RATS 2 toc ES PRESS .p E p H Y ST o À, E, D E C H É M LE D'HISTOIRE NATURELLE, RE MUr:ÿ: L'LTE, AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE; © par JEAN-CLAUDE LAMETHERIE. AN II DE LA RÉPUBLIQUE FRANCOISE, e( JU1 LLE T 1794 , Vieux Stile. ) sé Fe à 5 TOME. SE C O N D. ? Chez CU CHET, Libraire, rue & maiïfon Serpente, LAN 2 DE LA RÉPUBLIQUE FRANCOISE, L D - D BB E Y SI Q Ü Es DE CHIMIE, D'HISTOIRE NATURELLE, ET DES MAT SU NOUVELLES RECHERCHES . SUR: Dé USAGE: DU":CHALUME.AU D AIN SL Aù (MI NÉ R ALLO GIE; Par H. B. DE SAUSSURE. ns # ; te ET E continue d'employer avec fuccès le procédé que j’ai indiqué dans ce Journal, aznée 178$ ,t 1,p. 409 , de fouder à l'extrémité d’un «ube dé verre, le fragmént de foflile que je veux fondre à la flamme du chalumeau. Jy ai cependant trouvé un inconvénient. Ce n’eft . Nota: La première ébauche de ce mémoire a été lue à la fociété des natura= Li lifles genevois, le 17 juillet 1794. ‘ L À 2 dera LA D £ ÿ » nr +4 re M. 4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE QGHIMIE pas, comme le dit un ce èbre minéralopifte allemand, M. Nôfe, : que le tube fe caffe par l'aêtion de fa chaleur , car,cet accident arrive à peine une fois fuf cent ; maïs c’efk que quand Je foflile eft très- réfraëaire , & que , pour parvenir à le fondre, on eft obligé d’en effayer un très-petit fragment , ce fragment s’enfonce dans le verre fondu , & élnde ainfi Paëtion de la flamme. ! Le procédé de M. Dodun , d’employerdes recoupes de verre à vitre àu lieu de tube, n’obvie point à cet inconvénient. J’ai toujours vu la pointe de ces recoupes fe ramollit & abforber les fofliles réfractaires , finon aufli vite, du moins aufli certainement que les pointes du tube. Pour qüe cela m'arrive pas , il faut employer un fupport incomparablement plus réfraëtaire qu'aucun verre ne peut VPètre. Après bien des tentatives , la fubftlance qui m'a le mieux réufli , j'oferois même dire parfaitement réufñ, c'eft le” appare ou le cyanit de Werner , dont mon fils a donne la defcriprion & VPanalyfe dans le Journal de Phyfique pour l’année 1793, t. I, p. 13- Cette pierre et infufible à la flamme du chalumean ; elle fe laïfle divifer en filamens très-déliés, & qui font pourtant affez fermes ; les petits fragniens que l'on veut éprouver s’y agglutinent cres-bien ; il fufit de mouilér la peinte du filet.ce fappare avec de la falive-où de l’eau légefemert gommée ; d'appligners enfüie cè filet fur le fragment, & dé l'expofer enfinsbiufquement à la pointe de Ja flamme. Dans les expériences délicates, où l'on cräin- droic que l’aik:lit produit par da gomme , ou le phofphate contenu dans la falive n'influeffent fur la fufibi ité de la pierre ,'on pourrait employer de Peau pure. Il eff vrai qu'alors il arrive plus fouvent que les fraçmens séchippent avant de s'être foudés au fappare ; cependant , avec de la patience , on vient enfin à bout dengfixer quelqu'un , fur-tont ff au leu de Sattagher à*un frâgment déter- miné ,.on plonge la pointe cu fappare. dans de la poudre du foflile que l’on veut éprouver. An rcftésje puis affurer, qu'après diverfes épreuves comparatives , je n'ai pas-pü appercevoir que la falive ni Veau de gomme produififient aucune différence dans les refultats. Pour, manier plus commodément ces filets de fappare , Je les foude à extrémité d'un tube de verre ; il fufhit qu’ils débordent le tube de trois ou quatre lignes pour ifoler fuffifamment les fragmens que l’on veut efayer. 3 Û le Deux raifons concourent à la grandeur des effets que l’on obtient par ce moyen, la petitefle des fragmens que l’on peut effayer, & leur ifolenent. On voit l'eflet de ces deux caufes dans la limaille de fer , qui fe fond & éclate à la flamme œune chandelle, tandis qu'un clou ne peut pas même y rougir. Auf, à Païde de ce petit artifice, peut-on fondre avec l’aircommun ere Me HR Mi an MPEG Que Le à LIRE À à we. '(OSC ET « Ant: ÿ Mit | y 4 € + NL ET D'HISTOIRE NATURELLE. $ : . F " . “ ” » des re NE, cela ; ne feroient fufibles qu'avec loxigène, ceïqui eft tout à la fois commode & économique. ! Il eft vrai, due comme les fragmens doivent être très-petits, pa exemple ;. d’un dixième de ligne de diametre, & même plus petits -encore , il faut une forte loupe , ou même un microfcope Four les obferver ; mais on fait cela très-comimodément, en ajuitant au porte-objer du microfcope un reflort, au moyen duquel on peut y aflujétir le tube de verre, armé de fon filet de fappare. On#peut alors fe fervir des plus fortes lentilles ; & fi le microfcope eft ac- compagné d’un micromètre, on peut connoîtie les dimenfions des fragmens que l’on a fondus. Or, la connoïtlance de ces dimenfions fournit un indice de la fufibilité du foflile. Mais pour évaluer cet indice, il faut considérer que les corps expofés à la flamme du chalumeau fe comportent de plufieurs ma- nières différentes. Confidérons d’abord Îe cas le plus fréquent & le plus fimple. Suppofons nn fragnient qui a la forme d’une pyramide très-aigue, @& que la bafe de cette pyramide eft fixée. fur-la pointe du tube de verre ou du filet de faSpare. Quand on expofe la pointe de cette pyramide à la flamme du chalumeau , Peffet ordinaire de la flamme , en fondant cëtte pointe ; et de conglomerer la partie fondue, & d’en former-un globule plus gros que la partie ‘de la pyramide fur laquelle il repofe ; il en réfuite la forme d'un obé- lifque;terminé par une fphère. C'eft sinfi que fe comportent le feld-fpath , le talc, le nnca, & un grand nombre d’autres pierres. Les plus fufibles donnent Jes fphères jes plus grofles ; & fourniffent ainfi une efpèce de mefure de leur fufibilité. Mais dans quelques autres fubftances , la matière fondue , au lieu de s’'amonceler au fommet de la pyramide, coule le long de ceire même pyramide, & la pointe de celle-ci, au lieu de s’émoufler, devient de plus en plus aiguë. Voici la raïfon de cette dité- rence. Il y à des corps. que la fufion rend plus réfraëtaires, & d’autres dont elle ne change point la fufibilité, ou même chez lef- quels elle Paugmente. Il eft clair que ceux que la fufion rend plus réfraé aires ne peuventpointcouler fur la pyramide ; ils demeurent au plus près de endroit où ils ont été fondus. Maïs ceux que la fufion rend plus fufibles , ou qui confervent feulement leur fufbihité, font atti- rés par la maffe delabafe, & coulent le long des flancs de la pyramide; c’eft ainfi que fe comporte le criftal de roche. Comme M. Lavoifier n’avoit pas pu le fondre dans le creux d’un charbon animé par l'oxigene , & qu'avec ce même gaz, M. Geyer n’avoit obtenu des indices de fufion qu'aux angles les plus aigus, (1) je craignois de —————— ——————— —— —————" " —“ÎÎ (2) Crell Annalen 1785 , p. 39 20 F- è 3 FSTQUE , DE CHIMIE eo. ee. CN TRE 6, JOURNAL DEN ‘ À 2 . ; CP" . o ne pouvoir pas .le fondre avec l'ait commun fur la pointe de fap- are. Cependant, je le defñroïs beaucoup, afin d'étendre , autantw que poflible , l'échelle de la fufibilité des corps. Perfaadé que, pour en venir à bout, il ne s'agifloit que d’sn obtenir des fragmens e Ù Mr - . d’une ténuité fufffante, j'en caffai des. morceaux fur le tranchant de leurs bords , & comme je voulois obferver avec foin les. phé- nomènes de leur fufion , il ne me fuffoit pas de les réduire en poudre ; je voulois en obtenir des fragmens diftinis, & qui fuflenr en même-temps longs & déliés. Or le criftal de roche eft très-peu difpofé à donner des fragmens efquilleux , tels que je les defirois. Cependant , à force de patience , j’en obtins , dont l’épaifleur n’éroit que de 0,0047 , & par conféquent , moins d’un deux centième de ligne , fur une longueur douze fois plus grande. Un de ces fragmens ayant éré heureufement fixé à l’extrémité d’une fine aiguille de fappare, je n'appercus, qu’au lieu de former un bouton, comme je l’attendois à fa pointe, il fembloit devenir plus aigu , & en même-temps plus court; je crus alors qu'il fubifloit, comme le diamant , une efpèce de volatilifation ; mais j'obfervai qu’en même- temps qu'il s'accourcifloit , il devenoït plus gros, en forte qu’au bout d’un certain temps , le diamètre de la partie reftante fe trouva triple de ce qu'il étoit d’abord, favoir , de 0,014 , ou d’un foïxante- dixième de ligne. Outre ce fait, qui étoit péremptoire ,stoùs les fignes de la fofion, la rondeur € l'œil vitreux de la furface, prouvent que le criltal avoit été reellement fondu. Et ce même phénomène , je l'ai obfervé trois fois fur des criftaux de cifiérentes montagnes, en forte qu’il netme refle aucun doute fur fa réalité. J'ai oblervé aufli ce même phénomene fer la grenatine & für Poli- vine ou chryfolite, des volcans. Jai eu même, dans cette dernière, la démonftration de cette vérité : c’eft, que les fofüles qui , en fe fondant, deviennent plus aigus au lieu de s’émoufler , font réelle- ment plus fufbles après eur fufon qu’ils ne l’étoient auparavant ; c'eft que l’olivine , après avoir ‘exigé pour fa fnfion un fen très- violent , fe convertit en une matière 4 liquide & fi tenue, qu’elle s'infiltre entre les fibres du filet de fappare qui lui fervoit de fup- port. Dans les fofliles de ce genre , on ne peut donc pas prendre le diamètre du bouton pour mefure de la fufibilité, mais on prend le diamètre de la partie la plus épaifle, que l’on préfume avoir été fimulranément fondue. RAT EE Maisilya, 3°. des fofiles dont la fufion, fur le filet de fappare , fe fait dans une diredion précifément inverfe de ceux dont je viens de parler. C’eft leur bafe qui fe fond la première. Il paroït que le mélange des terres que forme le fappare, eft pour eux un fondint qui les corrode au‘point de conta&t, & la corrofion gagne de proche - ET D'HISTOIRE NATURELLE. 7 en proche. Le premier foflile qui mait préfenté ce phénomène eft le rubis fpinelle ; jen avois fixé de très-petits fiagmens fur la pointe du fappare. D'abord, ils parurent anfufibles ; mais après que je les eus tenu pendant quelques minutes confécutives expcfes à la flamme, je les trouvai convertis en des ‘efpèces de champignons, dont le chapeau étoit mince & tranchant, & le pied rés -délié. Je répétai l'épreuve ; & en la fuivant dans fes progrès, je reconnus clairement la raifon du phénomene , telle que je viensde Pexpofer. Depuis lors , la fute de mes expériences n'a fait voir que ce phénomène n’eft point très-rare, & qu'il y a même des fofliles qui corrodent& diflolvent le fappare avec une vive efferwefcence; ce font en particulier ceux dont les terres abforbantes forment la bafe | comme le marbre, le gypfe , le fpath-fluor , a ftéatite, &c. La fufbilité abfolue des foffiles qui exercent cette a@tion fur le fappare ne peut donc pas s’eflimer par celles qu’ils ont fur un fupport de ce genre. : Alors , au lieu de les fixer fur des filets de fappare, je les fixe fur la pointe de quelques fragmens d’un toflile du genre auquel ils appartiennent , & qui, par cela même qu'il eft du même genre, n’exerce fur eux , ni érofion , nt diflolution ; & cet artifice augmente lation du feu. Car ce n'eft pas feulement [a ténuité du filet de fappare qui augmente lation de la flamme ‘fur le fragment fixé far ce filet, c’eft encore l’ifolement de ce fragment. Il n’adhère à fon fupport que par le très-petit nombre de points de conta& que donne un rapprochement accidentel ;-par cela même , il tranfmet à ce fupport beaucoup moins de calorique ; par conféquent , il.en conferve beaucoup plus, & en eft ainfi plus affe@té que säl étoit uni à fa bafe par tous les. points de contaft que la nature a mis entre les parties d’une mafle homogène & continue. C'eft ainfi que ne pouvant pas fondre la pointe d'un fragment de pierre calcaire blanche compaéte , je fixai fur tette pointe, avec de l’eau pure, un autre fragment de cette même pierre, & alors je le fondis par la raifon feule de fon ifolement. Cette obfervation manifefte un nouvel ufage du chalumeau , celui d’éprouver l'a&ion réciproque des terres , des pierres, & en général, des fofliles quelconques , lorfqw'ils font expofés à Paétion du feu le plus violent que lart puifle produire. Bergman s’eroit borné à eflayer l'attion des fels qui, étant très-fufibles , admettent dans leurs globules fondus des fragmens de différentes fubftances. Mais en fuivant le procédé que indique , on peut effayer Paûion qu’exercent l’un fur l’autre deux fofliles extrémement réfractaires. Ainfi , on voit que le marbre & le fappare, quoique prefqu'infufbles chacun à part , fe diffolvent Pun l’autre avec effervefcence dans leur ne » © à F 0 IE À 2! M 4 A X ie € CR * É 8 JOB VAL DE pÿfs SIQUE ;: DE" CHI | poine, de contaft. Il en éft"de- mêfne du criftal d robté oc | l'une terre calcaire ou magnéfienne quelconque. Ce grocéde facilite extrémement des épreuves qui deviennent 6ngues ; difpendieufes ; & quelquefois même impofhbles : à faire dins des creufets au ft ÿ des fourneaux. Il peut même étre très-utile dans la métallurgie, en fourniflant un moyen aufli prompt que peu difpendieux, d'éprouver quels peuvent étre les fondans les plus convenables aux differentes efpèces de mines. | Un quatrième mode de füfon eft celui des foffiles, qui com- mencent par fe bourfouffler - ‘au premier coup de feu, mais qui demeurent enfuite très-réfra@taites, lorfqwon veut-les fondre de w nouveau ; tels font le fchorl verd du Dauphiné , Ja prehnite ; la déodalite , le feld-fpath générateur dés pierres-ponces qu'a décrit, M. de Dolomieu , &c. Ce phénomène eft très-connu , mais ma pas été expliqué; je n’en connois, du moïns, aucune explication. Je penfe que ces fubftances contiennent des terres qui ne fe diffolvent point mutuellement à froid, mais qui, à un certain degré de cha- , leur, s’attaquent & fe diffolveñit avec effervefcence , ou en déga- geant des fluides élaftiques. Elles fe faturent réciproquement , & contra@tent ainfi üne union plus intime , qui rend leur fufion plus difficile. Ces foffiles- ant donc une première & une feconde füufibilité qu’il convient de déterminer fucceffivement, en mefurant d’abord le diamètre de la plus grofle mafle que l’on puifle tenir fimultanément dans un état de bourfoufflement, & enluite le diametre du plus gros elobule que l’on puifle obtenir de la fufion à d’une ‘partie de la méme mafle bourfoufllée. Une cinquième marière d’apir de la flamme du chalumeau, eft de produire un gonflement prefqu'imperceptible , en développant, däns l'intérieur d’un corps, de petites bulles , fans que ce corps coule où prenne la forme de globule, & fans que fa figure & les proportions de fes dimenfions paroïflent fenfblement altérées. C’eft ainfi que la flamme agit fur la cornaline rouve. Pour peu que lon y réfléchifle, on verra bien. que ces phénomènes 5 fauroient exifter fans une fufion réelle | maïs avec une fi grande vifcofité , qu’elle empèche tout changement de forme. Dans les fofliles de ce genre, jeftime aufli leur degré de fufibilité par le diamètre du plus gros fragment dans lequel on puifle opérer cette efpèce de changement. Enfin , il fe trouve, VI, des foffiles qui , étant réfractaires & compofés de grains qui Are entr’eux que par des contaës peu multipliés, ne fe réuniflent pas par la fufion, de manière à former une mafle continue , & ainfi ne forment point de gouttes homogènes. * Homoïènes. Après avoim été expofés à la flamme du chalumean , ces foffiles préfentent à leur furface des prains fondus &c ifolés , dont le très-petit diamètre ne peur pas être conficdéré, comme la mefure de leur fufibilité. Car on ne fauroit douter que, fila même .fubftance eût été compaéte au lieu.d’être grenue , elle n’eût donné des mafles fondues d’un plus grand volume. En conféquence , je confidère ces foffiles comme formant une clafle à part, dont la fafibilité ne peut pas être déterminée par ce procédé. L’émeril eft trèsicaratérifé dans ce genre. Après avoir diflingue les difftrens genres de fufion que Pon obtient par le moyen du chalumeau, & la manière dont le diamètre . de la partie fondue doit être eflimé dans ces différens genres , il refféroit à dérerminer jufques à quel point & dans quel rapport ces diamètres expriment les degrés de fufibitté des corps. D’abord, il eft Élair qu'un corps eft d'autant plus fufible , qu’il faut moins de feu ou de calorique pour le fondre. Il eft de même certain que , Si faut une certaine quantité de calorique pour tenir en fufion une digne cubz d’un certain corps, il en faudra une quantité dou‘le pour tenir dans le même état de fufion deux lignes cubes de la même fubflance. C'eft fur ce principe qu’eft fondé le calo- rimètre de M. Lavoifier. Or, l’inverfe de cette propofition doit être également vraie , Cell que, fi une quantité donnée de calorique peut tenir en fufion le double plus d’un corps que d’un autre , ce premier corps peut être regardé comme le double plus fufible ques le fecond. Si donc l’on confidère la flamme du chilumeau comme. un courant qui verfexcontinuellement la nième quantité de calorique, la mafle d’un foffile que ce courant peut tenir en état de fufion ferz la mefure de la fufibilité de ce foffile. Or, les mafles étant en raïfon des cubes des côtés homogènes , il fuivroit de-là que les fufibilités font comme les cubes des diamètres des globules produits par laétion de la flamme ; mais comme les plus gros prefentent au courant des furfaces plus grandes, & abforbent ainfi des quantités de feu qui font en raifon des carrés de leurs diametres , cette con- fidération doit réduire le rapport de la fufibilité à la raïfon fimple des diametres. Il eit bien vrai que la déperdition de chaleur qui fe fait par la furface oppofee à celle que réchauffe la flamme, eft auffi en taifon des carrés des diamètres. Mais comme cette com- penfation n’a lieu que lorfque le corps eft fature de calorique , & qu'ainfi fon effet a atteint fon z27x/mum, je penf: que l’on p ut s’en tenir à la raifon fimple des diametres. Cependant, on e peut pas fe diffimuler que , dans des évaluations de ce genre , il y a des fources d'erreurs qui echappent à nos confidération., en forte qu’un phyficien doit toujours fe défier de fes railonne- Tome II. JUILLET , 1794, (v. 54.) ET D'HISTOIRE NATENEELE. 9 ze JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mens, jufques à ce qu'il les ait foumis à la vérification de lex- périence. Or , l'unique moyen que j'imagine , de fixer par lexpérience la valeur des degrés d’une échelle de ces diamètres, feroit de la comparer avec celle du thermomètre de Wedgewood ; de voir, par exemple , quel eft le plus bas degré de chaleur de ce ther- momètre auquel on poutroit fondre un pouce cube de verre à vitre; de voir enfuite quel feroit le degré: auquel fe fondroit le même volume de feld-fpath ; après cela , il faudroit voir le rapport des diamètres des globules de verre & de feld-fpath que l’on peut former au chalumeau, & l’on connoîtroit ainfi à combien de degres de Wedgewood répond le rapport de ces diamètres ; & on répeteroit ces épreuves fur d’autres corps, pour voir fi l’on obtiendroit les mêmes réfultats. Ces épreuves feroient très-intéreffantes ; car outre qu’elles nous inftruiroient fur leur objet dire , elles nous fourni- roient le moyen d'élever l'échelle thermométrique jufques au plus haut degré de chaleur que nous connoiflions. En effet , quoique la chaleur du feu animé par loxigène produife des effets fupérieurs , même à ceux des plus grands miroirs ardens, & que le plus grand effet de l’oxigène foit de fondre le ariftal de roche , il eft clair qu'une échelle thermométrique , qui nous conduiroit jufques au degré de chaleur du criftal de roche en fufion, nous conduiroit au terme connu des effets de la chaleur. Or, l’échelle du thermomètre de Wedyewood, quoiqu’elle nous conduife fort au-delà des autres pyromètres connus, eft bien éloignée d’atteindre à ce terme, puifque Pargile, dont fes éprouvettes font compofées , fe fond à un degré très-inférieur à celui qu'exige la füufion du criftal. Il faut même confidérer que, bien que l’ingénieux inventeur de ce thermomètre ait déterminé la valeur de fes degrés inférieurs, en les comparant à ceux du thermomètre de mercure, ce n'eft que par analogie que l’on peut en conclure celle des degrés fupérieurs, & cette analogie doit néceflairement devenir trompeufe , loifque lon ap- proche du degré où ces éprouvettes fe fondent, puifqu'alors lation du feu les dilate au lieu de les contraéter. Cependant, la compa- raïfon de ce thermomètre peut & peut feule nous donner , par Pexpérience , quelqu’idée de la valeur des degrés de l'échelle tirée chalumeau. Jaurois donc fait avec un grand plaifir quelques eflais dans cette vue, fi l'extrême pénurie de combuftibles qui affige dans ce moment notre ville n'interdifoit pas toute recherche qui en exigeroit une confommation un peu confidérable ; vu fur-tout que M. Wedgewood aflure qu’on ne peut faire ces expériences avec exattitude que dans de très-grands fourneaux. Jai cependant trouvé un moyen de me fervir des expériences qu'a faites l'inventeur même. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 11 our Ctablir une comparaïfon entre les degrés de fon thermomètre & es diamètres des globules fondus au chalumeau, Jai profité pour cela de l’expreffion de la fufion de quelques métaux que M. Wedgewood donne en degrés de fon thermomètre. Je fus parti de l'argent de coupelle, comme étant l’un des plus déterminés, & qu’il elt le plus facile de fe procurer dans fon état de pureté. Jai eflayé quel feroit le plus gros globule de ce métal, que l’on püt former au chalumeau ; maïs comme il meft pas fuf- ceptible d’être foudé fur une pointe de verre où de fappare , je Pai fondu fur un charbon; & en ajoutant de petites-quantités à mefure qu'il fe fondoit , je fuis parvenu à en former, à la flamme d’une bougie, un globule de deux lignes fept dixièmes , ou 2,7. Or, comme M. Wedgewood marque 28 pour le degré auquel fe fond l'argent de coupelle, j'en ai conclu qu'un diamètre égal à 2,7 répond au vinot-huitième degré du thermomètre de Wedgewood. Mais il falloit vérifier ce rapport fur un corps dont le degré de fufibilité fut très#loigné de celui de l'argent. Or, M. Wedgewood dit que la gueufe , ou le fer que l’on nomme ÿer fordu , fe fond au cent trentième degré de fon thermomètre. Je fondis donc cette fubffance fur le charbon , & j'en obtins un globule égal à 0,6. Mais en fuivant la raïfon inverfe des diamètres, & en difant: 0,6 dia- mètre du gylobule de fer eft à 2,7 diamètre de celui d'argent, comme 28 degré de chaleur de l'argent qui fe fond eft à un qua- trième terme qui donne la chaleur du fer fondu , on trouve 126 au lieu de 130 que donne M. Wedgewood , écart qui n'eft cetaine- ment pas trop grand dans une épreuve de ce sente. Mais il refte encore une corre&tion à faire, c'eft que ces épreuves fur l'argent & fur le fer , je les ai faites dans le creux d’un charbon, & que la chaleur eft là plus grande que fur des pointes ifolées ; cette raifon n'auroit même engagé à faire toutes mes expériences avec le charbon, fi ce neût été la difficulté, je dirai même l’im- poffibilité de fixer , de retrouver & de reporter fur le microfcope des fragmens aufli petits que ceux fur lefquels on eft obligé d'opérer lorfqu’on veut fondre des foffiles trés-réfraétaires. Il à donc fallu déterminer le rapport de la chaleur fur le charbon, à la chaleur fur une pointe ifolée. Pour obtenir ce rapport, j'ai cherché quels étoient les diamètres des plus grandes mafles d’un même foffile que je puifle fondre fur ces deux genres de fupports. Jai obtenu le rapport de 4 à 3, d’où il fuit, qu’en auymentant d’un tiers le diamètre d'un globule formé für une pointe ifolée , on obtient celui du globule que le même foffile auroit donné fur le charbon. Ainfi, nous avons vu que le verre, dont on fait ici les tubes de thermo- mètres , donne , étant ifolé, un globule de deux Vers ; d'où à 2 æ L y : HR #4 11 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fuit que, fur le charbon, ilen donneroit un de 2,67. Or, l'argent fur le charbon en donne un de 2,70. On peut conclure de-la, que Ja fufibilité de ce verre eft a-peu-près la même que celle de largent, & néloigne par Conféquent pas” du Wingi-huitième degré du ther- momètre de Wedgewood ; de même la fanguine donne fur la pointe ifolée un globule égal'a 0,45 ‘ qui, augmenté d’ün tiers , devient 0,6. Or, c'eft-là le diamètre que €onne letfer fondu fur le chirbon ; donc la fufbilité de [7 fanguiñe peutiétre confidérée comme égale à celle du fer fondn; & par conféquent s'exprimer parle 126 ou 5 30 degré-du mème thétimometfe. Enfin , le criftal de roche fondu ne peût s’elever qu'a uñ diamètre de 6,014 % qui , augmenté d’un tiers , devient 0,0187 3 & en difant: 00187 : 2,7 —:28:z7,0on obtient 4042 pour le degré de chaleur du criftal de roche au moment de fa fufion. 3 On s’étonnera fans doute de la grandeur de cette expreffion, &c elle étonneroïit bien plüs encore fi elle étoit convertie en degrés des thcrmomètres de mercure, puifqu'un degré @e Wedgewood vaut 130 degrés de Farenheit, ou 57 7 de Réaumur ; mais il faut confiderer : 1°, Que la chaleur dont il s’agit ici , celle qui fond-le criftal de roche, furpañle celle des plus grands miroirs ardens, & qu’elle eft par conféquent la plus grande dont on eut jamais mefuré les effets. 2°. Que pañlé certaines limites , lation du feu s’augmente, du moins , fuivant le thermomèr:e de Wedyewood , avec une rapidité dont nos fens ne peuvent plus être juges. Aïnfi , l'inventeur de ce thermometre affirme que, dans.fes fourneaux , fes thermometres indiquoient de très-grandes différences de chaleur , la où on ne les auroit nullement foupçonnées ; & les expreflions même qu’il donne des différens degrés de chaleur font quelquefois très - inattendues. Par exemple , on fait bien que , pour fondre la gueufe , il faut un degré de chaleur fenfiblement plus. grand que pour fondre le cuivre ; mais que ces degrés de chaleur foyent entre eux comme 27 à 130, c’eft ce que sûrement perfonne n'auroit imaginé ; en forte que ; d’après cette confidération , peut-être paroîtra-t-il moins étrange que la différence de fufbilité du. cuivre au criftal de roche foit quatre cents fois auffi grande que celle du cuivre au fer fondu. En général , on peut dire que nous fommes trop peu avancés dans la théorie du feu, pour nous faire àkpriort des idées juites des. rapports des nombres par lefquels on eflaye de melurer fom énergie. Pobferverai cependant, en troifième lieu, que malgré ces con=" fidérations , je crois bien que le nombre qui, fuivant ma formule ; DER de S zK = \ M, 4 » : ET D'HISTOIRE NATURELLE. »* 13 exprime la chileurt du crffal de roche en ffion . eft réellement trop grand, & que pour les corps très-réfraétaires , les degrés de chaleur néceffaite à leur fufion ne ‘roiffent pas dans un rapport auf grand que celui de la raifon inverfe.des diamètres. La raifon eneft fort fimple 38les corps dont la füffon produit des globules dont le diamètre égale ou fnrpafle celui du jet de la flamme du chalumeau , profitent "de ptefque, tonte fa"eheleur : la flamme fe replie autour d'eux, les énveloppe , & ils efluyent aïnfi laion de tout le courant. "Au contraire, ceux dont le diñmêtre eft de beaucoup plus petie auecelui de la flantme , n’éprouvent point Paétion des parties extérieures du courant ; en forte qu’il ne faudroit point.compter ce courant. comme employé dans fa totalité à leur fufion. Il faudroit donc des expériences comparatives répétées à différens termes pour ctablir une correfpondance entre les thermo- mètres.ordinaires & les-diamètres des globules fondus par le cha- Jumeau. Je fuis donc fort éloigné de fontenir la fufteffe des mefures que jai déduites de ces diamètres; jaffirmerai feulement que le corps , dont la même quantité de ‘calorique peut fondre la plus grande mafle , eft le plus fufible ; que ia connoiflance des maffes que la flamme du chalumeau peutstenir en ctat de fufion eft une donnée pour parvenir à déterminer leur degré de fufbilité, & que cette connviflance eft au moins préférable aux termes vagues de fufibie, plus fufible, réfractaire, plus réfrattaire ; & confidérant qu'il n’exilloit aucun moyen, connu de comparer les degrés de chaleur inférieurs avec les plus heuts.que l’art, puifle produire , je n’ai pas craint de propoler ce guide , quoique fufpe& à quelques égards dans une 1épion qui étoit abfolumient inconnue. C’eft donc avec cette réferve que, dans [a table ci-jointe , j'ai noté les degrés du thermomètre de Wedgewood à côté des nombres qui expriment les diamètres des globules de chaque foffile que l’on peut fondre au chalumeau. Je les ai rangés fuivant l’ordre de leur fufibilité ; cependant, lorfque différentes efpèces d’un même genre, ou différentes parties d’un même follile différoient en fufbilité, j'ai cru devoir les réunir. J'ai joint à la fin un indice alphabétique pour que l’on püt les re- trouver avec facilité. Les détails des effets du feu fur ces différens fofliles préfentent beaucoup de faits nouveaux qui feront vraifembla- . blement le principal mérite de ce m'moire. L Je dois encore obferver, à l'ufige de ceux qui penferont-à répéter ou à étendre ces expériences fur la mefure des globules , que pour obtenir la plus grande parité-duns l’aétion de la flamme, je me fuis toujours fervi d'une bougie de cire blanche , parce que la cire donne plus chaud que l'huile éc que le fuif, Je prends un 14 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE bout de bougie du Mans de quatre à la livre, & j'employe un foufflet à deux vents, dont les aîles ont chacune foixante-deux pouces carrés de furface. Quant à la durée de l'épreuve, qui peut auf étre confidérée comme un élément.du calcul, je la prolonge jufques à ce que la maffe fondue cefle d’augmenter de volume. Enfin, fi l'on n'obtient pas du premier coup les, réfultats que j'annonce , j'efpère que l’on confidérera qu’il fe trouve fouvent, dans les divers échantillons d’une même efpèce , des différences indivi- duelles qui pourront être les caufes de cette difparité, & que d’ailleurs cffais exigent une efpèce de dextérité qui ne s’acquiert que par exercice. TAB EE A UC Des effets de la flamme du chalumeau fur différentes Jfubflances. Diamètres Degré des de globules, fufbilité, Ke. a. F'LINTGLASS, ou verre compofé de filex, d'alkali & de minium. 3,000 -19 © Le plomb fe revivifie & brille à la furface du bouton. 2. Verre à tubes. 2,000 28° Tranfparent & compacte, quoiqu'avec quelques bulles fur le fappare , pénètre fans diflolution & fans effervefcence. 3. Verre à vitre. 1,900 3° Comme le précédent. &- Verre à bouteille. 1,200 47 Idem. : s. Prehnite du Dauphiné; premier gonflement. 2,70 21 Scorie blanche & bulleufe. Idem , feconde fufien. 0,700 81 Scorie plus denfe. Sur le fappare verre fans couleur , tranfparent & eompaëte, qui diffout un peu, mais: très-lente- ment & fans efervefcence. ET D'HISTOIRE NATURELLE. Diamètres des globules, 6. Tourmaline de St.-Gothard; premier gonflement. 2,100 “ Scorie grife , jaunâtre, luifante, qui furnage à l'eau. Idem , feconde fufñon. Sur le fappare, fe bourfouffle encore , puis devient verd de bouteille, tranflucide , s’applatit unpeu, mais fans s’affaifier entièrement, fans pénétrer & fans difloudre. . Baryte diflout dans l'acide muriatique & préci- pité par lalkali volatil. Première fufion. Mafle fpongieufe ; d’abord grife, puis blanc de neige prefque mat. Idem , feconde fufion. Mammelons tranflucides qui fe forment à la furface du produit de la première fufion. Sur le fappare colore en verd la flamme ex- térieure , & fe change en un verre verd tranflu- cide , qui attaque le fappare & le diffout fans effervefcence en un verre prefque tranfparent & fans couleur, mais un peu laiteux, dont on peut former un bouton du diamètre de . Spath pefant, tranfparent & fans couleur. , Décrépite, teinten verd la flamme extérieure, & fe fond en blanc mat prefqu’opaque. Sur le fappare , apres avoir ceflé de teinüre la flamme en verd, fe fond en un verre tranfparent, un peu jaunâtre , qui corrode lentement & fans effervefcence. . Scorie lancée par le Véfuve , en 1773 , noire, brillante , finement ramifiée. Email noir, brillant , caverneux: Sur le fappare, verd d’abord. colophane , puis verd de bouteille qui s’éclaircit, pénètre & diffout, mais foiblement & fans effervefceñce. 10. Zéolite blanche fibreufe d’Iflande, Fritte blanche & bulleufe, qui répand une lueur violette pâle. Sur le fappare , verre demi-tranfparent, laiteux, coule & pénètre , maïs fans diffolution fen- e. 0,600 1,800 ©,010 0,276 1,600 1,200 fuñbilite, ré 5€ 319 s89 230 35 $ à 47 16 ‘JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE . . Diimèérres =. Degré” ‘ : tt. Véfuvienne, ou fchorl brun du Véfuve. Premier gonflement. | Scoriebulleufe & verdâtre. , Idem, feconde fufñon. * : s 5 Scorie femblable , dont un fragment donne fer le fappare un verre verd dé bouteille foncé, brillant, qui pénètre enémettant.quelques bulles, mais fans diflolution certaine, 12. Obfidienne noïre des Hebrides, Scorie grife, verdâtre, tranflucide, Le feu le plus violent ne peut pas Na rendre ces globules. —— 1,200: 0,600 compaéte, même les plus petits fragmens. Une, “ bulle ifolée fur le fappare demeure immuable. 13. Obfidienne brune , ou lave: réfiniforme de M. Dolomieu. Fritte blanche , tranflucide , bulleufe, qui, fur le fappare , forme un vernis tranfparént,, fans couleur , & ne corrode point. 14. Spath-fluor oétaèdre , tranfparent, verdâtre. Vépète en,choufleurs blancs des neige , mat, opaque. Sur le fappare, un fragment de ce.choûfleurs #e fond en un verre parfaitement tranfparent , fans couleur, qui le diffout avec un peu d’effer- vefcence. 15. Gypfe criftailifé de Montmartre. Décrépire, s’exfolie, blanchit, puis fe fond en une fritte blanc de neige, à furface inégale. Sur le fappare , bouillonne un peu, devient demi-tranfparent, pénètre & corrode. 36, Lazuli oriental d’un bleu foncé. Bouillonne d’abord , devient blanc & bulleux , répand une lueur violette pâle & diminue fon diamètre d’un quart en devenafit gris-brun, mais demeurant toujours bulleux. 27. Lave de l’Etna, de 1669. © Email noir, compaéte , mélé de parties plus réfractaires. 18. Lave roulée des environs de Genève. Email noir un peu bulleux. 0,500 1,100 1,100 0,800 fuñbilités ———— 47 "104 115 s£ 51 54 PRE Pt MO #4 RS < Da £ , : | $ PET. D'HISTOIRE NATURELLE. 17 t'a 115 Diamètres © Déegrés des de ” ae - fufbiliré, 19. Schorl noir-en gros crifaux du Mont-Rofc. Première fufion, 1,000. 57 Scorie gris noirâtre #brillant , inégal, très-bour- foufflée, mais qui, pourtant, ne furnage pas aleau. 100 Idem , conte fufion. “y: 7 0,080 780 Sur le fappare, fragmens de la’ foie donnant un verre verd qui fe décolore, mais fans érofion fenfible. 20. "Marne terrenfe, grife, douce au toucher, dé- couverte à la petite Grave ; près-de Genève. +. 0,840 - 67 Email gris foncé , verdâtre, brillant, compaëe fur le fsppare verre verds qui perd graduellement fa couleur, pénètre & diffout aveceffervefconce. 21. Marne pierrenfe ; 9 gris noirâtre, du rocher qui % fert de bafe au final AE Gènes. 0,160 413 Frite blanche à petites bulles., infoluble dans les acides, fur le fappare vetre Jaiteux, qui pénètre & diflout avec un peu d’effervefcence. 22: La même, dépouillée, par l’acide nitreux , de fes pue calcaires. libres , & devenuerainf : fiable & tachante. 05270 . 210 Frite grife bulleufe. - Sur le fappare, un peu bulléufe, verre laiteux, qui ne pénètre, ni ne diflout. 23. Trémolite commune. 0,800 Borillone en répandant une lueur verdé être , & forme une fcorie blanc de neige. Sur le fappare, verre parfaitement tranfparent & fans couleur , qui eorrode à la fin av ee effer- vefcence. * 24. Ponce grife du commerce de Lipari. 0,8c0 71 Commence à fe ponfler en une fcorie blanche ; & bullenfe ; puis fe condenfe en une fcorie un peu plus compaéte , quoique toujouts du méme genre, dont on peut obtenir des globules du diametre que j'indique. Sur le fappare , verre parfaitement tranfparent & fans couleur, qui ne fe débarraffe de fes bulles que quand fes fragmens font d’une extrême peti- tefle , & qui ne pénètre, ni ne diflour. Tome II. JULLLET 3 17945 ( V: SE. ), C . , \ "hr: = 36 JOURNAL DIE \PHESIQUES DE CHIMIE DEttt ayUL \ FM Diamètres Dia ÿ Ai des e J ludo à N globules, - fufbilité, 25. Feld - fpath -géficrateul" dés ponces de M.rde 1 Dolomieu.. ! : 2 M On #e peut point dérerrniner le (diamètre du premier gonflement , parce qu'ilra lien dans la male fième par-tout où la flamme Patteintsil 7 femble végéter:en formant des efpèces de cham- pignons d’une fcorie «blanche: & -bulleufe , que la continuation du feu change en un verte laiteux, demi-tranfparent ,.bulleux. er 1° Sur Rappare, fecomportéeraement comme la ponce. th : 26. Groffes poncesÿaunâtres:du Bas-Rhin. Ne fe gonflentpas commecelles de Lipari ; . mais fe condenfent plutôt en une fcorie orife,, : tranflucide,-bulleufe.. - : Sur lefappare,fe changent en un vetretranfpa- rent, qui fe purge difuilement de fes bulles , saffaifle , pénètre mais avec une extrême lenteur. 27. Petites ponces prifes ‘enclavées dans Je tufa, où zraff dù Bas-Rhin. Exaètement comme le numéro précédent mais paroiffant difloudre .le fappare avec un peu pluse 21 d'adivité. 28. Déodalite du Bas-Rhin, que M. le doéteur Nofe confidère, comme la matrice de cessponces , fe.” gonfle comme le feld-fpath, n°. 25, & fe comporte , fur le fappare , coinme des petites ponces , n°. 274 | * 3 29. Déodalite que jai decouverte dans le Biifoaw. Se bourfouffle d’abord en ccume d’un-blanc de neige qui furnage a l'eau, puis fe condenfe enure fcorie bulleufe , demi-tranfparente. Sur le fappate , verre tranfparent :& fans, cu couleur, qui fe‘déhärrafle, aifement de fes: bulles , -: 0! & qui enfuite pénètre & diflout le fappare avec une effervefcence momentanée , pus lentement & fans efervefcence. 30. Bafalte homogène du Vivarais.: 1: te 4750; 14076% Email noir , brillant, compa&te, 9% : : ou ce " . © ET D'HISTOIRE NATURELLE... 22374 : _ Diamètres des globules. Sur le fappare, verre tranfparent , d’abord brun verdâtre, puis fe décolorant graduellement, & pénétrant, avec diflolution, lente, mais fans effervefcence. 30: A. Grenattranfparentviolet, dit grenat syrier. 0,720 Email noir, terne , opaque , à caflureterne, compadte. te Sur le fappare, s’affaifle, deviént ttanfparent, verd de bouteille, d’abord foncé, mais qui s’é- claircit par degrés, jufques à devenir abfolument fans couleur , & qui ne paroît point difloudre. 31. Pechftein noir de Saxe. : she Répand une lueur bleuâtre en fe gonflant en un verre tranfparent & bulleux. 32. Pechftein verd auili de Saxe. Idem. 33: Adulaire tranfparente & fans coufeur de Saint- Gothard. . 0,600 Verre fans couleur , & qui feroït parfaitement tranfparent , fans les bulles groffes & nombreufes dont il e& rempli. Sur le fappare, s'étend à fa furface, le couvre dun vernis tranfparent , mais fans le pénétrer, ni le difloudre. Mie 34. Adulaire jaunâtre , tranflucide de Bohème. 0,750 Comme la précédente. - 3$. Picrre de Labrador. : Idem. | 36: Feld-fpath blanc laiteux duwocher de granit le plus élevé du Mont-Blanc. 0,810 Verre tranfparent , mais rempli de bulles oroffes & petites. à Sur le fappare , les bulles fe diffipent, & il. refte un. verre demistranfparent laiteux , qui s’af- faifle fans pénétrer; ni difloudre. 36- À. Staurobaryte, (1) hyacinthe blanche cruci- forme, kreutzftein de Werner. 0,810 0,6$0 "9 19 Degrés de fufbilité. 78 87 94 7e 7° ë (x) Sravens, eroix , Bagus , pefrnt, croix de terre pefante; car la forme feule ne détermine pas le genre, parce qu’il y a des pierres en croix de différente nature. C 2 DE * 30 JOURNAL DE PHYSIQUE , DE CHIMIE" RER per Mobutes: Décrépite & donne un verre OS blanc bleuâtre , un peu bulleux. Sur le fappare, pénètre , maïs lentement & fans effervefcence. 37: Cornéenne à grain fin, où wake cr d'An-: naberg: 0,600 Email noir, opaque ct mat, un peu caverneux. Sur le fapparé, verrebrun de colophane foncé, brillant, tante , qui attaque un peu le fappare avec quelqu” efervefcehce. 38: Wake noir du même endroit. À 0,750 Méêmes phénomenes. } 9} 39- Cornéenne de Chamouni. Voyages, 6. 725$ Cet aufli une wake. * 0,600 Email d'un noir verdâtre, leilise un peu. tran{incide, aflez pe 40: .Cornéenne' verte, brillante, , tendre Je fchiftes fins ondés. 0,360 Rougït, puis noircit , puis 4 fond en émail tranflicite, verd de bouteille prefque noir , qui ut ilonne NE pes) r le fappare', fe fond énun (verre verd 2 Me , dont la couleur s’eface par degrés, 1-11 qui penètre & diflout, quelquefois avec une effer- ME pafagère. Horn-blende bafaltique d'Auvergne. Voyages, Fe 99 , note 2. 0,600 Email noir 6 compaëte Sur le fappare, veite ti tranfparent , brun de RE verdâtre, quidiflout avec effervefcence. + Horn-blende bafalti ique de l’Etna , qui n’a point été altérée par le feu du volcan. 0,400 Email noirâtre, où fe forment des bulles qui, à une violente chaleur, viennent crever à la farface! 43: Mine d’uranit verte, brillante, micacée. Uranit Jpath de M. Len. 0,600 S’affaifle en bouillonnant , & fe changesen une fcorie noire, matte, inégale ;j'en aufois forme un globule plus 8 gros , fi j'en avois eu une pièce plus grande. fufbilités —— 24 MR 141 94 ET D'HISTOIRE NATURELLE. Diamètres » Sur le fappare, fe fond , pénètre & tcint en un beau noir mat, qui fe diffipe graduéllement , mais en demeurant toujours d'un noir pur, C’eft prefque la feule couleur noire qui ne s'altère pas à ce depré de chaleur , & c’eft une de celles qui - fe volaulifent le plus difficilement. 44 Rayonnante, vert foncé, à larges rayons. Breitftrahliger ftrahlftein. Scorie noire un peu brillante ,un peu inégale & caverneufe. Sur le fappare , verre tranflucide d’un verd prefque noir ; brillant, qui pénètre, éclaircit & diflout avec effervefcence. 43: Même efpèce, variété d’un verd plus clair. Scotie verte , jaunâtre. Sur le fappare, verte demi-tranfparent, prefque fans couleur , qui pénètre & diffout avec efter- vefcence. 46. Rayonnante en prifmes verds rhormboïdaux de Saint-Gothard. ï : Email d’un gris verdâtre , tranflucide, brillant gras , où fe forment des bulles qui RTE alt ae) Sur le fappare , verre verd tranfparent, qui pénètre & corrode: 47. Ochre ; jaune fine. Rougit, puis fe change en émail noir; brillant, dont la furface tombe & découvre une pellicule de fer très-brillante. ë Sur le fappare , l'émail fe ternit, & il'en suinte une fubftance verd de bouteille , Qui s’infiltre entre les fibres du fappare , fans le corroder. A8. Se 2 Email dun noir grisâtre , mat, opaque , peu caverneux, Sur. le fappare, coule, pénètre, & Îe vernit en noir brillant, qui den mat, fe change, lorfqu’il eft mince > 0 veré de bouteille tranf= lucide. des globules. 0,600 0,500 a [0] 279 0,500 5439 21 ere fu bilité. 94 113 210 113 126 * 22 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE UE PAUL pa Le LANTA +: DEN US LA Diamèértres des globules. .49 Pétrofilex primitif. Poyages , &. 1057. Bouton gris, brillant, bulleux , tranflucide. Sur le fappare , devient tranfpatent, mais toujours un peu bulleux. S'étend fur le filet, mais fans le pénétrers o. Jade oriental d’un gris verdâtre. Blanchit , (1) puis fe fond en gris tranflucide, terne, avec des bulles qui viennent éclater à la furface. Sur le fappare ; verre dermi - tranfparent, Jaiteux , qui pénètre et diffout avec effervef- cence. Si dans ce moment on le retire brufque- ment du feu, il préfente une écume vitreufe très- rare et tranfparente. $z. Jade blanc roulé , des environs de Genève. Gris verdâtre , terne, tranflucide, bulles qui éclatent à la furface. Sur le fappare , comme l’oriental , maïs avec uae diflolution plus lente , et uneeffervefcence beaucoup moins fenfible. $2- Lydienne, ou pierre de touche. Email gris brun , piqueté de noir, tranflucide, affez compaûe. $3- Mica blanc criftallifé. Bouton gris blanc, luifant & bulleux. Sur le fappare , verre verd de pomme , qui Bsafaile , pénètre & diffout , mais fans effervef- cence. 54. Verre de Mofcovie gris verd, rapporté des bords de la Mer-Blanche, par M. Pallas. Bouton gris verdâtre , luifant, un peu bul- leux. Sur le fappare, comme Je mica, mais fans paroître difloudre. 0,410 0,400 0,240 Depgrés de - fuñbilité. 197% — — (1) C'eft lorfque le jade eft devenu blanc & epaque par Paëtion du feu ; que Von diftingue bien les fibres fonvent entrelacées, auxquelles le célèbre Werner attribue Ja fin,zulière tenacité de cetre pierre. Le MAC PAS ph Lo LE. ; % Diamètres des globules, :N. B. Cela me paroît prouver que lamalyfe adoptee par M. Kiwan, qui donne 45 centièmes de magnéfie , fe rapporte à une autre efpèce ; car fi celle-ci contenoit une telle quantité de cette terre, elle feroit certainement effervefcence. 55: Wolfram de Zinnwald. Bouton noir, mat, mammeloné , parfemé d’une poudre jaune , qui fe difipe-à la longue. Sur le fappare, pénètre & teint en Béifoncé, tranflucide , qui s’éclaircit à la longue , & fe diflipe enfin totalement. + s6- Wolfram de Cornouailles , qui indique une eriftallifation en barreaux quadrilatères. Décrépite, teint en beau verd la flamme exté- rieure, puis fe fond en fcorie noire prefque matte, caverneufe, à caufe des bulles qui crèvent à fa furface, Sur le fappare , exaétement comme celui de Zinwald. $7: Emeraude tranfparente & d’un beau verd. Email verd céladon, pâle, brillant, tranflucide, bulleux , qui fe fend en fe refroidiflant. Sur le fappare, fe fond en un verre fans couleur, qui pénètre entre les fibres, fans paroître dif- foudre. 58. Kaolin, ou terre à porcelaine blanche de Vicence. Email blanc , tranflucide , un peu bulleux. Sur le fappare ; devient demi-tranfparent lai- teux, & s'affaifle , mais fans penéirer ni dif- foudre. $ 9."Argille blanche d’Elbe, dite calamiia bionca. Email gris verdatre, tranflucide, un peu tulieux. Sur le fappare, s’affaife en hémifphère, mais ne pénètre ni ne diflour. jé - :60. Porcelaine de Saxe, féparée de fa couverte. Ne fe fond que fur le fappare, & ne paroît même pas fe fondre complètement; maisfes angles sémouflent, & elle devient unie, brillante , & demi-tranfparente. 0,300 0,450 0,300 23 Dégrés e fufbilité. 126 262 11819 DO SR TRE ROIR PO ee DR SR PRE ON NE RE RU R 24 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ee ) 5 ve : Diamètres | Dégrés | - des, :'* de globules. fufibilité. © 61. Strontianite. 0,260 216 Forme un choufleur blanc de neige mat, en roupiflant la flamme extérieure. Sur le fappare , verre tranfparent , laiteux, qui diflout fortement , mais fans effervefcence fen- fible. 62. Ardoife grife cendrée de Cornouailles. 0,240 226 Email gris verdätreg..prefqu'opaque , un peu bulleux. : Sur le fappare, verfe tranfparent, noïfette clair , qui s'étend fans.pénctrer. k 63. Ardoife noire rougeâtre, brillante , du col de i) Ja Seigne. 0,420 10136 Kougit ; puis noircit, puis boillonne & de- : vient brune verdâtre , tranflucide, brillante & a bulleufe. Quelquefois de groffes bulles fe forment £ au milieu du globule fondu , crévent avec explo- fion , & y laiflent une efpèce de cratère fem- S blable , par fa forme , à celui d’un volcan: ; Sur le fappare , fe comporte comme Pardoife grife. : 64. Yvoire foffile devenue blanche , opaque & fiable par l'action des météores. 0,220 258 Verre Elanc bleuâtre , demi-tranfparent, par- femé de quelques bulles. Sur le fappare , devient tranfparent , pénètre & diflout avec efferyefcence. AU 65. Bol rouge de l'ile d'Elbe. 0,220 283 Décrépite , puis noircit , fe vernit , et fe fond enfin en un verre de bouteille foncé , qui-pénètre - le fappare, 66, Bol de Lemnos, partie rouge. 0,110 914 Décrépite, noircit & fe fond en gris brun, tranflucide , gras, un peu bulleux. 67. Le même, partie blanche. 0,080 713 Décrépite, & donne un émail blanc , tranflu- ‘ cide, gras , bulleux. 68. Terre à foulon, de Saxe, Wa/Kerde , partie blanche. à Email blanc, compae , gras. Fo à PARA EC SNL HE PS Fe d us > PER NATURELLE. Diamètres des globules. à »: 2 & e 69. La même, parties rouges, idem. 70. La même, paities wertes. Email noir , brunâtre , ,uifant unipeu caver- neux. Sur le fappare, s’infiltre entre fes fibres, &les si en verd de bouteille. . Terre à foulon gi ife homogène d Angleterre. Le fond de la terre brunit, ais fa fat cft parfemée "de pétits grains biancs fondus , demi-tranfparens, & le tout fe fond enfuite en * une fcorie brune, verdâtre , tranflucide & bul- leufe. 5 Sur le fappare, forme un globule de verre verd de bouteille , quis faille, fe décolore 3% pénètre fans diffoudre. 72. Cornaline rouge ientale. Blanchit , puis ange. en uû verre tranfpa- rent , fans Couléus , pa femé de bulles ; Qui Wat- taque point le fappare. à 73- Aigve-marine verte de Sibérie. Email blanc, brillant, un peu tranflucide &e un peu bib. à à à Sur le-fappare , devient demi-tranfparent , fe débarraffe de fes bulles, s'étend & pénètre un peu , maïs fans dblbtun fenfible. 74. Terre jaune de Saxe Ge/berde, de Werner. Email parfaiteñent noir & brillant , qui coefle ke fappare , mais qui enfuite dévient verd pâle , demi-tranfparent, 75. Glaïfe durcie, erife, qui recouvre les charbons de terres d'Ofchatz. * Bouton blanc , demi-tranfparent & bulleux. Sur le fappare, vêrre tranfparent, fans couleur, plus ou moins bulleux , qui ne pénètre , ni ne corrode. 76. Asbefte commune, d’un blanc vérdâtre. Globule blänc verdätre , mat, un peu bul- leux. Sur le fappare , fe décolore | pénètre &’diffout avec cHertéfuence. an II. JUILLET > 17943 (v. sz.) 6,200 À 0,180 4 0,180 0,150 25 Désrés ae, fufbiliré. CITES 283 394 SO 26 JOURNAL DE PAYSIQUE, DE CHIMIE Diamètres » RES globules, 77. Hydrophane d’un blanc laiteux. 0,150 Devient opalifante à chaud , mais parfaitement ” tranfparente à froid , puis forme un verre rétro- grade & fans bulles, comme Îe criftal de roche. Voyez le. mémoire page s. Sur le fappare, demeure tranfparente , fans bulles , & ne pénètre, ni ne diflout. 78. Jafpe porcelaine , gris de perle de Hofchnitz. 0,150 Gicbule gris jaunâtre , brillant, tranflucides, - parfemé de très-petites bulles. Sur le fappare, devient blanc laiteux , & s’af- faifle , mais fans pénétrer. 79. Jafpe fanguin ; AéZiotrop de Werner. Mammelon gris , tranflucide & bulleux , qui n’a que le diamètre que j'indique ; maïs le fragment devient gris & bulleux , jufques à une épaiffeur de 0,400. * Nattaque point le fappare , mais y devient fans couleur & tranfparént , quoique toujours bulleux. 80. Spath manganéfien ; braun - [path , variété couleur. de chair à gros grains. i Décrépite, puis donne un globule noir très- brillant, qui, fur le fappaie , tranfude une fubf- tance verd de bouteilie, qui pénètre fans dif- foudre, 81. Apatite, criftaux de calce phofphorée , æranf- -parens & fans couleur. Verre demi-tranfparent , bleuâtre , laiteux. Sur le fappare, verre tranfparent & fans cou- leur , qui diflout avec une vive effervefcence. 82. Crayon noir, ou pierre d'Italie. Bouton d’un blanc mat, tranflucide, bulleux, couvert d’une pouflière blanche , compofée de globules tranflucides. Sur le fappare , verre prefque tranfparent , gi s’effaifle & pénètre. fans diflolution bien fen- fible. 83. Serpentine blanche à veines noires ; parties blanches, . 0,150 0,150 0,150 0,120 0,120 Dégrés de fufhilité. 378 378 378 378 378° 472 472. L ET D'HISTOIRE NATURELIEF. Diamètres Bouton d’un blanc mat, un peu inégal, un peu tran{lucide & bulleux. ; Sur le fappare, devient demi-tranfparent , lai- teux , fe diflout avec effervefcence. 84. La même, partie noire, Sur le fappare, globule noir, qui devient verd. de bouteille , d’abord foncé, puis clair tranfparent, qui finit par pénétrer , mais fans difflolution, ni effervefcence. 8. Serpentine lamelleufe.de M. Hoffman. Bouton gris verdâtre, prefqu'opaque, gras luifant , plein de petites bulles. Sur le fappare , devient demi-tranfparent, êc diffout avec effervefcence, 86. Serpentine lamelleufe , brillante & miroïtante; Jchiller-fpath labradorifche horn-blende. Bouton verd de bouteille , à la furface duquel viennent crever des bulles, Tour le refte, comme le numéro précédent, : 87. Pierre à fufil, jaunâtre. | Globule blanc & bulleux. 88. Ménillite, connue fous le nom de pecheftein de Ménil- Montant. Globule blanc grisâtre, tranflucide , rempli de petites bulles. 89. Ménacanite de Cornouaïles. Un grain d'une ligne de diamètre ne fe fond qu’à langle le plus aigu en noir mat, mais tout le grain fe trouve parfemé d'une poudre jaune informe. à Sur le fappare, fe fond en noir brillant , penètre & teint en noir aufli pur , mais moins foncé que celui de la mine d'Uranit, N°.43. 90. Talc commun, d’un blanc verdâtre, Email blanc, mat & compatte. ur le fappare, globule, d’abord brun neirûtre, qui perd fa couleur, pénètre & diflout avec effervefcence. es globules, 0,049. ©,140 0,225 0,110 0,100 0,100 0,990 27 Décrés de fuñbilise, 1416 497 252 J14 568 \ 53: JOURNAL -DE PHYSIQUE , DE CHIMIE Diamètres es globules. o1. Stéatite blanche opaque.. TETE Mt 0,090 Globule blanc ou'grisâtre, gras , tranflucide , un peu bulleux. CUT Sur le fappare, verre tranfparent laiteyx , qui diflout aveceffervefcence. 92. Fer fpathique a petits prains.g . Devient noir, opaque, très-brillant, & fe fond en coulant en arrière: Sur le fippare, coule entre les fibres , comme une l'queur noire , terne & opaque. : 99.nOlivine de Werner,ou chryfolite des volcans, 6,07 Verre verd plus on moins foncé, qui fe fond en retrogradant , pénètre le fappare & le diffout: avec effervefcence. 94. Calcédoine commune, gris de perle , prefaque demi-tranfparente , à caïlure foiotement fcin- üllante. 0075 Se-sonfle en une fritte blanche ; d’un éclat fcintillant, rempli de très-petites bulles. ‘Sur le fappare , les bulles grofltienc, Ja fritte devient plus tranflucide , mais fans autre changc- ment & fans apparence d’érofion. 95. Calcédoine des bafaltes ; #u/lerfches glafs, couleur de paille claire , caflure conchoide unie, biillante. f 0,078 Se comporte ,.à tous égards, comme la calcé- doine commune. 96. Caillou d'Egypte. o,c60 Bouton blanc & bulleux. $ : 07. Bois pétrifié ; aubier blanc. ' 0,050 Globule blane, ï. ee: , rempli de petites bulles. Le refte dû ffagment paroît blanchätre & bulleux , jufques à l'epaiffeur de 0,22. 98. Le même, partie brune de l’intérieur du bois. 0,056 Se comporte coinme la partie blanche, fi ce n'eft que le bouton eft moins blanc & moins tranflucide. 09. Pétro-filex fecondaire, dur, écaïlleux ; Aorg/teir de Werner. 0,040 Globule blanc , tranfparent & up peu bulleux, Décrés x, de fuñbilité. a ———— 625$ 736 756 756 727” " p45 M120 128 u * 1426 “ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 29 Diamèrres : Dégrés des de globules, fuñbilité, 100. Chryfoprafe, verd de pomme. 0,040 1426 = Blanchit, fe couvre de bulles fuperficielles , & forme un bouton tranfparenr » qui s'affaifle un à peu fur le fappare, mais fans penétrer ni dif- foudre. - * : out 101. Cylindres des Het de Wedgewood: c,036 1575 Fuitte blanche brillante , tranflucide , bulieufe , qui m'attaque point le fappare. 102. (il de chat, brun de noifette, 0,027 2100 Décrépite & donne un globule blanc -prefque opaque, qui ma que le diamètre que jindique , F maïs blanchit à une plus giande épaiffeur. = 103. Lithomarge durcie ; fachfjche wundererde, arte blanche. 0j020 »800 -Giobule blanc par réflexion, jaunâtre par tranf- parence. . . Sur le fappare, s 'afaiffe un peu, devient plus tranfparent, mais ne pénètre ni ne difout: # 104. La même, partie rouge. 0,047 1209 Noircit , puis fe fond en verd jaunâtre , tranf- lucide , affez compacte , qui pénètre un peu le fappare , mais fans l’attaquer. 105. Manganèfe noire. 7 @: 0,027 - 2700k Bouton noir, mat , hériffé de très-petites, tu bercules. Sur le fappare, verre ‘tranfpafent, d'abord - améthyfte foncé, dont la couie ue diminue par degrés , & s’évanouit enfin tout-à-fait. ; 106. Rubis d'Orient. ji _ 2,020 2000 Verre tranfparent &#fans Bulles, MN -__x07. Xylopale, on prétendu pec/ftein lineux d'Auvergne. 0,020 . 2800 Noircit, puis blanchit fur les bords & devient bülleux. 108. Bréfilienne, ou topare du Bré 0,019 3014 Fonte rétrograde ÿ en émail bfanc, bulleux , tranflucide. De plus, il ‘élève à fa farfäce quelques bulles tres-minces, tranfparenies & fans couleur ; j'en mefure une, dont le diamètre et ke de 0,030. ) jo JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l Diamètres Déprés des de globules. fufbilité, Quoique la pierre foit criftallifée & paroifle homogène, il s’y trouve ‘des parties qui donnent un verre verd de bouteille demi-tranfparent, dont la fufibilité eft exprimée par 0,07$ . 756 109. Dolomie compacte, d’un gristblanchâtre. 0,019 3024 Devient d’abord blanche opaque, puis tranflu- . cide aux bords , & donne enfin un verre tranflu- cide un peu bulleux. : Diflout le fappare avec effervefcence. 110. Criftal de roche parfaitement tranfparent. 0,014 4043 Fonte rétrograde ,en verre tranfparent , fans couleur & fans bulles. , N’attaque point le fappare. Voyez le premier sémoire , page 4. à 111. Marbre compa@e, dit jaune aulique. 0,009 6300 Une pyramide très-aigué devient d’un gris fale à fa bafe, d'un gris jaunâtre paille très-tranflucide auprès de la pointe ; plus près encore, elle eft blanche & bulleufe ; enfin, à la pointe même, eft le mammelon tranfparent & bien fondu, dont j'ai donné le dianètre. Difout le fappare avec effervefcence. 212. Saphir d'Orient , d’un beau bleu. 0,006 9450 Fufon rétrograde, en verre tranfparent fans couleur & fans bulles. J N’attaque point le fapparë. 113. Jargon tranfparent d’un blanc un peu jaunâtre. 0,003 18900 Globule blanc, tranflucide , mais que je n’ai produit qu’une feule fois & avec peine , enforte qu’on peut regarder fa füfion comme douteufe, A 7 Gin . - 1 à + ET D'HISTOIRE NAMURELLE. 31 Pierres Exterres dont la fufibilité ne- peut pas fi * mefurer par le diamètre des globules. : 114. Sappare, Ayanir de Werner. * Perd fa couleur, quelle av’elle foit , & devient d’un beau blanc prefque mat, cé qui le rend très-propre aux expériences fur les couleurs. Au feu le plus vif & Île plus long-temps continu, il ne donne aucun indice de fufion, fi ce n’efk que fon tiflu devient grenu, ce qui lui fait perdre une partie de fa cohérence, & le.rend très-frapile. 115. Opaie commune. Se vernit à la furface, & l'on y diftingue, au microfcope, qe écailles bulleufes & tranflucides ; mais point de globule iftinétement fondu. " k 116. Corindon , ou fpath Adamantin. Celui de la Chine , de même que celui du Bengale, ne paroïffent fubir aucun changement quelconque. 117. Terre d’alun purifiée. Refte d’abord d’un blanc mat, en répandant une lueur bleuître, puis forme une mafle grumelée , tranflucide, un peu luifante , furmontée de quelques globules pédunculés , du diamètre de 0,003. Aer 118. Arpille aérée & criftallifée, de Halle ; reine thonerde , de Werner. ; Mêmes phénomènes. Mammelon 0,004. 119. Marbre blanc à grains fins de Carrare. S'égraine & ne peut fe fixer fur-lui-même. Sur le fappare , le diflont avec effervefcence en un verre blanc Jaiteux. Un atôme de ce marbre , fixé fur la pointe d’un fragment _de calcaire compa@e, auparavant deini-vitrifié, donne un globule parfaitement tranfparent, égal à 0,004. Ce globule, de méme que celui des numéros 120 & 121, fe diflolvent dans les acides, mais lentement & avec très-peu d’effervefcence. 420. Calcaire compaéte blanche , grifatre, du mont Salève. En maïile, devient trañflucide auprès de la pointe ; mais en poudre , fur cette même pointe , donne une fritte blanc de neige, brillante, demi-tranfparente , & même des globules parfaitement tranfparens du diamètre de 0,004. 121. Dolomie grenue blanche à grain fin. Fixée fur la pointe d'un fragment de pierre calcaire compade, donne un globule de 0,008. ’ Les numéros 110 & 121 diflolvent le fappare avec cffervefcæmce. 32 JOURNAL DÉNPHYSIQUENDE C 122. Magnefie préparée en pe pe Je AA te 1 Répand un éclattblenâtre extrêmement vif, & il fe forme des grains ronds demi-tranfparens , du diametre de 0,011. Diflout le fappare en un émail blanc tranflucide , avec effér- vefcence & production d’écume vitreufe. ÿ ; t CHIMIE Le 1 123. Béril-fchorl ; fc/or/atiser béryll de Werner, fchorl blan- chätre de la Métherie. e 4 Devient d'un blanc mat, en répandant une lumière bieuâtre. Il fe foume, à fa furface , des ampoules d’un verre tranfparent extrémement mince , qui préfentent quelquefois, comme les bulles de favon, les couleurs de Piris, & dont les plus profes ont jufques à un cinquième de ligne de diamètre. Ce meft point, comme dans les fchorls verd & violet du Dauphiné, le bourfouf- - flement detoute la mafle ; ces bulles ne fe forment qu’à la furface ; à cela près, cette pierre ne donne aucun indice de fufion, & attaque point le fappare. Métaux & quelques autres fubfiances métalliques. % . \ ‘ 124. Or de départ en limaille (1) fur le filet de fappare. Se réunit en globules brillans, de la-couleur propre à ce métal, qui s’évaporent-graduellement fans changer de couleur , & difpa- roiflent enfin fans laifler aucune trace quelconque. Le plus gros «que j'aie entièrement vaporifé , avoit 0,075, ou environ un treizième de ligne de diamètre, & fon évaporation a pris cinq minutes. Cette vapeur ne colore point la flamme. 125. Argent de coupelle. | Mêmes phénomènes ; mais à volume égal, la vaporifation fe fait fept fois plus vite, & laifle une tache jaune de foufre , que © Pa@ion de Ja flamme efface, quoiqu'avec peine. ; 126. Cuivre de rofette. 4 x ‘Coule fur le fappare, le couvre d'un vernis noir biillant ; co- lore en beau verd la flamme extérieure, & s’évapore ainfi en- üèrement, dewnanière que , quand la flamme cefie d'être colorée, on retrouve Île fappare parfaitement blanc & pur. (1) Toutes Jes Jimailles , excepré celle du. fer, doivent être épurées:avec = m È : . À jsl Païmant; fans quoi il s'Y*trouve quelque dent de la lime qui change le réfuirac de l'expérience.” 127: + * ‘ rs ns ET D'HISTOIRE NATURELLE. 33 127. Plomb. 6, 2e 621138 Teint en bleu la flamme extérieure, fe vitrifie en jaune ver- dâtre tranfparent, puis s'évapore en laïflant une teinte jaune. S'il contient, du cuivre , la flamme à la fin devient verte. 128. Etain de Mallacca. Si l'on charge de limaille le filet de fappare, & qu'on l’expofe brufquement au point le plus chaud de la flamme , une grande partie de la limaille fe diffipe en étincelles , la amme extérieure fe teint en pourpre clair , & il refte fur le fappare une couche . mince de verre jaunâtre. Mais fi l’on s’âpproche très-lentement de Ja flamme extérieure, létain fe change en un oxide pulvérulent 8e tlocconneux , d’un blanc fale , que la-plus grande chaleur ne fond point , mais qui paroît s’évaporer, ou peut-être feulement fe con- denfer , car je n’ai jamais -pu-le difliper entièrement ; fous cet oxide, le fappare paroît teint en jaune. 129. Fer forge doux. Se fond ; bouillonne , étincelle , puis pénètre entre les fibres du fappare , & le colore en noir , d’abord brillant , puis mat, puis en verd de bouteille tranflucide , qui s’éclaircit à la longue. 130. Bifmuth. La limaille accumulce fur le filet de fappare , & approchée len- tement, pétille, étincelle, donne une teinte violette à la flamme extérieure , & une fumée jaune qui s'attache aux corps environ- nans, & fe change en un verre jaune verdâtre , qui pénètre &r s'évapore enfuite peu-à-peu , en laiffant une teinte purpurine pile & quelques indices d’érofion , mais fans effervefcence. 191. Régule d’antimoine , préparé par les fels. Fume & teint en bleu pale la flamme extérieure, puis laifle une tache grife noirâtre qui s'efface à la longue, quoiqu'avec dif- ficulté. 132. Oxide-rofe , ou fleurs de cobalt. Se change en une fcorie noire ; matte , caverneufe, Sur le fappare , un très-petit fragment de cette fcorie donne d'abord une fcorie femblable, mais qui devient enfuite d’un beau noir brillant, puis pénètre le fappare & le teint en un beau bleu foncé , lequel , fi l’on continue l’aétion de la flamme , s’éclaircit & * fe diffipe enfin totalement. ®: 133- Mine de Nickel, dite kzpfernickel, Sur le fappare , fe fond en un globule, d’abord noir terne, mais qui, sil ne furpañle pas un diamètre de 0,06, fe dépouille "& prend un éclat métallique d'acier jaunâtre ; & les fcories qui pénètrent le fappare le teignent d’un beau bleu verd foncé; mais à la longue la partie bleue de la couleur qui venoit du cobalt Tome II. JUILLET, 1794, (v. st.) E 1 bo 4 34 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE s’'évapore , & la couleur verte du nickel demeure pure. Quant au lobule métallique , il eft attirable à Paimant , & cependant il fe laifle aplatir fans fe fondre fous le marteau, & il eft plus fixe même que l’or , car un globule de 0,020 ne paroïît fubir aucune évapo- ration , tandis que nous venons de voir un globule d’or de 0,075, s'évaporer entièrement en cinq minutes, 134. Emeril. Noircit & s’hériffe de grains noirs pédunculés , qui deviennent bruns, tranfparens , du diamètre de 0,002, & d’autres blancs, un peu plus gros. * Sur le fappare, fe fond en un verre brun verdâtre , tranfparent, qui pénètre fans difloudre. ———— 2 TP ——————— Je nignore point que ce tableau eft très-éloigné d’être complet ; mais mon deflein n’a point été de le rendre tel. Je ne faifois d’abord ces épreuves qu'a mefure que quelqu'idée d’analyfe ou de théorie m'infpiroit le defir d'examiner telle ou telle fubftance. Enfuite, loifque je me fuis trouvé aflez avancé pour entrevoir la poflibilité de le completter, j'érois à la campagne , éloigné de mon cabinet, & dans des circonftances où je ne pouvois pas même aller y chercher les fofliles que j’aurois defiré d’éprouver. De même, je n’ai pas eflayé fur le fappare tous les fofliles dont j'ai mefuré la fufibilité; j'en ai laïflé quelques-uns , dont je n’efpérois pas des réfultats intéreflans. Ceux qui auront la curiofité de répéter ces épreuves, verront qu’elles exigent tant de patience, & qu’elles fatiguent fi fort les yeux , que fi l’on doit s'étonner de quelque chofe, c’eft plutôt de ce qu’on a fait, que de ce qu’on n’a pas fair. Cependant, quelqu'imparfait que foit ce travail, j’efpère qu’on pourra en tirer quelques réfultats intéreflans , & le mémoire qui fu en préfente déjà quelques exemples. ET D'HISTOIRE NATURELLE. \ 35 TABLE ALPHABÉTIQUE Des fubfiances que j'ai éprouvées au chalumeau. Adulaire de Bohéme. N°. 34 . de St.-Gothard, 33 Aiïgue-marine. 73 Antimoine. 131 Apatite. 81 ÂArdoife grife, 62 noire, 63 Argent de coupelle, 125 Arpgille blanche de l’Elbe. 59 aérée de Halle. 116. durcie, 75 Asbefte commune, 76 Baryte pure. 7 Bafaite homogène. 30 Béryl-fchorl. 123 Bifmuth. 139 Bois pétrifié. ; 98 Bol É l'ile d'Elbe. # É Bol de Lemnos. ! 66, 67 Braun-fpath. 80 Brefilienne. : 108 Caillou d'Egypte. 96 Calamita bianca. 59. Calciire compatte. 120 Calcédoine commune. 94 des bafaltes, 9$ = Chryfolite des volcans, 93 Cnryfoprafe, 100 Cobalt. 132 Corindon. 116 - Cornaline rouge. Cornéenne. 72 379 38» 39: 49 Crayon noir. 82 Crilial de roche, 110 Cuivre de rofette. N°. 126 Déodalite du Bas-Rhin, 28 du Brifgaw. 29 Dolomie compacte. 109 grenue, 121 Emeraude. SA Emeril. 13 Etaim. 128 Feld-fpath du Mont-Blanc. 36 générateur des ponces. 25 Fer forgé doux. 129 fpathique. 92 lintolaiT, L Fluer. 14 Gelberde. 74 Glaïfe durcie. 75 Grenat. À. 30 Gypfe. 15 Héliotrop. 79 Horn-blende bafaltique. 41, 42 Hornstein. 99 Hyacinthe blanche cruciforme. À. 36 Hydrophane. 77 Jade. SN Jargon, 113 Jafpe porcelaine 78 : fapguin. 79 Kaolin. 58 Kreutzstein. 36 Kup/fer-nickel, 133 Kyanit. 114 Labrador. 35 … 36 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Labradorifche hornblende. N°:86 Spinelle. N°. 7 Lave. 17,18 Sanguine, 48 Lazuli. 16 Saphir. 112 Lithomarpe. 103 Sappare. 114 Lydienne. s2 Schiller-sparh. 86 Magnéfi e préparée. 122 Sc Rorlètiger bérylL. 123 fanganèfe. res Schorl noir. ê1 Marbre blanc. 119 Schorl des volcans. 11 jaune. 11E Scorie du Vefuve. 9 Marne terreufe. 20 Serpentine veinée. 83, ss pierreufe. 21,22 Serpentine lamelleufe. 85, Menakanit. 89 Spath adamantin. ï Ménillite, 88: fluor. 14 Mica. 53 pefant. 5 Mine de cobalt. P32 manpanéfien, 80 de nickel 133 Staurobaryte. A. 36 d'Uranit. 43 Stéatite. o1 Mullerfches glass. gs Sirahlstein. 44 45 46 Obfidienne, 12,13 Strontianite. 61 Ochre. 47 Talc. 90 Œil de chat. 102: "Ferre d’alun. 117: Olivine. 93 a foulon. 68 Obpale. à IIS à porcelaine. 58 Cr pur ou de départ. 124 jaune. 74 Oxide rofe de cobalt. 132 Thermometre de Wedgewood. Pechftein de Saxe. 3192) 101 de Menil-Montant. 83 TAonerde ( reine ). 110 ligneux d’Auvergne.107 Topaze du Bréfil. 108 Pétro-filex primitif. 49 Tourmaline. 6 fecondaire. 99 Trémolite. L 23 Pierre à fufil. 07 Uranit. 43 de Labrador. 3$ Verre à bouteille. 4 de touche. 2 à vitre. 7 d'Italie. Ë à tubes: 2 Plomb: 127 Verre de Mofcorie. $4 Ponce. 24,26,27,3 Véfuvienne. 11 Porcellan-jaspis 78% Wake. 37:38 39 Porcelaine de Saxeu 60,2 alkerde. 63 Prehnite. $ Wolfram. 55 54 Rayonnante. 44345546 Wundererde. 309:, 104 Répule d’antimoine. 131 Xylopale. 107 Réine rhonerde. 1728 Yvoire foflile. 64 Rubis d'Orient. 106 Zéolire, 10 » Mis b D TA à : _# 22 FAR à or - < ET D'HISTOIRE NATURELLE. 37 ADDITION AU MÉMOIRE SUR LE CHALUMEAU. Confidérations générales. Arts avoir obfervé quelques phénomènes particuliers de la fufion des fofliles ,je crois devoir confidérer fuccinétement la théorie générale de cette opération , qui appartient également à la nature & à l'art. On fait que le fluide ignée, on le calorique, s’infinue entre les parties élementaires des corps , les écarte les unes des autres, & diminue ainfi leur cohérence. Il eft également connu, que bien que tous les phénomènes de la gravitation dépendent dune caufe unique , cependant chaque molecule de matière peut être confidérée comme follicitée par plu- fieurs forces, toutes dépendantes de cette caufe. L’une tient à Vaétion des parties qui font en contaë& (1) avec cette molécule, & cette aétion produit la cohérence , la dureté, l’élafticité ; l’autre ré- fulte de laétion des molécules qui ne font pas en contact, mais qui en font peu eloignées | & produit les phéromènes connus fous le nom général dattraction ; la troifième , enfin, s’exerce par des corps qui font à des diftances confidérables , & produit la pefanteur, ou la gravitation proprement dite, C?eit donc la cohérence que diminue d’abord lation du feu, en écartant les molécules, & en diminuant le nombre de leurs points, de contaét, Lorfque l’ation du feu a diminué cette cohérence , au point que la force d’attration , ou celle de la pefanteur , obtiennent: la fupériorité fur elle, alors le corps entre en fufion , & cette fufion eft d'autant plus parfaite , que cette fupériorité eft plus grande. Confidérez.un bâton de cire coupé carrément à fon extrémité ; . . + » » les parties de cette cire, en vertu de leur attra@ion mutuelle, {1) Il y a bien des raifons de croire qu’ilny a pas de conte proprement dit entre les parties des corrs, & qu’elles font conftämment féparees par le fluide ignée , & par d'autres fluides ; aufli , ne prends-je pas ici le mot de conta& dans fa rigueur péométrique ; j'entends par-là certe très-pecite diftance à laquelle #exerce la force de cohéfion. 33 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tendent à fe rapprocher le plus pofhble les unes des autres , & par conféquent à donner à leur enfemble la forme d'une fphère ; mais aufli la cohéfion de ces mêmes parties tend à maintenir leurs conta@s actuels, & ainfi, à conferver à leur enfemble la forme anguleufe que nous lui fuppofons. Si vous Papprochez graduellement du feu, mais fans l'enflammer , l’aétion de la chaleur diminuera la cohéfion, les angles de ce morceau s’émoufferont & le rapprocheront de la forme fphérique. Alors, fi lation du feu devient plus grande encore, elle écartera encore davantage les parties , l’attrattion même fera vaincue par la pefanteur , & la cire coulera. C’eft donc par la cohérence de leurs‘ parties , que les corps fo- lides réfiftent à lation du feu, qui, répandu dans tout l’univers, les follicite fans cefle à la fufion. Et c’eft aufli cette même cohe- rence qui eft la caufe de la renacité , de la dureté & de l’élafticité des corps. Mais de même que ces trois qualités, bien que dépen- dantes de la même caufe, ne marchent pas du même pas, & fuivent au contraire des rapports très-différens , de même , la ré- fiftance à la fufon, quoique venant aufli de la même caufe , a aufh de tout autres rapports, & la raifon en eft fort fimple. Le fluide ignée , pour écarter les molécules d’un corps , apit fur elles d'une manière très-différente de celle dont agit un marteau qui tend à rompre ce corps , ou un coin qui tend à le pénctrer. Telle forme de particules favorife la cohérence & produit un corps dur, en même-temps qu’elle favorife la pénétration des parties du feu, & rend ce corps très-fufible ; la glace en eft un exemple. Telle autre forme, peu favorable à la cohérence , soppofe cependant avec force à la pénctration des parties du feu ,.& produit ainfi un corps tout à la fois tendre & réfraétaire ; telle ef la craie. 11 faut de plus obferver que communément, le fluide ignée com- mence par détruire le lien qui unit entre elles les parties intéprantes des corps, c’eft-a-dire , de celles qui, prifes chacune à part, ont la même nature que le tout dont elles font parties; enforte qu’une chaleur graduée fond un corps, fait couler, par exemple, la cire, en détruifant la cohsrence de fes parties intéprantes , mais fans dé- truire la cohérence qui unit entre eux les divers élémens de ces mêmes parties ; tellement que, quand l’action du feu vient à cefler, la cohéfion reprenant fes forces , la cire fe fige, & fe retrouve telle qu’elle étoit avant la fufion. Maïs une a&ion du feu plus énergique rompt , dans certains corps, la cohéfion même des élémens qui com- pofent les parties intégrantes , & ces élémens défunis , obéiffant aux lois des affinités , contraétent de nouvelles alliancesk foit entre eux, foit avec les corps ambians ; alors, après le refroidiflement , les corps fe trouvent difiérens de ce qu’ils étotent avant leur fufion. Les graifes, les réfines en fourniffent une grande variété d'exemples. L) L7F415 - 7 + + de. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 3y Maïs pour revenir au réone minéral , que j'ai particulièrement en vue dans ce mémoire, j’oblerverai que les métaux ont les élémens de leurs molécules intégrantes fi fortement unis, que la plus grande chaleur ne les fépare pas, ou du moins , ne leur fait pas contracter des combinaifons nouvelles , à moins qu'ils ne foient en contact avec l’oxigène , le fouffe, ou. auelqu'autre minéralifateur ÿ car fi on les fond dans des vafes parfaitement clos, & à labri du contaét de ces corps, on les retrouve, après_leur refroidiflement , tels qu'ils étoient avant leur fufion. Au céntraire , les pierres fu- fibles ont les élémens de leurs parties intégrantes ft Foiblement liés entre eux, qu'il ny a aucun exemple, on du moins, je men connois aucun, d’une pierre que l’art puifle fondre , fans altérer fes caratères extérieurs, avec quelque ménagement que l’on conduife le feu , les pierres, en fe fondant, prennent une apparence vitreufe, & fe rempliffent de bulles. J’ai fait, fur ce fujet, des expériences que j'ai rapportées dans le premier volume de mes Voyages, €: qui ont conftlamment donné ce réfultat. Mais il métoit point nc- ceflaire de faire des expériences a hoc ; on les fait tous les jour: fans y fonger. Pour empéeher une trop prompte difhpation du ca- lorique , on donne une épaifleur confidérable aux paroïs des four- neaux dans Jefquels on veut entretenir un feu violent & durable. Ainfi , la furface intérieure de ces parois éprouve le plus haut dégré de chaleur ; l'extérieure eft très-peu réchauflée, & tous les degrés de chaleur intermédiaires entre ces deux extrêmes , règnent dans les points intermédiaires entre ces deux furfaces. Les parois de ces fourneaux renferment donc des pierres qui font expofées à une chaleur rrès-graduée & très-long-temps continuée ; & cependant , lorfqu'on vient à les démolir, on n’en trouve point qui ait coulé fans avoir fubi une altération fenfible dans fes caraères extérieurs. J'ai examiné , dans cette intention , un grand nombre de fours à chaux, & quelques fourneaux de métallurgie. J’inviterai cependant les minéralogiftes qui habitent des lieux où il ÿ à de grandes fon- deries , à vérifier cette obfervation, qui eft très-importante pour ls théorie des feux fouterrains. En effet, ce principe, que le feu de nos fourneaux ne fond point les pierres fans altérer leurs caraères extérieurs, tandis que -les feux fouterrains peuvent les fondre fans changer leur contexture apparente , eft une des bafes fur lefquelles fe fonde M. Dolomieu pour établir qu'il exilte une différence entre les manières d'opérer de ces deux agens. Quant à cette dernière partie du principe qui concerne la@ion des feux fouterrains, quoïqu'elle ait été conteflce par quelques favans minéralogiftes , il me paroït que M. de Dolomieu l’a prouvée de Lù n : | 4 ÿ :h + 40 JOURNAL; DE PHYSIQUE, DE CHIMIE manière, qu’on ne peut la contefter qu’en foutenant qu'il elt faux qu'il ait vu ce qu’il affirme avoir vu. Lorfque , par exemple, Mi. de Dolomieu dit, dans fon mémoire fur l'Etna, pag. 304 & fuiv. que tel & tel courant de lave poreufe , & portant à fa furfice tous les caracrères de la fufion, renferme, dans fon intérieur ; des couches qui font évidemment partie de ce méme courant, & qui ne paroïffent nullement altérées par l’action du feu;on ne peut con- tefter fon principe, qu’en niant le fait, ce qui neft gucres pof- fible. Mais on peut alléguer encore le fait des laves que M. de Dolomieu a nommées résiaiformes , parce qu'elles ont la couleur & la caflure d’une réfine , & dont il exifte des courans en forme de laves indu- bitables. Cette fubftance , de même que la plüpaït de celles que l’on nomme verres volcaniques , eft tres-fufible ; le premier coup de feu la fait bouillonner, & la change en écume. "Puis donc qu’elle a coulé fans fe bourfouffler , & fans cefler d’être compaéte , il faut bien que les feux fouterrains aient agi fur elle d’une manière diffé- rente de celle dont agit le feu de nos fourneaux & de nos lampes. Quant à lexplication de ce phénomène , & de divers autres qui tiennent à la théorie des volcans, M. de Dolomieu fuppofe que les Javes ne font pas dans un état de fimple fufion, mais dans un état de Combuition ,-que produit une certaine quantité de foufre , mèlé avec les roches qui forment la matière des laves. Journal de Physique, 1794 ,tal, p.119 & fuiv. Je laifle à d’autres le foin d’expofer les objetions que l’on peue accumuler contre cette hypothèfe ; il eft plus facile de critiquer une opinion ingenieufe , deflinée à expliquer des faits embarraffans pour toutes les théoties, que de remplacer cette hypothèfe par une explication plus fatisfaifante. D’ailleurs, M. de Dolomieu pour- roit m'objeter , avec raifon, qu'il n’y a rien de commun entre les objets qui l'ont occupé , & ceux dont je viens de faire l'objet de ce mémoire ; que lui a confidéré ce qui fe pute dans les immenfes laboratoires de la nature, & moi, les opérations les plus fubtiles dont l'art chimique fe foit jamais occupé ; que:lui a confidéré ce qui. ’opère: dans le fond des abimes les. plus éloignés du contat de lair extérieur , tandis que je n'ai confidéré que les objets les plus expofés poflible au conta& & à lation de l’air. Je reviens donc à mes petits objets.;: & fans entrer dans le détail ‘des conféquences que mes expériences pourroïent fournir fur chaque efpèce de pierre en particulier , j'en déduirai quelques ‘réfultats généraux. Les expériences rapportées dans les numéros 119 , 120 & 121, prouvent d’abord quele:feu le plus violent , celui-là même qui convertit V ur 2 re # A NE ET ET D'HISTOIRE NATURELLE. * ar convertir les terres calcaire & magnéfienne en un verre tranfparent, n'ôte point à ces terres leur folubilité dars les acides ; il change leurs caractères extérieurs, mais non leurs affinieés. Et ce 1 éfu tac a lieu lorfque ces terres font pures ou à-peu-près telles ; mais f elles font mélangées, par exemple , dune quantité confidérable d'argile ou de filice, & que l’on vittifie ce mélange , l'union que ces terres contra@ent entre elles, les rend indiflolubles dans les acides , & cependant le nouveau compofé, ou le verre qui en réfulte, eit beaucoup plus fafble par le calorique, que ne l’étoient ces terres, prifes féparément, En effet, M. de Dolomieu, dans un mémoire très-intéreffant fur la nature des pierres compofées, Journal de Physique , 4 XXXIX, p.374, a très-bien obfervé , qu'en général les pierres compolées ; c’eft-a-dire , celles qui réfultent de l’union chimique de: différentes terres, font plus fuñbles que les fimples , c’eft-à-dire, celles qui ne contiennent qu'une feule térre ; & qu'en particulier, la terre calcaire & le fer angmentent la fufibilité des terres en entrant dans leur compofitionæ ; Il y a cependant, pr rapport au fer, une exception aflez re- marquable. Il paroît que les pisrres magnéfiennes,, autlieu de de- venir plus fufibles, deviennent plus réfraétaires par Je mciange de’ce métal ; du moins, cela paroït-il certain , par rapport à la ferpentine de Saxe, mélangée de blanc & de noir : les parties noires font beaucoup plus réfractaires que les blanches j au contraire , dans Jes pierres argileufes ou calcaires , le fer augmente la fufbiite, Aïnfi , la wake noire , numéro 58 , J’ardoïfe noire , numéro 63, font plus fufibles que les grifes , & le fer fpathique eft plus fufible que la craie. | Il y a encore un fait très-remarquable , & qui, je crois, n’étoit pas connu, c’eft l’extrême ténuité on liquidité du verre, qui réfulte de la fufion de loxide du fer, tel qu'il pénètre comme de l’eau entre les fibres du fappare , numéro 729. Il eft aufli remarquable & également nouveau, que la couleur noïre, que donne conftamment le fer à un depré de chaleur médiocre, fe change tout aufli conftamment en verd de bouteille, à un dégré de chaleur plus vif , & que les minéraux ferrugineux fe décolorent enfin totalement , lorfque l'extrême chileur eft foutenue pendant quelque temps. La couleur violette , que donne la manganèfe, & la couleur bleue de cobalt, s’évanouiflent aufli dans les mêmes circonftances, Voyez les numéros 10$ & 132. Il paroît bien certain que cette décelorat'on vient de ce qu’une chaleur violente , aidée de l’aétion de l'air, brûle, ou du moins vola- ilifeles métaux , comme on le voit dans les numéros 124 & fuivant, Tome II. JUILLET , 1794, ( v. 54.) F 4 JOURNAT DE PHYSIQUE , DE CHIMIE J'obferverai enfin , par rapport au fer, qu'il a la propriété de faturer, en quelque manière , la terre calcaire, & d’empécher ainfi fon a&ion fur les autres terres. Ainfi, la terre calcaire contenue dans le fer fpathique , n’attaque point le fappare , tandis qu’elle Pat- taque lorfqu’elle eft pure , & lors même qu’elle eft combinée avec les acides fulfurique & fluorique. Il en eft de même de la manga- nèfe , qui, dans le braun-fpath, ôte aufli à la terre calcaire fou action fur le fappare. Mais je dois m'arrêter un moment à confidérer cette diflolution du fappare par les terres abforbantes ; je ne m'en apperçus point dans mes premières expériences ; lorfqu’après avoir fondu un foflile fur le filet de fappare, j'en voyois fortir des bulles, je croyois que c'étoit, ou une ébullition proprement dite, c’eft-à-dire, une con- vérfion en vapeurs de ce foflile vitrifié, ou un dégagement de quelque gaz contenu dans ce mème fofhile, Mais en continuant mes expé- riences , Je vis que cette ébullition eft conftamment accompagnée d’une érofion du fappare. Cette erofion eft même très - prompte , lorfque le filet de fappare ef tres-délié, & que la terre abforbante eft libre sou neft combinée qu'avec des acides. Alors , fi la flamme du chalumeau jouit de fa plus grande aëlivité , on voit le filet de fappare chargé dun petit fragment de terre abforbante, fe difloudre prefqu’auffi rapidement que le feroit un fil de fer dans l'acide nitreux. Cetie expérience eft tres-curieufe à voir ; & fi, au moment de lef- fervefcence , on retire brufquement le fappare de la flamme , les bulles fe figent, & préfentent une écume vitreufe extrêmement rare & tranfparente. C'eft ce qui m'a induit en erreur au paragraphe 21 de Pédition françoife de mon Mémoie fur les volcans du Biifgaw , où je dis qu'une efpèce de rayonnante, szrahlstein, que je décris-là , fe convertit en une écume compofée de bulles tranfparentes , tandis que ces bulles font le réfultat de l’efftrvefcence que produit la diffolution du fappare par la magnéfie & les minéraux qui en contiennent, qui produifent cette écume vitreufe. Mais je n'ai jamais obfervé d’ébul- lition fans diflolution, même dansles verres les plus remarquables par leur liquidité ; car, par exemple , les verres des minéraux ferrugineux , quoiqu’en général ils foient très-liquides, comme je l'ai déjà dit, ne donnent jamais de bulles , parce qu’ils ne corrodent point le fappare. Et quant au phénomène des obfidiennes, numéro 12, ce n’eft point une ébullition, c'eft un gonflement produit par un dé- gagement d’eau ou de gaz , & non par la vaporifation de la fubftance même du veire. En effet , le verre de l’obfidienne , bien loin de fe convertir en vapeur, ne devient pas mème parfaitement liquide , puifqu'on ne a $ EZ D'HISTOIRE NATURELLE. 43 peut point opérer l’afaiflement complet de [es bulles ,& qu'au con- traire, elles fe montrent très-réfrataires. ù Mais, d’où vient le gaz qui produit l'eferveféence dans la diffo- lution du fappare? On pouiroit croire qu'il vient de l'acide uni aux terres abforbantes ,'fi cette effervefcence navoit pas également lieu avec les terres pures & dégagées de tout acide , & même avec les fofliles, où une terre abforbante n’eft unie avec aucun acide, comme le jade & la rayonnante. C'eft donc -là un probléme à réfoudre. ÿ Il s’en préfente encore un autre fur le même fujet. On peut demander quelle eft celle des terres dont eft compofé le fappare, de laquelle vient principalement cette effervefeence. Suivant l’ana'yfe du fappare , qu’2 faite mon fils, Jozrral de Physique de 1993, 2° 11, p. 18, les terres dominantes, dans ce genre de pierre, font Pargile & la filice. é L’efpèce tendre , dont je me fers pour ces expériences, contient 54 centièmes argile , & 31 de filice. Pour décider entre ces deux terres, j'ai pris un filét délié d’asbefle commune ; je l’ai foude à l'extrémité d’un tube de verre, & je l'ai expofé à Pa&ion de la A imme du: chalumeau ; il s’eft formé un plobule qui , au ffunle plus vif, ne produifoit aucun bouillonnement. J’ai afpergé ce globule d’un peu de terre d’alun purifiée, & alors, en foutenant le feu, j'ai p’oduit une eff.rvefcence & une écume vitreufe, femblables à celles qu'un petit fragment de la même asbefte produit fur le fap- pare, Àu contraire, le criital de roche pulvérife n’aproduit ni effer- vefcence ; ni éeume vitreufe. Je penfe donc que c'eft.à largile , plutôt qu'à la filice , contenues dans le fappare , qu'il faut attribuer l'effervefcence , au moins pour les terres & pierres magnéfiennes, telle que l’asbefte. J’obferverai, en paflant, que lasbefte diviñible, comme le fappare , en filets déliés & fermes, peut fervir à diverfes expériences de ce genre ; mais elle na pas l'infufbilité du fap- pare. La filice jouit cependant aufli de la propriété de difloudre les terres abfotbantes, & de les rendre fufbles , & elle produit ce même effet fur l’argile ; car c’eft la filice qui, mêlée par la na- ture avec l'argile dans la terre à porcelaine , numéro 58 , la 1end fi fufñble , en compara fon des terres argileufes pures ou fimplement aérées, numéros 117 & 118. Mais là, aufli, il y a une efpèce de faturation , qui rend le mélange de ces terres très-réfrauire , quand elles font mélées dans la proportion qui produit la vraie por- clame, numéro 6o ; car la faturation produit une union intime , qui donne la force de réfilter à lation du feu , comme à celle des diflolvans chimiques. C'eft fans doute encore une fituration de na #4 La ys JOURNATADE PHYSIQUE, DE CHIMIE. ce genre, qui rend le fappare fi fingulièrement refradaire ; & ces cas-la font naître des exceptions à la regle , que les terres mélangées font plus fufibles que les fimples. Mais tout dépend des proportions. En effet, quoïqu'en pénéral la terre calcaire augmente la fufibilité , cependant elle la diminue quand elle eft en trop grande quantité. Ainfi, la marne pierreufe , numéro 22, eft moins fufible quand elle pofsède toute fa terre calcaire, que quand l’acide nitreux l’a dépouillée de celle qui meft pas combinée avec l'argile & la filice, qui forment fes autres élémens. On voit par ces exemples combien le chalumeau , fuivant le procédé que jemploie, peut fervir à étendre nos connoïflances , non-feulement fur le degré de fufibilité, mais encore fur les afh- nités des minéraux expofés au plus haut degré de l’a@ion du ca- lorique. Au refte , il eft bien évident que, fi l’on employoit ce même procédé en faifant ufage de l’oxigène, au lieu de l'air commun, on augmenteroit encore fes effets, & l'étendue de fes réfultats. Conche , près de Genève, le g septembre 1794. PROBLÈME DE MÉCANIQUE, Relatif au Jeu du Billard ; Par M. DE BERNSTORFF, Danois. AVR TL CHERE LI PUR ENMIVE (R E æpérience.* Or connoît le précieux cabinet de phyfique au Louvre, dont le citoyen Charles, phyficien également diflingué par fes lumières, & par le talent de metrre fes vaftes connoiflances à la portée de tous, a fait. hommage à fa patrie. On y voit, entrautres, un billard de marbre , dont la conftru&ion offre un affemblage rare de chofes remarquables aux amateurs de la mécanique, & une ample matière aux méditations du géomètre. Le citoyen Charles, en me faifant voir fur ce billard quelques expériences de mécanique, me propofa divers problèmes ; je me bornerai à l'expérience fui- vante, qui, fans être abfolumerit neuve , devient fur-tout remar- quable fur un billard d’une confiruétion aufli admirable que celle du billard du Louvre. On prend une bille , € en y appliquant le doiot, on La piice de manière , qu’en se portant en avant, elle tourne en arrière, c’est-à-dire ,.que le point du,contact rase La zable en sens contraire à celui où se porte la bille: Cela étant, on voit la bille s’arréter à une certaine distance , revenir ensuite, € la ligne qu’elle décrit est le plus sou- vent courbe. On peut appeler cette rotation , la rotation rétrograde. Aïnfi , il s’agit, dans le cas de la rotation rétrograde, de fixer le moment & l'endroit où la bille s’arrêtera ; & dans le cas où elle décriroit - + 1 MT " 46 JOURNAL DE PHYSIQUE , DE CHIMIE une ligne courbe , on doit également donner l'équation de la courbe ; fais enfuite , il faut obferver que , fur le billard du Louvre, les billes étant moitié blanches, moitié rouges , on "apperçoit les va- riations de linclinaifon de l’axe de la rotation ; c’eft pourquoi le citoyen Charles a defiré de plus, qu’on déterminät les courbes que décrivent les divers points de la furface de la bille. | . Ces dernières courbes feront connues auflitôt qu’on connoîtra celle que décrira le point du contact initial, c’eft -à- direk, le point par lequel la bille touche le billard, au moment où le mou- vement commence. Le moment & l'endroit où la bille s'arrêtera feront connus, quand on connoîtra le mouvement du point du conta initial dans la courbe qu’il décrira. Ainfi, tout fe réduit à trouver cette dernière courbe, & le mou- vement du point en qu: ftion dans cette courbe. Pour abrégerdlé tout, je réduirai la queftion au cas le plus fimple : C’eft celui du mouvement rediligne du centre de la bille ; en me réfervant au furplus de donner la folution pour le cas du mouve- ment curviligne , fi ce genre de recherches n’eft pas déplacé dans un journal qui n’eft point confacté aux travaux des pcornètres. Le théorème fuivant va nous fournir la folution du probléme propofé. k. ABRT LC LE MI. Théorême. Soit (Fig. L ) AB C, la circonférence d’un globe homogène , dont le centre foit en O. Soit fur le rayon © 24 ;le point P , celui par lequel paffe la réfultante des forces qui mettent le globe en mou- vement , le rayon O À étant perpendiculaire fur la direétion de la réfultante , Soit la diftance du point P au centre du globe....,..... = D Soit le rayon du globe... ..esssesoseveneone ee" ose ie = T1 Soit l'angle AO PMR Te rleiesiele else lalelelele nie siele is isole = P Soit la vitefle initiile progreflive du centre. ...sssoeereee a Soit la vitefle initiale de la rotation de l’équateur du globe... =b Cela pofé, on aura D = ue & cose = = ; ou bien en mettant le 27T rapport des deux vitefles initiales 5 = m, on aura D Fm > c’eft- a-dire , /a distance du centre au point, par lequel passera La résultante des forees motrices du globe , sera toujours égale aux deux cinquièmes du rayon divisées par le nombre m. .. L Èt : L j «< É é . ET D'HISTOIRE NATURELLE. 47 Démonstration. + Soit le globe rega-dé comme un pendule compofe & fufpendu au point P. Cela étant, il y aura fur la droite A C un point G, qui deviendra le centre d’ofcillation. Or on fait , par les principes de la mécanique , que la longueur. du pendule fimple ifochrone , . fera 27r =D + D | On fait encore qu’on peut échanger le centre d'ofcillation & le point de fufpenfion, de forte qu'en fufpendant le globe en G, le point P deviendra le centre d’ofcillation. On fait enfin que, dans Je mouvement libre , ’impulfon étant donnee au centre d’ofcillation & perpendiculairement fur la droite , tirée de-la au point de fufpen- fion, celui-ci décrira la cycloïde ordinaire. Par conféquent , la vitefle initiale de la rotation du globe, au point G:, fera égale à la vitefle initiale progreflive du centre du globe. La droite O G fera donc au rayon, comme « eft à D; & 1 : = eTr 54 2br Sa, 3 puifque cette droite eft = ©, on aura D = = 3 & à caufe = NP de D =7r cos, on aura coso = Fat Co RFO LE AÎT RE T. On voit par-la que , pour faire rouler un globe de manière que la circonférence décrive la cycloïde ordinaire , il faut difpofer les forces motrices , de façon que la réfultante pafle à une diftance du centre qui foit égale aux deux cinquiemes du rayon. GO R*“O T'TNAPI REVII. Si la réfultante des forces motrices pafle par l'extrémité du rayon perpendiculaire fur la direction de la refultante, ce qui arrivera, par exemple , en tirant le globe par un point de fa furface & perpendi- culairement au rayon qui aboutit à ce point ; on aura D = 7 = 2, & par conféquent = + =; c’eft-à-dire, la vitefle initiale progreflive du centre , & celle de la rotation de l'équateur , feront dans le rapport de deux à cinq , & le point du globe qui décrira la éycloïde ordinaire , fera placé à une diftance du centre égale aux deux cinquièmes du rayon. 48 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE * ARTICLE IA Probléme. Etant imprimé à la bille ABCD, (regardée commeuun globe homogène) posée en A sur la table horizontale AE, un mouvement progressif dans le sens AE, © un mouvement de rotation dans Llesens À D'CB , autour du diamètre ko- rizontal € perpendiculaire sur la direction du mouvement progressif, on demande la courbe que décrira le point du contact initial À, son mouvement dans cette courbe, en ayant égard au frottement. (Fig. I.) Solution. Soit la mafle de la BALE see a nette le Mere cie lies ele ie = M Soit () le centre de la bille & le rayon OPA TES Se Se => 6) à Soit le temps écoulé depuis le commencement du mouvement, =t Soit l’efpace parcouru dans le temps Z par le centre... 2 Soit l'angle À O F décrit dans le mème temps par le point A autour du CENTTE.sssereosseseeeeoeesceeceseseeoses = Soit F X:,-perpendiculaire fur OC, & fotOX.......... =x Soit Ÿ l'endroit ou fe trouvera le point A après le temps z, & foit NON Street a)oteiciere Sen (ie ecotel sine io lc eete = Y Soit la viteffc initiale du mouvement progreflif. .s....ss.e = 4 Soit la vitefle initiale de la rotation du point A.........es D Soit après le temps #, la vîitefle du mouvement progreflif... = v Soit après le même temps, celle de la rotation du point A.. =u Cela pofé, la courbe que décrira le point du conta initial fera connue , quand on connoîtra, pour le temps £, les valeurs de æ & de y. En défignant les différentielles de £, z & 4 par d4, dz & di, RER RES 4 d ona, par les principes de la mécanique, v = Ca Te 110 les forces accelératrices , produites par le frottement ; feront de dit gg de. rdd dt T de CHAT TEK ; Le frottement étant en raifon conftante du poids, d'après les expériences, foit la force abfolue du frottement de la bille = M 7. La bille étant regardée comme un globe homogène , fon moment d'inertie fera =%M r7r, & le moment du frottement = M 27. En nommant 4 la diftance du centre au point où la force M # s’applique , on aura d = r ; & comme les accroiflemens de vitefle que ET D'HISTOIRE NATURELLE. 49 quecette force produit dans le temps infiniment petit d’,font dy & du, ona, par le deuxième corollaire du théorême précédent, = r dl ; d MR Eadliar E = = + Par conféquent on a du—"* ; d'ou l’on tire l'équation dif- 2 férentielle fuivante du fecond ordre qui contient la folution du pro- rddt blème = = , L'intégrale de cette équation eft rd =Cr+12, où z eft l'efpace parcouru par le centre de la bille, dans le temps #, & où r4eft Parc AF , décrit en même-temps autour du centre, par le point A. La quantité C eft une con‘lante donnée par les vitefles initiales a & b, de telle forte qu'on a C =b—14. Cette intégrale fournit l'équation de la courbe demandée. On a d'abord x = rcos+ & y = rsind + z, où il s'agit de fubftituer la valeur de z , exprimée en 4. Or,onaz=2?(7Ÿ—Cs)& nousallons éliminer z La force accélératrice, qui fait varier la vitefle de la rotation, eft, Ver 2 Mrr ÿ annonce que le mouvement de rotation eft retardé, On a donc d4 2 8 à ne = -- 7, dont l'intégrale eft £4--- + + 7, = 0; d’où l’on tire le temps exprimé par une fon&ion de +. Soit cette fonétion défignée par f(r 4), & on aura f (rt) = es 2 = Le )= Ceft cette valeur du temps qu'on devra fubftituer dans + = rsint +? (74 --- C #), & on aura l’équation y =rsind+?(rdt-- Cf(rd)),& voila l'équation de la courbe demandée. Quant au mouvement du point À, dans cette courbe , il eft dé- terminé par l’équation £ = f(r4), qui donne, pour un temps quelconque, l'arc À F decrit autour du centre par ce point, dont le lieu qu’il occupe alors eft déterminé par les ordonnées de la courbe. cit , . dd: x par les principes de la mécanique, es , où le figne 8r CHÉRTONS L'AIR E IE, La détermination du moment & de l'endroit où la bille s’arré- tera, eft un corollaire de la folution précédente. Elle sarrétera, : CDR ë n lorfque la viteffe progreflive = T< s'évanouit. Nous avons ci-deflus 2 5 LE GRE ré # C213 er Le =2(rŸ--Cr)Donc,en faifantft 22 (2 Fo) ={(z.-C)=0o, ” à 5 fe) on aura.le moment où la bille s'arrêtera ; après avoir fubftitué, our: z:, fa valeur exprimée par le temps, Or nous avons ci-deflus , P F P rddit PALIER s Ten AL Lys ee =-- in, dont l'intégrale eftu=06-fnt,& ona Tome 11. JUILLET , 1794, ( v. st.) G s° JOURNAL .DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cræb--:a En mettant d-- T1 = C, on aura =“; c'et- à-dire , la bille s'arrêtera quand le temps fera =, > q L il L'endroit où elle s’arrétera eït déterminé par Pefpace = 7, que le centre aura alors parcouru. Nous avons d?=£$zdi---2C dr, cout l'intégrale eftz = at---=ntt, où en fubftituant pour # la quantité , on a l’efpace demandé = =. fn ñ / CO RIOMESE ALTINRNE ET L'équation de la courbe, que décrit le point du contaë initial dans le cas de la rotation rétrograde, eft y =rsin4+27rd2C/f(rd),ou la fondion f'(r4)eR (rt) #8 (168 nt) Cette courbe rentre dans une claffe de courbes tianfcendantes, dont Véquation générale, en défignant par F (74) une fonétion quel- conque de f'arc circulaire r'Ÿ, peut être préfentée fous cette forme: 5 =rsind+F(r). La cycloïde, proprement dite, eft un cas particulier de l'équation générale ; celui où on a F (74) =p r4, en défignant par p un paramètre conftant. La courbe que décrit le point du conta&, dans notre probléme, eft un autre cas particulier de l’équation générale , celui où lon a F(rt)=ir$+5Cf(r+). Ces courbes méritent d'autant plus d'attention , que la nature elle- même les met fous nos yeux à chaque inftant , lorfqu’elle nous offre le phénomène de la rotation. Exemple. Pour donner un exemple , je m’arréterai fur le cas le plus fimple, celui où, dans l'équation de la courbe donnée ci-deflus, on a la ” conftante C = 0. Dans ce cas, on a © +, & l'équation devient y =rsind+?r C’eft une cycloïde raccourde , dont le paramètre eft = +. On la voit figure 2. Le point du contaét initial eft marqué par la pointe d’une flèche. Les diverfes poftions de la flèche font voir le mouvement du diamètre , dont l’extrémité eft le point en queftion. La courbe forme, comme on voit, des nœuds de diftance en dif- *-nce ; il y a autant de nœuds que la bille fait de révolutions ; la dif- tance d’un nœud à l’autre ef les deux cinquièmes de l'équateur de la bille, ET D'HISTOIRE NATURELLE. s: En mettant AY =5s, on a l'élément de la courbe ds = di(2+40cos # À; & 4 nommant R le rayon de cour- cos LE ee à 8 Voici une petite table contenant les Ps parcourus fucceflive- ment par le centre de la bille dans le temps dune révolntion, & les diftances du point du conta® initial à l’axe vertical de la ÉSurbe en décimales du rayon de la bille , le rayon étant pris pour l'unité. 5e su bure ,ona-—R = Angles décrits par le Diftances du point point du contact ini- Efpaces parcourus PRE P P du contaét initial à par le centre dela 1 | tial autour du centre bille. l'axe vertical dela de la bille. courbe. 30° 0,20942 0,70942 dé 60 0,41086 1,20408 | 90 0,62830 1,62830 120 0,83774 1,70376 150 1,04718 | 1,$4718 180 1,25662* . 1,25662 | 210 1,46606 0,96606 240 1,67$$0 —Ee - 0,80948 270 1,88494 0,88404 300 2,09438 1 SR AE TAN 330 RU I se 360 PAUSE (a ape 26. | ss | 2. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE CREER SERRE EIRE EN ERP REPLI EN AEREENT EI PIX IEEE D TEDENIN PE EE EE UOTE REC T TIENNE S PR E GES Des découvertes chimiques faites en Allemagne pendant le cours de l’année 1794. (1) Guzzis a fait l'anayfe chimique d’une efpèce d'oxide de nickel, dans lequel le nickel n'etoit pas uni à de l'acide carbonique, comme il Peft dans l’oxide ordinaire de ce métal ; mais a de l'oxigene , à de l'acide arfenique & a de l’alumine. (l’on Crellss annal, 1794, tom,T, cah. I, pag. 3.) Wiegleb a analyfé une terre verte, dont on fe fert pour peindre à l’eau ; elle étoit des environs de Prag. 500 grains étoient com- pofés de : Sie ee eee ere Mesa er ae 3 drag. 20 grains. Oxidetde fers. es reecemeseuesss 2 » 35 Carbonate de chaux. .s.sesessosse 1 7 S3 False es spis ele seieiste cisetele els etais » » 22 3 dragm. 1% grains. Pertes ehiscesieterernie sense ses ee Lo » $ 3 dragm. 20 grains. = $00 gr. ( Ouvrage cité page 22.) Van-Mons a trouvé que la potafle & la foude ont une tendance mutuelle à s’unir à l’acide muriatique , felon le depré de tempéra- ture qu’on leur donne. La température de 3$°---40° Réaumur Ini aroïifloit très-favorable à la produétion du muriate de potafle ; au Eu qu'à la température de 70°--80° , Le muriate de foude décom- pofe fe régénère. ( Ouvrage cité page 39.) (1) Amicalement faices fur l'invitation de Van-Mons, par, les citoyens Reinwards d’Amfterdam, ET D'HISTOIRE NATURELLE, 53 Le même chimifte a décompofé le muriate de foude par le filice, en mélant parties égales de-ces fubftances, & en expofant ce mé- lange dans un creufet à un feu tres-violent. L’acide muriatique fe volatilife , & il fe forme du verre. ( Au même endroit. Le profeHeur Fuchs a fait l’analyfe chimique de l’eau minérale de Jeroldsorun. Il en a évaporé (1) so onces , qui ont laïflé 49 grains de réfidu. Ce réfida étoit compofé ce: Muriate de (QUES EE TS Re Dee nice eee els ste grain, Soude. consonnes ou eeneseseseeeesseeeese 1 5 Magnéfie..soserssecoosseoscorosotoneins ee 27 Sulfate de chaux... .ssosoosovensosesoesese 4 2 Here ienemecen etes Iu@is site Deretoiierele she Choute se stades tie airs eh eleltte derste cles Aî"n . 44 grains. Pertes nes eee delete as e 29 dui aies os $ 49 graine. ( Ouvrage cité page 4$.) Habnemann a publie un nouveau procédé pour la préparation de fon eau hépatisée (fchwefelleb:rlnptwafer Weïinprobe ), pour découvrir les métaux nuifibles dans le vin, &c. On la prépare ainfi : On fait difloudre deux gros d’acide tartareux dans 16 onces d'eau pure, à une température moyenne, & l’on y ajoutell2 gros de fulfure de chaux fec & pulvérifé ; on remue Île mélange dans une large bouteille | pendant dix minutes de fuite, & on le Jaifle en repos uné demi-heure ; après cela , on décante Ja liqueur dans un flacon, qui contient 4 gros d'acide tartareux pulvérifé , qu’on fait difloudre en remuant la bouteille ; on laifle s’éclaircir le mélange par le repos d’un jour & d’une nuit, & on décante la liqueur claire dans des petits flacons. ( Ouvrage cité page 109.) Carl Rinmann a fait des expériences en grand , pour perfec- tionner le fer cassant à froid ; & comme il eft connu que cette fragilité dépend de l'acide phofphorique , il a employé fa chaux. Il (1 L’original dit 115 loths 4 quint, J’ai remis, au lieu de cela, jo onces, parce que 115 loths 4quint. = 116 loths, ou 50 onces. Peut-être a-t-il em- ployé un autre calcul , ou bien c’eft une faute d’impreflion. 54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE a obrenu le meilleur fuccès , en fondant la chaux d'avance avec au- tant de fcories, & en ajoutant 140 livres de cette mafle à 260 livres de fer eru ; le produit de cette opération étoit 198 livres de bon fer en barre. (Ouvrage cité page 131.) Kiaproth a fait la découverte que Îa terre pure du sérontianit (ia ftrontianite ) fe diflout dans l’eau, & fe criftallife. ( Ouvrage cité page 101.) Martinenghi a obtenu un nouveau métal du sz/fate de baryte ; mais les expériences ne font pas encore ailez multipliées pour en parler avec füreté. ( Ouvrage cité page 195.) Lovwitz a donné un nouveau procédé pour faire l'acide acétique concentré, en diflillant une livre d'acctite de potafle & autant d’a- cide fulfurique , étendu avec une livre d’eau : le produit eft alors reCtifié fur la moitié de fon poids de poudre de charbon ; après cela, on Pétend avec le tiers ou le quart de fon poids d’efprit de vinaigre dulcifié , dépouillé de tout fon phlepme. ( Ouvrage cité page 203.) D'après Hielm , on peut employer le zz0/ybdène pour faire de crayons. | ( Ouvrage cité page 213$.) Une once de bo/ d” Arménie contient, d'après l’analyfe de Wiegleb : MINCE Ce non Rene ei oil s.. ÿ gros. 6 grains. Alamines ste. Done dar cast AIO: CHAT Ferken poudre. .........0000: 3 s1z 7 gros. 44 + grains. DETTE Er sie sielelrteletete ie ele le Re » 15 + ( Ouvrage cité page 304.) Ebel prétend que la principale caufe de nos maladies chroniques dérive des mets préparés dans de la poferte vernissée , à caufe que le vernis contient du plomb. Wreftrumb a détermine la quantité qui s’en diflout dans le manger. ( Ouvrage cité page 473.) Les nouvelles expériences de Vogler, fur Z’art de la teinture, ne font pas bien fufceptibles d’un extrait ; il faut les lire en entier dans les Annales citées. Hildebrandt fépare l'argent du cuivre , en faifant une folution de l'argent allié au cuivre, dans de l’euz régale. ( Cette eau eft com- pofée d’une partie d'acide nitrique rutilant , d'autant d'acide muria- tique, & de deux parties d’eau. ) Le dépôt qui fe forme eft du muriate d'argent. Le métal étant diffous, il y met de temps en temps ET D'HISTOIRE NATURELLE. és encore un peu d'acide muriatique, pour que tout l'argent fe précipite. Apres cela , il lave le dépôt, & il le réfufcite. ( Ouvrage cité page 436.) Il fe trouve encore un procedé de ce chimifte fur le même fujet dans ledit ouvrage , tome 11, page 9. 1] fait difloudre Pargent, allié au cuivre , dans de l’acide nitrique pur, La folution faite”, il y ajoute une folution de carbonate de po- tafle , & fait fondre le dépôt avec un quart de fon poids de borate de foude ; largent eft réfufcité, & le cuivre refte oxidé. Richter a explique d'une manière ingénieufe l’inflammation du foufre avec les métaux fans oxygène , obfervée par les chimiftes hollandais. Il prétend que le foufre, quoique expofe à la température de l’eau bouillante, retient encoreune partie d’eau; cette eau eft décompofée & : fournit l'oxygène. Il s'eft empreffc à prouvér cette théorie , tant par le calcul que par des expériences. ( Ouvrage cité page 291.) Pfaff & Lichtenberg ne font pas de lavis de Richter. Ils difenc feulement que ces corps fondus font des mauvais conduéteurs de la chaleur, & que de-là ils s’enflamment, ( Voyez le Journal de Physique de Gren, vol. TT, cab. IT, pag 230.) Weifl a propofé la teinture d’alcanne, comme un nouveau réa- gent pour les alkalis. ( Ouvrage cité cahier I, page 24.) Hauch a prouvé, par des expériences très-bien faites , que l’eau, en paflant à travers des tubes d’or, d'argent , ou de cuivre incan- defcens, ne fouffre aucune altération. ( Ouvrage cité page 27.) E. T. Buchholtz a obtenu des criftaux d’acétite de baryte, en évaporant la folution de ce fel à la chaleur de l'été. ( Voyez Trommsdorff, Journal de Pharmacie, vol. I, cah. I, Pag- 77.) $6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE TR A DUC MO De l'analyse du strontianite, faite par Klaproth, profeffeur de chimie à Berlin ; extrait des Annales de Crell, gène. cahier de 1793, & 2ème, de 1794. 18 À raifon pour laquelle l’on confondoït pendantun certain temps le ftrontianite avec le wytherit,ou carbonate de baryte naturel, eft proba- blement parce que l’on avoit remarqué qu’il avoit quelques propriétés communes avec ce dernier. Quelques expériences que l’on avoit déjà fait avec ce foflile , le phénomène fingulier que j'avois remarqué , qu'un papier plongé dans une diffolution de nitrate de ftrontianite, & séché , avoit acquis par-la la propriété de brûler avec une flamme de couleur de panceau , me firent foupçonner que cette terre diffc- roit peut-être encore , dans d’autres propriétés , du wytherit. La difficulté de fe procurer ce foflile en aflez grande quantité , avoit empêché jufqu’ici les chimiftes de répéter & confirmer les expériences dejà faites, & d'en multiplier le nombre. Un examen plus détaillé de ce foflile , ne fera donc pas, comme je lefpère, fans quelque utilité. Le lieu natal du ffrontianite, eft Strontian en Ecofle ; on le trouve. avec le fulfate de baryte , dans un filon de plomb, dans une roche de Gneis. Sa couleur eft verte, claire & foible ; on le rencontre en mafñle d'une texture fibreufe ; il eft tranfparent, brillant, d’une dureté médiocre. Sa pefanteur fpécifique eft 3,67$ ; celle du wytherit eft 4,300: Il eft conftaté par des expériences , que le carbonate de baryte eft un poifon violent pour tous les animaux ; le ftrontianite ne pof- sède point cette funefte qualité : les animaux peuvent Pavaler fans en reflentir aucun inconvénient. Expérience première. À. 100 grains de ftrontianite furent calcinés pendant deux heures dans un creufet de porcelaine : les mor- ceaux ne changèrent point de forme , mais leur couleur ee & eur EST RE M LAN me, ee # x ’ 4 SARL : SEAT IS FN PA TA AT CNT + 2, Mgr D'HISTOIRE NATURELLE. . $7 leur éclat difparureñt. Son poids n’avoit diminué que dE denE grain, ce qui probablement étoit de l’eau. ae Je répétois cette expérience avec cent ne grains , avec la diffé- rence que je les avois foumis pendant cing'heures, au lieu de deux, à un feu violent & continu ; la moitié du témps auroit fufñ pour réduire le marbre blanc en chaux vive. Ici il fe trouva une perte de fix grains & demi ; en comptant le demi-grain pour l’eau , qu'il avoit perdu à la première expérience, Pon peut admettre fix grains d’acide carbonique de dégagés. Le ftrontianite , ainfi calciné , poffédoit une faveur acre & cauftique. Aprés l'avoir réduit en poudre, je le fis bouillir avec quatre onces d’eau pure ; je féparois, par le filtre , ce qui n'étoit point diffous ; le goût de cette eau étoit pareil à celui de l'eau de chaux. Ta e J'en avois mis deux onces dans une fiole , légèrement couverte d'une plaque de verre : il fe formoit ‘après quelques minutes une p uen" 4e #4. PET sé NATU D 6 MST RO | Nous avons joui étal pen mots d'une emprise de & affez la La de. T mené | 2 ; clle s’eff faie par un beau temps. "Li récolte elt AT ante, & le "a aura le ja qualité ; celle dés châtaignes eft ba ls, elle ac oMmiencé é 22. On ne voyoit plus d'hir ondelles “les à ÉASE luies : n 4 AL. UP de sales es ture Le ce. mois dans “les années Me hi. [araire de a celle-ci. Quantité de pluïe Ene17E8 > À% = lign. us Entre dans Je ci - devanc me : & fud-oueft. in re, 6 = Us Zoyinne . ètre 27 de. Êr . les 25 Re QuC. 7 An. afiez PRE. fud- oueft & cit. 25 d Mo 74 M. le 18. Moyenne , 14,3 #7 grand ; 4 lu | ce! ë 27 rod II Pal EE Te C Fe Moir È 27. . PRE B 6 lign. des pqui èc mes AA os P Mur. Lab {P. Q.) nuages, froid ce at fret) nue get, doux. Le < latènes 70 couvert , doux, KT Le 9 (P. L.) nuages , doux, Le 10 ( Dre 4 ) be: ss de la Tab en 18 LA Ne n17375 23; li Zaxinois de M. couvert, pe Ecr3 quatrième joureaprès 1 Le 16 (D. Q. ) couvert, doux, Left Crifl ce bo I, : , : doux. Leo Cgéatridme jour evandilé (1 ge ï 6 nr idenr. Le 25 pluie. Le 24: N° L,; équiroxe (guatriènie jour après la N. L. ; En. 15 si Vents dominañs x Se. Rouet Hi & celui d’oueft'furent violens les : D 6, ain que ess 20 &21, 2jÈtRe de Péquinoxess, , Plus grarde chaleur, 18 jo ( 33,43 d d. ) le 2: à 2 heur, foir, le 20 d. (2,$0 a ) le .28,à 6 + heur. matin, le vent nord & le ciel ferein, Différence, 36574 Cros d. ) Mayenne , a matins 8,3 dt { 10,33 d.) à ridi, 15,0 d: GS 37 d«) au Joir ; 16,2 d. Cr280 d' ) du Jour , 11,2 d. C145 TE JUILLET , 1794, ( v. 2) 14 I ; { L2 m1 , 3 & 66 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Plus grande élévation dre Baromètre » 28 pouc. 2,96 lign. (75 c.mt. 7.mmnt, ) le 30 à G+Héur. matin; le vent nord & lerciel en partie couvert, ‘Moindre,. 27 pouc. 4,93: lign. (gic.mt, 11 m.mt.) le 7 à $ + heur. foir,le vent eft & leciél en couvert. Différence, 10,03 lign. CE cmt. 6 memt.). Afoyenne au matin , #27 pouc. 9,71 lignes. (73 cmt. 22 m.mt. ) à midi, 27 pouc. 9,67 lign. ( 73 c.mt. 21 mmt. ) au foir, 27 pouc. 9,90 lign. (73 c.mt. 23 m.mt.) du jour , 27 pouc. 9,76 lign. (73 cmt. 21 memt. ). Marche du baromètre , \e 1er. à $ = heur. matin, 27 pouc. 10,29 lipn. durer. au 4 monté de 2,91 lign. du 4 au 7 harffé de 8,27 lign. du 7 au 12 A7. de 8,31 lign. du 12 au 14 B. de $,08 lign. du 14 au 16 #7. de 3:91 lign. du 16 au 18 3. de 4,12 lign. du 18 au 19 AZ. de 0,55. lign. du 19 au 20 B. de 2,58 lign. du 20.au 21 M. de 4,63 lign. du 21 au 24 B. de s,solign. du 24 au 30 2. de 9,61 lign.le 30 B. de 0,71 lign. le 30 à 9 heur. foir, 28:pouc. 2,25 lien. Le mer- cure a beaucoup varié , fur-tout en zrontant, les 9 , 10, 16,20, 21,124 & 26 ; & en deféendent, les $ , 65 13, 17, 19 & 23. Plus grande déclinaifon de Paiouille aimantée, 21° 36 (24,111 d.) les 11, 12,23 @&14 , le vent nord-eft & nord, & le ciel ferein. Moindre , 22° 15° (24,72 d.:) le 6 à 8 heur. matin , le vent fud- oucft & le ciel.en paitie couvert. Différence, 210 (0,39 d.) Moyenne, à 8 heur. mar, 22° 26! 48" (14,93 d. ) à midz, 22° 29° 8". (24,100 d.) à 2 heur. for, 22° 29° 36". (24,09 d.) du jour , 22° 28° 47":(2497d) # . H eft tombé de la pluie lesu , 2,3,5,7,8, 18 ,%20 , 13 ;24, 27 & 29); elle a fourni 23,9 lign. d’eau ( 0,053 m.mt. ) Il en eft tombé 1,46 lign. dans les journées du $ , 7 & du 8. L'évaporarion a été de 27 lign. (0,060 m.mt.) Le tonnerre s’eft fait entendre de /oiz le 22. L’aurore boréale n'a point paiu. 4 Les fièvres intermittentes, tierces & double-tierces ont éré communes. É ÿ # Refultars des trois mois d'été. Vent dominant, nord-oueft. P/us grande chaleur, 27,7 d: Moïndre ; 2,0 d. Moyerne an marin , 11,1 d. a midi , 17,6 d.au foir, 13,7 d. du jour, 1,41 d. Plus grande éle- tation du baromètre, 28 pouc. 2,96 lign. Moindre , 27 pouc. 4,93 lign. Moyenne au matin ,27 pouc. 10,48 lign. à midi, 27 pouc. 10,29 liyn. au /oir, e7 pouc. 10,53 lign. du Jour , 27 pouc. 10,43 lign. Plus grande déclinaifon de Parguille aimantée , 22° 4$'. Moindre, 21° 0”. Moyenne à 8 heur. matin, 220 26/ 44". à midi, 22° 28/ 16". à 2 beur. foir, 21° 28/ 28". du jour , 21° 17” 49°. Quantité de pluie, 7 pouc. 4,6 lign. D'évaporation, 11 pouc. $ lign. Température , chaude & seche. Nombre des jours beaux , 31. couverts , 18. de nuages, “ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 67 43. de vent, 27. de pluie , 37. de tonnerre à 14. de brouillard, 6. Produélions de laserre ; le temps étéfavorable à la récolte des grains & du vin. Maladies, coqueluche & fièvres intermittentes. 4; af 12 Vendemiaire, an 2e Répub. Emil: ( Montmorenci), { 3 Oéobre 1794 C vieux flylé). EX, AA, E :%N De la pierre nommée marbre vert-poreau d'Egypte ; Par B. É! S À GE. | 2 nom de marbre ayant été donné, par les anciens , à toutes les pierres fufcepribles d'un poli brillant, on sa pas une connoif- fance exacte de toutes les efpèces de pierres qu'ils ont employées pour leurs monumens. On ignoroit que les Epyptiens avoient mis en œuvre une belle ferpentine verte chatoyante , parce qu'on la nommoit #wrbre vert-poreau. Il] y en a deux colonnes d’onze pieds de long dans leconfervatoire des Petits-Auguftins; l’une a un pied de diamètre , & l’autre 1$ pouces. M. Defnoÿers les avoit fait venir d'Egypte , avec les belles colonnes de cipollin, dont Louis XIV vouloit décorer une galerie. Languct de Gerpi, après la mort de ce prince, s'empara, dans les marbreries du roi, de ces deux co- lonnes de ferpentine , & d’une de porphyre , qu'on a retrouvé der-. nièrement dans les caves de fon églife. Il avoit revêtu le pourtour des bafes des piliers de ce temple, avec le marbre bleu turquin, & le marbre rouge & blanc de Languedoc, marbres qui décoroient la rivière de Marly , laquelle occupoit la place du tapis vert en face du château. Languet de Gergi fit ce coup pendant la minorité de Louis XV. Le curé de Saint-Euftache s’ctoit aufli emparé de huit colonnes de granit rofe d'Egypte , dont il avoit décoré deux chapelles: ces colonnes font préfentement au confervatoire des Petits Auguftins. 7 I 2 LA 68. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On propofoit dernièrement de les couper pour faire des cippes ; ade de barbarie. Pourquoi ne pas décorer ces colonnes de chapiteaux & de flylobates en ophytes des Vofges ?'ôn les furmonteroit ‘enfice de vafes, de flatues ou de buftes ; mais il fäädroit que ces vafes otfrifient des formes nobles. & agréables. On voit avec peine , dans le mufeum de Verfailles ; de beaux porphyrés d'Arabie , qui n’offrent que des formes lourdes &choquantes. La pierre ollaire, nommée ferpentine , eft imperméable à l’eau, & fufceptible d’un poli brillant. Sacouleur eft plüs ou moins verte, fouvent tachette comme la peau de ferpent, d'où lui eft venu fon nom. \ Ë On trouve en Corfe une ferpentine verte demi-tranfparente, ayant Fapparence du jade ; elle renfirme fouvent de Ia mine de fer attirable. La ferpentine offre quelquefois , dans fon tiflu, des taches ftrices, foyeufes, d'un vert moins foncé, & chatoyant:s, comme la gorge des colibris ; le fond de cette ferpentine eft d’un vert noirâtre, entremélé de taches d'un gris rougeâtre ; & de mine de fer attirable, C'eft de ceite efpèce de ferpentine (*) que font les deux belles colonnes dont Je parle ; elles font uniques dans leur genre, & mérite- roient d’être polies & placées dans un muféum , avec de beaux cha- piteaux de marbre blanc. Leur picdeftal , ou ftylobate, pourroit étre de marbre blanc & vert , clair & gris, du territoire d’Auft, vallée de Conflans, rive droite du Salut, dans les Pyrénées, marbre de la plus grande beauté, que je n’ai pas vu employé en France, quoiqu'il foit plus agréable à l'œil que le vert anrique fi recherché, à caufe de fa rareté.” : See On, pourroit placer intermédiairement la belle colonne de por- phyre qui eft dansle même,confervatoite , en la décorant d'un chapiteau & d’une bafe en cuivre doré, & en la pofant fur un piédefal d’ophyte des Vofges. | Je defirerois qu’on mît.dans léméme muüf£um la portion de colonne de verre qui a fait partie du théâtre d'Emilins- Scaurus. J’ai vu ce fragment de colonne dans le cabinet du jardin des Plantes. La baignoire de porphyre qui eft au piéd de lefcalier de la bi- bliothèque nationale, où font les médailles , figuréroït bien dans le muféum, ainfique le beau tombeau de porphyre de Cayius, & la Minerve en pied qui eft dans les jardins de Trianon. Je defirerois encore voir dans ce muféuim deux efpèces d’urnes alongées , de brèche (1) Il ya à Paris, chez un marbrier , un chapiteau d’ordre corinthien de cette belle ferpentine, ” + ET D'HISTOIRE NATURELLE. | 69 univerfelle d'Egypte, (1) qui ont près de douze ER de hauteur ; je lesläi vu dans le confervatoire.de la maïfon de Nefle. Cette bréche dure eft compofée de fragmens de porphyre, de Sranit, de-jafpes, & de marbre de didtrentes couleurs. 7%, : On a donné lépithète #wniverfelle a cette brêche , parce qu’elle coftient de prefque toutes les fortes de pierrest£esvales précieux, dont je viens de parler | doivent étre con!eivés avec le plus grand foin, ainfi que. les feulptures antiques , parce qu’ellés font la preuve des grands talens des artiftes de l'antiquité, talent dont onpeur juger , en examinant Ja tête coloffäle du Jupiter de Myton. Ce célèbre fculp- teur exifloit.440 ans avant l'ère chrétienne. | W Myron set rendu récommandable par üne exa@te imitation de la . natures.le marbie fembloit s’animer fous fon cizeau , ce que prouve la belle tête de Jupiter, qui elt dans les bofqnmets de Merfailles , 1a- quelle a fait partie du Jupiter coloflal qui ctoità Samos:,: dans le temple de Junon , avec les ftaiues de Minerve & d’Hefcule. Strabon rapporte qu’elles fürent enlevées de ce temple par Marc-Antoine , qui les: fit transférer à Rome. Elles furent redemandces à *Augufte par les habitans de Samos ; mais il ne ieur renvoya que les ftatues de Miñervec& de Mercure. Augufte avoit éte.fi frappé de la beauté de l1 ffatue de Jupiter, qu’il fit élever un. temple fur le Capitele , où il la dépofa. Il ne refte, de cette belle ftatue, que la téte"& une partie du tronc ; elle à fait pendant long-temps, à Rome, le principal ornement des jardins des Médicis, Marguerite d'Autriche, duchefle de Camarino , donna, en1$41, cettestête de Jupiter à Antoine Peronnor de Granvell ; ce prélat la fit placer dans les jardins du palais qu’il avoit à Béfancon. Louis XIV la reçus en prefenr.de cette ville, lorfqu'l eut fair la conquête de la Franche-Comté. des * OR ÿ Myrona employé le plus beau marbte blanc pour faire cette ftatue de Jupiter, dont la têre & le rotfe font très-bien confervés , & ont encore une fraicheur inexprimable, quoiqu’ily ait au moins 2200 ans. qu’elle ait été fculptée, & quoiqu’elle ait été expofée aux injures de: l'air depuis plus de 300 ans. ; Drouilli , fculpteur françois , fut chargé de reftaurer cette têre de Jupiter , en terme , & fitla gaine , la draperie, & l'aigle , qui eft au- deffus de la bafe. 5 (1) Il ya, dans la ville du cardinal Albani le tronc d’une ftatue, ha- billée à la manière des peuples barbares , en brêche univerfelle d'Egypte; de: chaque côté de cette ftatue eft une colonne de méme brèche: & fur le devant, une grande jatte ronde de brêche univerfelle , de fepr pieds de diamètre. … - 7> JOURNAL DE PHYSIQUE, DECHIMIE ? Dom Bernaïd de Montfäucon fit des inftances pour qu’on mit dans un Heu convénable , & à l'abri ice chef-d'œuvre de Part, qe le temps a refpe@é , & qui réunit tant de peife&ion, que nul actifle n’y a atteint depuis. je Long-temps avant de connoître le vœu de"Montfaucon , j'avois | follicité pour -lastranflation de ce chef-d'œuvre , qui devroit être placé dans un mufée où dans un panthéon , avec une épigraphe qui retraçât l’hiftoire mémorable que je viens d'efquifler. Pai vu avec peine que certe Éelle téte de Jmpiter avoit fervi de but dernièrement à des malfaiteurs, qui ont tiré deffus à balles, lefquelies ont fait une dépreffion fur la poitrine, &'laiflé des marques quatre ou cinq fois plus larges que ‘celles des balles, parce que le plomb , chafle par la force de la poudre , frappant fur un corps dur qu’il ne peut pénétrer ; s’'échauife aflez par la percuifion pour fe fondre. En ; Après avoir inspiré aux hommes le respe pour les lois & pour ceux qui ont bien mérité de la patrie ; on devroit leur faire con- noître que les chef-d’œuvres de l'antiquité & de Part, en général, font des reliques facrées, qu’on ne peut mutiler fans commettre un - crime de lèze-nation. J'ai vu que le beau infpiroit du refpe& à tout le monde , fur-tout, fi le public fait qu'il eft deftiné à Pintru&ion ; mais il faut abriter de la main les objets délicats, qu'on eft prefqaue toujours tenté de toucher. L’arrète, Spina , d'un grand muféum, devroit être formée de fuperbes colonnes, couronnées par des urnes , des buftes, des ftatues, C'elt-ja qu'il faudroit placer ces colonnes fans prix, dont jai parlé, ainfi que les colonnes de vert antique, de brêche de Memphys, de brêche d’Arabie , de porte or, de cipollin , de brocatelle, &c. qui font dans les confervatoires ; il faudroit furmonter ces colonnes de beaux chapiteaux, & les clever fur des ftylobates de pierres , dont les couleurs variées trancheroïient avec la colonne. Le muféum qui s’eft formé avec la république , offre aux amateurs une des plus belles colleétions de tableaux ; il faudroit que tout ce qui y fera renfermé foit d’un mérite (1) réel, foit par fa rareté , foit par la beauté de fon exécution. Je crois même qu’il feroit de la grandeur de la république, de faire exécuter , par les meilleurs aruftes , des vafes, des ftatues , &c.en marbre, albâtre, jafpe, granit, . (1) Laïfera-t-on plus long-temps dans l’orangerie de Verfailles, la belle ftatue coloflale égypriénne de bafalte noir ? on connoît la rareté d’une pièce femblable , & voila plus de cent années qu’elle eft méconnue & dépofée dans un endroit obfcur, ets % re e faire connoître l ine de ul * CO) RON L'acte me En à d nes ; pour couper dans le roc leurs obélifques es colonnes, Il faudroit extraire de nos carriètes de quoi fixer l'attention de la po é, & ajouter des monumens aux faits mémorables de ce fiècle. Deux des plus beaux obélifques de Rome viennent d’'Héliovolis ; Séfoftris les avoit fait tailler dans les montagnes de granit, près Thèbes. Quatre obélifques d’une feule pièce, de cent vingt coudées , qui correfpondent à environ cent quatre-vingt-dix pieds , entou- roient le temple du foleil dans la ville qui, portoit fon nom; il ne refte de cette ville fi loriffante , qu'un obélifque , qui dit : c’étoit ici Héliopolis, qui avoit inftruit Hérodote , qui avoit enfeigné la philofophie à Platon, & l’aftronomie à Eudoxe. Les Romains , eflrayés des dépenfes qu’avoit occafionnces [a taille des obéhfques dE; pté , à laquelle on avoit employé vingr mille hommes pour ch A r’ont:pas cherché à imiter les Egypriens ; ils fe font bornés à tranfporter ces monuniens , qui ont été tirés de leurscarrières, ily a deux mille fix cents quatre-vingt-treize ans: Un de ces obélifques , que les. Romäinis avoient placés dans ke Champ-de-Mars, fut abattu en 1527 , lors du fac de Rome , par le connétable de Bourbon ; cet obélifque eft caflé en trois. Il étoit dans les projets de Louis XIV de le faire venir en France , & de l’élever dans la grande place du château de Verfailles. at Les Romains ont élevé des colonnes toftrales, des colonnes triomphaies , des bornes coniques , qui étoient décorées de bronzes analogues aux jeux, aux coutfes. 1l y a , dans le mufée de Verlailles, des modèles en petit de ces monumens ; qui font de l’exécution la plus précieufe , & d’un beau marbre couleur de chair ; ils viennent du cabinet de Dubreuil le Noir. Ce font des objets fem- blables qu'il faut dans un mufeéum , &.non de petites colonnes yrêles de fpath-fluor. 4 (1) agente de pierre de quelques ponces carrés , ne peut faire juger au jufte de Veffet qu'elle produiroit écant employée en grand. Auffi , ai-je fais exécuter, pour le cabinet de l’école des Mines ,.que j'ai fondé, des vafes de félénite, des tables de granit de France, J'aurais rempli mon plan, fi j'eufe été fecondé par les autorités. : € nr soüballe. co : magne , qu'elle ce dernier fur-t émentaire de Lavoif ; ër , contribuèrent A re ce fyffême dat Jeur patrie. Klapreth, is ; Gottling fe rangèrent bientôt du côté de p tandis que ( Green de Halle, Weflrumb , Crel! ; def die shidément le phlogiftique. Les deux pa tis fe difpu- nt pe | témps ; le Dre de 1e’ difoient à leurs adver | étoi poflible qu’il : un corps tel que leur ph qui. s eux, étoit un compofé de & qui bien loin d he une pefanteur Fonte jufqu'ici à tous Fu corps , faifoit iminuer le poids de toutes les matières avi f£ quelles il étoit uni. Les expériences réitérées & non équivoques , que l’on fit en m ême-temps , pour prouver que la partie ve rable de l'air étoit la feule Fable: de a du,poids chaux métalliques , : forcèrent enfin les p lopificiens 2band leur fyfléme, & les rendirent indecis , lorfque. Richter , Chimilte peu connujufqu’ alors, publia une théorie qui rapprochoit Mepiniogs des deux partis. Voilà fa maniète de voir. À Il croit que la combuftion provient d’une double’ Jai tandis que Lavoifier n’en” doproit qu'une feule. | 11 confidère tous les corps, reconnus jufqu’ici comme fimples , tels que le foufre , le _phofphore , le carbone , comme compofés d’un radiçal & du principe inflammable , qu'il range parmi Îes élémens à côté du calorique , &c, . D: LE ET D'HISTOIRE NATURELLE. 73 Il regarde la lumière comme une combinaifon du principe in- flammable avec le calorique. Il ne détermine point Fe propor- tions de l’un à l’autre , qui lui paroïflent encore inconnues juf- qu'ici. L’oxigène fe combine, pendant la combuftion , avec la bafe du combuftible , tandis que le calorique s’unit au principe inflam- mable. C’eft ainfi que, lors de la combuftion du foufre ou d’un metal, l’oxigène produit , avec le radical de ces corps , l’acide fulfurique , ou la chaux métallique , pendant que ie calorique s’unit au principe inflammable , pour former de la lumiere. La grande affinité des corps avec le calorique , occafionne la décompofition de la lumière ; d’où il refulte de la chaleur. Le prin- cipe inflammable étant un corps aufli fubtil que le calorique , il doit néceflairement réfulter du mélange de ces deux, un compofé du même genre, tel que la lumière. Tome II, JUILLET ; 1794, (v. sé.) MA) 54 L 3 è a 1 4 74 JOURNAL DE PHPSIQUE, DE CHIMIE | , k NA S SR bi L: qe à ; pes NOUVELLES LITTÉRAIRES. Lu rt 1 * 1 1evres de la Flore des Pyrénées ; avec.des descriptions , des notes critiques et des observations ; par PHIEIPPE l’1COT- LAPEYROUZE, zaspecteur des mines de la république. Première décade. L’hiftoire des plantes d'Europe eft celle qui doit nous intéreffer plus particulièrement. Picot penfe que cette hiftoire generale ne pour- roit jamais être utile , fi elle ne réfulte des hiftoires partielles des différentes contrées de cette partie du globe. L’hiftoire des plantes des Pyrénées n’a pas été Faite encore ; Toz- nefort, parmi les anciens botaniftes, Gozan , Pourret, parmi les modernes, Picot lui-même, yront travaillé ; mais ce ne font que des fragmens, dont plufieurs même font inutiles, par le défaut abfolu de defcriptions & de figures. Les Pyrénées , cependant, doivent fournir une partie aufli confi- dérable qu’intéreffante de cette hifloire générale ; l'étendue de leur chaine , leur pofition méridionale , leur élévation , en diverfiñant leurs fites, leur afpect & leur température , varient fingulièrement leurs produétions végétales ; aufli, on y obterve beaucoup de plantes qui leur font particulières, prefque toutes celles des Alpes, plufieurs de la Sybérie & de la Laponie, & un grand nombre de la Gaule narbonnaïfe & de l’Efpagne. Picot s’eft donc appliqué prefque exclufivement à létude des Pyrénées ; depuis plus de-vingt ans , il parcourt les montagnes ; il y a trouvé des colleétions les plus riches, qu'aucun naturalifte y aît encore faites de toutes leurs produdions naturelles... Il pofsède , dans fon Herbier , uniquement Pyrencen , plus de trois mille ef- pèces. La néceflité des figures, en hiftoire naturelle , en botanique fur-tout , à été vivement fentie par tous ceux qui fe font appliqués à cette fcience. Picot a fait peindre un grand nombre de plantes ; celles qui ne font pas connues, les plus rares , les plus intéreffantes, celles qui n’ont pas été figurées encore; car ce n’eft pas indiftinétement t M UN à de | (2341 / NET D'HISTOIRE NATURELLE. + À 7$ é toutes s'pla fenter. A M 41,3 : Parnu les onze figures qui compofent cette ‘première decade, on _” diftingue cinq belles efpèces abfolument neuves : fivoir , &adrosace digpensoiades ; remarquable par fon câlyce caliculé de trois folioles, qui la gro défla d'apensia; antirrhintüm , SEHPervirens ; à grofléntige ligneufe, à feuilles perfiftantes, attributs finguliers dan$hce genre nombreux. deux campanules, Pune dite /os:fo/ix, l'autre Orcalis ; celle-ci, connue autrefois de G. BAUWIN ; mais ignorée depuis lui ; enfin:, une des! plus belles plantes dont la’ nature ait pu embellir les rochers, inacceffbles desyPyrences, scvr/rasa lonsifolia , exécutée ayec'une vérité & une clégince furpienante, Patmi les fix autres , trois font biendconnues ,.mais il n’en exifoic paside. fieure palable ; d’ailleurs, Picottasperfetionné leur car2@tère ê& leur defcription ; & ajouté à leur hiftoire :*ce font , cime/aria, sybirioæ, stachis , alpina, ononis , alopecuroïdes. La figure du cerastium lanatum eft .abfolumentnouvelle# cette efpece , indiquée par Lamarck , a fourni a Picotloccafion de faire un travail dont Vidée ft” neuve , & quinous pañoît devoir:jetter une grande lumiere fur les plantes difficiles, lorfqu'il fera fait par des mains exercées, & des yeux. accoutumés à obferver. Picot -penfe .que “préfque tous les botaniftes avoient confondu le cércssium lati= Jolium'avec l'alpinum , LIN, & le lanrtum. N a donc remanié les trois efpèces ; il a fu trouver dans chacune un catadère fpéci- fique, effentiel , bien prononcé ; & dans un tableau analytique ; qui les raffemble toutes les trois, il a préfenté, d’une manièré .ingé- nieufe , la fource de leurs rapports & de leurs différences. Reltent deux efpeces , le veranium radicatum, & le cineraceum; Picot les avoit trouvéesien 1782; depuis cette époque , CAVANILLES & L'HÉRITIER eh ont parlé dans leurs ouvrages fur les geranirum. Picot qui, avec-les deux efpèces fpontañées , nous a indiquéale lieu de leur naïflance, a pu obferver des détails précieux , que la culture a effacés , on qui rétoient pas développés dans/la plante , trap jeune encore, | "Les defcriptions de cet ouvrage font entièrement fyftémariques ; Picot eft le premier qui ait plié la langue françaife à ce laconifme, que LINNÆUS a introduit avec tant de fuccès en hiftoite naturelle ; a fupprimé , pour cet effet, les verbes &.lés articles, employé quélqués mots peu ufités, & il. en a emprunté d’autres du latin ; äl a pwnpar cé moyen, faire des phrafes botaniques françaifes ; il les a accolées aux latines : elles en ont toute!la précifion & lexac- titude. La nomenclature eft judicieufe, & fes noms fpécifiques , dont il K 2 ntes qui croiffent aux Pyrénées, qu'il veut faire repré- 76. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, c. donne l’étimologie , préfentent toujours le caraäère fpecifique effentiel; il paroît avoir été févère fur leur choix. Il na pas négligé la fynonimie , cette partie effentielle du travail d’un botanifte. La culture des plantes a fixé auffi fon attention ; il en a retiré de g'ands feconrs pour diftinguer les caraétères fpécifiques effentiels, d'avec ceux que la culture, un fol plus riche, une expoñtion va- riée , changent ou efficent , & qui , par conféquent, ne fauroïent conilituer une efpèce ; ce moyen, prefque neuf, eft encore plus utile pour claffer les variétés ; & les efpèces intermédiaires qui, fans appartenir préctfément à aucune , ne fauroient cependant en confti- tuer une particuhière. L'ordre des figuies règle feul celui du difcours ; un ouvrage'ce cette nature ne peut étre fownis à une diftriburion méthodique. L'auteur nous promet de traiter en entier plufieurs genres; il an- nonce la monographie des faxifrages pour la feconde livraifon & fuivantes ; c’eft un genre nombreux , qu'un obfervateur des hautes montagnes rendra fans doutebien intéreflant. Les plantes font deffinces de grandeur naturelle | fans réduétion; elles ont été peintes d’après des individus vivans , pris dans leur pays natal ; on a donné la reprefentation fidelle de la plante fpon- tanée , dont la main de l’homme ma encoré altéré aucun trait. Tous les détails des parties de la fruification y font reprefentés avec’ beaucoup d’exaétitude ; ils n’ont été sroilis que lorfque cela a été abfolument néceflaite , pour développer & faire fentir leurs ca- ractères. Nous croyons que les deflirs ont été gravés à Ja manière du lavis, mais non à la manière noire , ni à la roulette : c’eft un faire par- ticulier , dont cet ouvrage préfente le premier exemple. La touche eft moelleufe , fuave , & fait croire que le pinceau a fait tout le travail). Il paroît que les épreuves ont été tirées en couleur, mis non pas dans toute leur intégrité ; toujours eft-il certain qu'il y a des retouches au pinceau , & qu’elles ont été faites par d’habiles artiftes. C’eft une manière neuve , auffi vraie qu'agréable ; & il y a peu d'ouvrages de botanique qui puiffle , fous le rapport des fipütes ,« être comparé à celui-ci. Nous n'entrerons pas dans de plus grands . détails fur cette partie de l'ouvrage : l'auteur annonce , pour le fecond volume, un-difcours fur la meilleure manière de figurer les objets d’hiftoire naturelle, & fur-tout les plantes , où il développera lui-même tous les avantages de fa méthode. Nous ne pouvons que defirer la continuation prompte de cet ou- vrage ; puifle-t-1l exciter l'émulation , & avoir des imitateurs ! C’eft x 2 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 77 à ceux qui ds À la nature dans fon fan@tuaire , dans les lienx où à st . . . 180 la maïn de l’homme na point contrarié fes effets, ni altéré fes pro- ductions, qu’il appaïtient de les décrire, - à Leçons de physique , où Application de la chimie moderne à la physique ; par À: LIBÉS , ancien professeur de physique et de chimie, à Toulouse." A Paris, chez l’auteur, qua de l'Ecole , n°. 18 , en face du Pont-Neuf; & chez Defenne, li- , braire , maïfon Egalité, A Touloufe, chez Sacarau, rue Liberté, ci-devant Suint- Rome. r vol. in-8°. L'auteur , déja connu avantageufement par plufieurs mémoires in- téreffans , s’eft propofé de réuwmr ici les principales découvertes de Ja phyfique & de la chimie modernes, fur les diff£rens fluides aéri- formes. Son ouvrage eft fait avec méthode , & écrit avec clatté.[] ne peut être que trés-utile à ceux qui s’occupent de cette belle partie de nos connoiflances, aux progrès defquelles l’auteur a contribué lui- même. Philosophie chimique , ou Vérités fondamentales de la chimie moderne, disposées dans unnouvelordre,parA.F.FOURCROY. fouvelle édition, augmentée de notes et d’axiomes , tirés des dernières découvertes , par J. B. Wan-Mons. À Bruxelles, chez Emanuel Flon , imprimeur-libraire , rue de la Potterie ; an III de la république, 1 vol. in-8°. L'ouvrage de Fourcroy étoit connu de tous ceux qui s’occupent de cette partie. Les additions de Wan-Mons ne peuvent qu’en augmenter Fintérét. . Principes de minéralogie , où Exposition succincte des. ca- racières des fossiles, d’après Les leçons du professeur Verner, augmentées d’additions manuscrites fournies par L'auteur ; par J. P. VANBERCHEM-BERTHOUT , chef de di- vision des mines , à laicommission des minés, poudres .et " exploitations des mines ; et Henri STRUVE, professeur : d'histoire naturelle à Lauzanne. À Paris, chez Régnier , imprimeur-libraire , rue du Théâtre-Français, n°, 4. Werner eft un des plus célèbres minéralogiftes de l'Allemagne , f riche en favans dans cette paitie. Sa méthode étoit peu connue en France ; Cet donc un vrai fervice que nous ont rendu les favans éditeurs de cet ouvrage, qu'ils ont d’ailleurs enrichi de plufieurs notes. Leçons élémentaires sur le choëx et la conservation des grains , sur Les opérations de la metnerie et de la bouian- *NR: Lun \ 78 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE | gerie , et sur la taxedn pain ; sriivies é : étione CRT. l'usage des habitans de la campagne , Sur les dangers auxquels leur Santé et leur vie Sont exposées , es Sur les moyens de les prévenir et d'y remédier; par Li. Côxre, observatettr météorolosiste. A Paris, chez les frères Bacbou , te des Mathurins. à vol. in-12. On ne fauroit trop multiplier & trop répandre ces ouvrages élé- mentaires, & qui font d’un uface fi univerfel, Les talens &'létzèle de l'auteur nous répondent de l'utilité de celuict. Théorie de la. terre ;* par Jean -Craune Dzraméruerte. Sed quibus i/lemadisiéonjetus mareric Fundéric celum'atirerram, portique profunda : ste tn Ex .crdinéponam. Lucret. Liv. V. Verf. 397. A Paris, chez Maradan, libraire, rüe du Cimetivre-André:des- Arts, n°.g. 3 vol. in-8°. J'ai réuni dans. cet ouvrage les differentes connoïflances acquifes fur la théorie de la terre, & les diflérens phénomènes géologiques. Les principes géné aux de ma doûtrine, à cer égard, fontexpofés dans les diférens mémoïresique j’ainferes dans ce Journal ;‘on en trouvera, ici les détails &c les applications avec beaucoup de développement. The connexion of life with refpiration. Or an experimental inquiry into the effe@s of fubmerfion , ftranoulation and feverat kinds of noxious airs on living animals. By Edmund Goodwin, 1788. Rapport de la vie avec la respiration, ou Expériences pour rechercher les effets de la submersion, de l'étrangle- rent, et de plusieurs espèces d'airnuisibles,, sur léco- nomie animale; par Edmund Goodwin. 1788. Ce petit ouvrage , qui contient: 124$ pages, eft un tréfor d’expé- riences curieufes , & de conféquences logiques fur ce fujet, foit pour aflurer les effets genéraux de la fubmerfion fur les animaux vivans , foit pour déternuner fi Peau produit ce changement diré&tment en entrant dans la cavité des poumons, ou indirectement par l’exclufion de l'air atmofphériqne. Il adopte cette dernière idée, & à certe occa- fion il détermine les effits mécaniques de l’aif fur les poumons ‘dans la refpiration, ou plutôt, fon importance pour ôter au fang la couleur noire qu'il rapporte de fa circulation dans tout le corps, & lui rendre la couleur vive qu'il prend toujours dansvle; poumons. 1] détermine, d'après cela, la nature du mal produit par la fubmerfion, la condition du corps dans cet etat de maladie , & les remèdes. Il rappeile ceux qu’on employe communément, & regarde linflation des poumons POLICE NT EN -dû y prendre, | avec de l'air, Cor n le plus puiffant pour fauver les noyés, . parce qu'il rend ï eft dans les poumons, la qualité qu’il auroit inaïfon avec le gaz oxigène, Letter a Erafmus Dawin, on a new method of treating pulmonary cônfuniprion ; by Thomas Beddoes. 1793. Lettres à Erasme Dawin ,sur une nouvelle méthode de traiter la consomption ulmonaire ; par Thomas Beddoes. Le docteur Beddoes démontre, dans cet ouvrage; le danger de faire refpirer le 937 oxygène aux phufiques. Il part du principe quele fang qui-arrive dans le poumon, après fa circulation , eft noir : que celui qui le quitte y a pris une couleur d’un rouge plus vif ( #/orid). Il obferve enfuite que le fang de phtifique eft plus //orid/ que celni des hommes qui ne font pas atteints de cette même maladie ; & qu’il eft même de cette couleur quand il arrive au poumon : d’où‘il conclut, que le gaz oxygène, qui augmente l’intenfité de cette couleur , ef très- dangereux , puifqu’il tend à accroitre les fymprômes fâcheux de la phtifie.Il a douc imaginé de faire refpirer le gaz hydrogène , on intlammable , à fes malades, & ila eu de grands fuccès. Il prend le gaz hydrogène , retiré de l’eau par le fer incandefcent ; il en mêle une hüitième partie avec l’air commun; le gaz azote produit le même efet,& peut-être un meilleur. (On trouve un moyen pour Pobte- * nir, dans les Annales de Crell , p. 1790.) Cette refpiration fait ceffer la toux:Les malades defirent la répétition de ce remède , par le fou- lagement général qu’il leur procure. | Le doëteur Beddoes voulut eflayer, fur lui-même, l'effet de la ref- piration de Pair pur: il fe portoit bien ; il crut qu'il pourroit ,en s’o- xygénant lui-même, juger les effets de l’oxygénation ; il refpira, pendant fept femaines, un air, contenant autant de gaz oxyoène que d'azote, pendantwingt minutes par jour , quelquefois une demi-heure, & quelquefois une heure ; il le refpiroit avec plaifir : il éprouva bien- tôt qu'il avoit plussde vivacité , & que le mouvement mufculaire étoit prompt. Son teint, qui étoit brun; devint prefque //orid ; le bout de fes doigts se teignoit en rofe; la couleur du corps ctoit plus fraîche ; il maïigrit, quoique les mufcles ne paruflent rien perdre de leur groffeur ; il mangeoit un tiers où un quart plus qu'auparavant , fans fatigue ; il craignoit beaucoup moins le froid , & diminua fes véte- mens , le jour & la nuit ; mais au bout de ces fept femaines, il ne pouvoit plus refter affis dans une chambre fermée ; il fentoit fouvent une chaleur incommode ; fa peau étoit sèche , les paumes de fes mains brülantes , le poulx , qui battoit rarement 80 fois dans une minute , en battoit répulierement go le foir : & en voyage, de 104 à 1203 il éprouvoit cette irritation qui occafionne la toux ; il dormoit difhci- A M PRPON HN So JOURNAL DE PHYSIQUE JMIE : : Ë D 0070 ri SN RE "des FD lement , & faignoit fouvent du nez. Le fang éto t d’une couleur vive, À couloit des piqüres avec plus d'abondance, & s’éranchoit diflicile- ment. À FT A TBRGE NE DES ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. N ovveLzLEs recherches sur l'usage du chalumeau dans le. minéralogie ; par H. B. DE SAUSSURE. pag: 3 Probléme de mécanique, relatif au jeu de billard ; par M. DE BERNSTORFF , Danois. 45; Rapport des découvertes faites en Allemagne pendant le, cours de l’année 1794. 52 Analyse du strontiamite , faite par Klaproth, professeur \ de chimie à Berlin. 6 Observations météorologiques faites à Emile ( Montmorenci) pendant le mois de septembre 1794 (vieux style) (15 Fruc- tidor, 2e. annéee- 9 Vendémiatre , an 3e. républicain) ; par L. Corrs, observateur météorologiste. NCA Examen de la pierre nommée marbre vert-poreau d'Egypte ; par B. G. SAGE. ! 67 Lettre de Hecht fils, à J. C Delamétherie: 72 Nouvelles littéraires. | 74 (ce a) cé 7/20 D RE — ONLY P Jranep L Vds DA NN i / | F Fe Ju ge F1, = Î [ i } 7. + PRIE me Il ! 1 ’ FRS NE £ SU£ | | } 4 la | % AN FLE RMS Be Lan NT | BRUT 26 | 2 LOST SRE PRET 2 ed : à JOURNAL DEPHYSIQUE, | D'ECHYMIE ET D'HISTOIRE-NATURELLE. AOUT', 1794. = k +4 SOUSSE D EU UMLÉ M'ONT RTE Pour férvir d'explication à la diftribution méthodique de tous les produits volcaniques. Par M. DéopAT-Doromteu, CLASSE PREMIÈRE. DIVISION PREMIÈRE. GACEPENTNRAE MED IORMERC MT PET RE EspÈècEr QUATRIÈME (1) Laves avec des lames & des cryflaux de horn-blende, L: s lives avec l’horn-blende fonr communes, & certe efpèce eft plus abondante & plus variée que [a précédente. L'horn-blende n'y eft pas tou jours en cryftaux diftinéts, maïs aufli en lames de différentes grandeurs , dilleminées confufément dans la pâte. J'ai trouvé dans les volcans éreints de (1) fl eft deux fciences , la Minéralogic& la Chymie qui, depuis vingt ans, font jour- nellement des progrès f rapides , qui ont une marche fi précipiée , que ceux-la même qui les ont cultivées avec-lé plus de fuccès, que les Savans qui ont contribué le plus efficacement à cendre leur empire | reftent bientôt 4° une diftance immenfe en arrière d'elles , fi, e repofant ou s'endormant: fur les bornes qu'ils auront eux-mêmes pofées , ilsdevisnnent étrangers au mouvement qui les entraîne loin du point où ils pouvoiene croire qu'elles s'étorent fixées; fi, difraits par d'autres poursou par d'autres occupatiens , Tome 11, AOUT, 1794. E } #2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Lisbonne, des laves , où ces lames étoient tellement multipliées , que la malle reffembloit au corneus fparhofus niger, {p.171 de Vallerius. Lorfque ces lames fe réumiflent pour former des cryftaux , ceux-ci ne font pas ordi- nairement auffi bien configurés que ceux du fchoil volcanique; mais ils acquièrent fouvent plus de volume, & quelques-uns ont jufqu'à trois pouces de longueur. Quelquefois ils ont un afpcét argilleux , plus rarement ils prennent une caflure vitreufe , qui pourroit les faire confondre avec le fchorl , fi leurs lames toujours. parallèles, à l'axe du prifime ne les diftin- guoient. Les cryftaux de horn-blende fe trouvent plus particulièrement dans les laves qui paroilfent avoir eu la roche de corne pour bafe. GE Ne RYE CPARSE) MO ILVEUR. Esrèce CINQUIÈME. Laves avec des cryflaux de pyroxènes verds , ou fchorls verds volcaniques. Après avoir mieux étudié & fans doute mieux apprécié les caraëtères des minéraux qu’on ne l’avoit fait précédemment, nous avons reconnu que celui fourni par les couleurs étoit un des plus incertains, parce qu’il étoit extrêmement vartable dans la même fubftance ;le caractère tiré des formes régulières a pris au contraire , avec raifon , une forte de prééminence fur ils ceffenr un moment de prendre part aux découvertes que font continuellement ces deux fciences , aux obfervations qui leur font relatives ; auffi il n’eft aucun des écrits qui les concernent, quiine demandea être continuellement retouché, il n’en efl point qui ne foit bientôt au-deffous des connoiffances acquifes, & qui n'ait befoin de recevoir telle correction qui les replace-auprès du terme que les fciences ont atteint, & qu'elles doivent bientôt déplacer. C’eft donc dinfi que ces Mémoires écrits depuis fix ans, & donc les premières parties ont été imprimées depuis quatre, ont déja pris un petit air de vé= tufté. Beaucoup de dénominations dont je me fuis fervi, ont vicillies & ont été rempla- cées par d’aurres ; plufieurs minéraux ont été mieux définis, mieux analyfés; on y a trouvé des fubftances qui n'y étoicnt pas foupçonnées : le mot fchorl, par exemple, dont on avoit tant abufé en l’appliquant à des fubftances fi diverfes , & qui étoit le réfuge de l'ignorance lorfqu'un minéral étoit de nature incertaine ; ce mot, dis-je, nous l'ayons entièrement banni de notre nomenclature minéralooique françoile, & nous l'avons remplacé par celui de pyroxène , pour défigner la fubftance que j'avoiïs jufqu’alors nommé fchorl volcanique, & {on éthymologie indique une fubftance qui habite dans les matières modifiées par Le feu, fans être un produit de ce feu. On à nommé éeucire le grenat blanc des volcans , & on a trouvé dans fa compofition , une grande quantité de poraile, Beaucoup d'autres petits changemens dé ce genre ‘ont été faits; maïs j'efpère que les ob- fervations qui font la bafe de ces Mémoires ne paroîtront point furaonées; car les faits de la Nature ne vicilliffent pas ; il fuffie feulement de les bien voir, & de ne les point malquer par des opinions {yftématiques , lorfqu'on.les préfente au Public, ; ET D'HISTOIRE NATURELLE. 8, les autres, fans pourtant qu'il puille à lui feul fervir à dérerminer la nature d’un miiéral ; mais comme 1] tient à la conformation de la molécule 1n- tégrante, laquelle dépend de fa conflirucion , ce caraétère peur mieux qu'aucun autre nous avertir des refleinblances où diffemblances des miné- raux entr'eux. Ainfi beaucoup de fubftances qui avoient joué le rôle d’efpèces diftinétes dans les précédens fyftèmes minéralogiques , ont dû perdre leurs dénominations fpécifiques , & n'être plus confidérées que comme de fimples variétés d’autres efpèces dont la forme leur éroir commune , & dont elles poffédoient les autres propriétés chymiques & phyfiques. Les cryftaux de couleur vérte qui formoient le Caractère diftinétif de cette efpèce de lave, d’après des recherches faites par Haüy & par moi , ont été par nous re- ‘connus pour ne pas différer effentiellement du pyroxène noir, dont ils ont la forme ; ils ne méritent donc plus d'occuper la place diftinéte que je leur avois afligné; & en parlant ici d'eux, je ne les confidère maintenant que comme une variété de pyroxènes , & je les nomme fimplement pyroxènes verds. Le pyroxène verd eft ordinairement d'une teinte fi obfcure qu’on le pour- roît confondre avec le noir, fi on ne le voyoit pas dans de minces éclats qui font demi-tranfparens. Il donne un verre tranfparent verdatre, fouvent fans bulles , caractère faffifant pour le diftinguer du caliire , lequel bouil- lonne eu fondant, & produit un émail opaque , ou une fcorie. Je ne-connoïs aucune roche dans lés montagnes primordiales qui renferme cetre variété du pyroxène , laquelle , ainfi que l’autre , habite exclufivemenc les roches qui otit fervi de bafe’aux courans de ‘lave. Cerre efpèce de lave avec des .grains de pyroxène verd n’eft pas nom- breufe. Le Véfuve & ‘les volcans voilins de Rome Font donné quelquefois. Le pyroxène verd , dont es cryftaux ny font jamais bien nombreux , y et ou en aiguilles prymatiques très-fines , ou en petits prifmes dont la lon- gueur , double de la groffeur, n’outrepafle guère trois lignes. Cette fubf- f' LA \ L + à tance fe rrouve un peu plus fouvent aflociée à l'horn-blende 8z aux grenats. ( Efp. 120 & 213 ). GLEN RE, PAR .E MAI ER. ESPÈCE SIxTÈME. Laves avec des grenats colorés. Pendant leng-temps aufi on a cru que des gvenats colorés & :les grenatc blancs éroient-une feule & méme-efpèce; on s'imaginoit que Les blancs fi fréquens dans les matières volcaniques , fans qu'ils fe trouvaffent ailleurs , avoient perdu leur couleur par un effer des Feux fouterreins , & que ce L » 84 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fzul accident les faifoit différer de ceux qui étoient colorés. L’obfervarion a encore rectfié cette erreur; elle a prouvé gs ces deux fortes de grenats n’avoient entr'eux que quelques rapports de forme, mais que leur compoii- tion étoit en:ièrement différente; car ce n’eft point le feu qui décolore les grenats ; loin mème d’occafionner un pareil effet fur ceux qui font rouges ou blancs, il augmente l’intenfité de leurs nuances ; & fi la chaleur arrive jufqu’à opérer leur fufon, elle produit ou un verre tranfparant d’une teinre plus foncée que celle qui leur étoit naturelle ; ou un verre noir , ou même une fcotie , lorfque le fer furabonde. Ce ne font pas non plus les vapeurs acides qui détruifent le principe colorant des grenats , elles ne produiroient pas cet effer fur eux fans agir de la même manière que fur les matitres qui les contiennent, & qui ayant un tiffu moins ferré , font encore bien plus perméables aux vapeurs & plus fufcepubles d’être altérées par elles. Les grenats blancs fe trouvent dans les Javes les plus noires , dans celles qui ont le mieux confervé tous leurscaractères primitifs, & qui.ont été le plus ef pedtées par tous les agens de décompofition. Le fer n'exifte pas d'une ma- -nière vilible dans les grenats blancs , non pas parce qu'il leur auroit été enlevé depuis qu'ils font formés, ce qui n’auroit pas été poflible fans dé- truire leur agrégation, mais parce qu'il n'eft pas effentiel à leur compofi- tion, mais parce que leurs molécules intégrantes ont refufé de l’admiertre dans leur combinaifon , quoiqu'il exiftät abondamment dans leur matrice, & qu'il fe trouvât comme parte conftituante dans les cryftaux de différentes fortes dont ces grenats blancs font environnés, & qui fe font formés en même temps qu'eux & dans les mêmes bafes. Cette circonftance feule fuffiroic pour prouver que leur compofition s’eft faite d'après des loix diffé- rentes &'a été déterminée par des affinités particulières ( 1). Le complé- ment de cette preuve eft donné par la tendance que les deux efpèces de grenats ont toujours montré à s'agréger féparément , quoiqu étant réunis dans le même efpace , par la perfévérance conftante de chaque com- binaifon à fe maintenir dans fon état particulier ; quoique formés enfemble (x) Ce refus conflant d'admettre une des fubftances préfentes à la combinaifon que j'ai obfervé dans plufieurs compoñitions ;eft un caraétère nouveau que je préfente aux Naturaliftes, comme très propre à diftinguer deux pierres qui auroient d’autres propriétés femblables , mais qui différeroient :par unseffet auffi fenfible dans leurs affinités parricu- fières. Ce caraétèrè me paioïît d'autant plus eflentiel à prendre en confidération , que c'eft prefque le féul qui Loit intrinsèque & qui dépende direétement des loix qui déter- minent Ja formation de toutes les compolñtions. Quelque reffemblance que puiflent avoir deux corps formés en même temps & dans le même lieu , je ne faurois croire qu'ils fonc de même nature , quand jesvois l'un prendre toujours dans fa compofition ‘un principe que l’autre rejette conftamment ;, quand l’un , par exemple , fe colore par le: fer, pour lequel ik montre une grande affinités, lorfque l’autre conferve fa blancheur | quoique formé dans le milieu Le plus abondamment fourni de ce principe colorant, ET D'HISTOIRE NATURELLE. ss & dans le même moment, par la perfiftence que chaque compoñrion a toujours mife à prendre la forme qui lui évoit la mieux adaptée; quoique fetés dans le mème lieu , jufqu’à être forcés à fe pénétrer mutuellement, & quoique leurs cryftallifations qui paroillent dérivées l’une de l’autre , an- noncent des formes femblables dans leurs molécules intégrantes. J'ai vu alternativement des grenats bruns très-ferrugineux renfeimer dés grenats blancs, & ceux-ci contenir des grenats colorés, fans que les uns euffent partagé le fer , rellement abondant dans les autres, qu'ils en écoient opa- ques , fans que lés blancs ceffaffent de prendre leurs vingt-quatre facettes trapezoïdales, & les bruns d’affeéter la forme dodécaëdre à plans rhombss, ou d'ajouter vingt-quatre autres faces à leur figure par la troncature de toutes leurs arêtes. Aucune obfervation ne me paroït plus propre à détruire le préjugé , encore fubfiftant chez plufieurs Naturahftes , du blanchiffement des greriats par un effet volcanique , que cette réunion affez fréquente des deux efpèces dans le corps du même cryftal. Les laves qui contiennent des grenats effentiellement colorés font très- rares, quoique ces grenats foient aflez communs dans les déjeétions qui fe font par explofons ; mais, dans le dernier cas , ils s’y trouvent ifolés fans conferver aucun veftige de la matrice où ils fe font formés ; ce qui pourroit faire préfumer qu'ils ont appartenus à quelques laves dont un excès de bourfoufflement les auroit dégagés, ainfi qu’il arrive à des cryftaux d’autre nature. Je dis effenciellement colorés, afin qu'on ne les confonde pas avec des orenats blancs léoèrement teints en rouge, dont nous parlerons dans l'efpèce fuivante. Faujas, dans fa Minéralosie des volcans , parle d’une lave prifmatique -d'Alremberg , en Saxe, dans laquelle font renfermés des grenats gros comme le poing , les uns de couleur jaunâtre tirant fur le verd, d’autres prefque verds, plufieurs rougeatres. GENRE PREMIER. Es'PÈècE sEbPTIÈNME. Laves qui renferment des grenats blancs, ou léucites, Les grenats blancs n’ont été connus pendant long-temps que par ceux que l’on trouvoit dans les déjettions volcaniques. Les Naturaliftes qui_les avoient obfervés avec quelqu’attention , voyoient bien cependant qu'ils n’ap- partenoïent pas effentieliement 4ux volcans, & rejetroient l'opinion qui attribuoit leur décoloration à un genre d’altérarion produite par les feux fou- rérreins. Le Chevalier Gioenni les a enfuite tronvé cryftalhifées avec d’autres fubftances dans les blocs de pierres rejettés par le Véfave , fans avoir éprouvé 86 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE aucune atreinte de la chaleur, qui n’auroit pas refpecté la pierre calcaire , qui le plus ordinairement leur fert alors.de matrice, & il avoit avec raifon conclu de cette circoaftance que ces grenats appartenoiïent aux pierres primor- diales ; mais je crois avoir Cté le premier qui les ait rencontré dans des matières, fous tous les rappoïts , étrangères aux inflammations fouterreines. Jai un échantillon de mine d’or du Mexique , qui a pour gangne de petits grenats blancs; ils y font demi-tranfparens , avec une léoère teinte verdâtre; eurs cryftaux à vingr-quatre facettes n'ont qu'une ligne de diamètre , & font engagés dans une pierre ferrugineufe noire , mêlée de chaux de cuivre. Ils ont une dureté à-peu-près femblable à celle du quartz. M. Lelièvre à auf découvert cette même efpèce de grenats près de Gaverni , dans les Pyrénées; ils fént engagés dans une roche granitique compofée de quartz & de mica, & ils ont une cryftallifation , un volume & une teinte qui les rendent femblables à ceux du Mexique, que je viens de citer. Werner ayant reconnu aufli que les grenats blancs des volcans formoient une efpèce bien diftinéte de celle des grenats proprement dits , les a nom- més leucires. Nous adoptons cette dénomination, non pas parce qu’en elle- même elle nous paroïlle bonne, étant prife de la couleur qui peut varier auñi bien dans cette efpèce que dans l’autre , mais pour ne point furcharger la nomenclature de la Minéralogie, Les leucites font infiniment moins péfans & plus fufbles que les grenats : nous donnerons leurs différens caraétères particuliers ; ainfi que leur ana- lyfe, lorfque nous parlerons de leurs cryftaux ifolés. à Les cryftaux de leuciterrenfermés dans :les lives ont différens degrés de dépuration qui font varier leur teinte & leur diaphanéité , fans prefque influer fur leur formes. Quelquefois ils prennent les nuances de leurs bafes , & font avec elles ou grisatres ou rougeñtres ; mais alors ils font entièrement opaques; & de ieur décoloration fubite , quand le retour de leur tranfpa- rence annonce un,peu,plus de pureté dans leur pâte, on peut concluxe que certe teinte leur eft étrangère, qu’elle dépend d'un mèlange’accidentel ; & que la nuance rougeatre de quelques-uns ne doit point être regardée comme un paffage à la nature du grenat rouge , lequel a fon principe colorant dans fa confticution mème. En rompant en deux un de ces cryftaux de leucite légèrement colorés , leur caflure préfente affez fréquemment une fuite d'octogones inclus les uns dans les autres , formés autour du même centre , & rendus apparens par des nuances différentes qui montrent les progrès fuc- cefifs de la cryftallifarion. L Les cryftaux de leucite, fans que leur forme air été altérée, & par une fuite de leur accroiffement progrellif , ont fouvent incorporés dans leur intérieur des parcelles quelquefois allez groffes dela pierre qui leur fert de matrice , ce qui prouve bien évidemment qu'ils ne font point étrangers à leurs bafes, & qu'ils fe fonc formés dans {on fein ;cette circonftance indique ET D'HISTOIRE NATURELLE. 87 encore qu'elle eft la force de leur tendance à l’agrévation régulière, & leur conftance dans leur mode particulier de cryftallifer | puifque les më- langes y apportent fi peu de trouble , & qu'ils n’adoptent jamais aucune autre figure. Très-fréquemment encore le centre de ces cryftaux eft occupé ar un grain où un petit cryftal d’une des fubftances qui fe trouvent dans ee bafe , telles que le pyroxène noir ou verd, l’horn-blende ou le mica ; ce qui démontre que la formation de ces différentes fubftances appar- tient au même temps & aux mêmes caufes (1). D'ailleurs cette obfervation d’un corps étranger qui vient fervir de point central à la cryftallifation d’une autre fubftance , n'eft point particulière aux cryftaux de leucites blancs; j'ai également trouvé du mica au centre de quelques grenats rouges très-rranf- parens; & en général les cryftaux de tous les genres, lefquels fe font formés dans un milieu plein , par l'effet des attraëtions éleétives lorfque par leurs figures & le nombre de leurs facertes ils approchent du fphéroïde, ont fou- vent dans leur centre un grain de fubftance étrangère qui paroït avoir fervi de premier point d'appui à leur agrégation. J'ai déja cité ceux qui fe trou- vent au milieu des glandes de certaines amigdaloïdes. Les cryftaux de leucires inclus dans les laves n’ont jamais une tranfpa- rence parfaire ; ils ont toujours un afpect gras, & reffemblent fouvent à une goutte de fuif ou de cire; les plus diaphanes ont quelquefois une nuance, verdâtre. Les fractures naturelles ,affez fréquentes dans ces cryftaux , ont un luifant pareil à celui que donne une couverte vitreufe ; mais les caflures fraîches ont un afpect plus quarizeux; leur fu, quoique compact , ne paroït pas très-ferré. Les grenats renfermés dans les laves y ont quelquefois éprouvé un reli- chement total dans leur cohéfion, de manière que , quoiqu'ils confervent encore leurs formes extérieures , ils fe rompent fous le moindre choc & fe réduifent en pouilière, {ns que la bafe qui les contient ait aucunement partagé ce genre d'altérarion. Cer accident fembleroir dépendre quelquefois de la perte de l’eau de cryftallifation, ou d’une farabondance d'argile qui eft entrée fouvent par excès dans leur compofition. L’effet de la chaleur obfcure fur le leucite eft de le blanchir davantage , de manière que les cryftaux qui fonr inclus dans les laves les plus voilines des furfaces font d'autant plus blancs, que leur bafe devient plus noire par A ————"—"———————— ————" —— ——————————" " """ " (1) Le Chevalier Gicenni, dans fa Lithologie du Véfuve, cire des cryftaux de horn- blende revétus d’une écorce rrès-minee de grenat blanc. Code/la roccia vulcanifata offre altrefi de forli neri fbrofs di figura lamellare del déametro di una linea ad anche dippia , rivefliti efferioremente da granati bianch: , in un ffrato coff fotrile , che La foffarzga del forlo forpalfa di molto quella de granasi. > ss JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE, * mn les raifons que nous avons expliqué en parlant des feld fpaths , qui éprou+ vent les mêmes effets. Mais la calcination qui rougit les laves, fait auffi prendre une teinte rougeâtre aux leucites , qui étoient reflés grisatres & opaques par impureté & pour s'être mélangés avec un peu du fer de la bafe ; : & tous ceux qui ont cette nuance de ronge la doivent à la calcination. Rien ne varie autant que le volume , le nombre & le mode de diftribu- tion de ces cryftaux de leucite dans les laves. Il en eft qui ont jufqu'à un pouce de diamètre ; mais d’autres font tellement petits, qu'on pourroit les prendre pour des grains de fable quartzeux qui auroient été empatés dans la lave. Quelquefois 1ls font très-clairs femés, & laiffent plufieurs pouces de diftance entr'eux : ailleurs ils font tellement abondans, qu'ils fe touchent , & que leur rapprochement fait prefque entièrement difparoïtre la pâte qui les aglutine. Dans quelques laves , ils font parfemés ifolément & avec ré- gularité ; dans d’autres, ils font grouppés plufieurs enfemble , & le plus Cet alors ils fe réuniffent au nombre de trois & repréfentent des fleu- ronss quelquefois encore ce ne font que des moitiés hémifphériques de cryftaux de leucite qui font grouppés enfemble , & dont la difpoftion pref- que fymétrique figure des fleurs. Les laves avec des cryftaux de leucite appartiennent à un affez petit nombre de volcans, mais ils font extrèmement abondans dans ceux à qui ils font propres. Ces laves dominent principalement dans le Véfuve & dans quelques volcans éteints des états du Pape. G'ENNSRNE:P'RYESMAINETR. EsPÈCE HUITIÈME. Laves avec chryfolites. La chryfolite des volcans, qui pendant long-terps a été resardée comme une vicrification produite par la chaleur fouterreine , quoiqu'elle foic la plus réfractaire de toutes les fubftances renfermées dans les laves; la chryfo- lite, dis-je, fans appartenir précifément aux volcans , puifqu'elle exilte ailleurs , sy trouve dans une telle abondance , qu'on à pu croire qu'elle éroit particulière aux roches qui ont fervi de bafes aux laves; cependant en les comparant fous différens rapports avec les chryfolites orientales , avec celles du Bréfil, de Bohème & de Hongrie, on leur trouve tant d’ana- logie , tant de caraétères extérieurs femblables , rant de propriétés phyfiques & chimiques qui leur fontcommunes , qu'on ne peut fe refufer à croire qu'ils ne foient de même nature (1). J'ai crouvé dans les laves des cryftaux de chry- me (1) M. Werner a donné le nom d'o/ivin à la chryfolite des volcans , à caufe de fa eouleur [ouvent femblable à celle de l'olive. {1 l'a confidérée comme formant une efpèce folites ET D'HISTOIRE NATURELLE. 89 folites en prifmes hoxaëdres , avec des pyramides plus obtafes que celles du cryftal de roche, & ‘un uilu lamelleux qui ne me laffoient pas douier ‘que celles-là ne fuffent des gemmes. Mais elles font extrêmement rares celles qui font fi bien caraétérifées ; les plus communes font des grains amorphes, femblables aux grains de fable quartzeux dont les angles font un peu émouflés; elles ont une caffure vitreufe, dans laquelle il eft très- difcile de découvrir leur tiffa lamelleux, de manière que j'ai pu croire qu'elles n’étoient pas toutes de même nature, & quelques-uns de ces grains vitreux n’étoient que du quartz coloré ; mais ayant obfervé depuis qu'elles fe fondoient toutes à un feu crès-a@if, que toutes fe laifloient atta- quer par les vapeurs acides, & fouffroient un genre d’altération qui les faifoit s’exfolier & qui leur donnoit l’afpe&t & la confiftance de l'argile, ce qui ne fauroit arriver au quartz , j'ai dû convenir qu’elles appartenoient toutes à la claffe des pierres compofées , qu’elles que fuffent leurs formes & leur apparence extérieure (1). Les chryfolites des laves varient dans leur teinte depuis le jaune de fa topaze jufqu’au verd brun ; les plus communes font jaunes , ou jaunes difainéte de la chryfolite ordinaire , parce qu’il lui rrouve moins.de dureté, un: décom- pofision plus facile & une moindre fufbilité. Je ne faurois adopter cette diftinétion. Les chryfolires des volcans, comme routes les pierres qui ont été gênées dans leur agréga- tion, & qui n’ont eu aucun moyen de dépuration , varient beaucoup entr'elles pour la . dureté : j'en ai vu parmi les laves de l'Ethna, & celles-là font communément jaunes , dont la dureté eft au moins égale à celle des chryfolites de Hongrie & du Bréfil. Leur décompofñtion plus prompte vient de ce que | formées dans un milieu plein , elles n'onc pu fe délivrer de l'excès d'argile ou de fer entrés dans leur compofition , & qui ÿ éranc enchaïnés par une moindre force , donaent plus de prife à tous les agens de décompofi- tion. Quant à leur fufbilré , je ne l'ai jamais trouvé différente de celle des aurres ; elles exigent toutes un très-violent coup de feu pour donner. un verte tranfparent parfemé de quelques peties bulles. D'ailleurs il y a quelques petires diflsmblances entre Îcs chrylo- tes, doncles grains fonc épars dans les laves , & celles done les grains réunis formenc de gros nœuds. Les premiere: font plus parfaites & font quelqacfois caivftillifées afez régulièrement pour que leur Forme indique leur nature, & il me paroît qüe ce fonc les feoondes qui ont été plus particülièrement l'objet des recherches de M. Werner. M, Gmelin, Profetfeur de Chimie à Gcëthinguc , a donné l'analyfe de l'olivin de Werner, 1l lui a trouvé une confticution approchante de celles de toutes les gemmes ouf $. de rerre quartzeufe, 0.04. de fer, & 0.40. de terie argileufe. QG) M. Lelievrea cru que l'orisine des chryfolites dans les laves pouvoir être attribuée à une efpèce de pierre maguéfenne d'un verd d'éméraude qu'il à rencontrée en graiñs dans une pierre ollaire des Pyrénées, parce que cette fubflance acquiert affez de dureré par la chaleur d'un fen de forge , pour couper le verre. Cette fuppofition , ‘qui n'a d'antre appui que le durciilemiert de certe picrre par une chalur d'ailleuts bien fupé- rieure a celle des volcans, cft fi contraire à tout ce que l'obfervation & l'expérience nous apprennent des chiyfolires des volcans, que je ne doute pas qu'un Minéralogiäte auf éclairé qne M. Lelièvre ne l'ait lui-même abandonné ; & je ne crcis pas néceffaire d'employer aucun argument précis pour [a combattre, Tome 11. A OUT, 1794. M 5o JOURNAL DE PAYSIQUE, DÉCCHIMIE, verdatres ; leur tranfpatence eft fouvent troublée par un nuage laiteux ; qui leur donne une efpèce de chatoyement; il en eft même qui, dans leur caffure , ont un afpeét bronzé. 1 La grotleur des grains varie auffi depuis celui du fable le plus fin, jufqu’à avoir fix lignes de longueur fur deux ou trois de groffeur, Les grains de chryfolite font diftribués dans les lives d’une manière tès-diverfifiée ; quelquefois répandus ifolément & aflez également dans toute la pâte , leur quantité arrive jufqu'à paroîte conftituer la moitié de la maffe , mais ce n’eft que lo:fque les grains en fontextrémement fins : les grains plus gros font difleminés avec bien moins d’abondance. Ailleurs , sous les petits grains de chryfolite font téunis enfemble ; foiblement aglu- tinés entr'eux , comme les grains de fable dans certains grès groffiers , ils forment des nœuds ou des mafles de différentes formes, fouvent atrondies , dont le volume eft tel , quelquefois’, qu'elles pèfenc jufqu’à trente livres. Mais comme ces mañles de chrylolites font accidentelles dans les laves, qÜ’elles n'ont point pris naïffance dans leur bafe , & qu'elles y ont été évidemment enfermées daus l’état où elles s’y trouvent, je ne les confidère que comme des corps étranyers, cafuellement inclus dans les laves, & je les place dans le genre premier de la feconde claffe ; je ne regarde comme appartenans à cette efpèce-que les laves dans lefquelles les grains de chry- folites font parfemés ifolément , de manière à ne pas laïffer douter que leur formation y eft analogue à celle des cryftaux dont nous avons fair mention précédemment. Je ferai mème remarquer que les laves qui renferment quelquès-uns de cés gros rognons de chryfolite , ne font pas celles dont la pâte les contienne en grains épars ; & les laves de l'Ethna , où les grains de chryfolite font communément difféminés, ne renferment jamais aucun de ces nœuds; ce qui prouve d'autant mieux, que les circonftances de leur for- mation ne font pas les mêmes. . L La chryfolite ne-reçoit aucune modification particulière de l’aétion des feux fouterreins , elle eft beaucoup trop réfraétaire pour pouvoir jamais en être altérée, & quelque place qu’elle occupe dans un courant , elle n’y éprouve aucun changement, ni dans fa couleur, ni dans fa cohéfion; mais elle eft fufceprible d’un genre d’altération fpontanée , étrangère à la chaleur, & dont la caufe doit fe trouver dans l'excès du fer admis dans fa _compofition ; elle éprouve quelquefois une efpèce de rouille qui détruit fa cohéfion en l'attaquant dans l’intérieur même de la lave la mieux confervée fous tout autre rapport, & cette pierre paroît alors fe transformer en oxide de fer brun, terreux. Ce genre de fubftance eft encore exclufive à certains volcans ; rrès- abondante dans l’Ethna , elle ne fe trouve prefque jamais dans les laves modernes du Véfuve, & elle eft entièrement étrangère à beaucoup de volcans, 6 ET D'HISTOIRE NATURELLE, 91 Quoique la chryfolite fe trouve plus communémentaflociée avec le fchorl valcanique , ou le feld-fparh où mème avec ces deux fubftances enfembie (Efp. 15, 18.6 26), cependant l'efpèce de laves où elle eft feule n'eft pas rare: G'EUN KR E xP RE, M I ER. E sir ÀccE «NE U vu ÈcME. Laves avec mica. Le mica eft encore une des fubftances qui fe trouvent incorporées dans ce gence de laves, mais fans y être aufli abondant que. dans les laves des genres fuivans. Beaucoup de volcans qui ont les roches argilo-ferrugineufes pour bafe de tous leurs produits , n'en donnent jamais ;-tel eft encr'autres l'Ethna ; & je ne fais à quoi attribuer cette privation , le mica étant aufk commun dans les roches primitives de mème nature. Le mica des laves fe trouve rarement feul dans fa bafe , il y eft plus fouvent affocié à quel- qu'autre fubftance : elles font donc très-peuy nombreufes les laves de certe efpèce. Le mica des laves eft noir ou brun ; quelquefois il imire [a couleur de l'or ou du bronze. Le plus fouvent il eft diffeminé en feuilles irrégulières , plus ou moins nombreufes, depuis la plus extrème petitefle jufqu’à acquérir un pouce d’étendue ; rarement ces feuilles fe raffemblent pour former des portions de prifme hexagones de deux à trois lignes de hauteur. Le mica n’eft point fufcepuble d'être aliéré par la chaleur qu'il éprouve dans la Jave, mais quelquefois il devient caffant ou pulvérulent, par l'effet d’une rouille qui attaque fpontanément le fer qui eft combiné avec ui par excès. G E.NùR E PREMIER. ESPÈCE PIXIÈME,. Laves avec des grains diflinéts de mine de fer. Les laves, indépendamnrent du fer qui les colore , en contiennent quet- quefvis des grains diftinéts qui font dans deux étais différens. Les uns, très-peiits , n'ont que le degré d'oxigénation qui conftitue la mine de fer grife , & on ne les diftingue de leurs bafes que par le luifant métallique qui leur eft particulier ; les autres ,fplus gros , fonc dans l'état d’ochre jaune terreufe ; ceux-ci päroïflent avoir différentes origines : la forme cubique de: quelques-uns femble indiquer une pyrite décompofée ‘la configuration de quelques auires ,.ainfi que les weftices de pyroxènes & de chryfolires qu M 2 92 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, fe trouvent dans leur centre, annoncent qu'ils proviennent de l’une ou de l'autre de ces fubftances qui auroient éprouvé cette décompofñirion fpon- mnée à laquelle j'ai dit qu’elles étoient fujettes , fans qu'aucune caufe ex- térieure patoille y contribuer. à J'ai trouvé dans différens volcans quelques échantillons des laves de certé cfpèce, mais ils n’y font qu'accidentels , & elles ne conftiuent pas des courans particuliers comme toutes les efpèces antérieures. GENRE PREMIER. Espèces XL ORNE TXT VENTE Laves dains lefouelles le feld-fpath efl affocié ou au fchorl, ou à l'horr= blende, ou à la chryfolice, ou au mica. Dans toutes les efpèces précédentes , nous avons confidéré les différentes fubftances qui fe trouvent dans les laves , en les prenant une à une; mais chacune d'elles eft plus fouvent affociée à quelqu’autre ; qu'elle n’exifte ifolée , & c’eft de leurs combinaifons entr'elles , prifes deux à deux , que les efpèces fuivantes reçoivent leurs caraëtères diftinétifs. Quatre efpèces dépendent de l'aflociation du feld-fpath avec une des fubitances qui peuvent fe combiner avec lui ; car routes ne fe montrent pas également fufceptibles de cette réunion , & il fembleroit que quelques- unes n'aient jamais pu prendre naïffance dans les mêmes bafes où il s’eft formé : jamais , jufqu’à préfent, je n'ai vu le leucite lui être aflocié, ainfi ue l'ai déjà dit. pat L'efpèce XI", où le feld- fpath eft affociée au pyroxène noir , eft très- fréquente & très-nombreufe en variétés ; prefqu’un tiers des laves de l'Ethna peuvent fe rapporter à cette efpèce. L’aflociation du pyroxène avec l'horn- blende ( £fp. 12 )eft beaucoup plus rare ; elle exifte dans quelques laves du Véfuve. Très-fouvent encore Le feld-fpath & la chryfolite fe trouvent a ———_———]—_— aa (1) Dans la rédadion du tableau , trois efpèces ont été oubliées en formant la colonne de ce premier genre : il faut les intercaler pour les mettre à leur place. Cette correction exige un changement dans les nombres , qui doivent être rérablis ainfi qu'il fuit: 12. Feld fpath & horn-blende, 18. Pyroxène & mica. 13. Feld-fpath & chryfolite. À 19. Horn-blende & leucite, 14. Feld-fpath & mica. *o. Horn-blende & mica, 15. Pyroxène & horn-blende. 21. Leucite & mica. 16. Pyroxène & Jeucite. 22. Chryfolite & mica. 17. Pyroxène & chryfolite, 23. Subftances différentes réunies au nom- bre de trois & plus. ETUD'HISTOIRE NATUREDLE. ON os réunis dans la même bafe ( Æfp. 13). L'Ethna en donne de fréquens exemples. J'ai rencontré dans les volcans éteints de Carthagène, en Efpagne , une lave qui raffembloit le mica & le feld-fpath ( Efp. 14 )5 mais cette efpèce ne fauroic être fréquente , le mica eft La fubftance qui abonde le moins dans ce genre de laves, & c’eft plardt avec l’horn-blende & le leucire qu'il s'aflocie. ( Efp. 10 & 21). GENRE PREMIER. “ÆsPpèces XV, XVI, XVIL sr XVIII". Laves dans le‘quelles le pyroxène eff affocié ou à l’horn-blende ; ou au gr'enat blanc, ou à la chryfolite , où au mica. L'affociation du pyroxène avec l’horn blende (Æ/p. 15 ), quoique peu fréquente , prouve cependant que chacune de ces fubftances a une confti- tution particulière , qui diffère eflentiellement de celle de l’autre; car, formées dans la mème pâte & avec toures les circonftances femblables , l'une & l’autre ont pris conftamment les caraétères qui leur font propres & qui les dittinguent entr'elles. Maïs le pyroxène montre une bien plus forte tendance à l'agrégation régulière, puifque fes cryftaux fonr toujours mieux configurés. De ces quatre efpèces de laves , la feule qui foit fréquente eft la dix- feprième, où le fchorl & la chryfolite font réunis dans la mème bafe ; plu- fieurs des immenfes courans de l’Ethna en font formés. GENRE PREMIER. EÉ#rrcrs XL ENT À 4 Laves dans lefquelles l’horn-blende ef affociée où au leucite , ou au mica. L’efpèce vingtième qui raffemble le leucite & l’horn- blende , eft une des plus abondantes de toutes celles du Véfuve; elle comprend prefque la moitié des laves de ce volcan. La lave très-ancienne fur laquelle Pompéïa eft bâtie, appartient à certe efpèce. GENRE PREMIER. Etztr 2e ais XX IA SE XX LV To XX Ve Les affociations du grenat blanc avec le mica ( E/p. 21 ) font aflez fré- quentes dans le Véfuve ; celle de la chryfolite avec le mica ( Ep. 212) eft fort rare. J4 JOUR NIANXD'É PHYSIQUE, DE CHIMIÉ, CUPRUR EE D'RE MIE R. | Œus 2h É EM MN,G TE SL XI ÈjME, Pour ne pas multiplier inutilement le nombre des éfpèces, jai cru devoir ralembler dans celle-ci toures les laves qui réunifloient des ‘fubftances , diftinétes de la bafe ,au nombre de trois où plus. Ees plus fréquentes de ces afociations ternaires fonr celles : 1. Dueid;fpoth , du pyroxène no &-de h! chryfolire, 2. De l’horn-blende , du pyroxène verd & du grenat blanc. 3. De l’homnsblende, du grenat blanc & du mica. La première eff tiès-commune à l'Ethna : cette compoñtion exifte dans la lave du fameux courant qui, en 1669, fortit du pied du Monte Roffo, & renverfa Catagne en traverfanc cette ville pour fe jener dans la mer, Les deuxrautres affoctations rernaires fonc aflez fréquentes au Véfuve. «Id re GENRE.SECO N D. à ê q 4 14198 AU got :d = Laves compailes à bafe de petrofilex. Cegenre de laves eft bien moins abondant que le précédent , car il n’exifte pas dans'un allez grand nombre-de: volcans , &e 1l n’eft jamais exclufi£ à tonte autre dans le petit nombre de ceux où il domine. Ce font principalement les îles Ponces, l'ile d'Afchia & les monts Euganeens, dans le Padouan , qui l'ont offert à mes obfervations (1). Ces volcans m'ont appris qu'il falloit accroïre“de ce’ nouveau genre les-produits de la Auidité ignée, en me préfentant. une immenfe quandté de laves à bafe de petrofilex , avec les circonftances les moins équivoques , avec les preuves les plus authen- tiques de leur.origine volcanique, & avec toutes les gradatiens qui pou- voient attefter l'épreuve inflantanée qu'elles avoient fubi dans les foyers d'où ‘elles font forties. 2 24! Les laves compactes à bafe de petrofilex avoient été méconnues par-tout ; avant que je n’eulle conftaté leur exiftence : ceux! qui les avoient continuel- (1) Les produdtions:voleaniqués des îlés Ponces & celles-des monts Euganeens ont une telle analogie entr'elles , ou telle reffemblance dans prefque toutes leurs modifica- tions , que la defcriptionique j'ai donné des dnés peut fervir aux autres, Voyez mes Mémoires sur les îles Ponces. Mon aïai Fleuriau de Bellèvue à trouvé de très-belles, Javes à! bafe de petrofilex dans les, volcans éteinrs qui, font entre SchafFoufe & le lac de Conftance. Ce genre de Javes cxifte auffi dans les volcans de l'Auvergne , dans ceux des bords dt Rhin, de la haute Hongrie & de l'Irlande, &c., &c. , &c, ET) D'HISTOIRE NATUREBEMES SUX lement fous les yeux nespouvoient pas s'iinaginer qu'elles faflent de vrais produits volcaniques, pañce que, bien moins encore que celles du gente précédent , elles portoient les caractères que. lon1cioyoit elfentiels ‘aux matières qui avoient fubi la-luidité ignée. Leurs couleurs , ordinairement blanchärres , leur grain & leur callure les éloignoient également de l'état des vitrificacions , de l’afpect des fcorifications auxquelles feulés on attribuoic le privilège d’avoir été traitées par les feux fouterreins. En efier, fans les avoir fuivi dans toures leurs modifications; fans être defcendu de celles qui , étant bourfoufflées, ne leiflent aucun doute fur leur nature ; jufqu’à celles qui font patfanement compaêtes ; fans avoir fait entter en confidération , & leur fruarion , & la nature du fol & toutes es marièrés environnantes , il éroit extrèmement difficile ou même impoiñlble de foupçenner leur ori- give, & j'aurois héfité long-remps.moi-méme à les adopter conime produits volcaniques, fi les cirvonftances locales. n’avoient pas levé tons 1es doutes Que leur afpeét pouvoir faire naître. " = Tous les cara@ères que j'ai atufibué aux petrofilex conviennent également aux laves de ce genre: où retrouve parmi elles toutes les diverfités de grains , de caflure & de uiflu, & tous les autrés ccidens qué j'ai décrits-en parlant de ces pierres dans leur état ordinaire. Quoique ce ne foit pas le plus grand nombre , beaucoup de ces lives ont ce genre de tiflu ferré & luifant, cette caffure sèche & conchoïde , qui appartiennent aux petroflex les plus parfaits; elles font alors fufcepribles du même poli brillant que les roches petrolliceufes , & elles ont des couleurs prefqu’aufi vives , quoique moins variées , Car la couleur verte paroît étrangère aux laves de te genre. ÎL.en éft de noires, qui reffemblent au plus béau jafpe; la finefle de leur pâte & leur genre de caflure fuffroient fans doute pour diftinguer ces laves perrofiliceufes noires , des laves à bafe de roches argilo-ferrugmenfes , avec kefquelles leur teinte fombre pourroit les faire confondre; maïs il fuffit de l'épreuve du chatuleau pour lever tons les doutes que l'on pourtoit avoir fur leur nature. Ces laves noires , à bafe de petroflex, deviennent parfaite- ment blanches avant de fe fondre ; il ne fant pas même un grand degré de chaleur pour difliper leur couleur, qui dépend sûrement d’une fabftance Gu combufhble , ou ttès-volarile; & il'eft affez curieux de remarquer qné l'incandefcence , qui a donné.la fluidité à ces Javes, ne les a cependanc pas privé de ce principe colorant que nous leur enlevons toujours fi facilement avant de les fondre. 1 y a une gradation infenfible dans les différentes laves de ce genre , par laquelle on peut être conduit de celles qui ont l’afpe& le plus fiiceux, à celles dont le tiffu eft le plus relâché; & dans l'intermédiaire, il y à beaucoup de laves qui , fans avoirde luifant de la caffure filicée , fe rompenc encore en éclats conchoïdes, & confervent un grain très fn; il en eft d’autres qui , avec la caffure plate & le grain terreux plus prononcé , onc 96 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, encore une grande dureté ; elles font fufcepribles aufli d’une grande diverfté de couleurs, mais elles les ont moins vives que celles dont la pâte eft plus fine & le tiflu plus ferré (1). (1) M. de Sauffure, dans le paragraphe 728 de fon Voyage des Alpes, parle d'une pierre qui a trop de-rapport avec les laves de ce. genre pour que je n’en faffe pas mention ici; & je cruis intéreflant de rapporter tout le païlage où il en cit queftion, parce qu'il fervira à prouver d'autant mieux l'identité de narure dés perrofilex & des feld-fpaths, & la parfaite analogie des laves de ce genre avec Re primitives. se Je trouvai, dit M, de Sauffure, au-deflus de Valorfine, des fragmens d'une roche très fingutière. C'eft une efpèce de porphyre , dont le fond eft une pierre grife blan- châtre , d'un grain très-fin & comme terreux, maïs cependant aflez dur pour donner des étincelles. Cette pâte renferme des cryflaux de feld-fpath & des lames de mica blanc & brillant; mais ces lames & ces cryftaux ne font qu’en très-pctite quantité ; la pâce grife qui forme le fond de la pierre , eft de beaucoup prédominante. Cette pâte le comporte au chalumeau exaétement comme le feld-{path; la denfité de Ja pierre paroît auili la même que celle du feld-fpath ; elle eft à celle de l’eau dans le rapport de 2613 à 1000. Je croirois donc que c'eftune terre de la nature du feld-fpath , dont quelque caufe a empéché la cryflallifation. ». Ce qui m'a Le plus intéreffé dans cette pierre ; c'eft (a reffemblance avec la matière dont eft compolée la montagne de Puy-de-Dôme.en Auverone. » M, Defmareft, qui a obfervé & décrit les volcans de l'Auvergne , nomme cette pierte un granit chauffé en place ; mais cette dénominarion ne me fatisfaitpoint, parce qu'aucun degré de feu ne donne aux granits proprement dits l'apparence terreuie qu'a la pâre qui forme le fond de certe pierre. F » Enfin en revoyant dernièrement la pierre de Valorfve , j'ai éré frappé de la reffém- blance avec celle du Puy-de-Dôme ; & lorfque je les ai comparé avec foin, cette ref- femblance m'a paru teile, que la defcription de l'une peut fervir pour l’autre, & que Pon peut aflurer qu'elles font réellement de même nature. La Aumme du chalumeau les affecte de la mème manière; la pierre du Puy-de-Dôme s’y fond comme celle de Valorfine , avec beaucoup de peine en un verre blanc rempli de petites bules, La fenle différence eft que le verre de celle du Puy fe trouve parfemée de perits points noirs fecrugineux ; mais la féparation de ces petits grains prouve que ce métal dideminé daas cette pierre comme un corps étranger, n'entre point dans la compofñtion de fes parties intégrantes, : » Je crois bien cependant , avec M. Defmareft , aue cette pierre a été altérée par la chaleur des feux fouterreins ; elle eft devenue: plus légère. La pelanteur fpécifisue de l'efpèce la plus denfe que j'ai trouvé eft de 241$ à 1000: Les cryitaux de feld-fpath qui s'y toüveut font fouvent-éronnés & remplis de petites fentes ; elle n'a cependant pas coulé. J'obfervai avec foin les srands rochers’ à découvert que l’on voir en def- cendant de la montagne du côré du levant, & je n'y vis aucun indice de courant, mais de grandes mafles coupées çà & la par des fentes reétilignes fouvent verticales 8: terminées, par,des faces planes, comme le (ont fi fréquemment les roches primitives, Je ne m'écarte donc de l'opinion de M. Defmareft, qu'en ce que je ne crois pas, comme lui, que ce foit un vrai granit , mais une roche à bafe de feld-(path erreux , & je [uis dé lon avis fur ce qu'il y a de plus important dans certe queltion , que c'eft une roche primitive chauffée en place, ou légèrement calcinée par les feux fou- terreins ». Je dirai biçgnrôr ce que je penfe de ces foi-difans granits & de routes autres roches Les ET) D'HISTOIRE NATURLLE: 97 Les laves de ce même genre , qui ont le grain terreux, le titfu lâche , & allez peu de dureté pour ne plus donner d’étincelles fous le choc du bri- quet ( & celles-ci font très communes), fonc prefque toujours blanches, blanchâtres ou grisätres, rarement rougeûtres ; leur reinte délavée pourroit les faire confondre avec les laves du genre précédent, décolorées par les va- peurs acides, & occafionner une erreur où font déjà tombés quelques Obfesvateurs ; mais l'épreuve du chalumeau fert encore dansce cas-ci à les diflinguer;, les laves argilo-ferrugineufes alrérées par les vapeurs fülphureufes deviennent réfractaires , elles exigent un fort coup de feu pour fe fondre, & donnent un émail blanc compaéte : la lave à bafe de petroflex , quelque foit fon tiflu, fond affez aifément & donne toujours un verre demi- tranfparent bourfoufflé par de petites bules, Cependant les laves de ce genre ont fouvent acquis un caraétère nouveau , qui les différencie un peu des petrofilex naturels , lorfque les uns & les autres font privés de l'agrégation filiceufe. Ces laves ont pris o:dinairement dans les foyers embrafés une âpreté au toucher, une rudeffe dans leurs grains , qui ne fe trouvent pas dans les pierres de même efpèce, étrangères aux volcans. Et ce toucher âpre & rude nv'avoit fait déligner fous le nom de pierres ponces compaétes & pefantes , des laves de ce genre, lorfque dans la depui des îles de Lipari je parlai du palage des laves compactes à l'érar de pierres ponces, & que j'y rendis compte de mon obfervation fur les matières qui, par leur boufoufflement , donnoient naiflance aux pierres ponces. Quelquefois encore , on peut remarquer que ces laves d’un grain rude , quoique encore très-compaétes , ‘tendent à prendre une contexrure fibreufe, affez prononcée dans quelques-unes pour déjà anrioncer le t1ffu de la pietre ponce: & la direétion de fes fibres , lors même qu’elles font très-peu appa- rentes , détermine le fens de la caflure des mafles. D'ailleurs la plupart de ces lives ont une pefanteur fpécifique toujours un peu inférieure à celle des petioflex qui leur refflemblent. -chaufféesen place ; mais en attendant | je puis aflurer que la pierre du Puy-de-Dôme eft une vraie lave; & qu'en tranfcrivant la defcriprion de la pierre de Valorfine, qu'on lui compare, j’auroïs pu croire que je copiois diférens articles du catalogue où j'ai décrit les laves des îles Ponces & des monts Euypaneens. La Nature ne fournit jamais une con- formité plus parfaite que ceile qui {e trouve entre la plupart des laves que je place dans ce genre, & la pierre que M. de Sauffure regarde comme une roche à bafe de feld-fparh teireux, & que je range parmi les petrofilex d’un tiflu lâche. J'ofe croire que cet habile Oblervateur auroit reconnu des courans volcaniques & des vraies laves dans des pierres du Puy-de-Dôme, malgré les dégradations que le remps & les révolutions ont fait éprou- ver à ce volcan, s’il n'eur pas eu l'efprit prévenu par unautre fyflême, & s'il eût pu reconnoîrre les matières fur lefquelles dépolent ces males qu'il a fuppoft dans leur ficua- tion natale. Zome Il, Aoûr, 1774. N .8 JOURNAL DE PHYSIQUE , DE CHIMIE C’eft encore À ce gente que je rapporterai certaines laves grisâtres aflezrer- dres , fouvent rerreufes , d'un afpect luifant , comme micacé, d’un toucher comme celui de la ftéatite , légères , quoiqu'exemptes de porofités appa- rentes ; fufñbles avec bourfoufflement , & donnant un verre femblable à celui dupetrofilex ordinaire. Elles renferment comme les autres des cryf- taux de feld-fparh , ou de horn-blende , ou de mica. J'ai trouvé certe variéré de lave dans plufieurs volcans , fur-tout dans l'ile d’Ifchia. à J'ai dir, en parlant des petrofilex , qu'il y avoit des tranfitions graduelles aui les faifoient pafler foit à l'état des granits, foit à la compolition des roches atgilo-ferrugineufes ; les mêmes tranfitions peuvent s’obferver dans les Javes de ce genre , qui fe lient également avec celles des deux genres entre lefquels il eft placé. C’eft l'abondance du fer qui trace en quelque forte les lignes de démarcation d'un côté : c’eft le changement de contex- ture qui la défigne de l’autre , & dans la diftribution d’une collection de laves , on rencontre beaucoup de ces variétés intermédiaires dont la place sefte indécife par l'ambiguité de leurs caractères. EsPÈCES DU GENRE SECOND. Les efpèces font moins nombreufes dans ce genre que dans le précédent, parce que plufeurs des fubftances qui fervent à les déterminer ne fe rencon- crent pas dans les petroflex volcaniques , entr’autres le pyroxène verd & la crhyfolite. Je vis bien que le leucite étoit rare dans les lives de ce genre, mais en efayant plufieurs laves qui le contenoïient , & que je croyois ap- partenir aux genres premiers , j'ai reconnu que beaucoup d'elles étoienc réellement petrofiliceufes. L'efpèce première eft très-rare par les mêmes raifons, qui rendent fi peu communs les petrofilex d'apparence homogène. La feconde efpèce eft la plus-abondante de ce genre , & j'ai dit pourquoi les cryftaux de Éd fer étoient fi fréquens dans les petrofilex. Ceux qui diftinguent les laves de cette efpèce, font communément blancs & demi- tranfparens ; j’en ai cependant rencontré quelques-uns de rougeñrres, D'ait- leurs , de nombre de ces cryftaux , leur forme , leur groffeur , combinés. avec les caractères accidentels de la bafe , établiffenc une infinité de variérés; il en eft où les cryftaux de feld fpath font tellement multipliés , qu'ils for- ment plus des trois quarts de la malle, ou même qu'ils font prefque en- tièrement difparoître la bafe qui leur fert de ciment commun; la lave prend alors l’afpeét d’un granit, & 1l faut l’examiner avec attention pour y recon- noître la petite portion de petrofilex qui en compofe le fond. Le feld-fparh contenu dans les laves de ce genre , fe trouve affez fouvent réduit en etar farineux, fans que la bafe ait fouffert aucune forte d’altération, Le pyroxène , qui caractérife la troifième efpèce, n’eft pas commun ET D'HISTOIRE NATURELEE. ET dans {e petroflex : l’horn-blende qui diftingue la quatrième, ÿ eft ‘plus fréquent; le mica, qui défigne la fixième, eit très-communi dans ce genre de laves. Le feld-fpath & le mica , très - fréquemment réunis dans ces laves, rendent très-abondanté l’efpèce neuvième , quieft formée de leur aflactarion; & il n’en eft point dans tout ce genre qui donne autant de variétés que celle-ci, Les lavés qui lui appartiennent ont toutes les teintes, vous les grains, toutes les gradations de dureté & de denfité, toutes les modiñca- tions poflibles dans leur compofition ; A ont encore l’afpeét du granit par la multiplicité des grains de feld-fpath & de mica, qui en maf- quent prefqu’entièrement la pâte (1). De toutes les autres efpècés diftinguées par des aflociations binnaires , il n'ÿ à que la huitième & la douzième qui foient un peu fréquentes ; les autres font très-rares. GENRE TROISIÈME. Laves compailes qui ont eu pour bafe le feld-/path , ou laves graniciques. D'après le préjugé qui faifoit regarder les laves comme des vitrifications, d’après l'opinion qui comparoit leur fluidité à celle du laitier de nos four- neaux ;, 1l auroit été fans doute bien difficile d'imaginer que des laves eulfent pu conferver la contexture du granit, au cas que ce genre de roche eüt fervi de bafe à des courans; aufi les Naturaliftes qui ont, les premiers , porté quelque méthode dans l'étude des volcans, ont-ils méconnu les laves de ce genre, quoique fouvent ils les rencontraffent où au milieu où dans (1) Lesrues de Venile & celles de Padoue font pavées avec des laves de cette efpècc; elles viennent des monts Euguneens , où elles font très-communes. Leur bafe , de cou- leur grile-rougeätre, a un grain fin, un tiflu ferté, quoique d'un afpeét un peu ter- reux ; leur caflure eft sèche & inégale ; leur dureté très-srande juftifie l'emploi qu'on cn fait. Elles renferment des eryftaux de feld-fpath blanc, la plupart farineux , & de petites écailles de micanoïr. Si parmi les morceaux ordinairement compactes, dont on fe (err, ilne s'en trouvoit pas quelques-uns dont les bourfonures dénoncent l'origine des autres, les Naruraliftes qui n’ont pas vifiré les carrières où en les exploite , & qui ne conuoi- croient pas le genre de montagnes qui les fourniffent, héficeroient sûrement long-temps avant de [e croire autorilés par les cara@êrec extérieurs , à prononcer leur jugement fur la matnre dé ces pierres, Je defire que l'afpe& équivoque de ces parés engageut ceux dobt ils fixeront l’atrention , à parcourir Jes montagnes d'ou äls font extraits | & j'ofe Jeur promettre que le peu de remps & de farigues que j'exige d'eux fera payé au-delà de ce qu'ils peuvent efpérer , par es obfervations les plus curieufes & par Ja plus.belle recette de produits voleaniques qui puifle être faite nulle aurre part. Je regrecte que fc piau que j'ai adopté pour cet Ouvrage ne mé permétre pas de donner la défoription paiticn- Jièré de ces belles 8 fngulières laves, prefque rautés, configntées en prifrués , qui fe trouver dans dHférentes montagnes du Padouan ,\# qui appartiennent toûes à ceute moyenue efpèce. : N > 360 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le voilinage des produits volcaniques les mieux caraétérifés. De leur fimili- tade avec les granits ordinaires, ils les ont confidéré comme des roches primordiales qui fe trouvoient encore dans leur fituation natale ; de quel- ques fignes qui ne permettoient pas de méconnoître limpreflion du feu , ils ont conclu qu'elles avoient été chauflées en place. Cette fuppoñition a été adoptée fans examen, car la moindre difcuflion eût fuff pour l’écarter en- tièrement, Il ne faut pas long-temps étudier les volcans pour apprendre que leurs foyers doivent être à des profondeurs infinies , & pour favoir fur- cout qu'ils ne peuvent être placés au milieu de ces mêmes montagnes, lef- quelles ne fe font formées que par l'accumulation de leurs propres produits, mais qu'ils réfident au-deflous d’elles, dans le fond de cavités dont la capa- cité correfpond à leur élévation. Les matières qui repofent fur la furface de la terre font donc bien loin de toute atteinte de leurs feux. Mais en admet- tant même que l’inflammation à laquelle on attribue un pareil effet , ait pu fe trouver pendant un temps, beaucoup plus rapprochée de la fuperficie du globe, comment feroit-elle parvenue à chauffer en place ces mañles de granits? Seroit-ce latéralement ou fupérieurement, en réfidant deflus ou à côté ? Il faudroit alors admettre des foyers prefque hors de terre , ce qui feroit en contradiétion avec tout ce que nous voyons de leurs autres effets. Seroit-ce inférieurement & de bas en haut , que la chaleur auroit atteint ces granits fans les déplacer ? Mais outre qu'il faudroit faire promener ces foyers fous un périmètre fort vafte pour venir fucceflivement chauffer tous Jes rochers de ce genre qui portent l'empreinte du feu , il faudroit encore expliquer comment ces maffes de granit pourroient étre plus altérées à leur furface qu’à leur bafe , comment elles auroient pu éprouver une forte in- candefcence fans que les matières inférieures y euflent participées, & en- fin comment des granits qui n’auroient éprouvé aucun dérangement dans leur fituation natale fe trouveroient affez fouvent repofer fur des matières . pulvérulentes, fur des fcories, fur des cendres , & mêmes fur des laves d’autres genres. Mais il eft inutile d’accumuler des raifons contre l’hypothèfe qui fait chauffer en place les granits portant l’empreinte des feux volcaniques &c occupant la furfice de quelques montagnes , quand , dans plufieurs volcans, leur fituation & leur difpofition indiquent des courans partant d'un centre commun pour gagner divers points d’une vate circonférence , quand toutes les obfervations locales, quand routes les circonftances environnantes, quand les matières enfermées accidentellement dans l’intérieur des mafles, quand celles qui couvrent leurs farfaces , quand leur fuperpofition à l'égard d’autres produits de l'inflammation fouterreine prouvent également que les granits ont pu participer à la fluidité ignée & couler à la manière de toute autre lave; & que leur folidité actuelle n’eft que le retour d'une cohéfion qui a pu être fufpendue par une caufe femblable à celle qui permer le mouvement ET D'HISTOIRE NATURILE. 101 aux autres courans enflammé:, D'ailleurs , la reftitution de l'agrégation primirive , ou plutôt une coagulation dont l'effet eft de donner à la malle une contexture femblable à celle des roches qui contiennent les mêmes élémens (1), n'a rien de plus extraordinaire dans le cas des laves graniti- ques , qu’elle ne l’eft lo:fqu'il s’agit de certaines laves des genres précé- dens, où la multiplicité des cryftaux hétérogènes eft telle, qu’elles ne dif- fèrent des granits que par une très-petite portion de pâte qui y fait l'office dé ciment commun. 11 me paroit également inutile de pourfuivre, par de longs argumens, l'opinion de ceux qui trouvent dans de va granits la matière première des bafalres noires, & de combattre le fyflème de quelques autres qui pré- tendent que c’eit avec des bafaltes ou laves noires remaniées par les eaux, que la nature a compofé les granits. L'erreur des uns & des autres a pris païffance dans la rencontre des laves granitiques mélées avec des laves argilo-ferrugineufes , & dans la perfuafion où ils étoient que celles-là n’a- voient pu participer à la fluidité des autres. Les premiers ont donc imaginé que des pierres femblables à des granits doivent être un refte de matériaux qui avoit échappé à la fufion, & qu'une chaleur plus active ou plus pro- longée auroit aflimilé à la nature des laves noires compactes (2). Les feconds (x) Je crois maintenant néceffaire de faire cette petire diftinétion , parce qu'elle me paroît d'une plus grande précifion , & je n’ai pas voulu Ja préfenter plutôt pour ne pas compliquer les premières idées dont je defirois faire agréer l'adoption. Car ce n'eft pas exattement le genre de cohéfion que devoir avoir la mafle elle-même , avant d’être atteinte pat l'inflammation qui lui eft reftituée après avoir éprouvé la fluidité ignée ; puilque cette mafñle primitive deftinée à devenir lave devoit être un mélange de martères terreules & de cryftaux de différentes fortes , empâtés avec la fubftance dont la chaleur volcanique a pu occafionner le ramoliffement & l'inflammation, Cette fubftance com- buftible ( peut-être le foufre ) pouvoit , quoiqu’en très- petite quantité , (ufire aux effers que je lui attribue , & fa confommarion en diminuant le volume de la male, l'a forcée à éprouver ure contraction fur elle-même, qui , cans beaucoup de cas , lui a fait prendre plus de compacité qu'elle n'en avoit primitivemenr, & qui lui a donné une con- cexture analogue à celle de Ja roche naturellement exempte d'un pareil alliage. Mais les roches d'une contexture grenue , n’ont pas pu fe refferrer aurant que les autres, & ont dû refter toujours un peu moins dures & plus légères, ce qui eft confirmé par une obfer- vation générale fur toutes les laves de ce genre. (2) J'ai déjà fait remarquer , dans lu première partie de ce Mémoire , que les matières intaëfes ou peu altérées par le feu , qui fe trouvent dans les laves compactes , font Les parties des matériaux primitifs qui ont réfiffé à l’aétion du feu ; ainfi , lorfque les granits ont fourni beaucoup de ces fubffances plus ou moins réfraéhiires \ on rencontre dans les courans des laves compaëfes avec des points noirs de fchorl , ou avec des points blancs guartzeux qui ont été entraënés dans la pâte fonaue. Certains granits renferment des quartz qui , quoique fufibles avec d’autres fubffances , réfiffenc cependant lorfqu'ils fonc en certaine quantité. Au contraire , (i les grantts ne renferment que très-peu de ces [ubf- rances réfrailaires, © qu'ils aient fondus entièrement, les laves qui ont réfulté de cette 102 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE les ont confidéré comme les réfulrats d'une opération poftérieure qui aufoit transformé la lave en granits. Je n’aurois même pas rappellé ici ces opinions oppofées & également erronées , dont j'ai déjà dir un mot antécédemment , li elles ne confervoient pas encore quelques pattifans , & fi Bergmann lui- mêmé ne s'étoit pas donné la peine de les réfurer par des taifons prifes dans la différence de compoñcion. Non nulli ex hoë granite Colliquato bafaltica conftruunt prifinata ; Jed horum longe alia eff natura , uti dudum monflravimus ; alii granitum ipfum ignis effe progenium adférvaré néon du- bicant , &c. Bergmann des produits volcaniques. Les laves granitiques fe fenconttent dans nombte de volcans, tels ceux des bords du Rhin, près d'Andernach ; ceux de l’Auverghe , entrautres le Puy-de-Dôme & le mont d'Or ; ceux du Padouan, des îles Ponces , des îles de Lipart, de différentes îles de l’Atchipel, entr'autres de celle de Milo , &e. Mais nulle part je ne les ai vu ni dans une telle abondance, ni avec des preuves fi convaincantes dé leur fluidité, que dans le volcan éteint de Sanéta-fiora, {ur les confins de la Tofcane & des états du Pape. Ce volcan , qui a foulevé fa rête du milieu dés bancs de pierres calcaires, recouvrant les matières où fon foyer étoi placé, & qui s’eit exhauffé par fes accumulations jufqu'à dominer de plus de quatre cents toifes tour ce qui l'environne , a eu le granit pour principale bafe de tous fes produits. La plupart de fes courans font formés de laves granitiques (1), on les voit for- tit de différentes parties de fon vafte corps, defcendre jufqu'à fa bafe, artivér & s'étenare für le fol calcaire, au-delà de la circonférence occupée par l’amoncellemest de fes autres déjections ; quelques-uns de ces courans out pluleurs lieues de longueur, fur une largeur qui arrive quelquefois à une demi-lieue ; ils forment comme la charpente dé la montagne , & con- folident l’amas de matières pulvétulentes au milieu defquelles ils fe trou- vent placés ; leur furface courbée eft compofée de laves granitiques , plus ou moins bourfouflées & flandreufes ; leur intérieur eft occupé par des laves compactes, qui reflemblent parfaitement à certains granits primor- diaut ; maïs il femble que la Nature ait voulu y configner les preuves de fa manièté d'opérer en y renfermant quelques morceaux de fcories noires & d’autres mafles de laves poreufes ou compattes qui ont été enveloppés accidentellement pendant la marche du courant, ou qui , par leur chüte , Jonte fort compactes , homopènes , fins aucun mélange. Woïlà l'kifiotre de la formation de la plupart des pierres de corne , ou des roches dont le fond ft de couleur gris de fer, parfemées de points quartgeux bafalriques que le Ménéralogifle cité par Valkerius a vu aux environs de Naples. ( Extrait d'an Méimoite fur Les bäfalres , in{Ëré dans les Mé- moires de l’Académie des Sciences, année 1791 , pat Définareft ). C1) Les laves à bafe de roches arsilo-ferrugineufes y font très-rares; les autres courans ont pour bafe le petrofilex. ET D'HISTOIRE NATURELIE. 193 après des explofions, ont PÉTER leur-pâse pendant qu’elle étoit fnide. Ces échantillons étrangers paroillent y avoir été placés pour attefter à jamais l'origine volcanique des matières qui les renferment, quelles que fuffent les révolutions & les dégradations qu’ils éprouvaffent par la fuite , & pour donner aux Naturaliftes des leçons de crconfpection , en leur apprenant qu'il ne faur pas juger fur les premières apparences, & que des fubftances peuvent conferver une parfaire reflemblance entr'elles , quoïqu'elles aient paflées par des épreuves bien différentes, De pareilles RE ne permet- tent plus de douter qu'il a été poflible aux opérations volcaniques de donner de la fluidité à certains granits , fans les dénaturer ; que les De. fouterreins agiflent fur eux de la même manière que fur toute autre efpèce de roches, & que ce doit être par le même inrermède qu'ils acquièrent de la fluidie à un très-foible deuré de chaleur, Cependant, quoique les laves sraniriques foient fouvent affez confiftantes pour fervir de pierres de taille, & pour étre employées aux ouvrages d'ar- chitecture, elles font en général moins dures & moins pefantes que les granits ordinaires , & quelquefois même elles s’égrainent fous de très foibles chocs ; mais comme la dureté & la pefanteur font elles-mêmes très- variables dans la roche primitive, & que différentes caufes accidentelles altérent ou détruifent la première de ces qualités , ces deux feuls carac- mères ne fufifenr pas pour diftinouer le granit qui a éprouvé la fluidité ignée, Mais en examinant avec attention les laves de ce genre dans les mañles qui ont l'apparence la plus compacte, on y voit allez fouvent de petites cavités dépendantes d'un commencement de bourfoufflement, & auprès defquelles le feld-fpath montre déjà fa tendance à prendre la contexture fibreufe qui appartient à la pierre ponce. D'ailleurs ces laves granitiques font reftées beaucoup plus fufbles que ne le font en général les oranits ordinaires, & elles font ordinairement fufceptibles d’un extrème bourfouf- lement qu’elles éprouvent avant de fe convertir en verre blanc demi-tranf- parent , plein de petites bules. Ces laves, à bafe de feld-fparh, ont de très-grands rapports avec les laves qui ont pour bafe le perroflex ; elles fe rencontrent prefque toujours dans les mêmes volcans, & le paflage des uns aux autres fe fait par des nuances fi infenfibles, qu'il eft impoflible de tirer entr’elles une ligne pré- cife de démarcation ; elles rentrent fans cefle Les unes dans les autres. PIS TD SCC ES IDAU GIE NOR EMAT IR OUI SMILE MIE: Les efpèces diminuent encore en nombre dans ce troifième genre, parce qu'il y a encore moins de diverfité dans les fubftances d'apparence hétéro gènes qui y fonr contenues. Le leucire paroît mème en être totalement exclu, on au moins pe s’y eft jamais renconé, 104 JOURNAL DE PAYSIQUE, DE CHIMIE L'efpèce première , ou le feld-fpath opaque & lamelleux conftitue à lui feul toute la maffe, ne peut fe trouver que dans de très-perits échantiilons. Elle eft au contraire affez abondante l’efpèce feconde , dont la bafe formée de feld-fpath opaque, en lames confufément entrecroifées, ou en grains amorphes , renferme des cryftaux diftincts & affez bien configurés de feld-fpach , le plus fouvent demi-tranfparent; l’extrème fufibilité du feld- fpath , qui ferc de bafe à cette lave, & fon grand bourfoufflement, font en contrafte avec la téfiftance affez grande que les cryftaux oppofent à la fufion , & leur manière tranquille de fe bourfouffler ; ce qui indique deux efpèces de pierres très-diftinétes l’une de l’autre, & on ne peut guère aflimiler leur nature, lorfque l’une n’exige que la chaleur des volcans pour fe vitriñer, & fervir à la formation des verres & des pierres ponces, comme nous le dirons plus particulièrement, & lorfque nous verrons l'autre réfifter à route l'ardeur des feux fouterreins & fe conferver intacte , jufque dans les vitrifica- tions les plus parfaites , & dans les pierres ponces les plus bourfoufflées. Le pyroxène fe trouve rarement dans les laves à bife de feld-fpath ( Efp. 3); l'horn-blende y eft un peu plus commune ( Efp. 4); le mica s’y rencontre très-fréquemment ( £/p. 5 ) ; mais il eft encore plus ordinaire- ment réuni avec le feld-fpath en cryftaux diftinéts , & forme avec lui la feule efpèce qui foit commune parmi celles qui réfultent de l'affociation binaire. La plupart des laves de Sanëla- Fiora appaitiennent à cette fixième efpèce. G'EUNIRYE OR U'AT\R ME ME Laves qui ont pour bafé le leucite en male, Quoiqu’elles foient en très-petite quantité les laves à bafe de leucite, quoique je ne connoïffe aucun courant qui en foit particulièrement formé, & que les morceaux ainfi conftitués que j'ai rencontté puilfent être confi- dérés comme fimplement accidentels, il me fufit de trouver dans leur fituation & dans leurs relations, des preuves qu’ils ont participé à la Auidiré ignée des autres laves, pour leur donner une place diftinéte dans mon ta- blsau , & pour en faire un genre particulier en fuivant les principes qui ont déterminé la formation des genres précédens ; & c’eft ainfi que , fans rien intervertir dans la diftribution aétuelle , on pourra ajouter de nouveaux genres aux anciens, à mefure qu'on trouvera de nouvelles fubftances qui feront l'office de bafe dans les laves. Peut-être le mica néceflitera-t-il un jour cette adition. J'ai déjà trouvé parmi Les produits volcaniques des maffes de pierres dont cette fubftance formoit la bafe , en renaut encaitrés dans ces srandes lames des cryftaux diftinéts de pyroxène & de leucite. Mais je n'ai pas eu allez d'indications pour conclure qu'une parci!le roche für une lave propre- ment L ET D'HISTOIRE NATURELLE. 1o$ ment dite, c’eft-à-dire, qu’elle eût éprouvée la fluidité ignée ; & je la laifle par conféquent parmi les matières de la feconde claffe. Le leucite que nous avons vu figurer dans d’autres l’aves, où il eft quelquefois dans une celle abondance , que fes cryftaux fe touchent & ne laifent difcerner la bafe qui les aglutine que dans quelques interftices, parvient enfin à faire entièrement difparoître cette bafe , alors fes cryftaux n'ayant plus aucun intermédiaire qui les fépare , adhèrent entr’eux , fe pé- nètrenc mutuellement & forment une malle compacte. Dans cet état où elle arrive graduellement, cette fubitance joue le rôle de bafe , & elle renferme des cryftaux de fchorl volcanique, de horn-blende & de mica. J'ai trouvé dans les environs de Come, & auprès du lac de Braciano , une lave qui avoit l'apparence d'un grès , mais dont les très-petits grains font des leucites conglutinés par une pâte, ou un ciment à peine fenfible. Quelquefois ces laves à bafe de grenats blancs éprouvent fpontanément une telle altération dans leur cohéfion , qu’elles n’ont plus aucune confiftance, & que le moindre choc les réduit en état farineux. C'eft parmi les produits du Véfuve & de quelques volcans éteints des environs de Rome , que j'ai trouvé les laves qui appartiennent à ce genre; mais je dois avertir qu'elles ne doivent pas être confondues avec les gros nœuds de grenats blancs amorphes qui fe trouvent dans quelques laves, ceux-ci appartiennent à la claffe feconde , genre premier; ni avec des maffes de l4 mème fubftance rejettées par le Véfuve, fans avoir éprouvées l’aétion des feux fouterreins , lefquelles entrent dans laclaffe feconde, genre fecond. Le Chevalier Gioenni cite dans fon catalogue du Véfuve une lame à bafe de grenats rouges. Je n’en ai point trouvé de pareille, & je ne fuis poinc certain qu'il ait cherché à conftater fi le morceau qu’il regarde comme une lave à éprouvé réellement la fluidité ignée. Mais quoique les grenats colorés, proprement dits, foient extrèmement rares dans les laves, je ne ferois point furpris de leur voir jouer le rôle de bafe dans quelques volcans , puifque, dans les montagnes primitives, j'ai trouvé affez fréquemment des roches - qui avoient pour bafe cette mème fubftance privée de route tendance à la cryftailifation , dans lefquelles étoient empâtées des écailles de mica & des cryftaux de horn-blende, | ‘ La fuite au Mois prochain. . < 7 Tome II. AOUT, 1774. @ 1066 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE MÉMOIRE Sur l'Écoulement Électrique des fluides dans les vaiffeaux capillaires ; Par le Médecin CAR MoY%, de Paris. Ï L en a été de l'électricité comme de toutes les nouvelles découvertes, on la acceuilli avec trop d’ardeur, & l’enthoufiafme a retardé fes progrès. Ses premiers phénomènes ont excités l’admiration , & dans l’étonnement des merveilles qu'ils ont préfentés, on a admiré aveuglément une multitude de faits qu’on n’avoit qu'entrevus, & qui avoient befoin d’être examinés avec plus de maturité. On 2 à reprocher en particulier cette précipitation à la Médecine. L’élec- tricité a opéré des guérifons , cela n’eft pas douteux; mais on ne peut pas s'empêcher de convenir que les Médecins phyficiens , auxquels on eft rede- vable de plufeurs obfervations utiles, n’ont pas toujours ufés d’une critique impartiale dans Pexamen des faits qu'ils ont publiés. Ils dnt cru wop aifé- ment ce qu'ils defiroient , & rapportés à la caufe chérie, des phénomènes qui découloient d’une autre fource , & fouvent on s’eft moins occupé de répéter , de vérifier les expériences, que d’en chercher des explications. La vireffe étonnante de la matière électrique , la force de fes mouvemens , la propriété de s’infinuer partout , donnoïent à penfer qu’elle devoit accroître les mou- vement du cœur, augmenter la chaleur, & divifer la mafle des humeurs. Des expériences faurives fanétionnèrent bientôt le préjugé , on vit pour lors couler de fource les faits qu’on cherchoit à expliquer. À l’aide des fyflèmes , des obfervations équivoques, au moyen des fuppofitions gratuites que toutes les maladies avoient pour caufe , le trop ou le trop peu de matière électrique, à la faveur d’un ordre nofologique qu'il plaifoit d'admettre, il étoit aifé de venir au point de rendre univerfelle la médecine électrique. Mais le calme a bientôt fuccédé à l’excès de l’empreflement ; on a répété les expériences, on a pefé les obfervations ; parmi les premières on en a vu plufeurs de faufles , les fecondes ont été réduites à une plus jufte valeur. Mais fi on a circonfcrit les guérifons électriques en une fphère plus étroite, il n’en eft pas moins certain que la mauère électrique ne doive tenir un Er ’ ET D'HISTOIRE NATURELLE. roy rang diftingué parmi les remèdes héroïques de la Médecine. Elle n'eft fans doute point bornée au petit nombre de faits qu'on ne fauroit lui difputer. De nouvelles recherches découvriront infailliblement de nouvelles vérités , fixeront les cas, les circonitances favorables à l'électricité , dérermineront les remèdes fubfidiaires qu'il conviendra de lui affocier : la tâche peur être longue & pénible. Une multitude d'obftacles retarda tou'ours les progrès de la Médecine électrique. L’impatience naturelle, linluccès fiéquent des tentatives , la cenfure injufte des gens prévenus, l'ironie dédaigneufe de certains Médecins qui cherchent à flétrir des effais auxquels ils ne £e livrent point, font faites pour rallentir le zèle, & jeiter du dégoût far des travaux fi dignes d’être fuivis. Mais ces oppofitions ne découragent point entièrement celui qui a voué fes veilles au bien de l'humanité, 1l n'en procédera qu'avec plus de réferve & de foins, & fi fes peines font infructueufes , il s’en confo- lera par le mouf qui les a déterminés. ; On ne peut pas nier fans doute qu'on n'ait beaucoup groffi les fuccès électriques en Médecine : mais il feroit injufte d'attribuer exclufivement à cete dernière l'excès qu'on lui reproche, On n’a pas moins fait valoir la mairère électrique dans nombre de circonftances étrangères. On a tout reçu dans la nouveauté ; mais peu-à-peu la vérité reclame fes droits, & tour les jours on revendique contre l'électricité , les effets qui en fontindépendans, M. Ingenhouze vient de publier des expériences qui privent la matière électrique de l’action qu'on lui fuppofoit dans la végétation des plantes. Ce célèbre Phyfcien rapporte des faits auxquels’fa réputation, fon exactitude connue , fon habileté à faire des expériences , donnent le plus grand poids ; & qui prouvent que l’éleétricité politive n’eft pour rien dans l’accroïflement des plantes: j'avoue néanmoins que les expériences que j'ai faites fur le même objet n'ont pas eu lé même réfulrat; il m'a même paru que non- feulement léleétricité poftive hâtoit la végétation, mais encore que la négative avoit fur cette première une prépondérance marquée. ( Journal de Phyfique, Décembre 1788). Si un fait fi généralement reçu & confirmé tant de fois, eft néanmoins équivoque , de quelle circonfpection ne doit-on pas ufer danses conféquences qu'on ure de certains réfultats hazardés ? Perfonne ne doute que les liquides éleétrifés dans les tubes capillaires n’accélèrent leur écoulement; cette aflertion eff fi générale , que j’ai peine à publier les expériences qui me prouvent le contraire. Je n’ai garde de con- tredire les faits qué d'illuftres Phÿfciens ont vus, mais mres obfervations me femblent les rapporter à d’autres caufes. Je me fuis fervi , pour faire mes expériences , de différens tubes de verre & de métal; je leur ai donné diverfes formes. Les uns étoient droits’, d'autre recoutbés: en: fiphon , quelques-uns plus où moins tortueux : j'ai obfervé que ceux qui étoient droits favorifoient l'écoulement. Plus le tube O 2 $ 168 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE eft long g , moins l'écoulement eft abondant. Le diamètre a varié depuis ? ou + de ligne jufqu’à un quart. J'ai évité de me fervir de ceux d’une demi- ligne, qu’on dit rallentir l’écoulement. J'ai employé de l’eau diftillée ; mais comme j'ai vu que les réfultats n'en varioient pas beaucoup , je me fuis contenté , par la fuite, d’eau fimple. J'ai répété mes expériences un grand nombre de fois. Je n’en rapporterai qu'une partie. Si on confidère féparé- ment chaque réfulcat , on verra que tantôt l’écoulement eft en faveur , & tantôt contraire à l’éleétricité. Pour conclare, il eft néceffaire de prendre les fommes colleétives & de les comparer. Un liquide éleétrifé qui coule par un capillaire, fait un jet continu , tandis qu'il ne s'écoule que goutte à goutte quand il n’eft pas’ foumis à l'éledricité. La vitefle , dans ce premier cas , eft vifiblement augmentée, mais la fomme de l'écoulement eft-elle différente ? La viteffe a beau être augmentée, fi la maffe diminue d’autanr, le total de l'écoulement reftera le mème. Or, c’eft ce qui arrive. La goutte qui tombe fans élericité, eft grofle & maflive, & le jet électrique eft très-menu , & d'autant plus qu'il eft plus rapide. Cette vélocité & la pe- titeffe du jet font en raifon de fa force éleétrique & de l'attraction que les corps voifins du jet exercent fur lui. Ce phénomène tient en partie à’ celui de la tendance des corps éle@rifés vers ceux qui ne le font pas , ou qui le font moins. X J'ai commencé mes expériences fur un tube de verre droit , implanté dans le fond d’un vafe de métal. Le tube avoit trois pouces de longueur , & à-peu-près un quart de ligne de diamètre. PR MI ERE E x/PÉ R I EN CE. Il s’eft écoulé en $ minutes, fans éleétricité. * avec éleétricité. once. | gros. grains. once, | gros. | grains. HO) SAONE 1 1 3 ne 1 00 18 DC Melle els Le o 7 39 . 1 o 18 SE AT ONCE 1 2 1$ NU DE I 2 58 ARE NET M ele Ve 1 3 $o 1 3 16 (ES TOME TANT Le 3 47 . 1 2 1p 6 2 10 CURE 6 o 33 DEeuxiIÈèmME ExPÉRIENCE. J'ai diminué à- peu-près de moitié la longueur du tube. II s’eft écoulé en $ minutes, Sans éle&ricité , 2 onc. o gr. fo grains, Avec élc&ricité , 2 onc. 1 gr. 3 grains, £ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 109 TROISIÈME ExrÉRIENCE. J'ai changé de tube. La longueur étoit de quatre pouces , le diamètre de moins d’un quart de ligne. Il s’eft écoulé en $ minutes, fans éleétricité, avec éleétricité. once. | gros, | grains. once, | gros. | grains. AEENOIS MEN ES © 7 38 . (o 7 4 ame, ss ele tie o F4 37 5115 o 7 2 LR RMEN AVE ANS o 7 2$ EL: o 7 2 SRE o 7 16 o 7 12 —— | Fi Pr ll IR A Q'u'A t RAI ÈNME E x P ÉIR IE NC E. Jg diminué la longueur du tube de plus de moitié. En $ minutes, once. | gros, | grains. once. | gros.| grains, PRE) ONE MEN OUR ù 4 o 4 1 4 2 ES de Be et EE I 3 36 De I 2 63 PET le LED US « I 30 22 RE 1 3 SI 4 |-oz 58 4 2 49 CHAINIONUMRE ME Ex P FLR TE NICE. J'ai “alu un fiphon de verre, dont la grande branche avoit trois poñces & demi, & la petite un pouce & demi ; le diamètre d’un cin- quième ou bxième de ligne. Il s’eft écoulé en 1$ minutes, fans électricité. avec éleétricité, once. gros, grains. once, gros. grains. MEETOIS Eire Me le o 1 45 que o 2 4 OC OA EM o 1 58 GE o z s6 DUT ele ete o 4 58 £ o 3 53 TMTE o 15 + 1 o 41 SIiXIÈME ExPÉRIENCE. Par un fiphon ä-peu-près d’un quart de ligne. Il s’eft écoulé en $ minutes , once. | gros. | grains. once, gros. grains. Re DIS Lol o 2 36 De o 13 AE ES le et lee Lin (o) 3 7 . o : 58 DST, CAMION SN o 3 14 . o 3 28 PEUT NET EME 0) 3 7 ... o 3 46 LD CAPES o 3 33 . e 3 29 I 7 2$ 2 © 30 519 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SP TTIèME.E x pP.É R 1 EN cUE. ai enlevé la petire courbure, rendu le tube droit. Il s’eft écoulé en 2 levé la p b & rendu le tube droit. Il s’eft f $ minutes , once, | gros. | grains, TOLMÉOIS APM elle 1 4 1$ 2me, 3 () 42 N HuisièmeEe Exvr I 4 27 once, | gros. | grains. è 1 3 71 è 1 4 43 rfrtirentre RvE E NICE J'ai recourbé ce mème tube en fiphon. Il s’eft écoulé en $ minutes , fans électricité. once. gros, grains. TE fOiSNett- Later o 1 61 lo) 4 36 Ti Moore ee Il 2 47 avec éle@ricité. once.| gros. | grains. Ê o 2 4 . o 2 6 . o 4 10 NEUVE MEME EPP RERRATÉNNICNE: Par un plus petit fiphon. I s’eft écoulé en 15 minutes, fans électricité. oncc.| gros. grains, HO He OBS ME PES o o 45 0 Fe Voies de o o si o I 24 avec éleétricité. once.| gros. | grains. e o o s$ ; o o so . © 1 33 La durée totale des écoulemens a été de 3 heures 11 minutes, pendant lefquelles il s’eft écoulé, À _ | livre. | once. | gros. Sans éledricité. . . 14 7 I Avec électricité . . I 6 7 La différence contre l'éle@ricité ef . . . 1 gros ÿ2 grains. grains, L'éleétricité a été plus ou moins forte, mais toujours affez bonne, & quelquefois confidérable, Les experiences comparables ont été faites dans le même temps. Le jet éleétrique étoit ordinairement continu , quoiqu'il ne fût pas toujours uniforme; il s’'affoiblifloit de temps en temps pour couler enfuite avec plus de’ viteffe; & approchant de lui un corps quelconque , mais principalement anelectrique, on l’accéléroït immanquablement , & on | diftinguoit à l'œil mème , qu'en acquérant de la viteffe , il perdoit de fa malle; & ce qui prouve que l’urr eft aux dépens de l’autre, c'eft que la balance démontre qu’il n'y a pas de différence fenfble entre les écoulemens ET D'HISTOIRE NATURELLE. 111 éleétriques & par jet, & ceux non électriques qui ne fe font que goutte à goutte. Si quelquefois on apperçoït des différences qui femblent notables pour une forte d'écoulement , l'inftanc d’après on en éprouve de contraires. Ces variations dépendent de la liberté & de l'embarras accidentels qui fe rencontrent dans les tubes. Quelqu’attention qu’on puifle avoir , il eft difh- cile que la liqueur foit tellement purgée, qu'il n’y refte quelques corps étrangers capables d’obftruer les paflages ; d’ailleurs l’air feul fera très- propre à l’opérer : on fait combien il nuit aux vaiffeaux de conduite , fi on ne multiplie les foupiraux. Ces embarras ont lieu principalement vers les courbures. Aufli ai-je éprouvé que les fiphons étoient bien moins propres aux écoulemens , que les tubes droits. Je me fuis fervi d’un fiphon dont la longue branche étoit de deux pouces, & la petite d’un ; le diamètre d’un fixième ou feprième de ligne. J'ai élec- trifé de deux manières , politivement & négativement. L’une & l’autre électrifations étoient foibles , l'écoulement fe faifoir goutte à goutte, moins pat la foibleffe de l'éleétrifation, que par la petiteffe du diamètre du tube ; car “la plus forte éledtricité ne procuroit pas même le jet ; on obfervoit feulement un peu plus de fréquence dans la chûte des gouttes. Voici quels ont été Les réfulrats. Déxer we) ME ir DiRUILE N cle: En 30 minutes. Il s’eft écoulé, fans électricité, avec éle&t. poñirive. avec éle&. négative, grains. grains. grains. xre/ fois! ee 132 FORTE 12e ete 22 NP L2) DEEE LE 10 Miele 125 e AL De 12 BA oil 1 lei tes 6 10 SU 11 ATEN à 11 CHENE EMA 10 4 SO 11 SNS 11 CURE nee 14 A . 4 : 10+ CHE Ë LS 12 FRET AU 8 CUT PAQS 14 APR En eve L st COR O 14 be CPE L CC METRE ARR 92 ER Re 16 APT » ES AM -RAN MONE 12 ST ha 15 AN LUE 107 99> : . . 104 . , . 98 ONZE MEME FMDUE R FIECNTCLE, En 60 minutes, ï gros. grains. grains, grains, 1'e fois o 14 Os UE 16 NB 221 LE 6 Ki Ce È cHciee 16 USE 20 Ch: AUTRE 2% OÙ be Vs 19 ACL 20 TL 14 EM TV 12% C{e} EE RATES EREENS LEE TS ON OISE DITES riz JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE DouzièMEe EXPÉRIENCE. En 30 minutes, fans éleétricité. avec élect. pofitive. avec éle&. négative. grains. grains, grains, 1 foie ee 10? SN 14 ROUTE 16 LUN ER HO 122 ROUES 16 Gr II LUE le PAPE 97 Tee 125 2 IT POUR db Ohstshes 7 Es 0 10% APCE 10 39% AIRE 53 M Le 48> | TOR ENT MTEME TE x p ÉR LEN GE. En 30 minutes, | grains, grains. grains, 1 fois . |: . 9+ AL : STE 10 Fin D Ô . 7 . : 10 AIT 9- USE dre 8i ASE 114 LE 10 AE -Dehobr 10 0 MERE 4 11 sme , Ste) 137 ÿ . 11 CLS 12 VS CPP E L'H 16? CHIC 14 EST 16 653 |: Ê 67% ... 68 Q'ulatr oz TR MEN E xUP 6 RÜNMENTCIE En $ minutes, 5 RAR LVE Sans électricité. . . . 41 « . QuINZ1IÈME Expé Eu 30 minutes, grains. grains. HOME OI MONS ES 107 TOUR 10 zme ue Pois 11 cure 13 DIF TM ef lei lelte 12 Ê 121 33% ° 36 SEIZI1ÈME En 30 minutès, grains. grains. : ON Le) CHLD A 8 DER 8 DE SE CEE 6 nire 107 A DE PAETIC 7 EEE 9 21 eus. De 27> ® à 9. R ISERE NECRES trains. 5 1 ExPÉRIENCE. Dix-serTIiÈèME ET D'HISTOIRE NATURELLE. . Et3 Dix-serTiÈèMEs ExPÉRIENTCE. En 4 heures, ÿ8 grains. ,. . . 48 grains. Dr = ou 10e peace € E x pré RUr EN © E. En 2 heures, 33 grains. . + . 37 grains. Dix-NEuvIrIÈMEe ExPÉRIEN GC. En 1$ minutes, : grains grains N'ÉFOIS LUE $ EPA AS $ TRS ae tel eucle 7 . . . 7 10 a UNS 12 La durée totale de cette feconde époque eft de 23 heures 25 minutes. Il s'eft écoulé fans électricité .. . . + . + + . . 414 grains AveciéiFénieitélpoñtive LMI. NC UT". 249 Avec éleëtricité négative . .. . . « + + + + . 326 Ainf l’éconlement élerique pofitif n'a furpallé l'écoulement fans élec- tricité , que de $ grains, ce qui certainement fait une différence nulle à l'égard de l'écoulement négatif ; ou à celle de faire comparaifon depuis la feizième expérience. L'écoulement fimple étoit alors . . . { 4 .- . . ‘302. on SOU Ecue Eco uce OMIS SET TRE a ri EI TT TE NN EE AR PR ER ER Re DE Pete te 2 Ainf ce dernier furpafloit les autres ; je n'en conclus néanmoins rien, quoique je ne regarde point l'électricité négative comme la moins a@ive. Plufieurs faits m'ont démonrré qu’elle a un avantage réel fur la poñrive. NA TINCÉENME ME L'ET x UP EIR 1 EN CE. J'ai conrinué les écoulemens en me fervant d’un tube de métal implanté dans le fond d’un vafe auffi de métal. Ce tube avoir un quart de-ligne de diamètte , & la longueur étoit d'un pouce. H s'eft écoulé en 30 minutes , fans éleétricité. avec éle@ricité… éleétr. négær. ; gros. | grains. gros. | grains. gros. | grains. 1° fois, . s 1 LS $ 16 LUE 8 SI CM AT 7 16 te 8 10 FE 2 9 IT DS me 7 La 6e Ê-tE 4 10 8, € 4 22 zot | ‘11 ÉLCME 17 24 BAS ZE, (00e Tome II. AOUT, 1794. P 114 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, Vi N etre UNIT TM EU NE x PEUR IMEUNNCE. En 30 minutes, par un tube un peu plus petit, fans éleétricité. avec éledricité. éleétr. négat. gros. | grains, gros. | grains. gros. | grains. 116 fois. . 2 70 AT 1 31 ne 1 7 21e, 4 13 3 44 2 6 FUI eS 3 22 = I 58 « 1 18 AU 2 . I $4 - 1 $$ 12 33 AL 'aE 10 23 Hr0 6 14 V'T NG T = D BU X 188 (ME EUX LD ENROIE NICE. En 30 minutes, par un tube plus petit, gros. | grains. | gros. | grains, gros. 1e fois. . o 19 EN BNRS 00 46 te 264 AMEN te 97 ie 128 ste 3 To c 60% Une s2 ut 61: CAE 43 ele 10 Htc 13 PR ES CE OR 136 RAA PTE Dans la durée de $ heures & demie, 1l s'eft écoulé , once. | gros. | grains. Sans Cl nice. Meetic le 4 3 472 Avec électricité pofitive . . 3 6 67 Avec électricité négative. . 4 I 7= ViNGcT-TROISIÈME EXPÉRIENCE. J'ai changé de tube & me fuis fervi d’un fiphon de verre d'un plus grand diamètre que le premier, mais toujours capillaire. Il s'eft écoulé en 15 minutes, fans électricité. avec électricité. once, | gros. | grains. once. | gros. | grains. 1e fois. , 1 10 36 1 Fe MU 1 10 44 ALES ë 1 10 46 2 Li 12 40 Merle I 11 6 TR ï 12 40 AE qe re le I 10 Z Dar 1 13 42 que, 1. 1 14 o AA 1 8 42 UE Ne I 12 2$ à I 9 33 7 4 53 ORAN 7 3 25 0 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 1f$ VINGT-QUATRIÈME ExrÉRIENCSE. Par un tube de métal. En 1$ minutes, fans éleétricité. - avec électricité, once. gros, grains. once, gros. grains, c'e fois, . 2 I 2 BULLE 2 4 26 OS ARE Ve 2 - 4 Mer re 2 4 68 EE RE 2 2 16 A URENTE 2 o 34 CNT RARE es Aer LU ST TL SE VINGT-cINQUIÈME ExPÉRIENCE Par un fiphon de verre. En 1$ minutes, j once, | gros. | grains, once. | gros. | grains. | are fois. , © 7 20 SEAT o 7 63 ame à 7 64 tdi denis 7 $2 ES MES 7 70 nb 7 46 ame, 7 2$ GO E TA 7 61 AO 7 43 5 te OR 1 (o] 10 | ViNcT-sixiÈèME ExPmÉRIEN CE J'ai diminué la longueur de la longue branche du fiphon , & alors il s’ef écoulé dans le même temps, once. | gros. grains. once: | Gros: | grains, | 1ie fois. . 1 o 29 ARE QE? | 1 o 21 2me , “ 1 o 22 a. FE 1 9 43 | 3men, . 1 o 28 ARE. © z 1 4 FLE ‘ Cou Lède L MSE ALU Deal AR lArsE sme , I o 20 LEA fe 1 (o] 46 éme, x o $9 o 7 68 EN 9 7 64 : . 1 o 21 SEA ns. o 35 Ale o 7 $2 LLC dr ee A I o 46 I o f4 1OMES A NS o 7 $6 fl o 7 s [ pime . I o 18 L o 18 16 MP 16 0 | 74 La durée de cette dernière époque eftde $ heures 3 quarts. Il s’eft écoulé pendant ce temps, Sans éle@ricité. . . . . . . 1 liv. d'eau. Avec éleétricité . . . . . . 1 liv. d'eau 71 grains. 16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Er en raffemblant tous les écoulemens par les différens tubes , il s’eft écoulé dans la durée de 37 heures 41 minutes, | Sans électricité. . . . . . . « . . 2-liv. 12 (onces 2 gros 6$ grains. Dans ce même temps , avec éleétricité. 2 . . 11. . . 3 . . 36 La diférerence de l'écoulement fimple à l'éle@rique eft de $ . . 28. Elle eft en faveur de l'écoulement fimple, Je n'ai garde d’en conclure contre l'éleétrique : mais en même-temps il faut convenir que ces expé- riences , trop nombreufes pour être fufpeétées , prouvent qu'il y à de per- pétuelles variations dans l’un & l’autre écoulement, & qu’il n’eft point à préfumer que des obflacles extraordinaires aient conftamment luttées contre la propriété accélératrice de l'éleéricité , fi elle exiftoit eflc&ivement. Mais, dira-t-on, une goutte d’eau qui adhère à l’extrémité d’un tube ou de tout autre corps , ne tombe-t-elle pas auffi-rôt qu’on applique l’éleétrifation ? Cet effet ayantlieu, & fe réitérant, n’en réfultet-il pas un total d’écoule- ment qui n'auroit pas té fans électricité? Cette objeétion eft commune à l'écoulement de non capillaires comme des capillaires ; on convient cepen- dantque l’augmentation n’a pas lieu dans ces premiers, Je n’entreprends point de donner la folution à la difficulté ; je me borne aux feuls faits. Les capillaires préfentent des phénomènes difficiles à concevoir. L'augmentation d écoule- ment dont il s’agit, ne feroit pas, fi elle étoit réelle, un des plus aifés à expliquer. Comment en effet cet écoulement feroit-il d'autant plus grand , que les obftacles feroient plus mulripliés, & que les tuyaux oppoferotent plus d’embarras & de réfiftance ? La propriété des corps électrifés d’une même manière, eft de fe repoufler mutuellement, les gouttes du liquide éleétrifé dans Le tube, doivent donc tendre à s'éloigner les unes des autres & dans routes fortes de ditedions , une feule favorife l'écoulement ,& routes les autres lui font contraires ; & comment d’après cela , loin d'une augmen- tation, le contraire n'arrive:t-il point? Le ralentiflement auroit peut-être effectivement lieu, fi l’éleétrifation accumuloit le fluide électrique dans l'intérieur des corps; oh fait que ceux-ci ne s’éle&rifenr qu'en raifon de leur furface, & nullement de leur mañle. Ce n'eft pas que l'intérieur des corps foit dépourvu, ou qu'il ne foit pas fufceprible de recevoir la matière élec- tique : il en eft plein en général; mais il y a apparence qu'il en eft du fluide éleétrique come du principe de la chaleur; 11 réfide dans l'intérieur des corps d'une manière latente , combinée , enchaînée , & inactive fous certains rapports. Quoi qu’il en foit, le fluide éleétrique communiqué , adhère non feulement aux furfaces ; il a même de la difficulté à paffer à travers les corps : quoique pouffé par la commotion, il préfère ; pourfuivre les furfaces, à moins que l'électricité ne foir très-forre , ou les réfiftances très foibles; il préfère , dis je, de s'éloigner du chemin le plus court pour fe rendre à la jarre électrique où ET L'HISTOIRE NATURELLE. 117 il tend. Ce n’eft pas au furplus que la règle établie fur la tendance du fluide éleétrique lancé par l’exploñon , à pafler par la voie la plus courte & en entier , foit exacte ; l’étincelle fulminante fe divife & fe diftribue aux corps communiquans , en raifon inverfe des diftances. Ce qui fe voit clairement, en réuniflant plufieurs chaînes de fer de diverfes longueurs dans un point commun , & les faifant aboutir par les autres extrémités à la furface d’une jarre électrifée. On porte la matière falminante par le moyen de l’excitateur fur le point de réunion des chaînes, l'éreincelle fe diftribue dans toutes; la plus courte en reçoit à la vérité la plus groffe portion, mais toutes les autres en participent plus ou moins fuivant la raifon mverfe de leur longueur , ainfi que le démontre à l'œil l’étincellement des chaînons. On ne peut pas nier que la matière électrique s’atrache aux parois des tuyaux capillaires & à la furface de la colonne d’eau qui y eft contenue. Il eft évident que cette interpofition doit prefler la colonne , qui étant incom- preflible, doit s'échapper & couler avec'une vireffe proportionelle , &d’au- tant plus que l’eau n'étant point appliquée aux parois du tube , fa vifcofité ne l’y retient plus , & la force de pefanteur en éft d'autant moins contrariée, En oute la pétite colonne déjà hors du tube eft fortement attirée comme corps léger ; aufli la voit-on fe fubdivifer en une multitude de petits jets : la chüte totale de la colonne doit donc par toutes ces caufes combinées en de- venir plus rapide. D’après cela il femble qu’on fe rend raïfon de l’augmen- tation de vitefle & de la diminution de mafle, Mes expériences prouvent que la première eft route aux dépens de la feconde , puifque le total de l’écoule- ment eft le même avec ou fans éleétrifarion. Comment néanmoins concilier ce réfultat avec celui de la tranfpiration animale que l'éleétricité augmente ? Cer effet ne prouve-t-il pas la propriété prétendue des capillaires de la peau? d’ailleurs la fréquence du pouls accéléré ne vient-elle pas encore à l'appui? Je crois être en droit de nier cette dernière , j'en ai donné de nombreufes preuves dans les femeftres de lAccadémie de Dijon , année 1784. A l'égard de la tranfpiration animale, je ne la révoque point en doute, quoiqu'il feroit peut-être plus für de ré- péter encore de nouvelles expétiences. Souvent on attribue à une caufe des effets qui dépendent d'une autre ; quelque vrai que puiffe être le phéno- mène dont 1l s’agit, on n’auroit pas droit de conclure contre d’autres faits. L’analogie eft un guidé fouvent trompeur. Seroit-on bien fondé de raifonner fur les’ mèmes principes, de ce qui fe pale fur les corps vivans & ceux qui font inanimés? Tenons-nous-en aux faits ; gardons-nous de tirer d’équivoques induétions : laïffons au temps le foin de mürir lesdécouvertes , & de les placer chacune dans leur ordre. Us NS 118. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE D EE PSE PE EEE R° AP PORTE Sur les divers moyens d'extraire avec avantage le Sei de foude du Sel marin. Par Lenièvre , PerceTIER, D'Arcer Er Ginoun. Extrait par J. C. DELAMETHERIE. L A grande confommation de foude ou natron:que font différens arts de première néceflié, rels que la verrerie, la favonnerie , &cc.; la difhculté que les pays feptentrionaux ont de fe procurer cetre foude , qu'ils fonc obligés de retirer à grands frais des côtes d’Efpagne & du Levant, ont engagé des Chimiftes éciairés à elfayer de décompolfer le {el marin pour extraire cetté foude. Je vis, en 1788, plufeurs de ces entreprifes en Angleterre, & j'en rendis compte dans ce Journal , en janvier 1789, page 43. Je difois: « il y'a une manière de faire cette décompofition , » qui feroit très-sûre; mais elle feroit peut-être trop chère. Ce feroit , dans » des appareils convenables , de verler de l'acide viriolique fur le fel » matin ; l'acide marin fe dégageroit & pafferoit dans les ballons, & le » réfidu feroit du vitriol de natron ou fel de Glauber. On décompoferoit » enfuite ce vitriol de natron en le calcinant avec du charbon; on auroit » l'acide matin pur , & on pourroit ex faire du fel ammoniac en retirant » lalkali volatil ; foit des charbons, comme Milord Dundonas , foit de » la combuftion des matières animales, comme M. Beaumé ». M. Leblanc, Chimifte très-inftruit, vint conférer avec moi fur cer objet. IL ft des expériences , & voici le procédé qu'il a employé en grand dans dans une manufacture qu’il avoit établi avec M. Dizé , à Saint-Denis, roche Paris. - Ce procédé confifte à décompofer le fel marin ou muriate de foude par l'intermède de l'acide fulfurique. Cette première opération donne un ful- fate de foude, ou fel de Glauber ; c’eft enfuite ce fel de Glauber qu'il faut décompofer à fon tour , en chalfant l'acide fulphurique , de manière que la bafe du fel marin ou la foude démeure libre. C’eft à quoi l’on eft parvenu par le moyen de la craie lavée & du charbon. La craie fe prend à Meudon , c'eft-à-dire , au plus près de la rivière & à la porte de la manufacture, ‘ET D'HISTOIRE NATURELLE. 119 La décompofition du fel matin s'opère dans deux fourneaux placés l’un à côté de l’autre, & deftinés à fervir fucceflivement pour la facilité & la continuité du travail. ( PZ 1). Ces fourneaux font à réverbère ; la falle en eft horizontale : elle eft recouverte d’une lame de plomb , relevée de quatre pouces fur fes bords , foutenue par-tout par la maçonnerie , & garantie du côté du foyer par une élévation de fix pouces de hauteur. La cheminée eft à l’extrèmité oppofée ; fur les côtés font deux ouvreaux, afin d’y introduire le muriate de foude, de remuer la matière à propos , lorfque les circonftances l’exigent , & de la retirer du feu lorfque la préparation eft terminée. Le troifième ouvreau eft du côté de la cheminée | & oppofé au foyer : c’eft par cet ouvreau qu'on introduit l'acide fulfurique , à l’aide d’un entonnoir de plomb à longue tige, & foutenu par deux forts crochets de fer. Le fel marin doit être réduit en poudre fine; c’eft ce qu’on fait à l’aide d'un moulin à vent. Lorfqu'il s’agit d'opérer , on allume le feu ; & la chaleur & le courant d'air du foyer paflant dans l'intérieur du fourneau, il en réfulte que la caille de plomb eit feulement échauffée en-deffus. C’eft le moyen qu’on a trouvé pour garantir ce métal, qui ne réliftoit jamais quatre fois de fuite à l'opération fans fondie , loifque , dans le commencement, on la chauffoit par-deffous. Le plomb étant chaud à ne pouvoir y tenir Îa main, on le charge de 200 livres de fel marin, qu'on étend également par-tout ; on y introduit 276 livres d'acide fulfurique à 45 degrés; on remue Îa matière par les ouvreaux , avec un ringard de bois; ce qu'on répète au moins trois fois pendant l'opération. Cela fair , on ferme les ouvreaux & on les lutte avec foin. Enfin , lorfque l'humidité eft à-peu-près diflipée, & que la matière commence à fe durcir, on donne un peu plus de feu ; on le continue juf- qu'à ce qu'elle foit dure; alors on laïfle tomber la chaleur, & on l’enlève par morceaux. Les deux fourneaux paroiffent avoir extérieurement une cheminée com- mune; néanmoins elles ne font qu’adoffées l'une à l’autre , & font féparées par un diaphragme mitoyen. Elles font conftruites de manière qu’on eft le maître de laïffer échapper l'acide marin , ou de le retenir à volonté, à l’aide d’une chambre de plomb adoffée aux cheminées, & dont on ouvre ou ferme la communication avec l'intérieur des deux fourneaux. Veut-on retenir cet acide? on intercepte la cheminée, & pour lors les vapeurs & le gaz acide font déterminés dans la chambre de plomb par lé courant de la chaleur & de l'air du foyer. Dans le cas oppofé , on life la cheminée libre , & la couliffe de la chambre eft ermée. On à deux objets pour retenir l'acide muriatique ; l’un eft d’en urer Jets P j 120 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, parti pour les manufactures de blanchitferie & autres qui en ont befoin ; l’autre pour fabriquer du fel ammoniac. C’eit dans la même chambre de plomb que fe fait, d’une manière bien fimple , cette combinaifon. Pen- dant qu'on viriolife le fel marin , & que le gaz muriatique eft déterminé dans cette chambre, il y arrive en même temps un courant d’alkali volatil , qui fe fair à l'aide de matières animales qu'on brûle dæns trois cylindres de fer , difpofés dans un fourneau placé tour à côté : les vapeurs & gaz acide muriacique font alors condenfés dans la chambre de plomb, non feulement par leur combinaifon avec lalkali volatil , maïs encore à l’aide d’un éolipyle commodément difpofé , & qu’on chauffe par le mème fourneau de com- buftion. Ainfi, le fel aminomac fe fai ici dans l’état de vapeur , & à mefure que fe dégagent les principes de cette nouvelle combinaifon. Ces deux fourneaux peuvent opérer deux fois par jour chacun, & même quatre fois , fi ce travail fe continue pendant la nuit. La décompofition du muriate de foude ne s'opère pas en entier dans cette première opération ; la caifle de plomb ne tiendroit pas à un degré de chaleur plus fort: on porte donc la matière dans un troïfième fourneau de réverbère carrelé en briques , où elle reçoit un coup de feu fufhifant pour la faire entrer en fufon.. Lorfque le muriate de foude eft ainf vitiolifé, on le met en poudre dans un moulin à manchon , où il eft écrafé par le poids d’un cylindre de fonte chargé de plomb , & qui eft mû par un cheval ; c’eft-à que fe fait le inélange des matières dans les proportions fuivantes : Sulfate-de foude. . . . . . 1coo livres. Craie de Meudon, lavée. . … . 1000 Erréhaätbetsl 4 200 OS na. une si © La craie ne s’introduit dans le moulin qu'après que le fulfate & le char- bon font déjà bien mélangés. Le mêlange des matieres étant achevé, on le porte dans un four à réver- bère , dont la conftruétion eft la même que celle du précédent, & doit aufñi être carrelé de briques bien cuites & liées avec foin. C'eft dans ce four que s'opère la décompofition du fulfate de foude , & que la foude devient libre. Ici l'attention & la vigilance deviennent nécef- faires : il faut faifir avec foin les divers phénomènes à mefure qu’ils fe pré- fentent , parce que c’eft fur ces phénomènes que fe règle le feu & le terme de l’opération. Le four doit être rouge avant d’y charger la matière: c’eft ce qu'un ouvrier exécure à la pelle ; la charge eft de 400 Liv. Auffi-tôr il referme le fourneau ; on ménage d’abord le feu, de peur que le torrent de la flamme n’emporte beaucoup de ce mélange encore en poudre; mais dès que le fourneau eft fermé , la matière commence à travailler ; ét uns de. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 121 trivailler ; elle fond & fe pelotte de proche en proche : c’efk le moment de la brafler avec un rable de fer, afin de ramener en deflus la matière qui fe trouvé deffous , où la amme ne peut pas pénétrer. Elle n’eft pas plutôt réduite dans l’état d’une fonte pultacée uniforme , qu'on voit fe dégager de toute la male des fels du gaz hydrogène fulfuré , qui part du corps de la pâte avec une efpèce d’explofion très-fenfible , vient à la furface s’enflammer au courant de l'air avec vivacité , & préfente ainfi l’apparence d’un feu d'artifice. Ce phénomène agréable eft accompagné d’effervefcence & d'ébullition ; c’eft le moment de braffer avec force , afin de confumer le foufre qui £e forme , & de hâter le dégagement de ce gaz hydrogène ; qui eft l’effer de fa décompoñtion. C’eft pour cela que l’ouvrier ne doit cefler de brafler que quand l’ébullition celle , & que les jets de flamme ne jailliffenc plus: alors la pâte devient plus Auide. Si lon y plonge un ringard, & que la croûte qu'il en rapporte & qui fe brife en refroidiflant , préfente un grain bien uni , on juge que l'opération tend à fa fin, & c'eft-li le moment de la retirer du four; car , l’y laiffer plus long-temps, l’alkali reperdroit une partie du gaz carbonique qu’il a reçu de la craie. H n’eft pas moins important de veiller fur le feu, à ce dernier terme de l'opération. Trop de chaleur ne manqueroit pas de faire fritter la craie par l’alkali, comme trop peu de feu laïfferoit durcir la matière, & mer- croit prefque dans l’impoffibilité de la retirer du four; mais un ouvrier in- tclligent & adroit prévient fans peine ces deux inconvéniensé & c’eft ici que l’ufage & l'habitude de voir inftruifent plus que les préceptes. On retire la matière du four, avec un rable de fer; elle tombe à terre fous la forme d’une pâte molle , terreufe & embräfée ; elle fe durcit en re- froidiffant : alors elle fe brife fans peine , & reflemble parfaitement à la foude brute, ou foude de commerce, qu’on a eu pour objet d’imiter: 1562 livres de certe matière donnent 900 livres de foude brute fortant du four. À mefure que la pate refroidit , on la brife en blocs de différentes grof- feurs ; on la porte dans un magafin par bas , un peu humide ; là , elle délire & tombe en pouflière , à l’aide de l’eau de l’armofphère & de l’oxigène qui forme l'acide carbonique , qu’elle abforbe , & dont elle fe fature. Il ne faut pas la livrer trop fraiche, parce que l’alkali & la craie étant devenus un peu cauftiques, reftent encore combinés avec du gaz hydro- gène fulfuré, peut être auf avec un peu de foufre, & tiennent encore beaucoup de charbon en diffolution : c'eft alors qu’une leflive coulée avec cette foude trop récente, ne manqueroir pas de tacher le linge. Cet incon- vénient feroit le mème pour la foude du commerce , fi l’on étoit à portée d'en faire ufage lorfqu'elle eft nouvellement préparée. Mais une fois qu'elle a été expofée à l'air, & qu'elle à un peu vieilli, Tome IL AOUT , 1794. Q 12: JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, l'acide carbonique dont elle s’eft faturée , lui a fait abandonner & le char- bon & la terre calcaire qu’elle tenoit en diffolution. Au refte , la tache un peu bleuâtre que cette foude récente dépofe fur le linge , fe diflipe en fe- chant, & n’a au fond d'autre inconvénient , que d’effrayer ceux qui ne l’ont pas éprouvé. On a enfuite cherché à purifier cette foude par les procédés faivans. 1°. On la leflive pour en féparer la verre & le charbon. L'opération fe fair à froid dans des tonneaux, & de la même manière qu’on lefive les platras pour le falpètre. Cette leflive fe concentre par l'évaporation , & l’on obtient ainfi le carbonate de foude , ou la foude cryftallifée. Le produit des cryftaux eft de 65 livres au quintal. 2°. Les eaux-mères qui reftent & qui font long-temps à cryftallifer , on qui cryftalhifent mal , font évaporées à ficcité : alors on porte ce fel , encore fali par le charbon, que la foude trop cauftique tent en diffolution , dans un four à calciner ; & à l’aide d’une douce chaleur & d’une agitation conve- nable ; la foude fe débarrafle de cette matière , & fort auffi blanche que la potaile , après avoir fubi ces deux opérations. La foude, felon qu’on la prend dans l’un de ces trois états, pent être employée à trois ufages différens. Dans fon état de foude brute , elle fervira à couler les leffives , & au travail du favon , &c., comme la foude brute du commerce. La foude cryftallifée aura fon emploi dans la pharmacie & dans les laboratoires de chimie , pour des effais de cryftal , pour la teinture, &c. Enfin , la foude évaporée à ficcité, & paflée au four de calcination , fera déjà toute préparée pour les verreries en verre blanc & pour les cryftaux. Ce font là principalement les trois objets que les Entrepreneurs co-aflociés de cettenouvelle manufaéture ont eu en en vue dans le plan de leur entreprife. Ces deux dernières opérations à faire fur la foude , c’eft-à-dire fa cryftal- hfation & fa calcination , fe feront toujours plus facilement & plus en grand dans la foudière même, que dans les manufaétures particulières, où il faudroit monter des ateliers exprès. Après avoir conftaté le procédé & la manière dont le travail fe fait à St-Denis , nous avons jugé à propos d’emporter des échantillons des produits , pour en faire l’analyfe nous-mêmes , & nous affurer ainfi des réfultats. * Nos premiers elfais ont été faits fur $ livres des échantillons que nous avons emportés : on les a pilés groffièrement; la leflive en a été faire d'abord à l’eau froide, enfuite à l’eau chaude: cette dernière exhaloit une odeur hépatique légère. On a évaporé & mis à cryftallifer, & l’on a vbtenn un carbonate de foude du poids d’une livre 14 onces. L'eau-mère a été éva- porée à ficcité, & a donné une mafle de foude, en partie cauftique , en partie aérée , du poids de 15 onces $ gros; il s’en eft féparé 2 onces LE ET D'HISTOIRE. NATURELLE. 123 7 gros de muriate de foude :-le réfidu rerreux qui refte eft une craie fui- furée, dont on peut retirer du foufre , & dont le poids a été de 3 livres 10 onces 6 gros. : Ces ellais , faits avec foin, repréfentent au quintal de foude brute , SoudeperyRallifée.s 55. LL UN 37 158 onces. Soude évaporée à ficcité 7 124 7.725 à Réfidutdelathxivrnon Liu T6" 73 7 Poids total des produits . . . 134 L’accrétion du poids, que l’on obferve dans ces produits, doit êcre attri- buée à l’eau qu'ils retiennent. Le réfdu terreux ou craie fulfurée contient au quintal , Mhbon M 0 v- 1 |. 8 onces. SOMÉTEN LAS LT 2 Me AU ne Se ET 12 (Oraie de ASS TEA Een BG: On à en même temps leffivé 250 liv. de la mème foude brute; elles ont donné 100 liv. de foude sèche & pulvérulente, d’une couleur gris-rongeâtre , & contenant encore de l’eau, à-peu-près dans la même proportion que le falin de potafle, fortanr des chaudières, avant de pañler au fourneau de calcination. L'analyfe de ces 100 liv. de foude a donné , 19, Soude defféchée à l’état de falin, & en grande partie cauftique, . . 72 1. 8 onces. Mariate defonde. AA ElLTo Sulfure de chaux , charbon & fer. . LES € } HAT CORNE SERRE VE Le DEL VAE NES ONCE Toi mn ob aus 45e 6o Procéde de Alban ; Direëteur de la Manufaëture de Javelle, Voici le fecond procédé que nous avons fuivi & vérifié en grand. Alban , Directeur de la manufature établie à Javelle, près Paris, paivient à extraire la foude du fel marin, par un autre procédé. Comme fa manufacture fournit une grande quantité d'acide muriatique aux diffé- rentes blanchifferies , il lui refte du fulfate de foude , qui réfuite de ceue préparation ; & c'eft de ce fulfare qu'il extrait la foude par l'inter- mède du fer.” 0e 124 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, Le 28 germinal , nous avons aflifté à une expérience faite chez lui.” On a pefe , Sulfatedetfoude 'calciné 0, "SRE OMS Soul. Ghabonpulvénlé ie 4. An pen rt Rognures de fer-blanc, de tôle, &c. . . . 6 Charbônrenérar dettbraies"t MP UCR ERIe 22 Morales ie AISNE ENT NS Er On a chargé d’abord un four de réverbère , qu’on avoit eu foin de chauffer quelques heures auparavant , d’un mélange du fulfate & des 40 liv. de charbon en poudre : on à fermé le fourneau. Une heure après on à braffé la matière ; & lorfqne le mélange a été bien fondu , on y a introduit 40 1. de rognures de fer & de vieilles rôles; car toute éfpèce de fer eft également propre à cet ufage :on a préféré ici les rognures de fer - blanc , parce qu'étant plis minces, & par conféquent préfentant plus de furfaces, ce métal eft, dans cet état, plutôt attaqué & difflous. On a braflé le tout à différentes reprifes, & dans l'intervalle on tenoit avec foin la porte du fourneau fermée. La matière qui étoir d’abord fondue & liquide, prend, alors plus de confiftance , elle bouillonne , fe gonfle & écume : le fez a été bientôt diflous; alors on y a ajouté 16 livres de braife de charbon; on a braflé , & bientôt on a vu paroître à la furface, les mèmes jets de gaz hydrogène fulfuré , que lors de l’expérience faite à St-Denis. Lorfque tout le fer nous a paru entièrement diffous , on y'a introduit les autres 25 livres de rognures ke fer & 6 livres de braife; on a braflé fouvent & avec foin ; & le mélange a-continué de fournir abondamment les jets de flamme du gaz hydrogène fulfuré, Enfin la matière étant dant un état de fufon parfaite , & les jets de flamme devenant plus rares, on a retiré le mélange du feu en le faifanc couler à terre entre des plaques de fer, difpofées de manière à ne pas bleller les ouvriers par les éclabouffures de cette matière fondue & em- brâfée. Cette foude brute refroidie, éroit d’un brun noirâtre; elle fe couvre bientôt d’une efflorefcence jaune ; le contaét de l’air la noircit davantage. Son goût eft cauftique; elle préfente , dans fa callure, une furface unie , ftriée, brillante & comme métallique; elle délire promprement à l’air avec dégagement de calorique. Son poids, au fortir du fourneau, s’eft trouvé de 215 livres. La perte a donc été de 134 livres. L'opération a durée en tout l'efpace de trois heures. Cette expérience a été répétée , quelques jours après , dans le même fourneau & avec la même quantité de matière, mais avec un fulfate de ET D'HISTOIRE (NATURELLE... ‘ 115 foude pris à la manufaéture de Payen, que nous avions calciné avec foin. On a pris les mêmes précautions que la première fois , & l'opération a été terminé à-peu-près dans le mème temps. . On a pris deux échantillons de ces deux fontes. Cette matière eft cauf- tique, & délite facilement. Cing livres de cette foude brute ont été expofées à l’air pendant vingt jours; elle y a déliré & s’eft réduite en pouflière; & dans cét érar, fon poids s’eit tellement accru que les 5 livres en pefoient 8. Cette augmen- tauon eft due à l'eau & à l'acide carbonique , que la foude cauftique à puifflamment attiré de l’atmofphère. 11 faut obferver que pendant que la foude délite ainf, il s’en dégage de la chaleur & du gaz hépatique ful- phuré. Nous verrons par la fuite que le réfidu eft un vrai pyrophore, Produits de la Scude brute de Alban. Soude brute , faite avec du fulfate de fonde & AU FE RNUS PIE M SR I PR TG OS fONCES: Les leflives évapprées ont donné, SOU des COIN EE PRE RU AT Er TA PO Sr PAIE 2 Soude sèche & pulvérulente , en partie cauftique , & en partie aérée , tenant un peu de fer & de MATÉLE CHAT DONNEULE. ME MENT TS er Er Réfidu des Leffives. Sulfure de fer alto peu de matière charbon- ngnfe défféchéemeousie US RD RNRENE SEMTIE Ce procédé eft abfolument de même que propofa en 1777, au -gou- vernement , Malherbe , alors religieux Bénédictin , & fur lequel Macquer & Montigny firent un rapport favorable le 13 Mars 1778. ï Il y eut encore un fecond rapport évalement favorable fait au gouver- nement, le 16 Août 1779, par Grignon, Infpecteur des manufadtures à feu. Cerre expérience fut faite au port du Croific , par Athenaz, réuni à Malherbe , fur plufñeurs milliers de matière; mais ce fut avec le fulfure de fer qu'il fut exécuté. Ainf l’antériorité de la décompofition du fel marin & de l’extraétion de fa bafe eft parfaitement conftaté en faveur de ces Savans ; ainf tous ces procédés font une fuite néceflaire de leurs travaux , déjà connus plufieurs années auparavant. 1264 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Procédé de Malherbe & Athenas , par l’intermède du fer, Le procédé de Malherbe , que nous à communiqué Jour dan Fermier de la vérrerie de Muntzhal, & certifié par ‘Malherbe lui- mème eft bien fimple, « Pfénez, dir il, telle quantité que vous voudrez de falfate de foude , ajoutez © de charbon en poudre &r 5 de fer on de vieille ferraille, n'importe ; faites fondre le tout. La matière fondue & coulée fe durcit par le refroïdiffement; mais elle délite bientôt à l'air: la léflive en eft verdtre, foit par un peu de fer, foit par le charbon, que l’alkali cauftique tient en diffolurion ; mais évapotez la folution , faites cryltallifér votre fel ; où , ce qui vaut mieux, évaporez à ficcité , calcinez jufqu’à une légère incandefcence , & vous aurez un alkali minéral doué de toutes les propriétés qu'il doit avoir ». Nous avons dir que ce procédé de Malherbe avoir été conflaté d’une manière authentique en l'année 1778. Aujourd’hui qu'il vient d'ètre répété par Alban , dans fa manufadture de Javelle , 1 eft impofible d'élever le moindre doute-fur le fuccès. Procédé de Malherbe & Afhenas, par l'interniède du fulfate de fer. « Prennez , dir Athenas , 14 parties de sulfare de fer, que vous aurez calciné par une douce chaleur , jufqu'au rouge, dans un fourneau de réverbère ; ajoutez 10 parties de fel marin calcinés, foutenez le feu jufqu'à l'entier dégagement de, l'acide muriatique ; alors le fel marin fe trouvant converu en fulfirede#oude, & la matière chaude & bien fondue, on ajoute le charbon, & on poufle à la fufñon. L’oxide de fer repalfe à l'état métallique, & fe recombine avec le foufre; on retire du fourneau la matière ,.qui ‘cryftalhfe inrécieu- rement , à mefute qu'elle tefroidit, en lames fpatique & charoyantes : cette malle attire puiffamment l'humidité de l'air & s'effleurit , foic à caufe des parcelles pyriteufes , qui y font diffeminées, foit à caufe de l'alkali, qui s'y trouve dans l'état cauftique , & par conféquent très-avide d’eau. On leflive le out pour en féparer ce fel; & le réfidu eft une boue d'un bleu verdâtre, qui approche beaucoup de la couleur da bleu de Pruffe. Elle à la vifcofté de la lie de vin; il faut un grand nombre de leflivages pour la priver entièrement de la matière alkaline : fi on l’eéxpofe à une douce chaleur , elle s’échauffe & s’enflamme à la manière du mèêlange de foufre, de fer & d'eau. Le fulfare de fer, qui en re- fulce, eft dans l’état des eaux-meres incryftallifables, à caufe de l’'in- fammation produite par la rapidité de la décompoñition. Le réfidu . ET D'HISTOIRE NATURELLE. 127 » fecrugineux calciné, donne le rouge brun d'Angleterre du commerce , » qui dédommage d’une partie des frais. L'emploi du fulfate de fer paroït devoir fon origine aux difficultés que trouva Athenas à faire l’acide fulfurique fans falpëtre , & à bon marché , & pour s'en pañler, il tenta de lui fubftituer le viriol martial. 11 s’attacha d'autant plus volontiers à ce moyen, que les tour- bières fulfureufes & terres vitrioliques des environs de Laon, de Beauvais 4 Soiffons , Saint-Quentin & la Ferté-Milon, &t. peuvent fournir abon- damment de ce fulfates elles y forit fi abondantes, que le cent pefant de certe mine ne coûtoit alors que 4 f. qu'il pouvoit donner 30 liv, de fulfate de fer, & qu’en opérant en Bretagne , à caufe du grand marché du fel marin, ce vitriol eût été rendu fur les lieux , au ptix de 7 liv. le quintal , mais fes moyens ne lui permirent pas de faire ces établiffemens. Mais avant d'aller plus avant fur cet objet, nous croyons devoir rap- peler ici les travaux de Lorogna fur l’alkali minéral nauf, & fur la décompofirion du fel marin configné dans le journal de phyfique , pour l’année 1786; onÿ voit sa a décompolé le fel marin par le vitriol de martial & l’alun, & quil en a fait du vitriol de foude, par le fimple mélange de vitriol martial avec le fel commun, en l’humec- tant fimplement avec de l'eau, &à d'aide de l'agitation & d’une douce chaleur. On y voit encore qu'un de fes amis l’avoit décompofé par le même procédé, feulement à l’aide de l'humidité, réfultante de l’eau de cryftallifation : ces expériences font poftérieures au travail des citoyens Athenas & Malherbe; mais le citoyen Lorgna les a rendues publiques depuis huit ans, par la voie d’un journal très-répandu. Au refte , comme dans la décompofition du fel marin pour le convertir en fulfate de foude , le moyen de fubftituer le vitriol martial ou fulfare de fer, à l'acide fulfurique, nous a paru d’une haute importance ; ROUS allons décrire aufli l'expérience qui a été faite à Javelle , le 7 Floréal dernier. & On a introduit dans le mème four de réverbère , dont on s'étoit déjà fervi, 400 liv. de vitriol martial avec 160 liv. de fel marin : le four_ » avoit déji été chauffé dès le matin; dès qu'il fut chargé, on l'entretint » toujours rouge, & l’on augmenta le feu que par degrés : le dégagement » d'acide murjatique fut confdérable ; cependant , ce ne fut qu'après fepr » heures de feu qu'elles diminuèrent fenfiblement, & que le fel marin » fut converti en fulfare de foude : alors on apporta 43 liv. de charbon » en pouflier, qu'on y introduifit par parties, & en trois temps diffé- » rens, de demi-heure en demi-heure ; la matière vint en belle fonte , » & le fulfare de foude s'alkalifa avec facilité. Nous obrinmesainfi une » foude brute, mêlée de fer, en un mot femblable à celle que nous » avoit donné , dans le même fourneau, le procédé par le fer exécuté m1 ÿ 128 JOURNAL DÉ PHYSIQUÉ, DE CHIMIE, » en premier. Le: produit de cette opération a été 228 liv. de foude » brute, ce qui revient à Sel de foude defféché , en partie cauftique, & EL Date aéré Le re ne et RE LES POnCES Sel marin non décompoié. +. 