante et un vers, il est en somme fort peu question d'étaiement, du moins d'une façon explicite, il semble certain que le soleil (avec ses connexes, Agni, l'aurore, les divisions du temps) joue un rôle important, pour ne pas dire capital. Et même, exception faite pour le vers 1 1 ^ dans tous les cas où, à partir du vers 3 , il s'agit dune fonction quelconque qui rappelle un étai ,

* Il s*agit dans ce vers de la conjonction de Têtre mobile et de rimmobile, de Tanimé et de Tinanimé, en un seul être que rien ne désigne spécialement comme le soleil.

454 MAI-JUIN 1906.

celui auquel se trouve attribuée cette fonction est dé- peint en des termes qui s'appliquent au mieux au soleil , ou du moins peuvent fort bien s'appliquer à lui : ce que j'essaierai de faire voir tout à iTieure, allant droit pour l'instant à la conclusion.

En insistant sur le caractère réaliste de notre hymne, je n'entends nullement nier qu'il pour- suive, au cours de ses énigmes compilées, Tidëe de ce jyesthàrn brâhma qui étaie le monde : il y a des signes d'intention mystique , au contraire ; ainsi , au vers \ Ix qui précède immédiatement celui qui fait l'objet de cette discussion, et le* porteur d*eau peut fort bien être encore le soleil , dont le Rg Veda (X, 27, 21) mentionne le pàfisa^, il est déclaré du dit porteur d'eau que tous le voient par les yeux, mais ([ue tous ne le perçoivent pas par Tesprit. Il n'en est pas moins vrai que nous avons parmi ces vers un certain nombre de petites descriptions qui ne se réfèrent par elles-mêmes qu'à des choses de l'ordre naturel , et n'atteignent au delà que par Tin- tention supposée du rédacteur. C'est le cas de notre vers qui s'applique directement au soleil.

En effet. Comme le suggérait avec hésitation Ludwig [der Rigveda, III, p. 896), conune Tad- njet entièrement M. Henry [Les livres X, XI et XII

^ Cf. les eaux lavec lesquelles est le soleil» (H*V., I, aS, 17); celles iqui sont en baut dans la splendeur du soleil» (III, 3S, 3), le soleil étant censé attirer à lui Teau quii évapore; aussi est-ce lui qui dans le monde de là-bas porte le pluie : sérjena 9a amûsminl hlié vf.slir dlirtd (Taitt. Br., I, 7, i, i).

YAK s À. 455

de VAtharva-Véday p. 29), il semble bien que le premier demi- vers fasse allusion à la lune : rien du reste ne nous contraint de prendre pûrnà au sens strictement astronomique. 11 est simplement opposé à ûnày dont le contraire, dfiâna, désigne aussi la lune dans un vers du livre VII qui vise le darsà (81, 3), sans doute par une sorte d'antiphrase pro- pitiatoire. Le second pâda exprime bien la marche du croissant s'éloignant du soleil : c est par l'abandon de celui-ci que la lune commence son cours : tyajalo 'rkatalani iasinah pascâd avahmbate yaihâ saaklyam etc. (Brhatsamhitâ, IV, 3). Il est vi^ai que, lors du décours, le croissant se rapproche au contraire du soleil; mais ce serait être bien rigoureux que de refuser à notre vers le droit de ne décrire qu'une partie du phénomène, celle qui du reste frappe, d'ordinaire , le plus.

Pour l'expression bhdvanasya màdhye , je renwoie à ce qui a été dit précédemment à propos du vers X , 7, 38. Quant au dernier pâda il signifie l'hommage rendu au soleil à l'instar d'un roi. Car il est la divine souveraineté , le suzerain de tous les êtres : àdityo vai daivam ksatram àditya escun bhûtdndm adhipatili (Ait. Br., XXXIV, 2,2). Sans doute il est dit du skam- bha, au vers 39 de l'hymne précédent, que les dieux lui présentent le tribut' : yàsmai devâh sàdà ha- lim prayàchanti; mais nous voyons d'autre part qu'il y a autour du soleil des dieux qui sont des rûs- trabkftah^ les siens naturellement : devà râstra- bhfto *bhito yànli suryam (XIII, 1, 35); et pourquoi

456 MAI-JUIN 1906.

le soleil ne recevrait-il pas le tribut, quand il est reçu, sans sortir de TAtharva Veda, par la terre (XII, 1, 62), par exemple, ou Agni(XI, 1, 6)?

De tout ceci je conclus que notre vers vise direc- tement le soleil, qui est ainsi le yaksà. Quant à ien- tité transcendante qu est le skambha , il n'en peut être ici question qu'en tant que le soleil est censé la figurer. Je traduis :

Elle habite, à longue distance, avec la pleine (lune], elle est abandonnée à longue distance par la (lune) incom- plète, la grande merveille au milieu du monde : à celle-ci les l'eudataires apportent le tribut.

Notre interprétation trouve un appui dans le fait que nombre des vers énigmatiques du présent hymne peuvent s'expliquer par le soleil; en particidier comme je fai dit, ceux , sauf la restriction faite plus haut, il est question de soutien ou de support : arrêtons-nous maintenant à ces derniers.

Vers 3. De fait il ne s'agit guère d'étalement dans ce vers; je le cite pourtant, parce qu'à le vouloir absolument, on pourrait peut-être en soupçonner ici l'idée. Je ne vois aucune raison de refuser pour les tisràh prajàh et les anyàh une intei*prétation telle que celle donnée de R.V. , VIII, 90 (101), i4, parle Sat Br. (II, 5,1, i-4) : rien ne saurait interdire à notre vers de faire allusion à une légende, celle que raconte ce brâhmana ou une autre analogue. Ainsi donc , « trois groupes de créatures dièrent par delà ; les autres prirent place autour de la lumière ».

YAK s A. 457

La lumière, même à ne pas rendre arkà par soleil, peut fort bien signifier ce dernier : toutes les créa- tures sont rangées autour de lui , car nous avons vu quil est au milieu du monde. Quil soit sublime, qu'il mesure fespace, ne fait pas difficulté. Quant à la fin du vers : hÀrito hÀrinlr à viveéa « le jaune a pénétré les (femelles) jaunes », j'adopte encore ici volontiers une interprétation semblable à celle du Sat. Br. (II, 5,1, 5) au sujet de R. V., VIII, 90 (101), ili (où haritah au lieu dehàrinih) : diso vai haritah. De fait le soleil pénètre de ses rayons les régions de l'espace. Hàrita peut fort bien être accep- té comme appellation du soleil; hàriiû, pour dési- gner les régions de l'espace, vient de soi-même, une fois qu'elles sont conçues comme les femelles du hàrita.

Vers G. Avili sàn nihitam gdhà. L'opposition est ici simultanée plutôt que successive : quoique mani- feste, il est caché. Le soleil, en effet, a un éclat bril- lant et un éclat noir : anantàm anyàd ràsaà asya pàjah krsaàm anyàd dharitah sàm bharanti (R.V., I, ii5, 5 ). Durant le jour il présente à la terre sa face bril- lante, au ciel sa face noire, faisant ici-bas la lumière, là-haut l'obscurité; visible ici-bas, invisible là-haut : inversement durant la nuit (cf. Ait. Br., XIV, 6, 6-10). Il est donc à la fois manifeste et caché. Le reste va de soi : le soleil peut être dit vieux sans doute, encore qu'il soit dit ailleurs, et tout aussi bien, toujours jeune; c'est un grand séjour, car il \u. 3o

t kAri*«AI.K.

458 MAI-JUIN 1906.

reçoit les morts qui méritèrent dy prendre place, et nous l'avons vu identifier au séjour des dieux; je n'ai pas à revenir sur son rôle dappui.

Vers 9. La coupe dont l'ouverture est horizontsde, dont le fond est en haut et qui contient toute sorte d'éclat, s'explique parfaitement par le soleil que nous avons déjà vu figurer comme pàtra et comme hosa; pour les sept rsis qui siègent on peut comparer, R.V., X, i5/i, 5, les rsis qui, sages aux mille voies, gardent le soleil.

Vers i4 : voir p. Zi54. Vers i8(= XIII, 2, 38; 3 , 1 4) : l'assimilation du soleil à un oiseau, sa vue universelle, sont trop connues poiu* qu'il y ait à in- sister.

Vers 19. J'ai déjà parlé de l'identification du so- leil au brahman : il est aussi le satya : satyàm e§à esà tàpati (Sat. Br. , XIV, 1, 2, 22), et encore le prâna : udyann u hhala va àdiiyaljL sarvâni Ihûtàni pranayaii tasmâd enam prâna ity âcaksate (Ait. Br., XXV, 6, 3). En tant que comprenant toutes ces entités, on peut dire qu'il luit d'un éclat ardent au moyen de la vérité, qu'il regarde au moyen du brahman et respire au moyen du souffle. Il semble bien d'ailleurs que notre vers fasse allusion à la triade Sûrya, Vâyu, Agni, dont il reconnaît les acti- vités dans un seul être, le premier d'après notre explication.

Vers 2/4. S'agit-il ici d'étaiement? Eln tout cas

YAKSA. 459

l'étayeur serait un dieu qui brille, devô rocate, et le soleil se trouverait dès lors prendre rang dans la ques- tion. De fait il semble que ce vers obsciu* puisse s in- terpréter de lui. On peut traduire ainsi : «Cent, mille , dix mille , cent millions , une foule innom- brable s'est posée en lui comme son bien propre : ils frappent ceux qui portent les yeux sur ce (bien) qui lui appartient [tid asya)-^ c'est grâce à lui (ce bien), de cette manière, que ce dieu brille. » Et les rayons du soleil, considérés comme réunis en son disque avant leur divergence, seraient le mot de l'énigme : ils constituent le bien propre de cet astre , aveuglent qui les regarde, et forment sa splendeur. Y aurait-il de plus ici allusion aux âmes des justes dont la foule va former les rayons du soleil^?

Vers 34. Pour l'intervention de la mâyâ divine à propos du soleil, on peut comparer R. V-, V, 63, d; X, 88, 6. Le soleil peut être dit fleur des eaux aussi bien qu'il est dit lotus : « Agni , en vérité , est le lotus de cette ( terre )-ci; Aditya, de ce (ciel) là- bas» (âat. Br., IV. 1, 5, i6)^. Nous avons dit de même plus haut qu'il n'était pas impossible que le vetasa d'or de X, 7, /i i , fût métaphore solaire^.

* Cf. Sat. Bp. , 1 , 9 , 3 , 1 o : ya c^a tdpati iàsya rasmàyas sukftah,

^ agnir evàsyai puskaram âdityà 'mûsyai,

^ Ce que je ne rappelle pas, du reste, pour suggérer que Tap^ pûspam de notre textç soit le vetasa. Il est bien dit, Mait. Samh., III ,3,6; Taitt. Samh. , V, 4 , 4 1 2 : apârp, va état pûspajji yâd veta^ sàh : mais ce n'est qu'une de ces formules égalisantes qui pul

3o.

460 MAI-JUIN 1906.

Vers 36. Naturellement celui qui, étant le por- teur, prend pour sa part le ciel, est le soleil, mis en énumération qu'il est avec celui qui se revêt de la terre : Agni, et celui qui fait le tour de latmo- sphère : Vâyu.

Vers 37-38. «Qui connaîtrait le cordon tendu auquel sont enfilées ces créatures , qui connaîtrait le cordon du cordon, connaîtrait le grand brâh- mana. Moi, je connais le cordon tendu au- quel sont enfilées , etc. » On lit dans le Sat. Br. que le soleil enfile les mondes à un cordon : asâv evà tàd àdityà imAm hkànt sutre samâvayate^ (VII, 3,2, 1 3). Nous pouvons voir dans ce cordon celui que mentionnent nos vers. Le cordon est Vâyu, d après le ^at. Br., XIV, 6, 7 (Brh. Àr. Up., UI, 7), et comme il ressort également du même aat. Br. au lieu ci-dessus cité. Car il s'agit du cheval blanc flairant les briques « naturellement perforées »

iulent dans les brâlimaiias et n'entendent nullement définir, mais seulement identifier; en d'autres termes, ce texte ne restreint nul- lement à la désignation du vetasa Temploi d^apàtii pàspam, pas plus que remploi âHapâqi yônih ou d''apâqi rûpâm n*eftt restreint à Tavakâ par ce qui est dit un peu plus haut au même paragraphe de la Mai t. Samh. : apàm va esàyôniryàd àvakà; apàm va etàdripâiii yàd àvakâ. De fait, quand une formule d*oblation qui se retrouve à diverses places (cf. Tàiid. Br., 1, 6, 8;Taitt. Br., lO^V* i4* 3-3 ; Làt. Sr. S., III, 3 , 8] s'exprime ainsi : opôifi jmspam aty ofa- dhviâm rasah, etc., ce nest pas sans doute à on roaeaii qa^dle prétend assimiler le soma ou Tâjya, et ce i^'est pas non plot dans ce sens que l'interprète le commentaire de Sâyana. ' Sûyaiia : manivat samâvayate samyak protân haroti.

YAK s A. 461

[svayamâtmnâh) , lorsqu'on construit 1 autel d'Agni : le cheval faisant passer son souffle dans les briques est assimilé au soleil faisant passer le cordon à tra- vers les mondes ; le cordon est donc mis en regard du souffle, et rien de plus juste que dy voir Vâyu. On sait d'ailleurs que le cheval blanc est une figure authentique du soleil : déjà le Rg Veda nous parie du beau cheval blanc qu'amène l'aurore * ; et le Sat. Br. ne manque pas au lieu cité (VII, 3, a, i3, cf. lo; I 2 ; i6) d'affirmer leur équivalence, et y revient à d'autres reprises^.

Quand au cordon du cordon, il peut désigner l'être qui soutient le cordon , comme le cordon sou- tient les mondes, et par conséquent le soleil qui tient le cordon auquel il enfile.

Ce même hymne présente de nouveau le terme yaksà au vers 43, dont les deux derniers pâdas sont identiques aux deux derniers de X , 2 , 32.

A.V.,X,8,/i3.

pnndànkajfi nàvadvdram tribhir gunébhir âvrtam \ tàsminyàiyaksàm âtmanvàt iàd vai brahmavido viduh \\

M. Geldner traduit les deux premiers pâdas :

* hetârn nâjantî sudrsîkam âsvam (R. V., VU, 77, 3).

* Je renvoie, pour rindication des passages, kind, Stud,, XIII, p. 247, n. 3.

462 MAI-JUIN 1906.

«Die neunthorige Lotusblume, die von den dreî Gunas umhùUt ist » ( Ved. St, III, p. i a8); et est de l'opinion que le pundàrîka est le cœur, pris toute- fois, à cause de Tépithète nàvadvâra, avec le corps qui Tenveloppe : le yaksà est le brahman. Et sans doute on peut entendre le texte de cette façon; sur- tout, car autrement on ne voit pas bien pourquoi l'ensemble du cœur et du corps serait dit enveloppé des trois gunas , si Ion admet avec M. Garbe [die Sàinkhya - Philosophie y p. i3) que dans ce vers les trois gunas ne sont pas ceux du Sâmkhya, et que Texpression tribhir gnnébhir dvrtam signifie simple- ment, suivant que l'interprète, et tout au moins avec beaucoup de vraisemblance, le dictionnaire de Saint-Pétersbourg (s. V guna, b) «triplement enve- loppé» : pour M. Garbe, la triple enveloppe se compose de la peau, des ongles et du système pi- leux, qui servent de couverture au corps humain. Admise cette explication des deux premiers pâdas, qui est possible, on pourrait aussi entendre par le yaksà ce purusa qui brille dans le cœur : hrdy antar- jyotih purusah (Brh. Ar. Up. , IV, 3 , 7). En tout cas, désignant ce purusa ou directement le brahman, il signifiera toujours une forme merveilleuse.

Pour ma part, à parier du sens primitif du texte, je crois plutôt avec M. Henry qu'ici encore nous avons affaire au soleil, auquel, nous Tavons vu, notre hymne fait de fréquentes allusions. Cependant non pas au soleil uniquement.

A vrai dire, notre vers se présente comme étroi-

YAK s A. 463

tement lié aux vers 3 1 -3 2 de Thymne X , 2 ; et il est juste d'adopter ici une interprétation en rapport avec celle admise là. Nous avons ; nàvadvârâ devd- ndrn pâh; tàsydm. . kàsah. . jyàtisâvrlali ; tàsmin yàd yaksàm âtmanvàt tàd vai brahmavido vidnh. Notre vers 8,43 résume dans le pundàriha la citadelle des devas et du brahman et le kosa-soleil. Sans quitter nos anciens textes, ce rôle du pundàriha figurant des objets célestes nous est connu d'ailleurs : yàni pundà- rlkâni tâni divà rùpàm tâni nàhsatrânâm rûpàm (Sat. Br. , V, à, 5, ik); et nous avons déjà vu d'autre part le soleil représenté par la « fleur des eaux », le puskara, peut-être le vetasa. Nous pouvons donc admettre que le pmdàfika représente ici la citadelle renfermant le soleil -, il est ainsi nàvadvârâ. Qu'il soit triplement entouré se laisse facilement expliquer : car nous pouvons estimer sans doute que cet ensem- ble du soleil et de la .citadelle du brahman se trouve favorisé au moins autant que la vache du brahmane qui est enveloppée de vérité, de beauté, de gloire : satyénàvrtâ iriyd pràvriâ yàsa^â pàrivrtd (A. V., XII, 5 , 2 ); et justement l'hymne X , a fait le hàia entouré de lumière (3i); ce qui convient aussi bien à la citadelle elle-même; la citadelle, d'immortalité (ag); de gloire (33). Que notre vers vise de fait ces trois enveloppes ou d'autres du même genre, ou une seule entourant triplement, peu importe; la voie d'interprétation reste la même.

Quant Siuyaksà, la forme merveilleuse, il sera comme pour X, q, 32, le brillant purusa qui est

464 MAI-JUIN 1906.

dans le soleil, ou si on le préfère, cette splendeur qui est le brahman. La traduction sera :

Le lotus h neuf portes, triplement entouré, la forme mer- veiUeuse animée qui est dans lui , en vérité ceux qui connais- sent le brahman la connaissent.

A. V., XI, 2, ^4.

tûhhyam âranyâh paéàvo mrgâ vâne hitâ harnsâh suparnâh iakanâ vàyàrnsi \ tdva yaksAm pcuiupate apsv ànUïs tdbhyarp, hsaranti divyà àpo vrdhé ||

Ce vers est adressé à Rudra qui y porte le nom de « maître des troupeaux ». Au point de vue métrique vâne paraîtrait interpolé, mais la comparaison avec XII, 1, àg, suggère plutôt que nous avons dans âranyâh y etc. une formule toute faite mise en œuvre dans le vers : ce qu'étant admis., tdbhyam ne semble pas régi par hitâh qui fait partie de cette formule. J'estime que tdva, se trouvant en regard de idbhyam du premier et du quatrième pâda, signifie non « de toi » (ton yahsd), mais « à toi » (appartient le yaksà). Je traduirai donc :

Pour toi sont les animaux des bois, les bètes placées dans la forêt, les flamants, les oiseaux de proie, les grandi oiseaux, les petits oiseaux; à toi la merveille, ô Paâupati, (qui est) au sein des eaux; pour toi coulent les eaux célestes, pour te fortifier.

Le yaksd est inclus dans une énumération d'objets matériels : il ny a guère de doute qu'il en soit un

YAK s À. 465

lui-même. 11 y a un ordre apparemment voulu dans cette énumération , telle que la présente notre vers : d abord les bêtes qui sont sur la terre , puis les oiseaux qui volent dans Tair, ensuite le yaksà qui est dans les eaux : ces eaux, comme il semble, sont les eaux célestes qui terminent la série donnée par le vers. Le yaksà peut donc être le soleil, comme l'admet ici encore M. Henry [Les livres X, XI et XII de VAtharva- Véda, p. ikk) : pour ma part, je suis porté à croire que la lune est plutôt indiquée. Pour la lune apsv àntàh pas de difficulté : on peut se rappeler R. V. , I, io5, 1 : candràmd apsv àntdr à suparnô dhâvate dm(=A. V.,XVIII, 4, 89); VIII, 71 (82),8:jô apsà candràmd iva sàmaé camusu dàdpée. Ma raison d admettre qu'elle se trouve désignée ici , plutôt que le soleil, est que le yaksà en question appartient à Rudra.

On sait qu'un certain nombre des attributs exté- rieurs ou physiques de Siva, sans parier du côté moral, se constate de bonne heure, les mêmes ou les analogues, dans Rudra. Siva reçoit l'appellation d'o habitant des montagnes» girisa, et autres du même genre, il est réputé pour la disposition en forme de kaparda de sa chevelure, il a trois yeux, sa gorge est de couleur bleu noire, il est vêtu d'une peau de bête, porte à la main le pinâka, est accom- pagné des ganas. En regard de ces particularités, je rappellerai les expressions suivantes appliquées à Rudra dans le chapitre du Satarudriya du Yajur Veda , que je cite d'après la Taitt. Samh. , IV , 5 , 1 et suiv. : gi-

'ir»fi MAI-JUIN 1900.

risâ ( I , 2 ; 5 , i ) et autres de même sorte ^ ; hapardia (i , /i; 5, i; g, i; lO, i;cf.R. V., I, 1 1^, i et 5); sahasrâksà ( i , 3 , et /i ; 5 , i ; cf. dans notre hymne incarne, les vers 3, y, 17); ntlagriva (1, 3; 5, 1); lifttim vàsànali ( 1 o , 4 ; cf. hrttivâsah dans la formule csâ te rnârn hhàgàli etc., 1, 8,6, a); pindkam bibhrat (10, /i-5 ; cf. pinâkahasta , 1 , 8 , 6 , a ] ; ajoutons sàhi- (jana (Mai t. Sanih. , II, 9, 10; cf. le gânapaiya de Kudra, Vâj. Samh., XI, i5) : du reste on sait assez i\\w Rudra est chef de bandes : cest à ses associés que va une bonne partie des invocations du Sataru- (Iriya; et notre hymne même adresse aux armées de ce (lieu son dernier vers. Sans doute il n'y a pas ('(juation parfaite entre tous ces traits de Rudra et ceux sus-mentionnés de Siva : le nombre des yeux, quoique anormal dans les deux cas, est loin d'être le même^; en outre je dois noter qu'auprès de nÛa- (jiïva (5, 1) on trouve sitihàniha, iiti, bien entendu, signifie «blanc» : les analogies ou ressem- blances demeurent frappantes, cependant. Maînte- nîmt nous savons que d'assez bonne heure Siva nous

^ (ir. (jirir val rudrâsya jonih (Mail. Samh., I, 10, 20). Cette |)liras«\ corrcspondaiil dans le texte à Tinvitation, précédemment adressée k Rudra, p<ir6 mûjavatâ 'tîhi, montre de plus que la Mait Suinh. entendait par cette dernière formule l'envoi de ce dieu à imc région montagneuse comme à son lieu propre, d'oii il est permis d'inférer chez les autres samhitâs la même conception dans iVmploi de la môme formule, interprétée du rerte gënérale- nwnt dans un sens semhlahle.

•^ C'est l'interprétation d'un autre qualificatif do Rudra passé i Si\a, iryamhdha^ par «à trois yeux», qui paraît avoir fixé à trois ])0ur C(» «Icrnier leur nombre.

YAKS A. /i67

est dépeint comme portant en diadème la lune sur sa tête, et rien n'établit d'ailleurs que ce trait soit de source non aryenne. En présence des analogies cjue je viens de rappeler, et qui nous montrent les attributs de Siva issus pour une bonne part de ceux de Rudra, il est donc permis, semble-t-il, de se demander si nous n'avons pas dans notre texte un témoignage de la première phase d'une conception qui , mettant d'abord Rudra en relation avec la lune , aboutit à placer celle-ci sur la tête de Siva.

Au surplus, il est peut-être possible d'indiquer comment s'établit cette relation de la lune et de Rudra. On sait qu'il en existe une, ancienne, sur laquelle M. Hillebrandt a justement insisté [Ved. Myth. , I , p. 3 53) entre Soma et Rudra ou les Rudras. Le Rg Veda présente un certain nombre de couples de divinités : Rudra y est associé sous cette forme à Soma seul, dans l'hymne VI, 7 4 qui leur est consacré. Et cette association est aussi rituelle : on offre le somâraudraé carnh [saamâ°) [cf. Mait. Samh., II, 1, 5 et 6 ; Taitt. Samh. ,11, 2 , 10; oat. Br. , V, 3 , 2 , 1 ]. D'après cela, Soma est naturellement au nombre (les divinités qui reçoivent l'épithète rudràvant (cf. A. V., XIX, 18, 3; Mait. Samh., II, 2, 6; Taitt. Sainh., II, 2, 1 1, 6). Dans le Satarudriya se trouve la formule d'hommage, remarquable à cette place : nàmali sàmdya ca radràya ca (cf. Taitt. Samh., IV, 5,8, 1 ) , et cette invocation à Rudra : àndhasas paie (cf. ihid. , 10, 1 ). De plus nous voyons Soma uni aux Rudras on face des principaux dieux unis à d'autres

468 MAI-JUIN 1906.

groupes; cela, soit dans les invocations : Ojfnî/i pra- ihamô vàsubhir no avyât sômo rudrébhir abhi rakfotu tinànâ | indro maràdbhir jiadhà krnotv àdityair no vùrunah sàm sisâtu (Taitt. Samh., II, i, ii, a;, cf. M ait. Samh. , IV, 12, 2 ) ; soit dans la légende : devâh .... caturdJià * vy àhrâmann agnir vàsubhifi sàmo vadrair indro maràdbhir vâruna âdityaiji (Taitt. Saiiih., II, 2, 1 1, 5; cf. Mait. Sainh., II, 2, 6; lU.

Maintenant, quelque opinion que Ion tienne au sujet de la thèse de M. Hillebrandt sur Tidentification de la lune et de Soma dans le Rg Veda , il est indis> cutable et du reste admis qu il existe des traces d*une telle identification dans les parties tardives de ce recueil : au début de lliymne X, 85 tout au moins. En dehors du Rg Veda identification est maintes fois formellement exprimée par les textes védiques; pour rappeler quelques exemples : somo ma devô muhcata yàm âhiis candràmâ iti (A. V., XI, 6, 7); sômo vai candrc'unâh (Mait. Samh., II, 1, 5); sàmai, pûrnàmâsah (Taitt. Samh., II, 2, 10, 2); sômo vai candrâmâh (Taitt. Br. ,1,4, 10, ']];esAvai sômo ràjâ devânàm ànnam yàc candrâmâh (Sat. Br. , II, 4, 4, i5), etc. Ainsi Rudra était en relation spéciale avec Soma , et Soma s'identifiait avec la lune : une relation put donc s'établir tout naturellement entre cette dernière et le premier.

* Taitt Samh., VI, s 3,1: pancadkd, par Taddition de hfhat- pâtir vUvair devalh^ sur quoi cf. Sat. Br., UI, à* 9t

YAK s À. 469

A. V.,XI,6, lo.

divam bràmo nàksatrâni hhumirn yaksâni pàrvatân \ samadrâ nadyb veèantâs no nmiicantv àmhasah ||

Ce vers se retrouve Mait. Samh., H, 7, i3. M. Henry [op. cit. , p. 1 1 8 et 1 55) et M. Bioomfield [Hymns of the Atharva-Weda, p. 161) regardent ici yaksà comme un nom propre : il s'agirait des Yaksas. M. Geldner [op. cit., p. 1/12 suiv.) pense que le terme désigne ici les « Naturwunder und Naturschôn- heiten ». Mon interprétation s'accorde fort avec celle-cî.

J'estime en effet, pour ma part, qu'il n'y a aucune raison de chercher à yaksà dans notre texte un autre sens que celui de «forme merveilleuse, merveille». Celles dont il est ici question étant mentionnées après bhàmi semblent dès lors se rapporter à la terre : elles ne sont pas toutefois nécessairement confinées à sa surface , mais peuvent aussi comprendre la lune qui l'éclairé, le soleil qui l'illumine (l'un et l'autre, nous l'avons admis, sont des yaksà) et encore tout ce qui dans l'atmosphère est de nature à émerveiller le regard.

C'est dans ce sens que je traduis :

^u ciel nous adressons Tin vocation, aux constellations, à la terre, aux formes merveilleuses, aux monts : les océans \ les rivières, les étangs, qu'ils nous délivrent de la détresse !

^ Morphologiquement, on pourrait voir dans scanndrd un accu-

470 MAI-JUIN 1906.

V. S., XXXIV, 2.

yéna kàrmâny apàso manlsino yajiié krnvànti vidàthesu dhtrâh \ yàd apûrvàm yaksàm antàh prajàndm tàn me mànali Sivàsamkalpam asta \\

Ce vers fait partie, comme on sait, de Ja Sivasani- kalpa Upanîsad, formée des six premiers vers de Vâj. Samh.,'xXXIV.

Ici le yciksd est ie manas, qui est lejyôtisârp. jyàtir ékam (vers i), lejyôtir antàr ajnftamprajdsa [yers 3). L'interprétation de yàksà par «forme merveilleuse, merveille » ne semble donc pas soufiFrir difficidié, et je traduis ;

Celui par qui, actifs et rëilëchis, les sages opèrent les rites lors du sacrifice, lors des cérémonies cnltaeiles; qui est la merveille sans première au dedans des créatures; qae cet esprit , qui est mien , soit favorablement disposé I

T. B. , III , 11, 1 , i suiv.

ti'àyldàm antàh\ vUvain yaksdrn viivajn bhûtàqi visvam sabhûtàin.

Le texte du Taitt. Br. , 111, 1 1, i, i-ai, contit^nt les mantras relatifs à la mise en place des vingt et

satif, soit pluriel neutre (cf. R. V., VI, 73 , 3) , soit dud. ToutefoU ie padapàtlia a : samudrâh; et cf. ie troisième pâda du vers i5 qai présente, dans les mômes conditions, le nominatif. Dans la Maît. Saiph., sumudrâik . vesanlàn.

YAKSÀ. 471

une briques d'or (ou bien pierres dorées) employées pour le nàciketacayana : à chaque brique correspond un inantra. Chacune d'elles est identifiée respective- ment au monde , au tapas etc. , et dans chaque mantra revient la formule ci-dessus, sauf la modification subie par le pronom initiai , lorsqu'une des briques est identifiée à une dualité ou à une pluralité.

Cette formule, à la fois mystique et laudative, par le fait même qu elle est laudative laisse fort bien traduire yaksà par « forme merveilleuse » ou « mer- veille », expressions qui ne semblent pas déplacées à côté de subhâtci « prospérité ».

Je comprends donc :

En toi est cet univers : toute merveille, tout être, toute prospérité.

T.B.,m, 12,3, 1.

pralhamajàm devàrn havisd vidhema svayarnbhd bràhma paramàrn tàpo yàt \ sa evà putràh sa pitâ sa mâtA tàpo hayaksàrn prathamàm sàm babhâva H

IjC commentaire nous donne ce vers comme une yâjyâ pour Toffrande du caru au tapas. Le tapas est le dieu premier-né : un dieu peut être traité de « forme merveilleuse », d'autant que ce dieu est à la fois ici le svayarnbhd bràhma , et je rappelle que nous avons reconnu le brahman comme « forme merveil- leuse» dès le Rg Veda (R. V., I, 1 90, 4). Le tapas étant le dieu premier-né, on pourrait comprendre

472 MAI-JUIN 1906.

aussi qu il fut la première « apparition », je préfère toutefois la première interprétation. Ainsi donc :

Honorons par Tofirande le dieu premier-né : savoir, le brahman existant par lui-même , le suprême tapas. C'est loi le fils; lui, le père; lui, la mère. Le tapas vint à Tétre comme la première forme merveilleuse.

S. B. , XI, 2, 3, 5.

haité bràhmaiio mahatt yaksé \ sa kaité hràh- maiw mahatt yaksé véda mahàd dhaivàyaksàni bkavalL

11 s agit du nom et de la forme : le nâman et le rûpa sont les deux grands yaksâ du brahman. Le brahman sen est allé à lautre côté du monde ; bràhmaivà pardrdhàm agachat [ibid., 3); et c est par le nom et la forme qu'il est redescendu dans ces mondes -ci : dvâbhyàm evd pratyàvaid râpéna caivà nàmnâ ca [ibid). Le nom et la forme sont donc les deux représentants du brahman en ce monde : comme tels, ils j>euvent être qualifiés de formes mi^neilieuses du brahman , c'est-à-dire par lesquelles il est censé se manifester au regarda Doù la tra- duction :

Ce sont les deux grandes formes merveilleuses du brahman. Celui qui sait que ce sont les deux grandes formes merveilleuses du brahman devient nne grande forme merveilleuse.