2. r2 Réfdu , après la lixivation , ou fulfure de fer uni à une petite portion de matière. char- boñneutetts tt ne NES ER Ar 62 Il n’y a donc aucun doute fur la bonté de ce procédé ; l’abondance de vitriol martial que peuvent nous fournir les immenfes tourbières du dé- partement de l'Aifne , & des terreins qu'arrofe la Somme, celles d’auprès de Nantes, les mines les plus confidérables encore de charbon pyriteux , ui font du côté d’Alais, dans le département de la Drôme, de l'Ar- dèche , du Gard, de la Haute-Loire, dans le départément du Rhin, &c., en un mot, en mille endroits, par - tout plus ou moins facile à exploiter , & à bon marché, feront encore une reflource affurée , pour procurer à la France la foude néceffaire à trous nos befoins. Athenas , a tenté aufli d'extraire la foude du muriate de foude, par le moyen du cuivre & du zinc, & il dit l'avoir fait avec fuccès ; le zinc fur - tout ef très - propre à cette décompofition. » Il fufhit » dit-il, de laiffer tremper une, lame de ce demi - métal dans une fo- » luton de fel marin pendant douze heures, & de laifler enfuite pendant » douze autres heures certe lame expofée , à l'air pour qu’elle fe recouvre » d'une efflorefcence faline. » Mais comme nous devons moins nous occuper ici des chofes de fciences & des procédés qui peuvent con- courir aux progrès de la chimie, que des objets d'une utilité immédiate & des reflources les plus promptes, pour aller au devant des befoins qui nous prelfent, nous nous contenterons de les indiquer; le zinc étant d’ailleurs un denii-métal rare & cher, & ne nous venant que de l'étranger , tout nous oblige d'y renoncer. S'il s'en trouvoit chez nous une mine abondante, & qu’elle püt, dans cet état & fans autre travail, fervir à cette décompoftion, alors le zinc ou fa mine deviendroit urr intermède de localité. _ Mais un fair bien important encore, & que nous devons à Athenas, c’eft la poffbilité de fubftiruer -certaines efpèces de mines de fer , & peut - être la majeure partie, à la ferraille , pour opérer la même alkalifation; c'eft ce moyen qu'il avoit tenté avec fuccè dés, le commen- cement, & dès-avant, de fe fixer an fulfare dé fer, avec une efpèée de mine de fer hémarite, commune en Bréragne, & qu'on exploite aux forges de Lanouée & du Vaublanc : il faifoit rougir certe mine ; 1l l’étei- gnoit L “ET D'HISTOIRE NATURELLE. 129 gnoit dans l’eau, ce qui la rendoit très-friable & artirable à l'amant (2. ll la faifoic piler & mêler avec fuffifante quantité de charbon , & avec poids égal de fulfate de foude defféché : le refte du procédé fe conduit & s'exécute comme avec le fer, & n’a pas plus de difficulté, C’eft avec la mème franchife auili, que Daguin nous à indiqué les reflources que peuvent procurer au befoin les grandes & nom- breufes tourbières des Départemeus de la Vendée & de la Loire infé- rieure. Ces tourbes, par leur fiinple.incinération , fourniffent une telle quantité de fulfate de foude, qu'il y a des touibières comme celle de Montoir, au-deflous de Nantes, dont les cendres , fuivant les endroits où on les prend, rend le quart de fon poids de ce fel. En 1792 , il fa- briqua par la leflive de ces cendres 200 milliers de fulfate de foude, & il nous écrit qu’en faifant ramafler routes les cendres de ce pays & des environs, on pourroit aifément fabriquer $00,000 liv. de ce fel par an. Cerre reflource eft grande & n’eft nullement à négliger. IL faut pourtant obferver , d’après l'avis d’Athenas , qu'il feroit nui- fible d'exploiter les tourbieres des Départemens de la Bretagne , dans la vue d’y établir une grande fabrication pour les brüler feules. Le bois eft très-rare dans ce pays, & bien que la tourbe n'y foit pas chère , néan- moins la plupart des habitans du Croific & de la côte voifine , fe chauf- fenc communément avec la fiante des animaux, paittie avec leur litière & sèchée au foleil, comme l'ont pratiqué de tout temps les habirans de l'Egypte, conne façonnoient leur tourbe avec de la glaïfe ceux de la Frife, dès le remps de Pline , & comme on paitrit, pendant l'été, dans plufeurs cantons de ja Flandre, les débris & le poufier du charbon de terre , qu'on y fait fécher au foleil devant les maifons, & qu'on met en téferve pour l'hiver. Mais on aura toujours la reflource de faire ramafler , au befoin , dans les maifons, les cendres des foyers, de les lefiver, & d'en extraire enfuite le fel pour cet ufage. I! eft un autre procédé connu depuis une en Angleterre, & qu'Arthur a exécuté le premier à Paris. I] confifte à décompofer le muriate de foude par le plomb. Mais comme Arthur n’avoit d'autre objet que de préparer le pabe jaune de plomb ou jaune minéral pour fes couleurs , il a négligé la foude qui réfulte de cette opérarion. C’eft fous ces deux point de vue , que ce procédé a été repris par Chaptal (2) Hn'eft pas vraifemblable qu'une véritable mine de fer hématite foit artirable pat l'aimant , même calciuée, Quoi qu'il en foir,, nous avons répété ce procédé avec la mine (pathique; & nous avons également décompofé le fulfate de foude & obtenu du carbonate de foude cryltallifé. Tome II, Août, 1774: R 130 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE & Berard , qui en ont fait un établiffement du côté de Montpellier ; & comme leur méthode eft fimple, qu'elle eft exécutée en grand & décrite avec fimplicité , nous allons la tranfcrire en entier. Procédé de Chaptal & Berard , pour décompofer le [el marin ou muriate s ÿ y ÿ » LT ÿ La de foude, Ë en extraire la foude. « Prenez quatre quintaux de litharge bien tamifée; diftribuez-là dans quatre grands vafes de terre verniflés | par égales portions. » Faites difloudre, d’un autre côté, un quintal de fel marin dans envi- ron quatre quintaux d’eau, » Verfez dans chacun des quatre vafes de terre un quart de cette diflo- lution de fel marin , pour former une pâte d’une légère confiftance. On life le tout en repos pendant quelques heures ; & lorfqu’on s’apperçoit que la furface commence à blanchir , alors il faut remuer avec une forte fpatule de bois , fans cela la pâte acquerroit une grande dureté , & une bonne partie du fel marin échapperoit à la décompofition. » Il faut remuer à mefure que la confiftance augmente , & délayer avec de nouvelles quantités de la diffolution de fel marin , de manière à y entretenir le mème degré de confiftance. Si la diffolution ne fuffit pas , on aura recours , vers la fin, à l’eau ordinaire. ” De cette manière, la décompolition fe fait dans les vingt - quatre heures , & le réfultat eft alors une pâte homogène , très-blanche , fans grumeaux , préfentant un volume bien plus confidérable que celui de la litharge employée. » Il convient de laiffer cette pâte dans les terrines pendant autres vingt- quatre heures, & de la remuer de temps en temps pour opérer une dé- compofition plus parfaite. » Dans cet étar, la foude eft cauftique , & imbibe le muriate de plomb. Pour féparer cette foude , il n’eft queftion que de laver convenablement ce fel. » Pour cela , délayez cette pâte avec fuffifante quantité d’eau bouillante , en verfant peu-à-peu, & agitant fans cefle le mélange ; car , fans cela, là pâte fe grumelle , & le leffivage devient très-difficile. » Séparez enfuite , par décantation , l’eau de foude qui furnage, & dégagez le refte de cer alkali par la filtration & l’expreflion à l’aide d’une toile, x » On obtient la foude fous forme sèche , en évaporant la liqueur dans des vafes de fer ; l’on retire , par ce procédé, 75 livres de foude, bien plus pure que les meilleures du commerce , quoique mêlée d’une cer- taine quantité de muriate de plomb, & quelquefois d’un peu de fel commun , dont on peut la débarrafler par des opérations fubféquentes. » » = » ET D'HISTOIRE NATURLLE. \« 23 » Cette foude, très-cauftique dans le principe , fe charge , À l'air, d'acide carbonique , & augmente en poids. ” Produits de l’opération en muriate de plomb. P a » 1%. Ce muriate calciné donne une couleur jaune , folide, brillante , qu'on peu: employer à l’huile avec fuccès. » 2°, Si l’on verfe de l'acide fulphurique afloibli à 20 ou 25 degrés de l’aréomèrre fur le muriate de plomb , il prend à Finftant une couleur blanche fuperbe ; la malle diminue confidérablement en, volume, & 1l en réfulte un fulfire de plomb d’une divifion & d'une finelfe extrème ; on lave de nouveau ce {el à grande eau ; on le braffe avec le plus grand foin dans des moulins femblables à ceux ufités en Hollande dans les fa- briques de Cérufe. Il prend ; par ce moyen, de la confiftance ; on le met enfuite dans des creufets poreux qu’on dépofe fur des étages pour en faci- liter l’exficcation. { » Ce blanc de plomb peut remplacer dans le commerce celui de Hol- lande; il ne jaunic point avec les huiles, & ilne diffère de celui du commerce que parce qu'il eft plus léger , & que conféquemment il couvre moins aifément les corps qu'on en enduit, » On peut employer ce blanc de plomb pour les objets de peinture ; mais l’Artifte qui voudra s’en fervir , pour barbouiller des lambris, des portes ou des fenêtres, trouvera qu'il foifonne moins que celui de Hollande. » Si, à l'aide d’une diflolution d’alkali , on décompofe le fulfate de plomb , l’oxide qui fe précipite préfente beaucoup plus de confiftance que le falfare lui-même , ce qui le rapproche du blanc de plomb de Hol- lande; mais, dans cer étar, il jaunir un peu avec les huiles. » 3°. Le muriate de plomb peut être décompofé par le moyen du car- bone , & tout le plomb contenu dans la Jitharge reparoît alors fous une forme métallique. On peut procéder de plufeurs manières à-cette dé- compofition, » À. Ce muriate jetté fur les charbons allumés devient d’un jaune tirant fur le rouge , & fe réduit en plomb. » B. Ce muriare defléché & bien mêlé avec le quart de fon poids de charbons pilé , expofé au feu dans des vafes de fer chauffées au rouge, donne environ 80 liv. de plomb au £. » Ce muriate defléché , mélé avec la lie de vin , ou le tartre, & traité comme ci-deflus, fournit la même quantité de plomb. Par ce dernier procédé , outre le plomb , on obtient une certaine quantité de cendres gravelées , mélées d’un peu de fel ; ce nouveau produit diminue les frais de l’opétation », R 2 132 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE On fent que ce procédé ne peut pas être généralement adopté, à caufe du prix du plomb & de la litharge , qui ne manqueroïent pas d'enchérir , & de la difhiculté de s’en procurer, celle qui eft dans le cemmerce ne pou- vant jamais fuffire à une exploitation aufli confidérable ; mais il n'en eft pas moins vrai que ce procédé s’exécurant dans la vue de fabriquer le blanc ou le jaune de plomb, conviendra très parfaiternent dans le voili- ] P > SPP : 4 nage des mines de plomb , & fur-rout auprès des grandes verreries, où la Eee SPA P & quantité plus où moins grande de plomb, que la foude pourroit abforber deviendra un fondant très-favorable à la vitrification, & ajoutera même à la > J beauté du cryftal. | Procédés de Carry. Caïni nous a également remis un mémoire qui contient divers moyenæ de décompofer le muriate de foude. Ce procédé confifte « à étendre la chaux vive dans l'eau, & à y ajouter » enfuite une diflolurion faturée de fel marin; on en fait une pâte qu'on , » expofe dans un lieu bas un peu humide , & où l'air ne fe renouvelle pas » trop facilemeut. La furface de ce mélange fe couvre d’une efflorefcence de » carbonate de foude, ce qui peut fe renouveler plufieurs fois; & quand » enfin la chaux eft épuifée , on peut le recalciner de nouveau , & recom- »# mencer fucceflivement [a même opération ». Nous penfons que ce procédé peur être exécuté ; mais dans les lieux également à porté du fel, de la pierre à chaux & du combuftible pour en opérer la calcination. Au refte, ce moyen eft fimple; & c’eft avec raifon que l'Auteur le nomme naturel. Nous penfons qu'on peut y joindre les oxides de fer , tels qu'on en trouve dans différens états , dans les terres & les pierres ; ainfi les briques ordinaires feront un excellent moyen. C'eft ce qui arrive en effet dans Îles bâtimens neufs , dans les caveaux, où l’on a bati avec du ciment; on trouve fouvent les jointures des pierres couvertes de ces efflorefcences de carbonate de foude. Proufi l’avoit également trouvé , il y a bien des années , effleuri fur la furface des pierres ardoifes , dont font bâties les caves d'Angers. Lorgna avoit aufli obfervé la même chofe en 1782, en paflant devant un foutererrein des fortifications de Véronne. Pelletier en a rapporté, il y a dix -huit mois, qu'il avoit re- cueilli fur un mur de brique , qui formoit l’encaïffement des latrines de : l'hôpital militaire d'Arras. Defyeux vient de le trouver avec Parmentier, abondamment effleuri fur les murs des caves & lieux bas des bârimens neufs de Dieppe, de Fécamp & du Havre. Enfin , l'obfervation d’un fait pareil , & qui confirme ce que nous venons de dire, a donné lieu à un mémoire qui nous a été adrellé par Eucas, ÉT D'HISTOIRE NATURLLE. 133 Long-champ & Cizotz, officiers de fanté à Dieppe; & c’eft d’après certe obfervation préfentée par le hafard , qu’ils propofent un mélange de chaux , de fable & d’une folution faturée de muriare de foude , le rout détrempé en confiftance de imortier dont on enduira les murs des caves convenableinent aérées, pour établir une fabrication de foude. A ce procédé, Carny en a joint un autre avec l’oxide de rouge de plomb : le voici. « On prend $o liv d'oxide rouge de plomb & 40 liv. de » fel marin; on mer le tout dans une chaudière de fer placée fur un » fourneau; on braffe le mélange. pendant que le fel décrépie. Lorfque la » décrépitation a ceffe, on y verfe un peu d’eau ; on brafle alternative » ment : la matière fe gonfle, devient pâteufe; on continne ainfi de » braffer, & d'y verfer de l’eau jufqu'à ce que l’oxide foit blanc dans » toutes fes parties, & que l’eau domine environ d’un pouce far la mafle. » Alors on cefle le feu; on jee le mélange dans une chaudière de » plomb, dans laquelle on a mis environ 100 liv. d'eau bien chaude; » on rebrafle de nouveau; on laiffe dépofer pendant dix minutes; on tire » la liqueur à clair; on la fait évaporer jufqu'à pellicule dans une fe- #» conde chaudière de plomb : & quand elle marque de 34 à 36 degrés, » on la tranfvafe dans une troïfième, qu’on couvre d’une couverture de » laine l'efpace' de trois où quatre jours. Pendant ce temps, une grande » partie du muriate de foude qui a échappé à la décompofition, cryf- » talife; mais comme il en refte encore dans la liqueur, ainfi que de » loxide de plomb, avec la foude libre, on évapore jufqu'à ficcité, & » lon obtient une foude cauftique tenant un peu d’oxide de plomb en » diffolution; on l'en fépare, en laiffant la liqueur expofée à Pair : » l’acide carbonique qui sy unit, précipite le plomb fous une forme » blanche & cryfalline; on peut s’aflurer qu'il n’y refte pas de plomb, » lorfque, par le moyen d’un acide, on n'obtient plus de précipité. « Le réñidu contient 1°. du martiate de foude, 2°. du muriate de » de plomb, 3°. de l’oxide blanc & non combiné, 4°. du plombate de » foude, 5°. enfin du charbonate de foude, ou foude aërée. Le lavage » répété emporte facilement tous ces fels, & il ne refte plus que l’oxide » blanc & le muriwe de plomb. Celui-ci fe réduit facilement avec de » l’huile : ou bien il prend une belle couleur jaune , lorfqu’on le traite » feul par la fonte , il fait ainfi le beau jaune de plomb. » On voir que c'eft le mème procédé , foit quanr aux matières, foit quant aux réfulrats, que celui de Chapral & Berard , que nous avons rapporté plus haut : il eft ä-peu-près aufli fimple , mais pourtant diverfe= ment conduit, dans tout l'enfemble de l'opération, & ce détail de plus ne peut qu'éclairer & en faciliter le fuccès. Au refte Carny, en homme éclairé & impartial, a jugé ce procédé plus févèrement que nous ne le 154 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE jugeons nous-mêmes, car nous admettons des circonftances où 1l peut balancer les auutres. ue La fuite au Cahier piochain. Le CRR OR AR D? Let OI A sn es PRE Explication des Figures de la Planche. AA. Le fourneau à décompofer le muriate de foude. BBBB. Conduirs de briques , qui traverfent le mur de féparation avec l'atelier , & qui conduifent les vapeurs où gaz acide muriatique dans la chambre de blomb c. DD. Cheminées des deux fours qui s'élèvent enfemble. EE. Conduits des deux fours qui vont joindre les cheminées pour porter les vapeurs des foyers dans l’atmofphère. FF. Plaques de fonte qui déterminent à volonté la foxtie des vapeurs pat les cheminées DD , qui communiquent à l’atmofphère. GG. Plaques de fonte qui déterminent aufli à volonté l'entrée du gaz acide muriatique dans la chambre de plomb 6 H. Plan du fourneau qui brûle les matières animales, J. La caille de plomb qui communique dans la chambre c. K. Trou pratiqué À la voûre. 11 eft deftiné à recevoir léolipyle. L. Tube de plomb qui conduit les vapeurs de l'eau bouillante que laife l'éolipyle dans la chambre c. M. La cheminée du fourneau. N. Efcalier qui conduit au cendrier. O. Robinet par lequel on vuide la chambre c. P. Efcalier qui conduit fous la chambre c. Q. Porte pour entrer dans ladite chambre. MÉMOIRE Contenant quelques refultats de lPachion du froid fur les Huiles volatiles, & examen des Concrétions trouvées dans plufieurs de ces Huiles. Par MAGNERON , Pharmacien. L Es huiles volatiles, ou eflentielles , qu'on retire des végétaux, peuvent être confidérées comme l’eau, dont la fluidité dépend du calorique qu’elle contient. Plufieurs perdent ce calorique à 8 degrés au-deflus du terme de la glace, & prennent un état concret : telles font les huiles des femences d’anis , de fenouil, &:c. D’aurres, au contraire , confeivent leur fluidité bien au-deflous. C’eft fur celles-ci que j'ai dirigé principalement l’adtion du froid , fous deux apperçus ; le premier , d'oblerver la cryftallifation que préfenteroient ces huiles par la perte de leur calorique ; le fecond , de fuivre les phénomènes qui accompagneroïient cette perte, & leur congé- lation. Ces expériences , qui paroïffent fimples , ne font cependant pas exemptes de difficultés, fur-rout lorfqu’on réfléchit aux différens caractères que pré- fentenr les huiles volatiles, On fait, en général , que les huiles retirées de plantes de climats chauds, ont plus de pefanteur & moins de ténuiré que celles des végétaux de climars froids, & qu’elles contiennent un fel fuf- ceptible de cryftallifer : que celles qui font extraites des mêmes plantes de nos climats varient en couleur & en fluidité , fuivant la nature du fol où naïlfent ces plantes , les foins de la culture, l'influence de Ia lumière, les différens états de végétation, & l’emploi de ces mèmes plantes, récénres ou sèches , lors de la diftiliation : que retirées des végétaux , elles font ex- pofées , par la nature de leurs principes, à différentes altérations , fuivanc Vaction plus où moins vive de l'air , de la lumière, & la manière dont on les conferve dans des flacons plus ou moins pleins, & bouchés avec du cryftal ou du liège. Ces différences pouvoient induire à croire que les huiles volatiles pré- fenteroient de la variété dans leur réfultat : aufi ai-je eu foin de n’em- 136 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ployer que des huiles volatiles nouvellement extraites des végéraux récens ; à l'exception de celles des fubftances exotiques. De l’aëion du froid fur plufieurs Huiles volatiles, J'ai rempli, à moitié , des flacons très - minces d'huiles volatiles , de menthe poivrée, de fleurs d'orange , d’écorces de citron & de bergamorte , d'épis de lavande & de thym, plantes de nos climats; d'huile de térében- chine , fubftance réfineufe , & d’huile de canelle , écorce exotique. J'ai expofé ces flacons bouchés en cryftal , pendant pluleurs jours, fur une rerrafle, où un thermomètre au mercure marquoit 1 1 degrés au-deffous du terme de la glace. J'ai obfervé , à ce degré de froïd , qu'il fe formoit à la partie fupérieure interne des flacons , une cryftallifacion , offrant différentes rammifications , femblables à celles qu’on apperçoit fur les croifées des appartemens pendant un grand froid. : L'huile de bergamoite préfentoit , dans fa fubftance , une congélation formée de petites lames elliptiques ; celle de citron avoit dépofé de petits cryftaux ; l’huile de fleurs d'orange avoit moins de fluidité; celle de canelle étoit la partie congelée. Le froid augmentant , & le thermomètre donnant dans mon laboratoire 15 degrés au-deflous de la congélation, j'ai profité de ce moment pour expofer ces mêmes huiles à lackion du froid arüficiel , que j'ai procuré par ua mélange de muriate d’ammoniac & de glace, qui a fait defcendre le thermomètre à: 22 degrés : j'ai confervé ce mème depré de froid pen- dant deux heures, en ajoutant alternativement du muriate d’ammoniac & de la glace, Pendant l’action de ce froid fur ces huiles , les bouchons furent foulevés par l’expanfion & le dégagement d’une fubftance gazeufe, qui a parfumé le laboratoire & fes différentes iffues , plus vivement que lorfqu'on fait les diftillations de ces huiles en été : la partie fupérieure des facons fur rapifiée d’aiguilles, donc les ramifications préfentoient des dendrites. Le baflin de glace commençant à changer de température, j'ai procédé à l'examen des huiles le plus promprement poñible, 1°. Les parois intérieurs du flacon qui contenoit l'huile de menthe poivrée, éroient tapiflés de, perires aiguilles qui formoient une végétation capillaire (1). Ces aiguilles écoient blanches, & fe liquefioient entre les (2) Pelletier a de l'huile de menthe poivrée , qui cryftallife en longues aiguilles à une température de 6 degrés au-deffus de o, & prefqu'en totalité à quelques degrés au deflous. Cette propriété eft due à une circonftance bien particulière, Dans un envoi d'huile de menthe poivrée, qu'on lui faifait de Londres , il s'en trouva une bouteille de doigts: ÊÉT D'HISTOIRE NATURELLE, 137 doigts ; appliquées fur la langue , elles y développoienr la faveur fraiche & piquanre de l'huile ordivaire ; leur diffolution dans l’alkool blanchifloit ar l'addition de l’eau. L'huile avoir une fluidité lentefcente ; fon odeur étoit moi:s vive, fa couleur étoit devenue plus intenfe , elle étoit entièrement foluble dans l'alkool : cette huile avoit perdue , pendant cette expérience ;, + de fon poids. 2°, Le facon où étoit l’huile de fleurs d'orange, préfentoit , dans fa partie fupérieure , différentes ramifications; en le débouchant , il y eut dégage- ment d'air, & les autres phénomènes obfervés pour l'huile de menthe fe préfentèrent de mème, avéc certe différence, que la mafle de l'huile étoic plus colorée; qu’elle avoit perdu de fa fluidité au point d’adhérer au facon + comme aüroit fait de la térébenthine; &, verfée dans l’eau , il s'en eft féparé quelques molécules qui reftèrent conftamment au fond de ce Auide, 3°. Le froid arüficiel n’a produit d'autre réaétion fur l'huile de “berga- motte , que d'y faire naître quelques lames cryftallines d'une forme ellip- tique : cette huile a repris fa Huidité à 4 degrés au-deffous de o , fans avoir éprouvé une altération fenfble. 4°. L'huile effentielle d’écorce de citron, retirée du bain de glace, paroïloit avoir perdu de fa fluidité, Au bout de quelques jours , j'apperçus: qu'il fe féparoit de cette huile une liqueur ambrée, & plufeurs perics cryftaux : j'ai décanté ces différens produits pour les foumettre à l'examen. A. L'huile dont il s’eft féparé une liqueur ambrée avoit la couleur & la: tranfparence de l'huile ordinaire , mais l'odeur & la faveur étoient moins vives; fa diflolution dans l'alkool étoit femblable à celle de l'huile qui _ m'auroit point fouffert d’altération de la part du froid. B. La liqueur produite de l'huile effentielle d’écorces de citron , par l’action du froid , avoit une couleur ambrée , une odeur empyreumatique , une faveur amère & légèrement acide. Ce fluide étoit mifcible à l’eau , rougiiloit la teinture de tournefol, ne précipitoit point l’eau de chaux, & faifoit effervefcence avec le carbonate de potalle. Ceue liqueur étoit dans la: proportion d’# dans l'huile de citron. - C. Les concrétions ou petits cryftaux , obtenus de l'huile d’écorces de citron , n’avoient pas une forme bien déterminée ; ils étoient blancs, & pinte , caflée , & l'huile fut répandue dans le foin avec lequel on avoit fait l'emballage. I! mir de côté ce foin pour le diftiller, afin d'en extraire la portion d'huile de menthe dont il étoit imbibé : au bout de huit jours , s’érant apperçu que le foin commencoit à dônner des fignes de fermentation , il procéda à la diftillation , & obrint une huile très-belle ,. & qui cryftallife en longues aiguilles. Pellerier croit qu'elle a acquile cette propriété en fe combinant avec le fluide élaftique qi aura été produit dans Ja fermenta- tion que le foin avoir commencé à éprouver. } Tome II. , AOUT , 1774. S 138 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE avoient peu de coïfiftance; ils devenoient opaques & friables par le contaét de l'air; ils exhaloient de l'odeur de l'huile de citron. Ces cryftaux éroient infolubles dans l’eau froide; mis dans l'eau bouil- lante , ils fe liquefoient , & formoient une pellicule à la furface de ce fluide, à mefure qu'il refroidifloit, £ Chauffés dans une capfule, il fe fondoient, & cryftallifoient en aiguilles par refroidiffement. Préfentés à la flamme d’une bouoie , ils ne s’y enflammoient point. Leur diflolution dans l’alkool rougiffoir la teinture de tournefol. 5°. Le flacon qui contenoit l'huile effentielle de térébenthine étoit ta- Pillé, dans fa partie fupérieure ; d’une léoère efflorefcence due à une portion d'huile vaporifée. Il s’étoit formé dans la mafle de l'huile des concrétions qui adhéroient aux parois du flacon , & qui repréfentoient des larmes applaties. Ces concrétions étoient blanches , opaques , avoient une confiftance plus ferme que la térébenthine ; elles reprenoient de la fluidité à 7 degrés au- deffous de la congélation ; verfées alors dans l’eau, elles avoient une pefan- teur plu s grande que ce fluide. L'huile dont j'ai retiré les concrétions qui viennent d’être examinées , ne paroïfloit point altérée. E 6°. L'huile de lavande nouvellement diftillée , s’étoit un peu vaporifée , & avoit formé une congélation dans la partie fupérieure du facon; la portion d'huile qui reftoit avoit perdu de fa fluidité, & avoir acquis une couleur plus intenfe. 7°. L'huile de thym récemment extraite , a donné les mèmes réfulrats. 8°. L'huile effentielle de canelle, foumife à l’action du froid artificiel, s’'éroir très-épaifie , & offrit une cryftallifation irrégulière. Baumé a obfervé que cerre huile s’épaiflifloit & cryftallifoit en partie à un froid de 8 degrés au-deffous du terme de la glace. Cette huile arepris fa fluidité à 4 degrés au-deffous de o, fans avoir éprouvé d’altération. De l’aëtion du froid, & de l’eau qui palle à l'état de glace fur plufieurs huiles volatiles. L'eau , en paffant de l’état liquide à celui de glace, perd de fon calo- rique , augmente de volume & fait preflion fur les corps qui l'environnent. Defirant connoître ce qui réfulreroit de ces phénomènes far les huiles vo- lailes, j'ai fait l'expérience fuivante : J'ai mis dans plufieurs facons de l’eau diftillée ; j’y aï ajouté des huiles volatiles , qui n’avoient été foumifes à aucune expérience ; j'ai placé ces flacons dans des capfules de erre ; j'ai expofé ces appareils fur une RS nn de ne + ET D'HISTOIRE NATURELLE. 159 croifée où le thermomètre marquoit 11 degrés au-deffous du terme de la glace. Dans le moment où l’eau a pañlée à l’état de glace, plufñeurs bouchons furent foulevés , & il y eut dégagement d’un principe aromatique; bientôt l'eau gelée augmentant de volume, fit répandre plaficurs huiles fur les parois des flacons. k Celui qui contenoit l'huile de menthe poivrée, fur au même inftant couvert d’ure végétation capillaire, ainfi que la capfule : les autres huiles ne préfentèrent point le mème réfulrar. Prouft a eu lieu d’obferver un pareil phénomène. En tranfvafant de l'huile de lavande qui avoit été expofée au froid, une partie de l'huile s'étant répandue hors du facon, il vir au bout de quelques inftans une efpèce de neige fur toute la furface du flacon qui avoit été recouverte d'huile. L'action du froid & de l’eau , fur l'huile de menthe poivrée , avoit aug- menté l’intenfité de fa couleur & affoibli fon odeur : cette huile avoit con- fervé la propriété de fe diffoudre dans l’a!kool. Les aiguilles qui s'etoient féparées de l’huile de menthe poivrée , pen- dant fon épanchement, étoient blanches , foyeufes & fragiles; elles avoient l'odeur de la menthe ; appliquées fur la langue , elles ÿ laïfloïent la faveur fraiche & piquante des paftilles de menthe ; elles ne s’altéroient point par le conta& de l'air. Préfentées à la flamme d’une bougie , elles ne s’y enflammoient point , fe liqueñoient , & prenoient , par refroidiffement , de la confiftance & un état tranfparent. En triturant ces aiguilles dans l’eau diftillée, elles communiquoient à ce fluide la propriété de rougir la teinture de tournefol. Leur diflolution dans lalkool fe faifoit avec frémiflement, & ne blanchiffoit point par l'addition de l’eau, comme à coutume de faire la diffclution des huiles volatiles dans cette liqueur. 11 paroît réfulter de ces différentes expériences , qu’une température de 11 degrés au-deflous de o , thermomètre de Réaumur, ne réagit point fur plufieurs huiles volatiles, épaiñit celles de canelle & de bergamotte , & y détermine une cryftallifation plus ou moins régulière. Que le froid , dont l’action eft augmentée par un mélange d’ammoniac & de glace, dégage des huiles volatiles une partie de leur principe aroma- tique , donne de l’intenfité à leur couleur, les épaifit , fait naître des con- crérions dans leshuiles de térébenthine & d’écorce de citron, & fépare de celle-ci un Auide d’un couleur ambrée, & qui paroït jouir de propriétés falines. Enân, que l’aétion du froid & de l'eau, & le concours de l'air fur l'huile volatile de menthe poivrée , y ont fait naître une matière cryftailine S 2 ! à : a40 … JOURNAIIDE PH RSTQUIE NP EL CHIMIE, difpofée en aiguilles foyeufes , que les différentes expériences démontrent être un fel particulier ; d'où on peut conclure que les aiguilles de camphre, qu'on dit avoir trouvées dans l’eau diftillée de menthe poivrée , font de la nature de ce fel. Examen des concretions trouvées dans plufieurs huiles volatiles, 1°. De l'huile volatile de femences de fenouil, faire depuis fort long- temps, avoit dépofé une concrétion qui avoit une forme lamelleufe, L'huile avoit une couleur ambrée, un odeur peu fenfible ; elle étoit uide , & n’étoit plus fufcepuble de prendre un état concret à une tempé- rature de 4 ou $ degrés au-deffous du rerme de la glace. La concrétion avoit une couleur jaunâtre; elle exhaloit l'odeur & la faveur du fenouil ; expofée à l'air , elle eft devenue sèche & friable entre lesdoigts, à la manière des réfines. 3 Mife entre deux capfules de verre, & expofée fur des cendres chaudes, elle fe liqueñoir , & il s’en fublimoir des aiguilles : en ceffant l'opération , il eft refté dans la capfule une matière brune qui , en refroidiflant , a cryf- tallifé en faifceau. Les aiguilles obtenues par la fublimarion , étoient blanches & foyeufes , elles avoient l'odeur & la faveur du fenouil. Expofées fur la pointe d’un couteau , à la flamme d’une bougie, elles s’y liquefioient fans s’enflammer , & prenoient, par refroidifflement , un état concret & tranfparent, Elles étoient infolubles dans l’acide nitrique ; leur diffolution dans l’al- kool , foumife à l'évaporation fpontanée , laifoit pour réfultat une cryf- tllifation difpofée en aiguilles foyeufes. La diffolution de ces aiguilles dans Falkool rougifloit la teinture de rournefol. 2°, De l'huile volatile d’abfinthe non re@tifiée, confervée depuis plu- fieurs années dans un flacon avec l’eau diftillée de la même plante , avoit dépofé une fubftance jaunâtre. : L’huile avoit peu de fluidité : fa couleur étoir d’un verd foncé, & fon odeur affez vive. Le dépôt féparé avoit une couleur jaunâtre ; il exhaloit l'odeur de lab- finthe : appliqué fur la langue , il y laifloit la faveur aromatique & amère que l’on connoît à cette plante; il adhéroit aux doigts comme de ja téré- benthine : expofé pendant quelques jours au contaét de l'air, il n’a pas pris plus de confiftance; préfenté enfuite à la flamme d’une bougie , il s’enflammoit & laifloit un charbon qui fe tumefoit. Chauffé dans une capfule de verre, il fe liqueñoic & fe couvroit de quel- ques petites aiguilles ; cette matière cryftallifoit en refroïidiffant , & devenoir sèche & caffante comme de la réfine. ET, D'HISTOIRE NATURELLE. 141 L'eau diftillée de la mème plante , fur laquelle on avoit confervé l'huile, tougifloit très-promptement la teinture de rournefol. 3°. De l'huile volatile de fause , diftillée depuis plufieurs années , avoit dépofé une concrétion qui tapifloit le fond du flacon où on la confervoit. Cette concrétion étoit blanche ; examinée à la loupe , elle éroit bril- Jante, avoit une apparence cryftalline & une forme lamelleufe. Avant de foumettre cette fubftance à l'examen, je l'ai exprimée entre plufeurs feuilles de papier Jo/éph , afin de lui enlever l'huile qui pouveit y être interpofée. Cette concrétion expofée au contact de l'air , eft devenue sèche & fiable; fa diflolution dans l’alkool blanchifloit un peu par l'addition de l'eau ; une partie de certe diflolution , foumife à l'évaporation fpontanée, a laiffé dans la capfule un enduit blanchâtre & quelques petites aiguilles. Expofée à la flamme d’une bougie , elle ne s'y enflammoit point, fe li- quefoit, & prenvit par refroïdiffement de la confiftance & une apparence réfiniforme. Mife entre deux capfules , & foumife à une douce chaleur , elle fe fon- doit , & il ne s’en fublimoit que quelques atômes. È Traités comparativement avec le camphre du commerce , par l'acide ni- trique, & avec le même degré de chaleur, la concrétion s’eft liquefiée , a pris la confiftance de la térébenthine , & s'eft très-colorée : le camphre , au contraire , s'eft diffous entièrement dans l'acide nitrique , & a reparu avec fes propriétés par l'addition de l’eau L’acide nitrique que j'avois chauffé avec la concrétion , traité avec la même quantité d’eau, n’a pas donné le même réfulrat. La concrétion que j'avois traité avec l'acide nitrique, éft reftée molle & avec les propriétés de la térébenthine. 4°. Une concrétion trouvée dans de l'huile d’hyffope a donné à l'examen les mêmes réfulrars. On pourroit conclure de ces expériences , que les concrérions obfervées dans plufeurs huiles volatiles, fe rapprocheroiïent plutôt des réfines avec une furabondance d'acide qui en forme une efpèce de fel femblable aux fleurs de benjoin (1), que du camphre , auquel on les avoit quelquefois aflimilé; car fi l’on veut comparer les effets de l'acide nitrique fur ces con- créions , les obfervations ci-deflus démontrent qu’il fe comporte bien diffé- remment qu'avec le camphre. (1) En 1792 , Deyeux & Vauquelin ont fait connoître que les concrétions que dépofe l'eau diftiilée de canelle, avoient les propriétés de l’acide benzoïque. 42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE A A RE DA SV EE PT PP EPP PRE E TASER DR SES DRE” E RNA ETS CEMENSENRES AN ALES NE D'un Oxide de nikel endurcr. PAR GMELIN. Annales de Chimie , de CRELL, 1774, première partie. P ARM1 les minerais remarquables qui fe trouvent dans les mines de Hefe , près Nieselsdorf , l’on rencontre aufli Le nikel fous diverfes formes. On le trouve ordinairement en oxide, d’un verd clair, grifatre, çà & là d’un verd très-pâle. En l’humectant , fa couleur devient plus vive , & l'on apperçoit une odeur argilleufe. Sa raclure eft blanche, il eft opaque , fans éclat extérieur ni intérieur. Il eft tenace , difhaile à divifer par le marteau; caffant en fragmens irréguliers , dont la caflure eft ou terreufe ou écailleufe, On le trouve fouvent mêlé avec du fulfate de baryte. Un gros de cer oxide, qui, autant que je pus appercevoir, n'toit point fouillé de fulfate de baryte , fut réduit en poudre fine , & arrofé avec deux onces un demi-gros d'acide muriatique , qui en dégageoit à l'inftanr un gaz. Je chauffois la liqueur jufqu’à ce qu'elle commencät à bouillir , l'oxide s’étoit prefqu’entièrement diflout , & la liqueur avoit pris une couleur verd-pré. La diffolution ne fe troubla que très-légèrement par l'addition d'acide ful- farique ou d’une diffolurion d’oxalate de potafle ou de fulfate de foude. C'eft une preuve qu'elle ne contenoit ni chaux ni baryte. La diflolation du prufliate de potafle y caufa , au contraire, un dépôt jaune; la teinture de noix de galle forma un précipité brun. Je mis dans ceïte diflolution un clou de fer, il ne sy forma point une croûte rouge & cuivreufe; cependant la furface du clou étoit altérée , l'on y remarquoit des taches jaunes qui , quelque temps après, changeoient en noir, ce qui provenoit probablement de l'acide qui fe trouvoit en excès dans la diffolution ; ils déposèrent en mêème-temps quelques légères feuilles métalliques , d’une couleur blanche grisätre. L’excès d'acide qui fe crouvoir dans la diffolution , fur faturé avec du carbonate de potaffe ; une infufñon de noix de galle que l’on ajouroit à cette liqueur , occafonna un précipité noir; ce qui prouve que le fer s'érant ta de l'acide muriatique , a précipité le nikel de fa combinaifon avec acide, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 143 © Je mélai avec une autre partie de la diffolution du nikel dans l'acide muriatique , une diffolurion de carbonate d'ammonique ; il y eut beaucoup d’effervefcence , & il fe forma , non pas dans le moment , mais peu-à-peu, un précipité qui difparut cependant en plus grande partie , lorfque j'y ajou- tois du carbonate d'ammoniac en excès. La diffolution prit une belle cou- leur bleue célefte. Je fis bouillir la partie indiffoluble fans la faire fécher avec une diffolution de potaile cauftique; la plus grande partie fut diffloute , preuve que cet oxide de nikel eft mêlé avec de l’alumine; le peu qui reftoic indifloluble fut erès-bien diffout par le carbonate d’ammoniac , qui en fut coloré en bleu célefte. Deux gros de ce mêîne minerai furent pulvérifés & arrofés avec trois onces d'acide muriatique ; je fs chauffer le mélange fans le faire bouillir. Lorfque le tout parut être diflout , je filurai la liqueur , lavai le dépôt qui reftoit avec beaucoup d’eau , qui, après avoir été féché, pefoit trois grains : c'étoit vraifemblablement du fulface de baryte , avec lequel cet oxide fe trouva fort fouvent mêlé. L'eau que j'avois employé pour laver mon filtre fit monter le poids de ma difolution jufqu’à fept onces. J'en pris quatre onces , que je mêlai avec une diflolution de carbonate d'ammonique ; il fe forma d’abord un précipité confidérable , qui cependant diminua de beaucoup à mefure que j'augntentai la quantité d’alkali. La liqueur étoit d’un beau bleu célefte. Je verfai la liqueur , avec ce qui reftoit indiflout, fur un filtre, & après que la liqueur eut paflée, je verfai une diffolution de carbonate d’ammoniac fur le fire, pour difloudre le précipité. Je réufis en effer ; la liqueur qui pafloit la dernière , poffédoit une couleur ponceau, & fut mife à part; il ne refloit qu'un grain qui refufoit à fe diffoudre. Je diftillai à un feu doux la liqueur bleue , & j'obtins la plus grande partie de la diffolurion de carbonate d’ammoniac , qui n'étoit point colorée, Il refta au fond de la cornue une quantité affez confidérable de liquide & un oxide de couleur brune noirâtre & de couleur verd-pré. Je pris d’abord cet oxide noir qui ne pefoit que deux grains, pour de l’oxide de cobalr, car je favois qu’il poffédoit la propriété de noircir mème à un petit degré de chaleur : fondu avec du borax , il donna un verre qui avoit par-ci par-h des taches brunes. Cependant ce n’eft point le cobalt, mais le nikel, qui com- munique cette couleur brune au borax ; une partie de cet oxide fondu avec du borax & du charbon ne donna point de grains métalliques, mais colora au moins les fcories en verd. Ces obfervarions me déterminèrent à prendre cet oxide noir pour du nikel oxidé mêlé avec une très-petite quantité de co- balt; mais encore cela eft douteux, parce que Rinman 2 très-bien obfervé qu'un mélange de beaucoup d’oxide de nikel avec une très-petite quantité de cobalt oxidé coloroit cependant le verd en bleu. Je fis calciner pendant trois heures, dans un creufet d'argile, de cet 544 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE oxide verd obtenu dans la cornue par la diftillation ; il pefoit un gros : étant refroidi , l’on n’apperçut aucune trace de fufion ; fa couleur étoit altérée & tiroit fur le jaune. J'en ai cenu en fufon, pendant trois heures, dans le fourneau de coupellation , avec du borax , fans que ce dernier en fût coloté. Fondu avec du borax & du charbon, j'obtins , fans m'appercevoir de quelques vapeurs arfenicales , de petits grains métalliques d'une couleur rouge argentine ; ils fe brifoient au premier coup de marteau , & n'étoient point attirables au barreau aimanté. Ils différoient par conféquent, d’après les obfervations de Bergmann , dans les deux dernières qualités du nikel que ce fameux Chimifté avoit obtenu par des calcinations & des fufons réité- rées avec du foufre, qui toujours étoit malléable, & de quelque manière qu'il l'eût purifié, toujours attirable à l'aimant. Îl conelut de ces expérien- ces , ou que le fer éroit fi intimement combiné avec le nikel, qu’il n'y avoit pas moyen de l’en féparer , ou que le nikel n’étoit qu'une modification du fer, fans penfer à l’objection que l'on a faite , que le fer n'éroir peut-être pas le feul méral qui poñédoir de lattraétion pour l'aimant. Bergmann éroit perfuadé que dans ce nikel le fer, par la combinaifon de quelques parties hétéromènes, perdoit la propriété d’être attiré par le barreau aimanté. Mais quel cf Le corps qui peut empêcher dans le nikel obrenu de la manière décrite, fon action fur l'aimant? Je ne trouvai ni foufre ni arfénic avec lefquels le nikel eft aflëz fouvent combiné; la plus petite quantité d'oxide , de cobalt ou de manganèfe auroit fans doute communiqué au verd de borax une couleur bleue ou foncée. Je fuppofe même qu'il y eût une petite quantité de cuivre où de manganèfe, ce qui cependant, par aucune de nos expé- riences, n’a été conftaté. Il ne m'eft connu aucun exemple que ces corps puiffent empêcher l’aétion de l’aimant fur du fer qui pofsède encore tout on éclat métallique. \ J'évaporai a ficcité la liqueur bleue qui étoit refté dans la cornue ; après avoir lavé & féché ce reftant , il pefoit 3 gros 43 grains ; il étroit verd, plus coloré que le premier ; excepté ‘qu’il tiroit un peu fur le jaune , il pof- fédoir les mêmes qualités. Fondu avec le borax dans le fourneau de cou- pelle, il donnoit une fcorie verte jaunâtre & opaque, dans laquelle l’on obfervoir quelques petites parties métalliques. J'évaporai en mème-temps la dernière partie de la diffolution de cet oxide dans l’acide muriate, faturée & redifloute une feconde fois dans le carbonate d’ammoniac; la couleur ponceau qu'elle poffédoit-m’engagea à la traircr féparément. A mefure que l’évaporation avançoit, fa couleur rouge aug- mentoit , ce qui me fit foupconner qu'elle contenoit du cobalr. Il refta à la fin dé l'opération un fel rougeâtre, que je diflolvai dans l'acide nitrique , & avec lequel j'écrivis fur du papier ; les caractères difparurent en fe fé- chant, reprirent par la chaleur une couleur jaune , mais ne difparurent plus ET D'HISTOIRE NATURELLE. 145 plus pour la feconde fois. Ea préfence du muriate d'ammoniac n’étoir point difficile à découvrir dans ce fel : l'addition de l'acide fulfurique dégagea du gaz acide muriarique , celle de la chaux en fépara l’ammoniac, Outre ce fel rougeñtre j'obrins encore 11 grains d'oxide qui, lavés & féchés, devoient diminuer de 6 grains. Il étoit d’un verd fale, qui changeoiït en noir par la chaleur du fourneau de coupelle. Je mis dans une demi-once de la difiolution de cet oxide de nikel en- durci dans l’acide muriarique , un clow de fer décappé ; 1l fut couvert après quelques jours d’uné croûte mince & rougeâtre , qui différoit cependant de celle qui eft formée par le cuivre. Je verfai dans une autre demi- once de la mème diflolution , de l'acide fulfurique goutte à goutte : il occafionna un léger précipité. Y auroit-1l donc dans ce minerai une petite quantité de chaux ou de baryte ? car le fulfare de baryte qui auroit pu s’y trouver n'auroit certes point été décompofe par l’a- cide muriatique. Leur diffolution d’oxalare de potafle fut mêlée avec une demi-once de Ja même liqueur : quoiqu'il y eüt effervefcence la liqueur demeura claire dans le premier inftant , preuve que cet oxide ne contient point de chaux ; après quelques jours il fe forma cependant un précipité verdâtre en allez grande quantité; je filrrai la liqueur , elle étoit encore verie & changeoir en bleu en y ajoutant du carbonate d’ammoniac. Tout l’oxide de nikel n'a donc pas été précipité ; les expérinces de Bergmann prouvent même que ce précipité ne conüfte point en oxide de nikel pur, & il eft vraifemblable qu'il eft enné en combinatfon avec l'acide oxalique , & qu’une partie de ce fel s’eft redifflout dans la liqueur. Je verfai dans une demi-once de la difolurion de l’oxide de nikel dans l'acide muriatique du prufliate de potafle , 11 fe forma dans l'inftant un précipité jaunâtre. Je faturai l’acide qui fe trouvoit en excès dans une demi-once de la mème difolution avec du carbonate de poraffe, je la mélai avec une in- fañon de noix de galle. Le précipité qui en fur occañonné pefoit lavé & féché deux grains ; fondu avec du borax j’obtins un verd bleuâtre , au milieu duquel j'eblervai une petite quantité d’oxide verd , qui étoit agluriné. Je précipitai enfin une demi-once de la même diflolution avec du car- carbonate de porafle : il y eut un précepité abondant qui, par fa couleur verte, annonçoit que c'évoit de l'oxide de nikel; je fis bouiilir ce pré- cipité encore humide avec de la poralle cauftique , filtrai la diffolution & y ajoutai de l'acide nitrique; il fe forma de nouveau un dépôt blanc , qui pe pouvoir être que de l'alumine. je calcinai pendant une heure une partie de ce minerai très-pulvérifé, dans un crçufet ouvert ; je n’apperçus aucune odeur ni vapeur , mais j'y remar- quai, à mon grand étonnement, que les érincelles qui tomboient par hafard Tome II. AOÛT, 1794. T 146 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dans le creufet , brüloient d’une flamme plus vive. Un petit morceau de bois que j'avois allumé, puis éteint, reprit vivemeur feu en l’enfonçant dans le creufet, fans qu'il eût touché fes parois. Je répétai cette ex- périence plufieurs fois avec le ‘même fuccès, & j'en conclus que, pat la calcination , il fe dégageoit de ce minerai du gaz oxigène , & que c’étoit à ce dégagement qu'il fallût attribuer les petites globules d’air qui fe for- motent, lorfque l’on diffolvoit cer oxide dans l'acide muriatique. Le dégagement de gaz oxigène he ceffa point au premier inftant que je mis du charbon dans le creufer, il ne finitque peu-à-peu en continuant d'y jeter des matières combuftibles. Sur le moment où la plus grande partie de l'oxide commençoit à fe réunir en petites globules métalliques , j'apperçus une odeur d'ail que je n’avois point encore découvert dans mes experiences antérieures , & qui prouva ouvertement la préfence de l’arfénic. Le phénomène que Bérgmann remarquoit fort fouvent ‘dans fes analyfes de mines de mkel, n’eft point difficile à expliquer. On fair que l'acide ar- fénique eft très-fixe dans le feu le plus violent, qu'il fe fond même fans donner une odeur arsénicale , pourvu qu'il ne foit point en conraét avec des corps combuftibles ; mais dès qu'on le mêle avec ces derniers, il perd une partie de foh oxipène , fe conftitue en oxide d’arfénic. Dans cet état, il eft volaril, il fe fait connoître par fon odeur d'ail. Bergmann & Scheele ont trouvé que l'acide arfénique fe combinoit avec le nikel , en formant une malle acide ; il eft connu de tout le monde que cet acide fe trouve combiné dans la nature avec le fer , lecuivre , le cobalr & le plomb. Ce minerai n’eft donc point en état de carbonate de nikel , comme on le trouve le plus fouvent dans la nâture, mais c’eft une cofnbinaïfon de mkel, d’oxigène , d'acide arfémique & d'un peu d’alunine. EN SERV; CET L'OUN Sur un nouveau Procédé pour le raffinage du Salpêrre. Par J. À CHAPTAL , J. P. CHAMPYx & BonNJour, Ox écrafe le falpêtre brut avec des battes , afin que l'eau des lavages puiffe plus aifément en attaquer toutes les parties. On porte le falpètre écrafé dans des cuveaux , & on en met s à Goo livres dans chaque. none Slt ET D'HISTOIRE NATURELLE. 147 On verfe fur le falpètre 20 pour £ d’eau, & on brafle ce mélange. On aille macérer ou digérer, jufqu’à ce que la liqueur n’augmente plus en degrés. Six à fept hures. fufhfent pour cette première opération ; & l’eau prend depuis 25 jufqu'à 35 deorés. On laïle écouler cette première eau de,.lavage , & on verfe encore 10 pour © d’eau fur le même falpètre. On braffe & on laiffe macérer pendant une heure, Qu fair éconler l’eau. : On verfe encore $ pour ? d’eau fur le faipètre ; on braffe , 8: on la fait écouler un moment après. | On verfe ce falpètre écouté dans une chaudière contenant so pour ? d’eau boutllante. Lorfque la diflblution eft faite , elle doit. marquer 66 à 68 de- grés au pèfe-liqueur. On porte la diffolution dans un cryftallifoir, oùil fe dépofe, par le refroidiffement, environ les deux tiers du falpètre employé; la précipitation commence au bout de demi-heure, & fe termine au bout de quatre à fix heures. Mais comme il importe d'obtenir le falpètre en petites aiguilles , attendu que, fous cette forme , l’exficafion devient plus aifée , il eft né- ceffaire d’agiter la liqueur dans le cryftallifoir pendant tout le temps que fe fair le dépôt, C’eft à l’aide de rables ou rateaux qu’ou imprime un léger mouvement à ceme malle de liquide, & qu'on précipite, les cryfaux en aiguilles très-tenues. Ù je A mefure que le dépôt fe forme, on ramène les cryftaux fur les bords du cryftallifoir , & on les enlève avec une écumoire pour les mettre à égouter dans des paniers placés à cer effer fur des chevalets; de manière que Feau qui en découle peut retomber dans le cryftallifoir , ou être reçue dans des baflins qu’on peut placer par-deffous. É On verfe enfuite le falpêtre dans des caïffes de bois, faîtes en forme de trémie, & à double fond. Le fond fupérieur élevé de deux pouces au- deffus de l’autre, & porté fur des litteaux de bois , eft percé de petits crous par où la liqueur peut s’écouler ; elle s'échappe enfuite par une feule ouverture pratiqué. au fond inférieur, & va fe rendre dans un réfervoir. C'eft dans ces caiifes qu'on lave le falpêtre ‘avec $ pour ? d'eau. Cette eau eft employée enfuite à la diffolution des falpètres, Ce falpêtre bien égouté & expofé à Fair fur des tables à fécher., pen- dant quelques heures , peur èere employé de fuite à la fabrication de la poudre, Maïs locfqu’il eft queftion d'employer le falpètre à la fabrication prompte de la poudre , on eft obligé de le deffécher bien plus fortemenr : on peut y: païvenir en le portant dans une éruve; ou, ce qui eft- plus fimple , en Le chauffant dans une chaudière plate : pour cet effée , on en mec une couche de cinq à fix pouces dans la chaudière ; on la chauffe jufqu'à 40 à so degrés de CS = 145 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE du thermomètre ; on agite le falpètre pendant deux à trois heures, & on le defsèche au point que, preffé fortement dans la main ; il ne prenne aucune confiftance , ne conferve aucune forme, & reflemble à du faible menu & rrès-fec. Ce degré de ficcité n’eft pas néceflaire lorfqu’on fabrique la poudre par le battage fous les pilons. On voir déjà que , d’après la méthode de raffinage que nous venons de décrire, il y a deux efpèces d’eaux à confidérer : 1°. les eaux des lavages ; 2°. les eaux des cryftallifoirs. Le lavage du falpètre brut fe fair à trois reprifes , comme nous l'avons obfervé. / Il emploie 35 pour & d'eau fur la quantité de falpètre mife en travail de rafuaue. es lavages font établis fur le principe que l’eau froide diffout les mu- rates de foude, les nitrates & muriates terreux , & le principe colorant fans prefque attaquer le nitrate de potaife. L'eau de ces crois lavages contient donc Je muriate de foude , les fels terreux, le principe colorant , & un peu de nitrate de potafle dont la quantité eft en proportion du muriate de foude qui détermine fa dif- {olution. L'eau des cryftallifoirs contient la portion de muriates de foude & de fels terreux qui a échappé au lavage , & une quantité de nitrate de potafle plus confidérable que celle des eaux de lavage. - L'eau que l’on emploie à la fin pour blanchir & laver les cryftaux dépofés dans la cafe, ne tient en diffolution qu'un peu de nitrate de potaite. Ces eaux font donc de nature très-différente. Les eaux dés lavages forment vraiment des eaux-mères : on doit les réunir dans des baflins & les traiter , avec la potafle , par les procédés connus. On les évapore jufqu’à 66 degrés , en enlevant le muriate de foude à mefure qu'il fe dépofe ; on fature cette diflolution avec 2 à 3 pour £ de. potalle ; on laille dépofer ; on décante & verfe la cuite dans des cryftalli- foirs, où l'on fait jerter 20 pour 2 d’eau pour pouvoir retenir en diffolution tout le muriate de foude. Les eaux qui furnagent le dépôt de cryftaux provenant du traitement des éaux-mères , peuvent être mêlées avec les eaux des premières cryftallifa- tions; & on peut, par la fimple évaporation , féparer le fel marin, & ob- tenir enfuite, pat le refroidiffement , le nitrate de potafle qu’elles tiennent en diflolution. La petite quantité d’eau dont on fe fert pour laver & blanchir le falpètre raffiné , ne contient que du nitrate de potaffe ; on peut donc l'em- ployer à la diffolution du, falpètre fortant des cuveaux. ÿ _ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 149 On voit, d’après cet expofé, qu'un atelier qu’on deftine au raffinage prompt du falpètre , doit être pourvu des objets fuivans : 1. Des batres deftinées à écrafer le falpètre. 2°. Des cuveaux pour faire le lavage du falpè-re. 3 Une chaudière pour en opérer la difolution. 4°. Un cryftalifoir de cuivre ou de plomb pour faire refroidir & cryftal- lifer le falpètre. 5°. Des paniers pour égouter les cryftaux. 6°. Une caille pour faire completement égouter le falpètre , & lui don- ner un dernier lavage. - 7°. Des balances pour pefer le falpètre. 8. Des pèfe-liqueurs & des thermomètres pour dérerminer le degré de chaleur & de confiftance. 9°. Des rareaux pour agiter la liqueur dans le cryftallifoir. 10°. Des écumoires pour enlever les cryftaux & les dépofer dans les paniers. 11% Des fiphons ou pouzettes pour vuider les chaudières, Le nombre & les dimenfions de ces divers effets doivent varier felon la quantité du falpètre qu'on fe propofe de rafhiner. En fuppofant qu’on veuille faire paffer au raffinage dix milliers de falpètre brut par jour, on peut déterminer & fixer les befoins en hommes & uften- files, de la manière fuivante: On difpofera une partie du fol à portée du magafn , de manière qu’on puille y battre & écrafer commodément le falpèrre. Ce fol doit être recouvert en dalles larges & bien unies , ou en morceaux de bois d’épaiileur, On peut fe fervir de battes femblables à celles qui font employées à la pulvérifation des pltres, Deux hommes doivent fuffire à l'emmagalinement des falpètres, à leur pefage & au battage. Comme les trois lavages ne fe terminent qu’en deux jours, & que chaque cuveau ne peut recevoir que $ à Goo livres de falpètre, il en faut 20 pour un rafñinage de 10 milliers. Ces cuveaux ont deux pieds & demi de haut , & autant de large. Ils doivent être conftruits avec le plus grand foin , pour qu'ils ne laiffent pas filtrer l'eau des lavages. . On doit les placer folidement fur un plan légèrement incliné, conditionné de manière que les eaux de falpètre ne puilfent pas s’y infiltrer , & terminé par une rigole capable de recevoir les eaux qui peuvent s’écouler dans l’opé- ration , & de les tranfmettre dans un réfervoir placé à l'extrémité de la file des cuveaux. Ces vingt cuveaux doivent être difpofés fur deux lignes parallèles. Les Es 150. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE plans fur lefquels ils font établis peuvent être inclinés l'un vers l'autre, & leur réunion formera la goutière ou conduit qui doit tranfmettre , dans le réfervoir commun, les eaux qui peuvent s'échapper. É Ces cuveaux feront percés à deux doigts du fond, & l'ouverture en fera fermée par une chantepleure. Quatre hommes peuvent ètre affeétés au lavage des falpètres. Ils feront chargés de tranfporter les faisétres du magafn aux cuveaux , & des cuveaux à la chaudière. H eft inutile d'obferver que les cuveaux doivent être ifolés , & difpofés de telle manière que le fervice en foit aifé, Une chaudière conique , de cinq pieds de large fur quatre de pro- fondeur, peut fournir à trois opérations par jour, & fufhroit, confé- quemment, pour un raffinage de quinze milliers. Un feul homme fuffit pour le fervice de la chaudière. Le cryftallifoir, en plomb ou en cuivre, doit être le plus près de la chaudière qu'il eft poñible. I doit avoir quinze pouces de profondeur, dix pieds de long & huit de large. I doit être affis fur un fol bien folide, de manière que le fond repofe fur vous les points. Il convient d'élever KR maçonnerie fur laquelle le cryftallifoir eft établi, d'environ douze pouces au-deflus du fol de la raf- finerie ; par ce moyen, les bords du cryftallifoir feront à vingt - fep pouces au-deffus du fol, ce qui rend le fervice facile. Il nous a paru avantageux de donner au fond du cryftallifoir une in- clinaifon de quatre pouces, des parois au centre, & feulement dans la direétion longitudinale. On peut vuider , plufeurs fois de fuite, les diffolutions des chaudières dans le cryftallifoir , après avoir enlevé le dépèr de cryftaux qui provient de chaque diffolution. Quatre hommes paroiffent néceffaires pour l'opération du cryftallifoir. Hs feront occupés à agiter continuellement la liqueur en y promenant les rateaux; 1l ramèneront fans celle, fur les bords , les cryftaux qui fe pre- cipitent, les enlèveront avec une écumoire, & les porteront dans les paniers deftinés à les recevoir & à les faire égouter. Ces mêmes ouvriers mettront le falpêtre dans la caïfle à écouter, & le cranfporteront dans le magafin du falpètre raffiné. À défaut d'un grand baflin à cryftallifer ; on peut employer à cet ufage une chaudière plate, ou les baflins qui fervent à la cryftallifation dans les raffineries actuelles. Pour difpofer le falpètre à être employé à la fabrication de la poudre : dès qu'il eft raffiné , on peut le deflécher par deux BU , 1 en l’ex- pofant au grand air, ou au foleil, pendant quelques heures, fur les rables ET D'HISTOIRE NATURELLE. ist à fécher de la poudre; 2°. en le mettant dans une chaudière plate, & le tenant à une chaleur de quarante ou cinquante degrés pendant deux heures. Dans lun & dans l’autre cas, il fant lagirer , le remuer, prefque fans interruption, pour le deflécher promptement & également. Une allez longue expérience nous a préfenté le procédé que nous venons de décrire, comme le plus fimple & le plas économique. Mais, pour éviter la peine de tenter des moyens d'amélioration qui ont pu fixer notre atrention, & que noûs avons cru devoir rejeter | nous foumettons les réflexions fuivantes : 1* On a effayé de diffoudre lefalpètre ; de le faire cryftallifer & de le laver enfuite pour ‘en féparer le fel marin. Ce procédé paroîc plus avantageux, au premier coup-d'œil, parce qu'il fapprime le battage : mais il préfente de grands inconvéniens : 1°. le fal- pète brut dillous dans cinquante pour cent d’ean, & verfé dans le cryf- tallifoir , ne dépofe pas la mème quantité de falpêtre que lorfqu'il a éré lavé avanc d’être diflous. Cette différence tient à ce que le muriare de foude qui exifte dans le falpêtre brut facilite la diffolution du nitrate de potalle ; &, par conféquent, l’eau des cryftallifoirs doit retenir en dif- folurion plus de nitrate de potaile lorfqu’on fait diffoudre le falpètre brut, que lotfqu'on l’a préalablement lavé à l'eau froide & dégacé du fel matin quil contient ; 2°. le lavage du falpètre , opété après la diffolution & cryftallifation , exige quarante à cinquante pour cent d’eau au lieu de trente-cinq. 3. On à tenté de difloudre le falpêtre, dans vingt ou vingt-cinq pour cent d'eau bouillante; d'enlever le fel marin, à mefure qu'il précipire par l’ébullition de la liqueur; d'étendre cette dilfolution de trenre pour cent de nouvelle eau, & de la‘porter enfuite dans le cryftallifoir. On avoir cru, pat ce moyen, éviter ou diminuer confdérablement les lavages à l’eau froïde; mais , outre qu’une ébullition foutenue pendant quatre à cinq heures, pour enlever le fel marin, néceflite une très - grande perte de cemps , de combuftible &de falpètre, les lavages font encore indifpenfables, tant pour enlever le principe colorant, que pour extraire les dernières portions de muriate de foude. 4° On pourra croire qu'il feroit peut - ètre poflible de diminuer Ja quantité d'eau de lavage : mais on doit obferver qu'il eft à craindre que, lorfque les falpetres font chargés de fel marin, le raffinage n’en foit pas parfair, en employant une moins grande quantité d’eau que celle que nous avons prefcrite. $” On fera peut-être encore tenté de diminner la proportion de l’eau hu Ate F : : 04 k LS 152 JOURNAL DE PAYSIQUE, DE CHIMIE employé à la diffolution : mais rous fommes convaincus, par des expé- riences multipliées , que c’eft la proportion la plus convenable : fi on l'augmente, le falpètre reftè en di‘'olution dans la liqueur; fi on la diminue, il fe fige ou fe précipite en mafle. L’obfervation a prouvé, que le degré de {a faturation, le plus propre à nos travaux, étoit entre le foixante-fix & le foixante-huitième du pèfe-liqueur. 6”. On pourroit encore regarder , comme plus fimple & plus écono- mique , de traiter , avec la potaîle , la diflolution de falpètre brut ; mais il eft à craindre que, dans ce cas, une partie de cet alkali ne foit em- ployée à décompofer le muriate de foude, pour le convertir en muriate de poraile; & l’on doit obferver que ce dernier fel n’eft pas du tout propre à décompofer les nitrates rerreux , malgré qu’en aïent dit des chi- miftes habiles. Il paroït donc plus convenable de ne traiter les eauv-mères , & de * n'employer la potalle, que lorfqu'on a féparé tout le fel marin par l'évaporation. - Ce procédé réunit donc plufieurs avantages : 1. Ï] confomme beaucoup moins de combuftible, puifqu’au lieu de deux longues diffolutions & ébullitions , 1l n’eft plus queltion que de porter l'eau d’une chaudière au degré de lébullition pour y ditioudre le fdpètre. 2°. Il exige moins de temps ; crois jours fufhifent pour porter le falpêtre à l'érar d’étre employé à la fabrication de la poudre. 3°. IL difpofe le falpêtre à fécher plus promptement. Son état en petits cryftaux, de la groffeur d’éguilles minces, permet. de le deflécher com- pletiemeut par une expofition à l'air de quelques heures. Cet avanrage eft inappréciable , fur-tout dans une faifon où il falloit plufieurs mois pour égouter les gros pains de falpètre; & où , par conféquent, la fabiication de la poudie étoit ralentie ou fufpendue, alors mème que les féchoirs étoient encombiés de falpètre humide, 4°. 11 demande des emplacemens moins étendus. Une chaudière de cinq pieds de large, fur quaue de profondeur; un baflin à cryftallifer de qu:lques pieds de diamèire , & trente cuveaux peuvent fournir aïfémenct à un refinage de quinze milliers par jour. s. Il occalñonne moins de perte en falpètre. Des expériences rigou- reufes ont démontré que les diffolutions ufrées dans l’ancien procédé , dé- t-rminoientane déperdition de falpètre par la feule évaporarion qui s’élevoit jufqu’à 7 pour £ de la quantité mife en expérience. Par le nouveau procédé , l'eau qui tient du falpètre en diffolution n’eft jamais portée à l’ébullition , 1: on ne féjourne point dans la chaudière, & l’évaporation eit prefque nulle, NOUVELLES ‘ Le : 2 et : ra 4 dé at >. ne L PURE : 4 £T D'HISTOIRE NATURILE. ar ss NOUVELLES LIFTÉRAIRES. Pres du Syflême du Monde, par PIERRE SIMON Laprace , de l’Inflitut national de France, & du Bureau des Longitudes. 2 volumes in-8°. À Paris, de l’Imprimerie du Cercle Social, rue du Théâtre-François, n°. 4. Cet ouvrage eft une expolition des principaux points du Syftême du Monde, Il n’eft, pour ainf dire , que l'extrait du grand ouvrage où ce profond Géomètre doit traiter tous ces mêmes objets par la plus haute géométrie , & qu'il promet publier bientôt. Je vais rapporter quelques- uns des réfulrats de l’Auteur, « Le degré mefuré au cap de Bonne-Efpérance , à la latitude auftrale de » 37° (1),a été trouvé de 307999 pieds 8. , la même à fort peu-près que » celui de France, fous le parallèle de 50°, & plus grand que celui qui a » été mefuré en Penfylyanie à la latitude de 43° 56, & dont la longueur » n'eft que 307195 P. 2. Le degré du Cap eft encore plus grand que le degré » mefuré en Italie à la latitude de 47° 80 , & qui à été trouvé de » 307680, 6. Cependant il devroit être plus petit que tous ces degrés, fi la » terre étoit un folide régulier de révolution , formé de deux hémifphères » femblables. Tout nous porte à croire que cela n’eft pas. (Tome, # pag, 105 )». Il en conclud que le méridien terreftre eft une courbe à double courbure. « Les corps terreftres fitués fous l'équateur décrivent, en vertu de la rotation » dans chaque feconde de temps, un arc de 40" 1395 de la circonférence » de l’équateur terreftre. Les rayons de cet équateur étant de 19634778P. à » fort peu-près, le finus verfe de cet arc eft de 0?., 0389704. Pendant » une Enr , la pefanteur fair tomber les corps à l'équateur de 1 1P.23$85. » Ainfi la force centrale néceflaire pour retenir les corps à la fuface de la » terre, & par conféquent la force centrifuge due à fon mouvement de » rotation, eft à la pefanteur , à l'équateur , dans le rapport de 1 à 288,3. » la force centrifuge diminue la pefanreur , & les corps ne tombent à » l'équateur qu’en vertu de la différence des deux forces, En nommant donc a ————— ———————_— —— —————_—]-—_.————, (x) L'Auteur emploie les divifions du cercle en quatre cents parties. Tome IL Août, 1374. à ? 154 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE »” »” » » » » ” »” n » gravité la pefanteur entière qui auroit lieu fans la diminution qu'elle éprouve , la force centrifuge à l'équateur eft à fort peu-près de + de la gravité. Si la rotation de Ja terre étoit dix - fept fois plus rapide , l'arc décrit dans une feconde, à l'équateur, feroit dix-fepr fois plus grand , & fon finus verfe feroir deux cents quatre-vingt neuf fois plus confidérable. La force centrifuge feroit alors égale à la gravité , & les corps cefleroient de pefer fur la terre à l'équateur ». ( Pag. 263 ). » Pour expliquer le double mouvement de rotation & de tranflation de la terre, il fuffit de fuppofer qu’elle a reçue primitivement une impul- fion dont la direétion a paflée à une petite diftance de fon centre de gravité , diftance qui , dans l’hypothèfe de l'homogénéité de cette pla- nète , eft à-peu- près la cent foixantième partie de fon rayon ». ( Pag. 299 ) » « 11 eft infiniment peu problable que la projection primitive des plantes des fatellites & des comètes a paffée exaétement par leurs centres de gra- vité. Tous ces cops doivent donc tourner fur eux-mèmes. Par une raïfon femblable , le foleil qui tourne fur lui-mème doit avoir reçu une im- pulfon qui, n'ayant point paflée par fon centre de gravité , le tranfporte dans l’efpace avec le fyftème planétaire , à moins qu'une implufion dans le fens contraire n'ait anéanti ce mouvement ; ce qui n’eft pas vraifem- blable. » L'impulfon donnée à une fphère homogène , fuivant une direétion qui ne pale point par fon centre, la fait tourner conftamment autour du diamètre perpendiculaire au plan mené par fon centre, & par la direc- tion de la force imprimée, De nouvelles forces qui follicitent tous fes points , & dont la réfultante pafle par fon centre , n’altèrent point le parallélifme de fon axe de rotation. C’eft ain que l'axe de la terre refte toujours à-peu-près parallèle à lui-même dans fa révolution autour du foleil, fans qu'il foit néceffaire de fuppofer , avec Copernic , un mouve- ment annuel des pôles de la terre autour de ceux de l'écliprrique. » Si le corps a une figure quelconque , fon axe de rotation peut varier à chaque inftant. La recherche de ces variations, quelles que foient les formes qui agiffent fur le corps, eft le problème le plus intéreffant de la mécanique des corps durs , par fes rapports avec la précefion des équinoxes &z avec la libration de la lune. En le réfolvant , on à été conduir à ce réfultat curieux & très-urile, favoir, que dans tout corps il exifte trois axes perpendiculaires entr'eux , autour defquels 1l peut tourner unifor- mément quand il n’eit point follicité par des forces étrangères. Ces axes ont été pour cela nommés axes principaux de rotation. » Un corps ou un fyftème de corps pefant , de figure quelconque , ofcil- lant autour d’un axe fixe & horizontal, forme un pendule compofé. 11 n’en exifte point d'autre dans la nature, & les pendules fimples, dont ET D'HISTOIRE NATURELLE. 155 nous avons parlé ci-delfus , ne font que de pures conceptions géométriques, propres à fimplifier les objers. 11 eft facile d’y rapporter les pendules com- pofés, dont les points font fixément attachés enfemble, Si l’on multiplie la longueur du pendule fimple , dont les ofcillations font de même ‘durée , que celle du pendule compofé , par la malle entière de ce der- nier pendule & par la diftance de fon centre de gravité à l’axe d’ofcil- lation , le produit fera égal à la fomme des produits de chaque molé- cule du pendule compofé par le quarré de fa diftance au même axe. C'eft au moyen de cette règle trouvée par Huyphens, que les expériences fur les pendules compofés ont fait connoïtre la longueur du pendule fimple qui bar les fecondes ». L’Auteur entre dans d'aflez grands détails fur les atmofphères des aftres. « Dans tous les changemens que l’atmofphère éprouve, dit-il, PE] » ( Tom. 11, pag. 128), la fomme des produits des molécules du corps & de fon atmofphère, mulripliés refpeétivement par les aires que dé- crivent, autour de leur centre commun de gravité, leurs rayons rec- teurs projettés fur le plan de l'équateur, refte toujours la même en temps égal. En fuppofant donc que , par une caufe quelconque, l’at- mofphère vienne à fe refferrer, ou qu’une partie fe condenfe à la farface du corps, le mouvement de rotation du corps & de l’atmofphère en fera accéléré ; car les rayons reéteurs des aires décrites par les molécules de l’atmofphère primitive devenant plus petits, la fomme des produits de toutes les molécules par les aires correfpondantes, ne peuvent pas refter les mêmes, à moins que la vitefle de rotation n’augmente. « L’armofphère eft applatie vers fes pôles , & renflée à fon équateur. Mais cet applatifflement a des limites; &, dans le cas où il eft le plus grand, le rapport des axes des pôles & de l'équateur eft celui de deux à trois. « L’atmofphère ne peut s'étendre à l'équateur que jufqu’au point où la force centrifuge balance exaétement la pefanteur; relativement au foleil, ce point eft éloigné de fon centre du rayon de l’orbe d’une planète , qui fait fa révolution dans un temps égal à celui de la ro- tation du foleil. L’acmofphère folaire ne s'étend donc pas jufqu’à l’orbe de Mercure , &, par conféquent, elle ne produit point la lumière zo- diacale , qui paroït s'étendre même au-delà de l’orbe terreftre. » Le point où la force centrifuge balance la pefanteur, eft d'autant plus près du corps, que le mouvement de rotation eft plus rapide; en concevant que l’atmofphère s'étende jufqu’à cette limite , & qu’enfuire elle fe refferre & fe condenfe par le refroidiffement à la furface du corps, le mouvement de rotation deviendra de plus en plus rapide , & la plus grande limite de l’atmofphère fe rapprochera fans ceffe de fon centre. L’atmofphère abandonnera donc fucceflivement, dans le plan de fon équa- teur, des zones fluides, qui contjnueront de circuler autour du corps , VE : 156 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE puifque leur force centrifuge eft égale à leur pefanteur, Mais certe égalité n'ayant point lieu, relativement aux molécules de l’armofphère éloignées de Féquateur , elles ne ceferont point de lui appartenir. Il eft vraifemblable ue les anneaux de Saturne font des zones femblables , abandonnés par ên atmofphère ». (Tom. 11, pag. 125 ). « Puifque les mouvemens des planètes & de leurs farellites s’exécutent à-peu-près fur le même plan , il faut fuppofer une caufe qui ait agi fur tous ces corps ; &, vu la diftance prodipieufe qui les fépare , elle ne peut avoir été qu’un fluide d'une immenfe étendue. Pour leur avoir donné, dans le mème fens, un mouvement prefque circulaire autour du foleil, il faut que ce fluide ait environné cet aftre comme une at- mofphère, La confidération. des mouvemens planétaires nous conduit donc à penfer, qu'en vertu d’une chaleur exceflive, l’atmofphère du foleil s’eft primitivement étendue au-delà des orbes de toutes les planètes, & qu'elle s’eft refferrée fucceflivement jufqu’à fes limites actuelles ; ce qui peut avoir eu lieu par des caufes femblables à celle qui fit briller du plus vif éclat, pendant plufieurs mois , la fameufe étoile que l'on vit tout-à-coup en 1572 dans la conftellation de Cafliopée ». » La grande excentricité des orbes des comètes, conduit au même réfultat; elle indique évidemment la difpoftion d'un grand nombre d'orbes moins excentriques ; ce qui fuppofe autour du foleil une at- mofpère qui s’eft étendue au-delà du périhélie des comètes obfervables, & qui, en détruifant les mouvemens de celles qui l'ont traverfée pen- dant la durée de fa grande étendue , les a réunis au foleil. Alors on vois qu'il ne doit exifter préfentement que les comètes qui étoient au-delà dans cet intervalle. Et comme nous ne pouvons obferver que celles qui approchent affez près du foleil dans leur périhélie, leurs orbes doivent etre fort excentriques. Mais en mème-tempsen voit que leurs inclinaifons doivent offrir les mêmes inégalités que fi Ces corps avoienr été lancés au hafard , puifque l’atmofphère folaire n’a point influé fur leurs mouvemens. Ainf la longue durée des révolutions des comètes , la grande excentricité de leurs orbes, & la variété de leurs inclinaifons s'expliquent très-natu- rellement au moyen de cette afmofphère, : » Mais comment ont été déterminé les mouvemens de révolution ou de rotation des planètes ? Si ces corps avoient pénétré dans ce fluide , fa réfiftance les auroit fait tomber fur le foleil. On peut donc conjeéturer qu'ils ont été formés aux limites fucceflives de certe afimofphère par la condenfation des zones qu’elle. a dû abandonner dans le plan de fon équateur en fe refroidiffant & fe condenfant à la furface de cet aftre. On peut conjeéturer encore que les farellites ont été formés d’une manière femblable par les atmofphères des planètes. Les cinq phénomènes ex- pofés ci-deflus découlent naturellement de ces hypothèfes , auxquelles _ E. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 157 » les anneaux de Saturne ajoutent un nouveau degré de vraifemblance ». (Tome IT , pag. 301 }. Ces cinq phénomènes font : 1°. le mouvement des planètes dans le mème fens, & à-peu-près dans le même plan ; 2°. les mouvemens des fatellires dans le mème Éos que ceux des planètes ; 3°. les mouvemens de rotation de ces différens corps & du foleil dans le même fens que leur mouvement de projection, & dans des plans peu différens; 5°. enfin, la grande excen- tricité des orbes des comètes. Cette grande excentricité des comètes & leurs mouvemens en toutes fortes de directions , paroïffent à l’Auteur une raifon pour dire que leur origine eft différente de celle des planètes. 11 examine enfuite la probabilité qu'il peut y avoir qu'un comète rencontre le globe terreftre & ne le bou- leverfe. Voici ce qu'il en dit (rom. 11 , ag. Go \:« Aux frayeurs qu'infpiroit » alors l'apparition des comètes , a fuccédé la crainte que, dans le grand » nombre de celles qui traverfeut dans tous les fens le fyftème planéraire, » l’une d'elles ne bouleverfe la terre. Elles paflent ft rapidement près de » nous , que l’effec de leur attraëtion n’eft point à redouter. Ce n’eft qu’en » choquant la terre qu’elles peuvent y produire de funftes ravages. Mais ce » choc , quoique poflible , eft fi peu vraifemblable dans le cours d’un fiècle , » il faudroit un hafard fi extraordinaire pour la rencontre de deux corps » aufli petits relativement à l’immenfité de l’efpace dans lequel ils fe # meuvent, que l'on ne peut concevoir à cet égard aucune crainte raifon- » nable. Cependant la petite probabilité d’une pareille rencontre peut , en » s’accumulant dans une lonoue fuite de fiècles, devenir très-grande, 11 » eft facile de fe repréfenter les effets de ce choc fur la terre. L'axe & le » mouvement de rotation changés , les mers abandonnent leur ancienne » pofition pour fe précipiter dans le nouvel équateur : une grande partie » des hommes & des animaux noyée dans ce déluge univerfel, où détruire » par la violente fecoufle imprimée au globe terreltre ; des efpèces entières » anéanties ; tous les monumens de l’induftrie humaine rénverfés : tels » font les défaftres que le choc d’une comète à pu produire. On voit alors » pourquoi l'Océan a recouvert de hautes montagnes, fur lefquelles il a » Jaïflé des marques inconteftables de fon féiour ; on voit comment les » plantes & Îles animaux du Midi ont pu exifter dans les climats du » Nord, où l’on retrouve leurs dépouilles & leurs empreintes ; enfin on » explique la nouveauté du nionde moral , dont les mouvemens ne re- » montent guère au-delà de trois mille ans. L’efpèce humaine réduire à » un très petit nombre d'individus , & à l’érat le plus déplorable, unique- » ment occupée pendant très-long-remps du foin de fe conferver , a dû perdre entièrement le fouvenir des fciences & des arts; & quand les progrès de la civilifation en eut fait fentir de nouveau les befoins, il à » ÿ = ÿ 158 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE » fallu tout recommencer , comme fi les hommes euffent été placés nou- » vellement fur la terre. Quoi qu'ilen foic de cette caufe aflignée par » quelques Philofophes à ces phénomènes, je le répète , on doit être par- » fairement rafluré fur un aufli terrible évènement pendant le court in- » tervalle de la vie ». Nous regretrons de ne pouvoir faire connoïre plus en détail cer ouvrroe. Mais les talens de l'Aureur font trop connus pour qu'on ne foit pas em- prellé de le lire. . u v Voyages dans les deux Siciles & dans quelques parties des Apennins , par l’Abbé LAZARE SPALLANZAN1, Profeffeur royal d’Hifloire aaturelle dans l’Univerfité de Pavie , & Surinrendant du Mufée impérial de certe ville ; Membre des Académies de, Londres , de Prüffe, de Srockolm , de Gottingue, de Hollande, de Lyon, de Bologne, de Turin, de Padoue ; de la Société des Curieux de la Nature d’Allé- magne & de Berlin, de la Société Italienne , de la Societé d’Hiftoire naturelle de Genève, & Correfpondant des Académies des Sciences de Paris & de Monipellier ; waduits en François , 3 vol. in-8°. avec fig. À Berne , chez Emmanuel Haller , Libraire. 1795 & 1796. Nous n'avons encore que trois volumes de ces Voyages de Spallanzant , commencés en 1788. Cette traduction eft faite par Senebier , qui y a joint des Réflexions générales fur les Volcans ; pour fervir d'introduttion. Nous ferons connoître plus en détail cet ouvrage intéreffant , qui fera compofé de fix volumes. Voyages dans-les Alpes , précédés d’un Effai fur l’Hifloire naturelle des environs de Genève ; par HorAcEs Benepicr pe SAUSSURE, Pro- fefleur Emerice de Philofophie de l’Académie de Genève , & Membre de plufieurs autres Académies. Tomes III & IV , in-4°., & V, VI, VII & VII, in-8°. À Neufchâtel, chez Louis Fauche-Borel , Imprimeur du Roi, 1796. j Les deux premiers volumes de cet ouvrage font trop connus des Savans pour qu'ils ne s’empreffent pas de lire ceux-ci. Nous les ferons connoître plus en détail. Le dernier volume contient un Agenda , ou Tableau général des Obfer- vations & des Recherches donc les réfultats doivent fervir de bafe à la Théorie de la terre. Cet Agenda eft réimprimé à part. L’Auteur y traite toutes les queftions relatives à la théorie de la terre , comme je l'ai fait dans mon Ouvrage. Nous ferons connoître cet ouvrage intéreffant plus en détail. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 159 Voyages en Angleterre, en Ecoffe ;.aux Îles Hébrides ; ayant pour objer les Sciences, les Arts, l'Hifloire naturelle & les Mœurs, avec la def= cription Minéralogique du pays de Newcaflle , des montagnes du Derbyshire , des environs d’Edimbourg , de Glafgow , de Perts, de St-Andrews, du duché d’Inverary Ë de la grotte de Fingal , avec figures! ; par B. FAuyAs-SAiNT-FonD. 2 vol. in-8°. À Paris, chez L. J. Jauffen , Imprimeur-Libraire , rue des Saint-Pères, n°. 119$ , fauxbours St.-Germain, 1797. Ces voyages intéreffent toutes les claffes de Lecteurs , mais particulière- ment les Minéralogiftes. On fair que l’Auteur a été un des premiers qui ait bien décrit les volcans des Cévennes. Ainfi nous fommes fürs qu'il n’aura pas décrit avec moins d’exactirude ceux d’Ecoffe. Nous ferons connoître cet ouvrage intéreffant plus en détail. Théorie de la terre ; par JEAN-Craune DELAMÉTHRIE. Sed quibus ille modis conjeëlus materiaï , Funderit cœlum ac terram, pontique profunda , s + + + + + Ex ordine ponam. Lucret. Lib. V. Verf. 397. Seconde édition , confidérablement augmentée. $ vol. in-8°. A Paris, chez Maradan , Libraire, rue du Cimetière- André-des-Arts , n°, 0. La première édition de cet ouvrage a été épuifée avec une promptitude que j'attribue particulièrement à l'intérêt que le fujer infpire. Les deux premiers volumes traitent uniquement de la Minéralogie. Le troifième contient des principes généraux de Cofmogonie & de Géologie. - E: les deux derniers font tous confacrés à l'explication détaillée de tous les phénomènes géologiques, x6o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, : L RAT Lin ee ete: ART: 0: ue © DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. S UITE du Mémoire pour fervir d'explication à la diffribution mé- chodique de tous les : produits volcaniques -; par. DéopaT- DoroMIïEu, Page 81 2 Mémoire fur l'écoulement Eletrique des fluides dans les vaiffeaux capil- laires ; par le Médecin CARMOY, de Parai, 106 Rapport fur les divers moyens d'extraire avec avantage le Sel de foude du fel marin ; par LELIÈVRE ; PELLETIER , D'ARCET & Giroun, 118 Mémoire contenant quelques réfultats &: l'aëtlion du froid fur les Huiles volatiles, & examen des Concrétions trouvées dans plufieurs de ces huiles ; par M'AGNERON, Pharmacien , 135 Analyfe d'un Oxide de nikel endurci ; par GMELIN, 142 Infiruëlion fur un nouveau Dec pour le raffinage du Salpétre ; par J. P. CnarrTaAL, J. P, CHamryéBonjJour, 146 Nouvelles littéraires , 153 DA 1794. Pa Ya ! Le Su 2 a LUN RAR « agen nm 23 pue ‘ ‘ ge 54 . h ROURN' AL DE PHYSIQUE, D'ENCH,Y-MI E ET D'HISTOIRE-NATURELLE. s © SEPTEMBRE, 1794. RAP P'OUR:E , SUR la fabrication des Savons , fur leurs différentes efpèces, ‘ füivant la nature des huiles & des alkalis qu'on emploie pour les fabriquer ; & fur les moyens d’en préparer par tout, avec les diverfes matières huileufès & alkalines que la Nature préfence , füuivant les localurés. Par »'ARcET, LELIÈVRE 6 PELLETIER, vie 1R, les huiles ou les graiffes avec les divers alkalis, tel eft le but que l’on fe propofe dans la fabrication des favons. Les réfulcats que l’on obtient de ces combinaifons varient , non-feulement fuivant la nature des huiles, mais encore fuivant celle des alkalis ; delà les différentes efpèces de favons, que l'on difingue particulièrement en favons fo'ides & en favons mols: c’eft en général avec la foude que l’on prépare les favons folides , ceux dont AE fert dans les favonnages domeftiques , & c’eft avec la potalle que fe fabriquent les favons en pâte ou mols, dont les Fou- lons, les Dégraiffeurs, &c., font une grande confommation. Les découvertes modernes ont fait connoître que l'ammoniac, la plupart des terres , les oxides métalliques, & les divers acides pouvoient, par des moyens appropriés , être unis aux huiles & aux graifles : ces nouvelles combinaifons font de mème défignées fous le nom générique de favons, Javon d'ammoniac , favons terreux , favons metalliques & favons acides : leurs propriétés ne font pas encore bien déterminées , mais il eft probable que plufeurs d’entreux en ont de particulières , dont différens arts Tome II. SEPTEMBRE , 1794. X . 4 : Le D 162 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE, « pourront uu jour tirer parti, Les huiles volatiles ou effentielles peuvent, de même, être unies aux divers alkalis, & ces combinaïfons offrent un nouveau genre de favons auxquels on a donné le nom de /avonnules. La foude , la potafle , la chaux, les huiles & les graifles , font les prin- cipales fubftances que l’on emploie dans la fabrication des favons; nous avons cru devoir en parler dans ce rapport , afin de lui donner une utilité plus générale. C'eft dans les mêmes vues que nous dirons un mot de l'atelier du Savonnier. De la Soude. La foude, comme nous l'avons déjà dir, eft le fel alkali que l'on doit employer pour préparer le favon folide. La fubftance , connue dans le commerce fous le nom de foude , n’eft propre à la fabrication des favons, qu’en raifon du fel alkali qu’elle contient. L'on diftingue diverfes efpèces de foude , & les meilleures font celles qui font les plus riches en alkali ; les plus eftimées font celles qui nous viennent d’Alicante, celles de Car- thagène tiennent le deuxième rang ; auffi l’une & l’autre font-elles les plus recherchées. La plante qui ; par fon incinération fournit la foude , eft connue en Efpagne fous le nom de Barille ; on l'y cultive avec grand foin , & il eft expreffément défendu d’en exporter de la graine, On nous apporte encore de Catalogne, d’Efpagne & de plufieurs autres endroits, une foude inférieure connue fous le nom de Bourde ou de Salicote ; elle .eft préparée avec diverfes plantes maritimes non cultivées. Chaptal s’eft affuré que l’on peut élever la barille far nos bords de la Méditerrannée; il eft à defirer que cette culture y foit encouragée. La plante connue fous le nom de Salicor eft cultivée fur les bords des étangs du ci- devant Languedoc & de la ci - devant Province; elle y eft incinérée comme left la barille en Efpagne, & la foude qu'elle produit eft d’aflez bonne qualité. L'on à foin aufli d'y ramaffer, fur les bords de la mer, toutes les plantes qui y croiffent fans cukure , & elles fervent à préparer une foude inférieure qui : dans le pays, eft connue fous le nom de Blanquette. Les foudes qui nous viennent de Cherboure , & celles que l’on prépare fur les côtes de là Manche font de qualité inférieure; on y brûle le varec & différentes efpèces de fucus, appellés vulgairement Goëmon ; & on en ob- tient une foude de varec qui eft la plus mauvaife de toutes : on n’y trouve préfque point d’alkali; maïs aufi elle contient du fulfate de foude , duquel on pourra maintenant féparer Ja foude par les procédés qui viennent d’être publiés. = La Sicile nous fournit auffi de la foude. Nous retirons encore de Tripoli de Syrie , de Saint-Jean d'Acre , des | 4 Pa A EN ET D'HISTOIRE NATURELLE. 164 cendres alkalines, que l'on nomme cendres du Levant ; elles font le produic de l’incinération d'une plante que les Arabes appellent Roquerte : les Sa- vonniers de Maïfeille emploient dans la fabrication du favon, Ces cen- dres , connues auffi fous le nom de Roquette, contiennent de la foude, (a/Kali minéral) ; on n'en trouve point ailleurs qu'à Marfeille, parce que C'eft-la qu'elles arrivent, & elles font aufli-tôt vendues aux fabricans de favon de ce pays. Le narron , qui nous vient d'Egypte, peut encore être employé avec avantage dans la fabrication des favons: c’eft un mélange de carbonate de foude & d’une petite quantité de muriate de foude ; l'entrée en France en avoir été défendue : nous ignorons pour quels motifs. L'on à trouvé depuis peu des efflorefcences falines en abondance fur les murs des caves & lieux bas des bâtimens neufs de Dieppe, de Fécamp & du Hâvre ; leur analyfe les à fait reconnoître pour du carbonate de foude, IL n’eft pas douteux qu'il ne fe produife de pareilles efflorefcences dans beaucoup d’autres endroits ; il eft important de les recueillir ; & fi l’on peut s’en procurer en quantité , on pourra les employer à la fabrication du favon, Nous avons enfin beaucoup à efpérer des procédés qu'on vient de pu- blier pour la décompofition du muriate de fuude : il eft à defirer qu’il fe forme promptement des établiffemens où l’on s'occupe de ce travail, afin de mettre la France à même de fe paffer de la foude que l'étranger nous a fournie jufqu’à ce jour. La foude que l’on retire du fel marin eft très-propre à la faponification des huiles : nous le ferons remarquer plus particulière- ment dans la fuite de ce rapport. De la Potaffe. L'on ne prépare , avec la potafle, que des favons en pâte. Ce fel nous vient d'Amérique , de Pologne , d'Allemagne , de Mofcovie & de Dant- eick : l’on en prépare aufli dans plufeurs endroits de la France. Tout le monde fait aujourd’hui que la poraffe eft le fel alkali que l'on retire de la leffive des cendres des végétaux , évaporée à ficcité, & que l’on calcine lé- gèrement pour l'avoir plus blanc. Quelques ouvrages indiquent la poraffe pour faire des favons folides , mais ils lui affocienr d’autres fubftances, qui contribuent à donner de la fo- lidité aux favons : nous aurons occafon de le faire obferver , en rapportant les expériences que nous avons faites à ce fujer. De la Chaux. La chaux eft indifpenfable dans la fabrication des favons ; ce n’eft pas qu'elle devienne une de leurs parties conftituantes, comme l’on a été très- X 2 \ 164 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE long-temps à le croire , elle ne ferc qu'à s'approprier les alkalis, pour les difpofer à agir fur les huiles &c à les faponifier. Les alkalis ( rels que nous les avons dans l'état le plus ordinaire , foit le fel'de foude que l'on a retiré des leflives de foude , ou bien la potaffe , telle qu'on l'obrient des leflives des cendres des végétaux , } font faturés prefqu’en toralité d'acide carbonique ; dans cet état , ils n'ont prefque point d'action fur les huiles; mais en les traitant avec la chaux, celle-ci, qui a plus d'affinité avec l'acide carbonique que n'ont les alkalis, leur enlève conféquemment celui qu'ils contenoient; les alkalis reflent enfuite dans cet état que l’on connoiffoit fous le nom d’alkli cauftique ; étant abfolument privés d'acide carbonique, ils doivent alors être regardés comme des alkalis purs : c'eft dans cet état qu'ils ont une grande aétion fur les fubftances ani- males & fur les huiles. La chaux ne fert donc qu'à amener les alkalis à l’état de pureté, en leur enlevant l'acide carbonique qu'ils contenoient, Ainf, fi lon pouvoit fe procurer à bon marché une autre fubftance qui, comme la chaux , eût la propriété de priver les alkalis d'acide carbonique , il n’eft point douteux qu'on ne püt la lui fubftituer dans fa préparation des lives alkalines propres à la fabrication du favon. Les fabriques de favon doivent donc s’approvifonner d’une certaine quan- tité de chaux; mais comme celle-ci perd de fa bonté en reftant expofée quelque temps à l'air, l'on doit avoir l'attention de la conferver , autant qual eft poffible , dans des vaiffeaux clos, & lorfqu'une fabrique de favon fe trouvera à proximité d’un four à chaux , elle trouvera de l'avantage à n'employer que de la chaux récemment calcinée. Des Huiles. De toutes les huiles par expreflion , celle qui eft la plus propre à faire du favon folide , eft l'huile d'olive ; les favons que l’on fait avec les autres huiles, font de qualité inférieure , ils font plus ou moins pateux. La fupé- riorité des favons de France tient effentiellement à ce que l’on n’employoit dans leur fabrication que de l'huile d'olive. Ce n’eit point à Fhuile la plus fine, l'huile vierge, que les Savonniers de Marfcille donnent la préfé- rence ; ils choififfent au contraire l'huile que l’on fépare des olives par un fecond travail, & dont , par une première expreflion , l’on a retiré l'huile vierge. Cerre huile eft connue dans le commerce fous le nom d’Auile com- mune , d'huile d'enfer, d'huile de teinture : elle eft plus épaille que la première ; fon prix eft moins confidérable; & , comme l'ont obfervé les Savonniers , elle {e faponiñe avec une grande facilité. On peut également faire d’excellent favon avec l'huile fine d'olive ; mais celle-ci fe vendant beaucoup plus cher , les.Savonniers ne uwouveroient point de bénéfice à \ UT A _ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 16$ lemployer; ils prétendent même qu'elle ne fe fipofinie‘point fi facilement que l'huile commune. 2 L'huile d'olive fine eft recherchée & confervée pour la préparation de nos alimens ; mais comme par la vétufté elle devient épaille , âcre & rance , elle n’eft plus alors bonne à manger : dans cet état elle convient aux Savon- niers, & 1ls en font de bon favon. En Allemagne & en Angleterre, où on n’a pas d'huile d'olive, l’on pré- pare le favon avec le fuif, la graifle , &c. Les favons faits avec ces corps gras ont toujours une odeur particulière , laquelle fe communique aux ob- jets que l’on favonne avec ; delà vient que pour les favonnages domeftiques l’on aime mieux le favon d’huile d'olive dont l'odeur eft agréable. On ne peut cependant difconvenir que les graïffes animales ne fe faponifient très- bien , & après l'huile d'olive, ce font elles qui, à notre avis , donnent le meilleur favon folide. L'on verra dans la fuite de notre rapport , que les favons faits avec les huiles de graine font inférieurs à ceux préparés avec les graifles animales. On fait auffi du favon avec l'huile de poiffon , foit feule, ou mélangée à d’autres huiles; mais ces favons confervent une odeur défagréable, de ma- nière qu'on ne fauroit les employer au blanchiffage journalier du linge de ménage ; mais ils peuvent fervir à blanchir des toiles que l’on étendroit enfuite quelques jours fur le pré : ils peuvent encore fervir pour fouler les draps , &c. De l'Atelier du LOTS Après avoir indiqué les principales fubftances néceffaires dans la fabri- cation des favons, nous croyons ellentiel de faire connoïtre comment il con- vient de monter l'atelier du Savonnier, Trois fortes d’appareils y deviennent indifpenfables. 15. Des cuviers ou bugadières , vaifleaux propres à couler les leffives. 2°. Des chaudières ou vaifleaux deftinés à la cuite du faivon. 3°. Des mifes, ou vaifleaux deftinés à y couler le favon lorfqu'il eft fait. Des Cuviers ou Bi:gadières. Les bugadières ou vaiffeaux propres à couler les leflives , varient fuivant la force de l'érabliffement. Dans une petite fabrique , les bugadières font le plus ordinairement des cuviers en bois blanc, cerclés en fer & pofés ifolément fur des tréteaux avec un baquet au-deffous, & ou bin montés fur des chantiers à la ma- nière dont les Salpétriers difpofent leurs tonneaux pour lefliver les terres falpétrées; ces cuviers fonc percés à leur partie inférieure pour faciliter 166 JOURNAL DE PHYSIQUÉ , DE CHIMIË l'écoulement de la leffive; & afin de l'arrêter à volonté, on y adapte un robinet en bois. On difpole plufeurs cuviers fur la même ligne, & on ménage au-deffus des tuyaux qui y apportent de l’eau pure : cette difpofition rend le travail du leflivage bien plus aifée. L'on pratique encore au-deffous & fur le devant des cuviers un canal qui reçoit la leflive à mefure qu’elle coule ; & d’où , à volonté , elle eft conduite dans tel ou tel réfervoir, fui- vant qu'il eft deftiné à recevoir la première , la feconde ou troilième lefive. Dans les grandes fabriques , les bugadières font conftruites à chaux & À iment , avec des briques de plat , ayant chacune à-peu-près cinq pieds en quarré & environ quatre pieds & demi de hauteur ; à leur partie infé- rieure font des robinets en bois que lon ouvre fuivant la nature de la kflive que l’on coule , & pour la recevoir , l'on pratique en terre , au- deffous des cuviers , un réfervoir , lequel eft divifé afin de conferver fépa- rément les différentes leflives. Des Chaudières. Les chaudières que l'on établit dans les Savonneries font d’une conftruc- tion particulière ; les fonds feulement font en métal, & elles font terminées en briques avec un enduit en ciment. L'on ménage à ces fonds, qui font ordinairement en cuivre ou en tôle de Suède , & d’une forme courbe , des bords ou anfes qui font renverfés en-dehors & applatis comme les bords d'un chapeau, de manière que lorfque ces fonds font pofés fur les four- neaux, les bords ou anfes portent d’un bon demi-pied fur les murs des briques qui font le fourneau , & ces bords font enfuite recouverts par des briques qui forment le ceintre & le complément de la chaudière. Par cette difpofition , les anfes des fonds font noyées dans la maçonnerie; & la chaudière , dont la partie fupérieure eft en briques , fe trouve parfaitement folide. Comme, d’après ce genre de conftruction , les chaudières ne peu- vent être chauffées que par le fond , quelques perfonnes ont penfé que fi elles étoient totalement en cuivre , l’on pourroit difpofer le fourneaw de manière à ce que la chaleur circulât tout autour de la chaudière, ce qui produiroit une grande économie dans le combuftible : mais n’y a-t-il point des con- fidérations plus fortes qui ont déterminé les Savonniers à donner la préférence au genre de chaudières qu’ils ont adopté? C’eft du moins ce que nous pen- fons d’après les réflexions fuivantes. Premièrement. Lorfqu'on tient fur le feu des huiles, ou des graifles dans des baflines de cuivre, ces fubftances attaquent le cuivre de la baf- fine, dans les parties qui fe trouvent en contact avec l'air, c’eft-à-dire vers les bords de la bafline , & la portion du verd-de-oris qui fe forme ne laïffe pas que d'être confidérable : ainf lorfque l'on ke du favon dans . 14 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 16 des baflines qui font en totalité en cuivre , l’on ne peut éviter le verd- de-oris ; fur-tout fi l'on emploie des huiles rances, &c., & ce verd-de-gris qui refte dans le favon , lui donne une teinte plus ou moins forte, qui ne plaît point à ceux qui le confomment. Cet inconvénient n’a pas lieu lorfque la partie fupérieure de la chaudière eft en briques. Deuxièmement. Si le feu circuloit tout autour de la chaudière où l’on fa- brique le favon , il pourroit bien arriver que l’on donneroït quelquefois un degré de chalear trop fort fur la fin de l'opération, c'eft-à - dire, lorfque le favon eft cuit; car alors il adhère facilement à la chaudière ; mais cet inconvémient ne peut avoir lieu dans celle dont il n’y a que le fonds qui reçoive immédiatement la chaleur, parce que dans cette partie, il fe trouve prefque toujours un peu de leflive qui fert comme de bain- marie au favon qui la furnage. Ces deux confidérations peuvent bien avoir déterminé les favonniers en faveur de la chaudière dont ils font ufage. Les favonniers pratiquent encore au fond de leurs chaudières un tuyau de deux pouces & demie de diamètre , dont ils fe fervent pour féparer les lefives épuifées qui fe réuniffent au fond de la chaudière au-deflous du favon : ils nomment ce tuyau /’épine. Si l'on avoit à cuire du favon dans une chaudière qui ne feroit point pourvue d’une épine , alors on fépa- reroit les liqueurs épuifées à la faveur d’un fyphon fait en fer-blanc ou en tôle: Des mifes. Les mifes font les vaiffeaux dans lefquels on coule du favon , lorfqu'il eft cuir. Ces mifes fe conftruifent de diverfes manières, fuivant les lo- calités, & felon l'idée du fabricant. Les mifes les plus ordinaires font de grandes & fortes caiffes faites de planches ajuftées dans des membrures aflujéties par des clefs de bois. Ces caifles font placées fur de fortes plates- formes, de manière que la leflive qui s’en écoule puiffe être recueillie dans un réfervoir. Il y a de ces mifes qui peuvent recevoir jufqu’à deux milliers de favon; quelques favonniers préfèrent des’ mifes plus petites ; ils en mulüplient alors le nombre. La planche du devant des mifes eft à couliffe, de manière à pouvoir être retirée à volonté, Les mifes peuvent aufli fe faire d’une ou plufeurs dalles de pierre, creufées fuivant l’épaiffeur que l’on veut donner à la brique de favon, & le devant de ces mifes eft de mème fermé par une planche à couliffe Qui s’y adapte , à la faveur d’une rainure qui y eft ménagée pour la recevoir. Il y a auffi des fabriques où les mifes font difpofées immédiatement fur le fl de l'atelier. L'on place horizontalement de petites dalles, que Von rapproche & aflujétit au ciment; on les encaiffe enfuite par quaue e- A de. t dt} bout NOT Elias le sua 4 168 JOURNAI DE PHYSIQUE, DE CHIMIF; planches , que l’on foutient par de petits pieux : la planche de devant elt de mème à couliffe, afin d'avoir la facilité de retirer le favon. En général, les mifes doivent être placés dans l’arelier où l’on cuit le favon; & fi fon étendue ne le permerroit pas, il faudroit faire enforte de ne les en éloigner que le moins poffible, 1) faut aufi, avant de couler les favons dans les mifes , avoir l’at- tention de meurtre chaque fois, au fond de chacune d’elles, une perire couche de chaux en poudre , que l’on applaait parfaitement à la faveur d’une batte. Cette précaution eft néceflaire pour que le favon n’adhère point aux mifes , & pour qu'on puilfe l’en retirer avec facilité. Des divers uflenfiles néceffaires dans l’atelier du Savonnier L’atrelier du favonnier doit être pourvu de quelques uftenfiles néceffaires à leurs travaux , rels que des aréomètres, pour dérerminer le degré de force des leflives, des rouables ou redevables pour rermuer le favon , des truëles, des pelles, des malles de fer pour caller la foude, des morriers de fer, des règles pour tracer la divifion du favon, des couteaux très- minces pour couper le favon; enfin, divers autres inftrumens que l’ar- tifte ingénieux faura difpofer pour rendre fon ‘travail plus fimple & plus facile. On concevra de même que dans une fabrique bien ordonnée, on doit y ménager un local bien aéré, que l’on difpofera pour y apporter les briques de favon que l'on fort des mifes, & qui ont befoin de refter quelque temps à l’air pour acquéir de la folidité. L'on doit encore difpofer des emplacemens pour fervir de dépôt aux huiles, aux foudes & au favon fabriqué. Toutes ces diftributions enfin doivent être faites avec'inrellisence & fuivant que le terrain & les bâti- mens de la fabrique pourront le permettre, De la maniere de préparer les Lefjives. Avant de procéder à la lefive de la foude , il convient de la pulvérifer; on commence donc par la cafler avec une mafle de fer, & enfuite on la pile dans des moïtiers de fer; mais dans les grandes fibiiques, on trouve plus expéditif de l’écrafer fur une pierre noire & dure, à l’aide d’une malle de fer plar. On ne la réduit point en poudre fine; on fe contente d’une divifion à-peu près égale à la groffeur de gros grains de fable, ou à celle de petites avelines. Il eft aufi néceffaire de connoître la quantité d'huile que l’on doit fa- ponifier , pour déterminer les quantités refpectives de foude & de chaux ae 4 ÉT D'HISTOIRE NATURELLE: . 16$ que l’on doit mettre en leflive ; ainf , fi l’on compte préparer mille livres de favon , on peut obferver les proportions fuivantes : Six cents livres , huile d’olive, Cinq cents livres, foude de bonne qualité, % Cent livres, chaux vive. Ces quantités pourront ètre multipliées, felon que l’on voudra pré- parer une quantité de favon plus ,confidérable. La foude étant puvérifée, comme nous venons de le dire ; 11 faudra arro- fer la chaux avec une petite quantité d’eau; elle ne tardera pas à s’échauffer, fi elle eft bonne ; elle fe délirera & fe réduira en poudre. On la pallera alors à travers un crible , & on la mélangera , à la pelle, avec la foude ; on mettra enfuite ce mélange dans un cuvier (ou bugadière ) , au fond duquel on placera quelques tuileaux pour faciliter l'écoulement de la lef- five; l’on verfera fur le tout une certaine quantité d’eau, de manière que le mélange foit bien imbibé & recouvert de trois ou quatre travers de doigr; & lorfque l’eau y aura féjourné quelques heures , on ouvrira le robinet prariqué à la partie inférieure du cuvier , on recueillera avec foin la leffive qui en découler : elle fera âcre & cauftique. On la nomme première lej- Jive. Un œuf frais ne doit point s’y enfoncer ; mais on en déterminera bien plus sûrement le degré de force , à la faveur d’un aréomètre pour les fels. Cette première leffive donne , au pèfe-liqueur , de 18 à-25 degrés. On doit la conferver dans un vafe féparé. - Lorfque la leflive cellera de couler, on fermera le robinet, on verfera fur le mélange une nouvelle quantité d’eau , & au bout de quelques heures on ouvrira le robinet ; il en découlera une feconde léflive moins forte que la première , mais qui donnera encore à l’aréomètre de 10 à 15 degrés: c’eft la /ecorde leffive que l’on confervera de même féparément. Dans ce deuxième coulage, les premières portions de leflive qui couleront feront prefqu’aufi fortes que la première leflive ; on pourra donc les y réunir. On verfera encore de nouvelle eau fur le cuvier , & on en-extraira une troifième leflive bien moins forte que les deux premières , puifqu’elle ne donne que de 4 à 8 degrés à l'aréomètre: c’eft la croifième leflive, que l’on mettra de mème dans un vafe féparément. Enfin , pour épuifer la foude de la totalité de la fubftance alkaline , on verfera deflus de nouvelle eau, & la foible leflive qui en découlera fera mife à part pour un nouveau travail de leflivage. La foude doit fe trouver enfuite parfaitement .épuifée : on la retire du cuvier , on s’en ferc fous le nom de charrée pour fertilifer les prairies. humides, FRERES L’aréomètre, ou pèfe-liqueur , eft donc un inftrument dont on ne peur £e paffer dans la préparation des leflives. Tome II SEPTEMBRE , 1774. > 4 139 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE I ya des Savonniers qui emploient, relativement à la foude, plus de chaux que nous n’avons indiqué ; certains, par exemple , en ajoutent une partie fur deux de foude; d’autres, fur une , trois; mais, il y en a auf qui en admettent moins, puifque leur proportion eft d'une partie de chaux fur fix de foude, Nous penfons que lorfque la chaux eft bonne , un cin- quième fuffit pour rendre la foude fufhfamment cauftique ; mais fi la chaux fe trouve mal calcinée , où anciennement faite , l'on peut en mettre une plus forte dofe , car un excès ne peut jamais nuire à la bonté de la leflive cauftique. Lorfque l’alkali fe trouve privé d’acide car- bonique , pat une quantité de chaux proportionnée , l'excédent qu'on pourroit mettre n’augmente point fa caufticité : elle ne fait donc que nuire dans le leflivage, en augmentant la quantité de matière à lefliver, & en la rendant plus pâteufe : elle a d’ailleurs une valeur, & dans un cours de fa- brique il importe de ne point faire de dépenfes inutiles. à De lu cuire & confeëlion du Savon. Nous avons déjà dit que fix cents livres d'huile éroïent néceffaires pour préparer mille livres de favon ; nous avons aufli, en indiquant la manière de préparer les leflives ; déterminé les quantités de foude & de chaux néceffaires pour faponifer fix cents livres d’huile ; mais comme le favon ne s'obtient que par la combinaifon de l’huile avec l'alkali contenu dans les lefives , 1l faut que celles-ci foient prêtes avant d'entreprendre la cuite du favon. Les léfives étant donc terminées , l'on mettra l'huile dans la chaudière ( nous en avons donné la defcription ) ; l’on y introduira une portion de la troifième lefive, é’eft-à-dire de celle qui eft la plus foible , & on fera du feu fous la chaudière ; l’on agitera le mélange avec un redable en bois, afin de faciliter la combinaifon de l'huile & de la lefive alkaline. Le degré de feu doit étre'aflez fort pour faire bouillir le mélange ;'& on l’entretiendra toujours au mème degré ; en ajoutant de remps ‘en temps & en différentes parties le refte de la troifième leflive ; lorfque celle-ci fera confommée, on fé {érvira de la deuxième leflive, que l’on introduira également, par par- ties , dans la chaudière, & avec l'attention d’agiter foigneufement le mé- lange; l'huile commencera par devenir laiteufe , elle s'unira parfaitement à la leflive , & après quelques heures de cuiffon , on s’appercevra que le mélange devient plus lié, & qu’il acquiert de la confiftance ; on ajoutera alors une petite portion de là première leflive , & on continuera de remuer avec vin: Le feu doit également ètre entretenu au même deoré, c’eft-à- dire, que le mélange doit être en ébullition : l'addition progreflive & par pétites quäntités d'une paitie de la première leflive, rendra la matière beaucoup plusépaifle ; & en continuant encore quelque rempsle feu , on s’ap- ET. D'HISTOIRE NATURELLE. 171 rcevra qu’elle devient de plus en plus épaifle , & qu’elle fe fépare de Lie aqueufe ; l'on ajoutera alors quelques livres de fel marin, qui en rendront la féparation bien plus complette , de manière que la matière favonneufe fe préfentera fous une forme pâreufe & grenue ; on continuera encore l’ébullition pendant deux heures, & on fufpendra enfuite Le feu ; on retirera même celui qui feroit dans le fourneau ; on ceffera auffi d’agiter le mélange : quelques heures fuffiront pour que la matière favonneufe fe réunifle à la partie fupérieure de la chaudière, & la liqueur fe fera féparée alors du favon , en gagnera la partie inférieure; on l'en féparera alors par Pépine , c’eft-à-dire par le tuyau pratiqué au fond de la chaudière, Cette liqueur fera colorée , elle ne fera point cauftique comme les leflives alka- lines que l’on aura employées , fera e:rvefcence avec les acides ; on ne la perdra point , on la repañera fur un mélange de chaux & de foude, & on lemploiera comme leflive fur la fin d’une nouvelle cuite de favon. Lorfque l’on aura féparé, par le moyen de l’épine , la totalité de la li- queur qui fe trouvera fous la pâte favonneufe , alors on allumera le feu , & pour faciliter la liquefication du favon , on y ajoutera une petite quantité d’eau ou mieux delefive foible ; le mélange étant parfaitement liqueñé &c ayant été amené au degré de l'ébullition, on y ajoutera par parties les der- nières portions de la première lefive. C’eft dans cette feconde opération qu’il convient d’obferver la cuite du favon : pour cet effet , on en retirera de temps en temps une petite quantité que l’on mettra refroidir fur un mor- ceau d’ordoife , & par le degré de confiftance que le favon prend, ou bien en le maniant entre les doigts , lorfqu'il eft froid , on juge s’il eft cuir. Il fera prudent d’avoir toujours un peu de leflive forte en réferve , parce que fi l’on s’appercevoit que la quantité prefcrite ne füt pas fufhfante pour faponifier cômplettement l'huile, alors on en ajouteroit de celle que l’on auroit en réferve, Lorfque le favon fera cuit, il prendra une bonne confif- tance par le refroiffement ; il paroïtra fec entre les doigts , & dans la chau- dière il offrira une pâte grisâtre :on retirera alors le feu de deffous la chau- dière , on y laïffera le favon en repos pendant quelques heures, & on fé- parera enfuite, comme nous l'avons indiqué plus haut, à la faveur de l'épine , la liqueur qui fe fera réunie au-deflous du favon ; on échauffera de nouveau la chaudière , & on ajoutera à la pâte favonneufe une petite uantité d’eau , laquelle rendra a pâte bien unie & bien liée, & celle-ci ER alors parfaitement le ré/eau ; l'on ceffera le feu & on laïffera le favon dans la chaudière, jufqu’au moment où il ne fera pas trop chaud pour être coulé dans les mifes. Pendant que le favon refroidira dans la chaudière , l'on difpofera les mifes, on mettra au fond de chaque une petite quantité de chaux en pou- dre ;-que l’on dreffera parfaitement , de manière à ce que le fond de chaque mife fe trouve bien uni : l'on puifera enfuire le favon dans la chaudière, Y 2 17» JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ou bien on l'en retirera à la faveur de l’épine (fi la groffeur du tuyau le permet} , & fans perdre de temps on le tranfportera & coulera dans les mifes. On fe fert , pour cette opération , de fceaux en cuivre ou en bois, Au bout de deux ou trois jours , en hiver , & plus en été, le favon fera affez ferme pour être retiré des mifes & être divifé en tablettes ou briques, de la forme que l’on donne ordinairement au favon : cette divifion fe tra- cera d’abord avec une règle, & enfuite avec un couteau mince & tran- chant, on le coupe en divers blocs ou quarrés , que l’on fubdivife à la faveur d’un fil de laiton ; on le tranfportera enfuite au féchoir, pour qu'il y prenne de la fermeté; & il eft vendable lorfqu’étant ferré entre les doigts, ceux-ci ne s'yimpriment point. S'il atrivoit que l’on eût mis trop d’eau au favon avant de le retirer de la chaudière , le Fabricant honnête doit le laiffer au féchoir jufqu’à ce que cette eau furabondante fe foi diffipée , afin de ne point mettre dans le commerce de l’eau pour du favon. Cette deffication eft affez prompte, fi le féchoir n’eft point fitué dans un endroit humide. Le Fabricant eft dans de juftes limites , lorfqu’il ne fait que cinq livres de favon avec trois livres d'huile , c’eft-à-dire mille livres de favon avec fix cents livres d'huile; mais il eft repréhenfible, lorfqu’avec une livre d'huile il fait trois livres de favon & mème plus. On ne vend que trop, dans ce moment-ci, à Paris , des favons ainfi allongés d’eau. Les Savonniers de Marfeille ne fuivent pas exactement, dans la confec- tion du favon, la marche que nous venons d'indiquer; chacun d’eux, & même leurs chefs d’ateliers , prétendent avoir un fecret particulier qu'ils cachent avec beaucoup de myftère ; mais en général leurs méthodes fe réduifent à deux principales ; la première confifte à préparer trajs efpèces de leffives , telles que nous lavons indiqué, & ils s'en fervent de diverfes manières pendant la cuite du favon : l'autre méthode confifte à préparer des leffives à différens degrés de force , fuivant une progreffion arithmétique , dspuis 4 degrés jufqu'à 16. Ils commencent à joindre à l’huile une certaine quantité de lefive , à 4 degrés, & ils atrendent le premier bouillon pour ajouter le reftant de leur _leflive à ce même degré ; ils paflent enfuite , de la mème manière, au degré fuivant, qu'ils épuifent par parties , lorfque leur mélange bout, & ainfi progreflivement , jufqu’à leurs derniers degrés, avec l'attention d'augmenter aufli graduellement la quantité de lefivè qu'ils ajoutent en raifon de l’'épaiffiffement de leur matière ; ils parviennent ainf aux leflives de 15 à 16 degrés, & c’eft alors qu'ils ont la plus grande atten- tion de ne point mettre de cette dernière leflive en excès , crainte de voir féparer, ou ce qu'ils appellent rourner leur matière , évènement qu'ils re- gardent comme un inconvénient des plus nuifibles , par les difficultés qu'ils éprouvent à rétablir la liaifon , l'union & la concrétion de la pâte qu'ils fe ‘propofent conftimment de conferver & de fortifier , & parce que, dans ET D'HISTOIRE NATURELLE. 173 ce cas, ils n’obtiennent pas la même quantité de favon : ils en reconnoiffent la cuite de la manière que nous l'avons indiquée, & ils le coulent tout de mème dans les mifes. Nous préférons la première méthode que nous avons décrite , À cette dernière ; elle donne conftamment du favon de bonne qualite ; & quoi- qu’elle foit un peu différente de celle de plufeurs Savonniers, nous pouvons affurer que fi l'on ne s’écarte pas de la marche que nous avons tracée, on réuflira parfaitement à faire de bon favon. Lartigue, élève de l’un de nous, après nous nous avoir aidé dans les diverfes expériences dont nous rendrons compte, a fait , d’après cette mé- thode, dans l'atelier d’un Savonnier de Paris, plufieurs venues ou cuites de favon en grand , lefquelles lui onc très-bien réufli. L'on doit donc compter fur cette méthode d'opérer. Du Savon marbre. Le favon marbré ne diffère du favon blanc ordinaire, que par la con- leur qu’on lui ajoute pour le veiner de taches bleues & rouges. Les couleurs que l’on emploie à cet effet font des oxides de fer noire & rouge. Ce favon eft auffi plus folide que le blanc , parce que, pour le marbrer , il faut le deffécher davantage , ou le priver d’une plus grande quantité d’eau. On parvient à marbrer le favon, en lui ajoutant, lorfqu'il eft cuit ( & après avoir féparé la leflive alkaline fur laquelle il fe réunit } une certaine quan- tité de leflive neuve, & peu de temps après une difflolution de fulfate de fer. La foude cauftique décompofe le fulfare de fer, & il en réfulte un précipité ou oxide de fer noir, lequel fe trouve empäté par le favon , qui, par cette addition prend une teinte bleue : on laïfle alors” refroidir légère- ment le favon dans la chaudière, & on fépare enfuite, par l’épine, la liqueur alkaline qui s’eft ramaflée au fond : on fait alors chauffer le favon , feulement pour le liquefier. D'un autre côté , on a du brun rouge ou oxide de fer rouge, parfaitementdivifé & délayé dans une quantité fufhfante d'eau. Un ouvrier, placé au-deflus de la chaudière , remue le favon , tandis qu'un autre ouvrier y verfe la couleur rouge; & pour que la couleur fe méle iné- galement dans la pâte favonneufe, l'ouvrier à l'attention de ne faire d’autre mouvement que de retirer le redable de bas en haut : il convient que le favon foit pâteaux & non liquide , lorfque le rouge y eft introduit, & le favon doit être aufli-tôt coulé dans les mifes. L'on à aufli un peu plus de difficulté qu'avec le favon blanc, parce que ce dernier eft plus fluide au moment où on le coule. Trois livres d’huile d'olive donnent, comme nous l'avons dit plus haut, cinq livres de favon blanc, tandis que la même quantité d'huile ne fournit qu'environ quatre livres & un quart de favon marbré ; voilà pourquoi ce LÉ 174 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dernier eft plus folide , voilà pourquoi auffi les blanchiffeufes préfèrent le favon marbré, parce qu'en efet, à poids égaux , il y a plus de favon effectif dans une quantité do née de favon marbré. Ce favon, en raifen de fa folidité, & en raifon de ce qu’une tempé- rature chaude ne le licueñe point, eft préféré pour être tranfporté dans des pays chauds. L’on pourroit donner la même folidité au favon blanc, il fufhroir de le deflécher davantage, & alors il fe comporteroit comme le favon marbré; il eft donc à defirer que l’on apprenne à diftinguer les favons alongés d'eau, de ceux qui n'ent ont que de juftes propor- tions ; que les fabricans fur-tout préparent des favons privés d’eau, autant qu'il fera pofiible , & alors on les préferera aux favons ir:arbrés ; car ce n’eft point la couleur , comme 1l eft aïfé de le concevoir, qui augmente la qualité du favon : la couleur au contraire, comme corps étranger in- toduit aux favons , les éloigne de la perfection que l’on doit chercher à leur donner. De l’ailion de la foude du commerce, rendue eauflique fur les diverfes huiles & graifes. . Nous avons déjà dit que l'huile d'olive étroit celle qui fe faponifoit le mieux , la fuite de notre travail le démontrera plus particulièrement; & comme nous avons traité diverfes huiles dans des proportions egales, de la même manière & en faifant ufage de la même foude du commerce , nous avons reconnu par ces expériences comparatives qu'elles font les huiles qui font les plus propres à faire les meilleurs favons folides. Pour ap- porter plus d’exactitude dans ces recherches, nous avons opéré fur trois livres de chaque efpèce d'huile ou de graifle , & nous avons repris les mêmes expériences, en employant la même quantité de ces diverfes huiles, & en faifant ufage pour les faponifier de foude cauftique que nous avons préparée avec la foude revirée du fel marin d’après le procédé de Malherbe. Cette férie d’expériences ayant été faite en fuivant la même manipulation , nous ne la décrirons qu’en parlant de l’huile d'olive; quant aux autres, nous indiquerons les réfultats & circonftances parti- culières que nous avons été dans le cas d’obferver. $. A. Du Savon fait avec l'huile d'olive, & la foude du commerce rendue cauftlique. Pour procéder à la faponification de l'huile d'olive, nous avons pré- paré des leflives avec trois livres de foude du commerce & une livre de ET D'HISTOIRE NATURELLE. 175$ chaux, (l’on n'emploie pas en grand une auf forte dofe de chaux ; mais en opérant en petit, nous avons cru qu'il convenoit de mettre un excès de chaux, afin d’avoir une leffive bien cauftique ) nous avons retiré trois efpèces de leflives ; de la forte ou première, une feconde moins forte , & une troifième ou leflive foible. Nous avons mis dans une petite bafline en cuivre trois livres d'huile d’olive & une pinte de leffive foible à 5 degrés; nous avons fait bouillir ce mêlange en remuant avec foin avec une petite fpatule en bois, & nous avons ajouté de temps en temps, de la leflive alkaline au même degré; après quatre heures d'ébul- lition, nous avons ajouté de la deuxième leflive qui étoit à dix degrés , & nous avons continué à ufer de cette deuxième leflive pendant encore environ deux heures; alors nous avons employé une petite quantité de “leflive forte qui étroit à quinze degrés; après une heure d’éballition, la matière favonneufe évoit épaille, & on voyoit qu’elle commencoit à fe féparer ; nous y avons ajouté deux onces de fel marin pour achever Ja féparation ; nous avons alors retiré la bafline de deflus le feu, & lorfque la pâte favonneufe nous a paru figée , nous l'avons enlevée avec une écu- moire, & nous l'avons mife dans une terrine; ayant alors retiré & jeté la liqueur qui étoit dans la bafline , nous v avons aufi-tôt remis le favon avec une petite quantité d’eau pour le liquefier, & lorfqu'il a été amené au point de l’ébullition , nous avons continué à lui unir ce qui nous reftoit de leflive à quinze degrés. Après une heure d’ébullition, nous avons féparé le favon de la mème manière , nous avons rejetté la petite quantité de liqueur qui s’étoit ramaflée au fond de la bafline; nous y avons enfuite remis le favon avec environ une livre d’eau, & lorfqu'il a été parfaitement uni & liquefié, nous l'avons coulé dans une petite mife ; Ven ayant retiré le lendemain & l'ayant pefe, fon poids s’eft trouvé de fix livres dix onces; 1l étoit affez folide, mais il contenoit trop d'eau pour être de vente, car trois livres d'huile ne doivent produire que cinq livres de favon. La quantité d’eau excédente ne tarde pas à fe diffiper ; car ce même favon ayant été expofé à l'air, & ayant été pelè deux mois après, il ne pefoir plus que quatre livres quinze onces ; il éroit alors bien plus fec & parfaitement folide; il avoit une excellente odeur , celle que l’on reconnoït dans les favons de Marfeille ; il fubira encore un déchet plus confidérable, en le confervant dans un endroit fec. 6. B. Du favon fait avec l’huile d'amandes douces , & la foude du commerce rendue cauftique. L'huile d'amandes douces eft cellé qui, après l'huile d'olive , donne lé favon le plus confiftant. Le prix de cette huile ne permet point qu'on M | + ’ \ J *: 476 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE puilfe l'employer à la fabrication ordinaire des favons; mais on s'en fert pour préparer le favon médicinal. Les pharmaciens font dans l’ufage de le faire à froid, en uniffant deux parties d'huile d’amandes à une partie de lefive des fivonniers, concentrée au point qu'une bouteille qui contient une once d’eau, puille en contenir onze gros. Ce n’eft qu'après plufieurs jours, que le favon préparé de cette manière , acquiert de la confiffance; il arrive même quelquefois qu'il refte très-long-temps cauf- tique, de fofte que l’on ne peut le piendre intérieurement qu'après lavoir confervé plufieurs mois. Ce favon, au contraire , préparé par la méthode que nous avons indiquée en parlant du favon d'huile d'olive , ne contient que la proportion d’alkali néceflaire à l'entière faponification de l'huile, & on peut l’employer Le jour même qu'il eft fait ; il convient feulement d'éviter de faire ufage, pour le préparer, des vaifleaux de cuivre, Trois livres d'huile d'amandes douces ayant été faponifiée par la mé- thode indiquée pour l'huile d'olive nous ont fourni une brique de favon du poids de cinq livres & denue : ce favon étoic très-blanc, bien con- fifant , d'une odeur agréable , & nullement cauftique ; ayant été con- fervé pendant deux mois, dans un endroit fec, il a perdu une livre de fon poids, de forte qu'il ne pefoit plus que quatre livres & demie : il déchcoira encore de plus d'un fixième. 6. C. Du favon fait avec le fuif , & La foude du commerce rendue cauflique. Le fuif fe combine très-bien avec la foude cauftique , & le favon qui réfulre de cette combinaifon eft de bonne qualité , lorfqu'il eft bien pré- paré. L'on n'éroit point dans l’ufage , en France , de préparer du favon avec du fuif. L'huile d’olive , que nous avions en quantité fufhifante , & qui donne un favon fupérieur à celui du fuif, étoit celle que les grandes fabriques de Marfeille ont conftamment recherchée. En Allemagne & en Angleterre, où l'huile d'olive n’eft pas en abondance , le favon que l’on prépare eft fair avec le fuif. Ce n’eft que depuis quelque temps que l'on a vu à Paris des favons fabriqués avec le fuif; mais la plupart de ceux que l’on y rencontre en vente , ne réuniffent point les qualités qu’ils devroient avoir ; cela ne furprendra point quand on faura que plufieurs de ceux qui fe font livrés à ce nouveau genre de fabrication font bien éloignés de réunir les lumières qu'il eft important d’avoir pour faire des favons quelconques, & que d’autres n’ont été dirigés que par l’avidité du bénéfice qu'ils voyoient dans la fabrication d’un favon qui pouvoit fupporter une grande addition d’eau. Nous dirons cependant qu'il eft à notre connoiffance que Germain à fabriqué, à Paris, d'excellent favon avec du fuif, L'on trouve auli, ET. D'HISTOIRE NATURELLE. 177 auf , dans un ouvrage imprimé par Guenot , en 1708 , la manière de pré- parer du favon avec du fuif. Dans le travail de la faponifcation de l'huile d'olive , nous avons recom- mandé d'employer , dans les premiers momens, des leflives foibles. La même précaution n'eft point nécellaire avec le fuif, Nous avons traité trois livres de cette fubftancg avec de la foude cauftique préparée , comme nous l'avons indiqué pour l’huile d'olive, & nous avons obfervé la meme ma- nipulation , à l'exception que nous avons commencé par les leflives fortes. Lorfque le favon à été achevé, nous l'avons coulé dans une petite mife, d'où , l’ayant retiré le lendemain , & l'ayant pefé , nous avons eu une brique de favon du poids de huit livres quatorze onces : ce favon étoit blanc, con- fervoit un peu l’odeur du fuif, & il étoit affez confiftant pour fupporter une addition d’eau aflez confidérable ; & refter encore” ferme : cependant, dans l'érar où 1l eft , il décheoit beaucoup par fon expofition à l'air, car , l'ayant gonfervé pendant trois mois & demi dans un endroit fec, & l'ayant pefé enfuite , il n'étoit plus que du poids de cinq livres : il avoit acquis une grande folidité. $:- D. Du Savon fait avec l’axonge & la foude du commerce rendue cauflique. L’axonge eft employée dans plufieurs pays à la fabrication des favons. On la mêle quelquefois au fuif ; & ces deux fubftances, unies enfemble , font enfuire faponifiées. Nous avons de même fait du favon ( par le procédé indiqué ci-deflus } avec crois livres d’axonge; & le poids que nous avons obtenu étoit, au fortir de la mife, de huir livres & demie. Ce favon étoit très-blanc, très-folide; fon odeur n’étoit point défagréable. Nous l'avons laïflé à l'air pendant trois mois ; l'ayant pefé enfuite, ilne pefoit plus que quatre livres quatorze onces: il étoit alors très-fec & très-propre au favonnage. L’axonge eft trop utile pour la préparation de nos alimens , pour que l’on fonge à l’'employer à d’autres ufages; mais fi l'on avoit des graifles rances & vieilles, l'on pourroit alors ne point négliger ce nouveau moyen d’en tirer parti. Nous avons obfervé, tant avec le fuif qu'avec la graifle , que les liqueurs qui fe réuniffent dans la bafine au-deffous du favon , tenoient en diflolution de la gelarine; cette fubitance eft donc féparée des graifles & du fuif, aux- quelles elle étoit unie avant leur faponification; & l’alkali, en s’aniflant à ces corps gras , ne paroït pas agir fur la gelatine qu’ils pouvoient contenir: ainfi la méthode générale que nous avons indiquée pour la préparation des Tome II. SEPTEMBRE, 1794. Z "ME 138 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE favons , fourniflant le moyen de féparer la gelatine des graiffes qui en con- tiennent , offre un moyen de perfection de plus dans la fabrication de ces favons particuliers. La fuite au Mois prochain. REC ER :H:ETS SUR les diverfes efpèces des Gaz qu’on obiient en mélant Pacide fulfurique concentré avec l’alkoo!. Par J. R. DEerMAN, À, PAErs-VAN-TROoOSTwYcE, N. Bonpr & A. LAUWERENBURGH. Sea Ï L n'y a pas de Chimifte qui n’ait remarqué que dans la diftillation de lhéther , d’un mélange d’alkool & d’acide fulfurique concentré , une très-grande quantité de gaz fe dégage , fur-tout vers la fin de la diftillation ; quantité fouvent affez grande pour produire la rupture des vaifleaux avec explofion , fi l'opération ne fe fait dans un appareil pneumato-chimique. On fait encore que ce gaz eft de la claffe de ceux qu’on appelle inflamma- bles, qu'il brûle d’une flamme compacte, & tout-à-fait femblable à Ia flamme dont brülent les huiles , qualité qui a fait préférer cette efpèce de gaz , pour s’en fervir dans les lampes , au gaz inflammable. Ce gaz nous a offert plufieurs propriétés très-remarquables & curieufes , tant confidéré féparément , que comparé au gaz que l’alkool ou l’éther (r), traité de quelques autres manières , nous ont fournis. Nous allons donner le réfultat de nos recherches fur cet objet, en com- mençant par le gaz qui fe dégage d'un mélange d'alkool & d'acide fulfu- riqueconcen tré. $. IL. Nous pouvons fuppofer connu des Chimiftes la manière dont la diftillation de l'éther fe fair, & la proportion d'alkool & d'acide la plus (1) Comme il nous faudra parler fouvent de l’éther , il fera à propos d’avertir que nous entendons , dans ce Mémoire, par éther , feulement l’éther fulfurique, BIT F4 POLAR TAN V il - ‘ ET D'HISTOIRE NATURELLE. Fi favorable à obtenir la plus grande quantité d’éther. Nous obferverons feule- ment que , pour obtenir le gaz dans une grande quantité, & promptement, la même proportion ne convient pas; car la produétion de g2z dans la duftillation de lécher n’eft pas très-confidérable au commencement de l'opé- ration, & ne fe fait en grande quantité que fur la fin , lorfque fl'alkoo! & l’éther qui s’eft formé , font féparés pour la plus grande partie du mélange contenu dans la cornue. Mais comme nous nous étions propofés principa- lement d'examiner le gaz, nous cherchâmes à le produire d’une manière plus prompte. Nous crümes pouvoir atteindre à ce but, en donnant au mélange , dès le commencement, les mêmes proportions qui fe trouvent dans la liqueur contenue dans la cornue fur la fin de la diftillation de lécher : & en effer, en faifant l’opération de cette manière , le dégagement de gaz fe fit dès qu’on donna de la chaleur au mélange. La proportion la plus convenable pour avoir une très-prompte production de gaz, nous a paru être de quatre parties d’acide fulfurique concentré fur une d’alkool en poids. Nous nous fommes fervi , pour cette opération , d’un petit facon approprié pour les expériences pneumatiques. $. III. Le mélange de l'acide & dé l’alkool fe fait avec dégagement de calorique , & prend dabord une couleur brunâtre , q“i devient de plus en plus foncée, res dès qu'on le chauffe. A. mefure que la couleur devient plus foncée , la produétion de gaz eft plus confidérable & devient fi rapide quand la couleur eft tout-à-fair devenue noirâtre , que le mélange eft lancé hors du Hacon, fi on ne cefle de donner de la chaleur. Ce qui refte dans le facon eft l'acide changé en grande partie en acide fulfureux, & dans lequel fe trouvent des petites molécules de carbone qui noircif- fent la liqueur. $. IV. Le gaz obtenu de cette manière eft mêlé avec une certaine quan- tité de gaz acide fulfureux, quantité néanmoins dont la propoition diffère felon le degré de chaleur , & felon les différentes époques de l'opération. En général, le gaz qui fe dégage au milieu de l'opération eft le plus pur , & ne contient environ qu’un + de gaz acide fulfureux : au commencement & à la fin la proportion en eft plus grande. Ce gaz fe fépare facilement en Javant le gaz à l’eau , & en y expofant quelqu'ammoniaque , fi on veut l'avoir pur dans le moment. Le gaz acide fulfureux eft la feule efpèce de gaz qui s’y trouve mêlée. Nous n'avons jamais remarqué la moindre quan- uté de gaz acide carbonique dans le gaz , bien que l’on eüt lieu de s’y attendre , d’après les parties conftitutives de l’alkool. $.V. Le gaz , qui fait l’objerde ces recherches , étant bien lavé à l’eau, éc aufli pur qu’on puifle l'avoir , démontre dabord les POIs fuivantes. 22 i80o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La pefanteur fpécifique s'approche de ttès-près de celle de Fair atmof- phérique , étant à la pefanteur fpécifique de celle-ci, —0,90$ : 1,000. 