* Cf. p. 393 , n. 3. A côté de la prière conçue comme c ferme merveilleuse» (cf. ce que nous avons dit aa sa jet de RV., I, 190, 4) on ne peut n^fuser nne pareille conception pour le niman.

YAK s A. 473

G. B., I, 1, i.

brahma ha va idam agra âsit svayambhv^ ekam eva tad aiksata mahad vai yaksam tad ekam evàsmi hantà- ham mad eva manmàtram dvifiyam devarn nirmimd^ iti.

Mahad vai yaksam, etc., a été traduit, dubitati- vement, dans l'introduction de Râjendralâia Mitra au Gop. Br. , p. 12 : « I alone exîst as the highly ador- able » ; par Bôhtlingk [Ber. , p. i 2 ) : « Dass icb dièses Einzige bin, ist ja eine gewaltige Spukerschei- nung »; par M. Geldner [op. cit, p. i3o) : « Das ist wahrhaftig ein grosses Wunder, ich bin ganz allein dièse Welt ». Je crois, pour ma part, qu'au point de vue de la construction, la traduction donnée par l'éditeur hindou est la plus exacte. Je suis d'avis , en effet, que nous avons ici affaire à une de ces phrases ta se réfère à un membre de phrase regardé comme absolu, qui le précède; comme, par exemple : àhah sàntam upâmsàm \ tàm râtraajahoti (Sat. Br., IV, 1, 2, i3); cf. Delbrûck, Alt. Synt, p. 2 1 5. Je rapporte d'ailleurs ekam eva à tad. Nous savons que le brahman est une «forme merveil- leuse», et je n'insisterai plus désormais sur ce point.

* Correction de M. Geldner à l'édition de la Bibliotkeca indica, op. cit., p. i3o; n. édition : svaj'an tv e", avec indication de la variante svayambhaveham de trois mss.

* Correction de Bôhtlingk [Ber. d, hôn. sàcJis, Ges, d, Wiss,, 1896, I, 12). Edition : ninnama,

VII. 3i

mmiiRaiB RATioii*t.K.

474 MAI-JUIN 1906.

La traduction sera :

En vérité au commencement l^univers c'était le brahman, existant par soi-même , tout seul. Il considéra : Je stds une grande forme merveilleuse, en vérité, toute setde. Allons I il faut que je tire de mûi-môme un second dieu pareil à moi.»

C'est-à-dire une autre grande forme merveilleuse. Âiors le brahman peine et s échauffe , une moiteur se forme sur son front, et il s'écrie :

mahad vai yaksam suvedam avidâmahîti^

«Nous avons trouvé à peu de (rais une grande forme mer- leuse , en vérité. »

B.Â.U., V, 4,

sa yo haitan mahad yaksaqi praihamajani veda sa- tyani brahmetijayatîmânl hkàhjita in nv (isâv asadya evain etan mahad yah^aqi prathamxgaqi veda saiyoMfi brahmeti.

Celui qui sait que cette grande forme merveilleuse est la première-née, estimant que le brahmnn est la réalité, con- quiert ces mondes. Peut-il donc être vaincu celui qui sait ainsi que cette grande forme merveilleuse est la première- née, estimant que le brahman est la réalité ?

Au point de vue qui nous occupe , ce texte n'ap- pelle aucune nouvelle observation. Il en est de même du texte suivant.

^ Gorreclion de Whitney, Grani., 848, Bohâingk (^ e&., p. i3] propose avidam aham iti. Édition : a»id8maha îfi»

YAK s A. 475

Ke. U., m, 2 suiv. (J. U.B., IV, 20, 2 suiv.).

tebhyo ha prâdîjir babhâva tan na vyajdnanta Mm idam yaksam iti.

n s agit du brahman se manifestant aux dieux :

Il se manifesta à eux; ils ne le reconnurent pas î tQu est- ce que cette forme merveilleuse ? », dirent-ils.

Le terme revient dans la suite du texte avec le même sens : il s agit de savoir kim etad yaksam et Ton ignore yod etad yaksam.

K.S.,XCV, 1.

atha yatraitdni yàksdni drêyante tad yaihaitan m/ir- katah évdpado vdyàsah pnrnsarûpam iti tad evam déah- kyam eva hhavati.

Nous avons affaire dans ce texte aux mauvais présages énoncés en seconde place au paragraphe XCIII lyaksesn.

Ceux-ci s adressent particulièrement au regard : yakfâni djiyante. Parmi eux est mentionné le paru- fampa. La suite du texte, qui reprend le markata^ le ivâpada et le vâyasa, remplace le parasarâpa par le purasaraksasa. D après cela, Têtre à forme hu- maine en question est un homme-démon : doù il semble bien que nous devions comprendre ici par purasaràpa « un (démon) à forme humaine 1.

Si le purasaràpa est tel , il est fort croyable que le

3i.

476 MAI-JUIN 1906.

singe , la bête féroce , ia corneille sont aussi des êtres démoniaques sous les formes de ces animaux. U s^agit donc de démons apparus au regard sous ces aspects ou d'autres encore (interprétation non rejetée du reste par M. Geldner, op. cit. , p. i 4o) et le sens « ap- parition M convient ainsi parfaitement à notre terme. Je traduis :

Maintenant quand s offrent à la vue ces apparitions , par exemple , un singe , une béte féroce , une corneille , on pu- rusarûpa , alors il y a les mêmes craintes à $ivoir.

G.G.S.,m,/i, 28.

àcâiyam saparlsatkam ahkyetyâcàryaparisadam îft- sate yaksam iva caksusah priyo vo bhûyàsam iti.

Le mantra est donné par le Mantrabrâhmaça , 1., 7, \li. Dans son commentaire à ce brâhmana, Satyavrata Sâmasramin rapporte caksosafi non à yaksam, mais à ce qui suit; c'est aussi dans ce sens que traduit M. Geldner [op. cit., p. i4o), et c'est également de la sorte que je comprends. Nous avons vu que d'après le Sa t. Br. (XI , 2 , 3,5) c'est une fa- veur que de devenir une « grande forme merveil* leuse ». Le brahmacârin souhaite ici à son tour de paraître comme une « forme merveilleuse ». On con- çoit le prix attaché à la réalisation de ce désir; le brahman , nous l'avons vu , étant et se nommant lui- même « grande forme merveilleuse ». Sans doute ie brahmacârin récite le mantra après s'être baigné, revêtu de vêtements neufs, paré, et couronné d*une

YAK s A. 477

guirlande, et il y a un rapport nettement intention- nel entre tout cet appareil et le sens du mantra : mais il est bien à croire que celui-ci renferme aussi une allusion qui, par- delà la beauté corporelle, vise la conformité avec le brahman. Je traduis :

Etant allé au maître accompagné de son entourage , il re- garde l'entourage du maître , disant : puissé-je être aimable à votre vue comme une forme merveilleuse !

J^arrête ici cette étude. Il n entre pas dans mon dessein d'examiner les rapports du yaksà et des Yaksas. En terminant la sienne , M. Geldner s'exprime ainsi : «yaksà n. gehôrt zum Wesen der Yaksas» (p. 1 43). Le genre des valeurs que nous avons attri- buées à yaksà ferait cette proposition trop ambi- tieuse sous notre plume. Mais on conçoit fort bien cependant que ce terme , tel que nous Favons com- pris, ait pu servir à former le nom d'une classe de génies de la nature des Yaksas , redoutés et beaux : je me borne pour le présent à constater la possibi:- lité du fait.

NOTICE SLR DES MANUSCRITS SYRIAQUES. 479

NOTICE

SUR LES MANUSCRITS SYRIAQUES

CONSERVÉS

DANS LA BIBLIOTHÈQUE DU COUVENT DES CHALDEENS

DE NOTRE-DAME-DES-SEMENCES,

PAR

M^« ADDAI SCHER,

ARCHEVéQDB CHALD^EN DE S^BBT.

A neuf heures au nord de Mossoul, dans la mon- tagne de Beith'Edri, se trouve un des plus anciens couvents chaldéens , le seul qui soit habité actuelle- ment par des moines. Ce couvent a été fondé vers la fin du vi* siècle, par Rabban Hormezd, disciple de Rabban Bar 'Edta^; il a été très florissant au x" siècle^. Vers le commencement du xv* siècle, ({uand il ne resta plus de chrétiens à Bagdad, les patriarches nestoriens y transportèrent leur rési- dence^. On y trouve les tombeaux de neuf des

* Livre de la ChcLsteté^ ï^* 89.

* Cf. J.-B. Chabot, Histoire de Rabban Youssef Bonsnaya , Pari? 1900, chap. 1, 2, 3 et suiv.

^ Cependant ils habitaient la plupart du temps le village d*Al- qoà.

480 MAI-JUIN 1906.

patriarches qui dirigèrent l'Elise nestorienne depuis i5o4 jusqu'à i8o4.

A la fin du xviif siècle, le couvent était aban- donné. Gabriel Dambo le répara; cet homme esti- mable, un des plus riches marchands de la ville de Mardin, ayant renoncé à ses biens, se rendit en 1808 à AlqoS, dans le but d'habiter le couvent; il rencontra, de la part de la famille patriarcale, de très grandes difficultés , qu'il surmonta par sa patience et sa confiance en Dieu. En peu de temps, il eut de nombreux disciples qui suivirent avec lui les rè^es de saint Antoine le Grand.

Dambo fiit massacré en i83a par les soldats de Mohammed Pacha, émir kurde de Rawandouz, qui, s'étant révolté contre la Porte, avait commencé à piller et à massacrera

La bibliothèque du couvent de R. Hormetd était riche en manuscrits syriaques. En 1828, beaucoup de ces manuscrits ont été pillés et déchirés par Moussa Pacha, gouverneur de *Amédya, qui avait imité Témir de Rawandouz dans sa révolte contre la Turquie. Quatorze ans après, 147 ouvrages manu- scrits ou imprimés , syriaques , arabes et latins, furent pillés et déchirés par Ismaël Pacha, successeur de Moussa Pacha. Aussi, la plupart des manuscrits de la bibliothèque du couvent ont été acquis depuis 18/42. Ils ont été tous transportés au couvent de Nbtre-Dame-des-Semences (i^Hàii.\-^ >V\\sa^ Y^'\*n) ,

* Voir la note finale du cod. 94.

NOTICE SUR DES MANUSCRITS SYRIAQUES. 481

bâti en 1867 au pied de ia montagne, à une heure au sud-est du couvent de Rabban Hormezd,

En visitant cette bibliothèque en 1902, nous avons pris des notes suffisantes sur chaque manuscrit, sans toutefois noter le format et le nombre de pages de tous les volumes. Nous publions maintenant ia liste de ces manuscrits. Nous n avons pas cru né- cessaire dy ajouter des notes bibliographiques, surtout pour les ouvrages dont la publication est déjà ancienne et qui sont bien connus de tous les Orientalistes.

Pour un certain nombre de manuscrits qui ont été copiés sur ceux de la bibliothèque épiscopale de Séert nous nous bornons à renvoyer au catalogue de cette dernière ^

I

LIVRES SAINTS.

CoD. 1 . Pentateuque (rAunoi^^ i^i=îV\A j , se- lon la version PSitta.

Achevé en 1 867 de notre ère , par Rabban Ibrahim *Abbo , de Kerkouk.

CoD. 2. Livre des Sessions (ivica^v i^zaitvâ. i^=iV\aro), selon la version dite P§itta ; savoir : Josué, Juges, Samuel, Rois, Prov., Ecclés. , Ruth, Cantique, Job.

* Addai Scher, Catalogue des Mss, syriaques et arabes conservés dans la Bibliothèque épiscopale de Séert, Mossoul , 1 goS.

-j8i> iMAl-JUlN 1906.

Achevé dans le couvent de Rabban Honneid en 1817 de notre ère, par R. Joseph Aude, devenu plus tard patri- arche.

CoD. 3. Mêmes titre et contenu que le cod. a.

Achevé en 181g de notre ère, dans le couvent de Rabban Hormezd , par Rabban Isaac.

CoD. 4. Même titre que le cod. a.

Terminé en 1828 de notre ère, dans le couvent de Rab- ban Hormezd, par le prêtre Bernard, de Telképé.

CoD. 5. Même titre que le cod. a.

Terminé en 1828 de notre ère , par Siméon, diacre. Soit le livre de Tobie , traduit de l'arabe en syriaque par Siméon Asmar, de Telképé, en 1818 de notre ère.

CoD. 6. Livre des Prophètes («i-siw^ rd.V.'^i-^), selon la version dite Psitta; savoir : Isaïe, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum, Haba- eue, Sophonie, Aggée, Zacharie, Malachie, Jéré- mie. Lamentations de Jorémie, Ezéchiel et Daniel.

Achevé en i854 de notre ère, dans le viUage de Cardess, par le prêtre David , fils de Jean , lils de Nisan , fils de Gorge, du village de Barzané , dans le district de Zehbar.

GoD. 7. Même ouvrage que le cod. 6.

Ecrit en 1 8 1 8 de notre ère , dans le couvent de R. Honneid « par Rabban Etienne.

CoD. 8. Ancien Testament, contenant les deu- téro-canoniques suivants : Machabées, Paralip., E»*

NOTICE SUR DES MANUSCRITS SYRIAQUES. 483

dras , Sagesse , Judith , Esther, Suzanne et les lettres de Jérémîe et de Baruch.

Ecrit en 1826 de notre ère, dans ie couvent de R. Hor- mezd, par ie moine Clémendos, fils de Pétros, de Telképé.

CoD. 9. Nouveau Testament, d'après la ver- sion Héracléenne.

Sans date ; i écriture est d*avant le xiii* siècle.

Volume en parchemin ; écriture nestorienne sauf n et "S qui sont écrits à la manière des Jacobites. Elle est très soi- gnée. Les marges sont couvertes de mots grecs.

CoD. 10. Nouveau Testament, d après la ver- sion dite P§itta.

Volume en parchemin; le premier cahier manque. L écri- ture est en stranguéli et très bonne. Achevé en i5ii des Grecs (1200), 696 des Arabes, dans le couvent de R. Hor- mezd , par Rabban Isô*.

CoD. II. Même ouvrage que ie précédent.

Terminé en 2028 des Grecs (1717), à Aiqos, au temps de Mar Elia , patriarche , par le prêtre 'Abdisô\ fils du prêtre Hadbesabba.

CoD. 12. Même ouvrage que le cod. 10.

Achevé en iggS des Grecs (1682), à Arâdén, au temps de Mar Elia, patriarche, par Qouriaqos, diacre, fils de *Ai)d- isô*; il a été écrit pour ie prêtre Ewed (tvoi^), fils du

prêtre Denha , du village de Douré , dans le district de Beith Tannoura.

Cod. 13. Même ouvrage que le cod. 1 o. L'écriture est en stranguéli; elle est très soignée. On y

484 M\I-JU1N 1906.

ti^ouve quelques ^^rands dessins, dun goût doateax, par exemple, Tentrée triomphale de Jésus à Jénisdem. '

Achevé en 20o5 des Grecs (1694]. du temps de Ifar Elia, patriarche, par le prêtre Guiwarguîs, fils du prêtre lâraël, fds du prêtre Hormezd, fds du prêtre Israël; fl a été donné au couvent de R. Hormezd par un autre prêtre Gni- warguis et son frère Jean , fds du prêtre Sahmàno.

CoD. 14. Même titre que le cod. 1 o. Suit TÂpocalypse de saint Jean traduite en syriaque par Saumo , prêtre , du village de Pios.

Saumo vivait dans la première moitié du xvm* siècle ; il a écrit un poème sur la peste qui dévasta son volage en lySS.

CoD. 15. Apocalypse de saint Jean.

Traduite de Tarabe en syriaque par le prêtre Saumo de Pios. Sans date, xviii' siècle.