4 L'odeut de ce gaz eft très-fétide , pourvu qu'on l'ait bien lavé à l’eau & qu'on en ait féparé léther qui s'y trouve répandu peu après fa pro- duétion. à A Il brûle d’une flamme compacte, tout-à-fait femblable à la flamme dont brûle un corps huileux ou réfineux. \ $. VI. Les réactifs n’ont exercé , pour la plus grande partie , aucune , action fur ce gaz : il n’y en a eu qu'un qui y a produit un effet très-remar- quable , dont nous parlerons dans la fuite. G L'eau pure n’en a rien abforbé, ni n'ya produit la moindre altération, 2 bien que nous ayons expofé le gaz durant plufieurs mois fur l’eau. ' Les acides fulfuriques , nitriques , muriatiques , fulfureux , digérés pen- dant quelque remps avec ce gaz, ne l’ont changé en aucune manière. È Le gaz nitreux a été mêlé au gaz, & le mélange digéré pendant quel- j que temps , nous avons féparé enfuite le gaz nitreux en le changeant en acide nitreux par l'addition du gaz oxigène, fans que le gaz inflammable Ps eût perdu aucune de fes propriétés. + Les alkalis & l’ammoniaque n'y ont produit non plus la moindre altéra- tion , finon que l’'ammoniaque nous a paru produire une augmentation dans le volume du gaz; mais nous avons trouvé que l’ammoniaque produit le mème effet dans plufieurs autres fortes de gaz, & même dans le gaz # hydrogène pur. Le gaz, digéré pendant quelque temps fur le phofphore, n’a pas été changé , bien que nous ayons chauffé le phofphore jufqu’à le faire fondre. 7 $. VIT Le feal réatif qui y a produit un effet d'autant plus curieux, que le phénomène eft nouveau & inconnu jufqw'ici, eft l'acide muria- Le tique oxygèné , mélé en formée de gaz au gaz inflammable dont nous parlons. ET Le gaz acide muriatique oxygèné nous ayant fourni un moyen pour re- connoître très-promptement la préfence du carbone dans le gaz hydrogène carboné, dont nous rendrons compte dans la fuite, & le-gaz dont nous nous occupons , étant probablement du gaz hydrogène carboné , nous eûmes deffein d'employer le mème réaétif pour reconnoître la préfence du carbone. Parties égales du gaz inflammable & de gaz acide muriatique oxygèné furent donc mélées ; nous vimes que le mélange commença dans le moment à diminuer de volume avec une viteffe 3ui ne pouvoir dépendre de l’abforbation du gaz acide par l’eau, & qui croiffoit toujours: des gouttes d’une huile épaifle, couleur de perle, fe montrèrent à la furface, & étant plus pefantes que l’eau , elles defcendoient au fond. ad | PRUUX . PET 7 : TN, | : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 18 Ure vapeur très-vifible remplit la cloche, & il y eut un dégégement de - calorique qu'on apperçut même en touchant la cloche de la main. Après le refroidiflement & la ceffation entière de diminution de volume, il ne refta qu’? du volume du gaz employé, & ce refte s’enflamma encore. Ce petic refte nous fembla indiquer que la quantité de gaz acide mu- ” riatique oxygèné n'avoi: pas été fufhifante ; nous fimes donc un mélange de q LE P 5 g quatre parties de gaz acide muriatique oxygèné & de trois parties de gaz inflammable bien pur & gardé pendant trois jours fur l’eau, La diminution de volume, le dégagement de calorique & la prodution de l'hmle fe fit comme auparavant, le refte ne fe monta qu'à de la quantité de gaz employé , & confifta , après que le gaz acide muriatique oxygèné en eut été féparé, en gaz azote, provenant fans doute de l’oxide noir de manganèfe employé pour obtenir le gaz acide muriatique oxygèné. On fait que cet oxide en contient une quantité alfez confidérable. $. VIII. Nous avons-recueilli , au moyen d’un appareil convenable, une certaine quantité de cette huile , à laquelle nous avons reconnu les propriétés fuivantes, Élle a une pefanteur fpécifique, plus grande que celle de l'eau, & en tient toujours le fond. La couleur eft blanchâtre, femblable à celle des perles, & demi-trans- parente. Elle devient jaunätre-& limpide après avoir été gardé pendant quelque temps. Elle a une odeur des plus agréables & pénétrante, & une faveur fem- blable , un peu douce (1). Elle fe diffout en partie dans l’eau , & lui donne fon odeur. La potaffe diffoute dans une quantité fufhifante d’eau, ne change en rien cette matière huileufe, & ne lui ôte aucune de fes propriétés. Au con- taire, elle lui emporte l'odeur de l'acide muriatique oxygèné qui lui ef adhérent après la préparation, & fon odeur en devient plus fuave. à $. IX. En confidérant les parties conftituantes de l’alkool & de l’acide falfurique qui fourniflent ce gaz , on voit qu'il peut être compofé d’hydro- gène , de carbone , de foufre & d'oxygène, L’oxigène, en formant de l'eau avec l’hydrogène , &.ne pouvant par conféquent fe montrer fous forme de gaz, nous parut ne point entrer dans la compofition de ce gaz. D'ailleurs l'oxygène n’y étoit pas uni au carbone, car le gaz n’a offert aucun indice de gaz acide carbonique. (x) Cette odeur & faveur n’ont rien qui reffemble à l’odeur de l'éther fulfurique. PORC NT A de D .” 3 ie. , Mid NES A M » N° 182 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE La précipitation d'une matière huileufe par l'acide muriatique oxypèné nous fit foupçonner que l'éther pourroit être diffout dans le gaz acide ful- fureux ; que ce gaz , par l'oxygène de l'acide muriatique oxygèné, fe con- vertit en acide fulfurique, & qu’ainf l’écher fe précipita. Nous expofèmes donc une folution de muriate de baryte au gaz , tandis qu’il fut cofverti en matière huileufe par le muriatique oxygèné ; mais il n’y eut aucune préci- pitation de fulfate de baryte , indice certain qu'il wy eut pas la moindre quantité d’acide fulfurique produit. L'expérience , variée de manière à allu- mer une petite quantité de ce gaz mêlée à du gaz oxygène , dans un tuyau, au moyen. de l’étincelle éleétrique , eut la même iflue : le muriate de baryre contenu dans le tuyau ne montra pas la moindre précipitation de fulfare barytique, É ? Cette expérience nous fervit encore à prouver que le foufre n’entroit non plus dans ce gaz, ce qui fe trouve confirmé au furplus par l’abfence totale de l'odeur du gaz hydrogène fulfuré , & par la combuftion à l'air libre de ce gaz , après laquelle on n’obferve ni un dépôt de foufre aux parois de la cloche, ni l'odeur de Facide fulfureux , qui néceffairement devroit fe former , fi la moindre quantité de foufre étoit partie conftituante du gaz. Il ne refte donc que l'hydrogène & le carbone qui peuvent en être les parties compofantes. $. X. A l’ésard de l'hydrooène, nous rappellerons d’abord l'expérience de la converfion du gaz en huile ( $. VII), où il a été dit qu'une vapeur templifloit la cloche pendant que le gaz acide muriatique oxygèné agifloit fur le gaz. Cette vapeur condenfée fur les parois de la cloche , defcendoit , formant en partie des gouttes d'huile , en partie des gouttes d’eau. Cette expérience , toutefois, n’eft pas décifive, parce qu'elle fe fit fur l'eau, que le gaz a pu contenir de l’eau en état de diffolution , & que par le dégage- ment de calorique durant l’expérience , une partie de l’eau fur laquelle elle fe fit , a pu prendre l’état de vapeur. Nous avons donc eu recours à un autre moyen pour prouver la préfence de l'hydrogène. Les expériences décrires ($. VIIL) , nous avoient démontré que ce gaz ne pouvoit être compofé que d'hydrogène & de carbone ; qu'ainfi c'étoit une efpèce de gaz hydrogène carboné. Or, le carbone ayant une moindre affinité avec l'hydrogène , que le foufre , nous en conclümes que le carbone quitteroit le gaz , fi l'hydrogène étoit mis à même de s’unir au foufre, Nous fimes donc die , fur des charbons, du foufre, dans un tuyau de verre qui fut tenu rouge pendant l'expérience; nous fimes pailer fur ce foufre le gaz bien pur, au moyen d’une machine, dont le gaz fortoit à l’aide de la preflion d’une colonne d’eau, & par laquelle nous pûmes modérer à volonté Liga de Peedf Te MEME 33080 re EPN AE TA Mie ao à, 2 OS Ve. AN CEE + FI ‘ , ET D'HISTOIRE NATURELLE, 183 la force du gaz. Le gaz recueilli, après avoir paie fur le foufre , étoit de gaz hydrogène fulfuré , & le foufre ,. dans le tuyau, étoit noirci entië- rement. La préfence de l'hydrogène éroit donc conftatée, $. XI. La noirceur qu’avoit contradé le fonfre dans l'expérience que nous venons de rapporter , iudique affez que l’autre partie compofante du gaz étroit le carbone; mais plulieurs autres expériences le démontrent à l'évidence, Telle eft la combuftion d’un mélange de ce gaz & du gaz oxygène dans un tuyau fermé , fur l’eau de chaux. Le mélange fut allumé par l'éincelle électrique. : L'eau de chaux fe mêla d abord, & il y eut une précipitation copieufe de carbonate calcaire. En faifant pañler le gaz de la manière décrite ($. X }, par un tuyau rougi fur des charbons contenant de l’oxide noir de manganèfe, on recueille du gaz acide carbonique, formé par l'oxygène de l’oxide avec le charbon contenu dans le gaz. Nous ferons connoître ici, en paffant, une autre manière très-expéditive pour reconnoitre la préfence du carbone dans le gaz hydrogène carboné, qui confifte à mêler le gaz qu’on veut éprouver , au gaz mutiarique oxypèné , & à allumer ce mélange. L'oxygène de l'acide s’unit à l'hydrogène , & le carbone fe précipite fous la forme d’une fumée noire qui fe dépofe aux parois du verre. Il faut avoir l'attention, dans cette expérience , de ne pas mêler trop de gaz acide à ces efpèces de gaz hydrogène carboné , qui ne contiennent que très-peu de carbone , afin que l'oxygène fuperfu ne s'unifle pas à ce carbone , & le fafle difparoître ainfi fous forme d’acide carbonique. Le gaz dont nous parlons, bien qu'il fe réduit en huile , étant mélé à ce gaz acide muriatique oxygèné , demande néanmoins deux ou trois mi- nutes pour fubir entièrement ce changement, St donc , avant que cette con- verfion en huile ait lieu , on allume le mélange, dès qu'il a été fait , il s’opère une précipitation de carbone fi copieufe , que toute la cloche eft noircie d’un enduit de carbone très- épais & reflemblant au noir de fumée. $. XII. Les parties conftituantes du gaz dont nous traitons , font donc l'hydrogène & le carbone. Nous reviendrons à la proportion dans laquelle ces deux irgrédiens s’y trouvent, après avoir examiné les efpèces de gaz que l'alkool & l’éther , traités de différentes manières , nous ont fournis. En attendant, nous appellerons ce gaz , d’après fa propriété la plus remar- quable, gaz hydrogène carboné huileux , pour le diftinguer des autres ef- pèces de gaz dont 1l faudra parler. OP ENT ECTS RE MINE ET PTSMMENL UT s Le ARS ù LA # 'e ë CE Me Lt if 1 x 4 . à . 4 ; \ : (j ñ 184 JOURNATI DE PHYSIQUE, DE CHIMIE À $. XIII. Le mélange d’alkool & d’acide fulfurique concentré ne four- pit pas l'unique. moyen de fe procurer ce gaz. Nous l'avons obtenu, à la vérité , pas également pur , en opérant d'une manière différente. L’éther mêlé à la proportion indiquée ci-deflus (. XII), à l'acide ful- fatique Conçéntré & Cchauffé , a donné du gaz qui biüla d’une flamme femblable, huileufe. 11 donna, par le mélange , avec le gaz acide murjatique ôxigèné , une certaine quanüité d'huile reffemblante à celle que nous avons obrenu du gaz hydrogène carboné huileux. Mais nous obfervâmes une di£ férence remarquable dans cette formation de l'huile, car la diminution de volume ne fe fit pas aufli promprement, & le gaz ne fut pas converti en entier en huile; la quantité n’en difparut que pour trois quarts environ , & nous cûmes un réfidu qui, étant allumé, brüla d’une Bamme bleue, & ce réfidu ne fe laiffa pas réduire par une nouvelle addition d'acide muriatique oxigèné. L'alkool chauffé dans un petit facon, auquel aboutit un tuyau d'argile. blanche d’une pipe à fumer , de manière que Îa vapeur dût paller par ce tube , donna également du oaz après que le tube eut été rougi fur des char- bons. Ce gaz fe comporta à-peu-près de la même manière que celui de expérience précédente. Il forma de l'huile en y ajoutant le gaz muria- tique oxigèné : mais il y eut un refte un peu plus confidérable, qui brûla d’une flamme bleuâtre , & il ne fut pas poflible de le réduire en total. L'éther traité de la même manière fe comporta abfolument comme le gaz p'oduit de la vapeur d’alkcol , paffant par un tuyau d'argile rougi au feu , dont nous Y£nons de parler ; il y eut également un réfidu, qui ne put ètre réduit par l'acide muriatique oxigené. $. XIV. En employant, au lieu d’un tube d'argile, un tuyau de verre rougi au feu, & en y faifant pañler la vapeur d’éther & d’alkool , nous obfervâmes un phénomène qui nous étonna. L'éther & l’alkool prirent éga- lement la forme de gaz, différens à la vérité entr'eux, mais ayant ceci de commun, que le gaz muriatique oxigèné ne produit ni dans l'un ni dans l’autre le moindre atome d'huile. Nous foupçonnâmes que cer effet pourroit dépendre de la porofité des tubes d'argile, qui permit à une partie de la vapeur de paler, ou qui donnât occalon à l'air environnant de s'introduire dans le tube. Nous renfermâmes donc un tube d’argile dans un tuyau de verre, de forte que rien ne pût paller par les pores de l'argile; mais le réfulrat fut le même: la vapeur paffanc par le tuyau d'argile , donna du gaz qui étoit en partie hy- drogène carboné huileux. 1] fallut donc conclure que l'argile , dont le tube étoit formé , influe fur la nature du gaz. L'expérience confirma, de la manière la moins douteufe , ceue conclufion ; car ayant rempli le tuyau de verre de fragmens ae tube : ET D'HISTOIRE NATURELLE, ‘! 1 185 tube d'argile, & y faifant paller la vapeur d’älkool & d'éther, le gaz re- cueilli faten partie huileux & abfolument femblable au gaz qui avoit pailé par un fimple tube d'argile. Comme les parties conftituantes de l'argile font l’alumine & le filice mêlés à une certaine quantité deichaux , 1l fallu examiner à laquelle dé ces parties compofantes le changement dans la nature du gaz doit &rre attribué, Nous remplimes donc un tuyau de verre d’alumine, & fimes paller Ja vapeur d’alkoo! par ce tuyau, après qu'il fut rougi. Le gaz recueilli eut les mêmes propriétés que le gaz que donne, la vapeur de l'alkool , pouflé par un tuyau d'argile, c’eft-à-dire qu'il fe forma de l'huile par le gaz acide mutiatique oxigèné, & qu'il y eut an réfidu femblable qui ne put être ré- duit , & brûüla d’une flamme bleuatre. La mème expérience ayant été faite de manière , qu’au lieu d’alumine, le tuyau de verre contfnt du filice , nous eûmes le mème réfultar. Le oaz ecueilli fut réduit pour une demie par le oaz acide muriatique oxigèné , & il fe forma de l'huile; le refte réfifta à ce réa@tif , & s’approcha du gar hydrogène , car il s'enflamma avec détonnation après être allumé. La chaux , troifième partie compofante de l'argile, refta à être examinée. Nous remplîmes le tuyau de verre, de chaux, & y fimes paffer les vapeurs de l’alkool; mais le gaz recueilli fe comporta comme s'il eût paflé par un tube de verre fimple, & ne donna aucune goutte d’huile étant mêlé au gaz acide muriatique oxigèné. L’effer fut le même, foi que nous employä- mes la chaux pure, foit en état de carbonate calcaire, La magnéfie fe comporta comme la chaux. De ces matières terreufes , l’alamine, la chaux & la magnélie avoient pris une couleur dans cette opération: le filice avoit confervé fa couleur blanche. Nous avons encore varié l'expérience de manière à remplir le tuyau de potafle , de charbon & de fulfate de potale , fans que le gaz donnât aucun indice d'huile. Le tuyau ayant été rempli de foufre , une perite quantité de’ gaz hydrogène fulfuré fe forma ; le’ refte du gaz étoit comme s'il eüt paffé par un fimple tuyau de verre. Nous pouvons donc conclure que dans le tuyau d'argile ce ne font que l’alumine & le filice qui donnent au gaz la propriété de former de l'huile, $. XVI. Pour que le gaz eût cette propriété-là de former de l'huile, nous avons trouvé que c’eft une condition néceflaire que l’alkool & l’éther paflent par le tuyau d’argile ou par-deffus l’alumine ou le filice rouges , en état de vapeurs. Nous avons fait pafler le gaz que fourniffent l’alkoct &- lécher, quand leurs vapeurs font paflées, par un tuyau de verre, de la Tome II, SEPTEMBRE, 1794. Aa sùi VrYa LATE FRERES Rips Cod 7er du: . + 18: JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE manièréindiquée ($: X) par des tubes d'argile , & par-deflus l’alumine & le ‘filice rougis au feu, mais le gaz n’en éprouva pas la moindre altération , & il ne donna jamais de lhuile , étant mêlé au gaz muriatique oxigèné, Ces fubftances démandent donc abfolument que l’alkool & l’éther leurs foient offerts fous forme de vapeurs, pour qu'ils faflent donner à ces fubf- tances de l’hydrogène carboné huileux : fi elles font converties déjà en gaz , qui ne fournit pas de l'huile, l'argile ou fes parties compofantes n'y agif- fenc plus en aucune manière, $. XVII, Comme les vapeurs de l'alkool & de l’éther paffant par un tuyau de verre tougi, donnèrent un gaz différent à beaucoup d’égard du g12 hydrogène carboné huileux , nous crûmes néceffaire d’examiner les changemens que fubiroit celui-ci , en le faifant pafler par un tuyau de vérre. Nous primes donc ce gaz dans fa plus grande pureté, c’eft-à-dire, du gaz qui fe laiffe réduire complettement en huile fans aucun réfidu, & le poufsâmes par la preflion d’une colonne d’eau ($. X), par un tube de verre rougi fur des charbons. Le gaz recueilli, après avoir éprouvé cetre chaleur , étoit changé de manière que le gaz acide muriatique oxigèné n'y produilit prefque plus aucune diminution-ni formation d'huile, Le tuyau de verre par lequel le gaz étoit pailé , avoit contraété à l’intérieur un enduit noi- rtre , & on y remarqua comme des gouttes d'une huile empyreumatique. La cloche dans laquelle nous receuillimes le gaz , étoir de même remplie d’une fumée femblable, qui fe dépofoit fur l’eau & les patois de la cloche. L'odeur reffembla à celle d’une huile empyreumatique. Les commorions électriques, eurent le même effer. Un tube de verre fur rempli d'une certaine quantité de gaz hydrogène carboné huileux, très-pur , & nous y fimes pailer üx cents concufions éleétriques. Le volume du gaz fe trouvoit augmenté par-là de £, & avoit perdu fa propriété de former de l'huile, Nous obf:rvâines toutefois, certe différence , qu'il n’y eut aucune précipitation de carbone, ni de matière huileufe dans certe expérience-ci , qui avoit été fi copieufe dans l'expérience précédente, Ce fônt là les expériences que nous avons entrepris pouf reconnoître la nature du gaz hydrogène carboné huileux : paffons maintenant à l'examen du gaz que fourniflent l’éther & l’alkool pouffés en état de vapeurs par un tuyau de VEITe rou 91 au feu. $. XVITI. La manière de nous procurer ces efpèces de gaz a été irdi- quée ci-déflus ($. XI & XIV ) , & confifte à chauffer jufqu'à une légère ébullition lécher & l’alkoo! dans un petit flacon auquel aboutit un tuyau de verre dont le milieu fe repofe fur des charbons ardens , & dont l’autre = LaNEMAIDERTSTOLRENNATUR LLES( 01 487 extrémité elt plongée dans l'eau du baquet deftiné aux expériences pneuma- tiques, Ù L'éther & Palkool font ainfi convertis en gaz, fion en excepte une quan- tité plus ou moins grande , felon le degré de chaleur qui échappe à Padtion du feu, & qui pafle fans être altéré en aucune façon. Nous ajouterons que cé convertiflement en gaz fe fait fans qu'on puifle remarquer la moindre précipitation de carbone ou de matière hnileufe, foit dans Le tuyau, foit dans la cloche dans laquelle on recueille le gaz, $. XIX. Le gaz, retiré de cette manière de l’éther , a les propriétés fuivantes. La pefanteur fpécifique eftà celle de l'air atmofphérique 0,709 : 1,000. 11 a l'odeur féude après être gardé pendant quelque temps ; peu après fa production ; l'odeur de l’éther s'y fair appercevoir. Il brûle d’une flamme rougeärre huileufe , aflez femblable à celle du gaz hydrogène carboné huileux. Ce gaz peut être gardé fur l’eau fans qu’il en foit altéré. L'ean de chaux n'eft point troublée , fi on y fait paller le gaz même dès qu'il vient d’être produit (1). Les réactifs , tant acides qu’alkalins , ne le décompofent pas. Les gaz acide muriatique oxigèné ne le réduit pas en matière huileufe ou échérée , comme nous avons eu lieu de le remarquer déjà à plufeurs reprifes. Après avoir été mêlé à ce gaz acide, il fubir toutefois une petite diminution de volume , qui pourroit aller a+, & le réfidu brûla d'une flamme pâle , bleuâtre , différente de la flamme huileufe dont brûle le gaz avant d’avoir été mêlé à ce gaz acide. : $. XX. Pour nous afurer des parties conftituantes de ce gaz, nous nous fommes fervis des mèmes moyens que nous avons employés dans l'analyfe du gaz hydrogène carboné huileux. Nous nous affurâmes de la préfence de l'hydrogène en le faifant pafler far le foufre contenu dans un verre rougi au feu : le gaz recueilli fut pour + du gaz hydrogène fulfuré, Le gaz mêlé au gaz acide muriatique oxigèné , & allumé , donna une précipication abondante de matière charbonneufe aux parois du verre. La préfence du carbone fut prouvée d’ailleurs par l'acide carbonique , qui fe forma en faifant brûler ce gaz avec le gaz oxigène. L'eau de chaux, far laquelle l'expérience fe fr, en fut troublée d’un précipité de carbonate de chaux. (:) Noot, F LI Le L'ORALATURLL is Le LAS 1 à d 188 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le gaz eft donc une efpèce de gaz hydrogène carboné. Nous l’appelle- rons , afin de le diftinguer , gaz hydrogène carboné retiré de l’éther. $. XXI. L’alkool enfin traité de la même manière, en faifant pafler fes vapeurs à travers un tube de verre rougi, donna une autre efpèce de gaz , dont les propriétés ne diffèrent en rien de ceux du gaz retiré de l’éther , fi on n'en excepte la pefanteur fpécifique & la manière du brüler. La pefanteur fpécifique eft à celle de l'air atmofphérique =0,4 36 : 1,000. La flamme eft pâle & moins huileufe , affez femblable à celle dont brûle lalkool. Les parties compofantes font , d’après l'examen , faites de la même ma- nière dont nous avons opéré fur le gaz retiré de l’éther , l'hydrogène & le carbone. : Ce gaz eft donc encore une efpèce de gaz hydrogène carboné, que nous appellerons guz hydrogène carboné retire de l’alkool. $. XXII. Nous defirerions pouvoir indiquer exaétement les proportions dans lefquelles les parties compofantes fe trouvent dans ces trois efpèces de gaz. Les expériences que nous avons faites dans ce deffein ne nous ont pas farisfaits entièrement, Cependant comme elles nous ont fourni du moins quelques lumières fur ces proportions , nous donnerons en peu de mots le réfulrat. Nous nous fommes fervis, pour ces expériences, de tuyaux de verre fermés d’un bout & divifés. Ces tuyaux furent remplis d'un mélange de gaz , que nous voulümes examiner , & de gaz oxigène. Ce mélange fe fit de manière qu'il y entrât toujours un peu plus de gaz oxigène qu'il n’en fallut pour une combuftion complette , afin d’être sûrs que rout le gaz in- fammable für confumé. Après avoir allumé le mélange par l’étincelle élec- tique , la diminution de volume fut notée; & le tuyau qui, pendant combuftion , étoit rempli de mercure & plongé dans un bain de mercure, fut tanfporté fur l'eau de chaux , où nous y fimes monter un peu d'ammo- niaque, L'eau de chaux indique la quantité d'acide carbonique formé : or, cette quantité étant connue , on peut trouver la quantité de carbone qu'il contient. Ce carbone déduit de la quantité totale de:gaz inflammable em- ployé , donna la quantité dé l'hydrogène, qui:d’ailleurs pût être trouvée par la diminution que fubit le mélange par l'inflammarion. Ces expériences, routefois , n'ont pas aflez de précifion par la petite quantité fur laquelle on peur opérer de cette manière ; car pour peu qu’on prenne une quantité un peu plus confidérable , le tuyau eft brifé par Fex- plofon du melange quand il eft allumé. Ayant néanmoins répété un grand nombre de fois ces expériences, nous y obfervimes une telle conformité dans la quantité du gaz acide carbonique _ “été ais té 2 Lt 4 “hr ii + | 4 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 189 formé, que nous pouvons en donner les réfultats , comme indiquant à-peu- près les proportions d'hydrogène & de carbone dans ces efpèces de gaz. Nous avons donc trouvé que la quantité de carbone dans $00 parties en poids de ces efpèces de gaz , eft de 80 à 74 fur 20 à 26 d'hydrogène; & dans la proportion des parties compofantes,, il n’ÿ a prefque pas de diffé- rence, { on prend les poids égaux , & que par conféquent le volume de ces efpèces de gaz & leur pefanteur fpécifique diffèrent beaucoup fans que Ja proportion des parties compofantes en poids varie de la même sn manière, L Si ces proportions diffèrent , if paroît, d’après nos expériences, que le gaz hydrogène carboné huileux aura le plus de carbone ; enfuite celui retiré de lécher , & que le gaz retiré de l’alkool en aura le moins : mais ceci ne peut être déterminé exactement fans des expériences qui aïent plus de pré- cifion qu'il n’eft poflible de leur donner par l'appareil fimple dont nous nous fommes fervis. $. XXIII. Voilà donc trois efpèces de gaz inflammable qu'on ob- uent de l’alkoo! & de l’éther traités de manières différentes. Ces gaz ont ceci de commun, qu'ils font compofés d'hydrogène & de carbone. [!s font donc des efpèces de gaz hydrogène carboné. 11 paroît de plus probable, que la proportion des parties compofantes ne diffère pas, ou du moins ne diffère que peu de ces gaz, fi on en examine des poids égaux. Ils diffèrent entr’eux en plufieurs autres points , par leur pefanteur fpéci- fique, par la manière du brüler, & par les méthodes diverfes dont ils fe font produits. : * La différence la plus remarquable eft certainement la formation d’une huile par le mélange du gaz muriatique oxigèné , du gaz hydrogène carboné huileux. Ce gaz eft produit dans la plus grande pureté, dans la diftillation de léther, d’un mélange d’alkoo! & d’acide fulfurique concentré. L’éther mêlé au même acide fulfurique en donne également, mais moins pur. On en obtient de même en faifant pafler les vapeurs de l’alkool & de l'éther par un tube d'argile rougi au feu, mais qui aufli n’eft pas parfaire- ment pur. Cer effet s'obferve également en prenant des parties compoñfantes de l’ar- gile , l'alumine & le filice , qui, pris féparément, donnent certe propriété de former de l'huile au gaz, fi les vapeuis de l’alkoo!l & de l’'éther paf- fent par-deflus ces fubftances. Ces vapeurs paffant par un fimple tube de verre rongi au feu , donnent les deux autres efpèces de gaz, felon qu'on prend l'éther ou l’alkool, qui 199 JOURNAL DE PHYSIQUÉ, DÉ CHIMIÉ, ne préfentent pas le moindre indice formé en les mêlant au gaz acide muriatique oxigèné. Le g2z, qui a la propriété de former de l’huile , la perd en le fafant paflér par un tuyau de verre rougi, & 1l dépofe du charbon, Les commotions électriques ont le même effet; mais il n’y a aucune pré- cipiration de carbone. On obferve d'ailleurs que le volume eft aug- imenté quand le gaz huilcux pañle à l'état de gaz ne formant pas de j’huile. Ces efpèces de gaz enfin , tant huileux que retirés de l’éther & de l'al- Kool , font vraiment des Huides gazeux permanens , & ue doiyent pas être régardés, foit comme des vapeurs de l'éther confervant pendant quelque rems l'état aériforme , foir comme du gaz hydrogène dans: lequel fonc fuf- pendues des particules d'éther où d’alkool, Nous avons vardé ces efpèces de gaz pendant des mois fur l’eau; nous les avons fait pafler par l’eau à plu- fieurs reprifes, & nous Its avons expofés aux réactifs ; ils ont confervé toujours leurs propriétés, fans être alrérés & fans en avoir perdu aucune. $. XXIV. Ce font là les principaux faits qui réfultent de ños expé- riences : nous finirons en propofant quelques queltions. De quelle manière s'opère certe réduction de gaz en huile? l'acide mu- riatique oxigèné lui enlève-t-il une partie d'hydrogène , ou lui donne-t-il fon oxigène , ou eft-ce une autre circonftance d'où dépend ce phéno- mène ? Quelle eft la nature de cette huile ? certainement ce n’eft pas de l’éther falfurique ; elle paroît toutefois être une efpèce d’éther. Nous nous propo- fons de l’examiner dès que nous en pourrons recueillir une quantité fafifanre. Quelle eft la caufe de la production du gaz huileux, quand la vapeur de l’alkool ou de l’éther pafle fur l'argile , le filice ou l’alumine? Pourquoi, au contraire , ces mêmes vapeurs , en paflant par le tuyau de verre , donnent-ils du gaz qui ne forme pas de l'huile , bien que le verre foit un compofé de filice ? La différence de ces efpèces de az pourroit-elle dépendre uniquement de ce que l’un a dans la compofñtion plus de calorique que l’autre ? La grande conformité dans les proportions de parties compofantes feroit foup- conner cela , fur-tout fi on y ajoute l'effet qu'ont fur le gaz huileux les com- motions éleétriques par lefquelles le gaz perd la propriété de laïffer fe réduire en huile, & eft augmenté en mème temps en volume fans qu'il y ait la moindre précipitation de carbone. ( Nous avouerons que les expériences faites dans le deffein de répondre à = queftions , ne nous ont pas donné jufqu'ici des éclairciffemens né- ceffaires. F ET D'HISTOIRE NATURELLE. 191 Nous donnons donc ces recherches fur la nature de ces efpèces de gaz, comme des fimples faits qui pourront fervir peut-être à répandre quelque lumière fur la nature de l’aikool & de lécher. On s’apperçoic trop, en opérant fur des matières végétales & animales, que la chimie eft encore peu avancée de ce côté-là pour ne pas fouhaiter que ceux qui s’en occupent publient du moins les faits qui peuvent fervir à donner des éclaircifiemens , bien que jufqu'ici il ne foit pas toujours pofñible de les lier à la théorie générale avec la même facilité dont on jouit en s’occupant des matières élémentaires & peu compofées que nous offrent l’atmofphère & les minéraux. SPP EUDULR APP OR'TE SUR les moyens d'extraire avec avantage le Sel de foude du Sel marin. Par LeLIÈVRE, PELLETIER, D'ARCET 6 Giroun», Extrait par J. C. DELAMÉTHERIE. Procédés de Ribaucourt. R;: AUCOURT a envoyé un mémoire dans lequel il propofe plufieurs moyéns ; mais la plupart fe réduifent aux procédés déjà connus & décrits - avant lui, foit par la ferraille, foit par le vitriol ou par le plomb: nous n'entrerons pas dans un grand détail fur ces objets ; mais il en eft un plus fimple qu'il ne faut pas paffer fous filence. C’eit celui qu'il propofe pour décompofer le fulfate de foude par le charbon feul ; c'eft celui qu'il a fuivi pendant près de deux ans à la blanchifferie de la Glacière , près Paris : maïs auf il ne diflimule pas la difficulté qu’on trouve, quelqu’exercé qu'on foit , & perfonne ne l’eft plus que lui, à fair le moment où il convient de retirer la matière du feu. Trop-tôt, le fulfate de foude n’eft pas dé- compofé, & il y a peu dé foude libre; trop tard, le foufre fe brüle & le fulfate de foude eft déjà régénéré. « Prenez, dit-il , 100 livres de fulfate de foude ; réduifez-les en poudre » à la batte ou fur le pavé; mélez-y, à la pelle, 25 livres de pouflier ment ; . 4 4: L et % - , 1 192 JOURNAI DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIÉ. » charbon : on introduit ce mélange dans un fourneau à falin ; chauffiz » d'abord jufqu'à ce que la voûte foit blanche; dans une heure la matière » eft embrâfée, & une heure & demie après, le foufre fe forme : on fou- » tient ainfi le feu , & au bout d’une heure ou environ, la matière com- » mence à fe fondre ; alors on rallentit le feu , on la retourne fouvent , on » la change de place, & lorfqw’elle eft en bonne fufion pâteufe , on donne » promprement un coup de feu, capable de lui procurer un peu de flui- » dité : dès qu'elle commence à couler fur le devant du four, lopération « eft finie; on enlève la matière lorfqu'elle eft refroidie, & on la porte » au magafn pour la lefliver au befoin ». Cette opération eft l'affaire de quatre heures. La fufon pâteufe d: la matière annonce que le foufre eft formé; mais ce phénomène eft précédé de plufeurs autres. 1°. Lorfque le mélange eft bien embrâfé , le charbon commence à brûler d'une flamme vive & très - reconnoïiffable; c’eft alors qu'il faut retourner fouvent la matière pour multiplier les furfaces & favorifer cette combuftion. Cela dure une heure. 2°. À cette flamme en fuccède une autre fulphureufe , courte & légère, qui lèche la furface de la malle ; & ceci a lieu pour l'ordinaire une heure & demie après la première époque. 3. Une heure après la fufion commencée , on augmente le feu, & une heure & demie après, fuccède la fufon ‘liquide qui indique la fin de l'opération. Ces fignes, ainfi préfentés, femblent annoncer nn travail facile à con- duire; mais 1l ne faut pas s’y tromper ; ‘Ribaucour la pratiqué pendant deux ans avec avantage, pour la blanchifferie; mais la difficulté qu'il a trouvée à failir ces époques & les nuances qui en changent tous les phéno- mènes , l'ont obligé d’y renoncer & de chercher un intermède propre à {éparer le foufre , & c’elt cet intermède qu'il a trouvé dans le fer. Il y a lieu de regretrer que ce procédé préfente autant de difficultés , & qu'il foit aufli difhcile de les lever; car Le fulfate de foude , une fois obtenu d'une manière quelconque , le charbon feul termineroit l’opé- ration. Ribaucourt a aufli décompofé le fel marin par la chaux de plomb. « Son mélange fe fait à parties égales de muriate de foude & de litharge, » 100 liv. de chaque; la litharge ayant été pulvérifée, il la fait broyer » avec le fel, par portions de 2 liv. chacune, & 3 liv. d’eau, Peu-à-peu la » litharge perd fa couleur; elle devient blanche , & finit ainfi par blanchir » tout-à-fait. La matière abforbe d’abord peu d’eau; mais à méfure qu’on » broye, elle prend de la confftance, ce qui oblige d'y en ajouter fuccef- » fivement par parties, & non tout d’un coup : lorfque la matière à ab- w forbé toute Peau, elle a acquis une confiftance pultacée ; alors il la n met ET D'HISTOIRE NATURLLE. 193 » met dépofer dans des jarres , où il la laiffe vingt-quatre heutes , ayant » foin de la faire agicer de temps en temp: : elle eft alors d’un crès-beau- » blanc. » La matière ayant acquis ce point de blancheur,, il la foumet à la preffe, » ce qui lui donne 120 liv. de leflive à 21 degrés; il y ajoute 120 liv. d’eau, il fait remuer la mafle & remettre à la prefle ; il obtient encore » une leflive à 14 degrés. Enfin une troifième opération , avec la mème » quantité d’eau , lui donne une dernière leffive à 4 degrés. » La totalité de l’eau qui eft mife dans le 71 Dioyape tea MES 270 660 liva La liqueur rend à la preffe en tout. . 480 » » Dont la pefanteur moyenne eft de. . 12 degrés<. PIC ATCIPELE NAS. Ne T2 2Nl1VIE PE TANENT EC ee LUE eee AL DE a OT OZ 2 onces, » Les liqueurs ayant été réunies, on les évapore : pendant le cours de » l’opération , il fe forme fucceflivement une croûte ou pellicule qui rentre » bientôt dans la liqueur & tombe au fond ; on l’enlève fucceflivement » avec une écumoire; à la fin on conduit l’évaporation à ficcité ; on laifle » égoutter pendant vinot-quatre heures , & le poids fe trouve de 83 livres » 12 ONCES. » Ce fel ne reffemble point, par fa forme, aux cryftaux de foude ; il » eft aéré & cauftique, & contient du muriate de foude; étant expofé à » lair, il tombe en efflorefcence, & blanchit confidérablement ; mais » comme fa caufticiré l'empêche de cryftallifer, Ribaucourt a pris Le parti » de le chauffer fortement dans une marmite de fer; enfuire il fait la » leflive, & il obtient une foude parfaitement cryftallifée ». Le fel marin qui s’eft féparé par l’évaporation , pefoit 16 liv. 12 onces, ou + à-peu-près. Le marc peut fe réduire en plomb, ou être converti en jaune minéral , par la fufon, à volonté. Il en eft de cee opération , dit Ribaucourt , comme de celle où il opérôit la décompolition du fulfare de foude par le charbon , c’eft-à-dire, qu'il y a les mêmes nuances à fair, & les mèmes difficultés à furmonter. Ce procédé eft, comme on le voit, le mème que ceux doat nous avons parlé, telles, par exemple, que la plus grande quantité de foude qu'il dit avoir décompofé : le fel marin entre ici à parties égales avec la litharge, & lorfque les circonftances de l'opération font bien faifes , il n’en échappe pas à la décompofition ; tandis que Chaptal qui ne met qu’un quart de mu- riate de foude, & Carni les £, retrouvent encore ,; dans le réfidu, de l’oxide de plomb non combiné, D'un autre côté, Ribauceurt emploie le broyage comme le fair Arthur , & ce moyen n’eft pas indifférent. Tome IL SEPTEMBRE, 1794. Bb 19 JOURNAL DE PUYSIQUE, DE CHIMIE Ona propoft , avec rafon , le virriol martial , comme un moyen très- commode pour opérer la décompofition du fel marin ; mais on n'obtient ce viciol que par la décompofition de la pyrite ; & cette décompofition a toujours beloin du temps, de lait ou du feu, & fouvent de tous les trois: nous avons-penfé que ce feroit abréger beaucoup le tems, & diminuer la dépenfe, sil étoir poflible de décompofer le fel marin & la pyrite l’un par l'autre, & faire le fel de Glauber tout à-la-fois ; c’eft ce que nous avons tenté, & c’eft ce qui nous a parfaitement réuffi. Nous y avons été d'autant plus sürement conduits , qu'il paroït conftant ue , parmi les différens intermèdes propres à convertir le fel marin en ful- A de foude , & à décompofer ce dernier , afin d'en mettre à pat la bafe , il n'y en a point jufqu'ici qui puiffent l'emporter fur le fer , fur le vitrio! martial ou-fulfate de fer, & fur la craie. Décompo/tion du Muriate de foude par l'intermède de la pyrite martiale. « Nons avons mélé enfemble 10 liv. de pyrite des environs de Paris, » & 4 liv. de muriate de foude; le rout réduit en poudre, a été mis dans » une chaudière de fer ;on a calciné ce mélange durant foixante heures (1) ; » pendant le temps qu'a duré certe calcination:, il s’en eft exhalé beaucoup n d'acide fulfureux & d'acide muriatique ; la malle a été retirée du feu, » pulvérulente ; elle avoit l'apparence d'unoxide de fer brun , tirant fur le » rouge , elle avoit perdu 3 liv. 4 onces de fon poids, On à leflivé cette » matière à l’eau chaude , & la leflive a donné , fulfate de foude, 4 livres » 8 onces; l’eau-mère , évaporée à ficcité, a laiffé une male faline, in- » cryftallifable , du poids de 14 onces; c’étoit un mélange de muriate de » foude, non décompofé , de fulfate de foude & de muriate de fer: » Le réfidu de cette leffive, refté fur le filtre & defféché , eft un oxide » de fer, de couleur brune, & du poids de 6 liv. 12 onces ; maïsicommte en » chauffant cer oxide , nous avonsobfervé qu'il s’en'dégageoir encore beaucoup » d'acide fulfureux , nous nous fommes convaincus que la quantité de 10 1. » de pyrite peut en décompofer une plus grande de fel marin , que les 41. » que nous avons fait entrer dans ce mélange ». Nous ahfervons aufli que cet oxide peut, dans cet état, fervir ultérieu- rement & immédiarement avec le concours du charbon , à terminer l’opé- ration; en un mot, à décompofer le falfate de foude, & à rendre libre fà bafe. On fent d’abord combien l'emploi de la pyrite doit fervir à ménager (1) Cet efpace de temps, fans doute , pourra être abrégé de beaucoup , comme on le verra plus bas. LI + ; | RS NON AE He | À ET D'HISTOIRE NATURELLE. 195 le témps, la dépenfe, & à fimplifer le procédé : il y a plus, c’eft que l'ad- dition du chaïbon , faite à propos, abrège encore la calcination. Nous avons conftaté , de plus, que ce mélange de pyrite , de muriate de foude & de charbon préfente , pendant la calcination , les phénomènes de la combuftion ‘pyrophorique ; ‘que le charbon de‘tetre eft aufli propre à cette opération que le charbon de bois ; enfin, que la «tourbe , réduite ‘en poudre , l'emporte fur tous 'les-deux ; & que , dans le cas où l’on prendra l'un ou l’autre poar inrermède , il y aura un-Elépasement affez:confdérable de fulfate d'ammontaqne & de’muriate d'ammomiaqne , ‘d'autant que ces deux fubftances combaftibles fourniffentépalement de l'alkali volauil ; ce qui ne peut pas arriver avec le charbon véoéral. Les produits de ce dernier effai ,réduis au quintal, préfentent le tableau fuivanr. Pycite tartes VE SMS LU eu'h1pi mobriss | Mariae deifoadel. es. fl ch Lt S'aEne 2 hide } A La calcination réduira à PS0 Lee. 15 viiyi 58 onces. Sulfare de foude , qu’on obtient par le leffivage. #5 Malle faline de l’eau- mère defféchée , conte- nant du muriate de foude non décompofé , du fulfate de foude incryftallifable , & du muriate DEAR LE ORNE SIL EALR ER PO LES LEO T ER Oxide de fer brut, réfidu de la lixivation , pou- vant fervir , avec addition de charbon, à dé- compofer de nouveau du fulfare de foude, & le convertir en foude , fuivant le procédé exÉcmé chez Alban! 0e EL CUS) ENT II 14 D’après le calcul de Kirwan , qui admet au quintal de fulfate de foude 22 liv. de foude pure cauftique , fans gaz acide ni eau de cryftallifation , les 45 liv. de fulfate de foude , obtenues ci-deffus, contiennent près de 10 liv. de foude pure & cauftique , d’où il réfulte que 1000 liv. de pyrite , & 400 liv. de fel marin produiroient environ 45 0 liv. de fulfate de foude; ou foude pure & cauftique , 100 liv. Ce calcul eft éloigné de celui de Bergman. Suivant Bergman , 100 liv. de foude pure équivalent à $ 00 liv. de carbo- nate de foude cryftallifée , avec route l’eau de cryftalhifation. Et $00 liv. de cryftaux de foude faturée d’air & d’eau contiennent 20 pour 2 d'alkali pur POEANRQUE SCANS ON PR ONREEIS PAP Te Lol Ecau de cryftallifation à 64 pour ?. . . . . . . 320 Acide carbonidüe, ré potit e, %", 1!" ANR EMTORtEEo To tal … e . 0 e e » . , . $ (oJe] Bb 2 x \ L2 LL ER ‘4 WUILETTR e L PAR . É $ 2 È ' # 196 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE LC: o Combuflion de la Pyrite martiale & du Sel marin ; par l'intermède du Charbon de terre. $ . « On a mélé enfemble 10 liv. de pyrite mattiale , 32 liv. de charbon de » terre du Forez, pilé groflièrement; on les a pêtris avec de l’eau tenant » 6 Liv. de fel marin en diffolution. Ce mélange ainfi fait , a été mis en » boules & brûlé fur gril dans un fournçau de réverbère , à l’aide d’un peu » de charbon de bois allumé, & placé fous les boules. ; » La combuftion a d’abord été vive & avec flamme; enfuite elle s’eft » rallentie : mais la matière a continué de brüler avec une flamme légère « bleue , & accompagnée d’un désagement de vapeurs abondantes d’acide » muriatique & fulfureux. L'incinération a été complette après treize » heures. » Les cendres étoient d’un gris rougeâtre ; on les a lefivées ; & par l'éva- » poration , l’on a obtenu 6 liv. de fulfare de foude cryftalifé : le réfidu » ayant été féché & calciné de nouveau, il s’en eft dégagé beaucoup d'acide » fulfureux; ce qui prouve bien ce que nous avons déjà dit, que certe » quantité de pyrite peut fuffire à décompofer une plus grande quantité de » fel marin, & fournir par conféquent plus de fulfate de foude. » Les parois du fourneau , & fur-rout le dôme & la cheminée , étoient » tapiflés d’une fuie contenant du muriate d’ammoniaque , ce qui nous a » fait voir qu’en plaçant entre le fourneau & la cheminée , une chambre , » telle qu’elle eft à la manufaéture de Sr.-Denis , on pourroit , fans autre » dépenfe, rerenir une affez bonne quantité de fel , ce qui feroit un béné- n fice de plus, & d’autant plus für, que le charbon de terre , comme » nous l’avons déjà obfervé , eft encore plus favorable à la décompof- » tion du fulfate de foude par les oxides ferrugineux , que le charbon » de bois De Produits de cette opération , rapportés au quintal. Péricemmarales #14 tue ie er EME Roo li. Charbon de terredu Forez. NW... NN 20 Sélémarnin EEE SE SET Er 6o FOIE NT te RENE 8 0 Louer 2 7) Les matières brülées & réduites en cendres donne- ront , pat la lexivation, fulfate de foude en cryf- AUX 6o ä Ces 6o liv. de fulfare de foude cryftallifée contien- nent, felon Kirwan, foude pure cauftique. . 13 3 onces, Lefquelles, fuivant Bergman, équivalent à . . 6$ 15 onces STAR IEt è ‘ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 197 de foude cryftallifée ; farurée d'acide carbonique, & combinée avec l’eau de cryflallifation. : "4 Combuffion de la Pyrite avec la tourbe & Le fel marin. « On à mis en poudre 100 Liv. de pyrite & 30 liv. de tourbe; on les a » bien mèlées , & l'on en a fait une pâte avec une diffolution de 6 1. : de » fel marin. On a formé cette pâte en boules , & lorfqu’elles Te été » sèches, on en a chargé un fourneau de réverbère; après avoir mis deux » ou trois charbons de bois allumés fur la grille, le feu y a duré trente » heures. Cette combuftion a été lente; elle avoit une apparence pyropho- » rique : l’incinération a été compleite : on a leflivé les cendres , & évaporé » & rapproché la leflive ; elle a fourni 7 liv. de fulfate de foude cryftal- » lifé, & l’eau-mère évaporée à ficcité a fourni 1 liv. 1 1 onces de muriate » de fer, & une portion de fulfate de foude que le fer avoit empêché de » cryftallifer. » On a fait fécher le réfidu des leffives qui étoit d’un brun tirant fur le » rouge; on l'a calciné dans un creufet , & 1l s’en eft dégagé encore une » grande quantité de vapeurs d'acide fulfureux. Ce qui confirme ce que » nous avons déjà dir, que , dans ces opérations , la quantité de fel marin » qu'on y fair entrer eft fort au-deffous de celle que le vitriol de fer , ou la » pyrite brülée avec le charbon de terre, ou avec la tourbe, auroient pu » décompofer & convertir en fulfate de foude ». On a trouvé, après cette dernière combuftion, une plus grande quan- tité de fuie, de muriare & de fulfare d'ammoniaque , que dans l'opération précédente, & ce feroit une raifon, dans le cas où on feroit ufave de l’un ou de l’autre de ces deux procédés , d'adapter au fourneau: de combaltion une chambre propre à recevoir & à condenfer ces vapeurs. C’eft en recueil- lant tous les produits des opérations, autant qu'on le peut, ainfi que par une attention foutenue aux petites pertes , qu'on fait profpérer les grandes en- treprifes. En réduifant au quintal les quantités de matières brûlées & des produits de cette dernière opération , on a le tableau fuivant : 100 liv. de pyrite martiale en poudre . . . . FO 0RBV: de OU DEN RE EU ON Les Li. TE OT UE EE RE SE NE LS M donnent , fulfate de foude cryftallifé , 70 Liv. , fans compter ce qui refte de ce mème fel combiné avec le muriate de fer , dans les eaux-mères de cryftallifations. À joutons encore ce que rendroit de plus le fel marin, qu'on peut ajouter au mélange , en fus de celui qu'on y a fait entrer ; nous aurions defiré pouvoir fixer à-peu près ce qu'une quantité déterminée de pyrite peut .. “= - 198 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE en décompoler, mais Le temps qu'auroient exigé ces expériences ne nous a pas pérmis de nous y livrer. Il nous fuflit d'indiquer que les quantités don- nées de pyrites peuvent en opérer une plus grande décompoftion. Nous avons eu J'eccalion de faire la même remarque fur les autres procédés que nous avons décrits , où la fomme des intermèdes nous paroït excéder fou- vent de beaucoup celle des matières qui donnent les produits. On a propofé aufñli la décompofition du muriare de foude par la voie humide., à l’aide du fulfare de fer : nous avons tenté ice moyen , ül nous a mal véufi; 1l m'a pas eu plus de fuccès dans les effais qu’en a fait Blavier. Et fans en mier la poffibilité, nous penfons qu'il ne ‘peut pas lutter contre ceux qui s’exécutent fi bien par Le feu. Mais nous exhortons les hommes inftruits quiferont à portée d’en varier les procédés , à l'exemple de Lorgna (1) & Caray, de ne pas fe décourager ; car un fuccès heureux feroit certaine- ment un grand dédommagement de leurs travaux. Enfin nous avons tenté d'employer le laitier où mâche-fer qu’on jetre à la porte des Forgerons & des Serruriers ; & cet intermède, mis en poudre, nous a parfaitement réufhi. En effet, cette matière ainf rejettée, eft pour ainf dire toute entière du fer; nous en avons vu qui, ramafñlée fans choix , contenoit 800 par mille , parfaitement attirable par l’aimant, & dont une partie eft mème maléable , & s’applatit fous le marteau. RÉSUMÉ. II eft néceffaire de faire un réfumé fuccint de ces différens moyens , afin de déterminer ceux qui peuvent plus immédiatement convenir à tous les lieux & à routes les circonftances , fans rejetter pour cela ceux qui ne pour- ront s’exécuter avec avantage, que dans des cas dépendans de diverfes localités. Q Le procédé de Leblanc , par l'intermède de la craie, nous paroît celui qui peut être le plus généralement adopté , parce que cette matière première eft plus univerfellement répandue ; elle a de plus cet avantage , qu’elle n'empèche pas la foude d’étre mife dans le commerce , dans l’état brut; qu’elle reffemble plus particulièrement à celle que le commerce nous pro- cure de l'étranger, & à laquelle nous fommes dès long temps accoutumés; enfin qu’elle peut s'appliquer immédiatement & fans lefivage préliminaire, à la buanderie , à la verrerie commune , & à la confection du favon; ajoutez que ce procédé s’exécutant par le moyen de l'acide füulfurique, l’acide muriatique qui en réfulte fe combine dans fon état de pureté , pour la confection du fel ammoniac : au lieu que par l’intermède de la pyrite , RP OP SO EEE QU (1) Voyez Journal de Phyfique , année 1786. de QYriel L ie ul PANNES il ER D'HISTOIRE NATURELLE. 199 le dégagement d'acide fulfureux volaril, qui fe#fait fimultanément avec l'acide muriatique, ivoit former dans la chambre du fulfate ammoniacal , & altéreroit d’autant la pureté du vrai fel ammoniac ; ce qui exigeroit alors un nouveau procédé pour le puriñef. Mais ces avantages feront bien compenfés dans les procédés qui feront exécutés par l'intermède des viriols, de la pyrie, des tourbes , &c. IL 1ous paroit , que toutes chofes égales , ils donneront une plus grande quantité de carbonate de foude , par l’affinité plus grande que le foufre à avec le fer qu'avec la craie; or , certe plus grande affinité ne peut que hâter & faciliter la féparation de certe fubftance, & favorifer d’autant le dégagement de la foude: telle eft en effet la comparaifon des réfultats que nous avons obtenus, Mais aufli on fera forcé, dans tous les cas, de faire dans les manu- fadtures même , la leffive de ces foudes brutes , afin d’en féparer tout l’oxide de fer ; car quel qüe foit l’état dans lequel il pourra s'y trouver , il eft également impoñfble de le faire entrer dans aucune compofition fans un notable préjudice, & nous fommes, à cet égard , d’avis qu'on fafle faire ce vive des foudes brutes indiftinétemment dans les foudières mème , quelle que foit la méthode de leur préparation , & pour peu qu'on confidère la variété infinie qu'il y a dans celles du commerce , relativement à l1 quantité d’alkali qu’elles contiennent, à la facilité qu'ont les Marchands de tromper impunément les blanchiffeufes, & la plupart- de ceux qui l’achètent en détail , à la dépenfe très - inutile & même nuifble qu'occafñionne l'encombrement de tous ces réfidus, qu'il faut tou- jours en féparer , précédemment à tout ufage , on fera facilement de notre avis. Il feroit impoffible de fixer tous les lieux de la république où l’on pourra faire de la foude : les différentes matières qui peuvent fervir d’intermède pour la décompoñtion du fel marin fe trouvent prefque par-tout, & ce fel eft généralement fi abondant & fi commun, qu'il y aura peu d’endroits dans la république où l’on ne puifle fabriquer la foude , finon pour en faire un grand Gbjet de commerce , au moins pour les befoins immédiats d’une localité quelconque. LD 100 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE RABRPORT SUR Les moyens de ranner les Cuirs. Propofés par ARMAND SEGUIN. L ‘ART de tanner les cuirs eft un des arts anciennement connus ; il eft d’une utilité générale , il eft lucratif au commerce de plufeurs nations ; fes produits font néceffaires à beaucoup d'individus, en même-temps qu'ils ont un grand nombre d'applications. Cet art a occupé & occupe encore beaucoup de perfonnes, & cependant on le regarde comme dans fon en- fance : cela ne furprendra point, fi l’on confidère que ceux qui l'ont exercé , ont toujours appellé» pour ces travaux des hommes qu’ils ne retiroient pas de la claffe de ceux en qui l’on recherche une grande intelligence, & qu’ils ont conftamment fuivi des routines , des procédés particuliers dont ils croyoient devoir faire myftère pour leurs propres intérèts. Des années entières étoient néceffaires pour tanner un cuir; mais lin duftrie françoife , qui vient de créer fubitement plufeurs arts inconnus jufqu'ici, devoit auñli compter au nombre de fes fuccès celui d’abréger un travail aufli confidérable. Seguin, plein du defir des découvertes utiles, étudie l’art du Tanneur, fe convainc que quelques jours fufffent pour procurer un tannage complet, & fonde fa théorie fur plus de deux mille expériences que tout le monde peut facilement répéter. Aufli-tôt il veut faire jouir fes concitoyens d’une découverte aufli précieufe ; &, convaincu que , dans, une république , per- fonne ne peut conferver pour lui feul un procédé qui peut être générale- ment utile, Seguin fait un mémoire dans lequel il développe l’enfemble de fes recherches. Armand Seguin eft chargé de répeter les expériences décrites dans fon mémoire, fur au moins cent peaux , & devant Lelièvre & Pelletier, char- gés de furveiller & de rendre compte de ce travail. Ce font ces expériences dont nous allons rendre compte, Elles ont été faites avec le plus grand foin, & fuivies pendant très-long-temps. Avant d'entrer dans les détails des procédés exécutés fous nos yeux par Seguin, fur le tannage des cuirs , nous croyons effentiel de rappeller , le plus brièvement poffible, en quoi confiftent les procédées connus & prati- qu - .ET D'HISTOIRE NATURELLE. 201 qués pour tanner les cuirs; ce rapprochement nous paroît néceffaire pour faire mieux fentir tous les avantages de la méthode propofée par Seguin. Letannage a pour objet de difpofer les peaux de manière à ce qu'elles ne puiflent s’altérer lorfqu'elles paffent de la féchereffe à l'humidité : il a aufli pour but de les rendre moins fufceptibles de prendre de l'humidité , pour ne pas dire de les rendre imperméables à l'eau , ce qui rigoureufe- ment n'eft pas vrai: orfque les peaux font tannées, on les défigne fous le nom de cuirs. Le travail du tannage s'opère par trois méthodes différentes : la plus an- cienne eft celle des cuirs à la chaux ; la feconde eft celle des cuirs à l'orge, & la troifième celle des cuirs à la jufée. Nous devons cependant obferver que la diftinéion porte particulièrement fur les premières opérations du travail; car dans chacune des trois méthodes , le tannage proprement dit £e fait à peu de chofe près de la nième manière & d’après les mêmes données. Le premier objet du Tanneur eft donc, quelle que foit la méthode qu'il fe propofe de fuivre , de faire tremper les peaux dans une eau cou- rante, dès le moment qu’elles font arrivées à la tannerie, afin de les dé- barrafler de tout le fang , crotte, &c., dont elles pourroient être impré- gnées, Tannage à la chaux. Dans la méthode de tanner à la chaux , les peaux font enfuite foumifes au travail du plamage. Diverfes cuves en bois, enfoncées en terre , ou des folles revètues en pierres , dans lefquelles l’on met de la chaux avec de l’eau , forment ce que l’on nomme le train de plamage ; ces cuves ou folfes font diftinguées alrernativement fous le nom de plains morts , plains foibles & plains neufs , fuivant que la chaux a été renouvellée, ou que ces plains ont déjà fervi. C’eft dans les plains morts que l'on commence à mettre les peaux favées ; & lorfqu’elles y ont féjourné , & que l’on s’apperçoit que le poil fe détache facilement , alors on les retire pour les débourrer , les décharner , &c. ; onles remetenfuite dans les plains , où elles paffent fucceflivement du plain mort au plain foible & au plain neuf, & on les y laifle jufqu’à ce qu’elles foientrecon- nues fuffifamment renflées,ou, comme difentles Tanneurs , que le grain foic bien levé : le temps que demande cette operation , n’eft bafé que fur l’habi- tude des Tanneurs. Ordinairement ils les y laiflent dix mois depuis le débourrement ; favoir , quatre mois dans les plains foibles, quatre autres mois dans les plains neufs , & quatre mois encore dans de nouveaux plains neufs : Le travail des plains étant terminé, ce qui , comme l’on voit, de- mande une année, l’on en retire les peaux & on les apporte à la rivière, où elles font lavées avec grand foin , pour leur enlever toute la chaux dont Tome II. SEPTEMBRE , 1794. Cc Lg 102 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE elles font recouvertes, & on les palle plufieurs fois fur le chevalet, tant du: edté de la chair que du côté de la fleur, afin de les recouler ou d'en bien exprimer la chaux : on a aufi grand foin de les craminer ou de les fouler, afñn de les adoucir, de les affoupler , & de les difpofer à être parfaitement pénétrées par le tan. Les peaux ainfi préparées , font alors foumifes à lation du tan : cette opération fe pratique dans des folles , lefquelles font quelquefois de fimples creux ronds ou carrés, pratiqués en terre, mais plus fouvent elles font des cuves cylindriques bien aflifes dans le terrein: le bois des cuves ne s'élève point jufqu’au niveau du fol , il eft furmonté par une mäconnerie en bri- ques ou en moëlons ; la manière d'y coucher les peaux fubit quelques mo- difications , fuivant les fabriques. Affez ordinairement on commence par mettre au fond de la foffe un boulet de tannée ou vieux tan , que l’on re- couvre d’une couche de tan neuf; par-deffus cette première couche, on étend une peau , on la recouvre d’une couche de tan neuf, & ainfi fuccefive- ment l'on metune peau & une couche de tan; l’on verfe enfuite un fceau d’eau pour abreuver la foffe : enfin on la recouvre d’une couche très-épaiffe . de tannée , ce que l'on nonime former le chapeau. Les peaux reftent ainfi dans le tan pendant trois mois ; ce temps expiré, on les en retire pour les remettre dans une nouvelle foffe , ou pour leur donner une feconde poudre. L’opérarion fe pratique de la mème manière, en employant toutefois du tan neuf. Les peaux reftent dans cette feconde écorce pendant quatre mois; enfin on les en retire, & on leur donne une troifième écorce, où elles reftent cinq mois. La totalité du tannage de- mande , comine l’on voit , l’année entière; les Tanneurs conviennent même, & il eft reconnu par l’expérience , que fi on laiffoit plus long- temps les peaux en foffe , alors les cuirs feroient plus forts & meilleurs. » Cuirs à l'orge. Dans la préparation des peaux à l'orge, il faut de même commencer par Les laver , fi elles font fraîches , & les faire ramollit & deffaler par le trempement , fielles font sèches ou falées. On les écharne encore foigneu- fement avec le couteau tranchant; on leur fair enfuite fubir Le travail pro- greflif des paffemens : ceux-ci fe préparent en délayant de la fatine d'orge avec de l’eau chaude ; on y ajoute de la pâte aigrie ou de la levure de bierre; le mélange fermente & acquiert une grande acidité; on le délaye enfuite avec une quantité d’eau proportionnée, On établie pour les paffèmens une gradation de force, comme pour les plains à là chaux : ils font, dans une fabrique, au nombre de quatre, cinq ou fix; le prenmer eft défigné fous le nom de paffement mors ou ufé | & le: dernier s'appelle pafjement neuf: ce font des cuves de bois , cerclées en fer, que l'on emploie à cer .- rs / ET D'HISTOIRE NATURELLE. . ro4 ufauc, Gnleur donne encore divers noms; le premier des paffemiens eft celui de lavage, le fecond celui de pelage; dans le troitième , qui eftla chûte du Dr 2 A è » pallément neuf, les-peaux fe gonflent & prennent de la nourriture ; de äuairième eft le PR neuf, & comme les peaux paflent ordi- taïrement dans deux paffemens neufs ,on vide le premier , ou le paffement moït, pour préparer un fecond pallement neuf. En été, la fuite de ce travail dure cinq femaines ; en hiver , elle dure plus long - temps : il ef très-néceflaire d’y apporter une grande furveillance ; un paflement mal pré- paré, mal conduit, peut être très-nufible aux peaux. Les chaleurs de l’été, lorage, &c., peuvent le faire tourner ; il faut donc être très-attentif à ob- ferver les qualités des paflemens , & dans tous les cas où ils viendroïent à fe décompofer , il faut en préparer de nouveaux. La farine d’orge n’eft pas la feule farine dont on puiffe faire ufage pour préparer les paflemens; celle de plufieurs autres graminées lui eft qu:lquefois aflociée, ou même fubf- tituée. Les Ka/moucs préparent une efpèce de paffement avec du lait aigri ; ou bien avec le rélidu de la diftillation du lait fermenté, qui de mème eft du lait aigri. Nous penfons que le réfidu de l'eau de-vie de grains, qui eft fouvent très-acide, pourroit fervir à préparer des paflemens. L'on pourroit encore effayer l’eau sûre des Amidonniers. Lorfque l’on à retiré les peaux des pallemens, on les lave avant de les coucher en foffe; on les pale enfuite dans une liqueur préparée avec de l'écorce de chène , que l’on nomme paffement rouge , pour le diftinguer des premiers, appellés paffemens blancs. Les peaux étant mifes en foffe, on les y conduit avec toutes les circonf- tances dont nous avons parlé pour les cuirs à la chaux. Cuirs à la jufée. La manière de préparer les cuirs à la jufée nous eft venue de Liège ; auf eft-on dans l’ufage de nommer les cuirs préparés par cette méthode , cuirs de Liège, ou façon de Liège. Un grand nombre de Tanneurs François l’ont adopté dans divers points de la République , de préférence aux deux mé- thodes précédentes : c’eft aufli celle qui eft pratiquée en Angleterre avec quelques difpofitions particulières. Cette méthode demande quatre opérations principales : la première , d’é- chauffer les peaux pour pouvoir les débourrer ; la feconde , de les faire revenir en eau courante, ce que l’on nomme /a trempe ; la troïfième , de les faire gonfler dans la jufée; & la quatrième, de les mettre en foffe avec du tan. Pour procéder à l’échauffe des ee , on commence par les faler aufi- tôt qu’elles arrivent de la boucherie ; & files peaux font sèches, on les fait revenir en eau courante, & on les fale de même que les peaux fraîches : on répand ordinairement une livre ou une livre & demie de fel fur la moitié , Cc 2 re: 104 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE du cuir; l’on renverfe l’autre moitié, en réuniffant les bords : au bout de huit jours , en hiver, & beaucoup moins au printemps & en automne, on les replie en fens contraire , en formant plufieurs tas , pour qu'elles puif- fent s'échauffer également : il eft nécelfaire d’obferver l’inftant où le dé- bourrement a lieu , & prendre garde fur-tout que les peaux ne s’altèrent par une fermentation trop prolongée , ce qui nuiroit beaucoup à la qualité des cuirs. On parvient encore au débourrement par l’échauffe, au moyen d’une étuve chauffée légèrement , dans laquelle on étend les peaux fur des per- ches ; au bout de trois ou quatre jours elles peuvent être débourrées. Après cette première opération , les peaux font tranfportées à la rivière pour les faire revenir , les travailler & les difpofer au gonflement , ou , comme difent les Tanneurs , à prendre de la nourriture dans la jufée ou jus de tannée. Pour préparer cette liqueur, on prend de Ja tannée ou vieille écorce qui a fervi à tanner les cuirs en feconde ou troifième poudre ; on la met dans une foffe , ou tout autre vaiffeau , fous lequel on peut pratiquer un puifard ; l’on fait pafler de l’eau à travers cette tannée , & comme elle s’écoule dans le puifard ou vaiffeau inférieur , on la reprend & on la reverfe fur la tannée : par des filtrations réitérées , l’eau fe charge des parties folubles de la tannée , & elle fournit une liqueur rouge , claire & acide , que l’on nomme jus de tannée ; ou jufee. C'eft avec cette liqueur que l’on difpofe les paflemens à la jufée; leur nombre varie felon les fabriques : on pafle les peaux d’un paflement à l’autre ; Les derniers font nommés paffemens de repos. Le temps qu’on y laiffe les peaux varie de même ; la pratique l'indique aux Tanneurs; ils comptent communément fur vingt-quatre joürs en hiver. Le travail de la jufée eft fujetaux mêmes accidens que celui des paffemens à l'orge: on y apporte donc une égale furveillance. Les peaux, au fortir des paffemens à la jufée , font de même pallées au paffement rouge ou coudrement , lequel eft préparé avec du tan neuf; c’eft ce que les ouvriers nomment donner la teinture ; on les y laïffe féjourner trois ou quatre jours , & on a foin de changer tous les jours le tan, & d'y en remettre du neuf; on les couche enfuite en folle, & on les y gouverne comme nous l'avons déjà indiqué. Les Tanneurs Liégeois {ont dans l’ufage d’abreuver les foffes plus qu'on ne le fait en France ; 1ls y tiennent auñfi les cuirs plus d’une année, & quelquefois ils leur donnent une quatrième écorce. Les Anglois font ceux qui ajoutent une plus grande quantité d’eau dans les fofles , de manière que les éhirs baïgnent dans la liqueur ; ils ont auf l'attention de laiffer les peaux pendant un temps beaucoup plus long dans les paffemens péparés avec le tan neuf. Il y a des tanneries où l'on a pratiqué au-deffous des foffes un puifard , ÉT D'HISTOIRE NATURELLE. 205 dans lequel fe ramaflent les liqueurs qui s’infiltrent de la foffe; on à foin de les y puifer , & on les rejette fur la fofe. Cette pratique eft certainement préférable à celle d’humecter les foffes avec de nouvelle eau douce. Tannage au fippage. Il exifte encore une manière de tanner , dont nous devons dire un mot; c'eft le fppage , ou apprèt à la danoïfe. Les peaux reçoivent les prépara- tions préliminaires au tannage, dépilation, &c.; on les foumet encore au paflement rouge , enfuite on les coud tout autour , en forme de fac, en ne laiffant qu'une ouverture, à la faveur de laquelle on les remplit de tan & d’eau ; les facs font enfuite coufus & mis dans des foffes remplies d’eau de tan, où on les charge avec des pierres ou des planches , de manière à forcer le jus de tan à les pénétrer promptement; & pour rendre l'effet plus actif, on retourne les peaux plufeurs fois dans la femaine, & on les bat à chaque fois ; par cette méthode, le rannage des peaux eft tellement accéléré, qu'en deux mois elles font tannées. Les cuirs ainfi tannés, éprouvent une extenfion affez remarquable; aufli font-ils plus minces, plus fouples , ce qui fait que cette méthode de tanne au fippage paroît plus convenable pour les cuirs à œuvre que pour les cuirs forts. Les diverfes manipulations du tannage que nous venons d'indiquer , font celles que l’on pratique pour les cuirs forts : quant à ceux défignés fous les noms de cuirs à œuvre, au nombre defquels font compris les cuirs de veau pour empeignes, &c., & ceux dits haudriers , que l’on prépare avec les peaux de vache & de bœuf d’une médiocre épaifleur , les préparations préliminaires , celles que le lavage , le travail des plains , la dépilation, &c., font mifes en ufage; mais on ne les foumet point aux diverfes opérations du gonflement. Lors donc que les peaux font débourrées , on les palle dans des coudremens ou paffemens préparés avec du tan neuf; on les couche enfuite en foffe , où elles reftent bien moins de temps: les peaux de veau, par exemple , ne reçoivent que deux poudres ou écorces. Lorfque l’on a retiré les cuirs des folfes , on a généralement l'attention de les faire fécher à l'ombre. Avant de palfer aux expériences de Seguin , nous allons donner un apperçu des travaux de Pfeiffer , Macbride & Saint-Réal , fur le tannage des cuirs. Travail de Pfeiffer fur le Tannage. Pfeiffer a annoncé, en 1777 , que l’on parvenoit à préparer en fix ou huit femaines les plus fortes peaux verres de bœuf en excellens cuirs, fans fe fervir pour cela de tan, & mème fans avoir befoin d’aucun autre menf- 06 JOURNAL DE PHYSIQUE, DEF CHIMIE true que la liqueur que l'on obrient de la diflilation du charbon-de-terre &e de la tourbe. (a Pfeiffer recommande donc de recueillir les produits que le charbon-de- terre ou la tourbe fourniffent pendant leur carbonification ; il en indique à cet effet la manière , & pour les appliquer au tannage , voici la méthode qu'il propole. , | ë s ; Après avoir fait dégorger & rincer les peaux vertes à la manière ordi- naïre , onvles placera dans des cuves où l’on aura mis les premiers produits de la diftllation du charbon-de-terre ou de la tourbe , que l’on aura eu foin d’érendre d’un tiers d’eau de pluie ou de rivière; l’on établira enfuite une douce chaleur au-deffous de ces cuves , de manière à ce que la liqueur devienne tiède : au bout de dix ou douze heures , la bourre doit fe détacher facilement ; on retirera alors les peaux, & on procédera à leur débourre- ment, Les peaux étant débourrées, on les replacera dans les cuves , que l'on aura eu foin de vuider & de remplir avec le fecond produit du char- bon-de-terre ou de la tourbe , qui aura été étendu d’un quart d’eau ; l’on entrétiendra un feu doux fuffifant pour donner une chaleur foible & égale à la liqueur des cnves : celles-ci refteront découvertes; & pour fuppléer à la liqueur qui s'évaporera , on introduira dans les cuves le roifième & qua- ième produit du charbon-de-terre & de la tourbe. Pfeiffer dir qu’en dix, douze ou quatorze jours , le grain des cuirs fe trouvera affez levé par cet apprèt , c’eft à dire que les peaux feront fufifamment renfées. Les peaux feront alors retirées, & on les mettra égoutter fur des per- ches ; pendant ce temps on videra les cuves , on les remplira avec les der- niers produits de la diftillacion du charbon-de-terre ou de la tourbe , & aufi-tôt on y placera les peaux. Le but de cetre dernière opération, ajoute Pfeiffer , eft de donner de la nourriture aux cuirs , & d’en reflerrer & fer- mer peu-à-peu les fibres que le gonflement avoit ouvertes , & elle doit êtrè terminée au bout de quinze jours ou trois femaines, fuivant l’épaiffeur des peaux. ï Pfeiffer propofe aufli d'appliquer fa méthode pour les cuirs à empei- gnes , &c. Il indique alors de laïller les peaux dans les liqueurs un temps moins confidérable, & de les corroyer enfuite avec l'huile que le charbon- de-terre ou la tourbe fourniffent lors de leur carbonification. Pfeiffer , enfin, a annoncé que les cuirs préparés avec l’eau ftyptique du charbon-de-terre, faivant fa méthode , font d’une meilleure qualité que les autres , que l’on obtient par les autres procédés connus; mais il n’eft point à notre connoif- fance que les expériences de Pfeiffer aient été répétées avec fuccès. Cepen- dant l’on rencontre , dans la fociété , des perfonnes qui vantent beaucoup fa prétendue découverte, & elles font dans la perfuafñon que le produit dy charbon-de-terre ou de la tourbe font propres au tannage des cuirs. Cette découverte feroit bien importante , fi elle étoir réelle. Seguin nous à dit avoir Jr f ET D'HISTOIRE NATURELLE. _207 répété les expériences de Pfeiffer , fans avoir jamais pu obtenir du cuir tanné; & d’après les dernières expériences de Seguin fur ce qui fe pale dans le travail du tannage , nous ne penfons point que les produits du charbon-de- terre ou de la tourbe puilfent fervir au rannage proprement dir ; maïs il nous paroït que l’on pourroit les employer avec fuccès aux opérations pré- liminaires du tannage : nous le répétons donc, les produits de la diftillation du charbon de-terre ou de la tourbe ne contiennent point les principes propres au tannage ( principes qui ont des propriétés particulières, comme Seguin nous la appris); ces liqueurs ne peuvent donc tanner les peaux, & l’affertion générale de Pfeiffer, fur cer objet, nous paroït dénuée de fondement. Travail de Macbride [ur le Tannage. Les travaux de Macbride font , à notre avis , d’une toute autre impor- tance pour les progrès de l’art du Tanneur. Macbride a d’abord éxaminé l'opération du gonflemernit, & dans cette partie du’ travail dés cuirs, nous. luï devons une découverte précieufe. L’on ne connoïffoit, comme nous l'avons dit plus haut, que trois manières de faire gonfler lés peaux ; celle de les tenir dans des plains à la chaux , ce qui demande douze mois; la feconde, celle des pafflemens à l'orge, laquelle confomme une grande quantité de farine de ce grain ou de tout autre, que nous pourrions em- ployér à notre nourriture ; enfin, la troilième manière , celle des pafflemens à la jufée. Macbride leur fubftitue une diffolution affoiblie d’acide fulfu- rique, préparation peu coûteufe , & qui ne demande pas de foins : aufli les Anglois fe font-ils emprefés d'adopter ce nouveau moyen de faire gonfler les peaux; & quoique rendu public depuis plufieurs années , quoique prati- qué avec fuccés dans les rannéries anglaifes , il n’eft pas encore employé par les Tanneurs François , malgré les difficultés qu'ils éprouvent à fe pro- curer de l'orge. C’eft bien le cas de faire remarquer combien la routine des Artiftes nuit à leu’s propres intérêts, en même-temps qu’elle s'oppofe aux progrès des arts. La dofe d'acide fulfurique indiquée par Macbride pour prépater la li are pour le gonflement des peaux , eft d’une pinte (efpiit de vitriol ort ) fur deux cents pintés d’eau; cette dofe eft crop forté ; d’après les ob- fervarions de Seguin, & 1l eft effentiel de la diminuer de beaucoup. La pratique ne tardera pas à indiquer aux Tanneurs lés quanuités refpeétives d'eau & d’acide fulfurique qu'ils doivent mélanger paur avoir un pallement bien dofé : les Tanneurs Anglois les connoiffent , puifqu'ils s’en fervent avec fuccès depuis plufeurs années. Les paffemens préparés avéc l'acide fulfuri- que ont encore un avantage fur ceux à l’orge ou a-la jufée; c’eft celui dé’ ne point fe garer dans les temps d'orage, &c. 103 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Pour nous réfumer fur les moyens propofés par Macbride pour tanner les. peaux, nous dirons qu'ils confiftent : . 1% Au lavage des peaux dans la rivière ; 2° Au débourrement par l’échauffe ; 3°. Au gonflement dans un paflement préparé avec l'acide fulfurique; 4°. Au tannage dirigé par une méthode particulière, Macbride indique, au lieu de coucher les cuirs en foffe, de les mettre dans une infufion de tan, qu’il dit de préparer avec de l’eau de chaux. La manière de procéder au tannage dans une infufion de tan, eft bien plus expéditive , comme les expériences de Seguin nous l'ont appris; mais de préparer l’infufion du tan avec de l’eau de chaux, c'eft un procédé défec- tueux que les obfervations de Seguin vont apprendre à rectifier. Si Mac- bride eût examiné l’action de l’eau de chaux fur une diffolution de tan , comme le fait Seguin, il auroit vu que l'eau de chaux la décompofoit , que le mélange produifoit un PrÉipue qui eft une combinaifon de chaux & de tan , & qu'en dernier réfultat, l’eau de chaux que l’on fait paffer fur du tan pour en extraire une teinture , fe décompofe dans cette opération , qu’elle détruit conféquemment une portion du principe tannant contenu dans le tan, & qu’enfuite elle ne doit agir que comme eau ordinaire. Les Tanneurs qui préparent les peaux à chaux, n'ignorent point que cette fubf- tance nuit dans le travail des foffes ; aufli ont-ils grand foin de bien laver les peaux au fortir des plains, & ils ne les couchent dans le tan que lorf- qu’elles font parfaitement privées de la chaux dont elles étoient imprégnées. Travail de Saint-Réal fur le Tannage. Les travaux de Saint-Réal , imprimés en 1788 & en 1789, offrent un enfemble qui a pu féduire beaucoup de peifonnes, & même en induire quelques-unes dans l'erreur : une fuite d'expériences, liées en apparence les unes aux autres, lui ont fourni les bafes d’une théorie nouvelle fur le tannage, & c’eft d’après cette théorie que Saint-Réal a propofé des chan- gemens fur les diverfes manipulations pratiquées par les Tanneurs. Saint-Réal ayant traité à diverfes reprifes un morceau de peau d’une vache récemment tuée , avec de l’eau amenée & foutenue au degré de Pébullition , il eft parvenu à en extraire une affez grande quantité de gelée animale. Saint-Réal ayant traité de même des morceaux de cuirs tannés, ceux-ci ne lui ont pas fourni de gelée animale. Saint-Réal a conclu de ces expériences, que les opérations des plains à la chaux & des paffemens à l'orge ou à la jufée, détruifoient le corps muqueux , & privoient les peaux de la gelée animale qu’elles pouvoient contenir , ce qui les rendoit moins compactes , les difpofoit à fe dilater par l’action de l’eau , & à fe combiner enfuite avec le principe aftringentdutan. Partant de ces données , Saint-Réal # Ts Si € ET D'HISTOIRE NATURELLE. 299 a propofé une méthode de tannage particulière ; mais comme les con- féquences de Saint-Réal ne font point exaétes , quoiqu’elles lui aient été fuggérées par deux expériences vraies & conftantes , l’on concevra facile- ment que fa méthode de tanner ne peut être pratiquée , & qu’elle pourroit être très-préjudiciable à ceux qui voudroient l’effayer. Premièrement , c’eft un fait vrai, que les peaux vertes donnent de la gelée animale (en terme d’art, co//e-forte ) lorfqu’on les traite avec l’eau bouillante ; maïs ce qui n’eft point exact , c’elt que les plains à la chaux ou les paffemens à l'orge détruifent dans les peaux la gelée animale : nous nous en fommes aflurés , en traitant féparément avec de l’eau bouillante des morceaux de peaux fortant des plains à la chaux & des paflemens à l'orge, & amenés au point de pouvoir être couchés en foffe : tous ces morceaux nous ont donné une quantité de gelée animale aufli confidérable que fsnous euflions employé une pareille quantité de peaux vertes. Secondement , il eft vrai que les cuirs rannés ne donnent point de la gelée animale, lorfqu’on les traite avec l’eau bouillante ; mais qu’en con- clure, puifque la gelée aniniale que peuvent fournir les peaux, s’eft com- binée dans l'opération du tannage (travail des folles) avec le principe aftringent du tan, & donne pour réfultat une combinaifon infoluble dans l’eau froide & dans l'eau bouillante ? La gelée animale n’exifte donc point dans fon état ordinaire dans les cuirs tannés; l’eau bouillante ne peut donc l'en extraire. Nous le ferons remarquer plus particulièrement, en rendant compte du travail de Seguin. Ce court expofé de la doétrine de Saïnt-Réal , fur le tannage , laifle fa- cilement entrevoir que la méthode qu'il confeille, doit être éloignée de réunir les avantages qu’il lui fuppofe ; nous croyons donc inutile de la pré- fenter dans tous fes détails ; nous dirons feulement que dans les premiers travaux qu'il propofe de donner aux peaux, il recommande de les pailer dans de l’eau à 6o degrés, & de les y lailler féjourner en renouvellant l’eau à 60 degrés , jufqu’à ce que celle-ci ne contienne plus de gelée ani- male. Saint-Réal propofe de terminer le tannage, en mettant les peaux dans des chaudières avec du jus de tan échauffé à 60 deorés ; il ajoute même que fi le défaut de combuftible s’oppofoit au tannage dans le jus de tan à chaud , il pourroit l'exécuter à froid. Méthode de Seguin. Nous croyons devoir faire obferver que les expériences de Seguin ont été entreprifes dans un temps très-défavorable fous plufeurs rapports, elles l'ont été dans les grandes chaleurs de l'été, qui , en quelques heures, ont fait putréfier plufeurs peaux ; & attendu la marche du commerce , qui étoit velle que , dans la faifon où les expériences ont été commencées , il n’arrivoit Tome I, SEPTEMBRE, 1794. Dd PE PR SP PE ER TA RE 15 118. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à Paris que des bœufs de Normandie , dont les peaux ont une fibre très- lâche, & peu propre à faire du bon cuir: Seguin n’a pu fe procurer , pour entreprendre les premières expériences , que des peaux de cetre nature. Les expériences de Seguin ont encore été contrariées par /es localités, par Le defaut d'ouvriers intellisens., par le manque d'uftenfiles , dont les ateliers montés fe trouvent pourvus ; enfin , par les difficultés naturelles que doit éprouvet le Chimifte , lorfqne, ceffant les recherches de laboratoire, il pañle brufquement à des travaux en grand , dans lefquels la pratique contribue pour beaucoup dans le perfeétionnement, fouvent mème dans la réuflte. Premièrement, l'atelier où le tannage devoit fe faire, étoit établi à Moulfeaux; mais le lavage des peaux n’a pu fe faire qu'à la rivière, fous une des arches du pont de la Révolution : ainfi, la diftance qui exiftoit entre ces deux endroits, a dû entrainer non-feulement une prolongation de temps , mais encore une légère altération des peaux , qui , pendant le tranfport, fe trouvoient expofées à l'air. Secondement, les ouvriers que Seguin avoit appellés pour laider, con- noifloient bien les travaux ordinaires de la tannerie; mais comme la nou- velle méthode qu’il leur faifoit fuivre , fe trouvoit différente de celle qu'ils avoient coutume de pratiquer , il eft arrivé quelquefois que la marche indi- quée par Seguin n’a point été rigoureufement obfervée. Troifièmement, les expériences de Seguin ont été contrariées par le manque d’uftenfiles : nous aurons occafion de le faire remarquer dans le détail que nous allons en donner. Quatrièmement , Les premiers effais de Seguin avoient été faits en petit dans fon laboratoire; 1l les avoit aflez multipliés pour être afluré du fuccès ; mais il a rencontré, en grand, des difhcultés qu'il n’avoit pu prévoir : c’eft alors qu'il faut, pour les vaincre, une grande intelligence , beaucoup de courage, & ne point épargner les peines. Seguin s'eft trouvé dans ce cas ; il avoit fait difpofer des plains ou baches enduites ‘en, ciment , dont il na pu retirer l’utilité qu’il en attendoit, de manière que la marche de fes opérations a dû languir pendant tout le temps qui à été néceflaire pour re- chercher ou faire difpofer des vailleaux convenables au genre d'expériences qu'il avoit à fuivre. Malgré tous ces obftacles, Seguin a eu la fatisfaétion d'obtenir le fuccès qu'il avoit annoncé : en peu de jours, il eft parvenu à préparer des cuirs très-bien tannés, En ftatuant donc fur les réfulrats qu'il a obtenus dans des circonftances défavorables, il y a lieu de préfumer que, dans une manufacture montée où en. cours de fabrique , ces mêmes réfuleats pourront éprouver une amélioration. : Les opérations de Seouin confiftent , comme dans les antres méthodes connues de rannage , dans le lavage , le décharnement, le gonflement & le sannage proprement dir ; mais les modifications & les changemens qu'il e. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 211 ÿ a apportés, les accélèrent à un tel point , que quelques jours fuffifenc pour terminer un travail qui demandoit des années. Seguin a opéré , fous nos yeux , fur cent dix peaux , provenant de bœufs, veaux , vaches , che- vaux , moutons & chèvres. Nous joindrons à notre rapport un tableau , in- diquant particulièrement le temps qui a été employé pour le tannage de ces diverfes efpèces de peaux: ces réfultats feront extraits du Journal des Expériences (fur le rannage ) , que nous avons tenu exaétement pendant le travail de Seguin , qui a commencé le premier Thermidor : ce même Journal va nous fournir également ce que nous allons dire de fes opérations. Nous ne ferons donc que rapprocher les faits , & par-là faire connoître l’en- femble de fa nouvelle méthode de tanner. Lavage & Décharnement. Seguin n’a point fait de changement dans le lavage & le décharnement ; cependant il ne fair point mettre les peaux pèle-mêle dans l’eau , comme le pratiquent quelques Tanneurs; il les étend , de forte qu’elles foient par-tout en contact avec l'eau. Certe précaution avoit déjà été propofée. Débourrement à la maniere de Seguin. Quant à la manière de procéder au débourrement ; Seguin a fait éteindre de la chaux ; cette chaux a été mife enfuite dans une grande bache ou plain , avec une aflez grande quantité d’eau ; le tout a été parfaitement agité , afin que l’eau fe faturât de chaux ; mais comme 1l y avoit un excès de cetre dernière , elle n’a pas tardé à fe précipiter au fond du plain. C’eft dans cette eau de chaux claire , que Seguin à fait placer les peaux , & il les y a fait difpofer de manière qu'elles y étoient fufpendues perpendicu- lairement : à cer effet , diverfes tringles en bois traverfoient le plain, & ces tringles fervoient à tenir les peaux fufpendues dans le plain, à l’aide de quelques cordons placés de diftance en diftance dans la longueur des peaux, qui avoient été coupées en deux. Les peaux, comme l’on voit, n’étoient point couchées dans la chaux, elles fe crouvoient feulement baigner dans l'eau de chaux; & comme celle-ci perdoït de fa force, Seguin a fait braf- fer, à diverfes reprifes, la chaux qui étoit au fond du plain, afin que l’eau pür fe refaturer d’une nouvelle quantité de chaux; les peaux fe débour- roient avec aflez de facilité ; après avoir refté une huitaine de jours dans ce plain. Seguin efpère parvenir au débourrement dans un efpace de temps bien plus court ( de deux jours, par exemple ). Le moyen qu'il fe propofe d’em- ployer , confifte à plonger les peaux lavées & décharnées dans du jus de tan qui ne contient plus du tout de principe propre au tannage , mêlé Dd 2 ÿo 212 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE graduellement d’un cinq centième , & même quelquefois d’un millième d'acide fulfurique. Des morceaux de peaux, traités de cette manière pen- dant le cours des expériences auxquelles nous avons aflifté , fe font débour- rés avec facilité, & ont éprouvé un excellent gonflement. Nous en parlons donc avec cette réferve, de ne point annoncer plus que nous n'avons vu. L'on n'a pu donner une plus grande fuite à ces ellais, le travail écant fur fa fin, lorfque Seguin a tenté ce nouveau moyen de débourrement. Seguin nous a depuis obfervé que , fi dans les premières expériences il n’avoit point procédé au débourrement & gonflement d’après ce moyen, c’eft parce qu'il n'avoit point de la diffolution de tan épuifée, & nous a même ajouté que, la confiance qu’il avoit dans ce procédé, réfulrat de fes recherches , éroit telle que , dans un cours de fabrique , ce feroit celui qu’il emploieroit de préférence aux autres. Manière de débourrer à l’échauffe. IL eft encore un autre moyen de débourrer les peaux , que Seguin croit très-avantageux en cours de fabrique; c’eft celui de l'échauffe , opérée dans une étuve entretenue conftamment à 30 degrés , & dans laquelle fe trouvent fufpendues les peaux (1). Inconvéniens du débourrement par le rafage. Quant au débourrement pat le rafement, qui, comme on l’a toujours regardé, eft le moyen le plus expéditif, Seguin croyoit pouvoir l’employer ; mais fes derniers effais lui ont laïflé entrevoir quelques defavantages dans l'application de ce moyen. Seguin a remarqué, 1°. que les peaux font re- couvertes d’une épiderme particulière, qui eft détruite par les débourre- mens ordinaires ; 2°. que le rafement fur une peau très-fraiche , n’enlève point cette épiderme ; 3°. enfin, que lorfque les peaux ne font point dé- barraflées de cette épiderme, alors celle-ci nuit au travail du tannage, & empêche que la diflolution du tan ne pénètre la peau du côté de fleur, & qu’alors le tannage devient plus long. Les alkalis pourroient être employés au débourrement& au gonflement ; mais leur cherté s’oppofe à ce que l’on en fafle ufage. Les Anglois fe fervent de fiente de pigeon , en raifon , à ce que l’on prétend , de ce qu’elle contient de l’alkali. (1) Nous préfumons quefi, dans la même étuve, l'on faifoit brûler un peu de foufre, de manière à y répandre également du gaz acide fulfureux, les peaux arriveroïene plus promptement au point de débourrement. fus é #4 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 213 Gonflement. Pour procéder au gonflement , Seguin -avoit fait remplir d’eau une des baches dont nous avons parlé, laquelle étoir revêtue intérieurement d’un ciment, dans la compoftion duquel il entroit un peu de chaux. Il avoit ajouté à cette eau un —!= d'acide fulfurique , & ce fut dans cette eau, ainfi mélangée , que Seguin fit mettre les premières peaux bien lavées , & parfaitement débourrées ; le réfultat ne fut point tel que Seguin avoit lieu de l’attendre , & cela parce que l’acide fulfurique , au lieu de réagir fur les peaux , s’étoit combiné avec la chaux du ciment. (Nous rendrons compte de cette circonftance , afin de faire connoître les difficultés que Seguin a éprouvées dans fes expériences en grand.) De grandes cuves en bois, bien & folidement jointes, auroient été des vaifleaux propres à cette nouvelle manière de procéder au gonflement des peaux; mais comme Seguin n’en avoit point à fa difpofition , & que, faute de temps, il ne pouvoit en faire préparer , il s’eft fervi de tonneaux dans lefquels les peaux ont été mifes avec de l'eau & -—— d'acide fulfurique très-concentré , en augmentant la dofe de ce dernier jufqu'à ==. Les peaux fe font renflées par un court séjour dans cette liqueur, & dans l’efpace de quarante - huit heures , le gonflement éroit achevé, & les peaux avoient acquis une couleur jaune jufques dans l’intérieur. C'eft à cer état que Seguin juge que le travail du gonflement eft achevé. Il faur qu’en coupantun des angles de la peau, on ne diftingue point de raie blanche, & que la peau, dans toute fon épaifleur , air pris une teinte jaune & une demi-tranfparence. Cette méthode eft celle de Macbride, avec cette différence , que Seguin a confidérablement diminué la dofe d'acide fulfurique. Seguin nous à dit, depuis , qu'il ne regardoit point le gonflement comme une opération indifpenfable ; il nous a aufli affuré avoir tanné des peaux qui, quoiqu’elles n’euffent point été foumifes au gonflzment , ne le cédoient pas pour la bonté à celles qui avoient été parfaitement gonfées. Il nous a même ajouté que les cuirs préparés de cette manière, fe trouvant moins poreux, éroient par confé- quent moins perméables à l’eau; cela peut être vrai & exaét; mais comme mous n'avons vu, nifuivi ces expériences, nous n’en parlons que comme opinion de Seguin. Tannage, d’après la méthode de Seguin. Le tannage, proprement dir, eft exécuté par Seguin , d’aprèsune méthode particulière ; 1l ne couche point les cuirs en foffe , comme dans les pratiques ordinaires. Seguin procède au rannage à l’aide d’une diffolution de tan. Nous allons indiquer la marche qu'il a fuivie devant nous pour préparer la dif- folution de tan, 214 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Ia fait placer fur des chantiers plufeurs rangs de tonneaux ; ces chantiers éroient élevés au-deflus du fol de l'atelier , de manière à pouvoir placer au- effous de chaque tonneau un vafe propre à recevoir la liqueur qui devoit en couler. La difpolition des tonneaux reffembloir à celle que l’on obferve dans les ateliers des Salpétriers pour la leflive des verres falpètrées. Les tonneaux ont été remplis de tan neuf; alors on a verfé fur le premier des tonneaux une certaine quantité d’eau : celle-ci, en traverfant le tan , en a extrait la partie foluble; &, à mefure qu'elle couloit dans le vaiffeau in- férieur, on l'y puifoit , pour la repafler fur le deuxième tonneau , & ainf fucceflivement, jufqu'à ce que la diflolution füt fuffifamment farurée : elle peur être amenée jufqu’à 10 & 12 degrés de l'aréomètre pour les fels; & afin d’épuifer le tan des premiers tonneaux , il a fair repaller de nouvelle eau deflus, jufqu'à ce que cette dernière en fort claire , & que le tan für parfaitement dépouillé des parties folides. Ces eaux font confervées avec foin , pour la continuation du travail, ce qui eft aifé À concevoir : on fuit en cela la pratique des Salpèrriers , qui , aujourd'hui , n’eft ignorée de per- fonne. Dans un cours de fabrique, Seguin propofe de faire ufage de grandes cuves en bois, pour faire la leflive du tan. C’eft particulièrement dans l'emploi de ces diffolutions de tan , que con- fifte la méthode de ranner de Seguin. La promptitude avec laquelle ces diffolutions agiflent , étonne, & lorfqu'on la voit, on ef rout furpris de ce qu'avant lui, perfonne n’a tenté de la mettre en pratique en grand. En fortant des pañlemens à l'acide fulfurique , Seguin met les peaux dans une diffolution de tan très-foible, feulement pour leur faire prendre cou- leur à la fleur ; il les y life pendant une ou deux heures, puisil les plonge dans des diffolutions de tan, plus où moins chargées du principe propre au tannage. La force de ces diflolutions accélère plus ou moins le tannage ; auffi , dans les expériences auxquelles nous avons aflifté, il y a eu des cuirs forts tannés en fix & huit jours, d’autres en quinze, vingt & vingt-cinq jours. La manière de placer les peaux dans ces diffolutions , demande quelques précautions. à Seguin propofe d’avoir de grandes cuves, que lon remplira de diffolu- tion de tan ; les peaux feront placées dans ces cuves de manière à y être fufpendues perpendiculairement , en les féparant les unes des autres d’en- viron un pouce, afin qu’elles foient ifolées, & que l’une ne touche point à l’autre , ce qui nuiroit à la pénétration du jus de tan ; mais comme cela ne pourroit point s’exécuter , fi les peaux étoient confervées dans leur en- tier , à caufe de leur contexture qui, en produifant des poches lorfqw’elles feroient fufpendues dans les diffolutions , feroit qu’elles fe rrouveroient en contact fur plufeurs points, Seguin propofe de couper la tère & une bande de chacun des côtés de la peau, de manière à y comprendre les pattes & pe er Ut à 4 Dei due 2 es tte TÉC Èr FF TA | RETADIHISTOLRENNATURELLE:". 21$ la partie du ventre. Ce qui dérermine encore Seguin à couper ainfi les peaux , c’eft que les pattes & les parties qui avoifinent le ventre, font plus fpongieufes & plutôt pénétrées par le tan ; & comme elles donnent un cuir de qualité inférieure , elles demandent moins de foin , & peuvent être rannées féparément , en les mettant pèle-mèle dans des diffolutions de tan: la portion de peau qui refte de cette coupe; eft encore partagée en deux ou plufeurs morceaux , & ceux-ci fe placent facilement dans les cuves, C’eft ainf que Seguin a opéré devant nous; & comme , dans le commen- cement des travaux il n’avoit pu fe procurer des cuves bien grandes, il a dû couper les peaux en divers morceaux , felon la longueur & la profondeur des cuves qui étoient à fa difpofition; mais ayant fait difpofer, pour la fuite du travail , uné cuve d'une capacité aflez confidérable , toutes les dernières peaux ont été coupées en conféquence ; aufli les cuirs font-ils par morceaux beaucoup plus grands que les premiers : les uns & les autres ont été foi- gneufement marqués, avant d’être tannés, avec une marque ou emporte- pièce, qui a toujours refté entre nos mains. Les peaux, au fortir de la diflolution du tan , doivent être féchées avec les précautions ordinaires, c'eft-à-dire, avec aflez de lenteur pour que la peau ne fe retire point du côté de la chair. Quant à la méthode de Seguin pour les cuirs à empeignes, &c., il pro- cède ( de la manière que nous l'avons indiquée pour les cuirs forts) au la- vage & au décharnement, puis il fait débourrer dans de l'eau de chaux claire, & il ne leur fait point fubir l'opération du gonflement ; il les paile aufli-tôt dans des diffolutions foibles de tan , lefquelles font une forte de coudiement, &, peu-à-peu, il augmente leur force, fans cependant les amener à la concentration qu'il leur donne pour les cuirs forts. Deux, trois ou quatre jours fufhfent pour le tannage parfait des cuirs à em- peignes. On reconnoît ordinairement les cuirs qui n’ont point été fufffamment tannés, Ou nourris par l'écorce, à une raie blanchñre qui règne dans le milieu de leur épaiffeur , & qu’on appelle la corne ou a crudité des cuirs. Nous pouvons affurer que ceux qui ont été rannés fous nos yeux en quel- ques jours , étoïient parfaitement tannés ; la raie blanche intérieure n'y exiftoit pas. Nous ajouterons même que la nouvelle méthode de Seguin offre l'avantage de pouvoir fuivre à chaque inftant le progrès du tannage ; il ne s'agitque de retirer de la cuve une bande de cuir , & d'en couper un des angles , l'on diftinguera la raie blanche plus ou moins épaille, jufqu'au moment fixe où le tannage fera terminé. On avoit toujours cru que l'opération des foffes, c'eft-à dire, que le tan ne fervoit qu'à endurcir & relferrer les fibres dé la peau , lefquelles avoient été dilarées dans les travaux préliminaires du tannage. Seouin a examiné l'objet de plus près, & il a reconnu que , dans le tan, il y avoit un #1 re LI : . \ 116 (JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE principe particulier foluble dans l’eau; que ce principe étoit celui qui opéroit le tannage ; que ce mème principe enfin fe fixoit dans les peaux par le réfultat d'une combinaifon particulière du principe tannant & de la peau , laquelle combinaifon cefloit d’être foluble dans l’eau; c’eft ce que Seguin a démontré d’une manière directe. Nousavons dit plus haut que , lorfque l’on tient de la peau non tannée dans de Peau bouillante , alors cette dernière parvient en peu de temps à la diffoudre prefqu'en totalité, & la diflolution concentrée donne une gelée, laquelle , rapprochée davantage & féchée à l'air , fournit la colle-forte. Seouin ayant ( dans fes recherches) examiné l’action d’une diffolution de tan fur une diflolution de colle-forte , il a obfervé qu’à peine étoient-elles mélangées , elles fourniffoient un précipité blanc & filamenteux, qui étoit le réfultat de la colle forte & du principe tannant contenu dans la diffolution de tan ; ce précipité eft infoluble dans l’eau froide comme dans l'eau chaude, & il fe colore par fon expofition à la lumière. Cette expérience donne l'explication vraie de l'opération du tannage; car on concevra facilement que la peau érant la matière propre à fournir la colle-forte , la difolution du tan doic agir fur elle comme elle agit fur la colle; c’eft aufli ce qui fe pafle dans le travail des foffes, & dans la nouvelle méthode de tanner de Seguin ; la diflolution de tan pénètre peu-à-peu la peau, & , à mefure qu'elle le pénètre , elle fe combine avec ; auffi diftingue-t-on le changement de couleur qu’elle prend, & lorfqu’elle eft totalement tannée , on ne dif- tingue point intérieurement une raie blanche défignée fous le nom de corne ou cruaire , elle offré un uillu ferré & marbré, comme l'intérieur d’une mufcade : cela fait donc bien voir que, dans le tannage, il y a une préci- pitation , quoique la peau foit en nature & non difloute , mais feulement gonflée, pour que la diffolurion du tan puiffe la pénétrer. La propriété qu’a la colle animale ou la gelatine d’être précipitée par une diffolution du princige propre au tannage, offre un réaétif bien important pour reconnoïtre les fubftances qui feroient propres à tanner. Il fufhira de faire une infufñon ou une décoétion des fubftances végétales préfumées propres au tannage , & fi étant mèlées à une diflolution de colle-forte, elles la précipirent plus ou moins abondamment, alors on pourra juger de la confiance que l’on pourra avoir à les employer pour ce travail. L'eau de chaur , ainfi que l’a indiqué Seguin, offre encore un excellent réactif pour reconnoître les fubftances propres au rannage : fi, à une diflo- lution de tan , l’on ajoute de l’eau de chaux , le mélange donne à l'inftant un précipité abondant ; & fi l’on ajoute afez d'eau de chaux pour neutrali- fer & précipiter la totalité du principe tannant de la diffolution de tan, alors la liqueur furnageant le précipité , quoique colorée, ne fera plus pré- cipitée par une addition d’eau de chaux , & cette liqueur ne précipitera pas non plus la diffolution de colle-force : de même, la liqueur féparée d’une PE précipitation oh " ET D'HISTOIRE NATURELLE. 217 précipitation de diffolution de tan & de colle-forte , ne fera point précipitée par l’eau de chaux , fi routefois , dans la précipitation, le Erincipe tannant a été parfaitement neutralifé. Ce que nous venons de dire fur la précipitation du tan par l’eau de chaux, démontre clairement que la méthode de Macbride, d'extraire la diflolution du tan par l’eau de chaux , étoir dé- feŒtueufe, & que , par ce procédé, l’on perdoit du principe tannant en raïfon de ce qui s’en étoit combiné avec la chaux tenue en diffolution dans leau de chaux. Il réfulte de ce que nous venons de dire de l’action de la colle forte & de l’eau de chaux fur la diffolution de tan , que tout végétal dont l'infufom fourniroit des précipités avec ces deux réaétifs, doit contenir, en plus ou moins grande quantité , le principe propre au tannage. La décoétion de quinquina , par exemple , qui eft précipitée par l’eau de chaux (comme on l’obferve journellement dans les pharmacies), ne doit fa précipitation qu'à la combinaifon qui s'opère de la chaux & de ce principe propre au tannage qui exifte dans le quinquina. II faut efpérer que la Médecine pourra tirer de ces obfervations quelques lumières fur la manière dont les fubftances dites 2/fringentes agiflent , ‘étant appliquées extérieurement ou données intérieuremenr. Depuis la découverte que Scheele à faite d'un acide particulier, dans la noix de galle, acide qui a été défigné fous le nom d’acide gallique , grand nombre de Chimiftes penfent que les infufions des fubftances dires 4/frin- gentes , ne doivent leurs aétions fur les diffolutions métalliques , & fur divers autres corps, qu’en raifon de l’acide gallique qu’elles doivent con- tenir ; aufli quelques-uns d'eux ont-ils regardé le tannage comme une fuite de Paétion de l'acide gallique fur les peaux. Pour connoïtre fi cette opinion avoit quelque fondement, nous avons examiné l’action de l’acide gallique fur la colle animale ; à cet effet, nous avons verfé fur de la diffolution de colle une diffolution d'acide gallique , que nous avions obtenue de la diftillation de noix de galle : le mélange à donné un précipité blanchâtre , qui bientôt eft devenu noir , & s’eft réuni au fond du verre, Cette expé- rience laiffe entrevoir que l’acide gallique doit agir dans le tannage; nous penfons néanmoïns que ce n’eft point en raifon de l’acide gallique fevl que le tannage s'opère : nous préfumons encore qu'il exifte dans les végé- taux dits affringens , une fubftance ou combinaïfon particulière, en outre de l'acide gallique, & que c’eft à l’un & à l’autre que l’on doit attribuer les divers réfulrats que l'on a obfervés dans les expériences auxquelles elles ont pu être foumifes. Pour nous réfumer fur les divers avantages que la nouvelle méthode de tanner de Seguin peut offrir, comparée aux méthodes anciennes , nous croyons pouvoir dire , 1°. qu'elle eft infiniment moins longue; 2°. qu’elle exige moins de main-d'œuvre ; 3°. qu’elle doit ètre moins coûteufe , & Tome II, SEPTEMBRE, 1794. Ee 218 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE, à DONS DN RIT NT AR PUS : : doit produire » à poids égal de peau , un poids au moins auffi confidérable … » TI È : . ë 5 o en cuir ; 4°. enfin, quete doit produire un cuir d’une qualité au moins égale. Nous allons examiner féparément chacune de ces propoñtions. Elle eft infiniment moins longue. La méthode à la chaux exige , pour les cuirs forts, 1°. un an de plain ; 2°, au moins un an de foffe , quelquefois quinze mois ou plus, en tout vinot-fept mois. Nous parlons ici de la durée la plus commune; car, dans les pays où l'on a fait jufqu'ici les meilleurs cuirs , ils y reftent jufqu'à deux ans : c’eft même, à ce que l'on prétend, à cette plus longue durée de rannage proprement dit , que l’on attribue la fupériorité des cuirs étrangers far les nôtres. La méthode dite à l’orge , demande un mois de féjour dans les baffe- mens blancs , vingt jours dans les baflemens rouges , & un an de fofle, en tout , plus de quatorze mois; quelquefois mème les cuirs reftent plus long- temps en folle. La méthode à la jufée exige à-peu-près le même temps ; trois jours d’échauffe, un mois de baflemens aigres , & quinze jours de baffemens rouges que l’on nomme, dans quelques endroits, refai/age; {i l'on joinà certe durée l’année de foffe , on aura de même environ quatorze mois. Le temps du tannage , ainfi que nous l'avons dit, eft encore prolongé , dans certaines fabriques , jufqu'à quinze mois, quelquefois deux ans, & mème trente mois de foffe , afin d’avoir d’excellens cuirs , & de parvenir à la perfection du tannage; ce n’eft pas qu'il ne fe vende des cuirs qui n’ont refté que cinq ou fix mois en folle, mais ces cuirs font de qualité inférieure , & ne font point tannés dans leur intérieur. La durée du tannage, dans la nouvelle méthode de Seguin , n'eft que d'environ vingt jours : fuppofons-la d’un mois ou cinq femaines , attendu que l'hiver elle exigera quelques jours de plus qu’en été, & il reftera à cet égard de l'avantage. Elle exige moins de main-d'œuvre. Dans cette nouvelle méthode, on n’a, pour main-d'œuvre, que le dé- charnemenr & le débourrement; car aufli-tôt que les peaux font dans la diffolution du tan , on les y laiffe jufqu’à ce que le rannage foit complet : dans les méthodes anciennes on a , au contraire , non-feulement le dé- charnement & le débourrement , communs à toutes les méthodes , maïs encore le relevage des baffemens & le relevage des folles , main-d'œuvre qui ne laïffe pas que d’être coûteufe. On a, à la vérité, dans la nouvelle — vi CR à L ÉT D'HISTOIRE NATURLLE. 7 méthode, la main-d'œuvre de la fabrication de la diflolution de tan; mais. cette opération exécutée en grand, en faifant monter l’eau dans les cuves à l'aide d’une roue de moulin, n'exigera prefque point de main-d'œuvre : auili, fous ce point de vue , la nouvelle méthode at-elle tonte efpèce d'avantage. Elle doit être moins coûceufe, $ doit produire, & poids égal de peau, un poids au moins auffi confidérable de cuir. Il y a tout lieu de le préfumer , d’après les réfulrats des opérations : 1°, Ja main-d'œuvre nous paroît moins confidérable; 2°. la diffolution du prin- cipe tannant par les leflives, doit épuifer le tan, tandis que , dans les méthodes ordinaires , celui-ci peut bien ne pas ètre épuifé. Or, comme il "nous paroi démontré que, dans le tannage proprement dit, la peau fe fature de ce principe tannant , alors tout le tan qu'on rejette fans être épuifé , doir être en pure perte pour le fabricant; mais fi l’on objectoit que les peaux tannées par la nouvelle méthode , abforbent plus de principe tan- nant que par les méthodes anciennes , nous répondrions que , dans ce cas, les cuirs devraient pefer davantage , & produifent au Tanneur , qui vend toujours les cuirs au poids, un bénéfice plus grand. Mais en fuppofant que, dans cette méthode , comme dans les anciennes, les peaux fe faturenc de la même quantité du principe tannant , alors refte-t-il probable que le cuir qui en proviendra fera d’un poids au moins auf confidérable que sil eût été préparé par les méthodes ordinaires ? ! Il y a cependant une confidération dans l'emploi de la diffolution de tan, dont nous nous faifons un devoir de parler : nous ‘avons cru recon- noître , dans les diffolutions de tan , une difpofition à paffer à la fermenra- tion vineufe , laquelle doit fe terminer par la fermentation acide : fi donc cette fermentation s’établiffoit avant que la diffolution de tan fût épuifée, alors il y auroit une perte réelle d’une portion du principe tannant; car la fermentation ne peut s'établir qu'en en détruifant une partie : 1l faut donc être attentif à furveiller les diflolutions , fur-tout en été, & n’en préparet u’à fur & mefure du befoin. La même attention ne fera pas fi nécelfaire en hiver, les diffolutions n'ayant point alors les mêmes difpoftions à a fermentation. |, Elle doit produire un cuir d’une qualité au moins égale. Tous ceux qui ont vu les cuirs préparés par Seguin , les ont trouvés bien préparés; cependant, avant de prononcer définitivement , nous prévenons que nous nous occupons de favoir comment ils fe comportent à l’ufer. Un de nous en a fait préparer des fouliers , qu'il a portés tous les jours. Ee 2 . 2% ‘ , - 120 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Seguin a aufli donné des morceaux de cuirs , provenant de fon travail , à des citoyens connus, afin qu'ils eflayent leur qualité ; nous aurons foin de recueillir leurs obfervations : nous nous propofons encore de les foumettre à lexamen de quelques Cordonniers , Corroyeurs & Tanneurs, & nous ferons connoître le réfultat de leut opinion. Outre tous les avantages bien reconnus dans les nouveaux moyens de tannage de Seguin , il en eft un autre d’une grande importance , dont cette méthode pourra jouir par la fuite. Jufques ici l'on n'a retiré du tan que des forèts exploitables , & la grande confommation qu'on en fait, doit bien faire craindre qu'il ne refte pas long - temps abondant. La nouvelle mé- thode de Seguin, celle d'employer pour le tannage des diffolutions de tan , offre l'avantage de pouvoir aller dans les forêts les plus inexploi- tables ; préparer fur les lieux l'extrait du tan, lequel , attendu fon petit volume & fon très-petit poids, relativement au volume & au poids de l'écorce de chène , pourra enfuite , ainfi que l'indique Seguin, ètre tranf- porté avec facilité : il ne faudra, pour l’employer dans la tannerie, que le rediffoudre dans la quantité d’eau néceffaire. Seguin indique encore la Guyane Françoife , l'Amérique & divers autres endroits , où 1l feroit poffible de faire préparer l'extrait de tan , que l'on pourroit enfuitetranfporter en France ; & comme il eft beaucoup d’autres fubftances (particuliè- rement à Cayenne ) qui contiennent le principe propre au tannage , on pourroit en préparer des extraits , après toutefois s'être afluré de leur nature par les réactifs qui ont été indiqués. Cet objet pourra devenir très- important pour le commerce ; il ouvre une nouvelle branche d’induftrie , qui ne peut que devenit très -avantageufe pout la tannerie. Ces divers renfeignemens intérefferont , nous n'en doutons pas , & c’eft dans cette conviétion que nous en avons parlé dans le rapport que nous faifons fur les nouveaux moyens de tannage qui avoient été préfentés par Seguin. Ci fuir le tableau des diverfes peaux qui ont éré tannées fous nes yeux. di 4 EXTRAIT du Journal des Expériences , ou Tableau indiquant le temps qui a été employé pour le T annage de diverfes efpèces de peaux dans le travail de Seguin. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 221 Bœufs. Dix peaux de bœufs levées le 30 Thermidor; elles étoient tannées le 19 Fruétidor. Ci fuit la marche du travail, ‘Hemps detavanehe 9e Sie Lg Cuers dt ie 2 IOUtS PKbontementit sQ eutrérrs os ybletd op le: miemellié Gontement = ME anlien huis TPM CEE HAN RP MR ER RES PRE RE RADIOS TA AMENER DURE LS MER MEL LARG ONE ANRT LEA EEE mr MORALE RETIRE MEN PPT EME SEC) Dix peaux de bœufs levées le premier Thermidor ; elles étoient tannées le 21 Thermidor. Marche du travail. Femps de lavage s-{, 2, 1.1 4 M0 0. Rte 2 jours Débonrrementemen if c'e dont Are et à TO GORHEMENC EN onu ed APR NT 7: Me ee MED Annee ile ete LENS ee) etre: EM YEN 8 Dot UE RE ME RME LE. DC ID Méca ES eyPair Vingt-une peaux de bœufs, de diverfes fortes, commencées le 27 Ther< midor & jours fuivans : S À CV: oneRss Deux buenos-aires , mis à tremper le 27 Thermidor. Dix peaux de bœufs fraîches , commencées le 29 Thermidor. Six peaux de bœufs fuifles falées , mifes à tremper le 29 Thermidor. Trois peaux idem , de Suifle | mifes à tremper le 3 Fructidor. ‘ ::2 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE Les vingt-une peaux étoient tannées le premier jour complémes- rire. Marche du travail. Hanaee UE ee RE IMAC et EN ENT 2 Débourrementr te CNP IP ee. Re Gondementié coloration. EE NN ONE ARS) $ fFannage 20e: ei 88 2860 SEE orales AP CURE EE TS INRP Nota. Pendant le remps de ce tannage, il eft arrivé des accidens aux vaiffeaux dans lefquels devoient fe faire les opérations : ainf le débourrement & le gonflement ont été prolongés beaucoup plus long-temps qu'ils n’au- roient dû l'être. Une peau de bœuf limoufin, levée le 17 Fruéidor; elle étoit tannée le $ Vendémiaire. Marclie du travail. ee AQU ORIENTAL AN RTE jours. Gonflementié rafage MTS EN SAS lannage Siret tee EC ISSN ————— SF Ota LE AMEN EEE UNE I AIS Nota. Les liqueurs ont été employées moins fortes, & à une tempéra- ture moins élevée, ce qui a prolongé le tannage. Une peau de bœuf levée le 19 Fruétidor ; elle étoit tannée le 8 Ven- démiaire. : ' , Marche-du travail. Lavage TEE EE ES STI et et UT STORES Dbouirement & gonflemént ! 4%, ., , , 2 Haphane ie ea NU: den re NN SD Total} bu alastoesranwm radis Auiod.sb re 8 Nota. Mème obfervation que ci-deflus. Led % 0 ET D'HISTOIRE NATURILÉ. 123 Une peau de AS, limoufn , levée le 20 Fructidor ; elle étoit tannée le 8 Vendémiaire, Marche du travail. RANARE TER EN ue en) LRU ST CT ASE Tr. jours. APE IOONHCMENT NE LM EL 10. PL LUE (Pannape 1. Mer RAR LS Mer Pau Mit CES LOT ER ER NRA NER PL ee ee Nota. Mèmes obfervations que dans les expériences précédentes. V'eaux. Seize peaux de veaux , très-fortes , levées le 30 Meflidor ; elles étoient tannées le 13 Thermidor. Marche du travail, Donap Re Ar da NS SSI SL Lo Urs: DÉPourremente MNT ESS PE USA RTE SAT EeNS agen Lt ASE ER er PLU AUS Le Bali: soMnmlf + 02 efchere alone 0 eds Six peaux de veaux levées le premier Thermidor ; elles étoient rannées le 14 Thermidor, Marche du travail. RNAREDRE ea le SECTE ES Te US Ci el ons HÉbourre tente LEE AIRE et DL LÉ EUNE ES Manage er RE DE UNE PR oo eee el c3 LAS Et MEN RE MONT RERO ME TA | Trois veaux déjà coudrés , apportés de chez Lecomte, Tanneur, où elles n’avoient reçu que treize jours de préparation , au lieu de onze mois qu’elles devoient recevoir. Deux de ces veaux ont été tannés en 24 heures, Le troifième a été ranné en 48 heures, 124 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Six peaux de veaux de Bretagne féchées , arrivées le 27 Thermidor; elles étoient tannées le 12 Fruétidor. Marche du travail. © Lavage & débourrement . +. + + . . . 13 jours. annage).e. es PLANS TnUNes Ne NA CREER NON AR RAT TN AT RS ECC SES . “ à eur . . ë, Six veaux fecs de Bretagne , arrivés le 3 Fruétidor ; ils étoient tannés le 23 au foir. Marche du travail. Lavage & débourrement + .. . . . . . . 20 jours. Mandagehis 52e eue Sc ANR ere MR Totale MR REC cRRE MES ENNE RPRR NT PRE Six veaux venant de chez Lecomte , arrivés le 3 Fruétidor; ils étoient coudrés, n'ayant reçu que treize jours au lieu de onze mois, Deux de ces veaux ont été tannées en deux jours. Les quatre derniers l'ont été en quatre jours. Vaches. Une peau de vache arrivée le 7 Thermidor ; elle éroit gannée le 1» Thermidor. Marche du travail. Lavage & débourrement . . pi: 4.1 SNANNTIOUts. ahnage NO ee 100 0 EAST 26 s PA NÉ RP ES DRE EE ETS ns co Quatre peaux de vaches falées , arrivées les 27 & 29 Thermidor , fa- . . * » voir, crois le 27 & une le 29 Thefmidor; elles étoient tannées le 25 Fructidor. Marche du travail. Lavage & débourrement , . + . . . . . 20 jours. Fannage MO U ae EU Ar nr 27 Toul 7272 1 2 NP EN IP BST 2 est) Chevaux. LR D 4414 it LE REA COS LR ASE PL - ET D'HISTOIRE NATURELLE. 226 Chevaux. Une peau de-cheval fraiche , arrivée le r3: Fruétidor ; elle étoir tannée le +7 Fructidor. | Marche du travail, Lavage RS A Na NT IJOLLESS 6 Se EAN OR OA RL 1, ARR ONE ie Débourrement. . Tannage 14 Une peau de cheval idem , arrivée le 13 Fruétidor ; elle étoit tannée le fecond jour complémentaire, Marche du travail. Lavane. M ot je dr res oreud. eh Shioous Débourrement. 2 HORE NER NQEBDE LIEGE Tannage PAPE LE TN ET 7 Total . PAPPRIDANES Moutons. Deux moutons féchés, arrivés le 27 Thermidor; ils étoient tannés le 26 Fructidor Marche du travail. Lavage & débourrement . + 2$ jours. Tannage nec To] RENE 0e 29 Chèvres. Huit peaux de chèvres arrivés le 29 Thermidor & le 2 Fructidor: SPAVAOMERS Trois de mauvaife qualité , le 29 Thermidor , & cinq de bonne qualité le > Fructidor. Tome IL] SEPTEMBRE ; 1794 © FF :26 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Elles étoient tannées Le 23 Fruétidor. Marche du travail. Lavage & décharnement, « + . . , « . 23 jours: Tentes Me NH REIN AC NE ere sn Lot NE lead et ar MAN RES Réfumé de la quantité des peaux tannées , & de la durée de leur cannage proprement dis. Durée {Quantité Peaux de bœufs. eu ei a Levées:le 30_Mefidor 2.12 2 05 ed 10 Durée du tannage proprement dit . . +. . + 6 jours. Levées le premier Thermidor . . .« . . . 10 Durée du tannage proprement dit. . . . . . 8 27 Mefñidor, deux buenos-aires , ci . + + + . 2 Durée du tannage proprement dit . + «+ + . 1$ Levéesile 291 Thermidor:. 1 ARNO ÈN 10 Durée du tannage proprement dit. . + + + . 1$ Le 29 , fix peaux falées de Suiffe , Cure MINT 6 Durée du tannage proprement dit . + + + + 1$ Le 3 Fruétidor , trois peaux falées de Suiffe , ci . . 3 Durée du tanhage proprement dit . + + + ©. 1$ Lennon ie SEE cette eee rs 1 Durée du tannage proprement dir. . . + + .2$ Hero rEEnCtidor Re ee MI NEN EE SEAT 3 Durée du tannage proprement dit . + + + + 2$ EchoiEructidorne re SUR MECS 1 Durée du tannage proprement dir. . . + + + 19 mr moment | mirent Total des peaux de bœufs . . . . . . 44 ——— Peaux de veaux. Le 30 Meffidor, feize peaux très-fortes , ci . . 16 Durée du rannnage proprement dit . . . . + 4 jours. Le premier Thermidor, fix veaux très-forts , Ci . . 6 Durée du tannage proprement dit . . :. + - 3 Le 25 Thermidor , trois veaux, ci . + 3 Durée du tannage proprement dit . + + + ? 2 > Le 27 Thermidor , fix veaux de Bretagne, CL ETS Ù Fe MENT PA de tue > PA, FALL: Ÿ ET D'HISTOIRE NATURELLE. Peaux de veaux. Ci-contre. Durée du tannage proprement dit Le 3 Fruétidor, veaux de Bretagne Durée du tannage proprement dit Le 3 Fructidor, fix veaux. Durée moyenne du tannage . Total des peaux de veaux. . Peaux de vaches. Le Thermidor nus ir nc Durée du tannage proprement dit Lez Thermidor —. . Durée du tannage proprement st Le 29 Thermidor . . , Duré du tannage proprement dit . Total des peaux de vaches. . Peaux de cheval, Eérssbruchidor, & 10 {e Durée du tannage proprement dit. Le 18 Fruétidor . Durée du tannage proprement de Total des peaux de cheval . *” Peaux de moutons. Le 27 Thermidor «+ . . . Durée du tannage proprement dit . Total des peaux de moutons . Peaux de chèvres. Le »9 Thermidor , . Durée du tannage Lens dit. Le 2 Fructidor. . . Durée du tannage proprement dit. Total des peaux de chèvres + Durée du tan nage. LAPS) 1 jours. I 7 jours. 7 A jours. 227 Quantité de peaux. ne. 4 31 I Fr 128 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ù RE CA Pr TlUALIANMEIOUN, : Qantiré de peaux tannées.. BUS à PAU VO Sn NA RP I SABRE EEE NET NE NP A Re RSR ae TL Lee 4 Machese tarte ae ME ee NE ER € EEE GREVAURE) TM TETE ENCRES ETES TS AN MT MOutOns 2 0e RME RS ce A Neon? GHÉVIES LES en een ane EEE ON EL UE UNE MOT LEE Sea me RM PSE UE EXD OS DES caufts de l’altération & de la détérioration des Bleds ; moyens de l'empêcher. Par B. G. SAGE, de la ci-devant Académie des Sciences , Profeffeur de Chimie & de Minéralogie à lEcole des Mines de la Monnoie. y. fait connoître dans l’Analyfe des Bleds, que j'ai publié en 1776 ; que lorfque le froment ne contenoit plus de matière glutineufe (r) ou végéto-animale , la farine qui en.provenoit n’étoit pas propre à produire uné bonne fermentation panaire ; que le pain qui en réfultoit n'étoit pas blanc , avoit une odeur & une faveur défagréables ; que fon ufage produi- foit des pefanteurs d'eftomach , des maladies putrides; la gangrène sèche 3 ee er (:) Le froment cft compolé de partie corticale , nommée {on d'amidon , de ma- tire fucrée & de {ubftance glutineufe. La farine qu'on obriemr par la mouture , du froment des environs de Paris , eff compolée d'un feizième de matière fucrée & ex- traétive , d'environ , deux tiers de fécule blanche, nommée amidon, & d’un quart de matière-glutineufe élaftique, Les bleds des pays méridionaux en contiennent davantage, ET D'HISTOIRE NATURFELLE. : 229 comme le feigle ergoté. Je ne connoiffois pas alors la caufe de certe alté- ration du froment , caufe que j'ai découvert en fuivant , l’année dernière , les travaux de la campagne dans la Beauce bléfoife; j'ai reconnu que la’ manière dont on procédoit pour engranger les grains, étoit plus propre à les détériorer qu’à les conferver. En effer, à peine la faucille at-elle fcié le bled , qu'on raffemble les javelles pour en former des bottes ou gerbes , qu'on enlève aufli-rôt dans des charretes pour les tranfporter dans des granges, où on les empile en les ferrant le plus poflible, fans avoir égard fi les grains & la paille font fecs , ainfi que les herbes plus aqueufes qui font fsiées avec le bled. Auf les gerbes s'échauffent-elles quelques heures après avoir été entaflées. La chaleur devient d’autant plus forte, & fa durée eft d'autant plus longue, que Les cas font plus confdérables & plus humides. Cette chaleur devient fouvent aflez forte pour cuire des œufs, de l’aveu des Cultivateurs ; pour moi, je n'ai pu tenir la main dans ces amas de gerbes , où le feu peur prendre fpontanément , comme dans les meules de foin qui n'eft point fec. Si le feu ne fe manifefte pas aufli fouvent dans les granges , c'eft que l'air ne pénètre prefque point dans les amas de gerbes, par la précaution qu'on prend de les fouler le plus poflible. Ayant demandé aux Fermiers pourquoi ils les preffoient ainfi, ils me répondirent : c’eft afin qu’elles tien- nent moins de place , & que le verminier y pénètre plus difficilement. Lorfque la chaleur s’eft excitée dans les amas de gerbes nouvellement engranoées , il s’en dégage pendant trois femaines où un mois une odeur femblable à celle de la bierre en fermentation ; il me fembloit d’abord qu’on faifoit bouillir dans le voifinage des plantes aromatiques. J'ai vu la chaleur fubffter pendant plus de quatre mois dans une grange où les gerbes empilées offroïent un cube d’environ 40 pieds. Le bled qu'on en retira étoit ridé, rougi , plus ou moins décompofé , de forte que dans la partie inférieure de la grange , l’altération & la décompolition de la matière glutineufe étoit complete ; aufli ce grain n’eftil plus propre à la végétation (1). Le pain qu'on fait avec la farine de ce grain lève mal, & après avoir été cuit, prend un couleur d’un gris jaunâtre. Le Fermier de la Beauce bléfoife eft dans le préjugé qu'il faur que fon grain s’échauffe & reflue , ce qui ef contraire à la faine phyfique ; car dans ce cas , la chaleur eft le produit de la fermentation, qui ne peut avoir lieu qu'aux dépens de la décompofition & de la perte d'une portion des parties intégrantes du bled: auñi la partie fucrée & la matière glutineufe du bled (1) Je penfe qu’on devroit laifler fécher debout la gerbe dont on voudroit avoir un bled bien ain, car la fermentation altère , aoïblit le germe , & fouvent le détruit, ” on É “PORN 230 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE font-elles plus ou moins détruites, en proportion du temps que les grains font reftés échauffés. Si les gerbes étoient engrangées sèches , elles ne s’échaufferoient point, & le grain fe conferveroit dans toute fon intégrité. On devroit donc laiffer fécher ies javelles dans les champs , & ne les réunir en gerbes que lorf- a font bien sèches. Il faut encore avoir la précaution de ne pas trop ouler les serbes, afin que l’air circulant entre elles , enlève les dernières portions d'humidité qu’elles pourroient retenir. Outre la confervation du grain, on auroit encore l'avantage d’avoir de la paille qui ne feroit ni échauffée ni rouillée : celle qui left, contratte une odeur défagréable, qui la fait rebuter des animaux. C’eft dans une des provinces de France la plus fertile en grains, où les Laboureurs travaillent le mieux la terre , qu’on emploie une méthode aufli préjudiciable à la confervation du bled. L'intérêt de l'humanité étant lié à celui du Cultivateur , il eft à croire qu’une fois inftruit , 1l changera de routine. En effet , il y gagnera doublement, puifqu’il aura conftamment du bled fain & falubre qu’il vendra plus cher que celui qui eft échauffé. Comme c'eft par la préfence, la quantité & la qualité de la matière glutineufe qu'on peut juger de l’état du froment, voici la manière dont il faut procéder pour l’extraire. On prend quatre onces de farine de froment féparée du fon; on la mêle avec de l'eau pour en former un paton , qu'on malaxe ; on pêtrit pendant un quart-d’heure , enfuite on lave le paton en le pétriffant toujours dans fes mains , fuos l’eau , qu'on change de temps en temps. On continue à laver, à ma!laxer, jufqu’à ce que l’eau ne blanchiffe plus. Il refte dans la main de la matière glutineufe d’un gris blanchâtre. Si le froment eft fain, elle eft élaftique ; s’il a commencé à s’échauffer , elle eft courte ; s'il à fermenté , on ne retire plus de matière glutineufe. g ET D'HISTOIRE NATURELLE. 231 CMBYS ER VA FTIOLNS SUR la Préparation de lAcide citrique concret , lues à lInftitut National de France. Par D1z£, Pharmacien en chef d'armée , chargé du magafin général des Médicamens. Q uoiQUE la Nature nous préfente l'acide citrique dans un état prefque libre, il eft cependant confondu dans le fuc du citron , avec une matière extractive muqueufe qui s’oppofe à la réunion de fes molécules cryftallines, & dont il eft impoñfible de le feparer par le fimple moyen de l’évaporation & de la cryftallifation. Shéele fut le premier qui obtint cet acide fous forme folide. En 1774, Georgi:s, en Suède , & poftérieurement Dubuiffon , en France, commu- niquèrent des obfervations fur la manière de concentrer & conferver le fac du citron. Si leurs travaux particuliers , ainfi que les expériences de Schal, de Guiton, ne purent déterminer la cryftallifation de cet acide, il eft toujours vrai que ces différentes recherches furent très-uiles pour éclairer Shéele dans fon travail fur le procédé qu'il nous a tranfmis. J'ai faifi une occafion qui s’eft préfenté pour vérifier en grand le procédé de Shéele, & y faire remarquer uné obfervation effentielle que ce Chi- mifte n’a pas aflez développée : car elle eft une des conditions néceffaires à la réuflire de la cryftallifation de cer acide végétal. Shéele , après plufeurs tentatives peu favorables, confeille de féparer la matière extraétive & mu- queufe du fuc de citron en enchaïnant l'acide citrique à la bafe du carbonate calcaire, avec laquelle il forme un citrate calcaire, fel peu foluble- qui fe précipite , tandis que la matière extraétive & muqueufe refte en diffolution dans le fluide, Ce citrate calcaire eft enfuite décompofé par une fufi- fante quantité d'acide fulfurique étendu d’eau, avec la précaution d'en mettre par excès. L’acide fulfurique enlève la chaux à l'acide citrique , 87 forme un fulfate de chaux qui eft très-peu folnble : d’une autre part l’acide citrique devenu libre, fe diflout dans l’eau qui fervoit à délayer l'acide ful- furique. La filtration, le lavage à l’eau froide féparent entièrement l'acide citrique L “à 232 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE + Fe : du fulfate de chaux, & enfuire on peut l'obtenir concret en l’évaporant dans des vaifleaux de grès à la température de l’eau bouillante. J'ai remar- qué qu'il étoit wès-uule de fufpendre l’évaporation tous les detx jours , pour laiffer précipiter le fulfate’ de’ chaux qui eft en diffolution dans la li- queur , à l’aide de l’acide citrique.' L'acide cirique que j'ai préparé, eft un réfulrat du fuc exprimé de plufieurs caifles de citrons : la malle du citrate calsaire qui à été décom- pofée , éroir affez confidérable , & elle-eut lieu dans des grands vafes de grès. Le fulfare de chaux qui réfulta de la décompoftion du citrate cal- Caire fut bien Mavé dans des baquers de bois blancs. Les différentes li- queurs furent réunies pour les évaporer dans des vafes de grès, à la rem- pératute de l’eau bouillante : elles étoient claires , légèrement citrines, & contenoient un excès d’acide fulfurique. Auffi-tôc que les liqueurs ont été affez concentrées par l'évaporation , l'acide fulfurique a agi, & leur couleur citiine s’eft changée en brune , laquelle eft devenue nonâtre à la fin de l’évaporation. La maffe des cryf- taux, qui a été levée après le refroïdifflement & le repos de trois jours, étoit confidérable & noire. J'ai fait égoutter cette male falre dans des panniers d’olier ; en même - temps on pourfuivoit l’évaporation & l'épuifement des liqueurs reftantes. Cette première opération terminée , toute la mafle faline a été redifloure dans fufhfante quantité d’eau fioide & filtrée, fur des carrés tendus d’un linge & recouverts de papiers à filtrer. La liqueur qui a paffée étroit plus claire , mais encore d’un brun fale, & la plus grande quantité de la matière qui noirciffoit la cryftallifation à reftée fur le filtre. Les liqueurs ont été de nouveau évaporées , enfuite abandon- nées à la cryftallifarion , & épuifées de tout l’acide citrique. Cette fois il étoit jaunätre , fes formes étoient plus régulières. On a réitéré , pour la troifième fois, la diflolution & filtration de tout lacide citrique. La matière noire , qui s’étoit dépofée fur les filtres, étoit fi peu confidérable , qu’elle ne formoit qu'une légère couche. Les cryftaux d'acide citrique , obtenus , étoient blancs, réguliers & de la plus grande pureté, Shéele, qui s’eft contenté de prouver qu'il étoit poflible.d’obtenir cet acide végéral folide , n’a pu déterminer fes formes naturelles , parce qu'il opéroit fur de trop petites quantités. Mon téfultat m'ayant donné des cryftaux aufli confidérables que l’art nous a appris à obtenir des combinaifons falines les plus ordinaires, il a été facile de les décrire. Ils préfentent , au fimple afpe® , des prifmes rhomboï- daux , dont les pans inclinés entr'eux d'environ 120 & 6o degrés, termi- nés de part & d’autre par un fommet à quatre faces trapézoïdales, qui interceprent les angles folides. h J'ai rappellé plus haut que Shéele avoit obfervé , comme une des conditions ET D'HISTOIRE NATURELLE À 233 conditions effentielles à la prompte cryftallifation de l'acide citrique , de mettre un peu d’acide fulfurique en excès à la quantité jufte qu'il en fau- droitipour décompofer le citrate calcaire ; la remarque de ce Chimifte n'érant point fuivie d'aucune explication, l'effai que j'ai fait en grand m'a dé- montré combien la fagacité du célèbre Chimifte de Gotringue étoit péné- trante , & que s'il eût opéré fur une mañle de fuc de citron auñli forte que celle que j'ai préparée , il auroit motivé , dans fa defcription de fon pro-” cédé qu'il a exécuté en très-petir, la néceflité de l'emploi de cer acide fulfurique. * : ; M'étant affuré que la matière noire qui refte fur les filtres dans les purifi- cations de l'acide citrique , étroit du charbon, 1l ne peut avoir été formé qu’au dépens d’une quantité afflez forte de matières muqueufes du fuc de citron , que l'acide citrique a entraînée dans fa combinaifon avec la bafe du carbonate calcaire , & qu’enfuite lorfqu’ondécompofe le citrate calcaire , l'excès d’acide fulfarique qu'il eft néceffaire d'y ajouter , enlève à l’acide citrique cette ma- tière muqueufe , la décompofe, & en précipite le carbonate auli-tôt que les liqueurs commencent à fe concentrer par l’évaporation. Les expériences ingénieufes que viennent de faire connoïtre Fourcroy & Vauquelin , de l'action de l'acide fulfurique fur les matières végétales , viennent finguliè- rement à l'appui de mon raifonnement. Le fuc de citron, féparé de toute la matière muqueufe qui fe précipite lorfqu’on l’expofe quelques heures au contact de l'air, c’eft-à-dire , tel qu'il doit être pour être employé, foit dans la Médecine, foit dans les Arts, donnent $ degrés de denfité à l’aréomètre des fels , par Baumé. 100 liv. de ce même fuc abforbent 6 liv. 4 onces de carbonate calcaire pour être faturé. Le citrate calcaire qu'on obtient, après avoir été bien lavé & féché , pèfe 20 liv. Une livre d'acide citrique pur & cryftallifé, diffour dans fuffifante quan- tité d’eau, demande une livre de carbonate calcaire pour être faturé. Dans certe expérience , le poids du citrate cal@aire a diminué d’un peu plus d’un quart de la male, au lieu d'augmenter de plus de deux tiers , comme dans k combinaifon précédente ; d'où on peut conclure que 100 liv. de fuc de citron préparé fidèlement, donnant $ degrés de denfité à l’aréomètre des fels, par Baumé, contiennent 6 liv. 4 onces d’acide pur & concret. Ce rapprochement fert à expliquer deux phénomènes, 1°. l'augmentation de 13 liv. 2 onces que prend le citrate calcaire , & la préfence de la matière muqueufe en diflolution dans le fuc de citron , qui eft entraînée dans la combinaifon du citrate calcaire , & enfuire décompofée par l’excès del’acide fulfurique qui doit être ajouté lorfqu’on décompofe ce même citrate calcaire. Une once d’eau diftillée, diffout une once & ? d'acide citrique ; il fe roduit 1 3 degrés de froid dans cette diffolution. Pareille quantité d’eau diftillée diffout le double de fon poids de cet acide , lorfqu’elle eft portée à Tome II. SEPTEMBRE , 1794. Gg . \ ,;54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 8o degrés de températuré, 100 parties d'acide citrique difloutes dans fufhifante quantité d'eau diftillée bouillante, diflolvent so parties de citrate calcaire. = On fait une limonade du meilleur goût & agréable à l'œil , en difol- vant 40 grains d'acide citrique dans une pinte d'eau , & y ajoutant fufh- fante quantité de fucre pur. On la parfume enfuite , en y diflolvant une petite quantité d’oléo - faccharum , préparé en frottant un citron fur un morceau de fucre : le fucre s’imbibe de l'huile volatile du citron, & la rend foluble. Il eft facile d’enlever , par ce moyen , toute l'huile volatile de quelques citrons ; on mêle, dans un mortier , l’oléo-faccharum qui en réfute , avec fuffifante quantité de fucre; le mélange fair, il sèche facile- ment à une douce température , & lorfqu'il eft fec, il fe conferve dans des vafes de verre bien fermés. Cette manière de fe procurer en tout temps l'atome du citron, eft préférable à celle d'employer l'huile volatile obtenue par la diftillation, le É lui communique toujours une âcreté que les per- fonnes d’un goût délicat diftinguent facilement. Je terminerai mes ebfervations par faire connoître quelques caractères que préfente cet acide mêlé avec différentes diflolutions terreufes & mé- talliques. | Les diffolutions d’acétite de magnéfie , calcaire, d’alumine, de muriate de baryte , calcaire , d’alumine , de magnéfie ; les nitrates & les fulfates de ces mêmes fubftances ne fubiffent aucun changement par la pléfence de l'acide citrique. : Les muriates & nitrates de zinc, le fulfate , muriate, nitrate & acérire de cuivre ne font point décompofés, ainfi que le nitrate de plomb; mais l’acérite de plomb eft fur le champ décompolé & précipité en poudre blan- che: Lé nitrate & acérite de mercure font également décompofés , & le citrate mercuriel qui fe précipite eft un fel écailleux d’un rouge de brique plus où moins foncé. L'acide citrique verdit la diflolution de l'acétite &c fulfate de fer. La quantité d'acide citrique que j'ai obtenu étant affez confidérable , je me propofe de faire connoïre Îles phénomènes qu'il préfentera dans fes différentes combinaifons. NT « * f Frs | À p l ET D'HISTOIRE NATURÉILE. 