CoD. 16. x^ tr »^ujo ^^j\ % \ y^ioi^^ i^sVi^

i^(vA2k. « Livre du saint Evangile partagé en leçonis pour tous les dimanches de Tannée , les fêtes (deN.-S.) et les commémoraisons (des Saints), selon le:rite du couvent supérieur (de Mar Gabriel et de Mar Abra- ham , aux environs de Mossoul). »

Ecriture en stranguéli , très soignée.

Achevé en i883 des Grecs (iSya), 979 des Arabes, k Gazarta, par le prêtre Ataïa, fiis du prêtre Faradj Maqd&aya, fds du diacre Marqos , d* Alqos ; écrit sur Tordre du patriarche Elia pour le couvent de R. Hormezd.

Suit une note qui conunence ainsi : Ce livre a été éerit

NOTICE SUR DES MANUSCRITS SYRIAQUES. 485

et copié sur i autographe de notre B. Père , digne du Ciel , Mar 'Ëbedjésus , métrop. de Nisibe et d* Arménie , surnommé Bar Brikha, l'auteur du livre des Maqamat (Paradis d'Éden). 11 avait copié ce livre en 1696 des Grecs (i285), alors qu'il était évéque de Sigar et de Beith 'Arbayé. 11 a été ensuite nommé métropolitain de Nisibe et d'Arménie; il a passé de ce monde plein de misères au pays de vie et de joie les pre- miers jours de novembre i63o d'Alexandre (i3i8). Que le Christ lui accorde du repos dans son royaume des cieux , et qu'il nous obtienne le pardon par ses prières! Amen. »

CoD. 17. Même ouvrage que le cod. 16.

Ecriture en stranguéli, très soignée. Achevé en i853 (15^2) à Gazarta, par le prêtre *Ataïa, fils du prêtre Faradj , au temps de Mar Siméon, patriarche, et de Mar Gabriel, évéque de Gazarta.

Une autre note déclare que le livre a été donné au cou- vent de R. Hormezd par Marie , religieuse d'Arbèles , fille du prêtre Hormezd, fils de Salomon.

Une dernière note dit qu'il a été copié sur l'autographe de Mar 'Ëbedjésus, métrop. de Nisibe.

CoD. 18. Même ouvrage que le cod. 1 6.

Achevé en 1910 (iSgg) et 1006 des Arabes, dans la ville de Gazarta, par *Abdelahad, prêtre, fils du prêtre Joseph, de la famille de Beith Athéli, au temps de Mar Elia, patriarche, et de Mar Elia, év. métrop., originaire de Séert et adminis trateur du diocèse de Gazarta. 11 a été donné par le prêtre Abraham et par Gouria, fils de Salomon, pour l'ég^se de Saint-Georges, dans le village de Dyok.

CoD. 19. Même ouvrage que ie cod. 16.

Achevé en 2o33 (17221), à Alqôs,^par Khausaba, prêtre, fils du prêtre Daniel, fili du prêtre Elia, au temps de Mar

48Ô MAI-JUIN 1906.

ÉLia , patriarche , et de Mar Hnanito' ( it^kMrusttk "^^^ ) i U il été donné à l'église de Saint-Georg^es de Beith-Hendoyé par Kanoon, fils du prêtre Matté, dn susdit village.

Il

COMMENTAIRES SUR L'ÉCRITURE SAINTE.

CoD. 20. mV\H-^-»\t\ t^XAA^^ i^!sVvÀ ?uât\ rcllvrao^n « Livre de causes des Psaumes du

B. David.

»

Ce volume est divisé en deux parties. La première renferme : i* Le traité de ^Ahob Qatrâya sur les Psaumes. Le traité de Nathniel , év. de Sahenor, sur le même sujet. 3** Psaume de David quand il lutta contre Goliath. DisputQ contre Origène et ses partisans.

La deuxième partie , beaucoup plus longue , a pour titre : Kf>ria\|-:\ i<rHa.mv.2o-:\ i^^niXi^^ K^aoboi

r^â=7>\^ « Eclaircissements sur le livre des Psaumes de David, composé par Rabban Denha, docteur, ou selon d'autres, par Rabban Grégoire, moine parfait, du couvent de Gamré. »

Volume de 1 8 centimètres sur 1 3 , compose de 3a cahiers de 10 feuillets.

Terminé en i884 de notre ère, par Issa, fils d*Isale, du village d'Aqror.

NOTICE SUR DES MANUSCRITS SYRIAQUES. 487

GoD. 21. Même ouvrage que le précédent.

Achevé en i8g3 de notre ère , pnr Rabban Isa!e et Etienne Raïs.

COD. 22. ^ \y<V nr> ^ t<^\ "TOtl I^OKL^

v^jkS^oon « Eclaircissements sur les mots difficiles et obscurs qui se trouvent dans le Pentateuque, re- cueillis dans les commentaires du B. Théodore (de Mopsueste), les traditions des Syriens, Mar Aprem, Abraham et Jean de Beith Rabban , Mar Michaêl et les autres docteurs. »

Copié sur un manuscnt de Séert (cod. ai), en 1887 de notre ère.

L*auteur vivait après le ix* siècle , car il y cite Isô*dad , év. de Hdattha (vers 85o). Les autres écrivains mentionnés dans cet ouvrage sont : Narsaï, Gabriel Qalraya, Aba I*', Babaï le persan, Ahob, Aprahat, Jacques d'Edesse, Théo- phile le persan, Soubhalmâràn , moine, Daniel Bar Touba- nita et Iso* barnoun , patriarche.

CoD. 23. : r^V\^V-SA':\ r^LraX-a^-^ r^^cncL-i

^^ v.rvjc.» y\j:Tï r^'isvjtLà'SiJty i^Vv^v.^.'^ i^jlà\j930 i^^^viiitv T^âjajDAÀr^ t^\Q\m « Eclaircissements sur le Nouveau Testament, compilés par les soins de Mar lsô*dad de Merw, év. de Hdattha , tirés de

488 MAI-JUIN 1906.

nombreux livres des commentateurs et docteurs de la sainte Église. »

Sans date. Ecriture du xvii' siècle.

CoD. 24. Même ouvrage que le cod. 2 3.

Suivent : i"* Quelques extraits du traité d'Abra- ham de Nathpar sur la vie ascétique. a" Quelques questions avec des réponses sur TEvangile. Quelques fragments du livre de I§ôl>okht, mé- trop. de Perse, sur Thexaméron. 4" Capita âi~ stincta du livre des questions de saint Pierre sur les sacrements. 5" Quelques extraits du livre de Mar 'AbdîSô (Joseph Hazzaya). 6** Traité sur les étoiles (i^\»oaLiA i^sdSjc.), extrait du livre de JSô*- barnoun, qui habitait dans le désert. 7* Abrégé de lexphcation des offices de TÉglise, par ^Ëbedjésus de Nisibe.

Volume de 38 cent, sur 18, composé de 3a cahiers de 10 feuillets.

Achevé en 2009 (1698), à Alqôs, par Homo, prêtre, fils du prêtre Daniel, fils du prêtre Elia, au temps de Mar Oia, patriarche , et de Mar Iso yahb , métrop. de Mossoid. Il a été donné par le prêtre Abraham à Téglise de Mar Christophore dans le village d'Edlep.

CoD. 25. rt^UicÀ^x.^ t<r\*o xryA Ydr>)^^ >'v:73 t^Lsci^vjaA n^>^v.'^ :i^Ar3\':\ K^nriN^, Ash. rdliâJÀ \r3 ^mo» « Livre d'archéologie ou histoire du monde temporaire composé par saint Jean Bar Penkayé. »

NOTICE SUR DES MANUSCRITS SYRIAQUES. 489:

L'ouvrage est divisé en deux sections ; la première comprend neuf chapitres et la deuxième six. Ils ont pour sujet Thexaméron, le déluge, Thistoire du peuple élu; les livres inspirés, leur but, la doctrine quils contiennent, etc.; l'erreur des Gentils, la Tri- nité, l'Incarnation, la Rédemption, etc. Les deux derniers chapitres sont consacrés à l'histoire; ils parlent de la prédication des Apôtres, des persécu- tions suscitées par Sapor contre l'Eglise, du roi Constantin, des rois persans et romains, du concile d'Kphèse, de la fin du royaume des Perses, des rois arabes ; il s'arrête aux événements qui eurent lieu en 67 des Arabes (686), époque à laquelle vivait l'auteur.

Volume de 3o cent, sur 20, ayant 17 cahiers de 10 feuil- lels.

Terminé en 1883 de notre ère, dans le couvent de Uabban Hormezd , par Guiwarguis , moine , Gis de Guéliana , du village de Taqia. Copié sur un ms. de la bibliothèque du patriarcat chaidéen de Mossoui.

CoD. 26. n i>^^t\ ,^^ajAoâb£oi^t\ rslraSjva.

« Livre de Scolies , composé par le docteur Théodore , du pays de Kaskar. »

Copié sur un manuscrit de Séert (cod. 23), en i884 de notre ère , par Salomon Adamo.

Cod. 27. w^çA^orC?^ i^SoKuti i^^Vns^

490 MAI-JUIN 1906.

v<^vT\if ^*n « Livre de réclaircissement de rÉvangile de saint Jean , composé par Théodore l'interprète. »

Écrit en 20i5 (i'joi)y à Alqôi^, an temps de Ifar ^ia, patriarche, par Guiwarguis, prêtre, fils du prêtre Israël, fils du prêtre Hormezd , fils du prêtre Israël.

CoD. 28. r^-\a-ro\-so •Kcno-i'^i i^LaVv-jx 'uotvtv « Eclaircissements sur les Psaumes de David. »

Ce livre, dont lauteur ne m'est pas connu, est différent de celui qui est contenu dans le cod. ao.

Terminé en 2020 (1709), à Telképé, au temps de Mar Elia, patriarche, par Sabriso, diacre, fils de 'Adymaîa; il a été copié à la demande de Khatoun et de sa mère Setté , fille .du prêtre Ëiia , pour le couvent de Mar Guiwargois de Beiifa Ouiré (r^\»a.^^ Vvjcd).

Cod. 29. ^vxrxb^-^ t^"rv<Y)A*n W^^ i^aVvsk ^^^-»^Ha.^t\ i<'vf\,y^-n.\ « Livre du Jardin de

Délices , composé par l'Interprète des Turcs. »

Ce volume renferme des commentaires sur toules les leçons de l'Ecriture" pour tous les dimanches, fctes et commémoraisons de Tannée.

Copié sur un ms. de Séert (n* 28); il est complet, tandis que l'original a, depuis, perdu quelques feuillets. L'inter- prète des Turcs appartient au xni" siècle, car il cite Sabriiô* Bar Paulos qui vivait au commencement du xiii* siècle , et il est cité par *Ebedjésus de Nisibe qui mourut en i3i8.

Coi). 30. A » -^ s,t\ rd\Hr^ S-ortf^ r^^sH^j^ i^A23i^ \rx\ « Livre du Magasin des mystères composé par Barhebraeus. »

Cet ouvrage contient des commentaires sur TAnden et le

NOTICE SUR DES MANUSCRITS SYRIAQUES. 491

Nouveau Testament; il a donné lieu à de nombreuses publi- cations partielles. (Voir R. Duval, LitL Syr,, a* éd., p. 80-81). Achevé en 2022 (i-yi i), à Alqôs, par Guiwarguis , prêtre, fils du prêtre Israël.

CoD. 31. j.^^iA rc?vsoi^DaA r^=ai(Vâ.. Pre- mier tome du « Livre des discours métriques de Narsaï ».

Ce volume contient vingt-sept i^AJSordso; la plu- part sont des homélies exégétiques et des interpré- tations sur différents versets ou passages de l'Ecriture sainte.

Volume formé de 3o cahiers de i o feuillets de 3o centi- mètres sur 21.

Ecrit en 2 190 (1879), ^^^ couvent de R. Hormezd, par le prêtre Nicolas.

GoD. 32. Deuxième tome du même ouvrage.

Ce volume contient quarante-deux r^Hjsoi^Da. La plupart de ces discours ont été publiés cette année à Mossoul par le P. Mingana.

Volume formé de 38 cahiers de 10 feuillets de 3o centi- mètres sur 2 1 .

Achevé en 1898 de notre ère, dans le couvent de Notre- Dame des Semences, par R. Pauios Ejadan.

CoD. 33. oxrTXûû-ïv ^o^osA oovAx^ i^cncki ^■v.v\aj \.r3 tt>Q\^^ rdscijtja r^^raSi^A ^^AktX\ ^cvjÀ ^so':\ ^^^=300^ i<jtjjgjo « Eclaircissement de

32.

492 MAI- JUIN 1906.

TApocalypse de saint Jean, composé par Jean Etienne, Jésuite, traduit du latin en arabe par Pierre, prêtre, fils de Jean d'Alep, et traduit de l'arabe en syriaque par le prêlre Saumo de Pios. »

Achevé en 2107 (1796), h Tella-Zqipa, par Abraham, prêtre , fils de Marbéna.

CoD. 34. ^so'v r^V\ca\r3t3o AâN.'^i t^Wio^i. y> vv fA i> \ i^?tj^r3kâ^^ :i^jLOi\ i^lro^\b^Q Vvije.\a t^ATDje. « Poème du prêtre Isaac Sbednaya sur la Providence, depuis le commencement jusqu'à pré- sent. »

Achevé en 1 888 de notre ère , dans le couvent de Notre- Dame des Semences, par Basile, moine, de ^qlÂwa.

Coi). 35. ^i>^^-^ :rd£ôa» WvAi^n i^=ai)(vak

«Livre de l'Hexaméron, composé par Emmanuel, inlerprète au couvent supérieur (de Mar Gabriel à Mossoul). »

Ce livre est un long poème en 28 chants; le se- cond chant manque; le copiste déclare qu'il faisait défaut dans le volume qu'il transcrivait. Les seize premiers chants sont sur les six jours de la Création ; les douze derniers sont sur les prophéties, la venue du Christ, ses miracles, ses paroles, la résurrection des corps et le bonheur éternel. Ce volume contient en, outre une homélie sur le baptême.

Achevé en 1876 de notre ère, dans le couvent de R. Hor- mezd.

NOTICE SUR DES MANUSCRITS SYRIAQUES. 493

m

THÉOLOGIE ET PHILOSOPHIE. GoD. 36. y\snS '^try\^,^ : i<lx>H-s\ t^lraXi^

t^AA\ TKI .^g If.» ^rS'Hn 1^\a':\^ 1^^\aUa r»^M> ak,%

v^VA*73 VxoA'v i^oaAi^A « Liber capitum , composé par Isaac, le docteur habile, moine du couvent de Rabban Isô*, sur le but caché de la Providence divine en ce qui concerne les êtres raisonnables. »

L'ouvrage est divisé en dix chapitres ayant pour sujet des questions théologiques, par exemple : Les décrets providentiels de Dieu sont-ils éternels ou occasionnels? Dieu est-il invariable ou non dans ses décrets? Connaît-il la fin des démons et des hommes impies? Est-ce par amour éternel qu'il a créé les créatures? Jjes hommes sont-ils créés mortels ou immortels? Y a-t-il un avantage à la mortalité? Le but de Dieu est-il le même dans toutes ses différentes lois ? etc.

Viennent ensuite un discours en vers de sept syl- labes, et quelques lettres du même auteur sur le même sujet. Le style est pur et très élégant.

Volume de 1 7 centimètres sur 1 1 , contenant 7 cahiers de 10 feuillets.

Terminé à Alqôs en 1 884 de notre ère , par Tsa , diacre ; je n'ai pu savoir sur quel manuscrit il a été copié.

COD. 37. ^ ^, ^ ^ ^^"^ '^'^ Kf "-l^tV— a.

494 MAI-JUIN 1906.

^^.m ^J3^ T^jc^^ÀTTs i^ae.\^ ^»^tv,â z^jq-Ho^

\^jÂi<S «^^oçvxVj'H i^fAt>\*-i (( Livre du discours sur la divinité, iliumanité et la personne de cette ado- rable union qui eut lieu pour notre salut, composé et divisé en chapitres distincts par Rabban Mar Babaï, supérieur du grand couvent dans Je mont Ida, sur la prière des frères (moines),»

L ouvrage est divisé en sept sections; chaque sec- tion est subdivisée en chapitres ayant pour sujet : la foi; la nature divine, la Trinité, Tlncamation; pourquoi Dieu le Verbe s'est uni à notre humanité et non le Père ouTEsprit; comment il faut entendre rUnion du Verbe; quand elle a eu lieu; différence entre rdiTxa» et r<lJSioJ\!^ ; les attributs de Notr^ Seigneur; son baptême, sa résurrection , etc.

Ije style de fauteur est pur et très élégant.

Volume de 3o centimètres sur 19, composé de 16 cahiers de 10 feuillets.

Copié en 1888 de notre ère sur un ancien manuscrit du village de *Eyel, dans le pays des Nestoriens.

CoD. 38. r^Ai^-^.t\ %<<Vv \ \ ^ra^ r^ijràxjsk

« Traités sur les fêtes. »

Ce volume contient treize traités sur Noël , la fétc (le la sainte Vierge, TKpiphanie , le Carême, le Jeudi saint, la Passion, la Résurrection, la Toussaint, r Ascension, la descente du Saint-Esprit, le Vendredi

NOTICE SUR DES MANUSCRITS SYRIAQUES. 495

d'Or (i*' vendredi de Pentecôte) et les Rogations. Les traités sur Noël et TËpiphanie ont été composés par Thomas d'Edesse ; ie traité sur la sainte Vierge par Michaëi Badoqa; un des deux traités sur le Carême par Possi; le traité sin™ la Toussaint par I§aï; les deux traités sur le Vendredi d'Or et les Rogations par Hnânâ d'Adiabène , et les autres par Qyoré. La plupart de ces traités sont divisés en chapitres.

Copié sur le manuscrit 8a de Sëert, en 1887 de notre ère.

COD. 39. ^ % '■\S,-:\ 1^-Aa \^nr>t\ 1^.;Di(V.^

.^^oA .^Tx^Kf ^tlxjl <ii:=)X^t\ « Livre de la Tour, du prêtre Sliba , fils de Jean , de Mossoul , composé en 1643 des Grecs (iSSa).

Cet ouvrage est en arabe. C'est une recension abrégée du Livre de la Tour, composé par Mari bar Soleiman, auteur nestorien du xii* siècle. (Cf. R. Du- val, Li«.^r., 2'' éd., p. 2 10-2 i 1.)

Volume de 3o centimètres sur 2 1 , contenant 36 cahiers de 10 feuillets.

Copié en 1894 de notre ère, sur un manuscrit de la biblio- thèque du patriarcat chaldéen à Mossoul.

CoD. 40. AxTxsw-sv Kfi^K^v 1<^i^^\sfc.^ KtaXa. rdkj'KVv cy)oi<r^ nrfc % \^\ « Livre des Causes des sacrements, composé par Timothée IL »

Assémani a donné l'analyse de cet ouvrage (Bibi or,, t. m, pars 1, p. 567-580).

Copié sur le manuscrit 84 de Séert.

496 MAI-JUIN 1906.

CoD. 41, KfÂ'Vx. A:^ Y<fitv*j\^\.3o^ ^^-^^

rdxV30'Ki<?:\o Ktaoy^i r^ \^ %\<\^^\^^sn « Livre de

]a Perle, sur la vérité du christianisme, composé par ^Ebedjésus, év. deSigar, devenu ensuite métrop. de Nisibe et d* Arménie. »

Publié par Mai, Script, Vet. nova coUeclio, t. X. Ms, sans date. Ecriture du xvi* siècle.

CoD. 42. A^ rcfVvMic.ar7x:3 ^jcajk.^ K^sai^^

>T>>-o\ -Sra ^loickj « Livre en vers , sur la foi ortho- doxe, composé par Rabban Jean Bar Zou^bi. »

Sans date. Ecriture du xvi* siècle.

CoD. 43. KfVvjno.rj'sv-^ ^^^^^ «Livre de TAbeille», composé par Salomon, métrop. de Bas- sora.

Achevé en 1 88 1 de notre ère , dans le couvent de R. Hor- mezd.

GoD, 44. r^i^jQ^-vso r^X»v>x.so^ i^lia^iv^

r^j^n)r\ ^..i^ojA -^pjuûdt\ « Livre du Miroir pur»

composé par Joseph II, patriarche, »

Achevé à Barzâné, en 1 865 de notre ère , par le prêtre Jacques, fds du prêtre Kanoun.

CoD. 45. r^ \^\\-A i<l.=a^iv.^ a Livre des

Rayons », composé par Grégoire Barhebraîus. » Voir Tnnalyse dans Assemani, ^iW. or.. H, p. 297.

NOTICE SUR DES MANUSCRITS SYRIAQUES. 497

CoD. 46. r^H-X^>r\ >r\\-V^>r\^ i<l=3^ « Livre du Commerce des Commerces » , composé par Barhebraeus. »

Abrégé de Touvrage intitulé : Crème des sciences (cod. Ay).

Suit un discours de Jean Bar Zou*bi , en vers de sept syllabes, sur les quatre problèmes de la philo- sophie ;i<r \ ^ni<r .\ ^ •^i.^cL.SQn \<!!\jy^x^Lm

t^^n r\*i v=3^^wci\ ^x>&cljA i^^Z73ti t^jspxâ^ra

Achevé à Diarbekir, en 1825 de notre ère.

Cod. 47. - i^XsoiijA V\orc^^ y<^Vvà « Livre de la Crème des sciences », composé par Gr. Barhe- braeus. »

Cet ouvrage est ime vaste encyclopédie renfer- mant la philosophie péripatéticienne tout entière. H est divisé en trois parties.

Volume formé de 28 cahiers de 10 feuillets, de 3o centi- mètres sur 23. Terminé dans le couvent de R. Hormezd en 1818 de notre ère, par Joseph Audo, moine (devenu ensuite patriarche ).

Cod. 48. a:^s^Xj':\n KÎraX^ w Livre des Dia- logues. »

Cet ouvrage est divisé en deux parties : la logique et la philosophie. L auteur n est point nommé.

[Probablement le a* livre des Dialogues de Jacques de Tagrit (oaaa. va). Comp. Wright, Cat, of syr, mss,, p. ii65, n" Dccccxvc; (J, B, Chabot).]

498 MAI.JUIN 1906.

Au milieu du livre on trouve cette note : « Priez pour le faible Joseph II (patriarche).»

Achevé à Diarbekir, en iSsS de notre ère, par les frères (moines) Etienne et Joannis, au temps de Joseph V et de Tabbé Gabriel , supérieur du couvent de R. Hormexd.

CoD. 49. rsU^ \^ m ti^n r<Lj3!ix.^ oouiSo\\;n^o i<^f>i>\^o\irtf^o « Livre de Tlsa- gogé, des Analytiques et des Catégories. »

Ce volume contient : i** Tlsagogé de Porphyre, traduite par Probus, prêtre, archidiacre et archiatre à Antioche. 2" I^a dialectique d'Aristote. Le traité de Sarguis , archiatre , stir le but des catégories dWristote. 4** Lccrepi ^p|Li»;i;e/a$d'Aristote, traduit du grec en syriaque par le m^.me Probus; il y a quelques lacunes dans ce traité; le traducteur y ajoute souvent un commentaire.

Sans date. Ecriture du xvn* siècle.

(]oD. 50. Même titre et même contenu que lo précédent.

Suivent : 1 " L'éclaircissement abrégé du vrepï ép- fiDv^lasj composé par Paul le Persan, et traduit du persan en syriaque par Sévère Sabokht, év. de Qen* nésrin. 2*" Une lettre du même Sabokht, adressée à Yaunan , visiteur, sur la logique d'Aristote.

Sans date.

CoD. 51. , ^>*r>^7l^^. ,\*\\ i^^Al^itlraVv^

i^.^^A^Vvr73 ^skAt^-^ r^n'Vse.'tv « Livre commun à

NOTICE SUR DES MANUSCRITS SYRIAQUES. 499

tous les peuples vivant sous le Ciel, dans lequel on enseigne la connaissance de ia vérité, »

La dernière clausule est celle-ci : « Fin de ce livre de Causa Caasaram, » ^(Asw^ «iicn rd*aà;v& -^x^jt.

Ouvrage publié par Kayser. Copié en i883 sur le ms. 90 de Séert.

CoD. 52. Ce volume contient :

1 ° Traité sur Thoname considéré comme micro- cosme , composé par Michaël Badôqa , docteur et in- terprète des livres divins. Discours sur la philo- sophie première de la théologie. Livre des Défi- nitions , composé par Michaël Badôqa. 4** Livre de TEntretien de la sagesse, composé par Barhebraeus. Les dix Catégories , par Isô*bokht de Riwarda- siv. Grammaire de Mar Elia, patriarche, qui la composa avant d'être évêque de Tirhan. 7"* La cause de l'établissement des écoles, composé par Barhadbsabba 'Arbaya ; ce traité est incomplet.

Volume composé de 1 1 cahiers de 10 feuillets, de qq cen- timètres sur 16.

Sans date. Ecriture du xv" siècle.

OUVRAGES LITURGIQUES.

CoD. 53. KCjkcoA-si r^lxfiuâj^ « Ordre des

prêtres », c'est-à-dire Rituel.

500 MAI-JUIN 1906.

Ce volume contient :

Prières [orationes) à réciter par les prêtres, le matin et le soir. La messe des Apôtres. Messe de Théodore de Mopsueste, 4** Messe de Nestorius. S'' Rite du Baptême, 6** Rite de la Pénitence. y** Bénédiction de Teau. Re- nouvellement du Levain. 9" Consécration du calice. 1 Prières à réciter sur la fiancée , etc. 1 1" Bénédiction des rameaux d'olivier. 1 a* Rite pour faire prêter serment. 1 3* Consécration de fautel sans Thuile.

Volume composé de 19 cahiers de 10 feuillets, de 31 cen- timètres sur 1 5.

Achevé en 1 88g ( 1 678 ), du temps de Mar Elia, patriarche, et do Mar Joseph, mëtrop. de Gazarta; il fut écrit par *Alaia, prêtre, fiis du prêtre Faradj, pour Salomon, prêtre, (ils de Mano , du village Rahahi f situé sur le Tigre , au nord de Gazarta.

Une dernière note est ainsi conçue : « Ce livre fut écrit dans une caverne de la forêt de Mar Jean TEgyptien^ dans le pays de Penk. »

CoD. 54. Même titre et même contenu que le manuscrit précédent , sauf les numéros VI et sui- vants. Mais on trouve ici en plus : 1" L'ordre de la Bénédiction du genre humain (du mariage). 2" Huit prières (r^sôVvayi) à réciter à la fin de la messe, composées par 'Kbedjésus de Nisibe.

Achevé en 1882 de notre ère, par *Isa, fils d*Isaïe.

CoD. 55. Même titre et même contenu que le ms. 53.

NOTICE SUR DES MANUSCRITS SYRIAQUES. 501

Suivent plusieurs r^sôVxcku composés par *Ebcil- jésus de Nisibe, les prêtres Israël, Guiwarguis et Damien d'Alqôs.

Achevé en i856 de notre ère, par ie prêtre Abraham Sekwana.

GoD. 56. Même titre et même contenu que le ms. 53.

Suivent : i** Avertissements touchant l'autel. Quelques prières à réciter avant et après le repas. Plusieurs r^£ô)r\avi composés par *Ebedjésus de Nisibe, 'Abdîsô^ de Gazarta, et le prêtre Israël.

Terminé en 2027 (1716), à Alqôs, du temps de Mar Elia, patriarche, par Homo, prêtre, fils du prêtre Daniel, fds du prêtre Elia; il a été donné par le prêtre Joseph pour Téglise de Notre-Dame dans le village de Ilourdapna.

CoD. 57. Même titre et même contenu que le uis. 53.

Suivent les prières du matin pour les fêles , com- posées par le patriarche Elia III, surnommé Abou- halim, et plusieurs r^sôVuiiA.

Achevé à Mansouiya , par Joseph, prêtre, fils du prêtre David. Sans date. Ecriture du xvii* siècle.

CoD. 58. KfiHKSx r^fA ^ \^ «Ordre de la Liturgie. »

Suit le livre de la nourriture des prêtres et de la préparation à la messe. Ouvrage traduit du latin en syriaque , en 1 7 9 5 de notre ère , par le prêtre Joseph , fds d'Abraham , de *Ainkawa.

!>0S M AI- JUIN 1900.

CoD. 59. Livre de pii^M liturgiques compre- nant : i"" Le Psautier; a"" La partie du Bréviaire appelée nVvzDAO •jpajoa.

Achevé en ai5a (i8ai), à Beridjya de Tehonma, par

Moïse , prêtre.

CoD. 60. Prières appelées ^Avra^o yai^uy^.

Terminé en 2102 (1791), à Guessa en Tehouma, situé tout [très du couvent de Mar Sunéon bar Çabba'é. Ecrit par llaydéni, diacre, fils du prêtre Yabo, fils de Moïse.

GoD. 61. KfÂ^uxuti r<!siki^ « Bréviaire. »

Ce livre contient 1 oiTice des dimanches de toute Tannée, des fêtes mobiles et des jours du Carême et des Rogations.

A la fin du livre se trouve le calendrier nestorien [r^\jL2DSfy i<?!i\,\a^) , arrangé par le prêtre Israël d'Alqôs.

Achevé en 2016 (1706), à Alqôi, par Gniwargiiîs , prêtre,

i ils du prêtre Israël.

CoD. 62. Même ouvrage que le précédent.

Achevé en 202 6 ( 1 7 1 5 ] , du temps de Mar ^a , patriarche , par Guiwarguis, prêtre, fils du prêtre Israël, fils da prêtre Jiorinezd, fils du prêtre Israël; il a été donné par Dawonda, ch(;f du village de Cardess , pour Téglise de Notre-Dame da même village.

CoD. 63. Même titre que les deux précédenta.

Terminé en 20/(9 (1 738) , à Alqôs , du temps de Mar Hia, par le prêtre Joseph, iils du prêtre Gniwargaif, fils da

NOTICE SUR DES MANUSCRITS SYRIAQUES. 503

prêtre Israël; il a été donné par Azdyé, fille de Sapar d'Aiqôs , pour le couvent de Rabban Hormezd.

CoD. 64. i<!iHAOt\-:\o Kf'^t^^n i<r\V^« Of- fice pour les fêtes de N.-S. et les commémoraisons (des saints). »

Ce volume renferme les offices suivants : i** Fête de Noël. a'' Commémoraison delà sainte Vierge. y Fête de TEpiphanie. Commémoraison de saint Jean-Baptiste, S** des saints Pierre et Paul, 6** de saint Etienne , y** des docteurs Grecs, des docteurs Syriens, 9** de l'Unité de Personne, 1 des Défunts, 1 i** des Confesseurs, 1 de saint Georges, 1 de Smoni et de ses enfants. 1 Ix" Fête de l'Ascension. 1 Commémoraison de saint Thomas , 1 de saint Cyriaque. 1 y" Fête de la Transfiguration. 1 Fête de la Croix.

Achevé en iqSS (1672), à Alqôs, par le prêtre 'Abdisô', lils du prêtre Hormezd, fils du prêtre Israël. Ecrit sur les oixlres de M ar Eiia , patriarche , pour le couvent de R. Hor- mezd.

CoD. 65. Même titre et même contenu que le précédent.

Terminé en 2087 (1 726 ) , à Alqôs, du temps de Mar Ella , par Yalda, fils du prêtre Daniel, fils du prêtre Eiia, fils du prêtre Daniel. Il a été donné pour Téglisede S. Christophore , par Matté , Ibrahim et le prêtre Israël , du village de Dezzé.

CoD. 66. i<r^tv-xA.-ro,xm Kf^rxoA^^i i<1idVv^

504 MAI-JUIN 1906.

'Uk-rann r^^'S f\*i ncLV^^"^ r^^ÙM^j^ « Office complet de la Gommémoraison de Mar Siméon bar Sabba'é, composé en 2 06 5 des Grecs {1 y 54), parle prêtre Warda , fils de I^azare, du village de Darband dans le pays de Tragawar. »

Achevé en 3097 ( 1786), à Beith Daïwé, dans le district de Sapai, au temps de Mar Siméon, patriarche, par Djalalî, pr(>trc , fils de Khoso , fils de Hazzo.

A la iîn se trouve une oraison funèbre (l^jcÂ^^so) com- posée par le prêtre Sapar sur la mort du susdit prêtre Warda; celui-ci mourut en 3068 (1757), frappé par le choléra.