235 MÉMOIRES SCOR LT ÉNDUEENTURIT CITÉ: Par Couvuroms. EUX ITR ARTATÉ N. us avons fait connoître, dans nos cahiers précédens, les premiers Mémoires que Coulomb avoit donné fur l’éleétricité. Les derniers volumes de l’Académie des Sciences de Paris , contiennent la fuite des expériences de ce Phyficien fur la même matière. Nos Lecteurs les verront avec plaifir. Nous avons dérerminé , dit-il, la loi de répulfion du fluide électrique de même nature , & celle d'attraction de deux fluides éleétriques de différentes natures {1), & nous avons prouvé > par des expériences très-fimples ; & qui paroillent décifives , que cette aëlion évoit rrès-exactement en raïon inver£e du carré des diftances. Nous avons également prouvé , par des expé- riences du même genre, que l’aétion , foit répulfve, foit attractive du fluide magnétique, fuivoit la même loi. Toutes ces expériences font faites par le moyen d’une balance ou éle@ro- mètre que nous avons décrite : un fil tordu, fufpendu au milieu d’un bocal , fupporte une aiguille légère ; l’intérieur de ce bocal porte une bande de papier divifée en 360 degrés, correfpondante à l'extrémité de l'aiguille. On calcule, par les degrés que parcoure l'aiguille , Ja force de l'éleétricité du corps qu’on lui préfente. Diflérens corps mis en expérience dans cette balance , lui ont fai voir que . 4 . lé , LA . . Le fluide éleitrique ne [e répand dans aucun corps par une affinité chimique , ou par une attrailion éleétive ; mais qu'il fe partage encre différens corps mis en contaël uniquement par fon action répulfve, Lotfque deux corps égaux & femblables, mis en contact , font parfai- ————— (x) On fait que l'Auteur fuppofe qu’il exifte deux efpèces de fluide ele@trique. Les parties de chacun de ces fluides fe repouffent en raifon inverfe des carrés des diftances < ë 5 5 À . x = ete & attirent les parties de l’autre fluide dans la même railon inverfe du carré des difances. Gg 2 *$ - :36 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE, tement conducteurs , comme tous les métaux, il ne faut qu’un feul inftan inappréciable pour que l'électricité fe partage également entre les deux corps; mais lorfque l’un des deux conduéteurs eft imparfait , tel qu'un plan de papier , il faut fouvent plufieurs fecondes pour qu'il prenne exaétement la moitié du fluide éleétrique du cercle de métal. Un fecond fait que l'expérience a prouvé à Coulomb , eft que , Dans un conduëteur chargé d’éleëtricité , le fluide électrique fe répand fur la furface du corps , mais ne pénètre pas dans l’intérieur du corps. Les expériences deftinées , dit-il, à prouver cette propofition , exigent des éleétromètres très-fenfibles. Voici celui dont je me fers. L'on tire , en faifant chauffer à une bougie , un fil de gomme-laque de la groffeur à-peu- près d'un fort cheveu ; on lui donne dix à douze lignes de longueur ; une de fes extrémités eft attachée au haut d’une petite épingle fans tête, fuf- péndue à un fil de foie, tel que le donne le vers à foie. À l’autre extrémité du fil de gomme-laque , l’on fixe un petit cercle de clinquant de deux lignes d-peu- près de diamètre; l'on fufpend ce petit éleétromètre dans un cylindre de verre. Sa fenfibilité eft telle, qu'une force d’un foixante millième de grain chaffe l'aiguille à plus de 90 degrés. Je donne à cet éleétromètre un foible degré d'éleétriciré de la nature de celle que je veux communiquer au corps qui doit être foumis aux expériences , & je le fufpends dans un cylin- dre de verre pour le mettre à l'abri des courans d'air. Cela fait, je place ua corps folide d'une figure quelconque , percé de plufieurs trous , qui ont peu de profondeur , fur un fupport idio éleétrique qui l'ifole. Le corps que je vais foumettre aux expériences , eft un cylindre de bois folide , de uatre pouces de diamètre , percé de plufieurs trous de quatre lignes de ne & de quatre lignes de profondeur. Je pofe cé cylindre far un fupport idio-éleétrique. Au moyen de la bou- eille de Leyde ou plateau métallique d’un éleétrophore , je lui donne une ou plufieurs étincelles électriqnes ; j'ifole , à l'extrémité d’un petit cylindre de gomme-laque , d’une ligne de diamètre, un petit cercle de papier doré d’une ligne & demie de diamètre, Premier effai. Le clinquant de léléétromètre étant électrifé , je fais toucher la furface du cylindre éleétrifé par le petit cercle de papier doré ; je le préfente à l'éleétromèrre : l'aiguille de cet éleétromètre eft chaffé avec force, Deuxième effai. Mais fi j'introduis Le petit cercle de papier dans un des tous du cylindre, & que ie lui fafle toucher le fond d’un de ces trous, que je le préfente enfuite au clinquant foutenu à l'extrémité de l'aiguille de l'électromètre , cetteaiguille ne donnera aucun figne d'électricité. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 237 Cette expérience fait voir que le fluide électrique fe répand fur la furface des corps, mais ne pénètre point dans leur intérieur. Cette propriété du fluide électrique eft une conféquence de la loi de la ré- pulfion de fes élémens , en raifon inverfe du carré de fes diftances. Cher- chons-en la caufe. Toutes les fois qu’un fluide renfermé dans un corps , où il peut fe mou- voir librement , agit par répulfion dans toutes fes parties élémentaires , avec une force moindre que la raïfon inverfe du cube des diftances , telle que feroit, par exemple, l’inverfe de la quatrième puiffance, pour lors l’aétion de toutes les mafles de ce fluide , qui font placées à une diftance finie d’un de fes élémens , eft nulle, relativement à l’action des points de conta&. C'eft ce que nous avons prouvé dans une note de notre fecond Mémoire , imprimé dans le volume de l’Académie de 1785. Ainfi , le fluide qui doit fon électricité à cette loi de répulfon , fe répandra uniformément dans le corps. Mais toutes les fois que l'aétion répullive des élémens du fluide qui ptoduit fon électricité, eft plus grande que l'inverfe du cube, telle, par exemple , que nous l'avons trouvé pour l'électricité en raïfoin inverfe du carré des diftances : pour lors l’action des maffes du fluide électrique placée à une diftance finie d’un des élémens de ce fluide, n'étant pas infiniment petite relativement à l’action élémentaire des points en contaét , tout le fluide doit fe porter à la furface du corps, & il ne doit point en refter dans fon intérieur. Dans un corps d’une figure quelconque AaB (fg. 1) , que je fuppofe rempli de fluide dont les parties élémentaires agiffent l’une fur l’autre en raifon inverfe du carré des diftances , j’élève à un point à une normale ab, infiniment petite, & par le point & je fais paffer un plan perpendiculaire à cette normale , qui divife le corps en deux parties, l’une infiniment petite, daeb ; l’aute finie, d A FBeb. Ainfi, en décompofant, fuivant a 4, toutes les forces avec lefquelles la partie infiniment petite d'a be agit fur ce point, elle doit faire équilibre à l’action réfultante , fuivant 4 2, de toute la mafle du fluide répandu dans le corps 4 4 F Be. Imaginons actuellement fur le plan dbe, de l’autre côté de a, une petite calotte dce , exaétement égale à la calotte dae , en prolongeant 44 jufqu’en c, ch fera égale à à b. Mais fi le Auide eft répandu dans tout le corps , pour que la loi de continuité exifte , il faut, puifque ac peut être diminué à l'infini , que la denfité du fluide , au point c , foit égale à celle du point a , ou au moins n’en diffère que d’une quantité que l'on peut diminuer à l'infini. Aïn , la feule petite mafle de fluide électrique contenue dans la calotte dc be, doit faire équi- libre à celle contenue dans la calotte daeb ; d'où il réfalte que l’adtion de toute la mafle de fluide qui feroit contenue dans le refte du corps , doit être nulle ; ce qui ne peut avoir lieu lorfque lation des males placées à une diftance finie d'un point de fluide, nef pas infiniment petite relative- PA 2:38 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE iment à l’action d’un élément des corps en contaét avec ce point, à moins que la denfité de ces malles ne foit nulle. D'où il réfulte que dans l’érat de flabilité du fluide éle&trique , tout ce fluide fe portera à la furface du corps , & qu'il n’y en aura point dans l’intérieur, De la‘denfité du Fluide éleëtrique fur la furface de deux globes. non en contact, L’Auteur a enfuite recherché la manière dont le fluide électrique fe partage entre deux globes de différens diamètres mis en contaét, & enfuite féparés. . D'après le réfulrat d’un grand nombre d’expériences , il forme la table fuivante , qui repréfente la manière dont le fluide électrique fe partage entre deux globes de différens diamètres. j 1 PO RAPPORT RAPPORT RAPPORT des rayons des | entre l'étendue | de la denfité éleétrique entre globes. des furfaces. | le petit & le gros globe, 10... Ac 1 AS as I 2 .…..e C MONDES) OCDE 1,08 dE HITS, Jo ere 01390 ARTE © MRNeL en lNceeieeise 1,65 Fee EE aus 2,00 REA DNIER FAP LME POP Ba PL AA Rs 11 faut obferver que cette table indique feulement le rapport des denli- tés du fluide électrique , lorfqu’après avoir féparé les deux globes, ce fluide électrique fe répand uniformément fur leuts furfaces. Nous allons voir, tout-à-l'heure , que tout le emps que les globes font réunis , il s'en faut de beaucoup que le fuide ne foir répandu uniformément. De la denfité du fluide éleétrique fur différems points de deux globes en contact. L'on emploie, pour déterminer la denfité électrique de différens points des globes, un petit plan circulaire de papier doré, fig. 3 , de 4 à s lignes de diamètre , foutenu par un fil de gomme-laque cde, fixé à un cylindre eb de verre , ou de bois féché au four , & enduit d'un vernis idio-électrique, Ce cylindre entre & fe fixe , avec une vis, dans le trou 2 de la pince À B. Toute l'opération , lorfque l'on veut comparer deux points, confifte à faire 14 Te + 7 APENEL ESA NTIC 4 l L A V5 » + ET D'HISTOIRE NATURELLE. 239 toucher le plan e contre le premier point. L'on préfente enfuite ce plan dans la balance à celui de l'aiguille , que l’on a eu foin d’éle&rifer aupara- vant, & l’on remarque où elle fe fixe. On en fait autant pour le fecond point. L 11 réfulre des expériences que l’Auteur à fait fur deux globes, que plus ces globes font inégaux, plus la denfité varie fur le petit globe depuis le point du contaët jufqu’à 180 degrés de ce point, & plus elle approche de l’uni- formité fur le gros globe, croiffant rapidement depuis le point de contact où elle eft nulle , jufqu’à 7 à 8 degrés de ce point. Ainf, par exemple, lorfqu'on à mis un globe de 8 pouces en contact avec un globe de 2 pouces , l’on à trouvé que la denfité étoit infenfble dans le petit globe, depuis le point de contaét jufqu’à 30 degrés de ce point. Qu’à 45° du point de con- tact, elle éroit à-peu-près le quart de celle à 90 degrés , & que depuis 90° jufqu’à 180 degrés, elle croiffoit dans le rapport de 10 à 14. Dans le globe de 8 pouces, au contraire , la denfité étoit nulle jufqu’à 4 à $ degrés du poinr de conta& : elle croifloit enfuite rapidement, & depuis 30 jufqu’à 180 de- grés , elle éroit prefque uniforme. L’Auteur pafle enfuite à l’explication phyfique de ces phénomènes. Pour avoir, dit-il , une première idée de la manière dont le fluide électrique fe diftribue entre les différens globes , plaçons (fig. 4 ) trois globes en contact en ligne droite, L’axe Aa paffant par les points de contaét, fuppofons les deux globes des extrèmités égaux. De quelque manière que le fluide fe dif tribue entre les trois globes ; puifque les deux globes À & a font femblables & femblablement polés relativement au globe x, il eft clair qu'ils contien- dront tous deux une égale quantité de fluide électrique. Ce Auide, comme la théorie l'indique , fera inégalement diftribué fur la furface du fyftéme des trois corps ; il fera comprimé vers les points qui avoifinent ÂAa, & nul vers les points de contatt b & b. Il entre enfuite dans des calculs où nous ne pouvons le fuivre. Lorfque j'ai placé, dit-il, entre les deux globes À & a éle@rifés , un petit globe dont le diamètre étoit moindre que la fixième partie des globes À &a, & que je préfentois enfuite ce petit lobe à une balance de torfion très-fenfible , ce petit globe ne me donnoït aucun figne d’éleétricité : mais quelque petit que für ce globe, je ne trouvois pas qu'il eût pris une élec- tricité négative comme la théorie l'indiquoir. Mais lorfque l’on fépare deux globes électrifés & de contaét , fi l’un eft beaucoup plus petit que l’autre, l'on trouvera que le point 2 du petit globe qui étoit en contaét, donne des fignes d'électricité négative , lorfque la diftance des deux globes eft peu confidérable, En augmentant cette diftance , l'électricité du point a devient nulle : enfin , elle devient pofñitive en continuant d’éloigner les deux globes. 11 paroït que l’on peut conclure des expériences & des obfervarions qui 240 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE FA D ANT s . . . É précèdent , que le Auide éle&rique eft prefque en entier diftribué fur la furface des corps conducteurs ifolés , & qu'il ne forme pas antour de ces corps une atmofphère très-érendue , ainfi que l'ont penfé plulieurs Auteurs. Détermination de la diflribution du Fluide éleürique de fix globes ézaux mis en contaël. J'ai formé une ligne de fix globes égaux (£g. s.) de deux pouces de dia- mètre , qui peuvent fe féparer à volonté , un defquels eft foutenu par un petit cylindre de gomme-laque, & peut fe placer, foit dans la balance électrique , foir dans la file des globes. On a fourmis ces globes à la balance. En prenant une valeur moyenne entre trois réfultats, on trouvera que dans notre file de fix globes , la quantité d'électricité du premier globe eft à celle du deuxième comme 1,48 eft à 1,00. Un calcul analogue entre le premier & le troifième globe, donner , d’après les effais de la deuxième expérience, que la quantité d'électricité que contient le premier globe dans la file des fix globes, eft à celle que contient le troifième globe, comme 1,56 eft à 1,00. En forte que la maffe du fluide électrique diminue à-peu-près d’un tiers du premier au deuxième globe , & feulement d’un quinzième du fecond au troifième, Ces phénomènes dépendent toujours des caufes que nous avons déjà ex- pofées , 1°. de l’action du fluide éle@rique , en raifon inverfe du carré des diftances; 2°. de ce que ce fluide ne pénètre point d’une manière fenfible dans l'intérieur des corps. Détermination de la diflribution du Fluide électrique entre douxe globes égaux. Nous avons procédé , dans cette expérience, comme dans les précédentes. Nous avons trouvé que la quantité de fluide électrique que contient le pre- mier globe , eft à celle que contient le deuxième , comme 1,50 à 1,00. En comparant le premier globe avec le fixième , nous avons trouvé que la quantité de fluide électrique que prend le premier globe, eft à celle que prend le fixième, comme 1,70 à 1,00. Diffribution du Fluide éleëtrique entre vingt-quatre globes de deux pouces de diamètre mis en contaët fur la même ligne. En comparant toujours par la même méthode le premier globe avec le = Re J PEU 8. : deuxième , j'ai trouvé que la quantité d'électricité que contenoit le premier >) q qu < se globe, étoit à celle que contenoit le deuxième : 1,56 à 1,00. En comparant | le A ' » ÊT D'HISTOIRE NATURELLE. 241 le premier & le douzième , j'ai trouvé que la quantité d'électricité que contenoit Le premier globe de la file étoit à celle du douzième , comme 1,75 41r5 00: Il réfulre de ces deux expériences , que quel que foit le nombre des glo- bes mis en contact fur une ligne droite, la denfité moyenne du fluide élec- trique varie confidérablement du premier au deuxième globe; mais qu'en- fuite elle varie très-peu jufqu’à celui du milieu. Difiribution du Fluide éleëtrique [ur la furface d’un cylindre, On a placé un cylindre de deux pouces de diamètre fur trente pouces de longueur , terminé par deux hémifphères fur un fupport idio-éleétrique. On a fait toucher ce cylindre éleétrifé par un petit plan de papier doré, foutenu par un fil de gomme-laque que l'on introduifoit enfuite dans la balance , fuivant les procédés connus. Il a réfulté de cette expérience, en touchant alternativement un point pris au milieu de la furface du cylindre, & un point pris à l'extrémité, que la denfité au milieu du cylindre eft à celle de l'extrémité comme :1,00 eft à 2,30. En comparant un point au milieu du cylindre, avec un point à deux pouces de l'extrémité, l’on a trouvé la denfité électrique au milieu du cy- lindre à celle à deux pouces de l’extrémité, comme 1,00 eftà 1,25. En comparant le point du milieu avec un point fur le grand cercle de la demi-fphère qui termine le cylindre à un pouce de fon extrémité, on a trouvé les denfités comme 1,00 à 1,80. Il réfulre de cette expérience , que fur les deux derniers pouces , à l’ex- trémité du cylindre , la denfité éleétrique eft beaucoup plus confidérable que vers le milieu du cylindre, mais qu’elle varie peu depuis le milieu du cylindre jufqu’à deux pouces de fon extrémité. Diffribution du Fluide éleétrique entre trois globes en contaët , l’un ayant huit pouces de diamètre , & les deux autres deux pouces de diamètre. J'ai trouvé qu'en plaçant deux globes 1, 2, de deux pouces de dia- mètre , en ligne droite, avec un de huit pouces de diamètre, la quantité d’éleétricité dont fe chargeoit le globle 2 , le plus éloigné du gros globe, étoir à celui du glober en contaét avec ce gros globe , comme 2,54 eft à 1,00. ‘ Diffribution du Fluide électrique entre un globe de huit pouces de diametre, 6 quatre globes de deux pouces de diamètre. É Par un réfulrat moyen entre fix obfervations alternatives, on a trouvé Tome II SEPTEMBRE, 1794. HR 3 242 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE qu'en plaçant quatre petits globes de deux pouces à la file, en conta&t avec le gros globe , la quantité de fluide éledrique que prenoit le petit globe le plus éloigné , éroit à celle du globe en contact avec le gros globe, comme 3,40 à 1500. Diflribution du Fluide éleétrique entre un globe de huit pouces de diamètre misen contaët avec une ligne de vingt-quatre petits globes de deux pouces de diamètre (fig. 6). Dans cette expérience , l'on compare les différens globes qui forment la ligne au vingt-quatrième , c’eft-à-dire , à celui qui termine la ligne. L'électricité du vingt-quatrième eft à celui du vingt-troifième, comme 1:49) 2 1300. L'électricité du vingt-quatrième eft à celle du douzième, comme 1,70 à 1,00. L'électricité du vingr-quatrième eft à celle du deuxième , comme 2,10 eft à 1,00. L'électricité du vingr-quatrième eft à celle du premier, qui eft conta& avec le gros globe , comme 3,72 eft à 1,00. Enfin , l'électricité du vingt-quatrième ef à celle du gros globe , comme 2,16 eft à 1,00, Diflribution du Fluide éleitrique entre un globe & des cylindres de diffe- rentes longueurs (fig. 7 ). L'on a électrifé un globe de huit pouces de diamètre ; l'on y a fait tou- cher une balle de neuf lignes de diamètre, ifolée & foutenue par un fil de gomme-laque que l’on a introduit à l'ordinaire dans la balance. L’aiguille a été chaflée à 28 degrés , avec une force de torfion , tout compris, de 154 degrés. L'on a fait tout de fuite toucher ce globe de 8 pouces par un cylindre de 2 pouces de diamètre & de 30 pouces de longueur ; & en retirant le cy- lindre l’on a fait toucher le globe par la petite balle de 9 lignes de diamètre que l’on a introduit de nouveau dans la balance, l'aiguille a été chaflée à la même diftance que la première fois , avec une force, tout compris, de 68 degrés. En forte que toute correétion faite, la quantité du fluide éle&rique du cylindre à celle du globe eft, après ce partage, comme 82 eft à 66, ou comme 124 eft a 100. Pour avoir actuellement le rapport des denfités moyennes du fluide élec- trique répandu fur la furface du cylindre , à la denfité du fluide électrique fur la furface du globe , l’on remarquera que le globe ayant huit pouces de ET D'HISTOIRE NATURELLE. RE 7 diamètre, & le cylindre deux pouces de diamètre & 30 pouces de lon- gueur , la furface du cylindre eft à celle du globe, comme 60 à 64. Ainfi les denfités moyennes du fluide électrique répandu uniquement fur la furface des corps, étant égales à la quantité de ce fluide divifée par la furface , la denfité moyenne de ce fluide fur le cylindre fera à celle fur la furface du globe comme = ‘ ea : où comme 1,29 eft à 1,00. Par une moyenne prife, entre beaucoup d’autres expériences, l’on peut évaluer ce rapport de 1,30 à 1,00. a ——— NOUVELLES LITTÉRAIRES. pee de la Nature; par JEAN ANDRÉ CAZALET, Pro- felleur de Chimie & de Phyfique , à Bordeaux. In nova fert animus. O vin. Metam. Livre premier & deuxième. A Bordeaux, chez Pierre Beaume , Impri- meur-Libraire , rue de l’Egalité ( ci-devant du Parlement), n°. 32. Et fe trouve à Paris , chez Maradan , rue du Cimetière-André des-Arts , n° 9. Lu re , U, Ÿ ,44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, ÿ on Liubd, Bd E ce Des ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. R APPORT für la fabrication des Savons, fur leurs différentes efpèces, fuivant la nature des huiles & des alkalis qgx’on emploie pour les fabri- quer ; & fur les moyens d’en préparer par-tout , avec les diverfes matières huileufes & alkalines que la Nature préfente ; fuivant les localités ; par D'ARGCET, LELIÈVRE 6 PELLETIER, Page 161 Recherches fur les diverfes efpèces de Gaz qu’on obtient en mélant l’acide falfurique concentré avec l’alkoo! ; par J. KR. Drrman,A. PAETSs- Van-Troosrwycx,N. Bonpr 6 À. LAUWERENBURGH, 178 Suite du Rapport fur les moyens d’extraire , avec avantage , le Sel de Soude du Sel marin; par LELIÈVRE , PELLETIER , D'ARCET - & Grroun, 191 Rapport fur les moyens de tanner les Cuirs ; propofés par ARMAND SEGUIN, 200 Expofé des caufes de l’altération & de la détérioration des Bleds ; moyens de l’employer ; par B. G. SAGE , de la ci-devant Académie des Sciences, Profeffeur de Chimie 6 de Minéralogie à l'Ecole des Mines de la Monnoie , \ à 228 Obfervations sur la préparation de l Acide citrique concret ; lues à l’Inflicue National de France ; par DizË , Pharmacien en thef d'armée, chargé du magafin général des Médicamens , 231 Mémoires fur l’Eleüricité ; par Couroms, Extrait. 235 Nouvelles Litteraires , 243 Jépémbre 1794. N d dphdi- mA ; 2 mn me ee ge 0 dd ne Jéplmbre 1794. $ ; j HAE PET € © mt ÉRSTES ver PE MT EMEA ORENE TT L d ve ‘2 610 4 RAR x (2 fr - ? je Gens pomme coms ie mt EE 4 1 7 Te 21. SAN JOURNALDEPHYSIQUE, | DE CHYMIE ET D'HISTOIRME-NATURELLE, OCTOBRE, 1794 MÉMOIRE SUR le Gaz nitreux étheré, - Par J. R. DermMan, À. Parërs-VAN-TROoSTwYcK;, ‘3 N. Bonwvr & À. LAUWERENBURGH. J ; $ Je SR À MESURE que la théorie chimique, propofée par les Chimiftes Fran- çois, & adoptée aujourd’hui à la grande pluralité par les Savans étrangers, eft plus étudiée , & à mefure qu'on cherche à y adapter tous les phénomènes qu'on obferve nouvellement , il ne fauroit fe faire qu'on ne trouvit de temps à autre des faits qui exigent une certaine correétion à faire, foir dans les idées générales , foit dans la nomenclature. Ces correétions patotilent fe porter, fur-tout, fur la généralifation de quelques idées , oude quélques réful- tats qu'on s’eft permis lors de lx propolition de certe théorie , & qu'on pou- voit {e permettre, autant que des faits évidemment contraires , n'étant point connus , n'exigèrent pas à faire des exceptions aux règles générales. Nous avons publié, il y à quelque temps, des expériences fur l'inflam- mation du foufe avec les métaux, fans concours du gaz oxigène (1), & ous avons prouvé que le dégagement d'une quantité de calorique fi grande, qu’il produit , les phénomènes d’une inflammation véritable accompagnée de lumière & de chaleur, peut fe faire fans intérmède de: gaz oxigène. Les expériences dont nous allons rendre compte. arraqueront une :autre ——————————————————— ———— ———————————————————————————————— (x) Voyez Expériences fur l'inflammation du mélange de foufre & de métaux fans la prefènce de l’oxigène. Tome IL OCTOBRE, 31794. li Ÿ* 346 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE idée générale : favoir, celle que route cfpèce de gaz, dite autrefois gaz inflammable , a pour ,bafe l'hydrogène >. mêlé à quelau’autre fubitance ; c'eftainf qu'on a nommé le gaz inflammable contenant le foufre &c Fhy- drogène, gaz hydrogène fulfuré ;.celui contenant le phofphore & l'hydro- gène , gaz hydrogène phofphoré ; & enfin celui contenant le carbone & hydrogène , gaz hydrogène carboné. Nous ne nous oppoferons pas à cette nomenclature, qu’au contraire nous approuvons; mais nous croyons que Îles faits que nous allons détailler font de nature à prouver que la bafe detoute éfpèce de gaz inflammable n’eft pas l'hydrogène, ou plutôt que la fubf rance qui donné l'érat-gazeux à un gaz inflammable ;ne fauroit être une autre efpèce de gaz que le gaz hydrogène. LÉ Nous avons fait connoître , dans un Mémoïre précédent, les expériences entreprifes fur une efpèce de gaz hydrogène carboné , qu'on obtient dans la diftillation de léther fulfarique-& de la liqueur anodine d’Hoffmanr (1). Ces expériences nous firent naître l'idée d'examiner ce qui fe paffe dans la préparation de l'éther nitrique & de l'efprit du nitre dulcifié. Nous avions obfervé fouvent que le mélange-d’allkcool-&.d’acide nitrique donnoit , pen- dant la diftillation de l’éther, pour le moins autant de fluide gazeux que le mélange d’alkool & d’acide fulfurique ; nous avions par fois recueilli ce gaz, & en examinant les.propriétés extérieures les plus remarquables, ces expériences préliminaires nous fembloient indiquer une telle différence entre ce gaz & celui qui eft produit dans la diftillation de- l’éther falfu- rique, quil nous pa mériter un examen plus approfondi. C’elt cer examen qui nous a fait connoître les propriétés & les parties conftituantes de ce gaz, & qui nous a démontré la grande différence entre ce gaz & les autres efpèces de gaz inflammables. & III A Pour ‘obtenir celgaz , on n'a qu’à mêler de l'acide nirrique & de Palkool dans un appareil propre aux expériences pneumatiques , & en re- cueillir le gaz :qui eft produit. Cette production fe fair æoutefois plus ou moins rapidement , fuivant le degré de concentration de l'acide :& de J’alkool. En mêlant parties égales d'acide nitrique concentré &:d’alkool , & laif- fant le mélange dans:un dieu , dont la température foit d’une chaleur élevée (x) Voyez:Recherches fur quelquesrefpèces de. gaz inflammable sobtenues en opérant [ur Palkoo! & l'éther fulfurique. "“ - ET D'HISTOIRE NATURELLE. 147 - feulement de quelques deprés au-deffus du point dercongélation de l’eau , le mélange s'échauffe quelquefois, dans le moment même qu’on le fait; d’autres fois , après avoir été pendant quelque temps en repos, il fe dégage un gaz qui, au commencement, fe produr lentement , mais dont le dé- gagement devient , dans peu, de plus en plus rapide, de forte que la liqueur fe montre comme bouillante. Ce gaz eft d’une odeur agréable éthérée, & # brüle fi on y approche la flamme. : Après que ce gaz cefle d’être produit , la liqueur donne du gaz nitreux. Le refte de la liqueur , 4près que tour dégagement de aaz a celié, fe trouve être pour la plus grande patrie de l'acide acérique. Le gaz: inflammabie , qui fe produit dans certe opération, eft celui dont nous nous occupons dans ce Mémoire. Il eft effentiel de remarquer que le produit d’écher eft , dans ce procédé , ou nul, ou extrèmement petit; tandis qu’au contraire l'éther furnage dans pen de temps la liqueur , fon prévient la produétion de ce gaz en environnant le flacon dans lequel le mélange eft contenu , de glace, de neige ou d’eau refroidie. St , au lieu d'acide nitrique ctès-concentré , on prend un acide d’un moindre degré de concentration , on obrient également ce oz; mais il eft néceflaire , dans ce cas , d'accélérer & d'aider l’aion de l'acide fur l'alkool , par la chaleur. . C'eft de cette manière que nous nous en fommes fervis ponr obtenir le gaz deftiné à nos expériences. Nous avons pris parties égales d’un acide nitrique , à un degré médiocre de concentration , & d’alkool ; nous les avons mêlées dans un flacon à tuyau recourbé , & nous avons échauffé la liqueur. Avant même que l’alkool commence à entrer en ébullition , la produétion de gaz fe manifefte , devient en peu de temps très-rapide , 8 une quantité très-confidérable fe dégage. Dès que le dégagement commence à devenir moins rapide, le’ gaz eft moins pur, & fe tiouve de plus en plus mêlé de gaz nitreax. Sur la fin , le produit confifte en gaz nitreux, tout feul, C'eft donc le premier gaz qui fe dégage, que nous avons recueilli, & qui nous a fivi aux expériences, H y a une roifième matière de recueillir ce gaz , dont nous nous fom- mes fervis pdt fois , mais qui en donne une moindre quantité, & pastout-a- faic fi pur que la manière précédente. Elle‘conffte à mêler de l’alkoo!l à lacide nitrique étendu , & d'y ajouterun métal avec lequel l'acide nitrique donne, pendant la diffolution , un gaz nitreux parfaitèment pur , comme le cuivre , l'argent ou le mercure. Aufli-tôt que l'acide & le métal com- mencent à opérer réciproquement , un gaz fe dégage, & ce gaz n’eft pas le gaz nitreux , mais le gaz inflammable dont nous traitons. Le dégagement fe fait de cette manière , fans qu'il foit néceffaire de l’accélérer par la chaleur. Le défaut de cette méchode eft , comme nous venons de le dire, s L li 2 * ’ 143 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE que le gaz n’eft pas auffi pur , étant mêlé à une quantité de gaz nitreux qui , bien que wès-peu confidérable , s’y trouve néanmoins toujours. $&. I V. Ce gaz, recuilli dans fa plus parfaite pureté , fait voir d’abord les pro- priètés fuivantes. Il a uneodeur défagréable & érhérée ; différente toutefois de lodeur de lécher nirreux, & exaétement femblable à celle de cette efpèce d’éther quesfournit le gaz hydtogène carboné huileux , traité avec le gaz acide mu- ratique oxigèné , dont nous avons parlé dans un Mémoire précédent (1). Le gaz retient cette mème odeur, bien que confervé pendant plufieurs jours, &'on ne remarque aucune féparation de lécher; ce qui, prouve quescette odeur lui eft propre, & ne dépend pas d'un éther qui lui eft adhérent, mais étranger à fa compolition , comme cela a lieu par rapport au gaz hydrogène carboné huileux , qui , examiné.dès qu'il a été préparé, a une odeur d'éther , mais acquiert une odeur fétide aufli-tôt que lécher s’en cft féparé par le repos (2). Si on en approche une bougie, ce gaz brüle lentement d’une flamme jaunâtre, & pas très-huileufe, mais plus femblable à celle dont brüle l'al- Kool. Après que la flamme a ceflée, le bocai dans lequel cette combinaifon s'eft opérée, a une odeur fingulièrement piquante, & affeétant très-défa- gréablement l'organe de l’odorat & les jeux. $. V. Les réactifs ont , en partie, diffous le gaz, une autre partie l’a décom- pofé , d’autres enfin n’y ont produit aucune altération. L'eau diffout complettement ce gaz, & l’abforbe en total. Cette diflo- lution fe fair toutefois lentement , & demande quelques heures fi la quan- dité eft un peu confidérable, & fi on la laiffe en repos. Elle eft au contraire très-sccélérée par Le fecouemènt, & fe fair alors en très-peude temps. On ne fauroit mieux comparer l’abforbption de ce gaz par l'eau, qu'à celle que fubit le gaz acide carbonique; elle fe fait de la mème manière par rapport au temps qu'elle demande, L'eau acquiert l'odeur du gaz. k L'alkool lé diffout, de mème completement , & demande moins de temps que l’eau; il paroît aufli que l’alkool en diffout une plus grande proportion. (1) Voyez Recherches fur quelques efpèces de gaz inflammable obtenues en opérant far l'alkool & lécher fulfurique. (2) Voyez le même Mémoire, LA Lu ÊT D'HISTOIRE NATURILE. 249 La diflolation aqueufe de potafle (cauftique ) diffout ce gaz , mais très-lentement. Nous recueillimes ce gaz fur du mercure , & fimes mon- ter enfuite fous la cloche de la potaffe liquide; après huit jours, le gaz fut diffout pour la plus grande partie. En y ajoutant enfuite l'acide fulfurique où muriatique , la même quantité de gaz fut reproduite, & montra la même inflammabilité & les autres caraétères propres au gaz qui n’avoit pas été diflous dans la potalfe. L'ammoniaque , au contraire, n’exerce aucune action fur ce gaz, foit qu’on l’emploie en liqueur, foit fous forme de gaz. Nous avons obfervé quelquefois des vapeurs blanches après le mélange, mais en répétant les expériences avec un gaz plus pur, nous fümes convaincus que ces vapeurs ne fe formoient qu'autant qu'une certaine quantité de gaz nitreux für mêlé au gaz inflammable. Le dernier, après en avoir féparé l'ammoniaque, eut toutes les qualités qui lui font propres avant le mélange à l’ammo- niaque. Le gaz oxigène , mêlé: à ce gaz, pourvu qu'il foir pur , ne l’altère non plus en aucune manière. Le mélange allumé détonne comme les autres efpèces de gaz inflammable mêlés au gaz oxigène avec un bruit des plus violens, Se Vu. : Nous paffons aux réatifs qui décompofent le gaz, & qui, par confé- quent, donnent le plus de lumière fur fa nature. Ce font les acides fulfu- rique , nitrique & muiiatique-, qui principalement appartiennent à cetre claffe dt réactifs. 4 Une certaine quantité de gaz fut enfermé dans une cloche fur du mer- cure, & nous y fimes monter un peu d’acide fulfurique concentré. 1] y eut une diminution inftantanée de volume du gaz , qui pouvoit aller à un quart du volume total, & en même temps l'acide fulfurique parut écumant par une quantité de bulles qui en fortoïent. Le gaz, examiné, fe trouva être ‘changé en gaz nitreux, & avoit perdu toute fon inflammabilité. La même expérience ayant été faite en expofant le gaz à un acide fulfurique concen- tré, fans le fecours de mercure , eut le mème réfultat, mais demanda plus de temps pour que le gaz füt réduit complètement en gaz nitreux : l'acide donna aufli des bulles gazeufes , mais plus lentement. - L’acide fulfureux , mêlé en forme de gaz & en volume égal au gaz in- flammable , opéra encore la même chofe, mais ce ne fut qu'après plufieurs jours de digeftion. Après la féparation du gaz acide par la potafle cauftique , le refte fut du gaz nitreux. Nous expofames enfuite le gaz à un acide fulfu- rique étendu, de parties égales d’eau : nous l'y fimes féjourner pendant quatre jours. L'émiflion de bulles gazeufes &,la diminution de volume fe firent beaucoup plus lentement & en moindre qiluté. Le gaz, examiné, donna un 159 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE réfulrat tout différent ; car bieniqu'il eût üne odeur très-forte de gaz ni- treux, une petite bougie allumée, introduit dans le gaz ,,y brûla d’une flamme agrandie & rrès-claire, Nous foupconnâmes, d’après cette manière de brûler ; que ce püt être un autre #12 qte nous avons nommé ailleurs l'oxide gazeux d'azote ( gaz nitreux déphlogiftiqué de Prieftley }. Ces foupçons , toutefois , nous parurent bientôe faux : car le gaz, exa- miné , démontra des propriétés différentes de celles du gaz oxide d’azvte, que nous avons fait connoître. dans une de nos recherches précédenrés (1). Ainf le az digéré fur l'acide fulfurique étendu, expolé à l’eau, fe trouva, après deux ou trois heures, chongé en gaz nitteux, fans diminution fen- {ble de volume, tandis que l’oxide d'azote s’y diflout parfaitement. De mêmel ne détonna pas avec le gaz hydrogène , propriété caractérif- tique de l'oxide d’azote. Certe différence marquée entre l’aétion d’un acide concentré & érendu d’eau , & la propriété fingulière du gaz obtenu dans le dernier cas , de faire bièler une bougie d’une flamme agrandie & plus claire , nous a coûté bien de la peine à expliquer, & un nombre infini d'expériences pour en recher- cher la caufe. Il fufhira de dire qu'enfin nous ne trouvâmes la différence qu'apparente , & que l’acide change toujours le gaz inflammable, qui fait le fujer de ce Mémoire, en gaz nitreux, mais que fi l’acide n’y eft pas ajouté en allez grande quantité , ou étendu , il demande un temps plus long ou une quantité plus grande , pour que le changement foit complet , & que fans cela une petite portion de gaz inflammable y refte mêlé fans être décompofé, qui produit ce phénomène, La caufe en eft, que nous n'avons trouvé dans le cours de ces recherches qu’une petite quantité de gaz inflammable quelconque, mais fur-tour du gaz, dont nous traitons , MÈlE au gaz nitreux, qui lui donne la propriété d’être capable d'alimenter la flamme , du moins en apparence. La quantité de gaz inflammable qu'il y faut ajouter diffère felon la nature du gaz , mais doit être toujours trèc- petite avec une quantité un peu plus grande, d’un cinquième, par exemple, du volume total ; il s'enfuit une efpèce de détonnation. Nous nous borne- rons, pour le préfent , à n’indiquer que ce fait, qui demande d’être éclairei par des recherches ultérieures. : L'acide nitrique a produit abfolument le mème effet fur le gaz; tantôt il _ fe trouva changé en gaz nitreux, mêlé d’un refte de gaz inflammable , dans lequel la flamme s'agrandit, & brüla avec plus d'éclat : la différence dépendit du degré de concentration de l’acide, & du remps de la digeftion. Le gaz , traité avec l'acide nitrique , fouffre dans le commencement , quand il eft expofé à une expanfion de volume. (7) Mémoires [ur l'oxide gazeux d'azote , ou gaz nitreux déphlogiftiqué de Prieftley, SPRN NULS. 7227 2 + " & Fe ET D'HISTOIRE NATURELLE. 251 L’acideimuriarique opère entore de la même manière que les deux autres précédens : cetre expérience , faire dans une cloche fur du mercure, offie ceci de remarquable , que le mercure fe couvre de verites bulles gazeufes , & eft oxidé aufli-tôt qu'on y a fait monter l'acide muriatique. Le gaz fubir, par l'acide muriatique , une diminution de volume. $ VII. Les expériences que nous venons de rapporter, donnèrent donc pour ré- fulrat oénéral, que le gaz nitreux eft une des parties conftituantes de ce gaz. Ceci fat confirmé par laltération qu'une chaleur très-forte fait fubir au gaz. | * Ÿ Nous les fimes paller à cet effet par un tuyau de ‘verte rougi entre des charbons : le gaz , en fortant du tuyau & recueilli dans une cloche, fe montra troublé d’une fumée épaille ; & l'intérieur du tuyau fut couvert d'une huile empyreumatique. Le gaz recueilli précipita un peu l’eau de chaux , & éroit inflaminable. Les propriétés diffèrent beaucoup de celles du “gaz , qui n’avoit pas éprouvé l’action d’un feu auf vif 11 n’éroir plus abforbé ipar l'eau , maïs y reftoir permanent, même gardé pendant quelques fe- maines ; il avoit une odent très-manifefte de gaz'nitreux. L’acide fulfurique, muriatique , nitrique , n’y exercent plus aucune action. L’alkool enfin , & la potafle cauftique ne le diffolvoient plus. En ajoutant le gaz oxigène, on voyoit des vapeurs rouges, indices de l'acide nitrique , qui fe formoitavec le gaz nitreux. La même chofe eût eu lieu, fi le gaz acide muriatique oxigéné y füt ajouté. Le relte étoit du gaz hydrogène carboné permanent fur l’eau , & brûlant à l'ordinaire : la quastité de gaz nitreux s'y trouve ordinairement pour à-peu-près la moitié du volume total. SAVE HIER Comme il nous parut donc füflifamment démontré que le gaz que nous examinâmes éroit un compofé de gaz nireux uni à un corps compolé - d'hydrogène & de carbone , il nous reftoit à examiner cette fubftance. Le procédé même par lequel il étoit produit , fon odeur , l'huile empyreumra- tique formée dans un tuyau incandefcent, par lequel il pafe , fc ffifoient pour nous petfunder que ce füt un éther ; mais nous defirimes de démontrer cet éther féparé de fa bafe oazeufe. Hnous parut que le meilleur moyen de parvenir à ce but, étoir de dé- compofer le gaz par l’acide muriatique oxigèné , efpérant ‘qu'après avoir converti de cette manière le caz nitreux en acide nürique, l’éther devenu bre fe précipiteroir. Nous nous erûmes d'autant plus autorifés de nous atten- dre à un réfultat femblable, que le gaz fydrogène carboné huileux, mêlé Li Le d TEL À . | j 4 Nine 152 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE au gaz acide muriatique oxigèné , nous avoit fourni précédemment une huile éthérée (1). ‘ F Nous fimes paller à cet effet du gaz muriatique oxigèné fous une cloche remplie du gaz inflammable , dont nous traitons, 11 fe forma une vapeur rougeñtre , levolume du gaz diminua fucceflivement à un petit refte près ; & durant cette diminution, une humeut roula le long des parois de la cloche , par firies , comme fi c'eùc été une huile; mais dès que certe humeur vint en contact avec l’eau, elle y fut difloute fans qu'il füt poflible d'en recueillir. Nous pensâmes donc que l'expérience réufiroit mieux en mêlant le gaz inflammable avec le gaz acide muriatique oxisèné dans un flacon, & en bouchant le flacon après le mélange. Cette expérience , toutefois , ne ré- pondit pas non plus à notre attente ; car ayant mêlé parties égales des deux gaz dans un flacon affez large , & l'ayant bouché, nous trouvâmes, après l'avoir lailfé pendant quelques heures en repos , que l’odeur de l’acide mu- riatique oxigèné étoit à la vérité détruite, & que la petite quantité d’eau que nous y avions laiffée avoit une odeur éthérée ; mais 1l ne fe montra pas la moindre goutte d’éther. Cette liqueur contenoit néanmoins une matière éthérée ; car l'ayant chauffée , les vapeurs s’enflammèrent en en approchant la flamme. Pour le refte , l'acide muriatique oxigèné avoit converti le gaz nitreux en acide nitrique, & étoit lui-même réduit à l’état d’acide muria- tique ordinaire ; car la liqueur faturée de potaile donna des cryftaux de nürate & de muriate de potaffe, S'OMEX: Il ne fauroit refter de doute, d’après ce que nous venons d’expofer ; qu'une dés parties conftituantes de ce gaz , eft le gaz nitteux, & que c’eft à lui qu'il faut attribuer la forme gazeufe. Pour ce qui regarde l’autre partie conftituante , que nous fuppofons être un éther , il eft vrai que nous n'avons pu parvenir à l’en féparer fous forme palpable & vifble ; mais en rapprochant les preuves qui démontrent l'exiftence d’un écher dans ce gaz , il nous patoït qu’elles portent notre fuppoñtion prefqu’à l'évidence. L'odeur du gaz eft manifeftement éthérée. On ne fauroit faire l’objec- tion que cette odeur dépend d’un éther adhérent, fans être combiné chimi- quement avec le gaz ; car cette odeur lui eft effentielle, & fe conferve dans toutes les diflolutions fans la moindre altération , tandis qu’au con- traire elle fe perd uniquement parles procédés qui décompofent le gaz. Les circonftances dans lefquelles on obtient l'échec nitrique & ce gaz (1) Voyez Recherches fr quelques efpèces de gay inflammable obtenues en opérant fur l'atkoo! & L’éther fulfurique. comparé \ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 253 comparées entr'elles , font une autre preuve de la vérité de notre fuppoñtion. Nous avons déjà fait cette comparaïfon (6. 3 de ce Mémoire) , où nous avons fait remarquer qu'un mélange d'acide nitrique..&.d’alkoo! donne d'autant moins d’éther, que la production du gaz eft plus abondante , & au contraire d'autant moins de gaz que le produit de lécher eft plus grand. Nous nous croyons même fondés , d’après des expériences ultérieures , à affurer que la production du gaz fera nulle fi on procède avec une précau- tion fufhfante dans le mélange de l'acide & de l’alkool, en le tenant pendant le temps néceffaire pour la formation de l'éther ; dans une température très-froide. Or , comme on peut également réduire la produc- tion de l’écher prefqu’à rien , en procédant d’une manière oppofée, & re- cueillir toùt le produit du mélange fous forme de gaz, il fuit de-là que l'éther doit fe retrouver quelque part. Il n’eft pas le réfidu , cat celui-ci eft abfolument femblable au réfidu qui fe trouve après la formation de lécher ; & confifte, pour la plus grande partie, en acide acétique. 11 faut donc que l’éther fe trouve dans le gaz; & c’eft vraiment là où il fe dé- montre par fes propriétés les plus remarquables, comme fon odeur , fon inflammabilité & fes parties conftituantes , érant décompofé par la cha- leur , ou plutôt changé en gaz hydrogène caïboné , comme nous l’ayons démontré ci-deflus ($. 7). 11 nous paroït toutefois que l'éther, dans ce gaz , a quelques propriétés différentes de celles de l’éther nitrique pur, parmi lefquelles nous rangeons fa prompte diffolubilité dans l'eau, qui ne nous a pas permis de l'obtenir après en avoir {paré fa bafe gazeufe. Nous foupconnons que cette différence eft due à une certaine quantité d’oxigène combiné avec l'éther. La preuve de ce foupçon nous paroït être l’aétion de ce gaz inflammable fur le mercure, quand on y ajoute l'acide fulfurique & muriatique. Nous avons dit (6. 6), que l'acide fulfurique paroît dans certe expérience comine écumant, & que le mercure eft oxidé quand on prend l'acide muriatique. L’explication de ce phénomène efttrès aifée , en fuppofant que ces acides, en féparant l'éther du 922 nivreux , mettent l'oxigène dans un état libre & à nud ; car dans certe fuppofñtion , l’oxioène libre , en fe combinant avec le gaz nitreux devenu libre de mème, formera de l'acide nitrique qui, agillant fur le mercure, donnera lieu à une nouvelle produétion de gaz nitreux, & ce gaz fe montrera fous forme d'écume par la denfité de l'acide fulfurique concentré. L’oxidation du mercure dans l’expérince avec l’acide muriatique, s'expliquera de mème, en remarquant que l’oxigène, par fa plus grande aflinité avec l'acide muriatique , formera dans ce cas l'acide muriarique oxigèné ; & en effet, l'oxidatidn du mercure dans cette expérience eft par- faitement femblable à celle que fubit le mercure par cet acide. Tome II, OCTOBRE, 1794. Kk 4 - Ÿ \ à LL 154 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Sue Comme Tanalyle du gaz ne nous avoit pas réuffi pleinement, faute de pouvoir en obtenir l’éther pur, nous. effayâmes de prouver fa compoñtion par la fynthèfe , en digérant le gaz nitreux avec l’éther nitrique. L’expé- rience a été faite à différentes reprifes , & la digeftion continua pendant plufeurs jours fans que l’éther fe foit jamais uni au gaz nitreux. Nous nous atrendions à ce réfulrar , fachant par expérience que les gaz hydrogènes ful- firé , carboné & phofphoré ne font jamais produits fi l'union de ces fubf- rances ne fe fait à l’hydrogène au moment même où il eft formé lui- mème , & qu'après être formé il ne s’unit plus à ces fubltances. AS du à Jl ne nous refte qu’à faire mention de quelques expériences qui démon- ecent que le gaz nitreux eft expreffément néceflaire pour former ce gaz inflammable. Nous avons procédé de deux manières pour prouver cette alfertion. La première confifte à faire opérer l’acide nitrique fur l’alkool dans ces circonftances , fous lefquelles il ne fe produit pas du caz nitreux, mais de l’oxice gazeux d'azote. Nous délayämes donc une partie d'acide nitrique de fix par- ties d’alkool, & nous fimes agir ce mélange fur du zinc. Le gaz produit au commencement étoit l’oxide gazeux d'azote , qui , fur la fin de l’opé- rarion , fut mêlé au gaz inflammable , qui. fair le fujet de ce Mémoire, Nous avons démontré ailleurs (1) que l’acide nitrique & étendu d’eau, en opétant fur le zinc , produit au commencement de l'oxide gazeux d’azote parfaitement pur, mais que fur la fin ce gaz eft mêlé à une quantité de gaz nitreux. La même chofe eut donc lieu dans l'expérience que nous venons de rapporter : aufli long-temps que l’oxide gazeux d'azote pur fur produit, l'éther ne put s'unir à ce gaz; mais dès que le gaz nitreux fus produit , il s’y unit, & forma avec lui le gaz inflammable, L'autre manière confifte à expofer notre gaz inflammable à des réa@ifs qui, en Ôtant au gaz'nitreux une certaine quantité d’oxigène , le conver- uilent en oxide gazeux d'azote, comme au cuivre digéré dans l’'ammo- niaque , au fer humecté , au muriate d’étain , aux fulfures alkalins. Toutes ces expériences ont donné pour réfultar commun , qu'après une digeftion de peu de jours fur du mercure, le gaz avoit perdu une portion de fon oxigène , & fe trouvoit par-là converti en oxide gazeux d'azote , qui n'étant @G) Mémoire fur la nature de l’oxide gazeux d'azote, nommé par Pricftley gaz mi- treux déphlog'ffiqué, $ 3. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 25$ pas propre à fe combiner avec l'éther , l’avoit laillé précipiter & fait perdre parà au gaz fon inflammabilité primitive, SEX EAT STEEL En réfumant ce que nous avons dit jufqu'ici ; nous nous croyons fondés à conclure que le gaz inflammable en queftion eft un coimpofé de gaz nitreux & d'éther ,que c’eft au gaz nitreux qu’eft due la forme gazeufe , que l’éther lui donne fon inflammabilité , & qu’enfin l’éther n’eft pas feu- lement adhérent au gaz nitreux, mais qu'il forme avec lui une véritable combinaifon chimique. Il réfulte donc de-là , que ce gaz ne fauroit être rangé parmi les efpèces de gaz hydrogène combiné à un autre corps , parce que fa bafe n’eft pas l'hydrogène, mais le gaz nitreux, & quil ne contient l'hydrogène que pour autant que celut-c1 fait partie conftituante de lécher. On ne fauroit donc préférer pour toutes les efpèces de gaz, dites autre- fois inflammables, le nom d'hydrogène à telle fubftance à laquelle il fe trouve uni ; mais il eft d’une néceflité abfolue de retenir dans le langage chimique le nom générique de gaz inflammable , fous lequel notre gaz pourra fe ranger. Conformément au langage chimique , qui fair précéder le nom da gaz auquel une fubftance gazeufe compofée doit fa forme gazeufe , nous don- nerons à ce gaz le nom de gaz nitreux échérife , nom qui d’ailleurs fe conforme aux règles du langage chimique, en annonçant clairement les parties conftituantes. Les propriétés caraétériftiques de ce gaz font : fon inflammabilité , fon odeur éthérée, fa diflolution dans l’eau, dans l’aikool & dans la poralle liquide : il n’eft au contraire pas altéré ni diffous par l’ammoniaque. Le gaz oxigène ne le décompofe pas. Les acides fu'furique , futfureux , ni-rique & muriatique en féparent l'éther, & le convertiffent par-là en gaz nitreux, L'acide muriatique oxigèné en fépare de même l’éther , & faic paller le gaz nitreux en acide nitrique. L’aétion d’une grande chaleur enfin le décom- pole en partie en gaz nitreux , en partie en gaz hydrogène carboné, Nous fniffons en remarquant que les expériences que nous venons de rapporter pourront fervir à faire connoître la vraie caufe pour laquelle 1l eft néceflaire de ménager autant que pollible la chaleur durant la préparation de l’éther nitrique. Ce n’eft pas , comme on croit ordinairement , la chaleur feulé produite pendant le mélange, ou peu après, qui volarilife lécher & le fait échapper , mais bien plus la combinaïfon avec le gaz nitreux ; dans lequel il encre, & qui Jui fait prendre larme gazeufe. Or , comme il eft impoffible de retenir ce gaz fans que l'appareil éclate, il emporte, outre Kk 2 256 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE l’écher combiné avec lui , une partie qui n’eft qu’adhérente , & le produit en devient pat conféquent ou nul ou extrèmement mince, 11 convient donc de faire le mélange de l’alkool & de l'acide nitrique dans des vaifleaux refroidis, & de le tenir dans ce mème degré de froid après le mélange. L’acide agiffant , dans cette température, fur l’alkool , l'on verra fous peu de temps l'éther furnager dans la liqueur , qui, par la même aétion de l'acide , eft en mème temps converti en acide végétal ; cet acide n’agit plus avec violence fur l'éther, & l’on pourra, dès que l'acide nitrique aura fini fon aétion , appliquer fans rifque la chaleur & faire la diftillation de lécher. La règle générale eft, que le produit de lécher e toujours en raïifon inverfe de la quantité de gaz nitreux échérifé , & le produit de celui-ci en raifon inverfe de lécher. D: LS GO: DIR AS SUR l’Etude de la Géologie, Prononcé par DÉobArT Doromieu, Membre de l’Inflicut National, à l'ouverture de fon Cours fur le giffemenr des Minéraux ; commencé en Ventôfe de l’an s. Cirovens, QuEzques-notions fur la conftitution de nos continens & fur la fitua- tion refpeétive des minéraux qui les compofent, feront l'objet des leçons que je vais vous donner. Mais ce n’eft point dans l'enceinte de cer amphithéâtre que j’aurois voulu traiter devant vous de pareils fujets; ce n’eft point ici où je puis prétendre à vous infpirer tout l'intérêt que mérirent les faits que je dois vous annoncer ; il n'y a que l’afpect de la Nature elle-même qui , montant l'imagination au niveau des hautes conceptions de la séolopie, puiffent faire trouver dans la réunion de quelques circonftances l’hiftoire de temps bien antérieurs à l’exiftence des peuples qui ont figuré fur le prand théâtre du monde , bien antérieurs à l’exiftence même de la race humaine & de tous les corps organifés ; il n’y a que la contemplation de fes phénomènes, il n’y a que l'examen de fes productions dans les lieux mêmes où ils ont pris naiflance ; qui puiffe, par un enchaïnement de faits, de confidérarions NS ETMNDHISMOIRE NATURELLE. 257 & de conféquences , nous faire remonter en quelque forte jufqu’au moment de la création de nos continens, & nous laïfler entrevoir les moyens em- ployés pour les conftituer , & les accidens qui les ont laiflés dans l’état de dégradation où nous les voyons (1). Que n'ai-je été plutot deftiné à diriger vos courfes dans les hautes chaînes des Alpes & des Pyrénées , à fixer votre attention fur ces pics décharnés qui s'élancent au-deffus de la région des nuages, fur ces énormes proéminences dépouillées de toute végétation, & qui montrent à nud les rochers dont elles font compoféess fur ces immenfes efcarpemens, dont les Aancs abiupres laïllent voir la difpoftion de toutes les fubftances qui ont concouru à la formation des mafles auxquelles ils appartiennent ; fur ces gorges tellement profondes , que l'œil peut à peine atteindre les torrens qui s’y précipitent ; & enfin, que ne puis-je , dans ces couches mèmes qu’elles forment, vous faire remarquer la compofñition des roches, le paffage fubit ou progreftif des unes aux autres, la pofition particulière de chacune d'elles, & leur fituation refpe“tive. ; Il n’en eft pas de la géologie comme dela minéralogie proprement dite ; certe dernière fcience peut être enfeighée dans des cours , peut être apprife au milieu d’une colleétion , puifqu’il me s’agit alors que de déterminer les caraétères diftinés de chaque efpèce en particulier , & qu’il fufft d'exami- nér le minéral lui-mème & d’y appliquer la defcription méthodique jugée Ja plus convenable pour déterminer fa nature , puifqu’on peut le foumettre direétement aux difiérentes épreuves par lefquelles-on développe fes pro- priétés particulières; puifqu’en le comparant à d’autres minéraux, mis en contrafte avec lui on peut reconnoître aufli-tôt ce qu’ils ont de ‘commun & de diffemblable, & fixer ainfi la place & le nom qui conviennént à cha- cun d’eux. Le fuccès des leçons qui vous ont été données dans cette enceinte par de trés-habiles maîtres , les progrès que vous avez faits fous leurs doétes enfeignemens prouvent , qu'avec des méthodes claires & précifes, & le fecours des: échantillons de cabinet, on peut faire de bons Minéra- logiftes, en tant que cette qualification ;reftreinte à fon ‘acceptionlordi- naire, n'exige que la connoiflance des produits du! règne minéral , confi- dérés comme formant des genres & des efpèces, & ne fe rapportant qu'à leur conftitution intrinsèque ,& à leur dénomination ; & peut-être mème pourrois-je dire qu'on ne peut devenir -vraiment Minéralosifte que dans une nombreufe colleétion ; parce qu'aucune contrée ne peut préfenter (2) J'aurois vivement defiré ( dit de’Sauffure) avoir fur ces haures montagnes une habitation un peu commode , d'y raffembler | d'y cultiver les plus belles plantes des Alpes , de pouvoir y venir oblerver tous ces grands objets‘avec encore plus de maturité & de calme, &de les avoir fousles yeux daÿs ces profondes méditations, qui feules, nous révêlent les grands fecrers de la Natureu( Voyez Voyages des Alpes, Tom I "pag. 77). 258 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE routes les variétés des fubftances qu'un cabinet raffemble , parce que rare- ment , dans les montagnes, on trouve les minéraux dans cer état de perfection où il eft néceflaire de les avoir pour bien déterminer leur nature & pour fixer leurs caraétères effenriels; parce qu'enfin , il faut du repos &e du calme pour les étudier , pour les analyfer, & pour les confidérer fous tous les rapports, & pour, à force d’eflais & d'expériences faires fur eux , découvrir leurs propriétés chimiques & phyfiques. Oui, je le répérerai, c'eft dans une nombreufe colleétion & avec les leçons d’nu bon maître qu'on parvient à bién connoître les minéraux. Mais je doute qu'avec des livres & des théories écrites ou didtées, on puille enfeigner la géologie; je doute que, fans étudier la Nature elle- même , on puille prendre des notions exactes , & fur Le giffement des mi- néraux , & fur l'allure des filons, & fur une infinité de phénomènes & d’accidens intéreflans , qui ne peuvent être qu'imparfairement décrits , & qui ne s'appliquent à aucun fyftème , ni à aucune théoric. Je doute que de Sauffure , lui-même, pür fe paller de la vue des grands objets qui lut ont infpiré l’ardeur néceffaire à fes grands travaux ; que , fans avoit l'exemple à montrer à côté du précepte, il pütaflocier à fes idées, initier à fes hautes conceptions ceux qui defireroïent être inftruits par lui dans la fcience qu’il a en quelque forte créée, puifqu'il eft le premier qui ait établi fes véritables bafes ; je dirai même plus , on ne peut apprécier les ouvrages de cet illufre favant, les liré avec l'attention & l'intérèc qu'ils méritent, fentit l’irnportance de fes obfervations , la finefle de fes vues , l'étendue de {4 pénér:ation , la juftefle de fes théories , fans avoir voyagé dans les mon- tjones , fans avoir fréquemment fixé fon attention fur la duverfité des phé- nomèves qu’elles préfentent. Car'ils ne peuvent être confidérés comme Géologues , quoique s’occu- pant de géologie, ceux qui , pour nourrir leurs méditations fur ce fujet intéreffant, fe bornent à recuillir des citations & des aurorités dans les relations des Voyageurs , qui les arrangent & les combinent d’une manière quelconque pour en former un enfemble qu'ils nomment enfuire fyftème du monde. Rien ne peut, dis-je , fuppléer à l'expérience que l'on acquiert, lorf- qu'on examine foi-mème les faits que l'on veut enfuite foumettre à la dif cullion ; rien ne peut remplacer la fource féconde d'idées neuves que fourniflent les montagnes; rien ne peut donner ce genre d’enthoufiafme qu'elles infpirent : mais pour que les voyages puiffent être utiles , il fauc y être préparé, & le nombre des recherches qui vous font indiquées dans l'Agenda de de Saufüure, vous montre combien doivent être étendues les connotifances du Géslozue, & le beau cadre dans lequel Lamétherie a placé fa Théorie de la Ferre, & l'entourage qu'il lui donne, vous indi- Li ET D'HISTOIRE NATURELLE. , 259 quent les relations de la géologie , avec tous les phénomènes qui font du reffort de la phylique. Aucunes des fciences mathématiques, phyliques , naturelles & chimi- ques,, n’eft étrangère à la géologie; routes fervent aux recherches dont certe dernière fcience eft l'objer. Deluc nous a montré les liaifons qui exiftoient entre la météorologie & la théorie de la terre, quoique les connoiffances de l'une paroiffent d’abord bien éloignées des recherches de l’autre ; & Cuvier vient de nous préfenter des obfervations très-curieufes, par lef- quelles il nous promet oue l'anatomie comparée peut répandre d'importantes lumières fur plufeurs grands problèmes géologiques. Mais c'eft principalement dans l'étude de la minéralogie proprement dite, & de la chimie, que doivent s'exercer ceux qui veulent, méditer fur la conftiution de nos conunens, & étudier les montagnes; car comment déterminer la nature des fubftances qui forment les couches & les grandes males ? comment défigner l’efpèce de celles qui rempliffent les flons , qui garnilent les cavités , fi d’avance l'œil ne s’eft pas exercé fur toutes Les fubftances du règne minéral? Comment configner dans fon Journal le nom des matières que l'on voit dans leur fituarion criginelle? comment diftin- guer les fubftances dont on feroit la découverte , de celles déja enregiftrécs far le tableau de nos connoiffances , fi on ignoroit le nombre des minéraux décrits par les Minéralogiftes, & la nomenclature qu'ils ont adoptée ? J'ai pu dire qu'on peut être Minéralogifte fans être Géologne , mais j'ajouterai qu'on n2 peut devenir Géologue fans être Minéralogifte. Comment enfin faire ces épreuves néceflaires pour développer les caractères chimiques d’un minéral ? comment découvrir fes principes conftituans, fi on ne pofsède pas toutes les reffoutces de la chimie, & fi on ne fe trouve pas exercé dans l'art des analyfes ? Toures les connoiffances que vous acquéretez à cette école ont donc , en quelque forte ; pour but les voyages auxquels vous vous deftinez, Elles vous préparent à les faire avec fruit , & à rendre utiles à votre patrie les dé- couvertes que vous ferez , lefquelles pourtant dépendront bien toujours un peu d’un heureux hafard , mais dont vous ne pouvez efpérer La chance favorable qu'autant que vous vous livrerez à leur pourfuire avec les moyens néceffaires pour les faifir; les principales mifes de cette loterie font les connoiffances ac- quifes & l’ardeur des recherches , & c’eft principalement dans les montagnes que vous en trouverez les bons billets, car je vous le répéterai , c'eft dans les “Montagnes que giflent le plus fouvent les minéraux utiles aux arts & au commerce ; c’eft-là où 1l faut particulièrement en faire l’enquête: la Nature , en reléguant loin des plaines & des contrées embellies par les travaux de l’agriculrure, les principaux tréfors du règne minéral ,»femble avoir voulu en quelque forte en faire l'apanage de ceux à qui elle refufoit la plupart des reffources du règne végétal, & dédommager ainfi les babi- \ 260 JOURNAL DE PHYSIQUÉ, DÉ CHIMIÉ; tans des montagnes de la part moins abondante qu’elle leur accordoit dans les tréfors de Cérès; aufli les Allemands appellent-ils les Mineurs d'un nom compofé , qui fignifie proprement homme de montagne , enfant des montagnes , Peromann , Bersknappe. Ils ont voulu fans doute indiquer , par certe dénomination , que les montagnes étoient la parrie du Mineur, & qu'il ne pouvoit guère exercer cet art ailleurs que dans les mon- tagnes, À Mais après vous avoir parlé des connoiffances néceffaires au Géologue , je dois vous indiquer aufi les qualités dont il doit étre doué ; pour que fes pérégrinations lui foient vraiment profitables. j Il lui faut de la patience , afin de defcendre fans dégoût dans tous les détails néceffaires pour faire de bonnes obfervations; car pour obferver exac- tement , pour s’aflurer d'une vérité , il devra fouvent aller, venir & revenir mille fois fur fes pas. PS IL lui faut de la perfévérance pour n'être pas rebuté des premières diff- cultés, & pour continuer avec infiftance à interroger la Nature, malgré lobftination qu’elle femble mere quelquefois à garder le filence fur les faits qui intéreffent le plus. 11 faut du courage pour n'être pas atrèté par les dangers ( & quel eft le métier qui n'ait pas les fiens ); il lui en faut encore pour rélifter à la pa- refle , qui commande fi impérieufement le repos aprés de grandes fatigues ; il en faut enfin pour fe dévouer à toutes les privations & à tous les befoins. 11 lui faut un efprit exempt de préventions , paffonné de la vérité feule , & fur-tout étranger au defr de défendre ou de renverfer des fyflèmes , parce qué dans le cas où, avant d’avoir incerrogé la Nature, il fe feroir abandonné aux écarts d'une imagination vive pour inventer des théories ; il fe trouveroit femblable à un Peintre de payfage qui ne regarderoïit les objets qu'à travers un verre coloré, & qui cependant prérendroit imiter les teintes de la Nature. 1] lui faut cette curiofité adtive , cette ardeur des découvertes , cette forte d’enthoufafmé qui ne confidère que le but où l’on veut atteindre, fans jamais fe laïffer rebuter par les obftacles intermédiaires. C’eft ainf que de Sauflure , dont l'imagination s’étoit , en quelque forte , emparé du Monr- Blanc, & qui en avoit fait fon domaine de prédileétion , malgré l’inuilité de quatre tentatives extrèmement farigantes & périlleufes pour gravir juf- qu'au fommet de cette montagne, qu'il a rendue fi fimeufe ; c'eft ain que ; loin d’être rebuté par des non fuccès , il ne cefla d'encourager les guides de Chamount à faire des recherches rendantes à découvrir la rouré qui dévoit y conduire’, & que lui-même il n'interrompit point le cours de routes les expériences & des nombreufesobfervations qu'il vouloircomparerà celles qu'ilrépéreroie un jour fur le point le plus élevé de nos anciens continens , | comme ET D'HISTOIRE NATURELLELE. 261 comme s'il avoit toujours preffenti la certitude du fuccès;-mais enfin, après vingt-fept ans de perfiftence dans ce projet , fes conrinuelles follicitations & fes encouragemens généreux firent découvrir une route impratquable pour tout autre que les habitans de Chamouni, & par laquelle quelques- uns d'eux parvinrent à cette cime en 1786: De Sauflure ne tarda pas à les faivre , & ce fut alors , dit-il, dans la relation de fon Voyage , ce fut alors Jeulement que je jouis du plaifir d’avoir accompli ce defjein formé depuis vingt-fépt ans ; projet qui faifoit pour ma famille un continuel fujet de Jouci & d’inquiètude : cela étoit devenu pour moi, ajoute-t-il, une e/pèce de maladie ; mes yeux ne recontroient pas le Mont-BLanc, que l’on voir de tant d’endroits de nos environs, fans que j'éprouvaffe ‘une éfpèce de Jaififfement douloureux. Ce Savant, dont le nom eft ésalement illuftre dans’ [a carrière de la phyfque , que dans celle de là géologie, me difoit, lui-mème , qu'il étoit décidé à mourir plutôt que de fe défifter de fon entreprife , lorfqu'il com- mença le dernier voyage qui a fatisfait fes defirs : & ce n’efl que pour lors , écrit-il lui-même, gx”1{ peu revoir le Mont-Blanc fans éprouver ce fenti- ment de peine & de trouble qu’il lui caufoit auparavant. La plupart des hommes traiteront de folie ce genre d'ardeur & d’en- thoufiafme qui , loin de conduire à farisfaire les fens, les condamnent à des privations continuelles ; qui , fans mener à la fortune aucun Voyageur Naturalifte, fit traverfer à la Cordamine le continent de l'Amérique mé- tidionale, & braver à Mauvertuis les glaces du pôle Nord; qui conduifi Vaillant & Sparmann dans les déferts de l'Afrique , Pallas & Patrin dans les monts Ourals & Altaïs | Desfontaines dans le mont Atlas; Banks, Solander , la Billarderie & tant d’autres illuftres Savans au-delà des mers, dans des conttées entièrement défertes , ou occupées par les peuplades les moins civilifées & les plus cruelles. Mais il n’eft pas de mon fujet de vous rappeler les noms de tous les Voyageurs qui fe font dévoués à l’hiftoire naturelle , ni d'honorer pour le moment de quelques fleurs la tombe de tous ceux qui ont fuccombés au milieu de leur glorieufe entreprife : accom- pagnons cependant de nos vœux ceux qui courent la même carrière, & confervons quelques regrets en faveur du malheureux Lapeyroufe & de fes braves compagnons d’infortune ; car fon entreprife a eu la fortune tellement contraire , qu'elle lui a refufé le plaifr d’entendre les applaudiffemens que nous aurions donnés à fon retour, & qu’elle nous prive des détails d'un voyage qui avoit commencé fous les plus heureux aufpices. Ah! combien cetre ambition pour la gloire attachée aux découvertes me paroît plus noble, plus généreufe ! combien moins dangereufe elle eft pour l'humanité, que cette ambition qui conduit à la domination, & qui a prefque toujours befoin de fe faire accompagner par le crime! 11 faut enfin que le Voyageur Géologue où Minéralogifte , tienne de la Tome 11, OCTOBRE, 1794. Ji i6:. JOURNAL DE PHYSIQUE », DE CHIMIE Nature une conftitution forte , afin de réfifter à l'extrême fitigue du métier qu'il entreprend , afin de foufirir , fans en être incommodé, le paflage fubit du chaud au froid le plus rigoureux , & de fupporter également toutes les températures ; il doit d'avance s'impofer la privation de toutes les mollelfes dé da vie ; il doit préndre l'habitude de la fobriété, & s’accoutumer , ainfi que je l'ai fair, à dormir aufli bien furle fable & fur la pierre, que dans le lie le plus fomptueux ; car nous ne pouvons lui promettre ; dans beaucoup de montagnes, que le pain d'orge ou d'avoine cuit quelquefois depuis plufieurs années ; nous devons lui annoncer qu'il endurera fréquemment la faim, la foif, & nous devons lui dire que la paille, pour fe coucher fera le plus fouvent pour lui un objet de luxe difficile à fe procurer ; aufli-de Saufare termine-t-il fon agenda en difant , que l'étude de la géologie n’ef£ faite ni pour des,pareffeux, ni pour des fenfuels, Je! vous annonce donc de grandes fariques & de grandes privations ; mais pour empêcher que les recherches auxquelles je vous invite, ou les découvertes que je vous promets ne vous paroiffent fab chèrementachetées par une vie auñi pénible, je m’emprefle d'établir quelques contrafles avec certe exiftence rigoureufe, en vous efquiffant le tableau de toutes les jouif- fances qui vous font deftinées ; les principales appartiennent à l'efprit & au cœur, mais il en eft aufli de purement fenfuelles. Tous les fairs que l'on obferve dans les montagnes préfentent perpétuel- Jement de petits problèmes à réfoudre , qui tiennent l’inapination dans un continuel exercice , & rendent l’amour-propre prefque toujours facisfair. D'ailleurs le Voyageur y exerce une efpèce d'empire par la penfée , quand , dominant far une étendue immenfe de pays où il n'apperçoir plus mi les hommes, ni leurs habitations pompeufes, ni leurs cités orgueilleufes, & où tout lui paroît nivellé ; quand , franchiffant la duite de tous les temps hiftoriques , & dédaignant en quelque forte la nouveauté des époques rela- tives à l'efpèce humaine , il fe promène dans l'efpace immenfe qui.a pré- cédé l'organifation de la matière, pour y trouver les époques qui ont dû opérer les grands événemens dont il obferve les monumens ; & quand il voit les produétions de tous les climats rafflemblées dans les couches fecon- daires , entafléesau pied des montagnes primordiales, comme un hommage rendu à leur haute antiquité, les hommes lui paroïffenc bien petits, leurs paflions bien puñllanimes, leurs defirs de domination bien ridicules, leurs plaifirs bien paffagers, leur gloire bien futile & leur exiftence bien momenta- née, & tout cela par conféquent bien peu appréciable ; quand , dsfcendanc des hautes comtemplations auxquelles l’afpeét des montagnes invitent ceux qui les habitent , il ramène fa penfée fur les événemens qui occupent. fi effentiellement les habitans des régions inférieures, Quel que, foit l'intérèr que je prends maintenant aux événemens politiques , je pourrois être fix mois de faite-dans les montagnes fans éprouver le defir de lire les papiers ET.-D’'HISTOIRE NATURELLE... 264 publics , & fans fonger aux fecouffes qui changent tous les fyftèmes pol tiques &ctous les principes des gouvernérsens de l’Europe, tant les objets que l’on obferve fur les hautes montagnes font capables de faire diverfion aux penfées habituelles {1). : D'ailleurs, qu'il eft beau, qu'il eft grand le fpectacle auquel je vous invite ! Quelle eft la magruficence de l'art qui puifle fe comparer à la magnificence de la Nature ? Er pour que rien n’y diftraye votre attention & votre méditation, elle y commande un filence qui ne paroît mème point troublé par la chûte des cafcades & par le bruit fourd & continu des vorrens ; filence qui eft feulement quelquefois interrompu par le fraces terrible des éboulemens & des avalanches, & par le craquement épouvan- table des glaciers. Elle ne vous paroîtra pas moins majeftueufe , la folitude qui vous environnera , lorfque , paflant continuellement de l’étonnement à l'admiration , vous contemplerez alternativement & ces vallées de glaces qui vous repréfentent une mer en #urie fubitement congellée | & ces ro- chers en forme d’obélifques qui s'élèvent de plulieurs milliers de pieds dans les airs, & qui rendent bien petits ces obélifques de cent & quelques piecs élevés par les Égyptiens , & regardés par nous comme le dernier effort ce l'induftrie humaine ; & ces énormes mafles pyramidales , devant lefquelles les pyramides de Memphis ne paroïtroient que des jeux d’enfans, & ces immenfes efcarpemens reffemblant à des boulevards qui auroient plus de fix mille pieds de hauteur & plufieurs lieues de longueur. Tantôt vous pourrez fuppofer que vous afliftez à la création du munde, tantôt vous croirez contempler fes ruines : enfin votre imagination ne peut d'avance fe figurer la diverfité des afpedts , la richeffe des tableaux , les points ce vue furprenans que chaque changement de fituation vous préfentera ; & (2) « Ces immenfes & antiques rochers noircis par les eaux qui difüllent ur leurs # flancs , & entrecoupés de neige & de glaces refplendillantes, vus par un beau jour à # travers de l'air tranfparent de ces hautes régions , préfentent le plus beau fpeétacle » qu'il foie pofible d'imaginer. La vue que l’on a du haut deHEthna eft fans doute » plus étendue & plus riante 3 mais celle de la chaîne des Alpes , que l'on découvre æ de la cime du Buer eft peut-être plus étonnante Elle excite dans l'ame une émotion > plus profonde , & donne plus à penfer au Philo[ophe. Car favs s'arrêter à la contem- > plation de ces neiges & de ces glaces , & à la douce efpérance qu'elles donnent de la # perpétuité des fleuves dont elles font les fources ; f l'on réfléchit fur. la formation » de ces montagnes, fur leur âge, fur leur fucceñlion , fur les caufes qui ont pu accu- » muler ces élémens pierreux à une fi grande hauteur au-deilus du relte de la (urface » du globe; fi on recherche l’origine de ces élémens , fi on confidère les révolutions » qu'is ont fubies, celles qui les attendent, quel océan de penfées ! Ceux-là feuls qui # {e [ont livrés à ces méditations fur les cimes des hautes Alpes, favent combien elles > font plus profondes, plus érendues, plus lumineufes que lorfqu'on eft refferré dans = les murs de fon cabinet, » (Saufure, Voyages des Alpes , Tom.I, page $o6, $: 573). [ Ie 264 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE toutes les malles que vous confidérez font fi grandes , relativement à celles auxquelles votre œil eft accoutumé à fixer dans les plaines, que vous ferez continuellement trompé fur les diftances , & l’objet que vous croirez atteindre dans une heure exigera fouvent tout un jour de marche (1). Et comment vous donner une idée de la beauté du ciel pendant la nuit, far ces hautes régions, lorfque dans un fond noir qui repréfente un ef ace fans limites , on voit briller d’un éclat merveilleux tous les corps céleftes qui, par une marche lente & filencieufe , femblent venir fe préfenter iucceflivement à l'admiration de l’obfervateur ? En général, tous les phénomènes de la Nature ont un caraétère de grandeur & de majefté incomparable fur les montagnes; même les orages y font beaux, car le terrible eft aufli un genre de beauté, & ils y font vraiment terribles & effrayans; mais il faut pouvoir les contempler à l'abri de leur fureuf, car le ciel paroït, avoir commandé aux météores la ruine de la terre, lorfque des nuées fulminantes s'éntrechoquent & verfent par torrens l'eau & le Auide électrique ; lorfque le fracas réfultant du vent & du tonnerre eft encore augmenté par le retentiffement des rochers, o7 a peine alors à comprendre , dit Sauffure, comment la Jiëmple agitation de cet air Ji pur & JR léger jeut produire de Ji terribles effets. Enfuite fi, defcendant des hautes fommités, vous arrivez dans quelques-unes des vallées qui traverfent les grandes chaînes, quelle vigueur dans la végéta- tion , quelle beauté dans leur verdure, quelle fraîcheur dans toutes les teintes , quelle abondance & quelle limpidité dans leurs eaux, quelle pureté dans l'air qu'on y refpire!..... Enfin , ils rempliront votre cœur des plus douces émotions, ces bons habitans des montagnes , lorfque vous les connoîtrez particulièrement, lorf- que vous remarquerez l’image du contentement qui n'appartient qu’à une vie pure & qui ne les quitte jamais, même dans leurs plus durs travaux ; Jorfque vous verrez que le bonheur ne dédaigne pas leurs cabanes difet-- teufes , & que peu femblables à nous , fans redouter les horreurs de la mort , ils ne maugiflent jamais la longueur de la vie. Leur félicité, qui fe : communique à ceux qui les vifivent, ils la doivent à leur caraétère moral, autant qu’à leur bonne confticution. Franchife, fidélité inviolable , fenfi- bilité, candeur , bonté, a@ivité , induftrie , toutes les qualités eftimables, toutes les vertus fe trouvent chez ces hommes d’une apparence sroflière & fauvage, que l’orgueil dédaigne fouvent en leur enviant leur force, leur agilité, leur gaîté & leur fanté. Combien de femmes, dites de bonne (1) Ce font ces fpeétacles auffi nouveaux qu’extraordinaires, dit Sauffure, ces acci- dens inattendus, qui donnent un charme inexptimable aux voyages dans les hautes montagnes , & qui font que ceux qui. en ont joui ne peuvent plus fupporter la mono- tonie des plaines, ( Woyages dans les Alpes , Tome Ill, page 502, $, 1746 ). - ET D'HISTOIRE NATURELLE, © z6s compagnie , envieroient aufli aux jeunes habitantes des Chalets la frai- cheur qui les décorent, les graces fimples dont la Nature les 4 douées, & qui fe palfent de tout ornement; beaucoup d’elles leur envieroient encore ‘ cette heureufe fécondité qui n'efl jamais ici d'aucun embarras , parce qu'elle ne s'exerce que dans les liens du mariage , parce que l'amour n’y fait au- cun larcin qui ne foit aufli-tôt payé par l'hymen, parce que les enfans, en quelque nombre qu'ils foient , ont tous également-pour düt, force, intelli- gence, induitrie & fanté. 4 O vous, qui vous deftinez à viliter ces bons montagnards ; à vivre avec eux , qui éprouverez leurs vertus hofpitalières & leur noble défintérefle- ment, qui les trouverez à-la-fois économes & charitables , qui découvrirez chez eux une intelligence que leur abord 'ne vous feroit pas foupeonner ; qui pourrez obferver dans leur langage ruftique une expréflion , & dans leurs traits un. jeu de phyfonomie. par lefquels vous jugerez l'aivité de leur imagination , refpectez leurs mœurs, réfpectez leurs ufages , réfpeëkez même leurs préjugés & leurs fuperititions , car leur bonheur eft compote de tout cela, & il feroit horrible d’en tarir la fource pour paiement de leurs égards pour vous : ne vous énorgueilliffez pas de quelque fupériorité fur eux , par les connoiffances que vous aurez acquifes, & ne tentez point de les rendre plus civilifés ; mais cherchez, au contrairé, à reprendre chez eux une partie des vertus dont une longue civilifation nous 2 privés. Appre- nez d’eux à être bons pères, bons fils , bons maris, bons parens ; renfor- cez, par leurs exemples , toutes vos vertus domeftiques, fans léfquelles il n’eft point de bons citoyens, car on ne fauroit l’ètre fans moralité & fans religion. Vous ayant parlé d’abftinence , je dois aufi vous dire un mot des jouiffances: qui les compenfent, Le miel , le lait & le beurre dés montagnes ont une faveur inconnue par-tout ailleurs, & leur ufage, mème immo- déré , incommode rarement, Lorfqu'arrivant d’une longue courfe , une écuelle de ce lait , couvert de crème , m'étoit préfentée gracieufement & gaîment par une jeune & jolie Bergère , dont la candeur remplace la modeftie fouvenr fcinte de nos Citadines , je trouvois cet aliment fimple incomparablement meilleur qu'aucun des mets imaginés par les raflinemens du luxe & de la délicatefle. J'ai éprouvé fouvent un plaifir délicieux & une grande réparation de force à boire ces eaux fiaîches & limpides qui , après s'être filtrées à travers les rochers, fe raffemblent dans de petits baflins , où la main qui va les puifer fert en même temps de tafle; & lorfqu’après une journée très-fatiguante & très-remplie d’obfervarions , je m’endormois fur un tas de feuilles & de branchages que j'avois moi-même raffemblés, men fommeil y étoit tellement doux & profond , je me trouvois à mon réveil fi frais & fi repofé, que je n’y ai jamais regretié les lits préparés par la do- mefticité la mieux exercée. 266 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Gomme les occupations du Minéralooifte 8 du Géologue , lotfqu’il.eft dans les montagnes , font aufli une partie réelle de fes plaifirs , je crois ellentiel de vous les indiquer avant de traiter des principaux objets de fes obfervations, | La première dont je vous parlerai, non qu'elle :foit la plus amufante, mais parce qu'elle me paroît une des plus importantes , eft la renue du “joucnal. Rien de plus faurif qu'une mémoire furchatgée de faits & de petirs détails ; il ne faut donc pas mettre unettop grande confiance dans la fidélité de la fienne ; il faut, au contraire, la débarrafler le plutôt pollible d’une infnité de circonftances nécellaires pour la laifler à l'entière difpoltion de l'imagination , & c'eft dans fon journal qu’il faut continuellement la dé- charger. Le journal du Voyageur doit être le répertoire de toutes fes pen- fées , même de celles qui doivent un jour être réformées ; & telle remarque qui n'eft d'aucune, conféquence au momént qu'elle s’eft faire , peut paroitre um jour très-intéreflante. Comme c’eft pour fon propre & unique ufage qu'il fait fon journal, & non pour être donné au Public de la manière dont il l'écrit d’abord , il doit ne mettre aucune importance à l’élégance"de fa rédaétion , mais en attacher beaucoup à l’exaétitude des faits qu'il y configne ; il ne doit pas craindre d'y faire des ratures pour reétifier les pre- ruiers apperçus ; & lorfqu'il revoit des lieux déjà viñtés, à mefure qu'il y fair de nouvelles notes, il doit les comparer avec celles prifes précédem- ment , les foumettre à une critique févère ; & fi elles font diffemblables, tâcher de reconnoûre où eft l'erreur, & ce qui l’a caufée, Il arrive fouvent, dans le cours d’une journée, qu’on n'ait pas le tems d'écrire auñli longue- ment que les obfervations l’exigent , ou qu'on ne foit pas fitué pour le faire commodément ; il faut alors fe contençer de tracer für, des feuilles vo- Jantes toutes les notes que lon prend fur les lieux mêmes, routes les remarques qui méritent une exactitude fcrupuleufe , telles que les direc- tions, les inclinaifons , les fituations relatives. Ces notes, écrites rapide- ment avec des fignes & des mots abrégés, fervenc d’efquiffe au journal ; mais à la fin de chaque journée , il faut en faire’le relevé , & écrire avec plus d’érendue & d'ordre toutes les obfervations qu'elles rappellent. Sou- vent les notes prifes à la fin du jour fervent à rectifier celles du maun, & empêchent ainfi que le vrai journal ne foit trop chargé de ratures. Ï ne faut jamais fe laifler arriérer dans la tenue de fon journal; & sil arrivoit qu'une trop extrème fatigue & le befoin du fommeil empèêchaffenc de remplir ce devoir pendant plufeurs jours , il convient de faire une ftation d'une demi-journée ou d’un jour entier uniquement pour fe mettre en mefure à cer égard. J'ai eu fouvent à regretter de n'avoir pas recouru à ce remède faluraire ; & trop loin des objets que j'avois obfervé, ma mémoire £e trouvoir en défaut. Un Géolooue eft effentiellement un Livhoc/afle , ou rompeur de pierre; L2 ET D'HISTOIRE, NATURAÆALLE.., { 267 & à peine réfifte-t-il au plaifir d’écorner les monumens .des arts pour mieux déterminer la nature des fubftances donr ils font faits. La vue des furfaces extérieures ne le faisfait jamais, parce que ces furfaces font le plus fouvént altérées ou décompofées ; le grain & le uiffu de la pierre n'y ont jamais aflez appatens; & pour bien les diftinguer , il. lui faut des caf- faïes fraîches. Un marteau dont la tète , du poids à-peu-près dé deux livres, fortément emmanché & folidement monté ; un autre marteau de moindie volume & d’une forme à pouvoir faire l'office de cifeaux fous les coups du premier , font les feules armes avec lefquelles il va atraquer les rochers les plus dürs, & ravir plus d’un fecret à ces antiques témoins des révolu- tions du globe : s'ils avoient un langage auffi pour.nous dire toutes les cor- vuifions politiques arrivées fur les continens dont ils font pattie , ils auroïenc à nous raconter bien des erreurs, bien des extravagances , bizn des crimes commis par les hommes de rous les temps & de routes les nations ; ces récits des anciens temps , peut-être, nous rendroiént un peu plus indalgens pour les fortifes de noire âge. : Dans les efforts que fairle Minéralooifte pour vaincre la dureté & la ré | filance des rôchers, il a deux objets principaix ; 1°. Teconnoïtre la nature des fubftances qui les compofent; 2°, recueillir des échanültons qu'il doit examiner enfuite plus à loifir, qu’il foumettra à de nouvelles épreuves ot à l’analyfe , qu'il comparera avec des morceaux pris dans différens lieux, & qu'il placera enfin dans fa collection pour fervir de témoignage à fes récirs, & de reffouvenir pour les époques les plus intéreffantes de fa vie. Le Géologue fe réferve aufi le plaïfir de lire fa propre hiftoite dans les pierres qu'il a récoltées. À Late 1} AE pt L'art de rompre les pierres & de former des échantillons , demande quelqu’adreffe & une certaine pratique. Lorfqu'il s'agit uniquement de déterminer la naturé des matériaux dont une montagne ou une couche font formées, ou cellesMdes males éparfes dans un fol quelconque, il fâut rompre & entamer les finfaces jufqu’à ce qu'on pénètre au vif, c'efl-à-dire , à Ja partie intérieure qui ne partage point l'alération des fuperficies ; il faut tenir compte du genre de réfiftance que la mafle préfente aux coups de marteau & de la manière dont elle éclate ; remarquer la forme dés fiasmens, la contexture & la couleur des nouvelles furfaces ; les comparer aux anciennes , & employer tous les moyens d'examen pour déterminer l’efpèce des fubftances qui conftituent cette mafle. Ce rompement de toutes les pierres que l'on rencontre , pro- _duit une occupation auf inftruétive qu’amufante ; je veus inviterai à ne “jamais ménager , à cet égard, nl votre bras ni votre marteau , En vous difant que fi j'ai acquis quelque connoïffance dans la lirhologie , je la dois aux pierres que j'ai rompues, & celles:à font en bien grand nombre, & en ajoutant que je n'ai jamais examiné une cafure fiaiche que je ny aie 1 Nu Tu Sr de à nl MS 268 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ; trouvé plus d'inftruétion que dans aucune pagé des ouvrages écrits fur la minéralogie. | Rare que De AG 24 Le Géologue mer peu d'importance à raffembler ce qu'on appelle de beaux morceaux ; &ileften contrafte, à cet égard, avec, le Minéralo- gifte; çar plus les objets font rares , moins ils ont droit à fon intérèt, parce qu'ils n’appatiennent qu'à de! pêtits accidens ;, plus ils font communs & abondans , plus ils. méritent fa confidération , parce qu'ils dépendent d’un “plus grand fair. Les cryftaux de tous genres qui ont acquis un fi grand prix parmi les curiofñtés d’un cabinet minéralogique , ne jouent qu'un rôle bien fecondaire dans la colleétion d’un Géologue , puifaw’il ne les confidère que comme le produit d’une infiltration bien poltérieure aux grandes épo- ques dont il s'occupe ; cependant il regarde la cryftallifation comme un des plus éurisux phéhoinènes de la minéralogie; il reconnoit l'importance des forrhes pour fervir à déterminer la nature des fubftances minérales , & pour les diflinguer entr'elles ; il fait apprécier les travaux de cer homme 1lluftre qui a découvert les loix de l'agrégation résulière, & qui a imaginé de la foumettre à l'analÿfe géométrique ; & le Géologue qui, comme moi, a l'avantage de connoitte ce Savant diftingué , a autant de vénération pour fes qualités perfonnelles , que d'eftime pour fes talens &c fes lumières. Les échantillons du Géologue n’ont donc qu’une valeur intrinsèque lorf- qu'on les conlidère ifolément; mais ils en acquièrent ou par leurs circonf- tances locales, où parce qu'ils forment fuite, ou parce qu'ils fervent à l'hiftoire d’une contrée, ou parce qu'ils peuvent intérefler ou éclairer quelque point de théorie. On peut encore accroître leur mérite en les choifffant bien, &,en leur donnant la forme la plus convenable. Quand on compare un bel échantillon de roche avec un échantillon mal fait & d’un mauvais choix , on fent que la manière de cafler les pierres n'eft pas abfolument indifférente, & qu'il n’eft pas entièrement hors de propos de vous en parler avec quelques détails. Ün échantillon doit, autant que pofible , conferver tous les caraétères de la malle à laquelle il a appartenu, pour en donner une idée précife; 1l “doit préfenter la caflur ? la plus fraîche, & montrer la plus grande furface plane relativement au volume du morceau, puifque l'œil n'apprécie jamais que les furfaces. Un bel échantillon n’eft pas toujours facile à faire; les males de rochers qui ne préfentent pas quelques angles faillans un peu aigus, font difficiles à écorner ; celles qui ont des furfaces arrondies ou plates, font impofñlibles à entamer avec le matreau. Toutes les pierres , mêmé les plus dures, même celles dont le ciflu eft mièux entrelacé , caffent plus facilemenr dans une direction particulière, que les ouvriers Carreyéurs nomment f/ ; & on fait fouvent des efforts inuriles jufqu’à ce qu’on air découvert ce fil, lequel peut ET D'HISTOIRE NATURELLE. 262 peut auf fervir à déterminer la fituation originelle de la maffe ; lorfqu'elle peur avoir changée de poñtion; car la difpofition dé la rupture eft ordinaire- ment dans la direction dés couches. En faifant dés échantillons , il faut fut-tout éviter deux méprifes affez fréquentes, 1°. de prendre pour caflure nouvelle une filure ancienne de la male , qui ne préfenteroit que des furfaces dététiorées ; 2°, de confidérer comme roche intaéte une fimple écorce alrérée de différentes manières; car fouvent ce n’eft que dans le centre de très-gros blocs que fe trouve la pierre dans fon état primordial : quelquefois mème des bancs entiers font complè- tement altérés, & ce n’eft que dans les bancs inférieurs qu'on trouve ce qu'on nomme /a pierre vive, Je vous dirai un jour jufqu'à quel point diffé- rens degrés d’altération changent l’afpeét des pierres. Ce n’eft quelquefois qu'entre vingt éclats qu'on peut choïfir un bel échan- tillon ; il faut le prendre mince, avec beaucoup de furface , lui donner une forme d-peu-près quarrée , & le maintenir dans une dimenfion adoptée. Toutes les pierres prifes pour faire de beaux échantillons , feroient per- duès, fi enfuite on n’avoit pas pour eux une forte de refpect religieux, fi on ne les préfervoit pas de tout frottement qui altéreroit leur caffure & leur fraîcheur (car ils font aufli fufceptibles de fe gâter par la trituration , que les cryftaux les plus délicats), fi on ne les emballoit pas avec des foins extraordinaires , & fur-tout fi on oublioit de leur adjoindre des notices qui puiffent rappeller les lieux , les circonftances dans lefquelles on les a trou- vées ; & les’ idées particulières qu’on leur a attachées en les recueillant. Le journal doit en tenir une efpèce de catalogue defcriptif & fuccinétement raifonné. Je vous ai donc dit que c’éroit principalement dans les montagnes que le Géologue devoic aller méditer fur les révolutions du globe, rechercher les caufes qui ont pu produire l’efpèce de défordre dans lequel nous le trouvons, confulter les monumens qui fervent de preuves authentiques aux anciens cataclifmes , deftruéteurs d’un ordre de chofes antérieur ; fupputer l'ancienneté de nos continens , & calculer les effets que doivent produire , à la longue , les moyens employés par la Nature pour abaïffer les fommets, combler les gorges , adoucir routes les formes, augmenter les talus, ralentir le cours des eaux en diminuant les pentes , prolonger nos continens par des atterriffemens, & faire difparoître les traces des anciens bouleverfemens. Je vous ai dit que l'étude dés montagnes pouvoit feule conduire à la folu- tion des grands problèmes relatifs à la théorie de la terre , non pas cepen- dant qu'il y ait des plateaux élevés & mème des contrées déprimées qui n'aient une conftitution femblable à celle des cîmes les plus élancées & - les plus proéminentes, mais parce qu’un fol à-peu-près horizontal eft ordi nairement: couvert de verre végécale où de matières de tranfport, qui Tome II. OCTOBRE, 1794. Mm 2:70 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE marquent le fol primordial ; parce que rarement il s’y trouve des excavations alfez profondes pour découvrir le terrein vierge , & pour permettre d’ob- ferver diftinétement les fubftances compofantes , leur difpofñition & l’ordre qu'elles tiennent entr'elles : les hautes montagnes, au contraire , montrent très-fouvent à nud tous les matériaux qui les conftituent ; tous leurs efcar- pemens , tous les lieux que les eaux ont décharnés , que les totrens ont creufés , préfentent d’une manière évidente, l'ordre , la fituation , la direc- ton , l’épailleur , le nombre des bancs ou affifes qui compofent leurs énor- mes mafles ; ils montrent à découvert les fentes, les fiflures & flons qui les traverfent , & tous les accidens qui ont influé fur leur conformation. Les montagnes étant aufli le gite ordinaire des métaux, les travaux d'extraction ÿ font plus nombreux , plus profonds , & aident d'avantage à comparer l'intérieur des maflifs avec leur furface; d’ailleurs les montagnes , elles- mêmes , font de grands accidens , & elles feules peuvent donner des indi- cations fur les caules qui ont pu les exhaulfer par foulèvement , ou qui ont déprimé tout ce qui les environnoit pour les laiffer proéminentes. Les mon- tagnes , dit un Auteur, ces reliefs de la terre, fur lefquels on a tant écrit, tant differté ; tant établi de fyflêmes, font les caraëtères les plus fortement graves des dernières révolurions du globe, les accens les plus prononcées de la crife qui a renouvelle notre âge. Quoique les obfervations à faire dans les montagnes tendent toutes au même but, la découverte de leur nature & des caufes différentes qui ont pu concourir à leur formation primitive & à leur érat actuel, elles doi- vent cependant fe diriger vers quelques objets particuliers , pour en virer les lumières néceffaires à éclairer la queftion fous les rapports les plus généraux ; & onypeut. partager en cing claffes les obfervations principales qui font plus ptécifément du reffort du Géologue, & qui doivent ètre faites fur chaque montagne en particulier , parce que, dis-je , ce n’eft qu'après avoir particularité fes obfervations , qu'on peut enfuite les faire entrer dans un fyftème plus général. 1. Obferver les matières qui conftituent le corps de la montagne fur laquelle fe dirige l’obfervarion ; déterminer fi ces matières appartiennent à la cryftallifation confufe, ou au fédiment, ou au tranfporr , &.la ma- pière dont les parties hétérogènes font aflociées enfemble ; fi la formation de toutes les parties peut être regardée comme le réfulrat d'une mème caufe & du mème temps, ou fi elles font les produits d'opérations différentes & de plufeurs époques. S il fe trouve à leur furface des matières étrangères au corps de la mon- tagne , & la manière dont elles y font placées. 2°. Examiner la difpoftion de toutes ces matières , & déterminer fi elles font en males indivifes ou de formes indérerminées , on fi elles font difpofées en bancs ; alors obferver les dimenfions de ces bancs, leut NET) D'HISTOTRE NATURELDLE.. . 271 fituation , foit entr'eux , foit dans leur rapport avéc l'extérieur de la mon- tagne & avec le plan horizontal ; rechercher fi les matières qui conftituent le corps de la montagne font traverfées par des fentes ; déterminer alors les directions & dimenfons de ces fentes , fi elles font reftées vuides , ou fi elles font pleines | & alors fi leur remplilage eft métallique ou: non. 3° Déterminer la forme extérieure de la montagne , tant à fa bafe que. dans fes flancs &-à fon: fommet; connoître es diménlens ,:l’inclinaifon de fes pentes, la fituarion dé fes efcarpemens relativement à elle & aux dieux, environnans. 4°. Obferver la liaifon ou les relations de cette montagne avec les ter- reins environnans, ou avec d’autres montagnes, pour former chaîne ou grouppe. Dans le premier cas , déterminer la direction de la chaîne dont elle fair partie , fa largeur, fon étendue, fi elle eft fimple ou double. Lorf- que la montagne fait partie d’un grouppe , déterminer la forme & les di- menfions de ce grouppe , & la manière dont'fes parties font liées enfemble. s°. Obferver la direction des vallées qui contournent chaque montagne particulière , leurs dimenfions , la correfpondance des autres montagnes qui les bordent , leur fituation relativement à la chaîne où grouppe qui les avoifinent ; examiner fi elles fonc tranfverfales ou longitudinales ; fi elles ont des correfpondances avec d’autres vallées ; fi elles ont des angles faillans & rentrans qui fe correfpondent , fi elles éprouvent des étrangle- mens ; rechercher les matières qui forment leur fol, & favoir fi ces ma- tières ont rapport avec celles qui conftituent les côtes voifines. Je vous renverrai, pour les détails de ces obfervations, à l’#cenda de Sauflure , dans lequel vous trouverez l'indication de tous les problèmes dont la folution intéreife particulièrement la théorie de la terre , problèmes nombreux qu'il vous eit fans doute réfervé de réfoudre en partie ; car que ne doit-on pas attendre des connoilffances que vous acquérez, de votre zele & de votre ardeur pour les fciences ? Mes leçons fubféquentes fuivront à-peu-près l’ordre des obfervations que je viens de vous indiquer. Car, après avoir divifé le fol de nos continens ou de Îa partie décou- verte de notre globe, en quatre fortes de terreins, & avoir donné à chacune d'elles une dénomination qui indique ce qui les diftingue plus particulière- ment, c'eft-à-dire , après avoir affeŒté, 1°. le nom de terreins primordiaux, ou terreins de précipitation à ceux compofés de matières dont l'aggréga- tion paroît appartenir à une ctyftallifation confufe, & qui , par leur fituation, prouvent leur antériorité fur tous les autres. 2°, Avoir nommé terreins maritimes où de fédiment, ceux que la mer Mm 2 ee 272 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE paroit avoir dépofé , & donc la confolidarion femble appartenir au deffé- cherent, - É 3°. Tefreins de tranfbort, ceux dont les matières paroïffent évidemment étrangères au lieu qu'elles occupent, & n'être que des fragmens d’autres sales ,.ou bien le produit de la décompofition des terreins antérieurs dont Îes débris ont été tranfportés. OS Enfin > térreins volcaniques , ceux formés par les déjections des volcans. :! F3 DES Û Î ‘ “Je vous dirai quelles font les matières diverfes: propres à chaque efpèce de terreins ; je vous indiquerai le rôle qu’elles jouent, 1foit ifolément , foic affociées entr'elles de différentes manières pour former des malfes plus ou moins confidérables & de différentes contextures. Je vous, parlerai de la fituation de ces mafles & de leur difpofition dans chaque forte, de terrein, pour former des proéminences ; je ferai mention des divifons accidentelles qu’elles ont éprouvées, des fubftances qui les traverfent, en interrompant leur continuité, & par conféquent des filons, foit métalliques, foit de ceux qu'on nomme /uuvages, parce qu'ils ne con- tiennent que des pierres; je vous dirai comment ces différens terreins fe trouvent fouvent aflociés , fuperpofés lesuns aux autres pour conftituer des montagnes, Enfin, après vous avoir parlé des montagnes confidérées commé de grandes mañles, de leur forme, de leur fituation refpeétive , des vallées, &c., je déduirai des faits les plus évidens quelques points de théorie incontef- tables ; je vous en préfenterai quelqu’autres qui paroiffent vraifemblables, & je laïfferai au temps, aux obfervations des Minéralogiftes , & à vos propres recherches, la folution d’une infinité de problèmes géolooiques fur lefquels nous ne pouvons encore rien hafarder, parce que nous n'avons point de données fuffifançes, DL + GE D ET D'HISTOIRE NATURELLE. 173 SP OUI ES NE Aux Expériences remarquables des Chimifles Hollandoïs , fur l'Inflammation d'un mélange de Soufre & de Métaux , fans le contact de l'air. Par J. B. TROMMSDORFF ; traduire de l’ Allemand du Journal de Pharmacie de l’ Auteur ( 1 ). L Es expériences des Chimiftes Hollandois fur linflammation des fulfures métalliques me parurent trop curieufes pour ne point les répéter. Je vais préfenter au Pubic les réfultats que mon travail m'a donnés conjointement avec celui de quelques nouvelles expériences que j'ai faites fur le même objet. R Ie EXPÉRIENCE. Trente grains de foufre bien lavé d’abord avec une liqueur alkaline, & enfuire avec de l'eau diftillée , & bien féchés , furent introduits dans une phiole à médecine. La bouteille fut fermée avec du papier & portée fur un feu de charbon. Le foufre entra d’abord en fufñon , & 1l s’éleva une vapeur jaune qui s’attacha au haut de la bouteille fous la forme de fublimé , mais aucune inflammation ne fe fit remarquer. IL PEN IPREMR IE N CIE, Trente grains de foufre furent introduits dans une femblable bouteille & expofés au feu. Aufli-rôt que le foufre fut fondu , & que les vapeurs jaunes s’élevèrent dans la bouteille , on y ajouta 80 grains de limaille de cuivre pur. Le mélange devint noir , répandit aufli-1ôt une forte vapeur, & s’enflamma un peu après. MATE D É RER EI NICE. Quarante-cinq grains de limaille de fer mêlés avec 15 grains de foufre punifé , furent introduits dans une femblable bouteille, & mis fur le feu, —— (1) Band 2, Stuck 2 , Scie 99 , Jahkr 1796: 274 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE La vapeur de foufre s'éleva, ls mélange fubit une légère fafñon, & entra fubitement en inflammation. I'Vi TEIX DE R'PFEUNC'E Quarante grains de zinc avec quinze grains de foufre traités de la mème manière , brülèrent avec un éclat crès-vif. Vin EUX AP ÉMRNL EN CRE: Le mème mélange , traité de la même manière, s’enflamma avec les mèmes phénomènes, excepté que la flamme éroit pale ; & que le mélange ne fit que fumer comme de la fciure. V I ‘Æ-X-P-É-RFE-N CE. Quarante grains de plomb & quatorze grains de foufre brülèrent avec une flamme uès-légère. NA EXPÉRIENCE. Quarante grains d’antimoine avec quinze grains de foufre n’entrèrent point en inflammation : un mélange cependant de vinot grains d’antimoine & de fept grains de foufre brülèrent légèrement. L'expérience feptième fut ainfi feule différente de celles de l’affociation des Chuniftes Hollandois, à qui l’inammation avec l’antimoine n’a point réufi, Quoique je fuffe fuffifamment convaineu , comme le feront tous ceux qui répéteront ces expériences, que l'accès de l'air ne conttibuoit en rien à ces inflammations, j'ai cependant voulu également répéter les autres expé- riences des Chimiftes d’Amfterdam. VOTICE X'PÉRTEN CE Un tube de verre , long de dix-huit pouces & fermé d’un côté, fut plié en forme d'un angle abtus : on y introduifit un mélange de quinze grains de foufre & de quarante grains de limaille de cuivre, qu’on Hiffa entrer dans une légère fufon pour la tenir attachée au fond du tube. On emplit enfuite le tube avec du mercure , pour déplacer l'air; on le porta fur le bain à mercure, & on le remplir de oaz hydrogène retiré de l’eau par fon paffage fur du fil de fer dans un tube rouoi. On plaça fous l'extrémité fer- mée du tube un baflin avec du feu, & on laifla l’autre extrémité plongée dans le mercure. À peine le tube füt-il échauffé & le feu un peu animé, que la matière entra aufli-tôt en inflammation , & cela avec une vivacité dé | 2 _ : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 336 pas moins grande que dans la bouteille à médecine. Une pattie du gaz s'échappa à travers du mercure, & le réfulrat fe comporta comme du gaz hydrogene très-pur. On répéra la mème expérience avec du gaz hydrogène retiré de l'eau au moyen de Pacide fulfurique & du fer, & on obtint le mème fuccès, LXUE XP ERA E-N:C:E: Un pareil tube fut de nouveau pourvu d’un mélange de foufre & de cuivre, & rempli de la mème manière de gaz carbonique. Une vraie inflammation eut 1ci également lieu, & le gaz carbonique ne fur point altéré. | R VENXSPLÉ RIVE NQCHE, On introduit dans un tube courbé de la même manière, & fermé À une de fes extrémités, un mélange de quarante grains de limaille de cuivre & de quinze grains de foufre. Après que la matière fur attachée par la fufon , au fond du tube , or en remplit celui-ci de mercure, & on le plongea par fon ouverture, dans un bain de même métal. Enfuite on échauffa la malle , & on vit aufli-tôt paroïire une ï::Aaimmation pendant la- quelle il fe dégagea un gaz qui avoir toute loi 1 gaz hydrogène fulfuré. Ce font là les expériences des Chimifte: Holiniois que j'ai répétées , & dont les réfultats, comme on voit, répondent, à peu de chofe près , aux leurs. Elles fonc bien remarquables, & ne fe laïlfent point expliquer par la chimie anti-phlogiftique , à moins qu'on ne veuille admettre que le foufre contient de l’eau à l'état folice : elles ne peuvent pas non plus fervir de grand fourien à la théorie du phlogiftique. J'ai voulu étendre ces expériences pour en tirer de plus amples éclairciffemens. Les Chimiftes Hollandois remarquèrent que le réfidu de ces expériences ne contenoit aucun atôme d’oxigène , & ilsfe fondèrent pour cela fur l’effai fuivant. On verfa une quantité déterminée d’acide nitrique fur un mélange de quarante grains de limaille de cuivre & de quinze grains de foufre qui avoient brûlés ; on détermina & on conferva foisneufement la quanriré de gaz qui fe dégagea; on verfa une égale quantité d’acide nitriqée fur un femblable mélange de cuivre-& de foufre qui n’avoient point brülés , & le volume de gaz dégagé correfpondit exactement avec celui dégagé dans la première expérience. Cet effai ne me paroït pas convaincant , & je le crois trop délicat pour qu’on puiffe le trouver exa€t. Eft-on capable de détermi- ner rigoureufement le rapport de fi petites quantités de gaz? & de coim- bien de difficultés n’eft pas accompagné l’otigènation du foufre par l'acide nitrique , lors même qu'il n'eft pas défendu de fon aétion par des métaux ? > As & eut ! PYTTRRLRS 176 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. J XRREXPÉRAENCE Pour mieux examiner la chofe, on prit quarante grains de cuivre & quinze de foufre , qu'on traita comme dans l'expérience IT. Après que la bouteille fut refroidie , on y verfa foixante grains d’eau diftillée, on re- mua le mélange , & on y fit ttemper un papier imprégné de la teinture de tournefol. Le papier rougit à l’inftant ; ce qui fut une preuve bien évidente d’une oxigènation , c’elt-à-dire , de la production d’un acide; mais il ne s'enfuit pas que ce foit le cuivre qui s’eft oxidé,. NUL EURE CP IÉMRÈINE NO E: Pour avoir encore plus de certitude , on répéta l'expérience première , & on ferma la bouteille avecdu papier imprégné de tournefol ; fa couleur ne fut point changée. Ainf le foufre ne s’oxigène point fans l'intermède d’un métal. KA INQUE XP) É R LE NYOHE: On reprit l’expérience feconde ; & à cet effet on introduifit le mélange dans une bouteiile d’une forme allongée qu’on boucha négligemment avec du papier teint de tournefol, & qu’on plaça entre des charbons allumés; le mélange s’enflamma, & Île papier fut coloré en rouge; ce qui eft une nouvelle preuve que , pendant linflammation , quelqu’acide à été rendu libre, ou , fi l’on veut, que la matière fe foit oxigènée, Ka VE NENX PEUR TIENNIC UE 1! reftoit à exaruiner quelle étoit la nature de la malle brûlée, Cette quef- tion fembloit bien mériter quelques recherches. On mit dans une bouteille, dont le poids avoit été exaétement pris, quarante grains de cuivre & quinze grains de foufre , & on fit brûler ce mélange comme à l'ordinaire. Après l’inflammation , on boucha la bouteille avec an bouchon de liège, & on trouva après fon entier refroidiffement qu’elle avoit fait une perte de 0,65. On penferoit que la malle auroir dû avoit gagné en poids, puifqu’une oxidation à eu lieu; mais le foufre qui s'envole & le gaz qui fe dégage, rendent raifon de ce phénomène. Il eit mème pofible que la malle ait gagnée en poids , vu le peu de perte qu’elle a faite. On cafla la bouteille , & on ramalla foigneufement toutes les par- ties de la malle qui avoit une couleur bleue noïcatre, & on la fit bouillir pendant un quart - d'heure avec deux onces d’eau diftillée. On pañla la lefive, & on fit fcher le réfidu : il avoit perdu un quart de grain de fon poids. (2% = ET D'HISTOIRE NATUREILE. 277 poids. Cette malle portoit tous les caractères d’un fulfure de cuivre. On foupçonna que la liqueur paflée pouvoit tenir du fulfare de cuivre. en diffo- lution ; on la divifa en deux parties, & on tenta de décompofer l’une des portions avec de l’ammoniaque ; mais il ne fe manifefta pas la moindre nuance de couleur bleue. On évapora l’autre portion jufqu’à ficcité; mais elle ne laifla point de réfidu. Il ne s’étoit donc point formé de fulfare de cuivre , malgré que , d’après les expériences XI & XII, il s’eft formé de l'acide. ; XV. EXPERIENCE, Comme on n’avoit point encore fait d'expérience avec le mercure, on entreprit les fuivantes : on mit dans une phiole à médecine quarante grains de mercure bien pur & quinze grains de foufre , & on la plaça fur le feu. Le foufre entra d’abord en fufon , une vapeur épaifle remplit la bouteille, & une flamme fe fit fubirement appercevoir. La mañle reftante étoit noire. XIVULE TX PE BÉIIN C:E. Vinot grains de foufre & dix grains de mercure traités de mème manière, donnèrent le mème phénomène. , Jefis, à l'occafon de ces expériences , les remarques fuivantes : 1°, la lumière qui fe manifefte eft différente de celle du foufre en combuftion ; 2°. le mélange ne brüle que peu de temps, & n’eft plus enfuite inflam- mable, Il me vient dans l’idée de traiter les oxides métalliques avec le foufre, de la même manière que les métaux, Théoriquement linflammation de- voit avoirimmanquableiment lieu , quand mème l’oxigène n’auroit d’ailleurs pas plus d’affinité avec le foufre qu'avec les méraux. X VLIRQEX D'ÉBAILE N' CE Quinze grains de foufre & quarante grains d’oxide de cuivre précipité du fulfate de ce métal , au moyen de la porafle , furent introduits dans une bouteille de forme cylindrique, à ouverture étroite, & expofés au feu H fe dégagea une vapeur aqueufe , qui coula le long de la bouteille, & le mélange devint brunâtre, par-ci par-là jaunâtre , & bleu en quelques en- droits. Le foufre jeta des vapeurs, mais il ne fe produift point d’infamma- tion , même à une très-forte chaleur. Le mélange n’avoit point d’odeur acide : il s'étoit dépofé du foufe au col de la bouteille. Arrofée d’acide fulfurique délayé , la mafle répandit une légère odeur de gaz hydtogène fulfuré. Tome II. OCTOBRE, 1794. Nan | 278 JOURNAL DE PHYSIQUE; DÉ CHIMIE - : XIV ITI. EXPÉRIENCE, Quinze grains de foufre & trente grains d’oxide de fer précipité par du carbonate de potaffe du fulfate de métal, furent traités de la mème ma- nière. La vapeur aqueufe fe fit voir, le mélange devint neir, & en quel- ques endroits d’un beau bleu; mais il ne s’enfuivit point d'infammation. L'odeur n’éroit de même pas acide , & l'acide fulfurique aqueux développa une force odeur hépathique. XIX EXPÉRIENCE. Quarante grains d’oxide de mercure rouge & quinze grains de foufre farent traités de la même manière. Il fe dégagea une vapeur noirâtre , route la bouteille devint noire ; & il fe fublima à fon ouverture une matière noire cryftallifée, brillante & dure, mais point d'inflammation. On ne re- marqua pas non plus un dégagement d'acide : l'acide fulfurique ne déve loppa point d'odeur hépathique dans ce mélange. XSL EXC P'E RUE N°C'E Quarante grains d’oxide debifimurh & quinze sains de foufrene donnèrent point d'inflammation, mais dégagèrent un acide & des vapeurs aqueufes. La malle reflante effervefça avec l'acide fulfurique , & dégagea du gaz hydrogène fulfuré. XX RME PAÉ MR T EF NICE Quinze grains de foufre & quarante grains d’oxide de manganèfe , trai- tés de la mème manière , ne donnèrent point d'acide libre, mais bien de l'eau : Le mélange ne s’enflamma point. X XEK EXPÉRIENCE. Quinze grains de foufie & trente grains d’oxide de manganèfe préfen tèrent les mêmes phénomènes. ’ - Ces réfulrats fonc en effet bien finguliers. Pourquoi des oxides métalli- ques qui cèdent fi facilement leur oxigène , tels que les oxides de manga- nèfe & de mercure, ne donnèrent-ils pas lieu à des inflammations ? L'eau qui fe montre ici conftamment peut bien avoir été contenue dans les oxides métalliques à état d'eau , & avoir contribuée à l'inflammation. J'ai dit pré sédemment qu'on pouvoit expliquer , d’après la chimie anu-phlogiftique CARE Gi ET D'HISTOIRE NATURELLE. 279 f'inlammation des métaux avec le foufie , en admettant que Le foufre con- tienne de l’eau concrète. Ces dernières expériences rendent cette explica- tion infufhfante , puifqu'il s’eft montré ici de l’eau, & qu'il n'y ait pas eu d'inflammation. MM EX: D'ÉTRULIEUN Ci EL On mit quinze grains de foufre & quarante grains de cuivre dans un tube de verre recourbé & fermé à une de fes extrémités, & on fit adhé- rer le mélange au fond de l'extrémité fermée. On fit enfuite entrer du gaz carbonique dans le tube , & on le plaça fur le feu. L'inflammation fe manifefta comme à l'ordinaire , & il fe dégagea du gaz hydrogène ful- furé. Un papier , imprégné de la couleur de tournefol, ne rougit pointe On augmenta le feu, il s’éleva des vapeurs, mais la matière ne s'enflamma plus. Ces vapeurs fe condensèrent en foufre , & la couleur du papier rougit, RUSURVE DEN IP ÉR'IVELNIC.E: On répéta l'expérience huitième, & on introduifit un papier impréoné de tournefol dans le tube. L'inflammation eut lieu , mais le papier ne foupit point. On peut demander pourquoi il ne fe mit point ici d’acide en liberté, L'air armofphérique auroit - 1l contribué à la formation de l’acide dans les expériences onzième , treizième & fuivantes , faites dans des phioles à mé- decine ? Mais pourquoi le mème effet n'eût-il pas lieu dans l’expérience douzième ? Pour éprouver comment le phofphore fe comporteroit avec les métaux, je fis les expériences fuivantes. XV EUX PR EN GE Quinze grains de phofphore & quarante grains de limaille de cuivre furent introduits dans une petite boureille , qu’on boucha avec un papier. La première impreflion de la chaleur fic brûler le phofphore, mais il fut pref- qu'aufüi-1ôt éteint. Comme il éroit vraifemblable que cette inflammation du phlogiftique avoit été opérée par l’air contenu dans la bouteille , j'ai voulu voir comment le phofphore fe comporteroit feul. Je penfe que ces expériences méritent la plus grande attention , & je ne defire ‘rien tant que de les voir répéter par plufieurs Chymiftes à-la-fois. Je vais encore en rapporter quelques autres, qui m'ont paru également re- marquables, Nn 2 ie de à Ÿ FE . . * 189 . JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE (XX VI EXPÉRIENCE. On mir dix grains de phofphore dans une bouteille, & on la plaça fur le feu : même inflammation , mème extinétion. Ceci m’engagea à faire ces expériences d’une autre manière ; & en con" féquence je traitai un mélange de phofphore & de cuivre comme dans l'expérience huitième ; mais il ne fe fit point d’infammation. £ XXVIL EXPÉRIENCE. On répéta la mème expérience ; mais avec parties égales de phofphore & de métal. L’effer fut le mème. MONNAIE RÉ RUE NN /C'E On prit quarante grains de fer & quinze grains de phofphore, On n’ap- parçut aucune inflammation. X X'IX EXP RI EN CE Quarante grains de fer & quinze de phofphore ne brülèrent point dans un tube rempli de gaz acide carbonique. NX NN ER UP DIRES ENIC, EL En rempliffant le tube d’eau au lieu de gaz carbonique, il ne fe pré- fenta pas plus d'inflammation. NX MALE RP ÉMRNMIE EN CE: Le tube fut rempli de gaz azote , & le mélange fut compofé de phof- phore & de fer , mais pas plus d'effet Il eft fans doute remarquable que € phofphore, qui a tant de rapport avec le foufre, & qui s’oxigène & fe défoxigène avec tant de facilité , fe compote fi différemment de ce combuftible. Je pourfuivrai ces expériences, & je ne défefpère point d'opérer cette inflammation dans d’autres circonf- rances ; peut-être auffi mes expériences me donneront-elles l'occafon de faire quelques nouvelles obfervations qui m'ont échappées jufqu'à préfenr. Re À ET D'HISTOIRE NATURELLE. 281 RÉFLEXIONS De B. G. SAGE, de la ci-devant Académie des Sciences , Gc. , [ur une Lettre adreffée à Pictrert,par Doromteu, de l’Inflitut Nationa!, iufèrée page $3 du Journal des Mines , de Mefjidor. Ce Minéralogifte, qui a fi bien mérité par les obfervations dont il a enrichi la phyfique , en offre entr'autrès deux dans cette lertre , fur lef- quelles je me fuis permis les réflexions fuivantes : Dolomieu dit, d’après Thompfon, qu'il fortit, en 1794, du Aanc du Véfave , un torrent de lave qui traverfa la ville dite Torre del Greco, pour aller fe précipiter dans la mer ; qu’elle renverfa toutes les maifons qu'ellé trouva far fon paffage , enfevelit tout ce qu’elles contenoient, & couvrit Le rerrein d'une couche de lave de vingt-quatre pieds de hauteur ; que cette lave fondit les monnoies d'argent fur lefquelles elle paffa ; que celles de cuivre, ainli que les uftenfiles de ce métal ne fe fondirent point. Dolomieu tapporte que fix religieufes de la Torre del Greco s'étant fau- vées de l'incendie de leur couvent, traversèrent fans accident le toïrent de lave rouge qui cheminoit encore. Dolomieu dit, page $3 du même paragraphe : « C’eft au foufre mélangé avec la roche bale des laves qu'il » attribue la fluidité de ce fingulier genre de torrent, parce que fans cer » intermède il ne peur expliquer l’état de molefle pâteufe les daves ». Si réellement cettelave coulante contenoit du foufre, il auroit dû brûler paï le concours de l'air & de la chaleur dont elle étoit pénétrée ; l'acide fulfureux qui en réfulte n'auroit pas manqué, fans un miracle fpécial , de fuffoquer les fix religieufes. Sans compter que fi cette lave étoit péné- trée d’aflez de chaleur pour fondre l'argent , la chauflure & le tidu angé- lique de ces nones ont dû être bien éndommagés. Ferber , dans fes lettres fur lltalie, dir qu'il fe fublime du fel ammo- . niac, des laves du Véfuve. J'ai fait connoître que c’eft l'acide marin qui fe trouve dans l’armofvhère de ce volcan , où l'acier poli fe rouille aufli-tôt. ” . L’altération qu'éprouvent les laves cellulaires du Véfuve eft produire par l'acide marin (1), lequel s’uniffant au fer qu’elles contiennent , leur (1) Il n'en eft pas de même à la folfatare , où il fe fublime du foufre, du réa'gar, oùyJ'on trouve du fel armoniac vitriolique & fulfureux. 232 JOURNAL DE PHYSIQUE DE CHIMIE fait prendre une couleur plus ou moins jaune, plus ou moins citrine, couleur qui pourroit y faire foupçonner du foufre , fubftance que je n'ai jamais rencontré dans les laves. Les expériences que j'ai faiteavec le chevalier Hamilton , m'ont fait con- noître qu'elles étoienc des frites compofées de terre calcaire , d'argile , de ifarron, de quartz & de fer; on fait que ies mélanges des terres & des -alkalis propres à former du verre commencent à fe fondre , ils fe bour- foufflent & s'échappent entièrement du creufer, en maffes plus où moins poreufes , fur-rour fi ces mélanges ont été chaufés brufquement, C’eft la raifon pour laquelle les verriers frittent ou grillent ordinairement ces mé- langes pendant douze ou quinze heures. En parlant des éruptions de volcan, j'ai dit dans ma minéralogie & dans le Ile volume de mon analyfe chimique, n°. 296 : «& La plupart des voi- » cans ne produifent dans ieur érupüon que des frites ou des fcories, » celt-à-dire, des virifications plus ou moins échauffées ; ce qui nous » fait connoître que ces feux fouterrains ne font point auñli confidérables » qu'on s’étoit figuré ». Dolomieu nous apprend , page 56 & fuivantes , « que dans les leçons » de minéralogie qu'il a donné à l’école des mines, iladitqu'il avoit toujours » été loin de fuppofer que l’exiftence des concrétions quartreufes , indi- » quât l’action d’un diffolvant. Je ne crus pas , continue-t-il ;: comme » je ne crois pas encore, qu'il faille recourir à une diflolution pour » expliquer la formation des incruftaions filiceufes , parce que je ne penfe » pas que la difolution foit un préalable abfolument nécelfaire pour la » formation d’une concrétion quelconque ». Malgré la peine que prit Dolomieu dans fa lettre, de tourner & de retourner fa théorie, malgré tout l'attachement qu'il m'a infpiré, je ne puis penfer comme lui fur ce fait. Les axiomes fuivans font incon- teftables. L'eau pure peut tenir fufpendues les terres plus ou moins divifées, les dépôts qui en réfulsent n’ont jamais de folidité; on les nomme guräs , tandis que les dépôts des matières qui ont été tenues en diffolution, ont de la folidité (1), fouvent une forme polyèdre & de la tranfparence ; mais l’eau n’eft pas toujours néceffaire pour concourir à la formation des malles folides & des criftaux, puifque la fuñon & la fublimation font propres à en produire. (x) Si l'eau qui tient en diffolution un fel, s'évapore trop rapidement , les molécules falines s'altérenc, s'afflemblent, fe heurtent, fe précipitent, & ne contraétent fouvens point d'adhérence. MNT AMDIHISTOIRE NATURELLE: 28; C—————— à" ei Obfervations fur les Grenats blancs ; par le même. Plus un homme marque dans'les fciences , plus on eft jaloux d’être apprécié par lui d’une manière convenable, Vous ne me citez, Dolomieu, dans votre mémoire fur le grenat blanc , imprimé dans le Journal des mines de frimaire, n°. 17, que pour relever une de mes anciennés erreurs. Il eft vrai que j'ai imprimé, en 1767 & en 1783 , que les grenats blancs n’étoient que les grenats rouges féparés du fer par le moyen de l'acide marin. : La décolorarion des laves noires cellulaires, dont j'ai donné fa théorie, érayée d'expériences irrécufables, m'avoir induit en erreur. La même expé- rience à fervi à me rectifier , comme. je l'ai fait dans mes cours , où j'ai dit que les grenats de volcan étoient blancs par nature, Qu’un acide n'en auroit pu extraire le fer fans avoir aufñli décoloré les laves cellulaires ou les cfa dans lefquels ils fe trouvent. Les élèves de la première école des inines , devenus vos collègues , pourront vous certifier ce qu'ils ont entendu dans mes leçons; & fi leur mémoire ne m'eft pas favorable , confultez le public & les étrangers qui m'ont fuivis. J'ai auffi fait mention da grenat blanc par nature , dans fa defcriprion méthodique du cabiner de la première école des mines que j'ai formé, défcription imprimée en 1784. La didactique fert à enfeigner , à expliquer la nature des chofes ; elle ne peut l’étre que par des mots qui caratérifent , qui rapprochent les objets, & les peignent fans avoir befoin d’être expliqués. 11 faut oublier les expreflions quand elles ne font pas bonnes. Si, lorfqu’on en eft convaincu on les adopte, c’eft deffervir la fcience; & on peut dire du fectaite : me- liera video , fed dereriora fequor. + Par exemple , Dolomieu, vous dites « que vous adoptez le mot Zeucire , » pouf caractérifer le grenat blanc , quoique vous ne trouviez pas cette dé- # nomination bonne; mais que c’eft afin de ne point furcharger la nomen- » clature de la minéralogie ». Cependant un mot inexpreffif eft non - feulement inutile, mais une furcharge. * Examinons le mot /eucite , par lequel vous voulez, ainfi que Verner, &c. qu’on entende que c’eft du grenat blanc que vous voulez parler. Ce mot eft trop fyncopé pour fignifier pierre blanche , qui s'exprime par /eucolite ; mais ce même mort qui fert à défigner toutes les pierres blanches, ne peut caractérifer fpécialement le grenat blanc. Ecrire avec clarté & prcifon , voilà le feul but où doit rendre le véri- 1284 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE table Savant ; le néalogifme doit être rejeté , il n’eft adopté que par foiblefe. Vous me direz: le plus grand nombre a adopté la nouvelle no- menclature chimique , pourquoi ne ferions-nous pas Le une nomenclature minéralogique ? nous faifons un journal , & nous n’employerons qu'elle , il faudra bien qu’elle prenne. Maëte animo! Le temps & la raifon feront juftice. Dolomieu dit : « Le relâchement total de la cohéfion des parties du » grenat blanc fe réduit à l’état pulvérulent qui femble dépendre de la perte » de l’eau de criftallifation ». Ce Savant a vraifemblablement retiré de l’eau des grenats blancs intacts ? Malgré cette théorie , l’état pulvérulent du grenat blanc eft encore un problème , dont les faits fuivans me paroiffent donner la folurion. La lave de Caprarole, qui contient une grande quantité de grenats blancs fiables, eft un sufa , ou lave boueufe qui a été rejetée du volcan ; lorfque de l'eau introduite dans fon foyer pénètre & divife la frite , alors le grenat blanc , rouge de feu , s'éteint, fe divife par l’eau , fans avoir éprouvé d'autre altération que la divifion de fes parties ; de forte que fi on expofe ces grenars pulvérulens à un feu vif, fes molécules fe raffemblent , fe fondent , & il en réfulte des polyèdres vitreux, blancs, prefque tranfparens, femblables à ceux qu'on trouve dans les laves poreufes noires’, où ils font libres & mo- biles dans leurs alvéoles ; refferrement des parties qui n’eft dû qu'à l’efpèce de vitrification que les grenats ont éprouvés, comme je l'ai indiqué en 1777. dans ma minéralogie. < D ÿ Obfervations fur ?’Analyfe de la Mine rouge d'Argent (1) tranfparente , faices par KLaArRoTH 6 V'AUQUELIN ; par le même. C'est une obligation impofée à tout homme qui veut écrire, de faire connoître ce qui a été dir avant lui fur le fujer qu’il traite, & de ne pas omettre des faits qu’on né peut méconnoître. Pourquoi ne pas faire mention de l'eau qu'on retire de la mine rouge d'argent, puifque c'eft à elle qu'elle doit faranfparence, fa couleur & la propriété de décrépiter, & qu'elle s'y trouve dans le rapport de cinq livres par quintal. Pourquoi n’avoir point parlé de l'acide méphitique qu'on retire par la diftillation de cette mine, mr (1) Vauquelin a donné cette analyfe dans le XVIIe Numéro du Jourual des Mines de Pluviôfe , fous le titre d'Examen de l” Argent rouge tranfparent. L'argent étant blanc, il faut, pour parler correéteinent , écrire Mine rouge argent cranfparehte. comme di \ 4 . 4 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 135 comme je lai fait connoître il y a vingt ans. Perfonne ne contefte à Klaproth fa découverte. Vauquelin dit, page 7 du Journal des Mines, . de Pluviôfe n°, XVIL , » il eft impoflible de ne point admettre la » préfence de l’antimoine dans la mine d'argent rouge, & de ne pas » fejetter en même temps celle de Parfenic, gu’y ont annoncé plufeurs » Sayans », Vauquelin conclut , en difant que la mine d'argent rouge eft compofée de quarre élémens (2), l'argent , l’antimoine , lé foufre & l'oxigène dans les proportions fuivantes. Argent métallique . ARE k tte ed IUSAI2 TER Antimoine métallique. . . . . . 16,1300. DOME ne el ee UN pdt lt nude 7 O0: RATES EL Ar De NT RER) At sai TR BISSE, Vauquelin dit cependant dans une note : j'ai trouvé des traces d’arfenic dans quelques mines d'argent rouge. Dans le deflein de lui bien faire connoître qu'il exiftoit de la mine rouge d’argent , où l’arfenic dominoit , j'envoyai au confeil des mines environ une once de mine rouge d'argent, de Ste-Marie, afin qu'il püc reconnoître par l'expérience que le quintal de cette mine étoit compofée :- ARGARON ee DRE N Lu lo Nfy. SONÉLELS pe Mie I, Le ler tau 4 NO PE I CEE 2Ne le en Aie PUR Ecau & acide méphitique. . s$ Etant du nombre des Minéralogiltes qui ont avancé que les mines rouges d’argent tranfparentes contiennent effentiellement de l’arfenic, je vais mere fous les yeux les expériences que j'ai faites pour déceler la pré- fence de ce demi-métal. J'ai difillé une once de mine rouge d'argent criftallifée tranfparente du Pérou, avec deux onces d'acide vitriolique concentré; il a pafé du gaz acide méphitique fous forme de vapeurs blanches, enfuite de l'acide fulfu- reux; le col de la cornue étoit enduit d’arfenic blanc, il y avoir vers le dôme du foufre citrin , en petits mamelons. () Le mot élément et mal employé pour défigner l'argent , l'antimoine , le fow- fie, qui font des compofés. \ Tome II OCTOBRE. 1794. Oo 236 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DÈ CHIMIE L'acide arfenical concourt à la couleur ronge de cette mine d'argent; l'expérience fuivante l'indique. Si l’on verfe de la diflolution de tartre arfenical, connu fous le nom de fel neutre de Macquer , dans une diffolution de nitre lunaire , l’acide nitreux fe porte far l’alkali, & l'argent combiné avec l'acide arfenical, produit un précipité d’un rouge briqueté. La torréfaétion de la mine rouge d’argent, au chalumeau, décèle la préfence de l’arfenic ; lui {ul a l'odeur d'ail. L’antimoine volatilifé par l’action du féu , ne répand aucune odeur, n’en déplaife à ceux qui vien- nent d'écrire qu'elle fe rapproche de celle de l’arfenic. J'ai mis en digeftion de la mine rouge d’argent tranfparente , pulvérifée dans quatre parties d’acide nitreux pur à 32 dégrés, il eft refté au fond du matras une poudre Blanchatre , laquelle lavée , deffechée & expofée au feu du chalumeau, mañifefte d’abord du foufre, enfuite del’atfenic. La chaux d’antimoine fe vitsifie & s’exhale enfuite. Les proportions d’argent contenues dans les diverfes efpèces de mines rouges d'argent, varient, äinfi que celles de l’arfénic ; il en peut être de inème de l’antimoine, L'argent rouge tranfparent de Freiberg a produit à Vauquelin 54 liv. d’arg. Celle du Pérou m'en arendu . . . . . . . . 70 Gellerde-Sre-Mame mere ete anna 7 La vérité eft le but où Vauquelin tend comme les autres hommes (1). C'eft pourquoi je me füis arrêté à faire voir qu'il a or s'ié de faire men- tion de trois parties intégrantes & effentiellés aux mines rouges d’argent , où l'arfenic fe trouve fous forme d’acide arfènical , l’argent & l’antimoine fous la forme de chaux. Il y a lieu de préfumer que Vauquelin n’a procédé à l’examen de la mine rouge d'argent que fur de petites quantités; fes expériences n'ont peut-être été faites qu’au chalumeau. Quant à moi, j'ai employé à mes eflais, dix-huit onces de mine rouge d'argent cuiftallifée du Pérou. (*) Vauquclin occupe , grace à la révolution , à l’Ecole des Mines , dont je fuis le fondateur , la place que J'ai rempli & remplis encore pour le public. Je f&is qu'il n'a pas foilicité cette injuftice dans le temps où 6n m'avoir plongé dans les cachots , d'ou je te devois fortir que pour être guiloriné. ET D'HISTOIRE NATURLLE. 187 Le pme) Obfervations de B.G.S AGE , de la ci-devant Académie des Sciences , Ge. , Jur l'Analyfe de la Topaze blanche de Saxe, par VAUQUELIN, inférée dans le Journal des Mines, n°. XX1V , Fruëlidor , an s. Vauquezin dit, page 1: « L'art de la lithogeognefe s'eft tellement » perfeétionné depuis quelques années , qu'il y a lieu de penfer que la » plupart des analyfes des pierres fcintillantes , faites anciennement , ne » donnent pas une connoiffance parfaite de leurs principes ». _ Le mor lithogeognefie fignifie génération des pierres & des terres. La lithogeognefe n’eft jufqu’à préfent qu'un objer d'étude, & non un art, puifque la nature nous a caché la manière dont elle opère, & que nous ne pou- vons l’imiter. Les expériences décrites par Pott , dans ne quil a intitulé Lichogeognefte, ont pour but de faire connoître la nature des pierres & des terres, qu'on doit regarder comme des fels. On parle des terres qui fervent de bafe à ces fels , fans faire mention des acides avec lefquels elles font combinées , & l’on donne le nom d’analyfe à l’extraétion forcée de ces terres, à l’aide de leur fufon avec les alkalis , dont une pattie en fe decompofant peut ajouter aux produits , tandis qu’une autre portion de l'alkali s'empare de l'acide qui étoit uni à ces mêmes terres. Vauquelin dit, page 37 du même Journal , « que l'analyfe des pierres ». dont les principes font inconnus, feroit utile à un bon ouvrage de miné- n talogie , & qu'il eft chargé de ce travail important ». Il ne peut être en meilleures mains. Ce docimafifte ajoutera aux obligations qu’on lui a , en concourant à détruire un fait avancé par Margraff ; ce célèbre Chimifte a auffi fait l’analyfe ds la topaze de Saxe, 11 dit qu'il en a extrait, par la vitriolifation , un tiers de terres folubles qui ont produit de la félénite & de l’alun. La ropaze de Saxe contient donc de la terre calcaire. Ou Margraff s’eft trompé , ou cette terre a échappée à Vauquelin, puifqu'il n’en a pas fait mention. La topaze de Saxe , expofée au feu, devient blanche , opaque , augmente de volume , comme je lai indiqué; cette altération me paroït due à l’eau de criftallifation qui s’exhale. Suivant Vauquelin , la topaze blanche de Saxe eft compofée de SAGE AUD) AUDE Le de re MA LARS LU [IVe Alpine ES LA TES — 929 (x) On cite la filice comme partie intégrante de prefque toutes les pierres gemmes ; mais ne fe fait-on pas illufion ? Oo 2 1 , b ; DUT 288 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Il ne lui manque précifément qu'une unité pour faire cent ; il ne fe trouveroit donc dans la topaze qu'une livre d'acide d'eau & de terre calcaire. $ Maïs en ajoutant à la filice , & l’aluminede Vauquelin, la terre calcaire de: Margraff, l’eau & l'acide qui en font principes, il ne nous eft pas donné de régénérer la topaze; iln’y a cependant que la finthèfe qui donne le droit de dire : un corps eft compofe de telles ou telles matières. Oui, il faudra convenir un jour que toutes les fubftances Zixhi- ques fe réduifent à cinq genres de fels différens par les acides & les terres , comme je le fais connoïtre dahs la quatrième édition de ma minéralogie, L'abbé Hauy donne à connoître, page 219 du n°. 