CoD. 07. AcLtLit^ Kaskoul; partie du bréviaire contenant TOfTice pour les jours de la semaine. C'est un extrait du grand Houdra (cod. 61).

Ecrit en 3089 (1738), à Alqôs, au temps de Mar Eiia, par Siméon, prêtre, ills du prêtre Yalda, fils du prêtre Daniel.

Coi). 08. i^.30uV5<*^'^ tdiaVvA « Livre

d'Homélies. »

(le volume contient A 2 k2sp3X5^^9 <lon^ ^9- ont été composés par 'Ebedjésus de Nisibe, a par Khamis, et un par *Abdîsô* de Gazarta.

Suit le livre des chants (i<r^iu\,a.M^i^a2kV2k) pour tous les dimanches et les fêtes de Tannée.

Sans date. ?iCriture du xvi* siècle.

CoD. 09. Même ouvrage que le cod. précédent. Achevé en 1 883 de notre ère , par Elia, moine de Saqlawa.

IJÉ

NOTICE SUR DES MANUSCRITS SYRIAQUES. 505 CoD. 70. i^-sôVxoyitv 1^— liXx '^ «Livre de prières à réciter à la fin de la messe. «

Ce volume contient i g rd£ô)r\ayi dont quelques- uns sont attribués au prêtre Israël d'Alqôs, à Mar 'Abdisô' de Gazarta ; cinq sont en karsouni et attribués à Joseph II, patriarche, et au prêtre Kheder de Mossoul.

Les i^=ô)r\avi (conclusions), qui se récitaient au- trefois à la fin de la messe, sont maintenant tombés en désuétude; ils sont écrits pour la plupart en strophes acrostiches et en vers de douze syllabes.

Achevé en i8/i3 de notre ère, par Louis, moine, dans le couvent de R. Hormezd.

CoD. 71. vd»H.jL.u-ftn i<rX,fc-\,n^ vdsciHjc K Ordre de la cellule pour les moines no-

Volume composé de 21 cahiers de 10 feuillets, mesurant 20 centimètres sur li.

^ Ce volume contient : Office des vêpres, de la nuit et des heures, pour tous les jours de la semaine. Prières avant de se coucher. Office des morts pour tous les jours de la semaine. 4" Prières à réciter avant la lecture du N. T. Prières de l'Itinéraire. 6" Ordre de l'Alimentation de la grâce. Prière à réciter avant de se coucher, composée par Elia de Nisibe. 8" Livre des vivants et des morts dont on lit les noms aux fêtes de N.-S. Office pour les moines étrangers et solitaires, composé par Rabban âoubhalisô*, R. Yalda et R. Moïse, le fonda- teur du couvent de Beilh Sayaré. 10° Prières à réciter avant et après le repas. 11" Diverses prières. 12" Prières avant et après la Communion , etc.

VII. 33

506 MAI-JUIN 1906.

Achevé en 'j 1 'j8 ( 18 1 7 ) , dans Téglise de Notre-Dame , aux environ» du village de Siador, dans le pays de Tyaré , par llaydéni, prêtre, fils du prêtre Yabo, du village de Gucssa.

CoD. 72. Même ouvrage que le précédent ^ On trouve à ia suite : 1* Prières du matin pour les fêtes de N.-S. , composées par Elia III, patriarcho.

2" Discours en vers de douze syllabes, sur ie jugement dernier, composé par Jacques (de Sa- roug?) Discours en vers de douze syllabes sur Mar Samli, composé par son disciple Brikhisô\

Discours en vers de douze syllabes sur Mar Yozadaq. 5** Discours en vers de douze syllabes sur Mar Denha, patriarche (publié par Chabot et (ensuite par Bedjan). Discours envers de douze syllabes sur ia perfection , intitulé i^jjX^^ rtfVsot^sa composé par Barhebraeus et augmenté par Khamis.

Sans date. Ecriture du xiv" siècle.

CoD. 73. rd'-kt^ ^ ^ r^\-^^ i^ituLA^

r^)r\cLA^ .raoVvo . *Tr>. % \ v\<\ *ni<r r^ v ^Xv np^n

i^iAïkJcnti i<^Aif. (( Prières du matin pour les fêtes (de N.-S.), composées par Mar Élia III, pa- triarche, surnommé Âbouhalim, et autres prières |>our les dimanches, les commémoraisons, les ven-

' Dans cet exemplaire manquent les numéros 9^ iu% ii% et ia\

NOTICE SUR DES MANUSCRITS SYRIAQUES. 507

dredis du Carême et autres, composées par Sallita de Res^ayna. »

A la fin se trouve l'ordre de la procession pour ie jour de Pâques (rd^iTa^o-rv \^iX^^-a r^cv>"\^).

Achevé en 1994 (i683), à Alqôs, par Yaida, diacre; il a été écrit pour Tég^ise de Karsawa.

CoD. 74. Même titre et même contenu que le précédent. Suivent quelques hymnes composées par Gabriel de Mossoul, Khamis, Isaac Sbednaya et Isô'yahb barMqadam.

Sans date. Ecriture du xvi' siècle. CoD. 75. ^"^Vv. 9X=3^ KfSjJA^'^ ^^=3Vv^

« Livre de Toffice pour les défunts séculiers. »

Suivent les rites pour les enfants et pour le second et le troisième jour des funérailles; puis les KjcHnro pour tous les ordres.

Achevé en 20^2 (lySi), à Alqôs, au temps de Mar Elia, patriarche , par Siméon prêtre , fds du prêtre Yalda , fils du prêtre Daniel; il a été donné par Hélène, fille de Nisan, du village de Dezzé , pour Téglise de Mar Christophore.

CoD. 76. rdraifvj^ Vv k ^or^ r^^ % iox^a t^oi^k^ v^k^a^w-^ « OflBce pour la sépulture des prêtres. »

C'est le complément du précédent.

Achevé en 2o35 (1724), à Alqôs, du temps de M ar fiia par 'Abdisô' , prêtre , fils du prêtre Hadbsabba.

33.

508 MAI-JUIN 1906.

CoD. 77. Même ouvrage.

Achevé en 1882 de notre ère, par Elias, moine de Saq- lawa.

GoD. 78. Kf)(ui.^..=3'3i r^^^jsmt^sfy-si x^ry^i^ T^aiAi-si « Livre d'homéiies pour les Rogations des Ninivites », choisies parmi les homélies de Mar Aprem et Mar Narsai. Cet office est inséré dans le Brcvarium Chaldaicam (pars 1), édité par P. Bedjan.

Achevé en 1868 de notre ère, dans le coavent de Notre Daine-des-Semences , par Augustin , prêtre.

Coi). 79. i^WAx'Vi^ r^Vv9C.dbLac)r\'3i t^omu

i^i^cu « Exposition de tous les offices de TEglise, et

différentes notices sur la vie de N.-S. et sur les fêtes dominicales , par un ami de la science. »

Voir lanalyse de cet ouvrage dans Assémani [B.O.y III, pars i, 5i8-54o). L auteur est Guiwar- guis d'Arbèles.

Achevé en 1887 ^^ notre ère, par Elias, moine de Saq- law a.

CoD. 80. •^^cnîrxo.ra A^k.'^ i^\.:o«^-.SP9 \<A^\<?=\ « Poème sur la grandeur du sacrifice de la

messe. »

Ce poème, en vers de douze syllabes, figure sans nom d'auteur dans plusieurs manuscrits; qudques-

ffflÉtfi-.ifciii?^iri i

NOTICE SUR DES MANUSCRITS SYRIAQUES. 509

uns Tattribuent à 'Abdîsô' de 'Elam ; d autres , plus vraisemblablement, à Narsai. Il a été publié }3armi les homélies de Narsai, par le P. Mingana [Narsai homiliœ, Mausilii, 1906, t. I, p. 270).

CoD. 82. r^Var3k«V\'^ r^ojjoci i<1^JL!^ r^Vxo^-v—B'^a-m'^ Vv-x-â^civ^ « Ordres et canons de la pénitence, c'est-à-dire de la confession. »

Ce volume traite des péchés, de la contrition, de la confession, des règles à suivre dans l'application des pénitences, des devoirs du confesseur, etc.

Volume composé de 9 cahiers de 10 feuillets, mesurant 17 centimètres sur 12.

Achevé en 2o58 (1747), à Alqôs, du temps de Mar Elia, patriarche , par Hanna , prêtre , fils du prêtre Homo , fils du prêtre Daniel, fils du prêtre Elia.

CoD. 82. « Uecueil d'exposés Uturgiques. » Il renferme :

1" Poème sur la grandeur du sacrifice de la messe (cod. 80). 2" Explication des offices de TEglise, composée par Abraham bar Lipéh. 3"* Questions des saints Grégoire et Basile. Extraits du chapitre ix du livre des Scholîes (cod. 26). 5** Extraits du livre de Guiwarguisv/rArbèles (cod. 79). 6** Discours en vers de douze syllabes de Jean bar Zou*bi sur le saint sacrifice de la messe. 7** Discours du même, sur l'origine du saint levain et des saints mystères. 8" Extraits du livre des Causes des sacrements, composé par Timo- thée II (cod. 40).

510 MAI-JUIN 1906.

Volume Ibmië de 22 cahiers de 10 feuillets, mesurant 3o centimètres sur 21. Achevé en 1894 de notre ère, par Paulos , moine.

CoD. 83. rcrifVJC-3Ôje.V\ pLjt.€L^t\ ^ -^ ^

r^oÀ-^ci « Explication des offices de TEglise , par (jueslions et réponses, composé par le patriarche Joseph II. »

Cet ouvrage est divisé en cinq sections; il traite (le la prière, des ordres, des offices, du saint sacre- ment de Taute] et du baptême.

Achevé en 2io4 (179^), à Tella-Zqipa , par Abraham, prêtre, fils de Marbchnam.

CoD. 84. Même ouvrage que le précédent. A la fin se trouvent deux lettres du pape Innocent adressées à Joseph II, patriarche, en 1698, et tra- duites en syriaque par le destinataire lui-même.

CoD. 85. Recueil d'hymnes de Khamis bar Qar- dahé; savoir :

1 ° Vingt hymnes sur les fêtes de N.-S. , ie Carême , lunité de personne et le jugement dernier. a" Poème sur le ver à soie et sa comparaison avec rame. 3*" Satire sur la rusticité des Ârbéliens.

/i° Poésie sur la louange d\m certain écrivain.

Discours métriques sur toutes les lettres (le l'alphabet. 6" Diverses poésies (r^-:b»SV\ iO(Uk3ê.coo-^) : a. 2 7 poésies en vers de douze syllabes , sur les attributs divins el la sagesse; b. 27 poésies

NOTICE SUR DES MANUSCRITS SYRIAQUES. 511

contenant autant de modèles de lettres amoureuses; c. l\lx poésies sur la sagesse; d. 46 poésies par les- quelles se connaît lamour; e. Ix'] poésies contenant des conseils touchant les choses éternelles; /. 168 poésies sur divers sujets : la rose, la cire, le silence, Téventail, etc. 7** Trois hymnes sur le mystère plein de splendeur. Sur la sortie de Tâme du corps. 9" Deux hymnes sur le vin. 10" Hymne du prêtre Halya(i<a\M) sur le vin.

Sans date. Ecriture du xvii" siècle.

GoD. 86. Recueil d*hymnes et de poèmes, i*" Poème de Gabriel de Mossoul sur Sabrîsô', fondateur du couvent de Beith Qôqa. 2** 18 hymnes de Khamis sur la pénitence et les Rogations. Hymne du prêtre Sliba, fils du prêtre David, sur les Rogations. 4" Huit hymnes de Khamis sur TA vent, Noël, le Jeudi Saint, Pâques, l'As- cension et la Groix. Poème de Khamis sur Isô'sabran, martyr. 6" Hymne d'Isaac Sbed- naya sur les Rogations, composée en lySi des Grecs (i/i/40). 7** Deux hymnes du même sur saint Georges et sur la Croix.

Achevé en 1868 de notre ère, à Alous, par Jacques, moine.

GoD. 87. GoUection d'hymnes de Guiwar- guis Warda.

Ge livre contient plus de 1 20 hymnes de Warda..

512 MAI-JUIN 1906.

sur les fêtes de N.-S., de la sainte Vierge, des saints, tous les dimanches de Tannée, les Rogations, le jeûne et la pénitence, etc. Il contient encore quelques autres hymnes dun auteur anonyme, sur les docteurs syriens , sur les apôtres , sur les saints , sur les patriarches nestoriens depuis Addai jusqu*à Timothée II, etc. Quelques autres hymnes sont attri- buées au prêtre Sliba de Mansourya , à Salomon do Bassorah, Ix Mari bar MSihaya, etc.

Achevé à Alqôs, en 2o3i (1720), du temps de Mar ^a, par Joseph , prêtre , fils du prêtre Guiwarguis , fils du prêtre Israël , fils du prêtre Hormezd ; il a été donné par le chef Dawouda à Téglise de Notre-Dame de Cardess dans le dis- trict de *Aqra.

CoD. 88. Même contenu que le cod. 87.

Achevé à Telképé en iggS (1682), par le prêtre Kando, iils de Hanna , fils de Khoidjaq ; ii a été donné à Téglise de llourdapna par le prêtre Joseph.

CoD. 89. Même contenu que le cod 86. Suivent : Hymne sur la pénitence, composée par le prêtre Israël d'Alqô§, en 190*1 (iSgi). 2** Neuf hymnes de Warda sur la pénitence.

Sans date.

[La suite an prochain cahier.)

NOUVELLES ET MÉLANGES. 513

NOUVELLES ET MELANGES.

SEANCE DU 11 MAI 1906.

La séance est ouverte à 4 heures et demie sous la prési- dence de M. Barbier de Meynard.

Etaient présents :

MM. Seka^t, vice-président, Allotte de la Fuye, Bas-

MADJIAN, BOURDAIS, BoUVAT, A.-M. BoYER , Ca BATON , CaRRA

DE Vaux, J.-B. Chabot, de Charencey, Coedès, Decourde- manciie, RubensDuvAL, Dussaud, Faïti.ovitcii, Farjenel, FiNOT, FossEY, Gaudefroy-Demombynes, Graffix , Grenard , Halévy, V. Henry, Cl. Huart, Labourt, Sylvain Lévi , Ma- cler, Meillet, Pelliot, Revillout, Schwab, Tamamghef, Thureau-Daxgin, membres; Ciiavannes, secrétaire.

Le procès- verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Le président donne communication d*une lettre par la- quelle le Comité constitué à l'occasion de la fondation de Goejc exprime ses remerciements à la Société pour Tappui qu'elle lui a prêté.

Sont reçus membres de la Société :

MM. le général de Beylié,' 26, rue Godot-de-Mauroi , Paris, présenté par MM. Finot et Pelliot. Henri Galbrun, 11, rue de Luynes, présenté par MM. Fossey et Meillet.

M. Schwab présente un livre de M. A. Fevret, intitule : Antiquités égyptiennes , grecques et romaines appartenant à A, Philip.

514 MAI-JUIN 1906.

i\I. FiNOT sipn^ale la découverte faite par M. Parmenticr près du temple de Nagar (Ànnam) d*uii vase de cuivre portant une inscription chame de 1117 caka = iig5 A. d.

M. DK CiiABRNCBY propose d'expliquer par le mot turc^a- rahataq, signifiant « cormoran » , le terme d*argot « se carapa- ter ».

M. Basmadjian rectifie une erreur commise par les histo- riens au sujet du roi de la Petite- Arménie Lusignan , cin- quième du nom.

M. Halkyy discute ia théorie de M. Boll et celle de M. Chavannes concernant le cycle des douze animaux : il ex- pose les raisons pour lesquelles il estime que ce cjcLe doit être d'origine égyptienne.

W Graffix présente le fascicule I du tome IIl de la Pa- irologia orientalis (Histoires d*Ahoudemmeh et de Marouta, par F. Nau).

A la suite d'observations présentées par M. Fosaey, et après une discussion à laquelle prennent part MM. Barbier de Meynard, Senart, Sylvain Lévi, Decourdemanche , la Société décide que la Commission du Journal se réunira dorénavant une fois par mois et statuera sur les articles qui seront proposés pour être insérés dans le Journal.

La séance est levée à 6 heures.

OUVRAGES OFFERTS X LA SOCIÉTÉ. Par m. lb Président : SiDi Abou Ali El-Ghauthi ben Mohammed. Traité de musique (on arabe). - Alger, 1904; in -8".