27 du Journel des Mines, de Frimaire , an $ , que vous êtes bien loin de penfer de mème. Voici fes expreflions : « Les expériences faites par Klaproth , Vauquelin, » Pellerier, Guiton, s'accordent pour faire counoître que le rubis ; l'émé- » raude , le grenat, la ropaze ne renferment aucun acide, & quil » n'entre que des terres dans leur compofuions, Ces fubftances ne font » que l’affemblage de molécules terreufes ». Mais les molécules rerreufes, proprement dites, font informes , opaques, feur affemblage ñne peut former dé polyèdres réguliers tranfparens , qu'après que ces molécules terreufes , rendues folubles par un acide, ont été tenues en diffolution dans l’eau. » ÉPHÉMÉRIDES De la Société Météréologique établie à Manheim. SIXIÈME ET DERNIER EXTRAIT. ANNÉE 1786. Pur L. Corte, Minéralogifte. H, MMER rend compte, comme à Fordinaire , dans la préface de ce volume, des principaux réfulrats que les obfervations ont préfentés , des principaux phénomènes météréologiques qui ont caraétérifé l’année $° des nouveaux établiffemens formés en l'honneur de la météréologie. Les obfer- vations qu'il a continué de faire à Manheim fur l'éleét:icité atmofphérique, di: & La ne _ : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 359 ont confirmé les rélulrats obrenus les années précédentes , & qui paroïlfent conftans ; favoir, que l'électricité de larmofphère eft toujours pofiuve toutes les fois qu’elle n’eft point occafionnée par des nuages à tonnerre , ou par la chûre de la pluie; celle qui réfulte de ces nuages ou de la pluie, varie beaucoup : tantôt elle eft pofitive, tantôt elle eft négative. Les obfervations faires avec le barométographe de Changeux ont donné les mêmes réfulrats que l'année dernière. Le phénomène de laurore-bo- réale, qui s’eft montré plus fouvent que lannée dernière, a été accompa- gué, en plufieurs endroits , notamment à Manheim &: à Pavie , de air- conftances qui paroïflent confirmer l’analogie de ces météores avec l'électricité. Pendant fon apparition , on a vu fortir, foit du foyer même de l’aurore-boréale, foit des nuages voifins , des éclairs qui indiquoient la préfence de la matière électrique. L'influence de l’aurore-boréale fur la variation de l’aiguille aimantée , a été aufli obfervée; mais comme cette influence n'a pas licu toutes les fois que l’aurore-boréale paroït même avec le plus d'éclat , on ne peut en rien conclure fur l'analogie du magnétifme & de l'éleétricité. La tendance de la matière de l’aurore-boréale vers l’oe- cidént , fembleroit avoir quelque rapport avec la déclinaifon de l'aiguille aimantée vers ce point du ciel; mais pour pouvoir prononcer , il faudroit favoir fi, dans le temps où l'aiguille déclinoit vers l'orient , la matière de J'aurore-boréale avoit alors une tendance vers ce même point. L’Abbé Chiminello a obfervé & comparé la marche du baromètre avec celle de l’hygromètre; mais ce dernier inftrument , dont il s’eft fervi, n’eft pas aflez connu pour qu'on puifle compter fur les réfulcats de cette compa- raifon. Le même Abbé a cherché à profiter des obfervarions faites depuis plulieurs années à Chiozza , par Wianello, far le Aux & reflux de la mer : il a comparé les hauteurs des marées dans les nouvelles & pleines lunes. Jnfqu'ici on avoit cru que les marées étoient égales dans ces deux époques , qu'elles é‘oient même plus grandes dans les nouvelles que dans les pleines lunes. CAiminello a trouvé , au contraire , d’après les réfulrats de huit an- nées d’obfervations (1779 — 1786), que les marées étoient moindres dans les nouvelles que dans les pleines lunes. C'eft ce qui avoit déjà réfulré de pareilles obfervations faites à Breft pendant fix ans (1711 — 1716). Vianello, qui a comparé auf fes obfervations fur le flux & reflux avec les variations du baromètre, a conclu de cette éomparaifon que les grandes marées éroient toujours , ou prefque toujours précédées par de grands abaif- femens du mercure dans cet inftrument : il y a donc une caufe qui agit en mème temps fur les eaux de la mer & fur l’armofphère , comme nous le difions en rendant compte des obfervations de 1778 , & cette caufe pa- roft dépendre du mouvement du foleil & de celui de la lune. On trouve dans ce volume, comme dans les précédens, des obfervations 299 JOUNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE botaniques, zoolopiques & médicales, qui font précieufes pour l’agriculture & l’art de guérir. Les réfulrats que préfentent les obfervations faites dans les différentes villes attachées à l’établiffement de la Société météorologique de Manheim , font à-peu-près les mêmes que ceux des années précédentes. À l’égard de l'influence des points lunaires fur la marche du baromètre , il paroît que plus les obfervations fe multiplient, plus elles prouvent le peu de fond que l'on doit faire fur cette influence , qui n’eft fenfible que dans certains cas, encore eft-elle fi petite, que l’on pourroit auffi bien attribuer l'effet que l’on remarque à d’autres caufes. L'expérience m'a appris qu'en météorolo- gie, comme dans les autres fciences phyfques , ainfi qu’en morale , on ne pouvoit pas être trop réfervé à prononcer. Je donnerai , dans le Mémoire. fuivant (1), es awiomes météorologiques qui réfulrent des obfervations faites depuis plus d’un fiècle, & fur-rout depuis une trentaine d'années ; on verra que le nombre n’en eft pas grand , & que fi jamais la patience & la perfévérance ont été nécelfaires, c'eft dans l'étude de la météorologie, Cette fcience n’eft encore qu'ébauchée; il a fallu pour cela le concours d’un très-grand nombre d’obfervateurs qui vouluffent bien s'aflujettir à ob- ferver exactement plufieurs fois par jour ; il a fallu le zèle des Souverains pour former à leurs dépens des établiffemens qui fuffent comme des foyers où venoient fe réunir toutes les obfervations; il a fallu la vie de plufieurs. hommes confacrée à la rédaétion pénible & faftidieufe de toutes ces obfer- vations; il a fallu l’induftrie des Artiftes pour perfeétionner les inftrumens ; il a fallu enfin les veilles & les méditations des Savans pour fournir aux Aruiftes les moyens de perfeétion : & dans le moment où tout cela fe trou voit réuni, & où nous pouvions efpérer de commencer à jouir , toutes nos efpérances ont été fruftrées par des événemens politiques, qui vont peut-être beaucoup retarder les fruits que nous pouvions recueillir dans un petit nombre d’années. Faifons donc des vœux pour le prompt retour de la paix , & efpérons que le nouvel ordre de chofes qui va s'établir fera encore plus favorable aux fciences que l’ancien; rien ne lear eft plus avantageux que le règne de la liberté: on a toujours remarqué que la fervitude tue le génie, & que les républiques font plus fécondes en Savans & en Arriftes que les monarchies. Je pourrois citer les différentes républiques des Grecs, celle de Rome, & de nos jours , la petite république de Genève , qui ren- ferme un grand nombre de Savans & d’Arriftes diftingués. | (:) Ce Mémoire a paru dans le cahier du mois de Juillet 1794. San ET D'HISTOIRE NATURELLE. 291 ANNÉE 1787. La Société a jugé à propos de faire quelques changemens dans ce volume & les fuivans. Au lieu de faire imprimer dans la première partie , qui contient les journaux d’obfervations , toutes celles qui ont été faites trois fois par jour fur le baromètre , le thermomètre , l'hygromètre & l'aiguille aimantée , elle s’eft contentée de publier des détails relatifs au vent & à l'état du ciel, & elle a placé dans la feconde partie les réfulrats moyens de chaque jour , des obfervations faites fur les quatre inftrumens que je viens de nommer, On trouve, dans ce volume , les premières obfervations faites dans le Groënland , avec les inftramens de la Société placés à onze pieds an-deflus de la mer , fous la latitude de 64°. ro. 5". & 53°. 43" de longitude occi- dentale du méridien de Paris. Ces obfervations préfentent deux phéno- mènes remarquables; 1°. le nombre prodiyieux d'aurores-boréales ; 2°, la déclinaifon de l'aiguille aimantée, beaucoup plus grande que dans toute autre latitude. Dans les feuls mois de Novembre & Décembre 1386, ona obfervé trente aurores-boréales ; feize en Janvier 1787 , & quarante-huic dans le premier wimeftre de cette année: le nombre de celles qu'on a obfervées à Stockolm eft encore plus grand. L’aiguille aimantée n’a pas toujours vatiée pendant l'apparition de ce phénomène ; fa déclinaifon moyenne a été, à Gotthaab , au Groënland , de $ 1° vers l'oueft. Les obfervations du conduéteur éleétrique & du'baromètre, à Manheim , ont donné les mêmes réfulrats que les années précédentes. On a auffi ob- fervé cette année des aurores-boréales accompagnées d’éclairs & de fignes d'électricité, à Manheim , à Pavie, à Chiazzia & à Saint-Gothard. Bugge , Aflronome de Copenhague , invite les Obfervateurs à placer l'aiguille aimantée dans un jardin , & loin du bâtiment, pour éviter l’in- Ausnce du fer qui y eft renfermé : il parle d’après l'expérience qu'il en a faire, & qui lui a appris que fon aiguille , placée dans le bâtiment de lObfervaroire , avoit été dérangée par la préfence d’une barre de fer qu'il ny fonpçonnoir pas , & qu'il a découvert enfuite. Pareille chofe eft arrivée à l'Obfervatoire de Paris, en 1788. Les aiguilles placées en plein air font expofées à un autre inconvénient , c'eft d'être dérangées & agitées prefque toutes les fois que le vent foufile avec force, quelque précaution que l’on prenne pour les couvrir. Mon aiguille eft en plein air & bien couverte; & roures les fois que le vent eft violent , je la trouve dans une agitation qui l'éloigne du méridien magnérique, où elle ne revient qu'après plufieurs jours de calme. 2. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. U ANNÉE 1788. L'Abbé Hemmer annonce, dans la préface de ce volume, qu'il a fubf- tirué au cadran circulaire du baromérographe de Changeux ; un carton carré, fur lequel on voit avec plus de facilité la marche du mercure de quatre en quatre minutes. Ce chang:ment avoit déjà été fait à Paris par Rumilly , célèbre Horloger, peu de temps après la publication de l'inftru- nent de Changeux. Hemmer promet de faire graver les tables barométri- ques de Manheim & de Munich, où l'on obferve aufli un pareil baromé- rographe ; il fait des fouhaits pour que cet inftrument fe multiplie: il parle du froid extraordinaire qui a caraétérifé la fn de certe année & le com- imencement de la fuivante : j’en ai donné l’hiftaire dans ce journal (anr.1739, part. L, pag. 337); j'y ai joint une table très-ample de 6 degrés de froid, obfervés dans près de fepr endroits différens. La Société de Médecine de Paris avoit publié des queftions relatives aux effets de ce froid, j'en ai publié aufli au nom de la Société d'Agriculture de Laon ( Journal de Phy- Mque, ann. 1790, part. I, pag. 11). Ces queftions font prefqu'entière- ment reftées fans réponfe : on en trouve cependant dans le volume que j'extrais; elles font de Seignerre, Obfervateur de la Rochelle. Les détails dans lefquels il entre ne diffèrent prefque pas de ceux que j'ai donnés dans les Mémoires cités plus haur, foufdo parle sauf de lintenfité du froid à Pavie. $ L'été de 178$ a été remarquable par des tempêtes de grêle qui eurent lieu le 19 Juin à la Rochelle, le 20 & le 22 à Berlin & à Erford, le 20 à Niddelbourg & Saint-Pétersbourg , le 21 au mont Saint-Ondax , à Sainc- Gothard, à Munich, à Peilfanberg , à-Ratisbonne, à Sogan, à T'igerne, & le 21 à Bude & à Pavie. On fe fouvient encore de celle du 13 Juullec de la même année, qui fur fi univerfelle & fi dangereufe. J'en ai donné l'hiftoire dans le Journal de France , Août 1788, & Feuille Mineralopique de Juiller 1788 ). On trouve , dans ce volume , des obfervations faites pendant les quinze premiers jours du mois d’'Août 1783 , à Punah , ville d’Afie , par de Malavois , officier d'artillerie, Cette ville eft à 18° 24 de’ latitude boréale , & à 70° 55° de longirude à l’orient de Paris. La déclinaifon ‘occidentale de l’aiguille aimantés n’eft , à cette latitude , que de 12° oO! Hemmer obferva à Manheim, le 22 Oëtobre, une fuperbe aurore- boréale qui fur précédés & accompagnée d’une variation confidérable dans la ET D'HISTOIRE NATURELLE. 29 ; la déclinaifon de l'aiguille aimantée. ( Pareille obfervation a été faite à Peillenberg ). Elles font trop curieufes pour que je ne les donne point ici. Heure, min, déclin. heure. min. déclin. heure, min. déclin. D © 20°91: 9 “$$ 2003 10-47 “19° 52° 40 - 19 36 58 20 o Lpe20 03e 45 20 45 10 O 19 $0 AUTO NAS AS LOL 6. 19) 36 É 30 1936. ST1120) 9 DST 9), 42 Cette aurore-boréale ne fut prefque pas fenfible à Laon , où ij'étois alors; car je trouve fur mon journal , à la date du 22 octobre : Aurore boréale foupconnée. Elle fur obfervée aufli à Rome, à Erfort, à la Ro- chelle , à Marfeille, à Sagan , à Pérersbourg , à Genève , à Bude , à Paris , &c. FPT Pendant la durée du froïd rigoureux en décembre, l’éleétricité atmof- :_ phérique étroit très-forte : le Rhin commença à geler dès le 11, ce que l’on n’avoit jamais vu à pareille époque. Je donnerai l'extrait du volume fuivant , fi j'ai le bonheur de-le recevoir. . $ 27 pluviôfe, 2° année républicaine. nd $ 15 février 1774; vieux ftyle. Tome II. OCTOBRE, 1794 Pp .y4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, 1 Extraus & réfultars des, Obférvations faites. a LP Obférvatoire Méréorologique de Montmo renci , pendant l’année 1794, ère vulgaire ; par L. Coste, ObférvateurMinéralogifte. nes lampes er re Ex mea JOURS DELA THERMOMÈTRE. QuaNTiITSé |} M D FA 0 7 aa LMI | MOIS: À bus granle moindre plus grande | moindre CH AL EU K! MOYENNE. de d’éva- 4 chaleur. |. chaleur. chaleur. chaleur. AE TETE Tir. | du jour. pluie. poration, à. | ; | degrés, deg. deg. deg. deg. | deg, pou. di. pou. Janvier. 31 10 7:6 1653 0,3: 1,$ 0,2 0,5 1, 2,9 | O. Février. . 6 10,0 ei: 4,0 TR $,3 ses 1, 0,6 |[1. Mars... | 25.27.28 3 13,4 0,7 ! 4,0 10,2 6,6 6,9 SAN 6 Avril... 27 19 19,6 4,0 7,2 13,4 9,3 10,0 1.21:,3: || LbTI60 Mas 4 9 20,2 S ,2 8,3 13,1 9,5 10,3 2. 10,6 | 2. Ton: 23.30 27 22,7 8.7 11,6 18,3 13,4 14,4 O0. 9,10 | 3- Juillet... 18 3.22 : 2737 1E,0, | 14,2 22,9 17,2 18,1 1. 11,9 | $. 10,0 Aoùt.... 17 10.13 29. 22,$ 735 10,9 14,8 13,6 13,1 3e 15,0 | 3. Sepremb. 13 28 TB 7 2,0 CAMES 15,0 10,2 1152) OR DUC Octobre... II 21.24 16,2 1,$ 5,9 11,0 7:5 8,1 2e, 3,9 | 1. Noyemb. 6 19 14,0 7er 45 7:7 5,6 5,9 I. 2,6 | 0. Décemb. 6 2$ 754 10,2 , | -—)0,7 Si "0,2 0,6 0» 9,0 19: Année. Juin, | Décembre. 27,7 10,2 6,5 11,4 8,2 8,7 20. 17,1 |23. D CE re = a = JOURS DE LA Ur BAROMÈTRE. EE, TE MOIS. plus grande | moindre | plus grande | moindre ELEVATION MOYENNE. VENT. fe A : PRESS 414 : TR nr NE A, élévation. élévation. élévation. élévation. Du ETC PS Ti dihjour L Janvier. 20 2$ 18.5,48 | 26.8,$0 | 127.10,93| 27.10,94| 27.11,65| 27.11,17| N.-O. & N.-E. Février. . 8 23 2,95 | 27.6,20 10,62 10,4$ 10,76 10,6 S.-O. & ©. Mars... 21 2 2,53 6,90 11,40 11,24 11,31 DIRE N.-E. Avril. 2e 17 7 3:40 2,90 12,10 11,00 11,06 11,0$ N. & N.-E Mai... 16 9 4,25 5,92 10,61 10,51 10,69 10,60 N. Juin... Z à 7 2,70 8,05 11,20 11,0f 110$ 11,10 N.-E. & N Juillet... 9 22.24 1,33 7:48 11,14 10,93 11,0f 11,04 N.-O. Août... 12 1 1,85 7:18 10,59 10,18 10,64 10,50 N.-O. & O Septemb. 30 7 2,96 493 9:74 2:67 9,90 91,76| N. & S..O. Oétobre. 21 28 2,1$ 395$ 9:73 2,54 9577 9,68 N.-O. & O. Novemb, 10 20 0,81 1,34 8,92 8,83 9.04 8,93 M IS-O-O' TRE Décemb. 16 2$ 4,00 4,00 10,34 10,10 10,32 10,25 E.-N. & N.-E. Année, | 20 jours. | 2$ jours. | 28.$,48 À 26.8,50 127.10,52 | 27,10,381 27,10,60! 27.10,ç50| N.-N.-E. & N.-OM EE sx us ETES SE AE D VESSIE INTRA LT DR EE DS MOIS. Janviet. Février. Mars... Avril... Mai... Juin... Juillet. . Août... Seprem. O&ob.. Nov... Décem.. ES HERS Année. For of ds. Se 24 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 295 SAUPAIUTSE DE uE:AULT AB LE AIGUILLE AIMANTÉE. Réfultats de la table, 1°, L'hiver a été doux & humide, le printemps doux & fec , l'été chaud & ec, l'automne doux & humide. En général , l'année a été chaude & sèche, telle qu'ont été les années correfpondantes de Ja période lunaire de dix-neuf ans , en remontant jufqu’au commencement du fiècle. 2°. La chaleur moyenne a différée d’un degré de plus de celle de l’année dernière ; la plus grande chaleur a excédée de 0,4 degrés, & le plus grand froid a excédé aufli de 4,7 degrés, en les comparant avec les frimats extré- mes de l’année dernière. 3°. La plus grande élévation du baromèrre à excédée de 0,48 lignes, & la moindre à été de 3,177 lignes au-deffous de celle de l'année dernière. L'élévation moyenne a été plus grande de 0,17 lignes. Le mercure:a beau coup varié en janvier, feptembre , oétobre & novembre; en général ila été allez fixe, & n’a pas éprouvé d’aufliigrandes variations que les annéés précédentes. L’élévation moyenne du jour a été, comme on l’obferve ordi- naïrement , la moindre à midi , & la-plas grande à neuf ou dix heures du foir. Duluniftice auftral au luniftice boréal ; l'élévation moyenne du: baro- mètre a été de 27ypouces 10,54 lignes , & le vent dominant le noïd-oxeft. Du lunifice boréal au luniftice auftral, l'élévation moyenne a été de 275° L | : LME Pp 2 nombre | JOURS DE LA TN des jours plus grande |» moindre | plus grande | moinüre DECLINAISON MOYENNE. de RES FIRPI ASE » 1: gene © © D | v pluie. déclinaif. | déclin. déclin. déclin. {9h matin. ide TRE dutjour. pluie » to 1.6 LA l}6 ‘ #H\o ! No ! LA 22—28 137 |22, 27|22. 1$| 22.23.8 2223.37| 22:23.37| 22:23:27 | 12 fouvent. | fouvent. 36 21 26.41 27,26 27-19 27,8 11 I I1O411 $1 12 29.13 30,31 31:10 30,18 12 DS Nue Si 24 34,14 34:36 35 43 3450) 11 OT D Qt OO CAPE UN ECO OO) RO punis ete sta …..... 17 RD fes) Dh a néon: benoit le RES panne M LC AE R EL LS LASER PSN NS 7 9.10 T9: 49 9 32.54 33-37 35:48 33-13 1e 30 15.17.18 36 o 10.20 31.14 220 SITE (T4 11—14 6 36 16 26,48 29.58 29.39 28 47 13 1 AIT 33 18 23.8 23.35 23.12 2312 15 10.14.1$ 24 30/21. s1 16.36 16.46 16.39 19.5 14 2 $ 36|22. 6 20.54 22.10 22,0 20,58 a? mars. SL novemb. |22. s1}2I, 51} 22.25.21| 22:26,19 22,26,30 22,16 3 144. TEMPÉRATURE. Froide & hufide. Douce & humide. Douce & sèche. Idem. Froide & humide. Chaude , très-sèche, Très-chaud. , trèssec. Chaude & humide. Douce , aflez humid. Douce &-humide. Taem. Froide & Chaude & sèche, “ sèche. ,96 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE. 10,72 lignes, & les vents dominant l’eft-nord , nord-oueft & oueft , réful- tat conforme à celui que j'ai déjà obrenu d’un aflez grand nombre d'années d’obfervations. j 4°. L’aiguille aimantée à continuée de s’écarter d'avantage du nord vers l'oueft de midi à 2 heures, & à fe rapprocher du nord vers 8 heures du foir. Sa déclinaifon moyenne , annuelle , a été moindre de 7’ 48” que celle de l’année dernière. 5°. La quantité de pluie a été plus grande que celle de lPannée der- biere ; de 8,4 lignes. Le mois d'août eft celui qui a fourni plus d’eau, & les mois de juin & de décembre font ceux qui en ont fourni le moins. L'évaporation n’a été que de 2 lignes plus grande que celle de l’année der- es nière, 6°. Le nombre des jours 4eaux a été de 104, au lieu de 118 ( année moyenne) ; couverts, 133, au lieu de 153 ; de nuages , 128, au lieu de 94; de vent, 91, au lieu de 1123 de pluie , 131, égal à celui de l’année moyenne ; de neige, 13, au lieu de 15 ; de préle, 11 , au lieu de 13; de connerre , 31 , au lieu de 19; de brouillard, $7 , aulieu de 67 ; d’aurore- boreale , 2 , comme l’année dérnière , au lieu de 1 1. Ce phénomène conti- nue doïic d’être plus rare qu'a l'ordinaire. 7°. La récolte des blés à été aflez bonne : les gerbes rendent peu de grains, il eft petit, & il y en a eu beaucoup de germé. Celle du vin a été médiocre , mais il a de la qualité. Les foins ont été abondans. Il y a eu beaucoup de pèches & d’abricots , peu de fraifes & de prunes, & crès-peu de poires & de pommes. Les légumes ont affez bien réuflis. 8°. Nous n'avons point eu de maladies dominantes. 9°. L'année 1795 , relativement à la période lunaire de 19 ans , répond aux années 1700, 1719, 1738 , 1757 & 1776. Il réfulre de l'examen que j'ai fait de la température de ces différentes années , que année 1795 doir être encore chaude & sèche , comme les deux années précédentes. Je ne parle que de la température générale de l’annéé , celle qui influe fur les produétios de la terre, 11 ne nous eft pas encore poflible de prévoir Jes températures extrèmes de chaleur & de froid , dont les caufes particu- hières ne nous font pas connues. Tel a été, par exemple, le froid rigou- reux du 7 janviér 1776 ; année correfpondante à 1795. ( Voyez l’hiftoire de cet hiver , que j'ai donné dans le Journal de Phyfique ; année 1776, tome le", page 325 ). Telle a été aufli la neige abondante tombée à la fin de 1783 , à la fuite des brouillards fecs qui avoient régnés l’été précédent ; le froid de 1788 à 1789, les chaleurs exceflives de 1793, &c. Je mers donc à part toutes ces températures extraordinaires, & je ne parle que de la température générale qui caraétérife ane année comme froide ou chaude, sèche ou humide. Moore $ 16 Nivôle , an 3° de la république. $ Janvier 1795, vieux ftyle. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 297 DISSERTATION SUR La préparation à l’ufage chimique & médicinal du - Muriate de baryte ; Par J.B. Vax-Mons , Affocié de l’Inflitut National des Sciences & Arts de France, Membre de la Société de Médecine : de Chirurgie & de Pharmacie établie à Bruxelles. S. 1er PB, R muriate de baryte , nous entendons la préparation que l'oh fait en combinant la terre barytique avec l'acide murlatique. On l'ap- pelle aufli baryte murlatique , terre pefante faline, {el maiin de terre GI, pefante. Ce fel n’a d’abord été employé par les Chimiftes que comme réactif, pour découvrir la plus petite portion d'acide fulfurique qui fe troûveroic dans une diffolution quelconque, Crawford l’emploie (1)en médecine dans les affections fcrophuleufes, Ses AE, La terre-qui fait la bafe de muriate de baryte n’eft connue que depuis environ vingt ans. Ce fut Scheele qui la découvrit (2) en cherchant ja nature de la manganèfe. Gahn reconnu enfuite quelle étoit la bafe du fpath pe- fanc, ou fulfate de baryte. $. IV. La terre baryrique diffère des autres terres , princiaplement par fa grande ? (x) Medical communications. Year, 1790. ( Février 1790), vol. Il, pag. 301. In the medicinal propriertis of muriated baryres. Duncal medical comment. Dec. 2 , vol, IV, pag. 433 , même année , & z4ïd, anrée 1792 , vol. VI. (2) Opufcules phyfiques & chimiques. 298 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pefanteur , par fa facilité de criflallifer feule , par fon affinité avec tous les acides, & particulièrement avec l'acide fulfurique, par les différens #:ls qu'elle forme avec les acides. $. V. La Nature ne nous a encore montrée cette terre que fous deux formes ; . combinée avec l'acide fulfurique; 2°. combinée avec l'acide carbonique, & formant le carbonate nauf de baryre , lequel Werner a appellé whiterie, du nom du Doéteur Wichering , qui l’a découverte. ( Tranfaët. philofoph. , vol. 74). Comme cette dernière fubftance eft fort rare , nous ne parlerons que de la première, SAAMVAE Ô 1 Le fulfate de baryte natif eft prefque toujours criftallifé : il fe trouve quelquefois en mafles féparées ; mais il accompagne ordinairement les filons métalliques. Sa pefanteur eft quatre fois plus confidérable que celle de l’eau. La forme des criftaux eft quelquefois aifez difficile à reconnoître. Sa couleur naturelle eft bleuâtre: il eft fouvent mélangé avec des fubftan- ces hétérogènes, qui le colorent en jaune, en verd, en rouge, en cendré & diverfes autres couleurs. Sa dureté n’eft pas allez confidérable pour faire feu avec l'acier, SONIA Le fulfate de baryte eft fouvent fouillé par des fubftances métalliques. Pour les féparer , on le calcine, afin d’oxider les métaux , & on les fait bouillir dans du fulfure liquide de potafle , qui diffout les fubftances mé- talliques. On peut encore le mélanger avec l’acide nitro muriatique. Si cet acide ne diflout pas toutes les fubftances métalliques, on aioure de l'acide muriatique. La magnéfie, la chaux & l’alumine font des fels déliquefcens avec l’acide muriatique , lefquels , par conféquent, ne peuvent nuire dans la criftallifation du muriate de baryre. La partie filiceufe eft diffoute par la partie de l’alkali qui eft rendue cauftique lors de la fufion. La frontiane ne fe fépare que la dernière des criftaux du muriate de baryte, & il faut beaucoup de précaution. Lorfqu'on a aïinfi purifié la terre barytique , on la lave & on la defsèche, S\V 1 LT. Margraff eft le premier qui ait décompofé le fulfate de baryte , en le traitant avec l'alkali fixe; mais il n'a pas connu la terre qu'il en ob- fenoit, all uY ET D'HISTOIRE NATURELLE. 299 (MES € Beroman féparoit la baryte de l'acide fulfurique, en calcinant le fpath efant dans un creufet couvert , & le mélangeant avec poids égal de char- fe pulvérifé & d’alkali Gxe. Cette méthode feroit la meilleure , s’il n'avoit pas jeté la maffe entière dans l'acide nitrique , fans lavoir lavée : il arriva que le carbonate de baryte, décompofé, parut acide | décompofa enfuite le fulfare de porafle , & qu'il fe forma un nouveau fulfare de baryte. Nous devons d’autant plus être furpris de ce procédé de Bergman, qu’il avoue lui-même qu'il fe reforme du fulfare de baryte, & qu'après l'opération on trouve tout le fpath recompofé, SR Scheele pulvérifoit le fpath pefant , le méloit avec le double de fon poids de charbon, & le foumerroit au feu. La malle calcinée , il la faifoit difloudre dans l'acide muriatique, & la précipitoit par l’alkali. IL répétoit céte opération jufqu'à ce que tout le fpath für décompofé. Cette opération eft longue & coûteufe. (SES à Guyton propofe de calciner le fpath avec le charbon , de diffoudre la malle dans l'acide acéteus , & de précipiter enfuite par la potalfe. SX Len VWoulfe, Wiegleb , Gætrling, Hoffinan , Buchoz, Weftrumb , Kaf- teleyr, Schmidt, Vander-Kolk , Pererman , Lehornardi, & tous les Chi- miftes modernes prefcrivent de fondre le fpath -pefant avec une plus ou moins grande quantité d’alkali, .HTUELE Crawford , pour préparer le mutiate de baryte , commence par traiter le fpath pefant à la manière de Bergman ou de Scheele ; il le fait difloudre dans une fufhifante quantité d'acide muriatique ; il précipite tout ce qui pourroit s’y trouver d’hétérogène , par le moyen de la vérre barytique cauf- tique. Il fature enfuite l’excès de cette terre par un nouvel acide. Il con- ferve la liqueur fans la faire cniftallifer. Si Auteur ne s’eft pas trompé dans la defcription qu'il donne de ce procédé, on concevra difhicilement qu'un homme aufli habile en chimie & en pharmacie ait pu employer une 300 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mérhode fi incertaine. Peut-être s’eftil fetvi d'un acide qui étoit concentré; & dans ce cas il a dû perdre la partie la plus pure de fon fel, qui n’a pu fe difloudré dans une liqueur aufli concentrée. SL MT EVE J'ai dit ($. IX ) que la méthode de Bergman devoit être préférée à toures les autres , & cela, parce qu'il ajoute du charbon à fon alkali. Il eft à croire que le Profeffeur d’'Upfal avoit un but différent de celui que je crois qu'il a obtenu. Il n’ajoutoit du charbon que parce qu'il croyoit que le phlogiftique qu'il contenoit, faivant lui , avoir plus d’aflinité avec l'acide fulfarique , que n’en avoit la terre pefante. Mais quel qu'ait été fon raifon- nement , il eft certain que le charbon fépare la terre pefante de fon acide, & décompofe le fulfate de baryte, ANSE A Un autre ufage du charbon , dans cette opération , eft qu'il fépare de la terre pefante toutes les fubltances métalliques qui pourroienc s'y trouver mélangées ; & dans ce cas , il n’eft pas befoin de purifier la terre pefante , comme je l'ai confeillé ($. VII). Le foufre qui elt produit par la défoxi- gènation de l'acide fulfurique ; s'unic avec l’alkahi, & forme un fulfure alkalin qui diffour les fubftances métalliques ; car les métaux fonc toujours défoxidés par le charbon. KR On a encore , par ce procédé , l’avantage de pouvoir employer l’alkali commun, c’eft-à-dire , qui n’eft pas entièrement faturé d’acide carbonique , parce que la portion de cet acide, qui eft formée par la combuftion du charbon , fufhit pour faturer l’alkali ; & toute la portion d'acide que la cal- cination enlève à la potafle lui eft rendue de cette manière. Le charbon rend à la baryte précipitée tout l'acide carbonique qu'elle avoit perdue. Enfin , le charbon fépare la terre pefante de l'acide fulfurique en le défo- xigénant, SAR VIE LT: Quelques Chimiftes penfant fauffement que les corps , dans l'attraction de compofition & d’agarégarion , agifloient en raifon des mafles , ont cru accélérer la décompofition du fulfate de baryte en ajoutant beaucoup d’alkali pour faturer lacide fulfurique, On diftingue fur-tout Weftrumb , qui n’a as craint de mettre 0,75 de potafle pour 0,25 de fulfae de baryte,. Mais ils fe font trompés , puifque plus de la moité de l'alkali qu'ils employoient étoic ET D'HISTOLDRE NATURELLE. 504 éroit cauftique, & qu'il ont oublié que Ja potalfe n’agifloit fur le fulfare de baryte que par le concours de l'acide carbonique , & que la décompoftion de ce fulfare fe failoit par une double affinité. D'ailleurs l’action du feu dépouille fans ceffe_ lalkali de fon acide carbonique, ce qui affoiblit fon action fur le fulfare de baryte. J'ai fait une obfervation fut l'origine de ce fulfare de baryte ; favoir, qu'il n’eft pas toujours un réfidu de, fulfate de baryte non décompofe , mais que le plus fonvent il eft un produit nouveau. La baryte cauftique agit fur le fulfure. de potafle , le décompofe , & en forme du fulfate de baryte. C’eft ce que j'ai prouvé par les expériences fuivantes, (RQ A 0 J'ai foumis à un feu violent, pendant huit heures, un mélange de deux onces de fulfate de baryte, & autant de potalle faturée. La matière seit fort gonflée en fondant ,; & il s’en eft dégagé beaucoup d'air. Aufli-tor que la matière s’eft affaiflée , je l’ai retirée , & l'ai lavée dans l'acide ni- tique } quin’en n'a diflout que le 0,12 ; ce qui démontre que la terre barytique , féparée, s’étoit prefque toute recombinée avec l'acide falfurique. J'ai retiré dela mafle l’alkali cauftique, & en opérant à ‘la manière ordi- naïre ; il y a eu o,1$ de perte dans la matière chauffée jufqu’a la fufion. KE an 1.4 J'ai calculé le fpath pefant , réduit en poudre, avec le carbonate de po- tasse, fuivant la méthode de Wiegleb ; la mafle fondue & lavée ne préfen- toit qu'une poudre fubtile , ce qui m'a fait conclure que c’étoit du fpath pefant régénéré. On obferve aufli que la maffe jetée dans l’eau s’y échauffe plus que ne le fait l’alkali cauftique. Le dégagement de chaleur vient fans doute de la baryte cauftique. $. X X. J'ai pris cette poudre calcinée & paffée à travers un tamis:la moitié a été mife dans une bouteille remplie d'acide carbonique ; 1l y a eu grande abforption de ce gaz. J'ai enfuie lavé l’une & l'autie portion , & j'ai obfervé que celle qui avoit été en contaét avec l'acide carbonique, laiffoit un réfidu de o,25 plus confidérable que l'autre. CRE Je propofe deux méthodes pour préparer le muriate de baryte. La pre- mière eft , lorfqu'on opère fur du fpath pefant pur ; la feconde eft , lorfque cette fubftance eft fouullée par des parties métalliques, Tome II -OCTOBRE, 1794. Qq ss JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE SR RrE | Je mélange avec 0,25 d'eau, parties égales de fpath pefant réduit er poudte ; & delcarbonate de potalfe faturée. Ce mélangé eff mis dans un creufer de terre, & chauffé jufqu'a ce qu'il fonde. On retire aufli-tôt le creufer du fourhean, & la malle refrdidié, on la pulvérife & on la jetre dans l'eau. Lé réfidu de la mañle eft mis dans deux fois fon poids d’eau de pluie : on fait bouillir , & on y ajoute de Pacide muriatique très-pur , juf- qu'à ce qu'il n'y ait plus d’effervefcence. On filtre la liqueur , &' on fait criftallifer. On peut accélérer la criftallifation, en chauffant toujours la liqueur, & en y ajoutant quelques criftaux de muriate de baryre. SD DEN La feconde opérauon confifte à calciner un mélange de parties égales. de. fpath-pefant & de potaffe réduite en poudre , avec 0,07 de pouffière de charbon. Aufli-tôt que la matière conunence à rougit , on la retire du feu, & dès qu'elle eft refroïdie , on la lave dans l’eau. Enfuite on la fait bouillir - avec une petite quantité d'alkali, pour en ôter le foufre qui lui eft mélangé, Ceci étant fair , on la lave dans l’eau chaude, on la farure d'acide muria- tique , & on faic criftallifer. SE dE à da à 11 faut réduire en poudre la maffe calcinée:, autrément l'eau à peine à la pénétrer. SR. D L'acide muriatique qu'on emploïe doit avoir palfé fur du muriate de foude, pour le dépouiller de toute portion d'acide fulfarique qu'il pourroit contenir , car autrement il fe reproduiroit.du fpath pefant. XX VLE On doit bien laver le mariate de barÿte , de peur qu'il ne lui refte adhérent des portions de fulfare de potalfe , qui, en décompofant le mu- riate , tégénéreroient du fulfate de baryte. S XIROPAT J'ai prefcrit de prendre de la potafle vulgaire , 1°. parce que fa partie cauftique eft farurée d'acide carbonique ; ‘qui éff fourni par le charbon; 2°, cette partie cauftique eft nécefäire pour former du fulfure. J'ai prefque toujours eu du foufre fublimé ; lorfque je me fervois de carbonate de poralle. ET D'HISTOIRE INATURELLLE. + ‘yo; STEX VITE Si on craint que dans la diffolution du muriate de baryte il ne s’y trouve mélangé quelque terre hétérogène ou des méraux , il fufira d’y ajouter du carbonate de baryre , ou à fon défaut, on y verfera quelques gouttes de carbonate de potafle , jufqu'à ce que la terre barytique elle-même com- mence à fe précipiter; car certe terre ayant plus d’affinité avec cer acide que les autres rerres & les métaux , on fera pour lors affuré qu'il n'y ena aucun, : Ce Ro J'ai dit qu'il n'y avoit aucune terre auffi difficile à fépater de la batyre., que la ftrontiane : elle a à peu-près la même aMiniré avec les acides. Elle a cependant une qualité particulière, elle exige moins de criftallifarion, Par conféquént le muriate de ftrontiane criftallife le dernier. On diftingue faci- lement ces deux fels par la forme de leurs criftaux, car le premier à la forme de table quarrée , & le feconid 4 une figure rayonnée (1). $) XX X. Le muriate de baryte n’avoit été employé jufqu'ici que comme réa@if dans les opérations de chimie, La terre barytique a une plus grande affinité avec l'acide fulfurique, qu'aucune autre terre ou métal, En verfant quel- ques gouttes de muriate de baryÿte dans une liqueur où on foupçonne cer acide, on a toujours un précipité , parce qu'il y à du falfate de baryte régé- néré , & il eft infoluble, Bergman , par ce procédé , a découvert un 0,0004 de falfate de foude. On peut donc fe fervir de ce muriate , foir pour décou- vrir l'acide fulfurique , foir pour le précipiter s’il incommode. | Lorfqu'on veut fe fervir de ce réactif, il faut étendre de beaucoup d’eau la fubftance qu'on veut effayer, parce que d’autres acides y caufent aufli un précipité , l'acide oxalique , par exemple; mais l'oxalate de baryte fe diflout dans vingt parties d’eau. : (x) Vauquelin , très-célèbre Chimifte , a imaginé une nouvelle méthode pour obte- nir la baryte cauftique. Il forme du nitrate de baryte qu'il expofe au feu pour décom- pofer l'acide. La baryte demeure pure ; fa couleur eft grile. Elle s'échauffe beaucoup à l'air , & fe gonfle dans l'eau, & enfin prend de la confiftauce. Si vous vous fervez , pour préparer le muriate de baryte , de cette terre cauflique , au lieu de carbonate de baryte , ne le faturez pas direétement d'acide muriatique , mais décompofez-en le mu- riate de foude. Le muriate de baryte criftallife | & l'alkali féparé demeure à l'état de caufticité. On le fera criftallifer en ajoutant de l'acide carboniqüe. Ce nouveau procédé eft plus économique. [ Cette note a êté ajoutée après la leékure de la differsarion 1. ot ÿ 304 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE EL M ÉRT 11 paroïr cependant que le muriare de baryte n’eft pas le meilleur réaétit qu’on puille employer pour découvrir l'acide fulfurique. Guyton n'a écrit dernièrement pour m'en indiquer un meilleur, en ce qu'il ne précipite pas feulement l'acide fulfurique , mais encore la bafe que cer acide diffour. Ce nouveau réadtif eft une eau acidule de carbonate de baryte , où ce carbo- bonate diffout dans ün excès! d'acide caïbonique. Cette éau , fuivant fon célèbre inventeur , tient en diffolution une plus grande quantité de baryte, & elle y eft fi abondante, que quelques goutres décèlent aufli-tèr l'acide fulfurique ,. par exemple, dans les eanx félénireufes. © IlLy auroir encore un autre réadf préférable à celui-ci. Ce feroit une dif- folution de baryte cauftique dans l’eau; mais il faudroit que la chimie püc nous fournir un muriate plus commode pour avoir cette terre cauftique. ad a Crawford, comme nous l'avons dit ($. II), eft le premier qui a re- connu les propriétés du muriate de baryte pour guérir les affections fcro- phuleufes. Hamilton , Ferrare , Bell , Hufcland'; Goerling , Bucholz , Arnemann, Klohs , Grenn ,Berniga , Althof, Gmelin , & plufieurs autres, tant Médecins que Chirurgiens , ont obtenus avec ce fel des effers très- heureux dans les maladies fcrophuleufes, les obftructions des glandes, les éruptions cutanées , la teigne de la tête, les ulcèrés qui demeurent après la inaladie vénérienne , les obftructions du bas - ventre, les maladies vermi- neufes , & dans tous les cas où ôn prefcrit des remèdes fondans & incififs. La manière de l'employer eft de donner:trois fois par jour , vingr, trente ou quarante gouttes de muriate de baryte diffout dans feize parties d'eau: La dofe varie fuivant l’âge & les forces du malade, On lave auffi les parties aHeckées avec cette mème eau ; qu'on rend plus où moins. active. : É ET D'HISTOIRE NATURELLE. 305 ST TT en TT PPS RSA PET TER qu MÉMOIRE (#7) SUR la fabrication des Cendres gravelées avec les lies de vin. Par Pasor DescHARrMESs, ci-devant Infpeiteur du Commerce. Re D. ns la crainte de voir les ateliers de falpètre dépourvus d’alkali vé- gétal, je vais préfenter un moyen aufli fimple que peu difpendieux pour leur en procurer ; je veux parler de la fabrication des cendres dites grave- lées. Voici en quoi elle confifte, & telle que je l'ai pratiquée pour ali- menter une falpêtrière que j'avois élévée dans le département de la Cote-d'Or. Sous la hotte d’une cheminée de cuifine ou de boulangerie, & d'un jambage à l’autre , à la diftance de 18 à 20 pouces de la muraille ou du contre-cœur , felon l'ouverture du tuyau de la cheminée , on établit un grillage formé de barreaux d'un pouce carré, & éloignés entr'eux d'un pouce & demi environ. Ce grillage , élevé au-deflus de lâtre de 18 pouces au moins, porte en avant un petit mur de l’épailleur d’une brique , &c conftruit à claire voie ,' à-peu-près comme les coulées d’un Plombier. Au lieu de ce mut , on peut fubftituer un grillage femblable à celui du fond. Ce mur ou grillage peut avoir 24 pouces de hauteur. L'intérieur de cette efpèce de fourneau eft donc rempli de lies de vin preflées , sèches on vertes; ces dermières font à préférer, puifque la gravelle qui en provient eft beaucoup plus belle; on mer enfuite le feu aux pailles ou menus. bois qui font fous la lie. Le feu ne tarde pas à en pénétrer la malle, & dans moins d’un quart-d’heure , la flamme a bientôt gagné les couches fupérieures , que lon a foin de charger fuccefivemenr de nouvelles lies à fur & mefiue que celles brülées tombent, en s’affaiffant fur le pavé de l'âtre. Celle tombée, & non entièrement confumée, qui ef. encore brune ou noirâtre dans {à fraction ; eft reimife de fuite fur le, fourneau. Toutefois on a foin de dégager de remps à autre la grille avec un crochet , afin de favorifer la combuftion dès différenres*couches de lies. (x) Ce Mémoire a été remis le 22 Vendémiaire , an 3 , au comité de Commerce & des Approvifonnemens , & à la commiflion d'Agriculture & des Arts. 306 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Au lieu de brüler les lies dans un fourneau tel que je viens de l’indi- quer , l’on peut , avec non moins d'avantage, fe fervir d’un four tout en maçonnerie , & conftruir en forme de tour creufe , au bas de laquelle on met quelques fagots que l’on allume, après avoir rempli dekes fraîches , mêlées de sèches , ou feulement de celles fraîches , une partie de la capacité de ce fourneau. Les lies trop sèches font trempées un jour d'avance, afin qu'elles foient fenfiblement hamides. On les jette enfuite fucceflivement par le haut de la tour, & on entretient ainfide feu jufqu'à ce qu'on ait épuifé toutes les lies. On les laiffe ainfi fe confumer & fe cuire pendant quelques jours , & lorfque le fourneau eft froid , on les retire par une porte, au bas de la tour. 11 eft bon d’obferver que ces fortes de fourneaux doivent être établis dans un endroit fpacieux , à caufe des dangers du feu & de l’incommodité de la fumée , qui ett très-confidérable. La lie ainfi brülée , renvoie une flamme légère, très-longue & nuancée de diverfes couleurs. On peut s’en fervir avec avantage fous des fourneaux, en place de bois , où mêlée avec lui. C Une barique ou pièce & demie de cendres gravelées pefant net 260 livres environ , eft le produit par jour , avec un feul homme, de la combuftion de fix à fept bariques où pièces de lies de vin bien defféchées dans' un fourneau à grillage établi fous une cheminée , & dont les proportions font en profondeur de 20 à 24 pouces fur 18 pouces de largeur & 8 pieds de longueur; on les remplit quatre fois par jour , après en avoir chaque fois remué la lie pardeflus & en face, avec une fourche de fer & avec un crochet du côté de l’âtre ; c'eft d’ailleurs le feul moyen de l'empêcher de s’entafler trop, & de favorifer les courans d’air. Moyennant quelqu’attention , on peut brûler ainfi de cinquante-cinq à foixante bariques en fix jours, fans être obligé de paffer la nuit. La même quantité eft brülée en trois jours & deux nuits dans le fourneau rond décrit ci-deflus, & dans la proportion de s pieds de diamètre. La bonne cendre gravelée, celle qui provient des lies rouges , contient au moins de 70 à 80 livres de fel alkali végétal par quintal , lorfqu’elle a été bien foignée ; celle faire avec de la lie blanche., quoique pilée à la groffeur de la cendrée de plomb , & diffoute à l'eau chaude, ne donne pas plus de 45 à 50 livres d’alkali, En général , lorfque la cendre à acquife au feu une couleur verte ou bleue , & qu'elle eft lésère ou fonore , elle eft de bonne qualité; mais il eft rare de trouver une fournée toute de la même couleur , il faut avoir foiti de rejerter celle qui eft trop cuite ou brûlée , & qui reffemble en quelque forte à des fcories de mâche-fer par fa couleur noire & fa dureté. Non-feulement cette cendre eft très-difficile à piler, mais mème elle eft infiniment terreufe , par conféquent très - peu difloluble. Les Teïnturiers, les Blanchiffeurs , les Fayanciers , les Chamoifeurs, les PT ELND'AISTOIRE "NA TUR'ELL IE: 307 Verriers & autres Artiftes qui recherchent cette matière, s’attachent par- ticulièrement à celle qui eft tout à-la-fois légère , fpongieufe & de couleur verdâtre & bleuâtre , ou qui , dans fa fraéture, ne laïlle appercevoir aucune trace d’un commencement de vitrifcation , fuite néceflaire de la trop grande ation du feu. D'après ces diverfes données , il eft donc facile de concevoir la quantité immenfe de cendres gravelées èue la nation peut fe procurer dans tous les pays vignobles , dûr-elle fe contenter , pour approvifionner fes ateliers de falpêtre , des lies échauffées que rejettent ordinairement & vendent à “bas prix les Chapeliers, &c.; mais ce qui lui importe fur-tout , c’eft de n'être pas expofé à la privation d’une branche auñli effentielle de commerce, en Jaïffant enlever joutnellement & ainfi qu'il fe pratique aujourd’hui , des pays où l’on s'occupe fpécialement de cette induftrie , une grande partie des vins fur leurs lies ou non foutirés, pour les tranfporter enfuite dans les différens territoires de la France où lon n’eft pas dans l’ufage de brüler les lies ou de les confommer en aucune façon , ou au moins avec avantage. EXP ÉdOR: 1 :E :N:C'E SUR la Combuftion du Diamant. Par TENNANT, Membre de la Société Royale de Londres. ÆE NÉNTIERN VAUT: TE C E célèbre Chimifte prend un tube d’or , fermé d’un côté & ouvert de l'autre : il met au fond une demi-once de nitte, & un quarantième d’once de poudre de diamant; il expofe enfuite ce tube au feu. L'air qui fe dé- gage eft reçu dans une veflie attachée à l’exrrémié du tube. L'expérience finie , le diamant a difparu en totalité ou en partie. L'air qui à paflé dans la veñie eft compofé, 1°. d’une partie d’oxigène ; 1°. d'azote ; 3°. d'acide carbonique. L’acide nitrique eft décompofé , & l’alkali eft uni à l'acide carbonique. pe La totalité de l'acide carbonique obtenu, eft égale à celle que donneroit une quantité de charbon égale en poids à celui du diamant. 308 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Cet acide carbonique eft formé de l’oxigène dégagé de l'acide nitrique ; & d’un principe fourni par le diamant. L’azote eft aufli fourni par l'acide nitrique. D'ENSUICE RPATAPCE T AD EN D'unNr Geffè inédite. Par Wiiremert, Profeffeur de Botanique à la Sociéré de Médecine & à l’Ecole centrale du Département de la Meurthe. Geffe recourbée ( Lathyrus incurvus) ; Fleurs axillaires , Fefliles , Rouges, Purpurines ; Feuilles aflées , Folioles ovales , Lancéolées , Vrilles crifides accrochantes. [De reçu la femence de cette belle plante papillionacée inédite d’un Botamifte Danois , fous le nom de Larhyrus incurvus Rorhii. Je l'ai enfe- mencée fur couche chaude, vers la fin de Germinal, an 3 ; mife en pot ; quelques mois après, elle à pris peu d’accroiffement ; l'année fuivante, elle en a prife affez, & s’eft multipliée par les tiges fuffifamment, pour être partagé en deux pots; la troifième année elle vient de produire d:s fleurs. Son port & fes fleurs offrent platôt la phyfionomie d’une vefce. Comme je n’ai pas trouvé cette plante décrite nulle part ; je vais Le faire d’après l’infpection la plus exacte. La geffe recourbée a fes tiges anguleufes, glabres , hautes ; fes feuilles font alrernes , tantôt compoñées de quatre , de huit, de dix ou douze folioles ; fouvent ovales , lancéolées, quelquefois linéaires, terminées par une vrille trifide , très-accrochante. Les ftipules font étroites , dentées, femi-lunaires ; celles qui accompa- gnent la fleur offre une tache noire , femblable à celle de la vefce cultivée , tandis que les inférieures font entièrement vertes. Ses fleurs font folitaires , axillaires , fans péduncules ; leur étendard eft cordiforme, ample , relevé, rougeatre, la carène d’un rouge foncé ; les gouffes font compriméss , longues , acuminées, renferment fix à huit graines noires. Le calice eft monophile, campanulé , divifé profondément en cinq dé- coupures pointues. Cette x SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. cs Cette plante eft vivace ; gardée l'hiver dans une orangerie , fes feuilles perfiftent et né tombent pas. Je ne connois pas fa parrie. S'il étoit poffible de la propager en grand, elle donneroït une excellente nourriture pour le bétail. Sa femence pourroit fervir en Pharmacie. Jeune, fes tiges naïffantes font lécèrement courbées; c’eft fans doute cet afpeét qui la fait dénommer ainf par Roth, favant Botanifte allemand , auteur de plufieurs ouvrages dé Botanique , notamment d’une Flore Germanique, très-eftimée dans le Nord. 3 Q'B' SRE R.M:A:T I O: N.S ° Sur les Aimans naturels. Por ANA Exrrait du Bulletin de la Societé Philomatique. L Es minéralogiftes ont regardé comme une efpèce particulière de mine de fer, qu'ils ont nommée aimant, telle qui a les deux pôles magné- tiques. SE : Delarbre annonça, en 1786, que les fers fpéculaires de Valois, du Puy-de-Dôme et du Mont-d'Or, avoient deux pôles bien marqués {1). Une obfervation femblable fut faite sur un criftal oétaèdre de fer de Suède ou de quelqu’autre endroit (2). Mais il reftoit un fujet de furprife, à la vue de tant d’autres corps, qui, renfermant une certaine quantité de fer à l’étac métallique, avoient fejourné fi long-temps dans le fein de la terre, (1) Journ. de Phyfique, même année, Août, pag. 1, 9 & fuiv. Romé de l'Ifle avoit déjà dit la même chofe, par rapport à une mine de fer fpéculaire de Philadelphie. Criftall. Tom. 3, pag. 187, note 35. j (2) Girod Chantrans avoit aufi reconnu , il y a plufeurs années, la vertu magnétique dans des petits fragmens de plufieurs efpèces de mines en grains, de la ci-devant province de Franche-Comté, dans la mine de fer octaèdre de ifle de Corfe, & dans'un fable ferrugineux qu'il avoit rapporté de Saint-Domingue, & il a penfé, d’après ces obfervations, qu'il communiquoit à la Société dans une lettre, que la vertu magnétique étoït beaucoup plus répandue qu’on ne le croit communément, L. €, Tome II OCTOBRE, 1794. Rr » 50 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fans paroître avoir participé à laétion qui avoit converti les autres em aimans, ; ” Hauy a entrepris, tout récemment , de faire des expériences pour éclaircir ce point de physique. Mais en employant un barreau d’une certaine force , comme on le fait communément, pour éprouver le magnétifme des mines de fer, il pourroit arriver que des corps qui ne feroient que de foibles aimans | attiraflent indifféremment les deux pôles du barreau, parce que dans le cas où l'on préfenceroit, par exemple, le pôle boréal du corps fourmis à l'expérience, au pôle boréal du barreau, la force de celui-ci pourroit détruire le magnétifme de l’autre, et de plus le faire paller à l'état contraire, ce qui changeroit la répullfion en attraétion. 1 prit donc une aiguille, qui n’avoit qu'un aflez léger degré de vertu, femblable à celles dont'on garnit les petites bouffoles-à cadrans, Dès cet inftant tour devint aimant entre fes mains. Les criftaux de l'ifle d'Elbe , ceux dw Dauphiné, de Framont, de l’ifle de Corfe, &c. repoufloient un des pôles de la petite aiguille par le même point qui attiroit le pôle oppofé. Il vint à l'idée de ce Phyfcien, qu'il pourroit fe faire qu’un criftal, à l’état d'aimant, parût, en conféquence de cet érat même, n'avoir aucune action fur un autre aimant. Pour vérifier cette conjecture , il fubftitua à l'aiguille le barreau dont on fe fert ordinairement , et préfenta à l’un des pôles de ce barreau un ‘criftal de l'ifle d'Elbe, par le pôle du même nom, Le barréau n'ayant à-peu-près que la force néceffaire pour détruire le magnétifime du pôle qu'on lui préfentoit, 1l n'y eut ni attraction, ni répullion fenfible de ce côté, randis que le même pôle du criftal préfenté à l’autre pôle du barreau faifoir mouvoir celui-ci: On voit par-là, qu'en fe bornant à une feule obfervation , on pourroit en tirer une conclufon très-oppofée à la vérité. di H reftoir à difliper une petite incertitude relativement aux réfulrats que l'on vient d’énoncer. Lorfqu'on préfente un morceau de fer non aimanté, par exemple une clef, dans une pofition verticale ou à-peu-près, au pôle cftral d'aneaiguille aimantée, ce pôle: efb toujours. repouflé par le-bout inférieur de latclef,! tandis que le même boutiattite :le. pôle boréal (}s C’eft l’effer du magnétifme que l’aétion du globe terreftre communique à clef, er qui eft fi fugif, quefi l'on renverfe” la pofition de Ha clef, (1) Je fuppofe ici que lobfervation fe faffe dans nos conttées. De plus , j'appelle pôle aufiral, celui, qui regarde le nord , et pôle boréal celui qui regarde le midi. Ces dénominations font fondées fur ce, que le. premier, qAe exemple ; .de ces deux pôles et dans L'état. centraire 4 celui du pôle de notre globe fitué dans la partie du. nord. Qr, ec pole étant le véritable pole-bo1éal dy globe, il en réfulte que le pôle de l'ajeuille qui,eff, toyrnée vers Jui ef. réellemens Je pole auftral de cette aiguille. Le mène railonnément sjappliquea l'antre pole dejlaisuille, (Hogex Les Iccohs de l'Ecole, à ale, Tome VI, pag. 192 €t 193). (More de l'auteur). Norn ET D'HISTOIRE NATURELLE. à l'inffant les effets contraires auront lien. Mais on ne pouvoit pas dire que les criftaux foumis à l'expérience fuffent dans la même circonftance que ceire clef, foit parce que leur a@ion étoir conftanre, quelle que fùc la polition qu'on leur donnoit, foi parce qu'il s'en trouvoit dont l'extré- mité anférieure repoufloit le pôle boréal de l'aiguille er attiroit fon pôle auftral. Ces obfervations font fi fimples & fi faciles à faire, que fi elle peuvent avoir quelqu'intérét, c’elt uniquement parce qu’elles fervent à générali un. fait dont on avoit jufqu'ici reflerré lexifence dans des limites tron étroites. 1] en réfalre-que tous les morceaux de fer enfouis dans la terre, qui n'abondent pas,trop en oxigène, on du moins la trés-orande partie, font des atimans naturels, qui feulèment varient par leur degré de force. ÆEn conféquence, l’aimant ne doit,pas former une clafle à paît en miné- ralopie ;.mais il conviendra d'indiquer, par voie d’annotation , les variérés donr les forces aimantaires agiflent avec le plus d'énergie. I fera bon auf d'ajouter, dans le néceffaire duNaruralifte, une petite aiguille d'une foible vertu, au barreau ou à la grande aiguille dont on fait communément ufage pour eflayer le magnétifme du fer. 3Lt üaQ © @ _ Eo = =] m1 OBS ER VA TION S Sur une Charrue, dont le fep.eft bifurqué & armé de deux OCS: Par: CH. COQUEBERT. R Extrait du Bulletin de la Société Philomatique. L: charrue tepréfentée dans la fig. 1 de la planche ci-jointe, eft en ufage dans la Prufle, la Livonie, l’Efthonie, la Finlande. On la nomme en Finlande Shara , en Prufle Srapourr. Elle paroît être originaire de l'intérieur de l’Afie Septentrionale, d’où lon croit que font fortis aufli ceux des peuples de l’Ecoile, parmi lefquels -on la trouve établie. Une charrue analogue s'eft trouvée mème parmi des modèles d’inftrumens aratoires venus de la Chine. Ce n’eft pas la feule -eccafon dans laquelle on a pu remarquer qu'une reffemblance dans les Rr 2 312 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE outils qui fervent à l'Agriculture, eft un des rapports qui indiquent, de la manière la moins équivoque, une origine commune entre les peuples qui en font ufage. Ce trait de reffemblance fe conferve même plus Jlong- temps que le ne des langues, des vêremens et des mœurs. C’est que de toutes les clafles d'hommes, les cultivateurs font en général ceux qui renoncent le plus difficilement et le plus tard à leurs habitudes. Ce qui far le caraétère vraiment diftinétif de la charrue, qui eft l'objec de cet article, ce n’eft pas la manière dont les parties en font affemblées, le défaut de roues & d’avant-train, la forme fingulière du manche. Tout cela peut varier fans que des charrues ceffent d’être effen- ticllement les mêmes ; & sil eft permis, en parlant des ouvrages des hommes, d'employer les méthodes de claflificarion & les termes adoptés ar les Naturaliftes, ce ne font là, tout au plus, que des caractères propres à établir des efpèces. Les différences génériques doivent être prifes dans des parties plus importantes ; dans le foc, par exemple, près duquel toutes les autres parties font d’une utilité fecondaire. 1] me femble donc que dans un arrangement méthodique de toutes les charrues connues, il con- viendroit d'établir d’abord deux grandes divifions, dont la première ren- fermeroit toutes celles qui, comme les charrues ordinaires de l’Europe méridionale et occidentale, ont un fep fimple, un feul foc, & ne tracent par conféquent qu'un feul fillon, & dont la feconde comprendroit toutes les charrues, quelque füc d’ailleurs la forme de leurs autres parties, dont le fep A eft bifurqué, le foc B double, et qui tracent deux fillons à-la-fois, Dans ces deux divifions, la préfence ou l’abfence du coutre, celle du verfoir, la forme du foc, établiroient des efpèces. Chacune de ces efpèces pouvant être portées où non far un avant-train, fans cefler d’être les mêmes, cette circonftance donneroit lieu à éxablir des fous-efpèces. Enfin, la forme des parties moins eflentielles & la difpoñtion du tout confti- tueroient de fimples variétés. La charrue à fep fimpleceft à la charrue à fep bifurqué, ce que la houe à plein fer eft à la houe à dents. Ce qui le prouve, sur-tout, c'eft que l'inftrument dont on fe fert en Finlande , en Livonie, &c., pour culuver à bras, a un rapport marqué avec la forme de la charrue des mêmes pays. Cet inftrument eft repréfenté dans la planche ci-jointe, fig. 2. On feroit tenté de croire que la culture à bras ayant dû précéder par-tout l’ufage de la charrue, les hommes n’ont fait que difpofet l'outil le plus en ufage parmi eux, de manière à fe faire foulager dans leurs travaux par les ani- maux qu'ils ont fourmis. La charrue bifurquée fera donc comme la herfe à fer bifide , le meilleur inftrument de labourage pour les terreins pierreux & caillouteux, auxquels l’on fait que cette herfe eft parfaitement appro- priée. Il eft probable qu'un fol de cette nature a donné lieu originairement à adopter ce genre de chartue, comme un fol compaét & tenace, a exigé LR ET, D'HISTOIRE: NATURELLE. 3.118 l'ufage de notre charrue à coutre fimple, qui femble fe rapporter au pic ou à la pioche. De part & d'autre, la force de l'habitude a pu enfuice faire conferver l’une & l’autre charrue dans des terreins pour lefquels elles sont moins convenables ; mais ceux qui raifonnent les pratiques de l’agri- culture, fentiront que la forme des inftrumens aratoires devroit être appropriée à la nature du terrein. 11 eft peut-être des parties de la France où la chartue de Finlande et de Livonie peuvent être introduite avec avantage, non pas quant à la difpofirion groflière de fes parties, que nous fommes bien éloignés de propofer pour modèles ; mais relativement au fep bifurqué & aux deux focs qui la diftinguent effentiellement, & qui peuvent s'adapter à toutes les fortes de charrues ufitées dans les différens cantons. En terminant cet article , nous croyons devoir appeler Pattention du gouvernement fur l'utilité dont 1l feroit de raffembler de toutes les parties du globe, & de réunir dans un même local, les divers inftrumens d'Agri- culture, & même, autant qu'il feroit poflible, dans les dimenfions né- ceffaires pour en exciter l’ufage. Il exifte, dans quelques pays de l'Europe, des collections de ce genre : la fociété d'émulation de Dublin en poféde, entr'autres, une fort confidérable. Il feroit digne de la France, où les beaux arts, l’hiftoire naturelle, les antiquités, offrent les collections les plus précieufes, de rendre le mème hommage au premier & au plus utile de tous les arts. Le dépôt que nous indiquons ici feroit propre à étendre les idées des cultivateurs. Ils puiferoient les leçons de l'expérience, les feules en général dont ils faflent cas, puifqu'ils n’y verroient rien qui ne füx adopté par des cultivateurs comme eux. et réellement en ufage, ji4 JOURNAL DE PAYSIQUE , DE CHIMIE i SPA ENT D LE Cl ei D De Hovmsocnr à PicTer, fur les Polarités magnétiques d'une Montagne de Serpentine [1 ). Tiré. du Journal de Phyfque., de Chimie & des Arts de NICHOLSON, NPAUIL duinln7o7. Av commencement du dix - huitième fiècle, l'attention de tous! les - Phyfciens fe pottoit exclufivement fur Lésphénomènes du magnétifme. Les pidgiès qu'on a fax dès-lors dans la théorie de l'électricité , &-la prépondérance qu'a acquile nfuite la Chimie fur lés aurrés branches des études naturelles, ont diminué l'intérèt qu'on ,autoit dû mettre aux recherches fur le fluide magnétique. Vos” célèbres compatriotes ; de Sauflure & Prévolt, ‘ont remis, il eft vrai, les Phyficiens fur la voie, par des découvertes telles qu’on pouvoit les attendre-de leur fagacité ; le pre- imier, en inventant un inftrument capable de mefurer l'intenfité compa- rative des forces magnétiques dans diverfes régions du globe’; 18 fecond, en réduifanc les lois de la polarité magnétique à celles de l’attraétion fimple. Mais ces découvertes n’ont point fufhi pour ramener les Phyficiens dans la carrière que ces auteurs avoient parcourue avec fuccès, & on a perdu de vue l'ouvrage précieux fur l’Origine des forces Magnetiques, ainfi que les calculs de l’ingénieux Coulomb, & les expériences qu'il a faites avec la balance de #orfion {(2). J'ai traverfé, la bouflole. à la ‘main, une grande partie des montagnes de l'Europe, & je me fuis convaincu que les déviations caufées par des males ferrugineufes, en couches ‘ou en veines, font infiniment moins fréquentes que les Naturaliftes ne le préfument. Les obfervarions faites (x) Cette Lettre, qui fe trouve dans le Journal de Phyfique, de Chimie & des Arts de Nicholfon, cft traduite dans la Bibliothèque Britannique, (2) On doit à Mr. Coulomb l’heureufe idée d'employer la très-petite réfiftance qu'oppole un fil d'une longueur donnée, à fe laïffer tordre, pour mefurer certaines petites forces de la nature, qui avoient échappé aux Pbyficiens, & pour étudier les loix de leur ation. (Note de Pider). — \ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 31$ par de Sauffure & Trembley, au fommer de Cramont:(1}), mé pa- roiflent d’autant plus curieufes, qu’elles font feules dans leur efpèce, & érendent beaucoup nos idées fur les dimenfions des fphères magnétiques : c’eft parmi les Alpes de Suède & de Norwège, ces régions feprentrionales, que la nature a enrichies de dépôts énormes de fer, moins oxidé qu'il ne l’eft dans nos latitudes, que nous pouvons nous attendre à rencontrer des phénomènes analogues. Je m'emprefle de vous communiquer une découverte que j'ai faire au mois de Novembre dernier, & qui me paroït pouvoir contribuer aux progrès de la Géologie. Vous connoillez les loix & la régularité que j'ai obfervéos dans la direction & l’inclinaifon des couches primitives, depais les bords de la Méditerranée à ceux de la mer Baltique ; & vous avez témoigné, ainfi que Dolomieu, notre ami, de l'intérèr aux pénibles recherches que j'ai faites fur ce fujec, & qui pourroient, en d’autres mains, jeter beaucoup de jour fur la conftruction du glube. C'eft dans la traverfee de la chaîne de montagnes du haut Palatinar & du Margraviat de Bareuth, que je rencontrai au fond du Fichtæl-Gebirge, entre Munichberg & Gold- cronach, un côteau ifolé qui s'élève d'environ $o toifes au-deffus de la plaine. Sa hauteur fur le niveau de la mer peut être eftimée à 250 ou 300 toifes. : 1l court de l’ouelt à left, & forme une pyramide très-obtuft. Les rochers:qui couronnent fon fommet font d’une ferpentine très-pure (2), qui par fa couleur & fa fracture feuilletée approche, dans plufieurs fragmens, du chlorich-fthiefer de Werner, (chlorice fchifleufe). Cette ferpentine fe divife en couches \affez diftinétes , inclinées au nord-oueft, fous un angle de 60 à6$ degrés. Elle repofe: fur ‘un granit veiné, mêlé de hornblende ; mélange que nous défignons par Le nom de fyenite: J’approchai ma bouflole du'rocher poutireconnoïtre plus ‘exaétement fi direétion relativément au méridien ; ‘l'aiguille parut aufli-tôt dans une vive agitation, Je’fis deux pas en me tapprochant durrocher, & je vis que le pole nord pallà du côté du fud. J’appelai deux amis, Godeking:& Killingér, compagnons de mes courfes géologiques, & ils -épronvèrent, comme moi, ce fensiiment wÉlde plafir;-que procuré: la vue:d'un phénomène nouveau lorfqw'on a le goût derl’obfervations F'abrégernilesdérail de toutes celles que nous fîmess je me borneraï! pour le préfent pax-feuls réfuhrats, auxquels:jepogreai par Hb fuie hirel qaelquessadditiohs; fi mes: occupations fie nréloignent pas de cette partie de l'Allemagne. ot 3 6.30% ONQRE tro} 8515186 t 1) Voyages dans les Alpes, tom. I, pas, 37$, tom, II, 119, 347. ‘ shÉ lé af RE fpicfre PTE EPrpes ‘eu LH ORNE ordiraitement vétiée où-tatlierée } allée dure pou -plurd: wepate, : 8x fuféeprible d'an-beau | pobi:qui nel s'alièrerpdinpi;; comhe «celui Gu-marbre spañyla@ion: dés acides. On en) rroure roulée: c ÉPRIEE IPS PUS HIRAÈSS gros. atrandis parmi les caillpux, roulés des EnYILORS LOC) GENEYOAMENS de AL Ad ie F ae FOAEN 316 JOUNAI DE PHYSIQUE, DE CAIMIE L'action de cette montagne de ferpentine fe montre d’une manière très-remarquable : les rocs à nud dans la pente feprentrionale, & ceux de la pente au midi ont leurs pôles directement contraires. On ne trouve dans les premiers que des pôles fud, & dans les derniers que des pôles nord. La mafle entière de cette ferpentine feuilletée n’eft donc pas douée d'un axe magnétique feul, mais d’une infinitéd’axes différens , parfaitement parallèles .entr'eux. Ce parallélifme coïncide aufi avec l’axe magnétique du globe, quoique fes pôles foient renverfés ; enforte que le pôle nord de la colline répond au pôle fud de la terre. Les pentes orientale et occidentale préfentent ce qu'on appeleroit, dans la théorie du magnétifme, des points ‘d’indifférence ; laimant n'y eft point affecté, quoique le roc y offre la mème apparence qu'ailleurs. J'ai obfervé non-feulement que les axes magnétiques ne font pas difpofés dans le mème plan: horifontal, mais que deux points dont l’action elt wès-forte, font joints par des rocs qui n'exercent pas la moindre attraction. L’analyfe de ces compofés donne les mêmes réfultats, & il ne feroit pas moins difficile de découvrir quelque différence d'aggrégation entr'eux, qu'il ne l’eftide diftinguer, à l’œil, du fer qui a reçu la touche magnétique, de celui qui n’eft pas aimanté. Il fe préfente ici une queltion qui ne peut être réfolue que dans un demi-fiècle. Les tables fondées fur les obfervations. de Picard, la Hire, Maraldi, Caflini:&le Monnier | montrent que: l'aiguille ;a: décliné à loueft depuis 1660, & que cette déclinaifon continue à augmenter, quoique les ofcillations caufées par les températures des faifons &c les chaleurs du midi, occalionnent fouvent une marche rétrograde. 11 faudroit déterminer aftronomiquement, par la culmination des étoiles, la direction précife de l'axe magnétique de notre montagne, & voir fi elle feroit ftation- naire jufqu'en 1850, ou fi elle accompagnéroit les variations de l'aiguille à l’oueft ? Notre ignorance profonde furtles caufes de_ces variations, ainfi que fur la plupart des phénomènes géologiques ne nous permet pas de réfoudre un problème aufli compliqué. PAR On peut faire d’autres obfervations également intéreffantes fur l'identité des forces magnétiques. J'ai découvert une maffe de rochers qui’agiffent fur l'aiguille à la diftance de vingt-deux pieds ; ün appareil femblable au magnétomètre de de Sauflure; indiqueroit fi l’intenfité. abfolue de cette attraction eft fujette à varier avec les faïfons, -avec les heures) du jour ; fi elle eft influencée par l’aurore boréale, par une atmofphère chargée d'électricité? Les mêmes rocs agiroïent peut-être fur l'aiguille, tantôt à feize, tantôt à vingt-huit pieds de diftance. On a obfervé que les métaux ferrugineux expofés à l'air fe, pénètrent graduellement de fluide magnétique : une: légère oxidation du, fer femble favorifer cet effet. J'ai obfervé moi-même, que dans un banc de fer magnétique les parties feules qui étoient en contact avec l'air, affeétoient l'aiguille, ÉT D'HISTOIRE NATURLLE. 317 l'aiguille. On confidère ce phénomène comme provenant de l'électricité atmofphérique. Je fais bien que l'éclair rend magnérique une barre de fer ; qu'une batterie életrique produit fouvent le mème effet ; mais je ne vois. pas pourquoi l'électricité atmofphérique agiroic fimpiement fur la fucface extérieure d’une couche de fer magnétique, qui elt un bon con- duéteur d'électricité. L’oxigène de l’atmofphère n’auroit-il aucune influence dans cette opération ? — Mais, fans m’égarer dans les probabilités, je préfére m'attacher aux faits. J'ai obfervé des rochers qui, couvérts de gazon, n’avoient pas éte en contaét avec l'air, & j'ai trouvé que leur magnétifme étoit le mème. # ; On voit dans. les montagnes du ,Hariz un roc de granit, nommé le Schnarcher ; il s'élève en PTE de tour, ou de pyramide tronquée. Ce granit affecte aufli l'aiguille, mais il agit feulementen maffe & dans une feale couche verticale. Ses morceaux détachés n’ont aucune action magné- tique. C’eft à Mr. de Trebra, célèbre par fes recherches fur l'intérieur des “mMontaones, que nous devons cette découverte importante. Quelques Naturaliftes prétendent que le fchnarchér contient dans fon intérieur une mafle de fer magnétique ; d’autres préfument qu'un coup de tonnerre a produit le phénomène en queftion & aimanté une couche particulière du rocher. ne La nature du roc dont j'ai l'honneur de vous entretenir n’admét pas d'explication femblable. Non-feulement la ferpentine agit en malle, dans fa fituation naturelle, mais tous fes fragmens, jufqu'aux dernières fabdi- vifions , ont aufi leurs pôles diftinéts. Des morceaux de cinq pouces de diamètre agiflent fur l'aiguille à la diftance d’un demi-pied. L'examen des axes magnétiques pourroit faire l’objet d’une recherche curieufe. Ils font, pour l'ordinaire, parallèles à la direétion des feuillets de la pierre; mais j'en ai trouvé qui la coupoient à angles droits. De très-petits fragmens, de la groffeur de + de ligne cube, montrent une polarité très-forte en. Rp de leurs maffes. Vous les voyez fe retourner brufquement orfqu’on leur préfente, l’un après l’autre, les pôles de l’aimant le plus foible. C’eft un phénomène très-frappant, que de voir une pierre qui pofsède une aufli forte polarité, ne montrer aucune attraétion pour le fer non-aimanté. Je n'ai jamais vü les plus petites particules de limailles s'attacher à la ferpentine , mais celle-ci , réduite en poudre , eft très- promptement attirée par l'aimant. Vous me demanderez, avec impatience, s'il éft bien prouvé que ma, ferpentine ne contienne pas de fer magnétique’; fi ce mélange ne feroir Es affez intime pour entrer dans la compolition de chaque particulé’de a pierre ? Je puis vous affurer que j'ai fait, à cet égard, les rechérçhes les plus exactes ; M. Godeking, dont les connoiffances & les taléiis ne permettent pas de fuppofer qu'il fe trompe aïfément, m'a aidé dans ce Tome II. OCTOBRE. 1794. SES 18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE travail, & nous nous fommes convaincus que, fi la force magnétique ne peut appartenir aux fubftances terreufes qui forment la bafe de la ferpentine, on ne peut l'atribuer qu'au fer, dans l'état d'oxide, qui la colore, Voici nos raifoné : on n’obferve dans cette pierre aucun mélange de fubftances métalliques ; on y voit feulement çà & là quelques fragmens de tale ou d’amianthe, mais ni pyrites, ni fchorT, ni fer octaëdre magnétique. Réduite en poudre fine, elle reffemble à de la craie, On n’y voit à la loupe que des particules terreufes d’un vert clair, tirant fur le blanc. La pefanteur fpécifique de la pierre eft très-peu confidérable ; elle eft entre 1901 & 2040, (l'eau érant 1000). Il n'y a donc guères que la pièrre ponce, le liége ou cuir de montagne , & quelques variétés d’opale qui lui foient inférieures en denfité. Les expériences chimiques par lefquelles nous en ävons commenté l’analyfe , prouve qu'elle contient, comme le jade, ou comme-la pierre ollaire, du fer oxidé, mais non attirable. Les folutions dans l’acide nitro-muriatique (eau régale) font jaunes & non pas vertes, comme le font celles faites avec . le fer micacé.& avec les mines qui contiennent le fer pur ou dans l’état métallique. | Il y a donc ici un phénomène remarquable, favoir la polarité du fer far-oxigéné. Les favantes recherches de mes célèbres compatriotes Klaproth & Wenzel nous apprennent que le nickel pur, & le cobalt, font attirables à l'aimant : nous favons que le fer légèrement oxidé (l'oxide noir) left au; mais quelle différence n’y a-t-1l pas entre cet état d’oxidarion & celui du fer qui colore la fetpentine, diverfes pierres calcaires, & peur-être même cetrains végétaux ! Quelle différence entre une fubftance qui agit de la même manière fur les deux extrémités de l'aiguille, & une pierre donc les plus petites portions jouiffent d’une polarité fpontanée ! — Obfer-. vons, recueillons des faits indubitables ; c’eft feulement ainfi que les théories phyfiques s’érabliront fur des bafes folides. ] Obfervations Jar léchantillon envoyé à Sir Josrrn BANeK£, dvec le Mémoire précédent. 53 DescriPTION. Sa couleur eft un noir opaque, tirant fur Le bleu, on appercoit daus tout le tiffu de la pierre de fines particules irrégulières, d'un blanc jaunâtre & foyeux. On ne voit, nulle part, ni fymétrie, ni aucune. criftallifation,, à l'exception de quelques lames qui fe montrent d'un côté, & dans la direction des pôles magnétiques, La tenacité de cette pierre eft très-confidérable, car on n'a pu la caler que: par un coup trés-violent fur un caillou arrondi. Sa dureté eft entre les dégrès 6 & 7 de Kirwan, Ces -dire qu'elle cède au couteau & à la lime, mais en en attaquant ces mêmes inftrumens, Sa poudre eft blanche on d’un blang verdâtre. Sa fracture, groflière & terreufe, Ses fragmens, plutot anguleux. diese ST ÉcÈss - ET D'HISTOIRE NATUREELE. \ 319 Elle eft inodore , & ne-s’attache point-à-la-la- langue ; mais quand on frappe deux morceaux J’un contre l'autr@, l'odeur qui. s’exalé reflemble à celle que produit le criftal de roche dans les mêmes circonftances. Elle étincelie fous le marteau , mais rarement fous le:briquer: Poids fpécifique, 2,91. Elle n'imbibe point d'eau. Au contaét de l'acide nitreux en voit une. très-légère effervefcehce fur toure la ;furface, mais on, l’apperçoit, à peine fans la loupe: Pouflée fortement au chafumeaus elle prend.nne couleur biun clair irréguler:; elle devient beaucoup moms tenace, mais m'éprouve pas d'autre changement. L’acide boracique &:; le fel: microcof- 1sique la diffolvent avec peu d’effervefcence & très-lentement. Le premier, de ces réactifs produit un verre vec. clair, le fecond un verre blanc tranfparent. Ÿ Le poids total du morceau éroit de 8238 grains; & celui, du fragment enlevé pour les effais (fans faire, ufage: d'aucun inftrumenv ide fer), éroit de 614 grains. Il pefoit 403 grains dans l’eau & perdoit, en conféquence.. 211 grains de fon poids ; or #=—2,91. Ce qui différe du réfulrat indiqué’ par M. de Humboldt. Le fragment fur enlevé à angles droits de Ia direétion magnétique : les furfaces qui avoient été ainfi féparées avoient des pôles oppofés, ainfi que cela arrivé lorfqu'on rompt de la mème manière un aimant natutél. On brifa alors le plus petit morceau en un nombre de fragmens qu'on pul- vérifa en partiè. Tous ces fragmens étoient doués de polarité: Un. petit aimant artificiel en fer à cheval, de cinq barreaux , énlevoit les frigmens les plus petits & la pierre pulvérifée , mais on les détachoit par la moindre fecouffe. Je ne pus pas m'aflurer d'une manière fatisfaifante qu’une partie quelconque de la pierre attirât la limaille de fer ou influät fur fon arran- gement lorfqu'elle étoit étendue fur un papier. On laïffa placer d’elle-mème dans le méridien magnérique une aiguille de bouffole très-délicate, fufpendue fur une chappe d’agate. On plaça le plus gros fragment de la pierre précifément fur la ligne Æf, & on le fit mouvoir enfuite fur fon propre centre, pour trouver les pofitions où lattration & la répulfon étoient les plus marquées. À la diftance de 18 pouces du milieu de la pierre, l'aiguille éroit fenfiblemenr affedtée, mais fa plus grande déviation ne A2 pas dix minutes de degré. A 12 pouces, la déviation étoit d'un degré, & à 6 pouces, d'environ 14 degrés. En approchant la pierre tout auprès de la bouflolle on donnoit à laiguille une direction à volonté. En comparant cette pierre avec divers morceaux d’aimant naturel, on wouva que ceux-ci avoient une ation beaucoup plus forte ; mais il ne paroït pas d'après les faits obfervés jufqu'ici qu'un aimant naturel auffi foible en pouvoir direëlif que left ceue pierre, eût également peu de force attractive fur la limaille de fer. : À SIS22 > 5:20. JOURNAL DE PHYSIQUÉ , DE CHIMIE Note de J. C. DELAMÉTHERIE. « Le Père Breïiflak, religieux des Ecoles pies, profeffeur de Phyfique » ad collége Nazarien, à Rome, a trouvé, au pied des Monts 4/hano, » un tuf qui a, à un degré éminent, ka polarité propre à aimant, fans » paroïtre avoir la faculté d'attirer le fer. Il’ repouffe & attire, à une » très-grande diftance, uné aiguille aimantée, fans cependant pouvoir » foulever le moindre atome de la limaille de fer qu'on répand fur lui. » Lés moindres fragmens de ce tuf ont la mème propriété ». Mémoires far Les ifles Ponces, pag. 46, par Dolomieu. Dolomieu (ibid.) a vu plufeurs morceaux d’un tuf agir également fur l'aiguille aimatitée. Fleuriau- Bellevue a trouvé, dans le Padouan, des laves noirâtres vitreufes, qui ont la polarité fans agir fur le fer. ç=—— = NOUVELLES LITTÉRAIRES. Pine ER (G.W.F.), Fauna Infeélorum Germanni. À Nuremberg, dans la Librairie des fils de Charles Felscker, in-12. Pawzer, Docteur en Médecine, publie aétuellement l’Entomologie d'Allemagne. Il porte à cette belle colleétion les mêmes correétions, les mêmes foins, les mêmes attentions qu'il a mis à fon édition de la Faune des Infetles de l'Amérique, qu'il a fait imprimer l'année dernière, Archiv fur die Botanik. ( Archives de Botanique, par Jean-JACQUES Romer, Docteur en Médecine), in-4°. avec des planches en cuivre. A Leipfck, chez Silver Ferfche, Le Docteur RoMER, après avoir travaillé, en commun, avec PAuL’ Usrert, à la rédaction du Magäfin de Botanique, publie aujourd’hui, féparément , les Archives de Botanique, tandis que Pauz Usteri fait imprimer périodiquement , de fon côté, les Annales de Botanique: Kochii Cabaleëta Botanica ; quibus. plante n0væ É minus cognitæ deftri- buntur atque illuftrantur: À Leipfick, dans la Librairie de Muller, grand in-8°, avec des figures en taille-douce. Ce choix botanique eft d’un favant Bôtanifte Allemand, à qui nous LA ‘ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 321 devohs, entre autres ouvrages , la Flore Germanique, en plufeurs volumes in-8°. 9 k Sertum Hannoverianum , &c. (Bouquets de Hannovre, ou Livres recueillis dans le Jardin de Hannovre), volume 1 , fafcicules 1 & 2. Par Henri- Apozrne ScarADEr & JeAN-Curisrorne WenpLAnD. À Gottingue, chez Vandenhoch & Ruprecht, grand in-folio , avec des planches enluminées. . Nomenclator Botanicus omnes plantas à Linnao defcriptas € ufque ad, noftra tempora deteétas enumerans , curavit ErN, Aporpx. RAEUScHEL. Editio tertia, in-oëlavo maj. Lipfia Feind. Nomenclator Entomologicus emendatus , Syf. Fagrien & Linnaær, adjeëtis fpeciebus novis aliorum Entomolog. nominibus German, Franc. Gall. Angl. Iralic. atque Indic. additaque comparat. atrinque fyflem. & Bibliochec. Fabric. Entomologica, in-8°. maj. curayit ERN. Avozru. RazeuscHez, Lipfia Feind. Rossi ( Perrine ), Fauna Etrufèa fifflens Infeëla, que in provincis Florentinä4 & Pifanä prefertim collegir. editio fecunda À. H. Hezwic. A Helmftad, chez Fleirkeiften. La première édition de cet ouvrage, fur les Infectes des environs de Florence & de Pife, en Italie, a été imprimée à Livourne, chez Thomas Mallé, en 1790, en deux volumes in-4°. avec des planches enluminées ; celle-ci eft augmentée par Helwig, favant Naturalifte Allemand. Traité, ou Deftriprion abregée, & Méthode fur les Minéraux, par le Prince de GazzitziN, in-4°. À Helmftadt, chez Fleirkeiften. Flore d'Auvergne , où Recueil des Plantes de cette ci-dévant Province ; par À. DELARBRE, correfpondant des ci-devant Sociétés de Médecine & d'Agriculture de Paris ; de la ci-devant Société des Sciences, Ares & Belles-Lettres de Clermont-Ferrand ; & de la ci-devant Académie de Dijon , Profeffeur de Botanique, & Direëteur du Jardin du Muférm de Clermont-Ferrand. À Paris, chez A.:J.: Dugôur, Libraire, rue & hôtel Serpente, 1797, in-8°.Puix 4 liv. broché, Après avoir expliqué les Syflèmes botaniques de Tournefort & de Linnæus, & en avoir démontré les défettuoftés, le Profeffleur Delarbre paile à celui de Juffieu. 11 range enfuite les Plantes d'Auvergne par ordre alphabétique : on trouve leurs noms génériques & individuels latins et français ; leurs dénominations triviales & les: phrafes caractériftiques. de Linnæus ; fouvent celles de Tournefort &\de quelques autres Botaniftes anciens ; les endroïs où chaque végétal fe trouve fpontanément ; fes 322 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE variétés, quelquefois fes qualités nuifibles, d'autres fois des obfervetions botaniques forc claires. Notre favant Phyrographe décrit plufñeurs efpèces nouvelles inédites , qu'il a lui-même découvertes. Tels. font l'Aconit humble, ( Aconitum humile) ; Y'Agroftis, du Mont-d'Or, (4groftis. Montis-Aurei) ; V Afpérule Celrique, (4/perula Celtica )5: les, étuques du Cantal & du Mont-d'Or, ( Fefluca Montis - Aurei , Fefluca Moncis Celtic) ; deux Graminées nouvelles. Ce volume eft terminé par une Table des Synonymes ; par un article fur l'utilité des plantes indigènes, qu'il faut préférer aux médicamens exutiques , d’après la matière médicale indigène que le Rédaéteur de cette Notice a compolée ; par une nomenclature des plantes médicinales ufuelles, divifées en incernes: 8 externes, claflées fuivant leurs vèrtus & propriétés reconnues , & d’après le plan de la matière médicale dé Bernard de Juflieu, & enfnpar la defcription du lac Pavin en Auvergne. Cette Flore eft le fruit des recherches en Botanique , de plus ‘de cinquante ans, que le Profeffeur Delarbre n’a ceifé de faire dans tous les coins de l'Auvergne, dont les fites favorifent la naïffance & l’accroiflement des innombrables productions de la nature, Effai. Zoologique fur l'Auvergne , où Hifloire Naturelle des Animaux fauvages quadrupèdes,, & Oifeaux indigènes. ; de ceux quiine font quer pallagers ou qui paroiffent rarement, & des Poilfons € Amphibies obféervés dans cette Province. Par À. Derargrr, Profefleur de Bo- tanique, Ge. &c. 1 vol. in-8°. À Paris, an VI de la République, chez A. J. Dugour, Libraire, rue &c hôtel Serpente. Prix 4 liv. Cet ouvrage mérite les mèmes éloges que le précédent. On y reconnoît l'exactitude & la fagacité de l’Auteur dans la defcription des Animaux de tout genre qu'il pañle en revue.. Differtations fur les Plantes d'Auvergne, où Flora Arvenia ; in-folio de 27 pages. Cet ouvrage ft. du Doëteur Buch'oz ; il offre quinze-cens foixante- quinze efpèces de Plantes, indiquées alphabétiquement par les noms individuels de Linnæus, avec la Synonymie françaife , ainfi que les prin- cipaux, endroits où elles fe trouvent. L’Auteur a parcouru le vafte pays de l’Auvergne en 1791: Inftraëtion-fommaire fur PArr des Panfemens, à l’ufage des Etudians en Chirurgie des Hôpitaux militaires; par LomsArD, ancien Chirurgien Confultant des Armées, Chirurgien en chef, & Profeffeur à l'Hôpital militaire de Strasbourg ; de l’Inflitut national , & de la Société de Ée SE 2 ÈS LU RSS de re > # . ET D'HISTOIRE NATURELLE. 323 Médecine de Paris. À Strasbourg, chez F. G. Levrault, Imprimeur- Libraire, rue des Juifs, n° 33; & à Paris, chez Théophile Barrois, Libraire, rue Haute-Feuille, n°.22, lan $ de I: République françaife, in-8°, de 162 pages. Prix 40 f., & $o f: franc de port. De tout temps le Profeffeur Lombard a donné des marques de fon application à perfectionner & à enrichir, de fes découvertes, l’art de guérir. Les importantes Inftruétions qu'il publie aujourd’hui , font fpécialement confacrées aux Etudians en Chirurgie ; elles concernent la charpie & fes divers ufages ; les plumaffeaux, bourdonnets, tentes, fétons, injections, fomentations , cataplafmes, emplâtres ; de l'application des différens topiques dans la cure des plaies & des ulcères ; du mode général des panfemens, des comprefles, des bandes & des bandages ; c’elt ce qui fait l’objet de quinze utiles paragraphes. Elémens d'Hygiène, ou de l'influence des chofès phyliques & morales Jur d'Homme, & des moyens de conferver la Santé ; par Erienxe Tourrezre, Profeffeur à l’Ecole de Santé de Strasbourg. 2 vol, in-8°. À Strasbourg , chez Levrault , Imprimeur-Libraire , rue des Juifs, n°. 33 ; & à Paris, chez Théophile Barrois, Libraire, rue Haute-Feuille, n°. 22. Puix 6 liv,, & 7 liv. 8 f. franc de pot, pour les Dépar- temens, broch. - L'Hygiène a pour objet la nature entière ; elle comprend toutes les chofes phyfiques & morales ; car elles ont routes une influence plus où moins marquée fur l'homme, d’après l’état & la difpofition où fe trouvent fes organes. ; Après ce préambule, de toure vérité, le Profeffeur Tourtelle traite de la vie , de la fanté, des forces vivifianres, du fexe, dés conftitutions ; l'hiftoire naturelle de l'homme dans les différens climats; de l'air atmofphérique, des vents, de la lumière, des faifons, des eaux & des localités; de Ja. falubrité des villes, des édiñices, des camps, des vaifleaux, des hôpitaux, des. chofes qui s'appliquent à la furface du corps, des fubftances alimen- taires, des boiflons, des affaifonnemens , du caf, du thé, du régie des enfans, du mouvement & du repos; du fonmeil ; de la veille, des chofes qui doivent être excrétées & dé celles qui doivent être retenues ; de l’in- fluence réciproque du phyfique fur le moral, & du moral fur lé phyfique ; des: fenfations:, ‘des paflions ; des travaux, de lefprit, & enfin, du révime des hommes de lettres. C'eft ce qui fait l’objet de fix fe&tions, qui offrent chacune plufeurs chapitres. su + 324 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE, 6c. Fi AB -LUE DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. Minor fur le Gay nitreux éthéré; par J. R. DermaAn, À. PaAETs Van Troosrwycxk, N. Bonpr & À. LAUWFRENBURH. Page 246 Diftours fur l'Etude Le la Géologie, prononce par DéopaT DoLomreu, Membre de l'Inflicu National, &c . 256 Suire aux Experiences remarquables des Chimifles Hollandais, fur l’In- flammation d’un mélange de Soufre & de Métaux, fans le contaët de l'air ; par J. B. Trommsoorrr; eraduite de, lÆllemand. 275 Réflexions de B.G. Sac, de la ci-devant Académie des Sciences, &c., fur une Lettre adreffée à Picrer, par Doromtev, 281 Objérvations fur les Grenats blancs ; par le même. 183 Obfervations fur © Analyfe de la Mine rouge d'Argent tranfparente ; faites ar Krarrorx € V AUQUELIN ; par le même. 204 Objférvations de B.G. Sace, de la ci-devant Académie des Sciences Pre ur l’Analyfe de: la Topaxé blanche de Saxe ; par V AUQUELIN. 287 Éphémérides de la Société Métérologique , établie à Manheim ; fixième & dernier Extrait } années 1786, &c. ; par L. Corte. 258 Extraits & réfultats des Obfervations faites à l’Obfervatoire Météoro- logifle de Monemorenci, en 17945 par L. Corre. 294 Differtation fur la préparation à l'ufage chimique & médicinal du Muriate de baryte ; par J.B. VAN Moxs. 297 Mémoire fur la fabrication des Cendres gravelées avec les lies de vin ; par PAïoT DescHARMES, ci- -devant Infpeëleur du Commerce. of Expérience fur la Combuftion du Diamant ; par TENNANT, Pa de de la Société Royale de Londres. 07 Defcription d’une Geffe inédite ; par Wauzemer, Profeffeur de BE à la Société de Médecine y» &c, . Obfervations fur les Aimans naturels ; par HAux. 30 Obfervations fur une Charrue, dont Le [ep jt 2 ie & armé 4 deux focs ; par Cu. CoQUEBERT. 311 Lettre de Humsorot à Picter, fur les Polarités magnétiques d’une Montagne de Serpentine, 314 Gr Jur lEchantillon “envoyé à Sir Josern Banxs, éc. 318 Jote de J. C. DELAMÉTHERIE. 320 Noms Lirtéraires, Ibid. Octobre 1794 : CAPAUT CR UNE 1 LEA jt ‘ me age mme gr eme Dis ses mm nantre 208 me de PE em mm T Cars Î : ie F- 4 _ | po eo Rp eg rm x n ee de nm JOURNAL DEPHYSIQUE, DE: CH YM LE ET D’'HISTOIRE-NATURELLE. NOVEMBRE 1794. EST OI-RE DE l’Affronomie, (pour les années 3 & 4 (179$ & 1796 vicux ftyle), /ze aux féances publiques du Collège de France, Par JÉROME LALANDE EVSUTUR I ANTÈTS L: orand travail de la méridienne, entrepris pour fervir de bafe aux nouvelles mefures , avoit été interrompu par la guerre ; mais il a été repris en 179$ avec une nouvelle activité. Mechain, après avoir été pour ainfi- dire prifonnier en Efpagne & en Italie , eft enfin revenu du côté de Per- pignan, pour continuer les triangles qu'il avoit faits depuis Barcelone; mais les difficultés le défolèrent. Il nous écrivic, le 8 brumaire de lan 3, du pic de Bugarach, où l'on ne gravit qu’au rifque de la vie; il avoit porté une tente pour y coucher ; mais le pic a tout au plus l'étendue nécef- faire pour les étais du fignal; il n’y a rien au-deffous que des précipices. La pente en eft fi roide , qu'il faut ramper & s’accrocher aux buis & aux cailloux qui éboulent fous les pieds. Le vent eft fi dangereux , qu’on n’a pu trouver aucune perfonne qui voulüt y paffer la nuit, pas mème y refter feul pendant le jour. Les hommes qui ont eu le courage d’y porter les inftru- mens, ont déclaré qu'aucun intérêt, ni aucune autorité ne pourroiïent les déterminer à le faire une feconde fois; cependant il n’ÿ à pas d'autre endroit où l'on puifle avoir un fignal qui correfponde à quatre triangles principaux , & d'où l’on puifle voir fix fignaux différens ; il étoit donc obligé d'y gravir vous les jours, & fouvent les nuages, ou les brumes qui enve- Tome 11 NOVEMBRE 1794. Tt » ;:6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE loppent les RE , rendoient fes peines inutiles. Quand on a élevé des fignaux à grands frais, & avec des peines incroyables fur ces montagnes, les ouragans les renverfent, les malveillans les détruifent pour en voler les clous, & 1l faut retourner à plufieurs lieues de diftance pour rétablir un fignal. On ne fera pas étonné qu’en 1796 1l n'y avoit encore que quatre triangles formés où terminés dans cette partie de la méridienne. Il a con- tinué fon travail l’année fuivante , & il eft prefque fini en 1797. Delambre , entre Bourges & Orléans, a trouvé aufli bien des obftacles ;, mais il a fermé fes triangles, & prefque tous à une demi-feconde , au moyen des cercles entiers introduits en France depuis quelques années; ik s’eft enfuite rendu à Dunkerque , à la fin de décembre 1795 , pour obferver la latitude avec la même précifion que Mechain a cbfervé celle de Barce- lone en 17923; & nous avons en deorés, minutes & fecondes, l'arc total compris entre Barcelone & Dunkerque. Le 9 juillet 1796, Delambre, retardé longtemps , eft enfin parti pour Bourges ; il a commencé par placer des fignaux jufqu'à Hermont, qui est vis-à vis Clermont. , Le 9 novembre, il eft arrive à Sermur, ayant achevé huit ftations, & terminé en tout deux cent quatre-vingt huit mille:roifes de la méridienne. Il fe dérermina à pañler lhiver à Evaux pour cbferver la latitude vers le milieu de l'arc total, afin d’avoir l'inégalité des desrés , indépendamment des hypothèfes, fur l'applauffement de la terre. Nouet a fait dans les Alpes une campagne pénible, mais très-utile, Aidé de Tardiner, Ingémeur-Géographe, il a formé de grands mriangles , qui comprennent l’efpace qui eft renfermé entre Thonon au nord, Saint-Jean de Maurienne au midi, le Mont-Blanc à lorient , & le Mont-Colombier, vers Belley, à l'occident, La grande carte de France , entreprife dès 1754, par les foins des Caf- fini , a été achevée en 1795 ; elle contient 183 feuilles: On a envoyé des Ingénieurs Géographes pour continuer cette carte dans: les Alpes , dans la Belgique & fur le Rhin. Beauchamp, nommé Conful à Mafcare en Arabie, eft parti pour aller faire le rour de la mer Noire, & en,dérerminer la partie méridionale juf- qu'à Trebizonde, & aux bouches du Phafe, afin de la lier avec la mer Cafpienne , près de laquelle il obferva une éclipfe de lune à Casbine, le 30 juin 1787. li éroit, le 7 brumaire an 3, à Genève, prêt à paller le Mont Saint-Gothard , pour aller à Venife, & de-là à Conitantinople. - Perny fe propofe de faire defliner & graver les détails du cercle entier qui eft aétuellement l'inftrumenc le plus important de lAftronomie, Un phénomène important a marqué le premier jour de l'année 17953 \ Hé Géo le. Ar ET D'HISTOIRE NATURELLLE. 327 c'eft la conjonction inférieure de Vénus. Depuis onze jours le ciel étoir couvert : 1l s’éclaircit dans la nuit qui fut très-froide, & nous vimes Vénus au méridien. L'erreur de mes tables s’eft trouvé de 30 fecondes. ; Le lendemain 1l y eut une éclipfe d’Aldebaran, qui a été obfervée à Gotha. Il yen eut une autre le 24 mars; mais on ne l’a point vue à Paris. L'hiver de 1795 a été remarquabie par fa durée de $o jours, du 16 décembre au $ février, et par l’intenfité du froid. Le 23 janvier il y eut 16 degrés de froid, à-peu-près comme en 1709 & en 1788. Mais ce que je dois fur-tout remarquer , c’eft que deux fois le périgée de la lune & l’équinoxe afcendant de la lune ont été marqués par un. changement de temps très-fenfible , comme je l’avois déjà remarqué dans le Journal de Paris en 1789, où trois paflages de la lune par l’équateur furent marqués par des changemens de temps. IL eft naturel , en effet, que fi la lune eft capable d’agir fur l’atmofphère d'une manière fenfble, ce foit principale- ment quand elle approche le plus de la terre, & qu’elle traverfe l’'équa- teur pour pafler dans notre hémifphère, & agir plus perpendiculairement fur la partie de l’atmofphère qui nous avoifine, Après l’éclipfe d’Aldebaran, nous n'avons pas eu d’éclipfe remarquable, fi ce n’eft celle de Jupiter, le 23 feptembre, qui a été obfervée à Paris, à Montauban, à Berlin, à Gotha & à Gottingue , où Pfaff a vu l’immer- fion totale à 6" 45’ 7”; & l’émerfion totale à 7" 31° 3/. C’eft la dix- huitième fois que l’on obferve une éclipfe de Jupiter par la lune , depuis 1646, comme l'a remarqué Zach. Ces éclipfes ont quelquefois fait fen- fation dans le public , parce que Jupiter étant très brillant ; on le voit tout près de la lune , à la vue fimple. Perny , l'un des Aftronomes de lObfervatoire de Paris, au mois de janvier, malgré la rigueur du froid fit une fuite d’obfervations fur l'étoile polaire au cercle entier, au-deflus & au-deffous du pôle; d’ou il a conclu la hauteur du pôle à l'Obfervatoire de Paris 48° so! 11/, plus petite de 3/ que celle dont nous faifons ufage depuis 40 ans. Peut-être cette différence de 3" eft-elle encore dans l'incertitude des réfracions ; il y avoit une raifon de croire qu’effectivement il falloït ôter ces 3 fecondes de la hauteur du pole ; c’eft que Piazzi ayant déterminé à Palerme les refractions, la hau- teur du pôle, & les déclinaifons de plufeurs étoiles , elles fe font trouvées différer des miennes de 3/ par un milieu, De plus, Caflini avoit trouvé 48° $0' 12/ en 1793. Au relte, Deborda & Delambre s'occupent actuel- lement des refraétions, foit par la théorie, foit par l’obfervation, & j'ef- père que l'incertitude fur la réfraction de 49° fera levée cette année. Le Bureau des longitudes de Paris a été établi en 1794 ; il eit deftiné à fuivre les progrès de l’Aftronomie pour la Marine , à diriger les Obfer- vatoires , à en procurer de nouveaux, à diriger les calculs de la connoïflance des temps, pour l'ufage des Aftronomes & des Navigateurs, & de plus à En 328 JOUNAI DE PHYSIQUE, DE CHIMIE procurer: un cours d’Aftronomie, qui commence dans ce Collége ( celui de France ); enfin à propofer tout ce qui fera utile à la perfeétion de la Marine. Déjà il a obtenu des obfervatoires à Breft & à Toulon, où la Marine les reclamoit depuis long temps. On a réparé l'Obfervatoire de Paris, & on y foime une bibliothèque, On a confervé l'Obfervatoire de l'Ecole Militaire. A la fin de février 1796, je parvins à avoir du citoyen le Noir , un cercle entier de 19 pouces , que j'attendois depuis deux ans : infkrument précieux , avec lequel mon neveu a déja déterminé la laritude de Paris, quarante- huit degrés, cinquante minutes , quinze fecondes. L'obliquité de Péclyprique, 23° 28" 1” à la fin de juin 1796, plus grande de huit fecondes que par les tables du foleil qui font dans la troi- fième édition de mon Aftronomie. ” Méchain, à Perpignan, a trouvé exactement la mème chofe; mais comme d’autres obfervations donnent douze fecondes de moins, nous nous réfervons. de difcuter ailleurs cetre queftion. Soc. Une éclipfe annulaire du foleil, du 3 avril 1791, rapportée dans le troifième tome des Tranfactions*philofophiques américaines , eft intéreffante par rapport à la détermination du diamètre du foleil. La durée de l'anneau, 4/17/ , m'a donné une confirmation intéreflante des diamètres: du foleil & de la lune, er de la diminution que j’avois aflipnée dans la troifième édition de mon Aftronomie, qui eft de 3 fecondes & demi pour Ie rayon du foleil, & de 2 fecondes pour celui de la lune, efpèces d'irra- diations & d’ampliations qui viennent de la lumière de ces aftres, mais dont l'effec n’a pas lieu dans la formation & la rupture de l'anneau. Mercure. Duc-la-Chapelle, Aftronone de Montauban, & Vidal de Touloufe , nous ont envoy des obfervations de Mercure, que l’inciémence des faifons nous permet rarement de voir à Paris. J'en ai déduit une petite augmentation de 45 fecondes à faire dans l'équation de l'orbite de Mercure, & une augmentation de 2 fecondes, feulement , dans les époques des lon- gitudès. Ainf, cette planète qui défefpéroir les Aftronomes depuis 2000 ans, que le grand Copernic n'a jamais vue , dont je m’occupois depuis 30 ans, qui avoit donné encore le 4 mai 1788 un démenti éclatant à mes pré- mières tables, eft enfin ramenée à des calculs certains, & la mieux connue de toutes-les planètes. L’aétivité de Duc-la-Chapelle a déterminé le Bureau des longitudes à lui envoyer le feéteur de 6 pieds qui avoit fervi, il y à quarante ans, aux obfervations les plus importantes de Lacaille, à Paris & au Cap de Bonne-Efpérance. Vénus. La conjonétion de Vénus, obfervée le 6 août par Lefrancois , ne donne pour l'erreur de mes tables que cinq à fix fecondes ; & comme ET D'HISTOIRE NATURELLE. 329 Vénus étoit aphélie, c’eft une confirmation farisfaifante de la détermination que j'avois donnée de cet élément difhcile à conftater. ( Mémoires de l’Académie , pour 1785.) Zach, à Gotha, trouve l'erreur de mes tables, Je 29 juillet, plus quatre fécondes en longitude, & moins quinze fecondes en latitude. Schroeter a publié plufeurs obfervations fur la figure, les taches & les montagnes de Vénus. Il trouve qu'il y a dans Vénus des montagnes.très-éle= vées, comme fur la terre & fur la lune. Les hauteurs des montagnes de Vénus font au diamètre de cetre planère ä-peu-près dans le même rapport que celles de la lune au diamètre de celle-ci. La plupart de ces montagnes , & les plus hautes, font comme dans la lune fur la partie auftrale. La rotation de Vénus lui paroït de vingt-trois heures vingtet une minutes. Les alrérations obfeivées dans l'efpace de deux heures dans les cornes de cette planète, lui païoiffent indiquer que fon Équateur fait un grand angle avec leccliprique, & que, par conféquent, les changemens de faifons y fonc très-confidérables. Il penfe que Her/chel fait le diamètre de Vénus trop orand , en l’établif- fant de dix-huit fecondes 8, vu à la diftance du foleil. H ne le fait que : de feize fecondes fix dixièmes comme moi, & comme Zach dans le fècond fupplément aux Ephémérides de Berlin. Terre. Hennert , dans un Mémoire qui a remporté le prix à l’Acadé- mie de Pétersbourg, fur les perturbations du mouvement diurne de la terre ÿ a conclu qu'il y avoit bien quelques irrégularités dans la rotation de cette planète, mais qu'elles fe rétabliflent, & fe compenfent de manière qu'on peut la fappofer uniforme. Luxe. Nous avons eu d'Angleterre une obfervarion plus décifive fur le volcan de la lune, que j'avois marqué fur la figure gravée dans la troifième édition de mon Aftronomie. Le 3 mars 1794, Vilkins vit une lumière fur la partie non éclairée de la lune, femblable à une étoile. C’étoit à Norwick,'à 30-lieues de Londres; la lune étoit dans fon premier quartier, Maskelyne apprit qu'un domeftique intelligent de Boot difoit aufli avoir vu une étoile fur la-lune, à Londres, fans pouvoir dire le jour. Maske- lyne fe fit conduire fur la place où étoit alors le domeftique; il lui défigna la maifon fur laquelle il avoit vu l'étoile ; & calcul fair, 1l fur reconnu que c’étoit le mème jour & à la même heure que la même lumière avoir été vue dans les deux villes, fans lunettes, & par des gens qui ne la cherchoienc pas. J’ajourerai que c’elt au même endroit de la lune où Herfchel lavoir vue le 20 avril 1787, & Caroché le 27 février 1789. Mars. L'oppofition de Mars, arrivée le 14 juin 1796, où l’erreur de nos tables éroit de cinquante fecondes , m'a donné lieu d'examiner l'équa- 350 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE tion de cette planète, en comparant cette oppofition à celle de 1788 qui étoit dans la partie oppofée de l'orbite, Pour cela j'ai eu égard aux pertur- bations que j’avois négligées jufqu'à ce jour. Quoique j'en eufle donné le calcul en 1758 & et 1761, j'ai vu qu'il faudroit ajouter environ quinze fecondes à l'équation dé Mars qui eft dans mes dernières tables; mais je ne les changérai pas jufqu’à ce que les perturbations aient été calculées de nouveau, comme Delambre fe propoie de le faire, aufli-tot qu'il aura fini fon grand travail de la méridienne , qui a interrompu depuis deux ans toutes fes recherches, ainfi que celles de Méchain. L’équation de Mars, réfultante de mes nouvelles recherches, feroit plus petire de 48 fecondes que celles de Triefnecker, à l'endroit de fon mémoire, où il emploie les perturbations ( Ephémérides de Vienne, 1789). L'oppoñition de Mars , obfervée par Zach, eft arrivée le r4 juin 1796, à quatorze heures quarante-neuf minutes trente fecondes , temps moyen à Gotha , dans huit fignes, vingt-quatre degrés trente-quatre minutes, trente- fept fecondes de l'équinoxe apparent , latitude trois degrés trente-fept minutes cinquante-quatre fecondes neuf dixièmes ; latitude héliocentrique , un degré fix minutes neuf fecondes. La correétion de mes tables, moins cinquante-ix fecondes en longitude, plus dix-huit fecondes en laitude. L'éclipfe de l'étoile 4 du Sagittaire par Mars eft une obfervation rare & fingulière , qui a été faite par Flaugergues à Viviers, & par Englefield en Angleterre. Le premier la vit lorfqu elle venoit de fortir ; elle touchoirencore le difque de Mars le 17 avril, à quinze heures cinquanre-huit minutes vingt cinq fecondes, temps vrai à Viviers, Il trouve que la conjonction étoit arrivée trois minutes douze fecondes plutôt, & que Mars étoit de fix fecondes plus boréal que l'étoile. La longitude de Mars étoit donc de huit fignes fept degrés fix minutes vingt-fix fecondes , & fa latitude de vinge minutes cinq fecondes. Il trouve aufli la latitude héliocentrique dix minutes fept fecondes , plus forte de trois fecondes que dans mes tables, quantité infenfible , qui prouve que le lieu du nœud eft bien connu. 11 fuppofe l’afcenfion moyenne de l'étoile deux cent foixante-fix degrés cinquante minutes vingt-deux fecondes fix dixièmes; & fa déclinaifon vinge crois dégrés quarante-fix minutes quarante-huir fecondes , huit dixièmes, par un milieu entre différentes détermination que les meilleurs Aftronomes Jui ont foutmies. Le 26 décembre nous avons eu une conjonétion moius remarquable out les Aftronomes, mais qui l’étoit plus pour le public. On voyoit Mars au-deflus & très-près de Jupiter. On eftimoit cinq à fix doigts une diftance qui étoit réellement quatorze minutes; & cela faifoit un fpectacle pour ceux qui font attention à l'état des corps céleftes. Duc-la-Chapelle l’a ob- fervée avec foin à Montauban. ET D'HISTOIRE NATURELLE, 331. Jurrrer. L'oppofition de Jupiter, obfervée le 29 août par Bouvard, à donné l'erreur des rables de Delambre de fept fecondes; ce qui prouve que la grande inégalité, annoncée par /a Place en 1786, eft parfaitement confirmee par les obfervations. 5 SATURNE. Dans l’oppofition de Saturne, le 15 décembre 1796, l'er- reur des tables s’eft trouvée en moins trente et une fecondes : c’eft une confirmation de cette découverte er de l'intelligence avec laquelle Delambre a conftruit fes tables de Jupiter & de Saturne. Herfchel a obfervé des bandes ou une ceinture quintuple autour de Saturne ; ce qui lui a fait reconnoitre la rotation de Saturne en 12 heures 16 minutes 2 fecondes , obfervation curieufe, mais difficile, qu'on ne pou- voit efpérer que de l’auteur d’un téléfcope de 40 pieds , à qui nous devons tant d’obfervations nouvelles qui ont enrichi l’Aftronomie. 84", ComÈère. Le 23 brumaire ( 14 novembre 179$ ), Bouvard, Aftronome de l'Obfervatoire à Paris, a découvert une comète près de la conftellation d’Hercule; ce fera notre 84%. comète. Il y avoit deux ans qu'on n’en avoit vu: celle-ci eft petite, elle n’a point de queue, & n’eft pas vifible à la vue fimple. Depuis ce temps nous avons appris que Bode, à Berlin, l’avoit obfervée trois jours auparavant , averti par un amateur de l’Aftronomie, nommé Car. Brulh écrit de Londres le 30 novembre qu’elle n'a pas échappée à la vigilance de Herfchel. Zach a calculé l'orbite de cette comète qui a pailé par fon périhélie le 14 décembre à 15" 32/, temps moyen à Gotha. La diftance au foleil étant 0,22 dans la périhélie. Bouvard Ja auñli calculé de fon côté, & il en différoit peu. 85". Comère. Le 31 mars 1796, Olbers découvrit à Bremen une comète dans la Vierge ; il l’obferva, & il en a calculé les élémens; c'eft la quatre-vingt-cinquième que nous connoiflons. Les erreurs du 31 marsau 14 avril ne vont qu'une fois à fix minutes, Nœud, o. Signes, dix-fept degrés deux minutes. Inclinaifon , foixante-quatre degrés cinquante-cinq minutes. Périhélie, fix fignes, douze degrés quarante-quaire minutes, - Diffance périhélie, 1,578. Pallage, le 2 avril 1796, vingt heures vingt-trois minutes , temps ï moyen à Bremen. Comète rétrograde, Éro1ires. Je continue, avec mon neveu, mon travail fur les étoiles PA A 6 CRIE F : SE vifñbles dans notre hémifphère jufqu’au tropique du Capricorne; cet ouvrage important, qui manquoit à l’Aftronomie, eft le fruit de pluñeurs années d'obfervations & de calculs, Cette immenfe colleétion eft déja portée jufqu'à 332 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 37 mille étoiles , & ira probablement jufqu’à plus de 45 mille, quand mon neveu aura fini le tour du ciel par zones de deux deorés jufqu'au tropique : du Capricorne. Il eft aidé par fon époufe, qui avoit déjà réduit plus de 1500 évoiles en 1796, & chaque réduction exige 36 opérations de calcul. Nous avons commencé par faire imprimer, dans la conoïflance des temps de 1797, un catalogue de mille étoiles circonipolaires, obfervées plufeurs fois, & réduites à 1790, afcenfions droites & déclinaifons. On a commencé à imprimer, dans la connoiffance des temps de 1399, deux mille étoiles de fixième grandeur, toutes réduites à 1790, & qui n'avoient jamais été obfervées ni calculées par perfonne. Zach a donné un nouveau catalogue d’afcenfions droites de douze cents étoiles principales, qui auront la mème précilion que les trente- quatre étoiles de Maskelyne; il a fait imprimer de nouvelles tables d'abbérration pour les étoiles, avec les pofitions de chacune, d’après divers Aftronomes anciens & modernes. Je lui avois envoyé environ trois mille déclinaifons, dérerini- nées avec un mural de huit pieds, Plufeurs ouvrages importans ont enrichi l’'Aftronomie, Les Mémoires de l’Académie des Sciences de Paris, pour les années 1789 & 1:90, contiennent un grand nombre de mémoires , foit d’obfervations , foir de théorie, L'HisTOiRE CÉLESTE s'imprime à Paris; elle comprendra toutes les obfervations faites à Paris, & d’abord les trente-fept mille étoiles que nous avons déterminées au mural de l'Ecole Militaire, & qui formeront le plus grand travail d’Aftronomie qui ait été entrepris; 1l y en a déja cent vingt pages d'imprimées le 1°. janvier 1797. PE J'efpère qu'on y trouvera auffi routes les obfervations faites à Paris depuis cinquante ans par Delifle, le Monnier, Meflier, & même les anciennes que le Monnier n'a publiées que jufqu’en 1685, fur-rout celles de l'Obfer- vatoire de Paris depuis 1791, où finiffent les Extraits publiés par Cafini , de 1783 à 1791. . Nous y joindrons desobfervations de Darquier, qu'il a envoyées au Bureau des longitudes, & qui s'étendent depuis le 19 avril 1791 jufqu’au premier janvier 1796 : ce fera la fixième fuite de fes obfervations, dont il avoit donné deux volumes ér-4°., imprimés en 1781 & 1782, & trois cahiers dans les Mémoires de l’Académie de Touloufe. De la Place x publié fon ÆFxposiion du Syflême du Monde, où l'on voit des idées nouvelles fur plufieurs objets de la Phyfique célefte. Une nouvelle édirion des Sinus de dix en dix fecondes a été faite chez Didot. Callet en a prisfoin, & l’a augmentée; Didor a fait fouder les carac- tères pour les conferver en entier, afin que les fautes qu'on y découvrira foient corrigées pour toujours. L'Atlas ET D'HISTOIRE NATURELLE. 333 L'Atlas Célefte de Flamfteed, traduit par Fortin, 2 été revu pour une nouvelle édition 3 j'ai refait l'explication : j’y ai ajouté des nouvelles conf- tellations & beaucoup d'étoiles fur les planches, j'y ai corrigé beaucoup de fautes; & ces cartes céleftes, dont les Aftronomes fe fervoient déjà, ont acquis un nouveau degré d'utilité, La nouvelle conftellation du quarc de cercle mural queÿy ai placé, a été gravée dans le Journal de Hinden- burg , par les foins de Zach, dont là correfpondance active éft extrème- mentuile à lAftronomie , en mème temps qu'il l’enrichit par fes travaux. Mon Abrégé d’Aftronomie, qui manquoir depuis quelques années, quoi- qu'il für abfolument néceflaire pour nos Cours d’Aftronomie, a été réim- primé chez Didot avec beaucoup d'augmentation, que plufieurs années d'expérience, & les progrès annuels de l'Aftronomie, ne pouvoient man- quer d'amener. Je ne compte pas l'4/fronomie des Dames, qui eft un abrégé de l'abrégé, & qui a été imprimé , avec des augmentations , chez Cucher. L’Hiftoire Céiefte du XVII". Siècle, par Pingré, continue de s'im- primer :elle aéré rétardée par des circonftances, Les Mémoires de la Peyroufe s'impriment auf. Bode , à Berlin, eft occupé d’un Atlas célefte en vingt grandes feuilles , qui ont 2 pieds & demi de large fur 22 pouces de hauteur , pour lequel je lui ai envoyé la pofñtion de 2000 étoiles nouvelles de 6”. grandeur ; je l'ai engagé à ne point ffuivre la projection de Bayer & de Flamfteed , qui diffère trop du ciel, puifque les cercles partans du pôle, & qui nous pa- roïffent des lignes droites, y font toutes des courbes, & que les parallèles qui nous paroiflent nécelfairement courbes, font des lignes droites fur les figures. Vanfvinden, en, Hollande , prépare la 3°. édition de fon Traité des Lonsitudes, le plus complet qu'il y ait; mais il eften hollindois Nous avons reçu un volume in-fol. d'obfervarions faites à Palerme, par Piazzi, qui conuent des recherches fur les réfraétions , des déclinaifons des éroïles obfervées avec un cercle entier de $ pieds de diamètre, des obfer- #ations d'éclipfes & de planètes; ainf c'eft un ouvrage précieux pour l'Af- tronomie , & c’eft déjà le fecond volume que nous lui devons. Siop , Aftronome de Pife , a publié aufliun volume d’ébfervations de 1782 à 1786 , faites avec foin, & calculées avec intelligence. C’eftle 3°, de cer habile Profeffeur de Pife qui, depuis lons-temps, enrichit F'Afronomie, Mendoza , habile Officier de la Marine Efpagnole, nous à envoyé un mémoire fur les Longitudes, où 1l a fimplifié encore la méthode employée jufques ici. Les-Ephémérides de Vienne, pour l’année 1797 , contiennent beaucoup d'obfervations faites à Vienne , à Bude, à Prague, à Cremfimunfter ; des calculs de longitude pour un grand nombre de villes, une nouvelle déter- mination des diftances des faellites de Jupicer, par Triefneker. Les voici Tome II. NOVEMBRE, 1794. Vy € à 3:4 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE en demi-diamètres de l’équareur de Jupiter, qu'il trouve de 18 fecondes g2 céntièmes. Det Satelliresh\es Dial NES UNS GE Le 2°. Rae TERRES ES AR Lesotho RE RanT ee AA 99 DÉCRET PR ANRT 31. Don Alexandre Malafpina a fait en 178gun voyage à la mer du Sud , qui nous a procuré des obfervations fur les marées aux deux côtes de l'Amé- rique. j'en ai enrichi mon Traité du vx © reflux, dont la première édi- tion, publiée en 1783, a déjà procuré beaucoup d’obfervations intéreffantes des différentes parties du monde ; pour améliorer la feconde édition; c’eft la méthode que j'ai fuivie depuis 30 ans. Dès que j'ai publié un ouvrage, je uen fers pour me procuter des additions , des corrections, afin de le rendre meilleur dans unéautre édition, Il y en a qui préféreroient d’at- tendre pour faire mieux dès la première fois; mais ils perdroient des fe- cours que procurent une première ébauche. Je préfère d’ailleurs le confeil de Quintilien, qui dit: Mulra, dèm perpoliuntur., intereine. Les lettres d’Éfpagne nous annoncent qu'on va faire des établiffemens pour y propager l'étude de l'Affrononie. Louis Bréguet, Horloger à Paris, continue de s'occuper à faire des montres de longitudes , chronomètres on gaïde-temps; il a fait des expériences & des recherches curieufes. ‘Il a découvert fur-tour un nouvel échappement abfolument indépendant de la force motrice, & de toutes les inégalités du rouage. Oreily , qui a une belle manufacture de criftaux au Gros-Caïllou , a faic du fintalafs pout les lunettes achronatiques, c’eft-à-dire qui n’ont point d'iris. Caroché en à fair l'épreuve, & l’a trouvé d’une aflez bonne qualité ; mais: Oreily va faire de nouveaux efforts pour le perfectionner. ÿ Ce A AE D'un Mémoire intitulé : Recherches fur le Bleu de Prufle; Par ProusTt. S: le fer étoit, comme on le penfe , fufceptible de s’unir à l’oxigène dans toutes les proportions entre 2 & £, qui paroiflent être les deux termes extrèmes de fon union avec ce principe , ne devroitil pas donner , avec le: mème acide , autant de combinaifons diverfes qu'il peut produire d’oxides différens? Pourquoi , par exemple, ce métal qui donne , avec l'acide fulfu- ET D'HISTOIRE NATURELLE. 335 rique , un fel conftant dans fes propriétés, quand il n’eft oxidé qu'à =, ne préfenteroit-il pas des combinaïfons différentes & également conftantes dans leurs propriétés refpétives, quand il contient £ , £, ou > d'oxigène? Un grand nombre de faits prouve au contraire que le fer ne s'arrête point indifféremment à tous les degrés d’oxidarion intermédiaires aux deux termes que nous venons de citer; et, maloré les différens degrés d’oxigé- nadon, par lefquels on croit que le fer peut paffer quand fon fulfate eft expofé à l'air, on ne connoît que deux fulfates de ce métal. Le premier eft le fulfate vert ou criftallifable, dans lequel Lavoifer a démontré que le fer contenoit 7 d’oxigène. Ce fel, quand il eft pur , eft infoluble dans l’efprit de vin; fa diffolution, dans l'eau , eft d'un vert de mer extrèmement foible. Elle eft inaltérable par l'acide gallique, ne donne point de bleu avec les prufliates alcalins, &c. La feconde efpèce de fulfate, non moins conftante dans fes propriétés, eft cetre combinaifon rouge , déliquefcente, incriftallifable & foluble dans l'alkool , qu’on connoît fous le nom d’eau-mère de vitriol; mais qui n'eft réellement ,telle, qu'autant qu’elle n’altère point l'acide muriatique oxi- gèné, c’eft-à-dire, que fon oxide contient £= d’oxigène. + On obtient aifément ce fulfare, en le traitant avec l'acide nitrique, juf- qu'à ce que la diffolution ne dégage plus de gaz nitreux, par une nouvelle quantité d’acide. Fee Ce fulfate joint, en loutre exclufivement, à la propriété de former un précipité noir avec l'acide gallique, celle de donner du bleu de Pruffe avec les prufliates alkalins, comme on le verra bientôt. * Entre ces deux fulfares que Prouft appelle , l'un fulfate vert, l’autre fulfare rouge, il n’eft point d’intermédiaire. Si des fulfates verts, expofés au con- tact de l'air, prennent une couleur qui femblé n’appartenir mi à l’une ni à l'autre des deux efpèces déjà citées, on fe convainicra qu'ils ne font qu'un mélange des deux, en les féparant par l’alkool. L'un & l’autre fe montre- ront avec toutes leurs propriétés. Le fulfate vert produira toujours un pré- cipité vert avec les alkalis cauftiques : précipité qui noircira bientôt, s’il eft confervé fous l’eau & à l'abri du contaét de l'air, parce que fes molécules fe rapprochant fans celle, la couleur deviendra de plus en plus intenfe, Le fulfare rouge, au contraire, donnera, avec les. mêmes alkalis, un précipité jaune-rouge , un oxide incapable de rien enlever à l'air armof- phérique, ni à l’acide muriatique oxigèné. Cet oxide, d’après les expériences de Prouft, contient # d’oxigène, & peut être la bafe d’une férie de combinaifons qui font à celles que four- nit l’oxide noir , ce qu’eft le fulfate de fer rouge au-fulfate verr. De forte que, à quelque degré d’altération qu’on examine un fulfate ordinaire , on trouvera toujours ces deux fels mélangés feulement en propor- tions différentes, Vv 2 336. JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Jl fuit de-là qu'une diffolution fulfurique où muriatique de cette fub£- tance métallique , n’eftautre chofe qu'un mélange de deux fels, dont l'un a 27 pour bafe de l’oxide de fer contenant #5 d'oxigène, & l'autre de mème oxide , contenant , d’oxigène ; comme on avoit fait, jufqu’à préfent, peu d'attention aux propriétés qui les différencient, on a fouvent attribué à l’un celles qui n’appartiennent qu’à l’autre. ‘ On doit donc diftinguer deux fulfates , deux muriates, deux arfeniates, deux pruffiates ; &c. Ce font ces derniers fels qui font plus particulièrement l'objet du mémoire de Prouft, Pruffiate: blanc. Pour obtenir ce fel, il faut fe fervir d'une diffolution de fulfate vert parfaitement pur, que l'on mélange avec une diffolution de prufliate de potaffe bien faturé , tel que celui dont les criftaux d’un beau jaune-citron font des pyramides trétraëdres, tronquées près de leur bafe. Pour avoir le fulfate de fer vert dans l’état de pureté, on le conferve fur un morceau de fer ou d’étain, dans un flacon plein & bien bouché. On parvient encore au méme but, en ramenant l'oxide rouge qui peut fe trouver dans la diffoluuion À l'étar d’oxide noir, par le mélange de l’eau chargée de gaz hydrogène fulfuré. Ce fulfite, ainfi dépuré, ne doit pas changer par l'addition de l'acide gallique. Dans cet érar,, 1] n’a qu'une nuance exrrèmement foible de ve de mer, & la couleur verte ne paroïc que lorfque la diffolution eft en contaét avec l'air atmofphérique. Après avoit verfé la diffolution de prufliare fur le fulfare de fer, on bouche fur le-champ le Aacon. Il fe forme aufh tôt un dépot blanc abon- dant, qui ne tarde pas à prendre une teinte verte, occaflionnée par l'air contenu dans le acon, & aufli par une autre caufe. Mais fi le flacon refte bouché, cette nuance ne fe fonce pas davantage, & la lumière feule ne produit aucun changement. 11 eft bon de verfer un excès de prufliate fur le fulfate, afin de le décom- pofer entièrement. Après quelques heures de repos, ce prufliate blanc eft couvert d’une liqueur jaune, qui eft un mélange de prufliate & de fulfate de potaffe. Cette liqueur retient en diflolution un peu de prufliare blanc, qui fe colore en bleu par fon contaét avec l'air atmofphérique , dont il ab- forbe l’oxigène : par cette union, 1l devint infoluble , & fe dépofe fur celui qui eft au fond, Ce dernier recevant à fon tour l'impreffion de l'armofphère , bleuit bientôt par fa furface. L’intenfité croît fucceflivement, gagne le fond, & enfin le prufliate blanc eft converti en bleu: L'action de l’oxigène de l’atmofphère , dans certe circonftance , eft encore confirmée par les mêmes phénomènes qui fe préfentent, quand on expofe, fur un filtre, ce prufliate blanc à laétion de l'air. II paffe au bleu en abfor, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 357 bant l'oxigène; & cette couleur ne parvient à la plus haute intenfité, que lorfque l'oxide de fer a acquis # d'oxigène. De toutes les combinaifons falines du fer , il n’en eft aucune où la bafe achève de fe faturer d’oxigène auili rapidement que dans le prufliate. Le carbonate de fer ne lui eft pas comparable. Les acides fulfurique & muriarique verfés far le prufliate blanc de fer, n’y occafionnent aucun changement. L’acide muriatique oxigèné ; au con- traire, avive le prufliate à l’inftant, & perd fon odeur. L’acide nitrique le porte. aufli au bleu, mais plus lentement, parce qu’il n’abandonne pas fon oxigène avec autant de facilité que l'acide muriarique oxigèné. La diffolution d'hydrogène fulfuré qui n’aitère point, commé on l’a dic plus haut, le fulfate vert, n’agit pas non plus fur le prufiate blanc ; feu- lement elle ramène au blanc le peu de prufliate pañlé au bleu par l'accès de l'air, ou, en d’autres termes, elle lu ravit cette dofe d'oxigène, qui, comme on le voit déjà, forme la différence qu'il y a entre le prufliate blanc & le prufliate bleu. : C'ett aller au-delà des faits, peut-être, que de nommer blanc an pruf- fiate qui n'eft rigoureufement tel qu'au moment de fa formation, & qui enfuite fe couvre d’un blanc verdätre ; mais il eft bien probable qu'il ne doir certe nuance qu'à l'air contenu tant dans les Aacons que dans les liquides employés. I exifte encore une autre caufe dans la petite portion d'’oxide rouge, à laquelle les prufliates alcalins, mème celui de chaux, doivent leurs couleurs jaunes. Cet oxide fe convertit en pruffiate bleu, & fe mêle au pruffiate blanc, dans le moment où l'acide pruflique , dégagé des alkalis, peut s'unir aux divers oxides qu'il rencontre ; ces oxides font, comme on vient de le voir, une grande quanuté d'oxide noir, mêlé à l'oxide rouge du prufliate alcalin. Il faut donc aufli qu’à une grande quantité de prufliate blanc, fe trouve mélangée une petite portion de prufliate bleu; de-là la nuance verdâtre du premier. Par tout ce qu'on vient de voir , il eft évident que l’oxide bafe du pruf- fiate blanc, jouit du mème degré d’oxidation que l’oxide bafe du fulfare vert. Cer oxide en effet palle , du fulfate , au prufliate blanc, fans qu'au- cune caufe puille ajouter ou diminuer la proportion d’oxigène. 11 fuit de-là que , paifque les alkalis féparent l’oxide du fulfare vert, fous une couleur vert-d'heibe, ils devront le féparer aufli du pruffiate blanc fous la même nuance. ° C'eft ce qui arrive auf à l'inftant où on verfe l’alkali cauftique ou l’am- moniac fur le pruffiate blanc ; mais, pour mieux iuger de l'égalité des nuances, il eft. bon d'employer ces diflolations étendues d’ean. L’oxide vert n'eft completement dépouillé d'acide pruflique , qu'après l’application ré- pérée des’alkalis, on peut s’en convaincre en enlevant l’oxide vert avec un acide, qui ne diflout point le prufliate blanc non décompofé, _ . _ - 338 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Pruffiate bleu. On devine déji comment le falfate rouge, le nitrate & toutes les diffo- lutions dont l’oxide eft à fon maximum d'oxidation , fe comporteront avec les prufliates alkalins. On n'apperçoit aucun intervalle entre la précipitation & le bleu le plus vif. La couleur eft parfaite aufli-tor qu'il eft formé, & l'armofphère ne peut y rien ajouter. Le bleu de Pruffe eft, en un mot, le prufiate dont la bafe contient 45 d'oxigène. Il eft au prufliate blanc, ce que le fulfate rouge eft au fulfare verr. Ces deux prufliares ne différant point du côté de l'acide, font entre eux comme les oxides qui leur fervent de bafe. Le prufliate bleu ne reçoit aucune altération de la part des acides; l'acide muriatique oxigèné l’alrère , le verdit & s’y altère lui-même, comme l’a découvert Berchollet; mais l’aétion de cet acide deftruéteur s'exerce fur l'acide pruflique , & non fur l’oxide, qui ne peut recevoir une dofe d’oxi- gène plus grande que celle qu'il a reçue de l'acide nitrique, de l'air, &c. Les acides que l’on emploie pour aviver les bleus de Pruffe mal colorés, n’ont d'autre ufage que d'enlever la grande quantité de carbonate de fer, précipitée par La poraffe non faturée d’acide pruflique, & qui furabonde dans les leflives mal préparées. S'il s'y trouvoit du prufliate blanc, 1l ne feroit nullement changé par l'acide, & ilne prendroit une couleur bleue qu’en abforbant, dans l'ait atmofphérique , la quantité d’oxigène qui lui eft néceffaire pour cela. Pour fe convaincre que loxisène eft, dans le prufliate de fer bleu, le principe qui lui donne cette belle couleur par laquelle il eft connu , il fuf- fit de confidérer la couleur de fon oxide précipité par les alkalis. Dans le fulfate vert, il étoit noir; après la précipitation du bleu de Pruffe, il eft rouge ; aucun autre principe que l'oxigène n’a pu porter cette différence dans cêès acides. : Prouft ayant nommé indifféremment jaune ou rouge l’oxide de fer, complettement faturé d'oxigène, obferve qu'il fe fert indifféremment de ces expreflions ; c’eft que nombre de faits lui ont prouvé qu'il n'y a point de différence entr'eux, « Tout oxide rouge, dit-il, dilfous dans un acide quelconque, fe précipite en jaune par les alkalis purs ou faturés d'acide carbonique; cet acide n'apporte aucune différence dans le précipité, parce qu’à ce degré d’oxidation , le fer n’a aucune tendance à s’ÿ unir. Les oxides rouges deliéchés font bruns, obfeurs , fouvent noirs, felon le degré de def- ficcation & la denfité qu'ils ont acquis. Mais fi on les broye dans un mor- tier de porcelaine, on a bientôt rappelé la couleur qui les caractérife. Ces oxides ont, dit-on, le pouvoir de décompofer l'ammoniac ; depuis plu- figurs années, j'en conferve , fous l’ammoniac, fans remarquer en eux le nt ET D'HISTOIRE NATURELLE, 339 moindre changement. Je n'ai pas été plus heureux avec celui de mangarèfe, à la température ordinaire de l'atmofphère. ' La diffolurion du gaz hydrogène fulfuré gardée dans un flacon avec du prufiare bleu, sy décompofe ; elle enlève, -à fon oxide, la portion d'oxisène qui fait la différence da prufiare bleu au prafinite blanc, & ce prufliare , ainfi ramené au blanc , fe comportenavec les alkalis , comme le prulliate blanc fait immédiatement avec le fulfate vert. Le prufiare blanc, gardé fous l’eau hépaïhique, ne s’y aïtère point; en cela, il reffemble au fulfate vert, l’un & l’autre cèdent facilement à l'hydrogène diffous dans certe eau , tout ce qu'ils pofsèdent d’oxigène au-delà de 27 p. 2. La même théorie explique pourquoi le fulfare rouge, le nitrate de fer, décompofent l'hydrogène fulfuré. L'oxide de fer biüle l'hydrogène, le foufre fe décompofe , & fa liqueur , au Heu de fe précipiter en rouge par les alkalis , donne un précipité verr. Cela fournit un moyen de rétablir à l'érat de fulfate vert la couperofe du commerce. Quand elle forme des dépôts bruns , c’eft une preuve qu'elle contient du cuivre. La diffolution d'hydrogène fulfuré n’eft pas le feul moyen qu’on puiffe employer pour ramener le prufliate bleu à l'état de prufliate blanc; pour opérer cette fouftraétion d’oxigène , il ne faut que garder du prufliate bleu avec de l'eau & des lames de fer & d’étain dans un flacon bien bonché ,-il acquiert alors routes les propriétés du pruffiate blanc. Cette répartition de l’oxigène, entre un métal & fon oxide, n’eft pas rare en chimie. C’eft en gardant un fulfate ou un muriate rougi avec du - fer, qu'on les rappelle à leur premier état. Le mercure gardé dans une diffolution de fublimé corroff, fe change, ainfi que ce fel métallique, . en mercure doux ; le mercure éprouve le mème changement dans le muriate rouge de fer, tandis qu'il n’eft point altéré dans la diffolution de muriate vert de fer. Dans le fulfate rouge , lé mercure fe convertir en l’efpèce de fulfate qui ne jaunit point à l'eau; c’eft-à-dire , dont l’oxide eft au mini- mum , & ainfi de beaucoup d’autres. On a dit plus haut que l’aétion de l'acide muriatique oxigèné ne s’exer- çoit point fur oxide du bleu de Pruffe : en voici la preuve. Lous les oxides rouges connus, naturels ou arüficiels , le colcorar, la mine de fer de l’île d'Elbe (1), &c., ne fubiffent aucune altération dans cet acide, mais il n’en eft pas de même des oxides bruns natifs, qui ne font la plupart que des mélanges d’oxide noir & rouge. C’eft par l'acide muriatique oxigèné que l’on trouve que l’oxide du nitrate, de l’acérite de plomb, du muriate n’eft point non plus porté à fon maximum (1) La mine d'Elbe contient fouvenr da fulfate de fer. On l'en extrait en Ja traitant avec l'acide nitrique ; puis on le précipite avec l’'ammoniac ou la potafle caultique, 540 JOURNAL'DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d’oxidation. Tous ces fels gardés fous cet acuie, s'y décompofenr,. On ne tarde pas à voir un oxide brun ou puce £e depofer & même criftallifer aurour des flacons. L’acide nitrique n'a plus d'action fur le nouvel oxide, Avec le temps cependant l’oxide prend une belle couleur de rofe; des builes s'élèvent du fond du mélange, & à la fin, il fe produit du nitrate lufque cet oxide, continuellement follicité à l'union par l'acide nitrique ; à perdu Ja dofe d'oxigène qui s’y oppoloit. L'acide muriatique ne diffout le plomb fur-oxidé, qu'en produifant abondamment de l'acide oxigéné ; mais pour fe procurer cet acide en plus grande quantité, il ne s’agit que de traiter avec un oxide nitrique foible, le minium du commerce, & on en fépare de 13 à 14 p. ? d'oxide brun, qui, comme on fait, a été trouvé par Scheele. Le-plomb rouge de Sibérie n’eft comme, l’a démontré Macquart, qu'une fur-oxidation naturelle de ce métal. Il feroit intéreflant de favoir fi, en pouflant la calcination au-delà du point qui doune le minium, on ne porteroit pas cet oxide au brun; ce qui feroit un moyen peut-être de fuppléer à la difette de manganèfe, pour les préparations de l'acide muriatique oxigéné. Prouft fe réferve de faire connoître , dans une autre occafon, la nature du plomb moins oxidé que celui qui fert de bafe au nitrate de ce métal. \ De ce qui vient d'être expofé, Prouft tire les conclufions fuivantes : L'oxide que les alkalis féparent du bleu de Pruffe eft rouge, quoiqu'il exiftt primitivement en noir dans le fulfate vert qui a fourni ce bleu. Le prufliate blanc eft un fel qui ne fe comporte pas avec l'atmofphère , autrement que les fulfares, les Muriates, les carbonates verts, & enfin la plupart des combinaifons falines qui contiennntle fer oxidé au minimum ; il n'y a pour leur oxidation, de différence que le temps plus ou moins long qu’exigent ces fels métalliques, car il a remarqué que les muriates & les phofphates dont l'oxide eft au mininum , ne s’altèrent pas fenfiblemenct à l'air. Le prufliate de fer n’eft pas la feule combinaifon de ce métal qui doive fa couleur bleue à l'oxigène atmofphérique. Ce qu’on appelle bleu de Pruffe natif, n'eft que le phofphate de fer oxidé à un certain point. Prouft fera connoître des phofphates artificiels , gris de lin, bleus & blancs felon le degré d’oxidation; nous connoïffons maintenant, ajoute l’auteur, la caufe de ces rons fales verdârres qu'affeétent fouvent les prufliates récens. Sonvent les acides ne réufliffent point à les aviver , & ils n'acquièrent la belle couleur qui leur eft propre, que par l’expofition à l'air, Ce phéno- mène eft bien connu des fabricans; auili fe gardent-ils bien de confommer des acides pour amener leur préparation au bleu, [ On a vusplus haut que le fulfare vert pur ne poircifloit point avec l'acide gallique. Ce qui ft très vrai, dans le premier moment ; mais le paca ait ET D'HISTOIRE NATURELLE. 