Par les Auteurs :

Edouard Ciia vannes. Le Cycle des douze animaux (Extrait). - Leide, 1906; in-S".

A. Mkillet. L'éiai actuel des études de linfjfuittiqae. S. l.,i9o();in-8\

F. Naii. Patrologia Orientalis, III, i. Histoires d'Ahoademmêh

NOUVELLES ET MÉLANGES. 515

et de Maroata, suivies du Traité d'Ahoudemmeh sur l'homme. - Paris , s. d: ; gr. in-8".

A. Fkvret. Antiquités égyptiennes, grecques et romaines appartenant à A, Philip et à divers amateurs. - Paris, igoS; in-8\

Par les Éditeurs :

Revue critique, 4o* année, n"* 13-17. " P^rîs» 1906; in-8^

The Korea Rcview , VI, 2. - Séoul, 1906; in-S**.

Revue archéologique, mars -avril 1906. - Paris, 1906; in-8".

Polyhiblion, avril 1906 (partie littéraire et pairie tech- nique). — Paris, 1906; in-8*.

Revue biblique, avril 1906. - Paris, 1906; in-8*.

The American Journal of Semitic Languages and Literaturcs, XXll, 3. - Chicago and New- York, 1906; in-8*.

Bessarione , fasc. 88. - Roma , 1 906 ; in-8°.

Atharva Veda Samhità, translated. . . by William Dwight Whiïney. . . revised by Charles Rockwell Lanman. -Cam- bridge, Mass., 1906; 2 vol. in-8*.

César Benattar , El-Hadi Sebaï, Abdelaziz Ettéai.bi. L'Esprit libéral du Coran. - Paris , 1 906 ; in-8''.

Oriens Christianus , W-, 2. - Rome, 1904; gr. in^**

Rev. G. U. Pope. A Handbook of the ordinary Dialect oj ihe Tamil Language. Part. IV: -4 w English-Tamil Dictionary, Sevcnth édition. - Oxford, 1906 ; in-8°.

The Indian Antiquary, February 1906. - Bombay, 1906; in-/r.

J)' Samuel Poznanskj. Arabischer Commentar zum Bûche der Richter. - Frankfurt a. M., 1906; in-8".

Par la Société :

Strails Branch of the Royal Asiatic Society. Journal, n°' 37- 44. - Singapore, 1902-1906; in-8°.

Bataviaasch Genootschap van Kansten en Wctemchappen,

516 MAI-JUIN 1906.

Tijdschrift,XLVm, 3-4. Verhandelingen , LVI, 2-3. - Batavia, 1906; in-8* et in-/r.

Revue des études juives , n" 10a. - Paris, 1906; in-8*.

The Journal of the Royal Asialic Society^ April 1906. - London , 1 906 ; in-8*.

Bulletin trimestriel de l'Académie mjolqache, III, 4* -Tana- narive , 1 904 ; in-8°.

Journal of the China Branch of the Royal Asiatic Society, XXXIV, 1. - Shanghai, 1901-1902; in-8*.

The Geographical Journal, XXVIÏ, 5. - London, 1906; in-8^

Bulletin de littérature ecclésiastique, avril 1906. - Paris, 1906; in-8°.

O Oriente Portuguêz, II, 11-12; III, 1-2. - Nova Goa, 1905-1906; in-8°.

Iai Géographie, XI F, 3-4- - Paris, 1906; in-8*.

American Journal of Archœlogy, January-March 1906.- Norwood, Mass., 1906; in -8*.

Reule Academia dei Lincei^ Rendiconti, XIV, 9-10. Atti, II, 20-12. - Roma, 1 906 ; in-8° et in-4*.

Par le Ministère de lInstruction publique et des Beaux-Arts :

Adhéinard Leglère. L^s Livres sacrés du Cambodge, i** par- lie. - Paris, 1906; in-8*.

Revue de Vhistoire des religions, fasc. 1 56 -167. - Paris, 1 906- 1 906 ; in-8°.

Emile GriMEX. Conférences faites au Mutée Gaimet, Paris, 1906; in- 18°.

Journal des Savants, avril 1906. - Paris, 1906; in-4*.

Bulletin de V Institut finançais d'archéologie orientale, IV, a. - Le Caire , 1 905 ; in-4*.

Bulletin de Correspondance hellénique, XXX, 3-5. - Paris, 1906; in-8'.

Mémoires de l'Institut français d'archéologie orientale. Tome XIV : Fouilles de Qattach, par MM. E. Chassinat, IL (iAiTiEiv et 11. PiBRRON. - LcCairc, 1906; in-4*.

NOUVELLES ET MELANGES. 517

Par le Gouvernement indien î

District Gazetteers of the United Provinces, Vol. XLll : Kheii, by H.-R. Nevill. VoL XLIV : Ganda. byH.-R. Nevill. Allahabad and Naini Ta! , igoS; 2 vol. in-8".

Madras District Gazetteers, Statistical Appendixfor Karnool District. - Madras, 1906; in-8°.

Par la « Bibliotega Nazionale Centrale » de Florence :

BoUettino délie puhblicazioni italiane ricevate per diritto di stanipa. Indice alfabetico pel igoS-igoG, 64. - Firenze, 1905-1906; in-8°.

Par l'Université Saint-Joseph, a Beyrouth : Al-Machriq ^IX!" année ^ n" 7-9. - Beyrouth, 1906; in-8",

ANNEXE AU PROCès- VERBAL.

(Séance du 11 mai 1906.]

UNE TROUVAILLE ARCHEOLOGIQUE AU TEMPLE DE NAGAR À NHATRANG (aNNAm).

L'ancien Champa avait deux grands sanctuaires nationaux: le temple de Bhadreçvara, à Mï-so»n, dans le Quang-nani (v" siècle), et celui de Bhagavatï ou Nagar, à Nhatrang, dans le Khanh-hoa (lin du viii' ou commencement du ix* siècle).

L'invasion annamite fit à ces deux temples un sort diffé- rent: le premier, après un pillage en règle, fut abandonné; l'autre fut adopté par les envahisseurs, qui continuèrent à offrir à la statue de Nagar les hommages qu'elle recevait naguère des Chams; il est encore aujourd'hui très révéré de la population annamite.

Ce monument est un des plus beaux spécimens de Tarchi-

518 MAI-JUIN 1006.

teclure chame; malheareusement des vices de construction ou (les tassements de terrain en ont compromis la solidité ; de laides lézardes le sillonnent de la base au faite. D ya trois ans environ , les Annamites Justement inquiets de ce délabre- ment croissant, demandèrent rautorisatton d*eSectuer des réparations qu'ils étaient manifestement hors d*état de mener à bien. En leur interdisant d'exécuter ce travail, nous pre- nions rengagement moral d y procéder nous-mêmes. Les désirs parfaitement légitimes de la population indigène, non moins que le soin bien entendu de notre domaine archéo- logique, nous en faisaient un devoir. 11 fut donc décidé que les travaux seraient entrepris aux frais du Gouvernement général sous la direction de TEcole française d'Extrême- Orient. Nous avions par bonheur a TEcole Thonmie le mieux qualifié pour cette tâche délicate , M. Parmentier, qui possé- dait une connaissance approfondie des monuments chams et avait déjà consacré à Nagar même une excellente mono- graphie.

M. Parmentier vient de se mettre à Tœuvre et les premiers coups de pioche ont déjà fait sortir de terre une intéressante trouvaille. Ce sont deux vases sacrés : Fun est une coupe d'argent en forme de calice de fleur à cinq pétales; l'autre esl un simple vase de cuivre, de matière moins précieuse que le premier, mais d*intérét plus sérieux, car il porte, gravée sur le pied, une inscription chame, ainû conçue :

yân pu râja bhagavanta on Çakrânta arâà Mandânijaya vuk pak yân pu nacjara çakarâja iiiJ,

fl Sa Majesté le roi auguste , sieur Çakrânta , homme de Mandi- vijaya, a donné [ce vase] à la déesse Pu Nagara, en çaka 11171 {=1195 A. D.).

LHnscription tombe dans cette période de guerre civile et étrangère qui dura 32 ans (iiia-iiil4 çaka) et durant laquelle des usurpateurs établirent en différentes régioni du royaume des souverainetés éphémères. Il est probable que le donateur du vase de Nhatrang était un de cet rob impovisés.

NOUVELLES ET MÉLANGES. 519

En effet , d'après le protocole cham , les noms royaux complets se composent de trois éléments: i" le nom de sacre (abhi- sekanâman) , terminé en varman : Indravarman, Sûryavarman, etc.; le nom personnel, précédé on «sieur» ou de cci « prince » ; le nom de fief terminé en -vijaya « district » et précédé de arân « homme » \ Or notre personnage porte bien les deux derniers noms, mais le premier est remplacé par hhagavanta, qui n'est probablement qu'un qualificatif, qui en tout cas n'est pas un nom de sacre. Il n'était donc pas sacré, et s'il ne Tétait pas, on ne peut guère voir en lui le roi légitime , mais plutôt un des nombreux aventuriers qui , à celte époque troublée, se disputaient la couronne.

Cette découverte est encore intéressante en ce qu'elle fournit un document de date certaine pour rhistoire des arts du métal au Champa. Les objets trouvés jusqu'ici, bronzes, vases funéraires, bijoux ne pouvaient être datés qu'avec une grande incertitude ; celui-ci donne un point de repère très sûr.

Enfin cette trouvaille permet d'espérer que d'autres pièces du trésor du temple, enterrées à l'approche des années an- namites, ne tarderont pas à revoir le jour. Nous souhaitons ([ue M. Parmentier retrouve ici les succès qui ont signalé ses fouilles de Dong-du>o>ng et de Mî-so>n. Nous sommes en tout cas assurés qu'il y apportera la même habileté technique et la même conscience scientifique.

L. FiNOT.

' Les princes portaient apparemment le nom du district qui constituait leur apanage : on disait «homme de Turai-vijaya» comme nous disons «comte de Ponthieu|) ou «duc de Berri».

520 MAI-JUIN 1906.

ANNEXE AU PROCÈS-VÉRBAL. (Séance du ii mai 1906.]

LES LUSIGNANS DE POITOU AU TRONE DE LA PETITE ARMENIE.

En 1096 la première croisade entra en Cîlicie.

La dynastie arménienne de ce pays venait à peine d*y être formée , les Arméniens étant gouvernés par des princes indépendants.

Le pouvoir était alors entre les mains du baron Constan- tin (1 09 5-1 099 ) qui , à cause de son dévouement pendant les croisades et les secours qu*il donna aux Croisés pendant le siège d'Antîoche, reçut des Francs les titres de «comtes et de « marquis ».

Constantin ne refusa pas de donner sa fille en mariage à Josceiin de Courtenay , comte d'Edesse ; et son frère Thoros, accorda volontiers la main de sa fille Arda, à Baudouin de Boulogne, frère de Godefroy de Bouillon.

Et ainsi le premier lien entre les Francs et les Arméniens fut établi.

Les Lusignans de Poitou , comme toutes les noblesses de l'Europe , prirent part aux croisades. Mais il faut ajouter que, même avant l'arrivée des Croisés, un des Lusignans, Robert, était entré en Terre-Sainte (en 1062) pour protéger, contre les attaques des Infidèles, les pèlerins se rendant à Jérusalem.

En 1210, Léon 1" « le Magnifique », premier roi de la CiUcie arménienne, qui avait épousé, en 1189, la princesse Isabeau d'Anlioche et qui avait marié sa sœur Doleta ou Dalilaavec Bertrand de Gil)elet, épousa, après son divorce, en secondes noces, Sibylle, fille d*Amaury de Lusignan, roi de Chypre. Le fruit de cette union fut une fille unique , Isabelle, qui hérita du trône royal et épousa un Franc, Philippe d*Antioche; ce dernier recueillit la succession du royaume d'Arménie (1222-1225), en régnant avec sa femme.

NOUVELLES ET MÉLANGES. 521

Cette union franco-arménienne fut comdiidée par ie fait quun des Lusignans, Guy, Ait appelé plus tard au trône dWrménie (i34a-i344). Guy élah le oe^rea 4e Henri II, roi de Chypre , et le fils d^Anuroiy de Loagnaa.

Le second prince de Lungwui épà oocnpa k trdae d*Ar- ménie, était Tinfortané Léon Y, appelé par erreur Léon VI, dernier roi d*Arménie, mort ii Paris, en iS^S.

Par conséquent, émx et aecdenient deux princes Luri- gnans ont régné en Arménie, et non cinq, eonmie on pré- tend à tort jusqu'à présent.

L*faistorien bien connu , Etienne de Luaîgnan , dit tlMU ses ouvrages, par eiem[^e, dans son Hi^eire des rûymKmes de Jémsaleni, Chypre, Armhde, etc. (p. Su*) et dans sa Des- cription de ffle de Chypre (p. ^oi"^ , qa*3 y arait en Arménie cinq rois Lusignans, qm sent :

i"" Hugues j fils d*Amaury de Lusignan, seigneur de Tyr et de Sidon ;

Jean, fils de Hugues, qui abdiqua et entra dans Tordre des Frandscains;

S"" Léon, neveu de }ean et fils d*Amaury, connétable d'Arménie;

i^ Liuon (Léon), troisième fils de Hugues, c^est-à-dire frère de Jean et du connétable Amaury; enfin

Léon, le dernier roi d'Arménie.

Du Cange^ conservant le même nombre, donne une autre généalogie^ :

1** Guy, fils d*Alméric de Lusignan;

2* Constant;

Constantin;

4* Drago, et

5" Léon , le dernier roi d'Arménie.

Dulaurier commit la même erreur, en donnant, conmie les précédents, cinq rois* :

> Familles dOntr^mer, édîL Ray, p. i46-t54.

^ i2ec.Croûai2e««Doc Armén., t.l,p* 703*7 et p. 7^5 «note 3.

Tii. 34

522 MAl^JUIN 1906.

1* Juan-Constcuitin;

2" Guy, frère de Juan ;

S"" Constantin , fils de Baudouin ;

4" Pierre 1'^, roi de Chypre , et

Léon, le dernier roi d* Arménie.

Toutes ces erreurs proviennent de ce que tous ces histo- riens, comme Etienne de Lusignan, Du Gange, Le Labou- reur, MiUin, Lenoir, Dulaurier, Lang^ois et bien d'autres, lisent dans Tépitaphe du dernier roi d* Arménie : « Léon de Lusignan , quint roy latin ». Et Dolaurier, pour appuyer sa thèse, ainsi que celle de ses prédécesseurs, parle du tes- tament de ce dernier roi, qui aurait été écrit ainsi : iLéon de Lusignan , quint roy latin du royaume d'Arménie ^ ».

Quoique Etienne de Lusignan soit un auteur ancien». il est curieux de constater qu'il ignore les faits qui se sont passés presque à son époque. Par conséquent, je n*hésite point à dire avec Saint-Martin qu'il y a i beaucoup d'incer- titude» dans ses ouvrages'. Cet historien raconte, par exemple, que Léon de Lusignan a préparé son testament en 1 396 et qu'il est mort en 1 4o4 '- Mais nous lisons dans Tépi- taphe de ce roi qu'il est mort en 1 3g3 ; d'autre part nous sa- vons que Léon avait préparé son testament un an avant sa mort.

Quant à Du Cange , Dulaurier et d'autres qui se basaient sur l'épitaphe et sur le testament de Léon , ils se sont cer- tainement trompés ; car en faisant moi-même des recherches sm* les lieux, je n'ai pas trouvé le texte rédigé ainsi : t Léon , quint roy latin du royaume d'Arménie » , avec une ponctua- tion après « Léon » , ni dans son épitaphe , ni dans son testa- ment. Même si elle existait, d'après ces historiens, Léon serait le sixième roi latin d'Arménie , le premier ayant été

Philippe d'Antioche.

»

^ DuLÂURiER, op, cit,, p. 735, n. 3.

2 Cf. Mém. Acad. Ins. et B.-L , i836, vol. XII, p. 1^9.

•'' Description» etc., fol. 202'.

NOUVELLES ET MÉLANGES. 523

Voici ce que dit l*épitaphe de Léon : «Cy gist très noble et excellët prince, lyon de lizingne quït roy lati du royaume darménie qui rédi lame a dieu a paris le .xxix*. jour de nouêbre lan de grâce . m . ccc . un . et xiii . pries pour lui. » Le tombeau de Léon se trouve actuellement à l'abbaye de Saint-Denis, parmi les tombeaux des rois et des hommes illustres de France.

Le testament , ou plutôt la copie du testament de Léon , conservée aux Archives nationales de France (LL. i5o5), ne dit pas que Léon était le cinquième roi latin d'Arménie, mais cet acte est mentionné ainsi qu'il suit dans un inventaire provenant des Célestins de Paris : « Testament authentique du bon Roy Léon de Lusignan quint roy latin du Royaume d'Arménie \ »

On voit nettement que dans aucun document Léon n'est nommé «Léon, quint roy latin». Cette erreur sera aisément réparée, si nous lisons : «Léon de Lusignan quint, roy latin du royaume d'Arménie». Ceci est indiscutable, car Thistoire d'Arménie du moyen âge nous apprend qu'il y eut quatre Léon , rois d'Arménie , avant le dernier Léon de Lusignan ; par conséquent celui-ci est bien le cinquième du nom, Dardel , qui était le confesseur de Léon V, ne cite , dans sa Chronique d'Arménie , que deux rois Lusignans en Arménie : ce sont Guy et son neveu Léon, et il appelle ce dernier «Léon V». Je dois mentionner aussi que M. Gh. KoUer, chargé de la rédaction du tome II des Documents Arméniens du Recueil des historiens des Croisades, est du même avis que moi.

Pour compléter mon esquisse sur les Lusignans d'Armé- nie, je présente la liste généalogique des rois de la Petite Arménie, liste qui diffère de toutes celles dressées jusqu'à présent. Cette liste ne comprend que les princes ayant occupé le trône d'Arménie.

' Archives Nat., Layette A, liasse G*\

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MAI.JUIN 1906.

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NOUVELLES ET MELANGES. 525

BIBLIOGRAPHIE.

M. Ismaél Hamet. Les Musulmans français du nord de l'Afri- que, 1 vol., in- 12 de 3i6 pages avec deux caries (Paris, 1906 , librairie Armand Colin, 5 rue de Mézières).

Dieu sait si l'on a beaucoup écrit sur T Algérie depuis ia conquête de i83o. A coup sûr, les ouvrages consacrés à notre colonie africaine suffiraient , à eux seuls , pour former une vaste bibliothèque. Le livre que publie, en ce moment, M. Hamet, nous serait une preuve qu'il restait fort à dire encore et que le sujet ne pouvait passer pour épuisé.

En effet , africain d'origine , musulman de religion et en même temps tout dévoué à la France dont il est devenu le fds adoptif , qu'il sert en qualité d'officier interprète , notre auteur se trouvait dans les conditions les meilleures pour bien juger ses compatriotes d'Algérie , se rendre compte de leurs tendances et de leurs aspirations. Aussi son livre con- tribuera t-il , nous osons l'espérer, à dissiper plus d'un pré- jugé et parfaire, pour ainsi dire , l'éducation du public français.

L'ouvrage de M. Hamet se divise en trois parties intitulées : M Le passé, le présent, l'avenir ». Avec lui, nous assistons aux débuts , ainsi qu'aux progrès de la civilisation apportée dans le nord de l'Afrique par les Carthaginois d'abord , ensuite par les Romains. Puis vient l'invasion des Vandales dont la puissance éphémère sera bientôt brisée par les Byzantins. A ceux-ci ne tardent pas d'ailleurs à succéder les Arabes. La race indigène , avec sa flexibilité habituelle , accepte tour à tour le genre de vie et les croyances de ces vainqueurs successifs, mais tout en absorbant ces derniers, grâce à sa supériorité numérique.

Nous savons peu de pages plus propres à piquer la curio- sité du lecteur que celles ou l'auteur fait un éloge, somme toute justifié , de l'esprit de tolérance dont furent longtemps

526 MAI -JUIN 100.6.

preuve les Kiialifes de Cordoue et de Bagdad. Les chrétiens d^ailleurs en bénéficièrent non moins que les Juifs. Bien souvent, leur politique sur ce point méritera d*étre citée comme exemple aux puissances occidentales. Toutefois, il ne faut pas exagérer et nous demandons pardon à notre auteur s*il nous semble, sur ce point, un peu porté à voir les choses en beau.

Les Musulmans montrèrent souvent des tendances véri- tablement libérales dans leurs relations avec les dissidents. Niera-t-on que cet esprit de tolérance ne se soit trouvé parfois renfermé dans d'assez étroites limites?

M. Hamet cite lui-môme l'exemple de plusieurs chrétiens d'Espagne auxquels un esprit trop ardent de prosélytisme valut la couronne du martyre. Avouons que leur zèle les en- traînait bien loin , puisqu'ils allaient prêcher contre Tlslam jusqu'à la porte de ses temples. Néanmoins, le châtiment semblera, croyons-nous, très sévère pour de simples mani- festants et qui ne nourrissaient, à coup sûr, aucun désir d*in- ventorier dans les mosquées.

M. Hamet passe assez rapidement sur la question des emprunts faits par la chrétienté au monde de Tldam, pen^ dant le moyen âge. On ne saurait contester que, pendant deux ou trois siècles, les Arabes, héritiers de la culture grecque, n'aient joué vis-à-vis des Occidentaux, le rôled*im- tiateurs, du moins dans le domaine scientifique. Toutefois, nous ne ferons pas a notre auteur, un reproche de sa briè- veté. S*il avait voulu approfondir, plus en détail, chacune des intéressantes questions par lui traitées, quel serait le chapitre de son ouvrage qu'il n'eût fallut transformer en un gros volume?

Ce qui concerne l'administration turque en Algérie nous a paru aussi complet qu'on peut le désirer, mais c*est un point de nature à attirer l'attention des émdits de profession plutôt que celle du public.

Nous ne tiendrons pas le même langage en ce qui con- cerne rétablissement de cette féodalité maraboutique.

NOUVELLES ET MELANGES. 527

laquelle se répand dans tout le Maghreb, surtout à partir du XII' siècle. Elle constitue un des phénomènes historiques les plus curieux à étudier. Ajoutons que Tinterdiction du mariage imposée par l'église romaine aux clercs fut sans doute ce qui contribua le plus à rendre impossible Tappari- tion d'un état de choses analogue en Occident.

Passons maintenant à des époques plus rapprochées de nous. M. Hamet n'hésite pas à signaler les fautes , les erreurs commises par nos gouvernants en ce qui concerne la coloni- sation de l'Algérie. Mais comment ne pas lui savoir gré de l'équité de ses appréciations et de la bienveillance, non imméritée d'ailleurs , avec laquelle il juge la nation française prise dans un ensemble ? A coup sûr, en dépil de leurs travers et de leurs faiblesses, les enfants de ces vieux Gaulois si empressés, nous dit Strabon, à prendre en main ia cause du faible et de l'opprimé, se signalèrent toujours par leur génie vraiment sociable. Plus que toutes les autres nations, ils surent user de ménagements vis-à-vis des races inférieures que la victoire soumettait à leur domination , et bien rare- ment on les vit rester sourds à la voix de l'humanité.

C'est, du reste, ce dont les populations algériennes se sont vite rendu compte. Jouissant, en ce qui concerne la pratique de leur loi religieuse, d'une liberté que bien d'autres auraient peut-être sujet de leur envier, elles n'ont pas tardé à comprendre les avantages découlant de l'occupation européenne. La justice rendue d'une façon plus impartiale, la sécurité succédant à un état chronique de troubles et d'anarchie , voilà quels en furent les premiers fruits. Comme conséquences, signalons le développement de l'agriculture, du commerce et de l'industrie, les indigènes s'initia nt petit à petit aux méthodes scientifiques les plus avancées. Les preuves les plus indéniables de progrès accom- pli, ne sont-ce pas tout à la fois, la disparition du noma- disme dans le Tell, ou la vie agricole tend chaque jour davan- tage à remplacer l'existence errante du pasteur, et l'accroisse- ment aussi rapide que constant de la population ? Le nombre

528 MAI-JUIN 1906.

des miisuimans d'Algérie ne s'éieyait pas eniSSo a ^os <le deux millions et demi d'âmes. H d^asse aujourd'hui quatre millions.

Ausû , en dépit des prédictions d'écrivains tant soit peu pessimistes , M. Hamet ne désespère-t-3 pas de voir dans un temps donné la fusion la plus complète s'établir entre nm- sulmans et chrétiens d'Algérie. Ce jour-là, on ne comptera flus dans notre belle colonie au sud de la Méditerranée, que des Français de cœur aussi bien que de langue.

Nous aurions voulu nous pouvoir étendre davantage sur un livre si rempli de faits et d'aperçus nouveaux, mais il faut savoir se borner. Un vœu du moins, avant de déposer la plume. L'ouvrage sur les Musulmans français du nord de l'Afrique semble fort de nature à intéresser chez nous un public nombreux. N'y aurait-il pas lieu de souhaiter qu'il fût répandu à profusion , et qu'un exemplaire puisse en être déposé dans la plupart de nos bibliothèques de province?

DE Charencet.

M. C. Madrolle a étudié, dans la Revue iiido-chinoise de janvier et février 1906, les groupes thai du haut Tonkin. (]e travail, intitulé Les T'ai de la frontière indo-chinoise, est à la fois historique et descriptif. L'histoire des Nong, en parti- culier, est traitée avec un grand détail. Les caractères chinois sont donnés pour tous les noms propres.

TABLE DES MATIÈRES

CONTENUES DANS LE TOME VII, SÉRIE.

MÉMOIRES ET TRADUCTIONS.

Pâget.

Une amulette judéo-araméenne (M. Sghwaa] 5

Une version nouvelle de la Brhatkathâ de Gunâdhya [M. F. Lacôte) . 19

La femme dans Tantiquité (M. E. Retillout) 57

Notice sur la vie et les œuvres de Dadîsè' Qatraya (M^ Add-ai Scher] i o3

La femme dans l'antiquité (M. E. Revillout). [Suite] 161

Le culte des rois préhistoriques d'Abydos (M. £. Amélineau ]. 3^3 Une lettre inédite du voyageur J.-B. Tavemier (D' E.-T.

Hamy) 273

Note sur qudques monuments épi^aphiqnes araméens (M. J.-

B. Chabot) 281

La femme dans l'antiquité (E. Revillout). [Suite et fin.}. . 345

Yaksâ (A.-M. Boyer) 393

Notice sur les manuscrits syriaques conservés dans la biblio- thèque du couvent des Chaldéens de Notre-Dame-des- Semences (M^' Addai Scher) 479

NOUVELLES ET MÉLANGES.

Procès-verbal de la séance du 13 janvier 1906 119

Ouvrages offerts à la Société %. 120

Procès-verbal de la séance du 9 février 1906 i33

Ouvrages offerts à la Société 126

Annexe au procès-verbal de la séance du 9 février 1906 :

Sur une glose de Bar Bahloul (J.-B. Chabot.) 128

Note sur l'inscription de Piprawa (E. Senart). i32

Le sens du mot hébreu içtjf (P. Joûon) 137

Langues dioscuriennes et-médique (C*' de Charencey). ... i^i

Bibliographie (janvier-février) i44

The Naka'id of Jarîr and al-Farazdak, by Anthony Ashley

Bevan (Cl. Huart). Der von Himmel gefallene Bricf

530 MAI-JUIN 1906.

Christl, von Maxîmilian Bittncr (R. D.). Persian historical texts, vol. 111 (L. Bodvat). W. Caland et V. Henry : L*Agnisloma (A. Gdémnot). G. Le Strange : The Lands of the'Eastera Caliphate. Mesopotamia , Persia and Central

Asia (L. Boovat) A.-W. Ryder : The litlle day Cart (A.

Gdbri!iot). Nouvelles bibliographiques (L. Boovat). Un épitrope royal nabatéen à Milet (Clbbhoht-Ganhbao).

Procès-verbal de la séance du 9 mars 1906 3o5

Ouvrages offerts à la Société 3io

Annexe au procès-verbal de la séance du 9 mars 1906 :

Un mot basque d'origine berbère (G^ de Charengey). . . 3i3

Procès-verbal de la séance du 9 avril 1 906 3i6

Ouvrages offerts à la Société 317

Note sur les études de littérature arabe chrétienne (B^ Carra

DE Vaux) 3ao

Bibliographie (mars-avril] 33 5

Nouvelles bibliographiques (L. Bodvat.) The private diary of Ananda Ranga Pillai , edited by Sir J. F. Priée and K. nangosari (J. Vi!cso!i). M. A. Stein : Report of ArchaBolo- gical Survey vrork in the Norlh -Western Frontier Province and Beluchistan (L. Fihot). Orientalische Studien Theodor Noldeke sum siebâgsten Geburtstag, Veriag von A. Tôpelmann (J. DE Goeje\ Kurukh-english dîctionary. Part i, by Rev. F. Uahn (J. Vinson). Kalinath Mukbeiji : Popular hindu Astronomy. Part i; et Atlas of hindu Astronomy (A. Gobrinot).

Procès-verbal de la séance du 1 1 mai 1 906 5i3

I Ouvrages offerts à la Société 5i4

|i Annexes au procès-verbal de la séance du 11 mai 1906 : Une trouvaille archéologique au temple de Nagar à Nhatrang (Annam) [L. Finot] 617

Les Lusignans de Poitou au trône de la Petite Arménie

(K. J. Basmadjian) 5ao

Bibliographie (mai-juin) SaS

M. Ismaèl Haraet : Les Musulmans français du nord de rAfric[ue (C^ ob Charbrcby). Les Tai delà frontière indo- '' chinoise.

Le gérant : RUBENS DnvAL.

JOURNAL ASIA^Î^UE

OU

RECUEIL DE MÉMOIRES

D'EXTRAITS ET DE NOTICES

RELATIFS X L'HISTOIHE, X LA PHILOSOPHIE, AUX LANGUES

ET X LA LITTÉRATDRE DES PEUPLES ORIENTAUX

n io iG i

PAU MM, BAilMER DE MEÏWAnD , A. BARTU

n, BASSET» CHAYANNES, CLEnMONT-GAWIfBAU

DALÉVT, UOEJDAS, UASPEBO

RUDË^S DïTVAL , E, SESAHT, ETC.

ET PUBLIÉ PAR LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE

DIXIÈME SÉRIE

TOME VII

N- 3 MAI-JLiIN 1906

Tableau dsfi jours de aëancQ poiir l'annés 1906.

Lps léancrB ont ïïflu le second vendredi du mais , ù !i hfjurc» et ârmiv » 3u «îègc de Jii Société , me de Seine, u^ i.

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BibOotixègue, L;ï [jibilrtthr^rjue de Sûcïflét rue Je Scioei ti' i, eit ouvrrle ton* Ica •.irncdiB, de a heure* à 6 heufcs.

PARIS

ERNEST LEHOUX, ÉDITEUR

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ERNEST LEROUX, EDITEUR,

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GioGtupaiË D'Anou'LPMOi , texlu oraba, publié par ncinaud el «j^ Skftff^ lu r , ^àTr,

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TABLE

DES UATlknES GONTSCHUES DANS CE NUMÉHO*

Lu femme dm^ Vnnitqinté (M. E. EiiYir*Li»irr )* [Suite et fin.]. ,..,.. 3^ S

V«k^â (M, A*'M. Boîeb) ..,«.».« b-* * . - 3t|i

Noiire âiii' lea matiuscrits R^r-îâiiti^» e(mscrv«H *tan* |iïlilîot1ir<pio tlu iouvent des Cha!ttéeiï!« de N aire^Daitiie tlt^ SffiiiumT« (M'^ Âi>ii^i Scasa ) , . ,.,.... 47^

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MM. ks Membre.^ de la Société s'adressent, pour rac4|iiiUei«Br»t thi ktur L'otiHuiton annuelle (3o fran<:si par an] ^ pour le^ cûtisationi û w (kno ù'Ana une fois payé^}^ pour lei réclamntton» qu iU auraient a faim« punr tcji r^nsi^î* ^uement^ et ctiangeTnents d^adrr^se, et pour iWbat de» ouvrages publtiâ» pftr la Société au pris^ fui p<»ar \qs m^^mbrti, directement à M* l!ifiiii<tt LKnoui» ruo Bt>ïmp»rt«, n* a3.

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