341 l'air ne tarde pas à colorer le mélange à fa furfice. Quelques gouttes d’acide muriatique oxigèné , produifent fur-le-champ le même effer dans toute la liqueur ; GE ce n’eft qu'autant que le fer eft oxidé au maximum , qu'il fôtme de l'encre avec l'acide gallique. Cette couleur noire peut également s'anéantir, fi l’on renferme dans un flacon le mélang: noir avec uns certaine quantité d’eau hépatique. On voit maintenant bien clairement, ce qui avoit cependant déjà été très-connu, pourquoi il eft néceffaire d’atrer les étoffes qu’on teint en noir ; pourquoi l'encre récemment faite & mal colorée ; noircit à vue d'œil, à mefure qu'on l’érend fur du papier, &c.: c'eft que dans tous ces mélanges, on emploie le fulfate de commerce, qui ne contient que peu de fulfate rouge fur beaucoup de fulfate vert. Que l’on verfe de l'acide gallique dans les diffolutions de fulfare & de muriate de fér rouge, dans le nitrate, & l’on produit de l’encre à l'inftant. La bafe de l'encre & de toute teinte noire , n’eft donc que du gallare de fer & oxidé au maximum, Enfin, on ne peut manquer de réconnoître dans tous ces faits, que jufqu’ici l’on s’étoit mépris fur la propriété qu'a le fulfate de fèr ordi- naire de noircir avec l'acide gallique , de donner du bleu avec les prufliates alkalins , &e. Ces propriétés appartienuent éxclufivement aux combinaifons dont l'excès contient 2 d’oxigène , & non 7 feulément. Je rerminerai , diten finiflant, Prouft, par conclure de ces expériences, le principe que j'ai établi au commencement de ce mémoire; favoir que le fer eft comme plufeurs autres métaux , par cette loi de la nature qui préfide a toute combinaifon vraie, aflujetti, dis-je, à deux proportions conftantesd'oxigène, 11 ne diffère donc point en cela de l'étain, dû mercure, du plomb, &c., & enfin , de prefque tous les combuftibles connue. Je ferai connoître fous peu l’efpèce d'oxide qui réfulte. de Punion de l'oxigène au Charbon, dans une propottion inférieure à celle qui conftitue l’acide carbonique. DE LA TERRE SIDNECIENNE: Pit KLAPROTH. Traduit par TESSAERT. Ox connoît , depuis quelques années, fous le nom de fable auftral (auf- tral fand , ) un foflille fablonrseux , trouvé à Sidnei-Coye, dans le nouveau pays.de Galle méridional , & de-là apporté en Angleterre comme unetterte particulière qu'on à appelée terre auftrale,, terre fidnecienne ( fdñecia cam- bria). Cerre opinion eft fondée fur une analyfe de J. Weedgwood , dont voici les principaux réfultats. Tome II NOVEMBRE, 1794. Xx> 342 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Le caraétère de cette terre eft de réfifter à l’ation de tous les alkalis & de tous les acides, excepté l'acide muriatique concentré ; elle ne s'y diflout qu'à l’aide de la chaleur : elle en eft précipitée par l’eau. Ce n'eft que depuis peu que j'ai pu fatisfaire le defir que j’avois d'effayer moi-même ce minéral; & que je fuis parvenu à m’en procurer une peute quantité. J'en aï eu deux échantillons : le premier évoir pour la plus giande partie en feuillets noirs brillans, que l’on pouvoit prendre pour du gra- phite ( plombagine , carbure de fer j , qui m'a paru du métal ferrugineux.: Le fecond, qui en contenoit beaucoup moins, eft celui que j'ai employé comme le plus pur. A. J'en ai réduit trente grains en poudre fine. La couleur grifätre qu'il avoit naturellement eft devenue bleuâtre par la porphyrifation. J'ai fair bouillir fur cette poudre de l’acide muriatique concentié; j'ai décanté la liqueur après le refroidiffement; j'ai fait bouillir de nouvel acide fur le réfidu, & j'ai répété trois fois cette opération. BE. L’acide , patlé par un double papier à filtrer , n’a pas été troublée par l'eau ajoutée peu-à-peu, en fufhfante quantité. Le mélange expofé à la chaleur a confervé fa Jimpicité. C. L’acide faturé de carbonate de poralfe. I[ y a eu un peu de préci- pité , en flocons légers , qui recueilli fur le filtre, édulcoré & feché a pefé 3,25 grains. Ce précipité, mis dans l’acide fulfurique étendu, a donné des criftaux d’alun & laiflé une petite portion de terre filiceufe. D. Le réfidu, laillé par l'acide muriatique, a écétraité avec trois parties de potaffe , puis avec l'acide muriatique ; la partion gélatineufe , infoluble, feparée par lé filtre, édulcorée & féchée a pel 19,5 grains. C’evoit de la filice. A E. La diflolurion muriatique , effayée par la liqueur pruffique, a donné un précipité bleu correfpondant à environ 0,25 grains de fer. É. Cetre diffolution décompofée par le carbonate de potaffe , il s’en eft féparée de lalumine qui, édulcorée & féchée au feu, pefoit 8,5 grains, & qui,unie à l'acide fulfurique, apaffé en entier à l’état d’alun: : De l’alumine , de la filice, & un peu dé fer, voilà tout ce que j'ai retiré du fable de Sidneï, fans pouvoir y découvrir la moindre trace d'aucun autre principe. Quoique je n’aie opéré que fur 30 grains, & qu'il m’ait été impoflible de répéter cette analyfe:, fon réfultat fuffit pour faire douter de la préfence d’une nouvelle rerre dans ce fable. Le temps fera connoïrre fi ce doute eft fondé; & dans cé cas, voici comment on pourtoit expliquer les expériences qui ont induit en erreur. Wecdgwood ne dit pas s'il a filtré l'acide qu'il a employé À diffoudre ce minéral, avant que d’y ajouter l’eau. On a mème lieu de croire qu'il n’a pas pris cette précaution , puifqu’il fuppofe que lorfqu'il a ajouté dé l'eau k Lt, +; 2 \ = * X “ ET D'HISTOIRE NATURELLE. 343 à la diffolution , pour l'érendre , elle eft devenue blanche. La terre, dépofée pat l'acide affoibli, n'étoit probablement que la filice encore unie chimi- quement à l’alumine. - La voie par laquelle j'ai obtenu le morceau que j'ai éprouvé, ne me per- met pas de douter que ce ne foit le véritable fable de Sidnei. Il m'a été donné à Vienne par le Confeiller des Mines , Haïdinger, à fon retour de Londres , où il l’avoit reçu de Banks. DL SU OUR TO A TTC UN Sur lIrritabilité des animaux & des Plantes. Par J. Pascuier de Genéve, Doiteur en Médecine, EEE LR TN ANET, Où fait que les plantes ont prefque la puiffance de fe mouvoir, & que plufeurs ont mème des mouvemens très-étonnans. Les Savans, dans la re- cherche de la caufe de ces phénomènes, ont avancé différentes opinions, Je l'ai aufli examiné, & je vais rapporter les expériences que j'ai faites, Les caufes de l'irritabilité font ordinairement réduites à fix principales, 1°. Les ftimulans extérieurs; 2°. l’oxigène; 3°. la température; 4°. Fac- tion des fexes; 5°. la lumière ; 6°. la volonté. Je traiterai enfin de leur fympathie. . Plufieurs auteurs ont attribué à l'irritabilité les mouvemens des plantes dites /enfibles ; mais je-doute que l’icritabilité foir la mème chez les végé- taux que chez les animaux.-Néanmoins je me fervirai: du mor rirabilié , qui eft connu de tour le monde, parce qu’il embraffe tous les phénomènes des plantes fenfibles, & parce que de nouveaux noms font toujours naître beaucoup de difficultés. J'ai fait la plupart de mes expériences avec un cylindre de verre, ayant trois pouces de hauteur, deux et demi de diamètre, & portant fur le côté un petit tube pour y introduire des branches; fon col, qui eft rond, a un pouce de diamètre : les branches qui fervoient aux expériences étoient intro- duites par ce petit tube; elles adhéroient toujours au tronc ou à la branche principale , qui étoit plongée dans l’eau : je les luttois avec un lut inodore, compofé de cire & de térébenthine. Il ya beaucoup de végétaux qui ont des mouvemens à certaines heures ; nous en avons quelques-uns dans nos climats, On peut en exciter ou en em- pêcher les mouvemens, » NxU2 344 JOURNAL DE:PHYSIQUE , DE CHIMIE Le berberis vulgaire ( épine-vinetre de la claffe des hexandries monogy= nies.) a fix étamines, que l’on voir fe mouvoir vers le peftil, dans le temps de la maturation, & peu d'heures après elles reprennent leur première fituation. Ce mouvement peut fe répéter fouvent en enfunçant une aiguille à leur bafe, és La rimeufe pudique (la fenfive de la claffe des polygonies monolecies } poffède l’irritabilité non pas dans les fleurs, mais dans les feuilles. A l’ap- proche du crépufcule, les deux feuilles oppofées fe rapprochent & s’unilfent de manière qu'elles ne paroiffent plus n’en faire qu'une. Elles fe féparent de nouveau Îe-maun. Ce mouvement s’obferve jufqu’a la raaturité des femences. La plante fe contraëte évalement dès qu'on la toucle. Le filène noëtiflore ( de la clafle des décandries dyginies , a cinq pétales émarginés. Ces pétales fe roulent après le coucher du foleil; ils demeurent dans cet état toute la nuit; & le matin ils fe déroulent, Ce mouvement à lieu pendant cinq jours; ces feménces meuriflent, & la plante périt. Il y a plufeurs autres plantes très:irritables ; mais elles font indigènes dans la zone torride, telles font l'awerrhæe carambola ; la dionia mufcipula , laedyfarum gyrans , &c. Le célèbre profeffeur Hope a très-bien décrit les mouvemens de ces plantes, dans une differtation fur /es mouvemens & la yie des plantes. N . Plufeurs autres végétaux ont des mouvemens particuliers; mais on ne, peut point les exciter comme.dans ceux dont nous venons de parler , à moins. qu’on ne les traite violemment : voici les noms de quelques-uns. La parnal]ia paluflris, quelques efpèces de faxifruges , la ruta graveo- lens , fedum teiephium ,hyofciamus aureus ,agrimonia eupatoria, a. repenrs , riveria humilis, r. lavis, [crophularia nodulofa , tamarix gallica, geum urbanum , diverfes renoncules , friti!laria perfica, polygonum orientale , centaurea callitrapa , caëlus opuntia , ciflus helianthemum , parietarta vul- garis , p. lufitanica , urtica , fpinacia, atriplex , nigella fativa, pafliflora carulea; epilobium anguftifolium , &c. &c. Je ne dirai rien des mouvemens de ces plantes, ni de ceux de plufeurs autres. Le mâle s'approche de la , femelle, & la femelle du mâle. Mais paflons aux expériences. PE & MAD RE SG LOuN A Des effets que les fubflances odoriférantes produifent fur les plantes dites fenfibles. Il s’agit d'examiner fi les fubftances odoriférantes qu'on nomme Æimulus peuvent agir ou nuire de la même manière fur toutes les plantes fenfbles , &. de. déterminer les lois de cette action. Ou fi cette action eft due feulement à des caufes mécaniques, 5 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 345 ‘PREMIÈRE EXPÉRIENCE. J'ai introduit dans l'appareil que nous venons de décrire un rameau du berberis vulgaire , & j'ai lutté l'appareil. Les étamines étoient droits contre les pétales, ce que j'appellerai leur re/axarion. J'ai verfé un peu d’acide nirique fur les Aeurs intaétes ; & aufli-tôt j'ai fermé l'ouverture du col du vaifleau.. Après fix minutes, les étamines fe font rapprochés du piftil , & ont demeuré dans cer état. Les petales ont perdu fu couleur jaune; & font devenus blancs; deux minutes après, les étamines ont repris leur première fifuation. Les anchères ont pris une couleur cuivrée, au lieu de celle d’or qu'ils ont. Le rameau eft devenu flafque, & enfin entièrement mol. Les autres rameaux de la plante n’ont nullement fouffert de cette ex- périence. - IL EXPÉRIENCE J'ai répété la même expérience fur deux digitations de la mimeufe pu- dique. Les feuilles fe font contractées, & ne fe font plus relâchées ; en les tetirant du vafe elles reprennent leur première vigueur ; mais elles périlfent fi elles y demeurent plus de temps. . Ayant répété cés expériences fouvent, & en ayant médité les réfultats, il me paroît que cette contraction peut étre attribuée à des caufes méca? niques & chimiques; car il étoit clair que la vapeur de l'acide doit pro duire une décompoftion de matières végétales & animales; les autres parties de la plante ne font nullement affectées. Cette aétion ne fe fait fentir que fur les plantes fenfibles ; car d’autres plantes , telles que la Jaxifrage , l'arabe pfeudo-platane ; w'ont donné aucun mouvement, mais font péries - IILEXPÉRIENCE. J'ai employé de la même manière l’alkali volatil, où 4mmoniac cauf- tique. Une très-petite quantité à fait en cinq minutes contraéter les éta- mines dans le berbéris, mais non pas toutes dans le mème moment; douze heures après je les ai trouvé comme auparavant; mais les anthètes étoient noirs, & les pétales crifpés. TYI Dans la première expérience, les éramines fe rapprochèrent de nouvean des pétales, ce qui n’a pas eu lieu dans la troifième. Je demande fi lain- moniac a abforbé plutôt l'humidité que ne la fair l'acide nitriques. IV. EXPÉRIENCE, J'ai tenté lesmêmes expériences avec la fenfive : elle:s'eft.contradtéé 346 JOURNAL DE PHYSIQUE, DÉ CHIMIE promptement ; mais £e mouvemene peut être attribuée à des caufes méca- niques. V. EXPÉRIENCE. J'ai placé le foir dans l'appareil deux rameaux de /enfrive ; le lende- main matin les feuilles éroient très-dilarées. J'introduifis adroitement dans le vafe des morceaux d'ammoniac carbonaté, & je le fermai; trente- cinq minutes s’écoulèrént fans que! les feuilles fient voir aucune contrac- tion; elles fe contraétèrent lenfuite peu-à-peu ; & devinrent jaunâtres. Je retirai du vaileau le rameau trois heures après; mais ce fut inutilement : car quoiqu'expofé au foleil il périt. -; Ayant répété fouvent certe expérience, j'ai vu avec furprife que quel- quefois Les rameaux n’ont point fouffert; d’autres fois ils ont péri. | VL EXPÉRIENCE. J'ai employé le camphre dans celui-ci; je plaçai dans l'appareil un mor- ceau de camphre avec un rameau de berberis, & je les lutrai; les étamines étoïent relchés, & je les examinai attentivement : douze heures après, il n'y ayoit point eu de contraction. Je retirai le rameau, & je trouvai les étamines infenfbles : le rameau fut plongé dans l’eau , néanmoins la fleur devint flafque. : , aVdl ARR D EUR BRINICIE: Je plaçai avec les mêmes foins , un rameau de /enfitive dans l'appareil à âyec un morceau de camphre. Les feuilles éroient étendues; elles ne fe contrattèrent qu'à neuf heures après midi. Le fecond jour, elles ne s'éten- dirent point. Le troifième jour, les feuilles demeurèrent dans le même état ; mais le pétiol fe courba un peu. Je le fortis du vaifleau, & l'expofai à Pair ; il n’y eut point de changement. … D. pis a D Ù Ces expériences ne permettent pas de douter que le camphre n'ôte la fenfbilité à l'épine- vinecte ,'ainl qu'à Ja /enfüive ; mais il ne produit pas le mème effec fur les autres plantes, RCA VIT PUE X BE RAI E'NICPE J'ai placé un rameau de berberis fous l'appareil, avec deux grains de mufc , pendant vingt-quatre heures, 1l n’y a eu aucun mouvement; mais les étamines , touchées avec une aiguille , avoient toute leur fenfibilité. La /enfitive placée. dans l'appareil , ‘avéc'fe mufc/ péndant cinq jours, ma point été affectée; fes feuilles s'ouvrirent le matin, & fe fermèrent Je foir à d'ordinaire; ôtée du vale ellesn'a pas paru avoir’ fouffert; ç ET D'HISTOIRE NATURELLE, "1 347 IX EXPÉRIENCE. J'ai placé dans l'appareil ün rameau de berberis, & j'ai introduit un peu d’écher fulfurique. Lés étamines fe font mues quinze minutes après, 1] n'y à eu enfuite aucun mouvement. $ EXPÉRIENCE. La /enftive placée de mème, fes feuilles fe fonc fermées dans trois minutes , pod minutes après. je lai expofée inutilement à l'air ; elle étoic noire, & elle a péri. XI EXPÉRIENCE. J'ai placé dans l'appareil un rameau de herberis , 8& au moyen d’une fes ringue , j'ai rempli d'eau le vafe jufqu’au col. Les étamines fe fontcontractées à leur ordinaire ; j'ai ôté l’eau , la plante n’avoit point fouffert. On pourroit dire qu'il s'échappe de la plante, ainfi enfermée, quelque gaz qui agit fur elle ; pour m'en aflurer , j'ai fair l'expérience fuivante, XLLUE NÉPE RE ANG E, Le 9 Juin, avant midi, je plaçai dans l'appareil deux rameaux de Jenfrive ; & je le remplis d’eau jufqu'au col, . ayant foin qu'aucune caufe mécanique n'agit. Les feuilles éroient bien étendues ; elles n'éprouvèrent aucun changement. À quatre heures après midi je les expofai au foleil ; à fix heures l’expenfion éroit totale, & la contraction ne cominença qu'à onze heures. Le dixième jour la contraction étoit entière & totale pendant la nuit. À trois heures après midi l’expanfion eut lieu fans l'influence du foleil. À fepc heures [a contraction commença, & elle fut totale à onze , elles recommencèrent à s'étendre le onzième, Sur le foir j'ôtai l'eau: les feuilles étoient demeurées humides; élles continuèrent leur mouve- mens à l'ordinaire; ce qui eùt lieu pendant dix jours confé. urifs. _. Cette expérience prouve ‘que l’eau n’a aucune action fur l'irritabilité, La conclufon que nous pouvons tirer de toutes ces expériences , eft que les différens irritans n’agiffent pas de là mème maniere fur toutes les pres & tout ce qu'on a dit à cet égard, a fouvent été plutot le fruir de imagination. que le réfulrat de l'expérience. ; AP SUD SUD) AE MED SE >Gl PF © Nid 1 © De l’Oxigène confidéré comme caufe prochaine d'irritabilité. 1 : Plufieurs modernes regardoient l’oxigène comme une des caufes princi- 3438 JOURNAL'DE PHYSIQUE, DE CHIMIE pales de Pirritabilité chez les végétaux & les animaux. « L'oxigène, difent-ils, » ft abforbé pendant la nuit; mais les rayons du foleil le font fortie » pendant la chaleur. Au moment de fa fortie, les partiés fenfibles fe » meuvent, la plante fe colore , les parties.réfineufes fe fornient. Au con- » traire , chez plufieurs plantes , l'oxigène a plus d'afliniré avec la plante, » qu'avec les rayons folaires, c’eft pourquoi 1l ne s’en dégage point. Ces » plantes n'ont point dé fenfbiliré, & pluleurs deviennent pâles dans », certains cas, par exemple dans l’obfcurité ». Lure Les Allemands , auteurs de cette opinion, qui a été auñli foutenue par le célèbre Girranner , Vont appuyé par on grand nombre d'expériences ; mais cette théorie eft plus ingénieufe que folide. Y a-t-il quelque rapport entre l’irritabilité des plantes , & l’oxigène qui s'en dégage ? C'eft certainement très-douteux, Je ne nierai point que l'ôxigène n'ait une très-grande influence-dans l’économie animale; mais nous 1gnorons abfolument quels font les effets qu'il y produir, c'eft pourquoi on ne fauroit être trop circonfpect dans l'explication qu'on donne de ces phénomènes. Je ne nie point que des plantes élevées dans l’obfeurité, & à une'certaine température, ne foient pâles, & qu’enfuite elles ne fe colorent fi on les expofe à la lumière & à la chaleur; mais tant de caufes peuvent concourir à ces effets, qu'ils ont befoin d’un nouvel examen. Tous les petits rameaux de mimeufe que j'ai employé avoient différentes teintes , depuis le verd jufqu’au jaune, & cependant elles avoient à-peu-près le même degré d'irritabilité. Etoient-elles malades ? contenoient-elles plus où moins d’oxigène ? c'eft ce que nous ne favons pas. Le dirca paluftris prouve bién que la couleur pâle des plantes vient d’une autre caufe, car elle eft pâle, excepté la racine : elle n’a point de mouve- iment , elle vit toujours, & paroît aufli robufte que toute autre plante. Ceux qui fouriennént l'opinion contraire , apportent en preuve les plantes réfineufes de la zône. Torride, qui, abfotbent les rayons du foléil; mais je leur oppoferai les plantés réfineufes du Nord, tels que les pins & fapins. J'accorderai, fi l'on veut, que dans .quelques ‘plantes, loxigère entre & fort alternativement, qu'il contribue à Jéur couleur &'à leurs mouve- mens; mais les expériences que je vais bientôt rapporter fur les effets de la lumière fur les plantes , feront voir qu'il ne faut pas trop donner à cette caufe. Rés EURE » L'oxigène, dit-on , eft caüfe de Pirrabilité & de l’acidiré des plantés ». J'accorderai bien qu'il eft la caufe de-leur âdidité; maisrien ne prouve qu'il le foit de leur irritabilité. On ne voit dans les plantes fenfibles aucune pro- priété- qu’on puille direlprovenir de l'oxigène. 1 ÿa plufieurs' planes acides abfolument infenfbles , & des plantes irritables ont une odeur agréable, & he font point acides; plüfieurs /énfivés ont une glande à l'origine de leurs ragneaux. Lu ET D'HISTOIRE NATURÉELE JO\ ÿa9 rameaux. L'origine du ftile de 4 erberis eft entouré: de huit glandes nectaires mellifères. La ruta graveolens offre à l’obfervateur an cercle élégant de points rouges autour du germe. La parnaflia paluftris à cinq nectaires, La Jélene noët flora , & plulieurs autres de ce genre, ont une efpèce! de gluanc que les infeétes aiment beaucoup. On pourroit étendre beaucoup cette fuite d'obfervations. L’oxalis acero/ella paroît prononcer en faveur de ce fenti- ment du célèbre Girtanner. Elle’eft rrès-hâtivel & fes fuillés fe ferment pen- dant la nuit; mais l'ofeille, & beaucoup d’autres plantes acides font vertes & n'ont point de fenfbilité. Enfin, je ne nie point qu'il n’y ait des plantes acides douées de fenfibilité ; mais il y en a beaucoup d’autres très-fentibles, où rien ne prouve la préfence de l'oxipène; c’'eft ce que prouve l'expérience fuivante , quoique peu concluante, ; RTE { 1 XIIL EXPÉRIENCE. J'ai placé dans l’appareil un rameau vigoureux de Berberis. La cloche étoit pleine ‘d’eau, & j'y ai fait preffer de l'oxigène. Je n'ai obfervé dans la plante aucun effet paruiculier, 1ly a eu trois portions d'oxisène abforbée, fans qu'il y ait eu de mouvemens extraordinaires. De tous ces faits’, je érois pouvoir, conclure que l’oxigène donne dieu à l'irrivabilité, plutôt par les JEcreuuwuns & excreuons qu'il favorife dans les plantes , que par la quantité qui en eft aborbée. | F TROSIÈME SE C TION. i De réfère de la chaleur Jar les Plantès fenfibles. XIV. EXPÉRIENCE: J'ai approché un fer rouge du péduncule du berberis : il n’y a eu aucun mouvement, quoique le fer y foit demeuré long-temps ; cependant la plante avoit toute fa fenhbilité. j XV.4EXPÉRIENCE. J'ai expofé au mème degré de chaleur une digitation de mimeufe ; deux minutes après les feuilles fe font contraétées; bientôt les autres périoles ont tombé : route la plante a été affectée. Quelques feuilles ont cependant de- meurées étendues. On ne peut rien conclure de, mouvemens aufli itrégu- Jiers. x XVLEXPÉRIENCE lois J'ai placé un rameau debérberis dans l'appareil avec de la neige ; celle-ci Tome I1L NOVEMBRE, 1794. Yy 3jo JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE a fondu lentement :.le froid a été confidérable; la plante n’a point part affectée : les éramines n’ont'eu aucun mouvement; retirés du vafe, 1lsavoient leur fenfibilité ordinaire. Je voulois faire les mêmes expériences fur d’autres plantes; mais des circonftances m'en ont empèché, QUATRIÈMEÉISECTIO N. Les Sexes contribuentc-ils à l’irritabilité ? L'irritabilité elt cachée chez plufieurs plantes dans les parties de la fruc— tification; ce qui a fait croire qu'il y avoit un attrait particulier entre les parties mâles & femelles. NOV LI E XP IN CE: J'ai ôté d'un berberis les anthèrés ou parties mâlés; quelques heures après, & mème quelques jours, j'ai touché les étamines, qui ont donné les mêmes lignes de fenfhbilité qu'auparavant. Dans un autre, j'ai coupé le pifil; lés étaminés ont donné les mème fignes de fenfibilité. XVII EXPÉRIENCE. J'ai té. les neétaires à d'autres fleurs; leur fenfbilité n’en 4 point été affectée. Il en a été de même-én tant les ipétales. ; La propenlion des parties mâles pour les parties femelles ne dépend donc point dés parties qui les avoifinent; mais «lle doit tenir à une autre cute ; : C'IN'ONU LÉME SE CHF TON: La Lumière agit-elle [ur Éhañilité des Plantes, & comment ? Notre illuftre compatriote, Sencbier, a fairdes recherchéstrèsintéréflantes fur lation de la lumière fur les plantes ; mais la nature ne lai a pas tou- jours devoilé fes fecrets. Le célèbre Sowarey, dans un ouvrage intitulé Botanique Anglaife , s'ex- prime de la manière fuivante furles mouvemens du f/ène noëtiflora. « Les » pétales de chaque Aeur de cette plante fe roulent fur eux-mêmes les » derniers jours, lorfque lumprégnation eft .entièrement achevée; mais ET D'HISTOIRE NATURELLE. 351 # quelle eft la caufe de ce roulement? Seroit-ce l’aétion de {a lumière » fur la furface fupérieure de chaque pétale qui la ftimuleroit à fe con- » tracter »? J'ai fair les expériences fuivantes pour tâcher de découvrir la caufe de ce phénomène, XIX EXPÉRIENCE. Le 4 de juiller, à $ heures après midi, j'ai placé dans une: chambre obfcure un ranieau de f£/ene noël flora , portant fept fleurs; les pétales éroient étendus. À 11 heures P. M. (onze heures après midi), les pétales étoient moins ouverts. Le cinquième jour, à 6 h. A, M. (fix heures avant midi ), les pétales n'étoient pas entièrement fermés, 9 h: A. M. ils étoient entièrement fermés. 4 h. P. M. ils éroient ouverts. 12 h. P. M. ils commençoient à fe former. Le fixième jour, à 1 h. P. M. ils étoient tous roulés, Le fepuème jour, à 7h. A M. pétales ouverts, 1 h. P. M. idem. 211 h. P. M. idem. 6 h. À. M; idem: 12 h. P. M. idem: 9 h. A. M. idem. à 1 h. P. M. l'enroulement commença. à 4 h. P. M, il futachevé; les pétales périrentlenfuite. La même plante a été tenue fix jours dans l’eau ; les pétales s’épanouirent trois fois, & fe fermèrent autant deifois , mais irréguhièrement, foit quañd au temps, foit quand à la durée. Mais 1l faut comparer ces effets relativement à -la préfence ou à l’ab- fence de la lumière, XX EXPERIENCE J'ai plongé dans l’eau deux rameaux de la même plante; ils demeurèrent dans ma chambre expofés à la lumière; leurs mouvemens furent égaux dans l’un.& dans l’autre, : Le 8°. jour de, juiller, à 4 h Le 16 juiller, à 7 heures P. M., je plaçai une mimeufe à lobfcurité ; fes feuilles fe contradtèrene par l'aglationiqu'elleéprouva: ANS LVL à 11 £ Le 17° jours...» à.9,k À; M: elles éroient épanouies., cos à LL PaMaidenrs j Le 18, à:9 heutes'ANM. je +obhaï les râthéaux pour favoir s'ils étoient fenfblés , & ils l'étoients 1: 241 420 Qi ° ET D'HISTOIRE NATURELLE. j$s à 1 h P. M. ils commencèrent à s'épanoir. 8+ h. P. Mi. ls éroient tous ouverts. 7 b A M. idem. $ 9 F. P. M: idem. Ces expériences prouvent que l’obfcurité eft contraire à l'irritabilité de la mimeufe. J'en plaçai une dans ma chambre à 11 h. P. M. : elle fut ex- pofée à la lumière d’une chandelle jufqu’à 1 2 heures. Le 20°. jour, à 7 h. P. M. épanouie, à 7 h. P. M. fermée, Le 20°. jour, liérh. À M., épanouie. à 6h. P.M. idem, à 8 h. P.M. fermée. Ses rouvemens furent très-réguliers jufqu’au 30. Si on compare toutes ces expériences fur la mimeufe & a fflène, il me paroît très-difhcile d’en tirer des conféquences générales. Je crois qu’on peut dire que les mouvemens dans les plantes, dires irafcibles , obeifjenc à peu de loix générales ; & que les milieu qui les environnent ont une grande influence [ur eux; où au‘ moins ft la nature emploie les mêmee môÿens pour produire chez elles tes mouvemenrs fpontanes , elle nous cache bien [es Voies, L'expérience fuivarite eft bien favorable à cette conféquence. ! Si on coupe un rameau de mimeufe, & qu'on le plonge dans l’eau, il aura des mouveiens trèsifégulèrs, foir &”matin , pendant plufieurs jours; maintenant ce rameau n'éprouye point de mouvement lorfqu’on la touche. “Un rameiu de Berbéris, éxpofé à la même expérience, n'éprouve point - d’altération. Si le pétiole de Ja mimenfe eft plongé fous l’eau’, fes fuillés demeureront fermées quoiqu'elles reçoivent la lumière; mais s'il nage fur l'eau, les feuilles s’épanouiront & auront leurs mouyemens ordinaires PRO PE MIRE SECTE ON: Examen de l’opinion du Doëleur. Darwin. Cet auteur, penfe que les plantes ont une ame. qu’elles aiment, & “qu'elles fntent le befoin de l'amour. Cette opinion à été fourenue par plufeurs autres écrivains. J'ai examiné ce qui fe paie dans l'epifobium, anguflifolium. Lorfque la feuille eft épanouie, le piftil eft courb£ au milieu des étamines; le fecond jour il fe relève, randis que le ftigmate ouvre fes quatre divifions, Les-éra- mines ont différentes fituations & différentes longueurs ; les anthères font couverts d’une membrane dure qui, en s'ouvrant ; laifle épancher le pollens :54 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fur le ftigmate : l’afcenfon du pifül, l'ouverture du fligmate, & le déchi- rement des anthères fe font dans Les inftans convenables. XX IT. E X P É\RIE N CE. J'ai coupé les éramines dans une fleur d'apilobe, dont le piftil étoit courbé ; néanmoins il s’eft relevé, a vécu peu de temps, et a péri. XXIILH EXPÉRIENCE. L'afcenfion du pifil fans l'ouverture de ftigmate , & l'ouverture du figmate fans l'afcenfion du pifil ne me paroiflent nullement dépendre des éramines. Curieux de voit leur influence mutuelle, j'ai lié le piftil pour u'il ne pût fe reédreffer; mais le lendemain les partitions de ftig- mate {e font ouvertes, les étamines ont lancé leur pollen ; mais les liens du piftil ont trouble la vo/upe. Puifque le piful évoit impuillant, pour- quoi le ftigmate s’eft-il ouvert, pourquoi les étamines ont-ils lancé le pollen ? De la Sympathie. Je vais rapporter quelques expériences que jai faites relativement à la fympaihie des plantes. J'ai employé une aiguille incandefcente, ayec laquelle j'ai touché différenres parues de la /enfive, XXIV EXPÉRIENCE, J'en ai touché le milieu de la feuille ; elle s’eft contraétée aufi-tôt , ainf que le rameau. MS EX PU EUR AL ET NICE, Je brülai de mème le parenchime de la feuille : toute la digitation tomba, mais fe releva bientôt. Dans tous ces eflais, les digitations affeétées étoienc tès-fenfibles; mais la feuille ne s’ouvrit plus. N'SANT L'MRE RGP 'É R D'ÉMNLCUES J'appliquai le mème fer au pétiole, au lieu d'où partent les digirations ; il n’y eut aucun mouvement. RSVEIUE PEN TE RTE NICE Le cautère étant appliqué au pétiole de la digiation, il fe contraéte rapidement, fi ÊT D'HISTOIRE NATURLLE. 355$ KX VTIL EXPÉRIENCE J'appliquai l'aiguille à l'articulation génuforme du pétiole général; la plante tomba aulli-rôt. MR Xe EUX D'EMLELE NE J'enfonçai le fer brûlant au milieu de la tige : la plaie fut profonde; mais la plante n’en parut pas fouffrir, 11 me paroït difficile de tirer des conclufons de toutes ces expériences, Les lois de sympachie des plantes & les limites de leur aétion mutuelle nous font inconnues; mais en fuppofant que la fenfbilité foit plutôt dans le pétiole que dans Ja tige , comment cette rige at-elle pu fupporter une plaie auffi confidérable que des animaux n'eüffent pas fupporté. Ce feroir à tort qu'on citeroit le polype qui , lorfqu'il eft coupé en plu- fieurs parties, fe rétablit bientôt, & la partie fe reproduit. Le célèbre Pro- feffeur Blumenback a levé tons les doutes, à cet égard, dans fon ouvrage de Genératione (.p. 17 ). Parmi yplufeurs idées philofophiques , il rapporte le fait fuivant, « Dans uue de mes ‘promenades je découvris dans l’eau une » efpèce de polype armé; 1l diffère de l'efpèce commune par fon corps long » & fair en fpirale : il a des tentacules très-courts & entièrement immo- » .biles. Lorfque j’eus bien examiné ce petit animal, je réfolus d’en amufer », ines amis. La ftruéture de cer animal favorifoit les expériences que je » voulois faire pour découvrir s’il pouvoit reproduire; mais le fecond ou » le troïfième jour que j'eus mutilé & divifé l'animal en pluñeurs autres, » je rémarquai qu'il fe récénéroit, prenoit de la nourriture, mais étoit » beaucoup plus petit que lorfque je Pavois mutilé. » Le-mèmée Philofophe dit ailleurs que Roëfel avoit déjà obfervé le mème Bit. Le fiège de l'irritibalité ne paroît point le mème dans toutes Les plantes Le Philofophe de Genève croit qu'il fe trouve chez la mimeufe dans un point blanc qui eft dans l'infertion du pétiole. Les étamines du erberis ne fe meuvent que lorfqu’on les touche à leur bafe , foit à l’intérieur , foi là l’ex- térieur, d J'ai examiné plufeurs autres végéraux : le Aedyfarum gyrans a dans nos contrées des mouvemens très-irréguliers, & qui ont induit en erreur. Je penfe que les mouvemens du parnaffia. paluftris, rura graveoiens, ciflus helianthemus , enothera biennis…... font dus à l’accroiflement des feuilles dans le Ka/mia glauca ; tous les mouvemens patoiflent dépendre des caufes mécaniques. D'après toutes ces expériences , je penfe-que la caufe de Pirricabilité des 5,6 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE végétaux eft abfolument indépendante de la perception , de la fenfation & de la volirion qu'on voudroit leur fuppofer. Leur manière d'être, & leurs mouvemens annoncent un être organifé qui fe nourrit, s’aceroit, dégénère, & enûn péri Mais peut-on dire qu'ils reffemblenc abfolument aux ani- maux ? L’analogie qu'il y a-entre leur firucture, peut-elle faire croire qu'il y en a également pour l'ame ?. Paroïtroitl dione dé la fagelle du Créateur que les végétaux, étant la proie des animaux, expofés aux intempéries de l'air, euffent la fenfation, & la volition?.... Mais j’entends dire que les plantes ont des chofes pour fe défendre, telles que des épines, des efpèces de cranchans, des odeurs féudes..... On fent qu'il eft facile de combattre ces objeétions. … Les plantes, dit-on, penfent & veulent; mais pourquoi ne parlent-elles pas? Elles parlent, répond-on , d’une manière particulière ; ceci ne mérite pas de réponfe, Mais arrivons aux conclufions. Celui qui veut envifager l'irritabilité des végétaux d’une manière philo- fophique doit voir ce qu’en a écrit le Doéteur Rurherford, un des Profef- feuts de l'Académie , & un de mes amis! Voici ce qu'il en dit : « Il paroît qu’on a poullé au-delà des limites l’analogie qu'il y a entre » les animaux & les vécétaux. Ceci vient particulièrement de ce que nous » ne connoiflons point les ciaffes inférieures des animaux. Mais voici des » chofes que nous pouvons regarder comme certaines. » Perfonne n'a cru que les plantes euffent, comme les animaux, des nerfs. des veines, Si par érrcahilité, on entend la capacité d’être affecté pat des corps étrangers, elle fe trouve dans tous les corps organiques. # Sipar ce mot on entend uue vraie volonté qui commande à une force » mufculaire, l’analogie ne fubfifte plus. » Les fibres des végétaux peuvent s’allonger & s’accourcir; mais elles » fontunies fortement, & non point par un tiflu cellulaire, flexible comme » la fibré animale. Aufñi les mufcles font fouples, tandis que la fibre vé- » gétale eft roide. Si on contraéte une plante à l'articulation, il fe fait un » pl, & il demeure un efpace intérmédiaire, » Les plantes diflèrent des animaux par les organes de la refpiration , & les gaz qu'ils donrent. Leur nature, leurs principes chimiques, leurs » combinaifons font abfolument différentes; fi leurs fonctions fe reflemblent fi peu, comment leur économie ne différeroit-elle pas également ? » De tous ces phénomènes on doit conclure que les mouvemens obfervés » dans quelques plantes font dus : 1°.À une augmentation de la fibre; » 2°, À un accroiflement plus confidérable de quelques parties, que de » quelques autres; 3°. Aux changemens fubits ou lenrs des fluides conte- » nus dans leuts vailleaux , à leurs raréfaétions où condenfarions. On » obferve fouvent ces changemens dans les plantes. » On ET D'HISTOIRE NATURELLE. 357 On peut ajouter une quatrième caufe , l’émiflion ou l’abforption des diffé- rens gaz qui peuvent caufer la contraction ou l’expanfion des fibres végétales. Ce que vient de dire notre favant profefleur eft confirmé par les faits fuivans , qui font voir la différence qu’il y a entre les animaux & les plantes. 1°, Ceux-ci évitent les alimens qui peuvent leur nuire; il n’en eft pas de même des plantes. Si on en plonge dans une infufñon de hémaroxilon, ou toute autre liqueur dangereufe , la plante abforbe non-feulement l’eau, mais les parties rouges montent jufqu'au haut des rameaux, & elle périt. 2°. Les animaux ne perdent que quelques parties peu néceflaires , relles que l’épiderme. Les végétaux périffent jufqu’aux racines. 3°” L'animal conferve encore de l'irritabilité après la mort; le végétal aucune. 4°. Chez tous les animaux, la mème partie a toujours la même irritabi- lité; ce qui n’a pas lieu chez les végétaux. 5”. Les parties animales font teintes en jaune par l’acide nitrique, ou le muriatique oxigèné : les parties végétales deviennent blanches. 6°. Les alkalis & les acides ont plus d'action fur les parties animales que fur les végétales. 7°. Plufieurs auteurs très-fages foutiennent que les femences de /’ere/y- mum alliaria , & plufeurs autres peuvent demeurer plus de mille ans fous des pierres, fans perdre leur fertilité; ce qui n’a pas lieu pour les animaux. - Si on coupe à un arbre des branches , les autres en deviennent plus vi- goureufes ; {1 on coupe des parties à un animal, mêmes aux polypes , ils en fouffrent. On voit que cette queftion de l’irritabilité des plantes, quoique traitée par beaucoup d'auteurs, eft encore neuve. On ne l’éclaircira que par de nouveaux faits, en étudiant la nature, & en ne croyant pas aveuglement _ce-qu’en difent les voyageurs. Il refte encore à l’obfervateur des œuvres de Ja nature beaucoup de chofes à découvrir, Tome IL NOVEMBRE. 1794. Z z. 2 - | » e £ | 55% JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, | Extraus & réfültats des Obférvations faites à l'Obftrvatoire Météorologique de Montmo- renci , pendant l’année 1794, ère vulgaire ; par L.COTTE, Obférvateur Météorologifte. | JOURS DELA THERMOMÈTRE. QUANTITÉ. : PR MS, ré SR) MOIS. plus grande moindre plus grande | moindre GAL AEUER EN OAEENAUEE de d'éva- chaleur. chaleur. chaleur. chaleur. ere FRS Vera a jour. pluie. poration, degrés. degrés. degrés. degrés, degrés. degrés. pou. Jli.fpou. li. Janvier. 28 23 7,1 — 16,0 |— 6,3 — 352 NU ice 1. 0,0 | o. 8 Février... 11 20 9,8 — 6,0 1,4 4,1 2,1 2,5 2, 3,0 | O. 8 1 Mars... 2$ 2 10,9 2,3 z,4 6,5 4,0 4,3 2. $,3 I. 3 Avril... 10 8 16,4 2,6 6,1 11,6 8,2 8,6 PAT O,L 0 Ze 6 Matos 24 7-27 20,6 2,2 T4 14,3 10,1 10,6 0. 12,9 | 3+ 4 HtO PE I1 ° 22 21,5 4,5 10,3 257 12,2 12,7 4. 6,9 | 3: oO Juillet... 20 6 20,$ 7,6 9,9 15,6 11,7 12,4 1, 2,3 3 6 Août. . .. 21 29 22,2 752 11,6 18,4 14,1 14,7 0.1 7,9 | 3e 9 Septemb. 7 28 22,0 5,0 11,1 18,8 14,4 14,8 Fe M MON O&tobre. 19 23 17,8 5,3 9,6 + 13,8 11,2 11,5 ser 2E No | Novemb. I 16 11,0 — 1,6 3,1 6,3 4,5 4,6 2. 4,1|0. 10 Décemb. 22 | 10,17.28 11,2 eh He) — 4,9 7,2 $,6 5,9 LU TEEN IOR 9 Année, | 21 Aoùt, | 23 Jauv. 22,2 — 1 6,0 10,8 757 8,1. 227,4 125. 0000 JOURS DE LA BAROMÈTRE. Em —— PTS D MOIS. plus grande | moindre |plus grande moindre ELÈVATION MOYENNE. VENT. élévation. |: élévation. | élévation. | éléyarion, F —_—_— | ——— | ——— D matin. midi. foir. du jour. L à | ji pou. li |pou. li. |pou. li. |pou. li. [pou. li. [pou. li Janvier,.| 1o,11 28 28.3,52 | 27.2,9$ | 27.10,09| 27.9,93 | 27.10,14| 27.10,0$ N.-E. Février... 16 27 4,68 |26.11,2$ 6,80 6,54 6,40 6,61 S.-O, Mars... 20 12 3:27 | 271,63 8,72 8,83 9,0$ 8,87 N. Avril... 14 22 1,92 2,29 8,87 8,92 9,11 8,97 N. & 5.-O. Mai. mA 21 29 4,05 8,20 | 28.0,44 28.0,43 28.0,80| 28.0,56 N. & N.-E, Juin... 16 I 0,50 6,23 | 27.9,$1 27.9,71| 27.9,76| 27.9,66| N.-E. & 5.-O. Juiller.… 7 1 1,3$ 7531 10,74 10,74 10,93 10,80| N.-N.-O. & O. Août... 16 2,0$ 7,80 11,14 11,12 11,1$ 11,14 N,-O. Septemb. 14 4 3,00: 7,85 11,79 TLA7IS 11,74 11,76| N.S.E. & E, Q&obre. 6 II 1,18 2,58 8,81 8,87 8,76 8,79 | S.-O Novemb,| - 11 25 3,36 | 26.8,00 9,88 9:74 10,13 9,92 N. & N.-O Décemb. 24 20 3,92 | 27.7,20 11,79 11,57 11,77 11,71| N.-O. 5,-0. & ©. Année. 16 Fév. | 25 Nov. | 28.4,68 | 26,8,00 127.10,0$ | 27,10,10 | 27,10,1$| 27.10,07 N. & S.-O. ET D'HISTOIRE NATURELLE, \ SUVPIP E SDNEM LAS TA BL E 2 f JOURS DE LA AIGUILLE AIMANTÉE. ombre | © mm ur | MOIS. plus grande] moindre | plus grande | ! moindre DECLINAISON MOYENNE. de déclinaif. déclin. déclin. déclin. se L'cuR RE HRe A dde pluie. BU MR nl Een ir nl Janvier. | 29—31 |. 1—18 22.4$ 22e 241:22,28:44| 22 28.44| 22.28.66! 22,28.48 II Février. .| 16—17 ee 23.27 24| $53.41| 54,13 S4.58 S4.14| 19 | Mars...| 1—4 10—16 22,15 20.42 21,6,21 8.37| 21.8,26 21.7,46 21 D'Avril...| 25—30 ne 13.18 21.42 | 22.42,6| 22.37,54| 23.1,$0| 22.47,17| 13 Maïi....| 1—11 30.31 21 22.42 | 23.12,46| 23:12,6 12.0 | 23.172,17 5 Juin... 10 24— 28 22,51 o|22,14,18| 22:12,6| 22,12,23| 22,12,36) 20 Juiller. . 45 20.126,31 12 o $:13 5.8 $.19 S:83N Tz Août...|1.2.29.31| 6—23 Oo! .21—45$| 21.48,52/ 21.48,52| 21.48,52| 21.48,ç2 9 Septem. 25.27 I 42 21|22,11,18| 22.11,54| 22,12,$4 22,122 4 Oétob..| 17.19 25—31 39 12 28.14 27252 28.41 28.3 19 Nov....| 1—4 12—26 21 15 15:0 15.12 15.12 se ON Décem.. 3 Li 42 1$ 27.46 21:33 28.33 28.17| 14 SHPRLNT RTE Année. dr Euls 3. 27|20. 42| 22.19.26| 22,19.16| 22.21,30! 22.20.4 161 RS ASE LEE SE TER CE TC SIENNE LINE MER SET PT EEE 7 RCE ERENMEN EL DEEE OTTL DEPART TDR LORS CT ECOLE NP PSE PEEIP SPTENTI ET ET TPE ENEI ES ZT PET AES CR ou mnuet DE LA HYGROMÈTRE A CHEVEU DE SAUSSURE. MOIS. | lus grande fie ee plus grande | moindre SÉCHERESSE MOYENNE, TEMPÉRATURE. féchereffe. | féchereffe. | féchereffe, | fechereife. RU midn ire jour. degrés. degrés. degrés. degrés. | degrés. degrés. Janvier. . 2 26. PT 76,2 104,0 95,8 89,0 93,7 93,1 Très-froid , fec. Février. 18 71,0 104,0 9739 84,8 928,2 926,0 | Froid , humide: Mars. ï 2 # 30 | 75,5 10$,0 | 100,0 87,9 95,4 94,4 |Tdem. Avril... 18 6.21 65,5 19$,0 99,3 81,6 91,3 94,1 |Froid, fec, & hum, Mai. …. 24 20.29 79,5 105,0 Y5,8 79,9 88,8 88,5 |Froid, crès-fec. Juin. LR 10 13--15.20| 68,0 10$,0 96,8 84,7 9$:4 92,2 Froid , humide, Juillet... 27 18.14.79. 725 50$,0 101,0 81,$ 9454 92,3 Idem, 20.27 Août. ...| : 28 à Fe 71,0 105,0 98,5 80,0 99,7 89,7 |Froid , très-fec, Septemb. 27 10! % 65,51} 106,0 94,9 76,7 85,4 85,7 Chaud, très-fec. A| Oétobre. 6 AL 101,0 977 84,0 93,1 91,6 Doux & humide, {| Novemb, c 74,2. 102,0 9638 87,3 93 93,6 Froid & humide. _Décemb.. 30 7950., | T6o2 |! 97;1 ‘ar,6 94,6 | Doux & humide, on Vis avt PERS Mer 20 Année. LES PARU: 65,5 Hosio 97,7! 84,7 93,0 92,1 |Froide & humide, | 36o JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Réfultats de la table. 1°. L’hyver a été très-froid_& humide; le printemps froid & variable pour la féchereffe & l'humidité; l’ecé affez froid & très-fec ; l’auromne doux & humide. En général l’année a été froide & humide : elle auroit dû être chaude & fèche pour reffembler à celles qui lui correfpondent dans la ziriode lunaire de 19 ans. , 2°. La chaleur moyenne a différé de Æ en moins de celle de l’année dernière; la plus grande chaleur de $,5°. aufli en moins, & le plus grand froid de $,8%. en plus. 3°. La plus grande élévation du mercure a différé de celle de l'année dernière de o,80!/%. en moins; la moindre de o,50!5, auffi en moins : la moyenne de 0,43"E. en moins. La variation diurne du mercure a fuivi fa marche ordinaire , c’eft-à-dire que la plus grande élévation du jour a eu lieu le foir, & la moindre à midi ou 2°. du foir. Le mercure, en général, s’eft £outenu à une hauteur moyenne & il a éprouvé d’aflez grandes variations. La fomme moyenne de fes grandes élévations, a été le 29,05", & celle de fes grands abaïffemens de 29,00"%. En général, le mercure paroît avoir plus de tendance à defcendre qu’à monter; le réfulrat moyen de 2 1 années donne 27,108, pour les grandes élévations, & 217,4"%. pour les grands abaïffemens : il a aufli plus de tendance à defcendre lorfque la lune va du luniftice auftral au luniftice boréal, que lorfqu’elle fuit la route oppofée. Le ré- fultat moyen de trois années préfente une différence de 0,178; à l'égard des vents qui dominent dans fes deux époques, ce font indifféremment ceux du nord & du nord-oueft. 4°. La déclinaifon de l’aiguille aimantée a été moindre que celle de l’année dernière de 6 ; elle a été comme à l'ordinaire plus grande à 2°. du foir qu'à 8°. du marin; mais la déclinaifon de midi, qui devroit être auf grande que cette dernière, à été plus petite. 5°. La plus grande féchereffe a eu lieu dans les mois d'avril & de fep- tembre. On à toujours remarqué , en effer, qu’elle ne concourt point avec les grandes chaleurs, & qu'elle eft ordinairement occafionnée par les häles du printemps. 6°. La quantité de pluie à été plus grande que celle de l’année dernière de 20,35, & celle de l'évopararion de 1,108. Le mois de juillet a fourni la plus grande quantité d'eau, & enfuite le mois d’oétobre ; les mois de mai, août & feprembre font ceux qui ont été les moins pluvieux. 7°. Le nombre des jours beaux à été de 209, au lieu 118 ( année moyenne ); couverts 122 , au lieu de 153 ; de nuages 134, au lieu de 94; de vent 34, au lieu de 1125 de pluie 138 , au lieu de 1313 de neige 23, au lieu de 155 de grêle 5 ; au lieu de 13.3 de ronnerre 22, au lieu de 193 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 361 de brouillard 75 , au lieu de 67; d’aurore boréale 4, au lieu de 11 : ce hénomène continue d’être plus rare qu’à l’ordinaire. 8°. La récolte des blés a été très-bonne & s’eft faite par un temps favorable : celle du vin a été médiocre; les fruits à noyaux’ ont bien réuffi, excepté les prünes & les cerifes : la plupart des poiriers ont affez bien rapporté : les pom- miers en plein vent étoient chargés de fruits; iln’en apasété de même des pommiers en buiflon. Les châtaigners n’ont prefque rien donné : les légumes ont beaucoup foufferts de la féchereffe de l'été. y. Nous n'avons point eu de maladies règnantes. L'année 1796 , relativement à la période lunaire de 19 ans, répond aux années 1701, 1720, 1739» 1758 & 1777. Il réfulte de l'examen que j'ai fait de la température de ces différentes années, que l’année 1796 doit être humide & variable pour le froid & la chaleur. Corte, Météorologifte, Montmorenci, 10 Janvier 1796. = jéi JOURNAË DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 2913 « t . 122 + j 10 _ RECHERCHERCHES : 20 ou) 2 XP É RIM E NT AL ES, | S ur Le principe de D communication latérale du mouvement dans les fluides , appliqué à l'explication ide diffèrens phénomènes hydrauliques. qu per ie op | * Par JB. VeNturr, Profeffeurde Phyfique ; à Modène, 6c, 7 + ) ÉXTRAIT PREMIÈRE PROPOSITION. Le mouvement d’un fluide fe communique aux parties laterales qui font en repos (1) Ni a dit que (2) lorfqu'un mouvement quelconque fe propage dans un fluide, & qu’il eft arrivé aude-là de louverture BC ( fig. 2 ), « ent 7 : 1 2 ep tar à Bb (1) L'appareil, dont j'ai fait ufage dañs Ja plupart des expériences , eft le même que celui de Poleni (1); il eft defliné dans la figure I". : le réfervoir X, de forme conique, a le diamètre de 40 pouces en CE, & de 30 en OP. FP eft une large plage de cuivre, dont le plan cf perpendiculaire à l’horifon ; elle eft appliquée à l'inté- rieur de la paroi du réfervoir; la foupape FS, mue par le manche K, va s'appuyer au- deflus de F contre la paroi du vafe, afin de ne point gêner le concours des particules du fluide contenues dans le réfervoir à l'ouverture P. J'ai appliqué à cette ouverture différens ajuftages, felon l'exigence des cas. Les tuyaux, que j'y ai adaptés, étoient formés de bandes de fer-blanc, de la meilleure efpèce; l'union longitudinale des deux côtés de la bande étroit faite par le contaét immédiat des coupes ; le tout étoit exé- cuté avec foin. Lorfque l’ouverture étoit percée en mince paroi, l'épaifleur du bord n'excédoit pas un quart de ligne. Le vale fupérieur Z entretient l’eau du réfervoir X à la hauteur conftante de la ligne CE, pendant que l'écoulement fe fait par P. On retire plus ou moin le tampon AB, pour régler l’introduétion de l'eau provifionnelle, La caifle DL empêche cette eau d'exciter par fa chûte une agitation qui pourroit avoir de l'influence [ur l'écoulement en P. L'ouverture Q décharge l'eau fuperflue qui furmonteroit la ligne CE. La hauteur de la furface CE fur le centre de l'orifice en P, à été de 32,5 pouces toutes les fois que je n’ai pas marqué autrement. (2) Princip. Math. , lib. 2, prop. 42, cas. 3. ! K 1) De Caflellis. Ce traité eft réimprimé dans le vol. III de la colleëtion des auteurs hydrauliques, a Parme. } At ET D'HISTOIRE NATURELLE‘ CG: 363 #! partant de certé ouverture comme d’un centre, le mouvement diverge » & fe propage en-tignes droites , vers les, parties latérales N, K, comme » vers S ». On ne pourroit pas faire l'application fimple & immédiate de ce théorème à un jet qui s'élance de l'ouverture BC'2 la furface d’une eau tranquille; il entre dans ce cas des circonftances qui.transforment le réfulrar du principe de Newton en des mouveméns particuliers. Cependant il eft vzai que le jet BC imprime fon mouvement aux parties latérales, NK; mais ce n'eft pas qu'il les repouffe vers PQ , au contraire 1l le tranfporte ayec lui veïs.S. PREMIÈRE EXPÉRIENCE. Le tuyau cylindrique horizontal A C ( fg 3 ), s’introduit dans la caifle DEFB , qui eft rempli d’eau jufqu’à DB. Vis-à-vis & à un pair intervalle du bout C ; commence un petit canal réétanoulaire, de fer-blanc SMBR, ouvert dans fa partie fupérieure SR ; le fond inclisé MB va'siappüyer au bord de la caifle B, il a 24 lignes de large, le diamètre du tayau AC eft de 14,5 lignes, le bout A'eift appliqué à l'ouverture P'de- ia foi Le. Ayant permis l'écoulement du réfervoir par letuyau AC ; le jet monte le long du petit canal MB, il s’élance hors de la’/caïffe par BV: On voit naïtre alobs un courant dans le fuide de la cafe DEFB ; ce fluide entre dans le-cañal SR, il fort avec le jet AC; par MBV, & en peu de fecondes l'eau DB baiffe jufqu'en MH. x EPA ESA BE MROIE NU CNE Approchez quelques corps très-mobiles du jet d’eau PY (fg. 1}, qui #ortant de l’ouverture P ; fe précipite d’une certaine hauteur dans lei vafe inférieur RT. On voir que ce corps eft entraîné par l'air, qui defcend en bas avec le jet PY. Une partie de cer air va s'enfevelir dans l’eau du vafe inférieur. / Ces expériences démontrent aflez clairement que le fluide qui fort par BC (fig. 2) imprime fon mouvement aux parties latérales NK ; il ne les tpouilé pas vers PQ , il les entraîne avec lui vers S. C’eft ce que j'appelle Ze Communication latérale du movement dansiles fluides. < DEUXIÈME PROPOSITION. Si dans un tuyau additionnnel cylindrique ; on rétrécit [1 partie qui eff du côté du vafe ; fuivant la forme de [x veine contraëtée de mince paroi , la dépenfe eft la même que ff le tuyau n’avoit aucun rétréciffemenr. Il ef connu que lorfqu’on laifle écouler Peau d’un réfervoir par un ori- fice circulaire, percé dans une paroi mince, la veine fluide qui forme le 364 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE jer, fe contracte à peu de diftance de l’orifice mème ; le diamètre de la veine contraétée eft à-peu-près 0,8 du diamètre de l'orifice. Poléni obferva le premier , qu’en appliquant à l’orifice un tuyau cylindrique additionnel , ayant le même diamètre que l’orifice, & la longueur deux à quatre fois plus grande, on augmente la dépenfe d'environ de 100 à 133. Pour ex- pliquer cette augmentation de dépenfe , il fuppofa que la veine fluide fe contracte moins dans les tuyaux que dans les minces parois. C’étoit une fuppoftion affez raifonnable ; cependant elle ne pourroit pas s'appliquer au au cas annoncé par la propofition; je vais le détailler dans l'expérience fui- vante. VIS EX P ÉRINEN:C E À l'ouverture P de la figure °°, j'ai appliqué un orifice circulaire de 18 lignes de diamètre, percé dans une mince paroi; quatre pieds cubiques d’eau font paflés dans le vafe Y en 41°. J'ai ajouté à l’onifice un tuyau cylindrique du même diamètre, de 54 lignes de longueur; les quatre pieds cubiques font fortis en 31”. J'ai fubftitué au tuyau cylindrique fimple , le tuyau compofé de la fig. $, dont les parties ont les dimenfions fuivantes en lignes : AC—GJ=MN=—18; DE—14,5;AB—11; BG—10,GM=; 7; AM=—58. Avec ce tuyau com- pofé, la dépenfe des quatre pieds cubiques s’eft faire en 31”, comme avec le tuyau cylindrique fimple. La forme de la portion conique ACDEF eft à-peu-près la même que celle de la contraétion de la veine, qui fort d’une mince paroi. La veine a donc dû paffer par un rétréciffement à-peu-près égal à celui de la veine contractée de mince paroi; & cependant la dépenfe y a été plus abondante dans la mème raïon, que par un fimple tuyau cylindrique. 11 faut donc que la vitefle de la fection DF & de tout le conoïde ACDPF foit plus grande que celle de la veine contraétée de mince paroi; & il refte à découvrir la caufe de cette augmentation de vitefle, qui fe fait dans l'intérieur du tuyau, & qui ne fe manifefte pas à l'extérieur. Le tuyau conique ACDF ne caufe de foi-même aucune augmentation dans la dépenfe, comme on peut s’en convaincre par la fuivante. IV EXPÉRIENCE. On a appliqué à l’orifice P le feul tuyau conique ACDF, dont on avoit féparé le refte DGMNJF, Les quatre pieds cubiques font fortis en 42”, C'eft le temps de la dépenfe de l’onifice même AC, percé dans une mince paroi , à une feconde près. Certe petite différence naït de ce qu'il eft prefqu'impofible de conftruire le tuyau ACDF, de telle manière quil luive parfaitement la forme de la veine contraétée par la nature mème. PROPOSITION III, {. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 565 PROPOSITION LIL Xe preffion de l’atmofphère avgmente la dépenfe d’un tuyau cylindrique Jimple par rapport à telle d'une mince paroi quelle que [oit La direëtioæ duruyau." | ÿ On fait depuis long-temps qu'un fluide grave, qui fe meut dans un tuyau cylindrique defcendant, tend à acgélérerfon mouvement; fes tranches in- férieures rendent à fe détacher des fupérieures, elles font par-là que la pref- fion de. l’armofphère augmente la vitefle des tranches fupérieures. Cette accélération fucceflive de gravité ne peut pas avoir Lieu dans un tuyau hori- zontal ou afcendant; cependant nous allons voir que la preflion de Patmof- phère agit, même dans ces dernières fituations , pour augmenter la vireffe du fluide dans l'intérieur, du tuyau. Des queftions de droit, fufcitées dans mon, pays fur la quantité d’eau. d'un canal d’arrofement, tournèrent mes vues de ce côté; en 1791, je fis publiquement, dans le théâtre de phy- fique.à Modène ; les expériences fuivantes, à 312 dora cd be E NOR 1 Î ii (,44 a! > 10:31 Coq : f 3 A l'ouverture P ( 9. 1), j'ai appliqué un tuyau. cylindrique ayant “ s 4lignes de longueur , & 18 lignes de diamètre. À [a diftance de 9 lignes de Vorifice intérieur D; le tuyau étoit, percé fur fa circonférence de 12 petits. trous. Ces petits trous étant ouverts, les quatre pieds cubiques d’eau font foctis,en 417, tour comme dans uw mince, paroi ; pas une goutte d’eau. ne fuinte par les trous, :la veine Auide ne remplit pas Le tuyau. On à bouché les rrous avec de la péau mouillée, un après l'autre; tant qu'il y à eu un trou ouvert; la dépenfe a continué de même; lorfqu'enfin trous les douze trous ont été bien bouchés , la veine fluide fortoit à plein tuyau, & on a uré les quatre pieds cubiques en 31/., AN VL EXPÉRIENCE. Au tuyau cylindrique KLV (fs. 6), ayant 18 lignes dé diamètre & 57 lignes de longueur, j'ai joint le tuyau de verre QRST , à la diftance de 8 lignes dé l’orifice intérieur T. Le-cuyau de verre plongeoïit dans une eau colorée contenue dans le vafe L. Ayant appliqué cet appareil à l'ouverture P (fig. 1 ), les 4 pieds cubiques d’eau font fortis en 31”; la liqueur colorée T eft montée dans le tuyau TR jufqu'en S, à la hauteur de 24 pouces fur la furface deT. J'ai ractourci la ‘branche RT ‘du tuyau de ‘verre, de manière que RT iii ‘Tome 11, NOVEMBRE, 1794. Asa 366 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE étoit plus longue que RQ de 6 pouces feulement. Pour lors ayant permis l'écoulement, la liqueur colorée du vafe T eft montée le long du tuyau RT , elle alloit fe mêler avec l'eau qui s’élance du réfervoir dans le tuyau KV, routes les deux fortoient enfemble par V, & en peu de temps le vafe T a été épuifé. : J'ai répété cette expérience avec le tuyau compofé de la fie. 5, & les réfulrats ont éré les mêmes. VIR'EXP ÉRIENCE. J'ai appliqué le tuyau cylindrique KLV (fig. 6), dans une firuation af- cendanté & prefque verticale, à l'orifice R (fi. 5 ) dela caifle HJ, dont le bout H communiquoit par une ouverture affez large à l’eau du réfer- voir X (fig. 1 } Ka charge fur l'extrémité fupérieure V du tuyau étoit dé! 27,5 pouces : J'ai incliné un peu le ruyau de H direction verticale, afin que’ le jet ne tombât pas fur lüi-mênre. Le tuyau de verre QRT ( fg. 6), dans: cetre nouvelle firuation , a été-arrangée de manière à plonger , comme aupa- ravant dans la liqueur colorée du vafe F. Ayant pernits Fécoulemenr, I dépenfe des quatre pieds cubiques’s'eft faite en 34”; Ja liqueur colorée elt montée dans le tuyau RF, à fa hauteur de prefque'20 pouces. Avec lz même charge de 27,5 pouces, l'orifice de 18 lignes, en mince paroi, au roit fourni les quatre pieds cubiques en 45%. * J 2 21 291 : 9 VPFI EX PE RPENCE Un vafe cylindrique de 4,5 pouces de’ diamètre avoit, dans fes paroïs verticales vers la bafe, une ouverture circulaire de 4,5 lignes de diamètre , pèrcée dans une plaque mince de fer-blanc. La farface de Peau, contenue dans ce vafe, étoït de 8,3 pouces au-deflus du centre de l'ouverture, On a dônné ilfué à l’eau par certe ouverture de mince paroi, fa furface a ballé de 7 pouces dans le vafe, en 27/,5 de temps. On a appliqué à la mème ouverture un tuyau cylindrique de mème dia- mètre , de 11 lignes de lohgetur ; le vafe à été rempli à la même hauteur qu'auparavant ; ayant donné iffue à l'eau, fa furfice a baillé de 7 pouces ER VAR ME à Pa AE On a répété enfuire Ïà même expérience dans le récipient de la imachine pneumatique, où le mercure ne fe AE plus qu'à 16 lignes de Hauteur. La furface de l'eau dans le vafe a baifé de 7 pouces en 17/,5, foit que l'où- verture für daus une place mince, foit qu’elle fût garnie du tuyau cylindrique additionnel. - | | Dans les expériences VI & VII, la hauteur de l'eau colorée, dans le tuyau de verre, mefuré la quantité active de à preñion de l'aimofphère , PORTES AIR ET D'HISTOIRE NATURELLE. 367 qui fe déploye fur la furface de l’eau du réfervoir X, pour augmenter la dépenfe. Par exemple, ona , dans la fixième expérience, 32,5 +24 pouces de charge fur l’orifice P; & l’on a à-peu-près w/ 32,5 : W/ 56,5 = 31": 411, comme exige la théorie commune des mouvemens des fluides qui fortent des vafes par une petite ouverture. Il en eft de mème de l'expé- rience VIE. Daniel Bernoulli avoit fait l’expérience VII dans les tuyaux defcendans , & dans les coniques divergens ; il en expliquoit le réfultar par fa feule théorie de la confervation des forces vives. Euler & d’Alembert lui remar- quèrent que la preflion de l’atmofphère s'en méloit (1). Quoique le cas du tuyau defcendant foit différent de celui du tuyau horizontal ou afcéndant , la connoiffance du premier de ces deux cas peur cependant faciliter la con- noiffance du fecond; d’ailleurs les caufes qui agiflent dans les deux cas, fe trouvent fouvent combinées enfemble , & 1l eft néceffaire de bien connoître tous les deux, pour en démèler les réfultats. C’eft pour cela que dans la propofition fuivante, je me détourne un moment de mon fujet principal, pour confidérer le premier cas; je reviendrai enfuite au fecond. IV PROPOSITION. Dans les tuyaux cylindriques defcendans, dont le bout fupérieur fuit la forme de la veine contraëtée, la dépenfe eft celle qui eft due à la hauteur du fluide fur le bout inférieur du tuyau. Les anciens avoient remarqué qu’un tuyau defcendant, appliqué à un ré- fervoir , en augmente la dépenfe (2). Mariotte eftima que l’eau fort par CQ (fig. 7), avec une viteile qui eft à-peu-près moyenne proportionnelle entre les vitelles dues aux deux hauteurs À B, AC (3 ). Guillielmini recher- cha dans le poids de l’armofphère la caufe de cette augmentation; il déter- mina la viceile en C, à la quantité due à toute la haureur AC (4). Dans fes raifonnemens il fuppofe que la preflion en C eft la même pour l’état du mouvement, & pour celui du repos; ce qui n’eft pas vrai. Dans les expé- riences qu'il fit fur cer objet, il n’eut égard ni à la diminution de dépenfe p'oduite par l'inégalité intérieure des tuyaux, ni à l’augmentation occafionnée par la forme des tuyaux mème; ce fur un hafard fingulier qu'une omiffion compenfat l’autre. Je ne connois , depuis Guillielmini, aucune autre expé- rience décifive là-deflus; je vais donc rétablir la propofition fur le principe (1) D'Alembert, Traité des fluides, art. 149. , (2) Calix devexus amplius rapit. Frontin. de acquæduët. art. 3$. Voyez aulli Îles pneumatiques d'Héron, dans les mathém. vet, édir. de 1693, page 157. (3) Mouvement des eaux, part. 3, difc. 2. (4) Epifl, hydroftatic. Oper, tome 1, page 212. Aaa 2 363 JOURNAL DE\ PHYSIQUE, DE CHIMIE de l’afcenfion virtuelle combiné avec la preflion de l’atmofphère , & cela d’une manière qui foit à l'abri de toute objection , tant du côté de la théorie, que du côté de l’expérience. Soit BL KO un tuyau conique qui fuive la forme de la veine contrac- tée (1); le tuyau cylindrique LCQK a le diamètre mème de la contrac- tion. La tranche fluide LK continuant la defcente par LC tend à accélérer fon mouvement felon les loix de la gravitation ; lors donc qu’elle pafle de LK en MN, elle tend à fe détacher de la tranche qui la fut, elle rend à faire un vuide entre LK & MN; cela arrive de mème dans toute la lon- gueur du tuyau LC. La preflion de l'atmofphère devient active autant qu'il faut pour empècher ce vuide ; elle s'exerce également, & à la furface de la liqueur en À, & à l'extrémité inférieure du tuyau en C; en À elle aug- mente la dépenfe, en C elle détruit la fomme des accélérations qui fe pro- duitoient le long de LC, de manière que le fluide refte continu dans le tuyau. : Appelons T le temps que la colonne fluide continue LCQK met à par- courir le tuyau LC , quelle que foit la vitefle en L & l'accélération fuccef- five de L en C. Et fi nous fuppofons que cette colonne mème retourne en haut de D'en E, elle parcourra dans le temps mème T l'efpace DE IC; elle y perdra, dans le mème temps, toute l'accélération acquife de L en C. Donc h preflion de la colonne ED , continuée pour le temps FT, eft ce qu'il faut pour détruire l'accélération fucceflive de Len C, & pour empècher que le fluide celle d’être continu dans le tuyau LC. Par confequent la partie de preflion que l’atmofphère exerce en CQ pour détruire la fomme des ac- célérations par LC, eft égale à la preflion d’une colonne ED) de fluide ho- mogène à celui du réfervoir AB. Et puifque la mème preflion doit s'exercer fur la furface À du réfervoir , fi nous prenons FA=sLC, le fluide aura en: LK la vireffe qui eft due à la hauteur FL — AC; abflra@ion faite du retard que doivent produire les inégalités extérieures du tuyau LCQK. LUXE XUPNE RU ENS GLE 1°. L’orifice P ( /g. 1} en mince paroi, eft circulaire de 18 lignes de diamètre. La charge du fluide fur le centre de l’orifice eft de 40 pouces. Les quatre pieds cubiques d’eau font fortis en 38/. 2°, J'ai appliqué à l’orifice P ( fp. 1 } le tuyau ACD ( fg. 4 ) dont le bout fupérieur À C fuivoit la forme de la veine contractée ; le diamètre en A étroit de 18 lignes, la longueur AD de 31 pouces, la fituation du tuyau étoit horizontale ; la dépenfe des quatre pieds cubiques s’eft faite en 48’. (1) Lorfque je nomme la forme de la veine contraëtée , on doit entendre toujours le conoïde formé par le fluide au Sortir d’un l'orifice percé en mince paroi, ET D\' HISTOIRE: NATURELLE: 369 3°. Le mème orifice & le même tuyau ont été appliqués au fond hori- zontal du réfervoir ( 9.7 ), de façon que le tuyau étoit vertical, & AC de 40 pouces, comme la hauteur de la charge dans les deux premiers cas. . Les quatre pieds cubiques fe font écoulés en 48”, comme dans le fecond cas. X EXPÉRIENCE. Ona répété l'expérience précédente avec un orifice circulaire de 11,2 lignes de diamètre; le bout AC du tuyau ( fg. 4) fuivoit la forme de la veine contraétée, le bout À ayant le diamètre même de l’orifice ; les autres cir- conftances étoient les mêmes que dans la précédente. On a tiré les quatre pieds cubiques d’eau en 98” pour le premier cas, en 130" pour le fecond , & en 129” pour le troifième,. Dans chacune de ces deux expériences les tuyaux & les dépenfes ont été les mêmes pour le fecond & pour le troifième cas ; donc la force qui pro- duifoit la dépenfe étoit la même pour le fecond & pour le troifième cas. Or, la force qui agit dans le fecond cas, ef la même que dans le premier; donc c’eft aufli la mème force qui agit dans le premier cas & dans le troifième. Toute la différence du réfultat entre le premier cas & les deux fuivans , naît du retard produit par l'inégalité intérieure des tuyaux. X FINE XID ER LE NiIC'E. La hauteur AB ( f£g. 7) étant conftante de 32,5 pouces , & l’orifice BO de 18 lignes de diamètre , on aappliqué à l’orifice même le tuyau BOCQ, dont le bout BLKO fuivoit la forme de la veine contraétée. En variant la longueur du tuyau, les temps de la dépenfe des quatre pieds cubiques ont été comme dans la table fuivante : (l Longueur du! Temps de la | Temps même Différence de Retardations tuyau BC en| dép. des 4. pieds | felon la théorie, | l'expérience à la | calculées furl’ex- pouces. cubiques felon | abftraétion faire | théorie. périence fuiv. l'expérience. des retardations. res | + USER PS 1 0! u ul 3 41 j 2 - 1,3 ! # 1 # 12 ASE 2 2 28 ae La cinquième colonne de cette table eft calculée fur la proportion des retardemens produits par l'inégalité intérieure des tuyaux , dans l’expérience 570 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fuivante. Boffut a remarqué que ces retardations (1) croiflent dans uns raifon un peu moindre que la viteffe du jer. C’eft peut-être la caufe de la différence qu’on obferve entre la quatrième & la cinquième colonne. SUÉL ERXND'ÉRONENCGE J'ai appliqué à l’orifice P, (fé. 1 ) les tuyaux mêmes de l’expérieuce pré- cédente , l'un après l’autre, dans une fituation horizontale, la hauteur de la charge étant toujours de 32,5 pouces fur le centre de l'orifice. Les remps de la dépenfe ont été comme dans la table fuivante: Longueur du tuyau BC Temps des 4 pieds Diners en pouces. cubiques. o 411 o 3 421,5 1,5 12 45! 41 24 48! 7 Je dois obferver ici que la vifcofité ou adhérence mutuelle des parties de l’eau (2) entre pour bien peu de chofe dans l'augmentation de dépenfe de l'orificeBO ( fig. 7) par le tuyau additionnel BC. Car, fit-tôt qu'on ouvre un trou en K , l'augmentation de dépenfe diminue ou celle tout-a-fair, & le fluide ceffe d’être continu dans le tuyau. À Reprenons à préfent les tuyaux dans les ficuations horizontale & afcen- ante. EE men) (1) Boflut, Hydrodyn. art, 622. (2) Gravefande & d'autres ont attribué à la cohéfion naturelle des particules de l'eau, l'augmentation de dépenfe dans Les tuyaux defcendans, Pt, ET D'HISTOIRE NATURELLE. 371 V, PROPOSITION. Dans un tuyau conique additionel , la preffion de l’atmofphère augmente la dépenfe, dans le rapport de la feélion extérieure du tuyau à la frétion de Lx veine contraélée , quelle que foit la pofition du tuyau, pourvu que la forme du'tuyau comporte ‘dans touv fon intérieur la communication latérale du mouvement: Nous avons vu (Prop. HI) que la preflion de l’artmofphère augmente la dépenfe dans des tuyaux additionnels, quelle que foi leur pofuon ; il s'agir à préfent d'examiner la manière dont l'atmofphère agit pour produire cette augmentation, & d'en déterminer le réfultat par fa caufe même, Je commence par le cas. le plus propre à favorifer l’aétion de l’atmofphère, qui eft celui des tuyaux coniques divergens d’une certaine forme, que nous n'avons pas confidérés d’abord. Soit appliquée à l'orifice de mince, paroi l'extrémité AB (fa. 10) du tuyau AEBF, La partie À BCD fuit à-peu-près la forme de la veine con- traétée ; on a vu que cette forme de tuyau n’altère pas fenfiblement la depenfe ( Expér. IV ): La veine fluide, qui s’élance par CD, devroit conti- nuer fon chemin fous la forme cylindrique CD HG. Mais fi les parties latérales du tuyau conique divergent CEG, D FH contiennent du fuide en repos , la veine cylindrique C D HG communiquera fon mouvement aux parties latérales ( Prop. 1 ) de proche en proche & fucceflivement. Et pourvu que la divergence des côtés CE, DEF foit celle qui convient à la plus prompre & complète communication latérale du mouvement, tour le Auide contenu dans le cône tronqué CDEF prendra enfin la même vitelle de la veine qui continue à s’élancer par C D. Dans cette fuppoñtion , tandis que la tranche fluide CDQR , confervant fa virelle & fon épailfeur , paleroit en RQTS, 1lfe feroit un vide dans la zone folide R mrSQn0T. Ouf lon veut que la tranche CD QR, confervant fa virefle progreflive, s’élar- gille en RQTS, elle ne pourtoit le faire fans sammair, fe détacher de la tranche qui la fuir, & laifler entre les deux un vide égal à la zone fur- indiquée. Cela arriveroit de même dans route la longueur du tuyau CE; & prenant les C7 conftantes , la fomme de tous ces efpaces vuides feroit égale à la zone folide VEG+;YFH. Par cette confidération , on voit que la communication latérale du mou- vement caufe dans un tuyau conique horizontale ou vertical le mème effet que la gravité produit dans le tuyau defcendant de la propoftion IV. L’at- mofphère rend aéfive , ici même, une partie de fa preflion fur le réfervoir & en EF. Si l’action de l’atmofphère fur le réfervoir augmente d’une certaine quantité la viteffe de la tranche CD, cete viceile f£ communiquera encore 372 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE à tout le Auide CDFE , & la tendance au vuide aura lieu comme aupaz ravant; mais puifque l’aétion de l’atmofphère fe déploie également en EF, elle ôrera EF toute la viteffe, qu’elle a ajoutée en CD. [ne s'agit plus que de faite une augmentation de vitelle en CD, telle qu'étant retranchée {ur la mème 2e & dans le même temps en EF, le fluide ne cefle d'être continu dans le tuyau, On trouve par le calcul que cela arrive , lorfque Ja vitelle de CD eft augmentée en raifon de C D? à EF. En appliquant les loix générales du mouvement aux filamens fluides latéraux de la veine qui fort par A B, on voit qu'ils tendent à décrire une courbe ; laquelle commence au-dedans dû réfervoir , par exemple en À, & fe continue vers CSE. Pour déterminer la nature de cette courbe, il faudroit connoître & combiner enfemble par le calcul la convergence mu- tuelle des flaniens Auides en AB , la loi de la communication latérale du mouvemént entre les filamens mêmes, & leur progreflion divergente de C en EX Ces combinaifons &'ces calculs font peut = étre au - deffus de tous Les efforts de l’analyfe. Tant que le tuyau À BFE n’aufa pas la forme de cette courbe fuivie par la nature, l’expérience fera toujours plus ou moins en défaut par rapport à la théorie, . X' II LE XUP.É RME N CE Le tuyau compofé À BFE (même fig.) ayant les dimenfons fuivantes en lignes AB — EF = 15; AC NN OD ETS NOCGEANNES cé tuyau étant appliqué à l'orifice P (9. 1 ) fous 32,5 poucesde charge, les quatre pieds cubiques d’eau font fortis en 27/,5. ï Nous avons vu que, dans les mêmes circonftances , l’orifice percé en mince paroi fournit les quatre pieds cubiques en 41” (Expér. HT). La veine contractée eft 0,64 de Porifice, Donc en fuivant. l'énoncé du théorème, la dépenfe du tuyau A BFE devoir fe faire en 26/,24. L'expérience manque de 1/,26. XL Ve EX DIE ME NC Entre les deux tuyaux coniques de l’expérience précédente, j'ai interpofé un cylindrique ayant 3 pouces de long, & 15,5 lignes de diamètre, Il eft, comme dans la fg. 13, BC entre les deux AB, C D. Ce tuyau a retardé d’une feconde la dépenfe; elle s'eft faite en ,28”,5. XV. EXPÉRIENCE. La charge du réfervoir éroit toujours de 3 2,5 pouces, la portion du tuyau ABCD (jfg. 11) avoit les mêmes dimenlons qu'auparavant, le tuyau FE "3 ET D'HISTOIRE NATURELLE. 373 CDFE avoit 78 lignes de longueur , & le diamètre E F de 23 lignes. A ce tuyau horizontal j'ai ajouté trois tubes de verre; le premier DX en CD; le fecond XY à la diftance de 26 lignes du premier , le troifième OZ à 26 lignes du fecond ; l'extrémité in férieure de ces crois tubes plongeoit dans le mercure du vafe Q. Ayant permis l'écoulement, le mercure eft monté 53 lignes dans le tbe DX ; 20,5 dans NY ÿ& 7 en OZ. Ce qui répond à 62 pouces de hauteur d'eau dans D'X, 24 pouces en NY, & 8,1 en OZ. La dépenfe a été de quatre pieds cubiques en 25”. J'ai coupé la portion PNFE du tuyau, la reftante ABN P à donné la même dépenfe en 31/. Dans le tuyau conique tronqué A CPBDN, la fection PN eft à la fection de la veine contratée (0,64 de la fe&ion AB — 41/:30/. L’ex- périence de ce dernier tuyau tronqué ne retarde fur la théorie que de 1°. Dansle tuyauentier CDFE , nous avonsy/ 624 32,5 :4/32,5 —41/:24/. La différence de 38 pouces de hauteur d’eau dans les deux tubes DX, NY doit naître du mouvement du fluide de C en P; elle eft au-deffous de la théorie de -. Le déchet eft fucceflivement plus fort dans les deux portions PQ, QE. La raïfon en eft, qu’en s’éloignant de CD, le jet defcend , la communication latérale du mouvement ne fe fair plus d'une manière uni- forme dans la mème feétion , les différentes parties du courant prennent des mouvemens irréouliers, & mème des tournoyemens dans l'intérieur du tuyau; on voit le jer fortir par des foubrefauts & des éparpillemens difcon- tinués. On ne fauroit réduire en théorie ces mouvemens irréguliers qui fe manifeftent d'autant plus que le tuyau eft plus long ou plus évafé. Il ne refte qu'à en rechercher les effets par l'expérience. XX Vulds E XUDIÉ RUE NC, E: J'ai donné au tuyau CDFE (même fig.) 148 lignes de longueur, & 27 lignes au diamètre EF, le refte de l'appareil étant comme dans l'expé- rience précédente. La dépenfe des quatre pieds cubiques s’eft faite en 21”; l'inégalité & l'irrégularité du mouvement du jet éroient plus grandes dans cette expérience que dans la précédente. IL à été inutile de prolonger le tuyau CDFE au-delà de 148 lignes; le jer alors ne remplifloit pas la partie du tuyau ajouté au-delà de certe longueur , & la dépenfe eft reftée toujours à 21/. C’eft une dépenfe prefque double de celle qui avoit lieu en mince paroi; & c’eft la plus grande que j'aie pu obtenir par des tuyaux additionnels, dont l’axe avoit une pofition ho- rizontale , fous une charge de 32,5 pouces. ; JI efk vrai qu'ayant prolongé le tuyau CDPFE jufqu'à 104 lignes de Tome IH, NOVEMBRE, 1794. Bbb 374 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE longueur, dans une poftion horizontale, les quatre pieds cubiques font fortis en 19”. Mais pour obtenir cela, il m'a fallu mettre dans l'inté- rieur du tuyau en O, quelque proéminence qui forçoit le Auide à rejaillir er haut, & remplir ainfi tout le tuyau. XV LIL Æ XP ÉR IE NICE. Le tuyau horizontal CDFE (même f63.) éroit plusévafé que dans les expé- riences précédentes; il avoit 117 lignes de longueur, & 36 lignes de diamètre en EF; le refte de l'appareil étoit le même qu'auparavant. La dépenfe s'eft faite -en 28”, le jet ne remplir pas toute la fection EF. Le réfulrat a été le même, en coupant fucceflivement le tuyau, jufqu'à ce que CE n'avoit plus que 20 lignes de longueur, & le diamètre extérieur de 18 lignes. Alors le jet a rempli le tuyau , & la dépenfe s’eft faire de mème en 28/. Ayant donné à CE 20 lignes de longueur; on à augmenté le diamètre extérieur EF jufqu’à 20 lignes. Dans ce cas, la veine s’eft détachée des parois du tuyau, la dépenfe des quatre pieds ne fe faifoir plus qu’en 42}, comme dans l’expérience VI. Ces expériences nous apprennent, qu’en variant la divergence des côtés du tuyau, la communication latérale du mouvement a un minimum & un -raximum d'effet. Le minimum elt indiqué par l'expérience dernière; il paroït que la communication latérale iceffe de produire fon effet, lorfque les deux côtés du tuyau font entr'eux un angle plus grand que 16 degrés, L'expérience XIIT détermine à-peu-près le maximum de l'effet, lorique l'angle même eft environ de trois degrés. Ces limites tiennent peut-être aufi un peu à quélque fonction de la viteffe. N°1" PR O:P'OPSUT, TE ON. Dans les tuyaux cylindriques la dépenfe eff moindre que dans les coniques qui divergent à partir de la veine contruélee, & ont le même diamètre EXLETIEUT La théorie générale eft la mème pour les deux formes de tuyaux; mais Ja perte de force vive eft plus grande dans les cylindriques, & l'effet de la communication du monvementidans' ces tuyaux ne peut pas s'approcher de fon maximum comme dans les comiques. Soit le tuyau ACNM ( fs. s ), qui fuit la forme de la veine contraétée en ACFD) ; la partie cylindrique -CJNM a le diamètre MN>)DF. Par le raifonnement de la propoltion précédente on démontre que la communicatiou latérale du mouvement tend à faire un vuide dans la zone folide RO Y SXQ TZ. Si dans ce tuyau La ET D'HISTOIRE NATURELLÉ.. 375 communication du mouvement fe faifoit d’une manière complette , il fau- droit qne la preflion de l’atmofphère , pour empêcher le vuide, augmentâc la vireile de la veine contratée CD , en raifon de DF° à MN. Mais la forme même du tuyau cylindrique détruit toujours une portion notable de l’effer. Car les filamens fluides À D, en fe détournant par la courbe DR, vont frapper brufquement les parois du tuyau GM ‘en R, ils y perdent une parrie de leur mouvement. Il fe fait dans l’efpice GDR des rournolemens, comme dans un baflin où l’eau entre par un canal; ces routnoyemens font autant d'effet manqué & de retard, fur l’écoulement de la veine. Il en réfulte dans le tuyau cylindrique une bien moindre augmen- tation de dépenfe que celle qui repond au rapport de DF* à MN", XVIIL EXPÉRIENCE. On fe fera une idée de ces chocs & tournoyemens intérieurs, dans le tuyau cylindrique, & de leurs effets fur l'écoulement du fluide, fi l’on fait attention au tableau fuivant de la dépenfe dans différens tuyaux additionnels de fituation horizontale. Tous ces tuyaux ont les deux extrémités de 18 lignes de diamètre; tous ont la mème longueur totale de $ pouces; rous ont dans leur extrémité intérieure le tuyau conique qui fuit la forme de la veine contraétée, excepté celui de la fig. 6; la charge eft toujours de 32,5 pouces fur le centre de l’orifice. Table des temps employés à tirer quatre pieds cubiques par différens ajutages. Pac l'onficen minicesparogsn (2. 2 0 ee as iiqur Parle tuyau: fimple deilafig-6:.. 2.444 4. ous gn Par le tuyau de la forme de la fig..s.....5:........,:4.40, 32 Ayant adouci dans le même tuyau l'évafement conique DFJG... 30 Perle rayau delle te one TEE CEE rence -he- de Par le tuyau conique de la forme de la fg. 10.....,....,... 27,6. Par le ruyau de la fig. 5 , la portion GINM ayant 23,5 lignes de diamètre, & 84 de longueur; le refte comme auparavant... .......,., 27" On demandera, peut-être fi, dans l'intérieur du tuyau cylindrique fimple KELV de la fg. 6, 1l y a la mème augmentation de vitefle, & la mème contraétion de veine, que dans le tuyau compofe de la fg. $ ? En raifon- nant far les principes que nous avons établi, je penfe, 1°. que dans la tranche KL de la fo. 6, il y a la mème augmentation de viteffe, que nous avons vu ( Prop. 2 ) avoir lieu dans la tranche AC de la fig. $. La direction des particules fluides qui paffent par ces deux tranches doit être la même dans les deux cas, puifque cette direétion ne peut dépendre que de l'impulfion ! Bbb 2 376 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE reçue dans l'intérieur du réfervoir, qui eft la même pour les deux cas: 2°. Dans la fig. 6 les particules Auides, après avoir pailé par la tranche KL, commencent tout de fuite à éprouver l'effet de la communication latérale du mouvement; elles doivent donc dévier latéralement par la courbe Lxz , avant de parvenir au rétréciflement qu’elles prennent en DF( fig. $ ), & qu'elles prennent aufli dans l’orifice de mince paroi. Si l'on imagine un tube de verre YK , qui aitun bout appliqué en K (f£e. 6) & l'autre bout ouvert dans Pintérieur du réfervoir , on verra que la preflion de l’armofphère qui s'exerce fur la liqueur colorée T , doit agir de même fur la furface du réfervoir & fe joindre à Ja preflion du fluide dans le réfervoir, pour pouffer l'eau dans le tube YK, comme elle pouffe la liqueur colorée en TS. La preflion de l’armofphère doit augmenter de même l’impulfion de toutes les particules fluides qui arrivent en KL, & par conféquent en augmenter la dépenfe. De ce que les chocs & les tournoïemens dans un tuyau cylindrique addi- tionnel détruifent toujours une partie de la force vive du Auide, il s'enfuit , que la colonne fluide fortie du tuyau ne peut jamais avoir la vitelfe totale qui eft due à la charge auelie, &'que l’on obferve prefque entière dans les orifices de mince paroi ; & la diminution de viteffe répond à ce que le temps de l’erpérience augmente fur celui de la théorie , comme on peut voir dans la fuivanre. + REUNS NES PIE URIMEUNT CE L'orifice P ( fg. 1 ) étanten mince paroi & la verticale PM de $ 4 pouces, la diftince MN du jer éroit de 81,5 pouces. Ayant appliqué au mème ori- fice, le:ruyau cylindrique de la fig. $ , & la verticale PM étant abaïffée du bout extérieur du tuyau, la diftance MN s’eft trouvé de 69 pouces. Suivant la théorie, la dépenfe des quatre pieds cubiques par ce tuyau, devoit fe faire en 26/, 24, elle s’eft faire en 31”, & il eft à-peu-près 317 : 26/,24 ==8 1,5 : 69. On peut faire la même obfervation fur une expér, de Micheloui (tom. 2, pages 22 & 23.), PM étant de 19,33 pieds, & l’eau fortant par l’orifice en mince paroi, MN étoit de 23,2 pieds; elle n'étoit plus que de 20 Jorfqu’on y appliqua un tuyau additionnel cylindrique ; qui n'avoit pas même la longueur convenable. Il eft évident que la théorie de la communication latérale du mouvement doit s'appliquer de mème aux tuyaux defcendans & aux afcendans, toutes les fois que leur forme admet cette communication latérale. Dans les tuyaux defcendans il faut joindre l'augmentation de dépenfe occafionnée par cette raifon , à celle qui eft produite par l'accélération de gravité, & que nous avons évalué dans la Prop. IV. Dans les tuyaux afcendans la gravité agit en ET D'HISTOIRE NATURELLE. 377 fens contraire, leffér en doit être rétranché de la commnnication latérale, L'expérience VI appartient aux tuyaux afcendans; en voici d’autres. -X X TE XPÉRITENC E. On appliqué leruyan ABFEde la fe. 17, (Expér. XV) , à la place du tuyau BCQO dans la fo. 7. La hauteur de l’eau du réfervoir fur le bout inférieur da tuyau éroit de 41,5 pouces. Les quatre pieds cubiques d’eau font fortis en 22/. J'aiappliqué le même tuyau conique ABFE( f9: 11 ) à l'orifice R ( fg.8 ), pour former un jet afcendant un peu incliné à lasverticale ; la hauteur de l'eau du réfervoir far le-bout fupérieur du tuyau-étoit de 23 pouces, La dépenfe des quatre pieds cubiques s’eft faite en 30”. Le temps de la dépenfe de l'expérience XV a.éré de 2 5”. En la compa- rant avec celle-ci, on trouve à-peu-près 415 OR PP EX LES CA Er y2;5,:V52;=25":30" XXE KR ÉUR LEN: CE. PS A " L'orifice R (fig. 8 ) étoit circulaire de 4,5 lignes de diamètre; la charge éroit de 31,7 pouces; le jet déclioit un peu de la verticale. L’orifice étanc en mince paroi à fourni un pied cubique d’eau en 161/. Avec un tuyau cylindrique additionnel du méme diamètre, & de ro lignes de longueur, le pied cubique d’eau eft forti en 121”. Sous'une charge de 56 pouces, le même orifice a donné, par le jet ver- tical ,-le pied cubique en 123" lorfqu'’il étoit en mince paroi, & en 91” avec le méine tuyau additionnel. Ces deux réfultats combinés donnent, pour la dépenfe des jets verticaux, un rapport moyen entré la mince paroi & l’ajutage cylindrique de 160 à 134, quieft le rapport mème des jets horizontaux. X XIE XP, É RIT E N.C:E: J'ai appliqué. le tube de verre QRT ( fg. 6) au point S ( fg. s ) du tuyau compofé ACMN!, la diftance BS étant de 24 lignes. Dans, cette fituation la liqueur T ne monte plus dans le tube. Cela nous prouve que la tranflation latérale du fluide dans le tuyau cylindrique fe fait près de l’en- droit où eft la veine: contractée, & que par conféquent DR va frapper brufquement la paroi GM. __ Par cette expérience, nous voyons que la diftance BR, à laquelle les filamens obliques DR vont fapper les parois du tuyau, n'arrive pas à 578 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 24 lignes. En fuppofant DO = 20 lignes , le temps que la particule D mer à parcourir l'efpace DO , dans mes expériences , eft moins de e/,01. Décom- pofons le mouvement curviligne DR , fuivant les deux DO, OR; fuppo- fons que l'accélération par OR foir uniforme , on trouvéra que certe accélé- ration eft au moins cinq fois plus grande que celle des graves. Si la force laréralé par OR f'évoit que l'attraétion mutuelle des parties de l’eau, cetre attraction dans la particule D devoit vaincre non-feulement l'inertié de la particule même, mais aufli celle des autres particules plus proches de l'axe qui fuivent D dans fa déviation par DR, & leur imprimer une fomme d'accélération beaucoup plus grande que celle de la gravité, Or la force d'attraction d’une particule d’eaa n’eft pas plus grande que la gravité natu- telle d'un filet aqueux de la longueur d'une ligne rout au plus. Donc la communication latérale dumouvemenr, qui. eft la caufe de l’accélération par OR, eft un effer beaucoup plus grand de ce qui pourroit être produir par l'attraction mutuelle des particules de l'eau, VIL PROPOSITION. Par des ajutages convenables appliqués à un tuÿau cylindrique de dimen- ion donnée, on peut augmenter [a dépenfe dans le rapport.de 10 à 24, fous la même charge. > Je déraillerai ici les différentes précautions qu’il convient de prendre lorf- qu'on veut que la dépenfe d’un tuyau cylindrique , de longueur donnée, foit la plus grande poffible. j 1% Le bour intérieur du tiyau AD ( fg. 13 ) doit être garni en AB d’un entoñnoir conique, qui fuive la forme de la veine contraétée ( 1}; cela augmente la dépenfe du tuyau de 10 à 12,1. Toute autre forme d’enton- noit donne moins ; s’il eft trop évafé en À, la contraction va fe faire au- delà de B, elle y forme une fection de veine plus petite que la feétion du tuyau. 2°. À l’autre extrémité du tuyau BC, appliquez un tuyau conique tron- qué CD, dont la longueur foit à-peu-près neuf fois le diamètre C, & le diamètre extérieur D foi 1,8 C. Ce tuyau augmentera l'écoulement de 12,1 à 24 ( Expér. XVI ). Ainf voilà la dépenfe augmentée par les deux ajutages AB, CD en raifon de 10 à 24. A Rome, les particuliers achetoient le droit de dériver de l’eau des ré- ervoirs publics dans leuts maifons; la loi ‘leur défendoit de faire le tuyau de conduite plus grand que l'ouverture qu’on leur avoit accordée dans le OC (1) Boflut, at, $o9, = ‘ET D'HISTOIRE NATURELLE. 379 refervoir, jufqu’à la diftance de $o pieds (1). Le légiflateur favoit donc qu'un tuyau additionnel plus grand que l'orifice, augmente la dépenfe; mais il ne. s’étoit-point apperçu qu'on pouvoit frauder la loi tour de même, en appliquant le tuyau CD au delà des cinquante pieds. De cere feconde règle nous apprenons qu'il convient de ne pas faire, dans les appartemens , les tuyaux de cheminées trop grands; il fuffit de les élaroir dans le haut des habitations, fuivant la forme CD ( fig. 13 ); cet évafement fupérieur nous débarraffera très-bien de la fumée, même lorf- qu'on ne peut pas donner aux foyers des érages. fupérieurs des tuyaux de cheminées aflez longs. Il en eft de même pour lés fournaux chimiques à grand feu. 3°. Le tuyau BC doit être rectiligne fans coudes ni finuofités. Aux expé- riences que Boffut a faites li-deffus (2) j'ajoute la fuivante. MX LLIYE XIP'É RILE NICE. Les deux tuyaux ABC, DEF ( fg. 14 ) ont 1$ pouces de longueur; leur diamètre eft de 14,5 lignes. Les portions coniques À , D fuivent la forme de la contraétion de la veine, elles font appliqués à l’onifice P (fig. 1 )de 18 lignes de diamètre, avec 32,5 pouces de charge; les coudes BC, EF = fonc dans ié fens horizontal. Ces deux tuyaux font de cuivre foudé en argent, exécutés avec foin ; la courbure BC a été tirée en quart de cercle, en remphffanc le tuyau avec du plomb fondu , afin qu’il conferve fon dia- mètre dans la cou:bure ; le coude DCF eft à angle droit. La dépenfe de ces deux tuyaux a été comparée avec celle d’un tuyau cylindrique rectiligne de. mème condition. On a obrenu les quatre-pieds cubiques d’eau en 35! avec le tuyau cylindrique; en 50” avec le tuyau curviligne ABC; & en 70# avec le tuyau coudé DEF. 4°. I eft important que le tuyau BC ( fg. 13 ) foit d’un diamètre éoal dans toute fa longueur ; il ne fufic pas de le rendre exempt d’étranglemens, il faut aufli avoir attention qu’il ne foic renflé nulle part; car les renflenens nuifent à la dépenfe prefque autant que les rétréciflemens. Le tuyau AO (fig. 12 ) fournit beaucoup moins de fluide avec les dilarations DE, HI, que s’il étoit d’un diamètre égal à B dans toute fa longueur. En voici une expérience d'accord avec la théorie. XX IV. VE MP'É RUE N'CYE L'orifice circulaire À (fg. 12 ) fuit la forme de la contraction de la ga ape etertnt (1) Frontin. de aquædaét , art, 120$ , 106 & 112, (2). Arr 631 & fuiv. 80 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE veine, le refte du tuyau éft interrompu par des gonflemens variqueux; ce tuyau eft appliqué a l'ouverture P( fe. 1}; les dimenfions de fes parties mefurées en lignés font les fuivantes. Diamètre de À = 11,2. Diamètre deB,C,F,G, &c.— 9; longueur de BC— FG , &c. — 20; longueur de-CD —.EE — GH, &c.— 13. Diamètre des varices — 24. La lon- gueur de chacune des varices a été variable; la première fois elle a été de 38 lignes, la feconde fois de 76; le réfultar de en a été le même pour les deux cas, Nombre des varices. Temps de la dépenfe des 4 pieds. o 109! : 147/ 3 192/ $ 240! J'ai enfuite appliqué au mème orifice un tuyau ayant la même forme & le même diamètre que ABC, mais tout cylindrique & fans varices , dont la longueur étoit de 36 pouces, tout comme le tuyau de $ varices. Dans ce cas la dépenfe des 4 pieds cubiques s’eft faire en 148”. Lorfque le fluide pale de C au milieu de la varice DE, une pattie du mouvement diverge de la direction CF, il fe porte aux parties latérales de la varice ; cette portion fe perd en tournoyemens, ou contre les parois. Par conféquent il refte autant moins de vielle dans la branche fuivante FG. C’eft la raifon même qui détruit ou affoiblit le pouls dans les artères au- delà des aneurifimes. De cette confidération il faut conclure que fi les afpérités intérieures d’un tuyau diminuent la dépenfe, le frottement de l'eau contre les afpérités mêmes n’y entre pas beaucoup. Un tuyau reétiligne pourroit avoir fes parois internes très-polies , il pourroit avoir dans toute fa longueur un diamètre toujours pis grand que l’orifice auquel il eft appliqué ; il retarderoit cepen- dant de beaucoup la dépenfe , s’il eft variqueux C’eft une circonftance très- intéreffante , à laquelle peut-être on n’a pas allez pris garde dans la conf- tuction des machines hydrauliques. II ne fuffit pas d'y éviter les coudes & les rétréaflemens , on perd quelquefois, par un gonflement intermédiaire , tout l'avantage qu'on s'étoit procuré par d’autres difpolitions ingénieufes des parties de la maçhine. VIII PROPOSITION. LETAD'HISTOLRE NATUREREMMON z3$ VIIL PROPOSITION: . . F , , 7% . Dans les fouffiets d’eau, l'air eff fourni à la forge par d'accélération, de gravité, & par la communication latérale du mouvement combinés en- Jemble. 3 | L'Académie de Touloufe, en 1791, invita les Phyficiens à déterminer la caufe & la natureidu vent que l’on produit par la chûte d'eau dans cer- taines forges. Je me propofe de développer ici lation complete de ce enre de foufflets, & de rechercher quelle en-eft la meilleure conftruétion. Kircher eft le premier que je fache qui ait expliqué le vent produit par les chütes d'eau (1). Barchés, le père, en a donné une théorie, qui me paroît défectueufe à plufeurs égards (2). Diétrich a penfé que ce vent étoit pro- duit par la décompofition de l’eau (3) Fabri eut une idée analogue dans le fiècle pañlé (4). Du refte ces foufflers font connus de la plupart des Phyli- ciens (s). te Je commence par une idée, dont le fond n’avoit pas échappé à la péné- tration de Léonard de Vinci. Que des boules égales fe meuvent, l’une en contact de l'autre, far la ligne horizontale AB (fig. 16 ), que chacune y parcoure, d’un mouvement uniforme , l’efpace de quatre boules en une feconde. Prenons BF de 16 pieds anglais; à chaque feconde, quatre boules tomberont de B en F, & leurs diftances refpeétives, en tombant, feront à-peu-près BC— 1, CD—3,DE—5,EF— 7. Voilà une repréfenta- tion bien fenlible de la féparation & de l'éloignement fucceflif que l'accé- lération de gravité mer entre les corps qui tombent l’un après l'autre. L'ean de pluie fort des gouttières par un coûrant continu; en tombant elle fe fépare en couches dans le fens vertical, ellé vient frapper le pavé par des coups difcontinués. L'eau mème fe divife & s’éparpille encore dans le fens horizontal; le courant qui fort de la gouttiète n’a qu’un pouce de diamètre, il vient frapper dans le pavé l’efpace d’un pied. L'air qui fe trouve entre les féparations verticales & horizontales de l’eau qui tombe, eft pouffé, entraîné en bas; de nouvel air fuccèdelaréralement, il fe fait en bas un vent tout autour de l'endroit frappé par l’eau, Je mefuis avancé au pied des cafcades qui tombent du glacier de la Roche-M£lon , fur la pierre nue à la novalèfe vers le Mont-Cénis, on y a de la peine à réfifter à la force du vent. (1) Mundus fubterr. lib. 14, c. $, édit. de 1662. (2) Mémoires des favans étrangers ; vol. 3, p. 378. (3) Gicés de minerai des Pyrénées, p.48 ; 49: (a) Phyhcrra@ 1, Jibi 25: prop. 243.0 t k Aa 2: C5.) Art des forges, part. 2. Mariotte, des eaux, part. 1, difc, 3 Tranfact. N°0, 473, &c. : ; Tome II NOVEMBRE, 1794. Gce 3$x JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Si la cafcade tombe dans un baflin, l'air eft entraîné au fond , il en rejaillie avec violence , il difperfe l’eau tout autour fous la forme de brouillard, » L'eau qui fe précipite dans des creux intérieurs des montagnes y entraîne de l'air, qui fortant enfuice par des trous au pied de la montagne , produit ces foufflets naturels, ces vercaroli (1), qu'on obferve plus fréquemment dans les montagnes volcaniques, parce qu'elles ont, plus fouvent des creux à l’intérieur. Te Soit un tuyau BCDE ( fg. 16,) par lequel l'eau d'un canal AB tombe dans le récipient inférieur MN. Les patois du tuyau ont tout autour des ouvertures, où l’air entre libtément pour fuppléer celai que l’eau entraîne dans fà chûte. Ce mélange d’eau & d'air va frapper fur un tas de pierre Q; en réjailliant par toute la largeur du récipient MN, l'eau fe fépare de l'air, elle tombe au fond en XZ, & va fe décharger dahs le canal inférieur par une où plufieurs ouvérurés, T, V. L'air étant moins pefant que l’eau, furnage dans la partie fupérieure du récipient, poullé dans le mmyau © il va animer la forge. XXV. EXPÉRIENCE. J'ai formé un de ces foufflets artificiels en petit; le tuyau BD avoit deux pouces de diamètre, & quatre pieds de hauteur. Lorfque l’eau rempliffoit exactement la feétion BC, & que toutes les ouvertures latérales du tuyau BDEC étoient bouchées, le tuyau O ne donnoit plus aucun vent du tout. Il eft donc évident que , dans les tuyaux ouverts, le vent vient tout de l'atmofphère, & aucune portion n'en eft engendrée par la décompolition de l'eau. On ne fauroit décompofer l’eau & la transformet en gaz par la fimplé agitation & percufliongmécanique de fes patties. Par LME l'opinion de Fabri & celle de Diétrich, n’ont aucun fondement dans la nature; elles font même démenties par l'expérience. Il ne s’agit plus qué de réchercher les circonftances propres à pouffer dans le récipient MN la plus grandé quantité d'air, & de mefurer cette quan- cité. Les circonftances qui favorifent la plus abondante production du vent, fonc les fuivantes. 1° On fait que dans la parabole, prenant d x conftante, 4 y décroit en raifon de LE L'éloignement des boules (ff. 15), s'opère plus dans les efpaces upérieurs de la chüte que dans les inférieu:s, Donc, pour obtenir le plus grand effet de l’accélération de gravité , 1l faut que l'eau commence à tomber en BC ( fég. 16 ) avec la moindre viteffe pothible, & que la hau- teur de l’eau FH foit feulement celle qui eft néceffaire pour entretenir pleige (x) Quelques fois ces vertaroli font l'effet de l'inégalité de température entre l'air de la caverne & l'air extérieur. ‘ET D'HISTOIRE NATURELLE. 333 la feion BC. Je fuppoferai que la vitelle verticale dé cetre féction foit due à une hauteur égale au diamètre BC. b Le 2°. Nous ne connoiffons pas encore par une {expérience directe, jufqu’à quelle diftance latérale peut s'étendre la communication du mouvement entre l'eau & l'air; mais on peut admettre avec confiance , qu’elle peut avoit lieu dans une fection double de la fe“ion primitive, avec laquelle l'eau entre dans le tuyau. Suppofons que la feétion, du tuyau BDEC foit double de la fection de l’eau en BC; & afin que la veine fluide s'étende & fe divife par toute la feétion double du tuyau, on met en BC quelques barres ou une grille, qui diftribue & éparpille l'eau par tout l'intérieur du tuyau. 3°. Puifque l'air doit fe mouvoir dans le tuyau O avec une certaine vi- telle , 1l faut le comprimer dans le récipient; cette compreflion fera propor- tionnée à la fomme des accélérations qu’on aura détruites dans la partie inférieure K D du tuyau. En prenant KD = 1,5 pieds, on aura de quoi donner à l'air une virefle fafhfante dans le tuyau ©. Les parois de la portion K D , de même que celles du récipient M N doivent être exaétement fermées de tour côté. 4°. Les omvertures latérales dans le refte BK du tuyau peuvent être difpofées & multipliées, fur-tout à la partie fupérieure, de manière que Fair ait ur accès’affez libre à l’intérieur du tuyau. Je les fuppoferai relles, qui 0,1 pied de hauteur d’eau fufhfent pour imprimer à l'air la viteile de fon incroduction dans les ouvertures. Toutes ces conditions étant obfervées, & en fuppofant le tuyau B D de forme cylindrique , on demande la quantité d'air qui pafle dans un temps donné par la fe&ion circulaire KL. Nommons toujours. en pieds , KD = 1,5, BC—BE— 4; BD — 4. Par la théorie, commune des graves, la vitelfe en KL fera 7,76 V (a+ b— 1,4); la fection circu- lire KL— 0,785 4°, En admettant que l’air en KL ait pris la même vitefle que l’eau, la quantité du mélange d’eau & d’air qui pañle dans une feconde par KL eft — 6,1'a° y/ (a + b— 1,4). Il faudroit dimi- nuer la quantité (a +- b — 1,4) de la hauteur qui répond à la virefle que l'eau doit perdre par la portion de fon mouvement communiqué à un air latérale toujours nouveau ; mais c’eft une quantité fi petite , qu’on peut très- bien la négliger dans le calcul. L’eau qui palle, dans le mème temps d'une feconde, par BC et — 0,44 V (a + 0,1). Par conféquent , la quantité d'air qui pale dans une feconde par K Lfera= 6,14 W(a+b—:1,4) — 0,4 «° V (a + 0,1) en prenant l’air même dans l’état de fa compref- fion ordinaire fous le poids de l'armofphère. Il conviendra, dans les appli- £ations pratiques, de diminuer cette quantité d’un quart, 1°. à caufe des chocs que l'eau éparpillée fouffre contre les parois intétieures du tuyau, & qui lui font perdre une partie de fon mouvement, 2°. parce qu'il doi, Ce 384 JOURNAL.DE PHYSIQUE; DE:CHIMIE arriver. que J’aic en LK n'ait pas acquis dans toutes fes parties la même vielle que l’eau. fe ; Si le tuyau O nedécharge pas toure la quantité d'air qui eft fournie par le fouffler, l'eau baïflerà én XZ; le point K montera plus haut dans le tuyau, l’affluence du vent diminuera, & une partie du, vent même fortira par les ouvertures latérales inférieures du tuyau BK. Je ne ne m'arréterai pas à examiner [a perfeétion, plus ou moins grande des différentes formes de foufflets à eau, dont on fait ufage dans les forges , rels que ceux à la catalanne, &c.; ïl fera facile de prononcer là-delius, d’après les principes que nous avons établi. I XP RO POST L'ON: On peut, par le moyen d’une chête d'eau , obtenir fans machines l'écoulement des eaux d'un Lerrein » quoique ce terrein refte plus bas que le courant écabli du canal inférieur à. la chäre. : aoisp 43.1 075 Le moyen eft indiqué par l'expérience première, Nous avons vu que l’eau contenue dans la caiffle DEFB, (fg. 3) fort par le canal M BU , qui eft füpérieur à la furfice de l’eau même, parce que le fluide qui s'élance par À C entraîne avec lui l'eau contenue dans la caille. Dans les chûtes artificielles que l’on procure dans les canaux pour mettre en mouvement des moulins, lorfque l'eau fe précipite dans une conduite rectangulaire de planche de bois DBCF (fg. 17), prefque horizonta- lement au milieu du canal inférieur, la furface de l’eau en K eft d’un où deux pieds au-deflous du courant infécieur FL (1). L'eau en F tend à refluer & à defcéndre par FK; mais le courant, par fon aétion latérale l'ems porte continuellement , & ne lui permet pas de fe glifler jufqu'en K. Si l'on pratique une ouverture G dans les parois latérales de la conduite , on pourra y faire écouler les eaux d’une campagne plus bafle que Le courant du canal inférieut F L. J'ai propofé une fois, avec quelques-uns de mes col- lègues, dans une commifion , l'application de ce principe à un cas de pratique; on a adopté le projet, & l'écoulement y réuflit crès-bien. La conduite rectangulaire D BFC doit être prolongée d'une certaine quantité le long du canal inférieur, autrement l’éau pourra refluer de FenK, & metre un obftacle à l'écoulement par G. Les meüniers connoif- fent l'üulité de ce ‘prolongement; l'expérience leur a appris que ce pro- longement empèche dans les crues que les eaux ne regorgent aufli-tôt dans (1) On avoit déjà remarqué cet abaiflement de niveau en K. Guillielmini , dellæ aatura de Fiumi, cap. 7, fig. 46. Boflur, art. 721. ET D'HISTOIRE. NATURELLE. 385 la conduite, & n’arrètent le mouvement de la roue extérieure. Pour cela ils conftruifent le bord de la conduite D'F à la hauteur des eaux que le moulin peut fupporter. La ville du Final dans le Modénois, m’ayant chargé de donner à une partie des eaux du Panaro un changement de cours que les circonftances de la ville exiseoient , j'ai prouté de ce 8 Jatp prolongement du courfier DF, combiné avec d’autres artifices , pour foute- nir l’action des moulins dans le nouveau canal; j'ai réuffi non-fenlement au-delà de.ce que le peuple croyoit, mais au-delà de ce que j’avois moi- même efpéré. X: :P RO P:O SI T HO:N. Les tournans d’eau dans les rivières font l’effec du mouvement commu- niqué des parties du courant qui font plus rapides aux parties laterales pius tranquilles. Peu d'auteurs ont examiné la canfe & les effets des tournans d’eau dans les rivières ; & ceux qui ont entrepris de le faire, ne paroiffent pas avoir été heureux dans leuts recherches. . | L'eau qui, fe meut dans le canal M NH ( fg. 19) rencontte l'obitacle BA; elle y forme un remou; elle va fe décharger par AC avec une vitelle augmentée par la hauteur du remou fupérieur. Que l’eau foit dormante en BDC A, le courant À C communique fon mouvement aux particules laté- rales E (Prop. 1); il les tranfporte en avant, la furface de l’eau dor- maute s'abbaifle en E, les particules les plus éloignées vers D font pouffées fuivant les: loix de l'équilibre des fluides, elles viennent remplir le creux, le courant AC les entraîne encore, l’efpace B DE A va s’épuifer. L'eau du courant AC , en vertu des mêmes loix, éprouve une force conftante , qui la pouffe vers le creux E, tandis que le mouvement de projection la porte par AC; animée par ces deux forces, l’eau même À C prend un mouve- ment curviligne en CD, elle defcend comme par un plan incliné; rétro- gradant par DE, elle iroit choquer contre l’obftacle B À & le courant AC; & après quelque balancement elles’y mettroit en équilibre & en repos. Mais le courant AC continue fon action latérale; il entraîne pour la feconde fois l’eau revenue par C D en E, il la contraint de renouveler fon mouve- ment par la courbe C DE. Et le tournoiement continue toujours. Si la rivière pafle par un rétréciflement de fon lit en N, elle produit des tournans d’un côté & de l’autre en P & en Q, comme nous ayons vu arriver en DC. . Que le fil de l’eau, après avoir frappé le bord GH, s'en éloigne pour prendre une nouvelle direction HS, la communication latérale du mouve- ment excitera les tournoïiemens dans l'angle de réflexion R. Lorfque deux courans de vielle inégale fe rencontrent obliquement au 386 JOURNAL DE PHYSIQUE; DE CHIMIE milieu de la rivière, le courant plus rapide produit de mème les tour- noiemens fur le courant moins rapide. Qu'un canal foit creufé dans un lit de profondeur inégale, Si la coupe longitudinale des inégalités du fond a les côtés en pente douce, comme ABC (/ig. 20) l'eau fupérieure imprime fon mouvement , par commu- nication latérale à l’eau inférieure qui eit près du fond au-deflous de la ligne AC; le cours s'établit dans toute la profondeur de la fetion MB. Enfuite le courant qui Seft formé près du fond en B eft-détourné de fa direction par la pente BC, 1l va rejaillir au-dellus de la furface en Q, il y forme quelquefois une gerbe, une efpèce de tourbillon vertical, Si les extrémités du creux fortent brufquement du fond, comme DE, FG, il fe forme au fond même des rournoiemens dans le fens vertical en D, & quelquefois auffi en G. On peut obferver ces phénomènes dans un canal artificiel qui ait les parois de verre. Chaque tournoiement détruit une partie de force vive dans le courant de la rivière. Car, l’eau qui defcend par un mouvement rétrograde dans le plan incliné CDE, ( fig. 19), ne peut être rérablie dans la direction du cours de la rivière que par une nouvelle impulfon. C'eft comme une boule qu'on force à monter furun plan incliné, d'où elle retombe toujours pour recevoir de nouvelles impulfons. C’eft le travail de Sifiphe. Je tire de-là, pour première conféquence , que, dans une rivière de cours permanent , où il y a des feétions inépales , l’eau [e tient plus haute qu’elle ne feroit , f£ toute la rivière étoir rétrécie également , à la mefure de fa plus petite fe&ion. La caufe de ce phénomène eft la même que celle qui retarde la dépenfe dans le tuyau variquéux (Prop. VIT, n°. 4). L'eau qui defcend du réfervoir N dans le baflin PQ ( Hz. 19), y perd prefque toute la vitelle qu’elle a acquife en defcendant de N, bien que le réfervoir air, du côté d’aval , une pente curviligne qui‘dirige la vitefle de l'eau dans le fens horizontal. Guillielmini a très-bien remarqué qu’uné chûte n'infue pas fur l'érablifement du lit inférieur; fe font les tournoiemens de l'eau dans le bafin P Q qui détruifent la vitelfe produite par la chüte; cetre vitelfe a creufé le fond & élargi le lit du canal en PQ ; les tourbillons s’y forment d’un côté & de l’autre, au fond & à la furface, dans les fens horizontal & vertical. Il feroit inutile de vouloir s'oppofer à ce que le canal fe creufàt & s’élargît, en y formant des conftructions refferrées ; le bain alors s’ouvriroit au bout de ces conftructions. : Que le canal ait plufeurs rétréciffemens & dilatations facceflives MN, fans cafcade ni réfervoir, il y aura encore, à chaque dilatation, des tour- nans & une autre perte de vitefle plus grande que fi le canal avoit une fection uniforme, égale à celle qui eft en M ou en N. Il faudra donc que Ja furface de l’eau, après chaque dilatation, s'élève , afin d'y recouvrer la vireffe qu’elle a perdue par les tournoiemens. Si nous appellons & la hauteur ET D'HISTOIRE NATURELLLE. 387 dont l’eau à befoin pour recouvrer fa vitefle , au - delà de l'élévation qui fe- roit nécellaire pour vaincre les retardations d’un lit de feétion uniforme, & que le nombre des dilatations égales & fuccellivement alrernées foit », la hauteur du regonflement dans la rivière dilatée alternativement, fur la même rivière retrécie umformément, fera = a m. Dans cela, je fuppofe que la rivière ait fon fond établi. Si ce fond eft de nature à pouvoir être attaqué pat le courant, le lit fe creufera dans les rétréciffemens, & les matières emportées fe dépoferont dans les élargiffemens. » La feconde conféquence , que je rire du principe que j'ai établi , fur la perte de force vive caufée par les tournoiemens, eft affez importante dans la théorie des rivières; elle paroït avoir été négligée par ceux qui ont traité cette matière. Le frottement de l’eau, le long des rives mouillées & fur le fond des rivières , n’eft pas, à beaucoup près, la feule caufe du ralen- tiffement de leurs cours, qui, par conféquent, exige une pente Continuée pour fe foutenir. Une des caufes principales , & ‘plus fréquentes de retarde- mat dans une rivière, vient aufli des tourbillons qui s’y forment fans celle pat-rout , & dans lés dilatations du lit, & dans les creux du fond , & par les inégalités du bord, & par les coudes, & par les courans qui fe croifent, & par des filets aqueux de viteffe différentes, qui fe rencontrent. Une bonne partie de la viceffe du coutant eft employée ainfi à rétabli: un équilibre de mouvement, qu’elle-même dérange continuellement. AC SR NOTES APE O UN, Si l’eau d’un réfervoir, qui s'écoule par un orifice horizontal , eff animée par quelque mouvement étranger , elle forme un rourbilion creux au- deflus de l’orifice même. Boffut a très-bien décrit cette efpèce de tourbillons (1); ils font de nature différente de ceux que nous avons confidérés dans la propoftion précédente; mais la caufe ÿ a quelque rapport, & c’eft pour cela que je me propofe ici de les confidérer plus en particulier, Soic le plan horizontal DQ (fe. 18), affez proche de lorifice EF, par où s'écoule le fluide da réfervoir MN. Une particule Auide D, fituée dans ce plan, a un mouvement D B, incliné fug l'axe À B ; ce mouvement peut fe décompofer dans les deux DC, CB ; fuppofons que le plan DQ defcend parallèlement à lui-même, le long de l'axe, avec, le mouvement CB; il nous refte à examiner le mouvement DC de la particule D fur le plan oo, (1) Hydrod. n°. 432, 388 JOURNAI DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, DQ. Ce mouvement imprime, à toutes les particules fituées fur fe plan DQ, une force centripète pour s'approcher du centre C. Qu'on imprime aux particules mèmes un autre mouvement horizon- tal quelconque, par toute autre direction que par DC. Animées par deux forces, ces particules décriront , autour du centre C, des aires proportion- nelles aux remps, &, en équilibrant leurs mouvemens, elles pourront prendre une rotation circulaire horizontale. : Imaginons que, pendant ce tournoiement horizontal, la particule D, en s'approchant du centre €, comme par une fpirale , décrive des obites circulaires d’un diamètre diminué fucceflivement ; appelons y la vitelle de rotation dans la particule B; r, fa diftance au centre; £, le remps d'une révo- lation ; pufque les aires doivent être comme les temps , on aura à-peu-près = + ;r—= 1; & la force centrifuge de la particule D fera = = En faivant d'un œil attentif, les particules qui tournoïent à la furface de lentonnoir en MN, on voit réellement que*ce qui a lieu à peugés dans la nature, eft : == 1°. Puifque donc en s’approchant du centréC, : x N 5 +R la force centrifuge augmente comme —, elle parviendra à faire équilibre contre la preflion fupérieure SD qui produit la force centripèe DC; il fe forme alors un creux KRT HP V , autour duquel le tourbillon fe foutiendra par la force centrifuge de fa rotation. Soit la zone Auide circulaire D QPR , dont les particules tournoient autour du fluïdecreux R P , felon la loi-indiquée ; il s’agit de déterminer la force cen- tifuge du filamentfluide DR. Soit la gravité d'une particule = g; CR = a; RD —45; DX—7; XZ — d;; la vielle de la particule D = v. Si la force centrifuge de la particule D étoit égale à fa gravité, fa vitelle (par ies théorèmes d’Huyghens) feroit due à la chüte produite par la gravité : a+b à même dans l'efpace ——. Et, puifqu'un corps grave tombe dans 1”, lef- pace 181 pouces = S; la viteffe dela particule D , dans la mème fuppoñtion, {eroit — V (2S (e+6)). Dans la cercle la force centrifuge eft comme e AT L'ART" S - Donc la force centrifuge de D fera réellement — ee = MEL Et puifque . - I . LOL S L nu v? la force centrifuge & =>; entfaifant TE 555 : =) 55 LE _ un quatrième terme ; on aura la force centrifuge de l'élément de DX en X J v? a b})? d vig(aLb)z es AE SRE & celle du flament DX=—=A + CEE mor D : Ne E que 3 = 0, l'intégrale et — 0; donc À = — 5. En prenant ? 6, la ET D'HISTOIRE NATURELLE. 359 force centrifuge du flament DR':fera — lee (24 4). La quantité 49 eft la gravité même du filament DR. Donc la gravité de ce filament eft à fa force centrifuge = v° (24 +444. e Lorfque la zone fluide DR PQ, eft plus près dé l'ouverture EF, la pref- fion S D augmente ; il faut donc dans ce cas augmenter auf la force centri- fuge de la zone , en‘diminuantlé rayon du creux RC. Noûs pouvons , d’après cela, déterminer la nature de la coutbe qui fofme la fe&ion perpendicu- laire de l’entonnoir KR T. Je fuppofe ; pour plus dé'ficilité, que les parois du vafe aient la mème forme M D que l’entonnoir, de manière que DR—# foic conftante. Nommons AC = x; CR — y. Subiticuons y au lieu de & dans la formule précédente. Et puifque la gravité du filament DR eft à la gravité du filament SD —%:#, en compofant les’ rapports , la force centrifuge du flament DR eftà là préflion SD = 6% (2y +b):4xys. Ces quantités doivent être égales pour fe faire équilibré. On aura donc x y*— £ — — = —o pour l'équation à la courbe KRT..C'eft l'efpèce 64°", des lignes du troifième ordre de Newton. Elle-toutne fa convexité à l'axe; elle a deux afymptotes, dont l’un eft l’axe A Y , l’autre eft en MN, en fuppofant les deux points MN éloignés à Pinfint: £ Si les fappofirions de cetre théorie ne coïncident pis tout-a-fair-avec Ja nature , elles en font très-proches. Non-feulément 11 ef poffible, mais il exifte dans la nature-un tourbillon dont le creux tourne là convexité à l'axe, & dont r— 7" à très-peu-près, même fuivant l'expérience, XXVI EXPÉRIENCE. Qu'on débouche l'orifice EF, & qu’on imprime au fluide du réfervoir un mouvement quelconque, indépendamment de cel que fa gravité & la preflion des molécules ambiantes rendent à lui-donner , le toutnoiement cominerice toujours & fe fait voit plus rapide dans les parties du fluide qui font les plus proches du fond. La raïfon en eft que le mouvement DB elt plus convergent & ‘plus fenfible: dans les parties qui approchent plus de Forifice EF (:). C’eit donc là que la force centripère DC produit fon effer, plutôt que dans les parties fupérieures. Celles-ci rombent enfuite dans l'en- ‘ronnoir, qui commence à fe former en bas; par cela mème elles prennent aufli une force centripète, & l'entonnoir s'ouvre à une hauteur beaucoup plus grande que ‘celle 6ù l’on obférve la convergence des filamens fluides vers l'orifice EF dans une eau afféz tranquille. (1) Bernouilli. Hydrod. Seét. 4, $. 3 Boflut , art. 427. Tome II, NOVEMBRE 1794. D dd 390 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE X'X-V:LL EX PIBIR IE NICE Placez, à la furface du fluide, quelque corps flottant, aflez large , pour y empècher la formation de l'entonnoir. Si le fluide eft fort agité, l’enton- noir naît à Ja partie inférieure , & l'air s'yintroduit par l'ouverture EF. Ainfi Ja preflion de l'atmofphère fur la furface fupérieure du fluide, n’eft pas la caufe du creux &-de l'entonnoir; l'air n’y entre que parce qu'il trouve le creux formé par la force centrifuge. MR VE PAPER PERCÉE NC .…… Le fluide reftant tranquille & fans tournoiemens , le vafe fe vuide en 40/; s'il y a des tournojemens , lévacuation fe fair en $0/, plus où moins. On ne peut donc, pas dire indéfiniment que le tourbillon abforde & entraîne les matières par l'ouverture EF, avec plus de force que s’il n’y avoit pas de tournolemens. .! £ i | ibca © == ne © XX Xeon E XP ÉLR-LE NI GE ‘ Verfez une goutte d'huile fur l’eau dujvafe; aufli-tôt que l'entonnoit fe forme, l'huile s’y précipite; elle fort avant la majeure partie de l'éau infé- rieure,qui la foutenoit. Les parties del’huile participent moins à la rotation de l’eau inférieures ayant moins de denfié, elles s'écartent aufli de l'axe moins que l’eau ;. par conféquent elles fortent le; premières, parce que fe trouvant dans l’entonnoir, rien ne les y foutient plus. “YXX EXPÉRIENCE. Tout autre petit corps qui furnage à l'eau du vafe ,: pourvu qu'il ait une -très-petite dimenfion, agit. de mème que l'huile. Si le ‘volume du même corps eftun peu.plus grand , randis qu'il s'approche du creux pour y romber, ontextrémité , qui eft vers l’axe de l’entonnoir, fe trouve dans un endroit .où la circulation eft plus rapide. Cette rapidité de mouvement , imprimée à une. extrémité du corps Alottant fe tranfporte; par les lois mécaniques, fur fon centre de gravité, qui.eft plus éloignéde l'axe, & fe mouve dans un endroit. où la circulation eft plus lente. Par conféquent le corps s'éloigne du bord de l’enfoncement où il alloit tomber.ill y revient peu de remps après, il en eft repouilé encore, & ainfi de, fuite parides mouvemens alternaufs. Enfin fi le corps qui furnage à: la liqueur du,vafe après que l’entonnoir eft formé, a un volume affez grand pour occuper toute Ja largeur de l’enton- noir, il-le-détruit-dans fa partie fupérieure ;- & quélquefois aufli-dans l'in- férieure. La raifon en eft, que le corps ne peut fe tourner autour de fon ET: D'HISTOIRE NATURELLE... 391 centre que fuivant la loi de v==r; il détruit donc parle frottement la loi: Mere © dans les Rs “du fluide qu il a “touchées; par conféquent il détruit l'entonnoir. ARE] 1 XIT PROPOSETION. | La communication laréiit du moïivement y: faie dans Pair tout chine dans l’eau, 2510114 di ).1 - Le foufile du vent qui fe meut au sélicé d'un air tranquille; produit , autour du courant ; de même que dans l'eau dés ondes & des-roninoiémens, On peut les obfétvér dans {à füûmée qui s'élève d’un foyetl; &'qui produit un ape remarquable lorfqu'elle fort come an aibresobfeur d'un vôleit agité. On les voit auffi fur le poudre qui voltige dans üé'chambré” obf2 cure, lorfqu'un fayon de vient éclairer certe poudre, & qu'on y fufle à travers. var he ‘ Si le vent général vient, par lé, du fd , il artive ; bien des fois , que la côte "0 une montagné , tournée aû nord, 2e frappée dans 16 mtine’ temps d’ün vent dulnord ; ce vent:partiel/&e jocah n'eft que le tournait pro duit pér l’obftacle dé la montagne far! LE vent principel dé fud. CE pébe être la même raifoh qui fait que le vénr agit quelquefois en fens coftraits” füi-lés voiles d'un vaifleau, Jai elles préfentent trop d'obliquité à la diree- rion du mème vent. La vapeur de l’eau qui fort: de l'éolipile ;'entraîñie avec elle de lai ati biânit ; éllé!le pouffe far le‘éhatbon ardeñr oppoé au jer de la vapeur mème, Hiiné Fiat done pas conclüré que C'eft la vapeur aqueufé qui, ‘dans ce cas, 2. fe décompofe & fourienr'la coiHuffron du charbon: Il eft connu’ que lés tuyaux de Éhkminée accélèrent , par leur ‘forme > l'afcenfion de la faméé; nousen ae See règles: ‘relatives'aux tuyaux mêmes dans là Prop. VIL Dans les tuyaux d'orgue," Fair qui fort de la LR SE tafe- AE de l'extrémité de la colonne d'air renferniée dans-lë tüyau salt nfe de côte dans le fens longirudinal, c'éft comme une lie élaftique qi Frôe fut une! furface élaftique. Quoique la colonne d'air fit Auide,, fs parties but cf pendant entrelacées de manière que le frémilfement’éxciré deus- l'endroit: frotté , fe communiqué bientôt ltétalemenca rouge Fépaiffeur de là cotée; elle en reçoit des vibrations celles direlles foient en ‘équilibré ‘entelles ‘87 avec la vielle du fouflé frottant, pour cela ,-$' lefaue Macolônné fe divifs: par diféens nœuds diftribués dans la longueur du tuyau (1). C'eft par des, NAGUNS 667 -< UE «HOL (x) Mémoires de l’Acad. an, 1762, page 431, 392 JOURNAL DEPHYSIQUE,, DE CHIMIE coups répétés que le venaqui fort dé la lumière parviènt à imprimerà toute la: colonne, contenue dans le tuyau, un mouvement de vibration, plus grand que celui que les lois du choc & de la communicatidn latérale lui permettroient de faire par une impulfion unique. Dans les jeux d’anches & autres inftrumens analogues, la caufe qui excite les frémifflemens, n’agit . point de côté fur l'air contenu dans le tuyau, elle le frappe direétement au milieu ; par cette taifon. elle communique d'autant mieux fes vibrations à toute la malle. Les autres conditions étant égales, la force du fon qui fe propage dans l'aimofphère ; depend de Ja grandeur de la tranché d'air qui eft à l’exrré- muté du tuyau, & de l'amplitude, des vibrations de cette tranche. C’eft elle qui frappe l’atmofphère & lui communiqué des pulfarions (1). Par certe rafon les tuyaux: coniques divergens rendent un fon plus fort que les cylin- tiques , : &.ceux-ci le rendent plus fort que les tuyaux à fufeau on à che- minée. La première caufe du fon qui agit à l'endroit de la bouche, ne par- viendroit jamais d’elle-même à exciter dans l’armofphère des pulfations aufli fortes qu’elle les excite , par la communication latérale , dans l'air d'un tuyau conique divergent On fentira explication de ce phénomène, en obfervant , 1°. Que fi Fon difoofe plufieurs corps élaftiques en progreflion ,. le premier imprime au dernier, par l'inreimède des,autres, plus de virefle, quil ne feroit par le choc immédiar, 2f.. Les vibrations excitées dans. le: 1uyau Ont une, certaine permanence qui. leur permet de recevoir une augmen-. tation de force par l'effet réuni des impulüons fuccefhives; au lieu que dans l'asmofphère libre , chaque pulfation eft paflagère & ifolée. L'augmentation du fon dans les porte-voix ferou-elle due en partie à la: même caufe de la communication. latérale du mouvement, plurôc qu'à la feule réflexion des lignes fonores dans les parois du. porte-voix mème ? : J'appelle :vibrations re/onnantes ; celles qui s'éabliffent dans un tuyau lorfqu'on y.excire le fon, ; & vibrations.propagées où pu/furions, çelles qui propagent le fon dans l'atmofphère. Jai dejà indiqué une différence qui me paroïr avoir lieu entre: ces deux efpèces de vibrations ; £’eft que les premières ont une certaine) permanence & connexion entr'elles .de manière que..la. précédente excire , fouvient, renforce la fuivante ; tandis que les. pal{ations,, qui fe fuccèdent dans l’atmofphère , par l'action répécée du corpstéfonnant, font ifolées & indépendautesiles unes des autres. 1 | * Maïs voici une are difference, bien plus remarquable, entre ces deux efpèces NOUVELLES: LITTÉRAIRES. ra des Temps, à l'ufage des Affronomes & des Navi- gateurs , pour l'année: 6°. de la Republique françaife (1798) , publiée par le Bureau des Longitudes , chez Dupronr, rue de la Loi, N°41, 470 pages in 8°., avec figures. Cér ouvrage que , depuis 1679 , l’Académie des Sciences publioit tous les ans , n’a point{ouffert d'interruption ; 1l cit même devenu depuis quelques années le guide nécefaire des Aftronomes & des Marins : fon utilité n’eft pas bornée à celle d’un excellent éphéméride , les additions dont on l'enrichit chaque année y ajoute un nouveau prix, en faifant de ce livre un dépôt de tout ce qu'il y a de nouveau en Aftronomie, Lalande y a mis de nouvelles tables de Mercure , des recherches fur les farellites de Saturne, plufieurs autes mémoires fur différentes parties de certe fcience, des éclipfes obfervées, & dont il a tiré les réfulrars par les calculs, des tables utiles pour les Aftro- nomes ; la defcripüon & la figure des nouveaux cercles de Borda, qui onc LR -r - # re 2e. C1 RAT: èt Lab ” #2 se ; ; y ET D'HISTOIRE NATURÉLLE. 40% - porté l’Aftronomie à un nouveau degré de précifion ; des pofitions d'étoiles extraites des 40 mille étoiles que Lalande & fon neveu font imprimer actuellement. On y trouve des obfervations de tous les Aftronomes Français, Delambre , Méchain, Darquier , Flangergues, Duc la-Chapelle, Bouvard, Thulis, Vidal, le Français, Lalande, &c. ; l'annonce des livres étrangers qui y ont rapport, l'Hiftoire de l’Aftronomie depuis quelques années ; enfin ce livre eft devenu le répertoire néceffaire de la meilleure & de la plus nouvelle Aftronomie. 11 n'y a aucun livre qui puifle remplacer celui-là pour ceux qui veulent être au courant de cette fcience , & en fuivre les pro- grès; 11 n'y a même pas eu, depuis quelques années, ‘d’autre livre digne de leur curiofité, Joannis Gefneri , Tabule phyrorographie. Planches phytographiques , par JEAN GEsNER, crois fafcicules. À Zurich, chez Fueffsli , fils, 1796, in-fol. Jean Geswer, Docteur en Médecine, Profefleur public de Phyfque & de Mathématiques, à Zurich, Membre de l'Académie Impériale des Curieux de la Nature, d'Allemagne, de celles de Berlin, d'Upfal, de Gotingue , de Florence & de Bâle, eft un favant rejetton de la famille du célèbre Conrad Gefner. Il étoit ami d'Albert Haller, qui , dans fes écrits, a rendu juftice aux connoïffances de Jean Gefner, dans la Botanique & lHiftoire Naturelle. Nous avons de lui plufeurs productions fur des objets relatifs à la ftience de la nature. Dès 1778 , il fit paroître une décade de Tables phytographiques. Il continue encore aujourd’hui ce faperbe travail. La planche fixième du fecond fafcicule, eft confacrée aux liliacées; l’on y remarque le fafran printamer cultivé, le colchique d'automne avec fes variétés, le glayeul commun, les commelines communes , tubéreufe & d’Afrique, la morée de la Chine & celle d'Afrique , la phalangère tardive, &c. La planche cinquième du même fafcicule préfente beaucoup de gra- mens, parmi lefquels fe trouvent les linaigrertes, le maïs, les joncs dits carets, &c. La planche fixième du troilième fafcicule, offie aux yeux du PBota- nifte vingt efpèces de graminées. x Jeones plancarum rarorium. Figures de plantesrares , éditées par Nicoras- Josern JacquiN, Profeffeur de Boranique. À Vienne , chez Warprer. A Londres, chez Wire; à Levpe, chez Éucmans. 3 vol. in folo. 1785; 1796. Ce riche recueil de plantes commencé en 178$ , préfente jufqu’ac- tuellement près de mille efpèces rares, figurées & enluminées. Le Profelleur Jacquin, offre à chacune fa phrafe botanique, qu'il a fouvent mis en ufage dans fes précédentes colleétions , où bien il fe {ert de celles de Linnæus, de Pallas, de Lhéritier, de Medicus, de Dryander, / ’ 402 JOURNAL DE PHYSIQUÉ, DE CHIMIÉ d'Allioni, de Scopoli, de Cavanilles , d’Aiton, de Thunberg , de Miller, de Swartz, de Marryn , dé Haller de Rumphius , de Wulfen & autres. Parmi ce grand nombre de plantes rares & étrangères, je n'ai remarqué que le cynofurus cœruleus ; l’avena Jlerilis & le fambucus racemofa, qui ne foient pas extrèmement rares; en revanche , les autres font peu communes & exotiques. Annales de Chimie , &c. par Prousrt, Profeffeur de Chimie. À Séville, 2 vol. in-3°. Prousr eft un de nos meilleurs Chimiftes. On doit donc être für que fes Annales contiennent des chofes intéreffantes. Il a plufeurs autres travaux qui n'ont pas encore été publiés, & qui pourroient aufli former deux vo- lumes. Il eft à delirer pour les progiès de la fcience qu'il les falle bientôt S . paroître. Gefchichre der Kunfle,Ëc. Hifloire des Arts © Sciences , depuis leur renai[- fance jufqu’à la fin du dix-huitième fiècle, par une focièré de Savans ; huitième divifion, Sciences , Phyfique Hifloire de la Chimie, par J. F. Gmeuin, 1%. vol. Gottingue, 1797, in-8°., 779 pages. L’Auteur a divifé fon ouvrage en Hiffoire moyenne & Hifloire moderne. L'Hiftoire moyenne comprend depuis le douzième fiècle, jufqu'au milieu du dix-feprième. Cette époque elt divifée en âge des Arabes, âge des Arabiftes, âge des Scholafticiens, âge de Paracelfe, âge des Eclefticiens & âge de Sylvius de le Boë. Ces fix âges compofent le premier volume. Le fecond volume comprendra l'Hiftoire moderne depuis le milieu du dix-feprième fiècle jufqu’à la fin du dix-huitième. Elle eft divifée en âge de Robert Boyle, âge de Stahl, & âge de Lavoilier. Deux hommes célèbres chez les deux Nations qui ont le plus cultivé la Chimie, ont conçu en mème-temps le vafte projet de tracer l’hiftoire fi compliquée de la fcience chimique. Le volume que nous avons fous les yeux, nous p uve allez quel fuccès Gmezin a déjà commencé à remplir fon plan. Le nom de Fourcroy nous répond de l'exécution du fien. Grundrifs der Natinlem, &c. Fondement de la Phyfique, par C. À. T.GREN, Halle, 1797, 2 vol. in-8°., troifième édition. Le premier volume comprend la Phyfique générale, & le fecond, la Phylique particulière. L’Auteur a pofé pour bafe de la partie Méta- phyfque-de fon ouvrage, les principes ou le fyflème dinamique de Kanr. La partie Phyfique & Chimique , eft rédigée d’après la doctrine moderne, mariée avec celle du phlogiftique , d’après Riéther , Lehonardi, & avec lui- mème. Cexe troifième édition à fubi des changemens fi confidérables , qu'on ÊT D'HISTOIRE NATURELLÉ. 403 peut plutôt l’envifager comme un ouvrage nouveau , que comme une réim- preflion. , Grens Grundrifs der Chime, &c. Fondemens de la Chimie , par le même. Halle, 1797, 2 vol. in-8°. Cet ouvrage qui eft deftiné à fervir de canevas aux leçons de l'Au- teur , eft rédigé d’après les mèmes principes que le précédent. Ils joignent lun & l'autre au mérite fcientifique, un mérite httéraire ou de flyle, dont on a de la peine à trouver de modèles, mème parmi les littérareurs les plus célèbres de l'Allemagne. Journal of Natural Philofophy , &c. Journal de Phyfique, de Chimie & ‘des Arts, par Nicuozson. Londres, 1797. Ce nouveau Journal, dont il paroît un cahier chaque mois, eft mo- delé fur le Journal de Phyfique François, Les parties que nous en avons fous les yeux, nous font concevoir le plus grand'efpoir de fa continuation pour les progrès des fciences. A Diétionnary of Chimiftry , &c Didonnaire de Chimie, par le même. Londres, 1796, 2 vol in-4°. Cet ouvrage eft fur-tout précieux , pour les nombreux articles de Chimie technique qu'il contient. Il manque encore à la France & à l'Allemagne, un femblable répertoire. U Des Eaux fulphureufee & thermales de VAUDIER , avec des obfervations phyfiques, économiques & chimiques [ur la Vallée de Hefle, & des remarques fur d’analyfe des Eaux fulyhureufes en général, par JEAN- ANTOINE G1oBERT, in-8°., 1793. Cet ouvrage eft intéreflant par mille remarques fines & curieufes, & par des reffources adroites & bien penfées , pour découvrir dans les eaux minérales les principes qui y fonc cachés. Inftruzioni intorno larte tintoria particolar merte delle LANE, tradotte dal Tedefco di PoERNER, aceres ciute con annotazioni di Des MARETs, BEerrHoter , &c. GIoBERT, 2 vol. in-8°., 1796. Les notes nombreufes de Giosrrt, ajoutent beaucoup au prix de ce livre précieux , traduit en français. Elementi di Mineralosia efpofli a norma delle piu recenti offervazioni e fcoperte , dal Cav. Carco Anronio Narions ,tomel. Turin, 1797. - Les autres volumes paroîtront fucceflivement. Ce volume renferme deux parties: dans la première, l'Auteur s'occupe des caraétères divers des fofliles , & fur-tout de ceux qui font extérieurs; dans la feconde, il clafife & décrit les foffilles fimples. Cer ouvrage eft écrit avec clarté, & une grande méthode ; 1l annonce une connoiffance approfondie de tout ce qu'on a trouvé fur ce fujer , avec des idées neuves & propres à faire penfer, 404 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, éc: D TABLE DEs ARTICLES CONTENUS DANS CE CAHIER. l croi de l'Affronomie , pour les années 3 & 4 (179$ & 1796) (vieux ftyle) , /ue aux Séances publiques du Collège de France, par JÉROME LALANDE. Page 325 Extrat d'un Mémoire incitulé : Recherches fur le Bleu de Prufle , par Proust. 334 De la Terre Sidnecienne , par KiArrotu; traduir par TESSAERT. 341 + Differtaion fur l’Irricabilité des Animaux & des Plantes, par J. Pescmier de Genève, Doëteur en Médecine. 343 Extraits & réfultats des Obfervations faites à l'Obfervatoire Météoro- logique de Montmorenci, pendant l’année 1794, ère vulgaire ; par L. Corte, Obfervateur Méréorologifle. 358 Recherches Expérimentales [ur le principe de la communication latérale du mouvement dans les fluides, appliqué à l'explication de différens phénomènes Hydrauliques ; par J. B. Venrurt, Profeffeur de Phyfique, à Modène, Etc. 362 Mémoire fur un nouvel Acide métallique qui exifle dans le plomb rouge de Sibérie, par V AUQUELIN. 393 Mémoire fur les genres Conferva & Biflus, de Linné, par J. B. M. G. Bory De S. VincenT, Membre de la Société d’Hifloire Naturelle de Bordeaux, & Confervateur de [es colleétions. 395$ De la Clorophane, par J. C. DEeLAMETHERIE. _398 Lettre de TENNANT à J. C. DerAMÉtHERIE, Jur l’Analyfe des Nodo- fités des goutteux. 399 Note de J. C. DELAMÉTHERIE. Ibid. Criflallifation du Cinabre, par J, C. DELAMÉTRERIE. 400 Nouvelles Lircéraires, Ibid, [RES PE sx Los _ Wovembre 1794 à af ai h etai earire af LE < ! PES PEAR ENES bis PE : 14 À Lt = : aie me een nn benne \- po ; ' Sté 2 pu, * + 4 è F Fe - i 2 » se — CRT 2 JOURNAL DE PHYSIQUE, D'ELCEY ME E ET D'HISTOIRE-NATURELLE. DÉCEMBRE 1794. Ben-REP OR ET SUR La Fabrication des Savons. Par D'Arncer, PELLETIER & LertevRre. 5 UP TUEs GE Du favon fait avec le beure rance & La foude du commerce. Or peut encore faire du favon bien confiftant ; en employant du beure ; mais comme ce corps gras eft de même que la graille , de première nécefité pour la préparation de-nos alimens, on ne doit point fonger à l'employer à la confection du favon; que dans le cas où l’on auroit du beure tellement rance , qu'il ne feroit plus pofliblede le manger Pour procéder à un effai de favon avec du beure falé qui étoit dans ce dernier état, nous l'avons fait bouillir avec de l’eau pour le deffaler ; nous l'avons tenu enfuite fur le feu pour le priver d'humidité : alors nous en avons pris trois livres, que nous avons traitées avec des lefives préparées, comme nous l'avons indiqué; nous avons obfervé que ce corps gras fe fapo- nifoit très - bien ; il eft mème un de ceux qui , quand il eft réduit à l’état de favon, peut être abreuvé d’une affez grande quantité d’eau, & donner néanmoins du favon qui, étant froid, ne laifle pas d’avoir une confiftance folide. Celui que nous avons obtenu de trois livres de beure rance deffalé , pefoit , au fortir de la mife, onze livres; il étoit très-blanc, mais il con fervoit encore un peu de l'odeur de beure rance : expofé à l'air pendant deux Tome IL DÉCEMBRE, 1794. FFF + æ LA 406 JOURNAI DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mois, ilne pefoit plus que fept livres; il perdra encore beaucoup , étant confervé dans un endroit fec. Ce favon eft, de même que celui de fuif ou de graille , très-propre pour les favonnages domeltiques. $. EF Du favon fait avec l'huile de cheval & la foude du commerce rendue caïflique. On prépare dans les voieries des environs de Paris, une graiffe animale fluide, que l'on nomme huile de cheval ; cette huile feule ou mélangée à d’autres huiles, fert à brüler. Bullion (1) annonça en 1789 (cayer du Journal de Phyfique du mois mars de cetté année) qu'il avoit préparé du bon favon d'un mélange de vingt-cinq livres d'huile de cheval & de vingt-cinq livres d'huile d'œillet, miles à froid avec vingt-cinq livres de leflive concentrées des favonniers. Il n’eft point à notre connoif- fance que quelqu'un ait cherché à en faire du favon fans la mélanger; il entroit dans la férie de nos expériences d’examiner comment elle fe comporteroït dans le travail de la fapomfication ; nous avons donc traité trois livres de cette huile non mélangée avec des leflives de foude, en fui- vant la manipulation ci-deffus indiquée, & nous avons obfervé qu’elle fe fiponifioit pour le moins aufli bien que les autres graïffes animales. Le favon que ces troislivres d'huile de cheval nous ont fourni, pefoit au fortir de la mife fept livres, il étoit blanc & aflez confiftant; ayant été expofé à Fair pendant deux mois, il ne pefoit plus que cinq livres. Ce favon n’a point d’odeur défagréable , il a acquis une grande folidité & il favonne très. bien. Ne feroit-1l pas pofhible qu'il y eût à la fuite des armées des écariffeurs qui foigneroïient les peaux des chevaux , & qui s'occuperoient en même temps de tirer le parti de la graiffe de ces animaux. CPR ee Du favon fait ävec de l'huile de colza & La leffive de foude du commerce rendue cauflique. L'huile de colza n’eft pas généralement employée par les fabricans de favon folide; mais ceux qui préparent des favons mols , s’en fervent avec avantage. Les divers eflais que nous avons faits avec cetre huile , nous ont fait connoître qu'après les huiles d’olive &: d'amande, elle eft des (2) Cer artifle s'étoit auffi occupé de la décompofition du muriate de foude ; il ef mort fans faire connoître le réfultat de fes travaux , dans lefquels il avoir eu quelques fuccès, L ET D'HISTOIRE NATURELLE. 407 huiles végétales celle qui donne le favon.le plus flide : nous avons obtenu de trois livres d'huile de colza traitées avec des leflives de foude, (en obfervant la manipulation ci-deffus indiquée ) une brique de favon qui, au fortir de la mife, pefoit cinq livre, ce favon étoit d’un gris jaunatre , il éroitaïlez ferme; mais bien moins que celui fourni en plus grande propor- tion par une égale quantité d'huile d'olive ; il ne peut donc pas fourenir une addition d'eau aufli confidérable. Le favon d'huile de colza conferve auf l'odeur particulière à cette huile ; expofé à l'air pendant trois mois, il a perdu une livre & un quart de fon poids, de forte qu'il ne pefoit plus que trois livres douze onces : il étoit alors affez folide; mais il n’a point acquis Ja féchereffe du favon d’huile d'olive, gardé dans le mème endroit. Ce favon favonne très- bien. $&. H. Du favon fair avec l'huile de navette © la foude du commerce rendue cauflique. L'huile de navette fe conduit, dans la fabrication du favon, de la même manière que l'huile de colza; elle eft de même employée par les fabricans de favons mols. Nous avons obrenu , detrois livres de cette huile pure , traitée avec de pareilles leffives que nous avons employées pour Les huiles précédentes , une brique dé favon, qui, au fortir de da mife, pefoit cinq livres dix onces. Ce favon étroit d’un gris jaune ; & , après avoir été expofé pendant près de trois mois à l'air, 1l ne pefoit plus que quatre livres & demie ; il étoit alors bien confiant, maisnon aufli fec que le favon d'huile d'olive. Ce favon conferve un peu de l'odeur particulière à Phuile de na- vette; & comme il favonne très-bien , les fabricans de favon ne devroient point négligér d’en préparer. Ce qui la leur fait rejetter, c’eft parce que cetre huile ne leur permet point de faire ttois où quatre livres de fivon par livre d'huile. La proportion la plus forte à laquelle ils peuvent parvenir avec l'huile de colza ou de navette, pout avoir du favon de vente, eft au plus d’une livre & demie par livre d’huile ; mais que cette confidération ne les arrête point, qu'ils fe contentent d’un bénéfice honnère , qu'ils foi- gnent la préparation de ces favons, qu'ils la perfeétionnent, & alors ils trayailleront pour Piniérêt général & pour le leur en particulier , & ils laiffe- ront pour des befoins également urgens , le fuif, que quelques fabricans de Le & des environs emploient depuis quelques temps à la fabrication du avon. FFF » it . ” ï + # Ÿ Ÿ |” 408 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE $. I. Du favon fait avec l'huile de faine & la foude du commerce rendue cauflique. Ce n'eft que depuis quelques années que lon récolte la faine pour en retirer l'huile. Il n’eft pas à notre connoïfflance que les fabricans de favons folides ou mols aient encore tenté fon ufage. Les diverfes expériences auxquels nous l'avons foumife ne nous laïflentipoint entrevoir que l’on puifle l’employer feule avec avantage dans la fabrication des favons folides ; mais elle pourra l'ère pour les favons mols où en pâte. Cette huile , d’ailleurs , n’ayant pas de faveur défagréable, peut fervir à la préparation des alimens. Nous en avons traité trois livres , en fuivant la méthode ci-deflus décrire. Dans le commencement de l'opération , cette huile nous paroiffoit fe faponifier avec facilité ; mais lorfqu'elle a été fufifamment faturée d’alkali , & que le favon a été achevé, nous n'en avons pas été auf fatisfairs que nous l’attendions. Lefavon , que trois livres d'huile de faine ont fourni, pefoit, au fortir de la mufe, cinq livres ; il étoit d'un gris fale, & confervoit l’odeur d’huile de faine. Expofé à l’air pendant deux mois, il ne pefoit plus enfuire que quatre livres dix onces ; & alors, quoiqu'aflez ferme pour être mani , il étoit néanmoins gras, pâreux & gluanr. Ce favon jaunit à l'air. : Pour rendre cette huile «propre à la confection des favons {olides , nous penfons qu'il faudroit luralfocier une autre huile , ou praille, qui donne un favon parfaitement fec , telle que l'huile d'olive, ou bien des fuifs, ou toute autre graifle animale. SO Du favon fait avec l'huile d’œiller ou de pavor , & la foude du commerce rendue cauflique. L'huile d’œillet ou de pavot ne nous a pas paru propre à être employée feule à la fabrication des favons folides ; les fabricans de favons mols [x comprennent au nombre des huiles dont ils fe fervent. Cerre huile étant infpide & fans odeur défagréable , eft devenue d’un ufage journalier pour la préparation de nos alimens , & la confommation qui s’en fait pour cer objet à Paris , ne laïffe point d’être confidérable ; les peintres Femployent; elle eft auffi du nombre des huiles dont on fe fert pour brüler. Trois livres de cette huile ayant été faponifiées par la méthode ci - deflus indiquée avec des leflives de foude du commerce , rendues cauftiques , nous avons obtenu une brique de favon , qui , au forcir de la mufe , pefoit cinq livres ns nu Lo : ET D'HISTOIRE NATURLLF. 409 fix onces > ce favon ne fupporte point l'addition d'eau , il eft d’un blanc fale & jaunit à l'air , il eft d’une confiftance moyenne, pâteux ou pluiôc gluant; expofé à l'air pendant deux mois, il n’a perdu que quatre onces de fon poids, & lorfqu’il n’eft point dans un endroit fec , il devient mol à fa furface. Cete huile , qui eft avanrageufement employée pour les fvons mols , ne pourroit l'ère pour les favons folides , qu'autaut qu'on l’uniroit à des graiffes animales ou ä.de l'huile d'olives. Ne Du favon fait avec l'huile de chenevis & la foude du commerce rendue cauflique. L'huile de chenevis eft une des huiles les plus eftimées dans la fabrication des favons mols , mais elle ne-peut convenir pour les favons folides : cette huile ferr aufli à brûler. Nous en avons faponifié trois livres, en employant des leflives de foude du commerce rendues cauftiques, & nous avons obtenu un favon d'une couleur verte; ce favon, au fortir de la nnife , pefoit cinq livres ; il étoit peu confiftant, & la plus légère addition d’eau le rendoit en pôte ; ayant confervé ce favon dans un endroit fec pendant deux mois , il a perdu huit onces de fon poids ; il eft devenu un peu plus ferme , mais pas aflez pour fervir à favonner à la main. Ce favon perd ext£- rieurement fa couleur veite , il blanchit & prend enfuite une couleur brune. $. M. Du favon fait avec l'huile de noix & la foude du commerce rendue cauflique. L'huile de noix n’eft point employée ni dans la fabrication des favons mols , ni dans celle des favons folides ; elle pourroit cependant l'être pour les favons mols, fi fon prix n'excédoit point celui des huiles que les fabricans de favons mols font dans l’ufage d'employer. Lorfque la prépa- ration de l'huile de noix a été foignée, elle eft alors bonne à manger ; cette huile eft aufli recherchée par les peintres, parce qu'elle eft peu ou point colorée , & parce qu’elle eft ficcative. Nous avons faponifé trois livres d'huile de noix avec des leflives de foude , de la mème manière que nous avons traité l'huile d'olive, & nous avons obtenu une brique de favon qui, au fortir de la mife, pefoit quatre livres douzeonces. Ce favon eft d'une coniftance moyenne , d'un blanc jaunâtre ; il eft gras & gluant ; il devient d’un jaune brun à l'air, & il n’y acquert point de la folidité, 1l s'y ramollit plutôt , pour peu que l'air foit humide, Ce favon ayant été confervé pendant io JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE deux mois, n’étoit plus que du poids de quaire livres huit onces : il a donc perdu quatre onces. La plus petite addition d’eau le ramollit confidérable- meni & le rend pâteux. On voit, d'après cela, qu'il ne peut être employé pour les favonnages à la main. $. N. Du favon fait avec l'huile de lin & la foude du commerce rendue cauflique. L'huile de lin ne nous à point paru propte à la fabrication des favons folides; mais elle convient pour les favons mols , & ceux qui en fabriquent s’en fervent lorfqu'ils peuvent s'en procurer. Certe huile eft particulièrement employée pour les peintures & pour les vernis gras, à caufe de fa propriété ficcative. Nous avons également traité trois livres d'huile de lin avec des leffives de fouderendues. cauftiques; ellesnous ont fourni un favon qui, au fortir de la mife , pefoit environ cinq livres; il étoit affez blanc ; maisil ne tarde pas à jaunir à fa partie extérieure. Ce favon eft gras, pateux & collant, d’une confiftance moyenne , ne fèche point à l'air; il a une odeur forte; il fe ramollir confidérablement par l'addition d’une petite quantité d’eau. L'ayant confervé dans un endroit fec pendant deux mois, il a perdu huit onces de fon poids ; néanmoins il étoit encore pâteux & collant. Ces expériences prouvent fufifamment que les huiles, dites ficcatives, telles que l'huile de noix & de lin, ne font point propres à faire des favons {olides, ) f. O. Des favons faits avec des huiles de poiffon &'a leffive de foude ds commerce rendue cauflique. Les huiles de poiffon font employées en Hollande à la fabrication des favons mols. En France, les fabricans de avons mols s’éroient fait un de- voir de ne point s’en fervir, afin de conferver à leur favon la fupériorité qu'ils ont conftamment méritée. Les huiles de poiffon confervent opiniâtre- ment l’odéur qui leur eft particulière ; il n’eft point a notre connoiffance que l'on foit encore parvenu à la leur enlever. L'huile de poïlfon fert à brûler ; elle eft aufli employée par les corroyeuts. Il ÿ à dans le commerce plufeurs qualités ou éfpèces d'huiles de potfio que l’on vend fous divers noms; celles que nous nous fommes procurés, noûs ont été fournies fous le nom d'Auiléde baleine, d'huile depoiffon & d'huile de morue. Nousallons faire con- noitre les réfultats que nous avons obtenus avec ces trois efpèces d'huile. Le favon que nous avons fair avec trois livres d'huile de baleine’, en la . ET D'HISTOIRE NATURELLE. aix traitant avec des lefives de foude rendues cauftiques, de la mème manière que les graifles & huiles precédentes, pefoit an forur de la mile, cinq livres , 1] eft d’un gris fale ; l'ayant confervé dans un endroit fec pendant deux mois, il a perdu huit onces de fon poids, & il a.acquis à fa partie exré- rieure une couleur brune , tellement foncée, qu'il en paroït rouge, Ce favon aune odeur aflez forte d’huilede poiffons il eftd’une confiftance allez ferme , mais non fec conune le favon d'huile d'olive, ce quidoitlerendre peu propre aux favonnages domeftiques, particulièrement à caufe de fon odeur ; 1l pout- roit être employé pour les toiles que l'on pafleroit enfuite fur Le pré, ainf que pour fouler les draps, &c. Le favon fait avec trois livres d'huile de poiffon différoit peu de celui fait avec l'huile de baleine, fon poids au fortir de la mife s’eft de même trouvé de cinq livres, 41 à aufli perdu huit onces , pendant deux mois qu'il a été confervé dans un endroit fec, il eft devenu brun à fa partie extérieure de manière à paroîtré rouge : il fe ramollit dans les endroits humides. Le favon obtenu avec l'hulie dite.de morue, ne diffère des deux précé- dens, qu’en ce que fa pate eft d’un gris plus fale, il conferve d’ailleurs comme eux l'odeur d'huile de poiffon , il acquiert de même de la-couleur par fon expofition à l'air; forti de la mife au poids de cinq livres, & repcfé deux mois après, 1l.ne pefoit plus que quatre livres huit onces. Une petite quantité d'eau, ajourée à ces trois efpèces de favons ; diminue beaucoup leur confiftance , ils deviennent alors pâteux. Ces huiles ne pourront done fervir à faire des favons folides & bien ma- nigbles , qu’autant qu'on leur affociera quelqu'une des huiles ou graifles qui fournit un favon plus confiftant. De l’aélion dela foude artificielle rendue cauflique fur diverfes huiles & graifles. Le travail dont nous avons été chargé fur l’extraétion-de la foude du fef marin, nous ayant fourni du carbonate de foude obtenu de la décompofñtion du fel marin, nous ayons cru ne pouvoir mieux l’employer qu’à reprendre la férie d'expériences dont nous venons de rendre compte en employant les mêmes -quantités d'huiles ou de graifles, en les faponifiant avec des leflives de foude cauflique préparées avec le carbonate de foude extrait du fel marin. Nous allons donc faire connoître les réfuitats que nous avons eu de ces nou- veaux eflais. La même munipulation ayant été obfervée , nous en abrégerons les dé- tails ; nous dirons feulement quechaque opération a été faite avec trois livres d'huiles ou de graifle animaie, afin d’avoir des produits comparatifs, & que pour chacune d'elles nous avons employés des ieflives nouvelies & par- 412 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE ticulières que nous avons préparées avec trois livces , de carbonate de foude & une livre de chaux. On opérant en grand; on pourroit diminuer la quantité de carbonate de foude; quatre-vingt livres de ce fel feroienr fuffifantes pour la faponili- cation de cent livres d'huile, Pour preparer la leflive, nous avons fait fufer la chaux à la manière or- dinairer, & nous y'avousajouté allez d’eau pour en former une pâte liquide ; d’une autre part, nous avons fait diffondre le carbonate de foude dans cinq piites d'eau, nous avons enfuire ajouté cette diffolution à la chaux, & le tout a été remué exattemeënt avec un bâton ; nous avons misalorsiwce mé- lange dans un petit baquet de bois blant, percé à la paitie inférieure, & pour que la leffive ou liqueur coulât claire, nous avons placé au fond un morceau de toile. Après avoir coulé la première leffive,-nous avons verfé de nouvelle eau fur la matière reftante dans le baquer, ce qui nous a pro- duit une denxième leffive , & en la lavant dne troilième fois, nous avons. eu une tiotfièine lefive. Ces trois lcilives nous ont fervi à faponifier chacune des huiles ou graiffes de certe deuxième férie d'expériences, en fuivant d’ailleurs toutes les cir- conftances de l'opération de la cuite du favon que nous avons indiquées dans la première férie, à l’article de la faponification de l'huile d'olive. Les réfulrats que nous avons obtenus ne diffèrent point de ceux de la première férie d'expériences, on en jugera mieux par l'expofé que nous allons en faire. Premièrement. Trois livres d’huile d'olive nous ont fourni une brique de favon d’une couleur agréable qui , au fortir de la mife, pefoit fepr livres dix onces. Ce favon , au bour de deux mois, ne pefoit plus que cinq livres. Deuxièmement. Trois livres d'huile d'amande, traitées avec les leflives cauftiques de foude artificielle , nous ont donné une brique de favon très- blanc & ferme , d’une odeur agréable; qui au fortir de à mife pefoit cinq livres onze onces ; repefé deux mois après, fon poids nroit plus de quatre livres fix onces. Troifièmement. Trois livres de fuif, avec de pareilles lefives , nous ont donné dû favon très-blanc & folide, dontle poids , au fortir de la mife, étoit de huit livres quatre onces ; ce favon repefé deux mois après ne pefoit plus que fix livres , il confervoit l’odeur de fuif. Quatrièmement. Trois livres de graifle de porc traitées de mème, nous ont donné une brique de favon blanc & folide , fans odeur défagréable , du poids de huit livres trois onces; ce favon deux mois après ne peloir plus que cinq livres. Cinquièmement. Trois livres de beure rance deffalé, nous ont fourni avec le mème aikali une brique de favon blanc & ferme du poids de onze livres, lequel par fon expoñuon à l'air pendant près de deux mois, a perdu quatre ETID AIS TOLRE. NATURE LL'E, 415 quatre livres. Ce favon abforbe ; comme l’on voit, une grande quantité d'eau qui s’en fépare par la deffication à l'air libre, il‘ décheoira encore de plus de deux livres. Sixièmement. Trois livres d'huile de cheval d’une des voiries des environs de Paris, a donné 1vec le même alkaliun favon blanc & confiftant, n'ayant pas d'odeur défagréable. Ce favon , au fortir dela mife, pefoit neuf livres & demie, deux mois après il ne pefoit plus que fix livres; 1l décheoïra encore d'environ une livre & demie. ; Seprièmement.. Trois livres d'huile de colza nous ont donné un favon d’un jaune citrin ,affez confiftant, du poids, au fortir de la mife, de cinq livres quatorze onces; quinze jours après il ne pefoit plus que cinq livres ; nous le conferverons pour en obferver le déchet ultérieur. Huitièmement. Trois livres d'huile de navette traitées avec des lefives cauftiques de foude aruficielle, nous ont donné un favon d’une confiftance allez férme , de couleur blanche, confervant l'odeur d’huile de navette Ce favon au fortir de la mife pefoit fix livres & demie, vingr jours après il n'éroic plus que du poids de cinq livres. Neuvièmement. Trois livres d'huile de faine nous ont donné une brique de favon qui éroit pâteux, du poids de cinq livres quatre onces; au bone de deux mois il ne pefoit plus que quatre livres treize onces. - Dixièmement, T rois_livres d'huile d’œillet nous ont donné une brique de favon qui , au fortir de la mife , pefoit quatre livres & demie, il étoit gris 3 mais par fon expolition à l'air, il jaunit extérieurement ; il a perdu dans l’efpace d'un mois deux onces de fon poids. 5 Onzièmement. Trois livres d'huile de chénevis traitées avec des lefives de foude artificielle, nous ont donné une brique de favon de couleur verte , d’une confftance pâreufe ; il pefoit au fortir de la mife cinq livres, & dans l'efpace de quinze jours il a perdu deux onces de fon poids; il brunit exté- rieurement. Douziémement. Trois livres d'huile de noix ont fourni une brique de favon du poids de quatre livres fept onces; il ne deffèche point; il devient au contraite plus mol, &, à fon extérieur, fa couleur palle au jaune foncé; 1] n'a pérdu qu'unonce de fon poids dans l'efpace de quinze jours. Treizièmement. Trois Jivres d'huile de lin, traitées avec de pareilles les- fives, ont donné une brique de favon du poids de cinq livres. [1 ne fe def- {èche point à l'air , & y devient plus gluant à fa furfice. L’ayant pefé un mois après , il n'étoir plus que du poids de quatre livres douze onces. Quarorzièmemeur. Trois livres d'huile de baleine ont donné un favon qui confervoit l'odeur d'huile de poiffon, & qui, au fortir de la mife, pefoit quatre livres douze onces. 11 a perdu , dans l'efpace de quinze jours, deux onces de fon poids. Quinziëmement. Trois livres d'huile de: poiffon nous ont fourni une Tome ll. DÉCEMBRE, 1794. Ggg “ - \£ s 414 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE brique de favon du poids de quatre livres onze onces ; lequel, dans l’efpace d'un mois, a perdu trois onces. ù Seizièmement. Trois livres d’huile de motue nous ont donné un favoir qui ne différoir des deux derniers qu'en ce qu'il étoit plus coloré. Son poids , au fortir de la mife , étoit de quatre livres quatorze onces ; & , quinze jours après , il ne pefoit plus que quatre livres douze onces, Nous nous propofons de conferver ces divers favons dans un endroit fec pendant plafñeurs mois, jufqu’à ce qu'enfin ils n’éprouvent plus de déchet , afin d'avoir des données exaétes fur les quantités relatives de favon que les diverfes huiles ou graiffes , peuvent produire; car lon-a dû remarquer que dans la confection particulière de chaque favon on y laïffe plus ou moins d’éau , laquelle fe diffipe enfuite par la defication à l'air. Nous aurions bien defiré joindre ce tableau à notre rapport ; mais, pour le donner exa®, il auroit fallu le différer trop long-temps ; nous le ferons connoître: dans un autre moment. L'enfemble des diverfes expériences dont nous venons de rendre compre ; a fuffifamment démontré que toutes les huiles où graifles, ne font pas: également propres à la confection des favons folides, Nous penfons qu'on peut , à cer égard, les claffer dans l’ordre fuivant: 1°, L'huile d’olive & l'huile d'amande douce. 2°. Les huiles animales , telles que le fif, la graifle, le beure, & l'huile de cheval. 3°. L'huile de Colza & celle de navette. 4. L'huile de faine & celle d'œiller ; mais il feroit néceffaire de les mélanger avec l’huile d’olive, ou bien avec les graifles animales. s°. Les diverfes huiles de poiffon. Celles-ci demandent de même à être mélangées comme les précédentes. 6°. L'huile de chenevis. 7. L'huile de noix & celle de Jin. Ces trois dernières donnent des favons pâteux , gras & gluans. 11 convient donc de laïffer les huiles de chenevis & de Hn pour les favons mols , & l'huile de noix pour les pein- tures & les vernis. Cette dernière pourroit de mème être employée au favon gras. Du favon fair avec un mélange d'huile d'œiller & de Juif, € la foude artificielle rendue cauftique. Nous avons déjà dit que quelques huiles , qui étant faponifices feules , donnoient un favon gras, pouvoient, par leur. mélange à des graifles animales , fournir un favon allez fec & folide pour pouvoir être employé à des favonnages domeftiques. Voici l'expérience que nous avons à l'appui de cette aflertion, ET D'HISTOIRE NATURELLF. 41$ Nous avons uni yne livre & demie d'huile d'œillerà une livre & demie de fuif; nous avons enfuite traité ce mélange avec des lellives de foude artificielle rendues cauftiques,, en faivant d’ailleurs la mème manipulation que nous avons décrite pour la cuite des favons ; le réfultar de cette opération a été un favon blanc aflez ferme , qui, au forrir de la mife, pefoit fix livres : Payant confervé dans un endroit fec pendant un mois, il a perdu une livre & un quart de fon poids, & il eft devenu beaucoup plus ferme ; il l'eft allez pour fervir aux favonnages à la main. Les huiles de navette , de colza & de fine, donnent également , mé- langées à parties égales d'huile d'olive ou de fuif, des favons affez folides, ce dont nous nous fommes aflurés par des expériences particulières. Ce favon conferve toujours un peu de l'odeur du fuif; mais on peut la mafquer par l'addition d’une petite quantité d’une des huiles effenrielles, que l’on peut fe procurer à bon compte dans le commerce ; l’Auile de lavande , par exemple. De l'aition de la potaffe cauftique fur divers corps gras. Pour counoïtre les réfultats des huiles & graifles faponifées par la potalle cauftique , nous avons choifi celles qui , avec la foude , donnoient le favon le plus folide , teiles que l'huile d'olive & le fuif. Nous les avons également employés à la dofe de trois livres, & nous avons fuivi, à leur égard, la mème manipulation que dans la cuite ordinaire du favon : la feule différence qui a été obfervée , a été de les cuire avec des leñives cauftiques, qui avoient été préparées avec trois livres de potafle & une livre & demie de chaux, Nous avons donc mis dans une bafline trois livres d’huile d’olive vraie avec des leflives foibles de poraffe, & fucceflivement nous avons ajouté des leffives plus fortes ; l'huile s’eft très-bien liée avec l’alkali ; elle faifoic parfaitement le rézeau ; mais lorfque nous en mettions à refroidir , elle feftoit grafle & point ferme : voyant que ce favon n’acquiéroit pas de la folidité, quoiqu'il y eût fuffifamment d’alkali, & que l'huile für totalement faponifiée , nous l'avons coulé dans une terrine ; il étoit dans un état de pâte favonneufe , d’une confiftance à- peu-près comme celle de la graifle ; c'éroit du favon mol, du poids de fix livres. Trois livres de fuif ayant érétrairées de la même manière , nous ont égaz Jement fourni un favon gras & mol , du poids de huit livrés. En comparant ces réfultats avec ceux obtenus des mêmes fubftances , traitées avec la foude cauftique , on verra bien évidemment que la potalle cauftique ne peut fournir , avec les huiles ou graiffes , que des favons mols; cependant il eft poñlible d'uilifer la potaffe dans la fabrication des favons folides : nous allons en indiquer les moyens. Gggz #16 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE Des moyens à employer pour faire des favons folides en fe fervent. de la potaffe. ' Ayant vu dans plufieurs recettes de favon , & mème dans des ouvrages imprimés , que l’on pouvoit faire des favons folides avec des lefives pré- parées avec des cendres , lefquelles ne contiennent que de la potalle ; ayant également remarqué que l'on s'accordoit généralement à admettre dans la confection de ces favons une plus où moins grande quantité de iuriate de foude , nous avons cherché à connoître ce que pouvoit pro- duire l'addirion de fel marin. Nos recherches n’ont pas été infruétueufes a cet égard , comme on le verra par le réfulrar de nos obfervations. Nous avons commencé par fapomifier trois livres d'huile d’olive avec des leflives de potaffe cauftique ( voyez l'experience précédente ) , ce qui nous a produit du favon qui n’écoit pas plus confiftant que de la graïlfe. D'un autre côté, nous avons fait diffoudre fix livres de muriate de foude dans fuffifante quantité d’eau , alors nous avons ajouté à ce favon une partie de certe diffolution ; nous avons fait bouillir le tout , avéc l'attention de remuer continuellement; & nous avons ajouté, par peures parties , la rotalité de la diffolurion de muriate de foude. Après deux heures d’évul- lition, nous avons retiré la bafline de dellus le feu ; le_ favon s'eft réuni à la furface; il étoittrès-folide. Au fond de la'baîine , 1l y a une aflez srande quantité de fel qui s’y eft ratrallé , faure d’eau poûr le renir en diflolution. Après avoir féparé le favon , nous l'avons liquéfié avec une petite quantité d'eau, pour le bien unir, & nous l'avons coulé dans une nufe. Nous ferons remarquer que le favon a obtenu, par ce moyen ; une grairde con- fiflance & de la fermeté ; il étoit blanc , d'une odeur agréable , & fon poids éroit de huit livres. Gardé pendant deux mois , il ne pefoit plus que cinq livres ; il étoit, en un mot , aufli folide que le favon préparé avec la même huile & la foude. Jleft aujourd’hui bien démontré que la potalfe a, avec l'acide muriatique, plus d’affinité que la foude , & que, lorfqu'on vient à waïter le muriate de foude avec la poraffe , celle-ci s'empare de Pacide muriatique & laifle la foude libre. 11 y a de mème décompolirion lorfque l’on ajoute du muriate de foude à du favon à bafe de potalle , celle-ci s’unit à l’acide muriatique, & produit du muriate de poralfe , & la foude dégagée s’ünir à l'huile, qui, primitivement , étoit combinée à la porafle. La nouvelle combinaifon eft donc alors du favon qui à pour bafe de la foude ;'il ne diffère point de celui que lon obtient de l'union direéte de l'huile & de la foude , dont un des caraëtères principaux eft d'être ferme & cobfiftanr. Lorfque l'en ajoute du fel marin dans la cuite du favon que l'on fait avec de la foude , ce fel n’agit pas comme dans l'opération où l’on emploie de la potaffe ; dans ce dernier ‘cas , le muriate de foudé eft décompof, RE SN OU CE AIR ET'D'HISTOTRE N'ATURELLLE. |". 417 tandis que dans l’autre il ne fert qu'à faire grainer le favon, er s’emparant: de l’eau qui le tenoït en diffolution ; l'eau qui a plus d’afinité avec le muriate de foude qu'avec le favon , quitte ce dernier pour diffoudre le fel , alors le fayon ne trouvant pas affez-d’eau pour être tenu en diffolution, fe fépare fous une forme grenue ou pâteufe. Nous ajouterons même que l’addition de felinarin, dans la cuite du favon avec la foude, n’eft que de circonftance & non eflentiel , car nous en avons fait plufieurs fois fans en ajouter, & nous avons néanmoins obtenu du favon bien ferme & de bonne qualité. Grand nombre de Chimiltes & de Savonniers penfoient d'après des obfervations de pratique, que le fel marin étoit toujours néceffaire pour obtenir des favons folides ; nous avons été nous-mêmes très-long-temps à favoir comment il agifloir ; ce font les réfultats dont nous venons de rendre compte , qui ont enfin déterminé notre opinion à cet égard, . Dans une feconde expérience ; nous avons fair du favon en pâte avec l'huile d'olive & la poralle ; nous avons enfuite far bouillir ce favon , en y ajoutant de la difiolution de fulfare de foude , par ce nouveau moyen nous fommes parvenus à lui donnér.de la folidité : nous n'infifterons poine fur ce qui s’eft palé dans cette opération ; on concevra qu’il y a eu du fulfare de foude de décompofé , de mème que le muriate de foude l’a été dans l'expérience précédente. Voici une autre expérience que nous croyons effentielle à faire connoître, elle pourra devenir avantageufe aux favonmers’, lorfque les potalles devien- dront communes. Nous avons commencé la fapomification de trois livres de fuif avec des leflives de potalle , nous avons enfuite achevé l'opération avec des leflives de foude , le favon obtenu de cette manière étoit très-férme, il pefoit , au forur de la mife , fept livres fix onces ; il a perdu dans lefpace , de vingt jours une livre fix onces de fon poids, Des favons fairs à froid Piufieurs fabricans de favon voulant économifer le combultible que l’on ; confomine dans la fabrication des favons , ont cherché à faire à froid la, combinaifon de l'huile avec l’alkali , ils y font parvenus de plufieurs ma mères ; nous nous'contenterons d'en décrire une , afin de faire connoître'! cette méthode particulière de fabrication : On aura un vaiffeau un peu profond, foit de grès, foi de bois, pareil à ceux/qui fervent d:faire ou à conferver. le beure ; on ajuftera an’ fond de ce! vaiflèau un morceau de bois blanc ; au milieu duquel on incruftera une efpèce de crapaudine en fer; on aura un moufloit ou gros bâton armé par le bas d’un pivot qui entréra dans la crapaudine ; ce bâton fera traverfé fur fa longueur, de diftance en diftance,, de petites baguettes rondes, d'un demi - pouce moins longues que le diamètre du vailleau , pour que 18 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le moufloir puifle y tourner librement. L'on adaptera à l’autre extrémité du moufloir , également à fon centre , une autre crapaudine , fur laquelle vienne aboutir une vis, introduite à hauteur convenable, dans une traverfe de bois folide ; cette vis , términée en pointe , entrera dans la crapaudine, tiendra le mouffoir vertical & mobile ; & , au moyen d’une efpèce d’archer, monté d’une corde qui fera deux ou trois touts fur le moufloir , celui-ci pourra être mis en mouvement alrernatif de droite & de gauche. On préparera des leflives avec de la foude & de la chaux , & on pourra y procéder d'après la méthode que nous avons déjà indiquée. ; Les leflives érant prêtes, on mettra dans le vaifleau une certaine quantité d'huile , fix livres , par exemple ; on verfera far fes fix livres, crois livres ou une pinte & demie de leflive à huit degrés; on agirera le mélange pendant un quart d'heure au moins, enfuite on y ajoutera une pinte & demie de leflive à dix-huit degrés , & on agitera pendant une heure & plus ; enfin , après ce temps , l'on verfera fur la matière trois autres livres de leffive à dix-huit degrés, & on agitera jufqu’à ce que l’on ait une pâte de bonne confiftance ; on la laiffera alors pendant deux ou trois heures fe repofer avant que de la retirer du vaiffeau; on la pétrira où malaxera enfuite dans un autre vafe évafé , avec une fpatule, ou mieux un pilon en bois , après quoi on la diftribuera dans des mifes ordinaires pour lui donner la forme d’ufage. Au bout de quelques jours , le favon aura acquis allez de confiftance pour pouvoir èrre feriré des mifes ; on le Jaiflera fécher fur des planches ; & quatre où cinq décades après il aura la confiltance requife A De pour ètre employé. Si l’on prend des huiles de graines , telles que celles de navette ou de colza, &c, l'on emploiera de la leffive à vingr degrés. Ce dernier favon exigera aufli fix décades au moins pour fécher & pour acquérir une bonne confiftance : il diminuera plus en poids que celui d'huile d'olive, Si l'on veut travailler en grand , on pourra , au moyen d’une mécanique, multiplier les pots ou vaifleaux , agirer les moufloirs par laétion d’un balancier qui peut en mettre en mouvement telle quantité qu'on jugera à propos; fur chacun de ces moufloirs feroient roulées deux cordes en fens oppofé ; l’une des extrémités de cès cordes feroic atrachée au moufloir, l’autre au balancier ; un ou deux ouvriers mettroient la machine en mou- vement régulier & alternatif d'aller & de venir. On peut voir une femblable mécanique rue du Théâtre Français, n°. 15 ; elle à été faite par Defquinemare pour Malherbe , qui prépare des favons à froid, Gec artifte s'eft fair un vrai plaif de nous communiquer fa méthode particulière d'y procéder. è ) On prépare auñi des favons à froid , en uniffant à deux parties d'huile, une partie de leffive concentrée ; dans certe feconde méthode, on écona- mife peu fur le combuftible ; parce qu'il faut concentrer les leflives fur le / ET D'HISTOIRE NATURELLE. 419 Feu ; ainfi, qu'on brûle du bois pour cuire le favon, où qu’on en brûle pour évaporer féparément la leflive, la même dépenfe exifte toujours , de manière qu'il n'ya point d'économie à faire du favon à froid, en employant des leflives concentrées. . : Nous avons defiré connoître comment pluleurs des huiles que nous avions employées dans les expériences précédentes , fe conduiroient en les uuiffant à la dofe de deux parties d'huile fur une de leflive concentrée ; les réfultats out été : 1. Qu'une livre d'huile d'olive & huit onces de leflive concentrée, ont donné du favon qui, après quelques jours , a pris une confiftance ferme. 2°. Qu'uné livre d’huile du colza & huit onces de leffive , ont donné un favon ferme & confiftant , de couleur jaune. 3°. Qu’une livre d’huile de poiflon & huit onces de lefive , ont donné un favon affez confiftant, de couleur grife & légèrement jaune , lequel confervoir l’odeur d’huile de poiflon. 4°. Qu'une livre d'huile de faine & huit onces de leflive , ont donné un favon ferme, mais moins que les précédens. - s °. Que celui enfin obtenu d’une huile d’æillet & de huit onces de lefive, étoir encore moins confiftant que les premiers. Il paroïît en général que la malle des .inconvéniens attachés à la fabri- cation en grand des favons à froid , eft plus confidérable que celle des avantages. Ces inconvéniens font : 1°. Que l’on confomme un peu plus de leffive dans la fabrication à froid que dans celle par la cuite. 2°. Que l’on ne peut confommer la totalité des leflives foibles que l’on a néceffairement lorfque l’on veut épuifer parfaitement la foude. 3°. Que les favons à froid font prefque toujours grenus. ‘4°. Enfin, qu'il faut garder au féchoir très long-temps le favon , avant de pouvoir le mettre en vente , de forte que fi l’on vouloit fabriquer très-en grand des favons À froid , il feroit nécellaire de multiplier les féchoirs pour recevoir le favon de chaque jour , & comme auffi ils ne font de vente qu'après y avoir refté plus de deux mois, il faudroit, pour une pareïlle fabrique , une plus grande quantité de fonds en avance, que pour une fabrique ordinaire ; aufli voir- on ceux qui ont élevé des fabriques dans l'intention de faire des favons à froid , fe décider par la fuite à continuer leur fabrication par la cuite. Des favons mols ou en pâte. Les favons mols ou en pâte font ceux que l'on prépare en faponifiant , ar la potaffe cauftique, les huiles de chénevis, de colza, de navette & de lin. En Hollande, on fe fett aufli d’huile de poiffon , maïs dans nos fabriques de France, on s’eft fait un devoir de ne point en employer, L JM EN RS MNT re, OURS 420 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE afin de conferver à nos favons mols la fupériorité fur ceux faits pat "les Hollandais. On compte ordinairement fur cent vingt-cinq livres de potafle pour deux cents livres d'huile. Les leflives fe préparent , en ajoutant environ cent livres de chaux fur cent vinot cinq livres de potalle ; on en fait le mélange, en fuivant les précautions que nous avons indiquées , lorfque nous avons parlé de la préparation des leflives avec la foude ; on procède au à en couler la leflive d-peu-près de la même manière, La confiruétion des chaudières ne diffère point de celles qui fervent a cuire les favons folides ; on en conduit de même la cuite , mais fut la fin on eft attentif à ne point laifler grumeler le favon , il faut que la toralité des lefives que l’on y employe y refte combinée ; l'on doit fur-tout évicer de faire ufage de fonde ou de fel marin, l’une & l’autre contribueroïent à donner à ce favon une forte de folidité qui nuiroit à fa perfection. On juge Les favons mols bien faits, lorfqu’étant froids , ils fonc parfaitement unis, d'une confiftance molle , pâteufe & gluante, Les favons mols font ou verts ou noirs ; fi on n’employoit que de l'huile de chénevis , on les obtiendroit verts fans addition, mais en faifant ufage d'huile de colza, on à des favons jaunes ; alors, pour. rabautre la couleur en vert, on y ajoute pendant la cuite un peu d'indigo. Si l'on s’eft fervi d'huile fans couleur , telle que l’huile de lin ou d’œillet, on donne la couleur, verte à ce favon, par un fond de jaune & de bleu, favoir , par l'addition du curcuma pour le jaune, & l'indigo pour le bleu; mais comme Je plus ordinairement l’on emploie ces diverfes huiles mélangées , les fabri- cans font dans l’ufage d'ajouter pendant la cuite , un mélange de curcuma , & d'indigo, lorfqu'ils veulent avoir des favons verts ; & lorfqu'ils leur font demandés noirs , 1ls les, colorent par l'addition pendant la cuite, d’un peu de fulfare de fer & de décoction de noix de galle. ” Il ya à l’article de Part du Savonnier , par Duhamel-Dumonceau, un mémoire de Fougeroux de Blaveaux fur la manière dont , à Lille, on fait les favons en pâte ; l'enfemble de la fabrication y eft parfaitement décrit: nous renvoyons donc à ce mémoire ceux qui voudroient faire des érablif- femens en ce genre. De la fophiflication des favons. Une des fophiftications les plus ordinaires, eft d’abrenver le favon d’une grande quantité d'eau. Cetté addition rend le favon plus blanc; on la reconnoitra facilement en gardant , pendant quelques jours, ce favon dans un endroit fec ; il perdra, par l’évaporation, toute l’eau-mife en excès , de u anière qu’en le repéfant/enfuice , on reconnoftra la. quantité d’eau que lon y auroit ajouté. Ceux qui fe permettent de pareilles fraudes , ne trouvent pas à vendre le D y : ET D'HISTOIRE NATURELLE. 41 le favon au moment oùil vient d’être fair, & en le confervant chez eux, l’eau devroit s'en féparer par l’évaporation ; mais ils ont trouvé le moyen de parer à cét inconvénient en confervant le favon ainfi abreuvé d’eau , dans une diffolution faturée de {el marin ; ils ont à cer effet, de grandes cuves contenant de la diffolution de muriare de foude, où ils laiffent les briques de favon nouvellement faites jufqu’au moment où ils trouvent l'occafion de le vendre. On jugeta, par l'expérience fuivante , de l'avantage qu'ils retirent de cette fraude. ® Nous avons fair du favon à la manière ordinaire ; lorfqu'il à été cuit, nous y avons ajouté allez d’eau pour avoir environ trois livres de favon par livre d’huile ; c’étoit faire du favon abreuvé ;*car trois livres d’huile ne doivent donner que cinq livres de favon marchand ; nous avons pris alors de ce favon abreuvé, au moment où nous venions de le retirer de la mife, deux morceaux parfaitément égaux , du poids chacun de quinze onces ( c'étoit le 27 brumairé), ils avoient une confiftance ordinaire , pas cepen- dant affez forte pour réfifter à la preflion du doior. L'un de ces morceaux a été mis dans une diflolution de muriate de foude , de manière à en être parfaitement recouvert. L'autre morceau a été placé à l'air libre, dans un endroit fec. Ces deux morceaux de favon ayant été repefés un mois après (le 27 fri- maire), celui qui avoir été confervé dans la diffolution de muriate de foude , pefoit feize onces & demie , de manière qu’au lieu d’avoir perdu , il avoit augmenté en poids d’une once & demie, ou dix au quintal , il avoit aufli acquis beaucoup de fermeté, L'autre morceau, au contraire, celui que nous aviens confervé à l’air libre, a perdu confidérablement de fon poids, il ne pefoit plus que fix onces & demie , il'avoit conféquemment perdu huit onces & demie de fon poids, ou environ cinquante fix livres & demie par quintal. Que l'on compare ces réfultats , & l'on appréciera la fraude que font ceux qui confervent des favons trop abreuvés d’eau , dans une diffolation de fel marin. Quefnot a imprimé la manière de faire quatre cents livres de favon , avec cent livres de favon; on emploie , pour cette abominable fophifti- cation , de l’alun , du fel marin, de l’'amidon , de la chaux, de la foude en poudre, de l'huile, du fuif & de l'eau; toutes ces fubftances font unies à cent livres de bon favon en deux opérations différentes , de manière à faire à la première opération , avec cent livres de favon , deux cents livres, & dans la deuxième opération , les deux cents livres en produifent quatre cents livres. Ce procédé , où mieux cette fraude , eft annoncée par Quefhor , fous le titre de be/le augmentation de favon. 11 eft encore nombre d'autres fraudes que l’on met en ufage pour fophiftiquer le favon ; il yen a dans lefquelles on introduit de la craie où Tome II DÉCEMBRE 1794. Hhh # 42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE de la chaux , dans d’autres, dé l'argile, de la foude en poudre , ou bien de l'amidon , du maron d'inde , des gommes, du fel marin & de l'alun. JL weft point aifé de reconnoïtte à la vue que tel favon fophiftiqué l’a été par telle fubitance. Ceux qui ont vu du favon bien fait , diftinguent facile - ment les favons travaillés ,:& cela fufht pour ne point en acheter; mais pour réconnoîre pofitivement les fubftances qui y'ont été introduites , il eft nécelfaire d'en faire l'analvfe. À Rapport des quantités des Jabflances qui entrent dans la compofition | du favon. L Macquer & pluñeurs autres Chimiftes ont donné, d'après Geoffroy , l'analyfe des favons ; mais pour avoir une analyfe exacte, il faudroit prendre le favon à un point de deflication connue ; le favon et de vente lorfque l'huile y eft dans les proportions de trois cinquièmes, c’eit-à-dire , lorfqu’avec trois livres d'huile , on a préparé cinq livres de favon , ou bien mille livres de favon avec fix cents livres d’huile. Ceux qui font dans le commerce fe trouvent-ils toujours dans ce rapport? C'eft ce qui eft extrème- ment rare. Lorfqu’on les retire de Marfeille , ils fouffrent dans le tranfport un déchet plus où moins confidérable , déchet qui augmente encore en raifon du temps qu'on les conferve dans les magafns. Ces confidérations font les principales caufes des différences que l’on obferve dans les analyfes que Geoffroy a données des favons: d’une part, Geoflroy a annoncé qu’une hvre de favon contenoit : 1°, Dix onces un gros cinquante-fix grains d'huile , 2°, Quatre onces trois gros quarante grains d'alkali , 3°. Une once deux gros quarante-huit grains d'eau. Total... 11... une hvre. Dans une autre circonftance , Geoffroy dit avoit retiré de deux onces de favon, 1°. Une once trois gros vingt grains d'huile; 2°. Deux gros quatante-huit grains de fel de foude; 3°. Deux gros quatre grains d’eau ; ce-qui, pour la livre de fivon , donne : 1°, Huile , onze onces deux gros & feize grains. 2°, Sel de foude , deux onces cinq gros & vingt quatre grains. 3°. Eau , deux onces trente-deax grains. Total: .?:.6./.47. nnchvre Cette feconde analyfe eft, comme l’on voit, bien différence de la pre- > E mière. Il y a encore dans les analyfes de Geoffroy , une autre circonftance qui l’a induit en erreur, c’eft que pour retirer l’alkali du favon il calcinoic le favon , & aprèsavoir brülé l'huile, il en fparoit l’alkali par la lixivation UE P DL LL : : É E deffication , & une nouvelle criftallifation; mais alors lalkali, tel qu'il - ' . ’ A “ Re ” Fe UN TUE . ET D'HISTOIRE NATURELLE. 423 l'obtenoit , étoit bien différent de l’état où il étoit dans fa combinaifon avec l'huile , ilne le retireroit qu’à l’état de carbonate de foude crifallifé , tandis que dans le favon il'eft dans un état de pureté , c’eft-à-dire privé d'acide carbonique. À @ Pour avoit une analyfe exaéte dut favon , il eft donc effentiel de le prendre dans-un état de deflication connue ; car fi l’on opère fur du favon d'une confiftance affez ferme pour être de vente, & fur du même favon confervé pendant quelque temps dans ün endroit fec , de manière à avoir perdu par la defficatiom un tiers , 8 mème plus de fompoids l'on concevra facilement que les réfulrats ne peuvent plus être les mêmes. | Défiranr connoïtre les quantités. des fubftances qui entrent dans la com- pofñtion du favon nouvellement fait & étant de vente , nous avons pris du favon que nous avons préparé nous-mêmes, de manière à ce qu'il fe trouväc dans le rapport de cinq livres de favon pour trois livres d'huile ; d’après diverfes expériences , nousavons reconnu Que ce favon contenoit par livres : re OR ARC EE 9 onces 6 gros. 2.- AIKA RES... 12 2 3 PE PET REC" 4 5 A A a TO 1 liv. INSTRUCTION pour Ceux quê voudront faire eux-mêmes le [avon donc ils ont befoin. On prépare des favons folides , en uniffant à des lefives cauftiques de foude , différentes huiles végétales ou graïfles animales : deux opérations font néceffaires pour faire certe combinaifon ; la première, de préparer les leflives de foude; la feconde , de cuire le favon. Nous allons indiquer la manière de procéder à l’une & à l’autre de ces deux opérations. Il convient avant tout, de fe procurer les fabftances & uitenfiles nécef- faires ; ces derniers ne font pas en grand nombre ; ils confiftent, 1°. en un petit baquet en bois blanc , d'environ neuf pouces de largeur, fur auranc de hauteur ; ce baquet doit être percé à fa partie inférieure ; il eft deftiné à couler les leflives ( s'il évoic en boïs de chêne , il coloreroir les'leffives ); 2°. 11 faudra avoir une petite bafline en cuivre à cüil rond , d’un pied de diamètre, fur fept à huit pouces de profondeur; à fon défaut , on pourra fe fervir d’une marmite en fer , ou d’un vaifleau en terre, pouvant aller far le Fu ; ce vale eft deftiné à cuire le favon; 3°, Une petite boîte fans couvercle, où mife, pour recevoir le fivon lorfqu'il eft cuit ; elle doir avoir dix pouces de longueur, quatre pouces de largeur, & fix pouces de pro- fondeur ; un des côrés, dans la longueur ; doit être à charnière , & main- tenu par des crochets, afin d’avoir la facilité d'ouvrir la boîte, & d'en . ‘ Hhh 2 424 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE retirer le favon ; 4°. 11 faut encore avoir , pour ce petit travail , une écu- moire , une fpatule en bois blanc, & une ou deux terrines. k Pour ce qui regarde les fubftances néceffaires pour faire du favon folide ; il faudra avoir, 1°. de la bonne foude, ou bien du carbonate de foude ; 2°. de la chaux ; 3°. une petite quantité de fel marin; 4°. de l'huile d'olive, De le manière de préparer les leffives. Pour faponifier trois livres d'huile d'olive , par exemple, l'on prendra rois livres de foude & une livre de chaux , l'on commencera pat pulvérifer la foude ; enfuite on arrofera la chaux avec une petite quantité d'eau, afin de la faire fufer , la chaux étant parfaitement délitée , on, la mélangera avec la foude , on mettra ce mélange dans le baquer , au fond duquel on étendra un mo:ceau de toile ; en aura aufli l'attention de fermer la champlure pratiquée à fa patrie inférieure, on verfera alors, fur le tout , fuffifanre quantité d’eau , pour que la matière foit bieu imbibce & recou- verte d'environ trois travers de doigt , on remuera bien avec un bâton, & après quelques heures de repos , on ouvrira la champlure pour laiffer couler la leffive, on la recueillera & confervera féparément ; c'eft la prennère leflive. On remettra de nouvelle eau dans le baquet, on remuera la matière avec un bâton, on lailfera repofer pendant quelques heures , on coulera enfuite , pour en retires une feconde leflive que l’on confervera de même féparément : on fera de la mème manière une troifième leflive en verfant de nouvelle eau fur la foude reftante ; celle-ci fera alors fufi- famment épuifée. De la cuite du favon. On mettra dans la bafline trois livres d’huile d'olive , avec environ une pinte & demie de la croifième leffive, on la placera fur un feu capable de faire bouillir le mélange ; on y ajoutera toutes les deux ou trois minutes un verre de la troilième leflive ; on continuera le feu; on aura l'attention de remuer fans cefle la matière avec une fpatule de bois , depuis Îe com- mencement jufqu'à la fin ; lorfqu'on aura employé la totalité de la tri- fième leffive , on fe fervira de la feconde , en la mettant de diftance en diftance ; on entretiendra l’éballition ; on prendra enfin une partie de la première leflive que l’on ajoutera de la mème manière, c’eft-à-dire, par petites quantités , à des diftances peu éloignées. Lorfqu'on s'appercevra que * la matière ne fera plus liée ; & qu’elle reffemblera à de la crème tournée { jufqu’alors l’huile aura paru parfaitement unie à la leflive , & aura acquis de la confiftance }, on y ajoutera environ deux à trois onces de muriate de foude ( fel de cuifine ) ; à l'inftant la pâte fe grumelera & fe féparera de la ET D'HISTOIRE NATURELLE. 475$ liqueur faline qui y fera en excès. On fera bouillir encore demie-heure au moins depuis qu'on aura mis le fel ; on retirera enfuite la bafline du feu , & on la laifféra refroidir un moment ; on enlèvera avec une écumoire la matière favonneufe ; on mettra de côté la liqueur faline qui fe trouvera au-deflous ; on nétoiera aufli-tôt la bafline , & on y remettra la matière favonncufe avec une petite quantité d’eau ( une chopine environ }, on la chauffera de nouveau , & lorfqu’elle fera bien unie & prefque au point dé bouillir , on y ajoutera , par parues , ce qui fera reftéde la première lefive, on fera bouillir pendant une heure ; après ce temps ; on retirera la bafline du feu & on la laïffera refroïdir comme la première fois ; on féparera de même la pâte favonneufe de la liqueur faline , & on rejertera certe der- nière ; quant à la pâte favonneufe on la remettra dans la bafline avec une pinte d’eau de fontaine , on fera chauffer , même bouillir un inftant, pour que la pâte favonneufe devienne bien unie , on fera auf très-attentif à la remuer dans ce dernier moment , pour éviter qu’elle ne brüle ; alors on la coulera dans la boîte ou mife; & afin que le favon n’y adhère point, il fera néceffaire de frotter l’inténieur de la boîte avec de la chaux éteinte , d'en mettre même une légère couche au fond & pardeffus une feuille de papier. Le lendemain le favon fera affez ferme pour être retiré de la mife; 1l doit pefer environ fix livres , plus ou moins; on le laiffera dans un endroit fec jufqu'à ce qu'il ne pèfe plus que cinq livres, ( c’eft la quantité que trois livres d'huile d'olive doivent fournir , pour que le.favon foit de vente) il fera alors très-ferme & rrès-confiftant. Dans beaucoup de ménages l’on dégraifle les viandes, foit bœuf, veau ou mouton, &c. Ces grailes étant fondues & pañlées , peuvent fervir à faire de bon favon , on les faponifiera de la même manière, en les em- ployant en place d'huile. On pourra de même faire du favon avec la graiffe ou beure rance falé , ce dernier doit auparavant être deffalé en le faifanc bouillir avec de l’eau. 2 Manière de faire du favon à froid. Les praifles que les bonnes ménagères ne laiflent point perdre, peuvent être employées à faire à froid d’excellent favon , & ce procédé pouvant être utile dans un mériage , nous croyons devoir le faire connoître. L'on préparera des leffives avec de Ja foude & de la chaux ( comme cela eft indiqué plus haut }, mais au lieu de les partager en trois , on n’en cou- Jera que d’une qualité, de manière qu’elle donne dix degrés , à l’aréomiètre, pour les fels; cer inftrument fera donc néceffaire pour dérerminer ce degré auquel ôn arrivera facilement en mélangeant des premières leflives ou leffives fortes avec une partie des dernières , dans les proportions qui feront indiquées par l’aréomètre. LA 426 JOURNAL DE PHYSIQUE ; DEXCHIMIE Alors on prendra fix pintes “4 lefive à dix degrés, & on les fera chauffer; d’un autre côte , on fera fondre trois livres de graifle de ménage dags une bañline de cuivre ( ou toute autre ), on y ajoutera alors la lefive par petices quantités , & on fouettera fortement & conflamment le mélange avec quelques brins de bois (-de la mème manière que l’on fouette les blancs d'œufs, pour faire des œufs à la neige ). On tiendra 1 bañine far es cendres chaudes ;pendant,une heure ; 8 on ne difcontinuera pas de fouetter le mélange ; on retirera ‘enfuite la bafline de deflus les cendres chäudés, & on contiuera encore à fouetter, le mélange : pendant une bonne demi-heure , ou jufqu’à ce qu'ilait pris un peu de confiftance ; on coulera alors la pâte favonneufe dans une terrine, le lendemain elle fera beaucoup plus ferme, on l’agitera avecun petit bâton arrondi, & on la coulera dans üne mife ; danstrois ou quatre jours le favon aura acquis aflez de fermeté pour pouvoir être retiré de la mife, on le laiflera à l'air pendant cingà fix décades , afin que toute l'humidité ou eau furabondante fe diflipe , le favon fera alors très ferme, & très-propre à des favonnages à la main. De la manière de preparer en tout temps, par-tout.& à peu de frais , des liqueurs favonneufes propres à blanchir: Une des bonnes manières de favonner eft d'employer le favon dans un état liquide , c'eft-à-dire , de s’en fervir en le faifant diffoudre dans l'eau, Chaptal propofe en conféquence de préparer des liqueurs favonneufes que lon pourroit fubftituer aux diflolutions de favon , & pour s'en procurer par-tout, en tout temps & à peu de frais , il conferlle d'exécuter l’une ou l’autre des méthodes fuivantes. Nous les décrirons telles que Chaptal nous les a communiquées , avec fes obfervations particulières, - À Première methode, On prend des cendres provenant de la combultion des bois non-flottés, on fair une Jeflive. par les procédés ordinaires , en mêlant aux cendres une ou deux poignées de chaux vive , bien pilée ou récemment éréinte à l’eau, on lulle repofer ou purifier l’eau de la leflive, pour que tous les corps étrangers fe précipisent ou furnagent ,.on la verfe alors dans un autre vale, & on l'y conferve pour s’en fervir au befoin. Lorfqu’on veut employer certe leflive , ‘on en prend une quantité quel- conque qu'on verfe fur une trentième ou quarantuième partie 4 huile ; ilen réfulre dans le moment une liqueur blanche comnie du lait , laquelle agitée , fortement remunée, moule & écume comme la bonne eau de favon , on verfe cette liqueur dans un baquet ou cuvier , on l'érend du plus ou. moins ET D'HISTOIRE NATURELLE. wi d'eau chaude & on y trempe les linges qu'on veut blanchir, en les y fot- tant, cordant & remaniant fuivant l'ufage. à t # Obfervations. 1. J1 importe de ne pas préparer La leffive qu’au moment même que l'on eur l'eniployer : fon féjour dans des vafes découverts en affoiblit la vertu & en change le caractère. FA 2 à À 2°. M faut préférer les cendres neuves de nos foyers; celles qui fonc vieilles & ont été expofées à l'air , n'ont plus les mèmes propriétés ; il fauc alors , pour entirer un parti utile, mêler avec elles une plus grande quantité de chaux vive. £ : 3° I faut préférer les cendres qui proviennent des bois durs, célles'des bois loirés ne peuvent pas être employées avec le même fuccès. 4 Les huiles graffes & épaifles font celles qw'on doit préférer pour ceue opération ; les huiles fines ne peuvent pas fervir , il faut employer les huiles qu'on appelle dans le commerce Auiles de ceintures , huiles d'enfer. s“. Lorfque l'huile eft puante , elle communique une odeur au linge, mais on peut l'en débarrafler en le repaflant avec foin dans une leflive pure affez forte , & en ly laiflant féjourner quelque temps ; le deffèchemenr , l'exfication fenle détruit ordinairement cerre odeur. 6°. Lorfque le mélange de l'huile & de la leflive eft jaunâtre ÿ il faut afoiblir l1.leflive avec de l'eau. | 7° Lorfque l'huile fe lève dans la lefive & furnage la liqueur en formant des gourtelettes à fa furface, l'huile n’eft pas propre à ces opérations, elle n’eft pas aflez épaifle, ou la leflive eft trop. me outrop peu cauftique. 8°. Pour que la chaux ne perde pas fes propriétés, & qu'on puiffe en avoir à fa difpoñition dans le befois , on peut la concafer & la conferver * dans des bôureilles bisn fèches & bien bouchées, Deuxième méthode. Les bois flottés dont on fait ufage dans plufeuts départemens de la république ; produifent des cendres qui font peu alkalines, & conféquem- ment trés-peu propres à former des leffives , alors, on peut y fuppléer par les foudes ou poralfes., On prend de la foude qu'on concaffe en petits morceaux de la groifeur d’une noix ; on les met dans un vafe, & on verfe dellus vinet fois fon poids d’eau , ou laïfle féjourner certe eau jufqu’à ce qu’elle paroïfle légère- mentfalée, en la portant fur la langue. On met de l'huile dans une terrine, & on verfe environ Quarante, parties de la lefive de foude fur une d'huile ; la liqueur devient blanche ; on agire 428 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE bien le mélange , & on s'en fert comme des eaux favonneufes qu’on étend d’une quantité d’eau pure, plus ou moins confidérable felon la force & l'ufage. On peut remplacer la foude par la potaffe à laquelle on méle une. - petite quantité de chaux vive pilée. Obfervations. 1°, Les foudes d’Alicante & de Carthagène peuvent être employées fans mélange de chaux, mais les mauvaifes foudes de nos climats doivent être mêlées avec une quantité de chaux plus ou moins confidérable , & felon leur degré de force ou de pureté. 2°. Lorfque la foude eft effleurie ou fufée, on ne peut l'employer , quelle qu’elle foi , qu'avec Le fecours de la chaux. 3°. Si l’eau de foude eft crop forte , l’huile furnage , & il faut alors Paffoiblir par le moyen de l'eau. 4°. L'huile grafle mérite la préférence, les huiles fines & légères ne peuvent pas être employées. 5°. Lorfque la liqueur fivonneufe eft huileufe, & que les linges con- tractent cette qualité, on les paffe dans l’ean de foude pure pour les dégraiffer , & on a foin de la chauffer légèrement pour augmenter fon effer. 6°. Lorfque l’eau de foude eft toute employée, on peut verfer de nouvelle eau fur le réfidu de foude , elle fe charge de nouveaux principes falins ; la mème foude peut fervir à plueurs opérations fucceflives. Pezcetser (1), D'ArcET, LELIEVRE. 0 (x) La mort vient d'enlever Pelletier à fes amis & à la Chimie. Extraits ET D'HISTOIRE NATURELLE. 419 xtraits © réfulrats des Obfirvations faites à MObférvaroire Météorologique de Montmorenci , nu pendani-d'années796., èrevulgaire ; par L. Corte, Ob/érvateur Météorologifle. “JOURS DELA 614 THERMOMÈTRE. QUANTITÉ. MOIS. PR CA PET AR L plus grande| moindre | plus prnde - moindre CHALEUR MOYENNE. de- d'éva=. y leur. À 22 2 L chaleur: chaleur. chaieur chaleur. ENT RE | x M. pluie. porardne degrés. degrés. degrés. degrés, | degrés. degrés. pou. |: li-[pous” Di, Janvier... … 23 : 18 10,4 0,6 4,8 739 6,0 6,2 ©. 9,0 | 0: 9 Février. .... 19 29 84 —-6,2 1,7 5,0 3,0 3,2 2. 6,o-| 0 11 Mars... ... 1$ 6 EN TS 0,9 6,5 3,4 3,5 o. 6,3 |LE É Avril... 22 13 29,2 1,0 4,9 12,7 8,4 8,7 0. 1,9 | 3 1 Mai. suce -22123 6 18,0 2,6 7,4 14,0 10,1 10,5 o. 10,3 | 3 8 Tuibé.:::. : 19 4 23,2 5,8, 926 E$,7 12,0 12,4 3. 3,9 [3° 1 Juillet... .: 16 12 21,7 80. 10,9 17,3 13,6 13,9 3. 2,10 | 3 #9 Août... : 24 ÿ 24,2 TS: 10,9 19,0 14,1 14,7 LU HAS 10 Septembre... 17 30 23,0 8,1 11,3 17,2 13,3 13,9 1. 7,9 |. l. Jo Oétobre .... 5 26 14,6 1,7 6,9 959 755 8,1 3. 1,4 /]1. 0 Novembre... I 30 19,9 — 1,0 3,4 ‘5,6 4,2 4,4 0. 17,0 lo, ES Décembre. . 23 11 9,8 — 8,9 |—o,2 2,0 0,4 0,7 3.-2,3 [© ïo Année. 24 Août, | 11 Déc. 23,212 | — 830.1 | =: 6,0 13,1 do : a 22. 3,5 |24. 4 JOURS DE LA BAROMÈTRE. "EE, | Nombre VENTS Corerern Etes à des jour. x. 0 plus grande] moindre |plusgrande| moindre | EN RON CNE NINSE É ; dominans élévation. | élévation. |. éléfarion. | élévation. SU per Peel an Al Pluie. Ë matin. midi. foirs du jour- | — GE GT | (TEE), ROSE ER, Qi Cohen Rene ET pou. di fpou. H-pou. li: |pou: li }pouss li. pou. Ji Janvier. 16 10 28.3,90| 27.3,8$ 28.0,17| 27.11,87| 27,11,95.| | 28.0,00 10 SO: Février. . 12 -14 1,25 6300] 27.11,1$ 10,74 10,83] 27-10,91 13 N.-E. & ©. Mars... 14 27 2,60 4:05. 10,33 10,20 10,43 10,32 8 N. & N.-E. Avril... 16 30 1,00 1,13 10,80 10,51 10,59 10,60 $ N.-E.&N. Mai... 17 : 0,22 1,54 8,46 8,42 8,86 8,58! 17 S.-O. & O, Juin.... 17 3 2,64 2,81 10,91 11,00 11,17 11,03 14 N.-O. & O. Juillet... 20 ‘ 16 1,48 7,40 9,97 10,00 10,14 16,04 17 |N.-0.5..0. & O. Août... 14 19 2,04 8,03 11,45 11,17 11,48 11,37 9 N. Septemb. 12 20 1,95: 6,22 10,67] 10,67 10,92 10,7$ 9 N.-O. &N. O&obre. 2$ 13 3,53 4,60 10,11 10,24 10,$o 10,28|' 14 |N.-N.E-&N.-O. Novemb, 1 19 1,35 3.96 8,84 8,92 8,83 8,83 12 +. N.-E. Décemb. 10 23 3,66 1,67 8,88 8,90 7,86 8,86 17 N. & N.-E. Année. | 16 Janv. | 30 Avr. 28.3,90 | 27.1,18 |27.10,31|27,10,20 27,10,39 | 27.10,30 145 N. & N.-E. = Tomell, DÉCEMBRE, 1794 | lii MOIS. Janvier. Février. . Mars... Avril... Mai... Juini. +. Juillet, . Août... Septem.…. O&ob. . Nov... Décem.. Année, ” 49 JOURNAL DÉ PHYSIQUE, DE CHIMIE, SURFER É A TABLE y OÙ R So DELL À AIGUILLE AIMANTÉE. | — / plus grande Lomoindre | plus grande moindre DAC TES où MOYEN RARE RS TUE ES déclinaif. déclin. déclin. déclin. A ass ET End | dt 0 to fo L 44e ‘ #19 ! #|.o ! 4 7 15 22: sul22 18|22.33.27| 22 343] 22.33.46 2223.45 Douce , aflez sèche. 22—24 16 12 18|21. | 33 1.53 3,0 0.40 1.51 | Var. humide. | 31 3 9 17/7 2:.44.8| 21.44.10 | 21.44,12| 21,44 13 |Froide, sèche. À 29.30 27 si 51\ 22.26.54 22.27.36| 22.29,24N 22.27.58 | Idem. 18.19 31 alger } re" 42 23 43.0 42.23 42.35 | Froide , humid, vent. 216.16 12,13 18 9 14.0 14.6 14.6 14.4 | Froide, humide. 19—23 |1.2.17—31 30 15 22.55 23.22 23.28 23.1$ Idem, venteule. 5.6 24=b1 21 9Ù. 13.27 13.19 13.15 13.19 | Chaude , très-sèche: { 1.8.9 21.22, 18 ÿ 12.12 12.24 12,24 Chaude & sèche. : 4 26—30 1220 | 1 16 9|20. 15| 21.14,39|21.12,19| 21.12.37] 21.13.12 Froide, humide, 6 21: 4 4e 30| 20.49.18| 2048,0| 20.47.24| 29.48.50 Affez froide, sèche, ! 18,19 2c—219 .|10.: $4 33 39.41 39.13 39:23 29.39 | Froide, humide: 18.19 22% $4 bo. 1 2235.25 22.36.14| 22.36,$ 22.35.55 |Froide , humide, né porn Réfulrats-dela-enblessen mm sn nases ar rue = 1°, L'Ayver a été doux & fec; le princemps froid & humide; l'été chaud & fec; l'automne froide & humide. En général l'année a été variable , plus froide & humide que chaude & sèche. C’eft la température qu'elle devoir avoir , d’après celles des années de la période lünaire de 19 ans qui lui correfpondent. 3°. La chaleur moyenne a été égale à celle de l'année moyenne conclue de 28 années d'obfervations ( 1768 — 1794 ). La plus grande chaleur à différé de 1,9%. en moins, & le plus grand froid de 1,9%. en plus. 3% La plus grande élévation du baromètre à différé de 0,40!5. en plus de célle de l’année moyenne ; la moindre de 1,138, auf en plus ; la moyenne de 0,125, en plus. L'élévaiion moyenne © diurne à fuivi la marche ordinaire , plus grande au foir , moindre à midi & moyenne au matin. Le baromèire n'a pas éprouvé d’auff grandes vartations que les années précédentes ; la fomme moyenne de fes grandes élévations a été de 22,765, & celle de fes grands abaiffements de 2raa2ue 4°. La déclinaifon de l'aiguille aimantée patoit avoir augmentée pen- dant le cours de cette année de 15 21. La déclinaifon diurne périodique ET D'HISTOIRE, NATURELLE. 4j n'a prefque pas. été fenfble, elle va |roujours en diminuant. Nous fommes fans doute dans une de ces périodes de diminution dont parle Van Swinden dans fon grand. ouvrage fur les aiguilles aimantées , couronné en.1774, par l’Académie des Sciences, Je ferai remarquer que nous fommes égale- ment dans la période de la non-apparition de l'aurore boréale , dont Mairan a parlé dans fon Traité des Aurores Boréales. . 5°. La quantité de pluie a été moindre, de 4.815. de cellei.de l’année moyenne , & celle de l'évopararion a été moindre aufli de 1,9/5.. Le mois de décembre a fourni la plus,grande quantitéd’éau ,.& enfuite Les mois de juin , juillet & oétobre. Le mois d'avril a fourni la moindre quantité d'eau, & enfuire ceux de novembre , mars &-janvier. ” 6°. Le nombre des jours beaux, a été de 103, au lieu de 118 ( année moyenne ); couverts 133 yaudieu de 153 ; de nuages 130, au lieu de 94; de vent 127, au lieu de 1125 de pluie 134, au lieu de 131; de neige 13, au lieu de 15; de gréle 8, au lieu de 13 ; de ronnerre 13, au lieu dé 19; de érouillard 42, au lieu de 67; d'aurore boréale o , au lieu de 11 ; de gelée 41 , au lieu de jo. ; 1°. La récolte des biés'a étésabondante & de bonné qualité ; celle du vir, qui a peu de qualité , a été médiocre. Les ceriliers & les pruniers ont donné beaucoup de fruits ; les abricotiers n'ont rien fait, Îgs pèchers ont peu rapporté: On à recueilli peu de poires’, très - peu de pommes; point -de chataignes. Les potagers ont fourni beaucoup de légumes. 8°. Nous n'avons pointiéude maladies régnantes, f omeéxcepre les rhunèes qui ont été aflez communs, L'année 1797, relativement=à læpériodedunaire de 19 ans, répond aux années 1702, 1721, 1740, 1759 & 1778. L'examen que j'ai fait de la température de ces différenres années , me fait croire que celle de 1797 fera peu froide et sèche. ? Montmorenci; 18 nivôfe.san$ (:7-janñvier 1797.) Î qe =) ” ! * : AVIS fur; une nouvelle édition de mes Mémoires fur la Météorologie. Ces Mémoires ont paru en 1788; depuis cctte époque je n’ai cellé de recueillir des matériaux & des obfervatiôns faites en différens pays. Je viens de préparer une feconde édition de ces Mémoires; ouvre les additions con- fidérables que j'ai faites dans les vingt-deux Mémoites qui compofent la première édition , j'ai ajouté quatre nouveaux Mémoires , de manièré que la feconde édition fera compofée de trois volumes in-4°. au lieu de deux. Le troifième volume elt entièrement confäcré aux réfultats des obfervations Jiiz 432 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE faites dans 271 villés différentes , elles font arrangées par ordre alphabé- tique, & j'ai placé à la fin du volume dix grands tableaux , où les villes font rangées par ordre de latitudes. Ils offrent les réfulrats de l’année moyenne, conclus pour chacune des 271 villes. Ce troifième volume aura pour titre: Correfpondance Météorologique, & pourra fe féparer des deux autres volumes, qui contiendront auffi un grand nombre des tibleaux relatifs à la compa- raifon des thermomèrres , ‘aux différentes mefures employées pour l'échelle du‘baromètre , &c. &c. J'ai aiouté douze nouvelles planches ; en un mot, je n'ai rien épargné pour rendre cet ouvrage de plus en plus digne de l'attention du public ; mais j'ignore quand je pourrai le lui offrit par la voie de l’impreflion. Le Traité de Météorologie ; publié en 1774 ,ne fera point réimprimé ; quand il le fera , je n’y changeraï rien , attendu que les trois volumes de Mémoires lui fervent de fupplément. Moncmorenci , 29 vendémiaire , an 7 (28 oétobre 1797). | à CoTrs, Météorolovifte. DE LA NATURE DU DIAMANT. à Par SMITHSON TENNANT.. Extrait des Tranfaëlions Philofophiques de Londres. S 1RE-Is A A c Newton ayant obfervé que les corps inflammables avoient une réfraction beaucoup plus grande, eu égard à leur denfité, que les autres corps, & que le diamant leur reffembloit fous ce ‘rapport , en tira la conjecture que Je diamant étoit vraiment de la nature des corps in- Hammables. Les fubftances inflammables qu’il employa , font le camphre, Fhuile de térébenchine, l’huile d’olive & lambre. « Il les appelle des corps onctueux , fulphureux ». 11 s’eft fervi de la même expreflion pour le dia- nat. « Il eft probable, dit-il, que c'eft un corps onctueux congelé ». Cette conjecture remarquable de Newton, a été confirmée par plufeurs expé- riences. On a trouvé que le diamant eft capable de rélifter à une grande chaleur , lorfqu’il n’y a point d'accès de l'air ; qu'il eft entièrement confumé , lorfqu'on l’expofe à la chaleur avec le concours de Fair: L'objet de ces expériences n'eft donc pas de favoit fi le diamant eft combultible; mais d'examiner la nature des produits qu’il donne dans fa combuftion, & | « ET D'HISTOIRE NATURELLE. d 433 de déterminer sil eft un corps inflammable particulier, où s'il eft nn de ceux qu'on connoït déjà. Lavoifer, en 1772, avoir déjà fuir des expériences qui paroïffoient décider la queftion. Il expofa tn diamant dans des vaifleaux fermés à la chaleur d’une forte lentille. Il obferva que l'air, dans lequel s'étoic fait certe combultion , étoit en partie foluble” dans l'eau, & qu'il précipitoit l’eau de chaux fous forme d'une poudre qui paroïfloit: de la vraie pierre calcaire, & qui fe diffolvoir avec effervefcence dans les acides. Lavoïfer femble avoir eu quelques doures que la précipitation qu'il a obtenue par la produétion de cer air fixe, für abfolument fem- blable à celle qu'on a par l'air dégagé des fubltances calcaires, On peut en inférer de ces expériences, d’après les connoïffanees aétuelles, que le diamant contient du chafbon; mais dans ce temps, le rapport qu'il ya entre cet air & le charbon , étoit encore trop peu connu pour juftifier une pareïlle conclufon. 11 à obfervé une reflemblance entre le charbon & le diamant , fondé far l’analogie; mais cela prouve feulement qu'il eft de la claffe des corps inflammables. La nature du diamant étant extrèmement fingulière , il m'a femblé qu'il méritoit un examen ultérieur. Les expériences füivantes paroiffent prouver qu'il eft compofé uniquement de charbon, qui ne diffère du charbon ordinaire, que par la forme criftalline. L’extrème dureté du diamant , & le violent degré de chaleur qu'il exige pouf fe brûler à l'air, font caufe qu'il n’eft poine facile de faire l’expérience dans des vaiffeaux fermés, excepté avec la lentille; mais en le traitant avec le nitre , on peut le brûler entièrement à une chaleur modérée. Pour l’expofer ainfi à l’aétion du nitre chauffé, je me fuis procuré un tube d’or fait en forme de retorte, & j'y ai adapté un tube de verre pour recevoir l'air qui fe dégageroit. Pour être bien fur que le tube étoir bien clos, & que du nitre qui y feroic chauffé , n’y contraéteroit aucune impureté qui pür produire de l'air fixe, j'y ai introduit de l’eau. Cette eau, après avoir diflout ce qui étoit dans le tube, ne contenoit aucune portion d'air fixe, & n’a point altéré la tranfparence de l’eau de chaux; maïs ayaut mis dans le même vafe d'or, le diamant avec le nitre, & l'ayant brülé, le réfidu aui eft demeuré dans le vafe a précipité l’eau de chaux , & ayant verfé de l'acide , il y a eu dégagement d'air fixe & d'air nitreux ; d'où on doit conclure que ce réfidu contenoit une portion de nitre décompofé, & une d’aikali aëré. Pour pouvoir eftimer la quantité d'air fixe que j’obtiendrois d’un poids de diamant ,gj'en ai pris deux grains & demi, pefés avec la plus grande exactitude ; je les ai introduits dans le tube avec la quatrième partie d’une once de nitre; je les ai expofé environ une heure & demie au degré de chaleur rouge. La chaleur ayant été augmentée graduellement, le nitre s’eft alkalifé à mefure que le diamant s'enfammoit, & l'air fixe qui étoic 434 JOURNAL DE PHYSIQUÉ ,, DE CHIMIE produit , fe combinoit avec l’alkali du nitre décompofé, L'air qui étoit ainfi produit par la décompofition du nitre , contenoit fi peu d'air fixe, qu'à peine précipiroit-il l'eau de chaux. Le tube d’or étant refroidi, on fit dé- pofer la matière qui y étoit contenue dans l'eau , on vit que les diamans avoient été abfolument détruits ; on y verfa de l'acide, qui en dégagea de l'ait nitreux & de l'air fixe. Je ne pus pas déterminer exaétement la quantité de ce dernier : pour y parvenir, il faut verfer dans la diffolution de cet alkali, une fufifante quantité d'une diffolurion faturée de muriate calcaire, Le vailleau où fe fera l'opération fera bien clos ; il y aura préci- pitation ; & la liqueur fe troublera ; mais on la fera chauffer pour que tout fe diffolve bien, on s’en aflurera par le moyen de l’eau de chaux, on fera pour lors ailuré que tout l'air fixe fe trouve dans le précipité calcaire; on prendra un matras, ou globe de verre, qui ait un long tube divifé exac- tement pour mefurer l'air fixe qui fe dégagera ; on le remplira de mercure; & on le renverfera dans un bain également de mercure; on y introduira le précipité calcaire, on y fera, pour lors, paffer un peu d'acide marin bien pur pour qu'il n’asifle point fur le mercure ; il difloudra Le précipité calcaire & en désagera l'acide marin, J'ai trouvé de cette manière , que l'air fixe qu’avoient donné les deux grains & demi de diamant, occupoient le mème efpace que 10,1 onces d’eau. La température éoit de 55 Farenheit (10,2 Réaumur), & le baromètre, 29,8 pouces anglois , (27,6 pouces françois, 6 lignes ). D'après d’autres expériences faites de la mème manière, fur un grain & demi de diamant, l'air qu'on en a obtenu , occupoit l'efpace de 6,18 onces d'eau. Suivant ce rapport , deux grains & demi de diamant doivent donner 10,3 onces d'air fixe. Cette quantité d’air fixe produite par le diamant, ne diffère pas beau- coup de celle que fournit un pareil poids de charbon , d'après les données de Lavoilier, dans les Mémoires de l'Académie des Sciences de Paris , année 1781, il rapporte différentes expériences qu'il a faites pour déterminer Ja quantité de charbon & d’oxigène que contient l'air fixe. Il en conclud que 100 parties d'air fixe contiennent charbon , 0,28 ,oxigène 0,71. Il eftime que Le poids d’un pouce cubique d’air fixe aux rempératutes fufmentionnées , eft de 0,693 parties d’un grain. En réduifant ces poids françois aux mefures angloïfes , on trouvera que la quantité d'air fixe que pouvoit donner deux grains & demi de charbon, peuvent réperdre un volume qu'occupent dix onces d’eau. s Lavoifer femble avoir quelques doutes que le fluide aérien, produit par la combuftion du diamant, foit aufli foluble dans l’eau, que celui que l'on retire des matières calcaires; mais ils fe reffemblent entièremenr, il p’y a donc aucun doute qu'ils ne contiennent les mêmes principes. J'ai + 4 , : f 4 ET D'HISTOIRE NATURELLLE. 435 trouvé qu'en le combinant avec la chaux, & l’expofanr enfuite avec le phofphore à la chaleur, on en retire du charbon de la même manière que: des autres fubftances calemires (1). 43 MÉMOIRE Sur la nature de l’Alun du commerce, fur l’exiflence de la potaffe dans ce fel, & fur diverfes combinaifons fimples ou criples de l’alumine avec l'acide fulfurique ; Pur VAuQuEeLziN, Infpeéleur des mines, Lu pardui à l’Infficxt national. J. annoncé dans mon mémoire fur la leucite ou grenat blanc, que beaucoup de terres & de pierres naturelles devoient contenir de la poraffe à l’érat de combinaifon , & je me fondois alors fur l'impoffbilité d'obtenir de l’alun folide & criftallifé en octaëdre, de la combinaifon immédiate de l'acide fulfarique & de lalumine purs, quelque précautions que l'on piit pour la débaraffer de l’excès d'acide fans addition d’alkali. On avoit reconnu depuis Jong-temps, dans les fabriques d’alun, la néceñité de cette addition, fur-tout poar le traitement dés eaux-mères, mais l’on penfoic que l'afage de M potaffe fe boraoïit, dans cette cir- conftance, à féparer l'excès d'acide qu’on. croyoit metre ob'tacle à la crif- tallifation de l’alun : cependant ; ia remarque faite par Bergmann, que la foude & la chaux, enrployées au lieu de porafle ou d’amimoniac dans le vraitement des éaux-mères , ne favorifoient point la ctiftallifarion de l’alun, auroit dù faire changer d'opinion fur la manière d’agir de la potafle & de l’ammoniac (2). Ce fivant chimäte avoit aufli reconnu que plufieurs aluns décompofés pair l'ammoniac, fourniffoient fouvent , par l’évaporation de leur eau de difolution, de véritable fulfare de poraffe, (2) II faut voir cette belle expérience de Tennant. JOURN. DE PHYSIQUE , an: 179... C2) Notare dignum eff quod hoc criffallifationis obffaculum alkali volatili aque tollatur , non verd alkali mineralt calice, Bergm, de Confeél. aluminis, pag. 325, tom. I, Opufcula. 436 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE dont la bafe pouvoir provenir, fuivant lui , foit de la terreargilleufé dans la- quelle des végétaux avoient été décompofés , foit des cendres ajoutées exprès , foit enfin d’un mélange fortuit pendant la calcination des mines , & il concluoit de ces obfervations, que les fulfates de potaffe & d’alumine s'unifloient enfemble-à l'état d’une efpèce de fel-rriple (1). * =" Quoique Bergmann paroifle foupconner que la poraffe eft néceffaire à la formation deil’alun, cependant il w'ofe l’aflirmer ,'comme il et facile de l’appercevoir par la fuire'de fon difcours; ainfi cette queltion refloit encore indécife (2):en effec, l'on voit, par un autre pañfage de fa differtarion qué Bergmann retombe dans l'opinion commune, en bornant l'effet des alkalis à la faturation fumple de l'excès d’acide contenu, fui- vant jui & vous les autres Auteurs, dans les eaux alumineufes, en regardant mème les nouveaux fels que forme ces fubitances alkalines, comme des corps étrangers, moins nuifibles, à la vérité, que l'excès d'acide, mais qui cependant ne peuvent être vendus pour de l'alun (3). Si les alkalis n’avoient pour objer, dans le travail desieflives alumineufes, que d'enlever l'excès d'acide qu’on y fuppofe exifter,, il eft évident que toute autre matière qui abforberoit cet acide, pourroit fervir au même ufage; mais l’expériencea démontré lecontraire, & l'on fair, depuis long-temps, que certe propriété remarquable eft réfervée exclufivement à la potañle & à l'ammoniac, Pour porter fur cet objet encore obfeur la lumière de l'expérience , ————_————_—_—_—_———…——…——"— _——.— ——…—…—…—….…—…— —…_…"— …" …"———…——— ————————————————— (1) Hoc alkali, quod ineft , vel ex ipfa areill& repetendum que vegetabilium putre- La&orum refiduis fuit inquinata | vel ex cineribus ffudio additis ; vel denique fub calcinarione & uftione fortuito immixtis. Intereù hinc conflet quod alumen & alkali vegetabile vitriolatum facile connubium ineant , quo Jal oritur triplex, Beroim. pag: 325, rom. I. (2) Allara momenta fufpicionem movent , quod alkali vegetabile alumine perficiendo fit neceffarium ; idedque omne alumen perfeëlum inffar falis eriplicis refpiciendum ; :fed hec corjeëtura vatillat , nem eadem perfeëtio aikali volarili & fpontaneä evaporatione obtinetur. Non tamen improbandam puto addirionem alkali vegctabilis & deputari , nam heterogenea magis nocenr quän juvanr. Berg. , ibid, (3) Ureù purius obtineatur alumen, in alterâ criflallifatione , nonnuliis in locis additamenta ufurpantur alkalina , calx & urina. Scilicet muliorum annorum experientiä compertum eff, lixivium aliquando tantam & acquirere confiffentiam ( quod in officinis pinguefcere ue & crifialli egrè fecernantur , & qua prodeunt variis heterogeneis vitiata repertantur. His incommodis alkalinis prefertim obicèm ponere tentatum fuit, quèm lixivium acidate abundaret. Cineres clavellati & calx, five ufla , five cruda, acidum abforbent, & fi jufflé addntur dofi, peregrina noxia reverà prœcipitando miuunt ; quod cognitä lixiviorum endole | $. IX, lucuientiùs patebit. Urina tamen nihil efficir nifi quatenàs alkali volatili prœædica. Negari tamen non poteft quin novi fales peregrini immifceentur , nimirüm alkali vegetabile , vitriolatum , vel ali, pro diverfo addita- mento ; fine dubio , fublatis magis innocui , [ed nihilominüs pro alumine vendenai. Berg., ibid., pag. 310. Ja! ET D'HISTOIRE NATURELLE. 437 j'ai diffous dans l'acide fulfurique très-pur , de l’alumine également pure ; j'ai fait évaporer la diffoluuon plufieurs fois de fuite jufqu'à ficcité, pou: en chaffer l'excès: d'acide; j'ai rediffous dans l'eau le réfidu fec & pul- vérulenr, & j'ai fait réduire la liqueur à différens degrés de pefanteur, pour tâcher de faific le point le plus favorable à la cuftallifations mais, quelques précautionsique j'aie prifes, je n'ai pu obtenir qu'un magma formé de lames falines , fans confftance ni folidité : la diffolation ci-deilus, qui à conftamment refufé de donner feul de l’alun criftallifé, en a fourni fur-le-champ, par l’addirion de quelques gouttes de potaile en liqueur, & lorfque j'avois employé des proportions convenables de ces deux fubf- tances, le refte de la diffolution a donné jufqu’à la fin des aluns purs, fans mélange de fulfate de potaife, Dans une autre portion de la même diffolurion de fulfate d’alumine pur, j'ai mis la même quantité de carbonate de foude que celle de potalle que j'avois ajoutée à la première, & il ne s'eft formé aucune criftalli-…8 fation ; même à l'aide de l'évaporation. La chaux & la baryte n’ont pas produit de meilleurs effets. = Ces expériences ontcommencé à me fortifier dans l'opinion où j'étois , que ce n'éroit pas l'excès d'acide qui empèchoit la criftallifation de l'alun , comme on l'a cru jufqu'ici, & que la porafle n'avoir pas pour fimple ufage d’enle- ver cet acide ; mais qu’elle ÿ jouoit un rôle plus important; car ,me fuis-je die, s’il en étoit ain, la foude, la chaux, la baryte & toutes les fubftances qui, par une force plus puiffante, pourroient enlever cetacide à l'alun, devroienc donner le même réfultat. J'ai encore fait cet autre raifonnement, qui me paroifloit péremptoire : fi les alkalis, la potaffe & l'ammoniac ne font que s'unir à l'acide furabondant , à l’alun , les fulfates de potaffe & d’ammoniac ne doivent occafionner aucun changement dans l'alun acide pur; mais fi ces alkalis entrent comme partie conftituante de ce fel ,& font néceffaires à fon exiftence, ils doivent produire es mêmes effets que la poralfe ou l’am- moniac pures. En conféquence, j'ai mis dans une troifième portion, de la diffolution de fulfare d’alumine , citée plus haut, quelques gouttes de diflolution de fulfate de poaile, & aufi-rot 1l s’eft formé de l’alun octaèdre : le fulfate d’ammoniac a préfenté les mêmes phénomènes, 1 Ce réfulrat appuyoir de plus en plus mes premières idées, “ae il n’en donnoit pas encore une démonftration parfaitement à l'abri de toute objeétion ; car, il auroit pu arriver que les deux fels que j'ai employés, eulfent déterminé la criftallifation de lalun, en abforbant fimplemenr l'acide fuperu , dont ils fonc très-avides. Pour éclaircir ce fait poflible, j'ai mêlé dans la diffolution de fulfate Tome II DÉCEMBRE. 1794. KkKk 438 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE d’alamine incriftallifable , du fulfate acide de porale , & j'ai obtenu une criftallifation aufli abondante qu'avec le fulfate de potalle neutre. Cetre ‘dernière expérience ne laiffe donc plus de doute fur l'influence & la manière “d'agir de la palfe & de l’'ammoniac dans la fabrication de l’aluns d'ailleurs cette aétion acquiert plus dé force encore par l'exa- men des aluns qui ontété formés par les procédés rapportés-plus haut; qui y a démontré des quantités notables de fulfare de poralle & d’ammoniac. Ces elfais devoient naturellement me conduire à l'examen des différens aluns qui font dans le commerce : déjà Bergmann avoit antioncé ; d'une manière vague, à la vérité, que nôn - feulement l’alun ordinaire, mais auf celui de Rome, décompofés par l’ammoniac, donnoïent des traces de fulfate de porafle (1); & Schéèle, avoit remarqué , de fon côté, que Palun qui ne contient pas de porafle, n’étoit pas propre à faire du py- rophore. Bergmann , en citant ce fair de Scheèle , donne encore une preuve qu'il regardoit le fulfare de potafle dans l'alun, commeun corps hété- rogène (2). En æeffer, fi ce chinnfte avoit cru que la potaile für eflen- tielle à la conftitution de l’alun, il n’auroit certainément pas confeillé d'employer l'argile de Cologne pour détruire l'excès d'acide dés, eaux alumineufes , car cette recetre elt extrèmement vicieufe , & je fuis con- vaincu qu'elle aura été fuggéiée plutôt par le raifonnement que par le fuccès de l'expérience (3 ): De toutes les fortes d’alun que j'ai foumifes à l’analyfe, je n’en ai pas trouvé une feule qui ne m'ait préfenté du fulfate de potaffe on d'ammo- piac, & fouvent tous les deux à-la-fois. Voici les méthodes dont je me fuis fervi pour les analyfer. D'abord , pour guider ma marche, je prends une petite quantité de J'alun que je veux effayer, je la diffous dans la potalle cauftique en liqueur, & je fais chauffer légèrement le mélange: s'il contient du fulfate d’ammoniac, il répand fur-le-champ une odeur vive d’alkali volatil : alors je mets dans une cornue tubulée une quantité (1) Cœterùm alumen ; non tantum vulgare | fed etiam romanum, alkali volatili prœcipitatum , liquorem exhibet , qui haud raro alkali vegetabile vitriolatum continer. Bergm. , ibid. (2) Alumen.hoc inquinamento fpoliatum pvyrophoro generando ineptum eff , quod facile experirt licer , nam magma \aluminorum diffintim refruens criffallifationem , nullum prœbet pyrophorum, moda confueto traétatum , quamvis idem addito alkali wegerabilis pauxillo , eximium porrigar , &c. €3) Hiyus (lixivic ie M ) cantharo duas addidi drachmas argilla colonienfis in fubrilem comminute pulverem , & paucis aque humvëtate ; caloré ebullitionem pro- wocari qua per decem minuta continuata, & pofieà , refrigeratione peratfà , refauam , Separavi argillam , lotam ficcavi , tandemque ponderatione inveni 25 ;$ granra fo/ura qua alurminis augmentum 141 granorum indicant. Berg, , ibid: N Tr 7 “ VAR TON EAN 1 \ | ET D'HIS TOIRE NATURELLF:. 439 donnée de ce fulfate d’alumine, ÿadapte à !A cornue un récipient con- tenant un peu d'eaw; je verfe enfuite far l’alun une diffolution de potaile, dansda proportion convenable pour décompofer à-la-fois le fulfare d'am- niotiac &d'alämine ; je fus bouillir ce mélange perdant un quart- d’heute ; au bout duquel vonte l’'ammoniac -eft, volauilifée lorfqu’on n'opère que fur trois à quatré quintaux docimaftiques; je combine cette amuwoniac jufg®#à fatucarion , avec l'acide fülfurique; & Ja. quantité, de fel que j'obtiens ; m'indique celle qui étoit dans le fulfate d’aluümine ammo- niacal. ë e “ Lorfque la potafle n'indique pas la préfence de l'ammoniac, ce, qui ef fort rare, je” fuis une autre voie pour féparer le fulfate de poralle ; je décompofe l'alun par l’ammonñac; après avoir lavé lalumine précipitée, j'évapore la liqueur à ficcicé,! & je fais chauffer dans un creufer le fel reflant, jufqu'à ce qu'il ne répande plus de vapeurs blanches de fulfare d’ammoniac; c'eft alors le fulfare de potafle pur. J'ai wonvé par ces moyéns analytiques , qu'une livre d’alun: criftallifé contient envifon 1 once 64 oraîns de fulfae de potaile; mais comme l'alun contient environ 9,44 d'eau de criftallifation , cela élève la quantité de ce fel à 1 once 7 gros 17 grains pour une livre d’alun, ou bien pour l’alun criftallifé, à environ, 0,070 , & pour l’ilun fec, à o,125. Lorfque l’alun a été formé avec de l’aikali volatil, on y trouve le fulfite d’ammoniac à-peu-près dans la même proportion que le fulfate de potalle. De-là il fuir qu'un quintal d’alan préparé avec la potalfe , eft formé, 1°. De fulface d'alumine, .....,.. * 40. +28 De fulfge sderparalle,. 25: 47e Mob Mention Mu AM 00: : SERRE Loïfque les aluns contiensent à-lafois les deux fels dont je viens de païler , ce qui n’eft pas rare, au lieu de potae je me fers de chiux'pour dé- gager l’ammoniac & je procède fur le réhidu comme il vient d’être dir. n-pourfa donc deviner maintenant par ces fimples effais, fi l’on 2. On p d d P fHimpl fais, fi | * employé dans une fabrique l'ammoniac ou la poiaile pour préparer l’alun , onsmême l’un & l’autre fimultanément, Certe épreuve pourra avoir quelque utilité; car Bergmann préténd , jeé'ne fais cependaur fur quel fondement , que l’urins communique ‘à l’alun. des propriétés nuifibles à la teinture :1Left probable que ce chimifte n’a pas avancé ce fait fans pieuve. 3 æ Dans toutesies fabriques où lon emploie latine pourrie pour le twaite- menr des eaux , l’alun.qu’on obrient recèle toujours des fultares de poraffe &. d'ammoniac , parce qué les combuftibles ‘qui fervent à calciner-les KKkk 2 E de, 44 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE mines , y dépofent une quantité de cer alkali , qui s'unit à l'acide fulfu- rique, & contribue, fuivant fa propoition , à la formation d’une plus ou moins grande quantité d’alun (1). On fait, depuis les expériences de Bergmann & de plufieurs autres Chimiftes , qu'en fafant bouillir une diffolution d'alun ordinaire avec de lalumine pure & très-divifée, cètre dernière s’y. combine & le rend info- luble dans l’eau, enfin le met dans l’état de-fulfate d’alumine neutre ox Jaturé de Jaserre. Jai répété cette expérience , dans le deflein de favoir fi les fulfates de potafle & d'ammoniac fe précipitoient avec l'alun, & j'ai d’abord remarqué que la combinaifon dont il s’agit n’avoit lieu qu’à ‘chaud , quoique je me fufle fervi d'une alumine récemment précipitée d’une diflolution , & encore humide ; qu’au bout d’un certain remps , l’alun étoir entièrement précipité, & qu'à peine on en rétrouvoit des traces dans l'eau. J'ai rediffous l’alan ainf précipité, dans l'acide fulfurique érendu , & cetre diffolution a fourni , par le refroidiflement , de très-beaux criftaux d’alun oétaèdres ; d'où il fuit que la poralfe & l’'ammoniac s’étoient précipitées avec le fulfare d’alumine, & formoient enfemble ce fel quadruple rerreux & fans faveur. J'avois d’abord penfé que ce fait pouvoir fervir à expliquer comment il arrive quelquefois que des eaux alumineufes paffées fur des matériaux moins riches que ceux d’où elles fortoient , diminuotent de denfité, en perdant une portion de l'acide néceffaire à la folution de l’alun ; mais comme la combinaifon ne fe fait qu’à chaud , & qu’elle exige une grande divifion dans lalumine , je préfume que cer effer eft dû à une autre caufe ; cependant il feroit poñlible qu’à la longue , fur-tout dans les temps chauds , quelque chofe de femblable arrivar. 1 étoit intéreffant de dérerminer quel rôle jouoient les fulfates de potaffe & d’ammoriac dans la précipitatien de l’alun par fa propre bafe ; en conféquence , j'ai fait bouillir une diffolution de fulfare d'aluminé pur , c'eft-a-dire, qui ne contenoit pas d’alkali , & qui n’éroit pas criftallifable, avec une certaine quantité de cette terre très-divifée; il en a diffous une petite quantité : il a perdu le peu d’acidité qu'il contenoit, mais 1l n’eft pas devenu infoluble. Ayant mis enfuite quelques gouttes de diffolution de fulfate de potalfe dans certe liqueur , il s’eft formé, peu de remps après, un précipité qui étoit de la même nature que celui de l'expérience précé- dente , c'eft-i-dire , ce qu’on a nommé aun faruré de fa terre. Left donc prouvé par - là, que le fulfate de poraffe ou d’ammoniac eft néceflaire (1) Lorfque les aluns contiennent en même temps du fulfate d'ammoniac & du fulfate de potafe , la quantité de ce dernier eft moins grande ; &, a cer égard , il doit y avoir de grandes variés dans les proportions , fuivant la dofe d'urine ou de porañle »- ajoutée. - ET D'HISTOIRE NATURELLE. 441 pour rendre Valun fufceptible d’être précipité as fa terre, & pour le faire pañler à l'état, pour aïnli dire , terreux ; il e également prouvé que des eaux alumineufes qui ne contiennent pas de potalle , peuvent féjoutner auf long-temps que l'on voudra fur leurs-matérianx, fans fe feturer d’une trop grande quantité,de terre, & fans laifler précipiter l’alun. “De tour ce que nous avons expofé jufqu’ici ; découlent de nombreufes & importantes conféquences pour les arts, la chimie & l'ifloire naturelle. 1. Ce n'eft pas , au moins dans le plus grand nombre de circonftances , l'excès d'acide qui met obftacie à la criftalhfation de l’alun; mais bien le défaut de poraffe ou d’ammoniac; car n’eft-il pas , en effet, difhcile de croire que l'acide fulfurique ait pu refter libre, après un fi long féjour fur l’alumine très-divifée & toujours furabondante ? Il eft vrai que les eaux alumineufes rougiflent les teintures végétales ; mais cette prepriété n'eït pas due à un acide libre ; celui-ci eft une parue conftituante de ces eaux , & il paroït avoir plus d’affinité avec le fulfare d'alumine neutre, qu'avec une nouvelle quantité de cette terre à la rempérature de l’atmofphère. II: Le fulfatc dé-potaffe peut fervir , comme la potalfe pure , pour faire criftallifer lalun ; il doit même avoir de l'avantage fur cette dernière, patce que , fi les eaux alumineufés ne contiennent pas d'acide réellement libre , la porafle , en s’y combinant , précipite une portion d’alumine , & diminue ie produit de la cuite , tandis que le fulfate de potaffe ne produit as le même effet ; mais fi les lefives contiennent de l'acide libre , ce qui doit être fort rare, il n’eft pas converti en alunpar le fulfate de potañe, & il eft en pure perte pour le produit. Aïnfi, je penfe que pour les eaux qui récéleront réellement un excès d'acide ; ou du fulfate de fer très-oxidé , l’'ufage de la poraffe peur être préférable à celui du fulfate de potaffe ; mais, par rapport au prix de ces fubftances , je crois que dans beaucoup d'endroits ily auroir du profit à fe fervir du fulfate de porafle; car c’eft un fel dont on ne fait que faire dans un grand nombre de manufa@tures , & que par conféquent on auroir à un prix trés-médiocre. Les réfidus des diflillations de l’eau -forte par l'acide fulfarique , feroient excellens pour cette opération ; je fuis mème convaincu qu'ils feroient préférables au fulfate de potalle neutre ; car j'ai rematqué que ce dernier précipitoit une portion de terre alumineufe , ce qui n'arrive pas avec l'autre. Ce fe mériteroit fur-tour une grand préférence fur la potatle , dans les cas où les‘leflives alumineufes contiendroient en même temps une grande quantité de fulfate de ferque l'on voudroit utilifer, parce qu'il agiroit immédiatement fur le fulfate d’alumine fans toucher au fer , tandis que la potafle ne commence à former de lalun que quand tout le fel ferrugineux eft décompoft. I] feroit fur-tout beaucoup plus avantageux que Purine pourrie , parce que certe liqueur contient toujours des fels phofphérigques qui décompofent une por- tion du fulfate d’alumine , ce qui diminue confidérablement le produit. 4 4e s « A " AN Hi vis til 42 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE L'on pourroit cependanc éviter cet inconvénient, en mettant dans l'urine une certaine quantité de chaüx pour précipiter l'acide phofphorique. “IE L’alumine ne ‘peut pas fervir au traitement des eaux-mères , comme Bergmann le propofe ; cette cerre *eft incapable de favorifer la criftallifa- rion de Falun : 1lky a plus, c'eft qu'elle décompofe une portion d’alun ; à l’aide de l'ébulliion , en lui enlevant l'acide elfentiel à fa diffolution 3. & en le précipitant fous la forme d'une pouffière qui eft alors ce qu’on appeloït alun favuré de [à terre. & IV. Beaucoup de mines d’alun doivent contenir naturellement de la | potafle , puifque. l'on obtient fouvenr par la première criftallifation des eaux neuves , de l’alun païfait, fans addition de cet alkali. On peut objecter, il eft vrai, que les bois qui ont fervi à la calcination des mines ; peuvent avoir fourni cer'alkali ; mais il n’eft pas vraifemblable que la petite quantité de bois qu'on emploie, comparée à celle de la mine & de l’alun qu'elle fournir, puiffe donner allez de potafle pout le faire criftallifer. V. Toutes les terres & les pierres qui ont donné & qui donneront dans la fuite, à l’analyfe par l'acide fulfurique , de l’alun parfait , fans addition de poralle , contiendront cet alkali naturellement , puifqu'il eft bien dé- montré par les expériences rapportées plus haut, qu'il ne peut exifter d’alun fans lé concours de la potalle ou de l’ammoniac; & comme il elt peu vraifemblable que cette dernière fe trouve en combinaifon dans les . é terres ou dans les pierres , fi ce n'eft peut-être dans des cas très-rares j on. pêut prefque toujours être certain , quand on obtiendra de l'alun dé quel- ques-unes de ces fubitances , que c’eft par la porafle qu'il fera formé. La quantité d'alun indiquera tout de fuite dans quelle proportion cet alkali exiltoit dans la fubftance analyfée. J'avois annoncé à l’Inftitut , en lui faifant ait de mes expériences fur la leucite ; que j'avois commencé une fuire d'effais far pluñeurs terres & pierres que je prélumois contenir de la potañie ; je peux lui donner aujourd’hui les rélulrats de quelques-uns derces effais. La mine d’alun crue de la Tolfa m'en a fourni 2,3 pour ? ; mais comme il eft difficile d’enlever plus des ? de certe fubftance des pierres qui la contiennent, l'on peut, fans craindre de fe tromper , en portera quan- tiré à 3,4 par quintal (1). La zéolithe de l’île de Ferroé en 4 donné 1,78 ; Pers) — (1) 100 parties de Ja mine de la Tolfa font compofées , 194 d'AlUMINE. LE ar risenrele 435922 2°..d'acide fulfurique. * .....* 2$,00. 27: de:patalles sente de. 3,40. A2.U0 CAU. HR te ar ce cer 3,60. sde filice,, mis... ..124,08: piles Imeseles PE CET a Jr BT D'HISTOIRE NATURELLE: Fr ce qui fait, fuivant notre cftimarjon , 2,37 pour 2. La terre argilleufe,de Forges en Normandie, dont onfait les pots de la verrefie de Sèves, m° a fourni aufli, mais en très-petite quantité (1). Le fpath adamantin ; dont Guyron fait maintenant l’analyfe, doit En contenirune affez grande quantité ; car on obtient beaucoup d’alun en le traitant inmédiatemen: spargl’acide falfuriqné.pur. En relifant les. analyfes des pierres ,.qui ont été, faces juf- qu'ici , l’on trouvera fans doute , foit par le déficit qu’elles ont donné.dans la fomime de leurs produirs , foit par l'alun. qu'elles auront fourni. avec l'acide fulfurique , la preuve prefque cextaine qu'elles contenoient deyla potalle , quoique l’on n’en ait fair ni pu faite alors aucune mention. VI. L’alun du commerce ne doit pas être regardé comme un fel fimple, mais comme uué ‘combinaifon à l'étar de fel miple , & quelquefois qua- druple , de falfae d’alumine , de fulfate de porafle où d'ammomac : parmi cès derniers , on peut.en diftinguer de deux efpèces, l’une fans.exies d'acide , infoluble dans Peau , infipide ,,enfin ce que l’on connoic fous le nom inipropre d’ulun faturé de fa rerre ; & l'autre qui contient Hn.excés d'acide , difloluble dans l'eau , très - fapide & altringent ; c'elt l'alun ordinaire. IL y aura aufi un fulfate d'alumine pur, très-difloluble dans l'eau ;ærès- aftringent , criffallifanc très-dificilement fous la forme de lames brillantes, nacrées , fans confiftance ; & qui ne peut pas étre rendu infoluble par l'addition d’une nouvelle quantité de fa bafe ; v’eft ce dernier, qu'on peut appeler ;avec plus de raifon , fulfate d’alumine. "À VII. Il fuit de l'analyfe comparée & des connoïffances acquifes fur les diverfes manières d’être de la combinaifon de l’alumine avec l'acide fulfu- rique uni en même temps à d’autres bafes, qu'il faut diftinguer fept érars dans cette combinaifon , & qu'il eft néceffaire de les exprimer fuivant les règles de la nomenclature méthodique. Voici la férie, la nature & les noms de ces fept fulfares d’alumine: ; 1°. Sulfare d’alumine. C’eft l'union artificielle de l’acide fulfurique & de l'alumine, Ce fel eft aftringent ; il criftallife en lames où feuillets plians ; foluble dans l’eau : les Chimiftss ne l'ont encore ni décrit, ni nommé. 2°. Sulfate acide d'alumine. Cleft le précédent , avec un excès d'acide; il n’en diffère que parce qu'il rougir les couleurs bleues végétales. On le fair aifément , en diffolvant le précédent dans l'acide fulfarique , tandis qu'on ne le convertitique très-dificilementen fulfate d’alumine neutre, & qu'en “ (2) 100 parties de la terre de Forges , calcinées, font compofées d’alumine. . 40. ELEC 75 Reese es PT R SOUS JDE SO RAR HER éo. " = CAR 444 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE le faifant bouillir long-temps avec fa terre : comme le premier, ce fel n'a pas été décrit, de : 3°. Sulfate d’alumine & de potaffe faturé. C'eft l'alun faturé de fa terre des Chimiftes. J'ai décrit la manière de le faire ; fes caraétères font d'être pulvétulent , infipide , indifloluble , incriftallifable , & de fe convertir aifé- ment en véritable alun , par l'acide fulfurique. 4°. Sulfate acide d’alumine & de potaffe. I eft aife à préparer chimique- ment ; ilreffemble beaucoup à l'alun ordinaire ; cependant je n'ai trouvé que celui de la Tolfa qui fuit de cette nature. s°. Sulfate acide d’alumine & d’ammoniac. On le fait facilement dans nos laboratoires; je ne l'ai point encore rencontré pur dans le commerce ; il a toutes les propriétés de l’alun , & pourroit fervir aux mêmes ufages.” 6°. Sulfate acide d’alumine , de potaffe & d’ammoniac. Il eft affez fingulier que ce foit la nature de l'alun le plus fréquemment fabriqué dans les manufactures , & que, pour exprimer fa combinaifon , il foit néceflaire d'employer tant de mots ; cependant certe néceflité n'eft pas indifpenfable , puifque le nom d'a/un , réfervé à cette fubftance , fuffira toujours pour le diftinguer & le bien connoître. : °. Sulfate acidule d'alumine & de potaffe. Je connois moins celui-ci que les précédentes efpèces : le nom que je propofe pour le caradtérifer, m'a éré fuggéré, parce qu’en ajoutant un peu plus de potaffe à fa difpofition qu’il n’eft néceffaire pour en obtenir des criftaux oétaèdres, il paffe manifeftement à la forme cubique. $ VIH. En faifant attention à ce qui vient d’être expofé, la médecine , la chimie, la pharmacie & les arts, dans lefquels l’alun eft d'un ufage très- multiplié , fautont déformais ce qu'ils emploiront , & pourront mieux ap- précier les etfers de cette fubftance fur l'économie animale & fur les autres corps auxquels on l'affocie prefque toujours, LEFTFRE METTENT ‘NES bad. 2. di à D (VU ET) D'HISTOIRE NATURELLE. \ 445 : L'ETP'DCE DeFaur4s-S:-Fonp, Profeffèur, Adminiftrateur du Mufêeum national d'Hifioire Naturelle , A Lam LE ERIE, Auteur du Jourual de Phyfique & d'Hiftoire Naturel Sur des Dents d’Eléphans, d’Hippopotames , & autres, Quadrupèdes ; trouvés à dix-huit pouces de profondeur , dans une carrière , à une lieue a l’oueft de la villé d'Orléans. .# L E Profelleur d'Hifloire Naturelle , Dufay, attaché à l'Ecole centraie du département du Loiret , m'a mis à portée , mon cher Lamétherie , d’exami- miner & d'étudier avec attention, les divers offemens qu’il découvrit dans la catrière de Montabuzard, près d'Orléans, & dont il publia la defcription dans l'ouvrage qu'il fit, paroïtre en 1983 , fous le titre de Mémoire fur diverfes parties d’Hifloire naturelle. Je ne reviendrois certainement pas fur ce que cet excellent natutalifté a écrit à ce fujer, fi les richeffes anatomiques que pofsède le Mufeum national d'Hiftoire naturelle , en animaux , ne m'avoit fourni l’occa- fion de comparer plufeurs des dents & autiesoffemenstrouvés près d'Orléans, de manière à pouvoir déterminer quelques efpèces avec certitude ,-& rap- procher les autres des animaux avec lefquels ils ont plus d’analogie. La carrière de Montabuzard, .où les offlemens fürent découverts pat le Profeffeur Dufay , tire fon nom d'un, petit hameau dépendant de la _ patoiffe d’Ingré , à une lieue à l’oueft d'Orléans, & à une demi lieue de la Loire. ; Ceïte carrière eft fituée fur le penchant d’une éminence élevée de dix toifes environ au-deffus de la plaine. Cette colline n’a tout au plas que duini-lieue de circonférence. On tire la pierre qui. eft en exploitation , par quatre ouvertures en forie de puits, dans DRE on defcend par de fimples échelles. Voici l’ordre des couches. 1°. Terre végétale mêlée de petits fragmens graveleux & irréguliers de pierre calcaire, grifarre, affez dure...,, 3 pieds. Tome IL DÉCEMBRE 1794. LI! 446 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE 2°. Pierre calcaire en fragmens irréguliers & anguleux, fans terre VERRE eee ae ou à Gulee tic 19 PIedE 3°. Pierre calcaire en mafle contigue , demême couleur & de mème dureté que la précédente, maïs compacte & fans fracture. . @ pieds. C’eft dans cette pierre calcaire , compacte, qui repofe fur une couche de craie blanche, qu'on trouve des dents, des pottions de mâchoires, & des fragmens de cornes d’anxmaux, ainfi que quelques coquilles marines du genre des limaçons à bouches rondes ; mais dont on ne fauroit déterminer avec certicude les efpèces, parce qu'il n'exifte que les noyaux changés én fpath calcäire. . Les reftes d’animauxliers qu'on trouve ici, font difperfés çà & là, fans ordre, dans le m la pierre calcaire compaéte, dont il s’agit, mais en deux états différens; les uns font entièrement pétrifiés, les autres ne font que fofiles; tous font implantés dans la pierre calcaire avec laquelle ils ont une adhérence fi intime, qu’on ne peut les détacher qu'à coup de marteau , en brilant la pierre, ce qui eft caufe qu'il eft fi difficile d'obtenir des morceaux bien entiers ; ceux qui n’ont pas été pénétrés par le fuc lapidifique fe féparent un peu plus aifément , mais ils font plus fragiles que ceux qui font péwifiés, & ont une grande reffemblance pour le ton de couleur & le degré de dureté ‘avec ceux qu'on trouve quelquefois dans les carrières gypfeufes des environs de Paris. Ce qu’il y à méme de fingulier, c’eft qu'on remarque ici, comme dans les dernières , des dents & des machoires d'animaux ruminans, qui ont dé grands rapports entre eux. Voici quelques détails far ce que j'ai reconnu de mieux caratérifé dans les reftes d’offemens de la carrière de Montabuzard : 1°. Une dent pétrifiée d’hippopotame , pefant huit onces fix gros quinze grains, quoiqu'elle ne fait pas entière, car il en manque une portion à l'extrémité de la couronne , l'émail en eft bien confegvé, & donne des étincelles avec l'acier. : En comparant icette dent à celle des plus groffes têtes d'hippopotames , que pofsède le Mufeum d’Hiftoire naturelle , je n’en ai trouvé aucune qui approche, à beaucoup près , de celle ci; ainfi, l'animal auquel certe dent a apparcénue ; devoir être trois fois plus gros , au moins, que l’hippopotame empaillé qui eft dans les galeries d'Hiftoire naturelle du Mufeum, & qui vient du cabinet de la Haye. 2°. Dent qui fe rapporte parfaitement à la groffe dent molaire gravée “ans l'ouvrage de Buffon , & que ce célèbre Naturahfte regardoit comme ayant appartenue à un énorme quadrupède inconnu , dont l'efpèce eft perdue ; mais qui n'eft que la dent molaire d'une efpèce particulière d'éléphant, dont l’analogue elt en effet peut-être perdu, ou n'exifte que dans les parties les plus reculées de l'Afrique. La dent de cetre efpèce , trouvée à Mo ntabuzard , eft d'autant plus ET D'HISTOIRE NATURELLE. 441 intéreffante qu’elle‘ne pèfe queicrois onces quarante grains , tandis’ que celle du Mufeum national, qui fut trouvée dans la petite Tartarie , pèfe onze livres quatre onces. On ne peut s'empécher ; en les comparant l'une à l'autre, de les regarder , malgré leur étonnante difproportion ; comme ayant appartemue à des animaux de la mème efpèce , avec la feule diffé- rence que celle trouvée à Montabuzard étoit d'un individu extrèmement jeune ; ce qui rend le fait plus remarquable. 3 Dent adhérente à la portion de la branche gauche de la mächoir: inférieure d'un animal, très-rapproché , fi tourefois il n’eft fas de la même efpèce que ceux qu’on trouve en f grande gbondance dans la caverne de Gailenreuth, fur Le confins du Marpraviar de Bareith , & qu’on a regardé comme ayant appartenue à l'efpèce de l’ours marin ( 1 ). 4°. Dents molaires & portions demmâchoires d’un animal plus rapproché de la biche que de toutrautre quadrupède. : 5°. Portion prefqu'entièré*de la partie gauche de la maächoire, garnie “de dents d’un animal qui a Ja refemblence la plus parfaire avec le chevreuil ordinaire. 6%: Fragmens bin caradérifés de bois:de chevreuil, avec des portions de merains & d’andouillers , fillonnés & comme ridés; les bois de che- vreuil font entièrement pétrifiés. Le plus confidérable qu'ait trouvé le Profeffeur Dufay , à cinq pouces fix lignes de longueur far un pouce trois lignes de circonférence. | 7°. Le morceau le plus extraordinaire qui ait été, trouvé dañs- la carrière de Montabuzard , eft une dent mâchelière d’une parfaite confervation , dont les racines funt encore implantées-dans une portion de mâchoire. Des perfonnes très-verfées dans l'anatomie comparée , & qui connoiffent parfaitement les riches colleétions des fquelertes d'animaux divers que pof- fèdent le Mufeum d'Hiftoire naturelle , ont trouvé que le feul animal , aux dents duquel cette dent fingulière, eùr des rapports , éroir le gtand mandrille ; que célle-ci avoit beaucoup d’analogie avec la dent molaire fupérieure de cet animal, ain qu'avec celle du grand magot (2); mais la dent fofile dont il eft ici queftion , étant d’une groffeur plus que double de celles de ces efpèces de finges, il en réfulre que fi elle a appartenue en 2 & - - ” ; 2 (1) Malgré le rapprochement qu'il y a entre les têtes fofiles de Gaïlenreurh ; & la te de l'ours blanc des-mers du. Nord, on yreconnüit dés différences ff remarquables , gu'on ne doit pas les regarder comme les mêmes animaux. > (2) On ne fera pas étonné de trouver dans les carrières de Montabuzard les reftes d'un animal de la famille des finges , lorfqu'on faura que le célèbre Camper avoit reconnu parmi cette foule d'offemens , qu'on trouve dans le maflif de la montagne calcaire de Gibralrar ; des dençs & des crânes de finges ; je riens ce fait de lui-même, Uk : 443 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE effet à l’un ou l’autre de ces animaux, il devoit être d’une taille extraor- dinaire. à s 46 à! 8°. On trouve également dans la même carrière des vertèbres de deux pouces de hauteur fur fix pouces fix lignes de circonférence ; des por- tions d'humerus , des fragmens de ribia , des phalanges ; dontquelques-unes font très-petires ; &c. ; mais on ne fauroit tirer aucune induétion certaine ü Là ? fur les animaux divers auxquels ces offemens ont appartenus, parce que les caraétères manquent. b a » = A Q . 9°: L'on a retonnu aufli dans le même lieu un morceau de bois mame- lonné, pénétré d’un fuc quartzgux opaque. ; Une réunion d'objets divers fi difparates , mélangés de coquilles & de bois , fuppofent néceffairemnent de grandes révolutions. » 2 0RP É x : Ce n’elt qu’en réuniffant une fuite de faits femblables , qu’on accélérera les progrès de la géologie, & qu’on parviendra à acquérir des connoiffances poñives fur cette grande & intéreffante partie.de l’Hiftoire naturelle. EXPOSITION SUCCINTE De quelques notions élémentaires fur Electricité & le Magné- cifme, pour fèrvir d’introduélion à la théorie de Couroms, relative à ces deux fciences. . ; D'E: L’É.L.E CT RCI TiÉ, D: FAY avoit parlé de déux électriciiés, la visrée, qu'on produit en frocsant du verre , & la reféneufe, qu'on produit en frottant des réfines ou du foufre. Franklin admit une électricité pofitive & une éleétricité négative. IL appeloit l'ectricité pofitive d’un corps, l'état où il fe trouvoit lorfqu'on avoit ajouté à la quantité naturelle d’éleétricité qu'il avoir, & l'électricité négative étoir l'érar où il fe trouvoit lorfqu'on lui avoit ôté de fon élec- ticité naturelle, Œpinus admettoit un feul fuide électrique dont les mo/écules [e repouffenc mutuellement & font atcirées par tous les corps. Mais il a été conduit à une conféquence qui paroît difficile à admettre, que /es molécules des corps folides Je repoufjent mutuellement , puifqu’elles s'attirent entr’elles fuivant le principe de la gravitation univerfelle. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 449 * On évite cerre difficulté en admettant deux fluides’, dont: l’un fait les foncrions qu'Œpinus eutribuoit aux molécules des corps folides. Colomb a donc préféré d'admettre deux fluides éleétriques , opinion qui avoit déjà été avancéel par d’autres Phyficiens. Voici la manière dont il explique les principaux phénomènes électriques. Pour fe fervir de ces deux fluides, il fuppofe que: PREMIÈRE PROPOSITION. Mas roléceleside than de détideuifluides férenciffenéi ons alles! LL PROPOSITION. Les molécules d’un des deux attirent lès molécules de l’autre fluide. Appelons un de ces fluides le fluide visré V, celui qui fe manifefte en frotrant du verre. Appelons l'autre fluide le fZuide réfineux R , celui qui fe maniféfte en frottanc de la réfiue. Ai Le fluide viré V, correfpond à ce que Franklin appeloit é/eétriciré pofitive. Le fluide réfineux R , correfpond à ce qu'il appeloit éleétricité négative. Les molécules du fluide V fe repouifent entr'elles. . Les molécules d1 fluide R fe repouffent entr'elles. Ô Mais les molécules du fluide V atrirent les molécules du fluide R, & réciproquement. REP PPERIOPP ON F'EON L'attraétion qu’exerce le fluide é'edrique eff en raifon des maffes & de L'inverfe des quarres de diflances. C'ett ce qu'à prouvé Coulomb par des expériences faites avec fa balance éleérique , awmoyen d'un fil tordu. Foyez fon mémoire dans ceux de l’Académie, an. 1785. PV PORTO PONS IT LI ON: di Duns l'état ordinaire des corps ,ces deux fluides font mélangés , ou neu- cralifes l’un par l’autre, & ils cherchent coujours à fe réunir. C’eft pourquoi ils ne donnent aucun figne d’éleétricité; c’eft ce qu'on appelle la quantité naturelle du fluide électrique d'un corps. V1 P'RGO POST TT T'ON. Dans un corps éleétrifé les deux fluides fe féparenr. Soit Le corps À, fig. 1, qu'on éleétrife : fon Huide électrique naturel fe = 459 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fépare ; la portion vitrée , par exemple, gagne l'extrémité p , & la iéfineufe la portion £. s Li MAR AP RO POS AL TE PIONN: L’'attraëlion & la répulfion de deux corps AB, éleétrifés , dépend de l’aëtion de ces deux fluides. Suppofons d’abord deux corps conducteurs; & qu’il n’y ait qu’un des corps électrifés : foit un corps conducteur À, fig. 1 , qui ait reçu une certaine quantité de fuide vitré ; qu'on en approche un autre corps conduc- ceur B: la force du fluide vitré V, du corps À , décompofe le fluide électrique du corps B. 1. Le fluide vitré V du corps À repoufle le fluide V du corps B à l'extrémité z, 2°. Le mème fluide V du corps À attire le fluide R du corps B à l'extrémité gs Cette dernière attraétion eft la plus forte , puifque l'extrémité du corps A eft très-proche de l'extrémité 9 du corps B. Le coïps B s’approchera donc du corps À. Au moment du contact une portion du fluide vitré du corps À paffe dans le corps B & le corps À en conferve une portion. Les deux corps auront donc une abondance de fluide vitré V : dès-lors ils fe repoufferont. La mème chofe auroit lieu , fi on avoit communiqué au corps À du fluide réfineux R , au lieu de lui communiquer du fluide vitré V. Si le corps À étoit non-conduéteur , comme l’eft la gomme laque , alors le corps B , après s'être approché jufqu’au contaét , y refteroit appliqué , parce que le fluide de A refte dans l’intérieur. Suprofons maintenant que les deux corps À B, fig. 1, foient éle@rifés , & que lès parties & À & q B foient dans un étar d'électricité réfineufe , & tes-deux parties À p & B zx foient dans un état d’éleétricité vitrée , al y aura quatre actions. 1°. Le fluide R du corps À attire le fluide R du corps B , mais ils font éloignés. ù 2°. Le mème fluide R du corps À repoulfe le uide vitré du corps B. 3°. Le fluide vitré V du cotps-A repouffe le Auide vitré V du corps B. 4°. Le même fluide vitré V du corps À attire le fluide réfineux R. du eurps B. n Cette dernière attraction eft la plus forte, puifque l’extrémité vitrée du corps À eft très-proche de l'extrémité réfineufe du corps B. Lorfque le corps B fera en contact avec le corps À , le Auide vitré de celui-ci fe communiquera à B , & dès-lors ce corps B fera repouflé. « ET D'HISTOIRE NATURELLE. 451 On voit combien l’aëtion combinée de ces deux Auides explique fucile- ment les attractions & répullions éleétriques que Franklin attribuoit à fon électricité pofñitive & négative. : : NIET O PI O PÉREL ON Un corps peur être dans un état électrique , fans addition de fluide élettrique ; & par la fimple [éparation de ces deux fluides virré & réfineux. C'eft ce qui a lieu à l'égard du corps B dont nous venons de parler. VAT LCPOR OP O LITT ON: Un corps peut paffer à l’état d’éleétricité en vertu d’une quantité jura- bondante de l’une ou de l’autre efpèce d’éleitricité vitrée ou réfineufe , qu'ils auront reçus d’ailleurs par communication oupar frottement. C'eft ce qui a lieu lorfqu'on életrife un corps par frottement ou par communication, PAU PR O PO SAT OUN Le fluide éleétrique ne fe répand dans aucun corps par une affinité chimique , ou par une attraïtion éleélive : mais il fe partage entre différens corps mis en contait uniquement par fon aëtion répulfive. Le fluide éleëtrique fe répand promptement entre deux corps également conducteurs ; mais s’il n’y en a qu'un qui foit mauvais conduéteur , tel que le papier , 1l faut plufeurs fecondes pour qu’il prenne la portion d’éleétricité que lui peut communiquer un bon conduéteur , par exemple , une verge métallique. Coulomb à fait un grand nombre d'expériences pour déterminer la manière dont le fluide électrique fe diftribue entre différens conducteurs mis en contact , ou fe trouvant à une certaine diftance, X.: PR © P:01:S:1, TA-ON. Dans un conduéëleur charcé d’éleétricire , le fluide électrique fe répand fur la furface du corps, mais ne pénètre pas dans l'intérieur. Soit une fphère métallique À , fig. 2 , creufe , placée fur un ifoloir de verre B , & ayant une ouverture a , aflez confidérable. On l’éleétrife en la touchant avec un corps électrique ; on introduit dans cette fphère un peut corps électrique , par exemple, un difque métallique ifolé far un bâton de gomme laque F. Ce difque, retiré de la fphère, & préfenté à un électromètre très-fenfible , ne donne aucun figne d'électricité. On porte enfuite le même difque auprès de la furface extérieure de la 432 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE fphire,.& on le préfente à l'életromèrre , qui donne des fignes fenfbles d'électricité. Coülomb démontre la mème propofition par le calcul. ( Voyez fon Mémoire, dans ce Journal, Septembre 1794, pag. 237). ÿ X :L# PR O°P'O!S IT" OEN. Le fluide éleëtrique eff rout entier à l’intérieur des corps idioéleëtriques , 6 il n°yen a point à leur furface. i Car le fluide électrique eft tellement engagé dans les pores de ces corps ; tels que le verre, le foufre , les réfines ; l’éleétrophore , qu’en les fappofant parfaitement idioéleétriques , 1] ne pourroit fe communiquer aux corps environnans , même à ceux qui font en contact avec le corps élec- urifé. Soit un bâton de gomme laque où de cire d'efpagne électrifé : qu'on en approche un corps léger , non éle&rifé, rel qu'un petit morceau de papier : il demeurera collé au bâton de cire ou de gomme, Le fluide éleétrique circule au contraire avec facilité dans les corps con- dudteurs , & fe porte à leur furface. KA PRO POSTE ON, Le fluide éleëtrique ne forme point d’atmofphère ; proprement dite ; autour des corps éleétrifes. Car le fluide éleérique eft tout entier à l’intérieur des corps idioélec- triques , & il fe trouve feulement à la furface des corps conducteurs ou anélectriques; par conféquent il ne peut point former d’amofphère élec- tique autour d'aucun de ces corps. Mais fi l’atmofphère aérienne qui les environne n’eft pas parfaitement fèche, & qu’elle contienne queiqu’humidité , elle fervira de conduéteur & s'élec- uifera On pourtoit dire pour lors, jufqu’à un certain point, que ce corps a une atmofphère éleétrique, mais ce n'eft qu'à raifon de l’humidité de Pair. X I RE GER ONPAO SIT ISO EN: L’'éleëtricité doit être regardée comme une force analogue à La force qu'on appelle gravitation univerfelle. La feule différence qu'il y ait entre ces deux forces, eft que larraétion newtoniène agit fur tous les corps indifféremment , en raifon des mafles & de l'inverfe des quarrés des diftances : au lieu que la force électrique , ou attrailion éleëtrique , n’agit que fur” les corps éleétrifés. XIV, PROPOSITION. ET D'HISTOIRE NATURLDE! © Ù 453 XIV! PROPOSITION. Certe attration , ou force éleëtrique , efl une force particulière. Elle n’eft produite ni par impullion Sn par l'action d'aucun Auide quel- conque ; c’eft une confequence de ce qui a été dit , que dans les corps non-conduéteurs ce fluide ne fort point de li intérieur de ces corps, & que, dans les corps conducteurs , il demeure attaché à leur furface , comme le vernis, par exemple, qu'on met fur ces conducteurs: les Corps électrifés n'ont point d’atmofphère électrique, ainfi qu’il a été dit propoñtion XI. On explique avec facilité rous les autres phénomènes de l'électricité , Ctux de la bouteille de Leyde, de l'éleétrophore , par le moyen de ces deux fluides , comme nous le ferons voir par la fuite. Que l’on ne regarde point ; ajoute Coulomb , l’exiflence de ces deux fluides comme démontrée ; elle n'eft qu’une Fypprhèfe propre à faciliter la conception des Doro ones, 3 que l’on pourroit également expliquer en admettant / de fémples forces qui agiroient comme äl faprofe que le font ces deux fluides. DU MAGNÉTIS-ME. C’eft à Œpinus qu'on eft redevable d’avoir lié la chéorie de l'électricité à celle du magnétifme , en les faifant dépendre de loix femblables , quoi- qu'il foit très - probable que les fluides éleétrique & magnétique foient de nature différente. En conféquence, il admetroit également que: °, Les molécules de fluide magnétique fe repoufloient entr’elles, 2°. Que ces molécules attiroient les corps ferrugineux. °, Que les molécules des corps ferrugineux'fe repoufloient entr'elles. ak fuppoñtion que les molécules 4 corps ferrugineux fe repoufloient, étant contraire à la gravitation univerfelle ; on a préféré d'admettre deux fluides , comme on fa fair pour lélecricité. Coulomb admet deux fluides ere lun que nous nomimons boréal N, & l’autre auftral S , fig. 3 PREMIÈRE PROPOS F:C1*© NN: Les molécules de chacun de ces deux fluides [2 repouffent entr’elles, Les molécules d-fuide N fe repouffent entr'elles. Les molécules du fluide S fe repoulfent entr'elles, HE mPIR OLPLOSSUET: MOLN. Les molécules d'un des fluides atrirent les molécules de l’autre fluide. Les molécules du fluide N attirent les molécules du fluide S, & réci- proquement. Tome IL DÉCEMBRE, 1794. Mmm 454 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE LL 12 IP.RYO"P: OST TT. Q'Niie Dans l’état ordinaire du fer non-magnétifé ces deux fluides fe trouvenc mélangés. ! C’eft pourquoi un morceau de fer ordinaire ne donne aucun figne de magnétifme. LV PRO FP'O 'STEMEMNO AN Dans un corps magnetifé les deux fluides font féparés. Soit l'aiguille d’acier À , ces deux fluides font mélangés jufqu'à l'inftant qu'elle n’eft pas magnétifée. Mais aufhi-tôt qu'on l’aimante , les deux fluides fe féparent , l'un gagne la partie N ,& l’autre la partie S. VS HBYREOPIONS AT TALLOAN: L’attraition & la répulfion de deux corps magnétifés , qu'on approche l’un de l'autre , depend de l’aétion des deux fluides. Soient les deux aiguilles À B, fig. 3 , magnétifces. Si on les approche du côté des deux poles du mème nom N, elles fe repoufferont ; 1l en fera de même fi on les approche du côté des deux poles S. uv Mais fi on les approche du côté des poles de nom différent , elles s’at- tireront. Que l'aiguille À préfente fon pole N au pole S de l'aiguille B , les deux aiguilles s’atrireront. 11 y a quatre forces en action. 1°. Le fluide N de l'aiguille A repouffe Le fluide N de l'aiguille B. 2°, Le même fluide N de l'aiguille A attire le fluide S de l'aiguille B. °. Le fluide S de l'aiguille B repouffe le Auide S de l'aiguille A. 4°. Le même fluide S de l'aiguille B attire le fluide N de l'aiguille A. Mais la partie N de l'aiguille A étant très - proche de la partie S de l'aiguille B, ces deux Auides s'aireront avec plus de force que les deux fluides S S ne fe repouflent, & les deux Auides NN; dès-lors les deux at- - guilles s’'approcheront. Vi PHRTO POSAIT ON: 3 L’attraëtion & la répulfion des deux fluides magnétiques ef en raifon direite des males & de l’inverfe des qüarres de diflances. C'eft ce que Coulomb prouve par des expériences très-délicates , fem- blables à celles qu'il avoit faites pour prouver la même chofe à l'égard de l'action du fluide éleétrique. ET D'HISTOIRE NATURELLE. 4$s VIL PROPOSITION. Le fluide magnétique eft tout entier dans l’intérieur des corps mapné- tiques, On le prouve de la mème manière que nous l’avons vu au fujer du fluide éleétrique pour les corps non-conduéteurs, Le fluide magnétique fe meut avec difficulté dans l’intérieur du corps . magnétique ; il ne fe répand point à fa furface; c’eft pourquoi de la li- maille de fer qu’on approche d’un barreau aimanté y demeure attachée. + VE PRE OPÉOS ALT TON: Par conféquent les corps magnétiques n’ont point d’atmofphère magné- tique. EX TIR O0 0 GET ON. Dans une aiguille aimantée les centres d’aütion font voifins des extrémités .de l'aiguille. Dans l'aiguille M, fig. 4, les centres d'action font à-peu-près dans les lignes a , b. La force magnétique diminue rapidement en fe rapprochant du milieu M de l'aiguille, & la force magnétique eft prefque nulle à ce point M. KAP'R OP OST ET ON. Une aiguille magnétique étant brifée dans un endroit quelconque , chacune des parties fe trouve avoir fes deux poles. Qu'on brife l'aiguille M aux pointes a b, ou tout autre, & qu’on pré- fente chacun des morceaux à un autre aiguille aimantée, on reconnoîra qu'il a fes deux poles. X I. 4P R@ RO: 1 T I ON. Les forces qni attirent une aïguille vers un des poles font égales à celles qui l’attirent vers l’autre pole. Soit l'aiguille À non-magnétifée, fig. $ , fufpendue à la chappe F, de manière qu’elle foit parfaitement en équilibre ; qu'on l'aimante , fon équi- libre fubfftera comme auparavant. Elle s'inclinera feulement du côté du pole où elle fe trouvera, fi'elle n’eft pas dans l'équateur magnétique ; ainfi, à notre latitude, elle s’inclinera au nord , & dans les latitudes auftrales elle s’inclinera au fud. M mm2 # 456 JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE XII! PR O PIO'S 1 T T'ON x A ,. » . Û ï M s Les corps magnétiques n agiffent Jür les autres corps Jufteptibles de masnécifine que.par voie d’artraëlion ou de répulfion. Ils ne fauroient agir autrement , puifque le fluide magnétique demeure tout entier dans l’intérieur de ces corps. X'LET PRO POSE TOP L’attraëtion magnétique doit être regardé comme une force Barticulière , mais abfolument analogue à la force qu'on appelle gravitation univer- félie. ù La feule différence eft que cetre dernière a far tous les corps, au lieu que l'acrattion magnétique n'agit que fur le fer. XIV. PR.O'P OS FT I O N. Cette force magnétique , ou attraction magnétique ; ef une force parti- culière. Elle n'eft produite ni par impulfion , ni par l’aétion d'aucun fluide ; c’eft une conféquence de la propofition VII , que les corps magnétiques n’ont point d’atmofphère magnétique. Coulomb ne regarde point l'exiftence des deux fluides magnétiques comme démontrée ; elle n’eft qu'une hypothèfe qui lui paroît expliquer avec facilité tous les phénomènes du magnétifme ; mais on pourroit, dit-il, les expliquer également en admettant de fimples forces magnétiques, qui agiroient comme il fuppofe que le font les deux fluides, à \e ratfayih 120 Mere: VAE À 74 44 ñ 0 Era lus Los: È $ ne RL rh, d t'a me" û \ Fay av dé ET D'HISTOIRE NATURELLE, 497 TABLE ECC ÉCNÉR ML Drs MATIÈRES CONTENUES DANS CE VorLums. HI SUTRO I R'EXN AT U:RæÆAL'L'E, E XAMEN de la pierre nommée Marbre Vert - Porreau, par B. C. SAGE. Page 67 Suite du Mémoire pour fervir d'explication à la difribution méthodique de tous les produits volcaniques , par Deonat-Doromieu. 81 Difcours fur l'Etude de la Géologie , prononcé par Deopar-Dozo- MIEU. 256 Réflexions de B.C. SAGE fur une‘lettre adreffee"à Picrer , par Doromieu, fur les Laves du Véfuve. 281 Obfervations fur le Grenat Blanc, par B. C. Sace. 18128; Obfervations de B. C. Sace fur l’Analyfe de læ Mine rouge d'argent tranfparante ; faite par KLAPROTH & V AUQUELIN. 284 Obfervations de B.C. Sace fur l’Analyfe de la Topaze de Saxe , faite par VAUQUELIN. 287 duos d’une Geffe inédite , par WiiremEr, Profeffeur de Bota- nique. 308 Letre de Hüumsozot à Picrer, fur les Polarites magnétiques d’une Montagne de Serpentine. 314 Obfervetions fur l'échantillon de. cette Serpentine , envoyé à fir Jofeph Bancs. 318 Notes fur d’autres pièces qui ont le même polarité , par J. C. Deza- MÉTHERIE 320 De la Terre Sidnecienne , par KLAPROTH, traduit par TESSAE RT. 341 Mémoire fur les genres de Conferva & Byflus de Linné, par J. B. C. Bony De Sr-Vincenr. 395 De la Chlorophane, par J. C. DEL AMÉTHERtE. 398 Criftallifation du Cinabre , par J.C. DELAMÉTHERTE. 400 Lettre de Fauyas à J.C. DeraMÉTHeRtE, /ur des os foffiles. 445 Tome II. DÉCEMBRE, 1794. Ppp "$ JOURNAL DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, “PHYSIQUE. # . Nouvelles recherches [ur l’ufage du Chalumeau dans la Minéralogie ‘par H. B. pe SAUSSURE. à 5 Problème de Mécanique relatif au jeu de Billard , par BERNSTORFF, Danois. 45 Rapport des découvertes faites en Allemagne pendant le cours de l’année 1794. 52 Obférvations Météorologiques faites à Montmorenci, par L. CoTTE, Obfervateur Météorologifts. 64 Suite’, 294 Suite ; 353 Suite ; 429 . Mémoires fur l’écoulement éleëtrique des fluides dans les vaiffeaux capil- laires, par le Médecin Carmoy de Paris. 106 Mémoire contenant quelques réfulcats de l’aëlion du froid fur les huiles . € 4 7 LI pe 4 . volatiles, & examen des concrétions trouvées dans plufieurs de ces huiles, par MacneroN , Pharmacien. 13$ Expofé des caufes dé l’altération & de la décoloration des blés ; moyens de l'empêcher , par B. C. Sace. 228 Mémoires fur l’Eleëtricité , par CouLoms. 235$ Ephémérides de la fociété Méréorologifle établie à Manheim ; fixième & dernier extrait année 1786, par L. Cote. Nr 294 Obférvations fur les Aimants naturels ; par Hauv. 309 Obfervations fur une Charrue dont Le [ep eft bifurqué & orné de deux focs, par Cu. CoQUEBERT. 311 Hifloire de lAffronomie , pour les années 3 & 4 (1795 & 1796 v.ftyl), lues aux féances publiques du Collége de France ; par JÉROME LALANDE. 32$ Differtation fur l’irritabilité des Animaux & des Plantes, par Prscmier. 343 # r . . # Recherches expérimentales fur le principe dela communication latérale du mouvement dans les fluides , appliquée à l'explication des différens phé- nomènes hydrauliques , par J. B. Venturi , Profeffeur de Phyfique a Modène. 362 Précis de la Théorie de Coulomb , fur l'Eleitricité & le Magnétifme. 448 par INcENHouzs. 455 Deftriprion de Rennes Doubleur d’ Eleäricité. 463. : ‘CHIMIE Analyfe di Sirontianite , faite par KiArRotH, Profeffeur de Chimie à Berlin. 56 Lerre de Hecur fils à J. C. Dstaméraerte , fur la nouvelle Théorie Chimique en Allemagne. 72 Rapport Jur les divers moyens d'extraire avec avantage le Sel de foude du Sel marin, par LeLièvRe, Pecerier , D'Arcer & Giroup. 118 + Suite, dé nt Je ie tr Analyfe d’un Oxide de \Nixet , endurci , contenant de l'acide arfenique , par GMELIN. 142 ns on fur un nouveau procédé pour le raffinage du Salpêtre ; «par J. B. Cuartar, J. B. CHamr: &Bonjour. 146 . à "à; "lil | # gd di ET D'HISTOIRE NATURELLE. 479 rs fur une nouvelle édition des Memoites MO AON s de: CoTTs. 431 Effai fur la nourriture des Plantes & le FAP E à des Terrains , Rapport fur la fabrication des Savons , fur leurs différentes efpèces » Juivant la naturehdes huiles & des alkalis qu’on ‘employe pour les fabriquer , & fur les moÿens d'en préparer par-tout avec les diverfes matières huileufès & alkalines que la nature préfente fuivant les loca- lités, par D'ARCET , Lertèvre & Prirerien. 161 : Suite , 405$ Recherches fur les diverfes efpèces de Gaz qu’on obtient en mélant l'acide fulfurique concentré avec lalkool, par J. RA Derman, A. Parrs- Van-Troosrwvex , N. Bonpr &- A. LAUWERENEUR CR. 178 Rapport [ur les Luca ens de wanner les Cuirs ; propofés par ARMAND SEGUIN. : 200 Obfervations [ur la préparation de l Acide citrique concret , lues à l’Inflitur National de France, par Dizë , Pharmacie n en Chef de Prteee chargé du magafin général des médicamens: 331 Mémoire LR le Gaz nitreux éthéré , par J. B. Pair. À. Parrs-V AN- TroosTwycex , N. Bonpr & A. LAUWERENBURGH. 246 Suire sauxe%périences des Chimifles hollandois , [ur l’inflammation d'un mélange de foufre & des métaux , fans le contaët de l'air, par J. B. TROMMSDORFF. 273 #10 WO RNA DE PHYSIQUE, DE CHIMIE, Sc. Differtation fur La préparation à lafage Chimique & Médicinal du Muriate de baryte ; par J.B. VaN-Moxs. 297 Mémoire fur la fabrication des Cendres gravelées avec les lies de vin , par Paror DescHARMESs. 30$ Expériences far La combuflion du Diamant, par TenwaxrT. 307 Extrait d'un Mémoire intitulé: Recherches fur le Bleu de Pruffe , par Prousr. « 334 Recherches [ur un nouvel Acide métallique qui exifle dans le rlomb rouge de Sibérie , par V AUQUELIN. 393 Lercre de TenNANT /ur l’Analy/[e des nodofités des goutteux. 399 De la Nature du Diamant, par TENNANT: 432 Mémoire fur la nature de lAlun du commerce ; [ur l'exiflenceude la potafle dans ce fel,.& fur diverfes combinaifons fimples ou criples de l'Alumine avec l acide Julfurique. 43$ Analyfe de la Chryfolite, par V avquEr. 457 Analyfe de l’Emeraude ; par PR de 473 Nouvelles Lictéraires. 74 Suite; _ 153 Suite , 243 Suifeisn ù VE go SALES md ” .; 400 Suite, | ” 475 M un Ars À l | | ri l | ñ (R { { f l ll 1 | il ] [ | | À Le (l ! 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